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Full text of "Les agronomes latins: Canton, Varron, Columelle, Palladius, avec une traduction en français"

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Collcitioix  iics  ^utcurs  Catins  publicc  sous  la  bircctiou  &c  iU.  Uisarii. 

LES 

'AGKONOMES  LATINS 

CATOiN,   VARKON,  COLUMELLK 
FALLADIUS 

.\VF,C   L.\   TU.VDICTION    EN    FH.\N(;.\IS 

\)K  U.  MSAUD 

MEMlllU:    DE   L'ACAD£)irE   FRAXCllSr. 

■  .i.'K>.vtti'.  Gf.xSnii.  Di;  i.'F.>sr.ir.NEMKXT  siPEiiiEin  roir.  les  LEiriii.s 

PROFESSEII;    A   LA    KAClLTi;   DES   LETTRES  DE   PARIS 


PARIS 

LIBR.AIRIE  I)E  FIRMIN  DIDOT  FRERES,  FILS  F.T  C  .    KHl  1  l-T  H.'^ 


IMPRIMEUBS    DE    L  INSTITCT    DE    FRANCK 
Rl'E  J.\COB,   >"  u6 


pf:f.:^:p^::y^!'^^^.f^ 


COLLECTION 

DES 

AUTEURS   LATINS 

AVEC  LA  TRADLlCTiUN    EN   FRANgAlS 

P  U  B  L 1  E  E    S  O  U  S     L\    U  1  II  E  C  I  I  0  N 

DE  M.  NISAUI) 

DE  L'Ar.\DEMIE  FK\KgAISE 
msCECTEUR  CEN^RAL   DE   L'ENSEIC^E»ltNT  SlCEHItllK 


LES 


AGRONOMES  LATINS 


PAUIS.    —   ■nPOGIlAMHi:    l»E    llltHlN   DlDOT   Flti:RC9 ,    KlLs    ET   C'^,    KllE   JACOB,    60 
^    •<to^oj>-  - 


LES 


AGROINOMES   LATINS 

CATON,  VARRON,  COLUMELLE 
PALLADIUS 

AVEC  LA  THADUCTION  EN  FKANCAIS 


i'i  111.1 1>    s(U  s    i.A    iiiii  f.<:tiii> 


DE  M.  NISARD 

DE  i.'Ar;,M)i;MiF.  FR.\Np.MSi; 
l>sl'F.r.TEUK    CENEIUI.   nE    l'f,NSEIi:NEMENT   .SLTERIEn 


PARIS 

CIIEZ  KIIIMIN  DIDOT  FIIERES,   FILS  KV  C'%   LIBIUIRES 

i.MPitiMiauis  iiK  i,'i\sriTUT  1)1-:  rrtANCi- 

iiri:  j\ri)ii,  :)fi 


M    ItCC.C    LXIV 


AVERTISSEMENT  DES  EDITEURS. 


Ce  volurae  est  le  recueil  complet  des  quatre  agronomes  latins,  Caton, 
Varron,  Columelle,  Palladius.  Nous  navons  pas  cru  devoir  y  joindre  le 
Traile  de  1'Jrt  vetcrinaire  de  Vegfece ,  moins  parce  que  la  matiere  ne  s'en 
rattacbe  pas  cxclusivemcnt  a  ragriculture,  qu'a  cause  du  peu  d'cstimo 
qu'en  fout  les  liommes  competcuts ,  et  du  mauvais  etat  du  texte  qui  est 
corrompu  en  mille  endroits,et  rempli  diuterpolations.  L'art  veteriuaire 
moderne  trouverait  fort  peu  ile  luiniercs  dans  uu  ouvrage  oii  Ton  devine  a 
grand'  pcine,  a  travers  les  obscurites  dun  texte  si  souvcnt  douteux, 
quelques  notions  medicales  encore  plus  imparfaitcs  que  les  notions  anato- 
miques  qui  y  sont  melees. 

II  n'en  est  pas  dc  meme  des  traitcs  dagronomie ,  sauf  pcut-etre  cdui 
de  Palladius  qui  ajoute  Irop  peu  d'observations  personnelles  a  celles  qu'il 
reproduit  de  Columelle.  L'agriculture  moderne  y  pcut  Irouver  dutiles 
euscignemcnts.  Eu  Italie,  Caton,  Varron,  Columclle,  Palladius,  sont 
toujours  les  classiques  de  ragriculturc.  La  phipart  des  procedes  qu'ils 
iudiquent  sont  encorc  pratiqucs  utilemcnt  sur  le  mcme  sol  qu'a  sillonne 
la  charrue  de  Caton.  En  France,  un  autre  climat,  une  autre  nature  de 
terrain ,  ont  demande  et  suggere  d'autres  procedes ;  mais  bon  nombre  des 
procMes  aneicns  y  sont  et  y  seront  toujours  en  usage.  Ces  proced^s 
forment  comme  la  tradition  technique  de  ragriculture.  On  cn  peut  aussi 
reconnaitre  la  traditiou  raorale  dans  les  excellentes  regles  de  conduite  que 
contiennent  ces  traites  en  ce  qui  regarde  les  rapports  du  maitrc  cl  des 
serviteurs ,  esclaves  chez  les  anciens ,  chez  nous  compagnons  lil)rcs  du 
travail  de  ragriculteur.  II  y  aura  toujours  prolit  a  suivre  cette  double 
tradition. 

Cest  a  nos  agricultcurs  que  nous  adrcssons  cc  recueil.  II  en  est  un 
grand  nombre,  rhonucur  d-e  notrc  societe,  qui  joignent  a  des  connais- 
sances  th^oriqucs  une  pratique  intclligente  dc  leur  art,  et  qui  donnent 
tout  aulour  deux  dcs  cxemplcs  hienfaisants,  dont  leffet  est  d'nm(51iorer 


M  AVERTISSEMENT. 

de  proche  en  proche  les  lieritages,  et  dajouter  a  laisance  des  petits 
cultivateurs.  IIs  ne  verront  pas  sans  intdret,  en  une  infinite  d'endroits  de 
ce  recueil,  la  science  agronomique  latine  conseiller  ce  quils  pratiquent, 
et  enseigner  ce  qu'ils  font. 

Quant  aux  lectcurs  qui  recherchent  dans  les  ouvrages  sp^ciaux  cette 
partie  des  gdn^ralitds  qui  en  est  la  philosophie,  ou  a  ceux  qu'interesse 
plus  particulierement  la  langue ,  Caton  dans  sa  brievete  si  originale , 
Varron  dans  son  exactitude  methodique,  Columelle  dnns  son  abondance 
ing^nieuse  et  souvent  poetique,  meme  quand  il  n'eerit  pas  en  vers  (I), 
Palladius  enfin,  quoique  plus  sec,  leur  offriront  un  grand  nombre  de 
verites  generales  exprimees  avec  eloquence,  et  dans  une  langue  quel- 
quefois  ^gale  a  celle  des  grands  modeles  de  la  latinile'. 

Le  texte  que  nous  avons  suivi ,  en  nous  reservant  la  liberte  d'y  faire 
des  changements  toujours  autorises  par  les  manuscrits ,  est  celui  de  la 
collection  si  justement  estimce  de  Gottlob  Schneider. 


ll)  L«  X""  livre  de  Columelle  est  en  vers.  Il  y  traife  <I«  janltos. 


OOO9iS9ed@S>93@@3@@@®@@@3@@4d9£&9@@@393S-ddi$@3®@S@eO@3S@@a9309@ 


NOTICE  SUR  CATON. 


Le  premier  des  ecrivains  latins  qui  redigea  par 
ecrit  ses  expeiiennes  agrouomiques  fut  i\I.  P.  Ca- 
ton,  dit  Jlajor  ou  rAncien,  surnomnie  aussi  Cen- 
sorius.  De  tous  les  ouvrages  qu'il  a  publies ,  celui 
qui  traite  de  i'economie  rurale  est  le  seul  que  le 
temps  ait  epargne. 

Caton  naquitran520deRome,234  avant  J.  C, 
d'une  famille  peu  illustre,  a  Tusculum,  aujourd'iiui 
Frascati,  petite  ville  situee  a  quelques  lieues  de 
Rome.  Apres  avoir  passe  sa  preniiere  jeunesse  a  la 
campagne  ,  il  se  reudit  a  Rome,  et  y  frequenta  le 
barreau.  Quoiqu'il  ne  tint  a  aucune  famille  distin- 
guee,  il  parvintaux  plus  grandes  dignitesderEtat. 
11  fit  plusieurs  campagnes  dans  la  seeonde  guerre 
punique.  En  549,  il  fut  adjoint  comme  questeur 
au  grand  Scipion  TAfricain ,  avec  lequel  il  se 
brouilla,  pendaut  Texercice  de  ses  fonctions,  pour 
lereste  de  sa  vie.  En  quittant  l'Afrique,  il  trouva 
Ennius  en  Sardaigne  ;  il  Tamena  a  Rome,  et  recut 
de  lui  les  preniieres  le^;ons  de  grec.  Neuf  ans 
apres,  il  fut  consul,  fit  une  campagne  glorieuse 
en  Espagne ,  et  obtint  riionneur  du  triomplie. 
En  570,  il  fut  censeur;  dans  Texercice  de  cette 
fonction ,  il  ne  montra  pas  moins  de  passion  que 
de  severite.  II  mouriit  en  G05,  au  moment  ou 
eclata  la  troisieme  guerre  punique.  Comme  ma- 
gistrat,  comme  general  d'armee ,  connne  juris- 
consulte,  comme  orateur,  Caton  acquit  une  grande 
consideration,  que  sajustice  rigoureuse  et  Taus- 
terite  de  ses  mopurs  contribuaient  a  augnienter. 
II  etait  rennemi  du  luxe  et  de  tous  les  arts  qui  amol- 
lissent  le  caractere ;  mais  il  ne  haissait  pas  les  let- 
tres;  il  les  cultiva  au  contraire  pendant  toute  sa 


vie,  et  ne  dedaigna  pas  d'apprendre  le  grec  a  TAge 
de  trente  ans.  Sa  passiou  pour  le  bien  public  le 
rendit  souvent  injuste  en  politique  et  irreconciliable 
dans  ses  inimities.  On  connait  la  liaine  qu'il  por- 
tait  a  la  ville  de  Carthage,  dont  il  ne  cessait  de  de- 
mander  la  destruction. 

Caton  possedait  dans  le  pays  des  Sabins  un  bien- 
fonds  qu'il  cultivait  dans  les  intervalles  de  loisir 
que  lul  laissaient  les  affaires  de  la  Republique.  Les 
experieuces  qu'il  avait  recueillies  dans  ses  travaux 
rustiques  furent  consignees  dans  son  ouvrage  inti- 
tule  De  Re  rustica;  mais  il  ne  se  douna  pas  la 
peine  de  les  rediger  avec  methode  ou  en  suivant 
un  plan  general.  Les  cent  soixante-deux  chapitres 
dont  ce  recueil  est  compose,  sont  autant  de  recettes, 
de  remarques  ou  de  preceptes,  qui  ont  ete  mis  par 
ecrit  a  mesure  que  les  travaux  des  champs  en  four- 
nissaient  l'occasion.  Ce  sont  de  courtes  pbrases 
succinctes,  jetees  sur  le  papier  snns  que  l"auteur  se 
soit  donne  la  peine  de  les  orner  par  des  transitions, 
ou  de  varier  son  style,  qui  n'est  ni  pur  ni  elegant. 
Les  defauts  de  diction  de  cet  ouvrage  et  la  com- 
paraison  qu'on  en  a  faite  avec  des  passages  d'au- 
tres  ecrits  de  Caton,  cites  par  les  ecrivains  pos- 
terieurs,  ont  fait  penser  a  plusieurs  critiques  que 
ce  recueil  n'est  pas  authentique.  Lesrnisons  quon 
donne  a  Tappui  de  cette  conjecture  ne  sout  pas  de 
nature  a  prevaloir  contre  ropinion  commune ,  qui 
attribue  a  ce  grand  homme  un  recueil  d'observa- 
tions  ecrit  sans  pretention  litteraire,  et  qui  est 
moins  un  ouvrage  ex  profe.tso,  qu'une  espece  de 
journal  qu'il  tenait  probablement  pour  Tusage  ile 
I  son  fds,  de  ses  fermiers  et  de  ses  esclaves. 


M.  PORCIUS  CATON. 

ECONOMIE  RURALE. 


Le  negoce  serait  uiie  carriere  lucrative,  si  elle 
n'etait  pas  si  chanceuse;  il  en  serait  de  meme 
do  Tusure,  si  ce  raeticr  etait  aussi  honuete  qu'il 
est  avantageux.  Les  loisde  nosancStrescondam- 
iiaient  le  voleiir  a  ['amende  du  double,  tandis 
qu'elles  imposaient  celle  du  quadruple  a  Tusu- 
rier.  Cette  disposition  nous  montre  combien  l'-u- 
surieretaita  leurs  yeux  uncitoyen  plus  pernicieux 
que  le  voleur.  Lorsqu'ils  voulaieut  louerun  bon 
citoyen,  ils  lui  donnaient  les  titres  de  bon  agri- 
culteur,  de  bon  fermier  :  ces  expressions  etaient 
pour  eux  laderuiere  limite  de  la  iouauge.  Pour 
moi,  j'estime  un  negociantactif,  desireux  d'ae- 
croitre  sa  fortune ;  mais  ,  comrae  je  Tai  dit ,  cette 
carriere  est  semee  d'ecueils  et  de  perils.  Cest 
parmi  les  cultivateurs  que  naisseut  les  meilleurs 
citoyens  et  les  soldats  les  plus  courageux  ;  que 
les  benefices  sont  bonorables,  assures,  et  nulle- 
ment  odieux  :  cenx  qiii  se  voueiit  a  la  culture 
n'ourdisseat  point  de  dangereux  projets.  Main- 
tenant  j'arrivea  naon  but,  et  ces  retlexious  sont 
les  preliminaires  de  i'ouvrage  que  j  ai  promis. 

I.  —  Acliat  ct  (lispo^ilion  lUi  iloniaiiie. 

Lorsque  vous  vous  decidcz  a  faire  i'acquisr- 
tion  d'un  domaine,  gardez-vous  de  Tacbeter  a 
tout  prix ;  n'epargnez  pas  les  visites ,  et  ne  vous 
coatentez  pas  de  rexplorer  unc  fois.  Plus  vous 


le  veriez  ,  plus  vous lui  trouverez  de  charmes  s'j| 
est  fcriile.  Examinez  soigneusement  les  appa- 
rences  exterieures  des  \oisins  ;  ellessont  briilan- 
tes  dans  une  bonne  coutree.  Lorsque  vous  v 
entrez  ,  menagez-vous  les  raoyens  d'en  sortir  : 
choisissez  un  ciel  serein,  peu  trouble  par  lis 
tempetes;  que  le  sol  soit  excellent,  et  renfernie 
en  lui-meme  toutes  ses  qualites.  Autant  que  pos- 
sibie,  il  sera  au  piedd'uuemontagne,  il  regardiia 
le  niidi ;  la  situation  en  sera  saiue ;  il  sera  entoure 
d'une  population  laborieuse,  aupres  d'une  eau  sa- 
lutaire,  non  loin  d'une  ville  populeuse,  au  bord 
d'unemeroud'unerivierenavigableetrenoraraie. 
Le  domaine  sera  de  ceux  qui  cbaugent  rarement 
de  proprietaircs ,  qu'on  vend  a  regret ,  et  qui  pos- 
sedent  des  bcitiraents  coramodes.  On  recberchera 
pourpredecesseur  un  homrae  qui  raettebeaucoup 
de  sagacite  dans  ses  cultures  et  dans  ses  cons- 
truetions.  Quand  vous  ferez  vos  visites,  portez 
votre  atfentiun  sur  le  nonibre  des  pressoirs  et 
des  futaillcs  :  s'ils  sont  en  petit  nombre ,  vous 
pouvcz  en  conclure  que  lc  rindement  est  modi- 
quc.  Regardez  raoins  la  quantite  que  Tarrange- 
raeut  convcnable  des  attirails.  Rejetezegalement 
la  penurie  ct  le  luxe  dans  le  nombre  des  instri:- 
ments.  Souvenez-vous  qu'un  ehamp  tres-produc- 
tif,  comme  un  homme  prodigue,  est  ruineux , 
s'il  occasiouue  un  exces  de  depense. 


M.  PORCIUS  C.ATO. 

DE  RE  RUSTTCA. 

Est  inteidiim  prrestaie  niercatuiis  reni  qiiarere  ni  tani 
pericnlosum  siet ;  et  ilem  fipnerari ,  si  tam  lionestum  sict. 
Majores  enim  no.slii  luic  sic  liabuernnt,  et  ita  in  legibus 
posuerunt,  fnreni  dupli  coiidemnari ,  fneneratorem  qua- 
(bnpli.  Quanto  ppjorem  civcni  existimarint  fipneratoreni , 
(piaui  furem,  liinc  licet  cxislimari.  Et  \iium  bonum  cum 
laudabant ,  ila  laiulabant ,  bonum  ayricolam  bonumqne 
«■olonuni.  .^niplissime  laudari  ("xislimabafnr,  qiii  ita  laii- 
dabaUu-.  Moicaiincm  anlem  streiiiium  stuiiiosumipie  lei 
(lua;rendieexislimo;  veruin  (  ut  supra  dixi)  pciiculosuni 
et  calamitosum.  Atex  anricolis  et  viri  forlissinii  et  mililcs 
strenuissimi  signuntnr,  maximeque  piiis  (pijestus  slabilis- 
simusqiie  conscqnilur,  mininieqiie  invididsus :  minimcqne 
malecogilantcssiuit.qiii  iii  CDSliidio  occiipali  sunt.  Niinc 
{iil  ad  rcm  rcdeaiii)  ipiod  proniisi  iiislilulum  piincipium 
boc  ci  it. 

1.  —  Quomudo  agrum  cmi  paiarique  opurleat. 
I'iadi!im   quuni  parare  cogitabis,  sic  in   aninio  ha- 


belo,  uli  ue  ciipide  emas,  neve  opera  tua  parcas  visere, 
et  ne  satis  liabeas  seniel  circumire.  Qiioties  ibis ,  totie.s 
inagisplacebil,quod  bomim  eril.  Viciiii  quo  pactoniteaiit, 
id  animum  adverlito  :  iu  boua  regioiie  bcne  nileie  oporte- 
bit ;  et  uti  eo  cum  intiocas,  circumspicias  ,  uli  inde  exiri 
po.ssit  :  uti  bomim  ca'luin  liabeat,  ne  calamitosum  siet. 
Solo  bono,  sua'virlute  valeat.  Si  poleris,  sub  radice  inontis 
siet,  inmeridem  speclet.loco  salnbil,  operariorum  copia 
siet,  bonumqiic  aqiiaiium,  oppidum  validum  prope  siet, 
aut  maie,  aul  amiiis,  qua  iiaves  ambulant,  aut  viabona, 
celebiisquc.  Siet  in  iis  asiis,  (pii  non  saepe  dominos  mu- 
tant  :  qui  in  liis  ajiris  pia-dia  vendiderint,  quos  pigeat 
V(»ndidissc  :  uti  bene  a-dilicjitum  sict.  Cavclo  alienam 
disciplinam  temeie  coiiteninas.  De  domino  bono  colono, 
bunoque acdilicatorc  meliiisemelur.  Advillam  cumvcnies, 
viJeto  vasa  torciila  et  dolia  multaiiesient.  Ubi  mm  erunt, 
scilo  pro  ralione  fiuctuum  csse.  Instrumcuti  nc  magiii 
sict,  loco  bono  sict.  Videto  quam  niiiiimi  iiibtrumenli, 
sumptuosusque  agcr  ne  siet.  Scito  ideni  agrum  quod  bo- 
minem,  quamvis  qu:vstuosus  siet,  si  sumptiiosiis  erit , 
rclinquerc  iicm  miillum.  Pia'dium  quod  prinuim  siet ,  si 
iiie  rogabis,  sic  dicam.  Oe  omiiibus  agris,  optinioque  loco 
si   cmcris  jugern  agri  cciitum,  vinca  cst  priuia,  si  \iiii) 


M.   P.    CATON. 


t»i  vous  rae  demaudez  quet  est  !e  meilleur  do- 
maine  ,  je  vous  repondrai :  Sur  un  domaine  de 
eent  arpents  et  bien  situe,  ia  vigne  est  ia  meil- 
ieure  r^eolte ,  si  elle  est  productive  :  je  place 
ensuite  un  potager  arrosable ;  au  troisieme  rang , 
une  oseraie;  au  quatrieme,  rolivier;  au  cinqule- 
me ,  une  prairie ;  au  sixierae ,  les  cereales  ;  au  sep- 
tieme,  un  taillis;  puis  un  verger,  et  enfin  une 
foret  de  cheues. 

II.  — Devoirs  du  clief  de  famille. 

Arriv^  ^  sa  maison  decarapagne,  le  prcraier 
devoir  du  propri(?taire  est  de  saluer  ses  penates; 
puis  le  raerae  jour,  s'il  ea  a  le  loisir,  i!  fait  le 
tour  de  son  domaine ;  sinon  il  remet  cette  beso- 
gne  au  lendemain.  Des  qu"il  a  bien  examine 
l'etat  descultures,  lestravaux  acheves,  et  ceux 
qui  ne  le  sont  pas,  il  fait  venir  le  lendemain  son 
intendant,  lui  deraande  ce  qui  a  ete  fait,  cc  qui 
reste  a  faire ;  si  cliaque  travail  a  ete  faita  temps, 
ets'ilestpossiblc  de  terminerce  qui  estincomplet : 
il  rinterroge  sur  la  quantite  de  vin  ,  de  ble  ou 
d"autres  denrecs  qu'on  a  rccoltees.  Uoe  fois  ces 
particularites  connues,  il  fait  la  supputation  des 
travaux  et  des  jours.  Si  le  travail  ne  lui  parait 
pas  suffisant ,  rintendant  cherche  a  se  faire  ab- 
soudre  en  alleguant  les  maladies  des  esclaves, 
leurs  desertions,  rincleraence  dela  temperature, 
lescorvees  publiques.  Quand  il  a  fait  renumera- 
tion  de  tous  ces  contre-temps  et  d'autres  scmbla- 
bles,  repassez  le  compte  en  presence  de  riuten- 
dant.  Lorsque  le  temps  a  ete  a  la  pluie ,  cherchez 
combien  de  jours  ontete  pluvieux;  rappeiez  les 
travaux  qu'on  peut  executer  alors,  le  lavage  et 
le  goudronnage  des  futailles,  le  balayage  des 
b^timents,  la  ventilation  des  grains,  la  recolte 
desfuraiers  et  leur  stratirication,  le  nettoyage  des 

miilto  siet;  secundo  loco  liortus  irrlguiis,lerlio  salictum, 
quarto  oletum ,  qiiinto  pratum ,  sexto  campus  frumenta- 
rius,  septimosiWa  ca'dua,  octavo  arbnstura,  nono  glan^ 
daria  silva. 

n.  —  Palris  famillas  offlcia. 

Pater  familias  ubi  ad  villam  venit,  ubi  larem  fami- 
liarem  salulavit,  funrtum  eodem  dip,  si  potesf,  circumcat : 
si  non  eo  die,  at  posfridie.  Ubi  cosnovit  quouiodo  fundus 
cultus  siet,  operaque  qua;  facta  infectaque  sient,  postridie 
ejus  diei  vilicum  vocet,  roget  quid  operis  siet  factum, 
quid  reStet.  Salisne  lempori  opera  stent  confecta,  possitne 
qu;e  reliqua  sient  conficere  :  et  quid  factum  vini,  frumenti, 
aliarumque  rerum  omnium.  Ubi  ca  cognovit,  rationem 
inire  oportet  operarum,  dieriim,  si  ci  opus  noii  apparet.  Dicit 
vilicus  seduio  se  fecisse ,  servos  non  valuisse,  tempestates 
malasfuissc,  servos  aufugisse,  opus  publicum  effecisse.  Ubi 
eas  aliasque  caiisas  multas  dixeiit,  ad  lationem  operum 
o|)eraruinque  vilicum  rcvoca.  Cum  tempestates  pluviae 
fuerint,  videto  quot  dies,  quacvc  opera  per  imbrem  fieri 
potueiint,  dolialavari,  picaii,  villam  purgari,  frumentum 
trausferri ,  stercus  foras  efferri ,  sterquilinium  fieri ,  semen 
p^urgari,  funes  veteies  sarciri ,  novosque  fieri  :  centones, 
«uculiones  familiam  oporluisse  eibi  sarcire.  Per  ferias  po- 


semences,  le  raccoraraodage  des  vieillescordcs  ei 
la  fabrication  des  neuves  :  les  gens  devaient  ra- 
juster  leurs  capuches  et  lcurs  hardes.  Ne  fallait- 
il  pas  aux  jours  feries  curer  les  anciens  fosses, 
paverla  voie  publique,  couper  les  buissons,  b^- 
cher  le  jardin,  nettoyer  les  prairies,  tresser  les 
haies,  extirper  les  eplnes,  broyer  les  grains,  en- 
fin  nettoyer  partout?  Si  les  esclaves  ont  ete  ma- 
lades,  pouiquoidonnerfantdenourriture?Apres 
avoir  mis  beaueoup  de  calme  daira  ces  informa- 
tioiis,  on  donnera  ses  ordres  pour  achever  ce 
qui  resle  a  faire;  on  fera  le  compte  de  la  caisse, 
du  grain  en  magasin,  de  tous  lcs  fourrages  en 
provision  ,  des  vins,  des  huiles;  on  prendra  note 
de  ce  qui  a  ete  vendu ,  de  ce  qui  a  ete  paye,  de 
ce  qui  reste  a  percevoir,  de  cc  qu'il  y  a  encore  a 
vendre.  II  recevralescautions  qui  sont  a  presen- 
ter  :  il  passera  la  revuedes  denrees  en  provision; 
s'il  juge  quelque  objet  necessaire  pour  rannee 
courante ,  il  le  fait  acheter;  s'il  y  a  du  superflu , 
il  le  fait  vendre  :  il  met  en  location  ce  qui  est 
a  louer;  qu'il  prescrive  (et  son  ordre  doit  etrc 
confie  a  ses  tablettes)  les  ouvrages  qui  seront 
executcs  a  la  ferme,  et  ceux  qui  le  seront  a  forfait. 
II  fera  la  revue  dii  betail,  afin  de  constater  les 
vcntesaeffectuer.Si  lesprixsontsuffisants,  il  ven- 
dra  ce  qui  lui  reste  en  huile,  vin  et  froment. 
II  raettra  en  vente  les  boeufs  en  retourd'^ge,  les 
veaux  et  lesagneaux  sevres,  la  laine,  les  peaux, 
les  attirails  horsde  service,  la  ferratlle,  les  escla- 
ves  vieux  ou  maladifs,  enfin  tout  ce  dont  il  n'a 
pas  besoin.  Le  maitre  de  la  maison  sera  raar- 
chand  plutot  ciu'acheteur. 

III.  —  Travaux  que  le  debutant  doil  faire  exdcuter  suF 
son  domaine. 

Des  son  debut ,  le  proprietaire  s'occupera  de 

tuisse  fossas  vetercs  fergeri ,  viam  publicam  muniri ,  ve- 
pres  recidi,  Iiortum  fodiri,  pratum  purgaii ,  virgas  vinciri, 
spinas  runcari,  expiiisi  far,  muudicias  fieri.  Cuni  servi 
segrotaiint,  ciharia  tanta  dari  noii  oportiiisse.  Ubi  liaec 
cognita  aequo  aniuio  sient,  qua;ve  reliqua  opera  sient, 
curare  uti  perficiantiir  :  raliones  putare  ai^geiitariam , 
frumeutariam,  pabuli  causa  qujE  parata  sunt;  rationem 
vinariam,  oleariam,  quid  venierit,  quid  exaclum  siet, 
quid  reliquuni  siet ,  quid  siet  quud  veneat ;  qu»;  satis 
accipiunda  sieut,  satis  accipiantiir.  Reliqua  qua;  sient , 
ut  compareant.  Si  quid  desil  in  aBnum ,  uti  paretur;  quse 
supei sint ,  uti  vencant :  qua;  opus  sieiit  locato ,  locentur  ; 
qu.-c  opera  fieri  velit,  et  quaelocare  velit,  uti  imperet,  et 
ea  scripta  relinquat  ;  pecus  consideret.  Auctionem  utifa- 
ciat.  Vendatoleum,  si  precium  babeat,  viiium  frumen- 
tumque  quod  siipersit.  Vendat  boves  vetulos,  armenta 
deliciila,  oves  deliculas,  lanam,  pelles,  plostrum  vetus, 
feriamenta  vetera ,  servum  senem,  servum  moibosuin , 
et  si  quid  aliud  supersit,  vendat.  Patrem  familias  vcnda- 
cem ,  non  euiacem ,  esse  oportet. 

III.  —  Quomodo  agrum  in  adulescentia  conserere  (patrcm- 
familias)  oporteat 

Priina  adoIesceDtia  palrem   fainiliae  agrum  conseieie 


ECONOMIE  RURALE. 


planter;  raais  il  rcfliichira  longteraps  avant  de 
bcitir.  Pour  planter,  ce  n'est  pas  la  reflexion 
qu"il  faut,  c'est  raction.  Si  son  domaine  est  plan- 
te,  ragriculteur  ponrra  songer  a  btitir  lorsquil 
aura  atteint  sa  trente-sixieme  annte.  Batissez 
dans  de  tellcs  proportions  que  votre  domaine 
soit  en  rappoit  avec  vos  constructions,  et  vos 
constructions  avec  votre  domaine.  Ufaut  qu'un 
pere  de  faraille  possede  de  beaux  bcitiments 
d'exploitntion  ,  qu'il  y  reunisse  des  celliers  pour 
riuiile,  pourlevin,  des  futailles  nombreuses , 
afin  qu'il  puisse  attendre  la  hausse ;  ce  qui  aug- 
mentera  sa  fortune,  et  donnera  du  relief  a  sa 
prudcnce  et  a  sa  reputation.  II  aura  de  bons 
pressoirs ,  afin  que  le  tiavail  soit  bon.  De  peur 
qu'elle  ne  s'altere,  i'olive  sera  pressee  immedia- 
tement  apres  la  recolte.  Songez  aux  grandes 
tempetes  qui  arrivent  tous  les  ans,  et  qui  ue 
mauquent  pas  de  faire  tomber  les  olives.  Si  vous 
faites  la  recolte  de  bonne  heure,  et  quevos  us- 
tensiles  soient  en  ordre,  vous  n'aurez rien  a  redou- 
ter  des  tempetes,  votre  huile  sera  meilleure  et 
plus  verte.  Si  au  contraire  !'olive  sejourne  trop 
longtemps  sur  le  sol  ou  sur  un  plaucher,  elle 
pourrit,  et  ne  produit  qu'une  liuile  desagreable. 
Toute  especed'olive  donne  une  huile  vertc  et  de 
bon  ehoix  ,  si  on  la  fabrique  a  propos.  Sur  une 
surface  de  cent  vingt  arpents  plantes  d'olivicrs, 
il  fautavoir  deuxassortimeQtsd'ustensiles.  Si  les 
arbres  sont  vigoureux ,  les  rangs  serres  et  la 
eulture  judicieuse,  il  faudra  trois  machines  soli- 
des  et  isolees,  afm  que  si  les  meules  venaieut  a 
se  briser,  on  puisse  en  avoir  de  reehange;  cha- 
que  machine  aura  ses  lanieres  de  cuir;  on  reunira 
six  leviers,  douze  aiguilles,  des  cShles  particu- 
liers,  deux  moufles  grecques  glissant  sous  des 
cordes  de  genet.  On  marehera  plus  vite  avec 


huit  poulies  en  iiaut  et  six  en  bas;  si  on  veut 
faire  (les  roues,  le  travail  est  moins  expeditif , 
mais  aussi  moins  penible. 

IV. — II  faut  avoii  des  etables  bienconslruites,  ct  un  bon 
voislnage. 

Ayez  de  bonnes  etables ,  de  bonnes  ecuries , 
et  des  rateliers  ;  les  barres  do  ceux-ci  seront  dis- 
tantes  d'un  pied ;  avec  eelte  disposition  ,  les 
h(jcui's  ne  gaspilleront  point  leur  nourriture.  Ayez 
des  hfltimeMts  de  maitre  en  rapport  avee  votre 
fortune.  Si  votre  campagneest  assise  sur  un  bon 
fond,  bien  coiistruite  et  orientee;  si  elle  est 
meubli.'e  convenablement ,  vous  la  visiterez  plus 
souvent  et  plus  voloiitiers;  elle  s'amcliorera  ,  ou 
commettra  raoins  de  fautes ,  et  on  recoltera  da- 
vantage,  car  rien  ne  remplace  roeil  du  maitre. 
Soyez  affable  a  regaid  de  vos  voisins,  et  n'of- 
fensez  pas  vos  gens  sans  raison.  Si  vous  obtenez 
raffcctiou  du  voisinage,  vous  (^'coulerez  plus 
faeileraent  vos  produits,  et  vous  trouverez  saus 
peine  des  bras  pour  executer  vos  travaux  a  la 
journ(5e  ou  a  forfait.  Si  vous  batissez,  ils  vous 
aideront  en  payant  de  leur  persoune ,  ou  en  vous 
donnant  leurs  attclages  et  leurs  mat(;riaux.  S'il 
vous  arrive  quelque  chose  de  faeheux  (ce  qu'<i 
Dieu  ne  plaise !),  ils  vous  preteront  une  assistance 
bienveillante. 

V.  —  Devoir  de  l'inlendant. 

Voici  les  devoirs  de  rintendant :  toute  sa  con- 
duite  sera  bien  r(iglee;  il  observera  les  jours  de 
f(itcs,  respectera  le  bien  d'autrui  et  fera  res- 
peeter  le  sieu.  II  apaisera  les  disputes  de  ses  do- 
mestiques ;  si  quelqu'un  a  commis  une  faute , 
la  punition  sera  equitablement  proportionnee  au 
de\H.  II  veillera  acequ'ils  soient  bienentretenus, 
qu'ils  nesouffreut  ni  lafaira  ni  la  soif ,  et  surtout 


sludiose  opoitet,  redifirare diii  co^ilare  oporlet ;  conserere 
cogitare  non  opoitel,  sed  fa(eie  oportet.  Vb\  letas  acces- 
sitad  annos  xxxvi,  Uini  a^dilicare  oportet,  si  agrum  con- 
situm  habeas.  Ila  mlilices,  ne  villa  fundum  quaerat,  neve 
fundus  villam.  Palrein  f.iniilia'  villnui  ruslicam  bene  sedi- 
ficatam  babeie  expodil ,  (■(■Itiin  olcariam,  viuariam,  dolia 
multa,  iili  lut)eal  cariliitem  evpeitaie;  et  rei  et  virtuti  et 
gloriiteril.  Torcularia  boiia  liabere  oportel  iit  opiis  bene 
eflici  possil.  Olea  iibi  lecta  siet ,  oleum  liat  continiio,  ne 
corrunipatur.  Cogilalo  r|iiotannis  tempestales  magnas  ve- 
nire,  el  nleam  dejicerc  solere.  Si  cito  siistuleris,  et  vasa 
parata  erunt ,  dauini  uibil  crit  ex  tempestate ,  ct  oleiim  vi- 
ridius  et  melins  fict.  Si  in  leira  et  tahulato  olea  nimiiim 
diu  erit,  putescel,  oleum  ((ijtidiim  liet.  K\  qiiavis  olea 
(il(-um  viridius  et  bomim  ficri  potest ,  si  tcmpori  facias. 
tn  jiigera  oleti  cxx.  vasa  bina  csse  oportet.  Si  oletum  bo- 
iiiim  beneque  liequens,  culliimque  crit,  trapetos  honos, 
privos,  impares  esse  oportet  -.  si  oibes  conlriti  sicnt ,  ut 
rominntare  pnssis ;  fiiiies  lore(i.s  privos ,  vecles  senos , 
libulas  duodi-nas,  mcdipoiilos  privos  loieos,  tioclileas 
grxcanicas  binas,qu(c  fiiiiibiis  sparteis  ducantur.  Orhi- 
cnlis  siiperioribiis  ocliinis,  iuferioribus  seniscitius  duces. 


Si  rotas  voles  facere ,  tardiiis  ducentur,  sed  minore  la- 
bore. 

IV.  —  Bubilia  uli  bene  iedilicata  habeanlnr,  et  vicinia  bona. 
Biihilia  bona,  bonas  praesepis,  faliscas  clatratas. 
Clalros  interesse  oportet  pede.  Si  ita  feceris,  pabulum 
boves  non  ejicient.  Villain  iirhanam  pro  ropia  aedificato. 
In  bono  piivdio  si  liiiie  adillciiveris,  beneque  posiveris  : 
rurisi  lecteliabilincii^,  Id»  nliusetsaepiiisvenies,  fiindiis 
melior  erit,  iiiiiiiis  |ii'i(  iiliiliir,  fructi  pliis  capies.  Frons 
occipilio  prior  esl.  Vicinis  bonus  esto.  Faniiliam  ne  sive- 
ris  peccaie.  Si  te  lihciiter  vicinitas  videbit,  facilius  tiia 
vendes,  oppias  facilius  Iocal)is,  operarios  facilius  condii- 
ces.  Si  aMlilicabis,  opeiis,  jiimeiitis,  materia  adjuvabnnt. 
Si  quid  (bona  salule)  usus  venerit ,  bcnigne  defcndent. 

V.  —  Villici  onicia.  (qualia  oporlet  lianl.) 

IbTc  eriint  vilici  officia.  Disciplina  bona  utatur.  Fe- 
ri.i?  serventur.  .Mieno  manum  ab.slinpat.  Siia  servet  dili- 
genter.  Lilihus  famili.n  siipersedeat.  Si  qiiis  quid  deliqne- 
rit,  pro  noxa  bono  modo  vindicet.  FamililE  male  ne  sit, 
ne  algcat,  iic  esiiriat;  opereljenecvciceat  :  fa:iliusnialo  et 


M.  P.  CATON. 


a  ce  qu'ils  s'abstiennent  de  raal  faire  ou  de  vo- 
ler.  Le  mal  ue  se  fera  qu"autant  qu"il  le  voudra 
bien;  et  i^'!!  Ta  perrais,  le  maitrc  ne  laissera  pas 
son  indiiii::  nceimpunie.  Qu'il  soit  reconnaissaut 
du  bifii  qu"on  lui  a  fait,  afin  de  stimnlpr  les 
autres  a  bien  faire.  L'intendant  sera  sedeniaire, 
toujours  sobre,  et  n'ira  pas  ailleurs  queter  un 
festin.  Qu"il  tienne  les  domestiques  en  haleine, 
et  fasse  executer  lesordres  du  raaitre.  Qu'il  ne  se 
croie  pas  plus  habile  que  le  proprietaire ;  qu'il 
traite  lesamisde  sa  maison  coi»rae  les  siens  pro- 
pres.  Qu"il  ecoute  ceux  qu"il  lui  aura  donnes 
pour  conseils.  Que  ses  pratiques  religieusessoient 
eonfinees  dans  les  carrefours,  ou  pres  de  son 
foyer.  Qu'il  ne  prete  a  personne  ni  semence,  ni 
aliments,  ni  grain,  ni  vin,  ni  huile.  Qu'il 
soit  seulement  en  relations  avec  deux  ou  trois 
fermes  ,  pour  preter  ou  pour  emprunter  ce  dont 
on  a  besoin  ;  apres  cela  il  u'aura  d'affaires  avec 
qui  que  ee  soit.  Qu'il  compte  souvent  avec  le 
raaitre.  Qu'il  ne  retienne  pas  contre  les  conven- 
tions  ni  les  ouvriers,  ni  les  journaliers,  ni  les  vi- 
gnerons.  Qu'il  n'a(.hete  ou  ne  reeolterieua  l"insu 
du  maitre.  Qu'il  eloigne  les  psrasites ;  qu"il  ne 
consulte  ni  aruspice,  ni  augure,  ni  devin,  ni  as- 
trologue.  Qu'il  n'epargne  pas  sur  la  seraence, 
c'est  une  mauvaiseeconomie.  Qu':l  surveille  tous 
les  travaux ,  aflu  qu'il  sache  cominent  ils  s'exe- 
eutent;  et  que,  saus  se  fatiguer,  il  paye  souvent 
de  sa  personne.  Ce  faisant,  il  connaitra  ies  dis- 
positions  de  ses  gcns,  qui  n'en  scront  qiieplus 
ardents  au  travail  :  il  u'aura  pas  autantde  loisir 
pour  se  promener ,  mais  sa  sante  sera  pUis  ro- 
buste  et  son  sommeil  p!us  paisible.  Debout  le 
premier,  il  se  coueliera  le  deniier  :  aupai'avant 
\l  s'assurera  si  les  portcs  de  la  ferme  sout  closes, 

alicno  proliibcblt.  Yiliciis  si  iiolct  male  facere ,  non  faciet. 
Si  passus  erit,  (lomiiiiis  impuiie  iie  siiiat  esse.  Pio  beuefi- 
cio  siatiam  refeial,  ut  aliis  recte  faceie  libeal.  Yiliciis  ne 
sit  ambulator,  sobiius  siet  scinper,  ad  cirnam  ne  ipio  eat. 
Familiam  exerceat  :  consirieret.iiiiaj  domiuiis  impeiave- 
lit,  (iant.  Ne  plus  censeat  sapaie  se,  quam  dominum. 
Aniicos  domini ,  eos  liabeat  sllil  amlcos.  Oiii  jiissus  slet, 
auscultet.  Rem  dlvinam  nisi  compitalibus  in  compito  aut 
in  foco  ne  faclat.  Injussu  domiui  credat  nemini.  Quod 
domiuus  ciediderit,  exigat.  Satui  semen,  cibaria,  iar, 
vinuni ,  oleum  uuUuuin  dedeilt  nemlr.l.  Duasaut  ties  fa- 
niilias  habeat,  unde  utenda  rogel,  el  quibus  det :  pijeterea 
nemini.  Ralioiiem  (uni  domino  crebni  pulet.  Opeiarium, 
nieicenarinm  polltoiem  diutlus  eui.deni  ne  liabeat  die. 
Ne  quid  emisse  vclit  inscienle  domino  ,  ne  quid  domiuuni 
celavisse  velil.  Parasitum  ne  qiiem  liabeat.  Hariispicein, 
augnrem,  liariolum,  clialdeum  ne  quein  consuliilsse 
velit.  Sejjetcni  ne  defrudet  :  nam  id  inlelix  est.  Opus 
rusticum  onine  cuiet  uti  sdat  faceie,  et  id  faciat  soepe , 
dum  ue  la.ssus  liat.  Si  fecerit,  scibit  iu  niente  fainilia:  qiiid 
bIcI,  et  illi  animo  a^quioie  facicnt.  Si  lioc  faciet,  minus 
libebit  ambulare,  et  valebitrecliiis,  et  dormibit  libenliiis. 
Primus  cubllu  surgat  :  poslremus  cubitum  eat.  Prius  vil- 
!am  videat  claiisa  uti  eiet,  et  uti  suo  quisque  luco  cubet, 


si  chacun  est  couch6  a  son poste ,  et  si  les  animaux 
sont  affourrages  II  aura  le  plus  grand  soin  dcs 
bceufs,  et  Hattera  les  bouviers,aliuque  leurs  ani- 
maux  soient  bien  teuus.  II  tiendra  en  bon  etat  les 
charrues  el  les  socs.  II  ne  conduira  ui  troupeaux , 
ni  chariots,  ni  charrues,  sur  la  terre  detrempee; 
sans  cette  precaution  ,  les  endroits  pietines  seront 
steriles  pourtrois  ans.  Les  troupeauxet  lesbceufs 
recevront  riJgulierement  de  la  litiere;  leurs  pieds 
seront  nettoyes.  Qu'il  eloigne  la  galle  des  raou- 
tons  et  du  gros  betail ;  que  tous  les  travaux  se 
fassent  a  propos;  car  en  agriculture  tout  s'en- 
chalne  de  telle  sorte,  qu"un  travail  retarde  re- 
tarde  tous  les  autres.  Si  la  litiere  manque,  ou 
preudra  dcs  feuilles  de  chene,  et  on  les  raettra  sous 
les  pieJs  des  moutonset  des  bocufs.  Qu"il  ait  soiu 
d'amasser  un  bon  tas  de  fumicr ;  qu'il  le  conserve 
avec  soin;  et  lorsqu'il  le  transportera,  qu'il  Te- 
teude  et  reparpille.  L'autoinus  est  le  raoraent 
du  transport.  Cest  a  l"autoinne  qu'ou  dccouvre 
les  racines  des  oliviers  et  ([u'ou  les  fume.  Qu'il 
coupe  lcs  raraillcs  de  peuplier,  d'orme  et  de 
chene ;  qu'il  les  entasse  pour  les  donuer  aux  bre- 
bis  avant  qu'elles  ne  soient  completement  se- 
chees,  Quant  au  regain  et  aux  hi  rbes  de  la  se- 
condecoupe,ellt'3serontbienseches,danslemcrae 
but.  Apres  ies  pluies  d'automue  il  semera  les 
raves,  les  fourrages,  et  les  Uipins. 

VI.  —  Dcsliiiation  des  diffcrciites  pijces  de  terre. 

Voici  ce  qu'il  faut  observer  dans  la  destina- 
tiou  des  terres  aux  differents  produits.  On  reser- 
vera  au  fioment  les  terres  riches ,  aer6es ,  de- 
pouillees  d"arhres.  Si  le  sol  est  souvent  couvert 
de  biouillnrds,  ilfaudra  surtouty  seraerdes  ra- 
ves,  dcs  radii,  du  millet,  et  du  sorghs.  Le  sol 

et  utl  jumciita  palniliim  liabeaut.  Boves  niaxima  dilisenlia 
cuiatos  liabelo.  liubulcis  obsequitor,  parlim,  quo  libeu- 
tius  boves  ciireut.  Aratra  vomeresque  facito  iiti  bonos 
habeas.  Terrain  cario.sam  caveto  ne  aies,neve  plostrum, 
neve  peciis  impellas.  Si  ila  non  caverls ,  quo  impulerls , 
Irlennii  fruclum  amiltes.  Pecori  et  bubus  diligenter  sub- 
sternatur;  iiugiil.T  cnrentur.  Scabieni  pecori  et  jiimentis 
caveto.  Id  ex  fame  ,  et  si  impluit,  lierl  solet.  Opera  ouiiiia 
matiire  conficias  face.  Nam  res  luslica  sic  est  :  sl  unain 
rcni  sero  feceris ,  oninla  opera  sero  facies.  Stramenla  si 
deerunl ,  Irondem  lligneam  legito;  eaiu  substernito  ovibus 
bubusque.  Steiquilinuim  magnuin  stude  ut  habeas. 
Stercus  sedulo  conserva,  cum  cxportabls,  spaiglto  et 
comniimilto.  Pcr  aulumnum  evelilto.  Clicum  oleas  au- 
tumuilate  ablaqueato,  el  stcrcus  addito.  Frondem  popul- 
neam,  nlineam,  querneam  CBedito,  per  tenipus  eam  con- 
dlto  ,  non  peiarldam  ,  pabiilum  ovibus.  Ilem  fujnuni  cor- 
duin,  sicillmenla  de  prato  ea  arida  c.ondilo.  Post  iiubrem 
autumni  rapinam,  pabulum,  lupiuumque  serllo. 

VI.  —  Quibuslocis  agrum  conseri  oporleat. 

Agium  quibus  locis  conseras ,  sic  observari  oportet  : 
L'bi  ager  crassus ,  et  l<fitus  cst  sine  aiboribus ,  euiu  agrum 
frumenlarium  csse  oportct.  Idem  ager  si  nebulosusest. 


fiCONOMlE  RURALE. 


qui  sera  en  meme  temps  gras  et  chaud  recevra 
les  ()li\  es  de  coiiserve,  lcs  longues,  les  salentiiies, 
k'S  orchites ,  ies  posea ,  celles  de  Sergiaimm  ,  de 
Colminium,  et  les  blanehes.  Multipliez  surtout 
cclle  qu'on  s'accorde  a  regarder  comme  la  plus 
productive  dans  cette  circonstance.  Les  especes 
se  plantent  a  une  distance  de  vingt-ciuq  a  trente 
pieds.  On  ue  trouve  pas  pour  une  plantation  d'o- 
liviers  de  meilleure  exposilion  que  celle  qui  est 
cxposee  au  vent  de  Touest  et  regarde  le  soleil. 

Si  le  terrain  est  plus  maigre  et  plus  froid  ,  on 
y  plautera  rolivier  Licinius ;  si  vous  plantez 
cette  varicte  dans  une  terre  grasse  et  chaude, 
votre  huile  sera  mauvaise,  Tarbre  sepuisera  en 
produisant,  et  secouviira  d"uue  raousse  rous-i")- 
tre  et  parasitc.  Sur  les  lisieres  des  champs  ct  au 
bord  des  chemins,  plantez  des  ormes  et  des 
peuplicrs,  afin  d'avoir  des  feuillards  pour  vos 
iroupenux  et  vos  hoeufs ,  et  afin  d'avoir  du  bois 
sous  la  main  lorsque  le  bcsoin  se  presente.  Sur 
les  portions  humides  et  longeant  les  rivieres, 
plantez  des  cimcs  de  peuplier  et  des  roseaux. 
Plantez  ceux-ci  de  la  maniere  suivante  :  avec  le 
franchant  de  la  houe  vous  faites  des  trous  dnns 
lesquels  vous  inserez  des  stolons  de  roseaux  ,  a 
une  distance  de  trois  pieds  les  uns  des  autrcs. 
Plantez-y  Tasperge  sauvage,  d'ou  uaitront  des 
asperges  ordinaircs;  car  le  roseau  s'assoeie  bicn 
a  Tasperge  sauvage,  parce  qu'on  le  bine,  qu"on 
le  bridc,  et  qn'il  donne  dc  Tombre  a  propos.  En- 
tourcz  votre  plantation  de  roseaux  d'un  rideriu 
dc  saules  grecs,  qui  vous  douneront  des  ligatu- 
res  pour  la  vigne. 

\oici  ce  qu"il  f;iut  obscrver  dans  le  choix  du 
terrain  des  vignobles  :  danscelui  qui  est  estime 
le  meilleur  pour  la  vigne,  et  qui  estexpose  au 
soleil,  plantez  la  petite  race  d'Arainee,  rAIbe 


double,  ct  le  petit  gris.  Le  sol  riche,  couvert  de 
brouillards.convientspecialementalagranderaca 
d'Amince,  au  murgentin,  a  l'apieienVt  au  luca- 
nien;  les  autres  vigncs,  surtout  les  espcces  b.1- 
tardes,  prosperent  partout. 

Vn.  —  Lieiix  011  il  faiil  planler  les  arbustcs  et  lesarbiis- 
scaux. 

La  terre  qui  est  peu  eloignee  des  villes  vcut 
etre  plantce  en  vergers;  le  bois  ou  les  rarailles 
peuvent  ou  etre  vcndues  ,  ou  ctre  reservces  pour 
Tusage  du  maitre.  Voici  ce  qu"il  faut  semer  dans 
ce  meme  terrain,  ct  quclle  espece  de  vigne  il 
faut  marier  aux  arbres  :  c"est  le  grand  et  le  pctit 
araiueen,  et  rapicicn.  Oii  conscrve  ces  raisins 
dans  des  potsnoyes  nu  milicu  dcs  mares,  ou  dans 
du  vin  cuit,  ou  dans  du  moui,  ou  bicn  dans  de 
la  piquette.  Ceux  que  vous  suspendrez  seront 
les  raisins  a  graines  fcrmes,  et  les  gros  amineens. 
On  peut  egalement  les  secher  au  foycr  d'un  for- 
geron,  aussi  bicn  qu"au  soleil.  Les  fruits  seront 
les  pommes  de  coing,  la  eognasse  des  Cantius  , 
les  Quiriniennes,  et  d'autres  fruits  de  garde,  tel- 
lcs  que  les  pommes  vineuscs  et  !es  grenadcs. 
Pour  que  ces  fruits  ne  toinbcnt  point  premature- 
ment,  on  enfouira  au  pied  des  arbres  de  rurinii 
ou  du  fumier  de  porc.  Les  poires  seroiit  cellcs 
d"Anicius,  (et  des  semailles  excellentes  confitcs 
dans  du  vin  cuit),  la  tarentine,  la  vcndange  et 
la  courge.  Planlez  aussi  et  greffez  bon  nombre 
d'autres  espcces,  dcs  olives  orchites,  et  posien- 
nes,  qui  sont  les  meilleures  a  coufire,  soit  entieres 
dans  la  sauraure,  snit  meurtries  dans  Thuile  dc 
lcntisque.  Des  que  les  orchitcs  seront  noires  et 
seches,  saupoudrez-lcs  de  sel  que  vous  secouerez 
einq  jours  apres;  cxpo.sez-les  au  soleil  pendaiit 
deux  jours,  ou  bien  meltez-les  dans  du  vin  cuit 


rapa  ,  raphanos ,  miliiim,  panicnm  iil  maxinie  seri  opor- 
tel.  In  agro  crasso,  ct  calilo  oleam  coniiitivam,  radiiim 
majorem  ,  Salenlinam ,  orcliilem,  poseam,  Sergianam  col- 
itiinianam  ,  albicerem.  Quam  eariim  in  liis  locis  optimam 
dicent  esse,  eam  niaxime  serilo.  Hoc  genns  olea;  in  xxv 
aut  in  XXX  pedes  conserilo.  Ager  olelo  conserimdo,  qui  in 
ventum  Favonium  speclabil,  el  .soli  ostentus  erit,  alins 
lionns  niillus  cril.  Qui  ager  frigidior  et  macrlor  erif ,  ibi 
oleani  Liiinianam  seri  oporlel.  Sin  in  locociassoant  caldo 
severis,  Iioslus  ncqiiam  eiit,  et  fcrnndo  arbor peiibit ,  et 
muscus  riiber  molestns  erit.  Circura  coronas,  el  ciicum 
vias  ulmos  serilo,  et  parlim  populos,  nti  frondem  ovibus 
et  bulnis  balieas,  et  materia,  si  qnx-  opiis  sit ,  parala  eiit. 
Sicubi  in  liis  Ir.ris  ripse,  aut  locus  Imrnectus  erit,  ibi  ca- 
cuniina  popnloriim  serito  et  arundinelnm.  Id  lioc  modo 
serito  :  bipalio  vorlito,  ibi  oculos  arundiiiis  pedes  ternos 
aliiim  ab  alio  scrilo.  Ibi  corudam  serito,  unde  asparagi 
lianl.  .\am  convi  nit  aruudinelun)  cuincoruda,  eoquiafo- 
<iilur,el  incendilin ,  et  umbriim  per  lcmims  liabet.  Salicem 
gracain  circnm  arundinetnm  serilo,  uli  siet  qui  vineam 
aHigi'S.  Vineam  quo  in  agro  consci  i  oporlet ,  sic  observato. 
Oni  locHS  vinooplnnus  dicelur  cs.se,  el  ost«nlus  soli,  ibi 


Aniineuin  ndniisciiliim,  etgeminum  eugeneuiii,  belveoliim 
miniiscuium  conserito.  Qiii  locuscrassus  erit.aut  nobulo- 
sior,  ibi  Amineiim  majns,  aut  Muigentinum,  Apiciuni, 
Lucannm  sci  ilo.  Csler.c  vites,  miscellie  maxime,  in  qiicm- 
vis  agrum  conveninnt. 

VII.  —  Quo  in  loco  arbusla  el  virg.-e  serantur. 

Fiindo  subnrbano  arbnstum  maxime  convenit  liabere  , 
ct  ligiia  et  viiga;  venire  possuiif ,  et  domino  erit,  qui  nla- 
Inr.  In  eodeiii  fundo  siium  quidqnid  conseri  oportet,  ar- 
bustoque  vilem  copulari.  Aminnaeum  minusciilum,  et 
majiisculum,  et  Apiciiim.  Hiiec  in  ollis ,  olbe  in  vinaceis 
conduntur;  eadeni  insapa,  iu  musto,  in  lora  recte  con- 
diinlin;  qiias  siispcudas  (luracinas,  aminna>as  majoies, 
vid  ad  fiibrnm  ferrarinni  pro  passis  ea;  r.-cle  servantur. 
Ponia,  inalastrutbea,  colonea  scantiana,  Quiriniana,  itein 
alia  conditiva  mala  mustea  ,  et  Punica  ,  (  eo  lolium  suil- 
limi  aul  stercus  ad  radicem  addere  opoitet,  uti  stabilia 
miila  liant,)  Piravolema,  Aniciana,  et  sementiva,  (b;ie 
couditivainsapa.boiiaerunt,)  Taientina,  muslea,  et  cucur- 
bifina.  Item  aliagenera  qnampliirima  serito,  aut  inserilo. 
Olciis  orcbitcs,  posias,  ose  opliuis  condunlurvtl  viiiJui 


M.  P.  CATOi^. 


sans  les  saler.  Lorsque  vous  voudrez  conserver 
des  cormes,  soit  par  la  dessiecation,  soit  dans  une 
infusion  de  vin  cuit,  faites-les  bieo  secher  au- 
paravant :  agissez  de  meme  pour  les  poires. 

VIII.  —  Dans  quelles  leires  il  faut  mettre  les  dilTcrenles 

especes  d'oliviers. 

Mcttez  la  figue  marisque  dansun  sol  crayeux 
et  decouvert :  mettez  au  contraire  dans  une  terre 
riche  ou  fermee  les  especes  d'Afrique ,  de  Cadix , 
de  Sngonte,  les  telanes  noires  a  longs  pcdoncu- 
les.  Si  vous  avez  un  pre  arrose,  vous  ne  man- 
querez  pas  de  foin ;  s'il  ne  Test  pas,  fuinez-le 
afin  d'avoir  dii  foin.  Pres  de  la  ville  ,  vous  aurez 
des  jardins  dans  tous  les  stylis,  toutes  sortes 
d'arhres  d'ornement,  des  oignous  de  Megare,  le 
myrte  palissade,  soit  le  noir,  soit  leblanc,  le 
iauvier  de  Delphes,  cekii  de  Cypre,  celui  des 
forcts,  des  noix  nues,  des  avelines  de  Preneste 
et  de  Grece.  Un  jardin  de  ville ,  surtout  pour  ce- 
lui  qui  n'en  a  point  d'autre ,  doit  etre  plante  et 
orne  avec  tout  le  soiu  possible. 

IX.  —  11  faut  conlier  les  saussaies  aux  terrains  liumides. 

II  convient  de  planter  les  sauies  dans  les  ter- 
res  aquatiques,  humides,ombragees,  et  pr^sdes 
rivieres.  Examinez  si  vous  en  avez  besoin  chez 
vous,  ou  si  vous  les  destinez  a  la  vente.  Si  vous 
avez  de  l'eau  ,  attachez-vous  surtout  aux  prairies 
arrosees.  Si  vous  n'avez  pas  d'eau  ,  faites  encore 
des  prairies  seches  autant  que  vous  pourrez  ;  c'est 
!e  meilleur  usage  que  vouspuissicz  faire  de  votre 
domaiue. 


in  muria,  vel  in  lontisco  contusse.  Orclutesubi  nigr»  erunl 
et  sicca;,  sale  confriato  dies  v.  postea  salem  exculilo,  in 
solem  ponilo  biiluum  ,  vel  sine  sale  in  defi  utuni  condilo. 
Sorba  in  saiia  cum  vis  condere ,  vel  siccare ,  arida  lacias 
ilempira  eodem  modo  lacias. 

VIII.  — Ficos  plurium  gencrum  quo  loco  screre  oporleat. 

Ficos  mariscas  in  loco  crelosoet  aperto  serilo  :  Africa- 
nas^  et  Hcrculanas,  Saguntinas,  liibeinas,  Xelanasalias 
pediculo  longo ,  eas  in  loco  crasso  ,  aiit  storcorato  serilo. 
Pratuni  si  irrigiium  habebis,  fiEnum  non  deficiet.  Si  non 
ei  il,  siccuni.ne  f(i>num  desiet,  .summitlito.  Siib  nrbe  bortum 
oniiie  genus,  coronanienta  omne  geniis,  biilbos  niegaricos, 
murtum  conjugnlum  et  album  et  nigrnni,  laurum  Delpbi- 
cam,  et  Cypricam,  et  silvaticain,  nuces  ealvas  ,  avellanas 
Pra-neslinas ,  et  Grajcas ,  bffic  facilo  uli  seranlur.  Fundum 
nrbanum,  et  qui  eum  fundnm  solum  babebit,  itaparet, 
ilaque  conserat,  uti  quam  solerlissimum  babeat 

IX.  —  Uti  salicta  locis  aquosis  scrantur. 

Saliclalocisaquosis,  bumeclis,  umbiosis,  propteram- 
nes  ibi  seri  oportet.  Et  id  videlo,  uti  aut  doinuui  opiis 
sienl,  autut  veniie  possint.  Prata  irrigna,  si  aquam  babe- 
bis ,  potissimum  facito  :  si  aquam  iion  babebis,  sicca  quani 
plurima  facito.  Hoc  est  pra'diuni  qnod  ubi  vis  e.xpedit 
(acerc. 


X.  — Nombre  d'aides,  de  boe^fs,  d'4nes,  de  domestiques 
et  d'instrumeuts  dont  il  faut  se  pourvoir. 

Mobilier  et  personncl  pour  deux  cent  qua- 
rante  arpents  en  oliviers  :  Un  inteudant,  une 
survcillante  ,  cinq  manoeuvres,  trois  houviers, 
un  porcher,  un  anier,  un  berger;  en  toul  treize 
personnes.  Trois  paires  de  boeufs,  trois  anes 
avec  bats,  pour  le  transport  des  engrais;  un  au- 
tre  Sue,  cent  brebis.  Instruments  pour  Thuile  : 
cinq  rouleaux  monles ,  une  chaudiere  de  trente 
quadrantals  (28  pintesparisiennes),  soncouvercle, 
trois  crochets  eu  fer,  trois  yases  pour  Teau ,  deux 
entonnoirs,  une  chaudiere  de  cinq  quadrantals, 
son  couvercle ;  trois  crochets ,  uae  petite  cu vette , 
deux  amphores  a  huile,  uue  urne  de  cinquante 
pots ,  trois  ecumoires ,  uu  seau  a  puiser  de  fcau , 
un  bassin,  un  put,  un  vase  a  laver  les  mains, 
un  hassin  en  ccu  ,  un  pot  a  Tcau  ,  un  vase  a  trois 
becs,  uu  chandelier,  un  boisseau,  trois  grands 
chars,  six  araires  avec  leurs  socs,  trois  jougs 
avee  ieurs  lanieres ,  six  harnais  de  boeufs ,  un  ra- 
teau  en  fer,  quatre  civieres  a  fumier,  six  pa- 
nicrs  a  furaier,  trois  dcmi-bSts,  trois  couvertu- 
rcs  pour  les dues.  Usteusilesen  fer :  huit  fourches , 
huit  sarcloirs,  quatre  pelles,  cinq  houes,  deux 
riiteaux  a  quatre  dents,  trois  faux  a  foin ,  six 
faux  a  chaume ,  cinq  croissants  ,  trois  haches , 
trois  coins,  un  pilon  a  ble,  deux  pelles  a  fcu, 
un  fourgon,  deux  rechauds;  cent  tonues  pour 
Ihuile,  douze  bassins,  dix  tonncaux  pour  les 
marcs,  dix  pour  les  feves,  dix  tounes  a  vin, 
vingt  pour  le  froment,  une  pour  les  lupins,  six 
cruches  a  vin,  une  aiguiere,   une  baiguoire, 

X.  —  Quot  conservos,  quot  boves  asiuosque  ct  minislros 
atquo  utensilia  babere  oporleat. 

Qnomodo  oleluni  agri  jugerum  ccxl.  inslruere  oporlet : 
vilicum,  vilicam  ,  operarios  v.  bubulcos  ni.  subulcuui  i. 
asinarium  i.  opilionem  i.  Siimma  liominum  xiii.  boves 
trinos,  asinos  ornatos  clitellarios,  qui  stercus  veclent,  lu. 
asinum  unum  ,  oves  c.  vasa  olearia  inslructa  jnga  v.  alie- 
num quod capiat  qnadrantalia  x\x,  operculum  aheni, uncos 
ferreos  iii.  ureeos  aquaiios  ni,  infidibula  ii.  ahennm  quod 
capiat  qiiadrantalia  v.  alieiii  operciilum ,  uncos  ni.  label- 
him  polulum,  aniphoras  olearias  ii.  urnam  quiuquagena- 
riam  unam,  trullas  iii.  siUilum  aqnarium  unum,  pelviin 
unam,  malellionem,  trullium,  sculriscum,  malellaui, 
uasiternam,  candclabrnm ,  sexlarium ,  plostra  majora  iii. 
aratra  cuin  vonieribns  vi.  juga  cum  lorisornata  iii.  orna- 
nienla  biibus  \i.  irpicem  uniini ,  crates  stercorarias  iv. 
sirpeas  stercorarias  iii.  semuncias  iii.  instrata  asinis  iii. 
ferramenla,  ferreas  viii,  sarcula  viii.  palas  iv.  rntia  v. 
rastros  quadridentes  ii.  falces  foenarias  iii.  sliamenlarias 
VI.  arborariasv.secures  iii.  cuneos  iii.  fistulam  farraiiani 
1.  forpices  11.  rutabnlum  I.  foculosii.  doliaolearian.  labra 
XII.  dolia  quo  vinaceos  condat  x.  amnrcaria  x.  vinaria  x. 
frumentaria  xx.  labrum  lupinaiium  unum,  serias  vi.  la- 
brum  eluacrnm  unum,  solium  unum,  labra  aqnaria  ii. 
opercula  doliis,  seriis  priva  plnra,  molas  .isinarias  nnas, 
et  trusatiles  unas,  hispauienses  unas,molilia  iii.  abaciim 


fiCONOMlE  RURALE. 


deux  bassiiis  [loiir  Teau  ;  tles  couvercles  pour  Ics 
touueaux  et  les  futailles;  une  paire  de  meules 
tournces  par  les  anes,  une  paire  tournee  a  bras 
dhonimes,  une  paire  a  respagnole;  trois  col- 
liers,  un  buflet,  deu.v  plats  en  cuivre  ,  deux  ta- 
bles;  trois  grands  bancs,  un  siege  dans  la  cham- 
bre  a  coucher,  trois  escabelles ,  quatre  tabourets , 
deux  fauteuils;  un  lit  dans  la  chambre  a  cou- 
cher,  quatre  lits  de  sangle  et  trois  autres  lits; 
un  pilon  en  bois,  un  pour  fouler  la  laine,  un  me- 
tier  a  tisserand;  quatre  pilons,  Tun  pour  les  fe- 
ves,  Tautre  pour  le  froment ,  un  pour  les  semen- 
ces ,  un  pour  concasser  les  noyaux  ;  un  boisseau , 
un  demi-boisscau ;  huit  matelas  ,  buit  couver- 
tures,  seizeoreillers;dixdraps,  trois  serviettes, 
six  casaques  pour  les  esclaves. 

XI.  —  Dans;  iin  antrc  sysU^^me,  nombre  cVaides  et  d'ou- 
vriers  qn'il  fant  niettre  Ji  la  dispositiou  de  1'intendant. 

Pour  cent  arpents  de  vigne  on  aura  :  un  in- 
tendant ,  une  surveillante,  dix  ouvriers ,  un 
bouvier,  un  ^nier,  un  homme  pour  ies  saules, 
un  berger :  en  tout,  seize  personnes ;  deux  boeufs , 
deux  Snes  pour  les  cbars,  un  pour  la  meule; 
trois  attirailsde  pressoirs  avec  leurs  agres;  des 
futailles  suffisantes  pour  recevoir  le  produit  de 
cinq  veudanges,  et  donnant  cliacune  huit  cents 
raesures;  vingt  futailles  pour  les  marcs ,  vingt 
pour  le  froment;  pourchacune  d'elles  les  cou- 
vercies  et  chaperons  necessaires  ;  six  urnes  cou- 
vertes  de  genet ,  quatre  amphores  du  meme 
genre;  deux  enlonnoirs,  trois  passoirs  a  osier, 
trois  passoirs  pour  arreter  lesfleurs;  dix  vais- 
seaux  pour  lc  moiit;  deux  chars,  deux  charrues; 
un  joug  pour  les  chars,  un  joug  pour  la  vigne, 
un  pour  les  anes ;  un  disque  d'airain  ;  un  collier 
de  meule ;  une  chaudiere  de  la  contenance  d'un 

I.  orbes  alieneos  ii.  niensas  ii.  scamna  magna  in.  scaninum 
in  cubiculo  unum,  scabilla  iii.  sellas  iv.  solia  it.  Leclum  in 
cubieulo  i.  lectcs  loiis  snbtenlos  iv.  et  lectos  ties  commu- 
nes  ,  pilain  ligneam  nnain,  rullnniiani  iinam,  telamjnga- 
lem  unam,  pilas  duas,  pilnm  l;ibniiinii  iiiiuni,  larieariiim 
ununi,  seminarium  unum,  qiii  nnileos  siiccernat  nnum, 
modium  unuin,  semodiiim  iiiiiim,culiilas  viii.  instiagula 
VIII.  pulvinos  xvi.  operiineiila  x.  niappas  iii.  centones 
pueris  vi. 

XI.  —  Alia  instituUo,  quot  et  qaibus  cnnsonis  alque  operis 
inslrul  villicam  opoiteat. 

QiiomoJo  viiieiim  jiigeiiinic.iiistinereoportet :  villcnm, 
vilicam,  opeianns  x.  bubiiliiiiii  i.  asinariiim  i.  salictaiiuni 
1.  suhulcum  i.Sniiima  bomines  \m.  Imves  ii.  asinosplos- 
trarios  ii.  asiiium  molariiim  i.  vasa  torcula  inslructa  iii. 
dolia  V.  ubi  vindemiie  esse  possinl,  eulleum  dccc.  dolia 
ubi  vinaceos  condat ,  xx.  fiumentaria  xx.  opeicnla  dolio- 
lum,  el  lectoria  priva.  IJinas  sparteas  vi.  aniplioras  spai- 
teas  IV.  infidibula  ii.  cola  vitilia  iii.  cola,  qui  florem  demaut, 
Iria,  iiiceos  mustarios  decem.  Plostra  diio.  aiatra  duo. 
juga  plostiaria  duo,  iugiim  vinarium  i.  jiignm  asinarium 
I.  orhem  alicneiim  i.  molile  i.  aboneum,  quod  capit  cnl- 
leum  uiiuDi.  operculum  abciii  iinuin,  uncos  fcneos  iii 


culleus ,  avee  son  cou verclc,  pour  la  cuislne ;  troi» 
crochets  en  fer;  dcux  vascs  pour  Teau  ;  une  an> 
phore  a  trois  anses,  un  bassin ,  un  pot  a  Teau, 
une  aiguiere,  un  seau  a  puiser  IVau ,  un  rafral- 
chissoir,  unc  ecumoire;  un  chandelier,  un  vase 
de  nuit;  quatre  lits,  un  banc,  deux  tables,  un 
buffet,  un  garde-manger,  une  garde-robe ,  six 
grands  bancs ,  une  roue  a  puiser  Teau ,  un  bois- 
seauferre,  un  denii-boisseau  ;  une  auge  a  lcs- 
sive  ;  un  dctrempoir,  une  auge  a  lupins,  dix 
cruches  a  vin;  dix  couvertures  pour  les  bocufs 
et  les  ^nes;  trois  demi-b^ts;  trois  corbeilles 
pour  les  lies,  trois  roues  tournees  par  les  Snes, 
une  roue  a  bras.  Ustensiles  en  fer  :  six  scr- 
pettes  pour  la  vigne  ;  cinq  serpettes  pour  les  li- 
gatures ,  trois  croissants ,  trois  serpes ,  cinq  ha- 
ches  et  quatre  coins;  dix  socs  en  fer,  six  h&- 
ches,  quatre  houes,  deux  rateaux  a  quatre 
dents,  quatre  hottes  a  fumier,  un  panier  pour 
le  meme  usage ;  quarante  faucilles  pour  la  vlgne , 
six  croissaiits  pour  les  frayons;  dcux  rechauds, 
deux  pinces  a  feu ,  un  fourgon;  vingt  paniers 
dWmcria,  sept  panicrs  de  semeur;  quaranteba- 
qucts ,  quarante  pelles  de  bois,  deux  auges ; 
quatre  matelas,  quatre  couvertures,  six  oreil- 
lers ,  six  couvre-pieds ;  trois  ser viettes ,  six  casa- 
ques  d'csclaves. 

Xlf.  —  Quanlite  et  denominations  des  ustensiles  pour  l» 
piessoir. 

II  faudra  pour  le  pressoir  cinq  series  d'ustensi- 
les;  cinq  arbres  montes,  trois  de  rechange, 
cinq  trcuils,  un  de  rechange ;  cinq  courroies, 
cinqcordesderetour,  cinq  cables,  cinq  poulies, 
dix  coi'dcs  daltache,  cinq  levierset  ciuq  assiettes 
pnur  lcs  arbrcs;  trois  cuves,  quarante  blocs, 
quarante  boucles,  quarante  frcttes  en  bois,  pour 

alieniim  coculum ,  quod  capiat  culleum  ,  urceos  aquario» 

II.  Amplioiam,  nasiternam  i.  pelvim  i.  matellionem  i. 
Irullinm  i.  sitiilum  aquaiiuni  i.  scutriscum,  Irullam, 
candelabi  um  ,  matellam ,  iectos  iv.  scamnum  i.  mensas  ii. 
abacum  i.  aicam  vestiariam  i.  armarium  piomptuarium 
I.  scamna  longa  vi.  rotam  aquariam  i.  modium  pr:efciTa- 
tiim  I.  semodium  i.  labrum  eluacrum  i.  solium.  labrum 
lupinaiium  i.  .serias  x.  Oinamenta  txibus  ii.  ornamenta 
asinis  instiata  iit.  semuncias  iii.  spoitas  faecarias  iii.  mo- 
las  asinarias  unas ,  Irusaliles  unas.  Ferramenta ,  falces 
vinealicas  vi.  sirpiciilas  v.  falces  silvaticas  v.  arboraiias 

III.  secures  v.  otcuneosiv.  vomeres  ferreos  x.  palas  vi. 
rutra  quatuor,  lastros  quadridentes  ii.  crates  stercorariaii 

IV.  sirpeam  stercorariam  i.  lalculas  vineaticas  \l.  fali  nlas 
iHscarias  x.  Foculos  ii.  forpices  ii.  rulabulnm,  ciirbulas 
Amciinas  xx.  quala  saturia  vii.alveosxL.palas  ligueas  xi. 
lintics  II.  culcitasiv.  instragulaiv.  pulvinos  vi.  opeiinicul» 
VI.  niappas  iM.  ccntones  pneris  vi. 

XII.  —  Qiiot  et  qu.T  in  lorculari  parari  vasa  oporteat. 

Iii  lorciilarinm  qu;e  opiis  snnt  vasis  qninis.  I'rela  tem. 
perita  v.  supervacanca  iii.  suciilas  v.  supervacaneam  i. 
fuiies  loreos  v.  subdiictarios  v.  medipontos  v.  trocbleas 
X.  capistra  T.  assercula  v.  nbi  pr«la  sita  ««»1  t.  sona» 


M.    P.  C.VTON. 


firapechcr  les  ai-bies  de  se  fendre;  cinq  meules, 
dix  seau.K  »  puiser,  di.K  baquets,  dix  pelies  en 
bois  ,  cinq  rables  en  fer. 
XIII. Disposilion  du  pressoir  et  dii  ccllier  5  olivcs. 

A  l'epoque  du  pressurage  voici  ce  qu'il  faut 
avoir  au  prcssoir  :  un  vase  en  cuivre  de  la  con- 
tenance  de  cinq  quadrantals;  trois  crocs  en  fer, 
un  disque  d'airain;  une  paire  de  meules,  un 
crible,  un  tamis;  une  bache,  une  cruche  a  viu, 
un  levier,  un  lit  monte  pour  les  hommes  libres 
faisant  rofliee  de  gardiens  ;  un  esclave  du  troi- 
sieme  degre  couchera  avec  les  ouvriers ;  de  vieil- 
les  et  de  neuves  corbeilles ;  une  corde  dc  hamac ; 
un  oreiller,  un  cuir,  deu.K  lampes  grillees,  un 
charnier;  une  ccbelle,  des  futailles  a  huile,  leurs 
couvercles;  quatorze  bassins  a  huile,  deux  gran- 
des  gondoles,  deux  petites;  trois  ecumoires 
d'airain ;  deux  amphores  a  buile ,  un  vase 
pour  Teau  ,  une  urne  de  quarante  mesures ;  un 
setier  pour  rbuile,  uuecuvette;  deux  enton- 
noirs,  deux  eponges;  deux  pots  enterre,un 
autre  de  la  coi>tenance  d'une  urne  ( quatre  con- 
ges),  trois  barres  avec  leurs  clavettes  ;  deux  la- 
bourets,  une  balance,  un  poids  unique  de  cent 
livres ,  une  serie  de  divers  poids. 

XIV.  —  Clauses  Ji  proposer  k  I'arcliitecte  poiir  bfttir  iine 
inaison  de  campague. 

Si  vous  faites  batir  a  forfnit  une  campagne 
entierement  neuve,  voici  les  obligations  de  Ten- 
trepreneur.  Conforraeraent  au  desir,  il  construira 
toutes  les  muraillesen  moellons  unis  avec  de  la 
chaux,  les  piliers  en  pierres  solides,  les  poutres 
qui  sont  necessaires,  les  seuils ,  les  jambages  de 
porte,  les  liuteaux,  les  lambourdes,  les  etais,  les 

iii.  vccles  XI.  (Ibulas  xl.  confibulas  ligneas,  qni  arbores 
compriuiat,  si  di.sliiascent,  et  cuueosvi.  trapelos  v.  cu- 
|ias  niinusculas  x.  alveos  x.  palas  ligneas  x.  rutra  ferrea  v. 
XIII.  —  Quomodo  torcularium  et  cellam  oleariam  parare 
oporteat. 
Intorcularium  in  usuquodopus  est.  Urceum,  aheneum 
I.  qiiod  capiat  ([uadiantalia  quiuque ,  uncos  ferreos  tres , 
orbeni  aheiieiim  unum  ,  molas  unas,  crihriim  unum,  in- 
cerniciilum  unum,  secnrim  unam,  scamuum  unum,  se- 
riam  vinariam  unam,  clavamlorcularii  unam ,  lectum  stia- 
tum,  iibi  duo  cuslndes  libeii  cubent,  et  tertius  servns  una 
cum  factoribiis  uti  cubet.  fiscinas  novas  veieres.  epidro- 
mum ,  pulviuum ,  corium  unum,  lucernas  craticulas  duas, 
carnarium  iiniim,  scalas  unas.  In  cellam  oleariam  hwc 
opus  sunt  Dolia  olearia,  opercula,  labra  olcaria  xiv. 
conchas  majores  duas,  e.t  rainores  duas,  trullas  aheiieas 
trcs,  aniphoras  olpaiias  duas,  urceum  aquarium  unum, 
unianiquinquagenariam  unam,  sextariumoleariumuiuim, 
labelium  unum ,  infidibula  duo,  spongias  duas,uiceos 
fictiles  II.  urnales  ii.  tnillas  lisneas  duas,  clavcs  cum 
Vlostrisin  cellas  duas,  Iruliiiam  unam,  ccntumpondium 
incertum  uniim  ,  etpondera  certa. 

XIV.  -    Villam  feUificandam  fabro  quomodo  locaveri.s. 

Villatn  .Tdificandamsi  locftbis  novani  ab  solo,  faber  h:ic 


etables  d'hiver  pour  les  boeufs,  les  rateliers 
pour  Tete,  reeurie,  les  chambrettes  pour  les  es- 
claves,  trois  garde-mangers ,  une  table  ronde  , 
deux  chaudieres,  dix  toits  a  porc,  un  foyer, 
une  porte  cochere  et  une  autre  a  la  disposi- 
tion  du  maitre,  les  fenetres,  dix  barreaux  do 
dix  pieds  pour  les  grandes  fenetres  et  pour  les 
petites,  six  lucarnes;  trois  bancs,  cinq  chaises; 
deux  metiers  de  tisserand,  six  carreaux  transpa- 
rents,  un  petit  mortier  a  piler  le  grain ,  un  me- 
tierde  foulon  ;  les  chambranles;  deux  pressoirs. 
Le  proprietaire  fournira  les  materiaux ,  les  objets 
necessaires  a  la  main  d'oeuvre  ;  il  fera  tailler  et 
polir,  il  sera  tenu  de  fournir  une  scie  et  un  cor- 
deau ;  cependant  il  n'est  tenu  qu"a  couper  et  k 
travaiiler  les  raaterlaux.  Cest  rentrepreneur 
qui  fournit  la  pierre  ,  la  cbaux  ,  le  sable,  Teau  , 
la  paille ,  et  la  terre  employee  au  mortier.  Si  Te- 
difice  vient  a  etre  frappe  de  la  fou^re,  11  faqt  y 
prononcer  des  paroles  sacrees.  Voici  le  prix  du 
travail  pour  un  honniite  homme  qui  fournit  large- 
mcnt  tout  ce  qui  cst  necessaire ,  et  qui  paye  cons- 
ciencieusement  :  les  pannes  occupent  deux  pieds 
sur  le  toit ,  et  on  supputera  ainsi :  celle  qui  ne 
sera  pas  entiere,  et  qui  aura  ete  cchaneree  d'uu 
quart ,  sera  coniptee  comme  une  demi.  Les  fat- 
tieres  seront  coraptees  pour  deux  pannes;  tontes 
celles  qui  aurout  de  plus  grandes  dimensious  se- 
roulcomptees  pourquatre.  Faites  conduire  de  la 
chaux  et  des  pierres  jusqu'a  un  pied  au-dessus  du 
sol ,  et  iie  mettez  aux  parties  laterales ,  aux 
ehambranles  et  aux  croisees  que  ee  qui  cst  stric- 
teracut  necessaire.  Les  autres  conditions  cousis- 
tent  a  eomposer  toute  la  bStisse  de  raoellons  unis 
a  lachaux.  Leprixdesouvrages  enonces  ei-des- 

faciat  oportet.  Parietes  omnes  (uti  jussitur)  calce  et  ce- 
mentis,  pilas  ex  lapide  angulari,  ligna  oninia  quae  opus 
suiit,limina,  postes,  jugamenta,  asseies,  fulmentas,  pr.T- 
sepis  bubus  hibernas,  et  a'slivas  faliscas,  equile,  cellas 
familise,  carnaria  m.  orbem,  aheua  ii.  liaras  x.  focum, 
januam  maximam  ,  et  alferam  quam  volet  dominus ,  fene- 
stras, clatios in fenestras  majores,  etminores  bipedales  x. 
luniina  vi.  scamiiaiii.  sellas  v.telasjogalesduas,Iuminaria 
VI.  paulliilam  pilam  ,  ubi  triticum  pinsant,  unam  ,  fullo- 
nicain  unam  ,  antepagmenta  ,  vasa  torcula  duo.  H*c  rei 
raateriem ,  et  quic  opus  sunt  doniinus  pra^bebit,  etad  opus 
dabit,  (succidet,  dolnlMt  lineabil  secabitque  materiam 
duntaxat  condiictor)  lapidem,  calcem,  arenam,  aquam, 
paleas ,  terram ,  unde  liituin  fiat.  Si  de  caelo  yilla  tacta 
sict,  deea  re  verba  divina  uti  liant.  Hiiic  operi  piecium 
ab  doinino  bono ,  qui  bene  pic-cbeat  quae  opus  sunt,  et 
numos  lide  bona  solvat.  In  tegulas  singulas  ii.  in  tectum: 
sic  numeiabitur  tegula  :  integra  qua;  non  erit,  unde  quar- 
ta  pars  aberil,  diiae  pro  una,  conliciares  qiia,'  ernnt,  pro 
binis  putabuntiir  :  iu  aliis  quot  erunt,  in  singulas  quater- 
nrenumerabuntur.  Villa,  lapide  calce  fimdainenta  supra 
tcrram  pede,  ca;teros  parieles  ex  latere,  jugamenta  ct 
antepagmenta ,  qu:e  opus  erunt,  indito.  Cailera  lex  uti 
villa  ex  calce  cementis ;  prelium  in  tegulas  singuIasK.  s. 
loco  saliibii  bono  domino  ha;c,  qua;  supra  precia  posita 


15C0N0MIE  RURALE, 


sus  s't'value  h.  xin  nummus  sestertius  par  panne. 
Laraain-dffiuvre se caleulesur ec  pied,  si  Ton ba- 
tit  dans  un  canton  salubre  et  pour  un  houime  de 
bon  accord  ;  mais  tout  proprietaire  consciencicux 
ajoutera  un  quart  en  sus  s'il  1'ait  batir  dans  une 
eontree  malsaine  ou  Ton  ne  pcut  travailler  peu- 
dnnt  rcte. 

XV.  —  .Maniere  de  constriiire  les  muraille.s. 

Les  murs  auront  cinq  pieds  de  hauteur,  et  se- 
ront  faits  avec  des  moellons  lies  avec  du  sable  et 
de  la  chaux;  la  pieee  de  eomble  auia  un  pied 
d'epaisseur,  sur  uu  pied  et  demi  de  hauteur, 
quatorze  de  lonsucur,  et  on  devra  exiiicr  sur  le 
devis  qu'elle  soit  crepie.  S'il  exige  qu'on  donne 
aux  murailles  de  la  eampague  ccnt  picds  carrcs, 
c'est-a-dire  dix  pieds  en  tout  sens  ,  ou  une  figure 
ayant  cinq  pieds  d'une  faee  et  une  perche  de 
vingt  pieds  de  Tautre,  il  faiidra  payerdix  num- 
nnis;  et  s'il  veut  une  fondation  ayant  un  pied 
et  demi  d'epaisseur,  il  devra  fournir  par  chaque 
pied  de  longueur  uu  boisseau  de  ehaux  et  deuv 
de  sahle. 
XVt.  —  Condilions  ii  imposcr  iiour  la  cuisson  de  la  cli.iux. 

Quand  on  fait  cuire  la  chaux  a  cliarge  de  par- 
tage,  voici  les  couditions  des  deux  parties.  Le 
chaurournier  monte  le  four,  lechauffe,  en  re- 
tire  la  chaux  et  debite  le  bois;  lc  maitre  fournit  la 
pierre,  le  bois  ,  en  un  mot  tout  ce  qui  est  ueces- 
snire. 
XVII.  —  lipoinic  convenalile  ponr  raballage  des  bois. 

Le  temps  le  plus  favorable  a  la  coupe  du  chene 
rouvre  ,  et  des  e ssences  a  eehalas ,  c'est  dep!n's 
le  solstice  jusqu'aux  friraas.  Qnant  aux  essences 
qui  portent  du  fnii! ,  c'est  repoque  de  la  maturite 


de  ceux-ei  qui  est  la  raeilleure.  Les  essences  qui 
ne  fructifient  point  sont  bonnes  .'i  couper  lors- 
que  la  seve  monte.  On  peut  abattre  en  toute  sai- 
son  les  esscnces  qui  portent  en  meme  temps  des 
fruits  verts  et  des  seniences  mures  :  tels  sont  les 
cypres  et  les  pins.  En  efl'et ,  dans  ces  arbres  il  y 
a  deux  sorles  de  fniits;  Tun  iniir,  bon  a  eueillir 
et  prt-s  de  tomher,  Iorsqu'il  touehe  a  la  fin  de  la 
premiere  annee  :  alors  il  faut  couper  Tarbre  a  Te- 
poque  des  semailles  ;  si  Ton  attendait  plus  tard , 
il  faudrait  reeuler  dc  huit  mois.  L'autre  n'a  pas 
eneore  un  an,  et  a  une  eouleur  verte.  II  est  avan- 
tageux  de  eouper  rorme  quaud  ses  feuilles  coni- 
mencent  a  tomber. 

XVIII.  — Constrnction  du  prcssoir. 

Si  vous  voulez  construire  un  pressoir  a  quatre 
cuves,  que  celles-ci  soient  opposees  les  unes  au.x 
autres,etmonteesainsiqu'ilsuit :  Les arbres au- 
ront  dcux  pieds  d'equarrissage  sur  neuf  de  loii- 
gueur,  y  compris  les  mortaises,  et  les  tenons  qui 
les  termineront  superieurement,  et  la  portion  de 
leur  pied  qui  sera  eugagee  dans  le  patin;  ouvrez 
le  logement  des  aiguilles  de  trois  pieds  neuf  pou- 
ces  en  hauteur,  sur  six  doii;ts de  laigeur ;  ouvrez 
une  raortaise  a  uii  pied  et  demi  du  sol ;  donnez 
deux  pieds  a  rentre-jumelles ,  ecartez  les  de  deux 
pieds  des  murs;  mettez  dix-huit  pieds  entre  ces 
jumelles  et  la  paire  de  poteaux  qui  appar- 
tient  a  ce  meme  prcssoir;  donnez  a  chnque  po- 
teau  deux  pieds  de  diametre  et  dix  pieds  de 
hauteur,  y  compris  les  tenons  qui  doivent  les 
terminer  superieurement,  et  la  partie  qui  scra 
engagee  daus  le  patin.  Letreuil  doit  r.voir  neuf 
pieds  de  longueur,  sans  compter  celle  de  ses 
tourillons.   L'arbie  doit  avoir  vingt-einq  pieds 


siinl.  ex  signo  inanupreliuni  eiil  :  pcslilcnli,  ubi  a'slafe 
licri  nou  polcst,  bouodomino  pars  quarta  piecii  accedat. 

XV.  —  Maceriie  quomodo  i^dificouUir. 

.Macerias  excalce,  cemenlis,  silice,  uli  dominu.s  omnia 
ad  opus  pra;beat,  allam  p.  v.  facilo,  ct  colnnicn  p.  i.  cras- 
sani  p.  I.  s.  longam  p.  xiv.  et  nli  sublinat  locari  oportet. 
Parieles  vilte  si  locel  iii  pedes  c.  id  cst,  p.  x.  quoi|uovor- 
snm,  libellis  in  pedes  v.  ct  perlicam  unani  p.  vic.  n.  x. 
Sesqnipedalem  paricfemdominnsrundamenta  faciat,  et  ail 
opns  pr.Theat  calcis  in  p.  singulo»  longitudinem  opus  est 
modiuni  unum,  arenae  modios  duos. 

.\VI.  —  Calx  quo  pactolocelur. 

Calcem  partiario  coqncndam  qui  dant ,  ita  dant.  pcrli- 
cit,  etcoquit,  el  ex  foriiacc  calcffm  eNimil  calcarius, 
et  lisnacoulicit  ad  fornaccm.  Dominns  lapidem,  ligna  ad 
loinaceni ,  qiioil  opus  siet,  pra-bet. 

XVII.  —  Matcries  qui  tempore  anni  tempcstlva  sit. 

Robus,  nialeries  ilem  pro  ridica,  ulii  solstitinm  fiierit 
ail  bruinam  scniper  tempesliva  cst.  Qua;  maferics  semen 


liabet ,  cum  semcn  matuium  liabet ,  tnm  tempesliva  est. 
Qiia;  niaferies  senien  non  lialiet,  cum  i;Iu!iet,  tiim  tem- 
pesliva  esl.  lia  quie  .seinen  viride  el  nialiiniin  liabet,  uti 
seinen  de  cupiesso,  de  pino,  qnidvis  anni  lesere  possis 
Item  qiiidvis  anni  matura  est,  et  tempesliva,  ilii  dum  sunt 
nuces  biniic,  inde  semen  excidet,  et  annicuUe  ea;  ubi 
piiniiim  inci|iiuut  Iiiascere,  fuin  legi  oportet,  per  seiiien- 
tim  piimnni  iucipiiint  matuiae  esse.  Postea  usque  adeo 
snnt  pliis  mcuses  viii.  Horiioliua^  unees  viridcs  sunt.  Ul- 
inus,  cuin  lolia  c.adiiut,  tuni  ntiaipie  tempestiva  est. 

XVIII.  —  Toreularium  quomodo iedilice*. 

Torculariumsi  a-dilicare  voles,quadrinis  vasis  uti  con- 
fia  oia  sieiit,  ad  Iiunc  niodum  vasa  coniponito  :  arbores 
cia.ssas  p,  11.  altas  p.  ix.  cum  cardiiiibus,  foramin.-» 
longap.  III.  s.Z  exculptadigilos  vi.  Ab  solo  forameu  pii- 
luiim,  p,  I.  s,  inter  arbores  et  aiboies,  et  parietes  p.  ii. 
iii  II.  arbores  p.  i.  ~—  arbores  ad  stipiteni  priiuum  direc- 
tiis  p.  XVI.  stipites  erassi  P.  ii.  alti  (-.11111  1  aidiiiibus  P.  x. 
siiciila  prajfer  caidines  r.  ix.  piclum  longum  e.  xxv. 
inibi  lingiilam  p.  11,  s.  pavimeutuin  binis  vasis  cum  canali- 
bus  duobiis  p.  xxxiv.  trapeUbus  locum  de.xtra,  siuistra. 


M.  P.  CATON. 


de  longiieur,  y  corapris  la  partie  engagee  en- 
trc  les  jumelles ,  laquelle  aura  deux  pieds  et  demi 
de  longueur.  Fui  surface  du  hangar  qu'oeeu- 
pent  deu.x  pressoirs,  y  compris  leurs  deux  bas- 
sins  et  deux  trapetes,  aura  trentetrois  pieds  de 
largeur,  prise  sur  la  longueur  du  hangar;  dans 
cette  surface  seront  pris,  entre  un  pressoir  a 
droite  et  un  a  gauche,  vingt  pieds  pour  placer 
les  deux  trapetes  appartenant  a  ces  deux  pres- 
soirs;  entre  les  poteaux  d"un  pressoir  et  ceux  du 
pressoir  de  la  seconde  couple  qul  est  sur  le  meme 
alignement,  il  faut  un  espace  de  dix-huit  pieds 
pour  les  charrois.  Entre  ces  derniers  poteaux 
nppartenant  a  la  seconde  couple  des  pressoirs  et 
le  mur  qul  est  derriere  leurs  jumelles  ,  il  y  aura 
vingt-deux  pieds :  ainsi  le  total  de  remplaccment 
qu'il  faut  pour  loger  ces  quatre  equipages  est  de 
soixante-six  pieds  de  longueur  sur  trente-six 
pieds  de  largeur  entre  murs.  Aux  piaces  ou 
vous  dresserez  vos  juraelles,  faites  de  bons  fon- 
demens,  de  cinq  pieds  de  profondeur;  couvrez- 
en,  d'une  pierre  dure  d'un  pied  et  derai  d'epais- 
scur,  la  superlicie,  qui  sera  de  six  pieds  et  deaii 
de  longueur  sur  deux  pieds  el  demi  de  largcur. 
Vous  creuserez  dans  eette  pierre  un  logemcnt 
pourles  pieds  des  deux  jumelles;  etablissez  donc 
dans  ce  logemeut  vos  deux  jumelles.  Ce  qu'il  y 
restera  de  vide  entre  le  pied  de  Tune  ct  celui  de 
Tautre  doit  elre  rempli  par  une  piece  de  chene; 
et  s'ils'ytrouvequelquefaux  joiiit,  on  coulera  du 
plomb.  Les  tenons  supcrieurs  des  jumellcs  au- 
ront  six  doigts  de  hauleur,  et  elles  seront  coif- 
fees  d'un  chapeau  de  chene.  Vous  ferez  de  meme 
de  bons  foiidementsdecinq  piedsde  profondeur, 
pour  placer  les  poteaux ;  vous  y  poserez  sur  son 
lit  de  carriere ,  et  bien  de  niveau  ,  une  pierre  de 
taille  longue  de  deux  pieds  et  demi ,  large  de 
deux  pieds  et  derai ,  et  epaisse  d'un  pied  et  derai. 
Sur  celte  pierre  vous  poserez  un  poteau ;  et  sur 


une  pierre  semhiable,  et  assise  de  ra^rae  ,  vous 
posercz  Tautre  poteau  de  cette  paire.  Sur  les  ju- 
melles  et  les  poteaux  de  chacuu  des  deux  prcs- 
soirs,  vous  poserezune  poutre  horizontaleraent, 
large  de  deux  pieds,  grosse  d'uu  pied  et  lon- 
gue  de  trente-sept  pieds ,  ou  deux  poutres  dc  cette 
raeme  longueur  et  juraellees,  si  vous  n'en  avez 
pas  d'assez  grosses.  Sur  ces  poutres  vous  pose- 
rez,  entre  les  murs  qui  terrainent  la  longueur 
du  hangar  et  le  passage  des  voitures  ( c'est  Tera- 
placement  des  trapetes),  vous  poserez,  dis-je, 
une  poutre  de  vingt-quatre  pieds  de  longueur, 
et  d'un  pied  et  demi  d'equarrissage  en  une  piece , 
s'il  se  peut ,  sinon  en  deux  pieces  jumellees.  Sur 
ces  poutres  posez  des  bouts  d'autres  poutres , 
qui  s'appuieront  indirectement,  par  le  moyen  du 
poitrail,  sur  les  jumelles  et  les  poteaux;  et  sur 
cette  charpente  elevez  une  maconnerie  pour  en 
joindre  le  poids  a  celui  des  bois,  et  Taugraenter 
jusqu'a  ce  qu'il  y  en  ait  assez.  L'aire  de  chaque 
pressoir  sera  fondee  a  cinq  pieds  de  profon- 
dcur;  elle  sera  ronde,  et  aura  six  pieds  de  dia- 
raetre;  le  bassin,  qui  sera  rond  aussi ,  n'aura  que 
trois  pieds  de  diaractre,  et  un  pied  trois  quarts 
de  profondeur.  Le  pave  de  la  totalitc  du  han- 
gar  aura  ete  creuse  de  deux  pieds  de  profon- 
deur,  et  le  fond  en  aura  ete  assure  a  Taide  de 
la  hie;  apres  quoi  Ton  aura  etendu  une  couche 
de  demi-pied  d'epaisseur  en  menu  ciracnt, 
avccchaux  et  sable,  et  d'autrescouchessembla- 
bles,  jusqu'a  ce  qu'on  ait  rega^ne  son  premier 
niveau.  Mais  pour  les  aires  et  les  bassins,  voici 
la  facon  de  les  paver  :  lorsque  vous  aurez  bien 
Divele  et  aplani  la  surface  des  fondements ,  cou- 
chez  une  premiere  assise  de  gravier,  sable  et 
chaux ,  et  la  battez.  Faites  une  seconde  assise  pa- 
reille,  rocouvrez  celle-ci  d"une  couche  epaisse  de 
deux  doigts,  eu  chaux  et ciment,  de  tessons  passes 
au  crible ;  cette  couche  faite ,  battez-la ,  frottez- 


pavimentum  f.  xx.  inter  binos  slipites  vectibus  locum  p. 
xvm.  Allerls  vasis  ex  adveisum  ab  slipile  extremo  ad 
parietem,  qui  pone  arbores  est,  p.  xxii.  .Sumnia  torculario, 
yasis  quadrinis  longitudine  p.  lxvi,  laliludine  p.  xxxvi  in- 
ter  parietes.  Arbores  ubi  statues,  fundauienla  bona  facilo 
alta  p.  V.  inibi  lapides  silices  totum  forum  longuiu  p.  v. 
latum  p.  II.  s.  erassum  p.  l.  s.  Ibi  foiamea  pediciuis 
duobus  facito.  Ibi  arbores  pedicino  in  lapide  statuito. 
Jnter  duas  arbores ,  quod  loci  supererit ,  robore  ex- 
pleto,  eo  plumljum  iiifundito,  siiperioiem  partem  arbo- 
rum  digitos  sex  allam  facito  siet,  cocapitulum  robustum 
indito.  Uli  siet  stipites  ubi  stendamenta  p.  v.  facit,  fuiilo; 
ibi  silicem  longum  p.  ii.  s.  latum  p.  ii.  s.  ciassum  r.  ii. 
6.  planum  statuito,  ibi  stiplles  statuito.  Item  alle- 
rum  stipitem  slatuilo.  Insuper  arbores  slipilesque  Ira- 
bein  planam  imponito,  latain  p.  ii.  crassam  p.  i. 
longam  p.  xxxvii.  vcl  duplices  indito ,  si  solidas  non  ba- 
bebis.  Subeas  tiabes  inter  canales,  et  parietes  extremos, 
ubi  Irapeti  stent,  Irabeculam  pedum  xxiii.  s.  imponilo 


sesquipedalem,  aut  biuas  pro  singulis  eo  supponito  In  iis 
trabeculis  tiabes,  qua;  insuper  arbores  stipites  slant,  col- 
Iiicato.  In  iis  tignis  paiietes  extruito.jungitoque  mate- 
riiE,  utioneris  satis  liabeat.  Aream  ubi  facies,  p.  v.  fun- 
damenta  alta  facilo  ,  lata  p.  vi.  aream,  et  canalem  rotuii. 
dain  facito  latam  p.  iv.  s.  ~ —  Ca^terum  pavimentum 
lotum  fundamenta  pedum  diiorum  facito.  Fundauienta 
priumm  listucato ,  poslea  cementis  minutis,  et  calce  are- 
nato  seniipedem  unumquodque  corium  struilo.  Pavimen- 
la  ad  bunc  inodum  facito  ,  ubi  libraveris  ,  de  glarea,  et 
calce  arenato  primum  coiium  facito;  id  pilis  siibigito, 
item  alterum  corium  facito.  eo  calcem  cribro  succrelam 
indito  alte  digilos  duo.  Ibi  de  testa  arida  pavimeiiliim 
struito.  Ubi  structum  erit,  pavito,  fricatoqiie  oleo,  iili  pa- 
vimentum  bonum  siet.  Arbores,  .stipitesque  robustas 
facito,  aut  pineas.  Si  trabes  miuores  facere  voles,  canales 
extra  columnam  expolito.  Siita  feceiis,  trabes  pedumxxii. 
long.T!  opus  erunt.  Orbem  olearium  latum  pedibus  iy. 
puuicanis  coagmenlis  facito,  crassum  digitos  vi.  facilo, 


ECONOMIE  RURALE 

la  et  polissez-la  n  riuiile ,  et  vous  aurez  de  bonnes 
aires  de  pressoirs  et  de  bons  bassins.  Vous  eboi- 
sirez  entre  leeheneou  le  pinpour  faire  vosjuraei- 
les  et  vos  poteaux.  Si  vous  voulez  vous  dispenser 
dVmployer  des  poutrcs  aussi  longues  que  le  porte 
la  (Ixation  preeedente,  entez-les  par  entailles;  et 
des  iors  il  sufflra  d'avoir  des  poutres  de  vingt- 
cinq  pieds.  La  table  qui  couvrira  les  tas  a  pres- 
surer  aura  quatre  pieds  de  diametre ;  les  pieces  en 
seront  jointes  et  assemblees  par  clefs  a  la  car- 
thaginoise;  elles  auront  six  doigts  d'epaisseur, 
elles  seront  liees  exterieureraent  par  clefs  a 
queue  d'aronde  de  bois  d'yeuse,  maintenues  en 
place  par  des  chevilles  de  cornouiller.  Ellesse- 
ront  encore  affermies  daus  leur  assemblage  par 
trois  barres  lixees  par  des  clous  dc  fer.  Cette 
table  sera  d'orrae  ,  ou  de  cornouiller.  Si  vous 
avez  de  Tun  et  de  Tautre  bois,  entremelez-les. 

XIX 


coure  precisement  avec  le  milieu  de  rentre-ju- 
melle.  Vous  laisserez  un  travers  de  pouce  de 
jeu  entre  cette  piece  et  les  juraelles.  Les  plus 
longs  leviers  dont  on  puisse  faire  usage  ont 
dix-huit  pieds,  les  seconds  seize  ,  les  troisiemes 
quatorze ;  ceux  dont  on  use  le  plus  commune- 
ment  sont  de  douze,  de  dix ,  et  de  huit  pieds 
seulemeut. 


Usttmsiles  pniir  la  falirii-alion  du  viji  :  poteaux  , 
et  leur  liisposition. 

Si  ces  equipages  sont  destines  au  pressurage 
du  raisin  ,  les  juraelles  etles  poteaux  aurontdeux 
pieds  de  hauteur  de  pkis;  on  terrainera  les  en- 
tr'ouvertures  des  jumelles  a  un  pied  au-dessous 
du  chnpeau,  par  un  logement  ouvert  d'un  denii- 
pied  en  hauteur  comme  en  largeur,  pour  rece- 
voir  une  aiguille  particuliere.  Chaque  tete  du 
treuil  sera  percee  de  trois  trous  de  part  en  pait , 
ce  qui  produira  six  orifices  pour  recevoir  les 
barres;  le  premier  trou  sera  perce  a  un  deml- 
pied  dutourillon,  les  autres  seront  distribues 
avec  egalite  sur  la  longueur  de  la  tete.  Le  croc 
sera  sur  le  point  railieu  de  la  longueur  totale 
du  treuil ,  et  le  milieu  de  rintervalle  qui  se  trou- 
veraentre  les  poteaux  doit  etre  marque  par  ce 
croe.  Pour  que  Tarbre  soit  bien  etabli  dans  sa 
juste  direction,  vous  anrez  soin,  en  tnillantle 
pied,  de  vous  jauger  fideleraent  sur  le  milieu  de 
la  largeur  de  Tarbre ,  a  Teffet  que  ce  milieu  con- 

subseudes  iligneas  aijinditn.  Eas  ubi  confixeris ,  clavis  cor- 
neis  occUidito.  In  eum  oibem  tris  caienas  indito.  Eas  ca- 
tenas cum  nrbibiisclavis  ferreis  coriisito.  Orbem  ex  ulmn, 
aiilexcorylofacito.  Si  utrumqiie  liabebis,  allernas  inditn. 

XIX.  —  Quot  vasa  vinaria,  quibus  stipitibus  et  qualiter 
facias. 

In  vasa  viuaria  stipites  arboresque  binis  pedibus  altin- 
res  lacito,  supra  foramina  arborum  pedem  iiuaqiie  uti 
absient.  Unas  fibulae  locum  facito  semi  pedera  qiioquovcr- 
sum.  In  suculam  sena  foramiua  indilo.  Forameu,  quod 
priinum  facies ,  semipedem  ali  cardine  facito,  cjetera 
dividito  qiiam  lectissime.  Porculum  in  inedia  sucula  faci- 
to.  Inter  aibores  medium  quod  erit ,  id  ad  mediam  colli- 
brato,  ubi  porculiim  ligeie  oportebit.  Uti  in  medio  pre- 
luin  lecte  sitiim  siet.  Lingiilam  cuin  facies  ,  de  medin 
pielo  collibraln,  ul  iuterarbores  beneconvcniat.  Digituiii 
polliceni  laxamenti  facitn.  Vectes  Iniigissimospediim  wiii. 
siMiindos  pediiin  xvi.  lertios  peduiii  xiv.  reuiissarios  pe- 
dumxii.  altcros  pedum  x.  lertios  pedum  viii. 


XX.  —  Ajiistage  dii  pilier  ponr  le  piessoir. 
Comraent  il  fautajuster  le  trapete.  II  faut  que 

la  petite  colonne  dc  fer  qui  s'eleve  siir  le  mi- 
liaire  soit  fixee  invariablenient ,  et  bien  verti- 
calement  :  pour  cet  effet,  enfoncez  des  eoins  de 
bois  de  saule  tout  autour,  dans  la  boite  ou  elle 
est  engagee;  gardez-vous  d'y  couler  du  plorab, 
pour  Tafferrair  :  si  elle  vacille,  arrachez-la  plu- 
t6t,  et  posez-!a  de  nouveau  avec  des  coins  de 
bois  de  saule ,  jusqu'a  ce  que  vous  soyez  parvenu 
a  la  rendre  stable  et  bien  d'aploml).  Faites  les 
raoyeux  des  raeules  d'olivier  orchite  ,  et  assurez- 
les  dans  la  pierre,  a  Taide  du  plomb  que  vous 
coiilerez  entre  la  pierre  et  le  bois;  ayez  soia 
d'eviter  qu'ils  ne  ballottent  :  s"ils  viennent  a  va- 
ciller  a  Tessieu,  remboitez  les  boiies  d'une  seule 
piece  epaisses  d'un  travers  de  pouee,  et  faites 
en  sorte  que  lcs  deux  orifices  de  chaeune  s'ef- 
(leurent  cxacternent  de  ehaque  eote  ,  et  puis^ent 
tous  deux  etre  fixes  par  clous,  craiute  que  la  boite 
ne  se  derauge. 

XXI.  —  Commissiire  de  la  cuve  avec  le  pressoir. 
Donnezdix  pieds  de  longueur  a  ressieu  :  qu"il 
soit  de  la  grosseur  que  demandent  les  moyeux 
des  meules  :  donnez  a  la  partie  qui  en  forraera  le 
milieu,  et  separera  les  raeules  lune  de  rautre , 
toute  la  grosseur  que  deraandera  la  colonne  de 
IVr  pour  y  etre  recue  :  faites  dans  cette  meme 
pnrtie  le  logement  du  somraet  de  la  colonne ;  gar- 
nissez-le  interieureraent  d'une  boite  de  fer  ajus- 

XX.  —  Trapeli  columnella  quo  sit  concinnanda  modo. 

Tiapetum  quomodo  concinnare  oporteat.  Coliiniellani 
ferream  ,  qua;  in  miliario  stat,  eam  reclam  staie  oportet 
iu  medio  ad  peipendiculum,  cuneis  salignis  circiimligi 
oportet  bene.  lio  pliimbuui  erfundeie  caveto,  ne  labet  co- 
lumella.  Si  inovelnliir,  exiiuito,  denuo  eodem  modo  facito, 
iie  se  moveat.  Modiolus  iu  orbis  olcaginos  ex  orcliite  nlea 
facito,  et  eos  circumpluinbatu,  caveto  ne  laxi  sient.  Si 
auteui  labent  in  cunam  ,  eo  indito  lunicas  solidas  et  latas 
digitiim  pollicem.  Facitn  labeam,  bifariam  liabeant,  quas 
ligas  clavis  duplicibus,  iie  cadanl. 

XXI.  —  Cupa  trapeti  qunmwlo  fabrelial. 

Cupam  facito  p.  x.  tam  ciassam  iiiiain  iiiodinli  [instula^ 
bunt,  niediani  inter  orbis  qu;c  conveniat,  tiiii  cras.saiu 
quam  columella  ferrea  erit.  Eam  mediain  perlunditn,  uti 
columellaui  indeie  pnssis.  Eo  lisliilaiii  feiream  indito,  (|UiB 
in  cnliiiiiell.iui  iiniveiiiat ,  fl  iiii  ii|i,iiii.  Iiiterciipam  dextia 
.sinistra  pertundito  kite  digilos  primoris  iv.  alte  digitos 


j2  M.  P. 

t^e  au  diametre  de  la  colonne  et  a  eelui  de  Ves- 
sieii.  Vers  le  railieu  de  eet  cssieu,  tant  a  droite 
qu'a  gauche,  faites  des  trous  larges  de  quatre 
pointes  de  doigts,  et  profonds  de  trois;  attachez 
sous  cette  piece ,  qui  est  suffisamment  large  dans 
cetteparlie,  une  platine  de  fer  percee,  pour  livrer 
passage  a  la  colonne;  garnissez  de  lames  de  fer 
les  quatre  parois  jatcrales  de  chacun  des  trous 
que  vous  aurez  pratiques  de  droite  et  de  gauche 
dans  la  face  interieure  de  Tessieu.  Repliez  sur 
cette  surface  chacune  de  ces  quatre  lames  intro- 
duites  daus  cha([ue  trou.  Sur  les  parties  rcpliees 
de  toutes  les  lames  inscrees  dans  les  trous  de 
droite  et  de  gauche ,  appliquez-en  d'autres  plus 
minces,  que  vous  cloucrez  ensemble,  pour  con- 
tenir  les  premieres,  dont  la  destiiiation  est  d"em- 
pecher  que  les  trous  ne  s'elargisseut;  quant  a  h 
destination  de  ees  trous ,  elle  est  de  recevoir  les 
pieds-pendants.  Armez  les  parties  de  cet  essieu 
qui  doivent  etre  engagees  dans  les  moyeux  ,  cha- 
cune  de  quatre  pieces  de  fer  cn  forme  de  goutie- 
res,  que  vous  entaillerez  dans  le  bols  de  toute 
leur  epaisseur,  et  pcrcerez  dans  le  milieu  ,  poiir 
les  fixer  a  laijle  de  petits  clous.  Vous  percerez 
chaquefusee  de  Tcssieu  a  sa  sortie  de  la  meule, 
et  en  meme  temps  dcux  des  pleces  de  rarma- 
ture  pour  placer  !".<,  quis'opposeraa  ceque  la  meule 
ne  s'eloigne  trop  de  repaulement.  Pour  assurer 
micux  ces  armatures,  embrassez-en  les  bouts 
exterieurs  au  moyen  d'nne  frette  du  poids  d"une 
livre,et  large  de  six  doigts,  percee  dessuset  des- 
sous  au  droit  du  trou  de  \'s  ;  tout  cela  est  neces- 
saire  pour  empecher  que  ressieu  ne  soit  maehe 
par  la  pierre.  Mettezentre  i'epaulemcnt  decha- 
que  fusee  et  la  meule ,  ainsi  qu"cntre  la  meule  et 
l'*,  des  rondelles  de  fer  bien  lissees,  crainte  que 
cettepartiederessipu  ct  l"A'nesoientpromptement 
usecs.  Le  corps  de  cct  essieu  peut  etre  d'orme  ou 


CATON. 

pose  par  le  merae  ouvrier,  soixante  nnmmi ;  pour 
le  plomb ,  quatre ;  pour  le  saiaire  de  l'ouvrier 
qui  aura  ajuste  l'tssieu  et  les  raoyeux  dans  la 
pierre,  huit;  pour  ie  maitre  ouvrier  s'entend. 
II  faut  que  le  raeme  ouvrier  ajuste  aussi  le  tra- 
pete  :  la  somme  totale  de  ia  depense  sera  de 
soixante-douze  nummi,  sans  compter  le  salaire 
des  aides  dont  on  aura  eu  besoin. 
XXII.  —  Comment  rouvrier  doit  disposer  le  pressoir. 
Voici  a  quoi  ii  faut  prendre  garde,  quand  on 
ajuste  ces  sortes  de  maehines  :  que  le  bassin  soit 
bien  de  niveau ;  que  ies  meules  en  roulant  soient 
constammcnt  eloignees  du  rebord  d"un  travers 
de  petit  doigt ;  qu'elles  ne  touchent  point  au 
ehamp  du  bassin,  de  peur  qu'elles  ne  ie  meur- 
trissent :  qu'il  y  ait  entre  la  meule  et  le  miliaire 
un  doigt  de  jeu  ;  s"il  y  en  a  trop  ,  on  le  revetira 
d'une  corde  dont  la  grosseur  sera  egale  a  ce  qu"il 
y  a  de  trop  au  jeu  ;  on  roulera  cette  corde  autour 
du  miliaire ,  en  le  serrant  fortement ,  et  en  pres- 
sant  le  plus  qu'on  pourra  ies  rcvolutiops  de  la 
corde  ies  unes  aupres  des  autres.  Si  les  meules 
portent  sur  le  champ  du  bassin,  rehaussez  le 
railiaire  a  Taide  de  tourteaux  de  bois  perces  pour 
etre  enliles  par  la  colonne,  et  dont  l'epaisseur 
soit  telle,  que  les  meules  se  trouveut  suspendues 
a  la  hauteur  convenable ;  de  mfirae,  pour  ajuster 
les  meules  relativement  aux  rayous  du  bassin, 
ayez  rccours  aux  rondelles  de  bois  ou  de  fer  de 
diverses  epaisseurs  ,  que  vous  mettrez  entre  Tc- 
paulemcnt  et  la  meule ,  ou  entre  la  meule  et  i".« , 
suivant  rexigence  du  cas,  a  l'effet  que  les  raeu- 
les  suivent  exactenient  ieur  chemin ,  sans  trop 
s'approcher  ni  s"ecarter  du  rebord  ou  du  miliaire. 
Uue  de  ces  machines  a  ete  vendue,  aux  environs 
de  Suessa,  quatre  cents  nurami  et  uue  livre 
d'huile ;  ii  en  a  eoiite  soixante  nummi  pour  Ta- 
juster  en  place,    soixante-deux   taut  pour   le 


de  hetre.  11  ea  coutera,  pour  le  fer  faconne  ct  I  transportquienaetefait  par  iesboeufs.quepour 


primoris  tres,  siib  cupa  tabulam  ferroani  lata  ciipa  niedia 
erit,  pertusam  ligito,  qusein  columellani  convenial.  Dextra 
sinistra  foramina  ubi  feceris,  laminis  circumplectito ,  re- 
plicato  in  inleriorem  partem  cupae  omnis  rpiatuor  laminis  : 
dextra  sinistra  foraniiiia  ntrinque  secns  laminas.  Subla- 
miDas  polulas  minutas  supponilo,  eas  inter  sese  configilo, 
ne  foramina  majora  fiant,  quo  copuliie  minusciilae  indeiitur. 
Cupam,qiia  fini  in  modiolos  erit,  utiinque  seciis  iinbri- 
cibus  ferieis  quatuor  desues,  ibl  utrinqiie  .secus  facito, 
qiii  figas.  Imbiicesmcdias  clavulis  fisito.  Supia  imbiiccs 
extiinsecus  cupam  peiliindito,  qua  claviis  eat  qui  orbem 
cludat.  Insuper  foranieii  litirarium  ferreum  digitos  se\ 
latum  indito,  pertusum  iitrunqne  secus  qua  claviis  eat. 
Haec  omnia  ejusrei  causa  fiunt,  uti  ne  cnpa  in  lapidecon- 
teratiir.  Armillas  iv.  facito,  quas  circuin  orbem  iiidas, 
ne  cupa  et  cJ,avus  conteiantur  intiinsocus.  Ciipam  materia 
iilmea  aut  faginea  facito.  I"erium  factiim,  qiind  opns  ciil, 
iiti  idcm  faber  figat.  hs.  l\.  opiis  siint,  cum  plumbiim 
cupam  emilo  hs  iv.  cupam  qni  concinnet,  et  modiolos 


qui  indai,  Pl  plumbet,  operas  fabri  duntaxat  hs.  viii. 
Jdera  tiapeluni  oporlet  accommodet.  Sunima  sumpti  ds. 
Lxxii.  piu>ter  adjuloies. 

XXII.  —  Quomodo  faber  Irapelum  accommodet. 

Trapctiim  boc  modo  accommodare  oportet :  libraloruti 
statuatur  pariter.  Ab  labrisdigitum  miiiimuin  oibem  abesse 
oportet.  Ab  snlo  mortarii  orbes  cavere  oportet,  ne  qiiid 
mortariiim  terant.  Intor  orbeni,  el  miliarium  unum  di- 
gifiim  interesse  oportet.  Si  plns  intereril,  atque  orbes 
nimium  aberunt,  fumi  ciicuuligato  miliarium  aicte  cre- 
bio,  uti  expleas  quod  nimiuni  interest.  Si  orbes  altiores 
erunt,  atque  nimium  mortariumdeorsum  teret,  orbicuios 
ligneos  perliisos  in  miliarium,  in  columellam  supponito, 
eo  altitudinem  teniBerato.  Eodem  modo  lalitudinem  orbi- 
culis  ligneis,  aut  armillis  feireis  temperato,  usque  dum 
recte  temperabitur.  Trapetiis  emptiis  est  in  Suessano 
ns.  cccc.  et  olei  p.  1.  compo.sturae  hs.  lx.  vectura  bouni , 
operas  sex  iioniincs  vi.  cum  Imbulcis  ns.  LXii  cupaii)  <ir- 


ECONOMIE  RURALE. 


les  journees  de  si.x  hommes,  y  compris  les  bnu- 
viers.  L'essieu  tout  appareille  a  eoute  soi.xante- 
douze  numrai  en  argent,  et  vingt-cinq  pour 
Ihuile  :  ainsi  le  tout  se  monte  a  si.v  cent  di.x- 
neuf  nummi.  II  en  a  etevtndu  une  tout  appa- 
reillee  a  Pompci,  qui  a  coute  trois  cent  quatre- 
\ini;t-qualre  nurami  d'achat,  et  deu.x  cent  qua- 
tre-vinpts  pour  le  transport.  II  est  toujours  iudis- 
pensable  de  faire  ajuster  ces  machines  chez  soi 
eii  les  y  mettant  en  place ,  et  pour  cela  il  en 
coute  soixaiite  uurami  pour  ies  frais ;  ainsi  toutes 
monlees  elles  revieiment  a  sept  cent  vingt- 
quatre  numrai.  Si  vous  voulez  remonter  de  vieux 
trapetes  avec  de  moyennes  raeules,  qui  n'aient 
qu'un  pied  et  trois  doigts  d'epaisseur  sur  un 
pied  de  diametre,  et  dont  rouvertureaituudemi- 
pied  de  diametre  de  part  en  part,  il  faudra ,  lors- 
que  vous  les  aurcz  fait  apporter  chez  vous,  les 
faire  ajuster  relativement  aux  rayons  des  bassius 
de  vos  trapetes.  On  trou\e  de  ces  moyennes 
meules  pres  des  murs  de  Rufrus  ,  pour  cent  qua- 
tre-vmgts  nunmii ,  et  il  cn  coute  trente  pour  les 
faire  ajuster  :  on  les  achete  le  meme  prix  a 
Pompei. 

X.XllI.  —  Pieparatifs  |)our  h  vendange. 

Au  momcnt  de  la  vendange,  faifes  toutes  lcs 
dispositioiis  necessaires;  faites  laver  les  vases, 
raccommoder  lespaniers,enduire  depoix  lesfuts 
et  autres  ustcnsiles;  pendant  les  jours  pluvicux 
on  prepareraet  on  raccommodera  les  corheilles  : 
achetez  des  charrettes,  salez  les  olives  quise  de- 
tachent.  Coupez  les  raisins  demi-murs  pour 
faire  du  vin  precoce,,qui  servira  de  boisson  aux 
ouvriers  loisque  le  moment  en  sera  venu.  Distri- 
hucz  dans  lcs  futailles  tout  le  raisin  intactetsec 
que  vous  aurcz  coui)e  chaque  jour.  Si  ccla  est 
uecessaire ,  meltcz  dans  le  moiit  duvin  cuitpro- 

natam  hs.  lxxu.  pro  oleo  bb.  xxv.  s.  s.  hs.  dcwix. 
Pompeiis  emplus  ornatiis  hs.  cccxxcivvecturans.  ccxxc. 
Douii  melius  conciniialur,  et  accommodatui-.  Eo  sumpti 
opusest  ns.  L\. Suiiiini  »3.  Dccxxiv.  Si  orbes  iii  veleics 
trapelos  parabis  medius  crassos  p.  i.  dlgitos  iii.  altos  i'.  i. 
foramen  .semipedem  (pioquoversum ;  eos  cum  advexcris, 
ex  liapeto  tcmperalo.  11  emiinlur  ad  Rufri  macerias  iis. 
cxxc.   tempeiaiitur  us.  xxx.  tanlidcm  Pompciis  cniitur. 

XXIII.  —  Quc-e  aJ  vinJeinimam  in  tciupore  par.iii  opus  sit 

Faee  ad  Tindemiam,  qu.ie  opns  snnt,  iili  parenlnr,  vasa 
laventnr  :  corbute  sarciautur  ;  picentur  dolia  :  qux  opiis 
sunt,  picentiir,  ciim  pluet;  quala  parcntnr,  sarciantur 
Far  molatur.  Men»  einauliir.  Oleai  cadiicac  saliantur.  L'vas 
miscellas  ad  vinum  piiieliganeiim,  qund  operarii  bibant, 
ubi  tempuseiit,  legito.  Siiccum  puriter  omiiium  dieruni 
pariler  in  dolia  dividilo.  Si  opns  eril,  defrntuin  indilo  in 
muslnm.cineiis  lixivicorli  partemqnidra^esimam  addito 
defriilo,  vel  salis  sesquilihrani  in  cullciim.  Marnior  si 
indes,  iii  cnlleuin  librani  indito.  Id  indilo  in  uriiam ,  mis- 
ceto  cuin  musto.  Id  indilo  iu  dolium.  Resinam  si  indcs,  in 


venant  de  mcre-goutte  a  la  dose  d'une  partie 
sur  quarante,  ou  uiie  livre  et  demie  de  sel  par 
culleus.  Si  vous  le  traitez  avec  du  marbre  pulve- 
rise ,  n'eu  mcttez  qu'une  livre ,  que  vous  delayerez 
prealablement  dans  une  urne  avec  du  mout,  et 
que  vous  introduircz  ensuite  dans  le  fiit.  Si  on  y 
mct  de  la  rcsinc,  on  la  pulverisera  soigneusement, 
et  on  remploiera  a  raison  de  troislivres  par  cul- 
leus;  on  la  mettra  dans  uue  clisse  en  jonc  qu'oa 
suspendra  dans  le  tonneau  :  on  ragitcra  de 
temps  a  autre,  pour  en  hiUer  la  dissolution.  Du 
reste,  quelle  que  soit  la  naturedu  raelange,  viu 
cuit,  craie  ou  resine,  il  faut  le  remuer  frequem- 
raent  pendaut  vingt  jours,  et  le  mainteuir  conti- 
nuellement  eu  mouvement.  II  faut  aussi  ajouter 
dans  chaque  futaille  et  par  portions  egalcs  le 
vin  de  second  pressurage. 

X.\1V.  —  l'abrication  du  vin  grec  et  du  vin  de  paille. 

Recelte  pour  faire  du  vin  giec  :  Prenez  dcs 
raisins  apicius  a  leur  complete  maturite ;  melcz 
au  moCit  deux  quadrantals  de  vieille  eau  du 
mer  ou  un  boisseau  de  sel.  Suspendez-ledans  un 
sac,  et  le  laissez  foudre  dans  le  mout.  Si  vous 
voulez  avoir  un  vin  paillet,  prenez  moilie  de  vin 
apicius  et  moitie  de  vin  gris,  et  ajouttz-y  un 
trentieme  de  vin  vieux  cuit.  Regle  geuerale  :  dans 
foute  espece  de  vin  arliiiciel  mettez-y  uu  tren- 
ticrae  de  vin  cuit. 

.\XV,  —  Fab)iealion  du  vin  cuit. 

Lorsquc  le  raisin  sera  mtjret  la  vendange  ar- 
rivee,  gardez  le  preinier  pour  votre  maison  et 
vos  gcns;  ayez  soiu  de  ne  falre  la  cueillette  que 
parun  teraps  sec  et  lorsque  le  fruit  estbicn  miir, 
de  peur  que  le  viu  ne  mente  a  sa  rcputatiou. 
Etendez  tous  les  juurs  les  marcs  nouveaux  sur 
un  litde  sangle,  qiii  servira  de  crible;  foulez-lcs 

culleum  musti  p.  iii.  bene  comminuito,  indito  in  fiscellam 
et  facilo  uti  in  dolio  musti  pendeat.  Eam  quassato  crebio , 
uli  resina  condeliquescat.  Si  indideris  defrutuin ,  aiit  n)ar- 
mor,  anl  resiiiani,  dies  xx.  perinisceto  crebro ,  tribnlato 
qnotiJie.  Tortiviiiu  mustnm  circumcidaneum  suo  cuique 
dolio  dividito,  additoque  pariter. 

XXIV.  —  Vinum  gra-cura  et  helveolum  quo  iiat  modo. 

Vinuiii  grjccum  lim;  modo  fieri  oporlet  :  Uvas  Apieias 
peicoclas beiie  legilo.  Ubi delegeris,  in  ejus  musti  culleum 
aipine  mariu*  veteiis  quadrantalia  ii.  vel  salis  piiri  mo- 
iliiiin.  Eiim  in  fiscella  suspendito,  siuitoqne  cum  miisto 
distabeseat.  Si  lielveolum  vinum  faecre  voles,  dimidiiiin 
helveoli,  diniidiiim  apicii  vini  indito,  defriiti  veteris  par- 
lein  Irigesimam  aildito.  Quicquid  vini  delriilabis  parteni 
trigesimam  defruti  addito. 

XXV.  —  Vinum  coclum  quo  (iat  modo. 

Quuin  vinnm  coctnni  eril,  et  qiium  lcgetnr,  fiicilo  uli 
seivelur  faiuili:e  prininm.  Sicqne  facilo  studeat  beiic  per- 
coctum  siccumqne  legere,ne  vinum  noinen  perdat.  Vi- 
naceos  quolidie  recentes  succemito ,  lccto-  coestibus  suh- 


M.  P.  CATON. 


dans  des  futailles  ou  dans  des  cuves  enduites  de 
poix ,  couvertes  ensuite  ermetiquement  avec  un 
lut ,  et  pendaiit  riiiver  vous  les  ferez  donner  aux 
boeufs  :  ou  bien  trempez-les  dans  de  l'eau ,  et 
dans  peu  vous  en  aurez  une  piquette  pour  vos 
eselaves. 
XXVI.  —  Metfie  les  vases  en  ordie  apr^s  la  vendaiige. 

Apres  la  vendange  mettez  en  place  tous  les 
vasesdupressoir,  les  paniers,  les  cabas,  les  ca- 
bles,  les  barres  et  les  aiguilles;  faites  nettoyer 
deux  fois  par  jour  les  futailles  remplies.  Qu'a 
chaque  tonneaii  soit  affecte  un  bulai  pour  en 
frotter  rexterieur.  Trente  jours  apres  Tenton- 
naye,  lorsque  les  futailles  ont  rejete  toutes  les 
pellicules  ,  placez  les  bondes,  si  vous  voulez  ti- 
rer  au  clair;  cest  iei  le  moraent  le  plus  conve- 
nable. 

XXVI  r.  —  Semailles. 

Semez  pourla  nourrituredes  boeufs  rocimum, 
la  vesce,  le  fenugrec,  la  feverolle,  Ters.  Scmez 
ces  fourrages  a  trois  reprises  differentes.  Vous 
songerez  ensuite  a  la  semaille  des  autresrecoltes. 
En  meme  temps  creusez  dans  une  terre  rcposee 
des  fosses  pour  les  oliviers  ,  les  orraes ,  la  vigne , 
et  les  figuiers.  Si  le  terrain  nest  pas  humide , 
plantez  dcs  oliviers  pendant  la  seraaille,  bour- 
geonnez  les  jeunes  pousses  de  ceux  qui  ont  ete 
plantes   auparavant,  et  dechaussez  les  arbres. 

XXVIIl.  —  Coninienl  11  fant  planter  rolivier,  lavigne,  le 
liguier  et  les  autres  arbres. 

Quand  vous  transplanterez  des  oliviers,  des 
orracs,des  figuiers,  des  arbres  fruitiers,  des  pins 
et  des  cypres ,  enlevez-les  avec  leurs  racines  et 
le  plus  de  terre  possible,  entourez-les  de  liga- 

tento  cribrumillito,  vel  rei  paralo.eos  conculcato  in  dolia 
picata ,  vel  in  lacuni  vinaiiuin  picatum.  Id  bene  operilo, 
jubeto  oblini ,  qnod  des  bnbiis  per  biemem.  Indidem ,  si 
voles,  lavito  paulalim.  Eiit  loiea  familiae,  quod  bibat. 
XXVI.  —  Quod,  vindemiafacta,  vasa  reponantur. 

Vindemia  facta  vasa  toicula,  corbulas  fiscinas,  tunes, 
palibula,  fibulas  jubeto  suo  quid.juid  loco  condi.  Dolia 
ciim  vino  bis  in  die  face  exteigeantur.  Privasqne  sropulas 
in  dolia  tacito  liabeas  illi  rei ,  qui  labra  doliorum  circuni- 
frices,  ubi  erit  lectum  dies  trlginta ;  si  bene  deacinata 
erunt  dolia,  oblinito.  Si  volesde  fiiecedemere  vinum,  lum 
crit  ei  rei  optimuin  tempus. 

XXVII.  —  Semcutim,  uti  facias. 

Sementim  facito,  ocinum,  viciam,  foenum  Graicum , 
fabam,  ervum,  pabuluin  bubus.  Alteiam  ,  et  tertiam  pa- 
buli  salionem  facilo.  Deinde  alias  friiges  serito.  Scrobis 
in  vervactooleis,  ulinis,  vitibus,  ficis,  simul  cum  semine 
serito.  Si  erit  locus  siccus,  tum  oleas  persementim  serito, 
et  quse  ante  satae  crunt,  teneras  tnm  suppiitato,  et  arbores 
nblaqiieato. 

XXVIII.  —  Oleas,  vites,ficos,  ceterasque  arbores  cum  se- 
res ,  quoinodo  seras. 

Oleas ,  nlmos,  ficos,  poma,  Vites ,  pinns,  cnpressos  ciim 
eeres,  bene  cum  radicihus  eximito  cum  terra  sua  quam 


inents ,  afin  de  pouvoir  les  transporter.  Cralgnez 
surtout  de  les  arracher  ou  de  les  transporter 
lorsqu'il  venteou  qu'il  pleut.  Une  fois  placesdans 
la  fosse ,  couvrez-les  avec  la  terre  de  la  surface  : 
couvrez  toutes  les  racines  avec  de  la  terre ,  que 
vous  foulerez  soigneuseraent  sous  vos  pieds ,  et 
qu'enfin  vous  passerez  de  votre  mieux  avec  des 
dames  et  des  battes ;  vous  couperez  la  fleehe  des 
arbres  qui  auront  plus  de  cinq  pieds  de  bauteur, 
vous  placerez  a  li  cicatrice  un  lut  que  vous  as- 
surerez  avec  des  feuilles. 

XXIX.  —  R^parlition  du  fumier  entre  les  acbres  cultives. 

Enfouissez-en  la  moitie  dans  la  terre  destinee 
aux  plantes  fourrageres;  si  cette  terre  est  deja 
cmplautee  d'oliviers,  dechaussez  les  pieds  et 
mettez-y  de  rengrais;  semez  vos  graiues,  mettez 
un  quart  de  furaier  sur  les  oliviers  deehausses ,  la 
ou  ils  en  auront  un  pressant  besoin,  et  enterrez-le. 
Reservez  1'autre  quart  pour  les  prairies,  surtout 
pour  les  parties  qui  sontexposees  au  vent  Favo- 
nius ;  charriez  vos  engrais  lorsqu'il  n'y  a  pas  de 
lune. 

XXX.  —  Des  feuillards  comme  nourrilure  des  bcEtifs  et 

des  moutons. 

Donnez  a  vos  bceufs  des  feuilles  d'orme,  de 
peuplier,  dechene,  de  figuier,  autant  que  vous 
en  aurez.  Distribuezaux  bi-ebis  toutes  vos  feuil- 
les  vertes.  Jusqu'a  ce  que  les  autres  fourrages 
soient  rai^u-s,  distribuez  votre  feuillage  aux  bre- 
bis  dans  des  parcs  etablis  sur  les  terres  que  vous 
devez  ensemencer.  Si  vous  reflechissez  combien 
nos  hivers  sont  longs,  vous  conserverez  autant 
que  possible  les  fourrages  secs  amasses  pour  la 
froidesaison. 

plurima,  circumligatoqiie  iili  fcrre  possis.  In  alveo  aut  in 
corbiila  ferri  jubeto.  Caveto  cum  venlus  siet  aut  imber, 
effodias, aut  seras.  Nam  id  niaxime cavendum  est.  In  scrobe 
cum  pones ,  summam  terram  subdilo.  Postea operito  terra 
radicibus  fini,  deinde  calcato  pedibiisbene,  deinde  fistu- 
cis  vectibusque  calcato  quamoptime  poteiis.  Id  erit  ei  rei 
primum.  Arbores  crassiores  digitis  v.  qnae  eriint.  eas  prae- 
cisas  serito,  oblinifoque  fimo  sunimas,  et  foliis  alligato. 

XXIX.  —  Stercus  ad  arbores  colendas  uli  dividas. 
Stercus  dividito  sic.  Parlem  dimidlam  in  segelem  ,  ubi 

pabuluni  seras,  inveliito.  Et  si  ibi  olea  erit,  simul  abla- 
queato,storcu.squeaddilo.  Postea  pabiiliim  serito,  partem 
qiiai  tain  circnni  oleas  ablaqiiealas ,  qua  maxime  opus  erit , 
addilo ,  tcrraque  steicus  operito.  Alteram  quartam  parteni 
in  pratum  reservatu ,  idiiue  liim  maxime  opus  eril,  ubi 
favouius  llabit.  Evehito  luna  silenti. 

XXX.  —  Quoraodo  bubus  des  et  o\iliiis  frondera. 

Bubus  frondeni  ulmeam,  popnlncain,  querneam,  ficul- 
neam ,  iisquediim  bahebis ,  dato.  Ovibus  fiondem  viridem , 
Hsquedum  liabcbis,  pra^beto.  Ubi  semcnlim  facturus  eris, 
ibi  oves  delcctato ,  et  frondem  usque  ad  pabula  malura 
dafo.  Pabulum  arldum  quod  condidcris  iii  hieme,  quani 
maxime  conservalo,  cogitatoque  biems  quain  longa  siel. 


ECONOMIE  ntRALE. 


XXXI.  —  Chiises  n<!cessaiiTS  pom  la  rfeille  des  olives. 
PrepaiTz  tout  ce  qui  est  necessaire  pour  la  re- 
colte  des  olives  :  ies  osiers  bien  aoiites ,  dos  sau- 
les  coupes  en  un  temps  opportun  pour  tresser  les 
paiiiers,  raccommoder  les  vieux,  et  pour  faire  des 
aiguilles.  Faites  enfouir  dans  les  fumiers  ou 
plonger  dans  les  marcs  les  fascines  trop  seches 
d'yeuse,  d'orme,  de  noyer  ct  de  figuier,  afln  de 
lcs  en  tirer  au  besoin  pour  faire  les  aiguilles. 
Taillezdes  leviers  d'yeuse,  d'olivier,  de  laurier  et 
d'orine ,  afin  qu'ils  soieut  prcts  a  teraps.  I,e  charme 
noir  est  le  nicilleur  bois  pour  les  arbres  du  pres- 
soir.  Abattez  les  troncs  d'ormes,  de  pins,  de 
noyers  et  d'autres  especes  au  dernier  quartier  de 
la  lune,  apres  midi,  lorsque  le  vent  du  sud  ne 
souflle  pas.  La  meilleure  cpoque  est  celle  de  la 
raaturite  dessemenees.  II  ne  fautui  lescouperni 
les  faconner  lorsque  la  pluie  vient  de  tomber. 
Les  essences  quiue  fructilient  point  sont  bonncs 
h  couper  quand  Tecorce  se  detache.  Quaud  le 
vcnt  du  sud  souffle,  netoucbez  pas  saus  neces- 
site  ni  aux  bois,  ni  aux  vins. 
XXXII.  —  fipoquc  conveuable  k  fdagage  des  aibres. 

Commeneez  de  bonne  heure  la  taille  des  vi- 
gnes  et  des  arbres.  Multiplicz  la  vigneau  moyen 
detranchees,etautantque  possible  elevez-la  ver- 
ticalementau-dessusderouverture.  Dans  lataille 
des  arbres,  faites  en  sorte  que  les  rameaux  epar- 
gnes  s'etalent,  qu'ils  soient  coupes  convcnable- 
ment  et  pas  trop  multiplies,  que  les  sarraents 
soient  bienaccoles  a  toutes  lesbranehes.Craignez 
surtout  que  la  vigne  ne  pende  en  festons  ou  ne 
soit  etranglee  sur  les  noeuds ;  que  les  sarments 
soient  egalement  repartis  sur  les  arbres  et  en 
nombre  suflisant :  et  si  vous  le  jugez  necessaire , 

XXXI.  —  Ad  oleain  cogendam  quse  opus  sint. 
Ad  oleam  cogendam  qua;  opus  erunt,  parenlur.  Vimina 
matura,  salix  per  lempus  legatur,  uli  siet  unde  corbute 
fiant,  el  veleres  sareianlur.  Fibulae  unde  fiant,  aiidse  ili- 
gnes,  ulmeiE,  nuceae  ,  ficulnere,  face  uli  in  stercus  ,  aut 
ia  aquam  conjiciantnr.  Inde  ubi  opu3  erit,  fibulas  facito. 
Yectes  iligneos ,  aquifolias,  liHireos,  ulmeos  facilo,  uti 
sient  parali.  1'relum  de  carpino  atra  potissiraum  facilo; 
nlnieam ,  pineam ,  nuceam ,  lianc  alqne  aliam  materiem 
omnem  cum  effodies,  luna  decrescente,  eximito,  post 
meridlem ,  sine  ventoanslro.  Tum  erit  tempestiva,  cum 
semen  suum  maturum  erit.  Caveloque  per  rorem  tralias, 
aut  doles,  Quae  materies  semen  non  habebit,  cum  glubet , 
tempestiva  erit.  Vento  austro  cavelo ,  ne  quam  materiem, 
neve  vinum  tractes,  nisi  necessario. 

XXXII.  —  Uti  mature  arbores  putentur. 

Vineas ,  arboresque  mature  face  ut  incipias  putare.  Vites 
propagessulcos,  sursnmvorsum.quoadejnsfacerepoteri.s, 
vitis  facito  uti  ducas.  Arbore';  hoc  modo  putentur,  rami 
nti  divaricentur,  qnos  relinqnes,  et  uti  recte  caedanlur,  et 
ne  niminm  crebri  relinquantur.  Vites  bene  nodentur  per 
onmes  ramos.  Diligenter  caveto  ne  vilem  prsecipites,  et  ne 
nimium  praestriogas.  Arbores  facito  oti  bene  marite  sint , 


detachez-en  quelqucs-uns,  mettez-les  en  terre,  et 
deux  ans  apres  vous  les  separerez  de  la  mere- 
souche. 

X.XXIII.  —  Soins  a  donncr  h  la  vigne  et  4  son  rajeunis- 

scment. 

Deliez  soigneuseraent  la  vigne  qui  aura  cte 
bien  attachce;  et  afin  que  les  sarments  ne  sejet- 
tent  point  de  ciite ,  conduisez-la  toujours  en  ligne 
verticale,si  rien  ne  rempeche;  et  rcservez  d'es- 
paee  en  espacc  des  branches  a  fruit  et  de  reservc. 
Elancez-la  le  plus  haut  possible,  liez-Ia  forte- 
ment,  raais  pourtant  sans  Tetrangler.  Voici 
les  soins  que  vous  lui  donnerez  ensuitc.  A  Ve- 
poquedcs  semaillcsdecouvrez  lesracines.  Quand 
elle  est  taillee  ,  travaillez  a  la  beche  tout  le  cir- 
cuit,  labourez  laterre  des  intervalles,  et  prome- 
nez-y  le  soc  en  long  et  en  large.  Plantez  les  jeu- 
nes  vignesleplustot  possible,  rabattez  ies  ancien- 
nes,  et  taillez-les  le  moins  que  vous  pourrez  : 
vous  ferez  mieux  neanmoins ,  si  vous  en  avez 
besoin,  de  les  coucher  en  terre  ,  et  de  separer  de 
la  souche  les  rejetons  qui  en  proviendront.  Cest 
alors  le  raoraent  favorable  pour  tailler  lesjeunes 
vignes  bien  portanfes.  Si  les  ceps  sont  rares 
dans  votre  vigne,  creusez  des  fosses,  mettez-y 
du  vif ,  plant  que  vous  aurez  soin  d'aerer  en  abat- 
tant  tout  ce  qui  rombragerait,  et  en  le  binant 
frequemment  Semezde  la  drageedansles  vignes 
au  rctourd'age  ;  si  laterreest  cpuisee,  n'y  laissez 
miirir  aucune  plante ;  enfouissez  pres  des  sou- 
chesdu  furaler,  de  la  paille ,  des  marcs ,  ou  tout 
autre  engraisqui  en  ranime  la  vegetation.  Quand 
la  vigne  se  couvrira  de  feuilles,  epamprez-Ia. 
.\uvjeunes  vignes  multipliez  les  ligatures,  alin 
que  lcs  pousses  ne  se  brisentpoint.  Quant  a  celle 

Tilesque  uti  safis  multoe  asserantur,  et  sicubi  opus  erit, 
de  arbore  dejiciantur,  et  in  terram  deprimantnr,  et  bien- 
nio  post  praccidito  veteres. 

XXXIII.  —  Vinea  quomodo  curetur,  et  vetus  renovelur. 

Vineam  ,sic  facito,  nti  curetur  :  Viteni  beue  enodalam 
deligato  recte,  llexuosa  nti  ne  siet,  snrsnm  vorsum  semper 
dncito,  quoad  ejnspoteris,  vinarios,  custodesque  recte 
relinqnito.  Quam  altissimam  vineam  facito,  alligatoque 
recte ,  dum  ne  nimiuni  constringas.  Hoc  modo  eam  cnrato. 
Capita  vitinm  per  sementim  ablaqueato.  Vineam  putatam 
circumlbdito.  Arare  incipito ,  ultro  citroque  sulcos  perpe- 
tuos  ducilo.  Vites  teneras  quamprimum  propagato,  sic 
occato,  veteres  quam  minimum  castrato;  potius,  si  opns 
eril,  dejicito,  biennioque  post  prsecidito.  Vitem  novellam 
resecari  tum  erit  tempus ,  ubi  valebit.  Si  vinea  a  vite  calva 
erit,  sulcos  interponilo  ,  ibique  viviradicem  serito,  um- 
bram  ab  sulcis  removeto  crebroque  fodilo.  In  vinea  vetere 
serilo  ocimupi ,  si  inacra  erit ;  quod  granum  capiat  ne 
serito ,  et  circum  capita  addito  stercus,  paleas,  vinaceas, 
ali(|uid  hornm,  quo  rcctius  valeat.  Ubi  vinea  frondere 
ccrperit ,  pampinato.  Vineas  novellas  alligato  crebro,  ne 
caules  pra-fringantur.  Et  qnae  jam  in  perticam  ibit,  eju» 
pampinos  leneros  aliigato  leviter,  corrigitoque ,  uti  recle 


M.  P.  CATON. 


qui  eommencera  deja  a  courir  sur  la  perelie , 
vous  lierez  lepierement  ses  jeunes  bourgeons, 
vous  les  redresserez  afin  qu')lss'elancent  droits. 
Quandenfin  le  raisin  se  eolore,  reievez  les  sar- 
ments,  depouiliez-les  de  leurs  feuilles,  de-nuez 
les  grappcs,  etsarclez  au  p;ed  dessouches.  Cou- 
pez  et  denudez  les  saules  a  temps  opportun, 
puis  vous  les  mettrez  en  paquets ;  conservez  Te- 
eorce,  et  quand  vous  en  aurez  besoin  pour  la 
vigne,  faites  la  macerer  dans  Teau ,  pour  en  faire 
des  liens.  Vous  couserverez  egalemeiit  Tosier  a 
panier. 

XXXIV.  —  Ex^ciilion  des  semaiUes  :  tenains  oii  oii  les 

fait. 

Je  revieus  ii  la  semaille;  semez  d'abord  les 
tei-rains  froids  et  marecageux  :  vous  senierez 
ensuite  les  terres  plus  seches.  Gardez-vous  de 
remuer  une  terre  boueuse.  Le  lupin  prospere 
dans  un  sol  ferrugineux ,  friable,  consistant,  cail- 
louteux  et  sablonneux  ,  pourvu  quil  ne  soit  pas 
humide.  Semez  de  preference  le  froment  epeau- 
tre  dans  iin  terrain  crayeux,  uligineux,  ferru- 
gincux  et  humide.  Partout  ou  la  terre  sera  seche , 
sans  mauvaises  herbes,  decouverte,  il  faudra 
preferer  le  froment  ordinaire. 

XXXV.  —  Tciiains  proiiics  aux  ft;ves,  aii  seigle  ct  a 

l'cige. 

Semezles  feveroles  dans  les  terres  compactes, 
a  Tabri  des  intemperies;  le  fenugrec  et  la  vesce 
dans  les  terres  les  plus  piopres;  le  seigle,  le 
fromcnt,dans  les  lieux  decouverts,  eleves,  ex- 
poses  a  de  longues  iusolatioos;  la  leutille  dans 
un  sol  rocailleux  et  ferrugineux  ;  l'orge  dans  les 
defrichements  nouveaux ,  ou  sur  un  chainp  in- 
dcliniment  productif ;  les  plantes  estivales  daus 

specteiit.  l)l)i  uva  varia  fieri  cojperit,  vites  suliligato, 
'pampinato,  uvasque  expellito,  circum  capita  saiito.  Sa- 
lictum  suo  tempore  ca?ilito,  slubito,  aicteque  alligato. 
Librum  conservato,  ciiin  opus  eiit  in  vinea,  ex  eo  in 
aquam  conjicito,  alligalo.  Vimina  unde  corbula;  (iant, 
tonservalo. 

XXXIV.  —  De  sementi  faciunda,  et  quo  loco. 

Redeo  ad  sementim.  Ubi  qnisque  locus  fiigidissimns , 
aquosissimusque  erit ,  ibi  piinmm  serito.  In  calidissimis 
locis  sementim  postiemum  lieri  oporlet.  Terram  caveca- 
riosam  tiactes.  Ager  rubricosns  et  terra  puUa ,  materina  , 
rudecla ,  arenosa :  item  qnae  aquosa  non  erit ,  ibi  lupinum 
bonum  liet.  In  cieta,  et  uligine,  et  rubrica,  et  agio  qui 
aqiiosus  erit,  seinen  adoreum  polissimnm  seiilo ;  quic  loi-a 
sicca  et  non  lierbosa  erunl ,  aperta  ab  umbra ,  ibi  irilicum 
serito. 

XXXV.  —  Quis  locis  falia ,  siligo  et  hordeum  seri  defaeat. 

Fabam  in  locis  validis  non  calamitosis  seiito.  Viciam  et 
faMuim  GriECum  quam  minime  lieibosislocis  serito.  Sili- 
giuein ,  triticum  In  looo  aperto  ,  celso ,  ubi  sol  qiiam  diii- 
lissime  siet,  seri  oportel.  Lentiin  in  rudecto  et  rubricoso 
loco,  qui  herbosus  nou  siet,  seiito.  Hordeum  qui  locus 
novus  erit,  aut  qiii  resl.bilis  fieri  poterit,  scrito.  Trime- 


les  pieces  qui  n'ont  pu  etre  emblavees  assez  tdt , 
et  qui  sont  assez  fertiles  pour  ne  pas  demeurer 
improductives.  Lesnavets,lescolraves,dans  un 
terrain  naturellement  riche  ou  bien  fume. 

XXXVI.  —  Quel  est  le  meilleurfumier  pour  les  c^r^ales. 

Repandez  lacolombinesur  lespres,  lesjardios 
ou  les  moissous.  EntassezjudicieusemeQt  le  fu- 
mier  de  chevres ,  de  moutons  ,  de  bosufs ,  et  tous 
les  engrais  analogues.  Repandez  ou  versez  Ta- 
mourque  au  pied  des  arbres,  a  la  dose  d'une 
amphore  sur  les  pieds  les  plus  forts,  et  d'une 
nrne  sur  les  individus  les  moins  deveioppes, 
apres  y  avoir  ajonte  la  moitio  de  son  poids  d'eau, 
et  apres  avoir  dechaiisse  modereraent  les  ra- 
cines. 

XXXVn.  —  Ennemis  des  c^jeales. 

Cequi  nuit  au  sol,  c'est  de  le  labourer  quand 
il  est  mouille,  d'y  semer  du  pois  chiche  qu'on 
arraehe ,  et  qui  est  sale.  L'orge,  le  fenugrec, 
Ters,  epuisentla  terre  ,  ainsi  quetoutes  les  recol- 
tes  qu'on  arrache.  ]Ne  plantez  pas  de  fruits  a 
noyau  dans  les  terres  destinees  aux  raoissons. 
Le  lupin,  lafeve,  la  vesce,  servent  d'engrais.  II 
en  est  de  meme  des  chaumes,  des  tiges  de  lu- 

ii,  des  pailles  de  cereales,  des  feverolles,  des 
balles,  des  feuilles  d'yeuses  et  de  chene.  Detrui- 
sez  dans  vos  recoltes  rieble  ct  la  cigue;  dans  les 
saussaies,  lesherbes  elevees  et  les  glaieuls.  Comme 
ces  plantes  ontune  odeurdesagreahle ,  faites-en 
de  lalitierepour  les  brebis  et  les  boeufs.  Detachez 
le  brou  des  fruits  a  noyaux ,  jetez-le  dans  un 
reservoir;  ajoutez-y  de  Teau,  et  melangez 
exactement  letout  ensemble  avec  un  roible.  Vous 
mettez  cettc  p;Jte,  ainsi  que  les  noyaux  torrefies ; 
au  pied  des  oliviers  que  vous  aurez  prealableinent 

slicm  quo  in  loco sementim  maturam  facere  non  potiieris , 
et  qui locus  reslibilis  crassitudine  lieri  poteril,.seri  oporlet. 
Rapiuam  (et)  coles  rapicii  nnde  (iant,  el  lapbanum  in  loco 
stercorato  beue  aut  in  loco  crasso  serito. 

XXXVI.  —  Quod  stercus  prtestanlius  ad  segetem. 

(QiiiK  segctem slcjcorant.)  Slercus columbinum spargere 
oporlet  in  praliim,  vel  iu  liDituin,  vcl  iii  segetem.  Capri- 
num,  ovilluin,  bubulum,  item  ca>tcruin  stercus  omne 
sediilo  conservato.  Amurcam  spargiis ,  vel  irriges  ad  ar- 
boies ,  circuin  capila  majora  amplioras,  ad  minora  urnas 
cum  aqnje  dimidio  addito,  ablaqueato  prius  non  alte. 
XXXVII.  —  Qua  mala  in  segete  sint. 

Si  cariosam  teriam  tractes ,  cicer  quoii  vellitur,  et  qnod 
.salsum  est,  eo  malum  est.  Hordenm  ,  foenum  Gra'cum, 
eivum,  lisec  oninia  segetem  exsugunl,  et  omnia  quaj 
vclluiitur.  Nucleos  in  segetem  ne  indideris.  QuiE  segetcm 
stercorant  fruges,  lupinum,  faba,  vicia.  Stercus  undc 
facias,  stramenla,  Inpinum,  paleas,  fabalia,  acus,  fion- 
dem  illgneam,  queineam.  E\  segcte  vellito  ebulnm,  ci- 
cutam,  et  circum  salicta  berbani  altam,  iilvamque.  Eaui 
substernito  ovibus,  bubusque  frondem  pnlidam.  Parlein 
de  nucleis  succtruilo  et  in  lacum  conjicilo  :  co  a(|ijanj  .»!■ 


ECONOMIE  RURALE. 


dechausses.  Si  vous  avez  uiie  vigne  souffrante, 
coupez-en  des  sarraents  en  troneons,  que  vous 
enfouirez  dans  le  sillon  de  la  charrue  ou  dans 
une  trauchee.  Travaux  a  faire  pendant  les  veil- 
lees  d'hiver.  Faconnez  en  pieux  et  en  echalas 
les  lx)is  que  vous  aurez  mis  a  couvert  pour  les 
fairesecher;  liez  lesfagots;  sortez  les  fumiers. 
Ne  touchcz  pas  au  buis  tant  que  la  lune  n'est  pas 
visible,  ou  qu'elle  n'est  pas  arrivee  a  sa  derniere 
phase.  La  meilleure  epoque  pour  couper  et  de- 
raciner  lcs  arbres ,  c'est  pendant  les  sept  Jours 
qui  suivent  la  pleine  lune.  Attachez-vous  princi- 
palement  a  ne  couper,  a  ne  charpenter,  et 
meme,  autant  quepossible,  a  ne  pas  toucher  de 
bois  qui  soit  humide,  gele  oa  couvert  de  rosee. 
Sarclez  et  binez  deux  fois  le  froment ,  hersez  Ta- 
voine.  Les  branches  provenant  de  la  taillede  la 
vigne  et  des  arbres  seront  rassemblees  et  tres- 
sees  en  panicr  ;  le  bois  de  figuier  scra  mis  au  fcu  ; 
et  on  meltra  les  autres  bois  en  monceaux  pour 
Tusage  du  proprietaire. 

.WXVIII.  —  I"oui-  a  cliatix. 
Donnez  au  four  a  chaux  dix  picds  de  largeur, 
vingt  pieds  de  hauteur,  et  diminuez  la  largeur 
jusqu'au  sommet ,  qui  ne  doit  avoir  que  trois 
pieds.  Si  vons  a'avez  qu'un  seul  foyer,  mcnagez 
a  rinterieur  un  espace  suflisant  pour  contenir  la 
cendre,arm  de  n'etre  pas  contraint  de  la  tirer 
au-dehors;  niettez  beaucoupde  soin  a  cette  cons- 
truction;  donnez  au  mur  d'appui  desdimensions 
assez  grandes  pour  embrasser  tout  le  contour  de 
!a  partie  inftrieure.  Si  vous  avez  deux  fojers , 
le  cendrierdevient  superllu.  Siona  besoind'enle- 
ver  delacendre,on  faitlefeudaus  un  foyer,  pen- 
dant  qu'ondechargerautre.  ChaulTezsans  cesse, 


et  entretenez  le  feu  pendant  la  nuit  et  h  toute 
heure.  Ne  chargez  la  fournaise  que  de  bonnes 
pierres,  trcs-blanches,  et  sans  marbrures.  Lors- 
quevous  creuserez  le  four,faitesrouverture  vcrti- 
cale.  Une  Ibis  le  dcblai  fiui,  disposez  remplace- 
ment  du  four  daus  la  region  la  phis  basse  et  la 
moins  exposce  aux  vcnts.  Si  votre  four  est  peu 
eleve,  menagez  une  assise  pour  rcxhausser  avec 
des  briques,  ou  des  moellons  que  vous  relierez 
exterieuremcnt  avec  du  mortier.  Quand  ie  feu 
sera  introduit,si  la  Ilamine  s'echappe  ailleurs 
qu'au  cralere  par  quelque  (issure ,  vous  ferme- 
rez  le  passage  avec  du  mortier.  Prenez  blen 
garde  que  le  vent  ne  s"engouffre  dans  le  foyer. 
Abrilez-vous  surtuut  contre  le  veut  du  midi.  La 
calcination  des  fragments  voisins  du  cratere 
vous  annoneera  que  toute  la  masse  est  calcinee  : 
alors  aussi  les  pierres  infcrieures  s'affaissent,  et 
la  flamme  ne  sort  plus  avec  des  tourbillons  de 
funiee.  Si  vous  ne  trouvez  pas  de  debouche  pour 
vos  bois  et  vos  bourrees,  et  que  vous  n'ayez  pas 
non  plus  de  pierres  ii  chaux,  convertissez  vos 
bois  en  charbons,  et  brulez  sur  vos  champs  les 
broussailles  et  les  sarments  auxquels  vous  ne 
trouverez  pas  d'emploi.  La  combustion  terini- 
nee,  semez  des  pavots. 

XXXIX.  —  Travaux  a  faire  pendanl  le  mauvais  temps. 
Lorsque  les  temps  serout  mauvais,  et  le  tra- 
vail  des  champs  impnssible,  amoncelez  les  en- 
grais  sur  le  tas  a  fumier.  Netloycz  les  etables , 
les  bergeries,  la  basse-cour  et  toute  la  ferme. 
Entourez  les  futailles  de  cercles  en  plomb,  en 
bois  de  chene,  ou  avec  des  tresses  de  sarments. 
Yous  pourrez  vous  servir  de  toute  espece  de 
vaisselle  vinaire,  si  vous  avez  soin  dc  la  raccom- 


dito ,  permiscelo  riitio  benc.  Inde Uitiini  circum  oleas  abla- 
queatas  addilo,  nuclcos  combnslos  item  addito.  Vitis  si 
macra  eril,  sarmenta  sua  concidito  minute,  et  ibidem 
inarato,  aut  infodito.  Per  liiemem  lucubratione  lia-c  fa- 
cito.  Ridicas  et  palos  qnos  pridie  in  leclo  posueras ,  siccos 
dolato,  laculas  facito,  stercus  egerito,  nisi  iutermestri, 
lunaque  dimidiata.  Tum  ne  tangas  materiem,  quam  effo- 
dies  aut  pra;cides  abs  terra  :  diebus  septem  proximis ,  qui- 
bus  luna  plena  fuerit,  optime  eximelur.  Omnino  caveto, 
ne  quam  materiam  doles ,  neu  ca;das ,  neu  tangas  si  potes , 
nisi  siccam ,  neu  gelidam  ,  neu  rorulentam.  Frumenta  face 
bis  sarias  runcesque,  avenamque  distriugas.  De  vinea  et 
arboribus  putalis  sarmenta  degere,  et  fascinam  face,  et 
vitis  ,  el  ligna  in  camiuum  liculua  ,  et  codicillos  domino 
in  acervum  con)|ioueto. 

XXXVIll.  —  De  fornace  calcaria 
Fornacem  calcaiiam  pedes  latam  x.  facilo ,  altam  pedcs 
XX.  usque  ad  pedes  iii.  summam  latani  redigito.  Si  uno 
priefuruio  coques,  lacunam  intus  magnam  facito,  uti  satis 
siet,  ubi  cinerem  concipiat,  he  foras  sit  educendus.  Foi- 
naceraque  bene  struilo.  Facito  foi  tax  lotam  rornacem  in- 
limani  compledatur.  Si  diiobus  praifuruiis  coques ,  lacuna 
niliil  0|)us  erit.  Cum  ciuere  eruto  opus  erit,  allero  piK- 


furnio  eruilo,  in  altero  ignis  eril.  Ignem  cavelo  ne  inter- 
mittas ,  quin  semper  siet ,  neve  noctu ,  neve  ullo  tcmpore 
inlermittatur,  caveto.  Lapidem  bonum  in  lornacem  qn,Tm 
candissimum,  quam  minime  varium  indito.  Cum  fornacem 
facies,  fauces  pr.iecipites  deorsum  facito.  Ubi  satis  foderi.s, 
tum  fornaci  locum  facito ,  uti  quam  altissiraa  el  quam  mi- 
iiime  ventosa  siet.  Si  parum  altam  fornacem  liabebis, 
ubi  facies,  laleribus  summam  struito,  aul  cementis  cuni 
liito  summain  extrinsecus  oblinito.  Cmn  ignem  subdi- 
deiis,  si  qua  llamma  exibit,  nisi  per  orbem  summum, 
liito  oblinito.  Ventus  ad  piaefurniuni  caveto  ne  accedal- 
Inibi  austrum  caveto  maxiine.  Hoc  sigui  eiit,  nbi  calx 
coc.ta  erit,  summos  lapides  coctos  esse  oportebit.  Ilem 
inlimi  lapides  cocti  cadent,  el  llamma  minus  fumosa  exibil. 
Si  ligna  et  virgas  iion  poteris  vendere,  neque  lapidem 
lialiebis  niide  calcem  coquas ,  de  lignis  carbones  riiquito, 
virgas  et  sarmenta,  qua'  tibi  iisioni  supererunt,  in  segele 
combiirito.  Ubi  eas  combusseris ,  ibi  papaver  serito. 
XXXIX.  —  Quid  conlici  per  teuipcstalem  debcat. 
Ubi  tempestales  malfe  erunt,  cum  opus  fieri  non  pote- 
rit,  stercus  in  sterquiliiiium  egerito.  Bubile,  ovile,  cor- 
tem,  villam  bene  purgato.  Uolia  plumbo  vincito,  vel  ma- 
terie  quernea,  vili  sicca  alligato.  Si  b<>iie  sarseris,  aut  beiio 


M.  P.  CATOIN. 


moder,  de  la  cercfer,  de  ferraer  les  fentes  avee 
du  lut,  de  lesenduire  e.xactement  avec  de  lapoi.x. 
Volci  la  formule  du  lutpour  les  tonneaux  :  une 
livre  de  cire ,  une  de  resine,  et  deux  fois  moins  de 
soufre.  On  dispose  toutes  ces  substanees  dans  un 
vase  nouveau,  on  y  ajoule  du  gypse  pulverise, 
et  on  amalgame  le  tout  jusqu  a  consistance  d'un 
piatre  pour  raccomnioder  les  futailles.  Des  que 
vous  aurez  applique  le  lut ,  preuez  deux  parties 
decraiebrute  et  une  deehaux,  faitesun  melange 
que  vous  moulerez  en  forme  de  petites  briques, 
que  vous  cuirez  au  four,  et  qui,  apres  avoir  tte 
pulverisees,  seront  appliquees  sur  le  lut,pour 
en  masquer  la  couleur.  Peudant  la  pluie  clier- 
chez  quels  travaux  resteut  a  faire  dans  rinte- 
rieur ;  curez  les  reservoirs ,  plutot  que  de  de- 
meurer  inoccupe :  songez  que  roisivete  n'arrete 
pas  le  cours  des  depenses. 

XL.  —  Travaiix  dn  piinlemps. 

Creusez  les  tranchees  et  les  sillons  des  pepi- 
nieres.  Changez  de  place  lcs  plants  de  vigne  : 
provignez  les  vignes ;  plantez  dans  les  lieux  fer- 
tiles  et  humides  des  orracs,  des  figuiers,  des 
aibrcs  fruitiers,  desoliviers.  Apres  niidi,  quand 
le  vent  du  sud  ne  souffle  pas  et  qu'il  n'y  a  point 
de  lune,  greffez  lesfiguiers,  les  oliviers,  les  poi- 
riers,  les  pommiers  et  les  vignes.  Greffez  de  la 
raaniere  suivante  les  oliviers,  les  figuiers,  les 
poirlers  et  les  poramiers.  Coapez  le  scion  par 
nne  section  un  peu  oblique,  afin  que  Teau  trouve 
un  ecoulement.  Quand  vous  le  coupez,  prc- 
nez  bien  garde  de  leser  le  liber.  Munissez-vous 
d'un  baton  de  bois  dur  et  bien  effile,  ainsi  que 
d'osier  grec  fendu  en  deux ,  prenez  encore  de 
Targile  ou  de  la  craie,  un  peu  de  sable  et  de  la 


fiente  de  bStes  a  cornes.  Petrissez  le  tout  jusqu'^ 
consistance  gluante.  Prencz  Tosier  fendu ,  ron- 
lez-le  sur  la  souche  coupce ,  afln  que  Tecorce  ne 
se  laccre  point.  Cela  fait,  vous  insererez  le  bSton 
sec  et  efflle  jusqu'a  la  profondeur  de  deux  pou- 
ces  eutre  1'ecorce  et  le  bois :  saisissant  le  scion  de 
Tarbre  que  vous  voulez  propager,  vous  lui  faites 
obliqucraent  une  entaille  de  deux  pouces,  vous 
retirez  le  baton  sec  que  vous  aviez  enfonce ,  et 
voiis  iuserez  a  sa  place  la  branchc  que  vous  vou- 
lez  greffer.  Appliquez  recorce  contre  Tecorce, 
et  enfoncez  jusqu'a  la  partie  ou  commenee  Ten- 
faiile.  Operez  de  meme  pour  une  seeonde ,  une 
troisieme,  une  quatrieme,  ou  pour  tel  nombre 
de  greffes  que  vous  voudrez  multiplier.  Serrez 
plus  forteraent  la  branche  avec  rosier  grec,  en- 
duisez  la  tige  avec  le  lut  que  vous  avez  petri 
jusqu'a  repaisseur  de  trois  bons  doigts  :  couvrez 
le  tout  d'une  etoffe  spongieuse  que  vous  liez  au- 
tour  de  Tccorce ,  afln  qu'elle  ne  tombe  point. 
Entourez  le  sujet  de  paille  bien  ficelee,  afln  que 
la  gelee  ne  puisse  lui  nuire. 

XLI.  —  Manifere  de  gieffei-  la  vigne,  le  poirier  et  le  pom- 
niier. 

La  vigne  se  greffe  au  printeraps  ou  pendant  la 
fieur;  cette  derniere  epoque  est  la  plus  favorable. 
On  greffe  les  poiriers  et  les  pomraiers  au  prin- 
temps ,  pendant  ciuquante  jours ,  au  solstice  et  a 
la  vendange ;  la  greffc  de  rolivier  et  dn  figuier 
se  pratique  au  printemps.  Voici  comment  on 
greffe  la  vigne  :  coupez  la  tige  que  vous  voulez 
greffer,  et  fendez-la  par  le  milieu  de  la  cavite 
medullaire ;  inserez  dans  la  fente  les  scions  que 
vous  aureztailles  en  biset,  en  appliquant  moelle 
contre  moelle.  II  v  a  encore  une  autre  methode. 


alllgaveris ,  ct  in  rimas  medicamentum  indideris ,  beneqne 
plcaveris,  qiiodvis  dolium  vinarium  facere  poteris.  Medi- 
tamentum  in  dolium  lioc  modo  facito  :  Ceroe  p.  i.  resinse 
V.  1.  sulfuris  p,','.  Hax  omnia  incaliceni  novuni  Indito.  Eo 
addito  gypsum  contriluni,  utl  crassitudo  fiat  quasi  cm- 
plastrum,  eo  dolia  .sarcito.  Ubi  .sarseris,  qui  colorriii 
eundein  faclas,  creta;  crud;e  partes  duas ,  calcis  tcrtla 
commlsceto  :  inde  laterculos  facito ,  coqiiito  in  fornacem , 
tumconterlto,  idque  inducito.  Per  inibrem  in  villam  quio- 
rito  quld  lieri  posslt.  Ne  cessetur,  munditias  faclto.  Cogi- 
tato,  si  niliil  llet,  nilillo  mluus  sumtum  futurum. 

XL.  —  Quirt  veris  tenipore  liat. 

Per  ver  liaec  fieri  opurtet.  Siilcos  et  scrobes  fieii  semi- 
narils.  Vilii:rlls  locum  vertl.  Vlles  propagarl.  In  locis  cias- 
sis  et  liumectis  ulmos ,  (icos ,  poma ,  oleas  sci  i  oportet. 
Ficos,  oleas,  mala,  pira,  vltes  Inseri  oportet  luiia  silentl 
post  nieridiem,  sinevento  austro.  Oleas,  ficos,plra,mala 
hoc  modo  Inserito  :  Quem  ramuni  insitums  eiis,  pra^cldl. 
to,  Inclinato  aliquantuni,  ut  aqua  delluat.  Curo  praecides, 
cavelo  ne  librum  convellas.  Sumito  ilbi  surculum  durom , 
eum  praeacuito,  sallcem  gr;ecam  discindito.  Arglllam, 
vel  cretam  coaddlto ,  arena;  paiiliilum ,  el  llnium  bubulum. 
Hscc  una  beue  condepsllo,  quam  maxime  utl  lentum  fial. 


Capito  tibi  scissam  salicem,  ea  stirpem  prKcisum  circuni- 
ligato,  ne  liber  frangatur.  Ubi  id  feceris,  surculum  ari- 
dum  ])!a^acutum  iuler  librum  et  stlrpem  aitito  primores 
dlgitos  duos.  Postea  capito  tibi  surculum,  qnod  genus 
inseieie  voles,  eum  piiinorem  prfeaciiito  obllquum  pri- 
mores  digitos  duos.  Surculum  aridum  quem  artiveras  exi- 
mito,  eo  arlito  surcnlum,  quem  inserere  voles.  Libruin 
ad  libnim  vorsum  facito,  artito  usque  adeo  qiio  piacacue- 
ris.  Idem  alterum  surculum ,  terlium ,  quartuiu  facito. 
Qiiot  genera  voles,  tot  indito.  Salicem  gicEcam  ampliiis 
ciicumligalo,  luto  depsto  stirpem  oblinito,  digitos  cras- 
siim  III.  Insuper  lliigna  bubula  obleglto,  si  pluat,  ne  aqua 
in  libnim  permanet.  Eani  llnguam  Insuper  librum  alligalo 
iie  cadal.  Postea  stramentis  circundato,  alligatoque,  ne 
gelus  noceat. 

XLI.  —  Vilis  insitio ,  pirorumquc  et  malorum ,  quali  modo 
liat. 

Vitls  insitlo  una  est  per  ver,  allera  esl  cum  uva  floret, 
ea  optlnia  est.  Pirorum  ac  nialorum  insitio  per  ver,  et  p<T 
solsliliuni  dies  quinquaginta,  et  per  vliidemiam.  Oleae  et 
ficoruni  Insitlo  est  pcr  ver.  Vitem  sic  inserito.  Praecldito 
quam  inseres.  Eam  mediam  diffinditu  per  racdullam.  Eo 
surculos  pracaciitos  arlito,  quos  inseres,  medullam  ciini 


ECONOMIE  RUUALE. 


19 


Si  les  deux  cops  sont  contigus,  on  prend  de  cha- 
cun  une  jeune  branche  qii'on  taille  obliquement, 
et  qiron  tient  collecs  Tune  contie  Tautre  avec 
une  lauiere  d'ccorce.  Troisieme  mcthode.  Per- 
forez  avec  une  tariere  la  souche  que  vous  voulez 
y  greffer;  in.serez  dans  la  cavite  deus  scions  de 
l'espcce  que  vous  voulez  multiplier,  apves  lcs 
avoir  tailles  obliquement  jusqu  a  la  moelle.  Fai- 
tes  en  sorte  que  les  moclles  soient  en  contact ,  et 
qu'en  lesenfoncant  les  faces  obliques  des  scions 
coincident  Tune  sur  Tautre  dans  le  trou  qui  a 
ete  perfore.  Donuez  a  cliaque  scion  une  longueur 
de  deux  pieds ,  couchez-les  dans  la  terre,  relevez- 
en  rextremite  vers  !a  souche  ,  en  les  maintenant 
dans  cette  position  au  moyen  de  crossettes  fixees 
au  milieu  de  leur  longueur,  et  en  les  couvrant  de 
terre.  Enduisez  toutes  les  parlies  de  lut  bien  pe- 
tri ,  liez-les  et  les  recouvrez  comme  pour  les  oli- 
viers. 
XLII.  —  Autre  mani^re  de  greffer  rolivier  et  le  figiiicr. 

Enlevez  avec  Tecussonnier  recorce  du  figuier 
ou  de  rolivier  sur  lequel  vous  vous  proposez  de 
greffer.  Enlevez  pareillenient  un  morceau  d'ecorce 
avec  un  oeil  a  Tarbre  que  vous  voulez  propager; 
mettez  a  la  place  du  premier  celui  que  vous  avez 
enlevc  en  dernier  lieu,  el  faites qu'il  recouvre  par- 
faitement  la  portion  denudee,  qui  devra  avoir 
troisdoigts  ct  demi  delongsur  trois  de  large;  en- 
duisez-Ie  de  lut ,  ct  couvrez  comme  pour  les  au- 
tres  greffes. 

XLIII.  —  Planlation  de  la  vi^ne  et  de  rolivier. 

Dans  !es  terrains  aquatiques ,  i!  faudra  creuser 
des  fosses  trapezoides,  larges  de  trois  pieds  de 
gueule,  profondsde  quatrepieds;  le  fond  uaura 
de  largeur  qu'un  pied  et  une  palme.  Vous  les 


comblerez  avec  des  pierrailles  ,  et  si  vous  n'avez 
pas  de  pierres ,  avcc  des  perches  de  saules  placees 
longitudinalement  et  transversalement  par  lits 
alternalils  ;  ou  bien  ,  a  defaut  de  percbes,  avec 
des  fagots  de  sarment.  Vous  ferez  ensuite  des 
tranchees  de  trois  pieds  de  gueule,  de  quatre 
pieds  de  profondeur,  et  dirigeesdetelle  sorte  que 
Teau  s"en  ecoule  dans  les  fosses  :  c'est  la  qu'on 
plante  rolivier.  Aux  tranehees  et  aux  fosses  pour 
les  vigncs  on  ne  donnera  pas  moins  de  deux  pieds 
et  demi  en  tout  sens.  Si  Ton  veut  que  la  vigne  et 
rolivier  prennent  un  developpement  rapide,  il 
faut  becher  une  fois  par  niois  les  tranchees  ou  on 
les  aura  plantes ,  ainsi  qu'autour  des  pieds  d'o- 
liviers ,  jusqu'a  ce  qu'ils  soicnt  arrives  a  T^ge  de 
trois  ans.  Adoptez  aussi  cette  pratique  pour  les 
autres  arbres. 

XLIV.  —  Epoiiiie  de  Velagage  de  rolivier. 
Commcncez  la  taille  des  oliviers  quinze  jours 
avant  requinoxe  du  printeraps;  on  pourra  encore 
tailler  avantageusement  quaraute-cinq  jours 
apres  cette  epoque.  Voici  la  maniere  de  proceder, 
si  le  sol  cst  fertile  :  retranchez  les  rameaux  secs 
ettous  ceux  que  le  vent  aura  biises.  Si  la  tcrre 
est  ingratc,  coupez  des  branches  vives,  labou- 
rez,  elaguez,  afin  de  decharger  les  souches. 

XIjV.  —  Longueur  des  boutures  d'olivier. 

Donnez  trois  pieds  de  long  aux  boutu?'es 
d'olivier  destinees  a  etre  plantees  dans  des  fos- 
ses,  et,  en  les  coupant  et  les  habillant,  prenez 
bien  garde  d'offenser  Tecorce.  Ne  donnez  qu'un 
pied  de  long  a  celles  que  vousmettrez  en  pepi- 
niere,  et  plantez-les  de  cette  maniere.  Le  terrain 
devra  etre  meuble  ,  remue  avec  le  bideut  et  bien 


meduUa  eomponito.  Allera  insitio  esl :  Si  vitis  vitem  con- 
linget,  vitcni  utiinque  leneram  prMcuilo  oblique,  inler 
sese  mediillam  cuin  niediilla  libio  colligato.  Tertia  insitio 
est  ;  Teicliia  vilcm  quam  Inseres,  perlundito,  eo  duos 
surrulos  vilisiiicns,  quod  genus  esse  vules ,  insectos  obli- 
quos  aitilo  ad  meilullam.  Facito  iis medullam  cum  medulla 
conjungas,  arliloque  ea  qiia  terebraveiis,  altenim  ex  al- 
tera  parle.  Hos  suiculos  facito  sint  longi  pedes  binos  :  eos 
in  terrani  dimiUilo,  leplicatoquead  vitis  caput ,  medias 
vilis  vinclis  in  terrain  defigito,  tenaque  operito.  H;ec  omnia 
luto  depsto  oblinitn,  alhgalo,  inlcgiloijiie  ."d  ciindcm 
modum,  tanquam  oleas. 

XLII.  —  Ficorum  ct  olearum  insitio  alio  modo. 

Ficos  el  olcas  allcro  modo.  Quod  gpniis  aut  ficiiin,  aut 
oleam  esse  volcs,inde  librum  sralpro  eximilo,  nlterum 
librum  ciim  gemma  de  eo  fico,  quod  genus  csse  voles, 
eximito;  apponito  in  euin  lociiin,  iinde  execaveris  in  alte- 
rumgenus,  faciloqueiiticonveniat.  Librumlongum  facito 
digilosiii.s.  lalum  digitos  tres.  Ad  euudcm  modum  oblinilo, 
integilo,  uli  caeteia. 

XLIII.  —  \llc5  et  olcK  quomodo  infodianlui-. 

Suleos,  si  locus  aquosus  crit,  alveatos  esse  oportet  la- 


los  summos  pedes  iii.  allos  pcdes  iv.  infimum  laliim  pe- 
dcm  uniim ,  et  palmum  ,  eos  lapide  consternito.  Si  lapis 
non  erit,  perticis  saligneis  viridibus  controversis  collalis 
consternito  :  si  pertica  non  erit,  .sarnienlis  colligalis.  Po.st- 
ea  sciobes  faeito  allos  r.  iii.  s.  latos  pedes  iv.  et  facilo 
de  scrobe  aqua  in  sulcuni  delluat,  ita  oleas  seiito.  Vitibiis 
sulcos  et  propagines,  ne  minus  pedibus  ii.  s.  qiioquo- 
versus  facito.  Si  voles  vinea  cito  crescat,  et  olea  quain  se- 
veris ,  seinel  in  mense  sulcos  sarrito ,  et  circum  capita  olca- 
gina  quot  raensibus  usque  donec  trima;  erunl,  fodere 
oporlet.  Eodem  modo  caeteras  arboies  procurato. 
XHV.  —  Olivetum  quo  tempore  putelur. 

Olivetuni  dichus  xv.  ante  oequinoctium  vernum  incipilo 
putare.  K.x  eo  die  dies  xi.v.  recte  piitabis.  Id  hoc  modo 
piilalo.  Qua  lociis  lecte  ferax  erit,  qu:\s  arida  eruot,  cl 
siquid  ventus  inlerfregerit ,  ea  oninia  eximito.  Qua  Incus 
ferax  non  erit,  id  plus  concidito,  aratoque.  Bene  enoda- 
to,  stiipesque  leveis  facilo. 

XLV.  —  Quantam  taleain  oleaginam  decidas. 

Taleas  olcaginas ,  qnas  in  scrobe  Scituriis  eris ,  tripcda- 
neas  decidilo,  diligenlerque  traclalo,  nc  libcr  iaborat , 
cuni  dolabis  aut  secabis.  Quas  in  scminario  salurns  eiis. 


20 


M.  P.  CATON. 


iiivele.  Puui-  planter  la  bouture,  ou  renfoncera 
avec  le  pied.  Si  elie  ne  dcscend  pas  assez  prolbn- 
dement ,  11  faiit  la  faiie  entrer  de  force  avec  un 
maillet  ou  la  tete  de  la  houe ,  en  faisant  attention 
de  ne  pas  dechirer  rccorce.  Ne  faites  jamais  de 
trou  avec  un  pied  pour  y  placer  la  bouture  :  en 
plantant  ainsi ,  le  scion  reprendra  mieux ,  si  on  le 
place  dans  la  position  qu'il  avait  sur  Tarbre.  Les 
boutures  sont  assez  fortes  a  la  troisieme  amiee, 
lorsque  leur  ecorce  commence  a  changer.  Soit 
que  Ton  transplante  dans  dcs  fosses  ou  dans  des 
sillons  ,  11  faut  mettre  trois  boutures  a  In  fois,  en 
lesdistancaut  quelque  peu.  II  ne  convient  pas  que 
les  scionsaient  plus  de  trols  pouces  ou  de  trois 
yeux  hors  de  terrc. 

XLVl.  —  Foinialioii  de  la  pi?piiiii're. 

Cholsissez  le  terrain  le  mieux  compose,  le  plus 
decouvert  et  le  plus  abondamment  fume,  dont  la 
nature  se  rapprochedecelledusol  ou  lesplantsse- 
ront  transportcs,  et  qui  ne  soit  pas  eloigiie  de  ee- 
lui-ci.  Cultlvez-le  au  bident,  epierrez  le,  entourez- 
ledebonncscl6tures;plantezcnli{;nesdetcllesorte 
que  les  boutures  soient  espacees  d'un  pied  et  deral 
en  tout  sens ;  cnfonccz  les  boutures  avec  le  pied; 
si  vous  ne  pouvez  le  faire  penctrer  assez,  aidez- 
vous  du  maillet  ou  de  la  tete  du  bident.  Dispo- 
sez  vos  plants  de  maniere  qu'ils  ne  sortent  de 
terre  que  de  la  hauteur  du  doigt.  Couvrez  de 
lieute  de  vache  la  section  superieure  de  la  bou- 
ture;  placez  une  niarque  a  chaque  pied ;  sarclcz 
frequemmeut ,  sl  vous  voulez  activer  la  vcgeta- 
tlon.  Sulvez  le  meme  procede  pour  les  autres  se- 
mailles. 


XLVII.  —  Pepiniire  de  roseanv  pt  de  vigiie 

Plantez  lesoeilletonsatrois  pieds  les  uus  des  au- 
tres.  Sulvez  la  meme  methode  et  la  raeme  dlsposi- 
tlon  pour  les  plants  de  vigne.  Rabattez  la  vigne  a 
sa  deuxieme  annee,  transplantez  a  la  troisierac 
anuee,  si  les  troupeaux  y  out  acces.  Quand  vous 
sercz  dispose  a  planter  la  vigne ,  ayez  soiu  qu'elle 
ait  etc  reccpee  trois  fois  avant  de  l'accoler  aiix 
arbres.  Quand  elle  aura  cinqceils  sur  vieuxbols, 
mariez-la  :  seraez-y  tous  les  ans  des  poireaux ,  afin 
d'en  tirer  quelque  produit. 

XLVIH.  —  E\(5culion  et  entielien  des  seniis  de  cypres, 
de  poirier,  de  noyer,  de  pin  et  d'auties  arbies. 

Etablisssz  les  pepinieres  d'arbres  fruitiers 
comme  celles  d'olivier.  Plantez  separement 
chaque  espece  de  bouture.  Cuitivez  au  bi- 
dent  le  terrain  reserve  aux  cypres,  et  semez  au 
commcncementdu  priutemps.  Elevez  vosbillons 
a  la  hauteur  de  cinq  pieds  ,  ajoutcz-y  un  engrals 
bien  divlse,  sardcz,  et  brisez  lcs  raottes.  Apla- 
nissez  Tarete  du  billon,  et  menagez-y  une  faible 
deprcssioa.  Semcz  aiors  aussi  dru  que  pour  le 
lin,  et  criblez  au-dessus  de  la  terre  a  Tepaisseur 
d'un  travers  de  doigt.  Vous  aplaulrez  la  surface 
avec  vos  pieds  ou  avec  des  semelles  eu  planches, 
vous  entourerez  le  earre  avec  des  crosses,  sur  les- 
quelles  vous  placerez  des  perches,  qui  elles-me- 
mes  porteront  une  couverture  dc  sarments  ou 
dcs  claies  de  figuier,  pour  abriter  les  semls  con- 
tre  le  frold  et  le  soleil.  Elles  seront  assez  elevees 
pour  perraettre  a  un  homme  de  cheminer  des- 
sous.  Sarclez  souvent ,  et  arrachez  les  raauvai- 
ses  herbes  aussitot  qu'elles  se  hasardent  a  poin- 
dre  :  car  en  enlevant  une  herbe  dcja  bien  enra- 


pedalis  facito ,  eas  sic  inserito.  Locus  bipallo  siibaclus 
siet,  beneqne  terra  leneia  siet  beneque  gliitus  siet.  Ciim 
taleam  deniittes,  pede  laleam  oppi  iniito.  Si  parani  descen- 
det,  nialleolo  ant  mateola  adiglto,  caveloque  ne  llbium 
scindas  cum  adiges.  Palo  piius  locnm  ne  fecei is ,  qiio  ta- 
leam  demittas  :  si  ita  severis  nti  stet  lalea  melius  vivet. 
TaleiB  ubi  triin»  sunt,  tum  deuiqiie  matnrre  sunt.ubi 
liber  sese  vertet.  Si  in  scrobibus  aut  in  sulcis  seres,  teriias 
taleas  ponito,  easque  divaricalo.  Supra  teriam,  ne  plus 
IV.  digitos  transversos  emineant ,  vel  oculos  scrilo. 

XLVl.  —  Seminarium  quo  liul  modo. 

Seminarium  ad  bunc  modum  facilo  ;  Locum  qiiaiu  op- 
tinium  et  apeitissimum  et  stercorosissimum  poteris,  et 
qiiain  simlllimum  genus  terras  ea;,  ubi  semina  positurus 
eris ,  et  uti  ne  nlmis  longe  seniina  ex  seniinario  feranlur, 
eum  locum  bipalio  vorlito,  delapidato,  circumque  sepilo 
bene,  et  in  ordine  serito,  in  sesqnipedeni  quoqiiovorsuiii 
taleani  demitllto,  opprimitoque  pede.  Si  parura  deprinieie 
poteris,  malleo  anl  maleola  adigito.  Digilum  supra  ler- 
rani  facito  semina  cmincaut,  nmoque  bnbulo  siimmam 
taleam  oblinito,  signumque  apud  taleam  apponito,  cie- 
broque  sarilo,  si  voles  cito  semina  crescant.  Ad  eundem 
iiiodum  alia  semina  serito. 


XLVII.  —  Arundinelum  et  vitiarium  uli  seratur. 
(Haruudlnemsic  serilo.  Ternos  pedes  oculos  dlsponilo.) 
Vitiarium  eodem  modo  facito,  seritoque.  Ubi  vitis  bima 
erit,  resecato.  Ubi  trima  erit,  eximilo.  Si  pecus  pascetnr, 
ubi  vilem  serere  voles,  ler  prius  resecalo,  qiiam  ad  ar- 
boreni  ponas.  Ubi  v  uodos  veteres  liabebit,  luin  ad  arbo- 
reni  poiilto.  Quotaunis  porrinam  inserito ,  quotannis  lia- 
bebis  quod  eximas. 

XLVIII.  —  Seinina  cupressi,  piri,  nucis,  et  pini,  cetera- 
runique  arborum  qualiter  serantur  ac  foveantur. 

Pomarium  seminarium  ad  eundem  modum,  atque  olea- 
ginum  facito.  Suum  qiiidquid  genus  talearum  serilo.  Se- 
men  cupiessi ubi  seies,  bipalio  vorlilo.  Veic  piimo serllo. 
Porcas  pedes  quinos  lalas  facito.  Eo  steicus  minutiim  ad- 
dito,  consarito,  giebasqne  comminuilo.  Porcam  planam 
facilo,  paulum  concavam.  Tum  semen  seiito  crebrnm 
tanqnani  linum ,  eo  teiram  cribro  incernilo ,  altani  digltuin 
transversum.  Eam  terram  tahula  autpeilibuscomplanato, 
furcas  (-ircum  ofligilo.  Eo  perticas  iuleudilo.  Eo  sarmeuta 
aut  ciates  licarias  iniponlto,  quae  frigiis  defendanl,  ct 
solem.  Uti  subtus  bonio  ambulare  possit,  facilo.  Crcbro 
runcato.  Slmul  herha'  inceperint  nasci ,  eximito.  Nam  si 
herbam  duram  velles,  cupressos  simul  evelles.  Ad  eun- 


cince,  vous  arraclierez  en  nieine  temps  les  cypres. 
Suivez  le  meme  procede  pour  la  semaille  et  la 
couverture  de  la  semence  des  poiriers  et  des 
pommiers.  Semez  de  meme  le  pin  pignon,  comme 
etaut  de  la  meme  famille. 

XLIX.  —  Transplanlation  (rune  vieille  vigne. 

Si  vous  voiilez  transporter  ailleurs  une  vi- 
gne  deja  vieille,  il  faut  que  les  sarments  en 
soient  vigoureux.  Taillez-la  d'aboi-d,  et  ne  lui 
laissez  pas  plus  de  dcux  yeux.  Deehaussez-la 
jusqu'au.\  racines ,  et  prencz  garde  de  leser  lcs  ra- 
dicules.  Cela  ctant,  disposez  le  plant  dans  une 
fosse  ou  une  tranchee ;  couvrez  la  terre  que 
vous  foulez  aux  pieds.  Traitez  comme  a  Tordi- 
naire  cette  nouvelle  vigne,  liez-la,  donnez-lui 
uue  bonne  direetion,  et  bechez-la  souvent. 
L.  —  ManitMe  de  semer  les  pres. 

Furaez  vos  pres  au  commencement  du  prin- 
temps,  lors(iue  la  lune  n'cst  pas  visible ;  ceux 
qui  sont  arrosables,  aussitotque  le  vent  de  Touest 
souftlera.  Des  que  vous  aurez  mis  vos  prairies 
en  defense,  vous  les  nettoierez  des  mauvaises 
herbes,  que  vous  arrachcrez  jusqu'a  la  racine. 
Des  que  vous  aurez  taille  la  vigne,  mettez  en 
nionceaux  les  souches  et  les  sarraents.  Elaguez 
les  llguicrs,  tenez  elevee  la  tete  de  ces  arbres, 
afin  que  la  vigne  ne  les  domine  point.  Etablis- 
sez  des  pepinieres;  sarclez  les  anciennes.  Toutes 
les  operations  seront  terminees  avant  qu'on  ne 
eommcnce  ia  culture  de  la  vigne.  AussitOt  que 
le  festin  saere  aura  ete  beni  et  consorame,  ou- 
vrez  les  travaux  deculturc,  mettez  la  charrue 
dans  les  terrains  les  plus  secs,  et  labourez  en 
dernier  lieu  les  plus  tenaces  et  les  plus  humides, 
pourvu  qu'ils  ne  se  durcissent  point  auparavant. 

dem  modiim  semen  pirorum ,  malorum ,  serito  ,  tejsltnqiie. 

Kuces  pineasadeundem  moilum.nisi  tanquauiatiuniserilo. 

XLIX.  —  LUi  \inea  vetus  de  loco  tfansferatur. 

Vineam  velereni  si  iu  atium  loeum  transfene  voles, 
dunlaxat  bractiinm  crassani  licebit.  Primnm  deputato, 
binas  gemmas  ne  auiplins  relinquito.  Ex  railicibus  bene  ef- 
fodito,  usque  radices  persequitor,  et  caveto  ne  radices 
saucies.  Ila  uti  fuerit,  ponilo  in  scrobe,  aut  in  sulco,  ope- 
riloque,  et  bene  occnlcato.  Eodem  raodo  vineamstatnito, 
alligato,  ftexaloque  uti  fuerat,  crebroqne  fodito. 
L.  —  Prata  qtio  modo  serantur. 

Prata  primo  vcre  slercorato  luna  silenti,  qua-  irrigua 
non  erunl,  ubi  favonius  llare  cfrperit.  Cnm  prata  delen- 
des,  (lepnrgato,  lierbasque  malas  omneis  radicitns  elfo- 
dilo.  Lbi  vineani  deputaveris,  acervum  lignoruni  virga- 
rumque  lacilo.  Ficos  inlerputato ,  et  in  vinea  licos  subra- 
dito  atte,  ne  eas  vitis  scandal.  Seminaria  farito,  et  vetera 
resarcito.  Hoc  facilo  antequam  vineam  fodere  incipias. 
Lbi  daps  profanata  comeslaque  erit,  verno  arare  incipito, 
et  loca  prinium  arato  quae  siccissima  erunt :  et  qua;  cras- 
sissiniaet  aquosissima  erunt,  ea  postremum  arato,  dum 
IH  prins  obdmescant. 

LL  —  Propagalio  oIo.T  pomoruraque. 

Propagatio  pomorum,  aliarum  arborum.  Ab  arborc  abs 


ECONOMIE  RURALE.  ;i 

LL  —  .Mullipticalion  de  tolivicr  et  Ju  pommier. 


Vous  coucherez  en  terre  les  drageoos  qui 
sortent  du  sol ;  vous  mettrez  la  fleche  a  fair,  afin 
qu'ils  puissent  s'enraciner;  arrachez  et  plantez- 
les  deux  ans  apres.  II  faut  multiplier  de  la  merae 
maniere  en  plantant  des  bourgeons,  le  figuier, 
rolivier,  le  grenadicr,  le  cognassier,  et  les  autres 
pommiers,  le  laurier,  le  rayrte,  le  noyer  de  Pre- 
neste  et  lc  platane. 

LII.  —  Procedt;  ptus  compliqug  de  muttiplication. 

Si  vous  voulez  mettre  plus  de  soin  dans 
vos  procedes  de  inultiplication,  il  faudra  depo- 
ser  vos  plants  dans  des  pots  ou  des  paniers  troues, 
et  les  enterrer  ainsi  daiis  les  fosses.  Afin  que  les 
boufures  s'enracinent  sur  Tarbre  meme,  percez 
le  fond  du  panier  ou  le  pot,  et  inserez-y  le  ra- 
meau  ((ue  vous  avez  dessein  de  faire  enraciner. 
Remplissfz  de  terre  le  pot  ou  le  panier,  foulez- 
ie,  et  laissez-le  sur  Tarbre.  Quatid  la  bouture 
a  pris  raeine,  coupez  la  branche  au-dessus  du 
vase.  Coupez  le  panier  de  haut  en  bas ;  si  cest 
un  pot,  cassez-le,  etplacez  dans  la  terre  la  bou- 
ture  avec  le  vase  ou  le  panier.  Faites  la  m^me 
chose  pour  la  vigne;  coupez  la  bouture  a  la 
deuxieme  annce,  et  planlez  avec  le  vase.  Ce  pro- 
cede  s'emploie  pour  la  multiplication  de  toute 
espece  de  vegetal. 

Ltlt.  —  Fenaisou. 

Coupez  le  foin  a  tcmps,  et  n'altendez  pas  trop 
tard.  Fauehez  avuut  la  maturiti?  des  semeu- 
ees,  et  mettezi»  part  le  meillcur,  que  vous  donne- 
rez  aux  boeufs  a  Tepoque  des  lubours  de  prin- 
temps,  avant  que  la  diagee  ue  soit  miire. 

lerra  pulli  qui  nascentnr,  eos  in  lerram  deprimifo,  extol- 
liloque  prininr(Mn  parleni ,  uti  ladicem  capiat  :  inde  I)ien- 
nio  post  effodito,  seritoque.  Ficum,  oteam,  rnaliim  Pnni- 
ciim,  cotoneum,  aliaqne  niala  omnia,  laiinini,  myrtum, 
nuces  PriiMiestinas,  plalanum.  Haec  omnia  a  capite  propa- 
gari  eximique,  serique  eodem  inodo  oportet. 

LII.  —  Qua;  diligenllus  propagari  voles. 

Quse  diligenlius  propagari  votes,in  aulas,  autinqualos 
pertusos  piopagari  oportet,  et  cnm  iis  in  scrobeni  deferri 
oportet.  In  arlioribns,  ut)i  ladices  capiant,  caticem  per- 
tiindilo  per  lunduni,  aut  qnatnm.  Rainum,  quem  r.idicem 
caperc  volcs ,  trajicito.  Funi  qiiatiim,  aut  calicem  terra 
inipli>to,  calcaloqiie  IxMie,  in  arborem  retinquito.  l"bi  ita 
fuerit  ramnm  sub  qiiato  praccidito.  Qnalum  incidito  e\ 
una  paite  perimum.  .Si  vero  calix  crit,  conquassato.  Cum 
eo  ipiato,  anl  catice  in  scrobcm  ponito.  Eodem  modo  vi- 
tem  lacilo,  eani  aniio  post  pra!cidilo ,  seritoque  cum  qualo. 
lloc  inodo  qiiod  genus  vis  piopagabis. 

Llli.  — De  firnisicio. 

Fieniim,  ubi  tempiis  crit,  secato,  caveloque  ne  sero 
seces.  Priusquam  senien  maturuin  siet,  secalo  :  et  qnod 
oplimnm  IVennin  erit,  seorsuni  condilo.  Per  vcr  ciim  aia- 
bilnr,  antequ.am  ociniim  nascatur,  ries  quod  edanl  bubus. 


M.  l'.  CATON. 


LIV.  —  Nouniliiie  des  bceufs. 


Voiei  commeut  il  convient  de  preparei'  le  four- 
rage  des  boeufs.  Une  fois  les  semailles  terrainees , 
cueillez,  serrez,  et  faites  macerer  les  glands.  II 
fatit  donner  a  chaque  tete  un  demi-boisseau  par 
jour;et,  s'ilsne  sont  pas  occupes,  il  seraprefera- 
ble  de  les  envoyer  eux-meraes  a  la  glaodee,  ou 
bieu  on  leur  dounera  des  marcs  de  raisin  qu'on 
aura  entasses  dans  des  futailles.  Pendant  le  jour 
ilsserontau  p.lturage,  et  pcndant  la  nuit  ils  rece- 
vront  chacun  vingt-cinq  livres  de  foin :  si  Ton  n'en 
apas,onysuppleera  pardcs  feuiliards  d'yeuseet 
delierreterrestre.  Conservezlespaillesdefroraent 
etd"orge,  lesgoussesde  feves,  delupin,  les vesces, 
et  les  tiges  des  autres  vegetaux.  On  abritera 
sous  le  toit  celles  de  ces  pailles  qui  out  le  fanage 
le  plusabondant;  on  les  saupoudrera  de  sel,  et 
on  les  administrera  en  guise  de  foin.  Quand  on 
conimencera  au  printemps  a  leur  en  faire  la 
distribution,  on  y  ajoutera  un  boisseau  de  glands, 
ou  de  marcs  ou  de  kipins  maceres,  avec  quinze 
livres  de  foin.  La  dragee  est  le  premier  fourrage 
a  donner  aussitot  qu'il  estmur.  Recoltez-le  a  la 
main,  afinqu'i!  repcusse;  car  elle  ne  monte  plus 
apres  lafaux.  Vous  donnerez  de  la  drageejus- 
qu'a  ce  qu"elle  seseche,  puis  la  vesce,  le  pa- 
nis, et  aprescelui-ci  les  feuilles  d'orme;  melez-y 
des  feuillards  de  peuplier,  sivous  en  avez ,  afin 
quela  feuille  d'orme  dure  plus  longteraps.  A  de- 
faut  de  feuillcs  d'orrae,  affourragez  avec  celles  de 
chene  et  de  figuier.  II  n'y  a  rieu  de  plus  lucratif 
que  les  soins  qne  lou  prodigue  aux  boeufs.  Oa 
ne  doit  les  laisser  en  pature  que  pendant  Thiver 
lorsquils  ne  labourent  plus;  car,  lorsqu'ils  ont 
une   fois   consomme  du  vert,   ils  en  esperent 


tonjours;  et  lorsqu'ilssont  au  travail ,  il  faut  les 
rauseler  avecdes  paniers,  afln  qu'ilsne  puissent 
brouter  rherbe. 

LV.  —  Bois  pour  le  mailre. 

Serrez  dans  la  bucherie  le  bois  destine  au  pro- 
prietaire ;  laissez  au  grand  air  les  troncs  d'oli- 
viers,  et  les  racines  disposees  en  monceaux. 

LVL  —  Quaiitite  de  nourrilure  pour  les  gens. 

Les  travailleurs  recevrout  pour  Thiver  quatre 
boisseaux  de  froraent,  et  quatre  et  derai  pour 
rete  ;  rintendant  et  son  epouse,  Tagent  etlebou- 
vier,  chacun  trois  boisseaux  ;  les  esclaves  entra- 
ves,  quatre  livres  de  pain  pendant  Thiver,  cinq 
livres  depuis  rinstant  oii  ils  commenceut  a  be- 
cher  jusqu'a  la  raaturite  des  figues:  pour  le  reste 
du  temps  la  ratioa  sera  reduite  a  quatre  livres. 

LVIL  —  Quantil(5  de  vln  pour  les  gens. 
Apres  la  vendange,  ils  ont  de  la  piquette  pour 
boisson  pendaut  trois  mois.  Au  quatrierae  mois, 
ils  aurout  par  jour  une  heraine  de  vin,  c'est-a- 
dire  deuxcongesetdemi  parmois;  au  cinquierae, 
sixieme,  septieme,  huitierae  mois,  ils  eu  auront 
uu  setier  par  jour,  c'est-a-dire  cinq  conges  par 
mois,  enfiu  pour  le  neuvierac,  dixieme  et  on- 
zierae  raois,  ils  en  recevront  trois  hemines  par 
jour,  c^est-cl-dire  une  amphore  par  mois.  En 
outre  on  donnera  un  conge  a  chaque  individu 
pour  les  Saturuales  ct  les  Compitales.  T  elle  est 
la  quantite  de  vin  que  chaque  bomrae  cousomrae 
dans  raunee.  On  y  ajoutei'a  pour  les  esclavcs 
entraves  une  ration  proportiounee  a  la  somine 
des  travaux  :  le  chiffre  de  dix  quadrantals  par 
annee  n'est  pas  trop  eleve. 


LIV.  —  Babus  pabulum. 

Pabnlum  lioc  modo  parari  dariqiie  oportet.  Ubi  se- 
nientim  patraveiis ,  glandem  paiari  legique  oportet,  et 
in  aqnam  coiijici.  Inde  scmodios  singulis  bubus  in  dies 
dari  oporlet;  el  si  non  laborabnnt,  pascanlur,  satius  ciit. 
Aiit  inodinm  vinaciornm  quos  in  dnlinm  condideris.  In- 
lerdiii  pascito,  noclu  feni  pondo  xxv.  uni  bovi  dato.  Si 
ra-nuni  noii  eiit,  Irondem  iligneam  et  ederaceani  dalo. 
Paleas  triliceas,  et  ordeaceas,  acns  fabaginum,  viciam, 
vel  dc  lupino  :  item  de  ca^teiis  frugibus  omnia  condito. 
Cum  stiamenta  conilcs,  quai  lieibosissima  erunt,  in  tecfo 
condito, et sale spargito :  deinde eapio  denodato. Ubi  veino 
daie  cceperis,  modium  glandis  aut  vinaciornm  dato,  aut 
inodium  liipini  maceiati ,  et  fteni  pondo  xv.  Ubi  ocinuni 
tempestivum  eiit,  dalo  primnm.  Manibus  caipito,  id  re- 
nascetur.  Quod  lalcula  secueris,  non  lenascetur.  U.sque 
ocinum  dato ,  douec  ai  escat ,  ita  temperato ,  postea  viciam 
dato,  postea  panicum  riato,  secundum  panicnm  liondera 
nlmeam  dalo.  Si  populneam  babebis ,  admisceto ,  ut  ulmea 
satis  siet.  Ubi  ulmeam  non  liabebis,  queineam  ct  ficulueam 
dato.  Niliil  cst  qnod  magis  expediat,  quani  boves  bene 
cuiaie.  lioves  uisi  per  biemem,  cumnon  aiabunt,  pasci 
iioii  opoitet.  iXara  viride  cum  edunt,  id  semper  expec- 


tant.  Et  liscellas  haberc  oportet,  ne  herbam  sectentur  rxim 
arabunt. 

LV.  —  De  lignis  domini. 

Ligna  domino  in  labnlato  condito,  codicillos  oleaginos, 
radices  in  acervo  sub  dio  metas  facito. 

LVI.  —  Familiae  cibaria  quauta  dentur. 
Familiae  cibaria  qui  opus  facient  per  hieniera ,  tritici 
modios  IV.  per  ivstatem  modios  iv.  s.  vilico,  vilica;, 
epistatae,  opilioni  modios  iii.  compeditis  per  biemem 
panis  r.  iv.  Ubi  vineam  fodere  cieperint,  panis  v.  v.  usque- 
adeo  dum  iicus  esse  cocperint,  deinde  ad  p.  iv.  redito. 
LVII.  —  Vinum  familis  quaulum  delur. 

Vinum  familia^.  Ubi  vindemia  facta  erit,  loram  bibaiit 
menses  iii.  Mense  quarto  heminas  in  dies,  id  est ,  in  mense 
congios  II.  s.  Mense  qiiiuto,  sexto,  septiiuo,  octavo,  in 
dies  .'■extarios,  id  est,  in  mense  congios  quinque.  Nono, 
deciino,  iindecimoetduodccimo,  in  dies  beniinas  teinas  : 
id  est  amphoram.  Hoc  amplius  Saturnalibus,  et  Compi- 
talibiis  in  singulos  homines  congios.  Siimma  vini  in  homi- 
nes  singulos  inter  anniim  (Q.  vin)  compeditis  uli  quicqiiid 
opeiis  facient  pro  portione  addito  :  eos  non  est  niinium  lii 
annos  singulos  vini  quadrantalia  x.  ebibere. 


fiCONOMIE  RURALE. 


LVIII.  —  Boniiecliire  puur  les  gens. 

Conservez  la  plus  granile  masse  que  vous 
pounez  crolives  tombeesspontanement,  pour  la 
cuisine  des  domestiques.  Serrez  egaleraent  les 
olives  recoltees  a  propos,  et  dont  on  ne  peut  ti- 
rer  qu'une  faible  quantite  d"huile,  et  menagez- 
les,  alin  que  la  provision  s'epuise  le  moins  qu'il 
sera  possible.  Quand  lcs  olives  serant  consom- 
mees,  donuez  de  la  saumure  et  du  vinaigi-e. 
Distribuez  a  chaque  personne  un  setier  d'huile 
par  niois.  Un  boisseau  de  sel  sufflra  aux  besoins 
anuuels  de  chaque  consommateur. 
LIX.  —  Veieiiienls  iles  gens. 

On  leur  donnera  tous  les  deuxans  une  tunique 
de  trois  pieds  etdemi  de  loiiget  dessaies.  Toutes 
les  fois  qu'on  lcur  fournira  une  tunie|ue  ou  une 
saieneuve,  on  reprendra  la  vieille  pour  eu  faire 
des  casaques.  On  leur  fournira  aussi  tous  les  dcux 
ans  une  bonne  paire  de  forts  souliers. 
L.\.  —  Aliinents  des  bu?ufs. 

La  consommation  annuelle  de  chaque  paire 
de  boeufs  s'eleve  a  cent  vingt  niuids  de  lupins, 
ou  deux  cent  quarante  de  glands,  cinq  cent 
quatre-vingts  livres  de  foin  et  autant  de  dragee, 
vingt  muids  de  feverolles,  trente  muids  de  ves- 
ces.  Semez  donc  nssez  de  vesces  poiir  pouvoir 
en  laisser  monter  en  graines.  Pour  le  fourrage, 
scmez-le  a  plusieurs  rcprises  differentes. 
LXI.  —  jfani(>re  de  culliver  les  cliamps. 

Quel  est  le  premier  principe  d'une  bonne  agri- 
ture?  c'estde  bien  labourer.  Quel  est  le  secoud? 
c'est  de  lahourer.  Quel  est  le  troisicme?  c'cst  de 
fumer.  Celui  qui  remuera  freuuemment  et  pro- 
fondemeut  la  terre  couverte  d'oliviers,  detruira 


.jusqu'aux  moiudres  chevelus  dcs  racines;  celui  qui 
labourera  superficicllement,  forcera  lcsracincs  a 
rampcra  la  surface,  a  prendre  un  developperaent 
exagere,  qui  absorbera  la  force  vegetative  de 
l'olivier.  (Quand  vous  labourerez  pour  du  fro- 
ment,  faites-le  convenablemeut,  a  temps  oppor- 
tuu ,  et  non  lorsque  la  terre  est  a  moitie  trem- 
pee).  Les  autres  soins  de  culture  consistent  a 
beaucoup  planter,  a  enlever  soigneusement  les 
jeunes  sujets ,  et  a  les  replacer  a  propos,  en 
laissant  beaucoup  de  terre  autour  de  leurs  uom- 
brcuses  racines.  Une  fois  les  racines  bien  cou- 
vertes,  pietinez  la  terre,  aliu  d'empecher  Teau  de 
leur  nuire.  Si  Ton  veut  savoir  a  quelle  epoque  il 
convientdc  planter  les  oliviers,  je  repondraique 
c'est  pendaut  la  seraaille  si  le  terrain  est  sec ,  ct 
au  printemps  s'il  est  gras. 

LXII.  —  >ombie  de  cliars. 
Vous  aurcz  autant  de  chars  que  de  paircs  de 
bocufs ,  de  mulets ,  et  d'dnes. 

LXIII.  ■ —  Longueur  des  courroies. 

Le  cSble  de  pressoir  aura  cinquante-ciuq  pieds 
de  long;  la  courroie  des  chars  aura  soixante 
pieds,  les  guides  vingt-six  pieds;  les  courroies  de 
jougspour  les  charsdix-huitpieds;la  petitecorde 
quinze  pieds;lescourroies  dejougspour  les  char- 
rues  auront  seize  pieds,  et  la  courroiehuit  pieds. 

L.KIV.  —  Cueilletle  de  rollve. 

Cueillez  rolive  aussitdt  qu'elle  est  mure,  et 
ne  la  laissez  c[ue  le  moins  possible  sur  la  terre  et 
sur  lc  plancher,  car  elle  y  pourrit.  Ceux  qui  font 
la  recolte  desirent  qu'il  y  ait  beaucoup  d'olivcs 
torabees  ,  afin  d'aller  plus  vite  ea  besogne.  Les 


•    LVIII.  —  Pulmenlaiium  farailiK  quantum  detur. 

Piilmeularium  familiie,  olene  cadiicje  quam  plurimum 
rondito.  Poslea  oleas  lempesUvas,  unde  minimum  olei 
fieri  poterit ,  eas  condito,  parcito,  uli  quam  diiitissime 
durent.  Lbi  ole»  comesae  erunl,  balecem  et  acelum  dalo. 
Oleum  dato  iii  menses  unicuique  sexlariumi.  Salis  unicui- 
que  in  auno  modium  satis  est. 

LIX.  —  VesUmenta  familioe. 

Vcstinienta  familia;  lunicam  p.  lii.  s.  saga  alteinis  an- 
nis.  Quoties  cuique  tunicam  aul  sagum  dabis,  piius  vete- 
rem  accipilo ,  unde  centones  fianl.  Sculponeas  bonas  al- 
ternis  annis  dare  oportet. 

LX.  —  Bubus  cibaria. 

Biibus  cibaria  anniia  in  juga  singula  Iiipini  niodios  cxx. 
aut  glandis  modios  ccxi,.  fu-ni  poudo,  ijxxa  ocini,  fab.e 
modios  XX.  vicia;  modios  xxx.  Piaeteiea  granaliii  (genera- 
tim)videlo  uli  satis  viciae  seias.  Pabulumcum  seres,  mul- 
las  saliones  facilo. 

l.XI.  —  Quomodo  oser  colatur. 

Quid  est  agriim  liene  colire?  beiie  arare.  Quid  spcun- 
dHmi'Arare;  tertio,  Sleicoraie.  Qui  oletum  saspissime  el 
alli-^sime  miscchit,  is  teuuissiiuas  i  adices  cxarabit.  Si  niale 


aiabit,  radices  sursuni  adibunt,  crassiores  fient,  et  in  ra- 
dices  vires  oleae  abibunt.  (.Agrum  friimentariuin  cuni  ares, 
bene  et  tempestive  ares ,  sulco  vario  ue  ares. )  Ceclera 
ciillura  est  mullum  serere,  el  diligenter  eximere  semiiia, 
et  per  tempus  radices  plurimas  cum  terra  ferre.  Ubi  radi- 
ces  bene  opcrueris  ,  calcarc  bene,  ne  aqua  noceat.  Siquis 
qua'rat,  quod  tempiis  olea;  serenda;  siel,  agro  sicco  per 
seiiientiii) ,  agio  laeto  per  ver. 

LXII.  —  Quol  plostra  habere  oportcat. 

Quol  juga  boverum,  nuilorum,  asinorum  liabebis,  lo- 
tidem  pluslra  esse  oportet. 

I.XIII.  —  Funem  quam  longum  cssi'  oporlcat. 

rimpiii  torculiiin  csse  oportet  exlentiiiii.  i>.  ev.  I'unPTn 
loreiini  iii  plostrum  e.  i.x.  lorca  relmaciila  lo^iija  i:  x\n. 
sulijugia  in  plostrura  i:  xviii.  funiculum  i'.  xv.  iii  aratniin 
subjugia  loruin  i>.  xvi.  funiculuin  p.  viii. 

LXIV.  —  De  olea  legenda. 

Oleaubi  maturaerit,  quain  primuni  cogi  oiiortet,  qiinin 
iniiiiiiiiim  iii  lerra  et  in  labulato  esse  oporli^l.  In  lerra  ot 
iii  talmlalo  putescit.  Legiili  voluiil ,  uti  oleacadiica  (piaiii- 
piuriina  sit,  qiio  phu  lcgalur.  Factures,  ut  in  labulatu  diii 


M.  P.  CATON. 


pressiireurs  souhaitent  qu"elles  sejourneut  long- 
tenips  sur  le  plancher,  afin  qu^elles  bletissent  et 
s'exprimeut  avec  plus  de  facilite.  Ne  croyez  pas 
que  rolive  prenne  de  raccroisseraent  surle  plau- 
cher.  Plus  vous  raettrez  de  promptitude  dans 
le  travail,  raieux  vous  vous  en  trouverez,  soit 
pour  laquantite,  soit  pour  la  quaiite  de  Thuile 
que  vous  obticndrez  du  merae  nombre  de  bois- 
seaux  d"olives  recoitees.  L'olive  qui  a  sejourue 
lougtemps  sur  la  terre  ou  sur  le  plaucher  donne 
une  huile  moins  aboadante  et  moins  delicate. 
Transvasez  Ihuile  deux  fois  par  jour,  si  vous  le 
pouvez;  car  Thuile  qui  demeure  longtemps  en 
contact  avec  les  marcs  et  les  lies  devient  tres- 
mauvaise. 

LXV.  —  Manicre  ile  faire  riuiilc  verte. 
On  ue  laisse  rollve  quele  moinsde  tempspos- 
sible  sur  la  terre.  Si  elle  est  sale,  lavez-la,  sepa- 
rez-la  des  feuilles  et  des  impuretes ;  travaillez-la 
le  surlendemain  ou  le  troisieme  jour.  Cueillez 
rolive  des  qu'elle  est  uoire.  L"huile  sera  d'autant 
plus  estimee  que  rolive  sera  plus  aeerbe  :  nean- 
moius  le  proprietaire  trouvera  uu  tres-grand 
avantage  a  ne  travail ler  que  des  fruits  bien  mu rs. 
Si  lors  de  la  recolte  les  olives  sont  fiappees  par 
la  gelee ,  il  ne  faut  les  pressurer  que  le  troisieme 
ou  le  quatrieme  jour.  Si  vous  le  jugez  conveua- 
ble,  vous  les  saupoudrerez  de  sel.  Ayez  soin  que 
lcs  celliers  et  les  pressoirs  soient  portes  a  uue 
chaleur  tres-elevee. 

LXYI.  —  Devoirs  du  surveillant  et  du  livreur. 

II  aura  un  oeil  vigilant  sur  le  pressoir  et  sur  le 
cellier.  Autant  que  possible  il  n'y  laissera  peue- 
trer  aucun  etranger.  II  fera  apporter  dans  toute  , 
ies  manipulations  la  plus  severe  proprete  et  les 


soins  lcs  plus  minutieux ;  il  aurasoin  qu'ou  ne  se 
serve  que  de  vases  eu  cuivre,  et  que  les  noyaux 
n'entrent  pas  dans  la  coraposition  de  rhuile;  s'il 
en  etait  autrcmeut,  rhuile  aurait  une  saveur  de- 
sagreable.  Revetez  de  plomb  la  fosse  oii  doit 
couler  Ihuile.  Aussitot  que  les  pressureurs  ont 
donne  une  pression  avec  le  levier,  le  somraellier 
saisit  son  bassin  ,  et  enieve  rhuile  rapidemeut  et 
soigneusement,  et  sansinterruption.  Qu'il  prenne 
garde  de  ne  pasenlever  ramourque.  On  deposera 
dabord  rhuile  dans  une  cuve,  puis  dans  une 
jatte.  On  sortira  toujours  de  ces  vases  les  lies  et 
raraourquc.  Sitot  que  rhuile  sera  sortie  de  la 
fosse,  on  enlevera  tous  les  depots. 

L.XVII.  —  Devoirs  du  surveillant  au  pressoir. 
Les  ouvriers  occupes  au  pressoir  tiendront 
toujours  leurs  vases  propres,  et  s'cfforcerout  de 
bien  pressurer  les  olivesjusc|u'a  cequ'elles  soient 
epuisees.  Ils  ne  devront  pas  charpenter  de  bois 
dans  le  pressoir,  raais  eulever  souvent  Thuile 
fabriquee.  Pour  ehaque  paiu  pressure  ou  donnera 
aux  ouvriers  un  setier  d'huile,  etde  plus  cequi 
est  necessaire  pour  alimenter  la  lampe.  Tous  les 
jours  on  emportera  les  lies ,  et  on  euleve'-a  \'a- 
mourque  qui  s'est  deposee  jusqu'a  ,  ce  que  Ihuile 
ait  ete  transvasee  dans  la  derniere  tonne  qui  se 
trouve  dans  le  cellier.  On  passera  reponge  dans 
lcs  cabacs.  Tous  lesjours  on  transvasera  rhuile 
jusqu'a  ce  qu'elle  soit  entonnee.  On  surveillera 
severemeQt  au  pressoir  et  au  cellier,  afin  qu'on 
ne  derobe  aucune  poriion  d'huile  fabriquee. 

LXVIII.  —  Suspendre  les  ustensiles  eniploy^s  a  la  fabri- 
calion  de  1'liuile  et  du  viu. 

Apres  la  recolte  du  vin  et  de  Tolive,  relevez 
lesarbresdes  pressoirs,  serrez  dans  legarde-man- 


sit,  Ht  fracida  sit,  quo  facilius  efticiant.  Nolito  credere 
oleum  in  tabulalo  posse  cicscere.  Quam  cilissime  confi- 
cies,  tam  maxinie  expediet,  et  totidem  niodiis  coUect»!  ' 
plusolei  enicient,  el  nielius  Olea  quaediu  fuerit  in  terra, 
aut  in  tabulalo,  inde  olei  niinus  fiet  et  deteiius.  Oleuni  si 
poteris,  bis  in  die  depleto.  Nam  oleiim  quam  diutissime  in  ; 
aniuita  et  in  fracibus  erit,  tam  deterrirauni  erit.  i 

LXV.  —  Oleum  viride  quomodo  liat. 

Oleum  viride  sic  facito  :  Oleam  quam  primum  ex  terra 
tollito.  Si  inqiiinata  erit,  lavito,  a  foliis  el  slercore  pur- 
gato.  Postridie  aut  post  diem  terliiim,  quam  lecta  erit, 
facito.  Oleam  nbi  nigra  erit,  slringilo.  Quam  aceibissima 
olea  oleum  fades ,  tam  oleum  optimum  ei  it.  Domino  de 
matiira olea oleiim  fieii  maxinie expediet.  Si gelicidiaerunt, 
cum  oleamcoges,  triduum,autquaUiduum  post  oleuni  fa- 
cito.  Eam  oleam,  si  voles,  sale  iuspergito.  Quam  calidis- 
simum  torcularium  et  cellam  liabeto. 

LXVl.  —  Custodis  et  capulatoris  otlJcia. 

Cuslodis  et  capiilatoris  oflicia.  Servet  diligenler  cellam 
el  torciilaiinin.  Caveat  quam  minimum  in  torcularium  et 
)n  cellam  introeatur.  Qiiam  mundissimc  purissinieque  liat. 


vase  alieneo,  neque  nucleis  ad  oleum  ne  utatur.  Nani  si 
ntelur,  oleum  male  sapiet.  Cortinam  plumbeam  in  lacum 
ponito,  quo  oleum  lluat.  Ubi  factores  vectibus  prement, 
continuo  capulator  concba  oleum,  quam  diligentissime 
poterit,  tollal  nec  cesset.  Amurcam  caveat  ne  tollat.  Oleiim 
in  labrum  primnm  indilo.  Inde  in  alteTum  dolium  indilo. 
De  iis  labris  fraces  amurcamque  semper  subtrabito.  Cum 
oleum  sustulcris  de  cortina,  amurcam  deliorito. 

LXVn.  —   Custodis  in  torculari  officia, 

Qiii  in  torculaiio  eruiit ,  vasa  piira  babeant,  curentque 
uti  olea  bene  perficialur,  beneque  siccetur.  Ligna  in  for- 
ciilario  ne  cadaiit.  Olciim  fieqiienter  capiant.  Factoribus 
del  in  singulos  factus,olei  sextarios,  et  in  lucernam  quod 
opus  siet.  Fraces  quotldie  rejiciat.  Amurcam  commulet 
usqueadeo,  donecin  lacum,  qni  in  c*Ila  est,  postiemum 
perveneril.  Fiscinas  spoiigia  eflingat.  Quotidie  oleo  lacum 
commutet,  donec  in  dolium  pervenerit.  In  lorculario  et  in 
cella  caveat  diligenter,  iie  quid  olei  suiripiatur. 

LXVUI.  —  Vasa  olearia  et  vlnaria  cxtollere. 

Ubi  vindemia  etoleitas  facta  erit ,  prela  extollito,  fuiies 
torculos,  medipontos,  subductarios  in  carnaiio,  aut  io 


ftCONOlMIE  RURALE. 


ger  ou  siu-  les  arbres  eux-ra6mes ,  les  cables  et 
les  cordages ;  remettez  a  leur  plaee  les  poulies  , 
les  aiguilles,  les  leviers,  les  rouleaux  de  fcois, 
les  cabacs,  les  paniers,  les  corbeilles,  les  pres- 
soirs,  les  eehelles,  et  toutes  les  barres  qu'on  aura 
enii)loyees. 

LXIX.  —  ManlJre  (renduire  les  fulnillos. 

Laissez-lespendantseptjours  remplies  d'amur- 
que,  mouillez  tous  les  jours,  soutirez  eiisuite  Ta- 
murque,  et  lai-isez  secher  les  futailles.  Lors- 
qu'elles  seront  nsscchecs,  enduisez-les  avec  une 
dissolutibn  de  ijomme  preparee  deux  jours  aupa- 
ravant.  ChaulTez  les  futailles  un  peu  moins  que 
pour  lesenduiredepoix;  delegers  copeaux  suffi- 
ront.  Lorsqu'elles  seront  moderement  echauf- 
fees,  on  les  aspergera  d'eau  de  gomme  eton  fric- 
tiouneia.  Quatre  livres  de  gomme  sufliront  pour 
un  fut  de  cinquante  sefiers ,  si  Fon  a  soiu  de  bien 
frotter. 

LXX.  —  Recette  contre  les  maladies  des  bneiifs. 

Si  vous  redoutez  linvasion  d'une  maladie  , 
administrez-leur  une  potion  formee  de  trois 
grains  de  sel ,  de  trois  feuilles de  laurier ,  de  trois 
feuilles  de  poireaux,  trois  gouttes  de  rocambo- 
1  es  ,  trois  d'ail ,  trois  grains  d'encens  ,  trois  tiges 
desabine,  trois  feuilles  de  rue,  (rois  tiges  de 
bryonne,  trois  feves  blanches,  trois  charbons 
ardents  et  trois  setiers  de  vin.  On  se  tiendra  de- 
bout  pendant  qu'on  recoltera ,  qu'on  broiera  et 
qu'on  admin.strera  cetle  potion;  on  devra  aussi 
etre  a  jeun.  On  la  fera  avaler  a  chaque  boeuf 
pcndant  trois  jours  en  trois  fois ,  et  on  aura  soin 
de  fractionner  la  dose  de  maniere  qu'il  ne  reste 
plus  rien  apres  en  avoir  administre  trois  fois  a 
chaiun.  Recommandez  que  lebffiuf  qu'on  medi- 

prclo  siispendito.  Orbes,  fibulas,  vecles,  scululas,  fiscinas, 
c.oibulas,  quala,scalas,  patibula,  ouinia,qiicis  usus  eril, 
in  suo  quidque  loco  reponilo. 

LXIX.  —  Dolia  quomodo  imbuantur. 
Dolia  olcaria  nova  sic  iinl)nilo.  Aniurca  inipleto  dies 
vn.  Facito  nt  annircam  quotidie  suppleas.  Postea  amur- 
cam  eximito  et  arfacito.  Ubi  arebil,  cunimim  pridie  in 
aqiiani  infnndito.  Ka  postridie  diluilo.  Postea  dolium  cal- 
facito.  Minus  quam  si  picaie  velis  tepeat,  salis  esf.  Leni- 
bus  lisnis  faiito  calescat.  flii  teinpcrate  tepebit,  Inui 
cuniniim  indito,  postea  linilo.  Si  reile  liveris,  in  duliiini 
quinquai^eiiaiiiiiii  cuiuniiin  v.  iv.  salis  erit. 

LXX.  Bubus  medicamentuin. 

i;ubus  medicamentuni.  Si  niorbnm  metnes,  sanis  dato 
salis  inicas  iii,  folia  laiirea  iii,  poiri  fihias  iii,  ulpici  spi- 
cas  III,  alii  spicas  iii,  lliuris  grana  iii,  berbse  sabinae 
plaiilasiii,  rnta;  folia  iii,  vitis  albio  .caiiles  iii,  fabnlos 
albos  III ,  carbones  vivos  iii,  vini  s.  iu  Il.ec  omnia  siibli- 
initer  legi,  teri,  darlqno  oporlet.  lejiiniis  siet  qui  dabil. 
Ter  tridiium  de  ea  polione  unicuiqne  bovi  dato.  Ita  di\i- 
dito,  ciim  ter  imicuique  dederis,  omnem  absumas.  Bos- 
qiie  ip.sns ,  it  qiii  dabit,  facilo  ul  iilerqne  subliiniter  stent. 
Y;\se  ligneo  dalo. 


camente  et  celui  qui  le  sert  soient  debout,  et 
qu'on  emploie  un  vase  en  bois. 
LXXI.  —  Traitement  des  biuufs  au  debut  d'iine  maladie. 
Si  les  animaux  sont  deia  souffrants,  donnez- 
leur  immediatement  un  muf  cru  de  poule,  qu'ils 
avalerontsans  le  briser.  Le  lendemain  faites-leur 
prendre  une  tete  d'oignon  broyee  dans  une  he- 
minede  vin.  Le  boeuf  et  Toperateur  seront  de- 
bout  et  a  jeun  pendant  roperation. 

LXXII.  —  Manit;re  de  prt'venir  les  fissnres  des  sabots. 

Arin  que  les  boeufs  ne  degradent  poiiit  leurs 
sabots,  enduisez  de  poix  fluide  le  dessous  de  la 
corne  avant  qu"ils  n'eutreprennent  quelque  voy  age 
que  ce  soit. 

LXXIII.  —  I\Ianii>re  d'administrer  lcs  medicamenls  aux 
boeufs. 

Tous  les  ans,  aussitfit  que  les  raisins  commen- 
ceront  a  noircir,  administrez  aux  boeufs  un  mii- 
dicamentqui  les  preservedemaladie.Quandvous 
verrez  ladepouilIed'un  serpent,  prenez-laetmet- 
tez-la  en  reserve,  pour  ne  pas  la  chercher  au  mo- 
ment  du  besoin.  Broyez  cette  peau  avec  de  la  fa- 
riue,  du  sel,etdu  serpoIet;deIayez  dansdu  vin,  et 
vous  donnerez  a  boire  cette  potiou  a  tous  vos 
bceufs.  Veillez  a  ce  que  pendant  1'ete  vos  bceufs 
recoivent  uue  eau  salubre  et  linipide;  leur  sante 
est  a  ce  prix. 

LXXIV.  —  Recelte  pour  faire  le  pain  ilcp.sificut. 

Faites  ainsi  le  pain  depsiticus.  Lavez  propre- 
ment  vos  mains  et  le  mortier.  INIettez  la  farine, 
ajoutez-y  de  Teau  peu  a  peu ,  et  melangez  bien 
letout.  Une  fois  la  ptlte  faitc,  moulez-la,  et  faites 
cuire  sous  la  tuile. 

LXXV.  —  Dii  libum. 

Maniere  de  faire  le  pain  de  saerifice.  Broyez 

LXXI.  —  Bos  si  icgrotare  coeperil. 

Bos  si  spgrotare  cocperit,  dato  continuo  ei  imnm  ovum 
gallinaceum  crudnin,  integrnni  facilo  devoret.  Postridie 
capnt  ulpiciconterito,  cum  bemina  vini,  facitoquecbibat. 
Siiblimiler  lerat  et  vase  lignen  det.  Bosque  ipsus,  et  qui 
dabit,  subliiuiter  stet.  Jejumis  jejuno  bovi  dato. 
LXXII-  —  Boves  ne  pedes  subterant. 

Roves  ne  pedes  subterant,  priusqiiam  in  viain  quoquam 
ages,  pice  liquidacornua  inliina  ungnito. 

LXXIIL  —  Quomodo  bubus  medicamenlum  delur. 

l'bi  uv,'c  variae  creperint  fieri ,  bubus  medicamenlum 
daloquolannis,  uli  valeant.  Pellem  anguiuam  nbi  videris, 
tdllito  el  condito,  nc  qua,>ras  cum  opus  siet.  Eam  pellem, 
et  lar,  et  salem ,  et  serpnllum ,  ba;c  omiiia  una  conli;rito , 
cuni  viuo  dato  bubns  bibaut  omnibus.  Per  cestatem  boves 
aipiam  bonain  ct  liquidam  bibant  seinper  curato.  Ut  va- 
leant  refert. 

LXXIV.  —  Panem  depsiticum  -sic  facito. 

Panenidepsilicumsicfacito.  Manus,  niortariuniqnebone 
lavalo.  Farinain  in  mortariiim  indito,  aqiia;  panlatim 
addito,  subigitoqne  pulcbre.  Ubi  bene  subegeris,  deliiigito, 
coqiiitoqiie  sub  testu. 


26 


M.  P.  CATON 


Lieu  deiix  livres  de  fromagc  dans  le  mortier ; 
quand  il  y  sera,  melez-y  une  livre  de  farine  de 
froment,  ou  seuleraent  unc  demi-livre  de  fleur 
de  farine ,  si  vous  le  desirez  raoins  compact,  et 
incorporez  le  tout  avec  soin.  Moulez  vospains, 
placez-les-sur  des  feuilles,  et  laissez  les  cuire  len- 
tement  sous  la  tuile  et  sur  une  piaque  chaude. 
LXXVI.  —  De  la  placcnta. 
Prenez  dcux  livres  de  farine  de  seigle  pour 
faire  Tassise  des  boulettes ,  et  quatre  livres  de 
gruaux  de  premiere  sorte  que  vous  faites  mace- 
rer  daus  l'eau.  Aussitot  quils  se  seront  amollis, 
placez-les  daas  uq  petrin  bien  propre,  et  iaissez- 
les  se  rcssuycr.  Petrisscz  ensuilc  a  la  main. 
Quand  vous  les  aurez  bien  travaiiles,.  ajoutez- 
y  peu  a  peu  quatrc  livres  de  farine  ,  etliiitcs  vos 
boulettes  avec  lc  melauge.  On  lcs  arrange  dans 
une  corbeille  pour  lcs  faire  secher,  et  on  polit 
Jes  contours  aussitot  qu'elles  sont  ressuyecs ;  ce 
travailse  faitsur  chaque  bol  en  particulier.  Ccttc 
besogne  termiuce ,  cflleurez  et  frottez  avec  unc 
etoffe  imbibee  d'huilc  toutc  la  surface  des  bou- 
lettes  et  Tassise  ou  elles  seront  phicees.  Chauffez 
le  foycr  et  le  surtout  qui  serviront  a  la  cuisson. 
Ilumeetez  ensuite  et  melangez  les  deux  livres  de 
farine  de  seiglc,  qui  serviront  a  faire  Tassisc,  apres 
les  avoir  mclees  ix  quatorze  livres  dc  fromage  de 
brebis.  11  faut  que  ce  froraage  ne  soit  ni  acide , 
ni  vieux.  Laissez  macerer  le  melange,  et  chan- 
gez-le  trois  fois  dans  de  nouvelle  eau.  Retirez- 
le  ensuite,  et  exprimez-en  Teau  avec  vos  raains  ; 
et  une  fois  hien  egouttc,  placez-le  dans  un  petrin 
bien  propre,  sans  laisser  de  grumeaux.  Prcncz 
ensuite  un  tamis  k  farine,  et  tamiscz  lc  fromage 
sur  le  petrin.  Ajoutez  quatre  livrcs  de  miel  liu , 

LXXV.  —  Libum  lioc  modo  facito. 

Libunilioc  modofacito.  Casei  p.  ii.  bene dlsleiat  iii  mor- 
larlo.  Ubi  bene  distriveril ,  farinae  siligineiie  librara ,  aut  si 
voles  tenerius  esse,  selibiara  similaginis  solum  eodcm 
indito,  permiscetoque  cum  caseo  bene.  Ovumi.  addilo, 
et  una  peimisceto  bene.  Inde  panem  tacito.  Folia  subdito. 
In  foco  caldo  subtestu  coquito  leniter. 

LXXVI.  —  Placentam   sic  facito. 

Placentam  sic  facilo.  Faiinae  siliginea;  l.  ii.  unde  soliiin 
facias,  in  tracta|  farinae  l.  iv.  et  alica;  primae  l.  ii.  ali- 
cam  in  aquani  infundito.  Ubi  bene  mollis  eiit ,  in  niorta- 
riuin  purum  indito  ,  siccatoque  bcne.  Deinde  manibus  de. 
psito.  Ubi  benesubactum  erit,farin£E  L.  iv.  paulatim  ad- 
dito.  Id  ulrunipie  tracta  facito.  In  qualo,  ubi  arescant, 
componito.  Ubi  arebunt ,  coinponito  puriter.  Tum  facies 
iii  singula  tracta.  Ubi  depsueris,  panno  oleo  uncto  tangito, 
et  tirciimtergcto ,  unguitoque ,  ubi  tracta  erunt ,  focum , 
nbi  coquas;  calfacito  bene  et  testum.  Poslea  farina;  L.  ii. 
conspergito  ,  condepsitoque.  Inde  facito  solum  tenue.  Ca- 
sei  ovilli  p.  xiv.  ne  acidum  siet  et  bene  lecens  ,  iu  aquam 
indito.  Ibi  macerato,  aquam  ter  mutato.  Inde  exiinito, 
Riccatoque  bene  paulatim  [manibus,]  siccum  bene  iii 
mortarium  Imponito.  Ubi  omne  caseum  bene  siccaveris , 
in  mortariiim  purum  manibus  condepsito,  comminiiiloqiie 
quani  maxinie.  Dciudecribriim  faiinariunipurumsiimilo, 


et  incorporez-le  soigneusement  avec  le  fromage. 
Placez  sur  unetabie  propre,  d'un  pied  carre,  le 
pave  de  la  placenta,  que  vous  aromatiserez  avec 
des  fcuilles  delaurier  trempees  dans  rhuile.  P!a- 
cez  un  premier  lit  de  boulettes  sur  tout  le  fond  du 
pave,  et  saupoudrcz  lcs  avec  le  raelange  de  raiel 
et  de  froraage  que  vous  prendrez  dans  le  petrin ; 
ajoutez  une  seconde  couche  de  boulettes  que  vous 
snupoudrerez  avec  ce  qui  vous  restera  de  miel  et 
de  fromage  mclanges.  Mettez  encore  une  rangee 
de  boulettes  sur  le  rebord  que  vous  replierez  ea- 
suite  vers  I'interieur,  etprcparez  lc  foyer.  Aus- 
sitfit  qu'il  a  acquis  une  chaleur  moderee ,  placez-y 
votre  placenta,  couvrez  d'un  couvercle  chaud 
sur  lequel  vous  mettrez  de  la  braise,  ainsi  que 
tout  autour.  Prenez  votre  temps  pour  operer  la 
cuisson  ;  soulevez  deux  ou  trois  foisle  couvercle, 
pour  voir  comraent  elle  marche ;  aussit6t  qu'elle 
sera  a  sonterrae,  enlevez  laplaceuta,  enduisez- 
la  dc  miel :  telle  est  la  placenta  d'un  semodius. 

LXXVII.  —  De  la  spira. 

Disposez  tout  dans  les  meraes  proportions  que 
pour  la  placenta  ,  si  ee  n'est  quc  vous  rangez  au- 
trement  les  boulettes  sur  Tassisc  :  enduiscz-les 
bien  de  miel ;  tressez-les  ensuite  corarae  une 
corde  que  vous  plaeez  sur  Tassisc,  eu  mettant 
soigneuseraent  des  boulettes  simples  daus  les  in- 
terstices.  Dans  tout  le  reste  agissez  et  cuisez 
comme  pour  la  placenta. 

LXXVIII.  —  De  la  scriblita. 

On  met  sur  le  moule  les  boulettes  qu'on  sau- 
poudre  de  fromage,  comrae  une  placenta  faite 
sans  miel. 

caseumque  per  cribrum  facito  transeat  in  mortariiim. 
Postea  indito  niellis  boni  p.  iv.  s.  id  una  bene  commis- 
ccto  cum  caseo.  Poslea  in  talnila  pura ,  qua;  pateat  p.  i. 
ibi  balteum  ponito,  folia  laurea  uncta  supponito,  placen- 
tam  (iiigito.  Tracta  singula  in  totum  solum  piimum  po- 
nilfi ,  deiiide  de  moitaiio  tiacta  linilo,  Iracla  addito  sin- 
giilalim  ,  item  linito  usqiie  adeo ,  donec  oiiine  caseum  cum 
iiiclle  adusus  eris.  Iii  summum  tracta  singula  indlto,  posl- 
ea  soliiiii  coiitraliito  oinatoque  fociiiu.  *  De  ve primo,  tem- 
peiatoqne,  tunc  placentam  imponito  testo  caldo,  operilo 
pruna  insnper,  etcircum  opeiito.  Videto  ut  bene,  et  otiose 
percoquas.  Apeiito  ,  dum  inspicias,  bisaut  ter.  Ubi  cocta 
erit,  eximito,  et  melle  unguito  :  haec  erit  placenta  semo- 
dialis. 

LXXVII.  —  Spiram  sic  facito. 

Spiram  sic  facilo.  Quantum  voles  pro  ratione,  ita  uli 
placeiita  fit,  eadem  omnia  facito ,  nisi  alio  modo  fmgito 
in  solo  tracta.  Ciim  melle  oblinito  bene.  Inde  taraqiiani 
restiin  tiactes  facito ,  ita  imponilo  in  solo ,  dein  plitis 
completo  beneaicte.Caetera  omniaquasiplacentamfacias, 
facito ,  coquitoque. 

LXXVIII.—  Scriblilam  sic  facilo. 

Sciilililam  sic  facito.  In  balteo  tracla  ex  caseo,  ad  eun- 
ilcm  niuduni  r.acilo,uli  placentam  sine  melle. 


ECONOMIE  RURALE. 


Melangez  parcillemiMit  du  fromage  avcc  du 
gruau  ;  faites-cn  autant  de  beisnctsque  vous  juf;e- 
rez  a  propos.  Versez  de  rhuile  dans  une  chau- 
diere  bien  chaude;  ne  cuiscz  a  la  fois  qu'un  ou 
deux  beignets  :  retournez-ies  frequemraeut  avec 
deux  baguettes;  lorsqu'ils  sont  cuits,  retirez-les 
et  enduisez-les  de  niiel ,  saupoudrezlcs  de  pavots 
et  servez  ainsi. 

LXXX.—  De  rencjlus. 

Faites  Tencytus  de  la  nifime  maniere  que  les 
beignets ,  si  ce  n'est  que  vous  \  ous  servez  d'un 
vase  creux  et  perce  ;  vous  raettez  cgalement  dans 
de  rhuile  chaude,  et  vous  donnez  une  forme 
elegante.  Retournez-le  a  diftcrentes  reprises  avec 
deux  baguettes,  frottez-le  d"huile,  dorezle;  et 
quand  il  ue  sera  plustrop  chaud,  servcz-le  avec 
du  miel  ou  du  vin  raielle. 

LXXXl.  —  IX'  reiiuHuii. 

L'erneum  se  fait  comme  la  placenta ,  et  avec 
les  memes  ingredients.  Apres  les  avoir  bien  m6- 
les  dans  une  auge  ,  ou  les  introduit  dans  le  moule 
de  terre  appele  hirnea,  qu'on  plonge  dans  une 
marmite  en  cuivre  remplie  d'eau  cliaude.  Ou  fait 
cuire  a  la  (lamme.  Apres  la  cuisson  on  brise 
rhirnea,  et  ou  sert. 

LXXXIt.  —  De  la  poiile. 

Faites  la  spcerifa  comme  la  spira,  si  ce  D'est 
que  vous  n'empIoycz  ni  fromageni  miel ,  ct  que 
les  bouiettes  sout  grosses  comme  Ic  poing.  Place;;- 
les  sur  Tassise,  aussi  epaisse  que  pour  la  spire, 
et  faites  cuire  de  mfirae. 


LXXXIII.  —  Vnhx-  pour  les  lifeufs. 

Maniere  de  faire  des  voeux  pour  la  sante  des 
boeufs.  Au  milieu  du  jour  trans|)ortcz-vousdans 
une  foret,  offrez  a  Mars  Silvanus  pour  cliacun 
de  vos  hcBufs  trois  livres  de  farine  de  froraent, 
quatrelivresetdemidelard,quatrelivrcsetdemi 
de  viandes  succulentes,  et  trois  setiers  de  vin. 
Vous  ferez  deposcr  le  viu  daiis  un  vase,  et  les 
autres  offrandes  dans  un  autre.  Peu  importe  que 
cette  bcsogne  soit  faite  par  uu  csclnve  ou  par  un 
homrae  libre.  La  cereraonie  tcrminee,  vous 
consommerez  Toffrande  sur  le  lieu  menie.  Ecar- 
tez  du  lieu  du  sacrifice  la  presence  ct  lcs  rcgards 
des  femmcs.  Vous  pourrez  faire  cette  offrande 
uue  fois  tous  les  ans,  si  vous  le  jugez  a  propos. 
LXXXIV.  —  I)u  saviUuin. 

Maniere  de  le  faire.  Melangcz  cxactcment  unc 
demi-livre  de  farine ,  deux  livres  et  demi  de  fro- 
raages,  trois  onces  de  miel,  comme  pour  le  li- 
bum,  ct  ajoutez  un  ceuf  Frottez  d'huile  un  plat 
de  tcrre,  daos  lequcl  vous  diposerez  tous  vos 
ingrcdieiits  prcalablement  melanges.  Fermcz  le 
vase  avec  son  couvercle,  et  tachez  que  la  cuisson 
penetrejusquau  centre  du  gtlteau;  c'estla  qu'il 
a  le  plus  d'cpaisscur.  Aussilot  qu'il  est  cuit  reti- 
rez-le  du  plat,  enduisez-le  d'huile,  saupoudrez- 
le  de  pavots ,  remettcz-lc  quelque  temps  sous  le 
couvercle,  retirez-le  sur  le  plat  avec  des  cuil- 
lers. 

LXXXV.  —  Pofage  i  la  crtrlhaginoUe. 
Sa  cuissou.  Faitcs  bien  digerer  daiis  Teau  une 
livre  de  gruau,  placez-lc  ensuito  dans  une  auge 


LXXIX.  —  Globos  sic  facllo. 

Globossic  facilo.  Caseunicuiu  alica  ad  eundem  modum 
niisceto.  Iiule  quantos  voles  facere  facito.  In  alieuuin  cal- 
duin  uusueniiidiln.  Singulo.saul  binos  coquito,  versatoiiiio 
ciebro  duabns  nidibus  ;  coctos  exiinito.  Kos  melle  ungui- 
to,  papavcr  inlViato,  ita  ponito. 

LXXX.  —  Encytum  uli  facias. 

Encytum  ad  eundeni  niodum  fasilo,  iili  slobos.nisi 
calirj-in  peitusum  caviim  liabeas.  Ita  in  ungiieu  caldum 
fnndilo.  Hoc  in  reslim  quasi  spiram  facilo.  Idque  diiabos 
rudibusvorsato,  procstatoque.  Itein  unsiiitn,coloraloque, 
caldiini  ne  niniium.  Id  cuin  nielle,  aut  cum  muLsoappo- 
nilo. 

LXXXI.  —  Erneum  sic  facilo. 

Erneum  tanquam  placcntam  facilo,  eadem  omnia  indito 
quii'  iii  placciilain.  Id  peimisceto  in  alvco.  Iiidito  iii  liir- 
ueain  lictilem ,  eam  demillilo  in  aulam  aheneam  aipia! 
calidcTe  plenam.  Ila  coquito  ad  ignem.  Lbi  coctuin  ciit, 
liirneain  confiingito,  ita  ponito. 

LXXXII.  —  Spaeritam  qiiomodo  facies. 

Spaeritam  sic  facilo,  ita  uli  spiiani ,  nisi  sic  fingito.  De 
Iractis,  caseo,  nielli',  spbier.as  pugmiiii  altas  facito.  Kas 
in  solo  componito ,  densas  codeni  inodo  cflmponilo  alque 
spiram,  itemqiie  coqiiilo. 


LXXXIII.—  Votum  pro  bidjus. 

Volum  pro  bubus,  nt  valcant,  sic  facilo.  Marti  Silvano 
in  silva  inlerdius,  in  capila  siiigula  bouni  votum  facito 
fanisadonii  libias  iii.  etlardi  i'.  iv.  s.  et  pulpa;  p.  iv.  s. 
vini  sextaiios  ties.  Id  in  unuui  vas  liceto  conjir*re,  et  vi- 
num  item  iu  uniim  vas  liceto  conjicere.  Eam  reni  divinam 
vel  serviis ,  vel  liber  licebit  faciat.  Ubi  res  divina  facta  erit, 
statiin  ibidein  consumilo.  Mulier  ad  eam  rem  divinam  ne 
adsit,  neve  videat  qiioinodo  fiat.  Hoc  voluin  in  annos  sin- 
ynlos,  si  voles ,  licebit  vovere. 

LXXXIV.  —  Savillum  sic  facilo. 

Savillnm  liocmodo  facito.  Faiinic  selibram,  ca'.sei  p.  ii. 
s  iinacomniiscetoquasi  libum,niellis.p~—  elovum  iinum 
Catinnin  liclile  oleo  uiiguito.  Ubi  omnia  hene  commiscue- 
ris  in  catinum ,  indilo  catinum  testo ,  operito.  Videto  ut 
bene  peicoqnas  mediuni ,  iibi  altissiinum  est.  Uhi  coclum 
eiit,  catinuni  eximito,  inelle  unguito,  papaver  infriafo , 
sub  festuin  subde  paulisper,  poslea  eximito.  Ita  pone  cuin 
catillo,  ct  liiigiilis. 

LXXXV.  —  Pultcm  Punicam  sic  facito. 

Pultein  Puiiicam  sic  coquilo.  Libram  alica'  in  aquam 
iiidito,  facito  iiti  beiie  madeat.  Id  infundito  in  alveuin  pii- 
runi,  eo  casei  recenlis  p.  iii.  niellis.  p.  s.  ovuin  unuui. 


28 


M.  P.  CATON. 


propre,  incorporez-ytroislivresdefromage  nou- 
veau  ,  une  dcmi-livre  de  miel ,  et  faites  euire  dans 
iine  marmiteneuve. 

LXXXVI.  —  Bouillie  de  froment. 
Maniere  de  la  preparer.  On  met  une  demi-li- 
vre  de  pur  froment  dans  un  mortier  propre,  on 
le  lave  bien ,  on  eu  detaclie  1'ecorce ,  et  on  le  ta- 
niise;  apres  Tavoir  mis  dans  uue  marmite,  on 
le  fait  cuire  dans  dc  Teau  pure.  Apres  la  cuisson 
ou  y  ajoute  du  lait  peu,  a  peu  jusqu'a  ce  qu'il  s'y 
forrae  une  creme  epaisse. 

LXXXVII.  —  Amyllum. 

Maniere  de  le  preparer.  Nettoyez  votre  sei;j;le, 
mettez-le  dans  un  cuvier,  et  ajoutez-y  de  Peau 
deux  fois  par  jour.  Decantez  dix  jours  apres;  et 
quand  le  grain  sera  gonfle  ,  broyez-le  dans  un  cu- 
vier  propre ,  et  laissez-le  deposcr  comme  des  lics. 
Placcz  le  depotdansun  linge,exprimez-cn  la  fe- 
culedans  unecasseroleneuve,  ou  dans  un  petrin. 
Operez  de  meme  sur  la  totalite,  et  faites  mace- 
rer  dans  reau  ce  nouveau  produit.  Exposez  la 
casserole  au  soleil,  afm  de  faire  secher  la  feeulc. 
Apres  la  dessiccation  on  la  serredans  un  second 
cuvier,  et  on  la  fait  cuire  avec  du  lait. 
LXXXVIII.  —  Blancliiment  dii  sel. 

Reniplissez  d'eau  pure  une  amphore  dont  le 
goulot  soitcassc ,  et  exposez-!e  au  soleil ;  suspen- 
dez-y  un  sachet  de  sel  comiriun,  que  vous  aurez 
soin  d'agiter  et  de  remplacer  a  mesure  qu'il  se 
fondra.  Repetez  cette  operation  jikisieursfois  par 
jour,  jusqu'a  ce  que  pendant  deux  jours  le  sel 
refuse  de  se  foudre.  Vous  reconnaltrez  le  point 
dc  saturation  a  ce  signe.  Si  vous  projctez  dans 
Peau  un  mann  sec  ou  un  oeuf ,  et  qu'il  surnage , 
vous  obtiendrez  une  saumure  convenable  pour  i 

omnia  una  permisceto  liene.  Itainsipilo  in  anlam  novam. 
LXXXVI.  —  Grancam  triliccani  sic  facilo. 

Graneam  triticeam  sic  facito.  Selibram  tritici  puri  in 
mortarium  purum  indat,  lavet  bene,  corlicemque  deterat 
bene,  elnatqne  bene.  Postea  in  aulam  indal,  et  aquam 
puram,  coquatqne.  Obi  coctum  erit,  lacte  addat  paulatim 
usque  udeo,  donec  cremor  crassus  erit  factus. 
LXXXVII.  —  .4myllum  slc  facito. 

Amyllum  sic  faciio.  Siliginem  purgafo  bene,  postea  in 
alveum  iinlal ,  co  .'Hldal  aquam  bis  in  die.  Die  decimo 
aquam  oNsirciiln,  cMHgcto  bene,  in  alveo  puro  miscelo 
liene,  facilo  laiiquam  iiv\  fiat.  Id  inlinteum  novum  indilo, 
cxprimito cremoiem  in  |iatiiiam  novam,  aiit  in  mortariiim. 
Id  omne  ita  facito,  et  refricato  denuo.  Eam  paliiiam  in 
sole  ponito,  arescat.  Ubi  arcbit,  in  aulam  novam  indito, 
inde  facilo  cum  lacte  coquat. 

LXXXVIII.—  Salem  candidum  sic  facito. 

Salem  candidum  sic  facito.  Amphoram  defiaclo  collo 
puiam  impleto  aqiiae  pura^,  in  sole  ponito  :  ibi  liscellam 
cum  sale  popiilari  suspendito,  et  qnassato,  suppleloqne 
identidcm.  Icl  aliipiolies  in  die  [qnolidie]  facilo,  nsqiie 
adeo  doiiec  sal  desiverit  labescere  biduiim.  Id  signi  eiit, 
ifiscnam  aridam ,  vel  ovum  demillito  :  si  natabit,  ea  mii- 


assaisonncr  la  viande,  le  fromage  ct  la  mar^e. 
Cette  saumure  placee  dans  des  plats  demeurera 
exposee  au  soleil,  jusqu'a  ce  qu'elle  se  solidifie 
et  donne  la  fleur  de  sel.  Quand  le  ciel  se  cou- 
vrira  de  nuages  et  pendant  la  nuit  vous  mettrez 
les  vases  a  couvert ;  vous  ne  les  abandonnerez 
a  Tair  que  lorsque  le  soleil  luira. 

LXX.XIX.  —  Engraissement  des  poules  et  des  oies. 

Ou  enferme  les  jeunes  poulesqui  commencent 
a  pondre,  et  on  leur  prepare  uue  patee  de  folle 
farine  ou  de  farined'oige.  On en  fera  des  boulet- 
tes,  qu'on  trempera  dans  Teau  avant  de  les  leur 
glisser  dans  !e  gosier.  Tous  les  jours  on  augmen- 
tera  la  dose,  et  leur  ration  n'aura  d'autre  limite 
que  leur  appetit.  On  les  servira  deux  fois  par 
jour,  et  a  midi  on  leur  donnera  a  boire  en  nc  lais- 
sant  Teau  a  leur  disposition  que  pendant  une  heure. 
On  engraissera  les  oics  de  la  rneme  manii're,  si 
ce  n'est  qu'avant  tout  on  les  fera  boire,  et  que 
tous  les  jours  on  leur  servira  deux  fois  de  la  bois- 
son  et  de  la  nourriture. 

XC.  —  Engraissement  des  pigeonneaux. 

Aussitot  que  vousaurez  pris  un  jeune  rami  er, 
donnez-lui  des  feves  torriiiees  par  la  cuisson ;  in- 
sufflez-lui  de  Tcau  dans  le  bec ,  et  cela  pendant 
sept  jours.  Triturez  cnsuite  des  feves  et  du  fro- 
ment  ,et  faites  bouillir  cn  mettant  les  fe.ves  dans 
la  proportion  d'un  tiers.  Lorsque  la  farine  cst 
dans  le  vase,  manipulez-la  et  faites-la  cuire  pro- 
prement.  La  cuisson  achevee,  travaillez  la  ptite 
apres  avoir  trempe  vos  mains  dans  fhuile.  Au 
commcncement  vous  petrirez  grossierement ,  et 
vous  ferez  ensuite  une  pate  plus  homogene  en 
trempant  toujours  vos  mains  dans  rhuile,  jus- 
qu'aceque  vouspuissiezfaire  des  boulettes.  Vous 

ries  erit ,  qua  vel  carnem ,  vel  caseos ,  vel  salsamenta  con- 
dias.  Eam  muriam  in  labclla ,  vel  in  patinas  in  sole  ponilo. 
Usque  adeo  in  sole  liabeto,  donec  concreveiit.  Inde  llos 
salis  fiet.  Ubi  nnbilabitur,  et  noctu  sub  tccto  ponito.  Quo- 
tidie ,  cum  sol  erit ,  in  sole  ponito. 

LXXXIX.  —  Gallinas  et  anseres  sic  farcito. 

Gallinas  et  anseres  sic  farcito.  Gallinas  teneras,  quiB 
primnm  parient,  concludat,  polline,  vel  farina  ordeacea 
conspersa  tnrimdas  faciat.  Eas  in  aquain  intinguat,  in  os 
iiidat.  Panlatim  quotidie  addat.  Ex  giila  consideret,  quod 
salis  siet.  IJis  in  die  farciat,  et  meridie  bibere  dalo,  nec 
liliis  aqiia  sita  siet  borain  unam.  Eodem  modo  ansereni 
alito,  iiisi  prius  dalo  bibere,  et  bis  in  die,  bis  escam. 
XC.  —  Palumbum  recentemsic  fareilo. 

Palumbum  recentem  sic  farcito.  Uti  prensus  erit,  ei  fa- 
Dam  coctam  tcistam  piimum  dalo.  E\  ore  iu  ejus  os  inllato 
item  acpiain.  Hoc  dies  vn.  facilo.  Postea  fabam  fiesain  pii- 
ram,et  far  purum  facito,  et  tabae  tertia  pars  nt  inler. 
\csc,al.  Cum  farinsipiat,  puriter  facito,  et  coquilo  bene. 
Icl  ubi  excoxeiis  depsilo  bene ,  oleo  manum  ungiiito.  Pii- 
miim  pusillum,  postea  magis  depses,  oleo  tangito  de- 
psiloque,dum  poteris  facere  turundas,  ex  aqua  dato, 
cscam  tempcrato. 


tiCONOMlE  RURALE. 


donne^  de  1'eau  et  de  la  uouiriUire  sans  la  pro- 
diguer. 

XCI.  —  Coiistiiiclion  ile  Taiie. 

Bechez  la  place  destinee  a  Tairc,  arrosez-la 
d^amurque  jusqua  saturation.  Ensuite  pulveriscz 
les  niottes;  nivelez  et  frappez  avec  ia  batte.  Ar- 
rosez  encored'ainurque,  et  laissez  secher.  Avec 
ces  precautionsYOUsn'avcza  redouterni  lesrava- 
gesdes  fourmis  ni  reiivahissemeut  des  herbes. 
XOf.  —  PnSseivatif  conlre  le  cliaran(;,on. 

Pour  prevcnirles  attaques  du  charaucon  et  les 
degats  des  eampagnols,  faites  uu  lut  avec  de  Ta- 
murque  et  de  la  paille  haehee,  que  vous  laissez 
detremper  et  que  vous  gdchezconvenablement  : 
vous  en  etendez  une  couche  epaisse  sur  tout  le 
grenier,  vous  ajoutez  par-dessus  une  couche  d"a- 
murque.  Lorsque  le  lutserascc,  vous  pourrez 
deposer  dans  votrc  grenier  du  froment  non  echauf- 
fe  sans  avoir  a  redouter  le  charancon. 

XCIII.  —  Tiaitemenl  des  oliviers  steiiles. 

Deehaussez  les  oliviers  steriles  et  entourez-les 
depaille.  Arrosez  ensuitele  pied  de  rarbre  avee 
un  melange  composedepartiesegalesd'eauetd'a- 
murque.  Une  urne  suffit  aux  plus  grands  arbres ; 
on  proportionneladoseaux  pluspetits.  Cetteope 
ration  augmente  encore  le  produit  des  arbres  qui 
ne  sont  pas  steriies ,  mais  il  ue  faut  pas  les  en- 
velopper  de  paille. 
XCIV.  —  Traitemeut  ilu  figuier  qiii  ne  tient  pas  ses  fruits. 

Operez  de  meme  sur  les  figuiers  afin  que  leur 
fruits  ne  tombent  pas  prcmatureraent;  de  plus  a 
l'approche  du  priutemps  battez  leurs  pieds.  Avec 


2:> 

cette  preeaution  les  figues  tiendront,  les  arbres 
nese  couvrirontpoiatdechaucres  et  seront  beau- 
coup  plus  productifs. 

XCV.  —  Moyen  d'cloigiier  je  ver  coquin  de  la  vigne. 

Pour  soustraire  la  vigne  aux  ravages  du  ver 
coquin,  laissez  deposer  les  feces  de  ramurquc, 
mettez-en  deux  conges  dans  un  vase  d'airaiii ,  et 
faites  cuire  a  une  douce  chaleur,  en  remuant  avec 
une  spatuie  jusqu'a  la  consistanee  du  miel.  Pul- 
verisez  ensuite  separement  dans  un  mortier  uii 
tiers  de  bitume  et  un  quart  de  soufre ,  et  pendant 
que  ramurque  est  chaudeencore,  versez-y  cette 
poudre  par  petites  portions;  remuez  avec  la  spa- 
tule ,  et  faites  cuire  derechef  en  plein  air ;  car  dans 
un  appartement  le  melange  s'enflammerait  au 
moment  ou  ron  ajouterait  le  soufre  et  le  bitume. 
Laissez  refroidir  des  que  la  preparation  a  acquis 
la  consistance  de  laglu.  Etendez  une  couclie  du 
melange  sur  le  cep  et  sous  les  branches,  et  le  ver- 
coquin  ne  paraitra  pas. 

XCVI.  —  Pj<5servatif  contre  la  gale  des  moutons. 

Le  meilleurpreservatif  coutrelagale  desmou- 
tons  consiste  a  prendre  et  epurer  de  ramur- 
que,  qu'on  melange  avec  dcs  lies  de  bon  vin  e t  du 
Teau  dans  laquelle  on  a  fait  macerer  des  graines 
de  lupin.  Apres  la  tonte  on  enduit  de  cette  com- 
position  tout  le  corps  des  moutons,  qu'on  tieiit 
cnsuite  en  moiteur  pendant  deux  ou  trois  jours. 
Lavez-les  ensuite  dans  de  Tcau  de  mer,  ou  si  vous 
n'en  avez  pas  a  proximite,  employez  de  Teau  te- 
nant  du  sel  en  dissolution.  Ce  traitement  pre- 
vieut  nQn-seulement  la  gale,  mais  il  favorise  en- 


XCI.  —  Aream  sic  facito. 

.iVieani  sic  (;icito.  Locum  ubi  facies  confodilo,  posfea 
aiiiurca  conspeigilo  beiie,  sinitoque  combibat.  Poslea  com- 
niiniiito  gleljas  bene.  Deinde  coa^qiiato,  et  paviculis  ver- 
berato.  Postca  denuo  amiirca  conspergito,  sinitoque  are- 
scat.  Si  ita  feceris ,  neque  formica;  nocebunt,  neque  heibas 
nascentur. 

XCII. — Frumento  ne  noceat  curculio. 

Frumentone  noceat  curculio,  neu  muieslanganl,  lutum 
de  amnrca  facilo,  palearum  paulum  addilo,  sinito  niac«- 
rescant  bene ,  et  subigito  bene ,  eo  granariiim  totuni  obli- 
nilo  crasso  luto,  postea  conspeigilo  amuica  onine  quod 
lutaveris.  Ubi  aruerit,  eo  frumeutum  lefrigeratum  coudito, 
ciirculio  non  nocebit. 

XCIII.  — Oleasi  fruclum  non  feral. 

Olea  si  fructum  non  feret ,  ablaqueato.  Poslea  slianienla 
ciicumponito.  Postea  anuiicaiii  cum  aqua  coniniiscelo 
fPquas  pailes.  Ueinde  ad  oleam  circumfundito,  ad  arlio- 
rein  maxiinam  amplioram  unani  commixli  sat  est.  Ad  mi- 
uoies  aibores  pro  ralione  indilo.  Et  ideni  lioc  si  facies  ad 
ai  bores  feraces,  e*  quo(|uemcliores  lient.  Ad  eas  slramcnla 
ne  addideris. 

XCIV.  —  Fici  uli  grossos  leneant. 

1'ici  uli  grossos  leneant ,  facito  oninia ,  quo  modo  ole?e , 
el  lioc  amplius.  Cuni  ver  adpctet,  terram  adaggerato  bene. 


Si  ila  feceris ,  et  grossi  non  cadent ,  el  (ici  scabr.f  non  ficnl, 
et  multo  leraciores  erunt. 

XCV.—  Convolvulus  in  vinea  ne  liat. 

Convolvulusin  vinea  ne  siet,  amnrcam  condilo,  puram 
benc  facilo,  in  vas  alienmn  indilo  congios  ii.  Postea  igni 
lcni  coquilo ,  rudicula  agitalo  ci  ebro  usque  adeo ,  duin  fiat 
tamcrassum,  quain  mel.  Poslea  sumito  biUiminis  terfia- 
liuni ,  ct  suKiiris  quarlariiim.  Conterito  in  mortario  seor- 
sum  utrunque.  Postea  infriato  quam  minutissime  in  amiir- 
caiii  caldam ,  et  simul  rudiciila  niiscelo ,  cl  denuo  coquilo 
sub  dio.  Nani  si  in  tecto  coquas,  cum  bitumen  et  sullur 
additum  est,  excandescet.  Ubi  erit  tam  crassum,  quaiii 
viscum,  siiiilo  frigescat.  Hoc  vileni  circum  caput,  et  snb 
biacliia  unguito,  convolvulusnon  nascetur. 

XCVI.  —  Oves  ne  scabrse  liant. 

Oves  ne  scabise  fiant,  arauicam  condilo,  piiiam  benc 
facito,  aqiiam,  ubi  lupinus  deferverit,  et  facem  de  vino 
bono  intcr  se  oninia  comniisceto  paiiter.  Postea  cum  de- 
tondcris ,  unguito  lotas ,  sinilo  biduum  aut  triduuni  con- 
siidcnt.  Ueinde  lavito  in  mari  :  si  aquarn  marinam  non 
babebis ,  facito  aquam  salsain ,  ea  lavito.  Si  liaec  sic  (ece- 
ris,  neque  scabra;  fient,  et  lana;  plus,  el  meliorem  liabe- 
bunt ,  et  ricini  non  eriint  niolesti.  Eodcm  in  omncs  qua- 
drupedes  ulito,  si  scabrx  crunt. 


30 


M.  P.  CATON. 


core  la  production  d'une  laine  pius  abondante  et 
meilleure,  et  empeche  les  piqiires  des  tiques.  Ein- 
ployez  egaleraent  le  remede  contrc  la  gale  de 
tous  les  qnadrupedes. 

XCVII.  —  Application  de  ramurqne. 

Frottez  damurque  bouillie  les-essieux,  le.s 
courroies,  les  souliers  et  les  cuirs,  vous  en  aug- 
menterez  la  duree. 

XCVIII.  —  Recetle  contre  la  teigne  des  liabits. 

Les  artisons  ne  rongeront  point  les  veteraents 
que  vous  serrerez  dans  un  buffet  dont  rinterieur, 
les  pieds ,  le  fond  et  les  coins  auront  ete  frottes 
d'amurque  reduite  a  moitie  de  son  volurae  par 
la  cuisson.  Lorsque  cet  enduit  sera  sec  ,  mettez 
vos  habits  dans  le  buffet :  les  artisons  ne  s'en  ap- 
procheront  point.  Si  vous  enduisez  de  eette  ma- 
riiere  tous  vos  meubles  en  bois,  ils  seront  preser- 
ves  de  la  pourriture ,  et  ils  deviendront  brillants 
quand  vous  les  nettoierez.  Donnez  aussi  une  cou- 
chea  votrevaisselledairainapresravoirnettoyee. 
Une  foisqu'eiie  sera  eiiduite,  frottez-la  de  nou- 
veau  avant  de  vous  en  servir;  elle  deviendra  bril- 
lante,  et  la  rouille  n'en  ternira  point  reclat. 
XCI.\.  —  Conserv.ilion  des  figues  siiclics. 

On  conserve  saines  les  figues  seches  qu'on  met 
dans  un  vase  en  terre  dont  on  a  enduit  les  parois 
interieurs  d'amurque  bouillie. 

C.  —  Precaution  ponr  rempllr  une  jalte  d'liuile. 

Quand  vous  voudrez  emplir  d'huile  une  jatte 
nouvelle,  lavez-la  soigneusement  auparavant 
nvec  de  ramurque  non  epuree  ;  remuez  jusqu'a 
ce  qu'elle  soit  bien  irahibee.  Par  ce  moyen  Thuile 
n'est  pas  absorbee  par  le  vase ,  elle  devient  phis 
delicate,  et  ce  vase  lui-meme  est  moins  fragile. 


CI.  —  Conservation  des  brancliesde  rayrle  et  autres. 
Pour  conserver  des  hranches  de  rayrte  avec 
leurs  baies ,  des  rameaux  de  figuiers  avec  leurs 
fruits,  ou  telle  autre  espece  de  IVuit  qu'il  vous 
plaira,  rassemblezet  liez-Iesen  petitspaquets,  que 
vous  piongerez  dans  raraurque  de  maniere  que 
celle-ci  deborde.  Vous  prendrez  un  peu  sur  le 
vert  les  fruits  que  vous  voudrez  ainsi  conserver. 
Fermez  hermetiquement  le  vase  qui  les  contient. 

Cll.  —  D^lruire  les  eflets  de  la  morsure  des  serpents  sur 
les  bocufs  et  autres  auimaux. 

Quand  un  boeuf  ou  un  autre  quadrupede  a  ete 
mordu  par  un  serpent,  prenez  un  verrede  cette 
semence  de  cumin  que  les  medecins  nomment 
smyrncum,  et  broyez-ladans  une  hemine  debon 
vin.  Injectez-la  par  les  narines,  et  appliquez  sur  la 
morsure  de  la  fiente  de  porc.  Employez  le  meme 
reraede  pour  rhomrae ,  si  le  meme  cas  arrive. 
CIII.  —  HjgicMie  des  boeuls. 

Aspergez  d'amurque  la  nourrilure  des  boeufs 
qtie  vous  desirez  voir  frais  et  vigoureux  ,  et  de 
ceux  qui  refusent  de  manger,  afin  de  reveiller 
leur  appetit.  Pour  qu"ils  s'y  accoulument  vous 
eu  donnerez  peu  d'abord ,  et  vous  augmenterez 
graduellement  la  dose.  Plus  rarement  chaque 
cinquii^me  ou  sixieme  jour  vous  en  mettrez  dans 
leur  boisson,  coraposee  de  parties  egales  d"eau 
et  d"amurque.  Ce  traitement  maintiendra  vos 
boeufs  en  raeillcur  etat,  et  a  1'abri  des  maladies. 
CIV.  —  Vin  des  gens  pour  riiiver. 

Mettez  dansune  fulailledixquadrantalsde  vin 
doux ,  etdeux  quadrantals  de  fort  vinaigre.  Ver- 
sez-y  egaleinent  deux  quadrantals  de  vin  cuit. 


XCVII.  — Amurca^  UDguentum. 

Aniurca  decoctaa\em  unguito,  et  lora,  elcalcianiciila, 
et  coria  :  oninia  meliora  facies. 

XCVIII.  —  Veslimenta  ne  tinefe  tangant. 
Vestinienta  ne  tineae  taugant ,  amurcam  decoquito  ad 
dimidiuni;  ea  unguilo  fMnduin  aicae,  et  extrinsecus,  et 
pedes,  et  angulos.  Ubi  ea  adaiuerit,  vestimenta  condito. 
Si  ita  feceris,  linea;  non  nocebunt.  Et  item  ligneam  sup- 
pellectilem  omnem  si  ungues,  non  pulescet  :  et  cum  ea 
lerseris,  splendidior  fiet.  Item  alienea  omnia  unguito,  .scd 
prius  exteigeto  bene.  Postea  cum  uuxeris,  cuni,  uti  voks, 
extergeto,  spendidior  erit,  et  acrugo  non  erit  molesta. 

XCIX.  — Fici  aridiE  ut  intcgrae  sint. 

Fici  aridae  si  voles  ut  integrae  sint,  in  vas  liclile  condilo. 
Id  aniurca  decocta  unguito. 

C.  —  Oleum  sic  in  metretam  indos. 

Oleiim  sic  in  nietretam  novam  inditurus  eri.s  :  amuica 
ita  uti  est  cruda  prius  colluito ,  oppilato ;  agitatofiue  diu , 
ut  bene  combibat.  Id  si  feceris ,  metreta  oleum  non  bibet, 
et  oleum  melius  faciet,  el  ipsa  metrela  firmior  eril. 
CI.  —  Virgas  myrteas  uli  serves;  ilem  aliud  gcnus. 

Virgas  nmrleas  si  voles  cum  bacis  servare,  (el)  ilem  aliud 


genus  quod  vis,et  si  ramulos  ficulneos  voles  cum  foliis, 
inler  se  alligato,  fiiscicuios  facilo,  eos  in  auiurcam  demil- 
tito,  suprastel  aniurcafacito.  Sed  eaquwdemissuruseris, 
sumilo  paulo  acerbiora.  Vas,  quo  condideris,  oblinilo 
plane. 

CII.  —  Si    bovem  aliamve  quadrupedem  serpens  mcjmor- 
derit. 

Si  boveni ,  aut  aliam  quamvis  quadrupedem  serpens 
momorderit,  Melantliii  acetabuliim,  et,  quod  medici  vo- 
cant  smynieiim ,  conterito  in  vini  veleris  bemina.  Id  per 
nares  indito,  et  ad  ipsum  morsum  stercus  suillum  apponito. 
Et  idem  boc  (si  usus  venerit)  lioniini  facilo. 
CIII.  —  Boves  uti  valeant. 

Boves  uti  valeanl ,  et  curati  bene  sient,  et  qni  fastidient 
cibum,  uti  magis  cupide  appetant,  pahulum,  quod  dabis, 
amuica  spargito ;  primo  paululum ,  dum  consucscant , 
postea  magis ;  et  dato  rarenler  bihere  commixtam  cum 
aqua,  aequahiliter  quarto  quintoque  die.  Hoc  si  feceris  ila , 
boves  et  coipore  curatiores  erunt,  et  morhus  aberit. 

CIV.  —  Vinum  familiae  per  hiemem. 

Vinum  familia;  per  hiemem  qui  iitatur.  Musti  quadran- 
laliax.  in  dolium  indito,  aceti  acrisquadrantaliaii.  Eodem 
infundilo  sapa-  quadrantalia  duo,  aqua;  dulcis  quadranla- 


ECONOMIE  RURALE. 


et  cinquante  d'eau  douee.  Avec  un  baton  brassez 
lenielange  trois  fois  parjour  etpendant  einqjours 
consecutifs.  Ajoutcz-y  soixante-quatre  setiers 
deau  de  mer  puisee  depuis  quelque  temps.  Pla- 
ccz  le  couvercle  sur  le  tonneau,  et  tenez-le  fer- 
rae  pendant  dix  jours.  Ce  vin  se  consommera  jus- 
qu'au  solstice;  s'il  en  reste  apres  cette  cpoque, 
ce  sera  un  vinaigre  tres-fort  et  tres-limpide. 

CV.  —  Proc^de  pour  faire  du  vin  grec  sur  un  terroir  ^loi- 
gne  de  la  nier. 

Sivotredomaineesteloignedelamer,preparez 
du  vin  grec  de  la  maniere  suivante  :  versez  vingt 
quadrantals  de  moiit  dansunechaudiere  d'airain 
ou  de  plomb ,  et  mettezsur  le  feu ,  que  vous  etein- 
drez  aussitot  que  le  vin  bouillonnera.  Apres  le  re- 
froidissement  vous  le  transvaserez  dans  un  fut 
de  la  contenance  de  quarantc  setiers.  Vousfercz 
dissoudre  dans  un  vasc  a  part  un  boisseau  de 
sel  dans  un  quadrantal  d"eau  douce ;  cette  sau- 
raure  faite ,  vous  lintroduircz  dans  le  tonneau. 
Droyez  dans  un  mortier  du  souchetodorant  et  du 
calamus,  et  vous  cn  i-ntroduirez  un  selier  dans 
le  liquide  pour  raromatiser.  Trente  jours  apres 
vous  placerez  la  bonde ,  et  au  priutemps  vous  le 
mettrez  dans  des  araphores.  Apres  Tavoir  laissc 
pendant  deux  ans  expose  au  soleil  vous  le  met- 
trez  a  couvert.  Ce  viu  rivalisera  avec  celui  de 
Tilede  Cos. 

CVI.  —  Confection  de  Tenu  de  mer. 

Prenez  un  quadrantal  d'eau  eu  pleine  mer  dans 
un  endroit  ou  Teau  douce  n"a  pas  d'acces,  ajou- 
tez-y  une  demi  livre  de  sel  egruge,  agitez  ie  mc- 


lange  avec  un  bSton  ,  et  ne  ccssez  que  lorsqu'un 
ocuf  de  poule  cuit  surnage.  Versez  dans  le  liquidc 
deux  couges  de  vinvieux,  soit  d'Aminee,  soitde 
vin  blanc  mele,  et  brassez  soigneuseraent  le  me- 
lange.  Mettez  ie  tout  dans  un  vase  enduitdepoix 
que  vous  boucherez.  Quand  on  veut  preparer 
une  plus  grande  quantite  d'eau  de  mer,  on  aug- 
mente  les  doses  a  proportion. 
CVII.  —  Composition  pour  enduire  les  futailles  aDn  qu^el- 
les  parfument  et  ronservent  le  vin. 

Mettez  six  conges  de  vin  cuit  dans  une  chau- 
diere  de  cuivre  ou  de  piomb.  Prenez  une  hemine 
de  racines  d'iris  en  poudre  et  cinq  livres  de  me- 
lilot  odorant,  que  vous  broierez  le  plus  exacte- 
raent  possible'  avec  Tiris;  tamisez  et  faites  cuire 
avec  le  vin  deja  rapproche  a  un  feu  clair  de  sar- 
raent.  Rerauez  afin  qu'il  ne  se  forme  pas  d'em- 
patement.  Lorsque  le  liquide  est  reduit  a  moitie, 
laissez-le  refroidir,  versez-le  dansun  vase  enduit 
dc  poix  et  parfume,  que  vous  boucherez.  Frottez 
dc  cette  composition  les  bords  de  vos  futailles. 
CVlll.  —  Manii^re  de  determiner  si  uu  vin  sera  de  gardo 
ou  non. 

Pour  essayer  si  votre  vin  est  de  garde  ou  non , 
raettezdans  une  coupeneuve  la  moitie  d'un  acc- 
tabulurade  fin  gruau  etun  setierdevin  nouveau 
sourais  a  Tessai ;  mettez  le  tout  sur  des  charbons 
ardentsjusqu'a  ce  qu'il  donne  deux  ou  trois  bouil- 
lons;  filtrez,  etenlevez  le  gruau.  Apres  avoirex- 
pose  le  liquide  a  Tair ,  goutez-le  le  lendemain  ma- 
tin.  S'il  parait  bon,  le  \in  renferrae  dans  la 
futaille  sera  de  duree;  s'il  est  aigretet,  ilnesera 
I  pas  de  garde. 


lia  i.  H«c  rude  misceto  ter  in  die  dies  v.  continuos.  Eo 
addito  aqua^marina!  veteris  sextarios  lxiv.  et  operculum 
in  doliuni  iniponito,  et  oljlinilo  dies  x.  Hoc  sinum  dura- 
bit  tibi  usque  ad  solslilium.  Si  quid  superfuei  it  post  solsti- 
tiuni ,  acetuni  acerrimum  et  pulcliei  rimnm  eril. 

CV.  —  Si  ager  a  mari  longe  aberlt,  vinum  gracum  sic  facito. 

Qui  ager  longe  a  mari  aberit,  ibi  vinnm  Gioecum  sic  fa- 
cito.  Mnsti  qnadrantalia  xx.  in  aheneum,  aut  plumbeum 
infundito ,  i?nem  subdito.  Ubi  bullabit  vinum ,  ignem  bub- 
ducito.  Ubiid  vinuni  refiixeril,  in  dolium  quadiagenarium 
infundito;  seorsum  in  vas  aqu;e  liulcisqiiadrantal  i.  infun- 
dilo.  Salis  mod.  i.  sinito  muriam  fieri.  IJbi  iiiuria  facta  eiit, 
eodem  in  doliuminfiindilo.  Scboenum,  et  calamum  in  pila 
contundito ,  qnod  siet  sextarium  unura  eodem  in  dolium 
iufundito,  ut  odoraluin  siet.  Post  dies  xxx.  dolium  obli- 
nito.  Ai  ver  diffuudito  in  ampboras.  Bienniuni  in  sole  si- 
nito  posiluni  esse.  Deinde  in  tectum  conferlo.  Hoc  vinum 
d  eteiius  non  eril  quam  Coum. 

CVI.  —  .\quaE  marina!  concinnatio. 

AquBC  marina' quadrantal  I.  e\  alto  sumito,  qiio  aqua 
dulcis  non  accedit,  sesquilibiani  salis  frigito,  eodem  in- 
dito,  et  rude  misceto  usque  adeo ,  donec  ovum  gallinaceum 
coctuni  natabit ,  desinito  miscere.  Eodem  vini  vcteris,  vel 


aminei,  vel  miscelli  albi  congios  ii.  infiindilo,  misceto 
probe.  Poslea  in  vas  picalum  confundito ,  et  oblinito.  Si- 
quis  plus  voles  aqua;  marina!  concinnare,  pio  portione  ea 
oninia  facilo. 

CVII.  —  Quomodo  labra  doliorom  circumlinias,   odorata 

ut  sint,  el  ne  quid  vilii  in  vinum  aecedat. 

Quo  labia  doliorum  circunlinas,  ut  bene  odorata  sient, 

et  nequid  vitii  in  vinura  accedal.  Sapse  congios  vi.  quani 

optimae  infundito  in  alieneum,  aut  in  plumbeum  et  iris 

aridae  conlusa;  lieminam,  et  serlam  Canipanicam  p.  v. 

bene  odoi  atani ,  una  cum  iri  contiindas  qiiam  minutissime, 

per  cribrum  cernas ,  et  una  cum  sapa  coquas  sarmentis,  et 

levi   flamma.  Conimoveto,  videto,  ne  aduras.  Usque  co- 

quito ,  dHin  dimidiiim  excoquas.  Ubi  refiixerit,  confundito 

iii  vas  picatuui  bene  odoratum ,  et  oblinito,  et  utito  in  ia- 

bia  dolioruni. 

CVIII.  —  Vinum  si  voles  experiri  duraturam  sil,  ncc  ne 

Vinum  si  voles  experiri  diiraliirnm  .sit,  nec  ne,  polen- 
tam  grandeni  dimidium  acelabuli  in  caliciiliini  novum  in- 
dito ,  cl  viiii  sextarium  de  eo  vino  quod  voles  experiri , 
eodem  infundilo,  ct  imponilo  in  carbones,  facito  his,  aut 
ter  inferveat.  Tum  id  peicolato ,  polenlam  abjicilo.  Yinum 
ponito  sub  dio.  Postridie  mane  giistato.  Si  id  sapict ,  quod 
in  dolio  est,  scito  duratiirnm.  Si  subacidum  erit,  non  do- 
raliit. 


M.  P.  CATON. 


CIX.  — Maniere  de  rcndie  doux  nn  vin  dnr. 

Preparez  quatre  livres  de  farinede  lentille,  et 
faites-les  digerer  dans  quatre  eyathus  de  vin 
cuit  :  faites  eusuite  des  massepaius,  et  laissez-les 
macerer  un  jour  et  une  nuit.  Jetez  le  tout  daus 
votre  vio  en  futaille ,  et  tenez  ferm^pendant  deux 
mois.  Ce  vin  sera  distingue  par  sa  douceur  et 
par  son  bouquet,  autaut  que  par  sa  belle  colora- 
tion  et  son  aroma 
CX.  —  Proc^dii  pour  enlever  au  vin  sa  mauvaise  odeur. 

Si  vous  voulez  eniever  au  vin  une  odeur  de- 
sagruable ,  faites  rougir  au  feu  un  fragment  de 
tuile  neuve,  euduisez-leensuite  de  poix,  suspen- 
dez-le  a  une  petite  corde,  et  laissez-le  seulemeut 
plongerjusqu'au  fond  du  tonneau,  que  vous  tien- 
drez  bouche  pendnnt  deux  jours.  L'operation  a 
tres-bien  reussi  lorsqu"une  seule  fois  la  niauvaise 
odeur  a  disparu  :  si  ellepersiste,  repetez  Topera- 
tion  jusqu'a  ce  qu'elle  disparaisse  totalement. 

CXI.  — Maniere  de  decouvrir  si  on  a  mi\i  ou  non  de  Teau 
au  vin. 

Voulez-vous  savoir  si  on  a  mele  ou  non  de 
l'eau  a  votre  vin?  preparez  un  vase  en  bois  de 
lierre,  et  emplissez-leavec  le  vin  que  vous  soup- 
connez  avoir  ete  sophistique.  Quand  il  contient 
de  Teau ,  le  vin  filtre  au  travers  des  parois  du 
vase  et  Teau  reste ,  car  le  bois  de  lierre  laisse 
passer  le  vin. 

CXII.  — Fabricalion  du  vin  de  Cos. 

Si  vous  voulez  faire  du  vin  de  Cos ,  prenez  de 
Teau  de  mer  loiu  des  rivages,  lorsque  les  flots 
ne  sont  point  agites,  lorsqu'aucun  vent  ne  les  sou- 
leve,  et  dans  uu  endroit  ou  elle  ne  soit  point  al- 


teree  par  une  eau  douce.  Aprfes  Tavoir  puisee 
trente  jours  avantla  vendange,  on  la  verse  dans 
un  tonneau  sans  leremplir,  en  laissant  sur  sa 
contenance  un  espaee  vide  de  einq  quadrantals. 
Placez  la  bonde,  en  raenageaut  toutefois  un  ac- 
ces  a  Tair.  Apres  un  espace  de  trente  jours,  tirez 
au  clair  et  transvasez  doucement  dans  une  autre 
futaille  ,  en  laissant  au  fond  les  matieres  depo- 
sees.  Vingt  jours  apres,  transvasez  encore  Teau 
de  mer  dans  un  autre  tonneau  oii  elle  sejournera 
jusqu'a  la  vendange.  Laissez  bien  murir  sur  ti- 
ges  le  raisin  que  vous  destinez  a  la  fabrication 
du  vin  de  Cos.  Lorsqu'une  fois  il  aura  ete  alter- 
nativementexpose  a  la  pluie  et  a  la  secheresse,  rc- 
coltez-ie,  et  exposez-le  au  soleil  pendant  deux 
jours,  ou  a  Tair  pendant  trois  jours,  si  le  tcmps 
n'est  pas  pluvieux  :  mais  s'il  vient  a  plcuvoir, 
etendez-ie  sur  des  claies  a  i'abri ,  et  retrancliez 
les  grappes  qui  pourriraient.  Cest  alors  que 
dans  une  futaille  de  cinquante  setiers  on  met 
dix  quadrantals  d'eau  de  mer.  Egrappez  a  la 
main  les  graiues  de  raisins  noirs ,  et  mettez-les 
dans  le  tonneau  jusqu"a  ce  qu'il  soit  plein,  alin 
qu'elles  s'impregnent  d'eau  de  mer.  Le  tonueau 
rempli,  vous  plaeez  la  bonde  sans  intercepter 
tout  a  fait  racees  a  rair.  Au  bout  de  trois  jours 
retirez  lcs  graines,  foulez-les  sur  le  pressoir,  ct 
serrez  votre  vin  dans  des  futailles  bienseches, 
saines  et  propres. 

CXIII.  —  Recelle  pour  commnniquer  au  vin  une  odcnr 
agreable. 

Pour  donner  au  vin  un  arome  delicat,  em- 
ployez  le  procede  suivant.  Prenez  une  bricpie 
euduite  de  poix ,  couvrez-la  de  braise  doucemeut 


CIX.  —  Vinum  asperum  lene  lieri. 

Vinum  aspernm  quod  erit,  lene  et  suave  si  voles  face- 
re,  sic  facito.  De  ervo  farinani  facito  lib.  iv.  et  vini  cya- 
tlios  IV.  conspergilo  sa[ia.  Postea  facito  latcrculos.  Sinito 
combibant  noctemetdiem.  Posteacommisceto  cum  eovino 
indolio,  et  oblinilodies  lx.  Id  vinnm  erit  lene,  et  suave, 
et  bono  colore ,  ct  bene  odoratnm. 

CX.  —  Odorem  delerioreni  vino  demere. 

Odorem  deleriorem  demeie  vino  si  voles ,  tcstam  de  te- 
gula  crassam  puram  calfacito  in  igni  bene.  Ubi  caleblt, 
eam  picato,  resticula  alligato,  testam  demiltito  in  dolium 
inlimum  leniter.sinitobidnnmoblitumdolium :  sidemptus 
eritodurdelerior,  id  optime;  si  non,  sa;pius  facito,  usque 
duni  odorem  malum  dempseiis. 

CXI.  —  Si  voles  scireiu  vinumaqua  addita  sit,  nec  ne. 

Si  voles  scire  in  vinum  aqua  addilasit,  nec  ne,  vascu- 
lum  facito  dc  materia  ederacea.  Yinum  id,  qiiod  putabis 
aquani  habere,  codem  mittito.  Si  liabebit  aquam,  vinum 
eflluet,  aqua  manebit.  Nam  non  conlinet  vinuni  vas  ede- 
raceuiu. 

CXII.  —  Vinum  Coum  si  facere  voles. 
Vinum  Coum  si  voles  facere,  aqiiam  ex  alto  marinam 
suniito,  mari  tranquillo,  cum  venlus  non  erit,  dies  i.\\. 


ante  vindemiam ,  quo  aqiia  dultis  nnn  perveniet.  Ubi  bau- 
seiis  demari,  in  dolium  fundito,  nolitoimplere,  quadian- 
talibus  v  miuiis  sit,  quam  plenum.  Operculum  imponito, 
relinquito  qua  interspiret.  Ubi  dies  xxx  pra;terierint, 
Iransfundito  in  alterum  dolium  puriler,  et  leviter.  Reliii- 
quito  in  imo  quod  desederit.  Post  dies  xx  in  allerum  do- 
lium  item  tiansfundito,  ita  relinquito  usquead  vindemiani. 
Undcvinum  Coum  facere  voles,  uvas  relinquito  in  vinea, 
sinito  bene  coqiiantur.  Et  ubi  pliierit,  et  siccaveiit,  liim 
deligito.  Et  ponito  in  sole  biduum,  aut  triduum  siib 
dio,  si  pluviajnon  eriint,si  pluviaerit.in  tecto  incratibus 
componito.et  siquaacinacorrupta  erunt,  depurgato.  Tum 
sumito  aquam  marinam  q.  s.  s.  E.  in  dolium  quinqiiage- 
narium  infundito  aquee  mariii.T  q.  x.  Tum  acina  de  uvis 
miscellis  decerpilo  de  scopione,  iu  idem  dolium  usque 
dum  impleveris,  nianu  comprimito,  iit  combibant  aquam 
njarinam.  Ubi  impleveris  dolium,  operculo  operilo,  relin- 
quito  qiia  interspii et.  Ubi  triduum  privterierit ,  eximito  de 
dolio,  calcato  in  torculaiio,  et  id  vinum  condito  in  dolia 
lauta,  et  puia,  et  sicca. 

CXIII.  —  Ut  odoratum  benesit. 

Ut  odoratum  bene  siet,  sic  facito  :  sumito  testam  pica 
tam  :  eo  prunam  lcnem  indito,  suffito  serta,  et  schmno, 
etpalma,quam  babent  iinguenlarii,  ponito  in  dolio,  el 


ECONOMIE  RUBALE. 


cliauffee,  parfumez-la  de  mililot,  de  jonc,  et  de 
cette  espece  de  baume  que  ron  trouve  chez  les 
marchaiids  de  cosrattiques.  Placez-la  dans  un 
tonneau  et  fermez,  afm  que  Todeur  nedisparaisse 
pas  avant  de  remplir.  Ces  prclimiuaires  termi- 
nes  uu  jour  avant  le  piessurage,  entoniiez  le 
\m  aussitot  qu'il  passera  du  pressoir  dans  le  bas- 
sin  ,  couvrez  la  futaille  pendaut  quiuze  jours,  en 
menageant  une  entree  a  Tair,  et  placez  la  bonde. 
Quarante  jours  apres  vous  transvaserez  dans  des 
araphores  en  ajoutant  dans  chacune  uii  setierde 
vin  euit,  et  en  prcnant  laprecaution  de  ne  remplir 
que  jusqu'a  Torigine  des  anses.  E.xposez  vos  am- 
phores  au  soleil  sur  le  sol  nu ,  de  pcur  que  Thu- 
midite  ne  s'y  introduise ,  et  abandonnez-les  ainsi 
pendaut  quatre  jours  seulement.  Apres  ce  temps 
transportez et  eutassez  les  au  eellier. 

CXIV.  —  Viii  pour  les  maiix  ii'eslomac. 

Si  vous  voulez  obtenir  un  viu  qui  fasse  uu 
bon  estomac,  aussiiot  apres  la  vcndange,  aumo- 
ment  oii  Ton  dechausse  les  vigues,  decouvrez 
les  raeines  des  ceps  en  nombre  suffisant  pour 
faire  laquantite  devinque  vous  jugez  necessaire, 
et  faites-leur  une  marque.  Isolez  et  debarbez  les 
racines.  Repandez  au  pourtourdu  cep  de  la  ra- 
cine  d'ellebore,  que  vous  aurez  prealablement 
broyce  dans  un  mortier.  Repaudez-y  egalemeut 
du  fumier  fait,  de  lacendre  vieillcet  deux  par- 
ties  de  terre ,  et  rechaussez.  Recoltcz  a  part  les 
raisins  de  ces  ceps.  Ce  vin  conscrve  pendaut  long- 
temps  est  laxatif,  pourvu  qu'ou  ne  le  melange  pas 
a  rautre.  Buvez  avant  vos  repas  un  verre  de  ee 
vin  trempe  d'eau  :  11  vous  relachcra  sans  suite 
facheuse. 

operito ,  ne  odor  exeat ,  anfe  quam  vinum  indas.  Hoc  facito 
pridiequam  vinum  infundere  voles;  de  lacu  qnam  piimum 
vinum  iu  dolia  indito,  sinito  dies  xv.  operta  atite  quam 
oblinas ,  relinquito  qua  inierspiret  vinuni.  Postea  oblinito. 
Post  dies  XL.  diCfuudilo  in  amplioras,  etaddito  in  singulas 
aniphoras  sapsesextariumununi.  Amphorasnolito  implere 
nimium,  ansarum  inlimanmi  lini.  Et  amplioras  uolilo  im- 
plerenimium,  ansarum  infimarum  fiui.  Et  amphoras  in 
sole  ponito,  ubi  lierba  non  siet ;  el  amphoras  operito,  ne 
aqua  accedat,  et  ue  pliis  quadriduum  in  sole  siveris.  Post 
quatiiduum  in  culleum  componito,  el  instipato. 

CXIV.  —  Vinum  si  voles  concinnare  ad  alvum. 

Vinum  si  voles  concinnare,  ut  alvum  bonum  facial, 
secundum  viudemiam ,  uhi  vites  ablaqueantur,  quantiim 
putabis  ei  rei  satis  esse  vini,  tot  viles  ablaqueato,  el  signato. 
Earum  radices  ciicunsecato,  et  puigato.  Veratri  radices 
contundito  in  pila,  eas  radices  dato  circum  vitem.  Et  ster- 
cus  vetus,  et  cinerem  veterem,  et  duas  partes  terric  cir- 
cundato  radices  vitis.  Terram  insuper  iiijicito.  Hoc  vinum 
seorsiim  legito.  Si  voles  servare  in  vetustatem  ,  ad  alviim 
movendam  servalo ,  nec  commisceas  ciim  c*leio  vino.  De 
eo  vino  cyatbum  suniito ,  et  misceto  aqiia ,  et  tiiliilo  ante 
aenam.  Sine  periciilo  alvum  movebil. 


CXV.  —  Vin  contre  les  obstructions. 

Introduisez  encore  dans  une  amphore  de  vin 
doux  uue  poignee  d'ellebore  noire  que  vous 
retirez  du  vase  apres  la  fermentation ;  gai'dcz  ce 
vin  pour  reudre  rcstomac  plus  libre.  Si  vous  d^- 
sirez  preparer  un  vin  purgatif,  a  l'epoque  desde- 
chaussnges  marquez  de  craie  rouge  les  ceps  que 
vous  reservez  a  cet  usage,  pour  ne  pas  les  con- 
fondrc  avec  les  autres.  Disposez  au  tour  des  ra- 
eines  trois  petits  paquets  d'ellebore  noire ,  et 
recouvrez-les  de  terre.  Mettez  h  part  la  recolte 
de  ces  ceps,  mclez-en  un  cyatbus  dans  votre 
boisson  ordiuaire  :  ce  sera  un  relachant  et  un 
purgatif  iunocent. 

CXVI.  —  Conservation  des  lentilles. 

Faites  infuserdu  laser  dans  du  vinaigre,  met- 
tcz  vos  ientilles  dans  ce  vinaigre  ainsi  prepare, 
et  exposez  au  soleil.  Faites-les  ensuite  tremper 
dans  de  {'huile,  et  quand  elles  auront  ete  sechees, 
elles  se  eonserveront  bien  saines. 

CXVII.  —  Mani^re  de  confire  les  olives  Llanclies. 
II  f&ut  les  abattre  avant  qu'elles  se  colorent, 
et  les  faire  raacerer  dans  une  eau  qu'on  change 
souvent.  Uue  fois  bien  macerees ,  il  faut  les 
faire  egnutter,  les  mettre  dans  du  vinaigre; 
ajoutez  de  Thuile  et  une  demi-livre  de  sel  par 
boisseau  d'olives.  On  aura  prepare  separement 
un  viuaigre  aromatise  avec  du  fenouil  et  des  leu- 
tisques;  si  vous  voulez  y  mettre  vos  olives,  ser- 
vez-vous-en  de  suite,  foulez-les  avec  vos  mains 
bien  seches  dans  un  vase  de  terre  ,  et  ne  les  en- 
levez  qu'au  nioment  de  servir. 


CXV.  —  Vinum  ad  alvum  movendam. 

Iii  vinum  mustiim  veratri  atri  nianipulum  conjicito  in 
amphoiam.tJbisatiseffei'verit,de  vino  manipuliim  ejicito, 
id  vinum  servato  ad  alvum  movendam.  Vinum  ad  alvum 
movendam  concinnare  si  voles  :  Vites  cum  ablaqueabun- 
tiir,  signato  rubrica ,  ne  admisceas  cum  caetero  vino.  Tieis 
fasdciilos  veralri  atri  ciicuniponito  circum  radices,  et  ter- 
lain  insuper  iiijicito.  Per  vindemiam  de  iis  vitibus,  quod 
delegeris,  seorsiim  servato,  cyalhumin  caeteram  potionem 
indito,alvum  movebit,  ct  postridie  perpurgabit  sine  peri- 
culo. 

CXVI.  —  Lentim  (|uomodo  servari  oporleat. 

Lentim  quomodo  servari  oporteat.  Laserpitium  aceto 
diliiito,  permisceto  leutim  aceto  laserpitiato.et  ponito  in 
sole.  Poslea  lentiin  oleo  peiiVicato,  sinilo  arescat,  ita  inte 
gra  servabitur  lecte. 

CXVII.  —  Ole:e  alb»  quomodo  condiantur. 

Olea;  albae  quemadmodiim  condiantur.  .\nte  quam  nigra; 
liaut  contundantiir,  et  iu  aquam  dejiciantur.  Crebro  aquam 
iiiiiles,  deinde  iibi  salis  inaceralae  erunl,  expriinas  ,  eliii 
aretiinicoiijicias,  et  oleum  addas,  salisselibram  in  modiuni 
oleariim.  Fccniculum,  el  lentisciim  seorsum  condas  in  ace- 
tiiiii.  Si  una  admiscere  voles .  cito  ulitor,  in  orculam  cal- 
cato,manibussiccis,  wini  uti  voles,  sumito. 


M.  P.  CATON. 


("IXVIU.  —  Manii^re  ilc  confire  les  niivcs  blanches,  pour 
les  consommer  aussiWt  apris  la  vendange. 

Prenez  parties  egales  de  vin  dou.x  et  de  vinai- 
gve.  Traitez-les  ensuite  de  la  maniere  que  nous 
venons  de  decrire. 


CXi.\. 


■  Maniere  de  faire  1'epityrum  bUuic ,  nijir  et  lii- 
garr^. 


Recette  pour  faire  l'epityrurn  ,  soit  blanc ,  soit 
noir,  soit  inarbre.  Assaisonnez  de  la  manieresui- 
vante  des  olives  blanches,  noires  et  bigarrt!^es, 
apres  en  avoir  ote  les  noyaux.  Coupez-les,  met- 
tez-Ies  dans  un  assaisonneraent  d'luiile,  de  vi- 
naigre,  de  coriandre  ,  de  cumin  ,  de  fenonil,  de 
rueetde  menlhe.  Faites-les  confiredansun  vase 
de terre , laissezles  baigner dans Thuile, et servez 
ainsi. 
CXX.  —  Proced(5  pour  avoir  du  vin  doux  toule  Tannfe. 

Si  vous  voulez  conserver  au  vin  sa  douceur 
pendant  toute  une  annee,  mettez-le  dans  une 
amphore  dont  les  parois  auront  ete  enduites  de 
poix,  et  descendez-ledans  un  puits;  apres  qu'il 
y  aurasejourne  pendant  trente  jours,  relirez-le;  11 
sera  doux  pendaut  toute  rannee. 

CXXI.  —  Gaieau  au  vin  donx. 

Arrosez  de  moiit  un  boisseau  de  farine  de  sei- 
c;le,  ajoutez-y  de  rauis,  du  cumin,  deux  livres 
de  graisse,  une  livre  de  froraage  et  de  la  sciure 
dc  bois  de  laurier ;  moulez  le  gateau ,  mettez-y  des 
feuilles  de  laurier  en  lefaisant  cuire. 

CXXU.  —  Vin  conlre  les  retentions  d'urine. 

Broyez  dans  un  mortier  du  chevrefeuille  ou 
du  genevrier,  mettez-en  unelivre  dans  deux  cou- 

CXVIII.-  Oleam  albam  secunduni  viiRlemiara  qua  utaris. 
Oleam  albam  quam  secundum  vindemiam  uti  voles, 
sic  condito.  Musti  tanlundem   addito,  quantnm  aeeti. 
C.Ttora  item  condito  ita ,  uti  supra  scriptum  est. 
CXIX.  —  Epityrum  album ,  nigrum ,  et  varium. 

Epityrum  album ,  nigrum ,  variumque  sic  facito.  ILx  oleis 
albis,  nigris  variisque  nucleos  ejicito.  Sic  condito.  Con- 
cidito  ipsas  ;  addito  oleum  ,  acctnm,  coriandrum ,  cumi- 
num,  lumiculum,  lutam,  mentani.  In  orciilam  coudito, 
oleuni  suprasiet,  ita  utitor. 

CXX.  —  Mustum  si  voles  totum  annum  habeTC. 

Mustiim  si  voles  totnm  annum  habere ,  in  amplioram 
niustum  indito,  et  corticem  oppicato,  demittitoin  piscinam. 
Post  XXX.  diem  eximilo.  Totum  annum  mustum  eril. 
CXXI.  —  Muslaceos  sic  facito. 

Mustaceos  sic  facilo.  Farina;  siliginea;  modium  unum 

inusto  conspergito.  Anisum ,  cuminum ,  adipis  p.  ii.  casei 

libram,  et  de  virga  lauri  deradito,  eodem  addito.  Et  ubi 

defmxeris,  lauri  folia  subtus  addito,  cum  coques. 

CXXII.  —  Vinumconcinnare  ad loUum . 

Vinum  concinnare,  si  lotiuni  difficilius  transibit.  Ca- 
preidam ,  vel  juniperum  contundito  in  pila ,  librani  iiidito 


ges  de  vin  vieux  ,  et  faites-les  boulllir  dans  un 
vase  d'airain  ou  de  plomb.  Apres  le  refroidisse- 
ment ,  mettez-le  dans  une  lagceua ,  et  prenez-ea 
un  verre  le  matln  a  jeun  :  cela  vous  fera  du  bien. 
CXXIII.  —  Vin  pour  les  sciatiques. 

Mettez  en  copeaux  un  raorceau  de  bois  dc  ge- 
nevrier  de  la  grosseur  d'un  demi-pied.  Faites 
bouillir  dans  une  conge  de  vin  vieux;apres  le 
refroidissement,  versezdans  uiielaga?na,ct  daus 
la  suite  vous  en  prendrez  un  verre  tous  les  ma- 
tins  a  jeun :  cela  vous  fera  du  bien. 

CXXIV. Renfermer  les  chiens  pcndant  le  joiir. 

Eenferraez  vos  ehiens  pendant  lejour,  afin 
que  pendant  la  nuit  ils  soient  plus  ardents  et  plus 
vigilants. 

CXXV.  —  Vin  de  inyrlc. 

Faites  secher  ii  rombre  des  branches  de  myr- 
tenoir,  et  couvrez-lesainsi  jusqu'a  lavendauge. 
Broyez-eu  alors  un  demi-boisseau  dans  uuc  urne 
de  vin,  ct  bouchez  le  vase.  Aussitdt  quc  la  fer 
mentation  se  calme,  enlevez  le  bois  de  rayrte. 
Cettepotionestexcellente  quand  ou  est  resscrre, 
contre  les  maux  dc  coteset  contre  les  coliques. 
CXXVI.  —  Pri^servatif  contre  la  colique,  la  dyssente- 
rie ,  les  teignes  et  les  vers. 

Si  vous  souffrez  d'une  indigestion,  de  la  dys- 
senterie,  si  lesteignes  et  les  vers  vous  tourmen- 
tent,  prenez  trente  grenades  sures,  broyez-les, 
mettez-les  dans  un  vase  avec  trois  conges  d'un 
vin  noir  et  dur,  et  bouchez.  Trente  jours  apres 
vous  pouvez  lc  deboucher  et  vous  cn  servir,  en  le 
prenant  a  jeuu  a  la  dose  d'une  hemine. 

in  duobus  congiis  vini  veteris  in  vasc  aheneo ,  vel  iii  pliim- 
beo  defervcfacito.  Ul)i  refiixerit ,  in  lagffiuam  iiidito.  Id 
mane  jejunus  cyalhuni  sumito  :  proderit. 

CXXIII.  —  Yinum  ad  ischiacos. 
Vinum  ad  iscliiacos  sic  facito.  De  junipero  materiam 
semipedem  crassain  concidito  rainutim.  Eam  infervefacito 
cum  congio  vini  veteris.  Ubi  relrixerit,  in  lagoenam  ron- 
fundito,  etpostea  id  iitito  vini  cyalhum  mane  jejunus: 
proderit. 

CXXIV.  —  Ut  interdiu canes  clausos  habeas. 
Canes  interdiu  clausos  esseoportet,  ut  noctu  acriores 
et  vigilantiores  sint. 

CXXV.  —  Vinum  myrlcum  sic  facito. 
Viniim  murteum  sic  facito  :  Murtam  nigram  arfacito 
in  umbra.  Ubi  jam  passa  erit,  servato  ad  vindemiam  :  m 
urnam  miisti  contundito  murtie  semodium,  id  oblinito. 
Ubi  desivcrit  ferverc  mustum ,  miii  tain  eximito.  Id  est  aa 
alvmii  crudam ,  et  ad  lateris  dolorem  ,  el  ad  coeliacum. 
CXXVI.  —  Ad  tormina ,  et  si  alvus  non  consUtat,  et  si  Une.-e 
ac  lumbvici  molesti  cxsistant. 
Ad  tormina,  et  si  alvus  non  consistet ,  et  si  teniae,  ct 
lumbriii  inolesti  eriiiit,  xxx  mala  Pnnicaacerba  sumito, 
contundito,  indito  in  urceum,  et  vini  nigriausteri  cong.os 
trcA,  vas  oblinito.  Post  dies  xxx.  aperito,  et  utito  ■.  jejuniis 
heminam  bibito. 


ECONOMIE    RURALE. 


CXX  Vri.  —  RcmMc  contre  lcs  indigeslious  ct  les  retcu. 
tions  (i'uiiue. 

Cucillez  dcs  fleurs  de  grenadier  lorsqu'elles 
s'epanouiroiit ,  mettez-en  trois  raiiies  daus  une 
amphore,  ajoutez-y  un  quadrantal  de  vln  vieux 
et  une  miue  de  racine  de  fenouil.  Ijouchez 
ramphoi-e,  ne  l'ouvrez  qu'apres  un  mois,  et  ser- 
vez-vous  de  la  liqueur.  Quand  vous  voudrez 
digei'er  ou  uriner,  vous  pourrez  en  boire  a  vo- 
lontesans  aucun  danger.  Le  vinprepare  de  celtc 
maniere  est  cgalement  un  preservatif  eontrc  !a 
teigne  et  les  vcrs..Qaand  un  enfant  en  cst  loiir- 
mente,  ne  le  laissez  pas  souper.  Le  lcndcmain 
prcncz  une  drachme  d'eiicens,  une  drachms  de 
micl  cuit,  ct  un  sctier  de  vin  d"origan,  admi- 
nistrcz-lui  le  rcmede  a  jeun  a  la  dose  de  trois  obo- 
les,  suivant  sonage,  ct  une  hemine  de  vin.  Fai- 
tes-lc  montcr  dix  fois  siir  la  pierre  a  moudre  ct 
sautcr  cn  bas ;  ordonuezlui  la  promeuade. 
CXXVIII.  —  Crepissage  dcs  liabitations. 

Si  vous  voulez  crepir  votre  habitation  ,  choi- 
sissez  une  terre  oii  domine  soit  la  craie,  soit  Tocre ; 
melez-y  dc  ramurque  ct  de  la  paille  hachce. 
Laissez  fermenter  le  tout  pcndant  quatre  jours. 
Apr6s  quoi  vous  le  travaillerez  avec  le  rable,  et 
vous  vous  en  scrvirez  pour  crep.ir.  Cet  enduit 
cloignera  rhumidite  nuisibie  ,  ne  se  laissera  pas 
entamerpar  les  rats,  empechera  riierbe  dc  croi- 
trc  et  lcs  murs  de  se  lezarder. 

CXXIX.  ~  .Wre  i  liattre  lc  bM. 
Bechez  la  terre  en  la  pulverisant,  arrosez-la 
d'amurque  cn  telle  abondauce,  qu'elle  en  soit 
saturcc  autant  que  possible,   pulverisez-la    de 


nouveau ,  et  nivelezla  k  Taide  du  cylindre  ou 
de  la  batte.  Cenivellement  empechera  les  four- 
misde  la  soulevcr,  et  les  pluies  de  la  detrcm- 
pcr. 
C.VXX.  —  licpandre  de  ranmrqiie  au  pied  des  arbres. 

Arrosez  d'araurque  crue  les  troncs  d'olivier 
et  les  autres  bois;  exposez-les  au  soleil  pour  fa- 
voriser  rimbibition.  Cela  lesempecheradefumer, 
et  en  facilitera  la  combustion. 

CXXXI.  —  Offraude  pour  les  bccufs. 

Faites  aux  dieux  une  offrande  pour  la  sante 
de  vos  bocufs.  Commencez  a  labourer  au  prin- 
temps  :  debutez  par  les  sols  pierreux  et  sablon- 
ncux,  et  terminez  par  ceux  qui  sont  les  plus 
compactes  et  les  plus  humides. 

CXXXII.  —  Jlanif^re  de  la  faire. 

Voiei comment  il  faut  faire  cette  offrande  :  prc- 
sentez  a  Jupiter  Dapalisunecoupe  dequelquc  vin 
que  ee  soit.  Ce  jour  sera  chomepar  les  boeufs,  par 
les  bouviers,  et  par  ceux  qui  feront  le  sacriiice. 
Au  moinent  du  saerifice  vous  ferez  cette  pricre  : 
"  .Tupiter  Dapalis ,  je  remplis  mon  devoir  en  t'ol'- 
frant  eettc  coupe  de  vin  daas  ma  niaison  et  au 
sein  de  ma  famille;  a  cette  cause  daigne  Tavoir 
pouragrcuble.  >>  Lavez  eusuite  vos  mains,prenez 
io  vin,  etdites : « Jupiter  Dapalis,  agree  ce  festin 
que je  dois  t'offrir.  Recoisce  vin  place  devant  toi.  >■ 
Si  vous  le  trouvez  bon ,  presentez  une  offrande  a 
Vesta.  Le  festin  preseiite  a  Jupiter  eonsiste  en 
un  morccau  de  porc  roti,  et  en  unecoupede  vin 
intacte.  Faites  cetfe  offrandesans  y  toueher;  le 
festiu  termine  ,  seniez  le  millet,  le  panis ,  Tail  et 
la  lentille. 


CXXVII.  —  Ad  dyspep.siani  et  stranguriam. 

Ad  dyspepsiam  et  straiiguriam  [niederi].  Maluni  Puni- 
cuni  ubi  florebil,  coliiglto.  Tris  niinas  in  anipliorani  in- 
fnndito.  Vini  q.  i.  veteris addito, cl fcrnicnli  radiceni  puiam 
contu.sam  niinam.  Obiinito  amphoram,  et  post  dies  xxx 
aperito  et  utitor.  Ubi  voies  cibum  concoquere,  et  loliuni 
facere,  hinc  bibilo  quantum  volcs  siue  periculo.  Idcni 
viiiuni  teiiias  perpurgal,  et  lumbiicos,  si  sic  concinnes. 
Incoeuatum  jube  esse,  postridie  tliuris  dracbniam  i ;  con- 
lerito,  et  niel  coclumdraclimam  UDam,et  vini  sextaiiuni 
origanili,  dalo  jejuno,  et  puero  pro  astale  triobolum,  et 
vini  beminam.  Supra  pilam  inscendat,  et  saliat  decies,  el 
deauibulcl. 

CXXVIII.  —  Habitationcm  dclutare. 

Si  habitationem  delutarc  vis,  tcrram  quam  maxime 
cretosam ,  vel  rubi icosaui  sumito ,  eo  amurcaiu  infnndilo , 
paleas  iiidito.  Sinito  qnaliiduum  Iracescat.  Ubi  bene  Ira- 
euerit,  rulro  contidito;  ubi  concideris,  delutato.  tla  neqne 
aspergo  nocebit,  neque  mniescava  facicnt,  ncque  licrba 
nascetur,  nequc  Intamcnla  scindcnt  se. 

CXXIX.  —  Arca  fruineularia  quomodo  liat. 

Aieam  ulii  Irumcnlum  teratur,  sic  facito  :  Confodiatur 
iuinutc  terra,  amurca  bene  conspergalur,  ut  combibat 


quaui  plurimum.  Comminuito  teriam ,  et  cylindro  ant  |ia- 
vicula  coa;quato.  Ubi  coicqnalacrit,  neque  formica!  mo- 
lesla;  erunt,  et  cum  plueiit,  lutum  non  erit. 

CXXX.  —  Ligna  aniurca  aspargantur. 

Codieillos  oleaginos ,  et  caelera  ligna  amurcanuila  pcr- 
spergito,  et  iii  sole  pnnito,  perbibant  bene.  Ita  ncque  fii- 
niosa  erunt,  et  ardebunt  bene. 

CXXXI.  —  Dapeni  pro  bubus. 

Dapcm  pro  biibus  piro  llorente  facito.  Postea  venn) 
arare  inclpilo.  Ea  loca  prinnim  arato  qua'  rudecta  aicno- 
sa(pie  erunt.  Postca  nti  quaeque  gravi»sinia  atcpie  aquosis- 
siuia  erunt,  ila  postremo  arato. 

CXXXII.  —  Dapem  quomodo  facias. 

Uapem  lioc  niodo  ticri  opoitet.  Jovi  dapali  culignani 
viniquantuni  vis  polluceto.  Eodie  fcri*  bubuset  bnliolcis, 
ot  qui  dapciii  facient.  Cuiu  pollucere  opoitebil,  sic  facics. 
Jupiler  dapalis,  quod  tibi  (ieri  oportet,  in  domo  familia 
nica  culignam  vini  dapi ,  ejiis  rei  ergo  macte  hac illate  dape 
pulliicenda  esto.  Jlanus  interluito.  Postea  v  inum  siiiuito. 
Jnpiler  dapalis,  (niactc  istace  dape  pollucenda  esto.)  Macle 
viiio  inferio  cslo.  Vesta;  si  voles  dalo.  Da|is  Jovi  assaria 
pecnina,  nrna  vini  Jovi  castc.  Profanato  siue  contagione. 
1'ostea  (jape  facta  seiito  milluni,  paniciini,  aliiiin,  lenlim. 


=  6  M.  P.  GATON 

CXXXJII.  —  .Mulliplicatioii  ilos  arbres  fruiliers  et  autres. 
Les  drageons  que  poussent  les  racines  des  ar- 


bres  sei-ont  couches  en  terre ,  et  leur  soQiraet  re- 
leve,  afin  qu'ilspuissent  prendre  racines.  Levez- 
les  entemps  propiee  etpiantex-lessoigncusemeut. 
Leflgiiier,  rolivier,  le  grenadier,  lecognassier, 
!epoirier-coin,tous  !espommiers,le  laurierdeCy- 
pre,  celiii  de  Delphes,  le  myrtf  ('pithalame,  le 
myrte  blanc  et  le  noir,  le  noyei'  d'Avelino,  celui 
de  Preneste,  le  platane,  se  propagent  de  boutures 
enlevees  a  la  souche  principale.  Les  arbres  qu^on 
affectionne  seront  plantes  soigneuseraent  dans 
des  pots-  Pour  leur  faire  prendre  raciues  sur  Tar- 
bre  meme,  on  se  mnnit  d'un  pot  troue  ou  d'un 
petit  panicr.  On  y  fait  passer  la  branche  ,  on  les 
reraplit  de  terre  quon  a  soiu  de  tasser,  et  on  !es 
laisse  sur  Tarbre.  Deux  ans  apres  on  coupe  la 
branche  au-dessous  du  point  d'inscrtiou  ,  et  on 
la  plaute  avec  le  panier.  On  pourra  ainsi  faire 
prendre  des  racines  vigoureuses  a  toute  espeee 
d'arbres.  Pour  multiplier  la  vigne  on  emploie 
aussices  pauicrs,  qu'on  remplit  bien  de  terre;  on 
sevre  Tauuee  suivante,  et  ou  plante  un  pieu 
CXXXIV.  —  AYantlamoissoniinmolerlatniie  precidanf5e. 
Avant  !a  moisson ,  faites de  la  maniere  suivante 
lesacrificede  la  truie  precidauee :  immolcza  Ceres 
la  truie  precidanee,  femelle  du  porc,  avant  de 
couper  repeautre,  le  ble,  rorge,  la  feve,  et  la 
seraence  de  raves  Le.  vin  et  rcucens  nous  ren- 
dront  propicesJanus,  Jupiter  et  Junon.  Avantdc 
sacrifier  la  truie,  presentez  un  gciteau  ci  Janus 
cn  iui  faisant  eette  priere  :  «  Janus,  notre  pere,  au 
nora  de  raon  bumble  offrande ,  je  te  presente  mes 


supplications  alin  que  tu  m'aecordes  ta  protection 
pour  raoi ,'  pour  mes  enfants ,  pour  ma  maison  et 
mes  gens  :  >  Offrez  anssi  a  Jupitcr  un  gdteau  et 
cette  priere  ;  «  Jupiter,  au  nora  de  ce  g^teau  ,  je 
teconjure  d'ecouter  mcs  priercs,  et  de  uous  ac- 
corder  ta  protection,  a  moi,  a  mes  enfants ,  a  ma 
maison,  et  a  me.sgens.  >>  Presentez  ensuite  levin 
h  Janus  en  lui  disant  : «  Janus,  notre  pere ,  avec 
un  g^teau  je  t'ai  adresSe  ma  priere  suppliante  : 
recois  de  memeavec  bonte  ce  viu  que  je  t'offre.  » 
Adressez-vous  ensuite  a  Jupiter : «  Jupiter,  recois 
ce  gateau,  recois  ce  vin  place  devant  toi.  »  Alors 
imraolez  la  truie  precidanee.  Aussitot  que  les  en- 
trailles  aurontete  divisees,  onpresentera  a  Janus 
son  gateau,eton  l'adoreracommeprecedemment. 
On  offrira  de  meme  a  Jupiter  des  prieres  et  le 
gateau,  corame  on  Ta  deja  fait.  On  presentei^a 
du  vin  a  Janus  et  a  Jupiter,  corame  lorsqu'on 
leur  offrait  les  gSteaux.  Ensuite  on  cousacre  a 
Ceres  les  entrailles  de  la  victimo,  et  du  viu. 

C.XXXV.  —  Lieux  oii  il  faut  acheter  Ie«  luniques,  les 
casaques,  les  uslensiles  de  fi-r  et  aulres. 

On  se  pourvoira  a  Rorae  de  tuniques,  de  to- 
ges ,  de  saies ,  de  casaques  ct  de  sabots ;  a  Calvi 
et  a  Minturue,  decapuchons,  d'ustensiles  en  fer, 
de  fauXjdepelles,  de  houes,  deliaches,  de  har- 
iiais,  de  chausse-trapes,  de  chahieltes  ;  a  Vena- 
fre,  depeIles;aSuesseeten  Lueanie,  de  chars; 
a  Albe,  de  traineaux  ;  a  Rorae,  de  futailles  et  de 
bassins;  de  luiles  a  Venafre.  Pour  lesterres  eom- 
pactes  les  araires  devront  etre  tires  de  Rome,  et 
de  la  Campauie  pour  les  terres  poreuses  :  les  meil- 
leurs  jougs  se  tirent  de  Rome;  on  y  trouvera 


CXXXIII.  — Propagalio  pomorum,  c:Pleraruinque  arJjorum. 

Propagatio  pomorum  ,  cccteiarumque  arboriim.  Arbo- 
ribus  ab  terra  pulli  qui  nati  eruut ,  cos  in  terrain  deprimito, 
cxtollito  uli  radicem  capere  possint.  Inde  ubi  tempus  erit, 
cflodito,  serttoque  recte.  Ficum,  oleam,  nialum  1'uni- 
cnm,  miJa  strutbea  ,  cotonea,  aliaque  malaonmia,  laii- 
rum  Cypriam ,  Delphicam,  piuniint ,  myrtum conjiigulum , 
et myi tum  album  et  iiignini,  nui cs  ivellanas,  Prajuestinas, 
platanum ;  litec  omnia  genera  a  capilibus  propagari  exlmi- 
que  ad  liunc  modmu  oporlebit.  Qua;  diligentiiis  seri  vole; , 
in  Cttlic.ibus  seii  oporlet.  In  arboribiis  ladircs  uti  ca|iiant, 
«ijliceni  portuoiim  sumito  libi,  aut  quasillum,  per  emu 
ramiilum  Iranserito ,  eum  quasillum  terra  iinplclo  calca- 
toque,  in  aitiorem  lelinqiiito.  Ubi  bienniiini  eril,  ramum 
teneruin  inlra  prajcidilo,  ciim  quasillo  ajiito.  Eo  niodo 
quod  vis  genus  arborum  facere  poleris,  uti  radices  bciie 
babeant.  Ilem  vilcm  inquasilliim  propagato  lcrraque  bcne 
operilo,  anuo  posl  prajcidilo,  cuin  qualo  seiito. 

CiXXIV.  —  Antequam   messem  incipias,   uti  porcum 
preecidaneuni  fad;is. 

Priusquam  messini  facies ,  [HirtMm  prrecidnM-tim  luic 
inodo  fieri  oportet.  Cereii  porca  piav;idanea ,  porco  fce- 
inina,  priusquain  liasce  fruges  coiidantur,  lar,  triticum , 
ordeum,  fabara,  semen  rapicium;  tliure,  vino,  Jaiio, 
Jovi,  Juuoni  proefato.  Priusquam  porcum  foeminain  im- 


molabis,  Jano  slruem  commoveto  sic  :  Jane  pater,  te  li?c 
strue  commuvenda  bonas  preces  precor,  uti  sies  volens 
propitius  mihi,  liberisque  nieis,  domo  familiaeque  mea'. 
Ferctum  Jovi  moveto  et  mactato  sic  :  Jupiter  te  lioc 
fercto  obmovendo  bonas  preces  precor,  uli  sies  volens 
propitius  mibi  liberisque  meis,  domo  familiaei(ue  inea». 
Factus  liocfercto.  Poslea  Janovinum  dato  sic  :  Jaiiepater, 
uti  le  strue  commovenda  bonas  preces  bene  precatus  suiii , 
ejiisdem  rei  ergo  macte  vino  inferio  esto.  Poslea  Jovi  sic  ; 
Jupiter  macte  fecfo  esto.  Macte  vino  inferio  eslo.  Poste.i 
porcain  pra;cidaneam  immolalo.  Ubi  exta  prosecta  erunt , 
Jano  struem  cominoveto,  niaclatoque  item  uti  priiis  obmo- 
veris.  Jovi  ferctiim  obmoveto  ,  macLatoque  itein  uli  priiis 
feceris.  Item  Jano  viuum  dato,  et  Jovi  vinum  dato  ,  ita 
uti  prius  datum  ob  striiem  obmovejidam ,  et  ferctum  liban- 
dum.  1'ostea  Cereri  exta  et  vinum  dato. 

CXXXV.  —  Tuuicie  etcentones,  fcrramenta  et  reliqua  uten- 
silia  ubi  emantur. 

Romas  tunicas,  togas,  saga,  cenfeone^  ,  sculponeaa  :  Ca- 
libuset  Jlinliiruis  cuculliones,  ferramenta  ,  falces,  palas, 
ligones,  secures,  ornamenla,  murices,  catellas  :  Veuafro, 
palas.  Suessa;,  et  in  Lucanis  plostra,  treblce  Alb« ;  Ronia; 
dolia,  labra  ^tegul.-e  ex  Venafro.  Aratra  in  terram  validam 
Romanica  bona  erunt ,  in  teiram  pullain  Cumpanica ,  juga 
Romaiiica  optima  erunt.  Vomis  indutilis  optimus  erit. 


ECO\OMIE  RURALE. 


aussi  les  socs  Ics  plus  aceres.  On  tircra  los  tra- 
petes  de  Pompeia ;  les  clous,  de  Nole,  pres  dc^ 
niurs  de  Rufrus;  les  serrures,  de  Rome.  Oii  trmi- 
vera  a  Capouu  des  st'au.\  ,  des  jattes  a  huile,  des 
vases  pour  Teau  ,  des  urnes  pour  le  vin ,  ct  tous 
les  auti-es  ustensiles  en  cuivre.  On  trouvera  a 
Nole  les  corljcilles  de  Campanie,  et  ce  sont  les 
meilleures.  Lts  cordes  de  poulies  et  toute  ia 
eorderie  se  tirent  de  Capoue.  Les  corbeilles 
romaines  viennent  de  Suesse  et  de  Casinum  : 
mais  celles  de  Rome  sont  preferables.  Celui  qui 
fait  faire  a  Casinum  des  cables  de  pressoir  les 
payera  cinquante  ecus  chez  Tunnius;  a  Venafre, 
C.  Mennius  les  fait  payer  ccnt  tcus.  Huit  hons 
cuii-s  ne  sont  pas  de  trop  pour  ccs  eables.  Les 
notrcs  ne  devront  etre  ni  vicux,  ni  manies,  ni 
impregnes  d'une  trop  grande  quantitede  sel.On 
les  tannera  et  on  les  huilera  ,  puis  on  les  fera  se- 
cher.  On  devra  couper  le  cable  sur  une  longueur 
de  soixante-douze  pieds,  et  Ini  donncrtrois  tou- 
rons,  dont  chacun  aura  neuf  courroics  de  deux 
doigts  de  large.  Quand  il  sera  cable,  il  ne  nie.ni- 
reraplusquequarante-neufpiedsen  longueur.  La 
jonction  sur  les  coutures  aura  une  course  de  trois 
picds ;  ii  ne  restera  ainsi  que  quaraute-si.x  pieds. 
Eq  le  violentaut  par  rexteusion,  il  s'ailongera  dc 
cinqpiedsetauraunelongueurtotaledccinquantc 
(t  un  pieds.  Pour  les  plus  grands  prcssoirs  il  fiint 
que  letableait  cin(iuante-cini(  picds  ;  tinquante- 
iin  sufiisent  pour  les  petits.  La  longucur  la  plus 
convenable  dc  la  courroie  pour  les  charrettcs  est 
de  soixante  pieds;  la  petite  corde  aura  quarante- 
cinq  pieds  :  les  guides  pnnr  la  charrette  auront 
trente-six  pieds;  les  guides  ponr  Faraire  vingt- 
six,  ies  traits  vingt-sept  et  demi;  lcs  cuirs  qui 
(ixent  le  timon  aux  jougs  auront  di:i-neuf  picds; 
la  pctite  cordcquinze  pieds.  Pour  la  charrue  les  i 
premiers  auront  douze  pieds,  et  la  seconde  huit  ' 


picds.  Les  pressoirs  lcs  plus  grands  auront  quatre 
piedsctdemi,  les  nicules  aurunt  trois  picds  et 
demi  de  diametre,  sur  im  pied  et  une  palmed'e- 
paisscur  par  le  milieu  ,  ausortir  de  la  carriere;  il 
y  auradeux  doigts  de  ()istance  entre  le  miliaire 
et  le  rebord  du  bassin;  cerehordauracinqdoigts 
d't'paisseur.  Ceux  du  seeond  ordre  auront  quatre 
piedset  une  palme  de  largeur;  il  y  aura  un  pied 
un  doigt  entre  le  iniliaire  et  le  rebord  du  bassin  ; 
ce  rebord  aura  cinq  doigts  d'(^paisseur ;  leurs  meu- 
les  auronttrois  pieds  et  cinq  doigts  d'epaisseur. 
Vous  ferez  dans  les  meiiies  un  trou  rond  qui  les 
traversera  de  part  en  pr\rt ,  en  conservant  d'un 
cijte  a  Tautre  le  meme  rayon  de  six  pouce.s.  Ccux 
du  troisieme  ordre  auront  quatre  pieds  de  lar- 
gcur.  II  y  aura  un  pied  cntre  le  miliaire  et  le 
rehord  du  bassin;  ce  rebord  nura  cinq  doigts 
d'(3paisseur;  la  meule  auratrois  piedsdeux  doigts 
de  diam(:'tre  et  un  pied  etdeux  doigtsd'('paisseur. 
Lorsque  le  trapete  aura  cte  amene  a  Tendroit  oii 
vous  voudrez  le  placer,  vous  le  monterez  et 
rajusterez  sur  le  lieu  miime. 
CX.XXVI.  —  Ooii(tilions  a  iinposer  ai!  coloii  pai  tiaire. 

Dans  le  territoire  de  Cassinum  et  de  Vt^nafrc 
on  donnera  au  meiayer  le  huitii>me  du  produit 
dans  un  bon  sol ,  le  septieme  dans  un  sol  ordi- 
naire,  le  sixieme  dans  un  sol  mediocre  si  le  par- 
tage  se  fait  au  panier,  et  le  cinquicme  s'il  se 
fait  au  boisseau.  Daiis  les  meilleurs  terrains  d(^ 
V\>uafre  on  ne  donne  au  colon  que  la  neuvieme 
partie  mesuriie  avant  le  depicage.  Si  ron  fait 
raoudre  en  commun,  le  metayer  pnyera  son 
droit  de  niouture  proportionnellement  ;i  la  part 
qui  lui  est  attribu('e.  II  aura  la  cinquieme  par- 
tie  du  produit  de  Torge  et  des  fevis  aprcs  le 
battase. 


Trapeti  Pompeiis.  Nolse  ad  Rufii  maceriain  claves.  Clostra 
lioiiiic.  Hania^,  urn.T  olcaiia^,  nicci  aqnaiii,  urna!  viiiariae, 
alia  vasa  aiienea  Capua;.  Noloe  liscinjc  Campanic».  Hae 
liama;  uliles  sunt.  l'unis  snbductarius ,  spailum  omne 
Capua;.  Fiscinas  Romaiiicas  Suessa- ,  Casino.  E;e  optinia: 
erunt  Roma'.  Funcm  toiculum  si  qiiis  facictCasini  L.  Tun- 
iiius.  Venafii  C.  Mennius  L.  V.  eo  iudeie  opoitet  coria 
l)(>na  viu,  Nostialia  recentia  quae  depsta  sient,  qiiam  mi- 
uimum  salis  liaheant ,  ca  depsere  et  iingiiere  unsuuie  pi  ius 
opoitet,  lum  siccaie.  Funem  cxoidiii  oporlet  lontjum 
pedhs  Lxxii.  loros  iii.  liabeat,  loia  in  tofos  singulos  ix. 
lata  digitos  ii.  Cum  lorlus  eril  longus  pedes  xli\.  In  com- 
inissuia  abibunt  pedes  iii,  leliipiuin  eiit  pcdes  XLvi.  Ubi 
exlenlus  erit,  accedent  p.  v.  lungus  oiil  p.  li.  Fuiiem 
torculnm ixtenluin  longiim esse oportef  pcdes  lv, maximis 
vasis  :  minoribus  pedes  n.  Fuiiem  loieiim  iu  plo.stnim 
jusluin  pedes  lx.  Semifiinium  pedi'S  xlv.  Lorca  rctiiiacula 
in  plostrum  pcd.  xxxvi ,  ad  aratriiin  pcd.  wvi  loia  pia^- 
ductoria  ped.  xxvii.  s.  subjugia  in  idostium  lora  p.  xrx.  fmii- 
culum  pcd.  XV  ,  in  aratrumsubjugia  loia  p.  xn.  Funiculum 


ped.  vm.  Trapetos  lalos  maxinios  pcd.  iv.  s.  orbis  altos 
pcd.  iii.  s.  orbis  medios  (ox  lapicidinis  cum  cximcl)  crassos 
pedem,  ct  palnium.  Inter  miliaiium  el  labrum  ped.  i.  digi- 
tos  n.  labra  crassa  digitos  v.  Secuiidarium  trapelum  lalum 
ped.  IV.  et  palmum.  Inter  miliarium  ct  lahrum  pedem 
unum,  digitiim  unum,  labra  crassa  digilos  v.  orbes  altoo 
ped.  III.  etdigitos  v.  cras.sos  ped.  i ,  et  digitos  iii.  Fnramcn 
in  orbes  semipad.  quoquoversnm  facito.  rertiiim  tiapetum 
latiim  ped.  IV.  inler  miliarum  et  labnun  pe<l.  i.  labnun 
dig.  v.  orbis  altus  ped.  iii.  digilos  iii.  crassos  ped.  I.  digi- 
tos  11.  Trapctum  ulii  arvcclum  eril,  ubi  statues,  ibi  et 
commodato ,  concinnatoqiie. 

CXXXVI.  -^  Pollinlioiiem  quo  pacto  dari  oppnrtent. 
Politionem  qiio  pacto  dari  oporteal.  Iii  agro  Casinate 
et  Veiialro  in  loi^o  iiono  parle  octava  corbi  dividat ,  salis 
bono  .septima,  tertio  loco  scxla;  si  graniim  moilio  dividel , 
parli  ipiinta.  In  Venafro  ageroptimus  ix  parti  corbi  divi- 
dat.  Si  coinniuniter  pisiinl ,  qua  ex  parte  politori  pars  est , 
cam  parlem  iii  pistriuum  politor.  Ordciim  qninta  modio, 
labain  quiuta  niodiu  di>idat. 


38  M.   P.   C 

CXXXVH.  —  ConditiiJns  it  inip«ser  au  vigneion  paitiaire.   i 

Que  le  propriutaiie  surveille  d'une  maniere 
severe  les  vignes,  les  terres,  les  arbres  et  les 
eultures  qu'il  laisse  en  metayage.  II  abandonnera 
au  colon  le  ibin  et  les  fourrages  neccssaires  a 
Tentretien  des  bciufs  que  reclaraent  les  travaux. 
Tout  le  reste  sera  partage  saus  distinction. 

CXXXYIII.  —  Tiavaux  ])fmiis  aux  bceufs  Iob  jours  de 
f«e. 

II  est  permis  d'atteler  les  bocufs  pendaut  les 
jours  feries,  pourvu  que  ce  soit  pour  le  trausport 
du  bois ,  des  pailles  et  du  ble  qu'on  ne  donne 
point.  Lesmulets,  lescbevaux,  les  Sues  nech6- 
ment  jamais  que  les  fetes  de  famille. 

CXXXIX.  —  Manifere  d'^agtier  un  bois. 

Preliminaires  usites  a  Rome  avant  d'elaguer 
un  bois.  Offrez  un  porc  en  expiation,  et  prononcez 
ces  paroles  :  <■  Qui  que  tu  sois  ,  dieu  ou  deesse , 
divinite  aquice  boisaete  consacre,  accepte  Tof- 
frande  queje  tefais  avant  deTelaguer.  Eumemoi- 
re  de  ce  sacrifice  pardonne  cet  elagage  que  nous 
ferons ,  moi  ou  les  niiens  sous  mes  ordres.  Cest 
dans  ce  but  qu'en  foffrant  ce  porc  en  expiation, 
je  te  conjure  d'aecorder  ta  protection  a  moi ,  a 
ma  maison ,  a  mes  gens  et  a  mes  enfants.  Agree 
roftVande  expiatoire  de  ce  porc  que  je  vais  te 
sacrifier.  " 

CXL.  —  Sacrifice  expiatoire  a  offrir  en  cas  de  defricliement. 
Si  Yous  voulez  defricher ,  faites  un  autre  sa- 
crifice  expiatoire  de  !a  meme  maniere ,  si  ce  n'est 
que  vous  y  ajoutez  ces  paroles :  «  En  cas  qu'on 
vienne  ay  travailler. »  Unefois  la  besogne  com- 

CXXXVIl.  —  Vineam  redemtori  partiario  quomodo  des. 

Vinejni  curandani  partiario  beiie  curet;  funduni,  ar- 
bustuni,  agruni  frumenlarinm.  Parliario  fa;num  el  pabu- 
lum,  quod  bubus  satissiet,  qui  illicsient.  Caiteraomnia 
pro  indiviso. 

CXXXVIU.  —  Boves  quomodo  feriis  conjungere  licet.' 

Boves  feriis  conjungere  licet.  Hoc  licet  facere  ,  aivc- 
bant  ligna ,  fabalia  ,  trumcntuni ,  qnod  non  daturus  eril. 
Mulis,  equis,  asiuis  feriiE  nuUse,  nisi  si  in  familia  sunt. 

CXXXIX.  —  Quemadmodum  lucum  collucare  debeas. 

Lucum  conlucare  liomano  more  sic  oportet.  Porco  pia- 
culo  facito.  Sic  verba  concipito  :  Si  deus  ,  si  dea  es  ,  <pio- 
jum  illud  sacrum  esl,  uli  libi  jus  siet  porco  piaculo  facere, 
illiusce  sacri  ooercendi  ergo.  Harumce  rerum  ergo  sive  ego 
sive  qnis  jussu  meo  fecerit,  uli  id  recte  fuclumsiet.  Ejus 
lei  ergote  lioc  porco  piainlo  immolando  bonas  preces  pre- 
cor,  uli  sies  volens  propitius  niibi,  donio  familiseque  mete  , 
liberisque  meis.  Harunice  rerum  crgo  macte  lioc  porco 
piaculo  inuiiolando  eslo. 

CXL.  —  Si  fodere  velis  altero  piaculo  quid  facere  debeas. 

Si  fodere  velis ,  altero  piaculo ,  eodem  modo  facito ;  lioc 
jniplius  dicilo,  operis  faciundi  causa  ;  tum  opus  quotidie 


\TON. 

mencee,  travaillez  tous  les  jours  sur  quelque 
partie;  car  s'il  y  a  interruption  a  cause  des  fetes 
publiques  ou  de  famille,  il  faut  rccommeucer  le 
sacrifice. 

CXLI.  —  Purificalion  des  terras. 

Faites  circuler  autour  de  la  terre  la  victime 
suovitaurilienne.  Je  fordonne,  Mauius,  de  pro- 
mener  cette  triste  victime  autour  de  mon  do- 
maine  et  de  ma  terre ,  soit  en  totalite ,  soit  seule- 
ment  sur  la  partie  que  tu  jugeras  a  propos  de  pu- 
rifier,  afin  qu'a  Taide  des  dieux  le  succes  cou- 
ronne  raes  entreprises.  Auparavant  offrez  du  vin 
a  Janus  et  a  Jupiter,  et  dites :  Mars  iiotre  pere, 
je  te  conjure  d'etre  propice  a  moi ,  a  ma  maisou 
et  a  mes  gens  ;  c'est  dans  cette  intentiou  que  j'ai 
fait  promener  une  triple  victime  autour  de  mes 
champs ,  de  mes  terres  et  de  raes  biens,  afin  que 
tu  cu  ccartes,  eloigne  et  detourne  les  maladies  vi- 
sibles  et  invisibles,  la  sterilite,  la  devastation,  les 
calamites  et  les  intemperies  :  afin  que  tu  fasscs 
graiidir  et  prosperer  mes  fruits,  mes  grains, 
mes  vignes  et  mes  arbres  :  afiu  que  tu  conserves 
la  vigueur  a  mes  bergers  et  a  mes  troupeaux ,  et 
que  tu  accordes  sante  et  prosperite  a  moi ,  a  ma 
raaison  et  a  mes  gens.  Aussi,  pour  puriiier  mes 
charaps,  mes  terres  etmes  biens,  ct  pour  faire 
un  sacrifice  expiatoire,  daigne  agreer  ces  trois 
victimesa  la  mamellequeje  vais  imraoler.  Mars 
iiotre  pere,  agreez  dans  cc  but  ces  trois  jeunes 
victimes.  Saisissez  le  couteau  pour  empiler  les 
galettes  et  le  gateau,etoffrez-les.  A  mesurequ'on 
imraolerale  porc,  Tagneau  et  le  veau,  on  dira  : 
Sois  glorifle  par  cette  victime  suovitaurilienne. 

per  partcs  facito ;  si  intermisei  is,  aul  feriae  publicse  aut  fa- 
miliares  intercesserint,  altero  piaculo  facilo. 

CXLt.  —  Si  agrum  lustraveris,  quid  tunc  tacere  debeas. 

Agriim  lustraresicoportet.  Inipera  suovitaurilia  circum- 
agi.  Cuin  divis  voleutibus,  qiiodque  beue  eveniat,  mando 
tibi  Mani,  uti  illace  suovitaurilia  fiinduiu,  agrum,  terramque 
meam  quota  ex  parle  sive  circuniagi ,  sive  circiimlerenda 
censeas,  ulicuresliistrare.  Janum,  Jovemquevinopra^fami- 
no,  (sic  dicito  : )  Mars  palerte  prccor,  qusesoque  uti  sies 
voleiis  propitius  milii,  domo,  familiaique  nostra;,  quojiis 
rei  ergo  agrum ,  lerrain ,  fundumque  meum  suovitauralia 
circuniagi  jussi.  Ut  tu  morbos  visos,  iuvisosqiie,  viduer 
latem,  vastitudinemqiie,  calamitates,  intenqieriasque 
proliibessis ,  defendas,  averruucesque.  Uliquetu  fruges, 
frumeiita,  vineta,  virgultaque  grandire,  beneque  eveniie 
siiias.  Pastores ,  pecuaque  salva  servassis,  quisque  bonam 
Siilulem  valetudinem(|ue  mibi,  domo,  familiaeque  nostra:. 
Hanimce  rerum  ergo  fundi ,  lerrae  agrique  mei  lustraiidi , 
liistiique  faciendi  eigo  sicuti  dixi  macte  liisce  suovituari- 
libus  lactentibus  immolandis  esto.  Mars  pater  ejusdem  rei 
ergo,  macte  hisce  suovitaurilibus  lactentibus  esto.  Item 
ciiltro  facilo  sUuem,  et  fertum  uti  adsiet.  Inde  obmoveto. 
Ubi  poi  cum  immolabis ,  agnum ,  viliilumque ,  sic  oportet, 
Ejusqiie  rei  ergo  macte  liisce  suovitaurillbus  imniolandis 
esto.  Nominare  velat  matrem.neque  agnum,  viluliimque. 
Si  minus  in  omnes  lilabit,  sic  vei  ba  concipito  :  Mars  palerj 


fiCONOMIE  RURALE. 


II  n'tst  point  perniis  de  prononciM'  lcs  raots  pore , 
agneau,  \eau.Sices  victimes  n"ont  point  apaise 
ladivinite,  on  lait  cette  priere  :  Mars  notre  pere  , 
si  queique  chose  t'a  deplu  dans  ce  sacrifice  des 
trois  jcunes  viclimes,  accepte  en  expiation  ces 
trois  autres.  Si  on  presume  que  l'une  ou  deux 
des  victimes  n'a  pas  eteagrcee,  on  fait  cette  priere : 
Mars  uotre  pere,  puisque  le  saerifiee  de  ce  porc 
nc  t'a  pas  ele  agreable ,  aecepte  ce  porcen  expia- 
lion. 

CXLII.  —  Devoirs  Je  rinteiuiant. 
II  fera  ce  que  le  maitre  commande,  executera 
ies  travauxque  reclame  iaterre.  II  fera  ies  acbats 
et  les  prcparalifs  convenables ;  il  se  procurera  et 
soignera  les  provisions  de  bouche  et  des  vete- 
ments  pour  les  gens  de  la  ferme;  il  ecoutera 
surtout  attentivcment  lesordresdu  maitre.  II  faut 
de  plus  qu'il  se  niette  en  rapport  avec  la  mena- 
gere,etqu'il  sacbe  lui  donner  scs  ordres  pour 
que  le  maitre,  a  son  arrivee,  trouve  prepare  et 
bien  en  ordrece  dont  il  a  besoiu. 

CX.LIII.  —  Dcvoirs  de  la  prenii^re  servante. 
II  surveillera  la  menagere,  afni  qu'elle  rem- 
plisse  ses  devoirs.  Si  lemaitre  te  radonnee  pour 
epouse,  n'en  cherche  point  d'autres.  Inspire-lui 
de  la  crainte ,  et  fais  en  sorte  qu'elle  ne  soit  point 
prodigue;  quelle  voie  le  moins  possible  ses  voi- 
sinesou  d'autres  femmes ;  qu'eUe  ne  recoive  per- 
sonne  ni  a  la  ferme, nichezelle ;  qu'elle  ne  mange 
point  ailleurs  ct  ne  soit  pas  coureuse  :  qn'elie 
ne  fasse  point  de  sacrifice ;  qu'elle  ne  charge  per- 
sonne  d'en  faire  pour  elle ;  sans  Tordre  du  nialtre 
ou  de  la  maitresse;  qu'elle  se  souvienne  que  le 
proprietaire  offre  des  sacrifiees  pourtous  ses  geus. 
Amie  de  la  proprete,  qu'elle  tienne  toujours  la 
ferme  propre  et  balayee;que  touslesjoursavant 

si  quid  tibi  in  illisce  siiOTilamilibus  lactenlibns,  neqiie 
satisfactuin  est,  te  liisce  snovitauiilibus  piaculo.  Si  uno, 
duobusve  dubilaveiit,  sic  verba  concipito  :  llais  pater, 
quod  tibi  illoce  porco,  neque  salisfactuin  est,  te  lioce 
porco  piaculo. 

CXLn.  —  Xilliciofficia. 

Vilici  officia  qua'  sunt ,  qii;e  dominiis  pi'a?cepit ,  ca  om- 
iiia  qua;  in  fundo  lieri  oportet,  qu.x-que  emi  pararique 
oiiortel,  quoinodoipie  cibaria,  vestiinenta  familiac  dari 
oportet,  cadem  uti  cnret,  faciatque  moneo,  dominoque 
dicto  audiens  sit.  Hoc  amplius,  quomodo  vilicam  uti  opor- 
ttt,  ct  quomodo  eac  imperari  oportet,  uti  advent»  d(T- 
niini,  qua;  opus  sunt ,  paientur,  cuiTiituique  diligenter. 

CXLIII.  —  VilliCiEoflicia. 

Vilica;  quac  sunt  pflicia,  curato  fac.iat.  Si  eam  tibi  de- 
dcrit  dominiis  u\oiem,  ea  esto  conlentus.  Ea  fe  metiiat. 
Facito  ne  niniiiim  Uixuiiosa  sict.  Vicinas  aliasque  innlieres 
quam  niinimum  utaliir.  Seve  doniiim ,  neve  ad  sese  reci- 
piat.  Ad  ca-uam  nequo  eat,  ncve  ambulatri.x  siet.  Rem 
diviuam  ni  faciat,iicvc  inandet,  qiii  prucafaciat,injiissu 
doinini,  aut  duiuin»:.  Scito  doiiiinum  pro  tola  faiiiilia  rcm 


de  prendreson  repos  TAtre  soit  propro  et  halaye. 
A  l'arrivee  des  kalciides,  dcs  ides,  des  nones  et 
des  joursde  fete,  elle  suspendra  au  foyerune  cou- 
ronne de fleurs. Dansces  jours  elle consacrera  tous 
ses  loisirs  a  prier  les  lares  de  la  maison.  Que  tou- 
jours  elle  ait  des  aliments  prcpares  pour  toi  et 
pour  les  gens ;  qu'elle  ait  un  poulailler  bien  peu- 
pleetdes  ceufs  en  abondance;  qu'elle  fasse  une 
ample  provisionde  poires  seches,  de  sorbes,de 
figues,  de  raisins  cuits  au  soleil ,  de  sorhes  confi- 
tes  dans  du  vin  cuit,  des  poires  et  des  raisins  en 
caisse,  et  dcs  coings.  Qu'elle  enfouisse  dans  la 
terre  dcs  potscontenantdes  raisins  stratifies  avcc 
des  marcs.  Qu'elle  tienne  egalement  sous  la 
tcrre  des  ncix  fraiches  de  Preneste  enfermees  dans 
des  potsde  terre.  Qu'elleait  en  reservedescoiogs 
de  Scantium,des  coings  sauvagcs,  et  tous  les  au- 
tres  fruits  de  garde.  Celte  provision  doit  se  re- 
nouvelcr  avec  soin  toutes  les  annees.  Elle  saura 
se  procurer  de  boane  farine  et  du  gruau  fiu. 

CXLIII.  —  Coiiditions  pour  la  recolte  des  olives. 

Voiei  a  quelles  eonditions  il  convient  de  don- 
ner  a  forfait  la  recolte  des  olives.  Que  toutes  les 
olives  soient  diligemment  recollees  a  la  guise 
du  proprietaire ,  ou  de  son  remplacant,  ou  de 
celui  a  qui  lcs  fruits  ont  ete  vendus.  On  ne  les 
pincera  point,  on  ne  les  gaulera  pas  non  plus  sans 
rordre  du  raaitre.  Si  quelqu'un  enfreint  la  loi, 
son  travail  ne  sera  paye  ni  a  lui ,  ni  a  i'cutrepre- 
neur  de  la  cueillette.  Ceux  qui  sout  occupes  a  la 
recolte  jnrerontdevant  le  maitrc,  ou  dcvant  son 
prepose,  quils n'ont  soustrait,  ni eux  ni  leurs  ca- 
marades,  aucuae  portion  de  la  reeolte  d'oli- 
ves  faitesur  le  domaine  de  L.  Manlius.  Si  quel- 
qu'un  refuse  le  sermeut,  ni  le  proprictaire  ni 
1'entrepreaeur  ne  lui  payeront  poiat  sa  part  pro- 

divinam  facere.  Muiida  siet.  Villain  conversam  mundam- 
que  liabeat.  Fociiin  punim  ciicumversiim  quolidie,  |iriirs- 
quam  cubituin  eat,  liabeat.  Kalendis,  Idibus,  Noiiis,  lesliis 
dies  cum  eril,  coionam  in  fociim  iudat.  Per  eosdemqiio 
diesLari  familiari  pro  copia  suppliicl.  Cibiim  libi  et  faiiii- 
liic  curct  uti  cuctuui  liabeat.  Galliiias  multas,  ct  ova  iili 
babeat.  Pira  arida,  sorba,  ficos,  uvas  passas ,  soiba  iii 
sapa,  et  piia ,  ct  iivas  in  doliis ,  et  inala  strutliea.  Uvas  in 
vinaceis,  et  in  uiceis,in  terra  obrulas.EtnucesPraencsli- 
nasieeentes  in  urceo  in  terra  obrutas  babeat.  Mala  Scan- 
tiana  in  doliis, el alia,  quae  condi  .Sdlpiit,  et  silvatica.  Hac 
omnia  qiiotannis  diligenter  uli  condita  liabcat.  Farinaiii 
bonam  ,  et  far  subtile  sciat  facere. 

CXLIV.  —  Lex  olese  legendic. 
Oleara  legendam  lioc  nindo  locare  oportet.  Oleam  cogito 
recte  omnein  arbritralii  domini,  aut  qiiem  custodem  fe- 
cerit,  autciiiolea  venierit.  Oleam  iie  stringito,  ncvevcr- 
berato  injussu  doniini  aut  ciislodis.  Si  adversiis  ea  qiiis 
fecerit,  qiiod  ipse  eo  die  delegerit,  pro  eo  nemo  solvet, 
neqiie  dcbcbiliir.  Oleain  qiii  Ifgciint,  omnes  juranto  ad 
dominum ,  aut  ad  custodcm ,  sese  oleam  non  surripuissc , 
nequc  quemquam  suo  dolo  inalo,  ca  oleitate  ex  fundo  L. 


40  M.    P. 

portionnelle ,  et  il  ne  lui  sera  rien  du.  1!  presen- 
tera  une  eaution  pourlabcnnerecolte  desolives, 
tt  cette  caution  devra  etre  agreee  par  L.  Man- 
lius.  Les  echelles  seront  rendues  dans  le  meme 
etat  qu'elles  aurout  ete  pretees,  excepte  eelles  qui 
auraient  ete  brisees  par  suite  de  vetuste.  Si  elles 
sont deteriorees,  on en  rendra de pareilles,  ou  bien 
le  prix  en  sera  deduit  par  experts.  Si  par  la  faute 
deTentrepreneur  leproprietaireeprouve  quelque 
dommage,  ilfautei)trerencomposition.  On  pren- 
dra  pourarbitre  un  homme  bien  fame.  L"entre- 
preneur  est  tenu  d'avoir  assez  de  monde  pour 
cueilliretpouramasserlesolives;  s'ilnelefait  pas, 
on  diminue  sur  le  prix  la  valeur  du  travail  qu'il 
a  cede  ou  sous-loue.  II  ne  s'appropriera  ni  fruit, 
ni  bois  provenant de  la  plantation.  Si  quelquun 
de  ses ouvriersen  emporte,  ondeduira  sur  le  prix 
convenu  quarantesestertii  pour  chaque  soustrac- 
tion,  et  1'entrepreneur  ne  donnerapas  eette  sorame 
aTouvrier.  Toutcs  les  olives  seront  mesurees  bien 
proprcs  dans  le  boisseau  a  olives.  II  occupera 
constammeut  einquante  personnes  .  dont  les  deux 
tiers  pour  faire  la  reeolte  a  la  main.  II  ne  faut 
pas  permettre  qu'un  ouvrier  employc  a  la  re- 
eolte  ou  au  pressurage  des  olives  soit  paye  plus 
chcr  que  de  coutume,  a  moins  que  rentrepre- 
neur  n'afnrme  qu'il  se  Test  associe  pour  ce  mo- 
ment.  Si  cela  a  lieu,le  maitre  ou  son  prepose 
peut  exiger  le  serment  de  tous  les  associes.  S'ils 
refusent  de  jurer,  personne  ne  paye  ni  ne  doit 
payer  le  travail  qu'exigent  la  recolteet  la  mani- 
pulatiou  des  olives.  La  bonne  main  pour  une 
recolte  de  douze  cents  muids  sera  de  cinq  muids 
d'olives  salees,  neuf  livres  d'huile  epuree,  ciuq 
sestertii  et  cinq  quadrantals  de  \inaigre  pour 
toute  la  recolte;  si  Ton  ne  donne  point  d'olives 


CATOM. 

salees ,  on  payera  chaque  muid  a  raison  de  cinq 
sestertii. 
CXLV.  —  Conditions  pour  la  fabricatioii  de  I'huile. 

Marchea  forfait  pour  le  pressurage  de  rolive. 
Travaillez  consciencieusement  au  gre  du  pro- 
prietaire  ou  de  rhomrae  a  qui  il  a  confie  la  sur- 
veillance  de  la  fabrication.  Employez,  si  cela  est 
nccessaire,  desseriesd'ustensiles.  Choisissez  pour 
ouvriers  des  hommes  agreables  ausurveillant  ou 
a  celui  qui  a  Qchete  Ihuile.  Servez-vous  du  tra- 
pete.  Si  le  proprietaire  a  ete  foree  de  louer  des 
ouvriers  supplementaires,  ou  de  faire  marche 
avec  un  aulre,  entrez  encompositiou,  ou  le  prix 
convenu  vous  sera  forcement  dirainue.  Ne  de- 
tournez  aucune  portion  de  rhuile  ,  ni  pour  vous 
en  servir  ni  pour  la  derober,  et  n'employez  que 
cellequi  vous  aura  ete  donnee  par  le  surveillant 
ou  par  le  proprietaire.  Si  on  a  vole  de  rhuile, 
chaque  soustraction  sera  punie  d'une  amende  de 
quarante  sestertii,  ou  d'uneegalediminution  sur 
le  prix.  Ceux  qui  fabriqueut  rhuile  jurerontde- 
vaatleproprietaiie  oudevantson  inteudant  qu'ils 
n'ont  soustrait,  eux  nipersonne,  ni  huileni  olive 
de  laprovenance  dudomaine  de  L.  Manlius.  Ceux 
qui  ne  preteront  poiut  ce  serment  ne  recevront 
pas  de  rentrepreneur  le  prix  de  leur  travail ,  et 
le  proprietaire  ne  le  devra  pas  a  rentrepreneur. 
Ne  vous  associez  personue  sans  ragrement  du 
proprietaire  ou  du  surveillant.  Si  par  la  faute  de 
rentreprcneur  le  proprietaire  a  eprouve  quelque 
dommage,  onfera  uue  deduction  sur  restimatiou 
d'un  homine  d'uue  probite  reconnue.  S'il  de- 
mande  de  rhuile  verte ,  le  proprietaire  donnera 
de  rhuile  et  du  sel  pour  prix  supplementaire  et 
deux  vicloires. 


Manlii.  Qui eornm  non  itajuraverit,quod  is  legerit  omne, 
pro  eo  argenlum  nemo  dabit,  ueque  debebitur.  Oleam 
cogi  recte ,  satisdato  ai  bitralu  L.  Manlii.  Scate  ila  uti 
data!  erunl,  ila  reddito,  nisi  quse  vetuslate  (racla!  erunt. 
Si  non  erunt,  reddet  aequas,  aut  arbitratu  deducetur.  Si 
qiiid  redemloiis  opera  domino  danini  datuni  erit,  rcsol- 
vito.  Id  viri  boni  arbiliatu  deducetur.  Legulos  quot  opus 
erunl,  praibelo,  et  strictoies.  Si  non  pijcbiierit ,  qiianli 
conductum  erit,  aut  locatum  erit,  dediicelur,  tanto  mi- 
nus  debebitur.  De  fundo  ligna  et  oleain  ne  deportato. 
Qui  oleain  legerit,  qui  deportarit,  in  sin'4iilas  dcporta- 
tiones  ss.  n.  u.  deducentur,  neqne  id  debebitur.  Oni- 
nem  oleam  piirain  metietur  modio  oleario.  Assiduos 
boiuines  quinquaginta  ])ia;beto,  duas  partes  strictorum 
pia;belo.  Ne  qnis  concedat,  quo  olea  leguuda  ct  faciunda 
carius  locelur.  Extiaquam  si  quem  socium  impraesentia- 
ruin  dixerit.  Si  quis  advcrsum  ea  fecerit,  si  dominus  aut 
custos  volenl,  jurent  omnes  socii.  Si  non  ita  juraverint, 
pro  ea  olea  legunda ,  et  faciimda  nemo  dabit ,  neque  de- 
bebitur  ei,  qui  non  ita  jiiraverit.  Accessiones  in  mod.  la.  cc. 
acceditoleicsalsa!  mod.  v.  olei  piiri  p.  ix.  In  totaoleitate  ss. 
V.  aceti  quadrantalia  v.  Qiiod  olea;  salsne  non  acceperint, 
d.uin  oleam  leygut,  in  modios  singulos  ss.  s.  s.  dabunlur. 


CXLV.  —  Lex  olea;  faciundae. 

Oleam  faciundain  liao  lege  oportet  locare.  Facito  recfe 
arbitralu  domini,  aut  cnstodis,  qui  id  negotium  curabit. 
Si  sexjugis  vasis  opns  erit,  facito.  Homines  eos  dato ,  qni 
placebunt  aut  custodi,  aut  qui  eam  oleain  emerit.  Tiapeti 
facilo.  Si  operarii  condiicti  erunt ,  aiit  facienda  locata 
erit,  pro  eo  resolvito,  ant  dedncetur.  Oleum  ne  tangilo 
utendi  causa ,  neque  furandi  causa ,  nisi  quod  ciistos  de- 
derit,  aut  dominus.  Si  sumpserit,  in  singnlas  sumpsiones 
ss.  N.  XL.  deducentiir,  ncque  debebitur.  Factores,  qui 
oleum  IVcciiiit,  onnics  juranto  aut  ad  dominum,  aut  ad 
custodeni ,  scse  de  fcindo  L.  Manlii ,  neque  aliiiin  queiu- 
quani  siio  dolo  nialo.oleum,  neque  oleam  siirripuisse. 
Qiii  eorum  non  ita  juiaveiit,  quie  ejiis  pais  eiit,  onine 
deduceUir,  nequedebebiuir.  Sociiim  nequcm  liabeto,  nisi 
quem  dominus  jusserit,  aut  custos.  Si  qiiid  redemtoris 
opeia  domino  damni  datum  crit ,  viri  boni  aibitratu  dc. 
dnceliir.  Si  viride  oleum  opussiet,  facito.  Accedet  olcum, 
et  sal  su;e  usioni,  qiiod  salis  siet,  vasaiiuni  vict.  u. 


ECONOMIE  RURALE. 


CXLVI.  —  Vente  des  olives  siir  pied. 

Olives  a  vendre  sur  pied  dans  le  territoire  de 
Venafre.  L'acheteur  ajoutera  an  prix  d'adjudi- 
cation  le  centierae  pour  frauc-vingt.  L'encheie  ac- 
tuelle  est  a  cinquantescstertii,  quinze  ceuts  iivres 
d'huile  poidsdc  Rome,  dcnx  ceiits  livres  d'huile 
verte ,  cinquante  muids  d'olivcs  tombees,  dix 
muids  d'olivf  s  cueillics  a  la  main ,  le  tout  mesure 
avec  le  muid  a  olives,  dix  livres  dhuilea  grais- 
ser.  Pourrusagedes  poids  etdes  muidson  aban- 
donneraaumaitredcuxcotyladelapreraierehuile 
qui  coulera.  L'adjudicatairc,quandmemeilaurait 
sous-loue,  payera  lesoHvcsrecolteeset  pressurees 
dans  Tespace  de  dix  mois  a  partir  des  calendes 
de  novembre,  sans  reculerle  payement  apres  les 
ides.  Ces  fourniturcs  scront  livrces  de  bonne  foi 
etsans  rctenue  soit  au  maitre,  soit  a  son  piepose, 
et  on  sera  tenu  de  presentcr  une  cautiou.  .lusqu'a 
ce  que  racheteur  se  soit  libere  en  totalite  ou  du 
moins  en  grande  partie,  les  ustcnsiles  qu"il  aura 
apportessur  lc  fonds  servirontde  aantissement,  et 
on  ne  pourra  en  emporterquoi  que  ce  soit.  Si  Ton 
en  emporte ,  ils  appartiendront  au  maitre.  Les 
pressoirs ,  les  cflbles ,  lcs  cchelages ,  les  trapetes  , 
et  tous  ies  objets  qui  auront  cte  pretcs  par  le  mal- 
tre  seront  remis  en  bon  ctat,  a  rexception  de 
ceux  qui  auront  etc  brises  par  vctuste.  Si  Tadju- 
dicataire  m  paye  pas  ce  qu'il  doit  aux  ouvriers 
employes  a  la  recolte  et  au  pressurage,  le  pro- 
prietaire  payera,  s'il  lejuge  a  propos;  mais  Tad- 
judicataire  devra  et  remboursera  cetie  somme  au 
proprietaire ,  et  scs  ustensiles  cautionnerout  cette 
somme,  corame  il  a  ete  dit  ci-dessus. 

CXLVII.  —  Vente  des  raislns  pcndants. 

L'acheteur  laissera  sur  place  les  lieset  les  marcs 

CXLVI.  —  Lex  oletE  pcmlenlis. 

Oleam  pendenlem  liac  lege  venire  opnrtet.  Olea  pendens 
in  fundoVenafro  vcniljit.  Qni  oleaniemerit,  aniplius.quam 
quanti  emerit,  omnis  pecuni.T  centesinia  acccdet.  Pr.Tco- 
nium  prsesens  ss.  l.  etoleum,  Ronianici  pondo  m.  d.  viri<lis 
p.  cc.  oleoe  caduca'  nmd.  i..  striclivae  mod.  x.  niodio  oleario 
mensnnidalii.  l  ii'.;iiini>  poiidox.Ponderibnsmodiisquedo- 
mini  dalo*  iri  |ii  iiii;i'  i'(.liil;i^  dnas.  Dies  argento ex  K.  Nov. 
mensinm  x.  olr.c  Irpnnl.r  f;iciund:c  (iu;i'(pie  locata  cst, 
ct  si  eintor  locaril  Idibus  solvilo.  ricclc  lia'C  dari,  fieriijiic, 
satisquc  dari  domino  ,  ant  ciii  jnsserit ,  proiiiitlito ,  salis- 
que  dato  arliitratn  doniini.  Rouicum  soluliim  crit ,  aut 
ita  satis  datum  erit,qu<ie  in  fundo  illata  eriint,  pisneii 
sunto.  Ne  quid  eoiuni  dc  fundo  deportato.  Si  quid  deiior- 
tavcrit ,  doniiui  esto.  Vasa  torciila ,  fiines ,  scalas  ,  traiic- 
tos,  si  qnid  etaliud  dalum  crit,  salva  rec.le  reddito,  nisi 
qnue  vetiistate  fracta  ernnt.  Si  non  reddet,  irquum  .solvito. 
Si  enifor  legulis  el  factoribus  qwi  illic  opus  fecerint,  non 
solverit,  cni  dari  oportcbit,  .si  dominus  volet,  solvat. 
Emlor  domino  debeto,  cl  id  salis  duto,  proqueca  le  ita, 
uti  s.  s.  E.  item  pi'-'neri  sunto. 

CXLVII.  —  Lex  vini  pendcnlis. 
tlac  lcge  vinum  pcndens  vcnire  oportct.  Vinaceos  illii- 


de  raisin ,  sans  les  epuiser.  II  emportera  son  vin 
aux  premieres  calcndes  d'octobre ;  s'il  nest  pas 
emportc,  lc  mnitrc  cn  disposcra  a  s^in  grc  ;  lcs  au- 
tres  conditions  sont  les  memcs  quc  pour  les  olivcs 
sur  pied. 

CXLVIII.  —  Vente  du  vin  en  cerdcs. 
Chaque  culleus  livre  a  racheteur  se  mesurera 
sur  le  picd  de  quarante-une  nrnes  de  vin  qui  ne 
sera  iii  acide  ni  graisseux.  On  le  fera  dcguster 
trois  jours  avant  la  vente  par  un  gourmet  ex- 
pert.  Si  l'achetcur  ne  le  fait  pas,  le  vin  sera  tenu 
poiir  dcguste.  Si  par  le  fait  du  proprietaire  la 
dcgusfationn'a  pu  ctre  effectuce  sous  troisjours, 
il  sera  laissc  a  racheteur  un  delai  proportionnel 
au  retard.  Le  vinsera  mesurc  avant  les  calendes 
de  janvier  qui  suivront  la  vente;  sinon,  il  scra 
mesure  aux  risques  du  proprictaire,  en  lui  comp- 
tant  neaimioins  ce  qui  aura  ete  mesure  aupara- 
vant.  Si  racheteur  Texige,  le  proprietaire  jurera 
qu'il  Ta  fait  en  conscieuee.  L'acheteur  enlevera  le 
vin  aux  calendes  d'octobre.  Sil  ne  le  fait  pas,  le 
proprictaireeu  disposera;  lcs  autrcscharges  sont 
lcs  meraes  que  pour  rolive  sur  pied. 

CXLIX.  —  Location  d'un  pJtuiage. 

Conditions  de  louage  pour  un  pitturage  d'hi- 
ver.  Dcterrainez  les  limites  du  paturage,  et  per- 
raettcz-en  la  depaissance  aux  calendes  de  sep- 
tembre;  si  rherbage  est  sec,  dt'fcudez-ei)  rentree 
lorsquc  les  poiricrs  commenceront  a  fleurir;  si  la 
prairie  est  arrosce  ,  la  depaisjance  cessera  aussi- 
tot  que  les  voisins  de  chaque  c6te  le  permettront, 
ou  bien  prenez  avec  eux  un  jour  fixe  d'avance. 
Daus  tout  autre  cas,  le  piiturage  cessera  aux  ca- 
lendes  de  mars.  Le  maitrese  reservera  le  droit, 

tos ,  et  fa>cem  rclinquilo.  Locus  vinis  ad  K.  Octob.  primas 
dabilur.  Si  nonante  ea  exportaveris ,  dominus  viuo,  quod 
volet ,  faciet.  Ca-tera  lex  quae  oleoe  pendenti. 
CXLVIII.  —  Lex  vino  In  doliis. 

Vinum  in  doliis  lioc  modo  venire  oporlet.  Vini  in  cul- 
leos.siniiulos  qiiadrasenae  et  siiigul»  urna;  dabuntur ;  quod 
neipie  aceat,  neque muceat ,  id  dahitur.  In  Iriduo proximo, 
viri  boni  arbitratu,  degiislato.  Si  non  ita  feccrit,  vinum 
pro  deguslato  erit  Onot  dies  per  dcminum  mora  fuerit, 
qiio  niiiiiis  viuum  degiistct,  lotidemdiesemtori  procedent. 
Viiiuni  aicipiti)  ante  K.  Jan.  prinias.  Si  non  aiite  accepc- 
rit.doniinus  viiiiini  adnietietur.  Quod  admensuiii  eiit, 
pro  eo  douiinus  resolvilo.  Si  emtor  postularit ,  diiniiiiiis 
jiisjiuandiini  daliit,  verum  fecisse.  Locus  viiiis  ad  K.  Or- 
lobres  priinas  dabitur.  Si  ante  non  deportaverit,  doiniiius 
V  iuo  qiiiid  volet  faciet.  CMtera  lex  qua;  olcffi  peudeuti. 
CXLIX.  —  Lex  pabulo. 

Qua  lege  pabuliim  biberniim  venire  oportcat.  Qiia  ven- 
das  lini,  dicito.  Pabuliim  Oni  occiiiito  ex  Kalend.  Septcm- 
bribus.  Prato  sicco  decedat ,  nbi  piriis  florere  crepeiil  : 
piito  irrigno ,  nbl  super  inferqne  vicinus  pcrniillet  tuin 
decedilo,  vel  dieni  ccrtani  utrique  facito.  C.-etero  pabiili) 
Kalend.  Martiis  ccdito.  Bubns  domitis  binis,  canterio  nni. 


M.  P.  CATON. 


peudant  toute  la  duree  du  pacage,  de  mettre  sur 
son  terrain  une  paire  de  bceufs  domptes  etun  che- 
\al  de  somme  :  il  se  reservera  egalement  Tusage 
des  legumes ,  des  asperges ,  des  bois ,  de  Teau ,  et 
le  droit  de  passage.  Si  riierbager  ou  les  gardiens 
font  eprouver  quelque  dommage  au  proprietaire , 
on  s'en  referera  a  la  deeisioii  d'ua  homme  juste  : 
il  en  sera  de  meme  si  le  locataire  a  ete  lese  soit 
par  le  proprietaire ,  soit  par  ses  gens ,  soit  par  ses 
troupeaux.  .Tusqu'a  ce  que  le  prix  de  iocation  ait 
cte  paye  en  numeraire  ou  par  hypotheque,  les 
troupeaux  et  ceux  qui  lcs  soignent  servent  de 
nantissement  au  proprietaire ;  s'il  s'eleve  des 
coutestations  sur  diffcrents  points,  elles  serout 
portees  au  tribunal  deRome. 

CL.  —  Cession  du  revenu  d'un  tioupeau. 

Conditions  pour  la  cession  du  rendemeut  d'un 
troupeau  de  brebis.  L'usufruitier  donnera  au  pro- 
prietaire  pour  chaque  tete  une  livre  et  demi  de 
fromage  rai-sec,  la  moilie  du  lait  qu'ou  traira  les 
jours  de  fetes ,  et  de  plus  une  urne  de  lait.  A  ces 
conditions  on  coraptera  comme  faisant  partie  de 
rusufruit  tout  agneau  qui  aura  vecu  uu  jour  et 
une  nuit,  et  rusufruit  fmira  aux  calendes  de 
juin ;  ce  sera  a  celles  de  mai  si  rannee  est  interca- 
laire.  Le  preneur  ne  promettra  pas  plus  de  trente 
agneaux.  I.es  hrtbis  non  fecondes  seront  comp- 
tees  sur  le  pied  de  deux  pour  une,  relativeraent 
a  la  rente.  Les  agneaux  et  la  laine  ne  se  vendront 
qu'en  plein  jour.  La  caution  ne  sera  leviie  qu'a- 
pres  dix  niois.  Le  petit-lait  dc  dix  brebis  servira 
a  rengraissement  d'un  porc.  Le  preneur  foumira 
aussi  pendant  deux  mois  uu  berger  qui  servira 
de  gage  jusqu'a  ce  que  le  proprietaire  soit  paye 
ou  soide  en  hvpotheques. 


CLI.  —  Manitre  de  senier  le  cypife. 
Je  dois  a  M.  Percennius  Nolanus  la  mauiere 
de  recueillir  et  de  semer  la  semence  de  eypres , 
de  multiplier  cet  arbre  et  de  le  disposer  en  bos- 
quets.  La  semcjice  du  cypi'es  de  Tarente  se  re- 
coite  au  printemps,  tandisque  le  bois  ne  s'abat 
qu'au  momentou  rorgejaunit.  On  expose  au  so- 
leil  la  semence  ainsi  recoltee;  on  la  nettoie ,  et  on 
la  serre  bien  seche  dans  un  endroit  cliaud.  On 
serae  au  priutemps  dans  cette  terre  tres-legere 
que  nous  nommons  friable,  et  dans  un  endroit 
peu  eloigne  de  Teau.  Ou  commenee  par  dis- 
tribuer  sur  le  terrain  une  bonne  couehe  de  fu- 
mier  de  chevre  ou  de  moutons.  Vous  retournerez 
le  terrain  avec  le  bident ,  vous  iucorporerez  ren- 
grais avec  lesol,  que  vous  debarrassez  des  plantes 
adv.entices  et  des  gramens.  Apres  avoir  exacte- 
ment  pulvcrise  la  terre ,  disposez-la  par  planches 
de  quatre  pieds  de  large ,  et  legerement  eoucaves 
a(in  qu'elles  puissent  retenir  Teau  ,  et  entre  cha- 
cune  desquelles  vous  menagerez  un  sentier,  afm 
de  pouvoir  arracher  les  mauvaises  herbcs;  sur 
les  planches  ainsi  arrangees  vous  repandrez  la  se- 
mence  de  eypres ,  aussi  drue  que  pour  le  lin. 
Vous  la  recouvrirez,  a  repaisseur  d'uu  derai-tra- 
versde  doigt,  avec  de  la  terreque  voas  ferez  pas- 
ser  par  le  crible.  Vous  aplanirez  la  surface  soit 
avec  une  planche,  soit  avec  vos  maius,  soit  avee 
vos  pieds.  Si  les  pluies  se  font  attendre  au  point 
que  la  terre  se  desseche ,  introduisez  sm-  les 
planches  une  legere  lame  d'eau.  Si  vous  n'a- 
vez  pas  un  cours  d'eau,  transportez-en  sur  vos 
planches,  et  arrosez  doucement.  II  faut  arroser 
chaque  fois  que  le  besoin  s'en  fait  sentir.  Arra- 
chcz  les  mauvaises  berbes  aussitot  qu'elles  pa- 
raissent,  et  si  faibles  qu'elles  soient;  arrachez-les 


cum  emlor  pascet,  domino  pascere  recipilur.  Olciis,  as. 
paiagis,  lignis,  acpia.itinere,  actu  domini  lisioni  recipi- 
lur.  Si  quld  emtor,  autpastores  aut  pecus  emtoris  domino 
damni  dederit,.  boni  viri  arbilraiu  resolvat.  Si  quid  domi. 
nus,  aut  familia,  aut  pecus  emtori  damni  dcderit,  viri 
boni  arhitiatu  rcsolvetur.  Dunicum  pecuniam  satisfecerit, 
ant  delegarit ,  pecus  et  familia ,  qua)  illic  erit ,  pigneri 
sunlo.  Si  quid  de  iis  rebus  controversia;  erit ,  Rom.e  judi- 
cium  liat. 

CL .   -  Fruclus  ovium  qu.i  lege  venierit. 

Fructum  ovium  liac  lcge  veniie  oportet.  In  singulas 
rasci  v.  i.  s.  dimidium  addum,  lacte  feriis  quod  mulserit 
dimidium,  et  pra'terea  lactis  urnani  i.  llisce  lcgibus  agnus 
diem  et  noctem  qui  vixerit ,  iu  fruclum  ,  et  Kal.  Jun.  em- 
lor  fruclu  decedal.  Si  inleiKalatum  eril,  K.  iMaiis.  Agnos 
XXX,  ne  amplius  promittat.  Oves  qua;  non  pepererint, 
bina;  pio  singulis  in  fructu  ccdent.  Die  lauam  et  agnos 
vendal.  Menses  x  ab  coactore  rele/et.  1'orcos  seiarios  in 
ovesdenassingulos  pascat.  Conduclor  ii.  menses  pastorem 
(irsebeat.  Donec  domino  satisfecerit ,  aut  solverit,  pigneri 
cslo. 


CL.  —  Quo  pacto  cupresseta  serl  oporleat. 

Semen  cupressi  quando  legi,  seri,  propagarique  opor- 
teat,  et  quo  pacto  ciipresseta  seri  oporteat,  Manlus  Per- 
cennius  Nolanus  ad  liunc  modum  monstravit.  Semen  cii- 
piessi  Tarentina;  per  ver  legi  oportet,  maturum,  ulii 
bordeum  llavescit.  Id  iibi  legeris,  in  solepouito,  senien 
piirgato.  Id  ariduni  condito  :  uti  aridum  exposituni  sict. 
Per  ver  serilo  in  loco  ubi  tena  tenerrimaerit,  quainpul- 
liuii  vocant,  ubi  aqua  propter  siet.  Eura  locum  stercorato 
lirimum  bene  stercore  caprino ,  aut  ovillo.  Tiiin  voi  tito  bi- 
palio,  terram  cum  stercorebenepermisceto,  depiirgatoab 
lierba  graminibusque.  Bene  terram  comminuito.  Areas 
f;icito  pedes  latas  quaternos  :  subcavas  facilo,  uti  aquam 
continere  possint.  Infer  eas  sulros  facito,  qua  lierbas  de 
areis  purgare  possis.  Ubi  ai  ea;  facta;  eriint ,  semeu  serito 
ciebrum ,  ita  uti  linum  seri  solet.  Eo  cribro  terram  incer- 
nito ,  dimidiatum  digiliim  terram  allam  succernito.  Id  bew! 
tabula,  aut  manibus,  aut  pedibus  complanato  Si  quando 
non  pluet,  uti  terra  sitiat ,  aquam  irrigato  leniter  in  areas. 
Si  non  habebis  unde  irriges,  gerito,  indiloque  leniter. 
Quoticscunque  opus  erit ,  facito  iiti  aquam  addas.  Si  ber- 
ba;  nata:  erunt,  facilo  uti  ab  lierbis  purges.  Quam  tcuerri. 


fiCONOMIE  RURALE. 


surtout  pendant  l'et6 ,  et  toutes  les  fois  que  vous 
en  sentircz  la  neeessite.  Ces  precautions  sont  de 
rigueur;  et  des  que  la  semaille  est  faite  il  faut 
couvrir  la  terre  d'un  paillis ,  qu'on  enleve  des 
que  les  cypres  commenccnt  a  germer.    . 

CLII.  — IJalais  suivant  la  nii5tl)0(ie  dc  Jlemius  et  de  Jlan- 
lius. 

Procedes  des  Manlius  pour  fnire  les  balais  de 
branchages.  Pendant  les  trente  jours  qui  suivent 
la  vendange,  il  faut  fairc  des  balais  avec  des  ra- 
milles  seches  prises  sur  un  orme,  et  liees  autour 
d'un  bciton.  On  s'en  sert  pourfrottcr  les  fluncs  in- 
terieurs  desfutailles,  afin  que  les  lies  ne  s'atta- 
chent  pas  a  leurs  parois. 

CLIll.  —  Vinde  lies. 

Aycz  pour  cela  deux  cabacs  aolives  de  Cam- 
panie,  remplissez-les  de  lies,  placez-les  sous  le 
pressoir,  et  exprimez-en  le  viu. 

CLIV.  —  Maniire  dc  mesurer  ie  vin  aux  .icneteurs. 

Maniere  comniodede  delivrer  le  vin  aux  ache- 
teurs.  Ayez  pourcela  uiic  cuve  de  la  contcnnnce 
d'un  culleus  ,  nniniesur  ses  bords  de  quatre  an- 
ses  qui  eu  faciliteront  le  deplacement.  Pereez- 
la  au  fond  d'un  trou  exnctenient  ferme  par  un 
robinet.Percez-la  cgalement  d'un  trou  affleurant 
la  contenance  d'un  cidieus.  Placez-la  au  milieu 
des  futailles  sur  une  elevation,  afin  que  le  vin 
qui  y  est  contenu  puisse  s'ecoiilerdniis  le  culleus 
de  racheteur  :  quand  celui-ci  sera  rcmpli,  fer- 
mez  votre  cuve. 


CLV.  —  Pendant  riiivcr  procurer  un  ^coulement  h  Teau 
des  cliainps. 

II  faut  dessecher  les  terres  arables  pendant 
l'hiver.  Sur  les  hauteurs'on  tiendra  bien  evidees 
les  rigoles  d'ecoulenient.  Cest  siirtout  a  rentrec 
de  rnutomno  ,  quand  la  terre  est  pulverulcnte, 
qu'il  faut  redouter  la  prcsence  de  Teau.  Lorsque 
la  pluie  s'annoncera,  on  cmmcneratous  ses  gens 
avcc  des  fourches  et  des  sarcloirs,  pour  ouvrir 
lescanaux  d'ccoiilement  etconduire  Teau  sur  les 
chemins,  afin  qu'elle  ne  sejourne  pas  sur  les  re- 
coltes.  Qiiand  il  pleuvra  sur  la  ferme ,  on  explo- 
rera  tous  les  b^timents ;  et  si  rcnu  filtre  quelque 
part,  on  indiquera  avec  du  charbon  les  endroits 
oii  ies  tuiles  demandent  a  etre  remplacees.  Pen- 
dant  la  moisson,  si  feau  demeure  stagnante,  soit 
sur  les  javelles,  soit  sur  les  bles  en  tige,  soit 
dans  les  rigoles,  il  faut  eearter  et  dctounier  les 
ob.stacles  quis'opposenta  son  ecoulement. 
CL\I.  —  Remfedcs  pr^pares  avec  les  clioux. 

Le  chou  est  le  premier  de  tous  nos  legnmes. 
On  le  mange  cru  ou  cuit.  Si  on  veut  le  raaoger 
cru ,  on  le  fait  macererdansdu  vinaigre.  II  se  di- 
gere  a  merveille,  relache  le  ventre  et  les  voies 
urinaires;  c'est,  dans  tous  les  cas,  une  nourriture 
saine.  Si  dans  un  repas  vous  desirez  boire  large- 
ment  et  manger  avec  appetit,  mangez  auparavant 
des  ehoux  coiifits  dans  du  vinaigre  ,  et  autant 
que  bon  vous sembleia;  et  de  menie  apresle repas 
niangez-en  cinq  feuilles  environ,  vous  serez 
eomme  si  vous  n'aviez  ni  bu  ni  mange,  et  vous 
pourrez  de  nouveau  boire  a  votre  aise.  Si  vous 


mis  lierbis,  etquotics  opus  cril  |iurges  per  a'slatera.  Ila 
uli  dictum  est,  fieri  oporlet,  ct  ubi  .senicn  satum  siet, 
stiamenlis  operiri  oportct ,  ubi  scrmen  nasceie  ccrpeiit, 
tum  deini. 

CLII.  —  Quffi  Memius   et  M.  Manlius  di;   ^ino  emtoribus 
admetieudo  monstraveriiit. 

l)e  scopis  viigcis  y.  a.  m.  IManlii  monstravenint.  In  die- 
bus  XXX,  quibus  viiiuni  Icgcris,  aliijuollcs  lacilo  .scopas 
virgeas  ulmeas  aridas ,  iu  asserculo  allignlo,  ealius  lateia 
doliisintrinsecususque  beiie  peifiicato, ne  fa;xin  lateribus 
adliaerescal. 

CLIII.  —  Devinofxcato.  i 

Vinum  faM:atum  sic  facito.  Fiscinasolearias  Campanicas 
duas  illae  rei  liabeto.  Kas  tecis  impleto,  sub  prelumiiuc 
subdito,  cxpriinitoque. 

CLIV.  —  Vinuin  emlorilius  (juoinojo  admcliaris 

Viuum  cnitoribus  siiic  moleslia  ipiomodo  admetiaiis. 
Labrum  culleare  illae  rei  facilo.  Id  liabeat  ad  summuui 
ausas  IV.  uli  tiansferrl  possilur.  Id  imum  pertundito.  Ea 
iistulam  siibdito  iili  obtuiarier  lecte  posslt.  Et  ad  sum- 
mum,  qua  lini  cullcum  lapiit,  iieitundilo.  Id  in  sug- 
gestn.inter  dolia  |iosirumbabel<),  iiti  iu  (•ulleiuu,  de  dolio 
\ihum  saliic  pos^it.  Id  iinplelo.  l'oslea  obturato. 


CLV.  —  Per  hiemen  de  agro  aquam  pellere. 

Per  liiemem  aquam  de  agro  depelli  oportel.  In  inonte 
(ossas  inciles  puras  liabere  oportet.  Piiina  auluninitate 
cum  pluviusest,  tum  maxiine  ab  aqua  periculuni  est. 
Ciim  pliiere  iiicipiet  familiam  cum  ferreis  sarculis  exire 
uiiorlel,  incilia  aperire,  aquam  dcducere  in  vias,  et  se- 
getein  cuiaieopoitet,  uli  lluat.  la  villa  cum  pluet,  circum- 
ire  oportet,  sicubi  perpluat,  et  signare  caiboiK;,  cuin 
desierit  plucre,  uti  tegula  mutetur.  Per  segetein  iu  fru- 
inentis,  aut  in  segete,  aut  in  fossis  sicubi  aqua  constat , 
autaliquid  aqua;  obslat,  id  einittere,  patelicri,  removeri- 
(lue  opoi  ict. 

CLVI.  —  Medicamenta  brassica;. 

[  l)e  biassica  quod  conitoipiit.]  Brassica  est,  quse  omni- 
busoleiibus  anlistat.  Kam  esto  vel  coctain,  vcl  crudaiii. 
(.'riidainsi  edcs,  in  acclum  intinguito.  Mirifice  concoquit. 
,\lvuni  bonam  facit,  loliumque  ad  omnes  les  salulire  csL 
Si  voles  in  convivio  inultuin  bibcre,  c(rnareque  libenter, 
aiite  cirnain  esto  crudam  quantuin  voles  e\  aceto.  Et 
iliui,  ubi  (■iruaveris ,  comesto  aliqua  v.  fulia,  reddeut 
U:  quasi  niliil  edcris,  (bibeiisque,)  bibcsque  qiuuitum 
voles.  Alvum  si  voles  dejicere  superioiem,  sumilo  bias- 
sica;  qua;  levissima  crit,  P.  iv.  Inde  facito  manipulos 
«"(liialcs  tres,  colligatoque.  Pftstea  ollam  slaliiito  cuiii 
aipia  l'bi  nicipiet  fcrveie  paulisper,  dcinittilo  iiuum  luu- 


M.  P.  CATON. 


nvez  l'epip:astreembarrass^,  prenez  quatre  livres 
d'iine  espece  tle  chou  tres-legere,  faites  en  trois 
bouqiiets  csauN  ;  fieelez-les.  Mettez  ensuite  siir 
lefeu  uiie  niaimite  pleine  rreau,  et jetezy  un  des 
bouquets  des  que  le  premier  bouillon  paraitra. 
Lorsqu'ensuiteelle  recommeDceraa  bouillir,  en- 
foneez-le  un  peu,  et  laissez-le  pendant  que  vous 
compterez  jusqua  vingt-cinq  :  retirez-le  alors. 
Procfdez  de  meme  pour  le  second  et  pour  le  troi- 
sieme  bouquet;  mettez-les  ensuite  ensemble  et 
pilez-les.  Apres  les  avoir  retires,  exprimcz-en  le 


bouillir;  apres  quoi  on  versera  sur  un  plat  pour 
laisser  rcfroidir,  On  lesmelera,  pour  les  manger, 
avec  tel  autre  aliment  qu'on  voudra  :  mais  on 
fera  mieux  de  manser  les  choux  senls,  si  on  le 
peut.  Si  Ton  n'a  point  de  fievre,  on  les  prendra 
avecun  vin  noir  et  dur, et  on  ne  boiraque  le  moins 
d'caupossible,  maiss'il  y  afievre,  il  faudra  adop- 
ter  feau.  On  en  fera  prendre  tous  ies  matins, 
mais  peu  a  la  fois ,  afin  de  ne  pas  provoquer  le 
dei;out ,  et  qu'on  les  trouve  toujours  agreables. 
On  les  administrera  de  la  meme  maniere  aux 


suc  a  travers  nn  linge  dans  une  petite  coupe  en     hommes  ,  aux  femmes  et  aux   enfants.  .T'arrive 


terre,  a  la  quantite  d'une  hemine.  Jetcz  y  un 
grain  de  sel  gros  eomme  une  lentille ,  du  cumin 
grille  seulement  pour  lui  en  donncr  fodeur  :  ex- 
posez  ensuite  la  coupe  a  fair  pendant  une  nuit 
sereine.  Celui  qui  voudra  boire  dc  cctte  liqueur 
prcndra  auparavant  un  bain  chaud,  boira  de 
rcaumicllce,  etsecouchrra^Jeun.  Le  lenderaain 
il  prendra  la  poticn  ,  se  promenera  pendant  qua- 
Ire  heures  ,  ct  vaqucra  a  ses  affaires  s'il  en  a  a 
soigner.  AussitAt  que  1'envie  de  vomir  le  saisira, 
il  se  couchera  et  se  purgera.  II  evacuera  une  si 


raaiutenant  a  ceux  qui  ont  les  voies  urinaires 
trop  resserreeset  embarrassees.  Prenezdeschoux 
et  jetez-les  dans  Teau  bouillante,  faites-les  cuire 
m  peu,  pour  leur  enlever  leur  crudite  :  ensuite 
decantez  presque  toute  Teau ;  ajoutez-y  beau- 
coup  d'huil3,  du  sel ,  et  un  peu  de  curain  ;  fai- 
tes  bouillir.  On  en  avalera  le  bouillon  froid  et 
on  raangera  les  choux,  et  celatous  les  jours,  afin 
que  le  remede  soit  plus  prompt. 

CLVII.  —  Yarictfe  et  qiialil&  des  clioux. 

Avant  tout  il  convient  de  connaltre  le  carac- 


grandequantitedebileetdepituite,que!ui-meme     tere  et  lcs  proprietes  des  diverses  especes  de 


se  deinandera  avec  surprise  d'ou  elle  pcut  pro 
venir.  Lorstpfensuite  il  ira  a  la  selle,  il  boira 
une  hemine  d'eau,  ou  ua  peu  plus.  S'il  continue 
a  etre  relSche,  il  preiulra  deux  conges  de  fine  fa- 
rine ,  qu"il  jettera  dans  Teau ;  il  en  boira  un  peu , 
et  ne  sera  plus  tourmenle.  Si  on  esttravaille  par 
la  colique,  on  fera  macerer  des  choux  dans  de 
Teau  ;  apres  la  maceration  on  les  jettera  dans  de 
Teau  chaude,  et  on  les  fera  cuire  jusqu"a  ce  qu"ils 
samollissent.  Apres  avoir  decante  feau  ,  on  as- 
saisonnera  avecdu  sel ,  un  peu  de  cumin  et  de  fiu 
gruau.  On  y  ajoutera  aussi  de  rhuile,  et  on  fera 


choux.  II  entretient  lasante,  et  s'allie  merveil- 
leusement  avec  le  chaud,  le  sec,  rhumide,  le 
doux,  Tamer  et  racre:  il  reunit  a  lui  seul  lespro- 
prictes  de  ce  remede  compose  qu'on  appelle  des 
sept  vertus.  Abordons  maintenant  Tetude  dcses- 
peces.  La  premiere  est  nomniee  lisse;  elle  est 
grande ,  k  feuillage  etale ,  la  tige  haute.  Elle  est 
robuste  et  possede  une  grande  vertu.  La  seconde 
espece  est  crispee  et  se  nomme  apiacon  ;  le  port 
de  cette  especcen  revele  lcsproprietes  mediciua- 
les ;  elle  est  plus  energique  que  la  precedente.  La 
troisieme,  que  fou  appelle  douce,  a  une  tige 


nipulmti ,  fervere  desislol.  Postea  iibi  occipiet  feivere, 
paulisper  demittito  usqiie  ailinoduin  dum  quiiiqiiies  quin- 
que  numeres.  Tiim  eximilo.  Iteni  facilo  allerum  manipu- 
lum,  ilem  tertium,  posica  cuujicito  et  coiilundilo.  Item 
iximilo  ,  in  linteuin  cxii^clo  siicum ,  quasi  lieniiuani ,  in 
pocillum  fictilc.  I^o  inrtito  salis  micaui  quasi  civuin,et 
cumiui  Iricti  tanliiiii  quod  oleat.  Postea  ponito  pocilluin 
in  seicno  noctu.  (jjiii  potnriis  crit,  lavet  calida ,  biliat 
aquain  inulsai'ii,  ciihet  incoenatns.  Postea  mane  bibat  su- 
cum,  dcaiiibulelqiie  lioras  iv.  Agat,  negotii  si  quid  babe- 
bit.  Ubi  libido  veniet  nauscjc  ,  cunique  appieliendet,  de- 
cumbat,  purgetquc  sese.  Tantiiiii  liilis,  pitiiila-queejiciet, 
uli  ipse  miretur,  iinJe  tantuin  sict.  Postea  nbi  deorsum 
versus  ibit,  lieminain,  ant  paulo  |ilus  liiliat.  Si  amplius 
ibit,  suniilo  farinae  ininutic  conclias  duas,  infrie.t  in  aquam, 
pauluin  bibal,  consistel.  Vcrnm  quibus  lorinina  molcsla 
erunt ,  brassiram  in  aquam  niacorare  oportet.  Ubi  niace- 
lata  elit,  coiijicito  in  aqiiam  calidam  ,  coqiiilo  nsqiie  do- 
nccea  cominadebit  bene.  .\qiiam  dcfuudito.  Poslea  .salem 
addilo,  et  cumini  pauhilum,  el  pollincm  polent.x'.  Eodein 
addilo  et  oleum ,  postea  fcrveracitO.  Infundilo  in  catiuum, 
uti  rrigcscat.  Eo  interito,  quod  volet,  cibi  postea  ediU 
Sed  si  poterit  solam  brassicam  esse,  edit.  Et  si  sine  febre 


crit,  dato  vini  atri  duri.  Aquatiim  bibal  quam  minimum. 
Si  fcbriserit,  aquam.  Id  facitoquotidie  mane.  Nolitomul- 
tiim  dare,  ne  pertsedescat,  iili  possit  ]ioiro  lihenler  esse. 
Ad  enndem  modum  viio  ct  inulieri ,  et  piiero  dato.  Nunc 
de  illis  quihus  a^gie  lotiuin  it,  quibusqiie  substillum  est. 
Sumito  hrassicam,  conjicito  in  aiiiiam  ferventein ,  co- 
quito  paulispcr,  iiti  subcriida  siel.  Postea  aqiiam  defun- 
dito  non  omnem.  Eo  addilo  oleiim  hene  ,  el  salem ,  et  cu- 
miiii  paiilulum  iiifervelacito  pinili^ncr,  postea  inde  jiiscu- 
lum  irigidum  sorbere,el  iii.^^niii  bi.i.s.-.icam  esse  oportet. 
Uti  quain  primum  excoqiiat.qimlidic  id  lacito. 

CLVII.  —  Quot  brassicae  genera,  et  quae  nalura. 

Piincipium  te  cognoscere  opoitet,  quse  genera  brassica; 
sint,  et  cujusmodi  naturam  babeant.  Oniuia  ad  salutein 
teinperat,  cominutattpie  sese  seinper  ciim  calore,  (  el  ri- 
goro)  arjdo,  simul  linmido,  et  dulci,  et  aniaro,  ct 
acri.  Sed  (pia.-  vocalur  *  septein  boiia  in  coniinixtuiam , 
natura  oinnia  li.TC  liabet  biassica.  Nunc  uti  cognoscas 
naturain  cinum,  primaest,  levis  quaj  nominatur.  Ea  est 
grandis,  lalis  Ibliis ,  caiilc  inagno  :  validiim  liabet  natu- 
ram ,  ct  viin  magnain  liabct.  Altera  est  crispa ,  apiacoa 
vocalur.  Ileec  est  aspcra  et  iiatura  boaa  ad  curationem. 


ECONOMIE  RURALR. 


courte;  sa  feuilte  est  tendre,  mais  la  plus  amere 
de  toutes,  et  son  siic  peu  abondant  a  un  effet 
violent.  Sacliez  d"abord  qu'eile  possede  plus  de 
proprietes  mediciiiales  que  les  autres  espccesde 
ehou.x.  On  Tapplique  pilce  sur  toutes  les  piaies  et 
sur  toutcs  les  tumeurs.  Ce  topique  nettoiera 
tous  les  ulceres,et  les  guerira  sans  diiuleurs.  Elle 
travaille  les  abces  et  les  ouvre.  Elle  nettoie  et 
guerit  les  plaies  infectes,  et  les  caucers  qui  re- 
sislent  aux  autres  remedes.  Mais  avant  de  l'ap- 
pliquer,  passez-la  a  Teau  chaude,  et  faitcs-eu 
deux  cataplasmes  par  jour :  vous  eiileverez  aiusi 
toute  rinfcction.  Le  cancer  noir  sent  mauvais,  et 
jette  une  sanie  degoutante.  Le  caucer  blane  est 
aussi  purulent;  niais  le  cancer  llstuleux  ne  s'e- 
pure  que  sous  la  cbair  a  rintcrieur.  Pilez  du 
chou  sur  toutes  ces  sortes  de  maux,  et  vous  les 
guerirez  :  c'est  ce  qu'il  y  a  de  mieux  pour  ces 
affections.  Vous  guerirez  pareillement  ics  luxa- 
tions  en  les  lavant  deux  fois  par  jour  avec  de 
Teau  cliaude,  et  en  y  appliquant  du  chou  pile. 
Si  vous  en  mettez  deux  fois  par  jour,  vouscou- 
perez  la  douleur,  et  s'il  y  a  eontusion  vous  lare- 
soudrez  et  la  guerirez.  Le  chou  broye  guerit 
aussi  les  ulceres  et  les  chaucres  qui  naissent  aux 
niamelles.  Si  Tulcere  ne  peut  supporter  Tacrimo- 
nie  du  ehou ,  melez  a  celui-ci  de  la  farine  d'orge, 
et  appliquez-le  ensuite  :  il  guerira  tous  les  ulce- 
res  de  cette  nature ,  tandis  qu'aucua  autre  re- 
mede  n'eut  pu  ui  les  guerir  ni  les  nettoyer.  Pour 
guerir  les  ulceres  des  eufauts  et  des  jeunes  fdles  , 
melez  au  chou  de  la  farine  d'orge.  Si  vous  vou- 
lez  couper,  laver  et  faire  secher  des  feuillcs  de 
chou  que  vous  faites  digerer  dans  du  sel  et  du 
viuaigre,  vous  obtiendrez  un  aliment  des  plus 


sains.  Pour  le  rendre  plus  agreable,  vous  larro- 
serez  de  vinaigre  mielle,  vous  raromatiserez  de 
mcnthe  seche,de  rue ,  de  coriandre  pilee,  et  vous 
y  meltrez  du  sel.  Cet  aliment  est  excellent,  de- 
truitla  source  de  toutes  les  maladies ;  il a  des  pro- 
prietes  laxatives,  et  guerit  les  maux  dout  le  corps 
contiendrait  dcja  le  germe.  Maux  de  tete ,  maux 
d'yeux,  il  chasse  lout,  ii  guerit  tout.  II  faut  le 
prendreajeun  lematin.  II  guerit  la  mclancolie, 
le  spleen  ,  les  palpitatious  de  coeur,  les  maladies 
dufoie,  des  poumons,  lestiraillements  des  entnul- 
les,  et  toutes  les  douleurs  interucs.  Ratissez  des- 
sus  du  laser,  et  vous  !e  rendrez  meiUeur.  Lors 
que  tous  les  visceres  gorges  de  nourriture  ne  peu- 
vent  s'insinuer  dans  toute  la  masse  du  corps, 
il  en  resulte  toujours  quelque  maladie.  Lorsquc 
votre  estomac  sureharge  par  un  exces  d'alimeuts 
ne  peut  evacuer,  maugez  du  cb.ou  prepare 
comme  il  a  ete  dit,  et  en  proportlon  de  la  consom- 
raation  que  vous  avez  faite;  et  vous  n'aurez  a 
redouter  aucune  maladie.  Rien  n'est  si  eflleace 
contre  la  goutte  que  le  chou  cru,  si  on  le  mange 
associe  a  la  rue  et  a  la  coriandre ,  ou  bien  assai- 
sonne  de  laser  ratisse ,  d'oxy  mel  et  de  sel.  Ce  re- 
mede  reudra  le  mouvement  a  toutes  les  phalan- 
ges  vegetales  ;  il  n'est  pas  dispendieux;  et  dail- 
leurs,  le  ftit-il,  il  faudrait  cn  essayer  pour  sa 
saute.  Cest  a  jeun  qu'il  faut  le  preudre.  On  gue- 
rira  par  le  meme  moyen  les  personnes  sujettes 
aux  insomnies,  en  leur  administrant  du  chou 
grille,  frotte  d'huile  !orsqu'il  estchaud,  et  legere- 
ment  sale.  PIus  elles  enmangeront,  plus  prompte 
sera  leur  guerison.  Ordonnez  le  traitement  sui- 
vant  a  ceux  qui  ont  des  tranch^es  :  Faire  biea 
macerer  des  feuilles  de  chou,  les  mettre  dans 


Valiilior  est ,  quam  quae  supra  scripta  est.  Iteni  est  ter- 
lia ,  quie  lenis  vocalur ,  minutis  caulibus ,  lcneia ,  et  acer- 
rimaomnium  estistaruni,  tenui  sueco  veliementissinia. 
El  primum  scilo,  de  omnibus  brassicis  nuUa  est  illius- 
nioili  meilicamentosior.  Ad  omnia  vuhiera,  tuniures  eani 
coiilrilam  imponilo.  HiEC  omnia  ulcera  purgabit,  sana- 
que  faciet  sine  ilolore.  Eadem  tumida  concoquit ,  eadeni 
erumpit.  Eadeni  vulnera  putida,  canceresque  purgabit, 
sanosque  faciet,  quod  medicamentuni  aliud  faceie  non 
polest.  Verum  priusquam  id  imponas ,  aqua  calida  mulla 
lavato.  Postea  bis  in  die  contritam  imponito.  Ea  omnem 
putorem  adiraet.  Cancerater,  isolel,  ct  saniem  spnrcam 
mittit.  Albus  purulentus  est.  Sed  fistulosus  subtus  sup- 
puratsubcarne.  Ineavulnerabujuscp.moditcrasbrassicam, 
sanum  faciet.  Optima  est  ad  luijuscemodi  vulniis.  Et  luxa- 
tum  si  quod  est,  bis  die  aquacalida  foveto,  brassicam 
tritam  opponito  ,  cito  sanum  facict.  Si  bis  die  apponitiir, 
dolorcs  aiiferet.  Et  si  quid  contusum  esl,  erumpet.  Si 
brassicam  Iritam  apposiieris,  et  sanum  faciet :  et  si  qiiid 
in  niammis  ulceris  natum,  et  carcinoma,  brassicam  tri- 
tam  opponito ,  sanum  faciet.  El  si  ulcus  acrimoniam  cjus 
ferre  non  polerit,farinam  liordeaceam  misccto,  ita  oppo- 
nito.  Hujiiscemodi  ulcera  oninia  Ijkc  sana  faciet  :  quod 
aliiid  medicanienlnm  faceie  non  potest,  neqiie  piirg.iie. 
El  puero,  et  puella;  si  ulcus  erit  bujuscemodi ,  fariuam 


liordeaceam  addito.  Et  si  voles  eam  consectam ,  lautam . 
( .siccam ,)  sale ,  aceto  sparsam  esse,  salubrius  nibil  erit 
Quo  libentius  edas,  aceto  mulso  spargito,  menlani  sic- 
cam,  et  rutani,  coriandrum  sectam,  sale  spaisam  paiiloj 
Libentius  edes.  Id  bene  faciet ,  et  mali  niliil  siiict  in  cor- 
pore  consislere,  et  alvum  bonam  faciet.  Si  quid  antea 
niali  intus  eiit,  omnia  sana  faciet.  De  capite,  et  de  ociilis 
onmia  deilucet.et  .sanum  faciet.  Ilanc  mane  esse  oportet 
jejunum.  Et  si  bilis  atra  est,  et  si  lienes  tiirgent,  et  si 
cor  dolet,  et  si  jeciir,  aut  pulmones,  aut  pru^coidia,  uno 
verbo  omnia  saiia  faciet,  iutro  qu.Te  dolilabunl.  Eodem 
silpliium  inradito ,  bonum  cst.  iVam  vena;  omnes,  iibi 
sufllataj  siiiit  ex  cibo,  non  possunt  perspirare  in  loto  cor- 
pore ,  iiide  aliqui  inorbus  nascitur.  Ubi  cx  multo  cibo 
alvus  non  it,  proportioue  brassicasi  uteris,  (id  iit  te  mo- 
ueo)  niliil  istorum  usu  veniet  morbis.  Verum  morbum 
articularium  nulla  res  tautum  purgat ,  quantum  brassica 
criida  ,  si  eam  edes  cum  ruta  ct  coriandro  conrisam.  Sic 
et  laserpilium  inrasumcum  brassiea  ex  (aceto)  oxjmelli, 
cl  sale  sparsa.  Ilac  si  uteris,  omnes  articulos  poterisex- 
periri.  Nullus  sumptus  est  :  et  si  sumptus  essel,  tamen 
valetudinis  causa  experirer.  Ilanc  oportet  maiie  jejunum 
esse.  Oinnis  qui  insomniosiis  esl,  liac  eadem  curalione 
sanum  facies.  Verum  assam  brassicam  ,  et  unctaiti  cal- 
dam ,  salis  paulum  dato  liomini  jejuno.  Quam  plurimum 


M.  P.  CATON. 


une  marmite,  et  les  laisser  bouillir;  deeanter 
Teau  apres  la  cuisson  ,  ajouter  beaucoiip  criuiile, 
unpeu  de  sel,  du  cumin  et  du  fln  gruau;  faire 
bouillir  de  nouveau,  puis  dresser  sur  un  plat. 
On  mangera  le  ehou  sauspain,  s'il  est  possi- 
ble ;  siuou  on  y  fera  tremper  un  peu  de  pain  : 
s'il  n'y  a  pas  de  fievre,  on  donnera  du  vin  bien 
colore.  La  guerison  sera  prompte.  Si  une  per- 
sonne  debile  fait  usage  du  chou  ainsi  apprete, 
elle  reprendra  bientot  ses  forces.  Voici  qui  est 
plus  surprenant :  Conservez  Turine  d'une  per- 
sonne  qui  aura  mange  des  choux ,  faites-la  chauf- 
fer,  preparez-en  un  bainaune  personue  malade  : 
elle  sera  guerie.  Cela  est  sanctionne  par  Texpe- 
rience.  Si  vous  lavez  de  cette  uiine  les  enfauts 
d'uneconstitutiondebiie,ilsdeviendront  robustes 
pour  toujours ,  et  ceux  dont  la  vue  sera  affaibiie 
verront  plus  ciair  en  frottant  leurs  yeux  de  ce  li- 
quide.  Les  maux  de  tete  et  de  cerveau  disparai- 
tront ,  si  on  lave  ces  parties  avec  cette  urine.  .la- 
mais  la  femme  ne  manifestera  d'exlialaisons  spe- 
cialesa  certaines  regions  quand  elles  auront  ete 
lavees  avec  cette  urine;  et  voici  comraent  elle  de- 
vra  s'y  prendre.  Aussitot  que  Turine  aurabouilli 
daus  un  vase  en  cuivre,  on  placera  celui-ci  sous 
uue  chaise  percee  sur  iaquelle  la  femme  s'asseoira, 
et  ou  Tenveloppera  de  scs  vetements.  Le  chou 
sauvage  possede  les  proprietes  les  plus  energi- 
ques.  ilfautle  faire  secher,  et  le  broyer  bien 
menu.  Si  Tou  veutpurgerquelqu'un,  on  lui  defend 
de  souper  ia  veille,  et  le  lendemain  matiu  on 
lui  administre  a  jeun  le  chou  broye,  a  la  dose 
de  quatre  cyathus  d'eau.  Ce  purgatif,  superieur 
a  1'ellebore  et  a  la  sammonee  ,  n'a  pas  de  suite 
f^cheuse,  et  fortilie  le  eorps  :  il  operera  meme 

ederit,  tam  fiUssirae  sanus  fiet  ex  eo  morbo.  Torniina 
quibus  molcsta  erunt,  sic  facito  :  brassicam  niaccralo 
bene,  postea  in  aulam  conjicito,  defervefacito  bene.  Ubi 
cocta  erit  bene ,  aquam  detundilo.  Eo  addito  oleum  bene, 
et  salis  panlulum  ,  et  cuminum ,  et  pollinem  polentae, 
Postea  ferve  bene  facito.  Ubi  ferverit,  in  catinum  indito. 
Datoedit,si  polerit,  sine  pane;si  iwn,  dalo  pauem  pu- 
rum.  Ibidem  madefaciat.  Et  si  iebrim  non  liabebit,  dato 
viimm  atrura  bibat.  Cito  sanus  fiet.  Et  hoc ,  si  qivando 
usus  venerit ,  qui  debilis  eril ,  liEec  res  sanum  fawre  po- 
test.  Brassicam  edilita,  uti  s.  s.  e.  Et  hoc  amplius.  Lo- 
tium  consei  vato  ejus,  qui  brassicara  esilarit.  Id  calfacito. 
Eohomineni  dbmittito,  cito  sanum  facies  hac  cura.  l",x- 
pertum  lioc  est.  ilem  pueros  pusillos,  si  laves  eo  lolio , 
nunquam  debiles  (ient.  Et  quibns  oculi  paruni  dari  stint, 
eo  lotio  inungito,  piiis  videbunt.  Si  caput  aut  cervices 
dolent,  co  lotio  caldo  lavito,  desinent  doleie.  Et  si  nui- 
lier  co  lotio  locos  fovebit,  nunquam  ii  virosi  fient.  Et 
fovere  sic  oportet :  iibi  in  scutra  fervefeceris ,  fcet,-»  siib 
sellam  supponito  pertusam.  Eo  mulier  assidat,  (opi^iilo, ) 
circum  vestimenta  cam  dato.  Brassica  erralica  maxiniani 
vini  liabet.  Eam  arfacere,  et  conteieie  oporlet  liene  mi- 
nulam.  Si  quidem  purgare  voles ,  pridie  ne  ctcnet,  inane 
jejuno  dato  brassicae  trila;  decoctaeqne  aqu.ie  cyatlios  iv. 
^ulla  res  tam  bene  purgabit ,  neqiie  clleboruin ,  iicque 


'  sur  les  malades  desesperes.  Voici  comraent  il 

convient  de  traiter  eelui  qui  prend  le  reraede. 

Administrez-le  sous  forme  liquide  pendant  sept 

i  jours  :  si  le  malade  veut  manger ,  dounez-lui  du 

roti;  si  cette  nourriture  lui  repugne,  donnez-lui 

]  du  chou  cuit  etdu  pain,  du  vin  trempe  :  defen- 

dez  le  bain  et  preserivez  les  frictions  huileuses. 

Celui  qui  se  sera  ainsi  purge  jouira  longtemps 

'  d"une  honne  saiite,  et  neserajamaismalade  que 

par  sa  faute.  Si  quelqu'un  est  afflige  d'un  ulcere 

:  recent  ou  invetere,  appliquez-lui  de  ce  chou 

;  sauvage,  sur  lequel  vous  aurez  verse  de  Teau,  et 

j  il  sera  gueri.  Si  c'est  une  fistule,  introduisez  a 

j  Tinterieur  une  tente  de  ce  diou ;  si  la  fistule 

{  ne  peut  recevoir  la  tente,  delayez  le  chou,  in- 

j  troduisez-le  daus  itne  vessie  a  laquelie  vous  adap- 

!  terez  un  tuyau;  pressez  les  flancs  de  la  vessie,  afm 

que  la  preparationentredansla  flstule.  Ce  remede 

sera  infaillible.  Lechou  broyeavec  dumielguerit 

aussi  les  uiceratious  recentes  et  inveterees  sur  les- 

quelles  il  a  ete  applique.  S'il  vous  est  venu  un 

polype  dans  le  nez,  mettez  dans  le  creux  de  la 

raain  du  chou  sauvage  broye,  et  approchez-le  des 

fOsses  nasales  :  aspirez  fortement.  Au  bout  de 

I  troisjours  le  poiype  disparaitra.  Aussit6t  qu'il 

I  seratombe,  continuez  eneore  le  reraede  pendant 

;  quelques  jours,  afln  de  detruire  les  raciues  me- 

j  mes  du  polype.  Si  vous  etes  quelque  peusourd, 

broyez  des  feuilles  de  chou  avec  du  via  ,  expri- 

i  raez  le  suc,  que  vous  instillerez  tiede  dans  votre 

oreille  ;  et  vous  sentirrz  aussit6t  que  vous  enten- 

dez  plusclairement.  Applique  a  faible  dose  surles 

dartres  ,  le  chou  les  fait  disparaltre  sans  deter- 

minerd'ulceration. 


scamoneum,  et  sine  periculo ;  ct  scito  salubrem  esse 
corpuri.  Quos  diriidas  saiiosfacere  ,  facies.  Qiii  liar.  piirga- 
tione  purgandus  erit ,  sic  eum  curato  :  soi"bitione  li^iiiida 
boc  per  diesvii.  dalo.  Ubi  esse  volet,  carnem  assam  dato. 
Siessenonvolet,  datobra.ssicamcoctam,  etpanem,  etbibat 
vinnm  leue  dilutnm,  lavet  raio,  utatur  unctione.  Qui  sic 
purgatiis  erit,  liiutiua  valetudine  utetur,  neque  iillus  mor- 
bus  veniel  nisi  sua  culpa.  (Et)  si  qiiis  ulcus  tetrum,  vel 
recens  liabebit,  haiic  brassicam  eiTatieaui  aqua  spargito, 
opponito,  sanuni  facies.  Et  si  (istnla  eiit,  turundam  intro 
trudito.  Si  luiundam  non  recipiet,  dilnito,  indilo  in  vasi- 
cam,  eo  calamum alligalo.  Ita  preinito,  in  listulam  introeat. 
Ea  les  saniim  faciet  cito.  Et  ad  omnia  ulcera  vetera  et 
iiova  oontritam  cum  melle  oppouitu,  saiuim  faciet.  Et  si 
polypus  in  naso  introierit,  brassicam  erraticam  aridam 
Iritam  in  nwlum  conjicito ,  et  ad  nasum  admoveto.  Ila 
subducitosusum'animamqiiampluiimumi>oteris.  In  Iridiio 
polypus  excidet.  Etubi  excidei'it,  tainen  aliquot  dies  iicm 
facito,  ut  radices  polj-pi  persanas  facias.  Auribiis  si  pariim 
andies,  lerito  cum  vino  brassicam,  sucum  exprimito,  in 
aiirem  iiitro  tepidum  inslillalo.  Cito  te  intelliges  plus 
audire.  Depetigini  spurcK  braissicam  opponito ,  sanain 
faciet,  et  ulciis  non  faciet. 


llCO^OMIE  RURALE. 


CLVIII.  —  Pr^paralions  laxalives. 

Si  vmis  voulez  qiie  le  canal  digestif  demeurc 
libre,mettezdans  une  marniite  si,\ setiers  d'eau , 
et  rextremite  osseuse  d"un  jambon.  A  defaut 
de  cette  derniere  partie  eraployez  un  morceau 
de  janibon  d'une  demi-livre ,  et  coupe  dans  la 
pnrtie  la  moins  grasse.  Lorsque  la  cuisson  tou- 
che  a  son  ternie,  ajoutez-y  deux  pctites  tetcs 
de  choux,  deux  bettes  avec  leurs  racines,  «n 
peu  de  polypode,  de  mereuriale,  deux  livres  de 
muscles,  un  tetard  ,  un  scorpion,  six  escargots, 
et  une  poignee  de  lentilles.  Faites  reduire  toutes 
ces  substances  jusqu'a  Irois  setiers,  sans  y  met- 
tre  d'huile.  Prenez  un  setier  de  ce  breuvage  lors- 
qu'il  sera  tiede;  ajoutez-y  un  cyathus  de  vin  de 
Cos;  buvez  et  reposez-vous.  Prenez  de  raeme  la 
secoude  et  la  troisieme  portion,et  vous  serez 
purge.  Si  vous  voulez  boire  par-dessus  du  vin  de 
Cos,  vous  en  avez  la  liberte.  De  toutes  les  subs- 
tances  que  je  viensd'indiquer,  uueseuie  suftiralt 
pour  relticher ;  mais  leur  reunion  constitue  un 
breuvage  aussi  efflcace  qu'agreable. 

CLIX.  —  ReniMes  contre  les  ^corcliures. 

Quand  on  voyage ,  on  previendra  les  ecorchu- 
res  en  portant  sous  Tauus  un  petit  ramcau  de 
grande  absynthe. 

CLX.  —  Cljarnie  conlre  les  Inxations. 

Le  charrae  suivant  guerit  les  luxations  :  Pre- 
nez  un  roseau  vert  de  quatre  ou  cinq  pieds  de 
long;  coupez-le  par  le  milieu,  et  que  deux 
hommes  le  ticnnentsur  vos  cuisses;  commencez 
a  chanter  :  in  alio.  s.  f.  motas  yjF.rx  ,  dakics 


DABDABIES  ASTATAniES  DISSUNAPITER ,    Ct  COn- 

tinucz  le  charme  jusqu';i  ce  que  les  deux  mor- 
cenux  soient  reunis ;  agitez  ua  fer  au-dessus ; 
lorsque  les  deux  parties  seront  reunies  et  se  tou- 
cheront,  saisissez-les,  etcoupez-lesen  tous  sens  : 
vous  eu  ferez  une  ligature  sur  le  membre  casse 
oufracture,  et  il  scra  giierj.  Cependant  pour 
unmembredemis  oucasse,  repetez  tous  lesjours 
le  meme  charme  ;  ou  le  suivant,  pour  une  frac- 
ture  :  Huat  hanat  iuiat  ista  pistasista,  do- 

JIIABODAMNAUSTKA^OU  bieU  CUCOre  ;  Hu.\TH\UT 

HAUTISTASISTARSlSARDANMABONDU^NAUSTnA. 

CLXI.  —  Mani6re  de  cultiver  les  asperges. 

II  faut  defoncer  un  sol  convenableraent  hu- 
raide,  ou  un  terrain  bien  engraisse.  Apres  le  de- 
foncement,  on  le  disposera  en  planehes ,  arin 
qu'on  puissesarcler  et  nettoyer  a  droite  et  a  gau- 
che  sans  pietiner  la  terre.  Dans  la  formation  des 
planches,  on  menagera  autour  de  chacune  d'elles 
un  sentier  d'un  demi-pied  de  largeur;  on  seme 
ensuite  en  ligne,  en  mettantdeux  ou  trois  semen- 
ces  dans  un  trou  fait  au  plantoir,  etqu'on  recou- 
vre  ensuite  de  terre.  L'ensemencement  terraine , 
on  eparpille  du  fumier  sur  la  surfnce  des  planches 
vers  Tequinoxe  du  printeraps  ;  lorsque  le  germe 
poussera,on  sarelera  frequemment,  en  faisantat- 
tention  de  ne  pas  arracher  les  asperges  avec  les 
raau^  aises  herbes.  La  premiere  aunee  de  la  plan- 
tation,  on  couvrira  le  semis  de  paillis  pendant 
rbiver,  pour  le  preserver  dcs  gelees.  Au  prin- 
temps  ou  le  decouvrira ,  on  le  sarclera  ct  ou  le 
nettoiera. 


CLVIII.  —  Alvum  dejicere  lioc  modo  oportct. 

Alvum  dejicere  Iioc  niodo  oportet.  Si  vis  bene  libi  de- 
jicere,  sume  tibiollam  ,  addito  eo  aquae  seslarios  vi.  el  po 
addito  ungulamdeperna.  Si  ungulam  non  habebis,  addito 
de  perna  fiustum.  r.  s.  qiiara  niinime  pingue.  Ubi  jam 
coctum  incipit  esse,  eo  addito  brassicos  coliculos  ii.  betK 
coliciilos  II.  cum  radice  sua  lelicula?  pauluni ,  herbae  mer- 
curiahs  noii  multum.  Mutulorum  l.  ii.  piscein  capilonem, 
et  scorpioncm  i.  coclileas  vi.  et  leiilis  pugillum.  H;ec  om- 
iiia  decoquilo  usque  ad  sestarios  tres  juris.  Oleuin  ne  ad- 
dideiis.  Indidem  sume  tibi.sestaiiuniunumtepidum.  Adde 
vini  Coi  cyatluiin  unum.  liibe,  inlerquie.sce.  Deinde  ite- 
runi  eodeni  raodo,  deinde  lertinni.  Purgabis  le  bene.  Et 
si  volesinsuper  vinum  Couin  raixlum  bibere,  licebit  bi- 
bas.  Ex  iis  tot  rebiis  ,  quot  .scriptum  est,  unum,  quod 
coruni  vis,  alvuni  dejicere  potesl.  Verum  ea  re  lot  res 
sunt ,  iili  lieiie  dejicias ,  et  suave  est. 

CLIX.  Ad  inlertriginem  remedia. 

Iiiterlrigini  rcmedium  in  viam  cum  iliis  ,  absinlhii  Pon. 
tici  surculum  siib  anulo  habeto. 

CLX.  —  Luxum  ul  excantcs 

Liixum  si  quodest,  liac  canlione  r.aiium  liel.  Hariindi- 
neni  prcude  libi  viridem  p.  iv.  aut  v,   loligam.  Mediam 


diHinde,  et  diio  homines  teneant  ad  coxendices.  Incipe 
canlaie,  in  auo.  s,  f,  biot.vs  v£tx  ,  dauies  n\RDARiES 
ASTATARiES  DissuNAPiTER ,  usquc  dum  coeant  Ferrum  in- 
super  jactalo,  Ubi  coierint ,  et  allera  alteiam  tetigeiit;  id 
mauu  piende,  et  dextra  sinistra  praecide.  Ad  luxum,  aut 
ad  Iracturam  alliga ,  saniiin  liet,  Et  lamcn  quotidie  can- 
tato  in  alio,  s,  f.  vel  luxalo.  Vel  lioc  modo,iitAT  ha- 

NAT    nU.XT    ISTA      PISTA     SISTA,    DOJIIAEO    DAMNAUSTRA ,    et 

luxato.  Vel  boc  modo,  iiuat  haut  balt  ista  sis  tar  sis 

ARDAISNAEON  DLN.NAISTRA. 

CLXI.  —  Asparagus  quomodo  seralur. 

■Asparagus  quomodo  seralur.  Locum  subigeie  oportet 
liene ,  qiii  liabeal  bumorem  ,  aut  loco  crasso  ;  iibi  erit  sii- 
baclus,  areas  facito,  ut  possis  dexlra  sinistiai|ue  sarire, 
runcarc,  iie  calcelur.  Cum  areas  deformal)is,  intervallum 
facitoiuter  eas  semipedeiu  latiim  in  omiies  parles,  Deiiide 
serito,  Ad  lineam  palo  grana  bina  aut  terna  demiltito,  Et 
eodem  palo  cavum  terra;  operilo.  Deinde  supra  areas  ster- 
cus  spargito,  bene  serito.  Secundiim  aiqiiinocliuin  vrr- 
niim ,  ubi  erit  natum  ,  herbas  crcbro  purgalo,  caveloiiue 
ne  asparagus  uiia  cum  berba  vellalur.  Quo  anno  severis , 
siibstramenlis  per  biemem  opeiito,  ue  peruraliir.  Deinde 
prinio  vere  apeiito,  saiito,  ruiicaloqiie,  Po.sl  aimum  ter- 
lium ,  quam  severis,  incendito  vere  primo,  Deinde  ne 
anle  sarueris,  quam  asparagiis  natu.s  eiit,  iie  in  sariendo 
radices  ladas,  Tertio,  aul  (iuarto  aiiuo  aspaiagnm  vellilo 


M.  P.  CATON. 


Apres  la  troisieme  annee  qui  suit  rensemen- 
cementson  bruie  les  tiges  au  printemps.  Gardez- 
vous  bien  de  sauler  avant  ia  poussee  des  tiges , 
car  le  saulage  pourrait  offenser  les  racines.  A  la 
troisieme  ou  a  la  quatrieme  annee,  vous  coupe- 
rezlesasperges  surlesracines;carsi  vous  les  cas- 
sez,  il  se  formera  de  nouvellcs  soiiches  qui  s'e- 
toufferont.  Vous  pourrez  les  couper  jusqu'a  ee 
qu'ils  montent  en  graine.  Les  scmtnccs  mu- 
rissent  a  Tautomne;  lorsqu'elles  auront  ete  re- 
coltees,  on  raettra  ie  feu  aux  tiges  et  on  recom- 
mencera  a  sarcler  et  a  fumer  des  que  Tasperge 
poussera.  L'asperge  est  deja  au  declin  vers  la 
huitiemeou  laneuviemeannee;on  larrachealors, 
pour  la  transporter  dans  un  autre  terrain  bien 
defonce  et  bien  fume.  On  fait  des  tranchces  des- 
tinees  a  recevoir  les  pattes  d'asperge.  On  ne 
doit  pas  laisser  entre  cellesci  un  intervalle  de 
moins  d'un  pied.  En  les  arrachant  creusez  tout 


taille  ou  dans  un  saloir.  Lorsque  vos  jambons 
serontachetes,  retranchez-en  rextremiteosseuse. 
Emplo_yez  pour  chacun  un  niuid  de  sel  romain 
triture.  Mettez-en  un  lit  au  fond  de  la  tonne  ou 
du  .saloir  :  stratifiez  vos  jambons  en  placant  la 
peau  en  bas,  et  mettez  une  seeonde  couche  de  sel. 
Faitesun  second  lit  dejambons,  que  vous  cou- 
vrez  de  la  menie  maniere.  Prcnez  bien  garde  qne 
les  chairs  ne  soient  en  contact,  et  couvrez-les 
tousdesel.  Lorsque  tous  les  jambons  seront  en- 
tonnes,  mettez  au-dessus  une  eouche  deselqui 
les  couvrira  et  que  vous  egaliserez.  Apres  qu'ils 
auront  sejourne  dans  le  sel  pendant  ciiiq jours ,  cn- 
levez-les  avec  le  sel.  Rcplacez  au  fond  du  saloir 
lesjambonsqui  etaient  ii  lasurface ,  couvrez-les  et 
stratifiez-les  comme  precedemment.  Apres  l'in- 
tervalle  de  douze  jours  retirez  definitivement 
lesjambons,  secouez-en  le  sel,  et  mettez-les  a 
un  eourant  d'air  pendant  deux  jours.  Essuyez-les 


autour,  afin  que  Tcxtraction  ne  presente  pns  de  j  gvec  une  eponge  le  troisieraejour,  et  frottcz-les 
difficultes  ;  prenez  garde  surtout  de  les  dechirer.  j  (]'huile;  suspendez-les  a  la  fumee  pendant  deux 
Entourez-les  d'une  bonne  dose  de  fumier  de  I  jours,  apies  quoi  vous  les  retirerez.  Frottez-les 
mouton  ,  c'est  le  meilleur  pour  cet  objet  :  tout  j  ci'hi,i|e  et  de  vinaigre  meles  ensemble,  suspen- 
autre  engrais  favorise  la  multiplication  des  raau-  1  dez-Ies  au  garde-raanger :  ils  ne  sei-out  attaques 
vaises  herbes.  1  ni  par  les  teignes  ui  par  les  vers. 

CLXU.  —  Salage  des  jambons ,  fiiramleaux  de  Pouzzoles.   ! 
Procede  pour  saler  les  jamhons  dans  une  fu-  I 


ab  raclice.  Nam  si  defiinf;es ,  stirpes  fient,  et  inlermorien- 
tur.  Usque  licebit  vellas ,  donicum  in  semen  \ideris  ire. 
Semen  malurum  fit  ad  aulunmura.  Ita  cum  sumpseris  se- 
men ,  incendito,  el  cum  coeperil  asparagus  nasci ,  sarito , 
el  sleicojato.  Posl  annos  viii.  aut  ix.  cum  jam  est  vetus  , 
digerito,  el  in  quo  loco  posilurus  eris,  terram  bene  subi- 
gito,  et  stercorato.  Deinde  fossulas  facito,  qua  radicesas- 
paragi  deinitlas.  Intervallum  sit  ne  minus  pedes  singulos 
inter  radices  asparagi.  Vellilo,  sic  ciicunifodito,  ut  lacile 
evellere  possis.  Caveto  ne  fraugalur.  Stercus  oxillum 
quam  pluiinuim  fac  ingeras  :  id  est  optimuiu ad  eam  rem. 
Aliud  slercus  lieibas  creat. 

CLXII.  Salsura  pernarum  ct  offolla!  Puteolan<c. 
Pernas  sallire  sic  opuitft,  in  dolio,  aut  in  seria.  Cum 


pernas  emeris ,  ungulas  earum  praecidito.  Salis  Romanien- 
sis  moliti  in  singulas  seniodius.  In  fundo  dolii,  aut  seri.c 
salem  sleriiito.  Deinde  periiam  ponilo.  Cutis  deorsum  spe- 
ctet.  Sale  obiuito  lolam.  Deinde  alterani  insuper  ponito: 
Eodem  modo 'obruito.  Cavcto,  ne  caro  carnera  tangat. 
Ua  oimifts  obruito.  Ubi  jain  omnes  composueris,  sale 
insuper  obrue,  ne  caro  appaieat.  .liqualem  facito.  Ubi 
iam  dies  v.  in  sale  fueriiit,  eximilo  omnes  cum  suo  sale. 
Qux  tum  suninia;  fuerint,  imas  facilo.  Kodemque  niodo 
obruito,  ct  componito.  Post  diem  omnino  duodeciinum 
periias  eximito,  et  salem  omneni  detergeto,  et  suspeudito 
in  vento  biduum.Die  tertio  exlergeto  spongia  bene,  pe- 
runguito  oleo.  Suspendito  in  fuino  biduum.  Tertio  die  de- 
milo.  Periinguito  oleo  et  aceto  conimixto.  Suspendilo  ia 
cariiario.  ISec  tinea ,  iiec  verines  tangent. 


NOTES 

SOR  LECONOMIE  RURALE  DE  CATON. 


iNTRODicTioN.  Wo/or8«  cnim  noslH lioc sic habtCentnl, 
cl  ila  in  lcgibus  posucruiit,  furent  dupli ,  fccnera- 
tnrcm  i/uiiilniiili.  Oii  a  lieu  de  siiiiposer  que  Calon 
lail  alliiMiiii  aii\  lois  (les  Doiize  Tables.  Tacile  nous  ap- 
piiiiil  ijiir  ii's  liils  ilelVndaieiit  Tusure;  niais  ni  lui  ni 
ilautres  ne  font  iiiention  de  la  peine  qu'elles  pionon- 
(  aieut  conlre  les  usuriei s.  POur  ce  qui  concerne  les  voleurs, 
il  nous  leste  un  fragment  de  ccs  lois,  ou  nous  Ifsons  : 
"  Si  adorat  furto,  quod  nec  nianifeslum  escit,  duplionem 
luito.  "  L'aversion  que  nolre  auteur  avait  d'ailleuis  pour 
Tusure  elait  lelie,  que  lorsqu'on  Ini  deman(ftiit  un  jour 
le  i|ue  c'(;laitque  faire  Tusure,  il  ne  lepondft  qu'en  de- 
nKindant  i  son  tour  ce  que  c'(5tait  qile  tiier  ut  liOir.ine. 

Cn\p.  I.  De  omnibus  agris,  oplimoque,  cic...  Nous 
yoyons  par  ce  passage  qu'une  r^jcolte  d'usier  «itait  regar- 
dee  coinnie  une  cliose  si  interessante,  que  Caton  nut 
une  oseraie  inuiK^diatenient  apriis  la  vigne  et  le  jardiu, 
pour  la  valeur  dc  son  produil. 

Chap.  II-  Ccnlones,  cuculiones  familiam  oporluisse 
sibi  sarcire...  Le  ceiito  itail  riiabillemeut  des  gens  de  la 
cainpagne  qui  leur  couvrait  tout  le  corps ,  tandis  que  le 
cuculio  leur  enveloppait  seulement  la  tSte  et  les  (ipaulcs. 

Cu\p.  III.  Les  Romains,  comnie  noirs  rapprend  Co- 
himelle,  1,6,  (Hvisaient  leurs  inetalries  en  tiois  parties : 
ruue,  qu'ils  appclaienl  !'iMa  rustica,  (?lait  destini5^  au\ 
nperations  rnstiques^et  comprenait  riialiitalion  du  nie- 
laver  et  de  tous  ceux  qui  (?laient  eiiiployies  sous  ses  or- 
ilips,  les  basscs-coars ,  les  etablos,  les  liangars  ponr 
meltre  a  couvert  les  voilures  et  les  instrimients  de  cnl- 
liire;  rautre,  qu'ils  diSsigiiaient  sous  le  iiom  de  villa 
II  uctuaria,  ser^ait  de  reserve  au\  prodiiclions  de  la  terre. 
( .lle  parlie  de  la  metairie  se  coniposait  des  greniers,  des 
iTlliers,  des  pressoirs,  etc.  La  Iroisifenie  partie,  appeto 
rilla  urbana,  ^lail  reserv^e  a  rhabitation  du  pro|)ri(;- 
tjire. 

CniP.  V.  Itein  dioinnm  ,  riisi  compilalibus  in  cniix- 
pilo  aul  in  foco  nc  facial.  Les  cninpilaHa  eiaieny  iks. 
lOlPsqui  sec(;lebraient  dans  lus  carrefoiirs  en  riionneur 
(les  dieux  lares.  Varron  nous  explique  tres-bien  1'^tjnio- 
iogie  de  cc  inot,  qu'il  fait  di^river  de  compitus,  carrefouf, 
(iibi  vi.ie  compeluiit),  oii  deu\  cbemins  se  lencontient. 
^  oici  ses  expressions  :  «^  CoinpilaHa ,  deis  attribulus  lai  i- 
hiis  —  ubi  viae  competunt,  tiim  in  compitis  sacrificatur  : 
qiiotanuis  is  dies  concipilur.  >> 

Chap.  IX.  Si  aqunm  non  habebis ,  sicca  q^tam  pluri- 
mafacito.  Uoc  cstprcedium quodubi  viscxpeditfaccre. 
Le  pi^ci^ple  renfermg  dans  ces  paroles  est  lacons(;quuiii:e 
nalurelle  de  la  manifcie  de  voir  de  Caton.  D'apii's  lui , 
le  piodnit  le  plus  srtr  est  celui  qu'on  retire  de  Teducation 
des  bestiaiix.  Quelqu'un  lui  demandant  iin  jour  (|iiel 
etait  lc  meilleur  mojen  de  s'enricliir  prompteincnt ,  il 
rc-pondit  que  c'(5tait  de  s'appliquer  a  noiirrir  des  bestiaux. 
La  miSme  peisonne  insistant  cncore  ponr  savoir  qnel  (^tait 
le  moyen  (jui  approcliait  le  plus  de  celui-lii,  il  ri^pondit 
qne  c'(itait  encoie  de  nourrir  des  bestiaux,  mais  d'une  iiia- 
niere  nioins  parfaitc.  Cic6ron,  cn  rappurlant  celte  aiiec- 
dote  dans  ses  Offices,  II ,  25 ,  lui  fait  mCme  ajontcr  quc  Ic 

CVTON. 


troisi^me  moVen  serait  de  nourrirdesliesliaiix  ,  quoiqn'on 
le  fit  mal.  Mais  on  suppose  avec  raison  qiie  ces  dcrnii^res 
paroles  sont  de  rinvciitiiiu  de  roiateur  nmiain,  pnisqiie 
Pline,  en  c.it;iiit  li- iiieiiie  Lniit,  .XVIII,  5,  n'en  faitaucnue 
mention.  Cohimclle  miMiu',  liv.  VI,  daiis  la  pnjface,  assure 
qii'il  cst  inipossible  qu'uii  lioiiwne  aussi  exp^riinente  qin' 
Caton  ait  donne  cetle  troisieme  reponse,  puisqii'on  p.i- 
drail  plus  a  mal  nouirir  deS  besliaux  qu'on  ne  peut  ga- 
gner  a  le  bien  faire. 

CuAp.  XX.KVI.  .ku  sujet  de  ce  cliapitre,  Dictson  (Ti:ii- 
16  de  ragriculture  des  anciens)  nous  fait  ohserverque  Tii- 
sage(5tablien  Angleterre  de  semer  quelqueliiis  du  sarrasiii, 
dii  Iroment,  dutrelle,  des  pois  etiraulHes  leguines,  pmu 
fitie  retourn^s  comme  engiais,  nons  a  (ite  transmis  par 
les  anciens ,  qui  avaient  souvent  recours  a  cet  cxp^dient. 
Les  Grccs  employaient  ordinaiiement  les  feves  a  cet  eiret; 
et  Tli(?opliraste  nous  apprend  que  dans  la  iMac(5doine  et 
011  Tliessalie  les  cultivateurs  les  retournaient  en  lleur. 
Au  lieu  de  fives,  les  Romains  eniployaieiit  giSnt^ralemciit 
des  lupins.  Aarron,  liv.  I ,  cli.  23,  nous  dit  :  «  II  y  a  des 
"  plantes  qu'oii  cullive  moins  pour  en  tirer  du  prolit  daiis 
n  le  moinent  pi&ent,que  poiir  aiigmenter  celui  de  rau- 
a  ni^e  suivante  :  ce  sont  celles  qui,  laissees  sur  la  terre 
.1  apite  avoir  eti;  coupiies,  contribiient  a  la  rendre  d'un 
«  meilleur  rapport.  Cest  par  oette  raison  ipie ,  lorsqu'une 
1.  terre  est  tiop  maigre,  on  emploie  en  guise  de  fumier  le 
.1  lupin  qui  n'est  pas  encore  nionti;  en  graine,oii  bien  mftme 
«  la  tige  des  ffeves  dont  les  cosses  ne  sont  pas  encore 
.1  assez  forinees ,  pour  qu'il  y  ait  plus  de  piolit  k  rdcolter 
11  la  feve  ellemfime.  » 

Coliimelle,  en  parlant  de  ce  genre  d'engrais,  nous  dit 
aiis.si  :  «  Je  piMi.se  qiie  lorsqiie  le  cullivaleiir  nianquc  de 
«  fumicr,  il  nc  doit  pas  oublier  d'avoir  lecoiirs  aux  lii- 
«  pins;car  si  on  les  s6me  dans  un  cUaiiip  slerile  ver* 
«  le  18  de  septembre,  et  qu'on  les  retourne  a  la  cliarn.i' 
«  ou  a  la  bficlie,  ils  produiront  reflet  des  meillenis 
«  engrais.  II  faiit  les  retouruer  lorsqu'il3  sout  en  flci^r 
.1  poiir  la  seconde  fois ,  daiis  les  terraiiis  sablonneux ;  el 
"  a  leur  Iroisiiinie  lloraison  dans  le-s  tcrrps  fortes.  Dan»  'e 
«  piemier  cas,oii  les  enlerre  |i)isqu'ils  sont  lendre»  eii- 
«  core,  alin  (iu'ils  pourrissent  pliis  promptement ,  et  se 
«  nn>lpiit  avec  le  snl  franc.  Oaiis  le  secoiid ,  on  les  lais>« 
«  dpvenir  durs  et  rniiles,  alin  qu'ils  pnisspntsnutenir  pliis 
«  loiigtemps  les  mottcs  solides  dans  un  (jtat  de  divisinn  . 
.1  jiisqira  ce  qiie  les  vappiirs  qne  les  clialeurs  de  T^^le 
«  font  exlialcr  aux  plaiites  i|ui  Se  piitrfificnt  puissentlis 
«  pen(!li'er  et  les  dissoudre.  » 

Noiis  voyons  par  la  que  les  Romains  (■laient  tri^s-atten- 
tifs  a  la  maniere  de  rctouriicr  des  veg^^laux  pour  seivir 
d'engrais  ;  el  peut-fitiee.st-ce  ledefaul  dii  ni^ine  .soin  ipii 
a  fait  nianquer  lant  de  fois  unc  exp^rience  dont  le 
siic(te  ne  saiirait  Ctre  douteux.  Les  lerres  l(>geips  d'ltalit^ 
oiil  bcaucoiip  a  soufliir  de  raction  du  soleil  pendanl 
la  saison  cbaiide ;  pnur  cette  rai.snn ,  lorsqu'on  y  semail 
dps  lupins  pour  les  fertiliser,  on  les  ictonrnail  pendaiit 
qu'ils  (^taient  lendrcs,  afin(|u'ils  pusscutse  ntfler  proin[i. 
tement  a  la  lerre,  ct  avant  qiie  le  snlpil  en  eiit  fait  (*\a- 
porer  Ics  sncs.  II  n'en  est  pas  dc  nicme  des  tcrres  forles  ; 


50 


NOTES 


clles  onl  licsoit)  iVtlrc  divis^es ,  ce  qui  ne  se  fait  pas  sans 
ililHcult^  :  aussi,  loisqu'on  y  seniaitdcs  lupins  pour  cn- 
giais,  on  ne  lcs  letournait  que  lorsquMls  avaicnt  acquis 
une  consistancc  qui  les  rendait  capablcs  de  suppoiter  la 
terre  et  de  la  tenir  ouverte.  Par  la,  lcs  rayons  du  soleil 
s'y  introduisaient,  ct  faisaient exlialcr, des  planles cn  piilr(5- 
faction ,  des  vapcuis  qni  liumeclaient  et  dissolvaienl  cctte 
teire  dure  et  conipacle. 

Pline  conseille  de  faire  laboiiier  iinniedialenient  un 
cliainp  de  lupins  qui  a  il6  mange  en  vcrl.  Ccst  ici  iine 
ciiconstance  a  laquelle  les  anciens  paraissent  avoir  donn^ 
licaucoup  plus  d'atlentio)i  qiie  les  niodernes.  lin  effet, 
robjet  parail  assez  impoilant.  Lorsqii'iine  plante  est  coii- 
pi^e  verte,  coinme  le  fourrage,  il  y  a  certaineinent  une 
grande  quantilc  de  s6ve  dans  la  portioii  de  la  lige  qui  esl 
laisst^e  sur  pied ,  aiiisi  qiie  dans  la  racine.  Or ,  si  cette 
partie  de  la  plaiile  cst  abandonnee  dans  celle  situation  k 
la  clialeur  da  soleil ,  il  est  probable  que  non-seiilcment 
toute  cette  sfeve  scra  evaporce ,  mais  encore  qu'aussi  long- 
leinps  (tiie  la  plantc  coiiservera  cette  puissance  de  succion 
par  laquelleelle  tire  sa  iiouiriture  de  la  terre,  elle  conli- 
nuerade  la  ponipcr  en  pure  perte,  puisqii'el1e  ^puisera 
ainsi  la  terre  d'ime  s^ve  que  le  soleil  fera  evaporer.  Mais 
lorsqiie  ces  racincs  encore  pleines  de  suc  sont  labonr^es 
ct  eiifouies,  ellcs  se  pourrissent  et  rendent  tous  ces  sucs 
4  la  terre ,  en  nieme  tenips  qu'clles  y  cxcilcnt  nne  fci men- 
tation  utile.  Noiis  coiipons  aussi  quelquefois  rivraie  et  les 
l^gumes  verts  poiir  foiiriage;  rious  devrions,  dans  ce  cas, 
siiivre  le  conseil  des  anciens,  d'aiitant  plus  que,  qiid  que 
Boit  rellet  de  la  racine  de  Tivraie  sur  la  terre  lorsqiron 
la  laisse  se  fleliir  d'ellemiime,  il  esl  certain  quc  plus  Iflt 
uiie  terre ,  apres  avoir  6l6  licoMe  ,  est  labour^e ,  et  plus 
tot  clle  se  repai  e. 

CiiAP.  XXXVIll.  La  description  que  nous  fail  Calon 
de  la  mani^re  de  conslruire  les  fours  et  de  cuire  la  cliaux 
est  trte-importaulc.  Nous  voyons  par  lci  qiie  la  cliaux 
(!lait  bien  connue  des  Romains,  qiioique  avaiitle  tenips  de 
t>Iine  ils  ne  paraissent  pas  Tavoir  eiuployee  coniine  en- 
grais.  Le  proc(id(Sdontnous  nous  servonsaiijourd"liiii  pour 
cuire  notie  cbuux  est  Irfcs-diffijrent  de  celui  que  nous 
donne  Caton.  Kn  Angleterre ,  noiis  dit  Dickson,  on  mfile 
les  mati^res  cdinbuslibles  avec  la  pieiTe  destin^e  S  faire 
h  cliaux,  au  lieu  que  les  anciens  les  s^paraienl.  II  est 
uatiirel  de  penser  quc  les  premiers  essais  pour  ciiire  la 
cliaiix  furent  de  placer  la  pierre  dans  le  feu ,  ou  de  infiler 
los  niatiires  calcaires  et  combustibles.  Dans  cette  suppo- 
sitinn,  leur  si^paralion ,  suivant  la  m^tbode  lomaine, 
im\l  un  degrii  de  perfecliou. 

I)u  tenipsde  Pline,  on  se  servail  dechaux  ians  quei- 
qiies  parties  des  Gaules  pour  funier  les  terres  a  bl(5,  et  on 
ravait  reconirtie  trbs-bonne  en  Ilalie  pour  la  vigneet  To- 
iivier.  Ce  mfime  auteur  cile  (5galenient  la  chaux  comine 
tit^s-favorable  aux  cerisiers  :  «  Cerasos  praecoces  facit,  co- 
giique  maturescere  calx  admota  radicibus.  "  (En  cou- 
vrant  de  cliaiix  la  racine  des  cerisieis ,  on  liAte  la  crois- 
sance  de  cet  arbie,  et  on  avance  la  maluiitS  de  ses  Iruits.) 
Ce  passage  iious  montre  donc  que  l'usage  de  cette 
siibstance  (5tait  connue  des  Roinains  coinnie  engrais.  Les 
cerises  ne  furcnt  connues  en  llalie  qu'apres  les  vicloircs 
de  Lucullus  sur  Mitliridate;  or,  co  Roinain  les  apporta 
Tau  080  de  la  r^piiblique,  ou  environ  deux  cenls  ans 
avant  Pline.  Nous  pouvons  supposcr  que  puisque  de  son 
tcnipsl'onavait  reconnu  refficacit^  de  la  cliaux  pour  les 
cerisiers,  on  avait  fait  plusieurs  lenlalives  de  ce  genre; 
et  il  est  probable  qu'a  cette  ^poque  son  usage  comine 
engraisauiait  (!l6  aussi  r^pandu  en  Ilalie  qii'il  fest  parmi 
uous,  s'ileill  autanl  convenu  4  son  climatqu'il  convient 
aii  nfltre. 
CuAS.   LX.KIV    Panls  dcpilicius,  que  porle  !o  tcxte 


dc  Gessncr,  signilie  foiit  siinptenient  un  pain  p(5tii.  II  csJ 
plus  probableqiie  Caton  enlcnd  parler  du  panis  lestitius 
(ou  testnatius),  pain  cuit  sous  la  cloche,  qui  se  distiii- 
guait  du  pain  oidinaire,  appel^ /wrnacens  (cuit  dans  le 
four),parson  excellente  qualit(5.  iNous  lisons  eu  etfet 
dans  Varron,  liv.  IV  :  "  Testuatium,  quod  in  teslu  caldo 
coi]uebatur,  ut  cliain  nunc  id  faciiint  matronae.  » 

CnAP.  LXXV.  Siir  le /iftitm,  hplacenfa,  ]estracta 
el  Yalica.  Le  libum  itait,  ainsi  que  son  origine  rindique 
( liharc),  une  esptee  de  giteau  olfert  aiix  dieux  dans  les  li- 
iialions  usit^es  dans  les  s^iifices.  Ces  giUeaiix  ilaient 
faits  de  fariue,  de  miel  et  dli uile.  Les  placenla  ( du  mot 
TtXaS,  7t),axo;,croilte)  sembIentavoir6t(5  des  giteaux  plus 
compactes.  D'autres  font  d^river  le  inot  placenta  de  ce- 
liii  de  placare,  conime  pour  indiquer  qu'ils  servaient  k 
apaiserles  dieux  auxquels  on  les  offrait  eu  sacrifice. 

Les  Iracta  sont  uuc  csp6ce  d«  gaiifres,  ou  pluirtt  di! 
masse-pains d'une  p4te  cioquante,  puisqiie  les  Romaii.s 
s'en  servaient  poiir  lipaissir  les  sauces ,  comme  nous  noits 
servons  de cliapelure  de  pain.  Tracta  provient  sans  doiile 
de  tractare  qui  veiitdire  manier,  parce  qu'il  fallait  bcaii- 
coup  p^trir  cetle  p4te  pour  la  lendie  I6g6ie  :  on  priStend 
que  notre  raot  tarle  a  la  m6me  origiiie. 

Valica ,  selon  Pline ,  XVIII,  11,  (itait  une  compositioi> 
faile  dc  grains  d"(Speaulre  concasses,  auxquelson  ajoutait, 
pour  les  atlendrir  et  pour  les  blancliir,  une  esp6ce  de 
craie  particu!i6requise  troHvaitcntrePulcoli  (aujourd'bii! 
Poiizzoles)  et  Naples,  sur  le  mont  Leiicogce  (aujouid'Iiur 
la  Liiniera ).  Cctte  craie  6tait  si  esseulielle  k  la  coiiiposi- 
tiondera?«ca,  etra//cn  el!e-m6me  si  pi<^ieuse,qirAiiguste 
fit  payeruncsoiniue  considerable  par  an  surson  tr6sor  Mr, 
Napolilains,  pour  qu'i!s  eii  approvisionnassent  une  colonie 
qiril  avait  6tabliea  Capoue.  Pliue  assure  en  effet  qiiecettc 
coinposilion  6tait  ti^ssalne,  et  il  lui  doiine  la  paluie  sur 
toutes  les  esp6ces  de  ragoOts  qiie  Pon  faisait  avec  les 
grains.  Quand  les  giaiiis  d'6peautre  concass6s  n'avaient 
616  que  d6pouill6s  de  leur  enveloppe,  comineici ,  c'6tait 
de  Valica  prima  ;  ensuitc  on  les  concassait  de  nouveau  , 
on  les  faisail  passer  par  un  crible  :  ceux  qiii  6taienl  Irop 
grospour  passerdonnaientra/ieasecwnrfa,  etles  plus  raf- 
iines  Valica  terlia. 

Chap.  LXXVII.  La  .s;»ra  ((jreT;a)  6tait,  ainsi  que  le 
mot  rindique,  un  gSleau  d'une  fonne  spirale. 

CuAP.  LXXVIII.  Les  scriblito!  (du  xmt  scribillare, 
scribo )  6taient  des  pi6ces  de  p;ltissei  ie  sur  lesquelles  il  y 
avait  toutes  sortes  de  dessins  ou  d'iuscriplions  :  Circum- 
latadiM  mensis  scriblita  sectmdis.  (Martial.,  lib.  111.) 
Dum  scriblitcB  scriblitae  cestuant  occurrite.  (Plaiit. 

PlfU.) 

Chap.  LXX.V.  Les  encijta  sontdes  especes  de  beignets. 
II  parait  que  ce  niot  piovient  de  EyxuTeOeiv  (verser  dans ), 
parce  qiie  ccs  pi6ces  de  p4tisserie  6taienl  tremp6es  dans 
l'liuile  :  apr6s  quoi  on  les  faisait  passer  k  tiavers  iin 
moule. 

Chap.  LXXXI.  Verneum  6tait  encore  une  piece  de 
p4lisseriequi,d'apr6sTuinebus,tirait  sonnoinde/iir,  ///)• 
nea  (petit  vase  plat ),  et  d'apr6s  Scaliger,  de  ojiveov. 

Chap.  LXXXII.  La  spltcerita  ou  spterita  doit  son  nom 
aux  pi6ces  de  p4tisserie  sph6riqucs  qui  entraieiit  daiis  sa 
composition. 

Chap.  LXXXrV.  Savillum ,  pi6ce  de  patisserie  appeI('o 
ainsi  k  cause  de  sa  doucenr  el  de  sa  siiavit6  {Savinr  el  sa- 
viata  se  disaient  autrefois  pour  siiavioret  suavitas).  D"a» 
pr6s  la  recette  que  nous  donneCaton  poiir  pr6parer  ceg4- 
teaii ,  il  n'est  gu6re  probable  qu"il  serait  encore  du  gofll 
de  nos  joiirs ,  au  point  de  mdriter  le  litre  tiesnrillum. 

CuAP.  LXXXVII.  Quant ara»M(/)()H,Plinenousdit(pie 
celle  pite  6tait  appel6eainsi,  parceque  pour  la  fabriiiiier 


SUR  CATON. 


ou  einployail  lc  giain  saiis  le  moiulio  :  Ajiitdlatum  ab  co 
quoil  siiie  mola  (a  piivatifet  mola)JUit. 

Chap.  CXXXIl.  Jovi  dapali  cuitgnam  et...  Jiipiter 
^tait  appeM  Dapalis,  parce  qifon  liii  cloniiail  iin  lepas 
splendide  a  roccasion  de  ces  lites  ;  et  on  le  pla^ait  eutre 
Minerve  et  Junon. 

Cinp.  CXXXIV.  Priusquam  messim  facies ,  porcam 
pra-cidaneam  hoc  mndojicn  o/mrtct.  On  appelait  pr(E- 
cidaiiia  Ipra;  ccedo )  toute  victime  iju^on  immolait  avant 
les  aiitres;  mais  la  Unle pr(ECidanea  ^tail  en  particiilier 
celle  qiroii  olTiait  a  C^ies  avant  dc  couper  le  bl6.  CMIait 
un  sacrilice  impos^  a  celui  qui  n'avait  pas  rendii  les  der- 
niers  devoirs  a  ()uelqirun  de  sa  faniillo. 

CuAP.CXXXVI  et  C.XXXVII.  Relativement  aii  parlase 
<le  la  rdcolle,  donl  nous  parle  Calon  dans  ces  deux  cliapi- 
trcs ,  Dickson  noiis  faitobserver  que  les  premiers  fermiers 
qiii  aicnt  exisli5  cliez  les  Romaiiis  se  trouvaient  placi% 
sous  d'auties  conditions  qiie  cliez  noiis.  U  appartenait  aii 
propiielairc  de  ponrvoir  la  fernie  de  tous  lcs  instrumenls 
neccssaires,  et  le  fermier  recevait  en  ^cliange  une  cerlaine 
portion  des  produits  potir  les  tiavaux  de  culture.  II  s'ap- 
pelaillantrtt  poii/or,  par  rapport  h  roccupationi  laquelle 
ilse  UvTiilHpolire  terram)  iUaM  partuarius  par  rap- 
ports  a  sa  posilion  vis-Ji-vis  du  propri^laire  dont  il  (itait 
en  qnelquesorte  rassocieen  recevant  unc  partie  du  pro- 
duit  de  la  ferme  pour  prix  de  son  tiavail. 

Qiiant  a  la  portion  niSme  de  la  r^colle  qui  revenait  au 
politor,)  elle  etait,  ainsi  que  nous  le  voyons  dans  le  cha- 
pilie  cxxxvi ,  exli^niemejit  faible;  cequi  nousfaitsup- 
poser  que  le  lermier  ite  laisait  aucune  dcpense  poiir  la 
cullure,  et  qiie  cetlc  portion  liii  (5tait  livree  exempte  de 
loulo  deduction.  En  l^^gypte  ,  le  roi ,  coinme  proprielaire , 
ne  recevait  quc  la  cinqiiieme  partie.  i\Iais  cetle  conven- 
lion  avait  ile  elablie  par  Josepli  pendant  la  grande  famine, 
ct  elle  n'avaitdu  souffrir  aiicune  dillicultti  :  d'ailleiirs  le 
roi  n'avait  aucuiie  depense  a  laire,  et  recevail  le  cinquiiime 
du  prodiiit  comme  lente  du  fond.  En  Angleterre,  quel- 
queibis  oii  afferir.e  sur  le  mfiuie  pied  que  le  politor  ro- 
raain  ,  poiir  ce  <pii  concerne  le  mode  <le  payement-  Mais 
au  lieu  du  sixit!ine,  qui  etait  le  maximum  dii  droit  du 
politor ,  le  fcrmii-r  anglais  recoit  six  dixii>mes  ou  tiols 
cin(|ni6mes,  la  lente  payee  au  propri^lairo  litant  un  tiers; 
ce  qiii  avec  la  dime  fait  quatre  dixiO^me.s  ou  deux  cinqni^- 
mes.  Lorsqu'une  terre  est  affcrmi^e  siir  ce  pied,  non-seii- 
lement  le  lermier  cultive,  mais  il  fournit  le  b(5lail,  les  us- 
tensiles  et  la  semence ;  et  excepli;  le  transport  a  la  grange , 
le  ballagc  et  le  vannage,  le  proprii^laire  a  scs  deux  cinquit- 
mescxemptsde  loulecliarge.  llestlmpossibledesupposer 
que  le  politor  dilt  fournir  lout  ce  que  fonrnil  le  fermier 
anglais ;  la  portion  dans  la  recolte  i^lait  trop  faible  pour 
cela.  Caton  ne  dit  pas  par  qui  !a  semence  tHait  fournie. 
£lait-ellc  pielevee  sur  la  lecolte  avanl  le  parlage,  ou 
6taitce  le  propriiilaire  qiii  la  donnait?  II  cst  (!vident  qiie 
ce  ne  pouvait  Ctre  le  politor ,  car  cela  lui  eOl  eniev^  la 
raoitiiS  de  sa  purtion  ;  il  est  probable  inCme  qu'elle  u'(ilait 
pas  foiirnie  en  commun ,  et  que  c'(itait  le  propriijtaire 
seul  (pii  la  prenait  sur  sa  part. 

I.cs  ciiloni  dont  parle  Columelle  paraissent  avoir  ile 
sur  iin  aiitre   pied  que  lcs  politorcs  ou  partuurii.  Ils 


payaient  iinc  rento  poiir  leur  foiinc  ,  comnie  lont  nos  foi- 
miers  actuels.  Columello  lesappelle  feriniers  libres  (*•«*//■ 
beris  colonis)  pour  lesdislingui;rdes/)o<(<or(?soupm7«(j- 
rii.  Ceux-ci  ^taient  .sous  la  direclion  absoliicdes  propiiiv 
taires  dans  toute  la  conduite  de  la  fernie,  tandis  que  los 
fermiers  libres  n'etaienl  tenus  qu'aux  condilions  de  leiir 
bail. 

II  parait,  d'aprfes  Caton  et  Coliimelle,  qiie  le?  fermiers  ro 
mains  t^taient  aslreints  ,1  certaines  ciilturessur  leiirs  fer- 
mes  ;  de  sorte  qu'ils  ^taient  soiimis  nnn-seulement  5  iin 
plan  (Stabli pour  la  succession  des  ri^coltes ,  mais  eucnie 
ils  (ilaient  (lans  robligation  de  cultiver  d'une  manii^re  di^- 
lcrniiiit''^  les  diff^renles  produclions.  Cette  circnnslance 
s'o\|)liiiuepar  le  haut  degri^  depeifeclion  auquol  r.igiiciil- 
liiro  olait  parvenue  en  Italie.  Les  optirationstitaionl  biou 
entondiies,  la  ciiltureiStait  riigMe  suivant  la  natiire  dii  snl 
el  des  productions ,  ct  rordre  des  saisons  perniollait  do. 
fixer  avec  plus  de  picci.sion  les  lemps  convenahlos  poiir 
les  difftirenls  tiavaux.  Ces  lestrictions  d'ailleurs  imposoos 
aux  fermiers  pouvaienl  Hre  trfeavantageuses  <i  ragiiciil- 
tiire;  et  Colunielle  conseillo  meme  anx  propri^taires  diMro 
pliis  exacts  i  exiger  la  ciilture  qiie  le  payemeut,  parce  qiio 
le  fermier,  recueillant  de  bonnes  riScoltes,  oserait  moiiis 
solliciter  rindulgence  du  maitre  pour  le  payement  de  la 
rcnle. 

CnAp.  CXLT.  Les  suoi^itnnrilia  (itaient  le  plus  grand 
et  le  plus  consid^rable  sacrilice  que  Ton  olfrait  au  dioii 
Mars.  Cesacrifice  se  laisait  pour  la  lustration  ou  Texpia- 
tion  des  champs ,  des  fonds  de  lerre ,  des  arm^es  ,  des 
villes  et  poiir  atliier  la  protcction  des  dieux  par  cet  acte 
dc  loligion.  Lcssuovitaurilia  t^laientdistinguesengrands 
otpetils:  les  pofitsC'laient  ceux  oii  Ton  immolait  dejcu- 
nos  aniiiiaux,un  jcune  coclion,  un  agneau,  iin  veau;  lcs 
grands  (itaient  ceux  oii  Ton  immolait  des  animaux  par- 
faits ,  qiii  avaient  toule  leur  laille,  comme  le  verrat ,  le  bii- 
lier,  le  tauieau.  Avant  les  sacrifices  on  faisait  faire  h  ccs 
animaux  Irois  fois  le  toiir  de  la  chosedont  on  voulaitfaire 
rexpiation,commele  ditVirgile  :  «  Que  la  victimequidoit 
"  6tre  offerle  soit  promeni^e  trois  fois  autour  des  mois- 
«  sons.  »Le  verrat^taittoujoursimnioltjlepremier,  comme 
ranimal  qui  niiit  le  pliis  aux  semonces  ct  aux  moissons, 
et  successivement  le  biilier  et  le  taureau.  Les  suovitau- 
rilia  (^taient  chez  les  Romains ,  comme  nous  Tavons  dit , 
un  sacrilice  offert  ."i  Mars ;  mais  chez  les  Grecs  le  mi^nie 
sacrilice  se  faisait  en  riionneur  d'aulres  dieux  encorp; 
conimc,  par  exemplc,  en  riioiineur  de  Neptune,  dans  Ho- 
nviic,  et  cn  celui  d'Esciilape  dans  Pausanias. 

CH.'.r.  C.XLHI  Kalcndis,  idibus,  nonis ,  festus  dic- 
cum  erit  ,coronain  infocum  indat.  Cetle  coiironne  de 
flcurs  itait  mise  dans  PAtre  en  riionneur  des  dieiix  lares, 
dont  le  sitige  principal  ^tait  dans  le  foyer.  Elle  iHait  d'une 
grandeurextracrdinaire;et  Festusnoiisdit:  11  Dunalic.i!  ro- 
roii.T  dicta>,  quod  liis  vicloies  in  ludis  doiiahaiiliir  ,  qua; 
poslea  niagniiicenli.'e  causa  inslilulEC  sunt  super  moduin 
aplarum  capilibus,  quali  amplitudine  liunt,  ciini  lares 
ornantur.  >>  Su^tone nous  apprend qiie  cette  coutunie  (!tanl 
tombee  dans  roubli,  Aiigusle  la  riStablit,  en  ordonnant 
qu'on  d(ipos4t  ces  couronnes  dans  1'atiedeiix  loisran, 
au  printomps  et  i  Tottt  :  «  Compitaliliis  lares  ornari  hi ; 
anno  instituit ,  vcrnis  lloribus  et  acstivis. 


VARRON. 


)'j<i^'»i^s&'»<&s^'->^<»^^<3<^^^i<^'9-&'i<^-»<^<»<Si'aiS^'S<s>n«^^ 


SUR  VARRON  '• 


iM  Tereutius  Varroii ,  le  plus  savant  des  Ro- 
maiiis ,  au  jutiement  de  Ciceron,  s'etait  rendu  ce- 
lebre  par  uu  grand  nonibre  d'ouvrages ,  dont  la  plu- 
part  ne  sout  pas  paiTenus  jusqu'a  nous.  Parmi  ces 
derniers ,  on  doit  citer  riiistoire  de  sa  vie  :  le  gram- 
niairien  Cliarisius  faisait  un  graud  eloge  de  ce  mor- 
ceau,  dont  la  perte  est  si  regrettahle.  On  sait  douc 
fnrt  peu  de  cliose  sur  Varron,  et  le  peu  qu'on  sait 
ne  repose  que  sur  des  conjectures  tirees  soit  des 
auteurs  anciens ,  soit  de  ses  propres  ecrits.  Nous  ne 
laisserons  pas  de  rapporter  ici  tous  les  passages  qui 
peuvent  jeter  quelque  luniiere  sur  sa  vie  et  ses 
travaux,  en  indiquant  autantqu'il  nous  sera  possihle 
la  date  de  ses  principaux  ouvrages  ct  la  ualure  de 
ceux  qui  ont  ete  perdus. 

Nous  trouvons  d'abord  dans  Plina ,  I.  vii ,  §  53 , 
un  passage  oii  il  est  questiou  de  ses  parents.  C"est 
Varron  lui-meme  qui  parle  ,  citant  comme  un  dou- 
ble  exemple  de  niort  subite  celle  du  mari  de  sa 
tante  niaternelle  Corfidius  et  celle  du  frere  de  ce 
Cortidius.  Tous  deux  etaient  chevaliers  romains. 
Krnesti  pense  que  c'est  le  Corfidius  dont  Ciceron 
a  fait  niention  dans  sa  liarangue  pour  Ligarius  :  on 
voit  meme  dans  une  de  ses  lettres  {ad  .-Itt.  .\in ,  44) 
qu'il  voulait  supprimer  son  noni ,  parce  que  Corfi- 
ditis  etait  niort  quand  la  liarangue  fut  prononcee. 
Varron  parle  encore  daus  sou  traite  De  re  rustica 
(liv.  II)  de  Caius  Fundanius  son  beau-pere,  et  de 
Fundania  ,  femine  de  celui-ci.  Nous  supposons  que 
c'est  ce  Fundanius  qui  avait  ecrit  un  ouvrage  sur  les 
phcnomenes  de  la  natiire,  iinite  de  celiii  d'.Aris- 
tote ,  et  qui  a  ete  fort  loue  par  les  grainmairiens. 
\'arron  ajoute  ( liv.  iil  De  re  rust.)  que  le  fouds  de 
terre  appartenant  a  sa  taute  etait  sitiie  daus  la  Sa- 
bine.  II  etait  lui-meme  de  Reatiue ,  et  Sidoine  Apol- 
linaire  lui  donne  toujours  le  surnoin  de  Heatiniis , 
pour  le  distiuguer  de  Pubbus  Terentius  Varron  .\ta- 
cinus.  Symmaque  le  designe  aussi  parce  surnom. 

On  iguore  quelles  charges  il  brigua  ,  et  quclles 
sontcelles  doiit  il  fut  revetu.  Suivant  Fahricius,  il 
aiirait  ele  tiibuu,  et  cet  honueur  n'est  pas  le  seul 
qu'il  aurait  obtenu.  Cette  coujecture  nous  parait 
fondiie ,  en  ce  qui  concerne  le  tribunat ,  sur  un  pas- 
sage  des  .■tntiquilis  de  Varron  'apud  Cellium)  qui 
sc  trouve  place  parmi  les  fragments ,  a  la  suite  de  ses 
ouvrages. 

Nous  voyons  dans  Pline  (liv.  xxxv,  §  49)  un  autre 

(I)  Celle  noticc  esl  un  i&iini(i  dii  savanl  liavaii  iluiil 
Scliiieiiler  a  fait  pr^i-der  son  i^dition  <le  Vurron  ,  daiis  Ui 
lollecliiin  qiril  a  ilonnee  des  Scriptores  rci  rnsticce. 


passage  qui  semblerait  prouver  que  \  arron  cxerca 
redilite.  «  On  irouva ,  dit-il ,  dans  une  maison  de 
«  Lacedemone  un  plafond  remarquable  par  Texcel- 
«  lence  du  travail  et  la  heaute  des  peintures.  Ce 
«  plafond  ayant  cte  dctaclie  de  la  muraille,  ct  niis 
K  dans  une  caisse  ,  fut  trausporte  a  Rome  par  les 
<i  coins  des  cdiles  Murena  et  Varron ,  qui  en  orne- 
«  rent  la  salle  des  comices.  »  i\Iais  on  peut  doutec 
que  ce  Varron  soit  !e  savant  ccrivain  qui  nous  oc- 
cupe.  Le  nieme  Pline  ( liv.  ii  )  noinnie  Vitruve 
a  la  piace  de  Varron.  Ernesti ,  s'appuyant  sur 
une  lettre  de  Ciceron  (xiii,  10),  fait  de  Varron 
le  questeur  de  i\L  Brutus  lorsque  celui-ci  partit 
pour  la  Gaule.  Mais  il  cst  certain  que  le  M.  Teren- 
tius  Varron  qui  acconipagua  Rrutus  dans  la  Gaule 
n"avait  rien  de  commun  que  le  noni  avec  le  Varron 
de  Reatine.  Ernesti  aurait  pu  s'en  assurer  par 
la  lettre  mcine  de  Ciceron  dont  nous  rcproduisons 
ici  les  termes  {h:p.  1,  13-10)  : 

"  Lorsque  Jl.  Terentius  Varron,  dit  Ciceron, 
«  vint  au  Foruni ,  il  rechercha  nion  amitie.  Cctte 
«  amitie  s'est  accrue  avec  le  lemps.  II  se  plait  aux 
«  menies  etudes  que  moi ;  il  .s"en  occupe  avec  ar- 
«  deur,  ainsi  que  j"ai  pu  le  voir  souvent ,  et  nienie 
"  avecsucces.  Iletaiten  relations  tres-assidues  avec 
"  les  fermiers  de  la  repuhlique,  ce  qui  nelaissait 
«  pas  de  me  faire  quelque  peiue.  II  eprouva  dc 
n  grandes  pertes,  ot  se  jeta  dans  la  carriere  du  bar- 
«  reau,  avant  les  ehangeiiients  survenus  dans  la 
«  repuhlique.  II  s"y  distingua  par  sa  probite  autant 
«  que  par  ses  talents ,  rcgardant  coinme  trcs-hono- 
«  rable  et  tres-lcgitimement  acquis  le  gain  qu'il 
«  retirait  de  sa  profession.  » 

Ciceron  parlc  encore  {ad  Dic.  xiii ,  21  d'un  A. 
Terentius  Varron  Murena  qui  faisait  le  cominercc  en 
Acbaie,  etlui  recommande  sonaffranchiTiron,alor.s 
dans  cette  province ,  et  inalade ;  mais  on  ne  sait  qucl 
est  ce  T.  Varron  ISIurena .  Ou  ne  sait  pas  non  plus  q  ue 
conclure  de  ce  passage  de  Ciecron  (arf  Div.  ix,  tO) , 
oii  Decimus  Brutus  lui  dit  :  «  Je  ne  pourrais  sutlGrc 
«  a  la  depense,  eussc-je  a  ma  disposition  les  trcsors 
«  de  Varron.  »  Corradus  pense  que  c'est  une  allu- 
sion  au  Iraite  de  Varron  sur  Ifs  richesscs.  Manu- 
tius  n'est  pas  de  cet  avis  :  il  preteud  qu'il  s'agit  d'.Vn- 
toiue,  et  qu'a  la  place  de  farroiiis  il  faut  mettre 
Jlaronis,  terine  de  mepris  dont  Brutus  se  serait  servi 
pour  fletrir  son  ennenii.  Quant  au  pocte  Tcrentius 
Varron  Atacinus,  aiusi  appelcdu  nom  d'un  lleuve 
ou  d'un  village  de  la  proviiice  dc  Narbonue,  it 
vivait  dans  le  ineme  temps.  Horace  et  Ovide  out 
celebrc  ses  louanecs.  'VVcniBdorff  a  donn^  la  liste 


NOTICE  SUR  VARRON. 


^e  sesouvrages  dans  son  Epitre  critique  sur  les  poe- 
fes  latins  du  seeond  ordre ,  adressee  a  Rulinlienius. 
Sidoine  Apollinaire  (liv.  vi,  32)  cite  les  deux  Var- 
ron,  mais  sans  savoir  comuient  on  doit  les  distin- 
guer.  n  De  quel  Varron  veut-on  parler.'  dit-il ;  est-ce 
11  de  Varrou  Atacinus ,  ou  Lien  de  Tcrentius  Varron .'  >> 
Aquoi  Uuluikenius  repond  tres-justement,  en  s"ap- 
puyant  surun  passagedeSynuuaque  (£';;«/.  ix-32)  : 
«  Tu  sais  bien  que  ce  n'est  pas  deTerentius  le  Co- 
«  inique  qu'il  s'a.!;it ,  mais  de  Varron  de  Reatine ,  le 
<i  pere  de  Terudition  latine.  » 

Varron  s'etait  acquis  les  bonnes  grjices  de  Pom  - 
pee,  dont  il  emhrassa  le  parti  contre  Cesar.  II  lui 
resta  fidele  jusqu'  au  moment  oii  sa  cause  fut  perdue 
sans  ressources.  Pompee  Tavait  employe  (lans  la 
guerre  contre  les  pirates  et  contre  Mitliridate.  Ap- 
pien  ,  De  bfll.  Milhridn.t.,  dit  que  Cneus  Statius 
\'arus  conlia  a  Varron  la  garde  des  mers  d'Ionie 
et  deSicile,  jusqu'a  TAcarnanie;  d'ou  fon  peut 
cnnclure  qu'il  fut  preteur.  En  effet,  Appien  ajoute 
que  Jes  prcteurs  avaient  et6  envoyes  pour  garder 
ces  deux  mers.  A^arron  ,  dans  son  traife  De  re  riist., 
(!.  ll)a  fixed'iine  maniere  tresprecise  les  limites  de 
son  commandement  maritlme.  «  Je  n'ai  ricn  avance, 
«  dit-il,  qui  ne  m'ait  ete  assure  parceux  qui  posse- 
«  dent  les  plus  beaux  paturages  en  Epire,  lorsque 
..  je  commandais  la  flotte  entre  la  Sicile  et  Tile  de 
"  Delos,  pendant  la  guerre  contre  les  pirates.  ■>  On 
peut  rapporter  a  cette  epoque  ce  que  dit  Varron  de 
certains  poissons  {De  re  rust.,  liv.  iii,  clio  17,  §4). 
II  supppse  quec'e.st  Accius  qui  parle  : "  Ces  poissons, 
<■  dit-il ,  nesQut-ils  pas  encore  plus  sacres  que  ceux 
1.  que  tu  as  vus  en  I.ydie,  qui,  accourant  par  trou- 
»  pes  au  son  de  la  iiiite  grecque,  vinrent  jusqu'a 
1.  l'extremite  du  rivage ,  et  meme  pres  de  rautel 
1'  ou  tu  s.acrifiajs  :  personne  tfosait  les  toucher.  » 
Piine  parle  aussi  du  comniandement  exerce  par 
Varron,  comme  chef  de  la  flotte,  dans  la  mer  de 
Sicile(l.  ni,§  16) :  «  Pyrrhus,  roid'Epire,  eut,  dit- 
i>  il,  le  projet  d'unir  ces  deux  rivages  au  moyen 
"  d'un  pout  jete  sur  le  detroit  (le  detroit  qui  separe 
"  r.Adriatique  de  la  mer  lonienne,  entre  .'Vpollo- 
"  nie  et  Hydronte,  et  qui  a  cinquante  mille  pas 
•1  de  largeur).  Varron  avait  eu  le  meme  dessein 
11  lor5qu'il  commandait  la  flotte  de  Pompee,  pen- 
«  danf  la  gqerre  coptre  les  pirates;  mais  d'autres 
11  soinsrenempecherent. » OnvoitencoredansPline 
(1.  \i,  §  19)  un  passage  oti  jl  est  question  de  Var- 
ron;  c'cst  au  sujet  de  la  mer  Caspienne.  II  rapporte 
une  observatioD  faite  par  Varron  sur  la  qualite  des 
eaux  de  celte  mer  :  «  L'eau  de  cette  mer,  dit-il ,  est 
11  doucp,  an  rapport  de  Varron,  qui  en  fit  porter  a 
n  Pompee ,  pendant  la  guerre  contre  les  pirates. 
1.  C'est  sans  doute  1'enorme  masse  d'eau  apportee 
«  par  les  fl.euves  qui  s'y  jettent,  qui  rempcche 
"  d"etre  salee.  Varron  ajoute  qu'il  fut  rcconnu 
.1  alors  qu'on  pouvait  en  sept  jours  transporter 
«  les  marchandises  indieunes  de  Tlnde  a  la  Bac- 
<•  triaue  et  au  fleuve  Icare,  lequel  vient  se  per- 
"  ilie  dans  TOxus  pour  passer  a  la  mer  Caspienne, 
<■■  dans  les  caux  du  Cyrus ,  et ,  au  bout  d'un  voyage 
n  par  terre  de  cinq  jouTS  au  plus  ,  debouchet  dnns 


«  le  Pont  par  le  Phase.  »  Cest  encore  d'apres  Var- 
ron  qu'il  parle  des  Ophiogenes,  habitants  des 
bords  de  rHellespont,  dont  la  salive  guerissait  la 
niorsure  des  serpents.  Enfin,  s'il  faut  rencroire, 
Varron  aurait  ecrit  que  le  roi  Ptolemee ,  lors  de 
rexpeditiou  de  .ludee ,  avait  fourni  a  Pompee  uu 
corps  de  huit  mille  cavaliers  entretenus  a  ses  frais, 
et  qu'il  lui  avait  donne  un  festin  oii  se  trouvaient 
mille  convives,  ayant  chacundevant  eux  un  vase  d'or 
qu'on  changeait  a  mesure  que  les  services  se  succer 
daient.  Ce  fait  semble  remontcr  a  Tau  091  de  la 
fondation  de  Rome. 

Varron  merita  dans  cette  guerre  la  couronne  nar 
vale  quilui  ftit  decernee  au  retour(Plin.,  vii,  §  31 ; 
XVI,  §  3).  On  y  ajouta  deTargent.  Pline  donne  le 
chiffre  de  la  somme  (I.  xxxvii,  §  6)  :  «  On  accorda, 
«  dit-il ,  a  larepubliqueet  aux  questeurs  qui  avaient 
«  defendu  les  cotes ,  une  somme  de  niille  talents  : 
«  chaquesoldat  eutsix  mille  sesterces.  »  On  trouve 
une  lecon  differente  dans  une  ancienne  edition  de 
Pline.  Suivant  cette  lecjon,  on  n'aurait  donne  que 
deux  mille  sesterces  a  chacun  des  soldats.  Appien, 
dc  5on  cote,  dit  quinze  cents  drachmes.  Quoi  qu'il 
en  soit ,  nous  croyons  qu'on  a  eu  tort  de  joindre  ici 
la  republique  aux  questeurs. 

Nous  avons  dit  que  Varron  embrassa  le  parti  de 
Pompee  dans  la  guerre  civile.  II  commandait  les 
troupes  que  ce  dernier  avait  en  Espagne.  Ciceron  en 
parle  dans  une  de  ses  lettres  a  Dolabella  {Fam.  ix, 
13):  «  Caius  Suberinus  Calenus,  voulant  rester 
«  neutre,  dit-il,  s'etait  retire  en  Espagne  avecVar- 
«  ron,  avajit  le  commencement  des  hostilites.  Per- 
«  sonne  ne  pouvait  supposer,  aprcsla  defaite  d'A- 
«  frauius,  que  la  guerre  dut  s'etendre  jusque  dans 
n  cette  province.  Maisapeine  arrive,  iltombadans 
«  le  maiheur  qu'il  voulait  eviter :  en  effet,  Pompee  le 
«  supplia  si  instamment  de  prendre  les  arnies,  que, 
11  sous  aucun  pretexte ,  il  ne  put  s'y  refuser.  »  Cesar 
fit  la  guerre  b  Afranius  et  a  Petreius  en  Espagne,  Tan 
70.5  de  Rome.  Varron  avecses  legious  defendait  TEs- 
pagne  inferieure  (Bell.  civ.,  1.  i-xxxviii);  et  Cesar 
(id.,  xvii-xx)  ne  laissepas  de  luidonner  de  grands 
eloges.  Plus  tard,  lorsquil  n'y  eut  plus  d'espoir,  Var- 
ron  lui  livra  ses  troupes,  et  vint  au-devant  de  lui  jus- 
qu'a  Cordoue,  ou  il  lui  rendit  un  compte  fidele  de  Te- 
tatde  la  province,  et  lui  remit  Targent  qu'il  en  avait 
tire.  II  tenait  encore  pour  Pompee  a  Tepoque  oii  fut 
livree  la  bataillede  Pharsale  (Cic,  De  div. ,x,S2).Ci- 
ccron  raconte  qu'etant  a  Dyrrachium,  oii  il  comniau- 
dait  la  fiotte  des  Rhodiens,  un  des  partisans  de 
Pompee  vint  le  trouver,  et  dit  qu'un  des  rameurs,  qui 
avait  le  don  de  divination ,  lui  avait  annonce  qu'a- 
vant  trente  jours  la  Grece  nagerait  dans  le  sang ;  que 
Dyrrachium  serait  livre  au  pillage,  toute  la  flotte 
brillee  et  mise  en  fuite.  Ciceron  ajoute  que  cette 
prediction  lui  causa  une  grande  terreur,  ainsi  qu'a 
Marcus  Varron  et  a  M.  Caton,  qui  etaient  avec  lui. 
Peu  de  jours  apres  on  vit  arriver  Labienus ,  echapp6 
du  desastre  de  Pliarsale.  Ces  evenements  se  passe- 
rent  en  l'an  706  de  Rome,  et  Varrou  a  paru  y  faire 
allusion  dans  un  passagede  ses  Agronomiqucs  (l, 4, 
§6). 


NOTICE  SUR  VARROiN. 


Aprcs  avoir  dfpose  losnniips,  il  s'etait  retire  51 
Cuines  et  a  Tusculiim,  011  il  cultivait  en  paix  les  bel- 
les-lettres ,  quoiqu^ii  ne  fiit  pas  sans  inquietude  sur 
)es  dispositions  du  dictateur  a  son  egard.  Mais  Ce- 
sar,  lui  ayant  pardonne,  le  cliargea,  sur  sa  demande, 
d'organiser  les  bibliotlieques  grecques  et  latines 
qu"il  avait  rintention  de  fonder,  et  qui  furent  ou- 
vertes  jieu  de  temps  apres,  vers  ran707  de  la  fon- 
dation  de  Rome. 

Les  premieres  bibliotlieques  grecques  et  latines 
etablies  a  Rome  avaient  ete  fondees  par  Pollion, 
qui  lit  placer  dans  1'atrium  les  bustes  des  ecrivains 
les  plus  celcbres.  II  Tavait  eu  outre  decore  des  de- 
pouilles  prises  sur  les  Dalmates.  Tous  les  anciens 
auteurs  sont  d'accord  pour  celelirer  la  magniticeuce 
de  cette  partie  du  nionumeut.  II  est  a  croire  que 
c''est  cette  galerie  de  bustes  qui  donua  a  Varron 
ridee  de  son  traite  sur  les  Imaycs,  designe  par  les 
grammairiens  sous  le  titre  A^IIcbdomades.  Aulu- 
Gelle  parle  aveceloge  des  deux  livres  d'Homere  et 
d'Ilesiodequi  faisaient  partie  de  cet  ouvrage. 

Quant  aux  livres  sur  les  Bibliothcques ,  cites  par 
le  grammairieu  Sosipater,  nous  ignorons  s'ils  fu- 
rent  con]po.ses  en  memetempsque  les  Ilebdoma- 
des,  ou  si  Varron  les  y  reunit  plus  tard.  Suivant 
Nonius,  Varron  disait,  dans  le  prcmier  livre  aes 
Ilebdomades,  qu'il  avait  divise  son  traite  en  sept  par- 
ties,  pouriniiter  lesalcyous,quiuietteut  septjours  a 
faireleur  uid  sur  la  mer.  Aulu-Gelle  (I.  iii,  cii.  U) 
rapporte  encore  quelques  lignes  de  Varron  tirees  du 
livre  des  Juurs,  et  qui  s'appliquent  a  la  statue  de 
Demetrius.  Cest  une  inscriptiou  placee  au-dessous 
de  cette  statue,  et  dont  voici  le  sens  : 

«  Celui-ci  est  Demetrius,  qui  ena  eu  autaut  que 
"  Tannce  a  de  jours.  » 

Cest  du  moins  ce  que  porte  la  premiere  ^dition 
de  ISIercurius.  .Scaliger,  daus  Ses  Catatecies ,  coni- 
plete  Tidee  : 

<i  Celui-ci  est  Demelrius ,  a  qui  on  eleva  autant 
«  de  statues  en  airaiu  qu'il  y  a  de  jours  dans  lan- 
,«  uee,  i>  ce  qui  a  ete  entendu  de  Demetriusde  Pha- 
lere.  Ce  passage  de  Pline  (I.  xxxiv,  §  12)  parait 
autoriser  rexplication  de  Scaliger  :  «  Je  pense,  dit-il , 
»  qu'il  n"y  a  point  d'iiomme  a  qui  ou  ait  eleve  au- 
«  tant  de  statues  qu'a  Demetrius  de  Pbalere.  On 
<>  lui  en  avait  erigii  trois  cent  soixaute,  d'apres  le 
■'  nombre  des  jours  qu'on  donnait  alors  a  rannee. 
«  Ces  statues  furent  bientot  renversees.  »  A  propos 
du  livre  !'■'■,  Aulu-Gelle  (liii,  ch.  11)  dit  que  i\l. 
^  arron  avait  niis  sous  le  portraitd'Homere  une  ius- 
criptionconcue  en  ces  termes  :  «  Cette  cbevre  blan- 
«  che  indique  la  place  oii  repose  Homere;  car  une 
«  clievre  blanclie  est  la  victime  que  les  liabitants 
"  d'los  offrent  en  sacrifice  a  sa  m^moire.  » 

On  voit  dans  le  poenie  d'.\usone  sur  la  Jloselle 
(y.  30G)  que  le  dixieme  livre  des  llebdomades  etait 
fonsacreauxarchitectes;  etSymmaque  (I.  11,  Epist. 
2)  dit  que  ce  livre  contenait  Teloge  de  plusieurs 
p.ersonnages  celebres. 

Le  passage  suivant  iious  fait  connaitre  quel  etait 
r.ige  de  Varron  lors(|u'il  termiua  les  Hebdomades. 
Cest  Aulu  Gelle  qui  parle  (1. 111,  ch.  10)  ;  «  Varron 


«  dit,  a  la  lin  des  /lebdomades,  qu"il  est  sur  le  point 
«  d"avoir  parcouru  sept  fois  douze  anntes  (il  avait 
o  alors  78  ans) ,  et  qu'il  a  ecrit  sept  fois  soixante-dix 
«  livres,  dont  il  a  perdu  un  assez  grand  uonibre 
«  lorsquil  etait  proscrit,  et  que  sa  bibliotheque  fut 
«  pillee.  »  On  verra  plus  bas  que  samaison  deCasi- 
nate  fut  occupee  ct  detruite  par  Antoine  pendant 
la  guerre  civile. 

11  avait  quatre-vingts  ans  lorsqu'il  ecrivit  ses 
.■t(j'onomiques ,  ainsi  qu'il  le  dit  lui-meme  dans  sa 
prcface;  d'ou  Fon  peut  conclure  que  cet  ouvrage 
fut  compose  vers  Tan  717  de  Rome.  Les  Ileb- 
domades,  ou  livres  sur  tes  Imacjes,  durent  etre 
composes  deux  ans  auparavant.  Aulu-Gelle  a  tire 
de  cette  preface  les  observations  qu'il  a  faites  sur  la 
vcrtu  du  nonibre  sept,  et  dout  quelques-unes  te- 
moignent  d'une  rare  sagacite.  Pour  les  autres ,  il 
est  permis  de  douter  de  leur  exactitude. 

Les  Questions  epistolaires ,  adressees  par  Varron 
a  Appianus,  furent  composees  apres  la  mort  de 
Cesar.  Aulu-Gelle  (I.  xiv,  ch.  7)  cite  plusieurs  pas- 
sages  du  livre  iv,  oii  il  est  question  de  la  curie 
Ilostilia,  de  la  curie  Pompcia,  et  de  la  nouvelle 
coutume  qui  s'^tait  iutroduite  danslesenat,  pour 
demander  l'avis  des  senateurs.  On  ne  lira  pas  sans 
interetle  passage  d'Aulu-Gelle  :  «  Cn.  Pompee,dit- 
«  il ,  fut  nomine  consul  pour  la  premiere  fois  avec 
«  M. Crassus. Occupe jusquici des soins de la guerre, 
«  il  ignorait,  au  nioment  d'eutrer  en  cliarge,  de 
«  queile  maniere  on  doit  convoquer  le  seuat,  et  eii 
«  general  tout  c«  qui  concerne  radministration 
"  interieure.  II  pria  son  auii  Varrou  de  lui  faire  un 
"  memoire  sur  le  ceremonial  a  observer,  oii  il  pdt 
«  apprendre  ce  qu'il  devait  faire  et  dire  en  consul- 
«  tant  le  senat.  Varron  fit  le  menioire;  niais,  dans 
«  le  quatrieme  livre  des  Questions  epistotaires ,  il 
«  nous  apprend  lui-nicme  que  cet  ouvrage  a  peri. 
«  Pour  reparer  cette  perte,  il  donne  dans  ses  lettres 
"  de  nombreuses  instructions  sur  le  nieme  sujet.  » 

Outre  ce  niemoire,  Varrou  avait  compose  pour 
Pompte  un  traite  des  regles  de  la  navigation ,  au 
moment  011  celui-ci  ailait  partir  pour  la  guerre 
d'Kspagne.  Ce  traite,  auquel  Tauteur  avait  donne  le 
noni  A^liphemerides  ,  a  etc  perdu.  Suivant  toute 
qpparence,  il  aurait  ete  ecrit  en  Tan  677  de  Ronie, 
epoque  de  1'expedition  de  Ponipee  en  Espagne. 

II  n'y  3  point  d'ouvrage  011  Ton  trouve  de  meilleurs 
renseignements  sur  les  ecrits  de  Varrou ,  sur  lcs 
epoques  ou  ils  ont  ete  composes,  et  la  mauicre 
dout  on  doit  les  classer,  que  le  livre  qui  nous  est  reste 
desAcademiques  de  Ciceron.  Cicerouavait  dediece 
livre  ainsi  que  les  trois  autres  ,  aujourd'huiperdus, 
ii  T.  Varron ,  d'apres  le  conseil  de  son  anii  Atticus, 
dont  Ips  instances  avaient  pu  seules  Ty  decider.  En 
cftet,  il  y  avaitde  la  repugnance,  acausedu  caractere 
deVarron,qu'iI  n"a  pasQattedansunedeseslettrcs  a 
Atticus  (I. XIII, 25)  oii  illedepeintcommeun  esprit 
cliagrin,  difficile,  et  trcs-jaloux de  sa  supcriorite  dans 
les  lettres.  «  Tu  sais  comme  il  est ,  dit-il  a  son  ami : 

«  Son  espilt  souproiineux  arcuse  rinnocenl  (1). 

(I)  Tiaduit  d"uii  \cis  gieccilciiarCicerou. 


NOTICE  SUR  VARRON. 


«  II  me  seiiible  que  je  renteuds  se  plaindre  de  ce 
"  que  je  defends  mieiix  ma  cause  que  lui  la  siemie.» 
Toutefois  nous  le  voyons,  dans  ses  Academiques, 
prier  Varron  de  vouloir  bien  prendre  le  parti  d'Au- 
tiochus  contre  Pbilon,  dans  laquerelle  qui  s'tiait 
^levee  entre  ces  deux  philosophes  surdiverses  ques- 
lions  de  morale  et  de  metaphysiqiie.  II  se  charge  a 
son  tour  de  faire  valoir  les  raisons.de  Philon.  En 
outre,  ilrappelle  aVarron  une  promesse  qu'Atticus, 
leur  ami  commun,  lui  a  faite  de  sa  part.  II  s'agissait 
d'un  livre  que  Varron  devait  soumettre  a  son  juge- 
ment.  II  lui  annonce  qu'il  est  impatient  de  le  voir, 
et  d'annoter  rouvroge  d'uu  ecrivaiu  itau-ypj.tporaTw, 
aiusi  qu'il  Fappelle  dans  ses  lettres  a  Atticus.  Voici 
cequillui  fait  direa  cette  occasion  [Jcademiq.,  ch. 
1);  c'est  Varron  qui  parle  :  «  J'ai,  dit-il,  entre  les 
«  mains  un  graud  ouvrage  que  je  veux  soumettre  a 
«  notre  ami  (designaut  ainsi  Cicerou) ,  mais  je  m'oc- 
i>  cupe  en  ce  moment  de  le  revoir  et  de  le  polir.  »  Ci- 
ceron  repond  que  Libon,  leur  ami  commuu,  lui  a  dit 
qu'il  counaissait  deja  cet  ouvrage :  etVarrou,  deson 
cote  ,  ajoute  qu'il  y  travaille  sans  relache,  et  ne  le 
quittera  point  quil  ne  Tait  terraiue.  Ce  que  dit  At- 
ticus ,  a  la  suite  de  cette  conversalion ,  prouve  qu'il 
etait  question  du  Traite  sur  la  langue  latine ,  que  Var- 
ron  adressa  depuis  a  Ciceron,  et  qui  demanda  beau- 
coup  de  tempsa  sonauteur.  «  Lesmuses  deVarron, 
«  dit-il ,  se  taisentbien  plus  longtemps  qu"a  Tordi- 
«  naire.  Je  ne  crois  pourtant  pas  qu'il  demeure 
<>  oisif :  je  crois  plutot  qu'il  ne  veut  pas  nous  mettre 
o  dans  la  conOdence.  « 

Varron  possedait,  a  cette  epoque,  une  maisondans 
la  terre  de  Cumes,  pres  celle  de  Ciceron.  IMais  il 
s'en  defit  bientot,  a  cause  de  la  guerre  qui  desolait  ces 
campagnes ,  et  alla  se  fixer  dans  une  des  provinces 
les  plus  eloignees  de  ritalie,  a  Casinate.  Ciceron 
Ten  felicite  dans  une  de  ses  lettres.  «  Je  desire,  lui 
«  ecrit-il,  que  vous  soyez  satisfait  dc  votre  nouvelle 
«  acquisition;  je  ne  puis  qu'approuver  la  resolu- 
«  tion  que  vous  avez  prise  de  vousretirer  auloin.  >- 
Mais  il  n'y  avait  pas  lieu  de  le  feliciter.  En  effet, 
c'est  cette  maisou  de  Casinate  qui  fut  pillee  environ 
un  an  apres  par  Autoine,  lorsque  Cesar  etait  oc- 
cupe  au  siege  d^Alexandrie;  ce  qui  ft-rait  reraon- 
ter  cet  evenement  a  Tan  708  de  la  fondatiou  de 
Rome. 

Nous  avons  dit  que  Varron  travailla  pendant  long- 
tenipsa  sontraitesur  la  langue  latiue.  Onpeutdeter- 
niiuer  d'une  raaniere  assez  precise  le  teuips  qu'il  ap- 
porta  a  la  composition  de  cet  ouvrage.  Ciceron  {ad 
Jtt. ,\.iLiii,  12)dit:  «VoiladeuxansqueVarronra'a 
«  promis  de  me  dedier  son  ouvrage;  raais  depuis 
«  ce  temps,  il  n'a  pas  avance  d'un  pas.  >>  II  uous 
apprend  dans  uue  autre  lettre  quil  a  lini  les  Acade- 
niiques.  Or  cette  lettre,  (I.  xni,2;5)  ainsi  que  toutes 
les  autres  du  merae  livre,  appartient  a  Tannee  708. 
II  est  naturel  de  supposer  qu'il  envoya  son  ouvrage 
a  Varrou  peu  de  temps  apres  Tavoir  terraiue ;  et  l'on 
sait  que  Varron  repoudit  a  ce  present  par  un  autre, 
c'esl-a-dire  eu  envoyant  a  Cicerou  le  Traite  sur 
lalangue  latine.  Ceserait  doncenTan  708  de  Rome, 
ou  tMit  au  plus  rannee  suivanle,  que  Varron  aurait 


mis  la  derniere  main  a  ce  traite,  qui  Taurait  ainsi 
occupe  pendant  pres  de  trois  ans. 

Quant  aux  .■Igroiiomiqiies,  on  croit  que  cet  ouvra- 
ge  suivit  de  tres-pres  le  Traite  siir  la  langue  latine. 
Ce  n'est  pas  Fopinion  de  certains  commentateurs, 
qui  le  supposent  ecrit  huit  ans  apres,  en  Tau  716  de 
Kome.  Mais  si  Tou  veut  faire  attention  que  Varron 
avait  quatre-vingts  ans  lorsqu'il  publia  le  Traite  sur 
la  langue  laline,  on  adniettra  difficileraeut  qu"il 
ait  coraraence  un  autre  ouvrage  a  quatre-vingt-huit 
ans ,  presque  a  la  veille  de  sa  niort ,  pour  ainsi  dire ; 
car  il  mourut  a  quatre-vingt-dix  ans.  II  parait  iin- 
possible  de  rieu  affiriner  a  ce  sujet. 

Apres  avoir  indique,  autantquil  ctaiten  nous,  a 
quelle  epoque  ont  ete  coinposes  les  ouvrages  qui 
uous  sont  parvenus,  nous  allous  essaycr  de  retrou- 
ver  la  date  de  ceux  qui  ont  ete  perdus,  eu  nous 
guidant  sur  les  Acaderaiques  de  Ciccron,  Tun  des 
inouuments  de  rantiquite  qui  reuferment  le  plus 
de  details  sur  la  personne  etles  ecrits  de  Varron. 

Ciceron  {Jcadcm.,  liv.  i ,  cb.  i)  lui  fait  tenir  ces 
paroles  :  «  Quant  aux  choses  que  personne  n'avait 
n  eucore  enseignees,  et  que  les  amis  de  la  science  ne 
»  pouvaient  trouvir  nulie  part,  j'ai  tacheautant  que 
"  je  Tai  pu  (car  je  n'ai  pas  une  grande  admiration 
«  pour  mes  ouvrages)  de  les  faire  connaitre  a  nies 
«  concitoyens.  Ce  sont  des  recherches  qu'on  ne  pou- 
«  vaitdeinander  aux  Grecs,  ni  meme  aux  Latins, 
'•  depuis  ia  inort  de  notre  ami  /Elius.  » 

Ciceron  lui  repond  (ch.  3) :  «  Oui,  Varron,  vous 
«  avez  reussi.  ttrangers  daus  notre  ville,  nous  er- 
«  rions  comnie  des  voyageurs;  vos  ouvrages  nous 
«  ont  pour  aiusi  dire  conduits  par  la  maiii  au  sein 
«  de  nos  foyers ,  et,  grace  a  vous,  nous  pouvons  eu- 
«  fin  reconuaitre  qui  nous  soinmes  et  ou  nous  vi- 
«  vons.  Cest  vous  qui  nous  avez  revele  Tage  de  no- 
«  tre  patrie,  la  succession  destemps,  les  droitsde 
«  la  rcligion  et  du  sacerdoce;  vous  nous  avez  fait 
«  counaitreradministrationintcrieure,  la  discipliue 
«  militaire,  reinplaceraentdesquartierset  deslieux 
«  les  plus  remarquablcs  :  vous  nous  avez  devoile 
«  les  choses  divines  et  humaines,  les  noras,  les  espe- 
«  ces ,  les  fonctions  et  les  causes.  » 

II  est  evident  que  ce  passage  s'applique  a  Tou- 
vrage  connu  sous  le  nom  A'Jiitiquites.  Les  an- 
ciens  auteurs  Tout  tous  designe  ainsi,  et  rappellent 
mcme  le  titre  de  chacun  des  livres  qui  le  compo- 
saient.  Saint  Augustin  [C.  Div.,\i,  3)  dit  que  Varron 
avait  consacre  vingt-cinq  livres  aux  autiquites  bu' 
inaines,  et  seize  livres  aux  autiquites  divines.  II 
ajoute  qu'il  dedia  Touvrage  a  Cesar,  lorsque  celui-ci 
etait  grand  pontife.  Lactance  ,  qui  s'accorde  sur  ce 
point  avec  saint  Augustin  ,  rapporte  les  preraieres 
ligues du  traite sur  les  chosesdivines.  «  J'ai  parle,  dit 
«  Varron,  des  choses  huinaines  :  je  vais  parler  des 
«  choses  divines ,  qui  ont  ete  instituees  par  les  honi- 
«  nies.  »  II  se  decida  a  ecrire  cet  ouvrage  sur  les 
exhortatioiis  d'yElius  Siilo,  son  ami,  qui  Taida  de 
ses  couseils.  Cet  /Elius,  dont  le  nom  a  et6  cite  plus 
liaul,  etait  de  la  classe  deschevaliers.  Ciceron  a  fait 
connaitre  son  mcrite  dans  le  Brutus  (p.  56).  «  C'e- 
«  tail,dit-il,  un  hoinmeeminent,aussi  remarquable 


ISOriCE  SUR  VARRON. 


0  par  la  purete  de  ses  mcnurs  que  par  son  savoir. 
<<  II  etait  egalement  vers6  dans  les  lettres  greoques 
«  et  latines ,  et  connaissait  a  fond  tout  ce  qui  se  rap- 
«  porte  a  notre  histoire,  soit  dans  les  temps  an- 
«  ciens  ,  soit  daus  les  temps  modernes.  ISul  ne  de- 
«  ciiitTrait  plus  habilement  les  anciens  manuscrits. 
n  Cesl  lui  qui  a  forme  notre  Varrou ,  »  etc. 

Ce  passage,  ou  il  est  question  des  .Iniicjiii/es,  fut 
eorit  en  707  ,  ceqiii  prouve  que  Tou^Tage  avait  paru 
avant  cette  epoque.  II  resulte  d'un  autre  passage 
cit6  par  Aulu-Gelle  O-  xiii,  cii.  13),  que  Varron 
avait  exerce  les  fonctious  de  tribun.  <>  Lorsque 
«j"etais  triumvir,  dit-il,  je  fus  cite  par  le  tril)un 
a  Porcius  ;  je  pris  Tavis  des  principaux  magistrats, 
»  me  couformant  au  droit  nncien.  Quand  j'ai  vlti 
«  /ribun  dii  peuple,  je  n'ai  fait  citer  persoune,  et 
«  j'ai  laisse  libres  ceu.x  que  mes  collegues  citaient.  » 
II  dedia  toule  la  partie  dcs  .Intiqidtes  qui  regarde 
les  choses  diviues  a  J.  Cesar,  aupres  duquei  il  etait 
rentre  en  grace  vers  Tan  700 ,  aiusi  que  nous  Tavons 
(lit  plus  haut.  Le  traite  des  Choses  dicines  parait  Ta- 
voir  occupe  pendant  deux  ans. 

On  voit  encore  dans  Ciceron  que  Varron  avait 
compose  des  satires  dans  sa  jeunesse.  Ces  satires, 
iinitees  de  Menippe ,  et  doni  on  a  recueilli  quelques 
iragments,  etaieut  ecrites  en  vers  de  six  pieds.  11  les 
avait  appelees  les  jMenippees ,  du  nom  du  poete  grec 
qu'il  avait  pris  pour  niodele.  D'autres  les  ont  desi- 
tinees  sous  le  titre  d.e  Cyniques.  Cest  le  nom  que 
leur  donne  Aulu-Geile  daas  lcs  citations  qu"il  en 
lait.  11  y  en  avait  une  qui  faisait  allusion  a  ceqiion 
.ippelait  la  conspiration  de  C.  Pompee,  de  Cesar  et 
(le  Crassus  (an  C94  de  Rome) ;  et  Appien  Uielt.  cii\ 
u  ,  9)  dit  que  Tauteur  Tavait  publiee  sous  le  titre 
de  z-^i/.iz7.m.  On  en  peut  voir  la  raison  duns  ui; 
passage  de  Varrou  [Dp  cit  a  poputi  romani ,  ad  .\o- 
iiium),  oii  Ton  ivncoutre  cette  [ibrase  a  proposdu 
mot  biceps :  «  Et  11  lit  deux  villes  d"une  scule  :  c'est 
"  la  le  principe  de  nos  discordes  civiles.  " 

Ciceron  {Episi  ad.  .4it.,  xni.  48)  cile  eneore  un 
ouvrage  de  Varron;  c'estun  eloge  de  Porcia,  sttHir 
de  Caton,  et  femnie  de  Domiiius  -Cnobarbus.  On 
voit  par  la  date  de  la  lettre  que  cet  eloge  fut  .onipose 
par  Varron  vers  Tan  709  de  la  fondation  de  Roiiie 

On  ue  trouvc  rieu  de  plus  dans  Ciceron  qui  ait 
rapport  a  Varron,  et  nous  u"avons  plus  pour  nour 
guiderqucdesimplesfragments.Nousailousessayer. 
a  !'aide  de  ces  fragnients ,  de  retrouver  !a  date  des 
ouvrages  dont  nous  avous  encore  a  nous  occuper. 

Dans  le  traite  De  lingua  latina ,  Varron  parle  de 
son  livre  de  /Estuariis,  d'ou  il  faut  conclure  que  ce 
livre  a  ete  compose  avant  Tac  708,  le  traite  De 
lingua  latina  ayantete  publi6  acette^poquo. 

Danslememetraite  (pagel6),  il  cite  sou  livre  sur 
lorganisation  du  peuple  romain  en  tribus.  ISotre 
observation  sapplicjue  egalement  a  cetouvrage. 

Vitruve,  dans  la  preface  de  son  liv.  vn,  parle  des 
dix-neuf  livres  de  Varron  connus  sous  le  titre  de 
i.ibri  disciplinarum,  dedies  a  i^l.  C.  Riifus.  Aulii- 
Oelle  (1.  X,  101)  cite  un  fragment.  duliv.  v  :  «  Kt 
"  Pompce  se  montra  tiniide,  lorsque,  pour  ue  niettre 

ai  tertium  .  ni  //••)7/f;  consul .  il  supprima  les  der- 


«  uicres  lettres.  >'  Cette  piirasc  se  rapporte  evidem- 
inent  a  rerection  du  tlie;itre  de  Ponipee.  Cn.  Poni- 
pee,  qui  avait  ete  elu  le  troisieme ,  se  trouva ,  par 
le  fait ,  etre  le  seul  coiisul ,  les  deux  autres  ayant 
etii  condamnes  pour  cause  de  briguc.  Cette  elecliou 
eut  lieuenran  de  UomeG!)9.  D'un  autrecote.on 
voit  dans  les  Comnientaires  de  Cesar  {Bell.  civ.) 
que  M.  Rufus,  partisau  de  Poinpeo ,  et  Tuu  des 
hoinmes  les  plus  instruits  de  son  temps  daus  tout 
ce  qui  concernait  rantiquite,  fut  tue  eu  70G  ; 
d'ou  il  resulte  que  les  19  livres  Disciplinaruiii , 
adresses  a  ce  M.  Rufus,  furent  coiuposes  entrc 
les  annees  699  et  706  de  la  fondation  de  Ronie. 

Arnobius,  en parlaut  de  Touvrage  Degente populi 
romani,  dit  que.  Varron  avait  emhrasse  un  espace 
de  deux  mille  aunees,  depuis  le  deluge  de  Deuca- 
lion  et  Pyrrha ,  jiisqu'au  consulat  d'Hirtius  et  de 
Pansa ;  ce  qui  Oil  supposer  que  cet  ouvrage  avait 
deja  cte  publie  en  i'au  710  de  Rome. 

Les  livres  Siir  la  vie  ei  les  usage^  du  peuple  ro- 
main,  dedies  a  Poniponius  Atticus,  paraissentavoir 
ete  ecrits  en  Fau  704 ,  epoque  de  la  mort  de  Tora- 
teur  Hortensius.  Pline  (1.  xiv,  17)  fait  parler  ainsi 
Varron  :  «  Hortensius  laisse  a  son  lieritier  plus  de 
«  dix  niille  amphores  de  viu.  »  Nonius  dit  que  ee 
passage  est  extrait  du  livre  iii.  II  en  cite  uu  autre 
diiliv.  IV, a  Poccasiou  du  \erbeobstrigiltare. «  Lors- 
«  queCurion  imita  cetexeinple,  il  disait  a  ses  amis, 
«  pour  les  empecher  d"iusister,  qu'il  s'opposerait  a 
«  ce  qu'on  lui  decernat  le  triomphe,  et  qu"il  aiinait 
«  mieux  u'etre  pns  consul  uiie  seconde  fois.  » 
Ceci  se  rapporte  a  Tauuee  703  de  Pionie.  Nouius 
cite  encore  un  passage  tire  du  liv.  iv,  oti  il  est 
(|uestioc  du  mot  coerum,  a  Toccasion  des  ordres 
secrets  donncs  par  les  consuls  a  T.  Ampius,  et 
auxquels  Cic(;ron  fait  aUusion  daus  ?a  lettre  a  Atti- 
cus  (VIII,  2).  Or  cette  lettie  a  ete  ecrite  en  Tan  704 
deRome.  Enfin  nous  trouvonsdans  Kouiusuneder- 
nierecitatiouextraite  duuKjine  livre,oiiil  estditque 
Cesar,  ne  voulant  pas  laisser  en  Espagne  le  corps  de 
troupes  qui  formait  sa  ri^serve,  revint  sur  ses  pns 
pour  envelopper  Pompee,  et  le  presser  des  deiix 
c6t<5s.  n  est  evident  que  ca  fait  remonte  a  l'an  "05. 
Les  livres  Sur  la  vie  et  les  usages  du  peuple  romain 
ont  douc  ete  compos(?s  entre  les  annees  703  et  70.5, 
comme  nous  veuonsde  le  dire  tout  a  riieure. 

Appien  (BcU.  cii\,  iv,  47)  parle  d'un  Varron  qui 
fut  niis  au  nombrc  des  citoyens  proscrits  par  les 
triumvirs,  apres  la  mort  de  Cesar.  llaurait  mcme 
ete  massacre  eu  preseuce  d'Autoiue.  Mais  on  ne  peut 
rien  affirmer  a  ce  sujet.  II  y  avait  plusieurs  Varron 
a  Rome  du  temps  des  proscriptions ;  el  peut-t"tre 
le  passage  d'Appien,  et  celui  de  Velli^ius  Pntercu- 
lus,  qui  rapporte  le  meine  fait,  s'appliqucnt-ils  ij 
un  deceux-la  plulot  qu"a  uotre  Varron. 

Pliue  (I.  XXXV,  46)  dit  quelques  inots  dela  mort 
de  Varron.  «  Varron,  dit-il,  voulut  etre  euseveli  a 
«  la  maniere  pytliagoricienne,  e'est-a-dire  dans  des 
"  feuilles  de  inyrte  et  d'olivJer  uoir.  »  Valere  Maxi- 
me  en  parle  aussi  a  propos  dc  ses  uombreux  ouvra- 
ges.  «  "r.  Varron ,  dit-il ,  peut  etre  cite  comnie  exem- 
«  ple  d'uDe  vie  aussi  lougue  que  bieu  reuiplie.  1' 


NOTICE  SUR  VARRON. 


«  vteut  pres  d'un  siecle,  sans  cesser  un  instant  de 
<i  produire;  et  ron  peut  dire  que  la  maladie  qui  mit 
"  fin  a  son  existence  arrfita  en  meme  tempslecours 
II  de  sa  vie  et  celui  de  ses  travaux.  »  Cest  le  seul 
renseignement  qu'on  ait  sur  la  niort  d'un  homme 
dont  la  vie,  nialgre  les  citations  assez  nombrcuses  a 
Taide  desquelles  nous  en  avons  cherciie  les  traces, 


restera  toujours  a  peu  pr^s  incoonue.  Ce  qui  nous 
reste  de  ses  ouvrages  u'est  pas  d'ailleurs  marqu^  de 
ces  qualites  qui  permettent  de  deviner  le  caractere 
de  rhomme  d"apres  le  style  de  recrivain,  et  qui 
suppleent  au  nianque  de  renseignemenls  authen- 
tiques. 


M.  T.  VARIION. 
DE  LAGRICULTURE. 


LIVRE  I. 

L  Si  j'nvais  du  loisir,  Fundania,  je  donnerais 
une  meilieure  forme  a  cet  ouvrage.  Tu  l'auras 
tei  que  peut  le  faire  un  liomme  qui  se  depeche  : 
car  si  Ton  peut  dire  que  l'existence  n'est  qu'une 
bulle  d'air,  c'est  encore  plus  vrai  quand  on  est 
■vieux.  J'ai  quatre-viugts  ans;  c'est  rannonce 
de  plier  bagage  et  de  se  tenir  pret  a  partir.  Tu 
viens  d'aclieler  un  fonds  de  terre,  dont  tu  vou- 
drais,  par  une  culture  bien  entendue,  tirer  le 
meilleur  parti  possible;  et  tu  reclames  a  ce  sujet 
ines  soins  et  mes  conseils.  J'y  ferai  de  mon 
mieux  :  je  tScherai  meme  que  mes  instriictions  te 
profitentetpendantmavieet  aprcs  ma  mort.  Les 
parolesdelaSibylleont  bien  puetre  Toracle  non- 
seulement  de  ses  contemporains  tant  qu'elle  a 
v^cu,  mais,  apres  sa  mort,  de  generations auxquel- 
Kselle  ne  pensait  guere.  Ses  livres,  aprcs  taut  de 
siecles,  sontencore  solennellementconsultescha- 
que  fois  qu'il  y  a  parti  a  prendre  par  suite  d'eve- 
1  ementssurnaturels.Xepourrais-je  pas,  moi,  de 
mon  vivant,  donner  quelques  avis  utiles  a  ceux 
qui  rae  touchent  de  si  pres?  Je  vais  donc  compo- 
ser  pour  toi  trois  livres  qui  te  serviront  de  guide, 
ct  auxquels  tu  pourras  recourir  au  besoin  pour 
toutes  les  indications  relatives  a  la  culture.  Et 
puisque  les  dieux,  dit-on,  viennent  en  aide  a 

M.  TERENTII  VARRONIS 

KERUM  RUSTICARUM 

DE    ACTniCULTURA. 


I.IBER  I. 


I.  Otium  si  essetn  consecufus,  Fundania,  commoilius 
libi  Ivapc  scribertm ,  quae  niinc ,  ut  [lotero ,  exponam  ,  co- 
gitans,  esse  properandum ,  quod  [ut  dicitur]  si  est  liomo 
bulla,  eo  magis  senex.  Annus  enim  octogesimus  admo- 
nct  me ,  ul  sarciuas  culligani  ante  quam  proficiscar  e  vila. 
Quare ,  quoniam  eniisli  fundum  quem  benc  colendo, 
fiuctnosnm  cuin  facere  velis ,  meqiie  ut  id  milii  liabe.am 
curaie  roges,  experiar.  El  r.oii  sol  :m,  ut  ipsc  quoad  vi- 
vain,  quid  fieri  oporleat  nl  leinoneam,  sed  ctiam  post 
inorlem.  Neque  patiar  Sibyllam  non  solum  cecinisse ,  qu;e, 
dum  viveret,  prodessenl  liominibus,  sed  eliam  qii.T  cuni 
perisset  ipsa,  el  id  etiam  ignotissimisqiioquc  liominibus; 
ad  cujus  libros  tot  annis  post  publice  sulemus  redire ,  ciim 


qui  s'adresse  a  eux,  je  commencerai  par  invo- 
quer,  non  pas  les  Muses,  a  Texemple  d'Homeie 
et  d'Ennius,  mais  bien  les  douze  grands  dieux 
qui  composent  le  conseil  celeste.  Je  n'entends 
pas  ces  divinites  citadines,  six  d'un  sexe  et  six 
de  Tautre,  dont  les  statues  dorecs  se  dressent 
au  Forucn;  mais  bien  les  douze  intelligences  qui 
president  aux  travaux  des  laboureurs.  Je  com- 
menccrai  donc  par  invoquer  Jupiter  et  Tellus, 
dont  la  puissance  embrasse  le  ciel,  la  terre,  et 
tout  ce  que  produit  Tun  et  Tautre;  parce  que 
ce  sont  les  generateurs  de  rhumanite,  et  que 
nous  leur  donoons  les  noms  de  pere  et  de  niere. 
J'iavoquerai  en  second  lieu  le  Soldl  et  la  Lunc 
dont  nous  observons  lecoursquand  il  s'agitd'en- 
semencer  oude  reeolter;  entroisieme  lieu,  Ceres 
et  Bacchus,  puisque  les  fruits  qu'ils  nous  don- 
nent  sont  indispeusables  a  la  vie.  Cest  par  eux 
que  la  terre  nous  fburnit  aliments  et  boisson. 
En  quatrieme  lieu ,  j'invoquerai  le  dieu  Robi- 
gus  et  la  deesse  Flore,  puisque  Tun  preserve 
de  la  rouille  les  bles  et  les  arbres ,  et  que  Tautre 
les  fait  flcurir  a  temps  :  d'ou  les  fc/cs  robigalex 
cn  Thonneur  de  Robigus,  et  \es  jcii.rJloraux  en 
riionneur  de  Flore.  J'invoquerai  encore  Minerve 
et  Venus,  dont  Fune  veille  sur  lcs  plantsd'oli- 
viers  ,  et  Tautre  preside  aujardinage.  Cest  en 
leur  honneur  qu'on  instilua  les  fctes  appelees 

desideramusquid  faciendum  sit  nobis  ex  aliquo  portento  : 
me,  ne  dum  vivo  quidem,  necessariis  meis  quod  prosit 
facere.  Quo  circa  .scribam  tibi  tres  libros  indices ,  ad  quos 
reveilaie,  si  qua  in  le  quaeres,  qiieinadinodum  qiiidquc 
te  in  colendo  oporteat  facere.  Et  quoniam  [ut  aiunl]  dei 
facientes  adjuvanl,  prius  invocabo  eos;  nec,  ut  llomeius 
etEnnius,  Musas,  sed  xii  deos  consenlis  :  neque  tameii 
eos  iirbaiios ,  quoruiu  imagines  ad  foi  um  aiiratie  staiit , 
sex  niares.et  fo,>inin8e  totidem ,  sed  illos  xik  Deos,  qiii 
maxime  agricolarum  duces  sunt.  Primum,  qui  omnes 
fructus  agricultur;e  cajlo  et  terra  contiueut ,  lovem ,  et 
Tellurem.  Il;ique  quod  ii  parentes  magni  dicuntur,  lup- 
piter,  pater  appellatur,  Tellus.,  terra  mater.  Sccundo  So- 
lem  et  l.unani ,  quorum  lempora  observantur,  ciini  qua;- 
daii)  .serunturct  condiinfur.  Terlio  Cererem  et  Liberum, 
(p;od  liorum  fructii.»  maxinie  necessarii  ad  victum.  Ab  liis 
enim  cibus  et  polio  venit  e  fundo.  Quarto  Robigum  ac 
Floram ,  quibus  propilils,  neque  robigo  frumenta  atqiie 
aibores  corrumpit,  neque  non  teinpestive  florent.  Itaqin' 
publicae  Robigo  feria!  robigaria;  Flor»  ludi  floralia  insli- 
tiiti.  Itein  adveneror  Minervam  et  Venerem,  quaruiii 
uiiins  procuiatlo  oliveti  allerius  liortorum ;  qiio  nomiiie 


VAl\RO-\. 


rusdca  vinalia.  Enfln  j'aclrcss{?rai  nies  pricres  a 
]a.deesse  Lijmpiia  etaudieu  Bonus  Eventws : cm- 
de  meme  que  sans  Teau  toute  vegetation  cst  che- 
tive  et  miserable,  de  menie  sans  le  bon  siic- 
ces  point  de  ciiiture  qui  vienue  a  bien.  Maintenant 
que  j"ai  iuvoque  toutcs  ces  divinites ,  je  vais  te 
faire  part  d'entretiens  quej'eus  dernierement  sur 
i'ai!;riculture,  et  qui  contienncnt  tout  l"enseigne- 
ment  pratique  dont  tu  peux  avoir  besoin.  En 
cas  d'insuffisance,  jindiquerai  lesouvrages  taut 
grecs  que  latins  auxquels  tu  pourrais  avoir  re- 
cours.  Les  auteurs  grecs  qui  out  traite  incidem- 
ment  de  diverses  parties  de  Tagriculture  sont  au 
r.ombre  de  plus  de  einquante.  Voiei  ceux  que  tu 
pourras,  dans  roccasion,  consulter  avec  fruit : 
llieron  de  Sicile  et  Attalus  Philometor;  parmi 
les  philosophes,  nemocrite  le  physicien  ,  Xeno- 
phon,  disciple  dc  Socrate,  et  les  pci-ipateticiens 
Aristote  et  Theophraste;  Architas  |e  pythago- 
ricien;  ainsi  qu'Ampliilochus  d'Athenes,  Anaxi- 
polis  de  Thase,  Apoliodorus  de  Lemnos,  Aris- 
tophane  de  Mallus,  Antigonus  de  Cyme,  Aga- 
thocle  de  Cbio,  Apollonius  de  Pcrgame, 
Aristandre  d'Athenes,  Bacchius  de  Milet,  Bion 
de  Solos,  Chereste  et  Chereas  d"Athenes,  Dio- 
dore  de  Prieune,  Dion  de  Coloplion,  Deophanc 
deNicee,Epigene  de  Rhodes,  Evagon  de  Thase; 
les  deux  Euphronius,  celui  d'Athenes  et  celui 
d'Amphipolis,  Hcgesias  de  Maronea  ,  deux  Me- 
nandre,  Tun  de  Brienne  et  Tautre  d'H<?raclce; 
NicesiusdeMarouea,  Pythion  dcRhodes.  Parmi 
les  autres  dont  la  patrie  m"est  inconnue,  Je 
citerai  Androtion,  /Eschrion,  Aristomene,  Athe- 
nagoras ,  Crates ,  Dadis ,  Denys ,  Euphiton ,  Eu- 
phorion,  Eubolus,  Lisimaque,  Mnaseas,  Mc- 

rustica  vinalia  inslituta.  Nec  non  etiam  precor  Lympliain., 
ac  Bonum  Eventnm ,  quoniam  sine  aijua  oninis  arida  ac 
niisera  agricultura ,  sine  sur.cessu  ac  bono  evenlu  ,  frus- 
tratio  est,  non  cultnra.  lis  igitur  deis  ad  venerationeni 
ailvocatis ,  ego  referam  sermones  eos,  quos  deagricultura 
Iiabuimus  nuper,  cx  quibus  quid  tcTaccre  oporteal  ani- 
niadvei tere  poleris,  in  queis  quoe  non  inerunt  et  qu^res, 
hidicalio  a  quibus  scriptoribus  rcperius  et  grsecis,  elnos- 
tiis.  Qni  grsece  scripserunt  dispersim,  alius  de  alia  re, 
sunt  plus  quinquaginta.  Hi  suut,  quos  Ui  lialierc  in  con- 
silio  poteris ,  cum  quid  consuleie  volcs ,  Hieron  Siciilus 
et  Attalus  Philometor  :  de  pliilosopliis ,  Democritus  phy- 
sicns,  Xenoplion  Socialicus,  Aristoleles  et  Tlieopliiastus 
pciipatetici ,  Arcbytas  pytliagoreus,  item  Anipbilocliiis 
Aflioniensis,  Anaxipolis  Tliasins,  ApoIIodorus  Leninius, 
Aristopliaues  Jtallotcs,  Antigonus  Cym,i-ns,  Agatliocles 
Cliius,  Apolloniiis  Pergamenns,  Aristandrus  Allioniensis, 
Baccbius  Milesins,  Bion  Soleiis,  Cliaeresteus  et  CliaTcas 
Albenienses,  Diodorus  Prienreus,  Dion  CoUipboniiis, 
Diopbanes  Sica!ensis,  Epigenes  Rbodius,  Evagon  Tba- 
sius,  Eupbronii  diio,  unus  Atlienieiisis,  alter  Ainpbipoli- 
tes,  Hegesias  Maronites,  Menandii  duo,  unus  PrienaHis, 
alter  Heracleotes,  Niresiiis  Maroniles,  Pytbion  Fibodius. 
De  reliquis,  quoruin  qure  fuerit  patria  non  accepi ,  siint 
Andiotion,  ^.scbiion,  Aristomenes ,  Atbenagoias,  Cia- 


nestrate,  Plcutiphane,  Persis,  et  Thdophile. 
Tous  les  auteurs  que  je  viens  de  nommer  ont 
ecrit  en  prose;  d'autres  ont  ecrit  en  vers  sur  le 
raerae  sujet :  tels  sont  Hesiode  d'Ascra  et  M  c- 
necrate  d"Ephese.  Le  plus  en  reputation  de 
tous  est  Magon  de  Carthage,  qui  a  ecrit  en  langue 
punique,  et  renfcrme  dans  vingt-huit  livres  tout 
ce  qui  se  trouvait  avant  lui  epnrs  ca  et  la  dans 
differents  ouvrages.  Plus  tard  Cassius  Denys 
d"Utique  en  fit  unc  traduetiou  greeque  en  vingt 
livres,  qu'il  dcdia  au  preteur  Sextilius,  et  dans 
laquclle,  nonobstant  ce  retrancheraent  de  huit 
livres  sur  roeuvre  de  Magon,  il  sut  fondre  de 
nombreux  emprunts  faits  aux  auteurs  grees  de- 
nommes  ci-dessus.  Vint  ensuite  Diophane  de 
Bithynie,  qui  fit  de  ces  vingt  livres  un  bon 
abrege  en  six,  offert  par  lui  au  roi  Dejotarus. 
.Te  veux  encberir  encore  sur  sa  brievete,  et  res- 
serrer  en  trois  livres  la  substance  de  son  ou vrage. 
Le  premicr  traitera  de  ragricuiture,  le  second 
du  regime  des  troupeaux ,  et  lc  troisicme  en  ge- 
neral  de  rengrais  des  animaux  dans  une  metai- 
rie.  J'elaguerai  des  le  premier  tout  eequi,  selon 
moi,  n'a  pasun  rapport  direct  avecragriculture. 
Ainsi  je  commencerai  parcirconscrire  la  matiere ; 
puis  je  la  traiterai  suivant  ses  divisions  nnturel- 
lcs.  Mes  observations  seront  puisees  ci  trois  sour- 
ces :  ma  propre  pratique,  raes  lectures,  et  ce  que 
j'airecueilli  de  vive  voix  de  respcrienced'autrui. 
If.  Jeni'etaisrenduau  templede  Tellusle  jour 
de  la  fete  dcs  seniailles,  sur  Tinvitation  du  gar- 
dien,  que  nous  appelous  avec  nos  ancetres  mdi- 
ti/mis,  et  dont  nos  puristcs  ont  change  le  nom  en 
celai  d'(editiius.  3y  trouvai  C.  Fundanius  mon 
beau-pere,  G.  Agrius,  chevalier  romain,  de  la 

tes,  Dadis,  Dionysius,  Eupbifon,  Eupborion,  Eiibolus, 
Lysimaclius,  Mnaseas,  Menestratiis,  Pleutbiphanes,  Per- 
sis,  Tbeopbilus.  li,  quosdixi,  omnes  soliita  oratione  scri- 
pserunt.  Easdein  res  etiam  quidam  versibus ,  ut  Hcsiodus 
Ascra;us ,  Meneciates  Ephesius.  Hos  nobilitate  Mago  Car- 
tbaginiensis  pra'teriit  pcenica  lingua,  quod  res  dispersas 
compiebcndit  libiisxxiix.  Qiios  Cassius  Dionysius  Uticen- 
sis  verlit  libris  xx.  Ac  giceca  lingua  Sextilio  pra-tori  ini- 
sit  :  in  qii«  volumina  de  giEccis  libris  eorum  ,  quos  dixi, 
adjccit  non  pauca  ,  etdc  Magonis  dempsit  instar  librorum 
VIII.  Hosce  ipsos  utlliter  aJ  vi.  libios  redegit  Diophanes 
in  Bitbjiiia,  el  misit  Dejotaro  regi.  Quo  brevius  de  ea 
re  conor  tribiis  libris  e\poiieie,  uno  de  agricultura,  altero 
de';c  pecuaria,  tertio  de  villaticis  paslionibiis;  hoc  libro 
ciicuiiuisis  rebus  ,  ipiw  non  arbitror  perlinere  ad  agrieul- 
tuiam.  Uaque  prius  oslcndam,  qux  secerni  oporteatab 
ea,  tum  de  bis  rebus  dicam,  sequcns  naluiales  riivisio- 
nes.  Ea  erunt  ex  radicibus  trinis,  et  qua;  ipse  in  ineis 
fundis  colendo  animadverti,  et  qua;  legi,  et  quae  a  peri- 
tis  audii. 

U.  Sementivis  feriis  in  aedem  Telhiris  venerara  rogatus 
ab  ffiditimo,  iit  dicerc  didiciinus  a  patribus  noslris  :  iit 
corrigimur  a  iccentibus  urbaiiis,  ab  a^dituo.  Offcndi  ibi 
C.  Fundanium  .soceriim  meum  ,  el  C.  .\grium  cquitcm  B. 
Socralicum,  el  P.  Agrasium  publicanum,  spectautes  in 


DF.  rAGRICIILTtlRE,  LIV.  f. 


(loetiino  dc Snrratc,  et  le  partisan  P.  Agcasiiss. 
Tous  trois  rcgardaient  une  cartc  dTtalie  traeoe 
sur  la  muraille.  —  Que  faites-vous  ici?  leur  dis- 
je.  Est-cc  la  fete  dcssemailles  qui  vnus  amene, 
pour  employcr  vos  vacanccs  comnie  faisaient 
nos  pcres  et  nos  aneetres?  Notre  presenee,  dit 
Asriiis,  a,  j'imap;ine  ,  la  meme  cause  qiie  la  v6- 
trc,  rinvitation  du  gardien.  Et  si  j'ai  rencontre 
juste,  attendez  avec  nous  son  retour.  II  a  dii 
comparaitrc  devant  i'edile ,  a  qui  appartient  la 
surintendance  de  ce  temple,etnous  afaitprierde 
l'attendreici.Ehbien,  leurdi5-je,fnisnns,  cn  Tat- 
tcndant,  application  du  vieux  proverbe  :  LeRo-  ! 
main  triomplic  assis.  Tres-vnlonticrs ,  dit  Agrius ; 
et  eomme  il  est  de  ceux  ([ui  pensent  que  le  plus 
long  d"un  voyage  c'est  de  franchir  le  scuil,  11 
prit  sans  facon  place  sur  un  bane ,  et  nous  rimi- 
tSmes.  Quand  nous  fumes  assis,  Agrasius,  prenant 
la  parole,  nous  dit :  Vous  autres  qui  avez  par- 
conni  tant  de  pays,  en,avcz-vous  vu  de  mieux 
cultives  qne  rstalie?  Pour  raoi,  dit  Agrius,  je  ne 
pense  pas  qu'il  y  en  ait  un  seul  oii  le  so!  soit 
comme  chez  nous,  universellement  en  rapport. 
Par  une  division  tres-naturelle,  Eratosthene  a 
faitde  notre  globe  deux  parties,  dont  Tune  s'e- 
tend  versle  midi ,  etTautre  vers  lenord.  Incon- 
testablemcnt  !a  pnrtie  septentrionale  est  la  phis 
sainedesdeux,  etconsequemment  la  pliis  fertile. 
II  faut  done  reconnaltre  celte  partie,  et  ritalie 
notamment,  comme  plus  propre  a  la  culture  que 
rAsie.  L'Italie  d'abord  est  en  Europe  ;  en  second 
lieu,  on  y  trouve  une  temp('rature  pkis  douce 
qu'en  penetrant  dans  l'intcrieur  de  cette  partie 
du  monde,  on  regne  un  biver  permanent.  Ce  qul 
est  tout  simple,  puisqu'elle  a  des  rt-gions  situt^es 
enlre  le  cercle  polaire  et   Taxe  raeme  du  ciel , 

pniielc  piclam  Ilali.im.  Qiiiil  tos  liic,  inqvam,  mim  fc- 
ri.'»^  someiiliv,T)  oliosiiR  lnic.idiliixeriint ,  iit  palies,  et  avos 
soleliaiit  nostios  ?  iVos  vero  (in(|iiit  .■Sgniis)  iit  aibitior, 
<'H(lem  caiisa,  niia?  le,  rosatio  .Tililimi.  Itafiue  si  ila  esl, 
iit  anniiis ,  moioie  oportet  noliisciim ,  (hini  ille  revertalnr. 
Nam  accorsitiis  ab  iivlile,  ciijns  piociiialio  liujns  leinpli 
esl,  nondtim  leiliit,  cl  nos,  ut  expectaienius  se,  reliipiit 
qui  rosaret.  Viiltis  igilur  inteiea  velusproveibium,  quo.l 
cst,  Roiniinns  scdenilo  vincit ,  usurpeinus,  dum  ille  ve- 
rtitrSane,  inipiil  Agriiis,  ct.simHl  cogilans,  portam  ilinuri 
(iici  longissimam  esse,  ad  suliscllia  seqiienlibus  nobis 
procedit.  Ciim  con.sedissemiis,  Agrasius,  Vos,  qni  niul- 
tas  peiambuUistis- terras ,  e.ciiuam  culliorem  Ilalia  vidis- 
li.H,  inqiiit ?  Kgo  veio ,  .•\griu9,  niillam  arbitror  esse,  qu.x' 
lam  lota  sil  culla.  Primum  ciim  orbis  terrie  divisus  .sit 
in  duas  partesab  liratostbene,  iiKixime  sccnndum  naln- 
ram  ad  meiidiem  versiis,  et  ad  septenlriones,  etsine  du- 
bio  qiioniam  saliibrior  pars  seplentrionalis  esl,  quam 
inerijiana;  et  q»x  sahibiior,  illa  fnicluosior  :  dicendum 
nuigis  eam  fuisse  opporlunam  ad  colendiim  quam  Asiam, 
ibique  Italiain.  Piimum  qiiod  est  iii  F.uropa  :  secundo, 
quod  h.TC  ti'niperatior  pars  esl ,  quam  inlerior.  Nam  in- 
lus  pene  sempiternre  liyemes.  Neqiie  iriirum,  quod  .sunt 
rsijiones  inler  circulum  «epter.liionalem,  et  inter  cardi- 


ou  le  soleil  est  Invisible  six  mois  de  rannce.  Oii 
dit  meme  que  des  glaces  eternelles  cou\rent  la 
mer  dans  ces  parages,ety  rcndent  la  navigation 
impnssible.  Eh  bicii !  dit  Fundanius,  croycz-vous 
un  tcl  sol  capable  de  produire,  ou  ses  productioiis 
suseeptibles  de  culture?  Pacuvius  Ta  dit :  Sous 
un  soleil  ou  sous  unc  nuit  sans  fin ,  toute  vegr'- 
tatioii  periraitpar  le  chaud  ou  par  lefioid.  M('me 
danscepays,  oiilejouret  lanuitnoussontmesurcs 
couvenablement  par  altcrnatlve,  jene  puisvivre 
pendant  \'eX6  a  moins  de  couper,  par  un  somme, 
la  journte  en  deux  parties.  Comment  donc  faire, 
I.a  011  Tannee  n'a  qu'un  jour  et  une  nuit  de  six 
mois  chaeun,  pour  scmer,  cultiver  et  recueillirV 
En  Italle  au  contraire,  quelle  est  la  production 
utile  ti  la  viequi  ne  croisse  et  ne  prospere?  Quel 
froment  comparable  au  fromeut  de  Campanie? 
qucl  ble,  au  ble  d'Apulie?  quel  vin,  au  vin  de 
Falei'ne?quellehuile,arhuiledeVenafre?Acette 
multitude  d'arbres  qui  couvre  le  sol  de  notre 
pnys,  ne  dirait-on  pa.s  d'une  vaste  fruiterie"? 
Esl-elle  plus  peuplee  de  vignes,  cette  Pbrygic 
a[j:7rsXd£(7<ia  (viuicole),  comme  rappelle  Horaere? 
ou  cette  Argos  que  le  meme  poete  appelle  rcXu- 
Tiijpo?,  (frugifere)  est-elle  plus  abondante  en  blii? 
Dans  quel  pays  du  monde  un  arpent  de  terre  pro- 
duit-il  dix  et  meme  quinze  cullei  de  vin,  comme 
certaines  contrees  de  ritalie?  M.  Caton  n'a-t- 
11  pas  ecritees  mots  dans  son  livre  des  Origiues  : 
«  On  appelle  gallo-romaines  les  terres  comprises 
<c  entre  Riminum  et  le  Pieentin ,  et  qul  furent 
<i  distribuces  a  rarmi'e  des  Gaules.  La  on  recolte 
"  quelquefols  dix  cullel  par  cbaque  arpent  de 
« terre. »  D'allleurs,  ne  voyons-nous  pas  a  Faenza 
(Faventia)  des  vignobles  rapporter,  par  arpeiit, 
trois  cents  amphores;  ce  qui  leur  a  fait  donner 

nem  car'li,  ubi  sol  eliam  scx  niensibus  continuis  nnn  vi- 
(ietiir.  Ilaiiue  in  oceano  in  ea  parle  iie  uavigari  (piideui 
posse  dicunt  proptcr  maie  congelaluin.  Fundaniiis.  Em 
ibi  tii  quicquam  nasci  pulas  posse,  aut  coli  naliiin?  Ve- 
rum  enini  est  ilhid  Paciivii,  Sol  si  perpetuo  sil,  aut 
nox ,  nammeo  vapoie,aut  fiigore  terrae  frucius  oinncs 
inteiiie.  Ego  bic,  ubi  nox  el  dies  modice  redit,  et  abit, 
lanien  oeslivo  diem  si  non  dillinderem  meo  insititio  somno 
meridie,  vivere  non  pusseni.  Illic  in  .semestii  die,  aut 
noclc,  quemadmodum  i|iiicqiiain  seri,  aiit  alescere,  aiit 
meli  po.ssit?  Contra  qiiid  in  Italia  uten.sile  non  modo  non 
nasciliir,  sed  etiam  non  egregiiim  fit?  quod  far  confeiaii'. 
Ciimpano?  qiiod  triliciim  Appulo?  quod  vinum  Falerno? 
quod  oleum  Venafro?  Non  arboribiis  con«ita  Italia  est, 
nt  tota  pomarium  videatiir?  An  Phiygia  magis  vilibus 
coopcita,  (piain  Homeiiis  appellalaiiTCsXoEatjav,  qiiam  liscc? 
aiil  Aigns,  quod  idem  poela  TtoXuTtupov ?  In  qua  lerra  jii- 
geriim  uiiiiin  delros  et  qiiinos  denos  culleos  fert  vini ,  quo' 
ipi;rdam  in  llalia  regiones?  An  non  M.  Cato  scribitin  li- 
bro  Ori.inum  sic?  ager  gallicus  romaniB  vocatiir,  qiii 
\iiilinicis  Ariniinum  (latus  est  ultra  agriim  Picenliuni. 
Iii  co  agro  aliquotfariam  in  singiila  jugera  dena  cullea  vii.i 
liiinl.  Noniie  ilem  in  agroI'"avenlino;  aquo  ibi  Irecen.irin» 
aiipellantur  vi  les,  qiiod  jugeruin  trcccnas  amplioras  teU- 


C4 


VARRON. 


le  nom  de  trecennaires?  Votre  ami  L.  Martius, 
ajouta-t-il  en  me  regardant ,  qui  est  prepose  a  la 
surveillance  des  arsenaux,  m'a  certainement  dit 
que  ses  vignes  de  Faenza  lui  rendaieut  tout  au- 
tant.  Lecultivateur  en  Italie  considereavanttout 
deux  clioses  :  D'abord,  la  recolte  donnera-t-elle 
l'equivalent  des  avances  et  de  la  peine?  Puis, 
Tair  du  pays  est-il  salubre?  Quiconque  nejj,lige 
au  prealable  un  de  cesdeux  points  est  un  fou. 
Qu'on  lui  cherche  des  tuteursdans  ses  parents  de 
Tuneou  de  Fautre  branche.  Nul  liorame  s-nsene 
peut  vouloir  se  mettre  a  decouvertdes  frais  de 
culture,  si  d'avance  il  voit  qu'il  n'a  pas  de  reeolte 
a  attendre,  ou  qu'il  risque  de  la  pcrdre  par  Tin- 
salubrite  du  pays.  Mais  voiei ,  jepense,  des  hom- 
mes  plus  competents  que  moi  sur  cette  matiere ; 
car  je  vois  venir  C.  Lieinius  Stolon  et  Cn.  Tre- 
meliius  Scrofa.  Le  premier  compte  parmi  ses  an- 
eetres  les  auteurs  de  nos  lois  sur  la  mesure  dcs 
terreo.  Cette  loi,  qui  defend  a  tout  citoyen  ro- 
main  de  posseder  plus  dc  ciuq  cents  arpents,  est 
d'un  Liciuius  qui  acquit  le  surnom  de  Stoion  par 
les  Eoius  qu'il  donnait  a  la  cuiture;  soins  qu'i! 
portait  a  ce  degre  de  minutie  qu'on  n'aurait  p« 
trouver  le  moiudre  rejeton  {stolu»)  inutile  dans 
toutes  ses  proprietes.  II  fouillaitautourdesarbres 
pour  arracher  cettc  vegetation  parasite  qu'on 
appelie  stolon,  Cest  encore  de  cette  meme  race 
que  tire  son  origine  ,  cet  autre  C.  Lieiuius  qui , 
etant  tribun  du  peuple  365  ans  apres  re^pul= 
sion  des  rois,  conduisit  le  preraEer  le  peuple  ro- 
maiu  du  lieu  des  coraices  dans  le  Forum ,  et  y  fit 
accepterla  loi  quiassignait  a  chaque  citoyen  sept 
arpents  de  terre.  L'autre  est  Cu.  Tremellius  Scro- 
fa,votre  collegue  dans  la  commission  des  vingt 
distributeurs  des  terres  de  la  Campanie.  Cest 

i]al?Simul  aspicitme  ,  Cerle,  inqiiit,  L.  Marlius  pr.Tfec- 
tus  fabrum  luus  iii  fundo  suo  1'avenlia!  lianc  nuilliludi- 
nem  dicebat  suas  leddere  \iles.  L'uo  in  primis  spectasse 
videntur  Italici  liomines  colendo,  possentne  fructus  pro 
impeusa  ac  labore  redire,  elulrum  saiulier  locus  essel 
an  non?  quorum  si  alterulrum  decollat,  et  niliilomiims 
quis  vult  colere,  mente  esl  cuptus,  atque  ad  agnatos 
et  genliles  est  deducendus.  Nemo  cnim  sanus  debet  velle 
inipensam  ac  sumptum  faceie  in  Culturam,  si  videt  non 
posse  relici  :  nec ,  si  potest  relicere  fructus,  si  videt  eos 
fore ,  ut  pcstilentia  disporeant.  Sed  opinor  qui  haec  com^ 
modius  ostendere  possint,  adsunt.  Nam  C.  Liciuium  Sto- 
lonem,  et  Cn.  Tremellium  Scrofam  video  venire.  Unum 
cujus  majores  de  niodo  agri  legem  tulerunt.  Nam  Stolonis 
illa  lex,  qua;  ^-jtat  plus  D.  jugera  liabere  civcm  K.,  et 
qui  propter  diligentiam  cultuiae  Stolunum  coiifirmavit 
cognomen ,  quod  nullus  in  ejus  fundo  reperiri  poteral 
stolo,  quod  ellodiebat  circum  arbores,  c  radicibus,  qua; 
nascerentur  esolo,  quos  stolones  appellabant.  Kjusdem 
gentis  C.  Licinius,  tribunus  pleb.  cum  csset,  post  leges 
exactos  annis  ccclw.  primus  populum  ad  leges  accipiun- 
das  in  septem  jugera  forensia ,  e  comilio  eiluxit.  Alterum 
coUegamtuum,  xx  virqui  fuit  ad  agros  dividundos  Cam- 
jianos,  video  liuc  venire,  Cn.  'rremellium  Scrolam,  vi- 


un  homme  rempli  de  qualites ,  et  qui  passe  pour 
le  Romain  le  plus  verse  dans  la  science  de  Ta- 
griculture.  Et  ce  n'est  pas  sanseause,  repartis- 
je;  car  ses  terres  doivent  a  scs  soins  un  aspect 
que  bien  des  gens  preferent  a  celui  des  royales 
constructions  de  tant  d'autres.  J'entends  ceu\ 
qui  visitent  une  maison  de  campagne  non  poury 
chercher,  comme  dans  eelles  de  Lucullus,  de.s 
galeries  de  tableaux ,  raais  des  greniers  bien  gar- 
nis.  D'ailleurs,  ajoutaije,  ses  fruiteries  ont  Ta- 
vantage  d'etre  situees  au  bout  de  la  voie  Sacree 
011  les  fruits  se  vendent  au  poids  de  Tor.  Lii- 
dessus  les  deux  nouveaux  venus  nous  rejoi- 
gnent,  et  Stolon  nous  dit  :  Arrivons-nous  ti-op 
tard?  le  diner  est-il  deja  mange?  Ou  est  donc 
L.  Fundilius,  notre  l^te?  Rassui'ez-vous,  re- 
prit  Agrius;  on  n'a  pas  encore  ote  reeuf 
qui,  dans  lesjeux  du  Cirque,  amionce  la  cl6- 
ture  des  courses.  IVous  n'avons  mtoe  pas  vu 
encore  celui  qui  est  le  sit;nal  des  pompes  du 
banquet.  En  attendant  qu'il  apparaisse  ,  et  que 
notre  hote  soit  de  retour,  parlcz-nous  de  rutilile. 
de  ragricultuie,ou  de  ses  jouissances,  oudes  deux 
choses  a  la  fois.  Car  c'est  dans  vos  maius  qu'est 
aujoui'd'hui  le  sceptre  de  eette  science,  comme 
autrefois  dans  cellesdeStolon.  11  y  a,  dit  Scrofa , 
une  distinction  a  faire.  Bornons-nous  Tagri- 
culture  a  cequiest  relatif  a  rensemencementdes 
terres?  ou  faut-il  comprendre  daiis  cette  de- 
nomination  ce  qui  touche  a  la  population  ani- 
male  des  campagnes ,  les  troupeaux ,  le  gros  be- 
tail?  Je  vois  que  tous  ceux  qui  ont  ecrit  sur  cette 
seience  en  langue  punique,  en  grec  ou  en  latin, 
ont  depasse  les  limites  de  leur  sujet.  Cest  en 
quoi  je  peuse  qu'il  ne  faut  pas  les  imiter,  reprit 
Stolon.  Je  suis  de  Tavis  de  ceux  qui  ont  resserre 

rum  oninibus  virtutibus  politum,  qui  de  agricultnia  Ro- 
manus  peritissimus  existimatur.  An  non  jure?  inquain. 
Fundi  eniin  ejus  piopter  culturam  jiicundiore  speclaculo 
sunt  mullis ,  quam  regie  polita  jedilicia  aliorum ,  cum  hu- 
jus  spcctaUim  veniant  villas,  non  ut  apud  Lucultum,  ut 
videanf  pinacothecas,  sed  oporotbecas.  Hiijusce,  inquam, 
pomaria  suinma  sacra  via,  ubi  poma  veneunt,  contra  au- 
ream  imagiiicm.  Illi  intereattl  nos.  EtSlolo,  Num  coena 
comesainquitvenimus?  nam  nonL.  videmus  Fundilium, 
qui  nos  advocavit.  Bono  animo  este,  inquit  Agrius.  Nam 
nun  modo  ovum  illudsublatum  est,  quod  ludis  circensi- 
biis  novissimi  curriculi  linem  facit  quadrlgis,  sed  ne  illud 
quidem  ovum  vidimus,  quod  in  ceriali  poinpa  solet  esse 
primum.  Itaquedum  id  nobiscum  una  videatis,  ac  venit 
ieditimus,  doccte  nos,  agricultura  q.uamsummain  liabeat 
utilitatemne  an  voluptatem,  an  ulrunique.  Ad  le  enim 
rudeni  csse  agricuUura;  nunc  ,  oliin  ad  Slolonem  fuisse  di- 
cunt.  Scrofa,  1'rius,  iiiquit,  discerneHdum,  ulriim  quae 
serantur  in  agro,  ea  sola  siut  in  cultura,  an  ellam  quae 
inducanlur  in  rura  ,  ut  oves,  et  aimonta.  Video  euim  qui 
de  agricultura  scripserunt,  ct  po-niee,  et  gra;ce,et  la- 
line,  lalius  vagafos,  quam  oportuerit.  Ego  vero,  iuquit 
Stolo,  cos  non  in  omni  re  imitandos  arbitror,  et  eo  me- 
lius  fecisse  qiiosdani,  qui  miuore  pomerio  liuieriint,  ex- 


DE  LAGRICULTURI':,  LIV.  1. 


U-  (lomaiiH'  ilu  l.iscicncc,  cn  cciutnnt  tout  cc  (lui 
ira  pas  avecello  iine  relatiou  immcdiate.  Ainsi  le 
soin  des  ti'ou[)eaux,  que  nombre  d'auteurs  ont 
rattache  a  ra^riculture,  meparaitapparfenirpUi 
tdtaureginiepastornlqu'aurc'gimeagricole.Aussi 
avonsnous  dcs  noms  diflVMeuts  pour  les  prepo- 
ses  en  chef  a  Tun  et  raulre  oflice.  Nousappe- 
lons  les  uns  villici,  les  autres  nmgisiri  pcco- 
rum  (maitres  des  troupeaux).  Le  villiciis  est 
celui  qui  est  specialement  charge  de  la  eulturc 
de  la  tcrre.  (Le  nom  lui  vicnt  de  vitla  (exploitation 
rurale),parce  que  c'est  lui  que  regarde  le  soin  de 
la  rentree  des  recoltesa  la  villa  et  de  leur  sortie 
pour  la  vente.  Cest  ainsi  qu'aujourd'hui  eneore 
les  paysans,  au  lieu  de  dire  via  (route),  disent  vca, 
derivede  vechiru  (transport);  de  merae  qu'ils 
disent  vella  au  lieu  de  villa,  derive  de  vcho  (je 
transporte),  coraprenant  par  i'c//o  le  lieuoii  Ton 
porte ,  et  d'ou  Poa  transporte.  Cest  par  la  mcme 
analogie  que  le  rnelier  de  voiturer  [vectura]  se  dit 
vellaluramfacere.  Assurcment,  dit  Fundanius, 
ragriculture  est  une  cliose,  et  le  aourrissage 
une  autre ;  mais  ces  ehoses  se  touchent.  La  flute 
de  droite  et  la  fliite  de  gauehe  sout  distinctes, 
inais  connexes.  L'une  est  la  pour  le  chant,  Tau- 
tre  pour  raccompagnement.  Ajoutez,  repris-je, 
qu'a  la  vie  pastorale  appartient  la  premiere 
partie ;  a  la  vie  agricolc  la  seconde.  Celait  la  du 
raoinslesentiraentdusavantDiccarqup,qui,dans 
sontableaudesniacursprimitivesdelaGrcce,nous 
apprend  qu'en  ces  temps  reculcs  les  hommes 
raenaient  la  vie  des  pasteurs;  quils  nesavaient 
ni  labourer  la  terre,  ni  planter,  ni  tailler  les 
arbres;  et  qu'il  faut  rapporter  a  une  periode  plus 
recenteles  premiersessais  de  laculture.  Ainsi  co 
dernier  art  est  subordonne  au  premier,  comme  la 


65 

(lutcdegauclicri'st;ilani'i(cd;'droiic.  .\vcc  volic 
musique,  dit  Agriiis.iion-seulement  vous  cnlcvcz 
au  mnitre  les  troupeaux  {iu'il  posscde,  et  a  Tes- 
clave  le  pccule  quc  lc  inaitrehiiabandonne,  inais 
encore  vous  aunulc/,  l;i  loi  ruialc  qui  delcnd  de 
mener  paitrc ,  sur  un  lcri;iiii  de  nouvelle  planta- 
tion  cette  race  d'animaux  que  Tastrologie  a  placcc 
dans  le  ciel  pres  du  Taurcau,  je  veux  dirc  les 
chevrcs.  Prenez  gardede  citer  exaetement,  inter- 
rompit  Fundnnius.  La  loi  dit  eneore  :  Et  autres 
especcs  de  betail.  Car  il  y  a  ccrtainement  des  nni- 
iiiaux  qui  sont  le  fleau  de  la  culture,  iiotaiiiment 
les  chcvres,  dont  voiis  venez  de  parler.  Elles  ont  l;i 
dent  venimcuse,  et  detruisent,  en  broutant,  tou- 
tes  les  jeunes  plantcs,  et  surtout  les  vigneset  lcs 
oliviers.  Aussi  est-il  reeu  parmi  nous  qu'a  telic, 
diviniteonsncriiic  unbouc,  tandis  que  tclleautr!' 
en  repousse  Toffrande;  svmbole  d'aveision  pour 
raninial  chez  toutes  dcux.  L'une  veut  sa  mort; 
Tautre  neveut  pas  memelc  voir.  Ccstainsi  qu'()ii 
immole  lcs  boucs  ;i  Tlacchus,  pere  de  la  vigitc , 
corame  pour  leur  faire  payer  de  leur  tcte  les 
tortsqu'ils  lui  font  :  tandis  qu'au  contraire  nous 
ne  voyons  jamais  immolcr  a  Miuerve  auciui  in- 
dividu  de  cette  rnce,  piecisiJment  parcc  quoii 
prt-teud  que  rolivier  devient  sterile  du  nioment 
que  la  dent  cVuu  bouc  y  a  touch(5,  rien  que  la 
salivc  de  ranimal  t'tant  un  poison  pour  cette 
planic.  Cest  cncore  pour  la  memc  raison  qiril 
ircntre  de  ehevrcs  pour  victimcs  qu'uue  seule 
fois  par  an  dans  le  tcmplc  d'Athenes.  Et  encore 
n'est-ce  lA  qu"un  sacrifice  qu'on  a  juge  neces- 
snire  poiirempeeher  eetterace  denuirea  rolivier, 
qu'on  dit  avoir  pris  naissauee  dans  eette  ville.  II 
n'y  a,  repris-je,  de  bestiaux  uliles  a  ragriculture 
(fue  ceux  dont  le  travail  contribue  a  rendre  lcs 


cliisis  iiarlibus,  quae  noii  perlinent  ad  lianc  rem.  Quare 
tota  pastio,  quse  conjungitur  a  pleiisque  cum  agricultura, 
ni;igi.s  ad  pastorcm ,  qiiani  ad  agricolam  pcrtinere  videliir. 
Quocirca  principes ,  qni  utrique  rei  pi;iponunlur,  voca- 
bnlis  quoqne  sunl  diveisi,quod  uuus  vocatur  vilicus, 
aller  magister  pecoris.  Vilicus  agii  colendi  cansa  consli- 
lutus ,  alque  appellaUis  a  villa  quod  ali  eo  in  eam  conve- 
liuiiliir  fructus,ct  evehnntin,  ciim  veneunt.  Aquo  rustici 
etiam  nnnc  quoque  Tiam,veani  appellant ,  propter  vectu- 
ras;  ct  vellain  non  villam,  (|no  veliunt,  et  unde  vcliunt. 
Itcni  diciintiir,  qui  vecturis  vivniit,  vellaturam  facere. 
Certe,  inquit  Ifundaniiis ,  aliiid  pastjo ,  et  aliud  agricultuia, 
sed  affinls.  Et  nt  dextera  tihia  alia  quam  sinistra ,  ila  nt 
tamen  sit  quodani  modo  conjuncta,  quod  est  allera  ejus- 
dem  carniinis  modoriim  incentlva  ,  allera  succentiva.  Et 
qiiidem  licet  adjicias,  inquam,  paslorum  vitain  esse  in- 
eentivam ,  agricolarum  succcntivam,  auctore  doctissimo 
homine  Dic;rarcho ,qni  GnTCi.ie  vila  qnalis fueiit  ab  inilio , 
nobis  ostendit,  ut  supcrioiihus  teinporibiis  fuissedoccal, 
ciim  homines  pasloriciam  vitam  agerent,  neque  scircnt 
etiam  arare  torram ,  aut  serei c  arboics ,  ant  putare ;  ab  his 
inferiore gradn aptatis  susceptam  agrirnlluram.  Quocircacf 
«uccinil  pastoiali,  qiiod  esl  infci ior,  iit  tibia  siiiislia  a  dc\- 

>AI1110.\. 


trai  furaniiniliiis.  Agiius,  Tu ,  iiiqiiit,  liiiicen  noii  soliiiii 
adimis  doinino  pecus,  sed  ctiam  servis  peculiiiin.qiiilni;. 
doniiui  (lanl,  nt  pascant,  atqiie  eliain  leges  colonii  as  lollis, 
in  qiiibiis  scribimiis,  Colonns  lu  agro  surciilario  ne  capra 
iiatum  pascat  :  quas  eliam  aslrologia  in  ca;lum  recepit, 
nou  longe  ab  Tauro.Cui  Fundanius,  Vide,  inquit,  Agri , 
ne  istuc  sil  ab  lioc,  cnm  in  legibiis  ctiam  scribatiir,  pecns 
qiioddam.  Qiiaedam  enim  peciides  cultura>  suhI  iiiiniica' . 
ac  veneno,  ut  istit,  quas  dixisti,capra!.  Ex  enini  iiiiinia 
novclla  sala  carpendo  corriinipiint,  iiuii  mininium  vilcs, 
alqiie  oleas.  Itaque  proplerea  iii.^lilMliMiiilivirsadecausa, 
nt  ex  caprino  geneie  ad  alii  dci  aiain  liostia  addiicerelnr. 
ail  alii  nim  sacrificaretur,  cuin  ab  eodeni  odio  alter  vidcn' 
nnlli.l,  alter  eliam  videre  pcreuntem  vellet.  Sic  faclnm  , 
ut  IJbcro  palri  lepeiiori  vilis  liirci  immolarentur,  pi oinde 
ut  capile  (iaient  p()cn;(s;  contra,  nt  Minerva;  ra|iriiii  gc- 
ncris  niliil  immolarent ,  proiiter  oleam ,  qiiod  eani ,  qiiain 
j.iseiit,  lleri  dicunt  slerilem  :  ejiis  enim  salivam  csse 
fiiictuis  venenum.  Iloc  noinine  etiam  Atlienis  in  aicem 
non  inigi,  praiterquani  scmelad  necessariiimsacrificinm, 
ne  ailior  olea,  qua:"  priinum  dicitiir  ibi  nala,  a  rapra 
tangi  possit.  \ec  iilla',  inyifH/H,  pcciides  agriculliiia- 
siinl  priipri;p,  nisi  qiia'  agrum  opere,  (p'0  rnllior  sil,  ad. 


6C 


YAr.aoN 


champs  fcililes;  et  ce  sont  ceux  qifon  attelle  d.  la 
chaiTue.  S'il  en  est  ainsi ,  dit  Asrasius,  conmieiit 
une  terre  se  passerait-elle  dc  bestinux  ,  puisi|ue 
rengrais,  cct  clement  si  esseutiel  de  tonte  ciiltu- 
re  ,  ce  sont  les  bestiaux  qui  le  produisent?  Alors, 
ilit  Agrius,  il  faut  admcttre  aussi  qu'un  troupeau 
d'esclaves  fait  particde  rexploitation  agricoie.  si 
)'on  juge  a  propos  d'en  entretenir  un  jiour  ie 
meme  motif.  Vous  errez  en  ce  que  vous  dites  : 
Ccs  troupcaux  peuvent  etre  ntiles;  clone  il  faut 
avoirdestroupeaux.Cen'estpasunecoiisw|uence. 
Avecee  raisonnement  ou  arriverait  a  encombrer 
une  metairie  des  professions  les  plus  etrangeres 
au  travail  deschamps,  de  tisserands,  d'ouvriers 
en  draps,  et  autres.  Kii  bien,  dit  Sciofa,  sepa- 
lons  de  ragriculture  proprement  dile  le  noiinis- 
sage  des  bestiaux.  Quelle  distinction  faut-il  faire 
encore?  Irons-nous,  repris-je  alors,imiter  les  deux 
Saserna,  etdiscuter,  commeils  Tont  fait  dans  leurs 
livies,  si  rartdupotier  n'apaspiusd'analogit'  que 
ia  science  des  mines  avec  ragrieulture?  Sans 
contredit  la  mati^re  vient  dii  sol,  mais  n'est  pas 
pluspourccladu  ressort  dei'agriculture  (|uc  iiele 
sont  les  carriereset  les  sablonniores.  Cen'estpas 
que  si  tel  fonds  de  culture  peut  admettre  concur- 
rcmraent  ce  genre  d'e\pIoitation ,  je  pri-tende 
qu'il  faille  rexelure,  et  negliger  le  profit  qu'on 
peut  en  tirer.  Sans  doute  si ,  dans  un  fonds  qui 
avoisine  une  grande  route,  il  se  trouve  un  em- 
placement  propiee  a  la  receptinn  des  \oyagcurs, 
on  fera  bien  d'y  construire  une  nuberge.  Mais 
ce  genre  d'entreprise,  qucls  (iu'en  soient  les 
benefices,  ne  saurait  etre  considere  comme  du 
domalne  de  Tagriculture.  Car,  dans  les  profits 
qu'on  peut  tirer  directementou  indirectemeut  de 
saterre,  il  n'y  a  de  vraiment  agricole  que   ce 


qui  est  proriuit  d'cnsemencemciit.  Stolon  m'in- 
terrompit.  Vous(*tes  jaloux  de  ce  grand  auteur, 
dit-il.  Cc  n'cst  <|uc  par  esprit  de  eritique  que  vous 
rattaqupz  a  reiidroit  dcs  poteries.  II  a  dit  ail- 
leurs(i'pxcellentes  choses  qui  reiitrent  certaine- 
raent  dans  notre  sujet,  et  dont  vous  ne  parlez  pas, 
afin  de  n'(^tre  pas  obligt'  d'en  faire  Teloge.  Cettc 
saillie fit  sourire  Serofa, qui  connaissalt  fouvra^ie 
et  ne  restimnit  guere;  raais  Agrasius,  qui  enju- 
genit  diffi^remracnf ,  croyant  aussi  le  connaltre , 
demanda  a  Stolon  ce  qu'il  en  pcnsait.  Voici,dit 
Stolon ,  la  recette  que  donne  cet  auteur  pour  dc- 
truire  les  punaises  : «  Faites  infuserdans  de  Teau 
"  un  coneombre  sauvage.  Partout  oii  vous  repan- 
«  drez  de  cette  eau,  ies  punaises  n'approcheront 
'•  point. » Ou  bien  cncore : « Frottez  votre  lit avec du 
«  fielde  bceufd(ilay(idans  du  vinaigre. »  Fbbien , 
dit  alors  Fuiidanius  s'adressant  a  Scrofa,  voila 
pourtantqui  toucheji  ragriculture.  Oui,  dit  Scro- 
fa,  autant  que  son  onguent  epilatoire  :  '■  Prenez 
«  une  grenouillejaune;  faites-Iabouillir  dans  l'eau 
<<  jusqu'a  rt^duction  des  deu\  tiers,  et  frottez-vous 
«  avec  le  residu.  »  Moi,  repris-je,  je  citerais  plus 
volontiers  le  passage  qui  traite  de  1'incommodite 
dont  est  allligii  Fundanius.  II  souffre  dcs  picds 
au  poiiit  que  la  douleur  lui  fait  rider  le  front. 
Vite  la  citation,  s'(;criaFundanius.  Jaimc  mieux 
apprendre  a  gu(?rir  mes  pieds  qu'a  planter  dcs 
pieds  de  poiiTC.  Quant  a  cela ,  dit  Stolon  en  sou- 
riant,  je  me  fais  fort  de  vous  communiquer  la 
fornuile  telle  que  rauteur  fa  depos^^e  daus  son 
livre,  et  que  je  Tai  entendue  lire  par  Torquenna. 
II  faut  d'abord  que  le  malade,  sitot  qu'il  com- 
mence  a  sentir  des  douleurs  aux  picds,  pense  a 
celui  qui  doit  operer  sa  guerison.  Eb  bien,  reprit 
Fundanius,  je   pense    h  vous;  guerissez  nica 


juvare  ,  ut  eai,  qna;  junrlt-c  aiaic  possnnl.  Asrasius,  si 
istuc  itaesl,  inqiiit,  qnomodo  peo.us  lemoveri  potesl  ab 
agro,  cum  sferc.us,  qnod  iilniimum  piodest,  giefies  pe- 
comm  ministrenl?  Sic,  inqnit  A^rius  ,  venalinm  gieges 
(liceinus  agticultniam  esse,  si  piopter  islam  rera  liaben- 
(Jum  statuerimus.  Sed  erior  ln'iic,  quod  pecus  in  agro 
esse  potesl ,  et  fi licfus  in  agio  fc.iie.  Quod  iion  sequen- 
diim.  Nam  sic  etiani  les  alia;  di\ ers;E  ab  agro  eriint  assii- 
nienilffi  ;  nt  si  liabeas  plnres  in  fnndo  lexfores ,  alqiio  ins- 
tilulos  liisfonas,  sic  alios  aifiliccs.  Sciofa,  Dijnnsamus 
igitur,  iiKinit,  pastionem  a  ciilfnia,  el  si  qiiis  qiiid  vnlt 
aliud.  Anne  ego,  inquam,  seqiiar  Sasernarum  palris  et 
lilii  libros?  ac  niagis  pnfein  pcrlineie,  figlinas  queinad- 
jnodnm  exeiccri  opoiteat,  quam  aigenti  fodinas,  anl  alia 
tt  alia  metalla,  qute  sine  dubio  in  aliqno  agio  fiuiil.'  Sed 
ut  neque  lapieidina;,  neque  aienarice  ad  agriculliiram 
pertinenl,  sic  figlinse.  Neqiie  idco  non  iu  quo  a^ro  ido- 
ne^c  possunt  esse,  [non]  exercendic ,  atque  ex  eis  capinndi 
fruclus  :  ut  etiam  si  ager  secuiidum  viam,  et  opporlu- 
jius  viatoribiis  locus,  sedificandae  tabernai  diversoria;, 
qua;  tainen  quanivis  sinl  frucluosa;,  niliilo  nia!;is  siint 
agricnlturx  partes.  Non  enim  si  qiiis  pioplcr  asnmi  aiit 
etiam  in  agro  profeclus  domino,  agiicultura;  an cplifm 


referre  debot,  sed  id  niodo,  qiiod  ex  salione  ferra  sit  na- 
tnm  ad  friiendum.  Snscipit  Sfolo,Tu,  inquit,  invides 
fanto  scriptori,  et  obstriglllandi  causa  figlinas  reprehen- 
dis,  cum  pra'clara  qua;dam ,  ne  laudes,  pia;termillas, 
qna;  ad  agricultuiam  vehementer  perlineant.  Cum  subii- 
sisset  Scrofa,  quod  non  ignorabat  libros,  et  despiciebal , 
et  Agrasius  se  scire  inodo  pntaiel,  ac  Sfolonem  logassel , 
ut  diceiet,  coppil :  Scribit  cimices  quemadmodum  interlici 
oporleat  liis  verbis.  CHCumeiem  anguinum  condito  lii 
aquam  ,  eamque  infiindifo  qiio  voles,  nulli  accedent.  Vcl 
fel  bubulnm  cum  aceto  niixtum  ,  ungnito  lectum.  Funda- 
nius  aspicit  ad  Scrofam,  El,  tamen  veriim  dicit,  inqiiit, 
hic,  nt  lioc  scripserit  in  agricultura?  Ille,  Tam  iiercle 
quam  lioc  si  quemglabrum  facere  velis,  quod  jiibet  la- 
nam  luridam  conjicere  in  aipiam,  usqne  qiio  ad  terliam 
partem  decoxeris,  eoque  ungiiere  corpns.  Ego  qnod  magis, 
inquam,  pertineat  ad  Fundanii  valetudinem,  et  in  eu  lihro 
est,  salius  dicam  :  nain  hnjusre  pedes  solent  doleie,  ct  iii 
fronte  conlrahere  rugas.  Dic  sodes,  inquit  Fiindanius  ■ 
nani  malo  de  mcis  pedibus  audire,  qnam  queniadniodnm 
pedes  betaceos  seri  oporteat.  Stolo  subridens,  Dicam,  iii- 
qult,eisdem,  qnibusille  verhis  scripsil,  vel  Tar<|ncni!iu!i 
audivi.  Cum  Uomini  pedesdolereca'pissent,  qui  lui  iiie- 


DK  LAGRICULTUiin:,  LIV.  \. 


pieds.  Ecouteziioiic,  contiiiua  Stulou  :  «  Quo  la 
terre  garde  la nialadie ,  et  que  la saiite  leste  ici ! » 
II  nous  recommaude  de  dire  a  jeun  ces  paroles 
trois fois  ncuf  fois ,  dc  touclicr  la  tcrre ,  et  de  era- 
cher  en  mcme  temps.  Vous  trouvercz  encore ,  re- 
prisje,  daus  le  li  vrc  des  Saserua  beaucou  p  d'autrcs 
secrcts  miraculeu.x  egalcincnt  etrangers  a  Tagri- 
eulture ,  et  qu'il  faut  laisser  oii  iis  sont.  D'ailleurs, 
ajoutai-je,  de  semblables  digressions  se  ren- 
contrent  dans  beaucoup  dautcurs.  Lc  tiaitc  d'a- 
griculture  deCaton  lui-meme  cn  fouimiUe.  On  y 
trouve  entreautresdcs  procedespour  faire  lapla- 
centa,  pour  nppreter  le  libum,  pour  saler  les 
jnmbons.  Vous  oubliez,  dit  Agrius,  un  article 
important :  ■•  Voulezvous,  dit  Caton,  boiiebcau- 
«  coup  et  manger encore  davantage  ?  A valez  avant 
"  de  vous  mettreatableduchoucru,  niaccic  daiis 
'■  du  vinaigre,  et  prencz-cnciiiq  fcuilles  ciicore 
«  apres  le  repas. « 

III.  Nousvenons,  dit  Agrius,  d'ccarter  de  Ta- 
griculture  tout  ee  qui  lui  est  ctrauger  :  il  nous 
reste  a  parler  de  ee  qui  forme  le  domaine  dc  la 
scieuee.  Qu'cst-ce  (|ue  Tagriculturc  ?  Est-ce  un 
art?  et  si  c'est  un  art ,  quel  est  son  principe  et 
sa  fin?  Stolon  se  touriiaut  vers  Scrofa,  Ccst  a 
vous,  notre  supericur  atous  en  rang,  en  agc  et 
en  lumieres,  a  nousresoudre  ees  diver.ses  qiics- 
tions.  Scrofa,  saus  se  faire  prier,  s'exprima  aiiisi : 
L'agriculture est un  art,  ct  un artaussi  grand  qu'ii 
est  necessaire.  II  nous  apprcnd  qucl  sol  est  pro- 
pice  a  telle  semence,  qucls  travaux  sa  culture 
exige  ,  et  quelles  qualitcs  de  tcrroir  promettent 
des  recoltes  abondantes  et  continucs. 

IV.  Les  elcments  de  cet  art  sont  les  memes  dont 
Ennius  a  dit  qu'ils  eonstituent  le  monde  :  Teau, 

ininisset ,  e\  mederi  posse.  Ego  tiii  meniini ,  medere  meis 

pedlbllS.    TEKUA    l'ESTCM    TENETO.    S.\U  S    1110.    r.lANr.TO  [ilt 

meis  pedibus.]  Uoc.  ter  novies  canlan!  jiibet ,  tenain  tan- 
geie,  despuere,  jeiunum  caiitare.  Multa,  !)i(/HO»i,  ilem 
alia  miiaciila  apud  Saseinas  invenies,  qiicC  omiiia  sunt 
diversa  ab  agiicullura,  et  ideo  lepudianda.  Quasi  veio, 
inqxium,  non  apiid  casteros  quoque  sciiplores  talia  repe- 
riantui'.  An  non  in  magni  illiiis  Calonis  lihio  ,  qui  de  agri- 
culliira  est  editiis ,  scripla  siiiil  peruiulta  similia  ?  ut  lisc , 
qiiemadmodum  placentam  lacere  opoiteat ,  qiio  pacto  li- 
liuni,  qua  ratione  pernas  salire.  llliid  non  dicis,  inquit 
.Agrius.  Quod  sciibit,  Si  velis  in  convivio  miillum  bibeie, 
cu^iiareqiie  libenler,  anle  esse  opoi  tet  brassitam  crudam 
cx  acelo,  et  post  aliqua  folia. 

III.  Igitiir,  inqiiil  .\grasiiis  ,  qiioe  dijungenda  essent  a 
ciillura  ciijusmodi  siiit,  qiioniam  discretnin,  de  iis  rebus 
dicendiim,  quic  in  scienli.i  sint.  Ecquis  in  colendo  nos 
doret  aissit  an  quid  aliud,et  aquibus  caiceiibusdeciirrat 
ad  metas.  Stolo  cum  aspexissel  Sciofam,  Tu  ,  inqiiit,  et 
a>tatH ,  et  lionore,  et  scientia  qiiod  prnostas,  dicere  debes. 
Ille  iwn  gravaUis ,  Primum,  inquit,  non  modo  est  ais, 
sed  eliain  nece.ssaria  ac  magna.  Eaqiie  est  scieniia,  quae 
docet,  qu.-e  sint  in  (pioquo  agin  seruiida  ac  faciiinda, 
qiireque  lena  niaximos  per|ietuo  leddat  friictiis. 

IV.  Ejiisprincipiasunt  cadeni,  qiis  inundi  esse  Enniiis 


ia  terrc,  l"air,  ct  le  fcii.  Avant  donc  dc  condcr 
vos  semeuces  a  la  terre,  il  importe  d'etudier  ccs 
differents  elemcnts,  source  premiere  de  toutc. 
production.  Cest  de  cette  connaissance  que  de- 
vront  partir  les  agrieulteurs  pour  conduire  lcurs 
travaux  au  double  but  d'elre  utile  et  de  plaire  : 
rnnsolide,  fautreagreribie.  M:iis  ausolideestdur 
laprefcrcuee  sur  ce  qui  est  de  pur  agremeut.  II 
peut  resulter  toutefois  de  la  meme  disposition, 
qu'unetcrregagnea ia  fois on aspectet  en  produit ; 
qu'elle  soifde  meillcure  defaite  et  augmeutc  dc 
valcujTcelle.  Del)clleslignesd'oliviers,parexcm- 
ple,  oud'autres  arbres  a  fruit,  auront  cct  avan- 
tage.  A  cgalite  de  valcurentre  dcux  objets,  qni 
n'aime  mieux  payer  plus  chcr  celui  qui  flatte  la 
vue?  Sous  lerapport  d'utilite,  prefercz  le  fonds  dc 
terre  lc  plus  salubre;car,  sanssalubrite,  pnint  dc 
recoiteassuree.  Daus  un  sol  malsain,  si  fcilile 
qu'ilsoit,  lefruit  du  travail,achaqueinstant,poiit 
clrc  detruit  par  des  flcaux  de  tout  genre.  La  ou 
Ton  a  sans  cesse  tn  coiiiptcr  avee  le  trepas  ,  il  s'a- 
git ,  pour  le  cultivateur,  non  de  recucillir,  niai.'; 
de  vivre.  Aiusi,  dans  toute  eontree  malsaiue  la 
culture  n'est  en  quelque  sorte  qu'un  jcu  de  ha- 
sard,  aiiqucl  le  proprietaire  risque  sa  vieetsa 
fortune. 

La  science  toutcfois  pcut  attcnuer  lc  nial ;  car, 
snns  avoir  d'action  directesur  rinsalubrite,  doiil 
lcseonditionsresidentdanslesol  et  1'almospbcrc, 
et  proeedent  de  la  natiire  ,  nous  y  pouvoiis  beau- 
coup  cepeiidant.  On  parvient  par  uneattention 
iutelligcnte  a  en  allcnuer  leseffcts.  Les  infUien- 
ccs  malignes  ou  du  sol  ou  des  eaux,  les  miasmes 
fetides  qui  s'exhalent  encertaines  localites,  Tex- 
position  a  uu  solcil  trop  ardent  ou  a  des  vents 

sciibit,  aqua,teria,anima,et  sol.  Htccenim  cognosciiiida 
prius,  qiiam  jacias  Eemiua ,  quod  initium  fructuuiii  oritur. 
Ilinc  prorecli  agricola?  ad  diias  nietas  diiigeie  debent,  ad 
utilitatem  el  voinplatem.  Ulilitas qu;riit  IVucliim,  voluptas 
delectalionem.  Piioies  partcs  agit,quod  utile  est ,  quani 
quod  delectal.  Nec  non  ea  quiE  faciuut  [oultura]  lionestio- 
rem  agruni ,  pleraque  non  solum  fiuctuosiorem  eiindem 
laciunt;  iit  cuui  in  ordinem  sunt  cousita  arbusla  atque 
olivela,  sed  eliam  vendibilloreni ,  atqueadjiciuutad  fundi 
pi  etium.  Neuio  enim  eadein  utilitatc  non  farmosius  quotl 
est,  emeie  niavnlt  pluiis,  quam  si  est  friictuosus  turpis. 
Ulilissimusaulem  is  ager  qiii  saliibrior  est,  qnani  alii, 
quod  ibi  fructiis  certns.  Contia  quod  in  pe.stilenli  qiiamvis 
in  feraci  agrocalamilas  coloiium  ad  fructusperveniie  nou 
palitur.  Etenim  ubi  latio  ciim  orco  babetur,  ibi  non  modn 
fiiictus  esl  inceitus,  sed  eliain  colentium  vita.  Quaie  iibi 
salubritasnonest,  cullura  nonalind  esl,  alquealeadomi- 
ni  vita?,  ac  rei  familiaris.  Nec  li.tc  non  deminiiitiir  scien- 
lia.  Ila  eiiiin  salubrifas,  quie  duclliir  e  cielo  ac  terra,  non 
est  in  nostra  potestale ,  .sed  in  naluia; ,  ut  tamen  iniilliim 
sit  in  nobis ;  quod  graviora  quic  sunl ,  ea  diligentia  leviora 
facere  possumiis.  Elenim  si  propter  teirain  anl  aquam , 
odoiemve,  qiiem  aliqiio  loco  eruclal,  peslilenlinr  est 
fuiidiis,  ant  piopter  ca"!!  regionem  ajjer  calidior  sit,  aiit 
venl:i.<;  non  bonus  (let :  hacc  vitia  emendari  solont  doiiiiin 


68 


VARRON. 


conlraiics,  tous  ces  inconvenients  se  corrigent 
p;ir  des  depenses  bien  entenduos.  On  \'oit  de 
quelle  importance  est  la  iiosition  topogr;ipiilqiie 
des  bStiments  d'expIoitalion ,  leur  etendue,  et 
rexpositiou  de  leurs  ouvertiues,  portes,  porti- 
ques  et  fcnetres.  N'a-t-on  pas  vii  la  science 
dHippocrate,  dans  un  temps  de  peste ,  preserver 
de  la  conlagion  non-seulement  une  raaison,  des 
cliamps,  mais  des  villes  entieres?  Mais  ou  vais-je 
chercher  le  temoignage  d'Hippoi'rate?  N"avons- 
nous  pas  ici  notre  ami  Vairou,  qui,  lorsqiie  Tar- 
nice  et  la  flotte  se  trouvaieiit  a  Corcyre ,  et  que 
toutes  les  maisons  regorgeaient  de  malades  et 
de  morts,  (it  percer  de  nouvelles  fenetres  pour 
donner  passage  au  vent  du  uord,  murcr  les  an- 
ciennes  qui  laissaientpeiietrer  i'air  infecte,  pra- 
tiquer  de  nouvelles  portes,  et  qui,  par mille  autres 
soins  de  ce  genre,  parviut  i\  raraener  ses  compa- 
gnons  sainset  saufs  dans  leur  patrie? 

V.  Wous  avoiis  determine  les  principes  de  Ta- 
griculture  et  son  but  :  il  nous  rcste  a  exarainer 
les  differentes  parties  dont  sa  science  se  compose. 
Quanta  moi,  dit  Agrius,  je  suppose  que  lenombre 
doiten  etre  infini,  quandje  voiscette  multitudede 
livrcsque  Theophraste  a  composes  sous  les  titres 
iVhistoire  des  planie.s  etdescauses  de  \nvegcta- 
tion  en  ^e^em/.  Amonavis,repritStolou,  ces  li- 
vresconvienneutbienmoinsaux  hommesqui  cul- 
tivent  la  terre  qn'a  ceux  qui  fiequentent  les  eco- 
les  des  philosophes.  Ce  qui  ne  vevit  pas  dire  que 
les  uns  et  les  autresue  pnissent  y  rencontrer  des 
enseignements  utiles.  Quoi  qu'il  ensoit,  veuillez 
nousexpliquer  vous-meme  les  differeutes  parties 
de  ragriculture.  Elle  en  comprend,  ditSciofa, 
quatre  principales.  Elles  consistent  a  bien  con- 
naitre  :  la  preraierc,  le  fonds  a  exploiter,  la  na- 
ture  du  sol  et  ses  elements  constitulifs;  la  se- 


conde,  le  personnel  et  le  materiel  necessaircs  a 
son  exploitation  ;  la  troisieme,  les  facons  quc  le 
terr;\in  exige ;  la  qnatrieme  enfin ,  quelles  epo- 
qucs  de  rannee  conviennent  a  chaeune  d'elles. 
Chaeune  de  cesquntre  parties  se  subdivise  elle- 
raeme  aumoins  en  deux  autres.  Les  deux  subdi- 
visions  de  la  premiere  ont  pour  objet,  Tune  la 
terre  elle-raeme ,  et  Tautre  les  b;Uiments  et  jes 
etables.  La  seconde  partie  principale,  quiembrasse 
tout  Teffectif  d'un  fonds  de  culture,  a  egalement 
deux  subdivisions,  dont  la  premiere  comprend  les 
travaillenrs,  et  la  seconde  les  instrumeiits  aratoi- 
res.  La  troisieme  partie  principale,  qui  a  pourob- 
jet  la  direetion  des  travaux,  renferme  d'une  part 
lesoperationspreparaloires,  et,derautre,  lechoix 
des  lieux  ou  Ton  doit  les  executer.  La  quatrieme 
partie,  qui  traite  desdifferentes  epoquesde  Tan- 
nee,  comprend,  dans  sa  premiere  subdivision, 
fout  ce  qui  a  rapport  &  la  revolution  annuelle  du 
soleil  et  au  cours  mensuel  de  la  lune.  Je  com- 
roenccrai  par  parler  de  ces  quatre  partiesprinci- 
pales;  puis  je  traiterai  avec  plus  de  detait  les 
huit  subdivisions. 

VL  En  considerant  un  fonds  sous  le  rapport  du 
sol,  nous  avousaexaminer  quatrepoints  piinci- 
paux,  savoir  la  configuration  duterrain,  sa  qua- 
lite,  retenduede  lapropriete.etquHlleschancesde 
securiteelle  offre  par  elle-raeme.  Un  terrain  doit 
sa  configuratiou  a  la  nature ,  qui  fa  bien  ou  mal 
dispose ,  ou  a  la  main  de  rhorame ,  qui  Ta  trans- 
f6rme,  pour  la  culture  en  bieu  ou  en  mal.  Parlons 
d'abord  de la  configuration  naturelle.  Nous  recon- 
naissons  rrois  genres  de  terrains  simples  :  celui 
des  plaines,  celui  des  eollines,  et  cclui  des  mon- 
tagnes;  des  mixles,  qui  se  combinent  de  deux 
deces  genresoudcs  trois  ensemble.  Onen  trouve 
de  frequents  excmples.  11  y  a  pour  ehacun  des 


scienlia  ac  siimplu;  qiioJ  permagni  interest,  ubi  sinl 
positae  villa;,  qiianta!  sint,  quo  speclentporticibus  ,  ostiis 
ac  feneslris.  An  non  ilie  Hippocrates  meclicus  in  magna 
pestilenlia  non  ununi  agrum  seil  muUa  oppida  scienlia 
servavit?  Sed  quid  ego  illiim  voco  ad  testimonium?  Non 
hic  Varro  nosler,  cum  Corcyrce  esset  exercitus  ac  classis, 
et  omnes  doinus  lepleloe  esseiit  a^grotis  ac  funeribus, 
inimisso  fenestris  iiovis  aquilone ,  et  obstructis  pestilenti- 
bus,  januaqiie  permutata,  ca^teraque  ejns  generis  dili- 
gentia,  suos  comitesac  familiam  incolumes  reduxit? 

V.  Sed  qiiuniam  agriciiltiirse,  quod  esset  initium  et  (inis 
dixi ,  relinqiiitur  quot  parles  ea  disfiplina  liabeal ,  ut  sit 
videndum.  Equidem  innumerabiles  niilii  videntur,  inqiiit 
Agrius.cum  legolibros  Thcoplirasticoniplures,  quiinscri- 
biintur,  "IiuTiov  Idropia;,  et  alteri  <I'uTty.wv  aixiMv.  Stolo, 
Isti,  inquit,  libri  non  tam  idonei  iis,  qni  agruni  colere 
voluul,  qiiaiti  qui  scliolas  pliilosophorum.  Neque  eo  dico, 
quod  non  balieant  et  ulilia,  et  communla  qnxdam.  Qiia- 
propter  tu  potius  agricultura:  paites  nobis  expone.  Scro- 
fa,  Agricultura!,  inquil ,  quatuorsunt  partes  snmmae  : 
e  queis  priina  cognitio  fiindi ;  solum  partesrpie  ejus  quales 
bint ;  secimrla ,  qu;p  in  eo  fundo  opus  sinl  ac  debeant  esse 


cuUiuiP  causa;  terlia,  (ju.'e  iu  co  piiTdio  culendi  cansa 
sint  faciiinila;  quarta,  quo  quidquid  lempore  in  eo  fundo 
fieri  convoniat.  De  his  quatnor  generihus  slnguhe  ininr. 
mnm  in  binas  dividuntur  species.  Quod  haliel  prima  ea, 
qu*  ad  solum  pertinent  teria;,  et  quai  ad  villas,  et  sta- 
bula.  Secunda  pars ,  qiia;  movenlur,  alque  in  fuudo  debent 
esse  cuttune  caiisa,  estitem  biparlita  :  de  honiinibus,  pcr 
quos  colcndum,  et  de  leUquo  inslruineiito.  Terlia  pars, 
quae  de  rebiis  ,  dividitur;  qua  ad  qiiamque  reni  sint  pra»- 
paranda,  et  ubi  qu.-cque  faciunda.  Quarta  pars  de  lempo- 
libus,  qiiae  ad  solis  circiiinilum  aiinuiim  sint  refereiida,  ct 
qiia;  ad  Lnna;  menstiuum  cursiim.  De  primis  qualnnr 
partibus  prius  dicain  ,  deiiide  siilililins  de  octo  secimdis. 
VI.  Igitiir  primumdesolo  (nndi  vidondum  h.iecquatuor. 
Qnre  sit  (orma,  quo  in  genere  terrse,  quantus,  quam  per 
se  tiilus.  Formae  cuin  duo  genera  sint,  una  quani  nalura 
dat,  altera  quam  sationes  imponnnt  •  prior,  qiind  alius 
ager  bene  nalus,  aliusmale;  posterior,  qnod  alius  fundus 
bene  consilns  est ,  alius  male  :  dicam  piius  de  naturali. 
Igiliir  ciim  Iria  geneia  sinl  a  sppcie  simplicia  agiorum , 
canipeslre,  colliniini,  et  monlaniiin,  esl  ex  iis  Iribiis 
qiiartiim,  iil   in  co  fiiiido,  in  qiio  li;<'c  diio  vel  liiasunl, 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  l. 


trois  £,'cnros  simples  des  systemes  de  cultiu-e  dif- 
ferents.Sanseoiitrcditceluiquiconvientaux  plai- 
iies  ne  peut  s"appliquer,  soit  aux  montagnes  oii 
la  temperature  est  bien  nioins  elevce,  soit  aux 
collines,  ou  elle  est  plus  IVoide  que  dans  les  pre- 
mieres  localites,  et  plus  cliaude  que  dans  les 
secondcs.  Cette  difference  entre  lcs  fonds  de  ter- 
rain-simpleest  d'autanlplussensible  qu"ils  occu- 
pent  respectiveraent  plus  de  superfieie.  Plus  le 
sol  est  decouvert ,  plus  la  chaleur  a  d'intensite. 
Cest  ce  qui  fait  qu'en  certains  cantons  ratmos- 
phere  cst  si  ardcnte  et  si  lourde,  et  que  dans  les 
regionselevees,  sur  le  Vesuve,  par  exempie,  lair 
est  plus  leger,  et  par  consequent  plus  saiu.  Ceux 
((ui  cultivent  des  terrains  bas  souffrent  pendant 
Petc,  au  lieu  que  ceux  qui  ciiltivent  des  terrains 
eleves  souffrmt  davantagependantrhiver.  L'hi- 
vercstlasaisonpropiccpourceu.ic  qui  cultiventdes 
plaines,  parce  qualors  les  pres  sont  en  herbe, 
ct  les  arbres  en  etat  d'etre  tailles.  L'ete  au  con- 
traire  est  favorable  a  ccux  qui  cultivcnt  les  hau- 
teurs,  parce  que  durant  rctte  saison  les  p^turages 
y  abondent,  taudis  quils  sont  brulcs  dans  les 
plaines.  Dailleurs  Tair  alors  n'y  est  que  frais  ; 
ce  qui  convicnt  aux  operations  forestieres.  Pour 
le  sol  des  plaincs,  le  plan  incline  vaut  mieux  que 
rabsolu  niveau ;  car  le  defaut  de  pente  tend  a 
forraer  des  marecages,  les  eaux  ne  trouvantpas 
d'ecouleraent.  Aussi  le  terrain  estil  d'autant 
plus  defectueux  qu'il  est  plus  inegal;  ce  qui  mul- 
tiplie  lcs  bas  fonds  ou  Teau  scjourne.  L'epoquc 
des  semaillcs  arrive  plus  tot  dans  les  plaines 
quesur  les  hauteurs,  oulonest  obligede  gagner 
de  vitesse,  et  dattendre  plus  tard  les  recoltes. 
Certainsarbres,  comnie  rerahle  et  lesapin,  n'at- 
teignent  toute  leur  hauteur ,  tout  leur  devclop- 


pement ,  que  sur  lcs  montagnes,  gr;lee  a  Tair  vif 
qui  y  domine.  D'autres,  tels  que  les  peuplicrs 
et  les  saulcs ,  ne  prosperent  que  dans  lcs  tempcra- 
tures  moyennes  ,  comme  la  n6tre.  II  en  cst  qui 
nereussissentquedans  lesterrainsclevcs,  comme 
Tarbousier  et  le  chene.  D'autres  enlin  n'aiment 
que  les  terrains  bas,comme  ramandicr  et  le 
figuier.  Les  productions  des  collincs,  suivant  leur 
degre  d'(51evation,  se  rapprochent  plus  ou  moins 
de  celles  des  plaincs  el  des  raontagncs.  La  cul- 
ture  varie  suivant  ces  trois  conditions  du  sol  :  on 
prcfere  les  plaines  pour  le  blc,  lescoteaux  pour  la 
vigne,  et,  pour  les  forets,  les  montagnes.  Toutes 
cesconsiderationsdoiventetre  respectivement  pe- 
sees  pour  la  culture  de  chaque  ordre  de  terrain. 
VH.  En  ce  qui  coucerne  la  coufiguration  na- 
turclle  ,  dit  Stolon ,  je  suis  osscz  de  lavis  de  Ca- 
ton,  que  le  raeilleur  fonds  de  terre  est  celui  qui 
se  trouve  place  au  pied  d'une  inontagne,  etexpose 
au  midi.  Mais  je  souticns,  repond  Scrofa  ,  qu'en 
fait  de  culture,  le  produit  est  en  raison  de  ce 
que  Taspcct  plait  plus  a  rceil.  C"est  Teffet  de  la 
plantalion  en  quinconcc,  et  de  rubservation  des 
distances  pour  les  pcpinicres.  Aussi  nos  peres, 
avec  ieurs  mcthodes  vicieuses,  ne  tiraient-ils, 
d'une  ^gale  superlicie  de  terrain,  que  des  bies  et 
des  vins  inferieurs  nux  uotres  en  quautitc  comme 
en  qualite.  C"cst  qu'avec  la  syraetrie  on  menage 
niieux  Tespace,  ctque,  par  suite,chaqueplantcst 
raoins  exposc  a  se  voir  intercepter  par  son  voi- 
sin  rinfluence  du  solcil,  de  la  lune  ou  de  Tair.  Un 
exeraple  va  rendre  ccci  plus  scnsible.  La  meme 
quantite  de  noix,  qui  se  tasse  parfaiteraent  dans 
un  boisseau  avcc  lcs  coqucs  entieres,  va  difficile- 
ment  entrer  daus  une  mesure  d'un  boisseau  et 
demi,  quand  vous  Taurez  concassee.  Vos  plauts, 


iit  mullis  locis  licct  viderl.  E  quibiis  tribiis  fastigiis  siiii- 
lilicibus,  sine  duljio  iiifiinis  alia  cultuia  aptior,  quani 
summis,  quoii  liarc  calidiora  quain  sumina  :  sic  collinis, 
qiiod  ea  tepidioia  qiiam  inrima,  aiit  siimma.  Haecappa- 
rent  niagis  itaesse  in  latioribiis  resionibus,  simplicia  cum 
sunl.  Uaque  ubi  lati  campi ,  ibi  magis  a-stus.  Et  eo  in  Apu- 
lia  loca  calidioia  ac  graviora.  Et  ulii  montana,  ut  in 
Vcsuvlo,  quod  levlora,  et  ideo  salubriora.  Qiii  colunt 
deorsiiin ,  magis  .-lestale  laborant  :  qiii  siirsum ,  magis 
liieme  :  verno  teinpore  in  campestribus  maturius  eadem 
llla  seruntur,  quam  in  snperioribus  -.  ct  celerlus  liic, 
qiiani  illic  cogunlur.  Nec  non  sursum',  quam  deorsum, 
Urdius  serunlur  ac  nietuntiir.  Qurrdain  In  niontanis 
prollxiora  nascunturac  firmiora,piopler  frlgus,utabietes 
acsappini.  Uic,  quodlepidiora,populi  acsallces  :  suisum 
ferllllora ,  iit  arliulus  ac  qiiercus  :  deorsum ,  iit  nuces 
gracca  ac  niarlsca;  fici.  In  collibus  Immllibus  societas  ma- 
jor  ciim  campcstri  fructu  ,  qiiain  cum  montano  -.  in  allis 
conlra.  Propter  li.iec  Irla  lasllgia  formse ,  discrimina  qua>- 
dain  liiiiit  satioiiiim  ,  quod  segetes  meliores  exlstlinantiir 
esse  campestres,  vineoecollina:,  silv.e  monlana' :  plcrun- 
qiiebilierna  iis  es.si' meliora ,  qiii  colunl  eampestrla ,  qiiod 
tiinc    prata  ibi    lieibosa,  putalio  arliorum  loleraltilior. 


Contra  aestlva  montana  bis  loiis  commodiora,  quod  llii 
lum  elpaluiliiiii  multiiin,  qiiod  iii  campls  aret :  ac  cultiira 
arboriim  aptior,  qiiod  lum  illic  filgidior  aer.  Campester 
locus  is  nielior,  qiii  lotus  «■quabiliter  in  unam  paiteni 
vergil,  quam  Is  qui  est  ad  libellamsequus,  quod  is,  cum 
aqua;  non  liabeal  dc^lapsimi ,  ficri  solel  uliginosus.  lio  ina- 
gis  sl  quls  est  Ina^ipiabilis,  o.o  deterior,  qiiod  (it  propler 
lacunas  aquosiis.  Iliec  atqiic  bujuscemoditria  fastigiaagri 
ad  colendum  disparlllter  liabent  momentiim. 

VII.  Slolo ,  Quod  ad  liauc  formam  naturalem  pertinet , 
de  co  nou  incommode  Cato  videtur  diccre,  ciim  scribil 
optimum  agrum  esse,  qul  snbradlce  montis  sltus  slt,  et 
spcclet  ad  merldianam  c.Tli  partem.  Siibjicit  Scrofa ,  De 
formae  cultura  lioc  dic.o,  quae  specle  flant  venusllora,  sc- 
qiil ,  iit  inajore  quoque  fructu  siut  :  ul  qiii  babent  arbiista, 
si  sala  sunt  in  quinciincem  propler  ordines ,  atqiie  intei- 
valla  modica.  Ilaquc  majores  nostri  ex  arvo  a^qiie  magiio, 
sed  male  consilo,  et  minus  multiim,el  miiiiis  liomiiu 
facicbaiit  vinum  ct  frumentum,  quod  qiia;  siio  qiiidque 
Idio  snnl  posita ,  ea  miuus  loci  oci up.iiil ,  et  mlnus  oflicit 
alliid  alli  ab  solc  ac  luna,  et  veiilo.  Hoc  llcel  conjpcliira 
vidcre  cx  aliquot  rebns,  ul  niiccs  Inlcgras,  qnas  iino  mi- 
dio  coinprchendcre  possis ,  quod  piitamina  siio  loco  qii.i- 


VARr.o:v. 


(lument  aligiies,  eii  scront  plus  accessibles  ii 
l'action  du  soleil  et  de  la  lune  ,  vous  donneront 
plusde  raisins  ou  d'olives,  qui  viendront  nncux 
a  maturite;  doul)le  resultat  entrainnnt  ccs  dcux 
i-onsequences,  meilleure  recolte  d'huile  et  de 
\in,  augmentation  de  profit.  ISous  voici  arrives 
a  la  seconde  partie,  quitraite  desindicationsau.x- 
quelles  on  reconnait  qu^une  terre  cst  bonne  ott 
mnuvaise.  Ccst  en  effet  de  In  qualitc  de  la  terre 
que  depend  le  choix  des  fruits  qu'on  peut  y  se- 
raer  et  recueillir,  et  le  «ienre  de  cuUure  qui  lui 
est  appliquable.  Le  meme  sol  ne  convient  point 
egalement  a  toutes  sortes  de  productions.  Celui- 
ci  est  spccialement  propre  a  la  \iune;  celui-la 
au  ble;et  tel,  atellcautre  production.  Cest  ce 
qui  fait  sans  doute  qu"il  y  a  dans  Tile  de  Crete  , 
pres  de  Cortynia,  un  platane  qui,  meme  en  hiver, 
ne  se  dcpouillepoint  de  ses  fcuilles.  Thcophraste 
en  mentionne  un  pareil  dans  rile  dc  Cypre.  II  y 
a  aussi  devant  la  ville  de  Sybaris,  que  Ton  ap- 
pelle  aujourd'hui  Thurium,  un  chene  qui  offre 
le  meme  phcnomene.  IXous  voyons  eniin ,  dans 
lescampagnes  d'Elephantine,  des  figuiers  etdes 
vignes  qui  ne  s'cffcuillent  jamnis.  Cest  encore 
par  la  nifime  raison  que  beaucoup  d'arbres  por- 
fent  dcs  fruits  deux  lois  pnr  an ,  comme  les  vi- 
gnes  de  Smyrne  pres  la  mcr,  et  lcs  pommiers 
dans  les  cbamps  de  Consentinum.  Autre  preuve 
de  cette  observation.  La  cultuie  donne  en  meil- 
leure  qualite  les  fruits  que  la  natiire  snuvage 
produit  en  plus  grandc  abondance.  On  peut  citcr 
encore  les  plantes  qui  ne  pcuvcnt  vivre  que  dans 
un  terrnin  aqueux,  oumeme  au  milieu  de  rcau. 
Encore  nevicnnent-ellespas  indistinctementdans 
toute  espece  d'enu,  puiscjue  les  unes  rcussissent 
mieux  dans  les  laes,  comme  ies  roseaux  daos  le 
pays  de  Reate;  les  nutres  en  eau  courante,  eommc 


les  aunes  d'Epirc;  d"autres  enfm  dans  la  mcr  , 
comme  les  S([uilles  et  les  palmiers,  au  dire  de 
Theophraste.  Quand  j"ctnis  a  la  tetc  de  rnrmee, 
j'ai  vu  dans  lintcricur  de  la  Gaule  Transalpine, 
pres  du  Rhin  ,  dcs  contrccs  ou  il  ne  croit  ni  vi- 
gnes ,  ni  olivicrs,  ni  pommiers;  ou  Foii  em- 
ploie  une  sorte  dc  craie  blanche  pour  fumer  la 
terre;  et  oiz  les  habitants,  au  lieu  de  sel  marin 
ou  fossile,  se  servaicnt  de  chnrbons  sales,  qu'ils 
obtenaient  de  la  combustion  de  certains  bois. 
Stolon  pritnlors  la  pnrolc,  ctdit :  Caton,  cn  exa- 
ininant  rune  apres  lautre  les  differentcs  espe- 
ces  de  terres ,  les  echelonne  suivant  lcur  qualitc  , 
ct  les  divise  en  neuf  elasscs.  Dans  la  preniicre  ,  il 
met  les  terres  a  vignes,  qui  rnpportent  avec 
abondance  uu  vin  de  bonne  qunlite ;  dnns  la 
Geconde  ,  ies  terres  de  jnrdin  d'unc  irrigation 
facile ;  dans  la  troisieme,  les  terrains  propres 
aux  saules;  dans  la  quatricme,  les  terrcs  qui 
conviennent  aux  plants  d'oIivieis.  Dans  la  cin- 
quieme  classe  siint  les  prairies;  daiis  la  sixieme, 
les  terres  a  ble ;  dans  la  septieme ,  les  bois  eii 
eoupe  reglee;  dnns  la  huitieme,  les  vergers  ;  daiis 
la  ncuvieme  enlin  ,  les  terres  ou  Ton  recolte  le 
gland.  Je  sals  bien,  dit  Scrofa ,  que  Caton  a 
ccrit  eela;  niais  ce  n"est  pas  Fnvis  de  tout  le 
monde.  II  en  cst  qui  mettent  les  bonnes  prniries 
en  premi6re  ligne  ;  et  je  suis  de  ce  nombre.  Nos 
peres  les  appclnient  parata,  et  non  prata  a  cause 
de  leur  production  spontance.  Cesar  Vopiscus , 
en  plaidant  un  jour  devant  les  ccnseurs,  cita  la 
campagnc  de  Rosea  comniela  nourriciere  de  1"!- 
talie.  L"cchalas  qu'on  y  oubliait  la  vcille  ,  di- 
snitil.nese  retrouvait  pkis  le  lendemain;  [lar- 
ce  que  rherbe  Tavait  recouvert  entiereraent. 

VIII.  Les  vignobles  ont  des  adversaires  qui 
pretendent  que 'es  frais  de  culture  absorbent  le 


qiie  liabct  natiira  composita,  ciini  eastlcni  si  fregeris,  vi\ 
sesqiiiniodio  concipere  possis.  Piaeteiea  ipia;  arbores  in 
ordinenVsalae  sunt,  cas  aeqnaliililer  ex  oninibiis  parlibns 
sol  ac  luna  coquiiiit.  Qno  fit ,  iit  iiva;  et  olea;  plures  nascan- 
tur,  et  ut  celerius  coqiiaistur;  quas  les  duas  sequuntur 
alteia  illa  diio,  ut  pliis  reddant  raiisti  ct  olei ,  et  pretii 
pluris.  Sequitur  secundum  illud,  quali  leria  soluiii  sit 
fundi,  a  qua  parte  vel  maxiine  bonus  aut  non  bonus 
appellatnr.  Itefert  enim,  qua,'  les  in  eo  seii  nascique, 
et  ciijusmodi  possint.  Non  enim  eadcm  omnia  in  eodem 
asro  recle  possunt.  Nam  ut  alius  estad  vilemapposilus, 
alius  ad  frunientum,  sic  de  cfftciis  aliiis  ad  ali;im  rcm. 
Itaqne  Crefa;  .ad  Coityniam  dicilur  platanus  esse,  quae 
folia  hienie  non  aniittat.  Iteinqiie  in  Cypro,  ut  Tbeopliia- 
stus  ait ,  una.  Itcm  .Sybari,  qui  niinc  Tliurii  dicuulnr, 
quercus  .siniili  esse  natiira,  qua?  est  in  o[)pidi  consiwctu. 
Item  contia  atqiic  apiid  nos  fieri  ad  Elepbantinen ,  ut  nc- 
que  liciis  neqiie  vitcs  amittant  folia.  Piopler  eandeni 
causani  niiilta  sunt  bifera,  ut  vites  apud  maie  Sniyrn?e  : 
niahis  bifeia,  ut  in  agro  Consentino.  Idem  osleiidit,quod 
in  locis  feris  plura  ferunt:  in  iis  qna;  suntculla,  lucliora. 
Eadem  de  causa  sunl ,  (|na!  iiun  possunt  vivere  iiisi  iii 


loco  aquoso,  aut  etiam  aqua.  £t  id  discriniinalim  ,  iit  alia 
iu  lacubus,  ut  arundines  in  Reatino;  alia  in  lUimiiiibus, 
iit  in  Epeiro  aibores  aliii;  alia  in  inaii,  ut  scribit  Tbeo- 
phrastus,  palmas  et  squillas.  In  Gallia  transalpina  inlus 
ad  Rlienum,  cum  cxercitum  duceiem,  aliquot  regiones 
accessi ,  ubi  ncc  vitis  nec  olea  necponia  nascercntiir;  ubi 
agros  stercoraient  candida  fossicia  crcta  :  sibi  salem  nec 
fossicium ,  nec  marilinium  baberenl ,  sed  cx quibnsdara  11- 
gnis  combustis  carbonibiis  salsis  pro  eo  utcienlnr.  Stolo, 
Calo  quidein ,  inquit ,  giadatini  pia^iionens ,  alium  alio 
agi  um  melioreni  dicit  es.se  in  novein  discriminibus  ,  quod 
sit  piimus,  iibi  vinca?  possint  esse  bono  vino  et  inullo; 
scciindus,  ubi  liortus  irriguus;  tertius,  ubi  salicta;  qiiar- 
tus,  iibi  oliveta;  qiiintiis,ubi  pratum;  sextus,  ubi  campus 
(rumentarius ;  sepliraus,  ubi  caedua  silva  ;  oclavus  ,  ubi 
aibustum;  nonus,  ubi  glandaiia  silva.  Scrofa,  Sclo,  in- 
quit,  scribere  illuin.  Scd  de  lioc  non  consentiimt  oinnes, 
qiiod  alii  dant  iiriinatum  bonis  pratis,  ut  ego  (juoqiie  :  a 
qiio  antiqui  prata  parata  appellarunt.  C«sar  Vopiscus 
.ledilicius,  caiisam  cum  ageret  apnd  ceusores,  cainpos 
Roseae  Ualia;  dixit  csse  siimen,  in  quo  relicla  pciUca  |X>s- 
tiidie  non  appareiet  proptcr  herbani. 


DK  L'AGRICULTURE,  LIV.  I. 


produit.  Lts  vignoblesdeqirjlleespece  dis-je?  cnr 
il  j'eii  a  plusieiirs.  LVspeee  rampante,  qui  n'a  pas 
besoin  deehnlns,  et  qu'on  reiicontre  en  Espagne ;  et 
I'esp6ce  t^i  baute  tige,  si  commune  en  Italie,  et 
dont  les  ceps  sont  isoles  et  maiiitonus  en  direc- 
tioii  verticnlepnr  des  tvbnlas,  ou  assujettisensem- 
l)Io  par  le  baut  a  raidc  de  traverses.  Cest  ce 
qu'ouappellemarier  lavignc.  On  cmploie  comme 
traverses,  ou  des  perches,  ou  des  rosenux,  ou  des 
cordes,  ou  la  vigne  elle  meme.  Le  premier  de  ces 
moyens  est  en  usage  a  Falerne ;  le  second  a  Arpi- 
num;  le  troisierae  a  Brindes,  ct  le  quatrieme 
dans  la  campagne  de  Milnn.  On  procede  a  cctte 
operation  dedeux  manieres,  par  lignes  directes, 
ou  par  lignes  croisees.  Cest  la  plus  ordinaire  cn 
Itnlie.  Si  le  maitre  de  la  vigne  tire  de  son  proprc 
fondslamntierequ"il  emploiecomma  soutien,  il 
n'a  plus  a  redouter  la  depense.  Elle  n'est  meme 
qu'insensible,  au  cns  ouilpeut  s'approvisionner 
dans  le  voisinage.  Pour  qu'il  ait  cette  matiere  a 
sa  disposition,  ilsuflit,  daus  Tun  des  trois  pre- 
miers  cas,quesaproprieteproduise,soitdusaule, 
soit  des  roseaux,  soit  du  jonc  ou  quelque  plnnte 
analogue.  Dans  lc  quatrieme,  il  fnut  des  aibustes 
propres  a.  servir  aux  ceps  deconducteurs.  Dniis  la 
campagne  de  Milanon  sesert  a  eetefiVt  des  era 
bles ;  a  Canusium,  on  emploieles  figuiers,  dont  on 
entrelace  les  brancbes  aux  vignes,  Quant  aux 
echalas,  11  y  en  a  quatre  especes.  D'abord  ceux 
([u'on  tire  ducoeurde  cbene  ou  de  genevrier;  ce 
sont  les  plus  solides  et  ceux  qui  servent  le  mieux. 
Puis  ceux  qui  proviennent  de  brancbes  faconnccs 
cn  picux  ou  pcrcbes,  qu"ii  fnut  cboisir  de  bois  com- 
pact,  pour  piusdeduree,  etqu'on  retourne  quand 
rbumiditcde  laterreles  aponrrisd'un  bout,pour 
lcsenfouirparrautre.il  s^enfabriquesubsidiaire- 


ment  d'une  troisicme  espece  avec  des  roseau^  , 
quand  on  manque  de  materiaux  pour  jes  deux 
premieres.  On  prend  plusieurs  tiges  de  roseaux  , 
qu"on  assujettit  ensemble  avee  un  lien  d'(5corce 
d'arbre  et  qu'on  introduit  dansdes  tubes  de  terre 
cuite,  pour  faire  (^couler  rbumiditt;.  Laquatrieme 
espece  pourrait  i!'tre  qualifiee  d'echalas  naturels. 
Cesontlesarbresquien  rontroffiee.  Lesrameaux 
de  la  vigne,  qui  selancent  de  Tun  a  1'autre,  sont 
appelesparlesuns  traduces^eX  pnr  les  nutre ?■«?«- 
pi.  Ilfeutque  lavigne  s'elevea  hauteurd'hommc, 
et  que  les  (Jchnlas  soient  espacijs  de  maniere  a  ee 
qu'un  attelage  de  boeufs  puisse  labourer  dans  les 
intervalles.  Cestun  vignoblepeu  couteux  que  ce- 
lui qui ,  sans  exigerdesoutiens ,  rend Incontenanee 
d'un  acratopbore.Ondistinguedeux  sortes  de  vi- 
gnes.  Lcsgrappesde  Tune  rampentsurlesol.  Cette 
espece  est  commune  dnns  eertains  cantons  d'Asie , 
et  ies  renards  y  vendnngent  autaat  que  les  bom- 
mes.  Lapresenee  dessouris  est  encore  unecause 
de  d^chet ;  a  moins  qu'on  n'ait  le  soin  de  multi- 
plier  lessouricieresdansles  vignobles,  ainsi  que 
cela  se  pratique  dans  rile  de  Pandataire.  Quant 
a  Tautre  espece  de  vignes ,  on  ^loigne  de  la  terre , 
en  lcselevant,  les  pousscsqui  promettcntdu  rni- 
sin.  On  place  a  ceteffet,audessousdeces  pousscs, 
a  Tendroit  oii  se  1'orment  les  grappes,  dc  pctites 
branches cu fourcbe  de  deux pieds de  longueur  en  - 
viron.  Par  ce  moyen,  lessnrinentsainsisoutenus 
deviennent  insensiblement,  pour  les  vendanges  a 
venir,des  brancbesnfruit,  queTon  attacheen  con- 
sequenceauoepnvecunepetiteeorde,  ouectautre 
lien  que  nos  ancetres  appelnient  cesfus.  Dnns  les 
pnys  qui  produisent  cetteespeee  de  vignes,  quand 
le dernier  vendnngeurnmoiitresestalons, lemat- 
trc  prendsoin  defaire  rentrerchez  lui  toutesces 


Vill.  Conlia  vineam  siiiU  qui  piilent  siimptii  fruclimi 
(!i'V()iai(;.  Refert,  inquain,  quod  genus  vineae  sit,  qiiod 
siiiil  inulta!  species  ejus.  Alia;  enim  liumiles  ac  sine  riili- 
(•is,  ul  in  Hispania  :  alioe  sublimes,  ut  qure  appcllanlur 
jiigate,  ut  plerseqiie  in  Ilalia.  Quarum  nominaduo,  pe- 
(lamenlaet  juga.  Quibus  slat  recta  vinea,  dicunlur  peda- 
inenla.  Qua;  transversa  juiiguntur,  juga  :  ab  eo  quoque 
vincie  jugala>.  Jugorum  genera  feie  qualiior,  perlica, 
aniiido,  resles,  viles.  Pertica,  ul  in  Falerno;  arundo,  «t 
in  Aipino;  resles ,  ul  in  Brnndisino;  viles  ,  ul  in  Mediola- 
neiisi.  Jugationis  species  dax,  una  directa,  iit  in  agio 
Caiiiisino  :  alteia  conipluviata,  in  longitiidinem  el  lalilii- 
dinomjugata,  ut  in  Italia  plerjeque.  Hsec  ubi  domo  nas- 
ciinlur,vineanoniuetuitsumplum;ubimullaexpropinqua 
villa,  non  valde.  Frimum  geniis  qiiod  divi,  maxime 
qusrilsalicta.  Sccundum,  arundineta.  Teitiiim  juncela, 
aiit  ejus  generis  rem  aliquam.  Quartum  arbusta,  iibi 
liaduces  po.ssint  fieri  vitiuni,  ut  Mediolanenscs  faciunt  in 
arbuiibus,  quas  vocant  opulos;  Canusini  in  liarundula- 
lione  in  licis.  Pedamenlum  item  fere  quatuor  gencruin. 
Ijnum  robustum ,  qiiod  optinnim  solet  afferri  iii  viiieam  e 
(lucicii  ac  junipero,  et  vocaliir  ridica.  Alterum  paliise 
pcrlica,  roclior  e  diira,  quod  diulurnior :  qiieni  ciini  inli- 


miim  tcna  voluit,  putcr  evertitur,  el  fil  solum  snnuiiiim. 
Tertiiim  quod  borum  inopia;  subsidio  misit  arunilineliim. 
Inde  enim  aliquot  colligatas  libris  demiltuut  iu  tubulos 
fictiles  cimi  fundo  pertuso,  quos  cuspides  appellant,  (pia 
liiimor  advputicius  tiansire  possit.  Quartum  est  pedanien- 
tum  nativiim  ejiis  generis ,  ubi  cx  aiboi ibus  iii  aibores 
traduclis  vitibiis  vinea  sit :  quos  tiaduces,  qiiidain  lum- 
pos  appellant.  Vinea;  alliludinis  modus,  longitiido  iiomi- 
nis.  Intervalla  pedamentorum,  qua  boves  jiincti  ararc 
possint.  Ea  niiniis  sumpluosa  vinea ,  quoe  sine  jugo  mini- 
strat  acratoplioro  vinuin.  IIiijus  generaduo,  miinii ,  iii 
qiio  tcrracubiliapra-bet  uvis,  ut  iii  Asia  raiiltislocis,  qii;p 
s.Tpe  vulpibiis  et  lioimnibiis  fitcommunis.  Nec  non  ,  si  pa- 
rit  liumus  miires,  luinor  fit  vindemia  :  nisi  totas  viiu-as  op- 
plerismuscipulis.quod  in  iiisula  Paiidataria  faciiint.  Alle- 
riimgeniisvineli,iilji  ea  niodoremovelur  a  terra  vitis,  qim^ 
o.slendit  .se  alTerre  iivain.  Sub  eam,  ubi  nascituriiva,  siihji. 
ciiintur  circifer  bipedales  e  surculis  furcilla; ,  ne  vindemia 
pereat,  ct  vindemia  facta  denique  discat  pendere  in  pal- 
iiiam  aut  finiiciilo  ant  viuctu,  qiiod  aiitiqui  vocabant 
(esliim.  Ibi  i'i)iiiiiiiir.  simiil  ac  vidit  occipilium  vindcmia- 
lorisfiircillas  rcdiicil  liibernntimi  in  tecta.ut  sine  siimptii 
earum  opera  aller»  niiiio  ii'i  possit.  Hac  ronsiK-tiiiliii',  iii 


VARRON. 


fourchcs,  afinde  les  remettre  en  ceuvre,  sans  nou- 
veaux  frais,  ranneesuivante.  AReateon  n'y  man- 
quejamais.  Du  reste,  le  mode  de  culture  applique 
a  la  vigne  depend  surtout  de  la  nature  du  sol.  En 
effet,  dans  lcs  terrains  humides  il  importe  d'elever 
davantage  la  vigne  ;  car  le  jus  de  la  treille,  lors- 
que  la  grappe  se  forme  et  grossit,  ce  n"est  pas  de 
Teau  qu'il  demande,  comme  lorsqu'il  est  dans  la 
coupe,  mais  dusoleil;  et  c"cst  pour  cela  que  les 
ceps  tendent  contiuuellement  a  grimper  apres  les 
arbres. 

IX.  II  importe  donc,commeje  viens  dc  le 
dire,  de  bien  connaitre  la  qualite  de  la  terre ,  et 
a  quel  genrede  productionelle  est  proprcou  im- 
propre.  Lemotterreatroisacceptions  differentes. 
uasens  general,  un  seus  propre,  et  un  sens  mixtc. 
II  esl  pris  dans  le  sens  general,  lorsqu'on  dit  le 
globe  de  la  terre,  la  terre  d'ltalie,  ou  de  toute 
aulre  contree  ;  car  alors  on  comprend  dans  cettc 
denomination  lapierre,  le  sable,  et  les  elements 
divers  dont  ia  terre  est  composee.  Le  mot 
est  prisdansle  senspropre,  lorsqu'on  ditla  terre 
d'une  maniere  absolue,  sans  qualitication  ni  epi- 
thete.  Enfln  il  estpris  dans  le  sens  raixte,  lors- 
qu'on  parle  de  la  terre  comme  propi-e  a  recevoir 
lessemenees  et  a  les  developper.  Cest  ainsi  qu'on 
dit :  une  terre  argilleuse,  une  terre  pierreuse, 
ete.  Le  mot  terre,  pris  dans  ce  dernier  sens ,  pre- 
sente  une  idee  non  moins  complexe  que  dans  le 
sens  geueral,  et  suppose  un  meme  compose  de 
diverses  su'ostances.  En  effet,  tout  cet  amalgame 
decorps  etrangers  que  la  terre,  prise  dans  le  sens 
general,  renfcrme  daus  son  sein,  suivant  les  va- 
rietes  de  sa  puissance  generatrice,  pierre,  raarbre, 
raoellon,  silex,  sable,  argile,  rubrique,  pous- 
siere  ,  craie ,  gravier,  cliarbon  (residu  de  la  com- 
bustion  des  racines  quand  la  terre  est  chauffee 
par  le  soleil  jusqu'a  rincandescence),  tout  cet 


amalgame,  disje,  se  retrouve  daus  ce  qu'onap- 
pelle  terre  pris  dans  le  sens  propre,  et  la  fait 
qualifierd"argileuse,  desablonneuse,  etc.,suivant 
Telement  qui  domine.  Ces  differeutes  especes  de 
substances  conslituent  donc  autant  d'especes  de 
terre,  dont  chacune  comporte  au  moinstrois  de- 
gres  dans  son  essence.  Uu  terrain  pierreux,  par 
exemple,ou  fest  excessivement,  ou  restm6dio- 
crement,  ou  nefest  presque  poiut.  Memes  dis- 
tinctionsa  faire  dans  chacune  desautresespcces. 
De  plus,  chacun  de  ccs  degres  de  relation  est  lui- 
m^mesubdivisibleen  trois,puisqu"ony  rencontre 
ou  Textreme  secheresse,  ou  Textreme  humidit6 
ou  rhabitude  intermediaire,  toutes  modilica- 
tions  qui  n'ont  pas  une  mediocre  influencs  sur  le 
revenu.  Aussi  le  cullivateur  experimente  semera 
plutot  du  froment  que  du  ble  commun  dans  un 
terrainhuimide,  donnera,  sisonterrainest  sec,  la 
preference  h  Torge  sur  le  blc ,  et  confiera  indif- 
ftremraent  ["un  ou  Tautre  a  un  terrain  mixte. 

II  est  d'autres  distinctions  a  faire,  plus  subti- 
les  encore  que  les  precedentes.  Pour  un  terraia 
sablonneux,  par  excmple,  il  importe  desavoirsi 
le  sable  est  blanc  ou  rouge;  car  le  sable  blanc  ne 
couvient  pas  aux  pepinieres,  qui  reussisseut  par- 
faitement  dans  le  sable  rouge.  II  importe  encore 
bcaucoup  de  classer  les  terres  selon  qu'cHes  sont 
grasses  ou  maigres,  ou  entre  les  deux.  Autant  les 
grassessontfertiles,autantlcsmaigres  les:)nt  peu. 
Dans  cesdernieres  poiutd"arbres  touffus,pointde 
vignes  de  rapport,  point  de  paille  fournie,  point 
de  grosses  (igues.  Tcmoin  les  champs  de  l'upi- 
nia  :  onu'y  voitqu'arbrescbetifs,  que  pres  arides, 
et  envahis  par  la  raousse.  Daus  les  cantons,  au 
contraire,  ou  la  terre  est  grasse,  comme  en  Etru- 
rie,  partout  de  belles  recoltes,  et  belles  tous  les 
ans ;  des  arbres  a  feuillage  ^pais,  et  de  la  mousse 
nuIlepart.Lepartiqu'ontired'une  terremoyenne 


Italia  tittinUir  Reatini.  \ixc  ideo  vaiielas  maxinie ,  qtiod 
terra  cujusmbdi  sit,  refeit.  XJbi  enim  natiira  Immiita,  ibi 
altlus  vitis  tollcniia ,  quod  in  partu  ot  allmonio  vlnnra 
non ,  nt  in  ealico ,  quaerit  aquam ,  sed  solein.  Ilaque  i(!eo, 
ut  arbitior,  primiim  e  vinea  in  arbores  ascendit  vitis. 

l.\.  Teria,  inguam,  ciijusmodi  sit  refert,  et  ad  quain 
rcin  bona,  aul  non  bona  sit.  La  tribus  modis  dicitur,  com- 
mtini,  proprlo,  et  inixto.  Communi,  utcuin  dicinius  or- 
beni  teira!,  el  terrani  Italiam ,  aut  (|iiain  aliam.  In  ea  eiiim 
cl  lapis  et  arena  et  coctera  ejus  fjeneiis  siint  in  nominando 
compreliensa.  Altero  inododicitur  teira  proprio  noniine, 
quae  nullo  alio  vocabuK)  neque  cognomine  adjeclo  appel- 
lafur.  Tertio  modo  dicilur  tena,  qu2e  est  mixla,  in  qua 
seri  potest  quid  et  nasci;  ut  argillosa,  aut  lapidosa,  sic 
alia; ;  cuin  in  hac  species  non  ininus  sint  mulla; ,  quam  in 
illa  communi,  propter  admixlioues,  in  illa  enim,  cum  sit 
dissiuiili  vi  ac  potestatc,  partes  permiilta; ,  iii  qiieis  lapis, 
marinor,  rudus,  aiena,  sabiilo,  aigilla,  rubiiea,  pulvis, 
rreta,  glarea,  carbunciilus  :  [id  est,  ipia;  solc  perferve  ita 
lil,  iit  r.idico';  s.ilnrum  combnral]  ab  iis,  quce  propiio 
lioniiiie  diiiliu  tcii.i,  kuui  «.'^l  adiiiixt<i  ex   liis  generibiis 


aliqua  re ,  tiiiu  dicitiir  aut  cretosa ,  aut  glareosa ,  et  sic  ab 
aliis  generimi  disciimlnibus  mixta.  Et  iiti  boriim  varicta- 
tes ,  ita  gencra  liitc ,  iit  praeterea  subtiliora  sint  alia.  Nam 
minimuiii  in  singiila  lacies  terna ,  quod  alia  terra  est  valdo 
lapido.sa,  alia  mt'diocriter,alia  prope  pura.Sicdealiisgene- 
libusrcliqiiisadmixlajterraetresgradusascendunteosdcin. 
Piaiterea  lia;  ipsue  terna;  species  teinas  in  se  liabent  alias, 
quod  partim  sunt  biiniidiores, partim aiidiores,  partim  nie- 
diocics.  Neqiicnon  liaec  discrimina  pertinent  ad  fructus 
veliementer.  Itaqiio  perili  in  loco  Iniinidiore  far  adoieum 
potiusserunt,  qiiam  triticum;  contra  in  ai  idiore  hordeum 
potiiis,  quam  far,  in  mediocri  utrunqiie.  Pia-teiea  eliani 
discrimina  omnium  borum  generuin  snbtiliora  alia  ,  ut  iii 
sahulosa  terra,  qiiod  ibi  lefeit,  sabulo  albiis  sit,  an  lubi- 
cundiis  :  qiiod  subalbiis  ad  serendos  surculos  alienus ,  con- 
tra  rubiciindior  appositus.  Sic  magna  tiiadisciitninaterr.-e, 
quod  refert  utium  sit  macra,  an  pingnis,  an  inediocris. 
Quod  (ad  culturain)  pinguis  ficcundior  ad  mulla ,  macia 
contra.  Itaque  in  iis,  ut  in  Pupinia,  neque  arbores  pro- 
lixas,  neqiie  vites  feraces,  neque  stramenta  vidcre  crassa 
possis,  netpic  (icimi  iimii.scain  ,  ct  arbores  plcrasqiie,  ac 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  I 

commc  culle  ik's  ciuirons  do  Tihur,csteii  ini- 
soii  de  sa  plus  grande  aflinite  avec  les  grasscs 
(jiravec  lcs  maigres.  Diophane  de  Bithjnie,  re- 
piit  alors  Stolon,  dilravec  assez  de.raison  qu"on 
pcut  juger  de  la  qualite  d'uiie  terre  par  induction 
tirce de  son  apparence exteiieure,  ou de  cc qu'elle 
produit  naturellement.  On  exaraine,  dans  le  pre- 
miereas,  si  sa  couleur  est  claire  ou  foiicee,  si 
elle  est  legere,  facile  a  remuer,  friahlc  ou  com- 
pacte;  dans  le  second  cas,  si  sa  vcgctatioii  spon- 
tance  est  abondante  et  promet  maturitc.  Mais 
eontinuez,  parlez-uous  maintenaiit  de  la  troi- 
sieme  partie,  qui  a  pour  objet  les  differentcs  mc- 
sures  etabliesdans  chaque  pays. 

X.  Scrofa  reprit  en  ces  termes  :  Chaque  pays  a 
sa  mesure  particuliere.  Dans  TEspagne  ultcrieurc, 
on  raesure  les  terres  ]iViV  jiu/um;  eu  Campanic, 
par  versus;  et,  dans  la  campngne  romaiiie , 
ainsi  que  dans  tout  le  Latium  ,  nous  procedons 
\)nr  Jnrjcrum.  On  appeWe.  jiiijutii  retendue  que 
deux  boeufs  attcles  ensemble  peuvent  labourer  en 
un  jour ;  rersus ,  uue  superticie  de  cent  pieds  car- 
rcs.  Lejuger2im  contient  dmxuclus  quadralits; 
ct  un  aclus  quadrutus  est  de  cent  vingt  picds 
carres.  IJactus  quadralus  est  appele  en  hitin 
ucnua.  La  moindre  des  fraetions  d'un  jugerum 
s'appelle  scrupulum,  et  a  dix  pieds  en  longueur 
ct  autant  en  largeur.  D'apres  ces  bases,  les  ar- 
penteurs  comptcut  habituellemeut  rexcedant  du 
jugerum  [)ar  onces  ,  sextant ,  ou  quelque  autre 
partie  aliquotc  de  Tas,  puisque  le  jugerum  se 
compose  de  deux  ceiit.quatrc-vingt-huit  scrupu- 
les,  ce  qui  fornie  precisement  le  meme  nombre 


guerrc  puniqiie.  T)v{\\  jui/rra  rcunis  ,  du  tcni|)s 
de  Romulus,  formaiciitun  firritai/c.  Cetait,  dit- 
on  ,  la  part  qiie  Romulus  avait  affectce  .i  cha- 
que  citoycn,  comme  transmissible  a  ses  hcritiers. 
Dans  la  suite,  cent  hcrilaijes  prircut  le  nom  de 
centurie.  La  centurie  est  une  surface  carree , 
dont  cliacun  des  cotes  a  deux  miile  qualre  cpiits 
picds  de  lougueur.  Quatre  de  ces  centiiriesjoiii- 
tesensemble,  de  maniere  a  ce  qu'il  y  eii  ait  dciix 
dc  chaque  cote  ,  s'appellent  sullus  dans  les  par- 
tages  publicsdesterres. 

XL  II  est  arrive  souventque,  faute  de  rncsure 
exacte  de  la  propriete,  on  a  donne  aux  batiaicius 
plus  ou  moins  d'etendue  qu'il  ne  fallait  :  dcux 
erreurs  tres-prejudiciables  a  la  bonne  gestion  du 
bien  etason  revenu.  En  effet,  lorsque  les  bati- 
ments  sont  plus  grands  que  la  terrc  ne  comporte, 
les  frais  de  construction  et  d'entretien  sont  rcla- 
tivement  trop  considerables  aussi.  Quand  ils  sont 
tiop  pelits  pour  la  grandeur  du  fonds,  la  recolte 
peutse  perdre.  Qui  doute  en  effct  qu'il  ncfaille 
donner  plus  dedevcloppement  aux  celliers  quand 
on  a  des  vignobles,  aux  grcniers  quand  oii  a  des 
tcrresa  grain?  Quand  vousconstruirez  iinemetai- 
ric,  ayez  soin  de  vousmcnager  une  prise  d'eau 
dnnsson  enceinte,  ou  !e  pluspossiblc  a  proximite. 
Le  mieux  est  d'avoir  clicz  soi  la  source ;  sinon , 
qu'elle  aitdu  moins  un  cours  constant.  A  defaut 
d"eau  vive ,  etablissez  des  citernes  interieures ,  et 
di  s  abreuvoirs  a  ciel  ouvert;  les  unes  pour  vos 
gcns,  les  autres  pour  votre  betail. 

XIL  Pour  vosconstructions,  choisissez  depre- 
euce  le  pied  d'un  coteau  boise  ,  riche  en  piitu- 


d'unites  qu'en  conteuait  notre  ancien  as  avant  la     rages,  et  rexposition  la  plus  saine.  La  meilleure 


prala  retorrida,  et  iniiscosa.  Coulia  in  agro  pingni ,  iit  in 
Iletinria,  licct  viiieie  segetes  fruclujsas,  ac  reslibilcs,  et 
arbores  prolixas ,  et  omnia  sine  niiisco.  In  meiiiocii  aulem 
teria,  ut  in  Tibnrli,  ciuo  piopius  acceilit,  ut  non  slt 
macia,  qnam  ut  sil  jejnna,  eo  ad  omnes  res  commodior, 
quam  si  iiiclinavit  ad  itliid  quod  delerius.  Slolo;  iNon 
inalc,  inquit,  quae  sit  idonea  teiraad  colenduni,  aut  non, 
niopliancs  Billijniiis  scribit,  signa  sumi  posse  aiit  e\ 
ip.sa ,  aiit  e\  iis  qua!  nascuntur  cx  ea.  Ex  ipsa ,  si  sit  teri  a 
alba,  si  nigra,  si  levis,  qiia;  cum  fodialur,  facile  frietur, 
naluiaqne  non  sit  cineritia  neve  vehenienter  deiisa.  E\  iis 
aulem ,  qua'  cnata  sunt  fera ,  si  sunt  prolixa,  at(|iie  ea  qua; 
e\  iis  nascidebent,  caruni  rerum  feracia.  Sed  quod  sequi- 
tiir,  tertiuni  illiid  de  niodis  dice. 

X.  Itle,  Modos,  quibus  meliientur  rnra,  nlius  alios 
constituit.  Nam  in  Hispania  ulteiiore  metiuntur  jugis,  in 
Campania  versibus,  apiid  nos  in  agro  romano  ac  lalino 
jugeiis.  Jugnm  vocanl,  qiiodjuncti  Ijovesuno  die  e\arare 
possinl.  Vei  suni  diciint  ci^nlnm  pedes  qnoiiuoversiim  qiia- 
diatum.  Jngeriim,  qinid  qiiadiatos  diios  actus  liabcat. 
Aclus  quadratus ,  qui  ct  latus  e.st  pedes  c\.\ ,  ct  longus 
tolideni.  Is  niodiis  acniia  latine  appellatur.  Jugeri  pars 
niinima  dicitur  scripulum ,  id  est  decein  pedes  in  loiigitu- 
dincm  ct  lalitudincni  quadratuin.  Ab  lioc  principio  inen- 
turcs  nonniinquani  dicuiit  in  siibsicivnm  csse  uiiriain  agi  i , 
aut  sexlaiitein ,  ant  qiiid  aliud  ,  ciiin  ad  ju^erum  pcrveue- 


runt :  id  liabet  seiipula  ccLwxviii.  qiiantum  as  antiquus 
noster  ante  bellum  Punicuni  pondebat.  Binajugera  qiiod 
a  Romulo  primum  divisa[dicebaiitui]viritini,  qu;e  [qtiod] 
liaiiedein  sequerentur,  ba^iediinn  appellarunt.  Ha;c  postea 
centum  Ccnturia  dicta.  Ceiituria  est  quadrala  in  omnes 
qiiatiior  partes,  ut  liabcat  lateia  longa  peduin  »  co  c.  B. 
Woi  porio  qiiatuor  cenluria;  conjunctoe,  ut  sint  in  iilram- 
qiie  paitem  bina;,  appellanlur  in  agris  divisis  virilim  pu- 
blice  saltus. 

XI.  In  niodo  fundi  non  animadverso  lapsi  sunt  niiilli, 
qiiod  alii  villam  ininus  inagnam  fecenint  quam  niodus 
poslulavit,  alii  majorem,  cum  utiumquesit  contra  reiii 
familiarem  ac  fructum.  Majora  eiiim  teeta  et  a^lilicaimis 
pluris,  ct  tiiemur  ,  sumptu  niajoie.  Minora  cum  suiit  (luain 
postulal  lundus,  iructus  soleiil  dispeiire.  Diibiuin  enim 
non  est ,  quin  cella  vinaria  major  sit  laciuuda  in  eo  agro , 
ubi  vineta  sunt  anipiiuia  :  ut  liorrea  ,  .''.i  IViinieiilarius  ager 
cst.  Villain  aedilicandiiin  polissiiniiin ,  ut  intra  scpta  (villn') 
babeat  aquam  :  si  non ,  quam  proxime.  Priinuin ,  (pia;  ibi 
sil  nata ;  secundum ,  qiia!  inlluat  pereunis.  Si  oinnino  aqiia 
non  est  viva,  cislernae  faciunda;  sub  leclis,  el  lacus  sub 
dio,  c\  altero  loco  ut  homines,  ex  altero  ut  pecus  uli 
possit. 

XII.  Dandum  operam ,  ut  potissiimum  sub  radicilms 
niontis  silvestris  villain  ponas,  ubi  pasliones  sint  Iata% 
ita  ut  conli a  veiilns ,  iiiii  saluberrimi  in  a^io  nabiint.  Qiioe 


VARRON. 


de  toutes  est  le  levant  d'«iiiinoxe;  car  on  y  a  de 
lombre  eii  ete  et  dti  so!eiI  en  hiver.  Etes-vous 
loree  de  batir  au  bord  d*uii  lleuve?  ouvrcz  vos 
jours  de  Tautre  cote,  sans  quoi  les  habitations  se- 
r;;ient  froides  pendant  l'lnver  et  peu  saines  pendant 
rete.  U  faut  eviter  avec  un  soin  egal  le  voisi- 
nagedes  lieux  marecageux :  d'abord,  parce  que  les 
n;eraes  inconvenients  s'y  trouveut;  et  puis,  parce 
que  les  marais  veuant  a  se  dessecher  engendrent 
une  multitude  d'insectes  Imperceptiblesqui  s'in- 
troduisent  par  la  bouche  et  les  narines  avec  Tair 
que  rou  respire,  et  occasionncnt  ainsi  des  niala- 
dies  graves.  Mais  ,  dit  Fundanius,  si  j'heritais 
d'une  terre  dans  cette  condition,  qu'aurais-je  a 
faire  pour  me  preserver  de  ses  malignes  influen- 
ces?  A  cette  question,  dit  Agrius,  la  reponse  est 
facile.  Vendre  le  plus  chcr,  et,  si  Ton  u«  trouve 
acheteur,  deguerpir  le  plus  tot  possible.  Scrofa 
eontinua  en  ces  termes  :  II  faut  encore  eviler  que 
la  facade  ne  se  trouve  dans  la  direction  d'un  vent 
pernicieux;  et  ne  point  batir  daiis  le  crcux  d'un 
vallon.  Une  assiette  elevee  est  preferable,  le 
nioindre  souffle  suflisant  pour  dissiper  les  6ma- 
nations  inferieures,  s'il  y  en  a.  IJn  biitiment  ou 
le  soleil  donne  tout  le  jour  est  daus  la  condilion 
la  plus  saine.  II  ne  craint  pas  rinvasion  des  in- 
sectes  :  le  vent  les  emporte,  ou  la  secheresse  Ics 
tue.  Les  inoudations,  les  debordements  sont  a 
craindre  pour  ceux  qui  habitent  les  lieux  bas  et 
les  gorges  profondes.  Ajoutez  que  les  voleurs 
|ieuvent  plus  facilement  les  y  surprendre.  Dou- 
ble  danger,  dont  on  se  preserve  en  se  placant 
sur  les  lieux  eleves. 

XIII. Dans  ladistribution  desetablcs,  reservez 
aux  bocufslapartie  quiest  lapluschaudeenhiver. 
Pour  les  liquides,  teis  que  !e  vin  et  rhuiie,  ayez 

positii  pst  ad  exorlus  aequinoclinles ,  aptissima,  quod  ses- 
lale  liabet  umbram  ,  hieme  solem.  Sin  cogare  secunitum 
lluinen  cedificare,  curandum  ne  adversum  enm  ponas. 
Ilieme  enini  fiet  veliementer  frigida ,  et  aestale  non  salu- 
liris.  Adverlendum  etiam  si  qua  erunl  loca  palustria ,  et 
proptereasdemcausas,  etquodarcscunt,  crescuntanimalia 
quxdam  minuta ,  quae  non  possunt  oculi  consequi ,  et  per 
lersi  inlus  in  corpus  per  os  ac  nares  perveniunt,  atque 
pfTiciunt  difficiles  morbos.  Fundanius,  Quiil  potero,  in- 
(|uit,  lacere  ,  si  istiusmodi  mi  fundus  lupredilale  obvene- 
rit,  qno  niinus  peslilentia  noceat?  istuc  vel  ego  possum 
respondere,  inquit  Agrius.  Vendas  quot  assibus  possis  : 
aut  si  nequeas,  relinquas.  At  Scrofa,  Vitandum,  inquit , 
ne  in  eas  partes  spectet  villa,  ex  quibus  vcutiis  gravior 
afllare  soleat;  neve  in  convalli  cava.  Et  ut  potius  in  su- 
blimi  loco  Bedifices.  Qui  quod  perllalur,  si  quod  esl  quod 
adversarium  inferatur,  facilius  discutitur.  PrKterea,  quod 
ab  sole  toto  die  illustratnr,  salubrior  est,  quod  et  bestiolaj 
si  quEc  prope  nascuulur  aut  inlerunlur,  aut  elllantur,  aut 
aritudinecito  pereunt,  Kimbi  repentini ,  ac  lorrentes  flnvii 
periculosi  illis,  qui  in  liumilibus  ac  cavis  locis  aidificia 
Iiabenl ,  et  repentinae  pri»'donum  nianus ,  quod  iniprovi- 
sos  facllius  opprimere  possunt.  Ab  boc  ntroiiue  superiora 
luca  lutiora. 


descellicrs  au  nivcau  du  sol.  Les  vases  destinrs 
a  les  contenir  devronl  cgalement  etre  places 
a  ras  de  terre.  Pour  les  denrees  seches,  tels  que 
lesfeves,  les  lentilles,  Torge  et  le  ble,oueta- 
blira  des  especes  de  planehers.  Mi^nagez  a  vos 
domestiques  un  lieu  de  reunion  oii,  lorsqu'ils  souf- 
frentde  la  fatigue,  de  la  chaleur,  ou  du  froid,  ils 
puissent  se  reposer  et  se  remettre.  Logez  le  vil- 
licus  pres  de  la  ported'entree,  afin  qu'il  ait  roeil 
sur  cequi  entre  et  sort  pendant  la  nuit,  honimes 
et  choses.  Precaution  indispensable,  quand  11 
n'y  a  pas  de  porlier  surtout.  La  cuisine  encore 
devra  etre  placie  a  proxiraite  de  sasurveillance. 
En  teinps  d'hivcr  ony  vaqueadivers  soinsavant 
le  jour  :  on  y  prepare ,  on  y  fait  un  preniier  re- 
pas.  On  devra  menager  dans  la  basse-cour  des 
reinises  spacieuses  pour  les  charretteset  les  autres 
ustensiles,  afln  qu'ils  soient  a  couvert  de  la  pluie. 
En  les  laissant  en  plein  air,  on  s'exposea  les  volr 
euleverparles  voleurs,  ou  endoramagerparlesiu- 
jures  du  tcmps.  Dans  les  grandes  exploitations 
il  est  bon  d'avoir  deux  basses-cours,  Tune  inte- 
rieure,  Tautre  exlerieure.  Dansla  basse-cour  in- 
terieure  on  devra  raenager  un  bassin  destine  a 
recevoir  lcs  eaux  pluviales,  qui  en  passant  prcs 
des  stylobates,  et  coulant  sur  un  plan  inclind, 
formeront  un  abrcuvoir,  oii  les  bosufs,  revenant 
des  champs,  pourront  boire  etse  baigner  pendant 
Tete,  ainsi  queles  oies,  et  les  porcslorsqu'ils  re- 
vieudront  des  paturages.  II  en  faut  un  egalement 
dans  la  eour  exterieure ,  pour  faire  trempcr  les 
lupins,  et  autres  graines  dont  remploi  exige  un 
scjour  sous  Teau.  Cette  cour,  etant  continuelle- 
ment  jonchee  de  liticMe  et  de  paille  que  les  bes- 
tiaux  foulent  sous  leurs  pieds ,  devient  comme 
une  fabrique  d'engrais  pour  leschamps.   Chaqne 

.XIII.  In  villa  faciunda  stabula ,  ita  ut  bubilia  sintilil, 
bieme  quae  po.ssint  esse  caldiora,  Fructibus  (Iiumidis,)  ut 
est  vinum  ct  oleum ,  loco  plaiio  potiiis  cellas  faciundiyii , 
iteni  ubi  vasa  vinaria  ct  olearia  (stent ;)  aridis  ut  est  faba , 
lens  bordeum  far  (et  triticnni)  in  tabulalis.  Familia  ubi 
vcisetur  providendum,  si  fessi  opere ,  aut  frigore,  aut 
calore,  et  nbi  commodissime  possintse  quiete  reciperaie, 
Vilici  proxime  januam  cellam  esse  oportet ,  eumqiie  scire, 
qui  introeat  aut  exeat  noctu ,  quidve  feral  :  praeseilim  si 
ostiarius  est  nemo,  In  primis  culina  videnda ,  ut  sit  ad- 
mota ,  quod  ibi  Iiieme  antelucanis  temporibus  ali<iuot  re,s 
conficiiinlur,  cibus  paratnr,  ac  capitur.  Faciundum  etiam 
plauslris  ac  cactcro  instrumento  omni ,  quibiis  ca-liini  plii- 
vium  inimicum ,  in  cohorte  ut  satis  inagna  suit  lccl.i,  !ia'c 
enim  si  intia  clausum  in  conseplo,  et  sub  dio,  liirfm  non 
modo  metuunt,  sed  adversus  tempeslatem  nocenlem  non 
lesistunt.  Cobortes  in  lundo  magno  duiB  aptiores,  Una, 
nt  intcrius  compluvium  Iiabeat  lacum,  ubi  aqua  salial, 
qiiiB  intra  slylobalas  cnni  venit,  sil  semipiscina.  Bovos 
enim  exarvo  aeslate  reductihicbibunl,  liic  peifundunliir. 
Nec  miiius  e  pabiilo  cum  redierunt  anseres,  sucs,  porci. 
Iii  cohorte  exteiiore  lacum  esse  oportel ,  ubi  inacerelur 
lupinnm ,  item  alia,  qu,x>  demissa  in  aquam  ad  usum  ap- 
tior.i  ftunt,  Cohors  exterior  erebro  operta  stramentis  ac 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  I. 


fcrrae  doit  avoir  deiix  fosses  h  fumier,  ou  une 
fosseuniquedivisce  endeu.xcompartiments.  L'un 
des  cotes  est  destine  a  reeevoir  le  funiier  nou- 
veau  que  Ton  apportera  des  etables ;  et  c'est  dans 
fautrc  que  ron  prendra  Tancien  fumier,  pour  le 
porter  dans  les  champs.  Plus  le  fumier  est  recent, 
moins  jl  est  bon  ;  et  plus  il  est  macere  ,  meilleur 
il  est  pour  engraisserles  terres.  II  faudra  surtout 
le  garantir  du  soleil,  en  rentourant  de  tous  cotes 
de  branches  et  de  feuillages,  afin  d'empecher 
que  lc  soieil  n'en  retirele  suc,  qui  est  le  principe 
de  renirrais.  Aussi  les  agriculteurs  experimcntes 
ne  negiigent-ils  jamais  de  menager  recoulement 
des  eaux,  de  faeon  a  entretenir  Ihumidite  dans 
ces  reserves.  II  en  est  meme  qui  y  font  deposer 
lavidange  des  lieux  d'aisance.  II  faut ,  en  outre, 
construire  un  vaste  batiment,  ou  Ton  puisse 
mettre  a  couvert  toute  la  recoite.  Ce  iocal ,  qn'on 
appelle  7iuhilarium ,  doit  etre  voisin  de  Taire 
oii  Tonbat  leble.  U  doitetred'unedimensionpro- 
portionnee  a  reteuduede  lapropriete,  etnes'ou- 
vrir  que  d'un  seul  cote  ,  qui  est  celuide  Taire.  Le 
deplacement  des  gerbes  de  Tun  a  Tautre  en  de- 
vient  plus  facileet  plus  prompt  en  tcmiisde  pluie. 
Les  fenetres  du  nubilnrium  devront  etre  percees 
rie  maniere  a  laisser  Tair  y  circuler  aisement. 
Lesconstructions,  dit  Fundanius,  influent  sans 
contredit  beaucoup  sur  le  rapfiort,  quand  elles 
sont  coueues  suivant  rintelligente  simpiieite  de 
tios  aneetres,  plutol  que  suivant  ies  idees  de  luxe 
d'aujourd'hui.  On  travaillait  aiorsen  vue  de  rutile; 
on  ne  songe  maintenantqu'asatisfaireauxfantai- 
sies  les  plus  extravagantes.  Alors  le  proprietaire 
avait  de  grands  batiments  de  ferme,  et  se  logeait 
envillea  Tetroit.  Ccst  generalement  le  contraire 
nujourd'hui.  A  celteepoque,  une  metairie  etait 


citee  quand  eile  avait  de  vastes  etables,unbon  of- 
fiee,descelliers  a  vinet  a  huileproportionnes  ala 
grandeurdufond,avecunplancherinclinevenant 
aboutir  a  un  reservoir;  preeaution  d'autant  plns 
necessaire,  que  la  fermentation  du  vin  nouveau 
brisant  souvent  les  tonneaux  d'Espague  et  meme 
les  futailles  d'Italie,  le  vin  se  trouvait  recueilli 
dans  cette  espece  de  recipient.  Cest  ainsi  que 
nos  ancetres  avaient  soiii  de  pourvoir  une  rae- 
tairie  de  tout  ce  qui  repondait  aux  besoins  de  la 
culture.  Aujourd'hui,au  contraire,on  nevisequ'a 
rendre  rbabitation  du  maitre  aussi  vaste  et 
aussi  elegante  que  possible.  Onrivalise  de  luxe 
avec  ces  villa  que  les  Metellus  et  les  Lucullus 
ont  elevees  pour  le  raalbeur  de  la  republiriuc. 
De  nos  jours,  le  point  essentiel  est  d'exposer  au 
vent  frais  de  rorient  les  snlles  oii  Ton  prend  les 
repas  pendant  Tete,  et  au  couchant  cellcs  ou  se 
tiennent  les  festins  pendnnt  Thiver.  Nul  nesonue 
a  donuer  une  exposiiion  conveuable  aux  fenetres 
des  celliers  a  vin  et  a  huile,  ainsi  que  le  faisnient 
nos  ancetres;  cequi  est  fort  importaut,  puisquc 
levin,  rcnferraedans  les  tonneaux,  a  besoin  de 
fraicheur,  tnndisque  rhuiledemande  un  air  plus 
ehaud.  Ajoutons  qu'une  eollineest,  sauf  empe- 
chement ,  remplacement  le  plus  convenable  a 
retablissement  d'une  ferme. 

XIV.  Je  vais  parler  niaintenant  des  clotures 
qu"il  faut  eiablir  pour  lasurete  generale  ou  par- 
tiellederetnblissement.  II yenaquatreespeces:  la 
cloture  naturelle,  la  cloture  ehampetre,  la  cloture 
militaire,  etenfin  la  eloture  artilicielle.  Chacune 
de  ces  especes  peut  se  subdiviser  en  plusicurs 
autres.La  premiere  espece  ,  fnite  de  haies  vives, 
s'appelle  clflture  nnturelle  ,  parce  qu'el!e  est  for- 
mced'epiucs  etde  broussailles,  et  qu'elle  a  ra- 


|ialea,  occiilcata  ipcilibus  peciKliini,  (itniiiiislra  funilo,  ex 
ca  qiiod  cvelialiir.  Secnniliini  vlllani  duo  liabcie  oporlet 
steiquilinia ,  aiil  ununi  blfai iani  divisum.  AUerani  eiiini  in 
pailcni  fcni  oportct  e  villa  novnni  fimnm ,  ex  alleia  vete- 
lem  tolli  iii  agruni.  Quoil  cnim  infci tur  lecens ,  miuns  bo- 
num.  Id  ciiin  flacuit,  niclius.  Nccnon  stcrquiliniiim  me- 
linsillud,  cnjuslatciactsummum  viigisac  flonde  vindica- 
Uimab  sole.  iVon  cuini  siicum  qiiem  quarit  leria,  solem 
antc  cxugere  oporlct.  Il.ique  pcriti  qui  possinl  nteo  aqua 
infliiat,  co  noniinc  Caciunt.  Sic  cnim  maxime  reliuetur 
siicus;  in  eoquc  qiiidam  sellas  fauMliaricas  ponniit.  .■Edi- 
ficium  racere  oporlet,  sub  qiiod  lci  liim  tolam  fundi  sub- 
jiccrc  po.ssis  nicsscm,  quod  vocanl  quiilam  nnbilarinin.  Id 
seciiDdum  arcam  raciuiidum ,  iibi  triturus  sis  fruniciitnin, 
Diagniludine  pro  modo  fuudi  ex  uua  parti  aperliim,  et  id 
al)  area,  quo  et  in  triluiam  prorueie  facile  possis,  et  .si 
nnbilare  cieperit,  inde  ut  nirsus  celeriler  rejiccie.  Fenes- 
Iras  babere  oportel  ex  ea  parli ,  unde  commodissime  pcr- 
llari  possit.  Fiindauius,  Knicluosior,  inquit,  csl  certe 
fiindus  propler  a;dilicia ,  si  |iotius  ad  antiqiioruin  diligcn- 
tiam ,  quani  ad  bni  nin  bixiiriain  dirigas  .-Edificatiuneni.  Illi 
enim  racicbant  ad  fructuum  raliuiiein,  lii  faciiint  ad  libi- 
dinesindomilas. Ilaqiic  illoiuni  villa'ruslica,'Ciant  inajoris 


quam  uibana!,  qure  nunc  sunt  pler.Tqiieconlra.  lllic  laii- 
dabatiir  villa,  si  babebal  culinam  rnsticani -bonaui ,  pia- 
.sepias  laxas,  cellam  vinariam  ct  oleariani  ad  modiini  agii 
aptaut ,  ct  pavimento  proclivi  in  lacnm.  Qiiod  saqic,  iibi 
con<lilum  novum  vinum,  orcai  ut  in  Hispania  lervore 
musti  rupta;,  necnon  dolia  ul  in  Italia,  ne  viiiiim  porlnc- 
ret.  Ilem  CECIera  nt  cssent  in  villa  bujnsccmodi ,  qiia;  cnl- 
tura  qua>ieiet,  providebanl.  Nunc  contra  villam  iirbanaui 
qnam  maximam  ac  polilissimam  babeant ,  dant  opeiani  : 
accum  Metclli  ac  Luculli  villis  pessimo  publi(;o;edi(icalis 
ccrlant.  Qiio  lii  laboiant ,  ul spcctent  sua icsliva  Iricliuaria 
ad  fiigiis  oricnlis,  Iilbcrna  ad  siilcin  occidenlcni,  piitius 
(piam ,  ut  antiqui ,  in  qu.am  partein  cella  vlnarla  aut  olca- 
rla  fcncslras  liaberet,  cuiii  fiuclus  in  ea  vinariiis  qiiaMat 
.ad  doliaaiia frigidiorem,  Ifa olearia  caldioreni.  [Iteui  vldcie 
oporlct,  si  cstcollis,  uisiquid  impedit,  ul  ibi  polissimum 
poiiatur  villa.] 

XIV.  Nunc  deseplis,qiia;  tutandi  causafundi,  aut  par- 
tis  liant ,  dicam.  Earum  tutelarum  genera  iv.  uuum  natii- 
lale,  alterum  agreste,  teitiiim  mililarc,  quartiim  fabrile. 
Ilorum  unumquodqnespecies  babel  plures.  1'rlmum  iialn- 
rale  sepimentnm  viv;E  scpls ,  quod  obscri  solet  virgullis 
aiil  spiiiis,  quod  lidbct  radiccs ,  ac  viatoris  pra;lereuntis 


VARRON. 


eine  cii  tcrre.  Cest  cellc  qui  rcJoiile  le  moius 
que  les  passauts  ,  par  imprudence ,  n'y  raetteut  le 
feu.  La  seeonde  espece  est  faite  de  hois  coupe. 
On  emploie,  a  cet  effet,  des  pieux  que  l'on  entre- 
lace  de  broussailies,  ou  que  i'on  perce  de  deu\ 
ou  trois  trous  dans  leur  epaisseur,  pour y  fnire  pas- 
ser  transversaleraent  autant  de  longues  perches. 
Ou  peut  egalement  construire  eette  cloture  avec 
des  trones  d'arbres  horizoutaleraent  superposes, 
et  assujettis  Tun  a  Tautre.  La  troisieme  espece , 
appeleeeloture  milliaire,  consistc  eu  un  fosse  avec 
remblais  en  terrasse.  Le  fosse,  pour  avoir  les  con- 
ditious  voulues,  doit  etre  assez  profond  pour  con- 
tenir  toutes  leseaux  des  pUiies,  ou  recevoir  celles 
provenant  de  la  propriete.  Le  remblai  ne  forme 
bonne  cloture  qu'autant  qu'il  est  pratique  en 
deca  du  fosse,  ou  qu'il  s'eleve  assez  haut  pour 
ne  pouvoir  etre  ais^ment  franehi.  Cette  cl6ture 
cst  principalement  adaptee  aux  proprietes  rive- 
raines  d'uue  grandc  route ,  ou  de  quelque  cours 
d'eau.  On  peiit  voir  dans  les  environsde  Crustu- 
miiim,  non  loin  de  la  voie  qui  conduit  aux  sali- 
nes ,  plus  d'un  exemple  de  Temploi  du  fosse  con- 
jointement  avcc  le  remblai ,  comrae  precaution 
contre  lesdebordements.  On  appelle murs  les  reni- 
blais  saus  fosses ,  qui  sout  cn  usagedans  la  cam- 
pagne  deReate.  Laquatrieme  et  derniere  espece, 
la  cloture  artifieielle,  est  en  maconnerie,  et 
de  quatre  sortes  de  raateiiaux  :  savoir,  de  pierres 
detaille,  commea  Tusculura;  de  briques  cuites, 
comrae  dans  la  Gaule;  de  briques  crues,  comme 
dans  les  champs  sabins;  enfin  de  blocs  composes 
de  terre  et  de  cailloux  jetfe  cn  raoule,  comine  en 
Espagne  et  daus  la  plaine  de  Tarente. 

XV.  A  defautde  cloturcs,  on  marqueencore  les 
limitisd'une  proprietepar  despieds  d'arbres;  ce 


qnieviteles  querelles  dc  voisinage ,  et  pre\  ienl  lcs 
proces.  Quelques-uns  planteut  des  pins  tout  au- 
tour,  comme  Ta  fait  ma  femme  dans  une  terre 
qu'elle  possede  au  pays  des  Sabins.  D'autres  se 
servent  de  cy pres,  comme  j'ai  fait  moi-merae  dans 
une  propriete  pres  du  Vesuve;  d'autres  encore 
emploient  les  orraes,  corame  plus  d'un  proprie- 
taire  de  Crustumiura.  Kten  effet,  il  n'y  a  pas  d'ar- 
bre  preferablea  cclui-la  danstout  pays  de  plai- 
uescomraeceluidout  nous  venonsde  parler.  iNul 
n'est  plus  profitable  comme  soutien  dcs  haies 
et  des  vigues  ,  comme  abri  le  plus  recherche  par 
le  gros  betail  et  les  troupeaux  ,  et  comme  pour- 
voyeur  de  menu  bois  pour  la  haie ,  riitre  et  le 
four.  Voilabien,  dit  Scrofa,mes  quatre  points 
principaux  d'observation  pour  les  agriculteurs  : 
configuration  de  la  propriete ,  qunlite  du  sol , 
dimension,et  cloture. 

XVI.  II  nous  reste  aconsiderer  ce  qui  est  en 
dehors  de  la  propriete;  car  la  propriete  est  sln- 
gulierement  interessee  aux  conditious  d'entou- 
rage.  Ces  conditions  sont  encore  au  nombre  de 
quatre  :  Le  pays  est-il  siir?  Offre-t-il  debouches 
et  ressources?  A-t-on  a  proxiraite  les  voies  de 
coraraunication  ,  routes  ou  rivieres  navigables? 
Enfin  y  a-t-il  avantage  a  esperer,  ou  prejudice  a 
eraindre  du  voisinage?  D'abord,  en  ce  qui  con- 
cerne  lasurete,  il  est  tel  fonds  d'une  cxcellente 
nature  que  je  ne  couseillerais  pas  d'ei;ploitcr,  a 
cause  des  depredations  auxquellcs  sa  situation 
Tcxpose.  II  en  cst  plus  d'un  qui  ont  cet  ineon- 
venient,  pres  de  Celie  en  Sardaigne,  et,  en  Espa- 
gne,  sur  les  confins  de  la  Lusitanie.  En  ce  qui 
touche  au  second  point,  les  terres  les  plusavan- 
tageuses  sont  celles  qui  offrent  le  plus  de  facilites 
pour  la  vente  de  ce  qu'elles  produisent,  et  racqui- 


lascivi  non  metuit  facem  ardentcm.  Secunda  sepes  cstex 
agresti  ligno ,  sed  non  vivil.  Fit  aut  palls  statulis  crebris , 
ac  virgultis  implicalis;  aut  latis  pei  loralis ,  et  per  ea  fora- 
niina  trajectis  longuiiis  fere  biuis  aut  ternis  :  aut  ex  aibo- 
ribus  truncis  deniissis  in  teirain  deinceps  conslilulis. 
'fertiiim  militare  sepimentum  cst  fossa  et  terreus  agger. 
Sed  fossa  ita  idonea ,  si  omnem  aquain ,  quae  e  caelo  venit , 
lecipere  polest,  aut  fasligimn  liabet,  ut  exeat  e  fundo. 
Agger  is  honus ,  qui  inlrinsecus  junctus  fossa ,  aiit  ita  ar- 
duus,  ut  eum  transcendeie  non  sitfacile.  Hoc  genussepes 
(ieii  secundum  vias  piiblicas  solent,  et  secundum  amnes. 
Ad  viam  salariam ,  in  agio  Crustuiniuo ,  vldere  licet  locis 
aliquot  conjunctos  aggeres  cum  fossis,  ne  flumen  agris 
noceat.  Aggeres  qiii  faciunt  sine  fossa ,  eos  quidam  vocant 
muros,  ut  in  agio  Reatino.  Quarlum  fabiile  sepinienlum 
est  novissimum,  maceria.  Hiijus  fere  species  quatuor  : 
qiiod  fiunt  e  lapide ,  ut  in  agro  Tusculano  :  qiiod  e  lateri- 
biis  coctilibus ,  ut  in  agro  gallico  :  qiuid  e  laleribus  cru- 
dis,  iit  in  agio  Sabino  t  qiiod  e\  tena  et  lapillis  compo.si- 
lis  in  foiinis,  ut  in  Hispania  et  agio  Taienlino. 

XV.  1'iaeterea  sine  seplis  fines  pradii,  sationis,  nolis 
aiborum  lutioies  fiunt,  nc  familiaj  rixeulincum  vicinis, 
ec  liinitcs  cx  litibus  judiccm  quaTant.  SsmuiI  alii  ciicuiii 


pinos,  nt  babel  uxor  in  Sabinis.  Alii  cupressos,  iit  ego 
iiabiii  in  Vcsuvio.  Alii  ulmos,  ut  miilli  babenl  in  Crustii- 
mino  :  qiiod  ubi  id  pote,  ut  ibi,  quod  est  campus,  nulla 
polior  arbor  seiunda,  quod  inaxiine  friicluosa,  quod  el 
sustinet  sepem  ,  ac  colit  aliquot  coi bulas  iivarum ,  el  fron- 
dem  jucundissimain  ministiat  ovibus  acbubus,  ac  viigas 
praibet  sepibus  et  foco  ac  furno.  Scrofa,  igitur  primuin 
ha'C,  quae  dixi,  quatiior  videnda  agricolae,  de  liindi  forma, 
teiTse  natura,  de  niodo  agii,  de  finibus  tuendis. 

XVI.  Relinquilur  altera  pais,  quae  est  extra  fundiira. 
Cujiis  appendices  veheinenter  pertinent  ad  culturam  pio- 
pter  affinitatem-  lCjus  species  totidein  :  Si  vicina  regio  est 
infesla.  Si  quo  neque  fructus  nostros  exportare  expediat, 
neque  inde  qufc  opus  sunt,  appoitare.  Tertium,  si  viae 
aut  fiuvii  qua  poitentiir,  aut  non  sunt,  aut  idonei  non 
sunt.  Quai  tum  ,  si  qiiid  ita  est  in  confinibus  fundis ,  ut 
noslris  agris  prosit  aut  noceat,  E  queis  quatuor,  quod  est 
primum,  refert,  infesta  regio  ,sit  necne.  Multos  cnim 
agios  egregios  colere  non  expedit  pi opter  latrocinia  vici- 
noruni,  ut  in  Sardinia  quosdam  qui  sunt  prope  Celiem, 
ct  in  Hispania  prope  Liisitaniam.  Quae  vicinitatis  evectos 
liabenl  idoneos,  qua3  ibi  nascuntur  ubi  vendant,  et  illinc 
evectos  opporliiiios  ad  ea  quae  in  (undo  opus  sunt ,  quud 


1)E  l/AGRICULTURE.  LIV.  L 


siii!^n  <lc  tout  ec.  (n.rcAi<^etil  les  bfsoiiis  de  l'e.\- 
))loit;Uion.  11  cst  des  tbnds  ile  terre,  en  eftet,  oii 
le  bie  et  le  viii  numquent,  et  doivtnt  etre  tires 
d'iulk'iirs.  En  d'aiitrcs,  aueontraire,  onestobiigea 
trafiqucr  d'un  excedaiit  de  ces  memes  denrces. 
Ainsi,  dans  le  voisinage  des  villes,  on  cultive 
avantageusenicnt  dans  les  jardins  les  violettes, 
les  i'oses ,  et  autres  (leurs  qui  sont  recherchees 
sur  leurs  grands  marehes ;  tandis  que  le  meme 
genre  de  culture  ne  convieiidrait  point  a  une 
ferme  eloignee  de  tout  pareil  ccntre  de  dcbit.  ^'a- 
joute  qu'avec  la  proximile  (['une  ville,  d'un 
bourg,  ou  sculemeiit  d'uiic  maisoa  de  campngne 
ou  terre  opulente,  ou  l'on  trouve,  d'une  part,  a 
ficheter  a  baspri\  ce  qui  raanque,  et,  de  Tautre, 
a  placer  son  supcrlki ,  comme  cchalas,  perches  , 
roseaux,  un  fonds  est  place  dans  une  condition 
phis  avantageuse  non-sculement  que  celui  oii 
Ton  a  de  grandes  distances  a  franchir,  mais  que 
souvcnt  oii  Ton  aurnit  tout  sous  la  main.  Aussi, 
bcaucoup  de  proprictaircs  preferent-ils  louer  a 
rannee,  de  leurs  voisins,  les  mcdccins,lesfoulons 
et  les  ouvriers  dont  ils  pourraient  avoir  bcsoin  , 
que  d'entretenir  ces  professions  en  permanence 
dans  leurs  domaincs.  La  raort  d'un  seul  ouvrier, 
dansle  preraicr  cas,  entrafne  les  plus  graves  pve- 
judices.  Les  riehes  seuls,  exploitantsurune  gran- 
de  (^chelle,  peuventse  pcrmettrc  cette  coniplica- 
tion  de  leur  personnel  domestii|ue. 

II  se  peut  cependant  quc  la  n(iccssile  en  fasse 
une  loia  d'autresque  les  riches.  En  casd'eloigne- 
mcnt  de  toute  ville  ou  bourg,  par  exemple,  il  est 
bon  d"avoirdes  forgeroiis,  ou  gens  d'nutres  rae- 
tiers,  a  demeure.  On  (5vite  par  la  que  lcs  doincsti- 
(jues  de  la  ferme  ne  suspendent  leur  travail ,  et 
iie  perdent  en  allees  et  venues  un  temps  qui  se- 
rait  raieux  employe  au  profit  de  Ttitablissement. 

Iirnplerpa  sunt  frucUiosa.  Miilli  Piiiiii  liabenl  in  praMliis, 
(|uil)iis  frumcntnm  aut  vinuni  aliudve  (|iii(l  ilesit  inipor- 
taniluni.  Contia  noii  pauci,quihus  aiiqiiid  sit  exportan- 
dnni.  tlaque  sub  uibe  coleie  liortos  late  expedit,  sic  vio- 
laria,  ac  losaria,  item  niulta,  quac  urbs  lecipit,  ciiin  ea- 
dem  in  longinquo  piaedio,  ubi  non  sit  quo  delerri  possit 
venale,  non  expediat  colere.  Ilem,  si  ea  oppida  aiit  vici- 
niac  aut  etiain  divilnm  copiosi  asi  i  ac  vilhu ,  uiide  non 
care  emere  possis,  quac  opus  sunt  in  runduni,  quibusque 
qii.e  supersint  venire  possint ;  ul  quibusdam  pedamenla, 
aiit  peilica!,  aut  aruiido;  Iructuosior  sit  fundus,  quani 
si  longe  siiit  inipoitanda,  nonniiiiqiiam  etiain,  qiiani  si 
rolendo  in  tuoea  parare  possis.  Itaque  in  bocKfinus  coloni 
potiiis  amiiversaiios  babent  vicinos ,  iiuibus  imperanl  me- 
(licos,  fullones,  fabros,  quaminvillasuosbabeanl :  qiio- 
riini  nonminipiani  unius  arliticis  mors  tollit  fnndi  fructum. 
Qiiam  partcm  latifundii  diviles  domeslicoe  copias  mandare 
solent.  Si  enim  ab  fnndo  longiiis  absunt  oppida  aut  vici, 
fabros  parant ,  (iiios  liabeant  in  villa :  sic  ca;teros  necess;i- 
rios  arlifices,  ne  de  fiindo  familia  ab  opere  disccdal,  ac 
pnilcstis  diebiis  ainbulet  feiiata  potius,  quam  opcre  fa- 
ciuiido  agiiim  fnictiiosiorem  leddat.  Ilaqiie  ideo  Sascrna; 


Cest  cn  ce  sens  quo  Sascrna  dcfeiid  dansson  li- 
vrc  que  pcrsonne  nc  sortc  dc  la  ferine,  exccptc 
le  villicusou  iiiten(!aiit,ouceluiqu'ilaura  lui-me- 
me  diisigne.  La  di^fcnse  scrait  encore  mieux  con- 
cue  en  ees  tcrmcs  :  ^ul  domcstii|ue  sans  rordre 
du  m(;tayer,  ni  le  metayer  lui-meme  sans  Tordre 
du  raaitre.  Saserna  veut  de  plus  qu'aucune  ab- 
sence  n'excede  uu  jour  de  duriie,  ou  ne  se  rc^petc 
plus  fivquemment  que  le  servicc  nerexige.  En 
troisieme  lieu  ,  le  voisinage  de  routes  praticables 
pour  les  voitures,  ou  de  Heuves  navigablcs,  aug- 
mynte  beaucoup  la  valeur  d'une  terrc;  car  ce 
sout  lii,  commeon  sait ,  lesdeux  grands  moycns 
de  communication.  Eniin  resscuce  mcjme  dcs 
plantations  limitrophes  doit  encorc  etre  prise  en 
consideration.  Si  c'est  une  chenaic,  pp.r  exemplc, 
qui  vous  avoisine,  vous  auricz  tort  de  mcttre 
des  oliviers  aupres  ;  carce  bois  leurest  antipatlii- 
que  au  point  que  vous  verriez  vos  arbres,  non- 
seulement  diminuer  de  produit,  inais  (jviter  le 
conlact  des  chenes,  en  sercjetant  cn  arricre.  Ccst 
ce  que  faif  la  vigne,  lorsqu'elle  se  trouvc  plac('c 
aupres  des  plantes  potagcres.  Par  une  proprici(3 
semblable  a  celle  des  clicnes,  la  prcsenee  d'un 
gros  noyer  ou  d'un  certain  nombre  dc  plants  du 
meme  arbre  suffit  pour  frappcr  dc  sterilit(i  tout 
rentourage. 

XVI!.  .Cai  trait(5  spf^culativcment  des  quatrc 
conditionsintrinsequesdelaculture,  et  de  quatic 
ordres  de  considtirations  e.xtcricurcs  qui  s'y  raf- 
tachent.  Je  vais  parler  maiDtennnt  de  la  prati- 
que ,  oii  quelques-uns  veulent  fairc  la  distinction 
de  deux  parties,  ii  savoir  lesbrns  qui  travaillent , 
et  les  instruments  sans  lesquels  ils  ne  peuvcnt 
travailler;  cesont  les  iustruments  que  d'auli'e3 
veulent  diviser  en  trois  genres ,  savoir,  le  genre 
parlnnt,   qui  comprend  les  esclaves;  le  genrc 

liber  pi.Tcipit,  ne  qiiis  de  fundo  exeat  pr,Tlcr  viliciim  e 
promuiu,et  unum,  qiieni  vilicus  lesal.  Si  quis  contra 
exieril,  ne  impiiiie  abeat.  Si  abicrit,  iit  in  vilicum  aiiimad- 
vcrlatur. Quodpoliiisila  pi.K  i|ii,iidiiiiiluit,iii'qiiisiiijii.ssu 
vilici  exieril,  neque  vilii  n^  uiin-vn  ilniiiiii  !(iii;;iiis,  (|iiam 
ul  eodem  die  lediret,  iin|ii.'  id  i  i.^liiius,  ipiaui  opus  esset 
fundo.  Teilio  eiindeni  fiiiidum  frucluosiorein  faciunl  ve- 
cturae,  si  via'  sunt,  qna  plaustra  a^i  facile  possint  :  anl 
fluniiiia  propinqiia,  qua  navij^ari  pos.sit.  Qiiibus  utri.sque 
rcbiis  cvclii  atqiie  invelii  ad  niulta  piaedia  scimus.  Quarto 
referl  etiam  ad  fructus,  quemadinodiiin  vicinus  in  conli- 
nio  consitum  ayruin  liabeat.  Si  enim  ad  limilem  qiierqiie- 
tum  Iiabet ,  non  possis  recte  secundum  cani  silvam  serei  e 
oleain ,  quod  iisqiie  eo  est  contrarinin  natiira ,  ul  arbores 
non  solum  minus  ferant ,  sed  etiam  fugianl,  iil  inlrorsum 
in  fiindum  se  reclinent ,  nt  vitis  adsita  ad  oliis  facere  so- 
let.  Ut  qiierciis ,  sic  jiislaudes  niasna!  et  crebia;  fiiiilima; , 
fundi  orain  facinnl  slerilem. 

XVII.  De  riiiidi  IV  parlibus,  qua;  cum  solo  li.Tient , 
ct  alteris  iv,  quic  extia  fundum  siiiit,  ct  ad  cultiiram 
pertiiicnt,  dixi.  Niinc  dicam  agri  quibus  rebus  colanlur. 
Qiias  ics  alii  dividunl  in  duas  partos ,  in  bomines  ct  admi- 


VARRON. 


a  ■voix  inarticulec,  ([ui  compreiul  les  boeufs; 
le  genre  muet ,  qui  comprend  les  vehicules.  La 
culture  s'exerce,  ou  par  des  eselaves ,  ou  par  des 
liomraes  libres,  ou  par  un  melange  des  uns  et 
desautres.  Les  hommes  libres,  qui  cultivent  eux- 
memes  laterre,  sont  poiir  la  plupart  de  pauvres 
gens,  aides  de  leur  famille,  ou  dcs  journaliers  qui 
se  chargent,  moyennant  salaire,  detravaux,  tels 
que  les  vendanges  et  la  fenaison.  II  y  a  eneore 
luie  troisieme  classe  de  geus  employes  au\  tra- 
vaux  de  la  terre.  Ce  sont  ceux  que  nos  ancetres 
designaient  sous  le  nom  A'obcerarii  (travail- 
leurs  a  forfait),  qu'on  rencontre  en  grand  nombre 
eaAsie,en  Egypte  etdans  rillyrie.  J"ai  a  dire 
des  unset  des  autres  que,  dans  les  terrains  insa- 
lubres,  il  vaut  mieux  employer  des  gens  a  gages ; 
et  que,  meme  dans  les  lieux  sains,  on  fait  bien 
de  leur  donner  cncore  de  preference  lcs  gros  ou- 
vrages ,  tels  que  la  rentree  des  vendanges  et 
des  moissnns.  Voici  ce  que  recommande  Cassius, 
a  proposde  ces  mana?uvres  Choisissez  des  sujets 
propresa  lafatigue,  au-dessus  de  vingt-deux  aus, 
et  qui  montrent  des  dispositions  pour  ragricul- 
ture.  On  juge  de  Icur  aptitude  par  des  travaux 
d'essai,  ou  en  les  questionnant  sur  ce  qu'ils  fai- 
saient  ehez  leur  preccdent  maitre.  Prenez  pour 
les  dirigcr  des  esclaves  qui  ne  soient  ni  insolcnts , 
nitimides;  qui  aient  une  teintnre  d'instruetion, 
de  bonnes  manieres,  de  la  probite.et  qui  soient 
plus  agcs  queceux  qu'ils  surveillent :  ils  en  seront 
raieux  ecoutcs.  Cette  position ,  par-desMis  tout, 
exige  rintelligence  des  travaux  rustiques  :  ear 
i'esclave  n'est  pas  la  seulemeut  pour  donner  des 
ordres  :  il  doit  mettre  la  main  a  Tceuvre  ;  mon- 
trer  par  Texempie  ce  qu'il  fautfaire,  afin  que 

nicula  liomlnnm ,  sine  qnibus  rebiis  coleie  non  possiint. 
Alii  in  ties  parles  instrumenti  genus  vocale ,  et  .seniivo- 
cjile,  et  mntiim.  Vocale,  in  quo  sunt  servi.  Semivocale, 
•  in  qno  sunl  boves.  Mulum,  in  quo  suut  plaustra.  Onines 
agii  coluntur  hoininibus  servis  aut  liberis  aut  utrisiiiic. 
Liberis ,  aut  ciim  ipsi  colunt ,  ut  plciique  pauperculi  cum 
sua  piogenie  :  aut  mercenarlis,  cum  conducticiis  libero- 
rum  operis  res  majores,  ut  vimlemias,  ac  ficnisicia  acl- 
ministrant :  iique  quos  oba?rarios  noslri  vocitai  unt ,  et 
etiam  nunc  sunl  in  Asia,  alque  .iigypto,  et  in  lllyiico 
eompluies.  De  quibus  universis  boc  dico  :  Gravia  loca 
iililius  esse  mercenariis  colere,  quam  servis ,  et  in  salubri- 
bus  quoque  locis  opera  ruslica  majora ,  ut  suiit  in  conden- 
dis  fruclibiis  vindemia;  aut  messis.  De  liis  cujiismodi  esse 
oporteat ,  Cassius  scribit  ha;c  :  Operaiios  parandos  esse, 
qui  laborem  ferie  possinl,  ne  minores  annorum  xxii,  et 
ad  agriculturam  docilcs.  Eam  conjecturam  lieri  posse  ex 
aliarum  reruin  iniperatis,  el  uno  eorum  e  noviliis  requi- 
sito,  ad  prioreni  dominum  quid  factilaient.  Mancipia  esse 
oportere  neque  formidolosa,  neque  animosa.  Qui  piaesint 
esse  oportere,  qiii  literis  et  aliqua  sint  humanitate  im- 
buli,  frugi,  setale  majore,  quain  opeiarios,  quos  di\i. 
Facihus  enim  liis ,  quam  minore  natu  sunt  dicto  audien- 
tes.  Praiterea  putissimuin  eos  pra^esse  oporlet,  qui  periti 
sint  reruni  rusticaruin.  Non  solura  enim  debeic  imneiaic > 


ses  subordonnes  comprennent  que  ce  sont  ses 
talents  et  son  experience  qui  le  plaeent  au-dessus 
d'eux.  II  ne  faut  pas  perniettre  au  chef  d'em- 
ployerles  coupspoiir  se  faire  obeir,  quand  il  peut 
arriverau  meme  but  par  de  simples  rcmontran- 
ces.  Evitez  egalement  d'avoir  plusieurs  esclaves 
de  la  meme  nation  ;  car  c'est  une  souree  con- 
tinuelle  de  querellss  dome.stiqnes.  II  est  bon  de 
stimuler,  pardesrecompeuses,  lezeledes  chefs; 
de  leur  former  un  pecule,  do  leur  faire  preadre 
des  femmcsparrai  leurseampagnes  de  servitude. 
Les  enfants  qiii  naisseut  de  cesunions  attachent 
les  peres  au  sol ;  et  c'est  par  suite  de  ces  maria- 
ges  que  lcsesclaves  d'Epire  sont  si  rt^putes  et  se 
vendent  si  cher.  Quant  aux  ehefs,  on  fera  bicn  de 
flatier  leur  air.our-propre,  en  leur  donuant  de 
temps ,  a  autre  quelque  inarque  de  eonsidera- 
tion.  II  est  bon  cgalemcnt  quand  un  ouvrier  se 
distingue,  de  le  consulter  sur  ladirection  desou- 
vrages.  Cette  deference  le  rele\e  a  ses  propres 
yeux ,  en  lui  prouvantqu'on  fait  cas  de  lui ,  qu'oii 
le  coiupte  pour  quelque  chose.  Stimulez  en- 
core  son  zele  par  de  meilleurs  traitements,  tme 
nourriture  plus  choisie ,  des  vetements  moiiis 
grossiers^  rexemption  de  certains  travaux ;  ou 
bien  encore  par  la  permission  de  faire  paitre  a 
son  proiit  quelques  besliaux  sur  la  propriet6  du 
maitrc.  Cest  ainsiqu'on  tempere  Teffet  d'un  or- 
dre  un  peu  dar,  d'une  punition  un  peu  severe , 
et  qu'on  leur  inspire  le  bon  vouloir,  etraffection 
que  le  domestique  doit  toujours  avoir  pour  soa 
maitre. 

XVIII.  Pourlimiterle  personnel  d'une  exploi- 
tation  rurale ,  Caton  prend  pour  base  Tetendue 
et  le  genre  de  culture.  Cestsur  celle  des  oliviers 

sed  etiam  farcrc,  ut  facientem  imitentur,  et  ut  animad- 
vcrtant  eum  cum  causa  sibi  piiieesse,  quod  scientia  pra;- 
stet  et  usu.  Neipie  illi  coucedendum  ita  imperare  ,  ut  ver- 
bciibuscoerccal  potius  quam  verbis,  si  inodo  idem  effi- 
ceie  possis.  Ne(|ue  ejiisdeiu  natiunis  plures  parandos  esse. 
Ex  eo  cnim  potissimiiin  solere  olfensiones  domesticas 
fieri.  Pra>l'cctos  alaciioies  faciiinduni  prsemiis  :  dandaque 
opera,  ut  babcant  peculiiim,  ct  conjunctas  conservas, 
e  quibus  liabeaiit  lilios.  Vm  enim  fiunt  rnmiores ,  ac  con- 
junctiores  fuiido.  Itaque  propter  has  cognationes  Epiroti- 
c»  familia;  sunl  illuslrioics  ac  cariores.  Ad  injicienduiv) 
voliiptatera  his  praefectura! ,  honore  aliquo  habendi  suiit : 
et  de  operariis,  qui  pra^stabunt  alios,  communicandiiin 
quoque  cum  iis,  quaj  faciuuda  sunt  opera.  Quod  ita  cum 
(it,  minus  se  pulant  dcspici,  atque  aliquo  numero  haberi 
a  domino.  Studiosiores  ad  opus  lieii  liberalius  tractando, 
aut  cibariis ,  aut  vestitu  largiore ,  aut  remissione  operis  , 
concessioueve,  ut  peculiare  aliquid  in  fuudo  pascere  li- 
ceat ,  aut  luijuscemodi  rerum  aliis ,  ut  quibus  quid  gravius 
sit  imperatum ,  aut  animadversum ,  qiii  consolando  eoruin 
restituat  voluntatem ,  ac  benevolentiam  in  dominum. 

XVIII.  De  familia  :  Calo  dirigit  ad  duas  metas,  ad  cer- 
fuin  modum  agii,  et  genus  sationis,  scribens  de  olivelis, 
et  vinetis,  iit  duas  foimulas.  Unain  in  qua  praecipit  (]w.- 
modo  olivelum  agii  jugerum  ccxl  instrucre  oporteal.  i^i 


DE  L'AC.l\ICUI.TURE,  LIV.  L 


!t(]ts  vigiicsquil  lalsonne.  M.iis  lesdeux  formu- 
les  ((u'il  nous  a  donncjes  sonl d'une  applieatiou  ge- 
iKfrule.  La  premiere  suppose  uu  plant  d'oliviers 
ie  deux  eent  (juarante jui,'era ,  et  il  poite  a  treize 
le  nombre  des  eseln\  es ;  a  savoir,  un  villieus  et  sa 
remme,  cin(j  ouvriers,  trois  bouviers,  un  chiier, 
jn  porcher,  un  berfier.  L'autre  formule  est  ba- 
iee  sur  un  lot  de  cent  jugera  de  vignes,  pour  le- 
]uel  il  faut  avoir  quinze  esclaves;  savoir,  un 
killieus  et  sa  femme,  di.v  ouvriers,  un  bouvier, 
un  linier,  un  porchcr.  En  traitant  du  m(!'me  su- 
iet,  Saserna  nous  dlt  dans  son  livre  qiVun  seul 
liomme  suffit  pour  labourer  hmljuf/rm  de  terre 
ra  quarantc-cinq  jours.  Car,  bien  qiie  quatre  jour- 
iiees  suffiseut  rigoureusement  pour  chaque  ju- 
lerum,  rautcur  alloue  treize  jours  de  plus  pour 
iialadies,  mauvais  temps,  n(?gligence  du  servi- 
;eur,  ou  exces  d'indulgence  ehez  le  maitre.  Li- 
cinius  prenant  alors  la  parole  :  Ni  Tun  ni  !'autre 
Je  cesauteurs,  dit-il,  iie  s'est  raontre  fort  clair 
ians  son  systeme.  Si  Caton  a  voulu  faire  enten- 
ire  (comme  c'etait  sans  doute  son  intention) 
[|ue  Ton  doit  augmenter  ou  diminuer  le  nombre 
:ies  esclaves  en  raison  de  relendue  de  la  propriete, 
il  n'aurait  du  comprendre,  dans  cette  cat(?gorie, 
ui  le  \illicus  ni  sa  femme.  Et ,  en  effet,  dans  le 
cas  meme  oii  une  plautation  d'oliviers  aurait 
moins  de  deux  cent  quarante  jugera,  on  ne  peul 
toujours  avoir  moins  d'un  villicus.  Et  dans  le 
cas  ou  retendue  serait  donble  ou  triple  de  celte 
mesure,  il  ne  faudrait  pas  prcndre  deuxou  trois 
villicus  pour  cela.  Cest  donc  le  nombre  des  ou  - 
vriers,  ou  simpleraent  bouviers,  qu'on  augmente 
ou  restreint,  suivant  retendue  du  fonds  de  ferre. 
Encore  faut-il  que  toutle  terrain  soit  d'une  meme 
iialure.  S'il  est  assez  in{?gal,  cipre  et  montagneux 
pour  ne  pouvoiretre  laboure  dans  toutes  scs  par- 
ties,il  s'ensnit  naturellement  qu'un  moindre  uom- 


bre  de  bocufs,  et  par  conseqiient  de  bouviers,  de- 
vient  neecssaire.  Je  n'insisle  pas  sur  un  autre  in- 
conv(inient  du  calcul  de  Caton.  Cest  qu'il  a  pris 
pour  exemplc  u  ne  superficie  de  deux  cent  quarante 
jtif/rra,  qui  n'est  pas  unite  de  mesure.  II  eut  du 
compter  par  centurie,  ou  contenauce  de  deux  cents 
jugeia.  Or,  comme  pour  arriver  a  ce  chiffre  il 
faut  retranclier,  des  deux  eent  quarante  jugera 
dc  Caton,  quarante,  c'est-a-dire  le  sixieme  de 
deux  eent  quaranfe ,  comnaent  s'y  prendra-t-on , 
voulant  etre  eonsequent,  pour  retrancher  des 
treize  eselaves  la  sixiemepartie?  L'embarras  ue 
serait  pas  moindre  a  prendre  le  sixierae  de  onze, 
chiffre  des  esclaves,  non  compris  le  villieus  vt 
sa  femrae.  Veut-on  admettre  avec  Caton  que , 
pour  cultiver  cent  jugera  de  vignes,  il  faut  uu 
personnel  de  quinze  esclaves?  Alors,  pour  une 
centurie  de  terre  plantc'e  moitieen  vignes,  moi- 
t\e  en  oliviers,  il  faudrait  avoir  deux  villicus  avec 
leurs  femmes,  ce  qui  serait  absurde.  11  nous  faut 
douc  chei'cher  uue  autre  base  pour  determiner 
proporfionneliement  le  nombre  d'individus  m- 
eessaires.  Et  Saserna  en  indique  une  prefs-rable 
a  celle  de  Caton,  quand  11  dit  qu'il  faut  pour  le 
Inbour  de  chacjue  ju(/crinn  quatre  journees  du 
travail  d'un  horame.  Maintenant,  pour  convenir 
aux  domainesde  Saserna,  qui  etaientsituesdaiis 
la  Gaule,  ce  chiffre  n'est  pas  n(3cessairement  ap- 
plicable,  comme  consequence,  auxterrains  mon- 
tagneuxde  Ligurie.  En  resumi?,  Ton  arrive  plus 
facilement  a  determiner  rimportance ,  tant  du 
personnel  quedu  inateriel,  necessaire  a  Texploi- 
tation  ,  en  portant  son  attention  sur  trois  cho^es 
principales;  savoir,  la  nature  des  propri(3fes  en- 
vironuantes;  leuretendue;  le  nombre  d'indi\i- 
dus  employ(?s  a  leur  culture;  et  enfin  les  modili- 
cations  en  plus  ou  en  moius  que  ce  nombre  peut 
subir  avec  avantnLje.  La  nature  nous  a  monti(3 


clt  (Miini  iii  eo  niodo  lia'c  r.  ;inci|iia  xui  lialienila  ,  vilirinn  , 
\ilicam,  operarios  v,  biibukos  iii ,  asinaiimu  i ,  .sulinlcuni 
I ,  opilionem  i.  AUeram  formulam  sciibit  de  vinearuin 
iugeiibus  centum ,  nl  dicat  liaberi  oportere  b»c  xv  niaii- 
cipia,  viliciiin,  vilicain,  opeiarios  x,  biibulcuni,  asiiia- 
rium ,  subulcum.  Saserna  scribit,  salis  csse  ad  jugeia  viii 
liominem  uiium  :  ea  deliere  eum  confodeie  diebus  xlv, 
tametsi  quaternis  opeiis  singulajugera  possit.  Sed  leliu- 
quere  se  operas  xiii ,  valetudiiii ,  tempestati ,  inertiie ,  in- 
dulgenti».  Liciuius,  Horiim  neuler  satisdilucide  modnlos 
reliquit  nobis.  Quod  Cato  si  voluit  (nt  debnit)  uti  pio 
porlione  ad  majorem  fundum  vel  minorein  adderemus , 
vel  demeiemus,  extra  familiam  debuit  dicere  vilicum  et 
vilicam.  Neqiie  cnim,  si  minii.s  ccxl  jiigeia  olivcti  colas, 
non  po.ssis  inimis  uno  vilico  liabeie  :  iiec  si  l)is  tanto  am- 
pliorem  fundum  aut  eo  plus  (olas,  ideo  diio  vilici  aut 
tres  babendi  luei e.  Opei arii  inodo ,  ct  bnbulci  pro  portione 
deniendi,  vel  addciiili,  ad  iniuoies,  majoiesve  modos 
fnndonini.  Hi  qnoque  si  siinilis  est  ager.  Sin  est  ita  dissi- 
mills,  ut  Idtiis  araii  njii  possit,  ut  si  sit  confiagosus, 
alque  avdnus  clivis,  minus   niulti  opus  sunt  boves  cl 


liiilinlci.  IMilfo  illud  ,  qnod  madiim,  nequc  iinum  nec 
modicum  proposiiit  cc\i.  jngeruni.  Modicus  eiiiui  cenfii- 
ria,  et  ea  cc  jugeriim,  e  qno  quum  sexta  pais  sit  ea  xi. , 
quae  de  ccxL  dcinuntur,  non  videoqnemadmodum  ex  ejiis 
pia'ceplo  deinam  .sexlam  parfem  (ef)  de  xiii  mancipiis  : 
niliilo  niagis  ,  si  vilicum  ef  vilicam  lemovero,  quemad- 
modiim  ex  xi  sexlani  parlein  deinam.  Quod  aulem  ait  iii 
c  jngeribiis  \incaruni  opiis  esse  xv  mancipia,  si  quis  lia- 
bebit  centiniain  ,  iiuai  sil  dimidinin  vineti,  dimidinm  oli- 
veli,  seqiieliir,  nt  diio  vilicos,  et  duas  vilicas  liabeal  : 
quod  est  deridicnluni.  Quaie  alia  ralione  modus  mauci 
pionim  geneiatiin  est  aniuiadvertendus,  el  inagis  in  boc 
Saserna  piobandus,  qui  ait  siiigula  jugera  quaternis  ope- 
ris  uiio  opeiario  ad  coiilicienduni  salis  esse.  Sed  si  lioc 
in  Sascrna:  lundo  in  Gallia  satis  fuit,  non  conliniio  idein 
in  agro  Ligiislico  monfano.  Itaque  de  fainilia:  magniindine 
et  reliquo  instrumento  conimodissime  scies,  quantum 
pares,  si  tiia  aniinadverteris  diligeiiter.  In  vicinitafe  pnv- 
dia  cnjusmodi  .siiit,  el  (|iiaiita,  et  quot  qua'qiie  lioininiliiis 
colantur;  et  quot  addifis  operis  aiit  deinlis  meliiis,  anl 
deterius  liabeas  cultuin.  Ili\iuin  euiin  nobls  ad  cnUniaiu 


VARRON. 


deiix  voics  a  siiivre  pour  la  culliire  de  la  terre  ; 
les  experiences,  et  rimitation.  Cest  en  tdton- 
nant  que  les  premiers  agricuiteurs  ont  etabli  les 
principes  :  leurs  enfants  n'ont  guere  fait  qu'imi- 
ter.  Nous  devons,  nous,  proceder  par  les  deux 
voies  :  imiter  d'unepartnospredecesseurs,  et,sur 
qiielqucs  points,  essaycr  d'innover;  tout  en  pre- 
nant  toujours,  non  le  hasard,  mais  le  raisoiine- 
ment  pour  guide.  Si ,  par  exemple ,  nous  nous 
decidons  a  donner,  au  second  labour  de  nos  vi- 
gnes ,  plus  ou  moins  de  profondeur  que  ne  font 
les  autres;  que  ce  ne  soit  jamais  par  simple  ca- 
priee.  Cest  en  vue  d'un  resultat  positif  qu'ont 
agi  ceux  qui  les  prenniers  sarclerent  deux  fois 
ou  trois  fois  la  terre  ,  ceux  qui  tenterent  la  greffe 
des  figuiers  en  ete ,  ce  qu'on  n'avait  coutume  de 
faire  qu'au  printemps. 

XIX.  En  ce  qui  conccrne  les  instrumentsdits 
avoix  inarticulee,Sasernapretend  que  deux  at- 
telages  de  boeufs  suffisent  pour  deux  jugera  de 
terre;  tandis  que  Caton  exigetroisatleliigespour 
iHiplant  d'o!iviersdedeux  cent  quarante_/f(/7em. 
l)e  sorte  que ,  si  nous  en  croyons  Saserna,  il  ne 
faut  qu'un  attelage  pour  cent  jugera ;  et  si  nous 
iious  cn  rapportons  a  Caton ,  un  attelago  ne  suf- 
fit  que  pour  quatre-vingts.  Quant  a  moi,  je  pense 
que  ni  le  calcul  de  Caton ,  ni  ceiui  de  Saserna , 
ne  s'appliquent  universellement  a  toutes  especes 
de  terre  ;  mais  que  Tun  ou  Tautre  peut  se  trou- 
ver  juste  pour  quelques  fouds  de  terre  cn  parti- 
culier.  Les  terrains  sont  plusou  inoins  difflciles 
k  labourer.  II  en  est  que  les  breufs  ne  parvien- 
nent  a  ouvrir  qu'avec  dcs  efforts  iuouis,  et  tels 
que  souvent  la  eharrue  se  brise ,  laissaut  son  soc 
dans  le  sillon.  D'ou  il  suit  que  tant  que  la  nature 
du  sol  a  cuitiver  ne  nous  est  pas  parfaitement 
connue,  le  plus  sur  est  de  prendre  pour  regle  la 
coutume  du  proprietaire  qui  nous  a  precedes. 


ou  ccllo  dcs  propriclaires  voisins;  etde  ne  seper- 
nuttre  d'abord  qiie  de  rares  experiences.  Caton 
dit  plus  loin  que,  dans  un  plan  d'oliviersde  deux 
cent  quarante  jugera ,  il  faut  trois  iines  pour 
porter  le  fumier,  et  uii  quatrieme  pour  tourner 
la  meule.  II  ajoute  que  daus  une  vigne  de  cent 
jiKjera  on  a  besoin  d'un  attelage  de  bocufs,  d'un 
attelage  d'anes,  et  enfm  d'un  ane  qui  tourne  la 
meule.  Eu  parlant  de  ces  instrunaents  a  voix 
inartieulee,  Catonn'aurait-iI  pas  diiajouter,  tou- 
chant  le  betail,  qu"il  faut  en  resteindre  le  nom- 
bre  au  strict  necessaire,  afin  de  simplifier  le  service 
dcs  instruments  qui  se  soignent  eux-raemes; 
c"est-a-dire  les  esclaves.  En  fait  d'especes  ,  les 
brebis  sont  toujours  preferables  aux  cochons;  non 
pas  seuleraent  pour  ceux  qui  ont  des  pres,  mais 
pour  ceux  meme  qui  n'en  ont  pas;  car,  en  ele- 
vant  des  nioutons,  on  ne  songe  pas  seulement  a 
tirer  parti  de  son  fourrage ,  on  veut  encore  se  pro- 
curer  un  engrais. 

XX.  Touchant  les  quadrupedes,  il  faut  s'assu- 
rer  en  premier  lieu  des  qualites  requises  pour  les 
btcufsde  labour.  Ceux  qu'on  achete  avantqu'ils 
n'aient  tiavaille  ne  doiveut  pas  avoir  raoins  de 
trois  aiis ,  ni  plus  dequatre.  II  les  faut  robustes  et 
bien  appareilles,sans  quoi  le  plus  fort,autravail, 
epuiserait  le  plus  faible ;  qu"ils  soient  larges  de 
front,avec  les  cornes  ecartees  et  noires  autant 
que  possible,  le  poitrail  large  et  les  cuisses  ehar- 
nups.  Si  les  animauxont  deja  servi,  iferaployez 
pas  cn  pays  rudes  et  montagneux  ceux  qui 
n"auraient  laboure  ([u'en  pays  de  plaines,  et  rc- 
ciproqueraent.  Si  ce  sout  de  jeunes  boeufs  n'ayant 
poiut  encore  senti  le  joug,  il  faudra  leur  enga- 
gerlecou  dans  des  fourches,etne  les  laisser  man- 
ger  qu'en  cette  posture.  Quelques  jours  de  cette 
pratique  les  rendront  maniables et  faci les  a  domp- 
ter.  Eusuite  on  les  accoutumera  insensiblement 


dedlt  natiira  ,  ex|ieiii'iiflam  ct  imiliilioneni.  Anliiiuissimi 
agiicola;  tentanilo  pleraqne  constitnciunl,  lihcri  corum 
niagnaiM  partem  imitando.  Nos  nlrumque  lacere  debemus, 
et  imitari  alios,  et  aliter  ut  faciamus  expericntia  tenlare 
qmedam;  seqnentcs  non  aleam,sed  rationem  aliquam  : 
ut  si  altlus  repastinaverimus,  aut  minus,  qiiam  alii , 
quod  niomenlum  ea  res  habeat.  Ut  fecerunt  ii  in  sariendo 
iterum  et  terlio,  et  qui  insitiones  ficulnasex  verno  lem- 
pore  in  Kstivum  contulerunt. 

XIX.  De  reliqua  parte  inslrumenti,  quod  seinivocale 
appellatur,  Saserna  ad  jugera  c.c  arvi  boum  juga  diio  satis 
esse  scribit ;  Cato  in  olivetis  ccxl  jugerum  boves  trinos. 
Ita  si  Saserna  dicit  vcrum,  ad  ceiitum  jugera  jugum  opiis 
est,  si  Cato,  ad  octogena.  Sed  cgo  neutrum  modum  bo- 
rum  ad  omnem  agrum  convenire  pulo,  et  utrumqne  ad 
aliqnem.  Alia  eniiii  terra  facilior  aut  diflicilior  est.  Aliam 
terram  boves  proscindere  nisi  magnis  viribus  non  possunt, 
et  saepe  fracta  bura  relinqnunt  vomeres  in  arvo.  Quo  se- 
quendum  iiobis  in  singulis  fundis,  dum  sumiis  novicii, 
triplicem  legulam  ,  superioris  domini  institutiim ,  et  vici- 
norum,  ct  experienliam  quandam.  Quod  addit  asinos, 


qui  sfercus  vectent,  treis ,  asinuiii  molarium,  in  vinea 
jiigeium  c  jiigum  bouin,  asinoriim  j|igum,asinum  mola- 
rium ;  in  hoc  genere  semivocalium ,  adjicienduni  de  pe- 
core,  easola,  quae  agii  colendi  causa  erunt,  (ut  solenl 
esse  pecuaria ,)  pauca  habenda,  quo  facilius  mancipia, 
qua!  solent  se  tueri ,  et  assidua  esse  possint.  In  eo  numero 
non  luodoqui  prala  liabent,  iit  potius  oves  quara  sues 
liabeanl,  curant,  sed  etiain  qui  prata  non  liabent,  quia 
non  solum  pratorum  causa  liabere  debent,  sed  etiam 
piopter  stercus. 

XX.  Igilur  de  omnibus  qiiadrupedibns  prima  cst  pro- 
batio,  qui  idonei  sint  hoves,qiri  aiaiidicausa  emuntur, 
quosrudis,  neque  minoris  triinos,  neque  majoris  qua- 
drimos  parandum ,  ut  viiibus  niagnis  sint  ac  pares ,  ue  iu 
opere  firinior  imhecilliorem  conficiat  :  amplis  cornihus , 
et  nigris  polius  quam  aliter  :  ul  sint  lala  fronte,  uaribiis 
simis,  lato  pectore,  crassis  coxendicibus.  Hos  veteranos 
ex  campeslribus  locis  non  cmeiidum  in  dura  ac  montana  : 
nec  iion,  ita  si  incidil  ut  sit,  vilandiim.  Novellos  cum 
quis  eineril  juvencos,  si  eorum  colla  in  fuicas  destitutas 
iiicUiseiit,  ac  dcderit  cibum,  diebus  paucis  erunt  inan- 


DE  LAGRTCULTURE,  LiV.   I. 


aii  joui; ,  eu  attelant  toujours  un  jenne  boeuf  avee 
un  bceuf  dejii  1'ompu  au  service,  doiit  rexemple 
riiabitue  dabord  a  la  soumission.  On  eommen- 
ccra  par  ies  faire  marehersur  un  sol  uni ,  sans  ieur 
faire  encore  tirer  de  charrue ;  puis  on  les  atteliera 
aunecliarrue  iegere,  qu'ils  ne  tireront  d"abord 
que  dans  du  sable,  ou  dans  une  terre  qui  cede 
aiscment.  Quant  aux  bceufs  destines  aux  cliarrois, 
on  comraencera  egalement  parlesfaire  tirer  d'a- 
bord  des  voitures  sanscbarge,  en  les  conduisant 
de  preference  au  milieu  des  villes  ou  des  bourgs. 
I!s  sc  familiarisent  ainsi  avec  les  bruits  et  le raou- 
vement  des  lieux  babites;  ce  qui  est  un  grand 
pas  de  fait  pour  leur  education.  Lorsqu'on  aura 
coramence  par  mettre  un  bocufa  la  droite,  il  ne 
faut  poiut  l'y  remettre  toujours  :  cest  lui  meua- 
ger  une  espece  de  repos  dans  le  travail,  que  de 
le  cbanger  de  cotc  de  temps  a  autre.  Dans  ics 
contrees  ou  la  terre  est  peu  compacte,  comme 
dans  les  cbamps  de  Campanie,  on  remplace  les 
boeufs  par  des  vaelies  ou  des  Anes,  qu"il  sera  d'au- 
tant  plus  facile  d'accouturaer  a  tirer  une  charrue 
legere.  Pour  tourner  la  meule,  et  pour  faire  les 
transports  necessaires  dans  la  proprlete  merae , 
les  nnsse  servent  d'3nons,  les  autres  de  vaches; 
d'autres  encore  emploieutdes  raulets,  selon  que 
le  fourrage  estplus  ou  raoins  abondant.  II  est,  par 
excmple,  plus  aise  de  nourrir  un  anon  qu'une 
vache ;  mais  la  vache  est  d'un  plus  grand  rap- 
porl.  Dans  le  choix  de  ses  animnux  dc  trait,  le 
cultivateur  aura  toujours  cgard  a  la  nature  du 
sol.  S'il  est  montueux  ct  difficilp  a  labourer,  il 
faut  des  betes  plus  robustcs,  ct  dont  on  puisse 
lirerautant  de  travail  ct  plus  de  profit. 

XXL  Ilestbon  d'avoir  dfs  chiens,en  petit  nom- 
bre,  et  de  bonne  garde.  On  les  drcsse  a  vciller  la 


nuit  et  adormir  le  jour,  reufermes  etala  chatne ; 
quand  ils  sout  laches ,  leur  activit^  eu  redouble. 
Voila  tout  ce  que  nous  avons  a  dire  des  quadru- 
pedes  que  fou  ne  sonmet  pointau  joug,  ainsique 
des  troupeaux.  Un  proprietaire  de  pres,  qui  n'a 
pas  de  bestiaux  a  lui  lorsqu'il  a  \endu  scs  four- 
rages,doit  se  procurer  des  troupeaux  etrangers, 
pour  les  faire  paitre  et  parquer  dans  ses  prairies. 
XXII.  Quant  aux  instruments  dits  muets, 
comme  paniers,  futailles,ete.,  voici  les  principa- 
les  recomraandations  que  nous  avons  a  faire.  Kn 
preraier  lieu ,  ne  rien  acheter  de  ce  qu'ou  pcut  re- 
eueillir  ou  confectionner  sur  les  lieux  ;  ce  qui  com- 
prend  toute  espece  d'ustensile  qui  se  fahrique  eu 
osier,  ou  dont  on  a  sous  !a  raain  la  matiere  pre- 
miere;telsquepaniers,corbeilles,  traineaux,mall- 
lets,  rateaux.  II  en  est  de  meraede  toutcequ'oii 
fait  de  chanvre,  lin,  jonc,  geuet,  feuilles  de  pal- 
micr;  comme  les  cables ,  les  cordes,  et  les  natfes. 
Quant  aux  divers  ustensiles  qu'on  ne  peut  point 
tirerde  son  fonds,  ii  faut,  en  lesachetaut,  regar- 
dermoinsa  Tapparenoe  qu'al'utilite;  car  on  paye 
moins  eher,  et  le  revcnu  s'en  trouve  mieux.  Proxi- 
mite,  qualite  et  bon  raarche;  voila  les  conditions 
essentielles  pour  les  aequisitions  de  ce  genre.  Le 
choix  et  le  nombre  des  differenls  instruments  est 
subordonnea  rimportanee  derexploitation,  et  se 
multiplie  en  raison  de  son  etendue.  Ccst  ce  qui 
fait  sans  doute,  dit  Stolon,  que  Catnn  raisonne 
sur  une superficie  donnee,  quand  il  dit  que  celui 
qui  cultive  un  plant  d'oliviers  dedeux  ccnt  qua- 
rante  jugera  doit  avoir,au  norabre  decinq,  cha- 
que  espece  de  vases  nccessaires  a  la  confection 
de  l'huile,  dont  il  donneainsi  renumeration :  chau- 
dieres,  pots,  vases  a  tnVisanses,  etc,  le  touten 
cuivre.  En  fait  d'ustensiles  en  bois  et  fer,  il  veut 


siieti ,  ct  art  (loiiianduni  proni.  Tuni  ila  snbigenflnm  ,  iit 
nilnulaliiu  assnefaciant,  et  nt  tironcm  cnm  velerano  ad- 
jiingant.  Imitanilo  enim  facilins  domatnr.  Et  priinum  iii 
aequo  loco ,  et  sine  aralro ,  tum  ro  leTi  siniul  gradi  faciant, 
ut  principio  per  arenam  aiit  niolliorem  lerram  leniter 
procedant.  Qiios  ad  vectmas  item  iiistiliiendiini ,  nl  inania 
prinmm  ducant  plaustra ,  el  si  possis ,  per  vicnm  aut 
oppidum.  Creber  crepttiis ,  ac  vaiietas  leriiin  ronsiietu- 
dine  celerrlma  ad  utilitalem  adducit.  Neqiie  pcrlinaciter, 
qucni  fcceris  dextcriim ,  in  eo  nianendum.  Qiiod  si  alternis 
fit  siiiister,  fit  laborauti  in  alterutra  partc  reqnies.  libi 
terra  levis,  ut  in  Campania,  ibi  uon  bubiis  giavihiis,  sed 
vaccis  aiit  asiiiis  quoit  arant ,  eo  facilius  ad  aratinm  levc 
adduci  possunt.  Ai\  molas,  et  ad  ea,  si  qii<e  sunt,  quse 
in  fundo  conveliinitur,  [in  qna  rc]  alii  asellis,  alii  vaccis 
ac  mulis  iituntur,  exinde  irt  pabuli  facnltas  est.  ^'am  fa- 
cilius  aselliis ,  qnain  vacca  alitur;  sed  fructiiosior  hoec. 
In  60  agrirola"  boc  spectandnni,  qno  fastigio  sit  fiindus. 
In  confiagoso  eiiini  ac  diflicili  h;ec  valentioia  parandum , 
et  potius  ea  ,  qu;c  plus  Iructum  leddere  possint,  cnm 
idem  operis  faciant. 

XXI.  Canes  potius  cuin  dignilate  et  acres  paiicos  lia- 
bendum,  quam  miiltos  Oiios  consucfacias  potins  noctu 

VAHKON. 


vigilare,  et  interdiii  clansos  dormire  catcna  vincios,  iit 
soluti  acriores  fiant.  De  iiidomitis  quadrupedibus,  ac  pe- 
core  [faciundiini.]  Si  prata  sunt  in  fundo.neque  pecus 
dominus  habet,  ilanda  opcia  ut  pabulo  vendito,  alienum 
pcciis  in  siio  IihkIo  pascat,  ac  slahulet. 

XXII.  1)0  leliquo  instnimenlo  muto,  in  quo  suitt  cor- 
hiibe ,  et  dolia  etalia,  hxc.  pia-cipienda.  Qu;c  nasci  in 
fiindo  ac  fieii  :i  domesticis  poterunt,  eoriim  ncquitl  ema- 
liir,  iit  fere  snnt,  qiue  ex  viminihus  et  maleria  rustica 
fiunt,  ut  corbes,  fiscinse,  tribula,  mallei,  rastelli.  Sic 
qu;e  fiunt  de  cannabi,  lino,juneo,  palma,  scirpo,  iit  fii- 
nes,  re.sles,  legeles.  Quae  c  fundo  surai  non  poterunt, 
ea  si  empla  erunt  potiiis  ad  utilitatem ,  quam  ob  speciem , 
suniptu  fnictum  non  extenuabiinl.  Eo  magis ,  si  inde 
enipta  eriint  potissimiim ,  iibi  ea  et  bona,  et  proxime ,  ct 
vilissimo  emi  polerunt.  Cujus  instrumenti  varia  discri- 
mina  ac  multilndo  agri  magnitudine  finitur,  qiiod  plura 
opiis  sunt,  si  fines  distant  late.  It,iqiie,  Stolo  inquit, 
proposita  magnitudine  fiindi ,  de  eo  genere  Cato  scribit. 
Oliveti  jiigera  ccxL  qui  coleret,  eum  instriiere  ita  oporterc 
iit  faccret  vasa  olearia  juga  v,  qua"  niemhratim  cniimcrat. 
Ut  ex  aere  ahenea,  urceos,  nasiternam,  item  alia  Sic  e 
ligno  et  ferro,  nt  ploslra  majora  tria,  aiatra  ciiin  vonie- 


VARRON. 


(|  u'on  ai  t  ti-ois  g  raiides  charrettes,  si.x  charrues  avec 
leurssocs,qiiatrecivieresafumier,ete.  Passanten- 
siiiteaux  differents  instruments  de  fer  seulement, 
huit  fourches,  autant  de  sarcloirs,  quatre  beches, 
etc.  Quant  au  mobilier  d"exploitationd'un  vigiio- 
ble,  Catonradeterminecommeilsuit,enealculant 
sur  une  superficie  decent  jiujera:  trois  pressoirs 
eomplets ,  des  futailles  garnies  de  leur  cou vercle , 
en  nombre  suffisant  pour  contenir  huit  cents  cul- 
!ci;  vingt  vaisseaux  atransporter  le  raisin  pendant 
les  vendanges ;  vingt  autres  reserves  pour  le  ble , 
etc.  Si  Caton,  contrairemeut  h  d'autres  auteurs, 
exige  un  sigrandnombre  de  cullei,  c"est,  je  erois, 
pour  qu'on  ne  soit  pas  force  de  faire  argent,  chaque 
aDDee,  du  produit  de  ses  vignes;  car  le  vin  se 
vend  plus  cher  quand  il  est  vieux ,  et  la  meme 
qualite  se  place  avec  plus  ou  moins  d'avautage, 
suivant  le  cours  du  moment.  Caton  entre  ensuite 
dans  de  grauds  details  touchant  les  quantites  et 
especes  dlnstruments  de  fer,  tcls  que  serpes,  be- 
ches,  rSteaux.  II  descend  meme  jusqu'aux  subdi- 
visions  de  quelques  especes.  Ainsi,  sous  le  nom 
g6nerique  de  faus,  il  distingue  differentes  sous- 
especes,  dont  voici  les  quantites  pour  chacunc  : 
six  serpes  a  tailler  la  vigne;  cinq  a  couper  lcs 
liens  desceps ;  pareil  nombre  de  serpes  k  faire  du 
bois;  trois  'a  emondage,  et  dix  propres  a  couper 
les  ronces.  Scrofa  prenant  alors  la  parolc,  nous 
dit :  Tout  proprietaire  devra  faire  un  inventaire 
detaille  detoiit  ee  mobilier  rustique,  et  en  empor- 
ter  une  copie  a  la  ville.  Le  villicus ,  de  son  cote , 
aura  soin  que  tous  ces  ustensiles  soient  dispos^s 
avec  ordre,  chacuu  a  la  place  qui  lui  a  ete  assignee. 
II  devrasurtout  avoir  autantquepossible  sousses 
yeux  tous  les  objets  qu'il  ne  pourra  gardcr  sous 
clef,Dotammentceux  d"un  usagemoiushffbituel; 
commeles  paniers  et  les  vases,  dont  on  n'a  be- 


soiu  qu"au  tcraps  des  vendanges,  etc.  Car  plus  fes 
objets  sonten  vue,  moinsils  sontexposes  aux  de- 
prcdations  des  voleurs. 

XXIII.  Agrasius  prit  alors  la  parole,  et  dit  : 
Vous  nous  avez  parle  jusqu'a  present  du  fonds  de 
terre  en  general,  et  des  divers  instruments  neces- 
sairesa  saculture :  desorteque,  desquatreparties 
de  ragriculture,  vous  avez  epuise  les  deux  pre- 
mieres.  J'attends  maintenant  la  troisieme  partie. 
Comme  je  n'enteuds  par  revenu  ,  dit  Scrofa,  que 
ce  que  la  terre  produit  quand  elle  a  cte  ensemen- 
cee,  nous  u'avons  reellement  que  deux  points  a 
examiner ;  savoir,  laqualite  de  la  semenee  et  celle 
dusol.Telle  terreconviendrapartieulierementau 
foin,  telle  autre  au  ble;  celle-ci  a  rolive,  celle-la 
au  raisin.  II  en  est  de  meme  de  tout  ce  qui  appartient 
a  la  denomiuation  generique  de  fourrage,  comme 
le  basilic,lescerealescoupeesenvert,  lavesce,  le 
sainfoin,  le  cytise,  le  lupin.  Cest  une  erreur  de 
croire  qu'une  terre  grasse  puisse  recevoir  indiffe- 
remment  toute  semence,  et  qu'en  une  terre  maigre 
on  ne  pulsse  rien  semer.  On  fera  bien  au  cnntraire 
de  choisir  une  terre  raaigre  pour  tout  ce  qui  ne  de- 
mande  pas  beaucoup  de  suc,  comme  le  cytise  et 
les  legumes;  a  re.xccption  toutefois  des  pois  chi- 
ches,  qu'il  fautcependant  considerer  comme  le- 
gume,  si  roncomprend  sous  ce  nom  toutce  quise 
recolte  par  extraction  de  la  tige,  par  opposition  a 
ce  qui  se  cucille  seulement;  car  lcgume  vient  de 
legcre,  cueillir.  Daus  les  terres  grasses  on  pourra 
semer  tout  ce  qui  demande  plus  de  uourriture; 
comme  les  rnciues  potageres,  le  froment ,  le  sei- 
gle,  le  lin.  Certaines  plantes  sont  cultivees,  noo 
pas  tant  pour  le  produit  immediat  qu'on  en  retire, 
que  pour ramelioration d"une  recolte  a venir;  par- 
cequeleurs  faues  coupees  etlaissees  sur  la  terre 
y  servent  d'engrais.  Cest  par  celte  raison  que 


libus  sex,  crates  stercorarias  (nialiior,  item  alia.  Sic  He 
feiiamentis  quoe  sintet  quot  opus  ad  multitucliium,  ut 
lurcas  fericas  octo,  sarcula  totidem,  dimidio  minus  pa- 
las ,  item  alia.  Ilem  alteiam  formulam  instrumenti  fundi 
vinarii  fecil,  in  qua  sciibit :  Si  sit  centum  jugerum,  lia- 
bere  oporteie  vasa  toiculaiia  instructa  liina ,  dolia  cum 
opeiculis  culleorum  octingenlorum  ,  acinaria  xx ,  liumen- 
taiia  XX.  Item  ejusmodi  alia.  Quse  minus  multa  quidem 
alii,  sed  lanlum  numerum  culleorum  scripsissc  pulo,  ne 
cogeretur  quolannis  vendeie  vinum.  Veleia  eniin  quam 
nova,  et  eadem  alio  tempore  quain  alio  pluiis.  Item  sic 
de  ferramenlorum  varietate  scribit  peimulta,  el  genere, 
etmuititudinequa  sint.ut  falces,  palas,  rastros.  Sic  alia, 
quoruni  nonnulla  genera  species  habent  pluies  ,  ut  falces. 
Nam  dicunturabeodem  sciiptore  vinealicae  opusesse  se\, 
sirpiculcB  v,  silvatice  v,  arborariai  iii ,  et  niscariae  x.  Hic 
lisec.  At  Scrolit,  instrumentnm  et  supellectilein  rusticam 
omnem  oporlet  liabere  scriptaiii  in  ui  be  et  rure  dominum. 
Vilicuni  contra  ea  ruii  omnia  cerfo  suo  quscque  loco  ad 
villam  [debent  esse]  iMsila.  Quse  iion  possunt  esse  siib 
clavi ,  quam  maxime  facere  ut  sint  in  coiispcclu  oportet. 
Co  magis  ea,  qux  in  rarjore  suat  usu,  ul  niiibus  in  viu- 


demia  uluntur,  ut  corbula',  et  sic  alia.  Qu:e  cnim  re» 
quotidie  videiilur,  minus  metiiunt  furem. 

XXIII.  Suscipit  Agiasius  :  Et  qiioaiam  habemus  illa 
duo  prima  ex  divisione  quadripaitita,  de  fundo,  et  i!e 
instrumento,  quo coli  solet ;  de tertia  parte  expecto.  Scrofa : 
Quoniain  fructum,  inquit,  arbitior  esse  fnndi  eum,  qiii 
ex  eo  satus  nascitur  utilis  ad  aliquam  rem  :  duo  conside- 
randa  reslant,  quae,  el  qiio  quidque  loco  maxime  expedial 
serere.  Alia  enim  loca  apposita  sunt  ad  fa?num,  alia  a<l 
fruinentum,  alia  ad  vimim  ,  alia  ad  oleiim.  Sic  ad  pahii-. 
lum  quse  perlinent,  in  qiio  est  ocimum,  farrago,  vicia, 
Medica,  cytisum,  lupinum.  iNeque  in  pingui  terra  omnia- 
seriinlur  recte,  neque  iii  niacia  nibil.  Reclius  enim  iu 
tenuiore  terra  ca  qu.e  nnn  iniilto  indigent  suco,  ut  cytisiini 
et  legumina,  pra;ter  cicer  :  hoc  enim  quoque  legumon, 
ut  caetera,  quae  velluntur  e  terra,  non  siibsecantiir  ■ 
quae  quod  italeguntur,  legumina  dicta.  In  pingui  recliu-s 
quae  cibi  snnt  majoris ,  iit  bolus ,  trilicum  ,  siligo ,  linuin. 
Qiia^dain  etiam  serunda  iion  tam  propter  pi  ajsentem  fruc- 
tum,  quam  in  aiinum  prospicientein  ,  qiiod  ibi  subsecta. 
atque  rclicta  terram  faciunt  meliorcm.  Itaque  lupinum 
cumnecdumsiliculam  cepit,  ct  nonnunquam  fabalia,si 


i 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  I. 


dansunc  tenetrop  maigreonemploie,  enguisede 
fumier,  des  ti{,'cs  de  iupin  non  encore  raonte  en 
graine ,  ou  l)icii  raeme  cciles  dcs  feves,  avaut  que 
la  eosse  n'ait  atteint  le  degre  de  formntion  oii  elle 
est  bonne  a  cueillir.  Mettons  a  part  les  plantcs 
dont  le  prodtiitcst  de  pur  agrement,  et  ((ui  peu- 
plent  nosjaidins  et  nos  parterres,  aussi  bien  que 
cellcsqui,  sans  contribucra  ralimentation  ,  sont 
cependant  indispensables  a  reconomie  rurale ;  tels 
que  les  saules  et  les  roseaux,  et  autres  vegeta- 
tionsquicxigent  unsol  humide.Cerlaines  plantes 
seplairontdansunterrainsec;d'autresprefereront 
des  lieux  ombragcs,  eomme  Tasperge  sauvage  et 
raspei'ge  domestique;  d'autres  enlin  ne  devront 
etre  semees  que  dans  des  licux  exposes  au  soleil , 
dont  lachaleur  estindispensnble  a  leur  croissan- 
ce ;  telles  sont ,  parexeraple,  les  violettes  et  lesau- 
tres  plantes  des  jardins.  INIais  Tosier,  dont  ou  fait 
des  paniers,  des  claies  et  des  vans,  demande  un 
autre  sol  et  une  autre  culture.  Les  bois  en  coupe 
reglee,  et  ccux  qu'on  laissecroitre  pour  les  chasses, 
veulent  aussi  des  terroirs  et  des  regiraes  difi'e- 
rcnts.  U  faudra  cgnlcment  reserver  des  endroits 
convcnablcs  au  cbnnvre,  au  liii,aii  jonc,  au 
sparte,  d'ou  ron  tire les  mnteriaux  emplovcs  a  bot- 
teler  la  paille  des  bceufs,  a  faire  des  ticelles ,  des 
cordcs  et  dcs  c^bles.  D'autres  terrains  recoivent 
indifferemment  diverses  especes  de  plnntes.  Cest 
ainsi  que  nous  voyons  souvent  iniroduire  des  plan- 
tesde  jardinetnutresdnnslcs  verger'i  de  formntion 
nouvelle,dontlesarbres,recemmcntaligiies,n'ont 
pas  encore  eu  le  temps  d'etendre  leo''s  racines; 
pratique  dont  on  s'abstient  soigneusement  quand 
les  arbres  oiit  pris  du  developpement ,  de  crainte 
de  leur  nuire.  Ceci,  reprit  Stolon,  se  coucilie  as- 
sez  bien  avec  ce  qu'a  ecrit  Catou ,  a  propos  des 


semnilles,qu'une  terregrasse,  bienfumee,o«  Toii 
ne  voit  aucuii  nrbre ,  est  ce  qu'il  faut  au  fromcnt ; 
et  qu'un  sol  orabrnge  convient  aux  raves,  au 
raifort,  au  milletet  au  panais. 

X.^^IV.  Les  especes  d'olives  qui  prosperent  en 
terre  grasse  et  chaude sont ,  Tolive  a  confirc,  le  ra- 
dius  major  de  Salente,  ['orchis,  hiposea,  la  ser- 
giane,  la  colminienne  et  Valbici-re  (blane  de 
cire).  Entre  toutes  ccs  varietes,  cultivez  de  prefe- 
rence  cellequi  flatte  le  pluslegoiit  locnl.  L'ex- 
position  au  ventd'ouest,  et  en  plein  solcil,  est  la 
plus  favorable  a  cet  arbre.  Le  sol  est-il  quelque 
peu  froid  et  maigre?  plantez-yrolive  licinienne. 
Dans  un  terrain  de  qualites  contraires,  cette  es- 
pece  nerend  jamais  Vhoslus  coraplet ,  raalgre  uri 
luxe  de  fruits  qui  repuise;  et  Tarbre  est  bientot 
ronge  d'une  mousse  rouge.itre.  L7wstus  est  ce  qu i 
s'exprime  dhuile  a  chnqwe.  faclus  ;  et  Ton  appelle 
factus  un  tour  de  pressoir. La  eontenance d'un  fac- 
tus  est,  suivant  les  uns,  de  cent  soixante  modius 
d'huile;  d'autres  le  font  descendre  a  eeut  vingt 
seulement,  et  reduisent  en  proportion  le  nombre 
etlaconteuancedcsraesures  fractionnaires.  Caton 
conseille  plus  loin  de  former  un  rideau  d'ormes 
et  de  pcupliers  autour  de  son  domniue  ;  on  en 
tiredas  feuillcs  pour  la  nourriture  des  boeufs  ct 
brebis ,  et  du  bois  pour  son  usage.  Mais  nous 
pensons,  quant  a  nous,  que  cette  prescription  nest 
ricnraoins  que  generale;  et  que  laou  elle  cst  uti- 
lement  appliquee,  ce  n'est  pas  en  vue  seulement 
du  feuillage,  qu'on  se  procure  par  ce  raoyen.  Un 
peuld'ailleurs,sansinconvenient,borderd'arbres 
snproprietedu  cotedu  nord;  car,  ainsi  placcs,  ils 
n'interccptent  pas  lesrayons  dusoleil.Sileterrain 
est  bumide, ajoiitnStolou,  tou jours  d'apri;s  la me- 
me  autorite,  choisisscz  de  prefcrenceles  peupliers 


ad  slliquas  non  ila  pcrvenil  iit  fabam  lcgere  expedial,  si 
ager  niacrior  est ,  pio  slprcoie  inaiare  solent.  Nec  iTiinus 
ea  discriminanda  in  conseiundo,  qu.ie  sunt  frucluosa, 
piopter  voliiplalem,  iit  qiia;  pomaria  ac  lloralia  appellan- 
tur.  Item  illa  quse  ad  liominum  victiim  ac  sensum  deiec- 
tationenique  non  pertinent ,  neque  ali  ai;ri  iilililate  sunl 
dijunrla.  Idoneus  locus  eligendus  ubi  facias  salictuni  et 
arundinetum,  sic  alia,  qiia;  Iniuiidiim  locum  qiiaerunt. 
Contra  ubi  segetes  frumentarias ,  ilii  fabam  potissinium 
seias.  Uem  alia,  qua'  arida  loca  sequuntur  ;  sic  ut  um- 
brosis  locis  alia  seras,  ut  corrudam,  quod  ita  pelit  aspa- 
ragus  :  et  apricis,  ut  ibi  seras  violam  et  liortos  facias, 
quod  ea  sole  nutricanlur.  Sic  alia  el  atio  loco  serunda,  ut 
liabeas  vimina,  unde  viendo  qiiid  facias,  ut  sirpeas,  val- 
los,  crates.  Alio  loco  ut  seras  ac  colas  silvam  ca^duam, 
alio  ubi  .aucupare.  Sic  ubi  cannabim  ,  linum,  juncuni , 
spartum ,  unde  nectas  l)ubus  paleas ,  liiieas ,  restes ,  funes. 
Qufedam  loca  eadem  alia  ad  seriindnni  idonea.  Nain  et  in 
recenlihus  pomariis  dcsilis  seminlbiis ,  in  oidincmque  ar- 
busculis  posilis  priuiis  aiinis  ante  qnam  radlces  longius 
proccdere  possint,  alii  conserunt  liurlos,  alil  quid  aliud. 
Neqiie  cum  convalueriint  arbores,  ideni  faciunt,  ne  vio- 
lent  radices.  Stolo  ad  liaec  :  Qiiod  ad  ha?c  pertinel ,  Calo 


non  male,  qiiod  scribit  dc  salionibus,  ager  ciassus  et  Iw- 
tus,  si  sitsiiie  arboribus,  euin  agium  frumenlarium  fieri 
oporlere.  Idem  ager  si  nebulosus  sil,  rapa,  raphanos, 
inilium,  panicum. 

XXIV.  In  agro  crasao  et  calido  oleam  conditaneam, 
radium  inajorcm,  Sallentinam ,  orcbitem ,  poseam ,  sergia- 
nam ,  colminiam,  albice.rem  :  quain  earum  in  liis  locis 
optimam  dicent  esse,  eain  maxime  serere.  Agriira  oliveto 
conserundo ,  iiisi  qiii  in  ventum  favoniiim  spectet ,  et  soli 
oslentiis  sil,  aliiim  l)onuin  niillum  esse.  Qiii  .iger  frigidior 
et  niacrior  sit,  ibi  oleam  Licinianam  seri  oportere.  Si  in 
loco  crasso  aiit  calido  posueris ,  Iiostum  nequam  lieri ,  et 
ferendo  arborem  perire ,  et  miisciim  rubruin  molestuin 
csse.  Ilostuni  vocant ,  quod  ex  iino  facto  olei  relicitur. 
F.icliim  dicunt,  quod  uno  tempore  conliciunt.  Quem  alii 
ci,\  aiiint  p.sse  modiorum,  alii  ita  ininus  niagnum,  ut  ad 
r\x  descciKlat  et  exinde  ,  ut  vasa  olearia  qiiot  et  qiianla 
liabcaiit,  qiiibus  conticiunt  illud.  Qiiod  Cato  ail  ciiciini 
ruiidum  uimos  et  populos,  unde  frons  ovjbiis  et  bubus 
sil ,  et  niateries ,  ,scri  oporlere.  Sed  lioc  neque  iii  oninibus 
fiinilis  opiis  est,  neque  in  quibus  estopus,  propter  fron- 
dem  maxime.  Sine  detrimento  ponunlur  ah  .spptentiioiiali 
plaga ,  qiiod  non  officiunt  soli.  Illc  adjicit  ab  eodem  stnp 


VARRON. 


etles  roseaux.  A  cet  effet,on  retoui-ner;»  laterre 
avecuiie  houe,  puis  oii  mettra  les  boutiires  rte 
roseaux  a  froispieds  i'unde  l'autre,  enleseiilre- 
melant  d'asperf;es  sauvages,  qiii  en  produiront 
de  bonnes  a  mane;er ;  car  roseaux  et  asperi^es 
exigent  a  peu  pres  nieme  eulture.  On  cntourera 
ees  plantations  d'osler  franc ,  dont  on  p.)urra  se 
scrvir  plus  tard  pour  lier  les  vigncs. 

X\V.  Ce  que  doit  observer,  quant  au  ehoixdu 
terrain,celuiquiplantedetavigne,  le  voici :  L'ex- 
position  la  plus  chande  et consequemmen t la  plus 
vineuse  doit  etre  reservee  au  petit  amincen  ,  au 
rnisin  double  dit  fortune,  et  au  petit  raisin  gris. 
Oii  Ic  terrain  est  gras  et  le  ciel  nebuleux ,  il  faut 
meltre  le  gros  amineen,  le  murgantin,  rapieius 
et  le  lucanien.  Les  autres  especes,  et  surtout  les 
raisiiis  noirs,  se  plaisent  indifferemment  partout. 

XXVI.  Les  vignerons  apportent  un  soinparti- 
Gulier  a  placer  riichalas  de  telle  sorte  que  la  vi- 
gne  en  soitabriteedu  cotedu  septentrion.  Lors- 
qu'on  se  sert  de  cypres  vif  cu  guise  d"eohalas , 
on  plante  alternativement  une  rang('c  de  eeps 
et  une  rangee  de  cypres,  en  empechant  toute- 
fois  ces  dernicrs  de  depasser  la  hauteur  d'un 
echalas  ordinaire.  II  ne  faut  pas  noii  plus  que 
la  vigne  soittrop  rapprochee  des  clioux  et  autres 
Jegunies;  ce  voisinage  lui  est  antipathique.  Je 
crainsbien,  ditAgrius,  se  tournant  vers  Fun- 
danius,  «ue  le  gardicn  du  temple  ne  revienne 
avant  que  nous  soyons  arrives  a  la  quatrieme 
partie ,  c'est-a-dire  aux  vendanges,  que  ('attends 
avec  impatience.  Eassurez-vous ,  dit  Scrofa ,  il  va 
lui-memc  appreter  les  paniers  et  les  urnes. 

XXVII.  Nous  avons  deux  divisions  dutemps: 
!'annee,  ou  la  revolution  complctc  du  soleil;  et  le 


mois  qui  suit  cellc  de  la  lune.  Je  parlerai  d'a- 
bord  du  cours  annuel  du  soleil.  Cet  espace  de 
temps,  considere  par  rapport  aux  fruits  de  la 
terre,  estdivise  enquatre  parties,  chacune  apeu 
presde  trois  mois;  ou,  plus  exactement  encore, 
en  huit,  dont  chacune  est  d'un  mois  ct  derai  en- 
viron.  La  premiere  division  estcelle  dessaisoos: 
Icprintemps,retc,  rautomne  et  rhiver.  Le  prin- 
teinpsest  Tepoque  de  certaines  semailles,  et  celle 
du  premier  labour  donne  a  la  tcrre ,  afin  d'en 
extirper  toutes  les  mauvaises  herbes  avant  qu'el- 
Ics  aient  jete  leurgraine.  Lesol,  soulevc  en  glebe 
par  le  labour,  de\  ient  alors  plus  accessible  a 
Tactioa  du  soleil  et  des  pluies,  et  plus  maniable 
pour  les  facous  ulterieures.  II  faut  a  la  terre  deux 
labours  au  moins;  et  trois  valent  encore  mieux. 
On  fera  la  moisson  en  ete ;  et  c'cst  eu  automnc,  et 
par  un  temps  bien  sec,  qu'il  faudra  faire  la  vcn- 
dange  et  proceder  aux  coupes  des  bois.  On  ahat 
rarbre  a  ras  de  terre ;  raais  il  ue  faut  deterrer  la 
souche  qu'apres  les  premieres  pluies,  afin  d'empe- 
cher  la  pousse  de  nouveaux  rejetous.  Cesten  hi- 
verqu'on  fera  ta  tailledes  arbres,  en  choisissant 
toulefois  le  moment  oii  il  n'y  a  sur  Icur  ccorcc  ni 
frimas,  ni  pluie,  ni  glacons. 

XXVill.  Le  piiiitemps  commence  lorsque  Ic 
soleil  est  dans  leVerseau;  Tete,  lorsqu'iI  entrc 
dans  leTaureau  ;  rautomne,  lorsqu'il  passe  dans 
le  Lion  ;  et  rhiver,  lorsqu'il  atteint  le  Scorpion. 
Mais  comme  le  premier  jour  de  chaque  sai- 
son  est  le  23"  de  rentree  suecessive  du  soleil 
dans  chaque  signe ,  11  s'ensuit  que  le  printemps 
est  de  9 1  jours ;  Tete,  de  94 ;  Tautorane,  de  9 1 ;  et 
rhiver,  de  89.CecaIculctant  misen  rapportavcc 
les  divisionsdc  notreaunce  civile,  le  premierjour 


loie  :  Si  locus  liumecUis  sil,  ibi  c^icumina  pnpuloruin  sc- 
rmidael  arunilineluni.  Iil  piius  bipalio  verti,  il>i  oculos 
aruiKlmis  petlcs  leinos  alium  ab  alioseii,  ibi  quoquecoi- 
luJam,  unile  aspaiagi  liaiit;  aptam  csse  utiique  eanilcm 
reie  (ultuiam.  Salicem  Kia^cini  oirciim  aruiidinetum  seri 
upoilere,  iiti  sit,  qui  vitis  alligari  possil. 

XXV.  Vinea ,  quo  in  agio  seruuda sit ,  sic  observanJum. 
Qui  locus  optimus  viuo  .sit,  et  osteutus  soli,  Ainineura 
miuusc.nlum,  ct  geininuin  eugeneum,  belveolum  miniis- 
o.ulnni  seri  oporteie.  Qiii  luciis  crassior  sit,  aut  ncbulo- 
sus,  ibi  Aniiiieuin  majus,aHt  Muigenlinum ,  Apicium, 
Lucanum  seri.  Cieteras  viles,  et  de  bis  miscellas  maxime, 
in  omiie  genus  agri  convenire. 

XXVI.  In  onnii  vinea  dlligenter  observant,  ut  ridica 
vitis  al)  septenlrione  veisus  tegatiir.  Et  si  cupressos  vivas 
pro  ridicis  inscrunt ,  alternos  ordines  imponiint :  neque  eas 
crcscere  allius,  quam  lidicas  patiuntur;  ncque  propter 
olus  adseruut  vitcs,  quod  inlcr  se  Ii.tc  inimica.  Agrius 
Fnndanio,  vcreor,  inquit,  ne  anlc  Kditinius  veniat  liuc, 
qiiam  binc  ad  quartum  acluin  accednmiis.  Vinderaiam 
enim  expecto.  I!ono  animo  es,  iiuiuit  Scrofa  -.  iiscinas 
cxpediet  ac  uriiain. 

XXVII.  Et  qnoniam  tempora  ilunnini  gcncruin  siinl, 
unumannalc,  qiioil  siil  ciiciiilo  siin  liiiil  ■  .iHcriiui  iiicns- 


truum,  quod  hma  circumicnscomprebpndit :  prius  dicam 
de  sule.  Ejus  cursiis  aiinalis  prininin  lere  ciiciter  ternbi 
mensibus  ad  fructus  est  divisiis  in  iv  parles,  et  idein 
subtilius  sesquunen.sibus  in  viii.  In  qnaluor,  quod  divi- 
ditur  in  ver,  et  aeslatem ,  et  autiimnum  ,  et  liiemein.  Vere 
sationes  quajdam  liuiit,  terrain  rudem  proscindcre  opoi- 
tet,  qua;  sunt  ex  ea  enata,  prius  quam  ex  iis  quid  semi- 
nis  cadat ,  ut  siiit  exradicala ;  et  simul  glajbas  ab  sole  per- 
calcfactas  aptiures  faceiead  accipiuudiim  imbrcm,  et  ad 
opus  faciliores ,  rela\atas.  INeque eam  minus  bis  aranduin, 
ter  melius.  ^Estate  lieri  messes  opoitere.  Autumno  siccis 
tempeslatibus  vindemias ,  ac  silvas  excoli  commodissime  : 
tunc  pra!cidi  arboies  oportere  sccundiim  terrani.  Radi- 
ces  autem  prioribus  inibribus  iit  effodiantur,  ne  quid 
ex  liis  nasci  pussit.  IJieine  putari  arborcs  duntaxat  liis 
temporibus  cum  gelu  cortices  et  imbribus  careaut,  el 
glacie. 

XXVIII.  Dies  primus  cst  veris  in  Aquario,  a;statis  in 
Tauro,  autumui  iu  Leone,  hiemis  in  Scorpione.  Cura 
uniiiscnjiisque  liorum  quatuor  signorum  dics  iL-rtius  et  vi- 
cesimns  ipiatuor  temporum  sit  primus;  ellicitur,  ut  vef 
dies  liabeat  xci,  «'slas  xciv,  autumnns  xci,  biems  xcnu 
Qua',  rcdacla  ad  dics  civilcs  nostros,  qiii  nuiic  suiit,  primi 
vcrul  lcmpoiis  c\  a.  d.  vii  IJ.  Fcb.  a;stivi  c\  a.  d  vii  M. 


i\ 


DE  LAGRICULTURE,  LIV 

I»  priateraps  correspondra  au  s'  des  idcs  Ao  fc- 
/rier;  le  premier  de  l'ete-,  avec  le  S'' des  idrs  ile 
nai;  le  premier  de  rautomne,  avec  ie  4^^^  d;^s 
des  d'aout;etlepremierderhiver,  avec  le  5"  des 
;des  de  noverabre.  11  est  plus  exaet  encore  de 
larlager  rannee  entiere  en  huit  periodes  distlnc- 
es.  La  premierc,  de  i!»  jours,  commencc  lorsijiie 
e  soleil  se  couehe  au  point  d'ou  s'eleve  le  vent 
favonius,  et  dure  jusqu'a  requinoxe  du  prin- 
enips.  Laseconde,de46jours,durcdel'equino\e 
lu  printemps  jusqu'a  rasecnsion  des  Pleiades.  La 
troisiem6,de48  jours,  du  lcverdes  Pleiadesausol- 
itice;  laquatrieme,  de24  jours,  dusolsticea  Tar- 
riveedelaCanicule.  Lacinquieme,de6Sjours,  de 
i'arriveedelaCaniculeal'equinoxed'automne.  La 
sixieme,  de  4.5  jours,  de  requinoxe  d'autorane  a  la 
iisparitiondes  Pleiades.  Laseptieme,  de44  jours, 
;le  la  disparition  des  Pleiades  au  solstiee  d'hi- 
ver;  et  la  huitieme  enfiii,  de  4.5  jours,  corameu- 
cant  ausolsticed'hiver,  et  durant  jusqu'au  temps 
oii  le  soleil  se  couch-eau  poiut  d'ous'e!eve  le  vent 
Favonius. 

XXIX.  La  premiere  periode  est  le  temps  d'eta- 
blir  des  pepinieres  de  toute  espece,  de  tailler  la  vi- 
gne  et  de  la  dcchausser,  de  couper  les  racines  qui 
sortent  de  terre,  d'echardonner  les  pres,  de  plan- 
terdes  saussaies,de  sarelerlesterres  quisontdeja 
labourees  et  eusemencees ,  et  qu"ou  appelle  se- 
getes,  pour  les  distinguer  des  arva,  qui  sont  des 
terres  labourees,  mais  non  encore  ensemeneees. 
Quant  aux  terres  appelees  novales,  on  coraprend 
sous  ce  nora  toutes  eelles  qui  ne  sout  ensemen- 
cees  et  renouvelees,  pour  ainsi  dire,  que  tous  les 
deux  ans.  Remarquons  encore  que,  douner  le 
premier  labour,  s'exprime  par  lc  mot  prosciii- 
dcrc  (fendre),  tandis  qu'on  designe  le  second  par 
le  mot  offrin(jere  (briser  >,  paree  que  cette  der- 
niere  facon  a  pour  but  de  briser  la  glebe  que  la 


S.S 


premii-re  n'aura  fait  que  soulever.  On  eraploie  le 
mot  lirare  (sillonner)  pour  designer  racte  par 
lequcl  on  donne  le  troisieme  labour,  au  terrain 
ds\ja  ensemence.  Cette  operatioii  se  fait  au 
moyen  de  deux  planches  attaeheesau  soc,  etdis- 
posees  de  telle  sorte  que,  tout  cn  recouvrant  les 
semences  jetees  sur  ies  arretes,  on  creuse  en 
meme  temps  des  sillons  qui  donoent  un  ecoule- 
ment  facile  aux  eaux  pluviales.  Ceux  qui  n'ont  a 
cultivcr  qu'une  propriete  de  mcdiocre  etendue, 
comme  on  eu  trouve  beaucoup  en  Apulie,  font 
d'ordinaire  passer  la  herse  snr  leurs  terres,  aliii 
de  micux  atteindre  les  mottes  qui  pourraient  ctre 
resfees  sur  les  aretes.  La  trace  profonde  que 
laisse  en  terre  le  soc  de  la  charrue  s'appellc  sul- 
r!(s(sillon),etlasaillie  quise  forme  cntre  deux  sil- 
lons  s'appelle ;)o/ra  (arete) ,  (\<iporricerc  (mettre 
a  distancc,  eleve),  parce  que  la  semence  se  trouve 
pour  ainsi  dire  exhaussee  au-dessus  du  sol.  Cest 
encore  dans  le  meme  sens  qu'on  sc  sert  du  mot 
yforncpre  poursignifierraction  d'offriraux  dieux 
les  cntrailles  des  victimes. 

XXX.  Dans  la  seconde  periode,  comprisc  entre 
requinoxe  de  printemps  et  le  lever  des  Pleiades, 
on  vaquera  aux  tiavaux  que  voici  :  sarclcr  les 
terres  labourees,  ou  leur  donner  le  premier  la- 
bour;  couper  les  saulcs  et  enclore  les  pres;  met- 
tre  la  derniere  main  a  ce  qui  resterait  imparfait 
des  travaux  de  la  periode  precedcnte;  planler 
les  arbres  avaat  la  gerraination  et  la  Horaison ; 
car  tout  arbrc  qui  ne  garde  ses  feuilles 
qu'une  partie  de  rannee  nest  plus  propre  a  etre 
plante,  lorsqu'il  en  a  pris  de  nouvel!es.  II  y  a 
encore  le  travail  de  plantation  et  de  taiile  des  oli- 
viers. 

XXXI.  Duraat  la  troisicme  periode,  comprise 
entre  le  lever  des  Pleiades  et  lc  solstice ,  on  de- 
vra  becher  ou  labourer  les  jeunes  vignes,  et  les 


Maii;  aulumnales  ex  a.  A.  m  Iii.  Sext. ;  liiberni  e\  a.  d.  iv 
Id.  Novenib.  Subtilius  diseretis  leni|ioiibus  observanda 
qiia^dam  sunt ,  eaque  in  pai tcs  viu  dividuntiir.  Piinuira 
a  favonio  ad  a;quinoctiiim  vernum  dies  xlv.  Hinc  ad  Ver- 
giliarum  exortum  dies  :ilvi.  Ab  lioc  ad  solstilium  dies 
xLviii.  Inde  ad  CanicuUe  signum  dies  xxiv.  Dein  ad  a-qui- 
notliniii  autumnale  dies  lxviii.  Exin  ad  Veigiliarum  oc- 
ciiMMn  dies  \LV.  Ab  hoc  ad  brumam  dies  xliv.  Inde  ad  fa- 
viiiiium  dios  xi.v. 

X.VIX.  Iii  piimo  intervallo,  inter  favonium  et  sequino- 
clium  veinum ,  ha'c  liei i  oporlet.  Seminaria  oinne  genus 
ul  seiantur,  pulari  in  primis,  circum  vites  ablaqueari ,  ra- 
dices,  qua;  in  snmmaterra  suiit,  pra^cidi,  prala  puigari, 
salicta  seri ,  segetes  sariri.  Seges  dicitur,  qnod  araliim  sa- 
tum  est  :  arvum ,  quod  aratum ,  nec  diiin  salum  esl.  No- 
valis,  ubi  satum  fuil  ante  quam  secunda  pjatione  reno- 
vctur.  Rursum  terram  cum  primum  araiit,  proscindere 
ni.pdlant ;  cum  iterum ,  olfringere  dicunt ;  quod  piimaara- 
1 1  iiii'  gla'b:e  grandes  solenl  excitari ,  [cuiii  ileraliir,  offrin- 
-II 1  \  ucaiit.]  Terlio  cum  araul  jaclo  semine,  [bovesj  lirare 
dicuulur  :  id  esl .  cniii  tabdlis  udditis  ail  voiiicrcm  simul 


et  saUim  fiumentum  operiunt  in  porcis,  el  snlcantfossag, 
quo  pluvia  aqua  delabatur.  Nonnulli  poslca,  qui  scgetes 
non  tam  latas  liabent  (ut  in  Appnlia)  id  genus  prsedii  per 
saritores ocrarc  solent ,  si  quae in  poicis  lelicfa? grandiores 
3unt  gla^b.ie.  Qiia  ai  atrum  vomere  lacunam  sti  iam  facit , 
sulcus  vocatur.  Quod  est  inter  diios  sulcos,e!ata  terra, 
dicilur  porca,  quod  ea  seges  fnimenlum  poiricit.  Sic  quo- 
que  exla  deis  ruin  dabant,  porricere  dicebant. 

X.XX.  Secundo  inlervallo  inler  vernuni  acqniiioctium , 
elVeigiliarum  exorlum  liaec  lieri  debent.  Segetes  runcari, 
bovcs  terram  proscindere ,  salicem  ciedi ,  prafa  defcndi. 
Qna;  supeiiore  lempore  lieri  oportueiit,  et  non  siiiftabso- 
liita;  aiite  quani  gemmas  agant  ac  llorescere  incipiant, 
seii.  Quod  si ,  qua:  fblia  mittere  soleiit,  anle  IVondem 
noicrc  inceperint,  statim  ad  sereudiim  idonea;  nou  suiit. 
Olcani  seri  interputarique opoitet. 

XXXI.  Tertio  intervallo,  inter  Vergiliariim  exoilum  ct 
solstitium,  1i<t:c  fieri  debent.  Vineas  novellas  fodcrc,  aut 
arare ,  et  postea  occare,  id  est  comminiicre,  ne  sil  glajba. 
Quod  ita  occidunl,  occare  dictiim.  Vites  pnmpiiiari,  .sed 
a  sciciitc.  Nam  id  qiiain  piitaic  niajus;  iieqiie  in  arbusto, 


86 


VARRON. 


Lerser;  c'est-a-dire  briser  les  mottes  sans  en  lais- 
ser  une  seule.  On  designe  cette  derniere  opera- 
tion  par  le  mot  occare,  derive  lui-meme  A'occi- 
dere  (detruire);  comraepourfnire  entendrc  qu"on 
aneantit  les  mottes  de  terre.  Cest  encore  le  rao- 
ment  d'epamprer  les  vignes,  soin  qiril  ne  faut 
conli<.'rqu'ades  mainsiutelligentes;  car  cetleope- 
ration,  exclusivement  propre  a  la  vigne,  est  d'une 
pliisgrandeimportanceencorequecelle  delataille 
desarbres  a  fruits.  Epamprer  c'est  ne  laisser  sur 
un  sarraent  que  les  deux  ou  meme  les  trois  pre- 
niiers  brins  que  vous  aurez  reconnus  comme 
les  plus  forts,  et  retrancher  tous  les  autres,  de 
craiute  que  le  cep  ne  soit  pas  en  etat  de  fournir 
a  tous  une  nourriture  suflisante.  Cest  dans  cette 
vue  qu'on  commence  par  couper  les  picds  de  vi- 
gne  au  raoraent  oii  ils  sortent  de  terre,  afin  qu'a 
la  seconde  pousse  on  ait  un  sarment  plus  vigou- 
reux ,  et  qui  donne  des  bourgeons  mieux  nour- 
ris.  Quand  le  cep  sort  de  terre  raince  et  cffile 
corame  un  jonc,  cette  faiblesse  le  rend  impuis- 
sant  a  pousser  des  rameaux  productifs;  on  Tap- 
prlle  ?i\o\-sJIngelliim.  Mais  le  cep  vigoureux,  et 
qui  promet  des  grappes,  s^appellepa/wo.  Flagel- 
bim  vient  dejlatus  (souffle) ,  en  changeant  une 
lettre;  raotquisignifie  objetde  peude  consistance. 
Lepalma  (cepa  porter  frnit)  tire  sonnom  proba- 
blement  du  motparilema,  derive  de  parire  (pro- 
duire),  dont,  parune  suppression  de  lettreasscz 
commune  dansnotre  langue,  on  aura  fnilpalma. 

II  y  a  aussi  les  pousses  appelees  capreoli  (vril- 
Ics  de  la  vigne),  espece  de  filament  en  forme  de 
spirale,  ou  de  boucles  de  cheveux.Cette  vege- 
tatiou  de  la  \igne  s'enroule  comme  autant  de 
serpents  autour  de  ce  qui  crolt  pres  d'elle  ;  d'ou 
le  nom  de  capreoli,  dont  la  racine  est  capere , 
prendre. 

Toute  especede  fourrage,  basilic  des  champs 
(ocimtim),  dragee,  vesce,  etc,  se  coupea  la  raeme 
cpoque.  Le  foin  proprement  dit  se  fauche  en  der- 

sed  in  vinea  fieri.  Pampinriie  est  ex  sarmento  coles  qui 
nal!sunt,de  iis,  qui  iilurimuni  valent,  piimum  ac  se- 
cundum,  nonnunquam  eliam  lertium  relinqueie,  leliquos 
decerpei;e ,  ne  relictis  colilius  sarnienlum  nequeat  minis- 
trare  sucum.  Ideo  in  vitiario  primitus,  eum  exil  vilis,  tota 
resecari  solet ,  utfirmiore  sarmentoe  lerraexcat,  atque  in 
paiiendis  colil)us  vircs  liabeat  niajores.  Ejuncidum  eniiii 
sarmer.iumpropter  infirniilatem  slerile,  neque  ex  sepotest 
pjicere  viteni.  Quam  vocant  minorem  flasellum,  majorem 
etiam  unde  uva>  nascuntur,  palmam.  Prior,  lilera  una  rau- 
lata.declinataa  venlinalu,  simililcrllaljelluni  acllagellum. 
Posterinr  quo  ea  vitis  iinniittilur  ad  uvas  pariundas.dicta 
primo  videtura  pariendo  parilema  :  exiu  niiilatis  lileris, 
iit  in  mullis,  dicicn?ptapalma.  Ex  alteraparte  parit  ca- 
preolum.  Is  cst  coliculus  vileus  intortus,  ut  cincinnus.  Is 
enim  vitcs  ut  feneat,  serpit  ad  locurn  capiundiim.  Ex  quo 
a  capiendo  capreolus  dictiis.  Omiie  pabulum,  primum 
orimum,  faira{;inem  ,  viciam,  novissime  temira  secari. 
Ociiiuni  dlctuni  a  gra-co  verbo  wy.O;,  quod  vcnit  cito.  Si- 


nier.  Ocmhmot  vientdu  grecwxuc(hStif).Son  lio- 
monyme  des  jardins  a  la  meme  propriete.  Ce  nom 
vient  peut-etre  aussi  de  ce  que  cette  plante  ISche  le 
ventrc  aux  bocufs,  a  qui  on  en  donne,  comme 
purgation,parce  raotif.  Cest  une  especede  feve 
que  Ton  recolte  en  vert,  avaut  quela  cosse  ne  soit 
forraee.  Le  farrago  (dragee)  est  un  raelange 
d'oige,  de  vesce  et  autres  plantes  leguraineuses, 
qui  se  s6me  a  la  fois,  et  se  coupe  egaleraent  en 
vert  pour  nourrir  les  bestiaux.  Le  uom  de  fer- 
rago  lui  vient,  ou  de  rinstrument  de  fer  avec  le- 
quel  on  le  coupe,  ou  de  ce  que,  primitivement, 
c'ctait  les  terres,  ayant  produit  du  ble  [farracios 
segetes ) ;  qu'on  choisissait  pour  cette  culture.  Ce 
melange  se  donne,  au  printemps,  aux  chevaux  et 
bstes  de  somme.  11  commence  par  les  purger,  et 
ensuite  il  les  engraisse.  Vicia  (la  vesce)  tire  son 
nora  de  vincere  (lier),  parce  que  cette  plante  a, 
comine  la  vigne,  des  vrilles  (caprcoli)  avec  les- 
quelles  elle  s'accroche  aux  tigesdes  lupinsou  au- 
tres  plantes  voisines,  qu'elle  enveloppe  de  ses 
etreintes.Si  vosprairiessout  arrosables,  il  faudra 
proceder  a  leur  irrigation  aussitfit  que  vous  en 
aurcz  enleve  le  foin.  Nemanquezpas,  surtout  en 
tempsde  secheresse,  d'arroserchaque  soir  lesar- 
Iwes  fruitiers ,  dont  le  nom  poma  vient  proba- 
blementdeleur  besoin continuel  de  ho\te.(polare, 
polits.) 

XXXIL  La  plupart  des  cultivateurs  font  la 
moisson  pendant  laquatrieme  periode,  du  sols- 
tlce  d'ete  a  la  canicule;  parce  qu'ils  pretendent 
que  le  ble,  pour  acquerir  la  consistance  de  la  ma- 
turite,  doit  rester  quinze  jours  dans  sa  balle , 
quinze  jours  en  fleur  ,  et  quinze  jours  en  grai- 
ne.  Cest  aussi  le  moment  d'achever  ce  qui  reste 
de  labours  a  faire ,  et  qtii  sont  alors  d'autant  plus 
profitables  que  la  terre  est  plus  echauffee.  Un 
premier  labour  etant  donne  a  la  terre,  faites  y  . 
repnsser  la  cliarrue,  afin  d'ecraser  les  mottes 
que  le  premier  n'aura  fait  que  soulever.  Cest  eu- 

militer  quo  ocinium  in  horto.  Hoc  aniplius  dictum  oci- 
num ,  qnod  citat  alvum  bubus,  et  idco  iis  datiir  nt  pur- 
gentur.  Id  ex  fabuli  segete  viiide  seclum  ante  quain  ge- 
nat  siliquas.  Contra,  ex  segete,  ubi  sala  admixla  ordeum 
et  vicia  et  legumina  pabuli  causa ,  viridia  quod  lei  ro  csesa, 
fcrrago  dicla  ,  aut  nisi  quod  priraum  in  fairacia  segete 
seri  cu^ptum.  Ea  equi  et  jiimenta  csetera  verno  tempore 
purgantur,  ac  saginantiir.  Vicia  ditta  a  vinciendo ,  quod 
item  capieolos  babel  utvitis,  quibuscumsursum  vorsum 
serpit  ad  scapum  lupini,  aliumve  quem,  ut  baireat,  id 
solet  vincire.  Si  prata  irrigua  habebis,  simulac  foenum 
sustuleris,  irrigare.  In  poma,  qua;  insita  erunt ,  siccita- 
tibiis  aquam  addi  qiiolidie  vesperi.  A  quo,  qiiod  indigent 
potu,  poma  dicta  esse  possnnt. 

XXXII.  Quaitointervallo  inter  solstitiumet  caniculam 
plcrique  messem  faeiunt,  quod  frumentum  dicunt  qiiin- 
decim  diebus  esse  in  vaginis,  quindecim  florere,  quinde- 
cim  exarescere,  cum  sit  maturum.  Arationesabsolvi,qUte 
co  friictiiosii)rcs  riiiiil,  quo  calidiore  terra  aratur.   Ciiu! 


4 


DE    L'AGRICULTURE ,    LIV.    \. 


core  repoque  des  semailies  pour  la  vesce,  les 
lentilles,  les  pois  cliiches,  la  cicerole,  et  autres 
plantes  comprises  sous  le  nom  generique,  soit  de 
leginnina ,  soit  de  lef/aria  fquon  leur  donne  dans 
quelques  contrees  de  la  Gaule).  Ces  deux  raots 
ont  une  origine  commune,  legere  (cueillir),  parce 
qu'enrecoltaut  oneueilieaulieude  couper.  Reste- 
t-il  encore  des  raottes  dans  vos  vignes,  apres  le 
second  labour?  passez  y  la  lierse  deux  fois,  si  ie 
plant  est  vieux;  trois  fois,  sil  est  nouveau. 

XXXIIL  Pendant  In  cinquieme  periode,  c'est- 
a-dire  depuis  la  canicule  jusqu'a  i'equinoxe  d'au- 
tomne,  il  fautcoupcr  iapaille,  la  botteler,  achever 
les  labours,  emonder  lesarbres,  etfaire  laseconde 
coupe  des  prairies  arrosables. 

XXXIV.  Des  le  commencement  de  la  sixi^me 
periode ,  c'est-a-dire,  a  partir  de  requinoxe  d"au- 
tomne,  il  faut{suiv:uitnosauteurs)procederaux 
semaiiles,y  consacrer  les  quatre-vingt-onzejours 
qui  suivent ,  et  ne  semer,  une  fois  venu  ie  solstice 
d'hiver,  que dans  le cas  de  necessite absolue.  L'ob- 
servationest  importante;  car  cequ'on  seme  avant 
leve  en  sept  jours,  et  tout  ce  qui  se  seme  apres 
se  montre  a  peine  au  bout  de  quarante.  II  ne 
faut  cependant  pas,  d'aprcs  les  memes  auteurs, 
semer  avant  requinoxe,  paree  que  la  semence 
est  exposee  a  pounir,  si  le  teinps  devient 
contraire.  L'epoque  du  coucberdes  Pleiades  doit 
Stre  choisie  pour  semer  la  feve;  mais  c'est 
entre  requinoxe  d"automue  et^  le  coucber  des 
Pleiades  qu"il  faut  cueillir  le  raisin  et  faire  les 
vendanues.  [mmediatemeutapres ,  oncommeuce 
a  tailler  la  vigne,  a  provigner,  et  a  planter  les  ar- 
bres  a  fruit.  Dans  les  contrees  oii  le  froid  se  fait 
sentir  de  bonne  heure,  il  vaut  raieux  ajourner 
ces  travaux  au  printemps  de  Tautre  annee. 

XXXV.  Pendant  la  septiemeperiode,  c'e£t-a- 


dire  depuis  le  coucher  des  Pleiadcs  jusqu'au 
soIsticed'hiver,  ilfaut(toujours  d'apreslesmdmes 
autorites)  planter  les  lis  et  le  safran.  Pour  faire  un 
plant  de  rosiers ,  on choisit  des  pieds  qui  aient  deja 
pris  racine ;  on  en  fend  la  tige ,  dans  sa  longueur, 
en  brins  d'une  palme  environ,  qu'on  couvre  de 
terre,et  qu'on  transplaute  apres,  lorsqu'ilsont  pris 
raeinealeurtour.Quantauxviolettes,  leurculture 
a  le  grave  incon venient  d'exiger  des  planehes  sur- 
elevees.  A  cet  effet,  on  ramasse  la  terre  a  Ten- 
tour.  Or,  cctteterreest  entrainee  etbalayee  par  les 
arrosements  ou  les  pluies,  et  le  sol  de  la  propriete 
sappaiivrit  d'autant.  Quand  le  soleil  s'cst  couehe 
aupoint  derhorizond'ous'eIeveFavonius,  e'est  le 
temps  ,  jus(;u'au  lever  de  TArcture,  detransplau- 
terleserpolet  venudegraine.  Cetteherbe  doitsi)M 
nom  a  ses  habitudes  rampantes  (qmdserpil).  On 
peut  encore  creuser  de  nouveaux  fosses,.nettoyer 
lesanciens,  tailler  la  vigueet  les  arbres  auxqucls 
elle  est  mariee;  mais  il  faut  suspendre  tout  tra- 
vail  durant  les  quinze  jours  qui  precedent  et  les 
quinze  jours  qui  suivent  le  solstice  d'hiver.  Cer- 
tains  arbres  ccpendant,  les  ormes,  par  exeraple, 
peuvent  encore  etre  plantesdans  cet  intervalle. 

XXXVI.  Dans  la  huitieme  periode,  c'est-a-dire 
depuis  le  solslice  d'hiver  jusqu'au  lever  du  Fa- 
vonius ,  il  faut  faire  ecouler  du  sol  les  eaux  qui  y 
sejournent ,  et  le  sarcler,  si  la  saison  a  ete  seche  el 
que  la  terre  soit  friable.  II  faut  encore  tailler  les 
vigneset  lesarbres  fruitiers;  et  quand  on  ne  peut 
piustravaiilerauxchamps,expedier,auIogis,tout 
ce  qui  peut  se  faire  sous  un  toit  pendant  les  veil- 
lees  dhiver.  Toutes  ces  regles  doivent  etre  consi- 
gnees  par  ecrit ,  et  la  copie  doit  en  etre  placee  eu 
vue  dans  la  ferrae,  afin  que  tous,  et  notamment 
le  villicus,  puissent  biensen  penetrer. 

XXXVII.  Les  jours  lunaires  doivent  encore 


prosclderis,  ofTiingi  oportet,  id  est  iterare,  ul  fraugautiu' 
glaebae.  Prima  enim  aralione  grandes  glaebae  e\  terra  sciu- 
dinitur.  Serendum  viciam,lentem,  cicerculam,  erviliam, 
caiteraqne ,  quse  alii  legumina ,  alii  (ut  Gallicani  quidam) 
legaria  appellant ,  utraque  dicla  a  legendo  ,  quod  ea  noo 
secantur,  sed  vellendo  legunlur.  Yirieas  veleres  iteruiu 
occare ,  novellas  eliam  lertio,  si  sunt  eliam  tum  gla;b;e. 

.\XX1II.  Quiiilo  intoivallo  inter  caninilam  et  a^quino- 
clium  autiiuiiiale  oportet  slramenta  desecaii ,  et  accivos 
coustrui,  ai alro  olTiingi ,  frondem  ca;di,  piata  irrigua  ile- 
luin  secari. 

X.VXIV.  Scxto  iulervallo  ab  aequinoclio  autiimnali  iuci- 
piie  (scribuiit)  oporlere  serere,  usque  ad  diem  xci  post 
lii  urnam ,  nisi  qiia;  neoessaria  causa  coegerit ,  non  serere  : 
quod  tantum  iiilcisit,  ut  ante  brumam  sata  seplirao  die; 
quae  a  brunia  sala ,  xl  die  vix  exislaut.  >'eque  anle  a^pii- 
noctium  incipi  oporlere  putant,  quod  si  minus  idonerc 
tempestates  sint  consecuta;,  putescfiie  semina  soleant. 
Fabam  optime  seri  in  Vergiliarum  occasu.  Uvas  aiilem 
legere  et  Vindemiani  faceie  iiiter  aHjuinoctium  aulumnale 
et  vergiliarum  occasum.  Dcin  vites  iiutare  tncipere,  et 
propagare ,  et  serere  poma.  Ila;c  aliqnut  legionibus,  ubi 


maturius  frigora  liuiit  asperiora,  ineliiis  verno  lempore. 

XXXV.  Septimo  intervallo  inter  Vergiliarum  occasum  , 
etbrumani,  liaec  fieri  oportere[dicunt.]  Seiere  liliuni,  et 
crocum;  quod  jam  egit  ladicenl,  rosetum  conciditur 
radicitus  in  virgnlas  palmares,  et  obruilur.  Haec  eadem 
postea  transfertur  facta  viviradix.  Violariain  fundo  facerc 
non  est  utile,  ideo  quod  necesse  est  lerra  adrueuda  pul- 
vinos  fieri,  quos  irrigationes ,  et  pluvia;  tempeslates 
abluunt ,  et  agrum  faciunt  macriorem.  Ab  favonio  usuoe 
ad  Aicturi  exortuin  i ecte  serpulluiu  e  seminario  liansferri  ; 
quod  dictum  ab  eo  quod  serpil.  Fossas  novas  fodere,  ve- 
leres  lergere,  viueas  arbustumque  pulare,  dumin  xv  die- 
bus  ante  et  post  bruniam  ut  pleraque  ne  facias  :  nec  nou 
lum  aliquid  lecte  scritur,  ut  ulmi. 

X.XXVI.  Oclavo  intervallo  inter  briimam  et  favoniuni 
lia"c  lieii  oporlel.  De  segetibus,  si  quaest  aqiia,  deduci  : 
siu  siccilales  suiit ,  et  terra  teneritudinem  babet,  sarire. 
^ineas ,  ai bustaque  pulare.  Cuin  in  agris  opus  fieri  non 
potest,  quse  sub  tecto  pos.sunt,  tunc  conficienda  anlelu- 
cano  tempore  liiberno.  Qu.edixi,  .scripta,  etproposila  ba- 
bere  in  villa  oportet,  niaxiine  ut  vilicus  norit. 

XXXVll.  Uies  lunares  quoque  obscrvandi ,  qiii  quodam- 


VARRON. 


etre  robjet  d"unc  attenliou  toute  spcciale.  Ils  se 
partagent c!i deux series :  Tune ,  oii  la  lune  nou vel le 
va  toujourscroissant  jusqu'ace  qu'ellesoit  pleine; 
et  Tautre,  oii  elle  decroltsuccessivement  jusqu'au 
jour  intermediaire  de  rancienne  et  nouvelle  lune. 
Cejour,  ucrnierd'uaelunaisouetpremierd'uneau- 
tre,  s'appelle^  AthenesiV/i  r.ou  vta  (ancien  etnou- 
veau),  et,  dans  le  reste  de  la  Grece,  Tpiccxii;  (le  tren- 
tiiime).  II  y  a  des  travaux  qu"il  vaut  mieux  faire 
pendant  la  croissance  de  la  lune  que  sur  son  declin, 
ct  reciproquement.  Lamoissondesblesparexem- 
ple,  et  les  coupes  de  bois,  sont  dans  cette  deruiere 
categorie.  Pour  moi,  dit  Agrasius,  je  tiens  de 
nion  pere,  et  j'ai  pour  principe  de  ne  jamaisfaire 
tondre  mes  brebis  quaud  la  lune  decroit.  Je  ne  me 
ferais  pas  meme  couper  les  cheveux  ,  de  peur  de 
devenlr  chauve.  Qu'est-ce,  demanda  Agrius,que 
lesquartiersde  la  lune,  et  quelleestleurinlluence 
relative  sur  ragricuUure?  Comment,  dit  Tremel- 
lius,  n'avez-vous  donc  jamais  entendu  parler  a  la 
campagne  du  troisieme  jour  avant  que  la  lune  ne 
croisse,  et  du  huitieme  avant  qu'elle  uedecline? 
Rt  ne  savez-\  ous  pas  qu'en  fait  des  travaux  qui 
ne  se  font  qu'en  croissanee  il  en  est  qu'il  vaut 
mieux  entrepreitdre  avant  qu'apres  ce  huilieme 
jour?  et  qu'en  fait  de  travaux  a  faire  en  decrois- 
sanee,  le  moment  qu'il  faut  choisir  est  celui  ou 
Tastre  jette  le  moins  de  lumiere?  Cest  la  tout  ce 
que  je  puis  vous  dire  touchant  les  quartiers  de  la 
lune,  et  leur  influence  sur  les  travaux  rustiques. 
Oa  pourrait,  dit  Stolon,  diviser  encore  Tannee 
en  six  parties,  en  faisant  acception  a  la  fois  du 
cours  de  la  liine  et  de  celui  du  soleil.  En  effet, 
tous  les  biens  de  la  terrc  passent  successivement 
par  cinq  phases,  dont  la  derniere  est  leur  entree 
dans  le  modiusou  lafutaille,  en  ctat  de  maturite. 
Ils  en  sortent  ensuite  pour  les  besoins  de  la  vie. 
Cest  la  sixierae  et  dernierede  leursphases,  dout 


voici  renumeration  :  savoirpremiere  phase ,  pr6- 
paration;  deuxieme  phase,  ensemencement  ou 
plantation;  troisieme,  nutrition;  quatrieme,  re- 
colte;  cinquieme,  emmagasinement;  sixierac, 
consommation. 

Lessoinsde  preparatioa  varient  suivant  Tes- 
pece  de  culture  :  creuser  des  fosses ,  biner,  ali- 
gner,  voila  pour  les  vignobles  ou  le  verger;  la- 
bnurer,  becher,  voila  pour  les  cereales  et  plantes 
potageres.  Certains  arbres  veulent  que  le  terraia 
soit  remue  plus  ou  raoins  profonderaent  avec  le 
hoyau,  suivant  le  plusou  le  moins  d'extension  de 
leur^ raciues.  Cellcsducypres,  par  exemple,en  ont 
fort  peu ;  tandis  que  les  racines  d'un  platane  sont 
susceptibles  d'un  developpement  extraordinaire. 
Cestau  point  qu'audiredeTheophraste,onvoyait 
a  Athenes,  dans  le  Lycee,  unplataueencore  jeune, 
dont  les  racines  n'avaient  pas  en  longueur  moins 
de  trente-trois  coudees.  Telle  culture  exige  un 
double  labour  a  la  charrue,  avantque  la  semence 
ne  soit  conliee  a  la  terre.  Quant  auxprairies, 
il  ne  leur  faut  aucua  travail  preparatoire ,  si  ce 
n"estd'en  ferraer  rentreeaux  bestiaux  des  que  le 
poirier  est  en  fleur,  et  de  les  arroser  cn  temps 
opportun,  quandou  a  des  moyens  d'irrigatiou. 

XXXVIII.  Examinons  maintenant  comment 
il  faut  engraisser  leschamps,  et  quelle  especc  de 
fumier  est  preferable.  Cette  distinction  u'est  rieu 
moins  qu'indifferente.  Suivant  Cassius,  il  n"y  a 
pasde  meilleurengraisquelaliente  des  volati- 
les  eu  general ,  les  oiseaux  acjuatiques  exeep- 
tes.  Mais  celle  des  pigeons  a  la  superiorite,  a  cause 
de  cctte  chaleur  qui  lui  est  propre,  et  qui  excite 
puissamraent  la  fermentation  dans  la  terre.  II 
faut  reparpiller  daus  les  champs  corarae  de  la 
graine,  et  noiirymettre  en  tascorame  lefuraier 
des  bcsliaux.  Quant  a  raoi,  je  pense  que  la  fiente 
provenant  des  volieres  de  griveset  de  merles  me- 


modo  biparliti.  Quod  a  nova  luna  crescit  ad  plenara ,  et 
indc  niisus  ad  novam  lunam  decrescit,  quoad  veniat  ad 
inteiinenstrinini,  quo  die  dicitur  luna  esse  exliema  et 
prima;  a  quo  eum  diem  Atlienis  appellanl  £vy)v  xal  vsav, 
TpiaxaSa  alii.  QHaeda.n  faciunda  in  agris  potius  cresceute 
luna  quam  senescenle- Quaedam  conlra,  quae  raetas,  ut 
liumenla , et  caeduam  silvam.  Ego  ista  etiam ,  inquit  Agra- 
sius ,  non  solum  in  ovibus  tondendis ,  sed  in  meo  capillo 
a  patre  acceptum  servo,  ut  decrescente  luna  tondens 
cidvus  (iam.  Agrius  :  Quemadmodum,  inquit ,  lunaqua- 
<iripartita.»  et  quid  ea  divisio  ad  agios  pollet?  Tremellius : 
Nunqimm  rure  audisti,  inquit,  octavo  Janam  [lunam]  et 
crescentem ,  et  contra  senescentem  ;  et  qua;  crescente  luna 
licri  oporteret,  [et]  tamen  quaedam  inelius  fieri  postoctavo 
janara  [lunam ,]  quani  ante?  et  si  quB  senescente  lieri 
conveniret ,  raelius  quanto  niinus  hal)cret  ignis  id  astrura  ? 
Dixi  de  quadriparlita  forraa  cultura:  agri.  Stolo  :  Est  alte- 
ra ,  inqiiit ,  temporum  divisio  conjuncta  quodainmodo  cum 
sole  et  luna,  qua;  in  sex  partita,  quod  omnis  (erc  friictus 
quinto  deniquegradu  pervenit  ad  peiiectum,  ac  videt  in 
villa  dolium  ac  inodinm;  unde  sfixlo  prodil  ad  usum. 


Primo  praeparandum ,  secundo  serendum ,  tertio  nutiican- 
dum,  quarlo  legendum,  qninto  condendum ,  sexto  pro- 
inendum.  Ad  alia  in  pra-paiando  faciendi  scrobes,  aut 
repastinandum ,  aut  sulcandum,  ut  si  arbuslum  aut  po- 
marium  facere  velis.  Ad  alia  aranduin,  aut  lodiendum, 
ut  S!  segetes  instituas.  Ad  qua?dara  bipalio  vertenda  terra, 
plus  aul  minus.  Alioe  enim  radices  angustius  diffunduut, 
ut  ciipressi,  alias  latius,  ut  platani,  usque  eo,  iit  Tlieo- 
pbrastus  sciibat,  Afhenis  in  LycKO,  cum  etiam  lunc 
plalanus  novella  csset,  radices  Iriuni  et  triginta  cubitoruni 
cgisse.  Qiiffidam  si  bubus  et  aratro  proscideris,  et  ite- 
randiim  aute,  quam  semen  jactes.  Ilem  praiparatio  si 
Hax  fit  iu  pratis,  id  est,  ut  delendanlur  a  pastione, 
quod  fere  observant  a  piro  florente  :  si  irrigua  sunt,  ul 
tempcstive  irrigentur. 

XXXVIII.  Qua;  loca  in  agro  stercoranda  videndum, 
et  qui,  et  qiio  genere  potissimum  facias  :  nara  discrimina 
ejus  aliquot.  Stercus  optimum  scribil  csse  Cassius  volu- 
criuin,  praeterpaluslrium  ac  nantium.  Deliiscepraest;ireco- 
Itinibinum,  quod  sit  calidissimum,  ac  fermentare  possit  ler- 
lam.  Id  iit  semen  aspergi  oportere  in  agro,  non  iit  de  pe- 


DE  UAGRICULTURE,  LIV.  L 


rlte  la  piefeience ,  parce  qifelle  forme  non-seu- 
lement  un  bou  engraispour  lesterres,  maisencore 
unenourriturepourlesboeufsetlescochous^quelle 
rend  pius  gras.  Aussi  les  prix  debaux  de  ces  vo- 
lieres  sont-ils  moins  elevcs  quand  le  proprie- 
taire  s'eu  reservelesordures.  Gassius  placecomme 
fumier  apres  la  fiente  des  pigeons,  les  excrements 
humains ;  et,  en  troisieme  ligne,  ceux  des chevres, 
brebis  et  ^nes.  Le  fumicr  de  cheval  est  moins 
bon  pour  la  eulturedcs  cereales,  tandisqu"il  con- 
vient  parfaitement  aux  prairies;  comme  en  ge- 
neral  tout  fumier  provenant  de  la  litiere  des 
betes  de  somme ;  car  Torge  dont  on  les  nourrit 
active  singuliercnient  la  pousse  de  Iherbe.  Pour 
menager  les  bras,  la  fosse  a  fumier  doit  etre  a 
proximite  de  la  ferrae.  Voulez-vous  empecher 
que  les  serpents  n'y  pullulent?  enfoncez  an  rai- 
lieu  un  morceau  de  bois  de  chene. 

XXXIX.  Pour  la  seconde.  phase  ( enscmence- 
raent  ou  plautation),  tout  depend  de  saisir  le  mo- 
ment  propice.  Autant  que  rexposition  des  lieux, 
il  importe  d'observer  la  saison  favorable  a  la 
semence  ou  plant  qu'on  va  conller  a  la  terre. 
Ne  voyons-nous  pas  en  effet  telleplantefleurir  au 
printemps,ettelle  aiitre  en  ete?ce  ne  sout  pasles 
memes  non  plus  qui  ileurissent  eu  automne  et  en 
hivcr.  On  les  seme,  greffe  et  recolte  plus  tot  ou 
piustard,  suivantleurnature.  En  general,le  prln- 
temps,  pour  greffer,  estpreferablea  rautomue;  ce 
qui  n'empcche  pas  d'attendre  le  solstice  pour  le  fi- 
guier,  ct  meme  les  jours  d'hiver  pour  le  cerisier. 

Les  vegetaux  se  propagent  de  quatre  mauieres 
differentes  :  savoir,  par  la  voie  de  nature  d'abord ; 
ea  second  lieu,  par  moyens  artificiels,  tcls  que 
transplantation  d'une  racine  louteformeed'un  ter- 

corc  acervatlm  poni.  Ego  arbitror  praeslare  ex  aviariis 
turdonim  ac  inerulariiiu ,  qiiod  non  solum  ad  agrum 
utile,  sed  etiam  aU  cibum  ita  bubus  ac  subus ,  ut  fiant 
pingues.  Itiiquequiavlaria  conducunt,si  caveal  domlnus, 
stercus  ut  in  fuudo  maneat,  miuoris  conduCunt  quain  11, 
.  qnibus  id  accedit.  Cassius  secundum  columbinum  scribit 
esse  boinlnls.  Terlio  caprinum,  et  ovlllum,  etaslninum. 
Minlme  bonum  equinum ,  sed  in  segetes.  In  prala  enim 
veloptlmumut  ca^terarum  veterinanim,  quae  ordeo  pas- 
cuntur,  quod  muitani  facit  berbam.  Sterqulllnium  secun- 
dura  vlUam  facere  oportet ,  ut  quani  pauclsslniis  opei  Is 
egeratur.  In  eo  si  in  inedlo  robusta  ailqua  materia  slt  de- 
pacta ,  negant  serpentem  nasci. 

XXXIX.  Satiouis  autem  gradus  secundus  banc  babel 
naturam,  ad  quod  tempus  ciijusque  seminis  apta  sit  ad 
sercndum.  Nam  referl  in  agio  ad  quam  partem  c.X'li(iuis- 
qiie  locus  speclct ,  sic  ad  quod  qua-qne  tempus  res  facil- 
llnie  crescat.  Nouiie  videuius  alia  llorere  verno  temporc, 
alia  xstivo  :  nequc  cadcin  aiitiimuali,  qiia;  liiberiior  Ita- 
que  alia  seruntur,  atqueinsenintur,  et  metuutur  ante,  aiit 
post,  quani  alia,  ct  ciim  plcraque  ver^  mellus,  quam 
autumno  inserantiir,  circiter  solstitium  inseri  ficos,  nec 
non  brumallbns  diebus  cerasos.  Quarc  cum  semina  fere 
(|iialuor  slnt  gcncrum ,  qua;  per  se  liunl  a  iiatura ,  alla  cx 
iiidustria,  quic  Iransferuntur  eterrain  lcnam,  ii!  fariunt 


raiu  dans  un  autre;  enfouissement  par  un  bout 
d'un  i-araeau  detache  d"une  plante,  et  qui  devient 
plante  lui-meme;  enfin,  insertion  sur  un  arbi'e 
dune  branche  empruntee  a  uu  autre  arbre.  Exa- 
minous  raaintenant  lesconditions  de  lieux  et  de 
temps  qu'exige  chacune  de  ces  operations. 

XL.  La  semence, principe  de  toute  vegftation, 
est  ou  visible  ou  invisible.  Elle  est  invisible  lors- 
qu'elleest  repanduedansTair,  comrae  le  pretend 
le  physieien  Anaxagore;  et  apportee  sur  le;i 
ehamps  par  la  pluie  qui  tombe ,  suivant  i'opinion 
de  Theophraste.  Les  semences  visibles  meritent  la 
plus  grande  attention  du  cultivateur.  II  cn  est 
de  tellemcnt  menues  que  roeil  ne  peut  les  saisir; 
celles  de  cypres,  par  exemple.  Car  les  noix  i'oii- 
des  comme  des  balles,  a  ccorce  mince ,  que  pro- 
duit  cet  arbre,  ne  sont  pas  sa  semence;  elles 
n'en  sont  que  renveloppe.  La  natui'e  nous  a 
donne  les  germes ;  c'est  a  rexperience  a  faire  le 
reste.  II  est  une  vegetation  spontanee  qui  uait 
sans  (£116  persoune  s'en  mele ;  et  une  production 
artificielle  procedant  de  la  premiere,  et  qu'il 
faut  la  main  de  rhomme  pour  feconder.  Quand 
on  eniploie  la  semencenaturelle,  il  faut  prendre 
garde  qu'elle  soit  passce  ou  melangee,  et  surtout 
ue  pas  prendrepar  ressemblanceuue  graine  pour 
une  autre.  L'action  duteraps  sur  certaines  semen- 
cesvajusqu'aen  changerlanature.  Ainsilagraine 
de  chou  produit  des  raves,  et  celle  des  raves  des 
choux,  sironalaisse  vieillirruneetrautre.  Quant 
au  second  mode  de  propager  les  plantes  au 
moyen  de  racines  tputes  forraees,  ayez  soin  que 
la  transplantation  ne  s'opere  ni  trop  tot  ni  trop 
tard.  Les  epoques  favorables,  selonTheophraste, 
sont  le  printemps,  rautomne,  et  le  lever  de  laCa- 

viviiadices;  quie  cx  arboribus  dempta  demiltuntiir  iii 
bumuin;  qiia^  inseruntur  ex  arboribus  in  arhorcs ;  de 
singulis  rebus  videndum  ,  qua:  quoque  tempoie  locoque 
faclas. 

XL.  Piimum  semen  quod  est  prlncipiiim  genendi ,  id 
duplex;  unum,  quod  latet  nostrum  sensum ;  alterum, 
qiiod  apertuni.  Latet ,  sl  sunt  seniina  in  aere ,  ut  ait  pliysi- 
ciis  Anaxagoras;  et  sl  aqua  qua;  induit  in  agium  inferre 
solet ,  nt  scribit  Theopbrastiis.  lllud  quod  apparet  ad  agrl- 
colas  ,  id  videndum  diligenter.  Quajdam  enim  ad  cenien- 
diiui  iisiiuo  adeo  parva,  ut  sint  obscura,  ut  cupressi. 
Non  enini  galbuli,qul  nascuntur,  id  est  lanquam  piiaj 
parva-  coi  ticiae  id  semeii ;  sed  in  ils  inlus.  Primigenia  se- 
iniiia  dedit  natura,  rellqua  invenlt  experientia  coloni. 
Nain  prlina,  qua;  sine  colono,  prlusquam  .sata,  nata;  se- 
(iiiida,  qiKcex  iiscollccti,  neque  piiusquam  s.ata  nata. 
1'riina  seniina  videre  opoitet,  ne  vctustate  siiit  exsiicta, 
aut  ne  sint  admixta  aut  ne  propter  similitudlnem  slut 
aduUerlna.  Semen  vetiis  tantuni  valet  in  quibusdani  re- 
biis,  iit  naturam  connnutet.  Nam  eK  seminc  brassicae  ve- 
lerc  salo  nasci  aiunt  rapa,  et  contra  ex  raporum  bras.ii- 
cam.  Sccunda  seinina  vldere  oportet ,  ne  nndetollas,  ni- 
mium  cito,  aut  tarde  tollas.  Tempiisenim  idoneum,  quod 
scribit  Tlicophrastus,  vcre  ctautumno  et  Canicnla!  e\or- 
lu  :  ncquc  onmibus  locis  ac  gencribus  idem.  lii  sicco  el 


VARRON. 


nicule.  Mais  11  y  a  des  distinctions  a  faire,  sui- 
vant  laqualitedusolet  respecedelaplaute.  Ainsi 
lorsque  le  sol  est  aride ,  maigre ,  argileux ,  et  dc- 
pourvu  consequerament  d'humidite  naturelle,  il 
faut  choisir  le  printemps.  Ce  sera  rautomne,  si 
la  terre  est  bonne  et  grasse ,  au  contraire ;  car  elle 
serait  trop  humide  au  printemps.  Quelques-uns 
fixent  a  trente  jours  la  periode  d^exccution  de  ces 
travaux.  Le  troisieme  mode,  oii  Ton  procede  par 
bouturc,  c'est-a-dire  en  detaehant  d'unarbre  des 
branehes  qu'on  met  provisoirement  en  terre,  exige 
une  attention  toute  particuliere  a  bien  choisir  le 
moment  de  la  transplantation ;  ce  qui  doit  avoir 
lieu  avant  que  les  boutures  aient  pousse  lleursou 
bourgeons.  Avant  tout,  il  aura  fallu  les  separer  de 
licatement  de  Tarbre,  et  non  les  enarracher;  car 
plus  on  leur  a  laisse  de  pied,  plus  elles  ont  de 
consistance,et  plus  vite  elles  prennent  racine.  II 
faut  aussi  se  depecher  de  les  raettre  eii  terre 
avant  que  la  seve  ne  se  desseche.  Pour  se  pro- 
eurer  des  bouturcs  d'oliviers,  il  suflitde  couper 
une  jeune  branche  de  grosseuregale  auxdeuxex- 
trerailes,  et  d'un  pied  environ  de  longueur ;  c'est 
ce  que  les  uns  appellent  clavol.a,  et  les  autres 
talea.  Quant  au  quatrieme  mode  de  propngation , 
(|ui  consiste  a  prendre  une  branche  sur  un  arbre 
pour  linserer  dans  un  autre,  Tarbre  sur  lequel 
on  prend  la  greffe,  celui  sur  lequel  on  ente,  le 
rf  omenl  oii  ron  fait  cette  operation ,  et  le  procede 
qu'on  eraploie,  sont  autant  d'objels  de  serieuse 
consideration.  On  ne  saurait  grelfer  le  poirier  sur 
lecheneparexemple;  nisur  le  pommiernonplus. 
Cest  ce  qu'observe  religieusemeut  quiconquea  foi 
dans  lesaugures  :  car  autant  de  greffes  differentes 
sur  un  arbre,  nous  diseut-ils,  autant  de  coups  de 
foudre  qui  doivent  le  frapper.  Si  Ton  greffe  sur  uu 


poirier  sauvage  un  autre  poirier,  si  bonne  d'ail- 
leurs  qu'en  soit  Tespece,  bn  obtient  un  fruit  moins 
savoureux  qu'en  operant  sur  un  poirier  cultive. 
Regle  geuerale :  quand  on  greffe  uu  arbre  sur  un 
autre  de  memeesseace,  pommier  sur  pommier, 
par  exemple,  il  fautque  Tarbre  donton  emprunte 
la  greffe  soit  d'une  espece  meiileure  que  celui  sur 
lequel  on  Tapplique.  On  aderniereraent  imagine 
unenouvelle  mauiere  de  greffer,  qui  exige  deux 
arbres  voisins.  Au  moyeu  d'uue  ouverture  prati- 
quee  dans  Tarbre  qu'on  desire  greffer,  on  intro- 
duit  une  petite  branehe  attiree  de  Tarbre  dont  on 
veut  avoir  le  fruit.  Cette  branchedoitetre  entail- 
lee  des  deux  eotes ,  au  point  de  contact ,  avec  une 
serpette ;  de  sorte  qu'a  rendroit  ou  elle  ressort 
son  ecorce  s'adapte  parfaitement  a  recorce  dela 
branehe qu'elle  traverse.  On  aura soin  encore  que 
Textreraite  de  la  branclie  entee  se  dresse  vers  le 
ciel.  L'annee  suivante,  lorsque  la  greffe  a  bieu 
pris ,  on  opere  sa  separation  de  l'arbre  auquel  ellc 
a  d'abord  appartenu. 

XLI.  A  quelle  epoque  faut-il  greffer  chaque 
espece?  c'est  lapreraiere  cousideration.  Nousde- 
vons  reraarquer  a  ce  sujctque  nombre  d'essences 
d'arbresqui  etaient  greffees  jadis  au  printemps, 
le  sont  aujourd'hui  pendant  le  solstice  d'ete  : 
tels  sont  les  figuiers,  dont  le  bois  apeu  de  den- 
site,  et  consequemment  besoin  de  chaleur.  Aussi 
cette  culture  ue  peut-ellc  reussir  dans  les  pays 
froids;  rhuraiditeest  encore  nuisiblea  leursgref- 
fes  recenles.  Ce  bois  pourrit  vite  quand  il  est 
jeune;  on  pense  doncavec  raison  que  le  meilleur 
moment  pour  le  grelfer  est  Tepoque  de  la  ca- 
nicule.  Quant  aux  plantes  moins  delicates  de 
leur  nature,  on  attache  au-dessus  de  leurs  greffes 
uu  vase  rempli  d'eau,  dout  on  laisse  tomber  le 


niacro  Inco,  ctargilloso,  vernum  tempus  idnnoiim  ,  qiio 
minus  liabet  luimoiis.  la  lena  bona  ac  |)iugui,  autnmno, 
quod  veie  mullns  liumor;  quam  salionem  quidam  me- 
liuntur  fere  diebus  xxx.  Teitium  genus  semiuis ,  quod  e.\ 
arliore  per  surculos  dcfeitur  in  teriani,  [sic  in  liumnm 
demillilur,  iu  quibnsdam  lamen]  esl  videndum ,  ut  eo 
lempoie  sit  deplantalum  quo  oportet.  Id  enim  fit  ante 
quam  geramare  aul  lloreie  quid  incipit ;  et  qiiaj  de  aibore 
transferas ,  ut  ea  deplantes  potius  quam  defringas  :  quod 
plantae  solum  staliilius,  quo  laUus,  nt  radices  facilius 
mittal.  Ea  eeleriter  antequam  sncus  exaiescat,  in  teriam 
demittendum.  In  oleagineis semiuibus  [arboresj  videndum, 
ut  sit  de  tenero  ramo  ex  utraque  parle  a'qnabiliter  pra;- 
cisum,  quas  alii  clavolas ,  alii  taleasappellaul,  ac  faciunt 
circiter  pedales.  Quartum  genus  seminis,  qiiod  transitex 
arbore  in  aliam  ,  videndum ,  qua  ex  arbore  in  quain  trans- 
feratur,  et  ipio  tempore,  et  quemadinodum  obligetur.  Non 
eniin  pirum  recipit  quercus;  neque  enim  si  maluspiruni. 
Hoc  sequuntur  multi ,  qui  aruspices  audiunl  multum.a 
quibiis  prodilum,  in  singiilis  aiboribus  quotgeneia  insila 
sint,  uno  ictu  tot  fulmina  fieri  illud,  quoil  fulmen  con- 
cepit.  Si  in  pirum  silvalicam  inseveris  piriim  qnamvis 
bonam,  iion  forc  lam  jucundum,  quain  si  iu  eam,  qiise 


silvestris  non  sit.  In  quamcunque  arborem  inseras,  si 
ejusdem  generis  ost  dunlaxat,  ut  si  ntraque  inalus,  ita 
inserere  oportet  refeientem  adfruclum,  meliori  genere 
ut  sit  surculus,  quain  est,  quo  venial,  arbor.  Est  altera 
species  ex  arbore  in  arborem  inserendi  nuper  animadversa 
in  aiboribus  propinquis.  Ex  aibore,  e  qua  quis  vult  ba- 
bere  surculuin,  in  eani,  quam  inserere  vult,  ramulum 
traducit,  et  in  ejus  ramo  praiciso,  ac  difisso  implicat. 
Eum  locum  qui  contingit,  ex  utraque  parle ,  quod  intro 
est,  falce  extenuatur,  ita  ut  e\  una  parti ,  quod  ca;lum 
visurum  est,  corticem  cum  cortice  exaequatum  habeat. 
Ejus  ramuli,  quam  inseiet,  cacumen  ut  directum  sit  ad 
c<eluin ,  eurat.  1'ostero  anno  cum  comprebcndit,  unde 
propagatum  cst  ab  altera  arbore  prsecidit. 

XLI.  Quo  temporc  qu«que  transferas,  b.iec  in  primis 
videnda ,  quod  qua»  prius  verno  tempore  inserebantur, 
uuncetiam  solstitiali,ut  ficus,quod  densanialerianone-sl, 
et  ideo  sequitur  caldorem.  A  quo  fit ,  ul  in  Incis  frigidis 
ficeta  fieri  non  possint.  Aqua  receuti  insito  inimica.  Te- 
nellum  enim  cito  facit  putie.  Itaqiie  quod  inseritur  Cani- 
culaj  signo,  commodissime  existimatur  inseri.  Quae  au- 
tem  natura  minus  siint  mollia ,  vas  aliquod  siipia  alliganl , 
unde  stillet  lentc  aqua ,  nc  prius  oxarescat  suiculus ,  quari 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  L 


contenu  goutte  a  goutte,  afin  que  le  raraeau  iii- 
sere  ne  se  desseche  point  avant  son  incorpora- 
tion  a  l'arbre.  11  faut  eonserver  intacte  Tecorce 
des  greffes,  et  se  garder,  lorsqu'on  les  apprete, 
d'en  raettre  laraoellea  nu.  llest  bou  naeme  qu'el- 
les  soientenduites  dargile,  et  assujettiesavee  uue 
laniered'ecorce,  pour  les  garautir  au  dehors  de 
la  pluie  ou  de  la  chaleur.  Par  une  precaution  du 
mt^me  genre,  on  fait  rincision  de  la  vigne  trois 
joursavant  delagreffer,  alin  de  debarrasserlecep 
de  son  humidite  suraboudante ;  ou  bien  si  on  a 
comnience  par  greffer,  on  place  lincision  uu  peu 
au-dessus  de  la  greffc  ,  pour  menager  un  ecoule- 
ment  a  rhumidite  encas  de  besoin.  Les  (igiiiers  , 
les  grenadiers,et  engeneral  touslesarbres  d'une 
nature  moins  aqueuse,  se  greffent  sans  exiger  ces 
precautions.  Quelques  boutures,  par  exception 
celles  defiguier,  sont  de  ce  nombre,  etne  se  traus- 
planteut  que  lorsqu'elles  sout  en  bourgeons. 

Des  niodes  de  propagation,  la  greffe  est  celui 
qu'on  applique  de  preference  aux  plantes  qui 
sont,  comme  les  figuicrs,  trop  lardives  pour  veuir 
de  semence.  La  semence  naturelle  de  cet  arbre 
est  cette  graine  qu'on  trouve  dans  la  figue  quand 
onla  raange,  et  qui  est  si  menue  qu'a  peine  elle 
pourrait  produire  quelques  ehetifs  rejetous.  En 
general,  toute  semcuce seche et  compacte  est  lente 
a  pousser.  Plussa  substanceest  rehlchee,  plus  sod 
developpement  est  hatif.  Cest  le  merae  rapp.Tt  qui 
existe,  dans  leregne  auimal  du  mule,  alafemelle. 
Aiusi  le  figuier,  le  grenadier,  et  la  vigne,  dont 
la  nature  est  analogue  a  la  raollesse  ferainine, 
croissent-ils  plus  rapideraent  que  le  palraier,  le 
cypres,  et  rolivier,  qui  sont  d'une  cousistance 
plutot  seche  qu'humide.  Aussi,  pour  avoir  des 
figuiers,  vaut-il  mieux  recourir  aux  boutures 
que  d'attendre  a  v#ir  lever  la  graine ;  a  moins  tou- 


tefois  qu'on  ne  puisse  fairc  autrement  ,  ct  qu'ii 
y  ait  necessite  de  recevoir  son  plant  d'outre-mer, 
ou  d'en  expediera  cette  destination.  Dans  ce  cas, 
on  attache en  coliiers,  au  moyen  de  petites  cordes, 
des  figues  bonues  a  manger;  et  quand  elles  sont 
bien  seches,  onpeutlesempaqueteretlesenvoyer 
ou  Ton  veut.  On  n'a  plus  qu'a  les  mettre  en  tcrre 
pour  obtenir  uue  pepiniere  de  figuiers.  Cest  ainsi 
que  les  fi  gues  de  Chio,  de  Chalcis,  de  Ly  die,  d'  A  fri- 
que,  et  d'autrescontrees  d'outre-mer,  ont  emigre  en 
Itulie.  La  merae  observations'appliquea  rolivier, 
dont  la  semence  est  un  noyau.  Le  germe  etant 
bien  plus  lent  a  se  developper  par  le  mnyen  de 
ce  noyau  mis  en  terre  que  par  Tusage  du  Inlea 
dontnousavons  parle,  c'est  leta/eaqu^on  emploie 
pourforraer  les  pepinieres. 

XLll.  Pour  le  sainfoin  il  faut  une  terre  qui 
n'ait  ni  trop  de  stcheresse  ni  trop  d'humidite,  et 
soit  d'une  nature  intermediaire.  Les  auteurs  pre- 
tendent  qu'un  sol  dans  cetfe  condition  n'e\ige 
eommeseraence  qu'un  modius  etdemi  de  sain- 
foin  parjuf/erum.  On  seme  cette  plante  comme 
le  ble  et  le  foin  c'est-a-dire  en  jetant  la  graine 
sur  la  terre. 

XLllI.  On  scme  la  graiue  de  cytise,  comme 
celle  de  chou,  dans  une  terre  bien  labouree. 
Lorsqu'ensuite  le  cytise  est  venu  ,  on  le  trans- 
plante,  en  mettant  entrechaque  plant  un  piedet 
demi  de  distance;ou  bien  on  prend  d'uu  cytisc 
vigoureux  de  petites  boutures  que  Ton  mit  en 
terre,  en  les  espacantde  m^rae  que  les  tiges  qui 
viennent  de  graine. 

XLIV.  Lasemeuce  d'\iujugerum  est,en  feves, 
dequatre»iof/»';enblc,de  cinq;eu  orge,  dedix; 
en  froraent,  dedix.  Cette  proportion  cependant 
varie  selon  la  qualite  du  sol ;  en  plus,  s-  ia  terre 
estgrasse;  en  moins,  si  elle  est  maigre.  Pour 


coalescat.  Cujiis  siirriili  corticcm  intejjium  servandum, 
cl  eum  sic  exaiiieniliim,  nl  nou  ileniules  niedullam.  Ne 
entrinseciis  inibres  nuceaut ,  aut  niinius  calor,  argilla 
oblinendum ,  ac  libro  obliganduin.  Ilaqiie  vitem  friduo 
anle  quam  inserunt,  descranl,  ut  qui  in  ea  nimius  est 
huraur  didluat  ante,  qiiam  inseiaUir.  .Aul  iu  qua  inserunt , 
in  ea  paullu  iufra ,  quam  iiisitum  est ,  incidunt :  uude  liu- 
inor  adventicius  eniuere  [mssit.  Conlra  in  lico  et  malo 
punica,  et  si  quaeliam  liorum  natuia  aiidiora ,  continuo. 
In  aliis  iranslationibus  videiidum ,  ut  qiiod  tran^fertur  ca- 
cumen,  liabcat  semmam ,  ul  iu  licis.  De  liis  [priuiis]  qua- 
tuor  gcneiibus  seminum  ,  qua'dam  quod  laidiora,  surcu- 
lls  polius  ntendum ,  ut  iu  licelis  faciunl.  Fici  enim  se- 
nien  naliirale  inlus  in  ea  licu ,  quam  ediimis.  Quae  sunt 
DiiDUla  grana,  e  quibus  parvis,  quod  enasci  coliculi  vix 
queunt.  Omnlaenim  niiiiiita  etaridaadcrescendumtarda; 
ea  qua;  laxiora,  et  focnndiora;  ut  fuuiina,  quain  mas. 
Et  proporlioue  in  virgullis  ilem.  llaque  licus  malus  pu- 
nica  el  vilis  propler  f^mincam  niollitiain  ad  crcscendum 
prona.  Contra  palma  et  cupressus  et  olca  iu  crescendo 
Jaida.  In  lioc  eniin  liumidlpra  qiiam  arldiora.  Quare  ex 
lcrra  polius  in  scminiuiis  .surculos  de  (icelo,  quani  ;;rana 


de  fico  expedit  obriiere  :  pia^ler  si  aliter  neqiieas  :  ut  si 
quando  quis  Irans  mare  seiniua  mittere ,  aut  inde  petere 
vull.  Tum  enini  lesliculas  per  (icos,  quas  edimus  ,  nialii- 
ras  persettint ,  et  eas  ciim  inaruerunl,  complicant,  ac 
quo  volunt  mittunt ,  ubi  obruta»  in  seminario  pariant.  Sic 
geaera  ficorum ,  Cbia; ,  ac  Clialcidica^' ,  et  Lydiiie  ,  et  A(ri- 
Ciina! :  item  ca^teia  tiansinarina  in  Ilaliam  perlata.  Siinili 
de  causa  olea;  semen  ciim  sit  niicleus  ,  quod  cx  eo  tardius 
enasrebalur  colis,  qiiam  e  laleis,  ideo  putius  iu  eemina- 
riis  taleas,  quas  dixi ,  serimus. 

XLU.  Ue  Medica  in  priniis  observes ,  ne  in  lerram  ni- 
mium  ai  idam  aut  variam ,  sed  leinperataui  si  nieii  deiiiit- 
tas.  In  jugerum  unum,  si  cst  natura  lemperata  terra,  scri- 
buut  opus  esse  .Medica;  sesqiiiinudiuni.  Id  serilur  ila,  ut 
semen  jactatur  qiicmadinuduin  scilicet  cuin  pabulum  et 
frumentuin  serilur. 

XLIIl.  Cjtisum  seritur  in  lerra  bene  subaiia  lanquam 
semen  brassica;  :  inde  diflerliir,  et  in  sesqiii|>edem  ponl. 
tur.  Aut  etiam  de  cytiso  durioie  virgula;  deplanlaiilur,  ct 
ila  pangitur  in  serendo. 

XLIV.  Seruntur  faba;  modii  iv  in  jugero,  tiitici  v,  ur- 
dci  VI,  fanisx.  Scd  iionnullis  locis  paullo  ampliiis  aiit 


92 


VAP.RON. 


cette  appr^ciation  on  fera  bien  d'observer  les  ha- 
bitudes  locales,  et ,  avec  dautant  pliis de  raisou , 
que  la  meme  quantite  de  semence  rend  en  cer- 
tains  endroitsdix  pourun,  etquiiize  en  d'autrcs; 
commeen  Etrurie  par  exemple,  et  en  quelques 
cantons  d'Italie.  A  Sybaris,  dit-cn,  le  rendement 
ordinaire  est  du  centuple.  II  en  est  de  meme  a 
Garada  en  Syrie,  eta  Bysacium  en  Afrique.  II 
importe  encorebeaueoup  de  distinguer  pour  Ten- 
semencement,  entre  les  terres  neuves,  celles  qu'on 
appelle  restibiles  etqui  rapportenttous  lesans  , 
et  les  jacheres,  oii  la  production  n'est  qu'alterna- 
tive.  A  Olynthe,  dit  alors  Agrius,  on  moissonne 
tous  lesans  ;  mais  on  ditque  dc  trois  ans  entrois 
ans  la  recolte  est  plus  abondante.  Apres  chaque 
recolte ,  dit  Licinius ,  il  faudrait  toujours  laisscr 
nn  an  de  repos  a  la  terre,  ou  au  moins,  de  deux 
anndes  Tune ,  ne  lui  conlier  que  des  semences  as- 
sez  legeres  pour  ne  point  Tepuiser. 

Parloz-nous  maintenant ,  dit  Agrius,  de  la  troi- 
sieme  phase,  des  productions  de  la  terre,  c'est- 
a-dire  de  la  nutrilion.  Toute  plante ,  reprit  Li- 
einius,  recoit  de  la  terre  sa  uourritiire  et  son 
accroissemeut.  Devenue  adulte,  elle  concoit;  et, 
apresavoir  porte  le  temps  necessaire,  elle  eufante 
des  fruits  ou  desepis  :  en  sorte  qu'elle  reprodiiit 
un  gerrae  en  tout  semblable  a  celui  dont  elle  est 
nee.  Si  voas  arrachez  une  fleur  de  poirier  ou  de 
tout  autrearbre,  si  vousencueillez  le  fruitencore 
vert,  il  ne  pousse  plus  rien  de  toute  Tannee  a 
rendroit  de  cette  mutiiation  ;  car  les  plantes  ne 
peuvent  avoir  deux  portees  eu  un  aa.  Elles  pro- 
duisent  comme  les  femmes  accouchent,  a  ieilr 
epoque. 

XLV.  L'orge  leve  habitueilement  le  septieme 


jour;  lc  ble  ie  sult  de  pr6s.  Les  legumes  sortent- 
presquetousde  terre  au  bout  de  quatre  ou  cinq 
jours;  a  rexception  cependant  de  la  feve,  qui 
pousse  un  peu  plus  tard.  La  germination  pour 
le  raillet,  le  scsaine,  et  les  graines  analogues,  est 
a  peu  pres  de  la  merae  duree,  k  mnins  de  retard 
proveuant  de  la  teraperature  ou  de  la  condi- 
tion  du  sol.  Les  plantes  ^levees  en  pepinieres 
sont  d"une  delicatesse  extreme.  Si  le  pays  est 
froid ,  il  faut  daus  la  saison  d"hiver  les  couvrir 
de  feuilles  ou  de  paille.  [1 1'aut  encore,  quand  ie 
froid  est  suivi  de  pluie,  prendre  garde  que  Teau 
ne  sejourne  aupres;  car  la  gelee  est  uu  poisoo 
pour  leurs  tendres  racines  aussi  bien  que  ponr 
leurs  jeunes  pousses,  qui  mSme  en  sont  arretees 
davantrige  dans  leur  developpement.  Les  plan- 
tes  cn  automue  et  en  hiver  profitent  plus  dans 
la  partie  qui  est  sous  terre,  et  quicouserve  tou- 
jours  nn  certain  degre  de  chaleur  vivifiante,  quc 
daus  la  partie  qui  est  au-dessus,  et  que  le  froid  de 
l'air  frappe  detous  cotes.  Cest  cequ'on  voit  dans 
toute  vegetationde  natureque  la  main  de  rhomrae 
n'apas  encoretouchee.  La  croissancedans  les  ra- 
cines  est  bienplus  rapide  que  dans  la  partie  su- 
perieure  de  la  tige ,  sanstoutcfois  depasser  le  point 
oii  s'arrete  rinfluence  des  rayonsdu  soleil.  L'ex- 
tensionqueprenuent  les  raciues  est  subordonnee. 
a  deux  causes  ditiereutes,  a  leur  essence  d'abord, 
ensuite  ci  la  uaturedu  sol,  oii  elless'ouvrentplus 
aisement  passage  les  unes  que  les  autres. 

XLVI.Nous  voyons  parfois  des  effets  surpre- 
nnnts  de  ces  memes  eauses.  Ainsi  les  feuilles  de 
ccrtaines  plantes  indiqueiit,  par  leur  seule  posi- 
tion  ,  repoque  de  Tannee  oii  i'on  se  trouve.  Oncst 
sur  par  exemple  quele  solsticed'ete  est  passe,  si- 


minus.  Si  enim  locus  crassus,  plus  :  si  macer,  minus. 
Quare  observabis,  quantuni  in  ea  regione  consuetudo 
erit  serendi  :  ut  tantum  facias,  quautum  valet  rcgio  ac 
genus  terr<e;  ut  ex  eodera  seniine  aliubi  cuni  decimo  re- 
deat,  aliubi  cum  quintodecimo ,  nt  in  Helruria,  et  locis 
aliqnot  in  Italia.  In  Sybaritano  dicunt  etiani  cum  cente- 
simo  redire  solitnm.  In  Syria  ad  Garada,  et  in  Africa  ad 
Byzacium  itcm  ex  modio  nasci  centum.  lllud  quoqne  mul- 
tum  interest  in  rudi  teri-a,  an  in  ea  seias,  qii.ie  qiiotannis 
obsila  sit,  quae  vocaturiestibilis  :  an  invervacto,  qus 
interdum  leqnierit.  Cni  Agrius  :  In  Olyntliia  qnolannis 
restibilia  esse  dicunt ,  sed  ita  ut  terlio  quoque  anno  ub6- 
rioies  ferant  frnctns.  Licinius  :  Agrum  alternis  annis  re- 
linqni  oportet,  aut  paullo  levioribus  salionibus  serere, 
id  cst ,  qii.Tc  minus  sugunt  terram.  DiceUir,  inqiiit  Agrius , 
de  tertio  gradu,  De  nutiicationibus,  alque  alimoniis  eo- 
rnm.  Licinius  :  Qua;  nata  sunt,  inquit,  in  fundo  ales- 
cuut,  adulta  concipiunt,  praegnantia,  ciun  sunt  nialura, 
pariunt  ponia ,  aut  spicani  :  sic  alia  simile  ei,  a  qiio  pio- 
fecliim,  reddunt  semcu.  Itaque  si  noieni ,  acerbumve  pi- 
nim ,  alindve  quid  decerpseris ,  in  eodem  loro  eodem 
aniio  niliil  renascitnr,  (juod  piiegnationis  dicin  idem  bis 
liabcre  non  potest.  Ut  enira  mulieres  babeul  ad  partum 
(iics  ccrtos ,  sic  arboies  ac  fruges. 


XLV.  Primum  plcrumque  e  lerra  exit  ordeum  diebus 
vii,  uec  mnlto  post  trilicum.  Legumina  fere  quatriduo 
aut  quinque  diebus,  praeterquam  faba.  £a  eiiim  serius 
aliquanto  proditseges.  Ostendit  idem  milium,  ctsesama, 
et  caHera  similiter  a^quis  fere  diebus ,  prasterquam  si  qnid 
regio  aut  tempcstas  vilii  altulit,  quo  minus  ita  fiat.  Qua; 
in  seminario  nata,  si  loca  erunt  frigidioia,  quije  inolli  na- 
tuia  sunt ,  per  lirnmalia  tempora  tegere  opoi tet  fronde 
aut  stiamentis  :  si  crunl  imbies  secuti,  videndum  necubi 
aqiia  consistat.  Veneuum  cnim  gelum  radicibus  lenellis 
snbterra,et  supia  virgultis ,  qiiae  nec  endem  tempore 
aeque  crescunt.  Nam  radices  autumno  aut  liieme  magis 
sub  terra ,  qnam  quae  supra  adolescunt,  quod  tectai  terraj 
tepore  propagaulur,  supra  terram aeie  frigidiore cinguutur. 
Idque  ita  esse  docent  silvestria,  ad  quae  salor  non  acces- 
sit.  Nam  prius  ladices,  quani  ea  qua;  ex  iis  solent  nasci, 
crescunt.  Neque  radices  longius  procedunt,  nisi  quo  te- 
por  vcnit  solis.  Duplex  causa  radicum ,  quod  et  radices 
matci  ia  alia  ,  quam  alia  longius  projicit  natura  :  et  quod 
alia  tena  alia  faciliiis  viam  dat. 

XLVI.  Propter  cjusmodi  rcsadmirandadiscriminasnnt 
natuialia ,  qnod  ex  quibusdam  foliis  pioptcr  corum  ver- 
siuam ,  quod  sit  anui  tcmpus ,  dici  possit ,  ut  olea  et  po- 
pulus  alba  ct  salix.  Horum  enini  folia  ciiiu  converlerunt 


DE  l.AGBICULTURE,  LIV.  I. 


Wt  qiie  lcs  fcuillesile  i'olivicr,  du  peuplicr  blanc 
ct  Ju  saule  sc  sor.t  rctouniccs.  Un  phcnomene  non 
nioins  singuliei-  est  celui  qu'olTre  la  llcur  appelee 
touruesol ,  que  uous  voyonsse  tourner  le  matin 
vers  le  soleil  lcvant,  ct  le  suivre  daus  sa  course 
jusqu'a  son  coucher,  le  caliee  toujoursouvertde 
son  c6le. 

XLVIF.  Les  plantes  elevees  et  greffees  dans 
dcs  pepinieres,  conime  le  liguicr  et  rolivier,  etant, 
ainsi que nous  ravons  dit,  dune  dclicatcsse  ex- 
trcme ,  il  faudra  avoir  soin  de  leur  former  un 
abri  de  deux  planchcs ,  attachecs  de  gauche  et 
de  droite.  On  dcvra  egalement  arracher  toutes 
les  hcrhcs  autour  de  leur  pied,  et  s'y  prcndrc 
pour  cela  de  honue  heurc,  car  si  on  laisse  fortilier 
cette  vcgetation  parasite,  elle  resistc  et  serouipt, 
plut6t  que  de  ceder  a  la  main.  Quant  a  Therbe 
des  prairies,  qui  croit  pour  la  fenaison  seule- 
ment,  il  ne  faut  pas  Tarracher  quand  eilc  se  forme, 
mais  il  faut craiudre  de  marcher dessus,  eten  eloi- 
gner  lcs  troupeaux  et  toute  espece  de  betail.  Les 
hommes  cux-memcs  doiveut  s'interdire  d'y  pas- 
ser.  L'herbe  disparait  sous  les  pas ,  et  la  trace  dc- 
vient  sentier. 

XLVIIL  On  appelle  epi  dans  le  blc  le  point 
culminant  de  la  tige.  Lorsquc  repi  d'orge  ou 
de  froment  est  entier,  il  se  compose  de  trois 
parties  adherentcs  Tune  a  Tautre ,  savoir  le  grain, 
la  balle  ct  les  barbes ,  sans  compter  la  gaine 
qui  enveloppc  le  grain  au  commencement  de  sa 
formation.  On  appelie  graiu  le  corps  solide 
qui  se  trouvedans  rinterieur  de  Tepi;  balle,  la 
pcllicule  qui  renferme  le  grain;  et  barbes  ,  ces 
sortesd'aiguilles  longuesetfines  dout  la  balle  est 
comme  defendue.  La  balle  est  donc  Tetui  du 
grain  ,  ct  les  barbcs  en  forment  la  palissade.  Les 
barbes  ct  le  grain  sont  choses  assez  conuues; 


mais  peu  de  gens  savcnt  cc  quc  c'esc  quc  lu 
balle.  Aucun  auteur,  a  ma  cunnaissance ,  n'eu 
aparle,excepte  Eunius  dans  sa  traduction  des 
livres  d'Evhenicrus.  L'etymologie  dumot  (jluma 
(balle)  parait  etre  (jlubcre  (ecorcer,  peler),  parce 
qu'en  cffct  il  faut  depouiller  le  grain  de  cette  pel- 
licuie  qui  lc  couvre.  On  donne  par  lamemcrai- 
son  le  nomdeglumaa  lapeau  qui  couvre  lapulpe 
de  nos  figues.  Arista  (barbe)  vient  du  mot  ares- 
cere,  secher,  parce  que  c'est  la  partie  de  Tepi  qui 
se  seche  la  premiore.  Grnnuin  (grain)  vient  dc 
gererfi,  porter;  cnr  c'est  pour  le  grain  que  Tepi 
doit  porter,  et  noupourla  balle  oules  barbes,  que 
Ton  seme  le  ble;  dc  merae  qu'on  plante  la  vigne 
afm  qu"elle  porte  non  pas  des  pampres,  mais  dcs 
grappes.  Spica,  Tepi  que  les  paysans  par  tradi- 
tion  appellent  encore  speca,  paralt  etre  derivc 
de  spes  (esperanee) ,  parce  qu'on  seme  avec  Tes- 
poirderecueillir.On  appelle  mtUicus  (ecorne)  Tepi 
qui  n'a  point  de  barbes,  parce  qu'elles  font  aux 
cpisrnfucedecornes.  Lorsque  Tepi  coramenceasc 
former,  llest  reuferme  dans  une  petiteenveloppe 
verte  qui  le  derobe  entierement;  c'est  ce  qu'ou 
appelle  vcujina,  gaine,  nom  qu'on  donne  egale- 
meutau  fourreau  qui  contient  repce.  L'extrcmite 
superieure  de  l"cpi  mur,  et  qui  est  d'Hn  volume 
moindre  que  le  grain  ,  est  ce  qu'on  appelle  fritj 
rextremite  inferieureau  poiutde  sa  jonction  avec 
la  tige,  etqui  estegalementmoindre  que  le  grain, 
s'appelle  urrunciim. 

XLIX.  Stolon  avait  fiui  de  parler;  et  personne 
ne  le  questioimant,  il  pensa  qu'on  ne  desirait  pas 
en  savoirdavantage  sur  la  nutrition  des  plantes. 
.4lors  11  annonca  rintention  de  passcr  aux  recol- 
tes.  Dans  les  prairies  basses,  dit-il,  rherbe  doit 
etre  fauchee  au  moment  oii  elle  commence  a  se 
seclicr.  On  la  relourne  avec  ia  fourche  jusqu'a 


sc,  solstltiiim  ilicitm-  fiiisse.  Ncc  niinns  a(lniiran(iiim , 
qnod  (it  in  noiiiiiis  qnos  vocant  liclioliopia ,  ab  eo  quoil 
ad  solis  oilmn  inain!  s|)C(tant,  el  ejiis  iter  ita  sequuiUur 
ad  occasiim,  nt  ad  ciini  sempcr  spectcnt. 

XI.VIl.  In  seniinniio  qiia' suvculis  consila,  et  eoriiin 
mollioia  criiut  iialin.i  (  ,;iii,ii:i;,  ut  olea  ac  ficns,  ea 
suniina  iiitcijiTila  liii;  I  ■■  1  ;;  -Ira  el  siiiistraddigalis, 
hcrb.Tque  cli.ncnd.r  :  i ..  ;  iin  I  i;  i.i' sunt  vcllenda;.  1'iius 
cnim  arida!  lacUc  ii\.ii:tiir,  ;ic  ci-Iciins  rumpunlur,  qiiam 
seqiiiintur.  Conlra  licrba  iii  piatis  ad  spem  ficiiisicia:  nata 
noii  niodo  non  cvcllenda  in  nulricatn,  sed  etiam  non  cal- 
canila.  Qiio  pecns  a  prato  ablegandnm  ,  cl  omiie  jnineii- 
tnni ,  (ac)  eliam  boniines.  Solum  eniin  bomiiiis  cxiliiim 
lierba?,  et  semita;  fundamentum. 

XLVllI.  Inseg('tibns  autein  frumenlnm,  in  qno  ciil- 
miis  cxtiilit  spicam  :  ea  qu.ie  mntilata  non  esl,  in  ordco 
ct  tritico  tria  babct  conlinentia,  graniiin,  glumam,  aris- 
tam  :  ct  eliam  priniitus  spica  cum  oriliir,  vaginam.  Gia- 
nnm  dictum,  quod  esl  intimum  solidum.  Gluma,  qni  c,st 
foUicnlus  cJHS.  Arista  ,  qua;  iit  acus  leniiis  longa  eminet 
e  glunia.  Pioinde  iit  grani  tbeca  sitgluma,  et  apcx  arista. 
Arisla  cl  grannm  omiiibus  fcre  noliim  :  gluma  paucis. 


Ilaqne  id  apnd  Ennium  solnm  scriptum  scio  cssc  in  Evbe- 
meri  libiis  versis.  Videtur  vocabulum  clymon  liabere 
a  glnbendo,  quod  eo  folliculo  deglubitur  graniim.  Ilaqno 
eodem  vocabnlo  appellant  (ici  cjiis,  quam  cdimiis,  folli- 
cnluni.  Aiista  dicta,  quod  arcscit  prinia.  Grannni  a  ge- 
reiido.  Id  enim  ut  gerat  spica,  seritiir  frumentum,  non 
ul  glumani  aut  arislam  gerat  :  iit  vilis  seritur,  non  ut 
pampinnm  fcrat,  sed  uvam.  .'Jpica  antem,  quam  rustici. 
iit  acceperunt  aiiti(piilus ,  vocanl  specam  ,  a  spe  videliir 
nominata.  Eam  enim  qiiod  sperant  fore,  serunl.  Spica 
niiilica  dicitur,  qua;  non  Iiabet  aristam  :  ea;  enim  qiiasi 
coriina  snnt  spicarum  ,  qnpe  primitus  cum  oriuntur,  ne- 
qiie  plaiie  appaient,  qna  sub  lateiit  lierba,  ea  vocatnr 
vagina,  nt  in  qua  latct  conditnin  gladium.  Illiid  anteni 
siimma  in  .spica  jam  m.itura,  qnod  esl  miniis  qnani  gra- 
nnm,  vocatur  frit.  Qiiiid  iii  inlinia  spica,  ad  cnlninni 
slramenli  sninmuni,  itein  minus  quam  gianum  cst,  ap- 
pellatur  urrnrcum. 

XLl.K.  Cnni  couticnisset  ncc  intcrrogarclnr,  dc  iintri- 
catu  ciedens  niliii  desiderari  :  Dicam,  iiiqnit,  de  Iriicti- 
biis  maturis  capiendis.  El  ille ,  primnm  de  pratis  suinmis- 
sis,  lierba  cum  crcsccrc  dcsiit,  et  ;cstu  arescit,  subscc-iri 


VARRON. 


complete  dessiccatioii.  I!  faut  alors  la  botteler 
avant  de  la  transporter  a  la  ferme ;  puis  on  passe 
le  rSteau  sur  le  pre  pour  ramasser  riierbe  qui  sera 
resteea  terre,  que  lon  ajoute  aux  nieules  de  foin. 
La  fenaison  terrainee,  viennent  les  regains;  ope- 
vation  qni  consiste  a  passer  une  seconde  fois  la 
fanx  avec  plus  de  soin ,  afin  d'atteindre  les  herbes 
qui  ont  echappe  a  la  premiere  coupe,  etqui  for- 
ment  de  petites  touffes  a  la  superficie  du  pie; 
c'est,  je  crois,  du  mot  sectio  (coupe)  qu"est  veuu 
celui  de  sicilire,  faire  le  regain. 

L.  3lessis,  moisson,  dont  meto  est  la  racine,  se 
dit  proprement  de  tout  ce  qu"on  nioissonne,  et 
notamment  du  ble.  On  moissonne  les  graius  de 
trois  manieres.  La  premiere,  usitee  dans  l'Om- 
brie ,  consiste  acouper  le  tuyau  ii  ras  de  terre ,  et 
a  lier  sur  place  au  fur  et  a  mesure.  Quand  on 
a  forme  un  certain  nombre  de  javelles,  on  les 
reprend  une  a  une  pour  separer  Tepi  de  sa  tige. 
On  reunit  tous  les  cpis  dans  un  panier  qu'on 
porte  a  Taire.  La  pailie  qu'on  a  laissee  se  met  en- 
suite  en  tas.  Pour  la  seconde  maniere,  en  usage 
dans  le  Picenum,  on  se  sert  dun  instrument  de 
bois  recourbe,  k  1'extremite  duquel  est  adaptee 
une  petitescie  de  fer.  Cet  instrunient  reunit  en 
faisceau  les  epis  qu'il  hache  sur  pied,  laissant 
la  paiUe  debout,  pour  etre  sciee  plus  tard.  La 
troisieme  maniere,  qui  se  pratique  aux  environs 
de  Rome,  et  dans  beaucoup  d'autres  contrees, 
est  eelle-ci.  Ou  coupe  la  paille  par  le  milieu,  en 
tenant  la  tige  par  le  bout  de  la  main  gauche;  et 
c'est  la,  je  pense,  forigine  du  mot  mcssis 
(moisson),  qui  viendraitalorsde;«r(/i«w  (milieu). 
On  cnupe  ensuite  le  ehauine  ou  la  partie  qui  se 
trouvait  au-dessous  de  la  main,  et  qui  tient  en- 


core  a  la  terre  par  sa  racine.  Quant  a  la  paille 
adh6rente  a  fepi,  on  la  met  dans  des  paniers,  et 
on  la  porte  a  faire.  La  on  la  separe  pour  laserrer 
dans  un  lieudecouvert,  palam;  ce  qui  peut  bien 
etre  1'etymologie  AejJalea  (paille)  :  quelques-uns 
derivent  son  autre  nom  stramentum  du  verbe 
stare  (etre  debout),  et  de  stamen  son  substantif. 
D'autres  le  font  venir  de  stratus  (etendu) ,  parce 
qu'on  etend  la  paille  quand  el!e  sert  de  li.tiereaux 
troupeaux.  La  moisson  se  fait  des  que  le  ble  est  mur. 
Dans  les  conditions  ordinaires,  un  homme  peut, 
dit-on,  expedier  son  arpent  en  un  jour,  ramasser 
les  epis  dans  une  corbeille,  et  les  porter  a!'aire. 
LL  L'aire  doit  etre  en  plein  champ  et  placce  sur 
une  eminence,  afin  que  le  vent  y  souffle  de  tous 
cotes.  Donnez-lui  une  dimension  proportionnee 
a  l'importance  de  la  recolte;  que  sa  surface  soit 
circulaire  de  preference,  et  legerement  e.xhans- 
see  aucentre,  pourmenageraux  eaux  un  prompt 
ecouiement  en  cas  de  pluie ;  ear  du  centre  a  la 
cireonference  rien  de  plus  court  que  le  rayon. 
Formezen  le  sol  de  terre  bien  battue,  de  glaise 
s'il  est  possible  :  autrement  la  cbaleur  y  opere 
des  gercures  011  !'eau  sejourne,  ou  qui  servent 
de  retraite  aux  rats  et  aux  fourmis.  On  pre- 
vient  ces  inconvenients  en  enduisant  !'aire  de 
marc  d'huile.  Rien  n'empeche  mieux  l'herbe  de 
pousser,  et  c"est  la  mort  aux  fourmis  et  aux 
taupes.  Quelques-uns,  pour  plus  desolidite,  ont 
des  aires  pavees  ou  meme  carrelces.  D'autres , 
comme  lesBagiennis,poussent  rattentiou  jusqu'(i 
les  couvrir,  pour  les  mettre  a  Tabri  desorages, 
tres-1'requents  dans  cette  contree  vers  l'epoque  do 
la  moisson.  En  pays  chaud,  quand  raireest  sans 
toit,  il  faut  menager  dans  le  voisinage  des  especes 


falcibns  ilebet,  et  qiio.id  pciarcsrat ,  fiircillis  vcrsari. 
Cuni  peraiuil ,  de  liis  manipulos  ficii  ac  vclii  ail  villam. 
Tnm  (te  pralis  stipiilam  rastellis  eradi ,  atqne  addere  fnc- 
nisiciae  cumulum.  Quo  facto  sicilienda  prata,  id  est,  fal- 
cibns  consectanda,  qiur  fa-niscces  pia'terierunt,acqnasi 
herha  tuberosum  rcliqiicrunt  campum.  A  qua  sectione 
arbitror  dictum  sieilirc  pratnm. 

L.  Messis  proprionomine  dicitur  in  iis,  qnfc  nietiintiir, 
maxime  in  frumento,  et  ab  eo  est  vocabnlo  declinata. 
Frumenti  tria  geiiera  sunt  messionis,  unum,  ut  in  L'm- 
bria,  ubi  falce  secundum  terram  siiccldunt  slramentiini ; 
«t  manipulum,  iil  quemque  subsccucruiit,  ponunt  in 
terra.  Tlbi  eos  fecerunt  mnltos,  ilcrnm  eos  percensent, 
ac  de  singnlis  secant  inter  spicas  et  stramentiim  :  spicas 
«"onjiciunt  in  corbem ,  atque  in  arcam  miUunt.  .Slramenta 
rclinquunt  in  segele,  niide  tollanlur  in  acervum.  Allero 
modo  nietunt,  nt  in  Piceno,  ubi  ligneum  habent  incur- 
tiini  batilUim,  in  quo  sit  extremo  serrula  fcrrea.  Hax 
fum  comprebendit  fascem  spicarnm,  desecat,  et  stra- 
nicnta  slantia  in  .segele  relinquit,  ut  postea  siibsecentur. 
Tertio  modo  melitur,  ut  sub  uibc  Roma,  et  locis  pleris- 
que,  ut  stramentum  mediuni  suhsecent,  quod  manu  si- 
nistra  summuni  prehendunt :  a  qiio  medio  messem  dictam 
yuto,  Infra  maiium   stiamcntum,  quod  teiTse   lieerct. 


postea  subsecatur.  Contra  quod  cnm  spici  stramentmn 
luierct,  corbihus  inarcam  dcfcrtur.  Ubi  disccdit  in  aperto 
loco  palam  :  a  quo  potest  nominata  esse  palea.  Alii  slra- 
mentum  a  slando,  ut  stamen  dictnm  putant.  Alii  ab 
stiatu  ,  quod  id  substernatur  pecori.  Cum  est  matura  se- 
ges,  metenduin,  cuni  in  ca  jugerum  feie  nna  opcra  pro- 
peniodum  iii  facili  agro  satis  esse  dicatur  :  niessas  spicas 
corhihus  in  areani  deferredehent. 

LL  Aream  esse  oporlet  in  agio  siiblimioii  loco,  quam 
peiflare  possit  ventiis.  Hanc  esse  modicam  pio  magnilu- 
dine*scgetis,  polissinnim  rotnndam ,  et  niediam  paullo 
extiiniidam,  (iit  si  pluerit,  non  consislat  aqua,  et  qiiani 
brevis.simo  itinere  extia  aream  deflucre  possil.  Omne 
porro  lirevissimum  in  rolundo  e  medio  ad  cxtremum)  so- 
lidam  lerrapavita,  niaxime  si  est  argilla,  ne  ffistu  pa:- 
minosa  in  rimis  cjus  giana  ohlitescant,  et  recipiant  aquam, 
ct  ostia  aperianl  muribus  ac  formicis.  Ilaqne  aniurca  so- 
Icnt  perfnndcre.  Ea  cnim  beibaium  esl  inimica,  et  for- 
micarum,  et  talparum  venenum  Quidani  areain  ut  ha- 
beant  solidam ,  muniunt  lapide,  aut  etiam  facinnt  pavi- 
nientum.  Nonnulli  etiam  tegunt  areas,  ut  in  Cagiennis, 
quod  ibi  saepe  id  tcmporis  anni  oriuntur  nimbi.  Ubi  ea 
relecla,  et  loca  calida,  piope  arcam  facinndum  umbra- 
cula,  qiio  SHccedant  homines  in  eestii  tempore  meridiaiio. 


DE  L'AGRICULTURE ,  LIV.  I 

cVabris,  oii  lcs  ouvricrs  puisscnt  se  mcttre  a  rom- 
brc  pendaiit  {'ardeur  du  jour. 

Lll.  La  plus  belle  pnrtie  dc  ia  reeolte  ct  la 
plus  forte  en  episdoitetre  raisea  part  pour  se- 
mences.  Cest  dans  1'alre  qu'on  separe  le  grain  de 
repi ;  ee  qui  s'opere  au  raoyen  d'un  traineau 
qu'on  fail  tirer  par  des  bctes  de  sommc.  Le  trai- 
neau  est  formed'uno  planche  fiarnie  cn  dessous 
de  fer  ou  de  pierres  pointues,  laqucllc  supporte 
leconducteur  ou  quelque  poidsequivalent.  Ceite 
machine,  qui  se  promene  sur  les  epis,  en  deta- 
ehe  le  grain  qu'ils  contiennent.  Le  traineau  eon- 
sisle  quelquefoisen  une  rcunion  de  soliveaux  gar- 
nis  de  dents  et  de  roulcl tes.  Cest  alors  ce  qu'on  ap- 
peile  le  chariot  a  la  carthaginoise.  Cette  forme 
comportedc  mcmeunconducteur  assis,  et  un  at- 
t!'l,iL:e  de  bcfes  dc  somme.  Elle  est  usitce  dans 
TKspagne  citerieure,  et  autres  lieux.  Quelques- 
uns  se  contentent  de  faire  fouler  les  epis  par  leurs 
bctcs  ,  qu'ils  poussent  a  coups  de  gaule ,  et  dont 
le  trepignement  i-eniplit  le  raeme  office.  Quand 
le  ble  est  bien  battu ,  on  le  vanne  avec  un  ins- 
trument  appele  vaUum  ou  vallabnna^  en  ayant 
soin  de  choisir  pour  cette  operation  un  moment 
ou  le  vent  n'ait  qu"assez  de  force  pour  emporter 
lcs  |)arties  legeres  qu'on  appelle  urux,  en  sorte 
qu;'  le  froment  resfe  par  reffet  de  son  poids,  et 
anive  a  la  corbeillecpure. 

I.III.  La  moisEon  faite,  on  vend  le  droit  de 
-l:in('r,  ou  bien  Ton  arraehe  le  chaume  pour  le 
I  ortcr  a  la  nietairic.  S'il  rcste  trop  peu  d'epis, 
ct  que  la  main-d'a>uvre  soit  chere,  il  vaut  mieux 
y  faire  paitre  les  troupeaux.  Car  la  considera- 
tion  dominaute  est  que  le  bencliee  ne  soit  pas 
ahsorbe  par  les  frais. 

I.IV.  Lorsque  le  raisin  est  mur,  on  proeede 
au  >>  vendanges.  II  faut   examiner  d'aI)ord  par 


quelleespece  de  raisin,  et  dans  quelle  partic  (bi 
vignoble,  la  recolte  doit  conunencer.  Car  le  rai- 
sin  precoce,  ainsi  que  le  miseella  (raelange), 
qu'on  appelle  vulgairement  raisin  noir,  muris- 
sent  longtemps  avant  les  autres  espeecs.  II  faut 
done  les  cueillir  les  premiers.  On  doit  aussi  de- 
buter  par  le  cflte  du  vignoble  le  plus  expose 
au  soleil.  On  fait  ensuife  un  triage  du  raisin  a 
manger  en  grappe,  et  de  eelui  dont  on  fait  du 
vin.  Le  premier  clioix  vadroit  au  pressoir,  ef  de 
lii  au  tonueau.  Le  raisin  de  table  est  mis  a  part 
dans  des  paniers,  puis  renferrae.  dans  des  va- 
ses  de  terre,  qu'on  depose  au  fond  d'une  futaille 
oii  le  marc  est  reste.  On  le  garde  aussi  dans  des 
amphores  enduitcs  de  poix  ,  que  Ton  descnd  au 
fond  d'un  reservoir  d'eau ;  ou  bien  on  le  fait  sc- 
eher  dans  Taire,  avant  qu"il  n'entre  au  garde- 
manger.  Quand  le  raisin  estfoule  ,  remettez  sotis 
lepressoirlespediculeset  lespeaux;onenexprime 
ainsi  ce  qui  peut  y  rester  de  viu  doux  ,  et  roii 
augmcnle  d'autant  la  cuve.  Lorsque  le  mai-e 
ne  rend  plus,  on  coupe  tout  ce  qui  debordc  le 
pressoir,  pour  le  presserde  nouveau.  Le  resultat 
de  ce  dernier  tourdu  pressoir  sappelle  circumri- 
situhi  (vinde  rognurc);  maison  le  rnet  a  part,  par- 
ce  qu'il  seut  le  fcr.  Quaml  le  marc  a  ete  bien 
pressure ,  on  le  jttte  dans  des  tonneaux  qu'oM 
remplit  d'eau.  On  obtient  par  la  une  boisson  du 
nom  de  lota  (piquelte) ,  contraction  de  lota  aci- 
na  (lavure  de  marc) ,  et  qui  se  donne  aux  ou- 
vriers  en  guise  de  vin  pendant  Thiver. 

LV.  Nous  arrivons  maintenant  a  ia  recolte  des 
olives.  Tant  que  le  fruit  se  trouve  a  portee , 
ou  qu'on  peut  y  atteindre  avec  le  seeours  d'une 
eebelle,  ii  vaut  mieux  le  cueilllr  que  le  gauler; 
i'olive  froissee  se  desseche,  et  rend  moins  d'hui- 
le.  II  vaut  mieux   encore  la  cueillir  a  la  main 


r.II.  Qujcsege.s  graiidissima  .Tlipie  oplima  fiierit,  st>nr- 
III  in  aream  spcerni  oportcl  spicas,  iit  semen  optimiim 
liral.  E  spicis  in  area  exc.iiti  !;rana.  Qiiod  (it  apiiil  alios 
iiiriitis  junctis  ac  tiibnlo.  Id  lil  e  taliiila  lapidibiis  ant 
1"  asperala,  qiio  iniposito  aniiga  aut  poiideic  giandi 
iliiliir  jumentJs  jniiclis,  ut  disculiat  p  spica  graua  :  aut 

;i>>ibus  dentatis  cnm  orbitulis,  qnod  vocant  ploslel- 
III  piKnicnm.  In  co  quis  sedeat  alqne  agitet,  quic  tia- 
iit,  jnmenta,  ut  in  Ilis|iam'a  citeriore,  el  aliis  locis  fa- 
iiit.  .\piid  alios  exteritur  grege  jumeiilonim  inacto,  et 
I  i^iiato  perticis ,  qiiod  ungiilis  e  spica  exteninlur  grana. 
~  iiUis,  oporlct  eterrasnbjaclari  vallis  aut  ventilabris, 
1111  ventus  spirat  lenis  :  ita  lit,  ut  qiiod  levissimuni  est 

rci,  atqne  appellatur  acns,  evannatur  foras  extia 
■  ini,  ac  Irumentum  quod  est  ponderosuin,  purum  ve- 
il  ad  corbem. 

I.lll.  Messi  facla  spicilcginm  venire  oporlel,  aut  domi 
:;rie  stipulani  :  ant  si  sunt  spica;  rara' ,  et  operacarae, 
'iii|iasci.  Summa  uuim  spectanda,  ne  in  ea  re  suinlus 
11'  iiiin  superet. 

1.1  V.  In  vinetis  uva  cnm  cril  matura,  vindemiam  ita 
iii  oportct,  ut  vidcas  a  quo  gcnerc  uvanim,  el  a  qiio 


Inco  vineli  incipias  legere.  Nam  el  praicox  et  miscella , 
qiiam  vocant  nigram ,  nmllo  ante  coquitur;  quo  piior  lc- 
genda  :  et  qiiae  pars  arbusti  ac  vineiE  magis  apiica  ,  piius 
debct  descendere  de  vite.  In  vindemia  diiigentiiis  nva 
non  soUim  legiliir  ad  bibendiini ,  sed  eligilnr  ad  edeiidum. 
Itaqiie  lectins  defertur  in  Ibiuiu  vinailum ,  iinde  in  do- 
lium  inane  veniat  :  electa  in  secretam  coibiilam  ,  iinde 
in  olliilas  addalur,  el  in  dolia  plena  vinaceornmcontnida- 
lur;  alia,  qinc  iii  piscinam  in  amplioiam  picatam  dcsccii- 
dat;  alia,  qiue  in  areain  ,  ut  in  carnaiium  ascendal.  Qiiae 
calcalai  uv.e  enint,  eanmi  scopi  ciim  folliculis  subji<;icndi 
snb  picluiii,  iit  si  qiiid  icliipii  liabeanl  miisli  evpiimaliir 
in  eundeni  laciim.  Ciim  desiit  sub  pielo  lliiciv,  ipndanv 
circuncidunt  extiema,et  luisiis  prcmunt  :et  ruisus  ciim 
pxpressiim,  circuncisitiiin  appellant ,  ac  .seoisum,  qiiod 
e\pressiini  est,  servant,  qiiod  rcsipit  ferrum.  Expressi 
aciiiorum  rolliciili  in  dolia  conjiciunliir,  coqiie  aqiia  addi- 
lur  :  ea  vocatiir  lora,  quod  lota  acina,  ac  pro  vino  opc- 
raiiis  datur  liieme. 

LV.  De  olivelo.  Olcam  qiiam  mann  tangere  possis  o- 
terraac  scalis,  lcgere oporlet  poliiis  qiiam  qnatire;  qiioil 
ea,qna!  vapulavit,  macescit.ncc  dat  tantuin  olci.  Qua; 


96 


VARRON. 


nuc  qn'avec  lcdoigticr,  dont  la  durcic  meiirtrit 
!a  baie  et  meine  ecorce  les  branches  de  Tarbre , 
qui  en  sont  plus  exposces  a  Taction  du  froid. 
Quand  le  fruit  se  trouve  hors  de  portee,  on  doit 
se  servir  plutot  de  roseaux  que  de  perches  pour 
l'abattre ;  car  de  deux  inconvenients,  il  faut  choi- 
sir  le  moindre.  II  faut  surtout  avoir  soin  de  ne 
point  gauler  a  rebours,  afin  que  le  fruit  en  tora- 
bant  n'entratne  pas  avec  lui  le  bourgeon  ;  sans 
quoi  Tarbre  serait  frappe  de  sterilite  Tannce 
suivante.On  ditcomraunementque  les  oliviersne 
donuent  de  recolte,  de  pleine  reeolte  au  moins, 
que  de  deux  annees  Tune.  L'habitude  de  gauler 
ii'en  est  pas  certaincment  la  moindre  cause.  Comme 
le  fruit  de  la  vigne,  rolive  quand  elle  est  rentree 
sert  a  deux  flns  :  ou  on  la  mange  en  nature,  ou 
Ton  la  convertit  en  un  liquide  onctueux  que  le 
corps  humain  s'applique  concurremraent  en  de- 
dans  et  en  dessus  ;  car  il  nous  suit  au  bain  et  au 
gymnase.  L'oIive  a  faire  de  riiuile  est  jour  par 
jour  mise  en  tas  sur  des  planches,  oii  on  la 
laisse  quelque  tcmps  macerer.  Eusuite  chaque 
tas ,  par  ordre  de  forraation ,  se  transporte  au 
trapeze.  Cest  ainsi  qu'on  appelle  un  apparcil 
compose  de  deux  nicules,  d'une  pierre  dnre  et 
rocailleuse.  L'olive  qu'on  laisse  en  tas  trop  long- 
temps  fermente,  et  donne  de  Thuile  ranco. 
Aussi ,  dans  le  cas  oii  Ton  ne  pourrait  !'emploj'er 
dans  le  teraps  voulu,  il  estbou  deremuer  les  tas 
pour  faire  prendre  i'air  au  fruit.  On  tire  de  I'olive 
deux  produits  differents,savoir,  Fhuile  que  tout 
le  raoude  connait,  et  le  marc,  dont  rutilite  est 
trop  ignoree;  earon  le  voit  gcneralement  couler 
sans  profit  des  pressoirs  dans  les  charaps,  oii  il 
iaifse  de  larges  places  noires,  el  parfois  stcriles, 


quandluirrreactrprofondsmentimbibi^e.Orcette 
substancea,  pourquisaiten  faire  usage,  une  sorte 
d'application  utile ,  principalement  cn  matiero 
d'agriculture.  Repandue  au  pied  d'un  arhre,  d"un 
olivier  uotamment ,  partout  oii  on  remploie ,  clle 
detruit  toute  vegetation  nuisiblc. 

LVL  Agrius  s'adrcssant  alors  a  Slolon.  Me 
voila,  dit-il,  assis  depuis  longteraps  dans  la 
ferme ,  les  clefs  a  la  main,  et  attendant  toujours 
que  vous  y  fassiez  entrer  la  recolte.  Eh  bien, 
ditStolon,  me  voila;jesuis  sur  le  seuil,  ouvrez 
la  porte.  En  ce  qui  concerne  le  foiii ,  il  vaut 
mieux  le  rentrer  directement  que  !e  laisser  en 
meules  a  decouvert  :  les  bestiaux  du  moins 
raimentmieux  ainsi,  comraconpeut  s'enassurer 
en  leur  donnaat  le  choix  de  Tun et  de  lautre. 

LVIL  Pour  le  blc,  il  faut  le  serrer  dans  de 
hauts  grenicrs,  oii  les  vents  soufllent  du  nord  et 
de  Test,  et  oii  rhumidite  nepuissepenetrerd'au- 
cun  cote.  Que  les  murailles  et  le  sol  en  soient  re- 
vetus  d"un  tnastic  compos;^  de  marbre  pile,  ou  du 
moins  de  glaise  melee  a  de  la  paille  de  froment 
et  du  marc  d'huile.  Cet  enduit  prcserve  les  gre- 
nicrs  des  rats  ou  dcs  vers,  et  contribue  en  meme 
temps  a  donner  au  grain  de  la  consistance  et  de  la 
fermcte.Quelques  personneshumecteut  leurgrain 
de  marc  d'hui!e,  dans  la  proportion  d'un  quadran- 
tal  par  mille  modii  environ ;  d'autres  repandent 
ou  plutdt  egrugent  au-dessus  de  la  craie  de  Chal- 
cis  oude  Carie,  de  rabsinthe,  et  autres  substances 
analogues.  Certains  cultivateurs  ont  des  greniers 
souterrains  ou  caveaux  appelees  dsipoi,  corarae 
on  cn  voit  en  Cappadoce  et  en  Thrace;  ail- 
lcurson  se  sert  de  puits,  corame  dansTEspagne  ci- 
terieure,  et  aux  environs  d'Osca  et  de  Garthage. 


ni.inu  stricta,  melinrea,  qiirc  digilis  Diulislcgilnr.  quam 
illa  quoe  cum  dlgitalibus.  Duricies  euim  corum  non  solum 
.stringit  bacam,  sed  etiam  ramos  glubil ,  ac  rellnquit  ad 
gclicidium retectos. Quae manu tangi  non poleiunt, ita qiiati 
debeut,  ut  aiuudine  potius  quani  pcrtica  feriantur.  Gra- 
vior  enim  plaga  medicum  quserit  Qui  quatief ,  ne  adver- 
sani  cicdat.  Sa!pe  eulni  ita  percussa  olea  secum  defert 
de  lamulo  plantam.  Quod  facto,  friictum  amitlnnt  pos- 
teri  anni.  Ut  haec  non  minima  causa,  quod  oliveta  dicaut 
alternis  annls  non  feire  fruclus,aut  non  aeqne  magnos. 
Olea  uf  uva  per  idem  biviiini  redit  In  villani,  atla  ad  ci- 
bnm  eligitur,  alia  ut  cliquescal ,  ac  non  solum  corpus 
intus  unguat,  sed  eliam  exlrinsecus :  itaque  dominum 
et  in  balneas,  et  gvmnasium  scquitur.  Hrt>c,  de  qua  fit 
oleum,  congeri  solet  acervatim  per  diessiugulos  in  tabu- 
lata,  nti  ibi  mediocriler  fraccscat,  ac  primus  quisque 
acervus  demitlatur  per  serias  ac  vasaolearia  ad  tiapefas , 
qua?  rcs  molK  olearia;  e  dnro  et  aspero  lapidc.  Olea  lecta 
si  nimiumdiu  fuit  inacervis,  caldore  fracescit,  et  oleum 
f(Btidum  fit.  Itaque  sinequcas  mature  conlicere,  in  acer- 
vis  jactando  ventllare  oporfet.  Ex  olea  fructus  duplex; 
oleum,quod  oranibus  notiini ,  et  aniurca,  ciijus  utilila- 
tem  qiiod  ignorant  plci  ique ,  licet  videre  e  torcnlis  olea- 
riis  fluere  in  agros,  ac  non  soluni  denigraie  terrani ,  sed 


mnltiludine  facere  sterilem  :  cum  is  bumor  modicus , 
cum  ad  multas  res,  tum  ad  agriculluram  perlineat  velie- 
nienter,  quod  circuin  arborum  radiccs  infundl  solet, 
maxime  ad  oleam ,  et  ubicunque  in  agro  bei  ba  nocet. 

LVI.  Agrius  :  Jam  dudum,  inquit,  in  villa  sedens  ex- 
pecto  cum  clavi  le  Stolo,  dum  fructus  in  villam  refera^. 
Ille:  iim  quinadsum.  Venio,inqult,adIimen,  foresaperi. 
Primum  fajuisicia,-  condunfnr  melius  sub  terto,  quam  in 
acervis,  quod  ita  fit  jucundius  paljulum.  E\  eo  intelligi- 
tur,  quod  pecus  utroque  posito  libentius  est. 

LVII.  At  triticum  condi  opoitet  in  granaria  sublimia, 
qn.T  perflenf  ur  vento  ab  exortu  ac  septentrionum  regione, 
ad  quiB  nulla  aura  bumida  ex  piopinquis  locis  adspiret. 
Parieles  et  soliim  opere  teclorio  maimorato  loricandi  :  si 
minus,  ex  argilla  mixto  aceree  frumentoetamurca,  quod 
muiem  et  vermem  non  patitiir  esse ,  et  graua  facU  soli- 
diora  ac  (irmiora.  Quidani  Ipsum  triticum  conspergunt, 
cum  addant  in  circiter  mille  modium  quadrantal  amurca;. 
Ilem  alius  aliud  adfiiat,  aut  aspergit,  ut  Clialcldicam  aut 
Caricam  cretam,  aut  absintlilum.  Ilem  bujus  gcneris 
alia.  Quidam  grauaria  Iiabent  siib  teriis,  speluncas ,  quas 
vocant  aeipoi? ,  ut  in  Cappadocia,  ac  Tbracia.  Alii ,  ut  in 
Hispania  citeriore ,  puteos ,  ut  in  agro  Carthaginiensi , 
et  Oscensi.  Horum  solum  palcis  substernunt :  et  curaut 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  I. 


Le  sol  au  fond  de  ces  piiils  est  couveitde  paille ; 
aucunc  Inimidite  n'y  penctre,  ear  on  ne  les  ouvre 
jamais;  ni  nieme  un  souflle  d'air,  si  ce  n'est  lors- 
i]u'il  y  a  iiecessiti' de  reeourir  a  la  reserve.  L'air 
cn  etant  exclu ,  il  n'est  pas  a  eraindre  que  le  cha- 
raneon  s'y  mette.  Le  ble  dans  les  puits  se  con- 
serve  cinquante  ans,  et  le  millet  pourrait  meme 
s  V  u:arder  plus  d'un  siecle.  I)'autresenfin  cons- 
tiiiisent  dans  leurs  chanips  inemes  des  greniers 
qui  sont  corame  suspeiidus.  On  en  voit  de  ce  mo- 
dele  dans  PEspafjne  eitericure  ,  et  dans  certaines 
contrees  de  rApulie.  Ces  greniers  sont  eventes 
iion-seuiement  des  cotes  par  les  eourants  qui 
viennent  des  fenetres,  raais  encore  par  l'air  qui 
frappe  dessous  en  leur  planeher. 

I.Vin.  Les  feves  et  autres  leguraes  se  conser- 
vent  tres-longteraps,  sansse  gater,  dansdes  vais- 
seaux  a  huile  que  Ton  reeouvre  de  cendre.  Ca- 
ton  ditaussi  que  le  petit  et  le  gros  amineen,  ainsi 
quele  raisindit  apicius,  segardenltres-bieu  daus 
des  pots  de  terre  ;  niais  qu'ou  les  conser\ e  egale- 
ment  ou  dans  du  viu  cuit  jusqu'a  la  diminution 
desdeux  tiers,  ou  tout  simplement  dans  du  vin 
doux.  II  ajoute  que  le  lucarina  ( raisiu  ferrae) 
et  1'aniiDeen  scantien  sont  de  toutes  les  especes 
de  raisins  ceux  qui  se  conservent  le  mieux  sus- 
pendus. 

I.IX.  Quantauxautres  fruits,  comme  lespoi- 
ns,  eoings,  les  scantiennes,  les  quirintennes,  les 
jximmes  rondes ,  les  pomraes  appelees  autrefois 
viitsfca  (douces  corarae  le  mout),  et  qu'oa  ap- 
pille  aujourd'hui  inclimela  (douees  comme  le 
iiiiel  ,  tous  se  conservent  tres-bien  sur  la  paille 
011  lieu  sec  et  frais.  Aussi  quand  on  fait  cons- 
tiuiie  un  fruitier,  il  faut  avoir  soin  d'en  ouvrir 
les  fen^tres  au  nord ,  et  de  laisser  un  libre  aeces 
aux  vents  qui  soultlent  de  ce  e6te.  II  iniportetou- 


tefois  de  lcs  garnir  de  volets;  car  le  vent  continu 
finit  par  oteraux  fruits  leursuc,  et  les  rendre  in- 
sipides.  Pour  plus  de  fraieheur  encore ,  on  recou- 
vre  en  stue  les  voutes  ,  les  imirailles  et  meme  les 
planchers  de  ees  fruileries.  On  voit  meme  eertai- 
iies  personiies  y  faire  dresser  des  lits  pour  pren- 
dreleursrepas.  Eten  effet  quandonestassezriche 
pour  foreer  Tart  k  faire  d'une  salle  a  raanger  nne 
galerie  de  peiiitures,  pourquoi  serefuserait-on  la 
jouissanee  toute  naturelle  de  contempler  en  di- 
nant  une  variete  de  beaux  fruits  ranges  daus 
une  agreable  symetrie?  N'imitons  pas  toutcfois 
ceuxqni,  donnantun  dinera  lacampagne,  etalent 
somptueusement  dans  leur  fruiterie  la  depouille 
detousles  marcbesde  Rome.  Quant  a  lamaniere 
de  conserver  les  pommes,  les  uns  les  posent  sur 
des  planches  ou  tablettes  de  marbre ;  d'autres  pre- 
ferent  les  mettre  sur  de  la  paille  ou  des  ear- 
des  de  laine.  On  eonserve  ies  grenades  eu  les 
mettant  avecla  branche  dans  des  futailles  rem- 
plies  de  sable.  Les  poires  aniciennes  ,  ainsi  que 
cellesqui  miirissentautempsdessemailles,seeon- 
servent  mieux  confites  dans  du  vin  cuit  jusqu'a 
la  diminution  desdeux  tiers.  Quant  aux  cormes 
et  aux  poires,  on  les  coupe  ordinairement  par 
moreeauxqu'on  faitdessecherau  soleil.On  pourra 
raeme  coaserver  les  cormes  saus  les  couper, 
pourvu(iu'on  les  place  dausquelque  lieu  sec  et 
frais.  Les  raves  sont  eoupees  par  morceaux,  el 
conscrvees  dans  la  graine  de  moutarde.  Les  noix 
se  gardentmieux  dansdusable.  II  en  estdemerae 
des  grenades  qu'on  cueille  a  leur  point  de  matu- 
rite.  Pour  les  grenades  qui  ne  sont  pas  eneore 
mureset  quitiennent  ala  branebe,  il  faudra  les 
mettre  dans  uu  pol  sans  fond  qu'on  enfoneera 
daiis  la  terre,  apres  avoir  enduit  la  branche  de 
poix,  pour  la  soustraire  a  rinlluence  de  Tair  exte- 


liiiinor,  ant  aer  langere  possil,  nisi  euni  promilnr  ad 
iin.  Qiio  enim  spiritns  non  peivenit,  ibi  non  oritnr 
I  iilio.  Sicconditnm  liiticum  manet  velannos  quinqua- 
l;i  :  inilium  vero  plus  annos  centum.  Snpra  teiTain 
iiaila  in  a^ro  qnidam  snblimia  faciunt,  ut  in  Hispania 
iinie,  ct  in  Appuliaqiiidam,  qiise  non  solum  a  lateri- 
.  |iiT  fenestras,  sed  eliamsnbtus  a  solo  venlus  lefrige- 
■  pMSsit. 

\  111.  Faba  et  legnmina  in  oleaiiis  vasis  oblita  cinere 
liii  incolnmia  .seivantur.  Cato  ait  unam  Amineam  mi- 
riilani  cl  majoiem  ct  Apiciam  in  ollis  commodissime 
ili.  Kadeni  in  sapa  et  musto  in  lora,  recte.  Quas  sus- 
iihis  opportunissiinas  esse  duiacinas  el.\mineas  Scan- 


1.1\.  De  pomis,  conditiva  inala  slrutliea,  colonea, 
Si  .inliana,  Quiriniana,  oibiculala,  el  qiice  anlea  mustea 
Miiabant ,  nunc  nielimeia  appellant,  liac  omiiia  iii  loco 
arido  et  frigido  supra  paleas  posila  servari  recte  putanl. 
i:t  ideo  oporotliecas  qui  faciunt,  ad  aquiloncm  nt  fencs- 
lias  babeant,  atque  ul  cae  perflentur,  ciiranl.  INeque  ta- 
III.  II  sinc  foriculis  :  ne  cum  bumorem  amiserint ,  perti- 
II. li  i  \eiilo  vielafiant.  Ideoqnc  in  iis,  camarasraarmoiato, 


et  parietes,  pavinicnlaqiie  ficiunl,  quo  frigidius  sit  :  in 
(|uo  eliain  quidani  tiidiniiiin  steinere  solent  cienandi 
cansa.  Eleniin  in  qiiibiis  liiMiiia  conoesseiit,  ut  in  pina- 
cothece  faciant ,  qiiinl  speclacnlum  datiir  ab  arle ,  ciir 
non  quod  nalura  datiim  iitaiilur  in  venustate  disposila 
pomornin.'  pra>scrtim  quidcni,  cum  id  non  sit  faciendiini , 
i|Uod  quiilam  fecernnt,  nt  Romae  coemla  poina  riis  intu- 
leriul  in  opoiotbecen  inslriiendam  convivii causa.  Jn  opo- 
i otbcce  mala  niancie  pulant  satis  commode  alii  in  tabulis , 
iit  in  operc  marmoialo,  alii  snli.strata  palea ,  vcl  eliam 
lloccis  :  niala  piinica  deiiii>sis  Miis  mih  nlls  in  (lnlio  are- 
n,'c  :  malacotonea,  strntlira  iii  |irii,ililius  inn.ils  :  conlra 
in  sapa  condita  manere  piia  .\iiii  i.ma  ,rl  siiiiniii^a.  Soiba 
quidam  dissecta,  el  in  sole  niaccrata,  utpira;  et  sorba 
per  sc  ubicunqne  sinl  posila  in  arido  facilc  durare.  Scr- 
vare  rapa  consecla  in  sinape,  nuccs  juglandcs  inarena, 
pniiica  mala  et  in  aicna  jani  decerpta,  ac  inalura,  (iit 
dixi,)  et  cllani  imnialiiia  cuin  ba;renl  in  suavirga,  si 
dcmiseris  in  ollam  sine  fundo,  caini|iie  si  conjeccris  in 
lcrram ,  cl  oliteris  cii  ciim  ramiim ,  nc  e\lrinsecus  spii  i- 
tiis  afllel,  ca  iion  iiiodo  integra  e\imi ,  sed  etiam  majora, 
qiiani  in  arbore  uriqnam  pepcnderint. 


?s 


VARRON. 


ricur  :  quaiul  vous  le  retirez  ensuite,  le  froit  se 
presente  non-seulement  intact ,  mais  d'une  gros- 
seur  qu'il  n'eut  jamais  acquise  sur  Tarbre. 

LX.  A  Tegard  des  olives  de  tabie,  Caton  nous 
dit  que  l'on  conserve  tres-bien  les  orchites  et  les 
posra  tant  sechesque  vertes  daus  de  ia  saumure, 
ou  dansde  rhuile  de  lentisque,  si  elles  sont  nieur- 
trics.  II  ajoute  que  si  Pon  veut  que  l'ori'hite 
conserve  son  beau  noir,  il  faut  la  uiettre  dans 
du  sel ,  dont  on  la  laisse  s'impregncr  pendant 
cinq  jours;  puis  on  jette  le  sel,  et  on  expose  le 
fruit  pendant  deux  joursau  soleil.  On  peut  aussi 
confire  la  meme  espece  sans  sel ,  en  la  faisant 
irjfuser  dnns  du  vin  doux  cuit  jusc|u'a  reduction 
de  moitie. 

LXI.  Les  agriculteurs  experimentes  ont  bien 
raison  de  conserver  le  mare  dhuile  en  tonneaux 
avec  autant  de  soin  que  rhuile  et  le  vin  :  voici 
comme  il  faut  s'y  prendre.Ou  le  fait  bouillir  aus- 
sitot  qu'il  sort  du  pressoir,  et  on  le  verse  dans 
des  vaisseaux,  apresTavoir  laisse  refroidir.  II  y 
a  encore  d'autres  raanieres  d'appretcr  ie  marc 
dhuile ;  on  lemelangeavec  du  raout  parexeraple. 

LXII.  Comme  on  ne  met  ies  friiits  eu  serre 
qu'en  vue  de  les  en  tirer  plus  tard  ,  il  nous  reste 
encore  a  faire  quelques  observations  sur  ce  qui 
constitue  la  sixieme  et  derniere  phase  des  pro- 
ductions  de  la  tcrre.  On  retire  les  fruits  de  Ten- 
droit  oiiron  les  a  serres,  soit  pour  les  consom- 
mer,soit  pour  les  vendre,  ou  bien  eneore  pour 
les  raieux  garder.  Quant  a  Tepoque  a  laquelle  il 
faudra  lesretirer,  eile  dependde  lanature  meme 
des  fruits  qu'on  veut  livrer  a  la  coasornmation , 
ou  preeerverde  tout  accident. 

LXIII.  II  faut  tirer  le  ble  du  grenier  sit(5t  que 
!e  charancon  commence  a  le  ronger.  Ou  Texpo- 
sera  alors  au  soleil ,  en  placant  a  proximite  des 

LX.  Deolivitate,oleas  esui  opliiiie  condi  scribit  Calo, 
orcliiles,  et  pauseas  aridas,  \el  virides  in  niuria,  vcl  in 
y  Icntisco  contusas.  Ordiites  niKras,  sale  si  sint  confriatae 
dies  quinque ,  et  tum  sale  excusso ,  bidunm  si  in  sole  po- 
sitse  luerint,  manere  idoneas  solere  :  easdem  sine  sale  in 
delVutnm  condi. 

LXI.  Recte  amnrcam  peiili  aijricolae  tam  in  doliis  con- 
duut,  quam  oleum,  anl  vinniii.  Ejns  condilio,  cum  ex- 
pressaolea,  quod  slatim  efiluxevit  de  ea,  decoquuntur 
dnspartes,  el  refrigeratum  coudilur  in  vasa.  Sunt  item 
aliae  conditiones,  ul  ea ,  in  qua  adjjcilur  inusluni. 

LXII.  Quod  nenio  fiuctus  condit,  nisi  ut  promat,  de  eo 
quoque  vel  sexto  gradu  animadveitenda panca.  Pronuint 
condila  ant  proplerea,  quod  sint  tuenda,  anl  quod 
utenda,  aut  quod  vendenda.  Ea  qu;e  dissimilia  sunt  in- 
ter  se ,  aliud  alio  tem|ioie  tiiendum  el  utendum. 

LXIII.  Tuendi  causa  pioniendum  id  fiunHnlum,  qnod 
ciiiculiones  exesse  incipiunt.  Id  enim  cum  promptuni 
est,  in  sole  poneie  oportet ,  atque  aquae  catinof,  quod 
eo  conveniuul,  ut  ipsi  se  necent ,  cuiculioues.  Sub  tcira 
qiii  liabent  frumenlum  in  iis,  quosvocant  treipoJc,  quod 
cum  periculo  introilur  recenti  apertlone,  ila  ut  quibus- 


bassins  pleins  d'eau,  oii  ces  insectes  ne  tarderoni 
pas  a  venir  se  noyer.  Ceux  qui  ont  leur  ble  sous 
terre,  dans  descaveauxappeles  (7£tpo'i,  nedevront 
y  entrerqu'apres  les  avoir  laissesouverts  pendant 
quelque  temps.  Carsi  Tou  voulait  s'y  introduirc 
immediateraent  apresleur  ouverture,  on  courrait 
risque  de  suffoquer,  comme  il  en  est  des  exem- 
ples.  Le  ble  que  vous  aurez  conserve  en  epis 
pour  le  faire  servir  a  votre  consomraation  doit 
etre  retire  pendant  Thiver;  on  le  fait  moudre  et 
ensuite  on  le  torrefie. 

LXIV.  Le  marc  d'huile  est  un  residu  de  subs- 
tanceaqueuse,  meleaux  matieresque  rhuile  de- 
pose  au  fond  des  vaisseaux  de  terre  ou  on  la  ren- 
ferme.  Voiei  comme  on  s'y  prend  d"ordinaire 
pour  !e  conserver  :  on  degage le  marc  en  soufllant 
dessus  du  liquide  qui  surnage  au  bout  de  quinze 
jours  de  dep6t  :  on  le  transvase  ensuite.  Et 
la  raeme  operatioii  se  repete  jusqu'a  douze 
fois  pendant  six  raois  coasecutifs,  de  quinze 
jours  en  quinze  jours  ,  de  facon  que  la  derniere 
ait  lieu  dans  le  declin  de  la  luue.  Oa  fait  ensuite 
bouillir  le  raarc  dans  des  chaudieres  a  uu  feu 
doux  jusqu'areduction  de  raoitie,  puis  on  le  met 
cn  reserve  pour  s'en  servir  au  besoin. 

LXV.  Quand  le  moijt  est  rais  cn  tonneau  pour 
faire  du  vin  ,  on  doit  s'abstenir  de  tirer  tant  que 
dure  rebullition,  meme  lorsqu'elle  est  assez  avan- 
cce  pour  que  le  vin  puisse  etre  regarde  comme 
fait.  Si  Ton  veutboiredu  vinvieux,  il  nefaudra 
le  tirer  qu'au  bout  d'une  annee ;  car  le  vin  n'est  re- 
putci  vieux  qu'apres  un  an  d'existence.  Si  le  cru 
tourne  a  Taigre,  il  faut  consommer  de  suite,  ou 
vendre  le  raisin  en  grappe.  II  y  a  des  vins  dont 
laqnalite  augmente  par  la  duree;  tels  sonl  ceux 
de  Falerne  par  exemple. 

LXVI.  Les  olives  blauches,  quand  on  les  em- 

dam  sil  infeiclusa  aiiinia,  aliqnanlo  post  piomere,  qiiam 
aperuerint,  oporlet.  Far,  quod  in  spicis  condideiis  per 
messem ,  ct  ad  nsns  cibalus  expedire  velis ,  promendum 
hieme,  ut  in  pisliino  pinsatur  ac  loireatnr. 

LXIV.  Amurca  cum  ex  olea  cxpressa,  qui  est  luimor 
aquatilis  ac  retiimenlum,  condilumin  vas  fictile,  id  qui- 
dam  sic  solent  tiieii ,  diebus  xv  ex  eo,  qiiod  est  levissimum 
ac  sunimum,  dellatum  ut  tiajiciant  in  alia  vasa,  et  boc 
iisdem  inlervallis,  duodecies  sex  mensibus  proximis, 
item  faciant.  Cum  id  novissime.potissimnm  trajiciant, 
cum  scnescit  luna.  Tunc  decoqunnt  in  ahenis  levi  igni 
duas  partes  quoad  i  egerunt ,  tum  denique  ad  usuni  i  ecte 
promitur. 

LXV.  Quod  ninstiim  conditur  in  dolium,  ut  habea- 
mus  vinum,  non  promcndum  dum  fejvet,  neque  eliain- 
dum  piocessit  ita,  ut  sit  vinum  factnm.  Si  vetiis  bibeie 
velis,  quod  non  fit  ante,  quam  accesserit  annus,  tuni, 
cnm  fueiit  anniculum,  promito.  Si  veio  est  ex  eogencre 
nva>,qnod  matiire  coacescat,  ante  vindemiain  consumi, 
autveuire  oportet.  Genera  sunt  vini ,  in  quo  Falerna, 
quae  quanto  pluies  annos  condila  babucrnnt,  tanto  ciim 
.  prompla  siint  frurtuosioia. 


DE  L'AGRICUL 

ploie  avant  qirdles  ne  soient  parfaitement  eonfi- 
tes,  out  un  gout  amer  qui  rebute  le  palais.  II  en 
est  de  meme  des  noires,  a  moins  qa'ou  ne  les 
trerhpe  dans  le  sel  avant  de  s'en  servir.  Cette 
pTecaution  les  rend  tres-mangeables. 

LXVIL  Moiusou  conserve  les  noi.x  ,  les  dattes 
et  les  fijjues,  et  plus  elles  sontsavoureuses;  si  la 
gardfse  prolonge,  les  ligues  perdent  luurgout,  les 
dattes  moisisstnt  et  les  noi.\  sc  dessechent. 

LX  VIII .  Quant  au.x  fruits  qu'ou  suspend  pour 
les  faire  sccher,  raisins,  pommes  et  eormes,  les 
yeux  seuls  indiquent  le  moment  de  les  livrer  a  la 
cousommation.  En  effet,  ou  voit  aisemeut,  par  le 
degre  d'altcratiou  de  leur  couieur  et  le  point  de 
leur  dcssication,  quand  il  1'aut  les  manger,  pour 
ne  pas  attendre  qu'ils  ne  soient  plus  bons  qu'a 
jeter.  Les  corraes  rentrees  tout  a  fait  miires 
doivent  etre  mangees  promptement ;  vertes,  elles 
sont  plus  de  gardc  ;  ear  il  leur  faut  le  temps  d'ac- 
querir  lamaturite  qu'on  ue  leur  a  pas  laisse  preu- 
dre  sur  Tarbre. 

L.KIX.  Cestpendant  rhivcr  qu'on  tire  du  gre- 
nier  le  ble  destine  a  la  consommation  domesti- 
que,  qu'on  doit  torrefier  pour  le  rendre  propre  a 
la  panification.  Le  ble  de  semenee  y  reste  jus- 
qu'au  moment  oii  la  terre  est  preparee  pour  le  re- 
cevoir :  il  en est  de  meinc  en  general  de  toute  espece 
de  graine.  II  ne  faut  leur  faire  voir  le  jour  qu'au 
inoment  de  les  employer.  Pour  ce  qu'on  destine 
au  marehe,  il  faut  attendro  le  moment  de  ven- 


TURE,  LIV.  I.  n3 

dre  avec  avantage.  Telle  produetion  ne  peut  se 
conscrver  sanss'alterer;  il  fautse  presser  de  s'en 
defaire.  Cette  autrc  est  plus  de  garde,  attendez 
que  son  prix  s'eleve.  Quisait  attendre,  non-seu- 
lement  retire  rinteret  de  sa  marchandise ,  mais  en 
obtient  quclquefois  un  prix  double.  Stolon  par- 
lait  encore,  lorsqu'un  affranehi  du  gardien  entre 
touten  pleurs,  en  noussuppliant  d'excuser  si  fon 
nous  a  fait  si  longtemps  attendre;  et  en  meme 
tcmps  il  nous  invitc  aux  funeraiUes  de  son 
maitre  pour  le  lendemain.  Nous  nous  levons  tous 
CLi  nous  ecriant :  Quoi !  a  ses  funerailles?  Quelles 
funerailles?  Alors  resclavenousraconte,  toujours 
plcurant,  que  son  raaitre  vient  d'etre  frapped'un 
coup  de  couteau  ,  et  (|ue  le  meurtrier  s'est  pcrdu 
dans  la  foule.  Seiilement,  par  uneexclamation  qu'il 
avait  faite,  oi!  jugeait  que  le  crime  etait  feffet 
d'une  meprise.  L'esclave  ajoutait  que,  tout  oc- 
cupe  dc  reconduire  son  maitre  au  logis,  d'en- 
voyer  chercher  promptemcnt  un  medecin,  il 
n'avait  pas  eu  le  temps  de  nous  avertir  plus  tot,  et 
que  nous  serions  sans  doute  disposes  a  trouver 
sa  conduite  naturelie.  Son  empressement,  il  est 
vrai ,  n'av,iit  pas  empeche  son  patron  de  rendre 
fame  peu  de  temps  apres;  mais  il  croyait  nean- 
nioins  n'avoir  fait  en  cela  que  sou  devoir.  Nous 
ne  le  trouvAmes  que  tropexcuse,  et  nous  descen- 
dimes  ious  du  teraple  pour  retourner  che/,  nous  , 
plus  emiisde  1'accidcnt,  parrapport  a  rhumanitc, 
que  surpris  de  ce  que  Rorae  en  etait  le  theatre. 


LXA^.  Oloasalbas,  qiias  conilideiis,  novas  si  cclcriinr 
piomas.nisi  conilieris,  propler  amaritijdinem  illas  les- 
puit  i>alatnm.  Itein  nigras,  nisi  prius  eas  sale  maccraiis , 
iit  libenter  iii  os  recipiantur. 

LXVII.  Xuceni  jiiglandein  ,  et  palmnlam ,  et  riciim  Sa- 
binam  quanto  citius  promas ,  jnciindiore  ulare ,  qiiod  ve- 
tuslate  licus  fit  jiallidior,  palmula  rariosior,  nux  aridior. 

LXVIII.  Pcnsilia,  ul  iivae,  mala,  et  sorba,  ipsa  osten- 
diint,  quando  ad  usiiiu  oporteat  promi  :  qiiod  colore  mu- 
tato  et  coiiliactii  acinonim ,  si  noii  dcinsei is  ad  edcndiini , 
ad  alijiricndum  dcsccnsunim  se  niinilantiir.  .Sorbum  ma- 
turiim  niite  coiidilnm  dlius  promi  opoitet  :  aceibum 
enim  siispcnsiim  lcutins  est.  Qiiod  priiis  domi  niatiirila- 
tein  a.sseqiii  viilt,  qiiani  iicqiiil  in  arliore,  qnain  mile.scat. 

LXIX.  Messuin  far  |iroiiiiMiiliiMi  liieme  in  pistrino  ad 
torrendum,  qiiod  ad  cilialiim  cvpcditiini  esse  velis.  Qiiod 
ad  salionem ,  liini  proincnduui ,  ciini  scfietes  matiir.t  sunt 
ad  accipicndnm.  Itcui  qiiai  pertinent  ad  sationcni,  siio 
quoquc  tempore  iiiomcnda.  Qiise  vendenda,  vidcniliini, 
qnae  quoiiue  lcnipoic  oporlcat  piomi.  Alia  eiiiui,  qiuv 


nianerc  iioii  pnssimt,  ante  quam  se  comniulent,  ut  cele- 
ritcr  pionias ,  ac  veiidas  :  alia  qute  servari  possnnt ,  ut 
luni  vcndas,  cuni  carilas  est.  Saepe  enim  diutius  servala 
noii  inodo  usuiam  adjioiunt;  sed  etiam  fiuctum  dupli- 
cant,  si  tempore  pronias.  Cuni  hicc  diceret  .Stolo,  venit 
liberlns  a'ditiinii  ad  iios  llens,  el  rogat  nt  ignoscainus 
quod  sinuis  retcnti,  et  ut  ei  in  liinus  postridie  piodea- 
miis.  Oinnes  coiisuisiiniis,  ac  siniul  exclamanius,  qiiid.' 
in  funiis?  qnod  funus?  qiiid  est  factum?  llle  flens  iiarrat 
ab  uescio  quo  perciissiim  cultello  concidisse,  qnein  qui 
esset ,  aniniadvcrtcre  in  turba  non  potiiisse,  sed  lantum- 
iiiodo  cxaiidissc  vocciii ,  pcrperam  fecisse.  lpse,cum  pa- 
Ironiim  doinum  sustiilisset,  et  piieros  diniisisset  ut  me- 
diciim  requircreiil,  ac  mature  aililiiicrrnl ;  (|iiud  potiiis 
illiid  adminislrasset ,  quam  ad  no^  M'iiK-ri  ,  a^ipiuin  esse 
sibi  iKnosci.  Necsieum  servaic  iinn  pnluivMl,  qiiiu  non 
uiulto  postauiiiiain  ctdaret,  laiiien  putarese  fecisse  recte. 
Kon  mole.^te  fercnles  descendimus  de  a^de^etde  casu 
biimauo  ma^is  qncrentes,  quam  admiraiites  id  RomKfac- 
tiiiii ,  disccdiiiiiis  onincs. 


VARRON. 


LIVRE    II. 
DE  l'education  des  bestuux. 

Nos  grands  aieux  avaient  bien  raison  de  mettre 
rhomme  des  champs  aii-dessus  de  1'homme  des 
villes.  En  effet  autaut  les  habitudes  d'une  mai- 
son  de  plaisance  semblent  oiseuses  a  nos  campa- 
gnards ,  s'ils  les  comparent  a  la  laborieuse  agi- 
tation  d'une  ferme,  autant  cette  premiere  exis- 
tence  paraissait-elle  active  k  nos  ancetres  au- 
pres  de  la  paresse  des  citadins.  Aussi  avaient-ils 
partage  leur  tcmps  de  facon  a  ne  douner  aux 
affaires  de  la  ville  que  deux  jours  sur  neuf ,  con- 
sacrant  les  sepl  autres  exclusivement  aux  occu- 
pations  rurales.  Tant  qu'iis  sont  restes  fideles 
i  cette  couturae ,  ils  y  ont  gagne  sous  deux  rap- 
ports  :  d'abord  leurs  champs  rapportaientdavan- 
tage,  et  eux-meraesse  portaient  mieux.  En  second 
lieu ,  ils  pouvaient  se  passer  de  ces  gymnases  de 
toute  espece  dont  le  raffinement  des  Grecs  a 
rempli  leurs  maisons  devilles,  el  qu'il  nous  faut 
avoir,  nous,  maintenant  dans  nos  demeures,  de- 
puis  le  premier  jusqu'au  dernier.  On  ne  croirait 
pas  avoir  de  maison  de  campagne ,  si  Ton  ne 
pouvaitsedonner  le  plaisir  d'en  decorer  de  noms 
grecs  toutes  les  distributions.  IIpoxoiTwv  (anti- 
chambre)  ■naXalGTpa  (palestre),  aito^uTvipiov  (ves- 
tiaire),  TrEpicTuXov  (colonnade),dpvi6tov  (voliere) 
TrspnjTepaov  (colombier)  diTwpoOyixv)  (fruiterie). 
Comme  de  nos  jours  il  n'est  guere  de  ehefs  de  fa- 
mille  qui ,  laissant  la  faux  et  charrue,  n'ait  emi- 
gre  dans  Tenceinte  de  Rome ,  et  ne  consacre  a 
applaudir  au  cirque  et  au  thcfltre  les  mains  jadis 
occupees  aux  champs  et  aux  vignobles,  il  en  re- 
sultequ'aujourd'hui  nou«  payons  pour  qu'on  nous 
apporte  d'Afrique  et  de  Sardaigne  le  ble  qui 


nous  nourrlt,  et  que  nous  allons  par  mer  falre 
vendange  a  Cos  et  a  Chio.  Les  fondateurs  de 
cetteville,quin'etaienteuxquedespatres,  avaient 
voulu  que  leurs  deseendants  fussentdes  cultiva- 
teurs;  et,au  mepris  de  leurs  lois,  rambition 
de  leurs  descendants  a  converti  les  champs  en 
prairie,  sans  raeme  faire  dedifference  entre  pal- 
tre  des  troupeaux  et  labourer  la  tcrre.  Autre 
cliose  cependant  est  le  laboureur  et  le  pdtre. 
Pour  se  nourrir  aussi  des  champs,  le  boeuf  de 
labour  n'en  differe  pas  moins  du  boeuf  de  p^tu- 
rage.  Le  boeuf  entroupeaune  produit  pas;  il  con- 
sommc.  Le  hoeuf  sous  lejoug,  au  contraire,  con- 
tribue  a  la  productioii  du  ble  dans  les  guerets 
et  du  fourrage  dans  les  jacheres.  Je  le  repete,  la 
science  du  cultivateur  differe  essentiellement  de 
celle  du  patre.  Le  but  du  cultivateur  est  de  tour- 
ner  a  son  profit  toiit  ce  qu"il  fait  produire  a  ia 
terre ;  celui  du  patie  ,  de  retirer  tout  le  parti  pos- 
sible  de  son  troupeau.  Mais  comme  il  y  a  un 
rapport  intime  ciitre  ces  deux  choses,  puisque 
d'un  cote  le  profit  peut  etre  pUis  grand  k  faire 
consommcr  le  fourrage  sur  place  qu'a  le  vendre; 
et  que  de  Tautre  rengrais ,  relement  de  feconda- 
tion  le  plus  indispensablea  laterre,  est  cssentiel- 
lement  une  provenance  du  betail ,  il  s'ensuit  que 
tout  possesseur  de  biens  fonds  doit  embrasser  les 
deux  sciences,  etre  a  la  fois  agriculteuret  eleveur 
de  troupeaux ,  et  porter  ses  soins  nieme  sur  toute 
espece  animale  qui  peut  se  trouver  dans  une 
ferme  et  ses  dependances.  Car  les  volieres ,  les 
garennes,  les  viviers,  sont  toutes  industries  dont 
le  proflt  n'est  rien  raoios  que  meprisable.  J'ai 
traite  de  ragriculture  dans  un  premier  livre  de- 
die  a  raa  ferame  Fuiidania,  qui  fait  elle-raeme 
valoir  une  terre.  Celui-ci,  mon  cher  Niger  Tur- 


DE   RE   PECDAKI\. 

Viri  magni  nostri  majores  nonsine  caiisa  prseponebant 
ruslicos  Romanos  iirbauis.  Ut  ruri  eiiim,  qui  in  villa 
vivunt  ignaviores,  quam  qui  in  agro  versanlur  in  aliquo 
opere  faciundo  :  sic  qui  in  oppido  sederent ,  quam  qui 
rura  colerent,  desidiosiores  pulabant.  Ilaqne  annum  ila 
diviseruut,  ut  nonis  modo  diebus  urbanas  res  nsurpa- 
rent,  reliquis  vii  ul  rura  colerent.  Quod  duni  servaverunt 
institutum ,  ulrumque  sunt  conscculi ,  ut  et  cullura  agros 
fopcundissimos  baberenl ,  et  ipsi  valpludine  firmiores  es- 
sent  :  ac  ne  Gra'Corum  nrbana  desideraient  gymnasia, 
quae  nunc  vix  satis  singula  sunt  :  nec  putant  se  tiabeie 
villam.si  non  multis  vocabulis  relineant  Grarcis,  quum 
vocent  parlicuialim  loca,  Ttpoxoi-ciSva ,  naXaiatpav,  lijio- 
J-jrA,()iov,  iiepioTuXov,  6pvi9wva ,  TtcpKiTEpiwva,  67i(i)po9-flxriv. 
Igiturquod  nunc  inlra  niurum  fere  patres  faniili»  correp- 
serunl  relictis  falceet  aralro,  et  nianusmovere  malucrunt 
in  theatro  ac  ciico ,  quara  in  segetibus  ac  vinelis ,  fru- 
menlum  locamus  ,  qui  nobis  advetiat,  qui  saturi  fiainus 
t\  Africa ,  et  Sardinia  :  et  navibus  viademiam  condimus 


ex  insula  Coa  ,  etCliia.  Ilaque  inquaterra  culluram  agri 
docuerunt  paslores  progeuiem  suam ,  qui  condiderunt 
urbem ,  ibi  contia  progenics  eorum,  piopler  avaritiam 
contra  leges  ex  segetibus  fecit  prata ,  ignorantes  non  idem 
esse  agi  iculluram  et  pastionera.  Alius  eiiim  opilio ,  et  ara- 
lor  :  ncc  si  possit  in  agro  p^ci,  armenlarius  non  aliud 
ac  bubulcus.  Armcnuim  enim  id ,  quod  in  agro  nalum 
non  creat ,  sed  tollit  dentibus.  Conlra ,  bos  doniitus  caiisa 
fil,  utcommodius  iiascatur  frumentum  in  segete,  et  pa- 
bulum  in  novali.  Alia,  inquam ,  ralio  ac  scienlia  coloni, 
alia  pastoris;  coloni,  ut  ea  qua;  in  agiicultura  nascantur 
e  lerra  fruclum  facianl.  Conlra  pasloris,  ut  ea  qu.Te  nata 
ex  pecore.  Qiiarum  quoniam  socielas  inler  se  magna, 
proplerea  quod  pabulum  iii  fiindo  rompascere ,  quam 
vendere  plerumque  magis  expedit  domiuo  fundi ;  et  ster- 
coratio  ad  fructus  terreslres  aptissima ,  et  niaxime  ad  id 
pecus  apposilum  :  qui  liabet  praedium,  liabere  ulramqua 
debet  disciplinam,  et  agriculluise,  et  pecoris  pascendi, 
etetiam  villaticae  pastionis.  Ex  ea  enim  quoque  fructus 
lolli  possunl  non  mediocres,  ex  ornithonibus ,  ac  lepora- 
riis,  ct  piscinis.  E  queis  qiioniam  de  agricultura  librum 
1'undania;  uxori  propler  ejus  fundura  feci  :  tibi  Niger 
Tui  rani  nosler,  qui  vehemenler  delectaris  pecore ,  prop- 


DE  L'AGRICULTURE ,  LIV.  II 

ranlus,  je  iVcris  pour  vous,  amatcur  passionD^ 
de  tout  ce  qui  touche  au  regime  pastoral ;  vous  , 
que  ce  povit  conduitsi  souvent  aux  foires  de  Ma- 
cra ,  et  qui  trouvez  daus  ce  genre  de  speculation 
de  quoi  satisfaire  a  de  tres-couteuses  exigences. 
La  tadie  ne  sera  pas  difficile  pour  moi,  possesseur 
autrefoisde  betail  sur  une  grandeechelle;  car  |"ai 
eu  de  nomhreux  troupeaux  de  Tesp^ce  ovine  en 
Apulie,  et  a  Reate,  des  haras  considerables.  .)e 
ne  traiterai  toutefois  que  sommairement  la  ma- 
tiere,  me  bornnnt  a  recueillir  ici  dcs  entretiens 
que  j'ai  eus  avec  quelques  amis ,  grands  proprie- 
taires  de  bestiaux  en  Epire,  a  Tepoque  de  la 
guerre  des  pirates,  lorsque  je  coinmandais  les 
llottes  de  la  Grece,  entre  la  Cilicie  et  l'ile  de 
Delos. 

I.  Menas  venait  de  se  retirer;et  Cossiniusse 
tournant  vers  moi.  INous  ne  vous  laisserons  pas 
parlir,  me  dit-il,  que  vous  n'ayez  acheve  de  nous 
expliquer  ces  trois  parties  dont  vous  aviez  deja 
commence  a  nous  entretenir,  iorsque  vous  avez 
ete  interrompu,  Qu'est-ce  que  ces  trois  parties? 
dit  Murrius ;  ne  serait-ce  point  celles  dont  vous 
me  parliez  hicr,  et  qui  concernentreducation  des 
bcstiaux?  — Precisement,  reprit  Cassinius.  Nous 
elions  allcs  voir  Pctus  qui  etait  indlspose  ;  et  la, 
Varron  avait  commence  une  dissertation  sur  To- 
rigine  de  cette  seience,  sur  la  haute  eonsidera- 
tion  qu'elle  merite,  et  sur  toutes  les  conditionsde 
sa  pratique.  II  a  lite  interrompu  par  rarrivee  du 
medecin.  Je  neveux  me  cliarger.  repris-je  alors, 
quc  des  deux  premieres  parties  composantrhisto- 
rique  (laTopijcov)  de  la  science.  .Te  vousdiraiee  que 
jesais;(|uelleestsonorigine,  et  combien  d'estime 
lui  est  due.  Quant  a  la  troisieme,  qui  est  la  partie 
pratique,  c'est  a  Scrofa  de  s'en  tirer...  osrio  .u.ou 
TzoXkov  aaEivwv  (lui  qui  s'y  entend  bien  mieux  que 


moi).  On  peut  bien  parler  grec  ^  des  gens  qui  sont 
Grecs  a  moitie.  Sciofa,  en  effet ,  n'en  a-t-il  pa» 
remontre  a  C.  Lucilius  Hirpus,  votre  gendre,si 
celebre  par  les  beaux  troupeaux  qu'il  possede  au 
pays  desBrutiens?  — Tres-volontiers,  ditScrofa  ; 
mais  a  la  coudition  qu'en  retour  vous  autres 
Epirotes  et  pdtres  par  excellence ,  vous  nous  fe- 
rez  part  de  tout  ce  que  vous  savez  sur  ce  sujet, 
pour  mc  recompenser  de  ma  complaisance ;  car  ou 
a  toujours  quelque  chose  a  apprendre.  Je  m'etais 
donc  ainsi  renferme,  de  mon  choix,  dans  la  par- 
tie  purementtheorique  de  lascience  :  cen'estpas 
queje  ne  fusse  aussi  proprietairede  troupeaux  eii 
Italie;  mais  n'est  pas  joueur  de  cithare  quieon- 
que  a  rinstrumcnt  en  main,  et  je  pris  la  parole 
aiiisi :  L'homme  et  les  animaux  doivent  avoir  eti- 
de  tout  temps  dans  rordre  de  la  nature.  Soit 
que  Ton  admette  un  principe  generateur,  avec 
Thales  de  Milet  et  Zenon  de  Cittium;  soit 
qu'avec  Pythagore  de  Samos  et  Aristote  de  Sta- 
gire,  on  eirveuille  nier  rexistence,  il  faut  con- 
venir  avec  Dicearque  que  la  vie  humaine ,  en  re- 
montaiit  jusqu'a  sa  condition  le  plus  ancieune  - 
ment  coiinue,  a  successivement  passe  par  bien 
des  transformations,  avant  d'arriver  a  sa  forme 
aetiielle;  et  que,  dans  cette  condition  primitive, 
rhomme se nourrissait  des productions  spuutanees 
de  la  terre,  vierge  de  tout  ensemencement.  A  Te- 
tat  de  nature  a  suecede  la  vie  pastorale ;  seconde 
periode,ou  rhomme,  au  lieu  dese  repaitre  ex- 
clusivement  de  glands,  d'arbouses,  de  mureset 
autres  fruits  sau\ages,  enleves  aux  forcts  et  aux 
buissons,  choisit  parmi  les  animaux  ,  h6tes  des 
bois  comme  lui ,  lesespeees  dontil  peut  s'appro- 
prier  lasub^tance,  lcs  emprisonne,  et  les  appri- 
voise.  On  suppose  avec  assezde  raisoii  qu'il  s'em- 
para  d'al)ord  des  brebis,  commeetantla  conquete 


tciea  quod  te  emturienlem  in  rampos  Macros  ad  merra- 
tiim  adiliicunt  creliro  pedes ,  qiio  facilius  sumlibiis  multa 
poscentilius  niinistres ,  quod  eo  racilius  ruciam ,  qiiod  et 
ipsepecuaiias  liabui  giandes,  in  Appnlia  oviarias,  i^l  in 
Realino  eqiiarias  :  [qnaj  de  re  pecuaiia  breviler  ac  siim- 
malim  percuriam  ,  ex  sermoniiius  nostris  collatiscimi  iis, 
qui  pecuarias  liabuenint  in  E|>eiio  magiias ,  tiiin  cum  pi- 
ratico  beilo  inter  Ueliim  et  Ciliciam  Graecia;  classibus 
prseessem,  incipiam  liinc. 

C*P.  I.  Ciini  Mcnas  discessis.set,  Cossinius  mibi,  Nos 
te  non  dimittcniiis,  impiil,  ante  cpiam  tria  illa  expiicj- 
ris,  quiTe  cirpcias  nupcr  diccre,  cuin  sumiis  iiiterpel- 
lali.  Qu.T!  tiia?  inqiiit  Muniiis.  An  ea,  qure  mibi  beri 
dixisti  de  p.isloricia  re?  Isla,  iji^Min^/c  ,  qua;  coeperat 
bic  disserere,  qu;c  essel  origo ,  qua;  dignilas  ,  <\ux  ars  : 
cum  petam  lcssuni  viscie  venissemus,  ni  medici  adven- 
tus  nos  inlctiiipissct.  Ego  vero,  inrjuam,  dicam  diin- 
laxal,  quud  csl  w-tofiv.ov  ,  de  duabiis  rebiis  priinis ,  qu.-e 
accepi ,  de  origine ,  ct  digiiitate.  De  tcrtia  parle ,  ubi  esl 
de  arte,  Scrola  .siiscipiel  :  ut  .semigra-cis  pasloribus  di- 
cam  graece,  oiitip  avj  iroXXiv  i\uiw/.  Nani  is  inagislcr 
C.  Lucilii  Hirpi  generi  lui ,  ciijus  nol)iles  pecuaria-  in  Brii- 


tiis  habentur.  Sed  liaec  Ha  a  nohisaccipietis,  inquit  Scrofa 
ul  vos,  qui  eslis  Epirolici,  pecuarii  alhlet.T,  remuneie- 
mininos,  ae  qiiae  scilis,  proferatis  in  mcdiiim.  Neina 
eiiim  omnia  piilest  scire.  Cum  accepLssem  conditionem , 
tU  nieae  parteses9entprima>,  nonquo  iion  ego  pecuarias  in 
tlalia  liabeani ,  sed  non  oranes  qiii  habent  cilharam ,  sunl 
citliarncdi  :  igitiir,  viqunm,  et  bomines  el  pecua  cuni 
semper  fuisse  sil  necesse  naliira.  Sive  eiiim  aliqiiod  l'uit 
priucipiura  generandi  animahum ,  ut  piilavit  Tliale.s  Mile- 
sius,('t  ZenoCittieus  :  sivecxiulia  piiiicipium  liorum  cx- 
titit  nulliim,  ut  crcdidit  Pjthagoias  Samius,  et  Aristo- 
teles  Stageiiles;  necesse  est  buman,-K  vila;  a  sumina  me- 
moria  gradaliin  dcscendisse  .vl  hanc  a>tatem  ,  ut  scribit 
Dic^earcbus  :  et  sunimum  gr.iduni  fiiissc  naliiialcni,  nim 
viverent  boraines  ex  iis  lebus,  (pi.c  iiuiokita  ultro  lcriel 
lerra  :  ex  liac  vita  in  secundam  dcMxinllssc  pii<loii(juin, 
e  fcris  atqueagrestibus,  iit  ex  aiboribus  .ic  viigultis  de- 
ccipcndo  glandcm,  arbutum,  moia  ,  poma()ue  colli^crcnt 
ad  usum;  sic  ex  animalibus,  cuin  proplcr  oandein  utili- 
talcni  qua;  po.s,sent  silvestria  depichendeiejil,  ac  conclii- 
dcrent,  elmansuc^c(vciil.  liKpieis  prinium  iion  sinec^usa 
putant  oves  assumtas,  et  proptcr  ulilitatem,  el  pioptor 


VARRON. 


la  plvis  facile  et  la  plus  profitable.  Ces  animaux 
en  elTet ,  d'un  naturcl  si  doux  ,  convenaient  par- 
faitcment  a  la  couditlon  primitivedc  rhomme,  a 
qui  ilsfournissaient  dii  lait  et  du  froraap^e  pour  sa 
uourriture ,  des  peaux  et  de  la  laine  pour  couvrir 
son  corps.  Apres  la  vie  pastorale  vint  la  vie  agri- 
cole,  troisieme  periode  de  riiumanite,  qui  garda 
longtemps  plus  d'un  trait  des  deux  precedentes. 
De  nos  jours  eneore  on  retrouve  plusieurs  espe- 
ces  de  betail  a  l'etat  sauvage  dans  certainescou- 
trees.  Les  brebis  par  exemple  en  Phrvgie,  ou  on 
les  voit  errer  par  troupeaux,  et  les  ehevres  dans 
rile  de  Samothrace.  Ces  dernieres,  dont  Fespece 
s'appelle  en  latin  rota,  abondent  en  Italie,  sur 
les  raontsFiscellum  etTetrica.  Qiiant  aux  porcs, 
tout  le  monde  sait  qu'il  y  en  a  de  sauvages,  a 
raoins  qu'on  ne  veuiile  regarder  lesanglier  comme 
un  autre  aniraal.  Les  boeufs  se  trouvent  egale- 
ment  a  Tetat  le  plus  sauvage  en  Dardanie,  en 
Medie,  et  en  Thrac«.  Les  flnes  sauvages  (onagres) 
ne  sont  pas  rares  daus  la  Phrygie  et  la  Lycao- 
nie;  il  y  a  des  chevaux  sauvages  dans  quel- 
ques  contrees  de  TEspagne  citerieure.  Voila  pour 
rorigine  de  la  science ,  je  passe  a  restime  qui  lui 
est  due.  Les  plus  illustres  personuages  de  Tanti- 
quite  etaient  tous  des  p;Ures;  ies  langues  grecque 
et  latine  en  portent  toutes  deiix  temoignage. 
Voyez  les  anciens  poetes  qui  appellent  !eur  he- 
ros  tant6t«7toAuapvoc  (riuhe  enagneaux),  tantot 
ra)>uar|>>oi;  (riche  enbrebis),  tantot  enfin  ttoXu- 
(jouTyi;  (riche  eu  troupeaux  de  boeufs.)  Ces  memes 
poijtes  nous  parlent  de  brebis  dont  la  toison 
etait  d'or,  par  alUision  sans  doute  a  leur  ex- 
tr^me  cherte.  Telle  etait  la  brebis  d'Atree  a 
Argos,  dont  ce  prince  se  pl.iint  d'avoir  ete  de- 
pouille  par  Thyeste;  et  le  belier  qu'Eetes  posse- 
dait  en  Colchide ,  but  de  rexpedition  de  ces  flls 


de  rois  connus  sous  le  nom  d'Argonautes.  Enfln 
telles etaient ,  en  Libye,  celles  qu"enfermait  le  jar- 
din  desHesperides,  d'ouHerculeravitlespommes 
A'or{7nala);  c'est-a-dire,  suivant  la  tradition,des 
troupeauxdechevresetdebrehis,qu'iltransporta 
d'AfriqueeuGrece.  Eten  effetlesGrecs,  pourrap- 
peler  par  le  sou  le  cri  de  ces  animaux,  leur  ont 
donne  ienom  de  ix.r^Xa ,  onomatopee  que  les  Latins 
ont  rendue  plusexpressive  en  changeant  une  seule 
lettre,  bela.  Car  on  entend  plutot  bce  que  me 
quand  uue  brebis  crie.  De  ce  mot  on  a  fait  ensuite 
le  verbe  belare,  en  retranchant  une  lettre,  comrae 
dans  beaucoup  d'autres  derives.  Si  le  betail  n'eut 
pas  ete  en  bonneur  chez  les  anciens,  les  astro- 
nomes  ne  lui  auraient  certes  pas  emprunte  plu- 
sieurs  noms  de  signes,  dansladescription  qu'ils  ont 
faite  du  ciel.  Loiu  d'avoir  la  moindre  hesitation 
a  placer  ces  noms  au  zodiaque,  plus  d'un  au- 
tcur,  en  enumerant  les  douze  signes,  commence 
par  ceux  qui  porteut  des  noms  d'animaux  ,  et 
donne  ninsi  le  pas  au  Relier  et  au  Taureau  sur 
Apollon  et  sur  Hercule,  qui,  tout  dieux  qu'ils 
sont ,  ne  viennent  qu'en  troisieme  lieu,  sous  le  nom 
de  Geraeaux.  Et ,  peu contents  de  u'avoir  en  noms 
de  betail  qu'un  sixieme  du  nombre  des  signes, 
ils  y  ont  introduit  le  Capricorne  pour  completer 
le  quart. 

Les  noms  de  chevre,  de  houc  et  de  chien  ,  que 
portent  differentes  constellations,  sont  egalement 
empruntes  aubetail.  Desterres,  qui  plus  est,  et 
des  mers  ue  tirent-elles  pas  leurs  noms  de  la 
nieme  source,  temoin  la  mcrEgee,  qui  doit  le 
sien  a  Tespece  chevre  (oiiyeioi;),  le  mont  Taurus  en 
Syrie,  lemontCanteriusdansle  paysdesSahins, 
!e  Bnsphore  deThrace  et  le  Bospliore  cimmerien. 
nyadesvillesdontlesnomsn'ontpasd'autre  ori- 
gine  :  parexemple,  la  ville  grecque  qu'on  nomme 


placiditatem.Maximeenimliaenaturaquietoe,  et  aptissima; 
ad  vitam  liomiuum.  Ad cibum  euim  lacleet  caseum  adliibi- 
lum ,  ad  (corpus)  veslilum  et  pelles  (et  lanam)  attulerunt. 
Terlio  denique  gradu  a  vila  paslorali  ad  agriculturam  des- 
cenderunt.  In  qua  ex  duobus  gradibus  superioribus  reti- 
nuerunt  mulla.  Et  quo  desceuderant,  ib;  processerunt 
longe,  dum  ad  nos  perveniret.  Etiam  nunc  in  locis  mullis 
genera  pecudum  feraium  sunt  aliqiiot,  ul  iii  Plirygia  ex 
ovibiis ,  ubi  greges  videntur  compliires  ;  ut  in  Samothrace 
capiarum,  qiias  latine  rotas  appellant.  Sunlenimin  Italia 
circum  Fiscellum  et  f etiicam  montes  multae.  De  suibus 
nemini  ignotum ,  nisi  qui  apros  non  putat  sues  vocari. 
Boves  perferi  etiam  mmc  sunt  multi  in  Dardania ,  et  Me- 
dica ,  et  Tbracia.  Asini  feiiin  Plirygia,  et  I^ycaonia.  Equi 
feri  in  Hispaniae  citerioris  regionibusaliqiiol.  Origo,  quani 
di\i  :  dignitas,  quam  dicam.  De  antiquis  ilhislrissimus 
quisque  pastor  erat,  ut  oslendit  gra-ca  et  latina  lingua, 
et  veleres  poetic ,  qui  alios  vocaut  TioXuapva; ,  alios  tioXu- 
|ir|AO'j;,  alios  noXuSouToe; ,  qui  ipsas  pecudes  propter  cari- 
lem  aureas  babuisse  pelles  tradiderunt,  ut  Argis  Alieus, 
quam  sibi  Tliyestem  subduxe  queritur  :  ut  in  Colcbide 
.'Eela ,  ad  cujus  arietis  pellem   profeeli  regio  genere  di- 


cnntur  Argonaiita!  :  iit  in  Libya  (ad)  Hesperidas ,  iinde 
aurea  mala,  id  est,  secundum  antiquam  consueludinem, 
capias  et  oves,  [quas]  Herciiles  ex  Aliica  in  Graeciam  ex- 
portavit.  Ea  enim  (a)  sua  voce  Gra'ci  appellarunt  fiJjXa. 
Nec  multo  secus  uostri  ab  eadem  voce,  sed  alia  litera 
bela  vocaiunt.  Non  euim  rae,sed  bee  sonare  videnlur 
oves  vocem  efferenles  :  a  quo  belare  dicunl,  extiila  li- 
lera,  ut  in  multis.  Quod  si  apud  anliquos  non  magii.c  di- 
gnitalis  pecus  esset,  in  ca^lo  describendo  aslrologi  non 
appellassent  eoriim  voeabulis  signa,  quae  non  modo  non 
dubitaruut  ponere ,  sed  eliaui  ab  Uis  principibus  xii  signa  - 
multi  numerant  :  ut  ab  ariete  et  tauro'.,  cuni  ea  piirpone- 
reut  Apollini ,  et  Heiculi.  li  enim  dii  ea  sequuutiir,  sed 
appellautur  Gemini.  Nec  satis  pularuut  de  xii  signis  .sex- 
tam  partem  obtinere  pecudiim  nomina,  nisi  adjecissenl, 
ut  quarlam  teuercnt,  capiicornum.  Pra^terea  a  pecuariis 
addiderunt  capram ,  boedos ,  canes.  \u  non  ilem  in  mari 
terraqiie  ab  liis  regionnm  uol.'c?  [a  pecore]  in  mari, 
quod  nouiinaveiunt  aeapiis  Ageum  pelagus  :  adSyriam 
monteiii  Tauium  :  in  S;ibinis  Canlerium  montem  :  Bos- 
pliorum  unuui  Thracium,  allerum  Cimmerinm.  Nonne  in 
terrismulta,  iit  oppiduiti  in  Crajcia  EnTf.ov  'ApYoc?  Deui- 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  IL 


iTtTtiov  'ApYoi;.  EiiCiQ  ritalie  ne  doit-elle  pas  elle- 
memc  son  nom  aux  veaux  {vituli) ,  eomme  le 
pii-teiul  Pison?  Qui  oserait  nier  que  le  peuple 
roinaii!  n'ait  eu  des  pfllres  pour  aneetres?  Qui  ne 
sait  (jue  Faustulus  ,  pere  nourrieier  de  Romulus 
et  Renuis,  et  Tinstructeur  de  leur  jeuiiesse,  etait 
un  siinple  p^tre?  N'etaient-ils  pas  des  patreseu\- 
memes  ces  fondateurs  de  notre  ville ,  comme  le 
prouve  leur  choix  pour  la  fonder,  du  jour  meme 
des  Parilia?  JNe  dit-on  pas  encore  aujourd'lnii , 
suivant  ranciennecoutume,  tant  de  bcei/fs,  tunt 
de  brebis ,  pour  exprimer  la  valeur  de  certaiiies 
choses?  INotre  plus  ancienne  monnaie  n'a-t-elle 
pas  une  (igurede  betail  pour  effigie?  Et  n'ctait-ce 
pas  avec  une  charrue  attelee  d'un  boeuf  et  duue 
vache  qu'autrefois  on  traeait  renceinte  d'une 
ville,  et  qu'on  inarquait  remplacement  de  ses 
portes?  Enfin  lcs  smvilaurilia,  c'est-a-dire  les 
victimes  solennelles  que  Ton  promene  autour 
du  peuple  romaiii  pour  le  purifier,  ([u'est-ce  au- 
tre  ehoseqa'un  verrat,  un  faelier,  et  un  taurcau? 
Combien  n'avons-nous  pas  dc  noms  propres  ein- 
prunt(?s  soit  au  gros,  soit  au  petit  betail?  au  pe- 
titbi^tail,  comrae  ceux  de  Porcius,  d'Oviuius, 
de  Caprilius;  au  gros  b(^tail,  comme  ceux  de 
Taurius,  d'Equitius.  Enfin  les  Annius  n'ont-ils  pas 
recu  le  surnom  de  Capra,  les  Statilius  celui  de 
Taurus,  et  les  Pomponius  celui  de  Vitulus?  Et 
eombien  on  en  citerait  d'autres!  Reste  a  dire  en 
quoi  consiste  la  scieiice  meme  du  nourrissage; 
cJest  ce  dont  notre  ami  Scrofa,  a  qui  la  palrae  est 
decernee  par  le  sicele  en  fait  d'(3conomi8  nirale, 
va  s'acquitter  beaucoup  raieux  que  moi.  Tout  le 
moude  alors  tournales  yeux  vers  Scioi'a,qui 
commenca  en  ees  terines  :  Cette  scieiiee  consiste 
a  se  procurer  du  b(^'tail  et  a  le  nourrir,  afin  de 
tirer  le  plus  d'argent  possible  de  la  eliose  ineme 


d'ou  vient  le  iiiot  argcnt.  Cur  pccunia  (argent 
monnaye)  est  d^Miv^?  de  pevus;  le  betail  i'tant 
regarde  coinme  la  base  de  toute  richesse.  Cette 
science  se  divise  en  iieuf  parSies ,  ou  ,  si  Ton 
veut,  en  trois,  qui  se  suhilivisent  (^haeune  en 
trois  autres.  La  premiere  do  ees  trois  parties 
compreud  le  petit  betail ,  dont  on  eompte  trois 
especes,  savoir  :  les  brebis,  les  ehevres,  et  les 
porcs ;  la  seconde  comprend  le  gros  betail ,  qui 
se  forme  egaleraent  de  trois  espcees,  savoir,  les 
boeufs,  les  anes  et  les  chevaux;  la  troisieme  et 
derniere  partie,  qui  n'est  qu'accessoire  ct  non 
d'un  produit  iininediat,  mais  qui  cependant  est 
inherenteala  matiere,  comprend  les  mulets,  les 
chiens  et  les  bergers.  Chacuiie  de  ecs  ncuf  par- 
ties  en  reuferme  neufautres  relatives,  savoir, 
quatrearacquisitiondub(;tail,quatreasonentre- 
tien  ,  et  une  derniere  qui  se  rapporte  a  ces  deux 
objcts  a  la  fois ;  ce  qui  ne  fait  pns  moins  de  qiia- 
tre-viugt-une  p.irties  ,  toutcs  indispensables,  et 
d'une  importance  majeure.  D'abord ,  pour  se  pro- 
curerde  bon  biitail ,  il  importe  avant  tout  de  sa- 
voir  a  quel  (ige  on  doit  prendre  chaque  espeee. 
Les  bceufs ,  par  exemple,  se  payent  moins  chcreu 
deea  d'un  au  et  passe  dix ,  parce  que  le  boeuf  ne 
eommence  a  servir  qu'a  sa  secoiide  ou  a  sa  troi- 
sieme  annee,  et  ne  sert  plus  ripres  sa  dixieme. 
En  geiu^ial,  la  premiere  et  les  dernicrcs  annees 
des  bestiaux  sont  toujours  stcM'iles.  La  seconde 
des  quatre  parties  qiii  se  rattachent  a  Tacquisi- 
tion  a  pour  objet  la  formeexti^rieuredu  biitail,  con- 
sid(?rationqui  inlUie  heaueoupsur  laqualiti}.  Pour 
racheteur,  un  hceuf  aux  cornes  noiriitrcs  vaut 
mieux  qu'uu  b(»uf  aux  cornes  blanekes;  une 
elievre  de  graude  taille,  qu'une  petite  chevre. 
Quaut  aa  porc,  il  doit  (3tre  long  de  corps  et 
court  de  t(5!e.  La  troisierae  partie  consiste  a  s'as- 


(ine  Ilaliaa  vitiilis,  ut  scribit  Piso.  Romaiioriiin  vfio  po- 
iniiiim  a  pastoriliiis  esse  oiiiim  qiiis  non  (lirit.^  ()uis 
Faustuliim  nescil  paslorom  liiisse  nutiiciuni,  qiii  Pioinii- 
lum  el  Itemnm  ediicavil.' non  ipsos  quoqiie  fiiisse  paslo- 
res  oliliucbit,  qiiod  Paiilibiis  polissiiiuim  (ondideie  iii-- 
bem?non  ilcm.ipiod  muKa  eliaiii  iiuncex  vetereiiistitulo 
l)ubus  et  ovibiis  dicitiirPet  quod  les  anli^iiiissimum, 
quod  est  flaUim,  pecoie  cst  notatum.' Et  quod  urvo  ui- 
bis ,  cum  condila  est ,  tauro ,  et  vacca  (jiinctis) ,  qni  esscnt 
iniiii  et  porta!  defiiiiluin?  Et  qiiod  populus  Roui.  cuin  lu- 
stralur,  suovilaurilibiis  circumaguntur  verres,  aries , 
taurus?  Et  qiiod  nouiina  multa  babemus  ab  utroquc  pe- 
coie,  a  niajoieet  aminorc?  A  minore,  Porcius,  Oviniiis, 
Caprilius  :  sic  a  niajore  Equitins,  Taurius...  cogiioiniiia 
adsignilicari ,  quod  dicuDtur  ut  Aiinii  Caprsc ,  Statilii 
Tauri,  Pomponii  Viluli :  sic  a  pecudibus  alii  mulli.  Reli- 
qiuim  est  de  si  ieulia  pastorali ,  de  qiia  quod  cst  diceii- 
dum  ,  Sciofa  uosler,  rui  liKc  a>las  defert  leriiin  ruslica- 
rum  oninium  palmam ,  qiio  melius  potcst,  dicel.  Cuin 
convertissenl in  cum  oraomnes,  Scrofa  :  iKilur,  inquil, 
est  scienlia  pecoiis  parandi,  ac  pasceudi,  ut  friictus 
quani  possunt  niaxiuii  capiantur  cx  ca,a  quihus  ipsa 


pecunia  nominata  est.  Nam  omnis  pecunia!  pcciis  funda- 
nientum.  Ea  parlcs  liabet  novcni  discietas,  lcrtcrnas;  ul 
sit  una  dc  minoribus  pecudibus  :cujns  genera  tria,ovis, 
capra,sus.  Altfia  de  pecore  majoro,  iu  quo  suut  item 
ad  trcs  spetics  natura  discrcli,  boves,  asini,  eqiii.  Terlia 
pars  csl  iii  pecilaria,  qu;c  nim  paratur,  ut  e\  iiscapiatur 
fructus ,  sed  proplcr  ca ,  iil  ex  ca  siiit ,  luuli ,  caues ,  pasto- 
res.  Ilarum  uuaquac^pie  iu  scgenerales  partes  liabetnovc- 
nas,  qiiarum  in  pecore  parando  necessariai  qualuor;  al- 
lercie  in  pasceiido  totidem;  pneteiea  coinmiinis  uiia.  Ila 
liimt  omnes  partes  miniimimocloginta  et  una  ,  et  quidein 
neccssariic,  nec  parvaj.  Priinum  ut  bouum  paies  pcius, 
unum  scire  oportet,  qua  a;tatc  quamque  pecudem  pa- 
lare  ,  babereiiue  expediat.  Itaqiie  in  bubulo  petore  miuD- 
ris  cmitis  anuicuiam  el  supra  deceui  aniiorum  ,  quod  a 
bima ,  aul  triina  frucluui  ferre  iucipit,  neque  longius 
post  deciinnm  auiiimi  prucedit.  Nani  |u  ima  xtas  omiiis 
peiotis  et  extrenia  slcrilis.  E  qiialunr  altera  pars  cst  co- 
gnitio  formxuuiusciijusipie  pucudis,  qualis  sit.  Magni  eiiiin 
inlerest,  ciijusmodi  qiiieque  sit,  ad  friiclum.  Ita  poliua 
bovcm  euiunl  coruibiisnigrantibiis,  quain  albis  :  caprain 
I  amplam,  qiiani  parvam  :  sues  procero  coi puie ,  capilibui 


10-1 


VARRON. 


snro r  de  la  race.  Celle  des  cines  d'Areadle  est  ce- 
lebre  dans  laGrece  comme  en  Italie  celle  des 
^nes  delleate.  Cest  au  point  que  j'ai  vu  un  ane  se 
vendre  soixante  niille  sesterces ,  et  deux  paires 
dechevaux.  a  Rome,  aller  jusqu'a  quatre  cent 
mille.  La  quatrieme  partie  se  rapporte  aux  formes 
de  droit  qui  regissent  Tacquisition  du  betail ,  et 
aux  precautions  legales  dont  cette  propriete  s'en- 
toure.  Pour  qu'elle  passe  surement  d'une  main  a 
uneautre,  11  faut  blen  faire  intervenir  quelques 
formalites.  Ce  n'est  pas  tout,  en  falt  de  transaction , 
qu'on  soit  convenu  d'un  prixet  qu'on  le  paye.  L'e- 
tat  sanitaire,  bon  ,  mauvais  ou  dnuteux,  amene 
autant  destipulationsdifferentesdans  un  marclie 
de  b^tail.  Vieiment  apresrachatquatre  orJres  de 
considerationsd'uneautrenature.Ils'asitdenour- 
vir  son  betail,  de  le  faire  multiplier,  d'eleverles 
petits ,  de  le  conserver  sain.  Touehant  la  nourri- 
ture,  qui  est  le  preraier  de  ces  quatre  ordres,  il 
y  a  troischoses  a  observer  relalivemeut  aux  espe- 
ces  :  les  conditions  de  lieux  deparcours,  Tepo- 
que  de  Tannee  oii  le  betail  y  doit  etre  conduit,  et 
ce  qu'il  faut  qu'il  y  trouve  a  paitre.  Ainsi  des 
localitcs  montueuses  et  du  feuillage  a  brouter, 
voila  ce  qui  convient  aux  chevres,  plutot  que  de 
gras  pAturages. 

Cest  le  contraire  pour  les  cavales.  Ilyaen- 
core,suivantles  localites,pacage  d'ete  et  pacage 
d'hiver.  Ainsi  lcs  troupeaux  de  brebis  de  TA- 
pulie  vont  passcr  la  campagne  d'tte  dans  le 
Samnium,  apres  que  la  declaration  ena  ^te  faite 
aux  fermiers  de  larepublique,  qui  renregistrent ; 
car  il  ne  faut  pas  encourir  les  peines  portees  par 
la  loi  des  censeurs.  Ainsi ,  pcndant  la  merae  sai- 
son ,  les  mulets  quittent  lcs  plaines  de  Rosea  pour 
les  hautes  montagnes  de  Gurgur.  II  faut  eu  der- 


nier  !ieu  faire  acception  des  aliments  partlculie- 
renient  propres  a  chaque  espece  de  betail ,  ce  qui 
ne  se  borne  pas  a  donner  du  foin  aux  chevaux 
et  aux  bcEufs,  et  du  gland  aux  porcs,  a  qui  le 
foin  ne  saurait  convenir.  II  faut  encore  savoir 
a  propos  ajouter  de  Torge  et  des  feves  h  la  pro- 
vende,  et  faire  manger  aux  bo^ufs  du  lupin  ;  du 
cytise  et  du  sain-foin  aux  betes  laitleres.  Un  mois 
avant  la  saillie,on  augniente  la  ration  des  beliers 
et  des  taureaux ,  pour  leur  donner  des  forces ,  tan- 
dis  qu'on  diminue  celle  des  vaches  etdes  brebis; 
car  on  pretend,  avec  raison,  que  les  femelles 
concolvent  mieux  qiiand  ellessont  maigres.  La 
gcneration  cst  robjet  de  la  seconde  partie;  et 
j'appel'le  generation  la  periode  intermediaire 
entre  la  conception  et  Tiustant  oii  la  hete  met 
bas;  car  c'est  le  comraencement  et  le  but  de  la 
generation.  II  faut  s'occuppr  avant  tout  de  Taccou- 
plementetderepoque  oii  lafemelle  admetlemale. 
Pour  la  race  portant  soie ,  c'est  depuis  le  lever 
de  Favonius  jusqu'a  fequinoxe  du  printemps; 
pour  la  race  oviiie,  du  coucher  de  TArcture  a 
celui  de  rAigle.  I!  faut  en  outre  observer  preala- 
blement  un  temps  de  separation  necessaire  entre 
les  miiles  et  les  femelles ,  lequel  est  ordinairement 
de  deux  mois  pour  toutc  cspece  de  ti'oupeaux. 
La  gestation  a  aussi  des  soins  partieuliers,  la 
delivrauce  arrivant  plus  tot  ou  plus  tard,suivant 
les  espeees.  La  jument  par  exemple  porte  un  an  , 
la  vache  dix  raois,  la  truie  quatre,  la  brebis 
cinq,  et  lachevre  autant.  IJn  phenomene  de  ge- 
neration  qui  passe  toute  croyance  ,  et  qui  est  ce- 
pendant  de  toute  verite,  se  voit  sur  les  cotes  de 
Lusitanie  enEspai;ne,  presde  laville  d'01ysippe, 
sur  le  mont  Tagro.  La  les  cavales  concoivent  du 
vent,  comme  il  arrive  assez  souveut  chez  nous 


iit  sint  parvis.  Tertia  pars  est,  quo  sint  semlnio  quteren- 
(lnni.  Hoc  nnmine  enim  asini  Arcailici  jn  Gr.Tcia  noliili- 
ti4ti ,  in  Ilalia  Reatinl ,  iisqne  eo,  nt  nica  niemoiia  asinus 
venleHt  sexteitii.s  millilius  l\  ,  et  un;e  quadrigae  Romae 
constiterint  quadrinjjentis  niilliljus.  Qnarta  pars  est  de 
jure  In  paramlo  ,  qnemailmodnm  quamque  pecudem  enii 
oporteat  elvlli  jure.  Qiiod  enim  alterins  luit ,  id  ut  fiat 
meum,necesseest  allquid  Inlercedere.  Neipie  In  omnlbus 
salis  est  sllpulatlo,  aiit  .solutlo  numorum  ad  mutatlonem 
dominl.  In  emtlone  alias  stipulandiim  stalim,  esse  e  va- 
leludinario,  allas  e  sano  pecore  ,  allas  e  neiilro.  Aller.i; 
parlesquatuor  siiiit,  cum  jam  enieiis,  obseivandi» ,  de 
pastione ,  de  fo^tura  ,  de  nulricatu ,  de  sanitate.  Pascendi 
prlmus  locus  qiil  esl,  ejus  ratlo  trlplex.  In  qua  reglone 
quamque  potissimum  pascas,  et  quando,  etqneis?  iit  ca- 
pras  in  montuosis  pollus  locis  et  fruticlbus,  qiiam  In  her- 
bidls  campis;  equas  contra.  Neqne  eadeni  loca,  ;csliva  et 
lilberna  idonea  omnibus  ad  pasccndum.  Itaque  greges 
ovlum  longe  abignntur  ex  Appulia  in  Samnlum  aestlva- 
tum  ,  atque  ad  piiblicanum  prolitentur,  ne  ,  sl  Inscriptuin 
pecus  paverinl,  lege  censoiia  commlttant.  Miili  e  Kosea 
campeotri  aeslate  exiguntur  in  Guigures  altos  niontes. 
Qni  polissimum  quseqiie  pecudum  pascatur,  liabenda  ra- 


f\n.  i\'ec  solum ,  quod  fieno  lit  salura  equa ,  aut  bos,  cum 
sues  lioc  vitent,  et  quapiant  glamlem  :  sed  qnodordeum, 
et  faba  Interdum  sit  qnlbnsdam  objlciendum,  et  dandum 
bubus  lupinum ,  et  lactarlls  Medlca ,  et  cjlisum.  Prifterea 
quudaute  admissuram  diebus  xxx  arietlbus,  ac  taurls 
datur  plus  cibl ,  ut  vlres  habeant :  fteminls  bubus  demi- 
tiir,  quod  macescentes  melins  concipere  dicuiitur.  Se- 
cunda  pars  est  de  fietnra.  Nunc  appello  foeturam  a  con- 
ceptu  ad  pai tum  :  hi  enim  praegnationis  primi  et  extiemi 
fines.  Quare  primum  videndum  de  admlsslone,  quo  quse- 
que  lempore  ut  Ineant  facere  oporteat.Nam,  ut  suillo  pe- 
cori  a  favonio  ad  aequlnoctium  vernum  putant  aptum ,  slc 
ovillo  ab  Arcturi  occasu,  usque  ad  Aquilae  occasum.  Prae- 
terea  liabeiida  ratlo,  quanto  ante  quam  incipiat  admlssura 
fieri ,  inares  a  foemliiis  secretos  habeant  :  quod  fere  in 
omnibus  binis  mensibus  ante  faciunt  et  armenlarii,  et 
opiliones.  Altera  pars  esl  in  fcclura,  qua;  slnt  observanda, 
quod  alla  alio  tempore  parere  solet.  Equa  enlm  veiitrem 
fert  XII  nienses ,  vacca  decem ,  ovis  el  capia  qiiinque ,  sus 
quatuor.  In  foeliira  res  incredibilis  esl  in  Hispaiila  ,  sed 
est  vera,  quod  in  Lusltanla  ad  oceanum  in  ea  leglone, 
nbl  est  oppidum  Olyslppo,  nionte  Tagro,  quaedam  e 
ventocerto  tempore  concipiuntequ»,  ul  hie  gallinie  'W"" 


DE  UAGRICULTURi:,  LIV.  II. 


aiix  poules  dont  les  oeufs  sont  nppeles  uiri-,v£;j.o<; 
(poncus  (lu  vent) ;  mais  les  poulains  coneus  de 
cette  maniere  ne  vivent  pas  plus  de  trois  ans. 
Quant  aiix  petits  (|ui  viennent  a  terme ,  ou  apres , 
il  faut  les  nettover  et  lcs  faire  lever  avec  pr(?cau- 
tioii,  de  craiute  (iu'ils  nesoient  (pendant  lanuit) 
ccrases  sous  la  mere.  Les  aiitneaux  qiu  naiss^-nt 
aprijs  terme,  etqui  ont  consequemmeut  sejourne 
plus  que  le  temps  normal  dans  les  flancs  de  la 
mere,  s'appellent  ('/(o/y//,  mot  d(?riv('de  ydsiov 
(nrriere-faix).  La  troisieme  partie,  la  formation 
des  cleves  consiste  a  examinercombien  durera, 
a  (pielles  heures,  et  en  quel  lieu  se  fera  rallai- 
tciiunt  dcs  petits;  et  si  la  mcre  manque  de  lait, 
a  lcur  donner  une  nonrrice.  Les  (jleves  qu'on  fait 
(lc  cctte  facon  sont  appeles  subrumi,  ce  qui  veut 
dire,  sniis  la  maraelle.  Ruinis  etait,  a  ce  que  je 
orois,  rancien  mot  usit(i  pour  expriraer  mnmelle. 
On  sevre  ordinairement  les  aiineaux  au  bout  de 
quatre  mois,  les  boucs  au  bout  de  trois,  et  les 
porcs  au  bout  de  deu.x  mois.  Comme  a  cet  age 
ces  derniers  sont  assez  purs  pour  pouvoir  ^tre 
olTcrts  en  sacrifice,  oq  les  appelait  autrefois  ««- 
cri's  (saer(is) ;  c'est  aeux  que  Plaute  fait  allusion, 
lois(iu'il  dit  :  Combien  eoiitent  les  pores  sacri's? 
On  appclle  dans  le  meme  sens  opimi  les  boeufs 
d"ciii;rais(iuc  Ton  destine  aux  sacrifices  publics. 
La  (iuatricme  partie  concerne  lc  r(?gime  sanitaire, 
niaticre  aussi  importante  que  complexe;  car 
(inc  ^("'16  malade  peut  vicier  tout  un  troupeau, 
ct  ii'iin  mal  individucl  faire  un  dt?sastregen(?ral. 
JI  l.iutdistinguer  dcux  sortcsde  maladies  :celles 
(lui,  dc  nK-ine  qiie  Ics  maladies  des  hommcs, 
nclament  In  pr('sence  du  m(?decin  ;  et  celles  qui , 
lnnH'  leur  guerison,  ne  demnndent  que  les  soins 
dii  patre.  Cette  partie  en  rcnferme  trois  autres: 


savoir,  les  causes  des  maladies,  lessympt6mes  qui 
les  annoncent,  et  le  traitement  qu'il  faut  appli- 
qucr  a  chncuuc.  En  gen(iral ,  les  raaladies  du  hv- 
tnil  ont  pour  cause  rcxces  du  chaud  ou  du  froid ; 
quckiuefois  Texces  de  travail  ou  son  contraire, 
le  Mianqiie  d'exercice  ,  ou  bien  encore  Tinobser- 
vation  d'un  tcmps  de  repos,  quand  on  les  fait 
boire  ou  manger  imm(?diatemeutapres  le  travail. 
La  presence  d'une  maladie  se  manifoste  par  des 
sympt6raes.  Ceux  de  la  fievre  occasionnee  par 
Texccs  de  chnleur  ou  de  froid  sont  :  la  bouehe 
beante,  la  respiration  entrecoupee  :  et  le  corps 
briilant.  Voici  letraitenient  qu'il  faut  suivre  dans 
ee  cas  :  On  baigne  ranimal ,  on  le  frotte  avec  de 
Ihuile  et  du  vin  tiede ;  on  le  met  a  la  dicte,  on 
le  couvre  bien  pour  que  le  froid  ne  puisse  Tat- 
teindre,  et  on  ne  lui  donne  a  boire  que  de  Teau 
qu"on  a  fait  tiedir.  Si  ce  traitement  ne  fait  point 
d'cffct,  pratiquez  une  saignee;  des  veines  de  la 
tcte  surtout.  Les  autres  maladies  ont  egalemeat 
des  causes  et  des  signes  particuliers.  Le  pasteur 
en  chef  doit  en  avoir  par  ecrit  le  detail  circous- 
tancie,  Reste  la  question  du  nombre;  neuvieme 
subdi vision,  commune,  ainsi  que  nous  ravons  dit, 
aux  deux  prcniieres.  Loi-squ'on  veut  elever  des 
besfiaux,  il  importe  avant  tout  d'en  fixer  les 
quantitiis,  d'examiner  combien  de  troupeaux  le 
fonds  comporte,  et  de  combien  de  tfites  chacua 
doit  so  coraposer,  afin  de  n'avoir  en  terrains  ni 
deficit  ni  superllu ;  car  il  y  a  perte  dans  les  dcux 
cas.  II  faudra  de  plus,  pour  chaque  troupeau, 
avoir  des  notes  exactes  du  nombre  des  brebis  ea 
ctat  de  porter,  de  celui  des  b(?liers ,  de  leurs  pe- 
tits  miiles  et  femelles,  et  eufin  des  hcics  de  re- 
but,  dont  il  faut  se  d(;faire.  Quand  une  mere  a 
trop  de  nourrissons,  certains  patres  lui  eu  reti- 


(|ii(  ^dlcnl,  (|iii\riim  ova  wrivjij.ii  appcllant.  Sed  cx  liis 
(•(|iu>,  (iiii  iwti  piilli,  nnii  pliis  triennium  vivunt.  Qua; 
ii,il:i  siint  niatiiia,  et  (lioKla,  nt  pure  et  molliler  slcnt, 
Mdiiidum,  et  ne  obtcrantur.  Diciintur  agni  cjiordi,  qui 
posi  lcmpiis  nascuntur,  ac  lemanscjiint  in  volvis  inlimis. 
Viiianl  ■/tjifio^,  a  iiiio  cliordi  appellati.  Tcrlia  res  est,  de 
niitniatn  quid  observaji  oporteat ,  inquo,  quot  diebus 
miilns  sngant  mamniam,  et  id  qiio  tempure,  ct  ubi :  et  si 
p:ii\uii  lialict  lactLs  matcr,  iit  sulijiciat  siib  allcrius  niain- 
III, iin,  ipii  appclUiiliirsiibiiimi,  id  csl  Mib  mamma.  Anli- 
({un  iMiim  viiialmlu  iiiamiiia  riimis ,  iit  opinor.  Fere  ad 
(liKiliior  menscs  a  mamuKi  non  dijun;;unlur  a^^ii,  licrdi 
IM  ^,  porci  duo;  e qucLs,  quom  puri  sunt  adsacrilicjnm.ut 
iiiiiiinlcntur,  olim  appcllati  saci'es,quos  appellat  Plautus, 
( iim  ait  :  Quanli  sunt  porci  sacres?  sic  twves  ailUi^s  ,  ad 
s.ii  liliiia  publica  sagin.iti ,  dicuntur  opimi.  Quarta  pars 
eit  dc  saniUitc  :  res  multiplex,  a<;  necessaria;  quod  inor- 
bosiun  pccus,  et  vitiosum,  ct  quando  non  valet,  sa^pc 
ningna  (;rc:,jcm  aflicit  calainitate.  Ciijiis  sc.iejitia;  scnera 
dnu  :  unum  ul  in  bnmincm  ,  ad  quem  adliibeiidi  medici ; 
altcnmi.quo  ip.sc  cliam  paslor  dilif-ens  mederi  possit. 
Kjus  parlcs  siint  lios;  iKuli  aniinadvertendum,  qu.-e  cu- 
]u>qiie  Diorlii  siiit  causa,  quzeqiie  signa  carum  causarum 


siiit,  ctqua;  quemque  niorbum  ratio  cuiandi  sequi  de- 
lieat.  I^eie  moiborum  causa;  ermit,  quod  laboraiit  pro- 
ptcra;stHs,  aut  propler  frigora,  nec  non  ctiam  propter 
nimiuni  laboicm,  aut  cnntra,  piopter  nullam  exer- 
cilalinncm,  aut  si  ciim  exerciieris,  stalim  sine  inter- 
vallo  (ibum  aut  potionem  dederis.  Signa  aut£in  sunt, 
utenrum,(pii  siveex.rstu,  sive  e  labore  febrem  ha- 
hent ,  adapei tuni  os ,  humido  spirilu  ciehro ,  et  corpore 
calido.  Cuiatio  aiilcin  ,  ciim  liic  est  morbus  ,  haec.  Per- 
fiinditur  aqua,  ct  p(:ruii;;;iitiM  olco  ct  vino  tepefacto,  el 
ilem  cibosustinctui,  ct  injuitiir  ali(|uid  ne  frigus  ca;dat , 
siticnti  aqua  tepida  datur.  Si  lioc  gcmis  rehus  Don  proli- 
ciliir,  demitiir  sangiiis,  maxime  e  capite.  Item  ad  alios 
moibos  alia;  causa;,  etiam  aliasignain  omni  pecore  ,  (|ua; 
scripla  liabcre  oportet  magislrum  pecoris.  Rcliiupiitur 
noniim,  qiiod  dlxi,  de  numero,  ulriusque  parlis  cuiii- 
niimc.  Nam  et  qui  paratpecus,  necesse  est  constiliiat  ini- 
nierum,  quotgrcges,  et  qiianlos  sit  pasturus  ,  ne  aiit  sal- 
tiis  desint,  aut  supersint ,  ct  idco  friictus  dispereant. 
Pra;terca  scire  oportet  in  grcge  qiiot  fteininas  haheat , 
qua-  paicre  possiint,  (|Uot  aiiete.s,  quot  utriiis^iue  generis 
soholcs ,  quot  rejiculii;  sint  alienanda;.  In  alimonils ,  si 
sunt  plures  nati,  ut  quidain  faciunt,  sequendum,  nt 


lOC 


VARRON. 


rent.  Imitez-les.  Ce  qui  reste  profite  niieiix. 
Prene2-y  parde,  dit  Attieus.  II  y  a  dans  vos 
categories  quelque  chose  qui  cloche,  qui  cadre 
mal  avec  vos  definitions  de  gros  et  petit  betail. 
Essayez,  par  e.xemple,  d'appliquer  vos  neuf  divi- 
sions  aux  chapitres  des  pasteurs  et  des  muiets  : 
■vos  principes  sur  raccouplement  et  la  gestation 
y  feraient  une  belle  figure !  Passe  pour  les  chiens, 
a  qui  ces  notions  sout  du  moins  applicables.  .le 
vous  coneede  meme  les  pasteurs ,  parce  qu'on  leur 
permet  dans  les  fermes,  et  meme  dans  leurssta- 
tions  d'ete,  d'avoir  des  femmes  avec  eux.  L'on 
gagne  a  eela  de  les  attacher  davantage  a  leui-s 
troupcaux,  et  d'obtenir  des  naissances  un  ac- 
croi.ssement  de  son  domestique;  cequi  fait  fruc- 
tifier  rexploitation.  Cette  multiplication  de  neuf 
par  neuf,  repris-je,  peut  bien  n'etre  pas  tout  a 
fait  rigoureuse.  Cest  une  facon  de  parler,  comme 
on  dit  les  mille  vaisseaux  de  rexpedition  de 
Troie,  le  tribuual  des  centuinvirs  (des  cent  Ju- 
ges)  ('i  Rome.  II  n'y  a  qu'a  retraiicher,  en  ce  qui 
coneerne  les  mulets,  les  deux  parties  relalives  a 
la  conceptionet  a  la  gestation.  Du  mulet?  s'ecria 
Vaccius.  Est-ce  qu'on  n'a  pas  vu  a  Ronie  des 
mules  porter  ct  mettre  bas?  Je  m'empressa!  de 
chanter  sur  le  menie  ton ,  en  eitant  un  passage 
de  Magon  et  un  de  Dionysius ,  oii  il  est  dit  que  la 
gestation  estd'unan  chez  les  juments  et  lesnui- 
les.  Or,  si  e'est  un  prodige  en  Italie,  ajoutai-je, 
comment  aillturs  lacliose  est-elle  trouvee  toute 
iiaturelie?  Westil  pas  vrai  que  les  hiiondel- 
les  et  les  cigognes,  qui  produisenten  Italie,ne 
pondent  point  en  d'autrescontrees?  Ignorez-vous 
encore  quelcpaliiiier-dalte,  qui  donne  dcs  frnits 
en  Syrie  et  en  Judee,  ne  rapporte  pas  en  Italie? 
Allons,  dit  alors  Scrofa,  si  vous  tenez  abso- 


lument  a  avoir  nos  qiiatre-vhigt-une  divisioDS 
completes,  abstraetion  faite  de  la  faeulte  repro- 
ductive  desmulets,  nous  avonsdequoi  reraplir 
la  double  laeune.  II  est  en  effet  deux  especes  de 
produits  qu'on  tire  parsurcroit  des  troupeaux, 
et  qui  conslituent  deux  nouveaux  sujcLs  de  con- 
siderations  supplementaires.  L'un  de  ces  produits 
provient  de  la  tonte  qu'on  fait  aux  brcbis  et  aux 
chevres,  en  coupant  ou  arrachant  leur  toison. 
L'autre,  plus  generalement  pratique,  consiste 
dans  le  lait  et  le  fromage.  Les  Grees  ont  honore 
cette  matiere  d'un  nom  particulier,  TupoTroiio 
(fabrieation  des  froraages)  et  leurs  auteurs  en  ont 
beaucoup  parle. 

II.  Voila  ma  t^che  accomplie;  j'ai  pose  les 
questions  et  leurs  limites  :  a  votre  tour,  celebres 
Epirotes.  Developpez  devant  nous  chaque  divi- 
sion  de  la  raatiere  ,  et  voyons  uu  peu  quelle  est 
la  portee  des  pasteurs  de  Pergame  et  de  Malede. 
Alors  Atticus,  dont  le  nom  de  famille  etait  en- 
core  T.  Pomponius,  et  qui  s'appelle,  Cecilius 
Atticus  auiourd'hui,  prit  la  paroleet  dit :  Je  vois 
bien  que  c'est  a  moi  de  parler  le  premier,  puis- 
que  vous  semblez  me  designer  des  yeux.  Je  trai- 
terai  donc  des  troupeaux  que  j'appelle,  d'apres 
vous,  primitifs.  Vous  venez  de  nousdire  en  efiet 
que ,  parmi  ces  animaux  sauvages ,  les  brebis  fu- 
rcnt  les  premieres  dont  1'horame  sesoit  empare, 
qu'il  ait  apprivoisees.  II  faut  avant  tout  n'aeheter 
quede  bonnes  brebis  :  elles  sont  reputees  telles 
quant  a  Tage,  lorsqu'elles  ne  sont  ni  trop  vieil- 
les,  ni  trop  jeunes.  Les  unes  ne  sont  pas  actuelle- 
ment ,  les  autres  ne  sont  plus  de  rapport.  Prefii- 
rez  cependant  rage  oii  le  produit  est  en  expecta- 
tive,a  cehii  qui  ii'a  d'avenir  que  la  mort.  Voici 
les  conditions  quant  aux  furmes  exterieures  des 


qiiosdam  subdiicas.  Qiix  res  fiiicre  solct,  ut  reliqui  me- 
lius  crescaiit.  Vide ,  iiiquit  Alticiis ,  ue  te  fallal,  et  iiovciuc 
isla>  partes  non  exeant  extia  pecoris  miuoris  ac  niajoris 
nomen.  Quo  pacto  eiiim  erunl  iu  mulls  et  pastoribus  no- 
venre  parles,  ubincc  ailniissura',  nec  fieturae  observan- 
lur.'  In  canibus  enim  video  pos.se  dici.  Sed  do  etiam  in 
lioininibus  posse  novenarium  relineri  nuiiierum,  quoil  in 
liilieiiiis  lialjent  in  villis  niulieres,  quidam  etiam  in  jestivis, 
et  id  |iertiiiere  putanl,  quo  facilius  ad  greges  pastorcs  ve- 
tincaiit,  ct  puerperio  familiain  faciaut  majorem,  et  reni 
peiiiMiiam  fructuosiorem.  Si ,  infjuam,  numerus  non  est, 
iit  sit  ad  amiissim,  iit  non  est,  cum  dicimus  niille  naves 
iisse  ad  Xroiam,  ccntumvirale  esse  judicimn  Uomic  ; 
deine  (si  vis)  duas  res  de  niulis,  admissuram  et  partu- 
ram.  Vaccius  :  Parturam,  inquit.'  proinde  iit  non  aliquo- 
tiesdicatur  Romas  pcperi.ssemulam.  Cui  ejo  ut  suociue- 
iein,  subjicio,  Magonem  et  Dionysium  scnbeie,  inulaiii 
etequam,cum  conceperint,  diiodecimo  mense  pareie. 
Quarenon,  sihicin  Italia  cuni  pcperit  nuila  sit  ixirteu- 
liini,  adsenliri  omnes  tenas.  Keijiie  euim  luriindincs  et 
ciconia;,  quH>  iu  Itulia  pariunl,  in  omnibus  lerris  pariunt. 
Non  scitis  palmulas  caryolas  in  Syria  parere  in  Judiea ,  in 
Italia  iion  posse?  Sed  Scrofa  :  Si  exigere  mavis  sine  mu- 


laruni  lu'tuia  etuutiicatii  niimerum  o^tosinta  et  uiiiiui, 
est  qui  expleas  dupliceiu  istam  laciinam  :  quud  e.xtraoidi- 
uarias'  fructuum  species  duae  accednnt  magna!.  Quarum 
una  est  tousuia ,  quod  oves  ac  capras  detoudenf,  autvel- 
liiut  :  altera,  qu<B  lalius  patet,  est  de  lacte  et  caseu, 
quam  scriptores  grffici  sepai-atiniTjpojiotSavappellaveruut 
ac  scripserunt  de  ca  re  permulla. 

II.  Sed  quoniam  iios  nostriim  pensuin  ab.solvimii3,  ac 
liiiiitata  esl  pecuaria  qua'stio  :  nunc  rursus  vus  reddite 
iiobis,  o  Kpeiiotii?,  de  Hua  quaque  re,ut  videamus,  quid 
pastores  a  1'eigamide ,  Slaledove  potis  siut.  Atticus ,  qui 
tunc  T.  Pompouiiis,  nuuc  Q.  Caecilius  cogdomineeodein  ; 
Eyo  opiiior,  inquit,  incipiam  primus,  quoniam  inme  vi- 
dereconjecis.se  oculos  :  et  dicani  de  piimigenia  pecuaria. 
E  feris  eiiim  pecudibiis  primum  di';is  oves  comprelieusas 
ab  lioiuiuibus,  ac  mensuefactas.  Has  priinuin  oportet  bo- 
iias  cmere.  Quae  ila  (cognoscuntur)  ab  aelate,  si  neque 
vetuloi  suiit ,  iieque  meia!  agnK  ;  quod  alterae  jani  uon- 
duni,  alteraj  jani  non  possuut  daie  fructum.  Sed  ea  nie- 
lior  setas,  qiiaui  sequitur  spes,  quaui  ea  qiiani  niors.  De 
foinia,oveni  esseoportel  corpore  aiiiplo,  quie  laiiamulta  sil 
el  niolli,  viliis  altis,  el  densis  toto  corpore,  maxiiiie  cir- 
cuni  ccrvicem  el  collum  ,  vciitrem  qiioqiie  ut  habeat  pilo- 


DE  L'AGR1CULTURE,  LIV.  IL 


biebis:grandetaille,Iaine  abondante  et  soyeiise , 
et  touffue  par  tout  ie  corps ,  raais  principaleraent 
vers  la  tcte  et  autour  du  cou ;  le  dessous  du  ven- 
Ire  bien  fourni.  Nos  aneetres  nommaient  apicw 
les  brebis  au  ventre  degarni  ,  et  lcs  mettaient  au 
rebut.  Aycz  soin  qu'elles  soient  basses  sur  jam- 
bes,  et  a  queue  longue,  si  elles  sont  de  raceita- 
licnne;  a  queue  courte,  sieliessont  originaires 
(le  Syrie.  Le  premier  point  a  constater,  c'est  la 
qualite  de  la  raec ;  il  y  a  deux  moyens  d'en  juger. 
Kn  premier  lieu,  le  belier  a-t-il  le  front  bien  gar- 
ni,  les  cornes  torses  tendant  a  se  rcunir  vers  le 
museau,  l'o;i!  roux ,  les  oreilles  fournies,  beau- 
loup  d'ampleur  de  poitrine,  d'epaules  et  de 
croupe,  une  longue  et  large  queue'?  En  seeond 
lieu  ,  les  agneaux  issus  dc  lui  sont-ils  de  belie  ve- 
nue?  II  faut  voir  encore  si  ie  belier  a  la  langue 
noire  ou  mouchelce,  car  les  ngneaux  qu'il  pro- 
duira  scront  rcspectivement  de  laine  noire  ou 
mouclietee.  Quant  a  raehat ,  les  formes  cn  sont 
regkes  par  la  loi ,  dont  les  dispositions  sont  plus 
ou  nioins  modifiees  par  la  couturae  des  lieux. 
Qnelques-uns,  en  fixant  un  prix  par  tete,  stipu- 
lentque  deux  agneau\  choisis  (venus  apres  ter- 
me) ,  on  deux  brebis  eventces,  ne  scront  eomptes 
i|ue  pour  un.  On  se  sert  d'ailleui's  pour  cette  es- 
pece  de  transaction  d'une  forme  traditionnelle, 
que  voici  :  L'achcteur  dit  au  vendeur  :  «  Me  lcs 
vendez-vous  pour  tanf?  »  et,  apres  reponse  af- 
lirmative  et  engagcment  de  racheteur  d'en 
payer  le  prix  ,  ce  dernier  ajoute,  suivant  la  te- 
neur  de  la  formule  : «  Me  garantisscz-vous  loya- 
«  lement  que  ces  brebis  sont  saines,  selon  ies 
«  conditions  requises  pour  cette  especede  betail, 
«  qu'il  n'en  cst  aucune  de  borgne,  sourde,  ni 
'■  de  pclee  sous  le  veutre,  ou  qui  provicnne  de 


« troupeau  malade;  et  que  j'en  serai  bien  dA- 
'<  mcnt  proprietaire'?»  Cesformalitcs  accomplics, 
le  troupeau  n'est  encore  considcre  corame 
ayant  change  de  maitre,  qu'apres  le  rccense- 
ment;  inaisellessufliseiit,  d"apres  la  lcgislation, 
de  contrats  pour  qu'acheteur  ou  vendeur  puis- 
seiit  etrejudiciairementcoutraints,  le  premier  a 
livrer  memeavantd'avoirreeu  le  prix  ;  lesecond, 
a  payer  lcdit  prix.  Je  vais  trailer  maintenant 
dcs  quatre  nutres  parties  :  dc  ralimentation,  de 
la  propagation,  de  Teducation  des  Jeunes  ,  et  de 
i'ctat  sanitaire.  Le  preiniersoin  cst  debien  pour- 
voir  ti  la  nourriture  des  brebis,  autant  au  dcdans 
qu'au  dehors.  Les  etables  devront  etre  bien  si- 
tnees,  a  l'abri  du  vent ,  et  tournees  au  lcvant 
plul6tqu'au  midi.  Le  sol  en  devra  ctre  uni,  et 
de  p!an  inclinc  ,  alln  d'eti'c  facilement  balaye  ct 
tenu  proprc;  ear,  dans  rhumiditc,  la  lainc  dcs 
brebiss"altere,  lacorne  deleurs  piedsse  pourrit,ct 
inevitablcment  les  bctcs  deviennent  galeuses.  Le 
feuillage  de  leur  litiere  doit  etre  renouvele  au 
bout  de  quelques  jours,  pour  leur  procurer  un 
coucher  plus  doux  et  plus  propre  :  elles  n'eii 
mangent  que  micux.  II  faut  encore  separer  du 
reste  par  des  cloisons  les  brebis  malades,  ou 
pretes  demettre  bas  :  cetteprecaution  n'est  gucre 
praticable  qu'auxtroupeaux  qui  sejournent  dans 
les  fermes.  Mais  dans  Ics  bois  et  loin  des  habita- 
tionsonaurasoindesepremunirdecIaies,filcts,et 
autres  ustensiles  propres  a  eonstruire  des  parcs 
d'isolement.  Le  pacage  des  troupeaux  exige  des 
exeursions  tellement  lointaines,  qu'il  y  a  qucl- 
quefois  plusieurs  millcs  entrc  les  stations  d'cte 
et  celles  d'hiver.  Qui  le  sait  mieux  qne  moi?  dis- 
je;  car  j'ai  des  troupcaux  qni  paissent  riiiver 
cu  Apulie,  et  Tete  sur  la  montague  de  Reate.  Le 


sum. Itaqiie  qua>  \A  non haberenl,  majores  nostri  apiras  ap- 
pellabant,  acrejiclebant.  Esse  oportetcniribiis  Iniinilibiis, 
caiidis  observare  nt  sint  in  llalia  piolivis  ,  in  Sjria  bre- 
vibns.  In  primis  viilendum ,  iit  boni  seminis  pecns  lialieas. 
Id  fcrc  ex  diiabus  rebiis  potest  aniniadveiti,  ex  forma, 
et  piogcnie.  Ex  fornia ,  sl  arieles  sint  fioiite  lana  veslili 
bene,  torlis  corniliiis  pronis  ad  roslrum,  ravis  oculis, 
lana  opcrtis  auiibiis,  aniplo  pectoie,  scapiilis  et  clunihus 
lalis,  caiida  lata  cl  lon);a.  Aniinadverlendum  qiioqne  lin- 
Buanc  iiigra,  aiit  varia  sit,  quod  feie  qui  eam  liabeiit, 
nigios  aiit  varios  procieanl  agnos.  Ex  pros^enie  aiitem  ani- 
madverlitiir,  si  agnos  procieant  formosos.  In  emlionilius 
jnre  ulimnreo,  qiiod  lex  pra\scripsit.  Ineaenimaliiplura, 
alii  pauciora  excipiunt.  Quidain  enim  pietio  faclo  in  siu- 
giilas  oves,  ut  agiii  cbordi  diio  pro  nna  ove  aiinumeien- 
lur,  et  si  cui  velnslate  dentcs  ahsunt ,  itein  bin;e  pio  sin- 
gulisul  procedant.Dereliqiioantiquafereformulauluntur. 
Ciim  emlor  dixil  :  Tanti  suul  nii  emla:?  el  ille  respondit: 
Sunt,  et  expioniisit  nunios  :  emtor  slipulatiir  prisca  foi- 
mula  sic  :  Illasce  oves,  qiia  de  re  agilur,  sanas  lecle  esse, 
uli  pecusovilluin,  quod  recle  sanuni  esl,  extra  Inscam, 
surdam,  niinam,  (id  est,  venlre  glabro,)  ncquc  dc  pc- 
coie  11101  bo.so  essc ,  liabercqiie  rectc  liccic,  li<ec  sic  recle 


fieri  .spondesne .' Cuin  id  factumesl,  tamen  grex  dominmn 
non  nuitavit,  nisi  si  est  aduiimei-atiim.  Nec  non  emptor 
poleex  emto  vendito  ill'im  damnaic,  si  iion  tiadi'1,  i|iiam- 
vis  iion  solveiil  numos  :  ut  ille  enitorcm  siniili  jiidicio, 
si  non  reddil  pictium.  De  alleiis  qiiatnor  iclius  deinceps 
dicam,  de  pastione,  fintuia,  nutricatu,  sanilale.  1'rimuin 
providcndum,  ut  totnm  annum  recte  pascantur  intus,  et 
foris.  Slabula  idoneo  loco  ut  siut  :  ne  ventosa  :  qu.T>  .spe- 
ctcut  magis  ad  oiieulem ,  qiiain  ad  meiidianuni  (leinpiis.) 
iibi  stent,  soliim  oportet  esse  eruderalnni ,  et  proclivimi, 
ut  everri  facile  possit,  ac  ficri  |)nriim.  Son  cniin  soliim  ca 
uli;;o  lauam  coiTumpit  ovium,  sed  etiiim  unguias ,  ac  sca- 
bras  lieri  rogil.  Ciini  aliqiiot  dies  steteriint,  siibjicere 
opoilet  virgulla  alia  ,  quo  molliiis  requiescant,  piiriores- 
que  siul.  Libentiiis  cnim  ila  pasciinlur.  lacicudiim  qiioipie 
scpta  sccretaab  aliis,  quo  iiicieiiles  sccludcn'  pus^is,  itciii 
qiio  corporc  c^c^io.  Ha'c  nia^is  ad  vilKdicos  grcgcsaiiiinad- 
vertenda.  Conlra  illi  in  sallibus  qiii  pascunliir,  cl  a  tectis 
absiint  longe,  portaul  secuni  crales,  aut  ictia,  quibus 
coliortes  in  soliludine  faciaiit,  Cicleraqiie  utciisiiia.  Loiigc 
enini  ct  late  jn  diversis  locis  pasci  solent,  ut  miilla  millia 
absinl  saipe  liiberna!  pasliones  ab  iBSlivis.  Ego  vcioscio, 
inquam,  nani  mihi  gregcs  in  Appnlia  hibcriiabant,  qui 


103 


VARUON. 


sentier,  calles  puhlica,  chemin  r^serve  aux 
troupeaux,  qui  relie  ces  deux  stations  eiiscml)le, 
pourrait  etre  assimile  a  un  joug,  aux  extremi- 
tes  duquel  sout  assujettis  deux  paniers  qu'on 
veut  porter  ensemble. 

Quand  on  fait  paltre  les  brebis  sans  changer 
decontrce,  il  y  a,  suivant  les  saisons,  des  distinc- 
tions  a  faire  dans  les  heures  de  la  journee.  L'ete , 
c"est  au  point  du  jour  qu'on  mene  le  troupsau 
au  paturage.  L'herbe,  alors  humide  de  rosee,  est 
bien  plus  savoureuse  qu'a  riieure  de  midi ,  ou  la 
chaleur  Ta  dessechee.  Quand  le  soleil  a  paru , 
c'est  le  raoment  de  leconduire  a  rabreuvoir  :  il 
retourne,  apres,  plus  gaillard  a  la  piiture.  Vers 
midi  on  le  met  a  rombre  sous  des  rochers  ou 
des  arbies  touffus,  en  attendant  que  la  grande 
ardeur  soit  passee.  Puis  aux  approches  de  la  soi- 
ree,  quand  l'air  est  rafraichi,  on  le  fait  paitre 
de  nouveau  jusqu'au  coucher  du  soleil.  Ou  aura 
soin  qu'il  aie  tou  jours  les  rayons  a  dos ,  car  les 
moutons  ont  la  tete  d"une  sensibilite  extreme.  Le 
soleil  couchc,  apres  un  intervalle  de  repos,  on 
fait  encore  boire  ses  betes,  et  paltre  de  nouveau 
jusqu'a  nuit  ferraee,  parce  qu"alors  rherbe  aura 
repris  la  saveiu'  da  matin.  Cette  pratique  doit 
s'observer  scrupuleusement  depuis  le  lever  des 
Pleiades  jusqu'a  requinoxe  de  rautomnc.  Dans 
uu  champ  reeemment  moissonne,  la  prescnce 
d'un  troupeau  est  doublement  avantageuse.  II 
s'engraisse  dcs  epis  tonibes;  et,  par  le  fumier 
qu'il  y  depose,  mele  a  la  paille  broyee  sous  ses 
pieds  ,  la  terre  se  trouve  tout  amendee  pour  une 
rccoltea  venir.  Le  regime  de  pacage  pour  rhiver 
et  le  printemps  offre  les  differences  que  voici.  On 
mene  au  paturage  les  bi-ebis  a  riieure  oii  les  fri- 
mats  de  la  nuit  ont  disparu ,  et  on  les  y  laisse 


tout  le  jour,  ne  les  faisant  boire  qu'une  fois  vers 
rheure  de  midi.  Cest  a  peu  pres  la  tout  ce  qu'on 
peut  dire  touchaut  ralimentation  dcs  brebis.  Je 
passe  a  la  propagation  de  respece.  II  faut ,  deux 
mois  a  Tavance ,  separer  le  belier  etalon  du  reste 
du  troupeau  ,  et  le  nourrir  plus  largement  que 
decoutume.  Le  soir,au  retourdupSturage,  met- 
tez  devant  lui  une  ration  d'orge  :  il  en  aura  plus 
de  force ,  et  supportera  mieux  les  fatigues  de  son 
role.  Le  veiitable  moment  de  la  monte  est  depuis 
le  coucher  de  TArcture  jusqu'a  celui  de  TAigle  : 
tout  agneau  concu  plus  tard  est  chctif  et  grele. 
La  brebis  porte  cent  cinquante  jours ,  et  conse- 
quemment  mettra  bas  a  la  fm  de  rautomne , 
epoque  oii  la  temperature  est  assez  douoe,  et 
ou  rherbe,  renouvelee  par  les  premierespluies, 
comraence  a  sortir  de  la  terre.  Pendant  tout  le 
temps  de  la  monte  les  brebis  ne  doivent  boire 
qu"a  la  merae  souree ;  un  changement  d'eau  ne 
manquerait  pas  d'alterer  leur  laineetde  nuire  a 
leur  fruit.  Sit6t  que  toutes  les  brebis  sont  plei- 
nes,  de  nouveau  on  les  separe  des  beliers ,  dont 
rimportunite  ne  leur  est  plus  que  nuisible.  Ne 
souffrez  Jamais  qu'elles  subissent  le  mSle  avant 
riige  de  deux  ans  :  plus  tot,  ellos  ne  donnent  que 
des  agneaux  imparfaits,  et  elles-raeraes  s'epui- 
sent.  L'iige  de  trois  ans  va  eneore  mieux  pour 
produire.  Pour  empecher  les  approches  du  belier, 
on  enferrae  aux  brebis  lesparties  sexuelles  dans 
de  petits  paniers  de  jones ,  ou  de  toute  autre  ma- 
tiere ;  mais  le  meilleur  preservatif ,  c'est  de  faire 
paitreseparementmalesetferaeIles.J'arrivemain- 
teuant  a  reducation.  Quand  les  brebis  sont  pre- 
tes  a  mettre  bas ,  on  les  fait  entrer  dans  des  eta- 
bles  reservees  a  cet  effet.  La  on  ticnt  les  nouveau- 
nes  pres  du  feu  deux  ou  trois  jours ,  au  bout  des- 


in  Realinis  nioiitiliiis  .Tsfivabant.  Cum  inler  lisec  bina 
loca,  ul  jngiim  continel  siipiculos,  sic  calles  publicse  Ji- 
slantes  pastiones;  easqnc  ibi,  ubi  pascuntnr  in  eaJem  re- 
gione,  tamenlemporjbusdistingunt,  ut  aestate,  quod  cum 
prima  luce  exeunt  pastum  ,  propterea  qnod  tunc  herba 
roscida  meridianam,  qii»  est  aridior,  jucunditate  priEstat : 
sole  e\nrto  potum  piopelUint,  nt  redintegrantes  rursus  ad 
pasliim  alacriores  faciant.  Circiter  meridianos  lEstus ,  dum 
defervescant,  sub  umbriferas  rupes ,  e,t  arbores  patulas 
subjiciunl,  quoad  refiigeratur  aer,  et  vespertino  rursus 
pascuiit  ad  solis  occasum.  Ita  pascere  pecus  oportet,  ut 
averso  sole  agat.  Caput  enim  maxime  ovis  molle  est.  Ab 
occasH  parvo  inteivallo  interposito  ad  bibendnm  apppj- 
lunt,etrnisnspa.scunt,quoadcontenebravit. Iteriim  enim 
lumjucunditas  in  lierba  redintegrabit.  Ha>c  ab  vergiliarum 
exortu  ad  a!quinoctium  autumnale  niaxime  observant. 
Quibus  in  locis  messes  snnt  factie,  inigere  est  ulile  du- 
plici  de  causa,  quod  et  caduca  spica  saturantiir,  et  obtrilis 
stramentis ,  et  stercorfitione  faciunt  in  annum  segetes 
meliores.  Reliquiie  pasliones  bibeino  ac  verno  tempore 
lioc  mutant,  quod  pruina  jam  exhalata,  piopellunt  in  pa- 
lniluin ,  et  pascunt  dieni  totum ,  ac  meridiano  tempore 
semelagere  potumsalis  liabent.  Quod  ad  pastiones  atlinet, 


liiBC  fere  snnt  :  quod  ad  foluram,  qnae  dicam.  Arietes, 
quibus  sis  usurus  ad  foeturam,  bimestri  lenipore  ante 
secernendnm,  et  largius  pabulo  explendum.  Cum  ledie- 
riint  ad  stabula  e  pastu,  ordeum  si  est  datiim,  lirmiores 
tiunt  ad  laborem  sustinendum.  Tempus  optimiim  ad  ad. 
miltendum  ab  Arcturl  occasu  ad  Aquilie  occasum,  quod 
quae  posteaconcipiuntur,  finnt  vegrande^s,  atque  imbe- 
ciJliE.  Ovis  pra?gnans  est  diebiis  cl.  Itaque  lit  partus  exitu 
autnmnali,  cum  aer  est  modice  temperatus,  et  primitus 
oritur  lierba  imbribus  primoribus  evocata.  Quamdiu  ad- 
missura  lit,  eadem  aqua  uti  oportet,  quodcouimutatio  et 
lanam  facit  variara.et  corrumpit  nterum.  Cum  omnes 
conceperunt,  rursus  arieles  secernendi  :  ita  factis  pree- 
gnantibus  quod  (si)  sunt  molesti,  obsunt.  INeque  pali 
oportet  minores,  quam  biinas  saliri,  qiiod  ncque  nalum 
ex  his  idoneum  est,  neque  non  ipsai  liunt  (etiam)  detcrio- 
res  :  et  non  meliores,  quam  trimae  admissa>.  Deterrent  ab 
saliendo  fiscellis  e  junco ,  aliave  qua  re ,  quod  alligant  ad 
naluram.  Commodius  servantur,  si  secretas  pascunt.  In 
nutricalu  cum  paiere  coeperunt,  inigunt  in  stabula  ea, 
quie  habent  ad  eam  rem  seclusa ,  ibique  nala  recentia  ad 
igiiem  piopeponunt,  quoad  convaluemnt,  biduum  aut 
Iriduumrelinent;  itum  agnoscant  matrem  agni ,  etpabiilo 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  IL 


quelsilssont  ea  6tat  de  reeonnattre  leur  merc, 
et  de  manyerseuls.  Lesmeres  brebissout  en  etat 
dailer  paitre  avec  le  reste  du  troupeau  :  on  re- 
tient  les  petits  a  Tetable,  pour  les  faire  teter  le 
soir,  au  retour.  Puis  on  les  met  de  nouveau  a 
part ,  de  crainte  qu'ils  ne  soient  fouies  aux  pieds 
pendant  la  nuit.  Le  matin  ,  avant  de  conduire 
les  meres  au  piJturage,on  fait  encore  teter  les 
ajiueaux,  afin  qu'ils  soient  allaites  pour  toute  la 
journee.  Au  bout  de  dix  jours  euviron ,  on  les 
attaehe,  avecdesecorces  darbresou  quelques  au- 
tres  lieus  legers,  a  des  pieux  plantesaquelqiie  dis- 
tanceles  uns  des  autres,  decrainte  qu'en  courant 
^aetla  tout  le  jour,ils  nefassentinjurei  leursfai- 
bles  menibres.  S'ilsnecherchentpas  lepisd'eux- 
raeraes,  il  faut  les  en  approcher,  en  leur  frottant 
les  levres  de  beurre  ou  de  saindoux ,  et  en  leur 
faisantensuitetlairer  le  laitquelquetemps.  Apres 
on  meltra  devant  eux  de  la  vesce  moulue ,  ou 
de  l'heibe  tendre,  le  matin  avant  le  piiturage, 
et  le  soir  au  retour.  On  eontiuuera  ce  regirae  jus- 
qu'au  quatrieme  mois  inclusivement  :  quelques- 
UDS  s'abstiennent  de  tirer  leurs  hrebis  penJant  ce 
temps,  mais  ii  vaut  mleux  ne  point  discontinuer 
de  les  traire  :  les  laines  n'en  sont  que  plus  bel- 
ies  ct  les  betes  que  plus  fecondes.  Lorsqu'on  se- 
vre  les  agncaux ,  il  y  a  des  soins  a  prendre  pour 
les  empecher  de  deperir  par  envie  de  teter.  11 
faut  les  affriander  par  un  choix  de  nourriture, 
et  reiller  a  cequ'ils  ne  souffrent  jamais  du  froid 
ou  du  chaud.  Quand  ce  besoin  a  cesse  de  se  faii'e 
sentir,  alors  laissez-les  se  meler  avec  le  reste  du 
troupeau.  On  ne  ehutre  les  agneaux  qu'a  Tage  de 
cinq  mois,  en  choisissant,  pourcetteoperation, 
une  temperatuie  moyenne.  En  fait  de  belier,  il 
fautchoisirde  prefercnce,  pour  elever,  ceux  dont 


les  meres  font  habituellement  deux  agneaux  d'une 
seule  portee.  Les  recommandations  sont  pour  la 
plupartapplieables  a  respece  qu'on  appelle  ;;?>/- 
lita,  a  cause  des  peaux  donton  Tenveloppe  ;  pre- 
cautionque  Ton  prend  pour  les  brebisd'Attique  et 
de  Tarente ,  afin  de  mieux  conserver  la  finesse  de 
leur  laine ,  et  faire  qu'elle  se  tonde ,  lave  et  teigne 
mieux.  Les  etables  et  mangeoiies  exigent  egale- 
ment  plus  de  soin,  de  proprete  que  celles  des 
brebis  a  grosse  laine.  Le  sol  en  doit  etre  pave , 
afin  que  furine  n'y  sejourne  point.  Lcs  brebis 
ne  refusent  aucune  nourriture;  paille,  feuilles 
de  figuiers,  feuilles  de  vigne.  On  peut  aussi  leur 
donner  du  son ,  mais  par  mesure  reglee ,  pour 
qu'elles  n'en  aient  ni  trop  ni  trop  peu;  ear  fun 
ou  Tautre  exces  en  fait  un  aliment  contraire.  [..e 
cytise  et  la  cyzeine  sont  ce  qui  leur  convient  le 
mieux.  Cette  nourriture  les  engraisse,  et  leur 
donne  du  lait  en  abondance.  Quant  a  fetat  sa- 
nitaire,  il  y  aurait  beaueoup  a  dlre;  mais,  je  le 
repete,  celui  qui  a  charge  de  troupeau  devra 
avoir  par  ecrit,  dans  un  livre,  tout  ce  qui  con- 
cerne  ce  sujet,  et  porter  avec  lui  sa  pharmacie. 
Reste  a  determiner  le  nombre  de  tetes  d'un  trou- 
peau  :  c'est  tantot  plus,  tantotmoins.  II  n'y  a  pas 
la-dessus  de  regle  positive.  En  Epire,  on  confie 
d'ordinaire  cent  brebis  a  grosses  laines  a  un 
seul  berger ;  et  fon  a  deux  bergers  pour  le  mcme 
nombre  dc  chevres. 

IIL  Cossiniusprenant  alorsla  parole  :  Allons, 
mon  cher  Fanstulus,  dit-il,  assez  bele  comnie 
cela.  Cest  a  mon  tour;  permettez-nioi  de  vous 
parlerdes  ehcvres  avecle  Melanthius  dHomere, 
et  prenez  en  niSme  temps  une  lecon  de  brievete. 
Pour  forraer  un  troupeau  de  chevres ,  il  faut  les 
choisir  avant  tout  d'age  a  produire,  et  a  pro- 


se  satiirent.  Deimle  dum  niatres  cum  grege  pastnm  |iro- 
deunl ,  retinent  agnos ,  ad  quos  cum  reduota;  ad  vesperum , 
aluntur  laclc,  el  rursus  discernunlur,  ue  noctu  a  malriljus 
conculcenlur.  Hoc  iteni  faciunt  maue  anle  quain  malres 
in  pabuluni  exeant,  ut  agni  satulli  (iant  lacte.  Circiter 
decem  dies  cum  pra>terierunt,  palos  ofligunt,  et  ad  eos 
alljgant  libro ,  aut  qua  alia  re  levi  distautes ,  ne  toto  die 
cursautes  iuter  se  teneri  dellbent  aliquid  membrorum. 
Si  ad  niatris  maminam  non  accedet ,  admoveie  oportet ,  et 
labra  agni  unguere  butjro  aut  adipe  suilla,  et  olfacere 
labra  lacte.  Diehus  post  paucis  objicere  bis  viciam  moli- 
tam ,  aul  lierbani  teneram ,  anle  quam  exeunt  paslnm ,  et 
cnm  reverteiunt.  F.t  sic  nutricantur  quoad  facti  sunt  qua- 
drimcstres.  Intcrca  matres  corum  liis  temporibus  non 
nnilgent  quidam ,  melius  qui  omiiino  perpetuo,  qiiod  et 
Ian<-e  plus  feruiit,  et  agnos  plures.  Cum  depulsi  sunt  agni 
a  matribus,  diligentia  adbibenda  est,  ne  desiderio  sene- 
scant.  Itaque  deliiiienduni  in  nulricatu  pabuli  bonilale : 
et  a  frigore  et  aslu  ne  quid  laborent,  curandum.  Ciim 
oblivione  jaui  laclis  non  desiderant  matrem,  tuin  denique 
compellendum  in  gregem  ovium.  Castrare  oportet  aguiim 
non  minoreni  quiuque  mensium,  neque  ante  quam  calorcs 
aut  frigora  se  fregerunl.  Quos  arietes  subuiiltere  volunl, 


potissimiim  eligunt  ex  matribus  ,  qua;  geminos  parere  so- 
ient.  Pleraque  siniiliter  liiciendum  in  ovibus  pellitis,  qune 
prnpter  lanie  bonitalem ,  ut  sunt  Tarentina^  et  Alticje, 
pellibiis  integuntiir,  ne  lana  inquinetur,  qiio  miiius  vel 
inlici  lecte  possit  vellus,  vel  lavari  ac  putari.  Harum 
praesepia  ac  stabula  ut  siiil  pura,  majnrem  adliibeut  dili- 
gcntiam,  qiiam  birtis.Itaqnefaciunllapidestrala,  iil  uriiia 
necubi  in  slalmlo  consistat.  His  quaecnnque  jubenlur, 
veseuutur,  ut  lolia  liculiiea,  et  palea,et  vinaceae.  Finluies 
objiciuntur  modice,  ne  paruin,  aiit  niniium  saturentur. 
Utriimque  enim  ad  corfius  alendiim  inimicum.  .\t  maxiina 
amicum  cjtisum,  et  Medica.  Nani  et  piiigues  facit  facil- 
lime,  et  gcnit  lac.  Uesanitate  sunt  multa,  sed  ea  (ul  dixi) 
in  libro  scripta  niagister  [lecoris  babet  :  et  quas  opiis  ad 
niedendum ,  portat  seciim.  Relinquitur  denumero ,  qnem 
faciiint  alii  majoiem ,  alii  minoiem.  Niilli  enim  hujus  mo- 
duli  natnrales.  Ulud  fi>re  omnesin  Kpeiro  facimus,  iie  mi- 
niis  liabeamus  in  ccutenas  oves  liirtas  singulos  liomines  : 
in  capras  binos. 

III.  Cui  Cossinius  :  Quoniam  satis  halasti,  inquit,  O 
Faustule  noster,  accipe  a  mc  cum  llomerico  Melantbio 
cliordo  de  capellis,  ct  quemadmodiim  oporteat  bievitei 
dicerc,  disce.  Quicaprinum  gregem  consliluere  vult,  in 


110 


VARRON. 


duire  le  plus  longteraps  possible.  II  les  faut  doiic 
plutot  jeunes  que  vieilles.  Quant  aux  condi- 
tions  exteiieures ,  prenez  des  betes  grandes  et 
fortcs,  qui  aient  ia  tailieeffilee  et  la  toisou  epaisse, 
a  moins  que  ce  ne  soit  de  Tespece  a  poil  ras ;  car 
Tune  et  I  autre  existe.  Elles  devront  en  outre 
avoir sous  le  museau  deux  excroissances  de  chair  : 
c'est  un  signe  de  fecoudite.  Plus  la  chevre  a  les 
mamelles  gro.sses,  plus  elle  a  de  lait,  et  plus  son 
lait  a  de  consistance.  Les  indieesdequnlitesupe- 
rieure  chez  !e  boucsont  lepoil  blanc,  la  teteet  ie 
eou  raraasses,  et  i'epiglotte  allongee.  On  forme  uu 
meilleur  troupeau  par  achat  eu  bloc  d'animaux 
habitues  a  etre  ensemble,  qu'en  allant  los  recru- 
ter  de  c6te  et  d'autre.  .Tem'en  refere,  quant  a  la 
race,  a  ce  qu'Atticus  vient  de  dire  toucbant 
celle  desbrebis  :  avec  cette  difference  toutefois 
que  la  premiere  espece  est  dans  ses  habitudes 
aussi  calme  que  Tautre  est  remuante.  Voici  ce 
quedit  Caton,  dans  sesOrigines,  de  sasinguliere 
agilite  :  "  Sur  les  monts  de  Soracte  et  Fiscella 
on  voit  des  chevres  sauvages  sauter  de  rochers 
en  rocbers,  f ranchissant  un  intervalle  de  soixaute 
pieds  et  plus.  » INos  brebis  et  nos  chevres  do- 
mestiques  ont  une  origiiie  sauvage.  Cestdeces 
deruieres  queriledeCapree,sur  lescotesd'italie, 
tire  son  nom.  Comme  les  chevres  qui  donnent 
deux  petits  <x  la  fois  sont  sans  contredit  d'une 
raeilleure  race  que  les  autres,  les  mSles  qui  en 
proviennent  doivent  etre  destines  de  preferenee 
a  la  propagatiou  de  respece.  Quelques  personnes 
tienneut  ii  se  procurer  des  chevres  de  Tile  de 
Media,  qui  passe  pour  fournir  les  plus  beaux 
sujets  de  lespece.  En  ce  qui  concerne  les  achats , 
on  devrait,  selon  moi,  s'ecarter  un  peu  de  la 
formule  ordinaire;  car  affirmer  que  des  chevres 
sont  saines ,  c'est  ce  que  nulle  persoune  d"esprit 


sain  ne  peut  faire  entendre ,  puisque  cet  animal 
«'e.^^t  jamais sansfievre.il yadonc  quelques  mots 
a  retrancher  aux  termes  generaux  du  contrat,  et 
e'est  le  sens  de  la  redaction  que  Manilius  nous 
en  donne  dans  ses  livres  :  «  Me  repondez-vous 
que  ces  chevres  sont  aujourd'hui  en  bon  etat, 
qu'elles  boivent,  et  qu'elles  sont  bien  et  dument 
ma  pvopriete?  «  De  subtils  physioloa^stes  preten- 
dent ,  ct  c'est  un  fait  consigne  dans  les  ecrits  d'Ar- 
chelaiis ,  que  les  chevres  nerespirent  pas,  comme 
lc  reste  des  animaux ,  par  les  narines ,  et  que 
ehez  elles  cette  fonctioa  se  fait  par  roreille. 
Quant  a  rentretien ,  ce  qui  forme  la  premi^re 
partie  du  seconJ  ordre  de  considerations ,  voiei 
ce  que  j'ai  il  en  dire  :  L'exposition  convenable 
pour  les  etables  a  chevres  est  le  levaut  d'hiver; 
car  ces  animaux  sont  tres-sensibles  au  froid. 
Comme  pour  le  betail  en  general,  le  sol  de  ces 
etables  sera  pave  de  pierres  ou  de  briques,  afin 
qu'elles  soient  plus  exemptes  d'humidite  et  plus 
facilement  tenucs  propres.  On  choisira  la  meme 
expositionpourlesparcsoiileschevresstatiounent 
la  nuitdans  les  lointains  paturages,  et  le  sol  en 
devra  etre  couvert  d'une  litiere  de  feuillage.  Du 
reste,  ce  qu'on  vient  de  dire  sur  le  regime  ali- 
mentaire  de  la  race  ovine  est  egalement  applica- 
bleauxchevres,  si  ce  n'estqu'elles  aiment  mieux 
gravir  des  hauteurs  boisees  que  paitre  de  plain 
pied  dans  les  prairies.  Elles  broutent  avec  unepre- 
dilection  marquee  les  pousses  d'arbrisseaux  sau- 
vages,  et  s'attaquent  volonticrs  aux  plans  culti- 
ves  :  d'ou  est  venu  le  nom  de  capra  (eh^vre) , 
derive  de  carpere  (  cueillir).  Aussi,  dans  les 
baux  de  location,  stipule-t-on  d'oi'dinaire  rinter- 
dictiou  de  faire  paitre  Iesch6vres,  dont  la  dent 
est  fatale  aux  plantations.  Et  les  astronomes 
nadraettent  cet  animal  dans  le  ciel  qu'en  dehors 


eligendo  aniniadvertat  opoitet,  primuni  a^tatem,  nt  eani 
parct,  qna;  jam  lerre  possit  Iructum,  ct  de  iis  eam  po- 
tius,  qnae  diulius  :  novella  enim  quam  vetus  utilior.  De 
forma  videndum,  nt  sinl  firmae,  magnae,  corpus  lene  ut 
liabcant,  crehro  pilo,  nisi  si  glabrae  sunt.  Dno  enim  ge- 
ncra  earum.  Sub  rostra  dnas  ut  mammulas  pensiles 
Uabeant  :  qnod  e<c  frrcundiorcs  snnt.  Ubcre  sint  gian- 
diore ,  ut  et  lac  mnUum ,  et  pingue  habeant  pro  portione. 
Hircus  nielior  is  et  polissimum  pilo  albo ,  ac  cervice  et 
coUo  brevi,  gurgnlione  longiore.  Melior  fit  gre.'i,  si  non 
est  ex  collectis  oomparatus,  sed  ex  consuetis  una.  De  se- 
minio  dico  eadeni,  qu.T  Atticus  in  ovibns.  Hoc  aliler, 
oviurn  scmen  fardius  csse ,  quo  lia>  ,sunt  placidiores ;  con- 
tra  caprile  mobilius  esse.  De  quaruni  velocilate  in  Origi- 
num  libro  Calo  scribit  li.nec  :  In  .Sanracti,  Fiscello  capr.Te 
ferae  sunt,  quajsaliunt  e  saxo  pedcs  plus  sexagenos.  Oves 
enim,  qnas  pascimus,  ort.ie  sunt  ab  ovibus  feris,  .sic  ca- 
pra;,  quas  alinins,  a  caprisfeiis  sunt  ortae,  aqueisprop- 
ter  Italiam  Caprasia  insnla  est  nominata.  De  capris  quod 
meliore  senfine  ex',  qua;  bis  pariant,  ex  bis  potissimnm 
mares  solent  subniitti  ad  admissuras.  Quidam  etiain  daut 
operarn,  ut  ex  ijisnla  Rledia  capr^a-s  liabeant,  qiiod  ibi 


maximi  ac  pulilierrimi  exislimantnr  fieri bredi.  De emtione 
alitcr  dico  atqne  fit,  quod  capras  sanas  sanus  ncrno  pio- 
mitUl.  Nunqnam  enim  sine  lebri  sunt.  Itaque  stipulantur 
paucis  cxceplis  verbis  :  ac  Mamilius  scriptum  reliqiiit  sic: 
Illascaprasbodiere<',teesse,  et  bibeie  posse,  babereque 
recte  licere,  lia-c  spoiiile.sue.'  De  qiiibiis  admirandum  illud , 
quod  etiam  Arcbelaus  scribit ,  non  ut  leliqua  animalia  na- 
ribiis,  sed  auribus  spiritum  duceie  solere  paslor-es  ciirio 
siores  aliquot  dicunt.  De  alteiis  qiiatuor,  qnod  est  de 
pa.stu  boc  dico.  Stabulalur  pecus  melius  ad  bibernoscxor- 
lus  si  spectat,  quod  est  alsiosnm.  Id  ut  plcraiiue  lapide, 
aut  testa  substeini  o|)ortet,  caprile  qrio  minus  sit  uligino- 
sum,  ac  lululentnm.  Foris  cum  est  peruoctandiim,  item 
in  eandem  partem  acii  qnse  spectent ,  septa  oportet  siib- 
steini  virgnltis,  ne  oblinantur.  Nec  multo  aliter  tuendiim 
lioc  pecns  in  pastu  ,atque  ovillum,  quod  lamen  babet  sua 
pr opria  quaedam ,  quod  potius  silvestiibus  saltibus  dele- 
ctantnr,  quam  pratis.  Studiose  enim  de  agrestibiis  Irutici- 
bus  pascuntur,  atque  iu  locis  cullis  virgulla  carpunt :  itaque 
a  carpendo  capra;  nominata;.  Ob  lioc  in  lege  locationis  frindi 
excipi  solct ,  ne  colonus  capra  natum  iii  frindo  pascat.  Harum 
enim  dentes  inimici  sationi:; ,  qnas  etiam  astrologi  ita  rcce- 


m  LAGRICULTURE,  LIV.  U. 


du  cercle  aux  douze  signcs  (lcsdeux  Clievreaux 
ct  la  Ch(!;vre  ne  sont  pas  loin  du  Taureau).  En  ce  qui 
concerne  la  propagation ,  les  boucs  destines  k 
la  montc  sont,  comrae  les  beliers,  separes  quel- 
que  temps  du  troupeau ,  et  on  les  presente  aux 
chevres  a  la  fin  de  rautorane ;  ies  femelles  cou- 
vertes  a  cette  epoque  raettent  bas  au  bout  de 
quatre  mois,  c'est-a-dire  dans  la  saison  du  prin- 
tenips.  Touchant  reducation  dcs  jeuncs  boucs, 
nous  nous  boi^nerons  a  fairc  remarquer  qu'a 
rSge  de  trois  mois  ils  peuvent  deja  faire  partie 
du  troupeau.  Que  pourrais-je  dire  de  ia  sante  de 
ce  betail,  qui,  cn  quelque  sorte,  irest  jamais 
sain?  Toutefois  celui  i;ui  a  la  charge  du  troupeau 
devrait  avoir  par  ccrit,  dans  son  livre,  des  re- 
cettes  pour  certaines  de  leurs  maladies,  ainsi 
que  pour  guerir  les  blessures  quVlles  se  font 
en  se  battant,  ou  en  paissaiit  dans  les  buissons 
epineux.  Reste  a  determincr  la  force  d'un  trou- 
peau.  Elle  doit  elre  moindrc  pour  les  chevres 
que  pour  les  brebis.  L'instinct  des  unes  est  de  se 
disperser  capricieuseraent  et  d'errer  a  l'aven- 
ture ;  celui  des  autres  est  de  se  reunir  et  de  sc  mas- 
ser  en  quelque  sorte  sur  un  nieme  poir.t.  Aussi, 
dans  la  Gaule ,  pref6re-t-on  diviser  les  troupeaux 
de  cii^vres.  Les  grands  troupeaux  sont  trop  su- 
jets  a  la  contagion,  et  exercent  de  trop  grands 
ravages;  cinquante  tetes  sont  censees  surfire 
pour  en  former  un.  Et  raccident  arrive  dernie- 
rement  a  Galerius  vient  a  Tappui  de  cette  opi- 
nion  :  ce  chevalierromain  possedc  environ  mille 
jiif/cra  de  terrc  dans  les  environs  de  Ronie.  II 
cnteud  dire  un  jour  a  un  berger  qui  amenait 
dix  cbevres  a  la  ville,  qu'el!es  lui  rapportaicnt 
cbacune  un  denier  par  jour.  Galerius  aussitot 
de  se  former  un  troupeau   de  raille  chevres , 

periint  incaeliim,  ut  extra  limlmm  \n  signorum  excluse- 
rint.  [SiintduoHoedi,etCa|ira  iioii  longeaTauro.]  Quodad 
foeturam  pertlnet,  desislenle  antumuo  exigunla  giege  in 
campos , liircos in caprilia ,  item  utinaiietibusdictum. Qnx 
concepit,postquarlum  menseni  icddit  tempoie  verno.  In 
nutricatu  licrdi,  trimestres  cum  sunE  facti.lum  submit- 
tuntur,  et  in  grege  incipiunt  es.se.  Quid  dicam  de  earum 
sanitate,(pia>nunquamsunt  sanu;?nisi  tamen  illud  uouin, 
quEedam  scripta  lial)ere  magisti-os  pecorls ,  f|iiibus  reme- 
diis  utantur  ad  nioibos  quosdam  earum,  ac  Tulneraluni 
corpus,  quod  usu  venit  iis  siiepe,  qund  inter  secornibus 
piignant,  alque  in  spinosis  locis  pascuiitnr.  rielinqnltur  de 
nuniero .  qul  in  gregibiis  est  minor  caprino ,  quani  in ovillo, 
quod  capra;  lascivii!,et  qua;  dlspergant  se.  Cnntra  ovcs, 
quac  se  congrcganl  et  condensant  in  locuni  unum.  Ita- 
que  in  agro  galllco  greges  pUires  potius  faclunt,  quam 
inagnos,quod  In  magniscito  existat  pi!stllenfia,  qua;  ad 
pefnicicm  eos  perducat.  Salis  magnum  Kregem  putant  esee 
circiler  quiuquagenas.  Quibiis  asscntlri  putant  id ,  qiiod 
nsu  TcnitGaberio  equiti  R.  Is  enlm,  ciim  in  suburbano 
mille  jugerum  liaberet,  et  a  caprailo  qiiodam,  qui  ad- 
diixit  capellas  ad  urbem  x,  sibi  ni  dles  singulos  denarios 
(slngiilos)  dare  audisset,  cocgit  inille  caprarum,  sperans 
se  capturum  de  prsedio  in  dies  singulos  ilenarium  mllle. 


espcrant  ainsi  retircr  chaque  jour  mille  deniers 
de  son  fonds.  Mais  il  lui  fallut  en  rahattre;  car 
une  maladie  vint  peu  apres  enlever  tout  son  trou- 
peau.CependantducotedeSallenceetdeCasinuni 
on  a  dcs  troupeaux  de  cent  tetes.  La  meme  diver- 
gence  d"opinion  se  rencontre  touchant  le  nonibrc 
des  femeiies  que  Ton  peut  faire  couvrir  par  nn 
meme  racile.  Quel<iues  personnes,  ctje  suis  de 
ce  nombre ,  comptenl  dix  chevres  pour  un  bouc ; 
d'autres,  corame  Menus,  en  compteiit  quiiize; 
d'autres,  vingt,  comme  Murrius. 

IV.  Maintenant  qu'un  de  nos  porchers  italiens 
entre  en  scene ,  et  nous  expose  la  theorie  de  son 
etat  :  mais  qui  peut  en  parler  plus  pertineminent: 
que  l"hommequi  aScrofa  truic)  poursurnoni?.Alin 
que  vous  le  sachiez,  dit  alors  Tremellius,  voiis 
ettous  ceux  qui  m'ceodte»t,  ce  surnom  u'est  pas 
originairedausraa  famille,  et  je  nesuisrien  inoins 
qu'un  descendant  d'!£umee.  Le  premier  de  nous 
qui  Tait  porte  est  mon  grand-pere.  II  etait  ques- 
teur  de  Licinius  Nerva,  preteur  de  Macedoine, 
et  se  trouvaitcoramander  rariiiee  en  Tabsence  de 
ce  dernier.  Lescnneaiis,  croyaut  roccasion  favo- 
rable  pour  un  coup  de  maiu,  entreprirent  dc  for- 
cer  son  camp.  Mon  grand-pere,  en  exiiortaut  les 
siens  a  courir  aux  armes  et  a  faire  une  sortie 
contre  les  assaillants,  se  vanta  de  les  repousser 
comme  la  truie  chasse  ses  pctits  d'aupres  delle. 
Tl  tint  parole  :  rennerai  fut  battu  et  disperse;  si 
bien  que  le  preteuren  recueiliit  le  titre  d'lmpe- 
rator,  et  mon  grand-pereeut  lcsurnom  de  Scrofa. 
Jlais  ni  mon  bisaieul ,  ni  aucun  des  Tremellius, 
ne  l'ont  porte  anterieurcment;  et  je  ne  suis 
pas  moins  que  le  septieme  preteur  de  raa  fainille. 
Ce  n'est  pas  que  Je  refuse  de  vous  dire  ce  que 
je  sais  du  betail  portant  soies.  Je  me  suis  toujours 

Tantnm  cnim  fefellit,  ut  brevl  omnes  anilserit  niorbo. 
Contra  in  Sallentinis  el  in  Caslnati  ad  centenas  pascunt. 
De  marlbus  et  fuMiiiuis  idem  fere  dlscrimen ,  nt  alli  ad  de- 
nas  capras  singulos  paient  blrcos,  ut  ego  :  alii  etiam  ad 
XV,  ut  Menas  :  nonnulli  etiam,  iit  Murrius,  ad  viglnti. 

IV.  Sed  quls  e  porculatoribus  ilallcls  piudit ,  ac  de 
suillo  pccore  expedit  .•■  tanietsi  Scrofam  potissliniim  dc  ea 
le  dlcere  oporteie,  coguomen  cjus  slguilicat.  Cul  Tremel- 
Ilus  :  I;;norare,  inquit,  videre,  cur  appeller  Sciofa.  lla- 
que  ut  etlani  bi  proptcr  te  sclant,  cognosce  meam  gcntem 
sullluiii  cognomen  iioii  liabeie ,  nec  me  csse  ab  Kunia^o 
orliiin.  .Wus  meus  prlmum  appcllatus  est  Sciofa,  qiii 
quaeslor  cuin  esset  Licinio  NerviC  prxtori  in  .Maccdonia 
piovincia  rclictus,  qui  praeessct  exercitui,  dum  pialor 
rcdirct,  Iio.stes  arbitrati  occaslonem  se  babeie  victoria;, 
imprcsslonein  faccre  ccperunt  in  castra.  Wus,  cum 
coborlaretur  mllites,  ut  caperent  arnia,  atipic  cxircnt 
conlra,  dlxlt,  celeritcr  se  lllos  ut  Scrola  porcos  disjectu- 
runi.  Id  qiiod  fecit.  Nain  co  prfflio  bostes  Ita  fudlt,  ac 
fugavit,  ut  eo  >'crva  piKtor  Imperator  sit  appellalus, 
aviis  cognomen  invenerlt ,  ut  dlccrtlur  Scrofa.  Il^ique  pro- 
avus ,  ac  siiperiores,  dc  Tremelllis  ncmo  appellatus  Scrofa ; 
nec  mlniis  seplimus  siim  deinceps  pra:toriiis  iii  gente  nos- 
tra.  Ncc  tainen  defu^in.  quin  dicain  qux  scio  de  siiillo 


VARRON. 


beaucoup  oceup^  d'agriculture ,  et  consequem- 
ment  je  ne  puis  etre  etranger  a  ce  sujet ,  non 
plus  que  vous  autres  grands  nourrisseurs  de  bes- 
tiaux.  Quel  cultivateur  en  cffet  n'a  pas  de  porcs 
chez  iui?et  qui  deiiousn'apasenteudu  dire  ason 
pere  : «  Bien  insouciantoubien  peueconome,  est 
celui  qui  tire  de  la  boucherie  et  non  de  son  fonds 
le  lard  de  son  garde-manger !  »  Pour  avoir  un 
troupeau  de  porcs  dans  une  bonne  condition,  il 
faut  que  chaque  bete  qui  le  compose  soit  d'age 
et  de  forme  convenables.  Par  formes  convena- 
bles  ou  entend  ampleur  de  membres ,  tete  et 
pieds  compris,  et  robe  unicolore  plutot  que  bi- 
garree.  Le  verrat ,  avec  ces  memes  qualites ,  doit 
avoir  la  tete  particulierement  grosse.  Les  presom- 
ptions  touchant  la  qualite  de  la  race  se  forment 
sur  Taspect  des  animaux ,  leur  progenilure  et 
leurorigine.  SurTaspect,  sont-ils  verratou  truie, 
la  beaute  reiativede  respece;  surla  progemture, 
font-ils  beaucoup  de  petits?  snr  rorigine;  ieur 
pnys  natal  est-il  repute  pour  en  produire  de  gros 
plutot  que  de  petits?  Pour  Tachat  on  se  sert  de 
la  formule  suivante  :«  Me  repondcz-vousqueces 
truics  sont  saines ,  que  la  propriete  m"en  est  bien 
et  diiment  acquise  ,  franche  de  toute  repetitiou; 
et  qu^enfm  elles  ne  proviennent  point  de  troupeau 
malade?  Quelques  personnes  y  ajoutent  :  «  Et 
qu'clles  ne  sont  pas  atteintes  de  la  iievre  ni  de  la 
diarrhce?  »  En  fait  de  pSturages,  ce  sont  les  cn- 
droits  marecageux  quiconviennent  a  cette  espeee 
debetail,  qui  se  plaitdansTeau  etmemc  dans  la 
faiige.  On  dit  que  les  loups,  lorsqu'ils  ont  trouve 
un  porc,  traincnt  cette  proie  jusqu'a  ce  qu'ils 
trouvent  de  Teau,  leurs  dents  ne  pouvant  suppor- 
ter  rextreme  chaleur  de  sa  chair.  Les  porcs  se 
repaissent  surtout  de  glands,  mais  aussi  de  feves , 


d'orge,  et  de  toute  autre  espfece  de  grain.  Cette 
nourriture  non-seulement  les  engraisse,  mais 
donne  a  leur  chair  un  gout  tres-agreable.  En  ete , 
on  les  mene  paitre  le  matin ,  et  a  midi  on  les 
fait  stationner  quelque  part,  oii  il  y  ait  de  Tom- 
brage  et  surtout  de  reau.  Dans  Tapres-midi  oa 
les  fait  paitre  de  nouveau  lorsque  la  chaleur  est 
tombee.  Dans  Thiver  le  pSturage  ne  leurconvieut 
que  lorsque  la  gelee  blanclie  a  disparu ,  et  que 
la  glace  est  fondue  entierement.  On  enferrae  deux 
mois  a  Tavancc  les  veirats  qu'on  destine  a  la  monte. 
L'epoque  la  plus  favorabie  pour  raecouplement 
est  depuis  Favonius  jusqu'a  Tequinoxe  du  prin- 
temps;  car  comme  les  truies  portent  quatre 
mois,  elles  mettront  bas  au  moment  oii  la  terre 
abonde  en  pSturages.  II  faut  qu'elles  aientun  an 
avaut  d'etie  couvertes;  et  mieux  serait  d'atten- 
dre  vingt  niois,  afin  qu'ellcs  aient  deux  ans  a  l'e- 
poque  de  mettre  bas.  La  periode  de  leur  fecon- 
dite  dure,  dit-on,  sept  ans  apres  la  premieie  por- 
tee.  Pour  lesdisposer  a  etre  saillies,  on  les  mene 
dansdesendroits  humideset  mareeageux,  oii  elles 
puissent  se  vautrer  dans  la  fange,  ee  qui  produit 
sur  elles  Teffet  d'un  bain  pour  Ihomme.  Quand 
toutes  les  truies  sontpleines  ,  on  les  separe  encore 
des  verrats.  Ces  derniers  commencent  a  saillir  a 
huit  mois,  et  cette  faculte  leur  dure  un  an  dans 
sa  plenitude  ct  va  ensuite  deciinant  jusqu'a  ce 
qu'ilsnesoientp!usbonsqu'aenvoyerauboucher, 
par  qui  leur  chair  est  distribuee  au  peuple.  Les 
Grecsappellent  le  pore  0?;  ilsrappelaient  autre- 
fois  Gu;,  derive  du  verbe  Oueiv,  immoler,  comme 
pour  faire  enfendre  que  ces  animaux  onteteles 
premieres  victimesimmoleesauxautels  desdieux. 
La  coutume  en  a  subsiste  dans  les  mysteres  de 
Cerfes ,  dans  les  solennites  qui  accompagnent  la 


p  ecore.  Agri  enim  culturae  ab  initio  fui  sludiosus  :  nec 
de  pecore  suillo  milii  et  vobis ,  magnis  pecuariis ,  ea  res 
non  est  comniunis.  Quis  enim  fundum  colit  nostnim, 
quin  sues  lial)eat,  el  qui  non  audieiit  patres  nostros  di- 
cere,  ignavum,  et  sunipluosum  esse,  qui  succidiam  in 
carnario  suspenderit  polius  ab  laniario,  quani  ex  domes- 
tico  fundo  ?  Ergo  qui  suiim  gregcni  vnlt  liabere  idoneum , 
eligere  oportet  priinum  bona  a?tate ,  secuiido  bona  forma. 
Eaest,  cum  amplitudine  membrorum,  praelerquani  pe- 
dibus  et  capile,  unicoloris  potius  quani  varias.  Cum 
haec  eadeni  iit  liabeant  verres  videndum  ,  tiim  iilique  sint 
cervicibus  aniplis.  Boni  seminis  sues  animadverluntur 
a  facie,  et  progenie,  et  legione  (caeli.)  A  facie,  si  formosi 
snnt  verres,  et  sciofa.  A  progenie,  si  porcos  multos  pa- 
riunl.  A  regione,  si  polius  ex  bis  locis,  ubi  nascuntur, 
amplas  quam  cxilis  pararis.  Emi  solent  sic  :  lllasce  sues 
sanas  esse,  babereque  recte  licere,  noxisqiie  praestari, 
neque  de  pecore  morboso  esse,  spondesue.'  Quidam  adji- 
ciunt  peiiunctas  esse  a  febri,  et  a  foria.  In  pastu  locus 
huic  pecori  aptiis  uliginosus,  quod  delectatur  non  soliim 
aqua,  sed  eliam  luto.  Itaque  ob  eam  rem  aiunt  lupos  cum 
sint  nacli  sues,  Iraliere  usque  adaqiiam,  quod  dentes 
fcrvoicm  carnis  ferre  nequeanl.  Hoc  pecus  alitiirmaxime 


glande,  deinde  faba,  et  ordeo,  et  csetero  frumento.  Quse 
res  non  modo  pinguitudinem  efliciunt,  sed  etiam  carnis 
jiicundum  saporem.  Pastum  exigunt  sestate  mane,  et 
antequam  aestus  incipiat,  (nieridie)  subigunt  in  umbrosum 
locum,  maxime  ubi  aqua  sit.  Post  meridiem  rursuslenito 
fervore  pascimt.  Hibeino  tenipore  non  priiis  exigunt  pas- 
tum,  quam  pniina  evanuit,  ac  colliquefacta  est  glacies. 
Ad  fa'turam  verres  diiobus  mensibus  ante  secernendi. 
Optimum  ad  admissurani  tempus  a  favonio  ad  aequinoc- 
tiimi  vernum :  ita  enim  cuntingit,  utaestale  pariat.  Quatuor 
enim  menses  est  praegnans.  Et  tunc  parit,  cum  pabulo 
abundat  teira.  Neque  rainores  admitlendae  quam  anni- 
ciilae.  Meliiis  xx  nienses  cxpectare ,  ut  bimae  pariant. 
Cum  ccrperunt,  id  faccre  dicuntur  usque  ad  septimunj 
annuin  lecte.  Admissuras  cuni  faciunt,  prodigunt  in 
lutosos  limites  ac  lustia,  ut  voliitentur  in  luto,  quae  est 
ilfonim  requies ,  ut  lavatio  bominis.  Cum  omnes  conce- 
perunt,  ruisus  segregant  veries.  Verris  octo  mensium 
incipit  salire  :  permanet,  ut  id  recte  facere  possit,  ad 
prinium.  Deinde  it  letio ,  quoad  perveniat  ad  lanium.  Hic 
enim  conciliatur  suillae  carnis  datus  populo.Sus  graece 
diciturujoliin  60;  dictus,  ab  illo  verbo  qiiod  diciint  9ueiv, 
quod  est  immolare.  Ab  suillo  enim  genere  pecorjs  im- 


])E  L'AGK1CTJLTURE,  LIV.   II 


lonchision  d"uii  trnilc  de  pai.x  ;  et  la  traditiou 
i  nous  en  fait  retrouverdes  vestiges  dans  les  cere- 
monies  de  niariage  dts  anciens  rois  et  des  hauts 
personnagesd'Etrurie,dont  le  saerificed'un  pore 
pour  les  nouveaux  inaries  ,  chacun  de  leur  cote, 
etait  la  eereraonieprealable.  Le  mesiie  usagcexis- 
tait  chez  les  habitants  du  Latium,  et  dans  les  co- 
lonies  grecques  d"Italie.  Le  nom  de  porciis  ehez 
nous  et  celui  de/olpo;  chez  les  Grecs  est  merae 
encore  employe  par  les  femmes,  les  nourriees 
principaleraent,  pourdesignerlespartiessexuelles 
d'une  fille  nubile.  Cest  une  expressiou  figuree 
de  Taptitude  aux  rites  de  fhymen.  On  a  dit  que 
le  porc  etait  predestine  par  la  uature  ii  paraitre 
sur  nostablcs,  et  qu'elle  avait  auimesasiibstance, 
comme  i'homme  la  sale,  dans  ce  scul  but  de  con- 
servation.  La  eharcuterie  des  Gaules  a  toujours 
ete  renommee  pour  rexcellence  et  la  quantite 
de  ses  produits.  L'exportatiou  consider.iiiie  de 
jambons ,  de  saucissons  et  autres  coufections  de 
ce  genre,  qui  se  fait  annuelleraent  de  ce  pays 
a  Rome,  temoigne  de  leur  superiorite  comme 
gout.  Voici  en  quelstermes  parle  Caton  de  leur 
quautite  :  On  voit  en  Italie  des  fosses  a  eonserver 
le  lard,  qui  conliennent  jusqu'a  trois  et  quatre 
mille  pieces  de  lard  gaulois.  Le  porc  arrive  quel- 
quefois  .iuntel  degre  d'embonpoiiit  qu'il  nepeut 
plus  niarcher  ni  raeme  se  tenir  sur  ses  pattes ,  et 
qu'il  faut  le  transporter  eu  cbarrette.  Attilius,  Es- 
paiznol  aussi  instruit  que  digne  de  foi,  parled"un 
pore  tueen  Lusitanie  dans  TEspague  citerieure, 
doiit  le  senateur  L.  Yolumnius  recut  deux 
cotes  avec  une  tiespetite  partie  de  filet,  le  tout 
pesant  vingt-trois  livres.  Le  groin  de  rauiraal, 
depuis  le  cou  jusqu'au  houtoir,  avait,  disait-il,  un 
pied  et  trois  doigts  de  longueur.  Voici,  dis-je. 


un  fait  qui  n'est  pas  inoins  cuiieux  ,  et  dont  j'ai 
ete  temoin  oculaire.  En  Areadie  une  truie  avait 
tellementengraisse,  qu'elle  nc  pouvait  plus  se  le- 
ver;si  bien  qu'une  sourisavait  fait  un  trou  dans 
sa  chair  et  s'y  etait  mise  en  gesine.  La  meme 
chose,  dit-on,  est  arrivee  chez  les  Venetes.  La 
premiere  portee  d'une  truie  donoe  la  mesure  de 
sa  feconditeulterieure,  carles  suivantes  n'en  dif- 
fcrent  pas  beaucoup.  En  ce  qui  concerne  l'alimen- 
tationdespourceaux,autrementdite/jo7-(i(A(/io/i, 
on  laisse  les  petits  pendant  deux  mois  avec  leur 
m6re ,  et  on  ue  les  en  separe  que  lorsqu'ils  sont 
en  etat  de  manger  seuls.  Les  pourceaux  nes  en 
hiver  sont  toujours  chetifs  :  la  cause  eu  est  d'a- 
bord  dans  la  rigueur  de  la  saison;  puis  dans  le 
peu  de  lait  que  peut  leur  fournir  a  cette  epoque 
la  mere,  dont  ils  mordillent  quelquefois  les  tettes 
au  point  de  la  blesser  avcc  leurs  dents.  II  faut 
donner  a  chaque  truie  une  cahute  a  part,  ou  elle 
puisse  elever  ses  petits  separement  :  autrement 
ceux-ci  s'attacheraient  a  des  truies  etrangeres, 
et  il  en  resultcrait  un  melange  qui  finirait  par 
deteriorer  la  race. 

L'annee  setrouve  naturcllementdi  visee  en  deux 
pour  les  truies.  Elles  mettent  bas  deux  fois  raii , 
ont  quatre  mois  de  gestation  a  chaque  portee  , 
nourrissent  pendant  les  deux  autres.  Les  cahutes 
ou  elles  sont  enfermees  doivent  avoir  trois  pieds 
en  hauteur,  et  un  peu  plus  en  largeur ;  le  degre 
d'elevation  au-dessus  du  sol  y  doit  etre  caleule 
de  maniere  a  empecher  de  la  part  de  la  truie  les 
mouveraents  qui  la  feraient  avorter;  raais  il 
doit  ctre  suffisant  pourque  le  porcher  puisse  ai- 
sement  voir  dans  !'interieur  quand  il  y  a  risquo 
pour  les  petits  d'etre  ecrases  par  la  mere.  Pour 
la  facilite  dn  nettoiement ,  on  y  racnagera  une 


molandl  inilium  primum  siimptiim  videtiii-,  cujiis  vestigia, 
quod  iniliis  Cereris  poiti  ininiolantiir,  elqiiod  initlis  pacis 
fipdns  cuni  leritur,  porcns  occidiliir,  el  (itiod  niiptiarum 
initio  anliqui  leges  ac  siiblimcsviriin  lleli  ui  ia  in  conjiinc- 
tione  nnpliali  nova  niipla  et  novns  maritus  prininm  por- 
cum  iu.molanl.  Prisci  quoque  latini,et  etiam  Grapciin 
Italia  i<iem  factitasse  videntur.  Nam  et  nostias  mulieres, 
ma^inie  niitiices,  naluram  ,  qua  fteraina;  snnt,  in  virgiui- 
hus  appellant  porcnm  ,  el  gra-cae  z^'P^''>  signilicantes  esse 
digniim  iiisigiii  nupliarum.  Suillum  pecus  donatum  al) 
natura  dicnnt  ad  epulandum.  llaiiue  iis  aiiimam  dalam 
esse  proiiide  ac  salem,  qine  servaret  carnem.  E  queis  suc- 
cidias  Galli  optimas  el  maximas  facerc  consueverunt. 
Optimarum  signiiiii,  quod  ctiam  nnnc  qnoUinnis  e  Gal- 
.lia  apportanlur  Romam  pernjc  tomacina;,  et  taniacie,ct 
petasiones.  Dc  magnitudine  Gallic^rum  siiccidiarum  Calo 
scriliil  liis  verliis  :  In  llalia  in  scrobcs  terna  alque  qua- 
terna  millia  aulia  succiilia.  Veie  sus  usqueadco  piuguilu- 
diue  crescere  solet ,  iit  se  ipsa  stans  sustinere  non  possit , 
neqne  progicdi  usquam.  Itaqiic  eas  si  qiiis  quo  trajicere 
vnlt,  in  plostrum  imponil.  In  Hispania  ulleriorc,  in  Lusi- 
tania,  sus  cumesset  occisus,  Allllius  Hispanicii.sis  mininie 
uicndax  ,  et  miiUarum  reriim  pcrilus  in  docti  ina ,  diccbal 

VAllKON. 


L.  Volumnio  seiiatnri  missam  csse  oflulam  cum  diiabus 
costis  qux-  penderet  iii  et  xx  pondo  :  ejiisqne  snls  a  ciile 
ad  os  pedem  et  m  digltos  fuisse.  Cui  cgo :  iion  minus  les 
admirauda,  quiiui  mi  esset  dicta,  in  Aicadia  sc.io  me 
csse  spectalum  .«ueni ,  quai  pra;  pinguitudine  carnis  nou 
niodo  surgere  non  pos.set,  sed  etiam  ut  in  ejus  corpore 
siirex  exe.sa  caine  nidum  fecisset,  el  peperlsset  ninres. 
Hoc  eliam  in  viuela  factum  accepi.  Sus  ad  foeturam  qua; 
sil  focnnda,  aniinadvertunt  lere  ex  primo  parlu,  qiiod 
iion  mullum  in  leliqiiis  niutat.  In  nutricatu  quam  porcii- 
lalionem  appellabant,  binis  mensibus  porcos  sinuut  cuni 
matribus.  .Secuudum  ea  cum  jam  pasci  possnnt,  secer- 
niint.  Porci  qui  nali  bienie,  liunt  exiles  propter  IVigora, 
et  quod  malies  aspcrnantur,  propter  exiguitatcin  lactis, 
et  quod  denlibus  saucianlur  propterea  mamma'.  Sciofa  iii 
siia  qnrcque  liara  siios  alat  oporlet  porcos,  quia  alienos 
nun  aspernantur  :  ct  ideo  si  conturbati  sunt  iu  fielnra ,  (it 
deterius.  Natuia  divisiis  earuin  annus  bilariam,  quoU 
bis  paritin  aniio,  qnalernis  mensibns  fert  ventrem,  binis 
nulricat.  Haiam  faceie  oporlet  circller  trium  pcdum  al- 
tam,  et  latain  amplins  paulo,  ca  allitudine  abs  lerra  ne 
dum  exitiru  velit  pra'gnaus,  aburtet.  Altiluilinis  mudiis 
sil  nt  subulcus  facile  circumspicerc  possit,  ne  qiii  poi- 


VARP.ON. 


portedansle  seuil,  qujseraelev!'ed'iiii  picd  ct  iine 
palrae  de  liauteur;  ce  qui  empeche  les  pour- 
ceaux  de  sortir  avec  leur  mere.  Le  porcher, 
chaque  fois  qu'il  nettoiera  les  cahutes,  devra  y 
repandre  du  sahle ,  ou  toute  autre  maliere  propre 
a  dessccher  rhumidite.  II  faut  donner  aux  truies 
qui  ont  mis  bas  une  nourriture  plus  abondante, 
afin  qu'ellespuissentfournirdu  laitsuffisammeut 
a  leurs  petits.  On  y  mettra  chaque  jour  environ 
deux  livres  d'orge  detrempee,  et  la  ration  est 
doublee,  c'cst-a-dire  repeteesoir  et  niatin,qiiand 
on  n"a  pas  autre  chose  a  leur  donner.  Ou  appelle 
les  petits  laclentes  (cochons  de  lait)  tant  qu'ils 
tettent ;  et  quelquefois  delici  [de  lacle)  apres  le 
sevrage.  Dix  jours  apres  leur  uuissance,  ils  sont 
regardcs  comme  purs;  et  nos  ancelres  les  appe- 
laient  alors  sacres,  c'est-a-dire  propres  a  servir 
de  vietimes.  Et  nous  trouvons  ici  le  commen- 
taire  d'un  passage  des  Menechraes  de  Plaute. 
L'un  des  pcrsonnages  de  la  piece ,  dout  la  scene 
est  a  Epidamue,  croyant  qu'un  autreestfou, 
et  u  bcsoln  d'un  sacrifice  expiatoire,  deraande  : 
«  Combien  coiitent  iei  les  porcs  sacres  "?Ceux 
qui  ont  des  vignes  donnent  a  leurs  porcs  le  marc 
ct  les  epluchures  de  raisin.  Des  que  les  pourceaux 
ne  sont  plus  laclcntes  (cochons  de  lait) ,  ils  de- 
viennent  nefrendes,  c'est-a-direqui  ne  peuvent 
vncore  frendere  (casser  la  feve). 

Porcvs  est  un  vieux  mot  grec  torai)e  en  de- 
suetude,  qu'on  a  remplace  daos  ce  pays  par  celui 
de  /oTpov.  II  faut  faire  boirc  deux  fois  par  join- 
les  truics  pendant  leur  nourriture  :  elles  en  out 
plus  de  lait.  La  truie  doit  faire  autant  de  petits 
qu'elle  d  de  maraelles.  Si  clle  en  fait  raoins, 
on  la  regarde  comme  n"etant  point  de  bon  rap- 
port ;  si  elle  eu  fait  davantage,  on  crie  au  prodige. 


Noiis  avous  ence  genre  la  vieille  tradition  delaf 
truie  d'Enee,  qui  mit  bas  a  Lavinium  trente  pour- 
ceaux  blancs.  Et  le  miracle  se  trouva  confirrac, 
quand  trente  ans  plus  tardAlbe  fut  fondee  par 
les  habitants  de  Lavinium.  On  voit  encore  dans 
cette  derniere  ville  des  monuments  publics  de 
eette  truie  et  de  ses  pourceaux.  Leur  effigie  y 
est  coulee  en  bronze,  et  les  pr^tres  nous  montrent 
le  corps  de  la  mere  conserve  dans  la  saumure 
Dans  lcs  premiers  joure  les  truics  peuvent  nour- 
rir  jusqu'a  huit  pourceaux.  Passe  ce  moment, 
les  eleveurs  entendus  ne  manquent  pas  d'en  sous- 
traire  la  moitie ,  a  mesure  qu'ils  grandissent ;  car 
la  raere  ne  peutavoir  assez  de  lait  pour  que  toute 
laportee  reussisse.  Peudantlesdix  premiersjours, 
les  truies  ne  devront  point  quitter  leurs  cahu- 
tes,sicen'est  pour  allerboireaux  abreuvoirs.  Au 
bout  de  ce  tenvps  on  peut  les  mener  paitre ,  raais 
seulement  dnns  le  voisinage,  afin  qu'elles  puis- 
sent  revenirsouventallaiterleurspetits.  Ceux-ci, 
quand  ilsont  pris  une  certaine  crcHssanee,  sui vent 
volontiers  la  raere  au  paturage  :  alors  on  les  en- 
ferme  apart  ou  onlcs  faitpaitresepareraent,poup 
les  aecoufuraer  asupporter  facileraentcette  priva- 
tion  :  ils  y  sont  faits au  bout  de  dix  jours.  Le  por- 
cherdevra  ainsi  babituer  les  porcsa  obcir  au  son 
du  coruet.  Pour  y  parvenir  il  aura  soin  de  fairc 
reteutir  une  fois  cet  instrument  avantd'ouvrir  la 
porle,  et  de  leur  faire  trouver  en  sortant  de  Torge 
n^pandue  en  tralnees.  On  en  perd  moins  de  cette 
maMere  qu'en  leur  presentant  le  grain  eu  las ,  et 
tous  peuvent  en  approchcr  plus  aisemeut;  on  les 
habitue  ainsi  a  se  rcunirau  son  du  cornet,  et  Ton 
n'a  plus  a  craindre  qu'ils  ne  s'egarent  lorsqu'ils 
sont  disperses  dansles  bois.  Un  an  est  le  bon  ^ge 
pour  chAtrcr  les  verrats ;  au  moins  faut-il  qu'ils 


tellusamalieoppriniatur;et  ut  facilepurgarepossitcubile, 
in  liarls  oslium  esse  oportet,  el  limen  inlerius  allum  pal- 
mipe(lale,ne  porci  ex  liara,  cum  maler  prodil,  Iransilire 
pnssint.  Quoliescunque  liaras  subulcus  purgat,  tolies  in 
.'.iusnlas  arenam  injicere  oportet,  aut  quid  aliud  quod 
<'\iiL;.it  liumorcm  ;  i'lcuujpi-'|i('rerit,  largiore  cibatu  suslen- 
1.11  r  ,  i|iici  r,iciliiis  lai-  siiii|irilil;ire  possit.  In  quibus  bordei 
ciniiiT  liiiias  liliras  aqua  madcractas  dare  solent,  et  boc 
quotiue  condiiplicant ,  ut  sit  niane  et  vesperi ,  si  alia  quse 
objiciant  non  babuerint.  Cum  porci  depulsi  sunt  a  niam- 
ma,  aquibusdam  delici  appellanlur,  neque  jam  lactente^ 
dicuntur.  Qui  a  partu  decinio  die  babentur  puri ,  et  ab 
eo  appellantur  ab  antiquis  sacres,  quod  tum  ad  sacrifi- 
cium  idonei  dicunlur  prinium.  Itaque  apud  Plautum  in 
MenKcbmis,  cum  insanum  quem  putal,  ut  pietur  in  op- 
pidoEpidamno,  interrogat  :  Quauti  bicporci  sunt  sacres? 
Siluntlus  niinistrat,dari  solcnt  vinacea,acscopii  e\  uvis. 
Amisso  nomine  lactentis ,  dicunlur  nefrendes ,  ab  co  quod 
nondum  fabam  frendere  possunt,id  est,frangere.  Porcus 
gracuni  est  nomcu  antiqunm,  scd  obscuratum,  quod 
nunceum  vocant  xoipov.  In  corum  foetu  scrofae  bi.s  die  ut 
bibant,  curant,  lactis  cau.sa.  Parere  lot  oportet  porcos, 
quot  maiunu^s  babeat.  Si  miuus  parial,  fructuariaui  ido- 


neam  non  esse.  Si  plures  pariat,  esse  portentum.  In  quo 
illud  antiquissimum  fuisse  scribilur,  quod  sus  jEneae  La- 
vinii  xx\  porcos  pepererit  albos.  Itaque  quod  portende- 
rit,  factum  xxx  annis,  ut  Laiinienses  condiderint  oppi- 
dum  Albani.  Hujus  suis,  ac  porcorum  etiani  nunc  vesti- 
gia  apparent  Lavinii  :  quod  et  simulacra  coruni  alienea 
etiam  nunc  in  publico  posita,  et  corpus  niatris  ab  sacer- 
dotibus,  (piod  in  salsura  fuerit,  demonstratur.  Nutricari 
oclonos  porcos  parvulos  primo  possunt  :  incremento 
faclo,  a  peritis  diniidia  pars  rcmoveri  solet,  quod  nec 
nialer  potest  sufferre  lac,  neque  congencrati  alescendo 
roboiari.  A  partu  deceui  diebus  proximis  non  producunt 
ex  liaris  matreni  pra?terquam  potum.  Prajleritis  decem 
diebus  sinunt  exire  pastum  in  propinquum  locum  villae, 
ut  crebro  reditu  lacte  alere  possit  porcos.  Cum  creverunt, 
cupiunt  sequi  matrein  pastuin  :  domique  secernunt  a  ma- 
tribiis,  ac  seiirsuni  pascunt,  ut  desiderium  feire  possinl 
paieiitis,  quod  decem  diebus  assequuntur.  Nutrices  su- 
bulcus  debet  consuefacere ,  omnia  ut  faciant  ad  bucinam. 
Prinio  ciun  incluserunt ,  cum  bucinatum  est ,  aperiuiit, 
ut  exire  possint  in  eum  locum,  ubi  ordeum  fusuni  sit  in 
longiludine.  Sic  enim  minus  disperit,  qiiam  si  in  acervos 
jiosilum  ,  et  iilures  facilius  accedunl.  Idoo  ad  bucinaia 


DE  UAGRICULTURE,  LIV.  IL 


n'aient  pas  moins  de  six  mois.  Ils  qiiittent  ie  nom 
de  \eiTat  apres  cette  operation,  pour  prendrc 
celui  de  maiales.  Touehant  le  regime  sanitaire, 
je  me  borne  a  une  observation.  Si  le  lait  de  la 
mere  vient  a  manquer  aux  petits,  donnez-leur 
jusqua  l'agede  trois  mois  du  fromeut  roti  (eru  , 
il  relaclie  trop  le  ventre).  Resteencore  la  question 
duchiffre.Generalenientoncomptedi.\verratspar 
eenttruies;d'autres  en  veulent  moins  de  dix.  On 
n'est  pas  fi.xcnon  plus  sur  la  force  du  troupeau  : 
je  regarde,  nioi,  cent  tetes  comme un  nombre  con- 
venable.  Quelques  uns  le  font  plus  grand,  et  vont 
a  cent  cinquantc.  1 1  en  est  qui  doublent  le  premier 
iiombre;  d'autres  vout  merae  encore  plus  loin. 
En  general,  plus  un troupeau est  restreint,  raoins  il 
est  coiiteu.x,  et  moiiis  le  porcher  a  besoin  d'aides. 
Or  la  question  pour  cliacun  est  celle  des  pkis 
grands  prolits,  et  non  du  plus  ou  moins  grand 
nombre  de  teles  :  c'est  donc  par  les  circonstances 
qu"ilfautse  determiner.  Ainsi  parla  Scrofa. 

V.  En  ce  moment  survient  le  senateur  Q.  Lu- 
cicnus,  rhomme  du  raonde  le  plus  aimable  et  ie 
plus  enjouc,  et  notre  ami  comraun  a  tous.  Salut, 
chers  Co-Epirotcs,  dit-il  en  entraut;  salut  aussi  a 
Varron,-oiij.£va  A3(cov(pasteur  despeuples).Quant 
aScrofa,  je  lui  ai  deja  doiine  lebonjour  ce  matin  : 
on  lui  rend  des  saluts ,  non  sans  le  gronder  d'ar- 
river  si  tard  au  rendez-vous.  Patience,  dit-il, 
mauvais  sujet  que  vous  etes,  voici  mon  dos  et  un 
fouet;  vous ,  Murrius,  venez  ca,  et  voyez-moi 
payer  rancon  a  la  deesse  Pales,  afui  d'eu  pouvoir 
temoigner,  au  cas  oii  ces  gens-la  voudrnient  me 
faire  payer  deux  fois.  Atticus  se  tournant  alois 
vers  Murrius,  Veuillez,  lul  dil-il,  metti-e  Lucic- 


nus  au  fait,  tant  de  ee  qtii  a  ete  dit  que  de  cf 
([ui  reste  adire,  afin  qu'il  puisse  prendre  r6le 
dans  lentrctien.  En  attendant  nous  allons  pas- 
ser  au  second  acte ,  c"est-a-dire  raettre  en  scene 
le  gros  betail.  Ceci  cst  raon  role,  dit  Vaccius , 
puisqu'il  est  (|uestion  de  boeufs  et  de  vaehes.  .le 
vous  ferai  pnrt  de  mes  notions  sur  eette  raatiere  : 
ceux  qui  y  sont  (Jtrangers  pourront  s'instruire; 
les  autres  nie  releveront,  si  je  me  trompe.  Vai'- 
cius ,  lui  dis-je ,  prenez-y  garde.  Cest  un  sujet 
capital  que  le  bcEuf  en  fait  de  betail ;  en  Italie 
surtout,  pays  qui  luidoit  le  nom  qu'il  porte.  Car 
en  Grece  autrefois,  si  Ton  en  croit  Timt'e,  un 
taureau  s'appelait  iTaXb;;  de  la  le  nom  d'Italie, 
contrce  ou  bosufs  et  veaux  ivi(uli)  abondent,  et 
sont  d'une  beaute  extraordinaire.  Selond'autres, 
ritalie  doit  son  nom  au  faraeux  taurcau  Italus, 
qu'Hercuie  poursuivit  depuis  la  Sicile  jusqu'en 
ce  pays.  Le  banif  est  le  ministre  de  Ceres ,  et  Tas- 
soci(i  de  rhomine  dans  les  travaux  rustiques. 
l.es  anciens  le  regardaient  comme  inviolable,  et 
ils  punissaient  de  mortquiconque  tuait  un  dc  ces 
animaux  :  tcmoin  leslois  de  TAttique  et  du  Pelo- 
ponnese.  Cestencoreau  taureau  que  Buzuges  d'A- 
thenes  et  Onogure  d'Argos  doivent  leurcelebriie, 
Je  sais,  dit  Vaccins,  que  le  taureau  a  quelque 
chose  de  majestueux ;  que  son  noin  (3oui;),  en  com- 
position,  est  signilicatif  de  grandeur;  exemples  : 
poujuxo?|grossefigue),  Sou-:<i;(enfant  d'uiie  bel'e 
venue),  pouXiaoi;  (grande  famiiie),  Powtth;  (qui  a 
de  grands  yeux  ;)  et  que  de  plus  on  appelle  bn- 
mamma  (pis  de  vache)  le  raisin  a  gros  grains.  .le 
sais  cncore  que  c'est  sous  la  forme  d'un  taureau 
que  Jupiter,  amoureux  d'Europe,  euleva  de  son 


convcnire  dirnntnr,  iit  silvestri  loco  dispersi  ne  dispe- 
reant.  Castranlur  verres  commodissime  anniculi,  ulique 
ne  ininores,  qiiam  scmestres  :  quo  facto  iiomeii  mulant, 
atquee  verribnsdicunturmaiales.  De  sanilalesiiuni  unum 
modo  exempli  causa  dicini.  Porcis  laclentibns  si  scrofa 
lac  iion  pi)le.«.t  siippedilaie,  triticiim  fridum  darioportet, 
(crudum  enim  solvit  alvuin)  vel  ordcum  objici  ex  aqua , 
quoad  liaiit  ti  inicstres.  L)e  numero ,  in  cenlum  siies  decem 
verres  sali.sc>se  putant.  (Jiiidam  etiam  liinc  demunt.  Gre- 
ge.s  niajorum  inn-quahiles  liabenl.  Sed  e^o  modicuni  puto 
cenlenariiim.  Aliqiiot  majores  faciiint,  ifa  iit  ler  quinqiia- 
geiios  liabeant.  1'oicorum  Riegem  alii  duplicant,  alii  etiani 
niajorem  faciiinl.  Minor  (;rcx ,  quam  major,  niiiius  sunip- 
luosus ,  quod  comiles  subiilcus  |)aucioies  quaerit.  Itaque 
gregis  nnmerum  paslor  ab  sua  ulilifateconstituif ,  iion  ut 
qiiot  verics  liabcat :  Id  enini  a  iiatura  sumendiim.  Hax 
liic. 

V.  At  Q.  Lucienus  senatitr,  liomo  quamTis  humanus, 
ac  jocosus,  infroiens,  familiaris  omnium  noslrum  ,  (rjvr,- 
TiEipoiTat,  inquil,  xaifSTc,  et  Varionem  noslriim,  iiiqiill, 
«oi|j.£va  Xawv.  Scrofam  enim  manc  salutavi.  Cuin  aliiis 
eum  salul;isset,  aliiis  ronviciatus  essel ,  qui  tani  .sero  ve- 
nissct  ad  consfilufum  :  Yidebojam  vos,  inquit,  balafro- 
iies,  et  huc  afferam  ■meuiii  coriuui,  ct  flagra.  Tu  vero, 
Muiri,  \em  mi  advocatus,  dum  asscs  solvo  Palilibus,  si 


po.slea  a  nie  repelanl ,  ut  leslimoiiiiim  perbiliere  possis. 
Allicus  Jlunio:  .\arra  isli ,  inquit,  eadem  ,  qui  seiinones 
sint  liabiti,  et  quid  reliqui  sit,  ut  ad  parles  parafiis  ve- 
niat  :  nos  interea  secundum  actiim  de  niajoiibiis  adtexa- 
nius.  In  qiio  quidem,  inquit  Vaccius,  nie.e  narles,  qiio- 
niam  boves  ibi.  Quare  dicam,  de  buhulo  pecore,  quam 
accepeiim  scienliam  :  ut  si  quis  quid  ignoral,  discat;  si 
quisscit,  nuncnbi  labar  ohservet.  Vide  quid  agas,  inquani, 
Vacci.  Nam  hos  in  pecuaria  maxima  debet  esse  aiictori- 
lafe  ;  priTseilim  in  Italia,  qiije  a  bnhus  nomen  liabere  sit, 
exisliinata.  Gi.Tcia  eniin  antiqua  (ut  scribil  Tim.ius)  tau- 
los  vocahanl  haXouc ,  a  qiiorum  miilliludine,  el  pnlchri- 
tiidine,  et  firlii  vitulorum,  ILiliam  dixerunt.  Alii  scripse- 
runt,  quod  e  Sicilia  Herciiles  pe.rsccntus  sit  eo  nohilem 
tauruin ,  qiii  diceretur  Ilaliis.  Hic  socius  bominum  in  nis- 
lico  opeie,  et  Ceieris  minisler.  Abboc  antiqui  mamisita 
abstineri  voluerunt,  ut  capitc  sanxerint,  si  qnisoccidis- 
sel.  Qiia  in  rc  teslis  Attice,  teslis  Peloponne.sos.  Xam  ab 
boc  pecore  .•Vtlienis  Buziiges  nohilifalus,  Ar.;is  'OvoTupo;- 
Novi,  inqttil  ille,  majcstatom  boiim,  et  ab  liis  dici  ple- 
raque  magna ,  uf  poutTjxov ,  [?ou7rai5a ,  poO).iu.ov,  pouTciv; 
uvain  quoque  biiniammam.  Praeterea  scio  hunc  es.se,  in 
qiicm  polissimum  Jiippiler  se  convertit,  ciiin  exporlavit 
per  maie  e  l'li(rnice  ;iiiians  r.uropam;  liunc  esse,  qiii 
filios  Nepfiini  e  Meiialippa  servaril,  ne  in  stahulo  infan- 


VARRON. 


pnys  cctte  bcHc  riiiniicienne,  ct  trnversa  la  mer 
avec  elle.  Je  n'ignore  pas  non  plus  que  c'est  un 
taureau  quiempecha  les  cnfantsdeNeptune  etde 
Menalippe  d'etre  ecrases  dans  une  etable  par  nn 
troupeau  de  bceufs.  Jesais  enfin  que  les  abeillcs 
qui  nous  donnent  le  miel  le  pkis  doux  naissent 
du  cadavre  d'un  boeuf  en  putrefaction ;  ce  qui  fait 
que  les  Grecs  les  appellent  pouyova?  (nees  d'un 
boeuf),  expression  que  Plautius  a  latiaisee,  lors- 
qu'il  disait  au  preteur  Illyrius,  accuse  d'avoirecrit 
contre  le  senat :  Soyez  tranquille,  je  vous  ren- 
drai  aussi  innocent  que  celui  qui  a  ecrit  la  Ihigo- 
7iia  (naissanee  des  abeilles). 

II  y  a  quatre  ^ges  pour  la  race  bovine.  Au  pre- 
mier  3ge ,  l'animal  s'appelle'veau  ;  au  deuxieme, 
juvencvs  (bouvillon);  au  troisieme,  taureau 
jeune ;  au  quatrieme ,  taureau  fait.  La  femelle 
prend  successivement,  suivant  !';ige,  les  deno- 
minations  de  genisse,  de  jeune  vacbe,  et  de  va- 
cbe.  Taura  est  le  nom  qu"on  donne  a  une  vache 
sterile.  Uue  vacbe  pleine  se  nomrae  horda;  d'ou 
le  mot  hordicalia,  fetes  ou  ron  immnle  des  va- 
ches  pleines.  Quand  on  veut  aehetcr  un  trou- 
peau  de  gros  betail,  il  faut  d'abord  s'assurer 
que  les  betes  ont  atteiut  Tage  de  generation  ,  et 
sont  encore  en  etat  de  produire.  On  les  choisira 
saines  et  bien  prises  dans  leurs  membres,  de 
grandetailleetde  formc  allongee,  noires  par  les 
corues,  larges  du  front,avee  les  yeux  grands 
et  noirs,  les  oreilles  velues,  les  joues  raplaties  , 
Tepine  dorsale  plutot  concave  que  convexe,  les 
naseaux  ouverls,  les  levres  noiratres,  lecou  long 
et  musculeux,  le  fanon  pendant,  le  coffre  de- 
veloppe,  les  cotes  bien  attacbees ,  les  epanles 
larges,  le  fessier  charnu,  une  queue  qui  balaye 
leurs  sabots  etsetermine  en  bouquet  depoils  le- 


gereraent  frises,  lesjambes  courtes  et  droite.':, 
legeremeut  renflees  au  genou ,  et  tournees  en  de- 
bors,  les  pieds  etroits,  etqui  ne  s'entrechoquent 
point  dans  la  marche;  les  ongles  lisses,  serres 
et  bien  egaux ;  le  poil  uni  et  doux  au  toucher. 
En  fait  de  couleur,  le  noir  a  le  premier  raug;  le 
poil  rouge  fonce,  le  secoiid ;  le  rouge  pale,  le 
troisieme;  le  blanc  ne  vient  que  le  quatrieme :  ee 
pelage  leur  iudique  donc  le  dernier,  et  le  noir, 
le  premier  degre  dans  rechelle  de  force  des 
animaux.  Des  deux  intermediaires,  le  second 
vaut  mieux  que  le  troisieme  ;  et  tous  sout  pre- 
ferables  en  pelage  pie  (tacbete  de  noir  et  de 
blanc).  II  ne  faut  prendre  les  niiilcsque  de  bonne 
race  ;  ce  dont  on  juge  par  leurs  formesexterieu- 
res,  etpar  celles  desveaux  issus  d'eux  ,  qui  doi- 
vent  leur  ressembler  en  tout.  Leur  provenance 
est  aussi  un  poiiit  essentiel.  La  race  gauloise  est 
generalement  la  meilleure  que  nous  ayons  en 
Italie,  et  laplus  propreau  travail;  lebocuf  ligurien 
est  paresseux.  Ceux  d'Epire  sont  les  meilleurs 
de  toute  la  Greee,  et  1'emportent  meme  sur 
ceux  d"Italie;  quelques  personnes  cependant  ae- 
cordent  a  ces  derniers,  comme  victimes  a  olfrir 
dans  les  sacrifiees  et  les  prieres  publiques,  une 
preferenee  meritee,  parleurs  formes  colossales  et 
leur  pelage  eclatant.  Cest  ce  qui  fait  que  les 
bocufs  de  poil  blanc  sont  moins  communs  en  Ita- 
lie  que  dans  la  Thrace,  notamment  vers  le  golfe 
iMelas,  oii  Ton  n'en  reiicontre  guered'une  autre 
couleur.  Voici  les  terraes  de  marehe  usites  pour 
ce  genre  de  betail,  lorsqu'il  a  deja  subi  le 
joug :  «  Me  repondez-vous  que  ces  bneufs  sont 
sains,  et  qu'en  les  prenant  je  snis  a  Tahri  de 
toute  repetition  ulterieure?S'ils  ne  sontpasdom- 
ptes,  on  stipulecomme  ilsuit ;  Merepondez-vous 


tes  giex  boiim  obtereret.  Denique ex  hoc  pufrefacto  nasci 
(lulcissimas  apes  raellis  maties,  a  quo  eas  Gra^ci  povjyo- 
va;  appellant,  et  hinc  Plautium  locutum  esse  latiue, 
cuni  Hirrium  pracloieni  renunciatum  Romam  in  Senatuni 
scriptum  habere.  Sed  bono  animo  es,  non  minus  satisfa- 
ciam  tibi.quara  quiiBugoniam  scripsit.  Prinium  in  bu- 
bulo  gonere  Ktatis  gradus  dicuntur  qualuor.  Prima  vi- 
tulorum,  secunda  juvencorum,  tertia  l)ouni  novellorum , 
quarta  vetulorum.  Discernuntur  in  prima  vilulus  et  vi- 
tula;  in  secunda  juvencus  etjuvenra;  in  tertia  et  quarta, 
laurus  et  vacca.  Qufp  sterilis  est  vacca,  taura  appellata; 
quai  piEPgnans,  borda.  Ab  eo  in  faslis  dies  hordicalia  no- 
minaiitur,  quod  lunc  liordDe  boves  iinmolantur.  Qui  gre- 
gem  armentorum  emere  vult,  observare  debet  priinum, 
ut  sint  hae  pecudes  aelate  potius  ad  fruclus  ferendos  inle- 
gra-,  quani  jam  expartse;  ut  sint  bene  compositiE,  ut  inte- 
gris  memhris,  oblongse,  amplse,  nigrantibus  cornibus,  latis 
fiontihus,  oeulismaguiselnigris,  pilosisaiiribus,  compre.s- 
sis  malis,  subsimi,  negibberi,  sed  spina  leviler  reniissa, 
apertis  naribus,  labris  subnigris,  cervicibus  crassis  ac  lon- 
gis,  a  collo  palearibus  demissis,  corpore  aniplo,  bene 
costatos,  latis  humeris ,  Iwnis  cluiiibus ,  codam  profusam 
usque  ad  calces  ul  habeant,  inferiorem  partem  frequen- 


tibus  pilis  siibcri.spam,  cruribuspotius  minoribus,  rectis, 
genibus  cminuiis,  distantibus  inler  se ,  pedibus  non  la- 
lis,  ncque  ingredientihus  qui  displodaiilur,  nec  cujus  uu- 
giiliB  divaricent,  et  cujus  ungues  sinl  leves  et  pares ,  co- 
rium  atlactu  non  asperum  acdurum,  colore  polissimmn 
nigro,  dein  robeo,  terlio  lielvo,  quarlo  albo.  Mollissi- 
miis  enim  bic,  nl  duiissimus  prinius.  De  mediis  duohus 
prior  quam  posterior  melior;  utrique  pluris  quam  nigri, 
et  albi.  Neque  non  pra^terea ,  nt  mares  .seminis  boni  sint, 
quorum  et  forma  est  spectanda,  et  qui  ex  his  oiii  sunt, 
ut  respondeant  ad  parentiim  speciem  :  et  praeterea  qui- 
bus  icgionibus  nali  sunt,  refert.  Boni  eiiim  generis  iu 
llalia  pleriqiieGallici  ad  opus  :  contia  nugatorii  Liguslici. 
Transmarini  Epirolici  noii  soliim  melioresloliusGiaicia;, 
sed  etiam  Itali.ie.  Tametsi  quidamde  Italicis,  quos  prop- 
ter  amplitudinem  praestare  dicunt,ad  victinias  faciunl, 
alqiie  ad  deorum  servanl  supplicia.  Qiii  sine  dubio  ad 
res  divinas  propter  digiiilatem  ampliliidinis  el  coloris 
priieponendi  :  qiiod  eo  magis  fit,  qiiod  olbi  in  Italia  non 
lain  fiequentes,  qiiam  qui  in  Thracia  ad  [lO.c.va  x6).7cov, 
ulii  alio  colore  pauci.  Eos  ciim  cmimus  domitos,  slipula- 
miii,  sic  :  Illosce  boves  sanos  esse,  noxisqiie  prapslarii" 
ciim  eniimiis  indoinilos,  sio  :  lllosce  juvencos  sanos  recte, 


DK  I;AGRTCULTURE,  LIV.  II. 


qiie  ops  liouvilloiissont  sains,  qu'ils  proviennent 
d"un  troupeau  sain,  et  qu'en  les  preiiantje  suis 
a  l'abi-i  de  toute  repelition  ulterieure?'.  Les  for- 
mulessont  moins  coneises,si  Ton  suit  les  prescrip- 
tioiis  (le  iManilius.  L'on  retranclie  la  clause  de 
snnte,  quand  lesanimaux  sont  achetes  pour  la 
boueherie  ou  pour  Ics  autels.  Les  forets  ou  les 
Ijoeufs  trouvent  ahondainnicnt  de  jeunes  pousses 
et  du  feuillape  a  leur  portee  sont  les  lieux  de 
paturagequileur  eonvienneiUle  niicux.  Aussi  on 
les  tieut  Tbiver  au  bord  de  la  nicr,  et  Tete  sur 
les  hauteurs  boisees.  Quant  a  la  propaization  de 
respece,  voici  les  rcgles  que  j'observe.  Un  mois 
avant  raccouplement ,  j'erQpeche  mcs  vaehes  de 
segorger  de  nourriture  ,  parce  que,  maigres,  elles 
concoivent  plus  faeilement.  Meslaureaux,  au  cou» 
traire,  sont  engraisses  deuxmois  a  ravance,  avec 
force  paille  et  foin,  et  fourrage  vcrt;  et  pendant 
tout  ce  tempsjem'attaeheales  scparer  des  ferael- 
les,  comnie  .4tticus.  Je  prends  pour  soixante-dix 
vachesdeux  taurcaux,  l'un  d'un  an,  rautre  de 
deux;  j'altends  pour  leur  livrer  la  femelle,  le 
leverde  Tastre  que  les  Grecsappellcnt  Ai.'paet  les 
Romains  Fidcs,  et  je  reunis  ensuite  mes  taureaux 
au  reste  du  troupuau.  On  tien.t  conime  indicatif 
de  sexe,  pour  le  fruitconcu,  lecote  par  oii  ie  tau- 
reau  serelireapres  racte  consomme,  prenantla 
droite  de  la  vache,  si  c'est  un  male ;  ct  la  gau- 
che,  si  c'est  unefemelle.  A  vous,  lecteursd'Aris- 
tote,  ajouta-t-il  en  se  fournant  vers  moi,  d'ex- 
pliquercettecirconstance.  Nefaitespas  saillir  une 
vaehe  avant  deux  ans,  afinqu'ellc  en  ait  trois 
lorsqu'cIle  veie  pour  la  premiere  fois.  Mieux  se- 
rait  encore  qu'elle  en  eiit  quatre.  Les  vaches 
sont  fccondes  dix  ans ,  et  quelquefois  plus. 
L'epoque  de  conception  la  plus  favorahle  pour 
elles  est  la  periode  de  quaraute  jours  que  suit  le 


levcr  du  Dauphin  ,  un  peu  npres.  Car  une  vache 
qui  aura  concu  a  cctte  epnque  velera  dans 
la  saison  la  plus  tempcree  de  rannee,  le  temps 
de  sa  gestation  etant  dc  dix  mois.  .Uai  trouvc. 
dans  un  livre  a  ce  sujet,  une  assertion  bien  sin- 
guliere  :  c'est  qu'un  taureau  chAtre  est  encore 
prolifique  quand  on  le  nicne  saillir  imraediate- 
ment  apres  ropcration.  On  ehoisira  pour  faire 
paitre  les  vaches  des  lieux  bas,  abondants  cn  herbe, 
et  assez  spacieux  pour  qu'e!lcs  ne  se  genent ,  ne 
se  heurtent,  ni  ne  se  battent.  Quelques-uns,  pour 
eviter  la  piqure  des  taons,  et  de  certains  insectes 
qui  les  attaqucnt  sous  la  queue  et  les  rendent  fu- 
ricuses,  les  tiennent  enfermces  pendant  rardeur 
dujour,  et  mollcment  couchees  sur  une  litiere 
de  feuiiles  ou  de  verdure.  En  ete  on  doit  les  me- 
ner  boire  deux  fois  par  jour,  et  une  seule  fois  en 
hiver.  Lors.prelles  sont  pretes  a  veler,  il  faudra 
mcttrc  du  fourrage  frais  pres  des  etables,  pour 
les  nffrianderquand  elles  sortent;  car  en  cetetat 
elles  sont  sujettes  a  ctredegoutees.  Les  lieux  ou 
elles  se  retirent  doivent  etrc  preserves  du 
froid ,  qui  lcs  maigrit  nutant  que  la  faim.  Durnnt 
rnllaiteraent  il  faut  separer  a  retable  les  pclits 
de  leurs  nicres,de  crainte  qu'ils  ne  soicnt  ccra- 
scs  pcndant  la  nuit.  On  ne  les  laisscrn  approcher 
d'elles  qu'une  foisle  matin,  etune  fois  au  rctour 
des  pfiturages.  Amesure  que  les  venux  grnndis- 
sent,  il  faut  soulnger  les  meres,  en  leurmcttant 
du  fourrnge  vert  daus  In  creche.  Le  soI,dans 
les  ctablcs  a  vachcs  comrae  dans  toutes  autres, 
doit  etre  construit  cn  pierre  ou  materiaux  equi- 
valents ,  afin  de  conserver  saine  la  corne  de  leurs 
picds.  A  partir  de  requinoxe  d'automne  ,  les 
veaux  paissentavec  leurs  meres.  U  ne  faut  pas  les 
chatrer  avant  rage  de  deux  ans.  Si  roperntion 
a  lieu  plus  tol,  ils  ont  peine  n  s'en  remeltre  pkis 


ileqiie  pccnre  sano  fisse ,  noxisfine  pr.vstari  sponJesne? 
Panio  veiljnsiiis  Ii.tc,  qiii  Maniilii  actiones  sequiintur. 
Lanii,qui  atl  cultrum  bovem  emunt,  et  qui  ad  allaiia, 
liosti.T  sanitatem  non  solenl  slipnlari.  Pascunlnr  armenla 
coniniciilissimc  in  nenioribus,  ulji  virgulla,  el  fions  miilta  : 
liicine  |Ciiiii  liilicinant]  secnndnni  niarc,  .TStu  abiguntiir 
iii  iiioiilcs  fniniiosos.  l'roplcr  fcpturam  Iktc  servare  soleo. 
Ante  admissniain  incnsem  nnum,  ne  cibo  et  potinne  .se 
impleanl,  qiiod  cNislimanlnr  facilius  inacia>  concipere. 
Cnnlia,  taurns  duolius  niensibus  anle  adinissuiam  lieiba 
et  [lalca  ac  fa-no  facio  pienioies ,  ct  a  ficminis  seceino. 
Habeo  laiiros  tolidem ,  qiiot  Atticiis , ad  maliices  lxx  duo , 
unum  anuiciiliim  ,  alicrum  bimnin.  Iloc  sccundum  astri 
eMirtiim  facio,  rpiod  r.ipcei  vocant  A-Jpav,  l"idcm  no.slri. 
Tuni  dcniqiic  taiiios  in  gregem  redigo.  llas  an  firmina 
sit  concepla,  signilicat  dcscensn  tanins  cum  iniit.  Siqni- 
dcm ,  si  mas  cst ,  in  dexteriorem  parlem  abit :  si  foemina , 
in  .sinisterioiem.  Cur  lioc  liat,  vos  vidcritis,  inqnit 
inilii.  qiii  Aristolclcm  legilis.  Non  minoics  oportcl  iiiiie 
bimas,  iit  Irima'  pariaiil ;  co  inelius  si  quadiiniiB.  Plera;- 
que  paiiiiiit  in  deccm  annos,  qn.Tdain  etiain  in  pliircs. 
Maxiine  idonciiin  lcinpus  ad  conripiciidiim    a  Dclpliini 


cxoilu  iisqiic  ad  dics  \i,,  aiit  paiilo  plns.  Qii.t  ciiim  ita 
concepcriiul ,  lcmperatissimo  aiiiii  tcnipore  paiiiiiit.  Vac- 
cx  enini  niensibus  decem  sunt  piacgiiaiilcs.  I)i'  qiiilma 
adinirandnin  sciipluin  iiivcni,  excniplis  tostic  iilis,  si  sla- 
lim  admiseris  faurnm,  concipcre.  F.as  pasci  oportet  in  lo- 
cis  viiidibus,  ct  aquosis.  Cavcrcoportet,  ne  aiit  anguslins 
stcnt,  aut  fcriantnr,  aut  coucurrant.  Itaqiie  qiiod  eas  aos- 
tate  tabani  concilaic  solent,  ct  bcstioj.T  qna^dam  minnta; 
sub  cauda,  ne  coiicilentur,  aliqiii  solciit  inclndere  seplis. 
lis  snbslcrui  oportet  fiondcin,  aliiidve  qiiid  iii  cnbilia  , 
<Hio  mnlliiisconqiiicscant.  .Ustate  ad  aqnam  appcllciidiim 
bis,  liicme  seniel.  Ciiin  paicie  ccvpcriint,  seciiiidiiiii  sta- 
biila  paliiiliini  servari  opoiict  intcgium,  qnod  c;;i'cdiciilcs 
dcgn.^ilaie  possint :  fastidiosa;  ciiim  liunt.  Et  providiiidiiin  , 
(liio  iccipinnt  se,  ne  frigidus  lociis  .sit.  Algor  ciiiiii  cas  ct 
famis  macrcscerc  r.ogit.  Inaliinouiis  armculiciuin  pcciis 
sic  contuendiim  ,  lai  tciitcs  ciim  inatribiis  nc  ciibcnt :  ob- 
leruntur  enim.  Adcas  maiie  jidigi  oporlet,  ct  cuni  icdie- 
rnntc  pastu.  Cnm  crevcruivt  viliili,  lcvanda'  matrcs  pa- 
bulo  viiidi  olijicieudo  in  praiscpiis.  Itcin  liis,  nt  fcic  In 
oinnibus  stabulis,  lapidcs  snbslcrncndi,  aut  quid  ilciii, 
iic  iiiigiil.T  pulresrant.  Ab  a'qiiino'clio  aiitumuali  iiiia  pab- 


118 


VARROiN'. 


tai'd;  ils  deviennent  indociles,  et  impropres  au 
travail.  Chaqueannee,  suivaiit  la  pratique  adop- 
tee  pour  toute  espeee  de  betail ,  on  fait  un  triage 
des  betes  derebut,  que  l'on  retranche  du  trou- 
peau  ;  car  elles  y  tiennent  inutilement  la  place 
qu"occuperaient  des  sujets  productifs.  Lors- 
qu'une  vache  a  perdu  son  veau,  remplacez-le 
par  une  autre  dout  la  mere  n'a  pas  assez  de  lait 
pour  le  nourrir.  Aux  veaux  de  six  mois  on  donne 
du  son  de  froment,  de  la  farine  d'orge,  de 
rherbe  bien  tendre ,  et  on  les  fait  boire  matin  et 
soir.  Les  precautions  sanitaires  sont  multipliees. 
J"ai  extrait  des  livres  de  Magon  toutes  les  pres- 
criptions  qui  s'y  rapportent,  et  je  lcs  fais  lire 
souvent  a  mon  bouvier.  J'ai  deja  dit  que  le  rap- 
port  du  nombre  des  taureaux  a  celui  des  vaches 
estde  deux  pour  soixante,  etqu'ilfaut  un  mflle 
d"un  an  et  un  dedeux.  Certaines  personnes  ce- 
pendant  veuient  que  la  proportion  soit  plus  ou 
moins  forte.  Kotre  Atticus,  par  exemple,  n'a  que 
deux  laureaux  pour  soixante-dix  vaches.  La 
force  du  troupeau  varie  egalemeiit.  Moi,  je  suis 
de  Tavis  de  ceux  qui  regardent  cent  tetes  comme 
\in  norabre  suflisant.  Atticus  et  Lucienus,  ont 
des  troupeaux  de  ccntvingt  tetes  chacun.  Ainsi 
parla  Vaccius. 

VL  Murrius,  qui  etait  revenu  avec  Lucienus, 
pendaiitqueVacciuspaiiait,  ditalors:Moi,  je  me 
jiiopose  detraiterles  anes;  carjesuis  de  Reate  , 
c'est-a-dire  d'un  pays  d'ou  viennent  les  meilleurs 
ct  lcs  plus  grands.  J'y  ai  fait  des  sujets  que  j'ai 
vendus  meme  a  des  Arcadiens.  Celui  qui  veut 
former  un  beau  troupeau  d'Anes  doit  avant  tout 
prendre  lcs  males  etles  feinelles  a  r;ige  oii  Ton 
peut  en  tirer  lignee  le  plus  longtemps  possible. 
II  les  choisira  robustes,  debelle  forme,  de  bonue 


tailleetde  bonnerace,c'est-a-direoriginairesd'un 
pays  repute  pour  cette  production.  Cestcequi  fait 
que  TArcadie  est  le  marche  aux  anes  pour  le  Pe- 
loixinnese,  etReate  pourritalie;  carde  ce  queles 
murenes  ont  si  bou  gout  sur  les  cotes  de  Sicile, 
et  les  esturgeous  sur  celles  de  Rhodes ,  il  ne  s'en- 
suit  pas  qu'on  trouve  ees  poissons  de  meme  qua- 
lite  dans  toutes  les  mers.  U  y  a  deux  especes  d'&- 
nes  :  lcs  flnes  sauvagcs  qu'on  appelle  onagres,  ct 
quiabondent  en  Phrygie  et  Lycaonie,  et  les  anes 
privcs,  comme  ils  sont  tous  en  Italie.  L'ane  sau- 
vage  est  propre  a  la  propagation  de  Tespece , 
car  sa  progeniture  s'apprivoise  facilement ;  taiidis 
que  celle  d"un  iiiie  prive  n'est  jamais  sauvage. 
Les  petits  ressemblent  toiijoui's  a  leurs  pere  et 
mere.  II  faut  donc  bien  choisir  ceux-ci  sous  le 
rapport  des  formes  exterieures.  Les  couditions  de 
vente  et  de  livraison  sout  a  peu  pres  les  memes 
que  pour  tout  autre  betail,  et  contiennent  egale- 
meiit  des  clauses  de  garautie  sanitaire,  et  contre 
toute  repetition  ulteiieure. 

La  farine  et  le  son  d'orge  conviennent  parfai- 
tementauxanes  pour  nourriture.  Les  Snesscsdoi- 
vcQt  etre  couvertesavant  le  soistice,  pour  mettre 
bas  au  solstice  de  Tannee  suivante ;  car  elles 
portent  une  annee  entiere.  On  fera  bien  de  ne 
point  les  faire  travaillcr  pendant  la  durce  de  la 
gestation,  car  la  fatigue  nuit  a  lcur  fruit.  Quant 
au  mdle,  il  faut  continuer  a  remployer,  car  pour 
lui  ce  sont  les  intermittences  de  travail  qui  sont 
uuisibles.  Pour  nourrir  les  pelits,  on  suit  les 
memes  regles  que  pour  les  poulains.  La  premiere 
annee ,  ou  les  laisse  avec  leur  mere.  A  partir  de 
la  seconde,  on  ne  les  en  separe  pas  sauf,  la  nuit, 
ayant  toutefois  soin  de  les  attacher  avec  un  li- 
cou  un  peu  laclie,  ou  quelque  lien  analogue.  La 


cnntur  ciim  mali ibus.  Cnstrare non  oportet  ante  blmatum ; 
quoil  (lifliculter,  si  aliter  feceris ,  se  reciplunt.  Qui  autem 
postea  castrantur,  duri  et  inutiles  fiunt.  Item  ut  in  reli- 
quis  i^regibus  pecuaviis,  dplectus  quotanuis  habendus, 
et  rejicnlae  rejicluiid.TC  ,  qiiod  lociiin  nccnpant  earumqua! 
ferre  possunt  fruclns.  Si  qua'  aniisil  vjlulum,ei  suppo- 
nereoportet  eos,  qiiilius  non  satis  laclis  prccbent  matres. 
Scnicslribus  vitnlis  objiciunt  furfures  triticeos ,  et  farinam 
ordiai iMin ,  el  tcnerain  herbam  :  et  ul  bibant  mane  et 
vesperi,  curant.  De  sanilate  snnt  compluia,  qua;  e\- 
scripta  de  Magonis  libris,  armeutarium  meuin  crebro  ut 
aliquid  lcgat,  curo.  Numerusdetauriset  vaccis  sic  hahen- 
dus,  ut  in  sexaginta  unus  sit  anniculus,  alter  hinius. 
Qiiidam  b.ibent  aut  minorein,  aut  majorem  nunierum 
[grcgiiin].  Nam  apud  euni  duo  tauri  in  septiiaginta  niatri- 
bus  siint.  Nunicrum  gieguni  alius  facil  alium.  Quidam 
ccntcnariuni  modiciim  putant  esse  ,  iil  ego.  Atticus  cen- 
tumviginti  liabet,  iit  Ijucienus.  Ha;c  ille. 

VI.  At  Murrius,  qui,  dum  loquitiir  Vaccius,  cum  Lu- 
cieno  rediisset,  l!go,  inquit,de  asinis  potissimnni  dicain, 
quod  sum  Realiniis,  nhi  optimi  el  maximi  liunt,  e  quo 
seminio  ego  bio  procreavi  pullos ,  el  ipsis  Arcadihns  ven- 
didi  aliquoties.  Igitur  asinorum  gregem  qui  facere  vult 


bonnm,primum  videndum,  ut  mares  ficminasque  bon^ 
aetate  sumat,  utique  ul  quam  diutissinie  fructuni  ferre 
possiot  :  firmos,  omnihus  partibus  honestos,  corpore 
amplo ,  seminio  bono  :  e\  his  locis,  undeoptimi  exeunl, 
quod  faciunt  Peloponnesii,  ciim  potissimum  eos  ex  Arca- 
dia  emant;  in  Italia  ex  agro  Reatino.  Non  cnim  si  inur.'»- 
n»  optimae  nut;c  siint  in  Sicilia,  et  ellops  ad  Rhodon, 
continiio  lii  pisces  in  omni  niari  similes  nascuntur.  Horuiii 
genera  diio.  Uiiuni  fenim ,  qiios  vocant  onagros,  in  Phry- 
gia  ct  Lycannia  sunt  gieges  multi.  Alteriiin  mansnetum, 
nt  siint  in  Italia  onmes.  Ad  seminationem  onagrus  ido- 
neus ,  quod  e  fero  fit  niansiietiis  facile ,  et  e  mansueto  fe- 
riis  nunquani.  Quod  siiniles  parentum  geuiintur,  eligen- 
di  ct  mas  et  fopmiua,  cum  dignitale  ut  sint.  In  mcrcandq 
ilcm  ul  ca-tera;  pecudes  emtionibus,  et  traditionibus  do- 
niiniim  mutant,  et  de  sanilate  acnoxa  solet  caveri.  Com- 
mode  pascuntur  farre,  et  lurfnribus  ordeaceis.  Admittun- 
tur  anle  solstitium,  iit  eodem  lempore  alterius  anni  pa- 
riant.  niiodccimo  eniin  menseconceptum  semen  reddunt 
Pra^gnantes  opere  levant.  Vcnler  enim  laborc  nalionem 
redditdeteriorem.  Marem  non  dijungunl  abopeie,  qiiod 
remissione  laboris  lit  deterior.  In  paslii  eadem  ferc  obser- 
vant,  ipiae  iu  equis.  Seciindum  paitiun  pullos  anno  nnn 


DE  L'AGSICULTimE,  LIV.  IL 


troisiemeannee,  ou  commenee  a  ifs  dresscr  pour 
Tespeee  de  travail  a  laquelie  on  les  dcstine.  Tou- 
chant  la  quantite,  on  n'a  pas  ordinaireraent 
d'anes  en  t;rande  reunion ,  si  ce  u'est  pour  le 
transpoit  des  mareliandises.  Leur  oceupation 
la  plus  ordiuaireest  de  trainer  la  meule,  de  por- 
ter  aux  champs,  de  labourer  raerae,  daus  les 
terres  legeres,  comrae  celles  de  Campanie.  On 
ne  les  voit  guere  en  nombre  que  dans  lcs  con- 
vois  organises  pour  amener  a  dos  d'Ane  de  Brin- 
des  ou  d'Apulie  a  la  cote,  leshuiles,  les  vius, 
les  bles,  et  autres  denrees. 

VII.  A  nion  tour,  dit  alors  Lucienus,  d'ou- 
vrir  la  barriere,  et  de  laucer  raes  chevaux.  Et 
je  ne  prends  pas  seulement  pour  texte  lescoiir- 
siers  males  dont ,  corame  Atticus,  je  ue  veux 
comrae  etalon  qu'un  pour  dix  juments;  je  vais 
aussi  parler  des  eavales,  que  le  vaillant  Q.  iMo- 
dius  Equiculus  n'estimait  pas  moins  pour  la 
guerre.  Veut-on  former  des  troupeaux  dc  che- 
vaux  et  de  cavalcs ,  tels  qu'oa  en  voit  dans  le 
Peloponnese  et  dans  TApulie?  Avant  tout  il  faut 
s'assurer  de  rage  des  individus,  qui,  dit-on , 
ne  doit  pas  etre  au-dessous  de  trois  aus  ni  au- 
dessus  de  dix.  Cest  aux  dents  qu'ou  recounait 
l'iige  du  cheval ,  ainsi  que  de  tout  auimal  qui  a 
le  pied  feudu,  et  mcme  eelui  des  betes  a  coines. 
A  deux  aus  et  dcmi  le  cheval  commence  a  pcr- 
dre  les  qualre  dents  du  railieu  ,  deux  d'en  haut, 
et  deux  d'en  bas.  En  eutrant  daus  sa  quatrierae 
annee,  il  lui  torabe  eneore,  a  chaque  raiiehoire, 
les  deux  voisines  de  celles  qu'il  a  deja  perdues ; 
et  les  grosses  dents  appelees  molaiies  com- 
mencent  alors  a  pousser.  Quaud  il  attcint  sa  cin- 
quieme  annee,  il  eu  perd  encore  deux  autres  de 


la  mcme  maniere.  II  en  repousse  en  plaee,  qui , 
creuses  d'abord,  commencent  a  se  remplir  dans 
la  sixicme  annee;  de  sorte  qu'a  sept  ans  !e  che- 
val  a  son  rfltelier  eomplet.  K  partir  de  cctte 
epoque,  il  n'y  a  plus  de  signe  certain  de  son 
iigc;  seulement  lorsque  la  bete  a  les  dents  sail- 
lantcs  hors  de  la  bouche ,  les  sourcils  blanes  ,  et 
que  ses  saliercs  se  creusent  au  dcssous  des 
sourcils,  on  suppose  qu'elle  a  seize  ans.  II  faut 
aux  eavales  uue  tailie  moyenne,  c'est-a-dire  ni 
giMiide  ni  petite;  ia  croupe  et  les  flancs  larges. 
L'ctalon ,  au  contraire ,  doit  etre  choisi  de  hnute 
taille,  d'une  belle  structure,  et  toutes  scs  propor- 
tions  doiventetre  en  harmonie.  Un  poulain  pro- 
metde  devenir  beaucheval,  s'il  a  la  tetepetite, 
les  membresbien  attaehcs,  les  yeuxnoirs,  les  na- 
scaux  ouverts,  les  oreilles  bien  plantees,  le  cou 
large  et  souple,  la  criniere  fournie,  brune  ,  frisce, 
d'un  crin  soyeux ,  et  qui  rclombe  du  cote  dioit; 
le  poitrail  plcin  et  dcveloppe  ,  les  epaules  fortes , 
le  ventre  ei'l'ace,les  rcins  serres  par  ie  bas,  le 
dos  large,  repine  douhle,  et  le  moins  possible 
en  saillie  ;  la  queue  ample  et  legerement  frisee  , 
les  jamhcs  droites,  egales  et  plutot  longues  ;  les 
genoux  arrondis,etroitsetsurtout  point  cagncux; 
la  conie  dure,  ct  le  corps  parseme  de  pctites 
veiiies  qui  s'apercoivent  au  tiavers  de  la  pcnu; 
circonstanee  qui  rend  son  traitement  beaueoup 
plus  facile  en  eas  de  maladie.  L'origine  du  clie- 
val  est  un  point  de  la  derniere  importance  ,  car 
il  y  a  des  races  sans  nombie.  Les  plus  estimees 
prennent  le  nom  des  contrces  dont  elles  sont 
origlnnires;  ainsi  on  dit  en  Grcce  la  lace  thes- 
salicunc  ou  de  Thessnlie  ,  et  ehcz  nous  les  rnecs 
apulicune,   roseanicnne,   dApulie,  de   Rosea. 


rpniovent  a  matre.  Pro!(imo  anno  noclibiis  paliiintnr  esse 
cum  liis,  et  leniler  capisliis,  aliave  qna  re  liabent  vin- 
ctos.  Terlio  aniio  doinare  incipiiint  ad  eas  res,  ail  quas 
qnisque  eos  vull  lialiere  in  nsu.  Relini]uitnr  dc  iiiiinero, 
quoruni  gregesnon  sane  riunl,nisi  ii,  qui  oneraporlent : 
ideo  qiiod  plerique  dedncunliir  ad  molas ,  aul  ad  agriciil- 
turam,  ubi  quid  veliendiim  cst;  aut  eliam  ad  arantiiim, 
iihi  levis  est  lerra,  ut  in  Campania.  Greges  fiunt  feie  nier- 
calorum ,  ut  eoriini  qni  e  Biundisino,  aut  .\ppulia  ascllis 
<l()ssuariis  comportaiil  ad  mare  oleum  aut  vinum,  iteiu- 
que  rrumentum,  aut  quid  aliud. 

VII.  Lucienus  :  E;;o  quoque  adveniens  aperiam  carre- 
res,  inquit,et  equosemittere  incipiam,  nec  solum  inaics, 
qiios  admissaiios  babco,  ut  Atlicus  singulos  iu  loeminas 
(ienas  ,  e  queis  foeminas  Q.  Modiiis  Equiculus  vir  loitis.si- 
iiiiis  etiam  patrc  mililaii  jiixla  ac  mares  liabere  solebut. 
Horumc(|uoruin,  et  equariimgregesqui  babere  voliierint, 
ut  babent  aliqiii  in  1'eloponneso,  ct  in  Appulia,  primum  spe- 
ctareoportet  aclatem,  qiiain  pra^cipiunt  videndum  nesint 
miiiores  triin.ie ,  majorcs  decem  annornm.  .Elas  cognosci- 
tur  eqniHuni ,  el  fere  oiniiium  qiiic  ungulas  indivisas  lia- 
bent ,  et  etiam  corniiloriim ,  quod  equus  triginta  mensiuin 
primum  dcntes  medios  dicitiir  amilteic,  duo  .superioics, 
tolidein  inferiores.  Inripicntcs  (|uartuin  agere  aiiniim 
iiidcm  ejiciunt,  ct  totidem  proximos  eoruin  quos  amise- 


nint ,  et  iiici|tiiint  iiasci  (juos  vocaiil  coliinicllares.  Qiiinlo 
aniio  iiicipienti  ilcm  eodcm  niodo  ainiltere  binos.  Qiios 
cavos  liabent  tum  renascentcs  eis,  scxto  anno  implcre, 
seplimo  omnes  babcre  solcnt  renatos,  et  complelos.  Ilis 
majores  qui  sunt ,  intelligi  negant  posse.  I'ia?tcrqiiam  ciiin 
dentcs  .sint  facti  brocchi ,  et  supercilia  caiia,  et  siib  ea  la- 
cuna;,exobservaludicunteum  equiim  habcreannos  .sede- 
cim.  Forma  esse  oportet  magnitudine  media,  quod  ncc 
vaslas  nec  minulas  dec.cl  esse  equas  :  cliinibus  ac  Tcntri- 
hiis  latis.  Eqiios  ad  admissuram  quos  velis  habeie,  lcgiTc 
oporlet  amplo  corpore,  formosns,  nulla  parte  corpiiris 
inler  se  non  congriieiiti.  Qualis  fiiturus  sit  equiis ,  e  piillo 
coiijcclari  potesl,  si  caput  liabet  non  magnum,  nec  mcni- 
bris  confusis  :  si  est  oculis  nigris ,  narihus  non  angustis , 
auribiis  applicatis^,  ((^crvice  niolli,)  non  aiigusla,  jiiha 
crebra,  fiisca,  subctispa,  snbleniiihus  setis,  implicata  iii 
dcxtiMiorem  parteni  ccrvicis,  pectns  latum  ct  plciiiim, 
bumeris  latis ,  Tenlre  modico,  lumbis  deorsuiii  versiini 
pressis,  scapulis  latis  ,  spina  maximc  duplici;sin  minus, 
nnn  cxtaiiti ,  coda  ampla  subcrispa,  criiribus  lectis  aequa- 
libus,  potius  figuraallis,  genihiis  lotiindis,  nec  maguis, 
iiec  iiilroveisus  spcctanlibus,  Hngiill.s  diiiis  :  toto  corpora 
ut  liahcat  venas,  qu.x  animadverli  possint,  quod  qui  liii- 
jnsceniodi  sil ,  cl  ciini  cst  agcr,  ad  medenduiii  est  app<isi- 
tus:  corpore  miillo.  De  sUrpc  iii.igiii  inlerest  quasint, 


VARP.ON. 


U!i  bon  augure rlans  un  jeune  elieval,  c'est  io;s- 
qu"en  paissnnt  avec  les  autres,  il  se  montre  em- 
pressc  a  disputcr  la  superiorite  a  la  coursc  ou 
dans  toufe  nutre  circonstance;  ou  bien  encore 
lorsquVn  traversant  un  fleuve  il  devaiicc  tous 
les  autres  a  la  tete  dutroupeau,  sans  rciiarder 
derriere  lui.  L'achat  dcs  chevaux  se  f;iit  a  peu 
pres  de  la  raeme  maniere  que  celui  des  boeufs 
et  des  ^nes ;  et  la  propriete  en  change  de  mains, 
a  peu  pres  dans  les  formes  qu'on  trouve  consi- 
gnees  dans  le  livre  de  Manilins.  II  n'y  a  pas  de 
meilleure  nourriture  pour  les  chevaux  que 
rherbe  dans  les  prcs,  le  foin  sce  a  rccuric.  Lors- 
qu"une  cavalc  a  pouline ,  il  faut  ajouter  de  Torge 
a  sa  provende,  et  la  faire  boire  deux  fois  par 
jour.  Quant  a  la  propagation,  Tepoque  de  la 
monte  est  de  rcquinoxe  du  printemps  au  sols- 
tice,  afin  que  les  juments  puissent  mettre  bas  en 
temps  propice  pour  le  poulain,  qui  vient  au 
moude  le  dixieme  jour  du  douzieme  mois  apres 
I'aecoupIement.  Les  chevaux  qui  provienncnt 
d'une  conception  postcrieure  a  repoque  mar- 
quee  sont  en  general  defectueux ,  et  plus  ou 
moins  impropres  a  Tusage  qu'on  se  propose  d'eu 
faire.  Ainsi,  des  quc  le  printemps  sera  venu,  le 
peroriga  devra  presenter  Tetalon  a  la  jument 
deux  foispar  jour.  OnappeIle^)fro/v"i7«eelui  qui 
estcharge  de  faire  accoraplir  aux  chevaux  ractc 
gen^rateur.  Sa  presence  est  neL'essaire  pour  te- 
nir  les  cavales  o.  Tattache,  afln  qu'elles  soient 
saillies  plus  promptement,  et  que  Tetalon  ne 
perde  point  sa  sempiice  par  exces  d'ardeur. 
Quand  les  juments  se  defendenl  de  i'approche 
du  mflle  ,  c'est  un  averiisseraent  qu'clles  ont  ete 
suffisamment  saillics.  Si  Tetalon  montre  quelque 
repugnance  ponr  lajument,  ou  frotle  lesparties 
naturelles  de  celte  deriiiei'e,  au  moment  de  ses 
pertes  annuelles ,  aveede  la  moelle  d"oignou  ma- 


rio  pilce  dans  Teau  jusqu'i'(  ce  qu'eHeait  acquis 
la  densite  du  miel ;  puis  ou  les  fera  flairer  a  Vi,- 
talon.  Je  citerai  a  ce  propos  un  fait  incroyable, 
mais  qui  n'en  est  pas  moins  reel.  Un  etalon  se 
refusait  obstinement  asaillir  sa  mere.  he  pero- 
?7V/rt  s'avisa  de  luicouvrir  latcte,  le  ramenaen 
cct  etataupres  d'clle,  et  racconpleraent  eut  lieu. 
Mais  on  n'eut  pas  plut6t  cnleve  le  bandeau  qui 
cachait  les  yeux  de  ranimal,  qu"il  se  jeta  sur 
\e  jieiv?iffa ,  et  le  dechira  a  belles  dents.  Quand 
les  cavales  sont  pleines ,  il  faut  les  mcnager  au 
travail ,  et  ne  pas  les  exposer  au  froid ,  ce  qui 
leur  serait  fatal  pendant  la  gestation.  Par  ce 
motif,  il  faut  preserver  de  toute  humidite  le 
sol  de  leurs  ecuries,  et  tenir  closes  portes  et 
fenetres.  On  adaptera  aussi  dc  longues  harres 
aux  mangeojres  pour  separer  les  cavales,  et  les 
empccher  de  se  battre  entre  elles.  Pendant  tout 
letemps  de  leur  portee,  il  ne  faut  pas  quelles 
soicnt  poussees  dc  nourriture,  ni  qu'elles  souf- 
frent  de  la  faim.  II  y  a  dcs  personnes  qui  ne 
font  saillir  les  cavales  que  de  deux  annees  Tune : 
lcs  mercs,  disentils,  s'en  conservent  plus  long- 
temps ,  et  les  poulains  en  sont  plus  forts.  Sui- 
vant  eux,  il  en  est  des  cavales  comme  des  terres 
qu'on  ne  laisse  pas  rcposer :  eette  production  con- 
tinue  lescpuise.  Les  poulainsde  dix  jours  vont 
paitre  avec  leur  mere.  Evitez  qu'ils  stalionnent 
dans  l"etable,  dont  le  fumier  brule  leurs  sabots 
delicats.  Acinq  mois,  on  leur  doune,  chaque  fois 
qu'ils  rentrent  a  rccurie,  de  la  farine  d'orge 
avec  du  sou ,  ou  toute  autre  production  vegetale 
de  leur  gout,  A  Tage  d'un  an,  on  leur  doune  de 
rorge  en  nature  ct  du  son ,  jusqu'a  ce  qu'ils  ne 
tettent  plus ;  ce  n'est  qu'apies  deux  ans  revolus 
qu"on  lcs  sevrc.  De  temps  a  autre  il  faut  lcs 
flattcr  de  la  main  pendant  qu'ils  sont  avec  la 
mere,  afin  que  plus  tard  ils  ne  s"effarouchent 


quoil  genera  sunt  nniUa.  Itaque  ad  lioc  nobiles  a  regioni- 
bus  dicuntur,  in  Gracia  Tliessalici  equi,  a  terra  Appuli,  ab 
Rosea  Roseani.  Equi  lioni  futuri  signa  sunt,  si  cum  grega- 
libus  in  pabulocontendit  in  cuirendo,  aliave  qua  re,  quo 
potior  sit:  .«i,  cum  ilumen  Irajiciendum  est,  gregi  in  |)ri- 
mis  prcPgreditur,  ac  non  respectat  alios.  Emlio  equina  si- 
milis  lere  ac  boum ,  et  asinorum ,  quod  eisdem  rebus  in 
emtione  dominum  mulant ,  ut  in  Manilii  actionibus  sunt 
perscripta.  Eqninam  pecus  pascenduni  in  pralis  potissi- 
mum  berba;  in  stabulis  acpraesepibus,  arido  fmio.  Cum 
pepererunt,  ordeo  adjecto  bis  die  danda  aqua.  Horum  foe- 
turae  initium  adjiiissionis  facere  oportet  ab  .'cquinoctio 
vernoad  solsUUum,  ul  partus  iduneo  tempore  fial.  Duo- 
decimo  enim  mense,  die  decinio,  aiunt  nasci.  Quai  post 
tenipus  nascuntur,  fere  viliosa,  alque  inuUIia  existunt. 
Admittere  oporlet,  cum  tempus  anni  venerlt,  bis  in  die, 
mane  et  vesperi  per  origam.  Is  ita  appellalur,  quiqui  ad- 
miltit.  Eo  enim  adjutanle  equae  alligata;  celerius  admit- 
tuntur,  neque  equi  frustra  cupiditale  impulsi  senien  eji- 
?iunt.  Quoad  saUs  sit  admitU,  ipsa;  siguilicaut,  quod  se 
i^erendunt.  Si  (aslidium  salieudl  csl  ,  scilla>  mediuin  con- 


terunl  cum  aqiia  ad  mellis  cra.ssitudinem  :  tum  ea  re  na- 
tiiram  eiiua;,  cum  nienses  feiunt,  tangunt;  contra,  ab 
locis  equae  nares  eqiii  langunt.  Tametsi  incredibile,  quod 
usu  venit,  memoriae  mandandum.  Cum  equus  matrem  iit 
salireladduci  non  posset.et  eum  capiteobvoiuto  peroriga 
adduxisset,  et  coegisset  niatrem  inire,  cuni  descendenti 
demsisset  ab  oculis,  ille  impetum  fecit  in  eum,  ac  niordi- 
cus  interfecit.  Cum  coiicepernnt  eqine,  videndum  neaut 
laborent  plusciilum,  aut  ne  frigidis  locis  sint,  quod  algor 
niaxime  prEegnantibus  obest.  Itaque  in  stabulis  ab  Iiumore 
proliibere  oportet  liiimuni,  clausa  habere  osUa,  ac  fene- 
stras ,  et  inler  singiilas  a  prajsepibus  in  terjicere  longiirius , 
qiii  eas  discernant,  ne  inler  se  piignare  possint.  Piveguan- 
tem  neque  impleri  ciho ,  neque  esurire  oportet.  Alteriiis 
qui  admiltant,  diutiiriiioresequas,  et  meliores  pullos  lieri 
dicunt,  itaque  ut  resUbiles  segetes  essent  exuctiores,  sic 
quotannis  quae  piaegnantes  liant.  In  decem  diebus  secun- 
dum  partum  cuin  malribus  in  pabulum  prodigendum.  Ke 
ungiilas  comburat  steicus  cavendum  lenelias.  Quinquc- 
mestribus  pullis  factis,  cum  redacU  sunt  in  slabulum, 
olijiciendiim  farinam  ordeaceam  iiiolitam  ciim  fiirfuribus  ; 


DE  L'AGRICULTURE,  LIB.  IL 


121 


pas  d'eti'etouclies.ParIe  m^memotif,on  siispend 
des  mords  dans  leurs  ecuries,  pour  qu'ils  s'accoa- 
tument,  des  le  jeune  iige  a  en  supporter  la  vue 
et  a  en  euteudie  le  cliquetis.  Lorsque  les  pou- 
lains  auront  pris  rhabitude  d'approcher  quand 
on  leur  tend  la  main ,  il  faudra  de  temps  a  au- 
tre  leur  mettre  sur  le  dos  un  enfant,  qui  d"abord 
s'y  couehe  a  plat  ventre,  et  ensuite  s"y  tient 
assis.  Pourcemauege,  il  faut  que  le  cheval  ait 
trois  ans.  Cest  l"age  ou  sa  croissance  est  faite  et 
ou  il  commence  a  avoir  des  nniscles.  11  en  est 
qui  pretendent  qu'un  eheval  pcut  iHre  drcsse  a 
un  an  et  demi ;  mais  le  plus  sur  est  d'attendre 
qu'il  ait  trois  aus  :  a  partir  de  ce  moment ,  on  lui 
donne  du  fourrage  compose  de  cereales  de  toute 
espececoupeesen  vert;cequiestpourranimal  une 
purgation  tres-salutaire.  il  faut  pendant  dixjours 
le  niettre  a  ce  regime  pourtoute  noui'riture.  Le 
onzieme  jour  on  lui  donnera  dn  Torge,  dont  on 
augmentcra  graduellpraent  la  mesure  jusqu'au 
quatorzieme.  La  ration  de  ce  jour  scrvira  de  bise 
pour  les  dix  suivants.  II  faut  lui  faire  prendre 
ensuite  un  exercice  modere ,  le  frotter  d'huile 
qiiand  il  sera  en  sueur,  et,  si  le  temps  cst  froid, 
alhimer  dii  feu  dans  recurie.  Parmi  les  jeunes 
chevaux,  Ics  uns  sont  plus  propres  pour  la 
guerre  et  les  autres  pour  les  transports,  ceux- 
ci  pour  la  monte  et  ceux-la  pour  la  course,  ou  a 
la  voiture.  II  s'ensuit  qu'il  faut  varier  entre  eux 
les  soins  de  redueation.  Lhomme  de  guerre 
choisit  et  dresse  les  ehevaux  suivant  descondi- 
tions  tout  nutres  que  recuyer  ou  le  conducteur 
des  chais  du  cirque.  On  comprendra  egalement 
que  le  cheval  qu'on  destine  au  transport  a  dos 
doit  etre  dresse  d'autre  facon  que  le  cheval  de 
selle  ou  de  trait.  Ou  veut  sur  le  champ  de  ba- 

et  si  f]uiil  aliuil  tena  natuin  libenter  edent.  Aiiniciilis  jam 
faetis  lianduni  ordeimi  ct  finfiiies,  usque  qiioad  eiunt 
laclenfes.  Neque  prius  bicnnio  conrecto  a  lacte  lemoven- 
diim.  r:o,si]Meiiiiii  slenl  cum  iiiatiihiis,  intcidiim  traclan- 
diini ,  ne  ciiiu  siiil  ilijuiuli , exlen'eantur.  Eadeuvi]iie causa 
ibi  frenos  snj.|ii'nilendnni,  ut  equuli  consnescant  et  videre 
eoriim  faciem ,  et  e  motu  audire  crepitiis.  Cum  jam  ad  nia- 
nus  accedere  consuerint ,  interdum  iiiiponeie  iis  puerum  , 
bis  autter  proniiinin  ventrem,  poslea  jamsedentem.  H;ec 
facere  cuni  sil  trinius ;  tura  enim  maxiinc  ciesceie ,  ac  la- 
certosum  fieri  Sunt  qui  dicanl  postannum  elsex  menses 
equuliim  domaii  posse,  sed  melius  post  trimum.aquo 
tempore  fariago  daii  solet.  Hicc  eniin  purgatio  maxinie 
necessaria  eqniuopecori.  Quud  diebus  dccem  facere  opor- 
tel,  nec  pati  aiium  nllum  cibum  gustare.  Ab  undecinio 
die  iisi|ue  ad  quartiim  decimum  dandum  oideum  ,  quoti- 
die  adjirientem  minntatim.  Quod  quarto  die  fereris,  in  eo 
decein  diebus  proximis  manendum;  ab  co  tempore  nie- 
diocriter  exercendiim  :  et  cum  sndarit,  pernnguendum 
oleo.  Si  frigus  erit,  in  cquili  facicndiis  igni.s.  Equi  quod 
alii  sunt  ad  rem  militarem  idonei,  alii  ad  vectiiiam,  alii 
ad  admissuram,  alil  ad  cursuram,  alii  ad  rliedain,  non 
iteni  siint  spectandi  atque  babendi.  Itaque  peritus  belli 
fllios  eligit,  atqnealil,  ac  docel  :  alitcr  qiiadrigariii.s,  ac 


taille  un  coursier  plein  de  feu.  Pour  faire  roiite, 
on  prefere  un  cheval  paisihle.  Cest  alin  de  fr- 
pondre  a  cette  diversite  de  vues  que  Ton  a  ima- 
gine  de  chatrer  les  chevaux.  Prlve  de  ses  testicu- 
les,  et  consequemment  de  liqueur  seminale  ,  Ta- 
nimal  devient  plusmaniable.  On  appelle  canterii 
les  chevaux  chatres ,  de  meine  que  inaiales  Ics 
porcs,  et  capi  les  coqs  rendus,  par  cette  opera- 
tion,inipropresalapropagatioude  respece.  Quant 
a  la  medeciiie  des  chevaux,  la  multitude  dcs 
raaladies  et  la  diversite  des  symptomes  en  ren- 
dent  la  science  tres-compliquee;  et  il  est  indis- 
pensable  que  le  chef  d'un  haras  en  ait  les  diffe- 
rentes  prescriptions  couchees  par  ecrit.  Cest  ce 
qui  nous  explique  pourqiioi  les  Grees  appelleiit 
iTrTTioiTpot  (medecins  des  chevaux)  ceux  qui  trai- 
tent  les  maladies  du  betail  en  general. 

Vill.  Pendant  ce  discours,  un  affranchi  de 
Meuate  vint  nous  avertir,  de  la  partde  son  mai- 
tre,  que  les  iiba  etaient  acheves,  et  que  tout 
ctait  pret  pour  le  sacrilice  :  ceux  qui  voudraient 
y  prendre  part  n'avaient  done  qu'a  venir.  Quant 
a  moi,  m't;criai-je,  je  ne  vous  laisse  point  partir 
que  vous  ne  m'ayez  donne  le  troisieme  acte  dans 
lequel  figurent  les  mulets,  leschiens  et  les  paties. 
Eii  ce  qui  touchc  les  mulets,  dit  Murrius,  il  y  a 
pcu  a  dire.  Les  mulets  et  les  bardeaux  sont  des 
batards  engendres  de  deux  especes  differentes, 
et  entes  pour  ainsi  dire  sur  une  soucbe  hetero- 
gene  ,  puisque  le  mulet  provient  d'une  cavale  et 
d"uniine,  et  que  le  bardeau  est  le  produit  d"un 
clieval  et  d'une  anesse.  Tous  deux  sont  de  bon 
usage,  niais uuls pour  la  propagation.  On  fait  nour- 
rir  un  anon  nouveau-ne  par  une  jument ;  il  en  de- 
vient  plus  fort ,  car  le  laitde  jumeut  est  meilleur 
que  celui  d'anesse ,  et ,  dit-on ,  que  tout  autre  lait. 

desuUor.  IVeque  itcm,  qui  vectarios  faceie  vult;  neque 
eodeni  modo  parantiii-  ad  epliippium,  ant  ad  liiedam  : 
qiiod  iit  [ad  leni  militaivm,  qiiudj  ibi  ad  castra  babere 
voliint  ac.ies,  sic  contra  in  viis  habere  maluut  placidos. 
Propter  quod  disciimen  maxinie  institntuin ,  nt  castien- 
tur  equi.  Demptis  enim  teslicnlis  fiunt  quietioies,  (et) 
ideo  quod  seinine  carent;  ii  canlorii  appellaiitur,  ut  in  su- 
bns  maiales;  in  gallis  gallinaceis  capi.  De  medicina,  vel 
plininia  sunt  in  equis  el  signa  nioiborum,  et  ^enera  cu- 
ralioniim,  qunc  pastorem  scripta  liabeie  oportet.  Itaque 
ob  lioc  in  Givccia  potissimum  medici  pecorum  iTtMiaTpoi 
appellati. 

VIII.  Cum  li.TC  loquercmiir,  venitaMcnate  lihertns, 
qui  dicat  iibaabsoluta  esse,  et  rem  divinam  paratam ; 
si  velleut ,  veniicnl  illuc ,  et  ipsi  pro  se  sacrilicarenliir.  Ego 
vcro,  inquam,  vos  ire  non  paliarante,  quam  niilii  rcd- 
dideritis  tertiumactum  de  niiilis,  de  canibiis,  de  pasto- 
ribiis.  lirevis  oralio  de  i.stis,  inqnit  Murrius.  iVam  miili 
ct  liiuni  bigeneri,  alqiie  insiticii,  non  suopte  geuere  ab 
radicibus.  £x  equa  cnim  et  a.-:ino  fit  muliis.  Contra  e\ 
eqiio  et  asina  liinnus.  Uteique  eornm  ad  iisum  utili.s,  par- 
tus  fructu  neuter.  Pullum  asininuin  a  parlu  recenlem  snb- 
jiciimt  eqii.T,  ciijus  l.icte  ampliores  liuiit,  quod  id  I.icte 
quam  asininiiin,  ac  alia  omnia  dicunt  csse  mcliiis.  Prio- 


VAr.FxON. 


Plus  tard  ou  lui  donne  pouruourritiiie  de  la  paille. 
La  nourriee ,  nou  plus ,  ne  doit  pas  etre  negligee  : 
caril  faut  qu'elle  allaitc  concurremmentson  pro- 
prc  poulain.  L'ane,  eleve  de  cette  manierejusqu'a 
riige  de  trois  ans,  peut  etre  employe  a  saillir  les 
cavaies,  et  ne  les  dedaignera  point,  habitue  quil 
est  de  vivre  toujours  au  railieu  d'elles.  L'employer 
plusjeuue  serait  le  faire  vieillir  plus  tot;  et  il  ne 
donneraitque  de  faibles  produits.  Au  dL-fautd'a- 
nes  eleves  par  des  cavales,  on  choisit,  pour 
etalon,  le  plus  grand  et  le  plus  fort  qu'on  peut 
trouver.  II  fautsurtout  qu'il  soitde  boniie  race, 
de  celle  d'Arcadie,  par  exemple,  si  Ton  s'en  rap- 
porte  auxanciens,  ou,  suivantnotre  propre  ex- 
perience,  de  celle  de  Reate,  oii  Ton  vient  les  cher- 
cher  de  trois  cents  et  raeme  de  quatre  cents  mil- 
les  de  distance.  On  achete  les  &nes  absolument 
comme  les  chevaux.  Ce  sont  les  raemes  stipula- 
tions  et  les  memes  garanties.  On  les  nourrit  prin- 
cipalement  d'orge  et  de  foia,  dont  on  augmente 
la  mesure  quelque  temps  avant  la  raonte,  pour 
leur  donner  plus  de  vigueur.  Quant  a  Pepoqne  oii 
le  peroriga  devra  donner  les  anes  aux  juments, 
elle  est  absolument  laraeme  pour  les  etalons  des 
deux  especes.  Le  mulet  ou  la  mule,  produit  de 
raccouplement ,  devra  etre  eleve  avec  soiu.  Les 
mulets  nes  en  pays  humides  et  marecageux  ont 
la  corne  du  pied  molle ;  mais  quand  on  a  soin 
de  leur  faire  passer  rete  sur  les  montagncs, 
comme  c'est  la  coutume  daus  le  Rentc,  clle  ac- 
quiert  un  degre  de  durete  sans  pareille.  L'tige et  la 
forme  sont  a  cousiderer,  pour  qui  veut  former 
un  troupeau  de  mulets.  L'Sge,  afin  qu'ils  soient 
de  force  a  porter  une  charge  ;  la  forme,  afin  que 
l'oeil  trouve  plaisir  a  les  contempler.  Un  couple 
de  mulets  atteles  peut  tirer  toute  espece  de  voi- 


ture.  Ilomme  de  R6ate,  contiuua  Murrius  en  s'a- 
dressant  a  moi ,  je  pourrais  donner  mon  opiniou 
comme  autoritesurcettc  matiere;  raais  vousavez 
eu  vous-meme  des  troupeaux  de  cavales  dans 
vos  domaines,  et  vous  vousetes  fait  uu  revenu 
des  mulets  que  vous  en  avez  tirc.  Le  bardeau 
(/liniius)  est le  produit  d'un  cheval  et  d'une  anesse ; 
il  est  moins  graud  et  plus  roux  que  le  mulet, 
ressemble  au  cheval  par  les  oreilles,  et  a  r;ine 
parla  criniereetlaqueue.  Ilest,comme  le  eheval, 
un  au  dans  le  ventre  de  sa  mere ;  et  c'est  aussi 
aux  dents  qu'on  reconnait  son  ^ge. 

IX.  Mnintenant,  dit  Atticus,  il  ne  nous  reste 
plus  a  parler  que  des  chiens,  race  interessante, 
pour  nous  autres  surtout  qui  elevons  des  ani- 
maux  ii  laine.  Le  chien  est  le  gardien  du  betail 
eu  g^neraj ;  mais  il  est  le  defenseur  uaturel  des 
brebis  et  des  chevres.  Le  loup  est  la  saus  cesse 
qui  les  guette,  et  nous  lui  opposons  les  chiens. 
Quant  aux  animaux  portant  soie,  verrats,  porcs 
ch^tres  et  truies,  ils  tiennent  du  sanglier,  dont  la 
dent  est  si  meurtriere  a  nos  chiens  dans  les 
chasses,  et  ont  tous  de  quoi  se  defendre.  Que  di- 
rai-je?  l!n  loup ayant  un  jour  paru  au  railieu  d'un 
troupeau  de  mulets  au  paturage,  ceux-ei  aussi- 
tot,  par  un  mouvement  instinctif,  forraerent  uu 
cercle  autour  de  lui,  et  le  tuercnt  a  coup  de 
pieds.  Quant  aux  taureaux ,  ils  se  serrent  eroupe 
contre  eroupe,  presentaut  au  loup  |ps  cornes  de 
touscotes.  Pour  en  revenir  a  raon  sujet,  il  y  a 
deux  especes  de  chiens  :  d'abord  les  chiens  de 
chasse  qui  sout  dresses  pour  la  bete  fauve  etle 
gibier,  et  les  chiens  de  garde  qui  sont  de  la  de- 
pcndance  du  berger.  Je  me  borne  a  traiter  de 
ces  derniers,  en  suivant  les  neuf  divisions  me- 
thodiques  que  vous  avez  indiquees  pour  le  re- 


teiea  ediicant  euin  paleis  foeno,  ordeo.  Matii  siippositicia! 
qnoque  inserviiint,  quo  equa  ad  ministeiium  lactis  cibum 
pullo  pivTbere  possit.  Hic  ita  eductus  atrimo,  potest  ad- 
mitti.  Neque  enim  aspernatur,  piopter  consuetiidinem 
equinani.  Hunc  minorem  si  admiseris ,  et  ipse  citius  sene- 
scit,  et  quK  e\  eo  concipiuntur  liunt  deteriora.  Qiii  non 
habent  euin  asinum  quem  supposueruntequa>  ,et  asinum 
admissarium  babere  voliuit,  deasinis  quam  aniplissimum 
formosissimumque  possunt,  eligunt.  Quique  seminio  na- 
lus  sit  bono ,  Arcadico ,  ut  antiqui  dicebant ,  ut  iios  experti 
sumus,  Reatino  :  ubi  tiecenis  ac  quadrigenis  millibus  ad- 
missarii  aliqiiot  venierunt.  Quos  einimus  item  ut  equos, 
stipiilamurque  in  emendo ,  ac  facinms  in  accipiendo  idem , 
quod  dictum  est  in  eqiiis.  Hos  pascimus  piaecipue  foeno 
atque  ordeo,  et  id  anlj!  admissuiam  largius  facimus,  ut 
cibo  suffundamus  vires  ad  foeturam.  Eodem  lempore, 
quo  equos  adducentes,  iidemque  ul  ineant  equas  perori- 
gas  curamiis.  Cuin  peperit  equa  mulum,  autniulam,  nu- 
tiicantes  edur^miis.  Hi,  si  in  palustribus  locis  atqiie  uli- 
ginosis  nati,  liabent  ungulas  molles  :  iidcm  si  exacti  sunt 
pcstivo  tempore  iii  montes,  quod  fit  iii  agro  Iteatino,  du- 
rissimis  ungiilis  fiunt.  Ingiege  mulorum  parando  speclanda 
(Clas  el  foi ina.  Altei uni ,  iil  vectuiis  siilTei rc  laborcs  pos- 


sint;  alterum  ut  oculos  aspeclu  delectare  qneant.  Hisce 
euini  binis  conjunctis  omnia  vcliicula  in  viis  ducuntur. 
Haec  me  Rcatiiio  auctore  probares,  inilii  inquit,  nisi  tu 
ipse  donii  equarum  gieges  baberes,  ac  mulorum  giegcs 
vendidisses.  Hinnus  qui  appellatur,  est  ex  equo  et  asina, 
minor  quani  mulus  corpore,  plerumque  rubicimdior,  au- 
ribus  ut  eqiiinis,  jubam  et  caudam  siuiilemasini.  Item  in 
ventre  est  (iit  cquus)  menses  duodecim.  Hosce  item  iit 
equulos  et  educunt,  et  alunt,  et  a-tafeni  eoium  ex  deiili- 
bus  coguoscunt. 

IX.  Relinquitur,  inquit  .Mlicus,  de  quadrupedibus, 
quod  adcanesattinet,  maxime  ad  nos,  qui  pecus  pasci- 
mus  lanare.  Canis  cnim  ita  custos  pecoris,  ul  ejiis,  quod 
eo  comite  iiidiget  ad  se  ilelendendum.  In  quo  geneic  sunt 
maxiiueoves,  deinde  capraj.  Hasenim  lupus  captare  so- 
let,  cui  opponimus  canes  defensoies.  In  suillo  pecore 
tamen  .Sunt,  qua;  se  vindicent,  sues,  verres,  maiales, 
scrofa;.  Prope  enim  baec  apris,  qui  insilvis  sa>pe  dentibiis 
canes  occideiunt.  Quid  dicam  de  pecore  majore?  cum 
sciam  mulorum  gregem  cum  pasceretur,  eoque  veiiisset 
lupus,  ultro  inulos  circumlluxisse,  et  ungulis  cajdeudo 
eum  oci  idisse  ?  et  tauros  solere  diversos  assistere  cluni- 
bus  continualos ,  et  cbrnibus  facile p ropulsarc liipos ?  quare 


DE  UAGRICULTIRE,  LIV.  \l. 

gime  g^nei-al  des  bestiaux.  II  faut  d'aboi-d  choi- 
sir  des  chicns  d'age  convenable.  Tiop  jeuiies  ou 
trop  vieux,  loin  de  defendre  les  biebis,  ils  ne 
peuvent  se  defendre  eux-memes,  et  deviennent 
In  proie  des  animaux  feroces.  Quanta  rexterieur, 
prenez-les  de  belle  forme ,  de  grande  taille ,  avec 
les  yeux  noirs  011  roux,  les  narines  de  meme 
couleiir,  les  levres  rouges  en  tirant  siir  le  noir, 
ni  trop  retroussees ,  ni  trop  pendantes.  Oii  exa- 
minera  encore  s'ils  ont  les  mrtchoires  allongees  ct 
garnies  de  qnatre  dents,deux  en  bas,  et  deux 
en  haut;  celles  d'en  bas  saillantes  en  deliors  de 
la  gueulc  ;  celles  d'en  haut  droites,  perpendicu- 
laires,  moinsapparentcs,  raaiscgalementaignes, 
et  recouvertes  en  parties  pnr  les  levres.  II  est 
essentiel  eneore  que  les  chiens  aient  ia  tete  forte, 
les  oreilles  longues  et  souples,  le  cou  gros  et 
bien  attache,  les  joiutures  des  ergots  ecartees  les 
unes  des  autres,  les  cuisses  droites,  et  tournees 
plus  en  dedans  qu'en  dehors ;  les  pattes  larges 
et  le  pas  broyant ,  les  doigts  ecartes ,  les  ongles 
durset  recourbes ,  la  plante  du  pled  molle,  et 
pour  ainsi  dire  dilatable  comme  du  levain ,  et 
non  pas  dure  comme  de  la  corne;  le  corps  eflile 
au  point  de  jonction  des  cuisses,  repine  du  dos 
ni  saillante  ni  convcxe,  la  queue  epa/sse,  la 
voix  sonore,  la  gueule  bien  fendue,  et  le  poil  blanc 
de  prefcrence,  afin  qu"on  puisse  facilement  les 
distinguer  des  betes  fauves  dans  l'obscurite  de 
la  nuit.  On  veut  aux  chiennes  de  grosses  tettes 
de  dimension  egale.  La  race  des  chiens  est 
encore  uue  cliose  a  considerer.  II  y  a  cclle  de 
Laconic,  celle  d'Epire,  celle  de  Salente,  ainsi 
deslgnees  des  pays  d'ou  clles  tirent  leur  origine. 
Voulez-vous  acheter  des  cliicns,  ne  vous  adres- 


sez  ni  aux  bouchers ,  ni  aux  chasseurs  de  pro- 
fession.  Les  chiens  dc  boiicher  ne  sont  point 
dresses  a  suivre  le  betail ;  et  les  chiens  de  chasse 
laissent  lii  les  brebis  pour  courir  apres  le  pre- 
mier  lievre  ou  ccrf  qui  vient  a  passer.  Les  meil- 
lcurs  chiens  sont  ceux  qu'on  achete  a  des  ber- 
gers,  et  qui  sont  deja  drcsses  a  suivre  les  trou- 
piaux,  ou  ccux  dont  rcducalion  irest  point 
encore  faite.  Le  chien  |ireiid  facilcment  touto 
habitude  qu'on  veut  lui  donncr,  et  s'attache  plus 
au  bergcr  qu'au  troupeau.  P.  Aufidius  Pontianus 
d'Amiternum  avaitachete  des  troupeaux  de  bre- 
bisau  fondde  rOmbric.  Les  chiens  etaient  compris 
dans  le  marche,  et  les  bergers  devaient  accoin- 
pagner  les  troupeaux  jusqu'a  la  foire  d'Heraclee 
et  aux  bois  de  Mctaponte.  En  consequence,  arri- 
ves  au  lieu  convenu ,  mes  gens  retournerent 
chez  eux  sans  les  chiens.  Mais ,  peu  de  jours 
apres,  ceu\-ci,  regrettant  sans  doute  leurs  ao- 
ciens  maitres,  vinrent  d'eux-memes  les  rejoindre 
en  Ombrie,  a  plusieurs  journees  de  distance  et, 
sans  s'etre  nourris  autrement  que  de  ce  qu'ils 
trouverent  dans  les  champs.  Notez  bien  quau- 
cun  de  ces  bergers  sans  doutc  n'avait  fait  usage 
de  la  recette  recommandee  par  le  livre  de  Sa- 
serna.  <■  Pour  se  faire  suivre  d'un  chien,  on  n'a 
qu'a  lui  dounernne  grenouille  cuite  dans  Teau. « 
II  importe  d'avoir  ses  chiens  tous  de  mcme  race; 
car  cette  espece  d'afliuite  fait  qu'ils  se  soutien- 
neut.  Quant  a  Tachat ,  qui  est  le  quatrieme  dans 
Tordre  des  considerations,  memeforme  de  trans- 
mission  de  la  propriete;  et  memes  stipulations 
de  garantie,  cn  cas  de  rcpetition  ou  de  maladie 
de  fanimal ,  pour  les  chiens  que  pour  tout  au- 
tre  betail ,  sauf  les  exceptions  qui  peuvent  etre 


de  ranihtis,  qiioniam  seneia  diio,  unum  veiiaticum,  el 
perlinet  ad  feias  beslias,  ac  silvesties  :  alterum,  quod 
cuslodia^  caiisa  paratur,  et  pertinet  ad  pasforem  :  dicam 
deeo  ad  formam  arlis  dispnsilam  in  novem  partes.  Prinium 
ietate  idonea  parandi,  quod  catuli  et  vetuli  neqiie  sibi, 
neque  ovibus  sunt  praesidio  ,  et  feris  bestiis  nonnunquam 
pra'dae.  Facie  delient  es.se  formosi ,  magiiitudine  ampla , 
oculis  nlgrantibus  aut  lavis ,  naribus  congriientibus, labris 
subnigris  aut  rubicundis,  neque  resiniis  superioribiis,  nec 
pendulis  subtus,  mento  suppresso,  et  exeocnatis  duobus 
deutibus  dextia  et  sinistra,  paulo  eminulis,  superioribus 
directis  potius,  quain  broccliis  :  acutos,  quos  liabeant, 
lahro  tectos  :  capitibus  et  auriciilis  magnis ,  ac  flari  is  : 
crassis  cervicibus,  accollo  :  intcrnodiis  aiticulorum  lon- 
gis  :  cruribus  reclis,  et  polius  varis,  ipiam  vatiis :  pedibiis 
magnis,  et  altis,  qui  ingredienti  ei  displodantur :  digilis 
discretis  :  iinguibus  duris ,  ac  curvis  :  .solo  nec  ut  coineo, 
pec  nimium  duro,  sed  ut  fermeiitato,  ac  molli :  a  feuii- 
nibus  siimmis  corpore  siippresso  :  spina  neque  eminula , 
neqiic  curva  :  cauda  crgssa,  latratu  gravj ,  hiatu  magno  ; 
colure  putissimum  albo,  qiiod  in  tenebris  specie  leonina. 
Pia'teiea  fumiiias  voluiit  esse  mammosas  a-qiialilnis  pa- 
pillis.  llein  videudum,  uf  lioni  seminiisint.  Itaqiie  aregio- 
pihiis  appellantur  Lacones,  Epirotici,  Sallentini.  Videii- 


diini  nea  venstnribus,  aiit  laniis  canes  emas.  Alteri ,  qiind 
ad  pecus  sequendum  iiiertes.  Alteri,  si  viderint  iepnrem, 
aut  cervum,  [quod]  eiim  polius,  quam  oves  spqneutiir. 
Quare  aut  a  pastoiibiis  emta  melior,  qua;  oves  se^pii  c«u- 
siievit :  aut  sine  nlla  consuetudine  qu;e  fuerit.  Caiiis  eiiim 
facilius  quid  assiiescit,  eaque  cnnsuetudn  lirmior,  qua;  sit 
ad  pasfores,  quam  qiiiEad  pecudes.  P.  Aulidiiis  Poiilianus 
Amiterninus,  cum  greges  ovium  emisset  in  Umbria  ul- 
tima,  qiiihus  gregibus  sine  pasforibus  caiies  accessisseiit ; 
paslores  iit  deducerent  in  Metapontiiios  saltus,  et  Hera- 
cleai  empnrium  :  inde  eum  dnmiim  redissenl,  qui  ad  lo- 
cuin  deduxeraut,  e  desiderio  liominum  diebus  paiicis 
poslea  caiies  siia  sponte ,  ciim  dierum  multorum  vla  inter- 
esset,  sibi  cx  agiis  cibaria  praebuerunt,  afqiie  in  Umbriam 
ad  pastores  redieriint.  Neque  eoriiin  qiiisquam  fecerat 
qiiod  in  agrioultura  Sasenia  pra^eepit  :  Qui  vellet  se  a 
caiie  sectari,  uli  lanani  nhjirial  cnclam.  Magiii  iiilerest  ex 
semiiie  es.se  caneseodem,  (piotl  cngnati  niaxime  iiiter  se 
siint  pra-sidio.  Seqiiitur  i|uartiim  de  emtioiie  :  lit  allerius, 
ciiin  a  prinie  domino  secuiido  tiaditum  est.  De  sanifalo 
t't  iioxa  stipulatiunes  liiint  easdem,  qna»  iu  pecore,  nisi 
quoil  bic  ufiliter  exceptum  est.  Alii  pretium  faciunt  in  sin- 
gula  capifa  caniim;  alii  iit  caluli  seipiaiifiir  malreni;  alii 
ut  blni  catuli  unius  cauis  numcruni  obfincant,  iit  suleiit 


VARRON, 


utiles.  Qaclques-unsfixent  le  prix  k  tant  par  tete; 
d"autres  introduisent  la  condition  que  les  pefits 
suivront  leur  mere;  d'autres  enfin  stipulentque 
deux  petits  ne  comptent  que  ponr  un  adulte  ,  de 
meme  que  deux  agneaux  pour  une  brebis.  En 
general  on  comprend  dans  le  marche  toiis  les 
chiens  qui  ont  coutume  d'etreensemble.  La  nour- 
riture  du  chien  a  plus  de  rapport  avec  la  nourri- 
ture  de  Thomme  qu'avec  celle  de  la  brebis, 
puisqu'on  lui  donne  des  os  et  des  rcstes  de  table , 
et  non  des  herbes  ou  des  feuilles.  II  faut  avoir  grand 
soin  de  lui  donner  ^  manger ;  autrement  la  faim 
lui  fait  deserter  le  troupeau  et  chercher  sa  vie 
ailleurs.  Parfois  aussi,  pousse  par  le  besoio,  il 
pourrait  dementir  rancien  proverbe,  et  commen- 
ter  la  fable  d'Acteon ,  en  tournant  ses  dents  con- 
tre  son  niaitre.  On  fera  bien  de  leur  donncr  du 
pain  d'orge  detremp6  dans  dulait;  une  fois  ha- 
bitues  a  cette  nourriture,  ils  ne  s"eloignent  pas 
facilement.  Quand  il  meurt  une  brebis,  gardez- 
vous  de  leur  eu  laisser  raanger  la  chair,  de  peur 
qu'ils  n'y  prennent  gout,  et  ne  veuillent  pkis  s'en 
passer  ensuite.  On  donne  du  bouillon  fait  avec 
des  os ,  ou  les  os  eux-memes,  apres  les  avoir 
casses.  Ils  se  fortifient  les  dents  a  rongcr;  et  Ta- 
"vidite  avec  laquelle  ils  cherchent  la  moelle  leur 
elargit  la  gueule  ,  en  donnant  du  jeu  a  leurs  ma- 
choires.  Habituez-Ies  de  bonne  heure  a  prendre 
leur  repas  de  Jour  dans  les  lieux  memes  ou  pait 
le  troupeau,  et  celui  du  soir  dansTetable.  Quant 
a  la  propagation  de  Tespece,  on  fait  couvrir  les 
chiennes  aux  premiers  Jours  du  printemps.  Cest 
repoqueoii  elles  sontenchaleur  (catitliuni).  Une 
chienne,  fecondee  alors,  niet  bas  vers  le  solstice ; 
car  cette  espece  porte  ordinairement  trois  mois. 
II  faut  dans  rintervaiie  ia  nourrir  de  pain  d'orge 


de  pr^ference  a  celui  de  froment,  parce  qu'il  est 
plus  nourrissant  et  donne  plus  de  lait.  Quaut 
aux  petits,  il  faut  tout  d'abord  choisir  dansune 
portee  ceux  qu'on  veut  elever,  et  jeter  les  autres. 
Plus  on  en  iite  a  la  mere,  plus  ceux  qui  restent 
devicnnent  forts,  le  lait  etant  moins  partage.  On 
leur  fait  un  lit  de  paille,  ou  de  quelque  substance 
analogue;  car,  mollement  couches,  ils  prolitcnt 
mieux.  Les  petits  chiens  commencent  a  voir  clair 
au  bout  de  vingt  jours.  On  lcs  laisse  avec  lcur 
mere  pendant  les  deux  premiers  mois ,  et  peu  a 
peu  ils  s'en  deshabituentd'eux-mcmes.  On  dresso 
lescbiensen  en  reunissaut  plusieursqu'on  excite 
k  se  battre  ensemble  :  cet  exercice  les  degourdit. 
Mais  il  ne  faut  pas  le  pousser  au  point  de  les 
fatiguer  et  de  les  affaiblir.  Pour  les  accoutumer  a 
rattache ,  on  commence  par  un  lien  leger,  en 
les  battant  chaque  fois  qu'ils  font  mine  de  le  ron- 
ger,  jusqu"a  ce  qu"ils  en  perdent  rhabitude.  Quand 
il  pleut,  on  garnit  leur  loge  d'herbes  et  de  feuil- 
lagc,  afin  de  les  tenir  propres  et  de  les  preserver 
du  froid.  Quelques-uns  croient,  en  les  chfltrant, 
leur  oter  lenvie  de  s'eloiguer  du  troupeau.  D'au- 
tres  s'abstiennent  dc  cette  operation,  qui,  selon 
cux,  lesenervfi.  II  en  est  encore  qui  leur  frottent 
les  oreiiles  et  rentre-deux  des  ergots  avee  des 
amandcs  pilees  dans  de  Teau,  pour  les  garantir 
des  moijches,  des  liques  et  des  puces,  dont  la 
piqure  engendre  des  ulceres  dans  ces  parties.  On 
empeche  les  chiens  d'etre  blesses  par  les  betes 
feroces,  au  moyen  d'une  espece  de  collier  qu'on 
appelle  »«?//«;« ;c'estunelargezone  decuir  bien 
epais,  qui  leur  cntoure  le  cou.  On  a  soin  de  la 
berisser  de  clous  ^  tele,  de  la  garnir,  en  dcs- 
sous,  d'un  autre  cuir  plus  douillet,  qui  recou- 
vre  la  tete  de  ces  clous ,  et  empeche  le  fer  d'en- 


bini  agniovl.s.  Pleiique  iit  accedant  canes,  qui  consueiunt 
esseuna.  Cibatus  canis  piopior  liominis,  quam  ovis.  Pas- 
citur  enim  e  culinael  ossibus,  non  lierliis  aul  fiondibus. 
Diligenter  ut  liabeant  ciliaiia  providendum.  Fanies  enim 
lios  ad  quffiiendiini  cibum  ducet,  si  non  pisebebitur,  eta 
pecore  abducet.  Nisi  si  (ut  quidam  piifaiit)  etiam  illuc 
perveneiiiit ,  pioverbiiiin  ut  tollant  anliquum  :  vel  etiam 
iit  nieov  aperiant  de  Acfa!one,  atqiie  indominninafferant 
dentes.  Nec  non  ita  panem  ordeaceum  dandum  ,  ut  noii 
potius  eum  in  lacte  des  infrilum,  quod  eo  consueti  cibo 
uti,  apecore  non  cito  desciscunt.  Morticinae  ovis  non  pa- 
tiunturvesci  caine,  ne  ducti  sapoie  minus  se  abstineanf. 
Dant  ef iani  jus  ex  ossibus ,  ct  ca  ipsa  ossa  contusa.  Denles 
enim  facit  lirmiores ,  et  os  magis  pafulum  :  propferea 
quod  vehemenfius  diducuntur  inala?,  aciioresque  liunt 
proptcr  medullarum  saporem.  Cibiim  capere  consuescunt 
inferdiu,  ubi  pascuntur:  vesperi,  ubi  stabulautnr.  De  fce- 
tuia,  principium  admitfendi  faciunt  veris  piincipio  :  tunc 
enim  dicuntur  catulire ,  id  est ,  ostendere  vclle  se  maritari. 
Qiia?  cum  admissK,  pariunt  circifer  solslitio.  Pragnantes 
cnim  solenf  esse  ternos  menscs.  In  fcetura  dandum  pofiiis 
ordeaceos  qiiam  triticeos  panes.  Magis  enim  eo  aluntur,  et 
lactis  prsebent  majorom  faculfalem.  In  nutricatu  seciin- 


dum  partum  si  plures  sunt ,  slatim  eligere  oportet  quos 
habeievelis,  reliquos  abjicere.  Qiiam  paucissimos  relique- 
ris,  tain  optimi  in  alendo  liiint  propfer  copiain  laclis. 
Substernilur  eis  acus.aufqnid  [ltem]aliud,  quod  mol- 
liore  cubili  facilius  educantur.  Catuli  diebus  xx  videre 
incipiunt.  Duoliiis  mensibus  primisa  partu  non  dijungnntur 
a  riiafre,  sed  minutatim  desuefiiint.  Educiint  eos  plures 
in  uniim  locuni  et  irrifantad  pugnaudum ,  quo  fiant  acrio- 
res,  neque  defatigari  patiunfur,  quo  lianf  segniores.  Con- 
sue  quoque  faciunt  ut  alligari  possint,  primum  levibus 
viiiclis  :  quae  si  abrodere  conantur,  ne  id  consuescant  fa- 
cere,  verberibus  eos  deterreie  solent.  Phiviis  diebus  cii- 
bilia  subsfernenda  fronde  aut  pabulo,  duabus  de  causis, 
ut  ne  olillnanlur,  aut  perfrigescanf.  Quldam  eoscastrant, 
qiiod  eo  minus  putant  reliiiqueie  gregem.  Qiiidam  non 
faciunf,  quod  eoscredunt  niinusacres  fieri.  Quidamnuci- 
bus  giKcis  in  aqua  tiitis  perungimt  aurcs ,  ct  inter  digi- 
tos  ;  quod  iiiuseae ,  et  ricini ,  et  pulices  soleant  (si  boc  <in- 
guine  noii  sis  usus)  ca  cxulcerare.  Ne  viiliierenlur  a  besfiis, 
imponunlur  bis  collaria,  quse  vorantur  niellum,  id  est 
cingulum  ciicum  collum  ex  corio  firmo  ciim  clavulis  ca- 
pitafis,  quse  intia  capita  insiiitur  pellis  niollis,  ne  noceal 
collo  duiitia  fcrri.  Quod  si  lupus,  aliusvc  quis  bis  viilne- 


DE  L'AGRICULTUI\E,  LIV.  H. 


tamer  la  peau  du  ehicn.  Du  nioment  quHine  bete 
feroce,  loup  ou  auti-c,a  senti  les  clous  qui  '^'m-- 
nissent  le  collier,  tous  lcs  chiens  du  troupcau, 
avec  ou  sans  collier,  sonta  Tabri  de  ses  atlaques. 
Le  nombre  des  chiens  doit  etre  en  raisoii  de  la 
force  du  troupeau.  D"ordinaire  on  en  eompte 
un  parberger;  maiscette  proportion  peut  varier 
dans  certains  cas.  Si,  par  exemple  ,  les  betes 
ferocesaboiident  dans  le  pays,  il  faut  multiplier 
les  chiens.  Cest  unenecessite  quand  l'on  conduit 
un  troupeau  aquelque  lointaine  station  d'hiver 
ou  d'ete,  et  qu'on  a  des  forets  a  traverser ;  a  un 
troupeau  sedentaire  uu  couple  do  chiens  suffit. 
II  est  bon  que  ce  soit  m<11e  et  femelle  :  ils  en  sont 
plus  attaches,  et ,  par  cnuilation,  plus  hardis. 
D'ailleurs,  si  Tun  des  deux  est  malade,  le  trou- 
peau  ne  chdrae  pas.  Ici  Atticus  reyarda  autour 
de  lui,  comme  pour  dire  :  Ai-je  oublie  quelque 
chose?  Voila  uu  silence,  m'eeriai-je,  qui  appelle 
en  scene  un  autre  intcrlocuteur. 

X.  Va\  cffet,  Tacte  ne  sera  fini  que  lorsqu*on 
uous  aura  instruit  de  tout  ee  qui  concerne  le  per- 
sonnel  des  piitres;  proportions  numeriques  et 
conditions  individuelles.  Cossinius  dit  alors  : 
Pour  le  gros  betail  il  faut  des  hommes  faits ;  pour 
le  menu  ,  des  enfants  suffisent.  Mais  il  faut  plus 
de  foree  physique  chez  les  patres  nomades,  qui 
passeut  leur  vie  par  voie  et  par  chemin  ,  que  chez 
ceux  qui  paissent  leurs  troupeaux  dans  les  envi- 
rons  d'une  ferme  et  rentrent  choque  soir  au  logis. 
Aussi  ne  voit-on  remplir  cetoffice  au  milieu  des 
bois  que  par  des  hommes  dans  la  \  igueur  de  Tage, 
ct  bien  armes ;  tandis  que  pour  le  pacage  seden- 
taire,  il  ne  faut  qu'un  petit  garcon,  de  meme 
qu'unepetite  fille,  pourtout  surveillant.  Dans  les 
paturages  eloignes  les  bergers  doivent  pendant 


lc  jour  rcunir  ct  faire  paJtre  en  commun  leurs 
troupeaux,et  pendant  !a  nuit  rester  separeracnt 
ehacun  aupres  du  sien.  Ils  scront  tous  placcs  sous 
les  ordres  d'un  seul  intendant ,  de  plus  d'age  et 
d'e.\perience  que  ses  subalternes ;  car  on  obeit 
assez  volontiers  a  plus  vieux  et  plus  instruitque 
soi.  II  ne  faut  pas  cependant  qu'il  soit  vieux  au 
pointde  moins  supporter  les  fatigucs  de  sa  con- 
ditioi) ;  car  les  vicillards  non  plus  que  les  enfants 
ue  soiit  propres  ti  franchir  des  sentiers  difficiles, 
ct  h  gravir  des  montagnes  a  pied ;  fatigues  aux- 
quelles  sont  journellement  exposes  ceux  qui  me- 
ncnt  paitre  au  loin  le  gros  betail ,  notamment 
les  troupeaux  de  chcvres,  qui  se  plaiscnt  sur  les 
rochers  ou  dans  lesforets  montagneuses.  II  faut 
donc  se  procurcr  des  piltres  robustes ,  alcrtes  et 
agiles ,  pourvus  de  mcmbres  bien  dispos ,  et  capa- 
bles  noii-sculement  de  suivre  les  troupeaux,  mais 
encore  de  les  defendre  contre  les  betes  feroces 
et  les  brigands  ;  des  hommcs  en  ctat  de  soulever 
ies  fardeaux  pour  charger  les  bctes  de  somme , 
de  courir  si  le  cas  Texige,  et  de  lancer  des 
traits.  Tout  peiiple  n'est  pas  apte  indiffcremment 
auxfonctionsde  p;itres  ;  un  Basculien,  ua  Turdu- 
licn  ne  saurait  s'eu  tirer.  Lcs  Gaulois  y  sont 
cminemmentpropres,  surtout  s'il  s'agit  duservice 
des  betes  de  sonime.  En  ce  qui  concerne  racqui- 
sition,  il  y  a  six  manieres  d'obtenir  la  propriete 
d'un  pStre  :  i"  par  droit  d'heredite;  2"  par  voie 
de  mancipiition ,  c'est-adireen  les  rccevant  d'une 
personne  qui  cst  en  condition  legale  d'ea  trans- 
mettre  la  possession ;  .3°  par  cession ,  operee ,  ou , 
et  a  qui  de  droit;  4°  par  iuvestiture  A'iixucapion; 
5°  par  adjudication.  Le  pecule  du  patre  passe 
ordinairement  a  racheteur  par  droit  d'accessioD, 
a  moins  qu'on  ne  s'eu  reserve  la  propriete  par 


ratiis  est,  lellqiias  quoque  canes  facit ,  qiire  id  non  habent, 
iit  sint  in  tiito.  Niimerus  caniim  pro  pecoris  nuillituiline 
soIhI  parail.  l"ere  modlcum  esse  putant,  ut  slnguli  se- 
qiiantur  slngulos  oplliones  :  de  quo  nnmero  alius  aliuin 
modiim  constituil.  Quod  si  sunt  legiones  ubi  hestiiE  siut 
multa;,  debent  esse  plures.  Quod  accidltils ,  qui  per  calles 
sllvcsties  longiiiquos  solentcomitaii  in  aestiva  ct  liibeina. 
Villatico  vero  giegi  in  fundum  salis  esse  duo,  et  id  ma- 
lem  cX  fu"miiiam.  Ita  eniin  siint  assidulores,  quod  cum 
allci 0  idem  fit  acrior,  et  sl  alter  indesinenter  aeger  est ,  iie 
sine cane  grex  sit. Cum  ciicumspiceiet  Atticus  ne qiiid  piai- 
teiisset  :  Hoc  silentium,  inquam,  vocat  aliiim  ad  pailes. 
X.  Reli(iuum  eiiim  in  liocaclu,  quot,  et  quod  geniis 
sint  liabeiidi  pastoics.  Cossiniiis,  ad  niajoies  pecudes 
atate  siiperlorcs ,  ad  niinores  ellam  piieros,  et  ulioque 
liorum  liiiniores,  quiiu  callibiis  versentiir,  qiiaiu  eos,  qui 
in  fundo  ipiotidie  ad  villamicdeant.  Itaque  in  sallibiis  li- 
cet  videre  juventutim ,  ct  eaiii  feie  armatam ;  cum  In  fun- 
dis  non  modo  piipii ,  sed  eliain  piiellae  pascant.  Qui  pas- 
cunl,co3  coi;i'ic  oiiorlet ,  iii  paslione  diem  tolum[essc,| 
pascere  coinniunltcr;  coiitra,  pcnioclare  ad  siiiiin  qiieui- 
que  gregem.  Es.se  omnessubiino  maglstro  pccoiis  :  eiini, 
esse  majorem  natu  potius  quani  alios ,  el  pcriliorem  quam 


reliquos  :  quod  iis,  qui  .letale  et  scicnlia  prffistant,  animo 
ajquiore  reliqul  parcnt.  Ita  tamen  oporlet  aetale  praeslare, 
ut  ne  propter  seneclutem  minus  sustinere  posslt  labores. 
Neque  enim  senes,  neque  pueri  callium  dinicuUatem,  ac 
montium  arduitatem ,  atqiie  asperitatem  facile  ferunt  : 
quod  patlenduni  illls,  qul  greges  sequuntur,  praesertim 
armenticios  ac  caprinos,  quibiis  rupes  ac  silvic  ad  pa- 
bulandum  coidi.  Forniae  bominum  lcgend;e,  ut  sint  fir- 
m^B  ,  ac  veloces,  mobiles,  expedltis  membrls  :  qui  non 
solum  pcciis  scqui  possint,  sed  etiam  a  bestlis  ac  pric- 
donibus  delVnderc  :  qul  oncra  extollere  iu  jiimenla  pos- 
siiil,  qiii  pxciurere,  qiii  jarulari.  Nim  omnis  apta  natio 
ad  pecuariam,  quod  neque  liasculus,  neque  Tiirdiilus 
Idoiici.  Galli  apposilissimi,  maxime  ad  jiimeiita.  lu  em- 
lionibus  doiiiluiiin  legltinuim  sex  fere  res  piMliciiiut  :  si 
liaTcditatcm  justam  adiit :  sl ,  ut  debuit,  niaiicipio  ab  eo 
aicepit,  a  quo  jiire  clvili  poliiit  :  aiit  si  iii  jiire  cessit, 
cui  potuit  cedcie,  et  id  iilii  oporluil  :  aut  si  nsn  cepit  : 
aut  si  e  praeda  sub  coroiia  piiiit :  tumve  ciiin  in  bonls  sec- 
tloneve  cujus  publlce  venil.  In  bonini  enillone  solel  acce- 
dcre  peculiurn  ,  aut  excipi ,  it  slipiilatlo  intercedcre ,  sa- 
iiiim  cum  psse  ,  furtisnoxisqup  .soliituni :  ant  si  manclplo 
UOD  datur,  dupla  promittl  :  aiit  si  ita  pacti ,  sinipla.  Cibus 


126 

iiue  clause  particuliere.  On  stipule  en  ontre  que 
resciave  qu'on  acliete  est  sain ,  et  que  l"acque- 
reur  est  garant  de  toute  repetition  eu  raison  de 
vols  qu'il  pourrait  avoir  commis ,  ou  des  dom- 
mages  qu'il  pourrait  avoir  causes.  Suivant  les 
conventions  faites  entre  les  deux  parties ,  le  ven- 
deur  s'engage  a  payer,  en  cas  d'eviction,  le  dou- 
ble  du  prix  ,  ou  a  rendre  simplcment  la  somme 
qu'il  a  recue.  Les  piltres  devront  prendre  leurs 
repas  separement,  chacuu  aupres  de  son  trou- 
peau ;  mais  le  soir  on  fera  souper  en  commun 
tous  ceux  qiii  obeissent  au  meme  intendant. 
L'intendant  en  chef  devra  pourvoir  a  tout  ce  qui 
est  neeessaire  aux  hommes  et  au  troupenu  pen- 
dant  les  voyages.  Ce  soin  doit  surtout  s'etendre 
a  rentretieu  des  pStres,  et  au  traitement  des  bes- 
tiaux  en  cas  de  maladies.  Les  maltres  doivent 
avoir  a  cet  effet  des  betes  de  charge,  jumenls  ou 
autres ,  propres  a  porter  a  dos  tout  ce  qui  est 
neeessaire.  Quant  a  la  propagation  de  Tespece, 
les  patres  occupes  sur  le  fond  merae  peuvent 
facilemeut  y  trou  ver  uuecampagne ;  Venus  pasto- 
rale  n'en  demande  pas  plus.  Quant  a  ceux  qiii 
sejournent  continuellemeut  daus  les  bois  et  les 
montagnes,  etn'ont  d'autreabri contre  les  injures 
du  temps  que  des  cabanes  construites  a  la  luite, 
beaucoup  sont  d'avis  qu'on  fait  bien  de  lcur 
associer  des  femmcs  qui  suivent  les  troupeaux  , 
preparent  les  repas  des  patres,  et  sont  pour  eux 
un  lien  qui  les  attaehe  au  devoir.  Ces  femmes 
devront  etre  robustes  sans  etre  difformes,  et 
non  moins  capables  de  travai!  que  les  hommes. 
Le  type  s'en  rencontre  en  beaucoup  de  contrces, 
notamment  en  Illyrie;  on  les  voit  mener  paitre 
elles-memes  le  betail .  apporter  le  bois  pour  faire 
du  feu,  et  prepnrer  les  repas,  en  gnrdant  nvec 
soin  les  differents  usteusiles  dans   les  cabanes. 


VARRON. 

Quant  a  rallaite.ment,  je  me  borne  k  dire  que 
les  meres  sont  elles-memes  nourrices.  lei,  Tre- 
mellius,setournant  vers  moi ;  Cest  precisement, 
dit-il,  ce  que  vousm'avez  dit  vous-meme  avoir 
vu  en  Liburnie,  des  meres  de  famille  avec  une 
charge  de  bois  sur  les  epaules ,  et  en  meme  temps 
un  ou  deux  nourrissons  sur  les  bras.  Que  vous  en 
semble  aupres  de  nos  languissantes  accouchees, 
etendues  sur  des  lits  de  repos  pendant  plusieurs 
jours?  n'cst-ce  pas  une  pitie?  Lefait  est  vrai,  lui 
dis-je,  niais  voici  qui  est  plus  fort  :  on  voit  en 
lllyriedes  femmes  grosses  qui,  sentant  qu'elles 
vout  accoucher,  quittent  uu  moment  leur  ouvra- 
ge,  vont  a  quelques  pas  se  delivrer,  et  ri  vicn- 
nent,  portant  un  enfant  qu'elles  semblent  plutot 
avoir  trouve  que  mis  au  monde.  Autre  particu- 
larite:  lesfillesde  viogt  ans,  qu'onappelle  vierges 
en  ce  pays,  peuvent,  sans  blesser  la  coutume, 
s'abandonner  au  premiervenu  avant  le  mariage  ; 
aller  seules  oii  bon  leur  semble,  et  avoir  des  eii- 
fants.  Touchant  la  questionmedicale,  rintendant 
doit  avoir  par  ccrit  tout  ce  qui  concerne  les  ma- 
ladies  nuxquelles  hommes  et  bestiaux  sont  su- 
jets,  afin  d'etre  eu  etnt  de  les  guerir  sans  avoir 
recours  au  medecin.  On  voit  que  rintendant  doit 
avoir  une  teiuture  des  lettres,  pour  remplir 
co» vennblement  ses  devoirs ;  sans  quoi  il  ne  pour- 
rait  meme  rendre  compte  a  son  mnitre  de  sa 
gestiou.  Quant  au  chiffre  relatif  du  nombre  des 
bergers,  ou  le  hausse,  on  le  baisse  suivant  les  cas : 
j'ni,  moi,  un  berger  pour  quatre-vingts  brebis  a 
grosse  laine,  et  Atticus  pour  eent.  On  peut  en 
simplifier  le  nombre  en  faisant  les  troupeaux 
plus  considerables;  de  mille  tetes  pnr  exemple, 
ce  qui  ne  sernit  pns  sans  inconvenient  avec  des 
troupeaux  moindres,  comme  ceux  d'Atticus  et 
les  miens  ue  sont  en  effet  qiie  de  sept  cents  betes ; 


eoriim  debet  esse  interdiiis  sopaialim  iiniiisf.njusiiiie  Rre- 
gis.  Vesperllnus  in  cirna,  qiii  sunt  sub  uno  masislio, 
conimiinis.  Magistrum  provideie  oporlet.ut  omnia  se- 
qiiantiir  instrumenta  ,  qua.'  pecori  et  pastoribiis  opus  snnt, 
maxiine  ad  victnm  lioniinum,  et  ad  medicinam  pecu- 
dum  :  ad  quam  rem  halient  jumenla  dossuaria  doniini, 
alii  eqiias,  alii  pro  bis  quid  aliud,  qiiod  onus  doiso  lerre 
possit.  Qiiod  ad  fceturam  liumanam  pertinet  pastorum  , 
qul  in  lundo  perpetiio  manent ,  lacile  est ,  quod  liabeaiit 
conservam  in  villa.  Nec  bac  Venus  pastoralis  lonsius  qnid 
quaerit.  Qui  aulcm  sunt  in  saltibus,  et  silvestribus  locis 
pascunt,  et  non  villa,  sed  casis  repentinis  imbies  vitant : 
his  miilieres  adjiinfjere ,  qiue  sequanlur  greges  ,  ac  cibaria 
pasloribus  expediaiit,  ei^que  assiduiores  laciant,  utile 
arbitrati  multi.  sed  eas  inulieres  esse  oportet  firmas ,  non 
tnrpes,  quae  inopere,  ut  in  niullis  rcgionibus,  non  ce- 
dant  viris,  ut  in  lllyrico  passim  videie  licet,  quod  vel 
pascere  peciis,  vel  ad  focum  afierre  ]igiia,ac  cibum  co- 
quere,  velad  casasinstrumentum  servare  possiint.  Ue  iiu- 
tiicatu  hoc  dico,  easdeni  fere  et  nutrices,  et  matrcs.  Trc- 
mellius  simul  aspicit  ad  nie,  et ,  Ut  te  audii  dicere ,  inquit, 
cnm  in  Liburniam  venisses,  te  vidisse  malres  familias  co- 


riiin  aflerre  ligna ,  et  simul  pueros  ,  qiios  alerenl ,  alias  sin- 
gnlos.alias  binos,qna;  oslendorent  ftrlas  noslras,  qiiae 
in  conopeis  jacent  dies  aliquot,  esse  ejuncidas,  ac  con- 
temiiendas.  Cui  ego :  Certe,  inquam ;  iiam  in  Illyrico  lioc 
ampliiis,  prsegnantem  9a;pe,cum  venit  pariendi  tempus, 
uon  longe  ab  opere  discedeie  ,  ibiqiie  cnixam  piierum  re- 
ferre,  quem  non  peperisse,  sed  invenisse  putes.  Nec  non 
etiam  lioc,  quas  virgines  ibi  apprllant,  nonnunqiiam 
annorum  xx  ,  quibus  moseorum  non  denegavit,  antenup- 
tias  ut  succnmbercnt  quibiis  vellent,  et  incomitatis  ut 
vagari  liceret,  et  lilios  babere.  Qime  ad  valeludinem  per- 
tinent  lioniiniim  ac  pccoris ,  iit  siue  medico  cnrari  possint , 
magistrum  scripla  liabeie  oporlet.  Is  enim  sine  literis 
idoneus  non  est ,  qiiod  rationes  dominicas  peciiarias  con- 
licerc  neqiiidquam  recte  potest.  De  niimero  pastorum  alii 
angnstius  ,  alii  laxius  con.stituere  solent.  Ego  in  octogenas 
hirtas  oves  singulos  paslores  conslitui,  Atticus  in  cente- 
nns,  In  gregibus  ovium,sed  niagnis,  qnos  milliarios  fa- 
cinnt  quidam,  faciliiis  de  suinma  bominum  delrabere  pos- 
suiit ,  quam  de  minoribus ,  ut  sunt  et  AUici  et  mei.  Septin- 
genarii  enim  mei  :  tu  opinor,  octingenarios  liabuisli.  Nec 
tamen  non  ut  nos  arietum  dcciiuam  partem.  Ad  eqiiaruni 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  II. 


vous  cn  avez  eu  ,  je  crois ,  de  liuit  eents ,  ou  ce- 
pendant  les  m^ies  ne  se  trouvaient  qu"en  meme 
proportion ,  c"est-a-dire  un  bciier  sur  dix  brebis. 
Pour  un  troupeau  de  cinquante  cavales  il  faudra 
deux  hommes,chacund'euxayantasa  disposition 
unejiiment  dressee,  pour  lui  servir  de  moiiture 
lorsqu"il  conduira  ses  cavalesdans  les  paturages 
d"hiver  ou  d"ete,  soit  en  Apulie,  soitdans  le  pavs 
des  Lucaniens. 

XI.  Maintenant  que  nous  avons  rempli  notre 
tdche,  dit  Cossinius,  allons-nous-en.  Pas  encore, 
m'ecriai-je;  il  faut  au  prealable  qu"on  aittraite, 
comme  nous  en  sommes  convenus  ,  des  dcux  pro- 
duits  supplementaires  qu"on  tire  des  troupeaux  , 
savoir,  lelaitou  froraage,  et  la  laine  des  brebis. 
Cossinius  alors  reprit  en  ces  tcrmes  :  Le  lait  de 
brebis,  en  effet ,  et  apres  lui  le  lait  de  chevre, 
sont  de  lous  les  alimeuts  liquidescelui  qui  contient 
le  plus  de  substance  nutritive.  Comme  purgatif , 
le  laitdecavale  se  place  le  premier ;  puis  viennent 
successivement  le  lait  d'anesse,  le  lait  de  vache, 
et  enfin  le  lait  de  chevre.  En  outro ,  les  proprie- 
t<'sdu  laitvarient,  suivant  laqualitede  la  nourri- 
ture ,  la  condilioa  du  betail ,  et  Tepoque  oii  Ton 
trait. 

De  la  quaiite  de  la  nourriture:  Torge,  la  paille, 
et  en  general  tout  fourrage  sec,  mais  de  nature 
substantielle,  donne  un  lait  nourrissant.  Le  lait 
est  purgatif  s'il  provient  d'un  betail  mis  au  vert, 
surtout  quand  le  vertcontient  de  ces  herbes  qui 
ont  un  effet  laxatif  sur  le  corps  luimain.  De  la 
condition  du  betail :  le  lait  d"uue  betesaiue  et  de 
bon  iige  vaut  sans  doute  mieux  que  celui  d'une 
Iwte  malade  ou  vieille.  De  Tepoque  ou  Ton  trait : 
le  meilleur  lait  est  celui  qu'on  prend  sortant  du 
pis ,  et  qui  n'a  pas  ete  tire  trop  tot  apres  que  la 


bete  a  mis  bas.  Les  fromages  de  vache  sont  les 
plus  agreablfs  au  goiit,  mais  les  plus  difficiles  a 
digerer.Ceux  de  brebisviennentapres.  Lesmoins 
appetissants,  mais  les  plus  digestifs,sontceux  de 
lait  de  chevre.  II  faut  encore  distinguer  entre 
fromage  mou  et  de  facon  recente ,  et  fromage 
vieux  et  sec.  Lc  fromage  mou  est  plus  delicat 
comme  alinienf,  et  tient  moins  a  restomac.  Cest 
le  contraire  quand  il  est  sec  et  vieux,  La  confec- 
tion  des  fromages  dure  du  leverdes  Pleiades  de 
printempsau  leverdes  Pleiades  d'ete.  On  trait 
les  animaux  le  matin  pendant  la  duree  du  prin- 
temps,  et  a  midi  dans  les  autres  saisons  :  ee  n'est 
point  toujours  une  regle  fixe ;  elle  est  subordon- 
nee  aux  circonstanees  de  paturage  etde  localite. 
Pour  faire  caiiler  deux  confiii  de  lait ,  on  prend 
groscomme  une  olivede  presure.  Celledu  lievre 
et  du  chevreau  est  meilleureque  cellederagneau  : 
quelquespersonnesseservent  pourceladu  laitqui 
sort  du  figuier,  mele  de  vinaigre.  Ou  emploie 
encore  d'autres  substances.  Les  Grecs  appellent 
le  lait  de  figuieroTro?,  >uc),tantdt  oaxpuoi;  (larme). 
.le  serais  porte  a  croire ,  dis-je,  que  le  figuier  que 
Ton  voit  aupres  de  la  chapelle  Ruminale  y  fut 
plante  par  des  bergers;  car  c'est  la  qu'ou  fait, 
pour  les  enfants  a  la  mamelle,  des  sacrilices 
oii  l'on  offre  du  lait  au  lieu  de  vin.  On  disait 
&\\'.\-eib\srumiso\\ruma  pourraamelle;  etencore 
aujourd'hui  on  appelle  subriimi  lesagneaux  qui 
tettent,  comme  ondit  lacle/iCea,  de  lac.  Cossiuius 
continua ,  et  dit :  II  faut  aussi  saupoudrer  de  sel 
les  fromages,  de  sel  fossile  preferablement  au  sel 
marin.  Quant  a  la  toiite  des  brebis,  je  coramence 
toujours  par  m'assuicr  si  elles  ne  sont  point  ga- 
leuses  ou  affectees  d'ulceres,afinde  commencer, 
dans  ce  cas ,  par  les  guerir.  L'epoque  de  la  tonte 


gregem  qiiinquagenariiim  bini  liomines.  Utiqiie  iiterqiie 
honim  iit  seciini  liabeat  eqiias  domitas  singulas  in  iis  re- 
jionibiis  ,  in  quibus  stabulaii  solenl  equas  abigeie,  ut  in 
A|)|>ulia,  et  in  Liicanis  accidil  s<epe. 

XI.  Qiioniaiii  promissa  absolvinius,  inqtcit,  eamiis. 
Siquideni,  jnr/Mnm,  adjeceiilis  de  extraordinario  pecii- 
diim  fiuctu ,  iit  pia>dictuni  est,  (de)  lacte ,  caseo ,  et  ton- 
sura  lana'.  Esl  eiiim  lac  omniuni  lerum ,  qiias  cibi  causa 
capimus,  liquentium  maxime  alibile,  et  id  ovillum  ,  inde 
caprinum.  Quod  aiitem  niaxime  pcipurget,  eslequinum, 
tum  asiiiinuni , dein  bubulum  ,  lum  capiinum.  Sed  liorum 
sunt  discrimina  qiiajdam ,  eta  pastlonibus,  el  apecudum 
iialura,  el  a  mulclii.  \  pasliunibus,  qiiod  tit  ab  onleo, 
et  slipiiia,  et  oiimino  aiido  et  tiiiiio  cibo  peciide  pasta,  id 
alibile.  Ad  |ierpiiigaiiduni  id,  quod  ab  viiidi  pascuo ,  et 
eo  magis  si  iisa  est  ea  lierba,  qua;  ipsa  sumta  perpiiigaie 
corpora  nostia  solet.  A  peciidum  natura ,  (piod  lac  nieliiis 
est  a  valentibus,  et  ab  iis  qua;  nondum  veteres  sunt , 
quani  si  csl  conlra.  A  mulgendo,  atquc  oitu  optimiiin 
esl  id  qiiod  neque  emunctum  longe  atiesl  a  mulso ,  neipie 
a  parlu  coutinuo  est  suintum.  V,\  hoc  lacle  casei  qiii 
liunt,  maximi  cibi  sunl  biibuli,  et  qui  diriicillime  tians- 
eant  sumli;  seciindo  ovilli;  niiuimi  cibi,  et  qui  facillinie 


dpjiciantur,  caprini.  Esl  etiam  di.scrimen,  Htriini  (-asei 
UKjlles  ac  iccenles  sint,  aii  aridi  el  veteres.  Ciiiii  mollps 
suiit,  magis  alibiles,  in  corpoie  non  resides  :  veteres  el 
aiidi  contia.  Caseuin  facere  incipiunt  a  veigiliis  vernis 
exorlis  ad  a?stivas  vergilias.  Mulgent  vere  ad  caseum  ta- 
ciundum  mane,  aliis  tempoiibiis  nieiidianis  boris  ;  ta- 
metsi  propter  loca ,  et  pabiilum  disparile  non  usquequa- 
qiie  ideni  lit.  In  lactis  dnos  congios  addunt  coagulum  ma- 
gniludineolea',  ut  coeat.  Quod  melius  leporinum,  et  Imv 
diiium  quam  agninum.  Alii  pro  coagiilo  addunt  de  lici 
ramo  lac,  et  acetuin.  Aspeiguut  itein  aliis  aliquot  rebus, 
qiiod  GiaTi  appellaiit  alii  OTtov,  alii  ooxpuov.  Non  negaiim , 
inqiuim,  ideo  apud  diva;  Itumina!  sacelluni  a  pasloiiluis 
satam  (iciiiii.  Ibi  enim  solent  sacrilicari  lacte  pio  \\xw, 
et  pio  laclcntibus.  Manima'  eiiim  rumis,  sive  runi,-B,  iit 
imU'.  (liceliiint,  a  riinii;  et  inde  diciinlur  snbrumi  agiii  : 
lacteiites,  a  lacle.  Quiii  aspeigi  solent  sales  :  melior  fos- 
silis  (juam  niariniis.  Uetonstira  ovium,  priniuni  aniniad- 
Mito  ante  (piani  incipiam  faceie,  numscabiem  aut  ulcera 
baiicaiit,  nl,si  opnsest,  aiite  curenlur,  quani  londean- 
liir.  Tousiiia;  lempus  inter  a^quinocUum  vernum,  el  sol- 
sUtiiim,  ciim  sudaie  inceperunl  oves.  .\  quo  sudoie  re- 
cciis  lana  tonsa  sucida  appellata  est.  Tonsas  recentes  po- 


138 


VARRON. 


pstVespace  de  temps  compris  entre  requinoxe  du 
printemps  et  ie  solstice  ,  c'est-a-dire  lorsque  les 
brebis  commencent  a  transpirer.  Cest  ce  qui 
fait  qu'on  nomme  la  laine  nouvellement  coupee 
sM('/f/fl(laine  avec  lesuint).  Immediatementapres 
la  tonte  on  frotte  les  brebis  d'un  nielange  de  vin 
et  d'huile.  Quelques-uns  ajoutent  de  la  clre  blan- 
che  etdu  saindoux.  Si  on  ies  couvre  de  peaux, 
ilfaut,  avantde  lesenvelopper,enduirerinterieur 
de  la  meme  substance.  Quand  on  blesse  une  bre- 
bis  en  la  tondant,  on  applique  a  la  plaie   un 
emplatre"de  poix  fondue.  Ici  on  tond  les  hrebis 
a  grosse  laine  au  temps  oii  se  fait  la  moisson  de 
l'orge,  ailleurs ,  c'est  avant  la  fenaison.  A  rexem- 
ple  des  habitants  de  rEspagne  citerieure,  quel- 
ques  personnes  tondent  leurs  brebis  deux  fois  par 
an,desixmoisensixmois.  Ellessedonnentdouhle 
tSehe  dans  respolr  d'obtenir  plus  de  laine;  de 
meme  qu'on  fauche  deux  fois  les  prairies,  pour 
en  tirerplusde  foin.  Les  gens  soigneux  etendent 
sous  les  brebis  de  petites  nattes ,  pour  qu'aucun 
floconnese  perde.  II  faut  pour  la  tonte  untemps 
serein,  et  le  moment  le  plus  favorable  est  de  la 
quatrieme  heure  a  la  dixieme ;  car  la  grande  cha- 
leur,  qui  metensueur  lesbrebis,  donne  a  lalaine 
plus  depoids,  demoelleux,  et  d'eclat.  La  laine 
fraichenient  coupee  s'appelle  vcllus  ou  vehtmen 
(ce  qui  s'arrache) ;  d'ou  Ton  voit  clairemeut  que 
la  coutume  d'arracher  la  laine  a  precede  celle 
de  la  tondre.  Ceux  qui  procedent  encore  sui- 
vant  rancienne  methode  font  jeuner  les  brebis 
trois  jours  a  favance,  parce  que  fanimal  etant 
affaibli,  la  laine  cede  plus  facilement  a  la  main. 
On  dit  que  les  premiers  barbiers  sont  venus  de 
Cilicie  vers  la  454' annee  de  la  fondation  de  Rome 
(c'est  ce  qui  resulte  du  nom  de  rinscription  d'Ar- 
dee),  et  qu'ils  ont  ete  introduits  en  Italie  par 

ilem  die  penmgunt  vino ,  et  oleo  :  non  nemo  admixta 
cera  alba,  et  adipe  suilla.  Et  si  ea  tecta  solet  esse,  quam 
liabult  pelleni  injectam,eam  inliinsecus  eadeni  re  peri- 
nungunt ,  et  legunt  lursns.  Si  qua  in  tonsura  plagam  ac- 
cepit,  eum  locuni  oblinunt  pice  liquida.  Oves  liirlas  ton- 
dent  circiler  oideaceam  niessem  :  in  aliis  locis  ante  foeni- 
sicia.  Quidam  bas  in  anno  bis  tondent,  ut  in  Hispania 
citeriore,  ac  semeslres  faciunt  tonsuras.  Duplicem  im- 
pendunt  operam ,  quod  sic  plus  pntant  lieri  lana^.  Quo 
noniine  quidam  bis  secant  prala.  Diligentiorcs  tegeticulis 
subjectis oves  tondere solcut, nequi  (locci intereant.  Dies ad 
eani  rem  sumuntur  screni ,  et  iis  id  faciuntfere  a  quarla  ad 
itecimam  lioram  :  quoniam  sole  Ciilidiore  lonsa  ex  sudore 
cjns  lana  lit  n)ollior,et  pondeiosior,  et  colore  meliore. 
Qua^ii  deniptam  ac  conglobalam ,  alii  vellera,  alii  velu- 
mina  appeliant.  Ex  quorum  vocabulo  animadverti  licet, 
priiis  lanffi  vulsuram  quam  lnnsuram  iiivenlam.  Qui 
ctiam  nunc  vellunt,  ante  tridiio  liabent  jejiinas,  quod 
languidiB  minus  radices  lan»  retiiieiit  Oniniiio  tonsores 
in  Italia  priinum  venisse  e\  Cilicia  dicunt  post  ii.  c.  a. 
cccciiv;  ut  scriptum  in  publico  Ardeae  in  lileris  extat, 
cosque  adduxisse  P.  Ticinium  Mcnani.  Oliin  tonsores  non 


P.  Licinius  Mena.  La  prolixite  de  la  chevelure 
et  de  la  harbe ,  dans  les  statues  antiques ,  tt^moi- 
gne  encore  d'un  temps  oii  Ton  ne  coupait  ni 
ruue  ni  Tautre.  Si  la  brebis ,  reprit  Cossinius,  nous 
fournit  la  laine  dont  nous  nous  habillons  ,  le  poil 
de  la  chevre  s'emploie  diversement  pour  la  ma- 
rine,  la  construction  des  machines  de  guerre,  et 
les  procedes  de  rindustrie.  Certains  peuples  se 
couvreut  le  corps  de  la  peau  raeme  des  hrebis, 
comme  les  Getules  et  les  Sardes.  Cet  usage  pa- 
rait  meme  avoir  existe  chez  les  Grecs  d'autrefois, 
comme  on  le  voit  par  la  deuomination  de  Si-i- 
eepiai;,  donnee  dans  leurs  tragedies  a  certaius 
vieillards  ,  et  sur  notre  thcStre,  aux  personnages 
d'habitudes  rustiques;  pour  temoins,   le  jeune 
homme  dans  rHypobolimee  de  Cecilius,  et  le 
pere    dans  rHcautontimorumenos  de  Terence. 
La  tonte  des  chevres  est  en  usage  en  Phrygie, 
oii  respece  ii  longs  poiis  est  cominune.  Cest  de 
eette  contree  que  nous  viennent  les  tissus  de  poil 
que  nous  appelons  cilices,  aiusi  nommes  parce 
que  e'est  en  Cilicie  qu'a  commence  rhabjtude 
de   tondre  les  chevres.  Ainsi   parla  Cossinius, 
sans  trouver  de  contradicteurs.  En  ce  moment 
vint  a  nous  un  affranehi  de  Vitulus,  sortant  des 
jardins  de  ville  de  son  patrou.  Mon  raaitre ,  nous 
dit-il ,  in'envoie  vous  pricr  de  moiiis  entamer  son 
jour  de  fete,  et  de  venir  le  trouver  le  plus  tot  pos- 
sible.  Nous  acccptames  1'invitation,  mon   cher 
Niger,  Turranius,    Scrofa   et  moi ,   nous  alld- 
mes  rejoindre  Vitulusdans  sesjardins.  Lereste  de 
la  socicte  s'en  retourna  les  uns  chez  eux ,  les 
autres  chez  Menas. 


fuisse  adsignilicant  antiquoriim  statu»,  quod  pleraeque 
liabent  capillum ,  et  barbam  magnani.  Suscipit  Cossinius  : 
Ut  fructum  ovis  e  lana  ad  vestimentum,  sic  capia  pilos 
ministrat  ad  usum  uaiiticum,  et  ad  bellica  tormenta,  et 
fabrilia  vasa.  Neque  non  quaedam  nationes  barum  pelli- 
bus  sunt  vestitae,  ut  in  Getulia  et  in  Sardinia.  Cujus 
usum  apud  antiquos  quoque  Grajcos  fuisse  appaiet,  quod 
in  tragn'diis  senes  ab  liac  pelle  vocantur  Si^OEpiai,  et  iii 
comirdiis  ;  qiii  in  riistico  opeie  nioranlur,  ut  apud  Capci- 
lium  iii  llypdliujiiiiico  liabet  adolescens,  apud  'rerentiuni 
in  lleaiitdntinioriiiiieno  senex.  Tondentur,  quod  maguis 
villis  suiit,  in  magna  parte  Pbrygia; ;  unde  cilicia  et  caetera 
ejus  generis  fieri  solenl.  Sed  ipiod  primuin  ea  tonsura  in 
Cilicia  sit  inslituta,  nomen  id  Cilicas  adjecisse  dicunl. 
llli  lioc.  Neque  ab  boc,  qiiod  niutaiet  Cossinius.  Et  si- 
miil  Vituli  libeitus  in  urbcm  venicns  ex  borlis  divertitur 
ad  nos :  Et  ego  ad  te  niissus ,  inquit,  ibam  doiniim  roga- 
tuni ,  ne  diem  fesliim  facercs  brevioiem ,  et  niatuie  veni- 
ics.  Itaquediscedimusegoet  Sciofa  in  bortosad  Vitulum, 
Niger  Turrani  noster.  Alii  parlim  domuin,  paitiiii  ad  Me- 
nalem. 


DE  L'AGR1CULTURE,  LIV.  IH. 


LIVRE  III. 

L  L'existence  huiiiaine  a  deux  modes,  Q. 
Pinnus,  maiiifestement  aussi  distiiicts  de  theii- 
tre  que  d'origine,  ia  vie  des  ehamps  et  celle  des 
cites.  La  vie  ehampetre  est  de  beaucoup  la  plus 
aucienue.  Longtcmps  avant  qu'il  y  eut  des  villes, 
lescampagnesavaientdeshabitants.  Pour  la  Gre- 
ce,  suivant  la  tradition,  la  plus  anciennedes  cites 
est  Thebes,  fondee  en  Bcotie  par  ie  roi  Ogyges. 
Pour  la  campagne  romaiue,  c"est  Rome,  crea- 
tion  du  roi  Ronnilus,  (  car  c"est  tiiaintenant 
qu'on  peut  dire,  avec  plus  verite  qu'on  ne  pou- 
vait  faire  a  Tepoque  ou  ecrivait  Enoius:  «  quil 
y  a  environ  sept  cents  ans,  plus  ou  nioins,  que 
la  celebre  ville  de  Rome  a  ete  b^tie  sous  les 
auspices  les  plus  augustes")  Or,  en  admettant 
que  Texistence  de  Thebes  soit  anterieure  au  ca- 
taclysme  d'Ogyges,  on  ne  saurait  cependant  faire 
remontera  plusde  deuxmille  ans  la  fondationde 
cette  ville.  Mainteuant  rapprochcz  cette  date  de 
celle  ou  Ton  a  commence  k  cultiver  les  champs, 
oii  les  hommcs  n"avaient  d"autres  demeures 
que  des  cabanes  et  des  chaumieres ,  ne  sachant 
ce  que  c'etait  que  portcs  ni  que  raurailles  :  il 
s'etablit  une  anteriorite  presque  immeaioriale 
de  Ihabitation  agricole  sur  rhabitatiou  urbaiue. 
Et  il  n'y  a  pas  la  de  quoi  surpreudre  :  la  nature 
nous  a  donne  les  campagnes,  c'est  Tart  qui  a 
coustruit  les  villes.  Or  rinvention  des  arts  en 
Grece  ne  reraonte ,  dit-on,  qu'a  mille  ans,  tan- 
dis  que  de  tous  temps  la  terre  a  ete  susceptible 
de  culture.  Mais  la  vie  agTieole  n'est  pas  seule- 
ment  la  plus  ancienne,  elle  est  eneore  la  plus 
recommaudable.  Ce  n'etait  pas  sans  raison  que 
nos  ancetres  constarament  reportaient  la  po- 
pulation  de  la  ville  dans  la  campagne.  Rorae,  en 


faisant  do  scs  citoyensdes  paysans,  assurait  sa 
subsistanee  pendant  la  paix,  et  son  integrite 
cn  cas  de  guene.  II  y  avait  uue  signification 
dans  tous  ces  noms  de  mere  et  de  Ceres  donnes 
indistinctement  a  la  Terre;  dans  cette  croj'ance 
de  la  saintete,  de  rutilite  de  la  profession  de 
cultivateur,  qui  faisait  honorer  ceux  qui  rexer- 
caient  comme  les  seuls  restes  de  Tantique  race 
de  Saturne.  Cest  dans  le  raeme  esprit  qu'on  a 
nomme  l/iifia  (initiation)  les  ceremonies  parti- 
eulieres  du  culte  de  Ceres.  Une  autre  preuve  de 
['anteriorite  de  la  vie  charapetre  sur  la  vie  des 
cites,c'e3t  le  noni  menie  dela  ville  de  Thebes, 
nom  qu'elle  a  recu  de  la  nature  de  son  sol ,  et 
non  de  son  fondateur.  Car,  dans  raneienue  lan- 
gue  de  la  Grece,  comme  encore  aujourd'hui  chez 
les  Eolieus,  peuple  originaire  de  la  Beotie,  un 
raonticule  s'appelait  Tebasans  aspiration ;  et  le  mot 
est  encore  usite  parmi  les  Pelasges,  venus  de  la 
Grece  dans  la  cainpagne  sabine.  II  en  existe 
meme  un  monument  dans  le  pays ;  car  ou  voit 
sur  la  voie  Salaria,  non  loin  de  Reate,  une  butte 
milliaire  qui  s'appe!le  Teba;.  L'exiguite  des  pos- 
sessions  dans  rorigine  ne  comportait  pas  de  dis- 
tinction  entre  ragricultuie  et  Teducation  des 
bestiaux.  Issus  de  bergers ,  les  hommes  de  ce 
temps  semaient  et  faisaient  paitie  ieurs  trou- 
peaux  dans  lememe  champ;  mais  plus  tard,quand 
qnelques-uns  se  furent  agrandis  ,  les  troupeaux 
furent  mis  a  pait,  et  Ton  vit  surgir  lesdenomi- 
nations  speciales  de  piitre  et  de  cultivateur. 
L'occupation  du  premier  est  elle-raeme  divi- 
sibie  en  deux  parties,que  Ton  n'a  point  jus- 
quici  distinguees  suffisnmment.  Autre  en  effet 
est  le  regime  des  animaux  nourris  dans  Tinte- 
rieur  d'une  ferme,  et  de  ceux  quon  mene  paitre 
au  dehors  :  celui-ci  constitue  une  prolVssiou  bien 


LIBER  TERTIUS. 
I.  Cum  diioe  vite  traditae  sint  liominiini ,  nislica,  et  ui- 
naba ,  Q.  Pinni ,  dnbium  non  est,  quin  lia;  non  solum  loco 
discret»  sinl,  sed  eliani  tenipore  diversani  originem  liabeaiit. 
Antiquior  enim  multorustica,  quod  fuitt  empus,  cuni  rura 
colerent  Immines,  neque  mbein  haberent.  Etenim  vetus- 
tissinmm  oppidum  ciim  sit  traditum  Gia^cum,  Booeti;e 
TlieliiE,  quod  lex  Ogyges  a'dificarit;  in  agro  Romano 
Roma,  quam  Romnlus  rex  :  (nam  in  lioc  nunc  denique 
est,  iit  dici  possit,  noncumEnnius  scripsit,  Septingcnti 
siinl  paiiln  pliis  aul  mimts  annl ,  avjusto  auijurio 
poslquam  inclita  condita  lioma  est.)  Tlieba;,  qua;  aiile 
cataclysmon  Ogygi  condita;  dicuntur,  ea;  tamen  circiter 
duo  niillia  annoium  et  centuni  sunt.  Quod  tempus  si  le- 
fcras  ad  illiid  principiimi ,  quo  agri  coli  sunt  ccrpti,  atque 
in  ca;>is  et  luguriis  habitabanl ,  nec  murus  nec  porla  quid 
esset  sciebant :  immani  numcro  annorum  urbanos  agri- 
colae  praistant.  Ncc  mirum,  quod  divina  natuia  dedit 
agros,  ars  humana  aHiificavit  urbes.  Cuin  artes  omncs  di- 
cantnr  in  Gr;ecia  inlra  mille  annorum  reperta",  agri  nun- 
quain  non  luerintiu  terris,  qni  coli  possint.  Nei^ue  .solnm 
auliquior  cultura  agr:    sed  etiam  niclior.  Haque  non  sine 

\AKKO.S. 


causa  majores  nostri  ex  urbe  in  agris  redigebant  siios 
cives,  quod  ct  in  pace  a  ruslicis  Romanis  alebautur,  et 
in  bello  ab  bis  tuebantur.  Nec  sine  causa  Terrani  eandein 
appellabant  matieni.et  Cererem  ,  et  qui  eam  colerent, 
piam  et  ulilem  agere  vitam  credeb;mt,  alque  eos  solos 
leliquos  esse  ex  stirpe  Saturni  regis.  Cui  consentaneum 
est ,  quod  Initia  vocantur  potissimum  ea,  qu.ie  Cereri  fiunt 
sacra.  Nec  minus  oppidi  quoqiie  nomen  Thebae  indicant 
antiquiorem  esse  agrum,  quod  ab  agri  generc,  non  a 
conditore  nomen  ei  est  imposilum.  Kam  lingiia  prisca  et 
in  Grujcia  yEoleis  Rceotii  sine  arHatu  vocanl  collis  TelKis  : 
et  iu  Sabinis ,  quo  e  Gra^cia  venerunt  Pelasgi,  etiam  nunc 
ila  dicunt.  Ciijus  vestigium  in  agro  Sabino  via  S;daria  iion 
longe  a  Reate  milliarius  cliviis  appellatur  Teba>.  Cum 
agriculturam  primo  propter  paupeilatem  maxiine  indis- 
eretani  habereut,  qiiod  a  pastoribus  qni  erant  orti  in  eo- 
dem  agro  ct  sercbaiit  et  pasceliant :  ipii  poslea  crevernnt , 
peciilia  diviserunt ,  ac  facliim ,  ut  dicerentur  alii  agricolae , 
alii  pastores.  Qu.e  ipsa  pars  duplex  est ,  taraetii  ab  niillo 
satisdiscrela.quod  alteracstvillalicapaslio,  altciaagres- 
tis.  HffiC  nota  et  nobilis,  qnod  et  pecuaria  appellaliir,  et 
niultum  bomiucs  locuplelat ,  et  ob  eani  rem  aiit  coiidiic- 


VARRON. 


connue  et  tiesconsideree , desisnee  particuliere- 
mentpar  le  mot  Aepecuaria.  Elle  enrichit  ceux 
qiii  la  professent,  qu'elie  oblige  a  aclieter  ou  a 
louer  un  parcours  etendu  :  Tautre  est  la  basse- 
conr,  occupation  raoins  relevee,  dont  oa  a  fait 
une  sorte  d'aunexe  de  ragriculture,  et  que  nuile 
pcrsoune  n'a,  que  je  saehe,  traitee  specialement 
dans  toute  son  etendue.  Moi ,  j'ai  toiijours  eru 
que  i"ecouoraie  rurale,  embrassant  indistincte- 
ment  tout  ce  qui  donne  produit,  devait  se  di- 
viseren  trois  parties  :  laculture,  reducation  des 
bestiaux,  et  rentretien  de  la  bassecour.  J'ai 
donc  songe  a  traiter  la  matiere  en  trois  livres, 
dont  deux  sont  deja  ecrits;  j"ai  adresse  le  pre- 
mier,  qui  est  sur  ragriculture ,  ix  ma  femme  Fun- 
dania,  et  Tautre,  de  Teducation  des  bestiaux  , 
a  Turranius  Niger.  Restedone  letroisieme,  eon- 
cernaut  les  produits  de  la  basse-cour;  et  c'est  a 
-vous,  mon  voisin  et  bon  ami,  queje  veux  1'offrir. 
Votre  villa,  si  reraarquable  par  relegance  de 
sa  eonstruction  tantexterieure  qu'iuterieure,  et 
par  la  richesse  de  ses  mosaiques ,  ne  vous  parai- 
trait  pas  digne  de  vous,  si  les  niurs,  au  dedans, 
n'etaientgarnisde  livres,l'ornemer.tauqueI  vous 
teuez  le  pius.  Mon  desir  est  de  contribuer,  au- 
tant  qu'il  est  en  moi,  ii  ce  que,  dans  cette  belle 
propriete,  le  produit  repondea  la  main-d'ceuvie. 
Je  vous  envoie  donc  ce  livre ,  resume  d'un  en- 
tretien  sur  ce  qui  eonstitue  la  perfectiou  en  fait 
de  maison  de  campagne;  et  je  comraence  ainsi  : 
II.  Cetait  durant  les  comiccs  pour  l'(5diiite, 
ft  par  la  plus  graude  chaleur  du  jour.  Axius, 
mon  camarade  de  tribu ,  et  moi ,  nous  ve- 
nions  de  sortir,  mais  nous  voulions  rester  a 
portee  d"accompagner  notre  caudidat  quand  il 
retournerait  chez  lui.  Axius  me  dit :  Si  nous  al- 
lions  nous  mettre  a  rombre  dans  la  villa  publi- 


que  pendant  qu'on  fera  le  relev^  des  suffrages , 
au  lieu  de  nous  entasser  dans  la  nioitie  de  tente 
que  notre  candidat  peut  nous  offrir?  En  fait  de 
mauvais  conseil ,  lui  repondis-je,  si  le  proverbe 
dit  vrai ,  tant  pis  pour  qui  le  demaude.  Quaud  il 
est  bon,  tant  mieux  pour  qui  le  donne  et  pour  qul 
le  recoit.  Nous  eutrons  donc  dans  la  villa  publi- 
que,et  nous  y  trouvons  1'augure  Appius  Clnu- 
dius,  se  levant  sur  un  banc,  prct  a  repondre  au 
cousul  s'il  le  consultait.  II  avait  asa  gauche  Cor- 
nelius  Merula(merle),  de  famille  consuiaire,  et 
Fircellius  Pavo  (paon),  de  Rcate;  et  a  sa  droite 
Minutius  Pica  (pie) ,  et  M.  Petrouius  Pas.-^er  (moi- 
neau).  Nous  allSmes  a  lui;  et  Axius  lui  dit  en 
souriaut :  Ne  voulez-vous  pas  nous  ad.ueltre  dans 
votre  voliere,  parmi  les  oiseaux  que  voici"?  Cer- 
tcs,  repondit-il;  vous  surtout,qui  dernierement 
m'avez  fait  manger  des  oiseaux  de  passage,  dont 
Teau  me  vient  eneore  a  la  bouche.  Nous  dinions, 
je  m'en  souviens,  dans  votre  villa  de  Reate,  pres 
du  lac  Vclin  ;  et j'etaisappele dy  cc  cotc  pour  un  dif- 
ferend  survenu  cntre  les  habitants  d'hiteramne 
et  ceux  de  Reate.  Au  reste,  aionta-t-il,neconve- 
nez-vous  pasquecettevilla  oii  nous  sommes,  telle 
que  Tont  construite  nos  aucetres,  est  a  la  fois  plus 
simple  et  de  meilleur  gout  que  votre  elcgante 
maisoude  Reate.  Est  ccqu'on  trouve  ici  de  cesin- 
erustationscnorouencitronnier'?y  voit-on  briller 
razuret  le  vermillou?  y  marche  t-on  sur  lamar- 
queterie  et  les  mosaiques?  toutes  magnilicences 
etalces  avec  profusion  dans  ia  votre.  Cependant 
celle-ci  est  coramune  a  tout  le  peuplc  romain ,  et 
la  v6tre  ne  sert  qu'a  vous;  celle-ci  est  une  rctraito 
pour  les  citoyens  au  soitir  des  comices,  et  pour 
le  premicr  venu  ;  c'est  pourdes  juments  et  des 
.'incs  que  la  volrc  est  faile.  Ajoutez  que  cet  eta- 
blit^sement  est  d'une  grandc  utilite  pour  radmi- 


tos,  aiit  cmlos  habcnl  saltus.  Altcra  villaUca,  quod  lui- 
mills  videtur ,  a  quibusdain  adjecta  ad  agricultuiani  cuni 
essetpaslio,  nequeexplicala  tota sepaiatim,  quod  sciam, 
ab  ullo.  Uaque  cum  putaicm  essc  rerum  nisticaruin  , 
qure  constiluta  sunt  fructus  causa,  tria  gencia,  uniim  de 
agricultura,  alterum  de  re  pecuaria,  terlium  de  villulicis 
pastionibus:  tres  libros  institui,  c  qucis  duo  scripsi ;  pri- 
iiium  ad  Fundaniam  uxorem  de  agricultura,  secimdum 
de  pecuariaad  TurraniumNigrum  ;quireliqnusestterUus 
de  villaticis  fiuctibus ,  iu  lioc  ad  le  mitlo ,  quod  visus 
sum  debere  pro  noslra  vicinitate  el  amoie  scribei e potis- 
simum  ad  te.  Ciim  enim  villam  liaberes  opere  tectorio  el 
inteslino  ac  pavimentis  nobililnis  lithostrolis  spectandam , 
parum  putasses  esse,  ni  tuis  qiioqne  lileris  exornati  pa- 
rietes  e.ssent.  Ego  quoque,  quo  oinatior  ea  esse  posset 
fructu  qnam  faclu,quoad  faceie  possem,  baecadte  misi, 
recordalus  de  ea  re  sermones  ,  quos  de  villa  perfecta  lia- 
buissemus.  De  quibus  exponendis  initiiim  capiam  hinc. 

II.  Coniiliis  cediliciis,  cum  sole  catdo  ego  et  Q.  Axiiis 
senator  tril)ulis  suffragium  tulisscmus,  et  candidato , 
cuisludebanms,  vellemus  esse  pia-sto,  ciim  donuim  re- 
direl,  Axius  mihi :  Dum  diriinenlur,  iiiqi:it,  suffragia,  vis 


potiiis  villa!  publica?  ulamur  umbia ,  quam  privali  can- 
didati  tabella  dimidiata  «dilicemiis  nobis?  Opinor,  in- 
(juam,  non  solum  quod  dicitur,  malum  consilium  ,  con- 
sulloii  cst  pessimiim:  sed  etiam  bonuin  consilium  ,  qui 
consulit,  et  qui  consulitur,  bonum  liabendum.  Itaqiie 
iuiiis,  venimus  in  villam.  Ibi  AppiumClaudium  augnrem 
sedentem  invenimus  in  snbselliis,  ut  eonsuli ,  si  quid 
ususpoposcisset,  esi;et  pra-sto.  Sedebat  ad  sinistiam  ei 
Cornelius  Merula  consiilari  familia  ortus ,  ct  Fiicellius 
Pavo  Reatinus.  Ad  dextram  Minutius  Pica ,  et  M.  Petro- 
nius  Passer.  Ad  quem  cuni  accessiiniis,  Axius  Appio  su- 
bridens  :  P.ccipis  nos,  inquit,  in  tuum  oniitbona,  iibi 
sedesinter  avcs.'  Ille  :  Ego  vero,inquit,  te  piicserlim, 
cujus  aves  liospitales  etiani  niinc  ructor ,  quas  nnlii  appo- 
suisli  paiicis  ante  diebus  in  villa  Fiealiua  ad  lacum  Ve- 
lini,  cunti  decontroversiislnteramnatiumet  Pieatinorum. 
Sed  non  liac ,  inquit ,  villa  quam  .Tdilicarunt  majores 
noslri,  frugalior ,  ac  meliorest,  quam  tua  illa  peipolita 
in  Kealino  ?  iNuncubi  liic  vides  citrum  ,  aut  aurum  ?  num 
miuiuin,  aut  Armenium?  nuni  quod  einblema  aut  litbos- 
trotuiii?  «jua^  illic  omnia  contra.  Et  cum  liaec  sil  coni- 
iniiiiis  universi  populi ,  illa  solius  tua.  llaiT  qiio  succedant 


DE  LAGP.ICULTURE,  LIV.  III. 


nistration  de  la  repiiblique;  c'est  ici  que  lcs  consuls 
passent  lcs  eoliorles  en  revue ,  que  se  fait  la  vi- 
site  des  armes,  etque  icscenseurs  convoquent  le 
peuplepouriedenombrement.iMais,  repritAxius, 
laquelle  regardez-vous  douc  comme  plus  utile, 
ou  de  votre  villa  de  rextremite  du  cliamp  de 
Mars,  qui  reunit  k  ellc  seule  plus  de  maunili- 
cence  que  celle  de  Reale  ensemble,  avec  son 
splendide  etalage  de  peinture  et  de  statues ;  ou 
de  la  mienne,  ou  ne  se  voittrace  de  la  main  de 
Lysippeou  d'Antiphile,  mais  ou  le  semeur  et  le 
pStre  laissent  frequemment  les  leurs  en  revan- 
che?  Et  comment  se  fait-il  d'ailleurs,  puisque  Ti- 
deede  villaimplique  rexploitatiou  rurale  surune 
grande  echelle,  comment  se  fait-il,  disje,  que 
dans  la  v6tre  il  n'y  ait  pas  un  pouce  de  terre ,  pas 
ua  boeuf,  pas  une  jument?  Qu'a  de  commun  enfin 
votre  villa  avec  celles  que  possedaient  votre  aieul 
et  bisaieul?  Ou  n'y  voit  iii  foiu  sechant  sur  les 
planchers,  ni  vendauges  dans  les  celiiers,  ni 
grains  dans  les  greuiers.  Car  eufiu,  pour  etre 
situee  hors  de  la  ville  ,  une  maison  n'eu  est  pas 
plus  villa  que  ne  le  sont  toutes  les  habitations 
qu'on  a  construites  au  dela  de  la  porte  Flu- 
mentane,  ou  dans  lefaubourg  Emilien.  Comme 
Jecoufessemon  iguorauceen  cetle  matiere,  dit  en 
souriant  Appius ,  je  vous  prie  de  vniiloir  bien 
m'apprendre  ce  que  c'est  qu'une  villa ;  car  jo  suis 
sur  le  poiiit  d'en  aclieter  une  de  M.  Sejus  a 
Ostie,  et  je  ne  voudrais  pas  faire  une  ecole.  Si 
effectivement  uue  maison  n'est  villa  qu'a  la  con- 
dition  de  contenir  un  ane  comme  celui  que  vous 
ra'avez  montre  chez  vous ,  ct  qui  vous  a  coiite 
quarante  mille  sesterces,  je  crains  bien,  au  lieu 
d'une  villaque  je  veu.x  acbeter,  de  m"en  tenira une 
siraplehabitation  situeesur  la  c6te  d'Ostie.  Cest 


cependant  L.  Mernla  que  voic!  qui  m'avait  mis 
en  goiit  de  cette  aequisltion.  II  y  avait  passi" 
(piel([uesjourscl;e7.  Sejus,  ct  Jamais  villa,  nra-t-il 
dit,  ne  lui  avait  tant  plu.  Cepciidaul  il  n'y  avait 
apercu  ,  je  ne  dis  pas  des  tableaux ,  des  sSatues 
de  brouze  ou  de  marbrc ,  mais  non  pas  miime 
un  trapeze,  uu  pressoir,  un  vaisseau  a  huile. 
Axius  se  tournaiit  aiors  vers  Merula  :  Qu'est-ce 
qu'une  villa,  lui  dit-il ,  oii  ron  ne  trouve  ni  la  de- 
coration  d'une  maison  de  ville,  ni  lattirail  des 
travaux  de  la  campagne?  Mais,  rcjpondit  Mi-ruia, 
est-ce  que  votre  villa  de  Velinum  ,  ou  jamais  ar- 
chitectc  ni  peintre  n'a  mis  le  pied,  merite  moins 
ce  nom  que  votre  villa  de  Rosea  ,  ou  tous  les  arts 
se  sont  donne  rendez-vous,  et  dont  vous  avez 
la  jouissanec  en  commun  avee  votre  fine?  Ici 
Axius  expiima  par  un  signe  de  tete  que  la  pre- 
miere,  bien  que  simpleraent  rustiquc,  (^tait  aussi 
bien  villa  pour  lui  quecelle  qui  piTsentait  ledou- 
blccaracteredhabitationde  villeetdecampagne; 
et  il  lui  demanda  quelie  iuductiou  il  pr^itendait 
en  tirer.  Quelle  induction?  dit  Merula.  Si  le 
merite  de  votre  fonds  de  Rosea  consiste  dans  les 
nourritures  que  vous  y  faites;  si  le  nom  de  villa 
lui  cstdu  cn  raison  des  troupeaux  quierrcnt  dans 
ses  palurages  et  s'abritent  dans  scs  etables;  on 
doit(''galementappeler  villa  tout  etablissemeiit  ou 
des  animaux  qu'ou  nourrit  rapportent  des  bew- 
fices  considerahles.  Qu'importe  en  effet  que  ces 
benelices  proviennent  des  brebis  ou  des  volaliles? 
Trouveriez-vous  plusdoux  le  produit  de  vos  bt'les 
a  cornes,  dont  lasubstanceeugendie  les  abeillcs, 
que  celui  des  abeilles  elles-memes,  qu'on  voit  a 
rouvrage  dans  les  ruches  de  la  vjllade  Sejus? 
Et  rendrez-vous  les  porcs  i-leves  dans  votre  mt'- 
tairie  plus  chers  que  Sejus  ne  vend  ses  sangliers 


c  campo  cives ,  ct  icliqui  onine.>,  illa  (]uo  ecjiisc  etasini: 
prwterea  ciim  ad  reinpiiblicam  adiiiinisliandam  hx^c.  sil 
ulilis, nbi  cohorles ad  delectii m  consuli  adduclsconsidant , 
ubi  arma  o,slen(lant ,  iibi  censores  censii  adniiUant  popn- 
Inm.  Tiia,  inquit,  hxc.  in  campo  Marlio  extremo  ulilis, 
ct  non  deliciis  snnipluosior,  (piam  omnes  omniuni  Reali- 
ii.ie.^  tam  et  oblila  laiiulis  piclis,  nec  minus  signis  ornata: 
an  mea?vesligium  nbisil  nnlluniLysippi  aiit.-\ntipliili,sed 
crelira  satoris  et  pastoris.  lit  ciiin  villa  mui  sit  sine  fuudo 
masuo,  et  eo  polito  cuUura  ,  tna  ista  netiue  asrum  habet 
ullum,  nec  bovein ,  nec  eipiani.  Denique  quiil  tua  habet 
simile  villrc  illiiis  ,  qiiam  tuns  aviis  et  proavus  habebat; 
necenim,ut  illa,  roenisicia  videt  arida  in  tabnlato ,  nec 
vindeniiam  in  rella ,  neqiie  in  j^ranario  messim.  Nam  (pifid 
extra  mbem  est  .Tdiriciiiui ,  niliilo  niagis  [ideo]  est  villa, 
quani  eoruni  a-dilicia  ,  qiii  habitanl  c\lra  portam  numen- 
tanam,aut  in  .Emiliaiiis.  .\ppius  siibridens  :  Qnoniam  cgo 
i^noro,  inquit ,  qiiid  sit  villa,  velini  me  doceas  ,  iie  laliar 
imprudenlia,  qiiod  vulo  emere  a  M.  Sejo  in  Ostiensi  vil- 
lain.  Qiiud  si  ea  irdiliiia  vilLie  non  simt,  qux  asiniiin 
tuuin,  qiiem  milii  qiiadiaginta  millibus  enitum  ostendc- 
basapud  te.non  babent,  inetuo  ne  pro  villa  emam  Ostia» 
in  litore  Sejanas  sedes.  (.Juodredificium  liic  ine  L.  Mcndi 


impulit  nt  cnpeiem  habere,  cum  diceret  nullam  se  ac- 
cepisse  villain ,  qua  magis  delcclatiis  esset,  cum  apud 
eiinidies  ali(piol  fuisset.  Nec  fameu  ibi  se  vidisse  tahuiam 
pi.l.iiii,  111'ipiesiguum  aheneuni,  aut  marnroieiim  ulluni : 
niliilo  iiiii^is  loKula  vasa  vindemiatoria,  aul  serias  olea- 
rias ,  aut  trapetas.  Axiusaspicit  Mcndam  :  Et  (piid  igitiir, 
inquit,  est  ista  villa,  si  nec  urbanahabet  ornamenla,  ne- 
que  rustica  menibra?  cui  ille  :  Non  miuus  villa  tiiaerit  ad 
augiilum  Velini ,  qiiam  iieqiie  pictor,  neque  tcctor  vidit 
imquani ,  qnam  iu  Rosea,  qiia:  est  polita  opere  teclorio 
elegauler,  quam  domiuus  habes  comuiunem  cum  asino. 
Cum  significasset  niitu,  niliilo  miniis  csse  villain  eam  , 
qu;c  essetsimplex  ruslica,  quameam  inqiiaesset  utrum- 
qiie,  et  ea  et  nihana,  et  rogasset  qiiid  cx  his  rcbiis  colli- 
geiet :  Qnid?  inquit ,  si  propter  pastiones  tuus  fuudus  iii 
Rosea  piobandiis  sit;  ct  qiiod  ibi  pascitur  pecus  ac  sla- 
biilatur ,  rcde  villa  nppellatur :  li;cc  quoque  siniili  de  causa 
debet  vocari  villa,  in  qna  prnpter  paslioues  fructus  ca- 
piunlur  magui.  Quidcnim  rclert,  ulrum  proplerovcs,  an 
piopler  aves  fructus  capias?  anne  dulcinrcst  fructiisapiid 
te  ex  bubiilo  pecore,  iinde  apcs  na.scuntur,  quam  cx  api-' 
biiSjqiia'  ad  villain  Seji  in  alveariis  opus  faciunt?et  niiiu 
pliiris  uuiic  lii  (■  villa  illic  nrilos  verreslanio  vendis,  qiiani 


VARRON. 


aux  bouchcrs  de  la  \il!e?  Mais  qui  m'empeche, 
dit  Axius,  d'avoir  des  abeilles  daus  ma  villa? 
Est-ce  que  le  miel  de  Sicile  ne  se  fait  que  chez 
Scjus ,  et  ne  peut-on  obtenir  a  Reate  que  du  miel 
coise?  serait-ce  que  le  giand  que  Sejus  aeliete 
a  la  vertu  d'cngraisser  lcs  sangliers,  tandis  que 
mon  gland,  qui  iie  me  coiite  rien ,  les  ferait  mai- 
grir?  Mais,  reprit  Appius,  Merula  n'a  point  dit 
que  vous  ne  puissiez  faire  chez  vous  les  memes 
eleves  que  Sejus;  seulement  j'ai  vu  de  mes  pro- 
pres  yeux  que  vous  ne  le  failes  pas.  Car  il  y  a 
deux  especes  de  uourriture  :  Tuue  que  j'appelle- 
rai  champetre,  et  quicoraprend  le  betail ;  Tautre, 
sedentaire,  et  qui  embrasse  pigeons,  poules, 
mouches  a  miel ,  et  en  general  tout  ce  qu'on  veut 
elever  dans  renceinte  d'une  villa.  Magon  de  Car- 
thage,  Cassius  Dionysius,  et  quelques  autres, 
ont  traitc  cette  matiere  specialemeut  en  differents 
endroits  de  leurs  ouvrages,  dont  Sejus  parait  etre 
imbu.  Aussi  tire-t-il  plus  de  prolit  de  sa  seule 
vilia  par  les  nourritures  qu'il  y  fait,  que  d'autres 
n'en  savent  recueillir  de  la  culture  d'un  londs 
tout  entier.  En  effet,  dit  Mcrula,  j'ai  vu  chez  lui 
des  bandes  immenses  d'oies,  de  poules,  de  pl- 
geons ,  de  grues  ,  de  paons ,  ainsi  qu'une  multi- 
tude  de  loirs,  poissons  ,  sangliers,  et  autres  gi- 
hiers  de  chasse.  L'affranchi  qui  tient  ses  livres, 
et  que  Varron  a  vu  ,  m'a  assure,  qiiand  il  me  fai- 
sait  les  hoimeurs  en  rabsence  de  Sejus ,  que  son 
nialtre  tirait  de  sa  villa  plus  de  ciuquaute  mille 
scsterces  par  an.  Comme  Axius  paralssait  tout 
etonne,  je  lui  demandai  s'il  conuaissait  le  fonds 
de  matante  maternelle ,  sur  la  voie  Salaria ,  dans 
le  pays  sabiu,  a  vingt-quatre  milles  de  Rome. 
Assurement,  dit-il,  puisque  c'est  la  que  je  m'ar- 
rete  a  midi ,  lorsque,  pendaut  r^te,  je  me  rends 
de  Rome  a  Reate;  et  que  je  passe  la  nuit,  lors- 

hic  apros  raacellario  Scjus  ?  Qiii  miiins  cgo,  iiiquit  Axius , 
islas  liabere  possum  in  Reatina  villa?  nisi  si  apud  Sejum 
Siculum  fil  mel,  Corsicuin  in  Reatino :  et  liic  aprum  glaiis 
cum  pascit  enUicia,  liscit  pinsiiem;  illic  giatuita  e\ilpm. 
Appius,  posse  aci  te  fieii,  inquit,  Sejanas  pastiones  nnn 
negavit  Meiuia-.  ego,  nonesse,  ipse  vidi.  Diio  cnim  genera 
cum  sint  pastionum  :  unum  agreste ,  in quo  pecuarise  sunl , 
alterum  villaticum  ,  iu  quo  suiit  galliurt,'  ac  columba;  et 
apes  et  c;ctcia ,  quce  in  villa  solent  pasci,:  de  quibus  el 
Poenus  Mago  et  Cassius  Dionysius  et  alii  quid  sepaialim 
ac  dispersim  in  libris  reliqnerunt,  quos  Sejiis  legisse  vi- 
detur,  el  ideo  ex  liis  pastionihus  ex  una  villa  majoies 
fructus  capeie ,  qiiam  aiii  faciunt  ex  toto  fuudo.  Certe  , 
inqiiit  iMenil.i.  Kam  ibi  vidi  greges  mugnos  anserum, 
gallinarum,  (iiliinihariim,  gruiim ,  pavonum  ,  nec  non  gli- 
rium,  pi.sciuni,  aproioni,  et  ca'tera  venalionis.  Exqiiibu'5 
rebus  .sciiba  lihrarius  libertns  ejiis,  qui  apparuit  Varroni , 
et  me  abscnle  patrono  bospitio  acciplebat,  in  annos  sin- 
gutos  plus  quinqnagena  niillia  [e  villa]  capere  dicebat. 
Axio  admiianti  :  Cerle  nosti ,  inquam ,  materteioe  meEe 
fundum  in  Sabinis  ,  qui  est  ad  qiiarlum  et  vicesimnm  la- 
pidem  via  salaria  a  Roma.  ()mAm,  inquil ?  ubi  restate 
iliem  meridie  dividere  soleam,  cum  oo  licate  e\  uibe, 


que  j'en  reviens  pendaut  rhivcr.  Eh  bien,  repris- 
je  ,  i!  y  a  dans  eette  villa  une  voliere ,  dont  il  est 
sorti  a  ma  connaissance ,  dans  uue  seule  annee, 
jusqu'a  cinq  mille  grives,  qui  ont  ete  vendues 
trois  deniers  piece;  de  sorte  que  ce  seul  produit 
a  donne  cette  annee-la  soixante  mille  sesterces, 
le  douhle  du  i'eveuu  de  votre  metairie  de  Reate, 
hien  qu'e!!e  n'ait  pas  moins  de  deux  cents_;w- 
//f /-ff .  Quoi !  soixante  milles  sesterces,  s'ecria  Axius; 
soixante  mille!  vous  plaisantez,  saus  doute.  Non, 
je  dissoixante  mille.  Soit.  Mais  vous  conviendrez 
que  pour  arriver  a  ce  chiffre  i!  faut  la  coinci- 
dence  d'un  festin  public,  ou  d'un  triomphe  ex- 
traordinaire,  tel  que  celui  de  Metellus  Scipiou  ; 
ou  bien  encore  de  ces  repas  de  corps ,  dont  le 
grand  nombre  a  fait,  a certaines  spoques,  lenche- 
rir  les  vivres  de  nosmarcbes.  Mais,  aunee  cora- 
mune,  vous  serez  longtemps  a  realiser  un  benc- 
fice  aussi  considerable.  Soj'ez  persuade  au  con- 
traire  qu'une  voliere  ne  vous  fait  jamais  faux 
bond,  et  que,  par  le  temps  qui  court ,  on  n'a  pas 
a  rabattre  des  esperances  qu'on  y  a  fondees.  Car 
oii  est  fannee  oii  vous  ne  voyiez  un  festin  de 
triomplie ,  ou  de  ces  rcpas  de  corps  qui  affluent 
au  point  defairerencherirlcs  vivres?  Vous  pour- 
riez  dire,  ajouta  Merula,  que,  dans  ce  temps  de 
profusiou ,  ces  publiques  bombances  sont  quo- 
tidiennes  a  Rome.  L.  Albutius,  homme  fort  sa- 
vant,  comme  vous  le  savez  tous  ,  et  dout  nous 
avons  des  satires  dans  le  goiit  de  celles  de  Luci- 
lius,  ne  disait-il  pas  que  sou  fonds  du  pays  al- 
bain  rapportait  bien  moins  que  sa  villa?  que  le 
reveuuderuuetait  au-dessous  de  dix  raillesestcr- 
ces,etceluide  Tautre  au-dessusde  viugt?  Lememe 
auteur  pretendait  qu'avec une  villa  pres  de  la  mer, 
dans  une  localite  de  son  choix,  il  se  serait  fait  par 
an  plus  de  cent  mille  sesterces.  Deruierement 

aut  cum  inde  venio  hieme ,  noctu  poneie  caslra.  Alque 
inbac  vlllaqui  esl  ornithon,ex  eouno  quinque  milliascio 
venisse  turdorum  denariis  ternis,  ut  sexaginta  millia  ea 
pars  reddideiiteo  anno  vlll<e  ,  bis  tanlum  qiiam  tuus  fun- 
dus  ducentum  jugerum  Reale  leddit.  Quid?  sexaginta, 
inquit  Axius?  i.x?  LX?derides.  Sexaginta,  inqtiam.  Scd 
ut  ad  hunc  bolum  pervenias,  opus  erit  libi  aut  epiiluni 
aul  triumphus  alicujiis,  iit  tunc  fnit  Scipionis  Metelli, 
aul  collegiorum' cffin»,  qua;  tunc  innumerabiles  exc.an- 
defaciebant  annonam  macoUi.  Reliquis  annis  omnibus  et 
lianc  expectabis  siimmam.  Spero  non  tibi  decoqiiet  [  non) 
oinithon.  Neque  hoc  accidit  bis  moribus,  nisi  raro,  ut 
decipiaris.  Qnotus  quisque  enim  est  annus,  quo  non  vi- 
deas  epiiliini,  aut  trinmphiim  ,  aut  collegia  [non]  epu- 
lari,  qiia;  iiiinc  inniimerahiles  incendunt  annonain?  Scd 
pioplcr  hiMiriain,  inqtOt ,  quodammodo  epuhim  qUoti- 
dianiim  est  intra  januas  Roma!.  Nonne  item  L.  Albutius 
liomo  (iit  scitis)  apprime  doctus,  cujus  Luciliano  charac- 
tere  siint  libelli ,  dicebat  in  Albano  fundum  siium  pastio- 
nibus  sempcr  vinci  a  villa?  agrufti  enim  minusdena  millia 
reddere  ,  villam  pliis  vicena.  Idem  secundiiin  mare  qiio 
locovellet,  si  parasset  villam ,  se  siipra  centiiin  millia 
e  villa  receplurum.  Age  non  M.  Culo  iiiipur  cnin  Lnc-^Ii. 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  IIL 


eiifore,  M.  Catoii  ii"a-t-il  pas  vendu  pour  qna- 
rantc  mille  scsterces  de  poissons  pmvenant  des 
viviers  de  Luculius,  dont  il  venait  d'aecepter  la 
tiitelle?  Mon  elicr  Merula,  dit  Axius,  veuillez 
rn'accepter  pour  cle ve  dans  l"ai't  de faire  des  eieves 
dans  une  villa.  Je  ne  dis  pas  non,  reprit  Merula; 
mais  il  faut  iTiepayerd'avance  par  un  diiicr.  Vous 
Taurcz  des  aujourdhui ;  et  a  lavcnir,  je  vous  fe- 
rai  tiiter  souvent  des  elcves  que  vous  m'aurez 
appris  a  faire.  J'ai  peur,  dit  Appius,  que  vous  ne 
me  fassiez  manger  quelque  oie  ou  paon  raort  dans 
votre  basse-cour.  Qu'impoi-te,  rcprit  Axius,  que 
lesoiseaux  ou  poissons  que  Ton  vous  sert  soient 
morts  de  leur  belie  raort  ou  dautre  maniere  ?  vous 
ne  pouvez  les  manger  vivants.  Mais  je  vous  en 
prie,  Merula,  initiez-mol  a  cette  science  dc  la 
basse-cour;  veuillez  iious  eu  exposer  les  principes 
et  les  rcssourees.  Merula  accepta  la  tache  de 
bon  coeur. 

ili.  Lu  proprietaire  doit  avant  tout  connaitre 
les  especes  animalcs  qu'<>n  nourrit  dans  une 
villa  ou  dans  scs  dependauces,  en  vue  de  profit 
ou  d'agreraent.  II  y  a  pour  cela  trois  regiraes 
dlftVrents  a  etudier  :  celui  de  voliere,  celui  de  la 
garenne,  celuidu  vivier.  J'cntends  par  voliere  le 
lieu  oii  lon  renferme  toutcs  especes  d'oiseaux; 
par  gareune,  non  pas  ce  que  le  mot  signifiait  pour 
nos  ancetresala  troisiemegeneration,  c'est-a-dii'e 
un  parc  exclusivement  peuple  de  lievres,  mais 
un  enclos  attenant  a  la  villa,  oii  Ton  peut  nour- 
rir  dugibierdetoutes  sortes.  J"enteDdsenfiu  par 
vivier  toute  reserve  de  poisson  d'eau  douce  ou  sa- 
lee,  dcpendant  d'une  villa.  Chacun  de  ces  trois 
rcgimes  cst  au  moins  douolc.  Ainsi  la  theorie  de 
la  voliere  eoraprend  eu  deux  parties  les  especcs 
volatilcs  aiixquelles  la  tcire  suffit,  telles  que  les 
paoas,  les  tourterellcs,  les  gi'ive>;  et  celles  a 
qui  il  faut  la  terreet  Teau,  comiiie  les  oies,  les 


sarcelles,  les  canards.  La  theoric  de  la  garenne 
distingue  egalement  cntre  les  sangliers,  che- 
vreuils  et  lievies,  d'un  c6te,et  les  abeilles,  escar- 
gotset  loirs,  de  rautre.  Eniinla  thcorie  du  vivier 
sedivise  aussi  cn  deuxdasses,  celle  des  poissons 
de  mer,  et  ceile  des  poissons  deau  douce.  L'at- 
tention  doit  donc  se  porter  sur  six  parties  dif- 
fercntes.  On  commeucera  par  s'entourer  degcns 
de  trois  professions ,  des  oiseleurs ,  chasseurs  et 
pechcurs;  ou  du  moins  on  aura  respectivement 
rccours  a  leur  entremise  pour  se  procurer  des 
meres  pleines,  dont  les  csclaves,  sous  lasurveil- 
lance  du  maitre,  soignent  la  progeuiture,  rele- 
vent,  rengraissent  jusqu'ace  qu'ellesoit  bonne  a 
envoyer  au  marche.  Certaines  cspeces,  comme  les 
loirs,  les  escargots  et  les  poules  ,  s'obtiennciit 
sans  qu'il  soit  besoin  pourcela  de  faire  interve- 
nir  oiseleurs,  chasseurs  ou  pecheurs;  et  ce  genre 
de  spcculation  a  coraraencc  sans  doute  pars'exer- 
cer  sur  celles  qui  sont  les  hotes  ordinaires  de 
toute  villa.  Les  poulets,  dans  rorigine,  ne  se  sont 
pas  multiplies  seulcraent  par  les  soins  des  au- 
gurcs,  et  pour  lc  besoindes  auspiccs;  plus  d'un 
chef  defamilleaussi,  dansnos  campagnes,  donna 
des  soinsa  leurpropagation.  Ou  s'avisa,  dans  la 
suite,  de  formerdans  le  voisinage  de  la  villa  de.s 
enclos  cntoures  de  murailles ,  taiit  pour  s'y  livrcr 
a  la  chasse  quc  pour  y  etablir  des  ruchcs  pour 
lcsabeillcs,  qui  d'abord  n'avaieiit  d"autre  ahri 
que  rcntableinent  dun  toit.  Plustard  on  creusa 
des  viviers  remplis  d'eau  douce,  et  dans  lesquels 
on  emprisonna  les  poissons  peches  seuleinent 
dans  lcs  rivieres.  On  voit  que  chacune  des  trois 
parties  de  rindustrie  de  la  basse-cour  a  passc 
par  dcux  degres,  marques,  le  premier,  du  carac- 
teredela  frugalitaaniiquc,  le  sccond,  de  la  ten- 
dance  aux  raffinements  dcs  sieclcs  posterieur.-;. 
Dans  la  preraiere  periode,  en  effet,  nos  ancctres 


acccpit  tiitelam  ,  e  pisninis  pjus  qna(lraj;iiifa  niillilnis  sex- 
lertiis  vemlidit  pisces?  Axiiis  ;  Mernla  nii,  inqnit,  re- 
cipenie  qn.xso  discipuliim  villaticae  pastionis.  Ille  :  Quin 
siniulac  proniiseris  minerval ,  id  est  cipnani,  iucipiam ,  in- 
quit.  Axivs  :  Ego  vero  non  recuso  vel  liodie ,  ct  cx  isla 
pastione  crebro.  Appius  :  Credo  simulac  priniuni  ex  isto 
villatico  pecore  mortiii  erunt  anseres  aut  pavones.  Cui 
ille :  Qnid  enim  inleiesl  nlruni  niorticinas  edilis  volucrcs 
an  pisces ,  quos  nisi  niortuos  estis  nunquam  ?  Sed  oro  te, 
inquit,  induce  me  in  viam  disciplinn»  villatica;  pastionis  , 
ac  vim  fonnamque  ejus  expone.  i\Ienila  non  gravale : 

111.  1'rimum,  inquit,  dominum  scientem  esse  oportel 
earum  rernm  qna;  in  villa  circumve  eam  ali  ac  pasci  pos- 
sint,  ita  ut  doniiuosint  fructui  ac  delectationi.  Ejus  disci- 
plinffi  genera  sunl  tria,  ornilliones,  leporaria,  piscina;. 
Nuuc  ornitlionas  dicoomnium  alitum,  qua;  inlra  pariefes 
villa;  solent  pasci.  Leporaria  te  accipere  volo ,  non  ea  qiia; 
tiitavi  nostii  dictbant,  ubi  soliti  lcporcs  sint,  scd  omnia 
septa ,  aflicta  vilhc  qii;c  sinit ,  ct  liabcnl  inclusa  animalia , 
qiiae  pascantur.  .Siniiliter  piscinas  dico  eas ,  quse  in  aqua 
julci  aut  salsa  inclusos  liabcnt  pisces  ad  villain.  Ilarum 


singiila  genera  niiuinuim  in  binas  species  dividi  possiinl ; 
in  piima  parte  ul  sint ,  r\»x  teira  niodo  siint  conlenta  ,  ut 
suntpavones,  turtuies,  tnidi.  Allera  species  suut,qua! 
non  siint  conlenla  terra  soIum,sed  etiam  aquam  reqiii- 
runt,  iil  siint  anseros ,  queiqucdula;,  anatcs.  Sic  alternni 
genus  illud  vcnaticuin diias  liabet  diveisas  species  :  nuaiii, 
in  qna  est  aper,  caprea,  lepiis.  Alteia  item  extra  villain 
qnicsiint,  utapes,  cocIe;«,  glircs.  Tertii  generis  aquati- 
lis  item  spccies  dua> ,  partim  quod  liabent  pisces  in  aqiiu 
dulci ,  partim  quod  in  maiina  Dc  liis  sex  partibus  :  ail 
ista  Iria  genera  arlificiim  paranda,  aucupes,  veuatores, 
piscatorcs,  aiit  ab  hisemenda,  qiia;  luoruni  servoruin 
diligcntia  tucaris  in  r.Ttura  ad  partus,  et  nata  nntricere 
saginesqnc ,  in  macelliiin  iit  perveiiiant.  Neque  iion  cliam 
qiia'dam  assnnienda  in  villani  smc  retibus  aucupis,  vena- 
toris,  piscatoris,  nt  glires  ,  cocleo;  et  gallina;.  Eariim  rc- 
riim  cnitura  instiliita  prinia,  ea  quiic  in  villa  balientur. 
Non  enim  .solum  aiigmes  Romani  ad  auspicia  prininm  pa- 
rarunt  piillos,  sed  eliani  patres  familiae  rure.  Secunda, 
quat  macerie  ad  villam  vcnalionis  eansa  cludnntur,  et 
propter  alvearia.  Apcs  eniiu  subtcr  subgruudas  ab  iuilio 


J34  VARRON. 

u'avaieiit  daiis  leurs  villas  que  deux  places  re- 
serveesalavolaille  {aviaria),et  consistaiit,  Tune, 
en  uneeour  basse,  ou  ils  nourrissaient  les  poules, 
dont  les  cEufs  et  les  poulets etaient  tout  le  produit. 
L'autre  estune  tourclle  servant  de  colombier,  et 
situee  dans  la  partie  superieure  du  biltiment.  On  a 
chanfte  ce  nom  A'aviaria,  et  nous  avous  au- 
jourd'bui  des  ornithones  (volieres),  creation  de 
la  sensualit6  niodorne  ,  dont  la  construction  oc- 
cupe  plus  de  place  que  toute  une  villa  d'autre- 
fois.  On  en  peut  dire  autant  des  garennes.  Celle 
de  votre  pere ,  Axius,  n'a  jamais  pour  hotes  que 
des  lievres.  On  ne  voyait  point  alors  de  ces  im- 
menses  emplaccments  ou  Ton  enferme  de  murs 
plusieurs  ji'i</7er«  de  terre,  pour  entretcnir  une 
multitude  de  sangliers  et  de  cbevreuils.  Alors 
se  tournant  vers  moi  :  Lorsque  M.  Pison,  dit- 
il ,  vous  vendit  son  fonds  de  Tusculanum,  com- 
bien  y  avnit-il  de  sangliers  daiis  le  parc  ?  Alors, 
je  vous  le  demande,  connaissaiton  d'autres  vi- 
viers  que  dcs  viviers  d'eau  douce,  et  d'autres 
poissons  que  des  ehiens  de  mer  et  des  mulets? 
Aujourd'hui  il  n'y  a  pas  un  Rliinlon  (;ui  ne  dise 
que,  pour  ne  nourrir  que  cette  sorte  de  poissons, 
autaut  vaudrait  un  etang  rempli  de  grenouilles. 
Pbilippe  se  trouvant  un  joura  Casinum,  Umnii- 
dius,  son  hote,  lui  servit  un  beau  loup  mruin 
peche  dans  votre  riviere,  Varron.  Apcine  Phi- 
lippe  eu  eut-il  goute,  qu'il  le  cracha  en  s'ecriant : 
.ie  veux  mourir,  si  js  n'ai  pas  cru  que  c'etait  du 
poisson.  Vous  voyez  ,  dis-je,  comme  le  luxede 
notre  siecle  aetendu  les  garennes  et  prolonge  les 
viviers  jusqu'a  la  nier,  eu  y  faisant  entrer  en 
inasse  les  poissons  inarins.  N'est-ce  point  de  ces 


derniers  que  Sergius  et  Licinius  ont  tire  Tua 
son  nom  d'Orata,  et  Tautre  celui  de  Murena? 
Qui  ne  connait  les  fameux  viviers  des  Phiiippes, 
des  Hortensius  et  des  Lucullus?  Eh  bien,  reprit 
Merula,  dites-moimaintenaut,  Axius,  de  quelle 
cpoque  je  dois  prendre  mon  sujet. 

IV.  Pour  moi,  repondit  Axius,  j'ai  toujours 
aime,  comme  dit  le  proverbe,  a  me  tenir  au 
camp  derriere  ies  principia  (quartier  general). 
Commencez  donc  par  le  sieele  present;  j'aime 
mieux  cela  que  de  vous  voir  remonter  au  temps 
passe;  car,  apres  tout,  les  paons  rapportent 
plus  que  les  poules.  Je  ne  vous  cacberai  meme  pas 
mondesirde  vousentendreparler  enpremier  lieu 
des  volieres  (or«27/iOftei)  :  les  grives  ont  donne 
bienduprisacenom,etlessoixantcmillese.sterces 
que  ces  oiseaux  rapportenta  Fircellina  m'ontcora- 
niunique  une  etrange  demangeaison  d'en  pos- 
seder  aussi.  Eh  bien  donc,  reprit  Merula,  il  y 
a  deux  especes  de  volieres  :  Tune  d'agrement, 
comme  celle  de  notre  ami  Varron  a  Casinum ,  et 
qui  a  trouv6  beaucoup  d"admirateurs;  Tautre  de 
rapport ,  et  dont  on  fait  commerce.  On  consacre 
a  Rome  des  enclos  fermes  de  murs  a  ce  genre  de 
speculation;  on  les  loue  meme  a  la  campagne, 
notamment  dans  le  payssabiu,  naturellement 
tres-frequente  pour  les  grives.  Lucullus  a  ima- 
gine  de  se  douner  une  voliere  a  deux  lins.  II  a 
fait  construire  a  cet  effet ,  dans  rinterieur  de  la 
sienneaTusculum,une  espece  desalle  amanger, 
ou  il  pouvait  prendre  le  plaisir  de  la  bonne  chere, 
et  jouir  doublemeut  du  spectacle  de  ses  grives, 
ici  roties  etetalees  sur  un  plat ,  la  voltigeant  pri- 
sonnieres  autour  des  fenetres :  combinaison  assez 


villalico  usa;  ter.to.  Tortia?  piscina;  dulces  fieii  ca>pta;,  et 
e  lliimiiiibiis  captos  recopere  ad  se  pisces.  Oninibua  tribus 
liis  seneribus  sunt  bini  jiradus  :  siiperiores,  qiios  fruga- 
litas  antiqiia;  inleriores,  quos  luxuria  posterior  adjecit. 
Prinius  enim  ille  Kradiis  anliqiuis  majoriim  nostrum  erat , 
in  (pio  essent  aviaria,  duo  duntaxat  :  in  plano  cobors,  in 
qna  pascebantiir  galliii;o,  el  earum  fructus  erant  ova  et 
pulli.  Alter  subliniis,  in  qiio  erant  columbae  in  tnrribus, 
aut  siimma  \illa.  Contia  ,  nunc  aviaria  sunt  nomine  mii- 
talo  ,  qiiod  vocanfur  oi  nitliones,  quae  palatum  suave  do- 
njiui  paravit,  ut  tecta  majora  liabeant,  quam  tnm  babe- 
banl  tolas  vjllas,  in  qnibiis  stabiileutiir  lurdi  ac  pavones. 
Sic  in  secnnda  parti  iic  le|iorario  pater  luus,  Axi,  pra^ler- 
qnamlepusculume  vcii  ilioiie  \idil  niinquam.  Nequeeniin 
erat  magnum  id  sepliiin,  quwl  iiiinc,  ut  babcant  ninltos 
apros  ac  capreas,  cinDiiluia  jiigeia  niaceriis  concludunl. 
INoii  tum,  inquil  milii,  cum  emisti  rundiini  Tiiscnlaniim 
a  M.  Pisone,  in  lcpoiaiio  apri  fuerunt  multi?  In  leitia 
parti  quis  liabebat  pisciiiain ,  nisi  dulcein ,  et  in  ea  dunta- 
xat  squalos  ac  mugiles  pisces.' Qiiisc.ontra  nunc  Rbinton 
iion  dicit  sua  nibil  inleresse  ,  utrum  iis  piscibiis  stagnum 
liabeal  pleniini  an  raiiis.'  Non  Pliillppiis  cum  .<id  Ummi- 
(liiim  hospitem  Casiiii  divertisset ,  et  ei  e  tuo  nuinine  lu- 
piim  piscem  formosum  apposuisset,  atque  ille  gustasset 


et  expuisset,  dixit  :  Peream,  ni  pisccm  putavi  esse?  Sic 
iioslra  ieln^ ,  inqvam ,  luxiiria  propagavit  leporaria,ac 
piscinas  protulit  ad  mare,  et  in  eas  pelagios  gieges  pis- 
cium  revocavit.  Non  propter  bos  appellati  Sergius  Orata, 
et  Liciiiiiis  Murena?  Qiiis  enim  propler  nobililalem  igno- 
ratpiscinas  Pbilippj,  llortensii,  Lucullorum?  Quareuude 
vclis  me  incipere,  Axi ,  dic. 

IV.  Ille:  Egovero,  inquit,  (ul  aiunt)  post  principia  in 
castris,  id  est,  ab  liis  polius  temporibus,  qiiam  superio- 
ribus  :  quod  ex  pavonibus  fructus  capiuntiir  majoies, 
qiiam  e  gallinis.  Atque  adeo  non  dissiinulabo ,  qiiod  volo , 
de  ornitlione  primuin,  quod  lucri  fecerunt  lioc  nomen 
turdi;  sexaginta  enim  millia  Fircellina  excande  me  fece- 
iiiiitcupidit^te.  Meriila  :  Duo  sunt,  inqiiit,  ornitboms  ge- 
neia  :  unum  delectationis  caiisa,  ut  Varro  hic  fecit  noster 
sub  Casino,  ipiod amaloies  invenit  mullos  :  alterum  fruc- 
tus  causa,  quo  genere  macellarii  et  in  urbe  quidam  ha- 
bent  locaclausa,  el  rure  maxime  conducta  in  Sabinis, 
quod  jbi  propter  agri  natiiram  fiequenles  apparent  turdi. 
Ex  his  terlii  generis  voluit  esse  Lucullus  conjunctum 
aviarium ,  qiiod  fecit  ia  Tusculano ,  ut  in  eodem  tecto  or- 
nilhonis  inclusiim  triclinium  liaberet,  ubi  delicate  coeni- 
taret,  et  alios  videret  in  mazonomo  posilos  coctos,  alios 
volitai  e  circum  fenestras  captos.  Quoil  inutile  inveneriinl. 


DE   LAGRICULTURE,  LIV.    III. 


nial  eiitcndue,  car  les  ebats  de  ees  oiseaiix  ne 
lejouissent  pas  tant  la  vue  que  leur  odeur  desa- 
greable  n'olTense  {'odorat. 

V.  Or,  comme  je  pense  ,  Axius,  que  vous  te- 
ncz  priucipaleinent  anx  volieres,  dont  on  tire 
proilt,  je  parlerai,  non  pas  de  celles  oit  Toii 
mangedcsgrives,  inais  de  ceP.es  ou  on  les  eu- 
graisse ,  pour  les  manser.  On  eleve  a  cet  elfet  un 
peristyle,  ou  un  batiment  en  forme  de  dome, 
ferme  par  le  haut  d'un  toit  ou  de  lilets,  et  qui 
puisse  contenir  quelques  milliers  de  grives  et  de 
merles.  Quelques-uns  y  ajouteiit  d'autres  espe- 
ces  qui  se  vendent  esialement  clicr,  lorsque  les 
oiseaux  sont  engraisses;  des  cailles  par  exemple , 
et  des  miliuria  (oiseaux  qui  se  nourrissent  de 
millet).  On  y  lait  arriver  Teau  par  le  moyen  d'un 
couduit ;  ou,  ce  qui  vaut  encore  mieux,  on  Ty 
fait  serpenter  dans  de  petits  canaux  assez  etroits 
pour  etie  d'un  nettoiement  facile.  Trop  de  lar- 
geur  fait  qu'ils  se  salissent  trop  vite,  et  oeea- 
sionne  uiie  deperdition  d'eau.  11  faut  que  l'ecou- 
lenienten  soit  mennaedefacon  qu'elle  nesejourne 
iii  ne  depose,  ce  cpii  est  pernicieux  pour  les  oi- 
seaux.  La  porte  de  la  volicre  doit  etre  basst.', 
etroite,  et  avoir  la  fornie  de  ce  qu'on  appelle  cu- 
chlca  dans  les  anipliitheatres  de.stines  aux  cora- 
bats  de  tauieaux.  Les  fenetres  y  seront  rares,  et 
disposees  de  maniere  a  ne  laisscr  apercevoir  au 
dehors  iii  arbres  ni  oiseaux;  car  cette  vue  etles 
regvets  (iirelle  reveiile  font  maiiirir  lcs  oiseaux 
prisonniers.  IS'y  laissez  penetrer  de  jour  que  ce 
qu'il  cn  faut  niix  grives  pour  lecounaitre  ou  est 
le  perchoir,  le  mani;er  et  Teau.  On  enduira  por- 
tes  et  fenetres  d'une  couehe  bien  lisse  de  inas- 
tic,  pour  empecherles  rats  et  autres  eniiemis  de 
s'introduire  dans  la  volicie.  L^interieur  des  murs 


sera  garni  tout  autour  de  balons  a  perclier  ,  et 
Ton  y  appuiera  d'iin  boiit  des  perches  enfoncees 
de  l'autreen  terre,  et  croiseesde  distanceendis- 
tance  par  d'autres  perclies  traiisversales,  a  l'ins- 
tar  des  cuncclU  du  theatre.  On  aura  soin  de 
mettre  a  portee  de  Teau  ^^i  boire,  et  des  boulet- 
tes  faites  de  pate  petrie  avec  des  (Igues.  Quaiid 
on  voudra  faire  une  levee  de  grives,  il  faudia, 
vingt  jours  a  ravance,  augmenter  la  nourriture, 
et  n'y  plus  employer  que  de  la  farine  superieure. 
(Dans  cette  espece  de  cage  devront  egaleraent  se 
trouver  des  planches  sur  lesquelles  les  oiseaux 
puissent  se  poser  par  voie  de  supplement  ou  de 
diversionaux  perches.)  Atlcnante  a  la  voliere  doit 
s'en  trouver  une  autre  pkis  petite  ,  dans  laquelle 
on  dc^pose  les  oiseaux  Irouves  morts  dans  la  gran- 
de ;  car  il  faut  que  riiitendant  puisse  toujours  ren- 
dre  compte a  son  maitie du  nombre  exact  confie a 
ses  soins.  Les  oiseaux  qu'on  juge  en  ctat  d'etre 
retircs  devront  etrc  chasses  de  la  grande  vo- 
liere  dans  la  pstite ,  pourvue  a  cet  effet  d'une 
pkis  large  porte,  et  qui  a  plus  de  jour  qiie  la  pre- 
niieie,  avec  laquflle  elle  comraunique.  Quand  on 
a  le  nombre  de  grives  que  Ton  veut  dans  cet  en- 
droit  appele  seclnsoriiim,  on  les  y  tue  bors  de 
la  vue  des  autres  ,  que  ce  speetacle  pourrait  at- 
trister  et  faire  perir  elles-memes,  plus  t6tqu'ilne 
faut  pour  celui  qui  speeule  sur  leur  mort.  Les 
grivesne  rcssemblent  pns  aux  aiitres  oiseaux  de 
passage  qui  vi-;  dcposeiit  leurs  cpufs  que  dans 
les  ehamps,  comme  lcseicognes,  ou  quesous  lcs 
tolts,  commc  les  hiiondelles;  ellcs  poiident  par- 
tout.  Malgre  le  nom  masculin  (tia-dus)  de  cet 
oiseau ,  il  y  a  des  grives  femelles,  de  meme  qu'il 
y  a  des  merles  males,  bien  que  le  nom  qu'on 
leur  donue  {merula)  soit  dugenre  feminin.  II  y 


Nam  noii  tantiiiii  in  po  oculos  ilelectant  iiilra  IViicshas 
aves  volitautes,  qiiauluniolleudil,  quod  alieiius  oilor  op- 
plet  naies. 

V.  Sed  quod  te  nialle  arbilror,  Axi ,  dlcam  de  lioc  orni- 
ttione,  quod  fructus  causa  facinnt,  nnde,  non  nlii,  su- 
muntur  pingues  Uirdi.  Igilur  tesludo,  aut  |ieristylnin  tec- 
tum  tegulisaut  rete,  lit  magna,  in  qua  uiillia  aliquol  lur- 
dorum  ac  merularuni  includere  possint.  Qiiidam  cuiii  eo 
adjicinnt  prai^terea  aves  alias  quoque ,  q\Kv  piiigiies  ve- 
neunl  care,  ut  miliariai  ac  coturnices.  In  lioc  tectuni 
aquam  venire  oporlet  per  (istulam ,  et  eam  potius  per 
caiiales  aiigiistas  serpere,  qna;  facile  extergeri  possint ;  si 
enim  late  ilii  diffusa  aqua  ,  et  inquinatur  facilius,  el  lii- 
bilur  inutiliiis;  et  ex  eis  caduca,  qu;e  ahnndat,  per  (istii- 
lam  exirc,  ne  luto  aves  laborent.  Ostiuin  lialiere  111111111^ 
el  angiistum ,  ct  potissimum  cjus  geueris ,  quod  cocbleam 
appellant,  ut  solet  esse  in  cavea,  in  qtia  tauri  pugnare 
solent.  Fenestras  raias ,  per  quas  iion  videantur  extrinse- 
cus  arliores  aiil aves ;  (piod  earnin  aspectus  ac  desiderium 
maciescerp  facit  voluciesinclusas.  Tantum  liiminis  lociim 
lialieie  oportet ,  ut  aves  videre  po.ssint  ubi  assidaiit ,  iihi 
cibiis ,  ubi  aqua  sit.  'f  ectorio  tacta  esse  levi  circiim  ostia 
oc  fene.slras ,  ne  qua  iutrare  mus  aliavc  qua;  bestia  pos- 


sit.  Circiini  liiijus  osdilicii  parietes  intrinsccus  multos 
esse  palos ,  nbi  aves  assidere  possint ;  praeterea  et  perti- 
cas  iuclinatas  cx  humo  ad  parietem,  etin  eis  transversas 
gradatim  niodicis  intervallis  perticas  annexas  ad  spe- 
ciein  cancellorum  scenicorum  (deorsiim  in  terrani  esse 
aqiiam,  quani  bibere  pussiiit; )  cibatni  offas  positas.  Ex 
niaxinie  gloinerantiir  ex  (ieis  et  farre  inixlo.  Diebus 
viiiiili  antequain  quis  (nllere  vult  liirdos,  laigiiis  dat, 
cibuinque  pbis  iimdt,  el  fane  subliliore  iucipilalere.  In 
lioc  tecto  caveaipie  tabiilata  babeant  aliquot  ad  pertica; 
supplemeiituni.  Contra  lioc  aviariuui  est  aliud  iniuiis,  iu 
qiio  qua;  miirtu.e  ibi  sunt  aves ,  iit  dnmiuo  niimerum  red- 
dat ,  cuiator  seivarc  solet.  Cum  opus  siint ,  cx  boc  avia- 
rio  nt  sumantur,  idone.-e  excludiiiitur  in  niiuusculuin 
aviariuin,  qiiod  esl  conjiinctum  cuin  inajore,  oslio  et  lu- 
niiiie  illustrioie,  qiiiid  seclusoiium  appcllaiit.  Ibi  ciini  euni 
uunieruin  lialiet  exclusuin,  qiiein  simiere  vnlt,  omnes 
occidil.  IIoc  ideo  in  sccjiiso  clain,  ue  reliqui,  si  videant, 
despoiideaut  aninium,  alqiie  alieiio  leiiipDie  venditoris 
moriantur.  Non  ut  advciiie  volucies  piillos  faciuiil ,  in  agro 
cicouia; ,  iu  tecto  birundiues ,  sio  aiit  bic  aut  illic  tuidi , 
qui  cuin  sunt  uomine  mares,  re  vera  faMnina;  quoque 
sunt  :  ueque  id  non  secutuin  ut  essct  m  luerulis,  quai 


VASRON. 


a  des  oiscaux  de  passage ,  comme  les  hii-ondelles 
et  les  grues,  et  des  oiseaux  doraestiquas,  tels 
que  ies  pigeons  et  les  poules.  Les  grives  appar- 
tiennent  a  la  premiere  classe.  Elles  traversent 
chaque  annee  la  mer,  pour  venir  en  Ilalie  vers 
requinoxe  d'autorane  et  s'en  retourner  vcrs  l'e- 
quinoxe  de  printemps.  A  une  autre  epoque  arri- 
vent  dans  nos  contrees  une  quantite  prodigieuse 
de  tourterelles  et  de  cailles,  dont  on  peut  obser- 
ver  le  passage  dans  les  Iles  voisines  de  Ponti ,  de 
Palmaria  et  de  Pandataria;  car  ces  oiseaux  y 
font  iine  pause  de  quelques  jours  h  leur  arrivee 
en  Italie,  et  uneautre  quandilsrepassent  la  mer 
au  retour.  —  Eh  bien ,  dit  Appius  a  Axius ,  vous 
n'avezqu'a  jeterla  cinqraillesesterces;  etvienne 
un  triompheou  un  festinpublic,vous  voilaenpos- 
session  des  soixante  mille  ou  vous  voulez  arri- 
ver.  Puis  se  tournant  vers  moi  :  A  vous  appar- 
tieut,  me  dit-il,  de  nous  parlcr  de  rautreespece 
de  voliere ,  vous  qui  en  avez  une  aupres  de  Ca- 
sinum  pour  votre  plaisir  seulement ,  et  qui,  non 
content  davoir  daus  cette  construction  surpasse 
la  voliere  de  M.  Laenius  Strabo,  notre  hote  a 
Brundusium ,  le  premier  qui  se  soit  avise  de  ren- 
fermer  des  oiseaux  dans  un  cal)inet  en  peristyle 
et  couvertd'un  filet,  avez  encore  laissii  ioin  der- 
riere  vous  la  splendide  volicre  de  Lucullus  a 
Tusculum.  —  Vous  savez,  lui  repondis-je,  que 
j'ai  dans  ma  villa  de  Casinura  un  ruisseau  pro- 
fond  et  limpide ,  qui  la  traverse  entre  deux  quais 
en  pierre.  Sa  iargeurest  de  cinquante-sept  pieds; 
et  ii  faut  passer  sur  des  ponts  pour  coramuniquer 
d'nne  partie  de  ma  propriete  a  Tautre.  Mon  cabi- 
net  de  travail  est  situe  a  Tendroit  oii  le  ruisseau 
prend  sa  source;  et  de  ce  point,  jusquii  une  ile 


form^e  par  sa  jonetion  a  un  auire  cours  d'eau, 
il  y  a  une  distance  de  huit  cent  cinquante  pieds. 
Le  long  de  ses  bords  regne,  sur  unelargein-  de  dix 
pieds, unepromenade a  ciel  decouvei  t ;  entre  cette 
promenadeet  la  campagne  se  trouve  Templace- 
ment  de  mavoliere,  fermcedegauciieetdedroitc 
par  des  raurs  pleins  et  eluvcs.  Les  lignes  e\te- 
rieuresde  redifice  lui  donncnt  quelque  ressera- 
blance  avec  des  fablettes  aecrire,  surmontees 
d'un  chapiteau.  Dans  la  parlie  rectangulaire ,  sa 
largeurest  de  quarante-huit  pieds,  et  sa  longueur 
de  soixante-douze, non  corapris  le  chapiteau  demi- 
circulaire,  qui  est  d'un  rayonde  vingt-septpieds. 
Entre  la  voliere  et  la  promenade  qui  figure  la 
marge  inferieure  des  tablettes,  s'ouvre  un  pas- 
sage  voute  aboutissaut  a  une  espianade.  De  cha- 
que  cote  un  portique  regulier  soutenu  par  des 
coionnes  en  pierre,  dont  les  intervalles  sont  occu- 
pes  par  des  arbusies  nains.  Un  filet  de  chanvre 
s'etend  du  haut  du  mur  exterieur  jusqu'a  Tar- 
chitrave;  et  un  serablable  filet  joint  l'archi- 
trave  au  stylobate.  L'interieur  est  rempli  d'oi- 
seaux  de  toutes  especes,  qui  recoivent  la  nourri- 
ture  au  travers  des  filets.  Un  petit  ruisseau  leur 
porte  ses  eaux.  Eq  deca  du  sfylobate  ,  rcgnent 
a  gaucheet  adroite,  le  long  des  portiques,  deux 
viviers  assez  etroits,  et  qui ,  scparcs  par  un  petit 
sentier,  s'etendent  jusqu'a  l'e.\tremiledel'espla- 
nade.  Ce  sentier  conduit  iiun  (ho/us,  espece  de 
salon  en  rotonde,  entoure  de  deux  rangs  de  co- 
lonnes  isolees.  II  en  existe  un  semblable  dans  la 
raaison  de  Catulus,  si  ce  n'est  que  des  murs 
pleins  remplaceiit  la  colonnade.  Au  dela  est  un 
bocage  de  haute  futaie  enferme  de  murailles,  et 
dont  repaiscouvertnc  laisse  penetrer  le  jour  que 


nomine  fominino  raai-fis  qucqne  sinl.  Praeterea  volncres 
cum  paitim  advenn»  sint,  ut  liiinndines  et  grnes;  pailim 
vernacnlse,  ut  gallinoe  ac  columbre  :  de  illo  geneie  sunt 
turdi  advenlicio,  ac  qnotannis  in  Ilaliam  trans  mare  ad- 
volaul circiler  aequinoctium  autumnale ,  et  eodein  revolant 
ad  aequinoctium  veinum.  Et  alio  lempore  turtmes  ac 
cotuinices  immaninumero.  Hoc  ita  (ieri  apparet  ininsulis 
propinquis  Pontiis,  Palmariae,  Pandataria:.  Ibi  enim  in 
priraa  volalura  cum  vcniunt,  moiantur  dies  paucos  re- 
quiescendi  causa.  Idemqiie  faciunt  cum  ex  llalia  trans 
mare  remeant.  Appius  A\in  :  Si  qnlnque  millia  liiic  con- 
jeceris,  inquit,  et  erit  epulum  ac  triumplius  ,  sexaginta 
millia  qua;  vis  s'tatim  in  fienus  des  licebit.  Tum  irdhl  : 
Tu  dic  illud  alternm  genus  ornitlionis,  qui  animi  causa 
constilutus  a  te  siib  Casino  ferlur,  in  quo  diceris  longe 
vicissenon  niodo  ardietjpon  inventoris  nostri  opviOotpo- 
(PEitov  M.  La^nii  Stiabonis,  qni  Brundusii  liospes  nosler 
primus  in  pciisiylo  liabiiit  exedia  conclusas  aves,  quas 
pasccret  oljjecto  icte ,  sed  etiam  in  Tusculano  magno  tt-di- 
firio  Lnculli.  Cni  crjo  :  Cum  liabeam  sub  oppido  Casirno 
Hiimen,  quod  per  viliam  lluat  liqiiidum  et  altum,  margi- 
Bibiislapideis,latumpedesj,vii,  el  evillainvillampontibus 
transealur,  longnm  p.  850,  diiectum  ab  insula  ad  Mu- 
l^uiu  ,  qiiiie  est  ab  imo  iluvio,  ubi  conilLiit  alfcra  amnis 


ad  summum  (lumen^ubi  est  Mnseum.  Circnm  liiijus  ri- 
jias  ambulatio  snb  dio,  pedes  lata  deiios.  Ab  hac  ambula- 
(ione  in  agrum  versus  ornitlionis  locus  ex  duabiis  parlibus 
dextra  el  sinistra  niaceriisallis  conclusus.  Inler  qiias  Iot 
ciis,  qni  est  ornitlionis ,  deCormatus  ad  labiilBe  liteiariae 
spcciem  cnm  capitulo,  (ornia  qua  est  qiiadrata,  patet  in 
lallludinera  p.  xlviii  ,  in  longitudinem  p.  lxxh;  qua  ad 
capitnlum  rolundus  est,  p.  xxvii.  Ad  lia;c,  ita  nt  in  niar- 
gine  quasi  infimo  labula!  descripta  sil  ambulatio,  ab  or- 
nitlione  plumula ,  in  qua  media  snnt  caveae ,  qua  intror- 
siis  iter  in  aream  est.  In  liniine,  in  lateribus  dextia  et  si- 
nistra  porticus  sunt  primoribuscobminis  lapideis,  intor- 
mediis  arbusculis  bumilibus  ordinat^,  cum  a  summa 
macerie  ad  epistylium  tecta  porticus  sit  rete  cannabina, 
et  ab  epistylio  ad  slylobaten.  Haj  sunt  avibus  omne  ge- 
nusoppletas,  quibus  cibus  administratur  per  retem,et 
aqua  rivnlo  tenui  affluit.  Secundum  stylobatis  interiorem 
parteni,  dextra  et  sinistra,  ad  summam  aream  qiiadra- 
tam,  e  niedio  diversae  du«  non  lat»,  sed  oblongae  sunt 
piscina;  ad  porticus  versus.  Intcr  eas  piscinas  tantum- 
niodo  accessus  semita  in  tboliim,  qiii  est  ultra  rotnndus 
coluinnatus,  ut  est  in  aede  Catiili ,  si  pio  parielibus  fece- 
ris  coluninas.  Exlra  eas  coliimnas  est  silva  manu  .sata, 
grandibus  aiboribiis  tect?,  ul  innina  pci liioeat  lotu,  sepl^ 


DE  L-AGRICIJLTDRE,  LIV.  III. 


parenbns;  Tespace  est  dceinqpiedseHtre  lesco- 
lonnes  exterleures,  qui  sont  de  pierre ,  et  les  co- 
lonnes  interieures ,  qui  sont  de  sapin ,  et  tres- 
minces  de  fiit.  L'eutre-colouueracnt  interieur 
est  rcmpli,  au  lieudc  niurs,  par  un  liietdecordes 
a  boyaux;  espece  de  cloture  a  jour,  qui  laissc 
la  Yue  du  bocage ,  sans  que  les  oiseaux  puis- 
sent  s'echapper.  Un  autreitilet  remplitegalement 
rentre-deux  des  colonnesinterieures.  L'cspace  in- 
termediaire  des  deux  colonnades  est  garni  de 
perchoirs  formes  par  des  bStons  enfonces  dans 
chaque  colonne,  et  regulierenient  etages  commc 
les  gradins  d'un  thcatre.  Cette  partie  de  la  vo- 
liere  est  principalement  reservce  aux  oiseaux  a 
voix  harmonieuse ,  comrae  merlcs  et  rossignols. 
Un  petit  tuyau  ieur  fournit  de  Teau ,  et  on  leur 
donneamangerparlesmaillesdu  filet.  Aupieddu 
stylobate  regne  une  assise  eu  pierres  d'uri  pied 
neuf  pouces  d'elevation  a  partirde  la  base  du  so- 
cle.  Le  socle  lui-meme  a  deux  pieds  de  hauteur 
au-dessus  du  niveau  d'un  bassin ,  et  cinq  picds 
de  largeur ;  ce  qui  donne  aux  convives  la  fa- 
cilite  de  eirculer  entre  les  culonnes  et  les  lits. 
Le  bassin  est  entoure  d'une  espece  de  trottoir 
large  d'un  pied ;  une  petite  ile  en  occupe  le  cen- 
tre.  On  a  creuse  le  socle  dans  tout  son  pour- 
tour,  pour  y  faire  des  niches  a  canards.  Au  mi- 
lieu  derile  s'eleve  une  petite  coloiine,  dans  la- 
quelle  est  scellee  un  axe,  qui  au  lieu  de  table 
porle  une  roue  avec  ses  raies;  mais  ces  raies 
soutiennent ,  en  guise  dejantes,  une  table  creusee 
en  tambour,  large  de  deux  picds  et  demi ,  et 
profonde  d'une  palme.  Cette  table  n'est  servie 
que  par  un  jeune  esclave,  qui,  par  un  simple 
raouvement  de  rotation,  fait  passer  successive- 
meut ,  a  portee  de  chaque  convive ,  les  coupes  et 


les  plats.  Les  lits  sont  dresses  sur  !e  socle,  du 
scin  duquel  sortcnt  les  canards  pour  nager  dans 
le  bassin,  lequel  communique  par  un  petit  ruis- 
seau  avec  les  deux  viviers ;  dc  sorte  qu'on  voit 
les  petits  poissons  passant  lihrement  de  Tun  a 
rautre.  J'oubliais  de  vousdire  quc ,  de  la  table 
qui  se  trouve  a  l'exlremite  des  raies  de  la  roue, 
coulc,  a  la  volontc  de  chaque  eonvive,  de  Tcau 
chaudc  ou  de  Teau  froide ,  seloii  le  rohinct  qu'il 
veutouvrir.Onvoit,  danslacoupolequiconvrece 
salon ,  i'etoile  Lucifer  pendant  le  jour,  et  Tetoile 
Hesperus  pendant  la  nuit;  elles  en  suivent  le 
bord,  et  marqucntles  heures.  Dans  le  haut  de 
cette  coupole  est  peinte  autour  d'un  tourillon 
la  rose  des  huit  vents,  comme  dans  Thorloge 
que  fit  Tartiste  de  Cyrrhus  pour  la  ville  d'Athe- 
ncs;  et  uneaiguille,  supportee  par  le  tourillon, 
se  raeut  de  facon  a  indiquer  quel  vent  souffle  au 
dehors.  Peudant  que  je  parlais,  une  grande  ru- 
mcur  s'eleve  du  champ  de  Mars.  II  n'y  avait  pas 
de  quoi  surprendre  de  vieux  athletes  des  comi- 
ees,  dans  ce  paroxysme  de  fievre  elcctorate;  no- 
tre  curiosite  s"en  emut  cependant.  Sur  ce  point 
arrive Pantulejus  Parra, qui nous dit  que,  pendant 
qu'on  faisait  le  relevedessuffrages,  un  individu 
avait  ete  surpris  jetant  furtivement  de  nouveaux 
Inilletins  dans  l'une  des  bourses,  et  que  les  adver- 
sairesdu  candidatainsi  favorise  avaienttraine  le 
dclinquant  devant  le  consul.  Pavo  se  levc  aussi- 
tot  :  le  bruit  courait  que  lautcur  de  la  fraude 
etait  le  gardien  du  caudidat  pour  lequel  il  avait 
vote. 

VI.  Axius  prit  alors  la  parole,  et  dit  :  Voila 
Fircellius  parti ;  on  peut  maintenant  parler  des 
paons  tout  a  son  aise.  Lui  present,  un  raot  de 
travers  eut  pu ,  a  raison  de  la  parente ,  vous  atti. 


macerils  allis.  Intra  tlioli  columnas  extcrioics  lapideas  rt 
totidem  inleriores  ex  abietetenues,  locns  est  P.  V.  laUis. 
Tnter  colnmnas  exteriorcs  pro  pariete  relicnli  e  nervis 
sunt,  nt  prospici  in  silvapossit,  et  qnae  ibi  sunt,  neqne 
avis  ea  transire.  Inler  interiores  coluninas  pro  parietc  rote 
aviarium  esf  objectum.  liiter  lias  et  extcriores  gradalini 
substructum  ut  OsKxficiov  avium.  Muliili  crebri  oinnibus 
colnmnisimpositi,  scdilia  avium.  Intra  letem  aves  snnt 
omne  genus ,  maxinie  caiilrices , ul  lusciniol.ic  ac  merul.T , 
qnibus  aqua  ininislralnr  per  canaliculani ,  cihns  objiciliir 
sub  lelem.  Subter  columnariim  stylobalem  cst  lapis  a 
falere  pcdcm  el  dndranteni  alla  ,  ipsnm  falere  ad  dno  pe- 
des  altum  a  slagno,  lalnm  ad'quinqne,  ul  in  cnlcilas  et 
columellas  conviva;  pedilnis  circumire  possint.  Inlimo  in- 
tra  faleiecst  slagnum  cum  niargine  pedali ,  ct  insula  in 
mcdio  parva.  CiTium  faleie  el  navalia  snnt  cxcavala  ana- 
tiuin  stabula.  In  insula  cst  colnmella ,  in  qiia  intus  a\is , 
qiii  pro  niensa  suslinct  rotam  ladialani,  ita  ut  ad  extre- 
mum ,  ubi  oibile  solet  esse  aculiim ,  tabnla  cavata  sit,  nl 
tvmpaumn  in  lalitudincm  duo  pcdcs  ct  scmipedem,in 
altitndincmpalmnm.  Hicc  ab  nno  pncro,  qni  ministiat, 
ila  veiUtur,  iit  omnia  nna  ponanlur  ct  ad  bibeiuliim  ,  et 
adedenduin,  el  admovcantnr  ad  omnes  convivas.  li\ 


suggesto  faleris ,  nbi  solent  esse  ntrii-Kz-irn!.^-:^ ,  prodcunl 
anates  in  stagnum,  ac  nant,  equo  rivus  pervenil  in  iluas, 
quas  dixi,  piscinas,  ac  pisciculi  ultro  ac citio cnmmeant  : 
cnm  et  aqna  calida  el  IVigiila  ex  orbi  ligneo  mensaque, 
quam  dixi  in  primis  radiis  esse ,  cpitoniis  versis  ad  nnuni- 
qncinqiiefactum  .sitntllnatconvivam.  Intrinseeiissubtliolo 
stella  Lucifer  interdiu,  uoctu  Ilesperiis  ila  ciiTnmcnnt  ad 
inrinuiin  Iiemis|ilinriiiin,  ac  movcnliir,  iit  indiceiit  quot 
sint  IioiVT.  Ineodem  licmisplio?rio  nicdiocircum  cardineni 
est  oibis  ventorum  octo,  iil  .Mlienis  in  liorologio,  quod 
fccit  Cyrilicstes.  Ibiqiie  cmincns  radius  a  cardine  ad  or- 
bcm  ila  movetur,  ut  eiim  langat  vcntiim,  qni  flct,  ut  in- 
tiis  scire  possis.  Ciim  Iiaec  loqneremnr  clamo^  lit  in 
campo.  Nos  atblefae  comitiorum  nna,  cnm  id  licri  non 
miraiemur  propter  studia  siiffragalorum,  et  tainen  scire 
vcllenius,  qnid  esset,  venit  ad  nos  Pantulrcjiis  Parra. 
Narial  ad  fabulam,  cuni  diriinercnt,  quendain  dcpicben- 
sum  lcsserulas  coiijicicntem  in  lociiIum,cum  ad  coiisu- 
leni  Iracfum  a  fantoribus  compctitorum.  Pavo  surgit, 
ipiod  ejus  candidali  cnstos  dicebalur  deprcbensus. 

VI.  .\xius.  Dcpavoiie ,  inqiiif,  libcre  liiet  dicas, qiioniam 
discc.ssit  rirccllius,  ipii  seciis  si  ipiid  diceies  de  iis,  gen- 
lililatis  causa  fortassc  an  lccum  (luccrcl  scrrain.  Cui  Me- 


138 


VARnON. 


rerune  prise  de  bec  nvec  lui,  Merula  reprit  donc 
en  ees  lcrnies  :  J'ai  vu  introduire  l'liabitude  de 
fonmer  des  troupeaux  de  paons  qui  se  vendent  si 
cber.  On  dit  que  M.  Aufidius  Lurco  tire  des  siens 
plus  de  soixante  raille  sesterces  par  an.  Si  l'on  en 
veut  faire  un  revenu  ,  il  faut  avoirun  peu  moins 
de  mSies  que  de  femelles;  c"est  le  contraire  si 
ron  n'a  en  vueque  ragrement,  car  le  male  Tem- 
poite  au  coup  d'ceil.  On  pretend  qu'on  rencontre 
des  troupesde  paons  sauvages  a  Saraos  dans  le 
bois  sacre  de  Junon ,  et  dans  ceux  que  Pison 
piissede  dans  rile  de  Planasia.  Pour  former  uu 
troupeau,  prenez  des  sujets  de  bon  age  et  de  belles 
formes  ;  car  en  fait  d'oiseaux,  c'est  a  celui-la  que 

a  uature  a  donne  la  palme  de  la  beaute.  Les  fe- 
i>!i'lles  ne  sont  pas  propres  ii  la  raultiplication 
avantdeux  ans,  ni  apres  cet  age.  On  nourrit  les 
paous  de  grain  ,  d'orge  surtout.  Lurco  donne  a 
si\  paons  un  modius  dorgepar  mois.  II  augmente 

a  mcsure  au  temps  de  la  ponte,  et  meme  un  peu 
avant  qu'ils  ne  commencent  a  accoupler.  Son  in- 
tendant  doit  lui  rendre  par  chaque  paonne  trois 
petits ,  qui ,  deveuus  grands ,  se  vendent  cinq  de- 
nieis  la  pieee ;  prix  que  Ton  ne  tire  guere  du 
plus  beau  mouton.  11  achete  en  outre  des  oeufs 
de  paons,  qu'il  fait  couver  a  des  poules.  Quaud 
les  petits  sont  eclos,  il  les  fait  passer  dans  une 
(  spece  de  voute  servant  de  loge  aux  autres.  11 
faut  que  ces  loges  soient  assez  spacieuses  pour 
que  cbaque  oiseau  y  trouve  sou  gite  a.part,  et 
que  rinterieur  en  soit  crepi  avec  suin ,  de  sorte 
1  ue  ni  serpent  ni  bete  malfaisnnte  ne  puisse  s'y 
iutroduire  par  aucune  ouverture  ni  crevasse.  On 
menagera  devant  rentree  un  espace  oii  les  paons 
puissent  aller  prcndre  leur  nourriture,  lesjouis 
ou  le  soleil  doune.  L'un  et  rautie  emplacemeut  a 


bfsoin  d'etre  toujours  propremeut  tenu.  Le  gar- 
dien  les  visitera  souvent  la  pelle  a  la  main ,  pour 
enlever  la  fiente,  qu'il  doit  conserver  avec  soin; 
car  elle  est  d'uue  grande  utilite  pour  la  culture 
deschamps,  et  peut  en  outre  servir  de  litiere 
aux  jeunes  paons.  Q.  Hortensius  fit  le  premier, 
dit-on,  servir  cette  espece  de  volatiles  dans  le 
festiu  d'iustallation  de  son  augurat;  prodigalite 
qui  eut  l'approbation  des  voluptueux,  plutot  que 
desgens  honnetes  etdhabitudes  rigides  L'exem- 
ple  neanmoins  fut  contagieux  ,  et  le  prix  de  ces 
oiseaux  a  depuis  monte  a  tel  point,  qu'un  oeuf  de 
paon  se  vend  maintenantcinq  deniers,  et  Toiscau 
lui-memefacilement  cinquante.  Uu  troupeau  de 
cent  paons  rapporte  sans  peine  quarante  mille 
sestcrces,  et  meme  soixante  mille,si,  comme 
fait  Albutius,  on  exige  trois  petits  par  cbaque 
mere. 

Vll.  A  ce  moment  un  appariteur  vint,  de  la 
part  du  consul,  avertir  Appius  que  les  augiires 
etaient  mandes  :  celui-ci  quitta  aussitot  la  villa 
publique.  A  peine  fut-il  parti,  qu'une  volee  de 
pigeons  vint  s'y  abattre.  Si  par  basard,  dit 
alors  Merula  a  Axius,  vous  aviez  monte  un  co- 
lombier  (•n:cp'.iiT£poTpo-i£io;),  vousvous  imagineriez 
que  ces  pigeons  sont  a  vous,  tout  sauvages  qu'ils 
sout;  car  un  colombier  a  d'ordinair8  des  botes 
de  deux  cspeces.  Les  pigeons  sauvagcs  d'abord, 
que  d'autres  appellent  saxnliles ,  et  qui  habi- 
tent  les  tours  et  le  faite  (columen)  des  metairies. 
Aussi  est-ce  du  mot  columen,  que  leur  est  veuu 
le  nom  de  columbce.  Eu  effet,  leur  timidite  natu- 
relle  lcur  fait  toujours  rechercher  lcs  points  les 
plus  eleves  des  batiments.  Cette  espece  hante 
donc  principalement  les  touis;  c'est  la  qu'ils  di- 
rigent  leur  vol  au  retour  des  champs ,  et  c'est  de 


•  iiila  :  De  pavonibiis  nostra  niemoria ,  inqiiit,  gieges  lia- 
'  beri  ccepti ,  et  venire  niagno.  Ex  iis  M.  Aulidins  Lurco  se- 
steiliOln)  sexagena  millia  nuniflm  in  anno  dicitur  capere. 
)i  aliquanlo  pauciores  esse  liebent  niares  quam  fueminae, 
si  ad  frnclum  spectes;  si  ad  delectalionem ,  contra  :  for- 
mosior  enini  mas.  Pavoniim  gieges  agrestes  transmarini 
esse  dicuntur  in  insulis,  Sami  in  luco  Junonis,  ilem  in 
Planasia  insula  JH.  Pisonis.  Hi  ad  greges  constiluendos 
paianlur  bona  a;lale  et  bona  forma.  Huicenim  natura  for- 
mae  e  volncribus  dedit  palniam.  Ad  admissuram  lia!  nii- 
nores  biniae  non  idoneae,  nec  jam  niajores  natii.  Pascun- 
tur  omiie  genus  objeclo  frumento ,  maxime  ordeo.  Itaque 
senis  his  dat  in  menses  singnlos  ordei  singiilos  modios, 
ita  ut  in  fo;tiira  det  iibeiius,  et  ante  quam  salireincipiant. 
Is  a  procuralore  ternos  pullos  exigit,  eosque  cum  creve- 
runl,  quinqnagenis  denaiiis  vendit,  ut  nulla  ovis  liunc 
assequatiir  Iriictum.  Praeteiea  ova  emit  ac  supponit  galli- 
uis,  ex  quibus  cx  iis  excusos  pullos  refert  in  lesludinem 
cani,  in  qua  pavones  liabet.  Quod  tectum  pro  multitudine 
pavoniini  lieri  deliet,  et  habere  cubllia  (li.scieta,  tectorio 
jevata,  qiio  neque  serpens,  neque  bestia  acccdire  idia 
ix)ssit.  Piacterca  liabere  locum  ante  se,  quo  |ias['.ini  exeaiit 
(iiclsus  apricis.  Utrumque  locuni  purum  esse  volunt  li;i! 


voliicres.  Itaque  paslorem  eariim  cum  batillo  circumire 
oportet,  ac  stercus  tollere  ac  conservare;  qiiod  et  ad  agri- 
culturam  idoneum  est ,  et  ad  substramen  pullorum.  Pri- 
mus  hoc  Q.  Hortensius  augurali  aditiali  coena  posuisse  di- 
citur.  Quod  potius  factuin  tuui  luxuiiosi,  quam  severi 
boni  viri  laudabant.  Quem  cito  secuti  multi  extulerunt 
eorum  pretia,  ita  ut  ova  eorum  denariis  veneant  quiiiis, 
ipsi  facile  quinquagenis,  grex  centenarius  facile  qiiadra- 
gena  niillia  sextertia  utreddat,  ut  quidem  Alhutius  aie- 
bat,  si  insingulos  ternos  exigeret  pullos,  perfici  sexagena 
posse. 

■VII.  Interea  venitappaiilor  Appii  aconsule,  etaugures 
ait  cilari.  llle  foras  exit  e  villa.  At  in  villani  intro  involant 
columba!.  De  quibus  .Merula  Axio  :  Si  unquam  itEpKjrepo- 
ipo^eTov  coiistituisses,  has  luas  esse  putares,  quamvis 
ferae  essent.  Duo  enim  gcnera  earuni  in  TOpioTEpoTpo^eiiii 
esse  solent.  Unum  agresle,  ut  alii  dicuut  saxatile,  qiiod 
habelurin  turribusaccohmiinibus  villa!,  aquo  appellatae 
columbae ,  quae  propter  timorem  natui  alein  suninia  loca 
in  teclis  captant.  Quo  fit,  ut  agrestes  maxime  sequantur 
turres,  in  qiias  ex  agroevolant  suapte  spoiite  ac  renieant. 
Alterum  genus  illud  coliiinliarum  est  clciiicntius,  qiiod 
cibo  domeslico  contentum  iutra  limina  januac  solet  pasci. 


DE  LAGRICULTURE ,  LIV.  lU. 


la  qu'ils  revolent  aux  champs.  La  seeonde  espeee 
est  plus  soeiable,  et  vient  voionliei-s  cherelier  sa 
nourritui-e  sur  le  seuil  des  maisons.  Son  plumage 
est  piesque  toujours  blanc,  tandls  que  celui 
de  la  piemiere  est  bigarre,  mais  sans  aneun 
melange  de  blanc.  De  rnniou  de  cesdeux  espcces 
on  en  forme  une  troisieme,  de  couleur  melani^ee. 
Cest  principalemcnt  sur  celie-la  qu"on  specule. 
Elie  vit  en  comniun  dans  nn  local  appcle  par  les 
uus  ir£ptcT£p£wv ,  (colomhier),  et,  par  les  antres 
7r£pi(7T£poTpo^£iov  (licu  ou  l'on  uourrit  des  colom- 
bes) ,  et  qui  en  conticnt  quelquefois  jusqu'a  cinq 
iDille.  Un  eolorahier  doitelre  construit  en  voute 
et  se  terminer  en  forme  de  dome ,  avec  uue  porte 
etroite  et  desfenetres  ii  la  cnrthaginoise,  ou  plus 
larges  meme,  <;arnies  de  treillis  au  dedans  et  au 
dehors,  de  maniere  a  laisser  entrer  le  jour,  tout 
en  fermant  le  passnue  anxserpentset  autres  ani- 
niaux  danpercux.  Les  parois  interieures  sonten- 
duites  de  stue,  et  la  meme  application  est  faite 
autour  des  fenetres  en  dehors,  atin  qne  ni  rat  ni 
lezard  ne  puisse  s'y  introduire;  car  rien  u'est 
timide  comrae  la  cdlombe.  On  disposera  pour 
chaque  couple  de  pigeons  des  houlius  de  forrae 
circulaire ,  distribues  avec  ordre  et  serres  les  uns 
contre  les  autrcs,  pourqu'il  en  tienne  davantage, 
et  de  facon  a  remplir  tont  Tespace  compris  entre 
le  sol  ct  la  voute.  Chaquc  houlin  aura  une  oii- 
verture  qui  permette  au  pigeon  d'entrer  et  de 
sortir  librement,  et  1'interieur  en  sera  de  trois 
palmes  en  toussens.  Achaque  rang  de  houlins  Ee- 
rontadapteesdes  tahlettes  dedeux  palmes  de  lar- 
geur,  qui  serviront  de  vestihule  aux  pigeons,  ct 
surlesquelles  ils  pourrontse  reposer  avant  d'en- 
trer.  L'on  ne  condnira  an  colomhier  que  de  leau 
iimpideetpure,  alin  que  les  pigeons  puissent  a  la 


fois  y  boire  et  se  baigner;  car  leur  proprete  est 
proverhiale  :  aussi  le  gardien  doit-il  balayer  le 
colomhicr  plusieurs  fois  par  mois ;  la  fiente  ,  qui 
le  salirait  en  s'y  amassant,  est  d'ailleurs  d'une 
grande  utilite  pour  la  culture  de  laterre,  au  point 
que  quelques  auteurs  la  regardent  eomme  le 
meilleur  de  tous  les  engrais.  Le  gardien  doit  aussi 
donncr  ses  soins  aux  pigeons  raalades,  retirer 
les  morts  du  colorabier,  ainsi  que  les  petits  qui 
sont  hons  a  etre  vendus.  Les  femelles  couveuses 
seront  placees  dans  un  lieu  particulier,  oii  elles 
se  trouveront  separees  des  autres  par  un  filet,  en 
conservant  cependant  la  faculte  de  sortir.  II  y  a 
deux  raisons  pnur  en  agir  ainsi.  Au  cas  ou  les 
meres  viendraient  Jl  languir,  et  a  se  rebuter  d'une 
reclusion  trop  prolongee ,  elles  peuvent  se  refaire 
par  une  excursion  en  plein  air.  D'un  autre  cote, 
rattachement  a  leurcouvee  garantit  leur  retonr, 
a  moins  qne  lecorheau  ou  rcpervier  ue  soient  la 
pour  rintercepter.  Pour  detruire  ces  ennerais, 
les  gardiens  enfoncent  en  terre  deux  baguettes 
couvertes  de  glu ,  et  recourbees  l'une  sur  Tautre. 
L'epervier  fond  sur  le  pigeon  attache  corame 
appiit  entre  ces  baguettes ,  et  se  tronve  pris  au 
piege,  en  s'erap6trant  dans  la  glu.  Une  conse- 
(luence  bien  couuue  de  finstinct  qui  raniene 
toujours  le  pigeon  au  colomhier,  e'est  rhabitnde 
qu'ont  priseeertaines  personnes  d'en  apporter  dans 
leur  sein  au  theatre,  pour  leur  y  donner  la  volee ; 
ce  qn'elles  ne  feraient  pas ,  si  elles  n'avaient  la 
certitude  de  voir  Ips  pigcons  revenirau  logis.  On 
place  la  nourriture  dans  des  mangeoires  adossees 
aux  murs  du  colombier,  et  qui  se  remplissent  a 
rexterieur  au  nioyen  de  tuyaux.  Les  pigeons 
aiment  le  millet,  le  ble,  Torge,  les  pois,  les  ha- 
ricots,  et  Tcrs.  On  fera  bien  d'altirer  autant  que 


Hoc  Renns  maxime  est  colore  albo.  llhid  allerum  agieste 
sine  alljo,  vario.  Ex  liis  iluabiis  stirpibus  lil  miscelliim 
tertium  genus  fructus  caiisa,  atque  incedunt  in  locum 
unum,  qiiod  alli  vocant  KEpiiTEfeMva ,  alii  ■i;epi<jT£poTpo- 
ipeTov.  In  quo  uno  saepe  vel  quinque  millia  sunt  incluao. 
IlEpicTEpEMv  lit,  nt  testudo  magna,  camara  teclus,  uno 
oslio  angusto  ,  fenestris  Punicanis,  aut  lalioribus  leticula- 
tis,  uliinqiie  ul  lociis  omnis  sit  illiistris,  neve  quae  ser- 
pens,  aliiidve  quid  animal  malelicum  intioire  queat.  In- 
trinseciis  qnam  levissimo  marmorato  toti  parietes  ac  ca- 
niarse  oblinuntur,  et  extiinsecus  circum  fenestras,  ne 
miis  aut  lacerta  qua  adrcpere  ad  colunibaiia  possif.  Niliil 
enini  timidiiis  columba.  Singulis  paribus  columbaria  liuiit 
rolimda  in  ordinem  crebra.  Ordiues  quam  plurimi  esse  pos 
sunt  a  liTra  iisi|iii'  ad  camaram.  Coliimbaria  singula  e.sse 
oportet,  ut  o^  lialii.iut,  qiio  inlroiie  et  exire  possint;  in- 
tus  ternoriiui  paliiioiiini  ex  omnilms  partibus.  Sub  ordines 
singnloslabiibr  lirl;r>  ut  sint  bipalmes,  quo  utantnr  vesti- 
bulo,  ac  prodeant.  Aquam  piiiam  esse  oportet,  qure  in- 
lluat,unde  etbibere,  et  iibi  lavari  possint.  Permnndic 
enim  siint  lia"  volucies.  Itaqiie  pasloicin  colnmbarium 
qnotquot  mensibiis crebro oporlet  everreie.  Est  eniin  quod 
cani  iiiqninat  lucimi  apjiositiim  ad  agrlculturain,  ila   iit 


bnc  optinium  esse  scripserint  aliqui.  Sive  quae  coliimba 
qiiid  offenderit ,  ut  medeatur.  Si  qiia  peiierit,  ul  efleratnr. 
Si  qiii  pulliidonei  suntad  vendendum,  promat.  Item  qua; 
(ii-ta;  siint,  ut  certum  locum  disclusum  ab  aliis  lete  Iia- 
beant ,  quo  Iransferantur,  el  quo  foras  evocare  possint 
matres.  Quod  faciiint  duabus  decansis.  Una,si  fastidiiint 
ant  inclusic  consenescunt ,  qiio  libeio  aere  ciim  exieriul  in 
agros,  rediiitegieutur.  Altera  de  caiisa  propter  pulliciem. 
Ipsa-  cnim  piopter  pullos,  qiios  liabent,  utique  ledeunt, 
iiisi  a  rorvo  occisiB  aut  ab  accipilre  interreptEe.  Quos  co- 
liiinli.iiii  intciricere  solent,  duabus  virgis  viscatis  delixis 
iiiteirain  iiiter  .se  cinvalis ,  ciim  inter  eas  posueiint  obli- 
giiliini  animal.quod  impeleie  soleantaccipilres,  qniila  de- 
cipiimliir,  ciini  .se  oblevenint  visco.  Colunibas  lediie 
soleie  ad  locum  licet  animadverteic,  qnod  niiilli  in  tliea- 
tro  e  sinu  missas  faciunt,  [atqiie  ad  locum  redeuiil]  quip. 
nisi  reverterentur,  iion  emitteienlur.  Cibus  apponilur 
ciiciim  parictes  in  caiiiilibus ,  ipias  extrinsecus  per  listu- 
las  supplent.  Deleclanlur  niilio,  tiitico,  ordeo,  piso  ,  fa- 
seolis,ervo.  Item  feias  biis  in  tiiiTibus  ac  suir.mis  villis 
qiii  liabent,  agrestescolnnilias,  qiioad  possiinl,  immitteu. 
iluiu  iniiEpKjTspEwva?.  /Ktate  bonaparandum  ,  neipie  piil- 
los.  neqiie  vctulas,  tolidem  maies  quot  fuiniinas.  Nibil 


VARRDN. 


possible  dans  le  colombier  les  pigeons  sauvages , 
qui  s^journent  sur  les  tours  et  les  combles  des 
m^tairies  voisines.  Quand  on  aclicte  des  pigeons, 
il  faut  les  prendre  de  bon  Sge,  ni  trop  jeunes  ni 
trop  vieux ,  et  qu'il  y  ait  autaiit  de  males  que  de 
femtlles.  Rien  qui  pallule  comme  les  pigeons; 
en  quarante  jours  la  raere  concoit,  pond,  couve 
et  eleve  ses  petits;  et  c'est  a  recommencer  tout 
le  long  de  Tannee,  sans  autre  intermittence  que 
laperiode  de  solstice  d'biver  a  Tequinoxe  du  prin- 
temps.  Ellesne  font  que  deux  petits  a  la  fois, 
qui ,  a  peine  arrives  a  leur  croissanee  et  ;\  leur 
force,  fecondeut  la  mere  dout  ils  sont  sortis.  Les 
personncs  qui  engraissent  les  petits  pour  les 
vendre  plus  cher  les  renferment  a  part,  ils  ont 
deja  leurs  plumes;  puis  les  gorgent  avec  du  pain 
blane  m^cbe,  qu"elles  ieur  donnent  deux  fois  par 
jour  en  biver,  et  trois  fois  en  ete;  le  matin ,  a 
midi,  et  le  soir;  la  ration  de  midiest  retranchee 
Thiver.  On  laisse  dans  le  uid  ceux  qui  eommen- 
cent  seulement  as'emplumer,  apres  leur  avoir 
casse  les  pattes,  et  on  donne  a  maiigeraux  meres 
en  consequence.  Les  eleves  qu'ou  fait  par  ce  pro- 
ced6  engraissent  plus  promptemeat  et  sont  tou- 
jours  plus  blancs  que  les  autres.  Une  paire  de 
pigeons  d'une  belle  couleur,  d'une  bonne  race,  et 
qui  n'a  point  de  dcfaut ,  se  vend  ordinairemcnt  a 
Rome  dcux  cents  nummi,  et  quelquefois  mille, 
si  elle  est  d'une  beaute  remarquable.  Le  cheva- 
Jier  romain  L.  Axius  avait  meme  refuse  cette 
somme  pour  une  seule  paire  de  pigeons ,  qu'il  ne 
voulaitpas  donuera  moinsdequatrecentsdeniers. 
Si  je  pouvais  me  procurer,  s'ecria  alors  notre 
Axius ,  un  colombicr  corame  je  le  desire ,  j'irais 
vite  acheter  des  boulins  de  terre  cuite,  etjc  les 
enverrais  a  ma  villa.  Comment,  dit  Pica,  est-ce 
que  nombre  de  personnes  n'ont  pas  des  boulins 

columbis  fwcundius.  Itaque  (lielins  quadragenis  conclpit, 
ct  parit,  et  incubat,  et  educat.  Et  lioc  fere  totum  annum 
lacinnt  :  tanlumniodo  iutorvallum  faciunf  a  bruma  ad 
icquinocUum  vernum.  Pnlli  nascuntur  bini,  qui  simulac 
creverunt  et  liabent  robur,  cum  malribus  pariunl.  Qui 
.solent  saginarc  pullus  colunibinos,  quo  pluris  vendant, 
secludunt  eos ,  CLim  jam  pluuia  siint  tocti.  Deinde  mandu- 
cato  candido  farciunt  pane  :  hicme  boc  bis ,  ^state  ter, 
mane,  meridie,  vesperi.  Hieme  demiint  cibum  meiliiiiu. 
Qui  jam  pinnas  incipiunt  babere,  rcHuquimt  in  nido  illisis 
crurlbus,  et  matribiis  iiberius  ut  cibo  uti  possint  obji- 
ciunt;  co  enim  totum  dieni  se,  et  pullos  pascunt.  Qiii  ita 
educantur,  celerius  iiiugiiiores  fiunt  quam  alii ,  et  candi- 
diorcs.  Parentes  eoruin  Rouiai,  si  sunt  forniosi,  bono  co- 
lore,  inlegri,  boni  seminis,  paria  singula  viilgo  veneunt 
duceuis  numis,  nec  non  eximia  smgulis  millibus  nuinum , 
quas  niiper  cum  mercalor  tanti  emere  vellcta  L.  Axio 
equile  Rom.  minoris  quadringcntis  denariis  daturum  ne- 
gavitiAxius:  Si  possememere,  inquit,  -spnTTcpsiova  fac- 
liim,  quemadmodum  in  a'dibus  euin  babere  vellem  ,  licli- 
lia  columbaria  jam  iissem  emtum,  etmisisseni  ad  villain. 
Qnasi  veio,  iiii|uit  Pica,  non  in  nibe  qiioque  sinl  miilti, 
columbaria  qiii  iu  legulis  babcnl.  An  libi  noii  vidcntur 


sur  le  toit  meme  de  leur  maison?  Avec  cet  appa- 
reil,  dont  lavaleur  va  jusqu'a  cent  mille  sesterces, 
peut-on  dire  qu'ils  n'out  pas  de  colorabiers?  Je 
vous  conseille  moi ,  de  vousen  douner  un  a  Rorae 
en  cmployant  lc  meme  raoyen  et  d'attendre  que 
vous  ayez  appris  a  en  tirer  un  as  et  demi  par 
jour,  avant  de  vous  lancer  dans  des  constructions 
plus  dispendleuses  a  la  catnpagne. 

Vin.  Continuez,  dit  alors  Axius  a  Merula ;  et 
Merula  reprit  en  ces  termes  :  Dememo  que  pour 
les  pigeons,  on  doit  pour  les  tourtcrelles  dis- 
poser  un  local  proportionne  a  la  quantite  qu'on 
en  veut  avoir.  II  y  faut,  comme  dans  les  colom- 
biers,eau  pure,  porte,  fenetres,  et  des  murs 
bien  crepis;  raais  au  lieu  de  boulinson  attachera 
aux  murailles  des  batons  ou  juchoirs  reguliere- 
ment  etages ,  et  couverts  de  petites  nattes  de 
chauvre.  II  faut  que  le  rang  d'en  bas  soit  eleve 
de  trois  pieds  au  moins  au-dessus  du  sol ;  qu'il 
y  ait  un  intervalle  de  neuf  pouces  entre  tous  les 
autres,  et  que  le  plus  eleve  soit  a  un  demi-pied 
de  distancede  la  voute.  Les  batons  d  jucherdoi- 
ventavoir  memelongueur  apartirdela  muraille. 
Les  tourterelles  u'cn  doivent  sortir  ni  jour  ni 
nuit.  Ou  leur  donne  pouruourriture  du  fronient 
sec,  daus  la  proportion  d'un  demi-modius 
pour  cent  vingt  tourterelles.  La  place  doit  etre 
balayee  tous  les  jours,  pour  que  la  ficnte  qui 
s'y  amasse  n'iucommode  point  les  oiseaux.  Elle 
a  d'aillcurs  son  emploi  en  agriculture.  L'epoqiic 
de  la  moisson  convient  plus  que  toute  autre  pour 
engraisser  les  tourterelles.  En  aucun  temps  de 
rannee  lcs  meres  nesonten  si  bon  etat,  nefont 
autant  de  petits  ,  propres  a  engraisser  a  leur  tour. 
Cest  donc  ce  moment  que  la  speculallon  doit 
surtout  saisir. 

IX.  Je  voudrais  bien ,  dit  alors  ,\xius ,  savoir 

liabere  jTLptcrTEfewva;,  cum  aliquot  supra  centum  millium 
sextertium  babeant  instrumeutum?  e  qneis  alicujus  toluiu 
emas  censeo,  et  anle  quam  Eedilicas  rure  magnum,  con- 
discas  bis  in  urbe  quotidie  lucrum  assera  semissem  condere 
in  loculos. 

VIII.  Tum  Merula  :  Perge  deinceps.  Ulf.  :  Turturibiis 
iteni,  iuquit,  locum  constituendum  proinde  magniim,  ac 
miiKiliiilinem  alere  velis;  eumque  item,  nt  de  coliinibis 
(lictiiiii  rs! ,  iit  babeat  ostium  ac  fcneslras  et  aquam  pii- 
laiii,  ac  paiiries,  ac  camaras  muuitas  lectorio.  Sed  pro 
colunibaiiis  iu  pariete  mutnlos,  aut  palos  in  ordinem,  sii- 
pra  quos  tegeticula;  cannabina;  sint  imposifae.  Infinium 
ordinem  oportet  abesse  a  terra  non  miuus  tres  pedes  ,  in- 
ler  reliqnos  dodrantes,  a  summo  ad  camaram  ad  seinipc- 
dem,  .Tipie  lalum.ac  mululus  a  pariete  extare  potesl,  in 
quibus  riies  noclesque  pascuulur.  Cibatui  quod  sit,obii- 
ciunt  triticum  siccum  in  centenos  viccnos  turtuies  fere 
semodium ,  quotidie  everrentes  eonim  st.ibula ,  a  stcrcoi c 
ne  orfciidanliir,  (piod  item  servatur  ad  agrum  colendmn. 
Ad  sa;;iiiaiiiliini  appositissimum  fempus  circiter  me.ssen). 
Elciiiui  iiKilies  eorum  lunc  optimae  sunt;  tunc  piilli  plii- 
rinii  gii;uiintiir,  ipii  ad  fartHiam  nicliores.  Itaquu  corum 
fructus  id  temporis  maxime  cunsislil 


BE  L'AGR1CULTURE,  LIV.   IIF. 


corameut  on  eiigraisse  les  poules  et  les  pigeons 
laniieis.  Si  Menila  voulait  bien  encore  nous  Tap- 
pieudie ,  nous  completerions  alors  ce  qui  reste 
a  dire  des  autres  auimaux.  Merula  reprit  en  ces 
termes :  U  y  atrois  especes  dc  poules ;  les  poules 
de  basses-cours,  les  poules  sauvages,  etles  pou- 
les  dVVtriipie.  Les  poules  de  basse-cour  se  voieut 
partoute  iacampagne  etdans  les  fermes.  Les  per- 
sonnes  qui  se  proposent  detablir  uu  pouiailler 
(opviGogoCTXEioi;) ,  et  qui  veulent,  comrae  les  habi- 
tants  de  Dclos,  en  tirer  tout  le  parti  possible, 
ont  cinq  chosesprincipalesaconsiderer  :  1°  L'a- 
chat.  De  quel  nombre  de  poules  faut-il  former  son 
poulailler,  et  dans  quelles  conditions  individuel- 
les?  2°  La  multiplication  de  Tespece ;  qiiels  soius 
exigent  raccouplement  et  la  ponte?  3"  Les  oeufs; 
comment  on  fait  couvcr  ct  cclore?  4°  Les  pous- 
sins ;  de  quelle  facon  ;  et  par  qui  doit-on  les  fairc 
elever?  5°  Et  cette  question  u'est  qu'un  appen- 
dicedes  quatre  autres  :  comraents'engraissecettc 
volaille?  Poule  est  le  noin  generique  de  la  fe- 
melle;  coq,  celui  du  male;  on  appelle  chapons 
eeu\  que  lacastrationa  privcsd'unepaitiedeleur 
niasculiuitc.  On  chiitre  les  coqs,  pour  cn  faire 
des  chapons,  en  leur  brlilant  avec  un  fer  rouge 
les  ergots  a  rextremite  des  pattes,  jusqu"a  ce 
que  la  peau  .s'en  dctaehe;  puis  on  enduit  la  plaie 
avec  de  la  terre  a  potier.  Celui  qui  se  propose  de 
former  uii  poulailler-raodele  doit  le  peupler  des 
trois  especes,  raais  surtoutde  la  poule  oidinnire. 
Dans  Taehat  de  cette  derniere  espeee  ii  faut  re- 
chercher  les  plus  feeondes.  On  les  reconnait  au 
plumage  roux,  aux  ailes  noires,  aux  ergots  de 
grandeurs  inegales,  a  la  grosse  tete,  a  la  erete 
large  et  elevee.  Choisissez  des  coqs  lascifs.  Lcs 
iudices  de  cette  qualite  sont  des  formes  mem- 

IX.  Axius:  Ego  quae  reqiiiro  farsuije  (assurae)  membra 
dc  palunibis,  et  gallinis  dic  sodes  Merula  :  tum  de  reli- 
<|uis,  si  quid  idoneum  fueiit,racemari  iicebit.  Igilur  sunt 
gallina;  qu.i!  vocantur,  generum  tiluii),  villaticK,  etrusti- 
CiP,  et  africanse.  Gallina;  villaticiie  sunt,  quas  dcinceps 
riire  liabent  in  villis.  Ue  his  qui  ofjv.OoSotjy.iilov  institueie 
votunt,  iidemadliibitascientiaaccura,  utcapiant  magnos 
Huctus  (ut  niaxime  lactilaveiunt  Dciiaci)  liaic  qiiiiique 
maxime  animadvertantoportet  :  deenitione,  cujiisniodi, 
ct  quam  nuiltas  paient,de  fuptura,  qnemadinodum  ad- 
mittant  et  paiiant;  de  ovis,  queinadmudum  incubenl  et 
excudant ;  de  pullis,  quemadmodum  et  a  qiiibus  cdiiccn- 
tur.  Hisce  appendix  adjicitur  pars  qiiinta,  queniadmodiim 
saginentur.  li  queis  tiibus  generibus  pioprio  niimine  vo. 
cautur  lirmiihx  quu!  siiiil  villaticoe ,  gallina! ;  niares  gulli ; 
capi  seminiares ,  quod  suiit  caslrati.  Galios  casliant,  nt 
sint  capi,  candenti  fcrro  inurentes  calcaria  ad  iiiiiina 
crura,  usquc  dum  rumpantur.  At  quod  extal  ulcus,  obli- 
nuut  figliiia  creta.  Qui  spectat  ut  opviOooorTxilov  perfectiim 
babeat,  sint  licet  geneia  tria  paranda,  maxime  villalicas 
galliiias.  E  queis  in  parandoeligat  oporlet  foecundas;  plc- 
runiqne  riibicunda  pluma,  uigiis  piniiis,  impaiibiis  digi- 
lis,  inagnis  capitibus,  crista  ei'ccla,-amplas.  Hac  enim  ad 
,i.utiones  sunt  aptiorcs.  Gallos  salaccs;  qiii  aniinadver- 


brues,  la  crfite  d'un  rouge  cclatant,  le  beccourt, 
fort  et  aigu,  rosil  fauve  ou  noir,  le  jabot  d'un 
nnige  tirant  sur  le  blanc,  lc  cou  bigarre,  ou  uuan- 
cc  d'or,  les  cuisses  vclues,  lcs  pattes  courtes, 
les  ergotsallonges,  la  quetie  dcvcloppee,  etbieu 
fournie.  Remarquez  encore  si  vos  coqs  se  redres- 
sent  avec  fierte;  s'ils  chanteut  frequemmcnt; 
s'ils  se  montrcnt  acharncs  au  combat;  si ,  loin 
de  craindre  pour  eux-memes ,  ils  sont  disposes 
a  proteger  leurs  poules.  II  y  a  cependant  une  ex- 
ceptiou  a  faire  pour  ies  coqs  de  Medie,  de  Tana- 
gra  et  de  Chalcis,  qui,  tout  beaux  et  tout  belli- 
queux  qu'ilssont,  n'oiitqu'unemediocreaptitude 
a  la  propagation.  Pour  deux  ccnts  poules,  il  faut 
un  lieu  clos,  dans  lequel  on  dispose  deux  caiw- 
nes  rune  a  cote  de  Tautie,  toutes  deux  au  soleil 
levant.  Chacunc  aura  dix  pieds  de  longueur,  cinq 
picds  de  largeur,  et  a  peu  presautanten  hautcur. 
Lcs  fenetres  auroiit  trois  pieds  de  large  sur  qua- 
tre  de  haut,  et  seront  tissuesa  claires  voies,  de  fa- 
con  a  laisser  entrer  beaucoup  de  jour,  saus  livrer 
passage  a  aucune  bete  nuisible.  On  menagera  de 
plus  entre  ces  cabanes  un  passage  pour  le  gar- 
dien  du  poulailler.  Dans  chaque  cabane  setrou- 
veront  des  perehes  eii  nombre  suflisant  pour 
servir  de  juchoir  a  toutes  les  poules.  Vis-a-vis 
de  chaque  perche  on  ereusera  dans  le  mur  des 
trous  qui  servirout  de  nids;  on  menagera  ea 
outie  une  espece  de  cour  fermee,  oii  les  poules 
puissent  rester  pendant  le  jour  et  s'ebattrc  dans 
la  poussiere,  et  oii  se  trouvera  aussi  unegrande 
cellule  servant  d'habitation  au  gardien.  Tout  le 
tour  du  poulailler  scra  garni  de  nids,  creusesou 
attachcs  forteraent  aux  murs  ;  car  le  moindre 
dcrangement  pendant  rincubatiou  peut  nuire 
aux  oeufs.  Quand  les  poules  corameucent  a  pou- 

tuntur,  .si  siint  lacerlosi,  rubenticrista,  rostro  brevi,  pleno, 
aciito,  ociilis  ravis,  aiit  nigris,  palea  rubra  subalbicanti , 
collo  vario ,  aul auienlo ,  feminibus  pilosis ,  crmibus  bre- 
vibus,  ungiiibiis  longis,  caudis  m.ignis,  frequentibus 
pinuis.  Item  qui  elali  suiit,  ac  vociferanl  .s;ppe,  in  certa- 
miiie  pertiiiaces,  et  qui  animalia,  qiiae  nocent  gallinis, 
non  modo  iion  pertiniescant,  sed  etiam  pio  gallinis  propu. 
gnent.  Nec  tameii  sequendiim  in  seininio  legendo  Tan<igri- 
cos,  ac  iMedicos,  ct  Clialcidicos,  qui  siiie  dubio  siint  pul- 
clii i ,  et  ad  piicliandun)  iiiter  se  maxinie  idonei ,  sed  ad 
partus  siiiit  .slcriliores.  Si  ducentas  alere  velis,  Iqcus  sep- 
tus  aUribiicndus,  in  quo  (10.1!  cavca;  conjunctac  magnae 
constitiieiida;,  quM  spcclcnt  ad  rxorientein  versus,  utrae- 
qiic  in  longitiidjiicm  ciicilcr  dccciii  pcduni,  latitudine 
dimidiominores,  in  alliluilinc  paullo  humiliores.  Utrisque 
fenestrae  lalitiidiue  Iripedali ,  uiio  pede  altiores  e  viiiiinibiis 
factae  raris,  itaut  luinen  prudieant  multum,  neque  pi^ 
eas  quidquara  ire  intro  possit,  quae  nocere  solent  gallinis. 
Inter  duas  ostium  sit,  qua  gallinarius  curator  earum  ire 
possit.  In  caveis  crebriB  pcrticai  trajectae  sint ,  ul  oinncs 
sustincre  possint  gallinas.  Contra  singulas  pcrticas  in  pa- 
riete  (exsculpta)  sint  cubilia  earum.  Ante  sit  (ut  dixi)  ve- 
slibiiium  septum,  in  qiio  diiirno  teinpoce  esse  possinl, 
alquc  in  piilvcie  volulari.  I'ia'tcica  sit  cella  grandis,  in 


VARRON. 


dre ,  il  faut  rtendre  dans  leurs  nids  de  la  paille , 
qu'oii  enieve  lorfqu'elles  eommencent  a  couver, 
pour  en  remettre  de  nouvelle;  car  la  vieille 
pailie  engendre  des  puces ,  et  d'autres  vermines 
qui  tourmentent  et  inquietent  les  poules ;  ce  qui 
fait  que  les  oeufs  sont  couves  inegalement,  ou 
ineme  se  g^tent.  On  pretend  qu"il  ne  faut  pas 
donner  a  une  poule  plus  de  vingt-cinq  oeufs  a 
couver,  lors  meme  qu'elle  est  assez  feconde  pour 
en  pondre  davantage.  L'epoque  la  plus  favora- 
ble  a  rincubation  est  depnis  l'equinoxe  du  prin- 
temps  jusqu'a  celui  d"automne.  On  ne  fera  donc 
point  couver  les  oeufs  pondus  avant  ou  apres 
cette  epoque,  non  plus  que  ceu.x  qui  proviennent 
de  poules  pondant  pour  la  premiere  fois.  En 
general  on  choisira  pour  eouver  de  vieilles  pou- 
les  plutot  que  des  jeunes,  et,  de  preference, 
celles  qui  n'ont  ui  le  bec  ni  les  ongles  pointus ; 
les  autres  sont  plus  propres  a  pondre  qu'a  cou- 
ver.  L'age  le  plus  convenable  est  celui  d'un  an 
ou  deux.  Si  Ton  faitcouver  a  une  poule,  descEufs 
depnon,  il  faut  laisser  passer  dix  jours  avant 
d'ajouter  des  oeufs  de  poule  afm  que  tous  puis- 
sent  eclore  en  meme  temps;  car  on  a  des  poulets 
au  bout  de  vingt  jours ,  tandis  qu'il  en  faut  trente 
pour  obtcnir  des  paonneaux.  On  tient  les  poules 
qui  couvent  renfermecs  nuit  etjour;  ce  n'estque 
le  soir  et  le  matin  qu'on  les  laisse  sortir  un  ins- 
tant,  pour  leur  donner  leur  nourriture.  Le  gar- 
dien  doit  de  temps  a  autre  visiter  les  nids  et  re- 
tourner  les  ceufs,  pour  que  la  chaleur  puisseles 
penetrer  de  toutes  parts.  Pour  s'assurer  si  un  oeuf 
est  plein  ou  vide,  on  le  plonge  dans  rcau.  S'il 
est  vide,  il  surnage ;  s'il  est  plein,  il  va  a  fond. 
Ceux  qui  secouent  les  oeufs  dans  ce  but  ont  tort ; 
car  ils  risquent  de  brouiller  le  germe,  qui  est  ie 

qua  curalor  liabilet,  ila  ut  in  parielibus  ciicuni  onini 
posila  sinl  cubilia  gallinarum,  ant  exsculpta,  aut  allicta 
firmiter.  Molus  enim  cum  incubant  nocet.  In  cubililius, 
cum  parturienl,  acus  substernendnni.  Cum  pepererunt, 
tollere  substiamen,  et  recens  aliiid  subjicere,  quod  piili- 
ces  et  caetera  nasci  solent,  quae  gallinam  conqiiiesceie  non 
patiuntur ;  ob  quam  rem  ova  aul  injiequahiliter  maliire- 
scunt,  aut  consenescunt.  Qna;velis  incubet,  negantpliis 
XXV  oportere  ova  incubare  ,  quamvis  propter  foecundila- 
tem  pepererit  plura.  Oplimuni  esse  parlum  a-quinoclin 
verno,  ad  anlumnale.  Ilaqiie  qua,'  anle  ant  post  nata  sunt, 
et  etiam  prima  eo  lenipore,  non  siipponenda  :  et  ea  qu» 
subjicias  potius  velulis,  quam  pull;i.--lris,  el  qii;e  loslra 
aut  ungues  nou  lial)eantacutos,qu.T  (iilicnl  poliiis  in  con- 
cipiendooccupalai  esse,  quam  inciibaiido.  Appo^ilissima! 
ad  partum  sunt  annicul.-c,  aut  bima'.  Si  ovagallinis  pa- 
vonina  subjicies,  cum  jam  deceiii  dies  pavonina  fovere 
eoepit,  tum  deniqne  gallinaceasubjiceie,  iit  unacxcudant. 
Gallinaceis  eiiim  pullis  bis  deni  dies  opns  sunt ,  pavoninis 
ter  deni.  Eas  includere  oportet,  nt  diem  et  noctein  iiicu- 
bent,  prttter  quam  maiie  et  vespeie,  dum  cibus  ac  polio 
eis  datnr.  Curator  oporiet  circumeat  diebus  interpositis 
aliquol,  ac  vertat  ova,  uti  aequabijiter  concaleliant.  Ova 
plena  sint,  alqne  utilia,  necne.'  aniinadverli  aiunt  posse, 


principe  de  vie.  On  dit  encore  qu'un  sijisie  ccr- 
tain  qu'un  ccuf  est  videest  sa  transparence  lors- 
qu'on  Tinterpose  a  la  lumiere.  Pourconserver  les 
oeufs,  on  les  frotte  avec  du  scl  egruge,  oii  bien 
on  les  trempe  dans  la  saumure  peiidant  trois  ou 
quati'e  heures;  puis  on  les  niet,  apres  les  avoir 
bien  essuyes ,  dans  du  son  ou  de  la  paille.  Les 
oeufs  ne  doivent  etre  couves  qu'en  nombre  im- 
pair.  Le  gardien  du  poulailler  peut,  dcs  le  qua- 
trieme  jour  de  rincubation  ,  connaitre  les  oeufs 
qui  ont  ete  fecondesou  non  :  il  suflitde  les  tenir 
devant  !e  jour.  II  jette  alors  eeux  qui  ne  mon- 
trent  aucun  changement,  pour  en  mettre  d'au- 
tres  a  leur  place. 

11  faut  tirer  de  chaque  nid  les  poulets  a  me- 
sure  qu'ils  naissent,  et  les  donner  a  elever  a  une 
mire  qui  n'en  aura  pas  beaucoup.  S'il  reste 
moins  d'a,'ufsque  de  poussins  eclos,  il  faudra  re- 
tirer  les  premiers  pour  lcs  donner  a  d'autres 
poules  qui  n'en  oiit  pas  encore  d'eclos,  en  obser- 
vant  toutefois  de  ne  jamais  laisser  a  une  poule 
plus  de  trente  poussins  a  conduire.  Dans  les  15 
premiers  jours  on  donne  aux  poulets  tous  les 
jours  de  la  farine  d'orge  bien  detrempee  dans 
Teau  et  melee  avcc  de  la  graine  de  cresson.  De 
cettemaniere  on  n'aurapas  acraindre  queTorge 
ne  se  gonfle  dans  Testomac  des  poulets.  On 
placera  cette  nourriture  sur  de  la  poussiere,  et 
non  sur  la  terre  seehe  et  dure ,  qui  blesserait  leur 
bec  delicat.  Ne  leur  donnez  point  d'eau  dans  les 
premiers  jours.  Quand  la  queue  commence  a 
leur  pousser,  il  faut  enlever  souventde  la  tete  et 
ducou  la  vermine  qui  lesfcrait  deperir.  On  bru- 
lera  autour  du  poulailler  de  la  corne  de  eerf, 
pour  en  ecarter  les  serpents,  dout  Todeur  seule 
suffit  pour  faire  perir  les  poulets.  II  faut  les 

si  liemiseris  in  aquani.  Quod  inane,  nalat;  plenum,  desi- 
dit.  Qui,  ut  boc  inlelliganl,  concutiant,  errare,  qiiod  in 
eis  vitales  venas  confiindant.  In  iisdeni  ainnt,  cum  ad 
lumen  sustuleris,  quod  perlnceat ,  id  esse  ob  inane.  Qui 
bfec  volunt  diutius  servare,  perfricant  sale  niinulo,  aut 
muria,  tres  aut  qualuor  lioras;  eaqne  abliila  condunt  in 
furfures,  aiitacns.  In  snpponendo  ova  observant,  ut  sint 
nuniero  imparia.  Ova,  qua;  incubantur,  babeantne  semen 
pulli,  curator  quatriduo,  postquam  incubari  coepil,  in- 
telligere  polest,  si  contra  lunien  tenuit,  et  purum  nniiis- 
niodiesse  animadvertit,  pnlant  ejiciendum,  el  aliud  suh- 
jiciendum.  Excusos  pullos  siibducendum  ex  singulis  ni- 
dis,  et  subiiciendnni  ei,  qu;e  haheat  paucos.  Ab  eaque, 
si  reliqiiasinl  ova  pauciora  ,  tollenda,  et  suhjicienda  aliis, 
quae  nondum  excuderunl,  et  iiiinus  hahent  xxx  pullos. 
Hoc  enim  gregem  majorem  non  fasienduni.  Objicieiidum 
pullis  diebiis  xv  piimis  niane  sulijecto  pulvere  (ne  rostris 
noceat  lerradura)  polentani  mixlam  cum  naslurtil  scinine, 
et  aqiia  aliquanto  ante  facla  inlrila  ,  ne  tum  deniqiie  in 
eoruiii  corpore  tnrgescat.  Aqua  probibendum.  Quando  de 
clunihus  cceperinl  habere  pinnas,  e  capite  et  e  collo  eo- 
riiin  crebro  eligendi  pedes.  Saepe  enini  propter  eos  conse- 
nescunt.  Circum  caveas  eorum  incendendiim  cornum  cer- 
viuum ,  ne  quae  serpeus  acc^dat :  qiiarum  hesliarum  ex 


DE  L'AGRICULTURE ,  LIV.  IIL 


coiiduire  souvcnt  au  solcil  ct  sur  des  tas  de  fu- 
mier,  ou  iis  puissent  s'ebattre  a  leur  aise ,  ils  en 
sont  nieilleurs.  On  fera  bien  raeme  d'y  mener 
tout  le  poulailler  en  ete,  et  tant  que  la  tempera- 
ture  est  douce  et  que  le  soleil  donne.  On  aura 
la  precaution  d'etendre  au-dessus  du  clos  un 
filet,(iui  les  empeche  de  s'envo!er,  et  les  pre- 
serve  en  meme  temps  desoiseaux  de  proie.  Epar- 
gnez-ieur  rexces  du  chaud  aussi  bien  que  Tex- 
ees  du  froid  :  {'un  est  aussi  nuisible  que  Tautre. 
Quand  les  poulets  commenceront  a  avoir  des 
plumes,  ilfnutles  habituer  a  ne  suivre  qu'une 
poule  ou  deux,  afin  que  les  autres  ne  soient  oc- 
cupees  qu'a  pondre.  L'incubation  ne  doit  com- 
mencer  qu'apres  le  renouvellement  de  la  lune. 
Lesoeufsqu'onfait  couver  plus  tot  ne  reussissent 
presque  jamais.  II  ne  leur  faut  que  \ingt  jours 
environ  pour  eelore.  J"ai  parle  trop  longuement 
peut-etre  des  poules  ordinaires  :  pour  compen- 
sation  je  ne  dirai  qu'un  mot  des  autres  espe- 
ces.  Les  poules  sauvagessont  fort  rares  a  Rome, 
et  l'on  n'en  voit  guere  d'npprivoisees,  si  ce  n'est 
en  cage;  elles  resserablent  d"aspect,  non  de  plu- 
mage  ,  aux  poules  d'AfrJqiie,  plutot  qu'n  eelles 
de  ferme ,  quand  on  n'a  rlen  fait  pour  les  de- 
guiser.  On  les  deposc  souvent  en  parade  dans  les 
pompes  publiques,  avec  des  perroqiiets,  des 
merles  blancs,  et  comme  objets  rareset  curieux. 
Elles  ne  pondent  et  couvent  volontiers  que  dans 
les  bois,  et  ne  produisent  guere  a  l'etat  domes- 
tique.  Ce  sont  elles  qui  ont  fait  appeler  Gallina- 
ria  Tile  que  Ton  voit  dans  la  raer  de  Toscane, 
pres  d'Italie,  vis-a-vis  d'Intemelium  ,  d'Albium 
ingaunum,  et  des  montagnes  deLigurie.Suivant 
d'aufres,  ce  nom  vicnt  des  poules  ordinaires, 
transportees  la  originairemeiit  par  des  matelots. 


et  dont  la  raee  s'y  est  perpdtuee  ix  Fetat  sauvage. 
Les  poules  d^Afrique  sontgrandes,  bigarrees,  et 
ont  le  dos  en  saillie.  Les  Grecs  les  appellent  iiie- 
lecif/rides.  Ce  sont  les  dernieres  que  Tart  euli- 
naire  a  imagine  d'offrir  aux  pilais  blases  de  no- 
tre  epoque  :  leur  rarete  les  fait  pnyer  tres-cher. 
Les  poules  ordinaires  sont  celles  qu'on  engraisse 
le  plus  souvent.  On  les  enferme  a  cet  effet  dans 
un  lieu  chauffe  doucement,  ou  elles  aient  peu 
d'espace  et  dejour.  Le  mouvement  et  la  luraiere 
nuiseut  a  leur  embonpoint.  On  les  ehoisit  a  la 
tnille,  enexceptanttoutefois  cellesqu'onappel!e  a 
tort  melires,  puisque  leur  veritable  nom  est  iMe- 
lica;;  de  meme  que  nos  ancetres  disaient  Thelis 
au  lieu  de  Thctis ,  le  nom  domestique  doiine 
originairement  aux  poulesqu'on  faisait  venir  de 
Medie  a  cause  de  leurgrandeur,  est  reste  desor- 
niais  a  cette  race,  qui  s'est  perpetuee  dans  notre 
pays,  et  aconserve  avec  son  type  une  grande  res- 
semblance.  Pour  les  engraisser,  on  leur  arraehe 
les  plumes  des  ailes  et  de  la  queue  ,  et  on  leur 
donne  en  abondancedes  boulettes  faites  avec  de 
la  forine  d'orge,  a  Inquelle  on  peut  ajouteraussi 
de  la  fnrine  d'ivraie,  ou  de  la  graine  de  lin  pc- 
trie  dans  de  Tenu  tiede.  On  leur  donne  a  man- 
ger  deux  fois  par  joiir;  mais  il  faut  s'assurer 
avant  le  second  repas  si  le  premier  est  digere. 
Apres  ,  quand  elles  ont  mange,  on  leur  pnrge  la 
tete  de  verraine ,  et  on  les  renferme  de  nouveau ; 
ce  regime  se  continue  pendant  vingt-cinq  jours, 
et  au  bout  de  ce  temps  les  poules  sont  en- 
graissees.  Quelques-uns,  dans  le  meme  but, 
leur  donnent  du  pain  de  froment  emiette  dans 
de  Teau  ,  et  y  melent  du  vin  genereux  et  qui  ait 
du  bouquet.  On  prelend  par  ce  moyen  rendre 
les  poules  grasses  et  tendres  en  vingt  jours. 


odore  solenl  interire.  Prodigendl  in  solem  et  in  sterquili- 
niuii),  ut  se  volulare  possint,  quod  ita  alibiliores  fiunl. 
Neque  pullos  tanluni ,  sed  omne  ofviOoSotjxsTov,  cum  festale, 
tuni  utique  cum  tempestas  est  niollis..^....  atque  in  apri- 
cuni,  intento  supra  rcte,  quod  prohibeat  eas  extia  scpla 
evolare ,  el  in  eas  involare  extrinsecus  accipitrem ,  aut  quid 
aliud ;  evitare  item  caldoiem  et  frigus ,  quod  utrumqiie 
bis  adversum.  Cnm  jam  pinnas  babebunt,  consuefacien- 
dum ,  ut  uiiam  aut  duas  sectentur  gallinas ,  cetera;  ut  po- 
tius  ad  paiieudum  siiit  expedilae,  quam  in  nutricatu  oc- 
ciipata".  Incubare  oportet  incipere  secundum  novam 
lunam,  quod  fere  qu3e  anle ,  pleraque  non  succedunt. 
Diebus  fere  xx  excudunt.  T)e,  quibiis  villalicis,  quouiani 
vel  nimium  dictuin,  brevitate  reli(pia  compensabo.  Gal- 
lina;  ruslicje  sunt  in  ui be  rata" ,  iiec  fere  mansiiet.e  sine 
cavea  videntur  Romac,  siinilcs  facie  non  liis  villalicis  gal- 
linis  nostris,  sed  Africanis,  aspeclu  ac  facie  incontami- 
nata.  In  ornatibus  piiblicis  solent  poni  cum  psiltacis  ac 
merulis  albis,  item  abis  id  genus  rebus  inusitatis.  Neqiie 
fere  in  villis  ova  ac  pullos  faciunt,  sed  in  silvis.  .\b  liis 
gallinis  dicilur  insula  Gallinaria  appellata ,  qna;  est  in  inari 
Tliuscfl  secunduni  Italiam  conlra  montes  Ligusticos, 
Intemelium ,  Albium  Ingauuum.  .\Iii  ab  bis  villaticis  in- 


vectis  a  nautis  ibi  fcris  factis  procreatis.  Gallinaj  Africauce 
sunt  grandes,  variaj,  gibbera;,  quas  [isXeaYptSa:  appellant 
Cr.Tci.  Ilae  iiovi3sim<ie  in  tiieliniuniganeaiium  introierunt 
eculina,  propter  lastidinm  bomiuum.  Veneunt  propter 
pcniiriam  niagno.  De  trijjus  generibus  gallin;e  saginantur 
maxiine  villatira'.  Eas  includunt  in  locum  tepiduin  et  an- 
gustum  et  tenebricosuin ,  quod  motus  earuni  et  liix  pin- 
guitudini  iniinica,  ad  lianc  rem  electis  inaximis  gallinis, 
nec  continuo  bis,  quas  Melicas  appellant  falso,  qiiod  anli- 
qiii  iit  Tbetin  Thelini  dicebant,  sic  Medicam  Melicam  vo- 
cabaiit.  II.Te  priino  dicebantiir,  quia  ex  Media  propter 
inagniludiiienierantallaliie.qiiaeque  exiisgeneialae  postea 
propter  siinililudincm  ampl.Te  omnes.  Ex  iis  cvulsisex  alis 
pinnis  et  e  caiida  farciunt  turundis  oideaceis;  partiin  ad- 
mixtis  cx  farina  loli.icea,  aut  seinine  lini  ex  aqua  dulci. 
Bis  die  cibum  daiit ,  observantes  ex  quibusrlam  siguis ,  ut 
prior  .sit  concoctus,  quam  sec.undum  dciit.  Dato  cibo, 
ipiiiin  perpiirgarunt  capiit,  ne  quos  babeaiit  pedes,  rursiis 
eas  concliidunt.  Hoc  faciiiiit  usqiie  ad  dies  xxv.  Tunc 
denique  pinguos  fiunt.  Quidam  et  tiiticco  pane  intrito  ii) 
aqiiam  mixto  vino  boiio  et  odorato  faiciunl,  ita  ut  diebiis 
,vx  pingues  reddant  ac  teneras.  .Si  in  farciendo  nimio  cibo 
fastidinnt,  remittendum  in  dalione  pro  portione,  sicut 


VARRON. 


Si  ron  s"apercoit  que  l'exces  de  nom-citure  !es 
rebute,  ii  fauten  diminuer  laquantite  de  jour  en 
jour  jusqu'au  dixieme ,  suivant  ia  progression 
que  l'on  a  observee  en  l'augmentant,  de  sorte 
que  la  ration  soit  egale  le  vingtieme  jour  et  le 
premier.  Les  'pigeons  ramiers  s'engraissent  de 
la  meme  maniere  que  les  poules. 

X.  Passcz  a  preseut,  dit  Axius ,  a  ces  hotes  de 
villa,  que  vous  autres  Philhelleues  appelez  am- 
phibies  (aa.pi6ta),  espeees  auxquelles  la  terre  ne 
suffit  pas ,  et  dont  rentretien  exige  encore  de  ces 
bassins  pleinsd'eau  (;<;-/ivoSo(;x£iov),  ainsi  nommcs 
quand  vous  y  eievez  speciaiemcnt  des  oies. 
Scipion  Metellus  et  M.  Seius  out  quantite  d'cle- 
ves  de  cette  derniere  espece.  Merula  reprit  : 
Quand  Seius  a  forme  ses  troupeaux  d'oies , 
il  a  porte  ses  soins  sur  les  ciuq  points  priiici- 
paux  dont  j'ai  parle  eu  traitant  des  poules  :  at- 
tention  a  bienchoisir,  multiplieation  de  Tespece, 
poute,  naissance  des  petits,  et  engraissement. 
L'esclave  qui  les  aclietait  avait  ordre  de  n'en 
prendre  que  de  grande  taiile  et  de  plumageblanc ; 
car  leur  progeniture  est  presque  toujours  a  leur 
ressemblance.  Cest  qu'il  y  a  une  autre  espece 
qu'on  appelle  oiessauvages,  au  plumage  bigarre  , 
qui  n'aime  polnt  a  se  joindre  aux  oies  domesti- 
ques  et  s"apprivoise  difficilement.  L'epoque  la 
plus  favorable  a  l'accouplement  est  celie  du  sols- 
tice  d'hiver.  Les  oics  pourront  alors  pondre  et 
eouver  depuis  les  eaiendes  de  mars  jusqu'au 
solstice.  Ges  oiseaux  s'accoup!ent  ordinairemeut 
dans  l'eau  ;et,  Tacte  consomme,  iis  piongent  dnns 
Jariviereou  le  bassin.  lls  ne  fout  pas  plus  de 
trois  poutes  par  an.  On  disposera  pour  chaque  oie 
une  cabane  de  deux  pieds  et  demi  de  tour,  oii  la 
femelle  puisse  deposer  ses  oeufs;  et  on  y  eten- 
dra   de  la  paille  pour   litiere.    On  marque  les 


oeufs  de  maniere  a  les  reconnattre,  ear  une  oie 
ne  fait  eclore  que  les  siens.  On  lui  en  donne 
ordinairement  neuf  ou  ouze  a  couver;  jaraais 
plus  de  quinze,  ni  moins  de  sept.  Elle  couve 
trente  jours  si  la  tempcrature  cst  froide ,  et  vingt- 
cinq  quand  la  temps  est  doux.  Lorsque  les  oi- 
sons  sont  eclos,  on  les  laisse  les  ciuq  premiers 
jours  avec  leur  mere.  II  faut  ensuite,  si  le  temps 
est  beau,  !es  conduire  tous  lesjours  a  la  prairie, 
au  maraisou  aux  bassins.  Ou  leur  dispose  des  eel- 
lules  au-dessous  ou  au-dessus  du  sol,  lesquelles 
n'en  doivent  pas  contenir  plus  de  vingt.  11  faut 
en  exclure  soigneusement  toute  humidite,  et  ta- 
pisser  !e  so!  de  paille  ou  de  quelque  chose  d'a- 
nalogue.  On  doit  egalement  veiller  avec  soin  a 
ce  qu'aucun  animal  nuisible,  tel  que  la  belette, 
ne  puisse  y  penetrer.  On  fera  paitre  lcs  oies  dans 
dcs  lieuxhumides  oii  Ton  semeexpresdesherbes 
a  graines,  celle  notamment  qu'on  appelle  .<em, 
qui  reverdit  par  !e  seulcontact  de  Teau,  quelque 
dessechee  qu'elle  puisse  etre.  II  ne  fautpas  leur 
laisser  paitre  cette  herbe  a  la  tige;  on  Tarrache 
pour  la  leur  offrir.  Sans  cette  precaution,  i!  est  a 
craindre  qu'ils  ne  delruiscnt  le  plant  sous  leurs 
pieds,  ou  qu'ils  ne  creveut  a  force  d'en  manger. 
En  effet,cesoiseauxsout  tellement  gloutons,  que 
si  Ton  ne  modere  pas  leur  avidite ,  ils  font  des 
efforts  a  se  tordre  le  cou  pour  deraciner  quelque 
plante.  Cette  partie,  ainsi  que  la  tete,  cst  chez 
eux  le  cote  faible.  A  defaut  de  cette  herbe,  on 
leur donnera  de  lorge  ou  toute  autre  espece  de 
grains.  On  peut  aussi,  suivant  la  saison,  les 
nourrir  de  toute  espece  de  fourrage,  avec  les 
memes  precautious  que  j'ai  indiquees  pour  la 
seris.  Lorsqu'!ls  couvent,  on  met  devant  eux  de 
Torge  broyee  dans  de  reau.Quant  a  leurs  petits, 
on  les  nourrira  les  deux  premiers  jours  avcc  de 


(lecem  primis  processit ,  in  postcrioi  ilms  ut  (iirainuanl  ca- 
dem  ratione  ,  ut  vigesimus  dies  et  priuius  sil  par.  Eodem 
modo  palumbes  farciunt ,  ac  redduiit  pingues. 

X.  Transi ,  inquit  Axius ,  nunc  iu  illuil  gcnHS,  quod  vos 
pliilogriiH;!  vocatis  ajicpipiov,  quod  non  est  ulla  villa  ac 
terra  conlentum ,  sed  rcquirit  piscinas ,  in  quibns  ubi 
anseres  aluntur,  nomine  xovolJocxeiov  appellatis.  Horum 
greges  Scipio  Metellus ,  et  iVI.  Sejus  haheut  magnos  ali- 
quot.  Merula  :  Sejus,  inqiiit,  ita  gicges  comparavit  an- 
senim,ut  liosquinquegradus  observaiet,  quos  in  gallinis 
dixi.  Hi  sunt  de  genere,  de  fuetura,  de  ovis,  de  pullis, 
de  sagina.  Primumjubebat  servum  in  legendo  observare, 
ut  essent  ampli  et  albi  :  quod  plerumque  pullos  similes 
sui  faciunt.  Est  enira  alteium  genus  vaiium,  quodlerum 
vocatur,  nec  cum  iis  libenler  congregatur  nec  ;eque  (it 
mansuetum.  Anseribus  ad  admitiendum  tempus  est  ap- 
lissimum  a  bi  uma  -.  ad  pariendum  et  incubandiim  a  lial. 
Martii  usque  ad  solslitium.  Saliunt  fere  in  aqua ,  dcin 
merguntur  in  numine  aut  piscina.  Singute  non  pliis  qiiam 
ter  in  anno  pariunt.  Singulis  ubi  [laiiant ,  faciundiim  lia- 
ras  qiiadiatascircum  binospedes,  et  semipedem  eassiib- 
steruendum  palea.  Notanduin  earum  ova  ahquo  sigiio, 


quod  aliena  non  excudunt.  Ad  iiicubandum  siipponunt 
plerumque  ix  aut  xi ;  qui  lioc  niinus  ,  vii  :  qiii  lioc  plus , 
XV.  Incubat  tempestatibus  dies  xxx,  lepidioribus  xxv. 
Cuni  excudit ,  qiiinque  diebus  priniis  paliuntur  esse  cum 
nialre.  Deinde  quotidie  screnuiii  cnm  est ,  producuntin 
piata,  iteni  pisciiuis,  aut  paludss  :  iisque  faciunt  liaras  su- 
pia  tcrram  aut  siibtus ,  in  quas  nou  inducant  plus  vicenos 
pullos.  Easqiie  cellas  provident ,  iie  babeant  in  solo  bumo- 
rein,  etut  molle  babeant  substramen  e  palea,  aliave  qiia 
re,neve  qua  eo  accedere  possint  mustelae,  aliEcve bestia", 
qiia;  noceant.  Anseies  pascunt  in  liumidis  locis,  ubi  pa- 
hiiliim  scrunt ,  quod  aliquem  fi  uctum  ferat  seruntque  liis 
lierham,  quae  vocatiir  seiis,  quod  ea  aqua  tacta  etiam 
ciim  est  arida ,  fit  viridis.  Folia  ejiis  deceipentes  dant ,  ne 
si  eo  inegerint  uhi  nascitur,  aut  ohteiendo  perdant, 
aut  ipsi  ciuditale  pereant.  Voraces  enini  siinl  natura.  Quo 
temperandum  iis,  qui  propter  cupiditalem  sacpe  iu  pas- 
ccnilo,  si  radicein  prenderunt,  quam  educere  velint  e 
terra,  abruinpunt  collum.  Perimhecillum  ;enim  id,ut 
caput  inolle.  Si  liaic  berba  non  est,  danduni  ordciiin, 
aut  frumentum  aliud.  Cuin  esl  tenipus  farraginis,  dan- 
duin  ut  in  seri  dixi.  Ciim  iiicubant,  ordeuni  iis  iutiiliiiii 


1)E  L'AGUICULTUaE,  LiV, 


!H. 


ia  p5te  ou  dt!  rort;e  eii  nature ;  puis,  les  trois  jours 
suivnnts,  011  ieur  doiincra dans  un  vase  du  eresson 
sortant  de  i'eau,  et  hache  tres-lui.  Lorsqtiils 
sont  en  i"ige  d'etre  renfermes  dans  les  cabanes 
dont  j'ai  parle  plus  haut,  leur  nourriturc  sera 
de  la  pate  de  farine  d^orpe  ,  du  fourrage,  oii  toute 
espece  d'herl)e  tendre  hachee  menu.  Les  oisons 
qu'on  veut  enjiraisser  doivent  nvoir  de  quatre  a 
six  mois.  II  faut  alors  les  enfermer  a  part,  et  lcs 
iiourrir  avec  de  la  pate  de  lleur  de  farine  de- 
trempee,  donton  leur  donneratantqvnls  voudroiit 
trois  fois  par  jour.  Apres  chaque  rcpas  on  les 
fera  boire  copieusement;  en  suivant  ce  regime 
pendaut  deux  mois,  ils seront  engraisses  sulTisam- 
raent.  A  chaque  repas  il  faut  nettoyer  les  lieux  oii 
ils  prennent  leur  nourriture;  car  ils  se  plaisent 
dans  laproprete,  mais  ils  ne  quittent  jamaisune 
place  sans  Tavoir  salie. 

XL  Vcut-on  elever  des  troupeaux  de  ca- 
nards,  et  former  ce  qa'ou  appelle  un  vr-.cidOTp-jcpEiov 
( lif  u  oii  l'on  uourrit  des  canards) ,  il  faut  avant 
tout  choisir,  si  l"on  peut,  un  terrain  de  mareeage ; 
c"est  celui  qui  leur  convient  le  mieux.  A  defaut 
de  cela ,  ayez  un  cmplacemcnt  ou  se  trouve  un 
lac  naturel,  uuetang  ou  un  bassiu  fait  de  main 
dhomme,  avec  des  dcgres  par  lesquels  les  ca- 
nai'ds  puissent  descendre.  Le  clos  qui  leur 
sert  d"habitation  doit  etre  entoure  d"un  mur  de 
quinze  pieds  de  hauteur,  comrae  celui  que  vous 
avez  vu  dans  la  ferme  de  Seius,  et  n'avoir 
qu'une  seule  porte.  Le  long  du  mur  regnera 
une  suite  dc  petites  loges  couvertcs  de  toits, 
construites  uniformement  et  d"une  largeur  con- 
venable.  Chacune  aura  un  vcstibule  pave  dc 
briques  danstouteson  etendue.  Leclos  lui-meme 
sera  traverse  dans  toute  sa  longucur  d'un  canal 


toujours  plein.  Cest  la  qu"on  depose  ce  qu'ils 
mangent,  c'est  laqu'ils  trouventdc  quoi  boire. 
Les  canards  sc  noun-issent  aiiisi.  Lesraurs  seroiit 
recoiiverts  d"un  enduit  hieu  poli ,  pour  empecluT 
les  chats  et  autresanimaux  nuisibies  de  s'y  in- 
f  roduire.  On  etendra  cn  outre  sur  le  clos  un  (i- 
leta  larges  mailles,  dans  le  double  but  d'empe- 
clicr  Taigle  dc  fondre  sur  ks  canards  et  Ics 
canardsde  s"envolerau  dehors.  Leur  nourriture 
se  compose  de  ble,  orge,  marc  du  raisin,  ct 
quelquefois  aussi  d"ecrevisses  et  autres  petils  aui- 
maux  aquatiques  de  cette  espece.  II  faut  une 
large  prise  d"cau  pour  que  les  bassins  soient  ali- 
mentcs  constamment  et  rcnouveles  sans  cesse. 
Quelques  especcs  sont  encore  elevees  comme  les 
canards:  cesont  les  sarcelles  et  \es phalerides.  II 
en  estde  meme  des  perdrix,  qui,  au  rapport 
d'Archelaus,  concoivcnt,  rien  que  d"eutendre  le 
raale.  On  n'eleve  pas  ces  dernieres  especes 
comme  les  autres,  cn  raisou  de  leur  fecondite  et 
de  la  delicatesse  de  leur  chair;  raais  on  les  en- 
graisse,  si  Toa  veut,  par  les  memes  moyens. 
Voila,je  crois,  le  premier  acte  de  la  basse-cour 
termine.  Je  n"ai  plus  rien  a  dire. 

XII.  Cependant  Appius  etait  de  retour;  et 
aprcs  lcs  questions  reciproques  sur  ce  qui  s"etait 
dit  et  fait  de  part  et  d'.iutre,  Nous  en  sommi's 
donc,  dit-il,  au  sccond  acte,  c'est-a-dire  a  ces 
parcs  annexes  de  nos  villas,  qu'on  appelle  eiicorc 
leporaria,  d'apres  leur  ancienne  destination 
speciale.  Aujourd"hui  il  nes'agit  plus  d'uu  arpent 
ou  deux, oii  roii  rcuuit  quclques lievres;  mais  de 
vastes  espaces,  de  forets  entieres,  oii  Ton  rcn- 
ferme  par  haudes  lescerfset  les  chevreuils.  On 
dit  que  Q.  Fulvius  Lupinus  a  dans  les  environs 
de  Tarquinla  uii  encios  de  quarante  arpents,  oii, 


in  aciiia  apponendiim.  Pullis  priinum  bidiio  polenla,  aut 
ordeum  apponiliir,  trilnis  proximis  nastiiitium  viijde 
couseclum  minulatim  ex  aqiia  in  vas  aliquod.  Cnm  au- 
lem  sunt  iiiclusi  in  liaias,  aut  speluncas ,  ut  dixi,  victui 
objiciunt  liis  polentani  oideaceam ,  aut  farraginein ,  lier- 
bamvetenerain  aliipiam  concisam.  Ad  saginandum  eljgunt 
pullos  quatuor  sexvc  niensesqui  suntnali.  lios  iiicludimt 
in  saginario  iliiquc  polentam ,  et  polliiiem  aqua  madelacla 
dant  cibum,ita  ut  ler  die  saturcnt.  Secundiim  cibiim 
large  ut  bibant  faciunt  potestatem.  Sic  curati  ciiciter  duo- 
bus  niensibus  fiiint  pingues.  Quotiescunque  siimseriint, 
locus  solet  purgari :  qiiod  ipsi  ainant  lociim  piiruni ,  iieque 
ipsi  ullum  ,  ubi  fuerint,  relinquunt  puriini. 

XI.  Qui  aiitem  volunt  greges  anatiuin  liabere,  accons- 
tiliiere  vTicccTpo^Elov,  primuni  locum  ,  cui  est  faciiltas, 
cligere  oporlet  paluslrem,  qiiod  eo  maxinie  deleclantiir.  Si 
id  non,  potissimnni  ibi ,  ubi  sit  naturalis  aiit  lacus,  aiit 
stagniim ,  aiil  inaniifacta  piscina,  quo  giadalim  descendeie 
possint.  SepUiin  altiim  esseoportet  ubi  veiseiilur,  ad  pe- 
(lesxv,  ut  vidistis  ad  villaiu  Sei,  quod  uno  ostio  clauda- 
tiir.  Circiim  totum  parietein  inlrinsecus  crepido  lala ,  in 
i|ua  sectindum  parietem  sint  tecta  cubilia  ;  ante  eas  ves- 
libnlumearum  exrrqiKilum  leclorio  opeie  leslacco.  In  eo 

VAIIKUN. 


perpetuacanalis,  in  quam  et  cihus  ponitur  iis,  et  immit- 
titnr  aqua.  Sicenim  clbum  capiunt.  Omnes  parietes  te.c- 
torio  leviganliir,  ne  fieles,  aliave  quaj  beslia  intioire  ad 
nocendum  possit,  id(iiie  septum  totuni  rete  grandiliiis 
maculis  integiliir,  iie  eo  involareaquila  possit,  neve  ex  ea 
evolaie  anas.  Pabiiluiniis  dalur  triticum,  ordeiim,  \inacei 
uva>.  Noiiniinquain  eliam  ex  aqua  camniari ,  el  qiiaedani 
ejiismodi  aqnalilia.  Qua;  in  eo  seplo  erunt  piscina; ,  in  eas 
acpiam  largc  inllueie  oportet,  ut  seinper  reccnssit.  Siiut 
ilem  iion  dissimilia  aliagenera,  nt  qiierquedula;,  pbale- 
rides.  Sic  perdices,  qiiie,  ut  Arclielaiis  scribit,  voin 
iviaris  audila,  concipiunt.  Quae,  iit  siiperiores,  neqiie 
propter  Oeciindilatem,  neque  propter  suavitatem  sagi- 
nantiir,  sed  .mc  pascendo  liunt  pingues.  Quod  ad  villa- 
ticarum  pasliouiiiii  priininn  acUim  pertinere  suni  ralns, 
dixi. 

XII.  Interearedit  Appiiis,  et  percunctati  nosabillo,  et 
illea  nobis,  quidesset  dictumac  factum,  Appius:  Seqiii- 
tiir,  iiiquit,  aclus  seciindi  generi.s,  aflicticins  ad  villam  qiii 
solctesse,  ac  nomlnc  antiqtio  a  paife  quadam  ,  lepoia- 
rinm  appellatum.  Nam  niKiue  .soluin  lepoies  eo  incltnlun- 
tur  silva,nt  oliin  injiigeru  agelli,  aut  diiobus,  sed  etiani 
cervi  aiil  capre.-e  in  jiigeribiis  mullis.  Q.  FiiWiiis  Liipiiius 


VARRON. 


indepcndammcrjt  dcs  animaux  dont  nousvcnons 
de.  parler,  on  trouve  des  moutons  sauvages.  Des 
parcs  plus  spacicux  eiicore  se  rencontreiit  sur  ie 
territoire  de  Statonia  ,  et  en  beaucoup  d'autres 
cndroits.  T.  Pompeius  a  dans  ia.Gauie  transal- 
liineunparcconsacrealaciiasse,  quin'apasniolns 
(ie  quarante  mille  pas  carrcs.  Dans  ces  enclos 
sont  cn  outredesenceintesparticulicres  reservees 
aux  escargots  ct  aux  abeilles ,  et  des  tonneaux  oii 
on  eleve  des  loirs.  Rien  de  plusfaciieque  Ja  pirde, 
l'entretien  ct  la  multiplication  de  ces  animaux, 
lesabcilles  exccptees.  Tout  le  monde  sait  cn  elTet 
qu'nn  parcdoit  etre  environne  de  muraillcs  bicn 
crepies,  pourempecher  les  ciiats,lesfouines,  ctc, 
d'y  penetrer,  et  asscz  elevees  pour  que  les  loups 
ne  puisscnt  les  franchir.  On  sait  qu'il  faut  esale- 
nient  qu'un  parc  abonde  en  gitesou  les  lievres 
puissent  se  rendre  invisijjles  pendant  le  jour,  et 
se  tapir  dans  les  broussailles  ct  sous  les  berhcs ; 
et  que  les  arbrcs  y  doivent  fornierune  voute  as- 
sez  epaisse  pour  empecher  Taigle  de  s'y  abattre. 
Personne  eurin  n'if;nore  qu'il  suflit  de  quelques 
lievres  et  hases  pour  que  ce  gihier  pullule  aus- 
sltOt.  Deux  couples  vont  peupler  tout  un  parc. 
La  race  est  prolilique  au  point  que  si  vous  ou vrez 
une  mere  qui  vient  a  peinede  mettre  bas  ,  vous 
allezla  trouver  dcja  pleine.  Archelaiis  nous  ap- 
prend  quepour  connaitre  Tuge  d'une  haseonn'a 
qu'aexaminer  combiend'oriiices  elleaau  ventre; 
car  le  uombre  en  differe  dans  ces  animaux  selon 
lcuriige.  On  aun  procede  nouveau  pourengrais- 
.serlesllevres:  c'cstdele,sprendre  dans  le  parc,  et 
de  lesplacer  dans  descages  etroites  et  fermees.  On 
compte  trois  especcs  de  lievrcs.  La  premiere  cst 
notre  lievre  d'Italie,  qui  a  les  paltes  courtes  par 


devantettres-longues  par  derriere,  lepoilfauve 
sur  le  dos,blanc  sous  le  ventre,  de  longues 
oreillcs.  On  dit  que,  pleines,  les  hases  sont  en 
etat  de  concevoir  de  nouveau.  Les  lievres  de- 
viennent  tres-grands  dans  la  Gaule  transalpine 
etdans  laMacedoinc ;  ilsrestent  de  taillemoyenne 
dans  TEspagne  et  en  Italie.  La  seconde  espeee, 
que  ronrencontre  dans  la  partie  de  la  Gaule  voi- 
sine  des  Alpes,  ne  differe  de  la  premiere  qnc 
par  le  pelage,  qui  cst  tout  blanc.  Oa  en  apporte 
rarement  a  Romc.  La  troisiijme  cspece,  qu'on 
appelle  aussi  cuuivuli  (lapins),  est  originaire 
d'l']spagne ,  et  rcssemble  beaucoup  auxuotres; 
sauf  pour  leur  taille,qui  est  plus  pelite.  L.  j^ilius 
a  cru  que  lepus  (lievrc)  venait  de  lev/pes  (au 
pied  icger),  a  cause  de  la  vitesse  de  cet  animal. 
J'imagine,  moi,  que  lepiis  vient  d'un  ancien  mot 
grec  ;  car  les  Eolicns  de  Beotie  appelaient  un 
lievre  )i£'^cipi?.  Les  lapins  [cuniculi]  doivent  leur 
nom  auxterriers((?f7)R'M//)  qu'ilsi'ont  sous  terre 
pour  se  eacher.  Les  trois  especes  doivent,  autant 
que  Ton  peut,  etrc  reunies  dans  lcs  parcs.  Quant 
aux  deux  premieres,  continua  Appius  en  s'adrcs- 
sant  i\  "moi,  je  iie  doute  pas  que  vous  ne  lcs  ayez 
daus  le  votre;  niais  vous,  qui  etes  reste  si  long- 
temps  en  Espagne,  peut-etre  vous  etes-vous  aussi 
procure  des  lapins. 

XIII.  S'adressant  ensuite  a  Axius  :  Vous  n'etes 
pas  sans  savoir,  luidit-il,  que  le  sanglier  est 
aussi  gibier  de  pare,  et  qu'on  engraisse  sans  trop 
de  peine  ranimal  qui  y  entre  sauvage  aussi  bien 
que  celui  qui  y  est  ue  dans  la  domesticile.  Vous 
avez  vu  vous-meme,  dans  cette  propritHe  que 
Varron  a  achetee  de  M.  Pupius  Pison  ,  aux  en- 
virons  deTusculum,  Ics  sangliers  et  les  chevreuils 


dicitiir  liabere  in  Tnrqniniensi  septa  jngera  xl  ,  in  quo 
sunt  inclusa  non  solnm  ea  ,  quic  clJNi  ,  sed  eliam  oves 
fera;, etiam  liocmajnsliicin  Slatoniensi,  et  quidamln  locis 
aliis.  InGalliavero  transalpina  T.  Pompeius  tantum  oep- 
tuni  venationis,  utcirciter  oo  oo  co  oopassnumlo- 
cum  inclusum  liabeat.  Piaelerea  in  eoitem  consepto  feie 
liabere  solent  [  de  animalibus]  coclearia  ,  atque  alvearia, 
atquc  etiam  dolia,  ulii  liahcant  conclusos  glires.  Sed  lio- 
rum  omnium  custodia,  incremenlum,  et  pastio  aperta, 
praelerquam  deapibus.  Quisenlm  ignorat  septa  e  maceriis 
ifaesse  oportere  in  leporario,  iit  toctoriotacla  sint,  et  .sint 
alla?  alterum  ne  firlis ,  aut  ma^lis,  aliave  qufe  bestia 
inlroire  possit,  allerum  ne  liipus  transilire  :  ibiqueesse 
latebras,  ulii  lepores  interdiu  delite.scant  in  virgultis, 
atque  lierbis  :  el  arbores  patulis  ramis,  quoe  aquila;  im- 
pediant  conatns.  Qiiis  iteni  nescit  paucos  si  lepores, 
maies  nt  leeminasintromiserit,  brevi  tempore  fore  ut  im- 
plcalnr?  lanla  fivciinditas  bujns  qnadrupedis.  (Quatuor 

ciiiin  I lo  inhiriiiissis  in  lcporariiim,  brevisolet  repleri.) 

I'it  ciiiin  s.ipe  ciiin  liabent  catnlos  recentes  ,  alios  ut  in 
vciilre  liaberereperi:;nliir.  Itaqiie  deliis  Arclielausscribit, 
^innorum  quot  sint  si  qnis  velit  sclre,  Inspicere  oportere, 
/■oramiiia  nalura;,  qua;  sine  diitiio  alius  alio  babet  plura. 
Huc  qiiooue   nuiier  inslitutum  ut  saginarenlur  leporcs, 


cuni  excepfose  leporario  condiint  in  raveis,  etloco  clauso 
faciniit  iiingncs.  lioriim  ergo  li  ia  t;ciicra  fcrc  sunt.  Unnm 
Ilaliciim  lioc  nostrum  pedibus  piimis  liumilibiis,  posterlo- 
ribns  altis,  superiore  parle  piilla,  venlre  albo,  auribus 
longis.  Qul  lepusdicilur,  cum  piEpgnanssit,  lamenconci- 
pere.  In  Gallia  transalpina  et  .Macedonia  fiunt  permagni : 
in  lli^;iaiiia  ct  iii  Italia  mcdiocres.  Alterius  generis  est, 
quoil  iii  (iallii  iiaMiliirad  Alpes,qiii  lioc  fere  mutant, 
quod  liili  (aiiilidi  siiiil.  lli  laro  perfernntnr  Romam.  Tertii 
gencris  est,  quod  in  Ilispania  uascilur,  slmilis  noslro  le- 
porl  ex  (piadam  parte ,  sed  liimiile  ,  quem  cuniculiim  ap- 
pellant.  I...  .'Elluspntabat  ab  eo  dictum  leporem,  [acelcrl- 
tudine,]  quodlevlpesesset.  Kgo  arbilrora  gra!co  vocabiilo 
antiqno,  quod  eumyEoles  Boe.olii  Mnopiv  appellabant.  Cii- 
niculi  dicli  ab  eo,  quod  sub  lerra  cuniculos  Ipsi  facere  so- 
lcant,  ubi  lateant  in  agris.  Horum  omnlum  Iria  genera,  si 
possis ,  In  leporarlo  babcre  oportel.  Dno  quldem  uliqne 
te  liabere  piito,  et  qiiod  In  Ilispania  anuis  ita  fuisfi  miil- 
tis ,  nt  Inde  le  cuniciilos  persecutos  credam. 

XIII.  Apros  quidem  posse  babere  In  leporario,  ncc 
magno  negotio  ibi  et  captlvos ,  et  cicures ,  qui  ibi  nali  .sinl, 
pingues  solere  fierl,  scis,  inqiiil,  Axl.  Nam  qiiem  liindnm 
In  Tusenlano  emit  liic  Varro  a  W.  Piipio  Pisone ,  vidistl  ac 
bucciiiam  inllalam  ccrlo  temjiore  apros  ct  capreas  conve- 


DE  L'AGRICULTUPvE,  LIV.  III. 


se  rassemblcr  aii  son  dii  cor,  a  heure  fixc,  pour 
prcndre  leur  iiourriture;  tandis  que  d'un  tertre 
reserve  aux  exercices  gymnastiques ,  on  jetait 
au\  uns  du  gland  et  aux  autrcs  de  la  vesce  ,  ou 
quelqu'autre  serahlable  pature.  Quau^t  a  cette 
scene,  repondit  Axius,  j'en  ai  vu  la  representa- 
tion  chez  Q.  Hortensius,  etsur  une  hicn  plus 
grande  echelle.  II  a  sur  le  territoirc  de  Lauvente 
un  bois  de  plus  de  cinquante  arpents,  entoure 
de  inurailles  qu'il  appelle  non  pas  son  lepora- 
rium ,  mais  son  Or|pio-:po-i£iov.  Au  milieu  du  bois 
estuneespece  d'elevation,  ou  Tou  avait  dispose 
trois  lits,  et  oii  Ton  nous  servit  a  souper.  Quin- 
tus  fit  venir  Orphee,  qui  arrive  en  robe  longue 
la  cithare  a  la  raain ,  et  qui ,  sur  Tordre  qu'il  en 
recoit,  se  met  a  sonner  d'une  trorapette.  Au  pre- 
raier  son  de  rinstrument  nous  uous  voyons  eu- 
toures  d'une  multitude  de  cerfs,  de  sangliers  et 
autres  betes  fauves;si  bien  que  le  speetacle  ne 
nous  parut  pas  au-dessous  des  ehasses  sans  betes 
feroces,  dont  les  ediies  nous  donuent  quelquefois 
le  plaisirau  grand  cirque. 

XIV.  ApostrophantalorsMcrula:  Appius,  dit- 
il ,  vous  a  bien  facilile  votre  r6!e.  Ce  qui  eoncerne 
la  chasse,  et  c'eiait  le  second  acte,  vient  d'etre 
expedie  cn  un  tour  de  main.  Quant  aux  escar- 
gots  et  aux  loirs,  je  vous  en  tiens  quitte;  et  ce 
n'etnit  pas  uue  affaire.  La  ehose  est  pourtnnt 
nioins  simple  que  \ous  ne  semhlez  le  croire, 
niou  cher  Axius ,  reprit  Appius.  Iincore  faut-il 
aux  escargots  un  lieu  qui  leur  convicnne ;  et  pour 
cela  il  le  faut  en  plein  air,  et  entoure  d'eau  de 
toutcs  parts;  sinou  vous  risquez  de  eourirapres 
Ics  petits ,  et  meme  apres  les  gros  que  vous  aurcz 
mis  la  pour  y  multiplier.  L'eau  vous  lient  lieu  de 
fuf/iUrariiis  si  le  soleil  n'y  doune  pas  trop,  et 
si  la  1'osee  y  aboude  :  c'est  ce  qu'on  peut  trou- 

nlre  atl  paliiilum,  ciim  e  siiperiore  looo  e  paI<Tstra  apris 
efluiuleretnr  glaiis,  capreis  vicia  autipiid  aliud.  E;;o  vero, 
iiif/uit  ille ,  n]md  Q.  Uortensium  cuni  in  agro  Laurenti 
esseni,  ibi  istiic  magis  Tfafxw;  fieii  vidi.  Kam  silva  eiat 
(ut  (liceliat)  siipra  quinquaginta  jugernm  maceria  sepla, 
((uoiluon  leporariiim  seil  Or,pioTpojEiov  appellabat.  Ibi  erat 
lociis  excelsus,  iibi  triclinio  posito  cicnabaraus.  Quintiis 
Orpliea  vocari  jussit.  Qui  cum  eo  venisset  cum  stola  el  ci- 
lliara,  et  cantaie esset  jussHs,biiccinaminllavit,  ubilanta 
circuinlluxit  noscervoruin,apiorumetca-tei'arum(pia(lru- 
pedum  miilliluilo ,  ut  non  minus  formosum  niilii  visum 
sit  spcctaciilum ,  (piam  in  ciico  maximo  a;dilium  sine  Alii- 
canis  bestiis  cuni  liunt  venationes. 

XIV.  Axius  :  Tuas  partes  (inquil)  sublevavit  Appius, 
o  Meriila  iioster.  Qiiod  ad  venationem  pc.itinct ,  bieviler 
secundus  transactus  cst  actus.  Nec  de  cocleis  ,  ac  gliiibus 
(piaero,  quod  rcliquum  cst.  Ncqiie  enim  magnuin  emolu- 
mentum  esse  polest.  Non  istiic  tara  simplex  est ,  inqiiil  .Ap- 
pius,  quam  tu  putas,  o  Axi  noster.  Nam  et  idoneus  sub 
dio  siimendus  locus  cocleariis,  queni  circum  tolum  aqua 
elavidas, nequasibi posueris ad partum ,  non  liberos  eaium, 
sed ipsas quacras.  Aqiia,  inquam,  linienda^,ne  fugitivaiius 
sit  parandus.  Locus  is  raelior,  quem  ct  non  coipiit  sol ,  ct 


ver  de  mieux  a  defaut  de  rosee  naturelle,  incon- 
venieut  propre  aux  licux  trop  exposes;  ou  si  le 
lieu,  memc  couvcrt,  est  dc-pourvu  de  ces  ro- 
chers  ou  lertres  dont  reaubaigue  le  pied,  alors  il 
faut  produire  arli!ieiellement  la  rosee  ;  et  voici 
par  quelprocede.  Au  moyen  d'un  tuyau  qui  se 
termine  par  un  certain  liombre  de  petits  mame- 
lons,  on  lance  avec  force  de  Teau,  (jui,  n,'tombnnt 
sur  une  pierre,  rejaillit  en  gouttes  de  tous  C(')tes. 
L'eseargot  vit  de  peu,  et  Ton  est  dispensij  dc 
pourvoir  a  sa  nourriture;  il  In  trouve  lui-meme 
en  rampant  sur  la  terre,  ou  sur  les  parois  des  ro- 
chers,  a  moins  que  quclque  ruisseau  interposti 
ne  lui  fasse  obstacle.  On  cn  voit  etales  dans  les 
raarches,  vivre  assez  longtemps  de  leur  propre 
substauce.  1!  suffit  de  leur  jeler  de  tcmps  a  au- 
tre  quelques  feuilles  de  laurier  avec  un  peu  de 
sou.  Les  cuisiuiers,  en  les  preparant,  ne  savent 
jins  toujours  s'ils  sont  morts  ou  en  vie.  II  y  a 
plusieurs  especes  d'escnrgots  :  respece  petite  et 
blancluitre  ((ui  vieut  dc  Rente,  la  grosse  que  nous 
tirons  de  rillyrie,  et  la  moyenne  qui  nous  est 
apport(:'C  d'Afrique.  Ce  ii'est  pas  que  cette  difl'(5- 
rence  de  grosseur  tienne  precisemeut  aux  pays  : 
FAfrique,  par  exemple,  nous  cuvoie  des  escargots 
quenous  nommons.w///o;?(i',  et  qui  sont  si  gros 
que  leur  coquille  peut  contenir  jusqu";i  quatre- 
vingts  (luafirantesAc,  liquide.  Etles  provcnnnces 
de  deux  autres  pays  offrent  aussi  respectivement 
desdimensionsexceptionnelles.  Cesauimaux  pon- 
dent  une  prodigieuse  quantit(!  d'ceufs  tres-petits, 
ct  dont  la  coque,  tres-tendre  dans  Torigine,  s'en- 
durcit  avec  le  temps.  Ils  les  d(?posent  dnns  des 
moncenux  de  terre  en  forrae  d'ilots,  dans  lesquels 
ils  ouvrent  un  Inrge  pnssnge  a  Tair.  Pour  les  en- 
graisser,on  leseuferme  dansunpot  deterrc  perce 
de  plusieurs  trous,  que  Ton  frotte  a  rint(:'rieurde 

tangit  ros.  Qui  si  natuialis  non  est  (ut  fere  non  siint  in 
apiico  loco)  neque  liabeas  in  opaco,  ut  facias ,  iit  siiiit  siib 
rupibus  ac  moiitibus ,  quoium  alliiaiit  radices  laciis  ac 
lliivii,  manu  facere  opoitet  roscidum.  Qiii  fit,  si  eiluxeris 
listulam,et  iii  eam  mammillas  imposuciis  lenues,  qua; 
eriulent  aquain ,  ita  ut  in aliquem  lapidein  incidat  ac  late 
dissipeliir.  l'arviis  iis  cibus  opus  est,  et  is  sine  ministia- 
lore.  Et  linnc,  dum  seipit,  nim  solum  in  area  reperit, 
scd  eliam  .'■i  riviis  non  probibet,  in  parietes  stantes  inve- 
nit.  Ocniqiie  ipsa;  ex  se  ruminantes  ad  propolam  vitam 
diii  prodiiciint,  cum  adeam  rem  pauca  laurea  foliainter- 
jiciant,  et  aspeigant  furfuies  non  miillos.  Itaque  cocns 
bas  vivas  aii  moiluas  coqiiat,  plerumque  nescit.  Genera 
cdclcarumsunt  plura,  ut  miniiia>  albula',  qiia>  affenmlur 
c  riealino,elma\im»,  qua>  de  Ulyrico  apportantiir,  etrae- 
diocies,  ipia!  ex  Africa  alTcruntur.  Non  quo  non  iii  bis 
rcgionibus  quibusdam  lociscaj  magnitudinibus  quaedam 
siiil  dispaiiles  :  nam  et  valde  ampl.c  sunt  ex  AlVica,  qua; 
vocantur  solilansc,  ila  nt  (Mium  calices  quadrantes  octo- 
ginlacapcre  possint,  ct  sir,  in  aliis  regionibus  ca-dcm  in- 
ter  se  collata;  el  minores  siint ,  ac  majores.  Ha;  in  llrtiira 
pariiint  innimicrabilia.  Karum  seinen  minutum  ac  tesla 
mnlli,  diutuiiiitate  obdiiiescit.  Magnis  iiisulis   in  arcis 

lu. 


>.4d 


VARRON, 


iariiie  delnyee  daiis  du  vin  cuit,  jusqu'fi  reduction 
des  deux  tiers.  Les  trous  sont  la  pour  laisser 
penetrcr  i'air.  On  voit  que  cette  espece  a  la  vie 
dure. 

XV.  L'enceinte  oii  Ton  eieve  des  loirs  ne 
ressemble  en  rien  a  ceile  qui  est  reservee  aux 
escnrgots ,  puisqu'au  iieu  d'cau  ce  sont  des  inu- 
railles  qui  l'environnent.  Ces  murailles  doivent 
("tre  de  pierre  lisse  ou  bien  crepies  en  dedans , 
pour  que  les  loirs  ne  puissent  trouver  jour  ii  s'e- 
chapper.  On  plantera  dans  cette  enceinte  de 
jeunes  cbenos  qui  portent  du  gland;  et  qnand  il 
ne  s'en  trouve  pointsur  les  nrbres,  il  faudrn  cn 
jeter  aux  loiis,  ninsi  que  des  chataignes,  pour 
leur  servir  de  nourriture.  11  y  sern  pratique  des 
trous  assez  larges  pour  qu'ils  puissent  y  faire 
leurs  petils.  Ne  leur  prodiguez  pas  Teau.  Lcs 
loirs  boivent  peu,etilsainient  etrea  see.  On  les 
engraisse  daus  des  vaisseaux  tels  qu'on  en  volt 
dans  beaucoup  de  fermes,  et  qui  ne  ressem- 
blent  point  aux  vaissenux  ordinaires.  Les  potiers 
qui  les  fabriquent  ont  soin  d'y  pratiquer  sur  les 
cotes  des  rainures  et  un  cnfoncement  servant  a 
passer  k  ces  auiraaux  la  nourriture  qui  leur 
convient,  et  qui  consistc  en  glands,  noix  ou 
chataignes;  on  pose  par-dessus  un  couvercle  ,  et 
prives  de  jour,  ces  loirs  engraissent  prompte- 
nient. 

XVL  II  ne  nous  reste  plus  a  traiter  que  le 
troisieme  ncte  de  la  bassc-cour ,  c'est-a-dire  les 
viviers.  Comment,  le  troisifime?  s'ecria  Axius; 
parce  que,  dans  votre  jeunesse,  vous  vous  etes 
hnbitue,  par  motifd'(^conomie,  a  vouspasserde  vin 
au  miel,  est-ee  une  raison  pour  quenous  soynns 
prives  de  miel  aussi ,  nous  autres?  Le  fnit  est 
vrai,  dit  Appius.  Rles  parents  m'avaieRt  laisse 
sans  fortune,  avec  ia  chnrge  de  deux  freres  et  de 


deux  soeurs.  J'ai  marie  sans  dot  !'une  de  mes 
soeursa  Lucullus,  qui  m"a  depuis  institue  son 
herilier.  Cc  n'est  qu'alors  que  j'ai  moi-meme 
corameuce  a  boire  du  vin  au  raiel;  mais,  a  ma 
tnble ,  il  y  en  a  toujours  eu  pour  mes  convives. 
A  cela  pres ,  il  appartient  a  moi,  bien  plus  qu'a 
vous,  de  connaltre  k  fond  les  habitudes  de  cette 
rnce  ailee,  a  qui  la  nature  a  si  singulierenient  de- 
parti  le  don  d'industrie.  J'ai  plus  quevousetu- 
die  son  merveilleux  instinct;  et  je  vais  leprou- 
ver.  Ecoutez-moi.  Je  laisse  a  Merula  le  soin 
d'exposer,  avec  cette  methode  dont  il  vient  de 
nous  donner  des  preuves,  les  prntiquesobservees 
pnrtous  les  meli/uir/es  (geus  qui  font  du  miel). 
Les  abeilles  sont  cngendrees  par  d'autrcs  abeil- 
les,  ou  naissent  spontancment  du  corps  d'un 
bceuf  en  putrefaction.  Cest  ce  qui  a  fait  dire  a 
Arclielaiis,  dans  une  de  ses  epigrammes ,  «  que 
les  mouches  a  miel  sont  la  geueration  ailee  d'uu 
bttuf  mort. »  Le  meme  auteur  dit  encore  que  les 
guepes  sont  engendrees  par  des  chevaux,  etles 
abcilles  par  des  veaux.  Los  abeilles  ne  vivent 
pointsolitaires  commelesaigles.  A  Texeraple  de 
riiomme,  ellesaiment  a  se  reunir.  Les  geais  ea 
font  autnnt,  mnis  non  dans  !e  meme  but.  Les 
abeilles  s'associent  pour  trnvailler,  pour  edi- 
fier;  chez  les  geais,  rien  de  sembiable.  On  ne 
voit  point  chez  eux  ces  combinaisons  d'intelli- 
gence ,  cctte  adresse  d'execution  qui  se  remar- 
queut  danslesconstructions  des  abeilles,  et  dans 
lcur  prevoyance  a  remplir  leurs  magasins.  II  y  a 
pour  !esal)eilles  trois  ordresd'occupation:  lasub- 
sistance,  redification ,  et  le  graud  ocuvre.  Autres 
soinsdemandent  la  preparation  du  repas  et  celie 
de  la  cire,  celle  de  la  cire  etcelle  du  miel,  la  cont 
fection  du  mlel  et  celle  de  ralveole.  Chaque  cel- 
luled'un  rayon  asix  angles,  ce  qui  faitautantde 


raclis,  niagiinin  bolnni  defrinnt  acris.  Ilas  quoqnc  sagi- 
nare  solent  ita,  ulollani  cuui  foraininibus  incinslenl  sapa 
el  farie,  ubi  pascanliir;  qua>  roraiiiina  babeat,  ut  inliaie 
aer  possit.  Vivax  eniiii  liaec  natiira. 

XV.  Gliiarinm  aiiteni  cli.ssimili  ratione  babelnr,  qnod 
noii  aciua  ,  sed  maceria  locns  sepitur.  Tola  levi  lapide ,  aut 
tpclorio  inlriusecus  incinstalur,  ne  ex  ea  erepere  possit. 
Iii  eo  arbusculas  esse  oportet,  quae  feriint  glanJem.  Quie  , 
cnm  fruclum  non  feruut,  inlra  macciiam  jacerc  oportet 
nlandem  el  castaneam ,  unde  saturi  iiant.  Faceie liis  cavos 
ojiortet  laxiores,  iibi  pnllos  pareie  possint.  Aqnam  esse 
tenuem,  qiiod  ea  nou  utuntur  multum,  el  aridum  locum 
quterunt.  Hi  saijluaulur  in  doliis,  quae  etiam  in  villis  ba- 
bent  multi,  quae  liguli  facinnt  niulto  alile.r  atqiie  alia; 
quod  in  lateribus  eoium  semilas  fariiint,  et  cavum  ,  ubi 
nibum  consTituant.  In  boc  dollum  addiiut  glandem ,  aut 
nuces  juglandes ,  aut  castaneani.  Qiilhus  iu  leuct)iis ,  cum 
cumulatim  positum  eSI  in  doliis,  fiuut  piiigiies. 

XVI.  Appins  :  Igitur  lelinquilur,  inquit ,  de  pastioiie 
^illatica  tertins  actus  de  piscinis.  Quid  terliiis?  inquit 
Axius.  An  quia  tu  solitus  es  in  adolescentia  tua  domi  nuil- 
r.uni  non  bibere  propter  parsimoniam  ,  iios  mol  neglige- 


nius?  Appius  :  Nobis  verum  dlcil,  iuqiiit.  iXam  cuin  pauper 
cnin  diiobus  fratribns  et  dnabus  sororibiis  essem  relictus; 
[qiiaium]  alteram  slne  dote  dedi  Lucnllo,  a  quo  lia,'iedi- 
tate  nie  ccssa  primum ,  et  primiis  miilsum  donii  me«  bi- 
bere  cocpi  ipse,cnin  inlerea  niliilo  minus  pcue  ipmlidie  iii 
convivio  omnibus  darem  mulsum.  Pnetcica  niciini  eral 
nou  tuuin,  eas  novisse  volucres,  quibus  pluriiiuim  na- 
tma  ingcnii  atque  arlis  fiibuit  :  itaque  eas  meliiis  mn 
nosse  qiiain  te,  ut  scias,  de  incredibiii  earum  avium  na- 
tiira  andi.  Mernla,  ut  caetera  fecit,  OXixw;,  qua;  seqiri 
melittiiigi  soleant ,  demonstiabit.  Primum  apes  nascuuliir 
parlim  ex  apibns,  partim  ex  biibulo  corpore  putiefacto. 
Itaque  Arclielaus  in  epigrammate  ait  eas  esse  . .  .  pe)6;89i- 
p,evyiq  7t£7tOTri!J.£'va  TEXva.  Idem  :  "Iitirwv  (J.EV  oqjyixei;  yiivEi  , 
n6cr/o)v  Se  [xiliatjm.  Hae  apes  iion  sunt  solilaria  iialura, 
ut  aquila^,  sed  ut  Iiomines.  Quod  si  lioc  faciunt  eliaiu 
graculi,  at  non  idein  :  quod  bic  societas  operis  et  ,Tdili- 
cioriim,  qiiod  illic  non  est.  llic  ralio  alqiie  ars;  ab  bis 
opus  faceie  discunt,  ab  liis  aedilicare,  ab  bis  cibariacon- 
dere.  Tiia  cnini  baruni,  cibus,  donius,  opus  :  neque 
idem  qiiod  cibus  cera ,  iiec  quod  ca  mol ,  ncc  qiiod  mel 
domus;  (non)  in  favo  sex  angulis  cella,  tutidcm,  quol  lia- 


DE  LAGRICULTURE,  LIV 

e^tesque  rabeillea  de  pattes.  Remarquons  qu'il 
est  demoDtre  par  les  georaetres  qu'un  hcxagoiie 
inscrlt  dans  un  ecrcle  y  occupe  plus  de  surface 
qu'un  polygone  de  moins  de  cotes.  Les  abeilles 
vontpatureraudehors ;  maisc'cst  dans  rinlerieur 
de  la  rucheques'elaborecedou.\  produitsiagrea- 
ble  aux  dieux  et  aux  hommcs.  Le  miel  trouve 
place  sur  les  autels  aussi  bien  que  sur  nos  tabics, 
tant  au  debut  d'uu  repas  qu'au  second  service. 
Lesabeillesontdesinstitutionscomme  lesnotres 
une  royaute,  un  gouverncment,  une  societe 
organisce.  La  proprete  est  de  leur  essence.  Ja- 
mais  on  ne  lcs  voit  se  poser  dans  le  voisinage 
d'immondices  ou  d'e\halaisous  fetides.  Ce  n'est 
pas  qu'elles  rechercbent  les  parfums  :  on  les  voit 
punir,  au  contraire,  de  lenr  aiguillon  quiconque 
s'approche  parfumede  leurscellules.  Elles  n'ont 
point  rindifferente  avidite  des  mouches ;  aussi 
ne  vont-elles  jamals  s'abattre ,  comme  celles-ci, 
sur  la  viande,  le  sang,ou  la  graisse.  Les  ali- 
raents  d'une  saveur  douee  peuvcnt  seuls  les  at- 
tirer.  Incapablesdenuire,  elles  ne  gatcnt  ricn  de 
ee  qu'elles  effleurent  en  butiuant.  Tiraides  par 
nature,  elles  n'en  resisteut  pas  moins  a  outrance, 
si  Ton  essaie  de  les  troubler  dans  leurtravail. 
Elles  ont  pourtant  le  sentiment  de  leur  extreme 
faiblcsse.  On  les  appelle  favorites  des  Muses  , 
paree  que  s'il  arrive  qu'un  essaim  se  disperse,  on 
n'a  qu'a  IVapper  sur  des  cymbales,  ou  les  mains 
Tune  contre  Tautre,  pour  les  reunir.  Et  de  meme 
que  lcs  hommes  ont  assigne  a  ces  dcesses  TO- 
lympe  et  rilelicon  pour  leur  sejonr,  de  racme 
la  nature  a  abandonne  a  ces  insectes  les  monta- 
gnes  incultes  et  Ileuries.  Elles  suivent  leur  roi 
partout ,  lc  soutiennent  quand  il  cst  fatigue  ,  et 
le  portcnt  sur  leur  dos  quand  il  ne  peut  plus  vo- 
lcr,  tantellesattacbcnt  de  prix  asa  conservation. 


111. 


H!> 


Ellcs  aiment  le  travail  et  detcstent  les  paressenx ; 
aussi  les  voit-on  constamment  faire  laguerre  aux 
bourdons ,  et  les  expulsor  de  leur  societe ;  car  ils 
dcvorent  le  miel  sans  aider  a  le  faire.  Souvent 
meme  on  voit  un  gros  de  bourdous  fuir  devant 
quelquesabeilles  qui  ies  poursuivent  en  murrau- 
rant  de  courroux.  Ellcs  bouehent,  avec  une  nia- 
tiere  que  les  Grecs  appellent  EpiOax/),  tous  les 
trous  au  travers  desquels  Tair  pourrait  pene- 
trer  dans  leurs  rayons.  Les  abeilles  observent  la 
discipline  d'une  armee,  dorment  a  tour  de  role, 
repartissent  entre  elles  la  besogne,  et  envoient 
au  loiu  des  especes  de  colonies.  Elles  obeissent 
a  la  voix  de  leur  chcf ,  corame  lcs  soldatsau  son 
de  la  trorapette,  et,  comme  eux  ,  elles  ont  leur.s 
signes  de  guerre  et  de  paix.  Mais  j'ai  peur  que 
toute  cette  pbysiologie  des  abeilles  ne  fatiguc 
notre  cher  Axius,  qui  aimerait  mieux  entendre 
parler  de  ce  qu'elles  rapportent.  Je  passe  done 
la  lampe  a  Mcrula  :  a  son  tour  d'entrer  en  lice. 
Jene  sais,dit  Merula,  si  mes  notions  sur  ce 
point  pourront  vous  satisfaire;  raais  j'aurai 
pour  antorite  un  homme  que  vous  connaissez 
tous,  et  qui  tire  tons  lesans  cinq  mille  livrcs  de 
miel  de  ruches  qu'il  a  louees.  J'ai  encore  notre 
ami  Varron  qui  m'a  dit  avoir  eu  sous  ses  ordres 
en  Espagne  deux  freres  veiecs ,  tous  deux  du 
canton  de  Falisque,  lesquels  sont  devenus  fort 
riches,  bien  que  lcur  pere  ne  lenr  eiit  laisse 
qu'une  petite  fcrme  d'un  arpeut  au  plus;  et 
voici  coraraent.  Tout  alentour  du  batiment  ils 
ont  place  des  ruches,  transforme  une  partie  de 
leur  eharap  en  jardin ,  et  plante  le  reste  en  tbym , 
cylise  et  melisse,  cette  plante  que  les  uns  ap- 
pellent  ui£)ii'<fiu)vXov  (feuille  a  miel),  Ics  autres  jxe- 
'KiatJo-fiAov  (feuille  aux  abeillesl,  et  d"autres  en- 
core  fjiEXivov.  Grflee  a  ces  dispositions,  ils  ue 


bel  ipsa  podcs.  Quod  geometras  e?ai-wvov  (lcri  in  orlii  ro- 
tiiiulo  oslendunt ,  ut  plurimuni  loci  iucliidatur.  Foiis  pas- 
cwitur,  intus  opus  faciunt  :  quod,  dulcissimum  quod 
est,  ct  diiset  honiinihus  est  acceptum.  Quod  favns  venit 
in  altaiia,  et  mel  ad  principia convivji ,  el  in  secundam 
niensam  administratur.  H.-e  ut  hominiim  tivitales,  quod 
hic  est  et  rex  et  imperium  et  societHS ,  ipiod  sequiinUir 
omnia  puia.  Ila(pie  nulla  liai  um  assidit  in  loco  inqiiinalo, 
a»tco,qui  male  oleat,  ncipie  eliam  iii  cd  ,  ipii  lioiiaolct 
«nsuenla.  llaquc  liis  imclus  qiii  accessil,  punsimt.  Non 
ul  musca' liguriunt.  Quod  ueiiio  lias  videt,  ut  illas,  in 
carneaut  sansuine  aut  adipe.  Ideo  modo  considiint  in  <pio 
estsapor  dulcis.  Minimc  malefica,  quod  nulliiisopiis  vel- 
licans  facit  delerius  :  neqiie  ignava,  iil  iion ,  qiii  ejiis 
opus  conetur  distuibaic,  lesislat.  Neque  tanien  nescia 
surc  imhccillitalis;  quas  ciim  cau.sa  musaruin  csse  di- 
cantur  voliicies,  ipiod  ot  siipiando  displicaloe  sunt,  cym- 
balis  et  plausihus  numero  reducunt  in  locum  uniim.  Kt 
ut  liis  diis  llclicona  atque  Olympon  altrihueninl  liomines, 
aic  his  (loridos  et  inciiltos  natiira  altrihuit  montes.  Rc- 
gini  siium  sequuntur  qiiocnnque  il ,  cl  fessiim  siihlevant; 
el,  si  ncqiiit  volarc,  succollanl,  (piod  emu  scivaie  vo- 


luut.  Neque  ipsai  sunt  iuficienfes,  nec  non  odcriinl  incr- 
tes.  Itaque  impetentes  a  se  cjiciunt  fucos,  qiind  hi  ne(|ue 
adjuvant ,  et  mel  cnnsiimunt  :  quos  vocilicantes  plures 
persequuntur  etiam  panca'.  Eslra  ostiiim  alvei  ohtuiant 
omnia,  qua  venit  inter  favos  spiiiliis,  (|iiam  jpifJiy.r.v  ap- 
pcllant  Gia'ci.  Omncs  iil  in  o\cicilii  vivuiit,  atqne  allci- 
nis  donniunt ,  et  opus  racinnt  paiiter ,  et  ut  colonias  mil- 
liint.  lliqiie  diircs  c(iiiliiiiiiit  (|iia'ilam  ad  vocem  ut  imita- 
lioiic  tuha'.  liim  id  faiiiiiit,  ciiin  inler  se  signa  pacis  ac 
hclli  liahcaiit.  .Scd  o  Menila,  Axiiis  nosteriic,  diim  lia'c 
audit  physica,  faliscat,  qiiod  de  fructu  nihil  dixi,  iiiiiic 
cuisii  laiiipaila  tihi  Irailo.  Meriila  :  t)e  fniclii,  iiiipii!, 
Iioc  dico ,  qiiod  forlassc  an  lihi  satis  sit  .4,):( ,  in  qiio 
aiiclorcm  halico  niiii  siiliim ,  (|iii  alvearia  sualocala  lijjliet 
(piotaiiiiis  (piiiiis  millihiis  piiiido  inellis,  .scil  cliain  liiinc 
Vanoncin  iioslnim  ,  qucm  aiidivi  ilicciilem,  diio  niilitcs 
sc  liahiiissc  iii  Ilispaiiia  (latrcs  Vcjaiiios  c\  agio  l-'ali.sco 
lo(upli'lcs,  ipiihus  cum  a  patre  rclicla  csscl  parva  villa, 
ct  agclliisnoii  sani;  niajor  jiigcro  uno,  lios  circum  villani 
totam  alvearium  lccissc ,  et  liorlum  liahnissc,  ac  rcliqnuiii 
lliymo  ot  cytisoohsevissc,  cl  apiastro,  qiioil  alii  |i:)'9-j)- 
Aov,  alii  |).:).i75(iyj>).ov,  quiAiin  i;.:),ivov  appellanl.  IIo; 


VARRON. 


retirnicnt  jamais  moins  de  dix  railie  sesterces  par 
an  de  leur  miei.  Remarquez  cependant  qr.'ils 
attendaient  pour  ie  vendre  un  moment  favorable, 
et  n'etaient  jamais  pressesde  s'endefaire  coiite 
que  coiite.  Eli  l)ien !  s"ecria  Axius,  enseijinez- 
moi  ou  je  dois  placer  des  ruclies,  et  quels  soins 
il  faut  ieur  donner  pour  cn  tircr  d"aussi  bcaux 
produits.  Merula  repondit  :  Quant  au^c  ruclies 
(u.s)aTTcov£;),  que  les  uns  appelient  aEXiTTOTpo-isTa, 
les  autres  mcllaria,  elles  doiveut  etrc  plaeees 
pres  de  la  nietairie,  dans  nn  lieu  sans  echo;  car 
ropinion  generale  est  que  cet  effet  du  son  effa- 
roucbe  les  abeilles.  II  leur  faut  un  lieu  assez 
eleve,  qui  ne  soit  ni  briile  pendant  l'ete,  ni 
prive  de  soleil  pendant  l"hiver;  pature  abon- 
dante  dans  le  voisinage ,  et  de  Teau  pure.  Si  la 
nature  n'y  a  pourvu ,  le  pioprietaire  aura  soin  de 
faire  vcnir  a  proxiraite  des  ruehes  les  plantes 
que  les  abeilles  recherchent  le  plus,  comme  la 
rose,  le  serpolet ,  la  melisse,  le  pavot,  lcs  feves , 
les  lentilles,  les  pois,  la  dragee,  le  sauchet,  le 
sainfoin,  et  surtout  le  cytise,  qui  convicot  tant 
aux  abeilles  malades.  Cette  plante  a  encore  l'a- 
vantage  de  fleurir  depnis  requinoxe  du  prin- 
temps  jusqu";i  cclui  d'automne.  Autant  le  cytise 
leurest  prccieux  sousle  rapport  sanitaire,  autant 
le  thyni  Test  pour  la  preparation  du  miel.  Si  le 
miel  de  Sicile  a  la  palme,  il  la  doit  ii  rabondance 
et  a  rexcellente  qualite  du  thym  que  produit 
eette  ile.  Aussi  quelques  pcrsonnes  vont-clles 
jusqu'a  arroser  les  pepinieres  plantees  a  Tusage 
des  abeilles ,  de  thym  broye  et  detrempe  dans 
de  Teau  tiede.  Quant  a  remplacement  des  ru- 
ches,  ilfaut  le  choisir  le  plus  rapprochc  possible 
de  la  villa.  Quclqucs-uus,  pour  plus  desurete, 
les  mettentsous  le  portique  meme.  Les  ruehes  sont 

nunniiam  ininus,  ut  pemiiie  (liicprent,  liena  millia  ses- 
terlia  ex  melle  reiipere  esse  solllos.  Tum  eos  et  velle 
expectare,  ut  siio  potius  tenipore meicatorem aduiilterenl, 
quam  celerius  alieiio.  Dic  igitur ,  inquil,  ubi  cl  cujusmodi 
me  facere  oportcat  alve.irium,  ut  masnos  capiam  friic- 
tus.  Ille  :  JlE>>iTT(iva;  ila  faceic  oporlet,  (|uos  alii  fji£).tTTO- 
TpofEiot  appellant,  cauilcinicm  quidaiii  mellaiia.  riinnim 
se.cunclum  villani,  putis.siiiuim  ubi  iion  icsonent  iniagincs. 
Hic  eiiim  soniis  liarum  fiig.ie  [  causa  J  cxistimalur  esse. 
Procerum  esse  opoilct  acre  tenipeiato ,  neque  ocstate  fei- 
viilo,  neque  liieme  non  apiico,  ut  speclet  poticsimum 
ad  liibernos  oilus,  qiian  piopc  se  loca  liabeat  ca ,  ubi  pa- 
bulum  sit  froipiens  ct  uqua  pura.  Si  pabuliiin  niilurale  iion 
est,  ea  oportet  (loininum  serere,  quoc  inaxime  sequuntiir 
apcs.  Ka  sunl,  losa,  serpjlliim  ,  apiastrum  ,  papaver, 
faba,  lens,  pisuui,  ocinuni,  cypcruui,  Weiiiui,  ot  iiiaxime 
cytisum,  qu»il  miiius  valentilius  iitilissiiniiin  csl.  Elenim 
ab  .Ti|iiinoclio  venio  (loiere  inclpit,  ct  permaiiet  aii  alle- 
111111  icqiiiuoctiiim  aiitiiimii.  Scil  iit  lioc  apli.ssiinum  ad 
sanikitem  apimn,  sic  ad  niellilicium  lliymum.  Piopter 
liocsiculuin  mel  fcrt  palmam,  qiioj  ibi  tliymuni  bonum 
ct  freqiiens  est.  Itaqiie  quiiiam  tliymiim  coulundunt  in 
pila  ,  ct  ililuiint  in  aqiia  topida  :  co  couspcrgiiiit  omnia  se- 
iiiiiiariaioiisila  aiiiiiiii  causa.  Qiiod  ad  locuiu  pci tiiicl,  lioc 


de  forme  circulaire.  On  en  fait  d'osier  quand  on 
en  a,  de  bois,d'eeorce,  de  trones  d'arbres  creuses, 
ou  de  poterie;  d'autres  les  font  carrees  avee  de 
la  ferule,  et  leur  donncnt  environ  trois  pieds 
de  long  sur  un  pied  de  large.  II  faut  toutefois  en 
restreindre  les  dimcnsions ,  si  fon  n'a  pas  assez 
d'abcilles  pour  les  reraplir ;  car  trop  d'espace  vide 
!es  decourage.  On  a  donne  aux  ruches  le  nom 
d^alims  (ventre),  du  mot  alimonium  (nourri- 
ture ) ;  c'est  pourquoi  on  les  fait  etroites  par  le 
milieu,et  renflees  par  le  bas  pour  figurer  nn  ven- 
tre.  Les  ruches  d'osier  doivent  etre  enduites  en 
dedans  et  en  dehors  avec  de  la  bouse  de  vachc, 
pour  faire  disparaitre  leurs  asperites,qui  rebutc- 
raient  les  abeilles.  On  les  assujettit  par  rangs  le 
long  des  murs ,  de  facon  qu'il  n'y  ait  pas  d'ad- 
herence  entre  elles,  et  qu'ellcs  soient  a  Tabri 
de  toute  secousse.  La  msime  distance  qui  sc- 
pare  lepremier  rangdu  second  doit  regner  entre 
le  second  et  le  troisierae.  Au  lieu  d'en  ajoutcr  un 
quatrieme,  (sn  fera  mieux,  dit-on,  de  s'en  tenir 
aux  deux  preiniers.  On  pratique  au  milieu  de 
chaqne  ruche  de  petits  trous  dc  droite  et  dti 
ganche,  pour  que  les  abeilles  puissent  cntrer  et 
sortir  ;  et  on  y  pose  un  eouvercle  qu'on  pcut 
lever  avolonte,  lorsqu'on  vcut  en  retirer  le 
miel.  Les  ruehes  en  eeorccs  sont  les  meilleures. 
Celles  en  terre  euite  sont  les  moins  bonnes , 
parce  qu'clles  sont  plus  accessibles  au  froid  cn 
hiver  eta  la  chaleur  en  ete.  Le  mcllarius,  e'cst- 
a-dire  celui  qui  est  charge  du  soin  des  ruehes, 
doit  les  visiter  trois  fois  parmois,  au  printeinps 
et  en  ete,  y  pratiquer  de  legeres  furaigations, 
les  purger  d'immondiccs ,  et  cn  chasser  les  ver- 
misseaux.  II  veillera  soigneusement  a  ce  qu'il 
n'y  ait  pas  piusieurs  rois  dans  une  meme  ruehe ; 

gcuus  potissimum  cligendum  jiixta  viiiam;  non  quo  noii 
in  villiie  porticu  quoque  qiiidam  (qiio  tutiiis  cssciil) 
alvcaria  collocaiint.  Alvos,  ubisint,  alii  faciunt  ex  vimi- 
nibiis  lotundas,  alii  e  ligno  ac  corlicibus,  alii  ex  arbore 
cava,  alii  fictiles,  a!ii  etiam  ex  ferulis  quadrafas  longas 
circilcr  pedes  lernos ,  lalas  pedem ,  scd  ita  uli  eum  pai iim 
sitqua  coinpleant,  eas  coangu.stcut,  ne  iii  vasto  loco  ct 
iiiaiii  despondcanl  aniniiim.  Ilanc  omnia  vocant  a  nicllis 
aliinoiiioalvos  :  quas  ideo  vidcntiir  niedias  facere  angiis- 
tissimas ,  ut  iiauram  imileutur  caniin.  A^ililes  liuio  bubiilo 
olilinimt  intus  ct  exlra,  nc  asperilate  absterrcautur.  Kas- 
qiie  alvos  ita  collocaiit  in  mutulis  parictis,  ut  ue  agilcii- 
tiir,  neve  inter  se  contingant,  cum  inoidinem  siiitposila\ 
Sic iulervalio inteiposifo, alterum et  tertium  ordinem  iiifia 
faciiiul,  et  aiimt  potius  biiic  dcini  oporteic,  quain  aiWi 
qiiarliim.  Media  alvo,  (in)  qiia  inlioeanl  apcs,  faiiiiiit 
foraniina  paiva  dextra  ac  sinistra.  Ad  exliema,  qua  uicl- 
larii  favmn  cximere  possint ,  opercula  impouiint  alvis. 
Optiin.TC  liuntcorlice,ie,delerrima!lictiles,  qiiod  el  fiigme 
liicnic  et  a=slale  calore  veliementissiine  comnioveiiliir. 
Venio  lempore  ct  a^slivo  fere  ter  in  mense  mcllarius  iii- 
siiiceie  debct  fumigans  leviler  cas,  et  a  spurcitiis  purgarc 
alvuni,  ctvcrmicuios  cjicere.  Prictcrca  iit  aniniailveilal, 
uc  rcsiili  plurcs  existant  :  inulilcs  cuim  liiiiit  proplcr 


DE  L'AGRICULTUr,E,  LIV.  IfL 


cai-  cctte  pkiralite  cause  des  seditions,  et  le  tra- 
vail  languit.  Sclon  qiielques  auteurs,  les  chefs 
sont  de  trois  couleurs,  noire,  rouge  et  raielaiigee ; 
Meneerate  n'en  adraet  que  deux,  le  noir  et  le 
melange.  Gomme  le  melange  est  sous  tous  les 
rapports  preferable  au  noir,  il  faut  que  le  mel- 
larius  tue  celui-ci  toutes  les  fois  qu'il  se  rencon- 
tre  avec  Tautre  dans  une  meme  ruche.  Cette 
royaute  double,  source  de  factions,  est  la  pertc 
d'uneruche;  car  il  en  resuite  rexpnlsion  ou 
remigration  d'une  partie  des  abeilles,  lorsquuu 
pretendant  triomplie  ou  se  voit  chasse.  Parmi 
les  abeilles ,  on  regarde  corarae  les  meilleurcs 
celles  qui  sont  petites,  rondes  et  bigarrees.  Le 
bourdon  (fiir)  qu"on  nppelle  aussi  fucus  est 
noir,  et  large  de  ventrc.  II  y  aune  autreespece 
d'abeille  qui  ressemble  a  la  guepe  ;  elle  ne  s'as- 
socic  point  aux  travaux  des  abeillcsordinaires, 
et  lcur  nuit  au  contraire  par  ses  morsures;  aussi 
celles-ci  rexpulsent-elles  toujours  de  leur  com- 
munaule.  II  faut  distinguer  les  abeilles  sauvagcs 
des  abeilles  privecs.  Les  premieres  sejournent 
dans  les  bois  et  les  lieux  incultes,  les  autres 
dans  lcs  cliamps  cultives.  Les  abeilles  sauvages 
sont  velues  ct  pctites,  mnis  plus  laborieuses  que 
les  abeilles  privees.  En  acbctant  de  ces  insectes, 
on  doit  s'assurer  s'i!s  ne  sont  point  malades. 
Cest  un  signe  de  bonne  sante  lorsque  les  essaims 
sont  denses ,  les  mouches  lu  isantes,  et  qu"il  y  a  dans 
leur  travail  precision  et  nettetc.  Cest  ua  si- 
gne  de  maladie  lorsque  les  abeilies  sont  velues , 
herissees,  poudrcuses,  a  moins  toutefois  quelles 
nesoient  alors  prcssecs  de  travail,  ce  qui  peut 
leur  donner  cette  apparence  negligeeet  malin- 
gre.  Qunud  ou  juge  a  propos  de  transferer  les 


ruchcs,  il  fautmellre  une  grandecirconspectiou 
dans  le  choix  du  liou  et  du  moment.  Tour  le 
moment,  le  printemps  cst  preferable  a  rhiver: 
car  daus  la  saison  froide  les  abeilles  ont  peine  a 
s'habitueraux  changcments  de  demeure,  et  sont 
disposecs  a  deserter.  Cest  ce  qui  arrivc  ccrtai- 
nement,  si  d'un  lieu  qui  leur  couvient  vous  lcs 
transportez  dansuu  autre  moins  propice  a  leur 
pature. 

Le  changement  de  ruche  sans  changcmcnt 
de  place  e.xige  encore  certaines  precautions.  On 
frotte  parexemplc  lesnouvelles  ruches  de  mclisse, 
ce  qui  cst  pour  les  abcilles  un  grand  appat,  et 
dans  chacuneon  place  pres  de  rouverture  quel- 
ques  rayons  de  micl ;  cette  provision  toute  faite 
leur  donne  le  change  sur  lcur  trauslatiun.  La 
nourriture  qu'elles  trouvcut  au  commencement 
du  printemps,  dans  les  fleurs  d'amandicr  et  ds 
cornouiller ,  les  rend  presquc  toujours  mr.lades  : 
on  les  guerit  avec  dc  rurine.  On  appcllc  piv- 
polis  la  matiere  dont  se  servent  les  abeilles ,  sur- 
tout  en  cte  ,  pour  boucher  rouverture  dc  icur 
ruche.  Cest  la  mcme  substance  que  les  mede- 
cins  emploient  pour  les  erapltUres.  Aussi  se  vend- 
elle  dans  la  rue  Sacree  plus  chcr  que  lc  miul 
meme.  On  appellc  erUhace  celle  qui  colle  les 
rayons  ensemble ,  et  qui  cst  essentiellement  dis- 
tincte  du  miel  et  dc  la  propoiis ;  on  lui  suppose 
une  vcrtu  attractivc.  Quaud  on  veut ,  par  exera- 
ple  ,  qu'un  essaim  sc  lixe  sur  unc  branche  d'ar- 
bre  ou  ailleurs,  on  n'a  qu'a  frotter  la  place  avec 
de  rerithace  mclce  de  melisse.  Les  rayons  sont 
iin  corapose  decire,  a  plusieurs  compartiments, 
dont  chaeun  a  autaut  de  coles  que  la  nature 
a  donne  dc  pattes  a  rabeille ,  c'cst-a-dire  six. 


scdilioiics.  Et,  ut  qiiidam  Oicunt ,  liia  genera  cum  sint 
ducnni  in  apibus,  niger,  rulier,  v.iiin.s,!!!  iMenccrates  scii- 
bitdiio,  niscr,  el  variiis:  qiiiila,  niclior;  iit  expediat  mel- 
lario,  cuiii  dr.o  sint  eadem  alvo,  interlicere  nigrum,  quem 
■S(it  cum  alteio  rege  esse  seditiosiim,  et  coirumpeic 
alvum ,  quod  fu!;et,  .aut  cum  multitiidinc  fiigctur.  Uc 
rcliqiiis  apibus  optima  cst  parva,  varia,  lotunda.  Fur, 
qui  vocatur  ab  aliis  fuc^ns,  ater  est,  lalo  ventie.  Yesp.-B 
qu;c  simililudiiiein  liabet  apis,  neque  socia  est  operis,  et 
noccre  solcl  niorsii,  qtiam  apcs  a  sc  secernunt.  Eae  diffe- 
runt  inter  sc ,  qnx  ferae  et  ciciues  sunt.  Nunc  feras  dico , 
qiia'  in  silvestribus  locis  pascitaut;  cicurcs,  quas  in  cul- 
lis.  Silvcsties  minoies  sunt  magnitudine  et  pilos.-e  ,  sed 
opilices  nia;;is.  In  cniendo  cnitorem  vidcie  oportot ,  va- 
lciuit  au  sint  a'!;ra;.  Sanitatis  signa,  si  siiilI  fniiiiciitos  iu 
examine.etsin  itiila';ctsiopus,  quod  laciiiiil.csl  ;np;a!)ilc 
acleve.  Mimis  valcntiumsigna,  si  sunt  iiilosa'  cl  Imnidai, 
aut  piilvcrulenta^,  nisi  opilicii  eas  urget  tcnipiis.  Tiim  eiiiui 
propter  laliorcin  asperantur,  ac  macescunl.  Si  transfeicn- 
«la^  suiil  alvi  in  alium  locuni,  id  faccie  diligentcroporlct, 
et  lcmpoia,  qiiibus  id  polissimuin  facias,  animadvcrten- 
duni ;  ct  loca ,  qiio  transfeias ,  idonca  provideuilum.  Tem- 
poia  ,  ut  vcrno  potiiis  qiiam  hiberuo,  quod  liicme  diinciil- 
tcr  consucscmil,  quo  sunt  translala',  mancie  :  itaque  fu- 


fiinnt  plcrnmque.  Si  e  bono  loco  tianstiilcris  eo,  ubi  ido- 
nea  pjibulalio  non  est,  fu^iliva!  liiint.  Kec  si  ex  alvo  in 
alvuiu  iu  eodem  loco  ti.ijicias,  ncgligeutcr  facienduiu.  Sed 
etalvus,  in  quam  tiansituiic  siiiit  apcs,  apiaslro  peifri- 
cauda,  quod  illicium  Iioc  illis  :  ct  fa\i  mellili  intus  po- 
nciidi ,  a  lancibus  non  longe ,  ne  ciim  .ani.iiadvertei iut,  aut 
inopiam  escic  liabuisse  dicaiilur,  aut  cum  sunt  apcs  inor- 
bidic  pioptcr  primores  vernos  pastns ,  qiii  ex  lloiibus  iiii- 
cis  gr.xc;c  et  cornu  fiuiit.  Codiiicas  (ieri ,  atipic  urina  pota 
refici.  l)c  liis  pnipoliui  vocant,  e  quo  faciuut  ad  forameu 
introitnsprolecUim  in  ;dvum  niaxime  .x.slale.  Qiiaiu  rcui 
cliiim  uouiine  codem  mcdici  iitnnlnr  in  emplasliis.  1'rop- 
ter  quam  riMU  etiam  cariiis  iii  Sacra  via ,  qiiam  mcl  vcnil . 
Erilli.acen  vocant,  quo  favos  cvticiiios  iiiter  se  cungliili- 
uaiit,  ipiod  csl  aliud  mclle ,  jiropnli :  ilaque  in  lioc  viin  csse 
illii  ieiicli.  Quo  circa  cNamcn  iilii  voluiit  considcre,  euiii 
ramiiiu  aliauive  qnam  leiu  obliiiniit  Iiiic,  admixlo  apiastro. 
Favus  cst,  qucm  lingimt  miiilica\aluiu  e  ceia  ,  cuiii  sin- 
gula  cava  scna  latcia  liabcaiit ,  qiiot  singulis  pedcs  iledil 
natura.  Keque  qua;  afrcriinliir  ;iil  (pialiior  rcs  faciendiis, 
propolim,  eritliacen,  faviim,  mcl,  ex  iisdem  omnibiis  re- 
lius  carperc  dicnnlur.  Simplcx  ministcrium ,  quod  e  ni.ilo 
piinico  ct  asparago  cibum  carpaiitsoltim,  ex  olea  arbort 
ccrani,  c  lico  mcl ,  scd  iioii  boiiuui.  Diiplcx  uimislcriur. 


132 


VARUOX. 


Ce  n'est  pasindistinctementde  toutes  piiintes  que 
les  abeilles  recueillent  de  quoi  composer  ces  quatre 
differentes  substances,  propQlis,  eritliace,  rayon 
et  miel.  Telie  ne  fournit,  comme  la  grenade  et 
Tasperge,  que  la  nourriture ;  ou,  comrae  rolivier, 
que  la  cire ;  ou,  comme  le  flguier,  que  du  miel ,  le- 
quel  est  assez  mediocre.  Telle  autre,  comme  les  fe- 
ves ,  la  melisse ,  la  eourge  et  le  chou,  contiennent 
deux  elements ,  nourriture  et  eire ;  ou ,  corame  le 
pomraier  et  le  poirier  sauvages  ,  miel  et  nourri- 
ture ;  ou,  comme  ie  pavot ,  cire  et  miel.  D'autres 
cnfin  reunissent  les  trois  principes  elementaires , 
de  la  cire,  du  miel  et  de  la  nourriture,  eomme 
famandier  et  le  chou  sauvage.  II  y  a  aussi  un 
grand  combre  de  flcurs  sur  lesquelles  elles  re- 
cueillent  tantot  une  seule,  tantot  plusieurs  de  ees 
substances.  On  doit  i5tablir  une  distinction  entre 
les  plantes  dont  elles  font  un  miel  liquide, 
comrae  la  bruyere,  ct  celles  dont  elles  font  un 
raiel  epais,  corame  le  roraarin.  Le  miel  du  fi- 
guier  est  insipide;  le  miel  du  cytise  vaut  raieux ; 
mais  le  raeilleur  de  tous  provient  du  thym. 
Comme  elies  ne  se  desalterent  que  dans  Teau 
la  plus  pure,  11  faut  qu'elles  trouveut  dans  le 
voisinage  de  leurs  ruchesun  petit  courantou  un 
reservoir,  oii  l'eau  n'ait  pas  plus  de  deux  ou  trois 
doigtsde  profondeur.  On  y  jettera  de  petits  cail- 
loux  ou  des  briques,  formant  au-dessus  de  Teau  des 
pointsoiiles  abeilles  puissentse  poser  pourboire. 
On  doit  veiller  avee  soin  a  ee  que  Teau  soit  tou- 
jours  tres-claire ,  ce  qui  influe  singulierement 
sur  la  qualite  du  miel.  Comrae  ressaim  ne  peut 
sortirpartous  lesteraps  pour  butiner,  il  faut  qu'il 
trouve  dans  ce  casla  nourriture  tout  a  portee,  de 
peur  que,  reduites  a  ne  vivre  que  de  leurmiel,  les 
abeilles  ne  mettent  a  sec  la  ruche.  A  eet  effeton 
fait  bouillir  dans  six  congii  d'eau  dix  livres  de  fi- 
gues ;  et  de  la  pate  qui  en  resulte  on  petrit  des  es- 


peces  de  gateaux  qu'on  place  aupres  des  ruubes. 
Certaines  personnes  y  mettent  aussi  de  pctits  vases 
remplisd'eauemmiellee,surchacun  desquels  sur- 
nage  un  morceau  de  laine  de  la  plus  grande  pro- 
prete :  par  ce  moyen  les  abeilles  peuvent  en  quel- 
que  sorte  sueer  Teau ,  et  ne  risquent  ni  d'en  trop 
boire,  ni  de  se  noyer.  II  doit  y  avoir  un  vase 
pour  chaque  ruche,  et  on  les  remplit  a  mesure 
qu'ils  se  vident.  D'autres  broient  dans  uu  morticr 
des  raisins  secs  et  des  figues  ,  et  versent  du  vin 
reduit  aux  deux  tiers  par  la  cuisson.  Du  residu  ils 
font  ensuite  de  petits  pates  qu'ils  jettent  non  loin 
des  ruches,  de  facon  iice  que  les  abeilles  !es  trou- 
vent  surleur  passage  dans  leursexcursions  au  de- 
hors.  Quand  uneeraigration  se  prepare  (ee  qui  ar- 
rive  quandun  grand  nombre  de  naissances  etant 
venuesabien,les  anciennesdela  rucheveulenten- 
voyerla  generationnouvelle  encolonie,  ainsique 
les  Sabins  par  raccroissement  de  leur  population 
furent  souvent  obliges  de  le  faire),  cette  resolu- 
tion  s'annonce  par  deux  signes  precurseurs.  D'a- 
bord,  quelques  jours  avant,  on  voit  surtout  le  soir, 
pres  de  rouverture  de  la  ruche ,  des  groupes  d'a- 
beilles  aecrochces  les  unes  aux  autres  par  pe- 
lotons,  et  formant  corame  autant  de  grappes;  ou 
bien  encore,  sur  le  point  de  s"envoler,  et  quand 
a  deja  coramence  le  roouvement  deretraite,  elles 
fontentendreune  ruraeur  extraordinaire,  comme 
d'unearmee  qui  leve  le  camp.  Les  plus  promptes 
voltigent  autour  de  la  ruche,  attendant  que  les 
autres,  qui ne  se  sont  pas  encore  rassemblees,  les 
rejoignent.  Quand  le  mellariiis  apergoit  ce  symp- 
tome,  il  n'a  qu'a  jeter  sur  les  abeilles  de  la  pous- 
siere,  et  a  frapper  en  meme  temps  sur  quelque 
instrument  de  cuivre,  pour  repaudre  Teffroi 
parmi  clles.  II  pourra  ensuite  les  conduire  oii 
bon  lui  serablera ,  en  ayant  soin  de  placer  aux 
lieux  de  leur  dcstination  nouvelle  une  branche 


praeberi,  ut  e  fal)a,  apiastro,  cuciirbila,  biassica,  ceiam 
et  cibum.  Nec  non  aliler  duplex ,  quod  fit  e  nialo  et  pi- 
ris  silvesliibus,  cibum  et  niel.  Item  aliter  duplex  ,  quod 
e  papaveie ,  ceiam  et  niel.  Triplex  ministeiiuin  quoque 
lieri ,  uti  ex  nuce  grseca ,  et  e  lapsana ,  cibum ,  mel ,  cei  am. 
Item  ex  aliis  floribus  ila  caipeie,  ut  alia  ad  singulas  res 
sumant,  alia  ad  plures.  Nec  non  etiam  alind  discrimen  se- 
quuntur  in  carptuia,  (aut  eas  sequatur,)  ut  in  melle  quod 
ex  alia  re  faciunt  liquidum  niel ,  ut  cx  sisera;  flore  :  ex  alia 
contra,  spissum,  ut  e  roie  maiino.  Sic  ex  alia  re,  ut  e 
fico  mel  insuave,  e  cyti.so  bonuin,  e  thymo  optimum. 
Cibi  pais,  quod  potio,  et  ca  iis  aqna  liquida;  unde  bi- 
bant,  esse  oporlet,  eamque  propiuquam,  qua;  piaeter- 
fluat,aut  in  aliquem  locum  iufluat,  ila  ut  ne  altitudine 
asccndatduo  auttres  digitos  :  in  quaaqiiajaceanl  lestseaut 
lapilli ,  ita  ut  cxtent  paulum ,  ubi  assidere  et  bibere  pos- 
sint.  In  qua  diligenlcr  liabenda  ciira,  ut  aqua  sit  pura, 
quod  ad  mcllilicium  boniiin  veliementer  prodcst.  Quod 
non  omnis  tempestas  ad  pastum  prodiie  longiiis  patitur , 
praeparandus  bis  <;ibus,  ne  tum  inelle  coganliir  solo  vi- 
veie,  aut  rclinqucre  exiaanilas  alvos.  Igilur  licorum  pin- 


guium  circiler  decem  pondo  decoquunt  in  aqii.-e  congiis 
sex ,  quas  coaclas  in  offas  pio[ie  apponunt.  Alii  aquara 
mulsam  in  vasculis  piope  ut  sit  curant;  in  qua;  addunt 
lanam  perpuiam ,  per  quam  sugant :  iino  tempoie  ne  [lotu 
nimium  implcantur,  aut  ne  incidant  in  aqiiam.  Singula 
vasa  ponunt  ad  alvos  singulas,  et  liac  supplentur.  Alii 
uvam  passam  ,  et  ficum ,  cuin  pinserunl ,  affundunt  sa- 
pam ,  atque  ex  eo  factas  offas  apponunt  ibi ,  quo  foias 
( liieme )  in  pabulum  procedere  tainen  possint.  Cum  exa- 
men  exitnrum  est,  quod  fieri  solet  cinn  adnalae  prospere 
sunt  multae ,  ac  progeniem  veteres  emittere  voluut  in  co- 
loniam,  ut  olim  crebro  Sabini  factitaveriint  proptcr  multi- 
tudinem  liberornm;  liujiis  quod  duo  solent  praeire  signa 
scitur.  Unuin  ,  quod  superioiibus  diebns,  niaxime  ves- 
pertinis ,  multae  ante  foiamen  ut  uvae  alia;  ex  aliis  pen- 
dent  conglobatae.  Alteium,  quod  cum  jam  evolaturae  siint, 
aut  ctiain  inceperunt ,  consoiiant  veliemenler,  pioinde  ut 
mililes  faciunl,  cumcaslra  niovent.  Quae  priino  tiim  exie- 
riint,  in  conspectu  volitant,  reliquas  quae  nonduni  con. 
grcgatae  sunt  respectantes,  duin  convcuiaiit.  Cuni  a  niel- 
iaiio  id  lecissc  sniit  animadvcrsie ,  jaciiindo  iu  cas  pul- 


DK  L-AC.RICULTUrxE,  LIV.  IIL 


d'ai-!)rc  ou  toutnutre  objet  frotte  d"('rithaee,  de 
nielisse,  el  eufin  de  tout  ce  qui  atiire  lcs  alicillcs. 
Quaud  11  a  reussi  a  les  arreter,  il  y  plaee  une 
ruche  frottee  interieurement  des  niemes  subs- 
tanees,  et,  entourant  les  abeilles  d"une  legere 
fumisation ,  il  les  oblige  a  y  entrer.  Une  fois 
qu'elle  y  a  pris  pied,  la  nouvelle  colonie  y  fixe 
si  bien  son domieile,  qu'en  vain  fon  rapproeherait 
d'elldlla  ruche  qu'elle  vient  de  quitler,  c'est 
la  nouvelle  qu'ell8  preff  re.  Voila  tout  ce  que  je 
erois avoir  i\  dire de  reducatioa  des  nbeilles.  Pas- 
sons  au  but  principal  de  leur  entretien  ,  qui  est 
le  profit  qu'on  en  rctire.  Ou  enleve  les  rayons 
lorsque  les  ruches  sout  pleines.  Les  abeilles  font 
elles-memes  connaitre  ce  moment.  On  a  lieu  de 
presumer  qu'il  cst  venu  lorsqu'on  entcud  uu 
bourdounemeut  dans  les  ruches,  ct  qu'on  voit  les 
abeillesse  tremousser  eu  entrant  et  en  sortant; 
ou  bien  eucore  lorsqu'en  otant  leeouvercle,  on 
voit  les  cellules  couvertescomme  d'une  pellicule 
i!e  iniel ,  signe  qu"elles  sont  enlierement  remplies. 
II  y  en  a  qui  pretcndent  qu'en  enlevant  le  niiel 
on  doiten  laisserdans  In  ruche  la  dixieme  partie, 
et  que  si  Ton  enleve  tout,  les  abeiiles  dcsertent. 
Quelques-uns  meme  en  laissent  davantage.  II  en 
estdes  abeillescomme  desterres  :  on  augmente  le 
rapport  duu  charap  en  le  laissant  se  reposer  de 
teras  a  autre ;  on  augmeute  celui  des  abeilles ,  et 
enmemetempson  les  attachedavantagealeur  ru- 
ehe,  en  y  laissant  la  totalite  ou  du  moins  la  plus 
'j.Tande  partie  du  raiel.  On  enleve  les  rayons  pour 
la  premiere  fois  au  lever  des  Pleiades ;  pour  !a  se- 
conde  fois,  a  la  fin  de  l'ete,  avant  que  TArcture 
.soit  entierement  levee;  et  pour  la  troisieme, 
apr^slecoucherdesPleiades.  Acette  derniere  epo- 
que  ou  ne  doit  jamais  6ter  plus  du  tiers  du  raiel, 

vereiii  elcircuinlinniendo  aire  perteirilasqiiovoliieiit  per- 
(lucet.  Non  longe  inde  ramum  vel  quid  aliud  oblinunt 
erithace  alqiie  apiastro,  ca^terisque  rebus,  quibus  delec- 
tantur.  Ubi  consederiint ,  allerunt  alvum  prope  eisdeni 
illiciis  illitani  intusret  prope  apposila,  fuino  leni  ciicinii- 
eundo  cogiint  eas  inlrare  :  ut  qu.-c  in  novam  coloniam  cum 
introierunt.perinanent  adeo  libenter,  iit  ctiani  si  proximain 
posueris  illain  alvum,  unde  exieiunt,  tamen  novo  doini- 
cilio  potius  sinl  coiUeuta'.  Quod  ad  pastioncs  pertineie 
sum  ratus,  quoniani  dixi ,  iiunc  jam,  ciijus  causa  adliilie- 
liir  ea  cuia,  de  fiuctu  dicam.  Eximendoruin  lavorum  si- 
gnum  sumiinl  ex  ipsis ,  cum  plenas  alvos  Iiabent ,  el  ciiin 
illos  geminaveiint.  Ex  apibus  conjecturani  capiunt,  si  in- 
lus  faciunt  boinbum  ,  et  cum  intio  eunt  ac  foras,  trepi- 
dant ,  et  si  opercula  alvi  cum  favorum  foiamina  removeris, 
obdiicta  videntur  (mellis)  membianis,  qiioniam  lunc 
sunt  rcpleli  inelle.  lii  exiineiido  quidam  diciint  opoilerc 
novem  parles  tollere,  dcciinam  relinquere.  Quod  si  oinne 
eximas ,  fore  ut  discedant.  Alii  hoc  plus  relinqiiiint ,  quam 
dixi.  Ut  in  aratis,  qiii  faciunt  non  restibiles  segetcs,  plus 
tolluut  friiineuti  ex  inlervallis  :  sic  in  alvis ,  si  non  qiio- 
tannis  cximas.aut  non  quoque  multum,  ct  niagis  (liis) 
a.ssiduas  babeas  apps,  ct  inagis  fiuctiio.sas.  (■Aimendorum 
favoruin  priiiMiui  putaiil  essc  leinpus  vci^ill.iniui  cxorlii, 


quaiid  meme  la  ruchc  scrait  plcine ;  les  dcu\ 
autres  tiers  y  resteroiit  comme  provision  dhiver. 
Quandla  ruche  n"est  que  mcdiocrement  fournic, 
laleveedu  raiel  ne  doit  se  fairc  ni  d"un  seul  coup , 
ni  en  presence  des  abeilles,  afin  de  ne  pas  les  de- 
courager.  Si  dans  les  rayons  qu"ou  enleve  il  sc 
trouve  une  portion  qui  soit  vide  de  mie! ,  ou 
tant  soit  peu  endommngce ,  il  fnudra  la  re- 
trancher  avec  le  couteau.  II  faut  veiller  avee 
soin  a  cc  que  parmi  les  abeilles  les  plus  fortes 
n'oppriment  les  plus  faibles,  ce  qui  amcnerait  uue 
diminutionnotable  daus  lerapport  des  ruchcs.  Ou 
choisit  en  consequence  les  moins  vigoureuses, 
pour  les  soumettre  a  un  autre  roi.  Lorsqu'ou 
s'apercoit  qu'ellessebattent  souvent  entre  elles, 
il  faut  les  asperger  avuc  de  l'eau  melee  de  miel  r 
Aussitot  tout  cessc,  et  les  eorabattauts  se  pies- 
sent  les  uns  contre  les  autres  pour  sucer  le  li- 
quide.  L'effet  de  ee  moyen  est  encore  plus  scn- 
siblequand,  au  lieu  d'eau,  c'est  du  vin  mele  de 
miel  que  vous  repandez  sur  les  abeilles.  Attirces 
alors  par  rodeur  du  vin ,  elles  se  recherchent 
avec  plus  d'eaipressement,  et  s'enivrent  en  le 
sucant.  Quandles  abeilles  semoutrent  paresseu- 
ses  a  sortir,  et  resteiit  daus  les  ruches  cn  tn)|) 
grand  uombre,  il  fnut  avoir  recours  aux  funii- 
gations,  et  placer  dans  leur  voisinage  quelques 
herbcs  odoriferantes,  surtoutde  la  melisse  ct  du 
thym.  Lesplusgrands  soinssont  iudispensnbles 
pour  les  empecher  de  perir  de  1'e.xces  du  froid  ou 
de  lachaleur.  Lorsqu'en  butinantellesvienneut  a 
etre  surprises  par  unc  averse  ou  par  uu  froid 
subit,cequi  est  rare  toutefois,  et  qu'abattues  pnr 
les  grosses  gouttes  d'cau,  elles  sont  jetees  a  terre 
privees  de  force  et  de  mouveraent ,  il  fnut  les 
rnmasser ,  et  les  mettre,  daus  un   vase  qu'on 

secundiun  Kslale  acta,  anle  quam  totus exoriatur  aiclii- 
riis.  Tertium  post  vergiliarum  occasiim,  et  ita  si  fiecunda 
sitalvus,  ul  ne  plus  lertia  pais  eximatur  mellis,  reliquum 
hiemationi  relinquatur.  Si  vero  alvus  non  sit  ferlilis, 
ubi  quid  cximalur ,  exemtio  cuin  est  niajor,  neque  univcr- 
sam,  neque  palam  facere  oporlel,  ne  deliciaut  animum. 
Favi  qui  exiinunlur,  siqiia  pais  nibil  babet,  aiit  habct 
inqiiinatum  ,  cultello  prifsecatur.  Piovidcndum  ne  iiilir- 
miores  a  valeutioribus  opprimantiir.  iio  enim  minuilur 
fructus.  Itai[ue  iiulirrilliurrs  si'irelas  siihjiciuut  sub  alte- 
ruin  regein.  Qua'  (■iihiiiis  iiilir  sc  pugiiabunt,as|ieigi  cas 
oportet  aqua  iniilsa ;  qiin  linlo  imn  mudo  desistiint  piigua, 
sed  ctiain  conferciunt  se  lingenlcs  ,  co  niagis  ,  si  mulso 
sunt  aspers.e,  quo  propter  odorem  avidius  applicaiit  se, 
atqiicohstupescunt  potanlcs.  Si  e\  alvo  uiinus  fieqnenles 
evaihinl ,  ac  siibsidit  aliqiia  pars,  sulfiimigaiHluui,  cl 
prope  apponendiiin  aliquid  Iicne  olenliiiui  heili:uiini, 
maxiine  apiaslrum  etthymum.  Providendiim  veheuientcr 
ne  propter  a-stiini ,  aut  propler  fi  igiis  dispercant.  Si 
qiiando  subito  imbri  in  pastu  sunt  oppressoc ,  aiit  fi  igore 
suhilo,  auteqiiain  ip.s.ic  providcrint  id  fore,  (quod  accidil 
raio,  ut  dccipiantur)  ct  iinbris  gutlis  uberibus  oflcnsiB 
jacent  prostratiie  et  aftlicta- ,  colligcndiim  cas  iii  vas  ali 
quod,  ct  leponcndum  in  tcfto  loco,  ac  lepido.  Proiuenihim 


VARRON. 


placera  daiis  un  lieu  couvert  ou  regne  une  cha- 
leur  douce,  et  les  y  tenir  jusqu'a  ce  que  le 
temps  soit  bien  assurii.  On  repand  alors  sur  elles 
de  la  ccndre  de  hois  defiguier,  chaude  plutot 
que  tiede ;  puis  on  secoue  legerement  le  vase , 
sans  toueher  ies  abeilles,  et  on  Texpose  au  soleil. 
Lorsqu'elles  sentent  la  chaleur ,  elles  se  remet- 
tent  et  reprennent  vie,  commedes  mouches  qui 
ont  ete  suhmergces.  II  faut  leur  appliquer  ce 
trnitement  non  loin  des  ruches,  pour  qu'elles 
puissent  y  retourner  des  quelles  seront  reve- 
nues  a  elles ,  et  reprendre  leur  ouvrage  avec  une 
foree  nouvelle. 

XVII.  Nous  voyons  alors  revenir  Pavo.  Si  vous 
voulez  lever  rancre ,  dit-il,  on  proccde  en  ce  mo- 
ment  au  ^crutin ;  et  ^ejircco  (crieur)  a  deja  com- 
mence  a  proclamer  l'edile  nomme  par  chaque 
trihu.  Aussit6t  Appius  se  leve  pour  aller  feliciter 
son  candidat  sur  lelieu  mcme,  et  s'en  retourner 
ensuite  dans  ses  jardius.  Merula  s'adressant  alors 
a  A.xius  :  A  un  autrejour ,  dit-il ,  le  troisieme  acte 
dela  basse-cour.  Tous  se  leverent,  et  je  restai  seul 
avec  Axius.  Nousnous  regardiimes  un  instant  en 
silence,  comme  pour  nous  dire  :  Notre  eandidat  a 
roHS  viendra  bien  lui-meme  nous  trouver.  Enfin 
Axius  me  dit :  Ledepart  de  iMerula  ne  mefait  pas 
autremeiit  faute;  car  le  reste  du  sujet  ne  m'est 
rieu  moins  qu'etranger.  On  distingue  deux  es- 
peces  de  viviers ,  les  viviers  d'eau  douce  ,  et 
ceux  d'eau  salee.  Les  premiers,  formant  chez  lcs 
gens  du  peuple  et  dans  les  fermes  ordinaires 
une  indiistrie  assez  lucrative ,  ue  sont  alimeutes 
que  par  Teau  qu'y  fournissent  les  nymphes.  Les 
viviers  d"eau  salee,  au  contraire,  sout  crees  par  les 
nobles  pour  le  faste  plus  que  pour  rutilite.  Cest 
Neptuue  qui  y  apporte  de  Teau  et  des  poissons. 


lls  contribuent  a  viderlaboursedumaitre  plutot 
qu'u  la  remplir.  On  les  C(nistruita  grands  frais. 
et  c'est  a  grands  frais  qu'on  les  peuple  et  qu'on 
lescntretient.  Hirtius  retirait  douze  mille  sesterces 
des  batiments  dependant  de  ses  viviers;  mais  le 
seul  entretien  de  ses  poissons  eugloutissait  tout  le 
prolit.  Et  rien  n'est  moins  surprenant.  Je  me  rap- 
pelle  qu"un  jour  il  preta  a  Cesar  six  mille  mu- 
renes,  a  condition  qu'elles  lui  seraient  rendues  au 
poids :  c'est  la  quantite  prodigieuse  de  ces  poissons 
qui  fit  monter  sa  villa  au  prix  de  quatre  millions 
de  sesterces.  On  a  bien  raison  d'appeler  nos  vi- 
viers  d'interieur  et  de  petites  gens  des  viviers 
doux,  et  ceux  des  nobles,  des  viviers  araers.  Parrai 
nous  autres,  en  effet,  on  se  contente  d'un  seul  vi- 
vier  d'eau  douee :  et  quel  amateur  de  viviers  nia- 
ritimes  n'en  veut  avoir  plusieurs  communiquaiit 
de  fun  a  Tautre ,  a  rimitation  de  Pausias  et  des 
peintres  de  son  eeole,  qui  out  de  grandes  boites 
divisees  en  autant  de  cases  qu'ils  emploient  de 
nuaneesdecire? Nosnoblesont  des  viviersacora- 
partiments,  servant  ii  parquer  en  qaelque  sorte 
lespoissons  par  espece;  eijamais  cuisinier  ne  fera 
sommation  a  ceux-ci  de  comparaitre  sur  table  : 
ils  sont  sacres ,  Varrou ,  plus  sacres  que  ceux  que 
vous  vites  en  Lydie,  pendaut  un  sacri.Qce  que 
vousfaisiezpresdeIamer,s'attroupersurlerivage 
au  son  de  la  flute  d'un  Grec  ,  et  venir  presque 
sur  rautel  sans  que  personne  osiit  y  toueher. 
Cest  daus  ce  meme  pays  que  vous  avez  vu  des 
iles  danser  eu  rond.  Notre  ami  Hortensius,  au 
temps  oii  il  possedait  encore  a  Bauli  ces  viviers 
qui  lui  avaient  cuute  si  cher ,  envoyait  (je  le  sais 
pour  Tavoir  vu  de  mes  yeux  dans  les  visiles  fre- 
quentes  que  je  lui  ai  faites  a  sa  villa),  envoyait 
acheter  a  Puteoli  (Pouzzoles)  le  poisson  qu'onser- 


dclnde  qiiam  maxime  tempeslale  bona ,  et  cincre  fac.to 
c  liciilneis  lignis  inlriandum  paulo  plus  caldo  quam  tepi- 
dioie;  deinde  concutienduni  leviler  ipsas  vase,  nt  nianu 
non  tangas ,  et  ponendum  in  sole.  Quk  enim  sic  concaluc. 
ruiit,  restiUiunt  se,  ac  reviviscunt,  ut  solet  simililcr  lieri 
inmuscis  aquanecalis.  IIoc  faciundum  secundunialvos,  ut 
rcconciliatse  ad  snum  qu.Tque  opus  et  (lomicilium  redcant. 
XVII.  Interea  redit  ad  nos  Pavo  :  Et,  si  vultis,  in^piit, 
ancoras  tollere,  latis  tabulis  sortilio  fit  tribuum ,  ac  c(rpti 
sunl  a  pr.TCone  renunliari ,  quem  quaeque  Iribus  fccerint 
Eedilem.  Appius  confestira  suigit,  ut  ibidem  cindidalo  sno 
giatularetnr,  ac  di.scedcret  in  lioitos.  Merula  :  Tertinm 
actum  de  pastionibus  villaticis  postea,  inquit,  tibi  led- 
dani,  Axi.  Consurgentibus  illis,  Axins  milii,  respeclantibus 
nobis ,  quod  et  candidatum  nostrum  vcnturum  sciebamus , 
Non  laboro,  inqiiit,  boc  loco  discessisse  Meriilam.  Heliqua 
oniin  feie  milii  sunt  nota.  Quod  cum  piscinarum  geneia 
sint  duo,  dnlcium  et  salsarum  :  alternm  apiid  plebem,  et 
ct  [non]  sine  fructii,ubi  lymplia'  aquam  piscinis  nostris 
villaticis  ministrant,  illae  autem  mariliniiie  piscinae  iiobi- 
lium ,  quibus  Neptunus  ut  aqnam  sic  et  pisces  ministrat , 
magis  ad  ociilos  perlinent  quam  ad  vesicam ,  ct  polius 
marsiipiiim  doniiiii  cxinaiiiunt  quam  iinplent.  riinium 


enim  adilicantur  niagno,  secnndo  iinplenfur  magno, 
tcilio  aluntur  niagno.  Hirriiis  ciicum  piscinas  suas  e\ 
sedificiis  diiodena  millia  sextcrtia  capiebat.  liam  omnem 
meicedem  escis,  quas  dabal  piscibus,  consumebal.  Kon 
niiium.  Uno  tempore  enim  memini  liunc  Ca^sari  sex  mil- 
lia  murionarum  mutua  dedisse  in  pondus,  et  piopter  pis- 
cium  multiludinem  quadragies  sextertio  villam  venisse. 
Quare  nostia  piscina  ac  mediterranea  plebeia  recle  dicitur 
dulcis,  et  illa  amara.  Quis  enim  nostrum  nou  una  conten- 
tus  est  bac  piscina  ?  quis  contra  marilimas  non  cx  piscinis 
singulis  plurcs  conjunctas  babet .'  [  Pluris.  ]  Nam  ut  Paii- 
sias  et  ca'l(ui  pictores  ejusdem  gcneris  loculatas  magnas 
liabent  arculas,  ubi  di.scoloies  sint  cerae,  sic  bi  loculatas 
babent  piscinas,  nbi  dispaies  disclusos  liabeant  pisces, 
quos,  pioiude  nt  sacii  sint,  ac  sanctiores  quam  illi  in 
Lydia ,  qiios  saci ificanti  tibi ,  Vario ,  ad  tibicinem  graecum 
gicgatim  venisse  dicebas  ad  cxlrcmum  lilus  atque  arain, 
quod  cos  capere aiideret  nemo, ciim  eodem tempoie  insulas 
Liidinorum  ibi  clioreviisas  vidisses,  sic  bos  pisccs  nemq 
cocus  injns  vocaro audet.  Q.  Ilortensius  familiaiis  noster 
cum  piscinas  lialieret  magna  pccunia  acdilicatas  ad  Banlos , 
ita  sa:pe  cum  co  ad  villam  lui,  ut  illumsciam  seniper  in 
ca>nam  pisccs  Puteolos  miltcre  eintum  solitum.  Keqiie 


DE  i;agriculture,  liv.  tfl 


vait  sur  sa  tal)le.  Et  c'ctait  peu  qu'il  s'intei-dit  de 
mangerdusienjilfallaitqu'!!  luidonnataraanger 
lui-raeme,  monti-ant  autant  et  plusdcsollicitude 
pour  Tappctit  de  ses  surmulets  que  je  u'eu  puis 
avoir  pour  celui  de  mcs  anes  de  Rosca.  Et  ce 
n'etait  pas  certes  a  aussi  peu  de  frais  qu'il  leur 
fournissait  eau  et  ptiturc.  Car  a  quoi  se  reduit 
rentretien  de  mes  anes,  qui  sont  d'un  si  beau 
produit?  Un  pctit  palcfrenicr ,  quelque  pcu 
d'oi'gc  et  Teau  de  mes  sourccs,  voiia  tout  ce  qu"il 
faut ;  tandisqu'Hortensiusavait  a  son  service  une 
arinee  de  peclieuis  continucllement  occupce  a  lui 
fournir  dcs  niasses  dc  petits  poissons,  pour  les 
repas  dcs  gros.  l-^t  quand  la  mer  etait  grossc, 
et  que  tous  lcs  filcts  du  nionde  n"auraient  pas 
amcnc  un  scul  poisson,  il  fallait ,  pour  remplaccr 
cette  nourriture  vivante,  epuiser  le  marche 
a  la  marce  des  salaisons  qui  sont  la  riourriture 
dupeuple.  Ilortensius  vous  aurait  laisse  preudre 
tous  les  mulets  de  voiture  de  son  ecurie ,  plu- 
tot  qu'un  seul  mulet  barbu  de  scs  viviers.  Et 
quels  soins  il  donnait  u  ses  poissons  quand  ils 
ctaient  malades  !  il  n'en  avait  pas  plus  pour  scs 
esclaves.  I!  eut  plutot  laisse  un  dc  ccs  dcrniers 
boire  de  Vcaufroidc  en  maladie,  qu'un  de  ses 
chers  poissons.  II  faisait  peu  de  cas  dcs  viviers 
<!e  M.  Lucullus,  riiomme,  disait-il,  le  plus  indif- 
ferent  au  bien-6tre  de  ses  poissons  :  chez  ce  der- 
r.ier,  les  pauvres  betes  n'avaient  point  de  bas- 

salis  crat  ciim  non  pasci  piscinis,  nisi  cos  ipse'  pasrcrct 
ultio;  ac  niojorem  curam  sibi  luiberet,  ne  cjiis  esurirent 
niuUi,  qiiam  cgo  habeo,  nc  mci  in  liosea  esuriant  asini. 
litquideni  utraquc  rc,  ct  cibo  et  poUonc,  cum  nou  paulo 
sumpluosius,  quam  pgo  liis,  ministrarct  viclum.  Ego 
cuim  uno  scrvulo,  ordeo  non  nnillo,  aqua  (lonieslica , 
mcos  multinumos  alo  asinos  •  Hortcnsius  prinumi  qiii 
ministrarent  piscatores  habeliat  cQmplures ,  et  ii  pisciciilos 
miuulos  angereliant  frcquculcr,  nt  a  majoribus  absiinic- 
icntur.  PrDelerca  sal.sauicnla  in  eas  pisciiias  cmtilia  conji- 
ciebal,  cum  mare  turbaret,  uli  per  tcmpcslatem  suis  pis- 
cibus  e  mac.cUo  cctarioriiiu ,  uli  c  mari ,  obsoniura  pr.cbe- 
ret,  cum  ucqiie  evcrriculo  illi  in  litus  cdiiccre  possent 
vivain  saginam ,  |ilcbci.ie  cfrn.'P  pisces.  Celerius  voluiitatc 
Hortcnsii  cx  cqiiili  ecluccrcs  rbedarios,  ut  tibi  liabercs, 
mnlos,  qiiam  c  piscina  barlialnm  mullum.  Atqne  illi  non 
luinor  cura  (cjiis)  crat  dc  a>grotis  piscibiis,  qiiam  de  nii- 
nns  valcutibus  servis.  Ilaquc  minus  laborabnl,  ne  s<'rviis 
!>'ger,  quam  aqiiam  Irigidam  hibcient  siii  pisccs.  Ktcniin 
liac  inciiria  laborarc  aicbat  M.  Liicnllum  ,  et  piscinas  cjus 


sinsd'ctc;  leur  cau  n'ctait  pas  rcnouvclcc ;  on 
lcs  y  laissait  croupir.  Parlez-moi  de  L.  Lucul- 
lus,  qui  avait  fait  ouvrir  une  montagncpres  de 
Naples,  dans  le  scul  but  d'intioduire  dans  ses 
vivicrs  Teau  de  la  mer,  quc  chaque  maree  y 
apportait  ct  rcmportait.  Pour  les  poissons  c'etait 
un  autre  iXcptune.  II  avait  mcnagc  ii  ses  chcrs 
nourrissons  uii  plus  frais  scjour  pour  Tctc,  imi- 
tant  en  cela  la  sollicitude  dcs  pnsteurs  apu- 
licns  ,  qui,  au  temps  dcs  grandcs  chaleurs  ,  con- 
duisentleurstroupeau.\sur  les  montagncs  du  pays 
sabin.  Sa  pftssion  pour  ses  vivicrs  de  Baies  etait 
portce  a  ee  point,  qu'il  avaitdonnc  carte  blanche 
a  son  architectc  pour  la  construction  d'un  ca- 
nal  soutcrrain,  coramuniquant  de  ses  viviers 
avcc  la  mer,  alin  que  la  maree,  aumoycn  d'une 
ccluse,  put  deu.x  fois  parjour,  depuis  le  prcmier 
quartier  jusqu'a  la  uouvcllc  lune ,  y  entrcr  ct  cn 
rcssortir  aprcs  les  avoir  rafraichis.  Pendant  quc 
nous  parlions  ainsi ,  un  bruit  de  pas  se  fait  cn- 
tendre  a  notre  droite,  et  nous  voyons  entrer  no- 
tre  candidat  avec  les  insignes  de  sa  nouvelle  di- 
gnitc.  Nous  allons  au-devant  de  lui;  et  aprcs  Ta- 
voir  felicite ,  nous  Tescortons  au  Capitolc.  Puis 
nous  nous  scparons,  pour  rcntrcr  chacun  chez 
noiis.  Voila,  mon  cher  Pinnius  ,  le  resumc  suc- 
cinct  des  conversations  quc  nous  avoas  cucs  sur 
rentretien  de  la  basse-cour. 


dcspiciebat,  quod  .'cstivaria  idonca  non  li.aheret,  ac  rcsi- 
dem  aquam  ,  el  locis  pestilcnlibiis  liabitarent  pisocs  ejiis. 
Coutra  ad  Neapolim  L.  Luculliis  posteaqiiain  pcrfcdi.ssct 
mnnteni,  ac  marilima  ilumina  iinnusis.set  in  piscinae, 
quie  leciproce  lluerent,  ipsi  Septuno  non  cedercde  pis- 
calu.  F.iclum  esse  enim,  ut  amalos  pisces  siios  videaiiir 
pioplcr  .T.stus  eduxisse  in  loca  frigidiora,  iit  Appuli  solcut 
pecuarii  facere,  quod  propter  caloies  in  nioules  Saliiuos 
pec-us  diiciinl.  lu  liaiano  aulem  lanta  ardebat  ciira,  nt 
arcliilcclopcnniserit,  vel  ut  suam  peciiniam  consumcret , 
duinmodo  penliiceret  speciis  e  piscinis  iu  marc,  olijccta- 
ciilo  quo  .Tsliis  bis  quotidic  ab  cxorta  luna  ad  piovimaui 
novani  inlroire,  ac  rediie  lursus  ia  niaic  posset,  ac  re- 
frigerare  piscinas.  Nos  liaac.  At  strcpilus  a  dcxtia ,  et  ciim 
lata  candidatiis  nostcr  desigiiatus  a'dilis  sc  iii  villani.  Cui 
nos  occidimus  et  gratiilali  in  Capitolium  proscqiiiniiir. 
Ille  inde  cuiido  suam  domiim  ,  nos  noslram.  O  I'iiini  nos- 
ter,  scinioncm  depastione  villatica  summatim  liunc,  qiicm 
cxpusui ,  bahcto. 


ee®esv%i«-aa>u>s@®s:@d3@©®@®3®^»®3@'@#«>@3@'S:SSJ9&^'-9;'^a^'S939d®s»si»a'^  -nntit 


SUR  ryVGRICULTURE   DE  VARRON. 


LIVRE  I. 

II.  I'iti/trrr/iiam  ad  ncccaxarium  .•jacri/iciaiii,  Allii- 
siiiii  aii  siicrilice  de  trois  ociits  clievrcs  qu'ijn  olTrait  ii 
Diaiic  iiiic  lijis  p;ii'  an,  k  Alli^nes,  d'ii|)rfe  ie  vani  de  Mil- 
tliide.  .Klicn,  V.  II.,  ii,  25. 

Juhet  tcrram  tangere,  dc.ipuere.  I-es  anciens  ne  pro- 
non<;aient  jamais  lc  nom  de  Tellits  sans  touclier  la  terre; 
ou  celuide  Jupilfr,  sans  lever  les  jenx  ■vers  le  ciel.  Pour 
delriiire  les  cliannes,  ils  cractiaient  trois  fois,  et  se  frot- 
taient  le  front  de  la  salive  {Ter  cane,  tudictis  dcspv.e 
carminiOtis.  Til)ulle. )  Cetle  coutnms  de  craclier  parait 
avoir  6li  egalement  en  nsage  daiis  la  ini5decine  magique. 

Qucnmdmoduiii  plncenlain  /ticere  oporteat,  etc... 
l'oiir  la  pri^paration  de  la  placenta,  dii  lihum  et  des  jani- 
lions  ,  voir  rEconomie  rurale  de  Caton,  cli.  Lxxiv,  Lxxv. 

ft    CLXll. 

Vll.  De/ormce  culiitra. Qa'esl-ce  que  la  culturede  la 
forme?  On  aura  beau  lire.avec  Uisinus  :  De  ciitturn; 
/ornia  ;  il  sera  toiijours  dilTicil';  de  latlacher  celte  pensee 
a  celle  qui  precede.  Noiis  regardons  ccs  mots  comme  Tad- 
dition  d'un  copiste  qui  aura  voulu  dclaircir  une  phrase  deja 
suflisamment  claire  par  elle-niiime,  et  n'a  fait  que  robs- 
ciircir. 

Itaque  Cretcv.  ad  Cortijniain  dicitur  plniantts  p.t.sc. 
Pline ,  XII ,  rapporle  le  mSme  lait ,  et  se  moque  a  ce  sujet 
<le  la  crfSduIitd  desGrecs,  qui  s'imaginaient  que  c'(Stait 
sous  cet  arbre  que  Jupiter  s'^tait  uni  ii  Europe. 

Itcin  ^ijliari ,  qure  nttnc  Thuris.  Pline  dit  a  ce  sujet 
(picIcchiMiedontil  estici  failmention,n'entrant  eii  poiisse 
iprau  niilicii  de  rde,  gardait  par  consequent  ses  feuilles 
plus  longtemps  i|ue  les  autres ,  et  qiie  c't^tait  la  tout  le 
miiacle. 

Candida  /ossicia  creta Sclieider  remarqiie  avec 

raisoii  quil  ne  s'agit  pas  ici  de  la  ciaic  qui  s'eniploie 
comine  couleur  ainsi  qiie  le  dit  a  toit  Sab.  de  la  Ronne- 
terie,  mais  bien  de  cette  matieie  fossile  qiie  les  Gaulois 
appelaient  marga,  et  qui,  soiis  le  nom  de  marne  s'eniploie 
encore  friSquemment  en  France  en  place  de  funiier, 

Carbonibus  .wlsis,  etc...  Ce  sont,  suivant  Pline,  des 
charbousdechenequ'on6teignait  enjetantdessus  de  Teau 
sal(5c. 

Ex  quo  anliqui  prata  parata  appcllnrunt.  Les 
anciens  Roniains  accordaient  anx  prairies  la  pref^rence  siir 
toiite  aiitre  eulture;  et  le  nom  qu'ils  leur  avaient  doiinii 
sigiiifiait  qu'elles  (5taient  toujours  prtites  i  rapporler,  sans 
exiger  des  travaux  preparatoires. 

Vlll.  In  harundulatione  in/icis.  Gessner  cxplique  ce 
passage  en  disant  que  les  branchcs  des  liguiers  avaient 
iiesoin  d'(5trc  Ii(Ses  ensemble  par  des  roseaiix,  poiir  leur 
iliinner  plus  de  consistance.  Cette  explicaliou,  qiradopte 
egalement  Saboureux  de  la  Bonneterie,  est  dc.sapiuouviie 
par  Sclineider,  qui  propose  de  lire  :  arundtnatio.  Le 
passage  qu'il  cite  k  I  appui  de  celle  lecou  :  Torta  per 
obliquos  it  vitis  in  orbe  cori/mbos,  Yerberat  et  palinn; 
enlamosjluilnntejlagetlo :  Yincapampincos  subarun- 


dinnt  ehrin  cainpos ,  nous  fait  penscr  qir/((;r!(H(/«/aHo 
a  ici  la  signilication  i' anmdinatio ,  et  que  Tun  cst  mis  <i 
la  place  de  raulrc. 

Acratophoros ,  espiwe  de  vase  dont  parle  tjgalement 
Ciceron,  de  Finihus,  iii,  4. 

X.  Id  habct  scripiila  cclxxxviii quanlum  as  antiquus 
noster  anle  beUum  punicmn.  Vas  lomain  contenait, 
avant  la  premiereguerre  punique,deux  cent  quatie-vingt- 
liiiit  scripula,  allenUu  qu'il  pesait  une  livre  ou  douze 
onces ,  et  que  cliaqiie  once  (itailde  24  scripula. 

XIII.  Fundanius/ructuosior,  etc.  ValiMC Maxime,  vii i, 
1 ,  7,  raconte  a  ce  siijet  qiie  M.  fimiliiis  1'orcina  s'altira 
rindignation dii  peiiple  romain,  et  fut  nienic  mis  eii  aceusa. 
tion  pour  avoir  fait  constriiire  dans  ses  doinaincs  niie  villa 
tropsomptueuse.Ce  fait  remonte  a  Tan  016  de  la  fondation 
de  Uoine. 

XIV.  Primum  nnturale sepimenlum  rivcesepis,  quod 
obserl  solet  virgultis  aul  spinis,  qiml  hubctradtces,  uc 
viatoris...  Allusion  a  la  coulume  qu'avaient  les  Roinains  de 
porter  des  flambcaux  allumes  dans  leurs  voyages ,  ou  leurs 
[ironienades  nocturnes. 

Ad  viain  salariam  in  agro  Cruslumino.  Cest  cette 
nieme  voie  dont  parle  Cic(5ron  ,  I)e  natura  deor.,  iii,  5, 
et  qiii  condiiisait  de  laporte  Colline  au  pays  sabin. 

Qitod  ex  tcrra  etlapillis  composilis  in/ormis,  utin 
Hispania...  Cesesptees  de  clOtures  .sont  aiijourd'hui  ea. 
core  en  usage  daiis  pliisieurs  parties  de  la  France,  oii  elles 
sont  connues  sous  le  nom  de  yi'isi.  Goilfon ,  dans  son 
trait(5  de  VArt  dumacon  piseur,  entrc  dans  de  grands  Ai- 
tails  sur  ce  raode  de  cl(5ture. 

XVII.  Alii  in  tres  partes  instruinenti  genus  :  vocale, 
in  (juo  sunt  scrvi ,  semivocale  in  quo  sunt  boves,  mu- 
taiain  quo  suntplaustra.  Cetle  assimilation  de  resclave 
afinstrumentpassif  etinerte,cette  gradation  de  la  cliosei 
la  bfile  etde  la  bcUe  a  r6tre  bumain,  (pii  ne  consiste  que 
dans  la  voix ,  ou  dans  la  voix  plus  ou  moinsarticul^je,  est 
rexpression  la  plus  naive  de  Texcfes  d'insensibiIit(S  oii  Tan- 
tiquite  (5tait  tonib^e  k  T^gard  de  toute  une  classe  d'honimes 
qui  ne  devait  originairement  cetle  condition  qu'au  mal- 
lieur  d'itre  vaincus. 

lique  quas  obcr.rarios  nostri  vocitarunt.  Nous  avons 
trada'\tobcerariosfi!ivl'e\press'maengag6sii/or/ait.Celle 
interpr(Station  ne  s'(;Ioigne  pas  de  la  racine ,  et  s'accorde 
niieux  (\a'c.ndett(i  oii  obiiri'.  avec  le  sens  g(5n^ral  du  pas- 
sage ,  oii  il  est  fail  distinction  dcs  diverses  conditions  de 
salaire.  Nous  n'ignorons  pas  cependant  que  Varron,  dans 
ses  Origines,  en  giineral  fort  douteuses,  mais  qui  pour- 
laient  avoir  raison  sur  ce  point,  dit  que  le  mot  obrernrii 
expiime  le  conlrat  par  lequel  le  diibiteur  s'acqiiitte ,  en 
loiiant  soii  travail  pour  nn  lemps  donni;. 

XVIH.  Cato  dirigit  ad  ditas  metas....  (Voir  le  trait^ 
d'agriculture  de  Caton,  cli.  x  el  xi). 

Optlo.  Scaliger  lait  veiiir  le  iiiot  opilo  du  grec  otiTfb- 
V.o'i. 

XXI.  Clousas  (lorinlre...  Ce  passage  parait  appartenir 
au  livre  II ;  saiis  doule  Tordre  des  chapities  aiira  (5t(Sin- 
teiverti  parqiielquc  eopistepeu  intcUigent. 


AOTES  SUR  i;AGRICL!l.nu{I<:. 


XXVI.  Proplercas  flf/ienHi/....NoiisaTonsciu(Ievoii-, 
avi'C  Ponledein ,  clianger  dans  la  tiadiiction  eax  en  oliis , 
le?oii  <|ni  se  trouve  d'ailleurs  justifiiSe  par  le  passage  du 
cliap.  16,  011  nous  lisons  :  Vt  vitis  adsit  ad olus  fnrere, 
solet.  .Scali;jer,  qui  d^fenil  eas,  a  tort  de  cruire  (iu'il  j  avait 
antipatliie  entie  la  vigne  et  le  cypr^s. 

XXIX.  Dicltur  porca  quodea,  seges  frumcntnm  por- 
ricit.  Varron  se  montre  prodi^ue ,  et  n'esl  pas  toiijom  s 
heureux  en  ('Ijmologies.  Ilsuflitdes  nombieuses  cnulia- 
(lictions  011  il  loinbe  i\  cet  ^gaid  pour  prouvcr  couiliicu 
.>es  conjeclures  sonl  liasard(ies.  .Ainsi ,  par  exeniplc  ,  le  mot 
messis,  ditil  dans  un  endroit ,  ne  s'entend  piopicnicnt 
(pie  des  clioses  qui  se  inoissonneiit  (rpiw  melunlur);  et 
plus  bas ,  en  parlant  des  differentes  manii!res  de  nioisson- 
!icr,  il  fait  dijiiver  le  mfime  mot  de  medius,  parce  iiuc  , 
cn  coupaut  le  ble,  onle  tenail  par  lo  niilieu. 

XX.XI.  Quod  ila  occidunt,  occare  diciint.  .\iitie 
preuve  delamanie  deVarron  ponr  les  (5tymologies.  En  e(- 
fi't,  conime  Tacle  qn'exprime  le  mot  occare  impli(]ne  Ti- 
d^e  de  destritclion,  iiotre  auteurn'a  point  liijsile  ii  faire 
d^river  ce  mot  de  occidere ,  d^truire ;  bien  qu'il  soit 
prouv(>  que  occalion  pour  racine  le  verbe  oeccecare.  Ici 
Ton  peut  opposer  a  Varion  rautorite  de  CictTon  liii-nii>ine 
(  de  Sencclute,  cap.  13). 

.VL.  l'l  sint  obscura.  Voici  ce  qiie  dit  Pline,  wii , 
H  ,  de  la  senieuce  du  cyprcs  :  Miiiiniis  id  rjranis  cnns- 
tiil,  tit  ri.r  jiirspici  qucedam  possinl ;  non  omillendo 
nalurce  miraculo  ctiam  parvo  rjirjni  arbores.  Un  na- 
turalisle  moderne  a  fait  remarquer  qu'il  y  avait  ipiel- 
ipie  exag(;ration  dans  ce  que  disent  les  ancieus  dc  l'c\i- 
Riiite  dcs  seniences  du  cypres. 

Qaas  alii  clavnlas,  alii  taleas  appellant.  Tliiio- 
pliraste  appelle  en  effet  la  cime  d'uu  arbre  icO.zi.a.  IJe  ce 
luot  lesLatiiis  ontfait  talea- 

Hoc  sequunlur  muW....  Voici  ce  qiie  riiae  dit,  15, 
17,  a  ce  iiK^nie  sujet :  <i  Au  reste,  la  religion  ne  perini^t  pas 
qu'on  grefle  les  arbres  indifft'reminent  les  uiis  siir  les  au- 
li es ;  elle  ^('fend  ifentcr  sur  Tt^piiie  ,  |  arce  ^\\i  il  scrait  dif- 
licile  d'en  ddtuuiner  la  fouilre.  » 

Ex  arliure ,  e  qua  qtcis  vult  liabere  surculum  ,  in 
eatn  ,  qunm  inserere  vult ,  ramuluin  traducit ,  et  in 
ejus  ramo  pra'ciso  ac  dijisso  implical.  Ce  passage 
est  presque  impossible  a  construire  graiiimaticalenient, 
i  moins  d'adinetlre  avcc  Pontedera  que  rordie  primilif 
des  mots  a  H6  entiiiiement  interverli  par  les  copislcs; 
de  sorte  qu'il  faudrait  constniiie  la  plirase  de  la  manieie 
suivante  :  Traducit  lumramulum  ex  iilrnque  parle, 
qicce fissuram  inlrnt ,falce  exlenunlum  in  cjusramn 
praciso  ac  difis.w  iinplicat ,  qvi  conlinrjit  ilrc ,  nt 
ex  una  pnrte,  qun  cullum  visurus  est ,  etc.  Coliiiiiclle 
parle  du  mfnie  pi  oci^di; ,  v,  1 1  ;  Pline  cn  fait  aussi  menlion 
aii  livre  xvii ,  30. 

XLl.  In  crcseendo  tarda ,  in  lioc  enim  humidiora 
quam  aridinra.  A  quoi  faiie  rappoilcr  in  lioc?  Les 
commentateurss'^puisent  en  vaines  coiiject'iies.  G(ssncr 
avoue  francliementque  ces  paioles  .sont  des  plus  ob.scii- 
les ;  mais  il  ajoiile  que  cette  raison  ne  lui  avail  pas  pai  ii 
snflisante  pour  lcs  clfacer. 

XLIV.  Serunlurfabre  modii  IV  in  jugero  ,  triliri 
V ,  ordei  VI,  elc...  On  troiive  dans  les  auleuis  ilrs 
niilioDS  tris  curieuses  sur  la  fertiliti"  de  cerlaius  siils  diiiis 
les  temps  anciens.  Ce  que  dit  Varron  siir  celle  di^s  en- 
virons  de  Sybaris  ctde  liysacium  est  c/mfirm^  sur  tous 
lespoints  par  Pline,  qui  s'clend  plus  longueinent  sur  ce 
sujet.  D'apiis  cet  auleiir,  on  y  recueillaitdans  celtc  der- 
iii(Te  loraliti!  jiisqii'a  cenl  cinqiianle  fois  la  semeiice;le 
ni()nie  aiilcur  ajoiile  ,  xviii,  IO,(pie  le  gouverneur  de  ce 


I.'i7 

pays  envoya  a  Aiiguste  pris  de  qiiatre  cents  tiges  piudiii- 
tes  par  nn  seiil  grain.  Ou  euvoya  (Sgalement  une  toiilTe 
de  trois  cent  qiiarante  tigcs  a  Xeroii. 

XLV.  .Ercfrigorecingunlur,  etc.  Entre  les  dilKren- 
tes  lccons,  qui  porlent  lcs  uues  lingunlur,  les  autics 
languntur,  et  d'aulres  encore  stringunlur,  ou  reslrin- 
gunhcr,  nous  avoiis  cru  devoir  nous (k^cider  poiir  cinguii- 
lur,  a  cause  du  passage  de  'rii(!oplii;isle  dont  cette  pliiasi; 
parait  avoir  6li  lk6c  :  oti  t»  ii.i-i  avM  -/.mWstii  Sti  t6v 
TispiS  ispa  '{"JXP^''  tivTa. 

Nisi  qicn  lepor  vcnil  snlis.  Celte  Ii>i;j):i,  que  iious 
avons  retablie  dans  le  lexleavec  Scliueidcr,  est  parfaitc- 
luent  jiistilKiepar  ce  passagede  Pliue,  xvi,  sn  :  Quidnm 
non  nllius  descendcrc  radices,  qicam  sulis  cnlur  lcpe- 
faciat. 

XLVIII.  Ea  qtcce  mutilala  non  esl ,  in  nrdeu  cl  Iri- 
tico.  Ce  passage  rappelle  ccliii  dc  Ciciirnn,  De  srne- 
ctule,  l:"i  :  Qiiir  nira  fibns  slirpiuiii  sensinc  adule- 
scit,  eulmnqnc  erccta  geniculalo  vaginis  janiqiinsi 
pubescens  includtlur;  e  quibus  qiiuiu  cmerserit ,  fuii- 
dit,  etc. 

L.  Batillum.  l.'usage  du  baliUuin  rc^sulte  claiieiucul 
(Viiii  passagede  Pline,  XVIII,  72  :  GalliarumlatifttniHis 
vnlli  prregrandcs  dentibusin  margineinfcslis  diceibns 
rolis  per  segetem  impelluntur,  etc...  Sclineider  pense 
que  le  balillum  irest  aulre  cliose  qiie  le  vallum  doiil 
iious  parle  Pline,  xviii,72. 

LV.  Qici  qunlicl,  )ie  «(?iw,?K)»,  elc...  Pline  dit,xv, 
2:  Qui  eaulissiiiif  arjunt,  arundine  levi  ictii ,  nec 
adver.ws  percutiunl  ramos;  sic  qunqtce,  etc... 

Pcr  serias  ac  vasa  ulearia  et....  Qtcre  res....  Cetle 
plirase  porle  rempreinte  des  diff(5rcntes  corrections  teii- 
ties  par  les  nonibreux  comnienlateurs.  Nous  noiis  borne- 
rons  a  faire  reniarqiier  ipren  lisant  per  semi  vasa  aii 
lieu  de  perserias,  et  eu  faisant  lapporter  .sc;i«  aux  .six 
pressoirs  dont  parle  Varron,  i,  22,  on  ferait  disuaraitre 
toote  diflicull^. 

LIX.  ElqtccB  antea  nncstea  vocahant,  nunc  mcli- 
mela  appetlanl.  Pline  parle  ^galeincnt  de  ces  pomnics 
dites  muslea  ct  mcliniiia,  \v,  15  ;  Miislea  a  c-iieri- 
tale  milescendii  quia  nuiie  melimcla  dicunlur  a  sa- 
pore  mcllco. 

Mala  eolonea,  strulken  in  pensilibus  jtcnclis.  Ccde 
plirase  a  616  certainenient  falsirK^e.  II  a  6U  iiiiiin^silile 
de  lalier  avec  ce  qiii  pietiide,  et  de  rexpliqucr  sullisaiii- 
ment. 

LX.  Patcsens  aridns.  Le  mot  riridaji  ne  sc  iroiive 
point  dans  le  tcste  de  Catou  cilii  par  Varrou.  Pline,  qiii 
rapporte  le  infime  texte,  Ta  retranclKi  ('galemenl ;  Poiile<le- 
ra  le  reinplace  iiar  albas.  Ce  qu'il  y  a  de  certain ,  c'est 
que  le  mot  albas  est  aussi  d(iplac(5  que  celui  iVaridas ,  et 
qii'il  scrait  peul-ctre  plus  raisonnable  de  lire  virides. 

LXI.  Qtcod  slatim....  Tout  ce  cliapilre  est  eiitacli(i 
d'iiK:orreclii)n ,  ct  iioiis  sommcs  portiis  a  croire  qu'il  iie 
formait  qu'un  avec  celui  qui  piiicede;  de  sorte  qu'il  faii- 
drait  peul-eire  r^tablir  le  texte  dc  cctte  nianiere  :  Ctim 
eslolea  crprcssa,  quod  slalim  effluxerit  de  ea,  qui 
cst  /iiiinor  riqtcalilis  ac  relrimcnlum,  condittcin  in  vns 
firliletdquidcm  sicsulcnl  tueri,  etc;  ...  tunc  dccnguunt 
in  n/icnts  leni  irjni  duasparles,el  refrigeratuineundunt 
in  vasn  ;  litm  dintquc  ndusum  rcclc  promilur.  Stcnt 
ilein  nliir  cundiliunes....  musluin.  Ce  qiii  nous  conliriiie 
encoiedans  cetlc  conjecluie,  c'est  le  passage  ;ie  Pline, 
XV,  4  :  OlivcE  condiuntur  amurca  sapave.... 

LXIII.  In  sole  ponere  oporlel  aqtcre  calinos.  II  ost 
indispensable  d'inlcrcaler  eiitre  oporlet  et  aqurv  la  par- 
l\c»\ealqice,  qui  se  trouve  d'ailleurs  dans  lcs  ancieniics 
''Jitions. 


NOTES 


LIVRE  II. 


INTRODUCTION.  llaque  anmim  ila  dirismtnt ,iit  no- 
nisinodo  dicbus  iiibanas  res  vsiirpai^ent,  re.liijuis  vii 
ul  rura  colerenl.  Tous  les  neul  j  uirs  ,  il  y  avaita  Rome 
ua  inaicli(S  public  appelo  mtndina: .  Comme  les  habilants 
de  la  campagne  s'y  rcndaient  en  foiile ,  on  prolitail  de  ces 
jours  pour  faiie  passer  des  loisqui  toulcfois  ne  pouvaient 
fitre  piibliees  qu'apri!s  avoir  et(!  proposiSes  ainsi  pendant 
trois  jours  de  niarcli(5s  cons&utifs,  alin  qiic  les  citoycns 
fussciit  a  mSinc  d'en  prendre  comiaissance. 

.Si  nonmullisvocabitlisretinneantgrcBcis.  npoxoiTtiv 
(Slait  la  pi^ce  qui  pr(5c(!dait  la  cliambre  i  coiicber,  et  dans 
laquelle  setenaient  les  esclaves ;  ■itocXaiu-pa,  lelieu  reserv(5 
aiix  cxercices;  airoSuTTipiov  Stait  la  picce  oii  Ton  se  desha- 
billait  avant  d'entrer  aux.  baiiis;  opviOiuv  <;tait  le  nom 
donne  aux  voli6res  en  g(;ii(5ial ;  TtipitiTcpJwv  (itait  un  co- 
lombier;  et  oTt(opo9T,x-/),  en  giin^iral,  une  serre. 

I.  Citm  Menas  disccssissel Dijn  Scaliger  et  Ursi- 

nus  s'(5laient  apeT(;iis  qiie  ce  comnienccnient  de  cliapilre 
itait  Ironqui^,  et  ipril  devait  ni^cessairement  y  avoir  exist^ 
quelque  autre  pr(5ambule.  Cest  cc  qni  parait  surtout  re- 
sulter  du  chapitre  8 ,  oii  nous  lisons  :  Vcnit  a  Me- 
nate  libertus,  cjui  dicat ,  liba  absoluta  esse ;  ct  puis 
du  cliapiire  5 ,  qui  porle  :  Cum  Q.  Licienum  alnts  salit- 
tassct,  aliits  conviciatus  cs.set,  qui  tani  sero  venisscl 
adconstitutitm. 

Cossinius.  Cest  sansdoute  L.  Cossiniiis  doiitparle  Ci- 
ciion  in  Orat.pro  Bulbo,  c.  23,  ainsique  le  fait  obscrvcr 
Ernesti  dans  soii  index  Ciceroniamts. 

Thales  Milesius,  Tun  dessept  sages  de  la  Grfece.  II  fiit 
le  premier  des  pliilosoplies  qiii  s'occupa  d'astronoRiie,  ct 
qui  prtSdit  une  (iclipse  de  soleil.  II  mourut  dans  un  Sge 
Iris-avanc^ ,  en  assistant  ii  un  combat  de  liitlenrs. 

Zeno  Cittius,  cbef  dela  secte  des  stoiciens,  ct  lclle- 
ment  respect^S  a  Albtnes ,  que  c'(!tait  cliez  lui  qu'on  diS- 
posait  les  clelS  de  la  ville. 

Dicearchus ,  cbef  d'une  secle  dc  pliilosophes  qui  por- 
tent  son  noni.  Fils  d'un  siniple  coiiimeirant,  il  voyagea 
pour  s'instruiie.  11  mourut  h  iMiilaponte  en  Ifalie.  La  \6- 
iKJration  qu'on  avait  ponr  lui  (■tail  si  grande,  qu'on  iil  de 
sa  maisoii  nn  temple ,  oii  on  Tadora  comme  uii  dieu. 

Latincrotas...  Ce  passage  a  donne  lieu  ade  nombreuses 
conjectures.  On  se  demandait  avec  raison  comment  les 
cli(!vres  de  la  Samolbrace  pouvaient  6tre  appel(>es  en  latin 
rotce.  Ursiniis  et  Scaliger  ont  projios^  de  liie  jilatyccro- 
tus.  Scbneider  aime  mieux  lire  strepsicerotas ;  c'est 
oette  espece  de  cbevreuil  qiii  a  le  bois  droit  ct  canneliS,  et 
dont  parle  Pline,  xi,  45.  Cette  dernifere  vaiiante  nous  parait 
meiiter  la  pieferciice. 

Qui  ipsas  pecudes  propter  caritnteni  aitreas  ha- 
bitisse  pelles  tradiderunt.  La  tradition  d'un  b(SIierd'or, 
conserv^  dans  la  famille  des  IVlopides  comme  une  esp6ce 
de  palladium  de  la  royaut^,  se  tiouve  rappeliie  daiis  le 
Thijcste  de  S^nfeqiie.  Le  vol  de  ce  biilicr  est  Tun  des  prin- 
cipaux  griefs  articulijs  par  kUia  coiitre  son  friire... 

Quod  nominaverunt  a  c.apris  j-yjcum  pclarjus.  Les 
clievres  s'appellent  en  grec  aiYe;, 

In  Sabinis  Canterium  montem.  Cantcrius  est  le  noni 
que  les  Romains  donnaient  a  un  clieval  liongre. 

Qitod  Parilibiis  potissimum  condidcre  tirbem.  Les 
Pnrilia  litaieiit  les  fiHes  que  les  p;\tres  c{!l(ibraient  en 
rhonneur  de  la  d^esse  ct  du  dieu  Pales,  le  11  des  kalen- 
des  de  mai. 

l'rvo  urbis...  Voici  ce  que  nous  dit  Servius  dans  ses 
comniciitaires  do  Yirgilo  :  ■■  Loriique  lesancieiis  voulaicnt 
biilir  une  villc,  ils  allclaient  un  taiireau  ct  une  \aclie  i 


une  cbarrue,  en  prenant  le  soin  de  mettre  la  vaclie  du 
c(Hi5  de  remplacemeiit  de  la  ville.  Piiis,  retroiis.saiit  leur 
rohc  et  s'en  couvrant  la  tete  (ce  qu'onappclait  se  ceindre 
9  la  maniere  des  Sabins) ,  ils  conduisaicnt  cette  cliarrue, 
le  inanche  courb^,  du  cdte  de  reniplacement  de  la  ville, 
pour  faire  tomber  les  mottes  de  terre  de  ce  cfltd,  et  tra- 
^aient  un  sillon  de  toute  la  longiienr  des  inurs  qu'ils 
devaient  donner  a  la  ville,  eii  relevant  le  soc  aux  endroits 
deslin&  k  remplacemeiit  des  portes.  Quantau  motM)'tiim 
luimfime,  voici  ce  que  nous  dit  Varron  dans  son  trait^ 
des  Origines ,  iv,  32  :  Iinburuin  fictuin  ab  urbo ,  quod 
itaflexum,  ut  redcat  sitrsum  verstis,  ut  iii  aratro 
qitod  est  ttrbum;  puis  plus  loin :  Btira  a  bubus ;  alii hoc 
a  curvo  urmim  appcllanl. 

Cum  lustratur,  suovitatlrilibus...  Les  suovitauri- 
lin  (Staient  le  plus  consid^rable  sacrifice  que  Ton  offrait  an 
dieu  Jlars.  Ce  sacrilice  se  faisait  pour  la  purilication  ou 
rcxpiation  deschamps,  des  fonds  de  terre,  des  armijes, 
des  villes.  Lcs  suovitaurilia  (itaient  distingufe  en  grantls 
et  petits;  lespetits  (jtaientceux  oiiron  immolaitdejeunes 
animaux,  un  jeune  cocbon,  iin  agneau,  un  veau;  les 
grands  etaient  ceux  qiii  se  faisaient  avec  les  mfinies  ani- 
mauxadultes,  verrat,  belier  ,  et  taureau.  Avant  lessacri- 
fices  on  promenait  trois  fois  ces  animaux  autour  de  la 
ctiose  inipure.  On  immolaitloiijours  leverrat  le  premier, 
comme  ranimal  qiii  niiit  le  plus  aux  semences  et  aux 
moissons,  et  successivement  le  WVier  et  le  taureau.  Cliez 
les  Grecs  le  miiine  sncrilice  avait  lieu  en  rhonncur  d'au- 
tres  dieux;  par  exemple,  de  Neptune  (voir  Homere) ,  ou 
d'Esculape  (voir  Pausanias). 

Monte  Tagro,  qiKvdam  e  vcnto  certo  iempore  oon- 
cipiunt  cqucv.  Pliiie,  x ,  60 ,  nous  dit  :  Quidam  e 
ve.nto  pulant  ea  generari,  qua  da  cnusa  etiam  ze- 
phyrica  appellantur.  Servius,  dans  ses  commcntaiies 
de  Virgile,  G(k)r.,  m,  278,  fait  (igalenirait  alliision  a  ce 
passage:  Hoe  etiam  Varro  dicit:  In  Hispania  ulteriore 
verno  tempore  cquns,  nimioardcrre  commotas,  contra 
rigidiorcs  vent.os  ora  patefaccre  ad  sedandttni  calo- 
reni,  ct  eas  exinde  concipere  etedere  pitllos,  licetve- 
loce.s,  dici  tamcn  miniine  duraturos ;  nam  brevis  ad- 
modiim  vita;  sunt. 

Chordi.  Pline,  viii,  47  :  Chordos  vocabant  anliqui 
posl  itl  temptts  natos. 

If.  Vcntrem  qitoque  ut  habeat  pilosum.  Itaque  qu/r. 
id  non  habcrent ,  majares  nostri  apicas  appclhibant , 
ac  rcjiciebant.  Pline parle  egalemcnt  de  ces  brebis  apica\ 
et  noi>3  dit :  quibits  venter  nudus  essct,  apicas  appcl- 
labaiit  damnabantqtte. 

Item  bince  pro  singulis  ut  procedant.  Xous  fai- 
sons  remarquer  avec  Scbneider  que  le  mot  procedunt  a 
dans  ce  passage  la  signilication  de  valeant,  ducanhtr, 
numerentttr;  cette  lociition  a  616  d'aUleurs  parfailement 
expliqnije  dans  Gronovius  ad  Livium,  v,  48,  p.  213, 
toin.  II. 

Cum  inter  htec  binaloca,  ut  jugitm  continet  sir- 
piculos,  sic  callcs  piihtictr  disluutes  pastiones.  Los 
calles  6ia.\eni  des  chi.'i:i;ii>  r.'srivis  aux  troupeaux  dans 
les  foiiJts  qu'il  fallait  liaMiMi,  liiisi|iron  les  condiiisait 
des piturages  d'6t(i  a  ccux  dliiver.  Schneider  pense  au 
coiitraire  qu'il  y  avait  dans  lcs  lori>ls,  de  distance  eii  dis- 
taiice,  desplaces  enlifcresqui  (itaient  abandoraieesaiix  Iroii- 
pcaux  lorsqu'ils  (itaient  conduils  aux  pitiirages  d'liiver 
011  d'(!l(!,  et  que  cutait  la  co  qiie  Ton  appelait  ciilUs  jnt- 
blicw. 

lia  pascere  pecus  oportet,  ut  averso  sole  agat.  Voiri 
ce  que  noiis  dit  Columelie  a  cc  niii:iic  siijet  :  Si  quidein 
plurimum  referi  ut  nc  pa^iccntiuiii  ciipila  sint  cdver- 
sa  soli,  qtti  pleruinque  iiacct  animalibus  orienle  pra: ■ 


SUR  LAGRICULTURE. 


«.-.0 


(lido sidrrc.  Plino  fait  lumrimo  rccommaiiJatioii,  viii,  73. 

Quumdiu  udmissura  fit ,  eadem  aqua  ulioporlct, 
i/iiod  commutatio  el  lanamfacit  variam,  et  corruni- 
III  f  ulerum.  Les  Gdoponiques  noiis  lecmiimandent  (Jga- 
iiiiient  de  prendre  cette  preiMution  :  toi;  aOrot;  Se  xal  |xv^ 
-:r.'trjm'i  OSai'.  xplsTEOv.  Pline  (lit  an  meme  siijet ,  viii , 
''  :  Malalio  aquarum  potusque  variat  lanicinium. 

Dclcrrenl  ab  saliendo  fisccUis  c  junco,  aliave  qua 
rr  ijuodalligant  adnaturam.Lash^mtioiliuaiiefiscclla 
I.  --iilte  suflisammcnt  du  passage  de  Calon,  54,  oii  il  esl 
•  lii  :  II  iinporte  que  lcs  lioMils  aieiit  la  bouclie  garnie  de 
|n  lits  paniers,  pour  qu'ils  ne  hrouttent  pas  riieibe  en  la- 
liiiiiranl.  lioves  fisccllas  /labcre  oporlcl,  nc  hcrbam 
siclrnlur,  cum  arabunt. 

Dum  arjnoscant  malres  agni  ,  el  pabulo  se  salu- 
II  nl.  lei  nous  avons  piis  pour  gnide  Creseoiiliiis,  qiii 
^.•neralement  nous  a  etii  d'une  grande  utilite  poiir  l'iii- 
lilligence  du  texte  de  Varron.  Cet  auleur  a  ec.rit  en  latin 
iiii  liaite  d'agricultureextrait  en  partie  dcs  agroiiomes  ro- 
niiiins,  ct  cela  i  une  e|)oqii(;  oii  Varron  (5tait  cerles  moiiis 
iliiKitur6  par  les  (■ommentateiirs  qu'il  nc  r(!st  aiijoiinriuii. 
\  oici  cc  qii'il  dit  snrce  point  ;  Cum  parere  iucipiunt 
nifs,  paslores  eas  injiciunt  inea.ilabula,  qua;  ad  ettm 
nm  habciU  scclusa ,  ibique  agnos ,  rcccnler  nalos , 
iil!  iijnem  apponunt ,  et  per  biduum  retinent  cum 
iiiiilribus,  dum  cognoscant  matrem  ct  pabulo  se  salu- 
rnil. 

Sed  ea  (ut  dixi )  in  libro  scripla  magislcr  pecn- 
lis  habel.  Vairon  s'oublie  ea  ce  nioment.ou  pliitotne 
iriisc  plns  ii  .ses  interloculciirs  ;  car  c'est  Allicus  qiii 
paile  ,  el  c'est  Sciofa  seul  (pii  pouvait  dire  ut  dixi. 

iU.  0  Fausiule  noster.  Allusion  au  nom  du  palie 
qiii  avait  noiirri  Romulus  et  R(;iniis  pendant  leur  cn- 
l.oiie.  Mc^lanlliins  etait  legardicn  des  clifevies  d'L'l>sse  a 
llliaque. 

yunquam  enim  sine  febri  .mnt.  Oessner  laconle  a 
iv  piopos  lc  fait  siiivant ;  Vn  enfant  ni;  a  iSimes  pendant 
1 1  peste  de  1029  avait  perdu  sa  noiiirice  a  la  snite  de  la 
1  'iitagion.  Elev^  par  une  cb^vre,  il  fiil  des  son  enlance 
ni  pioiea  uneespece  de  (ievre ,  (pii  iie  le  quitla  point 
Ir  restede  ses  jours. 

Quod  capra.<:  sanas  sanus  nemo  promiltil.  Jeii  de 
inols  riisultant  de  Toppositiou  du  seiis  [iropre  aii  sens  li- 
■^ini  dans  le  inot  sanus. 

I)e  quibvs  admirandum  illud;  quod  eliam  Ar- 
I  hilaus  scribit,  ntm,  %it  reiitjua  animulia,  naribus, 
■•-'il  auribus  spiritum  ducere.  Celte  absurde  uotion 
Mi  liouve  (?galement  cliez  1'line,  liv.  VIII;  Auribus  eas 
.^pirare,  non  naribus.  Aristole,  en  rapportant  celte  ob- 
M  I  valioii ,  la  traite  de  fable. 

IV.  Sed  quis  e  porculaloribus.  L'origine  qne  donne 
Ticmellius  de  son  surnoiii  de  Scrofa  est  bien  diffeieiile 
de  celle  rapporl(;e  par  Maciobe  :  «  Les  csclaves  d'nn 
certain  Treniellius  avaieiit  vol(!  iine  truic  a  un  de  si^s 
voisiHS,ctravaicnl  tuce.  Celiii-ci,averti  dece  vol,  litcei- 
ner  la  maison  de  'l'iemellius  de  fai.-ou  que  ricn  iren  pilt 
sortir,  et  lc  soinina  de  lui  rendre  la  tiuie.  Treinellius  ca- 
clie  ranimal  soiis  les  couvertiires  du  lit  oii  reposait  sa 
femmc,  ct  permet ensuile  au  i(*clamaiit  de  faire  toiites  les 
peniuisitions  qiril  voiidra.  On  anive  aii  lit,  et  ■rremellius 
aflirme  par  senneiit  qu'il  n'a  cbcz  liii  d'auti'e  triiie  ipie 
celle  qui  est  conclK-e  l.i.  Cette  plaisanterie  lui  valiit  le 
surnora  de  Scrofa.  » 

Aec  me  es.te  ab  Eumn'o  orlum.  F.um(<c  HM  lc  gar- 
«licn des  pnrcs  dlHysise;  llomcre  en  fail  Teloge  dans  le 
*'  livrc  de  rOd)s.s(;c. 


Qui  quccslor  cum  csscl  Licinio  I\'ervcu....  TileLive 
noiis  apinend  que  Licinius  Nerva  avait  d'abord  (Stdenvoy^; 
en  HLKodoiiie  pour  faire  rinspection dcs  troiipes ,  et  qu'il 
fut  fait  priiteur  Tan  587  de  la  fondation  de  Rome. 

Ilaque  iis  animam  dalam  esse  proinde  ac  salcm, 
qute  servaret  carne.m.  Les  anciens  aflectionnaient  sin- 
gulicrcnuMit  celle  id(je,  car  ils  Tonl  souvTnt  rcproduitc. 
Leur  csprit  iiliilnsopbiquese  plaisait  a  maf(>rialiscrl'aine, 
en  r.issiiiiilanl  aii  sel  qui  vivilie.  Cicijron ,  de  Aat.  Dcor., 
II ,  M  ,  cn  lait  boiineur  a  Clirysippe. 

Pliiic,  viii,  77 ,  nous  dit  aussi :  Animnlium  hnc  niti.rime 
brulum,  animtunque  ci  pro  sale  dalam  non  illcpidc 
c.rislimabatur. 

V.  Et  Varronem  noslrnm,  inquil ,  7:oi|j.iva  /awv. 
Allusion  plaisainment  familiiire  k  la  qualilicatioii  boiniiri- 
que  des  rois  ct  des  princes. 

In  quo  quidcm,  inquit  Vaccius,  mete partes ,  quo- 
niam  boves  ibi  el  vaccte.  Jeu  de  mols  sur  ranalogie  de 
vaccius  et  de  vacca. 

Ah  hoc  (n  bove)  antiqui.  mtinns  ila  abslincri  vo- 
Juerunl,  ul  capile  sanxerint,  si  quis  occidi.i.ict.  Ovide 
fait  dire  ;\  Pytbagore ,  dans  son  livrc  contre  l'usage  de  se 
nourrir  de  la  cliair  de  ces  animaux  : 

Quid  mcruerc  boves,  animal  sinefraude  dolisquc , 
Innocuum,  simplcx,  natum  tolerare  labores ? 
Ov.,  Mi't.,\\,  120. 

Pline  noiis  npiirend  (?galpmpnt  qiie  le  ba>uf  qui  ciiltivait 
la  lerre  etait  telleinent  respectii  des  aucieiis  Romains, 
qii'il  y  eut  un  citoyen  accus(5  et  coiiilainni;  poiir  avoir  liii; 
iin  (leccs  animaux;  ce  crime  (5galant  ii  leurs  ycux  ciMui 
dn  meuclre  d'un  laboureur.  Le  iiifiuie  fait  est  rapjmrti;  par 
Valirc  Maxime,  viii ,  8. 

Nam  ab  hoc  pecore  Alhcnis  Buzugcs  nobilitalus , 
Argis  Qnogijros. 

Pline,  VII ,  57 ,  pi^tcnd  qnMI  y  cnt  un  AtlK^^nien  dii  nom 
de  Bn7.ug6s  qui  fut  rinventeur  de  la  maniire  d'atleler 
des  ba-ufs  a  la  cb;irrue;  d'aulies  auteiirs  penseut  qiie  ce 
nom  n'est  jias  un  nom  propie,  mais  iine  epitlifele  doniii<e 
a  rinventeur,  ct  formee  des  deux  mots  pou; ,  boeiif ,  et 
joug ,  ^ovo; ,  et  donn(';e  ii  rinventenr. 

Quant  ii  Onogyios,  nous  ii'en  trouvons  trace  dans  aucun 
auleur  ancien. 

Aon  minus  salisfacinm  iibi  quani  gui  Bugoniam 
scripsil.  Ce  qiii  resulte  des  differents  commentaircs 
dec«  passage  est  que  bugonia  (.'lait  une  locntion  iisit^^e 
poiir  expi imer  ce  qu'il  y  a de  plus agieable.  Scaligcr,  api(;s 
avoir  compar^  au  texte  les  e\plic;itions  de  Tiirncbe,  ajoute 
asscz  plaisaniuient :  Si  quid  voluerit  Varro  ncscio;  quitl 
noluerit  scio. 

ISe  gibbcri,  scd  .ipina  leviler  remissa.  Le  niot 
gibberi  ne  se  rapporte  nullement  k  ntires ,  comme  le  pense 
9.  tort  Gessner,  mais  bien  ii  5;)i)ia ,  comnie  le  fait  observer 
Dickson. 

I.anii  qui  ad  cnllrum  hnveni  rmunl ,  cl  qui  ad  iil- 
tariti ,  husliiv  sanilatem  noii  solciit  slipulari.  Celle 
plirase  pai;ilt  tUe  en  contradiction  avec  toutce  qiie  nous 
savous  dcs  sacrificcs  de  rantiqnit^S ,  puisqnc  les  victi- 
mes  (pi'on  immolait  devaient  ;ivant  lout  (Stre  sans  dcf;uils. 
Gessner  dit  ii  ce  siijct  qiruii  aniinal  peut  Ctie  eveiiipt  dc 
diHauts  ,  sansfitre  sain;  de  sortc  qiron  aurait  pii  iiiimoler 
iiii  ba'uf  al'fect(!  de  la  fifevre,  pourvu  qu'il  iie  liit  ni  borgnc 
iii  boilenx.  Sclineiucr,  aii  conlrairc,  fail  obscrver  qiie 
celle  claiisc  dc  la  saiiliS  (ilait  retr;iiicli(5e ,  par  la  seulc 
raison  (pic  lcs  prrlics  eiiv-incoiis  avaicnt  contumc  dc  s'as- 

surer  dc  rcl:il  s.iiiilairc  ilr^  licli s,  sans  avoir  besoiu 

d'en  dcmaiidcr  dcs  wiraiilicsaii  vciideur. 


IfiO 


NOTES 


*  ffoc  sccundum  astri  exorium  facio ,  quod  Grceci 
vocant  Av^jm,  Ficlem  nostri.CeHe  conslellation  se  lcvc, 
(1'apres  rline ,  le  jour  des  nones  de  janvier,  Plin.,  viii ,  20. 

Yl.  :<niiciiiiii  .V.  murcence  optimce flutai  snnt  in  Si- 
ciliii ,  ' '  (V/17K  iicl  Kfiodon ,  conlinuo  hi  pisccs  in 
oinni  inaii  sniulcs  nasctmtur.  Les  murmnce  /lulw 
sont  ce  (;H'on  appelle  en  giec  rXtBtai.  Maciobe  Jious  ap- 
pieiid  (|ne  ces  poissoiis  ^taient  appeles  flutce,  paice  que, 
a  rdrcf  de  floller  a  la  supeiticie  des  eaux,  ils  ^laient  en 
qneliiiie  soite  i;rilli5s  par  rardeur  du  soleil,  au  point  que 
jierdant  toiite  leiir  souplesse,  ils  ne  pouvaieiit  plus  se 
plonger  dans  la  mer,  et  qn'il  etait  lacile  de  les  prendre  a 
la  main. 

yil.  Jltas  cognoscilur  equorum,  et  fere  omniuni 
qtciunyulas  indii>isas  liabent.  C'e  passage,  relatif  a 
rage  du  elieval  el  aii\  nioyeiis  de  le  reconnaitre  a  ses  dents, 
est  tr^s-obscur,  et  puralt  avoir  subi  de  noiiibreiises  al- 
terations.  Sclineider  a recours ,  pour  l'expliquer,aii\  Geo- 
poniques;  et  voici  comnienl  il  letablit  le  texte  :  Quinlo 
anno  incipiente,  ilem  eodem  niodo  amiltcrc  binos 
(scilicel  utrinque)  tum  quos  airos  habcnt  renascen- 
les,  eis  scxlo  anno  impleri  ijncipiunt).  Ce  qui  pa- 
rait  du  reste  conliriiier  celle  interpriitation,  c'est  le  II"' 
livre  de  l'line,  cli.  C4  ,  oii  noiis  lisons  :  Aniitlil  Iricesimo 
■mcn.sc  pri)norcs  nlrinque  binus.  Scquenti  anno  toti- 
dciii  pnijiiHDs,  ciiiii  subeuiit  dicli  columellares.  Quinto 
unnii  iiiripini/c  Jiiiios  ainitlit ,  qui  sexlo  annorenas- 
cuiiliir.  Srpliinu  annuuinncs  liabct  et  renalos  ct  im- 
muliiliiles. 

Curpore  mullo.  Ces  deux  mots  paraissent  avoir  ap- 
parteiiu  a  une  pliiase  enti6re,  dont  ils  ont  ^ld  detaclies 
inal  a  propos.  Dans  risolement  ou  nous  les  trouvuns  ici , 
noHS  avons  pensd  qu'il  fallalt  les  seiiarer  du  reste  du  texte 
cu  les  mettaut  entre  parentliises. 

Cum  menses  ferunt,  signifie  lill^ralement  :  lors  des 
pertes  mensuelles.  Deja  les  Gtopuniques  avaient  leleve 
celte  erreur  en  substituant  aHHMcWc?  a  mcnsuellcs  ,  ce 
qiii  est  aussi  plus  conforme  a  riiisloire  naUirelle  ;  car  on 
pietend  que  ce  pli6nom{!ne  cliez  lcs  juiucnls  ne  se  re- 
piodiiit  que  tous  les  ans.  llparait  au  surplus  que  cette 
loculion,  cum  menses .ferunt ,  ne  doit  poiiit  Ctre  prise 
daiis  le  sens  absolu  que  lui  donnenl  les  commentateurs  , 
et  ipie  menscs  s'eiitend  de  toule  pcrte  periodiqne ;  coninie 
le  inot  menslrualion  ne  comporte  pas  pr(5cis6ment  pour 
limite  rintervalle  d'un  mois. 

Eademque  causa  ibi  frcenos  suspendendum.  Vir- 
gile  dit  aussi  :  Primus  eqtii  labor  est  stubulo  frcsnos 
audire  sonantes.  Ovide  s'est  servi  de  la  miJiue  expres- 
•sion  -.frcena  sonantia. 

Quod  quarlo  die  feccris.  II  parait  que  le  mot  dic, 
que  nous  trouvons  dans  le  texte  de  Schneider,  esl  Tal- 
liratiou  de  decimo;  de  sorte  qiie  dans  le  principe  on  li- 
sait  quarto  decimo  feceris,  ce  qui  esl  d'ailleurs  plus 
couforme  au  sens  de  la  phrase. 

VIII.  Nam  muli  et  hinni  birjencri ,  atque  insilicii, 
non  stiopte  gencre  ab  radicibus.  Pline  ct  Coliimelle 
iious  parlent  (^galement  de  ces  hinni.  Le  premier  nous 
ditau  livreviii,  cliap.  44  :  Equo  ct  asina  genilos  marcs 
hinnos  antiqui  vucabant ,  conlraqucmulos  qiios  asini 
et  equic  gencrarcnt.  L'autre,  vi,  37,  sV\priine  aiiisi  : 
Qui  cx  cquo  et  asina  concepti  gcncranlar ,  quumvis  a 
palre  nomenlraxcrinl,  quod  lanni  rucanlar,  nialri 
peromnki  magis  similes  sunt. 

IX.  Proverbium  ut  tollant  antiquuni  :  vcl  ctiam 
ut  (j.if)ov  aperianl  de  Actceone,  atqiic  in  dominum 
afferant  dentes.  Xous  les  commentateurs  se  sont  mt5- 
pris  siir  le  sens  dc  cclte  plnase,  cn  supposant  ipie  Varron 


avait  voulu  faire  allusion  a  Tanclen  proverbe  :  totscrvi, 
tot  hostes ,  et  par  extension  tot  cancs ,  tot  hostcs.  Celte 
eireiir  lcs  eiitiaine  ii  denaturer  la  signilicaliun  viiritable 
dc.  lolliinl ,  et  a  la  tradiiire  |iar  ruj>iicler.  Nous  croyoiis, 
aii  conliaiie,  qiie  Varron  ;iar  le  mot  provrrbinm  ii'en- 
lcnd  aiiLrc  eliose  quc  la  lidtilile  pioverbiale  dcs  clilcns ;  et 
en  laissant  au  mot  totlant  sa  signilitation  de  dclruire, 
dler,  nous  sommes  naturellement  amen6«a  traduire/Ji-o- 
vcrbium  tollere  par  dimentir  lc  proverbe.  Quant  a  la 
fable  d'Acteon,  toiit  le  monde  sait  qu'il  a  ^1(5  diivoie  de  ses 
propies  cliiens. 

Catuli  diebus  A'.V  videre  incipitmt.  Ce  chiffre  pa- 
rait  etre  contredit  par  Texpiirience.  l)e]k  Aiistote  a  fait 
obseiver  que  le  noinbre  de  jours  pendant  lesquels  ils  soiit 
privfe  de  la  vue  diipcnd  de  rcpoqiie  de  Tannee  uii  ils  • 
sontveuns  au  iiionde.  U'ailleurs  1'line  nous  dit,  viii,  40, 
queplusla  m6re  a  de  lalt,  |ihis  la  vue  tarde  a  leur  venir; 
(le  sorte  cependant  que  ce  n'est  jamais  aprcs  le  21"  ni 
avaiil  le  ~'  jour  de  leur  naissance. 

X.  In  cmtionibus  dominum  lcgitimum  scx  fere  rcs 
pcrficiunt :  si  hcereditatem  jtcstam  adiit :  si,  ul  de- 
buit,  mancipio  ab  co  acccpit,a  (juojure  civili  po- 
tuit:  aut  siinjure  cessit ,  citi  potuit  cedcrc ,  et  id 

ubi  oportuit  :  aut  si  usu  cepil La  maneipation 

de  ceilains  fonds  privil^giiis  se  laisail  avec  beaiicoup 
de  solennit^ ,  et  en  prisence  de  cinq  tcnioins.  Ce  que  les 
Itomains  appclaient  ccssio  in  jurc  (itait  un  iiiode  u'ac- 
quisitiou  bien  plus  simple  que  la  mancipatiun;  li  sufli.sait 
puur  cet  acle  judiciaire  de  trois  personnes;  lacipi(!ieur, 

•  le  propiictaire  et  le  priiteiir.  Vusucapion  etait  1  acquisi- 
tion  du  droit  de  proprieK;  a  tilre  de  possession  |)aisihle  , 
apres  un  temps  piescrit  par  les  lois. 

Atcl  si  eprceda  siib  corona  emil.  Les  esclaves  se  ven- 
daieut  chez  les  Roinains  comme  se  vendent  chez  nous 
les  aoimaux.  Varron  niet  les  pcilres  daus  la  dasse  des 
mulets  et  des  cliiens  :  on  leur  luettait  une  couronne  sur 
la  tcte ,  comine  iious  atlaclions  de  la  paillc  a  la  croupo 
des  clievaux  qiii  soiit  ii  veiidre. 

XI.  Kon  ncgarini,  inquam,  ideo  apuct  divce  Ru- 
mince  sacellum  a  pastoribus  satam  ficuni.  Itelative- 
iiient  ate  figuier  dont  parle  Varron,  ou  bt  daiisPline,  \x, 
20  :  Colitur  fictts  arbor  inforu  ipso  ac  coniilio  liumai 
nata,  sacro  fulguribus  ibi  eondilis ,  magisque  ub  me- 
moriayn  ejtcs,  quw  nutrix  fuit  liomuli  ct  llemi  con- 
ditoris  appellala;  quoniam  sicb  ca  inrenta  c.sl  lupa , 
infantibus  prcvbcns  rumcn. 


LIVRE  IJI. 

1.  Elcnim  velustissimumoppidum  cumsd  tradi- 
tum  groecum,  Lieotice,  Theba;,  quod  rex  Ogyges 
wdificarit.  Ogygiis  est  le  plus  ancien  roi  dont  parle 
l'liibtoiie;  t'est  pour  cela  que  les  Grecs  se  servaienl  du 
raot  wf ij-fiov  pour  d^siguer  uue  chose  lorte  anciennc. 

A'am  in  hoc  nunc  dcnique  csl,  ut  dici  possit,  non 
cum  Ennius  scripsit,  septingenti  stmt  paulo  pltts 
aul  iitinus  anni,  anguslo  aitgtirio  postquam  inclila 
cundilu  j:oma  cst.  Le  poele  l'".Hnius  mouriit  Tan  58» 
dc  la  foudatiou  de  r.onie,  sous  le  consiilat  de  Marcius  lJ|ii- 
lippus  ctdeServilius  Ciipion;  aiusi  le  computcitii,  et  quise 
tiouve  dans  ses  Annales,  ecritesen!)55,  (itaitdeson  vivant 
un  auaclironisme.  II  n'(!n  etaitpas  ainsi  du  temps  de  Var- 
ron;  car  c'etait  en  717  de  la  fondation  de  Ronie  qu'il 
composait  son  livre,  etc'esten  727,suivant  Eus^bc,qu'il 
iniMirut ,  a  ragede  90  ans. 


SUR  UAGRICULTURE. 


161 


Kmn  lingjta  prisca  ct  in  Gracia  woleis  liirotii 
sitie.  afflatu  vocant  collis  Tebas.  ScaliRer  s'alta(lie 
4  proiiver  qiie  rorisine  qiic  Varron  lioniie  a  la  ville  ile 
TliMies  est  lui  mol  plnSnioienqiii  signifiait  navicida ,  peUt 
vaisseau  :  ce  qui  vient  ii  l'appuidecette  c\plication,  c'esl 
qu'on  appellc  en  lidbreu  une  arclie a)ca  (tlieibe). 

II.  Milii  dum  dirimenttir,  inquit,  siiffragia,  vis 
potiiis  villm  ptiblicw  ulanmr  ■umbra.  Lorsqne  le 
peuple  romain  t'tait  assemt)l(5  dans  le  cliamp  de  Mars 
pour  donner  son  siiffrage,  une  partie  se  retirait  dans  la 
villa  publiqiie  penilant  qu'ou  depouillait  le  .scrutin,  et  le 
resle  se  mettait  a  ronibre  sous des  tentes  qiie  lescandidats 
faisaienl  dresser  daiis  le  cliamp  de  Jlarspour  eux  el  leurs 
partisans.  Corame  ces  tentes  (Staicnt  mal  construites.mal 
couvertes,et  souventdop  petitespour  le  noinbrc  de  per- 
sonnes  qu'elles  avaient  4  recevoir,  Varron  les  appelle  di- 
midiatie.  On  voit  dans  Ovide  qu'elles  (Staient  couvertes 
de  fenillages  et  de  toges  :  Suntguibus  e  ramis  frondca 
faeta  casa  est.  Parssibi  pro  riyidis  calamos  slatucre 
columnis,  Dcsupcr  extcntas  imposuere  togas. 

Sedebat  ad  sinistram  ei  Cornelius  Mcnda  consu- 
lari  familia  ortus,  et  FirccUius  Paro  Reatinus,  ad 
dextram  Minulius  Pica,  et  M.  Pctronius  Passcr. 
Tous  ccsnoms  sont  des  noms  d'oLseaux ,  ce  qui  niotivc  la 
})laisauterie  d'Axius. 

J\'w)ic  uH  hic  vidcs  citrum  aut  aurxim.'  On  juge, 
par  plusieurs  (Spigrammes  de  Blartial,  qiie  cc  bois  ^tait 
plus  prfoieux  i  Ronie  que  l'or  mfime.  Mcnsa  citrea.  Ac- 
cipe,  felices,  atlantica  munera,  silvas  :  Aurea  qui  de- 
derit  dona ,  minora  dabil.  Pline  dit  t'galenient  que  si 
les  liouimes  reprocliaieut  Ji  leurs  femmes  leur  luxe  en 
pierres  priScieuses ,  celles-ci  reprocliaient  a  leurs  maris 
leursfolles  d^peiises  pour  des  tables  eu  citrounier. 

Vestigium  ttbi  sit  ntdlttm  Lijsippi  aut  Antiphili, 
sed  crebra  saloris  et pastoris.  Lysippe  ,  fameux  sculp- 
teur,  qu'AleNandre,  regardait  conime  le  seul  djgne  dc  faire 
sa  statne,  i^laitdeSicyone.  Pline,  xxxvii ,  7,  nous  dit  qiril 
avait  fait  1500statues,  et  quc  cliacune  d'elle<  auraitsulfi 
pour  fairc  .sa  riSpiitalion  comnie  sculpteur.  Cc  nombre  est 
calcul^  d'apres  la  qiiantiti;  de  pieces  d'or  quc  Ton  trouva 
apres  sa  mort  dans  unc  cassette  oii  il  avait  coutume  d'en 
mettrc  une  en  r(!serve  cliaque  tois  qu'il  toucliait  le  prix 
d'une  statue.  Quant  i  Antipliile,  Pline  nous  dit  qu'il  (!lait 
itgypticu,  et  peinlre  mediocrc  :  Varron  le  met  k  cCil6  d'im 
fameux  sculpteur ,  pour  faire  ressortir  lc  mauvais  goilt  de 
son  temps,  qui  consistait  i  avoir  des  tableaux  leprescn- 
lant  des  persomiagcs  dans  le  genre  bouffon  connu  le  nom 
de  grtjllus. 

Kisi  si  apud  Se.ium  Sicttlumftt  mel,  Corsieum  in 
Reatino.  Le  miel  de  Sicile  etait  un  miel  doiix ,  provenant 
d'Hybla,ou  lc  lliym  abondait;  tandis  quc  lc  miel  de 
Corse  avait  mi  goCit  anier,  parce  qu'il  etail  exlrait  do 
rabsintlie. 

L.  Albutius,  homo  upprime  docltts,  cujus  Lticiliano 
charactcre  sunt  libelli.  Ce  n'esl  point  ce  mi5me  Albu- 
tius ,  comme  le  dit  i  tort  .S.  de  la  Conneteric,  q\ii  pcndant 
son  cxil  a  Atliines  s'occii|)ait  de  sciences,  et  dout  parle 
Cic^ron  dans  son  trait^  De  finibus,  liv.  i,  cli.  ;i;  rAlbn- 
lius  (lont  parle  Varroii  aecrit  des  satires  dans  le  style  de 
Lucilius,  premier  pocte  satiriqiic  des  Latins. 

Mincrval.  On  appclait  .Mincrval  le  piCscnt  que  les 
6coliers  faisaicut  a  leur  maitre  lc  jour  de  la  f(!te  de  Mi- 
nerve. 

III.  Quis  habcliat  piscinam  ,  nisi  dttlcem,  et  in  ea 
dttmtaxat  sqttalos  ac  mugiles  pisccs.  Squalus  signilie 
uu  poisson  doiit  les  (:railles  sont  tr^raboteuses.  Plinc , 

VAKRON. 


i\ ,  24 ,  met  ce^  sortes  dc  poissons  dans  la  dasse  de  ceux 
ipii  au  licu  d'arftt>s  iront  quc  dcs  cartilagcs;  avec  cette 
diriiMiMKc  (piils  uc  sont  point  plats.comme  les  autres 
poissonscarliliigincu);.  Quant  aux  mugilcs ,  le  m6me  au- 
teur  nous  dit,  ix,  18,  queccs  poissons sont  si  souples  et 
si  k^gers  qu'ils  saulent  par-dessus  nn  vaisseau;  il  ajoute 
plus  loin  quc  lors(prils  sont  effray(5s ,  ils  se  caclient  la  lile 
dans  reau,  et  s'imagiueiit  dcs  lors  que  le  reste  de  lciir 
corps  cst  ^galcmeul  caclid.  Suivant  rinterpretation  des 
traductcurs  de  Pline,  nous  avnns  rendu  mtigiles  par 
mulets.  Ccpendant  le  passage  de  Yarron  que  nous  avons 
citi;  au  commencement  (le  cettenotea  fait  demanderi  plu- 
sieurs  commentateurs  commcnt  lcs  mulcts,  poissons  de 
mcr,  pouvaient  se  conserver  dans  Teau  douce ;  objection 
qui,  tombe  d'elle-mfime ,  puisque  tout  le  mondc  sail  qiie 
les  niulcts  vivcnt  tSgalement  dans  les  riviferes  et  dans  reau 
sal&. 

Quis  contra  nunc  Rhinton.  Gessner  pr(5tend  que 
sous  c.e  noin  cmpnmt^  Varron  veiit  d^signer  lcs  com(S- 
diens  l5sope  piire  ct  fils ,  tous  deux  connus  nar  leiir  gour- 
mandisc  et  leur  prodigalitii ;  comme  on  peut  le  voir  dans 
Pline,  X,  51  et  72.  Ce  passage  de  Varron  peint  d'ail- 
leurs  on  nc  peut  mieux  le  luxe  des  Romains  de  cette 
(Spo([iic;  et  Columelle,  vin,  IC,  4,  le  rcpioduit  de  la  ma- 
nicrcsuivante  :  Itaquc  Terenlius  Varro,  Nullus  est, 
in//uil ,  hoc  scctilo  nebulo  ac  RJiinton,  qtti  jam  non 
dicat  nihil  stia  inlcresse,  utrum  cjusmodi  piscibus, 
an  ranis  frequens  habeat  vivarium. 

IV.  Illc  ego  vero,  inquit,  (ut  aiunt)  post  prin- 
cipia  in  castris.  On  appelait /«'inci/im  castrorum  Ten- 
droit  oii  iUil  la  tente  du  g^Sneral,  cclle  des  Iribuns  raili- 
taires  et  des  premiers  oflicicrs.  Cest  li  aussi  que  se 
gardaient  les  aigles  des  lijgions  ct  Icsdrapeaiix  des  coliortcs. 
Oii  liii  donnait  le  nom  de  principia,  parce  que  c'etait  la 
tt^le  dn  canip  [prineipium) .  DelAcesIocutions:  esse  apud 
principia,  inprincipiis,  post  principia. 

V.  Vt  miliaria:  ct  coturniccs.  Rclativement  k  mi- 
liario',  VaiTon  dit  dans  son  TrailiS  de  la  languc  latine, 
livre  4" :  Ficedulce  etmiliariai  diclCB  a  cibo :  qttod  alte- 
rce  fico,  altercB  milio  ftant  pingues.  Nous  avons  en 
fran(;ais  le  mot  becfigiie  qui  correspond  iificeduliv;  mais 
celiii  de  miliaria  (oiseau  qiii  se  nourrit  de  millet)  n'a 
pas  d'(5quivalent  dans  lalangue. 

Osliuni  habere  htimlle,  et  angustum,  el  potissi- 
vium  ejus  generis,  qtiod  cochleam  appellant.  Ces 
esptecs  d'eiilr(k> s  (Staient,  d'apres  Gessner,  cintrees,  et 
ouvcrtes  dans  une  .seule  parlie;  de  sorte  quc,  toumantsur 
cllcs-m(5ines  au  moycn  d'une  vis,  ellcs  iic  livraient  k 
ranimal  d'autre  passage  que  cclui  qirou  voulait  bien  lui 
donncr. 

Ad  spcciem  cancellorum  sccnicorum.  Les  cancelli 
^laient  des  places  reserv^es  aiix  speclateurs  dans  lcs 
tliiiitrcs.  Elles  consislaient  dans  des  planclies  parallfeles 
aux  gradins,  et  garnies  dc  barres  perpendiculaires  pour 
soulenirle  dosdc  ceux  qui  (^taicnt  assis  sur  lcgradin  in- 
fiiripiir,  afin  qu'ils  ne  pussent  pas  se  jeter  en  arriire  sur 
ccux  du  gradin  supijrieur. 

Inr/uo  diceres  longe  vicisse  non  modo  Archetijpon 
invcnloris  nostri  6pvi0o-:po;;:{uv  M.  lAclii  Strabonis. 
Pliiic ,  \  ,  ')0 ,  nous  [larlc  aussi  de  cette  invention  :  Avia- 
ria  primus  instituit  incltisis  omnium  gencris  avi- 
bus,  M.  LccUtcs  Strabo,  equestris  ordinis  Briindi- 
sii.  La  dcsciiption  qiie  Varron  nous  donne  ici  de  sa  vo- 
liftre est  un  des  morccaux  les  pliis  intiiic.ssants ct  cn  inCnie 
temps  Tun  dcs  plus  ob.scurs  dc  toul  rouvrage.  II  a  de  toiit 
tem|is  fait  le  sujct  dcs  rccliciclics  les  plus  actives  de  la 
part  dcs  .savants,  qui  se  soiit  attaclids  siirtoiit  a  r^tabJir 


1G2 


NOTES 


un  tcxlc  niutiliS,  co!Toni|Hi  et  d^ilgiir(S  de  niille  iiianitjres 
par  les  anciens  copistes  et  par  les  grammairicns.  II  cst 
vraiment  ti  legrelter  que  de  nos  jours  aucun  arcliitecte 
anliijuaire  n'ait  apporlc  daas  retude  de  ce  nionument  ses 
notions  speciales  et  pratiques  au  secours  de  la  pliilologie. 
llenscrait  rfeultc  sans  doute  de  nouvolles  Uimi^res  sur 
rcconornie  de  ce  singulier  specimeii  ilr  I';uili(piilc,  qui , 
dans  la  rclation  confuse  et  presqni'  i'iiii;iiiiiliiiiii'  qin:  iiinis 
cuonttransniiselesmanuscrits,  piTscnlrciicuiv  iiiiiiiriciix 
a|ioiTii  do  l'iHat  de  Tart,  du  hixe  ct  des  nia-ins  aii  teuips 
oii  i'(ii\;iit  l'auleur.  Parmi  les  pliilosoplies  nous  devons 
plaiir  aii  pieiuier  rang  Turnfebe,  qui  dansses  Animadvcr- 
sioncs,  liv.  xM,  ch.  18,  a  discut^  ce  passage  avec  une 
profonde  erudition ,  et  essay(i,  sur  les  seuls  (^Ii5nients  que 
lui  louruissail  le  texte ,  de  reconstruire  la  voli^ie  en  enlier. 
S.  A.  de  Scgner  a  ^galemcnt  decrit  une  partie  de  cette  vo- 
lii^re  {de  Ornithnne  Yarronis  minore  el  rolundo.; 
Lipsice,  1773).  Goiffon,  de  r£cole  royalo  viStiSrinairc , 
uous  a  donne  iine  traduclion  de  ce  chapitre,  avec  des  iiotes 
excg^liques.  Cest  cc  travail  que  Sab.  de  la  Bonneterie  a 
cntit:reinent  reproduit  dans  sa  Iraduction,  sans  indiqiier 
la  source  oii  il  avait  puis^;  et  hitons-nous  (i'a]onfcr  que 
c'est  la  iin  des  nieilleurs  cliapilres  de  son  ouvrago.  C'c- 
pciidaiit  le  travail  de  Goilfon  est  loiii  d'ftlre  complet :  la 
siliialioii  des  parties  qui  composent  la  voliiirc  n'cst  pas 
tdiijdiiis  indiqu(5e  avec  exactilude;  il  a  gliss(5  sur  lcs  dif- 
lidillcs  gianimaticales,  et  n'a  pris  conseil  qiie  de  son  inia- 
giii.ilidii  pour  interpreter  des  passages  obscurs  que  la  cri- 
iKluc  clait  seule  en  droit  d'(iclaircir. 

Ab  insula  nd  Miisceum  qum  est  ab  imofluvio.  Cetlc 
topographie  du  cabinet  de  travail  de  Varron  rappelle 
celuideCiciVon.  Venlian  in  insii/ain  csf,  dit-il,A,cr/. ,  ii,  1  ; 
hncvcroiii/iil  csf  iimrriiiiis;r/rnnii  /iiirijiiiisi  i  ii.s/ nijin- 
ditur  Filirriiiis  r/,  ilinsiii /niiiiili/rr  iii  iliiiis iiiirfrii,ln- 
lerahwcdlhiit,  rupidci/iic  diliipsus,  cilu  in  iiiuiin  con- 
fluit,  ct  tantum  complcctitur,  quod  snlis  sil  mcdicie 
palastrce  toci.  Quo  ef/ecto,  tanr/uam  id  lialnierit  o/ie- 
ris  ac  7nuneris,  %it  hanc  nobis  e/Jiccret  scdcm  ad  dispu- 
tandum ,  statim  prwcipitat  in  Lirem. 

Deformatus  ad  tabulce  littcrarice  speciem  cum 
capitttlo.  Scaliger  fait  remarquer  qiie  la  Ibrme  des  ta- 
blcttes  au  moyen  desquelles  les  enfanls  apprcnaient  a  lire 
et  a  ^crire  ^tait  celle  d'un  carre  long,  ctsuimonl^  d'nne 
espiice  de  chapiteau  trouS,  qui  servait  ii  Ics  suspeiidre. 

Ad  hcec,  ita  ut  in  margine  qua.ii  in/imo  tabulce 
descripta  sit  ambulalio,  ab  nrnithone  plumuln ,  in 
qua  media  sunt  cavcce ,  qua  introrsus  iler  in  iirrinii 
est.  Tous  les  comnientatcurs  regardent  nnaniiiiciuciit  lc 
mot  plumtila  coninie  ayant  616  vicie  dans  son  oiigine. 
Gessner  suppose  qu'il  y  avait  eu  primitivement  P.  occcc 
via,  c'est-a-dire,  via  pedumnonrjentorum.  Goiffoii  tradiiit 
ainsi  :  «  De  sorte  cependant  qu'il  y  a  cntre  cette  promc- 
«  nade  et  nia  voliere  iiiie  esplanade  de  58  pieds  de  long, 
«  au  niilieu  de  laquelle  lepond  la  principale  porte  par 
«  laquelleon  y  entre.  »  Cetle  nianicie  de  traduire  fcrail 
croire  qiril  avait  ainsi  corrig(5  le  texte  :  Ab  hac  inter 
ornilhonem  area  est  P.  longa,  in  gua  mcdia  sunt 
II  riinarqii  dans  une  note  quc  cavea  a  ici  la 
signilication ,  de  porte,  passage.  Schneider  rSfute  cette 
interpriitatiou  en  ajoulant  que  cavece  doit  plutdt  appar- 
tenir  a  la  phrasc  suivante  :  Hcec  sunt  (cavece)  avibus 
omne  genus.  Quaiit  au  luot  plumuta,  il  n'est  guere 
possihlc  d'y  trouver  rindication  priniitive  d'un  chiffie , 
les  diff(5renles  propoi  tioiis  de  la  volicre  ayant  6i6  asse/. 
delermin^Ses  pour  que  rauteiir  n'ait  pas  besoiii  d'y  reve- 
iiir.  Avec  Schneider  il  faut  lirc  :  "  Ambulatio  ab  orni- 
ihone  disjuncta,  in  qua  media  inlroitus  in  aream 
cst,  et  restituer  cnsuite  a  la  pliiase  ha'c  sunt  le  niol 
cavete. 


Secundnm  stijlobatis  intcriorem  partem,  dextra 
ctsinistra,  ad  summam  aream  rjiiadratam,  e  medio 
diversce  duce  non  latce,  sed  oblonqce  siint  piseince  ad 
porticus  vcrsus.  Goiffon  tradiiil  ces  mots  de  la  manifcre 
suivante  :  «  A  quelque  distance  de  la  face  int^rieure  du 
"  stylobate,  tant  de  celle  qiii  regne  depuis  rentr(ie  princi- 
•'  pale  jiisqu'au  niur  h  droile ,  que  de  celle  qui  r^giie  de- 
«  puis  cette  nifime  entide  jusqiraii  iiiiir  a  gaiidic,  com- 
<•  iiiencent  deux  viviers  pcu  larges  ctc.  »  II  ajoute  dans 
iine  note  qiie  le  premier  lilet  formait  le  ciel  de  la  pliis 
giande  parlie  de  la  voli^re,  et  qu'il  n'y  avait  que  les  por- 
tiipies  qui  fussent  couverts,  de  fagon  ii  garanlir  de  la 
pluie.  Les  oiseaux  n'avaient  aucun  accfes  soiis  ce  couverf, 
piiisque  le  second  rdet  descendait  de  rarcliitrave  au  sly- 
lohalc,  et  qne  run  comme  rautre  ^taienl  le  terme  int^- 
rieur  de  la  paitie  quadrangulaire  dc  la  voliere,  oii  les 
oiseaux  (jlaieut  renferm^s. 

Or,  d'apii's  GoiiTon,  tout  Tespacecarr^  aurait  616  tendu 
dc  lilcts,  et  les  porliques  occuperaient  la  m6me  place  qne 
Vnrron  avait  assigniie  a  la  proiiienade.  S'il  en  lilait  ainsi, 
le  pctit  rnisscau  qiii  portc  scs  caiix  aiix  grives  devenait 
iniilile,  piusqu'cllcs  aiiiaiciil  im  sc  ilc,..,illi'Mcr  aiix  viviers. 
D'ailleurs  les  mots  sccundiiin  s/ijliilnifis  in/eriorcm  par- 
lem  ,  ne  permetlcnt  point  dc  supposer  qiie  les  portiques 
se  troiivaient  pres  de  la  piomcnade,  puisque,  comme 
Gcssner  le  reniarqiie  ti  i^s-hien.  c"est  la  partie  quce  aream 
interiorem,  non  maceriem,  exteriorcm  respicit.  Enlrai- 
nii  parcelte  premi(!re  erreur,  Goiffon  devait  naturellement 
se  mijprenilre  sur  le  sens  des  niots  ad  porticus  versus, 
qu'il  tiaduit  en  disant  :  ■<  en  sens  oppos6  a  celui  du  por- 
"  tiqiie.  " 

Inter  eas  piscinas  tanlum  modo  accessics  semita  in 
thoiuin,  qui  est  ultra  rolundiis  cobimnalus ,  ut  esl  in 
cede  Catuti,  sipro  parieiibus  /ereris  columnas.  Cat»- 
lusestle  coII6gue  de  Marius  aii  consulat,  ([ui  d^tit  les 
Cimhres,  et  que  ce  nit'nie  Maiius  condamna  ensuite  a 
inourir,  malgri  les  instances  de  plusieurs  citoyens  qui 
deniandaient  sa  grilce.  Catulus  s'enferma  dans  sa  chambre 
ii  coHcher,  et  s'asphyxia  par  la  vapeur  du  cliarbon  alluni^. 
Qiiant  au  tholus,  Vitiuve,  i,7l,  nous  dit  :  Tholos  in- 
telligimus  erectiorcs  testudines,  templis  addi  solitas 
quas  Ilait  tribunas  vocant.  Ce  miime  auteur  dit  eii- 
coie,  iv,  7  :  Tholitm  Galli  laternam  appcllant.  De  li 
rorigine  du  uiot  lanterne  d'un  ddme,  dont  nous  uous 
servoiis  eiicore  aiijourd'liui. 

Infcr  has  et  exteriores  gradatim  substructum 
ut  (izan:pioi.o^  avium ;  mululi  crebri  omnibus  eolumnis 
iiii/msiti,  sedilia  avitim.  L'expIication  de  ce  passage 
I  csuUe  tout  simplenient  de  celle  que  nous  avons  donnee 
plus  haut,  lelativement  au  niot  cancelli.  Nous  noiu 
bornerons  i  remarquer  que  dans  notre  traduction  nous 
avons  mis  h  profit  la  correction  propos^e  par  Sclineider 
{sunt  slructa,  ut  Osdtpi^iov,  muttilis  crebris  impositis 
scdilia  avium),  sans  pourtant  oser  la  recevoir  dans  le 
texlc. 

De  Segner  proposait  de  lire  :  intcr  culcitas  ctcolumel- 
las;  conjecture  heureuse ,  que  nous  avons  suivie  avec 
Goiffonen  traduisant. 

Ex  suggesto  /aleris,  ubi  solent  esse.  Scbneider  a 
raison  de  dire  que  tout  ce  passage  serait  mieux  plac^ 
plus  haut  apriis  la  phrase  :   circum/alereuti  navalia 

sunt  excavata  anatium de  sorle  que  la   plirase 

suivante  comniencerait  par  :  Tum  et  aqua,  etc...  Nous 
comprenons  en  effet  que  Varron  devait  d'abord  finir  la 
dcscription  du  socle  avant  de  commencer  celle  de  la 
tahle ,  pour  l'interrompre  ensuite  et  revenir  au  socle. 

Intrinsecus  sub  tholo  stella  Luci/er  interdiu,  nn- 
ctu  /lesperus  ita  clrcumcunt  ad  in/imum  hemispha;- 
riuin,  ac  movcntur,  utindiccni  quot  sinthorce.  Go'.f- 


SUR  L'AGRICULTURS. 


fon  fait  olispivcr  qiic  lcsanciens,  maiivais  a.slrDiinines, 
faisaient  ilciix  (5toiles  de  cette  planite  (lue  nous  cunnais- 
sons  soiis  lc  nom  de  Vdnus,  et  qui,  comme  dit  l'liue, 
mieux  instruit  qiie  VaiTon ,  priSvient  le  joiir  le  nialin , 
comme  nn  antie  soleil ,  et  en  prolonge  sa  lumicrc  le  soir, 
conime  uiie  aiitre  luiie.  Nous  croyons  plutOt  que  rarctii- 
tecte  a  cmpruntii  les  images  Lucifer  et  Hesperus  pour 
distingiier  les  lieures  du  jour  et  celles  de  la  nuit. 

In  eodem  /temi.iphwrio  mcdio  circum  cardincm  est 
orbix  ven/ornm  oc/n ,  tit  A/lieni.i  in  horologio,  quod 
ferit  Ci/rrhex/cs.  Aitrnve ,  i ,  parle  aussi  de  cette  horloge  : 
Sed  qui  diliricn/iun perrjuisicrun/,  tradiderun/  cosesse 
oc/o :  maaime  qiudem  Andrnnicus  Cyrrhestes,  qui 
e/iam  ejcemptum  collocavit  Athenis,  turrim  marmo- 
ream,  octmjonon,  ct  in  sinrjidis  la/cribus  oc/oqoni 
singulorum  ven/orum  imagims cxsculptas  con/ra  suos 
ciijusque  Jla/us  designavit...  On  voit  que  le  mot  de 
Cijrrhestes  signifie  citoyen  de  Cyrrhus ,  ville  de  Syrie ,  et 
que  le  nom  dc  raitiste  ^tait  Andionicus.  II  faut  siipposer 
qii'il  avait  eu  nne  grande  c^lebril(5 ,  pour  qiie  Varron  se 
contenlit  de  Tappeler  ici  tout  court  le  citoyen  de  Cyrrhus. 

F.es  anciens  n'avaient  d'abord  distingue  que  4  venls , 
piiis  S  ,  et  enfin  12;  mais  ils  aim6rent  mieux  s'en  tenir  ii 
Tancienne  division  en  huit,  ainsi  que  nous  Tappiend 
l'line,  2,  47. 

Aarrat  ad  fabulam,  aim  dirimerent,  quenr!.am 
deprehen.mm  tesserutas  conjicientem  in  loctilum. 
Voici  la  nianiire  dont  se  laisait  rdiHlion  d(;s  magis- 
trats.  Cliacun  apportait  un  bulletin,  ?(7ft«/a,  siir  lcipiid 
«^tait  ecrit  lc  nom  de  son  candidat;  on  pluloton  donnait 
dans  le  champ  de  Mars  mfime  un  biillctin  blanc  i  cliaque 
citoyen ,  alin  qiril  le  remplit  du  nom  qu'il  jugerait  ii  pro- 
pos.  Cliacun  deposait  son  bulletin  (lans  une  iirne;  et 
quand  il  s'ngis.sait  eusuite  de  dL^poniller  le  scrnlin  ,  diri- 
mere  (diriberc),  on  (^crivait  sur  des  tablctles  le  nombre 
<lc  votes  oblenu  par  chaque  candidat;  ou  bien  encore  on 
prcnait  dans  rurne  les  bulletins  porlant  lemi5nienom, 
liour  les  reunirdansunenrneoubourse  particuliere,  locu- 
lus.  II  y  avait  autant  de  ces  bourses  que  de  candidats. 
Comme  cetle  operation  rendait  la  fraiide  tris-lacile ,  il 
avait  6te  n(5cessaiie  d'instituer  des  gardiens,  n(.s^(/c.5, 
charg^s  de  la  pr(5venir,  et  qiii  se  surveillaient  r(iciproque- 
menf.  La  fraude  la  plus  commune  consislait  daiis  Tinser- 
tion  par  nne  seule  personne  de  plusienrs  biilletins  por- 
tant  le  m^nie  noin  dans  Turne  g^n^rale  ou  dans  la  bonr.se 
particulicre.  Plutarque,  dans  la  vie  de  Caton  (rutique, 
rapporle  un  fait  de  ce  genre.  Caton  s^iStant  apercu, 
dans  descomices  tenus  pour  relection  dcs  (-diles,,  qu'il  y 
avait  un  grand  riombie  de  bnlletins  qui  (^laient  toiis  ^crils 
de  la  mSme  niiiin ,  diicouvrit  la  fiaude ,  ct  lit  annuller  tont 
lescrutin. 

XI.  Axius,  de  pavone ,  inquit ,  libcre  licet  dicere , 
quoniam  discessit  Firccllius.  Axiiis  plaisante  sur  le 
luotpara,  paon,  qui  (;taitlcsurnom  de  Fircellius. 

Ex  iis  M.  Aufidius  I.urcn.  Pline,  x,  23,constate 
ce  fait  en  disant  :  Pavonem  cibi  gratia  Komce  primus 
occidil  oralor  llnrtensius  aditiali  cccna  saccrrlolii.  Sa- 
ginare  primus  instiluit  circa  novissimum  piraticum 
bcltum  M.  jiujidius  I.urco,  exqueeo  gucestu  reditus se- 
slertium  sexagena  miltia  habuit. 

VII.  Fencstris  punicanis.  Ce  sont  sans  doule  des 
fcnC-lres  grilli-es.  Les  Cartliaginois  paraissent  avoir  Hi  en 
(•(MKJral  d'liabilcs  charpentiers;  Caton  vante  beaucoup  lcs 
piinica  coagmenta  (joiuts,  jointiircs);  Cic(>ion,  lcs  puni- 
canos  lectos;cl  Pline  cile  plns  d'une  fois  les pi(;iicoji /cc- 
los  et  le  lorculare  puniaim. 

IX.  VI  maxitne  ./'actilaverunl  Deliaci. 


Pline,  X,  50,  nous  dit  qiie  cc  pouple  est  le  piomicr 
qui  ail  cngraisst:  lcs  ponles ;  ai  t  qiril  porla  si  luin  ,  qu'il  y 
avait,  du  temps  de  Cic^-ron,  des  pcr.sonnes  i  Udlos  qui,  a  la 
.seule  inspection  d'un  ocuf,  poiivaicnt  iudiquer  lapoule  qui 
Pavait  pondu,  et  dounaient  ainsi  iin  d(!meuti  au  proverhe 
se  ressemblcr  comme  deuxaufs.  Columelie,  VIII,  2,  parle 
(igalemcntdecelte  industriedcsliabitantsde  D(>los  :  Ilu- 
jus  igitur  villatici  generis  non  spernendus  est  redilus, 
si  adhibeatur  educandi  scienlia;  quam  plerique  Crrc- 
corum,  et prrecipue  coluerunt  Dcliaci. 

Similes  facie  non  his  villaticis  gallinis  tiostris, 
sed  africanis.  Scaliger  remarque  qiie  les  gallina;  afri- 
cnnre  soiit  les  mfiines  que  lcs  Kram.ais  appellcnt  poules 
rlc  Guinc'e. 

GalHnce  africanre  sunt  grande.s,  varias,  gibbcrre, 
quasfi.i>.E.a.ffiioaiappetlanlGrwci.Phne,iO,  26,  nous 
apprend  que  ces  ponles  porlent  le  nom  de  ]iikza-(f,{oai , 
parceqn'ellesvenaient,  ficertaines^poqiies  de  ranniie,  se 
battre  sur  le  fombcau  de  MiiliSagre  eii  liiiolie.  Cest  par 
iine  raison  analogiie  quc  celles  qui  venaient  tons  les  ans  4 
Troie  se  batlre  sur  le  tombeau  de  Memnoir  (jtaient  appe- 
lees  Mcmnonida'. 

X.  CumexciuUt,  quinque  diehus  primis  pafmntiir 
esse cummatre.  Coliimellc  failla  iniime recomniandation ; 
niais  il  veut  que  la  mkre.  soit  ciircrnK^e,  et  qirou  ne  lais.se 
sortir  nitre  et  petits,  aprte  le  cinqiiiiinie  jonr,  qiie  si  Ic 
temps  cst  beau. 

XII.  Lupinus  dicitur  hrihcre  in  Tarquiniensi  sepla 
jiigera  xl,  in  quosunt  inclwta  nnn  snlum  ea  qure  di.ri, 
sed  etiam  oves  ferw.  Pline  parle  (Sgalcment  de  ce  Fnl- 
vius.viii,  78:  Vivaria  aprorum  cteterorumqiie  sit- 
vestriuin  primiis  tiigati  generis  invenit  Fulciiis  I.n- 
pinus,  qtii  in  Tarquinensi  fcras  jxrscerc  insliliiif.  Le 
r.;4me  £ulei!r  rappelle,  ix,82,  Hirpinus.  Fcstns  noiis  ap- 
precd  i  C3  propos  qiie  Lupinus  &  la  mftnie  etyiuologio 
ipie  Mirpini'.'! ,  {luistjue  les  Ssmiiites  appelaient  un  loiip 
irpus,  a»  lieu  lie  lupus. 

Alfcrum  nc  felis  aut  m/rlis  aliave  hestia.  La  plu- 
part  des  commentateurs  expliquent  mrelis  par  taxus, 
iilaireau ,  et  Sab.  de  la  Bonneterie  partage  cette  opinion. 
Saumaise  pense  qiie  ces  aiiimaux  sont  les  mc^nies 
qu'on  appelle  vnlgairement  martes.  Mais  la  marte ,  rc- 
cherchee  pour  sa  fouiTure,  habite  ordinairement  les  con- 
trees  septentrionales.  Nous  avons  cru  devoir  traduire 
mrelis  par  foiiine,  aulre  esp^ce  de  longeur,  hicn  connue 
par  les  ravages  qu'elle  exerce  dans  les  basses-cours. 

Fit  enim  sa;pe  cum  habent  catiilns  recentes ,  alios  tit 
iti  ve.ntre  habere  reperiantur.  Pline  exprinie  par  su- 
perfcetare  la  f^icondil^  extraordinaire  de  ces  animanx  : 
Solus  prcefer  dasijpodem  supcrfrctat ,  aliurl  educans , 
aliudinutero  pilisvestitum,  aliud  imptume ,  atiurl 
inclioatumgcrens  pariter. 

Ilaque  de  his  Archelaiis  scribit,  annnrum  qunt 
sint  si  quis  vctit  scire  ,  inspicerc  oportet  Joramina 
nafiirre ,  qiia;  sine  diibio  atitis  alio  habct  plura. 
VoiciconinicntCrcscentius  s'c\prinie4  cet  (igard  :  Itaqiie 
qui  sctre  volet  masculum  aficmina  discnrncre,  ut 
Arcadius  srrit)it ,  naturrr  fnramina  rlebct  insj^iccrc; 
nam  sine  dubio  masculus  ununi ,  frcmina  dun  inrc- 
niunfur  habcrc,  si  caute  ct  suhhlitcr  inspicialur.  U 
parait  que  cet  auteur  a  cru  dcvuir  cxpliqiHT  aiiisi  lcs  p,i- 
roles  de  Varron  ,  dont  lc  sens  lui  paraissait  alisindc.  II 
rest  en  effet;  mais  robservation  de  Crescentins  ncst  pas 
applicable  a  riiase  plus  particuliferemcnt  qu'a  foutc  aiitre 
fcmclle;  ct  il  n'cstpas  besoin  d'y  regarder  de  Irte-nrte. 

Altcrius  gcncris  csf,  quud  in  Giillia  nascitur  ad 


164 


NOTES  SliR  LAGRICULTURE. 


Alpes ,  qui  hoc  fcrc  mntnnt ,  qii.ad  toli  candidi  stint. 
Pline,  (MiiiailaiUilecettcespt^ccdelievies,  ditavecnaivete: 
Jn  AlpiOuscnndidi,  r/iiihus  hibcrnis  mcnsibus pro  ci- 
balu  nivcmcrcduiil  cfsc. 

Cuniculi  dicli  iili  co ,  qiiod  sul)  terrn  cuniculos  ipsi 
faccresolciint,  ulii  Inlcnnlin  ojyc/s.l^lineclitaiimimesu- 
jet :  Lcporiim  gencris  sunt  ct  quos  Hispania  cuniculos 
nppelliil,  elc.  En  effet,  le  moicuniculi  paralt,  d'a|ni's  ce 
<|ne  noiis  (lit  Polybe,  lircr  son  origine  d'une  peuplade  es- 
liaynoleappelfc  Kouvsov. 

nuo  quidem  lUique  te  habere  puln,  et  qiiod  in 
Hispania  unnis  ita  fiiisli  iiiiillis,  til  indc  te  cuniciUos 
pcrscculn^i-rrdii in.  Yairoii  a\ail  liiit  la  suerre  en  Espa- 
Kiie  soiis  li's  ilra|iiMii\  ilii  parli  ilr  l'uiiip(;e  ,  et  ne  revint 
eii  Italie  (prapres  la  bataille  de  Muuda. 

XIII.  Quod  non  leporariuni ,  sed  GripioTpo^eiov  appel- 
labat.  Lcporarium  (de  lepus)  est  un  parc  i  li^vres,  tan- 
dis  que  6r)piOTpoip£rov  (de  Ovjpio?,  bfttoetTpcqjetvnourrir)  est 
un  endroit  ou  ronenfcrnie  toules  sortes  de  bfites  fauves. 

Vt  non  minus  formosum  milti  visum  sitspectacu- 
2nm,quamin  Circo  maximo  cedilittm,  sinc  nfrica- 
nis.  II  se  pourrait  que  Varron,  en  ajoutant  siiifi  «/Vi- 
rnnis,  ait  voulu  faire  allusion  k  un  sf^natus-consulte  qui 
delendait  d'importer  pour  les  jeux  d'^(liles  des  bfites  fau- 
ves  d'AlriqHe. 

XIV.  Aqua,  inqunm,  finiendce,  ne  fugitlvarius 
sit  parnndits.  On  appi'lait,/'Hr;(7(iYrr(((,s  celul  qni ,  nioyen- 
iiant  rteompense ,  conrait  ii  la  reclierclie  des  csclaves 
fugitifs,  ct  qui  les  ramenait  cliez  leur  mailre. 

FA  htinc,  dum  serpit,  non  solum  in  area  reperit , 
.icd  etiam  si  rivus  non  prohibet,  in  parietcs  stantes 
invenit.  Parietes,  litteralement  mur  verlical.  Cette 
rondition,  qui  est  celle  de  tons  les  ranrs  aussi  bien,  que 
rinterpositiou  dii  ruisseau  dont  11  est  qiicstiun  dans  le 
lexte,  nous  a  fait  penser  qne  Varron  avait  ici  employ^  le 
niol  parietes  pour  exprimer  les  flancs  d'un  roclier. 

XV.  Gliarium  autem  dissimiti  ratione  liabettir, 
quod  non  aqua,  sed  maceria  locussepitur.  LesRomains 
niangeaient  les  loirs,  ainsi  qiie  nous  Tapprend  Apicius,  Art. 
coqu.,  8,  9;  il  y  eut  ni6me  des  lois  purtees  par  les  cen- 
seurs  ponr  niettre  un  liein  a  ce  ralTinenient  deluxe  ,  qui 
lecliercliait  dans  les  mets  la  raret(5  plulilt  ([ue  la  d^lica- 
tesse. 

Quibus  in  tenebris,  ctim  ctmulatim  positum  est  in 
doliis,fiunt  pingues.  Letexte  est  ici  visiblement  alter^i.  La 
traduction  a  suivi  lc  sens  de  la  le(;on  donnee  pai'  Scaliger  : 
cum  aular positumesl  in  tencbris. 

XVI.  Prceterea  mettm  erat  non  tiium,  eas  novisse 
volucres.  Appius  fait  sans  donte  allusion  a  son  nom.qui 
vient  de  upis ,  abeille.  INous  avons  vu  plus  hautque  Vac- 
f.ius  a  pielendu ,  par  une  i aison  analugiic ,  i|ue  c'(;tait  ii  lui 
de  parier  dcs  vacliesetdes  bieufs. 

Qiiod  si  lioc  faciunt  ctiam  gractili ,  at  non  idcm. 
Varron,  dans  soii  lrail(!  de  la  langiie  latine,  fait  di^river  le 
mot  gracuius  dc  grcgatim  volarc,  voler  cn  Iroupe.  II 
est  plus  probable  que  Ton  doil  cn  clierclier  rorigine  dans 


xpapid ,  qul  exprime  lecri  de  cesoiseam ;  grnculus  ,  cn  ce 
cas ,  ne  serait  qu'nn  dimiiiutif  de  grnciis. 

Quod  favtis  venit  inaltaria,  et  mcl  ad  principia 
convivii,  et  in  scctindam  mensam  administratur.  Les 
Romains  commeni^aient  leur  repas  par  boire  un  liquide 
mielliS  qu'ils  appelaient  mulstim;  c'est  de  ce  niot  qu'on 
a  form^  celui  de  proitiulsis  ,  pour  d(5signer  le  coinmence- 
ment  d'un  repas. 

Et  uf  quidain  dicunt,  tria  genera  cum  sint  du- 
cum  in  apibus,  niger,  ruber,  varitts.  Nous  ne  connais- 
suns  dansranli(piit(5  aucun  autenr  qui  ait  ^tabli  cette  triple 
distinction;  mais  tous  admctlent  deux  clicfs  de  couleur 
diffiSrente 

Ecc  diffenmt  inter  se,  quce  fcrn:  ct  cicures  sttitt 
Pline,  qui  traite  du  mfime  snjet,  appelle  ces  abeilles  .<:ilves- 
Ires  ou  rustica! ;  ponr  le  leste ,  il  est  tout  a  fait  d'accord. 
avec  Varron. 

XVII.  Interearedil  ad  nos  Pavo,  Et,  si  vultis,  inquit, 
ancoras  toltere,  latis  tabulis  sortitiofit  tribuum.  Ci- 
cerun  fail  mention  de  deux  e.sp6ces  de  tirages  an  sort : 
dans  le  premier  cas  il  s'agissait  d'etablir  Tordre  dans  le- 
qnel  les  tribus  devaient  donner  leurs  suffrages;  dans  le 
second,  lorsque  les  suffrages  (;taientd(ijidonn6s,etqu'iIs  se 
troiivaient  partagcSs  cn  noinhre  tigal  sur  plusieurs  candi- 
(iats  ,  on  tirait  encore  au  sort  pour  savoir  celui  qni  se 
rait  nomm^  (5dile.  Ce  dernier  tirage  ne  se  faisait  que  la- 
tis  labulis,  comine  dit  Varron ;  et  il  est  constant  qu'il  ne 
s'agil  dans  notre  passage  que  de  cette  seconde  esptee. 

I\'am  ut  Pausias,et  celeri pictores ejtcsdem  generis 
loculata  magitas  habent  arcutas ,  ubi  discolores  sint 
ccra\  sic  hi  luviiliilns,  clc...  Ce peintre,  iiatif  de  Sicyone, 
elail,  ilf  iiiiiiir  i|irApcllo,  (lisciple  de  Pampliile;  son  genre 
(jtait  la  pi'iiiliiii'a|ipflre  iitcaustum  (encaustique)  ,parce 
qu'on  y  employait  le  feu.  Quant  4  celle  dont  parle  ici  Var- 
ron ,  elle  est  moins  connue  :  il  paratt  qu'on  gravait  d'a- 
bord  des  tablettes  de  hois,  et  qu'on  remplissait  ensuite  les 
traces  laiss(5es  par  le  burin  de  cire  fondiie  et  de  dificjrentes 
couleurs,  suivant  robjet  qu'on  voulait  reproduiie.  Lors- 
qu'on  ^chaiiffait  ensuite  ces  tablettes ,  la  cire  s'iniprimait 
davantage  dans  ces  sillons,  et  dounait  aii  tableau  la  con- 
sistance  n^cessaire. 

Sic  hos  pisces  nemo  coctis  injtis  vocare  attdet.  II  y  a 
ici  un  jeu  de  mots  resiiltaut  de  la  double  signilication  de 
jtis  ,  et  qui  n'a  pas  d'(.'quivalent  dans  nolie  langue.  Var- 
ron  parle  d'une  espece  de  poissons  trfes-estinKie  ,  qu'an- 
cun  cuisinier  n'ose  vocare  in  jus  c'est-a-dire,  appeler,  eii 
justice  dansunsens,oumettreiaucune  sauce,dausrautre. 

Cum  eodem  tempore  insulas  Ludinorum  ibi  cho- 
reuusas  vidisscs;  sic  hos  pisces.  Cette  phrase  trouve 
son  cxplicatiun  dans  lepassagedc  Pline,  oii  onlit  :  hl  Lij- 
dia,  i/uir  vocntilur  Calnininir,  non  ventis  solum,  sed 
etiain  ciinlis  i/iio  tihcnt  iinpulsa' ,  multorum  civiinn 
Milliridnlico  bcllo  salus.  Saitl  ct  in  Aijmpha-oparvce 
salluares  diclce,  quuniam  sijmphoniie  cantu  ad  icius 
modulantium  pedum  moventur. 


juli» 


e3@3e$&Q@3@990@0@93@3&0@@93&@3@@0&e@3®$J@3®0e39@3@3d@e@e9009 


NOTICE    SUR    COLUMELLE. 


Lucius-Junius-Moderatus  Columelle  noquit  a 
Gadcs (Cadix), sousle  regne  (l'Auguste  ou  de Tibere. 
Sonpere,  IMarcus  Columelle  ,  avait  des  posses- 
sions  dans  la  province  de  lietique.  Le  lils  se 
rendit  ;i  llome ,  oii  il  passa  savie,  a  l'exception  de 
quelques  voyages  qu"il  lit  en  Syrie  et  en  Cilicie.  On 
iguore  s'il  alla  daus  ces  pays  en  simple  voyageur 
ou  avec  quelque  missiondu  gouvernement,  caron 
ne  sait  rien  des  circonstances  de  sa  vie.  II  parle  de 
Cornelius  Celsus  et  de  Seueque  comme  de  ses  con- 
temporains.  II  uous  reste  de  Columelle  deux  ou- 
vra<!es,  Tuu  intitule  De  rc  riisticd,  en  douze  livres ; 
Pautre  Ue  arborihus.  Ce  dernier  faisait  peut-etre 
partie  d"un  ouvrage  sur  ragricullure ,  en  quatre 
livres,queColumelle  avait  publie  comme  preniiere 
editiou  de  celui  que  nous  avons  eu  douze  livres. 
I)e  cette  nianiere  Cassiodore  avait  raison  de  dire 
que  Columelle  avait  compose  seize  livres  sur  Teco- 
uomie  rurale.  Des  douze  livres  du  De  re  rustica,  le 
premier  traite  de  rutilite  et  de  ragrement  de  Teco- 
nomie  rurale  ,  et  de  ce  qu"il  faut  pour  etablir  une 
bonue  eeononiie;  le  second,  des  champs,  de  la 
mauiere  de  les  enseniencer,  et  de  la  moisson ;  le 
troisieme,  des  vignes  et  desvergers;  le  quatrieme 
termine  la  matiere  de  la  culture  des  vignobles ; 
dans  le  cinquieme,  Columelle  enseigne  la  maniere 
de  diviscr  et  de  mesurer  le  temps ;  il  y  parle  aussi 
des  arbres ;  le  sixieme  traite  des  bestiaux  et  de  leurs 
nialadies;  le  septieme ,  du  petit  betail ,  tel  que  les 


brebis ,  les  chevres  et  les  porcs  ;  le  builieme ,  de  la 
bassecour;  leneuvicme,  des  abeilles;  le  dixieme, 
ecrit  en  hexamt;tres,  traite  des  jardins ;  le  onzieme 
fait  connaitre  les  devoirs  d"un  fermier,  et  trnite 
ensuile  du  jardinage;  le  douzicme  ,  qui  est  le  |)lus 
long ,  donne  toutes  sortes  d'iustructions  et  de 
recettes  uecessaires  a  ceu.x  qui  s'occupent  d'eco- 
uomie  rurale. 

Dans  les  premieres  editions,  le  traite  Des  trbres 
etait  donne  comnie  le  troisieme  livre  du  grand  ou- 
vrage,  qui  ainsi  etait  compose  de  treize  livres.  Ce 
petit  traiie  a  ete  tres-utile  aux  critiques  pour  reta- 
blir  le  textedu  cinqnieme  livre.qui  est  fort  incor- 
rect  dans  le  petit  nombre  de  manuscrils  qui  nous 
restent  de  Columelle.  Cet  auteur  parait  avoir  ete 
peu  lu.  Parmi  les  anciens,  Servius,  Cassiodore  et 
Isidore  sont  les  seuls  qui  le  citent.  II  tomba  pres- 
que  dans  roubli  apres  que  Palladius  en  eut  fait  un 
abrege;  aussiVincent  de  r>eauvais,et  Pierre  de 
Crescentiis,  que  Scbneider  appelle  dilifjentissi- 
mum  veterum  rei  rusticx  scriptorum  lectorcm, 
ne  le  connaissaient  pas. 

Le  slyle  de  Columelle  est  pur  et  elegant ;  si  on 
peut  lui  faire  un  reprocbe,  c'estd'etre  trop  recher- 
chepour  la  matiere  qu'il  traite.  La  lecture  de  son 
ouvrage  est  peut-etre  plus  agreable  pour  riionune 
de  lettres  qu'elle  u'est  utile  au  cultivaieur. 

(Evtrail  ieSchocll. ) 


L.  J.  MODERATUS  COLUMELLE. 
DE   L'AGRICULTURE. 


LIVRE  PREMIER. 


pr£face. 

A    PUBLIUS    SILVINUS. 

J'ai  souvent  entendu  les  hommes  les  pliis  il- 
lustres  de  l'Etat  se  piaiudre  de  la  sterilite  du 
sol  et  de  rinclemence  de  la  temperature ,  qui 
depuis  longtemps  auraieut  diminue  les  produc- 
tions  de  la  terre.  D'autres,  pour  atteuuer  par 
quelque  raison  la  gravite  de  leurs  plaintes ,  as- 
signent  ii  ces  effets  uue  cnuse  determinte,  en 
disant  que  la  terre,  fatiguee  et  epuisee  par  sa 
trop  grande  fertilite ,  ne  peut  plus  fournir  aux 
besoins  dcs  hommes  avec  la  meme  liberalite 
qu'autrefois.  Pourmoi,  mon  cher  Publius  Silvi- 
nus,  jc  pense  qu'ils  ont  tort  de  parler  aiusi.  En 
effet,comment  s'imagincr  que  lanature,  douce 
par  le  createur  du  monde  d"une  fecondite  tou- 
jours  nouvclle ,  ait  et6  frappiie  tout  a  coup  de  ste- 
rilite?  On  ne  saurait  persuader  a  un  homme  de 
bon  sens  que  laterre  vieillisse  commerhomme, 
elle  qui,  <'i  Texemple  de  la  Divinite,  a  recu  en  par- 
tagc  une  jeunessc  eternelle;  cette  terre  que  nous 
appelons  la  mere  commune  de  toutes  choscs , 
puisquelleaenfante  tout  cequi  est,  etqu'elleen- 
fantera  tout  ee  qui  doit  etre  dans  les  temps  a 

L.  JUINII  MODER.\TI  COLUMELL/E 

DE  UE  RUSTICA. 

LIBfiR  PRIMUS. 

,\D   PUn.    SILVIStU    PRXFATIO. 

S.Ti)ciiiini('ro  civitatis  nostrao  principcs  auclio  culpantcs 
modo  agronim  inf(vcun(jitatera ,  modo  ca^li  per  niiilta 
jam  tcmpora  noxiam  frugibus  intcmperiem  :  qiiosdam 
ctiam  piscdictas  querimonias  velut  ratione  certa  mitigan- 
tcs,  qnod  existirnent,  uberlate  nimia  prioris  a;vi  de- 
faligalum  ct  effcctuni  solum  nequire  prislina  beni- 
gnitate  pr:cbere  mortalibus  alimenta.  Quas  ego  causas, 
Publi  Silvinc,  procul  a  Teiitate  abesse  cerUim  liabeo, 
quod  neque  fas  exislimare,  rcrum  natiiram,  qiiam  pri- 
nius  illc  inundi  genitor  pcrpelua  fiecunditate  donavil, 
quasi  quodain  inorlio  sterilil;ile  affcclam  :  ncqiie  prudiii- 
tis  credcre,  tcllurem,  qua;  divinani  et  selernam  juventam 


venir.  Loin  d'attribuer  h  rinstabilite  de  ratmos- 
phere  les  maux  dont  nous  nous  plnignons,  Je 
pense  qu'il  en  faudrait  chercher  la  cause  dans 
notre  insouciance.  Nous  avons  abandonne  la 
culture  de  nos  terres  au  dernier  dc  nos  esclaves , 
qui  les  traite  eu  vcritable  bourreau ;  tandis  que 
les  hommes  les  plus  (5mincntsparmi  nos  ancetrcs 
n'out  point  dedaigne  d'en  faire  leur  principale 
occupation.  Chose  ctrange!  tous  ccux  qui  veu- 
lent  apprendre  Tart  de  bien  dire  choisisseut 
parmi  les  orateurs  celui  dont  reloqueuce  pourra 
leur  scrvir  demodele;  ceux  qui  veulentappren- 
dre  les  rcgles  du  calcul  et  de  rarpcntage  oiit 
soin  de  ehoisir  le  maitre  le  plus  capable  de  les 
cn  instruire.  II  en  cst  de  meme  de  ccux  qui  ap- 
prcnuent  la  musiqueou  ladanse.  S'agit-il  deb.1- 
tir"?  on  a  recours  aux  macons  et  auxarcliitectes; 
de  confier  un  vaisseau  a  la  mer?on  le  met  sous  la 
conduitedupiloteleplushabile;defairelaguerre? 
on  invoque  le  secours  des  hommes  de  guerre 
les  plus  cxperimentes.  EnOn ,  pour  ne  point  en- 
trer  dans  plus  de  diitails,  quel  que  soit  le  gcnre 
d'etude  auquel  on  .s'applique,  on  s'adresse  tou- 
jours  au  guide  le  plus  sur.  A  plus  forte  laisoii, 
si  Fon  veut  prendre  des  lecons  de  sagesse  et  de 
vertu,  faudra-t-il  ehoisirson  precepteur  dans  la 
classedes  sages.  Eh  bienl  lasciencequiserappro- 
ehe  le  plus  de  la  sagesse,  et  qui  est  m^me  iuti- 


sorlita,  comniuiiis  omnium  parens  dicta  sil,  quia  ct 
cuncta  pcpcrit  sempcr,  ct  deinceps  paritura  sit,  velut  lio. 
minem  consenuisse.  Nec  post  lia;c  reor  intemperantia  ca;li 
nobis  ista,  sed  nostro  polius  accidere  vitio,  qui  rem  rus- 
ticam  pessimo  cuique  servorum,  velut  cainifici,  noxio 
dedinnis,  qiiam  majorum  noslrorum  optimiis  quisque  el 
optime  traclaverit.  Atque  ego  satis  miiari  non  possum , 
i]iiid  il.i  dicciiili  cu|iiili  seligantoratorem,  cnjusimitentur 
cloquciiti.iiii;  iiiiiisiirarum  et  numcrorum  inodum  rinian- 
tos,  plaritii'  ilisciplinre  conscctiMitur  in;igistrum;  vocis  ct 
cantiis  modulatorem ,  ncc  miniis  corporis  gesticiilatorem , 
scriipiilosissime  lequirant  saltatioiiis  ac  music.x'  rationis 
stiidio.si ;  jam  qui  a'dificarc  veliiit,  fabroset  arcliitectosad- 
voceiit  ;qiii  navigia  mari  concredere,  gubernandi  peritos, 
qui  bella  moliri,  armorum  et  militia;  gnaios;  el  ne  singula 
persequar,  ci studio,  quod  quis agere  velit,  consultissinium 
rcctorem  adliibcat ;  denique  animi  sibi  quisque  formatorem 
praweptoiemiiuevirlutiseccetu  sapieutumarcessat  :  sola 
res  ruslica,  quoe  sine  dubitatione  proximaet  quasi  c.oiis.in- 
giiinca  sapienti.f  est,  lam  discentibus  egeal  qii.im  niagis- 
tris.  Adliuc  cnini  scliolas  ilieloruni,  et,  ut  dixi,  gconie- 


columI':lle. 


mement  liee  aveeelle,  reconomie  rurale  enfm , 
cette  science  est  la  seule  qui  n'ait  ni  disciplcs 
qui  rappreunent,  ni  maitres  qui  renseii^nent. 
Nous  avons  des  ecoles  de  rheteurs ,  de  geome- 
tres,  de  musiciens;  j'en  ai  meme  vu  oii  ron 
enseignait  les  professions  les  plus  viles,  comme 
Tart  d'appveter  les  mets,  de  les  reiidre  plus 
friands,  d'ordonner  un  repas  somptueux,  de 
parer  les  cheveux,  la  tete  :  ce  n'est  qu'eu  fait 
d'agriculture  que  je  n'ai  jamais  connu  ni  pro- 
fesseur  ni  eleve.  £t  cependant  qui  peut  dire  que 
cesoientla  des arts  necessaires?Quand  nous  n'au- 
rions  personne  pour  nous  enseiguer  ccs  futilites, 
la  rcpubliquey  perdrait-ellebeaucoup?  enserait- 
elle  moins  florissante  que  du  temps  de  nos  an- 
cetres"?  Nos  cites  ont  ete  heureuses,  sans  avoir 
connu  ni  avocnts,  ni  jeux  publics;  et  lcs  cites 
a  vcnir  n'en  seraient  pas  plus  mnlheureuses, 
pour  ne  les  connaitre  jamais.  Mais  les  hommes 
ne  sauraient  vivre  ni  subsister  sans  ragriculture. 
Ce  qui  n'est  pas  moins  etrange,  c'est  que  Tart 
qui  est  le  plus  utile  a  la  conservation  de  notre 
corps  et  a  rentretien  de  notre  vie ,  est  celui  qu'on 
a  le  moins  perfectionnede  nosjours.  Onrejette 
avec  dedain  le  moyen  le  plus  iunocent  d'aug- 
nienter  son  patrimoine,  et  on  a  recours  a  tous 
ceux  qui  sont  contraires  aux  lois  de  la  Justice. 
Oserait-on  regarder  comme  legitimes  les  riches- 
ses  que  nous  procure  la  guerre  ?  richesses  tou- 
jours  teintes  de  sang,  fortune  souvent  fondte  sur 
le  raalheur  d'autrui.  Ou  bien  les  basards  de  la 
mer  et  les  cbances  du  coramerce  sontils  prefe- 
rables  aux  dangers  de  la  guerre?  et  Tbomme, 
attacheessentiellement  a  la  terre,  doit-il  bra^er 
toutes  les  lois  de  la  nature  pour  se  coufier  aux 
flots,  s'exposer  a  la  fureur  des  venlsetdes  va- 
gues,  et  parcourir  comme  un  oiseau  de  passage 


des  coutrees  eloign^eset  inconnues?  Quellepro- 
fession  est  enfinplus  honorable  que  celle  du  cul- 
tivateur?  Estce  le  metier  de  rusurier,  odieux 
raeme  a  ccux  qu'il  serable  secourir  pour  un  rao- 
ment?  Ou  bienest-cecetteautre  profession  que  nos 
ancetres  qualifiaient  de  c««/h«  (de  cbienne),  parce 
qu'clle  consiste  a  aboyercontre  les  pcrsonnes  les 
plusriches,  et  a  sacrifier  rinnocent  au  coiipa- 
ble?  brigaudage  infarae,  justement  raeprise  de 
nos  ancetres,  mais  tolere  de  nos  jours  dans 
renceinte  de  nos  murs,  et  iustalle  eu  plein 
forum.  Eegarderez  vous  comme  une  ressource 
honnete  cette  importunite  interessee  d'un  client 
qui,  rodant  aux  portes  des  bomraes  puissants 
de  1'^poque ,  se  tient  aux  ecoutes  dans  rantl- 
cbambre ,  pour  s'assurer  si  son  maitre  est  encore 
endormi,  n'osant  point  s'adresser  aux  valets,  qui 
ne  daigneraient  peut-etre  pas  lui  repondre  ?  Est- 
ce  donc  un  sort  si  beureux  que  de  s'exposer  aux 
rebuts  d'un  esclave  attacbe  par  des  chalnes  a  la 
gaide  d'une  porte,  de  se  morfondre  la  nuit  de- 
vant  cette  merae  porte  qui  restesourde  aux  ins- 
tauces  les  plus  vives  ;  et  tout  cela  pour  acheter 
par  toutes  les  miseres  de  la  servitude  rbonneur 
des  faisceaux  et  le  pouvoir,  paye  quelquefois  de 
la  perte  du  patrimoiue?  car  les  honneurs  ne 
s'obtiennent  qu'en  echange  de  services  onereux 
et  a  force  de  presents.  Or,  si  les  bons  citoyens 
doivent  repousser  tous  ces  moyens  d'accroitre 
lcur  fortune,  il  n'en  reste  plus  qu'un  seul  qui 
puisse  elreregardecomme  uobleet  honnete,c'est 
laculturede  la  terre.  Si  leserrements  de  nos  an- 
cetrcs  sur  ce  point  etaieut  suivis  raeme  par  des 
personnes  peu  instruites  de  la  theorie,  pourvu 
qu'elles fussentproprietairesdes  terres  acultiver, 
les  biens  de  campagne  auraient  a  souffrir  moins 
de  pertes ,  car  le  travail  desmaitres  compenserait 


Iranim  musicorumque ,  vel  quod  magis  mirandum  esl, 
coutemptissimorum  vitiorumoflicinas ,  gulosiuscoudlendi 
ciliiis,  el  hixujiosius  fercula  struendi,  capitumque  et  ca- 
pjlliiruni  coneiiiuatores  non  soluni  esse  audivi ,  sed  et  ipse 
vidi.  Agricolationis  neque  doctores  qui  se  profilerenlur, 
neque  discipulos  cognovi.  Cum  eliam  si  pia'dictarum  ar- 
liuin  professoribus  egeiet  civilas,  tamen,  sicut  apud  pris- 
cos,  ilorere  jxjsset  respublica.  Nam  sine  ludicris  artibus 
atque  cliam  sine  causidicis  olini  satis  felices  fucie,  fiitu- 
ra^qiie  sunt  urbes  :  at  sine  agri  ciiltoribus  nec  consistere 
mortales ,  ncc  ali  posse  nianifeslum  est.  Quo  niagls  prodi- 
gii  simile  est,  quod  accidit,  ut  res  corporibus  nostris 
vitocque  ulilitati  maxime  conveniens  minime  usque  in  lioc 
tcinpiis  consummationem  habeiet ;  idque  sperneretur  ge- 
uus  amplificandi  relinquendique  patrimonii,  quod  omni 
crimiiie  (raret.  Nam  Kctera  diversa  et  quasi  rcpugnanlia 
(lissideiila  justilia,  nisi  sequius  e\istimanius  cepisse  prae- 
dam  ex  milltia,  quae  nobis  niliil  sine  sanguiiie  et  cladibus 
alienis  affert.  An  bellum  perosis,  niaris  et  negolialionis 
alea  sit  optabilior,  iit  rupto  natura;  foedere  tcrrestre  ani- 
inal  liomo  ventonmi  et  maiis  oljjectus  irac  se  fliiclibus 
Hiideat  ercdeie,  seinpeique,    ritu  Vdliicrum,  loiiginqui 


liltoris  peiegrinus  ignotum  pererret  orbera?  An  firneratio 
probabilior  sit ,  etiam  Iiis  invisa,  qiiibus  succuriere  vide- 
tur?Sedne  caninum  quidem,  sicut  dixere  veteres,  stu- 
dium  praestantiiis  lociipletissimuni  quemque  adlatrandi 
et  contra  innocenfes  ac  pro  nocenlibus,  neglectum  a  ma- 
joribus ,  a  nobis  etiam  concessum  inlra  miEnia  et  in  ipso 
foro  latrocinliini?  An  honestius  duxeiim  nieicenarii  salu- 
tatoris  mendacissimun»  aucupium  circumvolitanlis  limina 
potentiorum,  soinnunique  regis  siii  rumoribus  augurantis? 
neqiie  enim  roganti,  quid  agatur  intus,  respondere  servi 
dignantur.  An  putem  fortunatius  a  catenato  lepulsum 
janitore  srepe  nocte  sera  foribus  ingiatis  adjacere ,  miser- 
rlmoi|iie  faniulatu  per  dedecus,  fascium  decuset  iinperiiiin, 
profuso  tainen  patriinonio,  mercari?  nam  nec  gratuila 
servitule,  sed  donis  rependitur  bonor.  QuK  si  et  ipsa  et 
coruin  similia  honis  fugienda  suut  :  superest  (ut  dixi) 
uniini  genusllberaleet  ingenuiim  rei  familiarisaugendae, 
quod  e\  agricolatione  contingit.  Cujus  praecepta  si  vel 
teniere  ab  indoclls,  duni  tamen  agiorum  possessoiibus, 
antiquo  more  adininistiarentur,  niinus  jaclurs!  paterentur 
res  rusticu;.  Nam  iiidustria  dominoruni  ciim  ignoranti»; 
detrimentis  uiulta  pcusaict  :   ncc  qiiorum  coinmoduni 


DE  L'AGR1CULTURE,  LIV.  1. 


lesineonviMiicntsderignoraiice;  oulre  quc  ccux 
dont  IMuterct  y  sei-ait  engage  nc  \oudraient 
point  ctretaxes  toute  leiir  vie  de  negligencc  pour 
leurs  propres  affaires ,  et  que  le  desir  de  s"ins- 
truire  les  conduirait  bientota  la  connaissance  de 
ragriculture.  Maisdans  lesieele  oii  nousvivons, 
on  dedaigne  de  cultiver  ses  champs  soi-meme; 
on  ne  prcnd  meme  pas  lapeine  de  ehoisir  un  me- 
tayerhabile,  ou  du  raoins  un  liorame  qui  ait 
rinteliigenee  de  Tesprit,  et  la  vigueurnecessaire 
pour  apprcndre  en  peu  de  teraps  ce  qu"il  ignore. 
Un  homme  riche  achcte-t-il  un  fonds  de  terre? 
i!  y  relegue,  pour  en  avoir  soin,  le  plus  enerve 
de  scs  vaiets  ou  de  scs  porteuvs,  et  !e  pUis 
casse  par  les  anuccs;  sans  souger  que  les  tra- 
vaux  auxquels  il  le  destinc  demandent  dans 
la  personne  qui  en  est  chargee,  non-seulement 
de  la  scicnce ,  mais  encore  la  force  du  corps  et 
lavigueurdc  Tage.  Siaucontrairec'estunhorarac 
d"une  fortune  mcdiocre  qui  fasse  cct  achat ,  ii 
raet  a  la  tete  des  travaux  quelque  mercenairc 
qui  n'est  pius  en  etat  de  gagncr  sa  vie  par  ses 
journces,  qui  ne  pourra  lui  apporter  aucun  pro- 
(it,  et  qui  n"a  pas  mCrae  les  premieres  notions 
d"agriculture.  Lorsque  je  reflechis  a  cela  ,  et  que 
je  clierche  a  dceouvrir  lcscauses  de  cet  ahandon 
et  de  cette  insouciance  ,  je  me  prends  a  craindre 
qu"on  n'en  soit  venu  au  point  de  regarder  Tagri- 
culture  comme  une  prol'essinn  criminelle  ,  igno- 
niinieuse,  et  indigne  d"un  homme  libre.  Cepen- 
dant  nous  voyons ,  par  le  temoignage  de  tous 
nos  auteurs,  que  nos  ancftres  se  faisaient  une 
gloire  de  eultiver  leur  champ.  Quintius  Cincin- 
natus ,  qui  avait  sauve  vn  consul  assiege  avec 
son  armee ,  fut  arrache  a  la  charrue  pour  pren- 
dre  la  dictature.  Vainqueur,  ii  deposa  les  insi- 
gnes  de  cette  magistrature  avcc  plus  d'cmpresse- 


ment  qu'il  n'en  avait  montre  pour  les  aceepter  ; 
et  s"en  rctourna  a  sa  cliarrue  pour  reprcndre  la 
eulture  dc  son  petit  patrimoine  de  quatre  arpents 
de  terre.  C.  Fabricius  ct  Curius  Dentatus,  l'un 
apres  avoir  chasse  Pyrrhus  dcs  frontieres  de  \'\- 
talie,  Tautre  apresavoir  subjugue  les  Sabins,  la- 
bourerent  cux-raemes  les  sept  arpents  qui  leur 
etaient  echus  dans  lepartagedes  terresprisessur 
1'ennemi,  et  les  cultiverent  avec  autant  dc  soin 
et  d'industrie  qu"ils  avaient  mis  de  valeur  a  les 
conquerir.  Enlin,  pour  ne  pas  pousser  plus 
loin  mes  citations,  lorsque  je  considere  que 
tant  de  citoycns  romains,  celebres  par  leurs 
victoircs,  se  sont  distingues ,  soit  en  dcfendant, 
soit  en  cultivant  les  terres  qu'ils  avaient  ou 
conquises  ou  reeues  en  heritage,  je  ne  puis  at- 
tribuer  qu'a  la  mollcsse  et  au  luxe  de  notre 
sieele  le  degout  qu"on  affccte  aujourd"hui  puur 
les  ancicnncs  coutumcs  et  les  sculs  travaux 
qui  soient  dignes  de  rhomrae.  Nous  avons  aban- 
donne  la  faux  et  la  charrue;  pour  aller  nous 
etablir  dans  rcnceinte  des  villes,  et  (ce  que 
Varron  rcprochait  dcja  a  nos  aieux)  les  mains 
qui  applaudissent  dans  Ics  tlieStres  ct  Ics  cir- 
ques  laissent  reposer  les  guerets  et  les  \  igiio- 
bies.  r\'ous  admirons  les  gcstcs  de  ces  ^tres  el'i'e- 
mincs  qui,sur  lasccne,  empruntcnt  a  la  femme 
tous  scs  raouvements,  et  qui,  pour  tromper  Ics 
yeux  des  spectateurs,  imitent  un  sexe  qui  n'est 
pas  le  leur.  Ne  songeant  qu'a  la  debauche,  et 
aux  moyens  d'cn  supporter  les  fatigues,  nous 
prenous  des  bains  lciconienx,  pournous  dclivrcr 
de  nos  indigestions  journaliercs ;  nous  pvovo- 
quons  des  sueurs  abondantes ,  pourexciter  notre 
soif ;  les  nuits  se  passcnt  dans  la debauche  et  dans 
rivrcssc;  lcs  jours  sont  eonsacres  aux  jeux  etau 
sommeil,  et  nous  nous  estimons  heureux  de  nc 


aseiolnr,  tota  vila  vcllenl  imprnOentcs  negolli  sui  con- 
Bpici ;  oiMpic  (lisroiirli  cupidiorcs  a(;ricolalioncm  pcrnosce- 
rcnt.  Niinc  ct  ipsi  pra'ilia  liostra  colere  dedignamnr,  et 
nnllins  niomcnti  dncimus  peritissimnniqncmqnevillicuni 
faccre  :  vel  si  nescium,  certe  vigoris  experrecti,  qno  ce- 
lcrins,  qnod  ignoral,  addiscat.  Sed  sivc  fundum  locnplcs 
mcrcatus  esl,  e  tmba  pedisequoruni  lecticariorumque 
dcfcclissimnm  annis  ct  viribus  in  .ngrum  rclegat;  cnm 
islud  opns  non  solum  scientiam,  scd  et  viridem  a;talem 
cnm  roliorecorporisad  labores  suffereiidos  desideret :  sive 
mediarmn  faciiltatum  dominus,  ex  mercenariis  aliiiucm, 
jamrecusantemquolidianum  illiid  tribntuni,[qni  vectigalis 
esse  non  possit]  ignarnm  rci,  cni  pracfuturus  est,  niagis- 
triim  lieiijiilicl.  Qii.i"  cuin  aniinadvcitam,  s.Tpe  niecum 
rctractans  ac  rccogitans,  qnam  tnrpi  consensudesertaexo- 
levcrit  disciplina  ruris,  vercor  ncdagitiosa  ctqiiodammodo 
pndenda ,  aiil  iiilionesta  virleatur  ingenuis.  Verum  ciim 
pluribusmonumcntis.seriptoruniadmoiiMr,  apudantiqnos 
nostios  fiiisse  glori.T. curam  riislirationis ;  ex  (|ua  Qiiinliiis 
Ciiicinnalus  olisessi  consulis  ct  exercitus  liberator,  ab 
nr.itro  vocatus  ad  dictalnrani  vcncrit,  ac  riirsus  fascibiis 
dcposilis,   quus    fcstinanlius    >iclor   leddidcral ,  quam 


smnpser.it  iinpcrator,  ad  eosdcni  juvencos  ct  qualuor 
jiigenim  avilmii  licicdiolum  redierit  :  itemquc  C.  I''aliii- 
ciiis,  etCnrius  Dcnlaliis.allcr  Pynlio finibus  Italiajpulso, 
domilisallcr  Saliiiiis,  ;ic<c|i|a  ,  qux  viritiin  dividclianliir, 
capti\i  agri  scptcm  jugcra  iion  ininiis  induslrie  colucril, 
quainloililcr  armisqu;esierat:  et  ne  siiigiilos  iiilcmpcsli\c 
nniic  pcrsccpiar,  cum  fot  aliosRomani  gcncris  inlucar  mc- 
moialiilcs  duccs  lioc  sempcr  diiplici  studio  noruisse,  vel 
dclcndciidi,  M'\  colcndi  paliios  (pKcsitosve  iines:  inlelligo 
luxuria'  et  dcliciis  nostris  pristiniim  morem  virilcmiiue 
vitam  displicuisse.  Omnes  enim  (sicut  .M.  Varro  jam  tcm- 
poriliiis  avorum  coii(]uestus  cst)  patresfamilia!  falcc  et 
aratio  rcliclis  intra  miiriim  correpsimus ,  et  in  ciicis  po- 
tius  ac  tbeatiis,  qiiam  in  sttgeliliiis  ct  vinctis  manus  ino- 
vciiius  :  attonitiipie  mii  aniur  gestus  efru^ininalorum , 
ipioil  a  natura  sexiim  viiis  denegatum  niuliebri  inotu 
niciitianlur,  (lecipiantqueoculos  speclantiuni.  Mox  deinde 
iit  apti  vemaimis  ad  ganeas,  quolidianam  cruditateni  L«- 
conicis  excoquimus,  ct  exsiicto  sudore  sitirn  qii.i;iimiis, 
norlesquelibidinibus  etebriclatibiis,  dics  ludo  vel  somno 
consumimiis;  ac  nosmclipsos  ducimiis  fmtuiiatos,  qiiod 
nec  oricntcm  solcni  vidimns  iicc  occidcntcm.  Uiiqiic  istam 


COLUMELLE. 


voir  le  soleil  ni  au  moraent  de  son  lever,  ui  lors- 
qu'il  se  eouehe. 

Aussi  cette  vie  iaclie,  effeminee,  ne  produit- 
elle  que  la  faiblesse  et  la  nialadie ;  et  nos  jeuncs 
gens  sout  si  debiles ,  si  extenues ,  que  la  mort  ne 
trouve  presque  plus  rien  a  dctruire.  Ce  ne  sont 
plus  lesvrais  descendants  deRomulus,  dont  la 
vie  se  passait  presque  tout  entiere  dans  les 
exercices  de  la  chasse  ou  les  travaux  de  Tagri- 
culture.  Endurcis  d'avance  a  toutes  les  fatigues, 
la  guerre  n'etait  qu'un  jeu  pour  eux.  Aussi  pre- 
ferait-on  les  habitauts  de  la  cainpague  k  ceux 
de la  ville.  Et,  par  la  meme  raisou  quon  regar- 
dait  les  cultivateurs  renferraes  dans  l'enclos  des 
metairies  comme  plus  paresseux  que  ceux  qui 
travaillaient  au  dehors,  on  considerait  les  ha- 
bitants  des  villes  comme  plus  Idcheset  plus indo- 
lentsque  ceux  qui  cultivaient  leurschamps  ou  di- 
rigeaieut  les  travaux  des  laboureurs.  Tout  le 
monde  sait  que  les  assemblees  ue  se  tenaient  que 
lesjoursde  marche  (nundincB),  c'est-a-diretous 
les  neuf  jours.  On  avait  etabli  cet  usage,  afin 
de  ne  s'occuper  des  affaires  de  la  ville  qu'une 
seule  fois  tous  les  neuf  jours ,  et  de  pouvoir  se  li- 
vrer  le  reste  du  temps  aux  soins  du  labourage. 
Cestque  les  hommes  les  plus  eminents  de  la  re- 
publique  habitaieut  alorsla  campague;  ettoutes 
les  fois  qu'ou  jugeait  a  propos  de  teuir  un  con- 
seil  pour  les  affaires  publiques ,  on  les  faisait  ve- 
nir  de  leurs  metairies  pour  lcs  appeler  au  senat; 
de  la  le  nom  de  viatores  donneaceux  qui  etaient 
charges  de  les  convoquer.  Tant  que  subsista  cet 
usage  de  cultiver  les  terres,  les  auciens  Sabius 
Quirites ,  aiusi  que  lesRomains  uos  ancetres,  re- 
coltereut  h  travcrs  le  feu  et  le  fer,  et  malgre  les 
devastations  continuelles  des  euuemis,  de  plus 
riches  moissons  que  nous  n'en  recoltous  de  nos 

vilam  socordem  per.^equitur  valeludo.  Nani  sic  juveniim 
corpora  lUixa  et  resoluta  sunt,  ut  niliil  mors  nuilatura 
videatur.  At  meheiculcs  vera  illa  Romuli  proles  assiduis 
venatibus  nec  niinus  agreslihus  operibus  exercitata,  lir- 
uiissimis  pracvaluit  corporihus,  ac  militiani  belli ,  cuni 
res  postulavit,  lacile  sustinuit  durata  pacis  laboribus, 
semperque  rusticam  plebem  priieposuit  urbanae.  Ut  enim 
qui  in  villis  intra  conscpta  morarenlur,  quam  qui  foris 
terram  molirentur,  ignaviores  liabitos;  sic  eos ,  qui  sub 
umbra  civitatis  intra  ma>nia  desides  cunctarentur,  quani 
qui  rura  colerent  [adniinistiareiitve  opera  colonoruni ,] 
segniores  visos.  Nundinarum  etiani  conventus  manifestum 
esl  propterea  usurpatos ,  iit  nonis  lamtummodo  diebus 
urbance  res  agerentur,  reliquis  administraientur  rusticae. 
illis  enim  temporibus,  ut  ante  jam  diximus,  proceres  ci- 
vitalis  in  agris  raorabantiir  :  et  cum  consilium  publicum 
ilcsiderabatur,  e  villis  arcessebantur  in  senatum.  Ex  quo, 
qiii  eos  evocabant,  viatores  nominali  siint.  Isqiie  mos 
dum  servatus  cst  perseverantissimo  colendorum  agrorum 
studio,  veteres  illi  Sabini  Quirites  atavique  Komani 
ipiamquam  interferrum  et  ignes  lioslicisque  hiciiisionibus 
vastalas  fniges  largiiis  tamen  condideri'. ,  qiiam  nos,  qiii- 
bus  diulurna  permittcnte  pace  prolatare  licuit  reni  lusli. 


jours ,  bien  qu'une  longue  paix  nous  alt  permis 
d'apporter  de  grnnds  perfectionnementsdans  Ta- 
griculture.  Cest  cc  qui  fait  que  dans  le  Latium, 
cette  terre  de  Saturue,  ou  les  dieux  eux-rae- 
mes  avaieut  pris  la  peine  d'enseiguer  ragricul- 
ture  ^  leurs  eufants,  nous  en  sorames  reduits, 
pour  eviter  la  faraine,  citirer  le  ble  de  pays  si- 
tues  au  delades  iners;  et  le  vin,des  llesCyclades, 
de  la  Betique  et  de  la  Gaule.  Cela  uc  doit  d'ail- 
leurs  point  nous  etonner  ,  puisque  de  nos  jours 
e'est  une  opinion  generalemeut  accreditee,  qiruu 
metieraussi  vil  que  Tagriculture  n'a  besoin  d'au- 
cuu  apprentissage.  Pour  moi,  lorsque  j'envisage 
eette  scieuce  daus  toute  sou  etendue,  et  que  je 
repasse  dans  mou  esprit  les  diverses  parties  qui 
composent,  comme  autant  de  niembres,  ce  vaste 
corps,  je  craius  bien  de  voir  arriver  la  fin  de  mes 
jours  avant  d'avoir  penetre  dans  toutes  les  bran- 
ches  de  cette  doctriue  uuiverselle.  Quiconque  en 
effet  veut  se  douner  pour  avoir  atteint  la  perfee- 
tion  de  cet  art,  doit  avoir  approfondi  la  nature 
des  ehoses ,  observe  la  difference  dcs  elimats, 
couuaitre  les  productious  qui  convienneut  aux 
differentes  coutrees ,  avoir  preseut  a  resprit  l'e- 
poque  du  lever  dcs  astres  et  celle  de  leur  coucher, 
pour  ne  pas  eommencer  ses  travaux  dans  un 
temps  oii  il  sera  mcnace  de  pluies  ou  de  veuts , 
et  s*exposer  a  en  perdre  tout  le  fruit.  II  doit 
aussi  observer  Tetat  de  ratinosphere  et  la  mar- 
che  des  saisous,  quine  suivcntpointtoujoursune 
regle  fixe  et  invariable ,  puisque  Tete  et  rhiver  ue 
se  pr6seuteut  pas  toutes  lcsaunees  sous  les  memes 
formes.  Leprintempsnestpastoujours  pluvieux, 
ni  rautomue  humide.  Or,  personne  ue  saurait, 
a  mon  avis ,  prevoir  toutes  ces  circonstanees , 
sans  etre  doue  d'une  grande  sagacite  et  pourvu 
des  couuaissances  les  plus  variees.  II  n'est  point 

cani.  Itaqiie  in  hoc  Lalio  ct  Salurnia  terra,  ubi  dii  cul- 
tus  agrorum  progenieni  suam  docuerant,  ibi  nunc  ad 
liastam  locamus,  iit  nohis  ex  transmarinis  provinciis  ad- 
vehatur  (rumentum ,  ne  fame  laboremus  :  ct  vlndemias 
condimus  ex  insulis  Cycladibus  ac  regionibus  Bajticis 
Gallicisque.  Nec  mirum;  cum  sit  piihlice  concepta,  ct 
confirmata  jam  vulgaris  existimatio  ,  lem  lusticam  sordi- 
dum  opus ,  ct  id  esse  negotium ,  qiiod  nullius  egeat  nia- 
gisterio  pr.xceptoris.  At  ego ,  cum  aut  magnitudineni 
totius  rei,  quasi  quandam  vastitatem  corporis ,  aut  par- 
tium  ejus  velut  singulorum  niembroruin  numerum  recen- 
seo,  vereor  ne  supremus  ante  me  dies  occupet,  quam 
universam  disciplinam  ruris  possim  cognoscere.  Nam  qui 
se  in  hac  scientia  perfectum  volet  profiteri ,  sit  oportct 
rerum  naturae  sagacissimus,  declinationum  mundi  non 
ignarus  :  ut  exploratum  liabeal,  quid  cuique  plagae  con- 
veniat,  quid  repugnet :  siderum  ortus  et  occasus  memoria 
repelat ,  ne  imbribus  ventisque  imminentibus  opera  in- 
choet,  laboremque  frustretur.  Ca;li  ct  anni  prBcsentis  mo- 
res  intueatur.  Neque  enim  semper  eundem  veliit  ex  prae- 
scriplo  babitum  gerunt  :  nec  omnibus  anniscodcm  Tiiltii 
venit  .'eslas  auf  hiems  :  nec  pluvium  semper  cst  vcr,  aul 
humidus  autumnus.  Qiur  pia'Uosccre  sinc  lumiue  auinii 


DE  L'AGUICULTURE,  LIV.  I. 


doiine  a  toiit  le  monde  de  bien  jugor  la  qualite 
d"une  terre ,  de  discerner  la  nature  des  terrains  et 
de  determiner  les  penres  de  productions,  et  de 
savoir  ce  (]u'on  peutatteudre  ou  non  des  proprie- 
tes  du  sol.  Qui  est  celui  qui  a  jamais  erabrasse 
toutes  lcs  parties  de  reconomie  rurale  au  point 
de  savoir  toujours  bien  distribuer  ses  terres, 
pratiquer  les  labours,  et  distingner  les  differen- 
tes  especes  du  sol  qui  peuvent ,  les  unes  par  leur 
couleur,  les  autres  par  leur  qualite,  tromper  ie 
regard  le  plus  exerce?  II  y  a  des  contrees  oii  la 
terre  noire  estla  meillcure,  conime  parexeinple 
dans  la  Campanie;  il  y  en  a  d"autres  oii  la  terre 
rouge  et  grasse  merite  la  preference  sur  toutes 
les  autres.  Dans  la  iNumidie,  en  Afrique,  une 
terre  friable  Temporte  par  sa  fecondite  sur  le 
sol  le  plus  fort,  taudis  quen  Asie  et  en  Mysie 
uue  terre  compacte  ct  visqueuse  est  la  plus  fer- 
tile.  II  faut  savoir,  a  la  simple  inspection  d'un 
terrain,  dcterminer  le  genredecultureapplicabie 
auxcollines,  aux  plaines,  aux  jacheres,  a  la 
terre  humide  etfertile  en  herbes,  et  au  sol  sec 
ct  aride.  On  ne  doit  point  non  plus  ignorer  tout 
ce  qui  concerne  la  plantationetl'entretien  dcs  pe- 
pinieres  et  des  vignes,  doiit  on  compte  un  nom- 
bre  iniini  d'cspeces  diffcrentes.  Enlin  il  fautquil 
ait  aussi  les  connaissanccs  necessaires  concer- 
nant  racquisition  et  rentrctien  des  troupeaux ; 
car  nous  pensons  qiie  Teducation  des  bestiaux 
doit  faire  partie  de  reconomie  rurale,  bien  que  , 
par  sa  nature,  elle  en  soit  csseutiellement  dis- 
tincte.  L'education  dcs  bestiaux ,  considciee  en 
elle-memc,n'cstpointnon  plus  une  science  sim- 
ple;  elle  renfermeautantdepartiesqu'ellecompte 
de  sujets  differents  :  les  ehevaux,  les  boeufs  et 
les  brebis  demandent  tous  des  soins  particuliers. 
A  ne  considerer  que  les  brebis ,  on  fait  une  dis- 


173 

tinction  entre  ccllcs  de  Tarcnte  ot  cclles  dont 
la  laine  est  moins  fme.  II  en  est  de  menu,  des 
chtjvres  :  celles  qui  sont  |)rivccs  de  cornes,  ou  qui 
n'ont  prcsque  pas  de  poil ,  demandent  a  ctre  ele- 
vees  autrement  ([ue  celles  qui  ont  bcaucoup  de 
poil  et  descorncs,  comrae  les  clievres  de  Cilicie. 
L'entretien  des  truies  et  celui  des  verrats  sont 
aussi  deux  choses  tres-difft-rcntes.  En  outre ,  les 
truies  pelees  demandent  uii  autre  climat  et  d'au- 
tres  soins  que  celles  qui  ont  beaueoup  de  soies; 
enfin,  pour  nepoint  nousbornera  Fiidueationdes 
animaux  au  nombrc  dcsquels  sont  compriscs  les 
differentes  especes  de  volailles  et  les  abeilles, 
qui  est  celui  quieonnait  tous  les  genrcs  de  greffe 
etdetaille,  et  les  diverses  cultures  applicablcs 
aux  fruits  et  aux  legumes?Qui  sait  seulement 
distinguer  lcs  mille  esp(?ces  de  liguiers  et  de  ro- 
siers  qui  exigent,  chacune,  des  soins  particu- 
liers?  Ne  voyons-nous  pas  mi-raele  plus  souvent 
negllgerdcsobjetsbeaucoup  plusimportants?  Ce- 
pendant  beaucoup  de  personues  ont  dgja  com- 
mence  a  retirer  des  b(jn(inces  consid(irables  dcs 
plantations  de  cette  derniere  espece.  Je  ne  par- 
lorai  ni  des  geni*ts  ni  des  saussaies;  je  ne  diral 
lien  iion  plus  ni  des  prt^s,  ni  des  roscaux,  plan- 
tations  qui ,  sans  demander  de  grands  soins ,  ont 
besoin  ccpendant  d'une  eertaine  culture.  Je  sais 
bien  qu'en  exigeant  de  celui  qui  se  livre  aux 
travaux  rustiquestant  de  connaissances  diverses 
pour  devenir  un  agriculteur  parfait ,  je  ralen- 
tirais  peut-etre  le  zcle  des  coramencants,  qui, 
justementeffrayc-sde  la  vari(it(;  et  du  grand  nom- 
bre  des  scicnces  qui  se  rattachent  aragriculture, 
ne  voudront  pas  tenter  une  entreprise  dans  la- 
quellc  ilsd(;sesperent  dc  rcHissir.  Cependant  il  est 
bon,  ainsiqucM.Tullius  ledit  tres-bien  dans  son 
traitii  de  lorateur,  il  est  bon  de  tout  essayer 


et  sine  exqnisilissiiiiis  (tisci[iliiiis  noii  quemqnam  posse 
credidcrim.  Jam  ipsa  lcrra;  varicl.is,  et  cnjusqne  soli  lia- 
bitus,  quid  nobis  neget,  quid  promiltat,  paucornm  est 
disceinere.  Conteniplalio  voro  ciuularnm  in  ea  disciplina 
paitiuin  qnanlo  cuique  contigit ,  ut  et  segetum  aialio- 
numque  perciperet  usum,  ct  varias  dissimillimas([ue 
terrarum  species  pernoscerel?  ([iiaium  nonnullae  culoie 
nonnulkc  qnalilate  fallunt  :  atque  in  aliis  rcgionibus 
nigra  terra ,  ([uam  pullam  vocanl ,  ut  in  Campaiiia ,  est 
laudabilis,  in  aliis  pinfjuis  rnbrica  melius  respondet ;  qui- 
biisdam  tiicut  in  Africa  Numidia!  piitrcs  arena;  foecundi- 
late  vel  robustlssimum  solum  vincnnt ;  in  .\sia  Mjsiaqne 
«lensa  et  glnlinosa  terra  maxime  cxuberat;  atque  in  liis 
ipsis  babcret  cognilnm,  quid  (feiret  aul)  recnsaret  collis, 
(luid  campcstris  posilio,  quid  ciiltus ,  qiiid  silvesler  ager, 
quid  bumidus  et  graminosus,  quid  sicciis  et  spurcus; 
ralioncm  (iiioquc  dispicerct  in  arboribus  vineisquc,  qua- 
rnm  inlinita  sunt  gentra ,  conscrendis  ac  tuendis;  cl  in 
pecoribus  paiandis  conseivandisqiie  :  quoniam  et  baiic 
adscivimusquasi  agricultuia!  iiarlem,  cum  separata  sit  ab 
agricolatione  pasluialis  scieiitia  ,  ncc  ea  lamen  simplex. 
Qui|>pe  aliial  cxigil  ci|uiuum,  atque  aliud  bubulum  ar- 


mciitum,  aliud  periis  ovilUiin;  et  in  co  ipso  dissimilem 
lationem  posUilat  X aienlinum  atque  liirlum  :  aliud  ca- 
priniiin;  etid  ipsum  alitcrcuratur  nintiluin  et  rari[)iliim, 
alilcr  cornulum  ct  setosiim ,  qiialc  est  iu  Cilicia.  Poicula- 
torisvero  et  sulmli  i  divci  ~a  iirorcssio,  diversa?  [lastiones : 
nec  eimdem  ^l.in.r  mh-.  (lcnsaeque  casli  statum,  nec 
eandem  cducaliiiiiciii  (iilliHnve  quicrunt.  l£t  uta  pecori- 
biis  reccdam,  ijiioium  in  partc  avium  cobortalium  et 
apium  ciira  positaest;  quis  tanti  studii  (uit,  nt  super 
isla,  qiia;cnunicravimiis,  totnosset  spccies  insitioniim, 
tot  putationuiii  ?  tot  pomoruin  olcrnmqiic  cultus  exerce- 
rcl?  tot  generibus  licornm,  sicut  rosariis  impenderet  cu- 
rani?  cum  a  plerisque  ctiam  majora  negliganlur;  qiiam- 
(|uani  ct  isla  jam  non  minima  vecligalia  iiiultis  csse 
Di'[ierunt.  Nam  prata  et  salicta,  gcnisla;quc  et  arundines 
([uamvis  tenuem  nibilomiuus  aliiiuam  dcsidcrant  indiis- 
triain.  Post  hanc  lam  mnltarum  lamquc  niultipliciiim 
lerura  pra;dicalioncm  non  nie  pra^terit,  si,  queiu  dcsidc- 
laniiisagricolam,  quemque  describimus,  exegero  a  [lar 
ticipibiis  agrestiuin  operum  ,  tardatum  iri  .stiidia  disceiv 
tium  ,  qui  lam  varia; ,  tanique  vaslae  scientisedesperatione 
couterrili,  uolent  experiri ,  quod  se  consoqui  posse  difl> 


174 


COLUMELLE. 


quaud  il  s'agit,  ou  de  rechercher  ce  qui  peut  6tre 
Qtile  au  geure  humain,  ou  de  couserver  et  de 
transmettre  ii  la  posterite  ce  qui  a  ete  trouve  et 
reeonnu  comme  tel  par  nos  predecesseurs.  Quand 
meme  nous  ne  l'emporterions  pas  sur  eux  par  le 
geuie,  et  fussious-nous  privesdes  ressources  que 
nous  presentent  lesarts  etles  sciences,  nous  ne 
devons  pas  pour  cela  uous  abandonuer  a  loisi- 
\ete  :  il  faudrait,  au  contraire,  poursuivre  avec 
perseverance  des  travaux  que  nous  avons  re- 
connus  etre  le  plus  utiles  a  Thomme  et  le  plus 
conformes  a  la  sagesse.  Aspirons  toujours  au 
premier  rang ;  nous  recueillerons  encore  assez 
d'honneur  si  nous  n'arrivons  qu'a  la  seconde 
place.  Les  muses  du  Latium  n'ontpas  seulement 
admis  dans  leur  sanctuaire  Accius  et  Virgile  ; 
elles  ontaussi  honorablement  accueilli  dans  leur 
temple  les  potites  du  second  et  du  troisieme  or- 
dre.  La  merveilleuseeloquence  deCieeron  decou- 
ragea-t-ellelesBrutus, lesCelius,  lesPollion,  les 
Messala,  et  les  Calvus?  Ciceron  lui-meme  nc  s'est 
pas  laisse  effrayer  par  les  foudres  que  laneaient 
Demosthene  et  Platon.  Enlin  le  vieil  Homcre, 
ce  pere  de  touteeloquence,  a-t-il  arrete,  par  les 
ilots  inepuisables  de  sa  divine  poesie,  le  zele 
et  Tardeur  de  ceux  qui  voulaient  marcher  sur 
ses  traces?  Est-ce  que  depuis  tant  de  sieeles  des 
artistes  moins  eelebres  qu"un  Protogene ,  qu'un 
Apelle,  qu'un  Parrhasius  ont,  daus  leur  ad- 
miration  pour  ces  grands  maitres ,  renonce  a 
leurs  propres  travaux?  La  beaute  du  .lupiter 
Olympien  et  de  la  Minerve  de  Phidias,  tout 
en  ravlssant  les  artistes  tels  qne  Bryaxis,  Lysip- 
pe,  Praxilele  et  Polyclete,  no  les  a  pourtant 
pas  empeches  dc  faire  tous  leurs  efi'orls  pour 
arri  ver  a  la  perfection .  Si  eu  toute  chose  les  grands 


maitres  sont  admirfe  et  honores,  ceux  qul  bril- 
lent  au  second  rang  n'en  sont  pas  moins  ap- 
precies  comme  ils  doivent  retre.  Kn  admettant 
donc  que  le  cultivateur  natteigne  point  au  modele 
que  nous  venons  de  tracer;  qu'il  ne  soit  -v^rita- 
blement  superieur  dans  aucune  des  sciences 
qu'exige  ragriculture;  qu'il  n'ait  pas  penetre 
dans  lanature  iutime  des  choses  avec  lasagacite 
d'un  Democrite  ou  d'ua  Pythagore;  qu'il  ne 
sache  pas  calculer  le  mouvement  des  astres  ou 
les  effets  des  vents  avec  la  perspicacite  d'un 
Medon  et  d'un  Eudoxe ;  qu'il  ne  possede  ni  la 
science  de  Chiron  ou  de  Melampode  dans  Te- 
ducaticn  des  bestiaux,  ni  rexperience  de  Trip- 
toleme  ou  d'Aristee  dans  le  labourage  dcs 
terres,  il  aura  deja  fait  beaucoup  s'il  egale 
dans  la  pratique  nos  Tremellius,  nos  Sasernas 
et  nos  Stolons.  Mais  si  Tagriculture  n'exige 
point  un  genie  superieur ,  on  ne  saurait  y 
reussir  sans  etre  doue  d'un  certain  jugement. 
On  a  cu  tort  de  s'imaginer  que  c'est  la  science  la 
plus  facile,  et  qui  demnnde  le  moins  de  discer- 
nement.  II  est  inutile  de  m'6tendre  davantage 
sur  Tagriculture  en  general.  Toutefois,  avant  de 
traiter  en  detail  etavecordre  les  differentes  par- 
tiesqui  la  composcnt,  je  dois  faire  preceder  ces 
livres  de  quelques  considerations,  queje  cruisap- 
partenir  essentiellemeut  a  rensemble  de  cette 
science. 

I.  Quiconque  veut  s'appliqucr  a  ragriciilture 
doit  reuuir  les  trois  conditions  fondamentales,  la 
connaissance  de  Tart,  les  ressourees  neccssaires 
pour  faire  face  aux  depenses,  et  la  volonte  de  Texe- 
cution.  Car,  comme  dit  Tremelliiis,  celui-laaura 
seul  des  terres  bien  cultivees,  qui  saura,  pourra  et 
voudra  leur  donner  les  soins  qu'elles  demandent. 


dent.  A'erumtamen  (|uotI  in  oralore  jam  M.  Tullins  lectis- 
sinie  (llxit,  par  esl  eos  qiii  generi  lium?.no  res  ulilissimas 
conquiriMe,  el  perpensas  eNploiatasquc  memoriiE  tradere 
CDncupiveiint,  cnncla  lciilair.  Nrr  ,si  \cl  illa  praslantis 
ingenii  vis,  vel  inclylanim  ai  liiiui  ilrlcciiil  instrumentum, 
conlestim  (lebemns  ait  otium  et  incrtiam  devolvi  :  sed 
quod  sapienter  speravimns,  pcrseveranter  conscctari. 
Summnni  enim  culnien  affeclantcs  satis  lioneste  vel  in 
secundo  fastigio  conspicieniur.  Kam  Laliae  musie  non  so- 
los  adylis  suis  Accium  el  Virgilium  recepere,  sed  eorum 
et  proximis  et  procid  a  secmidis  sacras  concessere  sedes. 
Nec  Brnlum  aut  Ca?lium  Pollionemve  cum  Messala  et 
Calvo  delerruere  ali  eloquentiae  slnilio  fulmina  illa  Cice- 
ronis.  Nam  neque  (ille)  ipse  Ciccro  lcrrilns  ccsserat  to- 
nantibus  Demoslbeni  Platonique  :  ncc  parens  eloquenti^, 
<leiis  ille  Maeonins,  vastissimis  numinibus  facunrtini  suoe 
posteritatis  studia  reslinxeral.  Ac  ne  minoris  quidem  fa- 
niie  opilices  per  lot  jam  secula  videnius  laboreni  snum 
deslituisse ,  qni  Prologenem  Apellemqne  ciim  Parrliasio 
niiiali  sunt.  Necpulcbritudinc  Jovis  Olympii  Mincrvaeque 
Pbidiacje  se(inenlis  setatis  attonitos  piguit  experiri 
Brya\ini,  Lysippum,  Praxltelem,  Polycletum,  quid 
eflicerc,  ant  (iui.msquc  progredi  possenl?  Sed  in  onmi  ge- 


nere  scientiie  et  summis  admiratio  veneratioque  et  infe- 
rioribus  merita  laus  contigit.  Accedit  buc,  quod  ille,  quem 
nos  perfeclum  esse  volumus  agricolam,  si  quidem  artis 
consummafae  non  sit,  nec  in  universa  rerum  natnra  sa- 
gacitatem  Demociili  vel  Pytbagorffi  fuerit  conseculus  ,  et 
in  niotibiis  astroruni  ventornmque  Metonis  providentiaui 
vel  Eudoxi,  ct  in  pecoris  cnllu  doctrinam  Cliironis  ac, 
Melampodis,  et  in  agrorum  soliqiie  molitinncTriptolcmi 
aut  Aristei  prudcntiam  :  multum  lanicn  profecerit,  si  usn 
Tremcllios  Sasernasque  et  Slolones  nostros  fequaverit. 
Potest  enim  nec  sublilissima,  nec  rursus,  quod  aiunt, 
piiigui  Minerva  res  agiestis  adniinislrari.  Nam  illnd  prociil 
vcro  est,  quod  plerique  credidcrunt ,  facillimam  esse  nec 
ulliiis  acnminis  rusticationem.  Decujus  universitate  nibil 
attinel  plura  nnncdisserere:  quandoqnidemeunctaepartes 
cjiis  destinati:;  aliquot  voluminibus  explicand.-e  snnt, 
quas  ordine  siio  tiinc  denium  persequar,  cum  pr.-efalus 
liiei-o,  qua;  reor  ad  universani  discipliham  maxime  pe.r- 
linere. 

1.  Qui  studium  agiicolationi  dederil,  antiquissiniasciat 
h^c  sibi  advocanda,  prudentiam  rei,  facultatem  inipen- 
dendi,  voliintatem  agendi.  Nain  isdemiim  cultis^iimim  riis 
babebit, ut  iiitTremellius,  qui  et colercsciet  ct  potcrit  et  vo- 


T)K  LAGRICULTUHE,  LIV.  l. 


Lasciencectlavoloutune  sufrirontjamaissnnsles 
depensesque  necessitent  naturellement  lesdiffe- 
reuts  travaux  agricoles ;  de  meme  que  la  voloute, 
jointe  aux  ressources  necessaires,  serait  impuis- 
saate  si  elle  n'etait  point  dirigee  par  la  science.  Eu 
Toute  chose,ct  principalement  quand  il  s'agitd"a- 
gricuiture,  le  point  essentiel  estde  savoir  ce  qu"il 
faut  faire;  carla  volonte  et  lesmoyeus  dexeeu- 
tion  ne  sont  rien  sans  les  connaissanees  neces- 
saires,  et  il  nen  peut  resulter  que  des  dommages 
pour  le  cultivatcur.  En  effet,  des  travaux  legere- 
raent  entrepris  cntrainent  dans  des  depensesqui 
ne  produisent  rien.Ainsi  tout  ehef  defamillequi, 
veritahlement  attachea  sesinterets,  tient  a  aug- 
menter  son  patrimoine,  et  i\  le  faire  valoir  d'a- 
pres  les  prineipes  d'uue  honne  agriculture,  doit 
avant  toutconsulter  surchaque  chose  Tavisdes 
cultivateurs  les  pluscxperimeutes  de  son  epoque, 
etudier  avec  soin  les  ouvrages  des  anciens,  pe- 
ser  miirement  leurs  opinions  et  leurs  principes, 
pour  etre  a  meme  de  juger  si  les  regles  quils 
nous  ont  laissees  peuvent  encore  trouver  leur 
applieation  dans  Tetat  actiiel  de  ragriculture. 
Je  saisbien  que  quelques  auteurs,  tres-distingues 
d'ailleurs,  oiit  pense  queletemps  avaitapporte 
des  ehangements  notables  dans  la  disposition  du 
climat  et  des  saisons.  Hipparchus,  celebre  pro- 
fesseur  d'astronoraie,  annonce  dans  ses  ouvrages, 
qu'unjour  les  polesdu  monde  changeront  depo- 
sition ;  et  Sasernas,  auteur  estime  d'uu  traite  d'e- 
conomie  rurale,  paraitavoiradopte  cette  opinion. 
Daus  le  livre  qu'il  nous  a  laisse  sur.ragricul- 
ture,  il  pretend  que  certaines  eontrees,  ou  la  ri- 
gueur  excessive  de  Thiver  ne  permcttait  pas  au- 
trefois  de  couserver  des  plautations  d'oliviers  et 


de  vignes,  sont  aujourd'hui  tres-fertilesen  olives 
et  cn  raisin,ee  qui  lui  fait  supposerque  le  froid 
qui  regnait  auparavant  dans  ces  contrees  s'est 
considerablement  radouci.  Que  cette  raison  suit 
fausse  ou  vraie,  c'est  a  rastrologue  seul  a  Texa- 
miner.  Quant  aux  autres  traites  d'agriculture, 
ecritspresque  tousen  langue  pnuique  par  desau- 
teursafricains,  le  cultivateur  ne  doit  pas  lcs  igno- 
rcr,  bien  qu'il  s'en  trouve  pUisieurs  dont  les 
priucipes  oiitete  reconnus  faux  dans  la  pratique 
par  nos  fermiers.  'Iremellius  aussi  a  signale  un 
grand  nombred"erreursdansces  traites;  il  lesex- 
plique  par  la  difference  qui  existe  entre  le  sol,  la 
tcmperature  et  les  productions  de  ritalie  et  de 
rAfrique.  Toutefois,  si  les  principes  d'agriculture 
de  nos  jours  s'ecartent  des  regles  suivies  dans 
les  temps  passes,  on  ne  doit  pas  pour  eela  ncgli- 
ger  la  lecture  des  anciens  ouvrages.  On  y  trouve 
beaucoup  plus  de  chosesa  approuver  qu"arejeter. 
Nous  avons  encore  unefoule  d"auteurs  grecs  qui 
ontecritsur  ragriculture;  nous  citeroiis  en  pre- 
miere  ligne  rillustre  poete  llesiode  de  Beotie,  qui 
a  beaucoupeontribue  auprogresde  notre  science. 
Viennent  ensuiteDemocrited'Abdere,  Xenophon 
le  disciple  de  Socrate,  Archytas  de  Tarente, 
Aristote  et  Theophraste ,  Tun  le  maitre,  Tautre 
le  principal  disciple  des  peripateticiens,  qui 
ont  tous  prete  n  ragriculture  Tappui  de  leurs  lu- 
mieres.  Parrai  les  Siciliens,  Hieroa  ,  son  diseiple 
Epicharmus,  ainsi  que  Philometor  et  Attalus, 
ont  egaleraent  contribue  nu  progres  de  cette 
science.  Athenes  aussi  a  produit  une  foule  d'au- 
tcurs  qui  ont  traite  de  ragricullure.  Les  princi- 
paux  d'entre  eux  sout  :  Chereas,  Aristaudros, 
Amphilochus ,  Euphronius,  fils  d"Euphrou ,  na- 


let.  Ncfine  enim  scire  aut  vellc  cniquani  salis  fuerlt  sine 
sumptibus,quos  exigunlopeia  :  necruisusfaciemli  aul  iui- 
pendendi  Toluntas  (facultasque)  profueiit  sine  arte,  quia 
caputesl  in  omni  negolio.nosse  quid  agendum  sit,  maxi- 
mequc  in  agiiciilUira,  in  qua  voluntas  facultasque  cilra 
scientiam  srtpe  magnam  doininis  affemnt  jacluiain ,  ciim 
imprudenler  (acla  opera  finslranlnr  impensas.  Itaquedi- 
ligens palcrfamilias,  ciii  (.mli  i  ^t  cv  agri  cultu  cerlam  se- 
qui  rationem  rci  faniili.u  i,  aii^;rnil;i%  maxime  curabit,  ut 
actatis  suiE  prudenli^.siiiHis  ;i^ii(olas  de  quaque  re  consu- 
lat,  et  commentarios  aiiliquornm  sedulo  scrulelur,  atque 
a!slimet,  quid  eoium  quisiiiie  senserit,  quid  priccepeiit  : 
an  univeisa  ,  quie  majores  piodiderunt,  liiijus  temporis 
culluras  respondeant,  an  aliqua  dissonent?  Multos  enim 
jam  memorabiles  auclores  comperi  persuasiim  habere, 
longo  a!Vi  silu  qualitalem  c<Eli  slatumque  mutari ,  eorum- 
que  consultissiiuum  astrologise  pinfessorem  llipparcbuin 
prodidisse,  tempus  fore,  qiio  cardines  mundi  loco  movc- 
rentur  :  idiiue  ctiam  non  Rpemendus  auctor  rei  rustica^ 
Saserna  videtur  adcrcdidissc.  ?<'am  eo  libro,  quem  de 
agricultura  scriptuin  reliquit,  mutatum  cseli  situni  sic 
colligit,  quod  qna^regioncs  anlea  proptcrhicmisassiduam 
violenliam  millam  stirpem  vitis  aut  ole»  depositam  ,  cu- 
stodire  poluciint,  nunc  mitigato  [jam]  ct  iutcpescenle 


piistino  fiigorelargissimis  olivitalibiis  Liberique  vindemiis 
cxubeient.  Sed  bicc  sive  falsa  seu  vera  ralio  est,  lileris 
asliologia;  concedatur.  Ca^tera  non  dissiiiuilanda  crunt 
agioruin  cullori  piacopta  rusticationis,  quae  cum  pluiima 
tradiderint  Poeni  ex  .'Vfrica sciiptoies ,  lunlta  tauien  ab  bis 
falso  prodita  coarguunt  uostri  cotoni ;  sicut  Tremellius , 
qui  qucrens  id  ipsum  tamen  excusat,  quod  Italia;  el  .^frica; 
solum  ca>lumipie  diversa'  natuiae  ,  ncqneat  eosdeni  pro- 
venlus  li;iberc.  Qua'cunque  antem  propler  disi  iplinain 
ruris  iKistrorum  lemporuin  ciim  priscis  discic|iant,  iiou 
deterieie  dcbent  a  lectione  discentem.  Nam  miilto  pliira 
reperiuntnr  apud  veleres,  qua-nobispiobanda  sinl,  quani 
qua;  repudianda.  Magna  |iorro  et  Gra^corum  turba  est, 
(le  rusticis  rclius  pia'!  ipiciis ;  lujiis  princeps  celeberrimns 
vatcs  non  ininiiiinin  pnilissidni  nostia;  contulit  Hesiddiis 
Bicotius.  Magis  dcinilc  i';ini  jnveie  funtibus  orti  sapicntiaj 
Democritus  Abdcritcs ,  Sociaticns  Xenoiibon,  Tarenliniis 
Aiclijtas,  peripatetici  inagisler  ac  discipulns  .\iistotelcs 
cnin  Tbeophrasto.  Sicnli  quoque  non  mediocri  cura  ne- 
gotium  istud  prosecuti  sunl  Hieron  el  Epicbarmus  disci- 
jiulus ,  Philometor  ct  Attalus.  Alhenrc  vero  scriptoruin 
frequentiam  pepcrerunt ,  e  qiieis  probatissimi  auclores 
Cbajreas,  Aristandros,  Ampbiloclius,  Euphronius  ;  Clirc- 
stus  Euphronis,  non ,  ut  multi  putant,  Anipliipolites,  qui 


COLUMELLE. 


tif  d'Athenes  et  non  pas  d'Amphipolis,  bien 
qu'Euphroninsd'Araphipolis,  avec  lcquel  ii  a  ete 
souventconfondu,passe  lui-meme  pour  un  bon 
agriculteur.  Dans  les  Iles,  {'asriculture  n'a  point 
ete  negligee  :  temoin  Epigenede  Rhodes,  Aga- 
thoclede  Chio,  Evagonet  AnaxipolisdeThasus. 
MenandreetDiodore,compatriotesde  Bias,  Tun 
des  scpt  sages  de  la  Grcce,  se  sont  fait  reniarquer 
surtout  par  leurs  connaissauces  agricolcs.  Bac- 
chius  et  Mnaseas  de  Milet ,  Antigonus  de  Cymee , 
Apollonius  de  Pergame,  Dion  de  Colophou,  He- 
gesias  de  Maronia,  ne  le  cederenten  rien  aux  au- 
teurs  que  nous  venons  de  citer.  Diophane  de 
Bithynie  a  resurae  et  reuni  eu  six  livres  les  vo- 
lumes  nombreux  de  Dionysius  d'Utique ,  inter- 
prete  et  comraentateur  de  Magon  le  Carthagi- 
nois.  II  y  a  encore  unefoulc  d'auteurs  dontnous 
ignorons  la  patrie,  raais  qui  out  pourtant  apporte 
leur  tribut  au  progres  de  cette  science  :  ce  sont 
Androtion,  jilschrion,  Aristomene,  Athenago- 
ras,  Grates,  Dadis,  Dionysius,  Euphyton,  Eu- 
phorion.  Nous  avonsencore,  pour  notre  traite, 
mis  a  contribution  avec  autant  de  confiance  Ly- 
simaque  et  Clcobule,  Mencstrate,  Pleutiphane, 
PersisetTheophile.  Enfin,  pour  accorder  ledroit 
de  bourgeoisie  romaiue  a  ragriculture,  qui  avait 
ete  jusqu'alors  une  science  grecque ,  puisque  les 
auteurs  qui  la  traiterent  ctaient  Grecs  eux-me- 
mes,citons  d'abord  M.  Caton  le  Censeur,  qui  le 
premier  a  ecrit  en  latin  sur  reconomie  rurale ; 
puis  lesdeux  Saserna,  pere  et  fils,qui  ont  cher- 
che  a  approfondir  davantagc;  Scrol'a  Tremellius, 
qui  lui  a  prete  le  secours  de  son  eloquence ;  M. 
Tcrentius,  qui  lui  a  doune  une  forme  plus  ele- 
gante ;  et  enfin  \irgile ,  qui  Ta  embellie  par  le 
charme  de  ses  vers.  Woublions  pas  non  plus  les 

et  ipse  laudaliilis  liabetiir  agricola,  scrt  indigena  soli  Al- 
tici.  Insulre  quoque  cuiam  istam  celebraverunt,  ut  lestis 
est  Rliodius  Epigenes ,  Cliins  Agatliocles,  Evagon,et 
Anaxipolis  Tbasii.  Unius  quoque  de  septem  Biantis  illius 
populaies  Menauder  et  Diodorus  in  priniis  sibi  vindicave- 
riinl  agiicolalionis  prudentiani.  Nec  liis  cessere  Milesii 
Uaccliius  et  Mnaseas,  Anligonus  Cyma^us,  Pergamcnus 
Apollonius,  Dion  Coloplionius,  Hegesias  Maronites.  Nam 
quidem  Dioplianes  Bitliynius  Uticensem  totum  Diony- 
sium,  Pa'ni  Magonis  Inlerpretem ,  per  mulla  dilfusum 
volumina  ,  sex  epitomis  ciicumscripsit.  Et  alii  tamen  ob- 
scurioies,  quorum  patrias  nou  accepimus,  aliquod  sti- 
pendium  nostro  studio  contulerunt.  Hi  sunt  Andiolion, 
jlischrion,  Aristomenes,  Alhenagoras,  Ciates,  Dadis, 
Diouysius ,  Eupbyton  ,  Eupliorion.  Nec  niinori  fide  pro 
virili  parte  tribiitura  nobis  intulcrunt  Lysimachus,  et 
Cleobulus,  Menestiatus,Pleutiplianes,  Persis  et  Tbeopbi- 
lus.  Et  ul  agricolationem  Roniana  tandem  civitate  done- 
mus,  (nam  adliuc  istis  auctoribus  Grfficae  genlis  fuit) 
jam  nunc  M.  Catonem  Censorium  illuni  memoremus, 
qui  eam  latine  loqui  primus  instituit.  Post  liunc  duos 
Sasernas,  pafrem  et  filium,  qui  eam  diligenlius  eru- 
dierunl;  ac  deinde  Scrofara  Tremellium ,  qui  etiam  elo- 
quentem  reddidil;  et  M.  Terenlium ,  qiii  expolivit;  mox 


elements  d'agriculture  que  nous  devons  a  Julius 
Hyginus.  Mais  le  plus  grand  honneur  revient  k 
Magou,le  pere  de  reconomie  rurale,  et  dont 
Touvrage  remarquable,  divise  en  vingt-huit 
livres,  a  cte  traduit  par  Tordre  du  senat. 
Rendons  encore  hommage  aux  hommes  de  no- 
tre  epoque,  Cornelius  Celsus  et  Julius  Atticus, 
dont  lun  nous  a  donne  un  traite  complet  d'agri- 
cultureen  cinq  livres,  et  Tautre  une  monographie 
sur  le  genre  de  culture  applicable  aux  vignes,  en 
uu  seul  livre.  Julius  Grccinus,  que  Ton  peut  re- 
garder  comrae  Ic  disciple  d'Atticus,  a  egalement 
Icgue  a  la  posterite  deux  livres  relatifs  a  la  cul- 
turedes  vignes.  Son  ouvrage,  bienqu'il  traitedu 
meme  sujet,  est  plusagreable  et  enmerae  temps 
plus  profond  que  celui  de  son  maitre.  Ainsi,  mon 
cher  Silvinus,  consultez  avec  soiu  tous  ces  au- 
teurs,  avant  d'aborder  l'etude  de  ragriculture. 
Mais  ne  croyez  pas  que  les  preceptes  qu'ils  vous 
donnent  vous  rendent  de  suite  un  cultivateur 
parfait :  ces  sortes  de  livres  sontbien  moins  pro- 
pres  a  former  un  maitre  qu'a  instruire  celui  qui 
lest  deja.  La  pratique  et  rexperience,  voilace 
qui  est  le  point  principaldans  les  arts.  En  toute 
chose  on  peut  puiser  un  enseignement  ulile  dans 
ses  propresfautes;  car  lorsque  une  expcrience, 
pour  avoir  ete  mal  faite,  ne  rcussit  point,  nous 
evitons  de  retomber  dans  les  erreurs  que  nous 
avons  commises ;  et  rinstruction  du  maitreeclaire 
ledisciple  sur  le  chemin  qu'il  doit  suivre  dore- 
navant.  On  ne  doit  donc  point  s'attendre  h  ce 
que  les  preceptes  que  nous  allons  donner  con- 
duisent  seuls  a  la  perfection  de  cet  art ;  tout  ce 
qu'on  peut  en  espcrer,  c'est  qu'ils  aideront  a  y 
parvenir.  Celui  qui  les  aura  lus  scra  loin  d'^tre 
un  cullivateur  parfait ;  il  lui  faudra  eucore  la  vo- 

Virgilium,  qui  carminum  quoque  potentem  fecit.  Nec 
postremo  quasi  pffidagogi  ejus  meminisse  dedignemur, 
Jiilii  Hygini  :  veruntamen  ut  Cartbaginensein  Magonem 
rusticationis  parentem  maxime  veiieremur  :  nam  liujus 
octo  et  viginti  memorabilia  illa  volumina  ex  senatuscon- 
sulto  in  Latinum  sermonem  conversa  sunt.  Non  minorem 
tamen  laudem  mcruerunt  nostrorum  temporum  viri ,  Cor- 
nelius  Celsus  ct  Julius  Atticus;  qiiippe  Cornelius  totum 
corpus  disciplinaj  quinque  libris  coniplexus  est;liic  de 
una  specie  culturae  pertincntis  ad  vites  singularem  librum 
edidit.  Cujiis  velut  discipulus  duo  volumina  similium 
praeceptorum  de  vineis  Julius  Graecinus  composita  face- 
tius  et  eruditius  posterilati  tradenda  curavit.  Hos  igitur, 
Publi  Silvine,  priiis  quam  cum  agricolatione  contrabas, 
advocato  in  coiisilium  :  nec  tanien  sicmente  dispositus, 
velut  summam  totius  rei  sententiis  eorum  consecuturiis  : 
qiiippe  ejusmodi  scriptorum  monumenta  magis  instiiiiint, 
quam  faciunt ,  artificem.  Usus  et  cxperiejitia  domiiiantur 
in  artibus  :  neque  e^t  iilla  disciplina ,  in  qiia  non  peccando 
discatur.  Nam  ubi  qiiid  perperam  adniiiiistralum  cessit 
improspere,  vitatur  quod  felellerat :  illumiuatque  rectam 
viam  docentis  magisterium.  Quare  nostra  pr:Ecepta  non 
consummare  scientiam,sedadjuvare  promittunt.  Nec  sta- 
lim  quisquam  compos  agricolationis  erit  liis  perlectis  ra- 


DE  LAGRICULTL' 

ionte  et  les  ressourees  necessaires  pour  les  mct- 
tre  a  ex6cution.  Cc  sont  dcs  appiiis  qiie  nons 
offrons  a  ceux  qiii  voiidront  s'en  servir,  maisqui 
ne  peuventrien  par  cux-memes.  II  faut  cncore 
se  trouver  dans  les  condilions  ([uc  noiis  vcnons 
dMndiquer.  II  y  a  plus  :  toutes  ccs  conditions 
reunies,  c'est-a-dire  un  travail  assidu,  rexpe- 
rience  du  mcta.ver,  la  volonte  de  dcpenser,  et  la 
facultede  le  faire,  ne  valcnt  pas,  abcaucoup  pres, 
laseule  preseucedu  maitre.  Si  le  maitre  ne  sur- 
veilie  pas  activement  les  travaux,  11  arrivera 
ce  qui  arrive  dans  une  armee  lorsque  le  general 
est  absent  :  tout  sera  ueglige,  personne  ne  fera 
son  devoir.  Je  pense  que  c'est  la  le  veritable 
sens  des  paroies  que  Magon  a  placees  en  tete  de 
son  ouvrage.n  Qiiiconque  veutaeheter  une  terre, 
dit-il ,  doit  vendre  sa  niaison  ,  de  peur  qu'il  ne 
se  plaise  plus  a  la  viile  qu'a  la  campagne;  celui 
qui  fait  beaucoup  de  cas  d'une  niaison  n'a  pas 
besoin  de  ferme.  » .le  m'en  tiendrais  ineme  a  ce 
preeepte,  s'il  pouvait  etre  observe  dans  ce  tenips- 
ci.  Mais  puisqu'aujourdhui  rambition  nous  ap- 
peile  souvent  a  la  ville,  etqu'ellenous  y  retient 
encoreplus  souvent ,  je  pense  qu'il  est  plus  com- 
mode  d"avoir  un  bien  de  campagne  qui  eu  soit 
proche,  afiu  qu'on  puisse  s'echapper  tous  les 
soirs,  si  occupe  qu'on  soit,  pour  y  aller  apres  les 
affaires  du  barreau  terminees.  Car  pour  ceux  qui 
achetent  desproprietes  eloignees,  presqueau  dela 
des  mers  pour  ainsi  dire ,  ceux-la  abandonnent 
de  leur  vivaiit  leur  patrimoine  a  leurs  heritiers,  et, 
qui  pis  est,  a  leurs  esclaves,  avant  la  niort  de 
leur  maitre.  En  effet,  rassurcs  par  reloignement 
du  proprietaire,  ils  se  iivreut  a  tous  les  vices ;  et, 
enattendant  que  de  nouveaux  maitres  vieunent 
prendre  possession  du  domaine,ils  songent  plus 
a  le  piller  qu"a  lecultiver. 

lionlbus  ,  nisi  et  obire  cas  voluerit,  et  per  facuUates  po- 
iiierit.  Ideoqiie  liaec  velut  adminicula  studlosis  promitti- 
mus,  non  profutura  per  se  sola,  sed  cum  aliis.  Acne  ista 
(piidem  prajsidia,  ut  diximus,  non  assiduus  labor  el  ex- 
peiienlia  villlri ,  non  facuUates  ac  voluntas  impendendi 
tantuni  pollcnt,  quantum  vel  una  pia;senlia  domini  : 
quae  nisi  liequens  operibus  intervencrit,  ut  in  exercitu 
cum  abest  imperalor,  cuncta  cessant  officia.  Maximeqlie 
reor  lioc  sisnilicantem  Peentim  Magoiiem ,  suorum  scrip- 
torum  primordium  lalibiis  auspicatum  sententiis  :  <i  Qui 
agriim  paravit  donium  vendat,  ne  nialit  urbaniim,  quam 
rusticum  lareni  colere;  cui  ma^is  roidi  tucrit  urbanum 
domicilium,  rustico  priiedio  non  erit  opiis.  "  Quod  ego 
praccptum,  si  posset  bis  temporibiis  observari ,  non  iin- 
miitarem.  Nuiic  qiioniani  plerosque  nostrum  civilis  am- 
bitio  siepe  evocal,  ac  sa'pius  detinet  evocalos,  sequitur 
ul  suburbauiim  pia-diiim  rommodissimum  c.ssc  puteni , 
quo  vel  occupalo  qiiotidianus  cxcursus  liicilc  post  nego- 
tia  fori  contiugat.  Nam  qiii  longiiiqua  iie  dicam  transma- 
rina  rura  nierrautur,  velut  ba^iedibus  patrinionio  siio, 
vcl  quod  giavius  est,  vivi  cedunl  servis  suis  :  quoniam 
qiiidem  ct  illi  tam  longa  dominoriim  distanlia  con  umpun- 
liir,  rt  rcrrupti   post  flagitia,  qu.e  commiseruiit ,  sub 


\\E,  LIV.  l.  '  '^ 

II.  i!  inipcrtedonc  que  le  fonds  de  tcrrc  qu'on 
voudra  aeheter  ne  soit  pas  eloigne  de  la  ville, 
alin  que  le  maitre  puisse  souvent  le  visiter.  II 
suffira  d'annoncer  son  arrivee  prochaine,  pour 
que  cette  crainte  contienne  le  metayer  et  ses 
gens  dans  les  limites  du  devoir.  Le  maitre  se- 
journc;a  donc  a  la  eampagne  le  plus  de  temps 
qu'il  lui  scra  possible;  et  ce  temps  ne  doit  etre 
consacre  ni  a  ragremcut  ni  a  roibivcle.  Un  chef 
de  famille,  veritablement  attache  a  scs  interets, 
doit  visiter  toutes  les  parties  de  ses  possessions , 
et  a  toutcs  les  cpoques  de  Tannee.  II  examinera 
avee  soin  la  nature  du  sol ,  aussi  bien  dans  le 
temps  oii  les  fruits  sont  encore  en  herhe  et  en 
feuilles,  que  dans  celui  ou  ils  sont  arrives  a 
leur  point  dematurite.  II  se  rendra  bien  compte 
des  differents  travaux  qui  doivent  etre  executes 
dans  les  diffcrentes  parties  de  son  domaine.  Un 
ancien  provcrbe,  deja  cite  par  Caton,  nous  dlt 
que  leplus  grandfleau  d"une  terre ,  c'est  d"avoir 
un  maitre  qui,  au  lieu  d'ordonner  lui-meme  les 
travaux  qu'elleexlge,  est  force  de  prendre  con- 
seil  de  son  metayer. 

Qu'on  ait  acquis  une  propriete  par  heritage  ou 
par  transaction  ,  II  importe  avant  tout  de  eonnai- 
tre  la  nature  d«  sol  ou  elie  se  trouve.  Dans  le 
cas  ou  elle  seralt  placee  dans  des  condltlons 
defavorables ,  11  faudralt  s'en  defaire,  pour  en 
aehcter  une  autre.  Si  la  fortune  exaucait  mes 
vceux  ,  je  lul  demanderais  une  terre  situee  dans 
un  climatsaln  etfertile,  partieen  plaine,  partie 
en  colliQes  legeremeut  incllnees  du  cote  du  mldi 
ou  de  rorient:  elle  se  composerait  de  terrains  la- 
bourables,  de  bois  et  de  terrains  incultes;  elle 
setrouverait  pres  de  la  raer,  cu  d'uu  (leuve  navi- 
gable  qui  faciliteralt  Texportation  de  ses  dlf- 
ferents  prodults,  tt  rimportatlon  des  denrees  ne- 

exppctatioiie  surccssoruni,  rapinis  magis  quani  cuUuris 
studeiil. 

II.  Ccnseo  igitur  in  propinquo  agruni  mercari,  quo  et 
fieqiienter  dominus  vcniat,  et  frequenliiis  se  venturuni , 
quam  sit  venturus,  denunciet.  Siili  boc  cuim  inctu  cum 
familia  viilicus  crit  in  oflicio.  Qiiicquid  vero  dabitur  oc- 
casionis,  niri  moretiir.  Oiw  non  .sitmora  scgnis,  nec  um- 
Irralilis.  Nain  diligentem  patrenifamilias  decet  agri  sni 
particulasoninesetomni  tcmporcannifrequentiusciicnni- 
ire,  qiio  piudontiiis  naturani  soli  sive  in  fiondibus  ct 
lierbis,  sive  jain  inaturis  friigilms  conlempletiir  :  nec 
ignorct  qiiidquid  in  co  recle  (ieii  poterit.  N;im  illud  vetus 
est  [et]  Calonis ,  agrum  pessinie  mullari ,  cujiis  doniinus 
qiiid  ineo  fariiindum  sit,  nonilccet,  sed  audit  villicum. 
Oiiapropter  vel  a  inajoribiis  triiditiiin  possidenti  vel  cinp- 
tuio  fiindiim  praecipua  cura  sit  scire,  quod  inaxinie  re- 
gionis  genus  prolietur  :  ut  vel  careat  inutili,  vel  nieicctur 
laudabileni.  Quod  si  voto  fortiina  subsci  ipserit,  agruni  liabe- 
bimus  -salubri  caelo ,  uberi  gliieba,  partc  campestri ,  parte 
alia  collibus  vel  ad  orientem  vel  ad  meridieni  molliter  de- 
vcxis;  terienisqiic  alns  ac  cultii,  atqiie  aliis  silvrs- 
tribus  et  aspeiis,  ncc  piorul  a  inari  anl  navigiibili  !lu- 
mine,  quo  deportari  friirtus,  et  per  qiiod  meices  invelii 


COLUMELLE. 


cessairps  h  son  exploitation.  Les  plnines  qiil  en- 
touieiaient  les  batiments  de  la  nietairie  seraient 
distribviees  en  prairies,  en  terres  labourees,  en 
saussaies,  ct  en  pia-ntatlons  de  roseaux.  Quant 
aux  colliiies,  la  partie  qui  ne  sera  pointplantee 
d"arbres  sera  rcservee  exclusivement  au  ble, 
bien  qiril  viennemieux  dans  des  plaines  medio- 
crement  seclies  et  grasses,  que  dans  des  ter- 
rnins  en  pentc.  Par  cette  raison,  les  terres  a 
ble ,  meme  les  pius  elevees ,  devront  etre  apla- 
nies  autnnt  que  possible,  et  presenter  une  pente 
tres-douee,  c'est-a-dire  ressembler  autant  que 
possible  aux  piaines.  Pour  les  autres  collines, 
elles  seront  plantees  d'oliviers,  de  vignes  et 
d'arbres,  dont  on  tirera  les  eclialas  necessaires 
pour  soutenir  les  premiers.  II  y  aura  d'autres 
collincs  qui  fourniront  le  bois  et  les  pierres  pour 
les  diiferentes  constructions,  et  d'autres  encore 
qui  serviront  de  paturages  aux  troupeaux.  L'eaH 
qui  decoulera  des  montagnes  (dans  cette  ferme 
modele)  se  repandra  en  ruissenu  dans  les  prairies, 
les  jardins  et  les  saussaies,  et  arrivera,  au  moyen 
de  canaux  ,  jusque  dans  renceinte  de  ia  metai- 
rie.  Des  troupeaux  de  gros  betail  et  d'autrcs 
quadrupedes  paitront  en  foule  dnns  les  champs 
ct  les  bois.  Mals  une  situatjon  telle  que  nous  la 
desirons  est  rare  et  diflieile  a  trouver  :  la  meil- 
leuresera  toujours  celle  qui  reunira  le  plus  grand 
nombre  de  ces  avantages;une  propriete  quin'en 
aurait  quc  quelques-uns  n'est  poiut  encore  a 
dedaigner. 

IIL  Porcius  Caton  ditqu'en  achctant  une  pro- 
priete  ,  il  faut  envisager  avant  tout  deux  choses : 
la  salubritii  du  climat,  et  la  fecondite  du  sol. 
Celui  qui  voudrait  cultiverune  terre  qui  ne  satis- 
ferait  point  a  ces  deux  conditions  ne  peut  etre 
qirun  fou,  qu'il  faudra  placer  sous  latuteile  de 

posslnt.  Campiis ,  iii  prata  et  arva  salic.laque  et  aruiidi- 
iieta  digeslus,  a^dilicio  subjaceat.  Colles  alii  vacui  ailio- 
ribus,  ut  solis  segetibus  serviant;  quic  lamen  modice 
siccis  ac  iiingiiibus  eanipis  melius  quam  praicipilibuslocis 
pioveniunt.  Ideoqne  etiam  celsiores  agri  rriimpntarii  pla- 
nicies  liabcre,  et  quam  mollissime  deveNJ,  .»  hiinilliini 
debent  esse  campestri  posilioni.  Alii  dciinlr  ciillrs  dlivc- 
tis  vinetisque  et  earum  futuris  pedamenlis  vcstianlnr, 
niateriam  lapidemque,  si  necessitas  a?dilicaudi  coegerit, 
nec  minus  pecudibus  pascua  proebere  possint.  Tum  livos 
tlccun eiiles  in  piata  et  lioi  tos  et  salicta ,  villirque  aqiias 
salientesdciniltant.  Nec  absinl  grege.s  arinenlorum,  ca^te- 
roiunuiue  qiiadrupedum  culta  et  dumela  pascenlium. 
Sed  liacc  posiUo,  quam  desideranins  ,  diriicilis  et  rara 
paucis  contingit.  Pioxiina  est  liuic,  qua;  plurima  ex  liis 
habet  :  tolerabilis ,  qme  non  paucissima. 

III.  1'orcius  qiiidem  Calo  censebat  in  emcndo  in- 
spiciendoque  agro  pr.eci|iui'  dno  esse  consideranda,  sa- 
lubritatem  cadi  e(  uberlalein  loci  :  qiiorum  si  alternm 
deessel,  ac  nibilo  minusquis  vellet  incoleie,  inenle  esse 
«aptuni,  alque  eum  ad  agnalos  el  genlilcs  di^iliK  cndum. 
JSemmem  cniinsanum  debere  faceie  sumplus  incullurasle- 


ses  parenfs  paternels.  Ouel  homme  de  bon  sens 
voudraiten  effet  se  inettrecn  frais  pourcultiver 
un  terrain  ingrat?  De  meme,  si  le  terrain  ost  bon 
et  fertile,  mais  le  climat  malsain  ,  il  est  rare 
que  le  niaitre  puisse  jouir  des  fruits  dc  snn  fni- 
vail.  En  effct,dans  une  contree  oii  il  faut  liitter 
constamment  avec  la  mort,  non-seulement  la 
reeolte ,  inais  la  vie  mcme  du  proprietaire  ne  sont 
pointcn  surete ;  ou,  pour  mieux  dire,  la  mort  y 
est  plus  certaine  que  les  lienelices  qu'il  se  pro- 
mettait.  Caton  ajoute  a  ces  deux  points  princi- 
paux  trois  autres  qu'il  n  importe  pas  moins  de 
prendre  en  consideration  :  ce  sont  les  routes, 
Tcau  et  lcs  environs.  Lcs  bonnes  routes  sont 
d'une  grande  utilite  pour  une  terre ;  d'abord  et 
principalement  par  rapport  aux  voyages  du 
maitre,  qui  se  rendra  toujours  avec  d'autant  plus 
de  plaisir  a  sa  terre ,  qu'il  n'iiura  point  a  crain- 
dre  les  incommodites  d'une  route  difficile ;  se- 
condement  par  rapport  a  Pexportation  et  rim- 
portation ,  puisfpie  les  bonnes  routes  augmentent 
le  prix  des  fruits  qu'on  emporte ,  ct  diminuent 
celui  des  denrees  qu'on  veut  faire  rentrer  a  la 
metairie.  Car  plus  la  conimunication  est  facile, 
moins  il  y  a  de  frais  de  transport.  De  plus  :  les 
frais  de  voyage  seront  moins  considerables, 
surtout,  si  l'on  fait  la  route  sur  des  be.tes  de 
louage,  ce  qui  est  toujours  moins  couteux  que 
d'avoir  a  entretenir  des  attelnges  a  soi.  Enfin  les 
esclaves  qui  doivent  aecompagner  le  maitre  nu- 
ront  plus  de  facilite  pour  le  suivre  a  pied.  Quant 
a  laqualite  de  Teau  ,  c'est  la  un  piiint  dout  Tim- 
portance  saute  tellement  aux  yeux  qu'il  est  inu- 
tile  de  la  demontrer  davantage.  Qui  oserait  en 
effet  douter  de  la  necessitc  d'uiie  enu  de  bonne 
qualitc,  sans  laquelle  personne,  quellc  que  soit 
d'ailleurs  sa  eoustitution  ,  ue  saurait  prolonger 

rilis  soli :  nec  rursus  |)estilenli  quamvis  feracissimo  pin- 
guique  agro  dominum  ad  fructus  pervenire.  Nain  iibi  sit 
cumorco  latio  ponenda,  ibi  nou  niodo  perceptionem  fiuc- 
tuum ,  sed  et  vitam  colonoruin  esse  dubiam  ,  vel  poliiis 
niortem  qiK-cstii  certiorem.  Post  liaec  duo  principalia 
sn^jungcbat  illa  non  minus  intuenda,  viam  et  aquam 
et  viciiiimi.  Multum  conferre  agris  iler  commodum  :  pii- 
inum,  quod  est  maximum,  ipsani  piaesenliam  domini, 
qui  libentius  commealurus  sit ,  si  vexationeni  vice  non 
reformidet.  Deinde  ad  invelienda  et  exporlanda  utensilia; 
(lu.-e  res  fiugibus  conditis  auget  preliura,  et  minuit  im- 
pensas  rerum  invectarum  :  qui  minoris  appoilentur  eo, 
quo  facili  nisu  perveniatur.  Nec  nibil  esse  etiam  parvo 
velii,  si  conduclis  jnmentis  iter  facias,  quod  magis  expe- 
dit,  quam  tueii  propria.  Servos  quoque  qui  seciituii  pa- 
tremfamilias  sint,  non  a?grc  iter  pedibus  ingiedi.  De 
bnnitale  aquce  ita  omnibus  clarum  est,  ut  pluiibus  non 
sit  disserenduni.  Quis  enim  dubilet,  eam  maxime  proba- 
tam  haberi ,  sine  qua  nemo  iiostrum  vel  prospeia;  vel 
adversa'  valetudinis  vitam  prorogat?  De  vicini  commodo 
non  csl  qiiidem  certum ,  quem  nonuunquam  uiors  aliKque 
nobiscum  (diversa;)  causa;  miitant.  Et  ideo  quidain  re- 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  L 


t7!) 


la  vie?  Qunnt  a  l'avantap;c  qu'on  peut  rctircr  de 
ses  voisins,  c'est  un  point  snr  Ic(1ir"I  on  nc  pcut 
riendccider  d"avance,  puisque  ia  niort  pcut  nous 
les  ravir,  et  d'autrcscirconstances  peuvent  en  ame- 
ner  de  uouveaux.  Lcs  personncs  qui  n'admettent 
point  a  ce  sujct  lcs  opinions  de  Caton  nous  pa- 
raissent  etre  dans  une  grande  erreur.  En  effet, 
s'il  est  d'un  homme  sage  de  savoir  supporfcr 
radversite  ,  il  r 'y  a  que  rinsense  qui  puisse  vou- 
loir  conjurer  le  malheur.  Or,  c'est  prccisemcnt 
ce  queferait  celui  qui  donnernitson  argent  pour 
acquerir  un  mauvais  voisin.  D'aillcins,  tout 
horame  nc  de  parents  libres  a  du  entendre  dire 
des  sa  premiei-e  jcunesse  qu'on  ne  perdrait  ja- 
mais  de  bceuf,  s'il  n'y  avait  pas  de  mauvais 
voisins.  Ce  proverbe  peut  s'appliquer  non-seule- 
ment  nux  bestiaux  ,  mais  a  toutcs  sortes  de  va- 
leur,  qnel!cqu'ensoit  la  nature.  Ijcnuconpdeper- 
sonncs  ont  mieux  aimc  abandonner  leurs  pcnatcs 
et  fuir  lcur  domieile,  que  de  rester  exposecs  aux 
vexntions  de  leurs  voisins.  Des  peuples  tont 
entiers,  nepouvant  supporter  In  meclinncete  de 
leurs  voisins,  ont  quitte  le  sol  de  leur  pntrie,  et 
sont  venus  cherchcr  un  refuge  dnns  dcs  pnys 
etrnngers  :  temoin  les  .Acheens,  les  Hiberiens, 
les  Albaiiiens,  ainsi  que  lcs  pcuples  nuxquels 
nous  devons  notre  origine,  lcs  Pdasgiens,  les 
Aborigenes  et  )es  Areadiens.  Enfin,  pour  ne  pas 
nous  borner  a  cescnlamites  publiqucs  qui  frap- 
perent  dcs  nations  entieres,  rhistoire  ne  nom- 
me-t-elle  pas  une  foule  d'hommes  prives  qui  se 
sont  signales,  soit  dans  la  Grece ,  soit  dans  notre 
Hcspcrie,  comme  des  voisins  intolerables?  Le 
fanieux  Autolycus  nctaif  certes  pas  un  voisin 
bien  accommodnut,  cf  rdunedif  pns  que  Cncus, 
efabli  sur  le  mont  Aventin,  ait  fait  lc  bonheur 
de  ceux  qui  habitaient  le  raout  Palatin.  Si  je 


prrnds  mes  exemples  dans  lepasse,  etnon  dans 
le  prcsent,  c'est  parce  que  je  ne  veux  point  nom- 
mer  un  de  mcs  propres  voisins  qui  n'cpargne  ni 
arbretout  vcnu,  ni  nrbrisseaux  plnntcs  cn  pepi- 
niere,  qui  arrache  reehnlns,  npptii  de  la  vigne, 
et  qui  ne  laisse  point  pnitre  frniiquillement  les 
froupeaux  dans  les  prnirics.  Cest  donc  avec  rai- 
son ,  a  mon  nvis  ,  que  Porcius  nous  conseille  de 
fnir  un  pnrcil  llcnu,  et  qu'il  nvertit  le  futur 
agronome  de  se  mettre  en  garde  coutre  un  tel 
malheur.  Nons  ajouterons  aux  preceptes  de  Caton 
celui  qu'un  dcs  sept  sagcs  a  Inissc  a  la  poslcri- 
fe  :  c'cst  de  garder  un  milicu  et  uuc  juste  mesure 
en  toute  chose  ;  et  cela  doit  s'nppliquer  a  rncquisi- 
tion  des  biens  fonds  aussi  bien  (iu'a  toute  autre 
affnire.  D'apres  ce  principc,  gardons-nous  avant 
tout  d"acheter  plus  de  terrcs  que  nos  moycns  ue 
nous  pcrmettent  d'en  cultiver;  e'cst  du  moius 
le  veritable  scns  de  la  bclle  sentcnce  de  notre 
poete,  Iorsqu'iI  nous  dit :  Admircz,  si  vous  vou- 
lez ,  une  grande  ferme ,  mais  n'en  cultivez  quune 
petite.  Le  snvnnt  poetea,  ce  me  semble,  voulu 
cousigner  dans  ces  vers  un  ancien  proverbe  que 
nous  devons  a  In  nation  la  plus  industrielle  du 
moude,  aux  Cnrthagiuois.  La  terre,  discut-ils,  ne 
doit  pns  ctre  plus  forte  que  le  lahoureur.  Cest 
qu'en  cffet  lorsque  la  terre  ct  le  labonrcnr  sont 
aux  priscs ,  si  la  ferme  reraporte,  lc  fermier 
srrn  ruine.  D'unautrecotc,  uu  petit  chnmp  bien 
cultive  rapporte  plus  qu'un  grnnd  qui  le  serait 
mnl..\ussinos  ancetrcs  tirereut-ils  plus  de  profit 
dcs  scpt  nrpents  de  terre  que  le  tribun  Licinius, 
apres  l'cxpulsion  des  rois,  nvait  assignes  a  ehnque 
citoyen,  que  nous  n'cn  tirons  aujourd'hui  des 
pucrets  les  plus  eteudus.  Curius,  dont  nous 
a\()ns  parlc!  plus  hauf ,  pensait  que  cetait  la  une 
fortuue  plus  que  suflisante  meme  pour  uu  con- 


f puunl  Catonis  sentenliani  :  qni  tMwon  miilluni  videnliir 
ciTurc.  Sani  qiieniadiiioduni  .siqiienlis  est,  foil.iiilo.s  casiis 
maj;no  aiiimo  sustinere ,  ila  (icnieiitis  cst  i|isuin  silii  iiia- 
lam  (aceie  CorUinani  :  quod  facit ,  qiii  nequani  vidnimi 
suis  numis  [)aiat,cuma  inimis  cunalinljs,  sl  inodo  li- 
Lcris  paienlibus  estoriiiudus,  audisse  potiierit,  Ou5'  av 
p!.-jc  a7to/,o'.-',  £1  jir)  ■^s.i-tai  naxor  v.r,.  Qiiod  noii  solum  do 
l)ovc  dieitur,  sed  etiani  de  oninilnis  piililnis  rei  nostra 
l.tmiliaris  :  adeo  quidein  ut  miilti  pra  liili^iiht  carere  pc- 
iiatibns,  cl  propter  injurias  viciiioriiin  sides  siias  piofu- 
geiint.  iSisi  aliler  cxistiinamus  diveisiini  orbem  gcnles 
univeisas  petiisse  leliclo  ])aliio  solo  ,  .Vclix-os  dico  et  Hi- 
beros,  Allianos  quoipie,  nec  minus  Siculos,  et,  iit  pri- 
niordia  iiosira  eoiilinoam ,  Pclasgos,  .4borigines ,  .\rcadas, 
qiiam  qnia  iiialos  vicinos  ferre  non  potueraiit.  Ac  nc  taii- 
tuiii  dc  piiblicis  calamitatibus  loipiar,  privatos  quoque 
nieiuoi  ia  tradidil  cl  iii  regionibus  Gra-cia;  et  in  liac  ipsa 
IIesp.'iia  delcslabiles  fnis.se  vicinos;  nisi  si  Aulolycns  ille 
cuiquaiu  potuit  tolfciabilis  esse  contermiiius;  aut.Wcnlini 
niiMitis  incola  Palatinis  ullnm  gaudium  (inilimis  siiis  Cacus 
slliilit.  Malo  enim  praelerilorum ,  quani  pr.Tsentiuin  ine- 
Uiiiil5*c,  iie  vicinum   meiim  nomincm,  ipii  necarborcm 


proliviorem  slare  nostra;  regionis,  nec  inviohliim  semi- 
narinni ,  nec  pedanieutum  adnexum  vinea; ,  nec  eliam  pe- 
cudes  negligentius  pasci  sinit.  Jure  igitur,  quanlum  mea 
fert  opinio,  M.  Porcius  talcm  pcstem  vitare  ccnsuil,el  in 
priniis  futurum  agricolam  priemonnit,  ne  sua  sponle  ail 
eam  perveniiet.  Nos  ad  caHcra  piaecepta  illinl  ailjicimiis, 
quod  sapiens  unus  de  seplem  in  perpelmmi  postciilali 
pronmiciavit,  adtiibcndum  moduin  mcnsiiramqiie  rebiis; 
idqiie,  nt  noii  solum  aliudacturis,  .sedet  agruiii  paratniis 
diclnni  iutclllgaliir,  nc  majorem,  qnam  ralio  calciilornni 
patiatiir,  emere  vclint.  Kani  liuc  pcrlinet  pra!clara  nostri 
poela;  sentenlia  :  Lnudato  ingcnliu  rura,  exiijmtm  co- 
/(/«.  Qnod  vircrudissimiis,  iil  mea  ferlopinio,  tiaditum 
velus  pia^ccptum  numeris  signavit.  Quippe  acutissimam 
genleui  Picnos  dixisse  convcnit ,  imbecilliorem  agrum 
qnani  a.ricolam  csse  dcbcie  :  (iiioniam,  ciim  sil  colliic- 
ta:idiim  cumco,  si  fundiis  pr.rvaie^it,  allidi  domlnnin. 
Nec  dubiiim  ipiin  niinus  rcddat  la\us  agcr  non  recte  cul" 
liis,  qiiam  aiigiistus  exiniie.  Ideoqiie  post  reges  exactos 
I.iciniana  illa  septena  jugera,  qiia;  plelji  tribiiiiiis  viiitini 
diviserat,  majoics  (luicstus  autiqiiis  rctuleie,  qiiam  nniic 
nobis  pra'bciit  amplissima  velereta.  Tanta  i]iii(leiii  Cmiiu 


COLUMELLE. 


su!  et  un  triomphateur.  En  effet ,  lorsque  le  peu- 
ple  lui  offrait  ciuquaiite  arpents  a  titre  de  reeom- 
ponse  apres  la  victoire  qu"il  venait  de  rempor- 
ter,  et  qni  etait  due  a  son  habilete  et  a  son 
coiirage,  i!  rcfusa  ce  present,  et  se  contentn  de 
la  portion  du  dernier  des  citoyens.  Plus  tard , 
lorsque  nos  vietoires  et  l'extermination  de  nos 
cnnemis  eurciit  laisse  beaucoup  de  terres  vacan- 
tcs  ,  on  regarda  eomme  un  crime  chez  un  sena- 
teur  de  posseder  plus  de  cinq  cents  arpents.  C. 
Liciuius  fut  cnndamne,  pouravoiroutre-passe  par 
cupidite  la  mesure  (ixee  pour  chaque  citoyen  par 
la  loi  qu'!l  avait  portee  lui-mOme  pendant  son 
tribunat.  Et  ce  n'ctait  pas  seulement  pour  le  pu- 
nir  de  son  orgueil  qu'on  ie  condamnait,  mais 
parce  qu'on  regardait  comme  un  crime  de  laisser 
incultes  des  cliamps  deja  ravascs  par  les  enne- 
mis ,  ce  qul  ne  pouvait  raanquer  d'arriver  iors- 
qu'un  citoyen  roraain  en  possedait  plns  quc  sa 
fortune  ne  liii  permettait  d'en  cultiver.  Comme 
cntoutes  choses.  on  gardera  dans!'acquisitiondes 
terresunejuste  mesure;eton  n'en  auraqu'autant 
qu'il  en  faut  pour  paraitre  les  avoir  achetees  a 
leffet  d'en  jouir,  et  non  pas  pour  en  etre  sur- 
charge  soi-meme,  ni  pourenlever  a  d'autres  le 
droitd'en  user  :  a  rexcmpie  de  ces  gens  immen- 
sement  i-iehes  qui  posscdent  des  pays  tout  entiei's, 
dont  ils  ne  pourraient  meme  pas  faire  lc  tour  a 
eheval.  lls  sont  forces  de  les  abandonner  aux  bes- 
tiaux  et  aux  betes  feroces  qui  les  ravagent;  ou 
bien  i!s  ics  peuplent  de  citoycns  emprisonnes 
pour  dettes,  ou  d'esclaves  attaches  a  la  chaine. 
L'etendue  meme  des  fermcs  doit  donc  depeudre 
non-seulement  de  la  volonte ,  mais  encore  des 
vcssources  de  chacun  ;  car  il  nesuffit  pas,  comme 
je  Tai  dit  plus  haut,  de  vouloir  posseder,  il  faut 
encore  pouvoir  cultiver. 


IV.  Nousarrivonsmaintenantau  precepte  que 
Ceson  nous  a  donne  le  premier,  et  que  Calon  a 
egalement  adopte  :  c'est  de  visiter  souvent  la 
terre  qu'on  se  propose  d'achetcr.  Une  premiere 
inspection  ne  suffit  point  pour  nous  faire  decou- 
vrir  ses  avantages  ou  ses  defauts  caehes;  ce 
n'est  qu'en  la  visitant  souvent  que  nous  pouvons 
lajuger.  l\os  ancetresnousont  indique  le  raoyen 
d'examiner  une  terre  ,  et  de  discerner  si  elle  est 
grasse  et  fertile.  Nous  en  parlerons  en  son  lieu, 
lorsqu'il  sera  question  des  differentes  especes 
deterre.  Mais  sansentrer  icidans  cedetail,  jere- 
viendrai  encore  sur  cet  axiome  qu'on  ne  saurait 
citer  trop  souvent ,  et  qui  est  attribue  a  M.  Atti- 
lius  Regulus,  fameux  genera!  du  temps  de  la  pre- 
raiere  guerre  punique  ;  c'est  que,  de  meme  qu'il 
ne  faut  pas  acquerir  un  fonds  de  terre ,  si  fcrtile 
qu'il  soit ,  lorsque  le  climat  en  est  insalubre, 
de  meme  il  ne  fautpas  non  plus  acheter  une  pro- 
priete  dont  le  sol  est  sterile ,  si  salubre  que  soit 
le  climat.  Or,  ce  conseil  qu'Attilius  donnait  aux 
cultivateurs  dc  son  epoque  avait  d'autant  plus 
de  poids  dans  sa  bouche,  qu'il  parlait  d'apres  sa 
propre  exp(^rience.  Eu  effet,  rhistoire  nous  ap- 
prend  qu'il  cultivait  une  terre  ingrate  et  pesti- 
lentielle  dans  le  territoire  de  Pnpinia.  De  merac 
qu'un  hommc  iutelligent  ne  doit  point  acheter 
une  propriete  dans  toutes  sortes  d'endroits,  ni 
se  laisser  tromper  par  les  avantages  d'un  so!  fer- 
tile  ou  d'une  situatiou  agreable,  de  meme  un 
bon  chef  de  fnmille  doit  chercher  a  faire  fructi- 
fier  et  tirer  un  bon  pi'oduit  des  biens  qu'il  aac- 
quis  soit  par  trai\saction  soit  par  heritage,  quelle 
qu'en  soit  la  nature.  Dans  cette  vue  nos  devan- 
ciers  nous  ont  laisse  beaucoup  de  preceptes  qui 
ont  pour  but  d'ameliorcr  uu  climat  rnalsain , 
d'altcnuer  des  exhalaisons  pestilentielles,  et  de 


Denlalns,  qiiom  paiiln  oiile  rnhillmiis,  prosppro  uiiclii 
parta  vicloiia,  oii  eximiam  virtiitem  (lclVreiitB  popiilo 
prsemii  nomine  quiHquaginla  soli  jugera,  supra  consula- 
rem  Uiumplialenupie  forlunam  putavit  satis  esse  :  repu- 
(liatoque  piiblico  muiieie  populari  ac  plebeia  mensuia 
contentus  fiiit.  Mox  eliam  cuni  agrorum  vastilatem  vic- 
toiia;  noslrae  et  interniciones hostiiim  fecissent,  ciiHiiiio- 
sum  tainen  senatori  fnitsu|ira  quingenta  jngeia  posse- 
disse,  snaqne  loge  C.  Liciniiis  (lamiiatus  est,  quod  agri 
nlodnni,  quem  in  iiKigistraln  rogalione  tribunicia  piomiil- 
gaverat,  immodica  possideiidi  libidine  transcendisset :  nec 
inagis  qnia  superbum  videbatur  lantum  loci  detinerc. 
qnam  quia  llasiitiosum ,  quos  hoslis  prolugiendo  desolas- 
set  agros,  novo  more  civem  Ronianuin  supia  vires  palii- 
monii  possidendo  deserere.  Moduseigo,  qui  in  omnibus 
lebus,  etiam  parandis  agris  adliibcbitnr.  Tantum  enim 
obtinendnm  est,  quanto  estopus,  ut  emisse  videamur, 
quo  potiieniur,  non  qao  one.raiemnr  ipsi ,  atque  aliis 
IVuendimi  eiiperemus;  nioie  pia-potentinm,  qui  possi- 
deiit  lines  gcnliiira ,  quos  ne  circumire  equis  qiiidem  va- 
lent ;  sed  proculcandos  pecudibus ,  et  vastandos  ( ac  popu- 
landos)  leris  derelinqimnt,  antocciipatos  nexu  (■iv!iim,et 


ergastnlis  tencnt.  JIo.lus  autem  erit  sua  ciiique  [  mode- 
rata  J  voluntas  facnltasqiie.  Neqiie  eiiim  salis  est ,  ut  jam 
prius  dixi ,  possideie  velle ,  si  colere  noii  possis. 

IV.  Seqiiitur  deinceps  Caisonianuin  pia3C«plnni ,  qno 
fertnr  usus  etiani  Cato  Marcus,  agrum  esse  reviseiidiim 
sa'piiis  eum,  quem  velis  mercari.  Kam  prima  inspeclione 
neque  vitia  ncque  virlutes  abditas  ostendit,  quae  mox  le- 
tiactantibus  facilins  apparent.  liispectionis  quoqua  veliit 
formula  nobis  a  majoribus  tradita  est  agri  pinguis  ac  la^ti : 
de  cujus  (]nalitale  dicemus  suo  loco,  cum  de  geneiibus 
terra;  disseiemns.  In  universnm  tainen  quasi  lestilican- 
dum  atque  sa'piiis  pincdicandum  liabeo,  quod  piimo  jani 
Punico  bellodux  incliitissimusM.  AttiliusRegiilusdixisse 
memoratur,  rniidum  siculi  ne  fuccundissimi  quidein  suli, 
cum  sit  insalubiis;  ila  nec  effreti ,  si  vel  saluberriinus  sit, 
parandiim  :  quoil  Attilius  aetatis  suee  agricolis  majoie  cum 
auctoritate  suadebat  poritus  usu.  iNam  Pupinia;  pestilentis 
simnl  etexilis  agii  cnltorem  fiiisse  eum  ioqiiuntur  bisto- 
ri*.  Quapiopter  ciiin  sil  .sapienlis  non  ubique  emeie,  nec 
aut  ubertalls  illecebiis  aiit  deliciarum  concinnilale  decipi : 
sic  vere  induslrii  jiatiisfaiiiilias  est  qiiicquid  aut  emerit 
aut  accepciit,  facere  frucluosuiu  alqne  ulile  :  qnoniam  et 


ijH  LAGIUCLLTURE,  LIV.  1. 


vaincre  a  force  dc  travail  et  de  soin  1'ingratitude 
du  sol  daiis  une  contree  sterile.  Or,  vous  attein- 
drez  ce  but,  si  vinis  sulvez,  corame  ceux  d'un 
oracle,  les  conseils  du  plus  veridique  des  pro- 
phetes  :  <•  Cherchez  a  bien  connaitre  d"avance  les 
vents  et  les  elimats,  le  modc  de  culture  pratique 
par  vos  predecesseurs ,  et  la  nature  du  sol,  alin 
que  vous  sachiez  ce  que  chaque  contree  peut 
rapporter,  et  ce  qu"clle  refuse au  cultivateur. >•  Ge- 
peudant ,  quelle  que  soit  rautorite  des  anciens 
cultivateurs ,  elle  ne  doit  point  nous  faire  renou- 
cei"  a  nos  propres  experiences  nouvelles.  Si  ces 
sortes  d'essais  ne  sont  pas  sans  incooveuient , 
il  en  resulte  toujours  du  moius  un  avantage  reel 
pour  la  feiTne;  parce  qu'en  general  on  ne  cul- 
tive  jamais  de  lerre  sans  ea  retirei  un  profit 
quelconque ,  et  que  le  maitre ,  en  essayant,  par- 
viect  a  connaitre  lc  genre  de  culture  qui  eonvient 
le  mieux  a  sa  ferme.  Les  essais  augmentent  le 
produit  des  champs  les  plus  fertiles ;  c'est  pour- 
quoi  il  nc  faut  jamais  craindrc  de  les  tenter,  sur- 
tout  dans  les  terres  grasscs,  ou  Ton  pcut  etrc  sur 
que  le  produit  dedommagera  toujours  de  la 
peine  qu'on  aura  prisc  et  des  depenses  qu'il  aura 
fallu  faire.  Mais  de  meme  qu'il  est  important  de 
connaitre  la  qualite  d'un  ionds,et  la  manicre  de 
le  cultiver,  il  ne  Test  pas  moins  de  savoir  com- 
ment  la  reetairie  doit  etre  batie ,  et  quelle  doit  etre 
sa  disposition  pour  en  tirer  un  bon  parti.  Sousce 
rapporl,  les  hommes  les  plus  illustres  ne  sout  pas 
toujoursexemptsd'erreur  :  teraoin  L.  LucuUuset 
Q.  Scevola.  La  villade  Lueullus  etait  plusgrande 
que  ne  le  comportait  la  ferme,  tandis  que  celle  de 
Scevola  avait  le  defaut  contraire.  L'un  et  Tautre 
defaut  sont  egalement  nuisibles  aux  interets  du 
proprietaire.  Si  les  batimentssont  trop  vastes,  ils 


necessitent  de  grands  frais  de  construction  et 
d'entretien;  s'ils  sont  petits  par  rapportau  fonds 
de  terre  ,  on  est  expose  a  perdre  une  grande  par- 
tiede  la  reeolte.Eu  cffet,  toutes  les  productious 
de  la  terre,  celles  qui  sontscches  aussi  bien  que 
celles  qui  sout  liiiuides,  se  giitent  facilement,  si 
Ton  n'a  pas  d'endroits  couverts,  spacieux  et  cora- 
modes ,  ou  !'ou  puisse  les  resserrer.  L'habitation 
du  maitre  doit  etre  aussi  elegante  que  sa  fortune 
le  lui  permet,  afin  qu'il  vienue  avec  plaisir  a 
sa  carapagne,  et  que  le  sejour  qu'il  y  fera  lui 
paraisse  agreable.  S'il  se  fait  accompagncr  de 
sa  femme,  dont  le  sexe  et  le  gout  sout  plus  de- 
lieats  ,  ces  sortes  d'embellissements  seront  d'au- 
tant  plus  necessaires  qu'ellecouseutiraplusfacile- 
ment  a  rester  avec  son  epoux.  Qu'un  agriculteur 
batisse  donc  elegamment,  sans  se  laisser  entrai- 
uer  d'ailleurs  a  des  depeuses  excessives.  Vos 
batiments,  nous  dit  Caton,  devront  etre  pro- 
porlionnes  a  Tetendue  de  vos  terres ,  de  crainte 
que  votre  vilia  ne  eoure  apres  votre  ferme  ,  ou 
votre  ferme  apres  votre  villa.  IVous  allons  expli- 
quer  maiutenant  queile  est  la  nieilleure  situation 
d'uiie  villa.  II  ne  sufllt  point  de  la  placer  daus 
une  contree  salubre  ,  il  faut  encore  choisir  pour 
son  emplacement  la  partie  la  plus  saine  de  la 
ferme  tout  entiere.  Lorsque  Tair  qui  envirnnne 
le  batiment  est  corrompu  ,  la  sante  est  expnsee 
a  mille  influenccs  nuisibles.  II  y  a  des  endroils 
qui  aux  solstices  souffrent  moins  de  la  chaleur 
que  les  autres  ,  mais  ou  le  froid  est  insupporta- 
bledaus  rhiver,  comme,  par  exemple,  Thebes  en 
Beotie.  II  y  en  a  d'autres  ou  Thiver  est  doux  , 
mais  011  la  chaleur  est  pesanle  en  ete,  comme 
Chalcis  dans  rEubee.  II  faut  donc  chercher  un  air 
tempere,  qui  ne  soit  ni  trop  chaud  ni  tropfroid. 


gravioris  c<Teli  niulta  rcraeilia  priores  tradiderunt ,  qiiibns 
initigetur  pestlfeia  lues;  et  in  exili  lerra  culloiis  piu- 
dentia  ac  diligentia  macieni  soli  vinccre  potest.  II.i^c 
autem  consequeinur,  si  verissimo  vati  veUit  oraculo  cre- 
diderimiisdicenti :  ycnlos  etproprium  crvli  prcrdisccre 
morem  citra  sif  nc  patrion  cnllusfptc  linbilusquc  toco- 
ruin,  el  quid  qumqttefcral  rerjio  ct  quid  qna'quc  rc- 
cuset  :  nec  conlenti  lamen  aucloritate  vel  prioriini  vel 
prajsenliuni  colonorum  iioslra  praetenniserimus  exempla , 
novaque  tentaveriinus  experimenla.  Quod  elsi  per  partes 
nonnunquara  damnosumest;  in  summa  tamen  fit  com- 
pendiosum,  qiiia  nullus  ager  sine  profectu  colitur,  simul 
ac  tentando  possessor  eflicit,  ut  in  id  formelur,  quod  ma- 
xime  praeslari  possit.  Ea  res  etiam  feracissimos  agros  iiti- 
liores  reddit.  Itaqiie  niisqnam  experimenlornm  variet.is 
ouiiltenila  est ;  longeqne  etiam  in  pingui  solo  magis aiidcn. 
duni,  qiioniam  neclalioiem  necsumptum  frustratur  cffec- 
tus.  Sed  ciim  refert,  qualis  fundus  et  quo  niodo  colatur; 
tum  villa  qualitcr  a^dilicetur,  et  quam  utiliter  disponatur. 
Multos  eniin  deeirasse,  memoria  prodidit,  siculpraestan- 
tissimos  viros  L.  Lncnllum  et  Q.  Sc«voIam,  qiiorun)  alter 
ni.ijores  alter  minus  ainplas,  quum  postulavit  inodus 
agvi,  villas  cxtruxit,  cuin  utrumquc  sil  contia  icm  fanii- 


liarem.  Diffusiora  enim  consepta  non  solum  pluris  a'di- 
ricainus,sed  etiamimpensisniajoribiis  tuenuir  :  atiiiinora 
cum  si]nt,<piam  postulat  fundus,  dilabitur  fructus.  Nam 
et  liiimida;  res  et  sicca;,  qiias  terra  progenerat,  facile 
vitlantur,  si  aut  non  sunt.  aut  prn|iter  angustias  incoiii- 
moda  sunt  tecta,  quibns  inferantur.  Pio  porlione  eliain 
facult.atiim ,  qiiani  oplinie  palerfainilias  debel  liabitare ,  ut 
et  libeutius  rus  veniat,  el  degat  in  eo  jucundius;  ulique 
veio,  si  etiam  matrona  cnmitabilur,  ciijus  iit  sexus  ita 
animus  est  delicatior  :  quainobrem  amcrnitate  aliqua  de- 
meienda  erit ,  quo  palicnlius  niorclur  ciim  viro.  Eleganter 
igitiir  a?dilicet  agricola  :  nec  sit  tamen  aedilicator;  atque 
area;  pedem  tantuni  complectatiir,  qiiod  ait  Calo,  (juaii- 
tnni  iie  villa  funduni  qnarat ,  iieve  fiindus  villam  :  ciijiis 
iiniversum  situm  qualem  oporteat  csse,  nunc  explicabi- 
niiis.  Quod  incboatur  a'dili('iiim,  siciit  salubri  regionc  ita 
saliiberiima  parte  regionis  debel  coiislitiii.  Nam  circumfu- 
siis  aer  corruptus  plurimas  affert  corporibus  noslris  causas 
olfensanim.  Sunt  qua-dam  loca,  qiia"  solsliliis  niiniis  coii- 
cale.scunt ,  sed  frigoiibus  bicniis  intolerabiliter  borrent, 
sicut  Tbebas  ferunt  Itootias.  Siintqnae  tepenl  liieme,  scd 
.Tstale  saevissimc  candent,  iil  aflirmant  Euboicam  Clialci- 
dem.  Petatur  igitur  aer  calore  et  frigore  tcmpcratus,  qui 


COLUMELLE. 


tel  qu'il  est  coramunement  vers  le  milieu  des 
collines ;  par  la  raison  que  cette  partie  n'est  ni 
assez  enfoncee  pour  etre  engourdie  par  les  gclees 
de  rhiver  ou  brulee  parles  chaleurs  de  rete  ,  ni 
assez  clevee  pour  avoir  rien  a  rcdouter  soit  des 
veuts,  qui  sont  toujours  furieux  sur  le  haut  des 
montagnes,  soitdespiuies,  qui  tombent  avec  plus 
de  violence  dans  les  endroits  clevcs  que  partout 
ailleurs.  La  situation  la  plus  favorable  pour  une 
villa  sera  donc  au  milieu  d'une  colline;  on  aura 
soin  toutefois  d'y  choisir  un  endroit  plus  eleve 
que  le  reste  du  tcrrain,  decrainte  que  les  torrents 
formes  par  les  phiies  ne  vicnnent  a  entrainer 
les  fondements  de  rcdifice,  lorsqu'ils  se  prccipi- 
tent  dans  la  plaine. 

V^.  11  faut  qu'il  y  nit  des  eaux  vives  qui  cou- 
lent  a  travcrs  la  metairie,  soit  qu'elles  y  prcn- 
nent  lcur  source,  soit  qu'elles  la  prennent  au 
dehors;  qu'il  y  ait  dans  le  voisinage  un  licu 
d'ou  Ton  puisse  tirer  sa  provision  de  bois,  et  qui 
piesente  dcs  pAlurages.  S'il  ne  s'y  trouve  point 
d'eau  courante,  on  cherche  dans  les  environs 
un  puits  qui  ne  soit  pas  profond,  et  dont  Teau  ne 
soit  ni  amere  ni  salce.  Si  Ton  manque  absolument 
d'eau  courante,  et  qu'on  ne  trouve  mcme  pas 
d'cau  de  puits,  on  construira  dc  vastcs  citernes  a 
Tusage  des  hommes,  et  des  abreuvoirs  pour  les 
bestiaux.  On  y  recueillera  dans  les  uns  corame 
dans  les  autres  Teau  des  pluies,  qui  est  tres-bonne, 
surtout  lorsqu'on  la  fait  passcr  a  travers  des 
tuyaux  de  terre  cuite  qui  la  conduisentdansunc 
citerue  couverte.  Apres  Teau  des  pluies  la  meil- 
leureestcellequi,  prenantsasourcedans  lesmon- 
tagnes,  s'y  precipiteatravers  desrochers,  comme 
par  exemple  Teau  du  mont  Guarcenus  en  Cam- 
panie.  On  place  au  troisieme  rang  Tcau  qu'on 
tirc  des  puits  creuses  sur  des  collines,  ou  du 
moins  dans  des  valieesd'une  certaine  eldvation.  ' 


La  pire  de  toutes  c'est  I'eau  mareeageuse,  dont  le 
mouvement  est  lent  et  presquc  imperceptible. 
Quant  a  celle  qui  croupit  dans  lcs  marais,  sans 
jamais  s'ecouler,  elle  est  veritablement  pestilen- 
tielle;  et  ccpcndant,  si  nnisible  qu'elle  soit,  elle 
se  corrige  par  Teau  des  pluies  qui  tombent  dans 
rhiver.  On  voit  par  U  combien  reau  des  pkiies 
doit  etre  salutaire,  puisqu'clle  a  la  vertu  de  pu- 
rifier  Teau  des  raarais.  Aussi ,  comme  nous  Ta- 
vons  dit,  c'est  la  meilleure  qu'on  puisse  employer 
pour  servir  de  boisson.  En  outre,  les  ruisseaux 
contribuent  heaucoup  a  moderer  les  chaleurs  de 
rete,  et  a  reiidre  le  pays  plus  agreable.  Si  leur 
eau  est  douce,  et  que  la  position  le  permette,  il 
faudra  les  faire  passer  a  travers  la  villa ;  mais  s'il 
y  a  une  riviere  tres-eeartee  des  collines,  et  que 
relevation  dc  ses  rives  ainsi  que  la  salubrite  du 
pays  ne  s'opposeut  point  aplacer  la  villa  surses 
hords,  il  faut  toujours  faire  en  sorte  que  la  villa 
ait  Teau  derriere,  etnon  par  devant.  De  cette  ma- 
niere  la  facade  de  redifice  sera  garantie  des  vents 
nuisihles,  et  se  trouvera  exposee  a  ceux  qui  sont 
regardes  comme  favorables.  En  effet,  la  plupart 
des  rivieres  sont  couvertes  en  ete  de  vapeurs  mal- 
falsantes,  et  en  hiver  de  brouillards,  qui  peu- 
vent,s'ils  ne  sont  dissipes  par  la  violence  des 
vcnts,  devenir  funestes  aux  hommes  etaux  bes- 
tiaux.  Dans  les  endroits  saluhres,  la  villa  doit, 
comme  je  Tai  dit,  regarder  Testou  le  sud,  tandis 
que  dans  les  climats  uebuleux  elle  doit  avoir 
rexposition  du  nord.  Une  villa  est  toujours 
convenahlcmcnt  placee  au  pied  de  la  nicr,  lors- 
qu'elle  en  est  asscz  proche  pour  que  les  vagues 
hattent  le  pied  du  biitiraent,  et  viennent  s'y  bri- 
ser  ;  au  lieu  qu'elle  serait  mal  sur  la  plage  ou  a 
quelque  distancedes  flots.  En  effet,  lorsqu'on  fait 
tant  que  de  s'ecarterdela  mer,  il  faut  s'en  ecarter 
beaucoup,  toute  la  plage  etant,  jusqu'aune  cer- 


fere  medios  olilim-t  collcs,  qiiod  neqiie  tlopressus  liieme 
pruiiiis  torpel,  aiit  lonfUir  aestate  vaporibus,  neque  ela- 
lus  in  suiniiia  nioiiliiiin  perexiguis  ventornm  niotibusaut 
pliiviis  onini  tenipore  anni  sa^vit.  Hacc  igitur  est  medii 
collis  optinia  positio,  loco  tainen  ipsopaululum  intuines- 
c?nte;  ne  cum  a  vcrliio  lorieus  imbribus  conceptus  ad- 
fluxerit,  fiindaincnla  loiivellat. 

V.  Sit  autem  vel  iiil;a  vilbm  vel  extrinsecus  induclus 
fcins  perennis;  liyialio,  pahuliimque  vicinum.  Si  deeiit 
tluensunda,  putealis  qninatiiv  in  vicino,  quae  non  sit 
liaustus  piofundi,  iioii  aiiKui  saporis  aut  salsi.  IIa?c  quo- 
que  si  deficiet,  et  S[)es  aiclioi  aquse  manantis  coegerit, 
vast.TC  cisternco  liominibiis  piscin;eque  pccoribus  instruan- 
lur,  colligenda'  aquie  laiulem  pluviali ,  qu<B  salubritali  cor- 
poiisest  acconimodatissiina.  Sed  ea  sic  liabetur  exiinia,  si 
liclilibiis  tubis  in  contcclam  cisternani  deducatur.  Huic 
pioxinia  lluens  aqua  e  monlibus  oriunda,  si  pei-  saxa  prw- 
ceps  devolvitur,  ut  est  in  f.iiarcpno  Campania;.  Tertia  pu- 
tealis  collina,  vel  quae  non  inrniia  \all.' repeiitur.  Deter- 
linia  paliistris,  qua;  pigro  lapNii  iipil.  1'cslilens,  quaj  in 
pahide  senipercoiisistit.  Hic  ideia  lainon  liiimur,  qiianivis 


nocentis  iiaturae,  temporibus  [tamen]  liiemis  edomitus 
imbribus  mitescit;  ex  quo  cxleslis  aqua  maxime  salubiis 
intelligitur,  quod  etiam  venenati  liquoiis  eliiit  peiniciem. 
Sed  lianc potiii  probatissimam  diximus.  Ceteinm  ad .rsta- 
tum  teinperandos  caloies  et  amcenitatem  iocoriim  pluri- 
nium  conferunt  salientes  rivi,  qiios,  sicondilio  loci  palie- 
tur,  qiialescunque  dummodo  dulces  utiqiie  perdiicendos 
in  villam  censeo.  Sin  summotus  longius  a  collibus  crit 
amnis,  et  loci  salubritas  editiorque  sitns  rip.ie  pcrmittet 
superponere  villam  prolIuenti,cavendum  lamen  erit,  nta 
teigo  potiiis,  quam  pras  se  llumen  liabeat,  et  ut  a^dilicii 
froiis  avcrsa  sit  ab  inlestis  ejus  regionis  ventis,  et  amicis- 
simis  adversa ;  cuni  plcrique  anines  astate  vaporatis  liicine 
frigidis  nebnlis  caligent.  Quae  nisi  vi  inajore  inspirantium 
ventorum  submoventur,  pecudibus  bominibusque  coiife- 
runt  pestem.  Opliinc  autein  salubribus,  ut  dixi,  locis  ad 
oiientem  vel  [ad]  meiidiem,  gravibus  ad  septentrionein 
villa  convertitur.  Eademque  scmper  maie  recte  conspicit, 
c.nm  pulsatur,  aclluctu  respeigitur;  nunquam  ex  ripa,  seJ 
liaud  panliini  submota  a  littore.  Nam  pr.ijstat  a  mari  longo 
poliiis  intcrvallo,  qiiain  brevi  refugisse;  quia  nicdia  suul 


hE  L"AGillCULTL'RE,  LIV.  l. 


tainedislanee,  rempliedevapcursettrexhalaisons 
(langereiiscs.  Unefermenc  iloit  pas  etre  iion  pliis 
situee  pres  tVun  niarais  ou  d'une  route  niilitaire. 
Lesmarais  developpent  pcndant  les  chalcurs  de 
rete  des  vapcurs  nuisiblcs,  et  eiigendrent  des 
iiisectes  arnies  (1'aiguillons,  et  dout  les  essaims 
nombreux  assaillcnt  riiomme.  Lcs  marais  four- 
inilleutencore  dcserpents  ct  d'autres  rcptiles  qui, 
prives  de  rhuniidite  de  rt).iver,  sortent  de  cctte 
faiiije,  misc  cn  fermentation  par  les  ardcurs  du 
soleil.  Toutcelaoecasioime  souvcut  dcs  maladies, 
dont  lcs  causes  sont  tellement  caehees  que  les 
m(.'decins  eux-mcimcs  ne  peuvent  pas  toujours 
les  dt'couvrir.  II  regne,  cn  outre,  dans  eeseon- 
tr(?es  uue  sorte  de  remujile  et  une  huraidit(i  (jui 
ronge  lcs  iiistruments  do  culture,  pourrit  les 
mcubles,  et  giite  les  fruits  serres  dansles  greniers 
aussi  bien  (]uc  eeux  ((ui  sout  laisses  a  decouvcrt. 
Le  voisinage  d'une  grande  route  n'est  pas  non 
plus  favorablea  remplaeementd'une  ferme,  tant 
a  cause  des  dtiguls  que  les  voyageurs  peuveiit 
faireaux  recoltes,  qu'acauscdes  visitcsfr('quentes 
dont  on  est  incommodc.  Pour  (iviter  tous  ccs 
iiiconveiiients,  il  ne  faudra  balir  la  metairie  ni 
sur  un  lirand  clicmin,  ni  dans  uii  endroit  pesti- 
leiitiel,,  mais  dans  une  situation  clevee  de  sorte 
([ue  la  fa(?ade  des  batiments  soit  touriKie  vers  lc 
point  du  ciel  oii  le  soleil  se  leve  a  rtk(uinoxe. 
Cette  position ,  tout  en  exposant  riiabitation  aux 
vents  d't'te,  la  defend  de  ccux  dhiver.  Plus  le 
terrain  s'abaisse  a  Test,  plus  il  re(^oit  facilement 
lcs  vents  iVili:,  et  moins  il  donne  acces  aux  tem- 
(letes  d'hiver;  la  chaleur  du  solcil  lcvant  y  re- 
sout  plus  promptemeiit  les  rosees  glacces.  Ces 
avantages  sont  d'unc  graiide  importanee,  parce 
qu'eu  gcntral  tous  les  licux  qui  ne  sont  poiut 


exposc^s  au  soleil  et  aux  vents  sccs  sont  regardts 
comme  malsains.  Eu  cffet,  daus  toute  la  nalure 
il  n'y  a  point  d'autre  force  ((ui  puisse  aussi  fa- 
cilemeutsecher  ou  balayer  lcs  vapeurs  dela  nuit, 
la  rouille,  et  eette  iiumiditt'.  sale  ((ui  s'attaclie  a 
tout,  et  qui  cst  aussi  dangereuse  pour  lcs  lioin- 
mes  que  pnur  les  trnupeaux,  les  [)lantes  et  les 
fruits.  Quand  oa  veut  eoustruire  siir  un  terrain 
en  peiitc,  il  faut  eommenccr  a  batir  sur  la  [lartie 
la  plus  basse  du  coteau.  Non-seulcnicnt  les  fon- 
dations  qui  auront  ete  jet(ies  dans  ce  reni"onee- 
ment  soutieiidront  le  pnids  deredifice,  maiseiles 
scrviront  de  eontrefurt  ct  d'appui  aux  construe- 
tionsqu'on  voudraajouterdans  la  suite,  lorsqiril 
faudra  agrandirla  metairie.  Les  aueiennescons- 
truetions  formeront  alors  un  coiitrepoids  asscz 
puissant  pour  soiitenir  les  ninivelles.  Si  ron  com- 
meneait  au  eoutraire  par  jeter  siir  la  [Mrtie  su- 
perieure  du  coteau  les  fondations  de.-.tinees  a 
porter  toute  la  masse  dcs  batimcnts,  !cs  construe- 
tions  qn'ou  ajouterait  dans  la  suite  forraeraient 
des  faux-poiuts  et  dcs  crcvasses.  En  effet,  toutes 
les  fois  qu'une  nouvelle  construction  est  ajout(ie 
a  un  aneien  batiment  qui  menaee  ruiiie,  le  vieil 
ediliee,  a  forcede  soutenir  la  masse  qui  s'ele\e 
aupres  de  lui,  fiuit  par  ciider;  ct  le  nouvcl  t'difiee 
venant  a  pencher  du  cot(;  de  Faneien  a  mesure 
que  eelui  ei  s'affaisse,  succombe  peu  a  peu  sous 
sa  propre  masse,  jusqu'a  cequ'ilait  ete  eulraine 
dans  la  ruine  du  premier.  Cest  ce  vice  de  cons- 
truetion  qu'il  faudra  (5viler,  en  jetaut  les  pre- 
mieres  foudations. 

VI.  La  distribulion  d'une  m  lairie  doit  rt'pon- 
dre  a  rcusemble  de  la  ferme.  Elle  secomposera 
de  trois  partics  :  rhabitatiou  du  maitre,  les  ba- 
timcnts  rustiques,  et  les  greniers.  L'habitation 


siiatia  gravioii.^  Iialitus.  Kec  paludem  quiOem  TKiiiam  1 
csse  oporlpt  ;ie(lifn'iis;  iiecjiinctam  niililarem  viam,  qiiod 
illa  caloribiis  novium  virns  eructat,  ct  iiifestis  aculeis 
annata  gignit  animalia,  quffi  in  nos  dcnsissimis  examini- 
liiis  involant ;  tiini  etiam  nantium  scrpenliuinque  pestes, 
liilieina  destituta  uliginc,  cdnoetlermentalacolluvie  veie 
iialas  emittit,  ex  qnibus  sirpe  contraliuntiir  ca;ci  moilii, 
(liiorum  caiisas  ne  medici  qiiidem  perspicere  qneiiut; 
seil  et  aniii  toto  tempore  siUis  alque  linmor  instinmen- 
liim  lusticiim  siipellectileniqiie  et  inconditos  (onditosque 
fMKtiis  (oiiuinpit  :  hax  aulein  pra^leiennlium  viatnrum 
popnUitionilHis,  ct  assiduis  devertentiiim  liospitiis  in- 
lislat  leiii  fciniiliorem.  1'iopter  qua;  censeo  ejiiMnodi 
vilaie  iiKOinmoda,  villamque  nec  in  via  nee  pesti- 
lenti  loco,  sed  procul  ct  edilioic  sitii  coiideie,  sic,  nt 
Irons  ejiis  .id  orienlem  a^ipiiiioclialeni  direcla  sit.  Nam 
ejiismodi  posilio  medium  tempcratunique  libramenlimi 
veiitorum  liiemalium  et  a.'Slivoniiii  teuet :  qnantoqiie  fi.e- 
ril  axlilitii  soliiiu  pronius  orienti,  tanlo  ct  a-state  lilieiius 
<a|iere  perllatns,  et  liicmis  proccllis  minus  infestari ,  et 
maliiliiio  legeiari  ortu  poterit,  ut  concreti  rores  litpics- 
canl :  (pioniam  fere  peflilens  liahetur,  quod  est  rcmoliini 
ac  sinislniin  soli  ct  apricis  flatibus;  quibussi  caiet,  niilla 


aliavis  potest  uocturuas  pruinas,et  quodciinqiie  rnbiginis 
aut  spuicilia»  resedit  ,siccare  atquedetergere.  lla'cauleni 
cuni  liominibus  afrerant  pcrniciem,  Inm  el  aiincnlis  ct 
viieiililius  eornmque  fruclibus.  Sed  quisqiiis  a^dilicia  volet 
in  declivibns  areis  extrneie,  semperab  inferioie  parte  aii- 
spicelnr  :  qnia  ciini  e\  depressiore  loco  fiierint  or.sa  fuii- 
dainenta ,  iioii  snliim  sniierlicien)  suam  facile  siistinebiint, 
sed  et  [HO  lulliira  el  siilislructione  fungenliii,  adversus 
ea,  qu.T  nio\  ,  sl  forle  villani  |)iolalare  libnerit,  ab  snpe- 
rioie  parle  applicabuntnr  :  qiiippe  ab  imo  praestnicta  va- 
lenter  rcsistent  coiitra  ea ,  (pi.T  postmodiim  snperposila 
iiicnmlienl.  At  si  snniina  pais  cli\i  fdiidata  [iropriam  mo- 
lem  snsccpeiit,  (iiiidipiid  ab  inleriore  nio\  ap|iosneris, 
lissnmeiil  rimosiiiiKpie.  .Xaiii  ciiin  vetcriadslniitnrieceiis 
adiliciiiiu  ,  qiiasi  snrgeuli  icliiclans  (iiicri  cedil;  et  (|nud 
priiis  evtriictuui  iiinninebit  cedcnli,  paiilatiiu  degiava- 
Inm  pondcre  sno  pia'ccps  altralielnr.  Igiliir  id  striictiiia' 
viliiiin  ciiiu  |iriiniiiu  slatiin  liiiKlamcnta  jacinulnr,  cvilan- 
diiincvl. 

\1.  Modiis  aiilcm  mcnibrorumque  numerus  aptetiir 
univcrsoconscplo,  et  dividalnr  in  ties  [lartes,  nrbanam  , 
rusticam  ct  IVnctiiaiiain.  liliana  rursiis  in  bibeina  ei 
U'Sliva  sic  di^.craliii,  iit  siicclcnt  bicnialis  lempoiis  tuli;- 


COLUiVlELLE. 


du  maitre  sera  divisee  en  appartenicnts  cVete  et 
en  apparteraents  d'hiver.  Les  chamlires  a  cou- 
cher  des  app.irtements  d*hiver  aurout  l'e.\position 
du  soleil  lcvaut  d'hiver,  et  les  salles  a  manger, 
ceile  du  soleil  couchant  equinoxiah  Les  ciiam- 
bres  a  coucher  des  appartements  d'ete  seront 
e.xposees  au  midi  equinoxial ,  et  les  salles  a  man- 
ger,  au  soiii!  levant  d'hiver.  Les  bains  seront 
tournes  vers  le  soleil  couchant  d'ete,  afin  d"elre 
bien  eclaires  depuis  midi  jusqu*au  soir.  Les  pro- 
menoirs  seront  sous  le  niidi  equinnxial,  afin 
qu'ils  aient  beaucoup  de  soleil  en  hiver  et  peu 
en  ete.  Les  bfltiments  dits  rusliques  se  conipose- 
roDt  d'abord  d"un  office  vaste  et  bien  exhausse, 
alln  que  la  charpente  soit  a  l'abri  du  feu ,  et  que 
les  gens  de  la  maison  puissent  s'.y  tenir  commo- 
dement  dans  toutes  les  saisons  de  l*aunee.  Les 
chambres  des  esclaves  libres  auront  l'exposition 
du  midi  equinoxial.  Quant  auxesclavesenchal- 
nes, on  leur  ferasous  terre une  prison  aussi  saine 
que  possibie,  et  eclairee  par  des  fenetres  nom- 
breuses,etroites,  et  assez  exhaussees  pour  qu'ils 
ne  puisseat  y  atteindre  avec  la  main.  Les  eta- 
blesdestineesaux  bestiaux  ne  devront  etre  ui  trop 
chaudes  ni  trop  froides.  Les  animaux  soumis  au 
joug  auront  des  etables  d'ete  et  desetables  d'lH- 
ver.  Pour  lesautresespeces  d'animaux  qu'on  en- 
tretient  egalement  daus  Tin  terieur  d'une  ferme,  on 
leur  menagera  pour  rhiver  des  retraites  couver- 
tcs,  et  pour  Tete  des  enceintes  a  decouvert,  mais 
cntoureesdehautes  murailles,pourqu'ilsy  soient 
en  surete  ct  n'aient  poiut  a  craindre  les  attaques 
des  betes  feroces.  Toutes  ces  sortes  d'etables  se- 
ront  conslruites  de  maniere  a  ce  que  Teau  ne 
puisse  y  penetrer  du  dehors ,  et  que  celle  prove- 
nant  des  animaux  s'en  ecoule  le  plus  prompte- 
ment  possible ,  aliu  que  la  pourriture  ne  gagne 


ni  les  fondations  desmurs,  ni  ia  corne  des  pieds 
dcs  bestiaux.  Les  etables  destinees  aux  boeufs 
auront  neufou  meme  dixpiedsde  largeur,  pour 
donner  a  ranimal  la  facilite  de  se  coucher,  et 
laisser  au  bouvier  la  liberte  dc  tourner  autour 
delui.  Lesmangeoires  devront  etrea  une  hauteur 
conveuable,  afin  que  les  boeufs  et  les  autres  bes- 
tiaux,  etant  debout,  puissent  y  raanger  com- 
modement.  Le  metayer  aura  sa  cliamhre  pres 
de  la  porte  principale,  pour  qu'il  soit  a  merae 
de  surveiller  ceux  qui  sortent  ou  qui  enlrent. 
Par  la  meme  raison  lintendant  aura  la  sienne 
au-dessus  de  la  porte  meme,  de  sorte  qu'il 
pourra  en  meme  temps  surveiller'de  pres  le  me- 
tayer.  Kon  loiu  de  14  on  etablira  le  magasia 
destine  a  recevoir  les  iustruments  aratoires.  Dans 
ce  magasin ,  on  menagera  un  cabinet  ou  Pou 
puisse  fermer  a  clef  les  ustensiles  de  fer.  Les  bou- 
viers  et  les  bergers  auront  leurs  cabanes  presdes 
etables,  afin  qu'ils  soieut  a  merae  de  donner 
aux  bestiaux  les  soins  qu'i!s  demandent.  Tous 
ces  gens  seront  loges  le  plus  pres  possible  les 
uns  des  autres,  atia  que  le  metayer  ne  perde 
point  de  temps  en  visitant  les  differentes  parties 
de  Iaferme,etqu'eux-m6mes  puissent  se  surveil- 
ler  mutuellemetit,  et  rendre  compte  du  plus  ou 
du  moius  de  zele  qu'!ls  mettent  dans  leurs  fonc- 
tions  respectives.  Les  bcttiments  a  provision  se 
composeront  du  cellier  a  huile,  du  pressoir, 
du  cellier  a  vin ,  du  cellier  a  vin  cuit,  du  grenier 
a  foin,  du  grenier  a  paille,  des  resserres,  et  du 
grenier  a  ble.  Les  pieces  a  fleur  de  terre  serout 
reservees  a  la  garde  dcs  liquides  destines  a  la 
vente,  comme  le  vin  et  rbuile.  On  plaeera  ^ur 
des  especes  de  plauchers  ou  d'etages  les  fruits 
secs,  tels  que  leble,  le  foin,  les  feuillages,  la 
paille,  et  toutes  les  autres  especes  de  fourrages. 


cula  briimalcni  orientem  :  ccenationes ,  eequinoclialem  oc- 
cidentem.  Rursus  aativa  cubicula  spectent  meridiem 
aequinoctialem ,  sed  coenaliones  ejusdem  temporis  pro- 
spectent  liibernuni  orienlem.  Balnearia  occidenli  aeslivo 
advertantur,  nt  sint  postmeridiem  et  usque  in  vesperum 
illustria.  Anibulaliones  nieridiano  Bequinocliali  subjectie 
slnt,  ut  bieme  pluriraum  solis  et  aestate  minimum  reci- 
piant.  At  in  rustica  parle  magna  et  alla  cullna  poncfur,  ut 
etconlignatio  careat  incendii  periculo,  et  in  ea  coramode 
familiares  onmi  tempore  anni  morari  queant.  Optime  so- 
lutis  servis  cellse  meridiem  oequinoctialem  spectanles 
(iiMit :  vinctis  quam  saluberrimum  subterraneum  ergas- 
tulum,  plurimis  idque  angustisillustratum  fenestris ,  al- 
que  a  terra  sic  editis ,  ne  manu  contingi  possint.  Pecudi- 
bus  fient  stabula,  quae  neque  frigore  neque  falore  infes- 
tentur.  Domitis  armentis  duplicia  bnbilia  siut,hiberna 
atquc  aestiva.  Ca^teris  autem  pccoribus,  qua:  intra  villam 
esse  convenit ,  cx  parlo  tecta  loca,  ex  parte  sub  dio  paric- 
tibus  altis  circumsepta,  ut  illic  per  hiemcm,  hic  per 
aestatera  sine  violentia  ferarum  couquiescaut.  .Sed  orania 
stabiilasic  ordinenlur,  nequis  liumor  induere  possit  :  et 
ut  quisque  ibi  conceplus  nierit,quam  celerrime  dilaba- 


tur,  ut  nec  fundamenta  parietum  corrunipantur,  nec  un- 
gulae  pecudum.  Lata  bubilia  esse  oportebit  pedes  decem 
vel  niinime  novera  :  quse  mensura  et  ad  procumbendum 
pecoriet  jugario  ad  circumeundum  laxa  ministeria  prae- 
beal.  Non  altius  edita  esse  praesepia  convenit,  quam  ut 
bos  aut  jumentum  sine  incommodo  stans  vesfi  possit. 
Villico  juxla  januam  fiat  habitatio  ,  ut  intrantium  exeun- 
tiumqufi  conspectum  liabeat.  Procuralori  supra  januam 
ob  easdem  causas  :  et  is  tamen  villicum  observet  ex  vi- 
cino  :  sitque  utrique  proximum  horreum ,  quo  conferalur 
orane  rusticum  instruraenlum ;  et  iulra  id  ipsum  clausus 
locus,  quo  ferramenta  condantur.  Bubulcis  pastoribusque 
cellac  ponantur  juxta  sua  pecora,  nt  ad  eorum  curam  sit 
opportnnusexcursus.  Omnestamen  quara  proxinie  alter 
abalterodebent  liabilare,  ne  villicidiversas  parles  circ um- 
euntis  sedulitas  dislendatur,  et  ut  inter  se  diligentiie  el 
negligentia?  cujusque  testes  sint.  Pars  autem  friictuaria 
dividitur  in  cellam  oleariam,  torculariam,  cellam  vina- 
riam  ,  defrulariam ,  foenilia  paleariaque  et  apotliecas  et 
lionea  ,  ut  ex  iis  quae  suut  in  plauo,  custodiam  recipiaiit 
bumidariim  rerura  tanqiiam  vini  aut  olei  venaliura  ;  siccao 
aiilem  res  congerantur  tabulalis,  ut  Irumenfa,  fcjcnum, 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  L 


Lcs  piciiicrs,  auxquels  conduira  un  escalier, 
auront  de  petites  fenetres  croisees,  liviant  pas- 
sage  nux  aquilons.  Cette  posilion,  etant  la  plus 
fraiclie  et  la  moins  liumide ,  est  tres-favorable  a 
la  conr.ervation  des  grains.  Le  cellier  a  vin  ,  si- 
tue  en  pkine  terre,  aura  la  raeme  exposition; 
mais  il  devra  se  trouver  tres-eloigne  des  bains, 
du  four,  du  trou  a  fumier,  de  toutes  les  immon- 
dices  d'ou  s'echappent  des  emanations  fetides, 
ainsi  (pie  des  citernes  ou  des  caux  saillantes, 
dont  les  evaporations  gateut  le  vin.  Beaucoup 
de  cultivateurs  pensent  que  le  lieu  le  plus  fa- 
vorable  pour  serrer  legrain  estune  grangeavee 
nii  comble  arque,  et  dont  le  sol  en  terre,  d'abord 
rcmue  ct  luimecteavec  de  ramurquenouvelleet 
non  salee,  a  ete  ensuite  battu  et  consolide  avec 
des  battes,  comme  les  paves  connus  sous  le 
nom  de  Sitjninum  opux.  Puis,  lorsque  Touvrage 
est  sec,  on  le  recouvre  avec  uu  enduit  dur,  de- 
trempe  a\ec  ramurque  au  lieu  d'eau,  et  mele 
avec  de  !a  chaux  et  du  sable.  On  enfonce  ensuite 
ce  mortier  dur;  a  force  de  le  battre  avec  les  bat- 
tes  les  plus  pesantes ,  on  le  polit ,  eton  en  remplit 
soigncuscment  tous  les joints etanglesformes  par 
le  pave  ct  les  murs ;  car  les  fentes  qui  se  formcnt 
ordinairementdans  ces  parties  offrent  des  retrr.i- 
tes  assMreesaux  aniraaux  qui  viennent  de  des- 
sous  terre.  Lcs  greniers  se  composeront  de  plu- 
sieurscompartiments,dontchacun  renferraera  les 
differtntes  sortcs  de  legumes  et  de  fruits.  Les 
murs  f.eront  revetus  d'une  couche  de  mortier 
delavee  dans  Tamurque;  mais  au  lieu  de  paille 
on  mctti a  dans  cette  composition  des  feuilles  des- 
sechees  d'olivier  sauvage ,  ou,  a  leur  defaut,  de 
toute  autre  espeeed'olivier.  Lorsque  cette  cou- 


che  sera  bieu  seclie,  on  larrosera  de  nouveau  avee 
de  Tamurque,  qu'on  laissera  entierement  seeher 
avant  de  rentrer  le  ble  dans  le  gronier.  Cette 
precaution  est  excellente  ,  surtout  pourpreservcr 
leble  des  charanconset  d'autres  animaux,  qui  ne 
tarderaient  point  a  le  rongcr  si  on  la  negligeait. 
iNcanmoins  si  le  grenier  iTest  pas  expose  d'une 
maniere  assez  favorable,  le  grain  le  plus  choisi 
ne  tarde  pas  a  s'y  moisir.  Lorsqu'on  u'a  rien 
a  craindre  de  rhumidite,  le  ble  peut  se  conscrver 
dans  desfosses  creuseesen  terre,  ainsi  quecelase 
pratique  dansquelquesprovinces  d'outre-mer.  En 
dcposant  les  graius  dans  ces  cspeces  de  puits  ap- 
peles  siros,  on  rend  en  quelque  sortcune  scconde 
fois  a  la  terre  les  productions  qui  soiit  sortics  de 
son  sein.  Pour  nos  contrees ,  qui  ne  sont  que 
trop  sujettes  a  rhumidite,  nous  prcferons  des 
greniers  eleves  au-dessus  du  sol,  et  construits  de 
la  maniere  que  nous  venons  d"iudiqucr.  Cest  du 
moinslemoyen  leplussCirpour  garantirle  ble  des 
charancons.  Lorsque  cemalheurest  arrive,  beau- 
coup  de  personnes  pensent  qu'il  suffirait,  pour 
en  arreter  les  progres,  de  renouveler  Tair  dans 
lestasdegrains  par  laventilation  :  c'est  uneerreur 
manifeste ;  car  loin  de  chasser  les  charancons,  on 
les  disperse  ainsi  sur  la  totalite  des  monceaux.  Si 
au  contraire  on  ne  touche  point  au  grain ,  les 
eouches  superieuresseront  seules  rongces  par  ces 
insectes,  qui  ne  pcnetrent  pas  dans  le  ble  a  plus 
d'une  palme  de  profondeur.  Or,  il  vaut  mieux 
pcrdre  eequi  est  deja  gatc,  que  d'e\poser  toute 
la  rccolte.  Lorsque  plus  tard  on  voudra  livrer  le 
ble  a  la  consommation ,  on  n"aura  qu'a  mcttre  a 
part  lescouches  superieures,  pour  neprendre  que 
celles  qui  sont  restees  intactes.  Quoiqueces  ob- 


froii(ies,  paleae.  celeiaquc  pabula.  SecJ  granaria,  ut 
dixi ,  scalis  adeantur,  el  niodicis  feneslellis  aquilonibus 
inspiientur.  Nam  ea  ca;li  posilio  maxliiic  filgida  et  nii- 
ninie  liuniida  est;  quai  utiaque  perennitateni  conditis 
fruinentis  afferunt.  Eadem  ratio  est  (qua;)  in  plano  sita; 
vinaria;  cella! ,  quoe  subniota  procul  esse  debet  a  balineis , 
furno  ,  sterquilinio,reliquisquc  immunditiis  tetrum  odo- 
lein  spiiaiilibus  :  nec  minus  a  cisternis  aquisve  salienti- 
hus,  (piilius  extraliilur  liumur,  qui  vinum  conumpit. 
Neque  me  pi.Teteril,  sedcm  truinenfis  opliniam  quibus- 
dam  vidcri  lioneum  camai a  contectum ,  cujus  solum  ter- 
lenum  piins  quam  cunsternatiir,  peirossum  et  ainurca 
lecenfi  iian  salsa  madefactuni ,  velut  Signinum  opus  pilis 
condensalur.  Tum  deinde  cum  ex;irait,  siniili  modopavi- 
menta  lestacea,  qua;  proaqua  receperint  amuicani  niixta 
ciilci  et  aiena!,  superslernuntur,  et  magna  vi  paviciiMs  in- 
(ulcantiiratque  expoliuntur,  o!nnest)iie  pariefum  et  soli 
jiiiictura;  teslaceis  pulvinis  libulantur  :  quoniain  fere 
cnm  iii  bis  partibus  a^dificia  linias  ef^enint,  cava  pijebent 
et  latebras  snbterraneis  animalibus.  Scd  et  lacnbiisdis- 
tiu^uunlur  f;iaiiaria,  ut  sepaialim  qua>qiie  legumina  po- 
nantur.  1'aricles  oblinuntiir  ainiiica  subaclo  lulo,  ciii 
pro  paleis  admista  sunt  arida  dleastri ,  vel  si  ea  non  sunt , 
oleie  folia.  Oeinde  cum  piadjctiiin  tectoriiim  inariiit , 
rarsnsamuica  lespcrijitur,  (jua  siccata  fiumeiitum  infer- 


tur.  Ea  res  ab  noxa  curculionum  et  similium  animalium 
commodissime  videtur  conditas  fruges  defendere;  qiia; 
nisi  diligenter  reposilfe  sint ,  celerilcr  ab  eis  consumun- 
lur.  Sed  id  genus  liorrei,  quod  scripsimus,  nisi  [sit  in] 
sicca  positione  villas  qiiamvisgianum  robustissimumcor- 
runipit  situ  :  qui  si  nuliiis  adsit,  possunt  etiam  defcssa 
frumenla  servari,  sicut  traiismarinis  quibusdam  provin- 
ciis  ,  uhi  puteonim  in  modiim  ,  quosappellant  siros,  ex- 
liaiista  bunius ,  editos  a  se  fruclus  recipit.  Sed  nos  in  no- 
stiis  icgionibus,  qiiie  ledunriant  uligine,  magis  illam  po- 
silioneni  pensilis  lioi  rei ,  et  lianc  curam  pavimentoruin  el 
paiietuni  piobamus  :  quoniam,  ut  reliili ,  sic  emunita  sola 
eHateia  boireoruin  proliibent  curculionem.  Quod  genus 
exilii  ciiin  incidit ,  mulli  opiiianlur  arceri  posse ,  si  exesa; 
fniges  in  liorreo  veiUileiitur,  et  quasi  refrigeientur.  Id 
autein  falsissimum  est :  neqneeniin  bocfacto  expelluiitiir 
aiiiinalia,  sed  immisccular  tolis  acervis  :  qui  si  maneant 
innnoti,  summis  lanlnin  parlibns  infestantiir,  (pioniam 
infra  inensuram  iialmi  non  nasciUir  Curculio  :  longeqiie 
pi'a'Slat  id  solum  ,  quod  jam  vitialiim  est,  qiiam  totum 
periculo  subjiceie.  >am  ciim  exiget  usus,  facile  est,  eo 
sublato,qHod  viliatum  erit,  integro  infiMiore  nli.  [Sed] 
lia>c,elsi  extriiisccns,  non  tainen  intempesfive  videor 
lioc  loco  relulissc.  Torriilaria  pra;cipue  cella;que  olearia; 
calida;  esse  debcnt ,  (luia  commodius  omnis  liquor  vaporc 


186 


C0LU?,1ELLE. 


«ervations  soientetraugeresau  sujetque  je  traite, 
|fi  ne  ies  orois  pourtant  pas  deplacees  ici.  Lescel- 
liers  a  liuile  doivent  etre  chauds ,  et  !es  pressoirs 
eucore  plus,  parce  qu'eu  general  les  liquides  se 
dissolvent  par  l'effet  de  laclialeur  et  se  contrac- 
tent  par  le  froid  ;  et  que  si  Thuile  ,  !orsqu'elle 
sort  en  petite  quantite  ,  vient  a  se  condeuser,  elle 
ne  tarde  p.isa  devenir  rance.  Mais  il  faut  que 
!a  chaleur  soit  naturelle,  et  resulte  du  climat ,  et 
de  l'expositionmeme  du  cellier.  On  evitera  avec 
soin  remploi  dn  feu,  car  la  fumee  et  la  suie  enle- 
veraientalhuilesasaveur.  Cestpourcette  raison 
que  lespressoirs  doiventrecevoir  le jour  du  midi , 
pourqu'onpuisse  se  passer  de  feu  et  de  lumiere 
lorsqu'on  presserarolive.  Le  lieu  oii  Ton  fera  bouil- 
lir  le  vin  ne  sera  ni  ctroit  ni  obscur,  alin  que  celui 
qiii  est  charge  de  ce  soiu  y  soit  a  son  aise.  Le  lieu 
oii  Ton  seche  le  bois  nouvellemeut  coupe  sera 
place  egalement  daus  la  partie  reservee  aux  tra- 
vcaux  rustiques  de  !a  metairie,  aupres  des 
bains  destines  aux  gens  de  la  raaison.  Quant  a 
cesbains,qui  ne  doiveut  point  manquer  dans 
une  ferme  ,  on  n'en  permettra  !'usage  aux  escla- 
ves  que  les  jours  de  fete;  car  ils  affaiblissent  le 
corps  quand  ils  sont  trop  frequents.  Les  celliers 
a  vin  seront  places  au-dessus  des  endroits  d'oii 
i!  sorthabituellement  de  la  fumee,  parce  que  les 
vins  y  vicilliront  plus  vite,  et  que  la  contiuuite 
de  la  funiee  les  fera  parveuir  de  bonue  lieure  a 
leur  maturite.  Toutefois ,  on  menagera  un  autre 
'  cellier  pour  y  deposer  les  ^  ins  vieux ;  car  ils  se 
gateraient  par  suite  d'une  fumigation  trop  pro- 
longee.  Nous  en  avons  asscz  dit  sur  la  situation 
de  la  metairie,  et  la  distribution  de  ses  differentes 
parties.  Les  dependances  d'uue  ferme  se  compo- 
sent  d'un  four,  d'un  moulin  d'une  graudeur  pro- 
portionnee  au  nombre  de  colons  qui  doiveut  Tha- 


biter,  etenfin  dedeux  reservoirs  d'cau ,  dont  Tun 
sera  destine  aux  oies  et  aux  bestiaux ,  et  dont 
!'autre  servira  pour  tiemper  les  lupins,  rosier, 
les  verges ,  et  d'autres  objets  de  cette  nature 
d'un  usage  journalier.  On  menagera  en  outre 
deux  trous  a  fumier,  !'uu  pour  recevoir  lefu- 
mier  nouveau  qui  doit  y  sejournertoule  l'annee , 
Tautre pour  le  fumier  ancien,  qui  de  la  est conduit 
aux  champs.  Ces  deux  fosses  doivent,  aiusi  que 
les  reservoirs,  etre  legerement  inclines,  mures  et 
pavcs ,  pour  que  !'bumidite  du  fuinier  ue  puisse 
s'cchapper.  Ce  n'cst  qu'eu  conservant  ses  sucs 
que  le  fumier  conservera  toutes  ses  forces.  U 
faudra  meme  !'humecter  continuellement ,  afin 
que  les  seraenccs  de  ronces  et  de  mauvaises  her- 
bes  qui  se  trouvent  raelees  a  l^  paille  et  ii  la  li- 
tii-re  y  pourrissent ,  et  n'  aillent  pas  germcr  dans 
les  cbamps  ou  lon  doit  transporter  le  fumier. 
Les  cultivateursexperimeutes  couvrent  avec  des 
claies  ou  des  branchages  tout  Tcngrais  qu'i!s  re- 
lirent  des  bergeries  et  des  etables,  de  crainte  que 
le  vent  ne  ledesseche,  ou  que  l'action  du  soleil 
ne  le  cousume.  L'aire  se  trouvera  placee  ,  autant 
que  possible  ,  sous  les  yeux  du  maitre  ou  de  son 
intendant ;  le  mieux  est  de  la  pa ver  en  pierres  du- 
res.  Lorsque  le  sol  opposeuneforte  resistance  aux 
pieds  des  Ijestiaux  et  au  poids  des  tralneaux,  le 
grain  se  detache  plus  vite  de  Tepi ;  et  quand  le 
ble  est  vanne,  il  estplus  propre  et  moins  rempli 
de  petits  cailloux  ct  de  terre  que  s'il  a  ete  battu 
sur  le  sol  nu.  Pres  de  Taire  on  menagera  un  lieu 
couvert ,  oii  Ton  puisse  transporter  les  gerbes  a 
demi  battues,  pour  les  mettre  ;i  Tabri,  daus  le 
cas  oii  une  pluie  imprevue  viendrait  interrom- 
pre  les  travaux.  Cetteprecaution,  que  rincons- 
tance  du  teraps  rend  indispensable  en  Italie  ,  de- 
vicnt  inutile  dans  beaucoup  de  contrees  d'outre- 


Kolvitiir,  ac  frigoribus  niagis  conslringllur.  Oleiira,  quod 
miniis  iiiovenit,  si  congelaUir,  fiacescel.  Sed  ut  calore 
iKitiirali  cst  opiis,  ipii  coiilinsit  |iositione  civli  et  declina- 
tione,  ita  non  cst  (iinis  i!;inl)iis  anl  nammis  :  quoniain 
fumo  et  luligiiie  sapor  olei  corrumpitur.  1'ropler  qnod 
torcular  debet  a  meridiana  parte  illustrari,  ne  necesse  lia- 
beamus  ignes  liicernamque  adliibere ,  cum  premitur  olea. 
Coitinale  ubi  defrutum  fiat,  nec  angustiim  nec  obscuriim 
sit,  ut  sine  incomniodo  minister,  qni  sapam  decoquet, 
veisaripossit.  I'uniarinmquoque  ,  quoniateria-,sinon  sit 
janipridem  i;i'mi  ,  lesliiiulo  siccetur,  in  parte  rusticas villa; 
lini  polest  jiiinluiii  iii>liiis  balneis.  INani  eas  quoquere- 
reitesse,  iii  qiiilnis  l.iiinlia,  sed  tantiim  feriis,  lavelur. 
Ncque  enim  coipoiis  rolioii  convenit  frequens  usus  ea- 
riini.  ApotliecaM-ecle  superpolientur  liis  locis,  unde  ple- 
rumaue  fumus  exoritur  ;  quoniam  vina  cclerius  vetusles- 
ciinl,qua;  luini  quodam  tenoie  pr.TCoquein  malurilatcm 
trahunt.  Propter  quod  et  aliud  tabulatuni  esse  debebit, 
quo  amovcautur  ne  rursiis  nimia  sullitione  niedicata 
sint.  Quod  ad  villiie  pertinet  situmpartiiimqueejusdi.spo. 
sitionem ,  satis  dictum  est.  Ciica  villani  deinceps  lia;c 
esse  oportebit  :  fumum  el  pistriuum  quantum  futurus 


numerus  colonorum  postulaverit  :  piscinas  minimum 
duas  :  alteram,  quM  auseribus  ac  pccoribus  serviat;  aU 
teiaiu,  in  qua  liipinum,  vimina  et  viigas  alquealia,  quae 
suiit  usibus  nostris  apta,  niaceremus.  Sterquilinia  quoque 
duo  sint:  unum  ,  qiiod  nova  purgamcnta  recipiat,  et  in 
annum  conservet;  altcriim,  ex  quo  vetera  vebantur  :  sed 
utrunique  more  piscinarum  devexura  leniclivo.et  cx- 
tiuctum  pavitumque  solum  babeat;  ue  bumorem  trans- 
inittant  :  plurimum  enim  refert ,  non  adsiccato  succo  fl. 
mum  vires  continere,  et  assiduo  macerari  liquore,  ut  si 
qiia  interjecta  sinl  stramentis  aut  paleis  spinarum  vel  gra- 
minum  seniina,  inlereant,nec  iu agrum  exporlata  segetes 
lierbidas  reddant.  tdooque  periti  ruslici,  quidquid  ovili- 
biis  stabulisque  convcrsum  progesserunt ,  superpositis 
virgeis  cratibus  tegunt ,  nec  arescere  ventis  siiiunt ,  aut 
solis  incursupaliiiiiliir  exuri.  Area,  sl  competit,ita  con- 
stiluenda  est , ut  mI  a  (loniino  vel  certe  a  procuratore  de- 
spici  possit.  Eaqiii'  ()|iliiiia  cst  silice  constrata,  quod  et 
celeriter  frumcnla  dclci  iintur,  non  cedente  solo  pulsibus 
ungularum  tritiiilaniinque,  eteadem  eventilata  mundiora 
siint,  la[)illisquc  caient  et  glsebulis,  quas  per  triturara 
fcre  teriena  reniittit  area.  Huic  autem  nubilariuio  ap- 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  L 


mer,  oii  il  ne  pleut  jamais  en  ete.  Les  vergei's  et 
lcs  potagers  devront  etre  entoures  de  haies,  et 
se  troiiver  a  peu  de  dislauce  de  la  metairie,  et 
piaces  de  telle  sorte  qu'ils  puisseut  reeevolr  le- 
coulement  desegouts  de  lacour,  des  bains,  ainsi 
quc  la  lie  d"huiie  qui  s'echappe  du  pressoir;  car 
ccs  substances  sont  cgalemeut  prolitablesaux  ar- 
bres  etaux  leguraes. 

YII.  La  metairie  se  trouvant  ainsi  disposee  , 
rattention  du  maitre  devra  se  porter  sur  tous 
lcs  autres  objets,  et  principalement  sur  ies  gens 
de  la  raaisou :  ceux-ci  se  divisent  en  deux  classes, 
les  fermiers  et  les  esclaves.  Les  esclaves  sont 
libres  ou  enchaines.  II  se  montrera  facile,  ac- 
eommodantpourses  ferraiers;  il  sera  plus  severe 
pour  Touvrage  que  pour  le  pajeracnt  de  la  rente. 
Cette  conduite  leur  est  plus  agreable,  et  tourne 
a  notre  profit.  En  effct ,  lorsqu'une  terre  est  bieu 
cultivee,  il  en  rcsulte  presque  toujours  du  be- 
nefice,  et  rarement  de  la  perte,  a  moins  que 
la  rccolte  ne  soit  ravagee  par  les  pillages ,  ou 
detruite  par  rintemperie  de  la  saison ;  de  sorte 
que  le  fermier  n"osera  pas  demander  de  remise. 
De  son  cote,  le  proprictaire  ne  doit  pas  non  plus 
tenir  rigoureusemcnt  a  rexactitude  dans  Tac- 
complisseraent  des  cngagements  que  le  fermier 
a  contracles;  par  exemple,  Tepoque  du  paye- 
ment,  ia  livraison  du  bois,  et  miile  autres  choses 
qui  causent  plus  d'erabarras  que  de  depcnse. 
En  geueral,  il  ne  faut  pas  etre  trop  exigeaut 
pour  certaines  choses  qu'ou  aurait  droit  de  re- 
clamer.  Xos  ancetres  disaient  avec  raison  que 
rextreme  rigueur  est  souvent  la  plus  grandc  Jes 
oppressions.  Toutefois  gardons-uous  de  pousser 
trop  loin  l'indulgence;  car,  ainsi  que  lusurier 

)ilicari  debet ,  maximeque  in  Ilalia,  propler  inconstan- 
tiam  cajli,  quo  collalasemitiita  frumenla  proteganlur,  si 
5^iitiitaneus  imber  incesserit.  Nam  in  transmarinis  quibus- 
«iam  regionlhus,  ul)i  lestas  pluvla  carct,  supervacuuni 
est.  fouiaria  quoqueet  Imrfos  oportet  septo  circumdarl, 
el  esse  in  propimiuo,  atque  in  ea  parle,  quo  possitomnis 
stcrcorata  colluvics  cortis  balineorumque  et  olels  expressa 
amurct  sanies  iiilluere  :  nam  ejusmodi  quoque  la,'fatur 
aliiiientis  el  olus  et  arlior. 

VII.  His  omuibus  ifa  vel  accpptis  vel  composilis , 
piaicipua  cura  domlui  requiritiir ,  cum  in  cajteris  rebus , 
luin  maxime  in  liomliiibus.  Atque  bi  vcl  colonl  vel  servi 
suut,  soluti  aut  vinctl.  Comiter  agat  cum  colonis,  faci- 
lemque  se  pncbeat.  Avariiis  opus  exlgat,  qiiam  penslo- 
nes  :  quonlamet  minus  idolfendit.ef  lauien  iuuniversun) 
magis  prodest.  Xam  ubi  sedulo  colltur  ager  ,  iilei  iinique 
compendlum ,  nuuquam  ( nisl  si  c^-eli  major  vis  aut  prnedo- 
nis  Incessit)  deliiraentum  affert,  eoque  remissioneiu  co- 
lonus  pelere  non  audet.  Sed  nec  domlnus  in  unaquaqiic 
re,  cum  colonum  obligaverif,  fenax  e.sse  juiis  sui  debet, 
slcut  In  diibiis  peclinlaium,  uf  ligiiiset  caelerls  parvis  ac- 
te.ssionlbus  e.\igendis,  quarum  cura  niajorein  mole.sliam 
quam  impensam  rusticis  aflert.  Necsane  esf  viiidicandiim 
nobis  quidquid  licet.  Nam  siimmum  jus  anliipii  siimni.im 
pulabaot  crucein.  Nec  rursus  iu  totum  rcmitfeudum  :  qiio- 


Alphius  avait  coutumede  le  dire,  lcs  meilleurcs 
cicances  deviennent  mauvaises,  si  Ton  n'en  sol- 
licite  point  le  payement.  .l'ai  entendu  dire  a 
L.  Volusius,  ancien  consulaire,  homme  puis- 
samment  riche ,  que  le  fonds  le  plus  avantageux 
pour  un  chef  de  famille  etait  celui  qui  serait 
cultive  par  des  fermiers  nes  sur  la  propricte 
meme.  .\ttaches  .i  la  ferme  depuis  le  bcrceau , 
ils  la  regardent  comme  leur  patrimoiiie.  Je  suis 
egalement  convaincu  que  Ton  ne  gagne  pas  a 
changer  souvent  de  fcrmier.  Mais  il  serait  en- 
core  moius  avantageux  d'aftermer  sa  tene  a  un 
hahitant  de  la  ville,  qui  cultive  parses  gens  plutot 
que  par  lui-racme.  Un  fermierde  cettesorte,  dit 
Saserna,  vousdonncunproci'senplacedelarenle. 
II  vaut  donc  micux  prciidre  nos  fenniersdans  les 
paysans  ncs  sur  nos  terres,  et  choisir  celui 
d'entre  eux  qui  sera  le  plus  assidu  au  travail , 
toutes  les  fois  que  nous  ne  pouvons  cultiver 
nous-meines,  ou  qu'il  u'est  pas  avaiitagcu.x  de 
faire  cullivcr  par  nos  esclaves.  Cest  ce  qui 
arrive  dans  les  contrees  malsaines  et  stcriles. 
Mais  pour  peu  que  le  climat  soit  sain  et  la  con- 
tree  fcconde,  un  bien  exploitc  par  un  fcnnier 
rapporte  toujours  moins  que  celui  qui  aurait  ctc 
cultive  par  le  maitre  lui-meme  ou  par  son  mc- 
tayer,  s.  raoins  toutefois  que  celui-ci  ne  soit  uii 
esclave  indolent  ou  rapace  :  ce  qui  narriveor- 
dinairement  que  par  la  faute  du  maitie  ct  par 
sa  negligence.  II  dcpendait  dc  lui  de  nc  point 
conljer  a  un  tel  homme  la  gestion  de  ses  alTaires , 
ou  de  la  lui  retirer  l.orsqu'un  fonds  est  assez 
eloig.ie  pour  que  le  chcf  de  famille  ne  puisse 
s'y  rendre  souvent ,  il  vaut  micux  le  confier  a  des 
fermiers  lib.res  qu'a  dcs  melayersesclaves,sur- 

niam  vel  optiina  nomina  non  appellando  fieri  mala  f<rne- 
lafor  Alpbius  dixlsse  verissime  ferlur.  Sed  ef  ipse  nostia 
meinoila  vefeiem  consiilarem  vlrumque  opuleiilissiiiium 
L.  Volusium  asseveianlem  audivi,  [patri.slaniilias  ]  leli- 
cissimum  lunduin  es,se,{pii  colonos  iudigenas  liabeiet,  et 
tanquam  in  paleina  possesslone  natos  jam  inde  acuuabu- 
lis  longa  familiaritate  retlneret.  Ita  certe  mea  lert  opinio, 
rem  n)alain  esse  Irequentem  locafionera  fuiidi  :  pejorem 
fainen  iirbanum  colonum ,  qui  per  farailiam  mavult  agrum 
quain  |ier  se  colere.  Saserna  dicebaf  ab  ejiisinudi  liomiiie 
leie  pio  nrercede  litem  reddi.  1'ropfer  quod  operani  dan- 
dam  esse,  ut  et  ru.sflcos  et  eosdem  asslduos  colonos  reti- 
neamus,  cum  aiif  nobismetipsis  aon  licuerit,  aut  per  do- 
meslicos  colere  non  expedierit  :  quod  tamen  nou  evenit, 
nisi  in  liis  rcgionibus ,  qua*  gravitate  c«li  solique  stcrilKale 
vasfantur.  Caiterum  cum  mediocris  adestet  saliibritas  cl 
leria!  bonitas,  niuKpiam  non  cx  agio  pliis  siia  cuique 
ciira  reddidit  qnam  coloni  :  non  nunquam  etiaiii  villiei, 
iiisi  sl  niaxima  vel  negllgentia  servi  vel  rapai-itas  Inlervo- 
iiif.  Qu.e  ufraque  peccata  |ilpiumque  vitlo  doiiiiiii  vel 
commllli  vel  foveri  nllill  dublum  esf :  cuni  lii  eal  aiit  i  a- 
vere.ne  lalls  prajllclalur  negolio;  aiit  jam  pra^positiis  iit 
siibmoveatiir  curare.  Iii  liiii^iii.piis  laineii  fundis,in  quiKS 
ii.pn  est  facilis  exciirsii.s  p.iliisl.iinili.is,  cum  omne  geiins 
a:;ii  tolerabilius  sit  siib  libciis  culoiiis,  qiiam  sub  v.llicis 


COLUMELLt;. 


tout  quand  ce  sont  des  teiTcs  k  ble ,  que  le  fer- 
niier  r.e  peut  aussi  facileraent  degrader  que  des 
vignes  ou  d'autres  plantations.  Les  esclaves  en 
general  font  beaucoup  de  tort  a  leur  maitre.  Ils 
louent  ies  bceufs  a  des  etraniiers  ,  les  nourrissent 
mal,ainsi  que  les  autres  bestiaux,  et  labourent 
la  terre  sans  exactitude.  Outre  cela,  ils  conip- 
tent  plus  de  semences  quMis  n'en  emploient,  ne 
prennent  pas  assez  de  soin  des  terres  enscnien- 
cees  ponr  les  faire  venir  a  bien,et  diininuent 
cbaquejour  par  leur  fraude  ou  leur  negligence 
le  grain  que  Ton  a  transporte  dans  Taire  pour  le 
battre,  ou  ils  le  volent  eux-nieines,  ou  ils  le  lais- 
sent  voler,faute  de  surveillanee.  Le  ble,  une 
fois  serre  dans  les  greniers,  n'est  point  porte 
avec  fidelite  sur  leurs  eoraptes  ;  de  sorte  que,  par 
le  fait  du  regisseurautant  que  par  cekii  des  gcus 
de  la  maison,  la  propriete  sera  degradce  et  de- 
prcciee  en  peu  de  temps.  Je  pense  donc  que  si  le 
maitrc  ne  peut  luimeme  surveiller  sa  tcrre,  il 
fera  mieux  de  raffermer. 

VIIL  Apres  lcs  fermiers  ,  ce  sout  lesesclaves 
qui  doivent  occuper  Tattention  du  nialtie.  II 
examinera  avec  soin  les  fonctions  auxquelles 
il  les  destine,  et  les  travaux  qu'il  juge  a  propos 
de  leur  conlicr.  Avant  tout,  je  conseillerai  de  ne 
point  prendre  un  metayer  parmi  les  esclavcs  qui 
se  seiont  rendus  agrcables  par  la  beaute  de  leur 
corps,  ou  par  rexercice  de  ces  arts  frivoles  qui 
tiennent  du  luxe  des  villes.  Ces  esclaves  sont 
icicbes,  paresseux,  accoutumes  a  passer  leur 
temps  aux  promenades,  au  cirque  et  aux  Xhc&- 
tres,  a  hanter  les  tavernes  et  les  inauvais  lieux. 
Si  ce  gout  vient  a  les  suivre  au  milieu  des  tra- 
vaux  de  la  campagne,  le  maitre  en  ressentira 
les  suites  funestes ,  moins  dans  la  pertc  de  sou 

servis  liabere,  lum  praecipne  fruiiieiUarium ,  quem  et  mi- 
nirae  (sicutvineas  aut  arbustnm)coloiius  everlerepotest, 
et  maxiine  vexant  servi,  qiii  boves  elocant,  eosdeiiiqueet 
(■a,'tera  pccora  malepascunt,  nec  Industrie  tenam  ver- 
lunl,  longeque  plus  impulant  seniiiiis  jaeti,  quimi  quod 
seveiint :  sed  nec  quod  tense  mandaverint  sic  adjiivaiit, 
ut  lecte  piovenial  :  idque  cum  inaieaiii  coiitulerunt,  per 
trilurain  quotidie  minuuntvel  fiaude  vel  negligentia.  Nam 
et  ipsi  dhipiunt,  et  ab  allis  furibus  non  custodiiinl.  Sed 
nec  condltum  cum  llde  lationibus  Infernnt.  Ita  (it,  iit  et 
acfor  et  fainlliapeccent,  et  ager  saepius  infametur.  Qnaie 
talisgenerisprKdium,  si,  utdlxi,  dominl  praesentia cari- 
turum  est,  censeo  locandum. 

Vlll.  Proxima  est  cuia  de  servls ,  cui  quemqiie  oflicio 
pneponere  couveniat,  quosqne  et  qualibus  operibus  des- 
tinare.  Igitur  pr.Tmoneo  nevillicum  ex  eo  geneie  servo- 
iiim,  qiii  coipoie  placuerunt,  instituamus  :  ne  ex  eo  qul- 
deni  ordine,  qui  uibanas  ac  delicatas  arteis  exeicuerit. 
Socois  et  soniniculosiim  genus  id  mancipiorum,  otiis, 
campo,  circo,  tlieatris,  aleae,  poplnae,  lupanaribus  con- 
suetuin,  nunquam  non  easdem  Ineptias  somniat,  quas 
cunl  iu  agriculturam  transtulit,  non  taiitnm  in  ipso  servo, 
quantum  in  unlversa  redetrlmentl  dominus  capit.  Eligen- 
lins  tsl  ruslicis  opeiibiis  ab  infiiiitc  duiatus,  et  inspectus 


esclave  que  dans  celie  de  tout  son  patrimoine. 
Ou  choisira  done  pour  metayer  un  homme  ex- 
perimente.  ct  endurci  aux  travaux  des  champs 
des  son  enfance  :  et  si  ron  n'en  trouve  pas,  on 
le  prendra  parmi  les  esclaves  dont  la  vie  a  ete 
entierement  consacree  au  travail.  Un  jcuoe 
homme  n'est  pas  plusapte  a  ces  fonctionsqu'un 
vieillard;  le  premier  n'aura  point  rautorite 
nccessaire  pour  se  fah-e  obeir  de  ceux  qui  sont 
plus  agesque  lui,  et  Tautre  succombera  sous  le 
poids  des  travaux.  On  choisira  donc  un  homme 
dans  ia  force  de  l^iige,  robuste  et  vigoureux, 
connaissant  bien  ragricutture ,  ou  dii  moins  as- 
sez  attentif  pour  pouvoir  se  raettre  promptement 
au  fait  de  cette  science;  car  il  ne  faut  pas  que 
ceux  dont  le  devoir  est  d'obeir  instruisent  celui 
qui  leur  commande.  II  est  impossible  d'ailleurs 
qu'un  homme  puisse  bien  faire  executer  les  tra- 
vaux,  s"il  a  besoin  de  demander  d'abord  des 
instructions  a  ceux  qui  lui  sout  subordonnes. 
Un  regisseur  pourra  tres-bien  administrer  une 
fernie  sans  savoir  ecrire,  pourvu  quil  ait  la 
meinoire  sure.  Un  tel  regisseur,  nous  dit  Corne- 
lius  Celsus,  apportera  plus  souvent  a  son  maitre 
de  rargent  que  des  livres  de  compte,  paree  que 
son  ignorance  ne  lui  permettrait  pas  de  les  fal- 
sifier,  et  qu'il  n'oserait  non  plus  les  faire  falsifier 
par  d'autres,  de  crainte  qu'on  ne  decouvrit  la 
fraude.  Ondonuera  au  metayer  pour  compagne 
une  femme  prise  dans  lesesclaves,  qui  Tatta- 
chera  davantage  a  la  ferrae,  et  Taidera  dans  sa 
besogne.  On  defendra  expressement  aumetayer 
ou  au  regisseur  de  prendre  scs  repas  avee  les  au- 
tres  gens  de  la  maison ,  et  bien  moins  encore  avec 
les  etrangers.  Cependant  il  lui  sera  permis  d'ad- 
mettre  a  sa  table  de  tempsa  autre,  et  surtout  les 

experlmentis.  Si  tamen  is  iion  erit,  de  lis  praeficialur, 
qui  servitutem  laboilosam  toleraverunt.  Jamque  is  tians- 
cendeiil  aelatem  piimac  juventae ,  nec  diim  senectulis  alli- 
geiit :  illa,  ne  (et)  auctorltatem  detrahat  ad  imperiuni, 
cum  majores  dedignentur  jwrere  adolescentiilo  :  hxc,  iie 
laboriosissimosuccumbat  operi.  Medla?  igitiir  sit  actatls  et 
firml  roboris,  peritiis  lerum  rusticarum,  aul  certe  maxi- 
mae  curae,  quo  celerius  addiscat.  Nani  non  est  nostii  ne- 
gotil  alteium  imperaie  et  alterum  doceie.  Neqiie  enlm 
lecte  opus  exigere  valet ,  qui ,  quid  aut  qualiter  racleiidiim 
•sit,  ab  subjectodiscit.  Potest  etlam  illiteratus,  dummodo 
tenaclssima^  sit  memoriae,  rem  satis  coinmode  admlnls- 
trare.  Ejiismodi  vllliciim  Cornelius  Celsus  ait  s.Tpius 
numosdomino  quam  libium  afferre,  qula  nesclus  llleia- 
rum  vel  ipse  minus  possil  rationes  confingere,  vel  per 
alium  propter  conscientiam  fiaudis  tlmeat.  Sed  quallcun- 
que  villico  contubernalis  niuller  assignanda  est ,  qiiae  con- 
tiueat  eum,  et  in  quibusdam  rebus  tamen  adjuvet.  Ei- 
denique  aclori  pro?cipiendum  est,  ne  convictum  cum  do- 
mestlco,  niultoqne  minus  cum  extero  liabeat.  Nonniin- 
quam famen  eum ,  qiiem  assldue sedulum  et  fortem  in  ope- 
ribus  administrandis  cognoverlt,  lionoris  causa  mensae 
suse  die  festo  dlgnelur  adtiibere.  Saciillcia  nisi  ex  prae- 
ceptodoinini  nefeccrit.  Aruspices  sagas<]ue,qua;  utraqiie 


DE  LAGiUCULTURE,  LIV.  I. 


Jours  de  ffite,  celui  qui  aiira  montre  ie  plus  cVas- 
siduiteau  travail,et  de  luidonner  ainsi  une  mar- 
que  de  distinetion.  II  ne  fera  point  de  sacrifices 
sans  en  reeevoir  iordre  de  son  mailre.  II  ne  re- 
eevra  cliez  lui  ni  devins  ni  masiciens,  qui ,  profi- 
tant  de  la  superstition  des  hommes,  les  entrai- 
nent  aux  depenses  et  les  plonjzent  ensuite  dans  le 
erime.  II  ne  frequentera  pas  non  plus  la  ville ,  ni 
les  marehes  et  les  foires  ,  si  ce  u'est  pour  acheter 
ou  vendre  tout  ce  qui  sera  de  son  ressort.  Un 
metayer,  nous  dit  Caton ,  n'est  point  un  coureur 
de  pave;  il  ne  doit  point  dcpasser  les  limites  de 
sa  ferme,  si  ee  n'est  pour  apprendre  quelque 
nouveau  procede  relatif  a  la  culture  :  encore  ne 
faut-il  pas  dans  ce  cas  qu'il  s'eloi;^ne  trop,  pour 
qu'ilpuisse  etrede  retour  en  peu  de  temps.  II  ne 
souffrira  point  qu'on  fasse  dans  ses  domaines 
de  sentiers  nouveaux,  ou  qu'on  j'  pose  d'autres 
bornes  que  celles  qui  s'y  trouvent  deja.  II  ne  re- 
cevra  point  d'li6te  chez  lui ,  a  moins  que  ce  ne 
soit  un  ami  ou  parent  de  son  maitre.  De  meme 
qu'on  doit  kii  fnire  toutes  ccs  defenses,  on  doit 
aussi  rexhorter  a  prendre  soin  des  instruments 
de  culture  et  des  ustensilesde  fer.  II  est  neces- 
saire  qu'il  yen  ait  dsux  fois  autant  qu'il  en  faut 
pour  le  nonihre  des  esclaves  qu'il  occupera.  11 
mettra  en  reserve  lcs  instruraents  de  rechanpe, 
apres  s"etre  assure  qu'ils  sont  en  bon  etat,pour 
n'etre  jamais  coutraint  de  recourir  ;i  ses  voisins, 
parce  que  le  temps  que  perdeut  les  esclaves  pour 
en  allerchercher  d'emprunta  plus  de  valeurque 
Targent  qu'on  depenserait  pour  en  acheter.  U 
tiendra  scs  i;ens  velus  avec  plus  de  commodlte 
que  de  delicatesse,  et  il  aura  soin  qu'ils  soient 
garanlis  du  froid ,  du  vent  et  de  la  pluie.  Des 
fourrures  garnies  de  manches  rempliront  par- 
faitement  ce  but,  ainsi  que  d'anciens  citones , 
ou    mantcaux  a  capuchon.  Les  ouvriers  aiusi 


vetus  ponrront  travailler  en  plein  air,  meme 
par  le  temps  le  plosorageux.  U  ne  suffit  pas  que 
le  metayer  soit  propre  aux  travaux  rustiques  ;  il 
faut  encore  qu'il  aitdes  qualites  raorales ,  autant 
que  le  comporte  Tetat  rie  servitude  dans  le- 
quel  ilestne,  afiu  qu'il  n'exeree  pas  son  pouvoir 
sans  rlgueur  comme  sans  mollesse.  II  encoura- 
gera  les  esclaves  qui  se  distingueront  parmi  les 
autres,  et  usera  d'indulgence  envers  les  moins 
laborieux ,  afin  que  tout  en  craignant  sa  sev6rite 
ils  n'aieiit  point  a  se  plaindre  de  sa  rigueur.  En 
consequenee ,  il  mettra  plus  d'activite  a  les  sur- 
veiUer  et  a  les  preserver  d'une  faute,  que  d'em- 
pressement  a  les  punir,  lorsqu'iIs  en  auront 
comrais  par  sa  propre  negligence.  Or,  la  sur- 
veillance  la  plus  efficace  quon  puisse  exerccr 
sur  rhomme  le  plus  pervers,  c"est  d"exiger  de 
lui  avec  rigueur  la  tSche  qu'on  lui  aura  prescrite, 
en  ayant  constamment  roeil  sur  lui.  Par  ce 
nioyen ,  ceux  qui  ont  la  conduite  des  differents 
travaux  rempliront  exaeteraent  leurs  devoii's: 
et  les  autres  esclaves,  apr6s  la  fatigue  de  la  jour- 
nee,  gouteront  volontiers  le  repos  et  le  sommeil, 
au  lieu  de  s'abandoiiner  aux  plaisirs  et  k  la  de- 
bauche.  Plut  aux  dieux  que  les  bonnes  et  an- 
eiennes  coutumes,  ([ui  de  nos  jours  sont  tout  a 
fait  tombees  en  oubli,  fussent  remises  en  vi- 
gueur!  Si  le  metayer  les  saivait,  il  n'exigerait 
de  service  de  la  part  des  esclaves  que  dans  Tin- 
teret  du  raaitre;  il  ne  prendrait  ses  repas  qu'en 
presence  des  gens  de  la  maison ,  et  sa  nourriture 
serait  serablable  a  la  leur.  Par  ce  moyen ,  il 
veilleralt  avec  soin  a  ce  que  le  pain  dont  il 
mangerait  lui-meme  fut  bien  fait,  et  que  les 
autres  aliments  fussent  appretes  sainement.  II  ue 
laisserait  sortir  personne  de  la  ferme,  a  moins 
quil  ne  jugCiit  a  propos  de  renvoyer  lui-m^me' 
quelque"^  part ;  ce  qu'il  ne  doit  faire  d'ail!eurs  que 


genera  Tana  Riiprrstitione  riulois  aninios  ad  impensas ,  ac 
deincppsad  nagitiacompellunt ,  ne  admiserit  :  neque  ur- 
beni  neque  ullas  nundinas  noverit,  nisi  emendM  venden- 
daeve  perlinentis  ad  se  rei  causa.  Villicus  enim  ,  quod  ait 
Cato,  ambulator  csse  non  debet,  nec  egredi  terminos , 
iiisi  ut  addiscat  aliquam  culturam  :  et  hoc  si  ita  in  viciuo 
est,  ut  cito  remeare  po.ssif.  Semitas  novosque  llmites  in 
agro  fieii  ne  patiatur  :  neve  liospitem  nisi  amicum  familia- 
remque  domini  necessarium  receperit.  Ut  ab  liis  arcendus, 
ila  cKhortdndus  est  ad  inslrumenti  ferramentoi  umque  cii- 
:..m  :  iit  duplicia  quam  numerus  servorum  exigit  refecla 
i't  rcposita  cuslodiat,  ne  quid  a  vicino  pelenduin  sit  : 
(|iiia  plus  in operis servorum  (avor^ndis,)  qnamin  prelio 
lernin  ejusmodi  consumitur.  Cnltam  vcslllamque  famlliani 
nuigis  ulililer  qnam  delicate  liabeat,  munilamipie  diligen- 
ter  a  vento,  frigore  pluviaqne;  qune  cnncla  pioliihciitiir 
pellihus  manicafis,  ceutonibus  confectis,  vel  sagis  ciictil- 
lis.  Id.si  liat,  nulliis  dies  lam  iiitolerabilis  est,  quo  non 
,iib  divomoliii  aliquid  possit.  Scc  lantum  operis  agrestis 
sit  artifex ,  sed  et  aninii ,  quantum  servile  patitur  inge- 
niuni ,  virliilibus  iuslructus ,  ut  neqiie  remisse  ncque  cru- 


deliler  imperet ;  .semperi[ue  aliquos  e.\  melioribus  foveat, 
parcat  lamen  eliain  minns  bouis  :  ita  ut  potiiis  timeanl 
ejus  severitatem  ,  quam  crudeliliifeni  deleslcnlnr.  Id  con- 
lingere  poterit,  si  maluerit  Ciisl.i m.  ;(!■  >  !'iS  nepeccent, 
ipiam  negligentia  .sua  commili.  :  ,  i,.  ,  :;  i  n  liniiiientes. 
Nnlla  est  autem  major  vel  iirqui-  '111;  h  iiunis  custodia, 
qiiam  operis  exactio,  ut  jusla  redilaiitnr,  ut  villiciis  sem- 
pcr  se  repra^sentet.  Sic  eniin  et  magistri  singulorum  ofli- 
cioriim  sedulo  niunia  sua  exequentiir,  et  caeteri  post  defa- 
tigatiouem  operis  quieti  ac  somno  potius ,  qiiam  deliciis 
opeiam  dabuiit.  Jam  illa  vetera,  sed  optimi  moris,qnse 
niiuc  exoleverunt,  ntinam  possiiit  obtineri  :  ne  conseivo 
iniuistro  qnoquara  nisi  in  re  domini  iitatur ;  ne  cibuin  nisi 
in  couspectu  familioe  capiat,  neve  alium  ,  quam  qui  caele- 
ris  pnebetiir.  Sic  enim  curabit ,  iit  et  panis  diligeuter  con- 
liat,  et  reliqiia  salubriter  apparenlur.  Ne  extra  tines  nisi 
a  se  niissum  progredi  siiiat  :  sed  nec  ipse  mittat,  nisi  ma- 
gna  necessitate  cogenfe.  Neve  negotielur  sihi,  pecuniamve 
doniini  aut  animalibns  aut  rehns  aliis  promercalibiis 
occupet.  Hsec  cnim  negotiatio  curam  villici  avocat ,  nec 
unipiam  |i.ilitiir  euni  cuni  raliouibiis  domini  paiia  faceie; 


COLUMELLE. 


fort  rarement ,  et  lorsqu"il  aura  cte  contraint  par 
une  necessite  imperieuse.  Le  metayer  ne  doit 
point  traliquer  pour  son  compte,  ni  employer 
Targent  de  son  maitre  pour  acheter  du  betail 
ou  d'autres  denrees.  Ce  commerce ,  en  detour- 
nant  son  attention  des  affaires  de  son  maitre, 
rempeclierait  de  mettre  dans  les  comptes  l'exae- 
titude  neeessaire;  et  quand  on  lui  demanderait 
de  l"argent,  il  ne  pourrait  donaer  que  des 
raarchaudises.  II  est  encore  un  point  fort  essen- 
tiel :  c'est  que  lo  metayer,  loin  de  simaginer 
savoir  les  choses  qu'il  ignore  reellement ,  soit 
loujours  dispose  a  apprendre  celles  qLi'ii  ne  sait 
pas  encore.  On  ne  tire  jamais  d'une  operation 
agricole,  quelque  bien  faite  qu'elie  soit,  un  profit 
egal  a  la  perte  qui  en  resultera  si  elle  a  ete  mal 
executee.  11  n'y  a  qu'un  seul  principe  fondamen- 
tal  en  agriculture,  c'est  de  ne  jamais  revenir 
plusieurs  foisaux  differents  travaux  des  champs: 
lorsqu'il  faut  retoucher  a  ce  qui  a  ete  mal  fait  par 
imprudence  ou  par  negligence ,  le  dommage  qui 
en  resuite  est  irreparable ;  et  quel  que  soit  le  pro- 
fit  que  ron  en  tire  dans  la  suite,  i!  ne  saurait 
jamais  compenser  les  avantages  queiit  presentes 
Tentreprise  meiiee  a  bieu  des  Tabord.  Pour  les 
autres  esclaves,  voici  les  regles  de  conduite  que 
j'ai  toujours  fidelement  observees,  saus  avoir 
jamnis  eu  sujet  de  m'en  repeutir.  Je  prends  un 
ton  plus  familier  avec  ies  esclaves  de  la  campa- 
gne  surtout  quand  leur  conduite  est  irreprocha- 
ble,  qu'avec  eeux  de  la  ville.  Coramela  douceur 
d'un  maitre  apporte  quelques  soulageraents  a 
leurstravaux  longs  et  penibles,  jc  pousse  quel- 
quefois  la  farailiarite  jusqu'a  badineravec  eux, 
et  leur  permettre  de  rire  et  de  plaisanter  avcc 
moi.  Souveiit  aussi,  surfoutquand  il  s'agitd'une 
nouvelle  entreprise ,  je  les  consulte  comme  s'ils 
en  savaieut  plus  que  moi ;  et  c'est  ce  qui  me 
meten  etat  dejuger  de  i'esprit  etdesdispositions 


de  chacun  d'eux.  D'ailleurs,  j"ai  toujours  cru 
remarquer    qu'ils    abordent   avec  un   courage 
tout  particulier  les  travaux  sur  lesquels  ils  ont 
ete  consultes,  s'imaginant  sans  doute  que  Je  ue 
les  avais  entrepris  que  par  leur  conseil.  Outre 
cela,  c'est  un  devoir  pour  tout  proprietaire  pru- 
dent  de  visiter  souvent  les  esclaves  qui  sont 
en    prison,  afin  de  s'assurer   s'iis    sont  bien 
enchaiues,  si  laprison  elie-merae  est  assez  sure 
ct  solide,  si  le  metayer   n'en  a  enchaine  ni 
dechaine  quelques-uns  a  finsu  de  son  maitre ; 
car  il  y  a  deux  points  principaux  auxquels  le 
metayer  doit  se  couformer  :  d'abord  ,  de  ne  ja- 
mais  oter  les   chaines,   sans  la  perinission  du 
chefde  faraille,  aceux  qu"il  aura  condaranes  a 
cette  peine;  ensuite,  de  ne  point  mettre  en  li- 
berte  ceux  qui  auront  etc  enchaiues  de  son  au- 
torite  privee,  avant  d'en  avoir  instruit  son  raai- 
tre.  En  general ,  les  esclaves  enchaines  doivent 
etre,  de  la  part  du  maitre,  fobjet  d'uue  surveil- 
lance  particuliere.  11  s'assurera  par  lui-meme 
s'ils  ne  sont  privds  ni  de  veteraents,  ni  des  autres 
choses  qui  leur  sont  necessaires.  11  doit  y  veiller 
d'autant  plus  scrupuleusement  que  ccs  malheu- 
reux  etaut  soumis  a  plusieurs  superieurs,  au  rae- 
tayer,  aux  chefs  d'atelier  et  aux  geoiiers,  sont 
plus  que  les  autres  exposes  a  souffrir  toutes  sor- 
tes  d'injustices,  et  n'en  sontque  plus  redoutables 
dans  les  cas  ou  la  cruaute  et  la  cupidite  de  ceux- 
ci  les  reduisent  au  desespoir.  Aussi ,  un  proprie- 
talre  veritablement  attache  ii  ses  interets doit  s'in- 
former,  soit  aupres  il'eux,  soit  auprtedesouvriers 
llbres  qui  raeritent  le  plus  de  conliance,  si  l'oa 
donue  aux  esclaves  enchaines  ce  qui  leurrevient 
dedroit,conforraementase3ordres;  ilgoiitera  lui- 
meraeleur  pain  etleur  boisson.  liexamiuera  1'etat 
de  leurs  vetements,  de  leurs  manches  et  de  ieurs 
chaussures.  Souvent  aussi  il  leur  accordera  la 
permission  de  lui  porter  les  plaiutes  qu'ils  peuveut 


.sed  ubimmieralio  cxigetiir,  lem  pio  niiiiiis  osleiulit.  In 
imivcisiim  lanien  lioc  maxime  olitiiieniliini  ali  eo  esl,  ne- 
quid  se  putel  scire  quod  nesciat,  quaMaliinc  scmpei'  ad- 
disceie,  quod  ignoiat.  Nam  cum  niulliim  pioilest  peiile 
quid  facere  ,  tum  plus  obest  perperam  fecisse.  Umim  enim 
acsolum  dominatur  in  ruslicalione,  quicquid  exigitiatio 
cultuiae  seme)  facere  :  quippe  cum  emendatur  vel  impni- 
«lenlia  vel  negligenUa,  jam  res  ipsa  decoxit,  nec  in  tantum 
postmodum  exubeiat,  ut  el  se  amissam  lestituat,  ct 
quKstum  temponim  praeteiitorum  lesarciat.  In  ca>fei'is 
servis  liaecfeie  praccepta  servandasunt,  quK  nie  custo- 
disse  non  poenitet ,  ut  rHslicos,qui  modo  non  incoinmode 
segessissent,  saepius  quam  urbanos  familiariu.sqiie  allo- 
qnerer;  et  cum  liac  comitate  domini  levari  perpetuum 
laborem  eoriim  inlclligerem ,  nonnunquam  eliam  jocarer, 
et  plus  ipsis  jocaii  permitterem.  Jam  illiid  sa>pe  facio,  ut 
qnasi  cum  pcritioriljus  de  aliquibnsopeiibusnovis  delibe- 
rem,  et  pcr  lioc  cognoscam  ciijusque  ingenium,  quale 
qiiamqiic  sit  pruvlcns.   Tum  etiam  libentius  eos  id  opus 


aggredi  video  ,  de  qiio  secum  deliberatiim ,  ct  consiliuin 
ipsoriim  susceplum  putant.  Nam  illa  solenniasunt  omni- 
bus  circumspecfis ,  ut  ergastuli  mancipia  recognoscanl; 
iilexplorent,  an  diligenter  vincta  sint;  an  ipsa;  sedes 
custodi.T  salis  tutae  munifajqiie  sint :  num  villicus  aut 
alligaverit  qiiempiam  domino  nescieute,  aiit  revinxerit. 
Nam  ulrumqiiemaximc  servare  debet,  ul  et  qucm  pater- 
familias  tali  picna  multaverit,  villicus  iiisi  ejusdem  per- 
niissii  compedibus  non  eximal :  el  quem  ipse  sua  sponle 
vinxerit,  ante  quam  sciat  dominus,  non  resolvat:  tanto- 
quecuriosior  inquisilio  patrisfamilias  del)et  esse  pro  tali 
geuere  servoriim ,  ne  aut  iii  vestiariis  aut  iu  caeteris  prae- 
bitis  injuriose  tractentur,  quanloet  pluribus  sulijecti ,  ut 
villicis ,  ul  operum  magistris ,  ut  ergaslulariis ,  magis  ol)- 
noxii  perpelicndis  injuriis ,  et  rursus  saevilia  atquc  avaritia 
I  laesi  magistimcndi  suut.  Itaque  diligens  dominus ,  ciim  et 
ab  ipsis,  lum  et  ab  solntis ,  quibus  major  est  fides, 
qua!rat,  an  ex  sua  constitiitionc  justa  percipiant.  Atque 
ipsepanis  potionsque  bonitatem  gnstu  suo  explorcf ;  ves- 


DE  L'AGRlCULTURIi:,  LIV.  l. 


avoir  a  faire  conti-e  pcux  qui  lcs  tiaitent  avec 
trop  tlecruautc  cl  lcs  IVustrent  tleschoses  neces- 
saires.  l'ournioi,  autaiitje  m'empresse  de  falre 
droit  aceux  dont  les  plaintes  sont  justes,  autant 
je  sevis  contre  ccux.  qui  cherchent  a  exciter 
des  seditions  dans  la  maisou ,  ou  a  calomnier 
leurs  supcricurs.  D'un  aulre  eote,  je  me  plais 
toujours  a  recompenser  ceux  dout  ia  conduite 
aura  ete  irreprochable.  Quant  aux  femmes  es- 
claves,  nous  avons  toujours  dispense  de  tout 
trnvail  et  meme  rendu  a  la  liberte  celles  qui 
avaient  eieve  plusleurs  enfants;  une  esclave 
qui  avaitmisau  monde  trois  garcons  n'etait  pius 
assujcttie  a  faire  aucun  ouvrage;  celle  qui  en 
avait  davantage  etait  entiereraent  libre.  Une 
conduite  equitable  et  sage  de  la  part  d"un  ch^f  de 
familleeontribue  beaucoup  a  raccroissement  de 
son  patrimoine.  De  retour  a  la  cnmpagne,  le 
proprietairc  n'oubliera  jamais  d'invoquer  les 
dieux  penatcs;  ce  devoir  rempli,  11  ira  a  Tins- 
tant  meme ,  ou  ,  s'il  est  trop  tard  ,  le  lendemain, 
visiter  ses  terres,  et  inspecter  toutes  les  parties 
de  la  ferme ;  il  s'assurera  si  son  absence  n'a  pas 
apporte  du  rehichement  dans  la  surveillance  ou 
dans  Tordre  etabli,  si  Ton  n'a  point  depouille 
sesvignes,  ou  ses  arbres  fruitlers.  Ensuite  il 
comptera  ses  bestiaux,  ses  esclaves ;  il  passera  en 
revue  les  instruments  de  culture  et  lcs  meubles 
du  mennge.  En  suivant  tous  ces  conseilspendant 
plusieurs  annees,  il  parviendra  a  etablir  une 
babitude  d'ordredont  il jouira  dans  sa  vieillesse ; 
et  alors,  quelque  affaibli  qu'il  soit  par  \'&ge, 
il  n'aura  point  a  craindre  de  devenir  le  jouet  ou 
la  dupe  de  ses  gens. 

L\.  II  nous  reste  encore  a  parler  des  qualites 
pliysiques  et  morales  que  uous  devons  rechercher 


dans  les  esclaves,  d'apres  la  nature  du  travail 
auquel  ils  sont  destines. Ceux  qu'ou  voudra  niettre 
a  la  tete  des  travaux  devront  se  distingucr  par 
leur  intelligence  et  leur  zele  :  deux  qualites  plus 
essentielles  dans  leurs  fonetionsque  la  statureet 
la  vigueur  du corps,  parce  que  ce  service  demande 
une  surveillance  active,  et  une  connnissance  par- 
faite  de  ragriculture.  Qunnt  a  celui  qui  conduit 
lesbrcufs,  ces  qualites  seraient  insulTisnntes ,  s'il 
n'etnit  en  etat  de  se  fnire  craindre  de  ses  bes- 
tiaux  pnr  une  voix  forte  et  une  taille  imposante. 
Mais  il  doit  temperer  la  force  par  la  douceur,  et 
chercher  plutot  a  inspirer  de  la  frayeur  qu"a  sc 
montrer  brutal.  De  cette  maniere  les  hceufs  lul 
obciront  plus  volontiers,  et  supporteront  mleux 
et  plus  loogtemps  les  fatigues,  que  s'il  les  acca- 
blait  de  trnvnil  ct  de  coups.  Je  pnrlerni  en  son 
lieu  avec  plus  de  detail  des  devoirs  des  ehefs  des 
travaux  et  de  ceux  des  laboureurs.  II  suffit  de 
faire  remarquer,  pour  le  present,  que  la  hnute 
stature  et  la  foree  physiqueindispensables  pour 
le  laboureur  ne  sont  d'aucune  utilite  aux  chefs 
des  travaux.  II  faudra  par  consequent  choisir  tou- 
jours  les  premiers  parmi  les  esclaves  d'une  tnille 
elevee,  et  pour  les  rnisons  que  je  viens  d'indiquer, 
et  parce  que,  des  dlfferents  travaux  rustlques,  il 
n'en  est  aucun  qui  fntigue  moins  un  homme  grand 
que  le  Inbourage;  ce  qui  se  eomprend  parfalte- 
ment  quand  on  considere  qu'en  labourant  il 
marche  presque  droit,  et  qu'il  peut  s'appuyer  sur 
le  mnnche  de  la  charrue.  Quant  aux  ouvriers  or- 
dinnires,  appeles  mediastini,  il  n'est  pns  neces- 
saire  qu"lls  solent  d'une  grande  taille,  pourvu 
qu'ils  aient  la  force  neeessnire  pour  supporler  les 
travaux.  II  importe  peu  que  les  gens  qui  tra- 
vaillent  la  vigne  soientpetits ,  pourvu  qu'ilsaient 


tiin,  niaiiicas,  podiimqne  tegmina  recosnoscat.  Sxpe 
etiam  (]nprcncli  poteslatein  faclat  de  iis  ,  qui  aut  crudeliter 
eos  ant  ('iaiiiluli'iilci'  infeslent.  Nosquidcin  alii|iiaii(lii  jusle 
dolenlcs  l^ini  \iiiilic,iiinis,  quam  anini.iilvcriiiiius  iii  e.is, 
qui  .sedilidiiibus  lainiliam  concitant,  qui  (■aliiiiiiiiaiiliir  nia 
gisfios  siios  ;  ac  rursus  piaemio  piosequiniur  eos,  qui 
strenue  atque  industiiesegeruiit.  Fomiinis quoque  ffecnn- 
dioribus,  quaruni  in  sobole  certus  nuinerns  lionorari 
debel,  oliiim  nonnunquam  et  liberlatein  dedimus,  ciim 
plures  natos  ediicassent.  Nam  cui  ties  erant  filii ,  vacatio; 
cui  pluies,  liberlasquoque  contingebat.  Ha!cet  justilia  et 
ciira  patrisfamilias  niultum  confert  auRendo  patrimonio. 
Sed  et  illa  mcminerit,  cuin  e  civilate  remea\erit,  deos 
penates  adorare  :  deinde  si  tempestivum  erit,  confeslim , 
si  minus,  poslero  die  (inesoculis  peilustraie,  et  onines 
parles  agri  revisere  atque  a;stimare ,  num  quid  absentia 
sua  dedisciplina  et  custodia  reiniserit;  num  aliquavitis, 
niim  arlior,  num  fruges  absint :  tuin  etiani  pecus  et  faini- 
liain  recenscat,  fundiqiie  instrumeiitiim ,  et  supellectilein  : 
qiia;  cuncta  si  per  plures  annos  facere  instituerif,  bene 
nioratam  disciplinam  ,  cum  .senectus  advcnerit,  oblinebit. 
Nec  crit  nlla  ejus  ffitas  annis  ita  confecla,  ut  spernatar  a 
seivis. 


I.X.  Dicendum  etiam  est,  quibus  operibus  quemque 
liabitum  corpoiis  aut  animi  contribuenduni  pufemiis. 
Manislros  operibus  oportet  praeponere  sedulos,  ac  friisa- 
lissiiiios.  Ea  res  utraque  plus  quam  corpoiis  slatura  ro- 
biiiqiie  confert  liuic  negotio  :  quoniam  id  ministeriiim 
custodia;  diligentis  et  artis  olficium  est.  Bubiilco  quainvis 
necessaria ,  non  lamen  satis  est  indoles  mentis ,  iiisi  eiirn 
vastitas  vocis  et  liabitus  metuendum  pecudibiis  eflic.it. 
Sed  lemperet  vires  clementia  :  quoniam  terribilior  debet 
esse  qiiam  sa!vior,  ut  et  ol)sequantur  ejiis  imperiis,  et 
diiitius  perennent  boves  non  confecli  vexatione  simul  ope- 
rum  verberumque.  Scd  quai  sint  magistrorum  niunia 
qua>que  bubulcorum,  siio  loco  repetam.  Nunc  adiiio- 
nuisse  satis  est,  niliil  in  liis,  in  illis  plurimiim  referre 
vires  et  proccritatem.  Nam  longissimum  queinque  arato- 
rein,  sicut  dixi,  facieraiis,  et  propter  id ,  qiiod  paiillo 
ante  rctuli ,  et  qnod  in  rc  rustica  nullo  miniis  opere  latiga- 
lur  prolixior,  quia  in  arando  stivae  pene  rectus  innititur. 
Mediastinus  qiialiscunqiie  statiis  potest  esse ,  dunimodo 
pfipetiendo  labori  sit  idonciis.  Vine.T  non  sic  altosquem- 
adinodiim  latos  ct  laccrtosos  viros  cxigunt.  Nam  is  Iia- 
bilus  fossuris  et  putationibus  cn^tcrisqiie  carnm  rultiiris 
inai'is  aptus.  Minus  in  lioc  oilicio  quani  in  acteris  agiico- 


COLUMELLE. 


les  epaules  larges  et  les  museles  developpes.  Ils 
seront  plus  propres  a  becher  et  taiiler  la  vigne, 
et  a  lui  donner  toutes  les  faconsqu'elle  demande. 
La  bonne  conduite  est  moins  importante  pour 
les  vignerons,  qui  travaillent  toujours  en  compa- 
gnie  et  sous  les  yeux  d'un  chef,  que  pour  les 
autres  ou  vriers.  Corame  generalement  les  hommes 
vicieux  ont  resprit  plus  vif ,  et  que  la  culture  de 
la  vigne  exige  non-seulement  des  geus  robustes 
mais  encore  intelligents,  on  donne  ordinairement 
ces  travaux  a  eeux  qui  sont  a  la  chaiue.  Hfltons- 
nous  d'ajouter  que,  quel  que  soit  le  genre  d'ou- 
vrage,un  homme  honnete,  et  doue  de  la  raeme 
aptitude ,  s'en  acquittera  toujours  mieux  qu'un 
mauvais  sujet :  ceci  soit  dit  en  passant,  et  pour 
ne  point  donner  a  penser  que  j'aime  mieux  faire 
cultiver  mes  terres  par  des  miserables  que  par 
des  gens  honnetes  et  probes.  Toutefois,  on  con- 
viendra  qu'il  est  neeessaire  d'etablir  une  cer- 
taine  distinction  dans  les  differents  travaux  d'a- 
griculture,  c'est-a-dire  qu'on  ne  doit  point  les 
faire  executer  iudifferemment  par  toutes  sortes 
de  gens.  Du  moins  ce  ne  serait  pas  la  une  pra- 
tique  bien  avantageuse  pour  le  proprietaire;  car 
lorsquechaque  ouvrier  n'a  pas  sa  besogne  fixe  et 
determinee,  il  craiut  toujours  cn  avancant  son 
propre  ouvrage  d'avaucer  celui  de  ses  compa- 
gnons ,  et  il  cherche  a  se  soustraire  au  travail  par 
tous  les  moyens  possibles.  En  outre,  quand  plu- 
sieurs  sont  occupes  au  meme  ouvrage,  on  ne  peut 
recounaitre  quel  est  celui  qui  s'est  mal  acquitte 
de  sa  tiiche.  II  importe  donc  d't'tablir  d'abord  une 
distinction  entre  les  laboureurs,  les  vignerons, 
et  les  ouvriers  ordinaires,  et  de  les  diviser,  les 
uns  comme  les  aulres,  en  plusieurs  classes,  dont 
chacune  ne  se  coraposera  pasde  plus  de  dix  hom- 
mes.  Les  anciens,  qui  appelaientcesclasscsdecu- 


ries,  approuvaient  fort  cette  institution.  En  effet, 
dix  hommes  sont  faciles  a  surveiller,  tandis  que 
rattention  du  chef  serait  distraite  si  ce  nombre 
etait  depasse.  Lorsque  la  ferme  est  d'une  grande 
etendue,  on  repartira  les  decuries  sur  les  diffe- 
rentes  parties  qui  la  composent.  En  distribuant 
la  besogne,  on  fera  toujours  en  sorte  de  ne  ja- 
mais  laisser  un  ouvrier  seul,  et  meme  deux  en- 
semble,  parce  que  quand  ils  sont  disperses  en 
petit  nombre,  lls  ne  peuvent  etre  suflisamment 
surveilles;  d'un  autre  cote  il  ne  faut  pas  qu'ils 
soient  oceupes  plus  de  dixaumemeouvrage;  car 
etanten  trop  grand  nombre,  ilsse  reposent  Tun 
sur  Tautre  pour  la  tache  qui  leur  est  imposee  en 
commun.  Cette  division  de  travail  aura  Tavantage 
d'exciter  uiie  louable  emulation  parmi  les  ouvriers, 
et  de  nous  faireconnaitre  les  paresseux.  Une  fois 
cette  espeee  de  lutte  etablie,  la  punition  qui  frap- 
pera  les  retardataires  sera  trouvee  juste  par  les 
autres  et  supportee  sans  murmure.  Nous  venons 
d'exposer  les  differents  details  qui  doivent  eu 
premier  lieu  occupor  rattention  de  celui  qui  se 
destine  ^  ragriculture  :  la  salubrite,  les  routes, 
les  voisins,  Teau,  la  situation  ct  la  distribution 
d'nne  ferme,  les  metayers  et  les  esclaves  :  nous 
voici  arrivesa  la  culture  ellememe ;  nous  en  trai- 
terons  dans  le  livre  suivant ,  avec  Tetendue  que 
demande  rimportance  du  sujet. 


LIVRE  II. 

1.  Vous  mo  demandez ,  mon  clicr  Publius  Sil- 
vinus  (et  je  ne  ferai  point  attendre  ma  reponse) 
pourquoi  j'ai  commence,  des  le  premier  livre  de 
mon  ouvrage,  par  refuter  presque  tous  les  an- 
ciens  auteurs  qui  ont  ecrit  sur  ragricultore  ,  et 


laUo  fiugalitatem  requirit,  qiila  et  in  turba  et  siib  moni- 
toie  viiiitor  opus  facere  debet.  Ac  plerumque  velocior 
animus  est  improborum  |hominum,]  quem  deslderat  Ini- 
jusoperiscondltio.  Non  solumenlm  fortem,  sed  el  acii- 
mlnis  strenui  minlsti  um  postulat.  Ideoque  vineta  pluri- 
mum  per  alllgalos  excolunlur.  Sitill  tamen  ejusdem  aglli- 
talls  liomo  frugi  non  melius,  quam  nequam  faclet.  Hoc 
interposul,  ne  quls  existimet,  In  ea  me  opinione  versari, 
qua  mallm  per  noxios  quani  pcr  innocentes  rura  colere. 
Sed  etillud  censeo,  ne  confundantur  opera  famlllae,  sic 
nt  omnes  oninla  exequantur.  Nam  id  minlme  conducit 
agricola;,  seu  quia  nemo  suum  proprlum  allquod  esse 
opus  credit  :  seu  quia  cum  enisiis  ftst,  non  suo  sed  com- 
muni  officio  prQficit,  ideoque  labori  multum  se  subtra- 
liit ;  nec  lamen  viritim  malefactum  dcprehenditur ,  (piod 
lit  a  multis.  Propter  quod  separandi  sunt  aratores  a  vini- 
torlbus ,  ( et  vlnltores  ab  aratorlbus , )  ilque  a  medlastinls. 
Classesetlamnon  majores  quam  denum  liomlnum  faciun- 
A-e ,  quas  decurlas  appellaverunt  antlqui  et  maxlme  pro- 
baverunt,  quod  is  numerl  modus  In  opere  cominodisslme 
custodlretur,  nec  praieuntis  monltoris  dlllgentlam  mul- 
litudo  confunderet.  Itaque   si  latior  est  agcr,  In  reglo- 


nes  dlducend.T  sunt  eae  ( iasses,  clividundumque  ila  opns, 
ut  neque  slngull  binive  slnt ,  quonlam  dispersi  non  facile 
custodliintur  :  nec  tamen  supra  decem  ,  ne  rursus  ubl  ni- 
rala  turba  sit,  id  opus  ad  sc  pertlnere  singuli  non  exisli- 
ment.  Haec  ordinatio  nnn  solum  concilat  ■-emulationera, 
sed  et  deprcliendlt  Igiiavos.  Nani  cum  ceitamlne  opus 
excltetur,  tum  In  cessantes  anlmadversio  justa  el  sine 
querela  videtiir  adliiberi.  Sed  nlmlrum  dum  qua;  maxime 
providenda  sunt  agricola;  futuio  praxipimus,  de  salubri- 
tale ,  de  via ,  de  viclno ,  de  aqua ,  sltu  vlll.Te ,  fundi  modo, 
colonorum  etservorum  geueribus,ot'ficloriim  operumqiie 
distrlbutione ,  tempestlve  per  haec  ad  ipsum  jam  terra; 
cultiim  pervenimus,  de  quo  plurlbus  Ilbro  insequente 
mox  dlsscrinius. 


LlBEll  SECUNDL'S. 

I  QuKiisex  me,  Publi  Sllvlne,  qiiod  ego  sine  cuii- 
ctallone  non  recuso  docere,  cur  prlore  Iiliro  veterem 
opinionem  fere  omnium,  qui  de  cultu  agiorum  locuU 
sunt   a  principio  confesllm  rcpulerim,  falsamque  senten- 


DE  I/AGRICULTURE,  IJV.  H. 


pai  rijetcr  comme  faussc  ropiuioii  qu'ils  ont 
qiiu  la  terre,  fatigu^c,  epuisee  par  l'actioii  du 
temps  et  le  travail  dcs  hommes,  est  accablee 
maintenant  sous  le  poids  de  la  vieiilesse.  Je  n'i- 
g!;ore  point  que  vous  respcctez  beaueoup  l'aulo- 
rite  des  auteurs  illustres,  et  surtout  eelle  de  Trc- 
mellius,  qui  a  laisse  a  la  posterite  un  ouvrage  ccrit 
avcc  autant  d'crudition  que  d'elegauce,  et  ren- 
fermant  la  plupart  des  rcglcs  relatives  a  recono- 
mierurale.  Eutrainc  sans  doute  par  rcstime  qu'il 
avait  voueeaux  anciens  qui  ont  ecritsur  la  meme 
matiere ,  Treraellius  s'etait  imagine  que  la  terre, 
mere  commune  de  toutes  clioses ,  aetuellement 
dans  la  dccrepitude,  ressemblait  a  ees  vieilles 
femmcs  qui  ont  cesse  d'enfantcr.  Jc  serais  as- 
sez  dispose  a  partager  cette  opinion  ,  si  Ton  ne 
voj  ait  plus  de  fruits  sur  la  terre.  Mais,  pour  me 
servir  de  la  meme  comparaison  ,  une  ferame  cst 
regardee  corame  sterile ,  non  pas  quand  eile  n'a 
plus  deux  ou  trois  eufants  a  la  fois ,  mais  lors- 
qu'elle  a  tout  a  fait  cesse  d'en  mettre  au  monde. 
Une  fois  qu'une  femme  n'est  plusjeune,  elle  a 
beau  vivre  longtcmps  par  dcla,  la  fccondite  que 
les  annces  lui  refusent  ne  lui  est  jamais  rendue. 
Au  lieu  que  la  terre  ,  qu'elle  ait  cte  laissce  en 
1'riclie  par  un  accident  ou  volontairement,  re- 
pond  au  soin  du  laboureur,  et  compte  avcc  unirc 
le  repos  qu'ou  lui  a  laisse  ,  des  qu'on  la  culti\  e 
denouveau.  Ce  n'est  donc  pas  la  vieillesse  qui 
peut  a\oir  diraiuuela  ftcondite  de  la  terre  :  car 
une  fois  la  vieillesse  veuuc,  il  n'y  a  plus  de  re- 
tour,  et  nous  nc  pouvons  ni  rajeuuir,  ni  repreu- 
dre  notre  premiere  vigucur.  D'un  autre  coti',  ce 
ne  pcut  etre  la  fatigue  du  terrain  qui  diminue 
la  rccolte  du  cultivatcur;  car  il  y  aurait  de  la 
folic  a  peuser  que  la  fatigue  soit  unc  suite  de  la 


culture  et  de  ragitatioii  des  tcrrcs,  comme  elle 
est  dans  les  horaiiies  uu  rcsultat  d'un  e,\erciir 
violent,  oud'un  fardeau  trop  considcrable.  Vous 
m'objccterei,  peutetre  rassertion  de  Trcmellius, 
qui  aflirme  que  toute  terre  sauvage  ct  vicrge 
produit  avcc  abondancc  aprcs  unc  prcmicre  cul- 
turc  ,  tandis  ([ue  les  annees  suivantcs  clle  ne  rc  ■ 
poud  plus  a\cc  la  meme  aboudauce  au  soiii  tlii 
cultivateur.  Le  fait  que  Tremcllius  avauec  est 
exact ;  mais  il  n'a  pas  cberche  a  en  appiofoiidir  la 
cause.  Si  une  bruyere  transformec  cn  champs 
cstplus  fcconde  que  toutautre  sol,  ce  n'cst  point 
parce  quc  la  terre  est  plus  jeune,  plus  neuve, 
raais  parce  quayant  cte  sufiisammeut  eiigraissee 
par  le  feuillage  dcs  arbres  et  les  herbes  qui  y 
croissaient  sans  culture,  dle  se  prete  avec  plus 
dc  facilite  a  la  nutrition  des  plautes.  Mais  des 
qu'une  fois  lcs  raciues  de  ccs  herbes  ont  ete  ar- 
rachees  par  les  herses  et  les  charrues,  et  que  lcs 
arbres  ayant  etc  coupcs  ont  cesse  de  nourrir  de 
leur  feuillage  la  tcrre  qui  les  produisait ;  que  les 
feuilles  qui  torabaicnt  dcs  arbres  et  arbrisscaux, 
au  lieu  dc  restercouchees  sur  lc  sol  eomme  aupa- 
ravant ,  sont  retounices  par  le  soc  de  la  charrue  , 
entcrrees  et  incorporces  aux  couches  iuferieurcs  ct 
moiusfertilcsdcIaterrc;ilarriverauecessaiiemei;t 
que  leterraiu  lui-meme,  privii  de  soii  auciennc 
nourriture  ,  maigiiia  prompteraent.  Si  donc  lcs 
charaps  rcpoudcnt  aujourd'bui  moius  largemciit 
a  nos  espcrauccs,  il  ne  faut  eii  aecuser  ni  l'e- 
puiseraeut  du  sol,  aiusi  que  roiit  fait  ia  plupait 
de  nos  auteurs,  ni  la  vieillcsse  de  la  terre, 
inais  uotre  propre  negligence.  Car  les  recoltes  sc- 
raicnt  toujours  ahoudantes,  si  nous  voulious  en 
quclque  sorte  renouveler  la  terre  par  dcs  eu- 
grais  fiequents  ,  opportuns,  et  sagenieut  distri- 


liam  repudiaveiim  censcntium  longo  avi  situ  longiqiie 
jam  tempoiis  evercitalione  fatigatam  ct  erriiUam  liimium 
consenuisse.  Nec  te  igiioro  cuiii  et  alioriim  illustriiim 
scriptoium  tum  piiccipuc  Tremclliiaiictorilatein  reveieri, 
qui  cum  pluriraa  ruslicarum  leiiim  praece[)la  simiil  ele- 
ganter  ct  scite  memoria;  prodiJerit,  videlicel  illectus 
iiimio  ravore  priscorum  dc  simili  niateria  disserentium 
falso  ciedidit,  parenteiiiomniiim  lerram,  sicul  muliebrem 
sexuin  aetatc  anlli  jam  conrectam,  piogciierandis  esse 
rirtibus  inliabilcm.  Quod  ipse  quoque  coiilitercr,  si  in 
lotuin  niilla!  rruges  piovenircnt.  Nam  el  liominis  tum 
demum  declaiatur  slerile  seiiiuin ,  noii  cumdcsinit  miilier 
tiigeminos  aut  geminos  pareie,  sed  cuin  omnino  iiullum 
«oiiceptum  cdere  valet.  Itaque  traiisaclis  juveiitse  tempo- 
ribus,etiam  si  longa  vita  superest,  partus  lanien  aunis 
denegatiis  nou  restituitur.  At  c  contrario  scu  spontc  seu 
quolibet  casu  destilula  liumiis,  cum  est  lepetita  cullii, 
magiio  ta-nore  cessationis  coloiio  respondcl.  Non  crgo  cst 
cxigiiarum  trugiim  causa  lerra;  vctiislas,  si  modo  ciim 
seniel  invasit  senectus ,  icgrcssum  iion  liabct,  nec  levi- 
lescere  aut  repubescere  potest;  sed  ne  lassitudo  quidem 
siili  ininiiil  agricola;  fruclum.  Kcque  enim  priidenlis  est 
adduc.i  tanquaniiiiliQminibus  nimia^corporiscxcrcilalioni, 


aut  oneris  aliciijus  ponderi ,  slc  cultibus  el  agilationibus 
agrorum  fatigationem  siiccedere.  Qiiid  ergo  esl ,  inquis, 
quod  asseverat  Tiemellius  inUicla  et  silvestria  loca,  cum 
prinium  cceperint  ciiltum  cxiiberaie,  inox  deinde  iion  ita 
icspondere  labori  coloiiorum?  videl  sinedubio  quid  eve 
niat,  sed  cur  id  accidal,  noii  peividet.  Neqne  enim  idcircu 
rudis  et  inodo  cx  silvestri  habitii  in  arvum  transducta 
rflecundior  Iiaberi  lerra  debet,  quod  sit  requietiorel  juaior; 
sed  <|uod  luultorum  aniiorum  riondibiis  ct  Iierbis ,  quas 
suaple  nalura  iirogenerabat,  veliit  saginala  largioiibus  pa- 
bulis,  racilius  edendis  educandisqm  rrugibus  sufiicit.  At 
lum  perruptae lastris et arali is radices  lici barum,  rei roqiie 
succisa  iieniora  irondibus  suis  dcsicrunt  alere  matrem , 
qiiaiqiie  teniporibus  autunini  trutctis  etaiburibus  delapsa 
tblia  superjaciebantur,  inox  conversa  voineribus ,  et  iiile- 
riori  solo,  quod  plerumque  est  exilius,  permista,  atque 
absuinta  sunl  :  seqiiitur,  ut  destitiita  prislijiis  alimciitis 
macrescat  buinus.  Non  igitur  ratigatione ,  iphMiindniiidiim 
plurimi  crcdiderunt,  ncc  senio,  sed  nostri  .-i  ilicit  inerli.i 
ininus  benigiie  nobis  arva  rcspondenl.  I.iiel  eiiini  iiiajo- 
rem  rructum  percipeicsi  riequenti  et  tcmpcslivaet  nni- 
dica  stercoratione  lerra  rcrovealur.  Uc  ciijus  cultu  diclu- 
ros  nos  priori  voliiinlnc  pollicili  jam  iiiiiic  disscrcmus. 


194 


COLUMELLE. 


buos.  J'airive  maintenantala  cuiturede  laterre, 
ninsi  qnc  je  l'ai  promis  ilans  le  premier  livre. 

II.  Lcs  cultivateurs  les  plus  estimes  comptent 
trois  espeoes  deterrain  :  la  plaine,  les  collincs,  et 
lcs  montagues.  Dans  les  plaincs,  le  mcilleur 
terrain  cst  celui  qui  n'est  point  exactemcnt  de 
niveau,  maisunpeu  en  pente;  dans  lescollines, 
celui  qui  s'el'>ve  en  pente  douee;  dans  les  mon- 
tap;nes,ecluiqui,snns  etre  trop  eleve  ni  tropi^pre, 
est  cependant  couvert  d'licrbes  et  de  bois.  Ces 
trois  especcs  de  terrnins  se  divisent  en  six 
nutres  especcs,  d'apr^s  les  differentes  qualites 
du  so! ,  suivant  qu'il  est  gras  ou  raaigre,  meuble 
ou  fort,  humide  ou  sec;  et  toutes  ces  qualites 
^tnnt  melnngees  entre  elles  forment  des  varietes 
infinics.  Nous  ne  croyons  pas  qu'il  soit  utile 
de  lcs  enumerer.  En  cffet,  la  science  ne  doit 
point  se  pcrdre  dans  le  detail  desespeces,  qui 
sont  innombrables;  elle  doit  proceder  avec  me- 
thode,  et  se  borner  k  ces  classifications  prin- 
cipales,  que  rintelligence  saisit  aisementet  que 
la  Inngue  peut  definir  avec  exactitude.  11  suffit 
pour  cela  de  reunir  les  qualitcs  les  plus  dispara- 
tes.  Cest  ce  que  les  Grecs  appellent  «Tw^uyia?  Evav- 
■rtoTriTtov,  et  ce  que  nous  appellerions  discordan- 
tium  comparationes.  Remarquons  ,  en  general, 
iiu'entre  les  differents  vegetaux  il  y  en  a  beau- 
eoup  plus  qui  se  plaisent  dans  la  plaine  quc  sur 
dcs  collines,  et  bien  plus  encore  qui  viennent 
sur  un  sol  gras  que  sur  un  sol  maigre.  Je  ne 
puis  decider  si  les  terrains  hnmides  remportent 
sur  les  terrnins  secs  pour  le  nombre  et  la  variite 
de  leurs  productions,  puisqu'il  y  a  une  infinite  de 
plantes  qui  reussissent  egalemeut  sur  ccs  deux 
terrains ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  certain ,  c'est  que  la 
terre  forte  ne  convient  pas  aussi  bien  aux  pro- 
ductions  agricoles  qu'un  sol  franc  et  meuble; 

II.  Callidissimi  lusticarum  rcrum,  Silvine,  genera  ter- 
reni  triae5se  ilixernnt,  campestre,  collinum,  montanum. 
Campum  non  a^quissinia  silum  planicie  nec  perlibrata, 
seil  exigue  prona ;  colleni  clemeiiter  et  molliter  assurgen- 
lcm ;  montem  non  sul)limem  el  aspeium,  sed  nemorosum 
ct  lierbidum  max.inie  probaveiunt.  Ilis  autem  generibus 
singulis  senae  species  contribuuntur,  soli  pinguis  vel  nia- 
cri,  soluti  vel  spissi,  liumidi  vel  sicci  :  quse  qnalitates 
inter  se  mistai  vicibus  et  allernata>  pUirimas  efliciunt 
agrorum  varielates  :  eas  enumerare  non  est  artificis  agi  i- 
colae.  Neque  enim  artis  oflicium  est,  per  species,qua; 
sunt  innumerabiles ,  evagari;  sed  ingredi  per  genera, 
qua;  possunt  cogitalione mentis  et  ambita  verboium  facile 
copiilari.  Recurrendum  est  igitur  ad  qualitatum  inter  se 
dissidentium  quasi  qiiasdam  conjunctiones,  quas  Gr»ci 
ouXuYia?  EvavTioTTTiTMv,  nos  discoidanl ium  comparafio- 
ncs  ,  tolerabilitcr  dixerimus.  Atque  cliam  signilicandum 
est,  ex  omnibus,quae  terra  progeneret,  pluracampo  ma- 
gis  quam  colle,  plura  pingui  solo  quain  macro  lajtari. 
Ue  siccaneis  ct  riguis  non  comperimus,  nlra  niimero 
vinoant,  quoniani  utiinque  pene  inlinita  snnt,  quai  siccis 
quseqne  humidis  locis  gaudent ;  sed  ex  liis  nibil  non  me- 
!ius  resolula  liunio  quain  densa  provenit.  Quod  noster 


aussi  Virgilc,  en  faisant  Teloge  d'un  chnmp  fcrl  ile, 
a-t-il  ajoute  :  Et  donl  la  terre.  est  friable  el  ili- 
visee;  car  c'est  pour  la  rendre  telle  qiionla 
laboure.  En  effct,  cultiver  n'est  autre  chose 
que  diviser  la  terre,  et  yexciterune  sortede  fer- 
mentation;  c'est  ce  qui  fait  qu'un  terrain  natu- 
rcllement  gras  et  mcuble  rapportcra  toujours 
plus  qu'un  autre,  parce  qu'en  donnant  de  mcil- 
leures  rccoltes  il  exigera  le  moins  de  culture  ,  et 
que  la  culture  cn  sera  moins  dispcndieuse.  Ainsi 
donc  un  sol  qui  rcunirait  ces  deux  qualites 
devrait  ctre  regardii  comme  le  plus  fertile.  Celui 
qui  vient  apres  est  le  sol  gras  et  ferme  ;  il  re- 
compense  avec  usure  le  cultivatcur  de  sa  de- 
pense  et  de  ses  peines.  Le  troisieme  est  le  .«ol  na- 
turellement  arrose;  le  fruit  y  vient  pour  aiiisi 
dire  delui-meme,  et  sans  que  le  proprietaire  soit 
oblige  de  rien  dcbourser.  Caton  voulait  memo 
que  ce  terrain  fCit  le  premicr,  preferant  de 
bcaucoup  le  revenu  des  pres  a  tout  autre  revenu. 
Mais  cette  question  est  etrangere  a  notre  sujct, 
puisque  nous  avons  a  traiter  ici  des  fncons  qu'ii 
faut  donner  a  la  terrc,  et  non  pas  desa  quantite. 
II  n'y  a  point  de  plus  mauvaise  espece  de  terre 
que  cellequiest  seche  et  dure,  tant  parce  qu'elle 
est  diflicile  a  labourer  que  parce  qu'elle  ne  d6- 
dommage  point  le  cultivateur  de  ses  peines. 
D'unautrec6te,  si  on  rabandonne,  elle  ne  produit 
sutfisamment  ni  pres  ni  paturages.  Ainsi,  soit 
qu'il  y  travaille,  soit  qu'il  la  laisseen  friche,  le 
proprietaire  regrettern  toujours  de  Tnvoir  ac- 
quise  ,  et  Ton  doit  ia  fuir  comme  on  fuirait  un 
lieu  pestilentiel.  Eneffet,  si  une  coatree  pestilen- 
tielle  porte  la  mort  avec  clle  ,  une  terre  sterile 
amene  la  faim ,  qui  est  la  compagne  affreuse  de 
la  mort.  Cest  du  moins  le  sentiment  du  poete 
grec,  lorsqu'il  nous  dit  qu'il  n'y  a  point  de  sort 

quoque  Virgilius  cum  et  alias  fcecundi  arvi  laudes  retu- 
lisset,  adjecit :  Et  cui  jmtre  solum  :  namque  hoc  imi- 
tamttr  arando.  Neque  enim  aliud  est  colere,  quani  re- 
solvere  et  fermentaie  terram.  Ideoque  maximos  quaestus 
ager  pr.ncbet  idem  pinguis  ac  putris ,  (|uia  cum  plurimum 
reddat,  minimum  poscit :  etquod  postiilat ,  exiguo  labore 
atque  impensa  conficitur.  Piiiestantissimum  igitur  tale  so- 
lum  juie  dicatur.  Proxiinum  deinde  buic  pinguiter  den- 
sum,  qiiod  impensam  coloni  laboremque  niagno  foelu 
remuneralnr.  Tertia  est  ralio  loci  rigui,  quia  sine  im- 
pensa  fiiictum  reddcre  polesl.  Hanc  primam  Cato  esso- 
dicebat,  (pii  maxime  reditum  pratoinm  ca-teris  antepone- 
bat  :  scd  nos  de  agilatione  terrse  niinc  loquimur,  non  de 
silii.  Nulliim  detcrius  babetur  genus,  quam  quod  esl 
siccum  pariter  eldensuin  etmacrum;  qiiia  cuin  difficulter 
tracletur,  lum  ne  tractalum  quidem  gratiam  referl :  nec 
reliclum  pratis  vcl  pascuis  abunde  sufficit.  Itaque  liic  ager 
sive  exercetnr  seu  cessat ,  colnno  est  pcenilendus,  ac 
lanquam  pestilens  reftigiendiis.  Nam  ille  mortem  fadt, 
hic  teterrimam  comitem  inorlis  famem  :  si  lanien  Gr.Tcis 
camoMiis  babemus  fidem  clamitantibiis :  Aijjko  oixtkttov  ^ 
SavEEiv.  Sed  nunc  potius  uberioris  soli  meminerimiis, 
cujusdcmonstranda  esl  duplcxtractatio,  cuUi  et  silvestris. 


DE  I.'AGUICULTURE,  LIV.  II 


!9h, 


pius  miseiable  qiie  do  mourir  de  faim.  Oecu- 
pon.s  nous  d'abord  du  terrain  feitile  :  on  peut 
le  considerer  sous  deux  faces,  comrae  cultive  ou 
comme  inculte.  Nons  parlerons  en  premier  lieu 
des  procedis  a  employer  pour  faire  d"un  terrain 
inciilte  une  terre  labourablc.  En  cffet,  avant  de 
cultiver  un  champ,  il  faut  coramencer  par  lui 
donner  re.xistence;  on  devra  donc  examincr  si  ce 
terrain  est  sec  ou  humide,  s'il  est  couvert  d'ar- 
bres  ou  de  pierres ,  de  joncs  ou  d'herbes ,  de  fou- 
geres  ou  de  broussailles.  S'il  est  humidc,  il  fau- 
dra  fairedesfosses  pour  le  dessecher,  ct  donncr 
de  recoulement  aux  eaux.  Nous  connaissons 
dcux  especes  de  fosses,  ceox  c(ui  sont  caches, 
etceuxqui  sont  larges  et  ouverts.  Ces  dernicrs 
convicnnent  mieux  aux  terrains  epais  et  remplls 
d"argile;  mais  dans  les  terrains  plus  friablcs 
on  en  fait  quelques-uns  de  cachcs  et  quclques- 
uns  d'ouverts,  en  sorte  que  Teau  qui  se  trouve 
dans  les  premicrs  ait  son  ccoulement  dans  lcs 
autrcs.  II  faut  aussi  que  lcs  fosscs  ouvcrts  soient 
plus  largcs  par  !e  haut  (lue  par  lc  has,  et  qu'ils 
prescntent  deux  talus,  en  se  resscrrant  jusqu'au 
fond ,  comme  une  tuile  creuse  posee  sur  le  dos 
en  forme  de  gouttiere.  En  effet ,  si  les  parois  de 
ces  fosses  sont  droites,  ils  sont  bientot  min6s 
par  les  eaux,  et  comblcs  par  les  terres  qui  s'e- 
boulent  d'en  haut.  D'un  autre  cote,  on  fera  pour 
lcs  fosscs  cacbes  des  tranchees  dc  trois  pieds  de 
profondeur,  que  l'on  remplira  jusqu'a  moitie  de 
petites  pierres  ou  de  siravier  pur ,  et  Ton  rccou- 
vrira  le  tout  avec  la  terre  tiree  du  fosse.  Si  Ton 
n'a  ni  pierre  ni  gravier,  on  formcra,  au  moyen 
de  branches  liees  ensemble,  des  cubles  auxquels 
on  domiera  la  grosseur  de  la  capacite  du  fond  du 
canal,  et  qu'on  disposera  de  maniere  a  remplir 
exactement  ce  vide.  Lorsque  ies  ciibles  serout 
bien  enfonces  dans  le  fond  du  canal ,  oa  les  re- 


couvrira  dc  fcuillcs  de  cypr6s,  de  piu  ou  de  tout 
autre  arbre,  qu'on  comprimera  fortement,  apres 
avoir  couvert  le  lout  avcc  la  terre  tirce  du  fosse  : 
aux  deux  extremites  on  posera  en  forme  de  con- 
treforts,  comme  cela  se  pratiiiue  pour  les  pctits 
ponts,  deux  grosses  pierres  qui  en  portcront 
une  troisieme,  le  tout  pour  consolider  Ips  hoids 
du  fosse,  etfavoriser  rentreeet  l'ecoulcmcht  dcs 
eaux.  Quant  aux  terrains  couverts  d'arbres  et  de 
buissons,  il  y  adeux  manieres  de  lesdefrichcr  : 
on  arrache,  pour  netloyer  le  terrain  ,  les  arbres 
avec  les  racines;  ou  si  les  arbres  sont  rarcs,  on 
Ics  coupe  sur  pied ,  on  briile  ce  qui  en  rcste,  ou 
en  melange  la  cendre  avec  la  terre  ,  en  In  labou- 
rant.  Quant  aux  tcrrains  pierreux,  ou  Ics  rcnd 
propres  a  la  culture  cn  ayant  soiu  d'en  retircr 
les  pierres.  S'il  y  en  a  une  grande  quantitc,  on 
les  rassembleraeu  tas  d  ms  une  partic  du  champ, 
alin  dc  pouvoir  en  dcbarrasser  le  reste  du  ter- 
rain;  ou  hicn  encore  on  les  enterrera  daiis  uiie 
tranchcc  profonde  ;  ce  qu'il  ne  faudra  fairc  que 
dans  lc  cas  ou  la  main-d'ccuvre  ne  sera  pas  liop 
chere.  Les  joncs  ct  Ics  hcrbes  sont  enleves  par 
le  defonceinent  du  sol.  La  fougere  doit  ctre  ar- 
rachee  a  plusieurs  reprises  :  ce  qui  pcut  se  fairc 
egalement  avec  la  charruc;  car  cctle  plante, 
lorsqu'elle  est  souvent  arrachce,  disparait  dans 
Tespace  de  deux  ans ,  surtout  quand  on  a  soin  de 
fumer  la  teire  ,  et  d'y  planter  des  lupins  ou  dcs 
feves.  De  cette  maniere  on  tire  mcmc  quelque 
profit  du  rcmede  qu'on  a  crnploye.  On  compren- 
dra  aiscment  que  la  fougere  doit  disparaltre  dcs 
qu"on  a  fume  et  couvert  de  nouvelles  plantes  le 
terrain  qui  la  portait.  Souvent  mfime  ou  n'a  qu'a 
renlever  successivement  avec  la  faux,  cequ'un 
enfant  peut  faire  sans  peine  :  cela  suffit  pour  la 
detruire  au  bout  du  teraps  c{ue  nous  avons  indi- 
qud.  Apres  avoir  fait  connaltre  le  mode  de  de- 


I)e  silveslri  rcsione  in  arvorum  formam  redisenda  pi  iiis 
«licemus ,  quoniani  est  anliiiiiius  facere  agruni  quam  co- 
lere.  Incultum  igilur  locum  consideiemus,  siccus  an  hu- 
midiis;  nemoiosus  arboribiis,  an  lapidibus  confragosus  ; 
juncone  sil,  an  giamine  vestitus,  ac  filictis  aliisve  fniletis 
inipeditus.  Si  bumidus  eril,  abiindantia  uliginis  anle  sic- 
cetiir  fossis.  Eaium  duo  genera  cognovimus,  c.iecaruin  et 
palpiilium.  Spissis  alqne  cretosis  regionibus  aperUT  relin- 
qiuiuliir  :  at  ubi  solutior  humus  est ,  aliqua"  fiiint  palentcs, 
<pia>dam  etiam  obcTccantur,  ita  iit  in  patentes  ora  bian- 
tia  ca'carum  competaiil  :  sed  patentes  latius  aperlas 
summa  parte  declivesque;  et  ad  solum  coarctatas  ,  im. 
biicilius  supinis  similes  facere  conveniet.  Nam  quarum 
recta  suntlatcra,  celeriler  aquis  vitiantur,  ot  superioris 
soli  lapsibus  replentur.  Opertae rursus  obcn^caii debebiint, 
sulcis  in  altitudinem  tripedancam  deprcssis  :  qiii  ciim 
parte  diniidia  lapides  miiuitos  vcl  niidam  glaream  lece- 
p£iint,  aequentur  siiperject.i  terra ,  qua;  fuerat  effossa. 
Vel  si  nec  lapis  erit  nec  glarea,sarmentis  connexus  vclut 
funis  informabitur  in  eam  crassitiidinem,  quaoi  .solum 
foss.T  possit  angu.ste  qiiasi  accommodalain  coaictatainqiie 


capeie.  Tum  per  imum  conlendeliir,  ut  super  calcatis  cii- 
prcssinis  yel  pineis  ,  aut,  si  eie  non  erunt,  aliis  froiidibus 
terra  contegatiir;  in  piiucipio  atqiie  exitu  fossa;  more 
pontieulorum  binis  saxis  taiilunimodo  pilarum  vice  roiisli- 
tulis,  el  singulis  superpositis,  ut  ejusmodi  constructio 
ripaiu  sustineat,  ne  pra;cludatur  liumoris  illapsiis  atquo 
exitiis.  Nemorosi  frutelosique  tractus  diiplex  ciira  est, 
vel  extirpaiidis  radicitus  arlioribus  ot  rcuiovendis;  vel, 
si  rar<-e  sinl,  lanliim  succidciidis  incendcndisque  et  ina- 
randis.  At  saxosum  facilc  cst  expedire  lcclione  lapidiim, 
quonim  si  magna  est  abundantia ,  veliil  qiiibusdam  siib- 
striictionilius  partes  agri  sunt  occupanda;,  ul  leliqua: 
emiindentiir  :  vel  in  allitudiiiem  sulco  deprcsso  lapidcs 
obriicndi.  Qiiod  lameu  ita  faciciidum  erit,  si  suadcliit 
operarum  vilitas.  Junci  et  graminis  pernides  repaslinalio 
esl ;  filicis ,  freqiiens  extirpatio  :  qiia;  vel  aratro  lieri  po- 
tesl,  qiioniam  intra  bienniiim  sa^piiis  couvulsa  iiKiritur  : 
celerius  etiam,  si  eodem  tempoie  .stcrcores,  et  lu|iiiio  vcl 
faba  conseras,  ut  cum  aliquo  reditu  medearis  agii  vitio. 
Namque  conslat,  (ilieem  sationibus  ct  stcrcoralione  faci- 
Iiii5  iiilrrimi.  Verum  ct  si  subindc  nascciitem  falce  deci- 


COLUMELLE. 


friclieaient  des  terres  incnltes ,  nous  voiei  arri- 
ves  aiix  solns  a  donner  aux  jacheres.  Mais  avant 
duborder  ce  sujet  il  est  bon  de  douner  quel- 
ques  pri^ceptes  generaux  a  ceux  qui  se  livrent  a 
l'etude  de  reconomie  rurale.  Je  nie  rappelle  que 
beaucoup  de  nos  anciens  auteurs  qui  out  ecrit 
sur  ragriculture  ont  regarde  comme  les  signes 
infaillibles  d'un  sol  gras  et  fertile  en  grain ,  une 
eertaine  douceur  de  laterre,  rabondance  des 
arbres  et  des  herbes,  et  une  coulcur  noire  et 
cendree.  De  ces  trois  signes ,  H  y  en  a  deux  sur  la 
certitude  desquels  je  ne  voudrais  pas  prononcer. 
Slais  pourla  couleur,je  ne  puis  assez  mV-tonner 
que  tous  lesauteurs,  et  surtout  Coruelius  Celsus, 
doDt  ies  counaissances  ne  s'eteudent  pas  seule- 
ment  h  ragriculture,  mais  a  la  nature  entiere, 
se  soit  trorape  au  point  de  u'avoir  pas  apercu 
tant  de  maruis  el  de  terres  a  salines  qui  sont 
egalement  noires  et  cendrecs.  En  general ,  c'est 
la  couleur  de  tous  les  terrains  oii  Tcau  n'a  pas 
d'ecoulement.  Cest  une  retnarquc  que  j'ai  tou- 
jonrs  faite,  a  moins  que  je  ne  rae  sois  trompe 
en  pensant  que  des  marais  fangeux ,  une 
terre  aigre  et  huraide,  ne  pouvaient  pas  plus 
produire  de  gi^ains  que  les  terres  u  salines  si- 
tuees  sur  le  bord  de  la  mer.  Rlais  Terrcur  des 
anciens  est  trop  manifestc,  pour  que  nous  in- 
sibtions  davanlage.  Nous  disons  donc  que  la 
couleur  de  la  terrc  n'cst  point  une  marque  cer- 
taine  de  saboiite;  on  doit  en  chercher  daii- 
tres  qui  soient  plus  propres  a  faire  connaitre  une 
terrca  grains,  c'est-a-dire  une  terre  dont  le  sol 
est  gras.  Car  de  nieme  que  la  nature  a  donne  aux 
bestiaux  les  pius  robustes  descouleurs  dlfferen- 
tes  et  variees  a  rinfmi,  elle  a  donne  aux  terres 
lcs  plus  fortesune  plus  grande  diversite  de  eou- 

<las,  quod  vel  puerile  opus  esl,  fntia  praedictum  tempus 
vivadlas  ejus  absumitur.  Sed  jain  expcdiendi  riidis  agii 
ralionem  sequiliir  ciiltoium  uovuliom  cura ,  de  qua  niox 
quid  censeam  profilebor,  si  quae  ante  disceuda  sunt.arvoT  um 
studiosis prsecepero.  Pluiimos  antiquorum,  quidc  nisti- 
-  cis  rebus  scripseiunt,  memoria  lepeto  qiiasi  conlessa  nec 
dubia  sigiia  pinguis  ac  frumentorum  feililis  agri  piodi- 
disse ,  dulcedinem  soli  propiiam,  lieibarum  et  arliorum 
proventum ,  nigrum  colorem  vel  cinereum.  Nihil  de  twle- 
ris  ainbigo ;  de  coloi  e  satis  admirari  non  possum,  cum  alios 
lum  ctiani  Coinelium  Celsum ,  non  solum  agricolationis 
sed  univeisae  natura;  prudentem  viium,  sic  et  seutenfia 
et  visu  deeirasse ,  ut  oculis  ejus  lot  paludes ,  tot  eliam 
campi  salinarum  non  occuncient,  quibus  fere  coiitii- 
buuutur  priedicli  colores.  Kullum  enim  temere  videinus 
lucnin ,  qui  modopigrum  contineat  liuinoiem,  uon  eundein 
vcl  iiigri  vel  ciueiei  coloris,  i;isi  forte  in  eo  lalloripse, 
(luod  non  putem  aut  in  solo  limosa^  paludis  et  uliginis 
ainaini,  aut  in  maritimis  areis  salinaium  gigui  posse 
J;eta  rnimeula.  Sed  est  manifestior  liic anliquoi imi  crior, 
<|uam  ut  pluiibus  argumentis  conviucendus  sit.  Non  eigo 
/olor  lanquamccitus  auctor,  lesliscst  bonilatisarvoruui. 
K.t  ideo  Irumcntarius  ager,  id  cst  pinguis,  magis  aliis 
qiiulilatibus  ocstimaiidus  Cst.  Nam  ut  fortissima-  pecudes 


leurs. II  ne nous  leste  donc qu'a  nous  assurer  que 
la  terre  que  nous  voulous  cultiver  est  grasse;  et 
cela  meine  importerait  peu,  si  le  sol  manquait 
d'une certaine  douceur.  IVous  pouvoiis  nous  as- 
surer  de  la  presence  de  ces  deux  qualitcs  au 
moyen  d'une  experience  assez  facile.  II  suffitde 
verser  uu  peu  d'eau  sur  une  motte  de  terre,  et 
de  la  broyer  ensuite  entre  ses  mains:  si  la  terre 
cst  gluante,  s'il  en  reste  aux  doigts  pour  peu 
quon  la  touche,  c'est-a-dire  si,  d'apres  Texpres- 
siou  de  Virgile,  elle  colle  aux  doigltt  comme  de 
/a  poix  ;  eufin,  si  elle  ne  s'eparpille  point  lors- 
qu"on  la  jette  par  terre,  nous  pouvons  conclure 
qu'clle  cst  naturellemeut  remplie  de  suc  ct  de 
graisse.  De  meme ,  si  vous  remettez  dans  une 
tranchee  ia  terre  que  vous  venez  d'en  cxtraire, 
et  qu"cn  la  rcfoulant  il  s'en  trouve  trop  pour  la 
remplir,  de  faeon  que  cette  terre  serable  avoir 
fermente  et  s'ctre  gonflee,  vous  pouvez  encoie 
ctre  sur  que  c'est  une  tcrre  grasse;  si  au  con- 
traire  il  eu  manque  pour  combler  le  fosse,  la 
terre  estraaigre;  si  elle  le  rcn>plit  juste,  elle  est 
mediocre.  Toutefois  ccs  experiences  ne  sont  pas 
toujours  certaines,  a  raoins  qu'elles  n'aient  (it6 
pratiquees  snr  Tespece  de  terre  appelee  pullula 
(terre  foncee),  et  qui  est  ordinairement  tres-fa- 
vorable  aux  grains.  On  coiinait  aussi  la  bont6 
d"une  terre  a  son  goiit;  on  prend  a  cet  effet 
quelqucs  niottes  de  terre  dans  la  partie  du  champ 
qui  parait  la  phis  mauvaise,  ct  on  les  delaye 
dans  un  vase  de  terre  renipli  d'eau  douce ;  on  fll- 
tre  ensuite  reaucomrae  oniiltre  le  vinqui  cst  sur 
la  lie,  et  on  la  goiite.  INous  connaitrons  ainsi  le 
gout  de  la  terre  du  champ  tout  eiitier,  puisqu'il 
sera  le  meme  que  celui  que  les  mottes  aurout 
communiqu6  a  Teau.  ludepeudammeut  de  ces 

diversos  ac  pene  innumeiabiles,  sic  eliam  robustissimae 
tei iu>  pluriinos  et  varios  colore^  sortitae  sunt.  Itaque  con- 
sidcrandiim  ciit,  ut  solum,  quod  excolere  destioamus, 
pingue  sit.  I'er  se  lamen  id  parum  cst,  si  duIccdiHC  caiet; 
quod  utnimque  satis  expcdita  nobis  ratione  contingit 
disa'ie.  Nam  perexigua  conspeigitiir  aqua  gla>ba ,  manu- 
que  subigitur,  ac  si  gliitinosa  est,  quamvis  levissimo  tactu 
piCssa  inlncrestit ,  Et picis  in  morem  adJigitus  lenles- 
cit  liabcndo,  ut  ait  Virgilius,  cademque  illisabumo  non 
dissipalur  ;  qu;e  res  admonet  nos,  inesse  tali  mateiiiB 
natuialemsuccum  et  pinguiUidinem.  Sed  si  velis  scroliibuii 
egestam  Iiiimum  recondere  et  recalcare ,  cuin  aliquo  quasi 
fermenlo  abundaverit,  certum  eiit,  esse  eam  pinguem  ; 
cum  defueiit,  exilem  ;  cuin  acipiaverit,  mediocrem.  Qnan- 
quam  ista  quae  nunc  retuli ,  uon  tam  veia  possiint  videri, 
quam  si  sit  pullula  terra,  quae  mclius  proventu  frugum 
appiobatur.  Sapore  quoque  diguoscemus,  si  ex  ea  parte 
agii ,  qua;  maxiine  displii.ebil,  elTossoe  glebre,  et  in  (ictili 
vase  madefactai  dulci  aqua  permisceantur,  ac  morc  fa.-- 
culenli  vini  diligeiiler  colala;  guslu  exploreutur.  Nam 
qualem  tiaditum  ab  eis  relulciit  bumor  sapciiem,  talem 
esse  dicemus  ejus  soli.  Sed  citia  bocexperimentum  mulla 
sunt,  qua;  ct  dulcem  lenamel  frumentis  liabilem  sigui- 
licent,  iit  juncus,  ut  calainus,  ulgianien,  ul  liifoliom. 


DE  L'AGRICULTUHE,  LIV.  IL 


c\perienees,  il  y  a  d'autrcs  moyens  propres  ti 
noiis  faire  connaitre  si  iine  terre  est  tlouce  et  fa- 
vorable  aux  tirains.  Par  exemple,  la  grande  quan- 
titedejoncs,  deroseaux,  dlierbes,  detrelle, 
d"hieble,  de  ronccs,  de  prunelles,  et  de  beaucoup 
d'autres  plantes  bien  connues  de  ceu\  qui  clicr- 
chent  des  sources,  nous  indiquent  que  !es  veines 
de  terre  qui  les  produisent  sont  douces.  JSous  ne 
devons  point  nous  eu  tenir  a  la  surface  du  sol ; 
il  faut  explorer  les  couchcs  inferieures,  pour 
nous  assurer  qu'elles  sont  egalement  terreuscs. 
Pour  le  ble,  il  suffit  qu'il  y  ait  de  la  bonne 
terre  jusqu'a  deux  pieds  de  profondeur;  pour 
les  arbres,  il  en  faudra  quatre  :  eet  examen 
fait,  on  prepare  le  champ  pour  rensemeneement. 
Plus  un  champ  aura  ete  prcpare  avec  soin  et 
intelligenee,  plus  il  sera  fertile.  Les  plus  an- 
ciens  autems  ont  expose  dans  leurs  livres  cer- 
taines  maximes  que  les  cultivateurs  auront  i 
suivre  comme  unc  loi  pour  le  labourage  de  la 
terre.  D'abord  les  boeufs  seront  accouples  au 
joug,  etroiteraent  serres,  afin  qu'ils  marebent 
d'un  pas  grave  et  imposant,  le  corps  droit,  la 
tete  levce,  que  leur  cou  soit  raoins  fatigue,  et  qne 
le  |oug  se  trouve  blen  pose  sur  leurs  epaules. 
Ce  mode  dattelage  est  celiil  qui  est  le  plus  ge- 
ncralfraent  adopte.  Qnant  a  celui  qui  est  usite 
dans  quelques  provinccs,  et  qui  consiste  a  atta- 
eher  les  boeufs  au  joug  par  les  cornes ,  il  est  avec 
raison  condamne  par  tous  ceux  qui  ont  ccrit 
sur  ragricultiire.  Car  la  force  dc  ccs  animaux 
reside  dans  la  poitrine  et  le  cou,  et  non  dans 
lescornes:  dans  la  premiere  position,  ils  pniis- 
sent  de  tout  le  poids  de  leur  corps;  au  lieu  que 
dans  Tautre  ils  sont  toiirmentcs  et  souffrent 
beaucoup ,  ayant  leur  tcte  constamment  ramenee 
en  arrit^re.  Ou  se  sert  aussi  pour  cette  dernicre 


pnsi;ion  de  eliarriies  bien  phis  petites,  qui  ne 
ppuvent  pas  faire  de  sillons  profonds ;  ce  qui 
pst  cependant  neeessaire  pour  activer  la  vegeta- 
tion,  car  plus  ia  terre  est  labouree  a  fond ,  plus 
les  grnins  et  lcs  arbres  y  prennent  d'accroisse« 
ment.  En  eeci  je  ne  suis  point  de  Tavis  de  Cel- 
sus,  qui ,  pour  dlrainuer  lcs  frais  de  culture, 
voulait  qu'on  labourat  la  terre  avec  de  petits 
socs  cnclavcs  dans  de  petits  bois,  qui  pourraient 
etre  traines  par  des  bfcufs  egalement  faibles 
et  petits.  Sans  doute  les  dcpenses  s'augmentent 
a  proportion  que  les  bctes  de  sorame  employees 
au  labour  sont  fortes  et  robustes ;  mais  notre 
auteur  n'a  pointpense  qu'il  yeijt  plus  a  gagner 
par  la  recolte  des  fruits  qu'a  perdre  par  rachat 
desbestiaux,  surtout  en  Italie,  ou  les  champs 
plantes  d'oiiviers  et  de  vignes  veulent  etre  sil- 
lonnes  plus  profondement  qu'ailleui's.  Ce  n'est 
qu'ainsi  que  les  racines  exuberantes,  toujours nui- 
sibles  aux  vignes  et  aux  olives,  peuvent  etre 
coupees  par  le  soc  de  la  charrue,  tandis  que 
eelles  qui  sont  dans  la  terre  meme  en  tirent 
plus  facilement  le  suc  dont  elles  se  nourrissent. 
Ajoulons  toutefois  que  la  methode  de  Celsus 
peut  etre  d'une  application  utileen  INumidie  et 
en  Egypte,  oii  ks  terres  plantees  de  grains  ne 
portent  presque  pas  d'arbres.  D'aillcurs,  dans  ce 
pays  le  soc  le  plus  leger  peut  sans  diftieulte  rc- 
tourner  le  sol,  qui  n"est  qu'un  sable  gras  ei;  fin 
comme  de  la  cendre.  L'liomme  qui  laboure  doit 
marcher  sur  la  terre  deja  ouverte ;  il  dirigera 
la  charrue  de  manii>re  a  faire  altcrnalivement 
un  sillon  oblique  ct  un  sillon  plein  et  droit , 
sans  laisser  nulle  part  ce  que  les  agriculteurs 
appellent  des  scamna  (veaux),  c"est-a-dire  des 
portions  de  terre  solides  et  dures.  II  aura  soin  de 
retenir  les  boeufs  dans  leur  marche,   lorsqu'ils 


fibiilum,  riibi.pruni  sikestres,  et  alia  coinpliira,  (lua; 
etiain  indagatoribiis  aquaruni  nota ,  non  nisi  dulcibiis  tcr- 
la'  venis  ediicaiitur.  Nec  contentos  esse  nos  oportet  priraa 
specie  summisoli,  sed  diligenter  exploranda  est  inferio- 
ris  materia;  qualitas,  terrena  necne  sit.  Frumentis  autem 
sat  erit,  siseque  bona  suberit  bipedanea  humus  :  arbori- 
bus  altiludo  quatuor  pedum  abunde  est.  Haec  cum  ita 
exploraverimus,agrum  salionibus  faciundis  expodiemus. 
Isautem  non  miuimum  exuberat,  si  curioseet  scite  subi- 
gilur.  Quare  antiquissimum  est  formam  liujus  operis 
conscribere,  quam  velut  sectam  tegemque  in  proscinden- 
dis  agris  sequanlur  agricolae.  Igitiir  iii  opere  boves  aictc 
junctos  babere  convenil,  quo  speciosius  ingrediantur 
siiblimes  etelatis  capitibiis,  ac  minus  colla  eorum  labe- 
factcnlur,  jugiimqiii"  molius  aptum  cervicibus  insiiiat. 
IIoc  chiin  !;ii]iis  jiiiictiiije  maxime  probatum  esl.  ?iam 
illiiil ,  t|unil  III  i|iiiliiisil,iiii  proviiiciis  iisurpatiir,  ut  corni- 
liii-.  ini.:rliii  jiuuiii,  lcic  rcpiiili.ilum  cst  al)  omiiibiis^  qiii 
piaicpia  iii>iiiis  conscripscruiit;  iicqiie  immcrilo.  Pliis 
cniiu  qiieunt  pcciides  collo el pectoi e  couaii ,  qiiain  corni- 
liiis.  .\tque  lioc  modo  tota  molfl  corporis  toloqiie  pondcre 
uiluulur  :  at  illo,  retractis  el  resupinis  capitibus  cxcru- 


cianliir,  «'greque  terr.T'  sunimnm  partem  levi  admodum 
vomere  sauciant.  Et  iilcu  niinoribiis  aratris  moliiiutiir, 
qui  non  valent  aite  perfossa  novaliiim  terga  rescindere  : 
qiiod  cum  lit ,  omnibus  virentibus  pliirimiim  coulert.  Nani 
penitus  arvis  sulcatis  majore  incicmento  segelum  arbo- 
rumque  fietus  granilescunt.  Kt  in  boc  igitur  a  Celso  dis- 
sentio,  qui  reformidans  impensani,  quae  scilicel  largiot 
est  in  amplioribus  armentis ,  censet  exiguis  vomeribiis  et 
dentalibiis  terram  subigerc,  quo  minoris  form.e  liubiis 
administiari  id  possit;  ignorans,  plus  esse  redilus  in 
iibcrlale  fiugum,  quain  impendii,  simajora  mcrctmiir  ar- 
nienta  ,  pi^rsertim  in  Italia,  ubi  arbiistis  atque  oleis  con- 
siliis  agcr  allius  resolvi  ac  subigi  desidcrat ,  iit  el  summae 
radiccs\iliiiiniilcar;iiiii|ucvi)ir..iiliii^  riM  iinlanlur;  qiiiesi 
raancaiil ,  lrii:;iliii>iilisiiil;  ct  luii  i  hiK  s  |ii  iiiiiissiiliaclosolo 
faciliiiscapiaiit  luiiiiiiris  .iliiuciiliiin  l'uir-t  l.iiiicn  illaCelsi 
ralio  Nimiidiae  et  /!•;;;> |ilu  i  uii\,  nur,  nlii  iilrriiiiupic  arbo- 
ribus  viiluum  solum  liiiiicuii,  vriiuiiuliir.  At.pic  cjiismodi 
terrani  pinguibus  arcm^  |iiili.iii  vcliili  lincrcin  snlutam 
quamvislevissimodentcniuvcrisatiscst.  Biibulciimaiitcm 
per  proscissuni  ingredi  oporlet ,  allernisqiie  versibiis  obli- 
quiim  lenere  aratrum,  ct  alteruis  recto  plsnoque  sulcar» : 


COLUMELLE. 


approchent  d'un  arbre ,  de  crainte  que  si  le  soc 
de  lacharrue  vient  a  heurter  contre  cet  obstacle , 
les  boeufs  n'en  eprouvent  une  forte  commotion 
aucou,  ou  quils  ne  donnent  de  leurs  cornes 
trop  violemment  contre  le  tronc ,  ou  qu'ils  ne 
l'entament  avec  rextremite  du  joug,  et  n'en 
detachent  quelques  branches.  Le  laboureur  les 
gouvernera  plut6t  par  la  voix  que  par  des  coups, 
qui  ne  doivent  etre  que  sa  derniere  ressource, 
et  lorsque  les  boeufs  refusent  opini^trcment 
d'obeir.  II  ne  se  servira  jaraais  d'un  aiguil- 
lon,  ce  qui  rendrait  ranimal  retif  et  le  ferait 
ruer ;  il  pourra  cependaut  avoir  recours  de  temps 
<\  autre  au  fouet.  II  n'arr6tera  jamais  ses  boeufs 
au  milieu  d'une  ligne;  ce  n'est  qu'au  bout  du 
sillon  qu'il  les  laissera  se  reposer,  pour  qu'ils 
aient  plus  d'ardeur  au  travail ,  et  qu'ils  parcou- 
rent  plus  vite  la  longueur  du  sillon.  II  est  dange- 
reux  pour  les  bestiaux  d"ouvrir  un  sillon  de 
plus  de  cent  vingts  pieds  de  longueur;  ear  ils  se 
fatiguent  trop  lorsqu'on  depassecette  longucur. 
Quand  ilsseront  arrives  au  detour,  le  laboureur 
les  arretera  etportera  le  joug  cnavant,  afin  de 
leur  rafraichir  le  cou;car  s'il  ne  prenaitpoint 
regulierement  cette  precaution  ,  cette  partie  de 
leur  corps  s'enflammerait,  enflerait,  et  finirait 
par  se  couvrir  d'ulceres.  Le  bouvier  ne  se  servira 
pas  moins de  sa  haehe  que du  soc ,  afln  dc  couper 
les  souchcs  deja  brisees  par  la  charrue,  et  d'en- 
lever  les  racines  exuberantes  qui  poussent  tou- 
jours  en  abondance  daus  un  terrain  plante  d'ar- 
bres. 

111.  Lorsquelelaboureur  auradeteleet  detache 
ses  boeufs ,  il  les  frottera,  leur  pressera  le  dos  avec 
la  main ,  en  soulevant  la  peau ,  pour  rempecher 
de  s'attacher  au  corps,  ce  qui  leur  causerait 

sed  itanccubicriidiini  soluni  el  immotum  rcliuquat,  quod 
agricolae  sCamnum  voeant.  Bnves  cum  ad  arliorein  vene- 
rint ,  forliler  retinere  ac  retardare ,  ne  in  radicem  majore 
nisu  vomis  impactiis  colla  commoveat,  neve  aul  comu 
bosad  stipitem  veliementius  offendat ,  aule\lremo  jugo 
trunciiin  delibel  ramumque  deplanlet.  Voce  polius  quam 
verberibus  terrent,  ullimaque  sint  opus  recusantibus  re- 
media  plagae.  Nunquam  slimulo  lacessat  iuvenciiin, 
quod  relrectanteni  calcilrosumque  eum  reddit.  Nonnun- 
quam  tamen  admoneat  flagello.  Sed  neC  in  media  parle 
versuise  consistat ,  detque  lequiem  iu  sumina ,  ut  spe 
cessandi  totum  spatium  iios  agilius  enitalur.  Sulciiin  au- 
tem  ducere  longiorem,  quain  pedum  centumviginti,  con- 
trarium  pecori  est;  quoniam  pliis  aequo  fatigatiir,  ubi 
tiunc  modum  exccssit.  Cum  venlum  erit  ad  versuram, 
in  priorem  partem  jugum  propellat,  et  boves  iuliibeat, 
ut  colla  eorum  refrigescant,  quas  celeriler  counagrant, 
nisi assidue refiigercntiir et ex  co  tumor  ac deinde ulcera in- 
vadunt.  Necminusdolabra,  quamvomerebubulcusulatur; 
et  praefraclas  stirpes  summasque  radices ,  quibus  ager  ar- 
buslo  consilus  implicaliir,  omnesrefodiat  ac  per.seqiiatur. 
III.  Boves  cuin  ab  opere  disjunxerit,  siibslrictos  con- 
fricel,  manibusque  compiimat  dorsum,  el  pellem  revel- 
lal ,  nec  patiatur  corpori  adhcerere ,  quia  et  genus  inorbi 


unemaladietres-dangereuse.  II  leur  frotteraega- 
lement  le  cou ,  et  leur  fera  avaler  du  vin,  s'ils 
sont  trop  echauffes  :  deux  sectarii  suffiront  pour 
chaqueanimal.  Mais  il  ne  faut  pas  les  attachera 
la  mangeoire  avant  qu'ils  aient  cesse  d'etre  en 
sueur,et  repris  haleine;  et  lorsqu'il  sera  teinps 
de  les  faire  manger,  il  ne  faudra  pas  leur  don- 
ner  d'abord  une  grande  quantite  de  nourriture , 
ni  la  leur  donner  tout  a  la  fois  ;  mais  peu  a  peu 
par  parties.  On  les  menera  ensuite  a  rabreuvoir, 
et  on  les  excitera  a  boire  en  sifflant;  quand  ils 
auront  bu  suffisamment ,  on  les  rcconduira  k  Ve- 
table ;  ct  c'est  alors  seulement  qu'on  aclievcra  dc 
leur  donner  la  quantite  de  fourrage  qu'on  ju- 
gera  necessaire  pour  les  rassasier.  Nous  croyons 
en  avoir  assez  dit  sur  les  devoirs  du  laboureur; 
nous  allons  traiter  maintenant  des  temps  des  la- 
bours. 

IV.  L'eausejournantlongtempsdansles  terres 
grasses  avant  qu'elles  aient  ete  labourees,  on 
doit  leur  donuer  lepremier  labour  a  repoque  oii 
eommencent  les  chaleurs ,  et  lorsque  toutes  les 
mauvaises  herbes,  sorties  de  la  terre,  ne  sont 
point  encore  montees  en  graine.  On  fera  alors  un 
graiidnombredesillous,siserresles  unscontre  les 
autres,  qu'on  puisse  a  peine  distinguerles  traces 
du  soc.  De  eette  maniere  toutes  les  mauvaises 
herbesseront  arrachcesetdetruites.  II  fautqu'une 
jachere  soit  si  bicn  reduile  par  des  labours  rei- 
teres,  qu'elle  n'ait  presquc  plus  b8soind'(?treher- 
see  apr^s  avoir  ete  ensemencee.  Les  anciens  Ro- 
mains  pretendaient  qu'une  terre  qui  a  besoin 
d'etre  hersee  apres  les  seraailles  a  tHe  mal  la- 
bouree.  Le  maitre  s'assurera  par  lui-meme  que 
les  labours  ont  ete  bien  faits.  II  ne  doit  pas  s'en 
rapporter  a  sa  vue,  qui  pourraitle  tromper  en  lui 

maxime  estarmenlis  noxium.  Colla  subigat,  merumque 
faucibiis,  si  sesluaverint,  iufundat.  Salis  autem  est  sin- 
gulis  binos  sextarios  pr.^"l)ere  :  sed  ante  ad  praesepia  bo- 
ves  religari  non  expedit,  qiiam  sudare  atque  anlielare 
desierint.  Cuui  deiude  tempestive  potuerint  vcsci  ,  non 
mullum  nec  universum  cibum,  sed  partibus  et  paulatim 
praebere  convenit.  Quem  cum  absumpserint,  ad  aquam 
duci  oportet,  sibiloque  alleclaii,  quo  libentiiis  bibant : 
tiim  demuin  reductos  largiori  pabulo  satiari.  Hactenus 
de  oflicio  bubulcidixisse  abunde  est.  Sequitur  ut  tcmpora 
quoque  subigendi  arvi  praecipianius. 

IV.  Pingues  campi,  qiii  diutius  continent  Squam,  pio- 
scindendi  suiit  anni  ten)porejamincalescente,cum  omneis 
lierbas  edidciiiit ,  neque  adliuc  earum  seinina  maturue- 
riiit  :  sed  tam  liequeulibus  densisque  sulcis  arandi  suiit, 
ul  vix  dignoscatur,  in  utram  partemvomer  actus  sil :  quo- 
niain  sic  omnes  radices  lierbarum  perruploe  necantur. 
Sed  et  compluiibus  iterationibiis  sic  resolvalur  vervactuffi 
iii  pulverem ,  iit  vel  nullam  vel  cxiguam  desideret  occatio- 
neni ,  cum  seminaverimus.  Nam  veleres  Roinani  dixerunt 
malc  subactum  agrum ,  qui  satis  frugibus  «ccandus  sit. 
Eum  porro  an  recte  aretur,  freqiienter  exploiaie  debet 
agricola.  Nec  tanlum  visii ,  qui  fallitur  noniiunqiiam  super- 
usa  terra  latentibus  scamnis,  verum  etiam  tactu,  qui  mi- 


DE  L'AGR1CULTURE,  LIV.  II. 


cacliaiit  les  gmsses  motles  coiivcrtes  d'une  lenx 
pulverisee;  il  s'en  assurera  ei,'alement  par  le  tou- 
cher,  qui  le  trompera  moins.  A  cet  effet,  il  en- 
foncera  une  forte  perciic  au  travers  des  sillons  : 
si  elle  penetre  partout  sans  rencontrer  de  re- 
sistance,  il  est  evident  que  tout  le  sol  a  ete  bien 
remue;  mais  si  elie  rencontre  qudquecorps  dur 
qui  s'oppose  a  son  passage,  c"estunepreuveque 
la  terre  n'a  point  ete  suffisamnient  retournee. 
Les  laboureurs  sachant  que  le  maitre  nes'en  rap- 
portera  pas  a  eux  sur  ce  point,  y  apporterout 
une  plus  grande  attention.  Les  terres  humides 
doivent  donc  recevoir  le  prcmicr  labour 
apresies  ides  du  mois  d'avril;  le  second,  viiigt 
jours  apres  le  solstice,  c'est-a-dire  vers  le  S  ou 
le  9  des  calcndes  de  juillet;  enlin,  le  troisicmc 
vers  les  calendes  de  septembre.  Lcs  cultivateurs 
expcrimenlcs  pretendent  qu'on  ne  doit  pas  la- 
bourerdepuis  le  solstice  d'cte  jusqu'a  Tcpoque 
quenous  venons  d'indiquer,  a  moinsque  la  terro, 
comrae  il  arrive  souvent,  n'ait  cte  trempee  par 
des  pluiesiraprevues  semblablcs  a  celles  d'hiver, 
nuquel  cas  ricn  n'empeche  de  labourer  au  mois 
de  juillet;  mais  en  aucune  cpoque  de  Tannee  il 
iie  faut  touchcr  a  une  terre  bourbeuse,  ou  a  un 
champ  qui  n'aurait  ctii  qu"a  moitie  mouille  par 
despluies  legeres ;  c'est  ce  que  lesgensdelacara- 
pagne  appellent  une  tcrre  ^aria  ct  cariosa.  La 
terre  cst  dans  ce  cas  Iorsqu'aprcs  une  longue  se- 
cheresse  il  survient  de  petitcs  pluies  qui  ne  font 
que  niouiller  la  surface,  sans  penctrcr  dans  le 
sol.  Pour  peu  qu'on  ait  touchc  a  une  terre  raouil- 
lee  et  bourbeuse,  elle  devicnt  pour  toute  rannce 
Impropre  ci  la  culture;  elle  ne  pourra  plus  fitre 
ensemencee,ni  hersee,  ni  sarclce.  D'unautre  ciitc, 
uoe  terre  qui  a  ete  labource  dans  le  temps  oii  ellc 
n'etait  qu'a  dcmi  humectce  devient  sterile  pour 
f rois  annees  de  suite.  Prenons  donc  un  juste  mi- 


licu  pour  le  labouragc,  ct  choisissons  rc^pmjiie 
ou  lesterres  ne  sont  ni  trop  huraides,  ni  absolu- 
ment  depourvues  de  suc;  car  le  trop  d'humidltc 
les  rend,  commc  j'ai  dit,  bourbeuses  et  fangeuses. 
Pour  celles  que  la  chaleur  a  dessechees,  ellc.'!  ne 
pcuvcntjaniais  etre  labourees  comme  il  faut.  Eu 
effet,  leur  durete  empcche  le  soc  de  la  charrue 
d'y  mordre  ;  ou  si  dle  ne  va  pas  jusqu'.-!  rempi'- 
cher  d'ypenetrerparquelqueendroit,  iluelespul- 
verise  pas  assez,  mais  il  enleve  de  grosscsmottes 
qui  ne  font  qu'embarrasser  le.sol  sur  lequcl  el- 
Ics  rcstent  etenducs,  ct  qui  s'opposcnt  acc  qu'il 
soit  bien  bine,  la  resistance  qu'elles  apportent 
au  second  labour  faisnnt  sauter  le  soc  liors  du 
siilon,  comme  s'il  venait  a  rcncontrer  dcs  fonda- 
tionsqui  s'opposent  ason  passage  ;  d'ou  il  arrive 
qu'il  se  formede  nouveau.x  amas  de  tcrre  qui  fa- 
tiguent  extrcmemcnt  les  bceufs  quand  on  vient 
labourcr  le  champ.  Ajoutez  a  cela  que  toutes  les 
terres,  ni6me  les  plus  fertiles,  etant  plus  mai- 
gres  dans  le  fond  qu'a  la  surface ,  ces  grosse.» 
mottes  qui  viennent  a  se  lever  entrainent  avec 
ellcs  les  partics  iiifcrieures  de  la  terre,  lesqucl- 
Icsse  trouvent  aloisa  la  superficie.  11  en  rcsulte 
que  lapartie  lamoiiis  feconde  de  la  terre  se  trou- 
vnnt  ainsi  melec  a  la  partie  la  plus  grasse,  le 
cliamp  donno  toujours  uni;  recolte  moins  abon- 
dante.  Lelaboureurlui-meme  n'avance  que  lente- 
meut  dans  sa  besogne,  et  il  ne  peut  Tachevcr  dans 
Ic  temps  voulu,  a  cause  de  la  durete  du  soi.  Cest 
pourquoi  je  pense  qu'il  ne  faut  pas  binerpcndant 
la  secheresse  les  tcrres  qui  ont  d6ja  recu  un  pre- 
mier  labour  :  il  faut  attendre  la  pluie,  afin  que  la 
tcrre  6tant  suffisamment  amollie  soit  plusfacilc 
a  cultiver.  Unarpent  deterre  bienhumectc  peut 
(5tre  expedie  en  quatre  journees  de  travail;  car 
il  faut  dcux  jours  pour  lui  douner  le  picraier 
labour,  un  r.utrc  jour  pour  Iesccond,troisquarts 


nus  decipitur  :  cuiti  solidi  rigoris  admota  pertica  transvci- 
»is  sulcis  inseritur.  Ea  si  squaliter  ac  sine  offensioiie 
penetravit,  manifestum  est,  lotum  solum  deinceps  esse 
inotum  :  siii  autem  subeunli  duiioraliqua  pars  obstitit, 
crudum  vervactum  esse  demonstrat.  Hoc  cuin  saepius  bu- 
bulci  lieri  vident ,  non  cominitlunt  scimna  facere.  Igitiir 
ulisinosi  campi  proscindi  del)enl  post  idiis  mensis  .\piilis. 
Quo  tempore  cum  aiati  fuerint  vigiiiti  diebiis  inteipositis 
circa  solsliliiim ,  quod  cst  nonum  vel  octavum  calend. 
Julias,  iteralos  esse  oportebit ,  ac  deinde  circa  Septeinbiis 
calendas  teitiatos  :  quoniam  in  id  tcmpus  ab  a;-stivo  sol- 
slilioconvcnitinler  peiitos  lei  rustica'  noii  esse  aianduni, 
nisi  .si  magnis ,  ut  lit  nonnunquam ,  ac  siibitaiieis  imbribus 
qnasi  liibernis  pluviis  lcrra  permadiierit-  Quod  cum  acci- 
dit,  niliil  prohibet,  quo  minus  nieiise  julio  vervacta  subi- 
gantur.  Sed  qunndoque  arabitur,  obseivabimus,  ne  luto- 
sus  ager  tractetiir,  neve  exiguis  niinbis  semimadidus, 
qiiam  lerram  nistici  variam  cariosaiiKpie  appellant.  Ea 
esl  cum  post  loiigas  sircitate.i  levis  pliivia  superiorcni 
partem  glxbaruin  madefccit ,  iureriorcm  non  atligit.  Naiii 
qii.T  limosa  vcrsantur  arva ,  tolo  aniio  dcsiiiiiiil  [wsse  tiac- 


laii,  nec  sunt  liabilia  sementi  autoccationiaut  sarritioni. 
At  rursus,  quai  vuria  subacta  sunt,  continuo  trieniiioste- 
rilitate  afficiuntur.  Medium  igiturteinperaraentum  niaxime 
sequamur  in  aiandis  agris,  ul  neque  succo  careant,  nec 
abundent  uligine.  Quippenimius  liuinor,  ut  dixi ,  limosos 
lutososque  reddit.  At  qui  siccilalibiis  ariierunt,  expediii 
probe  non  possuiit.  Nam  vel  lespuitur  durilia  soli  dens 
aiatri,  vel  si  qua  parle  penelravit,  non  miniite  diffundil 
biinuim  ,  sed  vastos  ca-spites  convcllit;  quibus  objacenti- 
biis  impedilum  arvuin  niinus  lecle  potesl  iterari ;  quia 
ponderibus  gla'barum  sicut  aliquibiis  obstantibus  funda- 
nienlis  vnmis  a  siilco  rcpellitiir  :  quo  cvenit,  ut  in  itera- 
lioiie  qucKpiescaniiia  li  iiit,  ct  boves  iiiiiiuitale  opciis  pi's- 

sime Ilciiliir.  Anc.iil  Ijiir  ,  iiiinil  ipniiiis  liiinius  ipiaiiivis 

l.vtissiiiia,  laiiicn  inrfiiDrnii  p:irtiMii  jfjiinioreiii  lialiet, 
caniqiie  altialiiinl  excitata-  m.ij.ircs  ghrli^e.  Qiio  evenit, 
iit  iiiliccnndior  mattria  iiiist.i  piiii;iiiori  .scgclem  ininus 
iilicicinreddat,  tiim  cliain  latio  nislici  aggravatiir  exigiio 
profcctu  operis.  .Iiisla  cniiii  lieri  ncqiieuQt,  cum  iiiduruit 
ager.  Ilaipic  siccitiilibiis  cciiseo  quod  jam  proscissiim  est 
ilcrai e ,  plin  iamipie  opiiei  in  qua;  madefacta  tena ,  facileu» 


COLUMELLE. 


pour  lc  troisieme,  el  uu  quai-t  pour  disperser  la 
semciipe  sur  les  rales  [lira;].  Les  cultivatcurs 
dounent  le  nom  de  porca  ix  ces  raies,  qui ,  for- 
mees  par  !e  labour,  et  se  trouvant  entre  deux 
rayons  assez  eioignes  lun  de  Tautre,  presentent 
une  eouclie  seche  et  elevee  pour  la  semence.  Les 
collines  dont  le  sol  est  gras  doivent  recevoir  le 
premier  labour  apres  ies  semailles  trimestrielles, 
c'est-a-dire  au  mois  de  mars,  ou  bien  des  le  niois 
de  fevrier,  si  la  douceur  de  la  temperature  et  b. 
seeheresse  de  la  contree  ie  nermettent.  On  les  bi- 
nera  depuis  lemilieu  davriljusquau  solstice,et 
on  les  tiercera  en  septembre ,  vers  requinoxe. 
Pour  cultiver  un  jugerum  de  terre  dc  cette  der- 
nicre  espece  ,  il  faut  autantdejournecs  que  pour 
les  terres  humides.  Lesterrains  en  pentedoivent 
toujoursetre  laboures  en  travers  (du  talus),  pour 
(5viter  la  difficulte  que  presente  la  montee  roide 
(le  talus) ,  et  pour  diminuer  les  fatigues  des  hora- 
mes  et  des  betcs.  Mais  quand  on  donnera  a  ces 
terrains  le  seeond  labour,  ii  faudra  faire  le  sillon 
un  peu  obliquemeut,  c'est-a-dire  le  diriger  tan- 
tdt  du  cote  le  plus  eleve,  tantot  du  cotc  le  plus 
bas  du  versant ,  afin  que  la  tcrre  soit  egalcment 
amcublie  des  deux  c6tes ,  et  que  le  fort  de  To- 
peration  ne  suive  pas  toujours  la  meme  trace. 
Un  terrnin  pauvre  dans  uue  plaine  huniide  ne 
doit  etre  labourc  pour  la  premiere  fois  que  vers 
la  fin  du  mols  d"avril ;  la  terresera  binec  en  scp- 
tembre ,  et  prete  a  recevoir  !a  semence  vcrs  Tc- 
quinoxe.  Un  terrain  de  cette  nature  exige  moins 
de  travail ,  et  cst  expedie  eu  moins  de  temps  que 
toutautre  ;  trois  jours  suffisent  pour  un  jugerura. 
II  ne  faut  pas  non  plus  labourer  en  ete  les  terres 
situees  dans  une  dcscente;  cc  n'est  que  yers  lcs 
calendes  deseptembre  qu'on  pourra  leurdonner 


le  premier  labour.  Si  on  les  ouvrait  plus  tot,  le  s(v 
leil  d'ete  consumerait  leursuc,  et  leur  6terau 
toute  leur  force  de  vegetalion.  Cest  pourquoi  on 
fera  bien  de  les  labourer  entre  les  calendes  et  les 
idesdeseptembre,  et  de  les  bineriramcdiateraent 
apres,  afin  qu'elles  puissent  etre  enscmencees 
aux  premieres  pluies  d'equinoxe.  Remarquons 
encore  que  dans  les  terrcs  de  cette  nature  il 
faut  semer  non  sur  les  aretes,  maisdans  les  sil- 
lons. 

V.  Avantdebineruneterre  pauvre,on  ferabien 
de  la  furaer  ;car  le  fumier  est  pour  le  sol  unees- 
p6ce  de  nourriture  qui  rengraisse.  On  disposera 
a  cet  effet  des  tas  de  fumier,  chacun  de  cinq  mo- 
dii,  environ  dans  les  plaines ;  on  les  placera  a  une 
distance  plus  graude  les  uns  des  autres  que 
dans  les  terrains  en  pente;  c'est-a-dire  on  lais- 
seradansles  uneshuit  etdansles  autressix  pieds 
d'intervalle  entre  chaque  tas.  On  doit  engraisser 
les  terres  au  deelin  de  la  lune ,  ce  qui  est  tres-im- 
portaut  pour  les  preserver  des  mauvaises  herbes. 
Pour  un  jugerum  il  faut  vingt-quatre  charretees 
d'engrais  quand  on  approehe  davantage  les  ta^ 
les  uns  aupres  des  autres,etdix-huit,  quand  on 
lcs  eloigne  davantage.  Dcs  que  le  fumier  sera 
eparpille  sur  la  terre,  on  lahourera  pour  Ten- 
fouir,  afin  que  le  hale  du  soleil  ne  lui  fasse  pas 
perdre  sa  force ,  et  que  la  terre  incorporec  avec 
cctaliment  puisse  s'en  engraisser.  Ccst  pour- 
quoi ,  lorsque  les  tas  seront  disposes  dans  un 
champ,  il  ne  faudra  poiut  en  eparpiller  plus  quo 
le  laboureur  n'en  pourra  couvrir  de  terre  dans 
unejournce  detravail. 

VI.  Apresavoir  montre  la  maniere  de  preparer 
laterre pourrecevoir  les semences , parlons  raain- 
tenant  des  semeuces  elles-memes,  et  de  leurs  dif- 


nobis  cullurani  pra^bcat.  Sed  jugerum  talis  agri  qnalunr 
operis  expeditur :  nam  commode  proscinditiirduabus,  \ui:> 
ileratur,  tertialur  dodrante,  in  lirani  satum  rcdij^itur, 
quadranle  oper,Te.  Liras  autem  rustici  vocant  easdem  por- 
cas,  cum  sic  aralum  est,  ut  inter  duos  latjus  distantes 
sulcos  medius  cumulus  siccam  sedem  frumentis  prDebeat. 
CoUes  ptnguis  soli  peracta  satione  trimeslri  mense  Mai'- 
tio,  si  vero  tepor  cfeli  sir.citasque  regionis  suadebit,  l''e. 
bruario  statim  proscindendi  sunt.  Deinde  ab  Aprili  mcdio 
usque  in  solstitium  iterandi,  tertjandique  .Seplenibri  circa 
a-quinoctium.  Ac  totidem  operis,  quot  uliginosi  campi, 
cxcolitur  jugerum.  Sed  tali  agro  in  arando  maxime  est 
ob,servandum,  semper  ut  transver^us  mons  sulcetur.  Nam 
liac  ratione  dilficultas  acclivitatis  infringitur,  laborque 
pecudum  el  hominum  commodissime  sic  minuitur.  Pau- 
lum  famen  quotiescunque  iVerabitur,  modo  in  clatiora 
niodo  in  depressiora  clivi  obliquum  agi  sulcum  oportel)it, 
ut  in  ulramque  partem  rescindamns,  nec  codem  vesligio 
lerrani  moliamur.  Exilis  ager  planus,  qui  aqnis  abundat, 
primum  aretur,  ultima  parle  mcnsis  Angusti ,  subinde  Sep- 
lenibri  ,sit  iteralns,  paratusque  sementicircaa'quinoctium. 
Kxpedilior  antem  labor  ejnsmodi  solo  est,  eo  quod  pau- 
ciores  impenduntur  oper<e :  nani  tres  uni  jugcro  sufficiunt. 


Ileni  graciles  clivi  non  sunt  cestate  arandi,  sed  circa  Sep- 
leuibrcs  calendas  :  qnoniam  si  ante  boc  tempus  proscin- 
dilnr,  efToela  et  sine  succo  bumus  restivo  sole  peruritur, 
nuilasque  virium  reliquias  babet.  Ilaquc  optime  inter  ca- 
lendas  et  idus  Septembris  aratur,  ac  subinde  iteratur,  ut 
primis  pluviis  aequinoctialibus  conseri  possit  :  neque  in 
lira,  sed  sub  sulco  talis  agor  .seminandus  est. 

V,  l'rius  tameu  quaui  exilemterram  iteremus,  sterco- 
rare  conveniet  :  nani  co  quasi  pabnlo  gliscit.  In  campo 
rarius,  in  colle  spissius  acervi  slercoris  inslar  quinque 
modiorum  dispouenlnr,  atqne  in  plano  pedes  inlervalli 
qiioquo  versus  octo,  in  elivo  diiobus  miniis  relinqui  sat 
erit.  Sed  id  nobis  decresccnte  luna  ficri  placet :  nam  ea 
res  Iierbis  libeiat  segetes.  Jugerum  autem  ilesiderat ,  quod 
spissiusstercoratnr,  vebesquatuor  et  viginti;  qiiod  rariiis, 
duodovisinli.  Disjectum  deindc  prolinus  fimum  inarari  et 
obriii  convenit,  ne  solis  balilii  vires  aniitlat,et  ut  per- 
mi.sla  bumus  prajdicto  alimento  pinguescat.  Itaque  cum 
in  agio  (lisponentnr  acervi  stercoiis,  non  debel  major 
modus  eorum  dissipari ,  quam  qnera  bubulci  eodcm  dia 
possint  obiuere. 

Yl.  Quoniam  semcnli  terram  docuimus  pr.xpararc, 
nniic  scminum  geuora  pcrseqnemur.  Prima  ct  ntitissima 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  II. 


ferentcs  espcccs.  Les  premieres  et  les  plus  utilcs 
a  rhoinme  sont  le  fromcnt  et  le  grnin  adoreum 
i  repenutre).  Nous  connaissons  plusieurs  especes 
de  fromcnt;  mais  celui  qu'il  faut  semcrde  prcfc- 
rcnce ,  c"est  le  fronient  appflc  robus,  parcc 
qu'il  remporte  sur  lesautrcs  espcces  par  son  poids 
et  sa  blancheur  :  il  faut  nicttre  dans  la  seconde 
classele  siliga,  qui  nous  donne  un  pain  lcger.  On 
mettra  dans  la  troisieme  classe  les  trcmois,  qui 
sont  une  espece  desiliga :  ce  grain  est  d'une  ex- 
cellenteressourcepour  les  cultivateurs ,  lorsqu'ils 
n'ont  pu  faire  leurs  semailles  en  tenips  opportun  a 
cause  des  pluies,  ou  pour  toute  autre  raison.  Les  au- 
tres  esp^ces  de  fromentne  sontd'aueuneutilite,  et 
ne  peuvent  iutercsserque  lespersonnes  qui  cher- 
chent  la  vaine  gloire  d'en  posscder  la  plus  grande 
varictc.  Quant  au  grain  appelc  adorcum  (epeau- 
tre) ,  on  cn  compte  pour  Tusage  ordinaire  qua- 
tre  especes  differentes.  Cekii  qu'on  appelle  clu- 
sinum  est  d'une  coulcur  blanche  et  brillante; 
le  vennuculum,  divise  en  deux  cspcces,  lune 
rouge,  Tautre  blanche  ,  est  pluspesaut  que  le  clu- 
sinura  ;  Tcpeautre  trimerien,  appele  aussi  ha- 
licastrum ,  remporte  sur  les  autrcs  cspeces  par 
sa  qualitc  et  son  poids.  Le  cultivateur  doit  soi- 
gneusementconscrver  les  semenccs  de  toutes  ces 
espcces  de  fromcnt  et  d'cpeautre,  parce  qu'il 
arrive  rarement  que  la  situatiou  d'un  chnmp 
soitassez  heureuse  pour  qu'on  puisse  se  conten- 
ter  d'une  seule  espcce  ,  et  qu'une  terre  se  trouve 
toujours  melangee  de  parties  humides  et  de  par- 
ties  sechcs.  Or  le  froment  vient  mieux  dans  une 
terre  scche ,  tandis  que  Tepeautre  supporte  sans 
iiiconvenient  rhumidite. 

VII.  Quoiqu'iI  y  ait  bien  des  espcces  de  legu- 
mes,  lcs plus  agreables et  les  plus  utiles  a  rhomme 
sont  la  feve,  la  lentille,  lepois,  leharicot,  le  pois 

sunt  liominibus  frumenta,  triticiim  et  senien  adoreum. 
Triticisenera  compluracognovimus.  Vernm  ex  liis  maxime 
screnilum  est ,  quoil  rolius  dicitur  :  quoniam  et  pondere 
cl  iiiloie  pra^stal.  Secundaconditio  cst  liabenda  siliginis, 
rnjiis  species  in  pane  pra;cipua  pondeie  delicitur.  Tei tium 
ciit  trimestre ,  cujus  usus  agricolis  s^ralissimus.  Kam  ubi 
jiropter  aqiias  aliamve  causain  malura  satio  estomissa, 
pisesidiuiu  ab  lioc  pelitur.  Id  genus  esl  siliginis.  Reliquse 
iritici  species ,  nisi  si  quos  multiplex  varielas  frugum  et 
iiianis  delectat  gloria,  supervacuae  sunt.  Adorei  autem 
plerumqiie  videmiis  in  usu  genera  quatuor.  Far,  quod  ap- 
pellalur  Clusinnm  candoris  nitidi;  far,  quod  vocatur  ven- 
nniulum,  rutilum,  atque  alterum  candidiim,  sed  utrum- 
qne  majorisponderis  quam  Clusinum.  Senien  triniestre , 
qiiod  dicitur  lialicastrum ,  idque  pondcre  et  bonitate  esl 
pr.Tcipuiim.  Sed  Iikc  genera  ti  ilici  et  adorei ,  propterea 
cuslodienda  siint  agricolis,  quod  raro  quisquani  ager  ita 
situs  est ,  ut  uno  semine  contenti  es.se  possiinus ,  inlervc- 
nicnle  parle  aliqna  vel  iiliginosa  vel  arida.  Triticum  autem 
sicco  loco  nielius  coalcscit.  Adoreuni  niinus  iiifestatur  liu- 
more. 

A'IT.  Leguminiim  Koneia  ciim  sint  complura,  maxime 
gralaetin  usulioiniMiim  vidcntur  faba,  leuticiila,  pisum, 


chichc,  lechanvrc,le  millet ,  le  panis,  lc  sc- 
snme,  le  lupin  ,  lc  lin  ct  rorgc,  dont  on  fnit  dcs 
tisnncs.  Lcs  mcillcurs  fomrngcs  sont  d'abord  la 
luzerne,  le  fcnugrce  et  la  vescc;  puis  la  cice- 
rolc,  Tcrs,  et  les  blcs  coupcscn  lierbe.  INous  par- 
lerons  d'abord  des  plantcs  servant  a  notre  usage, 
et  nous  commeucerons  par  rnppeler  un  vienx 
precepte  denosancctres :  c'est  d'cnsemenccr  d'a- 
bord  les  terrains  froids,  ensuite  ceux  qui  sont 
temperes,  et  enfin  lesterrains  chauds.  Les  rcgles 
que  nous  nllons  etablir  s'nppliquciit  principale- 
nicnt  aux  contrces  tcmpcrccs. 

VIII.  iVotre  poete  nous  recommnndc  dc  ne 
point  senicr  du  froment  ni  de  rcpenulre  axnnt 
lecoucherdes  Pleiades:  carvoicicequ'il  ditdniis 
ses  vers  :  Si  vous  labourcz  une  terre  jxmr  y  re- 
colter  du  froment  et  de  Vcpeautre,  et  que  vous 
vouliez  avoir  des  epis  bicn  remplis,  allendcz 
que  lesfdles  d'Atlas  se  couchent  le  matin.  Or 
les  lllles  d'AtIns  se  couchent  le  trente-unicme  jour 
apres  requinoxe  d'automne,  c'est-a-dirc  vers  le 
0  des  calendes  d'octobre.  On  pcut  voir  par  la  que 
les  semaillesdu  fromcnt  durent  quarantc-six  jours, 
depuis  le  coucher  des  Pleiades  ,  qui  tombe  au 
ncuviemejour  des  calendes  de  novembre ,  jus- 
qu'au  solstice  d'hiver.  Les  cultivateurs  lcs  plus 
experimentes  observent  cette  regle  pendant 
les  quinze  jours  qui  prccedcnt  et  lcs  quinze 
qui  suivent  lc  solstice  d"hiver;  ils  s'ab>tien- 
neut  de  labourer  la  terre  ,  de  tailler  In  vigne, 
ct  d'emonder  les  arbres.  Snns  doute  cctte  pra- 
tique  est  bonne  a  suivre  qunnd  le  climat  est 
tempere  et  que  le  sol  n'est  point  humidc.  Mais 
daus  les  terres  naturellement  moites  et  mai- 
grcs  ,  froidcs  ou  racme  ombragees  ,  il  faudra  faire 
les  semailles  avant  les  calendes  d"oetobre,  pen- 
dant  que  la  secheresse  de  la  terre  le  permet  et 

phaselus,  cicer,  cannabis,  milium,  panicuni,  sesama, 
lupinum,  linuin  eliam,  et  ordeuni,  quia  ex  eo  plisnna  est. 
Item  pabuloriim  oplinia  sunt  Medica  et  foenuin  Gr.Tcum  , 
nec  niinus  vicia.  Proxima  deinde  cicera  et  erviim  et  far- 
rago ,  qiia;  est  ex  ordeo.  Sed  de  liis  prius  disseremiis ,  qua; 
nostracausa  seminantur,  meniores  antiquissimi  piavepti , 
quo  monemur,  ut  locis  frigidis  occissime ,  tepidis  celerius , 
calidis  novissime  seramus.  iNunc  aiitem  pioiiide  ac  si  tem- 
perata!  regioni  praecepta  dabimus. 

Vlll.  Placet  nostro  poi-ta;  adorcum  atquoetiam  Iriticum 
non  anle  seminare,  quam  occiderint  Vergiliii;.  Qiiod 
i|)siim  nnmeris  sic  edisserit  :  At  tTificcam  in  messevi, 
robustaquc  farra  Exerccbis  liumum,  solisque  instabis 
aristis,  Anle  tibi  Eoce  Atlantidcs  abscondantur.  Abs- 
condiintnr  aulem  altero  el  Irigesimo  die  post  autumnale 
irtpiiiioctium,  qiiod  fere  conficitiir  iioiio  calend.  Octobris  : 
propler  quod  inlelligi  debet  trilici  satio  dieriim  sex  et  qua- 
diagiiita  aboccasu  Vergilianim,  qiii  lit  anle  diem  ix  ca- 
leiid.  JNovemb.  ad  bruiiiiie  tempora.  Sic  enim  ser\!int 
priidentes  agricoKT!,  ut  quindecim  diebus  [irius,  ipiain 
coiiliciatur  brunia,  tolidemipie  post  ram  conlectam  iieqiie 
arent,  neque  vitem  aut  arboicm  piitent.  Nos  quoqne  imn 
abnuimus  in  agro  tcmperalu  el  mininie  liumido  sementeiii 


202 


COLUMELLE. 


que  les  nuages  sont  encore  suspecdus  ea  Vair , 
afin  que  les  racines  des  bles  puissent  preudre  as- 
sez  de  force  pour  resister  aux  frimas ,  aux  ge- 
lees  et  aux  pluies  d'hiver.  Dans  tous  les  cas  ,  et 
alors  meme  que  les  semailles  auraient  etefaitesa 
temps ,  nous  ne  devons  point  nons  dispenser  de 
faire  de  larges  branch6es  et  un  grand  norabre 
de  sillons  d'c'coulement,  appeles  elices,  afin  de 
reunir  toutes  les  eanx  dans  des  saignees  et  de  les 
conduire  hors  des  champs.  Je  sais  bien  que  quel- 
ques  auteurs  dcfendent  expressement  d'ensemen- 
cer  les  terres  avant  qu'elles  aient  ete  suffisam- 
ment  huraectees  par  la  pluie  ;  et  je  ne  doute  pas 
cn  effet  qu'il  n'en  resulteun  grandavantiige  pour 
la  culture  racme,  si  la  pluie  tombe  en  teraps  op- 
portun;  raais  si  elle  se  fait  attendre,  comme 
cela  arrive  souveut,  les  semailles  n'en  doivent 
pas  raoinsetre  executeea ,  quelle  qne  soit  d'ail- 
leurs  la  secheresse  du  sol.  Ccst  la  du  raoins  la 
pratiquequ'on  suit  dans  certaines  provinces  oii, 
par  la  nature  nieme  du  climat,  les  pluies  sont 
fort  tardives.  En  effet ,  le  grain  seme  et  hersc 
dans  uu  sol  sec  ne  s'y  corrompt  pas  plus  que 
dans  un  grenier;  et  Iorsqu"iI  survient  une  ondcc 
de  pluie ,  les  scmailles  de  plusieurs  journees  lc- 
\ent  en  une  seule.  Tremellius  aussi  affirme  (ct 
moi-raeme  j'ai  pu  ni'en  assurcr  par  nies  propres 
experiences)  que  le  ble  seme  dans  une  terre  des- 
sechee  par  le  soleil,  et  que  les  pluies  u'ont  point 
encorehuraectee,  n'aura  rien  a  souffrir  des  four- 
niis  ou  des  oiseaux.  Dans  tous  les  cas  ,  on  fera 
bien  de  mettre  dans  un  tcrrain  de  cctte  nature 
de  rt^^pcautre  en  place  dii  froraent ,  parce  que  le 
grain  de  repeautre  est  renferrae  dans  une  cap- 
sule  forte  et  solide,  qui  peut  resister  longtemps  a 
rhuraidite. 

sic  fieri  ilebere.  Caelenim  locis  iiliginosis  atqiie  cxilibus 
niit  frigiclis  aut  eliain  opacis  plerumque  citra  calendas 
Octobris  seminare  convenire,  dum  skca  tellure  liccl, 
(lum  nubila  pendcnt,  ut  prius  couvalcscant  radices  fru- 
mentorum ,  quam  bibernis  inibribus  aut  gelicidiis  pnii- 
nisve  infestentiir.  Sed  quamvis  tempeslive  sementis  con- 
fecla  erit,  cavebitur  tamen,  ut  pateutes  liras  crebrosque 
sulcos  aquarios,  quos  nonnulli  elices  vocant,  faciamus, 
el  omnem  liumorem  in  colliquias ,  alque  inde  cxtra  segeles 
deiivemus.  Nec  ignoro  quosdam  veteres  auctores  prajce- 
pisse,  ne  seminarentur  agri,nisicum  terra  pluviis  por- 
niaduisset.  Quod  ego,  si  tempestive  competat,  magis 
conducere  agricolae  non  dubito.  Sed  si,  quod  eveuit  noii- 
nunquam,  seri  sunt  imbres,  qnamvis  sitienti  solo  recte 
semeu  committitur :  idque  etiam  iu  quibusdam  provinciis , 
ubi  status  talis  ca^li  est,  usurpatur.  Nain  quod  sicco  solo  in- 
gestum  et  inoccatum  est ,  perinde  ac  si  repositum  in  liorreo 
non  corrumpitur,  atque  ubi  venit  imber,  mullorum  die- 
rum  sementis  uiio  die  surgit.  Tremellius  quidem  asseve- 
ral,  piius  quam  impluerit,  ab  avibusaut  formicis  sala 
non  iiilestari,  dum  aestivis  sereiiitatibus  agcr  aret.  Idqiie 
cllain  sa-pius  nos  experli  verum  adhuc  esse  non  compe- 
rimus.  Magisapte  lanien  in  ejusmodiagris  adoreiimqiiam 
triticum  scritiir  :  quoniani  folliculuni,  quo  coutineliii-, 


L\.  II  faut  ordinalrement  pour  un  arpcnt  de 
tcrre  quatre  mesures  de  froment  si  la  tcrre  est 
bonne,  et  cinq,  sielleest  mcdiocre.  Neuf  mesures 
d'cpeautre  suffisent  pour  un  bon  terrain ,  mais  il 
en  faut  dix  pour  un  tcrrain  de  qualite  moyenne. 
liien  que  les  auteurs  ne  soient  point  d'accord  sur 
cette  quantite,  e'est  pourtant  celle  que  nous  ju- 
geons  la  plus  conveuable,  d'apre3  notre  propre 
experieuce.  Si  pourtant  quelquun  ne  veut  poiut 
s'y  conformer,  il  pourra  suivre  les  preceptes  de 
ceux  qui  pretcndcnt  qu'un  terraiu  fertile  est 
bien  ensemence  avcc  cinq  mesures  de  froraent 
et  huit  d'epeautre,  et  qu'ou  doit  observer  les 
raemes  proportions  pour  les  terres  raediocres. 
IVous  sommes  bicn  loin  nous-raerae  de  nous 
conforraer  toujours  aux  chiffres  que  nous  venons 
d'indiquer,  puisqu'ils  doivcnt  necessairement 
varier  suivant  les  lieux  ,  les  saisons  et  le  climat. 

Quant  a  la  diffcrencc  des  lieux ,  il  y  a  des 
plainesetdes  terrains  en  peute,  des  terresgras- 
ses ,  des  terrcs  raoyennes  et  des  terres  pauvres. 
Pour  ce  qui  est  de  la  diffcrence  des  saisons ,  il  y 
a  les  seraaillcs  d'automne  et  celles  qui  se  font  a 
Tapproche  de  rhiver.  En  autorane  on  s6rae  plus 
clair  qu'en  hiver.  Quant  au  climat,  il  est  tant6t 
pluvieux,  tantot  sec;  s'il  est  pluvieux  ,  on  seme 
clair,  comme  pour  les  seraailles  d'automne; 
s'il  cst  sec,  on  seme  plus  epais,  comme  pour  les 
semailles  d'hiver.  Toutes  les  especes  dc  grains 
reussissentbien  dansune  plaioeouverte,  chaude, 
exposee  au  soleil,  et  dont  le  sol  est  meuble. 
Quoique  les  collines  donnent  ordinairement  un 
grain  plus  gras,  les  recoltes  du  froraeut  y  sont 
pourtant  raoins  abondantes.  Les  terres  fortes , 
craycuses  et  fraiches  sont  bonnes  pour  le  siligo 
et  le  far.  L'oige  ne  rcussit  bien  que  dans  une 

(irmum  et  durabilem  adversus  longioris  temporis  bumo- 
rem  liabet. 

IX.  Jugerum  agri  pinguis  plerumque  modios  tiitici 
qiiatiior,  mediocris  quinque  postulat  :  adorei  niodios  no- 
veu) ,  si  est  lictum  solum;  si  mediocre,  decein  desiderat. 
iSam  quamvis  de  mensura  uiiniis  auctoribus  convenit, 
liauc  tamen  videri  commodissimam  docuit  noster  usus; 
quem  si  quis  sequi  lecusat,  utatur  praeceptis  eorum,  qiii 
bene  uberem  cainpum  in  singula  jugera  tritici  quinque ,  et 
adorei  octo  modiis  obserere  praecipiiinl ,  atquc  liac  por- 
tioiie  niediocribus  agris  seinina  praebeiida  censent.  Nobis 
iie  istam  quidem,  quani  pr«diximus,  mensuram  semper 
placet  servari,  quod  eam  variat  aut  loci  aut  temporis  aut 
caeli  conditio.  Loci ,  cnin  vel  in  campis  vel  collibus  fru- 
mentum  seiitur,  atqiie  liis  vel  piiigiiibus  vel  mediocribus 
vel  macris.  Temporis  ,  cum  autumno  aut  etiain  ingruen- 
te  liieme  frumenta  jacimus.  Nam  piima  sementis  rarius 
sercre  pcrmitlit,  novissiuia  spissius  postulat.  Cadi,  cum 
aiit  pliivium  aut  siccum  est.  Nam  illud  idem  qiiod  prima 
sementis ,  hoc  quod  iilliina  desiderat.  Onine  autem  fi  u- 
meiitiim  maxiine  campo  pateute  et  ad  .solem  piono  apii- 
io(iue  et  solulo  helatiir.  Collis  eniin  quamvis  giaiium 
robustiiis  aliipianto,  miiiiis  tamen  liitici  reddit.  Densa 
cretosaque  et  iiligiuosa  humus  siliginem  et  far  adoreuiii 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  IL 


terre  si'che  ct  meiiblc.  Tous  les  autres  ^rains 
dont  nous  veiions  de  parler  veuleiit  une  terre 
fertile,  qu"on  laissera  reposer  une  auuee  sur 
deux. 

L'orge  au  contraire  n'adraet  point  de  miiieu, 
et  exige  un  sol  ou  ties-gras  ou  tres-pauvre.  Les 
autrcs  grains  se  soutieniient,  nieme  quand  on 
a  cte  obligt^  de  les  scmer  dans  un  sol  limoneux 
ct  niouiilepar  des  pluies  continuclles  :  Torge  au 
Civntraire,  jctee  dans  une  terre  boueuse,  ne  tarde 
point  a  pcrir.  Lorsqu'une  terreest  passablement 
craycuse  ou  fraiche,  il  fauty  semer  un  pcu  plus 
que  cinq  racsures  de  siligo  :  quantite  qucj'ai 
indiquce  plus  haut  pour  les  terrains  de  cettc  na- 
ture.  Si  au  eontraire  une  terre  est  seche  ct  nieu- 
b!e,  grasse  ou  maigre  ,  quatre  mcsures  suffiront. 
En  effct,  par  la  loi  des  contraires,  une  terre 
maigredcmande  autant  de  senicnce  qu'une  terre 
grasse.  Le  grain  ,  a  moins  d'ctre  semc  trcs  clair 
sur  ies  terres  pauvres,  produit  dcs  epis  petits  et 
\ides,  tandis  que  dans  lcs  terrcs  riehcs  le  grnnd 
nombre  de  tiges  qui  partcut  d'une  meme  ra- 
cine  fait  que  la  recolte  est  aussi  epaissc ,  aiors 
mcme  que  le  ble  y  est  scme  clair.  Reraarquons 
encore  qu'un  champ  plante  d'arbres  demande 
un  ciuquieme  desemenccs  de  plus  qu'un  terrain 
vide  et  decouvert.  Nous  n'avons  parle  jusqu'a 
prcsent  que  des  semaillcs  d'automne,  qui  sont 
en  effet  lcs  principales.  II  y  en  a  d'autres  que  la 
necessite  nous  force  de  faire  :  ce  sont  celles  que 
lcs  cultivateurs  appcllent  semailles  trimestriel- 
lcs.  Elles  se  pratiquent  avec  succes  dans  les  con- 
trees  froides  et  exposees  aux  neiges  ,  ou  Tcte  est 
humideet  sans  grandes  chaleurs;  elles  reussis- 
scnt  rarcraent  ailleurs.  Ces  semailles  doivent  etre 
faitcs  proraptement,  et  toujours  avant   Tcqui- 


noxe  du  prinleraps.  Si  lc  climat  et  l'ctat  de  la 
temperature  pcrmcttcnt  de  les  f:iire  plus  t5t,  elles 
n'en  reussiront  que  mieux.  On  a  tort  du  penscr 
qu'il  y  a  une  espcee  particulicre  de  blii  qui  puisse 
pousser  en  trois  mois,  puisque  le  racme  grain 
scmc  enautomne  vient  bcaucoup  mieux.  Cepen- 
dant  il  y  a  quclques  especcs  qui  reussissent 
mieux  que  d'autres  aux  sccondes  semailles,  par- 
ce  qu'elles  supportent  sans  inconvenient  la  cha- 
leur  moderee  du  printemps;  tels  sont  le  siligo, 
Torge  de  Galatie,  ralicastrum,  et  la  fcve  de 
Marsie  :  quant  aux  autrcs  grains  qui  sont  plus 
forts,  il  faudra  toujours  les  semer  avant  Ihiver 
dans  les  contrecs  tcmperees.  Quelquefois  la  tcrre 
jelte  une  maticrc  liquide,  salcc  et  amcre,  vcri- 
table  poison  qui  detruit  les  semencesdeja  miires, 
et  rase  en  quelque  sorte  toute  une  portioii  du 
champ.  Sitot  qu"ou  aura  apercu  dans  une  terre 
de  ccs  places  nues  et  dcpouillces,  il  faudra  les 
marquer,  afin  de  bien  les  reconuailre  et  du  rc- 
mcdicr  a  cemalentcmps  convcnable.  On  sc  sert 
a  cct  cffet  de  ficnte  de  pigcon  (de  la  colombiiic), 
ou  a  son  defaut  de  fcuillcs  de  cyprcs,  qu'on  re- 
pand  partout  oii  rhumiditc  ou  toute  autre  eraa- 
nation  pestilentielle  ont  fait  perir  la  semence, 
et  qu'on  mcle  avec  hiterre,  en  la  labourant  avec 
la  eliarrue.  Mais  le  souverain  remede,  ct  sans  le- 
quel  les  autrcs  ue  sauraient  etre  d'aucune  utilite, 
c'est  de  faire  ccouler  rhumidite  au  moyen  dune 
saignee.  II  y  a  des  personnes  qui  prenncnt  un 
panier  a  semer,  le  garnissent  d'une  peau  dhycnc , 
et  y  laissent  sejouruer  quclquf  teraps  le  grain 
avant  de  le  semer,  convaincus  que  cette  precau- 
tion  leur  fera  obtenir  une  recolte  abondante.  II 
arrive  souvcnt  que  des  animaux  qui  habitcnt 
sous  terre  font  perir  le  graio  qui  a  dcja  mis  une 


non  incommode  alit.  Oriieum  nisi  solutum  et  siccum  lo- 
cum  non  patilur.  Alque  illa  vicibus  annorum  requietum 
agilalumque  alleniis  et  quaiu  laetissimum  votunl  arvum. 
Hoc  Dullam  mediociitatem  iiostulat :  nam  vel  pinguissima 
vel  macerrima  liunio  jacitur.  llla  post  coutinuos  iiulires , 
sinecessitas  exigat,  quamvis  adliuc  linioso  et  madenle 
solo  sparseris ,  injuriam  sustinent.  Hoc  si  lutoso  commi- 
seiis,  enioritur.  Siliginis  autem  vel  trilici,  si  mediocriter 
cretosus  uligiiiosusTe  ager  est,  etiaiii  paulo  plus,  quain, 
ut  priusjam  dixi,  quinque  modiisad  saliouem  opus  est. 
At  si  siccus  et  rcsolutus  locus,  idemque  vel  pinguis,  vel 
exilis  est,  quaUior;  quoniam  e  contrario  niacer  tantun- 
dem  seminis  poscit.  Kain  nisi  rare  conseritur,  vanam  et 
minulani  spicam  facit.  Al  uhi  ex  uno  seniine  pluiibus 
ciilmis  frulicavit,  etiam  ex  rara  segele  densam  facit.  Inter 
cwleia  quoque  non  ignoiare  debemus,  qiiinta  parle  semi- 
nis  amplius  occupari  agrum  consituin  arbuslo,  quam  va- 
cuum  et  aperUim.  Atque  adluic  de  satione  autumnali  lo- 
quimur  :  hanc  cniin  potissimam  ducimus.  Sed  est  et 
iilteia,  cum  cogit  necessilas  :  trimestrein  vocant  agri- 
coKt.  Ea  locis  pr.Tgelidls  ac  nivosis,  ubi  a-stas  est  lui- 
midaetsine  vaporibus,  recte  oommiltiUir.  C.Tteris,-idmo- 
lUim  raro  respondet:quanilameu  ipoain  cclcrilcr  el  utiquc 


anle  ifquinoctiuni  venuim  conveniet  peragere.  Si  vero  lo- 
coiuui  el  cifli  condilio  patietur,  quanto  maturius  seveii- 
mus,  tanto  commodius  proveniet-Nequeenim  est  ullnni, 
sicut  multi  crediderunl,  natura  triniestre  semen  :  quippe 
idem  jactum  autumno  melius  respondet.  Suut  nihilomi- 
nus  quifidam  aliis  poliora,  qunc  susliuent  veris  te|)ores ,  ut 
siligo  et  oideuin  Galalicum,  et  liaiicastrum ,  gianuinqne 
faba'  Marsira?.  Nam  cictera  rohusta  fiiimeuta  semper  ante 
liiemem  seri  debcut  in  regiouibus  teinperatis.  Solet  autem 
salsani  nonnunquam  et  amaram  uliginem  voniere  lerra, 
quic  quamvis  matuia  jain  satii  manantc  noxio  humoie 
currnmpit,  et  loiis  caleulibus  sine  ulla  stirpe  seminuni 
areas  reddit.  V.,\  ul.ilnil.i  vi-:iiis  adhibitls  notari  convcnil , 
ut  suo  teniport'  vilii^  iiii-iiii.li  medeamur.  Nam  iilii  vcl 
uligo,  vcl  aliqiia  |ir^li^  >r,-' Iriu  enecal,  ihl  coliiniliiiuiin 
sleicus,  vel  si  id  non  est,  folia  cupres.si  convciiit  spargi 
et  iuaiari.  Sed  anliquissimum  csl,  omnem  iiide  liiimoiem 
facto  sulco  dedncere  :  aliter  vaiia  eriint  priKdicla  rcmcdia. 
Nonuulli  pelle  liyicniE  satoriain  trimodiain  vesliunl,  at- 
que  itd  cx  ea ,  cum  paiilum  imniorala  sunl  semina ,  j.iciiinl , 
non  dubitantes  pioventnia,  qiia;  sic  sata  sint.  Qu.Tdain 
etiainsublcrranea'peslesiuliiltassegelcs  liidicilius  suhscc- 
tis  euccant.  Id  nc  fiat,  rcmcdio  cst  aquae  mislus  siiccus 


2.0-J 


COLUMELLE. 


(■citaine  croissanec  en  ravageant  les  racines.  On 
vemedie  a  ce  nia!  cn  laissant  tremper  les  semen- 
ces,  avant  de  les  confier  a  la  terre,  dans  de  reau, 
ft  laquelle  on  a  mele  de  rextrait  de  Therbe  qiie 
les  paysans  appellent  joubarbe.  Quelques  per- 
sonnes  prenncnt  de  Textrait  ds  concombre  sau- 
vage,  et  la  racine  pilce  de  cette  plante,  qu'ils 
melent  ensemble;  ils  delajent  ensiiite  ee  melange 
dans  Teau,  et  y  laissent  tremper  le  grain  avant 
de  le  semer.  D"autres  encore,  lorsqu'ils  s"apercoi- 
vent  que  lcs  Sfmaillcs  sont  en  danger,  arroscnt 
les  sillons  avec  cette  meme  preparation ,  ou  avec 
de  ["amurque  non  salee,  et  parviennent  ainsi  a 
chasser  les  animaux  nuisibles.  J'ai  encore  un 
conseil  a  donner  :  c'est  de  choisir  pour  seraence, 
apres  la  moisson,  le  meilleur  grain  qiii  se  trouve 
dans  Taire.  C"est  ce  que  nous  recomniande  cga- 
lement  Celse,  lorsqu'il  dit  de  recueillir  lesraeil- 
leurg  epis  quand  la  rccolte  a  ete  mediocre,  et  de 
les  mettre  a  part  pour  en  tirer  le  grain  qui  doit 
servir  de  semence.  Quand  la  recolte  a  ete  plus 
nbondante,  le  grain  battu  doit  ctre  nettoye  au 
crlble  ;  et  celui  qui  tombe  au  fond,  a  cause  de  sa 
grosseur  et  de  son  poids,  doit  toi.ijours  etre  conscr- 
ve  pour  semence.  Cest  la  une  precaution  utile, 
quelle  que  soit  d"ailleurs  la  nature  du  terrain.  En 
effet,  si  a  la  verite  les  grains  degenerent  pius 
promptementdans  lesterreshuraides,  lesterrains 
secs  ne  sont  pas  toujours  exempts  de  cet  incon- 
yenient,  <'i  nioins  qiron  ne  choisisse  bien  les  se- 
mences.  Sans  doute  le  grain  pesant  n'est  pas 
toujours  produit  par  une  semence  pesante,  niais 
il  est  evident  qu'une  semence  pauvre  et  legere  ne 
saiiraitproduire  ungiain  fort  et  lourd.  Aussi  Vir- 
gile,  entre  autres  bonnes  choses  sur  les  scmences, 
dit :  J'en  ai  vu  des  m/ciix  choisies  ei  dcs  niiciix 
prepai'ecs  qid  degencraient,  siFon  n'avait  soin 

herboe,  quam  nislici  sediim  appellanl;  nam  hoc  medica- 
mine  una  nocte  semina  macerala  jaciuntur.  Quidam  cn- 
cunieris  anguini  liuniorem  expressum,  et  ejusdem  tritam 
radicem  diluiint  aqua,  similique  ratione  madefacla  se- 
niina  terrae  mandant.  Alii  liac  eadem  aqua  vel  amuica 
insulsa,cum  ctrpit  infcstari  seges,  perfundunt  sulcos,  et 
ita  noxia  animalia  submovent.  Illu<j  deinceps  pniccipien- 
dum  liabeo,  ut  demessis  segetibusjam  in  area  futuro  se- 
niini  consulamus.  Nam  quod  ait  Celsus,  ubi  niediocvis  est 
fructus ,  optiniam  quamque  spicani  legere  opoi  tet ,  separa- 
tiniqiie  ex  ea  semen  reponere ;  cum  riirsus  amplior  messis 
provenerit,  quidquid  exleretur,  capisterio  expiirgandum 
erit,et  semper  quod  proplei-  ma^nlliidiucm  ac  poiidus  in 
imosiibsederit,ad  semen  leservaiKhjin.  .\.ini  id  pluriniiim 
prodest,  quia  quamvis  celerius  lotis  biiiiiidis,  tamen 
etiam  siccis  frumenta  degenerant,  nisi  cura  taiis  adliibca- 
tur.  Neque  cnim  dubium  est ,  ex  robusto  semine  posse 
fieri  non  robusfiim.  Quod  vero  piotinusex  lovi  natiim 
sit,  nunquam  robur  accipere  manifcstum  cst.  Ideoqiie 
Virgiliiis  ciim  et  alia  tiim  et  boc  de  seminibiis  pra>claie 
sic  disscruit :  ViJi  cgo  lccta  diu  c/  mul/o  HDec/n/a  laborc 
Dcgcnrrnrc  /amcn  ,  ni  ris  humann  quotaiinis  mnxiina 
quaquc  manu  Irgcrc/ ;  sic  omniafa/is  In  pcjits  rucrc. 


chaque  cainve  de  lcs  Irier,  et  de  reserver  les plus 
grosses  :  tant  les  choses  vont  en  deciinant,  taiU 
le  destin  precipite  lafin  des  etres! 

Si  le  grain  rouge,  coupe  en  deux,  est  cgale- 
ment  rouge  en  de  lans,  il  n"y  a  pas  de  doute  qu"il 
ne  soit  sain;  mais  lorsque  cette  espece  est  blau- 
chStre  en  dehors  et  blanclie  en  dedans,  eile  doit 
etre  regardee  comme  legere  et  fausse.  INe  nous 
laissons  point  tromper  par  le  siligo,  que  les  cul- 
tivateurs  reeherchent  tant;  ce  n'est  qu"un  fro- 
ment  dcgenere ;  et  quoiqu"il  remporte  par  la 
blancheur,  11  lui  est  inferieur  en  poids.  II  reussit 
dans  un  climat  huraide,  et  convient  par  conse- 
qnent  aux  contrees  oii  il  y  a  des  eaux  courantes. 
Nous  n'avons  pas  besoin  d'aller  chereher  ee  grain 
bien  loin  ,  ni  de  nous  donner  beaucoup  de  peine 
pour  nous  en  procurer,  puisque  toute  espece  de 
froment ,  semee  dans  une  terre  humide ,  se  tnuis- 
forme  en  siligo  a  la  quatrieme  recolte.  Le  meil- 
leur  grain  apres  le  froment,  c"est  Torge,  que  les 
paysans  appellent  tantot  hercasticum,  tantot 
eantherinum;  elleest  meilleure  pour  le  betail,  et 
plus  saine  pour  la  nourriture  des  Kommes  que  le 
mauvais  froment.  II  n'y  a  pas  de  grain  qui  sauvc 
plus  de  la  misere  dans  les  cas  de  disette.  On  la 
seme  dans  une  terre  franehe  et  seehe,  et  dans 
un  sol  tresbon  ou  tres-pauvre.  Eneffet,  Torge 
etant  le  grain  le  plus  fatigant  pour  la  terre,  on 
la  met  dans  un  terrain  riche,  dont  la  fertilite 
ne  saurait  etre  epuisee,  ou  dans  un  sol  si  pau- 
vre  qu"il  ue  peut  produire  autre  chose.  On  la 
semera  sur  le  second  lahour,  apres  rcquinoxe 
si  !a  terre  est  en  vigueur,  et  avant  requinoxe 
si  elle  est  pauvre,  ayant  toutefois  soin  d'obser- 
ver  dans  Tun  et  Tautre  cas  la  proportion  de  cinq 
mesures  par  jugcrum.  On  la  moissonne  plus  tut 
que  toutautre  grain,  et  avaut  raeme  qu'elle  soit 

ac  rc.lro  suhlapsa  rcferri.  Graniim  autem  rutilum  si, 
cum  diffissum  est,  ciindem  coloiem  interiorem  babet, 
integrum  esse  non  dubitamiis.  Quod  extrinsecus  albidum, 
intus  etiam  conspicilur  candidum  ,  leve  ac  vanum  intelligi 
debet.  Nec  nos  lanqiiam  optabilis  agricolis  fallat  siligo. 
Nam  boc  trilici  vitiiim  est,  et  quamvis  candoie  prfpslet, 
pondere  tanien  vincilur.  Veium  in  bumido  statu  caeli  recte 
provenit;  et  ideo  locis  mauantibus  magis  apla  est.  Nec 
lamen  ea  longe  nnbis  aiit  magna  difficullate  requirenda 
est.  Nam  omnc  triticum  .solo  uliginoso  post  tertiam  satio- 
nem  converlilur  in  siliginem.  Proximus  est  liis  frumentis 
usiis  ordei ,  qiiod  ruslici  bpxasticbum ,  quidam  etiara  can- 
tberinum  appellant  :  quoniam  et  ouiiiia  aniinalia,  qiia; 
ruri  sunt,  meliiis  quam  trilicum,  et  liominem  .salubrius 
qiiam  malum  tiiticum  pascit.  Nec  aliud  in  egenis  rebus 
magis  inopiam  defendit.  Seritur  soluta  siccaque  terra,  et 
vel  prajvalida  vel  exili,  quia  constat  arva  segetibus  ejus 
mace.^cpie  :  propterquod  pinguissimo  agro,  cujiis  niinis 
viribiis  noicri  non  pnssit,  aut  macio.cui  niliil  aliud, 
coiniiiillilur.  Alleio  sulco  seminari  debet  post  a>quinoc- 
tiiiiii ,  media  feie  semeuti ,  si  laeto  .solo  :  si  gracili ,  m;itii- 
riiis.  .(ugerum  (luinque  modii  occupabunt.  Idqiie  ubi  paii- 
lum  maturucril,  festinantiusquam  ulliim  aliud  (i  umeiiliiiu 


DE    L-AGRICULTURE,    LIV.    IT. 


arrivce  a  sa  paifiiite  matuiitii ;  cai- ayant  une  Vv^a 
tres-faible ,  et  n'etant  point  reeouverte  de  balle 
ijui  cnveloppe  son  grain ,  elle  est  aisement  deta- 
eliec  de  Tepi ,  ct  par  la  meme  raison  se  bat  plus 
aisement  que  les  autres  especes.  Apres  la  re- 
colte ,  la  terre  qiii  Ta  portee  doit  etre  mise  en 
jachere,  a  moins  qu'on  ne  la  fume  avec  soin, 
pour  dissiper  les  mauvaises  infkicnces  (qualites) 
qu'il  lui  acommuniquees.  L'autre  espece  d'ori;e, 
que  les  uns  appellent  disticluim,  les  autres  ga- 
laticum,  est  fort  pcsante  et  blanchc;  melee  avcc 
le  froracnt,  elle  fait  un  e.\ce(lent  paiu  de  me- 
nage.  On  la  seme  veis  le  mois  de  mars,  dans  un 
sol  gras  mais  frais.  Si  la  douceur  de  !'hiver  per- 
met  de  la  semer  aux  ides  de  janvier,  elle  n'en 
viendraque  mieux.  Si\  mcsures  d'orge  suffisent 
pour  un  arpent.  l.e  panis  ct  le  millet,  que  j'ai 
rangcS  plus  haut  dans  la  classe  des  legumineux, 
doivent  egalement  etre  comptes  au  nombre 
des  graius ,  paive  quVn  plusieurs  contrees  on 
eu  fait  du  pain.  Comme  ils  demandent  un  sol 
lcger  et  meuble,  ils  reussissent  non-seuleraent 
dans  un  terrain  sablonueiix,  mais  meine  dans  le 
sable,  pour  peu  que  le  eliraat  soitmoite  et  hu- 
mide;  car  ils  redoutent  un  sol  sec  et  argileux. 
II  nefaudrapas  les  semer  avrait  le  priutemps, 
parce  qu'une  ehaleur  moderee  est  la  tempera- 
ture  qui  leur  eonvient  le  pliis.  Aussi  la  lin  de 
mars  est  repoque  la  plus  propre  pour  les  confier 
ii  la  terre.  Leur  culture  est  peu  dispendieuse 
pour  le  laboureur,  puisqu'il  iren  faut  quequatre 
setiers  pour  ensemencer  un  arpent.  II  faut  les 
sarcler  souvent,  puur  le  debarras^icr  des  niauvai- 
ses  herbes  qui  generaient  leur  croissanee.  Lors- 
qu'ils  sont  en  epis,  on  les  cueille  a  la  main , 
avant  que  la  chaleur  ne  les  entr"ouvre;  puis  on 
lcs  suspend  pour  les  fairesecherau  soleil.Quand 


ona  pris  ces  prccautionsavant  de  les  serrer,  ils 
se  conservent  mieux  et  plus  longtemps  que  les 
autres  grains.  Le  millet  nous  donne  un  pain  d'as- 
sez  bon  gout,  surtout  quand  il  est  mangc  chaud. 
Le  panis  et  meme  le  niiliet,  pilesdans  un  mor- 
ticr,  et  debarrasses  du  son,  fournisseut  un  po- 
tage  au  lait  qui  n'est  point  a  dedaigner. 

X.  INous  avons  tiaite  avec  assez  d'etendue 
des  diffcrcntes  especes  de  ble;  passons  mainfe- 
nant  aux  legumes.  Le  lupin  cst  celui  qui  doit  d'a- 
bord  fixer  notre  atteution,  parce  qu'il  demande 
ie  moins  de  culture  ,  qu'il  coute  tres-peu ,  et  que 
de  toutes  les  semences  c'est  la  plus  utile  pour  le 
fonds.  En  effet,  le  lupin  fournit  un  exeellent  en- 
grais  pour  les  vignes  maigres  et  epuisees ,  aiiisi 
que  pour  les  terres  en  general.  II  reussit  dans  le 
sol  le  plus  ingrat,  et,  mis  en  rescrve,  il  peut  se 
conserverdes  siecles  entiers.  Cuit,  ou  seulement 
trempe  dans  Teau ,  il  sert  de  nourriture  au.x 
boeufs  pcndaut  Thiver,  et  peut  meme,  dans  uii 
tenips  de  detresse,  apaiser  la  faim  des  bomnies. 
II  se  seme  au  sortir  de  Taire,  et  c'est  par  couse- 
quent  de  tous  les  legumes  le  seul  qui  n'a  pas 
besoin  de  sejouruer  prcalablemeut  dans  un  gre- 
nier.  On  peut  le  semer  au  mois  deseptembre, 
avaut  requinoxe,  ou  bien  immrdiatement  apres 
les  calendes  d'oetobre,  dans  des  jaeheres  non  la- 
bourees.  La  negligenee  du  laboureur,  eu  le  cul- 
tivant,  ne  saurait  point  lui  porter  prejudice. 
Tout  ce  qu'il  demande  ,  c'est  la  chaleur  moderce 
de  rautomne ,  pour  prendie  promptemeut  sa 
croissance;  car  s'il  n"a  point  assezde  consistance 
avant  rhiver,  lcs  froidspeuvent  luidevenirdan- 
gereux.  On  fera  bien  de  placer  ce  qui  restera 
de  semence  de  lupin  sur  un  planeher,  a  la 
portee  de  la  fumee;  car  si  on  le  laissait  ex- 
pose  a  riiumidite,  les  vers  ne  manqueraient  pas 


(iCTnefeinluin  eril.  Nam  et  fragili  culmo ,  ct  niilla  vestiUiin 
intlea  giaiuim  ejus  celeiiler  (leciilit,  iisdemque  ile  causis 
ladliu.s  teiiliir,  quam  cjeteia.  Sed  cum  ejus  me.ssem  siis. 
luleris,  o|ilimuni  est  novaHa  pali  auno  ee.ssare  :  si  ininus, 
steicoic  satuiare,  ct  omue  viius,  quoil  .iilhuc  inestteinv, 
piopulsaie.  Alteium  quo<iue  genus  ordei  est,  quod  alii 
ilisticlium ,  Galalicura  noniiulli  vocant,  pondciis  et  caii- 
(loris  eximii ,  adeo  ut  Iritico  mislum  egiesia  cibaiia  fami. 
lia;  pi,x-l)eat.  Serilur  quam  pinguissimis  sed  frlgidis  locis 
circa  Marlium  mensem.  Slclius  tamen  respondet,  si  cle- 
mentia  liiemis  permittit ,  cum  seuiiuatiir  circa  idus  Ja- 
nuaiias.  JiigerumsexniodiusposUilat.  Interfnimentaetiaru 
panicum  et  niiiiiiin  ponenda  sniit,  qiiamvis  jam  legmnini- 
i)us  ca  conli  ilMiei  im.  Nain  mullis  regionibus  cil)ariis  eo- 
lum  cofoiii  sustincntur.  Levem  solutamqiie  liumuin 
ilesiderant.  Nec  in  sabulo.so  solo,  sed  in  areiia  qiioque 
proveniunt,  modo  liuniido  cielo  vcl  liguo  solo.  Nam  sic- 
tumcretosunique  rerormidaiit.  .\iilcverseri  uon  possiint, 
quoniam  teporibus  maxime  luilantur.  UHima  lamen  parte 
Martii  mensis  commodissime  lcriaj  conimittiintiir.  Ncc 
inipensa  giavi  lationem  cultorisoncrant;  quip|ie  scxtariis 
(eic  qualuor  jiigerum  implent;  fiequcntem  lamen  exigunt 
.sauitiunci::  cl  ruiKatiunem,  iit  lierbis  lilifieiiliii.  I'i  i-iiiii 


spicas  edidcrunt ,  priiis  quam  semina  Iiient  aestfbiis ,  nianii 
carpunlur,  ct  suspensa  in  sole  cuni  assiccata  fucrint,  re- 
conduntur,  atque  ita  repnsita  peiciuiant  diutius  quani 
Cittera.  fanis  cx  milio  coiilicitur,  qiii  aiitCiiuam  rcrriges- 
eat,  sine  lastidio  potest  assiiiiii.  1'aiili'niii  piiisitum  et  evo- 
lutum  furfurc,  scd  et  miliiim  qimque  piiltcm  quavis  iii 
copia  niaximc  cum  lacte  noii  faslidiendam  piaebet. 

X.  ijuouiam  de  fiunienlisabunde  pr;ecepiinus,  de  legn- 
minibus  deinccps  disscranius.  Lupini  priuia  ralio  est, 
quod  et  minimiim  opeiarum  absumit,  ct  vilissime  einitur, 
et  maxime  ex  iis  qux  scruntur,  jiivat  agriim.  INam  vincis 
[  jam  ]  cmacialis,  et  arvis  iipliimiiu  stcicus  pnebel,  ac  vcl 
clloclo  .solo  provenit,  vel  irposiliim  iii  giaiiario  patitur 
aivuni.  Boves  per  liiemcm  coctum  niaceraliimquc  probe 
alil.  Kamcra  quoque,  si  sterilitas  annorum  iiice.ssit  lionii- 
iiibiis,  comniode  piopiilsat.  Spargitur  staliin  ex  arca. 
Alqucidsoluraomniuin  legiiminum  non  desideiat  requiem 
in  iioneo,  sivc  Septeinbri  mense  ante  .TEquinoctium,  seu 
protinus  a  calcndis  Octobribus  crudisnovalibus  ingeras. 
lCt  qualiterciinque  obruas,  sustinet  coloni  ncgligentiam. 
Tcporein  tamen  autnmni  desidcrat,  ut  ci^leiiler  conlir- 
niclur.  Nara  si  non  anle  Iiiemem  convdliierit,  fiigoiit>ii3 
aniigitur  Itcliquiun  quod  scniini  siipciest,  inlabulaljm, 


COLIJMELLE. 


de  s' V  mettrc  et  d'cn  ronger  le  germe ;  dc  sorte 
qu'il  ne  pourrait  pliis  pousser.  Ainsi  que  je  viens 
de  le  dire,  le  kipin  se  plait  dans  une  terre  mai- 
gre,  et  surtoutdans  une  tcrrerouc;e;  cequ"il  rc- 
doute  le  plus,  c'est  Targilc  et  le  liraon.  Dix  me- 
sures  suffisentpourensemencernnarpent.  Apres 
le  lupin  vient  le  faseole,  qu'on  seme  ou  dans  une 
terrc  qu'on  aura  laissee  reposer,  ou  mieux  encore 
dansune  terre  grasseet  labourec  ehaque  anuee. 
11  n'en  faut  que  quatre  mesures  pourun  arpent. 
II  en  est  de  mcme  du  pois;  seulement  il  de- 
niande  uue  terre  legcre  etmeuble,  une  exposition 
chaude  etun  ciel  pluvieux.  On  le  serae  au  com- 
menccmcnt  des  semailles,  des  requinoxe  d'au- 
tomne,  dans  la  memc  proportion  <[ue  le  faseole; 
ou  bien  en  prenant  une  mesure  de  moins  pour 
chaque  arpent.  Pour  les  fcves ,  il  faut  leur  re- 
server  unc  terre  naturellement  riche  ,  ou  bien 
fumee.  Si  le  terrain ,  apres  s'etre  repose  une 
annee ,  est  situe  dans  une  vallee  o«  il  puisse  rc- 
cevoir  rhumidite  des  terrains  superieurs,  la  sc- 
mence  doit  ctre  repandue  d"abord  sur  la  tcrre 
solide,puis  enterree  par  un  premier  labour,  cn- 
suite  mise  en  sillon,  et  enfin  hersee,  pour  qu'elle 
soitenterree  plus  profondement  encorc ;  car  il  est 
n6cessaire  que  la  racine  de  eette  plante  soit  cntie- 
rement  recouverte.  ISlais  si  vous  voulez  semcr  la 
ffeve  dans  un  champ  qui  ne  s'est  pas  rcpose  aupa- 
ravant,et  qui  vicntde  produire  unerecolte,  il  i'au- 
dracouperlapaille,  ctrcpandre  vingt-quatrccluir- 
retees  de  fumier  par  arpent.  De  meme ,  lorsque 
vousaurezseme  dansun  terrainnon  cultive,  voiis 
commencerez  par  rctourner  la  semence  par  un 
prcmier  labour;  puis  vous  sillonnercz,  et  vous 
herserez  ensuitc.  II y  ades  personnes  qui  s'imagi- 
nent  que  dans  les  pays  froids  les  feves  n'ont  pas 


bcsoin  d'6tre  hersces,  parce  que  les  mottes  dcfen- 
dent  les  jeunes  plantes  des  gelees  blanches  et  les 
abritent  du  froid ,  cn  les  entretenant  dans  une 
douce  chaleur.  D'autres  croient  qu'une  recolte 
de  feves  peut  tenir  lieu  d'engrais  :  ce  qui  revient 
a  dire,  ceme  semble,  non  que  cette  recolte  en- 
richit  la  terre  comme  ferait  le fumier,  mais  qu'elle 
Tepuise  moins  que  toute  autre  plantalion.  Quant 
a  moi ,  je  suis  convaincu  qu'un  champ  cst  bicn 
mieux  disposc  pour  le  ble  lorsqiril  n'a  rien  rap- 
porte  du  tout,  que  lursqu'on  lui  aura  fait  por- 
ter  une  rccolte  de  feves.  Suivant  Tremcllius, 
quatre  mesures  de  semence  suffisent  par  arpent ; 
moi  jc  pcnse  qu'il  cn  fautsix  si  le  sol  est  riche,  et 
un  peu  plus  s'il  est  pauvre.  Les  feves  ne  souf- 
frent  point  de  terrains  maigres  ou  couverts  de 
brouillards;  ellcs  rcussissent  souvent  assez  bien 
dans  un  sol  dur  et  compact.  Une  partie  des  se- 
nienees  doit  etre  jetee  vers  le  milieu  dii  temps  des 
scmailles,  ct  une  autre  partie  a  la  fin  :  ce  se- 
cond  ensemencement  cst  appcle.seffi«//^(?.s  septi- 
monliaks.  En  general,  les  feves  se  sement  de 
bonne  heure  :  quelquefois  pourtant  les  semailles 
tardives  rcussisscnt  mieux.  Le  solstice  d'hiver 
passc,  il  n'cst  plus  temps  de  semer  la  feve.  Le 
printcmps  est  repo(iue  la  moins favorable a  son en- 
scmciicemcnt.  II  y  accpendantune/ei'e  dcprin- 
Innps  qu'on  doit  semercnfevrier, enaugmentant 
d'un  cinquicme  la  quantite  de  semence  qu'on  em- 
ploie,  cn  la semant a  temp?. Elle ade petites  tiges  et 
pcu  dc  gousses  :  aussi  lcs  vieux  cultivateurs  pre- 
fcrent-ils la  paille dcs premicres semees a la  reeol te 
cntiere  des  dernicres.  .Mais,  en  quelque  temps 
de  fnnnee  qu'on  seme  la  feve,  il  faudra  faire 
en  sorte  que  la  totalite  de  la  semcnce  soit  jeteo 
en  terreauqulnzieme  jour  de  la  lune,  si  toutefois 


quo  fiimus  perveiiit,  optime  repoiiis.  Qiioniam  si  lniiiior 
invasit,  vermes  gignil;  qul  simiilatque  oscillii  liipinoium 
adederunt,  reliqua  pars  enasci  non  potest.  Id,  ut  dixi, 
exilem  ainat  terram ,  et  rHbricam  praecipue.  Nam  cielam 
reformidat,  liinosoque  non  exit  agro.  Jugeriim  decem 
modii  occupant.  Ab  hoc  recte  pliaselus  terric  mandabitur, 
vel  in  veteieto ,  vel  melius  pingiii  et  reslibili  agro.  Nec 
ainpUusqualuor  modiis  jugerum  obseretur.  .Similis  quoque 
ratio  est  pisi,quod  tameu  facilein  et  solutain  terram  de- 
siderat  lepidumque  locuni  et  ca^lum  fiequentis  humoris. 
Eadem  mensura  jugerum  vel  modio  minus  quain  phaselum 
licet  obserere  piimo  tempore  sementis  ab  .Tquinoctio 
aulumnali.  Fab»  piiiguissimuslocus  vel  stercoratus  des- 
tiDatur,  et  si  veteretum  erit  in  valle  situm  ,  qiiod  a  supe- 
rioreparte  succum  accipit;  prius  autemjaciemus  semina, 
deinde  proscindemus  terram ,  proscissamque  iii  liram 
revocabimus  occabimusqiie,  qiio  altius  laigiore  liumo 
contegatur.  Nam  id  plurimum  rcrert,  ut  radiccs  enatorum 
seminuin  penitus  demersae  sint.  Sin  autem  pidxima?  mcs- 
sis  occupandum  erit  restibile,  desectis  straineutis  qnatuor 
et  viginti  vches  storcoiis  in  jugeriimdisponemus  (lissi|ia- 
bimusque.  lit  siiiiilitcr  cum  semeii  criido  solo  ingessei  i- 
Bius,  inarabiinu.«,  iinporcatiimque  occabimiis  :  qiiaiinis 


sint ,  qui  negent  locis  frigidis  oportere  occari  faliain ,  quia 
extantes  glsebae  agelicidiis  adliuceam  teneram  vindicent, 
et  aliquem  teporem  frigore  laboranti  piaibeant.  Sunt  etiam 
qui  putent  in  arvis  hanc  eanilem  vice  stercoris  fungi. 
Qiiod  sie  ego  interprelor  ,  nt  existimem,  non  sationibus 
ejus  pinguescere  huiniim,  sed  ininus  lianc  quain  cajtera 
semina  vim  terra;  consumere.  Nam  certum  liabeo ,  fru- 
inentis  utiliorein  agrum  esse,  qui  nihil,  qnam  qni  istam 
siliquam  proximo  aniio  tulerit.  Jugerum  agri,  ut  Tremel- 
lio,  quatiior;  ut  nobis  videtiir,  faba;  sex  occupant  inodii, 
si  solum  pingue  sit  :  si  mediocre  ,  paulo  amplius.  £aque 
nec  macriim  nec  uebulosum  locum  patitiir.  Densa  lanien 
bumo  SKpecommoderespondet.  Mediasementi  pars  seri, 
et  pars  iillima  debet,  qua;  septimontialis  satio  dicitur. 
Tempestiva  fiequentius,  nonnunquam  tamen  sera  melior 
est.  Post  brumain  paruin  recte  seritur ,  pessiine  vere  : 
qiiamvis  sit  eliam  trimestris  faba ,  quse  mense  Februario 
seiatur,  quinta  parte  ampliiis  quaiii  inatura.  Sed  exiguas 
paleas,  nec  multam  siliquam  facil.  Veteres  itaque  riisti- 
cos  pleriimque  dicentes  audio ,  malle  se  maturae  fabalia 
qiiam  fructum  trimestris.  Sed  qnocunque  lempore  anni 
serelur,  opera  danda  erit,  ut  qiiantum  destinaveriinus  in 
sationem,  lautum  quint.adeciina  luna,  si  tamcn  ea  non 


DE  UAGRICULTURE,  LIV.  IL 


cette  planote  n'cst  pas  encore  ce  joiirla  clerriirc 
les  rayons  du  soleil,  ce  que  les  Grecs  appcllent 
ai:6-(irj<jcii;  siiion  ,  ou  In  jeftera  en  terre  des  le 
quatorzierae  jour,  pcndant  ([ue  la  lune  croit  en- 
core,  nlorsqu"on  nc  pourrait  pas  recouvrir  dans 
la  meme  journee  tout  ce  qu'on  aura  seme.  Car 
alorsni  les  rosees  delanuit,  ni  d'autresaccidents, 
ne  pourront  nuire  a  la  semence,  pourvu  qu'elle 
soit  defendue  confre  lesbestiaux  et  les  oiseaux. 

Les  anciens  agriculteurs,  et  Virgile  lui-raeme, 
voulaientqu'on  tremp^t  la  feve  dans  lalied'huile 
ou  dans  du  nitre ,  nlin  que  «  Lcs  r/rains  dcvins- 
sent  pius  gros  duns  leurs  cosses  souvent  trom- 
penscs,  ct  quc  1'aclion  d'u7ifeu  lcfjerles  ramoUit 
et  en  hdtdt  lu  gcrminalion. 

Nous  avons  fait  robservation  nous-meme  que 
eetfe  preparntion  rend  In  fevemoins  sujette  a  etre 
endommagce  par  le  eharancon.  Voici  encore  un 
autre  procede,  dont  nous  avons  egalement  re- 
connu  rutilite  par  notre  propre  expcrience.  On 
eueille  lcs  feves  nvant  le  jour,  et  pendant  que  la 
lune  decroit;  puis  on  lcs  fait  secher  dans  Taire, 
on  les  bat,  on  les  vanne,  et  on  les  porte  dans  le 
grenier  avant  que  la  lune  commence  a  croitre. 
Avee  ces  prccautions,  les  fe\es  seront  a  rabri 
des  charancons.  La  feve  legnme  peut  etre  bat- 
tue  en  peu  de  temps  sans  le  sccours  des  bestiaux, 
et  nettoyee  dememe,  sans  celui  du  vent.  II  suf- 
(ira  de  mettre  quelques  bottes  deliees  a  rextrc- 
niitede  Taire;  trois  ou  quatre  hommes  les  pous- 
serontdevant  eux  avcc  le  pied,  en  traversant  le 
milieu  de  raire ,  et  les  battront  en  nieme  temps 
avee  des  fourches  ou  des  biitons.  Lorsqu'ils  se- 
ront  arrives  a  rautre  extremite  de  Taire,  ils 
entasseront  la  paille  cu  laissant  le  grain  sur 
Taire ,  pour  recommencer  aballre  d'autres  bot- 


tcs  de  la  mfimo  maniire.  La  partie  la  plus  gros- 
siere  de  la  paille  est  effcctivement  dctachee  du 
reste  par  cc  battage ;  mais,  pour  separer  du  grain 
la  partie  legere  qui  torabe  des  gousses ,  on  a  rc- 
coursa  un  autre  procede.  Quand  on  rassemble 
un  tas  dc  grain  entremelc  de  ces  petites  pailles, 
on  le  jette  u  quelque  distance  avee  des  vestilabres 
(pelles  a  vanner);  la  pnille,  comme  etant  la 
partie  lcgcrc ,  tombe  presque  aussitot ,  tandis  que 
la  graine  plus  pesante  vole  plus  loin,  et  va  refom- 
ber,  sans  melange  de  corps  etraugers,  a  rendroit 
ou  le  vanncur  avnit  rintention  de  la  jeter.  Lcs 
lentilles  se  sement  pendant  le  temps  des  semail- 
les,  depuis  la  croissnnce  de  la  lune  jusqu'au 
douzieme  jour  apres  la  nouvelle  lune.  Ou  leur 
ehoisitordinairementun  sol  maigre  et  nieuble,ou 
bien  un  terrain  riche,  mais  sec ;  car  les  lentilles,  a 
repoque  de  leur  lloraison,  perissent  aussi  bien  pnr 
Texces  d'humidite  que  pnr  une  surabondnnce  dc 
suc  nutritif.  Pour  qu'elles  se  levent  plusprorapte- 
mant,  et  qu'elles  grossissent  davantage,  on  fera 
bien  de  les  raeler  avec  du  fumier  sec  avant  de  les 
semer,  ct  de  les  laisser  dans  cet  etat  pendant  qua' 
tre  ou  cinq  jonrs.  On  les  seme  a  deux  epoques 
differentes.  Lc  premicrensemencement  se  fait  de 
bonne  heure,  nu  milieu  du  temps  des  semnilles; 
ct  le  secoiid  plus  tard,  au  mois  de  fevrier.  Un  mo- 
dius  suffil  poiir  un  jugerum.  Si  Ton  veut  preserver 
In  lenfillc  des  charancons,  qui  la  mangent  memo 
pendant  qu'ellc  est  en  cosse,  il  fnut  lajeterdnns 
Tenu  au  snrtir  de  Taire,  alinde  separer  le  bon  grain 
de  celui  qui  est  vide  et  qui  surnage.  On  la  fait  en- 
suitesecher  au  solcil,  on  la  frotte  avec  du  vinaigre 
et  de  la  racine  de  laser  pilee;  puis  on  Tessuie 
bien,  et  on  Texpose  de  nouveau  au  soleil  pour  la 
fairc  scchcr.  Lorsqu'elle  sera  bien  rafraichie ,  on 


Iranscurret  eo  dic  solis  radios,  qiiod  Gr.-eci  auoxpouotv 
vocant,  si  niiiius,  (|uartadecima  utique  adliuc  lunae 
crescente  luniine  .spaij^alur ,  etiam  si  confeslim  totum  se- 
menoperiri  non  polirit.  Niliilenim  nocebitur  einocturnis 
roribus  aliisvc  (>v  caiisis ,  dum  a  pecore  et  avibus  vindice- 
tur.  l'ri^(  isaiiliin  iii^lii  i>  hi'c  miiihi^  V  imiliopriusamurca 
vel  nilniiiiarriMi  i  raiii  rt  ila  m'|  i  |il,iriiil.  i.nuidiorutfmtus 
siliquisjdlhii  ihns  r'.sif,  r'i/iiiiiiiii.'.  i,ji\i  cxiguo pro- 
peralu  madcrciit.  Nus  ciiioipic  ^ic  niedicalam  compcri. 
inus.cumad  inaturitaliin  pcnliirla  sit,  ininus  a  tiircu- 
lione  infestari.  Sed  el  illud  ,  ipicid  dcinceps  dicluri  sumiis, 
cxperti  praicipimus.  Silente  luna  faliam  vellito  ante  Iricem. 
Deinde  cum  in  aiea  exarucril,  confeslini,  prius  qriain 
luna  increnienluni  capiat,  excnssam  refrigeratamque  in 
granarium  coiifeito.  Sic  comJita a ciirculionibus  erit  inno- 
xia.  Maximeque  ex  legiiminibns  ea  et  sine  junrentis  leri 
el  sinc  vento  purgari  cxpedilissime  sic  potciit.  Modicus 
fa.scicuIoruin  niimcrus  rcsolutus  in  cxlrcma  parle  aiea; 
coUocctur,  qnem  per  longissimuin  ejus  mcdiiimqiic  spa- 
tium  trcs  vel  quatuor  homincs  promoveant  pcdibiis,  ct 
baculis  lurcillisvc  conliindant  :  deiiide  ciini  ad  alteiam 
partem  area?  pcrvenerint,  in  acervuui  ciilmos  regerant. 
Nam  semina  cxcussa  in  area  jacebunt .  supcnpie  ca  paiila- 


tim  codeni  modo  reliqiii  fasciculi  exculientur.  Ac  duri.s- 
sim;e  quidem  aciis  icjecta;  separatieque  eiunt  a  cudcnti- 
bus  :  minutse  vcro ,  <|ua>  de  siliqriis  cum  faba  resederint, 
aliter  secerneutur.  INam  cum  acervus  paleis  granis(|rie 
mistus  in  iinum  fiierit  congestiis,  paulatim  ex  eo  ventila- 
bris  per  longiiis  spatium  jactetur.  Quo  faclo  palea,  qii.ne 
levior  est,  citra  decidet  :  faba,quiu  longius  emitlitur, 
pura  eo  perveniet,  quo  ventilalor  eani  jaciilabitur.  Lentini 
nioilo  a  dimidiala  luna  usqiie  in  driodecimam  solo  tcnui 
et  lesoluto  vet  pingiiiet  sicco  maximc  toco  seri  conveuit : 
nam  in  llore  facile  luxiiria  et  liumore  corrumpilur.  Qiia^ 
irl  cclciiter  prodcat  et  ingrandescat ,  anteqiiam  scraliir 
liino  arido  permisceri  dehet ,  et  ciim  ita  quatriduo  aut 
quinque  dielius  requieverit,  spargi.  Saliones  ejiis  duas 
.servamiis,  alteram  maturam  per  mediam  sementim,  se- 
riorein  altcram  meiise  Fchruario.  Jugeium  agri  paulo  plu.* 
quain  modius  occupat.  Ea  ne  curciilionibus  absiimalur 
(nam  eliani  dum  est  in  siliqna,  cxestur)  curandum  crit, 
iit  cum  cxtrita  sit ,  in  aquam  dcmittatur  ,  et  ab  inani , 
qua;  protinus  innalat,  separelur  solida:  lum  in  sole  sic- 
cetur  ,  ct  radicc  silpliii  Irila  cum  accto  aspergatur,  defri- 
celurquc  (olco),  atque  ita  rursus  in  sole  sicc;ita  et  niox 
rcfriBCrala  recondatiir,  si  niajor  csl  modus,  in  liorreo;  si 


COLUMELLE. 


la  serrcra  dans  un  grenier,  si  on  en  a  une  grande 
quautittS  sinon  ,  dans  des  vaisseaux  qul  servent 
a  |:;arder  l'!iuiie  ou  des  viandes  salees.  Les  vais- 
seaux  remplis,  ou  les  boueliera  sur-lee!iamp 
avec  du  p'^trc.  Eu  retirant  ensuite  la  lentille 
pour  !a  consomrnation ,  on  la  trouvcra  saine  et 
intacte.  Elle  se  conserve  cgalement,  lorsque 
pour  tout  appret  on  la  mele  avec  de  la  cendre. 
line  faut  scnier  la  graiue  de  lin  que  dans  lcs 
pays  011  le  prix  du  lin  est  assez  eleve;  car  rien 
u'est  plus  nuisible  a  la  terre  que  cette  graine  : 
elle  deniandc  un  sol  tres  rictieetpassableraent  hu- 
mide.  Letcnips  de  son  ensemencementest  depuis 
les  calendes  d'octobi'e  jusqu'au  lever  de  l'Aigle  , 
qui  arrive  le  7  des  ides  de  decerabre.  Huit  mi)- 
dii  sufdsent  pour  uu  jugerura.  D'aprcs  l'avis  dc 
beaucoup  de  personnes,  i!  faut  la  senier  le  plus 
clair  possible,  quand  le  terrain  est  maigre,  afin 
que  !e  lin  qu'on  en  tirera  n'en  soit  que  plus 
fm.  On  dit  cucore  que  lorsqu'e!le  est  semce  dans 
un  terrain  gras  au  mois  de  fevrier,  il  en  faut  six 
niodii  pour  un  jugerum.  Le  sesame  dcmande  a 
etre  serae  de  bonne  heure ,  si  !e  terrain  est  hu- 
niide;  s'il  est  sec,  on  pourra  le  seraer  depuis  !'e- 
quiuoxe  d'automne  jusqu'aux  ides  d'octobre. 
II  demande  en  oulre  un  sol  raeuble ,  friablo,  et 
de  la  nature  de  eelui  que  les  paysaus  appellent 
pullum.  II  rcussit  aussi  dans  uu  terrain  sablon- 
neux  et  gras,  ou  meme  dans  une  terre  de  ramas. 
On  le  seme  dans  la  raeme  proporlion  que  le  mil- 
let  et  le  panis,  cn  prenant  quelquefois  deux 
sextarii  de  plus  par  jugerum.  J'ai  vu  moi-meme 
dans  les  plaines  de  la  Cilicie  et  de  la  Syrie  semer 
ce  !t'gume  au  mois  de  juin  el  de  juillet,  et  le 
recolter  en  automne  en  etat  de  parfaite  maturite. 
hsi  ciceixula ,  qui  ressemble  beaucoup  au  pois, 
doit  etre  semee  au  raois  de  jauvier  ou  de  fe- 

iuinor,  iii  vasis  olcarils,  salsamenlariisque.  Qna;  lepleta 
cuni  confeslim  gjpsatasunt,quandoquein  usus  prompse- 
rimus,  integram  lenteni  repericmns.  Potcst  tanicn  eiiam 
citra  islam  medicatiGnem  cineri  mista  commode  servari. 
Lini  semen  ,  uisi  si  niagnus  cst  ejus  in  ea  rcgionc ,  quam 
colis,pr()ventus,  et  prelium  proritat,  serendunl  non  est. 
Agris  cnim  priiccipue  noxium  esl.  Ilaque  pinguissimum 
locum  ct  modice  liumidum  poscit.  Seritur  a  calendis  Octo- 
bribus  in  ortum  Aquilae,  qui  est  vii  idus  Decemb.  Jnge- 
lum  agri  octo  modiis>  obseiitur.  Nonnullis  plaeet  macio 
solo  et  quam  spississimiim  semen  ejus  comniitli ,  qun  te- 
iiuius  linum  provcniat.  Idem  ctiaiii  si  lncto  solo  seiatiir 
incnse  Februario,x  modios  in  jugerumjaci  opoitere  di- 
cunt.  Sesania,  qna^  riganlur,  matuiius  ;  qiia!  carcnt  liu- 
more,  ab a^quiuuctio  autiimuali  seienda  siint  iii  idiis  Oc- 
lob.  Putresolum,  quod  Campani  pullum  vocaut,  plc- 
lunique  desiderant.  Non  deteiius  tauien  cliam  piugiiiljus 
barenis  vel  congesticia  liumo  pioveniunt  :  tantumqiic  se- 
niinis,  quantum  niilium  paniciimque,  iuterdiim  cliain 
iluiibus  scxtariis  aniplius  in  jugeruni  spargitur.  Sed  lioc 
idem  !,cuien  CUicia;  Syiia^que  rcgionibiis  ipse  vidi  mcnse 
Juiiio  Juliuque  conseii,  et  pcr  autumnum  cum  pernialu- 
luerit,  toUi.  Cicercula  qua'  piso  est  siiuilis,  nicnsc  Ja- 


vrier,  dans  un  sol  gras  et  sous  un  cliniat  huraide ; 
on  !a  seme  cependant ,  daus  quelques  contrees 
de  !'lta!ie,  avant  les  calendes  de  novcmbre.  Trois 
modii  de  ce  legurae  suffisent  pour  un  jugerum. 
Cest  de  toutes  les  plantes  lcguraineuscs  cellequi 
cpuise  le  nioins  la  terre.  Ccpendant  i!  est  assez 
rare  de  la  voir  bien  reussir,  car  a  !'epoque  de  sa 
floraison  elle  est  tres-sensible  aux  vents  du 
midi  et  a  la  seclieresse  :  deux  inconvenients 
qui  sont  presque  toujours  a  craindre  a  l'epoque 
de  !'annce  ou  elle  perdsafleur.  Le  pois  arietinus 
(debelier)  et  !e  pois  carthaginois  doiveut  etre 
semes  eu  temps  de  pluie,  pcndarit  tout  le  niois 
de  mars,  dans  un  so!  tres-riche  et  fertile.  Ce  !e- 
gume  fatigue  beaucoup  la  terre ,  et  quelqucs  cul- 
tivateurs  experimentes  defeudent  meme  de  !e 
semer.  Pour  le  faire  lever  plus  tot ,  i!  est  a  propos 
de  laisser  tremper  la  graiue  dans  !"eau  la  veille 
de  rensemencement.  On  prcnd  trois  modii  par 
jugerum.  Lechanvre  exige  un  terrain  gras,  fume 
et  arrose,  ou  bien  une  terre  basse,  liuraide,  et 
profondement  labouree.  On  en  seme  six  graius 
dans  !'espace  d'un  pied  carre,  au  iever  de  rArc- 
ture,  qui  tombe  a  la  fin  du  mois  de  fcvrier,  vers 
le  cinq  ou  le  six  des  calcndes  de  mars.  Si  le  temps 
cst  ii  la  pluie,  on  peut  le  semcr  sans  danger  ii 
requinoxe  duprintemps.  On  doitcomprendre  au 
nombre  de  ces  leguraes  lcs  navets  et  les  raves , 
puisquils  servent  de  nourriture  aux  paysans. 
La  rave  presente  plus  d'avantagRS  que  les  na- 
vets,  d'a!)ord  parce  qu'elle  devient  plus  grosse,  et 
parcequ'elle  uourrit  non-sculeracnt  lesliorames, 
mais  les  bestiaux,  surtout  dans  la  Gaule ,  ou 
on  ladonneaux  aniraaux  pendant  tout  rhiver. 
Les  deux  especes  exigent  une  terrc  1'ranche  et 
racuble,  et  ne  reussissent  pointdans  uusol  dur  et 
epais.  II  y  a  toutefois  cette  differcnce ,  que  les 

niiario  aut  Fcbruario  seri  debet  la!to  loco,  ca^lo  humido. 
Quibusdam  tameu  llalire  locis  aiite  caleud.  Novcmb.  se- 
riliir.  Tres  modii  jngcriiiii  iiii|ili'nt.  Nec  ullum  legumen 
ininus  agro  nocet.  Sed  r,ii  o  respiiiidet  :  qiioniam  nec  siC' 
citates  nec  austrOs  in  nurc  siisliiiel ;  qu*  utraque  inconi- 
moda  lere  eo  tempore  aniii  suiit,  quo  dellorescit.  Cicer 
qiiud  arietinum  vocatur,  ilemque  altcrius  generis,  quod 
Puiiicum,  seri  mense  Martio  tolo  potest  ca^lo  buniido, 
loco  quani  lajlissimo.  Nam  eliani  id  terram  la'dil :  atqnc 
ideo  improbatur  a  callldiorilius  agricolis.  Quodlamensi 
seri  dcbcat,  pridie  maceraudiim  erit,  ut  celerius  enasca- 
tur.  Jugeio  iiiodii  tres  abunde  sunt.  Cannabis  solum  pin- 
guestercoiatumqueelriguuin  vcl  plauuuialque  luiinidum 
et  alte  subactuni  deposcit.  luquadiatum  pedeni  seriinlur 
grana  sex  ejus  semiiiis  Aicturo  cxoriente,  quod  esl  iil- 
timo  mense  Februario  ciria  sevliim  aut  quintum  calend. 
Mait.  Ncc  lamen  usqiie  in  a^quiuuctium  veiuum,  si  sit 
pUnius  ca'li  statiis ,  improbe  seictur.  Ab  liis  leguminibus 
ralio  est  babenda  uaporum  raporunique  :  iiam  ulraqiie 
ruslicos  implent.  Magis  lanien  utilia  rapa  sunt,  quia  et 
majoic  incremenlo  proveniunt,  ct  noii  homincin  soluni, 
vcruni  eliam  boves  pascunt,  pra;cipue  in  Gallia,  ubi  bi- 
bcrna  cibaiia  praidiclis  peciidibus  id  olus  prajbcl.  Solum 


DK  I.AGRiCULTURE,  I.IV.  II. 


raves  sc  plaisent  ilaiis  les  tcrrcs  basses  et  liunii- 
des,  au  lieuque  lesnavets  prefereut  les  terraius 
eleves ,  sees  el  lef;ers ;  aussi  ceux-ci  reussissent- 
ils  meme  dans  le  gravier  et  le  sable.  Au  reste, 
la  quaiite  du  sol  peut  completement  changer 
leur  nature,  puisque  dans  tel  ou  tel  sol  les  ra- 
ves  se  changent  en  navets  au  bout  de  deux  ans , 
ou  les  navets  en  raves.  On  les  seme  tres-bien 
Tun  et  l'autre  dans  les  terrains  arroses  depuis  le 
solstice;  et  dans  les  terrains  secs,  a  la  lin  du  mois 
daoiit,  ou  au  commenccment  de  scptembre.  La 
terre  qui  les  recoit  doit  etre  rompue  par  des 
labours  et  des  hersages  muitiplies,  fumee  abon- 
damnicnt,  ce  qui  est  dautant  plus  iniportant, 
que  non-seulement  elles  y  viennent  mieux,  mais 
qu'une  terre  ainsi  travaillee  donue  encore  de 
belles  moissons  apres  qu'on  les  y  a  recueillis. 
11  ue  faut  pas  plus  de  quatre  sextarii  de  graines 
de  raves  pour  easemencer  un  jugerura.  II  eu  faut 
nn  quart  de  pius  pour  les  navets,  parce  que  le 
na\  et  ne  grossit  pas  tant,  et  que  ses  racines  sont 
menues  et  perpendiculaires.  Voila  donc  les  plan- 
tes  qu'on  doit  semer  pour  rusage  dcs  homraes. 
Voici  maintenant  celles  qui  sont  destinecs  aux 
bestiaux.  D'abord  les  differentes  especes  de  four- 
rages,  la  luzerne,  la  vesce,  rherbage  d'orge,  le  fe- 
nugrec,  Terse,  et  la  cicerole.  Cesont  la  les  princi- 
paies  plantes  fourrageres,  car  nous  necroyons  pas 
devoir  les  nommer  toutes.  Celles-ei  sont  les  seu- 
les  quil  soit  necessaire  de  semcr,  a  rexception 
toutefois  du  eytise,  dont  nous  parlcrons  plus  bas, 
dans  les  livres  qui  traitent  des  dilTerentes  espe- 
ces  d'arbrisseaux.  De  toutes  les  espcces  de  four- 
rages,  la  luzerne  est  sans  contredit  la  meilleure , 
parce  qu'une  fois  semee,  elle  dure  dix  ans,  et 


fournit  quatrcet  mCmv  six  coupes  dans  rann^e. 
En  outre  elle  bonilie  laterre,  engraisse  toute 
espece  de  betail  maigre,  et  sert  de  remede  aux 
animaux  malades.  Un  jugerum  est  plus  que 
suflisant  pour  nourrir  trois  chevaux  pendant 
toutc  une  annee.  Voici  la  manicre  de  la  cultiver. 
Lcs  terres  qu'on  veut  semer  en  luzerne  ,  au  prin- 
temps,  doivent  etre  labourees  au  commenceTnent 
d'octobre,  alin  qu'elles  iniissent  se  resoudre  et 
s'adoucir  pendant  tout  rhiver.  Vers  les  premiers 
jours  de  fevrier ,  ou  les  laboure  une  secoude 
fois,  ou  en  enleve  toutcs  les  pierres,  et  on  brise 
les  mottes.  En  mars  on  leur  donne  un  troisieme 
labour,  et  on  lcs  herse.  La  terre  ctantainsi  bien 
reduite,  on  la  forme  en  planches  semblables  a 
cellcs  d'un  jardin  ,  de  dix  pieds  de  large  sur  cin- 
<juante  de  loug,  afm  de  pouvoir  les  arroser  par 
les  sentiers,  et  qu'il  y  ait  des  passages  des  deux 
cotes  pour  la  commodite  des  sarcleurs.  On  les 
couvre  ensuite  de  vieux  fumier,  ct  ou  les  ense- 
mcnce  vers  la  fiu  d'avril :  la  proportion  est  d'un 
cyathus  pnur  u.,  espace  de  dlx  pieds  de  long  sur 
cinq  de  large.  Sitot  que  la  graine  est  semee , 
elle  doit  etre  recouverte  avec  des  rateaux  de  bois, 
precaution  trcs-essenticlle,  et  sans  laquelle  la 
semence  serait  bieutot  brulee  par  le  soleil.  Une 
fois  daus  la  terre,  la  luzerne  ne  doit  plus  etre 
touehee  par  des  instruments  de  fer;  ou  la  net- 
toiera,  comme  je  Tai  dit,  avec  des  rateaux  de 
bois,  ct  on  la  sarclera  frequenniient,  pour  que 
rherbe  parasite  ne  retouffe  pas  (juaud  elle  est 
encore  faible.  On  la  laisse  sur  pied,  jusqu'a  ce 
que  la  graine  ait  commence  ix  toniber.  iMais 
lorsqu'elle  est  bien  venue,  on  peut  la  couper 
aussi  tendre  qu^on  le  veut,  pour  la  donmr  aux 


piilre  et  solntiim  los  iitraqiie  ilesiilerat,  nec  densa  nas- 
litur  Imino.  Seil  rapa  campis  et  loeis  lininiilis  Ixtantiir; 
iiapns  ilevexam  ainat  et  siccain  tcniiique  piopioiem  tei- 
lain.  llaqiie  glaieosis  sabiilosisiine  arvis  melior  exit ,  loci- 
(|iie  proprietas  iitriusqne  semen  commutat.  Naniqne  iii 
aliosolorapa  bienniosataconverlunlnr  in  iiapiiin,  in  alio 
iiapus  laporum  accipit  spccieni.  Rignis  loiis  ntinmqiie 
lecte  ab  solstitio  seritur  :  siccis,  ultima  paite  mensis  Au- 
gusti  vel  prinia  Septembiis.  Subactuiii  soluin  plniibus 
iteralionibus  aratii  vel  rastri  largoque  steicore  satiatnni 
postulant.  Nani  id  plurimum  refeit,  noii  soliim  quod 
inelius  ea  provcniunt ,  sed  quod  eliam  post  Iriictnin  eo- 
lum  sic  tractatum  solum  segctcs  opinias  lacit.  Jiigeriim 
agri  non  amplius  quatuor  sextaiiis  lapornm  seminis  obse- 
renduni  est ;  quarta  paite  amplius  napi  spai gendiim ,  quia 
non  in  vcnliem  lalescit,  .sed  teniiem  radic^m  deorsum 
agit.  Atque  boec  lioniiuuni  caiisa  sereiida  censemus,  illa 
pecuduin.  Pabulorum  genera  compliira ,  sicut  Medi- 
cam,  et  viciam,  fariagiiieiii  quoque  ordeaceain,  etave- 
iiam,  f(vnum  Gra-cum,  iiec  miiius  ervum,  et  ciceram. 
Nam  c.tlera  nequc  enumcrarc  ac  mrnus  seiere  digna- 
inur  :  excepta  tamen  cytiso,  de  qna  dicemus  in  iis 
libiis,  qiios  de  generibus  siirculorum  conscripsinius.  S(>d 
ex  iis,  qiiae  placcnl,  eximia  cst  lierbaMedica;  quod  cum 

COLIMKI.II; 


soniol  .soritur,  dccem  aniiis  iluiat ;  qiioil  per  anniim  deinili' 
recte  qiiater,  intcidum  etiani  sexies  deiiiellliir ;  qiiod 
agrum  stercorat;  quod  onme  cmaciatum  arinentuni  ex  ea 
pinguescit,  quod  aegrotaiiti  pecori  remciiiiiin  esl;  qiiod 
jugerum  ejus  loto  anno  tribus  equis  aliiiinlc  sullicit.  Sc- 
ritur,  utdcinceps  prscipiemns.  Locuin  ,  in  inio  .Medicam 
proxiino  veie  sattirus  es,  proscindito  circa  calciidas  Oclo- 
bris,  et  enm  tota  hieme  piiliescere  sinito.  Ueiinle  calendis 
I"ebruariis  diligenter  iterato,  et  lapidcs  omiies  eligito, 
glasbasque  offringilo.  Postea  ciica  Mai  tiuin  mciisem  ter- 
tiato  et  occato.  Cunv  sic  terraiii  siibegeris,  iii  inoicm  horti 
aieas  lat-is  peduin  denuni ,  longas  peduiii  quinqiiagenuni 
facito,  ut  per  scmitas  aqiia  miiiistiari  possit,  adilusque 
ntraqiie  partc  runcaiitibus  pateat.  Dciiide  velus  stercus 
iiijicito.  Atque  ita  nieiise  nllimo  Aprili  serito  tantum, 
qiianliim  iit  .singuli  cyatliiseminis  l(«um  occupent  dccem 
pciliiin  loiigiiin  et  quiiiquc  latiini.  Qiiod  ubi  feceiis,  li- 
giieis  lastris,  iil  cniiii  iiiiiltiiiii  coiifcit,  slatim  jacta  se- 
iniiia  obniantur  ;  nam  cclerriiiic  soleaduriintur.  Post  sa- 
lioncin  feiro  langilocus  noii  debet.  Atque,  utdixi,  ligneis 
raslris  sarriendus  el  klentidem  runcandus  est ,  nc  allerius 
gencris  lierba  invalidam  Mcdicam  pcriinal.  Tardius  mes- 
sem  priinain  ciuslacerc  opoilebit,  cum  jam  seminuin  ali- 
<]uam  parlem  ejccerit.  Postea  qiiain  voles  teiieram,  tum 


COI.UMELLE. 


betes  de  sonime;  mais  avec  mcnagement  les 
premieres  Ibis,  et  jusqu'a  ce  qu'elles  y  soient 
1'aites,  de  peur  que  cette  espeee  de  fourrage  nc 
leur  soit  prcjudieiable  dans  sa  nouveaute,  soit  cn 
les  gonflant ,  soit  en  leur  faisant  faire  trop  de 
sang.  Apres  avoir  cte  coupee,  la  luzerne  doit 
etre  arrosee  frequemment ;  et  au  bout  de  qtiel- 
ques  jours,  lorsque  les  rejetons  commeucent 
a  pousser,  ii  faut  la  debarrasser  de  toutes  les 
herbes  etrangi'res.  Cultivee  ainsi,  elle  fournira 
si.x  coupes  par  annee ,  et  durera  six  ans.  La 
tesce  a  deux  semailles  :  Tune  pourfourrage  vers 
!'equinoxe  d'automne  ( il  en  faut  sept  modii 
par  jugerum);  Tautre  pour  monter  en  graine  au 
mois  de  janvier  ou  meme  plus  tard  :  on  n'cn 
emploiequesixmodii  Cesdeux  cusemencements 
peuvent  etre  faits  daus  une  terre  crue;  mais  si 
!c  terrain  a  rccu  un  premier  labour,  eela  n'eu 
vaudraquemieux.  Cettesemence  n'airae  pointla 
rosee;  c'est  pourquoi  il  ne  faut  la  jefer  cn  tcrrc 
qu'apres  la  seconde  ou  latroisieme  henredu  jour 
(huitou  neufheures  dumatiu),  lorsquetoute  hn- 
midite  a  ete  dissipeepar  le  soleiloupar  le  veiif.  II 
ne  faut  scmer  que  ce  qui  peut  etre  rceouvert  dans 
lajournee;  car  si  !a  nuit  survenait  avant  que 
cefte  operation  fut  terminee,  la  raoindre  humidite 
suftirait  pour  gater  la  semence.  II  faut  egalement 
avoir  soin  de  ne  point  semer  la  vesee  avant  ie 
vingt-cinquieme  jour  de  la  luue,  pour  que  les 
limacons  ne  puissent  pas  lui  nuire.  Quaut  aux 
fourrages  de  grains,  on  les  seme  dans  des  terres 
qui  ue  se  reposcnt  jamais ,  et  qui  ont  ete  bien 
fumces,  et  labourees  deux  fois.  Ces  fourrages 
sont  tres-bons  lorsqu'on  ensemence  un  jugerum 
avec  dix  mudii  d'orge  cantherinum,  vers  Tequi- 
Boxe    d'automne,    immediatement    avant    les 


pkiies;  de  sortc  qu'arrosce  aussit6t  que  fumee, 
lorge  puisse  lever  de  suite ,  et  devenir  asse '. 
forte  pour  resister  aux  rigueurs  de  rhiver.  Ei; 
effet,  lorsque  les autres  fourragesviennenta  man- 
quer  a  cause  du  froid,  celui-ci  fournit,  etant 
eoupe,  une  tres-bounenourriture  pour  les  boeufs 
et  les  autres  bestiaux.  Frequemment  pature  ,  il 
durejusqu'au  mois  de  mai.  Si  Tou  veuttirerde 
la  graine  de  ces  herbages,  il  faudra  des  les  ea- 
lendes  de  mars  enipeeher  les  bestiaux  d'en  ap- 
procher,  et  en  general  les  preserver  de  tout  cc 
qui  pourrait  les  empecher  de  monter  en  graine. 
11  en  est  de  meme  de  Tavoine,  que  Ton  doit 
semer  en  aufomne  ,  et  dont  on  fauche  une  parlie. 
soit  pour  en  faire  du  foiu,  soit  pour  en  faire 
manger  tandis  qu'elle  est  en  vert.  Le  fenugree, 
que  les  pajsans  appellent  siligua,  a  deux  se- 
raailles  :  Tune  pour  fourrage  au  commencement 
du  moisde  septerabre,  vers  requinoxe,  comme 
la  vesce;  Tautre  ,  pour  moissonner,  a  la  fin  dc 
janvier  et  au  eommencement  de  fevrier.  On 
prend  sept  modii  dc  semence  par  jugerum  dans 
le  premier  cns ,  et  six  dans  le  secoud.  De  quel- 
que  facon  qu'on  le  scme,  il  reussit  tres-bien  dans 
uu  sol  eru,  pourvu  qu'oii  enterre  la  semence  par 
un  labour  peu  profond,dont  lcs  sillons  soient 
etroifs.  En  effet,  si  la  semence  est  couverte  de 
plus  de  trois  pouces  de  terre,  elle  ne  leve  que 
tres-difficilemeut.  Aussi  beaucoup  de  personnes, 
pour  obviera  cetincouvenient,lahourentd'abord 
avcc  de  petites  charrues,  sement  ensuite,  et 
eouvrent  la  semence  avec  des  sarcloirs.  L'ers  se 
plait  dans  un  terrain  raaigre  et  sec  :  rabondance 
du  sucqu'il  trouverait  dans  un  sol  riche  et  fer- 
tile  le  ferait  perir.  On  le  s6me  en  automne  ou 
bienapres  lesolstice  de  rbiver,  a  la  findejan- 


prosilneril,  descces  licet,  et  jiimenlis  prtcbeas;  sed  inter 
initia  parcios,  dunn  consuescaiit ,  ne  novitas  paliiili  noceal. 
Inrtat  eniin ,  et  multum  creat  sanguinem.  Cum  secueris 
aiitcm ,  srepius  cam  rigato.  Paucos  deinde  posl  dies ,  ut 
cu'perit  frulicarc ,  oniues  alterius  generis  tierbas  enincato. 
Sic  cuUa  sexies  in  aiino  demeU  poteiit,  et  pernianebit 
aniiis  decem.  Viciaeautem  duiie  sationes  sunt.  1'rima,  qua 
pabulicausacirca.Tquinoctiiimautumnale  serimusseplem 
modioscjus  in  ununi  jiigeruin.  Sccunda.qua  sex  modios 
mcnse  Januaiio  vel  etiam  serius  jacimus  semiiii  progene- 
rando.  Utraque  satio  polest  cruda  leria  (ieri ,  sed  nielius 
proscissa  -.  idque  j^enus  prircipue  iion  amat  roics,  cnm 
seritur.  Itaque  post  secumlam  diei  boiam  vel  tertiam  spar- 
gciidumest,  cum  jam  omiiis  liumorsole  ventovc  dctersus 
e-st  :  neque  ampliiis  projici  debct ,  qiiani  quod  eodem  die 
po!-sit  operiri.  iNam  si  nox  incessit,  qnantulocunqne  liu- 
niore  prius.quam  obruatur,  corrumpitur.  OI)Servandum 
erit,  ne  antequintam  et  vigesimam  Innam  terra;  man- 
detur.  Aliter  sala'  feie  timacem  norere  compeiiiniis.  Far- 
ra£;inem  in  lestibilistercoratissimo  loco  et  allero  snlco  se- 
rere  convenit.  Ea  fit  optima ,  cum  cantlierini  oi  dci  decem 
niodiis  jngerum  oliseritur  circa  apqninoctinni  antumiialc, 
3i'd  inipcndciilibus  pluiiis,  ulconsita  rigataque  imbribiis 


ccleriter  piodeat,  et  confirmetnr  ante  bieniis  violentiam 
Nain  fiigoiibus  cnm  alia  pabnla  defecerunt,  ea  bubus  CBe- 
tei  isque  pecudilius  opliine  desecta  pra^betnr ,  et  si  depas- 
rere  SEepius  voles,  usque  in  mciisem  Maium  snflicit. 
Quod  si  etiam  semen  voles  cx  ea  peicipere,  a  caleiid. 
Martiis  pecora  depellenda,  et  ab  omni  uoxa  defendenda 
est,  ut  sit  idonea  frugibus.  Similis  ratio  avena;  est.  Ci6- 
ditiir  in  fwnnm  vel  pabulum,  duin  adbucviret,  quae 
autnmnosata;  partim  semiiii  cnstoditur.  FwnumGra^cum, 
qiiod  siliquaiu  vocant  riislici,  duo  teinpoia  sationuin  lia- 
bet  ■■  quoriim  alteruni  est  Septembris  mensis,  cum  pabuli 
cansa  seritur ,  iisdem  diebus  qnibus  vicia  circa  aequinoc- 
tium  :  alterum  autem  mensis  Januaiii  ultimi,  vel  prinii 
Febinarii,  cum  in  niesseiu  seminatur.  Sed  hac  satiune 
jugeruni  sex  modiis,  illa  septem  occupamus  :  utraque 
ciudaterra  non  incommode  (it :  dalurqueopera.utspisse 
aietur,  nec  tamen  alle.  iSam  si  plus  quatuor  digitis  ado- 
briitum  estsemen  ejns,  nou  facile  piodit.  Propler  qiiod 
nonnulli  prins  qnam  serant ,  mininiisaralrisproscinduiU. 
alque  itajacinnt  semina,  et  sarcnlis  adobrnunt.  Eivuni 
antein  la'tatur  loco  macro  nec  bnniido,  quia  luxnria  ple 
rimiqne  corrumpitnr.  Potest  (et)  autuinno  seri,  nc<; 
rainus  post  bruinam,  Januariiparte  novissima,  vel  toto 


DE  I;AGRICULTUI\R,  I.IV.  II. 


vier,  011  bicn  cncoic  pendant  tout  le  mois  de  fo- 
viier,  pourvu  que  ce  soit  avant  lcs  calcndes  de 
inars.  Les  atiriculteurs  pretendent  que  ce  mois 
est  peu  lavorablc  a  cette  plante;  et  une  recolte 
d'ers  provenant  des  semailles  de  mars,  nuit  aux 
btstiaux  et  surtout  aux  bceuis,qui  deviennent 
rctifs  lorsqu'ils  en  mangcnt.  II  en  faut  cinq 
modii  par  jugerum.  Les  eiceroles  ecrasees  se 
donnent  aux  bocufs  en  plaee  d'ers,  dans  la 
Beotie  et  cn  Espagne.  On  les  broie  avec  une 
meule  suspcndue,  on  les  fait  detremper  dans 
Tcau  jusqu'a  ce  qu'ellcs  soient  araollies;  puison 
les  mele  avec  de  la  paillc,  pour  les  donner  aux 
bcstiaux.  II  faut  douze  livres  d'ers  pour  un  juge- 
rum  ,  et  (juinze  de  cicerole.  La  cicerole  convient 
egalement  a  rhomme,  .puisqu'elle  n'est  point 
desasreable  a  manger;  elle  a  le  memegout  que 
le  pois,  dont  elle  ne  differe  d'ailleurs  que  par  sa 
couleur  moins  fraiclie,  et  tirant  davantage  sur 
le  noir.  On  la  seme  au  mois  de  mars ,  apres  un 
labour  ou  deux  ,  selou  le  plus  ou  moins  de  fer- 
tilite  du  sol  qu'on  lui  riserve.  Cestde  cette  der- 
niere  consideration  que  depend  ^galement  la 
quantite  de  semenco,  puisque  pour  un  jugerum 
il  en  faut  tantdt  quatre  modii,  tantot  trois,  et 
quelc[uefois  mcme  deiix  et  demi. 

XI.  Nous  avons  parle  jusqu'a  present  des  se- 
mences  en  general,  et  de  repoque  des  semailles; 
nous  allons  indiquer  quel  est  le  geiire  de  culture 
qui  convient  a  cl>a((ue  plante,  et  combien  elles 
exigcnt  de  journi'es  de  travail.  Les  seraailles 
finies,  011  procede  au  sarelage.  Les  auteurs 
ne  sont  pas  d'accord  sur  ropportunite:  de  cette 
opt'ration.  Selon  les  uns,  elle  n'est  d'aucune  uti- 
lite,  puisque  les  racinesdu  grain  seraient  di^-cou- 
veites  ou  coupt'es  par  le  sarcloir,  et  que  si  les 
froids  venaient  apres,  la  geliie  ferait  perir  les 


cereales.  Lcs  nicmes  auteui's  ajoutent  qu'il  vaut 
mieux  attendre  que  les  mauvaises  herbes  soient 
toutes  venues,  pour  les  extirper et  berser  le  chainp. 
Selon  les  autres,  le  sarclage  est  une  opcration 
trcs-utile,  pourvu  qu'elle  ne  soit  pas  faite  partout 
de  la  meme  manicre  et  a  la  meraeepoque.  Pour 
les  so!s  chauds  etsecs,  lorsque  les  grains  sontcn 
etat  d't'tre  sarclcs,  it  faut  remuer  la  terre  do 
maniere  a  les  couviir  et  a  les  faire  epaissir  :  ce 
premier  sarelage  fait  avant  Thiver  doit  Hre  suivi 
d'un  second.  !)ans  les  pays  froids  et  mareeageux, 
il  ne  faudra  sarclcr  qu'aprcs  l'hiver  ;  raais  au  iie« 
de  couvrir  les  grains,  on  se  borne  a  rerauer  la 
terre  par  un  sarclage  a  plat.  Notre  propre  expi- 
rience  noiis  a  prouve  cependant  que  le  sarclagc 
pendant  riiiver  cst  bon  dans  beaucoup  de  con- 
trees,  pourvu  que  le  temps  soit  sec  et  doux.  Jc 
ne  pretends  pas  niiannioins  que  cela  doive  se 
faire  dans  tous  les  pays;  ou  fera  bien  en  gtineral 
de  suivre  la  pratiqueiitablie  dans  les  diffiirentcs 
contrees.  Dans  rEgypteet  rAfrique,  parexemple, 
quijouissent  d'avantages  particuliers,  lecultiva- 
teur  ne  touclie  plus  a  la  terre  depuis  les  semail- 
les  jusqu'a  la  moisson ,  parce  que  Tetat  de 
ratmosphere  et  la  bont(J  du  sol  sont  tels,quc 
rarement  on  y  voit  lever  d'autres  heibes  qiic 
celles  produitcs  par  les  semenees.  Ce  phiinomene 
s'explique  soit  par  la  raretii  des  pluies ,  soit  par 
la  nature  toute  particuliere  du  sol.  Mais  dans  les 
pays  ou  le  sarclage  est  necessaire ,  on  iie  doit 
point  toueher  lcschamps  avant  que  les  plantes  ne 
couvrcnt  les  sillons  ,  quelque  favorable  que  soit 
daiflcurs  la  temperature.  Le  froment  et  repeautre 
peuvent  i}tre  sarcles  des  qu'ils  commencent  a 
pousser  leur  qiiatrieme  feuille,  Torge  lorsqu'elle 
pousse  sa  cinquieme ,  les  feves  et  les  autres  It'- 
giimcs   lorsqu'iIs  sont  eieves  de  quatre  doigts 


Febriiario ,  ilum  ante  calcndas  Maitlas  :  (inem  nicnscm 
nnlversiini  ncgant  agrlcolac  liuic  legumini  conveniie, 
quod  eo  tempore  satum  pecori  sit  noxium  et  preecipue 
bulnis,  quos  pabulo  .liuo  cerebrosos  rediJat.  Qulnque  mo- 
dii^  jugcrum  oliseritur.  Cic.era  bubus  ervi  loco  fresa  datur 
in  Hls|ianla  Ba^llca  :  (]uii'  cnm  suspensa  mola  divisa  e.st, 
paiiluin  aqna  inaccratur,  duni  lentescat ,  atque  ila  mista 
pali  is  snlilritls  pccnri  priebelur.  Sed  ervi  dnodecim  libra! 
sallsfaciiint  uni.iugo,  circra'  .sexdecim.  Eadcin  liominll)ns 
non  liMilills  nciiiii'  injiicnnda  est.  Sapore  certe  nihilodil- 
fert  a  clcercula,  colore  lantum  discernilur  ;  nam  est  oliso- 
letior,  et  nigro  propior.  Scrluir  primo  vcl  allcro  snlco, 
niense  Marlio  ita  ul  postulat  soli  Irctitia  ;  quoil  eadem  qua- 
liior  modiis,  nonnunquam  ct  trilnis,  Interdum  etiam 
duobus  ac  semodio  jugernin  occupat. 

XI.  Quoniam  quando  quiiUpie  serendum  sit  perse- 
ciili  sumus  ,  nunc  ()ucni<adniodum  qnotque  operis  sin- 
gula  corum  qu:e  reUillmuscolenda  sinl,denionstrabiiuus. 
Peracta  semenli ,  scqucns  cura  est  sarrilionls ;  de  qua  nou 
convenit  intcr  auctorcs.  Quidam  neganl  eam  f|uidquam 
prolicere  ,  quod  frumcnti  ladiccs  sarciilo  detegantur,  all- 
(juac  eli.uii  succidautur,  ic,  si  frigora  inccsserinl  post  sar- 


lilioiicm,  gclu  fruir.enta  cnecentnr  :  satius  autem  ea  esse 
tciupcstivc  inncari  et  purgari.  PUuibus  tanien  sarriii  pla- 
cet  :  sed  nc(iue  codem  modo  neqnc  iisdem  temporibus 
usqiie  ()ua(iue  lieri.  Nain  in  agiis  siccis  et  apiicis ,  siinulac 
priniiim  sariitioncm  pali  qucant  segetes ,  debcre  eas  per- 
mola  lcrra  adolirui ,  iil  fruticarc  (lossiut :  (luod  ipsum  ante 
liicmcm  licii  o|iiirlcre,  dciiide  posl  liieinem  iterari.  Iii 
locls  autcm  Iriglilis  et  paluslrlbus  plernmque  Iran.sacta 
hlcnie  sarriri  nec  adobrui ,  sed  plana  sarritione  terrani  per- 
niovcri.  MuUis  tamen  niis  rcgionibus  aptani  csse  hieina- 
tein  sarritionem  compeiimus ,  .duntaxat  uhi  et  siccilas 
ctH  et  tcporcs  permiltunl.  Scd  nec  i.stud  nlvlqueficri  cen- 
seinus  :  vcruni  incolarum  consuetudinc  uli.  Sunt  enim 
regionum  propriamunera,sicut  .'Egyptiet  AfriCEC^qnibus 
agricnla  post  scmentcni  ante  messein  segetcin  non  altin- 
glt ;  qunniam  c<p|i  conditio  et  terra;  bonitaseae.st,  utviv 
iilla  herba  e\eat ,  nisi  ev  seinine  jaclo ,  slvc  quia  rari  sunl 
inihres,  scii  qnla  qualltas  humi  sic  se  cnltoribus  praebcl. 
In  iis  aulem  locis  ,  ubi  desidcralur  sarritio ,  non  ante  sunt 
.atlingcndai  segeles,  eliain  si  celi  slatus  permillit,  quam 
cum  .sata  sulcos  contcxerinl.  Triticiimiiue  (Hadoieuni, 
cnni  qiiatuor  fibras  habere  cirperint,  ordsum  cuni  qnin- 


2f: 


COLUMELLE. 


aii-dessus  dii  sol.  II  faut  cependant  en  excepter 
lelupin,  qu'il  est  danpereux  de  sarcler,  parce 
qu'il  n'a  qu'une  seule  raeinc;  si  elle  est  eoupee 
ou  seulement  blessee  par  le  fer ,  toute  la  tige 
ineurt.  Mais  alors  niemequ'il  n'y  aurait  pas  cet 
iuconvenienl  a  craindre,  il  serait  tout  afaitinu- 
tile  de  sarcler  le  lupin,  parce  que  de  toutes  les 
plantes  c'est  la  seule  qui ,  loin  d'etre  etouffee 
par  les  mauvaises  herbes ,  les  fait  perir  elles- 
memes.  Quant  aux  autres  semences,  elles  pour- 
raient,a  la  rigueur,  etre  sarclees,  bien  qu'elles 
soient  mouillees  par  la  pluie;  mais  si  on  veut  les 
preserver  de  la  rouille,  il  ne  faudra  faire  cette 
operation  que  lorsque  la  terre  sera  bien  seclie. 
l/orge  surtout  ne  doit  etre  touched  que  dans  Te- 
tat  de  secheresse  complete.  Beaucoup  de  per- 
sonnes  dcfendent  de  snrder  les  fc?ves,  parce 
qu'clles  pensent  qu'on  peut  les  arracher  A  la 
main  lorsqu'clles  sont  murcs,  et  les  separer  des 
autres  berbes  qui  ont  ete  laissees  pour  cn  faire 
la  recolte  en  foin.  Cornelius  Celsus  est  lui-meme 
de  cet  avis,  puisqu'il  compte  parmi  les  qualites 
de  ce  legume  celle  de  produire  du  foin  dans.le 
clianip  ou  il  a  ete  recolte  lui-meme.  Celui  qui 
voudrait  fasoriser  ainsi  la  vegetation  des  mau- 
vaiscs  berbes  me  parait  un  cultivateur  bien 
ignorant;  car  c'est  diminuer  de  beaiicoup  le  pro- 
duit  de  la  feve  elle-merae,  que  de  lalsser  aupres 
d'elle  des  hcrbesqu'on  aurait  du  arrachcr.  D'ail- 
leurs  il  serait  peu  prudent  de  donner  plus  de  soin 
a  la  nourriture  des  bestiaux  qu"a  celle  des  hom- 
mes,  surtout  lorsqu'on  peutsc  procurer  du  four- 
rage  par  la  culture  des  prairies.  Je  suis  tellement 
convaincu  que  le  louage  (sarcUige)  est  favorable 
aux  feves ,  que  je  pense  qu'on  doit  faire  cette 
opcration  a  trois  reprises  diflerentes.  Ku  effet, 
j  ai  remarque  que  ce  legume,  ainsi  cullive,  non- 


seulement  rapporte  plus  de  fruit,  raais  quc 
les  gousses  sont  tellcment  minces,  que  si 
apres  avoir  rempli  un  modius  de  feves  vous  les 
d^pouillezde  leursgousses,  etque  vous  les  mesu- 
riez  de  nouveau ,  le  boisseau  sera  presque  aussi 
plein ;  de  sorte  que  la  cossequi  en  est  retranchee 
diminue  peu  de  leur  volume.  J'ai  deja  dit  que  le 
sarclage  d'hiver  se  fait  tres-avantageusement 
apres  lesolstice,  au  mois  de  janvicr,  lorsque  le 
temps  est  serein  et  sec ,  et  qu'il  u'y  a  poiut  d« 
gelees.  Dans  rexecution  de  ce  travail ,  la  seule 
precaution  qu'on  aura  a  prendre,  c'estde  ne  pas 
attaquer  lcs  racines,  maisde  les  recouvrir  et  d'y 
amonceler  la  terre,  de  maniere  que  les  plantes 
puissent  8'etendie  par-dessus.  II  est  avantageux 
de  viser  a  ce  but  des  le  premier  sarclage  ;  mais  il 
serait  nuisible  de  se  eonduire  de  meme,  en  sar- 
clant  pour  la  seconde  fois ;  car  le  ble,  ayant 
cesse  d'etendre  ses  raeines,  pourrit  promptc- 
ment  s'il  est  couvert  de  terre.  Aussine  faudra- 
t-il  au  second  sarclage  que  rerauer  bien  egale- 
ment  le  sol ,  ce  qui  doit  etre  fait  a  peu  pres  vingt 
jours  apres  le  solstice  d'hiver ,  avant  que  le  ble 
commenee  a  se  nouer ;  plus  tard ,  les  chaleurs  dc 
Tcteet  la  secheiesse,  succedant  au  sarclage,  fe- 
raient  pcrir  lcs  plautes.  Apres  avoir  sarcle,  il 
faut  arracher  les  inauvaises  herbes,  en  prenant 
garde  toutefois  de  toucher  aux  bles  lorsqu'ils 
sont  en  fleur.  Ainsi  on  fera  celte  operation  , 
soit  avant  la  floraison ,  soit  immcdiatement  apres 
que  la  fleur  sera  tombee.  Toutes  les  especes  de 
ble  et  d'orge,  eten  gcneral  toutes  les  graines  qui 
ne  sont  point  partagees  en  deux  lobes ,  jettent 
leur  epi  entre  le  troisieme  et  lequatrieme  noeud: 
lorsque  Tepi  est  sorti,  elles  perdent  leur  fleur 
en  huit  jours,  et  grandissent  eneore  pendant 
quarante  autres  jours,  avant  d'arriver  a  leur 


<]ne ,  Hiba  et  cTtera  Ipsiimiii^  fii'"  f|iiatiior  drgilis  a  tci  la 
exlilerinl,  lecte  sarrieiilfir,  ext:e|)to  lanieii  luiiino,  cujus 
semiiii  inntiaria  est  sarrllio,  qiioiiiain  unani  ladiceiii  lia- 
liet,  qila!  sive  ferro  siiccisa  esl  seii  Tulneiala,  lolus  frutex 
emoiitur.  Quod  ctiam  si  non  lieret,  snpervacims  tamen 
esset  cultus ,  cnin  sola  linec  res  adeo  non  iitfe.sletur  herbis , 
ut  ipsa  lierbas  perimat.  Afqiie  aline  segetes  vel  ImmidiE 
moveri  possunt ,  meliiis  lamen  siica'  saniunUir,  qiioniam 
sic  tractat»  non  Inrcstantur  rnbisine.  Hoideum  vero  nisi 
siccissimum  tani;!  iion  deliet.  Fabam  mnlti  ne  sarricndam 
quidemputant,  quod  et  manibus,  cuin  maluriterif ,  ducta 
secernatur  a  ciclera  riincalione,  et  internatiE  herbiie  foeno 
reserveiitur.  Ciijus  opinionis  eliam  Cornelius  Celsnsest, 
qiii  inter  cseler.is  dotes  ejus  leguminis  lianc  qiioque  enu- 
niei  at ,  quod  sublata  faba  fcenuin  e\  eodeni  loco  secari 
posse  dicat.  Sed  milil  videtiir  pessimi  agiicolae,  commit- 
lere ,  nt  satis  lierba  proveniaf.  iMiisibus  cnim  plurimuin 
delrahitur,  si  reHiiqiiiturrnncalio.  Neque  [enim]  est  riisfici 
priidentis  magis  pabulis  studcre  pecuduin ,  quani  cibis  lio- 
minum ;  cuin  prwseitim  liceat  illa  quoque cultu  piaforum 
«onsequi  :  adeoqiie  fabam  sarriendam  censeo ,  ul  existi- 
uiem  debeie  eliamter  sarriri  Nam  iic  cultam  compeiimus 


non  solum  mulliplicare  frucfuiu ,  sed  et  exiguam  poi  tio- 
nein  in  valvulis  liabere,  fresa'que  [ejus  et  expurgalicj  mo- 
diuni  penetamplenum  esse,  qiiam  intcgiie,  cum  vix  nii- 
nnatur  mensura  detractis  piit.aminibiis.  Alque  in  totuni, 
siciit  ante  jam  diximiis,  hiberna  sarritio  phirimum  juval 
diebus  serenis  ac  siccis  post  biumani  confectam  mense 
Jannario,  si  gelicidia  non  sint.  Ea  |)orio  sic  debet  fieri, 
iie  radices  satorum  liedantur,  et  «t  potius  adobriiantiir, 
cuniiilisque  exaggerentur,  iit  latiiis  se  fiulex  hiimi  difruii- 
dat.  Id  prima  sarritione  fecisse  proderit,  secunda  oberit; 
qnia  cum  pullulare  desiit  frumentum ,  |>utiestit  si  adobru- 
tiim  esf.  Nihil  itaque  aniplius  in  iferalioiie,  quam  lemol- 
liri  terra  debet  seqnaliler  :  eamqiie  tiansaclo  seqiiinocli-J 
veriio  statim  peiagi  oportet  intra  dies  viginti,  aiile  qiiain 
seges  in  ai  ticulum  eat,  quoniam  serius  sarrita  corrumpi- 
tiir  inseqHentibus  aestivis  siccitalibus  et  caloribus.  Sub- 
jiiiigenda  deinde  est  sarritioni  runcatio ,  curandumque 
ne  llorenlem  segetem  tangainus  :  sed  aut  antea',  aiit  mox 
cuni  delloruerit.  Omne  aiitem  fiumcntum  et  liordeiiin, 
ipiicqnid  denique  non  duplici  seminecst,  spiiain  a  lertio 
,ad  quartum  nodum  emittit,  ct  cum  totam  edidit,  octo 
diehiis  deflorescit ,  ac  deindo  grandescit  liiebus  quadra- 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  IL 


maturitc  fonipletc.  Ctlles  au  conliaire  qui  sonl 
paila?;ees  en  deux  lobes,  coninie  la  feve,  le  pois, 
la  leiitille,  (leurisscnt  en  quanuite  jours,  et 
i;ran(iisseut  en  meme  tenips. 

XH.  Calculoiismaintenant  leuombre  dc  jour- 
iiees  qu'il  fautemployer  pour  conduire  les  grains 
jusqua  Taire  ,  a  parlir  du  jour  ou  nous  les  avons 
semes.  II  faut  pour  quatre  ou  cinq  modii  de  fro- 
nicnt  quatre  journees  de  laboureur,  une  de  her- 
seur,  deux  jourueesde  sarcleur  pour  laprcmiere 
fois,  et  une  pour  la  scconde;  une  journec  de  ce- 
lui  qui  arracbera  les  mauvaises  herbes,  et  une 
et  demie  du  moissonneur  ;  ce  qui  forme  un  total 
de  dix  journecs  et  dcmie.  II  en  faut  autant  pour 
cinq  raodii  de  silisi>-  >eufou  dix  modiidVpcnutre 
deraandent  autant  de  journces  de  travail  que 
cinq  modii  de  froment.  Pour  cinq  modii  dorge 
II  faut  trois  journees  de  laboureur ,  une  de  her- 
sinir,  une  demie  de  sarcleur,  une  de  moissonneur; 
total ,  six  et  demie.  Quatre  ou  six  modii  de  feves 
demandent  quatre  journces  dc  laboureur  dans 
des  jacheres,  et  une  dans  un  terrain  qui  rapporte 
sans  se  reposer.  II  faut  une  jouruee  et  demie 
pour  les  herser,  une  et  demie  pour  les  sarcler  la 
premiere  fois,  une  journee  pour  les  sarcler  la 
secoude  fois,  une  autre  journee  pour  lcs  sar- 
cler  la  troisieme  fois,  et  enfin  une  derniere  .jour- 
nee  pour  les  moissonner;  ce  qui  fait  un  total  de 
sept  ou  huit  journecs  de  travail.  Six  ou  scpt  mo- 
dii  de  vesce  demandent  dans  des  jacheres  deux 
journecs  de  laboureur,  et  une  journee  dans  une 
terre  ou  Ton  recolte  toutes  les  annees.  Ajoutez  a 
cela  une  journee  pour  le  hersage  et  une  autre 
pour  la  moisson,  el-.vous  aurez  en  total  trois  ou 
quatre  journees  de  travail.  Cinq  modii  d'orge 
exigent   autant  de  journees  de  laboureur  que 


cinq  modii  de  vcscc.  11  faul  cgalcmcnt  unc  jouf- 
nee  pour  lcs  herser,  une  autre  pour  les  siircler , 
une  autre  cncore  pour  arracher  les  mauvaises 
herbes,  et  une  dcrniere  pour  les  moissoimer  ;  ce 
qui  fait  en  tout  six  journces.  11  faiit  le  meme 
nombre  de  journces  pour  niettre  eo  terre  slx  ou 
sept  modii  de  fenugrec;  la  rceolte  se  fait  en  uiie 
journce.  11  faut  egalenient  six  journcfs  pour  qua- 
tre  modii  de  faseole  ;  le  liersage  et  la  moisson  no 
demandcnt  Tun  et  Tautie  qu"une  journee.  Six 
journees  suffisent  pour  quatre  modii  de  ciccrole 
ou  de  pois ,  troisjournces  pour  le  labour,  et  Irois 
autres  journees  pour  les  herser,  les  sarcler  ct  lcs 
rccucillir.  Un  sesquimodius  de  lentille  demande 
trois  jnurnecs  de  laboureur,  une  de  herseur,  deux 
de  sarclcur,  une  pour  arracher  les  mauvaises 
herbes,  unecnfiu  pour  recueillirla  grainc;en  tout 
luiitjouruces.il  faut  un  jour  pourracttre  en  tcrre 
di\  modii  de  lupin,  un  autre  pour  lcs  lierser,  et 
un  autre  encore  pour  les  moissonner.  Quatre 
sextarii  de  millet  et  la  mcme  quantite  de  panis 
dcinandent  quatre  journees  de  laboureur,  trois 
de  herseur,  ct  trois  de  sarcleur  ( le  uombre  de 
journees  necessaires  pour  les  cutillir  n'est  point 
dctermine).  Trois  modii  de  pois  chichcs  sont  se- 
mcs  dans  trois  journees,  herscs  daus  deux  ,  sar- 
cles  en  une  seule;  il  en  faut  une  autre  pour  la 
debarrasser  des  mauvaises  herbes,  et  trois  pour 
les  cucillir;  au  total ,  dix  journ<''es.  lluit  ou  dix 
modii  de  lin  se  sement  en  quatre  journccs  et  se 
herscnt  eu  trois;  se  sarclent  en  uue  seule  ct  se 
cueillent  en  trois  :  ce  qui  fait  en  tout  onze  jour- 
nees.  Six  scxtarii  de  sesame  ont  besoiu  de  trois 
journees  pour  etre  laboures,  de  quatre  pour 
etre  herscs,  de  quatre  autres  pour  etre  sarcles 
la  premiere  fois ,  dc  deux  pour  la  seeonde  ,  et  de 


ginta,  qiiibns  posl  florem  ad  maliiritatem  devcnit.  P.nrsns 
(Hia' duplici  scniine  sunt,  ut  lalia,  pisuin,  lenticnla,  (iio- 
Inis  \L  ilorent,  siniiilqiie  grandescunt. 

XII.  lil  ul  jain  percenseamus ,  quot  operis  in  aieam 
perdncanlnr  ea,  qn;e  terra;  creiliilimus  :  tritici  modii 
qualuor  vel  qninque  bnbulcorum  operas  occupant 
iliiatuor,  occatoiis iinam ,  sarritoris duas  priinum  ,  et  unam 
I  iim  iterum  sarrinntur,  runcatoris  uiiam  :  messoris  unam 
eldimidiam,  in  totum  .suniinam  operarnm  decem  et  di- 
niidiam.  Siligiuis  modii  quinque  tolidem  operas  desideiant. 
Seininis  modii  novein  vel  decem  totidcni  opcras  quot  tri- 
tici  inodii  quinque  postnjant.  Hordci  modii  quinque  liii- 
liulci  operas  tres  exigunt,  occatoriam  unam,  sarritoriam 
nnam  et  dimidiam ,  racssoriam  unam ,  sninDiam  operarum 
sex  et  dimidiam.  Faba'  modli  qiiatiior  vcl  sex  in  vctereto 
dnas  oprraS  bubiilcorum  detinent,  at  in  restibili  unam. 
Occanliir  sesqiiiopera , sarriuiitur  sesquiopera ,  iterum  sar- 
rinntur  una  opera,  et  tcrtio  una,  meluntur  una.  Summa 
fit  operarum  octo  vel  septcin.  \idx  niodii  scx  vcl  septem 
in  vetereto  bubulcorum  duas  opcras  volunt,  in  lestibili 
nnam  :  itcm ,  occautnr  una  opera,  metiiiitur  una.  Summa 
lil  operarum  qnatuor  vel  trinni.  Kni  niiidii  quinque  toti- 
demopeiis  ronscinntni,  occanlur  uiia  :  ilein  singnlls  sar- 


riuntnr,  runcanliir,  metuntur  :  qua;  cuncla  sex  operas 
occupanl.  Siliipia;  mo<lli  sex  vel  septem  tolidem  operis 
obruuntur,  metuntur  una.  Phaseoli  niodiiquatuor  obriinn- 
Inr  totidem  operis ,  occantur  una,  metuntur  nna.  Ciceraj 
vel  eicerculai  moilii  quatuor  operas  bubulcorum  tres  pos- 
tulant,  occantur  npera  una,  runcanlur  una ,  vellunlur 
una.  Sumnia  fit  sex  operarum.  Lentis  sesqiiimodiiis  toli- 
dein  opeias  desideral,  occalur  una,sarritur  duabus,  ruii- 
calnr  iina,  vellitur  iina,  Summa  litoperarum  octo.  Lupiui 
inodii  dccem  obruuntur  iina ,  occanlur  una ,  metuntur 
iina.  Milii  sextarii  quatuor,  tolideinque  panici  bubiilcurum 
operas  occupant  qiiatuor,  occanlur  operis  tribus ,  sarriiin- 
tiir  Iribiis  :  qiiot  operis  carpantur,  incertuni  est.  Ciceris 
inodii  Ires  operis  totidem  seminantiir,  occantur  duabus, 
sarriuulur  una,  rnncantiir  iina,  velluntur  tribiis.  Summa 
lit  iindecim  operarum.  Lini  decem  modii  vel  octo  quatuor 
jugis  conseruntur,  occ;intnr  operis  tribiis,  runcantur  una, 
velluntur  tribiis.  Siimma  lit  iindecim  operarnm.  Sesami 
.scxtarii  sex  tribnsjugis  a  pioscissione  coluntur,  occautnr 
operis  tribus ,  sarrinntur  qiialuor,  et  sarriuntur  iterum 
duabus ,  runcantur  nna ,  velliinUirduabns.  Siimma  fit  ope- 
rariim  quiiidecim.  Cannabisscritur,  ut  supra  docuimii.s  : 
^cd  inccrtum  c.-:t ,  ipianlaiii  imjicusaiu  curamque  deside- 


COLUMELLE. 


deux  autres  eucore  pour  etre  eueillis,  ce  qui 
1'ait  en  tout  quinze  journees.  Pour  leclianvre, 
nous  avons  indique  plus  haut  comment  on  le 
scme;  mais  il  nous  est  impossiljle  de  deterrainer 
d'une  maniere  prccise  le  tenips  et  les  dcpeuses 
qu'exige  sa  cuiture.  La  semence  de  luzeine  est 
recouverte,  non  pas  avec  la  charrue,  raais, 
corarne  nous  Tavons  dit  plus  haut ,  avec  des  rii- 
teaux  de  bois.  Un  jugerum  de  terre  ,  ensemence 
de  luzerne,  est  herse  en  deux  journees,  sarcle 
en  une,  et  moissonne  en  une  autre.  11  resulte  de 
cet  apcrcu  qu'un  domaine  de  deux  cents  jugera 
peut  etre  cultive  avec  deux  altelages  de  bffiufs, 
deux  laboureurs  et  six  ouvriers  ordinaires, 
puurvu  qu'il  n'y  ait  pas  d'arbres  sur  le  fonds.  Si 
c'est  au  contraire  un  terrain  plante  d'arbres ,  Sa- 
serna  nous  apprend  que  le  meme  nombre  de  ju- 
gera  pcut  tres-bien  etre  cultive  avec  trois  ou- 
Vriers  do  plus.  Nous  voyons  en  outre,  par  ce 
detaii  que  nous  venons  de  donner,  qu"un  joug 
de  booufs  suflit  pour  seiner  cent  vingt-cinq  modii 
de  froment,  et  pour  la  meme  quautite  de  legu- 
mes;  de  sorte  que  les  semailles  d'automne  se 
moutent  a  deux  ceut  cinquante  modii,  auxqiiels 
il  faut  ajouter  encore  soixante-quinze  moilii  pro- 
venaut  des  semailles  des  tremois.  En  voiei  la 
preuve:  lessemences  qui  veulent  quatre  lai)oui's 
exigentccntquinzejourneesdetravail  pour  vingt- 
cinq  jugera.  En  effet,  vingt-cinq  jugera  de  terre, 
fut-elle  de  respece  la  plus  forte,  se  labourent 
pour  la  premierefois  enciuquante  journees,  pour 
la  seconde  en  vingt-cinq,  pour  la  troisieme  en 
quarante,  y  compris  le  recouvrement  de  la  se- 
nieuee.  Les  autres  plantes  legumineuses  prennent 
soixante  jours,  ce  qui  fait  deux  mois.  On  peut 
porter  a  quarante-cinq  le  nombre  de  jours  plu- 
vieux  ou  feries  pendaut  lesquels  on  ue  trasaille 
poiut.  Les  seraailles  finies,  il  y  a  encore  trente 

let.  .^l  Medica  obruitur  iion  aiafio,  sed ,  ut  dixl ,  lifiiicis 
raslellis.  Jugeium  agiiejusoccant  diio,  sairit  unus,  luclit 
unus.  Hac  consunimatlone  operaruni  colligiliir  posse  asiiim 
«llicentorum  jugerum  subigi  duobus  jugis  Iwiiin  tnliilemqiio 
biibulciset  sex  mcdiastinis ,  si  tamen  vacet  aihoriljiis :  .d  ,1 
slt  arbustum,  ciindem  moduni  Saseriia  Iribiis  lioiniiiil)iis 
adjectis  assevcrat  probe  satis  excoli.  Quai  nos  ralio  doicl , 
surnccre  posse  jiigum  boum  tntici  centiiin  viginti  quiiii|i;e 
niodiis,  totidenique  leguminum,  ut  sit  inasse  aulnmnalis 
salio  modiorum  ducentorum  qiiinquagiula  :  et  post  banc 
niliilo  minus  conserat  trimestrium  modios  quinque  etsep- 
tuaginla.  Hoc  deinde  sic  probatur.  Semina,  qiiae  quarlo 
sulco  seiuntur  in  jugeribus  viginti  qiiinque,  desiderant 
bubulcoiiim  opcras  cxv.  Nam  proscindilur  is  agri  modiis 
qiiamvis  durissimi  quinquagiuta  operis,  jteralur  quinipie 
et  viginti,  tertiatur  et  coUseritur  xl.  Legumina  occupant 
operas  l\  ,  id  est  menses  duos.  Pluviales  qiioque  et  feria- 
rum  computanUir,  quibus  non  aratur,  dies  quinque  et  \l. 
Item  peiacla  sementi,  quibus  requiescunt,  dies  xxx.  Sic 
in  asse  riuiil  octo  menses  et  dies  x.  Supersunt  tamen  de 
«nno  tres  reliqui  menses  et  dics  v  cl  xx ,  quos  absumamiis 


jours  de  rcpos  :  ce  qui  fait  entout  huit  mois  et 
dix  jours.  II  restera  douc  sur  l'annee  trois  mois 
et  vingt-einq  jours,  qui  sont  eraployes  a  seraer  du 
grain  de  trimestre,  ou  a  charrier  du  foin,  du 
fourrage,  du  fumier,  et  d'autres  objets  neces- 
saires. 

Xlll.  De  ces  differentes  productions  dont  je 
viens de  parler,  les  unes,  nous  ditencore  Saserna  , 
fument  etbonifient  la  terre  ,  et  les  autres  ramai- 
grissentet  repuisent.  II  ajoute  que  les  lupins,  les 
feves,  la  vesce,  la  lentille,  Ters,  la  cicerole, 
le  pois,  servent  d'eugrais.  Quantaulupio,  jen'en 
faisaucundoute,  nonplusque  pourlavesce  que 
Ton  emploie  en  fourrage,  pourvu  qu'on  ait  fait 
passer  la  charrue  par-dessus,  apres  Tavoir  fau- 
chee  lorsqu'elle  etait  encore  verte,  et  que  le  soc 
ait  brise  et  couvert  de  terre,  avant  qu'elles  fus- 
sentsechees,  les  racinesoubliees  par  lafaux.  La 
vesce  peut  alors  servir  de  fuinier.  Mais  si ,  apres 
avoirenleve  le  fourrage,  ou  laisse  les  racines  se 
fietrir,  elles  epuisent  la  terre  en  lui  enlevant 
toute  sa  seve,  et  enla  privantde  sa  force.  Cest 
ce  qui  arrive  a  Tegard  de  la  feve  et  des  autres 
legunifs,  qui  paraissent  engraisser  la  terre.  Mais 
il  f.iut  avoir  soin  de  labourer  apres  avoir  recolte, 
sinon  ces  legumes  ne  seraient  d'aucune  utilite 
pour  lesrecoltes  suivantes.  Tremellius  nous  ap- 
prend  que  de  toutes  les  planles  dites  lcgumi- 
neuses,  le  pois  chiche  ct  le  lin  sont  celles  qui  nui- 
sent  le  plus  a  la  terre  par  le  poison  qu'elles  y  di- 
posent;  Tun  parce  qu'il  est  d'une  nature  salee, 
et  rautic  parce  qu'il  est  d'uuenature  trop  echauf- 
fante.  Cest  ce  que  Virgilea  voulu  fairecnteudre, 
lorsqu'ila  dit :  Une  rccoltede  lin  brtile  lechamp, 
de  meme  que  1'avoine  ct  les  pavots,  qui  nms 
plongent  dans  le  som^ncil  de  la  mort.  En  effct, 
ou  ne  saurait  douter  que  lcs  plantes  dont  parle 
le  poete  n'epuisent  beaucoup  laterre ;  il  en  est  de 

aiit  in  satione  tiimeslrium ,  aut  in  vecliiris  foeni  ct  pabu- 
loriim  et  steicoiis  aliorumque  utensilium. 

XIII.  Sed  ex  iis,  qua;  retuli ,  seminibus,  idem  Sa- 
serna  putat  aliis  stercorari  etjuvaii  agros,  aliis  rursus 
|ieriiri  et  emaciari.  Stercorari  lupino ,  taba,  vicia,  ervilia, 
leiite,  ciceicula,  piso.  De  lupinoniliil  dubito,  alqueetiam 
(le  pabulari  vida ,  si  tamen  eam  vii  idem  de.sectain  confes- 
lim  aralrum  subsequatur,  et  quod  falx  reliquerit,  prius- 
qii:im  inarescat,  voniis  rescindat  alque  obruat  :  id  enim 
ccdit  pio  sleicore.  Nam  si  ladices  ejiis  desecto  pabulo  re- 
licte  inaruerint,  sHccum  omnem  solo  auferent,  vimque 
tcrracabsument,  quod  eliam  in  faba  ceterisque  legumiui- 
biis,  quibus  lerra  gliscere  videtur,  verisiniileest  accidere  : 
nt  nisi  protinus  siiblala  messe  eorum  proscindatur,  niliil 
iis  segetibus,  qii»  deioceps  in  eo  loco  seminari  debciit, 
piofuturum  sil.  Acde  iis  quoque  leguminibus  ,  quae  vel. 
luntur,  Trcmellius  obesse  niaxime  ail  solo  viriis  ciceris 
cl  liui  :  alterum  quia  sit  sal.sae,  alterum  quia  (sit)  fervida) 
natuiae  :  quod  etiam  Virgilius  significat  dicendo  :  Vril 
cnim  lini  campum  seges,  urit  avence,  Vrunt  lclliceo 
prrfusa pajiavera  somno-  Nequecniin  dubium,  qiiin  el 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  II. 


nu^mc  du  niillet  et  du  iianis.  Mais  tout  ten-ain 
^puise  par  ccs  sortes  de  plantations  trouvera  un 
reniedc  prompt  et  efficace  dans  iefumier,  qui  en 
l'en^'raissant  lui  rendra  ses  forces  perdues.  II 
faut  donc  fumer  la  terre  non-seulemcnt  pour  les 
senicnces  deposces  dans  les  sillons,  mais  a  cause 
dcs  arbres  et  des  arbrisseaux ,  qui  profitent  de 
cette  uourriture.  Cestpouiquoi  si  le  fumierest, 
comme  il  nie  semble,  d'une  si  fj;rande  utilite 
pour  les  cultivateurs,  je  pense  qu'il  faut  en  traitcr 
avec  beaucoup  de  soin  ,  d'autant  que  les  anciens 
auteurs ,  sans  avoir  passe  cet  objct  sous  si- 
lcnce,  n'en  ont  cependant  parlc  que  tres-iegc- 
rement. 

XIV.  Ily  atroisesp6cesprincipaIesde  funiier : 
celui  que  nous  foumissent  les  oiseaux,  celui 
qui  provientdeshommes,et  celuique  nousdonne 
le  betail.  Le  fumier  qui  provicnt  des  oiseaux 
passe  pour  le  meilleur  de  tous;encore  met-on  au 
premier  rang  la  fiente  que  Ton  tire  des  colom- 
biers;  ensuite  celle  des  poules  ct  des  autrcs  oi- 
seaux ,  excepte  les  oiseaux  qui  sejournent  dans 
Teauoudans  lesraarais,  tels  queleseanards  etles 
oiesdontlefumiermemeesttres-nuisiblealaterre. 
La  fiente  de  pigeon  est  aussi  eelle  qui  nous  parait 
devoir  etre  preferee,  parce  quc  nous  avons  remar- 
que  que,  rcpandueavec  modcration  sur  la  tene, 
elle  la  fait  fermenter.  Je  mets  au  second  ranp;  les 
excrements  humains,  pourvu  ((u'ils  soient  melan- 
gcs  avec  ks  immondices  de  la  cour ;  ear  cette  espece 
dcfumierestparelle-memed'unenaturesichaude, 
qu'cmployee  seule,  elle  brulerait  le  sol.  L'in-iiie, 
si  on  la  garde  six  mois ,  est  tres-bonne  pour  les 
arbres  et  les  vigues;  il  n'y  a  pas  d'enii;rais  qui 
leur  soit  aussi  favorable  :  elle  ajoute  de  plus  au 
f;outet  au  parfum  des  fruits,  surtout  de  la  pomrae 

iis  scmiiiibus  iiifeslelur  ager,  slcut  etiam  milio  et  panico. 
Soil  o;nni  solo,  quod  iira'iUctorum  leguminum  segelihus 
fatiscit,  una  praesens  meilicina  esl ,  ut  stercore  adjuves, 
el  abs\implas  vires  lioc  vehit  pabulo  refoveas.  IN'ec  tantum 
propler  semina ,  quae  sulcis  aiatri  committuntur,  veruui 
eliam  pioptcr  arbores  acvirgulla,  qua;  majoiern  iii  mo- 
(lum  b'laiitiir  ejusmodi  alimenlo.  Qnaie  siest,ut  videlin, 
agiicolis  ntilissimum ,  diligenlius  de  eodiccndum  existimo, 
tum  priscis  aucloribus  quamvis  non  omissares,  levi  ta- 
iiien  admodum  cuia  sit  prodita. 

XIV.  Tria  igitur  steicoiisgoncia  sunt  pra^cipue  ,  qiiod 
ex  avlbus,  quod  ex  liominibus,  quod  ex  pccudibus 
f.onlil.  Aviiim  primum  lialietur,  qiiod  ex  columbaiiis  ege- 
liliir.  Ueinde  quod  gallina;  ca^lcra-qiie  volucics  eduiit  ; 
excepli^  Uimeii  paluslribus  ac  nanlibus,  iit  anatis  et  an- 
seris  :  nani  id  noxiiini  quoqne  est.  Maxiine  taiiien  colimi- 
liiiium  proliaiiius ,  quod  inodice  sparsuiii  lcrram  fermeiilare 
(onipeiimus  :  secundum  deiiide,  qiiod  Immines  racimit, 
si  et  aliis  villa-  purgaiiicnlis  immiscealiir,  qiioni.iin  fervcn- 
lioiis  nalura;  est,  ct  idcirco  teriam  peruiit.  Aptior  est 
lamen  surculis  lioininis  urina ,  quain  scx  mensibiis  passus 
velerascere  si  vitibusaut  pomorum  arboribus  adbibcas, 
iiullo  alio  magis  friictiis  exuberat :  nec  solum  ca  res  ma- 
jiirem  facit  proventuni ,  sed  ctiani  saporem  cl  odorcm  vini 


ct  du  raisin.  On  peut  aussi  sc  servir  de  vieiile  lie 
d'huile  sans  sel,  pour  arroser  lcsarbres  a  fruits  et 
surtout  les  oliviers,  cn  la  coupant  avec  celte 
urine,qiioiqu'emp!oyeeseule,  elle  leursoit  aussi 
tres-bonne.  On  se  sert  de  ces  deux  substances 
pendant  rhiver,  ou  mi^rae  au  printcmps  avant  !es 
chalcurs,  pourvu  qu'on  ait  preaiablement  de- 
chausse  les  vignes  ct  lesarbres.  On  metau  troi- 
sieme  rang  le  funiier  qui  provient  dn  betail,  et 
cncoreadmet-on  desdifl'erences:celuidesiinescst 
regarde  comme  lemeilleur;eneffet,  cesanimaux 
maelient  tres-lentement,  leur  nourriliire  est 
mieux  digeree,  de  sorteque  leur  fiente  est  assez 
pulrefieepour  qu'elle  puisse  immedi.itement  etre 
repandue sur  lcs  tenes  :  vient  ensuite  le  crotin de 
moiitou ,  puis  celui  de  chevre,  et  en  dernier  licu 
le  furaier  de  bestiaux  et  des  autres  betes  de 
somme.  Le  pire  da  tous  les  engrais  est  celui  des 
pourceaux.  tnclependamment  deces  differentes  es- 
peces  dc  fumier,  les  cendreset  les  charbons  sont 
encore  duii  emploi  tres-utile.  La  tige  de  lupin 
coupee  tientaussi  lieu  d'un  excellent  fumier.  Je 
sais  bien  qu"il  y  a  des  fermes  oii  ron  ne  peut  a voir 
ni  betail  ui  oiseaux  ;  mais  dans  ces  fermes  memcs 
celui  qui  manquerait  d'engrais  ne  serait  qu'uii 
cultivateur  paresscux.  iNe  pcut-il  pas  recueillir 
tuutes  soites  de  feuilles,couper  les  buissous,  et 
ralisser  !cs  grands  chemins'?  Ne  peut-il  pas  aussi 
cnlever  les  fougeres  qui  croisseut  sur  les  terres 
de  ses  voisins,  sans  leur  faire  le  moindre  tort, 
puisqu'au  coutraire  c'est  leur  rendre  service? 
II  melera  le  tout  avec  les  immondiees  de  la  cour 
de  la  ferme.  II  fera  egalement  une  fosse ,  et,  ninsi 
quenous  ravousconscille  pour  le  trou  a  fumier, 
il  jettera  dans  cette  fosse  les  cendres,  ie  curage 
des  fosses  et  des  egouts ,  le  chaume ,  et  en  general 

pomorumqiie  leddit  meliorem.  Potest  et  vetus  amurca  , 
(ju»  salem  noii  liabet ,  permista  liuic  commode ,  frugileias 
aibores  et  pra:cipue  oleas  rigaie.  Nam  per  se  (iiioqiie  ad- 
lilblla  multum  juvat.  Sed  usus  utriusque  maxiiiie  i'or  lile- 
memest,  et  adliucveie  ante a;stivos  vapores ,  dimi  ellani 
vites  et  arborcs  oblaqiieatae  suiit.  Tertium  locum  obtinet 
pecudum  stercus ,  atipie  in  eo  qnoipie  discrimen  est  : 
nam  oplimum  exisliinatur,  quodasiiuis  facll;  qiioniam  id 
aiiimal  lenlissime  niandit,  Ideoi|iie  lacilius  cmicoqiiit,  ct 
bcne  coiifcctum  alqiic  idoiioum  protiniisarvo  fiinnin  led- 
dit.  fost  lia=c  quie  diximus,  ovillum,  ct  ab  lioc  capiiniim 
est,  iiiox  ca;teioiuin  iuiiieutoruni  armciiloniiiupic.  IJclci- 
iliiium  ex  omulbns  suilliim  liabelur.  Quin  ellaiii  salis  pio- 
fuit  ciiieris  nsus  ct  favilla;  Frutex  vero  lupini  siiccisus 
optinii  sleicoris  viui  pra'bet.  Nec  ignoro,  quoddam  esse 
riiris  ;iciiiis ,  in  quo  nciiue  pecora ,  iieqiie  aves  liabei  i  pos 
sint :  alUiincn  iuciiis  c^l  iiislicl  eo  qiioque  loco  dclicister- 
core.  Licct  euiiii  (iiiamlilicl  Irondem ,  licet  e  vepribns  et  e 
viiscoiiipitisiitic  c.uiigota  ((illigeii;;  licet  filicem  siiie  in- 
jiirla  viciiii  etiam  cuin  ollicio  decidcre,  et  pcrmiscere  cum 
pnrgamenlis  corlls;  llcct  depressa  lossa,  qualem  steicu- 
li  reponeiido  primo  voluminc  lieii  pra;cepinius,  cineicui 
cteiiiimipie  doacarum  el  ciiliiios  ccteraque  qua;  everrun- 
tur,  iii  unum  congercrc.  Scd  codcni  inedio  loco  lobuslam 


2(0 


COLUMELLE. 


tout  ce  qu'ou  balaye  desbStimeuts.  La  senie  pre- 
caution  qu'il  aura  a  prendre ,  c'est  d'enfoncerau 
niilieudecette  fosscun  morceaudeboisderobre, 
ce  qui  empecliera  les  serpents  venimeux  d'y  ve- 
nir  eherclier  une  retraite.  Voila  ce  qu'il  faut  faire 
dans  les  campagnes  oii  il  n'y  a  pas  de  bestiaux ; 
quant  a  celles  oii  il  y  en  a,  on  tire  le  fumier  des 
endroits  qii'on  balaye  tous  les  jours ,  tels  que  la 
cuisineet  la  laiterie,  ou  de  ceux  qui  nesont  net- 
toyesquelesjours  de  pluie,  tels  queles  etableset 
les  bergeries.  Si  le  terrain  ne  doit  rapporter  que 
du  ble,  il  n'est  point  necessaire  de  separer  les  dif- 
ferentes  especes  de  fumier  lcs  unes  des  autres; 
mais  s'il  est  egalement  couvert  d'arbrcs  et  de 
prairies,  les  engraisdoivent  etre  separes  suivant 
leurs  especes  :  ainsi  |e  crotin  de  chevres ,  et  la 
fiente  des  oiseaux,  auront  chacun  leur  place  par- 
ticuliere.  Toutes  lesautres  immondices  qui  tien- 
nent  lieu  de  fumier  doivent  etre  ramassees  dans 
la  fosse  dont  nous  vcnons  de  parler,  et  entrete- 
nues  dans  un  etat  dhumidite  continuelle,  afin 
que  les  graines  d'herbes  qui  s'y  trouveront  me- 
lees  avec  la  paille  et  les  autres  ordures  puissent 
y  pourrir.  Pendant  les  mois  d'cte,  le  fumierdoit 
etre  remue  souvent ,  et  en  quelque  sorte  repetii 
avec  une  fourche  en  fer,  afm  de  favoriser  la  pu- 
trefaction  et  de  le  rendre  meilleur.  Je  regarde 
eomme  de  mauvais  cultivateurs  tous  ceux  qui  ne 
tirent  pas  par  mois  une  charretee  de  fumier  de 
chaque  espece  depetit  betail ,  dix  charretees  du 
gros ,  et  autant  des  hommes  qui  peuveut  rassem- 
liier  leurs  propres  excrements  journaliers,  ainsi 
qiie  les  immondices  de  la  cour  et  dcs  batiments. 
,ie  remarquerai  encore  que  le  fumier  qui  a  se- 
journe  un  an  en  tas  est  le  meilleur  pour  les  ce- 
rcales,  car  il  a  acquis  toute  sa  force,  et  ne  pro- 


duit  point  de  mauvaises  herbes ;  tandis  qu'il  perd 
de  sa  qiialit6  h  mesure  qu'il  vieillit.  Alais,  pour 
les  prairies,  le  fumier  doit  etre  aussi  nouveau 
que  possible;  car  plus  il  est  frais,  plus  il  produit 
d'herbes.  On  lc  repandra  particuliirement  au 
moisde  fevrier,  a  la  lune  croissante,  circonstanee 
qui  contribue  a  augmenter  le  revenu  du  foin. 
Nous  reviendrons  d'ailleurs  a  ce  sujet,  quand  il 
sera  question  des  diffcrentes  especes  de  graine  en 
particulier. 

XV.  Quieonque  veut  preparer  ses  terres  a  re- 
eevoir  du  grain  doit  y  distribuer  de  petits  tas 
de  fumier  au  raois  de  septembre,  pendant  que 
la  lune  est  dans  son  declin;  il  doit  faire  les  se- 
mailles  en  automne,  ou  en  tel  temps  de  Thiver 
qu'il  voudra,  s'il  doit  les  faire  au  printemps.  II 
faut  dix-huit  eharges  de  fumier  par  jugerura 
danslaplaine,  etvingt-quatreen  paysmoutueux. 
Mais,  corame  je  l'ai  dit  plus  haut,  il  ne  fera  la 
stratification  du  fumier,  que  lorsqu"il  sera  pres 
de  semer.  Si,  par  une  causequelconque,  on  n'a 
pas  pu  furaer  eu  temps  convenable,  il  faudra, 
avant  de  sarcler,  repandre  ou  plutot  semer  sur 
les  champs  a  grains  de  la  fiente  tiree  des  volie- 
res,  et  reduite  en  poudre.  A  defaut  de  cette  flente, 
on  y  jettera  k  la  main  le  crotin  de  chevres,  en  le 
miMant  a  la  terre  avec  le  sarcloir.  Ce  procede 
contribue  beauconp  a  bonifler  et  a  enrichir  les 
terres.  Que  les  cultivateurs  n'oubIieat  point  qu'une 
terre  qui  n'est  pas  fumee  se  refroidit,  que  celle 
qui  Test  trop  se  consurae,  et  qu'on  gagne  plus  a 
furaer  souvent  et  avec  moderation,  que  de  le 
faire  avec  exces.  Une  terre  aqueuse  demande 
plus  de  fumier  qu'un  terrain  sec.  La  premiere, 
toujours  froideet  mouillee,  se  rechauffepar  1'effet 
de  fengrais,  tandis  quefautre,  deja  ecliauffee 


iiiiilcriam  dcfigere  convenit.  Namqiie  ea  res  serpenteni 
iio\iam  latere  in  stercore  proliibet.  Ha'c  ubi  vidniis  pecu- 
ilibus ager.  Nam  ubi  greges qiiailiupedum  versantur,  qiise- 
dam  quotidie,  ut  culina  el  capiile,  quaedam  pluviis  die- 
liiis,  ut  biibilia  et  ovilia  debent  emundari.  Ac  si  tantuni 
liiinientaiiiis  ager  est  :  niliil  refert  geneia  stereoris  sepa- 
i.iri  :  sin  aulem  surculo  et  segetibus  alqne  etiam  pialis 
fiindus  est  dispositus,  generalim  quodque  reponendum 
est ,  sicut  capiaium  et  avium.  Reliqua  dcinde  in  piaedi- 
ttuni  locnm  concavum  congerenda,  et  assiduo  bumore 
salianda  sunt,  iit  lierbarum  semina  culmis  caeterisque  le- 
bus  immisla  putrescant.  jEstivis  deinde  mensibus  nonali- 
lir,  ac  si  repastines,  totiim  sterquilinium  rasfris  permis- 
ceri  oportet,  quo  faciiiiis  putiescat,  et  sit  aivis  idoneum. 
l'anim  autem  diligcntes  existimo  esse  agricolas,  apiid 
quos  minoies singulae pecudestricenis  diebus  minus  quam 
siii^ulas  itemque  majoies  denas  velies  stercoris efficiunt , 
lotidemque  singuli  bomines,  qui  non  solum  ea  pnrga- 
nienta ,  qu.ie  ipsi  corporibus  edunt ,  sed  ct  qu.-e  colliivies 
coilis  el  fedificii  quotidie  gignit,  contraliere  et  congereie 
possiint.  Illud  quoqiie  praecipicndum  habeo,  stcrcus  omne 
i|iiod  tempeslive  repositum  anno  requieverit ,  segelibns 
«sse  iwaxime  iitile;  nain  et  vires  adliuc  solidas  babet,  et 


herlias  nonrreat :  quantoaiitem  vetiislius  sit,  minuspro- 
desse;  quoniam  minus  valeat.  Itaque  piatis  qiiani  recen-i 
tissimum  debere  injici,  quod  plus  lieibaium  progeneret  : 
idqiie  mense  Fcbruario  luna  crescente  ficri  opoi  terc.  Nam 
eaquoque  res  aliquantiim  foeni  fructum  adjuvat.  Decie- 
teio  usus  stercoris  qualis  in  quaque  re  debeat  esse,  lum 
dircmus ,  cum  singula  persequemur. 

XV.  Iiiterini  qui  frumentis  arva  prseparare  volet,  si 
autumno  semcntem  facturus  esl ,  inense  8eptembri  :  si 
vere,  qiialibet  hieniis  parte  niodicos  acervos  luna  decres- 
ceiile  disponat,  ila  ut  plani  loci  jugerum  duodeviginti , 
clivoai  qiiatuor  et  viginli  velies  stercoris  teneant  :  et,  ut 
paulo  prius  dixi,  non  antea  dissipet  cumulos,  quam  erit 
aratunis.  Si  tainen  aliqua  causa  tempestivam  stercoratio- 
nem  facere  proliibuerit,  secunda  ratio  est,  ante  quani 
seras  more  seminantis  ex  aviaiiis  pulverem  stercoris  per 
segetem  spargere.  Sietis  nonerit,caprinum  manu  jacere, 
atqiie  ita  terrain  safculis  penniscere.  Ea  res  laelas  segetes 
reddit.  Nec  ignoiarc  colonos  oporlet ,  sicuti  refrigescere 
agrum,  qui  non  steicoretur,  itaperuri,  si  nimium  sterco- 
reliir  :  magisqucconduceie  agricolae,  frequenter  id  potius, 
quam  immodice  facere.  Nec  dubium.qnin  aquosus  aget 
iiiaioiem  ejiis  copiam,  sicciis  niinorein  desideret.  .\ller, 


DE  LAGRICULTURE,  LIV    II. 


par  ellc  mfinic  h  caiise  dc  sa  scclicrcsse,  fiuirnit 
par  se  consumer,  si  Toii  y  mettait  trop  dengrais. 
Or,  si  un  terrain  see  ne  pcut  sc  passer  de  fumier, 
il  nc  faut  pourtant  pas  qu'ily  en  ait  trop.  Si  par 
Iiasard  un  cultivateur  se  trouvait  absolumerft 
depourvu  de  fumier,  il  lui  sera  tres-avantageux 
de  faire  ce  que  je  me  rappelle  avoir  vu  pratiquer 
avec  succes  par  mon  oncle  paternel ,  M.  Colu- 
melle,  liomme  fort  savant,  et  agriculteur  tres- 
habile.  Ilmelait  de  Targileaux  terressablonneu- 
ses,  ou  du  sable  aux  terres  argileuses  ct  dures  : 
par  ce  moyen  il  fcrtilisait  non-seulcment  les 
champs  ;i  grains,  mais  il  se  procurait  les  plus 
belles  vignes.  II  ne  voulait  pointqu"on  mlt  du  fu- 
mier  dans  les  vignes,  de  crainte  d'enlever  au  vin 
son  goiit  et  sa  saveur.  II  pensait  au  contraireque 
la  vendange  serait  bien  plus  abondnnte  si  Ton 
apportaitdansles  vignes  de  laterre  de  ramas,  re- 
cueillie  dans  les  buissons,  ou  toute  autrc  terre 
prise  ailleurs.  Quantamoi,jc  suis  convaincu 
que  lorsqu'un  cultivateur  manque  de  fumier,  il 
a  toujours  une  excelleute  ressource  dans  les 
lupins,  qui ,  semcs  dans  un  cbamp  sterilc  vers  les 
idcs  de  septcmbre,  eoupcs  ct  retourncs  en  temps 
convenable  a  la  charrue  ou  a  la  houe ,  pindiiiront 
lcffet  des  meilleurs  engrais.  Or  il  n'y  a  pas  de 
tenips  plus  favorable  ponr  couper  le  lupin  dans 
lcs  licux  sablonneux  que  le  moment  de  sn  scconde 
fIeur,ctdelairoisiemcdanslestcrresrouges.Dans 
lo  premier  cas,  on  reiiterre  lorsqu'il  est  encore 
tendre,  afin  qu'il  pourrisse  plus  aisement  et  se 
mcle  avec  le  sol  frane.  Dans  le  second ,  ou  le 
kiissedurcir,pourqu"ilpuisscsupporter  pliis  long- 
tcmps  le  poids  des  mottcs,  etles  teiiiren  quelque 
sorte  suspendues,  jusqu'a  ce  que,  peucirees  et 


dissoutes  par  lcs  chalcurs  de  retc,  clles  soient 
reduilcs  cn  poussicrc. 

XVI.  Lc  laboureur  pourra  exeeuter  tous  les 
prcceptes  que  nous  avonsdonncs  sur  la  eulture, 
s'il  a  soin  dcse  pourvoir  non-seulement  des  espe- 
cesde  fourrages  dontnous  avonsparlc,  maisen- 
cored'unegrande  quf.ntitc  defoiii,a(in  de  pou- 
voirentreteniraisemcntdcsbetcs  dcsomnie,  sans 
lesquellcs  il  lui  serait  diflicile  de  bien  cultiver  la 
terre.  Cest  pourquoi  il  faut  qu"il  s"adonne  aussi 
a  la  culture  dcs  prcs,  auxqucls  les  ancicns  Ro- 
mains  doanaicnt  la  palme  sur  tous  les  autres  ob- 
jets  decultuie  :  aussi  leur  avaicnt-ils  donne  le 
nom  i\Qprafa,  pour  faire  entendrequ"ils  ctaient 
toujours  prSts  [parata)  a  rapporter  sans  exiger 
de  grands  soins.  M.  l'orcius  lesa  aussi  vantes,  par 
la  raison  que  lcs  mauvais  temps  ne  leurfont  point 
de  tort  comme  aux  autres  parties  de  la  campa- 
gne  ,  ct  que,  sans  exigcr  de  frais,  ils  produisent 
toutes  les  annces  un  rcvcnu  assure,  qui  meme  est 
divisc  en  deux  branchcs,  pu!squ'ils ne  rendent  pas 
moins  en  paturages  qu'en  foin.  INous  observerons 
donc  qu'il  y  en  a  de  deux  especes  :  lcs  pres  secs 
et  les  presarroses.  Lorsque  le  tcrrain  est  fertile  et 
gras,  il  n'est  pasbesoin  qu'il  soit  arrose  d'un  ruis- 
seau  ;  et  on  regarde  conirae  meilleur  le  foin  qui 
vientde  luimemedans  unterrain  plein  desucs, 
quecelui  queTon  n'obtientqu'aforced'eau,  quoi- 
que  ccpendant  Teau  soit  necessaire  lorsque  la 
maigreur  de  la  terre  Texige.  Car  on  peut  faire 
des  prairics  daiis  une  terre  quelconque ,  soit 
qu'cllc  soit  compacte ,  soit  qu'elle  soit  reduite  en 
poussicre;  etccla  quoiqu'eIlesoit  maigrc,  pourvu 
cependant  qu'on  ait  la  faculte  de  Tarroscr.  Mais 
il  faut  que  ce  ne  soit  ni  une  campagnc  trop  en- 


qnod  a.ssiduis  liiinioribus  rigens  hoc  adliibito  rpgelaliir  : 
aller,  (iiiod  per  sc  tepciis  siccitallbiis,  hoc  assiimplo  lar- 
giorelorietur;  propterquod  iiecdcesse  ci  laleni  matcriam, 
iiic  superesse  oportet.  Si  lamen  nullum  genus  stercoris 
f  ii[ipi;let ,  ei  niullum  prodei  it  fecisse ,  quod  M.  Columel- 
lani  palruiim  nienin  doclissimum  ct  diligentissimuni  agri- 
colam  sa'penumero  usuipasse  memoria  repeto,  ut  sabu- 
losis  locis  cietam  ingereiet :  cielosis  ac  nimium  densis 
sabuliini  :  atque  ita  non  solum  segetes  la'tas  excitaret , 
verum  etiam  piilclierriinas  vineas  ellic^ret.  Nam  idem  ne- 
gabat  stercus  >  ilibiis  iugerenduin  ,  qiiod  saiiorem  vini  cor- 
riinipcret :  melioremque  censebal  esse  matcriam  vindemiis 
cxiiberaiidis,  congesticiam  vel  de  vepribus  vel  deniqiie 
Hliain  cpiainliliet  arcessitam  ct  adveclam  buinum.  Jain 
vcro  ct  cgo  rcor,  si  delicialur  oinnibiis  rebus  agricola,  lu- 
piiii  ccrlc  cxpcdili^sinium  pra'sidiuin  non  deesse  :  quod 
ciini  cxili  solo  ciica  idiis  .Septembris  sparserilet  inaravc- 
lil,  idqiie  tempcslive  vomere  vcl  ligoiie  succiderit,  vim 
(iptiina'  slercoraliiiiiis  cxljibcbit.  Siiccidi  autem  Inpinuni 
.sabulosis  locis  o|)orlct ,  cum  scciindiim  llorein ;  rubricosis. 
cum  lcrtiiim  egcrit.  Ulic  dum  leneruin  cst  convcrtilur,  iit 
cplciiter  ipsum  pnliescat,  permisceaturqiic  gracili  solo  : 
liic  jaui  robuslius,  qiiod  solidiorcs  gla-bas  diulius  susti 


ncat  el  suspendat ,  ut  ea;  solibus  .Tstivis  vaporata;  resol- 
vantiir. 

XVI.  Atque  Iktc  arator  exequi  polerit ,  si  non  so- 
luni ,  qiia;  retuli  genera  pabiiloruin  providerit,  verum 
ctiani  copiani  fn>ui,  quo  melius  arinenta  tueatur,  sine 
quibiis  lerram  commode  niiiliii  diflirile  est :  et  idco  iieces- 
sarius  oi  cultuscst  etiani  piali,  ciii  \cteres  Romaui  pri- 
mas  iii  agricolationctribuci  iiiit.  Noiiicn  quoque  indidcruiit 
abeo,  qiiod  prolinus  essct  paratiiin ,  ncc  magiiiim  labo 
rcin  desiderarct.  M.  quidem  I'orciiis  ct  illa  commcnioravit , 
qiiod  nec  tempestatibus  aflligeretin,  ut  alia;  partcs  ruris, 
iniiiiniiqiie  sumptiis  egens,per  omiics  aunos  piaberct  rc- 
ditum,  ncque  eum  simplicem,  ciiin  ctiam  iii  palmlo  iioii 
minus  rcddcret ,  qu.am  in  foMio.  ICjus  igitur  animadvcrli- 
nius  dno  genera,  qiiorura  altcrum  est  siciancmii ,  nllcniiii 
riguuni.  Licto  pinguique  cainpo  iion  dcsidcialiir  iiilliicns 
riviis,  meliusque  babetiir  liciiiiin,  quoil  siiaiitc  iiatiira 
succoso  gignitur  solo  ,  qiiam  qnod  iirigatuni  aqiiis  cli(  itiir, 
qii.T  tnnien  sunt  neceSsariae ,  si  maci(>s  teira  poslulat,  Naiii 
ct  in  dcnsa  et  resolula  liiiino  quainvis  exili  piatuin  lieri 
l>ntcsl ,  cuin  facultas  irrigandi  datiir.  .\c  nec  campiis  cun- 
( ava'  |iositiiinis  esse  neque  collis  prairupta;  dcbct  :  illc,  ne 
Cdllcclaindinliiiscontineataquam;  liic,  neslatim  pra'cipi- 


COLUMELLE. 


foncee  daus  une  vallee ,  ni  unc  colluie  trop  roide  : 
Tun  ,  pour  eviter  que  Teau  qui  s'y  aniasse  n'y 
sejourne  trop  longtemps  ,  Tautre,  pour  evilcr 
qu'elle  ne  s'en  eeoule  trop  precipitamment.  On 
pourra  neanraoins  mettre  en  prairies  uue  colline 
dont  la  pente  sera  douce  ,  si  elle  est  srasse  ou 
arrosee.  Mais  ce  sont  les  plaines  surtout  qui  soiit 
bonnes  pour  cet  objet,  lorsqu"etant  lcgerement 
declives ,  elles  ue  permetteut  pas  aux  pluies  ou 
aux  ruisseaux  qui  lesarrosent,  d'y  sejourner  trop 
longtemps  ,  et  qu'au  contraire  Teau  dont  elles 
sont  couvertes  y  trouve  un  ecoulement  lent.  Cest 
pourquoi ,  s'il  s'y  trouve  en  quelques  parties  des 
mares  qui  soient  stagnantes ,  il  faut  les  detour- 
ner  par  des  trauchees ;  car  raboudance  ainsi  que 
le  defaut  d'eau  sont  egalement  funestes  aux 
herbes. 

XVn.  La  cuiture  des  prairies  demande  plus 
d'attention  que  de  travail.  Cette  attention  con- 
siste  d'abord  a  n"y  laisser  ni  souches,  ni  epines, 
ni  herbes  qui  prenneut  trop  d"accroissement, 
mais  a  les  arracher  toutes  ,  les  unes  avant  rhiver 
et  peudant  rautomne,  comme  les  ronces  ,  lcs 
broussailles,  les joncs ;  les  autres  pendant  le  prin- 
temps,  comme  la  chicoree  et  les  epines,  qui  pa- 
raissent  au  solstice ;  a  n'y  laisser  paitre  ni  porcs, 
parce  qu"ils  fouillent  dessous  la  terre  avec  leur 
groin  et  qu"ils  eul6vent  le  gazou ,  ni  grauds 
bestiaux  ,  si  ce  n'est  lorsque  le  sol  est  tressec  , 
parce  qu'ils  y  plongcnt  la  corne  de  leurs  pieds  , 
qu'ils  foulent  rherbe  et  qu"ils  en  coupent  les  ra- 
cines.  Ensuite  il  faut  aider  de  fumier  au  mois 
de  fevrier,  peudant  que  la  lune  crolt ,  les  ter- 
rains  maigres  et  qui  vont  en  pente.  II  fauty  ra- 
masser,  pour  les  porter  plus  loin ,  toutes  les 
pierres  et  tout  ce  qui  pourrait  nuire  a  la  faux  , 
et  eu  interdire  l'entree  aux  bcstiaux  plus  tot  ou 


plus  tard,  suivant la  nature  des  lieux.  II  se  trouve 
aussi  des  prairies  qui ,  par  trop  de  vetuste  ,  sont 
couvertes  d'une  mousse  ancienne  ou  epaisse.  Les 
agriculteurs  sont  dans  Tusage  d"y  remedier  en  y 
semant  de  nouvelles  graines,  qu"ils  prennent 
dans  des  meules  de  foin ,  ou  en  y  repandant  du 
fumier;  mais  ui  Tun  ni  Tautre  deces  remedes  ne 
fait  autant  d'effet  que  si  Ton  y  jetait  souvent 
de  la  cendre,  parce  que  c'est  le  vrai  moyen  de 
detruirc  cette  mousse.  II  faut  cependant  conve- 
nir  que  tous  ces  remedes  et  meme  le  dernier 
sont  trop  lents,  et  que  le  plus  efiicacc  est  de  re- 
commencer  a  labourer  en  cntier  la  place.  Mais 
les  soins  que  nous  veuons  de  detailler  ne  sont 
que  pour  les  prairies  qui  etaient  toutes  formees, 
avant  de  venir  en  notre  possession.  Si  au  cou- 
traire  il  nous  eu  fallait  former  de  nouvelles,  ou 
en  renouveler  d'anciennes  (car  il  y  en  a  beau- 
coup,  comme  je  l'ai  dit,  qui  vieillissent  et  qui 
devieuneut  steriles  faute  desoins  ),  il  laudrait  la- 
bourer  le  terrain  ,  quelquefois  meme  dans  Tin- 
tention  d'y  semer  du  ble ,  parce  que  ces  sorles 
de  terraius ,  negliges  depuis  longtemps ,  dounent 
de  belles  moissons.  Ainsi,  apres  avoir  donue  uu 
premier  labour,  pendant  Tete,  au  terrain  que 
nous  destinons  a  mettre  en  prairics,  et  favoir 
biue  plusieurs  fois  pendaut  Tautomue  ,  nous  y 
semerons  des  raves  ou  des  navets,ou  meme  des 
feves ,  ensuite  du  ble  rannee  d'apres ;  la  troisienie 
annee,  nous  le  labourerons  encore  avec  soin  ,  et 
nous  arracherons  jusqu'aux  racines  toutes  les 
herbes  trop  fortes ,  les  ronces  et  les  arbres  qui 
s'y  trouveront,  a  moinsque  nous  n"ayons  interfit 
d'en  conserver  les  fruits;  apres  quoi  nous  y  se- 
merons  de  la  vesce  melee  avec  de  la  graine  de 
foin;  ensuite  nous  briserons  les  mottes  de  tcrre 
avcc  des  sarcloirs ,  nous  unirons  le  sol  en  y  fai- 


lcni  fundat.  Potest  tamen  raediocriter  acclivis,  siaut  pinguis 
est  aut  riguus  agei-,  pratum  fieii.  At  planities  maxime  talis 
probatur,  quae  exigue  prona  non  palilur  diuliusimbres  aut 
influentes  rivos  immorari ,  sed  ut  quis  eam  superveuit  liu- 
mor,  lente  prorepit.  tlaque  si  palus  in  aliqua  parte  subsi- 
•lens  restagnat,  sulcis  derivanda  cst.  Quippe  aquarum 
abundantia  atque  penuria  graminibus  aeque  est  exilio. 

XVII.  Cultus  aulem  pratorum  magis  cur«  quam 
iaboiis  est.  Primum,  ne  stirpes  aut  spinas  validiorisque 
incrementi  berbas  iBCSse  paliaraur  :  alque  alias  ante 
liiemem,et  per  autumnum  exlirperaus,  ut  rubos,  vir- 
gulta,juncos  :  alias  per  ver  evellamus,  ut  inluba  ac  sols- 
Utiales  spiuas  :  acneque  suera  veliraus  irapasci,  quoniam 
roslro  suftodiat  et  cespiles  excitet;  neque  pecora  majora , 
nisi  cura  siccissiraum  solum  est,  quia  udo  demeigunt 
ungulas  et  atterunt,  scinduntque  radices  bcrbarura. 'f uni 
deiude  niacriora  et  pendula  loca  niense  Februario  luna 
crescenteifimo  juvanda  sunt.  Omnesque  lapides  et  siqua 
<il)jacent  falcibus  noxia ,  colligi  debent,  ac  longius  expor- 
tari ,  submittique  pro  natura  locorum,  aut  temporius  aut 


serius.  Sunt  etiam  quaedam  prata  situ  vetustatis  obducta, 
quibus  mederi  solent  agricobc  veleri  eraso  musco  seniini- 
busque  de  tabulalo  superjectis ,  vel  ingesto  stercore.  Quo- 
rum  neutrum  lantum  prodest,  quantum  si  cinerem  sa;pius 
ingeias.  Ea  res  inuscum  enecat.  Attamen  pigriora  sunt  isla 
rcmedia ,  cum  sit  eflicacissiuiura  de  integro  locum  exarare. 
Sed  Iioc ,  si  prata  accepimus ,  facere  debenms.  Sin  autem 
nova  luerint  instiluenda,  vel  antiqua  lenovanda,  (nam 
raulla  sunt,  ut  dixi ,  quoe  negligenlia  exolescant,  et  liant 
steiilia )  ea  expedit  interdum  etiam  frumenti  causa  exa- 
rare,  qiiia  talisager  post  longam  desidiam  Inetas  segetes 
afierl.  Igitur  eimi  locum ,  quem  pratn  destinaverimus , 
aestaie  proscissum  subactunique  saepiiis  per  autuninum 
rapis  vel  napo  vel  etiam  faba  conseremus;  insequente 
deinde  anno,  fruraento  :  tertio  diligenler  arabimus,  om- 
uesque  validiores  berbas  et  rubos  et  arboies ,  quoe  inler- 
veniunt  radicibus,  extirpabimus,  nisi  si  Iructus  arbiisli  id 
facere  nos  probibueril.  Deinde  viciam  permistam  serainibus 
fccni  seremus.  Tuni  glaebassarculisresolveinus,  cl  inductit 
crate  cooequabiinus ,  grumosqne,  quos  ad  versiiram  ple- 


I)E  L'AGRICULTUr.!:,  LIV.  IL 


saut passei-  la  hci'sc,  et  noiis cparpilleroiis  les  ^n\- 
raeaux  de  tcrre  que  lc  tirage  des  hersesaccumule 
coramunemcnt  au\  detours,  de  facon  c(u'il  ne 
reste  nuile  part  d"obstacle  qui  puisse  ofleDser  la 
faux.  II  ne  faudra  pas  couper  cetie  vesce  qu'elle 
ne  soit  tres-raure,  et  qu'elle  n';\it  commence  a 
laisser  tomber  sa  graine  sur  tcrre.  Cest  alors 
qu'il  faut  y  envoyer  le  faueheur,  et  mettre  en 
bottes  riierbe  qu'il  aura  fauchce,  pour  Tenlever  : 
ensuite  il  faudra  arroser  ce  terrain,  si  Ton  a  de 
Teau  a  sa  disposition,  pourvu  cepcndaiit  que  la 
terre  en  soit  compaete.  Car  si  elle  est  reduite  en 
poudre,  il  ue  sera  pas  bon  d'y  f;\ire  couler  de 
grands  ruisseaus  d'eau  nvant  que  le  terrain 
soit  bien  affermi  et  consolide  par  rherhe,  parce 
<jue  rimpetuosite  de  Tcau  delayerait  la  terre,  et 
ne  laisserait  pas  aux  herbes  dont  elle  aurait 
decouvert  les  racines  le  temps  de  bien  prendre. 
Par  la  meme  raison,  il  ne  faut  pas  non  plus  en- 
voyer  les  bestiaux  dans  les  prairies  lorsqu'elIes 
sont  encore  jcunes  et  que  le  pied  y  cnfonce, 
mais  il  faut  y  faucber  Iherbe  a  mesure  qu'ellc 
levera;  car  les  bcstiaux,  comme  je  Tai  deja  dit, 
enfoncent  la  corne  de  leurs  pieds  dans  le  sol 
lorsqu'il  est  trop  mou  ;  et  venant  a  couper  les  la- 
cinesdes  herbes,  ils  ne  leurdonnent  pasletemps 
de  setendre  et  dc  s'cpaissir.  Cependant  nous  per- 
raettrons,  la  seconde  annee,  au  petit  hetail  d'y 
entrer  apres  la  fenaison,  pourvu  que  la  seclie- 
resse  et  la  nr>ture  du  lieu  ne  s'y  opposent  point. 
Latroisieraeannce,  lorsque  lespresseront  solides 
et  fermes,  ils  pourront  aussi  admettre  les  grauds 
bestiaux  :  raais  il  faudra  surtout  avoir  soin  de 
fumer  les  terrains  maigres,  etencore  plus  lors- 
qu'ils  seront  eleves,  vers  le  temps  ou  le  soleil  se 
couche  au  point  d'ou  soufUe  le  vent  Favonnis , 
c'est-a-dire  vers  les  ides  du  raois  de  fevrier,  cn 


nielant  avec  le  fumier  de  la  graine  de  foin.  Car 
lorsque  les  tcrrains  superieurs  reeoivent  cette 
nourriture,  ils  la  eommuniquent  enmeme  temps 
aux  terrains  inferieurs,  parce  que  la  pluie  qui 
survient,  ou  les  ruisseaux  qu'on  y  fait  couler  dc 
main  d'homme,  entrainent  avec  eiix  le  suc  du  fu- 
micr  dans  les  parties  basses  :  aussi  les  agrieul- 
tcurs  prudenls  fumeut-ils  ordinairement  davau- 
tage  les  colliues  que  les  vallees,  meme  dans  les 
terres  iabourees,  parce  que,  comme  je  Tai  dit, 
les  pluits  entraineiif  toujours  dans  les  bas-fouds 
tout  le  suc  le  plus  gras. 

XVIII.  Le  meilleur  tcmps  pour  eouper  le  foin 
est  avant  qu'il  soit  desseehe  ,  parce  qu'il  foi- 
sonne  davautage,  et  fournit  une  nourrilure  plus 
agreable  aux  bestiaux.  Or  il  y  a  un  milieu  ;i 
garder  en  le  faisant  secher,  pour  eviter  de  le 
raraasser  ou  trop  see,  ou  trop  vert :  Tuu,  paree 
que,  lorsqu'il  a  perdu  tout  sou  suc,  il  ne  ticnt 
plus  lieu  que  delitiere;  Tautre,  parce  quc,  s'il 
en  a  trop  conserve,  il  pourrit  sur  les  plauchcrs  , 
ct  quc  souvent,  en  s'y  echauffant,  il  prcnd  fcu 
et  occasionne  des  inceudies.  II  arrive  aussi  qucl- 
quefois  que,  lorsque  le  foin  est  coupe,  la  pluie 
vient  a  r;iecabler;  anquel  eas ,  s'il  est  abso- 
luraent  trerape  ,  il  sera  inutile  de  rcmporter 
tant  qu'il  sera  humide,  et  Ton  fera  mieux  pour 
lors  d'cn  laisser  secher  la  superflcie  ausulcil; 
aprcs  quoi  on  le  retournera,  et  lor?qu'il  sera 
sec  des  deux  cotes,  on  ramassera  par  rangccs, 
pour  le  lier  ensuite  eu  bottes.  On  ne  tardera 
pas  surtout  a  eutasser  le  foin  dans  la  metairie 
et  a  Ty  mettre  a  Tabri ;  ou  sl  Tou  n'est  pas  a 
meme  de  Vy  porter  ou  de  ie  mettre  cu  bottes, 
au  moins  faudra-t-il  arranger  en  meules  tout  ce 
qui  en  aura  ete  seche  couveuableraent,  et  fairc 
cn  sorte  que  les  combles  de  ces  raeules  soient 


rumque  tractJB  faciiiiilcrates,  dissipaliimus  ila,  [ul]  neciibi 
reiramenlum  foeiiisecis  possit  offeiidere.  Sed  eam  viciam 
noiicoiivcnit  aiite  desecare,  quam  permaluruerit,  etaliqua 
seniina  subjacenli  solo  jecerit.  Xum  foMiisecas  oportel  in- 
ducere  et  desectain  lierbam  religare  et  espoi  taie  :  deinde 
locum  ligare ,  si  fuerit  facultas  aqua; :  si  lamen  lerra  deii- 
sior  est;  iiam  iii  resohila  humo  uon  expedil  induceie  ma- 
joiem  vim  rivoriim  ,  prius  quani  conspissaUim  et  herbis 
colli^atuin  sit  solum  :  quoniam  impelus  aquarum  proluit 
terram,  nudatisque  radicibus  gramina  uon  patiturcoalos- 
cere.  1'ropterquodiie  pccoraquidem  oporlet  teneiis  adliiic 
cl  sutisidentibus  pratis  immiltere,  scd  quoties  Ijeiba  pio- 
silucrit  lalciliiis  doseoare.  Nam  pocudes,  ul  antejam  di\i, 
iiKilli  solo  iiiliiiiiiil  iMmiil.N,  alqiio  iTiliriiiplas  non  sinuiil 
horbaniiii  ladii  r-,  Mip.n  i  I  i  (niilriisaii.  Allorotamen  aiino 
miiioia  poLui.i  [ins[  i.rjiisi.  i.i  p.  1  inilliiiiiis  .i.linitli,  si  iiioilo 
siccitas  ot  coinliliii  loci  patiolnr.  Toi  tio  doiiido  ouni  pia- 
tiim  solidius  ac  diiriiis  erit,  polorit  cliam  majores  leoipore 
pocudes.  Sed  in  loliini  f  uranilum  est,  iit  siecundiim  I'avo- 
iiii  CNorluiii.nieiise  fobruario,  circaidus,  immistissoniiiii- 


bus fceni  macriora loca et  utique celsiora  stercoienliir.  Nain 
editior  cliviis  prielietctiam  subjectis  alimenliim,  cum  su- 
perveniens  imber  aut  manii  rivus  peiduclus  snccum  ster- 
coris  in  inferiorem  pai  tem  secum  traliit.  Atque  ideo  fere 
prudentes  a^ricolse  etiam  in  aratis  collem  magis ,  (piani 
vallein  stercoranl  :  quoiiiam,  ut  dixi,  pluvise  seinper  om- 
nem  pingiiiorem  materiam  in  ima  deducunt. 

XVIll.  l-'oi;num  aiitem  demelitur  optime  anle  qiiaiii 
inarcscat;  nam  et  laigius  porcipitur,  et  jucundioreiii  ci- 
bnni  peciidibus  prsebet.  Est  autem  inodus  in  siocando, 
ut  iieque  pcraridnm  neque  ruisus  viride  colligatnr  ;  alle- 
niin ,  qiiod  omnem  siiccum  si  ainisit,  stramenli  viccin  ob- 
tinol,  alleriim,  (ipiod,)  si  nimiuin  relinuerit,  in  tabiilato 
putiescit;  ac  s.mqii;  cum  concaluit,  igiiein  cioal  et  iiiocn- 
dium.  Noiiiiunqiiam  etiam  cuin  fionuin  c^edinins,  imbor 
opprossit  :  quod  si  permaduit,  inntile  cst  iidiiin  niovere; 
inoliiisipie  patioiniir  supeiiorem  paitem  sole  siocari.  Tunc 
dcmum  converlomiis,  ot  ntrinquc  siccatnin  ooartabiinus 
in  strigain,  atcpie  ita  maiiipnlos  viuciemus.  Kcc  omnino 
cniRlahiiiitir,  (|iii)  ininiis  sub   tooluui  ooiigcratur,  vol  si 


COLUMELLE. 


tres-fmement  aiguises  en  pointe  :  c'est  le  moyen 
(le  bien pieserver  lefoin  desaccidents  delapluie; 
et  quand  ii  n'eu  surviendrait  point,  il  neserait 
pas  moins  a  piopos  de  faire  ces  meulcs ,  afin 
que  s'il  reste  quelque  humidite  dans  Iherbe, 
elle  se  ressuie  et  se  purifie  au  tas.  Cest  pour  cela 
que  lorsque  le  foin  a  ete  mis  en  tas  au  hasard 
et  sans  precaution  ,  les  cultivateurs  prudents  ne 
larrangent  pas,  apres  qu'il  a  ete  porte  a  la  mai- 
son,  sans  favoir  laisse  quelques  jours  se  digerer 
lui-m(5meet  se  ralentir.  Mais  deja  le  foin  de  la 
moissou  touche  a  la  feuaison.  Pour  labien  faire, 
il  faut  prealablement  preparer  les  instruments 
necessaires  a  la  reeolte  des  grains. 

XIX.  Quant  a  Taire,  si  la  terre  doit  en  servir, 
il  faut ,  pour  qu'on  y  puisse  battrc  le  grain  com- 
modement,  qu'elle  ait  ete  ratissce  d'abord  ,  en- 
suite  laboureeet  arrosee  de  lied'huile  sans  sel  , 
dans  laquelle  on  aura  mele  de  la  paille,  parce 
quecette  preparatiou  garantira  le  ble  eontre  les 
ravages  des  rats  et  des  fourmis  ;  ensuitc  on  Ta- 
planira  a  la  hie,  ou  bien  on  raffermira  avec  une 
meule;  puis  on  y  remettra  de  la  paille  et  on  la 
battra  de  nouveau ,  pour  la  laisserensuite  secher 
au  soleil.  11  y  en  a  cependant  qui  aimeiit  mieux, 
pour  former  uneaire,choisir  une  portion  de  terraiu 
plantee  en  feves  ,  sur  laquelle  ils  battent  ces  f6- 
ves;  et,  apres  les  avoir  ramassees,  ils  polissent 
ia  place  en  continuant  d'y  battre  les  favarts,  parce 
(jue  les  animaux,  en  les  foulant  aux  pieds  ,  bri- 
sent  en  meme  temps  toutes  les  herbes  avec  la 
coruede  leurs  pieds;  moyennant  quoi  l'aire,  etant 
digarnie  d'herbes,  devieutassezuniepour  qu'on 
y  puissebattre  le  grain. 

XX.  Pour  ce  qui  coucerne  la  moisson ,  des 
qu'elle  sera  miire,  il  faudra  la  faire  prompte- 


ment,  et  avaut  qu'elle  soitbrulee  par  les  chaleurs 
du  soleil  d^t-te,  qui  sout  extri'mes  au  lever  de  la 
Canicule :  car  le  moindre  retard  est  prejudiciable, 
d'abord  parce  qu'il  donne  iieu  au  pillage  des  oi- 
seaux  et  desautres  animaux ;  en  second  lieu,  parce 
que  les  tiges  et  les  tuyaux  venant  a  sedessecher, 
les  grains  et  les  epis  nKJiiie  ne  tardent  pas  a  tom- 
ber,  ou  que  s'il  survient  des  mauvais  temps  ou 
des  tourbillons  de  vent ,  les  bliis  sont  verses  pour 
la  plus  grande  partie.  Cest  pourquoi  il  ne  faut 
pas  remettre  au  lendemain  a  raoissonner,  mais  il 
laut  le  faire  des  que  les  bles  sont  uniformeraent 
jaunis,  et  avant  que  les  grains  en  soieut  absolu- 
ment  durs ,  mais  des  qu'ils  commencent  a  tirer 
sur  lerouge,  afin  qu'ils  grossissent  dans  Taire 
et  au  tas,  plutot  que  sur  terre ;  car  il  est  constant 
que  lorsqu'ils  sont  recolti^s  a  temps  ,  ils  prennent 
de  raccroissement  par  la  suite.  Oril  y  aplusieurs 
fa^^^ous  de  moissonner  :  bien  des  personnes  cou- 
penl  la  tige  par  le  milieu  avec  des  faux  armees 
d'un  tres-long  manche  ,  dont  les  unes  sont  a  bec, 
les autres  a  dents  :  d'auties  enlevent  Tepi  meme, 
soit  avec  des  fourches,  soit  avec  des  r^teaux;  ee 
qui  est  tres-aisc  ii  pratiquerdans  une  moisson  peu 
abondaute,  mais  tr(L's-difficile  dans  une  moisson 
bieufouruie.  Si  Fona  moissonn(?  avec  des  faux,et 
que  ron  ait  par  const'quent  coupii  une  partiedes 
tiges,  il  faut  sur-le-champ  mettre  la  moissou  en 
tas,  ou  la  porter  dans  le  lieu  oii  les  batteurs  trans- 
portent  le  ble  lorsquils  sont  surpris  de  la  pluie, 
cnsuite  la  battre  apres  qu'elle  aura  ete  couvena- 
biement  essoreepar  la  chaleur:  au  lieu  quesi  l'on 
n'a  coupe  que  les  epis ,  ou  peut  les  mettre  en  re- 
serve  dans  un  grenier  eu  attendant  rhiver,  pour 
les  hattre  eusuite  a  coups  de  baton,  ou  les  faire 
fouler  aux  pieds  des  bestiaux.  Mais  si  le  cas 


iion  coiiipelil  ul  in  villani  frenum  porlcUn, al  in  inanipulos 
colligatuin  certe quicquid  ad  eum  niodum ,  quo  debel ,  sic- 
catuin  eiit  in  metas  exstrui  Cionveniet ,  easque  ipsas  in 
angustissimos  vertices  exacul.  Sic  enim  commodissime 
foenum  defenditiir  a  pluviis ,  quae  etiam  si  nou  sint ,  non 
alienum  tamen  est  pra^dictas  metas  facere  ;  ut  si  quis  lin- 
mor  lieibis  inest,  exudet,  atque  excoquatur  in  acervis. 
Propter  quod  prudentes  agricolae  quamvis  jam  illatum  tecto 
non  ante  componnnt,  quam  per  paucos  dies  ali(]i!os  temere 
congestum  in  se  coucoqui  et  defervescere  paliantur.  Seil 
jam  fcenisicia  seqiiilur  cura  niessis ,  quam  ut  recte  possi- 
inuspercipeie,  priiis  instrumenta  pra-paranda  sunl,  qui- 
bus  Iniges  coguntur. 

XIX.  Aiea  qiioque  si  leriena  eiit ,  nl  sit  ad  trituram 
satis  liabilis ,  primum  radatur,  deinde  confodiatiir,  per- 
niislisque  paleis  cum  amurca,qua2  saiem  non  accepit, 
<'\lergatur,  nain  ea  res  a  populatione  murium  formicarum. 
(pie  frunienta  defendil.  Tiim  aequata  paviculis  vel  molari 
lapidecondeusetur,  etrursus  superjiictis  paleis  inciilcelur, 
iilqiie  ila  solibus  siccanda  relinqiiatur.  Sunt  famen ,  qui 
]iiati  ohjacp.ntem  favonio  tritur.-e  destinant ,  ai eamqne  de- 
tncisa  faba  et  injecta  cxpoliunt  :  nam  duni  a  pccudihus 


lcgumina  proculcantur,  heiba;  ctiam  ungulis  atteruntur, 
atqiie  ita  glabrescit  et  fit  idonea  tiituris  area. 

XX.  Sed  cum  malura  fuerit  seges,  ante  quam  lor- 
reatur  vaporibus  sestivi  sideris,  qui  sunl  vastissimi  per 
oilnm  Cauicul.ie,  celeiiter  demetatur.  Nam  dispendiosa 
iKt  cunctatio.  Primum  ,  quod  avibus  pra^dam  caeterisque 
animalibus  piicbet  :  deiniie  quod  grana  el  ipsae  spicoe  cul- 
mis  arentibus  et  aristis  celeriter  decidunt.  Si  vero  procel- 
\x  ventorum  aut  turbines  incesserint,  major  pars  ad  ter- 
rani  delluit  :  propler  qax  recrastinari  non  dehet ,  sei 
requaliter  ilaventibus  jam  satis,  ante  quam  ex  toto  grana 
indiirescant,  ciiin  rubicundum  colorem  traxerunt,  messis 
facienda  est,  ut  potins  in  area  et  in  acervo,  qiiam  in  agio 
grandescant  frumenta.  Constat  enim ,  si  tempestive  decisa 
sint,  postea  capere  incremcnlum.  Sunt  autem  melendi 
genera  complura.  Multi  falcibus  veruculatis,  atque  iis  vel 
rostratis  vel  denticulatis  mediiim  culmuin  secant  :  mulli 
mergis ,  alii  peclinibus  spicam  ipsam  legunt,  idque  in  rara 
segete  facillimum ,  in  densa  difficillimum  est.  Quod  si  fal- 
cibiis  seges  ciim  pai  te  ciilmi  demessa  sit,  protiniis  in  accr- 
viim  vel  in  nubilarium  congeritur,  et  subiude  opportunis 
solilms  torrefacta  proteritur.  Siii  aiiteui  spicjp  lantumiuudo 


DK  L'AGRICULTUKK,  LIV.  L 


22( 


.^clu^ait  qiie  l'()n  baite  dans  raire  le  ble  muni  de 
sa  tige,  il  n'y  a  |joiut  de  doute  que  hs  elievaux 
ne  soient  prefei-abies  pour  cctte  operation  aux 
boeufs,  el  si  Ton  n'a  pasun  nombre  suffisant  d'at- 
telages,  on  pourra  y  joindre  des  rouleaux  ou  des 
traineaux  :  car,  avec  ces  deux  espeees  de  maclii- 
ncs,  on  vient  tres  aisement  a  bout  de  briser  ics 
tiges.  Si  au  contraire  les  epissont  seuls,  on  fait 
rnieux  de  les  battre  a  coups  de  baton  et  de  les 
vanner.  Mais  lorsque  le  grain  est  pele-nieie  avec 
la  paille,  on  vient  a  bout  de  les  separer  Tun  de 
Tautre  par  le  secours  du  vent.  Le  vent  Faconius 
passe  pour  le  meilleur  en  cette  occasion ,  parce 
qu'il  souftle  douccment  et  uniformementdans  lcs 
mois  d'etc.  11  n'y  a  cepeudant  qu'un  agrieultcur 
negligent  qui  puisse  se  r^soudre  a  rattendre, 
parceque,  tandisque  nous  rattendons,  la  rinueur 
de  rhiver  peut  nous  surprendre.  Cest  pourquoi, 
lorsque  les  bles  ont  ete  battus  dans  Taire,  il  faut 
les  y  mcttre  en  tns,  de  facon  qu'ils  puissent  etre 
nettoyes  par  toutes  sortes  de  vents  ;  et  s'il  arrive 
meme  que  le  vent  ne  souftle  d'aucun  e6te  pendant 
plusieurs  jours,  il  faudra  les  vanner,  de  peur 
qu'a  la  suite  d'un  trop  long  calme  il  ne  sur- 
vienne  de  fortes  tempetes,  qui  fassent  perdre  le 
travail  de  toute  l'annee.  Quand  le  grain  aura  ete 
bien  nettoye,  il  faudra  eneore  le  nettoyer  une 
secondc  fois  avant  de  le  scrrer,  si  Ton  est  dans 
rintention  de  le  gardcr  pliisieurs  annces;  ear 
plus  il  est  nettoye,  moins  il  est  snjct  a  etre  ronge 
par  le  eharancon  :  mais  si  on  le  destine  a  etre 
consommesur-le-champ,  il  ne  sera  pas  neeessaire 
de  le  purgcr  de  nouveau  ,  et  il  sutfira  de  le  fairc 
rafralehir  a  Tombre,  et  de  le  porter  ensuite  au 
grenier.  On  ne  s'y  prend  pas  autrement  pour  les 
legumes  que  pour  les  autres  grains,  parce  que, 
de  raeme  qu'eux,  ou  on  les  consomme  sur-le- 


champ,  ou  on  les  scrrc  pour  les  garder.  Voila  le 
profit  auquel  aboutit  enfin  le  Iravail  du  labou- 
reur,  et  qui  consiste  a  recueillir  lessemencesqu'il 
avait  confiees  a  la  terre. 

XXI.  Mais  comme  nos  ancelrcs  ont  pense 
qu'on  devait  autant  rendre  compte  de  .son  loisir 
que  de  ses  occupations,  nous  croyons  aussi  de- 
voir  prevenir  les  eultivateurs  de  ce  qu'ils  ont 
droit  de  faire  les  jours  de  fete,  et  de  ce  qui  leur 
est  intcrdit  ees  jours-la.  Car  il  y  a  des  ehoses, 
eomme  dit  le  poete,  qu'//  est pcrmis  de  faire  les 
jours  dcfete :  il  n'y  a  point  de  religion  qui  ait 
defendu  de  donner  un  liltre  ecouleiiirnt  aux 
ruisseuiix,  dc plantcrunchaie  dcrantune  Irrre 
cnsemoncee ,  de  tendre  dcspicges  aiix  oiscaux, 
dc  mettre  le  feu  aitx  buissons,  ou  de  plongcr 
dans  unfleuve  un  troupeati  de  brebis  ponr  lui 
procurer  la  santc ,  quoique  les  pontifes  prcteu- 
dent  qu'on  ne  doit  point  fermer  de  haies  une 
terre  enscmencee  les  jours  de  fetes;  connne  ils 
delVntlent  aussi  de  baigner  lcs  brebis  pour  em- 
bellir  leur  laine  ,  et  ne  permetteut  de  le  faire  que 
ponr  leur  proeurer  lasaute.  Aussi  Virgile,  pour 
monlrer  comment  il  etait  permis  de  baigner  uu 
troupeau  dans  une  riviere  ies  jours  de  fetes ,  a-t- 
il  ajonte,  De  le plonger  duns  tm  flcui^epour  lui 
procurcr  la  sante,  parce  qu'en  effet  il  y  a  des 
maladies  pour  lesquelles  il  est  bon  de  baigner  les 
bestiaux.  Voici  encore  dcs  travaux  que  les  ritcs 
de  nos  ancelrcs  permettent  de  faire  les  jours  de 
fetes  :  broyer  le  ble,  couper  du  bois  a  bruler, 
faire  de  la  chandelle  de  suif ,  cultiver  une  vigne 
aflerm^e,  nettoyer  et  curer  les  reservoirs,  les 
mares,  lesaneiens  fosses  ;  repasser  les  pres,  epar- 
piller  le  fumier  sur  les  terres,  arranger  le  foin 
sur  les  planchers,  recolter  les  fruits  des  plaas 
d'oliviers  qu'on  a  pris  aferrae,  etendre  les  pom- 


iPcistE  siinl,  possiinl  in  horieiim  conreiii,  el  deinde  per 
liiiTiicm  vel  baciilis  exculi  vel  exteri  pecuiiibus.  At  si  coiii- 
|)i'lit ,  iit  in  aiea  teratur  IVnmenluni ,  iiilill  dubium  est, 
i|uiii  equis  melius  quain  bubus  ea  res  conliciatur  :  et  si 
|iaucajuga  suiit,  adjicere  tiibulamet  tiaham  possis;  qiiiE 
ics  ulraqiie  culmos  facillime  comminuit.  Ipsa>  autem  spi- 
ca'  melius  fiistibus  cuduntur,  vannisque  expurgantur.  At 
iibi  paleis  imiiiista  sunt  frumenta ,  veiilo  sepaientur.  Ad 
eam  rem  Favoniiis  babetiir  eximius ,  qui  lenis  a-qualisque 
sestivis  mensibus  peillal  :  qucm  tamen  opperiri  lenti  est 
a^ricohr  :  quia  sa>pe  diim  expectatur,  sa?va  iios  hiems  de- 
preliendit.  Itaqiie  iu  area  detrita  frumenta  sic  sunl  agj;e- 
raiida,  ut  omni  llatu  possint  exccrni  .\t  si  compliiribus 
diebus  undique  silcbit  aura,  vaiinis  expurgentiir,  ne  pnst 
niniiam  venlorum  segnitiem  vasta  temiieslas  ii litiini  ficial 
lolius  anni  laborem.  I'ura  deinde  frumciila,  si  in  aniios 
11'coiidiintii'',  rcpurgari  debenl.  .Nam  qiia:ilo  sunt  expoli- 
lioia,  miiiiis  a  curculionibus  cxediintiir.  .Sin  prolinns  usui 
destinanlur,  niliil  altinct  repoliii,  satisque  est  in  iinil)ra 
refrigerari,  elilagranario  inferri.  Legiiininnni  quoqiie  non 


alia  ciira  est,  quam  reliquoriim  frnmentorum  :  nam  ea 
quoque  vel  statim  ahsumuiitiir,  vcl  icconduntur.  Atque 
boc  suprenium  est  araloris  emoliimenluni  percipiendoruin 
semiiium ,  quse  tei ra;  credideiat. 

XXI.  .Sed  ciiin  tam  olii  quani  nejiotii  rationeiii  red- 
dere  majores  nostri  ccnsuerint;  nos  quocpie  monendos 
essB  agi  icolas  existimamus,  qua;  feriis  facere,  qua!i|iie  non 
facere  debeant.  Siint  enim  ,  ut  ait  poeta ,  qua-  fcslis  excr- 
cere  dichus  t'as,  ct  jura  sinunt.  Iticos  dcdiurrc  nuUa 
relliijiovcluil,  scricfi  pra^lendcrcscpem,  Insidias  arihus 
moliri,  inccndere  vc/ircs,  Halrinlumijue grcgiinfluvio 
mersare  salubri.  Qiianiipiaiii  ponlilices  ncgaiit  segeleni 
lcriis  sepiri  deheie.  Velant  quoque  lanarum  caiisa  lavari 
oves,  iiisi  propter  medicinain.  Virgilius  quod  liceat  feriis 
llumine  ahluere  gregem  prierepit,  el  idcirco  adjecit,_/ZHwio 
nicrsarc  salubri.  .Sunl  enim  vitia,quorum  ciusa  pecus 
ulile  sit  lavare.  Feriis  autem  rilus  majorum  ctiain  illa  per- 
niitlit,  far  pinsere ,  faces  iucideie,  candelas  sebare ,  vi- 
neam  conductam  colere;  piscinas,  l.acus,  fossas  veteres 
leigerc  el  purgare,  prala  sicilire,  stercora  a-qiiari',  fii'niiiii 


COLUMELLF, 


ines,lcspoircs,  icsfigi!cs;fnii'cdiifi'oniaj;e,portei' 
sur  son  dos  oii  chargcr  sur  un  mulet  de  b^t  des 
nrbrcs  pour  lcs  planter  :  mais  il  n'est  pas  permis 
de  se  servir  pour  lcs  porter  d"un  niulct  attele  a 
iine  voiture,  ni  de  planter  ceiix  qui  auraient  ete 
portes  ainsi ,  ni  de  labourer  la  tcrre ,  ni  dVlaguer 
les  arbrcs,  pas  meme  de  s'occuper  des  semailles, 
!\  moins  que  Ton  n'ait  prealablement  immole  un 
petit  chien,  ni  de  couper  le  foin,  le  lier  ou  le  por- 
ter.  II  u'est  pas  meme  permis,  suivant  les  obser- 
vances  prescrites  par  les  pontifes,  de  faire  ia 
vendange  ies  jours  de  fetes,  ni  de  tondre  les 
brebis,  a  moius  que  Ton  n"ait  encore  immole 
un  petit  chicn.  II  est  aussi  pcrmis  de  faire  du 
vin  cuit,  et  d'en  meler  dans  le  vin  :  il  cst  pcrniis 
de  cueiilir  le  raisin ,  ainsi  que  les  olivcs  que  ron 
destine  a  confire.  II  n'cst  pas  permis  de  couvrir 
de  peaux  lcsbrebis.  Tout  travail  relutif  aux  l^- 
gumes  qui  sont  dans  un  jardia  cst  permis.  II 
ii'est  pas  permis  d'ensevelir  un  morl  les  jours  de 
letes  publiciues.  M.  Porcius  Caton  a  dit  ((u"il  n'y 
avait  point  de  fetes  pour  les  mulels,  pour  les 
chevaux ,  ni  pour  les  Aues.  II  permet  aussi  d'atte- 
ler  les  bocufs  pour  apporter  du  bois  et  du  ble 
chez  soi.  Nous  avons  lu  dans  les  ouvrages  des 
pontifes  que  ce  n'cst  qu'aux  fetes  denicales  qu'il 
n"est  pas  permis  d"atteler  les  mulets,  mais  qu'on 
peut  le  faire  lesautres  fetes.  .le  suis  sur  que  quel- 
ques  personnes,  voyant  que  je  vicns  d'cntrer 
dans  le  detail  de  ce  qui  ci)nc(  riie  la  solennitc^, 
des  f(ites  ,  dt'sireront  que  je  leur  enscgnc  aussi 
les  rites  usites  par  h  s  aneiens  dans  les  saeriRees 
d'expiation  ,  et  dans  tous  les  autres  sacrificcs  que 
Ton  fait  pour  les  biens  de  la  terre;  aussi  je  ne 
refusc  pas  de  prendre  cette  pcine,  mais  je  reinets 
a  le  faire  dans  un  livre  a  part  que  j'ai  dessein  de 
composer,  lorsque  j"aurai  donne  tous  les  precep- 


tes  de  ragriciilture.  En  aitendant,  je  terminerai 
ici  ce  traitt^  me  reservant  a  douner  dans  le  sui- 
vant  ce  que  je  tiens  des  aneiens  auteurs  sur  les 
vignobles,  et  sur  les  plants  d"arbres  maries  a  des 
vignes ,  comme  ce  que  j"ai  dtJcouvcrt  moi-meme 
depuiseux. 


LIVRE  TROISIEME. 

I.  J'ai  (lonnejuarpCici  la  cxdture  des  guerets, 
comme  dit  le  prcmier  des  poetes.  Car,  puisque 
j"ai  a  traiter  les  mt^mes  objets  que  lui ,  rien  ne 
m'empcche,  P.  Silvinus,  d'entrer  en  matifere  par 
les  premieies  paroles  de  son  poeme  c(>l^bre.  INous 
voiei  donc  a  priisent  venus  au  soin  des  arbres, 
et  c'est  meme  la  partie  la  plus  letcndue  de  ragri- 
eulture.  II  y  a  des  arbres  de  difft-rentes  especes, 
qui  tous  se  montrent  sous  des  formes  variees  : 
il  y  en  a  de  bien  des  especes  qui,  comme  dit  le 
meme  poete,  viennent  d'cux-memes  etsans  rj 
ctre  forces  iiar  aucun  homme,  eomme  il  y  en 
a  beaucoup  qui  ne  viennent  qu'apr('s  avoir  cte 
plant(is  de  main  d'homme.  Mais  ceux  qui  ne 
viennent  pas  par  le  secours  des  hommes,  tels 
que  ceux  des  forets  et  les  sauvageons,  portent 
chacun  des  fruits  ou  des  semences  d'un  caractere 
qui  leur  est  propre ;  au  lieu  que  ceux  qui  ont  e.t6 
cultivt^s  sont  les  plus  propres  a  rapporter  des 
fruits  pour  notre  usage.  II  IV.utdonc  parler  d'a- 
bord  de  respcce  darbres  qui  nous  fouruit  des 
aliments.  On  la  divise  en  trois  parties  :  car  un 
rejetou  quelconque  produit  ou  un  arbre  tel  que 
rolivier,  ou  un  arbrisseau  t«l  que  le  palnner  dcs 
champs,  ou  un  troisieme  genre  de  production 
que  je  ne  voudrais  appeler  proprement  ni  arbre 


in  labnlala  compnnere,  frucfus  oliveli  condnctos  cogere, 
inala ,  ()iia,  ficos  pandcie ,  casenin  facere ,  arbores  seiendi 
causa  collo  vcl  iinilo  clltellario  afferre  ;  scd  junclo  adve- 
here  noii  piTniitllliir,  iht  apporlota  seiere,  neque  terram 
aperire,  iieipie  arbinciii  colliicarc  :  scil  ne  semenlcm  qiii- 
dem  adniinistrare  ,  nisi  prius  calulo  f  ceris  :  ncc  foenuni 
secaic  aut  viiicire  aut  vehere  :  ar  nc  vindcmiam  qiiidem 
cogi  per  religiones  pontiliciini  feriis  licet  :  nec  oves  ton- 
dcre ,  nisi  si  catulo  fcccris.  DefiHtiim  quoque  f.icere,  et 
defrutarc  vlniim  licet.-Uvas  ilemque  olivas  conditiii  legeie 
licet.  Pellibiis  oves  vestiri  non  lirel.  In  liorto  quicquid  ole- 
rum  caiisa  facias,  omne  licct.  Fcriis  piiWicis  bominem 
iiiortuum  sepelirenon  licet.  M.  PoiciiisCato  miilis,coiiis, 
asinis  nullas  e&se  ferias  di\it.  Iilennpie  hoves  permiltit 
conjungerelignorumel  frumrntnniiiiaiUclicniloriimcausa. 
Nos  apud  pontilices  lcgimiis  ,  liMiis  l.inlnin  ilcnicalilnis 
niulos  jungere  non  liccre,  ca.'leiis  licerc.  Iloc  luco  certum 
liabeo  quosdam  cum  solennia  festorum  percensuerim, 
desideraturos  luslralionum  caeleioiumqiie  sacrilicioruiii, 
qiuK  pro  frugibus  (iimt ,  morcm  priscis  usiupaliiui.  Ncc 
egii  abnuo  docendi  cur:im  :  sed  diffeio  in  euin   lihruin  , 


quem  componere  in  animo  est,  cum  agricolalionis  totam 
disciplinam  perscripsero.  Finem  interim  pracsentis  dispn- 
lalioiiis  faciam,  dicturus  exoidio  seqiiente,  quK  de  vlneis 
aibiistisque  prodideie  veteres  auclores ,  qusqiie  ipse  mox 
comperi. 


LIBER  TERTIUS. 

I.  Haclenus  arvorum  cultus,  ut  ail  pr.Tslantissimus  poela. 
Niliil  enim  piobibet  nos,  P.  Silviue,de  iisdeni  rebus  di- 
ctiiros  celeben imi  carmiiiis  auspicari  piincipio.  .Sequilor 
arbornm  cura,  quae  pars  rei  ruslic-e  vel  maxima  esl.  Ea- 
iiim  species  diversae  el  multiformes  sunt.  Qiiippe  vaiii 
generis  (fticiit  aiictor  idem  refert)  nullis  hominum  coijen- 
tihus  ipscv spontcsuaveninnt :  mullaeetiamnostra  manu 
sala;  procedunt.  Scd  quaj  non  ope  liiimana  gignuntur,  sil- 
vestres  ac  fera?  sui  ciiju.sque  ingenii  poma  vel  semina  ge- 
riinl  :  al  quibiis  lahor  adhibetur,  niagis  apt»  simt  fri  gi- 
biis.  De  eo  igitur  prius  genere  dicendiim  est,  qiiod  noHj 
alimentapra!bet;idquelripartitodividitur.  Nam  ex  suicu. 


DE  L'AGRIGULTURK,  LIV.  Ml. 


22n 


iii  nrhiissoaii,  tel  (nrcsl  la  visne.  Nmis  \:\  prtfe- 
rons  justenien!  aux  autres  pluiites,  noii-seulement 
a  cause  de  la  douceur  de  son  fruit,  niais  cncorea 
cause  de  la  faeilite  avec  laquellc  elle  repond  aux 
soius  de  riionime,  dans  presqiie  toutes  les  con- 
trecs  et  sous  tous  les  climats  du  monde,  si  Ton  en 
excepte  les  elimats  glaees  ou  brulaiils,  et  paree 
qu'elle  vient  aussi  heureusenient  dans  les  plaines 
que  sur  lescollines,  dans  les  terres  epaisses  que 
dans  cellesqui  sont  en  poussiere,  souvent  memfi 
dans  lcs  terres  maijires  que  dans  les  grasses  ,  et 
(lans  les  seclies  que  daus  celles  qui  sont  humides. 
Klle  est  surtout  la  seule  plnnte  qui  reussisse  sous 
diversestemp(;'i'atures,soitqu'cllesoilsousunp6lc 
froid,  soit  qu'elle  soit  sous  un  \w\e  chaud  ou 
sujet  aux  teinp(?tes.  II  est  cependnnt  intcMessant 
dedistinguer  quelles  especes  de  vignes  ou  culti- 
vera,  et  quel  fienre  de  culture  on  leur  doniiera, 
suivant  les  diriVrentes  positions  des  pays  :  car 
la  eulture  de  la  vigne  n'est  pas  la  meme  pour 
tous  les  elimats  ni  pour  tous  les  terroirs;  et 
non-siulement  cette  plaiite  n'cst  pas  d'une  seule 
espece,  mais  il  n'est  pas  aise  de  prononcer  quelle 
est  la  meilleure  espece  de  toutes,  parce  qu'il  n'y 
a  que  fcxpt^rience  (|ui  puisse  apprendre  quclle 
est  celle  en  particulier  qui  sera  plus  ou  moins 
propre  a  tel  ou  tel  pnys.  Ccpcndant  un  cultiva- 
tcur  eclaire  regurdern  coinme  certain  que  le  genre 
de  vignes  qui  suppoitera,  saus  en  (■tre  incom- 
modt?,  les  neiges  et  les  friinas,  sera  propre  aux 
plaines;  que  celui  qui  supportera  la  sticheresse 
et  les  vents,  sera  propre  aux  collines  :  il  d(.'par- 
lira  a  un  champ  gras  et  fertile  une  vigne  maigre, 
et  qui  ne  soit  pas  naturellement  trop  fecondc;  a 
un  terrain  inaigre  une  vignc  leeoiuie;  ii  un  ter- 
rain  t^pais  une  vigue  forte  et  qui  ait  beaucoupde 
bois  ;  a  uii  tcrraiii  r^iduit  en  poussiere  et  fertile, 


une  vigne  qui  ait  peu  de  liois.  II  .siurn  qu'il  ne 
fnut  pas  plunter  des  lieux  humides  en  vignes 
dont  le  raisin  uit  un  grain  tcndre  et  gros,  mais 
en  vignes  dont  le  raisiii  aura  le  grain  dur,  petit, 
et  fourni  de  beaiicoup  de  pepiiis;  et  qu'il  faut, 
d'un  autre  c6te,  mettre  dans  uii  terrain  scc  des 
vignes  d'une  nature  differente.  Mais,  outre  cela , 
le  propri(?taire  du  tcrrain  saurn  eucorc  que  les 
difft-rcntes  temperaturcs  de  rnir  influent  plus 
quc  le  terrain  mcme  sur  les  vignes,  comine  le 
froid  ou  le  chaud,  la  sticheressc  ou  rhumiditc,  In 
giele  et  le  vent  ou  le  calme,  le  lemps  serein  ou 
le  temps  nt^huleux  :  ainsi  il  mettra  sous  un  climat 
froid  ou  nebulcux  deux  especes  de  vigiies,  ou 
les  lifllives  dont  lcs  fruits  previeudront  Thiver 
par  leur  maturite,  ou  cellcs  dont  le  grain  sera 
ferme  et  dur,  pnrce  qu'elles  dclleuriront  au  mi- 
lieu  des  brouillnrds,  ct  que  leur  fruit  muriia 
ensuite  aux  gelees  et  aux  friinas,  comme  les  au- 
tres  murissentaux  chaleurs.  II  mettracgalcinent 
avec  hardiesse  les  vignes  fermes,  et  dont  le  graiii 
sera  dur,  sous  un  climat  sujet  aux  vents  et  aux 
orages;  d'un  autre  ctUt' ,  il  mettra  dans  un  climut 
chaud  les  vignes  les  plus  tendres,  et  cclles  dont 
!e  raisiii  sera  lc  plus  serre  :  il  destinera  a  un 
terrain  sec  celles  que  dcs  pluies  et  des  rosees  con- 
tinuclles  pourriraicnt ;  a  un  tcrrain  huinide,  cel- 
les  qui  souffriraient  de  la  secheresse;  a  un  ter- 
rain  sujet  a  la  givle,  cellcs  dont  les  feuilles  scront 
dures  et  larges,  afm  que  leur  fruit  soit  plus  a 
couvert :  ear  pour  les  contrees  ou  le  teinps  est 
calme  et  serein,  il  u'y  a  pas  de  vignes  qui  ne 
leur  conviennent,  quoique  les  meilleures  seront 
celles  dont  les  gruins  et  les  grappes  tomberont  le 
plus  ais(?ment.  Mais  s'il  faut  choisir  a  souhnit  un 
terrnin  et  un  climnt  pour  les  vigiies,  le  meilleur 
terraiu  (d'aprt^s  ropiuiou  de  Celsus,  ((ui  est  tres- 


lo  vel  ailior  pnircilil ,  ut  nloa  :  vpI  fnilox  ,  iit  palma  ram- 
pestris:  tcI  lertiiim  (|iiiililaiii ,  (pioil  ncc  aibuieiii  iiec 
friicticeni  proprie  dixerimiis,  iit  est  vilis.  H.inc  nos  ciete- 
ris  stlrpil)us  jnie  pia^poniinns,  iion  tanlnm  fructus  dulce- 
(line ,  sed  (^liam  facilitate ,  per  qnaiii  omni  pene  lesione  et 
omni  (lecliiiatione  miincli ,  nisi  tamen  slaciali  vel  pr.Tfer- 
viila,  cuiae  morlalinm  respondet,  taiiupie  felix  eampis, 
qnam  coUihus  provenit,  et  in  densa  non  minus  qnam  in 
resolnla,  ssepe  etiam  gracili;  atqiie  pingiii  et  macia,  sic- 
caque  et  uli^inosa.  Tum  sola  mavime  utctmque  ])atiliir 
intemperiein  caidi  vcl  -sul)  a\e  frigido ,  vel  a'Sluoso  piocel- 
losoque.  Rcfert  lamen ,  cujus  generis  aul  qun  haliitii  vilcni 
pro  regionis  .slatii  colerc  censcas.  Necpie  enim  omni  caelo 
solovc  ciiltus  idem ;  neqne  esl  nnnm  slirpis  ejiis  gcnus ; 
«pindquc  pr.Tecipnuni  eslex  omnibns,  non  faciledictu  est , 
cnm  suuni.cui(|uc  regioni  m.igis  aiit  minus  aptuiii  esse 
doccat  USU.5.  Exploralum  tanien  habehil  prudens  agricola 
genus  vilis  hahile  cainpo ,  (luod  nebulas  pruinamqne  sine 
DOxapertert;  colii,  quod  siccitatein  vcnlosqiie  patilnr 
Pingiii  el  nhcri  dabit  agro  gr.acilem  vilem  ,  nec  nalura  ni- 
luis  Ifsfundam ,  macro  feraceiii ,  lerra^  dens.T  vcliementciii , 


mnltaqno  matiTia  frondentem;  resnliito  et  l.eto  solo,  raii 
sarnienti,  huinido  loco  sciet  nonrocte  mandari  frnctns  te- 
neri  et  amplioris  acini,  sed  callo.si  et  angusti  freqiienlisquc 
vinacei ;  sicco  recte  contribui  diversap  [quoque]  natura; 
scmina.  Sed  et  post  lioec  non  ignorabit  dominus  loci , 
plns  posse  qualitatein  ciBli  frigidam  vel  calidam ,  siccam 
vel  roscidani ,  grandinosani  venlosamqiie  vel  placidani , 
sercnam  vcl  nohnlosam  :  frigidffique  ant  nehulosac  diin- 
iiim  generuni  vites  aplahit,  seii  proecoqiies,  qnariini 
matmilas  friigum  pr.Tcurril  hienieiii ;  seu  /irmi  (luriqiic 
acini,  qnarum  inter  caligines  uv;c  dellorescunt,  et  mo\ 
gclicidiis  ac  pruinis,  ut  aliarnni  calnrihiis,  milcscunl. 
Venloso  quoque  et  tumultiioso  slatu  ctH  fidenter  easdeni 
tenaccs  ac  diiri  aciiii  ( iiinniiltel.  Rursiis  calidi)  teneriorcs 
niierioresqne  cnncicdil.  sicci)  distinabit  eas,  qiiai  pluviis 
ant  continuis  rorilnis  pnliiMinil:  roscido,  qn;c  siccilali- 
lins  lahorant;  graMiliiiosn  t\niv.  foliis  dnris  lali.sque  sunl, 
i]iiomeliusprnl('ganl  fincliim.  Nani  jilacida  etscieiia  regiu 
niillani  non  recipit :  coniniodissime  tamen  cam,  cujiis  vil 
iiv.e  vel  acini  ccleritcr  decidunl.  At  sj  voto  cst  cligi  ii- 
(liis  vineis  locus  ct  status  ca'li,  situt  censcl  verissiini! 


COLUMEr.LE. 


coiiforme  a  la  veiite)  sera  celiii  qui,  saiis  etre 
trop  tpais  ui  reduit  en  poussiere,  approchera  le 
plus  de  cctte  derniere  qualite;  celui  qui ,  sans 
etre  maigre  ni  fertile,  approchera  cependant  le 
plus  de  la  fertilite ;  celui  qui ,  sans  etre  en  plaine 
ni  escarpe,  tiendia  cependant  d'une  plaiiie  ele- 
vee;  celui  qui ,  sans  etre  sec  ni  humide  ,  sera 
cependant  modereaient  arrose;  celui  qui ,  sans 
avoir  beaucoup  de  sources  d'eau  sur  sa  surface 
ni  dans  ses  entrailles  ,  fournira  neanmoins  aux 
racines  de  la  vigne  une  humidite  suffisante,  qu'il 
tirera  des  lieux  circonvoisins ;  humidite  qui  ne 
devra  etre  ui  amere  ni  salee,  pour  qu'elle  ne 
corrompe  point  le  goutdu  vin,  et  qu'clle  n'arrete 
point  raccroisseraent  des  plantes  par  respece 
de  rouille  dont  elle  les  couvrirait,  s'il  en  faut 
croire  Virglle,  qui  s'exprime  ainsi :  Mais  les  ter- 
res  salees ,  et  celles  qui  passent  poitrcmeres, 
sont  nuisibles  aux  fruits;  les  lahours  ne  les 
adoiicissent  pas,  et  elles  ne  conservent  ni  la 
gualite  du  vin  ni  la  reputation  des  fruits.  La 
vigae,  commeje  Tai  dit  ci-dessus ,  ne  veut  ni 
une  temperature  gl;iciale,  ni  une  tcmperature 
brulaute  :  elle  se  plait  eependant  plus  dans  les 
climats  chauds  que  dans  les  climats  froids;  la 
pluie  lui  faitplus  de  tort  que  le  beau  tcmps,  et 
elle  aime  mieux  une  contree  seche  qu"une  con- 
tree  trop  pluvieuse;  comme  elle  aime  un  vent 
modere  et  dou\ ,  tandisque  les  tempetes  lui  sont 
pcrnicieuses.  Telles  sont  les  qualites  du  climat 
et  du  sol  qui  sont  le  plus  a  rechercher. 

IL  On  plante  dcs  vignes soit  pour  en  manger  le 
raisin  ,  soit  pour  en  faire  du  vin.  II  n'y  a  pasde 
protita  faireun  vignoble  pour  en  destiner  lerai- 
sin  a  etre  raange,  i  raoins  que  le  terrain  ou  on  le 
formera  ne  soit  si  voisin  des  villes,  que  Ton  puisse 
trouver  sou  compte  a  vendre  le  raisin  aux  raar- 


chands,  fans  avoir  la  peine  de  le  garder ,  comine 
on  vend  tous  les  autres  fruits.  Lorsque  Ton  sera 
dans  ce  cas,  11  faudra  surtout  avoir  des  vignes 
hatives  et  du  maroquin  ,  en  unmot  du  raisin 
pourpre,  de  celui  agrosgrains,  de  celuia  longs 
grains,  de  celui  de  Rhodes,  de  celui  de  Libye 
et  de  celuides  monts  Cerauniens  :  il  faut  planter 
alors  non-seuleraent  les  vignes  qui  sont  recom- 
raandables  par  le  gout  agreable  de  leur  fruit,  mais 
aussi  celles  qui  le  sont  par  leur  belle  apparence, 
corame  cellesdont  les  grappes  ont  la  forrae  d'une 
couronne ,  celles  dont  les  grappes  ont  trois  pieds , 
celles  dont  le  grain  pese  une  uncia,  celles  qui 
ressemblentauxcoings,  de  merae  quecellesdont 
on  serre  le  raisin  dans  des  vascs ,  pour  ie  garder 
pendant  Thiver ,  comme  les  ven.vculw  et  celles 
de  Numidie  qu'ou  a  reeounues  depuis  peu  etre 
bonnes  pour  cet  objet.  Mais  lorsquon  veut  faire 
du  vin ,  on  choisit  la  vigne  qui  est  forte  en 
fruit  et  en  bois,  parce  que  Tun  contribue  beau- 
coup  aux  revenus  du  cultixateur,  et  Tautre  a  la 
longue  duree  de  la  plante;  mais  il  faut  pre- 
ferer  celle  qui,  ne  se  couvrant  pas  trop  tot  de 
feuilles  et  quittant  sa  fleur  de  boune  heuie ,  sans 
murir  trop  tard,  se  defend  en  meine  temps  aise- 
ment  coutre  lesgelees ,  le  brouillard  et  la  brulure, 
saus  que  la  pluie  la  pourrisse,  ou  que  les  seche- 
resses  la  reduisent  a  ricn.  Voila  comme  il  faut  la 
choisir,  ue  fut-elle  que  mediocrcment  feconde, 
pourvu  que  Ton  ait  un  terroir  oii  elle  puisse  ren- 
dre  un  vin  d'un  gout  fin  et  recherche.  Car 
si  le  terroir  donne  au  vin  un  gout  decideraent 
mauvais  ou  commun  ,  il  vaudra  mieux  planter 
la  vigne  qui  sera  la  plus  abondante,  ann  a'aug- 
raenterson  revenu  par  la  multiplicite  du  produit. 
II  arrivepresquetoujours,  eu  quelque  terroir  que 
ce  soit,  que  les  viguobles  desplaines  donnent  du 


Cetsiis,  optimum  esl  solum  nec  densiim  nimis  ncc 
resoluliim,  solulo  lamen  piopiiis  :  nec  exile  ncc  laHis- 
simum,  proximiim  tameii  ubeii  :  nec  campestre  iiec 
prarceps ,  simile  tamen  edilo  campo  :  nec  siccum  nec  iill- 
ginosum,  mndice  lameu  roscidum  :  quod  Ibnlibus  noii  iu 
summo,  non  in  piotundo  Imx  scatuiiat;  sed  ut  vicinum 
ladicibus  humorem  subministrel  : eumque  nec  amaruin 
nec  salsum,  ne  sapoiem  vini  corrumpat,  et  incrementa 
virenlium  veluli quadam  scabra  rubigine  coeiceat :  si  modo 
ciedimus  Virgilio  dicenti  :  Sulsa  autcni  lelliis ,  el  i/iice 
pcrfiibctur  amara,  Frugibus  in/etlx;  ea  ncc  mansue- 
scit  arando,  Nec  Bacdio  gcntis  atil  promis  siia  nomina 
servat.  Cadum  pono  neque  glaciale  vinea ,  siciit  pii-dixi , 
nec  rursus  «sluosum  desiderat.  Calido  tainen  polius 
quam  Irigido  hietatur ;  imbribus  magis  qiiam  serenitatibus 
offcnditur;  el  .solo  sicco  quam  nimis  piuvio  est  amicior; 
perllalu  inodico  lenique  gnndet,  procellis  obnoxia  e.st. 
Atqiie  lijoc  maxiine  probabilis  est  caMi  et  soli  (]ualitas. 

II.  Vilis  aiitem  vel  ad  escam  vcl  ad  defusionem  depo- 
iiitur.  .\d  escam  non  expedit  instituei-e  vlnela,  nisi  cum 
tam  subuibaniis  esl  ager,  ut  ralio  postulel  incondKuiu 


fructum  niercautibus  velut  pomnm  vendere.  Qua;  cum  talis 
estcondilio,  maxime  pritcoques  et  diiiacina^,  tum  deui- 
que  piirpureae  el  bumasti,  dactjlique  et  Rliodioe,  Libjcse 
qiioqueet  ceraunia;.  Nec  solum  qua;  jucunditate  saporis, 
veriim  etiam  qua;  specie  comniendari  possinl ,  conseri  de- 
bent :  ut  steplianitae  ,  ut  tripedane» ,  utnnciariae,  ut  cy- 
douita!.  Itein  quarum  uva;  temporibus  biemis  durabiles 
vasis  condunlur,  ut  venuculae  ,  ut  nupcr  in  lios  usus  ex- 
plorata;  Numisianse.  At  ubi  vino  consuliinus  ,  vitis  eligt- 
tur,  qUiTeet  in  fructu  valet  et  in  materia  :  quod  alterum  ad 
reditus  coloni,  alteruin  ad  diuturnitatem  stirpis  plurimum 
confeii.  Sed  ea  tura  piajcipua  est,  si  nec  nimis  celeriter 
trondet,  et  prinio  quoque  lempoic  dellorescit,  iiec  nimid 
taide  mitescit :  quin  etiam  pruinas  et  caliginem  et  carbun- 
culumfacile  propuIsal,eademque  necimbribus  pulrescit, 
nec  siccitatibus  abolescit.  Talis  nobis  eligatur  vel  medio- 
criler  fiBcunda,  si  modo  is  locus  babclur,  in  quo  gustus 
nobilis  pretiosusque  fluit.  Nain  si  sordidus  aut  vilis  est, 
feracissimam  quainque  serereconducit,  utmultiplicatione 
friigum  reditus  augeatur.  Fere  autem  oinni  statu  locoruin 
campestria  largius  vinum  sed  jucundius  alTcrunt  collina  : 


DE  LAGRICUL 

■vln  cn  plus  grande  qiiantUe  que  ceux  des  eolli- 
nes,  et  que  ceux-ci  le  donnent  plus  agreable, 
quoique  entre  ces  dernicrs  merne ,  quand  le  cli- 
mat  en  est  niodere,  ceux  qui  snnt  cxposes  aux 
aquilons  en  donnent  plus  aboiidamnicnt ,  et  que 
ceux  qui  le  sont  au  vent  du  midi  lc  donncnt  plus 
excellent.  Car  il  n'y  a  point  de  doute  que  certai- 
nes  vignes  ne  soient  de  nature  a  etre  tantot  supe- 
rieures ,  tantot  inferieures  a  elles-mSnics  par  la 
qualite  de  leur  vin,  suivant  laposition  des  lieux. 
II  n"y  a  que  les  vignes  Aminees  qui  passcnt 
pour  preferables  a  toutes  les  autres  par  le  gout  du 
leur,  sous  queique  ciimat  qu'elles  soient  placees , 
pourvu  qu'il  nesoit  pas  trop  froid  ;  et  cela  quand 
meme  elles  seraient  degeucrees,  quoique,  si  on 
les  compare  entre  elles,  ellcs  donncnt  un  viu 
tant^t  meilleur ,  tantot  moins  bon.  Ces  vignes, 
quoique  portanttoutes  le  memenom  ,  ne  sont  pas 
eependant  resserrees  dans  les  bornesd'une  seule 
espece.  ^^ous  avous  connu  lcs  deux  esireces  de 
vraies  Aminees,  dont  la  plus  petite  dedeurit  plus 
lot  ct  mieux  que  la  plus  grande  :  aussi  est-elle 
propre  a  etre  mariee  aux  arbres,  ainsi  qu'a  etre 
attacheeau  joug;  sicen'estque  dans  le  premier 
cas  il  lui  faut  une  terrc  grasse ,  au  lieu  que  dans 
le  second  cas  une  terre  medioere  lui  suffit.  Klle 
estaussibien  meilleureque  la  plus  grandeespeco, 
parce  qu'ellc  a  plus  de  force  pour  supportcr  les 
pluics  et  les  vents ;  au  lieu  que  cette  derniere  se 
corrompt  promptement  lorsqu'elle  est  en  lleur, 
inconvenient  quiarrive  encore  pUitotquand  elle 
est  attachee  au  joug  que  quand  elle  est  mariee 
aux  arbres.  Aussi  u'est-elle  pas  propre  a  former 
des  vignobles,  pHisqu'elle  Pest  a  peine  a  garnir 
des  plants  d'arbres  ,  si  ce  n'est  dans  une  terre 
fres-grasse  et  huinide ;  car  pour  une  terrc  me- 
diocre ,  elle  n'y  vaut  rien;  elle  vaut  nioins  en- 
core  dans  unc  terre  maigre.  On  la  reconnait  a 
la  multitude  de  ses  longs  sarments ,  a  la  grandeur 

flii.-c  taiiien  ipsa  niodico  slalii  ca>li  magis  exiibciant  Aqui- 
loiii  pioiia;  scd  sunt  generosioiasnbAiistio.  Nccdiibiiiin, 
quin  sit  ea  iionnullarum  vitinm  nalura,  ut  pro  loconiin 
sitn  bonilate  vini  niodo  vincant,  modo  supeicntiir.  Solae 
tradnntnr  Ainincc  excepto  cadi  statn  nimis  frisido,  ubi- 
runqiie  sint.pliain  si  descnerent,  sibi  comparala^  masis 
aut  mimis  piobi  gustus  viiia  pra^bere,  et  ca'teias  omneis 
sapoie  praecedeie.  Ex-  cuni  sint  niiiiis  noniinis,  non 
Hiiam  speciein  gerunt.  Duas  gernianas  cognoviinns,  qiia- 
riiin  niiiior  ocins  et  melius  dellorescit,  liabilis  arbori  ncc 
non  jiigo :  illlc  pinguem  teriam ,  liic  inediociem  desiderat , 
longeqne  pracedit  majoiem,  quia  et  inibies  el  ventos 
fortius  patitnr.  Nam  major  ccleriter  in  doie  corrumpiliir, 
ct  magis  in  jugis,  quam  in  aiboribiis.  Ideoque  non 
cst  vinci.?  apta,  vix  etiam  arbuslo,  nisi  pr;c;iiiigiii  ct 
uvida  terra  :  nam  nec  mediocri  valet,  multoipie  iiiinus  in 
exili.  Piolixanim  freqncntia  maleriarum  folioruinqiic  ct 
uvarum  et  acinorum  magnitndine  dignoscitur,  inlernodiis 
qiioqiie  larior.  Largis  fructibus  a  minore  siiperatnr,  gustu 
non  vincitnr.  Et  ba;  quidem  iitricqiie  Anrine<T.  Veriim  el 

l^OI.I  >ll  1  l.i._. 


TURE,  LIV.  III.  22.5 

de  ses  feuillcs  et  a  la  grosscur  de  ses  grains  : 
elle  a  aussi  moius  de  nccuds  que  la  petite  es- 
pece ,  et  produit  des  fruits  en  moindre  quan- 
tite;  maiselle  ne  lui  eede  pas  pour  Ic  gout.  Ces 
deux  cspeces  de  vignes  sont  toutes  deux  Ami- 
nees;  mais  il  y  en  a  encore  deu.\  aulres  espe- 
ccs ,  qui  sont  les  Aminees  douhles  :  on  les  ap- 
pelle  jumelles  ,  parce  qu'elles  produisent  des 
grappes  douhles ;  le  vin  en  est  plus  dur,  maisil 
segarde  aussi  longtempsque  celui  des  deux  pre- 
mieres.  Tout  le  monde  connait  tres-bien  la  plus 
petite  de  ces  deux  cspeccs  ,  parce  qiie  Ics  colli- 
ues  renoramees  du  Vesuvium  daiis  la  Campanie , 
et  celles  du  Surrentum,  en  sont  couvertes.  Elle 
aime  le  soufllc  du  vent  Favonius  cu  cte  ;  celui 
du  Midi  la  tourmente  :  aussi  dans  les  autrescon- 
trees  de  lltalie  est-elle  moins  propre  a.  faire  des 
vigtiobles  qu'a  garnir  des  plaiils  d'arhres,  au 
lieu  que,  dans  les  pays  que  nous  venons  de  nom- 
mer ,  les  jougs  soulienneut  eommodement  son 
bois  et  son  fruit.  Sa  grappe  ne  differe  pas  beau- 
coup  de  celledela  petite  Arainee  vraie,  si  ce  n'est 
qu'elie  est  douhle;  de  raeme  que  la  grappc  de  la 
grandedouhleressemble  asseza  cellede  lagrande 
Aminee  vraie,  avec  cette  difference  qu'elle 
vaut  mieux  quc  la  petite  douhle,  en  ce  qu'ellc 
cst  plus  fecondc  mcmc  dans  un  terraiu  mediocre ; 
au  lieu  que  nnus  avous  deja  dit  que  la  grandc 
Aminee  vraiene  reussissait  bien  que  dans  un  ter- 
rain  tres-gras.  II  y  a  quclques  personnes  qui  font 
aussi  un  grand  cas  de  l'Aminee  lanala  ,  que 
Ton  appelle  ainsi ,  rion  pas  qu'elle  soit  la  seule 
de  toutes  les  vignes  Aminees  dont  lcs  feuillcs 
soient  blanchies  de  duvet,  raais  parce  que  c'cst 
celle  dont  les  fcuiUes  sont  le  plus  dans  ce  cas. 
Cettc  Amince  donno  a  la  verite  do  bon  vin , 
mais  il  est  plus  leger  que  celui  des  prcccdeutes. 
Elle  jette  aussi  beaucoup  de  bois  :  e'est  ce  qui 
fait  souvcnt  qu'elle  ue  defleurit  pas  comnie  il 

alia;  dnoe  geminoe  ab  eo  qiiod  diiplices  nvas  exigunt,co- 
gnomen  trabiint  aiisterioris  vini ,  sed  a?que  peiennis.  Ea- 
riim  niinor  vulgo  notissima  :  (fuip|H!  Campaniip  celeberri- 
mos  Vesnvii  colles  Snrrentinosque  vestit.  Ililaris  inter 
aestivos  Favonii  llatus,  Austris  aflligitur.  Caeteris  itaque 
partibiis  Italia^  non  tam  vineis  qii^in  arbiislo  est  idonea , 
cum  pr.fdictis  regionibus  comniodissimejugum  sustineat. 
Malcriam  fructumque ,  nisi  quod  dnplicem ,  noii  absimilcm 
niinori  german.T.  gcrit,  sicnt  inajor  gciuiua  majori  german.ie  : 
qua;  tamen  (minor)  lioc  melior  e.st,  qiiod  fecundior  eliani 
inediocri  solo  :  nam  illam  nisi  prapingui  non  rcspondcre 
jam  dlctum  esl.  Lanatain  qiioipie  Ainincamqnidam  niaxime 
probant,  qii<ie  lioc  vocabulum  non  ideo  usuipat,  qnod  sola 
ex  omnibus  Amineis,  vcium  quod  pr.-ccipue  canescit  lanii- 
gine.  Sane  boni  vini,  sed  lenioris,  quam  superioies,  crc- 
bram  quoque  materiam  fundit ;  atqiie  ideo  propler  pampini 
densitatem  swpc  parum  recle  dellorcscit ,  eademqiie  ina- 
turo  fructu  celeriler  putiescil.  Supcr  liuiic  numeruni, 
quem  retulimns,  singularis  habetiir  Aminea  majori  ge- 
miiuc  iion  dissimilis ,  prima  spccie  pampini  ct  trunci,  sm.I 


COLUMELLE. 


faut,  ii  caiise  de  la  multitude  de  ses  pampres, 
etque  lorsque  son  iVuitest  mur,il  pourritpromp- 
lement.  Outre  toutts  les  Aminees  que  nous  ve- 
nons  de  detailler,  il  y  a  encore  une  Aminee 
particuliere,  qui ,  au  premier  coup  d'oeil  ,  res- 
serable  assez  a  la  grande  double  par  1'exterieur 
de  ses  pampres  et  de  son  cep ,  mais  qui  lui  cst  un 
peu  inferieure  par  le  gout  de  son  viu  ,  quoiqu'il 
soit  de  tres-bonne  qualitc :  elle  est  cependant  pre- 
ferable  a  cette  derniere  pnr  les  proprietes  sui- 
\antes  :  d'etre  plus  fertile  ,  de  quitter  mieux  sa 
fleur ,  d"avoir  les  grappes  bien  fouruies  et  blan- 
chatres  ,  el  le  grain  tres-gros ,  et  de  ne  point  dege- 
nerer  dans  un  terrain  mediocre  ;  aussi  la  met-on 
dans  la  classe  des  vignes  les  plus  fecondes.  Les 
vignes  de  Nomentum  ne  tiennent  que  le  second 
lang  apres  les  Aminees  par  la  qualite  de  leur 
viU;  mais  elles  lenr  sont  supcrieures  par  lcur 
feeondite,  paree  que  souventelles  ont  autant  de 
fruit  qu'ellesen  peuvent  porter  ,et  qu'clles  lede- 
fendent  trcs-bien.  Mais  la  pluspetite  de  ces  vi- 
gncs  est  la  plus  fertile;  sa  feuille  est  raoins  de- 
coupee  et  son  bois  moins  ronge  que  dans  ies  Ami- 
nees  :  c'est  cette  couleur  qui  leur  a  fait  donncr 
le  nora  de  ruheUianw;  on  les  appelle  encoreyrc- 
vinim,  parce  que  leur  vin  rend  plus  de  lie  que 
d'autres.  Mais  elles  dedoinmagentde  cet  incon- 
venient  par  lamultitude  de  leursgrappes  ,  qu'el- 
les  produisent  egalement  sur  le  joug  corame  sur 
rnrbre,  quoique  mieux  eiicore  sur  rarbre.  Elles 
supportent  bravcment  les  vents  et  les  pluies ;  el- 
les  quittent  promptement  leur  fleur ,  et  en  con- 
sequence  murissent  plus  tot  et  resistent  a  toutes 
les  incommodites,  si  cen'est  a  la  chaleur  :  car, 
comme  elles  ont  des  grappes  dont le  grain  est  deja 
menuetlapeaudurc,lachaleurlerendencoreplus 
coriaee  :ellesse  plaisent  suilout  dans  un  terrain 
gras,  quisoiteu etat  de  pnicurer  queliiue  feeondite 
a  leurs  grappes ,   natureliement  gieles  et    pe- 


tites.  Les  cxigcnia'  s'aceommodent  Ires-bien 
d'un  sol  ainsi  que  d'un  climatfroid  ct  couvert  de 
rosce,  tant  qu'elles  sont  sur  la  colliue  d'Albe; 
car  desqu'elles  cbangeut  de  climat ,  elles  repon- 
dent  a  peine  a  leur  reputation  ;  de  merae  que  l8 
raisin  des  Allobroges,  qui  donne  un  vin  bien  in- 
ferieur  lorsqu'on  Ta  cbange  de  pays.  II  y  a  trois 
especes  de  raisin  muscat,  qui  sont  aussi  re  com- 
mandables  par  leurs  grandes  qualites  :  toutes  les 
trois  sont  fertiles,  et  s'aceommodeiit  assez  bien 
du  Joug  et  des  arbres  :  il  y  en  a  cependant  une 
meilleure  que  les  deux  autres,  et  dont  les  feuil- 
les  ne  sont  point  couvertes  de  duvet;  pour  les 
deux  especes  dont  les  feuilles  cn  sont  cou- 
vertes,  quoiqu'elles  soient  semblables  entre  elles 
par  les  feuilles  et  pnr  les  brancbes  a  fruit,  elles 
montrent  cependant  une  dif.ference  sensible  dans 
la  qualite  de  leur  vin,  puisque  le  ^in  dc  Tune 
des  deux  acquiert  plus  tard  que  Tautre  ce  goiit 
fait  que  la  vetuste  donne  en  general  au  vin. 
Elles  sont  tres-fertiles  dnns  un  terrain  grns ,  et 
ne  laissent  pas  de  retre  dans  un  terrain  rae- 
diocre  :  leur  fruit  est  hStif ,  ce  qui  fait  qu'el- 
les  conviennent  tres-fort  aux  lieux  froids:  leur 
vin  est  doux ,  mais  il  est  pernicieux  a  la  tete  , 
aux  nerfs,  et  aux  autres  vaisseaux  du  corps.  Si 
on  ne  vendange  pas  promptement ,  les  pluies  et 
les  vents  les  devastent,ainsi  que  les  abeilles ;  ce  qui 
leur  a fait  donner  le  uom de  ces animaux  {apiancc). 
r^lles  sont  tres-celebres  par  rexcellence  de  leur 
gout.  II  y  a  cepcndant  des  vignes,  meme  de  la 
seconde  elasse,  qui  peuventetre  recommandables 
par  leur  produit  et  leur  fecondite,  telles  que  la 
Biturica  et  la  basilica,  qiii  se  divise  cn  deu\  es- 
peces  ,  a  la  plus  petite  desquelles  les  Espagnols 
donnent  le  nom  de  cocoluhis.  Ces  deux  vignes 
sont  celles  qui  approchent  le  plus  des  prcmieres 
doiit  nous  avons  parle;  elles  laissent  toutes  les 
autrcsa  une  graude  distance  apres  elles ,  car  leur 


«inl  sapore  aliqiianto  iiifcrior,  qiianivis  gciierosissimis  sil 
pioxima,  praefeieiida  etiaiii  piopriis  \irtiilibus  :  iiam  et 
feraciorcsl,  et  nore  nieliiis  exiiiini-,  spi-^sasipio  el  albidas 
uvas  ac  tiimidioris  .irini  f;eiit,  ;;iarili  .irvu  nun  deseiscit , 
atniie  ideo  iiiter  ubeirimas  vites  iiniurr.ilin.  .^rinentana! 
vini  nobilitate  snbseqnuntur  Aniinuas,  fircundiUte  vero 
etiam  pr^veniunt  :  quippe  ciim  se  fiequpnler  iinpleanl, 
et  id,  quod  ediderunt,  optinie  tueanlnr.  Sed  earuin  qiio- 
qiie  feracior  est  niinor,  cujus  et  folium  parcius  scinditur, 
et  materia  non  ita  rubet  ut  inajoris  ,  a  qiio  coloie  rubel- 
lianie  nunciipantur :  e.iedemque  fa-ciniK,  qno  plns  quam 
caelerae  faxis  alfernnt.  Id  tamen  incommodum  repensant 
uvarnm  multitudine,  quas  et  in  jugo  sed  [et]  in  arlrore 
ineliiis  exhibent.  Ventos  et  imbrcs  valenter  sufferunt,  et 
celeritcr  defloresciinl ,  el  ideo  citius  milescunt ,  omnis  in- 
commodi  patienles  practer  caloris.  Nain  quia  uiinuli  acini 
ct  dur3e  cutis  uvas  liabent,  oestibus  conlialinntiir.  Pingui 
arvo  maxinie  gaudent,  qiiod  uberlatem  aliqiiam  natura 
feracilibus  cl]  evilibus  uvis  pra-bete  valet.  Krii^idnm  ac 


roscidnm  solum  et  ca^lum  commodissime  sustiiient  euge- 
ni.e ,  dum  sunt  in  Albano  colle.  I>)am  mutalo  loco  vix  no- 
mini  suo  respondent.  Nec  niinus  Allol)rogiciie,  quarura  vini 
jncundilas  cnm  legione  mulatur.  Magnis  etiani  dotibus 
tiesapianaecommendantnr, onuies  feraces jugoque  et  arbo- 
ribns  salis  idoncK  :  geiierosior  tamen  nua,  quai  nudis 
fuliis  esl.  Nam  duae  lanata;quamvisfrondibus  etpalmilum 
pari  facie  lluxuiaj  qualilate  sunt  dispariles,  cum  tardius 
altera  recipiat  eariem  vetustatis.  Pingiii  solo  feracissimae , 
mediocri  quoqne  fcecunda; ,  praecoqiiis  fructus  :  ideoque 
frigidislocis  aptissima;,  vini  dulcis,  sed  capili  nervisque, 
[veuisque]non  apta;.  Nisi  maturelectaepluviisventisque  et 
apibiis  alferunt  piacdam.quarum  vocabulo  propter  banc 
populationem  cognominanlur.  Alquelia;  pretiosi  gostus 
celebeirimse.  1'ossiint  tamen  etiam  secundae  not<e  vites 
proventu  et  ubertate  coinmendari,  qualis  est  Biturica, 
qualis  basilica,  quaruni  minorem  cocolubem  vocant  His- 
pani,  longe  omnium  primis  utraeque  proxima!.  Nanj  et 
vclustatem  vinuni  earum  patilur,  et  ad  bouitatemaliquam 


DE  LAGRICDLTURE,  LIV.  1!!. 


vin  segaicio  loni^Uiiips  sans  segSter,  et  ncquiert 
ineme  uii  certaiii  dcgie  de  bonte  apres  quelques 
annees.  Ellessiirpassent  nienie  par  leurfecondite 
toulescellesquejai  nommees  d'abord  ,  ainsi  que 
par  leur  force,  car  elles  supportent  tres-brave- 
ment  les  tempfitcs  et  les  pluies  :  ellcs  rendent 
beaucoup  de  vin  ,  et  ne  dejienerent  poiiit  dans 
un  terrain  maigre;  elles  souffrent  plutot  lc  froid 
que  rean  ,  et  Teau  que  la  seehcresse,  sans  ce- 
pendantque  leschaleursles  incomraodent.  Apres 
cclles-ei  viennent  la  visula  et  la  petite  vigne 
d'Argos,  qui  se  plaisent  tontes  deux  dans  une 
terre  mediocre  :  car,  lorsqu"elles  sont  dans  une 
terre  grasse,  ellesprennenttropdeforce,  etdans 
une  niaigrc  au  contraire  elles  sont  de  petite  ve- 
nue,  etn'oiit  pas  du  fruit :  elles  aiment  mieux  le 
joug  que  les  arbres  ;  mais  crpendant  celle  d'Ai'- 
gos  esl  egalement  fcrtile  lorsqu'elle  est  grimpee 
liaut ,  et  elle  y  produitde  grands  bois  et  de  gros- 
ses  giappes.  Pour  la  visula ,  a  qui  les  planchers 
les  plus  bas  convicnnent  davnntage,  elle  donne 
des  sarments  courls  et  des  feuilles  larges,  qui 
servent  des  lorsagarantir  ses  fruits  de  la  grele  : 
si  cependant  on  ne  ks  cuellle  pas  au  premier 
moment  qu'ils  sont  miirs,  ils  tombent  h  terre  , 
et  rbumidite  les  pourrit  meme  avaiit  qu'ils 
soient  toinbes.  Oii  cite  encore  les  vjgnes  he/roln', 
(|ue  quelques  pcrsonnes  appellent  ('«W(C  .■  le  rai- 
sin  n'en  est  ni  pourpre,  ni  uoir;  ct  c'est  sa  cou- 
leiir  entre  rouge  et  blanc  qui  leur  a  fait  donner, 
si  je  ne  me  trompe,  le  nom  iT/irlrohr  (paillet;. 
Le  plus  noir  est  meilleur,  eu  egard  a  la  quantile 
de  vin  qu'il  rend  ;  mais  le  plus  blanc  est  le  plus 
recherche  pour  le  goiitdusien,  ctnirunni  l'au- 
tre  ne  conserve  egalement  sa  coulcur  :  ces  deux 
vignes  produiseut  Tune  comme  rautre  du  vin 
blanc,  dont  la  quantite  est  alternativement  plus 
ou moius  grande  dedeuxannees Tune.  Elles  cou- 


vrentmieuxlesarbres  ,  maisellesne  lai^scnt  pas 
que  de  bicn  couvrir  le  joug  :  elles  sont  fertile.'* 
meme  dans  un  terrain  mediocre  ,  de  ineme  que 
la  grande  et  la  petite  prrlia ;  mais  ces  deriiieres 
sont  plusrccommandables  par  laqualite  de  leur 
vin  :  elles  ontbeaucoup  de  bois  et  de  feuilles,  ct 
mnrisscnt  promptement.  Ualhuelis  vaut  micux, 
comme  dit  Celsus,  sur  les  collines  que  d:!iis  les 
plaines  ,  sur  lcs  arbres  que  sur  le  joug,  au  haut 
des  arbres  qu'au  bas;  et  elle  est  abondante  tant 
en  bois  qu'en  fruits.  Quant  aux  pelites  vigncs 
qui  viennent  dc  la  Grece,  tellesquecellcs  de  Ma- 
reotide,  celles  de  Tharse,  celles  de  Psithia  et 
les  Sophortia  ,  elles  sont  a  la  verite  d'un  gout 
agreable,  mais  elles  rendent  peu  de  vin  dans  nos 
pavs  ,  vu  la  petile  quantite  de  grappes  qu'elles 
portent  et  lapelitesse  de  leurs  giains.  Cependant 
Viiiertirula  noire  ,  que  quelques  Grecs  appel- 
lent  ametinjslon,  peut  elre  rangce  presciue  dans 
la  seconde  classe ,  parce  qu'elle  produit  de  bon 
vin  ,  et  qu'il  n'incnmmodc  point ;  c'est  meme  cc 
qui  a  fait  donner  ces  noms  a  cette  vigne  ,  parce 
que  ce  viu  n'a  pas  la  force  d'attaquer  les  nerfs, 
quoiqu'il  ne  laisse  pas  de  piquer  le  gout.  Celsus 
fait  une  troisieme  classe  des  vignes  qui  ne  sont 
recommandablesque  par  leur  fertilite ,  telles  que 
les  trois  lielvenacia; ,  doiit  les  deux  plus  graiides 
sont  regardees  comnie  pareilles  cntre  elles ,  parce 
que  leur  viii  n'estni  de  moiudre  quaiite  ni  moins 
abondant  dans  Tune  que  daiis  rautre.  L'une  des 
deux,que  les habitants  des  Gaulesappellent  ririar- 
cuin,  nerendqu'un  vin  mc'diocre;et  rautre,qu"ils 
appellent  lonmie  ou  avare  ,  douue  du  grosvin, 
et  non  pas  aussi  abondainment  que  semble  le  pro- 
mettre  lc  nombre  de  ses  grappes,  lovsqirelles 
commenceut  a  paraitre.  Laplus  petitc,  qui  esten 
meme  temps  la  meilleure  de  ces  trois  vigncs,  se 
distiugue  tres-bicn  a  sa  feuille ,  qui  cst  plus  ronde 


per  annos  venit.  Jam  vero  ipsae  frcciuiditate  praestant 
omnibns,  qnas  ante  retuli,  tuin  etiam  palientia:  quippe 
tiirljiiics  imbresqiie  [fortissiine]  suslinent,  ct  conimode 
lUinnl,  nec  dcliciunt  rriacro  solo.  Krigoia  melins  quam 
liMinores  sustincnt,  Inimores  commodius  quam  siccitales, 
nec  calnribus  lamen  contristantur.  Visula  deinde  ab  bis 
cl  minor  aisitis  lenac  mediocritate  laetantur ;  nara  in  pin- 
gui  nimiis  viribns  bixuriant;  in  macra  teiines  et  vacu» 
fructu  veiiiunt  :  amidores  juso  qiiam  arboribus,  sed  ar- 
Ritis  etiani  in  snblimibus  fertiiis  vaslis  inateriis  et  uvis 
eNuberat.  Humilliinis  labulatis  aptior  visula  brevem  ma- 
teriam,  durnni  ct  laliim  foUuin  e\isit,  cujus  amplitudine 
fructus  suos  optime  adversus  grandinem  tuetur  :  qiii  ta- 
men  nisi  primo  qiioque  lempore  maturi  leganUir,  ad  ler- 
ram  decidnnt ;  bumoiibus  eliani  prius,  quani  delluanl ,  pu- 
trescunl.  Siiul  et  belvolac ,  quas  nonnulli  varias  appcllanl, 
ncq.ie  purpnreae  ncque  nigrse ,  ab  helvo  (nisi  fallor)  colorc 
vocilalae.  Melior  est  nigrior  abundantia  vini ,  sed  bax  sa- 
pore  preliosior.  Color  acinorum  in  iieulia  couspicilur 
a>qiialis  :utraquc  randidi  musli  allerna  vice  annormn  plus 


aul  niinus  afferunt.  Melins  aiborem,  sed  et  jugum  com- 
mode  vestiunt :  niediocri  quoipie  ,solo  ficcnnda!,  sicut 
pietia;  minor  el  inajor.  Sed  eae  geneiosilale  vini  magis 
commcndanlur,  et  frequeulibus  niateriis  frondent,  et  cito 
maturescunt.  Albuelis  utilior,  ut  ait  Celsus,  in  colle  quam 
in  campo;  in  arboreqiiani  injugo;  in  sumnia  arbore  quam 
in  ima  :  ferax  et  nialeria;  frequenlis  et  uva;.  Nam  qiis" 
Grseculae  vites  sunt,  ut  Mareolica!,  Tliasia;,  Psilbias,  So- 
pbortiai ,  sicul  liabent  piobabilem  gustum ,  ita  noslris  re- 
gionibus  el  raiilate  uvarum  et  acinorum  exiguitale  minus 
fluuut.  Inerticula  tamen  nigra,  quam  quidain  Gr.xci  ame- 
tbvslon  appcllant ,  potesl  in  seciinda  quasi  tribu  csse ,  quod 
et  boiii  vini  estet  iiiuoxia,  undeeliam  nomen  Iraxit,  quod 
iiicrs  halii'lur  in  leiilandis  nervis,  quamvis  gustii  non  sil  lie- 
lies.  Tcrtium  gradum  f.icit  eariim  Celsus ,  quse  fiiecunditale 
sola  commendantur  :  ul  tres  Helvenaciae ,  quaruni  dusB 
majoies  nequaquam  niinori  bonilateet  abundantia  musti 
pares  babentiir  :  eariim  altera,  qiiani  Galliarum  incolae 
emarcuin  vocant ,  mediocris  vini  :  et  allera ,  quam  longam 
appellant ,  eandemque  avaram ,  sordidi  vini ,  nec  tam  largi 


COLUMKLLE. 


qne  celle  des  deux  nutres  :  elle  a  son  merite, 
tatit  parce  (|u'elle  supporte  tres-bien  la  secheresse 
ainsi  quelefroid,  pourvu  qu'il  nesoit  pas  aecom- 
pagnede  pluie  ,que  parce  queson  viu  se  conserve 
(■11  quelques  pays  meme  jusqu'a  la  vetuste,  et 
prineipalement  pnree  qu'elle  est  laseulequi  fasse 
lionneur  au  terioir  raeme  le  plus  maigre  par  sa 
Certilite.  Mais  la  spionia  est  plutot  magnifique 
par  l*abondance  du  vin  qu'elle  rend  et  par  la 
grosseur  de  ses  grappes  ,  qu'elie  n'est  ferlile  par 
leur  quantite ;  il  en  est  de  meine  de  Voleayinia  , 
de  la  Murgentine  qui  est  la  meme  que  la  Pom- 
peenne  ,  de  la  Numidienne ,  de  la  venucuJa  qui 
est  la  meme  que  la  xcripula  et  la  slicula,  de  !a 
noire  de  Fregelle ,  de  la  merica  ,  de  celle  de  Rhe- 
tie^etdelagrandeoree/ftfrt,  qui  estlaplusabon- 
dante  de  toutes  celles  que  nous  ayons  counues, 
et  ((ue  beaucoup  de  personnes  ont  confondue  a 
tort  avec  celle  d'Argos.  Car  je  ne  dirnis  pas  aise- 
ment  avec  assuraiice  daiis  quelle  classe  on  doit 
mettre  les  suivantes,  quiuesont  venuesamacon- 
iiaissance  quedepuis  peu  de  temps;  je  veux  dire 
la  pergulana  ,  Virtiola  et  la  jercola ,  parce 
que,quoique  Je  les  connaisse  pour  etre  assez  ie- 
condes  ,  je  n'ai  pas  cependant  eneore  (ite  a  meme 
de  jugerde  la  qualitede  leur  vin.  Nous  avonsen- 
core  fait  la  deeouverte  d"une  vigne  htitive,  que 
nous  n'avions  pas  connue  auparavant:  cette  vi- 
gne,  appel(^e  par  les  Grecs  dracontion,  peut 
etre  compar(ie  par  sa  fecondite  et  par  la  douceur 
de  son  gout  a  1'arcelaca ,  a  la  hasilica  et  a  la 
Biturica,  et  par  la  qualite  de  son  vin  a  \'A- 
minee.  II  y  a  encore  bien  d'autres  espcces  de 
vignes,  dont  nous  ne  pouvons  ni  fixer  le  nom- 
bre  ,  ni  dire  les  noms  avec  quelque  certitude  : 
car,  comme  dit  le  poete :  //  n'est  pas  important 
d'en  detailler  le  nombre:  etvouloirles  connai- 


tre  toutes,  c'est  vouloir  savoir  comlricn  le  Ze- 
ylnjrc  agite  de  (jrains  de  sable  dans  lu  mer  de 
Libije.  En  effet,  chaquecontr(Je  et  presque  chaque 
partie  desdifferentes  contrees  ont  des  espeees  de 
vignes  qui  leur  sont  particulieres,  et  auxquelles 
elles  donnent  chacune  un  nom  a  sa  guise  :  il  se 
trouve  m(5rae  telles  vignes  qui  ont  chang(i  denom 
en  changeant  de  terroir;  d'autres  qui,  en  chan- 
geant  de  terroir ,  ont  aussi  cbang(5  de  qualite , 
comme  nous  Tavons  dit  ci-dessus ,  de  faeon  a  ne 
pouvoir  plus  etre  recounues.  Aussi ,  dans  notre 
Italie  meme ,  sans  parler  de  toute  ^(^'Undue  du 
globe ,  des  pcuples,  quoique  voisins  les  uns  des 
autres,  nes'accordent-iIs  pas  sur  les  noms  qu'ils 
donuent  aux  vignes ;  et  souvent  il  arrive  qu'ils 
leurendonnent  chacunde  diff(>reuts.  Cestpour- 
quoi  un  maitre  prudent  ue  doit  pas  retaider  ses 
disciplcs  par  la  recherehe  de  cette  nomenclature, 
h  laquelle  il  nc  pourra  jamais  les  faire  parvenir; 
mais  il  leur  doit  donner  en  genieral  ce  precepte 
qu'ont  donne  Celsus  ct  Caton  avant  lui :  savoir, 
qii'il  ne  faut  pas  planter  d'autres  especes  de  vi- 
gnes  que  celles  qui  ont  une  r(^putation  etablie, 
ni  en  garder  longtemps  d'autres  que  eelles  dont 
Texp^irience  aura  confume la  bonte :  et ,  comme 
dit  .lulius  Grajcinus,  loisque  nous  trouverons 
daus  uu  pays  beaucoup  de  facilit(?s  qui  nous  en- 
gagcront  d  y  plauter  des  vignes  de  renom ,  il 
faudra  choisir  les  meilleurcs;  au  lieu  que  s'il 
n'y  a  ricn  ou  peu  de  chosc  qui  nous  y  excite  , 
nous  donnerons  plulot  dans  les  vignes  les  plus  fer- 
tiles ,  parce  que  le  merite  de  celles-ci  ne  sera  ja- 
mais  inferieur  a  celui  des  premieres  dans  la 
meme  proportiouque  leur  abondance  sera  supe- 
rieure  a  la  lcur.  Mais  je  dirai  par  la  suite  en  son 
lieu  ce  que  je  pense  au  fond  de  cet  avis,  quoi- 
que  je  Taie  di^ja  approuve  moi-meme  plus  haut; 


quam  ex  niimeio  uvariini  prima  specie  promittit.  Minima 
et  oplima  e  trihus  f.iciliiiiie  folio  ilignoscitur,  nam  rolun- 
dissimum  omniuiii  id  goiil:  alque  est  laudabilis,  quod 
siccitates  ma\ime  jK'ir;it,  quoil  friijoi-a  sustiuet ,  diim  fa- 
nien  sine  imLiribus  sil ;  (|uoil  iKiiiiiullis  locis  eliam  viiium 
ejus  in  vetustatem  iliffiinilitiir;  ipiod  prtfcipue  sola  ma- 
cerrimum  quoqiie  Sobim  fcrlilitale  sua  commeinlat.  Ut 
spioiiia dapsilis  musto  et  ampliliidine  magis  uvaruni ,  quam 
nuniero  fcrtilis,  ut  oleayinia,  ut  Mnrgentina,  eailemqiie 
Pompeiana,  nt  Nuinisiana,  ut  venucula  eademqiie  scir- 
pula  atque  sticiila,  ut  nigia  Fregellana,  ut  merica,  ut 
Rliaetica,  ut  omnium  qiias  cognoviinus  copiosissima  arce- 
laca  major,  a  miillis  aigilis  falso  existimata.  Nani  lias  nu- 
per  milii  cogiiilas,  peigulanam  dico  et  irtiolam  tVreolam- 
que ,  non  fitcile  asseverem ,  quo  gradu  liabenil*  siiit :  qiiod 
elsi  salis  fcPCUDdas  scio,  nondum  lamen  de  boniute  vini , 
quod  afferunl,  judicare  polui.  Unam  eliam  prfecoqiiem  vi- 
tem  nobis  ante  hoc  tempus  incoguitam  (in)  Gra>ca  consue- 
tudine  dracontion  vocitari  comperiniiis,  qu.-e  fiecunditate 
jucundilateve  arcelaae  basiliceque  el  Biluricre  comparari 
possit,  generositate  vini  Aminea'.  Multa  pr.ieterea  sunt 
genera  vitiuni ,  quariim  nec  mimerum  nec  appellationes 


cnm  certa  fide  referre  possumus.  Neque  enim,  ut  ait 
poeta,  nuinero  comprendere  refert;  Quem  qui  scire 
velit,  Libijcl  velil  wquoris  idcm  Discere  quam  multce 
zephyro  versvnfur  harnxc.  Quippe  uiiivcrssn  regiones 
regionuinque  [leiie  singiil.T  partes  habent  propHa  vitium 
geneia,  qiiae  consuetiidine  sua  uominant;  qua;dam  eliam 
stii  pes  cum  locis  vocahula  miitaverimt ;  quaedam  propter 
mutalionem  locorum,  siciit  siipia  diximus,  ctiam  quali- 
tate  sua  decesseriint,  ita  iil  dignosci  non  possint.  Idcoqiie 
in  hac  ipsa  Italia ,  ne  dicain  in  tam  dilfuso  tenarum  orhe, 
vicin.ie  etiam  naliones  nominibus  earnm  discrepant,  va- 
riantque  vocahiila.  Quarc  prudentis  magistri  est  ejiismodi 
nomenclationis  aucupio,  qno  potiri  nequeant,  sludiosos 
non  demorari ;  sed  illud  in  totum  prrecipere ,  quod  et  Cel- 
siis  ait  el  ante  eiim  M.  Cato,  nnlluin  geniis  vilinm  eonse- 
icndum  csse  nisi  fania,  iiullum  diutius  conserv,inrium 
nisi  experiinento  piobatnm  :  alque  ubi  multa  invilabunt 
regionis  commoda,  ut  nohilcm  vitem  conseianuis ,  gene- 
rosam  reqiiiiemus,  inquit  .luliiis  Graecinus  :  uiii  niliil  erit 
aiit  non  multum ,  quod  proritet,  feraeitatem  potius  seque- 
miir,  qii.tMion  eadem  porlione  vincitur  pretio,  qua  vincit 
abuudantia.  Sed  de  hac  senlentia ,  qiiamquam  et  ipse  paulo 


DE  L'AGlUCULTURt:,  LIV.  IIL 


car  mou  but  est  de  montrer  comraent  on  peut 
former  des  vigncs  qui  soient  abondantes ,  et  dont 
le  vin  soit  precieux  en  nieme  temps. 

III.  Maintcnant ,  avant  de  disserter  sur  la  plan- 
talion  des  vignes ,  je  crois  qu'il  ne  sera  pas  hors 
de  propos  d'c.\aminer  et  de  nous  assurer  si  la 
culture  des  vignes  est  dans  le  cas  d'enrichir  uu 
chef  de  famille.  En  effet ,  cet  examen  doit  ser- 
vir  comme  de  fonderaent  a  notre  dissertation , 
puisqu'il  serait  presque  inutile  de  donner  des 
precepte^  sur  la  facon  de  planter  les  v  ignes ,  tant 
que  Ton  ne  scrait  point  d'accord  avec  nous  sur 
laquestion  prealable,  s'il  en  faut  avoir ;  d'autant 
que  le  doute  sur  celte  qucstion  est  si  general , 
qu'li  y  a  nicme  plusicurs  particuliers  quicviteut 
et  qui  redoutcnt  une  tcrre  disposee  en  vigno- 
bles,  estimantqu'il  faut  plutot  desirer  d'avoir  eu 
sa  possession  dcs  pres,  des  pdturages  ou  des  bois 
taillis.  Gar  pour  les  vignes  marices  a  des  plans 
d'arbres,  il  y  a  de  grands  debats  a  ieur  sujet 
meme  parmi  lesauteurs,Saseruadcsapprouvant 
cette  espcce  de  culture ,  et  Tremellius  Tapprou- 
vaut  au  contraire  tres-fort.  Mais  nous  pcserons 
aussi  ces  diffcrentes  opiuions  en  icur  lieu.  En 
attendant,  il  fautcommencer  par  montrer  a  ceux 
qui  veulent  s'adonner  a  Tagriculture ,  que  le  re- 
venudesvignes  esttres-coiisiderable.  Je  pourrais 
citer  a  cette  oecasion  cette  ancieuue  fertilite  des 
terres ,  qui,  comme  Tavait  auparavantdit  M.  Ga- 
ton,  et  corame  Ta  repete  ensuite  Terentius  Var- 
ron,  rapportaicnt  ^m-  jugerum  plante  en  vigno- 
bles  six  cents  Krnce  de  vin;  car  Varron  assure 
positivement  ce  fait  dans  le  premier  livre  de 
son  Economie  rurale,ou  ilditmemequece  revenu 
etait  comraun,  uon  pas  dans  une  contree  seule- 
ment,  mais  cncore  dans  le  canton  de  Faventia  et 
dans  les  terres  gauloises,  qui  sout  aujourd'hui  in- 


corporees au  Picenum :  ainsi  on ne  peut  pas doutcr 
de  la  V($rite  de  ce  faitpour  ces  temps-la.  Mais, 
sans  parler  de  cetteancienne  fertilite,  la  contree  de 
Nomentum  n'est-elle  pas  encore  aujourd'hui  ce- 
lebre  par  la  plus  haute  reputation  en  ce  genre, 
surtout  dans  la  partie  qui  cn  appartient  a  Sene- 
que ,  puisqu'il  est  de  fait  que  les  terrains  en  vi- 
gnobles  qu'y  possede  cet  homme  d'un  genie  et 
d'une  erudition  rare,  lui  rapportcnt  ordinaire- 
ment  huit  ndlei  de  vin  par  jugerum?  Car  on  a 
regarde  comme  un  prodige  ce  qui  est  arrive  a 
nos  terres  dans  la  Geretania,  savoir,  qu'uu  cep 
ait  porte  chez  vous  plus  de  deux  mille  grappes, 
que  quatrevingts  ceps  aient  rapporte  chez  moi , 
la  secondeauuee  depuis  leurgreffe,  sept  cullcide 
vin ,  et  que  de  nouvelles  vignes  en  aicnt  rapporte 
pour  lapremierefoiscentaw^5/io;a;par7»r/(>n<77i. 
Quand  on  compare  a  ce  produit  celui  des  pr  es ,  des 
paturages  et  des  bois  ,  qui  passent  pour  etre  d'un 
grand  proflt  a  leur  maftre  lorsqu'ils  lui  rappor- 
tent  cent  sesterlii  parjuf/erum  (car  je  ne  parle 
pas  du  ble,  puisqu'a  peine  pou  vons-nous  nous  rap- 
peler  un  teraps  oii  il  ait  produit  quatorze  pour 
uudanslaplusgrande  partiede  ritalie),  on  sede- 
manderait  volontiers  pourquoi  lcs  \ignes  sont  si 
decriees.  Ce  n'est  pas  non  plus,  dit  Gra;cinus  , 
par  rapport  a  quelque  vice  qui  leur  soit  inherent, 
mais  bien-  par  celui  des  cultivateurs.  Ce  vice 
cousiste  preraiiirenient  en  ce  que  personne  n'ap- 
porte  d'attention  dans  ie  choix  du  plant,  d'ou 
il  arrive  que  presque  tout  lc  monde  forme  dcs 
vignobles  oii  il  ne  se  trouve  que  des  ceps  de  la 
pire  espece ;  en  secoud  lieu ,  en  ce  qu'on  ne  donne 
pas  au  plant  une  education  convenable  pour  lui 
faire  prendre  des  forces ,  et  lui  faire  jeter  dcs  ti- 
ges  avaut  qu'il  soit  desseche;  et  enfin  eu  ce  que, 
si  par  hasard  le  plant  parvient  a  sa  graudeur,  on 


ante  idem  censuerim ,  qiiid  tamen  arcanius  judicem ,  suo 
lo(o  mox  dicam.  1'ropositum  cstenim  docere,  qua  ralione 
vinea;  pariter  fciaces  et  pretiosffi  Uuxuraj  possint  constitui. 
III.  Nunc  prius  quam  de  satione  vllium  disseram ,  non 
alienum  puto ,  velut  quoddam  fundamenlum  jacerc  di- 
sputationi  (utuia;,  ut  ante  peipensum  et  exploratum  lia- 
bearaus,  an  locupletet  patiemfamilias  vinearum  cultiis. 
Est  enim  pcne  adiiuc  supervacuum  de  liis  conseiendis 
priieciperc,  dum  qiiod  prius  esl ,  nondum  concedatur,  an 
omnino  sint  habenda;?  Idque  adeo  plurimi  diibileut,  ut 
miilti  refugiant  et  reforniident  talem  positionom  nnis , 
atque  optabiliorem  pratorum  possessionem  pascuorumque 
vel  silvie  ca^duae  judicent.  Nam  de  aibusto  cliam  inter 
auctores  noii  exisua  pugna  fiiit ,  abnuente  Saserna  genns 
id  ruris,  Tiemellio  maxime  probaute.  Sed  et  liani- senlen- 
tlam  suo  loco  ;estimabimus.  Inleiim  studiusi  at^i  icolatio- 
nls  hoc  prinmm  docendi  sunt,  ubcrrinuim  esse  leditum 
vlnearum.  Alque  nt  oiuitlam  veteiem  lllani  fclicitatein 
arvoiuiti ,  quibus  et  ante  jam  M.  Cato,  et  mox  Teiontius 
Vario  prodidit,  singula  jugera  vlnearuni  sexcenas  urnas 
viiiiprxbuisse;  id  cnim  inaxlme  asseverat  In  primo  libio 
K.-rum  ruslicarum  Yarro ;  ncc  una  reslone  piovenire  soli- 


tiiin,  verum  et  In  Faventlno  agro  ct  in  Gallioo,  qui  nunc 
Piceno  contribnitur  -.  Iiis  certe  tempuribus  Nomentan.i 
regio  celebeirlma  fama  est  illustris,  et  praecipue  qiiam 
possidet  Seneca,  vir  excellentis  Ingenii  atque  doctiinae, 
cujus  in  prxdlis  vinearum  jugera  singula  culleos  octonos 
roddldisse  plerunique,  comperlum  est.  Nam  llia  videutur 
pioiligialiter  In  nostris  Ceietanis  accidlsse,  ut  aliqua  vitis 
apiid  te  excederet  uvainm  numenim  duorum  inillluni  ,  et 
apud  me  octogena;  stlrpes  insita;  iiitra  biennlum  septenos 
culleos  pera-quarent,  ut  prima'  vinea;  centenas  amphoras 
jugcratim  priBberent,  cum  prata  et  pascua  et  silv,x,6l 
centenos  sestertios  in  slngula  jugeraeniciant,  optime  do- 
mino  consulere  videantiir.  Nani  Irumenta  majoro  (|ui<Iem 
parte  Italis  quando  ciim  quarto  responderlnt,  vi\  nienii- 
nisse  possumus.  Cur  ergo  res  Infamis  est.'  non  quideni 
siio,  sed  hominum  inqult  vitio  Graxlnus.  Prlmum,  qupd 
in  exploiandis  scmlnlhns  nemo  adhlbet  dlllgentiam,  et 
ideo  pesslmi  generis  plerique  vineta  consoiunt  :  deinde 
sata  non  ita  nulriunt ,  nl  anle  convalescant  ac  prosiliant , 
qiiam  retorrescant :  sod  et  si  forte  adoleverint ,  negligentcr 
coliint.  Jani  ilhid  a  principio  nihil  r(  forre  censenl ,  quom 
locum  conseianl ;  immo  etiam  seligunt  deterr ijiiam  patteiii 


230 


COLUMELLE. 


le  cultivc  neglinemincnt.  D'abord  on  iie  croit  pas 
qu'il  soit  important,  des  !e  prineipe,  de  choisir 
le  lieu  oii  Ton  veut  planter  des  vignes  :  on  ehoisit 
au  contraire  pour  cet  objet  la  plus  mauvaise  par- 
tie  de  ses  terres,  corame  si  les  terraiiis  qui  ne 
peuvent  servir  a  autre  chose  etaient  ceux  dont 
la  vignedutle  mieux  s'accommoder  :  on  ne  re- 
marque  pas  meme  quelle  est  la  vraie  faeon  de  la 
planter,  ou  (juand  on  Ta  remarquee ,  on  ne  s"y 
eonforme  point :  ensuite  il  est  rare  qu'on  assigne 
ime  dot  a  ses  vignes ,  c'est-a-dire  qu'on  tieune 
pret  tout  ce  qui  est  necessaire  pour  les  cultiver, 
quoique  romissiou  de  ce seul  poi nt  occasionue  tou- 
jours  un  nombre  de  journees  employees  a  faux, 
et  epuise  d'autant  le  eoffre-fort  du  proprietaire. 
La  plupart  visent  aussi  a  avoirdans  le  nioment 
present  le  plus  de  fruit  qu'ils  peuvent ,  sans  s'em- 
barrasser  de  ravenir ,  et ,  comme  s'ils  ne  vi vaieut 
qu'au  jourla  jouruee,  ilsfontla  loia  leursvignes, 
et  ies  chargent  de  beaucoup  de  branches  a  fruit, 
sans  avoir  egard  a  leur  posterite.  Lorsqu'i!s 
ont  commis  toutes  ces  fautes,  ou  tout  au  moins 
1e  plus  grand  nombre ,  il  n'y  a  rien  quils  n'ai- 
massent  mieux  au  mondc  que  d'avouer  leurs 
torts;ct  ils  se  plaignent  que  leurs  vignobles 
ne  repondent  pas  aux  soins  qu'ils  y  donnent , 
quand  c'est  eux-memes  qui  les  ont  perdus  par 
lenravarice ,  par  leur  ignorance  ou  par  leur  ne- 
gligence.  Mais  s'il  est  certain  au  contraire  que 
«  eux  qui  joignent  rattention  aux  counaissances 
retirent  de  chaquojugenim  de  vignes,  je  ne  dis 
pas  quaranteou  au  mnimtTeMeamp/iorce de  vin , 
quoique  je  le  pense,  mais  vlngt,  suivant  le  calcul 
de  Grfficinus  qui  va  neanmoinsau  rabais,  n'est-il 
pas  vrai  qu'ils  viendront  aisement  a  bout  d'ac- 
croitreleurpatrimoine,  plusque  tousccux  qui  sont 
si  attaches  a  leur  foin  et  k  leurs  lcguraes?  Cet  au- 


teur  au  reste  est  bieu  loin  de  se  tromper,  puis- 
qu'il  voit  au  contraire  clairement  et  en  bon  cal- 
culateur  que  ,  de  compte  fait,  cette  espece  de  cul- 
ture  est  celle  qui  est  la  plus  avantageuse  pour 
augmenter  sa  fortune.  Car  quoique  les  vignes 
exigent  de  tres-grandes  d^penses,  il  ne  faut  ce- 
pendant  pas  avoir  pour  sepijugera  plus  d'un  vi- 
gneron  :  encore  le  vuigaire  croit-il  bien  faire  eu 
raequeraut  a  basprix,  ou  en  lechoisissant  parmi 
les  esclaves  criraiuels  que  ron  vend  a  rencan  ;  au 
lieuqueje  pense,  contre  Tavis  du  plus  graod 
norabre,  qu'un  vigneron  de  prix  est  un  article 
tres-essentiel.  Quoi  qu'il  en  soit,  quand  on  Tau- 
rait  aehete  huit  mille  seslcrtii,  quaud  le  fonds 
lui-mcme  de  sepljtigera  en  aurait  cout(5  sept 
raille,et  qu'il  en  couteraitencore  deux  mille  pour 
les  ceps  de  chaqnejugerum  avec  leur  dot,  c'est- 
a-dire ,  avee  lcurs  appuis  et  leurs  ligatures,  il  se 
trouverait  donc  qu'on  n'aurait  dcpense  au  total 
que  vingt-neuf  millei'e.ster<M  :  ajoutez^celatrois 
mille  quatre  cent  quatre-vingts  nummi  pour  Tin- 
teret  a  six  pour  cent  par  an  des  deux  premieres 
annees,  oii  ces  vignes  ne  rapportent  pas  encore 
de  fruits,  pareequ'el!essont,pourainsi  dire,  dans 
leur  enfance  ;  cela  fera  au  tota! ,  le  principal  et  les 
interets  compris,  la  somme  de  trentedeux  mille 
quatrecent  quatre-viugtswi<M?«i.  Or  si  unpro- 
pri(itaire  voulait  placer  cette  somme  sur  desvi- 
gnes,dem(}me  queceux  qui  pretent  a  usure  pla- 
eent  leur  argent  sur  leurs  debiteurs,  a  condition 
que  le  vigneron  serait  tenu  de  lui  en  payer  en 
rcnte  perpeluclle  rint(?ret  a  six  pour  cent  dont 
nous  venons  de  parler ,  il  ne  recevrait  par  an  que 
milleueufcent  cinquante.se.s-fc/-;;/.  Mais,  d'apr6s 
ce  caleul  merae,  le  revenu  des  sepljugera  de  vi- 
gnes  Temportera  eneore,  suivant  ropinion  de 
Graeciuus,  sur  rintei^et  de  ces  treute-deux  mille 


agronim,  tanqiiam  sola  .sit  liiiic  slirpi  maxiiiic  tpria  ido- 
nea,  quae  nilill  aliinl  feire  possit.  SeJ  ne  ponendi  qiiideni 
ratioiiem  aut  peispiciiinl ,  aut  perspectani  exequuntur  : 
tiim  etiam  dotem ,  id  cst  instrumentum  ,  laio  vineis  pi.ne- 
paiant; ciiin  ca  les,  si  oniissa  sil,  pluiimas  operas  ncc 
iniiius  aicain  palii.s  familias semper  exliaiiridt.  Fiiictura 
vero  pleiique  i|iiam  uberrimum  pra'scnlcm  tonseclaiitur, 
uec  pioviilcnt  fuluro  tempori,  scil  qiiasi  pluue  iii  diem 
vivant ,  sic  impeiant  vilibus ,  et  cas  ila  mullis  palinitibus 
onerant,  iit  posteritati  non  consuiant.  Itec  omnia  vel 
ceite  pluiima  ex  liis  cum  cominiseiint,  quidvis  malunt 
quam'siiam  culpam  conliteii;  qiieiunlurqiie  non  respon- 
(lere  sibi  viiieta,  quaj  vel  per  avaiiliam  vel  insciliam  vel 
per  ncgligentiam  perdiderunl.  At  si,  qui  cum  scientia  so- 
ciaverint  diligenliam,  uon,  iit  cgoexisliino,  qiiadragenas 
vel  ceite  tricenas,  sed  ut  Gia^cinus  niiniinum  compiitans 
licet,  inquit ,  amplioras  vicenas  percipient  ex  singulis  ju- 
geribus  :  omneis  islos,  qui  foenum  suum  et  olera  ample- 
xantur,  iiiciemento  patrimonii  facile  superabiint.  Ncc  in 
lioc  crrat  :  qiiippe  ut  diligens  laliocinator  calculo  posilo 
videt,  id  geniis  agricolationis  maxinie  rei  familiari  condii- 
cere.  Kani  ul  amplissimas  impensas  viuca;  poscant,  non 


lamen  excedunt  septem  jugera  unius  operam  vinitoris, 
quem  vulgus  quidem  parvi  aeris,  vel  de  lapide  noxiiim 
posse  comparari  putat ;  sed  ego  plurimorum  opinioni  dis- 
sentiens  preliosum  viiiitorem  in  primis  esse  censeo  :  isque 
licct  sit  emptus  [sex ,  vel  polins]  sesteitiis  octo  millibus, 
cum  ipsom  solum  septem  jugerum  totidem  millibus  nu- 
moium  parliim ,  vineas(|ue  cum  sua  dote ,  id  est  cum  pe- 
damcntis  et  vimlnibiis,  binis  millibus  iii  singula  jugcra 
positas  duco  :  lit  tum  in  assem  consiimmatum  pietium 
sestcrtioriim  xxix  millium.  Hiic  acccdunt  semisses  usiira- 
riim  sestertia  tria  mdlia,  el  quadringenti  octoginta  niimi 
bienuii  lemporis,  quo  velut  infantia  vinearum  ces.sat  a 
fructii.  Fit  in  assem  sunima  sortis  et  usurarum  xxxii  inil- 
lium  quadringenloium  l\xx  numorum.  Quod  quasi  no- 
men,  si  nt  fn>nerator  cum  debilore,  ita  rusticus  ciim  vineis 
siiis  fecerit,  ejus  summa;  ut  in  perpetuum  prsedictam  usu- 
lani  semissium  dominus  constituat ,  peicipere  debet  in 
aniios  singulos  niille  nongentos  quinquaginta  sesterties 
numos;  qua  computatione  vincit  tamen  reditus  vii  juge- 
riim ,  secundum  opiuionem  Graecini ,  usuram  triginta  duo- 
riim  mniiumquadringentorum octogintanumoium. Quippe 
ut  dcterrimi  geiieris  sint  vineae,  tamen  si  cnlta;,  singuios 


DE  LAGRlCUJ/rURE,  LIV.  IIL 


quatre  ceiit  qiiatre-vi!]gts  ««/«?Mi.  Car ,  si  maii- 
vaises  que  soieiit  ces  vigncs,  pour  peu  cependnnt 
qu'ellessoient  euitivccs,  elles  riippoiteront ,  sans 
contredit,  uncM//c«.v(]evinpai7W7fi)-;»rt;etquand 
on  ne  vendrait  les  quarante  unicc  que  trois  cent 
nuinmi,  qui  est  le  raoindre  prix  du  marche,  les 
seiA':ullei  ae  laissernient  pas  de  faire  une  sorame 
de  deux  mille  sesterlii  et  cent  numiiii ,  sorame 
qui  serait  au-dessus  de  Tinteret  a  six  pour  cent. 
Mais  le  calcul  que  nous  faisons  n'est  que  d'apres 
la  supposition  de  Gra;cinus  :  ear,  pour  nous ,  nous 
croyonsqu'il  faut  arracher  les  vigaesquand  elles 
rapportent  raoins  de  trois  cullci  de  vin  favjicye- 
rum.  Encore  supposons-nous  dans  notre  calcul 
qu'il  n'y  aura  point  de  profit  ii  faire  sur  les  mar- 
cottes  du  champque  ron  cultivera  au  pastiiium, 
quoiqiie  cet  objet  soit  scul  capable  d'acquitter 
tout  le  prix  qu'aura  coute  le  terrain  ,  pourvu  que 
ce  soit  un  terrain  d'ltnlie  et  non  de  provioce. 
Cestun  point  sur  lequel  il  ne  peut  rester  aucuii 
doute  a  quiconqiie  examinera  avec  alteutiou  ma 
methode  et  celle  d'.\tticus  :  en  effet,  jc  plante 
vingt  raille  marcottes  imr  ji/f/enim  de  siL^nes, 
dans  les  rangees  des  ceps.  Alticusen  plante,  a 
la  verite,  quatie  mille  de  raoins  que  moi;  mais 
quand  sa  methode  serait  preferable  a  la  mienne, 
il  n'y  aurait  pas  de  terrain  ,  si  raechant  qu'il  fut , 
qui  ne  rendit  plus  qu"il  n'aurait  coiite.  Car,  met- 
tons  qu'il  perisse  six  mille  de  ces  marcottes  par 
la  negligence  du  cultivateur ,  un  acheteur  payera 
neanmoins  volontiers  trois  mille  numini  les  dix 
mille  qui  resteront ,  et  Irouvera  encore  son  profit 
a  ce  marche;  or  cette  somine  n'est-elle  pas  d'un 
tiers  plus  forte  que  les  deux  mille  sestertii ,  que 
nous  avons  dit  ci-dessusetreleprixde  ces  vignes 
parJwc/ertiw^Mais  il  y  a  pkis,  puisque,  par  nies 
soins,  j'en  suis  venu  au  point  que  les  paysans 
rae  payent,  sans  difficulte,  six  cents  numini  !e 


millier  de  marcottes.  II  est  vrai  que  tout  autre 
aurait  de  la  peine  a  faire  un  commerce  aussi  lu- 
cratif :  car  il  est  tres-diffieile  de  s'imaginer  com- 
bien  mes  champs ,  tout  petits  qu'ils  sont,  rap- 
portent  de  vin,  ainsi  que  vous  Tavez  vu,  Silvi- 
nus ,  par  vos  propres  yeux ;  et  Ton  m'en  croirait 
a  peine  sur  ma  parole.  Je  n'ai  donc  suppose  a  la 
mnrcotte  qu'un  prix  raediocre  et  commun ,  afiu 
de  pouvoir  amener  plus  proniptement  a  mou 
sentiraent,  et  sans  ni'exposer  a  aucune  contra- 
dietion,  ceux  qui ,  par  ignorance,  redoutent 
cetleespecede  culture.  Concluonsdonc  que,  soit 
le  produit  des  marcottes  venues  dans  le  terraiii 
laboure  au  pastinuin,  soit  resperaDce  des  ven- 
danges  futures,  tout  nous  doit  engager  a  plnu- 
ter  des  vignes.  Apres  nvoir  raontre  quil  est  rai- 
sonnable  de  le  faire ,  nous  allons  donner  les  pre- 
ceples  relatifs  a  leur  education. 

IV.  Celui  dont  le  projet  est  de  former  des  vi- 
gnobles  doit  surtout  prendre  garde  de  s'en  rnp- 
porter  aux  soins  dis  autres  plutot  qu'aux  siens 
propres,  relativemcntauxmarcottes,  en  lesache- 
tant :  il  doitau  contraire  planterchez  lui  rcspece 
de  vignes  qu'il  aura  le  plus  eprouvee,  et  faire  une 
pepiuiere  dont  il  puisse  tirer  ce  qui  lui  en  sera 
necessaire  pour  garnir  sa  terre  de  ccps.  Cnr  du 
plant  etranger,  qui  se  trouve  transplante  chcz 
uous  d'une  contree  differente,  s'habitue  moins 
bien  a  notre  sol  que  celui  qui  en  est  natif ;  et  il 
apprehende,  corame  tout  homme  etranger  dans 
un  pays,  le  chnngement  de  climntet  de  terrain. 
On  ne  peut  meme  jamnis  etre  assure  de  sa  boiite, 
pnrce  qu'il  est  toujours  inccrtain  si  celui  qui  Ta 
plaiite  en  a  examine  avec  soin  respece,  et  s'il  l'a 
bien  eprouv^  auparavant.  Cest  pourquoi  il  ne 
faut  pas  croire  que  ce  soit  trop  d'attendre  deux 
ans  pour  juger  si  du  plnnt  cst  dans  le  cas  d'etre 
tiansplante ,  parce  qu'il  sera  toujours  tres-inte- 


iitiquecnlleos  vini  singula  earum  jugera  perDequabuut :  ul- 
que  Ireceulis  numls  quadragense urnae  veneant ,  quod  mini- 
muni  prctium  estaniiuna;;  consumnianltamen  septenicul- 
lei  seslerlia  duo  niillia  et  centum  numos  -.  ea  porio  summa 
cxcedit  usuramsemissium.  Atqueliicc.ilculusquemposui- 
mus ,  Grsecini  ratlonem  toutinet.  Sed  nos  exlirpanda  vineta 
censemus,  quorum  singula  jugeraminusquam  ternoscul- 
leos  praibent.  Et  adliiic  tamen  sic  computavimus  ,  quasi 
hullae  sint  viviradices,qua3  de  pastinato  exiinantur  :  cuin 
sola  ea  lesomnem  impensam  terreni  pretio  suo  liberet ;  si 
modo  noii  provincialis ,  sed  llalictis  ager  est.  Neque  id  cui- 
quam  dubiiim  esse  debet,  cum  et  nostram  et  Julii  Attici 
rationem  dispunxerit.  Nos  [jam]  enini  vicena  millia  malleo- 
loriim  per  vinese  jiigeriim  intei;  ordines  pangimus.  Ille  mi- 
Mus  quatuor  millibus  deponit  :'cujusutvincatratio,nulliis 
tamen  vel  iniqiiissimus  lociis  non  majorem  quaestum  red- 
det ,  qiiam  acceperit  impensam  :  siqiiidem ,  ut  cultoris  ne- 
gligenlia  sex  millia  seniinum  inlereant,  rcliqua  lamen  de- 
cem  niillia  lilbiis  millibus  niimorum  libentcr  el  cum  lucro 
Jedeniptoiuin  enint.  Qu;i;  suinma  tcrtia  parte siiperat  duo 
niillia  scstertiorum,  quanli  constai  e  jugerum  vineanim  pr.T- 


diximus  :  quauquam  nostia  cuia  in  tantum  jam  processit , 
ut  non  inviti  sestcrtiis  sexcentis  numis  singiila  millia  vi- 
viradicis  a  me  rustici  meicentur.  Sed  vix  islud  alius 
pra;stilerit.  Nam nec  quisquam nobis  facile ciedideiit,  tan. 
tam  in  agellis  esse  nostris  abundantiam  vini,  quantam  tu 
Silviiie  novisti.  Mediocre  itaque  vulgatumque  pietium  vi- 
viradicis  posui,  quo  celerius  nullo  dissenlieiite  perduci 
possentin  nostiani  sententiam,  qui  piopler  ignorantiam 
geuus  boc  agricolationis  reformi<ianl.  Sive  eigo  pastinalio- 
nis  reditiis  seu  fiiturarum  spes  vindemiarum  coliortari 
nos  debetad  positionem  vinearum.  Qiiasquoniam  docui- 
mus  I ationis  esse  conseiere ,  uunc  institutionis  earum  pra^ 
cepta  dabiinus. 

IV.  Cui  vineta  facere  cordi  est,  praecipue  caveat,  ne 
alienae  potius  cura;  quam  suae  credere  velil,  neve  merce- 
tur  viviiadicem.  Sed  genus  surculi  probatissimiim  domi 
conserat,  faciatqiie  vitiarium ,  ex  quo  possit  agrum  vineis 
vesliie.  Nam  qiiae  peregriiia  cx  diversa  rcgione  semiiia 
transferunlur,  niinus  sunt  laniiliaria  nostro  solo,quam 
vernacula  :  eoqim  velut  alienigena  leformidaiit  miititaiu 
ca-Ii  lociipie  positioncm.  Hed  nec  cerlam  generosilatis 


S33 


COLUMELLE. 


ressant,  ainsi  que  je  rai  dit ,  cravoir  plaiit^  des 
cspeces  recherchees.  Ensuite  on  se  souviendra 
de  choisir  avec  attention  le  terrain  que  l"on  se 
proposera  de  planter  en  vignes.  Quand  on  aura 
juge  qu'il  est  tel  qu"il  doit  etre,  il  faudra  le  tra- 
vailler  an  pastiruim  avee  le  plus  grand  soin; 
lorsque  cette  operation  sera  faite ,  il  nc  faudra 
pas  moins  d"attention  pour  planter  la  vigne,  et 
quand  elle  sera  plantee  on  sattachera  a  la  cul- 
tiver  avcc  le  plus  grand  soin  :  car  ce  n'cst  que 
d'apres  tous  ces  procedes  qu'on  pourra  es- 
tiraer  siun  chefde  faraillea  bien  ou  mal  fait  de 
confier  son  argent  a  sa  terre ,  pUit6t  que  de  le 
faire  valoir  dans  roisivete.  Je  vais  douc  traiter 
h  prcsent  de  chacuu  des  devoirs  que  je  viens  de 
prescrire. 

V.  II  ne  faut  point  fairede  p^piniere  de  vignes 
dans  une  terre  maigre,  ni  dans  une  terre  hurai- 
de  :  eomme  il  faut  cependanl  que  cette  terre  ne 
soit  pas  totalement  depourvue  de  sucs ,  on  la 
choisira  plutot  mediocre  que  grasse.  Quoique 
presque  tous  les  auteurs  aient  designe  pour  cet 
objet  le  terrain  le  plus  gras,  je  ne  erois  pas  que 
leursysteme  soit  avantageux  au  cultivateur;  ear 
quoique  les  plantes  deposees  dans  un  terrein  ro- 
buste  y  prenneut  avec  facilite  et  y  poussent 
promptement,  si  cependant,  lorsquelles  seront 
devenues  dcs  marcottes  formces,  on  vient  a  les 
transplanter  dans  un  terrain  plus  mauvais,  elles 
86  dessecherout ,  et  ne  pourront  plus  y  croitre. 
(.)r  un  cultivateur  prudent  doit  plutot  transplan- 
tcr  de  la  raauvaise  terre  dans  une  meilleure ,  que 
de  la  honne  dans  une  plus  raauvaise.  Cest  pour- 
quoi  la  mediocrite  estla  qualite  que  j'approuve 
le  plus  dans  le  choi.\  du  terrain ,  parce  que  c'est 


celle  qui  participe  le  plus  du  hon  et  du  mauvais 
a  la  fois  :  car,  soit  que  par  la  suite  on  soitoblige, 
lorsque  le  plant  sera  venu ,  de  le  transferer  dans 
un  terrain  maigre ,  il  s'apercevra  a  peiue  de  la 
differenee  de  sa  position  ,  en  ne  quittant  qu'une 
terre  qui  etait  mediocre  pour  une  qui  sera  mai- 
gre;  soit  que  le  terrain  ou  on  le  plantera  soit 
plus  gras,  il  y  viendra  bicn  plustot  et  y  sera  plus 
fertile.  D'un  autre  cote,  il  n'est  pas  raisonnable 
de  former  une  pepiniere  daiis  un  terrain  tres- 
maigre ,  parce  que  la  plus  grande  partie  des 
marcottes  y  deperit,  et  que  celles  que  Toa  peut 
sauver  n'arrivent  que  tres-tard  au  point  ueces- 
saire  pour  etre  transplantees.  Ainsi  un  terrain 
medioere  et  legcreraent  sec  est  le  plus  propre  a 
forraerune  pepiniere.  II  faudra  commencer  par 
le  retocrner  a  la  houe ,  apres  quoi  ou  laissera  , 
entre  les  rangces  sur  lesquelles  sera  aligne  le 
plant,  des  espaces  de  trois  pieds  que  Toncultlvera ; 
et  Ton  raettra  quatre-vingts  mailletons  (crocettes) 
dans  chacune  des  rangees,  qui  aurout  deux  cent 
quarante  pieds  de  longueur.  Ce  nomhre  demauT 
derapour  un  jiigcrum  eutier  trois  mille  deux  cents 
mailletons.  Mais,  avant  d'en  veuir  la,  il  faut  exa- 
miner  et  choisir  les  mailletous ;  car,  comme  je 
Tai  souvent  dit,  le  point  que  Ton  doit  regarder 
comrae  la  base  de  cette  operation,  c'est  de  ne 
planter  que  les  especes  dont  on  sera  le  plus  siir. 
VL  II  y  a  deux  clioses  a  observer  dans  le  choix 
du  plant;  car  il  ne  suffit  pas  d'examiner  en  ge- 
neral  si  la  raere  dont  on  le  tire  est  feconde ,  mais 
il  faut  encore  examiner  plus  particuliereraent 
s'il  a  ete  tire  des  parties  du  tronc  qui  ont  la 
vertu  productrice  et  qui  sont  les  plus  fertiles.  Or 
oa  ne  doit  pas  juger  de  la  fecondite  d'une  vigne 


fidem  poUiconlur,  cnm  sil  incerlum,  an  is,  qui  Cimserue- 
rit  ca,  diligenter  exploralum  probalumque  geniis  surculi 
deposuerit.  Quamobrem  biennii  spatium  longum  esse  nii- 
nime  e.vistimaqdum  est ,  intra  quod  utique  lempestivitas 
seminum  respondet;  cum  semper,  ut  dixi,  plurimum  re- 
tulerit  exquisiii  generis  stirpem  deposuisse.  Post  liaec 
deindc  meminerit ,  accurate  locum  vineis  eligere  :  de  quo 
cnm  jiulicaverit,  maximam  diligentiam  sciat  adhibendam 
paslinationi  :  quam  cum  peregerit,  non  minore  cura  vi- 
lem  conserat  :  et  cum  posueiil,  summa  sedulitatecultur» 
serviat  :  id  eiiim  quasi  caput  et  coluinen  est  impensarum ; 
quoniara  in  eo  consistit,  melius  aii  sequius  terrae  manda- 
verit  palerlamilias  pecnniam  ,  quam  in  olio  Iractare.  Igi- 
lur  unum  quodque  eorum  quas  proposui,  suo  jam  perse- 
quar  ordine. 

V.  Vitiarium  ncque  jejuna  lerra  ,neque  uliginosa  facien- 
dum  est :  succosa  lamen  ac  mediocri  potius ,  quam  pin- 
gui;  tamelsi  lere  omnes  auctorcs  liuic  rei  Itetissimum  lo- 
cum  destinaverunt.  Quod  ego  miniine  reor  esse  pro  agii- 
cola.  Nam  dcposita!  stirpes  validosolo,  quamvis  celeiiter 
comprehendant  atque  prosiliant,  tainen  cum  siint  vivira- 
dices  factee,  si  in  pejus  tiansferantur,  retorrescunt,  nec 
adolesccre  queunt.  Prudenlis  autem  coloni  cst ,  cx  dele- 
riori  tena  polius  in  mcliorem ,  qtiam  ex  melioie  iu  dete- 


rioicm  transfcrre.  Propter  qiiod  mediocritas  in  eleclione 
loci  maxime  probalur,  quoniam  in  coufinio  boni  malique 
posila  cst.  Sive  cnim  postmodum  necessitas  poslulaverit 
tempestiva  semina  jejuno  solo  conimittere,  non  magnam 
sentieut  dilferenliam,  cum  ex  mediocii  terra  in  exilcm 
translala  sunt  :  sive  ItCtior  ager  conserendus  est ,  longe 
celerius  in  ubertale  coalescunt.  Rursus  tenuissimo  solo 
vitiaiium  facere  minime  rationis  est,  qiioniam  malleolo- 
rum  pars  n.ajor  deperit ,  et  quae  superest ,  tarde  fit  ido- 
nea  traiislalioni.  Ergo  mediocris  et  modice  siccus  ager 
vitiai  io  est  aptissimus ,  isque  bipalio  prius  subigi  debet , 
quse  csl  altitudo  pastinationis,  cnm  in  diios  pedes  et  se- 
missem  converlitur  humus ,  ac  deindc  tripedaneis  relictis 
spatiis,  quae  per  semina  cxcolantur,  in  singulisordinibus, 
qiii  ducenos  quadragenos  pedes  obtinent ,  octogeni  malleoli 
pangendi  sunt.  Is  numerus  consiimmat  per  totum  juge- 
rum  seminum  niillia  tiia  et  ducenta.  Verum  liauc  curam 
piaevenit  inquisitio  et  electio  malleoloruin.  Nam  ut  sa^pe 
jam  retuli ,  quasi  fundam.entum  est  praedicla  rci ,  proba- 
tissimum  genus  stirpis  deponere. 

VI.  Sedclectio  dupliciler  facienda  est :  non  enim  solum 
fnecundam  esse  matrein  satis  est ,  ex  qua  semina  petuntur, 
sed  adhibenda  ratio  est  subtilior,  ut  ex  Iiis  partibus  trunci 
siimantur,  qua;  cl  genitales  suiit  et  inaxime  fertiles.  Vitis 


DE  LWGRICULTUUK,  LIV.  ill. 


dont  on  cluM-chc  u  avoir  dc  la  raee,  d'aprcs  le  scul 
motif  quVllc  portc  bcaucoup  de  grappes,  d'au- 
tant  que  cctte  nuiltiplicite  de  grappes  peut  pro- 
veuir  de  la  graudeur  du  cep  et  de  la  multitude  de 
ses  branches  a  fruit ,  et  que  quoiqu'une  vigae 
soit  chargec de  beaucoupde  grappes,  on  ne  pourra 
pas  dire  neanmoins  qu'cl!e  soit  fertile,  si  elle 
n'en  a  qu'une  seule  sur  chaque  branche  :  mais 
8'il  y  a  un  grand  nombre  de  grappes  sur  chaque 
pampre  de  cette  vigne ,  si  elle  jette  beaucoup  de 
branches  a  fruits  de  chacun  de  ses  boutons,  si 
entin  les  branches  qui  sortent  de  son  bois  dur, 
ou  les  rejetons  des  pampres  eux-memes,  produi- 
sent  quelques  raisins,  une  telle  vigne  etant  .sans 
difficulte  feconde,  c'est  sur  elle  que  Ton  doit 
choisir  dcs  maiiletons.  Or  un  mailleton  est  une 
(erocette)  jeune  branche  a  fruit,  nee  surun  fouet 
de  l'annee  preeedente  :  ce  nom  lui  vientdesa  res- 
serablance  avcc  un  petit  niaillct,  puisqu'il  de- 
borde  de  droite  ct  de  gauche  dans  la  partie  par 
laquelle  on  Ta  separe  de  i'ancien  sarment.  Nous 
pensons  qu'il  faut  choisir  les  mailletons  sur  les 
ceps  les  plus  feconds,  dans  tous  les  temps  indif- 
feremment  oii  Ton  taille  la  vigne,  et  les  mettre 
en  terre  avec  attention  dans  un  lieu  raedioere- 
ment  humide,  mais  non  marccageux  ,  en  leur 
laissant  Irois  on  quatre  boutons  hors  de  terre, 
pourvu  eependant  que  Pon  regarde  comme  un 
point  tres-essentiel  d'exaniiner  si  la  vigne 
dont  on  les  a  tires  n'est  point  sujette  i^i  perdre 
sa  fleur,  si  sou  raisin  n'a  point  de  difficulte  a 
grossir,  et  s'il  ne  murit  pastrop  tot  ni  trop  tard, 
parce  que,  dans  ie  premicr  cas,  il  est  moleste 
par  les  oiscaux,  comme  il  Test  dans  le  second 
par  les  mauvais  temps  de  Thiver.  Maisune  seule 
\  eudange  ne  siiffit  pas  pour  nous  mettre  a  meme 

aiitcm  facunila,  cujus  progpiiiem  fjndcnuis  sulimillere, 
non  tautum  debct  co  ■"cstiuiari ,  quod  uvas  coui|iluics  cxi- 
Rit.  Potesl  cnini  trujici  vaslitate  id  acciilere  el  frequeiitia 
palinilum  :  nec  taiiicii  caiii  feiaceni  dixeriin ,  ciijus singu- 
lae  uvaj  in  singnlis  SBiinentis  conspiciuiitur;  sert  si  per 
imuiiiqneniqae  panipinuiii  niajor  niiiuerus  uvarum  depen- 
dct;  si  ex  singulis  gcnimis  couipluiibus  maleriis  cuni 
fnictu  gerniiiiat;  si  denique  ctiam  e  duro  virgam  ciini  ali- 
cpiiljus  i'accii)i$  citat ;  .si  eliam  nepotum  fiuclu  gravi<la 
cst  :  ea  sine  dnbilatione  ferax  destiiiaii  deiiet  legendo 
iiialleolo.  Malleolns  aulcni  novelhis  est  palmes  innatus 
piioris  anni  llagello,  cognoiniiiatus(|ue  ad  similitndiiieiii , 
qnod  in  ea  paite,  (pia  deciditur  ex  veleie  sarnienlo,  pio- 
niinens  iiliinque  mallei  speciem  piaelict.  Iliinc  ex  ficcun- 
dissima  stirpe  legendura  ceuscmus  oinni  tempoie,  (pio 
vinese  piitantiir,  ac  super  terram  gcniiiiis  tribus  vcl  <pia- 
tuor  exlanlibus  diligenter  obnienduiii  loco  modice  liii- 
mido,  non  uliginoso  :  duin  lameii  antiquissinium  sit  con- 
siderarc,  ne  vitis,  ex  (pia  is  siimitiir,  iiiicipitem  floris  lia- 
bcat  eventum ,  iie  dilTicultcr  acinus  ingraii<lesc;it ,  ne  aiit 
piBecoqucm  aiil  sciu!  maturitutis  friiclum  aflcial.  Nam  illa 
\olnclil)us,  liBCc  etiain  fcmpcslalibus  liicmis  iiifeslaliir. 
!:ilc  poirogenus  noii  una  comprobalur  viiidcmia.  I>otest 


de  reconuaitre  si  unc  \  igne  jouit  de  ces  avanta- 
ges,  puisquMI  peut  arriver,soit  par  lafertilite  de 
Tannce,  soit  pard'autres  raisons,  qu'une  vigne, 
quoique  natnrellcment  steriie ,  produise  une  fois 
par  hasard  avcc  abondance.  Mais  lorsqu'ou  scra 
assure  de  ia  bonte  d'un  cep  apres  plusieurs  an- 
nees  de  service,  pour  m'exprimer  ainsi,  on  ne 
doit  point  douter  de  sa  feeondit<3.  Cependant  il 
n'est  pas  uecessaire  de  pousser  ses  recherches 
sur  ce  point  au  delii  de  quatre  ans  :  c'est  ordi- 
nairementla  letemps  requis  pour  niettre  en  evi- 
dence  la  bontci  des  plantes,  parce  que  c'cst  celui 
qu'il  faut  au  soleil,  en  suivant  rordre  des  signes 
depuis  ic  commencement  de  sa  course,  poiir  re- 
veiiir  au  point  du  zodiaque  dont  il  etait  parti. 
Ccux  qui  s'occHpent  de  rastronomie  donncnt  a 
cette  pcriodc,  qui  comprend  mille  quatre  ecnt 
hoixante  ct  un  jours  cntiers,  le  nom  d^iTToxaxa- 

VIL  Mais  je  suis  certain ,  P.  Silvinus,  qn'il  y 
a  longtemps  que  vous  demaudez  tout  bas  de 
quellc  espece  doit  etre  cette  vigiie  feconde  que 
nous  decrivons  avcc  tant  de  soin ,  et  si  nous  en- 
tendons  parlcr  de  que!qu'une  de  celles  qui 
passeut  commuuement  pour  etre  les  plus  fe- 
condes ;  car  le  plus  gr.md  nombre  vante  la  Bitu- 
rica,  beaucoup  la  s^nonia,  quelques-uns  la 
basilica,  et  d'autres  r«rcc/aea.  JNous  ne  refu- 
sons  pas  effectivement  nos  eloges  a  ces  esp6ces 
de  vignes,  puisqu'ellesrendent  beaucoupde  vin. 
Mais  la  regle  que  nous  nous  proposons  de  don- 
ner  est  dc  planter  des  vignes  d'une  telle  espece, 
qu"en  ne  rapportant  pas  de  fruits  moins  abon- 
dants  que  les  prijcedentes ,  elles  soient  ea  oulre 
d'un  gout  distingue ,  tel  que  celui  des  Ami- 
nees,  oii  tout  au  moins  duu  gout  approchant. 

eftim  vel  anni  proventu  vel  aliis  de  causis  etiani  iiatura- 
litcr  inricciinda  vilis  semel  exubcrare.  Sed  ubi  pliiriiim 
velut  cmeritis  annoium  slipendiis  lides  snrculo  constilit, 
niliil  dubilauiliim  est  de  fcccunditate.  Nec  tamen  ultra  qua- 
driennium  talis  cxtenditiir  iuquisilio  :  id  enim  teiiipus 
fere  virentinm  generosilatem  declarat,  quo  sol  in  eandem 
partem  signiferi  per  eosdem  niiiiieros  re<iil,  per  quoscur- 
sus  sni  principiiim  ceperat.  Quem  circuituni  mcalus  die- 
rum  inlcgroriiin  inille  quadrigentorum  sexaginta  unius 
ii7ioxaTii5Ta(jiv  vocant  studiosi  reruin  caelestinm. 

VII.  Sed  certum  liabco,I>.  Silvine,  jamdudum  te  taci- 
tiim  requircrc,  ciijus  generis  sit  ista  fiEcunda  vitis ,  quam 
nos  U\m  atcurate  describimiis,  anne  de  iis  aliqua  signili- 
ictiir,  qu.-c  vulgo  nunc  babentur  fera<:issima3.  Plurimi 
nauKpie  Hiluricam  ,  mulli  spioniam ,  quidam  basilicam, 
nonnulli  arcelacam  laudibus  efferunt.  Nos  quoque  liecc 
gencia  noii  fraudamus  teslimonio  nostro  :  siiut  eiiim  lar- 
gissimi  viiii  :  sed  prnposuiiniis  docere  vineas  ejusmodi 
conserere,  quae  iicc  miuus  uberes  friictus  pracdictis  ge- 
neribus  afferant ,  et  sinl  preliosi  saporis ,  velut  Ainiiiei , 
vel  cerle  iion  procul  al>  co  giistu.  Cui  noslrse  sententiiB 
scio  peneximnium  agricolarnm  divcrsam  cssc  opinionem, 
qua;  de  Amincis  iniclerata  longujam  lempuit:  convaliiit, 


COLUMELLK. 


Jo  sais  que  presque  tous  les  agriculteurs  sont 
en  cela  d'un  avis  different  du  mien,  et  qu'iis 
tiennent  i  ropinion  ancienne  qui  a  prevalu  sur 
lecompte  des  vignes  Aminees,  par  laquelle  on 
croit  depuis  longtemps  qu'elles  sont  afleetees 
d'une  sterilite  natureile  dans  ces  pays-ci.  Ceei 
nous  force  donc  a  reprendre  ies  choses  de  plus 
h.iut,  et  a  confirmer  par  une  multitude  d'exem- 
ples  notre  methode,  qui  se  trouve  condamnee 
par  la  negiigence  autaut  que  par  rimprudence 
descuitivateurs,  afin  de  la  tirer  des  tenehres  de 
l"ignorance  qui  Tont  obscarcie,  et  de  repandre 
sur  elle  le  jour  pur  de  la  verite.  Cest  pourquoi 
il  ne  sera  pas  hors  de  propos  de  nous  oceuper 
avant  tout  de  ce  qui  parait  pouvoir  fairo  revenir 
de  cette  erreur,  devenue  publique. 

VI IL  Si  nous  voulons  donc,  P.  Silvinus,  pe- 
netrer  par  les  yeu.x  percants  de  Pesprit  jusqu'a 
la  nature  deschoses,  nous  trouverons  qu'elle 
T)'a  ctabli,  relativement  a  lafecondite,  {|u'une 
loi  unique  ct  egale  pour  lcs  plantes,  comme 
pour  les  hommes  et  les  autres  animaux,  et 
qu'elle  n'apoint  partagescs  faveursparticulieres 
a  certaines  nations  ni  a  certaines  contrees,  com- 
me  si  elle  tut  voulu  en  privcr  totalement  les 
antres.  II  y  a  des  nations  a  qui  elle  a  donne  a  la 
verile  la  faculte  d'engendrer  une  posterite  nom- 
breuse,  comme  ,  par  exemple,  les  Egyptiens 
et  les  Africains,  chez  qui  Ton  voit  tres-fre- 
quemraentet  presque  habituellement  les  femmes 
accoucher  de  deux  enfants  a  la  fois;  mais  elle  a 
voulu  en  meme  tcmps  qu'il  se  trouvSt  aussi  en 
Italie  des  exemples  d'une  fecondite  singulii're  : 
temoin  ces  deux  femmes  d"Albe,  de  la  famille 
des  Curiaces,  meres  chaeune  de  trois  enfanls 
h  la  fois.  Elle  a  donne  de  reclat  a  la  Germanie 
par  ses  arm;'es  composces  d'hommes  tres-grands; 
mais  clie  n'a  pas  absolument  prive  les  autres 


uations  d'hommes  de  la  plus  haute  taille,  puis- 
que  M.  Tullius  Ciceron  assure  qu'il  s'est  trouve 
un  citoyen  romain,  nomm6  Najvius  Pollion, 
qui  avait  un  pied  au-dessus  des  plus  grands 
hommes ,  et  que  nous  avons  ete  nous-memes 
tout  recemment  a  portee  de  voir,  danslapompe 
des  jeux  du  cirque  ,  un  Juif  de  nation  ,  qui  etait 
d'une  taille  plushauteque  celle  du  Germain  le 
plus  grand.  Je  passe  aux  bestiaux.  La  ville  de 
Mevnnia  est  celebre  par  la  taille  et  la  force  de 
ses  betes  de  somme,  comme  la  Ligurie  Test 
par  la  petitesse  des  siennes  :  cependant  on  voit 
a  Mevania  de  petils  ba?ufs,  commc  oii  voit 
quclquefois  dans  la  Ligurio  des  taureaux  d'une 
force  remarquable.  L'Inde  pass?  pour  surpre- 
nanle  par  la  grosseur  de  ses  betes  feroces  :  qui 
est  ce  qui  contestera  cependant  qu'il  y  en  ait 
ici  d'aussi  grosses,  puisque  nous  vo3'ons  des 
elepbants  nes  dans  renccinte  meme  de  notre 
ville?  Je  reviens  aux  productions  de  la  tcrre.  On 
prctend  que  la  Mysie  et  la  Libye  sont  fertilesen 
ble,  sans  cependant  que  les  campagnes  de  \'A- 
pulie  ct  de  la  Campanie  manquent  de  riches  re- 
coltes ;  que  le  Tmole  et  le  Coryce  sont  fameux  par 
leurs  fleurs  de  safran ,  comme  la  Judee  et  TAra- 
bie  le  sont  par  rexcellenee  de  ieurs  plantes  odi- 
ferantes,  quoique  notre  ville  elle-meme  ne  man- 
que  pas  de  ces  sortes  de  plantes,  puisque  nous 
voyons  dcja  venir  en  feuilles,  dans  plusieurs  de 
ses  quartiers,  la  cannelle  et  1'arbrisseau  qui  prortuit 
Tencens ,  ainsi  que  nous  y  voyons  des  jardins 
fleuris  de  niyrrhe  et  de  safran.  Ces  excmples 
nous  prouvent  donc  que  ritalie  repond  tres-bien 
aux  soins  de  ses  habitants,  puisqu'elle  s'est  ha- 
bituee,  moyennant  rapplication  des  cultivateurs, 
a  porter  les  produclions  de  presque  tout  l'uni- 
vers ;  de  facon  qu'il  doit  nous  rester  encore  moins 
do  doute  a  cet  egard  par  rapport  h  un  fruit  qni 


(aiHinam  natali  el  insenila  steiilitale  labnranlilins  :  qno 
inanis  nobis  ex  alto  lepelila  compliMilius  exemplis  fir- 
iiianda  ratio  est,  r\iue  desiiiia  nec  niinus  imprudentia  co- 
lonoruni  danniata  ,  et  velut  ignorantia;  tcnehris  olicEccata 
luce  verifatis  carnit.  Qnare  nonintempcslivum  estnos  ad 
ea  prEBverti ,  quae  videnlur  hunc  publicum  errorem  corri- 
gere  posse. 

■VUI.  Ifjitur si  rerum  naturani ,  P.  Silvine.velutacrio- 
ribns  mentis  ocnlis  inlucri  velinius,  reperiemus  parem 
legem  foecundilatis  eani  dixisse  virentihns,  atqne  bonii- 
nibus  ca;terisque  auimalihus  :  nec  sic  aliis  nalionibus  le- 
gionibusve  proprias  tribuisse  doles,  ul  aliis  in  totum  si- 
milia  munera  denpsaret.  Quibusdam  gentihus  numerosam 
progenerandi  soboiem  dedit,  ut  jEgypliis  ef  Afris  ,  quibus 
gemini  partus  familiares,  ac  pene  solennes  sunt :  sed  et 
llalici  generis  esse  voluit  eximicB  frecundilalis  All)auas 
Curialia'  familia!  Iriseminorum  niatres.  Germaniam  deco- 
ravit  allissijuorum  hnminum  exercitihus;  sed  et  alias 
genles  non  in  toliim  fraudavit  praecipuw  slaluric  viiis. 
N'am  ct  M.  Tullius  Cicero  testis  est  Bomanum  fuisse  ci- 
yein  Nwvium  rollioncm  pcde  longioiem  quam  qucmquam 


longissimum  :  et  nuper  ipsi  videre  potuimus  in  apparatu 
pompa,'  Circensium  liidflrum  Jud.Ta;  gentis  hominem 
proceriorcm  celsissimo  Germano.  Transeo  ad  pecudes. 
Armentis  sublimilins  insi^iiis  Mevania  esl,  Liguria  parvis : 
sed  et  Mrvaiii;»'  lios  litiiiiilis  it  Liiiuria;  nonnunquam  lau- 
riis  Piiiiiiriilii  >lalnin'  riHi.spii'i!iir.  Iiidia  perbibetur  moli- 
bus  fpiariiu]  miialjilis  :  pares  tamcn  in  hac  fcrra  vaslitate 
beluas  progeneraii  quis  negef?  cum  intra  mrenia  noslra 
natosanimadvertamus  elepbantos.  Sed  ad  genera  frugum 
redeo.  Mysiam  Lihyamque  largis  aiunt  abundare  frumen- 
tis  ;  nec  tamen  Apulns  Campanosque  agros  opimis  defici 
scgetibus.  Tmolon  et  Corycon  llorere  croco ;  Judieam  ct 
Arabiam  preliosis  odoribiis  illuslrem  baberi ;  sed  nec  no- 
stram  civitafem  praedictis  egere  stirpibiis  :  quippe  com- 
pluribus  locis  urbis  jam  casiam  frondentem  conspici- 
nius,  jam  tuream  plantam,  florentesque  liorlos  myrrlu 
etcroco.  His  tamen  exemplisniminim  admonemur,  cura- 
mortalium  obsequentissimam  esse  Ilaliam,  quae  pene  to- 
tius  orbis  fruges  adliibito  studio  colonorum  ferre  didice- 
rit.  Qiio  minusdubitemus  deeofructu,  quiveliit  indigena 
peculiarisque  et  vernaculus  cst  hujus  soli.  Neque  enim 


DE  LAGIUCULTURE,  LIV.  111. 


est  conime  iialif  ile  ce  pays ,  ct  qiie  ron  peut  i-e- 
garder  comme  etant  propre  a  notre  sol,  et 
eomme  y  ayant  pris  naissance.  Car  il  est  cons- 
tant  que  lcs  vignes  des  cantons  de  Cecube ,  de 
Massique,  de  Surrentum  ct  d"Albe  sont,  par 
rexcellence  de  lcur  vin,  les  preraieres  de  toutes 
celles  qui  sont  sur  la  terre. 

IX.  Peut-ctre  nos  vignes  n'ont-el!es  pas  toute 
la  feconditc  qu'on  pourrait  desirer;  raais  Tin- 
dustrie  d'un  cultivateur  peut  les  aider  a  Tacque- 
rir.  Car  si  lanaturc,  cette  mere  si  bienfaisante 
de  toutes  les  productions  en  tout  genre  ,  a  enri- 
chi ,  comme  je  vicns  de  le  dire,  chaque  na- 
tionetchaquecontreedesdonsparticuliersqu'elle 
leur  a  faits,  sans  cependant  en  avoir  prive  abso- 
lnment  les  autres,  pourquoi  douterions-nous 
qu'elle  eiit  suivi  aussi  la  raenie  regle  par  rapport 
aux  vignes?  Pourquoi  (en  voulant  que  certaines 
especes  d'entre  ellcs,  comme  la  Bilurica  ou  la 
fiasiYiert ,  fusscnt  plus  particulierement  fecon- 
des  que  d'autres)  aurait-elle  rendu  les  Ami- 
nces  steriles,  au  point  que  sur  plusieiirs  mil- 
liers  de  ceps  il  ne  s'cn  put  pas  trouver,  merae 
en  tres-petit  nombre,  qui  fussent  feeondes, 
comnie  il  s'est  trouve  parmi  les  habitants  de 
ritalie  des  fenimes  fecondes,  telles  que  ces  soeurs 
d'Albe  dont  nous  avons  parle?  iXon-seulemeut 
le  contraire  est  vraisemblahle,  raais  raeme  Tex- 
perience  nous  en  ademontre  la  verite,  puisque 
nous  avons  eu  en  notre  possession  des  vignes 
Aminees  qui  avaient  ce  caractere  de  feeon- 
dite,  tant  dans  le  canton  d'Ardee,  qui  nous  a 
appartenujadis  pendantunlongcspacedeteraps, 
que  dans  celui  de  Carseole  et  dans  celui  d'A!he. 
Nous  n'en  comptions  a  la  verite  qu'un  tres-petit 
nombre  dans  ce  cas ;  niais  aussi  leur  fertilite 
etait  telle,  que  ehaquc  cep  rappnrtait  trois  uriiai 
de  vin  quand  il  ctait  attache  au  joug,  et  dix 
amp/wrw  quand  il  etait  cn  treilles.  Au  sur- 

diibiiim  esl  Slassici  SiiiTenliniqtie  ct  Altiaui  alqne  Cse- 
cubi  agri  viles  oninium ,  quas  lena  susliuet,  in  nobilitate 
vini  principes  esse. 

IX.  Ftt-cunditas  ab  bis  forsitan  dcsideretur  :  sed  et 
liaec  adjnvaii  potest  cnltoris  industria.  Nani  si,  ut  paullo 
ante  reluli,  benjgnissima  rerum  oninium  parens  notura 
(juasque  genteis  atque  tcrras  ita  mnneribus  propriis  di- 
tavit,  ut  tanien  (seteras  non  iu  universnm  similibus  do- 
tibus  fraudarct  :  cur  cam  dnbileinns  ctiam  in  vilibns  prae- 
dictamlegem  servassc?  ut  quamvis  earum  genns  aliquod 
pr.Tcipne  fcrcundum  esse  Tolueril,  tanquam  Bituricum 
aut  basilicum;  non  tamen  sic  Amineum  stirile  reddide- 
ril,  ut  e\  mnlli.s  niillibus  ejus  ne  pan(  issimx-  qnidem  vi- 
les  fd-cunda;  lanquam  in  Italii  is  bominibus  Albanae  illa; 
sorores  rcperiri  possint.  Id  auteiu  cum  sit  verisimile ,  tum 
ctiam  veium  csse  nos  docuit  experimentum  ,  cuin  et  in 
Ardeatini)  agro,  i|iiem  multis  temporibus  ipsi.tntc  posse- 
dinins,  et  in  Carseolano  itemque  in  Albano  generis  Ami- 
nei  viles  bnjusmndi  notii'  balincriniiis,  numero  quideni 
peqianras,  vcrum  ila  liililes,  iil  in  jugo  singnla;  lernas 


plus,  cette  fecondite  que  nous  attribuons  aux  vi- 
gnes  Aminees  ne  doit  pas  paraitre  incroya- 
ble  :  car  eorament  Terentius  Varron ,  et  avant 
lui  M.  Caton,  auraient-ils  pu  assurer  que  les 
anciens  cultivateurs  retiraient  de  chaquc  ^/wiyc- 
riiM  de  vignes  six  cent  urnce  de  vin ,  si  les  Anii- 
nees,  qui  etaient  presque  les  seules  qne  l'oii 
conni^it  alors ,  n'eussent  pas  ete  fecondes?  a  raoins 
que  nous  ne  pensions  qu'ils  aient  cultive  dcs 
Bituricce  ou  des  basilicw,  quoique  nous  nc 
connaissions  que  depuis  tres-peu  de  teraps  ces 
dernieres,  quc  nous  avons  meme  tirees  incon- 
testahlement  des  provinces  eloignees,  et  quoiqu'il 
soit  reconnu  corameun  fait  certain,  memeaujour- 
d'hui,  que  les  vignes  Aminees  sont  les  plus 
anciennes  de  toutes.  Si  quelqu'un  donc ,  apres 
avoir  eprouve  par  plusieurs  vendanges  des  vignes 
Aminees,  en  trouvait  de  tellesqueles  miennes, 
dont  je  parlais  tout  a  rheure,  et  qu"il  les  distin- 
guiit  des  autres  pour  en  tirer  des  mailletons  qui 
seraient  tres-foconds,  il  pourrait  parvenir  par 
ce  moyen  a  faire  des  vignobles  aussi  bons  quc 
fertiles  :  car  il  n'est  point  douteux  que  la  nature 
ellc-mcme  n'ait  voulu  que  les  enfants  ressem- 
blassent  a  leur  raere;  ce  quiafaitdire  ace  berger 
dans  les  Bucoliques  :  De  meme  que  je  savais 
(juc  les  petils  chicns  et  les  chevreaiix  ressem- 
blaient  a  leurs  vieres.  Cest  pour  cela  que  ceux 
qui  s'adonncut  aux  comhats  sacres  conservent 
avec  le  plus  grand  soin  la  race  des  chevaux 
d'attelage  !es  plus  legers,  parcequ'i!sse  flattent 
de  resperance  de  remnorter  des  victoires,en 
multipliant  la  progeniture  des  plus  excellents 
aniraaux.  Ainsi  ,  fondons  resperance  d'une  ven- 
dange  abondante  sur  le  choix  du  plant  tire  des 
vignes  Aminces  les  plus  fertiles  ,  de  nieme  que 
l'on  fonde  Tespcrance  de  la  victoire  sur  le  choix 
dcs races  issues  de jumenls qui ont  ete  victorieuses 
dans  les  jeux  olyrapiques ;  et  ne   nous  desis- 

nrnas  pr.Tberent,  in  pcrgnlisautem  singnla^  denas  am- 
pboras  iieneqnarent.  Nec  iiicredibilis  debet  iii  Amineis 
baec  fa?cunditiis  videii.  Nain  quemadmodum  Terentius 
Varro  et  ante  eiim  M.  Cato  possent  affirmare,  scvcen- 
tenas  urnas  priscis  cultoribus  singula  vincarum  jugera 
fudisse  ,  si  fu'cunditas  Amineis  defuisset ,  quas  plerumque 
solas  antii|Mi  iinMi;iiil  '  nl^i  >i  pulamus  ea  qua;  nuper  ac 
modo  plaiieliiiiui^'|iii'  n  mi>iiiliiisarcessita  notitia;  nostra; 
sunttradila,  Ililiiini  j^inriisaiit  basilici  vineta  cos  co- 
luisse,  cuin  vetustissiinas  quasquevineas  adliucexislime- 
mus  Amineas.  Si  qiiis  ergotales,  quales  panlo  ante  pos- 
.sedisse  me  retuli ,  Amineas  plnribus  vindeiniis  exploratas 
nolet,  ut  ex  bis  malleolos  fcracissimos  eiigat,  possit  is 
pai iter  generosas  vineas  et  ubeies  efficere.  Niliil  enim  du- 
biiim  est,  quin  ipsa  natura  sobolem  matri  similem  esse 
voluerit.  Undeeliam  pastor  ille  in  Bucolicis  ait :  Sic  cani- 
bus  catulos  similes,  sic  mathlius  hccdos  noram.  Undc 
sacroriim  certaniinum  slndiosi  pcrnicissimarnn)  qnailri- 
garuin  semina  diligcntiobservatione  custodiunt,  et  spein 
fulurariini  vicluriarum  concipiiint  propagata  sobole  geue- 


236  COLUMELLE 

tons  pas  de  ce  projet  sous  le  pretexte  que  son 
exeeution  deniandera  un  tenips  eonsiderable , 
puisqu'elle  ne  souffrira  pas  d'autrc  retard  que 
celui  qu'entrainera  necessairement  rcpreuved'un 
cep,  et  que,  des  qu'on  se  seraassure  de  sa  fecon- 
dite,  ou  Taura  bientot  multiplie  par  la  voie  de 
la  greffe.  Cest  un  fait  certain  ,  et  dont  vous  pou- 
vez  rendre  temoignage,  vous  surtout,  P.  Sil- 
vinus,  qui  devez  vous  rappeler  tres-bien  que 
j'ai  pcuple  deux  jurjcra  entiers  de  vignes  cn 
deux  aus,  avec  les  greffes  que  m'avait  fournies 
une  seule  vigne  hiitive  que  vous  possediez  dans 
la  Ceretania.  Combien  en  effet  vous  iraaginez- 
vous  que  Ton  aurait  pu  enter  de  vignes  dans  le 
memeespacedetemps,  avec  les  mailletonsqu'au- 
raient  pu  fournir  ces  deaxjugera,  puisqu'ils 
n'etaient  eux-memes  que  le  r^sultat  d'un  seul 
cep?  Si  donc,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  nous  voulons 
y  apporter  du  soin  ,  et  ne  point  menager  notre 
peine ,  nous  formerons  aisement ,  par  la  voie  que 
je  viensde  prescrire,  des  vignes  Aminees  aussi 
fertiles  que  le  peuveut  etre  les  Bituricm  ou  les 
basiliccB  :  il  suffira  pour  cela  d'avoir  Fatten- 
tion,  en  transferant  le  plant,  de  ne  le  point 
mettre  sous  uu  cliraat  differtnt  de  celui  oii  il 
etait  auparavant ,  ni  dans  un  terraiu  d'une  aulre 
uature,  et  de  le  mainteuir  dans  riiabitude  a  la- 
quelle  il  etait  fait ,  parce  qu'ordinairement  un 
cep  degenfere ,  lorsque  !a  situation  du  terrain  ou 
la  temperalure  de  Tair  lui  sont  contraires,  de 
raeme  que  si  on  le  tire  d'aupres  d'un  arbre  pour 
fattacher  au  joug.  Cest  pourquoi  nous  le  trans- 
fererons  d'un  lieu  froid  daiis  un  lieu  froid,  d'un 
lieu  chaud  dans  un  qui  le  soit  pareillement,  et 
d'un  plaut  de  vigoe  dans  un  autre  de  la  nieme 
nature.  Cependant  les  ceps  de   raisin    Aminee 


sont  plus  cn  etat  de  supporter  un  climat  chaud 
au  sortir  d'un  froid,  que  d'eu  soutenir  un  froid 
au  sortir  d'un  chaud ,  parce  (lue  toutes  les  espe- 
ces  de  vigues,  et  surtout  celle-la,  aiment  natu- 
rellement  mieux  la  chaleur  que  le  froid.  Mais  la 
qualite  du  sol  est  aussi  tres-interessante,  et  il 
fuut  toujours  transferer  le  plant  d'un  sol  maigre 
ou  mediocre  dans  un  meilleur.  Car  une  plante 
aecoutumee  a  un  terrain  grus  ne  peut  absolu- 
ment  se  faire  a  la  maigreur  d'un  autre,  a  moins 
qu'on ne !e fume frequemmeut.  Voila  les preceptes 
genernux  quenous  avions  adonuer,  relativement 
a  l'attention  avec  laquelle  on  doit  choisir  les 
mailletous.  Mainteuaut  voici  un  precepte  parti- 
culier  pour  les  cboisir  non-seulement  sur  uoe 
vigne  tres-feconde,  raais  eucore  sur  la  partie  la 
plusfeconds  de  cette  vigne. 

X.  Le  plant  le  plus  fertile  n"est  pas,  corame 
les  ancieus  auteurs  l'ont  dit,  rextremite  de  ee 
qu'on  appelle  la  tete  de  la  vignc,  c'est-a-dire, 
ses  derniers  fouets,  et  les  plus  allonges  :  car  c'est 
encore  un  point  sur  lequel  les  agriculteurs  se 
trompent.  La  premiere  cause  dc  leur  crreur  est  la 
beaute  et  la  multitude  des  grappes  que  Tou  voit 
ordinairement  sur  les  sarmeuts  les  plus  allonges 
d'une  vigne,  quoiqu'on  ne  doive  pass'y  laisser 
tromper,  puisque  cela  ne  provieut  poiut  d'une 
fertilite  qui  soit  naturellement  inherente  a  cette 
branche,  maisde  Tavantage  de  sa  position,  parce 
que  tout  le  suc  et  toute  la  nourriture  ne  font 
que  glisser  legerement  sur  les  autres  parties  du 
tronc,  jusqu'a  ce  qu'ils  soient  parvenus  a  son 
extremite.  En  effet,tous  les  aliments  des  plantes 
sont  attires  comme  une  espece  d'ame  vegetaule 
vers  leurs  parties  superieurcs,  par  reffet  d"une 
aspiration    natureile    qui  se  fait  a  travers   !a 


losi  aimcnti.  Nos  quoque  pari  lalione  veUit  clymiiionica- 
rum  eiiuarum  , ita  leracissimarum  Amineaium  seminibus 
eleetis ,  largse  vindemiae  spem  capiamus.  Neque  est  quod 
temporis  tardilas  qupmquam  deterreat :  nani  quidipiid 
mora!  est ,  in  explorafione  surculi  absuniitur.  Cielcinm 
cum  foecnndilas  vHis  coniprobata  est,  celcirimc  insilio- 
nibus  ad  ni.ixiiiiuin  nnineiuui  perdin;ilur.  Ejus  rei  l.i'sti- 
UKUiiuni  !u  praTipu.e,  Piibli  Silvine,  pcMbiijpie  nobis  po- 
l.ps,  ciiin  piilciirp  mpiniupris,  a  nip  duo  iiigcia  vinearuin 
ihlra  Ipnipiis  l)ipnnii  p\  una  pra>coipie  vite ,  quain  in  Ce- 
letano  tuo  possLiies,  insilione  lacla  consunniiala.  Quem- 
nain  igiliir  exislimas  vitium  numeruui  intra  tantnndem 
temporis  inlerseii  possp  ilnorum  jugerum  malleolis,  cnm 
sint  ipsa  dno  jngeia  nnins  vilis  progenies?  Quare  si,  ul 
dixi ,  laboiein  et cuiam  velimiis  adhibere ,  facile  piucdicla 
ratione  tam  feraces  Aminei  generis  vineas  eonstiluemus, 
quam  Bituriciant  basilici :  tantum  retuleril,  ul  in  trans- 
lerendis  scminibus  similem  statum  celi  lociqne  elipsius 
vitis  liabitnm  obseivemus  :  quoniam  plerumquedegenerat 
snrcnlus,  si  aiit  sitns  agri  aut  aerisqualilas  repugnal,  ant 
cliain  si  ex  arboie  in  jugum  delcrlur.  Itaipie  de  fiigidis  iu 
fiigida,  de  calidis  in  similia,de  vineis  in  vineas  liansrere- 
jniiG.  iSIaais  tamen  ex  fiigido  statu  stiips  Aminea  potest 


calidum  sustinere ,  quam  cx  calido  frigidnm  :  quoniam 
cum  omne  vilis  genus  tuin  maxime  proedictiim  naturali- 
tci-  Isetalnr  tepore  polius  quam  frigoie.  Sed  ct  qualitas 
soli  plurimiim  jiivat,  ut  ex  macro  aut  mediocri  transdu- 
catur  in  nielius.  Nam  qnod  assuetum  est  pingui,  nuUo 
modo  macieni  tenne  patitur,  nisi  sa;pius  stercores.  At- 
qiic  ba'c  de  cura  eligendi  malleoli  generatim  pr.TCcepimus; 
iiiiiic  illnd  (Mopric  spccialiter,  nl  non  solum  ex  lu!cunT 
di.ssima  vile.sed  etiam  e  vitis  parte  feracissima  semina 
eligantur. 

X.  Feracissinia  autem  semina  sunt ,  non  nt  veleres  au- 
clores  tradiderunt,  extiema  pars  ejus,  quod  caput  vitis 
appellant,  id  est,  ultimum  et  productissimum  llagelluin  : 
nam  ineo  quoque  fallnnlur  agiicobv.  Seii  erioris  estcausa 
prima  species ,  elnumerus  uvaium,  qui  plcrumque  cons- 
picitur  in  produclissimo  sarmeiilo.  QuiC  res  nos  deciiiere 
iion  debel.  Id  enim  accidit  non  palmitis  ingenila  fertililale, 
sed  loci  opportunitate,  quia  leliquas  trunci  parles  bumor 
omnisetalimenlum,  qiiodasolo  minisliatur,  transcurrit, 
diim  ad  uUimum  perveniat.  Natmali  cnim  spiritu  oinne 
alimenliim  virenlis  quasi  qua;dam  anima  per  medullam 
trunci  veluti  per  siplionem,  quem  diabelen  vocant  me- 
cbaniri,  trabitur  in  summnm  :  qiio  cum  pervencrit,  ibj 


DE  LAGRICULTIJRK,  LIV.  IIL 


ninclle  ilii  troiic,  omiiie  a  travers  un  de  ces  si- 
IjluiMsque  les  machinistes  appellent  diabetes;  et 
U)rsqu'i!sy  sont  paivenus,  ils  s'y  arretent  et  s'y 
cousument.  Cest  pour  ccla  que  les  sarments  ies 
plus  forts  d'un  cep  sont  ceux  qui  sortent  ou  de 
sa  tete,  ou  de  la  partie  de  son  pied  ia  plus  voi- 
sine  de  ses  racines.  Les  sarments  qui  sortent 
du  bois  dur  sont  egalement  steriles  ,  quoiqu'ils 
soient  tres-robustes ;  et  cela  par  deux  rai- 
sons  :  parce  qu'i!s  n'ont  point  defruit,  et  parce 
qu'i!s  sont  nourris  du  suc  le  plus  voisin  de  la 
terre,  et  par  consequent  !e  plus  entieret  le  plus 
p«r.  On  approuve  au  contraire  ceux  de  Tex- 
tremite  superieure,  comme  etant  fertiles  et 
robustes,  par  la  raison  qu'ils  sorteut  d'une  par- 
tie  tendre  de  la  vigne,  et  qu'ainsi  que  je  le  di- 
sais  a  Tinstant,  toute  la  nourrihire  qui  est  par- 
venue  jusqu'a  eux  ne  se  dijtribue  plus  ailleurs; 
.  u  linu  qn'on  regarde  comme  les  plus  maigres 
ccux  qui  se  trouvent  eiitre  les  uns  et  les  au- 
tres,  parce  que  le  suc  ne  fait  que  les  effleurer, 
etant  intercepte  en  partie  par  les  sarments  de 
dessous,  et  attire  en  partie  par  ceux  dc  dessus. 
II  nefaut  doncpas  regarder  comme  intrinseque- 
ment  feconds  lcs  fouets  des  extremites  soit  su- 
perieures,  soit  inferieures,  quand  meme  ils 
rapporteraient  beaucoup  de  fruits,  puisqu'ilsne 
le  feraient  que  parce  qu"ils  y  seraient  forces  par 
leur  position;  et  les  sarments  qui  doivent  passer 
pour  tels  sout  bien  plutot  ceux  qui ,  elant  au 
milieu  de  ia  vigne,  ne  sont  point  ncanraoins 
steriles,  quoique  dans  une  mauvaisc  position, 
et  qui  font  preuve  de  leur  bontepar  !'abondance 
de  leurs  fruits.  Le  plant  pris  de  celte  partie  de- 
g^nere  rarcraent  apres  qu'il  esttransfere,  parce 
qu"il  trouve  infailliblement  alors  uiie  meilleure 
position  au  sortir  d'unemauvaisp.  Encffet,ouon 
le  deposc  dans  uiie  terre  labouree  au  paxtinum, 
ou  on  Ic  greffe  sur  un  troiiC  dc  vignes  ;  et  dans 
les  deux  cas  il  trouve  toujours  une  nourriture 


plus  abondaule  que  celle  qu'il  avait  par  le  passe, 
puisqu'il  en  raauquait  absoiument.  Ainsi  nous 
observerous  de  prendre  le  plan:  dans  les  partics 
que  nous  venonsdede.signer,auxqueIles  ies  pay- 
sans  donnent  le  nom  d'hiemerosi,  pourvu  cepeii- 
dant  que  nous  ayons  vu  preeedemment  ces  par- 
ties  porterdu  fruit.  Car  s'il  arrivait  qu'clles  n'i  si 
eussent  point  porte,  quoiqu'elles  soient  a  la  ve- 
rite  celles  que  Ton  doive  recherclier  dans  la  vi- 
g!ie ,  nous  ne  croj'ons  pas  neanmnins  que  ce  fut 
une  raison  suflisante  pour  assurer  la  fcrtilite  du 
mailleton  qu'on  y  prendrait.  Cest  pourquoi  rieii 
n'e.st  plus  faux  que  ropinionde  ces  agriculteurs, 
qui  pensent  qu'il  n'est  pas  importaiit  d'examini  r 
combien  de  grappes  a  porte  un  sarraent,  pourvu 
qu'il  soit  pris  sur  une  vigne  fertile ,  et  qu'il  ne 
soit  point  de  ceux  qui  sortent  du  bois  dur,  et 
que  l'onappclle  dessarments  pcunpinaria.  Cettc 
opinion ,  qui  provient  de  rignoiance dans  le  choix 
du  plant,  estcausc  que  les  vignescommencent 
par  etre  psu  fecondes ,  et  qu'elles  linissent  par 
devenir  absolument  steriles.  Qui  cst-ce  en  effet 
qui,depuis  la  longue  suite  d'annees  qui  se  sont 
ecouilefcs  jusqu'a  nous,  s"est  avise  de  donner  a 
un  agriculteur  un  ordre  conforrae  a  ce  que  nous 
venons  de  dire,  en  renvoyantchoisir  des  maille- 
to.is?  II  y  a  plus:  qui  est-ce  qui  ne  commet  pas 
ce  soin  preciseraent  aux  gens  Ics  plus  ignorants, 
et  a  ccux  qui  sont  incapables  dc  faire  toute  aii- 
tre  besogne'?  Aussi  cet  usage  est-il  cause  quc 
cette  operation ,  qui  est  cependant  une  des  plus 
importantes,  cst  toujours  faite  par  les  plus  im- 
prudeuts  et  les  plusnouchalantsde  tousles  hom- 
nies,  parce  qu^ainsi  que  je  le  disais  tout  a  rheure, 
on  depute  a  cette  fonction  Thomme  le  plus  inu- 
tile  que  Ton  puisse  trouver,  et  celui  qui  est  iii- 
capable  de  supportcr  tout  autre  travail ;  d'ou  11 
arriveque  quaud  un  te!  homme  aurait  quelques 
connaissances  sur  le  choix  des  mailletons,  il  Us 
deguise  ou  ue  les  niet  point  en  usage  par  noucha- 


consistil  alqufi  coiisiiniiliii-.  Umie  eliam  italerko  velie- 
menlissima!  reperiimlur  aut  in  capite  vitls  aul  in  crure 
viciiio  nuliciliiis.  Scil  et  tiae  steiiles,  qii.Tie  duio  cilanlur, 
aciluplici.  cx  causa  rotmsUe  sunt :  quod  a  fii'tu  vacant , 
«liiodque  ex  proximo  lerirc  intej;io  alque  illibato  siicco 
aliintur  :  el  ilUe  fertiles  acfiriiii^e,  quiae  lenero  prore- 
piint,  pt  quidquid,  ut  supia  dixi ,  ad  eas  aliuienli  perve- 
iiit,  individuiiin  eat.  Media;  smil  maccniiiia;,  ipiia  lians- 
curiit  hinc  parle  aliqiia  inleiccptus,  illincad  .se  Iraclus 
liiimor.  Non  debet  igitur  iiltimiiin  llagelliim  qiiasi  fn^cun- 
dum  observari ,  eliaiii  si  pluriraum  affeiat;  siquidemloci 
nberlate  in  fructum  cogitur :  sed  id  sarmenliim  quod  nie- 
dia  vite  silum ,  nec  iinpoilnna  quideni  paite  dclicil ,  ac 
niiinernso  fietii  beuignilalem  siiam  oslendit.  Hic  surculus 
tianslatiis  rarius  degenerat,  quoniam  ex  deteriore  slalu 
meliorem  sortitiir.  Sive  eiiim  paslinalo  deponitiir,  sive 
trunco  insoritur,  laipuribiis  .salialur  alimentis,  quam 
priiis,  cum  cssct  in  egeno.  Ilaijiie  ciistodicmiis,  ut  ex 


pr.tdictis  locis,  qnos  liunioros  rii.slici  vocant,  seniina 
legainiis,  eataraen,  quoe  altulissc  fructuni  antea  aniinad- 
vcrtcrimus.  JXam  si  foetu  vacua  sint,  quamvis  laiidabi- 
lein  partem  vitis  niliil  censcmus  ad  fcracitatcin  conferie 
iiialliolo.  Qiiare  vitlosissima  esl  eonim  agiicolaruni  opi- 
nio ,  <iui  miiiimum  refenc  credunt ,  qiiot  uvas  sarmentiim 
liabiiciit,  diimex  vite  fertili  legatiir  et  nonexduio  truiico 
enaluiii,  qund  pampinarium  vocant.  Ila^c  autem  opinio, 
qiia!  oi ta  est  ex  inscitia  seminum  cligendoiiiin  ,  primiim 
jiaiiiin  ficciindas  vincas,  deinde  eliam  nimis  sleriles  red- 
dit.  Quis  eniin  oiniiino  jam  per  tam  longam  seiiem  aiino- 
riim  agricola  malleolum  legeutibus  pra,'cepit  ea , qii»  paiilo 
aiilerctulimusPImmo  quis  non  iinprudenlissimnm  qucin- 
quc,  et  eum  qui  niliil  aliiiJ  operis  faccrc  valeat,  liuic  nc- 
gntio  delegal .'  Itaqiic  ex  liac  consueludine  veniiint  impni- 
dentissiini  ad  rem  maximc  neccssariam;  deindc  ctiaiii  iii- 
firmissimus  et  inntilissinuisipiisqiic,  ut  dixi,  qui  nnllnni 
.  aliiun  lalMrem  ferre  qucat ,  liuic  oflicio  applicatur.  Is  poi  ro 


COLUMELLE. 


lance ;  quil  ne  se  pique  d'aucune  atteotion  ni 
d'aucuii  scrupule,  pourvu  qu'il  vienne  a  bout 
dc  complcter  la  quantite  des  mailletons  que  le 
metayer  lui  aura  ordonne  de  choisir;  et  qu'enfin 
il  n'a  en  vuc  que  de  remplir  la  triche  qui  lui  est 
imposee  :  ce  a  quoi  il  parvient  d'autant  plus  ai- 
semcnt,  que,  quand  il  s'estagide  rinstruire,  ses 
niaitres ,  pour  lui  donner  la  faciiite  de  suivre 
leurs  preceptes,  se  sont  bornes  a  hii  prescrire 
de  ue  point  arracher  les  sarnients  sortis  du  bois 
dur,  mais  de  prendre  le  plant  dans  tout  le  reste 
du  ccp.  Pour  nous,  nous  suivons  un  usage  que 
la  raison  nous  avait  dicte,  et  que  rexperience 
n  confnme  depuis,  c'est-a-dire  que  nous  ne 
choisissons  pas  d'autre  plant,  et  que  nous  ne 
pensons  pas  meme  qu'il  y  en  ait  d'autre  Iructi- 
fiant  que  celui  qui ,  place  dans  la  partie  de  la 
\igne  destinee  a  sa  reproduction ,  y  a  porte  du 
fruit.  Carcclui  qui,place  dans  une  partie  sterile, 
s'cst  niontre  ou  fertile  ou  robuste  quoique  sans 
fruits,  n'a  qu'une  apparence  trompeuse  de  fecon- 
dite,  sans  avoir  reellement  la  faculte  de  se  re- 
produirc.  La  raison  nous  demonlre  la  verite  in- 
eontestable  de  cette  proposition,  si  nous  admet- 
tons  une  fois  que  toutcs  les  parties  des  plantes 
qui  produisent  des  fruits  ont  chacune  des  fonc- 
tions  qui  letu'  sont  speciaiement  affectees,  de  la 
meme  raaniere  que  chaque  membre  de  notre 
corps  a  scs  fonctions  particuiicres.  Nous  voyons 
en  effet  que  l'ame  a  etc  soufnee  dans  fhomme, 
comme  pour  conduire  et  diriger  ses  membres; 
que  ses  sens  lui  ont  ete  departis  pour  discerner 
les  objets  par  le  toucher,  l'odorat,  rouie  et 
la  vue;  que  les  pieds  ont  ete  rais  a.  la  place  qu'i!s 
occupent  pour  marcher,  comme  les  bras  a  la 
leur  pour  embrasser ;  que,   sans  m'ctendre  ici 


rien  fairc  de  ce  qui  cst  du  district  des  yeux, 
comme  eeux-ci  ne  peuvent  rien  faire  de  ce  qui 
est  du  district  des  oreilles  ;  que  de  meme  la  fa- 
culte  d'engendrern'a  pas  ete  donnee  aux  mains 
ni  aux  pieds,  maisque  lepere  de  funivers,  vou- 
lant  que  cette  faculte  fut  hors  de  la  portee  des 
hommes,  fa  cachee  dans  rintcrieur  du  ventre, 
afm  que  ce  fiit  comme  en  sccret  et  a  couvert 
que  cet  cternel  Createur  des  etres,  doue  d'une 
raison  divine,  put  s'occuper,  pour  ainsi  dire,  a 
melanger,  dans  cerlains  lieux  caches  du  corps, 
les  elements  sacres  de  Tesprit  qui  nousanime, 
avec  les  principes  lerrestres  de  notre  constitution , 
pourformerpar  lacettemaehineanimee.  II  a  suivi 
la  mfime  loi  pour  la  formation  des  bestiaux  et  des 
plantes,  comme  pour  celle  des  differentes  espe- 
ces  de  vignes.  En* effet,  lanature,  qui  est  la  mere 
de  toutes  ces  differentes  especes  de  vignes,a 
commence  par  jeter  en  terre  leurs  racines,  pour 
servir,  pour  ainsi  dire,  de  fondements  sur  les- 
quels  elles  se  tiendraient  comme  sur  des  pieds; 
ensuite  elleapose  leurtronc  par-dessus,  corarae 
pour  leur  former  une  eertaine  stature  de  eorps 
et  une  certaine  contenance  :  apres  quoi  elle  a 
etendu  leurs  branches  de  c6te  et  d'autre ,  comme 
autant  de  bras ,  dont  elle  a  fait  sortir  en  guise 
de  mains  des  tiges  et  des  pampres,  en  donnant 
aux  uns  la  vertu  de  porter  des  fruits ,  et  en  se 
contcntant  de  couvrir  les  autres  de  feuilles ,  qui 
servissent  a  prot^ger  et  <'i  defendre  ces  fruits. 
Si  donc  parmi  tous  ces  membres  nous  ne  choi- 
sissons  pas,  ainsi  que  nous  1'avons  dit  ci-dessus, 
ceuxqui,  etant  destines  a  la  generation,  sont 
charges  de  fruits  et  de  semence ,  mais  que  nous 
nous  en  tenions  a  ceux  qui  ne  servent,  pour 
ainsi  dire ,  qu'&  lcs  couvrir  et  a  les  ombrager, 


plus  que  de  raison  dans  les  details  des  fonctions     et  qui  sont  sans  fruit,  nous  ne  travailleronsqu'^ 
de  tous  nos  raembres,   les  oreillcs  ne  peuvent  I  nousprocurer  de  l'ombrage ,  et  non  pas  a  parve- 


etiam  si  quam  scientiam  eligenili  malleoli  liabet,  eam 
propter  infirmilatem  dissimulat,  ac  superponit :  el  ut  nu- 
merum,  quem  villicus  imperavit,  explere  possit,  nihil 
curiose,niliilreligiose,  administral:  unumqueestei  pro- 
positum,  peragere  laboris  suipensum  -.  cnm  tamen,  uf  et 
sciat,  et  quod  scit  esequalur,  hoc  solum  prseceptum  a 
magistris  acceperit,  ne  pampinariam  virgam  depl.nnlet, 
cffitera  omnia  ut  seminibus  contribuat.  Nos  auteni  iirimuni 
rationem  secuti ,  nunc  eliam  longi  temporis  experimen- 
tum ,  non  aliud  semen  eligimus ,  nec  frugiferum  esse  du- 
cinius,  nisi  quod  in  parte  genitali  fructum  attulerif.  Nam 
illudquidem,  quod  loco  sterili  loctum  robustumque  suie 
ffftu  processit,  fallacem  foecundilatis  imaginem  prai^fert, 
nec  ullam  generandi  vim  possidet.  Id  procul  dubio  verum 
esse  ratio  nos  admonet,  si  modo  ut  in  corpoiibus  nostiis 
propria  sulit  oflicia  cujusque  menibri ,  sic  et  frugiferariim 
stirpium  partibus  propria  munia.  Videmus  hominibus 
iiispiratam  velut  aurigam  reclricemque  membrornm  ani- 
mani ,  sensusque  injectos  ad  ea  discei  nenda ,  qure  tactu , 
qumpie  naribus   auribusqiie  et  oculis  indaganlur;  pcdes 


ad  gressuin  composilos,  liracbia  ad  complexum  :  ac  ne  per 
oniiies  vices  minislerioram  vagelur  insoleiifer  oratio ,  niliil 
aures  agere  valent,  quod  est  oculorum,  niliil  oculi ,  quod 
aurium;  nec  generandi  quidem  data  est  faciiltas  manibus 
aut  planlis  :  sed  quod  hominibus  ignotiim  voluit  esse  geni- 
tor  univeisi,  ventre  protexit;  iit  divina  praedita  ratione 
reriim  aeternus  opifex,  quasi  quibusdam  secrelis  corporis 
in  arcano  atque  operto  sacra  illa  spiiitus  elementa  cura 
lerrcnis  primordiis  misceret,  atque  lianc  animantis  ma- 
chin.Te  speciem  effingerct.  Hac  lege  pecudes  ac  virgulta  pro- 
genuit,  hac  vitium  genera  figuravit,  quibus  eadem  ipsa 
inater  ac  parens  prinium  radices  veliit  fundamenta  quse- 
dam  jecit,  ut  iisquasi  pedibusinsistereut :  Iriincum  deinde 
superposuit  velut  quandam  staluram  corporis  et  liabitiis  : 
mox  ramis  diffodit  quasi  brachiis  :  tumcaulesef  pampinos 
elicuit  vclut  palmas.  Eorumque  alios  Iruclu  donavit,  alios 
fronde  sola  vestivit  ad  protegeiidos  tutandosque  partus. 
Ex  his  igitiir,  ut  supra  diximus ,  si  non  ipsa  membra  geni- 
talia  conceptu  alque  fo-tu  gravida,  sed  tanquam  tegmina  et 
umbracula  eorum,  quse  fruclibus  vidua  sunt,  legcrimus 


DU  L'AGR1CULTURE,  LIV.  IIL 


nir;i  ia  vfn(i:i!ige.  En  ce  cas-la,  on  me  ilonian- 
dera  pourqiioi,  si  ma  comparaison  est  juste,  jc 
condamiic  un  pampre,  quoiqu'il  ne  soite  pas  du 
boisdur,  mais  d'unc  braiiclie  tendre,  par  la  rai- 
son  qu"i!  i^a  pas  de  1'ruit ,  comme  s'il  n'en  de- 
vait  jamais  avoir  meme  par  la  suite"?  puisqu'ou 
pcut  conclurc,du  raisonnemcnt  que  je  faisais 
tout  a  l'heure,  quc  de  meme  que  chaque  partlcdu 
corps  a  une  1'onetion  particulierequi  ne  convieiit 
pointauxautres,  un  mailleton  nedans  une  parlie 
favorabledela  vigne  doitdemerneavoirla  facultc 
d'engendrer,  quoique  quelquefois  11  ne  monlre 
point  de  fruits.  Je  ne  desavoue  pas  que  tout  mon 
raisonneracnt  n'ait  ete  fonde  sur  cetle  comparai- 
son  ;  mais,  malgre  cet  aveu,  jc  dcclarehautement 
que  lorsqu'une  branche  ne  rapporte  point  de 
fruits,  quoiqu'elle  soit  nee  dans  une  partie  de  la 
vigne  destince  a  en  rapporter,  elle  n"a  pas  raeme 
la  puissance  de  se  reproduire  :  et  ccla  ne  con- 
tredit  pas  ma  comparaison.  Car  11  est  cvident 
qu'il  se  trouve  egaleraent  des  hommes  qui  n'ont 
pas  la  puissancc  d'engcndrer,  quoi(|uil  ne  leur 
manque  aucun  membre;  de  sorte  qu'il  cst  tres- 
croyable  qu'une  branche  qui  n"a  pas  de  fruits 
n"en  produira  jamais,  quoiqu"elle  soit  sortie 
d'une  partie  de  la  vigue  destinee  a  sa  reproduc- 
tion.  C"est  pour  cela  que  les  agriculteurs,  pour 
eu  revenir  a  leur  u.sage,  dounent ,  a  ces  bran- 
ches  qui  n"ont  rien  produit ,  le  nom  de  spadoncs  ; 
ce  qu'ils  ncfcraicnt  pas,s'ilsne  les  soup(?ounaient 
pas  d'ctre  incapablcs  d"cn  produire.  C"est  meine 
celte  denomination  qui  m"a  suggere  la  methode 
de  ne  pas  choijir  des  mailletons  qui  n'auraient 
pas  produit  de  fruits,  quoiqu"ils  fussent  sortis 
d'une  partie  louable  de  la  vigne  Ce  n'cst  pas 
que  j'ignore  que  de  parcils  mailletons  ne  soiit 
pas  absolument  sterilcs  ,  puisquc  j'avoue  que 
ies  pampres  mC-mc ,  qui  sont  sortis  du  hois  dur, 


acquicrcnt  la  fccoiulitc  la  sccondc  annc^e,  et 
que  c'cst  pour  ccla  qu'on  lcs  laille  en  eouisons, 
afiR  qu'ils  puisscnt  reproduire.  Mais  aussi  j'ai 
remarqut'  que  lcs  fruits  qu'ils  donnent  ne  sont 
pas  tant  leur  ouvrage  quc  cchii  dc  lcur  nicre  : 
car,  comme  ils  ticnncnt  a  une  l)ranclie  qui 
est  naturcllcment  fcrtile,  ils  nc  s'habitucnt  pcu 
a  pcu  a  portcr  du  fruit  qu'en  partagcant  les 
alimeiits  et  la  semence  feconde  de  leur  mcre, 
et  en  tenaut,  pour  ainsi  dire,  au  sein  qui  les 
nourrit  :  au  lieu  qu'une  branche  qui  aura  cte. 
arrachee  avant  d'ctre  a  sonpoint  etavantd'avoir 
atteint,  pour  ra'exprimfr  ainsi ,  T^ge  de  puberte 
fixc  par  la  nature,  n'est  pas  propre  ,  vu  qu'ellc 
est  comme  cn  enfance,  je  ne  dis  pas  a  la  cou- 
ccption  ,  niais  miirae  au  coit,  soit  qu'on  rinscrc 
sur  un  trouc  ou  dans  une  autre  branche  fendue 
a  cct  effet,  soit  qu'on  la  mctte  en  terre;  et  des 
la  clle  perd  totalcment  la  faculte  d'engendrer,  ou 
du  moins  cctte  facultc  s'allere  chez  elle.  Cest 
pour(iuoi  jc  suis  fort  d'avis  que  Ton  s'attache ,  eii 
choisissant  le  plant,  h  prcndre,  sur  uiie  partie 
f{'conde  (lc  lavigne.  dcs  branclics,  qui  rcpon- 
dcnt  d"avance  dc  leur  feconditii  future  par  les 
pleins  fruits  q^rdles  auront  eus.  Ne  nous  conten- 
tons  pas  cependant  de  celles  qui  auront  rapport(5 
cbacune  lcur  grappe,  raais  preferons  surtout 
celles  qui  se  seront  fait  distinguer  par  la  plus 
grandc  abondance  de  fruits.  Ne  louerions-nous 
pas  un  bcrgcr  qui  s"attacherait  a  avoir  de  la 
race  des  betcs  qui  auraicut  mis  bas  deux  pe- 
tits  a  la  fois  ,  comine  un  pasteur  qui  donnerait  a 
ses  chevres  des  boucs  nes  de  meres  qui  se  seraient 
rendues  recommandablcs ,  pour  avoir  mis  bas 
trois  petits  a  la  fois?  Or  nos  eloges  ne  pourraient 
(?tre  fondes  que  sur  ce  que  les  petits  sont  presu- 
nies  dcvoir  toujours  rcpondre  a  la  fecondite  de 
leurs  pareiits.  Suivons  donc  aussi  ccttemethode 


iimljr,T>  scilicet ,  iiim  vlii(li'niiii'  l.iliciiaveiimus.  Qiiiii  eiRO 
est?  ciir  (]iiainvis  nnn  sit  e  (luio  panipinus,  sed  e  tenero 
natiis,  si  tamen  orbiis  esl,  eliain  iii  riitiinini  quasi  steiilis 
dainnaliir  anoljis-'  MiKloeiiim  ilispulalio  nostia  folli^ebat 
uniciiiciue  corporis  parti  piopriuin  esse  altriliuluni  ofli- 
ciuin,  ipiod  scilicct  ei  convenit;  ul  nialleolo  qiio(pie,  qiii 
oppoiliino  loco  natus  est,  feciinditatis  visadsit,  eliam  si 
interim  ccssel  a  partu.  Nec  ego  abiiiieiini  lioc  ine  insti- 
tuisse  argumentari.  Sedel  illinl  maxiiiie  prolileor,  palini- 
tem  qiiamvis  fruKilera  parteenalum,  si  fructum  nnn  allu- 
lerit,  ne  vim  quidem  fcPcuiuIitalisliabeic.Neclioc  illi  sen- 
tenli.T  rcpugiiat.  Nam  et  Iiomines  quosdain  non  possc  gc- 
rerare ,  quainvis  omniuni  meinbrorum  numeio  conslante, 
manirestum  est;  nc  sil  inciedibile,  si  genitali  loco  vlrga 
nata  rructii  careat,  raritiiram  qiioqiiccs.se  firlu.  Itaipic  nt 
ad  consnetudincm  agricolarnm  revertar,  ojiisinodi  surcii- 
los,  qui  niliil  allulcrint,  spadones  appellant  :  quod  non 
facerent,  nisi  eos  snspiraientiir  inliablles  liiigibus.  Qua;  et 
ipsa  appellatio  ralionem  niilii  siilijecil  non  eligendi  malleo- 
los  ((uamvis  pnibabili  parte  vilis  cnatos,  si  rrucluin  nun 
tiilisseDt  :  qiianqiiam  et  Iios  ipsos  sciam  non  in  totnm  stc- 


rilitate  afrectns.  Nam  confileor  panipiiiaiios  qiioqiie,  ciim 
e  duio  prorepserint,  tempoie  anni  sequeiilis  acquirere 
rirc.iinditalem ,  ct  ideo  in  resecem  siibmitli ,  iit  progencraro 
possit.  Veriini  ejiismodi  partiiin  comperinius  non  tam 
ipsius  rcsecis,  qnam  maleini  esse  miineris.  Nain  qnia 
inliffirel  stirpe  sikt,  qu.ie  est  natuia  ferax  ,  niistus  adhuc 
paientis  aliiiKyilis,  et  riecundi  parlus  seminibiis  ac  veliit 
alliicis  ubeiibus  eductus,  paullatim  friictiim  rerie  condi- 
scit.  Al  qii.ie  citra  natura!  quandain  pubertatem,  imnialiira 
atqne  infempestiva  planta  diiepta  Iriinco  vel  terrae  vcl 
eliam  slirpi  iecis,-c  inseritur,  quasi puerilisaetas,  ne  ad  coi- 
lum  qiiidein,  ncdiimad  conceptum  habilis  vim  generandt 
vel  in  toliim  perdit,  vel  cerle  miiiuit.  Quare  magnopere 
ccnseo  in  eligendis  seminibus  adliibeie  ciiram ,  iit  e  rrii- 
tluosa  parte  vitis  palmitcs  legamiis  eos,  qiii  (uturam  Up- 
ciinditalem  jam  dato  fnictii  promiltunt.  Nec  tamen  con- 
tciili  simiis  singnlis  nvis ,  ma\imeqiie  probenms  eos ,  qiii 
nnnierosissiinis  f(Etibiis  conspiciiinlur.  An  non  opilionem 
laudidiimus  e\  ea  inatre sobolcin  piopaganlem,  quacgeini- 
nos  eiiixa  sit;  et  capraiiiim  snbiiiillenlem  fn^tns  eaiiiiii 
l>erudum ,  quse  trigemino  partu  comnieudanlur?  vidclicct 


•210 


COLUMELLK. 


dans  lcs  \igaes,  d';uitant  pliis  qiie  nous  som- 
mes  assures,  par  rexperieuce,  que  les  semences 
eprouvees  avec  ie  plus  grand  soiu  ont  nean- 
moins  quelquefois  de  la  disposition  a  dcgenerer, 
par  une  malignite  qui  leur  est  comrae  natuielle  : 
c"t'st  ce  que  le  poete  cherche  a  nous  inculquer, 
eonime  sl  nous  etions  sourdsa  la  verite,  lorsquMI 
dit :  J'ai,  vu  que  dcs  semences  ckoisies  depicis 
longtemps,  et  eprouvecs  avec  le  plus  c/rmtd 
soin ,  finissaient  par  degenerer,  a  moins  que  la 
prudence  humaine  ne  fit  un  choix  toutcs  les 
annces  des  plus  fortes  d'enlre  elles ,  tantitest 
ccrit  dans  le  dcstin  que  tout  empirc  ilcrlinc 
en  rctrogradant  :  car  ou  doit  siipposer  qu'ii  n'a 
pasentendu  parlcr  seulement  des  graincs  et  des 
legumes,  ninis  des  semenees  de  toutesles  autres 
parties  de  ragriculture.  Si  des  observatious, 
suivies  pendaut  un  long  espace  de  teraps,  iious 
ont  fait  decouvrir,  comme  cela  est  certaiu,  que 
des  mailletous  qui  avaieut  etc  charges  de  quatre 
grappes  de  raisiu  lorsqu'ils  tenaient  ^  leur  mere, 
avaient  degenere  de  cette  fecondite  apres  en 
avoir  ete  separes  pour  etre  deposes  en  terre, 
au  point  d'en  rapporter  quelquefois  uue  et  sou- 
vent  dcux  de  moins ;  combien ,  a  plus  forte  raison, 
devons-nouscroire  qiie  ceux  qui  n'auront  porte 
que  deux  grappes  ou  peutetre  une  seule ,  lors- 
qu'ils  etaient  attaehes  a  leur  mere,  seront  dans  le 
cas  de  degencrtr,  puisque  k s  plus  fertiies  redou- 
tcut  souvent  eux-memes  cette  separation?  Aussi 
avouerai-jc  franchement  que  je  suis  plutot  le 
demonstrateur  de  la  methode  que  je  propose  ici 
que  je  n'en  suis.  linventeur,  afin  que  personne 
iiG  s'imagine  que  je  veuille  derober  a  nos  ance- 
tres  leseloges  qui  leur  sont  dus.  Caril  est  cons- 
tant  quils  ont  ete  dans  les  memes  sentiments 
que  moi  sur  cet  objet,  quoiqu'on  n"en  trouve  au-  I 


cun  vcstige  dans  d'aulrcs  ecrits ,  si  ce  n'est  dans 
les  vers  de  Virgile  que  nous  venons  de  citer;  et 
qu'encore  ce  poete  ne  semble  les  appliquer  qu'aux 
graiiiesdes  leguraes.  En  effct,  corament  auraient- 
ilsrejete  la  branchesortie  du  boisdur,  ou  meme 
la  fleelie  d'un  maillcton  fecond,  quoiqu'ils  eus- 
sent  approuve  le  mailleton  lui-meme,  s'ils  eus- 
sent  cru  que  la  partie  de  la  vigne  dans  laquelle 
on  devait  choisir  le  plant  etait  uue  chose  indif. 
ferente.  Mnis  le  vrai  de  la  chose  est  quils u'ont 
condamue  tres-prudemment  les  branches  sorties 
du  bois  dur,  ainsi  que  les  llechcs  des  mailletons, 
comme  iuutiles  a  la  plantation ,  que  parce  qu'ils 
etaient  convaincus  que  la  facuite  de  se  reproduire 
etait  inherente  a  certains  membres,  pour  ainsi 
dire ,  de  la  vignc.  Si  ce!a  est  ainsi ,  il  n' y  a  point 
de  dnutc  qu'ils  naieut  encore  beaucoup  plus 
desapprouve  les  branches  qui ,  quoique  nees 
dans  une  pailie  fructifiante  de  lavigne,  n'avaient 
pointde  iVuit.  En  effet,  s'ils  croyaient  ne  dcvoir 
faire  aueun  cas  de  la  fleche,  c'est-a-dire,  de 
rextremite  superieure  du  raaillcton,  quoiqu'elle 
fit  elle-meme  partie  d'une  branehe  fructi- 
fiante,  a  plus  forte  raison  devons-nous  con- 
clure,  par  une  suite  de  raisonnements  ,  qu'ils  de- 
sapprouvaient  un  fouet,  fut-il  sur  la  raeilleure 
partie  de  la  vigne,  lorsqu'il  etait  sterile :  i\  raoins 
cependant  qu'ils  ne  se  fussent  iniagine  (cequi' 
serait  absurde)  qu'nn  fouet,  qui  n'aurait  rien 
valu  dans  le  temps  qu'il  tenait  a  sa  mere ,  deve- 
nait  fertile  quand  il  en  etait  separe  pour  etre 
transporte  ailleurs,  et  qu'il  se  trouvait  prive  de 
la  nourriture  de  sa  raere.  Nous  avons  traite  cet 
article  peut-etre  en  plus  de  paroles  que  n'en 
exigeait  la  necessite  de  defendre  la  eause  de  la 
verite ;  raais  cependant  nous  en  avous  encore 
moins  dit  qu'il  n'en  fallait  pour  d6truire  ropinion 


qiiia  sperat  parentiim  fircunditati  piolom  lespoiisiiram.  Et 
nos  sequemur  iii  vitilms  liaiic  ipsam  lationem ,  tanlo  qui- 
dem  magis ,  qiiod  compeitum  hal)cmus ,  naturali  quadam 
maligniiate  descisceie  inlerdiim  qiiamvis  diligeuler  pro- 
bala  sertiina  :  idcpie  nobis  poela  velut  snrdisveritatis  in- 
CHlcet  diccndo ,  Vidi  Inia  diii ,  el  iiinl/n  specliila  lalmre 
Degenerare  laiiicii,  iii  vis  liiiiiiaiiai/uoliiiiiiis  MajiiiM 
guceque  vianu  Uijcrcl.  Sic  uinnia  Jaiis  In  peju.srwrc, 
ac  relro  sublapsa  referri.  Qwuii  nun  lanlum  de  senii- 
nibas  legiiminum ,  sed  [in]  lota  agricolalionis  ratione 
dictum  esse  inlelligendum  est  :  si  modo  longi  temporis 
observatione  comperimus,  qiiod  ceiteconiperimus,  eum 
malleoluin,  quiqualiior  uvas  tuleiit,dppututura  et  in  ter- 
ram  deposifum  ,  a  foeeunditate  materna  sic  degenerare ,  ut 
interdum  singulis,  non  nunquam  etiam  liinis  uvis  minus 
afferat.  In  quantum  autem  censemus  defecluros  eos ,  qui 
binos  aut  fere  singulos  foetus  in  matre  tuleiint ,  cuin  etiam 
feiaclssimi  translalionem  saepe  reformident.»  Itaque  bujus 
rationis  demonstratorem  magis  esse  ine  quam  invento- 
rcm,  bbenter  profiteor  :  ne  qnis  existimet,  fiaudaii  ma- 
joies  noslros  laude  mcrita.  Nam  id  ipsum  sensisse  eos  non 
dubium  est,  quamvis nullo  alio  sit  sciipto  prodilnm,  ex- 


ccplisquos  relulimns  nnmeros  Yirgilii,  sic  taraen  ut  de  se- 
miuibus  leguminum  prajcipiatur.  Cur  enim  aut  e  duro 
natam  virgam ,  aul  etiam  ex  fueciindo  malleolo ,  quem  ipsi 
probassent,  decisara  sagillam  repndiabant,  si  nibil  inter. 
esse  ducebant ,  ex  quo  loco  semina  legerentur?  Num  quia 
vim  fo^cunditalis  cei  tis  quasi  membris  iiiesse  iion  dubita- 
bant,  idciico  pampinarium  et  sagittam  veliit  inuliles  ad 
deponendum  prudcntissime  damnaverunt.'  Qiiod  si  ila 
est ,  iiiliil  dubium  cst ,  raulto  magis  ab  bis  improbatum 
esse  eliam  illura  palmitem,  qui  frugifero  loco  natus  fru- 
ctum  non  attnlisset.  Nam  si  sagittam ,  id  est  siiperiorem 
partem  malleoli ,  vituperandam  censebant ,  ciim  esset  ea- 
dem  pars  surculi  frugiferi,  quanto  magis  vel  ex  optima 
vilis  parte  natum  llagellum,  si  est  sterile,  impiobatum 
ab  bis  ratio  ipsa  declarat  ?  Nisi  lamen ,  quod  est  absnrdum, 
crediderunt  id  translatum  et  abscissum  a  sua  stirpe,  de- 
stitnlnmque  materno  alimento,  frugiferum,  qiiod  in  ipsa 
matic  nequam  fnissel.  Atque  hac  [el]  forsitau  plmibus 
dicla  siiiit,  quam  exigebat  ratio  veritatis  :  minus  lamen 
multis ,  qiiam  postulabat  prave  delorla  et  inveterata  opi- 
nio  rusticoiuin. 
XI.  Niinc  ad  leliquura  ordinem  proposita;  dispiilalionis 


DE  L'AGRTCULTURE,  LIV.  Iir. 


2)1 


fausse  et  inveteree  des  paysans  siircette  matierc. 
XI.  Mnintenant,  pour  suivre  l'ordre  que  j'ai 
annonpi' ,  je  passe  aux  autres  artlcles  de  ce  traite. 
Apres  l'attention  que  je  viens  de  prescrire  dans 
le  clioi.x  des  mailletons,  vient  l'operation  qui 
consiste  b.  retourner  la  terre  au  pastiiium , 
pourvu  cependant  qu'on  ait  eu  soin  de  s'assurcr 
de  sa  qualite  :  car  il  est  certain  que  la  qualite  de 
la  tcrre  contribue  beaucoup  elle-mcme  a  la  bon- 
te  ainsi  qu'a  rabondance  des  fruits.  Ainsi ,  avant 
d'examiner  ce  genre  de  culture,  uous  croyons 
qu'il  est  tres-importaut  de  choisir,  si  on  est  a 
merae  de  le  faire ,  une  terre  en  friche ,  preferable- 
ment  a  celle  qui  aurait  deja  porte  dcs  moissons, 
ou  nourri  des  arbres  marics  a  des  vignes.  Car 
quant  aux  vi<xnobles  qui  sont  detruits  par  le  laps 
de  temps,  tous  les  auteurs  conviennent  que  si  on 
recommencait  a  les  planter  en  vigncs  ,  ils  ne  reus- 
siraient  jamais,  parce  que  Tinterieur  de  leursol 
se  trouve  comme  empetre  dans  dcs  illets  formcs 
par  la  multitude  deracines  qui  rembarrassent, 
outre  qu'il  est  impregne  de  ce  venin  et  de  cette 
moisissure  qu'imprimela  vieillesse,  dont  Tespece 
de  poison  emousse  la  terre  et  rengourdit.  Cest 
pour  cela  qu'il  fautplutot  choisir  un  terrainsau- 
vage;  et  quand  meme  il  serait  embarrasse  par 
des  broussaillesou  par  des  arbres,  il  serait  tou- 
jours  aise  de  Ten  debarrasser,  parce  que  toute 
production  (jui  vient  de  soi-memc  ne  jette  pas 
de  racines  bien  profondes,  raais  qu'elle  les  epar- 
pille  sur  la  superficie  de  la  terre  :  de  sorte  que, 
pour  peu  quon  les  coupe  avec  le  fer  ou  qu'on  les 
arrache  a  la  main ,  il  sera  aise  dc  retourner  avec 
le  hoyau  le  peu  qui  en  sera  reste  dans  rinterieur 
du  sol ,  et  dc  ramasser  en  fas  pour  servir  a  faire 
fermenter  la  terre.  Si  cependant  Ton  n'a  point  de 
terrain  en  frichc ,  le  meilleur  dont  on  pourra  se 


scrvir  ensuite  sera  un  terrain  degarni  d'arbres  : 
au  defiuit  de  ce  dcrnicr,  on  destinera  aux  vignes 
un  verger  oii  les  arbrcs  soient  rarcs,  et  un  plant 
doliviers  auxquels  il  n'y  ait  point  eu  de  vignes 
mariees.  !.e  plus  mauvais,  coramc  je  Tai  dit, 
estcclui  qui  etait  habitue  precederament  a  poT- 
tcrdesvignes.  Si  neanmoins  ronestcontraint  par 
la  necessite  d'en  employer  un  de  cette  natnre,  il 
faut  auparavant  en  extirper  tous  les  ccps  sansen 
laisser  un  scul ,  puis  le  fumer  en  entier  avec  du 
furaier  sce ,  ou ,  si  Ton  n'en  a  point ,  avec  toute 
autre  e.spcce  de  funiier,  pourvu  qu'il  soit  le  plus 
nouveau  que  faire  se  pourra,  etensuite  le  retour- 
ncr,  et  amassersur  la  supcrfieic  de  ce  terraintou- 
les  les  racines  que  Ton  aura  arrachees  avec  soin, 
pour  les  y  briilcr  :  enfin  le  recouvrir  avec  profu- 
sion  ,  apres  Tavoir  laboure  au  pastimim ,  solt  de 
vieux  fumier,parcequ'il  n'engendre  pointd'her- 
bes,  soit  deterre  rapportee  ,  prise  dansdes  buis- 
sons.  Mais  lorsqu'on  a  des  terresen  friche  degar- 
nies  d'arbres,  il  faut  examiner,  avant  de  les 
labourerau  ;jfls/m!/w(,siellessontpropres  apro- 
duire  des  arbrisseaux  ou  nou :  c'est  ce  qu'on  re- 
connaitra  trcs-aisement  a  la  seule  inspection  des 
plantcs  qui  y  seront  venues  d'elles-meraes  ,  pui.s- 
qu'il  n'y  a  point  de  sol ,  si  degarni  de  plantes 
qu'on  le  suppose  depuis  longtemps,  qui  ne  pro- 
duise  quelques  arbrisseaux  ,  tels  que  des  poiriers 
sauvages,  des  prnniersou  au  moins  des  ronces  : 
car,  quoiqueces  plautes  soient  desespecesd'epi- 
nes,  elles  sont  cependant  ordinairement  fortes, 
d'une  belle  venue,  et  couvertes  defruits.  Cest 
pourquoi,  si  Fon  s'apercoit  que  ces  plantes  ne 
soient  pointdessechees  ni  galeuses,  mais  qu'elles 
soiciit  au  contraire  lisses,  propres  et  hautes,  on 
jugcra  quelaterre(|ui  lesporteserapropreanour- 
rir  des  arbrisseaux.  \u  surplus ,  ces  obscrvafious 


redeo.  Sequitiir  lianc  eligendi  nialleoli  cnram  pastinalio- 
nis  officium  :  si  tamen  anle  de  qnalitate  soli  consliterit. 
Nam  eam  qnoijue  plurimum  et  bonitati  et  larsiitali  fruKum 
conferre,  nitiildubiumest.  Xc  priiis  ,  quam  ipsum  solum 
perspiciamus,  illud  antiquissimum  censemus,  rudem  po- 
tius  eligeudum  agrum  ,  si  sit  facultas ,  quam  ubi  fueiit 
seges  aularbustum.  Nam  de  vinetis,quK  longositu  exo- 
levenmt,  inter  omnes  auctores  coustitit ,  pessima  esse  si 
reserere  velimus.  Quod  et  inferius  solum  pluribus  radici- 
bus  sit  impeditum  ac  velut  inetitum,  et  adbucnon  ami- 
seritvirusel  cariemillamvelustatis,quibushebetataqiiasi 
aliquibus  venenis  humus  torpeat.  Quam  ob  causam  sil- 
veslris  ager  prircipue  est  eligendus ,  qui  eliam  si  fruletis 
aut  arboribus  obsessus  est ,  facile  extricatur,  quod  suapte 
natura  quajcunque  gignuntur,  nonpcnitus  nec  in  prolun- 
duni  radices  agunt ,  sed  per  snmmum  terrae  dispergunt 
atque  deducunt,  quibus  ferro  recisis  atque  extlrpatis, 
punnn  quiid  supcrest  infcrioris  soli ,  rastris  licet  effoderc, 
et  iu  fermcntum  congerere  alque  coraponere  :  si  tamcn 
rudisterra  non  sit.  Proximum  est  vacuum  arboribns  ar- 
vum.  Si  nec  lioc  pst,  raiissimum  arbustiim  vel  olivotum; 
melius  tamen  vctns  olivetiim  qiiod  non  fueril  maritum, 

(.01.1  V.I  LI.E. 


\ineis  destinatur.  Cltima  est,  nt  dixi,  conditio  restibilis 
vine.-e.  Nam  si  necessilas  facere  coglt,  prius  quicqiiid  est 
residua;  vitis  extiipaii  debel  i  deinde  totum  soluin  sicco 
limo,  aut  si  id  non  sit ,  alterius  generis  quam  recentis- 
simo  stercoiaii  ,  atque  ita  coiiverti,  et  diligenlissime  re- 
fossa;  omnes  radices  iii  summum  legori  afque  comburi : 
lunc  rursus  vel  steicoie  vetusto ,  ipiia  non  gignit  licrbas, 
vel  de  vepribus  egesta  bumo  pa,slinatum  laige  contegi.  At 
iibi  piira  iiovalia  et  ab  arboribus  sunt  libeia,  con.sideran- 
diim  est  ante,  qiiam  paslinemus,  surculaiis  necne  .sit 
tcjTa  :  idque  facillime  exploratur  per  slirpes,  qua;  sua 
spmite  pi  oveniunt.  Ncque  enim  est  ullum  tam  viduum  so- 
liim  virgullis,  iit  noii  aliquos  surculos  progeneret,  tan- 
<piam  piios  silveslres  el  pruiios,  vel  rubos  certe.  Nam 
hac  qiianivis  genera spinarum  sint,  sofent tamcn  fortia et 
la-ta  et  gravida  fructu  consurgere.  Igitur  si  non  relorrida 
iii'c  .scabra  ,  sed  levia  et  nitida ,  et  prolixa  foecundaqiie  vi- 
derimus,  eam  intelligemus  esse  terram  surcularem.  Sed 
hoc  in  totiiin  :  at  illud ,  qiiod  vineis  praecipue  esl  ido- 
neum,  proprie  consideraiidum  ,  iil  priiis  retiili ,  si  facilis 
pst  humus  et  inodice  resoluta ,  quam  diximiis  puHam 
vocilari  :  ner  qiiia  .sola  ea,  sed  qiiia  sit  habilis  maxime 

16 


COLUMELLE. 


soiit  gencralescts^appliquenta  touteespccecl'ar- 
brisseau ,  au  lieu  que  voici  ce  qu'il  fautexaminer, 
comnie  je  Tai  dit  ci-dessus ,  pour  juger  si  un  ter- 
rain  est  bon  specialement  pour  les  vignes  :  c'cst 
si  laterre  en  est  molie  et  raediocrement  friable, 
tclle  que  celle  qne  uous  avons  dit  que  !'on  appe- 
lait  puUn;  non  pas  que  cette  terre  soit  absolu- 
ment  la  scule  qui  soit  propre  aux  vignoliles ,  mais 
parce  (jue  c'est  eelle  qui  Testle  plus.  Qucl  est  en 
effct  l'agriculteur,  ftit-il  des  pkis  minces,  qui 
ignore  que  le  tuf  le  plus  dur  et  le  charbon  ,  pour 
peu  qa'ils  aient  ctebroyes  et  entasses  sur  la  su- 
perfieie  du  sol,  s'amolIissent  el  se  rcduisent  en 
poussiere  par  les  mauvais  temps  et  les  gelees, 
ainsique  par  les  chaleurs  de  re!e,  etqu'ils  ra- 
fraichissent  tres-bien  les  raeinesde  la  vigne  pen- 
dant  Tete,  en  meme  temps  qu'ils  ne  laisseut  point 
evaporer  lesuede  la  terre?deux  points  tres-es- 
sentiels pour nourrir  les arbrisseaux . Par  la  raeme 
raison  on  approuve  aussi  !e  gravier  bien  menu 
et  les  champs  pleins  de  gros  sable  et  de  pierres 
mouvantes,  pourvu  cependant  quil  s'y  trouve 
ds  !a  terre  grasse  raelfe  parmi ,  autrement  on  les 
rejette  absolument.  Le  eaillou  mcms  (suivant 
mon  opinion)  u'est  pas  moius  ami  de  !a  vignc , 
pourvu  qu'i!  soit  un  peu  recouvert  de  terre ,  parce 
qu'ctant  frais  et  conservant  bien  l'!uimidite,  il 
n'en  laisse  pas  dessccher  les  racines  au  lever  de 
la  Caniciile.  Hyginus  assure  aussi  d'apres  Tre- 
mellius,  et  jen'en  disconviens  pointmoi-meme, 
que  le  pied  des  montagnes  couvert  de  la  terre  qui 
s'est  ecroulee  du  haut,  de  meme  que  les  vallces 
cxhaussees  par  les  terres  qne  les  fleuves  et  les 
inoudations  y  ont  apportees,  sont  des  terrains 
particuliercment  bons  pour  les  vignes.  La  terre 
remplie  d'argilepasse  pour  etre  bonne  a  la  vigne : 
ear  pour  Targile  pure  dont  se  servent  les  potiers, 
ct  que  quelques  personnes  appellent  urgilla, 


elle  leur  est  tres-contrnire,  ainsi  que  lc  snl>le  quJ 
n'est  mele  d'aucune  bonne  terre,  et  en  general, 
comme  dit  Julius  Atticus ,  tout  ce  qui  est  capa- 
ble  de  dessecher  les  arbrisseaux,  c'est-a-dire  les 
terrains  tres-humides  ,  sales,  amers ,  secs  et  bru- 
les.  Cependant  les  anciens  ont  approuve  le  sable 
iioir  ct  rouge,  qui  sont  melcs  d'une  terre  hu- 
mide ;  mais  pour  lcs  terres  oii  i!  se  trouve  du 
charbon,  ils  out  declnre  qu'elles  maigrissaient 
la  vigne ,  n  moins  qu'on  ne  les  aidat  avec  du  fu- 
mier.  Laterre  rouge,  comme  dit  !e  meme  Atticus, 
est  epaisse,et  peu  propre  a  laisser  un  passage  li- 
bre  aux  racints;  mais  uue  fois  qu'e!le  leur  a  li- 
vre  passage,  elle  nourrit  tres-bicn  la  vigne  :  il 
est  vrai  qu'el!eest  plus  difficilea  cultiver  qu'une 
autre,  puisqu'on  ne  pout  la  labourer,  ni  quand 
elle  est  humide,  parcc  qu'clle  est  trop  gluante, 
ni  quand  elle  cst  trop  seche ,  parce  qu'el!e  est 
alors  exeessivement  durs. 

XIL  Mais,  pour  nc  pas  nous  jeter  ici  dans  le 
detail  de  touteslessortcsde  tcrrainsdontlenom- 
bre  est  infini,  il  ne  sera  pas  hors  de  propos  de 
rapportrrune  espece  de  formule  qna  donnee  Ju- 
lius  Grsciuus,  et  d'apres  laquelle  se  trouvent 
fixees  les  limites  entre  lesquellcs  sont  comprises 
les  terres  qui  sont  bonnes  pour  lcs  vignes.  Car 
voici  ce  que  dit  cet  auteur  :  qu'il  y  a  des  terrea 
chaudes  ou  froides,  humides  ou  seches,  dilatees 
ou  epaisses ,  legeres  ou  pesautes  ,  grasses  ou  mai- 
gres ;  mais  qu'un  terrain  trop  chaud  ne  peut  pas 
soufflirdevignes,  parce  qu"il  lesbrule;  nonplus 
qu'uu  terrain  tres-froid,  parce  qu'il  ne  laisse 
point  aux  racines,  qui  sont  gelees  et  comme  en- 
gourdies  par  le  trop  grand  froid ,  la  faculte  de  s'e- 
tendre ;  ni  un  terrain  humide,  parceque,  des 
que  les  vignes  viennent  h.  pousser,  la  moindre 
chaleur  leur  fait  tirer  de  terre  plus  d'!iuraidite 
qu'il  ne  leur  en  faut,  et  que  cette  humidite  les 


vinelis.  Quis  enim  vel  mediocris  agiicola  nesciat ,  etiani 
tlurissimum  loptium  vel  carbuncuUim,  simulalque  suiit 
confracti ,  et  in  summo  rogesti ,  tenipeslatibus  et  gelu  iiec 
miiuis  leslivis  putrescere  caloi  ibus  ac  resolvi ;  eosque 
pulrlicrrime  ra<lices  vilium  per  a>statem  refrigerare,  suc- 
eumipje  reiint're?  quffi  res  aleniio  surculo  sunt  accommo- 
dalissinKL'.  Simjli  quoque  de  causa  probari  solutam  gla- 
ream  cafculosumque  agrum  et  mobilem  lapidem  :  si  tamen 
lisec  pingni  glebae  permista  simt;  nam  eadem  jejuna  ma- 
xime  culpantur.  Est  aulem ,  ut  mea  quoque  fcrt  opinio,  vi- 
iieis  amicus  ctiam  silex,  cui  superpositum  est  modicum 
terrenum ,  qiiia  frigidus  et  tenax  humoris  per  ortuni  Ca- 
niculse  non  patitur  sitire  radices.  Hygiuus  quidem  secutus 
rremellium  pra^cipue  montium  ima,  qua;  a  verlicibus 
ilelluenteni  bumum  leceperjnt,  vel  etiam  valles,  quao 
.luminum  alluvie  et  inundationibus  concreverint,  aplas 
esse  vineis  asseverat ,  me  non  dissenliente.  Cretosa  bumus 
ulilis  habelur  viti  ;  nam  per  se  ipsa  creta ,  qiia  ntuntur 
figuli ,  quanique  nonnulli  argillam  vocant,  inimicissinia 
est  :  nec  niinus  jcjunus  sabulo,  etquicquid  ,  ut  ait  Julius 
Atlicus,  relorriduin  surculum  facit,  id  auteni  solum  vel 


uliginnsum  est,  vel  salsum  ;  amariim  etiam ,  vcl  siticuio- 
sum  ct  peraiidum.  Kigrum  tamen  et  nitiUim  sabulouem, 
qui  sit  vividai  teriae  permistus,  probaverunt  anliqui. 
Nam  carbunculosum  agriim,  nisi  stercore  adjuves,  ma- 
cras  vincas  cfficere  dixermil.  Gravis  esl  rubrica,  ut  idem 
Alticus  ait,  et  ad  comprebcndendnm  radicibus  iniqua.  Sed 
alit  eadem  vitem,  cum  tenuit;  verum  est  in  opere  diffici- 
lior  ;  quod  neque  humentem  (odere  possis  ,  quod  sit  glu- 
tinosissima,  nec  nimium  siccam  ,  quia  ultra  modum  pra:- 
dura. 

XII.  Sed  ne  nunc  per  infinitas  terreni  species  evagemur, 
non  iiitempestive  commemorabimus  .Iiilii  GrKcini  cons- 
criptam  velut  foi mulam ,  ad  quam  posita  est  limitatio  ter- 
vx  vinealis.  Idem  enim  Giaecinus  sic  ait  :  Esse  aliquana 
terram  calidam  vel  frigidam ,  humidam  vel  siccam ,  larani 
vcl  deiisam ,  levem  aut  Sravem ,  pinguem  aut  macram  : 
scd  neqiie  nimiuni  calidum  soluni  posse  tolerare  vitein, 
quia  inural;  neque  pra'geliduni ,  qiioniam  vcliit  slupentes 
et  coiigclatas  radices  nimio  frigore  moveri  non  sinat :  qu» 
(uin  demum  se  proniunt,  cum  modico  tepore  evocantur. 
Iliimorem  terraejusto  majorem  putrefacere  dcposita  se- 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  IIL 


pourrit.  II  dit  encore  qiie  cVun  autre  c'6te  la  trop 
firande  siieheresse  laisse  manquer  les  plantes  de 
leur  nourriture  naturelle  ,  ou  qu'elle  les  fait  ab- 
solumentperir,  ou  enfin  qu'elle  les  rendgaleuses 
et  dess^ehecs;  que  la  terre  tropcpaisse  ne  boit 
pasla  pluieetne  reCoit  pas  facilement  lesinlluen- 
ces  de  Tair ;  qu'elle  se  fend  tres-aisement  et  donne 
lieu  par  la  a  des  erevasses,  a  travers  lesquelles  le 
soleil  pcnetre  jusqu"aux  raeines  des  plantes ; 
qu'enfin  elle  comprime  et  etrangle,  par  la  meme 
raison ,  les  plantes  qui  y  sont  comme  en  prison 
et  resserrees;  que  celle  qui  est  dilatee  outreme- 
sure  laisse  passer  les  pluies  eomme  a  travers  un 
eiitonnoir,  outre  que  le  soleil  et  le  vent  la  taris- 
sent  ct  la  dessechent  entierement;  que  la  terre 
^paisse  ne  cede  presque  a  aucune  culfure  ,  et  que 
la  legerene  peut  etre affcrmie  presque  par  aucune; 
que  celle  qui  est  tres-grasse  et  tres-abondante 
peche  par  son  trop  de  fertilite,  comme  la  maigre 
et  la  mince  par  son  peu  de  suc.  II  faut,  ajoute-t- 
il,qu'il  se  trouve  un  grand  temperanient  entre 
toutes  ces  especes  de  terres ,  variees  comrae  ellcs 
le  sont,  et  que  cc.  teraperament  soit  tel  que  ce- 
lui  qui  n'est  pas  moins  a  desirer  pour  nos  corps , 
dont  la  bonne  santc  ne  se  soutient  que  par  une. 
racsure  compasscc,  pourainsi  dire,  de  chaud  et 
de  froid,  d'humide  et  de  sec,  d'epais  et  de  di- 
late.  Ilconvient  ccpendant  que  ce  temperament 
ne  doit  pas  etre  au  meme  point  d'equiiibre  dans 
la  terre  destinee  aux  vignes,  qu'elle  doit  retre 
dansnos  corps;  mais  il  vcutque  la  balance  pen- 
ehe  plus  d'un  cote  quc  dc  rautre,  comme,  par 
exemple ,  que  cctte  terre  soit  plus  chaude  que 
froide,  plus  seche  qu'luimide,  phis  dilatee  qu'^- 
paisse,  et  ainsi  des  autrcs  qualites  scmblables, 
vers  lesquelles  celui  qui  forme  des  vignobles 
doitdirigersonatteution  :  toutesqualitesqui,se- 


lon  mon  avis,  seront  pUis  profitahles  encorc,  si 
cllcs  sontaidees  de  la  tcmperaturedu  clivnat.  !t 
s'est  elevc  a  cette  occasion  une  dispute  panni 
les  anciens,  snr  le  eote  du  ciel  vers  lequel  doi- 
vent  etre  tournees  les  vignes  :  Saserna  approuve 
en  preraler  lieu  le  cotc  du  lever  du  solcil,  ensuite 
le  midi,  puis  lecouchant.  Trcmellius  Scrofa  pre- 
tend  que  la  position  du  midi  est  la  meilleure. 
Virgilerejcttepositivementeelledu  couchant  ,en 
ces  termes ;  Quc  vos  vif//iol)lfs  ne  soirnl  point 
exposes  au  soleil  couchant.  Democrite  et  Ma- 
gon  approu vent  le  septentrion  ,  parce  qu'ils  pen 
sent  que  les  vignes  qui  sont  tournees  de  ce  cote 
du  ciel  sont  les  plus  fertiles,  quoique  a  la  verite 
leur  vin  ne  soit  pas  lc  meilleur.  Pour  nous,  il 
uous  asemblequ'il  serait  mieux  de  prescrire 
en  general  que  les  vignobles  fussent  exposes  au 
midi  dans  leslieux  froids,  et  a  rorient  dans  les 
lieux  chauds,  pourvu  cependant  que  ces  lieux 
ne  fussent  pas  infestes  par  les  vents  du  midi  ou 
par  ceux  du  sud-est ,  comrae  le  sont  les  cotes 
maritimes  de  la  Betique  :  ear,  dans  le  cas  oii  le 
paysserait  sujet  a  ces  vents,  il  vaudrait  mieux 
lestourner  au  point  du  ciel  d'oii  souffle  le  vent 
Aquilonou  le  vent  Favonius.  Quantaux  provin- 
ces  brulantes ,  telles  que  TEgypte  et  la  Numldic, 
on  iicpeut  y  exposerIesvignesqa'au  septentrion. 
Lorsqueces  points  aurontete  tous  bien  exami- 
nes ,  nous  en  viendrons  enfin  a  labourer  la  terre 
au  pastinvm. 

XIII.  11  faut  donner  la  mcthode  dc  cette  cul- 
turc  ,  tant  aux  agriculteurs  qui  se  proposent  de 
cultiver  la  vigne  a  la  mode  d'Italie  ,  qu'a  ceux 
qui  se  proposent  de  la  cultiver  <^  la  mode  des 
provinces  ;  car  pour  ee  qui  est  des  contrees  eloi- 
gnees  ,  on  n'y  connait  pas  cette  facon  de  retour- 
ner  ie  terrain  en  le  labourant ,  mais  on  y  plante 


niina  :  rursus  nimiani  siccilatem  ilcsliluere  plantas  nalu- 
rall  aliuienlo,  aut  in  totum  necare  ,aut  scabras  et  reloni- 
(ias  facerc  :  perdensam  liunium  ca;lesleis  aquas  non  sor- 
bere ,  ncc  facile  perQari ,  facillime  perrumpi ,  et  prsebere 
rimas ,  quibus  sol  ad  radiccs  slirpium  penetrct ;  eandem- 
que  velut  conclausa  el  coarclata  semina  comprimere  at- 
que  strangulare  :  raram  supra  moduni  velut  per  infundi- 
bulum  Iransmiltere  imbres,  et  sole  ac  vento  pcnitus  sic- 
cari  atque  cxolescere  :  gravem  terram  vix  ulla  cultura 
vinci ;  levem  vix  ulla  suslineri  :  |>inguissimam  et  la?tissi- 
mam  luxuria,  macram  ac  tcnucin  jejunio  laborare.  Opus 
est,  inquil,  inter  lias  laui  diversas  in.-cqiialilates  magno 
tempcramento,  quod  in  corporibusquoque  nostris  desi- 
deratur,  quorum  boiia  valeludo  calidi  et  frisidi,  hnmidi 
et  aiidi,  densi  et  rari  cerlo  et  (juasi  exaniinalo  modo  con- 
tinctur.  Ncc  lamcn  lioc  tcniperamelitum  in  lerra,  qua;  vi- 
ncis  dcslinelur,  paiimoinento  libratum  esse  debereait, 
sed  in  alteram  partein  propcnsius ;  ut  calidior  terra  sit 
quam  frigidior,  siccior  qiiam  liumidior,  rarior  quam  den- 
sior,  et  si  qiia  sunt  bis  similia,  ad  quo;  contemplationeni 
siiam  dirigat,  qui  vincas  insfituet.  Quic  euncta,  siciil  cgo 
reor,  niagisprusnnl,  cum  suffragatur  eliam  status  ca;li  : 


riijus  qiiam  regionem  specfcire  debeant  vinese ,  velus  est 
djsseusio ,  Saserna  maNirae  probante  solis  orliim,  mo\ 
deinde  meiidiem,  tnm  occasum  :  Tiemellio  Scrofa  prae- 
cipuam  positionem  meridianam  censente  :  Virgilio  de  in- 
diistria  occasum  sic  repudiaiite  :  Neve  tibi  adsolcm  ver- 
gantvineta  carfen  to» :  Democrito  et  Magone  laudanli- 
bus  ca;li  plagam  scptentrionalem ,  qnia  existiment  ei 
subjectas  feracissimas  fieri  vineas,  quae  lamen  bonilale 
vini  siiperentur.  iSobis  in  univcisum  pra^cipcre  oiitimum 
visum  cst,  iit  in  locis  frigidis  meridiano  vineta  snbiiciau- 
tur ;  lcpidis  orienti  advertanlur  :  si  tamen  non  infcstabun- 
lur  Austiis  Enrisque,  velut  orae  maritimae  in  l!a;lica.  .Sin 
aiitcni  rcgioncs  pr.rdiclis  veiilis  fueriut  obnoxia; ,  melius 
Aquiloni  vel  Favonio  committciilui .  .Nani  fervcnti!)us  pro- 
vinciis,  ut  .Cgyplo  el  Numidia,  uni  scplenlrioni  rectius 
opponcntnr.  Qiiibus  omnibiis  diligcnlci' exploratis,  tum 
demum  pastinationem  suscipiemus. 

-Xill.  Ejnsautem  ratio  cnm  llalici  gcneris  fuluris  agri- 
cfllis,  liim  etiam  proyincialibiis  Iradenda  est :  quoniani  i.n 
longinquis  el  rcmotis  fere,  rcgi()nibus  istud  genus  verlcuili 
et  subigendi  agri  miniine  nsiirpatur,  scd  aut  scrobibus  aiit 
sulcisplerumque  vincscconscrunlur.  [Sciobibus  wnela  sic 


24  1 


COLUMELLE. 


communement  les  vignes  dans  des  fossesou  dans 
des  tranchees.  Voicicomme  on  les  plante  daiis 
des  fosses.  Ceux  qui  sont  dans  i"usage  de  plantei' 
lcurs  vignes  dans  des  fosses  commencent  par 
fouiller  le  terraiu  a  deux  pieds  de  profondeur,  sur 
une  longueur  d'eDviron  trois  picds,  et  sur  la  lar- 
geur  determinee  par  celle  de  rinstrument  dont 
ils  se  servent;  apres  quoi  ils  etendentde  eote  et 
d'autre  des  mailletons,  de  facon  que  les  racines 
en  soient  vers  le  milieu  de  la  fosse  et  que  les 
extremites ,  apresavoir  fait  un  coude,  se  relevent 
ix  ses  deux  bouts  :  easuite  ils  recouvrent  le  tout 
de  terre ,  a  Texception  de  deux  yeux  qu'ils  lais- 
sent  hors  de  terre ;  et  enfm  ils  apianissent  le 
terrain.  Ils  recommencent  la  raeme  operation  , 
en  laissant  entre  la  seconde  fosse  et  la  premiere 
uu  iDtervalle  de  la  meme  loogueur  que  la  fosse 
nieme,  sans  le  labourer,  et  continuent  toiijours 
sur  la  meme  ligne ,  jusqu'a  ce  qu'ils  aient  lini  une 
mngee.  Ensuite  ils  laissent ,  entre  cette  rangee  et 
celle  d'a  cote ,  un  intervalle  tel  que  le  requiert 
Tusagc  ou  clincun  est  de  cultiver  les  vignes ,  soit 
alacharrue,  soit  auhoyau,  et  recommencent 
uneseconde  rangee,qu'ils  achevent  de  la  meme 
facon.  Si  Tusage  est  de  becher  simplement  la  terre, 
lemoindre  intervalle  qu'il  faut  laisserentre  cha- 
que  rangce  doit  etre  de  cinq  pieds,  et  le  plus 
grand,  de  sept ;  mais  Si  Ton  se  sertde  boeufs  et  de 
charrues,  le  moindre  sera  de  sept  pieds  ,  et  il 
sera  suffisamment  grand  a  dix.  II  y  en  a  cepen- 
dant  qui  disposent  le  plan  eu  quincouce  de  dix 
pieds  d'intervalle  en  tout  sens  ,  afin  de  pouvoir 
labourer  la  terre  comme  on  laboure  les  novales , 
tant  en  lignedroite  qu'en  travers.  Cette  derniere 
facon  de  disposer  un  vignoble  ne  fait  pas  le  pro- 
fit  du  cultivatcur,  si  ce  n'est  dans  les  paysoii, 
le  sol  etant  tres-fertile ,  la  vigne  prend  beaucoup 
d'accroissement  en  tout  sens.  Mais  ceux  qui  re- 
doutent  les  frais  de  la  cUlture  au  pastinum,  et 
qui  veulent  cepeudant  s'en  rapprocher  en  quel- 

ponuntur.]  Qiiibiis  vitem  mos  est  sciobibus  deponere ,  fere 
per  treslongitudinis,  perque  duospedes  in  allitudinenica- 
vato  solo,quantumlalitudo  feriamenfi  patitur,  nialleolos 
utrinquejuxta  lateia  fossarum  cnnsternnntet  adveisisscro- 
bium  fiontibuscurvatos  erigunt  -.  duabusque  gemmis  supra 
terram  eminere  passi  reposita  luiino  csetera  coaequant  : 
quae  faciiint  in  eadem  liuea  inlerinissis  tolidem  pedum 
scamnis,  dum  peiagant  ordinem.  Tum  deinde  relicto 
spatio,  prout  cuique  mos  est  vineas  colendi  vel  aratro 
vel  bidente,  sequentem  ordineni  instituunt.  Et  .si  fossore 
tantum  lena  versetur,  miuimum  est  quinque  [lednm  in- 
terordinium ,  septein  maximum  :  sin  bubus  cl  aratio, 
rainimum  est  septem  pedum,  salis  ampbim  decem.  Non- 
iiulli  tamenomnem  vilem  per  denos  pedes  in  quincuncem 
disponunt  ,  nt  moie  novalium  terra  liansversis  adversis- 
qiie  sulcis  proscindalur.  Id  genus  vineti  non  conducit  agri- 
cola;,  nisi  ubi  lietissimo  solo  vitis  aniplo  incremento  con- 
surgit.  At  qui  pastinationis  impensam  reformidanl,  sed 
xliqiia  tamen  parte  pastinationcm  imilari  sliident ,  paiibus 


que  partie ,  forment  destranchces  de  six  picds  de 
largeur,  en  laissant  entre  chacune  des  espaces  de 
nieine  largeur  sans  les  labourer;  et  apres  les 
avoir  fouiliees  ii  trois  pieds  de  profondeur,  ils  en 
relevent  la  terre  sur  Ics  bords  a  la  meme  hauteur, 
et  arrangent  leurs  ceps  ou  leurs  mailletons  a  dos 
de  ces  tranchees.  II  y  en  a  qui  vont  au  menage 
par  rapport  aux  dimeiisions  de  ces  tranchees,  en 
ne  leur  donnant  que  deux  pieds  neuf  pouces  de 
profondeur  et  cinq  pieds  de  largeur.  Quand  la 
preraiere  rangee  est  finie  ,  ils  laissent  un  espace 
trois  fois  plus  grand  que  la  largeur  de  la  tranchee 
sans  le  cultiver,  et  fouillent  cnsuile  la  tranchee 
de  la  rangee  suivante;  et  quand  ils  ont  acheve 
cette  operation  dans  tout  le  terrain  qu'ils  destinent 
a  leur  vignoble,  ils  relevent  a  dos  des  tranJiees 
les  marcottes  ou  les  jeunes  branches  qu'ils  ont 
coupees  tout  nouvellement,  et  plaulent  une  mul- 
titude  de  mailletous  entre  le  plant  qui  est  range 
par  ordre.  Lorsque  ces  mailletons  se  sont  forti- 
fies  par  la  suite ,  ils  les  propagent  dans  des  fosses 
qu'ils  font  en  sens  contraire  des  premieres,  sur 
le  terrain  qu'ils  avaient  laisse  sansle  labourer,  et 
arrangent  ainsi  leurs  vignobles  par  intcrvalles 
egaux.  Au  reste,  ces  facons  de  plauter  la  vigne, 
que  nous  venons  de  rapporter,  sont  dans  le  cas 
d'etre  tantot  adoptees,  tantot  rejetees,  selon  la 
nature  ou  la  bonte  de  chaque  contrce.  A  present 
je  me  propose  de  donner  la  methode  de  labourer 
un  terrain  nu  jmstinum.  B'nhon\,  soit  que  le 
terrain  que  nousaurons  destine  a  des  vignes  soit 
garnid'arbresmariesades  vignes,  soit  que  ce  soit 
un  tcrrain  sauvage  ,  il  faut  en  arracher  toutes  les 
broussaillesettous  lesarbresquis'y  trouveront,et 
les  mettre  de  c6(e,  de  peur  que  celui  qui  le  la- 
bourera  au  ;;«.?//«)»«  ne  soit  rctarde  dansson 
travail ,  ou  qu'apres  que  le  terrain  aura  etc  la- 
boure,  il  ne  soit  affaisse  par  le  poids  des  arbres 
qui  y  seront  etendus  ,  et  expose  a  etre  foulc  aux 
pieds  par  ceux  qui  iront  enlever  les  branches  et 

allernis  spaliis  omissis  senum  pediim  latitudinis  sulcos 
dirigunt,  fodiuntqiie  et  cxaltant  in  ties  pedes,  ac  per  la- 
tera  fossariim  vitem  vel  malleolum  disponunt.  Avarius 
qiiidam  dupondio  el  dodranle  altum  sulcum,  latum  pe- 
dum  qiiinqiie  faciunt :  deinde  ter  lanto  amplius  spatium 
crudiim  relinquunt  :  alipie  ila  seqiientcm  siilcum  info- 
diuiit.  Quod  cura  per  deliniliim  vinelis  lociim  fecerunt,  in 
lateribus  siilcorum  viviradices  vel  decisos  quani  recenlis- 
simos  palmiles  novelloserigunt,  consitiscompluribus  inler 
ordinaria  semina  malleolis,  qiios,  postea  quam  conva- 
Iiierint,  crudo  solo,  quod  emissuni  esl,  tiansversis  scro- 
bibus  propagent ,  atqiie  ordinent  vineam  paribus  intcrval- 
lis.  Sed  ea',  quas  relulimus,  viuearum  sationes,  pro  na- 
tura  et  benignitate  cujusque  regionis  aut  nsurpandae  aut 
iepudianda;sunt  nobis.  Nunc  pastinandi  agri  proposilum 
est  rationem  tradere.  Ac  primum  omnium  iit  sive  arbus- 
tum  sive  silvestreni  lociim  vineis  destinaverimus ,  omnis 
frutex  atque  arbor  erui  et  submoveri  debet,  ne  postea 
fossorein  morelur,  nc-vc  j:im  pasiinatumsolum  jacenlibus 


DK  L'AGRICULTURE,  LIV.  IIL 


les  troneS  darbics  qifon  y  aura  laissM.  Car  il 
n'est  paspeu  important  que  la  terre  que  ron  aurn 
labouree  au  pastinum  soit  tres-gonflee,  et 
qu'on  n'y  voie,  si  fairese  pent,  aucune  trace  de 
pieds  sur  la  superficie  ,  afin  qu^ctant  remiice 
egalement  danstoutcs  ses  pnrtics  ,  ellc  cede  avcc 
flexibilite  aux  racines  du  jeune  plant ,  de  quel- 
que  cote  qiie  ces  racines  vcuillent  y  pcnctrer, 
et  qu'elle  ne  repousse  point  lcur  tendance  a 
croitre  par  sa  duretc;  mais  que  ieurservant, 
pour  ainsi  dire,  de  nourrice,  elle  les  reeoive 
dans  son  tendre  sein  ,  qu"elle  se  laisse  imbiber 
des  eaux  du  ciel  pour  les  distribncr  au  plant 
qu'elle  aurn  a  iioiirrir,  et  coneoure,  dans  toutes 
ses  parlies  ,  a  elc\er  sa  nouvelle  progeniture. 
II  faut  fouilierlcs  plaincsa  la  profundeurdedeux 
piedsetdemi,  les  terrains  en  pente  a  celle  de 
trois  pieds  ,  ct  lcs  collines  plus  escarpcesjusqu"a 
ceile  de  quatrc,  parce  que,  si  Ton  n'y  faisait 
pointun  lit  de  terre  labouree  au  pastiiiui»  beaii- 
coup  plus  profond  que  cel  ui  quc  Ton  fait  dans  une 
plaine  ,  la  tcrre  venant  a  s"ebouler  de  haut  en 
bas,  il  resterait  a  peine  la  quantite  suflisante  de 
terre  gonflce  par  le  iabour  au  pastinum.  D'un 
autre  c6te  ,  il  ne  faut  pas  mettre  la  vigne  a  moins 
de  deux  pieds  de  profondcur,  meme  dans  le  bas 
des  vallees;  car  il  vaut  mieux  n'en  pas  plantcr, 
que  de  la  laisser  comme  suspendue  sur  la  super- 
ficie  de  la  terre,  a  moins  ccpendant  que  la  ren- 
contre  d'une  source  d'eau  mareeageuse ,  telle 
qu'il  s'en  trouve  dans  le  canton  de  Ravenne, 
n'empecbe  de  creuser  au  dela  d'un  pied  et  dcmi 
de  profondeur.  II  ne  faut  pas  commencer  cette 
operation  ,  comme  font  ia  plupart  des  culti\a- 
teursde  nos  jours,  par  fouiller  peu  a  peu  une 
tranchce,  pour  ne  parvenir  ainsi  que  par  deux 
ou  trois  deirrcs  succcssifs  a  la  profondeur  que 
ron  veut  donner  a  son  labour  au  pastinuin ; 


mais  il  faut  la  fouillcr  sans  interruption  jusqu'.1 
la  profondeur  cntiere  (iu'elle  doit  avoir,  en  se 
rcglant  sur  un  cordeau  ,  pour  que  les  cotcs  en 
soient  droits,  et  ei>.  arrangeant  par  derriere  soi 
la  terre  au  fur  et  a  mesure  qu'on  la  fouillera  , 
.jiisqu'a  ce  qu'on  soit  parvcnu  ix  la  profondeur  or- 
donncc  :  on  promenera  ensuite  le  cordcau,  en  le 
tenant  bien  droit,  danstoutela  profondciir  de  la 
fouille,  eton  fcra  en  sorte  que  la  laigeur  du  fond 
soit  la  rcpctition  de  celle  d'en  haut ,  pnr  laquelle 
011  aura  commence.  II  faut  qu'il  y  ait  un  inspec- 
teur  adroit  et  vigilant,  qui  fasse  dresser  les 
bords  de  la  trancbee  a  angles  droits,  qui  cn 
fasse  bicn  reraucr  la  tcrre  en  dcdans,etqui 
veille  iice  qiie  la  terre  qui  tient  a  la  tranehee, 
et  qui  n'est  point  encore  labouree,  soitconfon- 
due  avcc  eelle  dela  tranchce  lorsqu'on  viendra 
a  la  labourer  parlasuite,  conformcment  a  cc 
que  j'ai  prcscrit  dans  le  livreprccedent,  cn  don- 
iiant  la  nianiere  de  labourer  les  guerets,  lorsque 
j'ai  averti  de  prcndre  garde  qu'on  n'y  laissat  en 
aucun  endroitdes  bosses  de  terre  qiii  ne  seraicnt 
pas  remuees,  et  qu'on  ne  cachat  dcsparties  de 
terrains  dures  sous  des  mottes  de  terrc.  Nos  an- 
cetrcs  avaicnt  imagine  une  espeee  de  inachine, 
dont  ils  se  servaient  pour  se  faire  rendre  compte 
deeetouvrage  :  c'etait  une  regle  faite  cxprcs, 
au  milieude  laquellectaitune  pctite  verge,  dont 
la  longucur  etait  modelce  sur  la  profondeur  qne 
devait  avoir  le  fosse,  et  dont  le  point  dc  contiii- 
gcncc  sur  la  regle  se  trouvait  vis-a-vis  le  haut 
de  ses  bords.  Les  paysans  donnent  a  cette  espece 
de  mesure  lenom  dc  ciconia,  mais  elle  est  su- 
jette  elle-meme  a  erreur,  parccqu'elledonne  des 
resultats  differents  ,  selon  qu'elle  est  perpendicu- 
laire  ou  inclinee.  piJous  avons  donc  ajoute  quel- 
ques  parlies  a  cette  niachine  pour  terniiner  lcs 
contestations  et  les  disputes  que  Ton  peutavoir 


inolibus  imprimatiir,  et  exporlanliiini  ramos  atqiie  tnincos 
ingressu  proculteliir.  Xeqiie  enini  parum  lelert  snspen- 
sissimum  es.se  pasliiiatimi ,  el,  sj  lieri  possit,  vesligioquo- 
que  inviolalum  :  ut  mola  .equaliler  liumus  novelli  semi- 
nis  railicibus,  qiiamcunque  iii  partem  prorepserint,  mol- 
lilercedat,  nec  incremenla  durilia  siia  reverberet,  sed 
tenero  velut  in  nulrifio  sinu  recipiat,  et  cjelestes  admit- 
t.it  iiiibres,  eosqiie  alendls  semiiiihus  dispenset,  ac  .siiis 
oinnibus  parlibns  ad  educandam  prolem  novaili  conspi- 
ret.  Campestris  locus  alte  diios  pedes  et  semissem  info- 
diendnsest;  acdivis  legio  tieis,  pr.Tniptior  verocollis  vel 
in  qiialuor  pedesverlendus,  quia  cum  a  superiore  parle  in 
inferiorem  detraliitur  luimus,  vix  jiistum  paslinaUoni 
prffbet  regestum  :  nisi  niiilto  ediliorem  ripam,  quam  in 
plano  feceris.  Rursus  depressis  vallibus  minus  alle  duo- 
hiis  pedihus  deponi  vincain  non  placct.  Nam  pi<i>slat  iion 
conscrcie,  quain  in  summa  teria  siispenderc ,  nisi  sisla- 
tim  uligo  palustris  obvia,  sicul  in  agro  Ravennate,  plus 
quam  sesquipedem  pioliibeat  infodere.  1'rimiim  aulcm 
prsedicti  operis  exordium  est,  non  iit  bujiis  temporis  ple 
rique  faciunt  agricoloe ,  .sulciini  paulatim  e.valtare ,  ct  ita 


secundo  vel  terfio  gradu  pervenire  ad  destinatam  pastina- 
tionis  altitudinem  :  scd  protinus  sequaliter  linea  posila  rec- 
tis  lateribiis  perpeluam  fossain  educere,  et  post  tergum 
niotani  hiimum  componere;  atque  in  tanlum  deprimere, 
donec  alliludinis  mensurain  datam  ceperit.  Tum  per  omne 
spatium  giadiis  .vqualiter[movenda  linea  est :  obtinendiim- 
que,  ut  eadem  lalitndo  in  imo  leddalur,  qua;  aepla  est 
in  siimmo.  Opus  esl  autem  perito  ac  vigilanle  exactore , 
qui  I ipam  erigi  juhiat ,  sulcumque  vacuaii ,  ac  loluni  spa- 
linm  crudi  soli  cum  emota  jain  terra  commitli,  sicut  pne- 
cepi  siipcriore  libro,  cum  arandi  rationem  Iraderein  , 
monendo ,  necubi  scamna  omitlantiir,  el  quod  e.st  diiriiin , 
summis  gl.X'bis  obtegalur.  Sed  hiiic  opeii  exigendo  quasi 
qiiandaiu  machinain  commenti  majores  nostri  regulam  fa- 
liricaveriint,  in  ciijus  laterc  virgiila  promincns  ad  eaiii 
allitudmem,  qua  depiimi  sulcuni  oportct,  conlingit  sum- 
inam  ripiB  partem.  Id  geniis  mensiir;c  ciconiam  vocant 
rustici.  Sed  ea  quoque  fraudem  recipit ,  quoniani  pluri- 
nuim  interest ,  iitriim  eam  pronam  aii  reclain  ponas.  Kos 
itaque  huic  machin.T  quasdam  parles  adjeciiiiiis,  qiiat 
contcndenliuni  litcni  disputatioiiemqtie  diriincrent.  Nant 


t>-t(i  COLUMELLE. 

avec  les  oiivriers.  Car  nous  avons  eroise  deux  re- 
gles  l'une  sur  Tautre  dans  la  forme  de  la  lettre 
grccque  X  ,  de  facon  que  les  deux  extrcmites  de 
ces  regles  sontecartees  Tune  de  rautre  a  la  dis- 
tance  de  la  largeur  que  le  laboureur  au  pnsli- 
num  doit  donner  a  sa  tranchee ;  apres  quoi  nous 
avons  attache  cette  ancienne  ciconia  au  milieu 
de  rX ,  qui  est  le  point  de  contingence  de  ces 
deux  regles ,  de  facon  qu"elle  se  trouve  fixee 
comme  sur  une  base  sur  laquelle  elle  est  dres- 
see  perpendieulnirement;  ensuite  nous  avons  mis 
nu-dessus  de  la  petite  verge  qui  est  au  milieu 
de  la  regle  transversale  un  niveau  d'artisan. 
Lorsqu'on  enfonce  dans  la  tranchee  cet  instru- 
ment  ainsi  dispose  ,  il  termine  de  part  et  d'au- 
tre  toutes  les  contestations  qui  pourraient  sur- 
venir  entre  le  proprietaire  et  rentrepreneur,  sans 
porter  prejudice  ni  a  Tun  ni  a  Tautre.  Car  les 
rayons  de  retoile,que  nousavons  dit  ressembler 
^  la  lettre  grecque,  mesurent  et  nivellent  avec 
exactitude  le  fond  du  fosse,  puisque  Ton  s'a- 
pereoit  par  la  position  meme  de  la  machine  si 
elle  est  inclinee  en  devant  ou  en  arriere,  attendu 
que  le  niveau  qui  est  au-dessus  de  la  petite 
verge  dont  nous  avons  parle  donne  la  preuve 
de  Tune  ou  de  1'autre  position ,  et  met  Tinspec- 
teur  de  Touvrage  a  Tabri  d'etre  trompe.  L'ou- 
vrage  raesure  et  nivele  de  cetle  maniere  va 
toujours  en  avant,  comme  un  gueret  que  Ton 
laboure ;  et  a  mesure  que  Tonfait  marcher  le  cor- 
deau,  on  lui  fait  coraprendre  autant  d'espace  de 
terrain  que  la  fouille  de  la  tranchee  doit  a^oir 
de  longueur  et  de  largeur.  Voila  la  maniere  la 
plus  approuvee  de  preparer  le  terrain. 

XIV.  Vient  apres  cela  la  plautation  de  la  vi- 
gne ,  qu'il  est  temps  de  faire  ou  au  printemps 
oudans rautomne :  auprintempspreferablement, 
si  le  climat  est  pluvieux  ou  froid,  si  le  terrain 


est  gras  ou  que  ce  soit  une  carapagne  plate  et 
humide ;  dans  Tautomne  au  contraire ,  si  le  climat 
est  sec  ou  chaud ,  si  c'est  une  carapagne  de  petite 
qualiteet  aride,  ou  que  ce  soit  uneeoliinemaigre 
ou  escarpee.  La  plantation  du  printemps  se  fait 
pendant  quarante  jours  a  peu  pres ,  depuis  les 
ides  de  fevrier  jusqu'a  requinoxe;  et  celled'au- 
tomne  depuis  les  ides  d'octobre  jusqu'aux  calen- 
des  de  decerabre.  II  y  a  deux  facons  de  planter 
la  vigne,  toutes  deux  egaleraent  usitees  par  les 
cultivateurs;  savoir,  par  raailletons  ou  par  mar- 
cottes.  Les  mailletons  sont  plus  d'usage  dans 
les  provinees,  parce  qu'on  ne  s'y  attaehe  pss  a 
avoir  des  p^pinieres,  et  qu'on  n'yestpas  dans 
Tusage  de  faire  venir  des  marcottes ;  au  lieu  que 
la  plupart  des  cultivateurs  d'Italie  ont  desap- 
prouve  avee  raison  cette  methode  de  planter  par 
raailletons,  parce  que  la  marcotte  a  bieu  des 
avantagessurleraailleton:eneffet,  elleest  raoins 
sujette  a  perir  que  le  raailleton,  vuqu'ellea 
plus  de  force  pour  soutenir  le  chaud,  le  froid  et 
les  autres  mauvais  temps ;  de  plus ,  elle  croit  plus 
promptement,  d'ou  il  resulte  qu'elle  estplus  t6t 
en  etat  de  donner  des  fruits;  et  d'ailleurs  il  n'y 
a  aucuii  danger  a  eourir  en  la  transplantant  sou- 
vent.  On  peut  neanmoins  planter  tres-bien  des 
mailletons  en  guise  de  marcottes  dans  des  ter- 
res  poudreuses  et  faciles ,  au  lieu  que  des  terres 
epaisses  et  dures  exigent  absolument  de  la  vigne 
toute  faite. 

XV.  On  plaiite  donc  la  vigne  dans  une  terre 
labouree  au  ;;«,?//»«»?,  prealablement  nettoyee, 
hersee  et  aplanie ,  en  laissant  cinq  pieds  d'inter- 
valle  entre  chaque  rangee  si  le  terrain  est  mai- 
gre,  et  six  s'il  est  mediocre  :  mais  il  en  faut 
laisser  sept  dans  une  terre  grasse ,  afin  que  le  bois 
de  la  vigne,  qui  sera  infailliblement  diffus  et  haut 
dans  une  pareille  terre,  trouve  un  espace  suffl- 


duas  regulas  ejiis  latitudinis ,  qua  pastinator  sulcum  (ac- 
turus  est,  in  speciem  GraecEe  literse  X  decussaviuius, 
atque  ila  mediie  parti ,  qua  regulo!  commiltuntur,  anti- 
quam  illani  ciconiam  infix4nius,  ut  tanquam  suppositai 
basi  ad  peipendiculum  normala  insisteret :  deinde  tians- 
versa>,  quai  est  in  latere,  virgula;  fabrilem  libellam  snper- 
posniiiVis.  Sic  compositum  organum  cuin  in  sulcnm  de- 
missum  est,  litein  domini  et  conductoris  sine  injuria  di- 
ducit.  Kam  slella ,  quam  diximus  Grsecae  literac  faciem  ob- 
tinere,  pariter  imce  fossae  solum  metitur,  alque  perlibrat; 
quia  sive  pronum  seu  resupinum  est,  posilione  macliin.-c 
deprelienditur.  Quippe  praediclse  virguloe  superposita  li- 
beila aUeiutrum  ostendit,  nec  patitur  exactorem  operis 
decipi.  Sic  pei  inensum  et  perlibratum  opiis  in  similitudi- 
nein  vervacti  semper  procedit :  tantumipie  spatii  linea  pro- 
mota  occupatur,  quanlum  effossus  siilcus  longitudinis  ac 
latitudinis  obtiuct.  Atque  id  genus  prffiparandi  soli  pioba- 
tissiiuum  est. 

XIV.  Seqiiitnr  opus  vinese  con.seienda! ,  quse  vel  vere 
Tel  auluiniio  tempestive  deponitur.  Vere  melius ,  si  aut 
pluvius  aut  frigidus  status  caeli  est,  aut  ager  pinguis,  [  aut 


campestris,  J  et  iiliginosa  plaiiilies  :  riirsus  autumno,  si 
sicca,  si  calida  est  aeris  qualitas  :  si  exilis  atque  aridus 
campus,  si  macer  praeruptusve  collis ;  verna^qiie  positionia 
dies  fere  quadiaginta  siint  ab  idibus  Februariis  usqiie  in 
.Tnquinoctium  :  rursus  autuninalis  ab  idibus  Octob.  in  cal. 
Decembres.  Sationis  autem  diio  genera ,  malleoli  vel  vivi. 
radicis,  qiiod  utrumqiie  ab  agricolis  usurpatur,  et  in  pro-! 
vinciis  magis  malleoli.  Neqiie  enim  seniinarlis  studenl,  nec 
usiini  Iiabent  faciendae  vi\iradicis.  Hanc  sationem  cultores 
Ilaliac  plerique  jiire  improbaverunt,  quoniam  plurimis  do- 
tibus  pr.Tcstat  viviradix.  Nani  minus  interit,  cum  et  ealo- 
rem  et  frigiis  ceterasqiie  tempestates  propter  firmitalem 
facilius  sustineat  ;  deinde  adolescil  maturius.  Ex  qno  eve- 
iiit,  ut  celerius  qiioque  sit  tempestiva  eilendis  friiclibus  : 
lum  eliam  niliil  dubium  esl,  saepius  translalum.  Potest 
lamen  malleolus  piotinus  in  vicem  viviradicis  conseri  so- 
Uita  el  facili  terra.  Caiterum  densa  et  gravis  utique  vitem 
desiderat. 

XV.  Seritur  crgo  piius  [in]  emundata  inoccataque  et 

aequala  pastinatione ,  inacio  solo ,  quinis  pedibus  inter  or- 

I  dinesomissis;  luediocri,  seiiis.  Iii  pingui  vcro  septcniiiu 


DE  L'AGl\ICULTURE,  LIV.  IH. 


sant  oii  i!  puisse  s'eteuda>.  II  sera  aise  de  faire 
de  la  sorte  un  plau  de  vignes  en  quinconce.  II 
faudra.pour  cet  effet  coudre  sur  un  cordcan  des 
niorceaux  de  pourpre  ou  de  toutautre  drap  d'une 
couleur  eclatante,  d"espaces  eu  espaccs  niesures 
cliaeun  par  un  nombre  de  pieds  egal  a  la  mesure 
de  riiitervalle  d'entre  lcs  rangees;  et  lorsque  ce 
cordeau  sera  ainsi  marque,  on  le  lendra  a  tra- 
vers  le  terraia  laboure  au  pastinum ,  et  fon 
lichera  en  terre  des  roseaux  vis-a-vis  chacuu  dcs 
endroits  oii  se  rencontreront  ces  morceaux  de 
pourpre ,  raoyennant  quoi  on  fera  ses  rangees 
egalement  espacees.  Quand  cela  sera  fait,  celui 
qui  doit  faire  les  fosses  se  mettra  a  Touvrage, 
et,  sautant  alternativement  un  dcsespaces  mar- 
ques  surlarangee,  il  fouillera  ,  depuis  un  roseau 
jusqu'a  celui  qui  lesuit,  une  fosse  qui  u'ait  pas 
moins  de  deux  pieds  et  derai  de  profondeur  dans 
les  terrains  plats,  de  deux  pieds  neuf  pouces 
daus  ceux  qui  vout  en  pente,  et  meme  de  Irois 
pieds  dans  ceux  qui  sont  escarpes  :  ces  fosses 
etant  fouillees  a  cette  profondeur,  on  y  depo- 
sera  les  marcottes ,  de  facon  qu'elles  soient  cou- 
cbees  ix  ropposite  Tune  deTautre  depuis  le  milieu 
de  la  fosse,  elrelevees  a  ses  deux  cotes  opposes 
presdesroseaux.  Lufouction  deccluiciui  plantera 
consisterad'abord  aenleverdeterre  les  raarcottes 
avec  soiu  et  sans  les  g;Uer,  a  les  transporter  des 
pepinieres  dans  le  moins  de  temps  possible  apres  les 
avoirenlevees  de  terre,  et  meme,  si  fairese  peut,  a 
rinstant  precis  oii  il  voudra  les  planter;  eusuite  a 
les  rogner  enentier  conimede  vieilles  vignes,  en 
les  reduisant  ii  un  seul  bois  tres-fort,  et  en  unis- 
sant  les  uoeuds  et  les  cicatrices  qui  s'y  trouve- 
ront,  a  en  eouper  meme  les  racines ,  s'il  s'cn 
trouve  d'endommngees  (accideut  auqucl  il  faut 
bien  prendre  garde  Iorsqu*on  lcs  enlevedeterre) ; 

Iictiiim  spatia  danda  sunt,  qiio  largiora  vacpnt  intervalla, 
peii|iia'  Ireqiientes  pinlixajqiie  nialeria)  diffundantiii'.  Ha'C 
in  i|uiii(uncem  vjncarum  metalio  expeditissima  ratione 
conficilur.  Qiiippe  linea  per  totidem  pedes ,  qiiol  destina- 
veris  inleroidiniorum  spatiis,  pnrpura  vel  qiiolibet  alio 
conspicuo  colore  insuitur.  Eaque  sic  deuotafa  per  repasti- 
natum  intenditur,  et  juxla  purpuiam  calamus  defigitur. 
AUpie  ila  paiibus  spatiis  ordines  diiiguntiir.  Quod  deinde 
1  luii  esl  factum,  fo.ssor  insequitur,  sciobemque  alternis 
onii-^sis  in  ordiiiem  spatiis  a  calamo  ad  proximum  calamum 
nim  miniis  altum  quam  diios  pedes  et  semissem  planis  lo- 
cis  relbdit :  acclivibus  in  dupondium  et  dodrantem  :  prav 
cipitibiis  etiam  in  tres  pedes.  In  lianc  meiisiiram  scrobibus 
depressis  viviiadices  ita  depouiintur,  ul  a  media  sciobe 
singulae  in  diversum  sternantur,  el  conlrariis  frontibus 
fossarumad  c;ilamos  erigantur.  Satoris  autem  oflicium  est, 
primum  quam  recenli.ssimam,  et  si  fieri  possil,  eodem 
moinento,  quo  serere  velit,  de  seminario  translerre  plan- 
tdm ,  diligenter  exemptam  et  integram  :  deinde  eam  veliit 
veleranain  vitem  totam  exputare  ,  et  ad  unam  materiam 
firmissimam  redigere ,  nodosque  ct  cicalriccs  allevare  :  si 
muc  etiam  radiccs ,  quod  maxiinc  cavenduni  cst ,  ne  Qat 


enfin  a  les  arranger,  en  les  courbant  de  facon 
que  les  raciues  desdeux  marcotfesqui  sontdans 
lamemefossene  s'entrelacentpasmutuellement, 
ce  qu'il  sera  facile  d'erapecher,  en  disposant  au 
fond  des  fosses,  transversalement  et  par  !e  mi- 
lieu,  quelques  pierres,dont  chacune  n'excede 
pas  le  poids  de  cinq  livres.  Ces  pierres  parais- 
sentservir  (ainsi  quc  Magon  Ta  ecrit)  a  ccarter 
Teau  des  racines  pendant  Thiver,  et  a  les  pre- 
server  du  chaud  pendant  Tete.  Virgile,  d'apres 
cet  auteur ,  prcscrit  de  protegcr  et  de  fortifler  le 
plant ,  en  ces  termes  :  Mo/lcz  au  foiid  dc  lu 
fosse  dcs  plerrrs  qiii  puissent  boirc  l'cau,  ou 
drs  coquillages  inutiles ;  et  peu  apres  il  ajoute  ; 
//  s'est  Irouve  des  (jens  qui  chargeaient  lcs  ra- 
cines  du  poids  cVune  grosse  pierre  ou  de  celui 
d'une  grande  brique ,  poitrleur  servir  de  rem- 
part  contre  les  pluies  et  contre  Vardeurdela 
Canicule ,  lorsque  cctte  constellation  vieiit  a 
jaire  gerser  lcs  campagncs  altcrees.  L'auleur 
carthaginois  que  uous  veuons  de  citer  prouve 
que  le  marc  de  raisiu  meleaveedu  fumier  donne 
de  la  vigueur  au  plaut  qui  est  depose  dans  des 
fosscs,  parce  que  le  marc  le  provoque  et  Texcite 
a  jeter  de  nouvelles  racines ,  et  que  le  fumier 
est  bon  tant  pour  entretenir  la  chalcur  dans  les 
fosses  pendant  les  hivers  froids  et  humides  ,  que 
pour  donner  de  la  nourriture  et  de  rhuraidit6 
aux  plantes  pendant  Tete.  Rlais  si  le  terrain  dans 
lequel  on  plante  la  vigne  parait  de  petite  qua- 
lite,  il  croit  qu'il  faut  aller  chercher  au  loin  de 
la  terre  grasse  pour  la  raettre  dans  les  fosses  : 
au  reste ,  c'est  la  cherte  des  vivres  dans  uu  pays, 
et  le  pi'ix  des  journecs  ,  qui  nous  apprendront  si 
cette  operalion  sera  avantageuse  ou  non . 

XVI.  Une  terre,labouree  au  pastinuin  et  rac- 
diocrement  humide,  sera  bonne  pour  recevoir 

in  eximendo ,  laboraverinf ,  eas  amputare  :  sic  deinde  cur- 
vatam  deponere,  ne  duarum  vitiuin  radices  iiiiplicenliir. 
Id  enim  vitare  facile  est  per  imum  solum  juxta  diversa 
latera  fcssarum  dispositis  paucis  lapidibus,  qui  sioguU 
Don  excedant  quinqiielibrale  pondus.  Hi  videntiir,  iit  Mago 
piodit,  et  aquas  liiemis  et  vapores  a;statis  propiilsare  ra- 
dicilius  :  quem  secutiis  Virgiliiis  tutaii  semiiia  ct  inuniri 
sicpi:ec\[iil :  Aul lapidcm  bihvluiiuiut sqiuilr/itcs  iiifode 
conclws.  lit  paulo  post :  Jamqur  rrpcrli  Qui  saxn  super 
ati/ue inijentispondcre  tcstm  rrrjcrcnt :  linc cfiiisos mu- 
nimcnadiinbrcs,  Uocubiliiulcasitifindil Canisccsti/cr 
arva.  Idciiique  Poenus  auctor  probat  viiiacea  permisla 
stercori  depositis  seminibus  in  scrobe  admovere,  quod  illa 
pro\oceut  et  eliciant  novas  ladiculas  :  boc  per  biemcin 
IVigentem  et  liumidam  scrobibus  inferre  caloiem  tempps- 
tiviim ,  ac  per  <Tstatem  virentibus  alimentum  et  liumorem 
prii-bere.  Si  vejo  soliim ,  cui  vilis  commitlitur,  videliir 
cxile,  longiusaicessitam  pinguem  liumumscrobibnsinferre 
censet  :  qiiod  an  expediat,  rcgioriis  annona  operarumque 
ratio  nos  docebit. 

XVI.  Exigue  humidum  pa.stinatum    sationi  convenit ; 
melius  tamen  vel  arido  qiiam  luloso  scmen  committilur  : 


COLllMELLE. 


le  plant ;  il  vaudra  cepcndant  mieux  le  mettie 
(lans  un  tenain  sec  que  dans  un  terrain  bour- 
beux  ;  et  lorsque  la  partie  du  planl  qui  excede  la 
fosse  en  dchors  se  trouvera  avoir  un  tropgrand 
nombre  de  uceuds ,  on  coupera  ce  qu'il  y  en  aura 
de  trop  par  en  haut,  en  ne  laissant  que  deux 
boutons  hors  terre,  et  on  comblera  la  fosse  de 
terre;  eusuite,  Iorsqu'on  aura  aplani  tout  le 
terrain  laboure  nu  pastinum,  on  plantera  des 
mailletons  entre  les  marcottes  qui  sont  dans  les 
rangees  :  11  suffira  d'ea  mettre  dans  l"espace  va- 
cantentre  les  vigues  et  sur  la  nieme  ligne.  En 
suivant  eette  methode ,  les  mailletons  eroitront 
raieux  eux-memes,et  il  restera  suffisamment  de 
terraiu  libre  pour  pouvoir  cultiver  le  plant  qui 
est  dans  les  raugees  :  c'estencore  pour  servir  de 
ressource  qu'on  placera  ces  mailletons  sur  la 
mcme  ligne  que  les  marcottes,  parce  qu'on 
pourra  eu  prendre  dans  le  nombre  pour  rempla- 
cerles  marcottesqui  viendront  aperir.  II  faudra 
mettre  cinq  mailletons  dans  respacc  d'un  pied  : 
mais  on  laisseraun  pied  de  vide  sur  rintervalle 
qui  est  entre  les  marcottes,  de  facon  que  les  mail- 
letous  lesplus  voisins  des  marcottes  en  soient  a 
une  distauce  egale  de  part  et  d'autre.  Julius  Atti- 
cus  croitqueseizemille  mailletous  sout  suflisants 
pour  une  plantation  de  cctte  nature;  cependant 
nous  en  plantons  quatre  miUc  de  plus  que,  lui, 
parce  qu'il  en  perit  toujours  une  grande  piirtie 
par  la  negligence  des  cultivateurs,  et  que  plus 
ou  met  de  plant  dans  un  terrain ,  plus  les  autres 
berbes  inutiles  dcviennent  clair-semees. 

XVII.  II  s'est  eleve  d'assez  grandes  discus- 
sioDS  entre  les  auteurs  sur  la  facon  de  planter  le 
mailleton.  Quelques-uns  ont  cru  que  le  fouet 
etait  bon  a  elre  plante  en  entier  et  tel  qu'ou  \'a- 
vait  detache  de  sa  mere ,  de  facon  qu'ils  le  par- 
tageaient  en  plusieurs  morceaux  dc  cinq  bou- 


tonsou  nieme  de  six,  et  qu'un  fouet  donnait  k 
lui  seul  une  multitude  de  boutures  qu"ils  met- 
taient  toutes  en  terre.  Mais  je  n'approuvo  pas 
cette  methode,  et  je  suisplutotde  Tavis  desau- 
teurs  qui  ont  nie  que  Textremite  superieure  du 
bois  fiit  propre  a  porter  du  fruit,  et  qui  n'en 
ontadmisque  le  cote  par  lequelil  tenaitau  vieux 
sarment,  enrejetant  d"ailleurs  toutes  lesfleches. 
Les  paysans  donnent  le  nom  de  fleche  a  Textre- 
mite  superieure  du  raailleton,  soit  parce  que 
cette  partie  est  la  plus  eloignee  de  lamere,  et 
qu'elle  serableelancee  loin  d'elle,soitparcequ'e- 
tanteffdee  par  le  haut,  elle  a  quelque  ressem- 
blance  avec  Pespece  de  dard  qui  porte  ce  nom. 
Les  agriculteurs  les  plus  avises  ont  donc  declare 
qu'il  ne  fallait  point  planter  cette  fleche,  sans 
nous  donner  a  la  verite  la  raison  de  leur  senti- 
ment,  sansdoute  parce  qu'etant  tres-versesdans 
Tagriculture ,  cette  raison  leur  paraissait  evidente, 
etqu'elle  sautait  aux  yeux  detout  le  monde.  Enef- 
fet,  comme  tout  pampre,  pour  peu  qu'il  soit  fe- 
cond,  produit  beaucoup  de  fruit  jusqu'au  cin- 
quifemeou  jusqu'ausixieme  bouton  ,  et  que  passe 
cette  distance ,  tel  long  qu'il  soit,  il  ri'en  produit 
plus,  ou  ne  produit  tout  au  plus  que  de  tres-petit 
raisin,  les  auciens  ont  eu  raison  d'imputer  la 
sterilitea  rextreraite  superieure  du  mailleton.  Ils 
laissaientaussi  aunouveau  sarment  une  partiedu 
vieux ,  lorsqu'ils  plantaient  le  mailleton  :  mais 
rexperieuce  a  condamne  cette  methode ,  parce 
que  tout  ce  qui  restait  de  rancien  bois  pourris- 
sait  bient6t  par  rhumidite  d^s  qu'il  etait  en 
terre ,  et  que  sa  corruption  entrainait  la  perte 
desracines  tendrcs  qui  ravoisinaient,  auraoment 
quelles  commencaient  asortir;  apres  quoi  la 
partie  superieure  du  raailleton  se  dessechaitaussi. 
Mais,  dans  la  suite,  Julius  Atticus  et  Cornelius 
Celsus,  les  plus  celebres  auteurs  de  uotre  siecle, 


itlc|ue  ciim  supia  summam  scrobem  compluiibus  interno- 
diis  pioducUim  est,  quod  de  cacumiiie  superest,  duabus 
gemmis  tantum  supra  terram  relictis  amputatur,  et  ingesta 
Immo  scrobis  completus  cocPqualur;  deinceps  paslinato 
malleolus  ordinariis  vitlbus  interserendus  est :  eumque  .sat 
erit  medio  spallo ,  quod  vacatinter  vites,  perunam  liiieam 
depangere.  Sic  enim  melius  el  ipse  convaloscet,  et  oidina- 
riis  seminibiis  modice  vacuum  solum  ad  culturam  pi;ebe- 
bitur.  In  eadera  deinde  tinea,  in  qua  viviradix  obtinebit 
ordinem  suum,  prjesidil  causa,  quoriim  ex  numero  pro- 
pagari  possit  in  locum  demortuse  vitis,  quinqiie  malleoli 
pangendi  sunt  per  spatium  |iedale  :  isque  pes  ita  medio  in- 
lerordinio  sumitur,  ut  ab  utraque  vite  paribus  intervallis 
distent.  Tali  consitioni  Jiilius  Atticus  abunde  pufat  esse 
malleolof  um  sexdecim  millia.  Nos  tamen  plus  quatuor  mil- 
libus  con.seiimus,  qiiia  negligentia  cultorum  magua  pars 
deperit,  el  inleritu  seminum  coctera,  qua;  virent,  rares- 
cunt. 

XVII.  De  positione  surculi  non  minima  disputatio  fuit 
ioter  auctores.  Quidam  totum  llagellum  ,  sicut  erat  matri 
detiactum,   ciediderunt  sationi   convenire  :  idque  per 


gcnimas  quinas  vel  etiam  senas  partiti ,  complures  taloolas 
terrie  mandaverunt.  Qiiod  ego  miiiime  probo;  magisque 
asscntior  his  auctoribus,  qui  negaverunt  esse  iduneain 
frugibus  siiperiorem  partem  materiae ,  solamque  eam , 
qii.-e  est  juncta  cum  vetere  sarmento  probaverunt,  cffitc 
rum  omiiem  sagittam  repudiaverunt.  Sagitlam  ruslici  vo- 
cant  novissimam  partem  surciili ,  sive  quia  longius  recessit 
a  inatre,  et  quasi  emicuit  atque  prosiluit :  sive  quia  cacu- 
mine  attenuata  proedicti  leli  speciem  gerit.  Hanc  ergo  pru- 
dentissiini  agricolae  negavei  unt  conseri  debere :  nec  famen 
seiitentiae  suffi  rationem  noliis  prodidcrunt;  videlicet  quia 
ipsis  in  re  rustica  multum  callentibus  prompta  erat  et 
ante  oculos  pene  cxposita.  Omnis  enim  frecundus  pampi- 
nus  intra  quintam  aut  .sextam  gemniam  fructu  exuberat, 
leliqua  parte  quamvis  longissima  vel  cessat,  vel  perexi- 
guos  ostendit  racemos.  Quam  ob  causam  sterilitas  cacu- 
miuis  jure  ab  antiquis  incusata  est.  Matleolus  autem  sie 
al)  iisdem  pangebatur,  ut  novcllo  sarmento  pars  aliqua 
veteris  birreret.  Sed  hanc  positionem  damnavit  iisus.  Nain 
quicquid  ex  vetere  maleria  relictum  eral,  depiessuio 
atque  obrulum  celeriter  liumore  piitrcscebat ,  proximasque 


DE  UAGRICULTURE,  LIV.  III. 


Fc  eoiiformaiit  en  cela  aux  Saserna  pere  et  fils  , 
couperent  tout  ce  qui  elait  reste  de  Tancienne 
bianclie  a  travers  lencrud  meme  dout  etait  sorti 
le  nouveau  bois,  et  ne  niirent  ainsi  en  terre  que 
le  mailleton  uniqueraeut,  avec  sa  partie  qui  de- 
borde  par  en  bas. 

XVIII.  Mais  Julius  Atticus  n'enfoneait  en 
terre  ces  mailletons  qu'apres  en  avoir  pile  et  re- 
courbe  la  tetc,  afin  qu'ils  n'echappassent  pas  au 
pasliiiKin.  Cest  le  nom  que  les  agriculteurs 
donifeiit  a  l'instrument  de  fer  h  deux  cornes 
aveclequelils  enfoueent  enterre  leplant,  etc"est 
de  ce  mot  qu'est  venu  celui  de  repusUnatm ,  ap- 
pliqueaux  anciennes  viguesqu'ouavaitarrachees 
pour  les  replauter  :  cnr  c'etait  le  terme  propre 
dont  on  se  scrvait  pour  designer  un  vignoble  an- 
cien  qu'onavait  remis  denouveau  en  vigu"oble, 
au  lieu  qu'aujouid'hui,  par  un  usage  qui  prouve 
rignoiance  oit  rou  est  de  Tantiquite,  on  appelle 
repastinatus  tout  terrain  que  Ton  prepare  par 
le  labour  a  recevoir  des  vignes.  Mais  revenons  a 
notre  but.  La  facon  de  planter  de  Julius  Atticus 
est  vicieuse  a  mon  avis  ,  en  ce  qu'elle  admet  un 
mailletondont  la  tete  est  tortillee;  et  il  y  aplu- 
sieurs  raisons  (lui  doiveut  determiner  a  Teviter. 
Premierement,  toute  plante  qui  a  ete  tourmentee 
et  brisee,  avantd'6tre  deposee  eu  terre,  nevient 
pas  si  bien  que  si  elle  y  eijt  ete  deposee  entiere, 
et  sans  avoir  souffert  aucune  alteratiou ;  en  se- 
cond  lieu,  une  plante  que  Tona  recourbee  et  re- 
levee  vers  le  haut  de  la  terre  en  Ty  deposant, 
s'oppose,  comme  pourrait  faire  un  croc,  aux  ef- 
forts  du  fossoyeur,  lorsque  le  temps  est  venu  de 
lenlever;  et  il  semble  que  ce  soit  un  crochct  fiche 
en  terre,  qui  se  casse  plutot  que  de  se  laisser  ar- 
rncber.  En  effet ,  le  bois  est  facile  a  se  rompre  du 
cote  par  lequel  on  Ta  tordu  et  recourbe  eu  le  met- 


taut  en  terre ,  atteuilu  que  c'cst  le  cote  par  lequel 
il  a  soufferf  :  c'est  aussi  cequi  fait  qu'il  perd  la 
plus  grande  partie  de  ses  racines ,  qui  se  biisent. 
Mais  quand  je  passcrais  sous  silence  ces  incon- 
venients,  en  voici  au  moins  un  que  je  ue  puis  dis- 
slmuler,  ct  quis'oppose  le  plus  a  cette  methode  : 
en  parlauttoutarheurederextrcmitesuperieure 
dusarmeut,  queje  disais  qu'on  appelait  la  flc- 
che,  j'avais  tire  cette  consequence-ci,  savoir, 
quc  le  fruit  ne  paraissait  guere  qu'eutre  les  cinq 
ou  six  boutons  les  plus  voisinsduvieuxsarmcnt. 
Or,  en  reployant  le  mailleton,  ou  en  pcrd  pre- 
ciscmeut  cette  partie,  qui  est  cependaiit  la  par- 
tie  fecondc,  parce  que  le  cOte  qui  est  reploye 
emporte  a  lui  seul  trois  ou  quntre  boufoiis,  et 
que  les  deux  ou  trois  autres  yeux  qui  peuvcnt 
eueore  rapportei;  du  fruit  sont  cntiereraent 
enfonces  sous  terre,  oii,  restant  eusevelis,  ils 
ne  donnent  point  de  bois ,  niais  seulement  des 
racines  :  par  oii  il  arrive  qu'en  plantaut  des 
mailletons,  nous  tombons  dans  le  meme  incon- 
venient  que  nous  cherchions  a  eviter,  en  defen- 
dant  de  planter  la  partie  du  mailleton  appelce  la 
fitiche.  Nous  nous  trouvons  des  lors  forces  de  les 
faire  plus  longs,  si  nous  voulons  les  ployer  en 
les  plantant :  or  il  est  certain  qu"en  lcs  faisant 
plus  Iongs,on  y  laisse  les  boutons  les  plus  voi- 
sins  de  lcxtremitc  superieure,  tout  steriles  qu'ils 
snnt ;  inoycnnant  quoi  il  n'eu  provicnt  quede  ces 
pamprcs  steriles  ,  ou  au  moins  pcu  fertilcs,  que 
les  paysansappellent  racemiirii.  Que  vous  dirai- 
jecncore?  qu'il  cst  tres-interessaut  que  le  mail- 
leton  que  Ton  met  en  terre  prenne  racine  a  Fen- 
droit  meme  par  lequel  il  tenait  ;i  sa  mere,  et  qu'il 
se  cicatrise  promptcment?  Eu  effet,  s'il  ne  se 
cicatrise  pas  promptement,  il  atlire  trop  d'eau  a 
travers  la  moellequi  se  trouve  a  jour,  commea 


railices  leneras  et  vixdum  prorepenles  vitio  suo  enecabat  : 
qiiod  cum  accideial ,  superior  pais  seminis  retorrescebat. 
Mox  Julius  Atticus  et  Conipliiis  Celsus,  selaUs  noslra; 
celeberrlmi  auctores ,  patrem  atque  tilium  Sasernam  se- 
cuti ,  quicqiiid  residui  fuit  ex  vclere  palma  per  ipsam  com- 
missnram  ,  qua  nascitur  malcria  nova ,  resecuerunt ,  atque 
ila  cum  suo  rapitiilo  sarmcntiiin  df|iiessiTunt. 

XVlll.  Scd  Julius  Atticus  piTctorto  capite  ct  rccurvalo, 
ne  paslinum  effuijiat ,  praidictum  scuumi  ilciinTsit.  Pa.sti- 
numautem  vocant  a^i  icola;  fcrramciitnui  liiriircuni,  quo 
semina  panguntur.  Unde  eliam  repaslinari  ilii  la'  sunt  vi- 
nc:c  veteres,  qua'  refodiebantur.  Haceiiim  pro(iiia  appel- 
lalio  reslibilis  vineti  erat ;  nunc  aiiliqiiitatis  imprudens 
consueludo  quicquid  emoti  soli  vinels  piaqiaratur,  rcpasli- 
nntum  vocat.  Scd  [  rcdcamiis  ]  ad  proposiliim.  Viliosa  est , 
Ht  mea  ferlopinio,  .lulij  Atlici  salio  ,  qiia;  contorlis  cjpili- 
liiis  mallcolum  rccipit;  cjusquc  rci  vitandsD  noii  una  ralio 
csl.  Primumquodnullaslirpsanteqiiamdcponaturvfixala 
et  infracta  melius  provenit ,  qiiam  quae  inte^ra  ct  inviolata 
sine  injuria  dcposita  csl  :  deinde  (piicqiiid  recurvum  et 
snrsiim  vcrsiisspcclans  dcincrsum  cst,  cuni  lcinpcstivum 
i'>:imilur,  in  moduin  liami  rcpiignat  obluclanti  fossoii,  et 


velut  uncus  infixus  solo,  aiite  quam  extralialur,  pra»rum- 
pitur.  Nam  fi  agilis  esl  ea  parte  maleria ,  qiia  lorla  et  re- 
curvata,  cum  deponerelur,  ceperal  vilium.  Propter  quod 
praifractam  majorem  partcm  radicnm  amittil.  Sed  ut  in- 
commoda  ista  privteieani ,  cerle  illiid ,  quod  est  inlmicissi- 
mum ,  dissimulaie  nequeo ;  nam  paulo  ante ,  ciim  de 
siimma  parte  sarmenti  dispiitarcm ,  qiiam  sagittam  dixe- 
lam  vocitari,  collisebam  fereintra  quinlam  vel  sextam 
Scmmaui ,  quae  sinl  [iioxima!  velcri  sarmento ,  fnictiim 
edi.  Hanc  eigo  fiecundam  partem  consuinil,  qui  coulor- 
quet  mallcolum;  qiioniam  et  ea  pars,qua;duplicatur,  Ires 
gemmas  vcl  quatuor  oblinet,  el  reliqiii  duo  vei  Ires  fruc- 
liiarii  ociili  penitiis  in  lerram  dcprimuntur,  mersique  non 
malcrias  setl  radices  creanl.  Ila  evenit,  ul  qund  iii  sagitta 
non  serenda  vitavcriinus  ,  id  seqiiamur  in  ejusmodi  mal- 
lcolo,  qucm  neccsse  est  faccre  loiigiorem,  si  volumus  de- 
lortiim  depangcre.  Sec  dubium,  qiiiii  gcmmai  caciimini 
proxima;,  qiKK  simt  inficcunda;,  in  eo  rcliuquanliir,  ex 
qiiibus  pampini  pulliilant  vet  steriles  vel  certc  luiuus  fe- 
races,  qiios  rustioi  vocant  racemarios.  Quid?  quud  pluii- 
mum  intcrest,  iit  niallcolus,  qiii  dcponitiir,  ea  parle  qiia 
est  a  matre  dccisus,  coalescat,  et  celeritcr  cicalricem  du- 


COLUMELLE. 


travers  un  tuyau ;  eusuite  de  quoi  cetle  eau  creuse 
le  tronc ,  et  forme  par  ces  creux  des  retraites  aux 
fourmis  et  aux  autres  animaux  qui  font  pourrir 
le  pied  des  \ignes  :  or  c'est  precisement  ce  qui 
arrive  au  plant  qu'on  a  ploye  en  le  mettant  en 
terre;car,  comrae  on  Va  entierement  brise  dans 
sa  partie  inferieuie  iorsqu'on  Ta  arraclie  de  la 
mere,  il  a  la  moelle  a  jour  au  raoment  qu'on  le 
met  en  terre  ;  et  les  eaux  venant  a  s'y  insinuer, 
ainsi  que  les  animaux  dont  je  viens  de  parler,  ii 
vieillit  promptcment.  Ainsi  la  meilleure  facon 
dc  planter  un  mailleton  est  de  leplanter  droit  : 
aussi  bien,  des  que  sa  tete  est  inseree  entre  les 
cornes  du  pastinnm ,  il  est  aise  de  la  retenir  dans 
la  gorge  etroite  de  cet  instrument  et  de  Tenfon- 
cerenterre;  et  ce  sarment  ainsi  plante  prend 
bien  plus  tot  racine ,  attendu  quecette  manceuvre 
ne  rempeche  pas  d'en  Jeter  par  satete,  qui  est 
le  cote  par  lequel  il  a  ete  coupe ,  et  que,  lorsque 
ces  racines  sont  crues,  elles  aident  a  cicatriser 
la  plaie;d'ailleHrs  cetteplaiememe,  quisetrouve 
tournee  vers  le  bas  de  la  terre ,  ne  recoit  pas  tant 
d'eau  que  si  elle  etait  recourbee  et  relevee  en 
haut,etqu'ellelaissSt  flltreratraversla  moelle  du 
mailleton,  comme  a  travers  un  entonnoir,  toufe 
Teau  de  la  pluie  qui  viendrait  a  tomber  sur  elle. 
XIX.  La  longucur  qu'il  faiitdonner  a  un  mail- 
leton  n'est  point  fixe,  parce  qu'il  doit  etre  plus 
court  quand  il  a  beaucoup  de  boutons,  et  plus 
long  quand  il  en  a  moins.  Cependant  il  ne  doit 
pas  avoir  plus  d'nn  pied  de  longueur,  ni  moins 
de  neufpouces;  plus  petit,  il  nc  scrait  qu"afleur 
detcrre,  et  par  consequent  soultVirait  de  la  soif 
pendant  Tete;  plns  long,  il  serait  trop  profonde- 
raent  en  terre,et  des  lors  on  auiait  trop  de  dif- 
llculte  a  renlever  par  la  suite,  lorsqu'il  aurait 
prissacroissance  :  encoreceite  methode  est-elle 


pour  lesplats  pays,  car  ron  peut  en  planterd'un 
pied  et  une  palrae  de  longueur  dans  les  terrains 
montueux ,  oii  la  tcrre  est  sujette  a  s'ebouler. 
Nous  en  plantons  au  contraire  dans  les  vallees 
et  dans  les  plaines  humides  qui  n'out  que  trois 
bonrgeons,  c'cst  a-dire  un  peu  moins  de  neuf 
pouces,  raaiscependant  plus  d'un  demi-pied.  On 
les  appelle  Irifjemmes ;  non  pas  qu'ils  n'aient 
strietement  que  trois  bonrgeons,  puisqu'ils  en 
fourmillent  ordinairement  aux  environs  de  Tin- 
cision  qu'on  leur  a  faite  pour  les  separer  de  leur 
mere,  mais  parce  qu'il  ne  leur  reste  que  trois 
jointnres  etautant  debourgcons,  en  necomptant 
point  ceux  qui  foisonnent  sur  leur  tete.  J'ajou- 
terai  a  tous  ces  preceptes  qu'il  faut  que  tout 
horame  qui  plante  des  inailletons  ou  des  marcot- 
tes  evite  le  trop  grand  vent,  comme  le  soleil, 
s'il  ne  veut  pas  que  ces  plantes  se  dessechent.  On 
pourra  les  preserver  avec  quelque  succes  de  cc 
donble  danger,  en  raettant  au  devant  un  raor- 
ceau  d'ctoffe  ou  tout  autre  genre  de  couverture 
assez  cpaisse  pour  les  en  garantir  ;  mais  il  vaut 
encore  raieux  choisir,  pour  faire  ces  plantations, 
un  jour  qui  soit  sans  aucun  hale  de  vent,  ou  du 
moins  oii  le  vent  soit  leger  :  car,  pour  le  soleil , 
il  estaise  de  les  en  garantir  en  leur  procurant  de 
rombre.  Voici  encore  quelques  objets  dont  uous 
n'avons  point  parle,  et  sur  lesquels  il  est  a  pro- 
pos  de  dire  un  mot  avaiit  de  terniiner  ce  traite  : 
ces  objets  consistcnta  savoir  s'il  y  a  de  rutilite 
a  avoir  de  plusieurs  especes  de  vignes ;  s'il  faut, 
dans  le  cas  ou  Ton  en  aura  plusieurs,  lesseparer 
et  les  distinguer  rune  de  !'autre,  ou  les  confon- 
dre  et  Ics  meler  ensembie.  Nous  allons  commen- 
cerpar  resoudre  la  preraicrede  ces  questions. 

XX.  Pour   repondre   a   cette  question ,    un 
agriculteur  avise  doit  planterla  vignequ'iIcroira 


c.it?  Nam  si  id  lacluni  non  est,  velut  pcr  fistiilam ,  ita  per 
apertam  vilis  niedullam  iiimius  hiimor  traliitur,  idemipie 
truncum  caval :  unde  formicis  aliisque  animalibus  ,  qua; 
putrefaciunt  cruia  vitiiim ,  latebrae  piacbentur.  Hoc  autem 
evenit  retorlis  seminibus.  Cum  enim  per  exemptionem  imse 
partes  eorura  pi^fracta;  sunt,  apeila;  medullae  deponnn- 
tur  atque  irrepentibns  aquis  pradictisque  aiiimalibus  ce- 
leiiter  senescunt.  Quaie  pangendi  oplima  est  ratio  recti 
malleoli,  cujns  imum  caput ,  ciim  coiiscrtum  est  bifurco 
^astini ,  angustis  fancibns  feriamenti  facile  continetur  ac 
ileprimitur  :  idque  sarmentiim  sic  depressuui  citius  coales- 
cit.  Nam  et  radices  e  capite ,  qua  recisiim  cst ,  eniittit , 
ca^quecum  accreverunt,  cicatricem  obducunt,  et  alioqiiin 
|ila{!a  ipsa  deorsum  spectans  non  tantnm  recipit  bumorem , 
quantum  illa,qua;  lellexa  et  resupina  moie  infundibuli 
per  mcduUam  transmittit  quicqiiid  aquarum  ccelestium 
supeilluxit. 

XIX.  Longitudo,  qiia; debeal  esse  malleoli ,  parnmc^rta 
cst,  quoniam  sive  crebias  gemmas  liabet,  brevior  facien- 
dus  cst :  seu  laras,  longior.  Atlamen  ncc  major  pede  nec 
dodrante  minorCsse  debet :  bic  ne  per  summa  lerra?  siliat 
astatibus ;  ille  ne  depressus  allius  cuni  adoleverit ,  c.xemp- 


tionem  difficilem  pr.nebeat.  Sed  Ii.tc  in  plano.  Nam  in  clivo- 
sis,  ubi  tena  decuirit,  polest  palmipedalis  deponi.  Vallis 
et  uiiginosi  canipi  situs  patitur  etiam  tiigemmem,  qui  esl 
paullo  minor  dodianle,  longior  ntique  semipede.  Isque 
non  ab  eo  tiigoniiiiis  dictus  est,  qiiod  omnino  trium  ocu- 
loium  est,  cum  feie  circa  plagam ,  qua  matri  abscisus  est, 
plenus  sit  gemmarum;  sed  quod  bis  exceptis,  quibus  est 
fiequens  in  ipso  capite,  Ires  deinceps  aiticulos  totidemque 
gemmas  habet.  Siiper  c<etera  illud  quoque  sive  malleolnra 
sive  viviradicem  serenlem  praemoneo,  ne  semina  exares- 
cant,  immodicum  ventum  solemque  vitare,  qui  uterque 
non  incommode  arcetur  olijectu  vestis  aut  cujuslibet  densi 
tegminis.  Veruntamen  pisestat  eligere  sationi  silentis  vel 
certe  placidi  spiritus  dieni.  Nam  sol  iimbraciilis  facile  de- 
pellitur.  Sed  illnd  eliam,  quod  nondum  tradidimns,  anle 
quam  dispntationi  clausulam  imponanius,  dicendum  cst; 
uniusne  an  plurium  generum  vites  habendae  sint,  ea-que 
separatoc  ac  distinctae  specialiter,  an  confiisae  et  mista;  ca- 
tervatim.  Prius  disseremus  de  eo,  quod  primuni  prop"- 
siiimus. 

XX.  Prudentis  igitur   agricolac   est  vitem,  quam  pi;c- 
cipue  inobaverit,  nulla  intervenienle  alterius  notac  stirp» 


])E  L'AGRICULTURE  LIV.  IIL 


la  meilleure,  sans  la  melanger  d'aueuiie  autre  ' 
espeee,  et  en  augmenter  toujours  la  quantite  le 
plus  qu'il  pourra ;  mais  uu  agriculteur  prevoynnt 
doit  en  plantcr  de  differentes  especes,  parcequ'il 
u'\  a  janiais  d'annee  assez  douce  ni  assez  tem- 
peree ,  pour  qu'il  ne  se  trouve  aucune  espece  de 
vignes  qui  soit  dans  le  cas  de  souffrir  :  car  si 
rannceest  seche,  la  vignequi  a  besoiii  d'humi- 
dite  souffre;  si  elle  est  pluvieuse,  c'est  celle  a 
qui  il  faut  de  la  seclieresse  qui  souffre;  si  elle 
est  froide  et  sujette  aux  brouiilards ,  e'est  celle 
qui  ne  peut  supporter  les  vents  brulants;  et  si 
elle  est  chaude,  c'est  celle  a  qui  la  chaleur  ne 
vautrieu.  ]\Iais,sans  entrer  ici  dans  le  ditail  des 
doramages  que  peuvent  causer  aux  vignes  tous 
les  temps  differeuts  qui  sont  a  Tinlini,  on  peut 
dire  en  general  qu'il  y  a  toujours  quelque  chose 
qui  leur  nuit :  d'ou  il  nrriveque,  si  nous  n'en 
avons  piaute  que  d'une  seule  espece  ,  et  que  le 
temps  qui  est  funeste  a  cette  espece  se  fasse  sen- 
tir,  nous  scrons  alisoluraent  prives  de  vendange, 
puisque,  faute  d'avoirdiffereutesespecesdeceps, 
nousn'en  aurons  poiut  qui  nous  servent  de  res- 
source ;  au  litu((ue,  si  nous  avons  fornie  des 
vignoblesdedifferentesespecesde  vigncs,  il  s'en 
trouvera  iufailiiblement  qiielques-unes,  dans  le 
Dombre,  qui ,  n'ayant  poiut  souffert,  porteront 
du  fruit.  Cependant  ce  motif  ne  doit  point  nous 
faire  multiplier  a  rinfini  les  differentes  espfe- 
cesde  vignes;  et  il  suffira  que  nous  en  ayons  le 
plus  que  nous  pourrons  de  celles  que  uous  aurons 
jugees  les  meilleures,  ensuite  de  cellcs  qui  en 
approcheront  le  plus,et  enfin  d"une  troisieme  ou 
meme  d'une  quatrierae  espece  :  de  facon  que  nous 
nous  en  fenions  a  une  bande,  pour  mexprimor 
ainsi,  de  quatre  vignes  de  choix,  parce  qu'il 
suffit  de  tenter  la  fortune  par  la  voie  de  quatre 
sortesdevendanges,oudeeinqtoutaupIus.Quant 
a  la  seconde  question  que  jai  proposiie,  je  ne 

consercre,  numeriimque  quam  maximum  ejus  seraper  au- 
gere.  Sed  cl  |iiovidentis  est  diversa  quoqtie  genera  depo- 
nere.  Neque  enim  uuquam  sic  milis  ac  temperatus  cst 
annus,  ut  nullo  inrommodo  vexet  aliquod  vitis  genus. 
Sive  enim  siccus  csl ;  id  quod  Inimore  proficit ,  contrista- 
tur  :  scu  pluvius;  quodsiccilatibusgaudet :  seu  frigidus  el 
pruisosus;  quod  non  esl  patiens  urediuis  :  seu  ferveus; 
quod  vaporom  non  sustinet.  .4c  ne  nunc  mille  tempesta- 
tiiui  injurias  pcrscquar,  seuiper  est  aliquid  ,  quod  vincas 
oirciidid.  Igitur  si  unum  genus  severimus,  cum  id  accide- 
rit  quod  ci  noxium  cst,  tota  vindemia  privabimur.  Ncqiio 
enira  ullumeiil  siil)sidium,  cui  divcrsarum  notarum  slir- 
pes  non  fuerint.  Qiiod  si  vaiii  gcncris  vinela  feceriiuus, 
iliquid  ex  iis  inviDlatiini  erit,qHod  fruclum  perferat.  Ncc 
lamen  ea  causa  nos  debct  compellere  ad  miiUas  viliiim 
varietates  :  scd  qiiod  judiraverimus  cximiiim  genus,  id 
qiianta;  possumus  niullitiidiiiis  cfliciamus;  deinde  qiiod 
proximum  a  primo  :  luin  qiiod  cst  tci  lia?  notEE  vcl  qiiart.T 
quoqiie  :  catcniis  vclul  allilctariim  quodam  contcnli  siiuiis 
{etradio.  Satiscsl  eniin  pcr  quatuor  vel  summum  qiiinqiic 


doute  point  qu'il  ne  faille  distribuer  les  vignes 
parclasses,  et  en  nrranger  chaque  espece  dans 
des  carres  partieuliers,  separes  les  uns  des  au- 
tres ,  ainsi  que  lcs  differentes  classes,  par  des 
sentiers  et  des  chemins  plus  ou  moins  larges.  Si 
je  suis  convaincu  de  la  necessite  de  cette  me- 
thode,  ce  n'est  pas  que  j'aie  pu  gagner  sur  mes 
gens  de  s'y  conformer,  ni  qu'avant  moi  elle  ait 
jamais  ete  suivie  par  aucun  de  ceux  qui  Tont 
le  plus  approuvee.  Cnr  il  faut  convenir  que  c'est 
la  plus  difiicile  de  toutes  les  operntions  rustiques, 
paree  qu'elle  demnndc  une  tres-grnnde  atten- 
tiou  dans  le  choix  du  plant,  et  quelque  connais- 
sance  dans  le  discernement  des  especes ;  deux 
choses  qui  supposent  ordinairement  un  tres- 
graud  bonheur  et  une  prudence  consommee. 
^eanmoius ,  quoiqu'il  arrive  quelquefois  (eomme 
dit  le  divin  Plnton)  que  nous  nous  laissions  se- 
duire  pnr  la  beaute  d'une  chose  qui  nous  a  frap- 
pes ,  et  que  nous  nous  decidions  a  courir  apres 
elle,  sans  que  rinfirmite  de  la  nature  bumaine 
nous  permette  de  fatteindre ,  nous  pourrons 
parvenir  n  ee  que  nous  proposons  ici ,  sans  de 
grandes  diflieultes,  pour  peu  que  nous  vivions 
assez  Ion!4tenips,  et  que  nous  reunissions  la 
seience  et  les  fncultes  avec  la  bonne  volonte. 
II  faut,  a  la  verite,  perseverer  dans  !e  raeme 
projet  pendant  une  portion  assez  considcrable 
de  notre  vie ,  si  nous  voulons  parvenir  a  discer- 
ner  au  bout  de  quelques  annees  un  grand  nom- 
bre  de  vigncs,  d'autaut  que  tous  les  temps  ne 
sont  point  fnvornbles  pour  soccuper  de  ce  dis- 
cernemeut  :  car  il  y  a  des  vignes  que  Ton  ne 
peut  disliuguerni  a  leur  couleur,  ni  a  leur  tronc, 
ni  a  Icui1>  fouets,  parce  qu'il  ne  s'y  trouve  au- 
cune  difference;  au  lieu  qu'on  les  distingue  tres- 
bien  a  leur  fruit  quand  il  est  mur,  et  a  leurs 
feuilles.  Je  n'osern!S  cependant  pns  assurer  que 
tout  autre  que  le  chef  de  famille  lui-meme  puisse 

genera  vindemiae  fortuuam  oppcriri.  De  altero,  quod  mov 
proposueram,  niliil  dubito,  quin  per  species  diserendae 
vites  dispnucnda-quc  sint  in  proprios  liortos ,  semitis  ac  de- 
cumanis  dislinguendje :  non  quod  aut  ipse  potueriin  a  meis 
familiaribus  lioc  obtinere  ,  aut  ante  me  quisquam  eorum, 
(piiquammaximeidprobavcrit,cffccei'it.  Estenimomuiiim 
rii.sticnruni  operum  dinicilliimim.quiactsummam  diligcn- 
tiam  lcgcndis  desidcrat  siMuinibns ,  el  in  liis  discerncndis 
maximaplcrumquc  fclicitate  ct  prudcntiaopiis  cst;.sed  iu- 
tcrdum  (quod  aitdiviniis  auclor  Plalo)  rciiios  pulcliriluda 
traliit  vcl  ca  consectandi ,  qiiiP  propter  infirmitalem  coiu- 
mortalis  natura.'  conscqui  neqiieamus.  Istud  taiucii,  si 
a'tas  suppetat  el  scicnlia  facultasqiie  cum  vulimtalu  con- 
gruant ,  non  «Tgcrrime  perliriemus  :  qiiamvis  non  mininio 
a'latis  spatio  piMscver.-indum  sit,  ut  magniis  niinicrus  per 
aliqnol  aiiiios  ili^rcinatur.  Xeque  cnim  omne  tcmpus  per- 
mitlil  tjiis  ici  jiiilicium;  nam  vites,qnse  propter  similitu- 
dincm  coloris  aut  trunci  ll,igi'Ilorumvedigiiosci  nequeunt, 
maliirofriictu  foliisqiic  dci  hiiantiir.  Qiiam  tamen  diligcn- 
tiam  nisi  per  ipsum  palrcm  familias  exliibcri  posse  non 


COLUMELLE. 


apporter  toute  rattention  necessaire  pour  cela  : 
en  effet,  il  n'y  a  qu'un  homme  negligent  qiii 
puisse  s'en  rapporter  a  son  metayer,  ou  meme 
a  son  vigneron  ;  d'autant  qu'il  y  a  encore  aiijour- 
d'hui  tres-peu  d'agriculteurs  qui  sachent  faire 
le  discernemeut  des  cepsde  raisiii  noir,  qiioique 
ce  discernement  depende  sans  contredit  de  la 
plus  simple  des  operations,  puisque  Thomme  ie 
moins  attentif  peut  aisement  distinguer  la  cou- 
leur  dcsgrappes. 

XXI.  .T'ai  cependant  un  moyen  a  donner  pour 
parvenir  en  tres-peu  de  temps  a  ce  que  je  viens 
de  proposer,  au  cas  que  Ton  ait  deja  d'anciens 
vignobles  :  il  consiste  a  planterdans  des  carres 
separes  des  niailletons  de  toutes  les  differentes 
especes  de  vignes  dont  ils  auront  ete  tires ; 
moyennant  quoi  je  ne  doute  point  qu'on  ne  re- 
tire  en  peu  d'annees  plusieurs  milliers  de  mail- 
letons  de  ces  pepinieres,  et  que  Ton  ne  soit  a 
meme  par  la  de  faire  des  plants  de  vignes  dif- 
ferentes,  et  distrihuees  par  cantons.  II  y  a  plu- 
sieurs  molifs  d'utilite  qui  peuvent  nous  dctermi- 
ner  a  prcndre  ce  parti  :  le  premier,  pour  com- 
meneer  par  les  pkis  legers,  consiste  en  ce  que 
dans  toutes  les  operations  de  la  vie ,  je  ne  dis 
pas  seulement  par  rapport  a  ragriculture  ,  mais 
eneore  par  rapport  a  tout  autre  art,  les  choses 
qui  sont  distinguees  p,ir  leurs  especes  particu- 
lieres  charment  hien  plus  un  connaisseur  que 
eelles  qui  sont  comme  jetees  au  hasard  ca  et  la, 
et  confondues ,  pour  aiusi  dire  ,  en  tas  :  le  second 
consiste  en  ce  qu'un  homme,  venant  a  jeter  les 
yeux  sur  une  terre  plantee  comme  il  faut,  ue 
pourra  s'empecher,  si  peu  verse  qu'il  soit  dans 
la  vie  rustique ,  d'admirer  avec  uu  plaisir  ex- 
treme  la  honte  de  la  nature,  lorsqu'il  verra  d'ua 
c6te  des  vignes  Bitiiricce  chargees  de  fruits ,  de 
Tautre  des  helvuke  qui  ne  leur  cederont  en  rien , 
ici  des  arcelacm,  la  des  spionice  ou  des  basi- 

affirmaveiim.  Nam  credidisse  villico  vel  etiam  Tinitori, 
.socordis  est,  ciira,  quod  longe  sit  facilius,  adliuc  perpau- 
cissimis  agricolis  coijligerit,  ut  iiigii  vini  stirpe  careant, 
quamvis  color  uvae  possit  vel  ab  imprudenlissiino  depre- 
liendi. 

XXI.  llla  tamen  una  mihi  ratio  suppelit,  celeirime  quod 
proposuimus  eiriciendi,  si  sinl  veteranai  vinea;,  ul  sepa- 
latim  surculiscujusque generis singulos liortos  inseramus : 
sic  paucis  annis  multa  nos  millia  malleolorum  ex  insitis 
percepturos,  alque  ita  discreta  semina  per  regiones  consi. 
turos  iiiliil  dubito.  Ejiis  porro  faciendEe  rei  nos  ulilitas 
multis  de  causis  compellere  potest  :  et  ut  a  levioribus  in- 
cipiam,  primum,  quod  in  omni  ratione  vil^e  non  soluui 
agi  icolalionis  sed  ciijusque  disciplinEe  prudenlem  deleclant 
impensiusea,quae  piopriis  generibusdistinguuntur,  qiiani 
qua'  passim  velut  abjecla  etquodam  acervo  confusa  sunt. 
Ueinde  quod  vel  alienissimus  ruslica;  vitae,  si  in  agrum 
lempestive  [consitum]  veniat,  summa  cum  voluptate  na- 
tuia!  benignitalem  miretur,  cum  istinc  Biturica;  fruclibus 
opima;,  hinc  paiesiis  helvolse  respondeant  :  illiuc  arcela- 


licw,  qui  feront  leur  pendant;  et  que  laterre  qul 
portera  toutes  les  annees  ces  fertiles  productions, 
scmbiable  a  une  mere  perp^tuellement  grosse , 
presentera  aux  mortels  son  sein  rempli  de  mout 
pour  les  nourrir.  Au  milieu  de  ce  spectacle,  il 
verra  briller  rautomne  charge  de  tous  cotes  de 
fruitsde  toutes  les  couleurs,  et  secondeparBac- 
ehus  portant  ses  pampres  courbes  sous  le  raisin 
hlanc,  jaune,rouge,  et  brillant  par  son  eclat 
pourpre.Mais,quelqueplaisirquecesobjetssoient 
capables  de  causer,  rutilite  Temportera  encore 
sur  Tagrement.  En  effet ,  le  chef  de  famiile  trou- 
vera  d'autant  plus  de  plaisir  a  venir  a  sa  terre, 
pour  assister  au  spectacle  que  lui  presentera  son 
propre  bien ,  que  ce  spectacle  sera  plus  riche ; 
et  ce  que  le  poete  dit  de  Bacchus ,  qiie  ioitt  de- 
vient  beau  partout  oii.  il  porte  ses  regards, 
pourra  s'appliquer  a  lui-meme  ,  puisque  les  fruits 
foisonnent  toujours  en  plus  grande  quantite 
quandlemaltre  est  present,  et  dans  tousleslieux 
ou  ses  regards  se  portent  souvent.  Mais  je  ne 
m'en  tiens  pas  a  cet  avantage ,  qui  peut  avoir 
egalement  lieu  a  Toccasion  des  vignes  meme  qui 
ne  sont  pas  separees  par  especes ;  et  je  passe  a 
d'autres  avantages  plus  essentiels,  qui  resulte- 
ront  de  leur  distribution  par  classes.  Toutes 
les  differentes  especes  de  vignes  ne  detleurissent 
pas  egalement,  et  ne  parviennent  pas  dans  le 
meme  temps  a  leur  maturite.  Cest  pourquoi  il 
devient  absolument  necessaire  que  ceux  dont  les 
vignobles  ne  sont  pas  distribues  par  differentes 
especes  e^suient  de  deux  inconv6nients  Tun,  ou 
qu'iis  recueillentle  fruit  tardif  avee  lefruit  hatif, 
ce  qui  fera  tourner  leur  vin  a  Taigre,  ou  que 
s'ils  attendent  que  le  raisin  tardif  soit  miir,  ils 
perdent  la  vendange  du  raisin  hatif,  qui,  etant 
expose  aux  ravages  occasionnes  par  les  oiseaux, 
par  les  pluies  et  par  les  vents,  finiracommune- 
ment  par  etre  devaste.  S'ils  veulent  au  contraire 

cae,rursus  illinc  spionia»  basilicaeve  conveniant,  quibus 
alnia  telius  anniia  vice  velut  aeterno  quodam  piierperio 
heta  niorlallbus  distenla  musto  demittit  ubera.  luter  quae 
patre  tavente  Lihero  foelis  palmitibus  vel  generis  alhi  vel 
llavenlis  ac  rutili  vel  purpureo  nitore  micantis,  undiqiie 
versicoloribus  pomis  gravidus  collucet  autumnus.  Sed  haec 
quamvis  plurimum  deleclent,  utililas  tamen  vincit  volu- 
ptatem.  Nam  et  paler  familias  libentins  ad  spectaculum 
rei  siiae,  quantoest  ea  luculentior,  descendit;  et,  quod  de 
sacio  numiiie  poeta  dicit,  Et  quocunque  dcus  circum 
caput  egit  ftonestum,  verum  quocunque  domini  praesen- 
tis  oculi  frequenler  accessere,  in  ea  parte  majoreiii  in  mo- 
dum  friictus  exuberat.  Sed  oiuitto  illud,  quod  indescri- 
ptis  eliam  vitibus  conlingere  polest :  illa  quae  sunt  maxiine 
speclanda,  persequar.  DiversK  nola;  slirpes  nec  pariter 
dillorescunt ,  nec  ad  malui  itatein  simul  perveniunt.  Quam 
oh  caiisam ,  qui  separala  geiieribus  vineta  non  babet, 
palialur  alterum  iucommodum  necesse  est,  ut  aulserum 
fructum  cuni  praecoqiie  elevet,  quae  res  mox  acorem  facil; 
aiil  si  maturilalem  serolini  expeclet,  amitlal  vindeiniaui 


DE  L'AGRICULTURE  LIV.  III. 


recucillir  lc  friiit  de  eliaque  espeee  de  vignes  a 
part,  et  ehacun  dans  leurtemps,  il  faut  d^abord 
qu'ils  sVxposent  au  hasard  d'("tre  trompes  par 
les  vendangeurs,  pareequ'ils  ne  pourront  pas 
leur  donner  a  ehaeun  un  chef  pour  les  observer, 
ct  pour  leur  ordonner  de  ne  pas  cueillir  le  raisin 
vert  avee  le  mur.  II  arrivera  en  outre  que  le 
raisin  ,  quoiqu'a  son  point  de  maturite,  se  trou- 
vant  melange  de  differentes  especes,  ne  pourra 
jaraais  se  conserver  longtemps ,  parce  que  le  gout 
du  meilleurseracorrompuparceluidu  plusmau- 
vais,  et  que  le  pout  de  plusieurs  se  trouvera 
reunien  un  seul.  Des  lors,  Tagriculteur  sera  con- 
traint  par  la  neeessite  de  presser  la  vente  de  son 
vin;  au  lieu  quil  gagnerait  beaucoup  plus  s'il 
pouvait  la  differer  jusqu'a  rannec  expiree ,  ou  du 
moins jusqu'a  lete.  Cette  separation  des  vignes 
par  classes  a  encore  d"autres  eommodites  consi- 
derables,  qui  consistent  en  ee  que  le  vigneron 
fera  plus  aisement  la  taille  de  ehacune,  quand 
il  saura  de  quelle  especc  de  vignes  sera  eouvert 
le  earre  qu'il  aura  a  tailler;  au  lieu  que  cette 
operation  est  d'une  execution  tres-diflicile  dans 
ks  vignobles  dedifferents  plants,  parce  que  la 
taille  se  fait  le  plus  souvent  dans  un  temps  ou  les 
vignes  n'ont  pas  meme  defeuilles  sensibles,  aux- 
quelles  on  puisse  les  reconnaitre.  II  importe  en- 
core  beaucoup  que  le  vigneron  laisse  plus  ou 
moins  de  bois  aux  vignes,  suivant  la  nature  de 
chaque  espece  differente ,  et  qu'il  les  exciieen 
leur  laissantdelongs  fouets,  ou  qu'il  les  reprinie 
en  les  taillant  de  court.  Bien  plus,  le  cote  du  ciei 
vers  lequel  sera  tournee  chaque  espeee  de  vigues 
n'est  pas  ua  point  moins  important  :  ear  toutes 
les  vignes  ne  se  plaisent  point  dans  une  position 
chaude,  non  plusque  dans  une  position  froide  ; 
et  chaque  eep  a,  au  contraire,  sa  vertu  parti- 


culiere,  qui  fait  c|uc  les  uns  se  fortifient  au  midi 
parce  que  le  froid  les  fatigue,  que  les  autres 
eherchent  le  cote  du  septcntrion  paree  qu'ils 
souffrentduchaud,etquequelques-unsseplaisent 
dans  la  temperature  moderee  soit  de  Forient, 
soit  du  couchant.  Or,  quieonqne  met  a  part  les 
differentes  especes  de  vigncs  dans  des  carres 
differents,  observe  toutes  ees  varictes  d'apres 
la  situation  et  Tassiette  des  lieux.  II  en  retire 
eneore  un  autrc  avantage  qui  n'est  pas  peu  con- 
siderable ,  et  qui  consiste  en  ce  qu'il  a  moins  de 
peine  a  vendanger,  et  qu'il  lui  en  coute  moins 
de  frais.  Eii  effet,  on  eueille  a  temps,  dans  ce 
cas-la,  le  raisin  qui  murit  le  premier,  et  on  dif- 
fere,  sans  aucun  inconvenient,  de  cueillir  celui 
qui  n'est  pas  encore  mur  ;  de  sorte  que  le  raisin 
qui  est  niur  depuis  longtemps  ne  se  joint  pas 
avee  eelui  qui  n'est  qu"a  son  point,  pour  faire 
precipiter  la  vendange ,  et  pour  forcer  de  louer 
ungrandnombredejournaliersaquelqueprixque 
ee  soit.  Voici  encore  un  avantage  considerable 
qui  en  resulte  :  c'est  que  Ton  peut  serrer  et  met- 
tre  a  part  le  vin  de  chaque  gout  different ,  sans 
le  melanger  ct  dans  toute  sa  purcte,  soit  qu'ii 
soitfait  avcc  du  raisin  Biluricus,  soit  qu'il  soit 
fait  avec  du  basilicus  ou  du  spio?iicus;  et  que 
ees  differents  vins  etant  ainsi  serres,  comme  il 
ne  s'v'  trouve  point  de  qualites  disparates  qui  les 
empt^chent  de  se  conserver,  ils  acquierent  du 
renom  en  vieillissant ,  leur  gout  cessant  d'avoir 
rien  d'ignoble  apres  quinze  ans  ou  un  peu  plus, 
puisque  c'est  le  temps  apres  lequel  presque  tous 
les  vins  sont  au  point  de  ne  plus  acqucrir  que  de 
la  bonte,  a  mesure  qu'ils  vieillissent.  Ilestdonc 
tres-utile,  eomme  nous  nous  sorames  propose 
de  !e  prouver,  de  separer  les  unes  des  autres  les 
differentes  espeees  de  vignes.  Si  on  ne  peut  pas 


pr^coquem,  quae  plcriinique  populationibus  volucrum 
pluviisque  aul  venlis  lacessila  dilabilur.  Si  vero  inteije- 
clionibus  capere  cujusqiie  geiieris  (riictum  aveat ,  prinium 
necesse  est,  nt  negligenliae  vindemiatorum  aleam  subcat: 
iieque  enim  singiilis  totidem  antislites  dare  potest,  qui  ob- 
servent,  quique  praecipiant,  ne  aceib<E  uv,-e  [cum  matu- 
ris]  demetantur  :  deinde  etiam  quarum  vitium  maturitas 
competit,  cum  diversae  nots  sint,  melioris  giistus  ab  de- 
liTioie  corrumpitur,  confususque  iii  unum  mullarum  sa- 
por  vetuslatis  impatiens  fit.  Atque  ideo  nccessitas  cogit 
Mgricolam  niusti  annonam  expeiiri  :  cuin  plurimum  pretio 
;iccedal,  si  venditio  vel  in  aniiuin  vel  in  a>statem  certe 
liiffeiri  possit.  Jam  illa  generuni  separatio  summam  com- 
inoditalem  liabet,  quod  vinitur  suam  cuiipie  facilius  piita- 
lionem  reddet,  cuni  scit  cujiis  nolae  sit  borlus,  quem  de- 
putat :  idqiie  iii  vineis  consemineis  observari  diflicile  est; 
quia  major  pnrs  putationis  per  id  teinpus  administratur, 
quo  vilis  ueque  foliiim  notabile  gerit.  At  niultum  interest , 
pluresne  an  paiiciores  inateiias  pio  natiira  cujiisiiue  stir- 
|iis  vinitor  summitlat,  prolivisne  llagellis  incitet,  aii  aii- 
gnsta  putatione  vilcm  coen-eat.  Quin  etiam  quain  c.Tli 
parteni  speclet  genus  quodque  vineti  pluriroum  refert. 


Keqiie  enim  omne  calido  statu,  necrursus  frigido  l.-vlatur; 
sed  est  proprietas  in  siiiculis,  ut  alii  ineiidiano  a\e  con- 
valescant,  quia  ligore  viliantur;  alil  Septentiionem  desi- 
derent,  quia  conlristautur  sestu;  qiiidam  teinperamento 
liTtenlur  Orientis  vcl  Occidentis.  Has  differenlias  seivat 
prositu  et  positione  locorum,  qui  genera  per  liortos  sepa- 
rat.  Illam  quoque  non  exiguam  seqiiilur  utililatem  ,  quoct 
et  laboiein  vindemiie  ininorem  patitur  et  sumptuin.  Nam 
ul  qua;quc  matiirescere  incipiunt ,  tempeslive  lcguntur,  ct 
qu«  nondum  maturitatein  ceperunt  uv»,  sine  dispendio 
differiinlur.  Nef  pariter  vietus  atque  tempestivus  (ructns 
piiccipitat  vindeniiam,  cogitqiie  plureis  operas  quanto- 
cunque  pretio  condiicere.  Jam  et  illud  magna;  dotis  est , 
posse  gu.stum  ciijusque  generis  non  mistuin.sed  vere  me- 
riimcondeie  ac  separatim  reponere,  sive  cst  ille  Bituri- 
cus  seu  basilicus,  seu  s|iionii'us.  Qiia"  genera  cuin  sic  dif- 
fusa  sunt,  quia  nihil  inlervenil  divers.^e  natura^  quod  re. 
pugnet  perpetuilati,  nnbilitaiilur.  Ncquc  enim  post  annos 
quiiidecim  vel  paulo  pluies  deprHiendi  potcst  iguobilitas 
in  gustu  :  qiioniam  fere  omne  vinum  eam  qualitatem  sor- 
tiUim  est,  utveluslate  acqiiiiat  bonilalem.  Quare,  ut  di- 
cere  iDstituiinus,  utilissima  esl  generum  dispusitio;  quani 


254 


COLUMELLE. 


cependant  y  parvenir,  il  y  a  un  second  procede 
a  suivre ,  qui  consiste  a  ne  planter  ensemble  de 
differentes  especes  de  vignes  que  celles  qui  pro- 
duiront  du  raisin  d'un  tneme  goiit ,  et  qui  mu- 
rira  dans  le  merae  temps.  On  peut  aussi,  si  Ton 
a  du  gout  pour  les  fruits,  planter  des  tetes  de 
figuiers  ,  de  pommiers  et  de poiriers a  1'extiemite 
des  rangees,  pourvu  qu'on  n'en  mette  que  sur 
les  lisieres  du  vignoble  qui  sont  exposees  au  sep- 
tentrion ,  de  peur  que  quand  ees  arbres  seront 
venus,  ils  n"ombragent  trop  les  vignes  :  on  les 
greffera  lorsqu'ils  auront  deux  ans,  ou  bien  on 
les  transportera  quand  ils  seront  deja  forts,  pourvu 
qu'ils  soieiit  de  bonne  qualite.  Voii;\  pour  ce  qui 
concerne  la  piantation  des  vignes.  Rcste  la  partie 
la  plus  importante,  je  veux  dire  celle  qui  con- 
ccrne  leurculture  :  partie  quenoustraitcronsau 
long  dans  le  volume  suivant. 


LIVRE  QUATRIEME. 

Vous  dites,  P.  Silvinus,  que  lorsque  vous 
eutes  fait  a  plusieurs  amateurs  d'agriculture  la 
lecture  du  livre  que  j'ai  compose  sur  la  planta- 
tion  des  vignes ,  il  s'en  trouva  quelques-uns  qui , 
en  approuvant  tous  les  autres  preceptes  que  j'ai 
donnes,  en  releverent  un  ou  deux  :  premiorement, 
celui  par  iequel  j'ai  voulu  que  Ton  donndt  trop 
de  profondeur  aux  fosses  destinees  a  recevoir  des 
plans  de  vignes,  puisque  j^ajoute  ncuf  pouces  a 
la  profondeur  de  deux  pieds  fixee  par  Celsus  et 
par  Atticus;  secondement,  celui  par  iequel  je 
veux  que  chaque  raarcotte  n'ait  qu'un  seul 
appui ;  ce  qui  leur  parait  peu  prudent,  parce 
que  ces  deux  auteurs  ont  diminue  les  frais ,  en 
permettantd'ecarter  une  raarcotte  en  deux  bran- 


ches,  pourlui  taire  couvrir  deux  appuis  sur  la 
meme  ligned'unerangee.  Au  reste,  ces  deux  ob- 
jections  sont  plutot  foudees  sur  une  equivoque 
quesurun  calculcertain.  En  effet  pourcommen- 
cer  par  repondre  alapremiere,  Pourquoi,  dans 
la  supposition  que  nous  devions  nous  contenter 
d'une  fosse  de  deux  pieds ,  pensons-nous  nean- 
moins  qu'il  failie  labourer  la  terre  au  pastinum 
plus  profondement  que  nous  ne  devons  planter 
lavlgue?  Quelqu'un  dira  que  c'est  afin  qu'i!  se 
trouve  sous  le  pied  de  la  vigne  de  la  terre  tcndre, 
et  dont  !a  durete  n'ecarte  pas  et  ne  repousse 
pas  les  racines  qui  chercheront  a  s'y  introduire  : 
mais  lorsqu'on  aura  fouille  le  terrain  a  !a  beche, 
a  feffet  d'y  faire  des  fosses  a  la  profondeur  de 
deux  pieds  et  demi ,  et  que  l'on  aura  enfonce 
les  plantes  dans  cette  terre  ainsi  remuce,  je 
demande  s'il  ne  se  trouvera  pas  encore  de  la 
terre  tendre  sous  leurs  racines,  puisque  la  terre 
de  ces  fosses  sera  reellement  gonilee  a  plus  de 
deux  pieds  et  denii  de  hauteur,  attendu  que  la 
terre  d'un  terrain  plal  est  infailliblement  plus 
gonflee  lorsqu'e!Ie  est  fouillee  que  lorsqu'elle  ne 
Test  pas.  D'ailleurs  la  plantation de  quelque plante 
que  ce  soit  n'exige  siirement  pas,  gen^rale- 
ment  parlant,  qu'il  se  trouve  sous  elle  un  lit 
de  terre  ameublie  bien  profond ;  et  11  suffit ,  si 
ce  sont  des  vignes,  d'en  etendre  sous  leurs  raci- 
nes  un  demi-pied ,  afin  qu'c!les  y  trouvent  pour 
ainsi  dire  rhospitalite ,  et  qu'e!!es  y  prennent 
leiir  accroissement,  comme  des  enfants  dans  le 
sein  de  leur  mere.  Confirmons  eeci  par  rexem- 
ple  dcs  vignes  mariees  a  des  arbies  :  n'est-il  pas 
vrai  que ,  lorsque  nous  couchons  les  marcottes 
dans  les  fosses  creusees  pour  ces  sortes  de  vignes, 
nous  ne  raettons  que  tres-peu  de  terre  pulverisee 
sous  elles?  La  meilleure  methode  est  donc  de  la- 


si  tanien  obtinere  non  possis ,  secunda  est  ratio ,  ul  diver- 
s»  notae  non  alias  conseias  vites ,  quam  quae  sapoicm  con- 
similem ,  fructumque  matuiitatis ejusilem  praebeant.  Potes 
jam,  sl  te  cura  pomonim  langit,  ultimis  ordinibus  in  ea 
vineti  fine,  qua  subjacet  septentrionibus ,  ne  ciim  incieve- 
rintohumbrent,  cacumina  ficorum  pirorumve  et  malonim 
depanscre,qu8e  vel  inseras  inlerposilo  biennii  spatio,  vel 
si  generosa  sint ,  adulta  transferas.  llactenus  de  positione 
vinearum.  Superest  pars  antiquissima ,  ut  prKcipiamus 
etiam  cultus  earuin,  dequibussequeuti  volumine  pluribus 
disseremus. 


LTBEP.  QUARTU-S. 
I.  Cum  de  vineis  conserendis  librum  a  me  scriptum, Pu- 
bli  Silvine ,  compluribus  agricolationis  studiosis  relegisses , 
quosdam  repertos  esse  ais ,  qui  cactera  quidi  ni  nostia  prrc- 
cepta  laudassent ,  uniim  tamen  atque  alterum  repreliendis- 
sent  :  quippe  seminibus  vineaticis  nimiuni  me  profundos 
censuisse  fieri  scrobes  adjecto  dodrante  siiper  altitudinem 
bipedaueam,  quara  Celsus  et  Atticus  prodidcrant ;  singu- 
lasque  viviradices  singulis  adminiculis  parum  prudenter 


conlribuisse,  cum  permiserint  iidem  illi  anclores  minore 
siimptu  geminis  maleriis  unius  seminis  diductis  duo  con- 
tinua  per  ordinein  vestire  pedameiita  :  quaj  utraqiie  re- 
preliensio  avaram  magis  babet  sestimationem ,  qiiani  veram. 
Eteiiim  (ut  quod  prius  proposui ,  prius  refellam)  si  contenti 
bipedanea  scrobe  futuri  sumus,  quid  ita  censemus  altius 
pastinare  tam  liumili  mensura  vitem  posituri?  Dicet  ali- 
quis,  ut  sit  inferior  tenera  subjacens  terra,  qiia;  non  ar- 
ceat,  nec  duricie  sua  repellat  novas  irrepentes  radiculas. 
Istiid  quidem  contingere  potest  etiam,  si  ager  bipalio  mo- 
vealur,  et  deprimatur  scrobis  in  regesto,  quod  est  fermcn- 
tatum,  plus  dupoiidio  semisse.  Nam  semper  in  plano  relii- 
sius  egesta  luimiis  tumidior  est,  qiiam  gradus  soli  crudi. 
Nec  sanc  positio  seminum  prEealtnm  sibi  cubile  sulisterni 
desiderat :  veruin  abiinde  est  semipedaneam  consitis  re- 
soliitam  vitibiis  ten  ain  subjicere ,  quae  velut  bospitali  afque 
etiam  materno  sinu  reoipiat  incrementa  vircntium.  Exem- 
pliim  pjus  rei  capiamus  in  arbiisto,  iibi  cum  scrobes  defo- 
dimus,  admodumexiguum  polveris  viviradici  subjicimus. 
Verior  igitur  causa  est  depressius  paslinandi,  quoniam 
jugata  vineta  melius  consurgunt  altioribus  demissa  sciobi- 
bus.  Nam  bipedanei  vix  etiam  provincialibus  agricolis  ao- 


DK  L'AGRIGULTURE  LIV.  IV. 


bourer  la  tcrrc  au  pnslhiviti  bieii  profonde- 
ment,  parce  que  les  vignes  destinees  aux  jouss 
sVMevent  dnvantage  a  proportion  de  ce  qu'e1les 
sont  piantees  dans  dcs  fosses  plus  profondes.  En 
effet,  les  fosses  de  dcux  pieds  de  profondeur  sont 
a  peine  dans  le  cas  d'etre  adoptees ,  meme  par 
les  cultivateurs  de  province,  quoique  ceux-ci 
arretent  communemcnt  leurs  vignes  tres-bas  ,  et 
pres  de  terre  :  car ,  pour  les  vigues  qui  sont  desti- 
nees  au  joug ,  elles  doivcnt  etre  assurees  sur  des 
fondements  plus  profonds ,  parce  qu'elles  ont  be- 
soin  de  plus  de  seeours  et  de  plus  de  terre,  des 
la  meme  qu'elles  doivent  montcr  plus  baut ;  et 
c'est  pour  cela  que  Iorsqu'il  s'agit  de  marier  la 
vigne  a  des  arbres ,  personne  ne  s'avise  de  lui 
faire  des  fossesqui  aicnt  moins  de  deux  pieds  de 
profondeur.  Au  reste,  lesagriculteurstirent  peu 
de  profit  des  principaux  avantages  resultants 
d'une  plantation  peu  profonde  :  en  effet ,  ces  avan- 
tages  consistent  en  ce  que  le  plant  se  fortifie  en 
inoiDS  de  temps,  parce  qu'il  n'est  pas  fntigue  par 
une  trop  grnnde  cbarge de  terre  qu'il  ait  a  porter, 
et  en  ce  qu'il  est  plus  fertile,  par  la  raison  qu'il 
est  plus  a  la  superficie  de  la  terre.  Or  ces  deux 
raisons,  sur  lesquelles  s'oppuie  Julius  Atticus, 
sont  refotees  par  rexemple  des  vignes  mariecs 
aux  arbres,  puisque  celles-ci  donuent  liaiiscon- 
tredit  des  ceps  beaucoup  plus  forts  et  plus  feiti- 
les  que  les  autres,  ce  qu'elies  ue  feraieut  pas,  si 
leplant  enterre  profondement  etait  dans  le  cas  de 
souffrir.  Que  ne  pourrais-je  pas  ajouter  a  ces  ob- 
servatious'?  Que  si  d'un  cote  une  terre  labou- 
ree  m  pasli/uim.  seroble  se  gonfler,  comme  si 
elle  ctait  eu  ferraentation,  au  moment  quelle 
est  ameublie  et  dilatce ,  d'un  autre  cote,  peu 
de  temps  apres  le  labour  ,  elle  s'al'faisse  en  se 
condensnut ,  et  se  detache  des  racines  de  la  vi- 
gne,  qui  des  lors  semblent  nager  sur  la  super- 
ficie  du  sol :  or  cet-accident  arrivemoins  souvent 


dans  notre  fncon  de  planter  la  vigne,  puisque 
uous  renfoncons  davantage  en  terre.  Car  qunnt 
a  ce  qu'on  dit  que  le  plaut  souffre  du  froid  au 
fond  de  la  terre,  a  la  verite  nous  n'en  disconve- 
nonspas;  mais  ce  uesera  pas  une  profondeurde 
deux  pieds  neuf  pouces  qui  sera  capable  depro- 
duire  cet  effet,  lors  surtout  qu'ainsi  que  nous 
venons  de  le  dire ,  nous  voyons  les  vignes  ma- 
riees  aux  arbres  se  garantir  de  cette  incorarao- 
dite,  quoiqu'elIes  soient  plantees  plus  profoude- 
meut. 

IL  L'autre  oplnion  dans  laqaelle  ils  sont,  que 
fon  epai'gne  desfrais  en  attncbant  les  fouetsd'un 
seul  pied  deplaut  a  deux  ecbalas  differents,  est 
fausse.  Eu  effet ,  ou  le  cep  de  la  vigne  vient  a  pe- 
rir,  auquelcas  il  setrouve  deux  echalas  sans  vi- 
gnes,  et  des  lors  il  faut  le  remplacer  par  deux  mar- 
cottes,  et  ce  nombre  excedentsera  a  la  charge  du 
cuIlivateur;ouce  cep  vit,  auquel  cass'ilne  porte 
que  du  raisin  noir ,  ou  qu'il  ne  soit  pns  fertile , 
comme  il  arrive  souvent,  le  fruit  manquera  non 
pas  sur  un  seul  echalas,  mais  sur  plusieurs.  Les 
personnes  meme  les  plus  avisees  en  agriculture 
croieut  qu'une  vigneserait  peu  fertile,  fut-elle  de 
la  meilleure  espece,  si  elle  etnit  ainsi  divisee  sur 
deux  echalas ,  par  la  raison  que  le  suc  nourricier 
formerait  alors  une  espece  de  claie.  Cest  pour 
cela  qu'Atticus  lui-raeme  ordonue  de  propager 
les  anciennes  vignes  pnr  sautelle,  plutot  que  de 
les  coticher  tout  a  fait  en  terre ,  parce  que  les 
sautelles  prcnncnt  aisement  racine  en  peu  de 
temps ,  de  fncon  que  chacune  se  trouve  avoir  ses 
racines  particulieres,  sur  lesquelles  elle  eststable 
corame  sur  ses  fondements ;  au  lieii  que  lorsque 
la  vigne  a  ete  couchee  tnut  de  son  long  en  terre, 
son  suc  nourricier  a  plus  de  chemina  paicourir, 
une  fois  qu'elle  a  embarrasse  et  comme  ferme 
de  claies  le  terrain  qui  se  trouve  sous  elle  ;  ou- 
tre  qu'elle  est  tourmentee  par  une  trop  grnnde 


probari  possunt,  apud  quos  liumili  statu  vitis  plerumque 
juxla  teriam  coercetur,  ciimquiejugo  ilestinalur,  allioie 
fundaniento  slabilienda  sil  :ct,  si  rnodoscandil  excelsius, 
plus  alimenli  tenaeque  desideret.  El  ideo  in  maritandis 
arboribus  nemomiuoreni  tripcdanca  scrobem  vilibus  coni- 
parat.  Caeterum  illa  parum  prosunt  agricolarum  studio 
prapcipua  comnioda  liumilis  posilionis,  quod  et  celeriter 
adolescant  semina,  qua;  non  fatigenlur  mullo  soli  pressa 
pondere,  fiantque  uberiora,  qua;  leviler  suspensa  sint. 
Nam  utraque  isla  Julii  Allici  ralio  couvincitur  exemplo 
arhusliva;  positiouis,  qua;  scilicel  multo  validiorem  ferU- 
lioremque  stirpem  reddit ;  quod  non  faccrcnl ,  si  laborarenl 
altius  demersa  semiiia.  Quid,  quod  repaslinala  liunius, 
diim  est  recens  soluta  laxataqiie ,  veliit  ferniento  quodani 
iDtumescit  ?  cum  deinde  non  longissimam  ccpit  vetustatem, 
condensaU  subsidit,  ac  veiut  innatantes  radiccs  vitium 
sunimo  solo  destituit?  lloc  aulem  minus  accidil  iiostra; 
salioni,  in  qua  majore  mensura  vilis  demittitur.  Kain  quod 
in  profiindo  semina  frigorc  laborarc  dicuntur,  nos  quoque 


non  diffitcmur.  Sed  non  cstdupondii  etdodrantis  altitudo, 
qiiaa  istud  eUlcere  possit;  cum  praeseilim ,  quod  paulo 
ante  letulimus,  depressior  arbustiva;  vilis  satio  tainen 
elfugiat  pra'clictum  incommodura. 

II.  AUeriim  illud,  quod  miuori  impensa  duos  palos 
unius  scminis  flagellis  censenlmaiilaii,  falsissitnum  esl. 
Sive  enim  caput  ipsum  demortuum  est,  duo  viduanlur 
slatuniina ,  et  mox  viviradices  totidein  substiluend*  suut , 
qurc  numero  suo  rationein  eultoris  onerant :  sive  vivit,  et 
utsa'pe  cvenil,  vel  nigri  cst  gencris  vel  parum  ferUlis, 
non  in  uno  scd  in  pluribus  pedamentis  fructus  claiidicat; 
(piampiain  etiam  geiieros»  stirpis  vitem  sic  in  diios  palos 
divisani  rcrum  rusticai  iim  prudenliores  existimant  iniiius 
feitilem  fore,  quia  cratem  factura  sit.  Et  idcirco  veteres 
viueas  incrgis  propagarc  polius ,  quam  lotas  sternere ,  idem 
ipse  Atlicus  pra;cipil :  quoniam  mergi  mox  facile  radican- 
tur,  ila  nt  qiixque  vitis  suis  radicibus  tanquain  projiriis 
fuiidamentis  innit^itur.  Ha'c  aiitem ,  qua;  toto  est  prostrat;: 
corpure,  cum  inferius  solum  qiiasi  caacellavit  atqiie  iricti' 


256 


COLUMELLE. 


multitude  de  raciues ,  qui  sout  enchevetrees  Tune 
avec  Tautre ,  et  souslesqucllesellesuccombe,  de 
merae  que  si  elle  etait  chargee  de  beaucoup  de 
branchesafruit.  Ainsije  prefereraisentoutpoint, 
risque  pour  risque,  la  methode  de  planter  deux 
raarcottes  a  celie  de  n'en  planter  qu'une  seule, 
etj'aimerais  mieux  ne  pas  regarder  corame  un 
avantage  qu'on  doive  preferer  a  tout ,  ce  qui  peut 
occasionner  de  bien  plus  grands  doramages  dans 
tous  les  cas.  Mais  robjet  que  nous  avons  traite 
dans  lelivrepreeedent  exige  que  nousentaraions 
celui  que  nous  avons  prorais  de  traiter  dans 
celui-ci. 

III.  Enquelque  genre  dedepenses  quecesoit, 
la  piupart  des  hommes,  comme  dit  Gra?cinus, 
montrent  plus  de  eourage  h  coramencer  une  nou- 
velle  entreprise,  qu'a  la  suivre  quand  elle  est 
achevee.  Quelques-uns,  ajoute-t-il,  bEitissent 
des  maisons  entieres  a  commcncer  par  les  fonde- 
ments ;  et  lorsque  la  b;Uisse  en  est  achevee ,  ils 
ne  lesembellissent  pas.  D'autres  fabriquent  avec 
soin  des  vaisseaux ;  et  lors([u'ils  sont  faits,  ils  ne- 
gligent  de  meme  de  les  equiper  et  de  les  fournir 
d'hommes.  Ceux-ci  ont  la  passion  d"acheter  des 
bestiaux,  ceux-lti  celle  d'acheter  des  esclaves, 
et  ni  les  uns  ni  les  autres  ne  sont  sensibles  au 
soin  de  les  entretenir ;  de  raerae  qu'il  s'en  trouve 
beaucoup  qui  detruisent  par  leur  inconstance  les 
bienfaitsqu'ilsont  versessur  leursarais.  Au  reste, 
ne  soyons  pas  surpris  de  ces  exemples,  Silvinus, 
puisqu'il  y  a  bien  des  gens  qui  nourrissent  avec 
lesine  des  enfants  nes  d'un  legitirae  mariage , 
qui  avaient  fait  tout  robjet  de  leurs  voeux  avant 
qu'ils  les  eussent,et  qui  negligent  de  leur  donner 
aucune  education  soit  du  cote  de  Tesprit ,  soit 
du  cote  du  corps.  Que  doit-on  conclure  de 
lci?  que  comrauneraent  les  cultivateurs  tombent 
aussi  dans  la  raenie  faute,  lorsquayant  fait  de 
tres-belles  plantations  de  vignes,  ils  lesabandon- 


nent  par  differentsmotifs  avant  qu'elles  aient  pris 
leur  accroissement.  Les  uns  ne  veulent  pas  entrer 
dans  des  depenses  qui  reviennent  toutes  les  an- 
nees ,  et  se  persuadent  que  le  preraier  revenu ,  et 
celui  qui  est  le  plus  assure,  est  de  ne  rien  d^pen- 
ser,  comme  s'ils  eusseut  ete  contraints  de  plan- 
ter  des  vignes,  pour  les  abandonner  ensuite  par 
avarice.  II  y  en  a  quelques-uns  qui  s'imaginent 
qu'ilestplusbeaud'avoirde  grands  vignobles  que 
d'en  avoir  de  bien  cultives.  J'en  ai  meme  connu 
un  tres-grand  nombre  qui  etaient  persuades  qu'il 
faliait  cultiver  une  terro,  mais  qu'il  importait 
peu  qu'on  la  cultiv^t  bien  ou  mal.  Pour  moi,  je 
suis  convaincu  qu'il  n'y  a  pas  de  bien  de  cam- 
pagne,  dequelque  nature  qu'il  soit,  qui  puisse  ja- 
raais  etre  profitable,  a  moins  qu'on  ne  le  cultive 
avec  heaucoup  de  soin  et  de  capacile;  et  que  cela 
est  encore  plus  vrai  des  vignes  que  des  autres 
natures  de  biens.  Car  la  vigue  est  une  plante  de- 
licate,  faible,  qui  ne  peut  souffrir  rien  de  ce  qui 
peut  lui  nuire,  qui  comraunement  se  consume 
par  trop  de  travail  et  de  fertilite ,  et  que  sa  fe- 
condite  fait  perir,  si  elle  n'est  pas  moderee.  Ce 
n'est  pas  que  lorsqu'eIle  est  une  fois  devenue 
forte  a  un  certain  point ,  et  quelle  a  comme  ac- 
quis  la  vigueur  de  la  jeunesse ,  elle  ne  supporte 
alors  la  negligence  du  cultivateur.  Mais  si ,  lors- 
qu'elle  est  jeune,  on  ne  lui  fournit  pas  tout  ce 
qui  lui  est  necessaire  jusqu'a  ce  qu'elle  ait  pris 
sa  croissance,  elle  maigrit  excessivement,  et 
tombe  dans  une  langueurdont  aucunes  depenses 
nepeuvent  plusensuite  la  relever.  Cest  pourquoi 
il  fautd'abord  poser,  pour  ainsi  dire,  ses  fonde- 
ments  avec  le  plus  grand  soin ,  et  arranger  ses 
memhres  des  le  premier  jour  qu'clle  est  plantee, 
comme  on  arrange  ceux  des  enfants  qui  viennent 
de  naitre ;  faute  de  quoi  toute  la  depense  qu'ou 
a  faite  pour  elle  tombe  en  pure  perte,  et  quand 
on  aura  laisse  passer  le  temps  propre  a  chaque 


vit,  cratem  facit,  et  pluribus  radicibus  inler  se  connexis 
angilur, nec  aliter  quam  si  mullis  palmitibus  giavata  de- 
(icit.  Quare  per  omnia  praetuleiim  duobus  polius  semini- 
bus  depositis,  quam  unico  periclilari,  nec  id  velut  com- 
pendimn  consectari,  quod  in  utramque  partem  longe  ma- 
jus  alTerre  possit  dispendium.  Sed  jam  prioris  libri  dispu- 
latio  repetit  a  nobis  promissum  sequentis  exordium. 

III.  ia  omni  genere  impensarum  ,  sicut  ait  GrePCinus , 
plerique  nova  opera  forlius  auspicantur,  quam  luentur 
perfecta.  Quidam,  inquit,  ab  inclioato  dofnos  extvuunl, 
nec  prdedilicatis  cultum  adliibent.  Nonnulli  strenue  fabricant 
navigia,  nec  consummata  perinde  inslruunt  armamentis 
ministrisque.  Quosdam  ematitas  in  armentis,  quosdam 
exercet  in  comparandis  mancipiis  :  de  tuendis  nulla  eura 
taiigit.  Multi  etiam  beneficia  quae  in  amicos  contulerunt , 
levitate  destrunnt.  Ac  neista,  Silvine,  miremur,  liberos 
siios  nonnulli  nuptiis  Totisque  queesitos  avare  nutriunt , 
nec  disciplinis  aut  ca^teris  corporis  excolunt  instrumentis. 
Quld  iis  colligilur?  scilicet  plerumque  simili  genere  pec- 
Ciiii  eliam  ab  agricolis ,  qui  pulclieiiime  positas  vineas. 


anteqnam  piibescant,  variis  ex  causis  destiluunt  :  ali 
sumptum  annuuni  lefugientes,  et  liunc  piinuim  leditnm 
certissimum  existimantes,  impendeie  nihll;  quasi  plane 
fuerit  necesse  vineas  facere ,  qiias  mox  avarilia  •desererent. 
Nonnulli  magna  potiusquam  culta  vineta  possidere  pulclu  um 
esse  ducunl.  Cognovi  jam  plurimos,  qui  persuasum  liabe- 
rent,  agrum  bonis  ac  malis  rationibus  colendum.  At  ego, 
cum  omne  genus  ruris,  nisi  diligenti  cura,  sciteque  exer- 
ceatur,  fructuosum  esse  non  posse  judicem ,  tiim  vel  ma- 
xime  vineas.  Res  enim  est  tenera,  inlirma,  injuriK  ma- 
xime  impatiens,  quae  plerumque  niinia  laboret  uberlate ; 
consumitur  enim ,  si  modum  non  adbibeas,  (oecunditate 
sua.  Cum  lamen  aliquatenus  sc  confirmavit ,  et  veluli  ju- 
venile  robur  accepit,  negligentiain  sustinet.  Novella  vero, 
dum  adolescit,  nisi  omnia  justa  peiceperit,  ad  ultimani 
redigilur  niaciem  ,  et  sic  intcibescit ,  ut  nullis  deinceps  ira- 
pensis  recreari  possit.  Igitur  summa  ciiia  ponenda  suni 
qiiasi  fundamenta,  et  ut  meinbia  infantium  a  primo  sla- 
lim  die  consitionis  formanda  :  quod  nisl  fecerimus,  omnis 
imiiensa  in  cassum  recidat,  nec  pr;ctcrmissa  cujusque  rei 


DE  LAGRTCULTURE,  LIV.  IV. 


operation  sans  la  faire,  on  ne  pourra  plus  le  re- 
troiiver.  Croycz-ni"cn,  Silviniis  ,  d'aprcs  mon  c\- 
pcricncc  :  uiie  visjne  bicn  plantee,  qui  est  de 
bonne  espeee  et  cultivee  par  nn  bon  a£;ricuiteur, 
recompense  toujours  avec  le  pliis  grand  interet 
de  Targent  qu'on  a  depense  pour  elle.  Cest  ce 
que  ce  menie  Gra!einus  nous  demontre  non- 
seulement  par  la  raison,  mais  encore  par  les 
excmples,  dans  le  livre  qu'il  a  composc  sur  les 
vignes ,  iorsquil  raconte  qu'il  a  souvent  entendu 
dire  a  son  pere  qu'un  ccrtain  Parrldius  de  Ve- 
tera,  son  voisin,  avait  pour  tout  bien  deux  filies 
et  un  terrain  plante  en  vignes;  qu'apres  avoir 
doune  le  tiers  de  ee  terrain  en  dot  a  sa  fiile  ainee 
en  la  mariant ,  lcs  deux  tiers  qu'il  s'etait  rescr- 
ves  ne  lui  prodnisaientpasunemoindre  quantite 
de  fruit  que  lc  tout  auparavant;  qu'ensuite  ii  avait 
marie  sa  fille  eadette  avec  la  moitie  de  ce  qui  lui 
etait  reste  de  ce  fonds,  et  que  ce  sccond  partage 
n'avait  pas  encore  diminue  le  revenu  qu'il  tirait 
du  fonds  entier  dans  le  prineipe.  Quelle  conjec- 
ture  cet  auteur  pretend-il  tirer  de  ce  fait,  si  ce 
ii'est  que  la  dcruiere  portion  du  fonds  qui  resta 
ensapossession  fut  mieux  cultivee  par  la  suite, 
que  le  fonds  entier  ne  favait  ete  d'abord  'l 

IV.  P.  Silvinus,  plantons  de^  vigncs  avec 
beaucoup  d'ardeur,  ct  appliquons-nous  encore 
davantage  a  lcs  cultivcr.  La  seule  facon  de  les 
planter  qui  soit  tres-avantageuse ,  est  celle  que 
nous  avons  donnee  dans  le  premier  livre,  et  qui 
consiste  a  !es  couchcr  en  terre  dans  des  fosses 
creusees  sur  un  terrain  laboure  au  pastinu?n , 
a  peu  pres  depuis  le  railieu  de  la  fossc  jusqu'a 
ses  extremites  ,  ou  elles  seront  ensuitc  relevees 
perpendiculairement,  et  attachees  a  des  roseaux. 
II  faut  surtout  prendre  gardequeces fosses n'aient 
!aformed'uneauge,  et  avoirsoinau  contraireque 
leurs  bords  soientbien  perpendiculaircs,  et  que 


2-,  7 

les  anglcsen  soient  bien  prononces.  Car  si  la  vi- 
gne  n'cst  que  pcnchee,  ct  comme  appuyee  sur  !cs 
bords  d'une  auge,  cUe  est  cn  l)utte  aux  blessures 
qu'on  peut  lui  faire  lors((u'on  !a  dechaussera : 
en  effct,  pour  pcu  que  le  fossoyeur,  en  !a  dcehaus- 
sant,  veuille  fouiller  prol'ondement  autour  de 
son  pied,  il  l'endommage  infailliblcraent,  si  ellc 
presente  sous  son  instrument  une  surface  incli- 
nee,  etsouvent  meme  il  la  coupe  tout  a  fait.  Sou- 
venons-nous  donc  de  donner  au  sarment  une  di- 
rection  droite  depuis  le  fond  de  la  fosse  jusqu'en 
haut,  pour  ensuite  l'attacherason  appui :  suivons 
apres  cela  le  reste  de  la  mcthodeque  nous  avons 
prescrite  dans  le  premier  livre,  e'est-a-dire, 
aplanissons  la  terre  autour  de  ce  sarment,  en 
laissant  sortir  deux  de  ses  bourgeons  en  dcliors; 
ensuite  ,  apres  avoir  plante  des  mailletons  dans 
les  rangees  dcs  ceps,  ameublissons  et  pulvcri- 
sons  bien,  par  de  frequents  labours,  !e  terrain 
qui  aura  deja  cte  retourne  au  pastinum.  En 
effet,  pour  que  les  mailletons,  les  marcottes  et 
les  autres  especes  de  plants  que  nous  aurons 
mis  en  terre  se  fortifient,  i!  faut  que  !a  terre  soit 
bien  attendrie  et  bien  douce,  qu'e!le  fournisse 
ses  sues  nourriciers  aux  ceps  sans  !es  communi- 
quer  a  dcs  herbes  inutiles,  ct  que  sa  durete  ne 
comprime  pas,  comme  il  arrive  dans  des  terrcs 
plombees,  les  plantes  encore  trop  nouvelles. 

V.  Pour  dire  le  vrai,  on  ne  doit  point  fixer  !e 
nombre  de  fois  qu'i!  faudra  retourncr  le  so!  au 
hoyau  ,  parce  qu'il  est  constant  que  plus  on  re- 
petera  cette  operation,  plus  les  plantes  profite- 
ront.  I\Iais  eommc,  eu  cgard  a  la  depensc  dans 
laquclle  elle  jeltera,  il  faut  se  borner  a  un  ccr- 
tain  nombre  de  fois,  la  plupart  ont  cru  qu'il 
suffisait  debeeher  les  nouvcaus  plants  de  vigncs 
une  fois  par  mois,  depuis  les  calendcs  de 
marsjusqua   eclles  d'octobrc,  et  d'en  e.xtirier 


tcmpestivitas  revocari  qiieat.  Esperto  niilii  credc ,  Silvine, 
bcnc  positam  vineam  bonique  geueiis  et  bono  cultoie  nun- 
quam  non  cum  masno  ((cnore  gratiam  red(3idisse.  Uique 
iiou  soluui  ralione  sed  cliaui  exeniplo  nobis  ideni  Gi;cci- 
nus  dfclarat  eo  iibro,  quoui  de  vineis  scripsit,  cum  refert 
ex  palre  suo  ssepe  se  audire  solilum,  Paridiuui  quendam 
Veterensem  vicinuni  suum  duas  lilias  ct  vineis  consiluin 
1ial)uisse  fundum;  cujus  partem  teitiam  nul)cnti  majori 
fili.T  dedisse  in  dotem ,  ac  niliilo  ininus  .T^pie  magnos  frii- 
ctnscx  duabus  partibus  ejusdem  fuudi  percipere  solitum. 
Minorem  deinde  filiaui  nuptum  collocassc  iii  dimidia  partc 
reliqui  agri,  nec  sic  ex  pristino  redilu  dctraxisse.  Quod 
quid  convincit .'  nielius  scilicct  postea  cultam  esse  tertiam 
illam  fuiidi  partcm ,  quani  antca  universam. 

IV.  El  nos  igitur,  Publi  Silvine,  niagno  animo  vineas 
ponamus,  ac  majore  studio  colamus.  Quarum  consitionis 
sola  illa  commodissima  ratio  cst ,  qiiaiii  priorc  tradldimns 
exordio,  ul  facla  in  pasliiiato  scrobc,  vills  a  mcdia  fcre 
parle  sulci  proslernatur,  cl  ad  (rontcni  cjiis  ab  imo  usque 
iccla  materies  cxi.catur,  calamoque  applicetur.  Id  ciiiui 
pnrcipue  observandum  ol ,  no  similis  sit  alvco  sciobis, 

r.OLCaEl.LK. 


sed  ut  cxpressis  angnlis  vcliit  ad  perpendiciiliini  froiitcs 
ejiis  dirigantiir.  Nam  vilis  supina,  ct  vcliit  iccuniliciis  in 
alveo  dcposila,  postea  qiium  ablaqiicatur,  vulncribiis  nb- 
noxia  est.  Nani  diim  exaltarc  lorlius  orbeni  ablaqiicatio- 
nis  fossor  studct ,  obliquam  vitem  plerunique  saiiiiat.ct 
non  nimqiiani  pra^cidit.  Memincrimus  ergo  usqiic  ab  iiiio 
scrobis  siilo  rcctum  adminiculo  sarmentum  applicare,  et 
ita  in  summum  perdiiccrc.  Tiim  cffitera,  ut  prioie  libro 
pia!ccpimus.  Ac  dei;i(lc  dnabiis  gemmis  supcr  cxlantibiis 
tcrram  cn.vquare.-  Delnde  mallcolo  inter  ordincs  posllo 
crcbris  rossionibus  pastlnatiiin  resolvere  atqnc  in  pulve- 
rcm  icdigcre.  Sic  enini  optinie  et  viviiadices  et  rcliqiia 
semlna ,  (|U.Te  deposuerimiis,  convalesccnt ,  simul  actcncra 
bumiis  nullis  hcrbis  irrcpcntibus  humorem  stirpibiis  pra;- 
buciit  :  nec  diirilia  soli  novcllas  adliuc  planlas  vclut  arcto 
vinciilo  compresseiit. 

V.  Xumcrus  autem  verlcndi  soli  bidentibus,  ut  verum 
fatcar,  definicndus  non  csl,  cum  quanto  crebrior.sit,  plus 
prodessc  fossionem  convcniat.  Scil  quoniam  impcnsariim 
latio  modum  posliilat,  salis  plcrisquc  visnm  cst,  cx  la- 
Icndis  Marliis  iisqiie  iii  Oclobres  Irlgesimo  quoqiic  die 


COLUMELLE. 


toutes  les  lierbes  et  surtoutle  granien,  paree  (lue 
si  on  n'arrache  pas  eutieremeut  ees  herbes  a  ia 
maln ,  et  qu'on  ne  les  jette  pas  sur  la  superfieie 
du  sol,  si  peu  qu'il  en  reste  qul  soient  couvertes 
de  terre,elles  revivront,  et  finiront  par  briiler  le 
piant  de  vignes,  au  point  de  le  rendre  en  peu  de 
temps  galleux  et  desseche. 

VI.  Soitque  !a  vigne  ait  ete  plantee  parmail- 
letons ,  soit  qu"elle  Tait  ete  par  marcottes  ,  il  est 
bon  de  la  facoinier  des  le  principe  et  d'en  snppri- 
mer  toutes  !es  pnrties  superflues,  en  repamprant 
souvent ,  pour  empeciier  que  ses  forces  et  toute 
sa  nourriture  ne  s'eparpillent  en  plus  d'uDe  tige. 
Cependant  on  !ui  laisse  dans  le  comraeneement 
deux  pampres,  atin  qu'i!  y  en  ait  un  qui  serve 
de  ressource,  au  cas  que  l'autre  ne  vienne  a  perir; 
mais  lorsquils  aurout  par  la  suite  pris  un  peu 
de  foree ,  on  en  retrancliera  le  plus  mauvais ;  et 
pour  empecher  que  celui  que  !'on  aura  laisse  ne 
puisse  etre  abattu  par  les  vents  orageux,  i!  sera 
bon  de  !'attaelier,  a  mesure  qu"il  s"elevera,  avec 
des  liens  tendres  etlaches,  jusqu'a  ce  qu'i!  soit 
enctatde  saisir  !'appui  qui  lui  est  destine,  avec 
les  vriilcs  qui  lui  (ieuneut  lieu  de  mains.  Quoi- 
queuous  pensions  qu'il  ne  faut  pas  moins  epam- 
prer  les  mailletons  que  les  ceps  qui  soot  dans  les 
rangees  ,  on  peut  ncanmoins  se  dispenser  de  leur 
faire  cette  operation ,  quand  la  rarete  des  journa- 
iiers  empeehera  de  la  fuire ;  au  lieu  qu'on  ne  s"en 
dispensera  jamais  a  l'egard  des  ceps  qui  sont  dans 
les  rangees,  a  moins qu'ou  ne  pense  k  se  pourvoir 
de  provius  pour  la  suite ,  parce  que  cette  opera- 
tion  ieur  est  necessaire  pour  empecher  que  la  trop 
grande  multitude  de  fouels  ne  les  maigrisse,  et 
afin  qu'ils  n"aient  chacun  quune  tige  a  nour- 
rir.  On  aura  soin  de  provoquer  l"aceroisseraent 
de  cette  tige  en  y  appliquant  un  appui  suffisam- 


ment  elcve,  pour  qu'en  se  glissant  le  long  de 
cet  appui,  elle  puisse  passer  par-dessus  lejoug 
auquel  on  !'attachera  la  seconde  aunee  de  sa 
plautation,  et  en  descendre  en  se  courbant  de 
Tautre  cote  pour  porter  du  fruit.  Lorsque  les  vi- 
gnes  auront  atteint  cette  hauteur,  il  faudra  rora- 
pre  leur  cime  afin  qu'elles  prennent  du  corps, 
et  qu'elles  ne  s"affaiblissent  pas  en  se  jetant  dans 
nne  longueursuperflue.  INousepampreronscepen- 
dant  !e  sarment  meme  que  nous  laisserons  mon- 
ter  eu  tige ,  depuis  son  pied  jusqu"a  la  hauteur  de 
trois  pieds  et  demi ,  et  nous  arracherons  souvent 
tous  les  rejetons  qu"il  pourra  avoir  jetes  sur  ses 
e6tes  dans  ce  premier  temps.  Mais  il  ne  faudra 
toucher  a  rien  de  ce  qui  sera  pousse  sur  sa  partie 
superieure ;  et  il  sera  plus  a  propos  d'attendre 
rautomne  pour  letailler  avec  la  serpette,  que 
de  !'epamprer  en  ete,  parce  que  sitot  qu'on  Ta 
epampre,  il  parait  toujours  un  rejeton  a  Ten- 
droit  meme  d"ou  on  en  a  6te  un  ,  et  que  ce  uou- 
veau  rejeton  venant  a  pousser ,  i!  ne  reste  plus 
d'oei!  sur  la  tige  qui  puisse  donner  du  fruit  Pan- 
nee  suivante. 

VII.  Le  temps  propre  h  epamprer,  en  tel  cas 
qu'on  le  ftisse,  c'est  lorsque  les  pampressont  as- 
sez  tendres  pour  se  laisser  abattre  au  moindre 
toucher;  ear,  pour  peu  qu'i!s  soient  devenus 
tropdurs,  il  faut  alors  ou  faire  de  plus  grands 
efforts  pour  les  arrachcr,  ou  les  tailler  a  la  ser- 
pette.  Or  ce  sont  deux  choses  qu'il  faut  egale- 
ment  eviter  :  Tune,  parce  que  les  efforts  ne- 
cessaires  pour  les  arracher  dechirent  la  mere; 
!"autre,  parce  que  la  taille  lui  fait  une  bles- 
sure  qui  est  toujours  pernicieuse  dans  une  plante 
encore  verte ,  et  qui  n"cst  pas  encore  parve- 
nue  a  son  degre  de  maturite.  En  effet ,  la  plaie 
qui  en  resulten"est  pas  eirconscrite  par  les  tra- 


novella  vineta  confodere,  oninesque  lierbas  et  prajcipue 
gramina  extirpare,  qua;  nisi  manu  eliguntur,  et  in  sum- 
mum  rpjiciuntur,  quautuiacunque  parte  adobruta  sunl, 
reviviscHut,  et  vitium  seniina  ita  perurunt,  ut  scabra 
atque  retovrida  erticiant. 

VI.  Ea  porro  sive  nialleolos  seii  viviradices  deposui- 
mus,  oplimura  est  ab  initio  sic  formare,  ut  frequenti 
pampinalione  supervacua  detraliamus;  nec  patiamur  plus 
quam  in  unain  materiam  viies  etomnealiinentum  couferre. 
Primo  tanien  biui  pampini  submittuntur,  ut  sit  alter  sub- 
sidio,  si  aller  forte  deciderit.  Cuni  deinde  paulum  indu- 
ruerevirgae,  tuin  deleriores  singula;  detraliuntur.  Ac  ne 
qua?  relittae  sunt  procellis  ventorum  deculiantur,  molli  et 
laxo  viiiculo  adsurgenles  subsequi  conveniet,  dum  clavi- 
culis  suis  quasi  quibusdam  manibus  adminicula  compre- 
liendant.  Hoc  si  operai um  penuria  faceie  proliibet  in  mal- 
leolo,  quem  et  ipsum  pampinaie  censemus  :  at  cerle  in 
ordinariis  vitibus  utique  obtiuendum  est,  ne  pluribus  (la- 
geilis  eniacienlur,  nisi  si  piopaginibus  fuluils  prospicie- 
n.us :  sed  iit  siiigulis  maleiiis  scrviant ,  quarum  incrementa 
eliceie  debemus,  applicato  longiorc  adminlculo,  per  quod 
piurepaut  in  tanlum ,   ut  sequentis  anni  jugum  exsupe- 


rent,  et  in  friictum  ciirvari  possint.  .^d  quam  mensuram 
cum  increveiiiit,  cacumina  infiingenda  sunt,  ut  poliu* 
crassiludinc  convalescant,  quam  supervaciia  longiludine 
at  Ipnuenlur.  Idem  tamen  sarmentiim  quod  in  materiam  sub- 
mitlimus,  ab  imo  usque  in  tres  pedes  et  semissem  pam- 
piuabimiis ,  et  omues  ejus  inlra  id  spatium  nepoles  enatos 
sa?pius  decerpemus.  Quidquid  deinde  supia  germinaverit, 
inldclum  relinqui  oporlebit.  Magis  enim  convenit  proximo 
autumno  falce  depiitari  superiorem  paitem,  quam  a?slivo 
lcmpore  panipinari ,  quoniam  ex  eo  loeo ,  unde  nepotem 
ademeris,  conresliin  alterum  fundit  :  qiio  enato,  niillus 
relinquitur  oculus  in  ipsa  niateria,  qui  sequenti  anuo  cum 
fructu  germinet. 

VII.  Omnis  autem  pampinalionis  [ea]  est  tempestivitas, 
dum  adeo  leiieri  palmiles  siint,  ut  levi  lactu  digiti  decutian- 
tur.  Nam  si  vebenicnlius  iuduruerint,  aut  majore  nisu 
convelleudi  suut,  ant  falce  depulandi;  quod  utrumque 
vitanduni  est.  Alterum  ,  quia  lacerat  matrem ,  si  revellere 
coneris  :  alleium,  quia  sauciat,  quod  in  viridi  et  adliuc 
stirpe  immaliira  fieri  noxium  est.  Neque  enim  eatenus 
plaga  consistit,  qua  vestigiiiiu  fecit  acios  :  scd  astivis  ca- 
loribus  (alce  vulnus  penitus  impressum  laliusinarescil  ila, 


DE  L'AriRICULTURE,  TIV.    IV. 


ces  de  rinstrument ;  mais  la  blessiire,  qui  se 
trouve  iraprimee  trop  profondement ,  desseche 
beaucoup  plus  loin  la  plante  pendant  leschaleurs 
de  retc,  au  point  meme  quune  tres-grande  par- 
tie  du  corps  de  la  mere  eii  meurt.  Cest  pourquoi , 
si  Ton  est  forcc  d"avoir  recours  a  la  serpette , 
parce  que  les  parapres  scront  deja  trop  durs  ,  il 
ne  faudra  pas  les  separer  de  la  mere  en  enticr, 
mais  il  faudra  en  laisser  iine  partie ,  comme  on 
le  pratique  a  rcgard  des  coursons,  afin  que  le 
dommage  que  la  chaleur  occasiounera  ne  tombe 
que  sur  cctte  parlie.  On  en  laissera  jusquau  pre- 
mieruoeud  d"ou  il  doitsortir  des  rejetons  sur  le 
c6te  du  parapre ,  parce  qiic  la  violence  de  la  cha- 
leur  ne  penetre  pas  au  deia  de  cclte  distance. 
Quaut  aux  mailletons ,  on  suit  la  meme  methode 
pour  les  epamprer ,  comme  pour  exciter  ieur  tige 
a  s'allonger  au  cas  qiie  Ton  veuille  les  employer 
des  la  premiere  annce,  comme  j'ai  souvent  Jait. 
Mais  si  Ton  se  propose  de  les  couper  absolument, 
pourne  lesemployer  que  la  secondeannee,  il  fan- 
dra  eteter  la  tige  unique  a  laquelle  on  les  aura  rc- 
duits,  des  que  cette  tige  aura  plus  d'un  pied  de 
long  ,  aiin  qu'ils  s'affermisscnt  plus  du  cyte  de  la 
tete,  et  qu"ils  deviennent  plus  robustes.  Voila  la 
premiere  facon  que  demandent  les  vigncs  depuis 
leur  plantatiou. 

VIIL  Les  temps  suivants  demandent  des  soins 
plus  eteiidus,  aiiisi  que  Tont  ecrit  Celsus  et  Atti- 
cus ,  qui  soiit  les  auteurs  que  iiotre  siecle  a  le 
plus  approuvesen  matiere  d'agriculture  :  car  il 
faut  dechausser  la  vigue  apres  les  ides  d'octo- 
bre,  etavaut  queles  froids  nesurviennent.  Cette 
opcration  sert  ii  mettre  a  jour  les  petilcs  lacines 
qui  ont  pousse  peudaut  iete  :  et  l'agriculteur 
sense  les  tranche  avec  le  fer,  parce  que  s'il  les 
laissait  se  fortifier,  celies  d'au-dessous  s'affaibli- 
raient,  et  il  en  resulterail  que  ia  vigne  jetterait 

ut  non  iniiiiiiiain  parlcm  Ue  ipso  niatris  corpore  euecel. 
Alque  ideo  si  jam  caulibus  duris  lalcem  adliibcri  necesse 
est ,  [ii]  pauluui  ab  ipsa  matie lecidtiuduin  est,  et  velut  re- 
seces  reliuqucndi  ,snnt,  qui  caloiis  excipiant  injuriam , 
eatenus  qua  nasc.iinliir  a  latere  palinites.  Ultra  enim  non 
serpit  vaporis  violentia.  In  malleolo  similis  ralio  est  pain- 
pinaiidi ,  et  in  longitudinein  elicieiidi  mateiiam ,  si  eo  ve- 
liiniis  anniciilo  iiti ,  qiiod  ego  saepe  rec.i.  Sed  si  propositum 
i  est  utiquc  lecidiie,  ut  bimo  potiiis  iitaniiir,  cum  ad  unum 
panipiniun  jain  redejjeris,  et  is  ipse  excesseiit  pedalem 
ioni;iludiniui,decacumi»are  conveniet,  ut  in  cerviccm  po- 
tius  eonfirmctur,  et  sit  robuslior.  Atque  lia;c  positoruiii 
seininum  priuia  cultura  est. 

Vlll.  ScquiMis  deinde  tempus,  ut  prodidit  Celsiis  et 
Atticus ,  quos  jiire  niaxinie  nostra  netas  pi obavit ,  post  idiis 
Octobris  ainpliorem  curain  deposcit.  Nam  piiiis  quain  (ri- 
gora  invaduut,  vitis  ablaqueanda  est.  Qirod  opus  adaper- 
tas  ostendit  a^slivas  radiculas,  easqiie  prudens  agiicola 
fcrro  decidit.  Nani  si  passus  e.^t  convalescere,  infeiiores 
Uericiunl,  atqiie  evenit  ut  vinea  summa  parte  leireni  ladi- 
ces  agat,  qu.x  et  frigore  iDrestenlur  et  caloribus  iiiajorem 


sur  la  superficie  du  terrain  des  racines  exposecs 
k  etre  devastees  par  le  froid  ou  echauffecs  par 
leschalcurs,  au  point  que  la  mere  serait  infailli- 
blement  trop  alterec  au  levcr  de  la  Canicule.  Cest 
pourquoi,  lorsqu'on  aura  deehausse  lcs  vigiies, 
il  faudra  en  couper  toutes  les  racines  qui  auront 
pousse  en  dcca  d'un  pied  et  demi  de  profondeur; 
maisonne  s'y  prendra  pas  pourcetteamputation 
de  la  meme  faeou  que  pour  celles  que  ron  fait  aux 
parties  supcrieures  de  la  vigne.  C;n-  il  ne  faudra 
ni  unir  In  plaie,  ni  appliquer  le  fer  a  la  mere  elle- 
nieme,  paiccquesi  Ton  coupaitune  laciiie  trop 
prcs  du  tronc ,  ou  il  en  rcnaitrait  plusieurs  autres 
de  la  cicntrice  qui  aurait  ete  faite ,  ou  Teau  des 
pluies  d'hiver,  qui  sejourncdans  les  iacs  formes 
autour  de  la  plante  par  la  fouille  faite  a  son  pied , 
vcnant  a  se  geler  au  solstice  d'hiver,  brulerait 
ccs  blessures  encorc  nouvelles,  et  penetrerait  a 
la  moelle.  Pour  evitcrccsiuconvenients,  il  faudra 
s'ecarter  a  peu  pres  d'un  doigt  du  tronc,  pour  ne 
couper  les  petites  inciiies  ([u'a  cette  distance. 
Lorsqu'on  a  6te  ces  raeines  avec  ces  precautions, 
elles  ne  se  raultiplicnt  plus ,  et  leur  separation  du 
tronc  le  preserve  de  tout  accident.  Quand  cela 
cst  fait,  si  l'on  est  dans  un  pays  oii  rhiver  soit 
doux  ,  il  faut  laisser  la  vigue  ,  ainsi  dechaussee , 
a  Tair;  au  lieu  ques'il  est  trnprude,  il  faut  re- 
eouvrir,  avant  les  idcsde  decembre,  lcs  petites 
fosses  que  l"on  a  faitis  au  pied  de  la  vigne  en 
la  dechaussant.  Si  raeme  Ton  est  dans  un  pays 
0«  Ton  ait  les  plus  grands  froids  a  craindre,  il 
faudra  repandre  sur  lcs  racines  de  la  vigne, 
avant  de  la  recouvrir,  un  peu  de  fumier  ou  de 
fiente  de  pigeon  ,  si  on  le  trouve  plus  commode , 
ou  verser  dessus  six  xcxlnrii  de  vieille  urine , 
que  Ton  aura  gardee  a  cette  intention.  11  faudra 
dechausser  les  vignesachaqueauiomne  pendant 
!cs  cinq  premicres  annces ,  jusqu'a  ce  qu'elles 

in  inodum  aesluent,  ac  veliemeiiter  silire  matrein  in  orlu 
Canicul»  cogant.  Quareqiiicquid  intra  sesquipedcm  na- 
lumest,  cuin  ablaijueavcris,  recideiidum  est.  Sed  bujus 
non  cadein  ratio  cst  ainputaiidi,  qux  tradilur  iii  superiori 
parte  vitis.  Nam  ininimc  adlevanda  plagaest,  mininieqne 
applicaiidiim  rerranientiim  ipsi  niatri  :  quoniani  si  juxla 
triiiu.iim  radicem  piiccideris ,  aiit  ex  cicalrice  plures  ena- 
sccnliir,  aut  liieinalis,  qua;  ex  pluviisconsistitiu  lacuscu- 
lis  ablaqiicatiunis  aipia ,  bruiua;  congelalionibiis  no\  a  vul- 
nera  peruret,  et  ad  mfidullam  peiietrabit,  quod  iie  lial. 
rcccdcre  ab  ipfo  exnik.e  inslar  uuiiis  digiti  spalio  convo- 
iiiit ,  atque  ila  radiculaspra;cidere;  qua;  sic  adenipla;  noii 
auipliiis  pullulant,  et  a  caitera  no.\a  truDciim  dercuduiit. 
Iloc  o|icrc  coiisimiiiialo,  si  cst  biems  in  ea  regloiic  (ilacida, 
palciis  vitis  relinquciida  cst :  siii  violenlior,  id  faccre  no.s 
probibel,  ante  idiis  IJccenibris  pr;cdicti  lacusciili  coa;- 
qiiaiidi  sunt.  Si  vero  ctiam  pra'gelida  Irigora  regionis  ejiis 
suspecla  erunt,  aliquid  fimi,  vel ,  qiiod  est  coininudius, 
columbini  stercoiis,  aut  in  biinc  usiiin  pra'paraUc  vcleris 
urina;senos  sestarios,  antcquani  vitcm  adobruas,  radici- 
bus  superlundes.  Scd  ablaqiieare  omnibus  aulumnis  opui- 


2b0 


COLUMELLE. 


solent  dans  toute  leur  force;  mais  une  fois  que 
leur  trone  aura  pris  sa  croissance ,  on  pourra 
ne  faire  eette  operation  quVnviron  tous  les  trois 
ans,  tant  parce  qu"en  suivant  cette  methode  le 
pied  des  vignes  se  trouvera  moins  souvcut  endom- 
mage  par  le  fer,  que  parce  qu'il  faut  plus  de 
temps  aux  vignes  pour  jeter  dc  ces  petites  racines, 
lorsque  leur  tronc  a  pris  de  la  consistance. 

IX.  Apres  ie  dechaussement  des  vignes  vient 
latailie,  qui,  suivantles  preceptesdes  anciensau- 
teurs,  doit  etre  faite  de  facon  que  la  vigne  soit 
reduitea  une  seule  petlte  tige,  qui  ne  poife  que 
deux  bourgeons  pres  de  terre.  On  ne  doit  pas 
tailler  la  vigne  aupres  de  lajointure  d'un  noeud, 
pour  ne  pas  en  intimidcr  roeil ;  mais  on  la  taille 
apeu  pres  vers  le  milieu  de  Tespace  qui  est  entre 
deux  noeuds ,  en  tenant  la  serpette  obliquement, 
de  peurque,  si  la  cicatrice  etait  horizontale,  la 
pluie  qui  viendrait  a  tomber  ne  sarretat  dessus. 
11  ne  faut  pas  nou  plus  que  la  plaie  soit  inclinee 
du  cote  oii  sC  trouve  le  bouton,  mais  du  cote 
oppose,  afin  qu'e!le  verse  ses  pleurs  a  terre  plu- 
t6t  que  sur  le  bourgeon.  Car  autrement  Teau  qui 
endecoulerait  aveuglerait  TcEil,  et  rempeeherait 
de  se  developper  en  feuilles. 

X.  11  y  a  deux  temps  pour  tailler  la  vigne; 
mais  le  meilleur  (commc  dit  Magon)  estde  la  tail- 
ler  au  printemps  avantqu'elle  bourgeonne,  parce 
qu'etant  alors  pleine  de  sucs,  il  est  plus  faeile 
de  iui  faire  une  plaie  et  d'uiiir  cette  plaie  dans 
toute  sa  surface,  outre  quelle  resiste  raoins  a  la 
serpette.  Celsus  et  Attieus  ont  suivi  cet  auteur. 
Pour  nous,  nous  eroyons  qu'il  ne  faut  ni  trop  ar- 
reter  raccroissement  des  plantes  en  les  taillant 
de  trop  court,  a  raoins  qu'elles  ne  soient  de  la 
derniere  faiblesse ,  ni  les  tailler  toujours  au  prin- 
teraps.  Mais  lapremiere  annee  qu'ellessont  plan- 
tees,  il  faut  lesaider  a  venir  en  les  bechant  fre- 


quemment,  c'est-&-dire,  tous  les  mois  peTidant 
lesquels  ellessonten  feuilles,et  en  les  epamprant 
souvent,  afin  qu'elles  acquierent  des  forces,  et 
qu'ellesn'aient  pas  plus  d'un  sarment  a  entrete- 
nir.  Lorsqu'elles  aurout  eleve  ce  sarment ,  nons 
eroyons  qu'il  sera  neeessaire  de  replucher  en  au- 
tomne,  ou  au  printemps  si  on  le  trouve  plus  con- 
venable,  et  de  le  delivrer  dcs  rejetons  que  celui 
qui  aura  epampre  pourra  lui  avoirlaisses  danssa 
partie  superieure  ,  pour  !e  mettre  ensuite  sur  le 
joug,  parce  que  !a  vigne  qui  peut  s'elever  au- 
dessus  du  joug  avec  le  fouet  de  la  premiere  an- 
nee,  est  lisse ,  droite  et  sans  cicatrice.  II  est  vrai 
que  c'est  ce  que  Ton  voit  arriver  rarement ,  et 
chez  peu  dagricnlteurs;  aussi  est-ce  pour  cela 
que  les  auteurs  que  je  viens  de  eiter  ont  ete 
d'avis  (jue  Ton  coupat  absfilument  les  premiees 
de  la  vigne.  l)'un  autre  cote,  !a  taille  du  prin- 
temps  n'est  pas  certainement  la  meilleure  pour 
tous  les  pays  :  effecliveraent  il  n'y  a  pas  dedoute 
qu'i!  ne  faiile  la  pieferer  dans  les  pays  froids; 
mais  pourceux  qui  sont  exposes  au  grand  soleil, 
et  oii  rhiver  est  doux  ,  la  raeilleure  et  la  plusna- 
turelle  est  celle  de  rautomne,  puisque  c'est  le 
temps  auqucl  les  plantes  se  depouillent  de  leurs 
fruits  et  de  leurs  feuilles,  en  vertu  d'une  loi  eter- 
nelle  prescrite,  pour  ainsi  dire,  par  la  Divinite. 

XI.  Je  pense  que  voila  ce  qu'on  doit  faire  a  la 
vigne,  soit  qu'on  Tait  plantee  en  marcottes,  soit 
qu'on  Tait  plantee  en  mailletons  :  car  Texpe- 
rience  acondamne  ropiniou  dans  laquelle  etaient 
les  aneieus,  qu'il  ne  fallait  point  approelier  le 
fer  des  mailletons  d'un  an,  commc  s'ils  eussent 
redoute  son  tranchant;  crainte  vaine  qu'ont  eue 
Virgile,  Saserna,  les  Stolons  et  les  Catons.  Au 
reste ,  ces  auteurs  n'etaient  pas  seulement  dans 
rerreur,  en  ce  qu'ilsne  touehaient  point  a  lache- 
velure  que  jetaient  les  plantes  !a  premiere  an- 


tebit  prinioqiiinquennio,  dumvitis  convalescat  :  nhi  vero 
truncus  adoleveiit,  fere  tiiennio  intermitlcndus  est  [cjiis 
operis]  labor.  Nam  et  minus  ferio  crura  viliuni  liwlunlnr, 
nec  tam  celeriter  iadicul;e  inveterato  jam  codice  enasciin- 
tur. 

IX.  Ablaqueationem  deinde  sequitur  talis  putalio,  ut  ex 
praecepto  veteium  aiictorum  vitis  ad  unam  virgnlam  re- 
vocetur,  diiabus  genimis  juxta  terram  reliclis.  Qnae  pnta- 
tio  non  debet  secundum  aiticulum  fieri,  ne  reformidet 
oculus,  sed  medio  fere  internodio  ea  plaga  obliqua  falce 
fil;  ne  si  tiansversa  fueiil  cicalrix,  caelestem  superinci- 
dentcm  aquam  contineat  Sed  nec  ad  eani  parteni,  quaest 
gemma,  verum  ad  posteriorem  declinatur,  ut  in  terram 
potiiis  devexa ,  quam  in  germen  delacrumcl.  Namque  de- 
pluens  humorciBcat  ooulum,  nec  palitur  fiondescere. 

X.  Putandi  autem  duo  sunt  tempora :  raelius  aiilem ,  ut 
aitMago,  vernum,antequam  snrculus  progerminet,  qiio- 
niam  liumoris  plenus  lacileni  plagam  et  levem  et  .Tqualem 
accipil,nec  falci  repugnal.  Huncautem  secnti  snnt  Celsns 
et  Alticus.  Nobis  neque  angiista  putatione  coercenda  se- 
Biinavidentur,  nisi  si  admoduminvalida  sunt;nequeutique 


verno  recidenda.  Sed  primoqnidemanno,quosuntposila, 
fiequcntibus  fossionibus  omnjbiis  mensibus  diim  frondent 
ac  pampinationibus  adjnvanda  siint,  ut  robiir  accipianl, 
nec  plus  qiiam  uni  inateri;e  serviant.  Quain  ut  educaverint, 
autumno  vel  vere,  si  magis  competit ,  adradenda  ,  et  ne- 
potibus,  qiios  pampinator  in  superiore  parte  omiserat, 
libeianda  cenbeinus,  alque  ita  in  jiigum  imponenda.  Ea 
eniin  levis  et  recta  sine  cicatrice  vinea  cst ,  qna;  se  primi 
anni  llagello  supra  jugum  extulit ,  quod  tamen  apud  pau- 
cos  asricolas  et  raro  contingit.  Ideoque  praedicti  aiictores 
primitias  vitis  lesecare  censnerunt  Sed  nec  utique  veiiia 
nmnibus  regionibus  melior  pulatio  esl.  Nam  ubi  ca'lum 
frigidum  e.st,  ea  sine  dubio  eligenda  est.  Ubi  vero  aprica 
loca  sunt ,  mollesque  liiemes ,  optima  et  maxiine  naluralis 
est  autiimnalls  :  qiio  tempore  divina  quadam  lege  et 
ivlenia  fiuctum  cum  fronde  slirpes  deponunt. 

XI.  Hoc  facere,  sive  viviradiceni  sivenialleolumcon.se- 
veris,  censeo.  Nam  illam  velerem  opinionem  damnavit 
iisus ,  non  esse  ferro  tangendos  anniculos  malleolos ,  quo- 
niain  reforniident.  Qiiod  frustra ¥115111118  et  SasernaStolo- 
nesqucetCatones  timncriint :  qiii  iion  soluni  in  co  errabar.t, 


DE  i;agriculture,  LIV.  IV. 


nee ,  niais  cncoic en  ce que ,  lorsquMis en  venaient 
&couper  la  mareotte  au  bout  de  deux  ans,  iis 
la  coupaieiit  tout  eiitiere,  k  ras  terre  et  pres  de 
la  Jointure  du  tronc  ,  nrtn  qu'elle  rcpoussat  sur 
le  bois  diir.  En  effet ,  Texperience,  cette  raailresse 
des  arts,  nous  a  appris,  au  contraire,  a  faconner 
les  accroissements  dcs  maillelons  des  la  premiere 
annee,  ct  a  empeeher  que  la  vigne,  fertile  en 
feuillages  superllus,  ne  devienne  trop  touffne; 
de  m^rae  qu'elle  nous  a  appris  &  ne  pas  la  conte- 
nir  autant  quc  les  anciens  Tordonnaient,  en  la 
coupant  tout  entiere.  En  effet,  cette  raethode 
lui  est  contraire,  tant  paree  que,  lorsqu'on  a 
coupe  le  plaiit  a  r;is  de  terre ,  la  plupart  des  ceps 
meurent  eomme  s'ils  etaient  frappes  d'un  coiip 
au-dessus  de  leurs  forces  ,  que  parce  que  ceux 
qui  resistent  ii  cette  blessure,  et  qui  n'en  meurent 
point,  portent  pour  la  plus  grande  partie  dessar- 
mentsmoins  feconds,  puisque  ,de  Caveu  de  tout 
le  raonde,  les  pampres  qui  sortent  du  bois  <lur 
sont  le  plus  souveiit  sans  friiit.  U  faut  donc  preii- 
dre  un  milieu,  et  ne  pas  couper  le  maiileton  a 
rasde  terre,  ni  l'exciternon  plus  a  donner  un  bois 
trop  long,  mais  remarquer  le  coursoiide  Tannee 
precedente,  pour  laisser,  au-dessiis  de  lacommis- 
sure  meme  de  rancien  sarment ,  un  ou  deux  bour- 
geons  ,  dont  il  sortira  du  bois. 

XII.  Apres  la  taille  vient  le  soin  d'echalas8er 
la  vigne  :  raais  cette  premi6re  aunee  ne  demande 
pas  encore  de  pieux  ni  de  forts  eehalas;  car  jai 
remarque  qu'une  jeune  vigne  s'accoramodait 
comrauneraent  inieux  d'un  petit  appui  que  d'uu 
fort  pieu.  Ccst  pourquoi,  ou  nous  mettrons  au- 
presdecha((ue  vignedeux  vieux  roseaux  (depeur 
qu'etnnt  nouveaux  ils  ne  prennent  racine) ,  ou , 
si  la  situation  de  la  contree  nous  le  perraet ,  nous 


enfonccrons  cn  terre  de  vieux  echalas  abandon- 
nes,  auxquels  nous  attacherons  des  perehes, 
qui  traverseront  la  filc  des  ceps  par  en  bas.  IjCS 
paysans  appellent  cette  espece  de  joug  un  cati- 
tcrius.  II  est  en  effet  trtis-iraportant  que  ie  pam- 
pre  de  la  vigne  trouvequelque  ehose  qu'il  puisse 
saisir  des  qu'il  commence  a  s'alIonger  et  avant 
de  se  eourber,  afin  qu'il  ait  la  facilite  de  s'cten- 
dre  plutot  horizontalement  que  perpendiculaire- 
ment,  et  qu'il  soutienne  plus  aisement  rirapetuo- 
sitii  des  vents ,  a  Taide  de  ce  canterhis  qui  le  sou- 
tieiidra.  II  sera  a  propos  que  ce  joug  n'aille  oas 
jusqu'a  quatre  pieds  de  hauteur,  jusqu'a  ce  que 
la  vigne  se  soit  fortiliee. 

XIII.  Quand  la  vigne  aura  6t6  echalassee,  il 
faudra  la  lier.  La  fonction  de  celui  qui  la  liera 
consistera  a  la  bien  attirer  en  ligne  droite  sur  le 
joug  :  si  le  pieu  est  place  tout  aupres  d'elle, 
comme  il  a  plu  a  quelques  auteurs  de  le  placer, 
celui  qui  la  liera  observera  en  rattachant  de  ne 
pas  se  rcgler  sur  les  Siiniosites  du  pieu ,  si  par  ha- 
sard  il  e^t  tortu,  paree  que  cette  methode  la 
rendrait  crochue  ;  mais  si  on  a  laissc  un  intervalle 
entre  le  ccp  et  le  pieu  (comme  Atticusetquelque.s 
autres  agrieulteurs  ont  pretendu  qu'on  dcvait 
faire,  et  comme  je  suis  assez  d'avis  qu'on  fassel , 
il  faut  joindre  le  cep  a  un  roseau  droit,  et  ly  at- 
tacher  a  Taide  de  plusieurs  ligatures,  pour  le 
conduire  ainsi  au  joug.  La  nature  des  liens  dont 
on  se  servira  pour  attacher  le  plant ,  n'est  point 
une  chose  indifferente  :  en  effet,  tant  que  la  vigne 
est  jeune,  il  faut  rattacher  avcc  des  liens  tres- 
doux,  parce  que,  si  ron  se  servait  de  branehes 
de  saule  ou  d'orrae,  elle  se  couperait  a  raesure 
qu'elle  grossirait.  Lesmeilleurs  liens  seront  donc 
de  genet ,  de  jonc  coupe  dans  les  maiais ,  ou  de 


quodprimi  amii  (aiiillamiMita  seminum  intaofa  palicljan- 
tur,  sed  el  post  liicniiiiiiii,  (.11111  vivirailix  recidinida  erat, 
omiieni  supeilicicni  anipiilabant  solo  tenus  juxta  ipsum 
arliculimi,  uteduio  pnllulaiet.  Nosauteiii  magisterarlium 
docuit  usus,  primi  anni  malleolorum  forniare  incrementa, 
necpali  viteiii  supervaciiis  frondibns  luxurianlem  silve- 
scere;  nec  ruisus  in  laiitum  coercere,  qiianlum  antiqiii 
priEcipi(;'bant,  ut  tolam  siiperriciem  amputenius.  Nam  id 
quidem  rationl  niaxiiiie  coiilrarium  est.  Primum  qiiod  cum 
ad  terraiii  decideris,  semina,  veliit  intnlerabili  ariccfa 
vuliiere,  plciaque  inlereunt,  nonnulla  eliam,  qua;  perti- 
nacitor  vixenml ,  iiiiiius  fuxundas  materias  afteruiit  :  si- 
quideme  duro  qua;  pullulant,  omnium  confessione  pam- 
pinaria  sajpissimc  fructu  careiil.  .Media  igitur  ratio  sequenda 
est,  ul  neipie  solo  tenus  malleuliim  recidamiis,  uec  rursiis 
iu  longiorem  materiain  provocemus  :  sed  adnodato  supe- 
tioris  anni  pollice,  supra  ipsani  cominissurain  veteris  sar- 
menti  unam  vcl  duas  geinmas  relinqucmus,  ex  quibus 
gcrminet. 

Xll.  Pulationem  sequiliir  jam  pedanda!  vinea;  ciira  : 
veruin  liicanniisnondum  vehemenleiu  paliini  aut  ridicain 
desiderat :  nutatuin  est  ciiim  a  ine  pleriimque  teneraiii 
viucam  melius  admiuiculu  mudico  (p;aiii  vcliemcnti  palo 


adqniefrere.  Itaqueaiit  veteres,  ne  novs  rariiceni  agant, 
aiundines  singulis  viliculis  applicabimus  binas,  aut  si 
regionis  condilio  permitlit,de  vepiibus  liastilia,  quibus 
adnectaiitiir  singulic  transversiE  perticaejn  unani  parlem 
ordinis  :  qiiiid  iicnusjugi  canterium  vocant  rustici :  plu- 
rimnm  id  rcfcrt  e.sse,  quod  pauluni  infra  curvalioiiem  vilis 
prorepcns  [laiiipiiius  stalini  apprebcndat,  et  iii  traiisversa 
polius  se  liiiiil.it,  (|iiain  iii  eilila,  vcntosque  racilius  susti- 
neatsiibiiixiis  caiitcrio.  Idque  jugum  intia  quartum  pedem 
couvcnit  allevari,  dumse  viuea  curioboret. 

XIII.  Iinpedalionem  deinde  seqiiitur  alligator,  cujiis 
ofliciuui  est,  ut  rectam  vitem  pioducat  in  jugum.  Quae 
sivejuxta  paliim  est  posita,  ut  quibusdam  placiiit  aucto- 
ribus,  oliservaic  debebit,  qui  adiiectit,  ne  in  alliganda 
niateria  flexuin  pali,  si  forte  curvusest,  sequenduin  pu- 
tet ;  nam  ca  res  uncam  vilem  facil:sive,  ul  .\ttico  et 
nonnullisaliis  agricolis  visum  est,  intcr  vitem  et  palum 
spatium  lelinquitur,  quod  nec  milii  displicel,  recta  arundo 
adjiiiigeuda  stirpi  est,  et  ita  per  ciebra  retiiiacula  in  ju- 
gum  pciducenda.  Vinculi  genus  qualc  sit,  quoreliganlur 
seiuina,  plui  iiniiin  refert.  Nam  diini  novella  vinea  cst,  quam 
niollissimo  nectenda  cst  :  quia  .si  viminibus  .salicis  aut 
ulmi  ligavcris,  iiiciescens  vitis  se  ipsa  praccidit.  Optiuiii 


262 


GOLUMELLE. 


glaieuls.  .Cependant  les  feuilles  ratoe  de  roseaux, 
secheesa  rombre,  ne  sont  point  d'un  mauvais 
usage  en  cette  occasion. 

XIV.  11  faiit  avoir  les  memes  attentions  pour 
les  mailletons,  c'est-a-dire ,  quapres  les  avoir 
reduits  par  la  taille  a  un  ou  deux  boutons  pendaut 
rautomnu,  ou  au  printemps  avant  qu"ils  bour- 
geonnent,  i!  faudra  les  attacher  au  joug.  La  per- 
che  que  j'ai  appelee  canterius  sera  plus  pres  de 
terre  pour  les  maiiletons  que  pour  les  ceps  qui 
sont  dans  les  rangees  :  car  elle  ne  doit  pas  etre 
elevee  a  plus  d'un  pied ,  afin  quc  lcs  pampres  en- 
core  tendres  tronveut  quelque  chose  a  quoi  ils 
puissent  s"accrocher  avec  leurs  vriiles ,  et  que  les 
ventsneles deracinent  point.  Ensuitele  fossoyeur 
retournera,  par  de  frequentes  fouilles  faites  au 
hoyau,  la  superficie  du  terrain,  et  le  pulverisera 
bien  egalement.  Nous  approuvons  tres-fort  cette 
espece  de  fouille  faite  a  plat;  car  pour  celle  que 
Ton  appelle  en  Espagne  fouille  d'hiver,  et  que 
Ton  emploie  pour  enlever  la  terre  dii  pierl  des 
vignes,  et  la  rassembler  dans  lesailees  quisont 
entre  les  rangees,  elle  nous  parait  inutile,  parce 
que  les  vignes  ont  deja  ele  dechaussees  eu  au- 
tomne,  etque  cetteopcration,  qui  en  adecouvert 
ies  racinessuperieures,  s'est  fait  sentirjusqu"aux 
racines  les  plus  profondes,  eu  leur  trausmettant 
ies  pluies  d'hiver.  On  doit  faire  ces  sortes  de 
fouilles  autant  de  fois  que  la  premiere  annee, 
ou  une  fois  de  moins.  Car  il  faut  surtout  avoir 
soin  de  remuer  souveut  le  terrain ,  jusqu'a  ce 
que  les  vignes  aient  pris  assez  d^accroissemeni 
pour  le  eouvrir  de  lcurombre,  et  pour  empecher 
les  herbes  d'y  croitre  a  leur  pied.  On  doit  aussi 
epamprer  les  vigncs  cetteannee  comme  la  prece- 
dente,  parce  qu'il  faut  encore  contenir,  pour  ainsi 
dire,  renfancedu  plant, etne  luipas  laisser  plus 
d'un  fouet ;  d'autaut  plus  qu"a  un  flge  aussi  tendre 


il  ne  resisterait  pas  a  la  charge  du  fruit  et  h  celle 
du  bois  tout  ci  la  fois. 

XV.  Mais  lorsque  la  vigne  est  parvenue ,  au 
bout  d'un  an  et  six  mois,  a  etre  vendangee,  il 
faut  la  pcupler  sitot  apres  en  avoir  cueilli  le  fruit, 
et  propager  les  mailletons  qu'on  a  mis  en  terre  a 
ceteffet;  ou  si  Ton  n'eu  a  pas,  il  faut  attirer  des 
sautelles  des  ceps  qui  sont  daiis  les  rangees ,  et  les 
conduire  a  un  pieu  different  de  celui  qui  soutient 
cesceps;  car  il  est  tres-interessant  de  bien  garnir 
encore  tous  les  appuis  de  la  vigne  par  de  nouvel- 
les  plantations.  On  ne  la  garnira  pas  neanmoins 
par-dessous,  dans  le  moment  qu"on  sera  pret  a  la 
vendauger.  On  appelle  sautelieune  branche  d'un 
cep  courbee  en  terre  pres  de  son  appui ,  et  dont 
on  conduit  rextremite  a  un  pieu  qui  n'est  point 
garni,  apres  Tavoir  recouverte  de  terre  dans  une 
fosse  suffisamment  profonde.  Cette  branche  donne 
par  la  suite  beaucoup  de  bois ,  qui  sort  de  toute 
ia  partie  qui  est  arquee ,  et  que  Ton  applique  a 
son  appui  des  qu'il  est  venu,  pour  le  faire  parve- 
nir  au  joug.  L'annee  suivante,  on  coupe  jusqu'^ 
la  moelle  du  cep  la  partie  superieure  de  la  sau- 
telle,  arcndroitmfime  oii  on  Ta  courbee,depeur 
que  le  fouet  qui  en  sera  sorti  n'attire  a  lui  toutes 
les  forces  de  sa  raere,  et  afin  qu"il  s"habituepeu 
a  peu  a  tirer  sa  nourriture  de  ses  propres  raci- 
nes.  A  l'5ge  de  deux  ans,  on  coupe  la  sautelle 
tres-pres  de  la  branche  qu'on  a  laiss(5  venirsur  la 
partie  arquee;  ensuiteon  beche  profondcraent  au 
pied  de  cette  nouvelle  plante  ainsi  separee  de  sa 
mere,  et  on  laisse  une  petite  fosse  autour  d'elle; 
apres  quoi  on  lacoupe  jusqu'a  ras  terre  dufond 
de  cettefosse,  et  on  la  recouvre  de  terre,  afia 
qu'elle  pousse  des  racines  par  en  bas ,  parce  que 
si  on  la  coupait  sans  tant  de  precautious  sur  la 
supcrficie  du  sol,  elle  pourrait  gerraer  par  le  bout 
qui  avoisinerait  la  terre,  ce  qu"il  faut  prevenir. 


est  ergo  gcnisla ,  vel  paludibiis  desectiis  juncus ,  aiil  ulva. 
Non  pessime  tamen  in  iimbia  siccafa  faciunt  in  biinc  nsum 
aiunOinuui  quoque  folia. 

XIV.  Sed  et  iiialleolorum  similis  cura  agenda  est,  ut  ad 
unam  aut  duas  gemmas  deputati  anlumno  vel  vere,  prius 
quani  germinent ,  jugentur.  lis ,  iit  dixi ,  canterius  propius 
a  terra,  quam  vitibusordinnriis  siihiiiidiMidus  est  :  neque 
enim  edilior  esse  debet  peiliiji  iilliliiiliru»,  iit  sit  qiiem 
teneri  adlinc  pampini  capieolis  illigriil  siiis,  no  venlis 
explantentur.  Insequilur  dfimie  lussor,  qiii  creliris  bi- 
dentibns  aHpialiter  et  iiiiniilim  soli  terga  comniinnat.  Hanc 
planam  rossurani  niaxinie  nos  probjmus.  Nam  illa,  quam 
in  Hispania  hibernam  appcllanl,  cnni  lerra  vitibus  detra- 
liitur,  et  in  media  spalia  inlerordinioriim  confertnr,  su- 
pervacua  nobis  videl"ir  ;  quia  jam  piwcessil  aulumnalis 
alilaqucatio ,  qua;  nudavit  siimmas,  et  ad  inferiores  ra- 
dicnlns  liibcrnos  transmisit  inibres.  Niinioriis  aiitem  fossio- 
nis  aut  idein  esse  debet  qui  primi  anni,  aiit  nna  niinns.  Nani 
ulique  freiincnter  soluni  exercendnni  esl,  dum  itl  iiicie- 
ineiito  suo  vites  inumbrent,  nec  patiantur  luTliam  sub- 
crescere.  Pampinationis  eadein  debet  esse  latio  liiijns  anni, 


atque  prioris.  Adhuc  enini  compescenda  quasi  pueritia 
seminuni  est ,  nec  plus  quam  in  unum  flagellnm  est  sub- 
miltenda  :  taiito  quidem  magis,  quod  tencra  ejiis  a;'tas 
uon  suslinet  et  fnetu  et  materiis  onerari. 

XV.  Sed  cum  annicula  mensiumque  sex  ad  vindeiiiiain 
perducta  est,  sulilalo  fructu  protinus  fieqiieiilaiida  est, 
et  praesidiariinialleoli  propagandi  sunt,  qui  in  liunc  iisiim 
fuerant  depo.siti ,  vet,  si  ne  bi  quidem  snnt.  ex  ordinaria 
vile  in  alteruni  paliim  mergiis  est  altrahendiis.  Nani  [ilu- 
limiuii  interest  adliuc  nova  consitione  pedameii  onine  ve-, 
sliri;  nec  mox  vinoani  tum  subseri,  ciim  fructus  capien- 
dns  est.  IMergi  genus  est,  ubisupra  terram  juxta  suum 
adminiciiluni  vjtis  curvatnr,  atqiie  ex  alto  scrobe  sub- 
nicrsa  pcrducitiir  ad  vacantem  paluin  :  tiiiii  ex  arcu  vehe- 
iiientcr  cilat  materiam  ,  qiia'  protiniis  applicata  siio  peda- 
nienlo  ad  juguni  evocatnr.  Sequenle  deiude  anno  inseca- 
liir  supoiior  pars  curvatuire  usque  ad  modiillam,  ne  tolas 
vircs  niatris  propagatiim  llagclliim  in  .-^e  Iraliat,  ot  ut  paii- 
latini  condisoat  suis  radicibus  ali.  Biina  doinde  pr.TOoidiliir 
proxime  palniani,  qna;  ex  arcu  submissa  cst.  V.l  id  qiiod 
a  malre  abscissuii)  iccessit,  confeslim  alte  circnmroilitur. 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  IV. 


II  n'y  a  pas  de  temps  plus  favorable  pour  eouper 
k'S  sautelles  que  depuis  les  ides  d'octobre  jus- 
qu'acelles  dc  novembre,  afin  que  leurs  racines 
puissent  se  fortifier  pendant  riiivcr.  Kn  effet,  si 
on  faisait  eetteoperation  au  priutemps,  qui  est  le 
temps  auquel  les  branches  commencent  a  se  char- 
gerde  boutons  ,  elles  tomberaient  en  langueur, 
en  se  trouvant  privees  tout  a  coup  de  leur  mere. 
XVL  On  suit  la  meme  methode  pour  transferer 
les  mailletons.  Car  ou  est  atemps,  aprcs  les  ides 
d'octobre  du  second  autorane ,  de  les  enlever 
pourles  planter,  si  le  climat  et  la  nature  du  ter- 
rain  le  permettent :  mais  si  la  rigueur  du  climat 
et  la  mauvaise  disposition  du  terrain  s'y  oppo- 
sent,  il  ne  sera  terapsde  le  fairequ'au  printemps 
d'ensuite.  II  ne  faut  pas  laisser  trop  longtemps 
ies  niailletons  dans  les  vigaes ,  de  peur  qu'ils  n'e- 
puisent  la  foree  du  terrain  ,  et  qu'ils  neuuisent 
aux  plantes  qui  sont  dans  les  rangees ,  et  qui  se 
fortifieront  d'autaiit  plus  aisement,  qu'elles  se- 
ront  plus  promptemenl  delivrees  de  la  corapa- 
g^&ie  des  marcottes  :  on  peut  au  contraire  garder 
dans  des  pepinieres  des  vignes  de  trois  ou  mf  me 
de  quatre  ans,  pourvu  qu'on  les  coupe  entii?re- 
ment  ou  qu'on  les  taille  de  court,  parce  qu'on  ne 
destiuepasces  pepinieresa  la  venJange.  Des  que 
la  vigne  que  Ton  a  plantee  a  passe  deux  ans  et 
demi,  c'est-a-dire ,  sou  troisierae  aulomne,  il 
faut  rattaeher  a  des  appuis  plus  forts  que  ceux 
qu'elle  a,  et  ne  pas  faire  cette  operatiou  de  ca- 
price,  niauhasard.  Car  ou  on  ficlie  le  pieu  au- 
pres  du  cep ;  auquel  eas  on  Ten  eloignera  cepen- 
dant  d'un  pied  ,  tant  afm  d'eviter  qu'il  ne  presse 
ou  n'endommage  ses  raciues ,  qu'afin  que  le  fos- 
soyeur  puisse  fouiller  de  tout  cote  autour  du 
plant,  et  on  le  posera  de  facou  qu'il  protege  la  \i- 

el  sciobiculo  facto  ad  imum  solnm  prjeciditiir,  adnbrui- 
turque,  ut  et  radices  deorsum  agat,  iiec  ex  propinquo 
iiegligenler  in  summa  teira  resectum  progerminet.  Tem- 
pusauteni  non  alind  magis  idoneum  est  hunc  mergum 
amputandi ,  quani  ab  idib.  Octob.  in  idus  Novemb.  ut 
liibernis  mensibus  siias  radices  confirmet.  Nara  si  vere  id 
feceriniHS,  quo  gemmare  palinites  incipiunt,  matris  ali- 
mentis  subilo  destitutus  langucscit. 

XVI.  Eadem  rafio  est  in  liansferendo  malleolo.  Nam 
[in]  secundo  autuinno,  si  CTeli  et  loci  qualitas  palitur, 
commodi.ssime  post  idus  Oclobris  c\emptus  conseritur  : 
sin  autem  aliquatena^  vel  aeris  repugnat  injuria,  lempesli- 
vitas  ejus  in  proximum  ver  difTertur.  Neque  diutiiis  in 
vineis  relinqueudiis  est,  nc  soli  vires  absuniat,  et  ordiiia- 
ria  seniina  infestet  :  qua;  quanto  cclerius  liberala  sunt 
consortio  viviiadicum,  t.anlo  facilius  convalescunl.  Al  in 
seminario  licct  trimam  atque  eliam  quadrimam  vitem  re- 
sectam  vel  anguste  pulatam  custodire  :  quoniam  non  con- 
eulitur  vindemi;e.  Ciim  mensein  trigcsimuin  cxcessil  posila 
vinea,  id  esl  terlio  autiimno,  veliementioribus  .statumini- 
bus  slatim  inipedanda  cst,  idqiie  non  ut  libel  aut  fortuito 
faciendum.  Nain  sive  prope  Irunciim  defigitur  palus,  pe- 
■iali  tamen  spatio  lecedcnduin  esl,  nc  aut  prcinal  radiccm 


gne ,  en  recevant  sur  lui  toute  la  violence  du 
froid  et  rimpctuosite  des  aquilons  :  ou  on  le  li- 
che  dans  rentre-deux  des  rangees ;  auquel  cas, 
atin  qu'il  ait  plus  de  stabilite  pour  porter  le  joug 
et  les  fruits,  il  faut  le  bicn  cnfoncer,  ou  merae 
faire  prealableraent  un  trou  dans  la  terre  avec 
un  piquet,  pour  qu'il  soit  enfonce  pliis  profon- 
dement.  Car  plus  rcchalas  est  pose  pres  du  cep, 
plus  il  est  stable,  sans  meme  etre  bien  enfonce  , 
parcc  que  le  cep  et  lui,  se  toiichant  mutuelle- 
ment  runrautre,sesoutiennent  reciproquement. 
II  fautensuite  attacherauxappuisde  forts  jougs  , 
quiseront  faits  ou  de  perches  dc  saules,  ou  de 
plusieurs  rosenux  joints  pour  aiusi  dire  en  bot- 
tes,  pour  qu'ils  aient  uue  certaine  resistaiice,  et 
qu'ils  ne  s'affaissent  pas  sous  le  poids  des  fruits. 
Car  on  pourra  deja  laisser  deux  sarments  acha- 
que  cep  du  plant ,  a  raoins  cepcndant  qu'il  ne  se 
trouve  qaelqucs  ceps  dont  la  petitesse  exigc 
qu'on  los  taille  de  pluscourt ;  auquel  cas  on  ne 
leur  laissera  qu'une  branche  a  fruit ,  et  meme 
garnie  de  tres-peu  d'j"eux. 

XVII.  Les  perches  donnent  un  joug  plus  so- 
lide  ,  et  qui  coute  moins  de  peine  a  fabriquer 
qu'un  joug  de  roseaux,  qui  demande  plus  de 
journees  de  travail  avant  que  les  vignes  y  soient 
attachees,  parce  qu'il  faut  lierensemble  ces  ro- 
seaux  en  differeuts  endroits,  apres  avoir  renverse 
la  tetedes  uns  vis-a-vis  le  pied  des  autrcs,  afin 
que  cejoug  soit  egalement  grosdans  toule  sa  lon- 
gueur.  En  effet,  si  toutes  les  tetes  des  roseaux 
etaieut  reunies  d'un  seul  cote,  ia  faiblesse  de  ce 
cute  cedant  a  son  poids,  les  fruits  seraient  ren- 
verses  par  terre  dans  le  temps  de  leur  maturite , 
et  expo.ses  aux  chiens  et  aux  betes  fauves ;  au 
lieu  que  lorsqu'un  joug  sera  forme  de  plusieurs 

aut  vulnerel ,  et  ut  fossor  tamen  ab  onini  parle  semina  cir- 
cumrodial ; isquepalus sic ponendusest,  ut  frigoium el.\qui- 
lonum  excipiat  violentiam  vitemque  protegat :  sive  mcdio 
inteiordinio pangeliir,  vel  defodiciidus  est ,  vel  prius  paxillo 
perforato  solo,  allius  adigendus,  qiio  facilius  et  jugum  et 
fructum  sustinea!.  Nam  quanto  propius  liuncum  ridica 
statuilur,  eliam  leviter  delixa  stabilior  est :  quoniam  cou- 
tingens  vitem  nnilna  vice  siistinetur  et  sustinet.  Statii- 
miuibus  deinde  firmiora  juga  sunt  alliganda  ,  eaque  vel 
saligucis  perticis  vel  compluribut  quasi  fasciculis  anindi- 
num  connectuntur,  ut  ligorem  liaheant,  nec  pandentur 
onere  friicfuun).  Nam  bina>jani  malcriaesiugulis  seminibus 
submitlenda;  crunl :  nisi  si  tameii  gracilitas  vitis  alicujus 
angiistiorem  putationoui  desideialiit,  cujus  uniis  palmes 
atque  idcin  paucorum  oculorum  erit  relinquendus. 

XVll.  Peitica:  juguinlirminsfaciunt,  minusque  opero- 
siim.  .iriindines  pluribus  opcris  jiigantur,  quoniam  et  plu- 
ribiis  locis  necluntur.  li:,Bque  inler  sc  convcrsis  cacumini- 
bus  vincicndae  sunt ,  iit  icipialis  crassitiido  toliiis  jiigi  sit. 
N.im  si  cacumina  in  iiniim  compelunt,  inibecillitasejiis  pai  tis 
gravala  pondere  jam  niatiirom  fnictum  prosternit,  ct  ca- 
nibus  rerisquc  reddit  obnoxiiiin.  At  cum  jugum  in  ra.srem 
1  pluribus  arundinibus  altcrna  cacuminmn  vice  ordinatum 


COLUMELLE. 


roseaux  lies  eu  boltes,  de  facon  que  les  tetes  en 
seront  alternativeraent  tournees  de  differents 
cotes,  il  pourra  communement  etre  de  bon  usage 
pendantcinqans.  Pour  ce  quiestdelataille  etdes 
autres  facons,  il  n'y  a  pas  d'autre  methode  a 
suivre  que  celle  qu'on  aura  suivie  pour  lesdeux 
premieres  annees ;  c'est-a-dire,  qu'il  faut  dechaus- 
ser  avee  soin  les  ceps  pendant  i'automne,  et  ap- 
pliquer  de  nieme  des  provins  aux  pieux  qui  ne 
seront  pas  garnis.  Car  il  ne  fautjamais  laisser 
passer  une  seule  anneesans  renouveler  cette  der- 
uiere  operation  ,  d'autant  que  si  les  choses  que 
nous  plantons  ne  peuvent  pas  etre  immortelles, 
nous  avons  cependant  un  nioyen  de  pourvoir  a 
leur  perpetuite,  en  substituant  d'autre  plant  au 
lieu  et  place  de  celui  qui  meurt ,  et  en  ne  laissant 
pas  perir  toute  respeee  par  une  negligence  con- 
tiiiuee  pendant  plusieurs  annees.  II  faut  aussi 
donncr  alors  aux  viguesplusieurs  fouilles,  quoi- 
qu'ou  puisse  s'en  tenir  a  une  de  raoins  que  la 
preraiere  annee ;  conime  il  faut  aussi  les  eparaprer 
souveut ,  et  ne  pas  se  contenter  d"eu  oter  les 
feuilles  superflues  une  ou  deux  fois  pendant  le 
courant  de  Tete.  On  doit  surtout  mettre  k  bas 
tout  ce  qui  sera  pousse  au-dessous  de  la  tete  du 
tronc  :  de  meme,  lorsque  chaque  oeil  aura  jete 
sous  le  joug  deux  pampres  a  la  fois,  quoique  ces 
pampres  montrent  une  belle  apparence  de  fruits 
abondants ,  il  faudra  en  retrancher  un ,  afin  que 
l"autre  profitedavantage ,  etqu'il  soit  plus  en  etat 
de  uourrir  le  fruit  qu'on  lui  aura  laisse.  A  trois 
ans  et  cinq  mois ,  lorsque  la  vendange  sera  finie, 
II  laudra  tailler  la  vigne  dc  facon  a  lui  laisser 
plusieurs  1'ouets ,  qui  la  partageront  en  forme  d'e- 
toile.  Mais  le  devoir  principal  du  vigneron  con- 
siste  a  la  ravalerpar  latailleenviroa  aun  piedde 
distance  au-dessous  du  joug ,  afio  que  toutes  les 


parties  tendres  qui  viendront  a  pousser  au-des- 
sus  de  sa  tete  a  travers  ses  bras  soient  animee» , 
et  qu'en  se  recourbant  par-dessus  le  joug,  elles 
seprecipitentvers  la  terre,  sans  cependant  y  at- 
teindre.  II  faut  neauraoins  proportionner  lenom- 
bre  de  ces  branclies  tendres  a  la  force  du  tronc, 
et  ne  pas  cn  laisset  plus  que  la  vigne  n'en  peut 
nourrir.  Communemeut  a  cet  3ge  ,  lorsquele  ter- 
raia  et  le  tronc  sout  bons,  la  vigne  u'en  peutsup- 
porter  que  trois,  et  rarement  quatre.  Celui  qui 
les  liera  aura  soin  de  les  distribuerchacuued'un 
cote  different ,  parce  qu'il  ue  servirait  de  rien 
que  le  joug  fut  woise  et  divise  en  etoile,  si  on  n'y 
attachait  pas  les  branches  a  fruit  dans  la  raerae 
fornie.  11  est  vrai  que  tous  les  agriculteurs  u'ont 
pas  adopte  cette  forme ,  et  que  plusieurs  se  sout 
contentes ,  au  contraire ,  d"arrauger  ces  branches 
d"uuefaeon  plus  simple.  Cependant  la  vignea  plus 
de  cousistauce  pour  souteuir  le  poids  de  ses  sar- 
mentset  celuide  sonfruit,  lorsqu'etant  attachee 
de  deux  cotes  au  joug  ,  elle  est  retcnue  par  un 
contrepoidsegalcomraepardes  especes  d'ancres  : 
de  plus,  lorsqu'elle  est  soutenue  par  tous  les  c6- 
tes,  elle  etend  son  bois  eu  plus  de  bras,  et  le  de- 
veloppe  plus  aisement  qu'elle  ne  le  fait  lors- 
qu'elle  a  une  multitude  de  branches  entassees 
saus  ordre  sous  un  simple  canterius.  ISeanraoins 
quand  la  vigne  ne  s'eteudra  pas  beaucoupen  lar- 
geur,  ou  qu'elle  sera  peu  fertile,  et  que  d'ail- 
leurs  le  climat  ne  sera  point  sujet  aux  orages  ni 
aux  tempetes,  elle  pourra  se  conteuter  d'un  seul 
joug.  Carpour  les  pays  oii  les  pluiesserontabou- 
dantes  et  les  tempetes  impetueuses,  et  oii  la  vi- 
gne,  etant  ebranlee  par  rabondance  des  eaux  ou 
comme  suspeudue  sur  des  colliues  escarpees, 
aura  besoin  de  beaucoup  de  soutiens ,  il  faudra 
la  fortifier  de  toutes  parts,  et  lasoutenir,  pour 


est,  feie  quinriuennii  piaebet  usum.  Neque  enim  cst  alia 
ratio  pulationis  aut  cKteivK  culturae ,  quam  qiise  piimi 
bieunii.  Nam  et  autumnalis  ablaqueatio  sedulo  facienda , 
nec  miniis  vacantibus  palis  piopagines  applicanda!.  Hoc 
enim  opus  nunquam  intermittendum  est,  quin  omnibus 
instauielur  anuis.  Neque  enim  ea,  quie  seiuntur  a  nobis, 
immorlalia  esse  possunt.  .Attamen  a'ternitati  eorum  sic 
consulimus,  iil  demortuis  seminibus  alia  subslituamus  : 
nec  ad  occidionem  universum  genus  perduci  palimur 
complurium  annorum  negligentia.  Quiii  etiam  crebrae  fos- 
siones  dand* ,  quamvis  una  possit  detralii  cultura!  prioris 
anni.  Pampinationes  quoque  saepe  adbibeijdcT.  Neqiic  cnim 
satis  estsemel  aut  iterum  tota  aestate  vili  delrabere  fron- 
dem  supervacuam.  Piaicipue  auleni  deculienda  sunt 
omnia,  quae  infra  trunci  caput  egeiminaveiint.  Iteni  si 
oculi  .singuli  sub  jugo  binos  pampinos  emiserint,  quamvis 
largos  fructus  ostendant,  detrahendi  sunt  singuli  palmites, 
quo  lielior,  qiiae  superest  materia,  consiirgat ,  el  reliquum 
niclius  educet  fnictum.  Post  quadragesimmn  et  alterum 
mensem  peicepta  vindeniia  sic  instiluenda  est  putatio, 
ut  submissis  pluribus  flagellis  vllls  in  stellani  dividatur. 
Sed  putatoris  oflicium  est  pedali  fere  spatio  citra  jugiim 


vileni  conipescere,  ut  ecapile,  quicquid  teneri  est,  per 
biacbia  emissum  provocetur,  et  per  jugum  inllexum  prae- 
cipitetur  ad  eain  mensuram ,  quae  terram  non  possit  con- 
tingere.  Sed  modus  pio  viiibus  trunci  servandus  est,  ne 
pluj-es  palmites  submitlantur,  quam  quilius  vitis  suflicere 
queal.  Feie  aulem  picedicla  a;tas  Iffito  solo  tiuncoqiie  tres 
materias,  raroquatuor  desiderat,  qii»  per  totidom  parles 
ab  alligalore  dividi  debent.  Niliil  enim  refert  jugum  in  stel- 
lam  decussari  alque  diduci,  nisi  et  paliniles  adjugentur. 
Quam  lamen  formam  non  omnes  agricolrc  probaveruiit : 
nam  niiilti  simplici  ordine  fiieie  conleiiti.  Verum  stabilior 
est  vinea  et  oneri  sarmenlorum  el  fructui  fercndo ,  quae  ex 
iilraque  parte  jugo  devincta  pari  libramento  velut  aiicoris 
quibusdam  distinetur.  Tuni  etiam  per  plura  bracliia  raa. 
terias  dilTundil,  et  lacilius  eas  explicat  undique  subnixa, 
quam  qu:e  in  simplici  canlerio  frequeiitibus  palmilibus 
stipalur.  Potest  tamen,  si  vel  parum  late  disposila  vinea 
vel  paruin  IVucluosa  caelumque  nou  tuibidum  ucc  procel- 
losiim  liabeal,  uno  jugo  conteula  esse.  Nam  ubi  miigiia 
vis  elincuisuse.stpluviarum  procellarumque,  ubi  freqiieii- 
tibus  aquis  vitis  labefaclatur,  ubi  praecipilibusclivis  velut- 
pendens  plurima  pra;sidia  desiderat;  ibi  quasi  quadrato 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  IV. 


aiusi  dire  ,  avec  un  bataiilon  earre.  Quant  aux 
terrains  chauds  etsecs ,  il  faudra  y  etendre  ie  joug 
de  tous  c6tes,  afm  que  lespampres,  qui  viendront 
entout  sens,  se  reuuissent  ensemble,  et  qu'en 
s'epaississaut  en  forrae  de  voute,  ils  couvrent  de 
leur  ombre  la  terre  qui  sera  alteree;  au  lieu  que 
dans  les  pays  froids  et  sujets  aux  gelees  ,  on  se 
contenterade  ranger  les  pampres  sur  une  seule 
ligne ,  parce  que  de  cette  facon  la  terre  se  sechera 
plus  facilement,  et  que  le  fruit  raurira  mieux  et 
jouiradavantaged'unair  salutaire.  D'ailleurs  les 
fossoyeurs  auront  alors  plus  de  liberte  et  de  com- 
modite  pour  iancer  le  hoyau,  le  fruit  sera  plus 
sous  les  yeux  des  gardiens,  et  les  veudangeurs 
le  cueilleront  plus  cornraoderaent. 

XVIII.  Quand  on  voudra  disposer  ses  vigno- 
bles  en  ordre  ,  il  faudra  faire  des  carres  separes 
entre  eux  pardes  sentiers,  qu'on  remplira  chacun 
de  cent  ceps,  ou  ,  comme  d'autres  aimeut  mieux 
faire,  distribuer  tout  son  terrain  par  semi-ju- 
(jera.  En  distribuant  ainsi  ses  vignobles,  outre 
Tavantage  qu'on  leur  procure  d'etre  plus  expo- 
ses  au  soleil  et  au  vent,  il  devient  aussi  plus  fa- 
cile  au  proprietaire  d'y  fixer  ses  regards  et  d'y 
porter  ses  pas,  deux  cboscs  tres-salutaires  au 
fond.  Dailleurs  cette  distribution  le  met  a  por- 
tee  d'estiraer  avec  eertitude  le  norabre  de  jour- 
nees  qu'il  aura  a  exiger ,  parce  qu'on  ne  peut  pas 
se  tromper  ,  lorsque  les  juijera  sont  partages  en 
portions  egales.  Bien  plus,  la  distribution  faite 
par  carres  diminue  ,  pour  ainsi  dire,  la  fatigue 
dutravail ,  a  proijortion  de  ce  que  cespartiessont 
plus  petites,  ct  exeite  en  consequence  les  travail- 
leurs  ii  depecher  leur  ouvrage  :  car  l'imraensite 
d'un  travail  urgent  decourage  comrauncment  les 
ouvriers.  II  est  encore  tres-utile  de  counaitre  les 
forces  de  ses  vigues  et  ie  produit  de  chacune  en 


particulier,  pour  pouvoir  juger  quelles  sont  cel- 
les  qui  outbesoin  de  plus  ou  raoins  de  culture. 
En  outre  ,ces  sentierslivrent  non-seulemcnt  aux 
vendangeursmais  encore  a  ceux  qui  vont  raccora- 
modcr  les  jougs  et  les  appuis  de  la  vigne ,  un  pas- 
sage  libre  et  facile,  a  travers  lequel  les  uns  et 
lesautrespeuvent  porter  lcs  Iruifsou  les  echalas. 

XIX.  Quant  a  la  hauteur  dont  le  joug  doit 
etre  eleve  de  terre,  il  suflira  de  dire  quesa  plus 
petite  elevation  est  de  quatre  pieds,  et  sa  plus 
grande  de  sept.  II  faut  cependant  eviter  cette 
deruiere  dans  lesjeunes  plants;  car  on  ne  doit 
pas  coramencer  par  elever  d'abord  les  vignes  a 
une  si  grandehauteur,  et  il  ne  faut  lesy  conduire 
qu'apres  une  longue  suite  d'annees.  Au  reste , 
plus  le  sol  et  le  climat  sont  humides  et  les  vents 
doux,  plus  il  faut  elever  le  joug  :  car  pour  lors 
lafertiiite  des  vignes  permet  de  les  laisser  mon- 
ter  plus  haut ,  et  le  fruit  etant  ecarte  de  terre 
est  moins  sujet  a  se  pourrir;  outre  que  c'est  la 
seule  facon  dont  il  puissejouirdes  effets  salutai- 
res  du  vent,  qui  seche  en  peu  de  temps  les 
brouillards  et  les  rosees  pestilentielles,  et  qui 
confribue  beaucoup  tant  a  faire  dcfleurir  la  vi- 
gne  qu'a  en  ameliorer  le  vin.  Les  terrains  mai- 
gres  au  contraire  ou  ceux  qui  vont  enpente, 
ainsi  que  ceux  qui  sont  brules  par  In  chaleur,  ou 
trop  exposes  a  la  violence  destempetes  ,  deman- 
dent  des  jougs  plusbas.  Mais  sitout  setrouve  eon- 
forrae  a  nos  desirs,  nous  ferons  monter  nos  vi- 
gues  aciuq  pieds  de  hauteur,  ni  plus  ni  moins; 
quoiqu'il  n'y  a  point  de  doute  que  plus  elles  se- 
ront  montees  sur  des  jougs  eleves,  plus  le  vin 
qu'elles  donneroutsera  d'un  gout  delicat. 

XX.  Quand  la  vigoe  a  et6  ecbalassee  et  mise 
au  joug,  elle  a  besoiu  dessoins  de  celui  qui  doit 
la  licr.  Ce  qu'ii  aura  le  plus  a  coeur,  aiusi  que  je 


circumfirmanda  est  agmine.  Caliiiisveroetsiccioribus  locis 
iuomnem  parlem  juguni  porrigendum  est,  ut  prorepen- 
tes  undique  pampiui  jungantur,  et  condensati  cameric 
more,  ferrani  sitieutem  obunibrent.  Contra  pluviis  et  Iri- 
gidis  el  pruiuosis  regionibus  siniplices  ordiues  instiluendi : 
nam  et  sic  facilius  insolalur  liuinus,  el  fructus  percoquitur, 
perllatnnique  salubriori;m  babet :  fossores  quoque  lilierius 
el  uptius  jaclant  bideutes ,  meliusque  peispicitur  a  cuslo- 
dibus  fructus,  etconnnodius  legilur  a  vin<lemiatore. 

XVIII.  Sed  quoquo  vinela  plaiuerit  ordiuare,  cenfena; 
.stirpes  pi-r  singulos  liorlos  seiiiilis  distingiianlnr  :  vef ,  nt 
<piibusilaiii  pl,i<-.i't,  iii  sciiiijugiMa  oiunis  nioilus  diriiiiatur. 
QiKC  ilisliiiclio  |Ma'ii'r  illiid  Loiiiinodum,  quod  plus  solis 
et  venti  vilibii-,  pinli''!,  lum  etiam  oculos  el  vi'>tigia  do- 
inini,  res  a^ni  ^:dulirniiiias,  lacilius  admillit,  iiMlaiiiipii! 
JEStimatioiieiii  iii  i'\ii;iMidis  operibus  pricbet.  Neque  eiiiin 
lalli  possiimus  per  paria  intervatlajugiiribusdivlsis.  Qiiiii- 
etiain  ipsa  bortnforuin  descriplio  <pianto  est  miuoribus 
nioduiis  concisa ,  fatigiitioneni  velntl  minuit,  c\stimulat- 
que  eos  qiii  opera  nioliuntur,  et  ad  reslinandiim  invitat. 
Nam  fere  vastitas  instautis  laborls  aiiimos  debililat.  !Non 
niliif  etiam  prodest  vires  et  provcutum  cujusiiue  partis  vi- 


ni^arum  nosse,  ut  «stimemus,  qua^  niagis  aut  niinus  co- 
fenda  sint.  Vindemiiitoribns  quoque  liije  semitin  el  jugum 
pedamentaque  sarcientibus  opportunam  laxitatem  prae- 
bent,  per  quam  vel  fructus  vel  slatumina  portentiir. 

XI.K.  De  positione  jugi,  quateuus  a  terra  levandum  sit, 
fioc  dixisse  abiinde  est :  bumillimam  esse  quatuor  peduin , 
celsissiinam  septein.  Qui»  tamen  in  uovellis  seminibus  vi- 
landa  est.  Neque  eiiiin  biuc  jirima  constifutio  vinearum 
csse  itebet,  seil  per  anuorum  longam  seiicin  ad  fianc  afti- 
tndincin  vilis  perducenda  est.  Cicterum  quanto  liumidiiis 
est  soliiin  ct  castuin  ,  placidioresque  ventl ,  lanto  est  allius 
atlollenduin  jiigiim.  Nam  lietilia  vitiuin  patitur  cefsius 
evocari ,  fnictusqiie  submotus  a  terra  ininus  putrescit  :  et 
fioc  niio  modo  pcrlfiitur  veiitis,  qiii  iii'biilam  et  roreni 
]icstirerum  celeritcr  iidsiccant ,  iiiiiltiniiipii' ;id  delloresccu- 
dum  ct  ad  bonitatem  vini  coiilVruiil.  KiirMis  exilis  terra 
ct  acclivis  torrensque  iestu,  vd  i]im'  veluMiieiililius  pro- 
cellis  ubuoxia  est,  liumifius  jiigiiiii  poscil.  .\t  si  ciiucta 
competunt  voto,  jusla  est  altitiido  viiii',i'  ]ii'dniii  qiiinijue  : 
nec  tiiiiirii  diibiuin,  qiiiii  viles  tiinlii  iiirhoris  siiporis  (irav 
beant  iiiiisliiiii ,  iiiiiiiito  iii  eililiora  jiiga  iiiiisiir^iiiil. 

XX.  fcdatani  >iiicani  jugalamquc  scquilur  alligatoris 


COLUMELLE. 


Tai  dit  ci-dessus ,  esl  de  conserver  la  tige  dans 
une  direction  droite,  et  de  ne  pas  se  regler  sur 
les  tortuosites  de  l"echaias,  de  peur  qiie  sa 
mauvaise  tournure  ne  fasse  contracter  a  !a  vigne 
les  memcs  dcfauts.  Ce  point  est  non-seulement 
interessant  pour  donner  un  bel  aspect  k  ia  vigne, 
mais  encore  pour  iui  procurerde  la  fecondite,  de 
la  force  et  de  la  durec.  Car  quand  le  tronc  cst 
droit,  il  portesa  moelledans  la  meme  direction; 
moyennant  quoi  le  suc  de  la  terre,  qui  Uu  doit 
servir  de  nourriture,  passe  plus  facilement  a 
travers  cette  moelle,  et  parvient  au  liaut  de  la 
plante,  eu  suivant,  pour  ainsi  dire,  un  cherain 
qui  ne  se  trouve  barre  par  aucuu  detour  ni  par 
aucun  obstacle ;  au  lieu  que  les  vignes  ,  qui  sont 
courbees  et  torses,  ne  sont  pas  egalemeut  abreu- 
v6es  de  ce  suc  dans  toutes  leurs  parties,  tant 
a  cause  des  obstacles  qiie  les  ncEuds  apportent  a 
son  passage ,  qu'a  cause  de  leur  tortuosite,  qui 
retarde  la  iiltration  des  eaux  de  la  terre ,  en  leur 
opposant,  pour  ainsi  dire,  des  mauvais  pas. 
Cest  pourquoi,  lorsque  la  vigne  cst  montce  en 
ligne  droite  jusqu'au  haut  du  pieu,  on  Vy  atta- 
che  avec  un  lien,  de  peur  que  le  poids  de  scs 
fruits  ne  Taffaisse  et  ne  la  courbe.  Ensuite ,  a 
partir  de  rendroit  qui  a  ete  lie  le  plus  pres  du 
joug,  on  arrange  ses  bras  de  cote  et  d'autre, 
ct  on  recourbe  en  tcrre  a  Taide  d'un  autre  lien 
les  branches  a  fruit,  apres  les  avoir  fait  passer 
sur  le  joug.  Moyennant  cela ,  il  arrive  quc  d'un 
cote  ce  qui  pend  du  joug  se  charge  de  fruit,  et 
que  d'un  autic  cole  la  courbure  occasionne  de 
nouvelles  pousses  aux  environs  du  lien  qui  la 
retient  au  joug.  II  y  en  a  qui  etendent  au-dessus 
du  joug  les  paities  que  nous  precipitons  pnr 
en  bas,  et  qui  les  y  retienuent  en  les  liant  a 
diversesreprises;  mais  je  ne  crois  pas  leur  mi- 
thode  bonne.  Eu  effet,  lorsque  les  branches  a 


fruit  sont  peudantes,  les  pluics,  lcs  brouillards 
et  les  greles  ne  leur  nuisent  pas  autant  qu'elles 
leur  nuisent,  lorsqu'etant  liecs  ensemble  elles 
serablent  se  presenter  en  face  aux  raauvais 
temps.  Cependant  ces  memes  branches  a  fruits, 
que  ron  aura  laisse  perdre,  doivent  etre  liees 
avant  que  le  fruit  miirisse ,  e;  quand  les  grappes 
coramenceront  a  tourner  et  qu'clles  seront  encore 
en  verjus,  aiin  que  les  pluies  puissent  moins  les 
pourrir,  et  que  les  vents  et  les  betes  ne  les  de- 
vastent  pas.  II  faut,  le  long  des  chemins  et  des 
sentiers,  tourner  les  branches  a  fruit  en  dedans 
du  plan,  pour  que  les  passants  n'y  cau.sent  au- 
cun  dommage.  Voila  la  maniere  de  conduire  au 
joug  la  vigne ,  quand  il  est  tcmps  de  Ty  meltre. 
Car  si  elle  est  faible  ou  courte,  il  faut  la  couper 
a  lahanteurde  deux  bourgeons,  aiin  qu'ellejette 
un  bois  plus  fort,  et  qui  puissemontertout  d'un 
trait  au  joug. 

XXI.  Quand  la  vigne  a  cinq  ans,  on  ne  la 
taille  pas  autrement  que  pour  lui  continuer  la 
forme  que  nous  avons  designee  ci-dessus,  et 
pour  rempecher  de  s'etendre  par  en  haut,  en 
faisant  en  sorte  que  sa  tete  reste  toujours  a  cn- 
viron  un  picd  au-dessous  du  joug,  et  qu'elle  se 
distribue  en  quatre  parties  ,  c'est-a-dirc ,  en  au- 
tantde  partiesqu'ellea  de  brasou  dediiramenla, 
suivant  Texpression  de  quelques  personnes.  II 
suffira  de  laisser  a  chacun  de  ces  bras  une  bran- 
che  a  fruit,  Jusqu'a  ce  que  les  vignes  aient  toute 
leur  force.  Mais  lorsque,  quelques  annees  apres, 
ellcs  seront  parvenues,  pour  ainsi  dire,a  la  vi- 
gueur  de  la  Jeuncsse,  le  nombre  des  branches 
ii  fruit  qu'on  leur  laissera  ue  sera  plus  fixe.  Eu 
effct,  la  fcrtilitedu  terrain  en  exigcra  davantage, 
et  sa  maigreur  en  comportera  moins;  d'autant 
que  si  ou  ne  rt^prirae  pas  une  vigne  trop  abon- 
dante  eu  fruit,  elle  quitte  mal  sa  fleur,  et  ne 


cura,  cuiaiUiquissinnimosse  (ieliet,  ut  supradixi,  rectain 
conscrvare  slirpem ,  ijcc  llcxiira  liciica;  persequi ,  ne  pra- 
vitas  statuminuni  ad  siiiiilitiuliiicm  sui  vitem  configuret. 
Id  non  solum  ad  specimn  iiluiiinnm  lefert,  sed  ad  uberla- 
tem  et  firmilalem  ,  perpeliiilalemtpie.  Nam  rectus  triiiicus 
similem  sui  nieduliaui  gerit,  per  quam  velut  quodam  iti- 
nere  siiie.  llexu  atque  impediuiento  facilius  terra'  nialris 
alimenta  meant,  et  ad  summum  perveuiunt.  At  qu»! 
curvoe  sunt  et  distoilaj,  non  ffiqnaliter  alliduiitur  iiilii- 
lientibus  tiodis,  et  ipso  llexu  cursiim  lerreni  Immoris  ve- 
luti  salebris  retardante.  Quaie  cuin  ad  summuin  paltim 
rccta  vilis  extenta  est,  tapistro  constringitur,  ne  failu 
gravata  subsidat  curveturque.  Tum  ex.  eo  lot«  qiiod 
proximum  jugo  ligatum  est,  biacliia  disponunt«r  iii  di- 
versas  parles ,  palmajque  siiperpositiE  deorsum  versus 
curvanlur  vinculo.  llaque  id  quod  jugo  deiiendet,  fruclii 
impletur  :  rursusque  turvatuia  ju.\ta  vinculum  materiam 
exprimil.  Qiiidam  cain  partem,  qnam  iios  p>-secipitamus , 
supra  jugum  porrigunt,  et  crebris  viimnibiis  inncxis  coii- 
liuent;  quos  ego  miiiime  probandos  puto.  Nam  dependenti- 
bus  |Kilmilibu,s  neque  pluviae  neque  pruiua;  grandinesve 


lanlum  norenl,  quanlum  religatis,  etquasitempestalibus 
opposilis.  lidem  tamen  palniites  piius  qiiam  friictiis  mitcs- 
cant,  variar.libus  adhuc  et  acerbis  uvis,  religari  debent, 
quo  minus  roribus  queant  pulre.scere,  aut  ventis  ferisve 
vastentur.  Juxta  decumanum  ntque  somit.is  paimilcs  in- 
trinsetiis  flcctendi  sunt,  ne  proilereiinliiiiii  iiiciirsii  lifdan- 
tiir.  Et  liac  quidem  ratione  tempestiva  \ilis  perdiiciliir  ad 
juguin.  iNam  quae  vel  iiifirma  vel  brevis  est,  ad  diias  gem- 
mas  recidenda  est ,  quo  veliemeutiorcm  lundat  materiam , 
qua;  proliniis  eraicet  in  jugiim. 

XXI.  Qiiinqueniiis  vineai  non  alia  est  piilatio ,  qiiani  iil 
figuretur,  qiiemadmodum  institui  dicere  supra  neve  siiper- 
vagetiir;  sed  utcaput  trunci  pedali  fere  spatio  sit  inferius 
jugo,  quaternisqiie  bracliiis,  quaj  duramenta  quidam  vo- 
cant,  dividalur  in  totidem  partes.  Hoec  bracliia  sat  erit 
interiin  singulis  palmitibus  in  friictiim  submitti,  donec 
vineae  justi  sint  roboiis.  Ciim  aliqiiot  deinde  annis,  quasi 
juvenilem  ajlatem  ceperint,  quot  palinites  relinqui  de 
beant,  incerlum  est.  ISain  loci  lajtitia  plurcs ,  exilitas  pau- 
ciores  desiderat.  Siqtiidem  liixnriosa  vitis  nisi  fructu  com. 
pescitur,  male  deflorescit,  et  In  materiam  frondemque 


DE  L'AGRICULTTJRF.,  LIV.  IV. 


doniie  que  du  bois  ct  des  fcuilles ;  comme  ,  d'un 
autre  cflte,  quand  elle  est  faible,  elle  souffre, 
pour  pcu  quViie  en  soit  trop  chargee.  Cest  poiir- 
quoi,dans  un  terrain  gras,  on  pourra  laisser 
deux  fouets  a  chaque  bras,  sans  cependant 
clianger  le  cep  au  point  d"avoir  plus  de  huit 
l)i-anehes  a  fruit  a  nourrir,  a  nioins  que  la  ferti- 
litedu  terrain  n"encxii;e  absolument  davantage. 
!>l'fectivement,  un  cep  qui  a  plus  de  branehes 
ijue  nous  ne  veiions  de  dire  a  plutot  Tair  d'une 
vii;ne  en  treillc  qu'en  vit;noble.  On  ne  doit  pas 
iion  plus souffiir  que  les  bras  d'une  vigne  devien- 
nent  pius  gros  que  son  tronc  :  mais  toutes  les 
fois  que  l'on  pourra  laisser  croitre  des  fouets  sur 
leurs  cotes ,  il  faudra  les  couper  eux-memes  par 
eu  haut,  alin  c[u'ils  ne  moutent  pas  au  dela  du 
joug ;  de  facon  que  la  \  igne  soit  toujours  renou- 
velee  par  de  Jeunes  branches,  que  l'on  niettra 
au joug  lorsqu'elles  serontdevenues  assez  longues 
pour  y  atleindre.  Mais  s'il  s'eu  trouve  quelques- 
unes  de  rompues,ou  qui  ne  soient  pas  assez 
longues,  pourpeu  qu'elles  soient  dans  une  partie 
qui  puisse  servir  a  renouveler  la  vigne  Tannee 
suivante,  il  faudra  les  tailler  en  courson  d'un 
pouce,  que  les  uns  appellent  custos,  les  autres 
rescx,  et  d'[mircs  pncsidinrius.  Cecourson  n"est 
autre  chose  qu'un  sarment  de  deux  ou  trois  bou- 
tons ,  que  Ton  conserve  a  dessein  de  renouvcler 
la  vigue  par  sou  moyen,  parceque,  des  qu'il  a 
produit  des  branches  a  fruit,  on  coupe  tout  Tex- 
cedent  de  raneien  bras,  qui  est  au-dessus  de 
rojil  dont  ces  branches  sont  sorties.  Cette  me- 
thode,  par  laquelle  les  vignes  auront  ete  miscs  en 
bonetat,  sera  celle  qu'il  faudra  toujours  suivre 
par  la  suite. 

X.XII.  Mais  si  nous  avons  acquis  des  vignes 
qui  aient  ete  conduites  d'uneautre  facou,  et  que, 


pouravoiretenegligeespendantplusieursannees, 
elles  soient  montees  au  dela  du  joug,  il  faudra 
examiner  de  quelle  longucur  sont  les  bras  qui 
excedent  la  mesure  que  nous  venons  defixer; 
car  s'ils  n'ont  que  deux  pieds  ou  un  peu  plus , 
on  pourra  encore  remettre  toute  la  vigne  au  joug, 
pourvu  que  son  picu  soit  app!ique  au  tronc 
memc.  En  effet,  il  suffira  pour  lors  d'ecarter  le 
pieu  du  tronc,  et  de  renfonccr  en  f erre  sur  la  ligne 
ou  est  la  vigne,  vis-a-vis  le  vide  que  forment 
deux  de  ses  bras  entre  eux  ;  apres  quoi  on  pcn- 
chera  la  vigne  pour  la  conduire  a  cet  appui,  et 
raoyennant  cela  elle  se  trouvera  jT  la  portce  du 
joug.  Mais  si  ses  bras  sont  beaucoup  plus  allon- 
ges,  ou  qu'ils  soient  dans  le  cas  d'atteindre 
jusqu'a  un  quatrienie  ou  meme  jusqu'a  un  cin- 
quieme  echalns,  oii  pourra  a  la  veritc  les  reta- 
blir,  mais  a  plus  graiids  frais,  en  eourbant  en 
tcrre  des  sautelles;  ct  a  Taide  de  ccs  sautelles, 
dont  nous  approuvons  fort  Tusage,  !a  vigne  se 
propagera  trcs-piomptement.  Cependant  si  elle 
est  vieille,  et  que  la  superlicie  de  son  tronc  soit 
rongee,  cette  operation  deraandcra  une  grande 
attention;  au  lieu  qu'il  cn  faudramoins,  sielle 
cst  dans  toute  sa  vigueur  et  son  integrite.  En 
effet,  il  suffira  pour  lors,  apres  Tavoir  dechaus- 
see,  de  la  fumer  largement  en  hiver,  et  de  la 
tailler  de  court ;  aprcs  quoi  on  ['ouvrira  avec  la 
pointe  dun  instrument  de  fer,  dans  !a  partiela 
plus  verte  de  son  ecorce ,  entre  trois  ct  quatre 
picas  de  terre;  ensuite  on  donnera  de  frcquen- 
tcs  fouilles  ad  terraiii,  afin  qu'elle  puisse  s'ani- 
mer  et  jeter  tles  pampres,  surtout  de  rendroit 
ou  on  Taura  ouverte  :  coramunement  il  sort  un 
germe  de  cette  cicatrice ,  et  si  le  produit  en  de- 
vient  tres-long,  on  le  laisse  croitre  comme  un 
fouet;  au  lieu  que  s'il  est  moius  long,  on  le  taille 


clTiinilitiir  ;  infirnia  niisus,  cum  onerala  ost,  afnisitni'. 
Jtaqne  pingui  teiia  singulis  biacliiis  litebit  bina  injiingeie 
ilagella,  nec  tamennuiiierosiusonerare,  quam  iil  uila  vitis 
oclo  serviat  palniitibns;  nisi  sl  ailmoduin  nimia  ubertas 
plureis  postulabit.  Illa  cniiii  pergula!  magis,  quain  vine.T 
figuratn  oblinet ;  qune  supia  hunc  mndum  materils  disteii- 
ditur.  Secdebemus  commiltere,  iit  brachia  pleniora  tiunco 
sint :  vcrum  assidiie,  cum  modo  e  lateriliiis  corum  llagella 
licueiit  submilteie ,  nmpiilanda  erunt  superioia  duia- 
menta,  iie  jugum  excedant  :  sed  iiovellis  palinis  scmper 
vilis  renovetur.  Qua;  si  salis  e\cievcrint ,  jiigo  superpo- 
nantiir  :  sin  aliqua  eariim  vel  pra^fracta,  vel  pariim  proiera 
liieril,  locumque  idonimm  obliiiebit,  unde  vitis  anno  se- 
qiienti  renovari  debeat,  in  pollicem  tondeafiir,  quem  qui- 
dam  custodem,  alii  resecem,  nonnulli  pra>sidiarium  ap- 
pcllant,  id  est,  sarmenlum  gemmaruniduarum  vel  frium, 
ex  quo  cuin  processere  friigifenc  maleri;p. ,  qniccpiid  esl 
supra  vefiisti  brai  hii  ampulatiir,  et  ita  cx  novello  palinile 
vilis  pullulascil.  Alqiie  Ii.tc  ratio  bene  inslitiitanim  viiiea- 
ruin  in  perpcluuni  custodicnda  erit. 

XXII.  Si  veio  aliter  foimalas  acceperimus  vincas,  et 
inuitorutn  annoruin  negligenlia  snpcrvciierint  jiiguin  ,  con- 


sideniuduin  eiit,  ciijiis  longilndinis  sinl  duramina,  qiin; 
cxcedunt  pr,i'diolam  mensuram.  Nam  si  duorum  pedum 
aul  paulo  ampliiis  fiierint,  poterit  adbuc  univeisa  vinea 
suhjiigum  mitli,  si  lamen  pahis  trniico  est  apidicitus.  Is 
cuim  a  vile  submovetur,  et  in  mcdio  spalio  duorum  or- 
diniim  ad  liiieam  pangitur  :  li,insversa  deiiide  vilis  ad 
.stalumen  piMduciliir,  atque  ila  jugo  subjicitur.  At  si  du- 
lameuta  ejiis  longiiis  excesserint,  iit  in  quartum  aut  eliam 
In  quinlum  slatumon  prorepserint ,  inajore  siinqitu  lesti- 
tuetur.  Mergis  namque,  qui  nobis  niaxime  placent,  pro- 
pagata  cclerrime  proviMiit.  lloc  tamcii  si  vclus  et  exi^sa 
e.st  siiperlicies  trnnci;  at  si  iobusl;i  et  iiitcgia,  minoreifi 
opciam  desiderat.  Quippe  hiberno  tcnipore  ablaqiicata 
fimo  .saliatur,  angiisleque  diqiutaliir,  et  inter  quartum  ac 
lerliiim  pcdem  a  ferraviridissima  parte  cort  cis  ,acufomu- 
crone  feriamenli  vnliieratur.  Frcquentibus  deiiide  fo.ssiiris 
leira  permiscetur,  ut  incilari  vilis  possit ,  el  ab ea  niaxime 
parte,  qiiae  vulnerala  esl,  pampiiiiim  fundere.  Plerumquc 
aiitem  gcrmen  de  ciiafrice  procedit,  qiiod  sive  longius 
prosihieiit ,  in  nagelliim  subniitlilin  ■.  sive  brevius,  in  pol- 
licem  :  sive  admodum  cxigunm ,  in  furnncnlnm  :  i.S  cx 
iiuolibct  vcl  iiiiiiimo  capillamcnfo  licri  polesf.  Nam  iibi 


COLUMELLE. 


en  courson,  et  s'il  est  absoUimcnt  court,  on  le 
taille  en  forme  de  verrue ;  car  le  moindre  petit 
filanient  peut  etre  taille  de  cette  derniere  faeon. 
Or,  des  qu'un  pampre  est  sorti  du  bois  dur  avec 
une  ou  deux  feuilles,  pourvu  que  ce  pampre 
vienne  amaturite,  sans  avoir  ele  ni  coupe  ni 
epluche,  11  donncra,  le  printemps  suivaut,  un  bois 
considerable;  et  lorsque  ce  bois  sera  consolide, 
et  qu'il  aura  forme  une  espece  de_bras,  on  pourra 
des  lors  couper  la  partie  du  bras  qui  montait 
au-dessus  du  joug ,  et  par  consequent  laisser  le 
reste  au  joug.  Plusieurs  personnes ,  pour  avoir 
plus  tot  fait,  coupent  les  vignes  qui  sont  dans  ce 
cas  a  plus  de  quatre  pieds  de  terre,  sans  rien  re- 
douter  de  cette  amputation  ,  parce  qu'ordinaJre- 
inent  la  piupart  des  ceps  se  pretent  naturelle- 
ment  a  jeter  de  nouvelles  pousses  aupres  de  la 
cicatrice.  Mais  nous  n'approuvous  pas  cette  me- 
thode,  parce  que  communement  une  tropgrande 
plaie,  quand  elle  n'est  pas  surmontee  d'unepar- 
tiedebois  bienporlante,  avec  laquelle  elle  puisse 
se  consolider,  est  bientot  dessechee  par  Tardeur 
du  soleil ,  ou  pourrie  par  les  pluies  et  les  rosees 
qui  succedent  a  ce  premier  accident.Cependant, 
lorsqu'on  sera  force  de  couper  absolument  un 
cep,  il  faudra  d'abord  le  dechausser,  puis  le 
couper  un  peu  au-dessous  de  la  superficie  du  sol , 
afin  que  la  terre  dont  on  le  reeouvrira  puisse  le 
mettre  a  Tabri  dc  Tardeur  du  soleil ,  sans  cepen- 
dant  empecher  le  passage  des  nouvelles  branches 
qui  sortiront  de  ses  racines  ,  afin  qu'elles  puis- 
sent  se  marier  a  leurs  echalas ,  ou  couvrir  de 
leurs  provins  les  eehalas  du  voisinage  qui  ne  se- 
ront  point  garnis.  Cette  espcce  d'operation  ne 
pourra  neanmoins  se  faire  quc  lorsque  les  vi- 
gnes  seront  plantces  assez  profondement  pour 
que  leurs  racines  ne  vaciilent  pns  sur  la  superQ- 
cie  du  sol ,  et  qu'elk's  serontd'une  bonne  espece. 


Autrement  ce  serail  peine  perdue  :  parce  que 
si  ce  sont  des  vignes  degenerees,  on  aura  beau 
les  renouveler,  elles  conserveront  toujours  ce 
premier  vice,  et  que  si  eiies  tiennent  a  peine 
sur  la  superficie  de  la  terre,  elles  periront  avant 
que  d'avoir  pris  une  certaine  force.  Ainsi,  dans 
lepremier  cas,  on  fera  raieux  de  les  greffer  avec 
des  entes  fructueuses;  et  dans  le  second,  il 
faudra  les  extirper  entierement  et  en  replanter 
de  nouvelles,  pourvn  cependant  qu'on  y  soit  de- 
termine  par  la  bonle  du  sol.  Car  si  c'est  par  le 
vice  du  sol  qu'elles  sont  devenues  steriles  avant 
meme  que  d'etre  vieillies ,  nous  ne  croyons  pas 
qu'on  doive  les  retablir  en  aucune  facoa.  Or  les 
vices  de  terrain  qui  fiuissent  presque  toujours 
par  detruire  les  viguobles  sont  la  maigreur  et  la 
sterilite,  un  gout  sale  ou  amer  inherent  a  la 
terre,  rhumidite,  une  position  trop  inclinee  et 
escarpee,  une  terre  trop  ombragee  et  privee  des 
rayons  du  soleil ,  des  vallees  sablonneuses,  de 
meme  qu'un  tuf  sablonneux  ,  un  sable  plus  niai- 
gre  qu'il  ne  faut ,  et  dans  lequel  il  u'y  a  pas 
plus  de  terre  que  dans  du  gravier  pur,  et  toute 
autre  circonstance  pareille,  qui  met  la  terre 
bors  d'etat  de  fournir  a  la  vigne  sa  nourriture. 
Au  reste,  lorsqu'un  terrain  n'a  aucun  de  ces 
desavantages  ni  d'autres  semblables,  on  peut  en 
faire  un  vignoble  qui  rapportera  toutes  les  an- 
nees  sans  se  reposer,  en  se  conformant  a  la 
methode  que  nous  avons  donnee  dans  le  pre- 
mier  livre.  Mais  pour  les  vignobles  d'uue  espece 
mauvaise,  et  qui,  tout  robustes  qu'ils  sont,  ne 
rapportent  pas  de  fruit  a  cause  de  leur  sterilite, 
on  les  corrigera,  comme  nous  avons  dit,  par  le 
moyen  de  la  greffe,  dont  nous  traiterons  eu  son 
lieu ,  lorsque  nous  eu  serons  veuus  a  cette  raa- 
tiere. 

XXin.  Commeil  sembleque  nous  avons  peu 


iiniusaut  alteriiis  folii  panipiuus  prorepsit  e  duro  ,  iluin- 
iiiodo  ad  maturitatem  perveniat,  sequente  vere,  si  non 
adnodatus  neque  adiasus  est ,  veliementem  fundit  iiiale.. 
riam  :  quK  cum  convaluit  el  quasi  bracliium  fecit,  licet 
tunc  supervagalam  pailem  duramenti  recidere ,  et  ita  re- 
liquam  jugo  subjicere.  Multi  sequentes  compendiuni  tem- 
poiis,  lales  vineas  supra  quartum  pedem  delruncant,  niliil 
reforniidantes  ejusniodi  lesectionem  :  quoniam  fere  plu- 
rimarum  stirpium  natnra  sic  se  comiiKidat,  nt  juxla  ci- 
catricem  novellis  frondibus lepullescant.  Sed  lia^c  qiiidem 
ratio  minime  nobis  placet.  Siquidem  vastior  jilaga  nisi 
liabeat  siiperposilain  valentem  maleiiam,  qua  possit  ino- 
lescere,  solis  lialitu  lonetur  :  mox  deinde  loribus  ct  im- 
bribus  putrescil.  Attamen  cum esl utique  vinea  recidenda, 
prius  ablaqueaie,  deinde  pauluiii  inlVa  teiram  convenit 
ampulare,  ut  siiiieijcda  liimiiis  vim  .solis  aiceat,  et  e  ra- 
dicibus  novellos  proiiiiiipeiitcs  caules  liansmittal,  qui 
possint  vel  sua  maritaic  sl.ilumina  ,  vet  si  qua  sunl  vidua 
in  propinquo,  piopa};inibus  vestiie.  H.fc  aulem  ila  lieri 
debebuiit,  si  vinea;  altius  positae  nec  in  siimmo  labanles 
radices  habebunt,  et  si  boiii  generis  eruiit.  Namque  alilBr 


incassum  dependitur  opeia.  Quoniam  degeneies  etiam  re- 
novalM  prislinum  servabiint  ingenium ;  at  qua?  summa 
paite  lerra;  vix  adlia;iebunt,  et  deficient  ante  quani  con- 
valescant.  .Mtera  ergo  vinea  fryctuosis  potlus  surculis  in- 
serenda  erit,  altera  funditus  extirpanda  et  reserenda  ,  si 
modosoli  bonilas  suadebil.  Cujus  cum  vitio  consenuit, 
nullo  niodo  restiluendamceusemns.  Loci  porrovilia  sunt, 
qua;  fere  ad  internicioiiem  vineta  perducunt,  niacics  et 
sterilitas  lerra.',  salsa  vel  amara  uligo,  pra>ceps  et  prae- 
riipta  posilio-,  nimium  opaca  et  soli  aveisa  vallis ,  are- 
nnsus  etiam  tofus  ,  vel  pliis  justojejunus  sabulo,  nec  mi- 
nus  lerreno  careiis  ac  iiuda  glarea,  et  siqiia  est  propiie- 
tas  similis,  qua;  vilem  non  alit.  Ca-lerum  si  vacat  liis  ct 
horum  siinilibus  incomniodis;  potest  ca  ralione  fieri 
lestibilis  viiiea,  quam  piiorc  libro  pia-c^pinuis.  Jlla  rur- 
siis  mali  generis  vineta  ,  quae  quamvis  lobusla  sint,  pro- 
pter  sterilitatem  fructu  carent,  nt  diximus,  emendantur 
insitione  facta,  de  qua  siio  loco  disseremus,  cum  ad  eain 
dispuUiliniiem  pervenerinius. 

XXIII.  rsunc  qiioniani  paium  videmur  de  putalione  vi- 
nearum  loculi ,  inaxime  uecessariam  partem  propositi  ope- 


DE  UAGRICULTURE,  LIV.  IV. 


parle  de  la  taille,  nous  nlloiis  a  present  traiter 
avec  plus  de  soia  eette  facon ,  qui  est  la  plus 
essentielle  de  toutes  celles  que  nous  proposons 
de  donner  aux  vignes.  II  faut  donc,  lorsque  la 
temperature  douce  etmoderee  de  la  eontree  ou 
nous  cultiverons  le  permettra,  commencer  la 
taille  apres  la  vendange,  vers  les  ides  d'octo- 
bre,  pourvu  ccpendantque  lcs  pluies  d'automne 
soient  prealablcment  lonibees,  et  que  les  sarments 
aient  acquis  la  force  qu'ils  doivent  avoir  :  car  la 
seiheresse  oblij;e  de  la  remettre  a  uu  tenips  plus 
rloigne.  Maissiunetcmperature  froide  etsujette 
aux  gelees  blanches  nienacait  d'un  liiver  rude, 
nous  remettrions  cette  operation  aux  ides  de 
fevrier.  On  pourrait  aussi  user  du  memedelai, 
dans  le  eas  ou  Ton  n'aurait  que  des  possessions 
de  vigncs  peu  etendues  :  car  lorsque  retendue  de 
nos  possessions  nous  empechera  de  choisir  notre 
teraps,  il  faudra  tailler  les  parties  de  nos  vigno- 
bles  les  plus  vigoureu.ses  pendant  les  froids,  les 
plus  maigres  au  printempsou  peudant  rautomne, 
celles  (|ui  seront  sous  le  midi,  en  hiver  et  meme 
pendant  le  solsticc ;  et  celles  qui  seront  exposees 
a  raquilon,  au  printemps  et  pcndant  rautomiic. 
II  est  incontcstnble  quc  telle  est  la  nalure  de  cet 
arbrisseau,  que  plus  on  le  tnille  de  boune  heure, 
plus  il  donne  de  bois ,  de  meme  que  plus  on  le 
laille  tard,  plus  il  doime  de  fruit. 

X.XIV^  Au  surplus,  en  tel  temps  quc  le  vigne- 
ron  taille  lavigne,  il  a  trois  choses  principales 
.•lobserver  :  lapremicre  estd'avoir  le  plus  qu'il 
pourra  les  Iruits  en  vue ;  la  seconde,  de  prendre  ses 
precautions  des  le  moment  de  la  taillc,  pour  rcser- 
vcr  pour  ranuee  suivante  le  bois  qui  promettra 
le  plus;  eufin  d'assurera  ia  vigne  la  plus  longue 
duree;car  la  negligence  surun  seul  decespoints, 
quel  qu'il  soit,  est  capable  de  porter  un  grand  pre- 


judice  au  proprietaire.  Comme  une  vigne  est  dr- 
visee  enquatre  parties,ellecst  aussitournee  vcrs 
quatre  aspccts  duciel  differents;  etcomme  cha- 
cun  de  ces  aspects  a  ses  proprietes  differentes , 
ils  demandent  aussi  des  variefes  dans  Tarran- 
gement  des  vignes,  a  raison  de  la  difference  de 
leur  exposition.  Cest  pourquoi  les  bras  exposes 
au  septentrion  sont  ccux  qui  doivent  souffrir  le 
moins  de  taillo,  surtout  si  on  1p,s  taille  lors- 
qu'ils  sont  deja  menaces  du  froid  ,  qui  ne  man- 
querait  pas  debruler  lcs  cicatricesde  roperation. 
On  ne  leur  laissera  donc  qu'un  sarmcnt  le  plus 
presdu  jougque  fairesepourra,avec  un  courson 
au-dessous,  qui  servira  a  renouveler  la  vigne  Tan- 
nee  suivantc.  Au  midi,  au  contraire  ,  ou  laissera 
un  plus  grand  nombre  debranches  a  fruit,  qui 
serviront  d'ombrage  a  la  merc  ,  lorsqu'elle  sera 
tourmentce  par  ies  chalcuis  de  Tete,  et  qui  era- 
pecheront  que  le  fruit  ne  sc  desseche  avant  sa 
maturite.  Pourle  levant  ct  le  couchant,  ils  ad- 
mctteut  tousdeux  trespeu  dcdifferencedans  la 
taille,  parce  qne  la  vigne  ne  voit  pas  le  soleil 
pcndant  moins  d'heures  sous  Tune  de  ces  posi- 
tions  que  sous  rautre.  II  faudra  donc  laisscr  du 
bois  :\  proportion  de  la  bontc  du  terrain  et  de 
cclledu  cep.  Voila  les  principes  gcneraux  de  ia 
taille;en  voici  de  particuliers  auxqucls  il  faudra 
se  conformer  dans  le  detail.  Car,  pour  commenccr 
par  le  basde  la  vignccomme  par  sesfondements, 
pour  m'exprimer  ainsi,  il  faut  toujours  ecarter 
nvec  la  doloire  la  terre  dont  son  pied  est  envi- 
roniK';  et  s"il  setrouvedeces  rejetons  qui  tiennent 
a  scs  lacincs,  nommes  par  les  paj^sans  siiffrago, 
il  faut  les  arraeher  avec  soin,  et  unir  la  plaie 
nvcc  le  fer,  pourempecher  que  les  eaux  de  Thi- 
vcr  n'y  scjournent.  En  general  il  vaut  toujours 
micux  arracher  les  rejetons  qui  poussent  d'un 


ris  dilJKiMitiiis  prrsei(iiemiir.  Pl.iect  eigo,  si  mitis  ac  [em- 
perala  peimillil  in  ea  re^imie,  qiiain  colimus,  Cfeli  cle- 
iiienlia,  tacla  vindemia  seciiiuliim  iiUis  Oclobiis  auspicaii 
piitationein  r  ciini  tamen  .equinnctiales  pliivia;  pra'cesse- 
rint,  et  sarnienta  juslam  inatmitalem  ceperint.  Nam  sic- 
citas  seriorem  piitalionem  facit.  Sin  autein  caeli  staliis 
frigldus  et  pruinosus  liiemis  violentiam  (leniintiat,  in  idiis 
Febr.  liancciiram  differemus.  Atipie  id  licebit  facere,  si 
eril  exisuiis  pnssessionis  modus.  Nam  ubi  rnris  vastilas 
eleclionem  nohis  tempoiis  nef;at,  valeutissimani  quamipie 
partem  vineli  frij;oribus ,  m.icerrimam  veie ,  vel  antumno  , 
ciiiiii  iliain  per  hrnmam  ineridiano  axi  opposilas  viles, 
aqiiiloiii  per  ver  et  antumnnm  depulari  cnnveniet.  Nec 
diibiiim  ,  cpiin  sit  lioruin  virgultorum  natura  lalis,  ut 
quaiito  matiiriiis  detonsa  sint ,  plus  materia!,  quanlo  se- 
rius  ,  pliis  Iruclus  afferant. 

X.MV.  Qiiandoque  isitiir  vinitor  lioc  opus  obibit,  tria 
pr.Tcipiie  cusloclial.  Primiiin  ut  cpiain  maxime  friictui  cnn- 
siilat.  Deiiicle  iit  in  aniiiim  seqiieiitem  quam  la  lis.sinias 
j.ain  liinc.  elisat  materias ;  tiim  eliaiii,  iil  qiiam  lougissi- 
niani  perennilatem  stirpi  acquiiat.  .Nam  qiiiccpiid  cv  liis 
omilliiur,  magnum  alYert  domino  dispendiiini.  Vilis  au 


tem  cum  sit  pcr  qu.atiinr  divisa  parfeis,  tolidem  c.tII  le- 
giones  aspicit.  Quae  declinaliones  cum  coiilrarias  iiiler.se 
qualilales  babe,ant,  variani  quoqueiwstulant  ordinationem 
pro  conditione  sUcB  iwsitionis  in  parlibus  vitiiim.  Igitiir 
ea  bracliia,  qii.T,  septenlrionibiis  nbjeclasiinf,  paucissi- 
mas  plagas  accipeie  debent,  et  masis  si  [iiitabiinlur  in 
grnentibus  fjam]  frigoribiis  ,  quiliiis  cicatric  es  iniiruntur. 
Ilaiiiie  nna  tanliimmodo  maferia  .jiigo  pio\ima,  et  unus 
infra  eam  ciistos  erit  siibmiltcndus,  qui  vitein  niox  in 
;iiinum  lenovet.  A't  e  conlrario  per  meridieni  pliires  pal- 
miles  submittantui',  qni  laborantem  matrein  fervoribiis 
.estivis  opacent,  nec  patiantiir  ante  matmitatem  fnictiim 
inarescere.  Orienlis  alqiie  occidentis  haiid  sane  inagna 
est  in  |iulalinne  diffeienli.i,  ipioniam  solem  pari  borariin. 
niimeio  sub  iitrnque  a\e  vitis  .•iccipit.  Modus  itaqiie  ma- 
teriarum  is  erit,  qiiem  diclaliit  liiiini  atqiie  ipsius  stirpis 
la-tilia.  Ilirc  in  iiniversum;  illa  per  parteis  custodienda 
sunt.  Nam  iit  ah  ima  vite  qiiasi  aquibiisdam  fundamenfis 
inclpiam,  semper  circa  criis  dolabella  dimovenda  tena 
esf.  Kt  si  solwles,  quam  nistici  siiflraginem  vocant,  radi- 
cibus  adhaerct,  diligeiiter  explaiifanda  fciToque  allcvanda 
csf,  nt  liibernas  aquas  rcspnat.  >am  pr.rstat  ex  viilnere 


COLUMELLE. 


endroit  quia  etetaille,  quede  laisser  uiie  cica- 
trice  pleine  de  ncrudset  rude ;  parce  que ,  dans  ie 
premier  cas,  la  plaie  ue  tarde  pas  a  se  cicatriser, 
au  lieu  que ,  dans  le  second  cns ,  elle  se  cave  et  se 
pourrit.  Apres  avoir  ainsi  soigne  le  pied  de  la  vi- 
gne,  il  faut  exaniiner  ses  cuisses  etson  troiic, 
pour  n'y  laisser  ni  pampres  sortis  du  bois  dur,  ni 
turaeur  semblable  a  une  verrue  ,  a  moins  que  la 
vignene  soit  montee  plus  haut  que  lejoup;,  et 
qu'elle  ne  demande  a  etre  ravalee.  JMais  s'il  ai- 
rive  qu'une  partie  du  tronc  qui  aura  ete  coupe 
Boit  desseehee  par  Tardeur  du  soleil ,  ou  que  la 
vigne  ait  ete  creusee  soit  par  les  eaux ,  soit  par 
les  aniraaux  nuisibles  qui  se  seront  insiuues  dans 
sa  moelle,  il  faudra  se  servir  de  ladoloire  pour 
la  delivrer  de  tout  le  bois  mort,  et  ensuite  la  ra- 
tisser  avec  la  serpe  jusquau  vif,  afm  qu'elle  jse 
cicatrise  dans  une  partie  vertc.  II  ne  sera  pas 
difflcile  d'enduire  ees  plaies,  aussitot  qu'elles 
seront  unies,  avec  de  la  terre  detrempee  preala- 
blement  dans  de  la  lied'huile,  parce  que  cette 
espece  d'enduit  ccarte  de  la  vigne  les  vers  et  les 
fourmis,  et  la  preserve  dusoleil  et  de  la  pluie; 
ce  qui  fait  qu'elle  reprend  plus  tot,  et  qu'elle  con- 
serve  son  tronc  toujours  vert.  II  fautencore  eplu- 
cher  le  corps  de  la  vigne  en  arrachant  recorcc 
seche  et  gerseequi  peudra  du  haut  dutronc,  parce 
que  la  vigne  delivree  de  ces  especes  d'imraondi- 
ces  ne  s'en  porte  que  mieux ,  etque  levin  qu'elle 
donne  est  moins  sujet  a  la  lie.  II  faut  aussi  eear- 
ter  et  ratisser  avec  le  fer  la  mousse  qui  tieut  le 
pied  de  la  vigne  resserre  comme  entre  dcs  entra- 
ves,  etqui  la  maigrit  par  sa  salete,  et  par  la  le- 
thargiedansiaquelleelle  laplonge.  Voila  cequ'il 
y  a  a  faire  dans  le  bas  de  la  vigne.  Je  vais  pres- 
crire  egalement  ce  qu'il  faut  lui  faire  au  corps. 


Les  plaies  que  ron  fait  a  la  vigne  dans  le  dur  de 
son  boisdoiventctre  obliqucset  bien  unies,.  parce 
qu'etant  faites  de  cette  maniere  ,  elles  se  gueris- 
sentpluspromptement,etlaissentplus  facilement 
ecouler  reaujusqu'a  cequ'eIlessoientcieatrisees; 
au  lieu  que  les  plaies  qui  sont  faites  horizonta- 
lement  recoivent  plus  d'cau  sur  lcur  surface,et 
la  gardent  plus  longtemps.  Cest  donc  une  faute 
que  le  vigneron  doit  surtout  eviter.  II  faut  cou- 
per  les  sarments  gourmands,  ainsi que  les  vieux; 
ceuxqui  sont  nes  dans  ime  mauvaise  place,  lcs 
tortus  et  ceux  qui  sont  tournes  vers  la  terre ; 
et  laisser  ies  jeunes  et  ceux  qui  promettent  du 
fruit,  pourvu  qu'ilssoient  droits.  II  faut  couper 
avec  la  serpe  ceux  qui  sont  secs  et  vieux  ,  ainsi 
que  les  ergots  des  eoursons  de  ratinee,  etcon- 
server  les  bras  tendres  et  verts.  Quand  la  vigue 
sera  montee  a  environ  quatre  pieds  de  liauteur, 
il  faudra  lui  former  quatre  bras,  dont  chacun 
sera  tourne  vis-a-vis  les  quatre  pointes  de  re- 
toile  formee  par  le  joug.  Mais  il  faudra  prendre 
garde  de  laisserdeux  sarments  ou  davantagesur 
la  meme  ligne  et  du  meme  cote  d'un  bras,  parce 
que  la  vigne  souffre  beaucoup  quand  toutes  les 
parties  de  ses  bras  ne  travaillent  pas  egalement, 
et  qu'au  lieu  de  distribuer  de  la  nourriture  a  ses 
enfants  par  portion  egale,  ellen'cstteteeque  d'un 
seul  cote ;  parce  qu'il  arrive  de  la  que  celui  de  ses 
vaisseaux  dont  tout  le  suc  est  epuise  seche  com- 
me  s'il  ctait  frappe  de  la  foudre.  On  appelle  /o- 
caneiis  la  branche  a  fruit  qui  sort  commuue- 
mententre  deux  fourchons  :  les  paysans  lui  ont 
donne  ce  nom  ,  parce  que ,  naissant  entre  deux 
des  hras  daus  lesquels  la  vigne  se  partage,  elle 
tieut  ce  passageassiege,  etintercepte  lanourri- 
ture  de  ees  deux  bras.  On  a  donc  bien  soin  de  la 


sobolem  repullescentem  vellere ,  quam  iiodosam  etscabram 
plagam  leliiiquere.  Hoc  enim  modo  celeriter  cicaliicem 
ducit ,  illo  cavalur  atque  puliescit.  Percuratis  deindc  quasi 
pedibus  crura  ipsa  truncique  eircumspiciendi  sunt,  ne 
aul  pampinarins  palmes  internatus  aut  veruca;  siuiilis  fu- 
runculus  relinqii.ihir  :  iii.i  si  jiigo  superjecla  vilis  deside- 
rabil  abinleridic  Mailr  irvncari.  Si  vero  Irunci  pars  secla 
solis  arnalii  peniniii ,  .iut  ai]uis  noxiisve  animalibus ,  quae 
per  niedullas  irrepuut,  cavata  vitis  est,  dolabella  con- 
veuiel  expurgare  quicquid  emorluum  esl  ;  deinde  falce 
eradi  vivo  tenus,  ut  a  viridi  cortice ducat  cicatricem.  iVeque 
cst  difiicile  mox  allevalas  plagas  terra ,  quam  prius  amurca 
madeleceris ,  linere.  iXam  et  teredinem  (brniicamqiie  pro- 
bibet ,  solem  etiam  ct  pluviam  arcel  ejusmodi  litura, 
propter  qu£c  celerius  coalescit ,  el  frucluin  viridem  con. 
serval.  Corlex  quoque  aridus  fissusque  per  summa  Irunci 
dependens,  corpore  tenus  delibrandus  est.  Quod  el  raelius 
vitis  quasi  sordibus  liberata  convalescit,  et  miniis  vino 
faecis  affert.  Jam  vero  muscus ,  qui  more  coinpedis  crura 
vilium  devincla  comprimit,  siluque  et  veterno  macerat, 
feno  destringendus  et  eradendus  est.  Atque  baec  iu  ima 
parle  vitis.  Nec  minus  ea  ,  quiE  in  capite  servanda  sint , 
deinccps  pra;cipiantur.  Plagae,  quas  iu  duro  vitis  accipil, 


obliqua;  rntundirque  fieri  debenl.  Nam  ciliiis  coalescunt, 
et  quamdiu  cicali  icem  non  obduxerunt,  commodius  aquam 
fundunt  :  transversa!  plus  bumoris  et  recipiunl  et  conti- 
nent.  Eain  culpam  maxime,  vinitor,  fugito.  Sarmenta  lata, 
vetcra,  male  nala,  contorla,  deoisum  spectanlia  recidito; 
novella  et  fructuaria  [recta]  submillito.  Bracliia  lenera 
et  viridia  servato;  arida  et  vetera  falce  ampulato.  Un- 
gues  custodum  annotinos  resecato.  In  quatuor  ferme  pe- 
des siipra  teriani  vilem  elatam  totidcm  bracliiis  coinpo- 
nito,  quorum  singiila  speclent  decussati  jugi  partes.  Tum 
siugulis  vcl  unum  llagellum,  si  macrior  vitis  erit;  vel 
duo,  si  pinguior,  bracbio  cuique  submillilo,  eaque  jugo 
superposita  praecipitato.  Sed  meminisse  oportebil ,  ne  in 
eadem  linea  uuoqiie  latere  bracbii  esseduas  malerias  plii- 
resve  patiamur.  jNamque  id  maxime  vitem  infestat,  ubi 
non  omnis  pars  bracbii  pari  vice  laborat,  neqiie  aequa 
portione  succiim  proli  sua;  dispensat  :  sed  ab  uno  lalere 
exsugitur.  Quo  lit  ut  ea  vena,  cujus  omnis  bumor  absu- 
niilur,  velut  icta  fulgure  arescat.  Vocatur  etiam  focaneus 
palmes,  qui  solet  in  bifurco  medius  prorepere,  et  idcirco 
eum  prajdicto  vucabulo  rnstici  appellant,  quod  inler  diio 
bracbia ,  qua  se  dividil  vitis,  enatus  veliit  fances  obsi- 
det,atque  utriusqueduiamenlitrahensaliinentapra-ripil. 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.    IV. 


retranelier  aussi ,  et  de  l'anacher  comme  une 
espeee  de  rivnle  ,  avant  qu"eile  se  soit  ibrtifiee.  Si 
cependant  elle  a  deja  assezpris  deforce  pour  que 
l'un  des  deux  braseu  aitsouffert,  on  retranclie 
le  plus  faible  des  deux,  et  on  la  lui  substitue; 
car  Tuu  des  bras  etant  aiusi  coupe ,  la  mere 
n'aura  pas  plus  de  peine  a  enlretenir  les  deux 
autres  parties  qui  resteront.  Ainsi  il  faut  mettre 
a  uu  pied  de  distance  au-dessous  du  joug  la  tete 
dc  la  vigne,douts'ecarteront,ainsi  queje  Tai  dit, 
ses  quatre  bras,  sur  lesquels  oji  renouvellera  !a 
vigne  chaque  annce ,  tant  en  coupant  d'anciennes 
brauches  a  1'ruit  qu'en  en  laissant  croitre  de  nou- 
velles,  quil  faudra  ehoisir  a  cet  effet  avec  intel- 
ligence.  Car  lorsque  la  vigne  abonde  en  bois ,  le 
vigneron  doit  prendre  garde  en  ia  taillant  de  ne 
pas  lui  laisser  les  branches  qui  seront  les  pkis 
voisinesdu  bois  dur,  c'est-a-dire,  du  tronc  et  de 
la  tete  de  la  vigne,  non  plus  que  celles  qui  en  se- 
ront  les  pius  eloiguees.  En  effet,  si  les  premieres 
ne  sont  d'aucune  utilite  pour  la  vendange ,  parce 
qu'elles  rapportent  peu  de  fruit,  attendu((u'elles 
sont  semblables  a  celles  qui  sortent  du  tronc  a 
son  pied,  les  secondes  epuisent  la  vigne,  parce 
qu'elles  sont  chargccs  de  trop  de  fruit ,  et  quelles 
s'etendent  jusqu'a  un  second  et  un  trsisieme  pieu, 
ce  que  nous  avons  dit  etre  \  icieux.  II  sera  donc 
bon  de  laisser  les  branches  qui  setrouvcront  dnns 
le  milieu  des  bras,  parce  qu'on  peut  en  esperer 
du  fruit,  cl  qu'il  n'y  a  pas  a  craindre  qu'elles 
maigrissent  le  cep.  II  y  a  dis  personnes  qui  mon- 
trent  plus  d'avidite  a  se  procurer  une  graude 
quantite  de  fruit ,  en  laissant  les  fouets  des  cxtre- 
mites  avec  ceuxdu  milieu ,  ct  en  tailiant  en  outre 
en  courson  le  sarment  le  plus  proche  du  boisdur. 
Mais  je  ne  erois  pas  qu'on  doive  suivre  cette  me- 
ibode,  a  moius  que  la  vigueur,  tant  du  sol  quedu 


tronc,  ne  lepermelte  :  car  ces  fouets  se  couvrcnt 
d"une  si  grande  qnantite  de  grappes,  qu'clles  ne 
peuvent  plus  parvenir  a  leur  raaturite,  a  raoins 
que  la  bonte  de  la  terre  ou  la  fertilite  du  tronc 
ne  s'y  pretent.  On  ue  doit  pas  taiUer  de  branches 
en  courson,  lorsque  celles  dont  on  attcnd  les 
fruits  les  plus  prochains  sont  situees  dans  un  lieu 
convenable,  parce  qu'il  suffit  de  lier  ces  bran- 
chcs  etde  les  courber  vers  la  terre,  ponr  cxciter 
le  boisa  en  sortir  au-dessousde  laligature.  Mais 
si  la  vigne  s'etend  plus  loin  que  la  methode  des 
agrieultcurs  ne  lui  permet  de  le  faire,  et  qu'en 
s'elancant  du  c6te  de  sa  tete  elle  jette  scs  bras 
sur  les  toitsdes  jougs  voisins  quiue  lui  sont  point 
destines,  on  laissera  aupres  du  tronc  un  courson 
vigoureux  et  trt^s-long,  garni  de  deux  ou  trois 
noeuds  :  cecourson  jettera  Tannee  suivante  du 
bois,  dont  on  formera  un  nouveau  bras  qui  pa- 
raitra  comme  sortir  du  pouce ;  apres  quoi  on  cou- 
pera  les  autres  bras  ,  et  la  vigne  se  trouvera  re- 
nouvelee  et  pourra  etre  contenue  dans  les  bor- 
nesdeson  joug.  Mais  en  laissant  cecourson, 
voici  ce  qu'il  faudra  surtout  observer  :  premie- 
rement,  que  la  plaie  n'en  soit  pas  horizontale  ni 
tournee  en  face  du  ciel ,  mais  oblique  et  penchee 
vcrs  la  terre ,  moyennaut  quoi  elle  se  defcndra 
d'elle-menie  contre  la  gelee,  et  se  garantira  du 
soleil;  secondement,  que  la  taille  n'eu  soit  point 
allongee  en  forme  de  fleche  ,  mais  courte  et  ar- 
rondie  comme  les  ongles  ,  parce  que  dans  le  pre- 
mier  cas  la  partie  blessee  se  dessecbe  plus  tot ,  et 
que  la  plaie  se  fait  sentir  dans  une  plus  grande 
etendue ;  au  lieu  que  dans  le  second  cas  elle  se 
reraet  plus  tot  de  sa  blessure ,  laquelle  d'ailleurs 
s'etend  moins  au  loin.  II  faut  aussi  se  garder  tres- 
particuliereraent  dune  raethode  fort  vicieuse, 
que  je  vois  neanmoins  etre  usitee  par  plusieurs 


Hunc  Pis»  lHii(]iKim  aMiiiiliim  dilisenter  iiJcm  ainpiUant, 
et  ailnoilanl,  priiisqiiani  coinilKPieliir.  Si  lamen  ita  piae- 
valiiit  nt  alleriitriim  lnai  liiiiiii  all1i\ent,id  quod  iinbecil- 
lius  est,  tollitiir,  et  ip>c  lofanciis  snhinittitur.  Rcciso  enim 
bracliio  , Mqiialiter  ntriiine  paiti  viies  mater  snbministrat. 
Igilnr  capnt  vilis  pede  inlVa  jiisimi  constituilo,  nnde  se 
pandant  quatuor  (iit  di\i)  biacliia,  in  iiuibus  qiiolannis 
vitis  renovetiir,  ampiilatis  veteribns,  ct  submissis  novis 
palmis,  quariiin  delectus  scite  faciciidus  esl.  Nani  nbi 
mas^na  matcriarum  facultas  cst,  putator  custodire  deliet, 
iie  aut  proximas  duro ,  id  esl  a  trunco  et  capile  vitis  re- 
linquat,  aut  rursus  extremas.  Nain  illa;  minimum  vinde- 
nilae  cohferunt,  quoniam  exlguuni  liuctum  pivcbcnt,  si- 
miles  scilicet  painpinariis  :  ba;  vitctn  e\bauriimt ,  qiiia  ni- 
inio  toetu  onerant ,  et  usqiie  in  altcnim  ac  tertinm  pabim , 
quod  vitiosum  csse  dlximus ,  se  extendiinl.  Quarc  medio 
in  bracbio  comniodissime  palmo;  subniitlcntur,  quo;  ncc 
spem  vindcniiac  dcstituant,  ncc  einacicnt  stirpcm  siiam. 
Monnulli  fruclus  avidius  cliciiint ,  extrcma  cl  media  (la- 
gella  submittendo ,  ncc  minns  pioxiinum  duro  sarmeiiluin 
in  custodem  resccando  :  quod  raciendiim,  nisi  permitten- 
tibus  soli  ct  Iruiici  viribns,  niiuime  cciiseo.  Nain  ita  se 


induiint  uvis,  nl  iicqiioaiit  matiiiitatem  capere ,  si  beni- 
gnitas  lerra^  atqne  ipsius  Irunci  hictitia  non  adsit.  Snbsi- 
diarius  idemquc  custos  in  polliiein  resecari  non  dcbet, 
cum  palina!,  ex  qiiibus  pioximi  IVuctus  speraiitiir,  iiioneo 
Inco  sita'  suiit.  Nain  uhi  ligaveiis  eas,  et  in  terram  spec- 
tanles  deflexeris,  infra  vinculnin  materias  expriines.  At 
si  longius ,  qiiam  ritus  agricotarum  permittit,  a  capite  vilis 
emiciierit,  ct  bracbiis  in  alicna  jiigorum  compluvia  per- 
repscrit,  custodcm  validnm  et  quam  maxiinum  jiixla 
truncuin  diiorum  articulorum  vel  Irium  relinqucmiis,  cx 
qiio  qiiasi  pnllicc  proximo  anno  citata  inatcria  formcliir 
iii  bracbiiim  :  nt  sic  recisa  vilis  ac  renovata  inlra  jiii;um 
contineatur.  Scd  in  snbmittendo  custode  lia->c  niaxime 
siint  observanda.  Primiim  ne  resupina  ca-liim  scil  prona 
potiiis  plaga  teriam  spcctet :  sic  ciiim  et  yelicidiis  ipsa 
sc  protegit  el  ab  sole  obumbralur.  Dcinde  iie  sagitla!  sed 
nec  iingulacqiiidem  siinilis  liat  resectio  :  nam  illa  cclerius 
et  latius  enioritnr,  ba>c  tardius  et  angiistius  reformidaf. 
Qiiodque  cliain  nsiirpari  vitiosissime  animadvcrto,  ma- 
xime  vitandum  est.  Nam  dum  serviunt  decori,  qno  sit 
brevior  custos,  et  similis  pollici,  juxla  articulum .sarmen- 
tiiin  recidunt.  Id  autem  pliirimum  oflicit,  quoniain  sc- 


COLUMELLE. 


personnes,  qiii,  lorsqu'elles  taillentun  sarraeut 
en  courson  ,  n"ont  egard  qu"a  la  beaute  du  coup 
d'oeil ,  et  le  coupeut  a  eet  effet  pres  de  la  join- 
ture,  afin  qu'il  soit  plus  court,  et  qu"il  ressenfi- 
ble  plus  parfaitement  au  pouce ;  mais  cette  me- 
thode  est  tres-pernicieuse,  parce  qu'il  arrive 
de  la  que  Tceil  v.oisin  de  la  plaie  souffre  dans  les 
commencements  du  froid  et  dela  gelee,  et,  par  la 
suite,  de  la  chaleur.  Le  meilleurest  donc  de  cou- 
per  le  courson  vers  le  milieu  de  rentre-nccuds , 
et  d'incliner  la  plaie  du  cote  oppose  a  Toeil ,  afin 
qu'elle  ne  r^pandepas  ses  pleurs  sur  lui  ,ainsi  que 
nous  Tavons  deja  ditci-dessus,  et  qu'elle  ne  Ta- 
veugle  pas  lorsqu'il  sera  pret  a  bourgeonner. 
Mais  si  ron  n'a  pas  de  quoi  faire  un  courson  ,  il 
faudrachercherdequoi  faireunetumeur,  laquelle, 
pour  etre  coupee  de  trescourt a  peu  pres  dans 
la  forme  d'une  verrue,  n'en  donnera  pas  moins 
le  printemps  suivant  du  bois,  qui  servira  a  rem- 
placer  des  bras  ou  des  branches  a  fruit.  Si  Ton  ne 
trouve  pas  mfime  de  ces  sortes  de  tumeurs,  il 
faudra  faire  uue  ouverture  a  la  vigne,  en  y  ap- 
pliquant  le  fer  k  rendroit  d'ou  Von  voudra  faire 
sortir  dcs  pampres.  Je  suisencore  tres-fort  d'avis 
que  Ton  delivre  de  leurs  vrilles  et  de  leurs  reje- 
tons  les  branches  a  fruit  que  Ton  destine  a  la 
vendange.  Mais  il  faut  s'y  prendre  autrement 
pour  lescouper,  que  pour  couper  les  pampresqui 
sortent  du  tronc  :  car  on  applique  rudement  la 
serpe  pour  couper  ras  ce  qui  sort  du  bois  dur, 
aliu  que  la  plaie  se  cicatrise  plus  promptement; 
au  lieu  qu'on  s"y  preud  plus  doucementquand  il 
s'agit  de  couper  ce  qui  sort  du  bois  teudre ,  com- 
me,  parexemple,  lesrejelons,  parcequ'ordinai- 
reraent  ils  sont  garnis  sur  le  cote  d'un  ccil  qu"il 
faut  menager,  saus  roffeuser  avec  la  serpe.  Or  si 
ron  y  appliquait  le  fer  trop  rudement ,  on  enle- 
verait  absolument  roeil ,  ou  tout  au  moins  on  Ten- 


dommagerait  du  memc  coup;  d'ou  il  arriverait 
que  le  pampre  qui  est  pret  a  germer  serait  fai- 
bleet  peu  fertile,  outre  qu'il  serait  plussensible 
aux  injures  des  vents,  parce  qu'il  seraitsorti  de 
la  cieatrice  sans  aueune  vigueur.  II  est  difficile 
de  dtMerminer  la  longueur  que  ron  doit  donner 
au  bois  qu'on  laisseraala  vigne.  La  plupnrtce- 
pendant  ne  lui  donnent  que  la  longueur  suffisante 
pour  pouvoir  passer  sur  le  joug  et  se  recourber 
de  Tautre  c6te ,  sans  neanmoins  aller  jusqu'a 
terre.  Pour  nous ,  nous  croyons  qu'il  faut  entrer 
dans  un  plus  grand  detail  sur  cet  objet,  et  exa- 
miner  en  premier  lieu  quelle  est  la  nature  de  la 
vigne,  parce  que  si  elle  est  robuste,  elle  pourra 
porter  de  plus  long  bois  ;  en  sccond  lieu,  si  le  sol 
est gras,  parce  que  s'il  ne  Test  pas, quelque  i  obuste 
que  soit  la  vigne,  nous  la  ferionsbienlotperiren 
Tamaigrissant  par  de  trop  longs  fouets.  Au  reste, 
on  n'estimepas  lalongueur  d'une  branehe  afruit 
d'apres  sa  mesure  intrinseque ,  mnis  d'apres  le 
nombre  de  ses  bourgeons  :  car  lorsque  ses  nceuds 
sonttres-eloignes  runderautre,  ou  peut  lui  lais- 
ser  asscz  de  longueur  pour  aller  presque  jusqu'a 
terre ,  attendu  que  malgre  cette  longueur  elle  jet- 
tera  peu  de  pnmpres.  Mais  lorsque  les  noeuds 
d'une  brnnche  a  fruitsont  drus,  et  qu'elle  mon- 
tre  beaucoupd'yeux  ,  quoique  courte,  elle  donne 
neanmoins  un  grand  nombre  d'autres  branches 
a  fruit,  et  produit  des  grappes  en  abondance, 
raison  pour  laquelle  il  faut  de  toute  neccssite 
menager  dans  ce  cas-la  sa  longueur,  pour  que  la 
vigne  ne  soit  point  chargeede  branches  a  fruit 
trop  hautes.  II  faut  encore  que  le  vigneron  exa- 
mine  si  la  vendange  de  rannee  precedente  i  ete 
abondante  ou  non  ,  parce  qu'il  doit  epargner  les 
vignes  apres  une  forte  recolte,  et  par  consequent 
les  tailler  alorspluscourt;  au  lieu  qu'apres  une 
raoindre  recolte, il doit  leurfaire  la  loi.  Par-des- 


cundum  plagain  po.sila  semma  piniiiis  et  fVigore  tum 
deinde  aestu  laboiat.  Oplimum  esl  igilur  inedio  fere  in- 
ternodio  sub.sidiarium  toiidere  palmitem,  devexamque 
resectionem  facere  post  gemniam ,  ne ,  ut  [jam]  antea  dixi- 
mus,  sujjeilaci ymet  et  gemmantem  cacet  ocijliiin.  Si  rc- 
secis  facultas  non  eiit,  ciicuraspieiendiis  est  furunculus, 
qui ,  qusnnvis  anguslissime  praic isus  in  modum  verru- 
cae,  proximo  vere  materiam  exigat ,  (luam  vel  in  bracliiiim 
vel  in  fiuctiiariuin  remitlamus.  Si  ncque  is  repeiiatur, 
saucianda  ferio  est  alque  exulceianda  vitis  in  eaparte, 
qua  pampinum  studemus  eliceie.  Jam  vero  ipsos  palmi- 
tes,  quos  vindemia;  praeparamus  ,  claviculis  ac  nepotibus 
liberandos  magnopeie  censeo.  Sed  in  iis  recidendis  alia 
conditio  est ,  atque  alia  in  iis ,  quae  proceduiil  e  trunco. 
Nam  quicquid  est,  qiiod  e  duro  prominet,  veliementius 
applicata  falce  adnodatur  et  eraditur,  quo  celerius  ofcdu- 
cat  cicatiicem.  Rursus  quicquid  e  tenero  processit,  sicut 
nepos ,  parcius  detondetur  :  quoniani  fere  conjunctam  ge- 
rit  ab  latere  gemmam,-cui  consulendum  est,  ne  falce 
deslrinoalur.  ['lessius  enim  si  adnodcs  applicato  ferro, 
aut  totatollitur,  autconvulneratiir.  ■Propterquod  paliues. 


qiieni  mox  in  gerininatioiie  citaveiil,  imbecillis  ac  minus 
fructuosus  erit ,  lum  etiain  magis  obnoxius  ventis ;  scili- 
cet  qiii  inliiiniis  de  cicatiice  prorepseiit.  Ipsius  aiitem 
materiae.quam  suhinittemiis,  longiUidini  raodum  diflicile 
est  imponere.  Pleriqiie  tamen  in  tantiim  provocant,  ut 
ciirvata  et  picecipitata  per  jugum  nequeat  teiram  contin- 
geie.  Nos  siibtilius  dispicienda  illa  censemiis.  Primuni 
vitis  liabitum;  nam  si  robusta  est,  ampliores  materias 
sustinet  :  deinde  soli  quoque  pinguitudinem ;  qiire  nisi  ad- 
cst,  quamvis  validissimam  vitem  celeriter  necabimus 
procerioribus  emaciatam  flagellis.  Sed  longi  palmites  non 
mensura,  verum  gemmariim  numero  .Tstiniantur.  Nam  ubl 
majora  sunt  spaliainter  articulos,  licet  eoiisque  nialeriam 
pioducere,  dum  penc  terram  contingat  :  niliiio  minus 
enim  paucis  frondescet  pampinis.  At  ubi  spissa  internodia 
frpquentesqiie  oculi  sunt,  quamvis  breve  sarmentum 
miillis  palmitibus  viiescit,  et  numeioso  ftetu  exubcrat. 
Quaie  niodus  talis  generis  necessaiio  maxime  est  adbi- 
bendus,  ne  procerioribiis  fiuctuaiiis  onerelur.  Et  ulcon- 
sideret  vinitor,  proximi  anni  magna  necne  fueril  vinde- 
niia.  Nam  pust  l;irgos  fructus  parcendum  cst  vilibus,  el 


DE  L'AGRICUI. 

siis  tout  cela  ,  nous  pensons  encorc  que  toute  la 
besogne  doiit  nous  parlons  doit  etrc  fnitc  avcc 
des  instrumeuts  dc  lcr  qui  soient  forls,  minces 
et  bien  tranchauts  :  car  une  scrpc  emoussce , 
epaisse  et  de  peu  deresistance  retardc  celui  qui 
taillela  vijjne,  et  dcs  lorsil  fait  raoinsd'ouvrase, 
quoiquil  ait  plus  dc  peine.  Eu  cffct ,  soit  que 
rinstrument  plie,  commc  il  arrive  quand  il  n'cst 
pas  ferrae,  soitqu'il  pcnetrediffieilemeut,  coinme 
il  arrive  quand  il  est  emousscct  cpais,  celuiqui 
taille  trouve  alors  de  pkis  grauds  obstacles  a 
vaincre,  outre  que  les  plaics,  qui  sont  raboteuses 
et  inegales  quand  Topcration  n'a  pas  ete  faitc  en 
un  seul  coup  mais  en  plusieurs,  dcchirent  la  vi- 
gne :  d"ou  il  arrive  souvent  qu'on  est  obligc  de 
rompre  cequ'on  auraitdu  coupcr,  et  que  rhumi- 
dite  pourrit  la  vigne  qui  est  ainsi  dcchiree  et  ra- 
boteuse,  sansqueles  plaiesqu'on  lui  a  faites  puis- 
seut  se  guerir.  Cest  pourquoi  il  fautbicn  avcrtir 
celui  qui  doit  tailler  la  vigne  qu'il  ait  a  aiguiscr 
la  lame  de  son  iustrument,  pour  le  reudre  ,  au- 
tant  qu'il  pourra,  aussi  tranchant  qu'un  rasoir. 
II  faut  aussi  qu'il  sache  de  quelle  partie  de  la 
serpe  il  doit  se  servir  pourchaque  operation  dif- 
ferentc ;  car  j'ai  souvent  rcncontrcplusieurs  per- 
sonncs  qui  devastaient  lcs  vignobles,  faute  d'avoir 
cette  connaissance. 

XXV.  Or  tclle  est  Tordonnance  et  la  figure  de 
la  serpe  du  vigneron.  La  partie  laplus  voisiue  du 
manche,  qui  prcsente  la  lame  dans  une  direction 
droite,  s'appelle(i///e;-acausede  sa  rcssemblance 
avec  un  couteau  ;  ccllc  qui  est  rccourbee  s'appelle 
sinus;  celle  qui  descend  de  la  courbure  s'appellc 
scalprum ,  celle  qui  la  suit  et  qui  est  erochue 
s"appellc  rostrum;  cille  qui  surmonte  cette  der- 
iiiere  dans  la  forme  d'une  moitie  de  lunes'appel)e 
sentris;  eufin  celle  qiii  part  de  re.xtremite  de  la 
serpe ,  et  qui  est  penchee  sur  le  devant  en  forme 

ideo  anguste  pulaiuluni  •.  [lost  exiguos  ,  im|icianJum.  Su- 
per  cjetera  illud  eUamcensemus,  ut  durislcnuissimisque 
et  aculissimis  ferramenlis  totnm  istud  opus  exequamur. 
Oblnsa  enini  et  liebes  et  mollis  falx  |iulalorem  mnralur, 
eo(iue  minus  operis  eflicit,  et  plus  laboris  affert  viuilori. 
Kam  sive  curvalnr  acies.quod  accidit  niolli;  sive  tardius 
penetral,  quod  cvenit  in  reluso  et  crasso  ferramenlo; 
majore  nisu  est  opus.  Tum  eliam  plaga;  asperac  atque  iu;e- 

'  iiualcs  vites  lacerant.  Neque  enim  uiio  »ed  s^epius  icpe- 
tito  iclu  res  Iransigilur.  Quo  plciunnini'  lit,  iit  (piod  piie- 
cidi  dcl>eat  pra'(Viiigaliir,  ct  >ic  \ilis  laiiiata  scabrataiiiifi 
pnlrcscal  liiimoribiis,  iicc  plaga' ransaiicntiir.  Quare  ma- 
gnopeie  moncndus  putator  cst,  ul  proli\et  aciem  feria- 

I  mcnii ,  et  quantnm  possit  novacnl.c  similem  reddat.  iNec 
ignoret  in  qiiaquc  re  qua  parte  falcis  nteudum  sit.  iSani 

I    plurimos  per  lianc  insciUam  vaslare  viiiela  comperi. 

■        XXV.  Est  autem  sic  disposita  vinitori.i!  falcis  ligura , 

I  ut  capulo  pars  pioxima  ,  quse  rectani  gerit  aciem,  culter 
ob  siiHililudinem  nominetur;  qua;  flectitur,  .sinus;  qua;  a 

i  Uexu  procurrit,  scalprnm ;  quse  deiiide  adunca  est,  ros- 
tiuni  appellatiir;  cui  snperposiia  scniirorniis  luiia;  specics 

«.'OLl.llLl.l.l.. 


TURE,  LIV.  IV.  273 

de  pointe,  s'appclle  viucro.  Chacunedcces  par- 
ties  a  sa  fonction  pnrticulii'rc,  pourvu  que  le 
vigneron  soit  habilo  a  nianicr  cct  instrument. 
Car,  lorsqu'il  vcut  coupcr  quclque  chosc  en  ap- 
puyant  la  main  devant  lui,  ii  se  sert  du  cullcr; 
lorsqu'il  vcut  tircr  la  main  a  lui,  11  se  sert  du 
sinus;  lorsqu'il  vcut  unir  la  plaie,  il  se  sert  du 
scalpruin;  lorsqu'il  veut  crcuser,  il  sc  sert  du 
rostrum;  lorsqu'il  veut  donncr  un  coup,  il  se 
scrt  de  la  securis  ;  ct  lorsqu'il  veut  nettoyer  un 
endroit  dont  !'ouverturc  cst  etroite ,  il  se  sert  du 
mucro.  La  plus  grande  partie  dc  Touvragc  que 
fon  fait  sur  lcs  vignes  doit  etre  faite  eu  tirant  a 
soi  plutot  qu'cn  frappant,  parce  qu'une  plaie 
faite  de  ccttc  maniere  s'unit  du  mcmc  trait,  at- 
tcndu  que  lc  vigneron  commcnce  par  raesurer 
son  coup  avantd'appliqucr  le  fcr  pour  couper  ce 
qu'il  a  enyie  de  couper;  au  lieu  qu'en  frappant  la 
vignc,  il  blessc  le  cep  de  plusieurs  coups,  pour 
peuqu"il  vienne  a  raanquer  le  premier  (comme 
il  arrive  souvcnt).  Ainsi  la  meilleure  taille  et  la 
plus  siire  est  celle  que  Ton  fait  en  conduisant  la 
serpe  (ainsi  quejc  ralditl,  et  noa  pasen  donnant 
un  coup. 

XXVI.  Toutes  les  operations  prccedentes  fi- 
nies,  le  soin  de  soutenir  la  vigne  et  de  la  mcttre 
au  joug  pour  lui  donner  de  la  stabilite  ,  lcur  sue- 
cede,  commc  nous  Tavons  deja  dit  ci-dessus. 
L'echalas  cst  prcfcrable  au  pieu  en  cette occasion, 
cncore  y  a-t-il  du  choix  a  faire  :  car  le  raeilleur 
echalas  est  celui  qui  est  fait  dc  hois  d'olivler,  de 
chi-ne ,  et  de  licge,  ainsi que  de  toute uutre  cspece 
de  chene  fendu  avee  des  coius ;  viennent  ensuite 
les  appuis  rouds  et  longs,  dont  les  plus  approu- 
vcs  sont  ccu.x  de  bois  dc  genevrier,  de  laurier  et 
de  cypres.  Les  pins  sauvages  sontegaiement  bous 
a  cct  usage,  et  le  sureau  meme  n'est  pas  mauvais. 
Au  reste,  quelque  bons  que  soient  ces  appuiset 

secnris  dicilnr.  lijiisque  velut  apex  pionus  iiiiiiiincus  mu- 
cro  vocalur.  llarum  partium  ipiieque  suis  niiiiicrilius  fiin- 
gitnr,  si  niodo  viiiilor  gnanis  est  iis  iiteudi.  N.iiii  ciiin  iii 
adversuin  pressa  iiianu  desecaie  q:i  d  dehct.culUo  utilur  : 
cum  retialicie,  sinu  :  cum  allevare,  scalpro  :  cuni  inca- 
vaie,  rostio  :  ciira  ictu  ciBdere,  securi  :  cum  in  angusto 
aliquid  expiirgarc,  mucrone.  Major  auteni  pais  operis  in 
vinca  diicliiii  polius  quam  caesim  facienda  est.  N"ani  ea  plaga 
qua;  sic  cfliciliir,  iino  vesligio  allevatur.  l'i  jus  cnim  puta- 
tor  a]ipli(al  fi^rrum,  atque  ila  (piiR  destinavit  pra^cidit. 
Qui  casini  vitcin  pclit,  si  frusliatus cst ,  qiiod  sa'pe  evi;- 
nit,  pluribiis  ictibus  sUrpem  viiliierat.  Tutior  igitur,  et 
ulilinr  putatio  csl,  qua;,  ut  retiili,  diictu  falcis  nun  iclu 
conlicilur. 

XXVI.  Ilac  peracta,  scquilur,  ut  ante  jam  diximus, 
adminiciilaiida;  jugandaeque  vinea;  ciiia ,  cui  slabiliendae 
inelior  est  ridica  palo ,  neipic  ca  quadibel  :  nam  est  prae- 
cipua  cuneis  lissa  olea,  queicus  et  siiber,  ac  si  qua  sunt 
similia  robora :  terUum  oblinet  locuui  pedamen  teres , 
idque  maxime  probatur  e.\  juuipcro,  lum  e\  lanru  cl  cu- 
pre.ssu.  Recte  etiam  faciunt  aJ  eam  rein  silveslrcs  piinis  , 


COLUMELLE. 


tous  los  aiitrcs  semblables  ,  il  faut  neanmoins  les 
retoucher  apres  !a  taille ,  les  unlr  avec  la  doloire 
daus  les  parties  qui  en  seront  pourries,  changer 
de  eoteceux  qui  seront  siins,  relirer  ceux  (|ui 
seront  ou  caries  ou  plus  courts  qu"il  ue  faudra, 
et  en  rcmettre  de  raeilleurs  a  leur  plaee;  relever 
ceux  qui  seront  couehes  par  terre,  et  redresser 
ceux  qui  peiicheront.  On  mettra  de  nouveaux 
liens  aux  joufis,  au  cas  qu'ils  n'aient  pas  besoiii 
d'etre  refaits  a  neuf ;  raais  s'i!s  paraissaient  etre 
daiis  le  cas  d'etre  refaits,  il  faudrait  attacher  dcs 
perchesou  desroseaux  a  lavi^ne  avantd'y  appli- 
qwr  les  pieux ;  et  ce  ue  sera  qu'apres  que  le  jouj; 
sera  fait  ainsi,  que  Ton  rassemblera,  par  le 
moyen  de  rechaias ,  tout  le  cep  vis-a-vis  de  son 
pied  et  sous  ses  bras,  aiusi  que  nous  ravons 
prescrit  pour  lcs  jeunes  vignes  ,  en  evitant  d'at- 
tacher  les  vignes  toutes  les  annces  a  un  seul  et 
meme  eudroit ,  de  peur  que  les  ligatures  repetees 
iie  finissent  par  couper  le  tronc  et  par  retrangler. 
Eiisuite  on  distribuera  les  bras  en  quatre  parties 
sous  retoile  formee  par  le  joug,  et  Ton  attacheia 
les  jeunes  branehes  a  fruit  sur  le  joug,  sans  foi- 
cer  nature,  mais  en  les  courbnnt  legerement 
pour  les  laisser  aller  comme  elles  voudront,  de 
.  peur  de  les  rompre  si  on  les  pliait,  et  d'en  faire 
tomber  des  bourgeons  deja  gros.  Lorsqu^il  arri- 
vera  quedeux  sarments  prendront  leur  direction 
d'un  meme  c6te  du  joug,  on  mettra  une  perche 
entre  deux,  afin  que  les  branches  a  fruit,  se  cou- 
lant  sur  cette  perche  ,  forment  le  toit  du  joug, 
pour  en  descendie  ensuite  et  prendre  leur  diree- 
tion  vers  la  terre ,  comme  s'ils  se  plongeaient  du 
faite  de  ce  toit.  Pour  que  cela  soit  habilement 
execute,  celui  qui  liera  les  branches  se  souvien- 
dra  denepnsen  tordrele  sarmenten  rattachant, 
mais  de  courber  simplement  tout  le  bois  qu'il 
mettra  sur  le  joug  et  qui  pourra  en  etre  precipite , 


de  facon  que  ce  bois  paraisse  plutfit  appiiye  sur 
la  perche,  que  suspendu  a  la  ligature  qui  lere- 
ticnt.  Car  j'ai  souvent  remarque  que  les  paysans, 
en  attachant  sans  precnution  les  branches  a 
fruit  au  joug,  les  y  meltaient  de  facon  qu'il 
semblait  qu'elles  ne  faisaieut  que  pendre  de  la 
ligature  qui  les  rctenait,  quoique  les  branches 
ainsi  attachees  se  rompent  Iorsqu'elles  viennent 
a  etre  chargees  du  poids  des  painpres  et  des 
grappes. 

XXVII.  Lorsque  les  vignobles  auront  ^te  or- 
donnes  de  la  maniere  que  nous  avous  prescrite, 
nous  uous  baterons  de  les  nelto\er,  et  d'en  re- 
tirer  les  sarmeuts  et  les  bouts  d'echalas.  II  ne 
faudra  cependaut  les  enlever  que  dans  un  temps 
oii  le  terrain  sera  sec,  de  peur  que  celiii  qui  doit 
fouiller  la  terrene  trouve  trop  de  difficulte  a  le 
faire,  dansle  cas  oii  elleaurait  ete  trop  pietinee 
pendaut  qu'elle  etait  bourbeuse.  On  doit  euvoyer 
tout  aussitot  cet  ouvrier  dans  les  vignes,  sans 
attendre  qu'elles  disent  mot;  parce  que,  si  on  ne 
Ty  envoyait  qirapres  qu'ellesaurnient  comraence 
a  bourgeonner,  il  feraittomber  une  grande  par- 
tiede  la  vendange.  Cest  pourquoi  il  faut  les  be- 
cher  tres-profondement  avant  qu'elles  bourgeon- 
nent,  entre  rhiver  et  le  printemps  ,  afin  qu'elles 
pulluient  pkis  gniement  et  plus  abondamraent; 
ensuite  lorsqu'elles  seront  couvertes  de  feuilles 
et  de  grappes ,  il  faudra  diminuer  le  norabre  de 
leuis  sarments  pendnnt  qu'ils  seront  encore  ten- 
dres  et  jeunes.  iMais  le  vigneron  ,  qui  s'etait  au- 
paravant  servi  du  fer  pour  les  decharger,  ne  se 
servira  plus  alors  que  de  la  mniii ,  pour  reprimer 
Tombrage  et  faire  tomber  les  pnnipres  superflus. 
Car  il  importe  tres-fort  que  eeltc  operation  soit 
faite  habilement,  puisque  les  vignes  gagnent  en- 
core  plus  a  etre  eparaprees  qu'a  etre  taillees.  En 
effet,  quoique  la  taille  leur  soit  utile,  cette  opc- 


atqne  etiam  sambuci  piobabiles  iisu  statuminis.  Ila^c 
eorumqiie  similla  iiedameiila  posl  putalionem  retractanila 
sunt,  partesque  eorum  piities  deiiolandae  acuendajque ; 
atque  alia  converleiida,  quae  proceritalem  habent  :  alia 
submovenda ,  qu.ie  vel  cai iosa  vel  justo  bieviora  sunl , 
eorumque  in  vicem  idonea  icpiinenda,  jacentia  statueiida, 
<lecli:]ala  corrlKenda.  Jiigo ,  si  non  orit  opus  novo ,  sar- 
tuiu'  recontia  viiiriila  Inseranliir :  si  reslitiiendum  videbi- 
tur,  anle  quaui  \ilis  palo  appli:iiMr,  pcrticis  vel  ariindi- 
nibiis  connPcUiliir,  ac  tum  dciniim,  siciit  iiuiovfila  |ir;cci. 
pimus,  vilein  jiixla  capiil,  iiiiiaiiiie  liiacliia  coIliyiMniis 
cum  ridica  :  idipie  facere  non  oportebit  omiiibus  aiuiis 
eodem  loco ,  ne  vinculiim  incidal ,  ci  truncum  stiangiilet. 
Biacbia  deinde  sub  slclla  qiiailiipartilo  locabimus,  teiie- 
ri:sqne  palmitcs  super  jiigum  lii,abimus  niliil  repugnanlcs 
iiatuiie,  sed  ut  quisqiiis  obseq.ielur,  leviler  curvabitur, 
ne  dedexiis  liangaliir,  neve  jain  liinienles  gcmiiia»  deler- 
geantur.  Atque  ulji  duic  nialcria'  \u-y  iiiiani  piirlcin  jii^i 
mitlenlur,  media  prrlica  iiitci  vc  li  it ,  iliinii|il:r'jMi'  p  mmi;!' 
jierjugoruin  cimipliula  dcciiiriiit,  ct  vr-liil  ]u'-.-..r  (acii- 
Hiinibus  in  (errani  desjiiciant.  Id  ut  scilclial,  inciiiineiil 


alligator,  ne  torqneat  sarmenlum,  sed  tantum  inflexum 
devinciat,  et  iit  onmis  materia,  quiie  nondum  potest  pi<e- 
cipitari,  jugo  superponatur,  ut  potiiis  iniiixa  perticae,  quam 
e  vincuio  dependeat.  Sa-pe  enim  nolavi  per  imprudenliam 
lusticos  subjicere  jugo  palmam,  et  ita  colligare,  ut  solo 
vimine  suspendant.  Quaj  vinea  cum  accipit  pampini  et 
uvarum  pondus,  iufringitnr. 

XXVII.  Sic  deinde  ordinafa  vineta  festinabimus  emun- 
dare,  sarmenlisquc  et  calaincnlis  lihriare.  Quse  sicco  ta- 
nien  solo  lcgenda  siint ,  ne  liilM.a  liiiiinis  iiiculcata  majo- 
reni  tbs.sori  laborem  priclieat,  i|iii  priiliiiiisadluicsilentibus 
viiieis  inducendus  esl.  Nam  si  palmls  incieutibus  progem- 
maiitibusque  fossorem  immiseris ,  magnam  partem  vinde- 
miie  decus.seril.  Igilur  iuite  qiiani  germinenf ,  per  divorlium 
veris  atque  bieinis  quam  alli.ssime  fodiendaj  vineae  sunt, 
quo  laetiiisatqne  liilarins  pullulent,  eieque  uhise  frondibus 
[et  uvis]  vcstierint,  teneris  caulibus  nec  diim  adiilfis  mo- 
diis  adliihendiis  csf.  Idcmque  vinifor,  qui  ante  ferro ,  nunc 
iiiaiiii  deculiet,  imibr.isqiie  compesccl,  ac  supervacuos 
[lainpiiirts  dcliirliaiiil.  Kain  id  plnriinum  refert  non  inscile 
faccre,  siqiiidcm  vcl  inagis  painpinafio,  quani  pufatio  vi- 


DE  UAGRICULTURE,  LIV.  IV. 


ration  les  blesse  par  la  merae  qu'clle  les  coupc; 
au  lieu  que  roperation  par  laquelle  on  les  epam- 
pre  ies  guerit  plus  doucement  et  sans  ies  blesser, 
ontre  fju'elle  prepare  la  tallle  de  rarince  suivante, 
cn  !a  rendant  plus  faeile.  Elle  laisse  aussl  moins 
de  eieatrices  a  la  vigne,  parce  que  la  partie  du 
cep,dont  on  n"a  retrauche  qiie  du  vert  ct  du 
tendre,  se  guerit  toujours  promptement.  Oiitre 
cela,  lesbranches  qui  sontchargees  de  fruit  pren- 
nent  plus  de  force,  et  le  raisin,  trouvant  pliis  de 
facilite  a  se  cuii'e  au  soleil,  niurit  mieux.  Cest 
pourquoi  un  vigiieron  prudent  et  habile  doit  e.\a- 
rainer  ct  juger  quels  sont  les  endroits  de  la  vi^ne 
oii  il  laissera  croitre  le  bois  de  Tannee  suivante ,  et 
ne  pas  seuleraent  oter  les  branches  qui  n"ont  point 
de  grappes,  raais  encore  cellesqni  ontdu  friiit, 
si  leur  nombre  est  excessif;  car  il  arrive  quel- 
qr.efois  a  certains  yeux  de  jeter  trois  pam])res  a 
la  fois,  auquelcasil  en  faut  retrancher  deu.x, 
afin  que  ces  yeu\  aient  plus  de  facilite  a  nourrir 
Je  seul  qui  restera.  Un  paysan  sage  doit  donc 
supputer  si  la  vigne  ne  s'est  pas  chargee  de  pkis 
de  fruit  qu'elle  n'en  peut  porter.  Cest  pourquoi 
non-seuleraent  il  doit  arracher  les  feuillcs  super- 
flues,  ce  qu"il  iie  fautjaraais  nianquerde  faire, 
niais  il  doit  encore  faire  tomber  quelquefois  une 
partie  du  fruit ,  pour  soulager  la  vigne  trop  char- 
gee  du  poids  de  ses  mamelles.  11  y  a  meme 
des  cas  particuliers  oii  celui  qui  cpampre  doit, 
s'il  est  habile,  faire  tomber  le  fruit,  quoiqu'il 
n'y  en  ait  pas  plus  qu'il  n'en  pourrait  murir.  En 
effet,  si  la  vigue  se  trouve  fatiguee  par  les  recol- 
tesabondanles  d'une  suite  d'anuees  precedentes  , 
il  est  juste  de  la  laisser  se  reposer  et  se  refaire ,  et 
de  poiirvoir  par  la  au  bois  des  anneessuivantes. 
Pour  ce  qui  est  de  rompre  rextremite  des  sar- 
raents,  pour  reprimer  la  trop  grande  fertiiiie  de 


la  vigne ,  de  retrnnchcr  tous  les  pampres  qui  sor- 
tent  <!es  parties  diires  ou  du  tionc,  a  rexccptioa 
d'un  ou  de  deux  que  Ton  seia  oblige  de  garder 
pour  renouvcler  la  vigne ,  comme  encore  d'arra- 
chcr  tout  ce  qui  pousse  sur  la  te(e  de  la  viune 
entre  scs  bras ,  d'6tcr  !es  bianches  qui ,  eiant  sur 
les  bras  memes,  occnpent  inutilement  la  mere, 
toutes  steriles  qu'elles  sont,  ce  sont  des  ouvrages 
a  la  porlee  du  premier  venu,  ct  mcme  d"un  en- 
fant. 

XXVIIL  Le  teraps  qu'i!  faut  clioisir  de  prefe- 
rence  pour  cpamprcr  la  vigne,  c'est  avant  qirelle 
monlre  sa  ileur;  mais  on  pourra  encore  rcpcter 
cette  operation  quand  elle  Tanra  quitlee.  Pour 
ce  qui  cst  du  temps  interraediaire,  e'est-n-dire  , 
des  jours  pendaiit  lesquels  le  raisin  se  formera , 
il  ne  faut  pas  entrer  pour  lors  dans  les  vignes, 
parce  qn'i!  estdangereux  d'agiter  lefruit  pendant 
qu'il  est  cn  flcur;  niais  des  qu'il  est  sorti  de  Tcn- 
fance,  pour  ra'cxprimer  ainsi,  et  qu'il  e.st  dans 
radolescence,  i!  faut  l'attacher,  le  depouiller  de 
toutes  scs  feuilles ,  et  le  faire  grossir  a  l'aide  de 
fouilles  frequentes  :  car  plus  on  pulverisera  la 
terre,  plus  11  deviendragros.  Je  nedisconviendrai 
pas  que  la  plupart  de  ceux  qui  ont  donne  des  pre- 
ceptesd"agricu!turcavant  moi  s'etaieiit  contentcs 
de  trois  fouilles  :  de  ce  nombre  est  Gra;cinus,  qui 
dit  qu'on  peut  regarder  commc  sulTisant  de  becher 
trois  fois  !a  vigne  ,  quand  elle  est  en  etat.  Celsus 
et  Atticus  convieuncut  aussi  qu'il  y  a  trois  mou- 
veraents  naturels  dans  la  vigne,  ou  plutot  dans 
toute  espece  d"arbres  :  run  qa\  les  fait  gerraer, 
le  second  qui  les  fait  lleurir,  et  le  troisiemc  qui 
les  fait  murir.  Ils  peusent  donc  que  les  louilles 
servcut  a  animer  ces  niouvements,  parce  quc 
la  nature  ne  parvient  a  robjet  de  ses  disirs 
qu'autaut  quelle  esl  aidee  par  le  travail  juint  a 


tibiis  consulil.  Nani  illa  qnamvis  iiuiltum  juvat,  saiiciat 
tanicn  et  resecat  :  liajc  clcmenlius  sine  vulnero.  niedetur, 
ct  anni  sequeutis  eNpeditior  em  putationem  faclt.  Tuui  etiam 
viteniniiiiuscieatiicosamreddit  :quonian)  idcx  qiio  viiide 
ct  tenerum  decerptum  esl,  celerileicoiisancscit.  Supei'  li.TC 
materia;,  qu;e  rnictnin  liabent,  nielius  convalescunt,  ct 
iivx"  commodius  insolat.Tc  percoquuntur.  Quaie  pnidentis 
est ,  ac  maxime  callciitis  vinitoris  ;eslin)are  ac  dispicere  , 
quibus  locis  iii  anniiin  debeat  niateiias  submitteie ;  nec 
01  bos  tanttiin delralieie  palniiles ,  veruin  eliani  frngileros , 
si  supra  modum  se  numeriis  coruni  piofuderit.  Siquiilem 
evciiit,  iit  qiiidam  oculi  trigeminis  p;dmis  egerniineiit, 
quibiis  binosdelrabere  oportet,  quo  cou)iiiodiiis  sinyiilos 
aliiiiinos  educeiil.  list  enim  sapientis  rustici  lepiilaie, 
uum  m.ijoic  linclu  vitis  se  induerit,  quain  ul  perleiie 
eumpossit.  Itaquenon  solum  frondem  supervaciiaii)  debct 
decerpere ,  quod  seiuper  faciendum  cst ,  vernni  iulerduiii 
partem  aliquam  firliis  decuteie,  ut  ulierc  suo  gravalam 
viteni  levet.  Idquefaciet  variis  de  causis  painpinalor  in- 
dustrius,  etiam  si  non  eiit  in.ijor  fructus*  qiiam  ut  inatu- 
resccre  queat.  Si  aiiteni  routinuis  superioribus  annis  dap- 
.  silj  proveiitu  fatigata  vilis  fuei  il ,  requiescci  e  ac  refu  i  par 


eiil ,  el  sic  futura^  nialeria;  lonsuleiidum.  iNam  cariimina 
llai;e!loruni  couiiiiigeie  lii\uri;e  coniprimeuda;  caiisa ,  vel 
duia  parte  trunci  sitos  pampiiios  submovoe,  nisi  ad  re- 
novandam  vitem  unus  atque  alter  servandns  cst,  tuni  e 
capite  quiiquid  iiiter  bracbia  viicl  explant.iie,  alque  cus, 
qui  per  ip.^a  duianicuta  steriles,  nequicquani  malrein  opa- 
caiit,  paliniles  detiTsere  cujuslibet  vel  pueii  est  oriiciiim. 
XXVIU.  Tempus  aulem  panipinationis  aute,  quam  llo- 
leni  vitis  ostendat ,  niaxinie  esl  el)geiidum  :  sed  et  postea 
licet  e;iuJem  lepetere.  Mediuni  igitur  eoium  dierum  spa- 
liuin ,  quo  acini  1'irmantur,  viuearum  nobis  adituin  negal. 
Quippe  llorcntein  fi  uctiim  nioveie  noii  cxpedit :  pubesceu- 
leiii  vero,  ct  quasi  .ndolesccnlcin  convenil  religare,  foliis- 
que  oninibus  uiidaie ,  tiiin  et  ciebris  fossionibus  iinplero  : 
ii;im  lit  uberior  puiverationibiis.  Nec  inlitior  pleiosqiie  anfe 
iiie  rusticarum  leruui  niagistrus  tribus  fossuiis  coiitenlos 
fiiisse.  Kx  qiiibus  Gr<i>ciiius,  qiii  sic  refert  :  polest  videri 
salis  esse  coustitutani  vincani  ter  fodere.  Celsus  quoqiie 
et  Atticus  conseiitiunt ,  tres  esse  luutiis  in  vite  seu  potius 
in  oiiini  surculo  natuialcs :  unum ,  quo  gei minet ;  altertiin , 
qtio  lloreat;  terliuin,  qiio  uiaturescat.  llos  cigo  inolus 
censenl  fossionibus  concitari.  Son  cnim  natura  quod  vult 


276 


COLUMELLE. 


retude.  Tfile  est  la  ciilture  des  vignes,  laquclle 
aboutit  a  la  vendangc. 

XXIX.  Je  reviens  a  present  a  la  partie  de  ce 
traite,  danslaqnelle  je  mesuis  cngage  a  doniicr 
les  prcceptes  qui  conccrnent  les  greffcs  dc  la  vi- 
gne  ctle  soin  de  lcs  cntretenir.  Julius  Attieus  a 
dit  que  le  tcmps  propre  a  greffcr  ctait  dcpuis  lcs 
calcndesde  novembrejusqu'a  celles  dejuin,  qui 
csttout  letemps  pendant  lequcl  il  assure  qu"on 
pcut  conservcr  les  greffes  sans  qu'clles  bourgeon- 
nent;  d'ou  nousdevons  conclurcquil  n'yapoint 
do  tempsde  rannce  d'exccptc ,  selon  lui,  pourvu 
(luc  Ton  puisse  avoir  du  sarmcnt ,  dont  la  sevc 
ne  dise  niot.  J'accorderais  volontiers  cette  pro- 
position  dans  lcs  autres  especcs  de  plantcs,  dont 
rccorce  cst  plus  fcrme  ctplus  pleine  de  suc  quc 
celle  de  la  vigne.  Mais  je  ne  serais  pas  siuccre,  si 
je  degiiisais  qu'il  y  a  de  riraprudeuce,  en  fait 
dc  vigncs,apermettre  aux  paysans  delesgreffcr 
dans  le  cours  d'un  aussi  grand  nombre  dc  mois. 
Ce  n'est  pas  qne  j'ignore  que  la  grcffe  faite  a  la 
vigne  au  solstice  d'hiver  prendquelquefois;  mais 
i!  est  dc  notre  dcvoir  de  preserirc,  non  pas  ce 
qui  resulte  parhasardd'uneou dedeuxexpcrien- 
ccs,  mais  ce  qui  arrive  communemcnt  ct  par  dcs 
raisons  certaincs.  Je  pourrais  tout  au  plus  eon- 
scntir,  jusqu'aunccrtain  point,  acette  methode, 
s"il  nc  s'agissait  d'en  courir  les  risques  que  sur 
un  petit  nombre  de  ceps,  parce  qu'on  pourrait 
alors  remcdieracctte  temerite  pardeplus  grands 
soins  qu'on  y  apporterait.  Mais  il  cst  necessaire 
d'eeartcr  tous  les  doutes  relativement  aux  cas 
oii  rimmensite  de  rouvragequ'il  y  aurait  a  faire 
partagerait  les  soins  de  ragricultcur,  meme  le 
plus  cxact.  Ce  que  prescrit  Atticus  est  donc  ab- 
solument  contraire  aux  vigncs.  Effectivement  le 


meme  auteur  convient  qu'il  n"est  pas  a  propos 
de  tailler  les  vignes  pendant  le  solstiee  (i'hiver 
{en  quoi  il  a  raison,  parce  que,  quoique  cette 
opc^-ration  leur  fasse  moins  de  tort  que  la  greffe, 
ccpendant  lous  les  arbres  sont  eugourdis  dans 
les  temps  froids ,  et   la  gelec  erapeche  qu'il  ne 
se  fasse  dans   lcur  (jcorce  aucun   mouvement 
qui  puisse  guerir  la  plaie)  :  et  ccpendant  il  per- 
met  dc  les  greffer  dans  le  raemc  tcmps ,  quoique 
la  maniere  dont  il  veut  qu'on  le  fasse  consiste 
a  trouquer  le  cep  en  entier ,  et  a  le  fendre  a  Ten- 
droit  oii  il  aura  ete  tronque.  La  meillcure  me- 
thode  est  donc  de  greffer  lorsque  Ic  temps  com- 
mencera  a  se  radoucir  apres  riiiver,  et  lorsque 
la  nature  donneradumouveraent  aux  bourgeons 
et  a  r(?corce ,  et  qu'on  ne  sera  plus  menace  du 
froid ,  qui  pourrait  bruler  la  greffe  ou  la  plaie  oc- 
casionnecpar  la  scission  du  cep.  Je  permeltrais 
ccpendant  \olontiers  de  greffer  la  vigne  en  au- 
torane ,  dans  le  cas  oii  on  serait  presse ,  parce  que 
la  temperature  de  Tair  est  asscz  scmblable  dans 
cctte  saison  a  cclle  du  printemps.  Mais  cn  quel- 
que  temps  que  Ton  veuille  greffcr,  on  saura  qu'il 
n'y  a  pas  d'autrcs  soins  a  sc  donncr  pour  lc  choix 
des  greffes,  que  ceux  que  nous  avons  prescrits 
dans  le  premier  livre ,  cu  donnanl  dcs  pr(iceptes 
sur  le  choix  des  mailletons.  LorsdoDcqu'onaura 
choisi  sur  une  vigne  de  bonne  qualit^"  les  maille- 
tons  Ics  plus  feconds  et  les  plus  murs ,  et  qu'on 
les  en  aura  s(;pares,  on  prendra,  pour  faire  Tope- 
ration  dc  la  greffe,  ud  jour  oii  le  temps  soit  doux, 
et  011  il  ne  fasse  pas  de  vent.  Ensuite  on  exami- 
nera  si  la  grefle,  est  bien  roude  dans  toute  sa  lon- 
gueur,  et  bien  ferme;  si  la  moelle  n'en  est  pas 
spongieuse ,  et  si  elle  a  beaucoup  de  bourgeons 
et  dcs  cntre-nosuds  tres-courts.  Car  il  est  tr6s- 


salis  efficil ,  nisi  eam  labore  ciim  studio  juveris.  Alque 
liiiT,  colentlaium  vinearum  cnra  finilur  vindemia. 

XXl.X.  Reileo  minc  ad  eam  partem  disputationis,  qua 
«.niU  professus  vilium  inserendarum  liiendarunique  insi- 
lionum  prEecepla.TeinpnsinserendiJulius  Atticns  tradidit 
ex  calend.  iNovemb.  in  calendas  Junias,  qiioad  posse 
custodiri  surculum  sine  germine  affirmat.  Eoqne  debemus 
inleilispie  nnllam  partein  anni  excipi ,  si  sit  sarmenti  si- 
liMilis  lacnltas.  Id  porro  in  aliis  slirpiurn  generibus,  quae 
linnioris  et  succosioris  libri  sunl,  posse  lieii  sane  conces- 
serim.  In  vitibns  nimis  temere  tot  niensium  rusticis  insi- 
tioncm  permissani  dissimulare  non  est  fidei  mese  :  non 
quod  i^norem,  brumae  teniporibus  aliquando  insilam  viteni 
rnmpreliendere ;sed  non qiiid  in  uno  vel altero expeiimento 
lasii  liat,  vcrnm  quid  certa  raMone  plerumque  proveniat, 
ilisceiitibus  pr.tcipere  debemus.  Etenim  si  e\ii;uo  numero 
periclitandum  sit,  in  quo  major  cnra  temerilati  niedetiir, 
possnm  aliquateniis  connivere.  Cnm  vero  vaslitas  operis 
ctiim  diligentissimi  agricolse  curara  distendit ,  omnem 
siiiipiilum  submovere  debemus.  Est  enim  contrarium , 
tpiod  Atliciis  pra^cipit.  Nam  idem  per  brumam  negal  recte 
piil.iri  vineam.  QuiKres  quamvis  minus  l.-iedat  vilcin,  me- 
1  ilo  laincn  lieri  pnitiibetur,  quod  nigoribns omnis  suiculiis 


rigore  torpet  :  nec  piopter  gelicidia  corticein  movet,iit 
cicatrioem  consanct.  Atque  idem  Allicus  non  prohibet 
codem  ipso  tempore  inserere ,  quod  tum  et  totius  obtrun- 
catione  vitis  et  cum  ejiisdem  lesectionis  lissura  praecipil 
fieri.  Verior  itaque  ralio  est  inserendi  tepentibus  jam  die- 
biis  post  hiemem,  cnm  et  gemma  se  et  coi  tex  naturaliter 
movet,  nec  frigiis  ingruit,  quod  possit  aut  surculum  insi- 
tiini  aut  fissur.ifi  plagain  inurere.  Permiserim  tamen  festi- 
nantibus  antumno  vitcm  inserere  :  quia  non  dissimilis  est 
ejus  aeris  qualitas  vernfe.  Sed  quocunque  qnis  lempore  desti- 
naverit  insereie,  non  aliam  sciat  essecuram  surculisexplo- 
randis  quam  quietradita  est  priorelibro,  cum  de  malleolis 
eligendis  praeoepimus.  Qnos  ubi  generosos  et  fcecundos  et 
quam  malurissimos  viti  detraxerit,  diem  quoque  tepidum 
sileutemque  aventiseligat.  Tuin  consideret  suiculiim  tere- 
tem solidiquecorporis,  nec fungos*  medulte ,  crebris  etiam 
geminis  et  brevibus  internodiis.  Nam  plurimum  inlerest 
non  esse  Inngum  sarmentum,  quod  inseralur;  et  rursus 
plures  oculos,  qnibns  egerminet ,  inesse.  Itaque  si  sunt 
longa  internodia,  necesse  esl  ad  unam  vel  snnimum  duas 
gemnias  recidere  surculum ,  [  ne  proceriorem  faciamus , 
qnam]  ut  tempestates  [et]  ventos,  et  imbres  ininiobilis 
pati  possit.  Inseritiir  aiUem  vitis  vel  recisa  vel  iutegra  per- 


Di^  L'AGR1CULTURE,  LIV.  IV. 


intcressant  (inc  le  sarment  qiie  ron  vcut  inserer 
ait,  saiis  itre  long,  bcaiieoup  d'ycux  par  oii  il 
puissegermcr.  II  est  visible  que  s'il  a  dcs  cntre- 
noeuds  bien  loncs,  on  se  trouvera  dans  la  neces- 
site  de  ne  lui  laisser  qu'un  bourgeon  ou  deux 
tout  au  plus,  alln  de  lc  reduire  k  une  longueur 
telle,qu'il  puissesoutenir  les  orages,  lesveiitset 
les  pluies  saus  branler.  On  grefle  la  vignc ,  ou  en 
la  coupant ,  ou  eu  la  pereant  de  part  en  part  avec 
une  tariere.  Mais  la  prcmierc  facou  est  la  plus 
usitee,  etcelle  quepresquc  tous  les  agrieulteurs 
connaissent;  au  lieu  quc  la  seconde  cst  plus  rare, 
etque  pcud"agricuiteurs  remploicnt.  Je  parlerai 
d'aborddecellcquiest  le  pluse;uisage.  On  coupe 
communcmeiit  la  vigne  hors  de  la  terre;  quel- 
quefois  cependaiit  on  la coupe  dans  la  terre meme, 
a  l'endroit  oii  elie  montre  le  plus  de  solidite  et 
le  moins  de  nceuds.  l>orsqu'on  la  greffe  pres  de 
terre,  on  enterre  la  greffe  jusqu'a  la  cime;  au 
lieu  que  lorsque  la  greffe  est  inseree  au-dessus 
ile  la  terre,  on  cnduit  cxactement  la  plaie  avec 
un  lut  petri  expres,  que  Ton  recouvrc  de  mousse, 
lc  tout  blen  attache,  a(in  qu"ellc  puisse  ctrega- 
rantie  des  chaleurs  et  des  pkiies.  On  taille  la 
greffe  a  peu  pres  dans  la  forme  d'une  lliite ,  de 
Cacon  qu"ellepuissejoindreleslcvres  de  la  fente. 
II  fautqu'il  se  trouve  un  noeud  dans  la  vigneau- 
dessous  de  cetle  fcnte ,  qui  paraisse  la  bander , 
pourainsi  dire,  alin  de  l'empeeherde  faire  des 
progres  plus  etendus.  Quand  ce  noeud  scrait  a  la 
distance  de  quatre  duigts  de  l'cndroit  ou  Ton 
aura  coupe  le  cep,  il  ne  faudrait  pas  moins  lier 
la  vigne  avant  de  la  fendre,  de  peur  que  le  tran- 
chet  de  la  serpe,  eu  ouvraut  un  chemiu  a  la 
greffe,  ne  fasse  uueplaie  qui  biiille  plusquede 
raison.  La  greffe  que  Tou  inscrera  ne  doit  pas 
etre  aiguisee  sur  une  hautcur  de  plus  de  trois 
doigts ;  mais  on  Taiguisera  de  facon  qu'elle  soit 
bieu  uiiie  daus  les  parties  qui  auront  ete  ratis- 


si^es,  c'est-;\-dire,  jusqu'a  la  moelle  d'un  cAtc, 
et  du  c6te  oppose  jusque  passe  recorce  seule- 
ment;  de  sorte  qu'clle  ait  la  figiu-e  d'un  coin, 
dont  Tun  des  cotes  aiguises  sera  plus  mince,  et 
rautre  plus  cpais,  afin  qu'on  puisse  rinscrcr  par 
le  cote  le  plus  mince,  et  la  serrer  par  le  cote  le 
plus  epais,  jusqu'a  ce  qu'clie  joigne  des  dcux 
cotcs  les  levrcs  de  la  fcntc;  car  a  moins  que  Tc- 
eorcc  de  la  greffe  ne  soit  appli^iuee  a  cellc  de  lu 
vigne  de  facon  q'j'ii  n'y  ait  aucun  jour  cnUc 
elles  deux,  la  greffe  ne  pouria  jamais  croilre 
avec  le  cep.  On  peut  sc  .servir  de  plusieurs  sor- 
tes  de  liens  pour  la  greffe  dontnousparloiis.  Les 
unsse  serventd'osier,  d'autrescntourent  la  fento 
avec  de  recoice  ,  la  plus  grande  partie  l'attnchent 
avee  du  jonc;  et  c'est  uue  tres-bonne  mcthode, 
parce  qu'autreraent ,  des  que  rosier  vient  a  se  sc- 
cher,  il  penetre  dans  Tceorce  et  la  coupe.  Cest 
pour  cviter  ccla  que  uous  adoptons  phitot  une 
ligature  peu  serree,  pourvu  que  Iorsqu'elle  aura 
cntoure  le  troiic,on  ia  resserre,  en  inserantdans 
les  vidcs  de  pctits  coiiis  de  roscaux.  Mals  le  soin 
le  plus  important  qull  y  alt  a  prendre  consiste 
a  dcchausser  la  vigne  avant  roperation,  a  cn 
couper  les  racines  qui  sont  a  la  superfieie  de  la 
terre  ou  lesrejetons,  et  a  rccouvrir  de  terre  le 
tronc  apres  lopcratioi:.  Des  que  la  greffe  aura 
pris,  la  vigne  demandera  encore  de  nouveaux 
soins  :  car  il  faudra  rcpamiirer  souvent  lors- 
<iu'elle  commencera  a  germcr,  et  arracher  en- 
core  plus  souvent  !es  rcjetons  qui  sortlront  de 
ses  llancs  et  de  ses  racines;  ensuite  il  faudra 
lier  le  pampre  qui  sera  sorti  de  la  greffe,  de 
peur  quela  greffe  elle-meme  ne  soit  cbranlee  par 
les  secousses  du  vent,  ou  que  ce  pampre  encoie 
tendre  ne  soit  abattu.  Lorsqu'il  aura  pris  de 
raccroissement,  il  faudra  Ic  dclivrer  dc  ses  rc- 
jctous,  a  moins  qu"on  iie  les  laisse  croltre  pour 
propager  la  vigne,  dans  le  cas  ou  la  place  serail 


forata  lcrcbra.  Sed  illa  frequenlior  et  pene  omnilins  asi  ii  "■ 
lis  cosnila  insitlo;  haec  rarior  et  paucis  usur|uila.  l^i.-  ea 
igilur  prius  disseram,  quae  magis  iu  consuetudiue  esl.  I!e- 
ciditur  vitis  plenimqne  supra  leriam,  noununquain  tamen 
et  infia ,  quo  loco  niagis  solida est  atqiie  enodis.  Cuin  supra 
terrain  iusita  est ,  surculus  adobruitur  cacuminc  tenus :  at 
cum  edilior  a  terra  est ,  fissura  diligenter  suliacto  luto  li- 
nitni,  alque  siiperposito  musco  ligalur,  quod  et  calores  et 
pluvias  aiccat.  Tcmperatur  ita  siirculus,  ut  calamo  non 
al)similis  coagmenlet  fissuram,  siib  qiia  nodus  iii  vite  de- 
sideraliir,  qui  quasi  alliget  eam  (issuiam  ,  nec  rim;mi  pa- 
tiatiir  ultia  procedcre.  Is  nodus  etiam  si  quatuor  digitis  a 
rescclione  ahfiierit ,  illigari  fanien  eum  priiis ,  qnaiii  vilis 
fuidatur,  coiiveniet,  ne,  cum  s(alpio  faclum  (ueril  iler 
siirculo,  pliis  juslii  plagaliiel.  Calamiisadradi  non  auipliiis 
tiibus  digitis  debet :  [  adevari  ]  atque  is  ali  ca  pailc,  qiia 
ladilur,  utsit  levis.  Eaque  rasura  ita  dediicitur,  nl  mediil- 
lam  contingat  imo  lateie,  atque  allero  paiilo  ullra  corti- 
cem  desli  ingaliiv,  ligiiietiirque  iii  spcciem  cunei ,  sic  iit  iib 
iiiia  pai  le  iu.'iitus  surculus ,  latere  altcro  sit  tcniiior,  atquc 


alteroplenior  :  perqiie  tenuioicm  parlein  insertus  co  latere 
arcletiir  qiio  est  plenior,  ct  iitiinqiie  lontingat  lissuram. 
iSam  nisi  corlex  cortici  sic  applicetiir,  ut  nullo  loco  trans- 
luceal ,  iuMpiil  coalescere.  Vinculi  geiiiis  ad  insitionem  non 
iiiunnesl.  Aiii  viminibusobstringunt;  nonnutlioircumdanl 
libio  lissiirain;  plurimi  ligantjunco,  quod  est  aptissimum. 
Naui  viinen,cnmiuaruit,  penetratetinsecalcorticem.  Piop- 
ler  quod  niolliora  vincula  magis  probamiis  ,  qune  cum  cir- 
cuiiiveiierc  truncum ,  adactisariindiiieiscuneolisarctantur. 
Sed  anliqiiissimum  est,  et  aiite  lia«  ablaqueaii  vilem , 
radiccsqiie  sumitias  vel  sobules  amputari ;  ct  post  b.x-c 
adobrui  truiicum;  isquecum  coniprelicndit,  aliam  rursiis 
exigil  curam.  Nam  srepius  pampinaiidus  est,  cum  gcrnii- 
nat,  freqiicntinsque  detraliend.p  siinl  soboles,  (piae  a  la- 
leribiis  r.uiicibusqne  prniepiiiit.  iiiiii  quod  ex  insito  pro- 
fiinditsubligaiidiim,  ni^  ^ciilosnri  iiliis  [  niolus]  jalicfactc- 
lur,  aut  explantetiir  lener  p.iiiipiiiiis.  Qiii  cum  excrevit, 
nepotibiH  orbaiidiis  est ,  iiisi  si  pnipler  penuriam  «•f  calvi- 
tiiim  loci  siilimitliliir  iii  piopaniiies.  .\iiluinniisdeinde  lal- 
ccnimalniispaliiiidbiisadmovel.  ScilpiilationisciistuililHr 


COLUMELLE. 


(legarnie  de  ceps.  Ensuite,  lorsque  les  branches 
n  friiit  seront  en  etat  d'etre  taillees ,  on  y  appli- 
([uera  la  serpe  en  automne.  Mais  voici  la  me- 
tliode  que  l'on  observera  en  taillant  ia  greffe  : 
dans  les  endroits  oii  Ton  n'aura  pas  besoin  de 
mareottes,  on  n'attirera  qu'une  tige  au  joug,  et 
Ton  coupera  toutes  les  autres,  en  observant  de 
faire  la  plaie  a  ras  du  tronc,  sans  cependant 
ecorclier  le  dur  du  bois.  II  n'y  a  pas  d"auire  fa- 
con  d'epamprer  la  vigne  greff(5e,  que  celleque 
Ton  suit  a  Tt^gard  des  nouvelles  marcottes;  mais 
il  faut  ia  tailler  de  facon  k  lui  laisser  peu  de  bois 
jusqu'a  la  quatrieme  annee,  temps  auquel  la 
plaie  du  tronc  sera  cicatrisee.  Voiia  comme  on 
s'y  prend  pour  la  greffe  en  fente.  Quant  a  celle 
qui  se  fait  en percant  la  vigne  avec  une  taiiere , 
il  faut,  apres  avoir  exaraine  quel  est  le  cep  le  plus 
fertile  dans  le  voisinage  de  celui  que  Ton  vcut 
greffer,  en  attirer  une  branche  ii  fruit  semblable 
a  ces  branches  que  Ton  fait  passer  d'arbres  cn 
arbres ,  sans  les  separer  de  la  mere  qui  les  nour- 
rit,  et  rintroduire  par  le  trou  qu'on  aura  fait  au 
oep.  Cette  facon  de  greffer  cst  la  plus  sure  et  la 
plus  certaine,  parce  que,  quand  mcme  cette 
branclie  ne  prendrait  pas  des  le  premier  prin- 
temps,  ellesetrouveraitindubitablementrorceede 
prendre  au  second,  sit6tqu'elle  serait  suflisam- 
nient  grossie.  Lorsque  cette  greffe  a  pris ,  on  la 
separe  de  sa  mere ;  apres  quoi  on  coupe  la  partie 
sup(.'rieure  de  la  vigne  que  Ton  n  greffee ,  jusqu'a 
Tendroit  oii  la  greffey  a  eXe  ins^ir^^e.  Si  Ton  n'est 
pas  a  meme  defaire  venir  ainsi  du  voisinage  une 
longue  branebe,  on  prend  le  sarment  le  plus 
nouveau  quc  Ton  peut  trouver;  et  apies  Tavoir 
nrraohii  du  cep,  on  le  ratisse  legerement,  et  seu- 
lement  au  point  de  recorctr;  puis  on  Tajuste  au 
trou;  ensuite  on  enduit  cVun  lut  la  vigne  apres 
Tavoir  coupce,  afin  quc  le  troncentier  soit  em- 
plovL'  a  nourrir  cette  vigne  etrangere  :  ce  qui 
ii'est  pas  uecessaire  a  T^igard  de  ces  longs  sar- 


raents  dont  nous  venons  de  parler,  puisquMIs  sont 
nourris  dans  le  sein  de  leur  mere,  jusqu'a  cc 
qu'ils  comraencent  a  croitre  avec  la  nouvelle 
vigne.Mais  rinstrunient  de  fer  dont  se  servaient 
les  anciens  pour  percer  les  vignes  est  diff(!ient 
de  celui  que  rexperience  m'a  fait  d(^couvrir,  et 
qui  est  plus  convenable  a  eette  operation,  parce 
que  raneienne  tariere,  qui  etait  runique  que 
les  nnciens  ngriculteurs  connussent ,  formait  de 
la  sciure,  et  brulait  la  partie  qu'on  perforait; 
d'oii  il  arrivait  quequand  cctte  partie  avait  une 
fois  cte  brid('e,  elle  reverdissait  rarement,  ou 
qu'clle  ne  reprenait  pas  avec  les  autres  parties, 
etque  lagveffc  que  Ton  y  avait  inserc^e  ne  raor- 
dait  pas.  D'ailleurs  on  ne  pouvait  jamnis  assez 
retirer  la  sciure  du  trou ,  pourqu'il  n'en  restSt 
pas  une  certaine  quantite,  qui  emp(5cbait  que  le 
corps  de  la  grcffe  iie  s"appliquiit  immediatement 
a  celui  de  la  vigne.  Nous  avons  donc  imagine 
pour  cette  espece  de  greffe  nne  tariere  que 
nous  appelons  gauloise,  et  que  nous  avons  re- 
connue  pour  etre  plus  convenable  et  plus  utile 
que  rautre,  parce  qu'elle  pcrce  le  tronc  sans  le 
briilera  Tendroit  du  trou.  En  effct,  cette  tariere 
ne  forme  point  de  sciure,  mnis  simplement  des 
copeaux  qu'il  cst  facile  d^otor;  de  sorte  que  la 
plaie  est  unie,  etqu'clle  embrasse  plus  aist'raent 
dans  toute  sa  superficie  la  branche  qui  y  est  in- 
seree,  \u  qu'il  ne  s'y  rcncoiiti-e  point  deduvet, 
tel  que  celui  qui  etait  oecasionnc  par  rancienne 
tariere.  Que  vos  vigues  solent  donc  entierement 
greffecs  apres  ^('quinoxe  du  printemps  :  greffcz- 
les  en  raisin  noirdans  lcs  licux  secs  et  arides, 
et  cn  raisin  blanc  dans  les  licux  humides.  lln'y  , 
a  pas  de  nt'cessite  de  multiplier  les  greffes  sur 
un  merae  trone,  pourvu  qu'il  soit  assez  raenu 
pour  qu'une  seule  greffe  puisse  recouvrir  toute 
la  plaie  lorsqu'ell8  viendra  ii  croitre,  et  que  la 
place  soit  d'ailleurs  assez  gnrnie  de  ceps  pour 
ne  pas  exiger  qu'on  en  substitue  de  nouveaux  a 


ea  ratio ,  ut  ubi  nulla  (tesideialur  proiwgo ,  imus  surculus 
evocelur  in  jugnni ;  allcr  ita  rcciilalur,  ut  ad.TiiueUir  plaga 
Iruiico,  sic  tauien,  ne  qiiid  railatur  e  duro.  Pamiiinauduin 
non  aliler  cst,  (luani  in  novella  viviradicc;  putaniluni  vero 
sic,  ut  usqne  in  quaiium  aniium  parcius  iinperetur,  duni 
plagatruncidncal  eicatriceni.  Atiiueliaec  per  tissnram  insi- 
tarum  est  ordinatio.  In  illa  autem,  qua;  lit  per  terebrationeni, 
primumex  vicino  fructuosissimain  oportet  considerare  vi- 
tem,  ex  qua  veluttraduceminliaerentein  matri  palmitem 
altralias,  etperforamentiansmittas.Haecenimtutioretcer- 
tior  est  insitio,  qnoniam,  etsi  proximo  vere  non  comprelien- 
dil,  sequente  certe ,  cum  incievit,  conjuugi  cogitur,  et 
mo.x.  a  matre  reciditur,  alque  ipsa  superficies  insilaj  vilis 
usqiie  ad  rereplum  surculum  oblrnncatur.  llujus  tradncis 
si  imn  est  facultas ,  tum  detractum  viti  quain  lecentissi- 
luiiui  eligitur  sarmentum,  et  leviter  circumrasum  ,  ut  cor- 
lr\  tanlum  detraliatur,  aptatur  forainini ,  atque  ita  lulo 
circiimliiiitur  rebecla  vilis,  ut  totus  triincus  alienigenis 
siuculis  serviat.  CJuod  quidoni  non  fit  in  traduce,(iui  a 


malerno  siislineliir  nbere.dum  inolescat.  Sed  alind  est 
ferrii::i''iiiiii!i ,  i|!iii  prioies  vilcin  iierrorabant ,  aliiid  quod 
ipsc  iiMi  iiaH!'  in.misaptiun  compcri.  Nani  anliqua  lcrcbra, 
qiiaiu  s!vi:n  veteres  agricola;  noveraut ,  scobem  faciebat, 
peiuiebalque  eam  partein,  quam  perforaverat.  Deusla 
porio  raio  revirescebat,  vel  cum  priore  coalescebat,  [iii 
eaque]  ni-c  insilus  surculus  comprebendebat.  Timi  cliam 
scoliis  ini:ii|ii,i!ii  sii-  exiiuebatur,  nt  nmi  inli.Tereret  fora- 
mini  i;,t  piirio  iiilrrvenlu  suo  probibebat  corpus  surculi 
coipoii  vilis  appliiari.  Nos  terebram,  quam  Gallicam  dici- 
inus,  ad  banc  insitioncm  cominenti  longe  liabiliorein  uti- 
lioremque  conipcrimns;  nam  sic  excavat  Iruncum,  ue 
foramen  iiiniat.  Quippe  non  scobem  sed  ramenta  lacit, 
qnibiis  exemptis  plaga  levis  reliuquitnr,  qua;  faciliiis  orani 
parte  sedentem  surculum  contiiigat,  nulla  intervenieiilc 
lanugine,quain  excitabat  antiqua  terebia.  [Igitur  secun- 
dum  vernum  .xquinoctium  perfectam  vitiuni  insitionein 
4iaheto,  locisque  aridis  et  siccis  nigram  vitein  in.serito,  liii' 
iiiidis  albaui.]  Ncqiie  est  ulla  ejus  propagaudi  nccessitas, 


D!':  L'AGRICULTUP.E,  LIV.  IV. 


la  pl.nce  de  ceux  qui  pourraient  etre  morts.  Si 
cepend;iiit  le  cas  arrivait,  on  insererait,  tlans  le 
trou  pratique  a  lavi^ne,  deux  sarments,  Tun 
qu'on  enterrerait  en  fornie  de  sautelle,  et  Tau- 
tre  qu"on  laisseraitmonter  au  joue,  pour  rappor- 
ter  des  fruits.  II  ne  sera  pas  inutile  non  plus 
d'clcver  les  pampres  qui  viendront  sur  Tarc 
d'une  sautelle  ainsi  enterree,  et  l'oa  pourra  en 
peu  de  tenips,  si  le  cas  se  preserte,  ou  lcs  propa- 
ger,  ou  leurlaisser  rapporter  du  fruit. 

XXX.  Comme  nous  avons  doniie  lcs  preceptes 
qui  nous  ont  paru  les  plus  utiles,  tant  pour  for- 
merdes  vis^noblcs  que  pour  les  cultiver,  il  faut 
a  present  donner  la  faeon  de  se  pourvoir  d'appuis, 
de  jougs  et  de  liens,  attendu  que  ce  sont  des 
especes  de  dots  que  Ton  doit  toujours  tenir  pretes 
pour  les  vignes;  et  que,  dans  le  cas  oii  un  a<:;ri- 
eulteur  n'en  serait  pas  pourvu ,  il  n'aurait  aneun 
motif  de  former  des  vi";nobles,  paree  qu'il  fau- 
drait  quMI  alliit  chercher  hors  de  son  fonds  toutes 
les  choses  qui  lui  seraient  necessaires,  et  que 
non-seulement  le  prix  qu'il  mettraita  les  acheter 
augmenterait  les  dcpenses  de  ses  vi^nes ,  comme 
dit  Atticus,  mais  quccetteacquisition  meme  kii 
serait  trcs-onereuse  qnand  il  Taurait  faite,  en 
ce  qu'il  ne  pourrait  les  importer  dans  son  fonds 
que  dans  un  temps  tres-peu  commode,  qui  cst 
celui  de  rhiver.  Cest  pourquoi  il  faut  commeu- 
cer  par  avoir  une  oseraie,  uu  plaut  de  roseaux, 
des  forets  comraunes,  ou  des  bois  plantes  expres 
en  chataigniers.  Atticus  pense  qu'il  suffit  d'un 
jugerum  d'oseraie  pour  attaeher  les  ccps  de 
vingt-cinq  jin/cra  de  \ignes;  d^unjuc/erum  de 
roseaux  pour  fournir  de  jougs  vingt  jiKjcra  de 
vignes;  et  qu'un  jugcruni  de  chataigneraies 
fournira  de  pieux  un  aussi  grand  nombre  die.ju- 
gera  de  vignes,  qu'un  juyerum  de  rosenux  en 
fournira  de  jougs.  Le  saule  vient  trcs-bien  daus 


un  terrain  arrose  ou  marecageux,  quoiqn'il  ne 
vienne  pas  absolume nt  mal  dans  \\n  terralii  plat 
et  gras.  II  faut  retourncr  ces  terrains  au  hoyau 
(suivant  le  precepte  des  anciens)  a  la  profon- 
deur  de  deux  pieds  et  demi  :  nimporte  quelle 
espeee  d'osier  on  plautera  ,  pourvu  qu'il  soit  tres- 
flexible.On  estime  eependant  qu'il  y  a  trois  espe- 
ces  principales  de  saule  :  le  saulegrec,  le  saule 
gaulois,  et  celui  du  pays  des  Sabins,  que  pln- 
sieurs  appcllent  saule  d"Ameria.  Le  saule  grec 
est  jaune,  le  gaulois  est  d'une  couleur  de  pour- 
pre  passe,  et  ses  baguettes  sont  tres-minces  ;  ee- 
lui  d'Amcrie  les  a  greles  et  rouges.  On  les  plante 
ou  par  cimes,  ou  par  boutures.  Les  perches 
des  cimes  sout  bonnes  a  planter,  quoiqu'el!es 
soicnt  d'une  certaine  grosseur,  pourvu  cependant 
qu'clles  n'excedent  pas  la  grosseur  du  poids  <'e 
deux  livres  :  on  pcut  tres-bien  les  enterrer  abso- 
lument,  de  facon  que  leur  extremite  soit  a  la 
supcrficiedu  sol.  On  eouvre  legerement  de  lerre 
les  boutures  apres  les  y  avoir  enfoneees,  et  clles 
doivent  avoir  un  pied  et  demi  de  long.  Quand  le 
tcrraiu  est  arrose,  il  fautecarter  ces  plantes  da- 
vantage;  aussi  laisset-on  alorsentre  chaeune  uu 
intervalle  desix  piedsen  quinconce,  au  lieu  que 
les  terrains  secs  exigent  qu'ellessoient  plus  res- 
serrees  :  mnis  il  faut  cependant  qu'il  y  nit  assez 
d'espace  entrc  elles  pour  que  ceux  qui  les  culti- 
veront  puissent  en  approeher  faeilement.  II  suflira 
pour  cela  de  donner  cinq  pieds  d'espace  aux  ran- 
gees ,  quoique  dans  ccs  memes  rangees  les  plantes 
ne  soient  espacces  qiie  de  deux  pieds.  II  faut  les 
plauter  avant  qu'elles  germent :  tout  le  temps  que 
leur  seve  n'est  poiut  en  mouvement  eonvient  a 
cetteoperation.  II  faut  aussi  nc  lcstirer  desarbres, 
que  lorsquelles  seront  ressuyees,  parce  que  si  on 
les  eoupe  quand  elles  sont  couvertcsde  rosee,  ellcs 
reussisscut  ma! :  c'est  pourquoi  on  evite  en  general 


!>i  motlo  tam  mcdiocris  cst  crassitiKlo  trinici,  iit  incrcmcn- 
tiiiu  iiisitl  iilagani  iio.wit  contingere  ;  [c.l]  nisi  laiiicn  v:i- 
ciius  lociis  ileniniliii  capitis  vitein  reposcit  Quod  cuui  ila 
Kst,allere\  duobus  surculis  nieigilur,  aller  educliis  ad 
jnguin  in  fiuclum  submittitur.  Neqiie  inutile  est  ex  ea 
vife ,  quam  meiseiis  ,  enasceiilcji  in  arcu  pro[)aginis  pani- 
pinos  cducare,  qiios  possis  mo\ ,  si  ita  coinpetet,  vel  pio- 
pagare  vel  ad  rructuui  icliiiquere. 

X.XX.  Quonlam  cousliluendis  colendisque  Tinels,qiia' 
vidcbantur  ulilller  pia-cipi  posse,  disscruimns;  pcdaiui- 
num  jugoruinqiie  et  viuiiaiim  prospiclendoi  um  tradciula 
ralio  est.  Ilicc  eniiii  qiiasi  quaedain  doles  viiicis  antc  \i\,v- 
parantur.  Qiiibus  si  dellcitur  agricula,  causani  lacicndl 
viuela  n«n  liabct,  cum  ouiula ,  qua'.  suut  ueccssarla ,  cvlia 
fundum  qua^reuda  slnt :  nec  euipliouis  tantuin  {sicul  alt 
Atlicus)  pietlum  oiicral  vllis  ratlonem',  scd  est  ctlain  cuni- 
paralio  niolestissinia.  Coiivclienda  sunt  eniui  lempoic  iiii- 
qulssimo  lilticrno.  Quarc  salices  vlminalcs  atqiie  aiuiidl- 
ncta  Mil;;,u,  ^iiii!'  ^ilva',  vcl  lonsiilto  consita^  [e]  caslaiicis, 
priii-.  I  u  irii  :  I  1,1,1.  Salicuiii  Miiiiualiuni  (ul  AUicusputal) 
siii^ul.i  j:i.,.  1,1  -«illiLeie  iiossiinl  quiiiiset  vigcul»  jugeribiis 


l:gand,ie  vlncnp,  anindinell  siiigula  jugcra  Tigenis  jiigan- 
dis  :  caslaiieti  jiigcruni  totidcm  palaiidis,  qiiot  aruudincti 
jiigaiidls.  Saliceni  vel  rignus  ager  vo!  iiligiiiosiis  opliiiie, 
ncc  iiiconiniodo  tameiiallt  plaaus  el  piugiiis.  Atque  is  de- 
lict  couvcrli  blpalio;  lla  eniin  piwcipiiuit  vcleres,  In  diios 
l)i'des  etseinissem  pasliiiare  salicto  dcstinaliini  solum.  Nec 
iflert  ciijus  generis  vlmen  seias,  diim  sll  lciilisslmiim. 
1'utanl  taiiien  Iria  esse  gcnera  praecipue  .sallcis,  Gr.Tc.a>, 
C.dlicie ,  SabliicC,  qiiaui  pluriml  vocant  Amerinain.  Gi.Tca 
lla\i  coloris  cst;  Gallica  ub.soletl  purpurel  et  tenuissiiiii; 
Amcriua  sall\  gracllcm  virgam  et  rulilam  gerit.  AUpie  liae 
vcl  caciinilnlbus  vcl  laleis  dcponuiitur.  1'ertica;  cacumi- 
niiui  modlcae  plenitiidinls,  qux  tamcndipondlarii  orblciili 
('rassiluiliuem  n«n  exc?dal,  opliiiie  panguntur  eoiisquc 
duiii  ad  sulldiim  dcniillaiilur.  Taleac  sesquipedales  lcireuo 
iuiincrsie  pauliilum  uliruuiiliir.  niguus  lociis  spatia  laxloia 
dcsidi')at,  caqucseuum  pediim  pcr  quiiicuucem  recle  fa- 
ciuul;  sicc;incus  spissiora,  sic  ut  sit  facilis  accessus  co- 
leiillbiisca.  Qulnum  pcilinn  inler  rdinia  esse  abiinde  cst, 
iit  tanien  in  ipsa  liuca  cunsilionisallcrua  vacuis  intermis. 
I  sis  bipcdauci.;  spaliis  toiisistaul  semina.  Satio  est  eorum 


COLUMELLE. 


lesjoiirsdepluie,  lorsqu'on  veut  taillerles  saules. 
II  faut  becher  les  saussaies  peiidant  les  trois  prc- 
niieres  annees,  aussi  souvent  que  les  jeunes  plants 
de  vignes  :  mais  lorsque  les  saules  sont  dcvenus 
forts ,  ils  se  contentent  dc  trois  fouilies.  Faute  de 
les  eultiver  aiusi,  ils  manquent  proraptement, 
puisqu'il  arrive,  meme  en  les  cultivant  ainsi, 
qu'il  en  perit  beaucoup,  malgre  les  soins  que  Ton 
prend.  Pour  remplacer  ceux  qui  periront,  il 
faudra  avoir  recours  aux  sautelles  que  ron 
prendra  sur  les  saules  voisins ,  dont  on  courbera 
les  tfites  pour  les  enterrer,  afin  quelles  servent 
a  suppleer  par  la  suite  tout  ce  qui  sera  niort. 
Lorsque  la  sautelle  aura  un  an ,  on  la  sevrera 
de  sa  mere ,  afin  qu'elle  puisse ,  corame  la  vigue, 
tirersa  nourriture  de  ses  propres  racines. 

XXXL  II  faut  planter  du  genet  dans  les  lieux 
tropsecs,  qui  ne  s^accomraoderont  pas  d'autres 
especes  d'arbrisseaux.  Lesliens  qu'onen  faitsont 
tres-souples,  outre  qu'ils  sont  assez  fermes.  On 
le  serae  en  graine;  et  lorsqu'iI  est  venu  on  le 
transporte  ailleurs  en  barbue  de  deux  ans,  ou 
bien  on  le  laisse  h  rendroit  meme  ou  il  a  ete 
seme ;  auquel  cas  on  peut  le  couper  ensuite  tou- 
tes  les  annees  pres  de  terre,  corame  les  mois- 
sons.  Lcs  autres  especesde  liens,  tcls  qne  les  ron- 
ces,  demandeut  un  plus  grand  travail ;  mais  on 
ue  peut  pas  cependaut  s'en  dispcnser  au  defaut 
des  preraiers.  Le  saule  doiit  on  tire  les  per- 
ehes  deraande  a  peu  pres  la  meme  terre  quc 
celui  dont  on  tire  des  branches  pliables.  II  vient 
ccpendant  mieiix  dans  un  terrain  arrose  que  dnns 
tout  autre  endroit.  On  le  plante  par  boutures, 
auxquelles  ou  ne  laisse  qu'une  seule  perche , 
lorsqu'elles  sont  germees.  On  le  beche  souvent , 
on  arraehe  les  herbes  qui  croissent  a  ses  pieds , 
et  on  rebourgeonne  comme  la  vigne,  afin  de 


rexciter  a  donner  des  branches  qui  soient  plu- 
tot  longues  que  grosses  :  cultivi',  ainsi ,  on  ne  le 
coupe  que  la  quatrieme  annee;  au  lieu  que  ce- 
lui  dont  on  veut  faire  des  liens  peut  ^tre  coupe 
des  la  premiere  annee  a  deux  pieds  et  demi  de 
terre,  afin  que  le  tronc  produise  des  rejetons, 
et  puisse  etre  arrange  en  bras,  comme  les  vignes 
basses.  Sicependant  le  terrain  est  trop  sec,  oa 
feramieuxde  necoupercedernier  qu'adeuxans. 
XXXII.  On  laboure  la  terre  au  pasfinum 
pour  le  roseau,  mais,  a  la  verite,  peu  profoade- 
ment;  neanmoins  il  est  mieux  de  le  planter  au 
hoyau.  Quoique  cette  plante  soit  tres-vivace, 
et  qu'elle  s'accommodedetoute  sorte  de  terrains, 
elle  reussit  cependant  mieux  dans  un  terrain 
ameubli  que  dans  un  terrain  compacte ;  dans 
une  terre  humide  que  dans  une  terre  seehe; 
dans  les  vallees  que  sur  les  hauteurs;  et  il  y  a 
plus  d^avantage  a  la  mettre  sur  les  bords  des  (leu- 
ves ,  sur  lcs  lisieres  des  sentiers ,  et  dans  les  lieux 
couverts  d'epines,  qu'en  plein  champ.  On  plante 
soit  un  caieu  de  la  racine  du  roseau,  soit  une 
bouture  de  sa  canne,  ou  bien  on  le  couche  tout 
entier  en  terre.  Les  caieux  mis  en  terre ,  a  trois 
pieds  dedistance  les  uns  des  autres ,  donnent  en 
moins  d'un  an  des  perches  en  etat  d'etre  em- 
ployees.  La  bouture,  ainsi  que  le  roseau  entier, 
demandent  un  temps  plus  long.  Mais,  soit  qu'on 
plante  unebouturede  la  longueur  dedeux  pieds 
et  demi ,  soit  qu'on  raette  en  terre  un  roseau 
CDtier ,  il  faut  que  la  tetcde  Tun  corame  de  Tau- 
tre  plant  soit  toujours  hors  de  terre,  parce  que 
si  on  les  couvrait  entierement,  ils  pourriraient 
tout  a  fait.  Lestrois  premifcres  annees  ,  on  ne  les 
cultive  pas  autrement  que  les  autres  arbrisseaux 
dont  nous  venons  de  parler  :  lorsque  par  la  suite 
ils  sont  vieillis ,  il  faut  leur  donuer  une  seconde 


iniiisquani  f;crminer.t ,  dum  silent  virga;,  qiias  arlioiibiis 
iletralii siccas  convenlt.  Nam  roscidas  si  lecideiis,  param 
prospere  proveniunt.  Ideo  pluvii  dies  in  exputanda  salice 
vitantiir.  Fodienda  sunt  primo  triennio  salicta  crebrius, 
ut  novella  vineta.  Cum  deinde  convaluerint,  tribus  fossu. 
vis  cor.tcnta  sunt;  aliler  culla  celeriter  deticiunt.  Nain 
quanivis  adiiibeatur  cura,  plurimae  salices  intereunt. 
Qiiaruin  in  locnm  e\  propinquo  mergi  propagari  debent, 
curvatis  el  defossis  cacuininibus,  quibus  restituatur 
quicquid  intercidit.  Anniculiis  deinde  mergus  decidalur  a 
stirpe ,  ut  suis  radicibus  tanqiiam  vilis  ali  possit. 

.\XXI.  Perarida  loca,  qu;e  geiius  id  virgultorum  non 
ivcipiniit.genistam  postulant.  Ejus  cumsitsatis  rirmum, 
tiim  etiaiu  lentissimum  est  vinculum.  Seritur  aiifem  se- 
niine,  quod  cum  est  natum,  vel  defertur  liima  viviradix  , 
vel  I elicla  ciim  id  tempus  excessit ,  omnibus  annis  moie 
se^elis  jiiNla  terram  demeti  polest :  cajtera  vincula,  qua- 
lia  sunl  ex  rulio,  majorem  opeiam,  sed  in  cj;cno  tamcn 
iiecessai  iam  exigunt.  Peiticalis  fere  salix  eundem  agrum , 
quem  viminalis,  desideiat;  raelior  tanien  rigiio  provenit; 
atque  ea  taleis  conseritur,  et  cum  germinavit,  ad  nnam 
pciticam  sulmiittitiir,  crebroque  foditur atqiic  cxliei liaUir, 


nec  minusqiiam  vinea  pampinatur,  ut  in  longitudinem  [ra- 
inorum]  potius  quam  in  latitudinem  evocetur.  Sic  culla 
qiiarlo  demum  anno  ca^ditur.  Nam  qufe  vinculis  praeparalur, 
potest  anniciila  praecidi  ad  seniissem  supra  duos  pedes,  ute 
trunco  fructicet,  et  in  bracbia  velut  liumilis  vinea  dispo- 
natur;  si  tamen  siccior  fuerit  ager,  bima  potius  reseca. 
biliir. 

XXXII.  Arundo  minus  alte  pastinato,  melius  tamen 
bipalio  seritur.  Ea  cum  sit  vivacissima,  nec  recuset  ullum 
locum ,  prosperius  resolulo,  quam  deiiso ;  humido,  quam 
sicco;  vallibiis,  quam  clivis;  fluminum  lipis,  el  limili 
biis  ac  veprelis  commodius  quam  mediis  agris  deponitur. 
Scritur  bulbus  radicis,  [seritur]  et  talea  calami ,  nec  minus 
totoprosterniturcorpore.  Biilbus  tripedaneis  intervacanti- 
biis  spatiis  obriitus  anno  celerius  niaturam  perticam  prae- 
bet.  Xalca,et  tota  arundo  serius  praediclo  tempoic  evenit, 
Sed  sive  recisa  in  dupondium  et  seinissem  tulea,  sive 
totae  arundines  prostratae  deponantur,  exstent  eariim  ca- 
cumina  oporlet  :  qiiod  si  obruta  sunt,  totae  putiescunt. 
Sed  cultus  aiundinetis  primo  triennio  non  alius  est ,  qiiam 
crcteris.  Ciim  deinde  consenuit,  iepa.stinandnm  est.  Ea 
cst  autcni  sencctiis  ,  cum  vcl  cxaruit  situ  rl  inerlia  piu- 


DE  UAGRICULTURE,  LIV.  IV. 


facon  au  paslimm.  Ils  sont  censes  \ieux  ,  lors- 
que  le  duvet  dont  ils  sont  couverts  les  a  des- 
seclus,  et  qu'ils  u'ont  rien  produit  pendant  plu- 
sieurs  annees,  ou  lorsqu'ils  sont  si  epaissis, 
qu'ils  ne  donnent  plus  que  des  roseaux  greles, 
et  semblablesa  des  flageolets.  Mais,  dans  le  pre- 
iniercas,  il  faut  les  extirper  entierement;  au 
lleu  que,  dans  le  second  cas,  on  peut  se  conten- 
ter  d'en  couper  quelques-uns  de  distance  en  dis- 
tance  pour  les  eclaircir  :  les  paysans  appellent 
cette  operation  castratio.  Neannioins  on  ne  peut 
jamais  les  couper  qu'a  raveugle ,  puisqu'il  n'y 
a  rien  sur  terre  a  quoi  Ton  puisse  distinguer 
ceux  qu'il  faut  oter  de  ceux  qu'il  faut  laisser.  11 
vaut  toujours  mieux  chStrer  le  roseau  avaut 
!e  temps  de  sa  coupe  ,  parce  que  les  cannes  in- 
diquent  alors  ciairement  ce  qu'il  en  faut  arra- 
cher.  Le  temps  favorable  pour  donner  aux  ro- 
seaux  une  seconde  facon  au  pastinum ,  de 
memeque  pourles  planter,  c'est  avant  que  leurs 
yeux  soient  germes  :  on  les  coupe  ensuite  apres 
le  solstiee  d'hiver,  attenduqu'iis  profitent  jusque 
la;  apres  quoi  ils  s'arretent,  parce  que  les  froids 
de  rhiver  les  roidissent.  II  faut  les  becher  aussi 
frcquemment  que  les  vignobles.  II  faut  aussi , 
quand  ils  sont  niaigres,  les  aider  avec  delacen- 
dre,  ou  avec  toute  autre  espece  de  fumier ;  c'est 
dans  cette  vue  que  la  plupart  mettent  le  feu  dans 
les  plants  de  roseaux  apri^s  la  coupe. 

XXXIII.  Le  ch^taignier  approche  de  la  nature 
des  robres  :  c'est  pour  cela  qu'il  est  tres-bon 
pour  fournir  les  vignes  d'appuis.  La  chiitaigne 
seraee  dans  un  terrain  laboure  pour  la  seconde 
fois  au  pastiiiui/i  leve  promptement;  et  si 
Ton  en  coupe  la  productionau  bout  decinq  ans, 
elle  se  ranime  comme  le  saule,  et  les  pieux  que 
Ton  en  a  faits  durent  prcsque  jusqu'a  la  coupe 
suivante.  Le  chataignier  veut  une  terre  douce  et 
ameublie  ,  sans  neaumoins  se  deplaire  dans  un 


sable  humide ,  ni  dans  un  tuf  pulverise  :  il  re- 
eherche  les  hauteurs  ombragees  et  septentriona- 
les ,  et  craint  les  terrains  compactes ,  ainsi  que 
ceuxqui  sontpleins  de  terre  rouge.  On  seme  les 
chataignes  depuis  le  mois  de  novembre  jusqu'i 
la  liu  de  rhiver,  dans  une  terre  seche  et  facon- 
meanpastiitum  pour  la  seeoude  fois,  a  la  pro- 
fondeur  de  deux  pieds  et  dcmi ;  on  les  separe 
l'une  de  Tautre  d'un  demi-pied  dans  les  rangees , 
eton  laisse  un  intervalledecinq  pieds  entre  cha- 
que  rangee.  On  lesenfonce  dans  dessillouscreuses 
a  neuf  pouces  de  profoudeur;  et  lorsqueces  sillons 
sout  enseraences,  on  y  fiche  ,  avant  de  les  apla- 
nir,  un  petit  roseau  k  cote  de  chaque  chutai- 
gne ,  afin  que  ces  roseaux  servant  de  signaux 
pour  faire  connaitre  les  endroits  oii  les  chatai- 
gnes  sont  semees ,  on  puisse  becher  la  terre  et 
en  arracher  les  mauvaises  herbes  avec  plus  de 
pr^caution.  Des  qu'elles  ont  des  tiges  qu"on  peut 
transferer,  ce  qui  arrive  auboutde  deuxans, 
on  en  arrachequelques-uncs  d'espaceen  espace, 
en  laissant  deux  pieds  de  vide  entre  chaque 
arbrisseau ,  de  peur  qu'elles  ne  viennent  a  mai- 
grir,  pour  etre  trop  drues.  Si  on  les  avait  semees 
plus  drues  dans  le  principe  ,  ce  n'etait  que  pour 
ob vier  aux  differentsaccidents  qui  pouvaient  sur- 
venir.  En  effet,  il  arrive  quelquefois  que  le  de- 
faut  de  pluie  les  desseche ,  ou  que  la  trop  grande 
abondauce  d'eau  les  pourritavantqu'elles  soient 
germees;  d'autres  fois,  qu'elles  sont  devastces 
par  lcs  animaux  qui  vivent  sous  terre ,  tels  que 
les  rats  et  les  taupes  :  et  c'cst  la  raison  pour  la- 
quelle  on  voit  souvent  les  nouvellcs  chataigne- 
raies  se  degarnir.  Lorsqa'il  estbesoiu  de  les  re- 
peupler,  il  vaut  mieux  ,  si  fon  est  a  meme  de  le 
faire,abaisser  des  perches  desarbres  voisins  en 
facon  de  sautelle  pourlespropager,  que  d'en  ar- 
racher  pour  les  planter.  Eu  effet ,  ces  perches, 
restant  comme  immobiles  a  leur  place,  produisent 


lium  annorum ,  vel  ita  (leasatiim  est ,  ut  giacilis  et  cannie 
ftimilis  ariimio  prodeat.  Sed  illud  de  inlegio  refodi  debet; 
liocpotest  inteicidi  et  disraiaii,  qiiod  opus  rustici  stipa- 
lionem  vocant  :  qiiK  lamen  resectio  arundineti  caecaesl, 
quia  non  apparet  in  terra ,  quid  aut  tollendum  .sit  aut  rclin- 
quendum  :  toleiabilius  tamen  ariMuIo  castratur  ante  quam 
caeditur  -.  qiiatenus  calami  velul  indices  demonstrant,  quid 
eruendum  sit.  Tempus  repastinaudi  et  conseieiidi  est  prius 
«liiam  flculi  arundiniini  egerminent.  Caeditur  deinde  post 
lii  umam  :  nam  iisque  in  id  tempiis  incrementuni  capit. 
Ac  tuni  compescitur,  cuin  obrigiiit  iiiherno  frigore.  l"o- 
iliendiim  qiioties  et  vineta.  Sed  [ett  macics  ejiis  ciiiere  vel 
;dio  sleicore  juvanda  esl,  propter  quod  csesum  plerique 
■iicendunt  arundinetum. 

XXXIIl.  Castanea  roboribus  proxima  csf ,  et  ideo  stabi- 
liendis  vincis  liabilis.  Tiim  in  repastinato  niix  posita  celc- 
liter  emicat,  et  jiost  quinqiiennium  cipsa  more  salicti  re- 
crealiir,  neque  in  palum  formata  fere  iisqiic  in  alteram 
cjcsionem  peiennat.  Ka  piillam  terram  et  resolntam  desi- 
•icrat;   sabiiloncm   liHiliiduiii  vel    refrartuiii  lifum   noii 


respuit;  opaco  et  septentrionali  clivo  laefaliir;  spissum 
solum  et  rubricosum  reformidat.  Seritur  ab  Novembri 
mense  per  lotam  liiemem  sicca  terra  et  repastintata  in  alti- 
tudineindupondii  el  semissis.  Nuces  in  oidinem  semipe- 
dabbus ;  ordines  autem  quinnm  pedum  spatiis  dirimuntur. 
In  altitudiiiem  dodrantis  castanea  depiessis  sulcis  com- 
niiUitur.  Qui  ubi  nucibus  sunt  consili,  priiisquam  com- 
planentur,  brevesarundines  ab  lateiecastanearum  pangun- 
liir,  iit  per  lius  sationis  indlces  tutiiis  fodi  et  runcari  pos- 
.-.iiil.  .Siiiiiilatque  semina  stilaveiint,  etiam  biina  transferri 
qiieunl,  iiitervelliintiir,  ac  bini  peiles  arbusculis  vacui 
relinipiuiitiii,  ne  densitas  plaiitas  emaciet.  Spissiiis  autem 
seuicii  propler  varios  casiis  deponitur.  Nam  interdum 
prius  quam  enascatur,  aiit  siccitatibiis  nux  inare.scit,  aul 
aquariim  abundanlia  pulrcscit  :  interdum  subterranei.s 
animalibus  sicuti  muribus  et  talpis  infestatur.  1'ropler 
(pia;  sa;pe  novella castanela  calvescunt :  alque ubii^requen- 
tanda  siint,  melius  exviciiio,  si  competit,  mergi  more 
pertica  declinata  propagatur,  quam  exenipfa  reseritiir. 
Il.er  ciiim  vclut  inimota  sua  scde  vcliementcr  gerniiual. 


2,S2  GOLUMELLE. 

beaucoiip  de  boutons;  au  lieu  que  celles  qui  ont 
cte  mises  cq  teiTe  apres  avoir  ete  arrachees  avcc 
leurs  racines  soiit  deux  ans  a  se  reniettre.  Cest 
pour  cela  qu"on  a  remarque  qu'il  etait  plusavau- 
tageux  de  faire  des  Ibrets  de  chataigniers  en 
semant  la  chataigne  elle-meine  ,  qu'en  lu  plan- 
tant  en  barbues.  Si  Ton  se  regle,  en  semant  des 
chStaignes,  sur  les  distances  que  nous  venons  de 
(ixer  ci-dessus  ,  un  terrain  d'un  jugerum  con- 
tiendradeux  millehuit  centquatre-vingtschatai- 
gniers,  qui  donneront  aisement  (comme  dit  Atti- 
cus)  douzemilleechalas.  En  elTet,  on  fend  ordinai- 
rement  les  brunches  voisines  de  la  souche  en  (jua- 
tre,  et  les  autres  qiii  sout  pluspetites  que  eelk-s- 
ia,  en  deux.  Ces  espeees  d'appuis  ,  ainsi  fendus, 
se  conservent  pluslongtemps  que  les  pieux  ronds 
dans  toute  leur  longueur.  Quant  aux  fouilles  que 
ccs  plantes  exigent,  et  k  la  facon  de  les  arran- 
ger,  c'est  la  meme  culture  que  pour  la  vigne.On 
doit  les  eclaireir  un  peu  a  deux  ans,  et  meme  a 
trois  ans,  independamrBent  de  ce  qu'il  1'aut  y 
appliquer  deux  fois  le  fer  au  commencement  du 
printemps,  si  on  veut  les  excitera  monter  haut. 
On  peut  aussi  semer  le  gland  du  chene  de  la 
meme  facon,  mais  on  coupe  cet  arbre  deux  ans 
plus  tard  que  le  chataiguier;  c'est  pourquoi  le 
bon  sens  veut  que  ron  cherche  a  gagner  dutemps 
cn  semant  preferablement  des  chataignes  ,  a 
moins  que  Ton  n'ait  en  sa  possession  des  mon- 
tagiHS  pleiiies  de  buissotis  et  de  graviers,  ou 
dcs  terres  de  la  i.ature  de  celles  que  nous  avons 
designecs  ci-dessus,  qui  demandent  plutot  du 
gland  que  de  ia  chataigne.  J'ai  traite  jusqu'iei 
assez  au  loiig,  et  non  sans  quelque  utilile,  au- 
tantque  je  piiis  m'en  flatter  ,  des  vignobles  d'l- 
talie  et  de  tous  leiirs  accessoires;  je  vais  donner 
h  present  la  culture  des  vignes  telle  qu'elle  est 
en  usage  chez  les  agricultcurs  de  province,  ainsi 


que  celle  dcs  plants  d'arbres  maries  aux  vignes, 
tant  ceux  de  uotre  pays  que  ceux  de  la  Gaule. 

LIVRE  V. 

L  Vous  m'avez  dit ,  Silvinus,  qu'il  manquait, 
dans  les  premiers  livres  que  je  vous  ai  adresses 
sur  la  formation  et  la  culture  des  vignobles ,  bien 
deschosesque  lesamateursdes  travaux  rustiques 
voudraient  y  trouver  ;  et  je  nu  disconviendrai  pas 
que  je  n'en  aLe  omis  quelques-unes ,  cjuoique 
j'aie  neanmoins  fait  une  recherche  exacte  de  tout 
ce  que  les  agriculteurs  de  notre  siecle  et  ceux 
des  siecles  preccdents  ont  laisse  par  ecrit  :  mais 
en  prometlant  de  donner  des  preceptes  d'econo- 
mie  rurale ,  je  ne  m'etais  pas  cngage ,  si  je  ne 
me  trompe,  a  donner  tout  cequi  pouvait  appar- 
teuir  a  cet  art  immeiise;  et  il  me  semble  au  con- 
truire  queje  ne  m'etais  engage  qu'a  en  donner 
la  plus  grande  partie.  En  effet,  un  ouvrage  de 
cctte  etendue  aurait  depasse  la  portee  d'un  seul 
homme,  puisqu'il  n'y  a  aucune  science  ni  aucun 
art  que  le  genie  d'un  seul  homme  ait  conduit  a 
sa  pcrfection.  Aussi  ,.de  meine  qu'il  suflit  a  un 
bon  chasseur  qui  court  apres  des  betes  fauves 
dans  une  foret  immense,  d'en  prendre  le  plus 
qu'il  peut,  et  qu'on  n'a  jamais  fait  un  crime  a 
personne  de  n'avoir  point  pris  toutes  celles  qui 
s'y  trouvent;  11  doit  egalement  nons  suffire  d'a- 
voir  donne  la  plus  grande  portion  d'une  matiere 
aussi  etendue  que  celle  que  nous  avons  entre- 
pris  de  traiter,  d'autant  que  lcs  choses  qu'ou  nous 
accuse  d'avoir  omises  dans  notre  ouvrage,et  que 
l'on  aurait  voulu  y  trouver,  sont  des  choses  etran- 
geres  a  notre  profession.  Dernierement,  par 
exemple,  notre  ami  M.  Trcbeilius  pretendait  que 
j'aurais  du  donner  des  r^gles  |iour  mesurer  les 
terres,  dans  la  persuasion  ou  il  etait  que  la  me- 


Al  qua;  radicibus  exempta  ct  dcposila  est,  biennio  refor- 
midat.  1'iopter  iiuod  compertuni  est  c.ommodius  nucilius 
quam  vivjnidicilius  i'jiisoiodi  silvas  inslitiii.  Spalia  lip- 
jusce  saliiiiiis,  i|ii:;'  s;i|  i.i  ^rii|il.i  snnl,  capila castanearum 
lecipiunt  npi;H n.iAw  ,  <  njns  miiiuiut,  siciit  ait  Atticus, 
ex  faciti  jiificia  sliij;ula  piailieljiiiit  slatuminum  duoilcna 
millia.  Etenini  taleie  propius  stiipem  recisae  qiladiilidas 
plernmqne,  ac  deinde  secunda;  lalea;  ejiisdem  arboiis 
bifidas  ridicas  subm:nistrant  :  qiiod  geiiiis  fissilis  adini- 
iiiculi  manet  diiiUus  quani  teics  paliis.  Ciitliis  ideni  ost 
[fossionis  posilionisqne]  qiii  vinea".  Snppiilari  debet  bima , 
qiiin  etiani  I;  iiiia  :  iiani  liis  ferro  repeleinta  est  veris  piiii- 
cipio  ,  iil  iiuileuir  cjiLs  iiruciTiliis.  Polesl  eliam  queicus 
siniijl  laliiini' si  ri ;  \eiiiiii  tiieiiiiio  lardiiis  qnam  tastanea 
deciditiir.  Piiiplcr  qiiod  ratio  piislulat  tenipiis  poliiis  lu- 
trari ,  iiisi  si  duino.si  jjlarcosiqiie  inonles ,  atqiie  ea  genera 
teriie,  qu:i;su|iia  diviinus,  glaiiilem  magis,  quain  casla- 
neani  po.sliilabiiut.  llyc  de  viiieis  llalicis  viiiearunique 
instrumriilis,  qiianliini  reor,  noii  inutiliter  etabundedisse- 
rui ;  iiiox  agriculai  uin  provincialium  vinealicos  nec  minus 
oostratis  et  Gallici  urliiisti  cullus  traditurus. 


LIBER  QUINTUS. 

I.  Supcrioriluis  liliris,  qnos  ad  tedecon,stilnendiscolen- 
disqiie  vincis,  Silvine,  scripseram,  iionnulla  defnisse  dixisli, 
qiiiic  agresliiim  opcrnm  sliidiosi  desiderarent;  neque  ego 
inlilior  aliqna  me  prirteriisse,  qnamvis  inqnirentem  sc- 
diilo  ,  qua'  noslri  seciili  cultores  ipiaeque  veteres  lilerarum  \ 
inoiiiinientis  prodiderunt  :  sed  cum  sim  profcssus  rustic% 
rei  pr.TcepIa,  nisi  fallor  assevcravcram ,  qiia;  vastitas  cjus 
scicnlix coiitiueret ,  noii  ciincta  me dicUnum ,  sed  (iliirima. 
Nam  illud  in  iiiiius  bominis  prndentiam  cadere  uon  pote- 
rat.  Neqiic  euim  esl  nlla  discipliiia  aiit  ars,  qute  singnlaii 
consummata  sit  iiigenio.  Qiiapropler  ut in  magua  silva  boni 
vcnatoris  est  indagantem  fCrasqnampliiriinas  capcre;  nec 
cuiqiiain  ciilpiie  fiiit  non  omnes  cepisse:  ita  nobisabnnde 
esl,  lam  diffusse  niateria;,  quam  suscepimus,  inaxiiiiani 
partem  tradidissc.  Qnippc  cum  ea  velut  oinissa  desideicn- 
tiir,  quse  non  sunt  projiria  nostrie  professionis,  ut  pro- 
xime,  cuin  dc  coinmeliendis  agris  rationcm  M.  Trebcllius 
noster  requiieret  a  me,  vicinuni  adeo  atqiic  c<iiijnncluin 
csse  censebat  denioiistranti,  quemadmodum  agriini  pasli- 


DE  L"AGRICULTURE,  LIV.  V. 


ihuclc  do  labourer  un  terrain  au  pnstinum,  ct 
celle  de  le  mesurer  lorsquMI  etait  ainsi  laboure, 
etaient  deux  choses  qui  se  tenaieut  cnsemble ,  ct 
qui  n"en  faisaient  qu'une  seule  ;  mais  je  lui  rcpon- 
dis  ([ue  ce  n'ctait  point  la  la  fonction  d'un  agri- 
cultcur,  maiscelle  d'uu  arpenteur  ;  d'autant  que 
k'S  architcctes,  qui  sout  cependant  ccux  qui  doi- 
veul  conuaitre  mieux  que  personne  la  methode 
des  mesures,  ne  daiLinent  point  examiner  par 
eux-memcs  celledes  biUiments  dont  ils  ontdoune 
les  plans,  aprts  qu'ils  sont  aeheves,  ct  qu'ils 
croient  qu'il  y  a  bien  de  la  difference  entre  les 
objets  qui  sont  de  leur  profession  et  de  leur  res- 
sort,  etlesobjets  dependant  de  la  professiou  des 
personnes  dont  la  fonction  est  de  mesurer  les 
cdifices  lorsqu'ils  sont  acheves  ,  et  de  supputer 
la  depense  a  iaqueile  ils  doivent  monter.  Cet 
exemple  est  unc  raison  de  plus  pour  me  faire 
croire  qu"ou  doit  pardonner  a  notre  scieuce  si 
clle  se  conteote  d'enseigner  comment  ehaque 
chose  doit  etre  faite,  sans  aller  jusqu'a  calculer 
la  mesure  des  ouvrages  faits.  Neannioins,  com- 
me  vous  me  demandez  aussi  vous-mfime,  Silvi- 
nus,  a  titre  d'arai ,  lespreceptes  relatifs  aux  me- 
surcs,jeveux  bien  merendreavosdesirs,  pourvu 
que  vous  demeuriez  convaincu  que  c'est  plutot 
raffaire  des  geometres  que  des  gens  de  la  cam- 
pagne,  et  que  vous  m'excusiez,  au  cas  que  je 
tombe  dans  quelque  erreur  suruue  matii^re  dont 
jene  m'attribue  pas  la  connaissance.  Ainsi,  pour 
cntrer  en  matiere ,  toutes  les  mesures  d"une  sur- 
face  quelcouque  se  rcduisent  a  celle  du  pied, 
qui  est  compose  deseize  doigts.  La  multiplieation 
du  pied  donne  graduellement  le  pas,  ['aclus,  le 
cliiita,  \e  jiKjcnim  ^  \e  stadiuiii ,  la  ccntiiria, 
ct  d"autres  especes  de  raesure  enciu-e  plusconsi- 
derables.  Le  pas  est  de  cinq  pleds.  Uactus  ini- 
niiiius  i^eoranie  dit  M.  Varron)   est  de  quatre 


pieds  de  largeur  sur  cent  vingt  lie  longueur.  Le 
cliina  est  de  soixante  pieds  en  tous  sens.  L'«c- 
tus  <jnadralus  est  uu  carre  dont  chaque  c6te 
a  cent  vingt  pieds.  Lc  double  de  cet  actus  donne 
\ejugeruin,  qui  a  tire  son  nom  ilujungcrc,  join- 
dre,  reunir,  parce  que  \ii  juffcruin  se  compose 
de  deux  actus  reunis  (junctum).  Mais  les 
paysans  de  la  province  de  Betique  dounent  le 
nom  d'ac7iua  k  cet  actus,  comme  ils  donnent 
celui  de  porca  a  une  largeur  de  trentc  pieds  sur 
une  longueur  de  cent  quatre-vingts.  Les  tiaulois 
donnent  aussi  le  nora  de  candctuin  a  une  surface 
decentpieds  mesure  de  ville,  ou  a  une  surface 
de  cent  cinquante  pieds  mesure  de  campagne  : 
ils  appelient  encore  arepennis  un  semi-Jur/c- 
runi.  Aiusi  deux  actus  forment,  comme  je  rai 
dt''ja  dit,  un  Jufferum,  qui  comprend  deux  cont 
quarante  pieds  de  loug  sur  cent  viiiiit  pieds  de 
large,  lesquels,  multiplies  Tuu  par  Tautre,  dou- 
nent  un  produit  de  \ingt-huit  mille  huit  ceiits 
pieds  carres.  Vient  ensuite  le  stadium,  qui  est 
de  cent  vingt-cinq  pas,  c'est-a-dire,  de  six  eeut 
vingt-cinq  pieds ,  lesquels  cent  vingt-cinq  pas, 
multiplies  parhuit,  font  mille  pas,et  par  couse- 
quent  cinq  mille  pieds.  Nous  appelons  aujour- 
d'\m\centuriii,  une  mesure  dedeux  cenls Jut/cra 
(comme  dit  le  mi^me  Varron) ,  au  lieu  qu'autre- 
fois  cetle  mesure  nVtait  que  de  cent  Jur/era ; 
aussi  etait  ce  de  ce  nombre  qu'elle  tlrait  sou  nom. 
Mais  quoiqu'on  Tait  portee  au  double  par  lasui- 
te,  elle  a conserve  son  ancien  nom ;  de  meme  que 
lcs  tribus  ainsi  noramees,  dans  rorigim',  du  nom- 
bre  des  trois  classes  dans  lesquelles  !e  peuple  ro- 
main  fut  divise,  conservent  eucore  aujourd"!uii 
leur  ancienne  denomination  ,  quoiqu'el!es  soient 
en  plus  grand  nombre.  II  uousa  fallu  commencer 
par  expliquer  brievenient  tous  ces  mois ,  conunc 
etant  iuseparables  des  calculs  que  nous  donne- 


iiMniis,  pra'cipere  pfiam  pasliiiatiinKniemadmodum  meliri 
(lel)oamiis.  (^luoil  ego  iion  agricolaj  sed  mensoris  oflicium 
csse  dicebam;  cum  piaeserlim  nearcliilec.ti  qwidem,  cini- 
hiis  necesse  esl  nieiisiirarum  nosse  rationem  ,  digiienUir 
coiisnmmatorum  xdiliciorum,  qiKT  ipsi  disposneiiiit,  mo- 
diimcomprcliendere,  sed  aliiul  e^iisliment  proressioni  siiio 
convenire,  aliud  eoriim,  qui  jam  evlnicta  meliuiitur,  ct 
iniposito  calculo  perlecli  operis  rationem  CDmiuiiant.  Quo 
masis  veniam  Iribiieiidam  esse  no.slr.e  di^cipliuie  censeo, 
si  ealcniis  proj;reilitur,  iit  diriit,  ipi;i  iiiiidiicie  ralioiie  la- 
cieiidiim,  non  ipiantuin  icl  sit  cpiod  iHec  eiil.  Veruin  ipio- 
niani  1'miiliariler  a  niibis  lu  qiiocpie ,  Silvine,  iiia'eepta 
niensiirariiiii  desideras,  olisequar  vciliinlali  tiiir,  cuni  eo, 
ne  diilHles  idopus  f;eomctrarum  inagis  esse  qiiam  riistieo- 
iiim,  desc|iie  veiiiam  ,  si  quid  in  eo  fiieril  erraliini,  ciijus 
scientiam  milii  non  vindico.  .Sed  ut  ad  rem  r(!dcain,  mo- 
diis  oinnis  arene  pedali  inensiira  comprelienditur,  qiii  di- 
gitoriim  est  xvi.  l*es  multipliealiis  in  passiis  et  actus  et 
climata  et  jiigera  el  stadia  centiiriasque  mox  ctiam  in  ma- 
joia  spalia  procedil.  Passus  pedes  liabet  v.  Aclus  mini- 
mus  (ul  ait  M.  Varro)  latiludinis  pedes  quatuor,  Ioiij;itu- 


dinis  habel  pedes  cxx.  Ctimn  qiioquo  versus  pedum  est 
Lx.  .•lclus  f/undraUis  undicpie  liiiilur  pedibiis  cx\.  IIoc 
dHplicalum  (■jnitjurjerum,  et  ab  eo ,  quod  erat  jiinctuin , 
nomen  jugeri  usnrpavit :  seil  hiiuc  actum  provinciae  non- 
tieie  riistici  ncnunui  vocant  :  iidemqiie  liisinla  pedum 
laliludiiiem  et  ci.wx  loiisitiidinem  pnrcnm  clicunt.  At 
Galli  candclum  apiicllant  iu  areis  iirbanis  spatiiim  ceutiim 
pediim,  in  asreslibus  aiitcm  pediim  CL.  [quod  araloii» 
candclum  nominaiit  ]  Semijusenim  qnoqiie  nrcpcnnrm 
yocant.  Krgo  (  ut  dixi )  duii  ai  tiis  jiiserum  efliciunt  lon;;i- 
liidine  pcdum  ccxi.,  lalitiidiiic  peclnm  cxx.  Qiiie  ntrivcpie 
snmmn'  iii  sc  miiltiplicalie  ipiadralorum  faciinit  peiliim 
visinli  octo  millia  et  ocliugentos.  Stadium  deiiide  liabet 
passns  cxxv,  id  esl  pedes  nc.xxv,  qiiai  mensiira  orlies 
nnilliplicala  eflicit  inille  passus,  sic  veniunt  cpiiiupie  mil- 
lia  pedum.  Ccnhirinin  iiuiic  dicimiis  (nt  idem  Varroail) 
diicentonim  jiit;eriim  moiliim.  Olim  aiitem  ab  eeuliim  ju- 
gerihn.s  vocabaliir  cenlinia,  sed  iiiox  duplicata  nonien  re- 
liniiit:  siciiti  tribiis  dicla!  primiiiii  a  pailibus  pcipiili  Iri- 
partito  divisi ,  cpia'  tamen  iiiiiic'  mnlliplicala?  pristiiiiim 
nomen  pos.sidciit.  Ilxc  non  aliena,  nec  procul  a  latiociuio, 


284 


COLUMELLE. 


rons  par  la  suite.  Venonsmaintenant  a  notre  but. 
On  ne  trouvera  pas  ici  toutes  les  parties  dans 
lesquelles  \ejugeru'ii  peut  se  diviser,  et  nous  ne 
donneronsque  le  nom  de  celles  qui  entrent  dans 
restimation  desouvrages  t  regler,  parcequ'il  eut 
et6  inutile  de  nous  perdre  dans  le  detail  des  plus 
petites  parcelles  qui  n"entrent  point  en  compte. 
Lejugerum  est  donc  (comme  nous  Tavons  dit) 
de  vingt-huit  mille  huit  cents  pieds  carr^s,  les- 
quels  font  deux  cent  quatre-vingt-huit  scripu- 
la.  Or,  pour  commencer  par  ia  plus  petite  paitie, 
c'est-a-dire,  par  la  raoitie  du  scripulum  ,  la  cinq 
cent  soixante  et  seizieme  partie  du  jugerum  est 
de  cinquante  pieds  ;  c'est  la  moitie  de  son  scri- 
pulum  :  la  deux  cent  quatre-vingt-luiitieme  par- 
tie  est  de  cent  pieds ;  c'est  le  scripulum  entier :  la 
cent  quarante-quatrieme  partie  est  de  deux  cents 
pieds;  ce  sont  deux  scripula  :  la  soixante  et 
douzit^me  partie  est  de  quatre  cents  pieds ;  c'est  la 
sextula ,  qui  equivaut  a  quatre  scripula  :  la  qua- 
rante-huitieme  partie  est  de  six  cents  pieds ;  c'est 
le  sicilicus,  qui  equivaut  a  six  scripula  :  la 
vingt-quatrieme  partie  est  de  miile  deux  cents 
pieds;  c'est  la  semuncia,  qui  equivaut  a  douze 
scripvla  :  la  douzieme  partie  est  de  deux  mille 
quatre  ccnts  pieds  ;  c'est  Yuncia,  qui  equivaut  a 
vingt-quatre  scripula  :  la  sixieme  parlie  est  de 
quatre  mille  huit  ceuts  pieds;c'est  \esca:tans, 
qui  equivaut  a  quarante-huit  scripula  :  la  qua- 
trieme  partie  est  de  sept  mille  deux  cents  pieds ; 
c'esl  le  quadrans,  qui  equivaut  a  soixante  et 
douze  scripula  :  la  troisierae  partie  est  de  neuf 
mille  six  cents  pieds;  c'est  le  triens,  qui  equi- 
vaut  a  quatre-vingt-seize  scripula  :  la  troisieme 
partie,  pius  la  douzierae,  sont  de  douze  mille 
pieds ;  c'est  le  quincunx,  qui  equivaut  a  cent  vingt 

quort  tradituri  sumus,  breviter  pr.rfari  oportuit.  Niinc  ve- 
niamus  ad  propositum.  Jugeri  partes  non  omnes  posuimus , 
sedeas,  qua;  cadunt  in  aestimalionem  facli  opeiis.  Nani 
niinores  persequi  supervacuum  fuit ,  pro  quibus  nulla  mer- 
ces  dependitur.  Igitur  ( ut  diximus )  jugerum  liabetquadra- 
torum  peilum  viginti  oclo  millia  et  octingentos  :  qui  pedes 
efficiunt  scripula  ccLwxvm.  Ut  autem  a  niinima  parte ,  id 
estab  dimidio  scripulo  incipiam,  pars  quingentesima  sep- 
tuagesima  sexta  pedeseflicitquinquaginta;  idestjugeri  di- 
midiuin  scripulum.  Pars  ducentesima  octogesima  octava 
pedes  centuni ;  lioc  esl  scripuluni.  Pars  cxliv  pedes  cc ,  lioc 
est  scripula  duo.  Pars  septuagesima  et  secunda pedes  cccc , 
hoceslsextula,inquasuntscripulaquatuor.  Parsquadrage- 
simaoctava  pedes  dc,  hoc  estsicdicus,  inquosuntscripula 
sex.  Pars  vigesima  quarta  pedes  mille  ducentos,  hoc  est 
semuncia,  in  qua  scripula  xii.  Pars  duodecinia  duo  niillia 
et  quadringentos,  hoc  est  uncia ,  in  qua  sunt  scripula  xxiv. 
Pars  sexta  pedes  quatuor  niillia  et  oclingentos,  hoc  est 
sextans ,  in  quo  sunt  scripula  xlviii.  Pars  qiiarta  pedes 
septem  millia  et  ducentos,  hoc  est  quadrans  ,  in  quo  sunt 
scripula  lxxii.  Pars  tertia  pedes  novem  millia,  ct  sexcen- 
tos,  hoe  est  triens,  in  quo  sunt  scripula  xcvi.  Pais  terlia 
ct  Hua  diiodecinia  pedcs  duodecim  millia,  lioc  «it  qiiin- 
cunx  ,  in  quo  simt  sn  ipula  c\x.  Pais  diinidia  pedes  qua- 


scripula  :  la  moitie  est  de  qualorze  mille  quatre 
cents  pieds;  c'est  le  semis,  qui  equivaut  a  ceut 
quarante-quatre  scripula  :  la  moitie,  plus  la 
douzieme  partie,  sont  de  seize  mille  huit  cents 
pieds ;  cest  le  septunx,  qui  equivaut  a  cent 
soixante  et  huit  scripvla  :  les  deux  tiers  sont 
de  dix-neuf  mille  deux  cents  pieds;  c'est  le  hes, 
qui  equivaut  a  cent  quatre-viugt-douze  scripu- 
la  :  les  trois  quarts  sont  de  vingt  et  un  mille  six 
cents  pieds ;  cest  \edodrans,  qui  equivaut  a  deux 
cent  seize  scripula :  la  moitie ,  plus  le  tiers ,  sont 
de  vingt-quatre  mille  pieds ;  c'est  le  dextans, 
qui  equivaut  a  deux  eent  quarante  scripula :  les 
deux  tiers,  plus  le  quart,  sontde  vingt-six  mille 
quatre  cents  pieds ;  c'est  \edeunx,  qui  equivaut  a 
deux  cent  soixante  et  quatre  scripula  :  \e  juge- 
nim  eutier  est  de  vingt-huit  mille  cent  pieds; 
c'est  \'us,  quiequivaut  a  deux  cent  quatre-vingt- 
huit  scripula.  Si  la  surfaced'unjMr/t7»w  forraait 
toujours  un  rectangle,  et  qu'eu  la  mesurant  oa 
lui  trouvat  toujours  deux  cent  quarante  pieds  en 
longueur  et  cent  vingt  pieds  en  largeur,  il  scrait 
tres-facile  d'en  faire  le  calcul  :  mais  corame  la 
difference  dans  la  forme  des  terres  est  matiere  a 
difliculte,  nousallons  indiquer  ci-dessous  toutes 
les  figures  generiques  qui  nous  serviront  comrae 
de  formules  applicables  ^toutes  lesautres  especes 
de  ligures. 

n.  Tout  terrain  a  la  forme  d'un  carre  par- 
fait,  ou  d"un  rectangle,  ou  d'un  coin,  ou  d'uu 
triangle ,  ou  d'un  cercle ;  quelquefois  merae  il  a 
la  forrae  d'un  demi-cercle,  ou  d'un  arc  de  cercle, 
et  souvent  il  presente  la  figure  d'un  polygone. 
La  raesure  dun  carre  parfait  est  tres-facile  a 
trouver.  En  effet,  comme  cette  figure  presente 
le  raeme  nombre  de  pieds  de  tous  les  c6tes  ,  on 

luordecim  millia  et  quadringentos,  hoc  esl  semis,  in  quo 
sunt  scripula  cxLiv.  Pars  dimidia  et  una  duodecima,  pe- 
des  sexdeciin  millia  el  oclingentos ,  lioc  est  seplunx ,  in 
qiio  sun'1  scripula  clxviii.  Partes  duae  terliiB  pedes  decem 
iiovemmillia  etducenlos,  hocest  bes,  in  quosuntsciipula 
cxcii.  Partes  tres  quartai  pedes  uuiim  el  viginli  millia  et 
sexcentos,  hoc  est  dodrans,  in  quo  sunt  scripula  ccxvi. 
l'ars  dimidia  et  tertia  ped.  viginti  qualuor  millia  ,  hoc  esl 
dextans,  in  qiio  sunt  sciipula  ccxl.  Parles  dua-  tertise  et 
una  quarla  pedes  viginli  sex  millia  el  quadriiigentos ,  hoc 
est  deunx,  in  quo  sunl  scripula  cclxiv.  Jugerum  pcdes 
viginli  oeto  millia  et  oclingentos,  hoc  esl  as ,  in  quo  snnt 
scripula  cclxxxviii.  Jugeri  aulem  modus  .si  semper  qua- 
draiel,  et  iu  agendis  mensuris  in  longiludinem  haberet  pe- 
des  ccxL ,  in  lalitudinem  pedes  cxx ,  expeditissimum  esset 
ejus  ratiocinium.  Sed  quoniam  diversae  agroruni  formae 
veniunt  in  dispulationem ,  cujusque  generis  species  siibji- 
cieinus ,  quibus  qiiasi  formulis  utemur. 

II.  Omnis  agcr  aul  quadralus,  aut  longus,  aul  cunea- 
tus,  aut  Iriquelrus,  aut  rotundus,  aut  etiam  semicirculi, 
vel  arcus  ,  nonnunquara  eliam  plurium  aiigulorum  formam 
exhibel.  Qiiadrati  niensura  facillima  est.  iVam  cum  sil  iin- 
di(iue  pcdum  lolidein,  multiplicanlur  in  se  duo  latera,  <l 
qu.T  bumina  ex  niultiplicatioiie  effccta  est ,  cam  diceiniis 


DE  LAGRlCUi 

en  mulliplie  les  deiix  ccV.cs  ruii  pai-  rautre,  ct 
rou  dit  que  le  produit  de  cette  niultipiieatioii 
donne  la  somme  totale  des  pieds  cai-res  qu'elle 
oontieiit.  Parexemple,  si  c'est  un  terrain  de  eent 
pieds  en  tous  sens ,  nous  disons  :  Cent  fois  cent 
font  dix  mille.  Nous  en  conclurons  donc  que  ce 
terrain  contient  dix  miile  piedscarres,  qui  foiit 
un  tnc/is,  plus  une  sextnla  ihijugerum;  et.  ce 
sera  surce  pied-laqu'il  faudracalculer  Touvrage 
qui  aura  ^te  fait.  Mais  si  le  terrain  est  un  rectan- 
Rle  qui  ait,  par  exempie,  la  fiyure  du  jiif/c- 
rum,  c'est-ii-dire  deux  cent  quarante  pieds  de 
long  sur  cent  vingt  de  large,  corame  je  viens  de 
le  dire  ci-dessus,  on  muitipliera  les  pieds  de  la 
largeur  par  ceux  dela  longueur,  decette  facon  : 
Cent  vingt  fois  deux  cent  quarante  font  vingt- 
huitmillehuit  cents.  Nousdironsdonc  queee  sera 
lenombre  de  pieds  carres  que  contlendra  im  Ju- 
geruni  de  terre .  et  il  en  sera  de  meme  de  tous 
les  terrains  rectangles.  Mais  si  le  terrain  a  la 
forme  d'uu  coiu,  par  exem|)le,  qu'il  ait  cent  pieds 
de  long,  et  vingt  pieds  de  large  par  un  cote  sur 
dix  parrautre,  pour  lors  nous  additionneroiis 
ensemble  lesdeux  largeurs  :  ia  somme  totale  sera 
trente,  dont  la  moitie  est  quinze ,  que  nous  inul- 
tiplierons  par  la  longueur,  ce  qui  produira  milie 
cinq  cents  pieds.  Nous  dirons  donc  que  e'est  le 
nonibre  de  pieds  carres  que  contient  ce  coiii , 
nombre  qui  equivaudra  a  une  semiincia  duju- 
gerum  ,  plus  trois  scripula.  Mais  sl  vous  avez  a 
mesurer  un  triangle  equilateral ,  voici  comme 
vous  vous  y  prendrez  :  Soit  un  terrain  triangu- 
laire  dont  chaque  cote  ait  trois  cents  pieds ; 
multipliez  ce  nombre  par  lui-meme  :  le  produit 
est  de  quatre-vingt-dix  mille  pieds  :  prenez  le 
tiers  de  ce  produit,  c'est-a-dire   trente  niille; 

csse  quadralonini  pedum.  Tanqiiam  est  lociis  quoquo  versus 
c  pediiin  :  duciinus  centies  cenlenos,  liunl  decem  millia. 
Dicemua  igitur  eiim  locuin  Iiabere  deccm  millia  pedum  qua- 
ilratoruin ,  qu<c  efliciuiit  jiigeri  trientem ,  et  sextiilam ,  pio 
qua  portione  operis  effecti  numeralionem  facere  opoi  lebit. 
At  si  longiur  fuerit.qiiam  latior,  ul  exempli  cau.sa  jugeri 
forma  pedes  liabeal  longitudinis  ccxl,  latitudiuis  pedes 
c\x,  ita  ut  paulo  anle  di\i :  latitudinis  pedes  cnm  longitu- 
dinis  pedibiis  sic  mulliplicabis.  Centies  vicies  duceni  qua- 
drageni  liunt  viginli  ocio  inillia  et  ocliiigeuli.  Dicemus  jii- 
gerum  agri  lot  pedes  qiiadralos  liabere.  Similitei  qiie  fiet  de 
omnibus  agris,  quonim  longitudo  niajor  sil  lalitudine.  Sin 
autemcuneatus  ager  fuerit,  ut  pula  longiis  pcdes  centum, 
latus  ex  una  parte  pedes  xx  ,  el  ex  altera  pedes  x  :  tunc 
iluas  laliludines  componemus,  liet  nlraque  Summa  pedes 
XXX.  llujus  pars  dimidia  est  qiiindecim  ,  quani  cum  longi- 
ludiiie  niulli|ilicando  efliciemus  pedes  mille  et  quingeutos. 
Hos  igitiir  In  eo  cuneo  quadiatos  pedes  esse  dicemus  ,  qnae 
pars  erit  jiigeri  semuncia  et  scripula  Iria.  At  si  tribiis  pa- 
ribus  lateribus  triqiielrum  inetiri  debiieiis,  hanc  formaui 
seipieris.  Esto  ager  trianguliis  pedlim  qiioquo  versus  triceii- 
toruni.  lluiic  nuincrum  in  se  multiplicato.  Fiunt  pcdiim 
nouaginta  inillia.  IIiijus  suiiiinx  parlem  terliam  sumilo,  id 
e&l  tii^iiita  uiillia.  IteiiiMiu  ito  decuinam,  id  est  noveiii 


,TUI\E,  LIV.  V.  '^^^ 

prenez  cneore  le  dixiemc,  c'est-i-dire  neuf 
mille,  et  additionnez  ees  deux  sommes  :  le  total 
sera  de  trente-neuf  mille  pieds.  Nous  dirons  que 
c'est  le  nombre  de  pieds  carres  que  contient  ce 
triangle  equilateral,  mesure  qui  donne  nn  ju- 
gervm,  plus  un  triens,  plus  un  sicHicus.  Mais 
si  le  terrain  est  un  triangle  rectanglc,  comme 
dans  la  figure  ci-dessous,  qui  presente  un  an- 
gle  droit,  il  faudra  calculer autrement  :  Soit  la 
ligne  d'un  des  C("ites  qui  forme  rangle  droit,  de 
cinquante  pieds ,  et  eelle  de  lautre  cote  (|ui  forme 
le  ni(l'meangle,  de  cent  pieds;  multipliez  ainsi  ces 
deux  somines  Tune  par  Tautre  :  cinquante  fois 
cent  font  cinq  mille,  dont  la  moitie  est  deux 
mille  cinq  cents ,  ce  qui  fait  une  vncia,  plus  un 
scripulum  Ag  jugerum.  Si  le  terrain  est  rond, 
de  faeon  qu'il  prt'senteun  cercle  parfait,  prenez 
ainsi  les  pieds  :  Soit  une  surface  ronde  doiit  le 
diametre  ait  soixante-dix  pieds  ;  multipliez  ainsi 
ce  nombre  par  iui-mt^me  :  Soixanfe-dix  fois 
soi.\ante-dix  font  quatre  mille  neuf  cent;  mul- 
tipliez  cette  somme  par  onze,  vous  aurez  cin- 
quante-trois  mille  neuf  eenfs  pieds.  Je  preiids  la 
quatorzieme  partie  de  cette  somme,  savoir,  trois 
mille  huit  cent  cinquante  pieds,  et  je  dis  que 
c'est  le  nombre  de  pieds  caries  qui  se  trouvent 
dans  ce  cercle,  laquelle  somme  donne  une  sex- 
cunciu,  plus  deux  scripula  et  demi  dejugerum. 
Si  le  terrain  est  un  demi-cerole  ,  dont  la  base  ait 
cent  quarante  pieds  et  le  rayon  soixante  et  dix, 
i!  faudra  mulfiplier  ainsi  le  rayon  par  la  base  : 
Soixaute  et  dix  fois  cent  quaranie  font  neuf 
mille  huit  cents,  qui,  multipliijs  paronze,  don- 
nent  cent  sept  mille  huit  eents,  dont  le  qiiator- 
zieme  est  sept  mille sept  cents.  Cest  le uombie  de 
pieds  que  nous  dirons  etre  dans  ce  demi-cercle, 

millia.  Utramqiie siimmam  componito.  Fiunt pedes  tiiginta 
iiovem  millia.  Uiceinus  banc  summaui  pedum  quadratorutn 
esse  in  eo  triquetro,  quie  mensma  etficit  jugerum,  ettrien- 
tem  ,  et  sicilicum.  Sed  si  liianguliis  disparibus  fiierit  late- 
ribiis  ager,  tanquam  in  subjecta  forma ,  qua^  habet  i ecliim 
angulum  ,  aliter  ratiocinium  ordinabiliir.  Esto  iinins  late- 
I  is  linea ,  quae  facit  angulum  rectum ,  peduni  quinquaginta , 
el  allerius  pediim  centum.  Has  duas  sumnias  in  se  mulli- 
plicato,  quinquagies  renleni  liunt  qiiinque  millia.  Horum 
parsdimidiaduo  iiiillia  (piiiigeni,  qu;e  parsjugeri  unciam, 
et  scripuluni  elliiil.  si  idliinilus  ager  erit,  ut  circiili  speciem 
Iiabeat,bitpedessuiiiito.  Estoarea  rotunda,cujusdiainetro3 
liabeat  pedes  lxx.  lloc  in  se  miiUipIicato,  septuagies  sep- 
tuageni  liunt  quatuor  millia  et  noningenti.  Hanc  summam 
iiiidecies  inuItiplicato,liunl  pedes  quinquagintatriamillia 
nongenti.  Hiijus  suinmai  quartam  (lecimam  subduco  ,  sci 
li(-(t  podes  tria  millia  oclingenti,  etquinquaginta.  Hos  esse 
qiiadratos  in  eo  ciiculo  dico,  qiia;  summa  eflitit  jugeri 
sexcunciam ,  scripula  duo  ct  diinidiuni.  Si  seniiiiiculus 
liicrit  ager,  cujus  basis  babeat  pedes  clx  ,  curvalurse  autem 
laliludo  pedes  lxx  :  oportebit  uiiiltipliiare  lalitiidineni 
ciiiii  basi.  Septuagies  centeni  quadrageiii  liiint  iiu\ein  mil- 
lia  ct  octingenti.  lla'c  undecies  iiiulti|ilicata  ruiiit  ceiilum 
scplem  inillia  et  oclingonti.  Hiijns  siimma;  quarta  deciiiid 


286 


COLUiVlELLE. 


ct  (jui  font  un  qiiadrans,  plus  cinq  scripiiln 
de  jucjerum.  Mais  s'il  se  trouve  raoins  d'un 
dcmi-cercle,  voici  commenousmesurerons  !'arc: 
Soii  un  arc  dont  la  base  ait  seize  pieds  ct  la  lar- 
geurquatre  pieds ,  j"ajoute  la  largeur  a  la  base; 
la  somme  totale  est  de  vingt  pieds ,  que  je  muiti- 
plie  par  quatre;  le  produit  est  quatre-vingts , 
dout  la  moitie  est  quarante  :  de  meme  la  nioitie 
des  seize  pieds  de  la  base,  c'est  luiit  picds,  qui, 
multiplies  pareux-memes,  font  soixante-quatre ; 
j'cu  prends  la  quatorzieme  partie,  c'cst  quatre 
pieds  et  un  peu  pliis ;  ajoutez  ccla  a  quarante ,  la 
somme  totale  sera  quarante-quatre  pieds.  Je  dis 
donc  que  c'est  le  nombre  de  pieds  carres  que 
contient  Tarc,  et  qui  foat  ia  moilie  d'un  scrijra- 
luin  de  ji/fjerum,  moins  un  vingt-einquieme  de 
scripulum..  Si  le  terrain  est  un  hexagone,  voici 
comme  on  le  reduira  en  pieds  carres  :  Soit,  par 
exemple,  un  hexagone  dont  ciiacun  dcs  cotes 
ait  trente  pieds;  je  multiplie  ainsi  un  cote  par 
lui-meme  :  Trente  fois  trentefont  neuf  cents;  je 
prends  le  tiers  de  cette  somme,  qui  est  trois 
cents;  j'y  ajoute  le  dixieme,  qui  est  quatre- 
vingt-dix  ;  somme  totale,  trois  cent  quatre-vingt- 
dix,  qu'il  fautmultiplier  par  six  ,  parce  qu'il  y 
a  six  cotes  :  le  produit  sera  de  deux  mille  trois 
cent  quarante.  Nous  dirous  douc  que  c'est  le 
nombre  de  pieds  carres  que  contient  cet  hexa- 
gone.  Aiusi  il  aura  une  nncia  dejugennii,  moins 
un  demi-scripulum  et  un  dixieme  de  scripu- 
lum. 

IIL  Si  Tou  a  bien  concu  les  principes  de  ce 
raisonnement,  il  ne  sera  pasdiflicile  de  mesurer 
les  terres  ;  mais  il  serait  trop  long  et  trop  epi- 
neux  d'entrer  ici  dans  le  detail  de  toutes  les  dif- 
ferentes  formes  qu'eiles  peuvent  avoir.  Je  vais  a 

est  septem  millia  et  septiiigenti.  Hos  pedes  essc  dicemus  in 
semiciiculo,  qiii  efliciimt  jiigeri  qiiailranlem  sci-ipiila 
quinqiie.  Si  aiitnn  niiniis  qn.im  somicirciilns  erit,  arciim 
sic  meliemiir.  I^loaidi^,  i  iijus  hasis  liabiMt  peiles  xvi , 
latitudoauliaii  iic.lcs  iv.  I.alilinliiiciii  ciiiii  basi  pono.  Fit 
iilrumque  peiles  xx.  lioe  iliico  qualfr.  Fiunt  lxxx.  Ilornm 
pars  diinidla  est  XL.  Ilem  sexdecini  pedum  ,  qui  siiiil  lia- 
sls,  parsdimidiavHi.  Hi  viii  in  se  mulliplicati,  fiiint  lxiv. 
tjuarlam  declmam  partem  duco,  ea  ellicit  pedes  iv  paulo 
amplius.  Hoc  adjicies  ad  qiiadraginta.  Fit  ntraque  siimma 
pedesxLiv.  Hos  in  arcu  quadralos  csse  dico,  qui  laciuiil 
jugeii  dimidium  scripukmi,  quiula  et  vigesima  partc  mi- 
nus.  Si  fiieiit  sex  angulorum,  in  quadratos  pedes  sic  redi- 
gilur.  Esto  liexagonimi  quoquo  versus  lineis  pedum  xxx. 
Latus  iiiium  in  se  multiplico.  Tricies  triceni  liunt  dcccc. 
HujussunnnEe  lertiam  partemstatiio  ccc,  ejiisdem  partem 
decumain  xc.  Fiunt  cccxc.  Hoc  scxies  ducendiiin  esl, 
qiioniam  sex  latera  sunt,  quae  consiimniala  erficiiinl  duo 
millia  trecenteni  et  quadraginla.  Tot  igiliir  peiles  qiiadra- 
tos  esse  dicemus.  Itaque  erit  jugeri  uucia  dimidio  scripulo 
ct  decima  partc  sciipiili  minus. 

III.  Hisigitur  velul  primnrdiis  talis  ratiocinii  percpptis 
non  diflicililer  mensnras  iniliimus  agrorum,  «pioriim  niinc 
omneis  peisniiii  sii;'cies  et  loiigum  ct  aidiiii-.;i  est.  Dii.is 


present  ajouter  a  ce  que  j'ai  dit  deux  forraules 
dont  se  servent  souvent  les  agriculteurs  lors- 
qu'ils  sont  dans  le  cas  darrauger  des  plantes. 
Soit  un  terrain  de  douze  cents  pieds  de  long  sur 
cent  vingt  de  large,  dans  lequel  on  veuille  ar- 
ranger  des  vigues  de  f  leon  qu'il  y  ait  ciuq  pieds 
d'intervalle  entre  chaque  rangee  :  je  demande 
combien  il  faudra  de  plautes,  en  laissant  une 
distance  de  cinq  pieds  entre  chacune.  Je  prends 
le  cinquieme  de  la  longueur,  c'est  deux  cent 
quarante,  et  le  cinquicme  de  la  largeur  ,  c'est 
vingt-quatre  ;  j'ajoute  toujours  a  chacune  de  ces 
sommes  une  unite  pour  la  piante  de  rextremite 
des  rangees  que  l'on  appelle  angularis  .•  j'ai  donc 
une  premiere  somme  de  deux  cent  quarante  et 
un,  et  une  seeondede  vingt  cinq.  Je  muliiplie 
ainsi  ces  sommes  :  Vingt  ciuq  fois  deux  cent 
quarante  et  un  font  six  mille  vingt-einq.  Vous 
direz  que  c'est  le  nombre  de  plantes  qui  seront 
necessaires.  De  raemc,  si  on  veut  les  raettre  a 
six  pieds  de  distance  lcs  unes  des  autres,  on 
prend  lasixieme  partie  de  la  longueur  de  douze 
cents,  quiestdeux  ccnts,  et  la  sixieme  partiede 
la  largeur  de  cent  vingt.qui  est  vingt;  on  njoute 
a  chacune  de  ces  sommes  Tunite  que  j'ai  men- 
tionnce  aux  plantes  aiujulares,  ce  qui  fera  deux 
cent  un,  et  vingt  et  un;  on  multiplie  ainsi  cfs 
somraes  Pune  par  Tautre  :  Vingt  et  une  fois 
deux  ceut  un  c'est  quatre  mille  deux  cent  vingt 
et  un,  quiest  lenombre  des  plantes  que  Ton  dira 
etrenecessaires.  De  meme,  si  oo  veut  les  raeltre 
a  sept  pieds  Tune  de  Tautre,  on  prend  la  septieme 
partie de  la  longueur  et de  la  largeur,  ct  Ton  ajoute 
les  unites  pour  les  plantes  angulares,  et  par  ce 
raoyen,  etcn  procedantde  meme,  ou  trouve  le  nom- 
bre  des  plautes  necessaires.  Enfin  quelque  nombre 

eliam  nunc  forniulas  praeposilis  adjiciam,  quibus  frequen- 
ter  utuntur  agricola'  in  disponeiidis  seininibus.  H^slo  ager 
longus  pedes  millr  diinnilos.  latiis  pedes  cxx.  In  eo  vites 
disponendiie  sunl  ila,  iil  qiiiiii  pedes  inter  oidincs  relin- 
quantiir.  QnaTii  ipiol  sriiiiiiibiis  opus  sit,  cum  quinuin 
pedum  spatia  inler  semiiia  desiderantur.  Duco  qiiinlain 
parlem  longiludinis,  fnintccxL;  etqiiintam  paitem  latitu- 
dinis,  Iioc  est  xxiv.  His  utrisque  summis  seniper  siugulos 
asses  adjicio,  qiii  efficinnt  extiemos  ordines,  qnos  vocant 
aiigulares.  Fit  ergo  altera  summa  ducentoram  qiiadraginta 
unius,  altera  viginti  quinqiie.  Has  summas  sic  miiltipli- 
calo.  Quinquies  et  vicies  diiceni  quailrageni  singiili,  liunt 
sex  millia  et  viginti  qiiinque.  Totidem  dices  opus  esse  se- 
minibus.  Similiter  inler  seiios  pedes  si  volos  ponere  ,  diices 
sextam  parlem  longiliiiliiiis  li.il!.'  .liiiciilorum,  liiiiit  cc. 
el  .sexlam  latitudinis  i:\\  .  ii  .'  I  \  ..  Ilis  suniinis  singnlos 
asses  adjicies  quos  Av\  aa^iil.ii.s  cm'.  Fiiinl  cci,  et  xm. 
Ilas  siimmas  iiiter  se  miiltiiilicabis  ,  vicies  et  scmel  duceii- 
tos  et  uiiiim,  alqiie  ita  eflicies  quatuor  millia  duceulos  et 
viginti  inium.  Tolidem  seininibus  opus  esse  dices.  Simili- 
ter  si  inter  septenos  peiles  ponere  voles  ,  seplimam  pai  leui 
longifudinis  et  laliliidinis  diices ,  et  adjicies  asses  angiila- 
res ,  eodem  modo  eodemqiie  ordine  consummabis  nume- 
rani  scmir.iim.  Denique  qiiolcimque  pedum  spalia  facienda 


DE  L'AGBICULTURE,  LIV.  V. 


de  pieds  d'intervalle  qu'on  veuille  mettrc  entre 
cliaque  plnntc,  on  dlvise  la  ioni^ueur  et  la  lar- 
geur  en  autant  de  parlies  qu'il  y  a  de  pieds  d'in- 
tervalie,  et  on  y  ajoute  les  deux  unites  dont  nous 
avons  parie.  Cela  etant  ainsi,  ii  s'ensuit  qu'un 
jugertua  de  terrain  qui  a  deux  cent  quarante 
pieds  de  loni;  sur  cent  vingt  de  large  aura  be- 
soin ,  si  on  dispose  les  plantes  a  trois  pieds  d'in- 
tervalle  entre  les  rangees  (qui  est  le  raoindre 
intervalle  que  ron  doive  laisser  en  plantnnt  des 
vignesi,  de  quatre-vingt-une  plantes  pour  la  lon- 
gueur,  et  de  vingt-einq  pour  ia  Inrgeur,  sur  la- 
quelle  elles  seront  alignees  a  ciiiq  pieds  de  dis- 
tance  l'uue  de  Tautre;  lesquels  nombres,  multi- 
plies  Tun  par  Tautre,  donneront  deux  raille 
vingt-cinq  plantes.  Mais  si  l'on  arrange  les  vi- 
gnes  a  quatre  pieds  de  distance  Tune  de  Tau- 
tre  en  tous  sens ,  la  rangee  en  long  contien- 
dra  soixante  et  uneplantes,  et  celie  en  large 
en  contiendra  trente  et  une,  lcsquels  nonibres 
donneront  pour  le  jiKjcrum  mille  huit  cent 
quatre-vingt-onze  ceps  de  vignes.  Si  on  les  ar- 
range  a  quatre  pieds  de  distance  dans  la  lon- 
gueur  et  a  cinq  pieds  dans  la  largeur,  la  rangee 
contiendra  en  long  soixaiite  et  une  plantes,  et 
vingt-cinq  en  large;  au  lieu  que  si  on  les  plante 
a  cin(i  pieds  de  distance  Tuiie  de  l'autre  sur  !a 
longueur,  la  rangee  comprendra  sur  cotte  lon- 
gueur  quarante-neuf  plantes,  et  la  largeur  en 
contiendratoujours  vingt-cinq  :  cesdeux  nombres 
multiplies  \\\n  pnr  Tautre  font  mille  deux  cent 
vingt-cinq.  ^Liis  si  Ton  veut  arranger  les  vignes 
dans  un  terraiu  de  meme  surface  a  six  pieds  de 
distance  Tune  de  lautre ,  il  n'y  a  point  de  diffi- 
culte  qu'il  ue  fnille  donner  qunrante  et  un  ceps 
de  vignes  a  la  rangee  en  longueur,  et  vingt  et 
un  a  ceile  en  largcur,  qui,  nuiltiplies  Fun  par 
Tautre ,    donneront    le   nombre    de    huit  cent 

«ensiieris,  totam  partom  longilnJinls  et  latitudinis  duces, 
et  pra'ilictos  asses  adjicios.  llac  cum  ita  sint,  sequitur 
uti  juseium  a^ri,  qiii  lialiet  pedes  ccnl  lonsiludinis,  et  la- 
tiluiiinis  pedes  cxx  ,  iciipi^it  iiilci-  pcilcs  ternos  ( lioc  enim 
spatiuin  ininiiiiuniessr  pl.icrl  \ililiiis  pnucndis)  per  longi- 
tudinom  soniinaLxxxi ,  per  lalihnliiiiMii  iiiliM(]iiinos  pedes 
semina  xxv.  Qui  uumeri  iater  se  mulli|iliiali  liuut  semi- 
num  duo  millia  et  viginli  quiuqiie.  Ycl  si  qiiiH|iio  versus 
interquaternospedesvineaetitdisposita,  loiii(itiidiiiisordo 
habebit  semina  lx!  ,  latitudinis  xxxi ,  qui  nuineii  efliciunt 
injugeiovitcs  milleocliunenlas  etnonaginlaunam.  Velsi  in 
longitudinem perqualeinos pedes,  in lalitudinem per quinos 
pedes  fuerit  disposila,  ordo  longiludinis  liabebit  semina 
Lxi,  latitudinis  xxv.  Quud  si  inter  quinos  pcdes  consitio 
fuerit,  per  longitudinem  oldinis  habebil  stiiuiiia  xlix  ,  ct 
ruisus  per  latitudiiiein  seinina  xxv.  Qui  uumeri  duo  inler 
se  inulliplicati  efficiunl  mille  ducentum  et  vigiiili  qiiinque. 
At  si  per  senos  pedes  eundem  vitibiis  locum  iilacucrit  or- 
dinare,  niliil  dubiiim  cst  quin  longitudini  dandic  sint  nli 
viles,  lalitudiiii  aiitem  viginti  una.  Quic  inter  se  inultipli- 
catae  efliciunt  iiunieruiii  ncccLxi.  Sin  aulem  inter  .septenos 
(ledes  vinca  fiicrit  constituciida,  oido  per  longiludineiu  rc- 


soixante  et  un.  Si  Ton  veut  arranger  les  ceps 
de  vignes  a  sept  picds  de  distnnce  Tuu  de  Tau- 
tre,  la  rangce  contiendra  sur  la  longueur  trente- 
einq  ceps,  et  dix-huit  sur  la  largeur,  les(|ucls 
nonibres,  multiplies  Tun  par  rautre,  font  six 
cent  trente  :  nous  dirons  donc  que  c'est  le  nombre 
de  plantes  qu'il  faudra  prc-pnrer.  Si  on  plnnte 
les  ceps  de  vignes  a  huit  pieds  de  distance  les 
uns  desautres,  la  rangijeen  long  preiidra  trente 
et  une  plantcs,  et  celle  en  large  en  prendiascize, 
lesquels  noml)res,  muUipli^^s  Tun  par  rautrc,  font 
qnatre  ccnt  quatre-vingt-seize.  Si  on  lespianle 
a  neuf  picds  de  distance,  la  rangt'e  en  long  prcn- 
dra  vingt-sept  plantes ,  et  celle  en  large  cn  pren- 
dra  quatorze,  lesquels  nombres,  raultiplics  Tun 
par  i'nutre,  font  trois  cent  soixante  et  dix-huit. 
Si  on  les  plante  h  dix  pieds  de  distance ,  la  rnn- 
geeen  long  prcndra  vingt-cioq  plantes,  etcelle 
en  large  en  prcndratreize,  lesquelsnombres,  niul- 
tiplies  run  par  1'autre,  donnent  trois  cent  vingt- 
cinq;et  pour  ne  paspoussernotrecalcui  arinfini, 
on  mettra  les  plantes  dans  la  meme  proportion  , 
selon  qu'il  plaira  a  chacun  de  faire  les  inter- 
valles  plus  ou  moins  larges.  Ce  que  nous  avons 
dit  des  mesures  desterres,  et  du  nombre  des 
plantes  qu'il  y  faut  employer  pour  les  garnir, 
doit  suftire.  Je  reviens  a  Tordre  que  je  m'(5tais 
prescrit. 

IV.  J'ai  observe  qu'il  y  avait  plusieurs  sortes 
de  vignes  en  province  :  mais  de  toutes  cclles  que 
j'ai  connues  par  moi-meme,  iln'y  en  a  pas  quc 
j'approuve  plus  que  cellesqui,  semblables  a  dc 
petits  arbrisseaux,  ont  la  jambe  courte,etsi' 
tiennent  toutes  seules  et  sans  appuis;  etaprcs 
ellcs,  cellcs  quc  les  paysans  appellent  cante- 
rialcp,  ct  qui  sont  soulenues  sur  des  appuis,ct 
attach(.'es  chacune  a  dcs  jougs  separes.  Viennent 
cnsuite  celles  (jui  sont  environnces  de  rose<aux 

cipiet  capita  triginfa  quinque,  per  lalitudinem  xviii.  Qui 
numeri  inter.se  multiplicati  efliciunt  dcxxx.  Totidom  dice- 
mus  semina  pr.Tparanda.  At  si  inter  octonos  podes  vinea 
conseretur,  ordo  per  longitudinem  recipiet  seminaxxxi, 
per  latitudinem  autem  xvi.  Qui  numeii  inter  se  inultipli- 
cali  efliciunt  ccccxcvi.  At  si  inter  novenos  pedes,  ordo  iii 
longitudini™  recipiet  semiiia  vigiuti  septem,  et  in  latitu- 
dinem  quatuordecim.  Hi  luimeri  inler  se  multi|ilicati  fa- 
ciuntcccLxxviii.  At  si  Inlerdenos  pedes,  ordo  longitudi- 
nis  rocipiot  semiiia  xxv  ,  latitudinis  xiii.  Hi  numeri  iiiti  i- 
semiilli|ilicati  faciunt  cccxxv.  Etnein  infinituni  piocedat 
dispntatio  nostia,  eadem  portione,  ut  cuiqiie  placneriut 
laxiora  spatia,  seinina  facieinus.  Ac  de  mensuiis  agrornm 
numerisipie  seniiuuin  dixisscabunde  sit.  Nuncad  orUiuciri 
redeo. 

IV.  Vincariim  provincialiiim  plura  gencra  csse  coni- 
peri.  Sed  ex  iis,  quas  ipse  tognovi,  maxime  piobanliir 
veliitarbu.scnla'  brevi  cruresineadininiciilopersestantes : 
deinde  qua;  pedaminibus  adnix;e  singulis  jugis  imponun- 
tur  :  eas  rustici  canteiiatas  aiipeltant.  Mox  qufc  deiixis 
arundiiiibus  circummuiiita;  per  stalumina  calamoruiii 
inateriis  ligatis  in  urbiculos  gvrosque  tlectuutur :  eas  nou 


COLUMELLE. 


flches  en  tcrre ,  et  dont  le  bois ,  attache  a  ces  ro- 
seaux  qui  leur  servent  de  soutiens ,  est  arrondi 
en  forme  de  cercle.  11  y  en  a  qui  appelient  ces 
vifines  chamcatcp.  Les  vignes  de  la  pire  condi- 
tion  sont  celles  qui  sont  rcnversees,  et  qiii  a  ia 
sortie  du  cep  tombent  a  terre  et  y  restent  eten- 
dues.  On  les  piante  toutes  a  peu  pres  de  la  raeme 
facon ,  c'est-a-dire  qu'on  met  le  plant  ou  dans 
des  fosses  ou  dans  des  sillons  :  car  les  agricul- 
teurs  des  pays  etrangers  ne  sont  point  au  fait  de 
notre  labour  au  pastinmn;  et  d'aiileurs  il  est 
presque  inutile  dans  les  pays  ou  le  sol  est  natu- 
rellement  ameubli  et  reduiten  poussiere,  puisque 
c'est  cc  que  Von  cherche  d  imiler  par  /e  labour 
d  la  charrue  (corame  le  dit  Virgile),  de  raeme  que 
par  celui  au  pastimim.  Aussl  la  Campanie , 
quoique  dans  notre  voisinage  et  par  consequent 
a  portee  de  prendre  exeraple  sur  nous ,  n'est  pas 
dans  Tusage  de  donner  eette  facon  a  laterre, 
parce  que  la  facilite  avec  laquelle  son  sol  se  prete 
n'exige  pas  qu'on  prenne  tanl  de  peine.  Quant 
aux  provinces  dont  lc  terrain  tropcompact  exige 
de  grandes  depenses,  le  paysan  parvient,  par 
le  moyen  des  sillons,  a  ce  que  nous  ne  pouvons 
obtenir  qu'en  labourant  la  terre  au  pastirmm ; 
je  veux  dire  a  placer  sou  plant  dans  un  sol  bieu 
amolli ,  et  des  lors  en  etat  de  lui  preter  un  pas- 
sage  facile. 

V.  Mais  je  vais  reprendre  l'une  apres  Tautre 
toutes  les  vignes  que  je  viens  de  nommer,  pour 
traiter  de  chacune  a  part,  suivant  Tordre  dans  le- 
qucl  je  les  ai  annoncees.  Celle  qui  se  tient  toute 
seule  et  snns  appui  doit  fitre  raise  dans  une  fosse 
!ri  leterrain  est  leger,  etdans  unetranchee  s'il  est 
epais  :  mais  ces  fosses  etcestranchees  seront  bien 
])lus  avantageuses  lorsque,  dans  les  pays  tempe- 
res  et  oii  Tete  n'est  pas  brulant,  elles  auront  ete 


faites  dans  Tannee  qui  prccedera  la  planfation 
des  vigncs.  II  faut  ccpendaut  s'assurer  aupara- 
vant  de  la  boute  du  terrain ,  parce  que  si  le 
terrain  auquel  on  destine  le  plant  est  raaigre  et 
leger,  il  faut  faire  ces  fosseset  ces  tranchees  vers 
le  teraps  raerae  de  la  plantation  des  vignes.  Si 
on  fait  les  fosses  dans  Tannee  qui  precedera  la 
plantation  des  vignes ,  il  suffira  de  leur  donner 
trois  pieds  de  longueur  sur  autant  de  profon- 
deur,  et  deux  pieds  seulcment  delargeur;  ou 
bien  ,  si  Ton  doit  ecarter  les  rangees  de  quatre 
pieds  les  unes  des  autres ,  il  sera  plus  commode 
de  faire  ces  fosses  en  carrcs  parfaits  de  quatre 
picds ,  sans  cependant  leur  donner  plus  de  trois 
piedsdeprofondeur.  Au  reste,  ondeposera  le  plaut 
aux  quatre  coins  de  ces  fosses,  en  mettant  des- 
sous  de  la  terre  bien  anieublie;  apres  quoi  on  les 
corablera.  Quantaux  intervalles  quiseroutentre 
les  rangees,  nous  n'avons  rien  autre  chose  a 
prescrire ,  si  ce  n'est  que  les  agriculteurs  fassent 
attention  a  leur  donner  plus  de  largeur,  s'ils  doi- 
vent  labourer  leurs  vigncs  a  la  charrue,eta 
leur  cn  donner  moins,  s'ils  doivent  les  labourer  au 
hoyau',  pourvu  cependant  qu'ils  nc  leur  donnent 
jamais  plus  de  dix  pieds,  ni  raoins  de  quatre.  II 
y  a  neaumoins  bien  des  personnes  qui ,  en  faisant 
leurs  rangees,  n'y  laissent  que  deux  ou  tout  au 
plus  trois  pieds  de  distance  entre  chaque  plante , 
tandis  qu'ils  laissent  au  contraire  uu  plus  grand 
intervalle  entre  les  rangees,  afin  de  faciliterda- 
vantage  le  passage  a  ceux  qui  bechcront  ou  qui 
laboureront  la  vigne.  Pour  les  soins  qu'exige  la 
plantation,  ce  sont  absolument  lcs  memes  que 
ceux  que  j'ai  prescrits  dans  le  troisii^me  volurae. 
Cependant  Magon  le  Carthaginois  ajoute  a  cette 
methode  un  precepte,  qu'il  fait  consister  ane  pas 
remplir  entierement  la  fosse  de  terre  au  moment 


imlli  cliaiacatas  vocant.  Ullima  est  conilitio  stralarum  vi- 
lium ,  qiiaj  ab  enata  slirpe  coufeslim  velut  projectte  por 
liiimum  porrisunlur.  Oniniuni  autem  salionis  feie  cadeni 
est  conililio.  Nam  vei  scrobe  vel  sulco  seniinadeponunfur. 
Qiinniam  pastinationis  expertes  sunt  exterarum  Kentiiiin 
agricola:  :  iiua'  tanien  ipsa  pene  supervacua  est  lis  locis, 
quibus  soluin  putre,  et  per  se  resolutum  esl  :  namqtcc 
hoc  imilamur  arando,  ut  ait  Viigilius,  id  est  etiani 
paslinaiido.  Ilaque  Campaiiia,  cum  vicinum  ex  iiobis  ca- 
pere  possit  exemplum,  non  ntitur  bac  molitione  terra!, 
quia  facilitas  ejus  soli  niinorein  operam  desideral.  Sicubi 
aulem  deusior  ager  provincialis  rustici  majorem  poscit 
impensam ,  quod  nos  pastinando  effrcimus ,  ille  sulco  lacto 
consequilur,  ut  laxius  subacto  solo  deponat  seinina. 

V.  Sed  utsingula  earum  quae  proposui  vinearum  gcnera 
lieiscqnar,  pia.>dictum  ordinem  re[)etain.  Vitis  qua;  sine 
adniiniculo  snis  viribns  consistit,  solutiore  terra,  sciobe; 
densiore ,  sulco  poiienda  esl.  [Sed  et]  sciobes  et  snlci  pln- 
rlmum  prosunt,  si  in  locis  teinperalis,  iu  quibus  ajstas 
iion  est  pra^fervida,  ante  annum  fiant,  qiiam  vineta  con^ 
.serantur.  Soli  tanicn  ante  bonitas  exploranda  est.  Nam  si 
jejiino  atqiie  exili  agro  semina  deponentur,  sub  ipsum 


teinpns  sationis  scrobis  aut  sulcus  faciendus  cst.  Si  ante 
annuin  fiant,  qiiam  vinea  conseratur,  scrobis  in  longitudi- 
nem  altitndinenique  defossiis  tripedaneiis  abunde  est;  la- 
titndine  tanien  bipedanea  :  vel  si  quatorna  pedum  spalia 
iiiler  ordines  lelicturi  sumus,  commodius  habetur  ean- 
deni  quoqiio  versus  dare  mensuram  scrobibus ,  non 
ainplius  lamen  quam  in  tres  pedes  altitudinis  depressis. 
Cffiiterum  quatnor  angulis  seniina  applicabuntur  subjecta 
minuta  terra,  et  ita  scrobes  adobruentur.  Sed  de  spatiis 
ordinum  eatenus  prascipiendum  babemiis  ,  ut  intelligant 
agricolas,  sive  aratro  vineas  culturi  sint,  laxiora  interordi- 
nia  relinquenda,  sive  bidentibus,  angiistiora  :  sed  neque 
spaliosiora  quani  decem  pedum ,  neque  contractiora  quam 
quatiior.  Mulli  lamen  ordines  ila  disponunt ,  iit  per  rectani 
lineambinos  pedes,aut  [ul]  plurimum  lernos  inter  semina 
lelinqiiant  :  transversa  rursus  laxiora  spatia  faciant ,  per 
qihie  vel  fossorvel  arator  incedat.  Sationis  aiitem  cura  noii 
alia debel  esse,  quam  quae  tradila  est  a  me  lcrtio  volumine. 
Unum  tamen  liuicconsitioniMagoCarthaginiensisadjic.it, 
ut  scmina  ita  deponantur,  ne  prolinus  tolus  scrobis  terra 
com|ileatur,  sed  diinidia  fere  pars  ejus  sequente  biennio 
paulatiin  adajquetur.  Sic  enim  piital  vitem  cogi  deorsum 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  V. 


qiron  y  niet  le  plant,  raais  a  en  laisscr  a  peii 
pres  hi  nioitiii  de  vide,  de  facon  qu'elle  ue  soit 
comblee  que  par  dcgres  deux  ans  aprcs  :  il  ima- 
gine  que  c"est  uu  nioyeu  sui'  poui-  contiaindre  la 
vigne  a  jeter  ses  racines  par  en  bas.  Je  ne  dis- 
couviendi'ai  point  qu'on  ue  puisse  tirer  quelque 
utilite  de  cette  methode  dans  les  terrains  secs , 
mais  je  ne  crois  pas  qu'on  doive  la  suivre  dans 
les  pays  marecageux  ,  nou  plus  que  dans  eeux  ou 
le  cie!  est  pluvieux,  parce  que  Teau  qui  sejourne 
en  trop  grande  abondance  uans  ces  fosses  a  demi 
vides  tue  le  plant  avaut  iiu'il  se  soit  fortilic. 
Cest  pourquoi  je  crois  qu'il  vaut  mieux  com- 
bler  les  fosses  aussitot  qu'ou  y  a  depose  le  plant; 
raais  quand  une  fois  il  aura  pris,  il  faudra, 
apres  requiuoxe  d'automne,  le  dcchaui!SL'r  exac- 
tement  et  profondenient,  et,  aprcs  avoir  coupe 
les  petites  racines  qu"il  pourra  avoir  jetees  sur 
la  supcrlieie  du  sol ,  le  recouvrir  de  tcrre  au  bout 
de  quelqiic^  jours.  Cest  le  moycn  de  parer  a  deux 
inconveuienls  eu  meme  temps,  en  erapOcbant  que 
leplant  nejette  ses  racines  par  en  haut,  et  que 
les  pluies  immoderces  ne  l'endommagent  tant 
que  ces  racines  seront  eucore  faihles.  Mais  il  n'y 
a  pointde  doute  quedes  quellcs  auroot  pris  des 
forces,  les  eaux  du  ciel  ne  leurfassent  beaucoup 
debien.  Cest  aussi  pourquoi  il  serabou  delaisser 
les  vignes  decouvcrtes  et  dechaussecs  peudaut 
tout  riiiver,  daus  les  pays  ou  la  douceur  de  cette 
saisou  s'y  pretera.  Pour  ce  qui  regarde  la  nature 
du  plant  qu'il  faut  employer,  e'est  uu  point  sur 
lequel  lcs  auteurs  ne  sont  point  d'aceord.  Les 
iMispensent  qu'il  vaut  micux  planter  toutdesuite 
des  vignes  par  crossettes ;  les  autrcs,  qu'il  les  faut 
planter  par  marcottes :  j'ai  dejii  declare  dans  les 
volumes  preccdents  ma  facon  de  penser  sur  cet 
objet.  J'ajouterai  neanmoins  ici  qu"il  y  a  des  tcr- 
res  dans  lesquclles  !e  plant  qui  a  cte  transfcrc 


d'un  licu  a  uu  autre  ne  reussit  pas  aussi  bien 
que  celui  qu'ou  n'a  point  remue  de  sa  place ,  quoi- 
que  ce  cas  arrive  trcs-rarenicnt.  II  faut  done 
reraarquer  avec  soin  et  examiuer  ve  quc  chaque. 
paijs  rompoiie,  comme  co  qullrefuse.  Quand 
la  plante  sera  en  tcrre,  je  veux  dire  la  crossctic 
ou  la  raarcotte ,  on  la  faconnera  de  manierequ'elle 
donne  uu  ccp  qui  puisse  se  soutenir  sans  appui. 
Or  c'est  a  quoi  on  ne  pourra  pas  parveuir  sur-le- 
cliamp  :  en  effct',  si  Ton  ue  commence  pas  par 
donncr  des  appuis  a  la  vjgne  lorsqu'clle  est 
tcndre  et  faible,  les  parapres  se  renverseront  a 
terre  ii  mesure  qu'ils  pousseront.  Cest  pourquoi 
on  nttache  la  plaute,  cn  la  mettant  en  terre,  a 
un  roseau  qui  sert  a  proteger  et  a  former  pour 
aiusi  dire  son  enfanee,  jusqu'a  ce  qu'e!le  soit 
parvcnuea  la  hauteurque  veut  lui  donner  l'agri- 
eulteur;  hauteur  qui  ne  doit  pas  ctre  considera- 
ble ,  puisqu'il  ne  faut  pas  la  laisser  monter  a  plus 
d'un  pied  et  demi.  Lorsqu'ensuite  elle  aura  pris 
des  forees,  et  qu'elle  pourra  se  soatenir  sans  ap- 
pui ,  ou  lui  laissera  prendre  sa  croissance  ou  du 
cote  du  picd ,  ou  du  cutc  des  bias.  Car  il  y  a 
deux  faeons  de  cultiver  ces  vignes  :  les  uns  ai- 
mentmieux  qu"elles  soient  reduites  a  leur  picd, 
les  autrcs  aimcnt  mieux  qu'elles  soient  distri- 
buees  eu  bras.  Ceux  qui  cnt  a  cceur  de  distri- 
buer  leur  vigne  en  bras  doivent  conserver  tout 
le  bois  qui  sera  pousse  autour  de  la  cicatrice 
qu'ils  lui  auront  faite  cn  la  coupant  toute  jeune 
par  le  haut,  et  !e  distribueren  quatre  bras  cha- 
cun  de  la  longucur  d'un  pied ,  de  facon  qu'il  y 
cn  ait  uu  qui  soit  tourne  vcrs  chaque  partie  du 
monde.  Cependaut  on  ne  laisse  pas  des  la  prc- 
micreanneea  ces  brastoute  la  longueur  que  nous 
venons  de  lixer,  de  peur  que  la  vigne  ne  soit 
trop  chargee  pendaut  qu'elle  est  encore  frele, 
niais  on  ne  lcs  y  fait  parvcnir  qu"a  la  suite  dc  plu- 


ageie  radiccs.  Hoc  cgo  siccis  locis  fieri  uliliter  noa  nesa- 
veilm;  sed  ubi  aut  uliginosa  regio  est,  aut  eM\  status  ini- 
biifer,  inininie  faciunduni  censeo.  Nani  consislciis  in  se- 
mi|ileiii.s  sciobibns  niraius  liumor,  anteqnam  convalcsranl, 
semlna  nccal.  Quare  utilius  existimo,  repleii  quidem 
Miobes  stirpe  deposila,  seii  cum  .scmina  compreliendc- 
rinl,  statini  post  aequinoctium  autumnale  debere  diligen- 
ler  atqne  alle  ablaqueaii,  et  iccisis  ladiciilis  ,  si  quas  in 
siimniu  solo  cilaveiint, posl  paucus  diesadobnii.  Siccnim 
utnimque  incummodum  vilabitur,  iit  nec  radices  iu  siipe- 
rioiem  partem evocenlur ,  neque  immodicis  pluviis  paium 
valida  vcxenter  seniina.  Cbi  vero  jam  corroborata  fueriut , 
niliil  dubinin  est,  quin  caelestibns  aquis  plurimuin  juvcu- 
tur.  Itaque  locis,  quibusclementia  liiemis  periniltit,ada- 
pertas  vites  relinquere  et  tota  liieme  ablaqneatas  liabere 
eas  couvcnicl.  De  qualitate  autem  seminura  inter  auctores 
non  coiivenit.  .\lii  malleolo  proXinus  rx)nseii  vineani  me- 
lius  exisliniaiil,  alii  viviradice  :  dc  qua  rc  quid  sentiam, 
jain  superioribus  volumii^bus  prafessiis  siini.  £t  niinc 
t  \inen  boc  adjicio ,  csse  qiiosdam  aaros,  in  quibus  noii  x- 
que  bcne  translata  sciiiina  iiiiani  iiniiiota  rc^pondcant :  sed 

COI.l  lir.LI.E 


i.stud  rarissimeacciderc.  Notandnm  item  diligenter  evplo- 
randum  esse,  quid  quwquc  fcral  rcgio,  quid  qua-quc 
recusel.  Depositam  ergostirpcm,  id  est,  inalleolum  vel 
vivii adicem ,  formare  sic  convenit ,  ut  viiis  sine  pedamine 
consistat.  Hoc  antem  protinns  efrici  non  potest.  Nam  nisi 
adminiculum  tenerae  [viti]  atque  inririiuE  contribueris, 
piorepcns  pampiuus  terra;  se  applicabit.  Ilaqiie  posito  se- 
iniiii  arnniio  adnectitnr,  qua?  veliil  iiitantiam  ejus  tueatnr 
atqiie  cdiiccl,  proilucatqne  ia  tautani  staturam ,  qiiaulam 
permittit  agiicola.  Ka  porro  non  debel  essc  snblimis  :  nani 
usque  in  sesquipedem  cocicenda  esf.  Cum  deinds  robur 
accipit,  ct  jam  sine  adjumento  coiisistere  valet,  aul  capi- 
lis  aut  bracliiorum  incremenlis  adolescit.  Nam  diiiB  spe- 
cies  liiijusquoque  cutlur.i!  snnt.  .\lii  capitatas  vineas,  aiii 
bracliiatas  magis  probant.  Quibiis  cordi  est  in  bracbia  vi- 
tem  componcre ,  convcuil a  summa  paile,  qiia  decisa  no- 
vclla  vitis  cst, quicqiiiil  juxta  cicatricem  citavcrit ,  conser- 
vari,  ct  iii  quatuor  br.icliia  pcdalis  mensura!  dividcre,  ita 
ut  omnem  partcm  c:cli  singiila  aspiciant.  Sed  lia;c  biacliia 
non  statim  piimo  aiuio  lam  proiiiasubmiltuntiir,  ncouc- 
letur  e\i!itas  vitis;  scd  i;oiii;i'iiii!)us  pulationibus  in  pr.ie- 


COLUMELLE 


sieurs  tailles.  II  fautde  plus  laisser  des  especesde 
coniesen  saillie  sur  les  bras,  ct  etendre  ninsi  la 
\iL'iie  cntiere  cn  tous  sens,  en  rarrondissant.  La 
nictliode  usitee  pour  tailler  ces  \isnes  est  la 
nieme  que  celle  ((ue  l'on  suit  en  taillant  ies  vi- 
gnes  qui  sont  atlachees  au  jouj;;  avec  cette  dii- 
icrenee  neaumuins  qu'on  laisse  au\  coursons 
qui  doivent  doQuer  le  plus  long  bois  quatre  ou 
cinq  bourgeons,  au  lieu  qu'ou  n'en  laisse  que 
deu.K  a  ceux  qui  sont  destines  a  rcnouveler  la 
vigne.  Pour  ce  qui  est  de  la  vigne  que  nous 
avons  dit  etre  reduite  a  son  pied ,  on  ote  tout  le 
sarment  qui  environne  le  eep  jusqu'au  corps 
meiiiedu  tronc,  et  on  ne  laisse  qu'uu  ou  deux 
bourgeous  adhercnts  au  tronc.  On  peut  suivre 
liardiment  cette  methode  dans  les  terrains  nr- 
rost^s  ou  tres-gras,  qui  ont  assez  de  force  pour 
suflire  tout  a  la  fois  au  fruit  et  au  bois.  Ccux  qui 
doiinent  eelte  forme  a  leurs  vignes  les  cullivent 
priucipalement  a  la  charrue  :  aussi  est-ce  pour 
cela  qu'ils  leur  otent  tous  leurs  bras,  afin  que 
les  troncs,  nayant  point  de  parties  saillantes,  ne 
soient  pas  cn  risque  d'etre  endommages  par  la 
charrue  ou  par  les  boeufs.  Car  il  arrive  comniu- 
nemeut  que  lorsque  !es  vignes  sont  distribuees 
cn  brns,  les  boeufsen  arrachent  de  petites  bran- 
ches,  soit  avee  le  pied,  soit  avec  la  corue  :  sou- 
vent  rueme  cet  accident  est  occasionne  par  le 
/uanehe  de  la  charrue,  pour  peu  que  le  labou- 
leur  s'attache  a  raser  les  rangees  avec  le  soc,  et 
a  labourer  le  plus  pres  qu'il  peut  de  la  vigne. 
Telles  sont  les  facoiis  que  Ton  donne  soit  aux 
vignes  reduites  a  leur  pied ,  soit  a  celles  qui 
sont  distnhuees  en  brns,  avant  qu'elles  bour- 
f;eonnent.  Mais  lorsqu"elles  fiont  germees,  lc 
fossoyeur  vient  a  son  tour,  et  remue  avec  le 
hoyau  les  parties  du  terrain  auxquelles  le  bou- 


vier  n'a  pas  pu  ntteindre.  Ensuite,  des  que  1« 
vigne  doune  du  bois,  arrive  celui  qui  doit  Te- 
pamprer  :  ce  dernier  en  retranche  ies  panipres 
superflus,  et  laisse  les  branches  a  fruit,  qu'oua 
soiu  dc  lier  en  forme  de  couronne  lorsqu'elles 
ont  pris  une  certaine  consistanee;  ce  qu'onfnit 
pour  deux  raisons  :  la  premiere,  de  peur  que  si 
on  laissait  les  pampres  en  liberte,  ils  ne  s'eten- 
dissent  trop,  et  n'attirassent  a  eux  toute  la  nour- 
riture  ;  la  seconde,  afin  que  In  vigne  etant  ainsi 
liee ,  laisse  encore  un  passage  libre  au  bouvier 
et  au  fossoyeur  pour  la  cultiver.  Voici  la  ma- 
niere  dont  on  epamprera  :  Dans  les  lieux  cou- 
verts,  humides  et  froids,  on  depouillera  entiere- 
ment  la  vigne  en  ete ,  c'est-a-dire  qu'on  otera 
toutes  les  feuilles  des  branches  a  fruit ,  afin  que 
le  fruit  puis.se  nnirir,  et  que  rhumidite  ne  le  fasse 
pas  pourrir;  au  lieu  que  dans  les  iieux  secs, 
chauds,  et  exposes  au  soieil,  on  aura  soiu  au  con- 
traire  de  laisser  quelques  pampresqui  serviront 
a  couvrir  les  grappcs  ;  et  s'il  s'en  trouve  trop 
peu  ,  on  gaiantira  le  fruit  de  la  chaleur  avec  des 
feuilles,  et  quelquefois  avec  de  la  paille,  qu'on 
y  apportera  d'ailleurs  a  cet  effet.  M.  Coluraelle, 
mou  onele  paternel ,  qui  etait  un  homme  tres- 
instruit  dans  les  beaux  arts,et  rngriculteur  le 
plus  attentif  de  la  provinoe  de  Be,tique,couvrait 
les  vignes  de  nattes  de  paimier  vers  le  lever  de  la 
Canicule,  paree  qu'ordinairement,  au  temps  ou 
cetle  constellation  parait ,  certaines  contrees  de 
cette  provinee  sont  si  vexees  par  le  vcnt  du  sud- 
est,  appele  VuUurnus  par  les  bahitants,  que  si 
on  n'y  prenait  pas  le  soin  de  couvrir  les  vignes  , 
le  fruit  se  consumerait  comme  si  la  flamme  eut 
passe  dessus.  Telleest  la  culture  dc  la  vigne  qui 
est  distribuee  en  bras,  et  de  ceilequi  est  rediiite 
a  son  pied.  Car  pour  celle  que  fon  attache  a  un 


clicfam  monsiiram  eiliicuntnr.  Dcindc  ox  biacliiis  qnasl 
ipunlain  cornua  pioniincnlia  rclnnini  nportet,  atqiic  ila 
lotani  vitem  omni  parte  in  oilicni  ililliindi.  Putatioiiis  au- 
lcm  ritio  eailem  cst,  qna'  in  jn^.itis  vililins  -.  iino  tanien 
(lifliMt ,  liiioil  pro  inalriiis  Inimiiirihiis  pnlliics  qiiatcrnnm 
aiU  qniinim  geinmariim  icliiupiiinliir  :  pro  ciisloilihiis 
antcm  bigeinmcs  icscccs  (innt.  In  ca  deinile  vinca  quam 
capilalamJixiinns,  jiixtaipsam  maliem  usqne  ad  corpiis 
sarinentumdetraliitnr,  nnaantalleralantuminodo  gemma 
relicta,  qnne  ipsi  trunco  adlincrct.  Hoc  autcm  rij^uis  aut 
pinguissiniis  locis  lieri  tiito  polcsl,  ciini  vircs  terrae  et 
fruclum  et  materias  valont  pr.Tbcre.  Maxime  autem  ara- 
tris  exeolunt,  qiii  sic  lorniatas  vineas  babent,  ct  eam  ra- 
lionem  seqnnntur  delraliendi  vililnis  biactiia,  quod  ipsa 
capita  sine  ulla  exlanlia  ncque  aralro  ncqne  bubiis  ob- 
i\'i\\jl  siinl.  Sani  in  brachiatis  plcrnniqnc  lit,  iil  anl  ciiuc 
ant  cornibns  boiim  ramiili  viliiiin  ilcriiii;4antiir  ;  s;cpc 
etiam  stiva,  dum  sedulns  arahu  vomcrc  pcrslriii^cie 
ordinem,  ct  qiiam  proxiinam  pailcni  vitium  excolcre 
slndet.  Atqiie  liocc  quideni  cnlliiia  vcl  bracbialis  vel  capi- 
■t.itis^vitibiis,]  aiitcquamgcirinicnt,  adhibctur.  Cnm  dciiide 
4;cimiiiavcriiil ,  fossor  insequitur,  ac  bidcntibuscas  pavlcs 


snbigit ,  quas  bnbnlciis  non  potuit  perlingere.  Mox  iibi 
materias  vitis  exigit,  insequitnr  pampinator,  et  superva- 
cuos  deferget ,  frnctuo.sosquc  palmiles  siibmittit,  qui 
cum  indnrucrunl,  velutin  coronam  religanlnr.  Hoc  dua- 
bus  ex  causis  fit  :  una,  nc  lihcro  cvciusii  iii  liixnriam 
properent,  oniniaqne  aliincnla  p:iiii;iiiii  .ihsiiinaiit ;  allera, 
ut  rcligala  vitis  rursiis  adiliim  hulmlco  rossoiiqne  in  ex- 
colenda  se  prtebeat.  Pampinandi  autem  modiisis  erit,  ul 
opacis  locis  linmidisque  et  frigidis  oestate  vitis  nudctiir, 
foliaque  palmitibus  detraliantur,  ut  niaturilatem  fructus 
capere  possit,  ctne  sitn  pntrescat  :  loc.is  autem  siccis  ca- 
lidisqucetapricise  conlrariopalmitibnsiivfecontegantHr; 
et  si  paruni  panipinosa  vitis  est,  advectis  frondibus  et  in- 
lerduin  stramentis  l'i  uiliis  muniatnr.  JI.  quidem  Columella 
palrnns  meus,  vir  illiisfrihns  disciplinis  erndifus,  ac  dili- 
gcnlissiiniis  imriinla  i;,clir;i'  |uiivinria>,  siiboi  tu  Caniculae 
p;iliiicis  fcL^rlihiis  1  iih.i-.  ;riiii;il  I  .iliiit ,  i|iiiiniam  plcrnmque 
ilicli  sidrris  tenipinr  iiii;"ii;iiii  |i;irlcs  cjus  regioilis  sic  in- 
festantiir  Euro,  qiicin  inrol*  Vulturuuni  appeJlanl,  ut 
nisi  lcgminibus  viles  opacentur,  velul  balitu  llamineo 
friictns  uratiir.  Alqne  brec  capitatie  bracliiativqiie  vitis cul- 
tura  esf.  Nam  illa,  qn;c  uni  jiigo  snpciponitnr,  aiil  qnse 


DE  L'AGRICULTURE ,  LIV.  V. 


201 


senl  jous,  ainsi  que  ceiledont  on  laisse  croitre  le 
bois  pour  1'attaeher  a  des  roseaux  qui  lui  servent 
d'appui  en  Parrondissant  en  forme  de  cercle,  elles 
demandent  a  peu  pres  Tune  et  Tautre  la  meme 
culture  que  les  vignes  attachees  au  joug.  .rai  ce- 
pendant  vu  des  gens  qui  cnterraient  sur  la  su- 
perficie  du  sol,  en  forme  de  provins,  de  longs 
sarments  devignese/jflf aeato',  surtoutquand  c'e- 
tait  du  raisin  lirlvenacua ,  et  qui  ensuite  redres- 
saient  aupres  d'Hn  roseau  ces  sarments  que  nos 
agriculteurs  appellent  mergi  et  les  Gaulois  ccui- 
dosocci ,  et  les  laissaient  croitre,  dans  la  vue 
d'en  tirer  dufruit.  S'ils  les  couvrent  de  terre,  c"est 
qu'ils  s'iniaginent  que  parce  moyen  la  terre  four- 
nira  plus  de  nourriture  a  ces  branches  a  fruit. 
Aussi  lcs  coupeut-ils  apres  la  vendange  comme 
des  sarments  inutiles,  pour  leur  oter  toute  com- 
munication  avec  le  cep.  Pour  nous,  nous  con- 
scillons  de  s'en  servirJorsqu'on  les  aura  separes 
de  leur  mere,  enguise  de  marcottes,  pour  remplir 
les  vides  des  rangees,  au  cas  quil  s'y  trouve 
des  ceps  morts,  ou  pour  former  de  nouveaux 
plants;  d'autant  que  la  partiede  ccssarracnts  qui 
a  ete  enterree  est  toujours  fonrnic  d"une  assez 
grande  quantite  de  racines  qui ,  des  qu"elles  sont 
deposees  dans  les  fosses,.  y  prennent  tres-bien. 
Enfin,  reste  a  parlerdelaculture  des  vignescou- 
chees  a  terre.  On  ne  doit  entreprendre  cette  cul- 
ture  que  dans  les  climats  les  phis  siijets  aux 
vents ,  parce  qu'elle  est  d'un  travail  difficile  pour 
les  agriculteurs,  etque  les  vignes  de  cetteespece 
ne  donnent  jamais  de  vin  de  hon  gout.  II  faudra, 
dans  les  pays  qui  n"admettront  par  leur  consti- 
tution  que  ce  genre  de  culture,  deposer  les  cro- 
settes  dans  des  fosses  de  dcux  pieds;  et  lors- 
qu"elles  seront  germees,  on  les  reduira  a  un  seul 
bois,  que  fon  eontiendra  la  premiere  anuee  dans 
les  bornes  de  deux  bourgeons;  ensuite  quaiid 


elles  auront  produit  rannecsuivantcdes  branchea 
afruits,  on  en  Inissera  croitre  une  seule,  et  on 
supprimern  toutes  les  autres  :  eufui,  apres  que 
celle  que  l'on  aura  laisse  croitre  aura  donne  du 
fruit,  on  la  taillera  d'asscz  court,  pour  qu'etant 
couehee  a  terre  clle  ne  s'ctende  pas  au  dela 
de  rintervalle  qui  est  entre  lcs  rangees.  II  n'y 
a  pas  non  plus  beaucoup  de  difference,  quant  a 
la  taille,  entre  la  vigne  couchce  a  terre  et  celle 
qui  sc  tient  debout ,  si  ce  n'est  que  le  bois  qu'on 
laisse  a  celle  qui  est  couchce  a  terre  doit  etre 
moins  long  ([ue  celui  qu'on  laisse  a  fautre.  II 
en  est  de  mcine  de  ses  coursons,  que  lon  taille 
aussi  courts  que  ceux  qui  ont  la  forme  d"une 
verrue;  mais  apres  la  taille,  qu'il  faut  indispen- 
sablement  faire  cn  automne  a  ces  sortes  de  vi- 
gnes,  on  les  renverse  tout  entieres  sur  un  in- 
tervalle  d'entre  les  rangees  different  de  celui  ou 
elles  etaient  couchees  auparavant,  afin  que  la 
partie  du  terrain  qu'elles  avaient  preeedemment 
oecupee  puisse  ctre  fouillee  ou  labouree,  et 
qu'aprcs  qu'on  lui  aura  donne  ces  facons,  on 
puisse  les  y  remettre,  et  cultiver  de  mi^mc  rautre 
partie.  Les  autenrs  sont  peu  d'accord  sur  la  facou 
d'epamprcr  ces  vignes  :  les  uns  pictendeut  qu'il 
ne  faut  pas  du  tout  les  epamprer,  sfin  qu"elles 
soient  en  etat  de  protcger  leurs  fruits  contre  la 
violenee  des  veuts  et  contre  riucursion  des  be- 
tes;  d"autres  jeulent  qu"on  lcs  cpampre  avec 
moderation ,  afin  que  ,  sans  etre  surehargees  de 
feuilles  totalement  inutiles,  elles  puissent  nean- 
moius  couvrir  et  proteger  leur  fruit  :  eette  me- 
thode  me  paraft  aussi  la  plus  convcnable. 

YI.  Mais  c'est  assez  nous  etre  occupes  des  vi- 
gnes  :  passoos  aux  preccptcs  qui  concernent  les 
arbres.  Quiconque  voudra  avoir  un  plant  d'arbrts 
maiics  a  des  vigncs,  qui  soit  non-seulement  hien 
garni  ct  arrange  avec  syraetrie ,  raais  eiicore  de 


nialoriis  siil)inis.sis  arundinum  statuminilMis  per  oil)cm 
cniineclilur,  fere  eandem  curam  exigit,  quam  jiigala.  Xon 
iiiillos  tanien  in  viiieis  cliaracatis  animadverti,  et  niaxiinc 
clveniici  geiieiis,  piolixns  palraites  quasi  propagines  suni- 
Hii)  solo  adoliruere,  deinde  rursus  ad  ariindines  erigere, 
el  in  frucluni  submiltere,  quos  nostii  agricolre  mergos, 
Galli  candosoccos  vocaiil,  eosque  adoliruiint  simplici  ex 
causa,  qiiod  exislimcnt,  pliis  aiimenli  leriam  piirbere 
Iructiiaril.s  (lagcliis.  Itaque  post  viudemiam  veliit  inutilla 
saniieiila  ilecidiinl,  el  a  stirpe  sulimovent.  Nos  aiileni 
pivvripimus  ('asilcm  virgas,  ciiin  a  matre  fueriiil  praxi.sre, 
siciilii  demorluis  vitibiis  ordines  vacent,  aut  si  iiovell.am 
qiiis  vi:i''am  instiluere  velit,  pro  viviradire  ponere.  Qiio- 
iiiani  (piideni  parles  sarmentoriim  ,  qu>"e  fiieiant  obrutic, 
salis  miillas  liabent  r.idices,  qua;  deposila?  scrobibiis  con- 
(estlin  Kimpreliendaut.  Siipcrcst  rdiqiia  illa  cultunipro- 
slialio  viiKsr,  <lii:e  nisi  violcutrssimocaili  statnsusci|)i  non 
d('bet.  Nain  el  (lillicilinii  tilMncm  colouisexliibfct,  iiec.  iiu- 
qiiam  generosi  s.i|i(iiis  viiiiiin  pra'bct.  Atqiie  ubi  regionis 
condiliusolamcanicuiliir.iin  lei  ipit,  bipediiiieisscrobibiis 
mallcoliis  dcponlliir.  Qiil  i  iiiii  c^ermiuavil,  ad  uiiaiii  ini'.- 


teriam  revocatiir  :  eaque  primo  anno  compescitiir  in  duas 
genimas  :  seqiiente  deiiide ,  ciini  palniites  priifiidil,  unus 
siibniittitur,  ca'leri  dcculiuntur.  At  ille  qui  siibinissus  cst, 
ciim  frncliiin  ediilit,  in  eam  longitndineni  depulatur,  uti 
jacens  non  excedat  interordlnli  spalium.  Nec  magua  est 
pulationis  dlfferenlia  ciibanlis,  etslantis  rectic  vjneaj  : 
nisi  qiiod  jaceiili  viti  breviores  mateiiai  siibmitti  del)ent, 
lescccs  ipioipic  angustiiis  in  modiim  fiirunculorimi  lelin- 
qiii.  ,Sc(l  post  pntalionem,  qiiani  utiqiie  autuiiino  in  ejiis- 
inodi  viiica  lieri  oportct,  vilis  lota  dellcclitnr  iii  allerum 
inteiordiniiim  ;  atqiic  ila  pafs  ea  (piic  fuerat  occiipiila ,  vel 
foilitiir  vel  aratiir,  et  cum  excnlta  est,  eandem  vitcm  re- 
cipll,  iit  aIteraquoi|ueparsevcoIi  possit.  De  pampinalione 
talis  viiie.-G  pariim  iiiter  aiiclores  convcnit.  Alii  ncgaiit  cssc 
nuilaiidiini  vitem,  quo  meliiis  coiitra  iiijnrlani  vciiliiriim 
feraruinque  nictuniabscoudiit :  aliis  pUicel  [larciiis  pampi- 
nari,  iitct  vitis  non  in  totuni  siipcrvaciils  Irondiliiis  (luc- 
rctur,  ettainen  Irucluin  vesliic  aiil  protegeiepossit  :  qiia; 
lalio  niibi  qiioiiue  commodior  videtur. 

VI.  Sed  jam  de  vineis  .satis  divimus.  Nuncdearlinribiis 
pi;ecipicnduni  est.  Qiii  volet  freqiicnset  disposiliiin  arbu- 


COl.UMELLE. 


J)oa  rappoit ,  vciilera  ix  co  qiie  ia  mort  qui  cUi- 
truira  ces  arbres  ne  le  degarnisse  pas,  en  prcnant 
le  soin  d"en  retirer  au  fur  et  a  mesnre  ceux  qui 
seront  ou  epuises  par  la  vicillesse,  ou  fatigues 
par  les  niauvais  temps ,  et  de  leur  substituer  de 
jeunes  rcjetons;  ce  a  quoi  ii  pourra  niscment  par- 
vcnir,  s'il  a  une  pepiniere  d'ormes  toute  pretc.  .le 
vais  esi  cunscquence  m'attachcr  a  prescrire  com- 
raent  il  faudra  faire  cette  pcpiniere,  et  de  quelle 
espece  d'ormes  il  faudra  la  pcupler.  On  convient 
qu'il  y  a  deux  especes  d'ornies ,  ceux  des  Gaules, 
qu'on  appelle  ormes  d'Atinia,  et  ceux  de  notre 
pays ,  qu'on  nppelle  ormes  d'ltalie.  Tremellius 
Scrofu  s'itait  imagine,  sans  aueun  foudement, 
que  rorme  d'Atinia  ne  produisait  point  de  sa- 
incra  (c'est  le  nom  qu'on  donne  a  la  graine  de  cet 
arbre)  :  il  est  vrai  qu'il  n"en  produit  qu'une  tres- 
petite  quantite ,  ce  qui  fait  raeme  que  quelques 
personnes  le  repardent  comme  sterile,  et  (|ue  le 
peu  qu'il  en  a  est  cache  entre  les  feuillcs  de  la 
premiere  pousse;  aussi  personne  aujourd'hui  ne 
s'avise-t-il  de  lc  semer  en  graine,  mais  tout  le 
monde  le  plante  par  rejetons.  Cet  orrae  est  plus 
beau  et  plus  haut  que  cclui  de  notre  pays ,  et  ses 
feuilles  sont  plus  du  goiit  dcs  boeufs,  puisque 
lorsqu'ils  en  ont  raange  babituellement ,  et  qu'on 
veut  ensuite  lcur  en  donncr  de  ccllcs  de  rautre 
(>spece,  ils  en  parnissent  d(?gofites.  Cest  pour- 
([uoi,  tantqu'oa  le  pourrn,  on  ne  plantera  dans 
tout  son  terrain  que  de  Torme  d'Atinia,  ou  au 
moins  l'on  fera  en  sorte  de  raettre  dans  les  ran- 
g(5es,  alternativemeMt  et  en  nombre  egal,  des  or- 
mes  d'Atinia  et  de  ceux  d'ltalie.  Moyennant  ccla 
on  aura  toujours  un  melange  de  feuillcs  de  Tun  et 
de  Tautre  arbrc,  et  les  bestiaux,  ragoutts  par  cette 
espece  d'assaisonnement ,  consommeront  plus  vi- 
goureusement  !a  qunntit('  de  nourriture  qui  ieur 

^tiini  parilMis  sp:itiis  rriir.liiosiniKjiic  Ii.iIutb,  oiHMani  A,\- 
l.it,  iic  eniortiiis^iilioiiliiis  r-ircscal,  ac  piimam  (|iianii]ne 
Sfniii  aiit  trai|ii'^i  ili'  Mllliclam  snlinioveal ,  et  in  viceni  no- 
vel!;im  siiliolciii  siilislilual.  Iii  .iiilem  facile  conse,(|ni  po- 
lerit,  si  nlmornm  seminarinm  paratnm  habuerit  :  qiiod 
qiionio(]o  et  qu.alis  seneris  laciendum  sit,  nnn  piv;eliit 
(ieinceps  praicipere.  Ulmornm  dnn  esse  gcnera  coiivcnil, 
Gallicnm  et  vernaculinn  :  ilhid  Alinia,  hoc  nosiias  dici- 
lur.  Atiniam  ulmiim  Tremelliiis  Scrofa  iion  rciie  saiiic- 
rani ,  ipiod  e.st  semen  ejus  arhoris  ,  falso  e.sl  opinalus.  Naiii 
rariorem  siiie  diibiocreat,  ct  idcirco  plerisque  et  slerilis 
videliir,  seminihns  inter  frondem,  qnain  prima  gernnna- 
tioueedit,  latentibus.  Ilaque  ncmojam  serit.e!i  s.imeia, 
sed  ex  sobolibiis.  Est  autem  ulnius  longe  Iselior  et  proce- 
rior,  quam  nostras,  frondemqiie  jucundioreni  biihns  priL'- 
liet :  qua  cuin  assidue  peciis  paveris ,  et  poslea  .geneiis 
alteriiis  fiondem  dare  iiistitueris,  fastidium  huhus  anert. 
llaquesi  lieri  poterit,  totum  .agrnm  geiieie  niio  Atinia! 
nlnii  conseremus  :  si  nifnus,  dabiniiis  operain,  ut  in  or- 
dinibus  disponendis  pari  nnnieio  vernacnlas  et  Atinias 
olternemns.  Ita  seinper  misla  fiondc  ulcinur,  et  qnasi  hoc 
^'Oiidimenlo  illecta>  perudes  fortiiis  jiisla  cilKuioiiim  con- 
liticnt.  Sed  vilem  nia\imc  po[iii|ijs  videliir  alere,  dciinlo 


sera  n(''cessaire.  Les  arbres  aupres  dosqnels  la  vi- 
gne  vient  le  raieux  sont  d'abord  le  peuplicr,  pre- 
ferableraent  a  tout  autre ;  ensuite  Torme ,  et  m(?me 
en  troisieme  lieu  le  firue.  Beaucoup  de  persounes 
ont  rejete  le  peuplicr,  parce  {|u'il  produit  peu  de 
feiiillages ,  et  qu'il  n'est  pas  utile  aux  bestiaux.  On 
plnnte  avec  raison ,  dans  les  licux  escnrpcs  et  mon- 
tagneux  ou  Torme  ne  se  plalt  pas,  le  fr(ine ,  qui 
est  un  arbre  tres-agr(jable  aux  ehevres  et  aux  bre- 
bis ,  et  qui  n'est  pns  sans  utilit(i  pour  les  boeufs. 
I/orme  est  prtff^irc'  par  le  plus  grand  nombre, 
parce  qu'il  s'aceommode  tres-bien  de  la  vigne, 
qu'il  fournitun  paturagetres-agreableauxbceufs, 
et  qu'il  r(fussit  dans  pUisieurs  especes  de  terrains 
diff(?rents.  Ainsi ,  si  l'on  se  propose  de  crecr  un 
plant  d'arbres  mari(>s  a  des  vignes,  on  pr^^parera 
d'avance  des  pepinieres  d'ormes  oii  de  frenes, 
d'apres  le  proe(ideque  nousdonneroiiscidessous; 
car  pour  les  peupliers,  on  fern  mieux  de  mettn! 
tout  de  suite  dans  le  plan  des  branches  prises  sur 
la  cime  de  ccs  ai  brcs.  On  labourera  done  la  terre 
au  pastimim,  dans  un  terrain  gras  et  mcdioere- 
ment  humide ;  et  apres  ravoir  bers(ie  et  ameublie 
avec  soin,  on  la  distribuera  au  printemps  par 
planehes.  On  jettera  ensuite  sur  ces  planchcs  de 
la  graine  d'orme  ,  qui  commencera  a  rougir,  et 
que  Ton  aura  fait  s(?cher  au  soleil  pendant  plu- 
sieurs  jours,  sans  cepeudant  lui  avoir  laisse  le 
temps  depcrdre  son  suc,  ou  de  trop  s'endurcir  : 
011  la  rtpandra  tres-drue  pour  en  couvrir  entiere- 
ment  ccs  planches,  apres  quoi  on  la  recouvrira 
de  la  hauteur  de  deux  doigts  avec  de  la  tcrre 
bien  ameublie ,  que  Ton  passera  a  cet  effet  au  cri- 
ble,  et  on  ranosera  legereraent  :  on  linira  par 
eouvrir  ces  planches  de  pnille ,  afm  que  lesoiseaux 
ne  becquetent  pas  la  pointc  des  tiges  quand  la 
giaine  sera  germ(ie.  Lorsqu'ensuite  ces  plantcs 

ulmns,  post  eliam  fraxinus.  Populus.  quia  raram,  m^quc 
idoneam  fiondem  pecori  prsebet,  a  pleii^qiie  repuiliata 
est.  Fraxinus,  quia  capris  et  ovihus gralissima  est,  nec 
inntilis  bubus  ,  locis  asperis  et  iiiontosis ,  quibus  niiniis 
la-tatur  ulmns,  rccte  seritiir.  Ulnins,  qnod  et  viteni  com- 
niodissime  patitnr,  let  jiicundissimum  pabulum  buhiis  af- 
fert ,  variisqiie  generihiis  soli  provenit ,  a  plerisiiue  pra'- 
lertiir.  Ilaque  cui  arbustiim  novum  inslituere  cordi  est, 
seminaria  ulniornm  vel  fraxinorum  parentur  ca  ralione, 
quani  deinceps  subscripsinius.  Nam  populi  melius  cacu- 
iniiiihus  in  arhiisto  protinus  deponuntur.  Tgitur  pingui 
solo  et  modice  humido  bipalio  terram  pastinabinins ,  ac 
dilifsenler  occatam  et  lesolutam  verno  lempore  in  are.is 
componemns.  Sameiam  dcinde,  qnae  jam  ruhicundi  colo- 
riserit,  et  compluiihns  diebiis  insolata  jacuerit,  ut  ali- 
qucni  tamen  siiccuni  et  leiitorein  Iiabeiit ,  iiijicicmus  areis , 
eteas  totas  seniinibus  spisse  contegenuis ,  atqiie  ita  crihio 
piitrem  teriam  duos  alte  digitos  iiiccrnemus,  et  mndice 
ligahimus,  stramentisiiiie  area.s  coopi^rieiiins,  iie  prodeun- 
tia  caciimina  .seminum  ah  aviliiis  pr.Tiodanlur.  Uhi  dcinde 
prorepserint  plantce,  slramenta  collii^emus,  et  niaiiihiis 
herhas  caipemus  :  idqiie  levitcr  et  curiose  facienduni  est, 
ne  adliuc  teiicr;e  bievesque  raiiiculie  iilmormii  convcll.iii- 


DE  LAGRICULTURE,  L!V.  V. 


auronl  pris  racine ,  on  ramnssera  !a  paille  de  des- 
sus  les  planclies,  et  on  en  arrachera  les  herbcs  i\ 
la  main;  il  laut  laire  cettc  operalion  legerement 
et  avee  attention  ,  pour  ne  pas  arracher  en  meme 
temps  les  racines  des  ormes,  qui  serout  encore 
tendres  et  courtes.  On  aura  soin  que  les  plancbes 
ne  soient  pas  plus  larges  qn'il  ne  faut,  pour  que 
ceux  qui  en  arracheront  les  herbes  puissent  la- 
eilemeut  en  atteindre  ie  milieu  avec  la  main ;  car 
si  on  leur  donnait  plus  de  largeur,  les  plantes 
seraient  exposees  a  etre  loulees  aux  pieds.  11  faut 
ensuite  jeter  de  Teau  plutot  qu"eu  faire  couler 
sur  ces  pepiuieres  pendaut  rete,  avaut  le  lever 
du  soleil  ou  sur  le  soir ;  et  lorsqne  les  planles  au- 
ront  trois pieds de  hauteur,  il  faudra  les  ti ansferer 
dans  une  autre  pepiniere;  raais,  de  peurqu'elles 
n'yjettent  des  racines  trop  profondes  (ce  qui  par 
la  suite  causerait  beaucoup  d'embarras,  lorsqu'il 
s'agira  de  les  eulever  poiir  les  transporter  dans 
nne  autre  pepiuiere),  il  faudra  ne  ieur  faire  que 
de  petites  fosses ,  qui  ne  seront  cloignees  les  uues 
dcs  autres  que  d'un  pied  et  demi.  Ou  nouera  en- 
semble  les  raeints,  si  elles  sont  courtes;  ou  si 
elles  sont  plus  longues,  on  les  tortillera  daus  la 
forme  d'unc  couronne,  ct,  apres  les  avoir  enduites 
de  bouse  de  vache,  on  !es  deposera  dans  ses  fos- 
ses;  enfin  on  foulera  la  terre  a  leurs  picds  dans 
tout  leur  circuit  avec  giand  soin.  On  peut  aussi 
uscr  de  la  meme  methode  a  regaid  des  plan- 
tes  que  lon  aura  enlevees  en  tiges,  corame  il  est 
uccessaire  de  faire  pour  les  ormes  d'Atinia,  que 
Ton  ne  seme  pas  en  graine.  Mais  les  ormes  de  cette 
derniere  espeee  se  plantent  mieux  pendant  Tau- 
tomne  qu'au  printemps  :  on  en  rompt  tres-dou- 
ceraent  les  petites  branches  avec  la  main,  parce 
que  ies  deux  premieres  annees  ils  craignent  de 
sentir  le  fer.  Ce  n'est  que  la  troisieme  annee  qu'on 
se  sert  de  la  serpettc  pour  les  tailler.  Des  qu'i!s 
sont  eu  etat  d'etre  transplantes ,  on  peut  tres-bien 


les  planter  depuis  le  moment  de  rautomne  oii  la 
terre  nura  ete  trempee  par  les  pluies,  jusqn'au 
printcmps,  avaut  c[ue  leurs  raeines  commeneent 
a  se  peler  !orsqu'on  les  detcrre.  II  fandra  prepa- 
rer  des  fosses  de  trois  pieds  en  tous  sens  pour  rc- 
cevoir  ces  arbres,  si  la  terre  est  legere;  et  si  elle 
est  epaissc ,  y  faire  des  tranchees  de  la  meme 
profondeur.  On  aura  soin  eu  outre,  eu  les  plan- 
taLit  dans  les  terrains  couverts  de  rosee  et  sujets 
aux  brouillards,  d'exposer  liurs  branehes  an 
cote  du  levant  et  a  cehii  du  couchaut,  afin  que 
le  milieu  de  l'arbre,  ([ui  est  rendroit  ou  la  vigue 
est  liee  et  contre  lequel  elle  s'appuie ,  reeoi\e 
plus  de  soleil.  Si  Ton  veut  en  meme  temps  faire 
venir  du  grain  dans  ce  terrain,  on  mettra  ccs 
arbres  a  quarante  pieds  de  distance  les  uns  des 
autres,  pourvu  que  !e  terraiu  soit  fertile;  au  lieu 
qu'on  ne  les  separcra  que  dc  vingt  [^ieds  dnns 
un  terrain  maigre ,  et  daus  leqiiel  on  ne  seinern 
rien.  Lorsqu'ensuite  ilseommeneeront  a  grandir, 
il  faudra  les faconncr  avec  la serpette,  et  y  former 
des  labuiala  (etagcs  d'arbres.)  Cest  le  nom  que 
les  agiiculteurs  sont  daus  rusag^;  de  douner  aux 
branchcs  et  aux  troncs  qui  sont  en  saillie ,  ct 
qu"ils  raccourcisseut  ou  aliongent  plus  ou  raoins 
par  la  taille,  selon  quils  veulent  donner  plusou 
moins  de  liberte  aux  vig.nes.  Au  reste,  il  vaut 
mieux  leur  donner  plus  de  liberte  daus  un  lerrain 
gras,  et  les  gener  davantage  dans  un  terrain 
maigre.  Ces  sortes  d'etages  ne  doivent  pas  etre  a 
nioins  de  trois  pieds  de  distance  les  uus  dcs  au- 
trcs,  et  ils  doivent  ctrc  faits  de  facon  que  ieurs 
branehes  superieures  ne  soient  pas  sur  uue  seule 
et  nieme  ligne  avec  les  iuferieures,  parce  qu'au- 
tremcnt  l'infcrieure  oceasionnerait  un  frottement 
coutinuel  a  la  branche  a  fruit  qui  descendrait  de 
la  superieure,  a  mesnre  qu'elle  germerait,  ct 
qu'e!le  iinirait  par  en  faire  tomber  le  fruit.  i\Iais 
quelque  espece  d'arbres  que  Ton  ait  plantee,  il  ne 


liir.  Alque  ipsas  quidem  areas  ita  augusle,  conipositas  lia- 
heliimus,  ut  qui  runcaluri  .sunt,  medi.is  partes  eaniin 
facilc  manii  contiiisant :  nam  si  latiores  fuerinl,  ipsa  se- 
mina  proculcata  iioNam  capieut.  ^state  tleiiule  priiis  qiiam 
sol  oiiatur,  aut  ad  vespenmi,  seminaria  conspergi  sa'i)iiis 
(piani  rigari  delient :  et  cum  lenirtni  pedum  planla;  fuerint, 
in  aliud  semiuarium  Iransfcrii,  ar.  ne  radiccs  altius  a!;rint 
(qii.-e  res  poslmodum  iu  exiincndo  niagniim  lalmrem  aflcil, 
cuni  plantas  iii  aliud  scminarium  traiisfeiTe  volumus) 
oportcbit  iion  maximos  scrobiciilos  sesquipede  iiiter  se 
distantcs  fodere  :  deinde  radiccs  in  noduin ,  si  brevcs ,  vcl 
in  oibemcoron.iisimilem,  si  longiores  erunt,  inllec  i,  et 
oblitas  limo  biibulo  scrobiculis  <le|ioni ,  ac  diligeDter  cir- 
cnmcalcari.  Possunt  eliam  coIlccl.c  ciim  stirpibus  planta; 
cadeni  ratione  disponi  :  quod  in  Alinia  ulmo  (ieri  neccsse 
est,  qiiae  non  seriliir  c  saincra.  Scd  lixc  iilmiis  autumni 
tcmpore  melius  (piain  verc  disponilur ;  paulatimque  ramuli 
ejus  inanii  dctonpienlur,  qiioniam  prinio  biennio  ferri  re- 
formidal  iclnm.  Tertio  dcmnmanno  acuta  falccabraditnr, 
alqiic  iibi  lianslalioiii  jam  iJonca  csl ,  cx  co  tenipoi-e  au- 


tnmni,qiio  lcrra  imbrihns  permaduerit,  usque  in  vcriinm 
tcmpus,  aiiteqiiam  ladix  uluii  in  csiinendo  delibrelur, 
rccte  serilur.  Igitur  in  rcsoluta  terra  tcrnOm  iiedum  qiio- 
<\w)  veisiis  faciendi  scrobcs.  At  iii  densa,  sulci  cjusdi'm 
alliliidinis  cl  latitiidinis, qiiiarborcsrecipiant,  prffiparandi. 
.Scd  deiiide  in  solo  n)scido  et  nebuloso  consercndiK  sunt 
ulini,  utcaniin  raini  ad  iirieulcnl  et  [in]  ociidentcm  diri- 
ganliir,  (pio  plus  solis  medi.Te  aiboics,  iiuibus  vitisappli- 
cala  ct  icli:;ala  innililiir,  accipiant.  Qiiod  si  etiani  fruinen- 
tis  (oiisiileiiius,  uberi  solo  intcr  (|iiadi"iginla  pedcs,  exili, 
iibi  iiiliil  scrilur,  intcr  vigiiiti,  arbores  (Jisponanlur.  Cuni 
(leiiide  adolescere  incipicnt,  falcc  formandie,cl  tabiilala 
iiisliliimida  siint.  Iloc  eiiim  noiniiie  iisnr|)ant  agricola; 
rainos  tniiicosqne  pioniinentes ,  eosque  vcl  propiiis  fcrro 
citmpc.^^cunt,  vel  loiigiiis  proinittuul,  ut  viles  laxiiis  dif- 
londanliir  :  lioc  iu  solo  pingui  melius,  illnd  iii  gracili. 
Tabulal;!  iiiter  se  ne  niiiins  lcrnis  pcdiiius  absint,  alque 
ila  formentur,  nc  supcrior  lamus  in  eiuiem  linea  .sil,q;iii 
inferior.  Nam  dcmissiim  cx  co  |ialiiiilcin  germinanlem  iii- 
ferior  alleicl,  etfructum  dcciitii.i.  Scd  ipiiinicunqiic  aibo- 


234 


COLUMELLE. 


fiiudia  pas  les  taiiler  les  deux  premieres  annees.  |  jeune  orme  dans  un  terrain  gras.  On  lui  laissera 


Si  par  la  suite  rorme  ne  prend  qu'un  faible  ac- 
croissement,  il  faudra  au  printemps,  et  avant 
([u'il  quilto  facilement  son  ocorce,  Tcteter  aupres 
de  la  branche  qui  en  paraitra  la  plus  brillante, 
en  laissant  eependant  sur  le  tronc ,  au-dessus  de 
cette  branche,  une  tige  de  la  hauteur  de  neuf  pou- 
ces,  a  laquelle  on  attachera  cette  branche,  en 
Tappuyant  aupres  et  en  lui  faisant  prendre  sa 
direction ,  afin  qa'etantbien  redressce ,  elle  puisse 
donncr  une  cime  a  Tarbre.  Ensuite  il  faudra  cou- 
per  au  bout  d'un  an  cette  tige  qu'on  avait  laissee 
au  tronc,  et  ragreer  la  plaie.  Si  rarbrc  n'a  point 
de  branche  dont  on  puisse  tirer  ce  parti,  il  suf- 
flra  de  le  reduire  a  la  hauteur  de  neuf  pieds,  en 
kii  coupant  toute  la  partie  superieure,  afin  que 
les  nouvelles  branches  qu'il  poussera,  soient  a 
Tabri  des  bestiaux.  II  faudra  le  couper  d'un  se.ul 
coup,  si  Ton  peut  en  venir  ti  bout;  sinon  il  fau- 
dra  ie  scicr,  et  ensuite  ragrcer  la  plaie  avec  la 
serpette ,  et  la  recouvrir  d'un  lut  dans  lcquel  on 
aura  mele  de  la  paille,  pour  que  le  soleil  ou  la 
pluie  ne  rendoramagent  point.  Vn  an  ou  deux 
apres,  lorsque  lesnouvelles  branches  auront  pris 
des  forces,  il  faudra  retrancher  celles  qui  sei'oiU 
inutiles,  et  laisser  celles  qui  se  preteront  a  etre 
flrrangees.  Quand  un  orme  aura  toujours  cte 
d'une  belle  venue  depuis  le  moment  de  sa  plan- 
tation,  il  faudra  lui  couper  avec  la  serpe  les 
branches  superieures  j«squ'au  noeud  qui  les  joint 
au  tronc.  Mais  si  ses  branches  sont  deja  fortes ,  on 
leur  laissera  en  lcs  coupant  un  petit  bout  de  bois 
cn  saillie  sur  le  tronc.  Lorsqu'ensuite  Tarhre  aura 
pris  toute  sa  force ,  il  faudra  en  rogner  tout  ce 
que  Ton  pourra atteindre  avec  la  serpe ,  et  ragreer 
les  plaies ,  sans  ceiiendant  toucher  au  corps  nieme 
de  la  mere.  Voici  comment  il  faudra  faconner  un 


huit  pieds sur  terre  saus  branches ,  ou  sept ,  quand 
le  terrain  sera  moins  gras;  au-dessus  de  cet  es- 
pace  on  le  distribuera  en  trois  parties  prises  sur 
sa  eirconference ,  a  chacune  desquelles  on  laissera 
une  branche  pour  former  le  premier  tabulatum. 
Ensuite,  apres  avoir  laisse  trois  pieds  vacants  par- 
dessus ,  on  arrangera  d'autres  branches  de  facon 
qu'elles  ne  se  trouvent  pas  sur  la  mcme  ligne 
que  celles  du  tabulalum  dont  je  viens  de  parler; 
et  il  faudra  continuer  d'arranger  de  la  meme  fa- 
con  Tarbre  dans  son  entier  jusqu'a  sa  cime.  Au 
reste ,  on  prendra  garde  en  Temondant  de  ne  pas 
donner  trop  de  longueur  aux  ergots  qu'on  lui 
laissera  en  coupant  ses  branches,  corame,  au 
contraire,  on  prendra  garde  de  ne  pas  lcs  couper 
assez  pres  pour  que  le  tronc  soit  Iui-meme  blesse 
ou  ccorch(5 ,  parce  que  le  tronc  de  Torme  une 
fois  ecorche  reussit  nial.  II  faut  aussi  eviter  que 
deux  plaies  difCerentes  ne  se  reunissent  en  une 
seule,  parce  que  recorcc  aurait  de  la  peine  a  se 
cicatriser  a  la  suite  d'un  tcl  maltraitement.  On 
cultivera  aussi  cet  arbre  sans  discontinuation ,  et 
on  ne  se  contentera  pas  de  l'avoir  arrange  avee 
soin  dans  le  principe ,  mais  on  bechera  encore  au- 
tour  de  son  tronc,  et  on  coupcra  avcc  le  fer,  de 
deux  annees  Tune,  soiten  entier,  soit  en  grande 
partie,  le  feuillage  qu'il  aura  donne,  de  pcur 
que  Tepaisseur  de  son  ombre  ne  nuise  a  la  vigne. 
Lorsqu'ensuite  cet  arhre  scra  devenu  vieux,  on 
le  percera  pres  de  terrejusqu'a  la  moelle,  pour 
douner  une  issue  a  rhumidite  qui  se  sera  amassee 
dans  sa  partie  superieure.  II  faut  aussi  planter 
'la  vigne  aupres  de  lui,  avant  qu'il  ait  pris  toute 
sa  force.  Au  surplus,  si  Ton  marie  a  un  jeune 
orme  une  Jeune  vigne,  il  ne  lui  fera  pas  de  tort; 
au  lieu  que  si  on  lui  eu  raarie  une  vieille,  il  fera 


rem  severi3,ean(i  bieiinio  proximo  pntare  non  oporlet. 
Post  (luinde  .si  uimus  e\igniim  inciemenlnm  reeipii ,  verno 
tenipore,  anteiinain  librnni  demiltat,  (lecaciiiuinanila  esl 
jiixta  ramnlum ,  qui  vidcbitur  esse  nilidissimus ,  ila  tamcn, 
uU  supra  eum  trunco  stirpem  dodraiitalcm  relinqiias,  ad 
(piam  ductus  et  applicalus  laiiuis  allisetiir,  et  correctns 
«acnnien  arbori  pra,'beat.  Deinde  slirpem  post  anmmi  pra?- 
lidi  et  allevaii  opurtel.  Qiiod  si  nnlinm  ramiilnni  arbor 
iiloiiciim  babueiit,  sat  eiit  novem  pedes  a  terra  relinipii, 
et  Mi|ieriiircni  parleni  detriincaii,  ut  iiova' ^irffe,  i|uas 
emiserit,  abiiijiiria  pecoris  tiitre  sint.  Sed  si  fieri  polerit, 
uno  iclu  arboreni  prajcidi;  si  miniis,  serra  (ie.secari,  et 
plagam  falce  ailevari  oportebit,  eamqne  plagam  liito  pa- 
lealocontegi,nesoleant,plaviis  inlesleliir.  l^ost:uinum  aut 
liienniuiu,  cnnieiiati  ramuli  recte  convaluerint,  .snperva- 
cuosdepulaii ,  idoneos  iiiordinein  submilli  conveniet.  Qiiie 
ulinusa  positionebeneproveiierit,ejussnnim.'e  viii^ae  lalce 
(lcbentenodari.  At  si  robu.sti  lamuli  crunl,  itaferro  anipu- 
lentnr,  utexiguaiTi  slirpem  promiuenlem  triineo  lelinquas. 
Ciini  deinde  arbor  couvaluerit ,  quicquid  lalce  contingi  po- 
lerit,  expiitandum  est,  allevantiumque  ealenns,ue  plaga 
coipori  maliis  applicetur.  Ulniumantemnovellam  lormare 
;;ic  couveniel.  Loco  pingiii  octo  pcdes  a  tena  siiie  raino  rc- 


linqnendi,  vel  in  arvo  gracili  septem  pedes  :  snpra  qnnd 
spatiumdeinde  percirciiitum  in  tresparte.sarbordividenda 
e.st,  ac  tribus  lateribns  singuli  ramuli  snbmitlendi  priino 
tabulatoassignentur.jMoxde  teruispedibussuperposilisalii 
lami  submittendi  sunt,  itaneiisdem  fineis,  quibusin  iiife- 
riorepositi  sint.  Eademque  ratione  usqueiu  cacumenordi- 
nanda  erit  arbor.  Atque  in  frondalioue  cavendum ,  ne  aut 
piolixiores  pollices  liant,  qiii  cx  anipiitatis  virgis  relin- 
qiiiinliir,  autrursusifa  allevenfnr,  nt  ipsetruncus  liedafur, 
aiit  delibrelur :  iiam  parum  gaudet  ulmus,  quiB  in  corpiis 
uudatur.  Vitandumque  ne  de  dualnis  pfagis  uua  liat, 
ciim  talem  cicatiiccm  non  facile  cortex  compreliendat. 
Arboris  autera  perpetna  cultuia  est,  nou  solum  diligeiiter 
eandein  disponere,  sed  etiam  truncum  circumfodere, 
ct  quicquid  tionilis  enaluin  1'uerit,  alternis  annis  aut  ferro 
amputaie  aut  astiiugere ,  ne  iiiinia  uinbi a  viti  nuceal.  Cuiii 
deiiide  arbor  vetustafem  fiieiit  adepta,  propter  lerrain 
vulueiabitnr  ifa,  ut  e\cavi;tur  usqiie  iu  iuedullain,  detur- 
que  exitus  buinori,  queni  ex  superioie  parte  conceperit. 
Vileni  quoque,  autequam  ex  loto  arbor  pranalcscat, 
conseieie  couvenif.,  At  si  fenerain  ulnium  niarilaveris, 
oiuis  jam  nou  surieret  :  si  vetusla!  vileni  appliiuieris, 
coujiigem  necabit.  Ita  suppares  esse  a;tate  et  viiJbHs  ar- 


nv.  LAGRICULTUP.E,  LIV.  V. 


niourir  sa  eompngne.  Ainsi,  il  faut  qu'il  y  ait 
foiivcnnnec  (Vtige  et  de  vinucur  entre  ees  arbres 
et  li's  vigiics  qu^on  marie  avcc  cux.  Mais  lors- 
qu'on  veut  marier  unc  viirne  a  un  arbrc ,  il  faut 
preparcr,  pour  les  niarcottes  qu'on  doit  nicltrc 
aupres  de  lui,  un  fosse  dedcux  pieds  de  largeur 
sur  deux  picds  de  profondeur  si  la  terre  est  lcgere, 
ou  dcux  picds  neuf  pouces  si  elle  est  epaisse,  ct 
ile  six  pieds  de  longueur  oii  tout  au  moins  de 
cinq.  II  faut  que  ce  fossc  soit  au  moiiis  a  un  picd 
et  denii  de  distnnee  de  rarbre ,  paree  quc  s'il  Joi- 
gnait  les  racines  de  rorme,  la  vii;ne  prendrait 
mal ,  et  que  quand  mcme  ellc  preudrait,  Tarbre 
ne  pourrait  manquer  de  relouffcr  des  qu'il  vien- 
drait  k  eroitrc.  On  fera  ce  fosse  en  automne ,  si  on 
en  a  la  liberte,  aliD  que  la  terre  s'en  ramollisse  aux 
pluies  et  aux  gelees.  Knsuite,  vers  rcquinoxe  du 
printemps,  on  y  dcposera  deux  eeps  a  la  fois  a  un 
pied  de  distance  Tun  deTautre,  afin  qu'ils  cou- 
vrent  plus  tot  rorme,  et  on  prendra  garde  de  ne 
pas  les  planter  pendant  que  les  vents  du  septcn- 
trion  soufUeront,  ni  pendant  qu'ils  seront  eou- 
verts  de  rosee ,  mais  on  attendra  qu'ils  soient  res- 
suyes  :  c'est  uue  attention  (|ue  j'ordonne  cravoir, 
non-seulement  en  plantant  des  vignes,  mais 
encore  en  plantant  des  ormes  ct  toute  autre  es- 
pece  d'arbrcs;  conime  j'ordonne  eneore ,  loi's- 
(]u'ou  lestire  de  la  pcpiniere,  de  les  marquer  dun 
cote  avec  de  la  sanguine,  pour  se  rappeler  la 
position  ou  ils  ctiucnt  dans  la  pepiniere,  afiii  dc 
lcs  mettre  dans  la  meme  position ,  parce  qu'il  est 
tics-intercssant  qu'ils  regardent  le  ctlte  du  ciel 
<\uquel  ils  sont  aecouturaes  des  leur  enfance.  Le 
iemps  le  pkis  favorable  pour  planter  lcs  arbrcs 
et  les  vii;ucs  dans  lcs  cantons  qui  sont  exposcs 
au  soleil ,  ct  ou  la  tenii)crature  n'est  ni  trop  froide 
ni  trop  phivicuse,  c'est  en  automiie  apres  Ti^qui- 
noxe.  Mais  ilfaut,  en  les  plantant,  t'tcndre  dans 


le  fossc  jusqu';i  la  prof()ndeur  d'un  demi-pied  la 
superneie  de  la  tcrrc,  que  Ton  aura  laljouree  a 
la  eliarrue;  d(^vclopper  loutcs  leurs  raciiies,  en- 
suite  les  funier,  selon  mon  opinion ,  apres  les 
avoir  plantt-s;  sinon  les  reeouvrir  au  nioius  de 
cette  terre  labouiTC,  que  Ton  foulera  aux  pleds 
dans  le  circuit  du  tronc.  U  faut  mettre  les  vifines 
a  rextrcmit(j  du  fosse  la  plus  (!'loiuncc  dc  Tnrbre, 
et  en  ('tcndre  le  bois  dans  la  largenr  du  fosse,  pour 
lcs  rclever  ensuite  aupres  de  Tarbrc ;  et  eiinn  les 
entourer  de  hnies,  poiir  les  mcttre  a  Tabri  dcs 
bcstiaux.  Au  surplus ,  il  faut  accotcr  le  plari  de  vi- 
gucs  aux  arbrcs  du  cC>\C:  du  scpteulrion  daiis  les 
pays  cbauds,  du  c^^it^-  du  midi  dans  les  pays 
froids,  et  du  co\e  de  Torient  ou  de  eelui  de  Toc- 
cident  soiis  vn  climat  temper(i,  afin  quil  ne  soit 
pas  incommode  pendant  toute  la  journce,  soit  par 
le  soleil ,  s-oit  par  rombre.  Celsus  pense  qu'il  ne 
faut  pas  approcber  le  fer  dc  la  vigne  a  la  prciniere 
taille  qui  suivra  sa  plantation ,  mais  qu'il  sera 
micux  d'cntourer  l'arbre  avec  les  tiges  de  cette 
plante,  qu'on  tortillcra  a  cct  effet  en  fa(?on  de 
couronne,  a(in  qu'elles  jeltcnt  du  bois  cn  abon- 
dance  de  toute  leur  pnrlie  qui  sera  coiirbce,  et 
qu'on  puisse  cmploycr  !e  plus  furt  de  ce  bois  a 
former,  ranniJe  d'aprcs,  la  tcHc  de  la  vigne.  Mais 
une  longue  exp(^rience  m'a  convnincu  qu'il  est 
bien  plus  utiic  de  faire  sentir  la  serpette  aux  vi- 
gnes  des  les  premiers  temps ,  et  de  ne  pas  les  lais- 
ser  se  couvrir  de  sariinents  inutiles.  Je  pense 
m("'me  qu'il  faut  coupcr  jusqu'au  second  ou  au 
troisieme  bourgcon  lc  premier  bois  qu'on  leur 
laissera ,  afin  qu'il  donne  des  branches  a  fruit  plus 
robustes  :  des  que  ccs  branchcs  nuront  atteint  le 
premier  (^tage,  on  les  tnillera  ;  chaque  annee  on 
les  fait  monter  d'un  etage,  laissant  toujoiirs  sur 
retage  preecdent  une  vieille  branche  qiie  l'on 
appliquera  au  tronc  de  Tarbre,  alin  qu'cllc  se  di- 


borps  vitosqiie  convcnit.  Sed  arboris  niarilandoe  caiisa 
.■ieiobis  vivirarlici  lieri  (icliet  latus  pediim  cliioriim,  allus 
levi  lerra  totidem  pediiin ;  giavi,  duponilio  el  dodraiile  : 
longiis  pedum  sex  aut  niinlmum  quimjue.  Absit  aiitem 
blc  ab  arboie  ne  minus  sesqiiipedali  spatlo.  Kam  si  radi- 
cibus  ulmi  junveiis ,  male  vitis  comprcliendet ,  et  cum 
leniierit,  incremento  arboiis  oppiimetur.  Hiinc  .sciobem, 
si  res  permittit,  autumno  facllo,  ut  pluviis  et  gelicidiis 
macerelur.  Ciica  veinnm  deiiide  a:quinOL-tium  bina;  vites, 
qiio  celeiiiis  ulmuni  vc.sliant,  pedem  inler  se  dislantes 
sciobibus  deponcnda!  :  cavendumque  ne  aut  septenlito- 
nalibus  venlis  aut  roruleiitiE  .sed  siccse  .scrantur.  Ilaiic 
observationem  non  solum  in  viliiim  positione,  sed  in  ul- 
monim  (OTlerarnmque  arborum  pia'cipio  :  el  uli  cum  dc 
seminario  cxiimmlur,  rubiica  nolctnr  una  pars,  (pia!  nns 
admoneat,  ne  aliter  arbons  cun.slituamiis,  qiiam  (piein- 
admodum  in  seminario  sleterinl.  1'luriiniim  enim  icfert, 
iil  cam  paitiMn  ('<iii  specteiit,  ciii  ab  lenero  consnevcruiit. 
Miiiiisaulemlocisapricis,iil)ic.Tli  iiatnsnequepraigelidiis 
iieque  nimininpliivius  est,  autiimni  lempoie  ct  arliores  ct 
vUcs  posl  u.-(iuinoclium  dcponuntiir.  Sed  e;c  ila  conscrcnda; 


sunl,  ut  sunmiam  lcriam  ,  qii.Taratio  subacla  sit ,  semi- 
pedem  alle  siibstcinamiis ,  radicesqiie  omnes  e\plicemiis , 
ct  deposilas  slcicoiata,  ut  ego  exislimo,  si  miiius,  certe 
subacfa  operiamns ,  et  circumcalcemiis  ipsum  scminis  co- 
dicem.  Viles  in  ultimo  sciobe  deponi  oporlet,  maleriaSque 
eaium  per  scrobcm  porri^i,  deinde  ad  aiborem  eri^i; 
atqne  ab  injuria  pecoris  caveis  emuniii.  Locis  aulein  pia- 
fervidis  semina  septentrionali  paile  aiboii  applicaiida 
sunt:  locis  frisidis  a  meridie,  lempeialo  slatii  caii,  aiil  ab 
oriente  aiit  ab  occidente,  ne  toto  die  solem  vel  iimbram 
palianlur.  Pioxiina  dciiide  pnlalione  inclinsexistimat  Ce|. 
siis  ferro  abstiiieri,  ipsosqiiecoles  iii  niodum  corona^  con- 
tortos  ailMiri  circumdari ,  nl  llcxma  malerias  profundal , 
qilariim  validissimam  seqnentcaimo  rapiit  vilis  faciamus. 
Me  aiilem  lon;;!!»  dociiit  nsiis,  miillo  iitiliuscsse  priiiio 
(pioqiic  lempore  falcem  vilibiis  adinoverc,  nec  supcrva. 
ciiissarmentis  palisilvcsceie.  Sed  eam(pio(pie,  (pne  primo 
siibiniltcliir,  materiam  ferio  cocrccndam  ceiiseo  iisqiie  in 
alleram  vel  lertiam  geinmam,  qiio  lobnsliorcs  palmiles 
agat  :  ipii  ciini  primum  tabulaliim  appiebenderint,  pni- 
\ima  pulatione  dispouenliir  oimiibiisipie  anuis  aliipiis  in 


296 


COLUMELLE. 


i-ige  vers  sa  cime.  Une  fois  que  la  vigne  est  nia-  ] 
riee  a  l'arbre,  les  agricuiteurs  lui  imposent  des 
lois  cocstantes  :  la  plupart  garnissent  les  etages 
iuferieurs  de  beaucoup  de  sarments,  pour  avoir 
une  plus  grande  quantjfe  de  fruits  et  trouver  plus 
d'aisance  daus  la  culture.  Mais  ceux  qui  reclier- 
chent  la  qualite  du  vin  excitent  la  vigne  a  nion- 
ter  au  plus  liaut  des  arbres,  et,  a  mesure  qu'elle 
jette  de  nouveau  bois,  ils  attireut  ce  bois  vers  la 
brauche  de  l'arbre  la  plus  elevee ,  de  faeon  que 
le  plus  haut  de  la  vigne  gagne  toujours  le  plus 
haut  de  Tarbre;  c'est-a-dire  que  les  deux  bran- 
ches  a  fruit  les  plus  elevees  de  la  vigne  s"unissent 
au  tronc  de  Tarbre  vers  sa  cime ,  a  laquelie  tend 
leur  direction  ;  de  sorte  qu'a  mesore  qu'uue  bran- 
ehe  de  Tarbre  se  fortilic ,  elle  recoit  la  vigue  entre 
ses  bras.  On  mettra  sur  les  plus  fortes  branchcs 
de  Tarbre  un  pius  grand  nombre  de  branches  ii 
fruit  de  la  vigne,  qui  seront  toutes  separees  les 
unes  des  autres;  au  lieu  qu'on  en  mettra  moins 
sur  les  plus  petites.  On  attachera  la  jenne  vigne 
a  Tarbre  avectrois  tourons  :  Tun  qui  scra  lie  a  la 
cuisse  de  Tarbre  a  quatre  pieds  de  distance  de  la 
terre ,  rautre  qui  arretera  la  vigne  par  le  haut,  et 
le  troisieme  qui  rembrassera  par  le  milieu.  II  n'en 
taut  pas  mettre  par  le  bas,  parce  que  ce!a  dimi- 
nuerait  les  forces  de  la  vigne :  on  le  regarde  cepen- 
(iantquelquefoiscomme  necessaire,  lorsque  Tar- 
bre  ayant  etc  tronque  n"a  point  de  branches  ,  ou 
que  la  vigne  a  trop  de  vigueur  et  qu'elle  s"etend 
trop.  Lesautres  points  a  observer  dans  la  taille 
sontde  couper  toutes  les  anciennes  branches  qui 
auront  rapporte  du  fruit  rannee  precedente,  et 
de  laisser  les  nouvelles  en  les  debarrassant  par- 
tout  de  leurs  vrilles,  ct  en  coupant  les  rejetons 
qu'elles  peuvent  avoir  produits;  corame  aussi  de 


laisser  tomber  par  la  pointe  des  ramcaux  de  Tar- 
bre  les  branches  les  plus  eloignees  de  la  vigne 
preferablement  aux  autres  si  elle  cst  abondante, 
les  plus  voisines  du  cep  si  clleest  maigre,  etcellcs 
du  milieu  si elle est  d'une  qualitc  moyenne,  parce 
que  les  branches  les  plus  eloignees  sont  cellesqui 
rapportent  le  plus  de  fruit,  et  que  les  plus  voisi- 
ues  du  tronc  sontcellesqui  repuisentetqui  Texte- 
nuent  le  moins.  II  est  aussi  fort  utile  aux  vignes 
d'etre  deliees  toutes  les  annees  ,  parce  qu'on  les 
eclaircit  alors  plus  commodement,  et  qu'elles  se 
rafralchissent  lorsqu'elles  sont  liees  a  une  autre 
place ,  outre  qu'elles  sont  moins  blessees  et  qu'cl- 
les  s'en  portent  mieux.  II  faut  encore  mettre  les 
branches  a  fruit  sur  les  etages,  de  facon  qu'elles 
y  soient  liees  au-dessus  du  troisieme  ou  du  qua- 
trierae  bourgcon  avant  d'en  descendre ,  ct  ne 
point  serrer  la  ligature ,  de  crainte  qu'elle  ne 
coupe  le  sarment.  Mais  si  Tetage  est  si  eloigne 
qu'on  ne  puisse  pas  y  conduire  commodement  la 
branche  de  la  vigne  ,  on  rattaehera  sur  la  vigne 
merac,  en  la  liant  au-dessus  du  troisierae  bour- 
geon.  Nous  prescrivons  ceci,  parce  que  la  partiede 
la  branche  qui  deseend  de  Tetage  est  celle  qui  se 
eharge  de  fruits ;  au  lieu  que  cellcqui  est  attachce 
avec  un  lien  tend  a  raonter  plus  haut ,  et  fournit 
du  bois  pour  rannce  suivante.  Au  reste,  les 
branches  elles-memes  sont  de  deux  sortcs  :  les 
unes  sortcnt  du  bois  dur,  et ,  comme  elles  ne 
rapportent  communement  la  premierc  annee  que 
des  feuilles  sans  fruit ,  on  les  appclle  pampinarii; 
les  autres  sortent  d'une  branche  qui  a  un  an,  et 
on  les  appelle/?  Mc^M«n'i,  parce  qu'el  les  produisent 
des  fruits.  Pour  avoir  toujours  dans  une  vigne 
une  grande  quantite  de  ces  dernicres,  on  lie  les 
branches  au  troisieme  bourgeon ,  alin  que  tout  ce 


snpcriiis  labiihitiim  excitaliitur,  rellcta  semper  una  male- 
ria.qnas  appllcata  trunco  cacumen  arboris  si^ectet.  Jani- 
(jue  viti  constituttB  cerla  lex  ab  asricolis  iniponitur :  pleri- 
que  ima  labulata  maleriisfrequenlant,  uberiorem  fruclum 
(it  niagis  facilem  cuUum  sequentes.  At  qui  bonitati  vlni 
slndent,  in  summas  arbores  vitem  promovent  :  ut  quic- 
(jiie  maleria  sedebit,  ita  in  celsissinium  quemque  ramum 
exlendunt,  sic,ut  summa  vitis  suniniam  arborem  seqiia- 
tur,  id  est,  ut  duo  palmites  extremi  trunco  arboris  appli- 
cenlur,  qui  cacumen  ejiis  spectent ,  et  prout  qnisqne  raiuiis 
convaluit,  vitein  accipiat.  Plenioiibus  ramis  plures  palnii- 
tes  alius  ab  alio  separati  imponantur,  gracilioiibus  pau- 
dores;  vilisiiue  novella  tribus  toris  ad  arborem  relige' 
tiir,  uno,  qui  est  in  crure  arboris  a  terra  qiiatuor  pedibiis 
dlslans;  altcro,  qui  summa  parle  vitem  capil;  tertio,  qiii 
mediani  vilem  complectitur.  Torum  imum  impoiii  nou 
oporlet,  quoniam  vires  vitis  adimit.  [nleidum  tamen  nc- 
tessarius  babetur,  cnm  aut  arbor  sine  ramis  trnncata  est, 
aut  vitis  piBSvalens  in  luxuriam  evagalur.  C.Ttera  pulalio- 
uis  ralio  lalis  est,  ut  veteres  palmiles,  qiiibiis  pioxinii 
anni  fruitiis  pe|)ondit,  omnes  rocldantiir  :  novi,  circiim- 
cisis  undiqiie  capreolis  ct  iiepulibus,  qui  ex  liis  iiati  sunt, 
amputalis,  subiniltantiir  :  et  si  l.vta  ^ilisest,  iiltlmi  po- 


tius  palmifes  per  cacumina  ramorum  praecipitentur;  si 
gracilis,  Irunco  proximi,  si  mediocris ,  medil ;  quonl.ini 
ultimiis  palmes  plurimum  frnctum  affert,  proximiis  mini- 
muiii  vitom  exlianrit  atque  atteniiat.  IMaxime  aulein  pro- 
dest  vilibiis,  omnibiis  annis  resolvi.  Naui  et  commodius 
enodantiir,  et  lefrigerantur,  cuin  alio  Inco  alligal.T.' siint, 
niiniisque  I.Tduntur,  ac  nieliiis  convalesciuit.  Alqiie  ipsos 
palniites  ita  labnlatis  superponi  convenil,  iil  a  terlia 
gemma  vel  quarta  rellgati  dependeant,  eosque  non  con- 
stiingi ,  ne  sarmentum  vimiiie  proccldatur.  Qiiud  si  ita 
longe  tabulatura  est,  uli  materia  parnm  coramode  in  id 
peiduci  possit,  palmilem  jpsiim  viti  alllgatnm  siipra  ler- 
liam  gemmam  religabimus.  Hoc  ideo  (ieri  pra^cipimus, 
quia  quffi  pars  palmilis  praecipitata  est,  ea  fructu  induilur : 
at  qiia;  vinculo  adnexa  siirsiira  tendit , ea  malciias  sequenli 
anno  pifebet.  Sed  ipsorum  palmitum  diio  genera  sunt  : 
alteium,  quod  ex  duro  proveuit,  quod  qiiia  piinio  anno 
ploruniqne  fiondem  sine  fructu  arferl,  pampinaiium  vo- 
cant;  allerum,  quod  ex  amiiculo  palmilc  piocrealur  : 
quod  qiiia  prolinus  creat,  friictuarium  appcllaiit.  Ciijiis  ut 
scinper  liabeamiis  copiam  [in  vinea,]  palmilum  parles  ad 
Ires  gcmmas  religandre  sunl ,  iit  quicquid  inlra  vinculiim 
esl  nialeiias  exig;il.  Ciim  deindeannis  el  lobore  vitis  coii- 


DE  LAGRIGULTURK,  LIV.  V. 


qui  est  au-dessous  de  la  ligatnre  donne  du  bois. 
Lors([u't'nsuite  la  vigne  aura  augmente  en  force 
en  prenant  des  annees,  il  faudra  faire  aller,  sur 
les  arbres  qui  se  trouveront  dans  son  voisinage  , 
de  longs  sarments  que  Tod  coupera  ncanmoins 
.'lu  bout  de  deux  ans  pour  eufairepasser  de  plus 
tendres  a  leur  plaee,  parce  que  lcs  vieux  sarmcnts 
fatiguent  la  vigne.  Ou  est  aussi  quclquefois  dans 
Tusage,  quand  la  vigne  ne  peut  pas  embrasscr 
Tarbre  dans  son  entier,  d'cn  eouclier  une  pnrtic  en 
terre  pour  en  faire  venir  deux  ou  trois  provins , 
qu'on  fera  monter  n  Tarhre,  afin  qu'il  soit  plus  lot 
couvcrt ,  en  se  trouvant  environne  d'une  grande 
quantite  de  ceps.  On  ne  doit  pas  laisseraune  jeune 
vignedesarraents/;aw/j/'nrtm,  a  moins  qu'ils  ne 
sortcnt  d'un  endroit  oii  i!  sera  neccssaire  de  lcs 
laisser,  pour  les  maricr  par  lasuite  a  une  bran- 
che  de  Tarbre  qui  aura  pcrdu  ceux  qui  la  garnis- 
saient.  Poureequi  cst  des  vieilles  vignes  ,  les  sar- 
ments  u  fcuilles  dits  pampinari!,  qui  y  sont  nes 
dansune  placeconvcnaljle,  leur  sont  utiles;et  on 
fait  bien  de  les  y  laisscr  pour  la  plus  grande  par- 
tie,  en  lcs  taillant  au  troisieme  bourgeon,  parce 
qu'ils  donnent  du  bois  rannee  suivante.  Tout 
panipre  ne  dans  une  place  convcnable,  qui  aura 
ete  rompu  ,  soit  lorsqu'on  taillait  la  \igne  ,  soit 
lorsqu'ou  la  liait ,  no  doit  pas  etre  retrancbe 
pour  peu  qu'il  lui  reste  un  bourgeon,  parce  que 
l"aunce  d"cnsuite  il  donnera  infailliblemeut  des 
pampres  ,  qui  scroul  d'autant  plus  forts  que  ee 
bourgeon  sera  unique.  On  appclle  prcpcipites 
;  braucbcs  preeipitees)  les  branchcs  a  fruit  qui 
sont  sorties  de  celles  de  rannee ,  et  que  Ton  atta- 
che  au  bois  dur.  Ces sortes  de  pamprcs  rappoitent 
a  la  vcrite  beaucoup  de  fruit,  mais  aussi  ils  font 
bien  du  tort  a  la  mere.  C'est  pourquoi  il  ne  faut 
pas  en  prccipiter,  si  ce  n'est  de  rextrcmitc  des 
branchcs  de  Tarbre ,  ou  dans  le  eas  oii  la  \igne 
serait  moutee  plus  haut  que  la  eime  de  farbre. 


Si  cependant  quelqu'un  voulait  laisser  lcs  hivui- 
ches  de  eette  espece,  dans  la  vue  d"avoir  beau- 
coup  de  fruit ,  il  l'audrait  (iu'ii  comment-ftt  par 
les  tortiller,  ensuile  qu'il  lcs  liat,  ct  eufin  qiril 
les  preeipitat.  En  cffet,  ellcs  jcltcront  pour  lors 
une  quantitc  de  sarments  dcrrit^re  Tendroit  ou 
on  lesaura  tordues,  et,  toutcs  pri^-cipitc^es  (iu"ellcs 
seront,  elles  attireront  moins  a  ellcs  les  forccs 
de  la  \igne,  quoiqu'en  donnant  du  fruit  avec, 
abondanee.  II  ne  faut  pas  laisser  plus  dunc  an- 
nt'e  lcs  branchcs  prt'cipitees.  11  y  aune  autre  es- 
pcce  de  branche  ;'i  fruit  qui  .sort  d'une  jcunc 
branche,  et  que  !'on  nttaehe  daus  le  tciKlrc  de 
cette  branche  pour  la  laisser  pendre  :  nous  Tap- 
pelons  6o!.?  tout  court  (Ma/e/'/a),  et  elle  donr.e 
du  fruit  et  de  nouveaux  sarments  en  abondancc. 
On  donne  encore  a  deux  pampres  venus  d'une 
raeme  tige,  qu'on  a  laisst'S  a  la  vigne,  lc  nom 
de  uiaferia  :  J"ai  monlre  plus  haut  quclle  etait  ia 
nature  des  sarments  a  fcuilles  A\tspampiiiarii. 
Lepampre  uommepampre  fourciieron  ijocaneus) 
est  celui  qui  vient  dans  rentre-deux  des  bras  , 
comme  au  milieu  d'une  fourcbe  {furca).  .Tai  ob- 
serv(5  que  e'est  la  pire  de  toutes  les  tigcs  ,  parce 
qu"elle  ne  rapporte  point  de  fruits  ,  ct  qu"elle 
ext(?nue  les  deux  bras  entre  lcsquels  elle  cst  ncc  ; 
c"est  pourquoi  il  fnut  la  rcti'aucber.  Biendcsgeiis 
se  sont  tromp(;s  en  s"iniaginant  cjue  lor.sqn'une 
\igne  etait  forte  et  bieu  fcrtile ,  elle  devenait  en- 
core  plus  fertile  si  on  la  surchargeait  et  qu'on 
lui  laissat  beaucoupde  branchesa  fruit ,  puisqu"il 
arrive  au  contraire  que  plus  uue  vigne  a  de 
branches ,  plus  elle  doune  de  pampres,  et  qiie 
par  consequent,  etant  couverte  de  bcnucoup  de 
feuilles,  elle  quitte  plus  mal  sa  tleur,  retient  plus 
longtemps  le  brouillard  et  la  rosee,  et  perd  tou- 
tes  ses  grappes.  .Te  pense  donc  que  lorsqifune 
vigne  est  forte,  on  fera  hieu  de  la  distribucr  sur 
/es  branches  de  rarbre,  de  disperser  ses  lougs 


valull,  tr.i<iures in  proximam  quamque aiborem  mitten(]je, 
casque  post  bienuium  amputare  [siuiul]  alque  alias  teiie- 
liores  Iransmitlereconvenit.  jNain  vetustatevilem  fatigant. 
Konnuiiqiiara  etiam  cum  arborem  totam  \iti.s  compre- 
hendere  nequit,  ex  usu  tuit  parteni  aliqiiam  ejus  dellevam 
terra;  immergere,  et  luisus  a<i  eandem  ailHirem  duas  vel 
ties  propasiiics  excitaie,  quopluribiu  viUtms  circumventji 
celeiius  veslialur.  Viti  novelbe  pampiiiaiiuiniiiimilti  noii 
oportet,  nisi  necessario  loco  iiatus  est,  ut  viduum  rafniim 
inaritel.  Velciibus  vitibus  loco  naU  palmites  painpinarii 
uliles  sunt,  et  plcriqiie  ad  lertiam  gemmam  resecli  o|)time 
submitlimUir.  Nam  insequcnli  anno  malerias  fuudunl. 
Qiiisquis  autem  panipinus  loco  natus  in  cxputando  vcl 
.illigando  Iractus  esl ,  inodo  ut  aliquam  gemmani  liabiierit , 
^x  toto  tolli  non  oporlet ;  quoniam  proximo  auno  vel  va- 
liiliorem  materiam  ex  una  creabit.  l'r;ecipites  palmites  di- 
.  iintiir,  qui  de  liornolinis  viigis  cnati  in  <luro  alligantur. 
Ili  pliiiiniiim  fruclusafferunt,  sed  plurimum  matri  nocenl. 
Itiqiic  nisi  extremis  raniis,aul  si  vitis  arboris  Ciicumen 
.^apcravciit,  praxipilari  palaiitcm  non  opoitct.  Qiiod  si 


tamen  id  gcniis  colis  piopter  friiclum  submittere  qnis 
velit,  palmilpin  intorqueat.  Deinde  ita  alligelet  pra'cipitet. 

iN'.im  et  pdsl  r Incum  quem  iiitorscris,  l;ctani  malcriam 

citabit,  rl  |);,rM|)U,ila  miniis  viriiim  iu  se  tralict,  ipi;iinvis 
fructu  (■viiIjitcI.  I'i,i(ipi(ciii  vero  |ilus  aiino  pali  noii  opoi- 
let.  Altcruni  cst  j^fiiiis  paliiiilis,  qnod  de  novello  na.sci- 
tiir,  el  in  tencro  alli^atiiiu  dcpcndet  :  maleriam  vocamus; 
ea  el  fructum  et  nova  llagella  bene  procreat  :  et  jam  si  ex 
uno  capite  duiie  viig;e  submiUantur,  taraen  utraiiile  ma- 
leria  dicitur;  nam  pampinarius  quam  vim  babeat,  siipia 
docui.  Focaneus  esl,  qiii  inter  duo  biacbia  velut  in  fuica 
de  medio  nascitur.  Euni  colciii  dcterrimuin  esse  compcri , 
quod  neque  fructum  feiat,  ct  utiaque  biacliia,  inter  qii.i! 
natns  est,  altenuet.  ll.aqiie  lollcndus  est.  Plerique  vitein 
validam  et  luMiriosam  lalso  credideruut  feracioieni  licri, 
si  multis  palmitibus  submissis  oneietur.  Nani ex  pliiribiis 
virgis  plurcs  pampinos  creat ,  et  cura  se  mulla  lioiide  co- 
operit,  pcjus  delloret,  nebiilasciiie  cl  rores  diiitius  (iinli- 
net,  omnemqiie  iivam  perdil.  Validam  ergo  vitem  in  la- 
mos  didiiccre  ccnsco ,  et  liadiicilius  (bspergere  atque  disi.i- 


COLUMELLE. 


sarmeiits  sur  les  arbres  voisins ,  ct  dc  rodaircir, 
cn  precipitant  une  partie  des  hvanches  a  fruit ; 
si  eile  est  moins  fertile,  ii  faudrait  abandonner 
ses  matcrim  en  liberte.  Au  surpliis  ,  autant  un 
plnnt  d'arbres  mariesades  vignes  est  recomman- 
dable  par  ses  fruits  et  par  la  beautc  de  son  as- 
peet  lorsqu'il  est  bien  ti;arni,  autant  il  est  in- 
fructueux  et  sans  grace  lorsque  la  viedlesse  Ta 
(lej^arni.  Pour  empecher  que  cet  acciilent  n'ar- 
rive  ,  un  chef  de  famille  attentif  doit  oter  !e  pre- 
niier  arbre  qui  se  trouvera  accable  de  vieillesse, 
pour  lui  en  substituer  un  autre  plus  jeune  :  au- 
quel  cas  il  evitera  de  se  servir  de  marcottes, 
quoiqu'il  en  ait  la  faculto;  mais  il  preferera  des 
provius  pris  dans  le  voisinage.  Au  reste,  tel  de 
ces  deux  partis  qu'il  prenne ,  il  suivra  la  methode 
que  nous  avons  deja  donnee.  Ccst  assez  de  pre- 
ccptes  pour  les  plants  d"arbres  marics  aux  vi- 
gnes  a  la  facon  d'ltalie. 

VII.  II  y  a  une  autre  espece  de  plants  d'arbres 
maries  aux  vignes ,  qui  est  d'usage  dans  la Gaule  : 
on  rappelle  rumpotinum.  II  faut  pour  cette  es- 
pece  de  plant  des  arbres  bas  et  peu  charges  de 
feuilles.  L'aubier  parait  y  etre  tres-convenable  : 
c'est  un  arbre  serablable  au  cornouiller.  II  y  a 
bien  des  personnes  qui  disposent  encore  pour  ce 
plant  des  charmes,  des  cornouillers  et  des  frenes 
sauvages ,  et  quelquefois  meme  des  saules.  Mais 
il  ne  faut  employer  le  saule  que  dans  les  terrains 
humides  ,  oii  les  autres  arbresviendraient  diffi- 
cileraent,  parce  quecet  arbre  corrompt  le  gout  du 
■vin.  On  pourraaussi  y  mettre  des  ormes  en  les 
etetant  dans  leur  jeunesse,  et  en  les  soignant  de 
facon  qu'ils  ne  montent  pas  a  plusde  quinze  pieds 
de  hauteur.  Car  j'ai  remarque  quordinairement 
ces  rumputina  sont  faits  de  facon  que  leurs  6ta- 
ges  ne  vout  qu"a  huit  pieds  dans  les  lieux  secs  et 


montagneux,  et  a  douze  dans  les  lieux  platset 
humides.  Communement  on  divise  ces  arbres  en 
trois  branehes ,  a  ehacune  desquelles  on  laisse 
de  deux  cotes  plusicurs  bras;  apres  quoi  on  re- 
tranche  presque  tonles  les  autres  bianehes  dans 
le  temps  qu'on  taille  la  vigne,  de  peur  qn'elks 
ne  kii  donnent  trop  d'ombre.  Si  roii  iie  seme  pas 
de  ble  sous  les  arbres  des  ritmpoti.na ,  on  les  es- 
paee  a  vingt  pieds  de  distanee  des  deux  e6tes; 
mais  si  Ton  s'adonne  ay  mettre  du  grain,  on 
laisse  entre  eux  quarante  pieds  dc  distance  d'un 
cotc,  etvingt  de  Tautre.  Le  reste  de  la  eulture 
est  la  raeme  que  pour  les  plants  d'arl)res  mnries 
a  dcs  vignes  a  la  faeon  d'ltalie,  c'est-a-dire 
qu'on  depose  les  vignes  dans  de  loiigs  fosses, 
qu'on  les  cultive  avec  autant  de  soin  ,  qu'on  les 
distribue  sur  lesbranches  des  arbres ;  enfin  qu'on 
fait  passer  d'arhie  en  arhre  de  nouveaux  sar- 
ments  longs  que  Ton  attache  ensemble,  et  que 
l'on  renouvelle  toutes  les  annees  en  coupant  les 
anciens.  Si  un  de  c.es  longs  sarments,  qui  pas- 
sent  d'arbre  en  arbre,  ne  peut  pas  atteindre  son 
\oisin  ,  on  lcs  reunit  par  le  moyen  d"une  baguette 
que  lon  attacbe  en  travers.  Lorsqu'ensuite  le 
poids  du  fruit  ies  fait  courber,  on  les  soutient 
avec  des  appuis  qu'on  met  par-dessous.  Au  reste, 
plus  on  labouie  profondement  et  plus  on  beche 
au  pied  des  plants  darbres  de  cette  espeee  raa- 
ries  ii  des  vignes,  ainsi  qu"au«pied  de  toute  au- 
tre  espece  d"arbres,  plus  ils  rapportent  de  fruits  : 
on  voit  par  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  s'il 
est  de  rutilite  du  chef  de  fainillc  de  viser  ii  cette 
abondance  de  fruits. 

VIII.  La  culture  de  tous  les  autres  arbres  est 
a  la  verite  beaucoup  plus  simple  que  celle  de 
la  vigne;  mais  lolivier  estcelui  de  tous  qui  en- 
tralne  le  raoius  de  depenses,  quoiqu'il  tienne  le 


rare,  cerlosque  vinearios  coles  pv.Tciiiilare,  el  si  minns 
luxuriabilur,  solulas  malerias  relinqiiere;  ea  ralio  vilem 
feraciorem  faciet.  Sed  nt  deiisuni  arbnslum  commenda- 
bile  frucln  et  decnre  e^t,  sic  nhi  vcliislale  raresrit,  pa- 
riler  inulilc  <■!  iiivciiiivliiiu  csf.  Qiiod  iir  lial ,  diliRenlis 
patrisfiunili.is  i':.l ,  iiniji.i.ii  iiiiaiiii|iir  ai  binrin  .senio  dcfe- 
ctam  tollere,  et  in  ejtis  Incuni  nnvrllam  restituere,  [vitem 
queat ,]  iie<'.  eam  viviradice  frcqiicnlare,  ea  elsi  sit  faeul- 
tas,  sed,  quod  est  longe  mclins,  e\  proximo  propagare. 
Cnjus  utriusquc  ralio  consimilis  esl  ei  qnam  tradidimus. 
Atipie  liBGC  de  Ilalico  arbiisto  salis  pra?cepiniiis. 

Vil.  Kst  et  alterum  genus  aibusli  Gallici ,  quod  vo- 
oatur  rumpotinum.  Id  desiderat  arborem  liiiinilem  nec 
frondosam.  Cni  rei  maxime  videtiir  esse  idnnea  opulu.s  : 
ea  est  ai  bor  corno  similis.  Quin  ef  iam  cornus  ct  carpinus 
i'l  ornns  non  nunquam ,  et  salix  a  pleiisque  in  linc  ip,sum 
(lisponitur.  Sed  salix  nisi  in  aqnosis  locis ,  ubi  alia;  arbo- 
rcs  dillicililer  comprcliendunt,  ponenda  non  esl,  quia  vini 
saporem  infestat.  Polest  etiam  ulmus  sic  disponi ,  nt  ad- 
linc  tenera  decacumineliir,  ne  altihidincm  quiiiderini  pe- 
duin  cxredat.  Nam  lere  ila  conslitulum  rnnipotinelum  aui- 
m.idverti,  iil  ad  oclo  podcs  locis  siccis  et  clivosis ,  ad  duo- 


dccim  locis  planis  el  uliginosis  tabulala  disponanlur.  Ple- 
runique  aulem  ea  arbor  in  tres  ramos  dividilnr,  quibus 
.singulis  ab  iilraque  parteconiplura  brachia  snbmiltuntur, 
tiim  onines  pene  virg.ii ,  nc  unilirenf ,  eo  lempnre  quo  vi- 
lis  piilalnr,  aliradunliir.  .ArliiiiilHis  rniiqiiiliiiis  ,  si  frumen- 
Inm  non  inscrilur,in  iilraiiii|iii'  parlcni  \i;;iiili  pcdiim  spa- 
tia  inlerveniiiul  :  at  si  sc,:5etilins  induli;eliir,  in  alteraui 
partem  quadraginta  pedes,  in  alteram  vigiuli  relinqiinn- 
tur.  Crclera  simili  ralione  atqiic  in  arbusto  Italico  adnii- 
nislranlur,  nl  viles  longis  scrobibus  deponantur ,  ut  eadem 
diligenlia  cuienlur,  atqiie  in  ramos  diducantur,  ut  novi 
Iradures  oninibus  annis  iiiler  se  ex  arboribus  proximis 
conneclanliir ,  ct  veteres  decidaulur.  Si  fradux  tradiircm 
nonconlingil,  mediavirgainfer  easdeligetur.  Cuin  deindc 
tiuctus  pondcre  urgebit,  subjcctis  adniiuiculis  suslinea- 
Inr.  IIoc  anlem  genus  arbusti  ca»ler,i(>qiie  omnes  arbores 
qiianlo  allius  aranfur  et  circunilodiiinlur,  niaiore  friietu 
exuberant;  quod  an  expediat  patriliiniilias  facere,  reditns 
docct. 

VIII.  Omnis  tamen  ailioris  cnllus  siniplicior  quam  vi- 
nearum  est,  longeqnecx  omnibus  stirpibus  minorem  ini- 
peiisam  desideiaf  olea ,  quie  prima  omniiini  arborum  est. 


DE  L'AGRICULTUKE,  LIV.  V. 


prcmiei*  rang  entre  eux.  En  effet,  quoiqu'il  ne 
rapportc  pas  de  fruits  toutes  les  annees  de  suite, 
niais  scnioment  de  deuxauneesl'une  a  peu  pres, 
cependant  il  merite  le  plus  grand  e;;ard,  tant 
parce  qu'il  se  soutient  sans  une  grande  culture, 
et  que,  lorsqu"il  n'a  ni  fleurs  ni  fruits,  il  ne  de- 
maude  presque  aucune  depense,  ou  que,  pour 
peu  qu'ou  en  fasse,  ses  fruits  se  multiplient  a  pro- 
portion  de  cette  depense ,  que  parce  que ,  lors- 
qu'il  est  neglige  pendant  une  suite  d'annees,  il 
ne  manque  point  conime  la  \igne ,  niais  qu'il 
rapporte  dans  ce  tempsla  raenie  qiielque  profit 
aii  chef  de  famille,  et  qu'il  ne  lui  faut  qu'un  an 
pour  se  corriger,  pour  peu  qu'on  le  cultive  de 
nouveau.  Cest  aussi  pour  cela  que  nous  avons 
crn  devoir  donner  avec  soin  des  preceptes  parti- 
culiers  sur  cette  espece  d'arbre.  Je  crois  qu'il  y 
a  bien  des  sortes  d'olives  auisi  que  de  raisins, 
mais  il  n"en  est  venu  que  di.x  a  nia  connaissance ; 
savoir,  Tollve  Paiisiu,  Wllr/iana,  celle  de  Lici- 
nius,  celle  deSergia,  la  Nevia,  la  Cutminia, 
VOrchis,  laTJfl^m  (royale),  la  Cercitcs [Moa^ie) 
et  la  Murtca  (de  myrte).  De  toutes  ces  olives,  la 
plus  ngreable  est  la  Pausia,  comme  la  Regia 
(royale)  est  la  plus  belle  :  ces  deux  espcees  sont 
plutot  bonnes  a  manger  que  propres  a  faire  de 
riiuile.  Si  riuiile  que  Ton  tire  de  la  Pausia  est 
dun  gout  excellent  taut  qu'ellc  cst  verte,  il  faui 
convenir  qu"elle  se  gate  en  vieillissant.  De  meme 
VOrcIiis  et  la  Cercites  sontmeilleures  a  manger 
qu'a  faire  de  rhuile.  Celle  de  Licinius  donne  la 
meilleure  huile,  celle  de  Sergia  cn  donne  le  plus 
nbondamment;  et  communement  les  plus  grnu- 
des  olives  sont  les  meilleures  a  nianger,  eomme 
les  plus  petites  sont  les  raeilleurcs  dont  on  puisse 
tirer  de  riiuile.  Aucune  de  ces  espeees  ne  peut 
snuffrir  une  temperature  brulnnte,  non  plus 
qu'unc  temperature  glaciale  :  c'est  pourquoi  el- 


les  se  plaisent  sur  les  coUines  septentrionales 
dans  les  pays  treschauds ,  et  sur  les  meridiona- 
les  dans  les  pays  froids.  Elles  n'aiment  pas  en- 
core  les  terrains  bas,  ainsi  que  les  terrains  trop 
cleves;  raais  elles  preferent  les  pentes  douces, 
telles  que  celles  que  nous  voyons  chez  les  Sabins 
daus  rilalie,  ou  par  toute  la  provinee  de  Beli- 
que.  Bien  des  geus  sont  dans  ropinion  que  cet 
arbre  ne  peut  pas  vivre ,  ou  qu'au  raoius  il  n'cst 
pas  fertile,  a  une  distance  de  plus  de  soixaute 
milles  de  la  mer,  quoiqu'il  reussisse  dans  des 
climats  qui  en  sont  plus  eloignes.  La  Pavsia 
souffre  tres-bien  le  ehaud ,  et  rolive  de  Sergia 
le  froid.  Le  meilleur  terrain  pour  les  olives  est 
celui  dont  le  fond  est  de  gravier,  pourvu  qu'il 
s'y  trouve  au-dessus  de  rargile  meiee  au  sable. 
Celui  dont  le  sable  estgras  ne  leur  est  pas  moius 
favorable;  les  terres  compaetes  meme  s'accom- 
raodent  tres-bien  de  cet  arbre,  pour  peu  qirelles 
soient  moites  et  grasses.  I\Iais  ii  no  veut  point 
d'un  terraiu  ou  il  n'y  ait  que  de  Targile,  sur- 
tout  si  les  eaux  y  sourdent ,  et  qu'elles  y  sejour- 
nent  toujours  en  grande  quantite.  Les  terres  qui 
ne  renferment  qu"un  sable  maigre  et  du  grnvier 
pur  lui  sont  aussi  contraires;  en  effet,  quoique 
rolivier  n'y  perisse  pas,  il  n'y  profite  neanmoins 
jamais.  Ou  peut  cependant  le  planter  dans  une 
terre  a  ble,  ou  dans  des  lieux  qui  auront  porte 
auparavant  des  arbousiers  ou  des  yeuses.  Pour 
ce  qui  est  du  chene ,  il  laisse  dans  la  terre , 
meme  apres  qu'il  est  abattu ,  des  raciufs  qui 
sont  nuisibles  aux  plants  d'oliviers,  et  dont  le 
poison  tue  ces  arbres.  Voila  ceque  j'avais  a  vous 
dire  de  cet  arbre  en  general.  Je  vais  actuelle- 
ment  passer  au  detail  de  sa  cu'ture. 

L\.  On  preparera  la  pepiniere  destineea  meu- 
bler  lesplantsd'oliviers  dans  un  lieu  bieu  aere, 
dont  le  terraiu   soit  mediocremcnt  fort,  mais 


iSiini  qnamvis non  continuis  annis ,  seil  fpie  altei o  f|uoqiie 
fniclum  affeiat,  eximia  lamcn  ejus  ratio  est,  quoJ  levi 
oiiltu  snsUnelur,  el  cnm  se  noii  iniluit ,  vi\  ullam  impen- 
sain  posiit.  Scd  et  si  qnam  lecipit,  suljiinle  Iruclus  mnl- 
liplicat :  ncglecta  compluriliiis  aimis  non  iit  vinea  delicit, 
eoque  ipso  lempoie  aliquiil  cliani  inleiim  patrilaniilias 
pia.-stal ,  cl  cnm  adliibita  ciiltura  csl,  nno  anno  einenda- 
lur.  Quare  etiani  nos  in  lioc  genere  arboiis  diligenter 
pra>cipcre  ccnsuimus.  Olearuni,  sicnt  viliuni,  plura  ge- 
iicra  csse  arbitror ,  sed  in  meam  notiliain  deccin  omnino 
perveneruiit  :  Pausia,  Algiana,  Liciniana,  .Seigia,  Nevia, 
Cnlminia,  Oichis,  Regia,  Ceicitis ,  Murlea.  Kx  quibus 
bacca  jucniidissinia  est  1'ausia;,  spcciosissima  liegia",  scd 
ulraqiic  poliiis  escse,  quam  olco  est  idonea.  Pansiie  taincii 
olenm  saporis  egregii,  duni  virideest;  veluslate  corriiin- 
liiliir.  Orcliis  quo(|iic  et  Itadius  nielius  ad  escam  quam  in 
liquoicm  slringitur.  Oleniu  optinium  Licinia  dat,  pluri- 
iiiiim  Sergia  :  oiniiisqne  olea  niajor  fere  ad  escam,  minor 
olco  est  aptior.  Xulla  ex  liis  gcnci  ibn« , aut  pra;fervidum , 
aul  gclidum  statuiu  c^li  patitur.  Itaque  icsliiosis  lucis 
scplentrioiiali  colle,  frigidis  nieridiano  g.iiidet.  Scd  ncquc 


dcpic.ssaloca  ncqneardiia,  niagisqiie  niiiilicoscli\osainat, 
qiiales  iii  IlaliaSabinoruin  vel  tota  proviuiia  liiclica  viile- 
miis.  Haiic  arboiem  pleriqne  existimant  ullra  milliariinn 
sexagcsiiiiiiiii  a  iiiari  aiit  iion  vivei e  aiit  iion  cs.se  lcraceni. 
Sed  iiiipiibnMlain  locisrecte  valet.OpUme  vaporessiisliiifl 
Piuisia  ,  lii.^iis  Scrgia.  .^ptissimum  gcnus  lerrtc  est  olcis, 
cui  glaiea  subesl,  si  siiperposita  crcla  sabulo  admista  est. 
Non  iiiiiins  probabile  est  .solum,  ubi  pinguis  sabulo  esl. 
Sedet  dcnsiorterra,  si  uvidaet  lii:taest,conimodc  rccipil 
liaiic  arborcm.  Crela  ex  toto  repndiaiida  est;  inagis  etiaiii 
scaturiginosa ,  et  in  qna  senipcr  uligo  consistil.  Iniiiiicus  esl 
ctiam  ager  sabiilo  inaccr ,  el  iiuda  glarea.  Nani  etsi  non 
enioritur  iii  ejusmndi  solo,  niinqnaiii  tanien  couvalcscit. 
i'olesl  lainen  in  agro  rriimeiilario  seri ,  vel  ubi  arbutus , 
aiit  ilcx  stcteranl.  Naiii qneri:us  etiiiin cxcisa  radices  noxiii.s 
olivcto  leliiiqiiit,  quarnni  viiii.s  cnecat  olcain.  Har,  in 
univeisuin  de  toto  genere  hnjusarburis  liabui  dicere.  Niinc 
jier  parles  cultiiram  ejiis  exseqnar. 

IX.  Seminarium  olivelo  pr;cparctiir  cslo  libero ,  terreno 
modice  valido ,  scdsnccoso,  ncque  deuso  iieque  soliilo 
solo,  poliiis  tanicn  rcsoluto ;  id  gcuus  ferc  lcrra?  uigrie 


COLUMELLE. 


plcin  c!e  siic,  et  d'un  grnin  qiii  ne  soit  ni  eom- 
pacte  ni  ti-op  meuble,  mais  cependant  plntotde 
cutte  derniere  qualite  qiie  de  la  premiere.  Ces 
sortes  de  terres  sont  presque  noires.  Lorsqu'on 
:iura  laboure  ee  terrain  au  pastinnm  a  trois 
|)ieds  de  profoudeur,  et  qifon  l'aura  environne 
d'un  fosseprofoud  pouren  interdire  rcntree  aux 
bestiaux ,  on  ie  laissera  fermenter.  Cela  fait,  on 
prendra  sur  !es  arbres  les  plus  fertiles  de  jeuues 
brauches  longues,  bien  brillautes  et  faciles  a  em- 
poigner,  c'tst-a-dirc,  de  la  grosseur  d'un  manclie 
d'iiistruraent;  on  les  coupera  sur-le-champ  pour 
avoir  des  boutures  tr^s-fraiches,  on  prinant 
t;arde  d'endommager  recorce,  ou  une  partie  de 
la  bouture  autre  que  celle  a  laquelle  on  anra  ap- 
pllque  la  scie.  On  6vitera  facilement  cet  acci- 
dent,  eu  mcttant  un  etai  en  formc  de  fourche 
sous  la  branehe  que  Ton  sera  pret  ii  couper,  et  en 
raatelassant  de  foin  ou  de  paille  la  partie  de  cet 
itai  sur  laquelle  posera  cette  branehe,  afin  que 
les  bouturesy  soient  couebees  molleraent,  ctque 
leur  ecorce  ne  coure  aucuu  risque  quand  on  les 
coupera.  On  les  sciera  ensuitede  la  longueur  d'un 
pied  et  derai ,  et  on  ragreera  des  deux  cotes  avcc 
la  serpette  rcndroit  de  la  plaie.  On  y  fera  aussi 
une  raarque  avec  de  la  sanguine,  afin  de  les 
mettre  en  terre  dans  la  raeme  positiou  ou  elies 
etaient  sur  l'arbre,  et  de  facon  qu'elles  soient 
dirigees  de  meme  par  leur  extreraite  inferieure 
vers  latene,  et  par  leur  cime  vcrs  le  ciel.  Car 
si  on  renversait  la  bouture  en  la  raettaut  en 
terre,  elle  prendrait  difficilement  et  seraiteter- 
nelleraentsterile ,  meme  apres  avoir  acquis  la  plus 
grande  vigueur.  II  faudra  euduire  la  t«ite  et  le 
pied  des  l)outurcs  de  fumier  raele  avec  de  la 
cendrc,  et  les  enterrer  entieremcnt,  et  de  facon 
qu'elles  soient  recouvertes  de  terre  ameublie  a 
la  hautcur  de  quatre  doigts.  On  niet  a  cause  de 


cela,  a  une  petitc  distance  auprcs  d'elles,  deux 
signaux  d'un  bois  quelconque,  un  de  chaquc 
cc)te,  rnais  attaches  ensemble  a  Taide  d'un  lien 
qui  les  uuit  par  en  haut ,  de  peur  qu'etant  isoles, 
ils  ne  soient  facilement  renverses.  L'objet  de  ces 
signaux  est  de  prevenir  Tignorance  des  labou- 
reurs,  et  d'empecber  que  les  boutures  qui  au- 
ront  ete  plantees  ne  soient  lesees  iorsqu'on 
voudra  cultlver  la  pepiniere  au  hoyau  ou  au 
sarcloir.  11  y  a  des  personnes  qui  croient  que  le 
mieux  est  de  transplanter  daus  des  pepinieres 
les  bouquets  des  oliviers  sauvages,  en  lesarran- 
gcaut  de  meme  :  mais  qu'on  les  plante  de  Tune 
on  de  rautre  facon ,  on  doit  toujours  le  faire  apres 
requinoxe  du  printemps ,  comme  on  doit  aussi 
les  sarcler  le  plus  souvent  que  Ton  pourra  la  pre- 
miere  annee,  et  les  cultiver  au  rateau  la  seconde 
annce  et  les  suivantes ,  aussitot  que  les  petites 
raeines  de  ces  plantes  aurnnt  commence  a  pren- 
dre  des  forces.  Mais  il  laudra  s'abstenir  pendaut 
deux  aus  de  les  tailler ;  et  la  troislcme  annee  on 
leur  laissera  a  chacune  deux  branchcs,  en  sar- 
clant  freciueraraeut  la  pepiniere.  La  quatrieme 
annee,  on  coupera  la  plus  faible  dc  ces  deux  bran- 
ches.  Au  bout  de  ciuq  ans  de  cette  culture,  ce 
seront  depetits  arbres  bous  a  etre  transferes.  On 
les  transfere  a  propos  dans  le  plaut  des  oliviers 
pendant  rautorane,  si  le  terrain  est  sec  et  qu'il  ne 
soit  point  marecageux,  ou  au  printemps  un  peu 
avant  qu'ils  germent,  s'il  est  gras  et  huraide.  On 
leur  prepare  un  an  d'avance  des  fosses  de  cpia- 
tre  pieds  de  profondeur,  et  meme ,  si  le  temps 
n'a  pas  ete  favorable,  on  brule  de  la  paille  dans 
ees  fosses  avant  de  lesy  mettre,  afin  que  le  feu 
ramollisse  la  terre,  couime  le  soleil  ou  la  gelee 
auraient  du  ie  faire.  L'intervalle  entre  les  rangees 
doit  etreau  moins  de  soixante  pieds  d'un  ciJte  et 
de  cjuarante  de  Tautre ,  si  le  terrain  est  gras 


esl.  Qiiam  cimi  in  tres  pedes  pastinaveris ,  et  a\la  fo^sa 
circuimlederis,  ne  aililiis  pecori  detiir,  fermentari  sinito. 
Tiim  lanios  novellos  proceios  et  nitiilos,  quos  conipie- 
licnsos  maniis  possit  circiimveiilie ,  Imc,  cst  iiiannl)iii  cras- 
sitiidine,  feraeissimis  arliorilms  adinillo,  et  [ex  lils]  quam 
recentissimas  taleas  recidito,  ita  ut  ne  cortlcem  aut  iil- 
lam  aliam  parteni,  quam  qua  seiia  praeciderit ,  la>das. 
Hoc  antem  facilecontlngit,  si  [iiius  vaiain  feceris,  ct  eain 
parteni,  siipra  quam  ramuni  secaturus  es  ,  ftrno  aut  stra- 
inenlls  texei  is ,  ut  moliiter  et  sine  noxa  corlicis  taleEe 
su|ier|iosila!  secentur.  Talea!  deinde  sesquipedales  serra 
pioecidantur,  atque  carum  |ilag:c  ntraque  parte  falce  le- 
veiitur,  et  rubrica  notciitiir,  ut  sic  queniadnioduin  in  ar- 
bore  steleiat  ramus ,  ita  parle  ima  leri ain  et  cacumine  cse- 
Uim  spcclans  deponalur.  Nam  si  inversa  mergatur,  dlffi- 
c  uller  coni|iiehendet,  et  cum  validius  convalueiit,  sleri- 
lis  in  pcriieluum  erit.  .Sed  oportebit  talearum  capita  ct 
iinas  parles  misto  linio  ciiin  cineie  obllnlre,  et  ita  totas 
cas  immeigeri,  ut  |iutris  tena  digitis  quatiior  alle  super- 
venial.  Sed  liinis  indicitiiis  e\  iiliaiiuc  parte  iniiniantur  : 
hisunt  de  quallbet  aitioie  bievl  spatio  ju\la  eas  poslti. 


et  [in  summa  parte]  inter  se  vinculo  connexi,  ne  faclle 
singuli  dejlciantur.  Hoc  faceie  utlle  est  propter  fossoruin 
ignorantiam ,  ut  cum  bideiitibus  aut  sarculis  seminaiiuui 
colerc  inslilueris,  depositaj  talcK  non  laodantur.  Qiildani 
mellus  existimant  ladicum  ocuiis  silvestrium  olearuni 
liortulos  excolere,  ct  simili  ratione  disponere  :  sed  utrum- 
qiie  debet  post  vernum  ifqiiinoctium  seri,  ct  quani  fre- 
quentissime  seminsriuni  piinio  anno  sarriri  :  postero  et 
sequentibus,  cum  jam  radicula^  semiiiiim  convaluerinf , 
rastris  cxcoli.  Sed  liienuio  a  putatioiie  abstiiieri,  tertio 
anno  singiills  seminibus  binos  ramulos  relinqui,  et  fre- 
quenter  sarriri  seniinarium  convenit.  Quarto  anno  cx 
duobus  ramis  infirmior  amputandus  est.  Sic  excultae  quin- 
quennioaibiiscula.^  Iiabilestranslatlonisunt.  Planl;e  autem 
in  oliveto  disponuntur  optlme  siccis  niluiineqiii'  iillginosis 
agris  per  autuninum,  la>lls  et  liumidls  venio  tciiipni-e, 
paulo  ante,  qiiain  geiminent.  Atque  ip.-.is  scrolw-.  i|iiate.r- 
num  pediim  pra'parantur  anno  ante  :  vel  si  tenipus  non 
largitur,  priiis  quam  deponantur  arborcs ,  stramentis  atqiie 
virgis  injectis  incendantiir  scrobes ,  ut  eos  ignis  piitres 
faciat,  quos  sol  cl  pruina  faceie  debuerat.  Spathini  iiiler 


DE  LAGRIGULTURK,  LIV.  V. 


fi  dcstine  a  porter  du  lile,  ou  de  vingt-cinq  s'il 
est  miiisiT  i't  ([ini  ne  soit  point  convenabie  aiix 
grains.  Mais  il  faiit  qiie  la  faee  d«  ran^eessoit 
tournee  vers  le  point  d'ou  sonffle  le  vent  Faro- 
niiis,  afin  que  ee  vent  les  rafraichisse  en  ite. 
Voiei  comment  on  sy  prcnd  pour transferer  ces 
petits  arbres  :  avant  de  les  deplanter,  on  marqiie 
avec  de  la  sansuine  la  partie  qui  etait  tournte 
au  midi,  afin  de  les  planter  de  la  mememaniere 
qu'ils  rctaientdans  la  pepiniere.  Ensuite  on  fait 
eu  sorte  de  laisser  de  la  terre  autour  de  Tarbre 
environ  Fespace  d'un  pied ,  afin  de  rarracheravec 
cette  mottc.  Pour  empecher  que  cette  niotte 
ne  se  brise  lorsqu'on  deplantera  Tarbre,  il  faut 
prcparer  de  petites  baguettes  de  branches  d'ar- 
bres  liees  ensemble,  que  Ton  appliquera  a  la 
motfe  de  terre  avant  de  renlever,  et  que  Ton  liera 
sur  ses  eotes  avec  de  rosier,  de  facon  que  la  terre 
etant  resserree  par  ces  baguettes  soit  retenue 
comme  dans  une  prison.  L'arbre  ttant  ensuite 
deracine,  on  travaiilera  legcrenient  la  motte  de 
terre  avec  uue  beche,  et  ou  attachera  par-des- 
sous  des  branches  d'arbres  sur  lesquelles  on  le 
Iransportera.  Avant  de  le  dcposer  dans  la  fosse 
qui  lui  est  destinee,  il  faudi'a  en  fouiller  le  fond 
avec  le  hoyau,  cnsuite  jeter  dedans  la  terre  qui 
aura  cte  labouree  a  la  charrue  (si  cependant  la 
superficie  de  cette  terre  est  grasse),  et  niettre  des- 
sous  un  lit  d'orge.  S'il  y  a  de  Teau  dans  les  fos- 
ses,  il  faudra  latarir  entiereraent  avant  d'y  d(5- 
poser  les  arbres,  ensuite  y  jeterde  petites  pier- 
res,  ou  du  gravier  niele  avec  de  la  terre  grasse; 
enfin  quand  lcs  arbres  seront  dc'poses ,  il  faudra 
cchancrer  alentour  les  c6t(!'s  de  la  fosse,  et  y 
melcr  un  peu  de  fumicr  avec  la  terre.  Si  Ton  ne 
trouve  pas  a  propos  de  planter  Tarhre  avec  sa 
motte,il  sera  tre^bon  alors  d'en  dt^pouiller  letrouc 


de  toutes  ses  branches ,  et  de  le  dt'poser  dans  une 
fosse  ou  dans  une  tranch(;e  aprcs  avoir  ragr(ie  ces 
plaies,  ct  lesavoircnduitcsdc  fumicr  etde  ccndre. 
Le  tronc  le  plus  propre a  ('tre  transfere  est celui  qui 
cst  de  la  grosseur  du  bras  :  on  pourra  n(»anmoins 
en  transferer  de  beaucoup  plus  gros  et  de  plus 
robustes;  auquel  eas  il  faudra  les  d(^poscr  de 
fa(;on  (ju'ils  u'exccdent  que  de  tres-peu  le  niveau 
de  la  fosse,  pourvu  qu'il  n'y  ait  point  de  risque 
a  courir  de  la  part  des  bestiaux  ,  parco  que  c'est 
le  nioyen  qu'ils  donnent  plus  dc  fcuillagcs.  Si 
ce[iendant  on  n'a  pas  d'autre  moyen  de  les  ga- 
rantir  dcs  bestiaux,  il  faudra  les  (ilever  da- 
vantage  de  terre,  afin  ([u'i!s  soient  a  Tabri  de 
ee  danger.  Jl  faut  encore  les  arroser  daus  les 
temps  de  s(icheresse ,  et  ne  leur  faire  sentir  le 
fer  qu'au  bout  de  deux  ans ;  la  premiere  annee 
on  en  retranchera  les  rejetons,  en  ne  leur  lais- 
sant  qu'une  seule  tige  qui  sera  plus  haute  que  le 
phis  grand  boeuf,  de  peur  que  par  la  suite  cet 
aniraal  en  labourant  ne  se  blesse  la  cuisse  ou 
qnelque  autre  partic  du  corps  contre  ces  arbres. 
II  est  aussi  tres-bon  de  les  munir  de  haies  alen- 
tour  apres  qu'ils  sont  plantes,  et  de  distribuer 
le  plant  (quand  il  cst  form(J  et  en  etat  de  pro- 
dniredes  fruits)  en  deux  portions  qui  porteront 
du  fruit  chacune  leur  annee,  parce  que  l'olivier 
n'est  [las  fertile  deux  annees  de  suite;  mais 
conime  il  donne  des  tiges  dans  Tannee  pendant 
laquelle  le  terrain  n'est  pas  ensemence  sous 
lui ,  et  qu'il  produit  des  fruits  dans  celle  oii 
il  est  enseraenc(j,  il  arrive  de  la  que  le  plant 
ctant  ainsi  distrii)U(3,  est  d'un  rapport  cgal 
toutes  les  annees.  Du  reste ,  il  faut  labourer  le 
plant  a  la  charri;e  au  moins  deux  fois  par  an , 
et  fouilier  profondement  au  pied  des  arbrcs  avec 
le  hoyau.  Lorsque  la  terre  vient  a  se  fendre  apres 


oiitin(>s  minimum  esse  debet  pinijui  et  fninientario  solo 
sexagennm  peilum  in  alleram  |iartem,  alque  in  alteram 
quailragenum  :  raacro  nec  idoneo  sesetibus ,  (luinum  et 
vicenmn  pedum.  Setl  in  Favouium  (lirif;i  ordines  conve- 
nil,  ut  a'Slivo  pernalu  refrigerentur.  Ipsa;  aulem  aibus- 
cute  hoe  modo  possunt  transferri :  aritequam  esplantes 
iirbuscnlain ,  nibrica  notato  partem  ejus,  qua;  meridiera 
i:;>5Ctat,  nl  (■(ulem  modo,  quo  iu  seminario  erat,  depona- 
Inr.  Deiiide  iit  aibiiscute  spalium  pedale  in  circuitn  leliii- 
quatur,  atque  ila  ciim  suo  csi-spite  jilanta  eruatur.  Qui 
crespos  iu  cximendo  ne  resolvatiir,  modicos  surculos  vir- 
garum  inler  se  connexos  faccrc  oporlet,  eosiiue  pala ,  qiia 
etimitur,  applicare ,  et  viininibus  ita  innecterc ,  nt  cons- 
tiicla  terra  velul  inclusa  tenealur.  Tum  subnUa  parte 
ima  leviler  pala  commovcre,  et  suppositis  viigis  alligare, 
atipie  plantam  transferre.  Quiie  antequam  dcponaliir,  opor- 
tebil  soliim  scrobis  imum  fodere  bidentibus  :  deinde  tcr- 
ram  aralro  subaclam ,  si  tamen  piiiguior  erit  summa  liu- 
mus,  immilterc,  et  ilii  ordei  scmiiia  siibst(>rneie,  et  si 
consislet  in  scrobibus  a(pia,  ea  nmnis  baiirienda  est,  an- 
tequain  demittanliir  arbores.  Deinde  ingerendi  minuti  la- 
pides  vel  slarca  niista  piiigui  solo,  depositisqiie  seinini- 


bus  latcra  scrobis  circumcidenda ,  et  aliquid  stei  coris  in- 
terponendum.  Qnod  si  cum  sua  terra  planta  non  convenil , 
tum  optinium  est  omiii  fionde  privare  tiuncum,  atque 
levalis  plagis,  limoqne  et  cinere  oblilis,  in  scrobem  vel 
sulenm  deponeie.  Tnmcus  auteni  aptiortranslalioni  est, 
qni  bracliii  crassiludinem  Iiabet.  Poteril  eliam  Ion^(!  ma- 
joris  incrementi  et  lobustioris  transferri.  Quem  it.i  couve- 
iiit  poni,  ut  si  non  periculuin  a  picore  Iiabeat,  e\iguuni 
admodnm  supra  scrobem  emineat  :  laHius  enim  frondet. 
Si  lamen  incursus  pecoris  alitcr  vitari  non  poteril ,  celsior 
trunrus  coustituetiir,  ut  sit  innoxlus  ab  injuria  pecornm. 
Atqiie  etiain  rigandic  sunt  planta;  ,.cuin  siccitates  inces- 
senint,  iiec  nisi  pnst  bieiiuium  ferru  tangendit;.  .\c  priino 
surculari  (icbcnt,  ila  ut  simplex  slitus  altitudinem  inaxiini 
bovis  cxcedat;  deinde  arando  iie  coxam  bos,  aliamve 
parlein  cnrporis  olTendat,  oplimum  cst  etiani  constilutas 
planlas  circummunire  cavcis.  Ueinde  constitutumjam  et 
niiiturum  olivctiim  in  duas  partes  dividere ,  qua;  altemis 
aiinis  fruclu  induantur.  Neque  enim  olea  continuo  liieiinio 
nberat.  Cum  snbjectus  ager  (ousitiis  non  est,  arbor  co- 
liculum  agit  :  cuni  .seminibns  replelnr,  fructuin  aHcrl ; 
ila  sic  divisum  olivetiim  omnibus  aniiis  ieipialem  redilum 


COLUMELLE. 


le  solstice,  par  la  force  de  la  chaleur,  II  faut 
veiller  a  ce  que  !e  soleil  ne  penetre  pas  par  ces 
crevasses  jusqu'aux  racines  des  arbres.  Oii  les 
dechaussera  apres  requinoxe  d'autoiiine,  et 
s'ils  sont  sur  une  hauteur,  on  disposera  dans  la 
partie  superieure  de  cette  eminence  des  tran- 
chees  qiii  serviront  a  eonduire  Teau  bourheuse 
jusqu'a  leur  souche.  Ensuite  il  faudra  arracher 
chaque  annee  tous  les  scions  qui  viennent  au 
pied  de  ces  arbres ,  et  les  fumer  de  trois  en  trois 
ans ,  ou  lcs  arroser  de  lie  d"huile.  En  fumant  un 
plant  d'oliviers  de  la  fncon  que  j'ai  proposee  dans 
le  second  livre,  on  fera  du  bien  par  la  meme 
occasion  aux  grains  qui  y  seront  semes ;  mais  si 
on  ne  veut  chercher  que  Tavantage  des  arbres 
qui  y  seront  plantes,  il  faudra  leur  donner  a 
chacun  en  automne  six  livres  de  crottes  de  che- 
vres ,  ou  un  iiiodius  de  cendre ,  ou  un  conr/ius 
de  lie  d'huile,  afin  que  ces  fumiers,  s'incorpo- 
rant  a  la  terre  pendant  Thiver,  maintiennent 
leurs  racines  dans  un  certain  degre  de  chaleur.  II 
faut,  quand  ils  se  portent  moius  bien,  les  arro- 
ser  de  lied'huile,  parceque,  s'il  survient  des  vers 
ou  d'autres  animaux  pendant  rhiver,  cette  li- 
queur  les  fera  mourir.  11  arrive  encore  souvent, 
tant  dans  les  terrains  secs  que  dans  les  terrains 
humides,  que  les  arbres  sont  molestes  par  la 
mousse ;  auquel  cas ,  si  on  ne  les  en  delivre  point 
avec  le  fer,  ils  ne  se  chargent  ni  de  fruit ,  ni  raeme 
de  bcaucoup  de  feuilles.  II  faut  aussi  tailler  un 
plant  d'oliviers  au  bout  d'un  certain  nombre 
d'annees,  car  on  ne  doit  pas  oublier  un  aneien 
proverbe  qui  dit  qu'eu  labourant  un  plant  d'o- 
liYiers,on  lepriede  rapporter  du  fruit;  qu'en  le 
fumant  on  Ten  supplie,  mais  qu'en  le  taillant 
on  Ty  contraint.  II  suffira  neanmoinsde  le  faire 
tous  les  huit  ans,  de  peur  de  couper  trop  souveut 


les  branches  a  frnit.  II  arriveencore  souvent  que 
cesarbres,  quoique  tres-touffus,  ne  rapportent 
aucun  fruit.  II  faut  alors  les  percer  avec  une  ta- 
riere  gauloise,  et  faire  passer  par  le  trou  qu'on 
y  aura  fait  une  bouture  verte  d'olivier  sauvage  : 
moyennant  quoi  rarbre  etant  comme  initie  a  une 
semence  feconde  deviendra  plus  fertile.  Mais  il 
faut  aussi  quelquefois  le  pousser,  en  lui  donnaut, 
sans  le  dechausser,  de  la  lie  d'huile  dans  laquelle 
11  n'entre  point  de  sel,  avec  de  vieille  urine  de 
porc  ou  d'horame,  Tune  et  Pautre  dans  une  cer- 
taine  quantite  proportionnee  a  sa  grandeur;  car 
il  n'eu  faudra  qu'une  urne  pour  les  plus  grands 
arbres ,  a  moius  qu'on  n'y  ajoute  de  Teau  ix  dose 
cgale.  Quelquefois  aussi  c'est  le  vice  du  tcrrain 
qui  empeche  les  ollviers  de  donuer  du  fruit. 
Voici  comment  on  y  remediera  :  on  les  dechaus- 
sera  en  creusant  ^  leur  pied  des  lacs  bien  pro- 
fonds ;  ensuite  on  y  versera  de  la  chaux  en  plus 
ou  moins  grande  quantite,  suivant  la  grandeur 
de  rarbre,  de  facon  neanmoins  qu'il  en  faudra 
toujours  un  modius  pour  ies  plus  pelits.  Si  ce 
remede  n'y  fait  rien ,  on  aura  recours  en  der- 
niere  ressourcea  la  greffe.  Or  nous  dirons  par  la 
suite  comment  on  doit  s'y  prendre  pour  greffer 
rblivier.  II  arriveaussiquelquefoisqu'il  se  trouve 
dans  rolivier  une  branehe  un  peu  plus  belle  que 
les  autres,  auquel  cas  Tarbre  tout  entier  tourne 
a  mal,  si  on  ne  la  coupe  point.  Ce  que  nous 
avons  dit  |usqu'ici  sur  les  plants  d'oliviers  est  suf- 
fisant.  Eestent  les  arbres  fruitiers,  sur  lesquels 
nous  allons  donner  des  preceptes. 

X.  Avant  de  deposer  en  terre  les  semences  de 
vos  arbres  fruitiers,  il  faut  entourer  soit  de  mu- 
railles  ou  de  haies,  soit  d'un  fosse  escarpe,  Vem- 
placement  que  vousdestinez  a  votre  verger,  pour 
en  interdire  reutree  non-seuleraent  aux  bestiaux, 


ailfert.  Scd  id  minime  bis  aniio  arari  dcbet  •  ct  l)identil)us 
alte  circumfodiri.  Nam  postsolstuium  cnm  tcrra  ocstilius 
hiat,  curandum  est,  ne  per  rimas  sol  ad  radices  arljonim 
pcnelret.  Post  a^quinoctium  autumnale  ila  sunl  arbores 
ablaqueandee,  nt  a  superiore  parle,  si  olea  in  clivo  sit, 
incilia  excitentur,  qua;  limosarn  aquam  ad  codicem  de- 
ducant.  Omnis  deinde  soboles,  qua>  ev  imo  stirpe  nata 
est,  quotannis  extirpanda  est,  ac  terfio  quoqiie  (inio  pa- 
bulandie  suiit  olcae.  Atque  eadera  ratione  stercorabitur 
olivelum  ,  qnam  in  secundo  libro  proposui ,  si  tamen  se- 
getibns  prospieietur.  At  si  ipsis  tantummodo  arboribiis, 
satis  facient  singulis.slercoris  caprini  sex  libra',  (vel) 
slercoris  sicci  modii  singuli,  vel  ainurca'  insuls«  consius 
(suflicicnt).  Stercus  autuinno  debet  injiei ,  ut  permistuin 
liienie  radlces  olciP  calcfaciat.  Amurca  minus  valentibus 
iiifiindi'iHla  est.  Nani  per  hiemem,  si  veimes  atque  alia 
siilieihut  animalia,  hoc  medicamento  necanlur.  Plenim- 
<pie  etiiiin  locis  siccis  et  liiimidis  arbores  musco  infestan- 
tur.  Qiicm  nisi  (erranienlo  raseris,  nec  fructiim  ncc  ■«'(am 
froiidem  olea  induet.  Qiiin  etiam  compluribus  interposilis 
aiinis  olivetum  putaudiim  est :  nam  vetcris  provcrbii  nie- 
minisse  convenil,  euiii  qiii  areto!ivetiiin.ior-aie  fructiiin; 


qui  stercoret,  exorare,  qui  ca^dat,  cogere.  Quud  tamen 
satis  eiit  octavo  anno  fecisse ,  ne  fructuarii  rami  subinde 
amputentur.  Solent  etiam  quamvls  la;tie  arbores  frudum 
non  afferre.  Eas  lerebrari  gallica  terehia  convenit,  alqiie 
ila  in  foramen  viridem  taleam  oleastri  arcte  iimnitli.  Sic. 
velut  inita  arbor  foecundo  seinine  (ertilior  extal  Sed  sic 
ba>c  ablaqueatione  adjuvanda  est  infusa  amurca  insulsa 
cum  snilla  vel  nostra  uiina  velere,  ciijus  utriusquc  ino- 
dus  servatiir.  Nam  maximse  arbori,  nt  tantundeia  aquae 
misceatur,  urnaabuude  ciit.  Si)leiit  eliain  vilio  soli  fiuc- 
lum  olea;  negare.  Cui  i  ei  sic  ivKMlfbiiniir.  Altis  gyris  abla- 
queabiinus  eas,  deiiide  calcis  pii)  magiiiludiue  arboris  plus 
minusve  ciicumdabimus  :  sed  minima  arbor  niodium  po- 
stulat.  Hoc  remedio  si  nibil  fuerit  effectiim  ,ad  praisidiiim 
insiUonis  confugiendum  erit.  Qiieinadmodum  aiitcm  olea 
inserenda  sil,  postinodo  dicenuis.  iSon  nimquam  eliam 
in  olea;  uuus  ranms  cseteris  aliquanto  est  belior.  Qiiem 
nisi  rccidej^s,  tolaarbor  contristabitur.  Ac  de  olivetis  liac- 
tcnus  dixisse  salis  esl.  Superest  ralio  pomiferarum  arbo- 
rum ,  ciii  rei  deinceps  pra'cepta  dabiinus. 

X.  iNlodimi  pomarii ,  priusquam  seinina  seras  circuin- 
miiiiii e  maceriis  oporlel  vcl  sepe  vel  fossa  piKcipiti ,  ul 


DE  UAGRICULTURE,  LIV.  V. 


mais  mfime  aux  hommes ,  parce  que  si  les  ci- 
nies  des  plantes  se  trouvaient  souvent  toiicliees 
pai-  les  hommes  ou  rongecs  par  les  bestiaux , 
ellcs  ne  pourraient  plus  jamais  prendre d'accrois- 
seraent.  II  est  bon  d'arranger  les  arbres  par  clas- 
.ses,  et  cela  pour  plusieurs  raisons,  mais  surtout 
alin  nuc  les  plus  faibles  ne  soient  pas  opprimes 
par  les  plus  forts  ;  d'aiitant  quc  tous  les  arbres 
ne  sont  pas  egau.v  entre  eux,  ni  du  cole  de  lu 
force,ni  du  cote  delastature;  et  qu'ils  grandis- 
sent  dans  dcs  intervalles  de  temps  differents  les 
uns  des  autres.  La  terre  qui  est  convenable  aux 
■vigues  Test  egalement  aux  arbres.  Faites  des 
fosses  un  an  avant  de  les  planter  :  moyen- 
Daut  cela  le  tcrrain  se  ramollira  au  soleil  et  a  la 
pluie ,  et  ce  que  vous  y  mettrez  viendra  plus  tot. 
Mais  si  vous  voulez  faire  vos  fosses  la  meme 
annee  que  vous  planterez  vos  arbres,  faites-les 
au  moins  deux  mois  d'avance  ;  cnsuite  echauffez- 
lesen  y  brulant  de  la  paille  :  plus  vous  les  ferez 
larges  et  ouvertes,  plus  les  fruits  que  vous  re- 
cucillerez  scront  beaux  et  abondants.  On  fera 
ces  fosses  semblables  a  dcs  fours ,  dont  le  foud  est 
plns  ouvert  que  la  gueule,  tant  afin  que  les  raci- 
nestrouvent  plus  d'espace  pours'ctendre,  et  que 
rouverture  ctant  etroite,  le  froid  et  le  chaud  y 
penetrent  raoins  en  hiver  ou  en  ete,  qu'a!iu  que 
la  tecre  dout  ou  les  aura  comblees  ne  soit  point 
cutrainee  par  les  pluies,  si  le  terrain  va  en  pente. 
Eloignez  les  arbres  les  uns  des  autres  en  les 
plantant,  afin  que  lorsqu'ils  seront  grandis,  ils 
trouvent  un  espace  suflisant  pour  etendre  leurs 
branches.  En  effet ,  si  vous  les  plantez  trop  pres 
les  uns  desautres,  vous  ne  pourrez  rien  semer 
par-dessous,  et  ils  ne  produiront  pas  beaucoup 
de  fruits,  a  moins  que  vous  n'cn  arrachiez  quel- 

I  011  soliim  pocori ,  sed  et  lioniliii  transiUiiin  negare  vaieal ; 
quoniani  si  sa'[iiiis  cacumina  manii  pia'liacla  aiit  a  jie- 
coribus  piKiosa  sunt,  iii  peipctiiuni  seniina  incienien- 
lum  capcre  nequeuiit.  Geneialini  aiitem  (lisponeieailnues 
utile  est,  nmxinie  iieetiam  imliecilla  a  valeiitioie  pienia- 
tur,  quia  nec  viribiis  nec  magiiiludiiie  par  est,  impaiiiiue 
spatio  temporis  adolescit.  Tena,  qux  vitibus  apta  est, 
etiam  arboribiis  cst  ulilis.  Aiile  annum,  qiiein  seniinare 
voles,  sciobem  fodilo.  Ita  sole  pliiviisve  niaceiabitur,  et 
quod  positum  es[,  cito  criiiiprclicinlet.  At  si  eodem  anno 
et  scrobcm  faceie,  el  aibnrcs  scu  re  voles,  miniiijunianlc 
duos  nicnses  sciobcs  loililo,  pn^lca  sliamcntis  incensis 
calefacito  :  quos  si  laliorcs  |iati'ntiorcsqiie  feceiis,  la'lio- 
les  iibeiioiesqiic  fiuctus  pcicipics.  Sed  sciobis  cliliano 
siniilis  sit,  inius  summo  patculior,  utlaxius  radices  va- 
gentur,  ac  ininus  frigoris  liicme,  ininiisqueaslalevaporis 
per  angiistum  os  penetiet,  etiain  iit  clivosis  locistcria, 
quie  in  eum  congcsta  est , a  pluviis  jion  abluatur.  ..Vibores 
raris  inlcrvallis  scrito,  nl  cum  cicveriiit,  spalium  lia- 
beant,  quo  ramos  exteiidanl.  Nam  si  .spisse  posucris,  nec 
infra  screre  quid  poleris,  iiec  ipsa;  frucluosa;  erunl,  nisi 
iiitervulscris  :  ilaqiie  inler  ordines  qiiadragcnos  pedes  mi- 
niiniimque  tiiccnos  rcliiif|uere  coiivcnit.  Scniina  legc 
crassa  non  miniis qiiani  iiianuluiiim  bidenlis ,  rccla ,  lcvia , 


ques-uns  par-ci  par-la  :  c'est  pourquoi  il  l"aut 
laisser  quarante  pieds  d'intcrvalle ,  ou  au  moiiis 
trente,  entre  les  rangees.  Choisissez  du  plant 
dont  la  grosseur  ne  suit  pas  moindre  que  eelle 
d'un  manche  de  hoyau  qui  soit  droit,  haiit, 
sans  ulceres,  et  dont  recorce  soit  entiiu-e  :  avec 
ces  qualites  il  prendra  bien  et  sous  peii  de  temps. 
En  prenant  ces  brancbes  sur  les  arbrcs,  ayez 
soin  de  choisir  celles  qui  sont  le  plus  exposees  au 
soleil.  Avant  de  transplautcr  de  petits  arbres, 
remarquez  a  quels  vents  ils  etaieiit  exposes  au- 
paravant,  ct  nc  les  dcplantezque  pour  lestrans- 
ferer  d'un  lieu  eleve  et  sec  dans  un  terrain  hu- 
mide  :  ayez  surtout  soin  qu'ils  aient  trois  cnrnes 
et  au  moiustrois  pieds  de  hauteur.  Si  vous  vou- 
lez  mettre  deux  ou  trois  petits  arbres  daiis  la 
meme  fosse  ,  preiiez  garde  qu'ils  ne  se  louchent 
entre  cux,  parce  que  s'ils  se  touehaicnt,  il  est 
constant  qu'ils  pourriraient,  ou  que  les  vers  les 
feraient  mourir.  Lorsque  vous  mettrez  vos  plan- 
tes  en  terre,  enfoncez  dc  droite  et  de  gaucbe 
jnsqu'au  foud  de  la  fosse  des  poignees  de  sar- 
ment  de  la  grosseur  du  bras,  de  facon  qu'elles 
en  debordent  un  peu  le  niveau  :  cette  preoau- 
tion  vous  donnera  la  faeilite  de  faire  parvenir 
Teau  en  ete  jusqu'a  leurs  racines.  Vous  mettrez 
en  terre  la  graiiie  des  arbres  ainsi  que  le  plant 
garni  de  racines  en  automne,  c'est-a-dire  vers 
les  ealendes  et  les  ides  d'octobre  :  pour  les  au- 
tres  natures  de  plant,  vous  les  y  mettrez  au 
commencement  du  printemps,  avant  que  la 
pousse  commence.  Pour  einpi'cher  que  les  tei- 
gnes  n'iiicommodent  les  plants  de  figuiers,  vous 
mcttrcz,  au  foud  des  fosses  oii  seront  ces  arbres, 
une  bouture  de  lcntisque,  la  cime  renversee.  Ae 
plantez  pas  le  figuicr  quand  il  fait  froid   :   il 

proccra,  sine  ulceribiis,  inlegio  libro.  Ea  bene,  et  ccleii- 
ter  compreliendenl.  Si  cx  arboribus  ranios  sunies  ,  de  iis 
qii.T  qiiolaunis  bonos  et  iibercs  frnctus  afreiiint ,  cligito 
ab  liiiiiicris  qiii  sunt  coiilra  solem  [orienlcni.  Si  ciim  radice 
plantam  posueris  incienieiitum  citiiis  luerit  quain  CBcteris 
(liias  seveiis.  Arbor  ii:sila  rriicluosior  esl qiiaiii  qiia'  iii.>,ila 
iion  cst,  idest,quam]  qiirc  laiiiis  aut  plaulis  poncliir.  Sed 
aiile  quam  arbiisciilas  lianslcias,  nota,  qiiibiis  vcnlis  antea 
fueiant  conslituto,  postea manus  admovelo,  ut  de  clivo  et 
sicco  iu  liiimidiiiii  aiSiiini  tiansfeias.  Trifureammaxime  po- 
iiito.  lCa  c\li'l  niiiiiiKcliiliuspcdibus.  Sicodem  scrobcdiias 
aiit  Ircs  ai  biisciilis  vnlcs  constitucre,  cuiato,  ne  inter  scse 
couliiiuaiit :  qiioniam  imitiio  ('onlactii  aut  coni|iiilicsccnt , 
aut  vciiiiibiis  iiitcriliiiiil.  Ciiin  scminadeponcs,  dexlera  si- 
nislraque  iisque  in  imiim  sciiiheni  fasciculossarniciiloniui 
biacliii  crassiludinis  ilcmillilo,  ila  utsiipra  terram  pauliim 
exlent,4)erquos  a'sl:ile  par'.o  lalioieaqiiam  radicibus  sub- 
ministrare  possis.  Arlioi  cs  ac  scmina  cum  radicibiis  aiitiiniiio 
sciito,  lioc  cst  circa  calciid:is  ct  idus  Octob.  1'iiiiio  vere 
antcquam  germinentarl)ores,(leponilo:acnelineamolesta 
sit  seminibus  (iculneis,  in  iniiiin  scrobem  lenlisci  (aleam 
inversocacuminedeniittito.  l'"icumfrigoribusneseiilo.  Loca 
apricii,  CJilcuIosa,  glarcosa,  interdum  et  saxeta  amal. 
tjusinoili  aiborcilo  convalescit,  si  scrobes  amplos  pateu- 


COLIJMELLE. 


iiime  les  lieux  e.vposes  au  soleil ,  pleins  de  cail- 
loux  ou  de  gi-avier,  et  meme  quelquefois  de  ro- 
cheis;  etil  granditpromptemeut,  sion  lui  fait  des 
fossesgrandes  et  larges.  Les  figuiers  de  toutes  les 
especes,  quoique  differents  entre  eux  par  le  gout 
de  leurs  Iruits  et  par  Taspect  qu'ils  presentent 
a  rocil ,  se  plantent  d'une  seule  et  meme  facon ; 
mais  on  a  egard  a  la  varicte  des  terrains,  en  ce 
que ,  lorsque  le  terrain  est  froid  en  automne  et 
:iqueux,  on  y  met  des  figues  hcitives,  afin  d'en 
rccueillir  lefruit  avant  les  pkiies,  et  que,  lors- 
qu'il  est  chaud,  on  y  met  des  ligues  d'hiver. 
Mais  si  vous  voulez  rendre  uu  figuier  tardif, 
quoiqu'il  ne  le  soit  pas  de  sa  nature,arraehez-cu 
les  petites  figues  qu'il  donnera  les  preraieres , 
avaiit  qu'elles  soient  mures;  apres  quoi  11  cn 
reviendra  d'autres  qui  se  conserveront  sur  far- 
bre  jusquii  rhivcr.  II  est  encore  souvent  utile 
de  couper  le  bout  des  cimes  du  figuier  lorsqu'il 
commence  adonner  desfeuilles;e'est  lemoyende 
reiidre  rarbre  plus  fort  et  plus  feitile.  II sera  aussi 
toujours  a  propos,  des  que  les  figuiers  auront 
comnienceasecouvrirdefeuilles,dedetremperde 
latcrre  rouge  dansde!alied"huile,  etde  rcpandre 
cette  composition  sur  leurs  rai-ines  avec  des 
excrementshumains.  Cette  operation  augmente 
rabondance  du  fruit,  et  fait  qu'il  estplus  plein 
et  que  sa  chair  est  meilleure.  11  faut  surtout  avoir 
des  figuiers  de  Livie,  d'Afrique,  de  Chalcidie, 
des  figuiers  .tif/ca?,  des  figuiers  de  Lydie,  des 
figuiers  caUistruthiw ,  des  figuiers  topiw,  des 
figuiers  de  Rhodes  et  de  Libye,  et  des  figuiers 
d'hiver,  ainsi  que  de  tous  ceux  qui  promettent 
de  donner  du  fruit  deux  ou  tiois  fois  par  an. 
Plantez  vers  les  calendes  de  fevrier  ramandier, 
qui  bourgeonne  avant  tout  autre  arhre  :  il  veut 
une  terre  durc,  chaude  et  seche,  puisque,  si 
vous  le  mettcz  dansdesterrainsd'uueautre  qua- 


lite,  il  pourrit  tres-communement.  Avant  dc  sp- 
mer  ramande ,  il  faut  la  faire  tremper  dans  de 
feau  melee  de  miel,  qui  ne  soit  pas  trop  douce  : 
moyennant  cela,  lorsque  1'arbre  sera  grand,  il 
donnera  du  fruit  dc  meillaur  goiit,  et  en  atten- 
dantil  secouvriramieux  defeuilleset  pluspromp- 
tement.  Vous  mettrez  trois  amandes  en  triangle, 
de  faeon  qu'elles  soient  eloignees  fune  de  1'autre 
d'un  imlmus  tout  au  moins,  et  que  cclle  qui 
forme  lesommetdu  trianglesoit  tournce  au  point 
du  ciel  d'ou  souffle  le  xent  Favonius.  Chacune 
des  trois  ne  donnera  qu'une  seule  racine  et  une 
seule  tige ;  raais  lorsque  chacune  de  ces  racines 
aura  gagne  le  fond  de  la  fossc,  la  durete  de  la 
tcrre  venant  a  s'opposer  a  son  passage  la  fera 
recourber,  et  pour  lors  elle  jettera  d'autres  raci- 
nes  nombreuses,  qui  sembleiont  former  autaut 
dc  hranches.  Voici  la  faeon  dont  vous  pourrez 
faire  des  amandes  et  des  avelines  de  Tarente. 
Vous  mettrez  dans  la  fosse  que  vous  leur  des- 
tincrez  de  la  terre  bien  pulverisee  a  la  hnuteur 
d'un  demi-pied ,  et  vous  y  semerez  de  la  graine 
de  ferule.  Lorsque  cette  grainesera  venue,  vous 
cacherez  une  amande  ou  une  aveline  depouillee 
de  son  ecorce  dans  la  nioelle  de  la  ferule,que 
vous  aurcz  fendue  en  deux  a  cet  effet ,  et  vous 
les  niettrez  ainsi  en  terre.  Vous  ferez  cette  ope- 
ration  avant  les  calendcs  de  mars,  ou  racme  en- 
tre  les  nones  et  les  ides  de  ce  mois.  II  faut  seraer 
dans  le  meme  temps  les  noix ,  les  pignons  et  les 
chataignes.  II  est  a  propos  de  planter  le  grena- 
dier  depuis  le  temps  que  nous  venons  d'indiquer 
jusqu'aux  calendes  d'avril.  Si  son  fruit  est  aigre 
ou  peu  doux  ,  voici  commc  on  le  corrigera  :  on 
repandrasur  ses  racines  de  la  fiente  de  porc  ,des 
excrcments  humains  et  de  vieille  urinc.  Cette  pre- 
caution,  cn  rcndant  farbre  fertile,  feraqueson 
fruit  sera  vineux  les  premieres  annees,  et  doux 


Ipsqiie  fcceiis.  Flc.orum  genera,  etsi  sapore  alqiie  lialiilu 
<list:uit,  uno  modo,  sed  pio  differenlia  agri  soruntur. 
Locis  frigidis,  et  auUimni  tenipoiitnis  iii|iiosis  priiMoqiics 
ponilo,  ut  ante  pluviam  friictum  ilrli.;i,  :  ImiN  r,ilii]is  hi- 
hernas  .scrito.  At  si  volcs  licuni  qiiaim  is  ikui  iialiiia  Ma.iiii 
facere,  tum  grossulos,  prioremve  friicliiiii  ilci  nliln,  ila 
alterum  edet.quem  in  lilemem  dificrct.  Nnn  iiiiiii|iiam 
ctiam,  cum  trondere  ca^perunt  arbores,  laciiinina  lici 
ferro  summa  prodest  amputare  -.  sic  lirmiorcs  ariinics  ct 
feiacioresrnmt;acsemperconveniel,simulal.quefoliaagere 
co>perit  ficus,  riibricaui  amurca  diluere,  el  cum  stercoie 
liumano  ad  radicem  infundcre.  Ea  res  eflicit  uberiorem 
fructum,  et  farctuni  fici  plenioremac  meliorem.  Screndic 
sunt  auteiu  prsccipue  Livianae,  Africam^e,  Clialcidici;, 
sulcffi,  Lydia!,  callistriitliire,  lopi.T ,  Rliodi.-c,  Libycae, 
liiliernae,  omnesetiam  bifcne  et  Irilcr.T  (losculi.  INucem 
(Jraecam  seiito  circa  cal.  ]'\'!jr.  quia  prima  gemmascit  : 
agruni  durui^i,  calidum,  siccum  desideial.  Nam  in  locis 
diversis  nucem  si  deposueris,  plerumque  putrescit.  An- 
teqiiain  nncem  deponas,  iu  aqua  mulsa  ncc  uimis  diilci 
iiiaceralo.  Ita  jucundioris  saporls  fructum,  cum  adoleve- 


rit ,  pra'bebit ,  et  interim  nielius  atque  ceierius  frondebit. 
Ternas  nuces  in  trigoniim  statuito,  ut  niix  a  nuce  minime 
palino  alisit,  et  anccps  ad  Favonium  spectel.  Omnisau- 
1.111  iiii\  iiiiani  railiii'iii  millil ,  ct  siniplici  stilo  prorepit. 
(  iiiii  ail  Mii.las  siiliiiii  radix  piivrnil,  duritia  bumi  coer- 
cila  leciii  \aliir,  ct  cx  se  iii  miidiim  ramorum  alias  radices 
emillit.  Nucem  Grsecam  et  Avellanam  Tarentinam  faccre 
lioc  modo  poleris.  In  quo  scrobc  destinaveris  nuces  serere , 
in  eo  terram  minulam  pro  modo  seimpedis  ponito ,  ibiqiie 
semen  fcriila^  rcpangito.  Cum  fernla  (nerit  enata,  eam 
findilo,  ct  iu  medulla  cjus  sine  putaminc  nucem  Gra»cam 
aiitAveli.inamabscondilo,  et  ita  adobruilo.  Hocanle  ca- 
leiid.  Jlartias  facito,  vel  eliam  inter  nonas  et  idns  Mart. 
Fodeui  tempore  juglandem  et  pineam  ct  castaneam  serere 
oportet.  Jlalum  Punicum  ab  eodem  tempore  usque  in 
cal.  Aprilis  recte  seiitur.  Quod  si  acidum  aut  minus  dul- 
cem  fructum  feret ,  lioc  modo  emendabitur.  Stercore suillo 
et  luimano  uriiiaque  vetere  radices  rigato.  Ea  res  et  ferti- 
lem  arborem  reddet ,  et  primis  aniiis  fruclum  vinosum , 
[el]  post  quinquenniiim  diilecm ,  et  apyrenum  facit.  Nos 
exiguum  admodum  laseris  vino  dlliiimus ,  el  ita  cacumiu? 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  V. 


aii  bout  de  cinq  ans,  et  que  les  grains  n'en  seront 
point  durs.  Pour  nous,  nous  nous  sommes  avi- 
se  de  delayer  tant  soit  peu  de  iaser  dans  da  vin  , 
et  d'cn  frolter  le  bout  des  cimes  de  cos  arbres,  et 
nous  avons  corrige  par  la  Taigreur  de  leur  fruit. 
On  empeche  les  grenades  de  se  fendre  sur  Tar- 
bre,  en  enterrant  trois  pierres  aupres  de  sa  ra- 
cine  lorsqu'on  le  plante.  Mais  si  Tarbreest  dcja 
tout  plante  quand  on  s'apercoit  de  ce  defaut , 
on  scme  de  la  scille  aupres  de  sa  racine.  Lorsque 
les  greuades  d"un  arbre  sujet  a  ce  viee  sont  deja 
raures,  on  emploie  une  autre  methode,  qui  con- 
siste  a  tordre,  avant  qu'elles  se  crevent ,  la  queue 
par  laquelle  ellcs  pendent  a  Tarbre  On  se  sert 
aussi  du  meme  moyen  pour  les  garder  toute 
rannee  sans  qu'elles  se  gAtent.  On  plante  les 
poiriers  cn  automne  avant  le  solstice  d'hiver,  de 
facon  qu'il  y  ait  au  raoins  vingt-cinq  jours  d'in- 
terstice  cntre  leur  plantation  ct  le  solstice.  Pour 
les  rendre  fertiles,  il  faut,  lorsqu'ils  sont  gran- 
dJs ,  les  dechausscr  profondement ,  en  fendre  le 
tronc  pres  de  la  racine  meme,  et  inserer  dans 
cette  fente  un  coin  fait  de  bois  gommeux  de  pin, 
qu'on  y  laissera  :  ensuite,  lorsqu'on  aura  re- 
chausse  Tarbre ,  oa  repandra  dc  la  cendrc  sur  la 
terre.  II  faudra  avoir  soin  de  planter  dans  les 
vergers  les  poires  de  la  meilleure  espece,  c'est-cV 
dire,  celles  de  Crustumium,  les  poires  royales, 
celles  deSignia,  cellesdeTarente,  cellesqueron 
appelle  poircs  de  Syrie,  les  pourprees,  les  or- 
gueilleuses,  ks  ordeaccce ,  les  Anieieunes,  les 
Nwviaiup ,  celles  de  Favonius ,  celles  de  Lateran, 
celles  de  Dolabella,  celles  de  Turannius,  la 
grosse  poire ,  la  poire  miellee ,  la  poire  hci- 
tive,  celle  de  Venus,  et  d'autres  encore,  dont 
il  serait  trop  long  de  faire  iei  reoumeration. 
En  outre,  il  faut,  entre  les  differentes  especes  de 
pommes,  s'attacher  principaiement  a  la  poramc 


de  Scandius,  a  celle  de  Matius,  a  la  pomme 
ronde  ,  a  celle  de  Se.xtius  ,  a  celle  de  Pelusiura, 
a  celle  d'Ameria ,  a  la  pomme  rouge ,  a  la  pomrae 
de  miel,  aux  coiugs,  qui  sont  de  trois  especes  , 
savoir,  lcs  poires-coings,  les  coings  d'or,  et  ceux 
qui  murissent  promptement  :  tous  fruits  non- 
seulement  bons  au  gout,  mais  encore  tres-salu- 
taires.  Les  cormes  d'.\rmenie  et  de  Perse  sont 
aussi  engraude  faveur.  On  plante  les  ponimicrs, 
les  cormiers  et  les  pruniers  dcpuis  le  tenips  ou 
la  moisson  est  a  moitie  faite ,  jusqu'au.\.  ides  dc 
fevrier.  On  plante  les  muriers  depuis  les  ides  de 
fevrier,  jusqua  requinoxe  du  printemps.  Plantez 
lecarrougier,  que  quelques  persounes  appellent 
xspaTiov,  ainsi  que  le  pechcr,  pendant  rautomne, 
avant  le  solstice  d'hiver.  Si  ramandier  est  peu 
fertile,  percez-en  le  tronc,  et  enfoncez-y  une 
pierreque  vous  laisserez  se  rccouvrirdesou  ecorce. 
II  faut,  apres  avoir  laboureet  fumii  la  terre  dans 
les  jardins  vers  les  calende„s  de  raars,  arranger 
des  boutures  de  toutes  les  especes  d'arbre5  sur  des 
couehes  faites  en  planches.  II  faut  aussi  prendrc 
le  soin ,  quand  les  plantcs  coramencent  a  avoir  de 
jeunes  branches,  de  les  epamprer,  pour  ainsi 
dire,  et  de  lcs  reduire  a  une  seule  tige  la  pic- 
miere  annee.  II  faut  encorc,  lorsque  rautomne 
approchc,  ct  avant  que  le  froid  brule  leurs  ci- 
mes,  en  arracher  toutes  lesfeuillcs,  et,  apres 
qu'elles  seront  ainsi  dcpouillees,  les  couvrir 
avec  dcs  roseau.x  t^pais  auxquels  on  aura  lai.ssci 
d'uu  cflte  leur  nceud ,  afin  qu'il  serve  comme  dc 
chapeau  a  ces  jeunes  tiges ,  et  quil  les  defende 
par  consequent  du  froid  et  de  la  gelce.  Deux  ans 
apres,  vous  pourrezen  toute  surete  les  transfercr 
et  lcs  etablir  dans  des  rangees,  ou  les  greffer, 
seion  ce  que  vous  voudrez  en  faire. 

M.  Ou  peut  greffer  tel  rejelon  (jue  Ton  veutsur 
quelquc  arbre  quece  soit,  pourvu  que  recorce  de 


arboris  siinima  olilevimus.  ta  res  emcndavil  acoiem  nia- 
liinini.  Mala  Piinica  ne  in  arbore  liient,  renieilio  sunt  la- 
pides  lies,  si ,  cum  seres  arborem  ,  ad  radlcem  ipsam  col. 
locaveris.  At  si  jam  arborem  satam  liabueiis,  scillam 
secundum  radicem  arboris  serito.  Alio  modo,  cuin  jam 
matnra  mala  fuerint,  antequam  runipanlur,  ramulos, 
quibus  dciiendcut ,  intorqueto.  Eodem  modo  servabuntur 
inrorru|)t;i  eliam  toto  aiino.  Pyrum  auliimiio  ante  brumam 
serito,  ita  utminime  dies  xxv  adbrumam  supersint-Qua; 
ut  sit  ferax ,  ciiin  adoleverit,  alte  eam  ablaqueato,  et  juxta 
ipsani  radiccm  trnnciim  nudito,  et  in  flssiiram  cuncum 
leda?  piiiea;  adigito ,  et  ibi  reliuquito  :  deinde  adobnita 
ablaquealione  cinerem  supra  terram  injicito.  Ciiraiidum 
esl  aiitem,  ul  qiiam  geneiosissimis  pyris  pomaria  conse- 
ramus.  Ea  sunt  Crustumina,  regia,  Sigiiina,  Tarcntiiia, 
qua' Syria  dicuntur,  purpurea,  siipeiba,  ordeacea,  .Ani- 
ciaiia,>'aeviana,  ravoniana,lateritana,Dolabelliana,  Turra- 
niana,¥oIema,  iiiulsa,  pia'Cocia,  venerea,  etqusedamalia, 
ouoium  enumeratio  niinc  longaest.  Prcflcrea malorum  ge- 
nera  exquirenda  inaxime  Scandiana ,  Matiana ,  orbiciilata , 
Sextiana,  Pelusiana,  Amerina,  Syrica,niclimcla,  cydoiiia  ; 

C0Ll;51Kll.l. 


qiiorum  geiicra  Iria  siiiit,  strutliia,  clirysonielina ,  mustca. 
Qii.T  omiiia  non  soliim  voluptatem,  sed  etiam  saliibrita- 
tem  affeiiint.  Sorbi  qiioque el  Armeniaci  atque  Peisici  noii 
minimacst  gratia.  Et  mala,  sorba,  pnina,  posl  mediam 
liicmem  usqiie  in  idus  l'eb.  serilo.  Mororum  ab  idib. 
Feb.  usquc  ad  a^quinoctiuin  vernum  satio  est.  Siliquani 
Griecam,  quain  quidam  ztpaTiov  vocaiil,  et  Pcrsicum 
ante  bnimam  per  autiimntim  serito.  Amygdala ,  si  paruin 
ferax  crit,  forala  ailxne  lapidein  adigilo,  et  ita  librum 
arlxiris  iuolesccrc  sinilu.  Oiiinium  autem  gcneriim  rainos 
circa  cal.  Martias  in  liortis  subacta  el  stercorata  lena  su- 
pra  piilvinos  arcarum  disponere  convenit.  Daiida est  opera, 
iit  dum  tenero6  ramulos  lnibeiit,  vcluti  paiiipinentiir,  el 
ad  iinum  slilum  primo  anno  semiiia  rcdigautur.  F.t  ciiin 
autiiiniiiis  incesserit,  ante  qiiam  fligus  cacumina  adiiral, 
oninia  folia  decerpere  cxpejQt ,  et  ilacrassis  arundiiiibiis, 
qua-  ab  iina  parte  nodos  integros  liabcant,  vclut  pileis  in- 
duere ,  alqiie  sic  a  frigorc  et  gelicidiis  leneras  adliiic  vir. 
gas  tueri.  Post  viginti  qualuor  dcinde  inenses  sive  traiis. 
(erre  ct  disponcre  in  ordineiu  volco,  oive  iuserere,  satis  luls 
uliumquc  facerc  polcris 


soc. 


COLUMELLE. 


la  greffe  ne  soit  pasdifferente  de  celle  de  i'arbre 
sur  iequcl  ou  ia  grelTe  :  on  peutgrefferadmirable- 
meut  et  sans  scrupule  une  greffe  prise  sur  un 
jrbre  qui  produit  des  fruits  pareils  a  cclui  que 
Ton  grelTe,  et  qui  les  produit  dans  le  menae  temps. 
Les  anciens  out  fait  meution  de  trois  especes  de 
greffe  :  l'une  par  laqueiie  Tarbre,  etant  coupe  et 
fendu,  admct  dans  l'inti'rieur  de  son  corps  dcs 
scions  coupes  sur  un  autre  arbre ;  la  seconde,  par 
laquelle  Tarbre  que  Ton  greffe  recoit  une  ente 
coupee  sur  un  autrearbre  entrc  sonecorceetsoa 
bois  :  ccs  deux  sortes  de  greffes  se  font  dans  le 
priutemps.  La  troisieme  est  celle  par  laquelle 
farbre  a  greffer  recoit des  boutons  memes  avec  un 
peu  d'ecorce ,  sur  une  partie  de  sou  corps  qu'on  a 
ecorcee :  c'estcequequelques  agriculteursappel- 
lent  emplaslralio  (greffe  eu  ccusson),  etd'autres 
imculatio  (greffe  par  gemmesl ;  cette  derc.iere  fa- 
cou  peut  etre  employee  a  propos  en  6tc.  Apres 
avolr  donue  ki  maniere  de  meitre  ccs  greffes  en 
usage ,  nous  donncrons  aussi  une  autre  methode 
que  nous  avons  trouvee  nous-mcme.  11  faut 
greffer  tous  les  arbres  des  qu'ils  auront  com- 
mence  a  montrer  des  houtons,  et  dans  le  tenips 
que  la  lune  sera  daus  son  croissant ;  mais  il  faut 
greffer  rolivier  vers  rcquinoxe  du  printemps  jus- 
qu'aux  ides  d'avril.  Prenez  garde  que  Tarbresur 
lequel  vous  voudrez  prendredes  greffes,  pourcn 
cnter  d'autres,  soit  jeune  et  fertile,  ct  qu'il  ait 
beaucoup  de  noeuds.  Lorsque  ses  boutons  com- 
menceront  a  grossir,  prenez  vos  greffes  ,  cpaisses 
d'uu  petit  doigt  et  garnies  de  deux  ou  trois  cor- 
nes,  sur  de  petites  branchcs  d'un  an,  qui  soient 
sur  le  c6te  de  Tarbre  tourne  au  lever  du  soleil  et 
bien  inlactes.  Coupez,non  sans  prceaution,  avec 
une  scie,  Tarbre  que  vous  voudrez  greffer,  a  ren- 
droit  ou  il  est  le  plus  brillant  etsans  cicatriee  ,  et 


faites  en  sorte  de  ne  point  endomraager  son^cor- 
ce.  Lorsqu'il  sera  coupe ,  ragreez  la  plaie  avec  un 
instrument  de  fcr  hien  tranchant ;  cnfoncez  eti- 
suite  un  coin  de  fer  ou  d'os  hien  aiguise  entre  Te- 
corce  et  le  bois,  au  moins  jusqua  trois  doigts, 
mais  avec  beaucoup  de  precaution ,  pour  ne  pas 
endommagerou  romprerecorce.  Ensuite  ratissez 
d'un  seul  c6te,  avec  une  serpette  bien  tran- 
chante,  les  greffes  que  vous  voulez  cnter,  sur  une 
longueur  egale  a  celle  de  rouverture  formee  par 
le  coin  fiche  dans  Tarbre ,  et  de  fa^on  que  \ms, 
n'endommagiez  pas  la  moelledeces  greffesni leur 
(icorce,  du  cote  que  vous  ne  les  aurez  poiut  ra- 
tissees.  Quand  vos  greffes  seront  preparees,  vous 
arracherez  le  eoin ,  et  vous  les  enfoncerez  sur-le- 
champ  dans  louverture  que  vous  aurcz  faite 
sur  larbre  par  rintroduction  du  coin  eutre  son 
ecorce  et  son  bois.  Inserez-les  par  le  cote  que 
vous  aurez  ratissc,  de  facon  (fu'elles  debordent 
Tarbre  au  moins  d'un  demi-picd  en  dehors.  Vous 
ferez  bien  d'iuserer  dans  le  meine  arhre  dcux 
greffes  ci  la  fois  ou  uu  plus  grand  nombre,  si  sou 
tronc  est  plus  gros ,  en  laissant  un  intervalle  de 
quatredoigtsentrechacuue.  II  faudra  vous  regler 
pour  cela  sur  la  grandeur  de  Tarbre  et  sur  la  bonte 
deson  ecorce.  Lorsquevous  aurez  introduit  dans 
uii  arbre  toutes  les  grelTes  qu'il  pourra  recevoii-, 
vous  les  lierez  soit  avec  de  Tecorce  d'orraes, 
soit  avcc  du  jonc  ou  de  Tosier  :  apres  quoi  vous 
endiiirez  avec  un  lut  mele  de  paille,  que  vous 
aurez  bien  petri ,  toute  ia  plaie  ainsi  que  rinter- 
valie  qui  est  entre  lcs  greffes,  de  facon  pour- 
tant  qu'il  leur  reste  au  moins  quatredoigls  en- 
tiers  de  dccouverts  :  vous  mettrez  eusuite  par- 
dessus  de  la  raousse,  que  vous  attacherez  de  facon 
que  la  pluie  ue  puisse  pas  les  penetrer.  II  y  a  ce- 
pendant  des  personnes  qui  aimeut  mieux  faire une 


Xr.  Omnis  siirnihis  omjii  arhoii  insori  pofest,  si  non 
ost  ei,  ciii  inseriliir,  rorlice  dis.siniilis.  Si  vero  eliam  si- 
niileni  fructiun  et  eoilem  fempore  affert,  sine  scrupnlo 
(.a,,.<;ii.  ii|.;i>rilnr.  Tria lienera porro  insitionnni  antiqui  fra- 
(liiUMiiiil.  Uijiim,  (pio  rcsecla  et  fissa  arlior  reseelos  sur- 
culus  accipit.  .•Vllcnnn,  (juo  resecla  inter  libi-um  et  male- 
riam  semiiia  adniittiC.  Qu;c  ntraque  geneia  verni  temporis 
sunt.  Tertium,  quo  ipsas  gcmmas  cum  exiguo  corlice  in 
parlein  sui  delibiatam  recipif,  quam  vocant  agricola' 
emplasfrationem;  vel,  ul  (piidam  ,  inoculationeni.  Hoc 
genusinsilionis  a^slivo  temporeoptilneusuipatur.  Qiiarum 
insitionum  ratiouem  cnm  tradiderinnis,  a  nobis  repertam 
quoqne  doccbimus.  Omncs  aibores  simnlalque  geinmas 
agere  coeperint,  liina  cresceule  inserilo  ;  olivam  autcm 
circa  ajquinoclium  veinum  nsquc  in  itlns  Aprilis.  Ex  qiia 
aibore  inseiere  voles,el  surcuios  ad  insilionem  sumptnius 
es ,  videtu  nl  sit  teiiera  et  ferax  nodisque  crebris  :  et  cum 
priniiim  gendina  Inmebunt,  de  ramulis  anniculis,  qui 
solis  ortuin  spectabunt ,  el  infcgri  erunf ,  eos  lcgito  cias- 
situdine  digili  minimi.  Surcnli  sint  hifurci  vel  Irifinci. 
Arboicm,  qiiain  insefere  voles,  seira  diligenter  exsecato 
■ca  partc,  ([ua  maxime  nilida  el  sine  cicalrice  cst;  dabis- 


qne  operam  ,  ne  librum  lajdas.  Cum  deinde  tinncum  re- 
cideiis,  aciito  ferianiento  plagam  levato.  Deinde  qnasi 
cuneum  tenuem  feneiim  vel  osseiim  inler  corticem  c$  ina. 
teriein  ne  minus  digitos  fics,  sed  cousiderate,  demittito, 
ne  la'das  aul  rnmpas  corticeni.  Poslca  surculos ,  quos 
insereie  volcs ,  falce  acuta  ex  ima  parle  deradito  fantura , 
quantum  cuneus  demissus  spatii  dabit,  atqne  ila,  ne 
mediillas  ueve  alterius  partis  corticem  la!das.  Ubi  sur- 
culos  paratos  liabneris,  cuiieum  vellito,  slatimque  surculos 
in  ea  foramina,  qua;  cuneo  adaclo  intcr  corticeni  et  ma- 
tcriam  feceris  ,  demitlito.  Ea  auleni  line,  qua  adiaseris, 
surculos  sic  inserito,  nt  seinipede  vel  amplius  de  arlwre 
c\lent.  In  una  arbore  dnos,  vel  si  fruncus  vastiorcst, 
pluies  calanios  recte  inseres,  dum  ne  miniis  quatiior 
digitorum  intereos  sit  spatium.  Pro  arboris  magnitudine 
et  corticis  bonitate  Iiac  facito.  Cnin  omnes  surculos,  qiios 
aibor  ea  paliclur,  demiseris,  libro  ulmi  vel  juucoaiitvi- 
mine  arhorem  constringito  ;  poslea  paleato  Inlo  benc 
subaclo  ohlinilo  tolam  plagam ,  et  spalium ,  quod  est  iii- 
ter  surculos,  u.sque  co  diini  minime  qiialuor  digitis  insila 
cxtent.  Siipra  deinde  muscum  imponito,  et  ita  ligalo,  iic 
pluvia  dilabafur.  Quosdam  lamen  magis  delectat  intrnnco 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  V. 


ouverture  avec  la  «•ie  sur  le  tronc  de  Tarbre  , 
pour  y  introduire  ies  greffcs,  et  qui  raijreent 
avec  un  bistouri  bien  aiguise  ia  partie  qu^ils  ont 
ainsi  seiee,  pour  y  ajuster  eusuite  les  greffcs.  Si 
vous  voulez  greffer  un  petit  arbre,  coupez-ie  par 
en  bas,  de  facon  qu'il  n'en  reste  qu'un  pied  et 
demi  sur  terre;  apres  l'avoir  coupe,  ragreez  la 
plaie  avec  soin ,  et  fcndez  tres-legerement  le  tronc 
parson  milieu  avec  uu  bistouri  bieu  tranchant, 
de  facon  que  la  fente  n'ait  que  trois  doigts  de 
longueur :  cnsuite  Insercz  un  coin  dans  cette  feute 
pour  en  ecarter  les  levres ,  et  enfoncez-y  des  gref- 
fes  ratissees  des  deux  cotes,  de  facon  que  leur 
ecorce  soit  au  uivcau  de  celle  de  rarbre.  Lorsque 
vous  aurez  ajuste  ces  greffes  avec  soin,  vous  re- 
tirercz  le  coin,  et  vous  lierez  Tarbre,  commej'ai 
ditci-dessus;  ensuite  vous  entasserez  de  la  terre 
autour  de  lui  jusqu'a  la  greffe  :  cela  contribuera 
a  la  defendre  parfaitement  contre  les  vents  et  la 
chaleur.  La  troisieme  espcce  de  greffe  dont  je 
vais  parler,  etant  Ires-delicate,  ne  va  pas  d.  toute 
sortc  d'arbres ;  et  il  n'y  a  guere  quc  ceux  dont 
recorce  est  humide ,  pleine  de  seve  et  forte,  tels 
que  les  figuiers,  qui  s'en  accomraodeut.  Eu  effet, 
ces  arbres  rendant  beaucoup  de  lait,  et  ayant 
recorce  forte,  on  peut  tres-bien  les  grefferde  la 
maniere  suivante.  On  choisit  sur  Tarbre  dont  on 
veut  tirer  la  gretle  de  jeunes  brancbes  qui  soient 
bien  uuies ,  et  on  y  remarque  le  bonton  le  plus 
apparent ,  et  qui  promet  le  plus  surement  de 
germer.  On  traee  autour  de  ce  bouton  une  mar- 
que  de  deux  doigts  en  carre,  de  facon  quc  le 
bouton  etant  au  centre  de  ce  earre ,  ou  coupe 
l'ecorce  tout  autour  de  lui  avec  un  bistouri  bien 
tranchant,  et  on  rcnleve  avec  attention  dedessus 
Tarhre,  en  prenant  garde  de  i'endomraager.  On 
choisit  ensuite  pareillement  uue  branche  tres- 


lisse  de  Tautre  arhre  que  Ton  doit  cnter  en  ecus- 
son ,  et  on  la  depouille  en  lui  coupant  un  morceau 
d'ecorce  de  meme  grandeur  que  le  premier;  apres 
quoi  on  applique  recusson  qu'ou  avait  prepare 
sur  cette  partie  depouiliee,  de  facon  qu'il  y  re- 
pondc  cxactcment.  Quand  cela  est  fait,  on  lie 
bien  le  tout  autour  du  bouton,  en  prenantgarde 
de  roffcnser  lui-meme.  Ensuite  on  enduit  d'uu 
lut  les  joints  et  les  ligatures,  en  laissant  un  iuter- 
valle  jusqu'au  bouton,  alin  qu'il  soiten  liberte, 
et  qu'ii  ne  soit  pas  presse  par  la  iigature.  On  ro- 
gne  les  rejetons  du  pied  de  Tarbre  greffe,  ainsi 
quesesbranches  superieures ,  pour  qu'il  u'y  reste 
rien  qui  piiisse  en  attirer  a  soi  la  seve ,  et  qu'il 
n'ait  pas  d'autres  parties  a  nourrir  pre!'erable- 
ment  a  la  greffe,  et  au  bout  de  vingt  et  un  jours 
on  delie  recusson  :  on  greffe  aussi  parfaitement 
rolivier  de  cette  facon.  Nous  avons  deja  montre 
laquatriemefaconde  greffer,  lorsque  nousavons 
traite  des  vignes  :  c'est  pourquoi  il  est  inutile  du 
repeter  ici  la  methode  que  nous  avons  donnen 
alors,  et  qui  consiste  a  percer  i'aibre  avec  une 
tariere.  Mais  corame  les  anciens  ont  pretendu 
qu'on  ne  pouvait  pas  entcr  loute  sorte  de  scions 
sur  toute  sorte  d'arbres,  et  qn'ils  ont  donne, 
eomme  une  loi  invarialile,  le  terme  que  nous 
avons  lixe  nous-meme  tout  a  Theure,  en  disant 
qu'il  n'y  avait  pas  d'aulres  entes  qui  pussent 
reussir  sur  un  arhre,  quc  celles  qui  etaientprises 
sur  un  arbre  semblable  au  premier,  tant  par  son 
ecorce  exterieure  et  interieure  que  par  son  frnit; 
nous  avons  cru  qu'il  fallait  disslper  Terreur  qul 
suitde  cctte  opinion,  et  donner  k  la  posterite  un 
moyen  d'enter  telle  espece  de  grelfe  que  Ton  vou- 
dra,  sur quelque  arbre que  ce  soit.  Jlais  pour  epar- 
gner  au  lecteur  toutpreambule,  nous  allons  don- 
ner  un  exeraple  d'apres  lequel  on  pourra  enter 


arboris  lociini  seminibiis  serra  facere,  insectasque  partps 
leiuii  scalpello  levare,  aUiiie  ita  surculos  aptaie.  Si  pusil- 
lam  arborem  inseiere  voles,  imani  ahscin<iilo,  ita  ut  ses- 
qiiipede  e  terra  extet.  Cum  deinde  pra'cideris ,  plagam 
diligenter  levato  :  et  ir.ediuni  truncum  acuto  scalpello 
permodice  lindilo,  ila  ut  (issuradigitorum  trium  sitin  ea. 
Deinde  cunciim,  quo  diducatur,  inserilo,  et  surculos  ex 
iitraque  parte  derasos  demittilo,  sic  iit  libruin  seminis 
libro  arboris  a'qualein  facias.  Ciiiii  surculos  diligeiiter 
aptaveris,  cuneum  exiniito,  ct  arborem  ,  ut  supra  di\i , 
alligato  ;  deiiide  tcrrara  circa  arboiem  adaggerato  usque 
ad  ipsum  insituni.  Ea  les  a  vento  et  calore  maxime  tuobi- 
tur.  Nos  lcrlium  gcniis  insilionis  invenimus,  qiiod  cum 
sit  subtilis^iiniini,  luin  omui  generi  arborum  idoneuni  cst, 
sed  fere  recipiiint  laleni  insitionein,  qua'  bumidiimsuc- 
cosumqile  ct  validiim  libriim  liabent ,  sicut  liciis.  Nam  et 
lactis  pbiriniiini  mittit,  ct  corticem  robuslum  babet.  Op- 
lime  ilaque  inseritur  caprilici  ramus.  lix  arbore,  de  qiia 
iiuerere  voles,  novcllos  et  nilidos  ranios  eligito,  in  iisdeiii- 
que  observato  gciiiiiiain  ,  qii.T  bciie  apparebit ,  cerlaniqiie 
speiu  gorminis  lialieliit  :  cam  duolnis  digilis  quadralis  cir- 
cumsigiiato,  ut  genima  media  sit  ;  et  ila  aciilo  scal|iello 


circumcidilo  dolibraloqne  diligcnter,  no  geiiimam  Iwdas. 
1'ostoa  itoni  allerius  arboris,  quani  euipiaslratiirus  es  , 
nitiilissimum  rainum  eligito,  et  ejusdom  spatii  corticeni 
ciicumcidilo,  ct  mateiiam  delibrato.  Deinde  in  eain  par- 
teni,  quam  nudaveris,  pra^paratiim  emplastriini  aptalo, 
ita  ut  alteia;  delibrata;  parti  conveiiiat.  Tjbi  ita  ba-c  focorLs, 
circa  gominam  bene  alligato ,  cavetoque  nc  todas  ipsiim 
germen.  Deiude  comniissiiras  et  vincula  liito  oblinito, 
spatio  relicto,  ut  geninia  libera  vinculo  noii  uigeatur.  Ar- 
boi  is  aiitcm  insila;  sobolcm  et  ranios  superiores  prKcidito, 
ne  quid  .sit,  quo  poiisit  succiis  cvocaii,  aut  ne  cui  magis 
qiiam  iiisilo  scrviat.  Post  xxi  diem  solvilo  emplastium. 
Kt  Iioc  geuere  optime  ctiam  oloa  inseiilur.  Quartiim  illiid 
goiiiis  insilionis  jam  dociiimiis ,  ciim  de  vitibus  dispiilavi- 
miis.  Ilaque  supcrvacuum  e.st  Iioc  loco  repetere  Iradilam 
ralionom  leicbrationis.  .Sed  ciini  antiipii  iiegaverint  posse 
oiiine  genus  surciilorum  iii  oiimem  arborcm  insori,  ct 
illam  quasi  finitionom ,  qua  nos  paulo  aute  usi  sunius, 
veluli  quandam  legem  sanxeriut,  oos  tantum  siirculos 
posse  coalescere,  qui  sint  onilice  ac  libroet  fructa  consi- 
iiiilos  iis  arboribiis,  quibus  inseruntur;  exislimaviniii.s 
(•rroreiii  liujiis  opinioiiis  discutieiidum,  trademlanKpie 


308 


COLUMELLE. 


telle  espece  de  greffe  que  Ton  voudra  sur  toiite 
sorte  d'arbres.  On  creusera  d'abord  une  fos<e  de 
quatre  pieds  en  tous  sens  aupres  d"un  olivier,  a 
teiie  distance  que  les  branches  les  plus  ailongees 
de  cet  arbre  y  puissent  atteiiulre.  Ensuite  on  de- 
poscra  dans  celte  fosse  un  petit  figuier,  en  faisant 
attention  a  ce  qu'il  scit  fort  et  brillant.  Trois  ans 
apres,  lorsquecefiguieraura  deja  pris  assezd'ac- 
croissement,  on  abaissera  ia  branche  d'olivier  qui 
paraitra  la  plus  brillante,  et  on  l'attachera  au 
picd  du  figuier ;  apres  quoi  on  coupera  les  autves 
petites  brauches  qui  dependent  de  celle-la,  en  ne 
lui  laissant  que  Ics  cimes  que  fon  voudra  em- 
ployer  corame  greffes.  Ensuite  on  coupera  le  fi- 
guier,  on  ragreera  la  plaie,  et  on  le  fendra  par 
!c  milieu  avec  un  coin ,  puis  on  ratissera  des  deux 
cut(^s  les  cimes  de  rolivier,  sans  les  deranger  de 
la  position  dans  laquelie  elles  tiennent  a  leur  me- 
re ,  apres  quoi  ou  les  inserera  dans  la  fcnte  du 
figuier ;  puis  ou  retirera  le  coin ,  et  on  liera  avec 
soin  ces  cimes,  de  facon  qu"aucune  force  ne  soit 
capable  de  les  arracher.  Moyennant  cela  le  fi- 
guier  se  fortifiera  avce  1'olivier  en  trois  ans,  et 
ce  ne  sera  que  la  quatrieme  annee,  et  iorsquMls 
seront  bien  mari^s  ensemble ,  (|ue  I'on  sevrera  les 
hranchcs  de  rolivier,  comme  on  sevre  les  pro- 
\ins  :  on  peutentcrdecette  facon  telle  greffeque 
fon  voudra  sur  quelquc  arbre  que  ce  soit.  Mais 
comme  nous  avons  parl('  a  peu  pri;s  de  toutes  les 
espeees  d'arbrisseaux  dans  les  livres  precedents, 
il  est  temps,  avant  de  linir  celuici ,  de  parler  du 
cytise. 

XII.  II  sera  tres-important  d'avoir  dans  sa 
-terre  la  plus  grande  quantit(i  dc  eytises  que  l'on 
pourra,  parce  que  cet  arbrisseau  est  tres-utile 
aux  poules,  au.v  abeilles,  aux  brebis  et  aux  che- 

posterls  ratlonem ,  qtia  possil  omne  genus  surculi  onini 
geneii  arJMiis  inseii.  Quod  ne  longiore  exoidio  legentein 
fatigemus,  unum  quasj  exempluiii  subjiciemus,  quo  possit 
omne  geniis  surculi  omnilius  aiboiibus  inseri.  Scroliem 
iiuoquoversus  pednm  qualuor  ab  arbore  oiiv*  tam  longii 
fodito,  ut  extrcmi  rami  ole.Te  possint  eam  (iintinfjeie.  In 
scrobem  deinde  (ici  arbu.sciilam  deponito,  dilii;i'iiti:inii|iie 
adhibeto,  ut  lobusta  et  nllida  /iat.  Post  Iriciiniiini,  (inn 
jam  satis  anipluni  incrementum  ceperit,  raniiim  oliva;, 
qni  videtur  nitidissimus,  dellecte,  ct  ad  c.rus  aiboris  ficul- 
iiea?  religa  :  atqueita  ampnlatis  (;icteris  ramulis,  ea  lantuin 
cacumina,  quseinserere  voles,  relinque;  lum  arborem  lici 
detrunca ,  plagamiiue  leva ,  et  inediam  ciineo  linde.  Ca- 
cumina  dcinde  oiivre,  siculi  rnatri  cobicrent,  ex  utraque 
parte  adrade,  et  ita  fissura;  lici  insere,  cuneumque  exime, 
diligenterque  ramulos  colliga ,  ne  qua  vi  revellantiir.  Sic 
interposito  triennio  coalescet  licus  cum  olea,  et  tuin  de- 
mum  quarto  aiino,  cuiii  beiie  coieiint,  vdut  propagines, 
ramiilos  oliva;  a  matre  resecabis.  Hoc  modo  omne  genus 
in  omnem  arborem  inseres.  At  prius  quam  linem  libri  fa- 
ciamus,  quoniam  fere  species  surculoruni  omnium  perse- 
cuti  sumus  prioribus  libris,  de  cytiso  dicere  nunc  tcm- 
,pestivuin  est. 

XU.  Cjtisum  in  agro  esse  qnam  plurimum  maxinie 


vres,  ainsi  qu'aux  bceufs  et  i  toutes  sortcs  de 
bestiaux ,  tant  parce  qu'il  les  engraisse  en  peude 
temps,  et  qu'il  donne  beaucoup  de  lait  aux  bre- 
bis,  que  parce  qu'ou  peut  remployer  huit  mois 
en  fourrage  vert,et,  passe  cetemps,  en  fourrage 
sec  :  d'ailleurs  il  prend  tres-promptement  daiis 
toutes  sortes  de  terres ,  mt^rae  dans  les  plus  mai- 
gres,  et  rien  de  ce  qui  nuit  au\  autres  plarites 
ne  lui  fait  tort.  Si  les  femmes  meme  mauquent 
de  lait,  il  faut  d(itreniper  dans  l'eau  du  cytise 
sec;  et  Iorsqu"il  y  aura  passe  toute  la  nuit,  onen 
exprimera  le  suc  le  leudemaiu,  et  on  leur  ea 
donnera  trois  hemince  a  boire,  en  le  coupant 
avec  un  peu  de  vin  :  c'est  le  moyen  qu'elles  se 
portent  bien  ,  et  que  leurs  enfants se  fortifient  par 
rabondance  du  lait  qu'elles  seront  en  etat  de  leur 
fournir.  On  peut  planter  le  cytise  ou  en  automne 
vers  les  idesd'octobre,  ou  au  printemps.  Loisquu 
fou  aura  bien  laboure  la  terre ,  on  fera  de  petites 
planches,  sur  lesquelles  on  semera  cn  automne 
\a  graine  du  cytise ,  cornme  on  seme  la  dragee ; 
ensuiteon  arrangeracesplantes  au  printemps,  de 
fncon  ((u'il  y  ait  eutre  chacune  quatre  pieds 
d"intervalle  eu  tous  sens.  Si  vous  n'avez  pas  de 
gralne,  vous  mettrez  en  tcrre  au  printemps  des 
cimes  de  cyti.Kc,  aupres  desquelles  vous  entasse- 
rczde  la  terre  que  vous  aurez  fumtie  auparavant. 
S"il  ne  vientpoint  de  pluie,  vousles  arroserez  les 
quinze  premiersjours ,  vous  les  sarclerez  des  qu'el- 
Ics  commenceront  a  montrer  les  prcmieres  feuil- 
les,  et  trois  ans  apres  vous  les  couperez  pour  les 
donner  anx  bestiaux.  II  suffit  de  quinze  livres  do 
cytise  vert  pour  le  cheval ,  et  de  vingt  livres  pour 
!e  ba?uf  :  on  eu  donne  aux  autres  bestiaux  a  pro- 
portion  de  leurs  forces.  On  peut  aussi  pianteras- 
sez  commodiiment  le  cytise  eu  bouture  sur  les 

rofert,  quod  gallinis,  apibus,  ovibus,  capris,  bubus  quo- 
que  et  omni  generi  peciidum  utilissimus  est  :  quod  ex  eo 
cilo  (linguescit,  et  laclis  plurimum  pia^bet  ovibus,lum 
etlaiii  iiiiod  octo  mensibus  viiidi  eo  pabiilo  uti  et  postea 
ai idi)  [lossis.  Pra;terea  in  qiiolibet  agro  quamvis  macerrimo 
(ilcrilir  comprebendit  :  omiicm  injiiriam  sine  noxa  pa- 
liliH.  Miilieres  quidem  si  laclisinopia  premuntur,  cytisiim 
iu  iilmn  in  aqua  maccrare  oportet ,  et  cuin  tota  nocte  pcr- 
iiuiduerit,  posteio  die  expressi  succi  ternas  beininas 
permiscere  modico  vino,  atqiie  ita  potandum  dare  :  sic  et 
ip.sa;  valebunt,  et  piieri  abundantia  lactis  conlirmabnntur. 
Satio  aiilem  cytisi  vel  autuinno  circa  idus  Oclobris,  vel 
veie  lieri  potest.  Cum  tcrram  bene  subcgeris,  arcolas 
facito,  ibique  veliit  ociini  semen  cytisi  autumno  serito. 
Plantas  deinde  vere  disponito  :  ila  ut  inter  se  quoquover- 
sus  quatiior  pedum  spatio  distent.  Si  senien  noii  liahueris, 
cacumina  cytisorum  vcredeponito ,  et  stercoratam  terram 
circnmaggerato.  Si  pluvia  non  incesserit,  rigato  quindeciDi 
proximis  diebus  :  sinmlatqiie  novam  frondein  agere  ca;pe- 
rit,  sarrito,  ct  post  triennium  deiiide  caedito,  et  pecori 
pr.iebeto.  Equo  abunde  est  viridis  pondo  xv,  bnbiis  pondo 
vlcena ,  caiterisque  pecoribus  pro  portione  virium.  Potest 
etiam  circa  scpem  agri  satis  coinmode  ramis  cytisus  seri, 
quoniamracilecomprcliendit.etinjuriamsustinet.Aridum 


DE  UAGniCULTUUK,  LIV.  VI. 


lisieres  desclianips,  parce  qu'il  pretid  faeileraent 
et  que  rieii  ne  iui  fait  tort.  Si  vous  le  donnez  sec 
aux  aniinaux,  il  faut  le  lcur  cpar^ner  plus  que 
s'il  etait  vert ,  parce  qu'il  a  alors  plus  de  vertu  ; 
il  faut  meme  le  faire  tremper  auparavant  daus 
Teau,  et  le  raeler  avec  de  la  paiile,  apres  Ta- 
voir  retire  de  l'eau.  Quand  vous  voudrez  faire 
secher  du  cytise,  coupezie  vers  ie  mois  de  sep- 
tembre,  lorsque  sa  graine  commenccra  a  grossir, 
et  mettez-le  au  soleil  pendant  quclqucs  lieures 
jusqu'a  ce  qu'il  se  fane;  faites-le  ensuite  secher 
arombre,  et  serrez-le  apres.  Cest  avoir  assez 
donQe  jusqu'ici  de  preceptcs  relatifs  aux  arbres; 
j'exposerai  dans  le  voiume  suivant  ce  qui  cou- 
cerne  reutretien  et  les  remedes  des  besliaux. 

LIVRE   VI. 

PRfiFACE. 

Je  n'ignore  pas,  Publius  Silvinus,  que  quel- 
ques  savants  agriculteurs  ont  desapprouvc  l'en- 
tretiendes  bestiaux  ,  et  qu'ils  ont  rejete  cons- 
tamment  la  profession  dcs  p3tres  et  des  bergers, 
corame  contraire  a  la  leur.  Je  ne  nierai  pas 
meme  qu"ils  naient  euquelque  raison  de  regar- 
der  le  but  que  se  propose  un  piitre  conime  con- 
traire  a  celui  de  ragriculteur,  puisque  celui-ci 
ne  recherche  que  les  terrains  les  mieux  lahoures 
et  les  plus  degarnis  d'herhes ,  au  lieu  que  Tautre 
court  apres  les  terres  en  friehe  qui  en  sont  cou- 
vertes ,  et  que  rnn  fonde  toutes  ses  esperanees 
sur  les  fruits  de  la  terre,  et  Tautre  sur  ceux  du 
betail ;  d"ovi  il  arrive  que  la  crue  des  herbes  ,  qui 
est  le  point  que  le  laboureur  deteste  !e  plus,  est 
le  principal  olyet  des  va?ux  du  patre.  Mais , 
quoique  les  vceux  des  uns  et  des  autres  soicnt 
dissemhlables,  il  y  a  cependaut  une  certaine 


union  ct  une  espfece  de  societe  entre  eux  ,  tant 
parce  qu'il  est  communement  d"usage  que  nous 
fassioiis  brouter  les  paturages  de  notre  fonds  par 
des  bestiaux  qui  nous  appartiennent,  plutot  que 
par  des  bestiaux  etraiigers,  que  paree  que  le 
fumier  ahondant  que  produisent  les  troupeaux 
contribue  a  multiplier  ies  fruits  de  la  terre. 
Aussi  n'y  a-t-il  point  de  pays  ,  poiir  peu  qu'il 
rapporte  du  hle,  qui  n'ait  autaut  hcsoiu  du  se- 
cours  des  bestiaux  que  de  celui  des  hommes. 
Nous  appeions  lesbestiaux  lnn\.6\.  Jumoita,  du 
mot  jurare,  aider,  parce  qu'ils  nous  aident  dans 
notre  travaii ,  en  portaut  des  fardeaux  ;  tantot 
armenta ,  du  mot  ararc,  lahourer,  parce  qu'ils 
nous  sout  utiles  a  lahourer  la  terre.  Ccst  pour- 
quoije  pense  (ju^il  iie  faut  pas  moins  parfaite- 
ment  connaitre  l'entreticn  des  hestiaux  que  la 
eulture  des  ehamps,  ainsi  que  Tont  preserit  les 
anciens  Romains.  Je  dirai  meme  que  Tusage 
d'avoir  des  bestiaux  est  lc  plus  aucienncment 
lecu  dans  ragriculture,  en  meme  temps  qu'il 
est  le  plus  lucratif.  Aussi  est-capour  eela  que  les 
mots  de  pecuniaet,  de  peculiuvi  paraissenttirer 
leur  origine  du  raot^;ec?«s  (betaii) ,  parce  que  le 
betail  ctait  la  seule  espece  de  rieiiesses(iue  pos- 
sedassent  les  anciens,  et  qu"eneore  aujourd^hui 
non-sculement  il  y  a  des  nations  qui  n"ea  pos- 
sedent  pas  d"autres,  mais  que  nos  cultivateurs 
nu-me  n'ont  point  dohjet  qui  leur  rapporte  d:i- 
vantage.  Cetait  aussi  ropinioa  de  M.  Catoii , 
lorsqu'ii  ne  se  eoiitenta  pas  de  repondre  a  quel- 
quuii  qui  le  consultait  pour  sa^oir  a  quelle 
partie  de  T^ieonomie  rurale  il  devait  s'appliquer 
pour  s'enrichir  prompteraent,  que  c'etait  a  hien 
nourrir  des  bestiaux ;  inais  que ,  la  ni(eme  per- 
sonne  lui  demandant  de  nouveau  quel  etait  le 
second  moyen  par  lequel  elle  pourrait  recueillir 


si  dahis,  parcius  praebeto,  qiioniani  vir(>s  majores  liabet, 
priusque  aqua  iiiaceialo,  et  exemptuni  palcis  perniisccto. 
Cytisiiin  cum  aridiiin  facere  voles,  circa  inensein  Seplein- 
brem,  ubi  scmen  cjus  grandescere  incipiel,  ca;dilo,  pau- 
cisque  lioris ,  duni  naccescat ,  in  sole  iiabeto  -.  deinde  in 
umbra  cxsiccalo,  et  ila  condilo.  Haclcnus  de  ailioiibus 
praecepisse  abunde  est,  rcddituro  pecoiis  curam  et  remc- 
dia  sequenti  volumiue. 


ui5e:ii  se.ktus. 

PRtFATIO. 

Scio  quosdani,  Publi  Silviiie,  prudentcs  agricolas  pe- 
coris  abnuisse  curain,  gregariorumque  pastorum  vcliit 
intinicani  suu>  professionis  disciplinain  constanlissimc 
repudiasse.  Neqiie  inlilior  id  eos  aliqua  rationc  fecissc, 
quasi  sit  agricote  conlrarium  pastoris  propositum  :  cnni 
illeqiiam  niaxiinc  siibaclo  ct  piiro  solii  gaiideat,  liic  novali 
gramiiKisoquc;  ille  fruttiini  c  lcria  spciel,  liic  c  pciorc; 
iileoque  aiator  alKHuiiiclur,  at  coulra  paslor  oplct  lierba- 


riim  proventiim.  Sed  in  liis  tam  discordanlibiis  volis  esl 
tamen  quDcdani  societas  alqiie  conjuiiclio  :  quoniam  et 
pabuluin  e  fundo  plcrumquedomcsticis  pecudibus  magis 
quam  alienis  dcpascere  ex  usu  est,  et  copiosa  stercoia- 
tione,  qn;e  conlingit  e  grepibus,  terresties  fructus  c\ti- 
beiant.  Nec  tanicn  ulla  rejio  est,  in  qua  modo  frumenla 
gignanlur,  qnaj  non  iit  lioinlniim  ita  armentoi  uni  adjulorio 
colalur.  Unde  cliani  jumenla  et  arnienta  nomen  a  rc  traxcre, 
qiioii  nostriim  laborem ,  vel  oncra  siibvcctando  vd  arando 
juvarcnl.  Itaqiie  sicut  vetcres  Roinani  piwcepcniiit,  ipse 
quoque  censeo  taiii  pecoriiin  quam  agrorum  ciilliim  pcr- 
iiosccre.  Nam  iii  rnsticalione  vd  antiquissima  cst  ratio 
pasccndieadem(|ucqu;pstuoslssiina.  Propterqiiod  nomina 
quoquc  pccuni;e  et  peciilii  tracla  vid(Hiliir  a  pecore  :  qiio- 
niam  id  solum  vetercs  pos.seilcninl,  et  adliuc  apiid  quas- 
dam  gentes  iinum  lioc  iisuipattir  (Ifvitiarum  gciius  :  sed 
nc  apud  nostros  qiiidcm  cohiiiosaliaies  ubcrior.  llt  eliam 
M.  Calo  piodidit,  iiiii  cnnsnlciili,  qiiain  pailem  ici  ruslica; 
cxerciiido  cclciltci-  lociiplclaii  pos,sel .'  respondit  :  Sl 
bciie  pascercl;  nirsiisqiic  inlerroganli,  qiiid  deindc  fa- 
ciciido  salis  iibcrcs  frucliis  pcrccpluriis  csset.'  aflirmavil  : 
Si  incdiociiter  pasceiet.  Cacteriim  de  (aiH  bapiontn  viro 


COLUMELLE. 


des  fruits  au  moins  m^diocres,  il  l^a^sura  que 
c'etaiten  iioiiri-issant  dcs  bestiaux  medlocrement 
bien.  Quelques  auteurs  racontent  meme  que 
cette  personnc  lui  dcmandant  encore  qucl  etait 
ie  ti-oisicme  objet  qui  fut  iucratif  enagriculture, 
il  assura  que  c'etait  le  nourrissape  des  bestianx , 
qnand  meme  ilserait  mal  fait  :  maisje  rougirais 
d"attribuer  cette  troisicme  reponse  a  un  homme 
aussi  sa£;e,d"autautqu'il  est  constautqu^un  patre 
iiegligcnt  et  ignorant  cause  pius  de  dommage 
qu'un  patre  entcudu  c t  diligent  ne  fait  de  profit. 
Quant  a  la  seconde  reponse ,  il  u'est  point  dou- 
teux  que  les  fruits  que  produitle  betail  ue  soieut 
toujours  superieurs  a  la  negligence  du  proprie- 
taire ,  quand  eile  n'est  que  legere.  Ces  raisons 
nous  ont  determine,  Silvinus,  a  douner  a  la 
posterite  cette  pavtie  de  reconomie  rurale  avec 
tout  le  soin  dont  nous  avonsete  capablc,  en  sui- 
vant  les  preceptes  de  nos  aucetres.  Ain^-i ,  comrae 
il  y  a  de  deux  especes  de  quadrupedes,  lcs  uus 
que  nous  no-us  procurons  pour  partager  avec 
iious  nos  travaux  ,  comme  le  boeuf ,  la  mule ,  le 
cheval  et  rtine,  et  les  autres  que  nous  nourris- 
sons  soit  poiir  notre  agrcment,  soit  pour  cn  tirer 
du  revenu,  ou  pour  i'emplOj'er  a  la  garde  dcs  au- 
tres  bestiaux,  comme  la  brcbis,  la  chevre,  ie 
porc  et  lc  chien  ;  uous  traiterons  d'abord  de  Tes- 
pecc  de  ceux  que  nous  associons  a  nos  travaux. 
Or,  il  n'j'  a  point  de  doute,  aiusi  que  Varron  l'a 
dit,  que  le  bocuf  ne  doive  tenir  le  premier  racg 
entrc  tous  les  autres  bestiaux  de  cette  espece ,  par 
la  cousideration  que  merite  cet  animal,  surtout 
eu  Italie,  puisque  i'on  croit  qu'il  a  donne  son 
nom  u  ce  pays,  et  qu"iTaXo;  est  le  nom  que  les 
Grecs  douiiaient  autrefois  au  taureau;  mais  eu- 
core  plus  daus  cctte  viile  oii  l'on  s'est  servi,  en 
la  batissant,  de  cet  animal  tantraale  que  femelle 
pour  en  traccr,  avec  la  charrue,  lesmurs  ct  lcs 


portes.  Le  premier  ranglui  est  encore  dii ,  parce 
qu'il  passe  a  Atbenes  pour  avoir  ete  le  ministrc 
de  Ceres  et  de  Triptoleme,  parce  qu'il  tient  une 
place  dans  le  eiei  parmi  les  constellations  les 
plus  brillautes,  et  qu'il  estencore  aujourd'hui  le 
plus  laborieiix  compaguou  de  rhomme  daus  Ta- 
griculture.  Aussi  les  anciens  ont-ils  toujours  eu 
un  si  grand  respect  pour  cet  animal ,  que  c'etait 
un  crime  aussi  eapital  chez  eux  d'avoir  tue  un 
boeuf  quc  d'avoir  tue  un  citoyen.  Cest  donc  p;u' 
le  bfieuf  que  nous  commencerous  notre  traitc 
sur  rentretien  des  bestiaux. 

I.  Ce  n'est  point  une  chose  aisee  que  de  flxer 
les  reglcs  auxquelles  on  doit  se  conformer,  et 
les  ecarts  que  Ton  doit  eviter  dans  le  choix  des 
bosufs  que  Fou  veut  acheter,  d'autant  que  ces 
animaux  varient  de  taille,  de  caractcre  ct  de 
couleur,  suivant  ladiffcrcnce  des  payset  des  cli- 
mats.  Ceux  de  l'Asie,  des  Gaules  ou  de  l'Epire 
different  tous  entre  eux  par  la  forme;  et  ce  n'est 
passeulemcnt  dans  les  pays  differents  que  Ton 
trouveces  varietes,  mais  on  les  rencontre  mcme 
dans  les  diverses  parties  de  ritalie.  La  Campanie 
donne  communement  des  ba;ufs  qui  sont  blancs 
et  de  petite  taille,  mais  ncanmoins  propres  au 
travail  et  au  genre  decultureqii'cxige  lesol  dans 
lequel  ils  sont  ncs.  Ceux  de  rUmbrie  sont  grands 
et  blanes  :  cette  province  en  doune  aussi  de  rou- 
ges,  et  qui  nesont  pas  moins  estimes  pour  leur 
courage  que  pour  leurtaille.  L'Etruriect  le  La- 
tium  en  donnent  detrapus,  mais  qui  sout  tres- 
forts  a  l'ouvrage.  L'Apennin  en  donnc  de  trcs- 
robustes,  et  qui  supportent  tout  ce  qu'il  y  a  de 
plus  diflicile,  mais  qui  ne  sont  poiutde  bellcap- 
pareuce.  Au  reste,  malgre  toutes  ces  varietes,' 
il  y  a  cependant  des  preceptes  que  Ton  peut  re- 
garder  comme  generaiement  coiistants,  et  aux- 
qnels  le  labourcur  doit  se conformer  dans  le  choix 


plget  (licere ,  qiiod  eum  nuidam  auclores  racmoianl eidcm 
(liurrenti,  quodnam  leitinm  in  asiicolationeqii.iestnosiim 
csseiP  asseverassc,  si  qnis  vel  male  pasccrel;  ciiiii  pi;c- 
seilim  majn.s  (iisjicnilinm  seqiiaUir  inerlem  il  iiiMinm 
pnsloieni,  qnam  iiiiidentem  dilisenlcm(|iie  roiii|icndiiiiii. 
De  secundo  lamen  lesponso  duliium  non  est,  qnin  ineilio- 
ciemnegligenliam  domini  fruCtuspecorisexsii|ieiel.(}iiam 
ob  cansani  nos  lianc  quoqiie  parlein  rei  ruslica',  Silvine, 
(|uanla  valnimns  induslria,  majorQm  secnti  piaxcpla 
piisterilali  iii;uiilaviiiiiis.  Isitur  cnm  siiitdiio  genera  qua- 
(liiipfduni,  i|iii)riim  allerum  paiair.ns  in  consorliiim  ope- 
nim,  sicut  tiovem ,  mnlain,  equuin,  asinum;  alternni 
voluptatis  ac  reditns  et  cnslodia;  can.sa,  nt  ovcm,  capel- 
lam ,  suem  ,  caiiem  :  de  eo  genere  primum  dicenuis,  cnjns 
Hsiis  noslii  laboris  est  paiticeps.  Nec  dnbium,  quin,  ut 
ait  Varro,  coeteras  pecndes  bos  lionore  superaie  del)eat, 
pi.cseilim  [aulem]  in  Italia,  qiuie  ab  lioc  nuncnpationem 
lia^isse  creditiir,  quod  olim  Grseci  tauios  Uai.oui  voca- 
lent;  el  in  ea  iirbe,  cujiis  moenibus  con(icndis  mas  et 
riemina  liovesaralro  terminum  signaverunt,  velnt  pecus  : 
ipiod  ilcm  .\tlicis  ..Mlicnis  Cereris  el  Tiiplolenii  leilnr 


minisler  :  quod  inter  fulgentissima  sidera  parliceps  cseli  : 
qiiod  deiude  laboriosissimus  adlinc  liominis  socius  in 
a^ricnltnra  :  cujns  tanla  fuit  apud  antiquos  veneratio,  nt 
l:uii  lapilal  csspl  liovem  neciiisse,  qiiam  civem.  Ab  lioc 
iniliu  prniiiissi  operis  capiamns  exoidium. 

I.  (Ju:i'  iii  emendis  bnbus  .seqiienda  qineqne  vitanda 
sinl ,  iion  ex  facili  dixerim ;  cum  pecudes  pro  rei^ionis  cK'li- 
qnc  slatii  ct  liabilum  corporis  et  inpeninm  aniini  el  pili 
colorcm  gerant.  Aliai  formae  sunt  Asiaticis,  aliiie  Gallicis, 
F.iiirolii  is  alia;.  Nec  lantiim  diversitas  piovinciarum ,  sed 
ipsa  quoque  Italia  partibns  suis  discrepat.  Campania 
plcrumqiiebnves  progenerat  alboset  exiles,  labori  lanien 
et  culluia!  palrii  soli  non  inbabiles.  Umbria  vaslos  et  al- 
lios;eademqne  robios,  necminusprobabiles  aniniisqaam 
corporibus.  Hctrnriaet  Latinin  compactos,  sed  ad  opera 
f.irtes.  Apenninus  dnrissimos  omueinqne  dillicnllateni 
tok'ranl(\s,  nec  ab  aspectn  decoros.  Qnio  cnm  lam  varia 
et  divcisasint,  lamen  qU''»'!'""  qnasi  communia  et  ccrla 
piTCcpta  in  emondis  juvencis  aralor  sequidebet;  eaqiie 
Maso  Carlbaginiensis  ita  prodidil,  nl  nos  dcinceps  memo- 
tabimns.  Parandi  sniit  boves  novelli ,  ipiadrali ,  grandibns 


fles  jeiines  bcciifs  qiril  veiit  achetcr  :  noiis  nllons 
les  detailler  tels  qiie  Ma^on  le  Cartlui£?inois  les 
a  deja  donnes.  11  faut  aequeiii-  des  boeufs  qui 
soient  jeunes  et  carres,  qui  aient  les  membres 
Srands,  les  cornes  lonsues,  noirAtres  et  fortes, 
ie  front  large  et  crepu ,  les  yeux  et  le  musenu 
iioirs,  les  oreilles  herissees,  les  narines  camuses 
etouvertes,  le  chignon  long  et  charnu  ,  le  fanon 
ample  et  descendant  presque  jusqu'aux  genoux, 
la  poitrine  large,  les  epaules  vnstes,  le  ventre 
gros  et  semblable  a  celui  d'une  betc  pleine ,  les 
cotes  allongees,  les  reins  larges,  le  dos  droit  et 
plat  ou  meme  un  peu  nffaisse,  les  fesses  rondes, 
lesjambesepaisses  etdroifes,  raais  plutotcourtes 
que  longues,  les  genoux  bons  et  bien  tournes',  la 
corne  des  pieds  grandc ,  la  queue  trauiante  et  bien 
gnrnie,  un  poil  dru  et  eourt  pnr  tout  le  eorps, 
dont  la  couleur  soit  rousse  oa  brune,  et  qui  soit 
doux  au  toucher. 

II.  En  supposant  des  veaux  ainsi  conformes, 
il  faut,  pendant  qu'ils  sont  encore  jeuncs,  les 
accoulumer  a  se  laisser  manier,  et  a  souffrir 
qu'on  les  attnehe  a  leurs  mangeoires,  afin  qu'on 
ait  moinsde  peine  a  les  dompter  pnrla  suite,  et 
qu'il  y  aitmoins  de  dnnger  a  le  fnire.  Au  surplus, 
je  suis  d'avis  que  Ton  ne  dompte  pas  les  bouvil- 
lons  avant  Tage  de  trois  ans,  ni  passe  celui  de 
ciuq,  parce  que  dans  le  premier  de  ces  ages  ils 
sontencore  tropdelicats,  ct  quedans  le  dernierils 
resistenttrop  :  or  voici  comrae  il  faut  s'y  prcndre 
pour  doniptcr  ceux  quc  Von  aura  pris  dans  un 
troupeau  de  bceufs  sauvages.  On  commencern  par 
leur  preparer  une  etable  spacieuse ,  ou  celui  ([ui 
sera  employe  a  les  dompter  puisse  tourncr  avec 
aisance ,  et  d'oii  il  puisse  sortir  sans  courir  aucun 
danger.  La  place  qui  sera  devant  retable  nc  doit 


1)K  L'AGRICULTUni!:,  LIV.  Vf.  31 1 

que  lorsijue  les  bouvillons  viendront  a  en  sor- 
tir,  ils  aient  toute  liberte  de  courir,  et  que  la 
peur  ne  les  cxpose  pns  a  s'eml)nrrasser,  au  risque 
de  se  blesser,  dans  dcs  arbrcs  ou  dans  d'autres 
obstacles  quise  rencontreraient  sur  leur  passage. 
II  y  aurn  dans  eette  etable  d'amples  mangeoires, 
au-dessus  desquelles  seront  posces  horizontalc- 
ment  en  forme  de  jougs,  a  la  bauteur  de  scpl 
pieds  deterre,  des  solives  auxquclles  on  ()uisse 
attacber  les  bouvillons.  On  cboisirn  ensuite,  pour 
essnyerde  les  dompter,  la  matinco  d'unJour  se- 
rein,  qui  ne  soit  pas  fete ,  et  on  leur  nttnchera 
aux  coines  des  cordes  de  ehanvre.  Quant  aux 
courroies  qu'on  jelte  sur  ces  animaux  quand  on 
veut  les  prendre,  elles  doivent  etre  emmaillot- 
tecs  de  peaux  avec  leur  laine,  alin  qu'elles  ne  les 
blessent  point  au-dessous  des  cornes,  partie  de 
leur  front  la  plus  delieate.  Lorsqu'on  aura  pris 
des  bouvillons,  on  les  conduiraaussitot  a  retable, 
ou  on  les  attneheraa  des  poteaux  ,  de  facon  qi!'ils 
aient  une  eertaine  liberte  autour  d'eux ,  et  qu'ils 
soicnt  sepnres  les  uns  des  autres  a  quelque  dis- 
tance ,  de  peur  qu'iis  ne  se  blessent  mutuelle- 
ment  parles  efforts([u'iIs  feront  pourse  dt>taeher. 
S'ils  sont  trop  rev(5ches,  on  les  laissera  jeter 
toute  leur  furie  pendant  vingt-quatre  heures;  et 
dcs  qu"elle  .sera  un  peu  ralentie,  on  les  fera 
sortir  le  matin,  en  ayant  soin  toutefois  qu'il  y  ait 
une  pcrsonne  qui  aille  devant  eux,  plusicurs  au- 
tres  qui  les  retiennent  jiar  derriere  avec  des  cor- 
des,  et  une  ([ui  les  suive  pas  n  pns,  et  qui  vc- 
prime  de  tem[5S  cn  temps  leurs  efforts,  en  les 
frnppant  ^('gcrement  avee  unc  massue  de  bois  de 
saule.  Mais  si  ce  sont  des  ba;ufs  doux  et  tran- 
quilles,  on  pourra  les  faire  sortir  de  re-table  lc 
jour  meme  qu'on  les  y  aura  mis  a  rattaehe , 


pas  etre  resserr^ie,  ranis  il  faut  qucce  soit  une 
campagne  ou  un  grand  chemin  bien  large ,  afin 


avant  le  soir,  et  les  accoutumer  a  franehir  a  pas 
cornptiSs,  et  sans  s'effraycr,  respacc  de  mille  pas. 


membris,  coniibii.^iprorerisacni^TanlihusctrobusliSifronle. 
lala  et  ciispa,  l]iitis  auribus,  oculis  et  lal)ris  ni^iis  ,  naii- 
bus  re.siiiiis  palulisiiue ,  cervice  longa  et  torosa ,  palearihus 
auiplis  el  pene  ad  genua  proniissis  ,  pectore  niagno ,  arniis 
vastis,  capaci  et  tanipiani  implente  utcro,  laleiihiis  |)oi- 
reclis,  himhis  latis,  ilot.so  recto  plaiioqiie  vel  eliam  sub- 
sidente  ,  clunibus  lotundis,  crurihus  coni|)actis  ac  reclis, 
sed  brevioiibiis  potius  (luain  loiigis,  nec  genibus  iinpio- 
bis,  ungnlis  inaguis,  caudis  longi.ssiniis  ct  selosis,  pilotpie 
corpoiis deiiso  l)revi(iue ,  coloris  lobii  vel  liisci ,  tactu  cor- 
poris  mollissiino. 

II.  Talis  iiolai  vilulos  oportet,  cuni  adbuc  teneii  sunt, 
consuesceic  nianii  Iractari,  ad  pra^sepia  religari,  ut  e\i- 
gnus  in  domiluralaboreorumet  ininussitpciiculi.  Veriiin 
nec  ante  lertiiiin  ue(|iic  post  qulnliini  anniiin  jnvencus  do- 
mari  placet,  qiioniam  illa  .netas  adiiiic  teiiera  csl ,  li.ec  jain 
pi.-cUura.  Eos  aulein,  qui  de  grt'ge  feii  comprelienduiitiir, 
8ic  .siibigi  convenil.  Primnni  ninnium  spatiusiiin  stahnliini 
praeparelnr,  iihi  domilor  lacile  versari ,  et  iinde  degiedi 
siiieiiericulo  po.ssit.  Ante  slabulum  null.e  angiisli.c  sint, 
sed  aut  cauipus  aul  via  lale  [latens  ;  nl  ciiin  piodiicentur 


juvenci ,  lihcruni  babe.anl  evcursnm  ;  ne  pavidi  aut  arbo- 
rihiis  aut  obiaceiiti  cuilihet  rei  sc  iiiipliceut  noxainqiie  ca- 
piaiit.  In  slahiilo  sint  anipla  pra"se|iia ,  supraqiie  trans- 
versi  asseies  in  niodum  jiigornm  a  terra  .septeiii  pedihus 
elati  conligantiir ,  ad  quos  religari  possinl  juveiici.  L)icin 
deinde  ,  quo  domitnram  aiispiceris ,  liberum  a  tcmpesta- 
lihus  et  a  n^ligionihiis  nialiiliiium  eligito  :  cannahiiiisquo 
(iiiiihus  corniia  jiiviMicoiiiiii  ligalo.  Scd  laquei,  quibiis  co- 
pulantur,  lauatis  prllihiis  iiivoliiti  sint,ne  leneiiefronles 
Mib  corniia  hrdautur.  Cuin  deinde  Imciilosconipiehendiv 
ris,  peiihicilo  ad  slahiiliim  ,  et  ad  slipites  religalo  ila,  iil 
c\igiiumla\aineiiU  habeant,  distciitqiie  iuter  se  allqiianto 
spatio  ,  iie  in  colluctationealtcr  alteri  noceat.  Si  niniis  as. 
perieiunt,palcreuiiumdieinnoclcrnqiiedesaevianl.  Simiil- 
alque  iias  conludeiint,  maiie  producantiir,  ita  iit  el  ali- 
quis  antc  et  a  tergo  coniplures,  qui  seqiinntnr,  retinacu- 
lis  cos  coiitineaul ,  ct  iiniis  ciini  clava  salignea  piocedens 
modicisictibiissubiudeimpetuseoriini  coeic«at.  Sinanteni 
placidi  et  quieti  boves  criint,  vel  eodem  dic,  qno  alliga- 
veris ,  aiite  vesperum  licehit  prodiiceie,  et  docere  per  niille 
passiis  couipusite  ac  siue  pavoic  amhiilaie  :  ciini  doniiiui 


COLUMELLE. 


Lorsqu'on  les  aura  ramenes  n  la  mnison ,  on  !ps  at- 
tachera  a  des  poteaux  de  tres-pres ,  et  de  facon 
qu'ils  nepuissentpasrerauerla  tete.  Quand  ilsse- 
ront  attaehes,  il  faudra  les  flatter,  pour  ainsi  dire, 
par  le  ton  de  la  voix ,  en  s'approchnnt  douceraent 
d'eux,  Don  pas  par  derriere  ni  par  les  cotes, 
mais  en  face,  afin  qu'ils  s'nccoutument  a  envisa- 
ger  celui  qui  les  abordera.  Ensuite  on  leur  frot- 
tcra  les  narines,  nfin  qu'ils  s'habituent  a  connni- 
tre  rhomme  a  rodorat.  II  faudrn  nussi  leur  ma- 
nier  tout  le  dos  quelque  temps  apres ,  et  verser 
dessus  du  vin  pur,  pour  qu'ils  se  familiarisent 
avec  le  bouvier;  comme  il  faudranussi  leur  pas- 
scr  la  raain  sous  le  ventre  et  entre  les  euisses , 
nlin  que  par  la  suite  ee  genre  d'attouchement 
ne  les  effraye  pas  lorsqu'on  sera  oblige  d'y  avoir 
i-ecours  pour  leur  oter  les  tiques ,  qui  s'attachent 
ordinairement  a  leurs  cuisses.  Celui  qui  les  dom- 
pte  doit,  en  fnisant  ces  differentes  operations,  se 
tenir  sur  leurs  c6tes,  de  peur  d'attraper  des 
eoups  de  pied.  Ensuite  on  leur  ccartera  les  md- 
choirespour  lcur  tirer  la  langue  de  la  gueule,  et 
on  lcur  frottera  de  sel  tout  le  pnlnis;  npres  quoi 
on  leur  fourrera  dans  la  gueule  des  boules  de 
pate  d'une  livre  pesant  trempees  dans  de  la 
graissefondue  bien  salee,  et  on  leur  versera  dans 
la  gorge  avec  une  corne  un  sexiarius  de  vin  par 
tete.  Avec  ces  especes  de  caresses,  il  ne  faudra 
guere  que  trois  jours  pour  les  apprivoiser,  et  ils 
Kccvront  le  joug  le  quntrieme.  On  attachera  a 
cp  joug  une  branclie  d'arbre  que  Ton  tirern  a  soi 
en  guise  de  timon ,  et  meme  on  y  joindra  de  temps 
en  temps  quelques  poids,  poureprouver  leur  pa- 
tience  dans  le  travnil ,  en  lcur  faisant  faire  de 
plus  grands  efforts.  Apres  ces  premiers  essais, 
il  faut  les  nttncher  a  une  charrette  vide,  et  la 
leur  faire  tralner  d'abord  peu  de  temps,  ensuite 
dans  un  plus  long  espace  de  chemin ,  en  la  char- 


geant  peu  a  peu  dc  quelques  poids.  Quand  ils  se- 
ront  ainsi  domptes,  il  faudra  les  mettre  aussit6t 
a  la  charrue,  raaisdans  un  champ  deja  laboure, 
de  peur  qu'ils  ne  se  rebutent  dans  ces  commen- 
cements  par  la  difficulte  de  rouvrage,  ou  qu'ils 
ne  meurtrissent  leurs  cous  encore  tendres,  en 
eprouvant  trop  de  resistance  de  la  part  de  la  terre. 
Au  surplus  j'ai  enseigne  dans  le  premier  volume 
comment  le  bouvierdoit  gouvernerses  boeufsdans 
le  labourage.  II  faut  prendre  garde  que  le  boeuf 
ne  s'habitue  a  donnerdu  pied  ou  de  la  corne  dans 
le  teraps  qu'on  le  dompte,  parce  que  si  on  n'y 
met  pas  ordre  des  le  commencement,  jamais  on 
ne  pourra  le  corrlger  par  la  suite  de  ce  defaut, 
raeme  lorsqu'il  sera  dorapte.  Au  surplns,  !a  rae- 
thode  que  nous  venons  de  prescrire  pour  domp- 
ter  les  boeufs  n'aura  lieu  que  dans  le  cas  oii  ron 
n'en  aura  point  chez  soi  qui  aieut  deja  servi  : 
car  si  on  en  n  de  domptes,  la  methode  la  pkis 
courte  et  la  plus  sure  sera  celle-ci,  quenous  sui- 
vons  dans  noscampagnes.  Lorsque  nousvoulons 
accoutumer  un  houvillon  a  la  clinrrette ,  nous  y 
nttelons  avec  lui  le  plus  robusfc  et  en  raeme 
temps  le  plustranquille  des  boeufs  domptes  que 
nousayons,  pour  le  retenir  qunnd  ii  ira  trop 
vite,  et  le  faire  avnncer  qunnd  il  s'arrc!era;  et 
meme,  si  nous  ne  plaignons  point  nos  peines, 
nous  fabriquons  un  joug  ou  i'on  puisse  en  atte- 
ler  trois  a  la  fois.  Par  ce  moyen  nous  forcons 
les  boeufs,  si  retifs  qu'ils  soient,  a  se  plier  au.i 
travaux  les  plus  forts,  parce  que,  des  qu'un 
bouvillon  paresseux  est  attele  entredeux  boeufs 
accoutumes  a  servir,  et  qu'il  est  contraint, 
lorsqu'il  est  attache  ainsi  a  la  charrue ,  de  travail- 
ler  a  la  terre,  il  lui  est  impossible  de  refuser  le 
service.  Eo  effet,  s'il  s'emporte  et  qu'il  vienne  a 
sauter,  il  est  aussitot  contenu  par  les  deux  nutres 
a  leur  gre ;  s'il  s'arrete ,  il  est  oblige  de  les  suivre 


peiduxeris,  arcte  ad  stipites  religalo,  ita  ne  capite  moveri 
possint.  Tum  demum  ad  alligatos  lioves  «eque  a  posleiiore 
parte  iieque  a  lalere  ,  sed  adversus ,  placide  et  cum  qua- 
dam  vocis  adulalione  venito,  ut  accedentem  consuescant 
aspicere.  Deinde  nares  perfricato ,  ut  homincm  discant 
odorari.  I\Iox  etiam  convenit  tota  lcigora  et  tractare  et 
respeigere  mero,  quo  familiariores  bubulco  fianl  :  ven- 
tri  quoque  el  sub  femina  manuni  subjjcere,  ne  ad  ejus- 
luodi  tarlum  postmodum  pavescant ,  et  ut  ricini  qui  ple- 
rumque  feminibus  inbacrent,  eximantur.  Idque  cum  lil, 
a  latere  domilor  stare  debel ,  ne  calce  conlingi  possit.  Post 
lia^c  diduclis  malis  cducito  linguam ,  totumque  eorum  pa- 
latum  sale  defricato,  libralesque  offas  in  prasidsae  adipis 
liquamine  tiuctas  in  gulani  demittito ,  ac  viui  singulos 
se\taiios  p  M  coi uu  faucibus infundito :  nam  per  liaec blan- 
dimenla  triduo  fere  mansnescunt,  jugunique  quarlo  die 
arcipiunl ,  rui  ramus  illigatus  temonis  vice  trajicitur  :  in- 
terdum  et  pondus  aliquod  injungilur,  ut  majore  nisu  laho- 
ris  explorelur  palicutia.  Post  ejusmodi  experimenta  vacuo 
plostio  subjungendi,  et  paulatim  longius  cura  oneribus 
producendi  sunt.  Sic  perdomili  mox  ad  aialrnm  ins- 


titnantur,  sed  in  subacto  agro,  ne  statim  difficuUalem 
operis  reformident ,  neve  adbiic  tenera  colla  dura  pros- 
cissione  terr.ie  conlundant.  Queniadmodum  auleni  bubul- 
cus  in  arando  bovem  inslituat,  primo  pr.Tcepi  volumine. 
Curandum  nc  in  domilura  bos  calce  aut  cornu  quemquam 
contingat.  Nam  nisi  Iwc  caveanlnr,  nunquam  ejusmodi 
vitiaquamvissubacto  eximi  polerunt.  Verum  istasicagen- 
da  prajcipimus,  si  veleranum  pecus  non  adeiit.  Nam  si 
aderit,  expeditior  tutiorque  ratio  douiandi  est,  quam  nus 
in  nosUis  agris  .sequimur.  Nam  ubi  plostro  aut  aralro  ju- 
vencuni  consuescimus,  ex  domitis  bubus  valeulissimura 
eundcmque  placidissimuni  cum  iudomito  jungiinus.  Is  et 
procnrientem  retraliit,  et  cunctantem  producit.  Si  vero 
noii  pigeat  jugum  fabricare,  quo  tres  jimgaiitur ,  bac  ma- 
cbinatione  consequemur  ,  ut  eliam  contiimaces  boves  gra- 
vissima  opera  non  recusent.  Nam  iibi  piger  juvenciis  me- 
dius  inter  diios  veteranos  jungitur,  aratroque  injuncto 
teiram  moliri  cogiUir,  nulla  est  impcrium  respuendi  fa- 
cultas.  Sive  enim  efferatus  prosilit,  duorum  arbitrio  inhi- 
betur  :  seu  consislit ,  duobus  gradientibus  etiam  invitus 
obseqiiitur:  seu  cunalur  decumbcre,  a  valcutioribus  sub- 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  VL 


quand  ils  avancent;  enfin  s'il  fait  des  efforts 
pour  se  coucher  d  terre ,  il  est  reievc  et  enlraine 
par  scs  camarades  qui  sont  plus  forts  que  lui, 
et  des  la  i!  se  trouve  necessairemcnt  contraiiit 
dans  toutes  lcs  circonstances  a  se  defaire  de  son 
opinicltrete ;  de  sorte  qu"il  ne  lui  faut  donner 
([iie  tres-peu  de  eoups  pour  le  faire  parvenlr  a 
supporter  le  travail.  II  y  a  aussi  des  boeufs  d'une 
certaine  espeee  qui  sont  toujours  kiches,  mcrae 
apres  avoir  ete  domptcs,  et  qui  se  couehent  a 
terre  dans  les  siilons.  Je  crois  qu"il  faut  s'y 
prendre  d'une  mauiere  particuiiere  pour  les  cor- 
riger,  sans  recourir  aux  voies  de  la  durete.  Car 
ceux  qui  s'imaginent  que  ce  vice  cedera  plutot  a 
raiguillon ,  au  feu  ou  a  d'autres  genres  de  tortu- 
res,  qu"a  tout  autre  moyen,  ne  connaissent  pas 
quel  est  le  veritable  auquel  il  faut  avoir  recours, 
puisqu'il  est  certain  qu'une  opiniStrete  inebran- 
lable  de  la  part  du  bouvier  fatigue  ranimal  et  le 
rend  furieux.  Cest  pourquoi  le  meilleur  est  de 
corriger  un  boeuf  qui  est  dans  rhabitude  de  se 
couchcr  aterre,  en  lui  faisant  souffrir  la  faim 
et  la  soif,  sans  lui  tourmenter  le  corps,  parce 
qu'ilestplussensible  aux  besoins  naturelsqu^anx 
coups.  Ainsi ,  lorsqu'un  bccuf  se  couchera  a  terre , 
il  sera  tres  utile  dc  lui  gnrrotter  les  jambcs,  de 
facon  qu'il  ne  puisse  ni  sc  tcnir  debout,  ni  mar- 
cber,  ni  paitre;  moyennant  quoi  la  diete  et  la 
soiflecontraindrontasedcfairedesanonchalance. 
Cependant  il  faut  avouer  que  ce  defaut  est  tres- 
rare  dans  les  boeufs  natifs  du  pays  oii  Ton  se 
trouve ,  d'autant  qu'en  gencral  tout  ba?uf  ne  dans 
le  pays  oii  il  travaille  est  bicn  meilleur  qu'un 
bocuf  etranger,  parce  quil  n'est  poiut  expose  a 
changcr  d'eau,  ni  de  fourrageou  de  climat,  et 
qu'il  n"est  point  moleste  par  la  nature  de  la  con- 
tree ,  comme  ie  serait  ceiui  qui  aurait  ^te  cnimene 
d'un  pays  plat  et  champctre  dans  des  lieux  mon- 
tagneux  et  sauvages,  ou  d"un  pays  montagneux 


dnns  un  pays  piat.  Cest  aussi  pour  cela  que 
lorsque  nous  sommes  forccs  de  faire  venir  des 
boeufs  d"une  contree  eloignce,  nous  dcvons  avoir 
soin  de  ne  les  faire  vcnir  que  d'une  contree  qui 
soit  semblable  a  la  nfllre.  II  fnut  aussi  preudre 
garde  d'en  attclcr  deux  enscmhie,  dont  Tuu 
soit  moins  gros  que  Tautrc ,  pnrce  que  la  dis- 
proportion  dans  la  stature  et  dans  la  foree  en- 
traine  bientot  la  perte  du  plus  faible  des  deux. 
On  estime  cet  animal  lorsque  son  tempcrament 
est  phis  pacifique  que  vif,  pourvu  qu"il  ne  soit 
point  paresseux  ;  Iorsqu"il  craint  les  conps  et  la 
voix  de  son  mnitre,  mais  que,  se  conlinnt  dans 
sesforces,  il  ne  se  laisse  point  intimider  d'ail- 
leurs  par  les  sons  qui  peuvent  frapper  son  oreil- 
le ,  ni  par  les  objets  qui  se  presentent  a  sa  vue , 
et  qu"il  passe  sans  frayeur  a  travers  des  fleuves 
ou  sur  des  ponts;  enlinlorsqu'il  consonime  beau- 
coup  de  nourriture ,  et  qu'il  est  lent  a  la  miicher. 
En  effet,  ccux  qui  mnchent  a  lcur  aise  digcrent 
mieux  que  ceux  qui  le  font  precipitamment,  et 
des  lors  ils  se  mnintlennent  plus  que  ces  derniers 
dans  la  fnrce  du  corps,  sans  devenir  maigres.  Au 
surplus,  le  bouvier  pccheautant  cn  rendantses 
broufs  gras  qn'en  les  rendnnt  maigrcs,  parce 
que  la  tnille  des  animaux  dcstines  a  fravaillcr 
doit  etre  commode  ct  mediocre  ,  et  qu'il  doit  piU' 
tflt  etre  robuste  en  nerfs  et  en  muscles  quecharge 
de  graisse,  afin  qu"il  ne  soit  point  opprimetout 
a  la  fois  tant  par  lc  poids  de  son  dos  que  par  la 
fntigue  de  rouvrage.  Mais  comme  nous  avons 
donne  les  preceptes  qu'il  y  a  a  suivre  lorsque 
Ton  veut  acheter  ou  dompter  des  bocufs,  pas- 
sons  a  ce  qui  conccrne  leur  cntretien. 

III.  II  faut  laisser  les  bocufs  a  Tair  pendant  la 
chaleiu',  et  les  mettrea  couvertpendnnt  lefroid  : 
c'est  pourquoi  on  leur  preparera  ,  pour  le  sejour 
qu'ils  feront  a  retable  pendant  rhiver,  de  la 
paille  que  Ton  aura  soin  de  couper  et  de  mettre 


levalus  traliitur  :  propter  qiMO  undifiiie  necessitatc  con- 
tumaciam  deponit,  et  ad  patientiam  laboris  paucissimis 
vertieribns  perducilur.  Est  etiam  post  domiluram  inollio- 
ris generis bos, qiii  decumbit  in  sulco  :  eiim  non  sa-vilia, sed 
rationecenseoeniendandum.  Nam  qiii  stiniulisaut  ignibus 
aliisqiie  tormenlis  id  vitiuni  eximi  nielius  jiidicant ,  ver.T 
rationis  ignari  sunt  :  quoniam  pervicax  conliimacia  ple- 
ruinqiic  .sa;vientem  fatigat.  Proplcr  qiiod  ulilius  estcitia 
corpuiis  vexationem  faiue  polius  et  sili  cubilorem  bovem 
emendare.  Nameuni  vebementinsafliciiiiit  naturalia  de.~i- 
deria,  quam  plagne.  Itaque  si  bos  decnbuit,  ulilissimiim 
esl  pedes  ejus  sic  vincnlis  obligari ,  nc  ant  insistcie  aiit 
progredi  aiit  pasci  possil.  Quo  facto  inedia  et  sili  compiil- 
sus  deponit  ignaviam  ;  ipiii!  tamen  rarissima  e.^t  iii  pecore 
vernaculo  :  longeque  oiiinis  bos  iiidigcifii  nielior  eslquam 
peregrinus.  Nara  iieqneaquse  nec  pabuJi  nec  r^eli  miita- 
lione  lentatiir ,  neqiic  infeslatiir  condilionc  regiouis ,  siriit 
ille,  qui  ex  planis  et  ranipcstribus  locis  in  moiitana  el  ns- 
(lera  perduclus  est ,  vcl  ex  inontanis  in  rampestria.  Itaqiic 
rtiaui ,  cuni  cogimui  ex  longinquo  Iwves  arcessci e,  ciiran- 


dum  est,iit  in  siniilia  patriislocis  tradiirantnr.  Item  cus- 
todiendiini  est,  ne  in  coinparatione  vcl  staUiia  vel  viiibus 
inipar  ciini  valcntidic  jungatur.  INain  ulraque  rcs  inliTloii 
celcriler  aHerl  exiliiiin.  Jlores  liujiis  pcciidis  probabiles 
liabcntur,  ipii  siint  propiores  placidis  qiiaiii  concilatis, 
sed  non  iuertes  :  i|ui  siint  vercnles  plagarum  el  acclaina- 
tiuiiuni;sed  liducia  viiium  nec  auditii  ncc  visu  pavidi, 
nec  ad  ingredienda  lliimina  aul  pontes  formidolosi :  iniilli 
cibi  [edaces;]  verum  iii  eu  conlicicndo  lenti.  Nani  Iii  me- 
lius  cflncoqnunt,  ideoqiie  robora  corporiim  cilra  niaciem 
conscrvant,  qui  cx  commodo  ,  qnani  qui  festiiianter  man- 
diiiil.  .Scd  tam  vitiiim  est  biibiilci  pinguem  quain  exilem 
bovein  reddere  :  liabilis  eniin  et  niodica  corporatiira  pc- 
coris  operarii  dcbet  essc ,  nervisqiie  et  musculis  robnsta , 
iion  adipibusobesa,  iit  ncc  siii  tergoris  iiiole  nec  labore 
operis  dcgravetiir.  Sed  qiioni.im  qiia:  seqiicnda  snnt  in 
eineiidis  dumandisqnc  bubus  tradidiinus ,  tutelani  eoriini 
piacipicmus. 

III.  lioves  calorc  snb  divo  frii;oribiis  inlra  terlum  ma- 
neic  oportct.  Itaquc  liiberii;c  slabulalioni  eoriim  prapa- 


314 


COLUMELLE. 


par  tas  en  aoiit ,  un  mois  apres  la  moisson.  La 
coupe  de  cettepaille  ne  sera  pas  nioiiis  utile  aux 
cliamps  qu'aux  besliaux,  parce  que  les  campa- 
anes  se  trouveront  debarrassees  par  la  des  ron- 
ces ,  qui  ne  manquent  pas  ordinaireraent  de  mou- 
rir  jusqu"aux  raeines  lorsqu'elles  ont  cte  coupees 
eu  ete  au  lever  de  la  Canicule ,  et  que  ccs  ronces 
etant  mises  sous  la  litiere  du  betail,  augraeute- 
ront  la  quantitc  du  fumier.  Apres  cette  opera- 
tion  prealable  ,  nous  nous  pourvoirons  de  four- 
vage  de  toute  espeee  ,  el  nous  ferons  en  sorte  que 
ce  betail  ne  soit  pas  expose  ii  ma^grir  fnute  de 
nourriture.  Or,  il  y  a  pliisieurs  methudes  pour 
bien  nourrir  les  boeufs;  car  si  le  pays  oii  l"on 
cst  donne  du  fourrage  vert  en  aboudanee  ,  per- 
sonne  ne  doule  que  ce  genre  de  nourriture  ne 
doive  etre  prefere  a  tout  autre  ;  mais  c"est  ce 
qui  «'arrive  que  dans  les  lieux  qui  sont  arroses 
par  des  ruisseaux  ou  couverts  de  rosee.  Aussi 
trouve-t-on  dans  les  lieux  decette  nature  un  tres- 
grand  avantage,  qui  consiste  en  ce  que  ia  jour- 
iiee  d'un  seul  homme  suffit  a  deux  paires  de 
boeufs  a  la  fois  ,  attendu  qu"ils  labourent  ou 
qu'ils  paissent  alternalivemeut  dans  le  meme 
jour.  Daus  les  pays  plus secs,  on  donne  de  la  nour- 
riture  aux  bccufsdans  leurs  mangeoircs  ,  et  eette 
Dourriture  varie  suivant  la  nature  differente  de 
ces  pays.  Personne  ne  doute  que  la  meilleure  ne 
soit  de  la  vesce  liee  eu  biittes  et  de  la  gesse ,  ainsi 
que  du  foin  de  pre.  Ou  entretient  ce  betail  moins 
avantageuseraent  avec  de  la  paille,  quoique  ce 
genre  de  nourriture  fasse  ressource  partout ,  et 
que  Ton  n'en  trouve  pas  m^me  d"aulie  dans  cer- 
taines  contrees.  La  paille  que  Ton  estime  le  plus 
estcelle  demiilet  ,  ensuitecelle  d'orge,  et  meme 
en  troisieme  lieu  celle  de  froment.  Mais,  inde- 
pendamment  de  la  paille,  on  dunne  eucore  de 
l'orgeaux  boeufs  qui  ont  fait  leur  journee.  Au  sur- 


phis,  on  reglediffercmment  la  raesure  du  iourrage 
qu'on  leur  donue  suivant  les  differents  temps 
de  rannee.  Au  mois  de  janvier  il  faut  leur  don- 
ner  achaeun  quatre  scxtarn  ders  moulu  et  de- 
trempe  dans  de  Teau  avec  de  la  paille ,  ou  bien  un 
modiiis  de  lupins  detrempes,  ou  enfiu  un  semo- 
(Uus  de  gesse  detrerapee,  indepeudamraent  de 
la  paille  qu'on  leur  donnera  e.n  abondanee.  On 
peut  aussi ,  si  Ton  raanque  de  legumes  ,  nieler 
avec  dela  paille  du  marc  de  raisin,que  Ton  aura 
lave  pour  en  exprimcr  de  la  piquctte ,  et  le  ieur 
doniier  apres  qu'il  sera  scehe  ;  quoiqu'il  u'est 
point  douteux  qu"il  n"y  ait  plus  d"avantage  a  le 
leur  donner  avec  la  peau  des  raisins  et  avaiit  do 
Favoir  lave,  parce  que  ce  marc,  leur  tenant  lieu 
de  nourriture  et  de  viu  en  merae  temps,  a  la  vertu 
de  les  rendre  gais  et  brillants,et  d'augraenter 
leur  embonpoint.  Si  nous  ne  leur  donnons  pas  de 
grains,  il  suflira  deremplir  de  feuilles  seehes  un 
pnnicr  dont  ou  se  sert  pour  mesurer  leur  nour- 
riture  ,  dont  la  contenance  soit  de  vingt  modii; 
ou  de  leur  donner  trente  livres  de  foin ,  ou  bien 
eneore  des  fcuilles  vertes  soit  de  laurier  soit 
d'yeuse,  en  grande  quantite;  raais  on  y  ajoutera 
du  gland  ,  pourvu  que  le  pays  cn  produise  assez 
ponr  permcttre  de  le  faire,  quoique  cette  der- 
niere  nourriture  leur  occasionnerait  la^'ale,  si 
on  leur  en  donnait  jusqu'a  les  en  rassasier.  On 
pent  encore  leur  donner  un  semodins  de  feves 
moulues,  pourvu  que  la  recolte  en  ait  ete  abon- 
dante.  Communeraent  la  raeme  pitance  leur  suffit 
au  mois  defevrier.  On  doit  ajouter  quclque  chose 
a  la  quantite  de  fuin  qu"on  leur  donnera  en  mars 
et  en  avril ,  parce  que  c'est  le  temps  oii  ils  travail- 
lentaux  premiers  laboursde  laterre.  II  suflirace- 
pendant  de  leur  cn  donner  a  chacuu  quaraute  li 
vres.  On  fera  bicn  ncnnmoins  de  couper  pour 
eux  dufourrage  vert,depuis  lesides  d"avril  jus- 


landa  siint  stramenta , quee  niense  Angiisto  intra  dies  lii- 
ginta  siil)lal;6  mcssis  praocisa  in  acerviim  exliui  debeut. 
Horum  desectio  cum  pecori  tuni  agro  esl  ulilis  :  lilieian- 
lur  aiva  sentibus,  qui  aestivo  lempore  per  Caniculic  or- 
tum  lecisi  plerumque  radicitus  intercuiit ,  et  stranieuta 
pecori  sulijecla  pluiiniuni  slercoris  efliciunt.  H.tc  cuni 
ila  ciiiaveiimus  ,  tum  elomuesenus  pabuli  piaepaiabi- 
mus ,  dahimusqiie  operani ,  ne  fieuirria  cibi  macrescal  pe- 
cus.  I5oves  aulcm  recte  pascendi  iion  una  ratio  est.  Nam 
si  ubertas  regionis  viride  pabulum  siibministral,  nemo  du- 
bilatquiu  id  genus  cibi  caeteris  prsepouendiim  sit  :  quod 
tamen  nisi  rigiiis  aut  loscidis  locis  iion  conlingit.  Itaqiie 
iu  iis  ipsis  vel  maximum  commodum  est ,  quod  sufiiiit 
uuaoperaduolnis  jugis,  quie  eodeni  die  alternateniporuin 
vice  vel  aiaiit  vel  pascunlur.  Siccioiibus  agris  ad  piacsc- 
pia  boves  alendi  sunt ,  quibus  pro  cunditione  regionnni 
cibi  pi;cbentur  :  eosque  nemo  diibilat,  quin  oplimi  sint 
vicia  in  fascem  ligala,  et  cicercula  ilcmque  pratense  fic- 
niini.  Miiius  commode  tneinur  armcntuin  paleis,  qiwB 
ubiqiie  et  qiiibusdam  regionibus  sol;e  pr.xsidio  siint.  Ex 
lirobaiitiir  niaxiuie  exmilio.tnm  c\ordeo,niox  cli;i!U 


cx  Iritico.  Sed  jumentis  justaoperumreddenlibiisoideum 
pra;ter  lias  prsebetiir.  liubiis  aiitcm  pio  teniporibiis  anni 
pabula  dispeu.santur.  Jaiinario  meiise  [  siiigulis  ]  fresi  et 
aqiia  macerati  eivi  qualernos  sextarios  niistos  paleis  dare 
conveuit,  vel  liipini  macerali  modios,  vel  ciceiciilae  ma- 
ceral.Te  semodios,  et  snper  baec  aflatim  paleas.  Licet  «liam, 
si  sit  leguininum  iiiopia,  et  eluta  et  siccala  vinacia  ,  qiiw 
de  loia  exiniuulur ,  ciim  paleis  misccre.  Nec  diibiuni 
[est,]  qiiin  ea  longe  raelius  eum  suis  follicnlis,  ante 
quam  eluantur,  pr.Tlieri  possint.  Nani  et  cibi  etvini  vi- 
res  Ii.ibent,  niliduiiKpie  et  bilare  et  corpiilentum  pccus 
faciunt.  Si  grano  abstincmus,  frondis  arida;  coibis  pabu- 
lalorius  modioruui  viginti  sufficit,  vel  fceni  pondetrigiiita, 
vel  siue  modo  viiidis  lauiea  et  ilignea  fiondes.  Et  bis,  si 
legionis  copia permillat,  glans  adjicitur  :  qn.ie  nisi  ad  sa- 
lietatem  detiir ,  scabiem  parit.  Potest  etiam  si  proventus 
vilitatem  facil,  semodiiis  fabaj  fres;E  pra;beri.  Jlense  Fe- 
bruario  plerunique  eadcm  sunt  cibaria.  Blarlio  et  Apiili 
debet  ad  fani  pondus  adjici,  quia  teria  pioscinditiir  :  sat 
autein  erit  pondo  quadragena  singulis  dari.  Ab  idibus 
taiuen  mensis  A|uilis  iisqiie  in  idiis  Juui.is  viridc  pabu- 


DE  L'AGRICDLTURE,  LIV.  YL 


315 


qira  ccIIps  de  juiii :  on  poiirrn  nieme  continner 
de  ieur  cn  donner  dans  les  lieux  plus  froids ,  jus- 
(]u'nux  ealendes  de  juil!et.  A  pnrtir  de  cette  epo- 
que  on  les  rassasicrn  de  fcuillaiies  pendant  tont 
Tcte ,  ninsi  qu'en  nutomne  jusi[u"nnx  ealendes  de 
noveinbre  ,  quoique  ces  feuiiln^es  neleur  seront 
bons  que  lorsqu'ils  auront  ctc  muris  par  !es 
pluies  ou  par  les  i'osees  eontinuelles  :  les  plus 
estimes  sont  d'abord  ceux  d"orme  ,  ensuite  ceux 
de  frene,  puis  enlin  ceux  de  peuplier.  Les  pires 
sont  eeux  d'yeuse,  de  eliene  ct  de  laurier  ,  quoi- 
qu'n  la  finde  Tete  ou  soit  foree  d"y  recourir,  a  de- 
fautd'nutrcs.  On  peutaussi  fort  bien  leur  donner 
des  feuilles  de  figuier,  si  Ton  en  a  abondnrament , 
ou  qu"il  y  ait  de  rutilitea  claguerces  arbres.  Cel- 
lcs  d"yeuse  sont  eucore  meillcures  que  celles  de 
chene,  pourvu  que  ce  soitde  l'espece  d'yeuse  qui 
n'a  point  de  piquants ,  parce  que  le  boeuf  ne  veut 
point  de  ces  dernicres,  non  plus  que  de  celies  de 
genevrier,  aeausede  ccs  piquants.  II  faut,  dansles 
mois  de  novembre  et  de  ducerabrc ,  donner  aux 
bocufs  a  manger  tnnt  quils  voudront  pendnnt  ies 
semailles;cependantilsuflitordinairementdeleur 
donner  a  chacun  un  modius  do  gland ,  avec  au- 
tnnt  de  pnille  qu'ils  en  voudront ,  ou  bien  un  mo- 
dius  de  lupins  detrempes,  ou  sept  sextarii  d"ers 
arrosc  d'euu  et  mele  de  paille  ,  ou  AoMzt  sexla- 
rii  de  gesse  arrosee  de  meme  et  melee  de  paille , 
ou  un  modius  de  marc  de  raisin,  pourvu  qu'on 
yajoute  de  la  pnille  en  abondanee ,  commeje 
l'ai  dit  ci-dessus;  ou  enfin,  si  Ton  n'a  aucun  de 
ces  fourrages,  quarante  livies  de  foiu  sans  aucuu 
autrc  niclnuge. 

IV.  Mais  Ll  ne  servira  de  rieu  de  rassasier  ce 
betail  de  nourriture ,  si  Lon  n'apporte  point 
toute  rattentioaneeessnire  pour  i'aider  a  sebieu 
portcr ,  ct  a  conserver  sps  forces  :  or  on  parvien- 
dra  a  ces  deux  points  en  donnant  aux  bociufs 


trois  jours  de  suite  uno  medecine  copieuse,  com- 
posce  de  lupins  et  de  eypres  broyes  ensemble  par 
portionsegales,  et  infuses  dans  Teau  ;  on  laissera 
cctte  raedceinc  se  reposcr  a  l'air  pcndant  une 
nuit  entiere  ,  et  on  la  leur  fera  preudre  quntre 
fois  par  an  ,  a  savoir,  k  la  fin  du  printeraps,  de 
rote,  de  rautomne  et  de  riiiver.  Sonvent  meme 
on  vient  a  bout  de  chasser  leur  langueur  et  lcnr 
dcgout  en  leur  mettant  dans  la  gorge,  quand 
ils  sont  a  jeun  ,  un  oeuf  de  poule  ci'u  tout  en- 
ticr  ,  et  en  leur  versnnt  le  lendcmain  dans  les 
narinesdu  vin  ,  dnnsleqnel  onnura  |)il('  dcs  gous- 
ses  d'nil  ou  d'oignon  de  Cypre.  Au  surplus,  ces  rc- 
medes  nesont  pns  lesseuls  qui  les  maintienncnt 
en  bonne  sante  :  il  y  a  bien  des  gens  qui  mettent 
dans  la  raeme  vue  une  grnnde  quantite  de  sel 
dnns  leurs  fourrages;  quelques-uns  leur  ont 
donne  avec  succes  du  marrube  blnnc  avec  de 
rhuile  ct  du  vin  ;  d'autres  font  infuscr  dnns  (Ui 
vin  pnr  des  fenilles  de  poireaux  ;  d'autres,  dcs 
grnins  d'encens;  dnutres  enlin,  de  la  saviniere  et 
de  la  rue,  et  leur  donnentces  rae-dicaments  ;i 
boire.  Plusieurslestrnitentavcedes  tigesdecou- 
levree  blanche  et  descosses  d'ers  ;  qnelques-uns 
font  infuser  dans  du  vin  une  peau  de  serpent 
broyee.  Le  serpolet  pilij  dans  du  vin  legcr  ,  et 
la  scille  hachee  et  miic(iree  dnns  Tenu,  leui'  ser- 
vent  aussi  de  remedes.  Toutcs  ces  potions  don- 
nees  a  ladose  detrois /ifi?«iwa'pnr  jour ,  pendnnt 
trois  jours  cons(;culifs  ,  leur  purgent  le  ventre, 
et  r(3tablissent  leurs  forces  en  chassant  leurs  ma- 
ladies  :  cependaut  In  lie  d'huile  pnsse  pour  le  re- 
mede  qui  leur  est  !c  plussalutaire  ,pourvu  qu"on 
In  m(!'le  avec  pnreille  quantitti  denu  ,  et  qu'on  y 
accoutume  ces  bestiaux  peu  a  peu.  En  cffet,  on 
ne  peut  pas  leuren  donner  tout  d'nbord  ,  mais  on 
comnience  par  cn  arroser  leur  nourriture;  cn- 
suite  on  cn  mel  dans  leur  eau  en  petite  dosc ,  et 


lum  rt'cl«  spcatdp  :  polest  etiam  in  ralciul.  Julias  frigiilin- 
ribus  locis  idem  pr;rstari  :  a  (|no  tciDpoic  iii  calond. 
Novcnil).  tola  astale  et  deinde  unluiniio  salientur  IVoiiJe ; 
qiKc  taiiieii  iion  anle  cst  ulills,  (piain  cum  maluineilt  vel 
iinl>i'il)us  vel  nssiduis  loribiis  :  probaluiqne  niaxime  ul- 
niea,  pust  fraxinea,  et  ab  Iiac  populnea.  UIlini;e  suiit  ili- 
gnea  el^iiieriieaet  laiirea  :  sed  ca»  post  .Tstatem  necessaiia; 
deficientibus  ccleris.  Possunl  eliani  tolia  ficiilnca  piobe 
dari,  si  siteoriiin  copia,  aiit  .stiingere  aibores  expedial. 
lligii('a  lamen  [vel]  nielior  csl  qnernca,  scd  ejiis  g(>ne- 
ris,  qnod  spinas  non  liabel;  nani  id  quoque,  uli  junipe- 
rus,  respiiiliir  a  pccore  propler  aculeos.  JNovembri  mense 
ac  Dcccmbri  per  sementcm  ipianlum  appetitbos,  laiitiim 
prscbindum  cst :  plci  iimquc  tainen  sullicinnt  siiigulis  nio- 
dii  slandis  el  paloie  ad  saliclalem  datic  ,  vel  liipini  mace- 
rali  inodii ,  vel  ervi  aqiia  coiispersi  sexlarii  vii  pcrinisti 
paliMS  ,  vel  ciceicnlaesimililcr  cx)nspersae  sextaiii  xiiniisli 
palcis.vel  sin^nli  niodii  vinaccornm,  si  iis,  ut  siipra  dixi, 
iarse  pale.T  adjiciaiitiir;  vel  si  niliil  horum  est,  pcr  se 
fteui  pondo  qnadraj;iula. 
IV.  Sed  non  piuderil  cibis  saliari  pecora ,  nisi  oinnis 


adliilKMliir  dili};entia,  iil  saliibri  sinl  corpore ,  vircsqiie 
conscrvoiil  :  qii.ie  ntraipie  cn.studinntur  larj^c  dalo  per  tri- 
diiiim  inediciimenlo ,  qiiod  coniponitnr  pari  pondere  Irili 
lupini,  cuprcssique,  et  cum  ,iqna  nocle  una  siib  ilivo  lia- 
belur;  idqne  qiialer  anno  fieri  debet  ultimis  lempoiibns 
veris,  iP.statis,  aulumni,  bieniis.  Sicpe  etiani  langnor  ct 
iiausea  di.scnlilur,  si  inlegrum  Ralliniicenm  crudiiin  ovum 
jejuni  faucibus  inser.as ,  .ac  postero  die  spicas  ulpici  vcl  allii 
cnm  vinocontcras,  el  in  narilius  iuliiudas  :  iieque  ba^c  laii- 
tiim  remedia  salubrilatem  laciuiit.  Vliilli  el  largo  sale  niis- 
ceiil  pabiila;  qnidam  niiu  riiliiniu  dctcrunl  cum  olco el  \  luo; 
quidani  porri  llbras,  alii  ^rana  lliurls,  alii  sabiiiain  berbani 
riilaniqiic  cnm  inero  diluunl ;  eiii|iie  medicamenta  pnlauda 
pra'I)cnt.  Miilli  caiilibns  vilis  albic  ct  valvulis  ervi  biibus 
meilenlur  :  nonnulli  pellein  serpenlis  oblrilam  cnm  vino 
n)i.scent.  Esl  eliam  renicdio  cuni  duki  vlno  Irihim  serpyl- 
liim ,  ct  concisa  el  in  aipia  niaceiala  scilla.  Qu.i;  oniiies 
piirdicUe  potiones  Irinm  beininarum  slngiilis  diebiis  per 
triduum  data;  alvum  purgant,  depiilsisque  viliis  recreant 
vires.  IMaxime  tamcn  liabelur  salutaiis  amurca  ,  si  lauluu- 
dcin  .i'pi;e  niisceas,  cl  ea  pcciis  insucscas;  qua;  piuliniis 


31G 


COLUMELLE. 


simplement  pour  lacorriger ;  enfln  peu  de  temps 
apres  on  la  mele  aveeleur  eau  par  egale  portion, 
ct  on  leur  en  donne  tant  qu'ils  en  veulent. 

V.  II  ne  faut  pas  exciter  les  bccufs  a  courir  en 
aucun  temps  de  rannee ,  mais  encore  moins  eu 
ete,  parce  que  cela  leur  lache  le  ventre  ou  leur 
donne  la  fievre.  II  faut  aussi  prendregarde  qu'une 
truie  ou  une  poule  ne  vieune  a  se  glisser  du  cote 
(le  leurs  mangeoires,  parce  que  les  excrements 
de  ces  animaux ,  veuant  a  se  meler  avec  le  four- 
i'age  des  bceufs,  leur  cause  la  mort  :  ceux  d'une 
t  ruie  malade  sont  particulierement  capablcs  d'oc- 
casionner  une  contagiou  dans  lc  troupeau.  Si  ce 
malheur  arrive,ilfaut  sur-le-champ  lefairechan- 
ger  de  climat,  et  apres  l'avoir  distribue  en  plu- 
sieurspelotons,  renvoyerdans  des  pays  eloignes, 
etseparersibien  les  auimaux  malades  deceux  (jui 
seront  sains,  qu'il  ue  s'en  trouve  aucun  parmi 
ces  derniers  que  la  contagion  puisse  exposer  a 
quelque  danger.  Cest  pourquoi ,  lorsqu"on  sera 
oblige  de  les  eloigner  ,  il  faudra  les  conduire 
dans  les  lieux  ou  aucun  betail  n'aille  paitre,  de 
peur  qu'en  arrivant  ils  n'apportent  aussi  la  peste 
aux  autres  bestiaux  qu'ils  y  trouveraient.  Au 
surplus,  si  pestilentielles  que  soient  leurs  mala- 
dies  ,  il  faut  travailler  h  les  vaincre  et  a  les  chas- 
serpardes  remedesspecifiques.  On  nielera  donc  a 
cet  cffet  des  racines  d'herbe  d'or  et  de  panicaut 
a\ec  de  la  semence  de  fenouil,  de  la  farine  de 
froment  nToulu  et  du  vin  cuit  jusqu'a  diminution 
des  deux  tiers ;  et  apres  avoir  versede  Teau  bouil- 
lante  sur  ce  melange ,  on  le  fera  prendre  aux 
animaux  qui  seront  malades.  On  peut  encore 
faire  une  potion  avec  de  la  cannelle ,  de  la  myr- 
rhe,  de  rencens  et  dusang  de  tortue  marine,  in- 
fuses  chacun  par  poids  egal  dans  trois  scxtarii 
de  vin  vieux  ,  et  la  leur  verser  dans  les  narines. 


Maison  partagera  ce  remede  par  portions  egales 
cbaeune  du  poids  d'une  sexcmcia ,  et  il  suffira 
de  leur  en  donner  avec  du  vin  pendant  trois  jours. 
Nous  avons  encore  reconnu  que  cette  espece  de 
racine  que  les  patres  appellent  consiligo  (de  la 
pommelee),  est  un  rcmede  tres-efficace  en  pa- 
reil  cas.  Cette  plante  vient  dans  les  montagnes 
des  Marses  en  tres-grande  quantite,  et  esttres- 
salutaire  a  tous  les  bestiaux.  On  farrache  de 
terre  de  la  main  gauche  avant  le  lever  du  soleil, 
parce  qu'on  croit  quc ,  lorsqu'eIle  a  ete  cueillie 
de  cette  facon ,  elle  a  plus  de  vertu.  Voici  la  raa- 
niere  dont  on  pretend  qu'il  faut  Temployer.  On 
grave  en  rond  la  partie  la  plus  large  de  roreille 
de  ranimal  avec  une  alene  de  cuivre,  de  facon 
que  le  saugqui  vient  a  coulerdecetteplaie  sem- 
bletracer  un  petit  cercle  qui  a  la  forme  de  la  let- 
tre  0-  Lorsque  cette  operation  est  faite ,  tant  dans 
la  parlie  intericure  de  l"oreille  que  dans  sa  par- 
tie  exterieure,  on  perce  d'outre  en  outre,  avec 
la  meme  alene ,  le  centre  du  petit  cercle  que  fon 
a  deerit,  et  fon  insere  cette  racine  dans  ce  trou. 
Des  que  les  lcvres  de  la  plaie  encore  recente  oiit 
saisi  cctte  racine,  elles  la  serrent  si  bien  qu'elle 
ne  peut  plus  s'echapper,  et  des  lors  tout  le  tra- 
vail  de  la  maladie  et  le  virus  pcstilentiel  se  por- 
tcnt  vers  cette  oreille,  jusqu'a  ce  que  sa  partie 
circonscrite  avec  TalCne  tombe  morte,  et  que  la 
tete  se  trouvc  sauvee  par  la  aux  depens  de  cette 
petite  partie  d'ellc-meme.  Cornelius  Celsus  or- 
donne  encore  de  leur  verser  dans  les  narines  du 
viu  ,  dans  lequel  on  aura  broye  des  feuilles  de 
gui.  Voila  ce  qu'il  faut  faire  si  tout  un  troupeau 
est  malade  :  voici  ce  que  fou  fera  s'il  n'y  a  que 
quelques  betes  qui  le  soient  en  particulier. 

VI.  Les  rots  frequents ,  les  murmurcs  dans  le 
ventre ,  le  dcgout  pour  la  nourriture ,  la  contrae- 


dai  i  non  potest ,  scd  prirao  cibi  aspcrguntur ;  deinde  exigiia 
portione  medlcatur  aqua,  mox  paii  mensura  mista  dalur 
ad  saturilatem. 

V.  Nullo  autem  teraporc  et  rainlme  asstale  utile  est  bo- 
■ves  in  cursiim  concilarl  :  nam  ea  res  aut  cit  alvum ,  aut 
movet  febreiii.  Cavendum  qiioque  est,  ne  ad  praesepla  sus 
aiit  gallina  perrepat.  Nam  boc  quod  decidlt,  immislum 
pabulo,  bubus  affert  necem  :  et  id  prajcipue  ,  qiiod  egerit 
sus  acgra,  pestilentiam  facere  valet.  Qua;  ciim  in  gregem 
incidit,  conlestim  rautandus  est  crell  status,  et  In  pluies 
parlesdistributopecore  longlnquae  regiones  petendae  sunt, 
atque  Ita  segregandl  a  sanis  morbldi,  ne  quls  interveniat, 
<(ui  contagionecaeteioslabefaciat.  Itaque  cum  ablegabun- 
tur,  in  ealocaperducendi  sunt,  quibus  nullnm  impascitur 
pecus ,  ne  adventu  suo  etiara  llll  tabem  alierant.  livlncendi 
sunt  autein  quamvls  pestiferl  morbl ,  et  exquisltis  remediis 
propulsandi.  Tunc  panacls  et  eryngli  radices  fcenlculi  se- 
mlulbiis  miscend»,  et  cum  fricti  ac  molitl  trltici  farina 
candenti  aqua  conspergendae,  coque  medlcamine  salivan- 
duin  aegroluni  pecus.  Tuuc  parlbus  caslae  myrrlia>que  et 
tburis  ponderibus ,  ac  tantundem  saugulnls  marinre  testii- 
dinis  miscetur  potio  cum  vinl  velerls  scxtarils  tril)us,  et 


ita  per  nares  iiifunditur.  Sed  ipsum  medicamentum  pon- 
deris  sescuncla;  dlvisum,  portloiie  aequa  per  trlduum  cum 
vino  dedlsse  sat  eril.  Praesens  etiain  remedium  cognovi- 
mus  radicuI.-B ,  quam  paslores  conslliginem  vocant.  Ea  ia 
Marsis  monllbus plurima  nascitur,  omujque  pecori  maxime 
esl  salutaris.  Laeva  inanu  effoditur  ante  solls  ortum.  Sic 
enim  lccla  majorem  vlm  credltur  liabere.  Usus  ejus  tra- 
ditur  lalls.  iEnea  fibula  pars  auricula;  latissiraa  circum- 
scribilur,  Itaiit  manante  sanguine  tanqiiam  O  Ilter»  ductu» 
appareat  orbiculus.  Hoc  et  intrlnsecus  ct  ex  supeiiora 
parle  aurlciila;  cum  facfiim  esl ,  niedia  pars  descripti  or- 
biciill  eadem  (ibula  transuitur,  et  facto  forarainl  praedlcla 
radiculaluseritur;  quara  cum  recens  plagacompreliendlt, 
lla  conllnet,  ut  elabl  non  possit :  in  eam  deinde  aurlculam 
oHinis  vis  morbi  peslllensque  virus  ellcltur,  donec  pars, 
qua;  fibula  circumscripta  est,  deraortua  excidlt,  et  mini- 
inae  partis  jactuia  caput  eonservalur.  Cornelius  Celsug 
etlani  vlscl  folla  cum  vlno  trlla  per  nares  liifundere  jiibet. 
Ha;c  faclenda,  sl  gregatira  pecoia  laboraut :  illa  deinceps, 
si  slngula. 

VI.  Crudltatis  signa  sunt  crebri  riuliis  ac  ventris  soni- 
tiis,  fastldia  cibi,  nervorum  intenllo,  bebetes  ociili.  Prop- 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.   VL 


tion  des  iierfs,  la  faiblesse  des  yeiix ,  soiU  des  si- 
gnes  d'indigestiou  qui  empeclient  le  bfriif  de  ru- 
inine.'  et  de  se  lecher.  On  y  lemedicra  en  lui  don- 
nant  deux  corujii  d'eau  chaude ,  et  trente  fcuillcs 
de  ehou  lcgerement  cuitcs  dans  du  vinai^re; 
mais  il  fnut  qu'il  s'absticiiiie  un  jour  enticr  de 
toute  autre  espcee  de  nourriture.  QucUjucs-uns 
le  retiennent  h  la  maison  pour  rcmpeclicr  de 
paitre;  apres  quoi  ils  font  infuscr  dans  un  ron- 
ffius  d'eau  quatre  livres  dc  cimcs  de  lentisque  et 
d'olivier  sauvage  avec  une  livre  de  miel,  le  tout 
pile  enscmblc;  et  apres  avoir  laissti  reposercette 
iulusion  pendaut  une  nuit  en  plein  air,  ils  la  kii 
versent  dans  la  gorgc.  Quand  ils  luiont  fait  pren- 
dre  cette  potion  ,  ils  lui  donuent  au  bout  d'unc 
heurequatre  livres  d'ers  dctrempc,  etlui  retran- 
chent  toute  autrc  boisson.  On  doit  r(?peter  cctte 
operation  trois  jours  de  suitc ,  jusqu'a  ce  que  tou- 
tes  les  causes  de  la  maladie  soient  dissipces.  Mais 
si  on  neglige  Tindigestion,  elleest  bientot  suivie 
de  renflure  dii  ventre  et  d'une  douleur  eonside- 
rablc  dans  les  intestiiis,  qui  empcche  !'aninial  de 
prendre  sa  nourriture,  excite  ses  mugissements , 
ne  lui  pcrmet  pas  de  se  tenir  en  place,  et  le  force 
de  se  coucher  souvent  ii  terre ,  d'agiter  sa  tete ,  et 
de  remuer  cimtinucllcment  sa  qucuc.  Cest  un 
remede  infaillible  en  pareil  cas,  de  scrrer  forte- 
mcnt  la  partie  de  la  queue  !a  pUis  voisine  des 
fesses  par  le  moyen  d'uue  ligature ,  de  verser  dans 
la  gorge  de  l'anima!  un  scxlarius  de  vin  avec 
une  hemiiia  dhuile,  ct  dc  lui  faiic  faire  promp- 
tement  quinzc  cents  pas.  Si  !a  douleur  continue, 
i!  faut  liii  couper  la  corne  alentour  du  pied,  lui 
retirer  lesexcrements  par  !'anus,  en  y  inserant  la 
main  aprcs  !'avoir  graissce ,  et  le  fairc  courirde 
Douveau.  Si  ccla  ne  reussit  pascncorc,  ou  broie 
une  eertaine  quantite  de  figuier  sauvage  scc , 


qu'on  !ui  doiinc  dans  trois  fois  plus  d'eau  chaude. 
Si  ce  dernier  remede  ne  fait  pas  d'cffet  non  plus, 
on  pulvcrise  deux  livres  de  feuillages  de  rayrto 
sauvage,  et  apres  les  avoir  jetees  dans  deux 
scxtarii  d'eau  chaudc,  on  verse  cette  eau  dans 
sa  gorge  avec  un  vase  de  bois,  apres  quoi  on  lui 
tire  du  sang  sousla  queue;  et  lorsqu'i!  cn  a  coulc 
une  quantite  suffisaute,  on  !'arrete  par  le  moyen 
d'une  ligature  de  papier ;  ensuite  on  le  fait 
raarcher  vite,  jusqu'a  ee  qu'il  soit  hors  d'lialeine. 
Voici  encore  dcs  remedes  auxquels  il  faut  avoir 
rccours  avant  de  lui  tircr  du  sang  :  On  jcttera 
dans  trois  /irmiiio'  de  vin  trois  viiciir  d'ail 
moulu,  ctapres  luiavoir  fait  boire  ce  vin,  on  le 
forcera  de  courir  ;  ou  bien  on  pilcra  un  srxlaiis 
de  se!  avec  dix  oignons,  eii  y  ajoutant  du  raicl 
bouilli ,  et  on  en  fcra  iin  on^uent  qu'on  lui  four- 
rera  dans  !e  ventre ;  apres  quoi  on  rexcitera  a 
marcher  vite. 

VII.  La  vue  des  oiseaux  de  riviere,  et  surtout 
dcs  canards,  peut  aussi  apaiscr  la  donleur  du 
ventre  et  dcs  intestins.  Kn  effet,  des  que  lcs 
bcEufs  qui  sentcnt  du  mal  aux  intcstins  voicnt 
un  canaid ,  ils  sont  proraptement  dclivrcs  de lcurs 
tourments.  La  vue  dc  cet  aninial  gucrit  encore 
avec  plus  de  succes  les  mulcts  ct  lcs  clicvaux.  II 
arrive  quclquefois  que  tous  ces  remedcs  sont  inu- 
filcs,  et  que  ces  maux  sont  suivis  d'une  dysscntc- 
rie  que  Ton  reconnait  a  un  flux  de  vrntre  san- 
guinolent  ct  glaireux.  Pour  y  rcmedicr,  il  fau- 
dia  broyer  quinze  pommes  de  cypres,  avcc  !e 
nicme  nombre  de  noix  de  galle  et  parei!  poids  dc 
fromage  tres-vieux,  ctjetcr  !e  tout  dans  qiiatre 
sexlarii  de  vin  dur,  qu'on  leur  donnera  en  dosc' 
cgale  pendant  quatrc  jours,  sans  !cs  Ifiisscr  man- 
querdecimesdc  lentisque,  de  myrte  ,  «td'oIivicr 
sauvnge  vcrt.  Le  flux  de  ventre,  en  leur  affai- 


ter  qua!  Iins  ni'(|iie  rnminal  npiiiic  lingcw  se  detorKCt. 
Remeilio  erunl  aqua;  calid:e  duo  i()nf;ii,  el  iuox  tiiginta 
lirassicae  caules  nioilice  cocli  el  e\  aceto  dali.  Sed  iino  die 
abstinendnm  cst  alio  cibo.  Qiiidaiii  clausum  inlia  tecta 
continent,  ncpasci  possil.  Tiiin  lenti.scioleastnquecaciimi- 
num  pondo  iv,  et  liliram  niellis  una  trita  perniisc^nt  aqua; 
connio,  (|iiam  nocte  una  siib  dio  liabent,  atipie  ita  laiicibiis 
inlimdiint.  Deindc  intcrposita  lioia  niacerati  ei\i  qiialuor 
libras  objiciunt ,  alia<|ue  potione  proliilicnt.  Hoc  per  tii- 
uuum  lieri  debet ,  dum  oninis  causa  languoris  disciiliatur. 
Nam  si  neglectii  crudilas  est,  et  inllalio  ventris  et  intesti- 
Doriim  niajor  dolor  inscquitiir,  qiii  nec  capcre  cibos  sinit , 
gemitus  evpriniit ,  locuquc  slaie  iioii  palitiir, saipe  decuiii- 
bere,  cl  agitarc  caput,  caiidaniqiic  cieliiius  agere  cogit. 
Manirestiini  rcnicdiiim  cst  pro\  iiiiain  cluiiihus  parlcm  cauda; 
vinciilo  VulicinccliT  obsliingcie,  vinique  sextarium  cuni 
olci  liciiiiici  r.iiK  iici3  inrundere  atque  ita  citatuin  per  mille 
et  quingfiiliis  p.issus  agerc.  Si  dolor  permanet,  nngulas 
circumsecaie,  ct  iincta  manii  pcr  anuin  inserta  limuin 
extrabere  ,  rursiisque  ageie  cunentem.  Si  nec  lioc  profuit, 
ties  caprifici  aridi  contcrunUir,  et  cum  dodrante  aqiia;  ca- 
lidce  danliir.  Ibi  ncc  lia;c  mcdicina  piocessit ,  m\rli  sjl- 


vestris  foIioiiimdii;ielibi,Ttevigantiir,  lotideinque  scxlarii 
calidaH  aqua;misti  per  vas  ligneiim  faiicilms  inlunduntur. 
Alqiie  ita  sub  canda  sangiiis  emittitiir.  Qui  cmn  s.itis  pro- 
lluxil,  inliibetur  papyri  ligamine.  Tiini  concitate  agitur 
peciis  eousqne,  diim  anbelet.  Sunt  ct  ante  d,'tiactioneiii 
sanguinis  illa  rc.mcilia  :  Tribus  lieminis  vini  trcsi  iincise  pin- 
siti  allii  pcrmiscenlur,  et  post  eam  polionem  curierc  cogi- 
tur.  Vel  salis  scxtanscnm  cepis  deceni  conteritiir,  et  ad- 
niisto  melle  decocto  collyria  imniittuntur  alvo  ,  atque  ila 
citatiis  bos  agitur. 

Yll.  Vciitris  quoque  et  intestinonim  dolor  scdatiir  visii 
nanliuin  ct  inaxime  analis.  Qiiam  si  conspexerit ,  cui  in- 
testinuiii  ilolcl,  cclcrilcr  tormcnto  libcratiir.  Kadcin  anas 
niajorc  priifcclii  niiilos  et  eqiiiuum  genns  c.oiispciiii  siio 
sanat.  Scd  iiitci diini  iiulla  prodcst  medicina.  Scipiitiir  loi- 
minum  \itiuiii,  qiiorum  signiini  cst  crucnla  ct  iniicosa 
ventris  pniliivics.  liciiicilio  siint  ciipiessini  qiiindecim 
coni,  toUdciiKpic  gillii',  ct  iilroniiiiqiic  poiideris  vetuslis- 
simiis  caseus.  Qiiibus  in  uniiiii  liinsis  ailniisccntiir  ausleri 
vini  quatuor  sextarii,  qui  pari  niiiisina  pcr  qiiatridiiuiii 
dispensali  dantur  :  ncc  dcsint  lciilisci  inyrtiipie  el  oleastri 
cacuniina  viridis.  Alvus  corpiis  ac  viics  carpit ,  opcriqiie 


318 


COLUMELLE. 


blissant  le  corps  et  leur  abattant  lesforccs,  les 
rind  inutilisau  travail.  Lorsqu'ilsen  sont  atta- 
qncs ,  il  faut  leur  interdire  la  boisson  pendant 
trois  jours,  ct  la  nourriture  pendaut  le  premier 
de  cestrois  jours  :  passe  ce  temps,  on  Icnr  don- 
iiera  dcs  cinics  d'olivier  sauvage  et  de  roseaux , 
ainsi  que  des  baies  de  lentisqiie  et  dc  niyrte, 
elonnc  leur  laissera  la  liberte  de  boire  qu'avec 
beaucoup  de  discretiou.  II  y  a  des  persounes  qui 
leur  donnent  une  livre  de  feuilles  de  jeuue  laurier 
avec  la  memequantited'aurone  sauvage,  le  tout 
jete  dans  dcux  scxtarii  d'eau  chaude,  qu"on 
leur  verse  dans  la  gorge,  en  leur  prcsentant  les 
memes  especes  de  fourrages  que  nous  venons  de 
prescrire.  D'autres  grillent  deux  livres  de  marc 
de  raisin,  et,  apres  les  avoir  broyees,  en  font 
une  potlon  medicinale,  qu'ils  leur  dounent  dans 
deux  sextarii  de  vin  dur,  en  leur  interdisant 
touteautre  boisson,  sans  cesser  de  leur  presen- 
ter  deseiniesdes  arbresque  nous  venousdenom- 
mei'.  JMais  si  le  flux  de  ventre  ne  devient  pas  moins 
frequent,  si  les  douleursdu  ventre  et  des  intestins 
118  cessent  point,si  Tanimal  refuse  de  manger, 
qu"il  ait  la  tete  lourde,  que  les  larmes  lui  tom- 
bent  des  yeux ,  et  que  la  pituite  couie  des  narines 
plussouvent  que  de  eoutume,  on  lui  brulera  le 
milieu  du  front  jusqu'aux  os,  et  on  Ini  inciscra 
Icsoreilles  avecun  fer.  Au  surplus,  il  faut  laver 
avec  de  rurine  de  boeuf  les  blessures  que  le  feu 
lui  aura  faites  jusqu'-a  ee  qu'elles  soient  gueries; 
au  lieii  que  les  parties  que  le  fer  aura  touehees  se 
gu^riiont  plus  aisement  avec  de  la  poix  et  de 
rhuMe. 

VIII.  Le  dcgoiit  dela  nourriture  est  aussi  oc- 
casionnc  sonvent  par  desexcroissances  vicieuses 
de  la  langue,  que  les  medecins  veterinaircs  ap- 
pellent  ranw  (grenouillettes).  On  les  coupe  avec 
le  fer,  et  on  frotte  la  plaie  de  sel  et  d'ail  piles  en- 

inulilcm  ledilil.  QiiiB  cnm  acciilent,  proliibendiis  eiil  bos 
potionc  per  tiiJuum,  piimoipie  (iie  riho  abstinendus.  Sed 
iiiox  cucnniina  oleastri  et  ai  iindinis  ,  ileni  t)acca;  lenlisci  et 
myiti  dandac;  nec  poteslas  aqiise  nisi  quani  paicissiine  fa- 
tieiula est.  Sunt qui  teneronim  laiiii  fulioium et  abiotaniim 
eiraticum  libram,  paii  portione  deteiant  ciim  aquiE  calidse 
duobus  sextariis ,  alqiie  ila  rancihiis  infiindant,  eademque 
pabula,  ut  supra  ili\inins ,  olijii  iant.  Quidam  vinaceoium 
«luas  librastorrefaciniit,  et  itacoiiteiimt  cuin  totidem  sex- 
tariis  vini  austcri,  potandumque  niedicamentiim  picEbent, 
oiilniqne  alio  humore  pioliibent,  nec  minus  cacumina  piae- 
^lictarum  arbnnim  nlijiriiint.  Qiiod  si  ncqiie  vcntris  resti- 
teritcilata  pii.ln\ir^,  ii;'!|iic  iiilc^linnrnin  ;ii'  \ciiliis  dolor, 
«ibosque  i('S|iurl  ,  ct  |ii,r^ra\.ilii  i:i]iil.'  ^.i'|inis,  i|iianicon- 
suevit,  laciyma'  ai)  ociilis  ct  piluila  a  ii.iriiins  prolliient  : 
usque  ail  ossa  IVons  meiiia  uratur,  anresqne  ferro  scindan- 
tiir.  Scd  viilnera  facla  igne  duin  sanescunt,  (lefricaie  Imbula 
urina  convenit.  Ac  ferro  rescissa  nieliiis  pice  ct  oleo  cu- 
rantur. 

VIII.  Solcnteliam  fastidia  ciborum  afferre  vitiosa  incre- 
nienla  lingu.-ie,  quas  ranas  veterinaiii  vocant.  Ha!C  ferro 
retiduntur,  et  sale  cum  allio  pariter  Irito  vulnera  defri- 


semble  par  parties  egales,  ,jusqu'a  ce  que  la  pi- 
tuite  provoquee  par  cette  friction  vicnne  a  cou- 
ler.  Ensuite  on  lcur  nettoie  la  gueule  avec  du  vin , 
et  aunebeurededistaneeonleur  donnede  rhcrbe 
ou  des  feuilles  vertes ,  sans  changer  cette  nonrri- 
ture,  jusqu'a  ce  que  les  ulceres  causes  par  cette 
opi^ratiou  soient  cieatrises.  Si,  sans  avoir  de 
grenouillettes  ni  de  llux  de  ventre,  ils  ne  font 
voir  aucun  appetit,  11  sera  bon  de  leur  infuser 
dans  les  narines  de  rhuile  dans  laquelle  on  aura 
broye  de  rnil,ou  de  leur  frotter  la  gorge  avec 
du  sel  ou  de  lasarriette,  ou  enfin  d'oinJre  la 
raeme  partie  avcc  de  Tail  pile  et  de  la  saumure. 
Mais  ces  remedes  ne  doivent  etre  employes  que 
dans  le  cas  oii  ils  n'auront  qu'un  simple  degout, 
sans  aucune  complication  de  maux. 

IX.  Quand  uii  boeuf  a  !a  fKJvre,  il  convient  de 
rerapecher  de  manger  respace  d'un  jour,  de  lui 
tirer  le  lendemain,  avant  qu'i!  ait  mange,  un 
peu  de  sang  sous  laqucue,  etde  lui  faire  avaler 
une  heure  apres,  en  forme  de  pate,  trente 
tigesde  chou  moyennes,  cuites  dansde  rbuileet 
du  (jaruin.  On  continnera  de  lui  donner  cetle 
nourriture  peudaut  cinq  jours  a  jeun,  en  lui  prc}- 
sentnnt  en  outre  des  ciraes  de  lentisque  ou  d'o- 
livier,  ou  de  toute  nutre  espece  de  feuillages  tres- 
tendrcs ,  ou  des  pampres  de  vigne  :  on  lui  essuiera 
d'ailleurs  les  levres  avcc  une  eponge,  ct  on  lui 
fera  boire  de  renu  froide  trois  fois  par  jour.  Ce 
tiaitement  doit  (ilre  fnita  la  ra-iison  ,  eton  nedoit 
pas  laisser  sortir  ranimal  avant  sa  guerison.  Les 
signes  de  la  iievre  sont  quand  les  larmes  lui  cou- 
lent  desycux,  qu'il  a  la  tete  lourde,  queses  yeux 
sont  fermi^s.que  lasalive  lui  tombe  de  lagueule, 
que  sa  respiration  cst  plus  longue  qu'a  Tordi- 
naire,  etqu'elle  semble  embnrrassee,  ouquelque- 
fois  raeme  accorapagnee  de  mugissements. 

X.  II  est  aise  de  chasser  la  toux,  quaud  elleest 

cantiir,  dnnec  lacessita  pituita  decedit.  Tum  vino  prolui- 
tiir  os ,  et  interposito  uiiius  boia.-  spatio  virjdes  berh» 
vel  frondes  danlur,  duin  facta  ulcera  cicatrices  diitant.  Si 
neqiie  ranK  fuerint,  neqiie  alvus  citata,  et  niliilo  minus 
cibos  non  appetet,  prodeiitalliiim  pinsitum  cum  oleo  per 
nares  infundere,  vel  sale,  vel  cnnila  dcfricare  laiices, 
vel  eandem  partem  allio  tunso  et  balecula  liniie.  Sed  Iiseo 
si  solum  fastidium  est. 

l.K.  Febiicitanti  bovi  convenit  il  slineri  cibn  uno  die, 
postero  deinde  exiguum  sangiiinem  jejiino  sub  cauda 
emitti,  atquft  interposita  Iiora  modicoe  magnitudinis  coc- 
los  brassicae  coliciilos  triginta  ex  oleo  et  garo  salivati 
niore  demitti,  camque  e.scam  per  quinque  dies  jejuno 
dari.  Prajterea  caciimina  lenti.sci  aiit  olea-,  vel  teneni- 
mam  qiiamque  frondem,  aut  pampinos  vifis  objici;  tuin 
etiam  spongia  labra  delergeri,  et  aquam  frigidam  ler  die 
pr.eberi  potandam.  Quiie  medicina  sub  tecto  fieri  debet, 
necanle  saiiilatem  bos  cmilti.  Signa  febiicitantis  manan- 
tes  lacrinia; ,  gravatum  capiil,  ociili  compressi,  lliiidiim 
salivis  os ,  loiigior  et  cum  quodam  impedimento  Iracliis 
spiritus,  interdum  et  ciim  geniitu. 

X.  Recens  lussis  optime  salivalo  farinse  ordeacea"  dis- 


DK  L-AGRICULTURE,  LIV.  VI. 


riouvelle,  par  une  pAte  failc  avec  de  la  faiine 
d'orn;e  :  quelquefois  dc  rberbe  hachee  avec  tles 
fevcs  raoulues  fera  un  mcilleui-  effet.  Oa  jctte 
eneore  dans  de  Feau  chaude  deux  spxlarii  de 
lentilles  ecossees  et  moulues  en  farine  bien  fine, 
pour  en  faire  un  bouillon  qu'on  leur  fait  prendre 
avce  unc  eorne.  Uue  toux  inveteree  cede  a  deu.\ 
livres  d'liysope  iiifusee  dans  trois  sexturii  d'eau. 
En  effct,  on  hroie  cette  plante  pour  la  leur  don- 
ner  en  forme  de  p3te,  avcc  quatre  scxlarii 
de  lentillcs  moulues  en  farine  trcs  fine,  comme 
je  viens  de  dire  :  ensuite  on  leur  fait  prendre  avec 
une  corne  l'cau  dans  laquelle  riiysppe  a  ete  in- 
fusee.  Le  jus  de  poireau  dans  de  l'huile,  ou  la 
feuille  nieme  de  cette  plante  pilee  avec  de  la  fa- 
rine  d'orge ,  la  gucrit  encore  :  ses  racines  lavces 
avec  soin,  et  moulues  avec  de  la  fariue  de  fro- 
ment,  puis  doiuiees  a  un  hceuf  k  jeuii,  enlevcnt 
la  toux  la  plus  inveteree,  aussi  bicu  que  de  Ters 
ecosse  et  de  Torge  rotie,  moiilus  cnsemble  par 
parties  egales,  et  introduits  dans  sa  gorge  en 
1'orme  de  piite. 

XL  Les  apostumes  disparaissent  plutot  par 
rapplication  du  fer  que  par  des  mcdicaments. 
Lorsqu'aprcs  Toperation  oii  aura  presse  la  poche 
qui  contenait  le  pus,  on  la  lavcra  avec  de  rurine 
de  boeufchaude,  eton  la  baiidcra  avec  dulinge 
trempe  dans  de  la  poix  fondueet  de  Thuile;  ou 
si  rapostumc  se  trouvc  dans  uue  partiedu  corps 
qui  iie  puisse  etre  bandce ,  on  y  fera  tomber  goutte 
a  goutte,  par  le  moyen  d'unc  lame  de  ferrouge, 
du  suif  de  chevre  ou  de  bu?uf.  Quelques-uns , 
apres  avoir  briilc  la  partie  nialade,  la  lavent  d'a- 
bord  avec  de  vicilleurine,  et  la  frottent  ensuite 
.■vvec  de  la  poix  fondue  ct  du  vieux  oing,  cuits 
ensemble  par  parties  egales. 

XIL  Si  le  sang  descend  dans   les   pieds  de 


ranimal,il  le  fait  hoiter.  Quand  cela  arrivc,  on 
cominence  par  lui  visiter  la  eorne  du  pied  :  cn 
latouchant,  on  s'assurera  s'il  y  a  de  la  chalcur 
dans  cette  partie;  et  d'ailleurs  le  bceuf  ne  soul'- 
fre  pascpie  Ton  comprime  trop  fort  la  parlieaf- 
lligee.  Si  le  sangn'est  encore  quc  danslesjanibes 
et  au-dessus  de  la  corne  du  picd ,  on  le  fait 
cvaporer  pardes  frictions  continuclles,  ou  bien, 
lorsqu'elles  n'avancentde  rien,  on  a  rccours  aux 
scarilications  pour  le  faire  sortir.  Mais  s'il  est 
deja  descendu  dans  la  corne  du  pied  ,  on  l"ait  une 
lcgere  incision  avec  un  couteau  entre  les  deux 
cornes;  ensuite  on  yappliquedc  lacharpie  im- 
bibee  de  vinaigre  et  desel,  et  Ton  enveloppc  le 
pied  de  Tanimal  avcc  uue  bottine  degenet  d'Es- 
pagne ;  mais  surtout  on  rempeche  de  trcmper  son 
pied  dans  Teau,  et  lon  asoinde  le  tenir  sechc- 
ment  a  retable.  Si  ron  ne  faisait  pas  sortir  ce 
sang,  il  se  corromprait,  ct  .s'il  s'etablissait  une 
suppuration,  la  guerison  serait  tres-longue  : 
pour  robtcnir  il  faudrait  d'abord  couper  tout  le 
contour  de  Tulcere  avec  le  fcr,  et  le  nettoyer 
ensuitc;  apres  quoi  on  parviendrait  a  le  guerir 
en  y  fourrantde  la  charpic  imbibee  de  vinaigrc, 
dc  sel  et  d'huile,  ct  cn  mcttaut  par-dessus  du 
vieux  oing  et  du  suif  de  bouc,  bouillis  ensemble 
par  portions  egalcs.  Si  le  sang  se  trouve  dans 
rcxtreraite  inferieure  de  la  corne  du  pied ,  on  la 
coupe  au  vif ,  et  on  le  fait  sortir  par  cette  ouver- 
ture;  apres  quoi  ou  enveloppe  le  pied  de  char- 
pie,  eton  lui  fait  uncholtinede  genctd'Kspagnc. 
11  ne  faut  pas  ouvrir  la  corne  en  deux  par  Tex- 
trcmitc  inferieure,  a  moinsqu'il  n'y  ait  dcja  une 
suppuration  etablie  en  cet  cndroit.  Si  c'est  unc 
doulcur  de  nerfs  qui  fait  boiter  le  bosuf,  il  faut 
lui  frotter  les  geiiuux,  les  jarrets  et  lcsjambes 
avec  de  rhuile  et  du  sel ,  jusqu'a  parfaite  gucri- 


fulitiir.  Tiilcnliim  nia;;is  piosiint  f;raniiiia  concisa,  cl  liis 
admi.sla  licsa  liiba.  Lentis  qiioqiio  valvulis  cxcniplie,  ct 
ininnte  niolitit;,  miscentnr  aquae  calidie  sextarii  dno,  fac- 
taque  sorbllio  per  coinii  infiinditiir.  Vetciem  tussiin  sa- 
nant  diix-  liliiBe  livssopi  inaccrati  sextai iis  aquce  tribus. 
Kain  id  meilicamcntuni  terilur,  ct  cuni  lcntis  minute,  iit 
dixi ,  molilic  sexlariis  qiiatuor  moie  .salivati  dalur,  ac 
postea  acpia  liyssopi  per  eornu  infiinditur.  Porrienim  suc- 
cus  oleo ,  vel  ipsa  (ilira  cum  ordeacea  farina  conti  ita  re- 
mcdio  cst.  Kjusdem  iadi(-es  ditigenter  lotae,  etcum  farre 
Uiticeo  pihvila-  jcjiiiioque  data;  veluslissiniam  tnssim  dis- 
cutiuiil.  racil  idcm  pari  mcnsura  erviim  sine  valvuliscum 
lomf.uto  oiileo  molilum, cl salivali  moreiu  faiices  demis- 
sum. 

XI.  Siippiiratio  melius  ferio  rescinditur,  qiiain  inedi 
cainenlo.  Lxpressa  deinde  sanie  .sinus  ipse,  (pii  e.iin  con- 
tinehal,  calida  bubiila  iirina  eliiitiir,  alque  ita  lliiameiitis 
pice  liqiiida  el  oleo  imbiilis  culli^iiUir  :  vel  si  colligari  i^a 
pars  noii  potest,  lainina  (.andeiiti  seviim  caprimim  aiit 
buhnluin  instillatur.  Qiiidani,  cum  vitiosam  parlem  inus- 
senint,  miiia  veieie  clinml,  atipie  ita  .rquis  poiideribus 
incocta  pice  liquidacimi  vclere  axungialiuunt. 


XII.  Sanguis  demissiis  in  pedes  claudicatiiincm  afiert. 
Quod  cuni  accedit,  slaliin  imgula  inspicitur.  Tiietus  auleiii 
fervorcm  demonstiat :  nec  bos  vitiatain  parlcm  veliemeii- 
lius  preini  patitiir.  Sed  si  sangiiis  adbuc  siipra  ungulas  in 
crurihus  est,  fiicatione  assidiia  discutitiir;  vel  cuni  ea  ni- 
liil  proliiit,  scaiilicaliiine  iliMuitur.  Atsi  jam  in  ungiilis 
esl ,  iiiter  duos  iingiics  ciiltillo  leviter  ajieries.  Postea  li- 
namenla  .sale  atipie  arcto  imliuta  applicantur,  ac  solea 
spartea  spes  induilur,  miiximeipic  daliir  opera,  ne  bos  iii 
aquam  pedein  niittat,  ct  iit  sicce  slahiileliir.  Ilic  idein 
saiiguis  iiisi  cmissus  fiieiit,  fainicem  creabit,  qiii  si  siip- 
piiiaverit,  tarde  percuriihilur :  ac  piimum  ferio  ciiciim- 
cisus  et  expurgatus,  deinde  paniiis  iicelo  et  sale  el  oleo 
niailcntibus  inciilcatis,  mox  aximgia  vetereet  .sevo  bircino 
paii  pondeie  decoctis,  ad  sanitatem  peidiH^itiir.  Si  san- 
giiis  iii  iiiferioic  parte  ungiihie  est,  extreina  pars  ipsiiis 
uiiguis  ad  vivum  re.secatiir,  ct  ita  eniitlitur,  ac  linamentis 
pes  involuliis  spart  a  mmilliir.  iMediam  ungulam  ab  infe- 
riiirc  parte  iioii  expedil  aperii c ,  iiisi  eo  loco  jam  siippura- 
(io  lacta  csl.  Si  iloiore  nervorum  claudical,  oleo  et  sale 
geniia  poplilesque  ct  crma  coiifricanda  sunl,  donec  sa- 
netur.  Si  gcnua  intumuciiiil ,  calido  aceto  fovciida  suiit. 


COLUMELLE. 


son.  S'il  a  les  genoux  enfles,  on  les  bassinera 
avec  du  vinaigre  chaud ,  et  on  niettra  dessus  de 
la  graine  de  lin  ou  du  raillet  broye,  qu'on  arro- 
sera  d'hydromel  :  il  sera  encore  bon  de  lui  ap- 
pliquer  sur  les  genoux  des  eponges  trempees 
dans  de  Teau  bouiiiante  et  frottees  de  miel ,  en 
les  pressant,  et  de  les  lui  envelopper  avec  des 
bandages.  S'il  y  a  quelque  humeur  eachee  sous 
renllure,  on  appliquera  dessus  du  levain  ou  de 
la  farine  d'orge  cuite,  soit  dans  du  vin  fait  avec 
des  raisins  seches  au  soieil,  soitdans  de  Phydro- 
mel ;  ensuite  Ton  attendra  que  l'apostume  soit 
mur,  pour  y  appliquer  le  fcr ;  et  lorsqu'on  en 
aura  fait  sortir  le  pus ,  on  le  panscra  avec  de  la 
charpie,  ainsi  que  nous  Tavons  dit  plus  haut. 
Toule  ouverture  faite  avec  le  fer  peut  egalement 
dlre  guerie  (suivant  Tordonnance  de  Cornelius 
Celsus)  avec  de  laracine  de  lis,  ou  de  la  scille  et 
du  sel ,  ou  de  la  renouee  que  les  Grecs  appellent 
•jToXuYivov,  ou  du  marrube  blanc.  Mais  presque 
toutes  les  douleurs  du  corps  qui  ne  sont  ni  oc- 
casionnecs  par  une  blessure,  ni  inveterees,  se 
dissipent  mienx  par  les  fomentations  :  quand 
eiles  sont  anciennes,  on  y  applique  le  feu ,  et 
Ton  fait  distiller  sur  la  partie  brulee  du  beurre  ou 
de  la  graisse  de  clievre. 

Xin.  La  gale  perd  de  sa  malignit(5,  lors- 
qu'elle  est  frollee  d'ail  broye  :  le  meme  remkle 
guerit  les  morsures  des  chiens  enrages  ou  celles 
des  loups.  Cependant  cet  accident  se  guerit 
aussi  bien  avec  de  vieilles  salaisons  appliqiiees 
sur  laplaie.  II  y  aencore  unautreremedeplus  ef- 
ficace  pour  la  gale  :  on  broie  ensemble  de  Tori- 
gan  et  du  soufre,  et  on  lcs  cuit  avec  deriuiile, 
deTeau  et  du  vinaigre,  en  y  ajoutant  de  la  lie 
d'huile;  apres  quoi,  lorsque  cette  composition 
est  eucore  chaude,  on  la  saupoudre  d'alun  de 
plume  broye.  Ce  medicament  reussit  tres-bien 


lorsque  Ton  en  frotte  les  boeufs  <i  Tardeur  du 
soleil.  Des  noix  de  galle  broyees  remedient 
aux  ulceres,  de  meme  que  du  jus  de  marrube 
blanc  avecde  la  suie.  II  y  a  encore  une  maladie 
dangereuse  pour  les  boeufs,  que  les  paysansap- 
pellent  coriago  :  cette  raaladie  consiste  en  ce  que 
leur  peau  tient  si  fort  a  leurdos,  qu'en  laprenant 
avec  la  main ,  on  ne  peut  pas  la  separer  des  eo- 
tes.  Cet  accident  ne  leur  arrive  jamais  que  lors- 
qu'ils  sont  tombes  dans  la  maigreur  a  la  suite 
de  quelque  maladie,  ou  que  le  froid  a  suec6de 
ehez  eux  a  la  sueur  excitee  par  le  travail ,  ou  en- 
fin  lorsqu'ils  ont  ete  mouilles  par  la  pluie  dans 
le  temps  qu'ils  etaient  charges.  Comme  il  n'y  a 
rien  de  plus  dangereux  que  cette  maladie,  il 
faut  avoir  soin,  pour  la  prevenir,  de  verser  du 
vin  sur  lesboeufs  lorsqu'ils  sont  revenus  de  Tou- 
vrage,  et  qu'ilssontencore  eehauffeset  haletants, 
et  de  leur  jeter  dans  la  gorge'  des  boulettes  de 
graisse.  Mais  si  cette  maladic  les  tient  deja,  il 
sera  bon  de  faire  bouillir  du  laurier  dans  de  Teau, 
de  leur  bassiner  le  dos  avec  cette  decoctiou 
quand  elle  sera  chaude ,  de  le  prcsser  aussitoten 
versant  dessus  une  graude  quantite  d'huile  et 
de  vin ,  et  de  le  raanier  partout,  en  tirant  la  peau 
a  soi.  Cette  operation  se  fait tresbien  a  Tair  et  a 
Tardeur  du  soleil.  II  y  a  des  personnes  qui  mNent 
ensemble  du  marc  d'oiives,  du  vin  et  de  la 
graisse,  et  qui  se  servent  de  ce  medicament 
apres  les  fomeutations  que  nous  venons  de  pres- 
crire. 

XIV.  Cest  encore  une  maladie  tres-grave  que 
rulceration  des  poumons  :  elle  produit  la  toux,  la 
maigreur,  et  fmit  pardegenereren  phthisie.  Pour 
eviler  que  la  raort  ne  s'ensuive,  on  leur  intro- 
duit  dans  roreille ,  apres  Tavoir  pereee  de  la  ma- 
niere  que  nous  avons  enseignee  plus  haut,  de  la 
racine  de  pommelee ;  apres  quoi  on  mele  la  va- 


et  lini  scmen  aul  milium  detritum  conspersumque  aqua 
inulsa  im|ioncnilum  ■  siiongia  quoque  ferventi  aqua  im- 
liuta  ctcNprcssa  litaque  melle  lecte  Rcnibus  applicatur,  ac 
fasciis  circuiniiatiir.  Quod  si  tumori  subest  aliquis  humor, 
fermcnlum  vcl  laiina  ordeacea  ex  passo  aut  aqua  mulsa 
decocla  imponitnr  :  et  cmn  maluruerit  f.uppuralio ,  rescin- 
dilur  ferro,  eaquoemissa,  ut  supra  docuimus,  linamen- 
tis  curatur.  Possunt  etiam,  ut  Cornelnis  Celsuspiaecipit, 
lilii  radix  aut  scilla  cum  sale ,  vcl  sanguinalis  herba ,  quam 
■noTiufovov  Gra'ci  appellant,vcl  marrubium  ferro  reclusa 
sanaie.  Fere  autem  omnis  dolor  corporis,  si  .sine  vulnere 
est.recens  melius  fomentis  discutitur;  vetus  uritnr,  et 
siipra  ustum  butyrum  vel  caprina  instillatur  adeps. 

XIII.  Scabies  extenuatur  trito  allio  defricta;  eodemque 
remedio  curatur  rabiosae  canis  vel  lupi  morsus ,  qui  tamen 
et  ipse  imposito  vulneri  vetere  salsamento  aeque  bene  sa- 
natur.  Et  ad  scabiem  praesentior  alia  medicina  est.  Cunila 
biibula,  et  sulpliur  conteruntur,  admistaque  amiirca  cum 
oleo  atque  aceto  incoquunlur;  deinde  tepefactis  scissnm 
almuen  tritum  spaigitur.  Id  medicamentum  candente  sole 
iUitum  maxime  prodest.  Ulceribus  gallae  fiila>  remedio 


sunt;  nec  minus  succus  marmbii  cum  fiiligine.  Est  et  in- 
fcsta  pestis  bubulo  pecori,  coiiagincm  riistici  appellant, 
cuin  pellis  ita  tergori  adha^rct,  ut  apprcbensa  manibns 
deduci  a  costis  non  possit.  Ea  res  non  alilcr  accidil ,  ipiam 
si  bos  autex  languore  aliquo  ad  maciein  |icnlucliis  est; 
aut  sudans  in  opere  faciendo  refrixil,  aut  si  sub  onere 
pluvia  madefactiis  est.  Qu»  quoniam  perniciosa  sunt, 
custodicndum  est,  ut  cum  abopere  boves  redierint  adhiic 
a^stuantes  anhelantesque,  vino  aspergantur,  et  offic  adi- 
pis  faucibus  eorum  inserantur.  Quod  si  pr^-edictum  vitiuin 
inhacserit ,  pioderit  decoquerc  laurum ,  et  ea  calda  fovere 
terga,  multoquc  oleo  et  vino  confestim  subigere,  ac  per 
omncs  partes  apprehendcre  et  attraherc  pellem.  Idqiie 
oplime  lit  sub  dio  ,  sole  fervenle.  Quidam  frace^  vino  et 
adipi  commiscent,  eoque  medicamento  post  fomenta  pra:- 
dicla  utuntur. 

XIV.  Est  ctiam  illa  gravis  pcinicics,  cum  pulmones 
exulceiantur.  Inde  tussis  et  mac.ies ,  et  ad  ultimum  phthi- 
sis  invadit.  Qua;  ne  mortem  afferant ,  radix  consiliginis 
ita,Ht  supia  docuimus,  peiforatx-  auricula;  inseritur, 
tum  poni  succiis  instar  heminae  pari  olei  mensura;  mls- 


DE  LAGRICULTORE ,  LIV.  VI. 


3?! 


leur  d'une  /lemina  de  jus  de  poiieauavec  pareille 
mesure  d'huile,  et  on  leur  donne  cette  potion 
pendant  plusieurs  jours  avec  un  sextrinu.^  dc 
vin.  Quelquefois  le  boeuf ,  a  cause  d'une  enilure 
qui  se  trouve  dans  sotl  palais,  refuse  la  nourri- 
ture,  jette  de  frequents  soupirs,  ct  semble  indecis 
sur  le  c6te  par  lequel  il  tombera.  II  fautalors  lui 
deehirer  le  palais  avec  le  fer  pour  en  faire  ruisse- 
ler  le  sang,  et  ne  lui donner  jusqua  sa  guerison 
que  de  Ters  ecosseet  detrempe,  du  fcuillage  vert, 
ou  de  tout  autre  fourrage  mollet.  S'il  a  eu  le  cou 
meurtri  dans  le  travail ,  le  remede  le  plas  eflicace 
sera  de  lui  tirer  du  sang  de  roreille;  ou  si  on  ne 
Va  pas  fait  a  temps,  d'y  appliquer  de  Therbe 
qu'on  appelle  avia,  broyee  avcc  du  scl.  S'il  a  eu 
la  nuque  ebranlee,  et  que  cetto  partie  se  soit  de- 
jetee ,  on  e.xaminera  de  quel  cote  le  cou  peiKhera, 
et  on  luitirera  dn  sangde  roreilleopposee;  mais 
il  faut  auparavant  battre  k  coups  de  sarments  la 
veine  decette  oreille  qui paraitra la  plussaillante; 
ensuite,  lorsque  les  coups  Tauront  fait  gontler, 
on  rouvriraavec  un  petitcouteau  :  le  lendemain, 
on  lui  tirera  encore  du  sang  du  meme  endroit, 
et  on  le  dispensera  de  travailler  pendant  deux 
jours-  Le  troisierae  jonr,  on  iui  donnera  une  t&- 
che  legere ,  et  peu  a  peii  on  ramenera  a  satache 
ordinaire.  Mais  si  la  nuque,  sans  etre  dejetee 
d'aucun  cote,  est  enflee  dans  le  niilieu,  on  lui 
tireradu  sangdesdeux  oreilles.  Si  on  negligeait 
de  lui  en  tirer  sous  les  deux  jours  qui  suivront 
cet  accident ,  le  cou  s'enllerait ,  les  nerfs  se  ten- 
draient ,  et  il  se  formerait  une  durete  qui  Tem- 
pecherait  de  souffrir  le  joug.  Nous  avons  de- 
couvert  un  remede  excellent  pour  cette  maladie, 
qui  est  contpose  de  poix  fondue,  de  moelle  de 
bocuf ,  dc  suif  de  bouc  et  de  vieille  huile ,  le  tout 
cuit  ensemble  a  doses  egales.  Voici  comment  ou 


se  servirade  cette  compnsition  :  Lorsqu'on  nura 
dctele  le  boeufnpres  son  truvail,  on  baignera  la 
tumeur  de  sa  nuque  dans  l'al)reuvoir  ou  il  ira 
boire;  et  avant  qu'elle  soit  cnti6remcnt  s^chee, 
on  la  frottera  et  on  roindra  avec  ce  medicament. 
Si  ranimal  refusc  absolument  lejoug  acause  de 
cette  tumeur,  il  fant  le  laisser  rcposer  pendant 
quelques  jours  sans  lc  mettre  au  travail ,  apres 
quoi  on  lui  frottera  le  cou  avec  de  Teau  froide, 
et  on  Toindra  avec  de  recume  d'argent.  Celsus 
se  contenfe  d'ordonner  de  mettre  sur  lecou, 
quand  il  est  enfle ,  de  rherbe  que  Ton  appelle 
civia  broyee ,  conime  je  Tai  dit  ci-dessus.  Les 
cloiis  qni  infectcnt  souvent  le  eou  du  boeuf  sont 
moins  difficilesa  guerir  :  car  il  est  aise  de  faire 
couler  dcssus  goutte  a  goutte  de  rhuile  d'une 
lampe  allumce ;  il  sera  cependantmieux  d'empe- 
cher  que  ces  clous  ne  se  forment,  ou  que  le  cou 
des  bccufs  ne  devienne  chauve,  ce  qui  n'arrive 
jamais  que  lorsquils  lont  eu  mouille  pendant  le 
travail ,  soit  par  la  sueur,  soit  par  la  pluie.  Mais 
lorsqueeet  accident  seraarrive,  on  leursaupou- 
drera  le  cou  de  limaille  de  tuile  a\'ant  de  les 
deteler;  ensuite,  lorsque  leur  cou  sera  sec,  on 
le  mouillera  de  temps  en  temps  avec  de  rhuile. 

XV.  Si  le  soc  de  la  charrue  a  blesse  un  bocuf 
au  talon  ou  a  la  corne  du  pied,  faitcs  fondre 
sur  la  blessure,  par  le  moyen  d'un  ferchaud,  de 
lapoixdureet  de  la  graisse  de  porc,  envelop- 
pees  dans  de  la  lainc  cncore  grasse  avec  du 
soufre.  Le  racme  remede  est  encore  excellcnt  a 
employer  lorsq«"uu  bceuf  aura  raarche  par  ha- 
sard  sur  un  chicot  d'arbre,  pourvu  que  roi» 
commcnce  par  retirer  reclat  qui  lui  sera  entr6 
dans  lepied,  ou  Iorsqu'il  aura  donnedelaeorne 
du  pied  contre  une  tuile  aigue ,  ou  contre  une 
pierre.  Si  cependant  la  blessure  est  profonde , 


rctiir,  et  ciiin  vini  sextarlo  polamlns  daliir  dii'biis  romphi- 
ribus.  Inlerdum  et  tumor  palati  cibos  respnit,  crebrum- 
que  suspiiium  faclt,  et  hanc  speciem  pr;Fbet,  ut  bns  in 
latus  pendere  videatnr.  Ferro  palalum  opiis  est  sauciare , 
ut  sanguis  prothiat,  et  exemptum  valvnliservuni  macera- 
lum,  viridemque  frondem,  vet  arnid  molle  pabulum, 
dum  sanelur  praelrere.  Si  in  opere  coHum  conluderit,  prae- 
sentissimum  est  remedium  sanguis  de  aure  emi.ssus  :  aut 
si  id  lactnm  non  eril ,  herba,  quse  vocatur  avia ,  cum  sale 
trita  et  imposita.  Si  cervix  mola  et  dejerta  est,  conside- 
rabimus  quam  in  partem  decliiiet,  el  e\  diveisa  auricula 
saiiHuiiiem  detrahemus.  Ea  porro  vena,  qiKT  in  aure  vi- 
detiir  esse  araplissima ,  sarinento  prius  verberatur.  Dein- 
de  cnm  ad  iclum  intumuit,  cultello  solvitur;  et  postero 
die  iterum  ex  eodem  loco  sanguis  emitlitur,  ac  biduo  ab 
operedatur  vacatio.  Terlio  deinde  die  levis  injiingitiir  la- 
bor,  et  paulatim  ad  justa  perducitur.  Quod  si  cervix  in 
neutram  pai  tem  dejecta  esf,  mediaque  intumnit ,  ey  utra- 
que  auricula  sanjiuis  emittitur.  Qui  cum  intra  triihiiim, 
cum  bos  vitium  cepit ,  emissus  non  esl,  intume.scit  col- 
liim,  nervique  tenduntur,  et  indc  nata  durities  ju;;uin 
ii'in  patitur.  Tali  vitio  comperimiis  aureiim  esse  mrdi- 


camentnrti  e\  pire  liqiiiila  et  biibiila  mediilla  et  hfrcino 
sevo  et  vetere  oleo  aeqiiis  ponderilius  compositum  atque 
incocfum.  Hac  compositione  sic  uteudum  est.  Cum  disjun- 
gitur  ab  opere,  iii  ea  piscina,  ex  qila  bibit,  turtioi^cervi- 
cis  aqiia  madefactus  sUbi^itur,  pr.nsdicloque  medicanientn 
defiicatur  ct  illinitur.  Sf  ex  toto  propter  cervicis  tuinorem 
jugum  recusel,  paucl!>  diebus  requies  abopere  danda  est. 
fum  cervix  aqua  fiigida  defricanda,  et  spuma  argenti 
illinenda  est.  Celsus  quidem  tumenti  cervici  herbam ,  quae 
vocatur  .Avia  ,  ut  supra  dixi,  conliindi  ct  imponi  jubet. 
Clavorum,qui  leic  cervicem  infcstant,  minor  molestia 
est :  nam  facile  nleo  per  ardenteni  luccrnam  instillato  cu- 
rantur.  Potior  taineii  ratio  cst  ciistodiendi ,  ne  nascantiir, 
neve  colla  calvescant,  qiiae  non  aliter  glabra  fiuiit,  nisi 
cum  sudorc  aut  pluvia  ccrvix  in  opere  madcfacta  est.  Ita- 
qiic  cum  id  accidit,  lateritio  Iritn  prius,  quam  disjungan- 
tur,  colla  conspergi  (iportet  :  deimle  cum  jd  siccura  crit, 
subinde  oleo  imbiii. 

XV.  Si  falum  aut  ungiilam  vomer  toserit,  picem  du- 
ram  et  axiingiam  cum  sulfure  et  lana  siiccida  involiifam 
candente  ferrosupra  vulnus  inurito.  Qiiod  idem  remedium 
oplimc  facit  excmpta  stirpe,  si  forle  surciiluin  calcaverit. 


COLUMELLE. 


on  la  ceriie  a  queltiue  distanee  avec  le  fer ;  apres 
quoion  y  applique  le  feu,  conimeje  Tai  prescrit 
cidessus.  Ensuiteon  la  pansependanl  troisjours 
eu  y  versant  du  vinaigre  ,  et  en  chaussant  le 
pied  de  Tanimal  d'unebottine  de  peuet  d'Espa- 
gne.  Si  le  soc  de  la  charrue  lui  a  de  meme  blesse 
la  jambe ,  on  raet  sur  la  plaie  de  la  laitue  de  mer, 
que  les  Grecs  appelleut  TiOujjiaXov,  avec  du  sel. 
Lorsque  les  boeufs  ont  les  pieds  nses  par-dessous, 
on  les  lave  dans  de  Turine  de  boeuf  que  Toa  a 
soin  de  faire  chauffer,  ensuite  on  allume  une 
polgnee  de  sarments ;  et  lorsque  le  feu  eu  est 
eteint,  et  qu'il  ne  reste  plus  que  de  la  cendre 
chaude,  on  lcs  force  de  marcher  dessus,  et  on 
leur  frotte  la  corne  du  pied  avee  de  la  poix  fon- 
due  etderhuile,ou  de  la  graisse  deporc.  (Jepen- 
dant  les  bceufs  seront  moins  exposes  a  boiter,  si , 
npres  les  avoir  deteles  au  sortir  du  travail  ,  on 
leur  lave  les  pieds  dans  une  grande  quantite 
d'eau  froide ,  et  qu'on  leur  frotte  avcc  du  vieux 
oing  les  paturons,  la  couronne,  et  la  separation 
meme  qui  est  entre  les  deux  cornes  du  pied. 

XVL  II  avrive  encore  souvent  au  boeuf  de  se 
debolter  Tepaule,  soit  par  la  fatigue  que  lui 
aura  oecasionnee  uu  trop  long  travail,  soitpour 
avoir  fait  de  violents  efforts  en  fendant  un  ter- 
rain  trop  dur,  ou  en  rencontrant  une  raciue  sur 
sou  passage.  II  faut  alors  lui  tirer  du  sang  des 
jambes  de  devant,  savoir,  de  la  gauehe  s'il  s'est 
blesse  Tepaule  droite,et  de  la  droite  s'il  s'est 
blesse  Tepaule  gauche,  ou  meme  s'il  s'est  gric- 
vement  blesse  les  deux  epaules ;  il  faut  de  plus  lui 
ouvrir  les  veines  des  jarabes  de  derriere.  Lors- 
qu'il  a  les  cornes  brisees ,  on  les  euveloppe  de 
linges  trempes  dans  de  rhuile,  du  vinaigre  et  du 
sel ,  dont  on  les  imbi!)e  pendant  trois  jours  cou- 
secutifs  sans  les  developper ;  le  quatrieme  jour. 


on  y  met  de  la  graisse  de  porc  avec  de  la  poix 
fondue  en  parties  egales ,  et  de  l'ecorce  de  pin 
puiverisee ;  et  enfin  lorsqu'elles  commencent  k 
se  cicatriser,  on  les  saupoudre  de  suie.  Les  ul- 
ceres  negliges  engendrent  aussi  souvent  des 
vers  :  il  suffitde  vcrser  le  niatiu  de  Teau  froide 
sur  ces  vers,  nfin  que  la  fraicheur  de  cette  eau 
les  resserre  et  les  fasse  mourir.  Si  on  ne  peut 
pas  les  faire  perir  par  ce  moycn  ,  on  y  applique 
du  marrube  blanc,  ou  du  poireau  broye  avee 
du  sel ;  c'est  un  poison  qui  les  tue  tres-prompte- 
ment.  Mais  des  que  les  utceres  sont  nettoyes,  il 
faut  tout  de  suite  y  mettre  de  la  charpie  avec  de 
la  poix,  de  Thuile  el  du  vieux  oing,  ct  frotter 
meme  de  ce  medicament  les  parties  circonvoisi- 
nes,  de  peur  quelles  ne  soient  tourmentees  par 
les  mouches,  qui  engendrent  des  vers  pour  peu 
qu'elles  se  posent  sur  les  ulceres. 

XVIL  La  morsure  d'un  serpent  est  aussi  mor- 
telle  aux  boeufs,  de  nieme  que  le  venin  empoi- 
sonne  d'animaux  plus  petits,  puisqu'il  arrive 
souvent,  lorsqu'un  boeuf  est  couchc  imprudera- 
ment  au  milieu  des  piiturages  sur  des  viperes  et 
sur  des  orvets,  que  ces  animaux ,  fatigues  de  s* 
masse,  lemordent.  La  musaraigne  elle-memeque  ' 
les  Grecs  appellent  [xuYaX/;,  quoiqu'elle  ne  soit 
armee  que  depctites  dents,  ne  laisse  pas  que  de 
leur  donner  une  maladie  dangereuse.  On  dissipe 
le  venin  de  la  vipere  en  scariliant  avec  le  fer  la 
partle  qui  en  est  imprcgnee ,  et  en  mettant  sur  la 
partie  scarifiee  de  rhcrbe  que  Ton  appelle  perso- 
nata  (de  la  bardane )  pilce  avec  du  sel.  Sa  raeiue 
broyee  est  encore  plus  utile,  ainsi  que  le  seseli 
de  montagne.  Letrefle  que  Ton  trouve  dans  les 
lieux  pierreux  passe  pour  tres-efficace.  II  a  To- 
deurforte,  etassez  semblablea  celle  du  bitume, 
ce  qui  fait  que  les  Grecs  rappellent  liscpaXTiov ; 


aiit  aciita  testa  vel  lapide  ungulam  peituderit;  qurc  tamen 
si  allius  vulnerata  est,lalius  ferro  circumciditur,  el  ita 
iiiuritur,  ut  supra  piaecepi  :  deinde  spartea  calceata  per 
triduum  sulfuso  aceto  curatur.  Itein  si  vomer  crus  sau. 
ciarit,  maiina  lactiica,  quam  Giseci  Tt6ij|iaXov  vocant, 
admisto  sale  imponitur.  Siibtriti  pedes  eluunlur  calefacta 
bubula  uriiia  :  deinde  fasce  sainientorum  incenso.cum 
jam  ignis  in  favillam  recidit,  ferveiitibus  cineribiis  cogi- 
lur  insistere ,  ac  pice  liquida  ciim  oleo  vel  axungia  cornua 
cjus  bnuntur.  Minus  lanien  chiudieabunt  arraenta,  si  ope- 
re  disjunctis  multa  frigida  laventur  pedes;  et  deiiide  suf- 
fragiues,  corona;,  ac  discrimen  ipsura,  quo  divisa  est 
bovis  ungula ,  vetere  axungia  defiicentur. 

XVI.  Sa^pe  etiam  vel  gravitate  lougi  laboris,  vel  [cum] 
in  proscindendo  ,  aut  duriori  solo,  aul  obviai  radici  ob- 
luctatus,  convellit  armos.  Quod  cuni  accidit,  e  prioribus 
cruribus  sangiiis  mittendus  est :  si  dexlrum  armiim  la^sil , 
in  siuistro;  si  la?vuni,  in  dextio;  si  velieinenlius  utruii»- 
qiie  vitiavit,  item  in  posterioribus  eruiibus  vena;  solven- 
tur.  Praefiactis  cornibus  linteula  sale  alque  aceto  el  oleo 
imbuta  superponuntur,  ligatisqiie  per  triduum  eadem  in- 
fuudimtur.  Quarto  demum  aMingia  paii   poiidere  cum 


pice  liquida,  et  cortice  pineo,  levigata  imponitiir.  Et 
ad  ultimum  cum  jam  cicalriceni  ducunt,  fuligo  infrica- 
tur.  Solent  etiam  neglecta  ulceia  scatere  verminibus  :  qui 
si  mane  perfunduntiir  aqua  fiigida,  rigore  contracti  deci- 
dunt.  Vel  si  liacralione  non  possunt  eximi,  marrubium 
ant  porrum  conterilur,  el  admisto  sale  imponitur.  Idce- 
lerrime  necat  pra'dicta  animalia.  Sed  expurgatis  ujceribus 
contestim  adliibenda  simt  linamenta  cum  pice  et  oleo  ve- 
teieque  axungia,  et  extia  vuloera  eodem  medicamento 
circiimlinienda ;  ne  infesteiitur  a  muscis ,  quse  ubi  ulceribus 
insederiint ,  vernies  cieanf . 

XVII.  Est  etiain  morlifeius  serpentis  ictus,  est  el  mi- 
nornm  animaliuin  noxium  virus.  Nani  etvipera  etctcilia 
sa-pe  ciim  in  pascuo  bos  improvide  supercubuit,  lacessita 
oneie  morsum  impiimit.  Mu.sque  araneus ,  quem  Graeci 
^M-^aXrfi  appellanl,  qiiamvisexiguisdentibus  non  exiguaui 
pestein  molitur.  Veiiena  viperae  depellit  super  scaiillca. 
lionem  ferro  factain  lierha,  quam  vocaut  personatam, 
tiita  et  cuin  sale  imposila.  Plus  etiam  ejusdem  radix  coii- 
tusa  piodest,  vel  si  inonlanum  trifolium  inveiiilur,  quoil 
confiagosis  locis  efficacissimiim  nascitur,  odoris  giavis, 
neque  absimilis  bilumini,  et  idcirco  Graeci  eam  iuyciXTiov 


OK  LAGRICULTURi:,  LIV.  VI. 


32S 


mais  les  liabilanls  de  uotrc  pajs  lui  doniicnt 
le  nom  de  tretle  aigu  a  eause  de  sa  ligure,  parce 
qu'il  a  les  fcuilles  longues  et  hcrissees ;  mais 
sa  tige  est  plus  robuste  quc  celle  du  trelle  des 
pres.  On  mcle  du  jus  de  cette  herbe  avec  du 
vin,  et  on  en  verse  dans  la  gorge  des  boeufs  : 
on  [  ile  aussi  ses  feuilles  avec  du  sel ,  et  on 
les  etcndsurla  partie  scarifice  en  tbrme  d'em- 
platreemollient.  Si  Ton  cst  dans  un  temps  de 
lannee  ou  Ton  ue  puisse  pas  trouver  de  eette 
herbe  qui  soit  verte,  on  leur  donne  a  boire 
du  \in  dans  lequel  on  aura  fait  infuser  de  la 
graine  de  cette  nieme  herbe  puiverisee,  et  on 
en  niet  sur  la  partie  scarifiee  les  racines  broyees 
avec  la  ti^'e ,  ct  melees  de  farine  et  de  sel  delayes 
dans  de  I  hydromel.  II  y  a  encore  iin  remede 
efficace,  qui  consiste  a  broyer  cinq  livres  de  ci- 
mcs  tendrcs  de  frene  avec  cinq  scxtarii  de  vin 
et  deux  d'huile,  et  a  leur  verser  daus  la  gorge 
le  jus  que  Ton  en  aura  e.xprira^,  en  mettant  en 
raeme  temps  sur  la  partie  blessee  des  cimes  de 
cet  arbre  broyees  avec  du  sel.  La  morsure  de 
Torvet  oceasionne  une  tumeur  et  une  suppura- 
tion,  de  memeque  celle  de  la  musaraigne;  mais 
on  guerit  la  premiere  avcc  le  secours  d'une  alcnc 
de  cuivre  dont  on  pique  la  pnrtie  blessee,  apres 
quoi  on  reuduit  d'argile  de  cimolos  deiayee  dans 
du  vinaigre;  au  lieu  que  la  musaraigne  paye  de 
son  corps  merae  le  mal  qu'elle  a  fait.  En  effet  on 
la  fait  mourir  cn  la  noyant  dans  de  riiuile,  et 
lorsqu'elle  est  maceree,on  lapile,  et  Ton  s'en 
sert  comme  d'nn  medieament  pour  oindre  la 
partie  qu'elle  a  mordue;  si  Ton  n'en  a  point 
sous  sa  main  au  moment  que  la  tumeur  annonce 
que  le  bceuf  a  ete  mordu,  on  broie  du  cumin,  au- 
quel  on  ajoute  un  peu  de  poix  fondue  et  de 
graissedeporc,afin  de  lui  donner  la  consistance 


n(5cessaire  pour  en  fairc  un  cmpl^tre,  que  Ton 
elend  sur  la  plaie  ct  qui  en  chasse  tout  le  veuin. 
Si  la  turaeur,  avant  de  .se  dissoudre,  se  tourne 
en  suppuration,  il  est  tres-bon  de  Touvrir  avec 
une  larae  de  ferrouge,  dans  le  temps  que  la  sup- 
puration  s'etablit,  et  dn  bruler  tout  ce  qu'il  y 
aurade  corrompu,  cn  lefrottautensuiteavecde  la 
poix  fondue  et  de  rhuile.Ouestaus.sidansl'usage 
d'cnsevelir  ranimal  tout  vivant  dans  de  la  terre  a 
potier;  etlorsquc  cette  terreest  sechee,  on  la  sus- 
pend  au  cou  des  boeufs.  Ce  traitement  empOche  que 
la  morsure  de  la  musaraigne  ne  leur  cause  aucun 
domraage.  On  guerit  comrauneraent  les  mala- 
dies  des  yeux  avec  du  miel ,  puisque  s'ils  snnt 
enfles,  on  raetdessus  de  rhydromel,  dans  lequel 
on  aura  jete  de  la  farine  de  froment  :  si  Ton  y 
apercoit  une  taie,  on  la  fera  presque  entiere- 
ment  disparaitre  avec  du  sel  de  montagne,  du 
sel  d'Espagne  ou  du  sel  ammoniac,  ou  merae 
avec  du  sel  de  Cappadoee  broye  bien  menu,  et 
mele  avec  du  miel.  Un  os  de  seche  broye,  dont 
on  soufflcra  trois  fois  par  jour  dans  Tceil  avec  un 
tuyau ,  fera  le  meme  effet,  ainsi  que  la  racine 
que  les  Grecs  appcllent  ciXii-jv,  et  que  le  vul- 
gaire  nomme  dans  notre  langue  lascrpitium 
( laser).  On  en  broie  egaleraent  tant  et  si  peu  qne 
Ton  veut,  en  y  ajoutant  dix  fois  autant  de  scl 
ammoniac ,  et  on  en  souffiede  meme  dans  rceil ; 
ou  bien  on  ecrase  cette  raeine,  et  on  Tappliqiie 
sur  rreil  apres  Tavoir  trerapce  dans  de  riniile 
de  lentisque,  et  elle  cliasse  cette  raaladie  On 
guerira  les  lluxions  cn  metlant  sur  lcs  sourcils  et 
sur  les  joues  du  gruau,  sur  lequel  on  aura  verse 
de  rhydromel.  La  graine  de panais  sauvage,  ainsi 
quc  lejusde  cram  ,  applique  sur  les  yeux  aves 
du  raiel ,  en  apaisera  aussi  la  douleur.  Mais  tou- 
tes  les  fois  qu'il  entrera  du  miel  ou  d'autres  sucs 


a{)|icllaiLt;  iioslri  aiiteni  propler  flsiiram  vocaiit  aciitiiiu 
triloliiim  :  iiam  loiiRis  et  liiisutis  toliis  viret,  caiileinqiie 
lobiisfiorern  facit,  quam  pratense.  Hujiis  herbae  succus 
vlno  niistus  infunilitur  faucibus,  atque  ipsa  folia  ciim 
sale  liita  malagniatis  more,  scarificationi  intenditur  :  vcl 
si  lianc  herbani  vjiideni  tenipus  anni  nesat,  semina  cjus 
collecta  et  levigala  cum  viiio  dantur  potanda ,  radicesquc 
cum  suo  caule  trita" ,  atque  tioideaceae  farina!  et  sali  com- 
mistae  cx  aqua  mulsa  scsrificalioni  siiperponunlur.  Kst 
etiain  praesens  reniedium ,  si  conlcras  fraxiiii  lenera  ca- 
cumlna  qninque  libiarum,  cum  lolidcm  vinietduobiis 
.scxtariis  olei ,  expressumque  succuin  fancibns  inlundas; 
iteniquc  cacnmina  ejusdem  arboris  cum  sale  trila  laesne 
parti  siiperponas.  Ca^cilia»  morsiis  tuniorem ,  siippiiralio- 
ncmqiie  molitur.  Idem  facit  ctiani  niuiis  aranei.  Sed  illiiis 
sanatur  no\a  subula  senea,  si  locum  Ixsum  compungas, 
cretaque  cimolia  cx  aceto  linas.  Mns  pernicieni,  qiiam 
intulit ,  siio  corpore  luit :  nani  aiiimal  ipsum  oleo  niersiini 
nccatur,  et  ciim  inipiitruit,  coiiteritur,  eoquc  medicamine 
morsus  muris  aranci  linilnr.  Vel  si  id  non  adest,  tunioi- 
que  ostendit  injuriam  dentium,  cuminiim  contcrilur, 
eique  adjicilur  cxignuin  picis  li<iuirl;c  et  axungia^ ,  iit 


leutoroni  nialagnuitis  babeat.  Id  impositum  perniciem 
ciimmovct.  Vcl  si  antequamtuinor  discutiatur,  in  siippu- 
rationem  convertilur,  optimum  esl  ignea  laniina  coiiver- 
sionem  rcsecare,  et  quicqiiid  vitiosi  est,  inurere,  atque 
ita  liquida  pice  cuni  oleo  liniie.  Solet  etiain  ipsum  animal 
vivum  crela  tigulari  circumdari;  qiiae  cum  siccata  est, 
collo  boiini  snspcnditur.  Ea  ics  iiinoxium  pecus  a  morsu 
muris  aranei  piabet.  Oculorum  vitia  plerumqiie  melle 
sanantnr.  Nani  sImi  intnmucrunt,  aqua  mulsa  triticea 
farina  conspergitnr  et  iinponilur  :  sive  albuni  in  oculo 
est,  monlanus  sal  Hispauus  vel  Ammoniacus  vel  eliam 
Cappadocus,  niinute  tritiis  cl  ininiistus  inelli  vitium  extc- 
niiat.  l-acil  idcm  trilxi  sepi^e  testa,  ct  per  listulain  tei  die 
ocnlo  inspirata.  Facit  et  radix,  quam  Gra'ci  oiXpov  vocant, 
vulgus  autcni  nostra  consuctudinc  laserpitium  appeliant. 
Hiijiis  quantociinqiie  ponderi  dcciina  pars  salisamniuniaci 
adjiciliir,  eaqiie  pariter  trita  oculo  similitcr  infunduntur, 
vel  cadem  radix  contusa  ct  ciiin  oleo  lcntisci  inuiicta  vi- 
tium  expuigat.  kpipboram  supprimit  polenta  conspersa 
niulsa  aqua.etin  supercilia genasquc  imposita,  pastinacse 
(jiioquc  agrestis  semina ,  ct  suc^tis  armoracea; ,  cum  inclle 
laevigata  oculorum  sedant  dolorem.  Sed  quotiescuiique. 


S34 


COLUMELLE. 


dans  les  remedes  qu'on  emploiera,  il  faudra 
olndre  les  parties  circonvoisines  de  roeil  avec  de 
la  poixfondue  et  de  Thuile,  pour  empecher  qu'il 
ne  soit  moleste  par  les  mouches,  qui  ne  sont  pas 
les  seules  que  la  douceur  du  miel  et  des  autres 
mMicaraentsyattirerait,  puisque  les  abeilles  y 
viendraient  egalement. 

XVin.  II  arrive  encore  souvent  qu'un  boeuf 
avale  unesangsue  cachee  dans  Teau  qu'il  boit, 
ce  qui  lui  occasionne  une  raaladie  grave ,  parce 
que  cet  insecte  s'attachant  a  sa  gorge  lui  suce  le 
sang ,  et  que,  venant  a  grossir,  il  finit  par  boueher 
tout  passage  a  la  nourriture.  Si  cette  sangsue  est 
dans  un  endroit  assez  difficile  pour  qu'on  ne 
puisse  pas  la  retirer  avee  la  maiu,  on  y  inserera 
un  tuyau  ou  un  roseau,  a  travers  lequel  on  fera 
coulerde  Thuile  chaude,  qui  feramounr  cet  in- 
secte  dfes  qu'il  en  sera  atteint.  On  peutaussi  faire 
parvenir  jusque  la  a  travers  un  tuyau  Todeur  de 
la  funiee  de  punaises  brulees.  En  effet,  des  que 
cette  vermine  est  sur  le  feu ,  elle  jette  une  fumee 
qui ,  venant  a  remplir  le  tuyau  de  son  odeur,  fait 
parvenir  cette  odeur  jusqu'a  la  sangstie,  ct  la 
chasse  de  TeDdroit  auquel  elle  est  adherente. 
Mais  si  elie  se  trouvait  collee  aux  parois  de  l'es- 
toraac  ou  aux  iutestins,  on  la  ferait  mourir  en 
faisant  avaler  au  boeuf  du  vinaigre  chaud  par  le 
moyen  d'une  corne.  Quoique  ce  soit  a  Tusage  des 
boeufs  que  nous  ayons  prescrit  tous  les  remedes 
dont  nous  venons  de  donner  ledetail,  il  n'est 
point  douteux  neanmoins  que  la  plus  grande  par- 
tiedeces  remedesne  puisse  egalement  convenir 
^  tous  les  autres  bestiaux. 

XIX.  Mais  il  faut  aussi  fabriquer  une  machine, 
dans  laquelle  on  enfermera  les  betes  de  somme 
et  les  boeufs  pour  les  panser,  afin  que  lesmedecins 
veterinaires  puissent  approcher  d'eux  en  securite, 
et  que  ces  quadrupfedes  ne  puissent  pas,  pendant 


le  pansement  resister  aux  remfedes  eu  se  d6bat- 
tant.  Or,  voici  la  forme  de  cette  maehine.  On 
plancheie  en  bois  de  robreun  espace  de  terraia 
longde  neuf  pieds,  et  large  de  deux  et  demi  sur 
le  devant  et  de  quatre  sur  le  derriere.  On  plante 
sur  la  longueur  de  ce  terrain  quatre  poteaux  de 
droite  et  de  gauche,  chacun  de  sept  pieds  de 
haut,  de  faeon  qu'il  y  en  ait  un  de  fixe  a  chaque 
angle  du  terrain.  Tous  ces  poteaux  sont  joints  en- 
fre  eux  eu  forme  de  vacerrm  (espece  de  treillis) 
par  six  traverses,  de  facon  que  le  quadrupede 
puisse  etre  infroduit  par  le  eote  de  derriere,  qui 
est  le  plus  large,  dans  cette  enceinte,  corame 
dans  une  cage  dont  il  ne  pourra  pas  sortir  par 
Tautre  cote,  a  cause  des  barres  qui  seront  vis-a- 
vis  pour  Ten  enipecher.  On  attache  en  outreun 
joug  aux  deux  pofeaux  de  devant,  et  c'est  a  ce 
joug  qu'on  assujettit  les  betes  de  somme,  ou 
qu"on  lie  les  bcEufs  par  les  cornes.  On  peut  aussi 
y  fabriquer  des  carcans  dans  lesquels  on  inst^rera 
leur  tete,  de  sorte  qu'en  faisant  descendre  des 
chevillesdans  destrousque  Ton  y  aura  menages , 
leur  chignon  soit  tenu  en  respeef.  Le  reste  du 
corps  sera  bien  etendu ,  et  lie  avec  des  cordes  qui 
le  retiendront  aux  traverses ,  de  maniere  que  Ta- 
niraal  restant  immobile  ne  pourra  pas  resister  k 
la  volonte  de  eelui  qui  le  pansera.  Cette  machine 
servira  pour  tous  les  grands  quadrupedes. 

XX.  Comme  nous  avons  donne  assez  de  pre- 
ceptes  sur  les  boeufs,  il  est  tempsque  nous  par- 
lions  des  taureaux  et  des  vaches.  J'estime  qu'il 
faut  preferer  aux  autres  les  taureaux  dont  les 
membres  sont  tres-amples  et  les  moeurs  pacifi- 
ques,  et  qui  ne  sont  ni  trop  jeunes  ni  trop  vieux. 
Quant  au  surplus,  on  observera  a  peu  pres,  en 
les  choisissant ,  toufes  les  regles  que  t'on  observe 
dans  le  choix  des  bocufs.  Car  un  bon  taureau  ne 
differe  pas  autrement  de  celui  qui  est  chAtre,  si 


inel  aliiisve  succus  rpmediis  adhibelur,  circumllniendus 
erit  oculus  pice  liquida  cum  oleo,  ne  a  muscis  infestetur. 
Nam  et  ad  dulcedineni  mellis  aliorumque  medicamento- 
rum  non  hae  solae ,  sed  et  apes  advolant. 

XVIII.  Magnani  etiam  perniciem  sa;pe  affert  liirudo 
hausta  cum  aqua.  Eaadhxrens  faucibus  sanguinem  ducit, 
et  incremento  suo  transitum  cibis  prajcludit.  Si  tam  dilfi- 
cili  loco  est,  ut  manu  trahi  non  possil,  fistulam  vel  aiun- 
dinem  inseiito,  et  ita  calidum  oleum  infnndito  :  nam  eo 
contactum  animal  confestim  decidit.  Potest  etiam  pcr 
fistulam  deusti  cimicis  nidor  immitti :  qui  ubi  superponi- 
tur  igni,  funium  emittit,  et  conceptum  nidorem  fistula 
usque  ad  hirudinem  pei  fert ;  isque  nidor  depellit  h^rentem. 
Si  tamen  vel  stomaclium  vel  intestinum  teuet ,  calido  aceto 
per  cornu  infuso  necatur.  Has  medicinas  quamvis  bubus 
adhibendas  pra;ceperim ,  posse  lanien  e\  liis  plurima  etiam 
omni  majori  pecori  conveuire  nihil  dubiuni  est. 

XIX.  Sed  et  machina  fabricanda  esl,  qua  clausa,  ju- 
menta  bovesque  curentur,  ut  et  tutus  accessus ad  pecudem 
medenli  sit,  nec  in  ipsa  curatioue  quadrnpcs  reluclando 
lemedia  respuat.  Eslautemtalis  machina'forma.  Roiioreis 


axihus  compingitur  solum ,  qiiod  liabet  in  longitudinem 
pedes  novem,  et  in  latitudinem  pars  prior  dupondium 
semissem,  pars  posterior  qualuor  pedes.  Hiiic  solo  septe- 
num  pedum  stipites  recti  ab  utroque  latere  quaterni  ap- 
plicantur.  li  autem  in  ipsis  qiiatuor  angulis  affivi  sunt, 
omnesque  transversis  sex  lemonibus  quasi  vacerrae  inter 
se  ligantur,  ila  ut  a  posteriore  (larte ,  quse  latior  est ,  velut 
in  caveam  quadrupes  possit  iiiduci,  nec  exire  alia  parte 
pruhibentibus  adversis  axiculis.  Primis  autem  duobus 
statiiminibus  imponitur  firmum  jugum,  ad  quodjumenta 
capistrantur,  vel  boum  coinua  religautur.  Ubi  potest  etiam 
numella  fabricari,  ut  insertu  capile  descendentibus  per 
foramina  regulis  cervix  catenetur.  Caiterum  corpus  la- 
queatum  et  distenlum  temonibas  obligalur,  iinmotumque 
medentis  arbitiio  est  expositum.  Hiiec  ipsa  niachina  com- 
munis  eiit  omnium  majorum  quadrupedimi. 

XX.  Qiioniam  de  bubus  satis  praecepimus,  opportune 
de  tauris  vaccisque  dicemus.  Taiiros  maxiine  membris 
amplissimis,  moribus  placidis,  inedia  setate  probandos 
censeo.  Caetera  fere  omnia  eadem  in  his  observabimus, 
qux  in  bubus  eligendis.  Ncque  eiiini  alio  distat  bnnus 


DE  UAGRICULTURE,  LIV.  VI. 


ce  n'est  qu'il  a  le  regard  de  travers,  Tair  plus 
vigoureux ,  les  cornes  plus  courtes,  le  chignon 
plus  cliarnu,  et  assez  gros  pour  quc  cette  partie 
fasse  a  elle  seule  la  p!us  considerable  partie  de 
son  corps;  enfin  le  ventre  un  peu  serre,  defaeon 
qu'ctant  dresse  sur  ses  pieds,  il  soit  plus  propre 
a  couvrir  les  vaches. 

XXI.  On  approuve  aussi  les  vaches  qui  sont 
d"une  taille  tres-haute  et  allongee,  et  qui  ont  le 
ventre  tres-grand ,  le  front  tres-large,  les  yeux 
noirsetouverts,  lescornes  belles,  lisseset  noirA- 
tres,  les  oreilles  velues,  les  mcichoires  serrees, 
lefanon  tres-long  ainsi  que  la  queue,  la  corne 
dupiedet  lesjambcs  de  moyenne  grandeur.  On 
desire  aussi  pour  le  surplus  a  peu  pres  les  rafimes 
qualites  dans  les  femellcs  que  dans  les  m^les, 
et  surtout  qu'elles  soient  jeunes,  parceque,  lors- 
qu'elles  ont  passe  dix  ans,  elles  ne  sont  plus  pro- 
pres  a  la  generation;  d'un  autre  c6te,  il  ne  faut 
pas  les  faire  couvrir  avant  V&^c  de  deux  ans.  Si 
cependant  il  arrive  qu'elles  soient  pleines  avant 
cetdge,  il  faut  leur  enlever  leur  veau,  et  leur 
presser  le  pis  pendant  trois  jours ,  de  peur  qu'elles 
ne  tombent  malades,  et  ensuite  eesser  de  les 
traire. 

XXn.  On  doitaussiavoir  soindefaireunchoix 
toutes  les  annces  dans  ce  betail,  ainsi  qu'on  le 
pratique  a  Tegard  de  toutes  les  autres  especes  de 
troupeaux.  Car  il  faut  retirer  du  troupeau  celles 
qui,  etant  epuisees  ou  vieilles,  ne  peuvent  pius 
coneevoir,  et  encore  plus  cellesqui,  cfantnatu- 
rellement  steriles,  y  tiennent  la  place  d'autres 
qui  seraient  feeondes,  jl  moins  qu"on  ne  dompfe 
ces  dernieres  pour  les  mettre  a  la  charrue,  parce 
qu'nttendu  leur  sferilite,  elles  ne  souffrent  pas 
moins  letravail  et  rouvrnge  que  les  jeunes  bojufs. 
Ces  sortes  de  bestiaux  aiment  pendant  rhiver 


825 

les  pSturages  maritimes  et  qui  sont  expostfs  au 
soleil;  mais  en  efe  ils  preferent  ceux  des  forefs 
les  plus  couvertes  ef  des  montagnes  les  plus  ele- 
vees  a  ceux  des  plaines.  En  effet,  les  jeunes  va- 
ches  vivent  plus  longtemps  dans  des  forfits  plei- 
nes  d'hcrbages,  dans  des  taillis  et  dans  des  lieux 
plantes  de  glaieuls,que  parfout  ailleurs.  Ln  corne 
de  leurs  pieds  se  conserve  mieux  dans  des  lieux 
sccs  et  pleins  de  pierres.  Elles  n'aiment  pas  au- 
tant  lcs  fleuves  et  les  ruisseaux  que  les  reservoirs 
d"eau  arfificiels,  parce  que  Teau  desflcuves,  qui 
communement  cst  tres-fralche,  les  fait  avorter, 
nu  lieu  que  celle  du  ciel  leur  est  plus  agreable. 
Cependant  les  vaehes  souffrent  plus  aiscment 
que  les  chevaux  le  froid  du  dehors;aussi  pas- 
sent-elles  aiseraent  rhiver  en  plein  air. 

XXIIl.  Mais  il  faut  leur  faire  des  enclos  d'une 
vasfe  etendue ,  dc  peur  qu'etant  renfermees  dans 
un  espace  trop  resserre,  elles  ue  detruisent  leur 
fruit  mutuellement,  et  afin  que  les  plus  faibles 
puissent  se  derober  aux  coups  des  plus  fortes. 
Les  meilleures  etables  sont  celles  qui  sont  pavees 
ou  couvertes  de  gravier,  quoique  celles  qui  sont 
sablces  ne  soicnl  pas  mnuvaises ,  les  uues  parce 
qu'elles  n'admettent  point  Teau  de  la  piuie,  les 
aiitres  parce  qu'elles  s'en  imbibent  trop  prompfe- 
nient ;  mais  il  faut  que  les  unes  et  les  autres  soient 
en  pcnte  pour  donner  de  rccoulement  a  riiurai- 
dite,  et  tourncps  au  midi,  nfin  de  se  secher  faci- 
lement,  et  de  n'etre  point  incommodees  par  les 
venfs  froids.  Les  pacages  de  ce  betail  ne  deman- 
dent  pas  de  grnnds  soins,  puisque,  pour  que 
rherbe  y  leve  avec  plus  d'nhondance ,  on  se  con- 
tente  ordinairement  d'y  mettre  le  feu  a  la  fin  de 
rete;  parce  que  cette  methode  fait  repousser  des 
piiturages  plus  tendres,  et  que  d'ailleurs,  en 
briilant  les  ronces,  elle  empeche  les  broussailles  de 


laurus  a  castralo,  nisi  qiioei  liuic  lorva  facies  est,  vege- 
tior  aspectus,  breviora  cornua,  torosior  cervix ,  et  ila 
vasta ,  ut  sil  niaxima  portio  corporis ,  venter  paulo  sub- 
strictior,  qui  niagis  rectus  ct  ad  ineundas  teminas  liabilis 
sit. 

XXI.  Vaccae  quoque  probantur  altissim.Te  fortnse  longir- 
que,  maximis  uteris,  frontibus  latissimis,  oculis  nigris 
et  patentibus,cornibus  venustiset  levibus  et  nigrantibus, 
pilosis  auribus,  compressis  nialis,  palcaribus  et  caudis 
amplissimis,  ungulis  moilicis ,  et  modicis  ci  uiibus.  Caetera 
quoque  fere  eadem  in  foeminis,  quae  et  in  maribus,  de- 
sideranlur,  et  pra>c.ipue  ut  sint  novella»  :  quoniam,  cum 
excesserunt  annos  decem,  fiplibus  inutiles  sunt.  Rursus 
roinores  biniis  Iniri  non  oportet.  Si  ante  tamen  concepe- 
rint,  partum  earum  removeri  placet,  ac  per  triduum,  ne 
laborent,  ubera  exprimi,  postea  mnlclra  proliiberi. 

XXII.  Sed  et  curandum  est  omnibus  annis  [in  boc]  ae- 
que  atque  in  reliquis  gresibiis  pecoris ,  ut  delectus  babea- 
lur.  Nam  el  enixai  el  veliist.ite  quse  gignere  desierunt, 
summovendie  siinl,  et  iiliqiie  taurae,  quae  lociiin  («■cuii- 
daniin  nccupaiil,  ablegandai  vel  aratro  domanda:;  quo- 
m.jii  Inbnriset  opcris  iiiin  iiiliiiis  qiiam  jinrnri,  propter 


uteri  sterilitalem  palientcs  sunt.  Ejusmodiarmentum  ma- 
ritima  el  apiica  liiberna  desiderat ;  aestate  opacissima  ne- 
moruin,  ac  nioiitiuni  alta  inagis  quam  plana  pascua. 
Nam  melius  iicinoribus  herliidis  et  Irutetis  et  carectis... 
quouiain  siccis  ac  lapidosis  locis  durantur  ungiil.-c.  Nec 
tam  (luvios  livosque  desiderat,  quain  lacus  manu  fac- 
tos;  quoniam  et  lluvialis  aqiia,  qua;  fere  frigidior  est,  par- 
tum  abigit ,  et  CTleslis  jucundior  est.  Omnis  lainen  externi 
frigoris  tolerantior  equino  armento  vacca  est,  ideoque  fa- 
cile  siib  dio  bibernal. 

XXIII.  Sed  laxo  spatio  consepla  facienda  sunt,  ne  in 
angustiis  conceptum  altera  alterius  elidat ,  et  ut  invalida 
forlioris  ictiis  eflugiat.  Stabula  sunt  optima  saxo  aut  gla- 
rea  strata,  non  incomninda  tamen  etiam  sabnlosa.  Illa, 
quod  inibres  le.spuant;  hacc,  quod  celeriter  exsorbeant, 
transmittantque.  Sed  utraque  devexa  sint,  ul  liumoiem 
efliind.inl ;  spectentque  ad  meridiem ,  ut  facile  siccentur, 
et  frigidis  ventis  nonsintobnoxia.  Levis  aiitem  rura  pasciii 
esl.  Nani  iit  I.Ttior  lierha  con.surgat,  fere  ultimo  tempor» 
aslalis  incenditur.  Earcs  et  leneriora  pabula  recieat,  et 
senlibus iislis  (riilicem  snrrecturiim  in allitiidinem compes- 
cit  Ipsis  veio  rorporibiis  afferl  saliibrilalem  juxlacnnsep. 


COLUMliLLK. 


monter  trop  haut,  eomrae  elles  le  feraient  sans 
cette  precaution.  Mais  une  chose  qui  contribue 
beaucoup  a  ia  sante  de  leur  corps,  c'est  de  niet- 
tre  du  sel  aupres  de  leur  enclos  sur  des  pierres 
ct  dans  des  auges,  dont  elles  s'approchent  vo- 
lontiers  lorsqu'elles  sont  rassasiecs  de  piiture, 
et  que  Ton  sonne,  pour  ainsi  dire,  la  retraite 
avec  le  signal  usite  parmi  les  putres.  Car  il  faut 
toujours  avoirsoin  d'aceoutumer  cellesqui  pour- 
raient  etre  restees  dans  les  forets,  a  regagner 
leur  enclos  vers  rentree  de  la  nuit,  au  son  du  cor. 
De  cette  maniere  on  pourra  faire  la  revue  du 
troupeau  et  le  compter,  pour  sassurer,  ainsi 
qu'on  le  pratique  daus  ladiscipline  militaire,  si 
toutes  les  betes  sont  dans  l'etable.  On  n'exerce 
pas  neanmoins  le  merae  empire  sur  les  taureaux, 
qui,se  fiant  sur  leurs  propres  forces,  errent  a 
leur  gre  dans  les  forets,  et  auxquels  on  laisse 
la  liberte  d'aller  et  de  revenir  corarae  bon  leur 
semble,  sans  les  rappeler  jamais,  si  ce  n'est 
quand  il  s'agit  de  leur  faire  couvrir  les  vaehes. 
XXIV.  On  ne  fait  point  saillir  les  taureaux  qui 
ont  moins  de  quatre  ans,  non  plus  que  ceux  qui 
cn  ont  plus  de  douze  :  ceux-la  parce  qu"etant, 
pourainsi  dire,  dans  Teufance,  ils  sont  regardes 
comme  peu  propres  a  peupler  le  troupeau ;  ceux- 
ci  parce  qu'ils  sout  epuiscs  par  la  \ieillesse.  On 
permet  ordinaireraent  aux  males  d'approcher  des 
femellesau  mois  de  juillet, afin  que  celles-ci  etant 
rcmplies  en  ce  temps-la,  velent  au  printemps 
siiivant,  lorsque  les  paturages  serontdeja  dans 
leur  force,  puisque  leur  portee  est  de  dix  mois. 
Elles  ne  souffrent  pas  Tapproche  du  m;ile  qui 
leur  aura  ete  imposepar  un  maitre,  raais  elles  le 
recherchent  d'elles-memes  :  or  c"est  a  peu  pres 
au  temps  que  je  viens  de  fixer  que  se  rapportent 
chez  elles  les  desirs  naturels,  parce  qu'etant 
egayees  par  rabondance  des  p^turages  que  leur 
a  fournis  le  printeraps,  elles  coraraeucent  alors 


a  devenir  laseives.  Si  la  femelle  refuse  le  mSle, 
ou  que  le  taureau  n'eprouve  pas  de  desirs  pour 
elle,on  excite  leur  ardeur  de  la  meme  maniere 
qu"on  excite  celle  des  chevaux  qui  temoignent 
du  dcgoiit  pour  les  cavales,  c"est  a-dire,  en  por- 
tant  a  leurs  nariues  Todeur  des  parties  genitales. 
Mais  on  a  soin  aussi  de  dirainuer  la  nourriture 
des  feraelles  vers  le  temps  oii  elles  doivent  etre 
couvertes,  de  peur  que  le  trop  grand  erabonpoint 
ne  les  rende  steriles,  comme  on  a  soin  au  con- 
traire  d'augmenter  la  ration  des  taureaux ,  afin 
qu'ils  montrent  plus  de  vigueur  dans  Tacte.  Un 
niale suffit  a  quinze  vaehes ;  et  lorsqu'il  a  sailli  une 
g6nisse,  on  peut  reconnaitre  a  certains  signes  de 
quel  sexe  sera  le  produit  qui  en  resultera.  Nons 
disons  qu'il  a  engendre  un  mSle,  s'il  s'est  retire 
par  le  cote  droit  au  sortir  de  raccouplement,  et 
une  feraelle,  s'il  s'est  retire  par  le  c6te  gauche; 
quoiqu'on  ne  puisse  compter  sur  rinfaillibilite  de 
ces  signes  que  dans  le  cas  oii  la  vache ,  etant 
remplie  au  premier  acte  de  cop\ilation ,  ne  se 
laissera  plus  approcher  ensuite  par  letaureau; 
ce  qui  arrive  rarement,  parce  que  quelque  pleine 
quellesoit,  elle  n'est  pas  encore  rassasiee  de 
plaisir  :  tant  il  est  vrai  que  les  attraits  flatteurs 
de  la  volupte  etendent  coraraunement  leur  empire 
sur  les  bestiaux  eux-raemes,  au  dela  des  termes 
prescrits  par  la  nature.  II  n'est  point  douteux 
que, dans les paysou  les  pSturages sontabondants, 
on  ne  puisse  elever  chaque  annee  un  veau  de  la 
merae  vache,  au  lieu  que,  dans  ceux  ou  il  en 
mauque,  on  ne  doit  faire  couvrir  les  vaches  que 
de  deux  annees  Tune;  ce  qu'il  faut  surtout  ob- 
server  a  Tegard  de  celles  qui  sont  employees  a 
travailler,  tant  afiu  que  lcs  veaux  puissent  se 
rassasierde  lait  pendant  une  annee  entiere,qu'afm 
que  la  vaehe,  etant  pleine,  ne  se  trouve  pas  sur- 
ehargeedans  le  merae  temps  par  le  poids  de  Tou- 
vrage  et  cclui  de  sou  vesitre.  Lorsqu'uue  vache 


tiim  saxis  et  canalibus  sal  superjectus ,  ail  quem  saturBe 
pabulo  libenter  recHiiunl,  cum  paslorali  signo  quasi  le- 
ceptui  canitur.  Nam  id  quoque  semper  cie|)uscnlo  fieri 
debet,  ut  ad  sonum  buccin»  pecus,  si  quod  in  silvis  sub- 
stilerit,  sepla  rcpetere  consuescat  Sic  enini  recopnosci 
grox  poterit,  numerusque  conslare  si  vcUit  o\  niililari 
disciplina  intra  stabulorum  castra  nianseriiit.  Seil  non 
eadem  in  lauros  exerccntur  impcria,  qui  freti  viiibus  per 
nemora  vagantur,  liberosque  egressus  et  leditus  liabent, 
nec  revocantur  nisi  ad  coitus  foeininarum. 

XXIV.  Ex  his ,  qui  qnadr imis  minores  sunt ,  niajoresquc 
quam  duodecim  annorum ,  prohibentur  admissura  -.  illi, 
quoniam  quasi  puerili  aelale  seminandis  armentis  parum 
idonei  halientur;  hi,  quia  senio  suut  effteti.  Mense  lulio 
foMniiia;  maribus  plei  umque  permittenda> ,  ut  eo  tempore 
conceptos  proximo  vere  adultis  jam  pabulis  edaut.  Nam 
decem  mensibus  ventrem  perferunt ,  neque  ex  imperio 
inagistri,  sed  sua  sponte  marem  paliuntur.  Atque  in  id 
fcic  quod  di\i  tempus,  naturalia  congruuul  desideria, 
ipimiiam  satictale  verni  pabuli  pecudes  exliilarat.-c  lasci- 


viuut  in  venerem,  qiiam  si  aiit  foemina  recusat,  aut  non 
appetit  taurus,  eadem  ratione,  qua  fastidientibus  eqnis 
mox  pra'cipiemus ,  elicitiir  cupiditas  odoie  genitalium 
admoto  naribus.  Sed  et  pabulum  circa  tempus  admissurae 
suhtrahitur  fijeminis,  ne  eas  sterilesreddat  nimia  corporis 
oljesitas;  et  tauris  adjicitur,  quo  fortius  ineanl.  Unumque 
marem  quindecini  vaccis  suflicere  abunde  est.  Qui  ubi 
juvencam  supervenit,  ceiiis  signis  conipreliendere  licet , 
quem  sexum  generaverit  :  quoniam  si  parte  dexlra  desi  - 
lnit,  marem  seininasse  manifestum  est ;  si  laeva,  foeminam. 
Id  taiiien  verum  esse  non  aWter  apparet,  quam  si  post 
iinum  coitum  forda  non  admittit  taurum  :  qnod  et  ipsum 
raioaccidit,  Namquamvisplenafoetunonexpletur  libidine: 
adeo  ultra  natura"  lerminos  etiam  in  pecudibus  plurimiim 
pollent  blanda;  voluptatis  illecebrae.  Sed^  non  dubiuin 
est,  ubi  pabuli  sit  Isetitia,  posse  omnibus  annis  partuin 
educari;  at  ubi  penniia  est,  alternis  submitti  :  qiiod 
maxime  in  operariis  vaccis  fieri  placet ,  ut  et  vitiili  aiinui 
tempoiis  spalio  lacte  satientur,  nec  lorda  simul  opcris  et 
uteri  gravetur  onere.  Qu»  ciim  partum  cdidit ,  iiisi  cibis 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  VL 


a  mis  bas,  quelque  bonue  uourriee  quelle  soit, 
elle  laissera  manqiier  son  veau  daliments,  si  on 
ne  la  soutient  pas  par  une  nourriture  abondante, 
\u  la  fatigue  que  lui  oceasionncra  son  etat  de 
souffrance.  Cest  pourquoi  on  lui  donnera,  apres 
qu"elle  aura  vele,  du  cytise  vert,  de  rorije  grillee 
et  ile  Ters  detrerape,  ou  bieu  uue  pate  faite  avec 
des  herbes  potageres  tendres,  auxquelles  on  ajou- 
t.ra  de  la  farine  de  millet  grillee,  et  infus(Se  pen- 
(iant  une  nuit  dans  du  lait.  Ou  prefere  aux  autres 
vaches,  pour  ce  qui  concerne  la  nourritnre  de 
leurs  veaux,  celles  des  Alpes,  queles  habitauts 
de  ces  contrces  appellent  Ccvce  :  elles  sont  de 
petite  taille  et  abondantes  en  lait,  raison  pour 
laquelle  on  leur  retire  leurs  veaux,  pour  leur 
faire  nourrir  de  tres-bon  betail  qu'elles  n'ont 
point  porte.  Si  Ton  n"a  pas  cette  ressource  pour 
|a  nourriture  des  veaux,  on  les  nourrira  de  feves 
broyees  :  on  peut  aussi  tres-bien  leur  donner  du 
vin,  et  on  doit  meme  ie  faire  particulierement 
dans  les  troupeaux  nombreux. 

XXV.  Les  veaux  sont  souvent  incommodcs 
des  vers,  qui  se  forment  communement  a  la  suite 
d'une  indigestion.  Cest  pourquoi  il  faut  les  regler 
dans  leurs  repas,  afin  qu'iis  digerent  bien ;  ou 
s'ils  sontdeja  attaques  de  cette  maladie,  on  broie 
des  lupins  a  demi-crus,  comme  pour  un  sa/ivu- 
ttim,  et  on  en  fait  des  boulettes  qu'on  leur  fourre 
dans  la  gorge.  On  peut  aussi  broyer  de  la  santo- 
iine  avec  une  flgue  seche  et  de  Ters ,  comme  pour 
un  salivatum;  et  apres  en  avoir  fait  des  bouiet- 
tes,on  les  leur  fait  avaler.  Un  quart  de  graisse  de 
porc,  mele  avee  trois  quarts  d'hysope,  fait  le 
meme  effet.  Le  jus  du  marrube  blanc  et  le  poi- 
reau  peuveut  causer  egaleraent  la  mort  a  ccs 
iuseetes. 

XXVL  Magon  est  d'avis  que  i'on  doit  clia- 
trer  les  veaux  quand  ils  sont  encore  jeunes,  et 


qu'il  ne  faut  pas  iaire  alors  cette  opcration  aveo 
ie  fer,  mais  qu'il  faut  comprimer  leurs  testicules 
avec  uu  morceau  de  ferule  fendu,  et  lcs  ecraser 
ainsi  peu  a  peu ;  parce  qu'il  pense  que  la  castra- 
tion  ainsi  faite  a  ranimal  dans  un  age  tendre  et 
sansplaiecst  la  meilleure  de  toutes.  Maissi  Ton 
veut  attendre  qu"il  ait  pris  des  forces  pour  la 
faire,  il  vaudra  mieux  le  chatrer  a  Tage  de  deux 
ans  que  dans  sa  premiere  annee.  II  ordonne  en- 
core  dc  faire  cette  operation  au  printcraps  ou 
pcndant  rautorane,  quand  la  lune  est  dans  son 
decliu.  Lorsqu'on  doit  employer  le  fcr,  il  vcut  quc 
Ton  comraence  par  attacher  le  veau  a  la  machine 
que  nous  avons  decrite  plus  haut;  ensuite  qu"a- 
vant  d'approeher  le  fer,  on  saisisseavec  deux  lat- 
tes  de  bois  ctroitcs,  qui  servent  conime  de  tenail- 
les,  les  nerfs  des  testicules,  que  lcs  Crecs  appel- 
lent  /pEaxcTTv-paq (/pcaaw suspendre),  parce  que  les 
parties  genitales  y  sont  suspendues  ;  qu"apres  les 
avoir  saisis ,  on  ouvre  sur-le-ehamp  {'euveloppe 
des  testicules  avec  le  fer,  et  qu'ap!es  les  avoir 
corapriraes  pour  les  faire  sortir  de  cctte  enve- 
loppe,  on  les  coupe  de  facon  qu'on  en  laisse  Tex- 
tremite  par  laquelle  ils  tiennent  a  ces  nerfs. 
En  suivantcette  mcthode,  le  bouvillon  n"a  point 
de  danger  a  courir  par  reruption  du  sang  :  outre 
qu'il  u'est  point  si  effemine  qu'il  le  serait  si 
on  le  privait  de  toute  masculiuite,  quoiqu'en 
conscrvantrapparencedusexemasculin,  ilperdo 
reellement  la  puissance  d'engendrer.  Ce  n'est 
pas  neanraoins  qu"il  la  perde  des  le  premierins- 
tant,  puisque  si  on  lui  laisse  couvrir  une  feraelle 
aussit6t  apres  ce  traitement,  11  est  certaiu  qu'il 
en  pourra  resulter  un  produit ;  raais  c'est  un  essai 
qu'il  ne  faut  pas  lui  laisser  faire  ,  de  peurqu'il 
ne  perisse  d"un  flux  de  sang.  An  surplus,  il  faut 
oindre  la  plaie  avec  de  la  ceudre  de  sarment  et 
de  recurae  d"argeut,  empecher  ranimal  deboire 


liilta  cst,  quamvis  bona  uutilx,  lalmie  tatl^ala  nato  sub- 
tialiit  alimeiituni.  Itaqne  et  kclBe  cytisus  viiiJis  ct  torie- 
iactiim  ordeum ,  maceratiinique  crviim  pra-bctur,  et  teiier 
vitulus  torrido  molitoque  milio,  ct  peiniixto  cum  lacte 
salivatur.  Melius  ctiani  in  lius  usus  Altiux  vaccs  paraii- 
tur,  qiias  ejus  regionis  iiicola;  Cevas  appellant.  Ea;  sunt 
luiniilis  statuise,  lactis  abnndantes,  piopterquod  lemotis 
carum  fcetibus,  generosum  pecus  alienis  educatur  iiberi- 
l)us  :  vel  si  boc  prEcsidium  non  adest,  faba  fiesa  et  vi- 
nuin  recte  tolerat,  idque  prfficipue  in  magnis  giegibiis 
liei  i  oportet. 

XX V.  Solent  auteni  vitulis  nocere  lumbiici,  qui  fere 
nasciintur  ciuditatibus.  Itaque  nioderaiidum  cst ,  ut  bene 
roncoquant  :  aut  si  jaui  tali  vitio  laborant,  lupini  senii- 
crudiconteruntur,  et  offa;  salivati  moie  faucibns  ingerun- 
tiir.  Potesl  etiam  cuni  arida  lico  et  ervo  conleri  berha 
■Santonica,  et  forinata  iii  offam  ,  sicut  salivatum  dcniitti. 
rar.it  idem  axungio;  pars  uiia  tribus  partibus  byssopi  per- 
uiista.  Marrubii  quoqiic  succiis  et  porri  valet  cjusniodi 
iiiTare  animalia. 

.\XVI.  Castiare  vilulos  Magoccnsel ,  dum  adliiic  tcneri 


sunt;  neque  id  feno  facere ,  sed  fissa  ferula  coinprimere 
testiculos ,  et  paulatim  confiingere.  Idqne  optimuni  geiui» 
castrationuni  pulat ,  quod  adliibetur  «tali  tencra;  sine  vul- 
nere.  Kamiibijaininduruit,  meliusbimusquam  anniciiliis 
castiatur.  Idqiie  facere  vere  vel  autuinno  luna  deciescenle 
pra;cipit,  vitulumquead  macliinam  deligare  :  deindepriiis 
quam  ferrum  admoveas,  duabus  anguslis  Ijgneis  regulis 
veluli  forcipibus  appreliendere  testium  nervos,  ipios 
Grffici  xpE[ia5T7ipa;  ab  eo  appellant,quod  ex  illis  genitales 
partes  dependent.  Comprehensos  deinde  testes  ferro  rese- 
rare ,  et  expressos  ita  recidere ,  ul  cxlrema  pars  eoriim 
adh.xi'cns  prxdictis  ncrvis  relinqiiatur.  Nam  lioc  modo 
nec  eruptione  sangninis  periclitatur  juvencus,  iiec  iu  to- 
tum  elTirininaturademptaomui  virilitate;  formamqiieser- 
vat  raariscum  generaudivim  deposuit,quani  tameiiipsam 
non  prolinus  amitlit.  Nam  si  patiaris  euin  a  recenli  cura- 
tione  fieminam  inire,  constat  ex  co  posse  geneiari.  Sed 
miniine  id  permilteudum  ,  nc  prolluvio  sanguinis  intereal. 
Verum  vulnera  ejiis  sarmentitio  cinerc  cum  argcnti  spuma 
linendasunt,  abslinendusquceodie  ab  humore ,  et  exiguo 
cilio  alcndus.  Sequeiili  liiduo  vehil  «■ger  cacuiuiiiibiis  ai- 


COLUMELLE. 


ce  jour-la,et  lui  donner  ties-peu  de  nouiriture. 
Les  trois  jours  suivants  on  le  ragoutera  a  titre  de 
malade,  en  lui  donnant  des  cimes  d'arbres  et  du 
fourrage  vert  coupe  par  morceaux ,  et  on  rempe- 
chera  de  beaucoup  boire.  II  faut  encore  oindre  la 
plaie  pendant  ces  trois  joursavec  de  la  poix  fon- 
due,  de  la  cendreet  un  peud'huile,  afinqu'elie 
se  cicatrise  plus  promptement,  et  qu'elle  ne  soit 
point  niolestee  par  les  mouches.  Cest assez  avoir 
parle  jusqu'ici  des  bceufs. 

XXVU.  Ceux  qui  out  a  coeur  d'elever  des  che- 
vaux  doivent  surtout  se  pourvoir  d'un  esclave 
entendu ,  et  d'une  grande  quantite  de  fourrage ; 
car  si  ces  deux  points  peuvent  etre  negliges  jus- 
qu'a  un  certain  point  a  Tegard  des  autres  bes- 
tiaux ,  le  cheval  deraande  qu'on  y  apporte  ia  plus 
grande attention  k  son  egard,  de  meme  qu'il  veut 
la  nourriture  la  plus  abondante.  Ce  betail  se  di- 
vise  en  trois  especes  deraces  :  la  race  la  plus  no- 
ble  ,  qui  fournit  des  chevaux  au  cirque  et  aux 
combats  sacres;  celle  desmules,  que  Ton  peut 
comparer  a  la  preraiere  par  le  prix  de  ce  qu'elle 
produit ;  et  enfin  la  race  coniraune  ,  qui  ue  donne 
que  des  males  et  des  femelles  mediocres.  Plus 
chacune  de  ces  races  est  distinguee,  plus  il  lui 
faut  d'abondants  p^turages.  On  choisit  pour  les 
troupeaux  de  ce  betail  des  pdturages  etendus , 
marecageuxet  non  montagneux,  qui  soient  tou- 
jours  arroses,  et  plutot  libres  qu'embarrasses  par 
des  arbres ,  et  qui  produisent  souvent  des  her- 
bes  plus  remarquables  par  leur  mollesse  que  par 
leur  hauteur.  En  fait  de  chevaux  communs ,  on 
laisse  paftre  indifferemment  ensemble  les  mSles 
etlesfemelles,  et  onn'ohserve  pasde  terapsmar- 
ques  pour  les  faire  saillir.  A  Tegard  des  races  no- 
bles  ,  on  fera  saillir  les  raales  vers  requinoxe  du 
printemps,  afin  que  les  cavales  puissent  elever 
leur  poulain  sans  beaucoup  de  peiue,  attendu 

borum  et  deseclo  viridi  pabulo  oblectandus ,  proliibendus- 
que  niulta  polione.  Placet  etiam  pice  liquida  et  cinere  cum 
exiguo  oleo  ulcera  ipsa  post  triduum  linere,  quo  et  cele- 
rius  cicatricem  ducant,  nec  a  muscis  inlestentur.  Hacte- 
nus  de  bubus  dixisse  abunde  est. 

XXVII.  Quibus  cordi  est  educatio  generis  equini, 
maxime  cqnvenit  providere  auctorem  industiium,  et  pa- 
buli  copiani  :  quae  utraque  vel  mediocria  possunt  aliis  pe- 
conbus  adliiberi ,  summam  sedulilatem  et  largam  satie- 
tatem  desiderat  equitium.  Quod  ipsum  tripartito  dividitur. 
Esl enim  generpsa  inateries ,  qua>  circo  saciisque  certa- 
minibus  equos  praebet-  Est  mularis,  qua;  pretio  Hetus  sui 
comparalur  generosq.  Est  et  vulgaris,  qiiaj  mediocres  fce- 
minas  maresque  progeneiat.  Ut  quaeque  est  pra^stantior, 
ita  ubere  campo  pascitur.  Gregibus  autem  spatiosa  et  pa- 
lustria,  nec[nQn]  montana  pascua  eligenda  suut,  rigua, 
nec  unquam  slccauea ,  vacuaque  magis  quam  stirpibus 
impedita,  frequenler  mollibus  potius  qiiam  piocerisher- 
bis  abundantla.  Vulgaribus  equis  passim  maribus  ac  foemi- 
his  pasci  permittitiir,  nec  admissurae  cei  ta  tempora  ser- 
vuntur.   Generosis   circa    vernuni   aquinocliiim    mares 


qu'il  viendra  au  monde  dans  un  temps  pareil  k 
celui  dans  lequel  elles  Tauront  concu,  c'est-a-dire, 
quand  lescampagnes  se  trouveront  gaies  et  bien 
fournies  d'herbes  au  bout  de  onze  mois  passes ; 
car  elles  mettent  bas  dans  le  courant  du  douzieme. 
II  faut  donc  surtout  avoir  soin  que  les  feraelles 
et  les  etalons  qui  voudront  s'accoupler  soient 
a  portee  de  le  faire  dans  le  temps  de  Tana^e  que 
je  viens  de  marquer  parce  que  sl  on  les  en  em- 
pechait ,  leur  passion  les  ferait  entrer  en  fureur 
plus  que  tout  autre  animal :  c'est  meme  de  l^ 
qu'on  a  donn6  ie  nom  de  lTnro[j.av£i;  a  ce  philtre, 
qui  allume  dans  les  horames  un  amour  aussi  for- 
ceue  que  Test  la  passion  des  chevaux.  Effective- 
ment  il  n'est  point  douteux  qu'il  n'y  ait  des  pays 
ou  les  femelles  brtilent  d"une  si  grande  ardeur  de 
s'accoupler,  que,  quoiqu'elles  soient  privees  de 
mSles  ,  elles  se  remplissent  sans  cesse  l'imagina- 
tiondedesirs  effrenes,et  se  crfentaeiles-memes 
des  plaisirs  sous  levent,  comme  font  les  oiseaux 
de  basse-cour.  Cestaussice  qu'exprime  le  poete 
assez  licencieusement  en  ces  termes  :  Mais  les 
cavales  se  foni  remarguer  enlre  tous  les  autres 
animaux  par  kur  fureur ;  et  c'est  Vcmis  elle- 
meme  qui  les  a  animees  de  cette  ardeur ,  au 
temps  que  les  chevaux  d'attelage  de  Glaucus 
de  Potnia  dechirerent  le  corps  de  leur  mattre 
a  belles  dents.  En  effet,  Vamourles  conduit  jmr- 
dela  le  haut  du  mont  Ida ,  et  leur  fait  traver- 
ser  le  bruijant  Ascanius  :  elles  grimpent  les 
montagnes  et  passent  les  fleuves  a  la  nage;  et 
des  que  lefeu  de  l'amours'empare  de  leur  cwur 
passionne  (ce  qui  arrive  plutot  au  printemps 
c^ue  dans  toute  autre  saison ,  parce  que  c'est 
le  temps  oii  la  chaleur  recommence  apenetrer 
la  moelle  de  leurs  os),  elles  se  tiennent  toutes 
surdes  rochers  eleves,  la  tete  tournee  vis-a-vis 
le  zephire,  pour  recevoir  avidement  son  souffle 

jungentur,  iit  eodem  tempore,  quo  conceperint,  jam  laetis 
et  lierbidis  campis  post  anni  niessem  parvo  cum  labore 
fretum  educent.  !Mam  mense  duodecimo  partiim  edunt. 
Maxime  ilaque  ciirandum  est  praedicto  tempore  anni ,  ut 
tam  fijemiuis  quam  admissariis  desiderantibus  coeundi 
fiat  poleslas ,  qnoniam  id  praecipue  armenlum  si  prolii- 
beas,  iibidinis  extimulatur  furiis,  unde  etiam  veneno  in- 
ditumestnomen  l7tncm«vE;,quodequinaecupidini  simileni 
mortalibus  amoreni  accendit.  Nec  dubiiim,  quin  aliqiiot 
regionibiis  tauto  (lagrent  ardore  coeiindi  fcemina;,  ut  etiam 
si  niarem  non  liabeant,  assidua  et  nimia  cupidilate  figu- 
rantes  sibi  ipsa;  venerem  cohortalium  niore  aviiiin  vento 
concipiant.  Neque  enim  poeta  licentius  dicit  :  ScUicet 
anteomnes  furor  est  insignis  equarum,  Et  mentein 
Venus  ipsa  dedit,  quo  tempore  Glunci  Piiliiiadcsma/is 
membra  absumsere  qtiadrigce.  lllas  ducil  amnr  trans 
Gargara,transquesonantemAscanium;superanl  mon- 
les  et/lumina  tranant,  Continuoque avidis  nbi  subdita 
Jlamma  mcduliis,  Veremagis,quia  verccalor  redit  os- 
sibus,ill(FOrc(imnesvers(BinZep/iyrum,stantrupihus 
allis,  Exccptunlque  leveis  aitras,  et  scrpe  ullis  Conju- 


feger;  iouvent  nieme ,  lorsquelles  ont  rlc 
fecondecs  par  lc  vent  et  sans  aucun  accouple- 
ment  (effet  mervcillcAtx  d  raconter),  ellcs  cou- 
rent  d  travers  les  rochers ,  les  ecueils  et  les  valr 
lees  lcs  plus  profondcs  ;  non  paspour  gagner, 
Eunis ,  les  contrecs  oU  vous  vous  levez  ,  non 
plus  quc  celles  oii  se  leve  le  solcil,  mais  bien 
celles  oii  se  levent  Boree  et  Caurus ,  ou  le  vent 
du  tnidi,  qui  porte  avcc  lui  les  nuages  les  plus 
noirs,  et  quiattriste  le  temps par le  froid plu- 
vieux  qu'il  amene.  Cest  raeme  un  fait  tres- 
connu  quVn  Espagne,  sur  le  mont  Sacer,  qui  s'e- 
tend  vers  roceident  aupi-es  de  l'Oc(^an,  il  est 
souvent  arrive  que  des  cavales  ont  ete  fecondees 
sans  avoir  ete  couvertes ,  et  qu'elles  ont  eleve 
des  poulains  qu'elles  avaientainsi  niis  au  monde , 
quoiquon  ne  retirat  aucune  utilite  de  ces  pou- 
lains,  parce  qu'ils  mouraient  dans  Tespace  de 
trois  ans,  avant  de  s'etre  fortifies.  Nous  ferons 
donc  en  sorte,  ainsi  que  je  Tai  dit,  que  les  cava- 
les  ne  soient  pas  tourmeutees  vers  requinoxe  du 
printemps  par  les  appetits  nalurels  de  la  voinpte. 
Mais  il  faudra  si'parer  pendant  tout  le  reste  de 
Tannee  leschevaiix  de  prix  d'avec  les  femelles, 
de peur  qu'ilsne  les  siiillent  quand  bon  lcur  sem- 
blera  ,  ou  que,  si  on  veut  les  empecher  de  le 
faire,  la  vivacitc  de  lcur  pnssion  n'octasionne 
quelque  accident.  Cest  pourquoi  il  faut  ou  rele- 
guer  le  mule  dans  despaturages  eioignes  de  ceux 
des  femelles,  ou  le  retenir  a  Tetable  :  mais  daus 
Je  temps  ou  les  fcmelies  le  demanderont ,  on  le 
fortifiera  par  une  nourriture  aboiidaute,  et  on 
Tengraissera  a  Fapproche  du  printeraps  avec  de 
rorge  et  de  Ters  ,  afin  qu'il  soit  en  etat  de  sufflre 
a  leur  passion  ,  et  de  donner  des  le  principe,  a 
la  race  qui  doit  sortir  de  lui ,  une  vigueur  d'au- 
tant  plus  grande  ,  qu'il  aura  ete  lui-meme  plus 
vigoureux  dans  le  moment  de  raccouplement.  II 
y  aquelques  auteurs  qui  ordonnent  de  reugrais- 


DE  L'AGR1GULTURK  ,  LIV.  VI.  S-".> 

ser  de  la  maniere  dont  on  engraisse  les  mulets, 
afiuqueson  emboupoiut  lui  donne  la  gaiet6  ne- 
cessaire  poursatisfaire  uii  plus  grand  nombrede 
femelles.  Neanmoins  ,  si  on  ne  doit  pas  donncr 
moins  de  quinze  cavales  a  un  etalon  ,  on  ne  doit 
pas  non  pius  lui  en  donner  plus  de  vingt.  On 
peut  remployer  a  la  generation  dcpuis  rflgc  de 
trois  ans  jiisqu'a  celui  de  vingt.  Si  l'etalon  est 
mou  dans  le  plaisir,  on  le  reveille  par  Todorat, 
en  lui  mettnnt  sous  le  uez  uiie  cponge  avec  la- 
quelleon  fiotte  auparavant  les  parties  de  la  fe- 
melle.  D'un  autre  c6t^ ,  s'il  se  trouve  quelque  ca- 
valequi  ne  veuille  pas  souffrir  le  male  ,  on  vient 
a  bout  d'en(lammer  ses  desirs  en  lui  froitant 
les  parties  avec  de  la  scille  broyee.  Quelquefois 
raemeon  se  sert  d'un  etalon  ignoble  et  commiin , 
pour  exciter  en  elle  le  desir  du  coit.  En  effet , 
des  que  cet  etalon  s'est  approche  d'elle  ,  et  qu  il 
a,  pourainsi  dire,  sollicite  sa  complaisance,  on 
le  retire  pour  la  faire  saillir  par  un  etalon  plus 
noble,  au  moment  ou  elle  est  devenue  plus  pa- 
tiente.  Quand  les  cavales  sont  pleines ,  elles  exi- 
gent  plus  de  soins  que  dans  d'autres  temps  ,  et  il 
faut  les  fortifier  par  une  ample  pature.  Si  pen- 
dant  les  froids  de  rhiver  les  herbes  vicnuent  a 
manquer,  on  les  retiendra  a  retable,  et  ou  ue  lonr 
fera  pas  prendre  trop  d'exercice  ,  soit  par  le  tra- 
vail ,  soit  par  la  course  ;  comme on  ne  les  exposera 
pas  au  froid,  ni  daus  un  lieu  etroit  et  renferm6  , 
de  peur  qu'elles  ne  detruisent  respectivcment 
leur  fruit  :  toutes  choses  qui  les  font  a\orter. 
Si  malgre  ces  pri^cautions  une  cavale  vient  i 
tomber  malade,  soit  en  poulinant,  soit  en 
avortant,  on  la  guerira  avec  de  la  filicula 
broyte  et  infusee  daus  de  Teau  tiede,  qu'on  lui 
fera  prendre  avec  une  corne.  Mais  sielleaau  con- 
traire  pouline  heureuseraent,  on  se  donnera  de 
garde  de  toucher  a  son  poulain  avec  la  niain , 
parce  que  le  moiudre  contact  avec  un  corps  etran- 


gits,x^entograv\dce{miraMUd\ctu)Saxaperetscopulos 
el  depressas convalte^  Di/fugiunt,  non  Eure  tuos  neque 
solis  ad  ortus ;  In  Boream  Caurumque,  autundeniger- 
rimus  Auster  Nascitur,  et pluvio contristat  frigore  cw- 
lum.  Cum  sit  notissimum  etiam  in  Sacro  monte  Hispani<e, 
qui  procurrit  in  occideulem  juxla  Oceanum ,  frequenter 
equas  sine  coitu  ventrem  pertulisse,  fuetumque  educasse, 
quitamen  inutilis  e.st,  quod  (riennio,  prius  quam  adoles- 
cal,  niorte  absumitur.  Quare,  ut  dl\i,  dabimus  operam,  ne 
circa  sequinoctium  vernum  equae  desideriis  naturalibus 
angautur.  Equos  autem  pretiosos  reliquo  fempore  anni 
removere  oportet  a  fcemiiiis,  ne  aut  cum  voleiit,  ineant, 
aut  si  id  facerc  proliilienntur,  cupidine  solicitati  noxam 
contraliant.  Itaque  vel  iii  longinqua  pascua  niarem  placet 
ablegari ,  vel  ad  prssepia  conlinei  i  :  eoque  teiiipore ,  quo 
Tocatur  a  fueminis,  roburaiidiis  est  largo  cibo,  et  appro- 
pinqiiante  vere  ordeo  crvoque  Siiniiiandiis,  iit  veneri  sii- 
persit ,  quanloque  rtu  tior  iiiiei  it ,  liriiiiora  semina  pra>beat 
futurx  slirpi.  Quidain  ctiain  pr;ecipiuut  eodein  ritu,  quo 
inulos,  adinl.ssariuin  saf;inare,ul  liac  sa^ina  lijlarispliirilius 


fu-minis  sufficiat.  Verum  tamen  nec  minus  qiiam  qniiide- 
cim ,  nec  rursiis  pliires  qiiam  viginti ,  unus  debet  iinplere, 
isqiie  adniissura>  post  tiimatuin  usque  in  annos  viginti 
pleniinque  idoneus  esl.  Quod  si  admissarius  iners  in  ve- 
nei  ein  est ,  odore  proritatur,  detersis  spongia  foeminae  locis, 
et  adiiiota  naribus  equi.  Rursus  si  equa  niarem  non  pati- 
tiir,  (letrita  scilla  naturalia  ejiis  linuntur,  qu<e  les  acccndit 
libidinem.  Nonnunquam  ignobilis  quoqueacvulgaris  elicit 
ciipidinem  cu!uiuli.  Nam  ubi  admotus  fere  tentavit  obse- 
quium  ffeminiE,  abdiicitur,  el  jam  patientiori  generosior 
eqiius  imponitur.  Inde  major  pra-giiantlbus  adbilienda 
cuia  est,  largoqiie  pascuo  lirmanda'.  Quod  si  frigore  liie- 
mis  lierba;  defecerint,  tecto  oontineantur,  ac  neque  upere 
neqiie  cursu  exerceaiitur,  ncque  frigori  commitlaiitiir,  nec 
in  angiisto  clauso,  ne  ali.T  aliarum  coiiceptus  clidant  : 
nain  lia>c  omnia  incommoda  fu'tuni  abigunt.  Quod  sl  taiiieu 
aiit  parlu  aut  abortu  equa  laboravil ,  remedio  erit  felicula 
trita,  et  aqua  tepida  permista,  dalaipie  per  coriius  Siii 
autem  prospere  cessit ,  minime  maiiu  toiilingendie  pulhis 
cril.  Nani  l.ediliii  etlani  levissimo  coulactu.  Taiitiini  (iiia 


330 


COLUMELLE. 


ger  suffit  pour  le  blesser.  On  aura  seulement  soin 
de  le  niettre  avec  sa  mere  dans  un  lieu  qui 
soit  a  la  fois  et  vaste  et  ehaud,  de  peur  que  le 
froid  ne  lui  nuise  dans  Tetat  de  faiblesse  oii  il 
sera,  ou  que  sa  raere  ne  Tecrase  si  le  lieu  est  trop 
resserre.  Ensuite  il  faudra  lefairesortirdetemps 
en  temps,  pour  empecher  que  le  fumier  ne  lui 
brule  la  corne  des  pieds.  Quelque  temps  apres , 
lorsqu'il  sera  devenu  plus  fort,  on  le  laissera 
aller  avec  sa  raere  dans  les  memes  p^turages  , 
de  peur  que  le  chagrin  de  s'en  voir  privee  ne 
la  fasse  tomber  malade.  Car  rattacheraent  que 
ce  betail  a  pour  ses  petits  lui  cause  plus  de  dom- 
mage  qu'a  tout  aulre,  au  cas  qu'il  n'ait  pas  la 
liberte  de  les  voir.  Les  cavales  vulgaires  sont 
dans  rbabitude  de  pouliner  toutes  les  annees ; 
mais  une  cavale  de  race  noble  ue  doit  etre  sail- 
Ile  que  de  deux  annees  Tune,  afin  que  le  laitde 
la  mere,  donnaut  plus  de  force  au  poulain, 
le  prepare  a  bien  supporter  la  fatigue  des  com- 
bats. 

XXVIII.  Ou  estime  qu'un  etalon  n'est  pas  pro- 
pre  a  saillir  les  cavales  avant  Tage  de  trois  ans, 
mais  qu'il  peut  engendrer  jusqu'a  vingt  ans;  au 
lieu  qu'une  cavale  concoit  tres-bien ,  pourvu 
qu'elle  ait  deux  ans  passes,  afiu  de  pouvoir  elc- 
ver  le  poulain  qu'elle  aura  mis  bas  apres  sa  troi- 
sieme  annee,  et  que,  passc  la  dixieme  annee  de 
son  Sge ,  elle  n'est  plus  bonne  a  ce  service,  parce 
que  le  poulain  d'une  meie  agee  est  paresseux  et 
lache.  D^mocrite  assurequ"il  est  en  notre  pouvoir 
de  faire  concevoir  a  une  cavale  un  m^le  ou  une 
femellc,  h  notre  volonte  :  il  ordonne  a  cet  effet  de 
lier,  avec  une  ficelle  de  lin  ou  ds  lelle  autre  raa- 
tiere  que  ce  soit,  le  testicule  gauche  de  Tetalon 
si  Fon  veut  avoir  un  male,et  le  droit  si  lon 
veut  avoir  une  femelie  :  il  pense  meme  que  fou 


peul  suivre  le  meme  procede  k  Tegard  de  pres- 
que  tous  les  bestiaux. 

XXIX.  On  peut  juger  de  la  bonte  naturelle 
d'un  poulain  des  sa  naissance.  Eu  effet,  s'il 
est  gai,  s'il  est  intrepide,  s'il  n"est  effraye  ni 
par  les  objets  qui  se  prcsentent  a  sa  vue  ,  ni  par 
les  sons  qui  frappent  son  oreille  pour  la  premiere 
fois,  s'il  court  toujours  a  la  tete  d'un  troupeau, 
s'il  surpasse  ses  camarades  par  sa  gaiete  et  par  sa 
vivacite,  et  qu'il  femporte  merae  quelquefois  sur 
eux  a  lacourse,  s'il  saute  un  fosse  sans  balancer, 
et  qu'il  passe  un  pont  et  traverse  un  fleuve  de 
mi'me ,  ce  seront  toutes  raarques  d'un  naturel 
diitingue.  Pour  la  forrae  du  eorps,elleconsistera 
a  avoir  la  tete  petite,  les  yeux  noirs ,  les  narines 
ouvertes,  les  oreilles  courtes  et  redressees,  le 
chignon  flexible  et  epais  sans  6tre  alionge,  la 
criniere  bien  fourniect  pendante  sur  le  c6te  droit, 
la  poitrine  large  et  parsemee  d'une  multitude 
de  rauscles  bien  moules,  les  epaules  grandes  et 
droites ,  les  cfitesarquees,  repine  du  dos  double, 
le  ventre  etroit,  les  testicules  petits  ct  bien  ap- 
pareilles,  les  reius  larges  et  ravales,  la  queue 
trainante  et  garnie  de  poils  longs,  rudes  et  on- 
doyants,  les  jambes  egales,  hautes  et  droites,  le 
genou  cyliudrique  etpetit,  sans  etre  tourne  en 
dedans ,  les  fesses  rondes ,  les  cuisses  pleines  de 
museles  etbien  fournies,  la  cornedes  piedsdure, 
haute,  concave,  ronde,  et  surmontee  d'une  cou- 
ronne  legerement  saillante;  rordonnance  geoe- 
rale  du  corps  grande,  elevee,  droite,  qui  pa- 
raisse  agile  au  coup  d'oeil,  et  ronde  sur  la  longueur 
autant  que  sa  flgure  le  comporte.  Quant  au  ca- 
ractere  de  ces  animaux  ,  on  les  estirae  lorsque, 
sans  etre  eraportes,  ils  ont  de  fardeur,  et  qu'a- 
vcc  de  fardeur  ils  sont  tres-doux,  parce  que  ce 
sont  laceuxquisontlcsplus  portes  a  robeissance, 


adliibebitur,  iil  et  amplo  et  calido  loco  ciini  iiiatre  verse- 
tur ;  ne  aut  fiigus  adliuc  infirmo  noceat ,  aut  mater  in  an- 
gustiis  eum  obteral.  Paulatim  deinde  producendus  erit, 
providendumque,  ne  stercore  ungnlas  adurat.  Mox  cum 
(irniior  fuerit,  in  eadeni  pascua,  ia  quibus  raaler  est ,  di- 
niittendus ,  ne  desiderio  parlus  sui  laboret  equa.  Nani  id 
pra'cipue  genus  pecudis  aniore  natorum ,  nisi  fiat  potestas , 
noxam  traliit.  Vulgari  foeminse  solenne  est  omnibus  annis 
parere,  generosam  convenit  altcrnis  continere,  quo  (ir- 
niior  pullus  lacte  malerno  laboribus  certaminum  prcepa- 
retur. 

XXVIII.  Mareni  putant  minoiem  trinio  non  esse  ido- 
neum  admissurae ,  posse  vero  uscpie  ad  vigesimum  annum 
progenerare ;  foeminam  bimam  recte  concipere ,  ut  post 
lertiuni  annum  enixa  foetum  educet :  eandemque  post  de- 
cinuim  non  csse  utileni,  quod  ex  annosa  matre  tarda  sit 
Htque  iners  proles.  Qua?  sive  ut  fffminasive  ul  masculus 
concipiatur,  nostri  aibitrii  fore  Democrilus  aflirmat,  qui 
praM:ipit,  ut,  cum  progenerari  marem  velimus,  sinistrum 
testiculum  admissarii  lineo  funiculo  aliove  quolibet  obli- 
geinus;  cum  foeminam,  dextrum.  Idcmque  in  omnibus 
pene  pecudibus  faciendum  censet . 


XXIX.  Cum  vero  natus  est  pullus,  c.onfestini  llcet  in- 
doleni  Kstimare,  si  hilaris,  si  inlrepidus,  si  neque  con- 
s|)ectu  novEC  lei  neque  auditu  terretur,  si  ante  gregeui 
procurrit ,  si  lascivia  et  alacritate  interdum  et  cuisu  cei^ 
lans  aeqiiales  e\uperat,  sifossam  sine  ciinclatione  transi- 
lit,  pontem  (lumenqiie  transcendit.  Haec  eriint  lionesli 
aiiimi  documenta.  Corporis  vero  foima  constabit  exigiio 
capite,  nigris  oculis,  naribus  apertis,  brevibiis  auiiculis 
et  arrectis,  cervice  molli  lalaque  nec  longa ,  densa  juba  el 
per  dextram  partem  profiisa,  lato  et  musculorum  toiis 
numeroso  pectore,  grandibus  armis  et  leclis,  lateribiis 
inllexis,  spina  duplici,  ventre  substricto,  testibus  paribus 
et  exigiiis ,  latis  lumbis  ct  subsi Jentibus ,  cauda  longa  et  se- 
tosa  crispaque,  cequalibus  atquealtis  rectisquecruiibus, 
teieti  genu  parvoque  neque  introrsus  speclanti ,  lotundis 
cliinibus,  feminibus  toiosis  ac  numerosis,  duris  ungulis 
et  altis  et  concavis  rotundisque ,  quibus  coronie  mediocres 
siipeipositae  sunt.  Sic  universim  corpus  compositum ,  ut 
sit  grande,  sublime,  eiectuin,  ab  aspeclu  quoque  agile, 
et  ex  longo,  (piantum  (igura  permittit,  loliindum.  Mores 
aulem  laudantur,  qui  sunt  ex  placidoconcilati,  etcx  con' 
citato  mitissimi.  Nani  lii  et  ad  obsequia  leperiiintur  hahi- 


DE  L'AGRICULTUKE,  LIV.  VI. 


€t  les  plus  patietits  dans  les  travaux  des  conibats. 
Un  cheval  de  deiix  ans  est  bon  a  etre  dompte 
pour  lcs  usages  domestiques ,  mais  quand  on  le 
destine  aux  combats  il  faut  qu'il  ait  trois  ans 
passes;  de  facon  quon  ne  \'y  expose  pas  avant 
la  quatrienie  annee  expiree.  Les  marques  aux- 
quelles  on  distingue  le  nombre  des  annees  d'un 
cheval  changentavec  son  corps.  Eneffet,  jusqu'a 
ce  qu'il  ait  deux  ans  et  demi,  les  dents  du  milieu 
luitombent,  tant  lessupcrieuresque  ies  inferieu- 
res  :  il  lui  enrepousse  d'autres  dans  la  quatrierae 
annee,  apres  que  celles  que  Ton  appelle  canini 
(dents  canines  ou  oeilleres)  sont  tombees;  ensuite 
les  grosses  dents  superieures  tombent  avant  la 
sixieme  :  dans  le  courant  de  la  sixieme  annee 
celles  qui  ont  remplace  les  preraieres  rasent,  et 
la  septienie  auuee  elles  rasent  toutes  egaleraent : 
ensuite  elles  se  creuseut,  et  on  ne  peut  plus  con- 
naitre  son  Age  avec  certitude.  Cependant  a  la 
dixieme  annee  ses  tempes  commencent  a  caver, 
souvent  ses  sourcils  se  biancbissent,  et  les  dents 
lui  sortent  de  la  boucbe.  Cest  cn  avoir  dit  assez 
sur  ce  qu!  concerne  le  naturel ,  le  caractere  et  le 
corps,  ainsi  que  Tagedu  cheval.  Passons  a  pre- 
sent  aux  soins  quii  faut  prendre  de  cet  animai , 
soit  quand  il  se  porte  bien,  soit  quand  il  est  ma- 
lade. 

XXX.  Si ,  sans  etre  malade ,  un  cheval  devicnt 
maigre,  on  vient  plus  promptement  a  bout  de  le 
retablir  avec  du  froment  grillequ'avec  de  l'orge; 
mais  il  faut  aussi  lui  faire  boire  du  viu  dans  le 
mfime  temps,  et  ensuite  lui  changerpeu  a  peuce 
genre  de  nourriture ,  en  melant  d'abord  du  son 
dans  son  orge,  jusqu'a  ee  qu'on  Tait  accouturae 
aux  feves  et  a  Torge  pure.  II  faut  que  le  corps  des 
chevaux  soit  nettoye  tous  lcs  jours  avec  autant 
d'exactitude  que  celui  de  rbomrae;  et  il  est  sou- 

les ,  et  ad  certaminuni  labores  palientlssiml.  Equiis  bimus 
ad  usum  domesticnni  lecte  domatur;  certaminibus  autem 
expleto  triennio  :  sic  tamen  ut  post  quarlum  deninm  an- 
num  labori  committatur.  Annorum  nola^  cum  corpore 
mutantur.  Nani  duin  bimus  et  se\  mensium  est,  medii 
dentes  superiores  el  iiiferiores  cadunt.  Cum  quartum  agit 
annum,  iis,  qui  canini  appellantur,  dejcitis,  alios  affeit. 
Intrasextum  deindeannum,  molares  supeiiores  cadunt. 
Sexto  anno ,  quos  primos  mutavlt,  exa?qual.  Septimo  om- 
nes  explentur  a'qualiter,  et  ex  eo  cavalos  f;erit.  Nec  poslea 
quol  annorum  sit,  manifeslo  compreliendi  potest.  Deciino 
tamen  anno  tempora  cavari  incipiunt ,  et  supercilia  non- 
nunquam  cancscere ,  et  dentes  prominere.  IIa'C,qna'ad 
animum  et  mores  corpusque  et  a^tatem  perlinenl ,  dixisse 
satis  liabeo.  Nimc  sequitur  curam  recte  el  miiius  valen- 
tium  demonstrare. 

XX.V.  Si  sanis  est  macies,  celerius  torrefacto  tritico, 
quani  ordeo  reficitur.  Sed  et  viiii  polio  danda  est,  ac 
deindc  paulatim  ejusmoili  cibi  sublraliendi  immistis  ordeo 
fbrfuribus,  dum  consuescat  faba  et  puro  ordeo  ali.  Nec 
minus  quotidie  corpora  pixudum  quam  liomiuuui  dcfri- 
canda  sunt :  ac  sa;pe  plus  prodest  pressa  nianu  subegisse 
terga,  quam  si  largissime  cibos  pia;lieas  Palea'  veio  equis 


vcnt  plus  utile  de  leur  ninnier  le  dos  etde  le  pres- 
ser  avec  la  main ,  qne  de  leur  donner  la  nourri- 
ture  la  plus  abondante.  II  cst  eneore  tres-inte- 
ressant  de  les  mdintenir  dans  la  vigueurdu  corps 
et  dans  celle  des  pieds  :  on  y  parviendra  en  les 
menant  a  propos  a  retable,  a  rtuu  et  a  leurs 
exercices  ,  et  en  veillant  a  ce  qu'ils  soicnt  tenus 
seehemeut  a  Tetable,  et  a  ce  quc  la  corne  de 
leurs  pieds  ue  pourrisse  point  dans  Ihuraidilc. 
Cest  ce  que  Ton  evitera  aisement,  si  leurs  eta- 
bles  sont  plancheiees  d'ais  de  robre ,  ou  que  Ton 
ait  soin  de  les  nettoyer  de  tempsen  temps  et  d'y 
etendre  de  lapaille,  si  elles  ne  le  sont  point. 
Coramuuement  ce  qui  oceasiounelesmaladiesde 
ces  aniraaux,  c'est  la  lassitude,  le  chaud,  etsou- 
vent  le  froid ;  c'est  encore  de  n'avoir  pas  urine  au 
momentqu'ils  en  avaient  besoin,  d'avoir  bu  a  la 
suite  de  rexercice  qu'ils  auront  pris,  et  pendant 
qu'ils  etaient  encore  en  sueur,  ou  d'avon'  ete  exci- 
tesa  courir  apres  un  long  repos  etsans  interstice. 
Le  repos  est  le  seul  remede  de  la  lassitude,  en  y 
ajoutant  cependant  la  precaution  de  leur  verser 
dans  la  gorge  de  rhuile  ou  de  la  graisse  avec  du 
vin.  On  remedie  au  froid  par  les  foraentations, 
ainsi  qu'en  leur  frottant  la  tete  et  repine  du  dos 
avec  de  la  graisse  cbaude  ou  du  vin.  S'ils  ne  pis- 
sent  pas,  on  a  recours  a  peu  pres  aux  memes  re- 
medes,  puisqu'on  leur  verse  sur  les  flancs  et  sur 
les  reins  de  rhuile  et  du  vin;  mais  si  ce  remede 
n'opere  rien ,  on  introduit  par  rorifice  de  leur 
membre  une  bougie  mince  faite  avec  du  miel 
bouilli  et  du  sel ,  ou  bien  on  leur  insere  dans  les 
parties  soit  une  mouche  vivante  ,  soit  un  grain 
d'encens ,  ou  un  onguent  de  biturae.  On  eraploie 
les  memes  remedes  lorsque  Turine  leur  brule 
les  parties.  La  douleur  de  la  tete  se  manifeste  par 
les  larmes  qui  leur  coulent  des  yeux,  par  les 

slantibus  substernenda;.  Multum  autem  refert  robur  cor- 
poris  ac  pcdum  servare.  Qiiod  iitrumque  custodiemus, 
si  idoneis  temporibiis  ad  praesepia,  ad  aquam,  ad  exerci- 
tationem  pecus  duxerimus;  cuiaique  fiieritut  stabiilentur 
sicco  loco,  ne  liumore  madescant  iiiiyula'.  CJuod  facila 
cvitabimus,  si  aut  .stabula  robiireis  axibiis  coiistrata,  aiit 
dilisenter  sublnde  eniundata  tueiit  liumiis,  et  palea;  su- 
pei  jeclae.  Plerumqiie  jumentanioi  bos  concipiuiit  lassitiidlnc 
et  a'stu,  nonnuiiqiiam  et  IVIjjore,  et  ciini  siiii  teinporo 
uriiiam  iion  fecerint ;  vel  sl  siidaut ,  et  a  conc.llatione  coii- 
fesllm  liiberint;  velsl  cuin  dlu  stcterlnt,  subitoadcuisuiii 
extlmulata  sunt.  Lassitiidinl  qulcs  reinedio  est,  ila  ut  in 
fauces  oleum  vel  adeps  vino  mlsla  Infiindatnr.  Frljiori  fo- 
inenla  adbibentur,  ct  calclacto  oleo  liinibi  rigaotiir,  capul- 
que  et  spina  tepenti  adlpc  vcl  vino  llniuntur.  Sl  ininam 
non  facit,  eadem  fere  remcdla  suiit.  Nam  oleiim  immistum 
vlno  supra  ilia  et  icnes  infunditiir  :  et  si  lioc  pariiin  pro- 
fuit,  mcllcdecocto  et  salccnllyriiim  tenueindllurfuranilni, 
qiio  manat  urlna,  vel  musca  viva,  vel  lliurls  mica,  vel 
de  bitumlne  collyrlum  inserlfur  natiiralibus  Ha'c  cadeni 
lemedia  adhlbentur,  sl  iirlna  genilalia  decusserit.  Capitis 
dolorem  indicant  lacryma; ,  qiia'  prollHunt ,  aure.sque  llac- 
cidre;  et  cervix  runi  capile  agi;ravata,  ct  In  terrani  sinn 


COLUMELLE. 


oreilles  qui  devieunent  pendantes,  et  par  le  chi- 
gnon  qui  s'appesantit  ainsi  que  la  tfite  ,  au  point 
que  sa  pesanteur  Tentralne  a  terre.  Dans  ce  cas- 
la,  on  leur  ouvre  la  veine  sous  I'cEiI ,  on  leur  fo- 
mente  la  bouche  avec  de  feau  chaude ,  et  on  les 
met  a  la  diete  pendantunejournee:  lelendemaln 
on  leur  donne  a  jeun  une  potion  d'eau  chaude  et 
de  rherbe  verte;  ensuite  on  etend  sous  eux  du 
vieux  foin  ou  de  la  paille  molle ,  et  on  leur  donne 
une  seconde  fois  de  Teau  a  Tentree  de  la  nuit, 
avec  un  peu  d'orge  et  deux  livres  et  demie  de 
vesce;  apresquoi  on  ne  leur  donne  que  tres-peu 
de  nourriture,  jusqu'a  ce  qu'ils  soient  en  etat  de 
remplir  leur  tache  ordinaire.  Si  les  machoires  leur 
font  mal ,  il  faut  les  foraenter  avec  du  vinaigre 
chaud ,  et  les  frottcr  avec  du  vieux  oing  :  on  era- 
ploiera  aussi  le  meme  remede  Iorsqu'elles  seront 
gonflees.  Si  un  cheval  s'est  blesse  les  epaules ,  ou 
qOe  son  sang  se  soit  extravase  dans  cette  partie, 
on  lui  ouvrira  les  veines  aux  deux  jambes  a  peu 
pres  vers  le  railieu  de  la  jambe,  et  on  melera  de 
la  manne  d'encens  avec  le  sang  qu'on  lui  aura  tire, 
pour  lui  en  frotter  les  epaules ;  mais  afin  de  ne  pas 
1'epuiser  outre  mesure  en  lui  tirant  trop  de  sang, 
on  appliquera  sur  les  veines  qui  auront  ete  pi- 
quees  de  son  crottin ,  que  Ton  y  assujetth-a  en 
1'enveloppant  avec  des  bandes.  Le  lendemain  on 
lui  tirera  du  sang  des  memes  veines ,  et  on  le  pan- 
sera  de  meme;  mais  on  lui  retranchera  Torge 
pour  ne  lui  donner  qu'un  peu  de  foin.  Depuis  le 
troisieme  jour  jusqu'au  sixieme,  on  lui  versera 
dans  la  gorge  avec  la  corne  la  valeur  de  trois 
ryathi  de  jus  de  poireau,  meles  avec  une  hemina 
d'huile.  Passe  le  sixieme  jour,  on  le  fera  marcher 
lentement,  et  au  retour  de  la  proraenade  on  le 
fera  nager  dans  l'abreuvoir;  apres  quoi  on  le 
fortifiera  peu  a  peu  par  une  nourriture  plus  suc- 
culente ,  jusqu'a  ce  qu'il  soit  en  etat  de  rempiir 


sa  tSche  ordinaire.  Lorsque  la  bile  vient  incom- 
moder  cet  aniraal ,  son  ventte  se  gonfle ,  et  il  ne 
peut  plus  rendre  ses  vents.  On  lui  fourre  alors  la 
maln  dans  le  ventre  apres  Tavoir  graissee, 
pour  ouvrir  les  conduits  naturels  qui  sont  obs- 
tru^s,  et  en  retirer  le  crottin  ;  ensuite  de  quoi 
on  broie  de  Torigan  et  de  Fherbe  aux  poux  avec 
du  sel,  et,  apres  avoir  fait  bouillir  cette  composi- 
tion  avec  du  miel,  on  en  fait  des  suppositoires , 
qu'on  lui  introduit  dans  le  ventre  pour  rexeiter  a 
se  vider  et  pour  faire  couler  sa  bi!e.  II  y  a  quel- 
ques  personnes  qui  lui  versent  dans  la  gorge  un 
quadrans  de  myrrhe  broyee  dans  une  hemina 
de  vin ,  et  qui  lui  frottent  Tanus  avec  de  la  poix 
fondue.  II  y  eu  a  d'autres  qui  lui  lavent  le  ventre 
avec  de  Teau  de  mer,  et  d'autres  avec  de  la  sau- 
mure  frafche.  II  arrive  encore  souvent  que  des 
vers  semblables  a  ceux  de  terre  s'attachent  aux 
intestins  de  ces  animaux  :  on  s'apercoit  de  cette 
maladielorsque  ladouleurlesfaitcoucher  souvent 
a  terre,  quils  portent  la  tete  a  leur  ventre,  et 
qu'ils  rerauent  souvent  la  queue.  Le  reraede  le 
plus  efficace  est  de  leur  fourrer  la  main  dans  le 
ventre  pour  en  retirer  le  crottin,  comme  il  a  ete 
dit  ci-dessus;  ensnile  de  le  leur  laver  avec  de 
Teau  de  mer  ou  de  la  saumure  forte ;  enfin  de 
leur  verser  dans  la  gorge  un  sextarius  de  vin, 
dans  lequel  on  aura  broye  dc  la  racine  de  c^prier. 
Cest  le  moyen  de  faire  perir  ces  vers. 

XXXI.  II  faut  raettre  beaucoup  de  liticre  sous 
les  chevaux  toutes  les  fois  qu'ils  sont  raalades, 
alin  qu'ils  soient  plus  mollement  couches.  On 
guerit  proraptement  la  toux  de  ces  animaux  dans 
son  principe,  en  pilant  dans  un  mortier  des  len- 
tilles  ecossees,  dont  on  fait  infuser  un  sextarivs, 
lorsqu'elles  sont  reduites  a  une  farine  tres-flne, 
dans  pareille  mesure  d'eau  chaude,  et  en  leur  ver- 
saut  cette  potion  dans  la  gorge.  On  continue  ce 


niissa.  Tum  rescinilitiir  vena,  quse  sub  oculo  est,  et  os 
calda  fovetur,  ciboque  abslinetur  |)rinio  die.  In  iioslero 
autem  potio  jejuuo  tepidae  aqua"  pra>betur  ac  viride  gramen, 
tum  vetus  feenum  vel  molle  stramentum  substernitur,  cre- 
pusculoque  aqua  iterunl  datur,  parumque  ordei  cum 
vicialibus ,  ut  per  exiguas  potiones  cibi  ad  justa  perduca- 
tur.  Si  equo  maxilla;  dolent,  calido  aceto  lovendae,  et 
a\ungia  vetere  confricandai  sunt ,  eademque  medicina 
lumentibus  adliibenda  est.  Si  arr.ios  lacserit ,  aut  sangui- 
nem  demiserit,  medio  ferein  utroque  crura  vena;  solvan- 
tur,  ct  tliuris  polline  cum  eo  quiprolluit,  sanguine  im- 
iiiislo ,  armi  linanlur,  et  ne  plus  justo  exinaniatur,  stercus 
ipsius  jumenti  fluentibus  venisadmotum  fasciis  obligetur. 
Postero  quoque  die  ex  iisdem  locis  sanguis  detraliatur, 
eodemque  modo  curetur,  ordeoque  abslineatur  exiguo 
fttMio  dato.  Post  triduum  deinde  usque  in  diem  sextum 
porri  succus  instar  trium  cyathorum  -mistus  cum  olei 
liemina  faucibus  per  cornu  infundatur.  Posl  sextum  diem 
lente  ingredi  cogalur,  et  cum  ambulaverit,  in  piscinara 
<leniilti  eum  conveniet,  ita  ut  natet  :  sic  paulalim  (irmio- 
ribus  cibisadjutus  adjusta  perducelur.  At  si  bilis  niole^ta 


est  jumento ,  venter  intumescit ,  nec  emittit  ventos.  Ma- 
nus  uncta  iDSeritur  alvo,  et  obsessi  naturales  exitus  ada- 
periuntur,  exemptoque  stercore  postea  cunila  bubula  et 
lierba  pedicularis  cum  sale  trita  et  decocta  melli  niiscen- 
tur,  atque  ita  facta  collyria  subjiduntur,  qua;  ventrem 
inovent ,  bilenique  omnem  deducunt.  Quidam  myrrhaf 
trita;  quadranf«m  cum  hemina  vini  faucibus  infundunt, 
et  anum  liquida  pice  oblinunt.  Alii  marina  aqua  lavant 
alvum ,  alii  recenti  iiiuria.  Solent  etiam  vermes  quasl 
lumbrici  nocere  inlestinis ;  quoriim  sigiia  sunt,  si  jumenta 
cum  dolore  crebro  volutantur,  si  admovent  caput  utero, 
si  caudam  saepius  jactant.  Prassens  medicina  est ,  ila  ut 
supra  scriptum  est ,  inserere  maiium ,  et  fimum  eximere; 
deinde  alvum  marina  aqua  vel  muria  dura  lavare  ,  postea 
radicem  capparis  trilam  cum  sestarlo  ac«ti  faucibus  infun- 
deie;  nam  hoc  modo  prsedicla  intereunl  animalia. 

XXXI.  Omni  autem  imbecillo  pccori  alte  subslernen- 
duin  est,  quo  moUius  cubet.  Recens  tussis  celeriter  sana- 
tiir,  pinsita  lente  et  a  valvulis  separata  minutcque  molita. 
Qua;  cum  ita  facta  sunt,  sextarius  aquaecjUida;  iu  eandem 
mcnsuram  lcntis  miscetur,  et  faucibiis  infunditur;  similis- 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  VL 


SS3 


traitement  pendant  trois  jours,  en  les  ragoutant  .'i  ■ 
titre  de  malaiies,  avee  des  herbes  \ertes  et  des 
cimes  d'arbres.  On  ne  peut  au  contraire  dissiper 
laie  toux  inveteree  qu'en  leur  versant  dans  la 
gorge  trois  cnathi  de  jus  de  poireau  avec  \mehr- 
mina  d"huile,  et  en  leur  donnant  la  nourriture 
que  nous  venons  de  prescrire.  On  frotte  les  dar- 
trcs  et  toutes  les  parties  aflectees  de  gale  avec 
du  vinaigre  et  de  falun.  Quelquefois,  lorsque 
ces  rnaladies  sont  opinidtres ,  on  les  frotte  avec 
du  nitre  et  de  Talun  de  plume  meles  ensemble  a 
dose  egale  dans  du  vinaigre.  On  gratte  les  bou- 
tons  jusqu'au  sang  avec  une  etrille  au  soleil  le 
plusardent;  apres  quoi  on  mele  par  portions  ega- 
les  des  racines  de  chiendent,  du  soufre  et  de  la 
poix  fondue  avec  de  Calun,  et  on  les  panse  avec 
ce  medicament. 

XXXIL  On  lave  les  cntretaillures  deux  fois 
par  jour  avec  de  Teau  ehaude;  ensuite  on  les 
frottc  de  sel  egrugc  et  bouilli  avee  de  la  graisse, 
jusqu'a  ce  que  le  sang  corronipu  en  sorte  avec 
abondance.  La  gale  est  une  maladie  mortelle  a 
ce  quadrupede,  si  on  n'a  pas  ie  soin  d'y  reme- 
dier  promptement :  lorsqu'elle  n'est  pas  encore 
forte  ,  on  la  frotte  a  Tardeur  du  soleil ,  soit  avec 
de  la  gomme  de  cedre  ou  de  rhuile  de  lentisque, 
soit  avec  de  la  graine  d'orlies  et  de  Thuile  bat- 
tues  ensemble,  soit  avee  de  Ihuile  de  baleine, 
ou  avec  cctte  liqueur  que  dcpose  le  thou  saie 
dans  les  plats ;  quoique  la  graisse  de  veau  marin 
soit  le  remede  le  plus  souverain  eontre  cette  raa- 
ladie.  Mais  lorsqu'elle  est  deja  inveteree,  il  faut 
avoir  recours a  des  remedes  plus  energiques ;  c'est 
pourquoi  on  fait  alors  cuire  dans  de  Teau  du  bi- 
tume,  du  soufre  ct  de  reliebore  blanc ,  le  tout  en 
dose  egale,  avec  de  la  poix  fondue  et  du  vieux 


oing,  et  on  se  sert  de  cette  composition  pour  la 
panser,  apres  Tavoir  grattee  prealablement  avcc 
un  fer  et  Tavoir  lavce  avec  de  rurine.  On  est  en- 
core  parvenu  souvent  a  la  gucrir,  en  la  coupant 
jusqu'au  vif  avee  un  bistouri,  et  en  pnnsant  les 
plaies  qui  suceedaient  a  eette  operafion  avec  de 
la  poix  fonduc  et  de  rhuile.  En  effet ,  ce  remede 
nettoie  ces  plaies  et  fait  reprendre  les  chairs ; 
lorsqu'elles  sont  reprises,  il  est  tres-bon  de  sau- 
poudrcrruleere  avec  de  la  suie  prise  aucul  d'uiie 
chaudicre,  afin  qu'il  se  cicatrise  plus  tot  et  que  le 
poil  y  renaisse. 

XXXIII.  L'on  ecartera  aussi  les  mouches  qui 
s'attachent  aux  plaies,  en  versant  dessus  de  la 
poix  melce  avec  de  rhuile  ou  de  la  graisse.  On 
fait  disparaitre  les  taies  des  yeux ,  soit  en  les 
frottantavec  delasalived'unhomme  ajeunetdu 
sel,  oubien  avec  un  os  de  seehe  broye  avec  dusel 
gemme,  soit  en  exprimant  sur  roeil,  a  travers  un 
linge,  de  la  graine  de  carotte  sauvage  moulue.  En 
general  on  soulage  promptement  toutes  les  dou- 
leurs  des  yeux  en  y  appliquant  une  composition 
de  jusde  plantaiu  et  de  miel  dont  la  fumee  n'ait 
point  approche,  ou  tout  au  moins  de  mlel  de 
thym,  adefaut  d'autres.  II  est  encore  arrive  sou- 
vent  que  le  saignement  denez  a  rais  ees  animaux 
en  danger ;  mais  on  TarrMe  en  leur  versant  dans 
les  narines  du  jusde  coriandre  verte. 

XXXIV.  Quelquefois  cet  animal  languit,  faute 
d'appetit.  On  y  remedie  avec  respece  de  graine 
connuesous  le  nomde  (jit  (nielle),que  Ton  broio 
pour  en  faire  infuser  deux  cijathi  dans  trois 
d'huile  et  un  sexlarius  de  vin ,  et  les  lui  verser 
dans  la  gorge.  On  dissipe  aussi  Tenvie  de  vomir, 
en  lui  faisant  boire  souvent  une  heniina  de  vin, 

I  dans  laquelle  on  aura  broye  une  tete  d'ail.  II 


iiuc  mcdicina  tridiio  adliibetnr,  ac  viridibus  herbis  cacu- 
niiiiibusque  aibnnini  letieatur  a^siotum  pecus.  Vctiis 
aulem  lussisdiscutilnr  |iorii  siicco  Iriiim  cyalliorum  cuin 
olei  liemiua  faucibus  inliiMi,  iiadcnniue,  ut  supia  monui- 
mus,  cibis  praebilis.  Impelisines,  el  quicquid  scabies 
occupal ,  acelo  el  aluniine  defiicantur.  Nonnunquam ,  si 
( hajc )  permaneut ,  paribus  ponderibus  permislis  nitro  et 
scisso  alumine,  cum  aceto  linunlur.  Papulae  ferventissimo 
sole  usque  eo  sti igile  laduntur,  quoad  eliciatur  sanguis. 
Tura  ex  aequo  niiscentiir  radices  agieslis  hederze,  sullUr- 
que  et  pix  liquida  cum  alumine ,  [et]  eo  mcdicamine  prae- 
dicta  vitia  curantur. 

XXXll.  Interlrigo  bis  in  die  subluitur  aqua  calida.  Mox 
decoclo  ac  Irilo  salc  ciim  adipe  dofricalur,  diim  sanguis 
emaiiet.  Scabics  moitifera  liuir (piadi npedi  est ,  nisi  cele- 
riter  succnrritur  :  qua;  si  levis  esl,  inter  initia  candenti 
sub  sole  vol  cediia  vel  oleo  lcnlisci  linitiir,  Vel  urlici« 
semine  etoleo  delritis,  vel  unguincccli,  qiiod  in  lancibus 
salitus  thynniis  remiUit.  Pra-cipiie  tainen  liuic  noxa;  salu- 
taiis  est  adeps  marini  viluli.  Hed  si  jam  inveteraverit, 
veliemcntioi ibus  opus csl  lemcdiis.  Piopter  quod Mlunien, 
ct  sulfur,  et  veraliuin  pici  lii|uid.X',  axungiicque  vcleri 
coinmisla  paii  pondure  iiicoi|iiiiiilin,  atque  ea  coinpiisi- 


tione  curanlur,  ila  ut  prius  scabies  ferro  erasa  perluatur 
uiina.  Sa'pe  cliam  scalpello  usqiie  ad  viviim  resecare  et 
amputare  scabieni  pidrnit,  atque  ita  factis  ulceribus  mc- 
deri  liquida  pice  atque  oleo,  qua;  expuigant  et  replent 
vulneia  a?que.  Quae  cum  explelasunt,  utcelerius  cicatri- 
cem  et  pilum  ducaut ,  maxime  proderit  fuligo  ex  alieno 
utceri  iufricata. 

XXXIII.  Muscasquoque  vulnera  infeslantes  summove- 
bimus  pice  et  oleo  vel  unguinc  niislis  ct  infusis.  C«tera 
ervi  farina  lecle  curaiiliir.  Cicatrices  oculorum  jejuna 
saliva  et  sale  defricalai  extenuantur :  vel  cum  fossili  sale 
trita  sepia;  testa,  vel  seniine  agrestis  pastinacae  pinsito  , 
ct  per  linteum  super  ociilos  expresso.  Omnisque  dolor 
ociilorum  inunctione  succi  plantaginis  cum  melle  acapno, 
vel  .si  id  non  est,  utique  tliymino  celeriler  levatur.  Non- 
niinqiiam  eliam  per  nares  prolliivium  sanguinis  periciiliiin 
alliilit,  idque  repiessum  est  infuso  naribus  viridis  corian- 
dri  succo. 

X.\XI V.  Inlcrdum  et  fastidio  ciborum  languescit  pecus. 
Kjus  remedium  est  geniis  seminis  quod  git  appcllaliir, 
cujiis  diiocyathi  Iriti  diluuntur  olei  cyathis  tribiis  ct\ini 
scxlario  ,  atque  ila  faucibus  infunduntur.  Et  nausea  dis- 
ciililiir  f liam,  si  capiit  allii  Iritiim  cum  vini  bemina  «cpius 


334 


COLUMELI.K. 


vaiit  niiciix  pereer  les  apostumes  avcc  une  laiiie 
de  fer  rouge  qu'avec  uii  instrument  de  fer  fVoid  : 
au  reste,  lorsqu'on  en  a  fait  sortir  lc  pus,  on 
les  pnnse  avec  de  la  charpie.  H  y  a  cncore  iine 
maladie  pestilentielle,  dont  refietest  de  raaigrir 
tout  a  coup  les  cavales  en  peu  de  jours,  et  de  lcs 
coinluire  sous  terre  :  lorsque  cela  arrive,  il  cst 
l)on  (le  leur  verser  dans  les  nQriues  quatre  xr.r- 
tarii  de  gnrvm.  par  tele ,  si  cllcs  sont  de  petite 
laille  :  car  si  elles  sont  de  la  grande  taille,  on 
leur  en  versera  jusqu';i  un  congiiis.  Ce  remfede 
attire  toute  la  pituite  par  les  narines,  et  purgc 
entiiM-ement  ees  animaux. 

XXXV.  Tout  le  monde  connait  encore  la  rage 
des  cavalcs,  quoiquccc  soil  une  maladic  rare  : 
lcl  en  est  rcffet,  que  lorsquelles  se  sont  mirces 
dans  Teau,  elles  sont  saisies  d'une  passion 
vaine  qui  leur  fait  oublier  le  boire  et  le  raanger, 
et  qui  les  faitperir  dans  la  pbthisie  qui  succede  a 
cette  passion.  On  s'apereoit  de  cette  folie  lors- 
«[u'clies  courcnt  ca  et  la  au  milieu  des  paturnges, 
comme  si  quelqu'un  les  excitait,  et  qu'cllcs  jet- 
tent  les  ycux  de  temps  en  temps  de  tous  ciMes , 
comme  si  elles  chercbaient  et  desiraient  quclquc 
cbosc.  On  dissipe  cette  erreur  de  leur  iraagina- 
tion  en  les  menant  a  l'cau  :  en  cffet,  des  qu'elles 
y  ont  remarque  leur  difformitc,  elles  perdent  lc 
souvcnir  de  raneicnne  image  qui  les  avait  frap- 
pces.  Ce  que  nous  avons  dit  suffit  a  Tegard  dcs 
cavalcs  en  general.  Voici  des  preceptes  particu- 
liers  pour  ceux  qui  vcuIents'adonner  a  avoirdcs 
troupeaux  de  mules. 

XXXVI.  Quiconque  veut  clever  des  mules 
doit  pnr-dessus  tout  avoir  a  eocur  d'cxaminer  et 
de  cboisir  avec  soin  la  femellc  et  lc  miile  dont 
il  veut  avoir  de  la  race ,  paree  quc  si  Tun  ou  rau- 
trc  cst  dcfcctueux  ,  retre  auquel  ils  doiineront 
rexistenec  le  sera  aussi.  II  faut  prendre  la  ea- 
vale  dans  les  dix  piemieres  annees  dc  son  Age, 

polaiuUiiii  pisbeas.  Suiipiiiatio  melius  ignea  lamina, 
i|)iain  IVisido  rcrramonlo  rosoialur,  el  expressa  poslea 
linanuMitiseuratur.  r.sleliani  illa  pestileialalies,  nt  inlia 
pancos  ilies  equa.'  subita  luaeie  et  ileinile  inoile  eorripian- 
lur  :  quotl  cuni  acciiiit,  qualeinos  se\larios  j;aii  singulis 
per  iiai-es iiirundeie  utileesl,  si  iiiinni  i^  luiiiue  snnt  :  iiain 
si  niajoiis,  etiam  consios.  lla  les  (niiaein  pituitani  per 
nares  elieit,  et  pecudeni  expuigat. 

XXXV.  llaia  quiileai,  sed  et  liajc  cst  cquarum  iiola 
rabies,  ut  cum  in  aqua  imaginem  suain  viderint,  ainoie 
inani  capianlur,  ct  per  liuuc  oblita;  pabuli,  tabe  cupidinis 
intereaiil.  Kjus  vesania;  sisrua  sunl,  cuin  per  pascua  veluti 
extimulatae  concursant ,  snbindc  ul  circnmspicientes  re- 
quirere  ac  desideraic  aliquid  videanlur.  Meiitis  cnor 
discutitur,  si  deducas  ad  aquam.  Tum  demum  speciilala' 
deronnilatein  siiam ,  prislina^  imaginis abolent menioiiam. 
Ilae  ile  iiiiiverMi  eqiiaruni  seucre  salis  dicl;i  suut.  Illa 
pniprle  |ii;ei  ipienila  t.iiiit  iis,  quibusmularum  gregcs  cura.' 
esl  subiniltcre. 

XXXVI.  In  cducando  gcncre  nuilanim  aiitiquissimuin 


attcndu  que  c'est  le  temps  pendant  lequel  elle  se 
maintient  dans  une  forme  tres-ample  et  tres- 
belle ;  il  faut  eneore  qu'elle  ait  les  membres  forts, 
ct  qu'elle  soit  en  etat  de  supporter  le  travail,  afin 
qu'elle  puis.se  s'accommodcr  aisement  du  genre 
ctranger  qn'on  doit,  pour  ainsi  dire,  enter  en 
elle,  et  s'babituer  a  porter  un  petit  dont  respece 
ne  s'accorde  pas  avec  la  uature  de  son  ventre, 
pour  lui  transmettre  non-seulement  les  dons  de 
son  corps,  mais  cneore  lesqualitesde  son  esprit. 
Car  non-seulement  la  scmence  qu'elle  reeoit  alors 
dans  sa  matrice  a  dc  la  peine  asanimer,  raais  il 
lui  faut  meme  du  temps  pour  la  faire  parvenir  au 
degr6  de  perfection  necessaire  apres  la  concep- 
tion  pour  etre  mise  au  jour,  puisqu'a  peine  les 
produits  qui  en  resultent  viennent-ils  au  monde 
au  bout  d'un  an  ,  et  dans  le  treizieme  mois  a  da- 
ter  de  raccouplement ;  eneore  tiennent-ils  tou- 
jours  plus  de  la  IScbcte  de  leur  pere  que  de  la 
vigucurde  lcur  mere.  Neanmoins,  si  Ton  a  de 
la  peine  a  trouver  des  eavales  qui  soient  propres 
a cet usage,  on  en  a  eneoie  plus  a  cboisir  le  mAle, 
parcequ'il  arrivesouveutque  rexperiencetrompe 
sur  lejugementquonenavait  porte. En effet, bien 
des  mflles  superbesen  apparence  donnent  dcs  races 
tres-meprisables,  soit  du  cote  de  lafigurc,  soit  du 
cAte  du  sexe ,  et  ne  font  aucun  proCit  au  ehef  de 
famillc  ,  ou  paree  qu'ils  donnent  des  femelles  de 
pctite  corpulence,  ou  parce  qu'en  Ics  donnaut 
de  belle  corpulence ,  ils  cn  donnent  moins  qiie 
de  mrilcs;  au  licu  que  d'aulres,  meprisables  en 
apparence,  sont  souvent  une  source  abondante 
de  semences  tres  prccieuses.  II  s'en  trouve  quel- 
qucfois  qui  transmettent  a  la  verite  lcur  noblesse 
a  leurs  enfants,  mais  qui ,  se  trouvant  emousses 
par  le  plaisir,  sont  tres-difficilement  excitcs  a 
Tamour.  Les  maitres  de  haras  doivent  faire  ap- 
procbcr  de  pareils  mSIes  aupres  de  femelles  qui 
soient  d'un  caractere  semblable ,  parce  que  la 

ost  diligcntcr  cxquirsre  alque  explorare  parenlcm  futin.T 
piiilis  ruuninam  et  marem  :  quoium  si  altcr  alteii  non  cst 
idoncns,  labat  etiam  quod  ex  duobiis  lingilur.  Ei|uani 
convcnil  quadrimam  usque  in  annos  decem  amplissim.ie 
alipic  pulclierrimai  formae  ,  membris  fortilnis,  palienlis- 
siiuam  lalioris  eligere,  ut  discoi-danlem  utcro  suo  generis 
alieni  stiipeni  insitam  lacile  lecipiat  ac  perfcrat,  ct  ad 
(iclum  non  solum  corpoi is  liona,  sed  ct  iiii;eniuin  coiiferat. 
Nam  cum  difliculler  injeita  geiiitalibiis  loeis  animentnr 
semina,  tum  eUam  concepla  iliiilins  in  partuin  adolcs- 
cunt,  atque  (peracto  anno)  mense  lertiodecimo  vix  cduii. 
tur,  iialisqucintia;retplussoi<irili,e  paleina',  quamvigo- 
ris  malerni.  Veruntamen  (ut)  eipi.c  dielos  in  iisus  niinore 
cura  rcperiuntur,  (ita)  major  est  laboi  elit;enili  inaris  ; 
quoniani  saipe  jndicium  probanlis  rnislr;iliir  ivpeiiinen- 
tum.  Multi  admissaiii  specie  lcnus  luirabiles  pe.ssiniam 
sobolem  forma  vel  sexu  piogenerant.  INani  sive  parvi  cor- 
poris  fieminas  rmguut,  sive  eliam  speciosi  plures  maies , 
(inam  foeminte  reditiini  patrisfamilia;  minuunt.  At  quidani 
contemti  ab  aspeclu  pretiosissimorum  scminnm  fcraccs 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  VL 


natnre  a  mis  plusdMntimile  cntre  les  chosesqui 
se  ressemblcnt  ([u  entre  celles  qui  sont  dissem- 
blables.  Ainsi  on  obtient  par  ce  manege  qu'un 
m;ile,  apres  avoir  ete  gas;ne  par  lcs  caresses  de 
la  femelle  qu"on  kii  ad'abord  prescntee,  etqu'on 
lui  a  menie  fait  saillir,  est  comme  enllamine  ct 
aveugle  par  la  passion  qu"elle  a  fait  naitre  en 
lui,  et  qu'il  se  jctte  a  corps  perdu  sur  celle  dout 
il  ctait  auparavant  de^oiitc ,  lorsqu'on  vient  a 
lui  oter  eelte  prcmicre  avcc  laqucllc  il  se  plaisait. 
XXXVII.  II  y  a  encore  uiie  cspece  de  male 
tout  diffcrent  de  celui-la,  puisqu'il  est  furicux 
dans  sa  passion  et  qu'il  cause  du  ravage  dans  le 
troupeau,  si  on  n'use  pasd'adresse  pour  lc  con- 
tenir.  En  effet,  il  brise  souvcnt  scs  licns  ct  tour- 
mente  les  cavalcs  qui  sont  plcincs,  ou  mord  au 
chignon  ct  au  dos  cellcs  qu'on  lui  fait  couvrir. 
Pour  Ten  cnipcchcr,  on  rattache  a  la  meule, 
parcc  que ,  pour  pcu  qu'il  Tait  tournce,  le 
travail  modere  la  brutalitL'  de  sa  passion,  et  on 
ne  lui  permct  dc  la  satisfaire  quc  lorsqu'il  est 
plus  modt-rc.  II  est  mcme  bon  de  ne  pas  faire 
saillir  sans  cette  prccaution  ceux  dont  1«  pas- 
sions  sont  plusdouces,  parecqu'il  est  tres-im- 
portant  que  lc  tempcrament  de  ce  bctail, 
lorsqu'il  cst  naturcllcincut  assoupi,  soit  secouc 
ct  reveille  par  un  excrcice  modere,  ct  que  le 
niAle  ne  couvre  les  fcmcllcs  que  lorsqu'il  scra 
devenu  plus  vif,  afin  quc  par  uneccrtainc  vertu 
occulte  qui  se  comraunique  a  la  semcnce  mcmc, 
clle  se  tiouve  formce  de  principcs  plus  actifs. 
Au  surplus,  unc  inulc  pcut  ctre  engendree  non- 
sculcmcnt  par  une  cavale  ct  par  nn  flne,  mais 
encorc  par  une  iiucsse  ct  un  clicval,  de  mcme 
que  par  un  &ne  sauvagc  ct  une  cavale.  Qudques 
auteurs  mcme  qu'on  ne  doit  pas  passer  sous  si- 
lence,  tels  que  .^larcus  Varroii,  et  avant  lui  Dio- 
uv  sius  et  Magon  ,  ont  assurc  que  la  portce  des 


mules  passaitsi  peu  pour  une  chose  prodigieusa 
dans  les  contrees  derAfriqiie,  que  lcs  habitants 
etaient  habitucsa  lcs  voir  metlrc  bas  autaut  que 
nous  pouvons  Tctrc  a  voir  poMliiicr  les  cavales. 
II  faut  cependant  convciiii-  ([u'il  n'y  a  rien  ,  tant 
du  C(')t(':  (lu  caracterc  que  du  ctM  de  la  iigure, 
dc  supcrieur  a  ce  quc  produit  un  ^iie ,  quoiqu'oii 
puisse  lui  comparer  a  eertaius  t-gards  la  creaturc 
qu'engcndre  un  iiue  sauvage,  si  ce  n'cst  que 
cette  crcature  est  indomptable  ct  rcbclle  a  Tes- 
clavagc,  suivant  l'habitude  dcs  animaux  sauva- 
gcs,  et  qu'ellc  a  la  corpulence  dt-charncc  de  soii; 
pcre.  Aussi  un  ane  de  cette  espcceest-il  plusulilc 
pour  donner  des  petits-lils  que  pour  doniicr  drs 
cnfiints.  En  cffet,  si  Ton  donue  a  une  cavale  1  ■ 
fils  d'une  iinesse  et  d'un  flue  sauvage ,  commc  !,• 
naturcl  sauvage  se  trouvera  alors  rompu  pou'.- 
avoir  pass6par  differeuts  dc^tes  ,  le  produit  ih' 
cet  accouplement  sera  pourvu  de  la  figurc  ct  d,' 
la  modfirationde  son  pere,en  meme  tempsqu'il  le 
serade  la  force  ct  de  l'agilit(!  de  son  grand-pc^re. 
Les  mulets  engeudres  par  un  cheval  et  unc 
anesse  rcsscmblent  pius  univcr.sellemeut  a  leur 
inere,bienqueIenomde/(/«?H<s(de/»'ft«(7(/,v,  hen- 
nisscment)  qu'on  leur  a  donnc  semblc  fairc  croirc 
le  contraire.  (''cst  pourquoi  il  cst  trcs-avanta- 
geux  dc  ne  destiuer  a  donncr  dcs  mulcs  quc 
des  anes  dont  rcxpi^ricucc  aura  fait  connaitrc 
respece  pour  etre  tres-bellc,  ainsi  que  je  Tai 
dt^ja  dit.  Ccpcndant  on  ne  doit  pas  en  choisir 
qui  n'aient  d(\ja  a  la  prcmicre  vuc ,  le  corpstres- 
ample,  lc  cou  fort,  lcs  cijtcs  robustes  et  larges, 
la  poitrine  bicn  fournie  dc  musclcs  et  etenduc, 
lcs  cuisses  ncrveuses,  les  jainbes  epaisscs,  ct 
le  poil  noir  ou  mouchet(''  :  car  dc  nu-me  que  la 
couleur  de  souris  n'est  pas  une  couleur  (listin- 
gui^cdans  un  iine,  elle  iie  reussit  pas  nou  plus 
parfaitement  daus  une  mule.  Au  restc,  il  nc  faut 


sunt.  Nonminqtiani  alitiuisgcnerositateni  suam  naliscvlii- 
bct,  scd  liel)es  in  voluptalc,  raiissinie  solicilatur  ail  venc- 
reni.  Ilujnsce  scnsuni  inagistii  laccssunt  adniota  t;ciicris 
ejusdem  IVeniina ,  quonlain  siinilia  siinilibus  rainiliariora 
fccit  nalura.  Uaque  olijectae  asiiuo  cum  supeijectii  eblan- 
diti  suDt,  vclut  incensuin  et  obccccatnm  cupidine,  sub- 
tracta  quain  petierat ,  fastidita;  imponunt  cqux. 

XXXVII.  Est  ct  alterum  geniis  adniissarii  furentis  in 
libidincm,  quod  iiisi  astu  inliibcatiir,  artcrt  grcgi  pernicieni. 
Kam  et  siepe  vinciilis  abruptis  gravidas  inquietat,  ct  cuni 
admittitur,  cervicibus  dorsisqiie  fu^ininaruin  iinprimit 
morsus.  Quod  iie  faciat,  paulis|ier  ad  niulain  vinctus 
amoris  su.'vitiam  labore  temperat,  et  sic  vcncri  modcstior 
adiiiittitur.  Kec  tamen  alitcr  adniitlcndtis  cst  cliani  clc- 
inentioris  libidinis,  quuiiiani  niulluin  lefeit  natuialiter 
sopitum  pecudis  iiigenium  inodica  cMicilalioue  conciili 
atque  excilaii,  \egctiorcinqiie  facliim  marem  fnMniiia! 
injungi,  ut  tnilta  i|iiadaiii  \i  seniina  ipsa  principiis  agllio- 
ribus  ligurciiliir.  iMiila  aiiti^in  nun  suluin  e\  cqua  ct  asiiiu, 
sed  cx  asliia  ct  cipio,  itcinqne  oiiagro  el  equa  genciatur. 
Quidaiu  veronon  dissiniulaiidi  auttores,  ntMartus  Vario, 


ct  ante  eimi  Dlonysius  ac  Mago  prodiderunt,  mulanini 
ra>tiis  regionlbtis  Africa-  adeo  non  piodlglosos  lialicii,  iil 
tain  famlliarcs  sliit  incolis  partus  canim  ,  quain  sunt  iio- 
bis  cquarum.  Neqnc  tanien  ulliini  cst  In  lioc  pecore  aut 
animoaut  forina  priestantius ,  quani  quud  seminavit  asi- 
I1U3.  Posset  liuic  aliqualenus  coniparari ,  qiiod  progenerat 
onager,  nisl  cl  indomitum,  ct  servitio  conlumax  siivestrls 
iiiorc,  slrigosum  patris  pra-ferrel  liabitum.  Itaque  ejus- 
inodi  admissai  ius  nepotibus  [inagi.s]  quara  (iliis  uliiior  cst. 
Nam  ubi  asliia  ct  onagro  natiis  adinittilur  cquae,  per  gra- 
dus  iiifiacla  feritate  quicqiiid  cx  co  provenit,  patcrnanr 
formam  ct  modestlam,  forlltudinem  a,'leritatem(iue  avitain 
lefert.  Qui  ex  equo  et  asinacoiiccptigenerantur,  quamvls 
a  palre  nomen  traxeTinl ,  (|uiid  liiniii  vocanlin,  matri  pcr 
oinnia  iiia^is  siinili^  miiiI,  Il,ii|iir  iinnmodissinium  est 
asiiiuni  ilr^hiMir  jiiiil.iiiiui  u' iini  Mihiiiaudo,  cujus,  ut 
dlxi,  spri  ii-s  r\|Miiiihiil"  I -I  |ii.iiH,inr.  Verunlamcn  ab 
aspcctii  non  aliler  proiiaii  ililn'! ,  qii:iiii  iit  sil  aiiipllsslnit 
corporls,  cervice  vailda,  i(.liii>ll>  ac  l.ilis  ni^lis,  pfitoie 
mustuloso  et  vaslo  ,  fcniiiiiljiis  latfrlo,sis,  triirllins  tiim- 
pactls,  colorisnigii  vel  maculosl.  Nain  niuiiiiiis  ciini  sit 


35« 


COLUMELLE. 


pas  nous  laisser  tromper  par  Tensemble  de  la 
ligure  de  ce  quadrupede ,  quoique  nous  la  trou- 
vlons  lelle  que  nous  venons  de  la  deraander. 
Car  comme  les  taclies  qui  sont  sur  la  langue  ou 
dans  le  palais  des  beliers  se  fbnt  communemeut 
remarquer  sur  la  toison  des  agneaux  qu'ils  pro- 
duisent,  ilarrive  de  meme  que  lorsqu'un  ^ne  a 
des  poils  aux  paupieres  ou  aux  oreilles  qui  sont 
d'une  couleur  differente  de  celie  des  autres 
poils  de  son  corps ,  souvent  il  donne  une  race 
d'une  couleur  qui  differe  de  la  sienne ,  et  qu'il 
trompesonraaitre,  quelque  attention  quecelui-ci 
ait  apportee  dans  rexaraen  de  sa  couleur;  puis- 
que  quelquefois  meme,  sans  avoir  les  signes 
particuliers  que  je  viens  d'assigner,  il  lui  arrive 
de  donner  des  mules  qui  ne  iui  ressemblent  pas. 
Pour  expliquer  ce  phenom6ne ,  il  faut  admettre 
que  la  couleur  du  grand-pere  revient  a  ses  pe- 
tits-fds  par  le  raelange  de  la  seraence  du  pere. 
Ainsi  des  qu'un  ^non,  tel  que  je  Tai  depeint, 
vient  de  naitre ,  il  faut  Tenlever  a  sa  mere ,  et 
le  niettre  sous  Une cavale  sans  quelle  s'en  aper- 
coive.  Or  il  sera  tres-aise  de  la  troraper  dans 
les  tenebres ,  parce  que ,  pour  peu  qu'on  lui  ait 
retire  son  poulain  dans  Tobscurite,  elle  nourrira 
cet  dnou  de  meme  que  si  elle  lui  avait  donne  le 
jour,  et  que,  des  qu'eile  se  sera  habituee  a  lui 
pendant  1'espacede  dixjours,  elle  lui  presenlera 
toujours  par  la  suite  ses  mamelles.  toutes  les 
fois  qu'il  les  cherchera.  Un  ane  ainsi  nourri  s'ac- 
coutumera  a  airaer  les  cavales.  Quelquefois 
meme,  quoiqu'il  ait  ete  eleve  par  sa  propre 
mere,  ii  pourra  desirer  leur  Commcrce,  s'il  a 
vecu  familierement  avec  nlles  des  son  enfance. 
Mais  on  ne  le  laissefa  pas  saillir  avant  riige  de 
troisans;  et  lorsqu'on  lui  permettra  de  le  faire, 
il  conviendra  que  ce  soit  au  printemps,  d'autant 
qu'il  faudra  le  fortifier  avec  du  fourrage  vert 


coupe par morceaux  et  de  l'orge  en  abondance , et 
meme  quelquefois  lui  donner  des  pStes  medici- 
nales.  Ou  ne  le  donnera  pas  cependant  a  une 
jeune  femelle  qui  n'ait  point  encore  eu  affaire  au 
mSle ,  parce  qu'elle  le  repousserait  a  cuups  de 
pieds  lorsqu'il  s'approcherait  pour  la  saillir,  et 
que  Toffense  qu'il  en  aurait  reeue  lui  ferait  con- 
cevoir  de  Taversion  meme  pour  quelque  autre 
cavale  que  ce  fiU.  Pour  que  cela  n'arrive  pas, 
on  approche  de  la  cavale  uu  iinon  degenere  et 
comraun  qui  sollicite  sa  complaisance,  mais  au- 
quel  on  ne  permet  pas  de  consommer  Tacte ,  et 
lorsqu'unefoiselleest  disposee  arecevoir  patiem- 
ment  les  preuves  de  sa  passion,  on  chasse  sur-le- 
champ  le  raale  trop  vil  pour  elle,  et  on  la  fait 
saillir  par  un  autre  plus  preeieux.  Oii  a  un  era- 
placement  dispose  a  cet  effet ,  que  les  paysans 
appellent  niachina  :  cet  emplaceraent  est  ferrae 
par  deuxmurs  lateraux  bAtis  le  long  d'unepetite 
eminence,  et  peu  distants  Tun  de  Tautre,  afln 
que  la  femelle  ne  puisse  pas  se  debattre  ou  se 
detourner  du  mdle,  qui  se  met  en  devoir  de  la 
saillir.  U  y  a  deux  issues  a  cet  emplacement, 
une  dechaquec6te;  maiscelle  d'en  basest  mu- 
nie  de  barreaux  auxquels  on  attache  la  cavale, 
en  la  bridant  au  bas  du  talus,  afin  qu'etant 
baissee  en  devant,  elle  rccoive  mieux  la  semence 
de  r^ne  qui  la  couvrira,  et  qu'elle  doune  plus 
d'aisance  a  ce  quadrupede ,  qui  est  plus  petit 
qu'elle,  pour  lui  grimper  sur  le  dos  par  le  cote 
le  plus  eleve.  Lorsque  la  cavale  a  mis  bas  le 
produit  de  T^ne,  on  le  lui  laisse  nourrir  durant 
toute  Tannee  suivante,  qu'ellen'est  pas  pleine  : 
et  cette  methode  Vaut  mieux  que  celle  de  quel- 
ques  personnes,  qui  la  font  remplir  par  un  che- 
val  dans  Tannee  mcme  qu'elle  a  mis  bas.  Lors- 
qu'une  mule  aura  atteint  sa  seconde  annee,  on 
fera  bien  de  la  retirer  d'aupres  de  sa  mere ;  et 


in  asino  vulsaris,  tum  eliani  non  optlme  respondet  in 
mula.  Neque  nos  iiniversa  quadrupedis  species  decipiat , 
si  qualem  probamiis,  conspicimus.  Nam  queniadniodum 
arietum  quie  sunt  in  linguis  et  palatis  maculcB,  pleiuni- 
que  in  velleribus  agnorum  deprelienduntuf  :  ita  si  disco- 
lores  pilos  asinus  in  palpebiis  autauiibus  gerit,  sobolem 
qiioque  frequenter  facit  diversi  coioiis,  qui  et  ipse,  eliam 
sl  diligentissime  in  admissario  exploratus  est,  ssepe  tamen 
domini  spem  decipit.  Nam  interdum  etiam  citra  preedicta 
signa  dissimiles  sui  mulas  fmgit.  Quod  accidere  non  aliler 
reor,  quain  ut  avitus  color  primordiis  seminum  mixtus 
leddatiir  nepotibus.  Igitur  qualeni  desciipsi  asellum,  cum 
cst  a  partu  statim  genitus,  oportel  matri  statim  subtrahi, 
et  ignoranti  equoe  subjici.  EaopUme  tenebris  fallitiir.  Nam 
obsciiro  loco  partu  ejus  amoto ,  pisedictus  quasi  ex  ea  na- 
tus  alitur.  Cui  deinde  cum  decem  diebus  insuevit  cqua , 
semper  postea  desideranti  piaebet  ubera.  Sic  nutritus  ad- 
missariusequasdiligerecondiscit.  Interdum  etiam,  quani- 
vis  materno  lacte  sit  educatus,  potest  a  tenero  conver- 
satus  equis  familiariter  earum  consuetudinem  appetere. 
Sed  non  oportet  minorem  trimo  nec  majorem  decenni 


admitti.  Alque  idipsum  si  concedatur,  vere  fieri  conveniet, 
cum  et  deseclo  viridi  pabiilo,  et  largo  ordeo  firmandus, 
nonnunquam  etiam  salivandus  eiit.  Nec  tamen  tenerae 
fff-minae  committetiir.  Nam  nisi  piius  ea  marem  cognovit, 
adsilientem  admissarium  calcibus  pioturbat,  et  injuria 
depulsum  eliam  caeteris  eqnis  reddit  inimicum.  Id  ne  (iat, 
degener  et  vulgaris  asellus  adtnovetur,  qui  solicitet  obse- 
qiiia  foeminae  :  neque  is  tamen  inire  sinilur.  Scd,  si  jam 
est  equa  veneris  patiens,  confestiin  abacto  viliore,  pretioso 
mari  jungitur.  Locus  esl  ad  hos  usus  extructus  (machi- 
natn  vocant  rustici),  qui  duos  parietes  adverso  clivulo 
inaedilicalos  habet ,  el  angusto  intervallo  sic  inter  se  dis- 
tantes ,  ne  temina  conluctari ,  aut  admissario  ascendenti 
avertere  se  possit.  Adltiis  est  ex  utraque  parte,  sed  ab 
inferiore  clatrls  munitus  :  ad  quae  capistrafa  in  imo  clivo 
constituitur  equa,  ut  et  prona  melius  ineuntis  semina 
recipiat,  et  facilem  sui  tergoris  ascensum  ab  ediliore  parte 
minori  quadrupedi  praibeat.  Qua;ciim  ex  asino  conccptum 
edidit,  partum  sequenti  anno  vacua  nutrit.  Id  enim  utilius 
est,  quam  quod  quidam  faciuut,  utet  foctam  nihilominus 
admisso  eqiio  impleant.  Annicula  mula  recte  a  matre  re- 


DE  L'AGR1CULTUP.E,  LIV.  V!l. 


quan  J  on  Ten  aura  rctiree ,  on  la  mcuera  paitre 
sur  des  montagiics  ou  dans  des  lieux  sauvnges , 
afin  quc  la  eorne  de  ses  pieds  se  durcisse,  ct 
qu'clle  soit  propre  a  fournir  par  la  suite  de  gran- 
des  routes  :  car  ie  mulet  est  plus  propre  a  porler 
le  bilt  que  lamule;  au  lieu  que  celle-ci  est  plus 
agile  que  lui.  Ce  n'est  pas  que  Tun  et  Tautre  ne 
puissent  trc^s-bicn  ctre  emploxcsafaire  des  con- 
duites  sur  les  chemins  et  a  labourer  commode- 
mcnt  la  terre,  a  raoins  que  la  cherte  de  ces  quo- 
drupedes  ne  surctiarge  la  dcpense  du  paysan  , 
ou  que  la  tcrrc  ne  soit  d'un  grain  epais,  qui  con- 
traigne  d'nvoir  recours  a  la  force  des  boeufs. 

XXXVIIL  Quoique  j'aie  deja  moutre  presque 
tous  les  remedes  qui  convienuent  a  ce  bctail  en 
traitant  des  autres  bestiaux ,  je  n'omettrai  ce- 
pendant  point  quelques  maladies  qui  lui  sont 
particuliercs ,  et  dont  je  vais  donuer  les  reme- 
des.  Lorsqu'une  mule  a  la  lievre,  on  lui  donne 
du  chou  cru  ;  lorsqu'elle  estasthmatique  ,  on  lui 
tire  du  sang,  eton  lui  \erse  la  vnleur  d'une  lie- 
mina  de  jus  de  mnrrube  blane,  mclce  avec  un 
seztarius  de  vin  et  une  semuncia  d'huile  d'en- 
cens;  si  elle  ades  eparvins  ,  on  y  applique  de  la 
farine  d'orge  ,  apres  quoi  on  ouvre  rapostume 
avec  le  fer  et  on  la  panse  nvcc  de  la  charpie, 
ou  bieu  on  lui  fait  coulcr  dans  In  narine  gauche 
xtnscxlaiiux  d'excellent  (jarum  avec  une  livre 
d'huile ,  en  ajoulant  a  ce  mcdieament  le  blanc 
de  trois  ou  quntre  oeufs ,  dont  on  a  mis  les  jau- 
nesa  part.  (>n  est  aussi  dans  Tusage  de  lui  ou- 
vrir  les  cuisses,  et  quelqucfois  d'y  appliquer  le 
feu.  Lorsque  le  sang  est  dcsccndu  dans  les  jam- 
bes  de  ccs  animaux ,  on  leur  en  tire  ainsi  qu'aux 
chevaux;  ou  si  lon  a  de  rherbe  que  les  paysans 
appellent  vcratrum  (rellebore  blanc),  on  leur 
en  doune  en  guisc  de  fourrage.  La  grnine  de 


jusqniame  broyce ,  ct  prise  dans  du  vin ,  remedie 
aussi  a  ectte  mnladie.  On  chnsse  lcur  maigreur 
et  leurlangueur  eu  leurdonnnnta  differentesre- 
prises  une  potion  composec  d'une  scinuncia  de 
soufre,  d'un  oeuf  eru  ,  et  d'un  ilcniirius  ^esant 
de  myrrhe.  On  mele  ces  trois  drogucs  dans  du 
vin ,  qu'on  leur  verse  dans  la  gorge.  Ccs  remcdes 
guerissentcgalemeut  la  toux  et  les  douleurs  de 
ventrc.  Rien  n'cst  plus  souverain  contre  In  mai- 
greur  que  la  luzerne  :  cette  herbe  donnee  aux 
juments  au  licu  de  foin ,  lorsqu'elIe  est  encore 
verte,  mais  prete  a  se  sccher,  les  cngraisse; 
quoiqu'il  faut  leur  en  donner  modercment ,  de 
pcur  que  la  trop  grnnde  qunntite  de  sangqu'elle 
occasionne  ne  les  suffoque.  Lorsqu'une  mule 
est  lasse  et  en  sueur,  on  lui  jette  de  la  grnisse 
dnns  la  gorge ,  et  on  lui  verse  du  vin  pur  dnns 
In  bouche.  On  suivra,  pour  le  surplus  de  ce  qui 
concerne  ccs  nnimaux  ,  lcs  methodes  que  nous 
avons  donnees  daus  lcs  premicres  partics  de  ce 
volume,  qui  ctaient  relatives  aux  soins  que  Tou 
doit  prendre  des  bocufs  etdes  chevaus. 


LIVRE  VII, 

L  Aynnt  a  parler  du  petit  betail,  Silvinus,  nous 
commencerons  pnr  ranou  d'Arcadie,  cet  aujmal 
vil  et  commun,  auqucl  la  plupart  des  autcurs 
d'economie  rurale  veulent  qn'on  ait  principale- 
mcnt  egard  dans  Tachat  et  rentretien  des  befcs 
de  somme,  et  avcc  raison  :  en  effet,  ou  peut  se 
le  procurcr  mcnie  dnus  les  campagnes  qui  man- 
qucnt  de  paturage  ,  parce  qu'il  se  contente  de 
pcu  de  fourrage,  ct  qu'il  u'cst  pas  difficile  sur  le 
choix  ,  puisqu'cm  le  nourrit  ou  dc  feuilles  et  d'c- 
piucs  ,  ou  de  buissons ,  ou  de  bottes  de  sarmeiit. 
On  peut  meme  rengraisscr  avec  de  la  paille,  que 


IKililiir,  ft  amnla  monliliiis  aiit  f.-ris  locis  pascitnr,  nt 
iingnlas  ilniet,  silqne  postmuilnm  l<ini;is  iUneril)us  liabi- 
lis.  Nam  clilcllis  aplior  mnlus.  Illa  qiiiilcm  ai^iliur  :  sed 
Hlerqne  sexns  et  viam  recle  sraiiilur,  el  teriam  commode 
proscindil ;  nisi  si  prctiiim  qiiadrupedis  rationcm  rustici 
oncrat,  aut  campns  pravi  .stcba  roliora  lioiim  deposcit. 

XXXVIII.  Mcdicinas  liiijns  pecoris  plerninque  jam  in 
aliis  geneiibus  edocni  :  propria  tamen  qn.Tdani  vitia  non 
omittam,  quornm  icmedia  subscripsi.  Febrienli  miilo3 
crnda  brassica  datiir.  Si«piriosse  sanguis  detraliitiir,  et 
ciim  sexlario  vini  atque  olei  Ihiiris  semuncia,  marrubii 
suecus  instar  beminae  inistus  inlundilur.  Suffraginosac  or- 
jlcacea  farina  iniponiliir,  mox  siippuratio  ferro  reclusa 
linamenlis  curatur  :  vel  garl  oplimi  scxtariiis  cum  libra 
olei  pernarem  sinistrani  dcmittiliir,  admiscctiirqiic  huic 
medicamlni  triuni  vcl  quatiior  ovornm  atbiis  liqiior  sepa- 
ratis  vilellis.  Fcmina  secari,  ct  interdum  inuri  solcnt. 
Sanf;uis  demissus  in  pedes,  ila  nl  in  cquis  cmittilur  :  vel 
si  est  berba  ,  quam  veratrum  vocant  rustici ,  pro  pabnlo 
cedit.  Est  et  \iOGy.\jci.\i.oi,  cujus  scmcn  detritum  et  cum 
vino  datuiii  pra'dicto  vilio  medetiir.  Macies  et  languor 
submovetur  sspius  data  imtione ,  qinr  rccipit  semunciam 

COLl  MKI.I  I-.. 


siilphiiris  oTumqiie  crudiim,  el  myrrlia;  pnndiis  denarii. 
Ha'C  trita  vino  admiscenliir,  ali|ne  ita  fancibus  infiinduit- 
tur.  Sed  et  tussi  doloiique  ventris  eadem  isla  a"(|ne  me- 
dentiir.  Ad  mariem  milla  res  tantuin  qnaotum  M«lica  po- 
tcst.  Ea  berba  viridiseelerius,  nec  tardetamenarida  foeni 
vice  saginat  jnmenta  :  vernm  modice  danda ,  iie  nimio 
sanpuine  slianguletiir  pecus.  Lassa;  et  a^stiranti  miila; 
.ideps  in  faiiccs  deniitlitur,  mernniqiie  in  os  snffiinditnr. 
CVrlera  e\ei)nciiiur  in  mnlis  sic,  nl  prioribiis  biijiis  volii- 
niiiiis  partibiis  liadidimus,qua,'curam  boum  equarumqiic 
continent. 


LIBER  VII. 

I.Dcminorepecore  dicturis,  P.  Silvine,  principiumtene- 
bit  minor  Arcadico  vilis  hic  vulgarisqiie  asetlus ,  ciijus 
pleriqiie  ruslicariim  rerum  auclores  to  cmcndis  tuendisque 
jumentis  prrrcipuam  rationem  Toliiut  csse ;  nec  injuria. 
Nam  ctiam  eo  rure,  quod  pascuo  caret,  contineri  potesl, 
exiguoetqualicunque  pahulocontentus.  Quippe  vel  foliis 
spinisqueTepratjcis  alitur,  velobjecto  fascesarmenlornm. 
Paleis  vero,  quoc  pene  oranibus  regionibus  abundaut . 


»38 


COLUMELLE. 


Ton  trou  ve  aboiKlamment  dans  presque  tout  pays. 
D'ailleurs  il  soufiVe  tres-bravemciit  la  ii^giigence 
d"un  surveillant  ignorant,  ainsi  que  les  coups  et 
la  disette  ;  aussi  peut-on  en  tirer  du  service  plus 
longtemps  que  de  toute  autre  bute  de  somme, 
parce  que,  corame  il  supporte  tres-bicn  le  tra- 
vail  et  la  faim,  il  est  rare  qu'il  soit  attaque  de 
quelque  maladie.  Cet  animal,  si  faeile  a  en- 
tretenir,  rend  neanmoins  plus  de  services,  et 
miime  de  services  necessaires ,  qu'il  n"est  grnnd , 
puisqu'il  laboure  les  terrcs  avec  des  charrues  le- 
geres,  pour  peu  qu'elles  soient  aisees  au  labour, 
telles  que  celles  de  la  Betique  et  de  toute  la  Li- 
bye ,  et  qu'il  tire  des  voitures  ,  pourvu  qu'elles  ne 
fioient  pas  trop  pesantes.  Souvcnt  meme,  aiusi 
que  le  raeonte  le  plus  celebre  des  poetes,  lc  con- 
ducteur  (Tun  imon  lent  dans  sa  marclie  lui 
ehargc  le  dos  de  fruits  vits,  et  liii  fail  rappor- 
ter,  G.u  retoiir  de  lavitle,  une  nieule  ou  une 
charye  depoix  noire.  Mais  letravail  de  cet  ani- 
mal  le  plus  usite  presque  partout  consisie  a  tour- 
ner  la  meule  et  a  moudre  !e  ble.  Cest  pourquoi 
il  n'y  a  point  de  campague  qui  puisse  se  passer 
('.'un  Snon,  cet  animal  etant  tres-necessaire,  ainsi 
que  je  viens  de  le  dire,  tant  pour  porter  a  la 
ville  que  pour  en  rapporter  commodement,  sur 
son  cou  ou  sur  son  dos ,  la  plupart  dcs  choses  qui 
servent  a  notre  usage.  Or  nous  avons  suffisam- 
ment  explique  quelleetait  respece  de  cet  aniraal 
la  plus  recherchee,  et  quels  soins  il  fallait  en 
avoir ,  lorsque  nous  avons  donne  des  preceptes 
sur  les  anes  de  pri.x  dans  le  livre  precedent. 

IL  Le  second  objet  de  nos  soins  apres  les 
grands  quadrupedes,  ee  sont  lcs  brebis,  qui  de- 
vralent  meme  tenir  le  premier  rang,  si  on  avait 
cgard  <\  la  grande  utilite  qu'on  en  retire,  puisque 
ce  sont  elles  qui  nous  defendent  le  plus  particu- 
lierement  coutre  la  violence  du  froid  ,  et  qui 


nous  fouruissent  des  vetementsavrc  le  plusde  li- 
beralite.  D'ailleurs  non-seulement  elles  rassasient 
la  faim  du  paysan  par  le  fromage  et  le  lait  qu'el- 
les  lui  fournissent  avec  profusion,  mais  elles  gar- 
nissent  encore  les  tables  des  gcns  du  beau  mondc 
d'une  grande  quantite  de  mets  agreables.  Elles 
servent  meme  a  nourrir  des  nations  entieres  qui 
manquent  de  ble,  et  c'est  de  la  que  presquetous 
les  Nomades  et  les  Getes  sont  appeles  yiiX^x.m-Ki- 
Tai.  Ce  betail,  quoique  tres-faible,  comme  Tob- 
serve  prudcmment  Celsus ,  est  d'une  sante  tres- 
sure,  et  n'est  point  sujet  aux  maladies  pestilen- 
tielles.  Cependant  il  faut  le  choisir  d'une  nature 
qui  s'accoramode  avec  celle  du  pays  oii  Ton  est. 
C'est  une  attention  que  Virgile  ordonne  d'avoir 
en  toute  occasion,  non-seulement  par  rapport  a 
ce  betail ,  mais  encore  par  rapport  ii  toutes  les 
parties  de  reeonomie  rurale,  lorsqu'il  dit  que 
toutes  les  ierrcs  ne  peuventpas  s'aecommoder 
egalement  de  toutes  sortes  dechoses.  Les  ter- 
roirs  gras  et  les  pays  plats  s'accommodent  de 
brebis  hautes;  les  maigres  et  ceu.x  oii  il  y  a  des 
coUines  s'accommodt'nt  de  celles  qui  sont  tra- 
pues;  les  forets  et  les  lieux  montagneux  n'cn 
veulcnt  que  de  petites ,  et  les  brebis  que  Ton  eou- 
vre  de  peaux  paissent  a  leur  aise  dans  les  pres  et 
dans  les  plaines  en  jacheres.  INon-seulement  rrs- 
pece  de  ce  belail  est  un  point  essentiel  a  observer, 
mais  sa  couleur  ne  Tcst  pas  moins.  Les  habitants 
de  notre  pays  regardaient  autrefois  les  brebis  de 
Milet,  ainsi  que  celles  de  la  Calabria  et  de  TA- 
pulia ,  comme  les  brebis  de  Tespece  la  plus  dis- 
tinguee,  et  cclles  de  Tarentum  comme  les  meil- 
leures  de  toutes.  Aujourd'hui  celles  des  Gaules 
passent  pour  avoir  le  plus  de  renom,  et  notam- 
ment  celles  d'Altinura  ,  ainsi  que  celles  qui  sont 
etablees  dans  les  campagnes  de  la  Macra,  aux  en- 
virons  de  Parme  et  de  Mutina.  Outre  que  la  cou- 


etiam  gliscit.  Tiim  imprudeiilis  cnslodis  ncgliyentiam  for- 
tissime  snslinet  :  plaganim  et  penuii*  toleianti.ssimus  : 
propter  q»x  tarilius  deHcit ,  quam  nlliim  aliud  armentuni. 
Nam  laboris  et  famis  maximc  patiens,  raro  morbis  afficitur. 
Hnjus  animalis  tam  exiguae  tuteloe  pUirima  et  necessaria 
opera  snpra  portionem  respondent,  cum  et  facilem  terram 
qualis  in  Ba-tica  totaque  Libye,  (sit)  lcvibus  aralris  pro- 
scindat.et  non  minima  pondera  vebiculo  trabat.  Sajpe 

eliam,  ut  celetjerrinius  pocla  nieniorat  : tardi  coslas 

agitator  aselli  Vilibus  ant  oncrat  pomis,  lapidemque 
reverlens  Incusum  aut  ali-te  massam  picis  tirbe  repor- 
tat.  Jani  vero  molanim  el  conllciendi  frumenli  pciie 
solennisest  bujnspecorislabor.  Quaie  omne  rus  tanquam 
mavime  nccessarium  instrumentum  desiclerat  asellinii , 
qui,  ut  dixi,  pleraque  utensilia  et  velieie  in  urbem,  ct  re- 
porlarc  collo  vel  dorso  commnde  potest.  Qnalis  auteni 
ipecies  ejus  vel  cnia  piol)atissima  sit,  superiore  libro, 
cum  de  prctioso  praeciperetur,  salis  dictum  est. 

H.  Post  majores  quadrupedes  ovilli  pecoris  secunda 
ratio  est,  qua!  piimafit,  si  ad  ulilitatis  magnitudinem 
icferas,  Nam  id  pra.'cipue  nos  contia  fiigoris  viotentiam 


protegil,  corporibusque  nostiis  liberaliora  prsebet  vela- 
mina.  Tum  etiani  casei  laclisque  abundanlia  non  soliini 
agiestes  saturat,  sed  etlam  elegantium  mensas  jucundis 
etnnmerosisdapibus  exornat.  Quibusdam  vero  naliouibiis 
frumenti  expertibus  victnin  commodat,  ex  quo  Nomaduni 
Getarunique  plurimi  YaJ.axTOnototi  dicuntnr.  Igitur  id  pc- 
cus.quainvis  molli.ssimum  sit,  utaitprudentissinie  Celsus, 
valetndinis  tutissimae  est,  minimeque  pestilentia  laborat. 
Verum  tamen  eligendum  est  ad  naturam  loci  :  quod  sein- 
per  observari  non  solum  in  boc,  sed  eliam  in  tota  rurisdis- 
ciplina  Virgilius  priecipit,  cum  ait :  A'cc  vero  terrce/erre 
onuies  omnia  possimt.  1'iuguis  et  cainpestris  situs  pro- 
ceras  oves  tolerat ;  gracilis  et  colliiius  quadratas ;  silvestris 
et  montosus  exignas  .  pralis  planisqne  novalibus  tectnm 
pecus  commodissinie  pascitur.  Idque  non  solum  generi- 
bus,  sed  eliam  coloribns  pUiiimiini  reteit.  Generis  e.\iniii 
Calabras  Apiilasque  et  Milcsias  noslri  exisliniabaiil, 
earumqne  oplinias  Tarentinas.  Nnnc  Gallica;  pretiosinres 
liabentur,  earumque  prsecipue  Altinales.  Ilem  quaj  ciica 
Pannam  et  Mutinain  Macris  slaljulantnr  raiiipis.  Color 
albus  cum  sit  oplinius,  tum  etiani  est  iitilissimiis,  quml 


ni-:  LAfiRrcuLTiir.E,  liv.  vh. 


liHii'  biaiiolie  cst  ia  imillcurc  dnns  ce  bctail ,  clle 
est  ciicore  de  la  plus  grnnde  ressource,  pnrce 
qu'avec  eette  eouleur  on  peut  se  procurer  beau- 
coup  d'autres  couleurs,  au  lieu  (|u'on  nc  peuten 
avoirde  blanche  avec  ancune  autrc.  Les  coukurs 
bruues  et  noires ,  telles  qu^on  en  trouve  a  Pol- 
lentia  en  Italie  et  a  Corduba  dans  la  Betique,  sont 
anssi  par  leur  nature  d'nn  prix  recommandable. 
L'Asie  donne  meme  des  brebis  rouges,que  ron 
appclle  erylhnpce  (rouges).  Mais  re.xperienee  a 
fait  trouver  des  moyens  de  multipiier  lesvaric- 
tes  decouleur  dans  ce  bctail.  En  efret,  comme 
on  avait  ameiie  d'Afrique,  a  dcs  gensqui  don- 
naient  en  speetaeie  dcs  betes  rares  daus  la  ville 
municipale  de  Gades,  cntrc  plusieurs  autres  be- 
tes  feroces ,  des  belicrs  sauvages  et  farouches 
d'une  couleur  admirable,  M.  Columelle,  mon 
oncle  paternel,  homme  d'un  genie  pcuetrant  et 
celebre  agricultenr,  en  acheta  quelques-uns, 
qu'il  transportadansses  terres,  etqu'il  titaccou- 
pler  avec  ses  brebis  couvertes  de  peaux  ,  aprcs 
les  avoir  apprivoises.  Lcs  premiers  resultats  fu- 
rent  des  agneaux  dont  la  toison  ctait  a  la  verite 
grossicre ,  quoique  de  la  meme  coideur  que  celle 
du  pere;  mais  ces  agneaux  ayant  par  ia  suite 
couvert  des  brebis  de  Tarentum  ,  donnerent  dcs 
beliers  dont  la  toison  fut  plus  fine.  Les  agneaux 
engendres  de  ceux-ci  enrent  la  toison  deliee  et 
moelleuse  de  la  mere  ,  et  la  couleur  du  pere  et  du 
grand-pere.  Columelle  pretendait  que  de  cette 
facon  l'espeee  d'nne  bete  sauvage  ,  quelle  qu'elle 
fut,  se  retrouvait  toujours  dans  ses  petits-fils, 
apres  que  le  naturel  sauvage  s'etait  Irouve  adonci 
en  passant  par  diffcrents  degrcs.  .Te  rcviens  a 
mon  sujet.  II  y  a  donc  dc  deux  sortes  de  brebis; 
celles  qui  ont  la  laine  douce,  et  celles  qni  font 
grossiere  :  mais  quoiqu'il  yait,  par  rapport  k 
func  et  Tautre  espece ,  des  ol)servations  cora- 


munes,  auxquellcs  il  faut  avoir  egard  soit  d;in-; 
Tachat  soit  dans  1'cntretien  decesanimaux  ,  il  y 
eii  a  ccpendant  quelqnes-unes  de  particulieres  a 
respece  la  plus  distiiiguce.  Voici  a  pen  pres  les 
obscrvations  communcs  auxqnellcs  il  faut  nvoir 
cgard  dnns  fachat  des  troupeaux.  Puisque  In 
blancheur  de  la  laine  est  cc  que  Ton  rechcrche 
le  plus,il  faudratoujourschoisir  lesplus  blnues  , 
parce  que  souvent  il  vient  un  agneau  noiratre 
d'un  belier  blanc.  et  quejamais  des  beliers  rougcs 
ou  gris  n'en  produisent  de  blancs. 

IIL  Ainsi,  quoiqu'un  belierait  la  toison  blan- 
ehe,  ce  n'est  pas  un  motif  suffisant  pour  Tap- 
prouver,  a  moinsqu'il  n'ait  le  palais  et  la  lauguc 
de  la  memecoulcurque  la  laine,  puisqu'il  donne 
des  agneaux  gris  ou  mcme  bigarres,  lorsqu'il  a 
ccs  parties  du  corps  noires  ou  tachees.  Cest  ce 
que  le  poete  qne  j'ai  deja  cite  cl-dessus  a  tres- 
bien  exprime  entre  autres  choses  par  ces  vers  : 
"  Mais  rpjetez  im  belicr  qvi,  tout  blanc  qiiil 
cst,  cache  sous  son  pa/ais  humide  mie  lanr/ve 
noire ,  de  pcur  qiCilne  teigne  de  taches  noird- 
tres  la  ioison  de  ses  cnfants.  II  en  est  de  mt^me 
des  beliers  roux  ou  noirs,  dont  le  palais  et  la  lan- 
gue  ne  doivent  pas  non  plus  etre  d'une  eoulcur 
differente  de  eelle  de  lenr  laine  (ainsi  que  je  Tai 
dcjadit);ils  doivent  encore  moins  etre  taehes 
surle  corps,  et  particulierement  sur  le  dos.  II  ne 
faut  pas  par  consequent  acheter  de  brebis  qu'e!- 
les  n'aient  leur  laine  au  moment  de  1'achat,  afin 
que  fon  puisse  mieux  voir  si  elles  sout  d'une 
seule  couleur,  parce  que  si  runile  de  couleur 
nese  retrouve  pas  dans  les  beliers,  lestachcs  du 
pere  se  transmcttent  ordinairement  aux  enfants. 
On  estime  surtout  le  bclier  lorsqu'iI  est  haut  et 
long,  ([u'ila  le  vcntre  ravaleet  couvert  de  laine, 
la  queue  tres-longue,  la  toison  cpaisse,  le  front 
large ,  les  testicules  gros  et  les  cornes  torses  :  uon 


e\  eo  plnrimi  fiiint ,  nequc  liic  ex  alio.  Siint  eliam  siiapte 
naluia  pretio  conimendaiiiles  piillns  alqne  fflscus ,  quos 
prrchent  in  llalia  Pollentia,  in  Bietica  Cordul^a.  Nec  iui- 
mis  Asia  riililos,  quos  vocant  erythr;eos.  Sed  et  alias  va- 
rietates  in  lioc  pecoris  geiiere  dociiit  nsiis  exprimere.  Nain 
eum  in  municipium  Gaditaniim  ex  vicino  Al^iic.T!  miri  co- 
loris  silTestres  ac  feri  arifttes,  sicut  ali.T  beslia!,  niunera- 
riis  (leportarcntur,  M.  Coliimella  patruns  meiis  acris  vir 
ingenii,  atqiie  illiislris  agiicola,  quosdam  mcrcaliis  in 
agros  transliilit,  et  mansucractos  tcctis  ovibiis  .admisit. 
Ea'  primum  hiitos,sed  paterni  coloris  agiios  cdiderunt, 
qui  deiiide  ct  ipsi  Tareiitinis  ovihus  impflsiti,  leiuiioris 
velleris  arietes  progcncraverunt.  iix  his  rursus  qiiicqiiid 
conceptum  esl,  malern.im  nKjlliliem,  palerniim  et  avilnm 
retnlit  colorcm.  lloc  modo  Coluuiella  dicebat,  qnalem- 
cunqiie  speciem,  qiioe  fueril  in  besliis,  per  nepolum  gra- 
dus  mitigala  ferilate  rediisse.  Sed  m\  propn.siliim  reverlar. 
Ergo  duo  geiiera  siint  ovilli  pecoris,  niolle  et  hirsiitimi. 
Se(i  in  utnique  vel  eniendo  plura  comniuuia,  qu,Tdam 
lanien  siint  projiria  geneiosi ,  qure  olisiervari  conveniat. 
Comnuinia  in  emendis  gregihus  fcie  illa  :  si  candor  Kan.T 


maximeplacet,  nunqiiam  nlsicandidissimosniareslegeris  : 
(liioniam  ex  alho  soepe  fusciis  editiir  partus;  ex  erjlhraeo 
vel  pullo  nunquam  geueralur  albus. 

III.  Itaqiie  nnn  solum  ca  ratio  est  probandi  arietis,  si 
vellere  tandido  vestitur,  sed  etiam  si  palatum  ati|iie  lin- 
gua  concolor  lanac  est.  Nam  cum  ba;  corporis  parlcs  nigra; 
aut  maculosEe  sunt,  pulla  vel  etiam  varia  nascitur  pi  olcs ; 
idqiie  inter  cctera  eximie  talibus  nnmeris  sigiiiliiavit 
ideiiiiiiii  siipra:  Iltumiiutnn,  ijuamvis  ariesjilcandi- 
cliis  i/isc,  .\igra  suhcst  iidn  lonlnm  cui  linr/na  palato, 
Hcjicc ,  ncnHiculi.i  in/iisccl  vcltcra  pullis  .\asccn!um. 
l jia  eademque  lalio  est  in  erythracis  et  nigiis  arictiliiis, 
qiiorum  simililer,  iit  jani  dixi,  neutra  pars  essc  dchet 
(!is(oli)r  lan.T,  multo(|ue  miniis  ipsa  universitas  tcr^roris 
maculis  variet.  Ideo  nisi  lanatas  oves  emi  non  opoitet , 
(|uo  meliiis  unitas  coloris  appareat :  qua;  nisi  piircipua 
est  in  arielibus,  patermc  notae  plerumque  natis  inha'- 
rent.  Ilabltus  autem  niaxime  piohatiir,  cum  est  altus 
atqiie  procerus,  venlre  promisso  at<pie  lauato  ,  cauda  loii- 
gissima,  densique  velleris ,  frontelata,  ttslibiis  ainpli?, 
intoitis  coiiiihus  :  noii  quia  niagis  liic  sil  iitilis,  ;ikiii. 


COLUMELLE. 


pas  qu'il  sflit  alors  (riine  pliis  grande  utilile ,  piiis- 
qu'un  beliersans  cornes  vaut  eneore  mieux,  mais 
parce  que  les  cornes  ne  lui  nuisent  pas  autant 
lorsqu'ellcs  sont  torses  que  lorsqu'ellcssontdroi- 
teset  bien  ouvertes.  Nous  prefererions  eependant 
danscertaincscontrces,  oii  latempeiaturede  Tair 
c»t  humide  et  venteuse,  les  boucs  et  les  beliers 
qiii  auraicnt  mcme  de  tres-grandes  cornes ,  parce 
([u^etant  droitcs  et  hautes ,  elles  raettraient  la 
plus  grande  partie  de  leur  tete  a  Tabri  des  tem- 
petes.  Ainsi ,  si  nous  sommes  dans  uii  pays  oii 
l'hiver  est  le  plus  communement  rude ,  nous 
choisirons  cette  espece  de  beliers  a  grandescor- 
nes;  au  lieu  que  si  Thiver  est  doux,  nous  pre- 
fererons  un  mflle  sans  cornes ,  parce  qu'il  y  a  cet 
inconvenicnta  craindre  danscekii  qui  a  des  cor- 
nes,  que,  se  sentant  la  tete  armee  avec  uue  es- 
pece  de  dard  naturel ,  il  cherche  plus  souvent  les 
occasions  desebaltre,  et  qu'il  importune  trop  les 
femelles.  En  efl'ct,  il  poursuit  avec  beaucoup  de 
violenceses  rivaux  (quoi(iu'il  ne  suffi-e  passeul 
a  couvrirletroupeau),etil  nepermet  pas  a  d'au- 
trcs  de  s'aecoupler  avec  les  brebis  qui  sont  cn 
chaleur,  a  nioins  qu'il  ncsoit  harasse  par  leplai- 
sir  :  au  lieu  que  celui  qui  n'a  point  de  cornes,  se 
sentant  pour  aiiisi  dirc  desarnKi ,  n'est  pas  enclin 
ii  chercher  dispute,  en  meme  tcmps  qu'il  est  plus 
modiJ^ni  dans  ses  plaisirs.  .\ussi  les  p^tres  em- 
ploicnt-ils  la  ruse  que  voici  pour  rcprimer  la 
brutalite  d'un  bouc  ou  duii  bclier  qui  donne  des 
coups  de  cornes  :  ils  lichent  dcs  pointes  dans 
nne  plancbe  de  robre  d'un  pied  dc  long,  qu'ils 
attachent  a  ses  cornes  en  touriiant  ccs  pointes 
du  c6t(>  de  son  front.  Cette  prijcaution  cmpeche 
ranimal,  tout  fcroce  qi^il  est,  de  chercher  dis- 
pute  aux  autres,  parce  qu'il  ne  peut  pas  donner 
uncoup  sans  se  blesser  lui-meme  en  se  piquant 
du  meme  coup.  Mais  Epieharmus  de  Syra- 
cuse,  qui  a  traitc'  avec  beaucoup  de  so';n  des  re- 


mMes  des  bestiaux ,  assure  qu'on  vient  i  bout 
d'adoucir  un  belier  qui  est  ciiclin  a  se  battre,  eii 
lui  percant  lescorncs  avec  une  tarit're  arendrolt 
de  leur  courbure  le  plus  voisin  des  oreilles.  Le 
meilleur  dge  de  ce  quadrupede  pour  la  genera- 
tion  cst  Tage  de  trois  ans  :  il  ne  cesse  pas  cepen- 
daut  d'y  etre  propre  jusqu'a  buit.  11  faut  faire 
couvrir  la  femelle  apres  sa  seconde  annee :  elle 
passe  pour  etre  daus  le  bon  5ge  a  cinq  ans,  et 
cesse  de  povter  passe  la  seplieme  annee.  Vous 
aeheterez  donc ,  comme  je  Tai  ^(^'ja  dit ,  des  bre- 
bisqui  ne  soient  pas  nouvellement  tondues :  vous 
ne  prendrez  poiiit  celles  dont  la  laine  sera  tacliee 
et  grise,  parce  qiie  cesont  dcscouleurspeusures. 
Vous  rejetterez  aussi  comme  steriles  celles  qui, 
pass(5  trois  ans,  auront  les  dentssaillantes  hors 
de  la  bouche ;  mais  vous  cboisircz  celles  de  deux 
ans  qui  auront  le  corps  ample ,  le  cou  garni  dc 
longue  laine,  la  toison  douce,  et  le  veiitre  ega- 
lcmcnt  couvertde  laineet  ainple,  parcequ'il  faut 
evitcr  les  ventres  pctits  et  pelcs.  Ce  sont  a  peu 
pres  la  les  observations  auxquelles  on  aura  egard 
dans  raehat  de  quelque  espece  de  brebis  que  ce . 
soit.  Voici celles  qui sont  relatives  ii lcur  entretien. 
II  faut  fairedes('tablesbasscs  et  spaeieuses,  mais 
plus  longues  que  larges ,  arm  qu'elles  soient  et 
chaudes  en  hiver,  et  suflisammeut  larges  pour 
qu'il  n'y  ait  point  de  risque  que  lesbrebis  pleines 
se  blessent  le  ventie.  On  lcs  exposera  au  midi, 
parceque  ccbetail,  quoique  le  pliis  vetn  detous 
lesanimanx,  est  cependant  celui  qui  s'habitue 
le  moins  au  froid,  aiusi  qu'aux  grandes  chaleurs 
de  Viie.  Cestpourquoi  ondoitavoir  devant  l'en- 
tree  de  ces  ctables  une  cour  close  par  de  hautes 
murailles,  danslaquelle  ces  animaux  pourront 
aller  avcc  smclc  pendant  les  chaleurs  de  Tete. 
On  fait  aussi  en  sorte  qu'il  ne  s(^journe  aucune 
humidite  dans  leurs  etables,  et  (iu'clle9  soient 
toujours  couvertes  de  fougere  tres-secbe  ou  de 


rst  melior  muliliis  aries)  seJ  qiiia  minime  noccnt  intorta 
|ioliiis,  qiiam  surrecta  et  patula  cornua.  Quibusdam 
tamen  regioiiibus,  ubi  cscli  status  uvidus  venlosusque  est , 
capios  ct  aiictes  optaverimus  vel  amplissimis  comibus, 
qiiod  ea  porrecta  allaque  maximam  paiteni  capitis  a  lem- 
pestate  (iefendant.  llaque  si  plerumque  est  atrociur 
iiifms,  lioc  genus  eligemus  :  si  clementior,  mulilum  pro- 
liabimus  niarem  :  quoniain  esl  illiid  incommodum  in 
cornuto,  quod  cum  senliat  se  velnl  qiiodam  nalurali  telo 
capilis  armatuni  .fiequenlcr  in  pugnam  procurrit,  ct  fit 
in  foeminas  quoque  procacior.  Kam  rivalem  (quamvis 
eoliis  admissuiir  non  sufficit)  violentissime  persequitui', 
necabalio  lempestive  patilur  iniri  gregem,  nisi  cum  est 
fatigatiis  libidine.  Mutilus  autem,  cum  se  tanquam  evar- 
matum  intelligat,  nec  ad  lixam  pioniplus  est ,  et  in  venere 
niilior.  Ilaquerapri  vel  arietis  petiilci  sa'vitiam  pastores 
Iwc  astutia  repelbint.  Mensuia'  pedalis  robusfam  labulain 
contigunt  aculei«,et  adversam  fionli  cornibiis  religanl. 
Ea  les  fmim  pioliibet  a  rixa,  quoniam  slimulatum  siio 
iclu  ip^uni  se  .saiicial.  F.picli.irmiis  autein  .Sjracusanii.s, 


qui  pccudum  medicinas  diligentissime  conscripsit ,  affir- 
mat  piignacem  arietcm  mitigaii  terebra  seciindum  auri- 
culas  foralis  cornibus,  qua  ciuvantur  in  flexum.  Ejiis 
qiiadiupedis  retas  ad  progenerandnm  oplima  est  trima: 
nec  lamen  inbabilisusque  in  annos  oclo.  Foemiiia  post 
bimatiiin maiitari debet,  juvenisqiie  babetur  quinqiiennis : 
fatiscit  post  annum  septiinum.  Igitur,  ut  dixi,  niercabe- 
ris  oveis  intonsas  :  variam  canamque  improbabis,  qiioil 
sitincerti  coloris.  Majorem  tiimadcnte  niinacem  sleiiltm 
repudial)is.  Eliges  biinam  vasti  corporis  ,  cervice  prolixi 
villi ,  nec  aspcri ,  lanosi  et  ampli  iitei  i.  iVam  vilandos  esl 
glaber  et  exiguus.  Alqiie  bnec  feie  coiumunia  sunt  in  com- 
parandis  ovibiis.  Illa  etiam  tuendis  :  humilia  facere  sla- 
l)ula,  sed  in  longitudinem  polius,  quam  in  latitudiiiem 
porrccta,  ut  siinul  et  bieme  calida  sint,  nec  angustiae 
fietus  oblidant.  Ea  pom  debent  contra  inediiim  diem  : 
namqiieid  pecus,  qiiamvis  ex  omnibnsanimalibus  sit  ves- 
titissiinum,  fiigoristamenimpatientissimume.st,  necminiis 
aeslivi  vaporis.  Itaque  cobois  claiisa  sublimi  maccrie  prae- 
poni  vestibulodcbet,  iil  .sil  in  eam  luUisexitiis  a-slivandi; 


DE   L'AGR1CULTURE,    LIV.  VIL 


34 1 


ohautne,  afin  queles  bvebis  soient  couehees  pliis 
proprenieiit  et  plus  mollomcnt  lorsqu'elles  auront 
agneie.  II  faut  encore  que  les  bergeries  soicnt 
tres-propres,  de  sorte  que  la  sante  des  brebis, 
a  la  conservation  de  laquelle  il  faut  principale- 
meiit  veiller,  n'ait  point  a  souffVirde  riiumidite. 
Engencralilfautdonneraqueliiueespccedebetail 
quecesoitune  nourrituie  abondante  :  en  cffet,  un 
troupeau,  nienie  pcu  nombrcux,  qiii  scia  bien 
lassasie  de  fourrage,  sera  d'un  plus  j;rand  prolit 
a  son  raaitre  que  ne  le  serait  un  plus  nombreux 
qui  aurait  souffert  de  la  disette.  II  faut  recher- 
cher  lesjachcres,  non-seulement  parce  qu'elles 
sont  bien  fournies  d'herbes,  niais  encore  paree 
qu'elles  ne  sont  poiiit  ordinaireincnt  embar- 
rassees  par  dcs  epines  :  car,  pour  nous  appuyer 
youveut  de  Tautorite  du  poete  divin,  Si  la  laine 
est  volre  ohjrt,  commencez  par  fuir  les  fo- 
rets  piquantes,  ainsi  que  la  bardane  ct  le  char- 
don,  parce  que  ces  planles  rendent  les  brebis 
galeuses,  comme  dit  le  meme  poete,  au  cus 
quaprcs  la  lonte,  etavant  qu'on  ail  lavclasueur 
qui  tient  d  leur  peaii,  leur  corps  ait  cte  dcchire 
par  des  epines  piquantes;  et  que  d'ailleurs  cet 
accident  diminue  tous  les  jours  la  quantite  de 
ieur  laine.  Eu  cffct ,  plus  la  laine  de  ce  betail  est 
epaisse  et  longue ,  plus  elle  est  sujette  d'un  autre 
cote  a  etre  arrachee  de  son  dos  pendant  qu'il 
pait ,  par  les  ronces  qui  raccroehent  comme  au- 
tant  de  hamecons.  Quant  a  cellcs  qui  sout  cou- 
vcrtes  de  peaux,  elles  perdent  aussi  par  la  leur 
couverture,  dont  la  reparation  jette  dans  de  graa- 
des  depenses.  Presque  tous  les  auteurs  convicn- 
nentque  letempsouron  peut  fairecouvrirleplus 
tot  les  brebis  est  le  printemps,  vers  la  fcte  des 
Parilia,  quandellcs  n'ont  pointagnele  pourlors, 
et  vers  lemois  de  juillet ,  quand  ellcs  ont  a^ncle 
dans  cctte  saison.  Cepcndaut  le  premicr  de  ees 
deux  temps  doit,  sans  contrcdit,  ctrc  prefcre  a 


Pautre,  afin  que,  par  une  coiitinuit^  d'opcra- 
tions  successives,  la  naissance  dcs  agneaux  suc- 
ccdeala  vendange,  coinmelavendangeaurasuc- 
eede  a  la  moisson ,  ct  que  ces  animaux  puissent 
mieux  supporter  les  froidsct  le  jeiine  dont  ils  sont 
menaccs  pendant  rhivcr,  par  lcs  forces  qu'ils 
auront  acquiscs  en  se  rassasiantde  fourrage  pea- 
dant  toute  rautomne.  En  effct,  ragneau  d'au- 
tomue  vaut  inieux  que  celui  du  printemps, 
comme  dit  Cclsus  avec  beaucoup  de  raison ,  parcii 
qu'il  cst  plus  essentiel  que  cet  animal  soit  for- 
tilie  a\ant  le  solstice  d'ete,  ([u'!!  n'est  essenticl 
qu'il  le  soit  avant  celui  d'hiver,  d'autant  que 
c'est  le  seul  de  tous  les  animaux  qui  puisse  nal- 
Ire  sans  risque  au  solsticed'hiver.  Si  lecas  exige 
qu'on  se  procure  plus  de  males  quede  femelles, 
Aristote,  le  plus  grand  connaisseur  des  phcno- 
menes  de  la  nature,  ordonne  d'observer,  en  fai- 
sant  couvrir  les  brcbis,  le  vent  de  septentrion 
peiulant  les  jours  secs,  afin  de  faire  paitre  lo 
troupeau  vis-;'i  vis  ce  vent ,  pour  que  les  brcbis 
Taient  en  face  peudaat  Tacte  de  la  generation  : 
si  Ton  veut  se  procurer  desfemelles,  il  faut  au 
contraire  cbercbcr  les  vents  du  midi ,  et  faire 
couvrir  les  brcbis  dans  la  mfime  position  respce- 
tivement  ^  ces  vents.  Car  la  raethode  que  nous 
avons  enseignee  dans  le  premier  livre,  qui  con- 
siste  A  serrcr  avcc  une  ligature  le  testicule  droit 
du  mSle  ou  le  gauche,  au  moment  de  la  genera- 
tion ,  est  d"une  execution  difficile  dans  des  trou- 
pcaux  nombrcux.  Quand  lcs  brebis  auront  niis 
bas,  le  berger  qui  couduit  ses  troupeaux  dans 
des  contrees  eloignees  ^levera  presque  tous  les 
agneaux  dans  les  paturages  oii  il  se  trouvera , 
taudis  que  le  metayer  qui  hahite  dans  les  envi- 
rons  d'une  ville  livrera  au  boucher  Ics  jeunes 
agneaux  avant  qu'ils  aient  tatc  de  rherbe, 
parce  qu'il  en  coutcra  pcu  pour  Ics  mcncr  ii  la 
ville,etqiic   Iorsqu'on  les  aurasesres,   lc  lait 


deliirqiip  opera,  nc  qiiis  hnmor  consistal,  ut  seniper  (jiiam 
ariilisslmis  lliicibiis  vel  ciilmis  stabula  coiistiata  sint,  (jiio 
piirlus  elmolllus  Inrubent  fiielir ;  (sint  qiiala  muniiissiuia) 
neqiie  eanim  valetinio ,  qiioe  pia-cliuie  ciisloilienila  cst , 
infestetiir  uligliie.  Omnla  autein  pecudl  larga  pr.X'benda 
sunt  alimenta.  Nain  vel  exl^iius  numerus ,  cum  pabulo  sa- 
llatur,  plus  domlno  reddit,  quainma\imusgrcx,  siseiiseiit 
penuiiam.  Scquerls  autem  novalla  non  soliim  herblda, 
sedipKTpleinmque  vlduasuntspinls;  ntannirenim  sa'plus 
anctorltate  diviui  (armlnls  :  Sl  tibi  lani/iu7n  curw  est , 
primum  oxpcra  .lilva  Luppaeque  tribulique  nbsint; 
quoniam ea res,  ut ait  ideni,  scabras  oves reddlt, c»m  tnnsis 
illotus url/ta'sit  Sudor,  e.t  liir.iu/i  sccuernnt  corpora  ve- 
pres  :  tiini  cliam  quotidie  minultnr  l.iii;c  fnictus.qiia; 
quanlo  piolisior  in  pecoie  coiiciescit ,  tanto  iiiagi,s  ob- 
nnxia  esl  niliis ,  qiiihus  veliit  liamis  inuncata  p.a.scentiiim 
teigoribiis  avellitiir.  Molle  vero  pecus  etiaiu  velainen, 
qiio  prolegiliir,  ainilllt,  alqiie  id  iioii  parvo  suinlu  repa- 
ratiir.  liiler  aiiclores  lerc  constat ,  prlnium  essc  admissur;e 
tciiipus  veiniim  1'arjlibus,  si  sit  ovis  niatuia;  sin  veru 


firla,  circa  Jiiliuni  inensem.  rrhis  tamen  liand  dubie 
proliabilius,  iit  iiirsscin  viiidriiiia,  fructnm  deiiidc  viiiea- 
ticiiin  fietura  prcniis  i'\ii|)i,il ,  et  tolius  autiimiil  pahulu 
satiatus  agnns  aulc  iiiirsliliaiii  Irigoriini  atque  hleniis  jcjii- 
nium  conlirmetur.  Nani  inclior  cst  autuninalis  veriio, 
slcut  alt  verlsslnie  Celsus;  qula  niagis  ad  rem  perllnet, 
iit  ante  .lestivum  (piain  hibcinnm  solstltliiin  convalescat : 
solusquo  ex  omnlhus  brunia  ciinimode  nascitur.  Acsi  rcs 
exiglt,  iit  pluriiiii  niaies  progeiierandi  siut,  Arlsloteles  vlr 
callidlssimus  rerum  naluiic  pra'C.iplt  adinissur.T!  tempore 
observare  siccis  dicbus  halltus  seplemtrionales ,  iit  lonlra 
ventum  gregem  pascanins,  et  euiii  spectans  ;idiiiillaliir 
pecus  :  at  sl  rceniin;i;  geiierand.c  sunt,  austi'iiio>  flaliis 
caplare ,  ut  eaileni  ratioiie  mati  iccs  Incanlur.  Naiii  lllud  , 
qiiod  prlore  libro  docnlmns ,  ul  admissarii  dexler  vel 
ctl;im  sinlstcr  vinculo  testiciilus  obligetiir,  in  magiiis  gro- 
gihus  operosum  esl.  Post  lirtiirani  dcinde  longinqua!  re- 
giouis  opilio  fere  omnem  sobolcm  pastionl  reservat :  sul>- 
urhan.ne  [villiciis  eiilm )  leiicros  agiins,dun)  .adliucherb.i» 
siint  experlcs,  lanio  tradit,  ipKiiiiam  cl  p;uvo  siiniptu 


34S 


COLUMELLE. 


de  leurs  meres  rcndra  im  prolit  aussi  consid^ra- 
bie  que  celui  qu'il  rendait  lorsqu'elles  nourris- 
saient.  11  fnudra  cependant  en  laisser croitre  quel- 
ques-uns  meme  dans  le  voisinage  de  la  ville, 
parce  que  quaiid  ce  betail  est  ne  dans  le  pays 
mfime  ou  Ton  est,  on  en  retire  bien  plus  de 
profit  que  lorsquil  est  tire  d'un  pays  etranj;er. 
D'aillcurs  il  ne  faut  pasrisquer  que  le  troupeau 
vienne  a  mnnquer  tout  cntier  a  lafois  a  son  mai- 
tre  ,  lorsque  toutes  les  tetes  dont  il  est  compose 
seront  epuisees  par  la  vieillesse,  d'autantque  le 
premier  soin  d'uu  pStre,  surtout  quand  il  est 
attentif  ason  devoir,  est  de  substituer  toutes  les 
annees  dans  le  troupeau  autant  ou  mcme  plus  de 
tetes  qu'il  n'y  en  a  de  mortes  ou  de  malades , 
parce  qu'il  arrive  souvent  que  la  rigucur  des 
froids  le  surprend,  etque  rhiver  fait  mourir  les 
brebis  qu'il  avait  laissees  dans  le  troupeau  pen- 
dant  rautomne,  dans  la  pcrsuaslon  oii  il  etait 
qu'elles  pourrnient  aussi  supporter  Thiver.  Ces 
accidents  sontencoreun  motif  qui  doit  le  porter 
a  ne  completer  le  troupeau  qu'avec  de  jeunes 
agneaux  ,  et  qui  soient  dqk  assez  forts  pour  n'e- 
tre  pas  surpris  par  Thiver.  II  joindra  a  cctte  at- 
tention  celle  de  ne  pas  le  completer  avec  les 
agneaux  qui  seront  nes  de  brebis  iJgeesde  raoins 
de  quatre  ans  ou  de  plus  de  huit,  parce  quc  dans 
aucun  de  ces  deux  ages  une  brebis  n'est  propre 
a  elever  un  agneau  :  outrc  que  le  produit  d'une 
vieille  bete  tient  comrauni^ment  de  la  vieillcsse 
de  son  origine ,  et  qu'il  est  toujours  ou  sterile  ou 
chetif.  On  doit  garder  la  ventree  d'une  brebis, 
pendant  qu'elle  est  pleine ,  a  peu  pres  avec  autant 
de  circonspeetion  que  les  sages-femmes  gardent 
le  fruit  d'une  femme  grosse.  Ou  ne  diilivre  pas 
non  plus  autrement  cet  animal  que  les  femmes , 
et  souvent  raenie  son  travail  est  plus  penible  a 


proportion  de  ce  qu'il  est  priv6  de  toute  raison. 
Cest  pourquoi  le  maitre  du  troupeau  doit  etre  un 
homrae  iustruit  dans  la  medecine  veterinaire, 
afin  que,  selou  le  besoia,  il  soit  en  ctat,  lorsqua 
le  foetus  sera  attache  eu  travers  daus  la  matrice 
de  la  mere,  de  Ten  tircr  soit  en  cntier  soit  par 
parties ,  sans  mettre  la  mere  en  danger  en  le  dis- 
scquant  avec  le  fer,  ce  que  les  Grecs  appellent 
Ei/.£puou)./.ETv.  Des  que  Tagneau  cst  venu  au 
raonde,  il  faut  le  mettrcsur  ses  jarabcs,  et  Tap- 
procher  du  pis  de  sa  mere ;  ensuite  meme  lui  ou- 
vrir  lagueule,  pour  rhumecter  du  lait  qu'on  y 
fera  degoutter  en  pressant  le  bout  du  pis,  afui 
qu'il  apprenne  a  tlrcr  rallment  que  lui  doit 
fournir  sa  ra6re.  Mais  avant  d'cn  venir  la,  on 
traira  auparavaut  lcs  premieres  gouttes  de  ce 
Iait,queles  p^tres  appellent co/o^^z-aj  parceque 
si  on  n'avait  pas  soin  de  les  lirer,  elles  feraient 
mal  a  Tagneau.  Deux  jours  apres  sa  naissance, 
on  renferme  avec  sa  mere,  afin  qu'elle  rechauffe 
etqu'il  apprenne  a  la  reconnaitre  :  apres  quoi, 
tant  qu'il  n'est  pas  en  etat  de  bondir,  on  le  garde 
dans  un  enclos  obscur  et  cbaud;  mais  lorsqu'il 
commencera  a  bondir,  il  faudra  renfermer  dans 
un  parc  d'osier  avee  ceux  de  son  5ge,  de  peur 
qu'il  ne  maigrisse  comme  les  enfants  par  trop  de 
petulancc.  11  faut  aussi  avoirsoin  que  les  plus 
jeunes  agneaux  soient  s^pares  dcs  plus  forts, 
parce  que  ceux  qui  sont  deja  robustes  tourmen- 
teut  ceux  qui  sont  encore  faibles  :  mais  il  suffit 
de  faire  cette  separation  le  matin  avant  que  le 
troupeau  sorte  pour  aller  paitre;  car  on  pourra  ii 
rentree  de  la  nuit,  et  lorsque  les  brebis  seront 
de  retour  apres  s'etre  bien  rassasiees,  mettre 
les  agneaux  pele-mcle  avec  elles.  Lorsqu'ils  cora- 
menceront  a  etre  forts ,  on  les  nourrira  dans  Te- 
table  avec  du  cytise  ou  de  la  luzerne,  et  racme 


develiuntur,  et  iis  submotls,  fructus  lactis  ex  niatribus 
non  niinor  percipilur.  Submitli  lamen  etiam  in  vicinia 
urbisquintum  quemqueoportebit.  Nam  vernaculum  pecus 
peregrino  longe  est  utilius  :  nec  commitU  debet,  ut  lolus 
grex  effistus senectute  dominum  destituat :  cum  praiserlim 
boni  pastoris  vel  prima  cura  sit  anuis  omnibus  in  demor- 
luarum  viliosaiumque  ovium  locum  totidem  vel  eliam 
plura  capita  substituere  :  quoniam  sajpe  frigorum  atque 
iiiemis  saevitia  pastorem  decipil,  et  eas  oves  inlerimit, 
quas  ille  tempore  autumni  ratns  adbuc  esse  tolerabiles, 
non  submoverat.  Quo  magis  etiam  propter  bos  casus ,  nisi 
quai  validissima  non  compieliendalur  bieme,  novaqiie 
progenie  repleatur  numerus.  Quod  qui  faciet,  servare  de- 
bebit,  ne  minori  quadrima;,  neve  ei ,  quae  excessit  annos 
octo,  prolem  subinittat.  Neulia  enimajtas  ad  educandiim 
est  idonea  :  tum  etiam  quod  ex  vetere  materia  nascitur, 
plerumque  congeneratum  parentis  senium  refert.  Nani 
vel  sterile  vel  imbecillum  est.  Partus  veio  incientis  pecoris 
non  secus  quam  obsletricum  niore  custodiri  debet.  Neque 
cnim  aliler  boc  animal  quam  muliebris  sexus  enititur, 
s<Tpiusque  etiani ,  quando  est  oninis  rationis  igiiariini ,  la- 
boratin  partu.  Qiiaie  vetcrinari.i'  medicin;cpiudcns  esse 


debet  pecoris  magisler,  ut,  si  res  exigat,  vel  infegrum 
coneeptum ,  cum  Iransveisus  bairet  locis  geuitalibus, 
estraliat ,  vel  ferro  divisum  citra  niatris  perniciem  parti- 
buseducal,  quod  Graici  vocant  e[i(3pbou).xerv.  Agnus  au- 
tein,  cum  est  editus,  erigi  debet,  atqiie  uberibus  admoveri, 
tuni  etiani  ejus  diductum  os  pressis  humectare  papillis, 
ut  condistat maternum  traliei e alimentum.  Sed  prius quain 
hoc  fiat,  exiguum  lactis  emulgendum  est,  quod  pastores 
colostram  vocant  :  ea  iiisi  aliquatenus  emitlitur,  nocet 
agno  qui  biduo  quo  natus  est,  cum  matre  claudatur,  ut 
et  eaparlumsuumfoveat,  etille  luatrem  agnoscere  condis- 
cat.  Mox  deiiide  quamdiu  non  lascivit,  obscuro  et  calido 
septo  custodiatur;  postea  luxuriantem  virgea  cum  coin- 
paribus  area  claudi  oportebit ,  ne  velut  piierili  nimia  exul- 
tatione  macescat :  cavendumque  est ,  ul  tenerior  separelui 
a  validioiibus,  quia  robustus  angit  imbecillum.  Satisquo 
esl  mane  priiis  quam  grex  procedat  in  pascua ;  deinde 
etiam  crepusculo  redeuntibus  saturis  ovibus  admiscere 
agnos.  Qui  dum  firmi  esse  cceperint,  pascendi  sunt  intra 
stabulum  cytiso,  vel  medica,  tum  etiani  furfiiribus,  aiit, 
si  permittat  annona,  faiina  ordei  vel  ervi  :  deiiide,  iibi 
coiivaluerint ,  tirta  meridiem  pralis  aut  novalibus  vili;i,' 


DE  LAGUiCULTURE,  LIV.  VII. 


343 


avec  du  son  par  la  siiile,  ou  de  la  farine  d'orge 
ct  d'ers,  si  la  clierto  de  ces  praiiis  n'y  met  point 
d'ol)Slacle  :  aprcs  quoi ,  lorsqu'ils  auroDt  pris 
toutc  Icur  force ,  il  faudra  mener  les  meres  vers 
le  midi  dans  des  prcs  ou  sur  d^  jachcres  conti- 
i;ues  a  la  nictairie  ,  et  faire  sortir  les  agneaux  de 
leur  cnclos,  afin  qu'ils  appreuneut  a  paitre  au 
dehors.  Quant  au  penre  de  fourrage  qui  leur  con- 
vient,  nous  obscrverons,  soit  en  rappelaut  ce 
que  nous  avons  dit  preccdemment ,  soit  eu  y  ajou- 
tant  les  choses  que  nous  pouvons  avoir  omises 
alors,  que  !cs  hcrhcs  qui  leur  sont  le  plus  agrea- 
hles  sont  celles  qui  viennent  dans  les  campagnes 
qui  out  recu  le  preniicr  lahour  a  la  eharrue ;  qu'a- 
prcs  elles,  ce  sout  cclles  des  pres  qui  ne  sont  pas 
tiop  humidcs ;  et  qu'ennn  celles  des  marais  et  des 
furcts  passciit  pour  ctre  lcs  moiiis  honnes.  Iln'y 
apascepeiulant  defourrages  ui  meme  depacages, 
si  agreables  qu'ils  puisscnt  etre,  qui  ne  cesscut 
k  la  longue  de  plalie  aux  brebis,  a  moins  que  le 
ptltre  iie  prCvienne  le  dcgout  qu'el  lcs  cn  prennent 
en  leur  douuant  du  sel :  on  met  ce  sel  dans  des 
augesde  hois  peudant  Tete,  afin  qu'elles  aillent 
lc  lechcr  au  rctour  de  la  pature  ,  et  qu'il  serve 
comrae  d'assaisouneracnt  A  lcur  fourrage,  pour 
cxciteren  elles  une  ardeur  egale  tant  pourhoire 
que  pour  paitre.  On  subvient  d'un  autre  c6te  a  la 
disette  derhivcren  rcmplissant  les  creches  des 
hergeries  de  nourriture :  car  on  peut  y  mettre  tres 
a  propos  soitdcs  fcuilles  d'orme  ou  de  fr^ne, 
soit  du  foin  d'automne  que  Ton  appelle  conlum , 
parce  que  ce  foin  cst  plus  mollet  et  des  la  mcme 
plus  agrcahle  que  celui  qui  est  cueilli  dans  son 
temps.  On  les  nourrit  aussi  tres-bien  de  cytise 
et  de  vesce  cultivcc.  II  faut  cependant  etre  aussi 
pourvu  de  paille  de  legumes,  pour  leseas  ou  tuu- 
tcs  les  autres  nourritures  viendront  a  manquer. 
Car  si  Ton  voulait  s'eu  tenir  a  ue  ieur  douncr  qiie 


de  Torge ,  ou  des  fcves  hroyecs  avee  lcur  cosse , 
ou  du  pois  chiche,  ce  serait  une  trop  graude 
dcpense  pour  pouvoir  y  subvenir  dans  ie  voi- 
sinage  des  villes  sans  qu'il  en  coutat  enormement, 
quoique  ces  graines  seront  sans  contreditce  qu'il 
y  aura  dc  mieux  a  leur  doiiner,  dans  le  cas  ou 
leur  bon  marche  lc  pcrmettra.  Quant  aux  tcmps 
auxquels  il  faut  lcsmenerpaitre  ou  hoire  ,  je  suis 
du  scntiment  de  Maron,  lorsqu'il  dit  :  Au  lc- 
ver  de  la  constellulion  de  Lucifer,  menons  lc 
matin  les  troupeaux  brouterles  campagnes  en- 
core  frniches,  dans  !e  tempsque  lesherOessorit 
blanchies  pnr  laf/elee,  et  qiie  la  rosee,  qui  est 
trcs-arjrcable  au  betail,  couvre  1'herbe  tendre. 
EnsuHe,  lorsquc  la  quatrieme  heure  du  jour 
leur  fera  sentir  la  soif,  condttisons-les  d  des 
puits  011  vers  des  etangs  profonds ;  racnons-les 
au  inilieudu  jour  soit  dans  des  vallees,  comme 
dit  le  m^me  poete,  oii  des  ehenes  eleves,  dont 
lc  bois  sera  consacre  depuis  longtemps  d  Jupiter, 
itciulront  au  loin  leurs  branches;  soit  dans  dcs 
forets  qu'une  quantite  d'yeuses,  dont  fombre 
sacrce  invite  d  se  reposer,  rend  iinpenetrables 
d  la  lumiere.  Lorsqu'ensuite  la  chaleur  scra 
tombee ,  raenous-les  boireuue  seconde  fois ,  poui 
les  faire  paitre  de  nouveau  ve?-s  le  coucher  du 
soleil,  lorsque  lu  Jraicheur  du  vesper  aura 
leinpcre  Vair,  et  que  la  nuit  en  ainenant  la  rosce 
commencera  d  refdre  les  forets.  Mais  il  faut 
observer  en  ete,  pendant  le  lever  de  la  Cani- 
culc  ,  de  conduire  lc  Iroupeau  avant  midi  la  tetc 
touruee  a  roccident,  en  le  faisaut  avancer  vers 
ce  point  du  monde ,  ct  l'apres-midi  vcrs  rorient  : 
car  il  est  tres-importaut  que  la  tetedes  hrebis  ne 
soit  poiut  alors  en  faee  du  soleil  pendant  qu'elles 
bioutcnt,  parce  que  cette  constellation  est  ordi- 
nairement  pernicieuse  aux  animauxa  son  lcvcr. 
On  Ics  reliciKlra  peudant  les  matinees  d'liiver  ct 


rontlunis  inalres  nrtmoveiKla;  smit,  et  a  septo  emitteiuli 
agni,  ut  condiscant  foris  pasci.  De  genere  pabuli  jain  el 
anle  diximus,  ut  nunc  eoriiin  ,  ijua;  oinissa  sunt,  memi- 
neilmns,  jucmi^lissiinas  licrbas  esse,  qua;  aratro  proscissis 
arvis  nascantin-;  (lcin<lri|iia'pratisuliginecarentibus;  pa- 
liislres  silvcslicsi|iic  miiilme  idoueas  liaberi.  Nec  tamen 
ulla  snnt  lam  blanda  pabiila,  ant  etiaiii  pascua,  (iiioruin 
gratia  iion  t^xolcscat  usii  coutinuo,  iii.si  pocudnm  laslidlo 
p.astor  occurrerit  pra;bilo  sale,  ijuod  velut  ad  pabuli  con- 
dimeDtum  per  xstaleni  canalibus  iigneis  imposituin ,  ciim 
c  paslu  redierint  oves ,  lambunt,  atque  eosapore  ciipidi- 
nem  bibendi  pascendique  concipiuut.  Alcontra  pcnuri.io 
biemis  succnrritur  ohjcclis  inUa  tectiim  per  prajscpia 
cibis.  AluntiM'  autem  coinmodissime  reposilis  uliueis  vcl 
ex  fraxino  ftondibus,  velauluinuali  ficuo.quod  cordiiin 
vocatur.  Nam  id  mollius  et  ob  boc  jiicundius  est,  quam 
maluruin.  Cytisoqiioqiic  et  sativa  vicia  pulcberriine  pas- 
cunlur.  Ncccssaria;  tamen ,  ubi  caetcia  dcfcccrnnt,  ctiam 
cx  leguniinibns  pale;c.  Nainperse  oidcuin,  velfresa  cum 
[suis  valviilisj  laba  [vcl]  ciccrcnla  siiinpliiosior  esl, 
quumiit  subuibanis  regioiiibns  salubri  pretio  possil  pra> 


bcri  ■.  sed  siculii  \ilitas  pennilti,  liaud  dubie  sunt  oplima. 
Dc  temporibiis  aiitem  pascendi ,  ct  ad  aquain  dncendi  per 
icstalem  iiun  aliter  sentio,  quani  ut  prodidit  Maro  :  Z?«- 
ci/vrt  priiHo  niiii  xidvrc  friijida  rura  Carpamus,  dum 
muiic  iwviiiii,  diiiii  ijraiiiina caiicnt,  Et ros  in  tcnerapc- 
cori  ijralis.siiiiiis  liirba. Indeubi  quartasitiin  cmti  col- 
legerit  /lora,  Ad  puteos,  aut  alLa  gregcsadslaijna  per- 
ducamus,mcdioquedie,ut  idem,ad,vallem,.S««6iH(«yH« 
Joris  antii/uo  robore  i/ucrcus  lngcntcis  tendit  ramus , 
aut  sicubi  niijruni  Uicibus  crebris  sacra  neinus  ac- 
cahal  uinbra,  Uiiisus  deinde  jain  niitigato  vapore  com- 
pellainus  ad  aquain,  ct  iteriim  ad  pasciia  producamus. 
Sotis  ad  occasuin,  cuinfriijidus  aera  vesper  Temperat, 
et  sattus  rejicit  jaiH  roscida  tuna.  Sed  observandiim 
est  sidus  aislalis  per  eincrsum  Canicute,  ul  anle  meridicni 
grex  iii  occidentem  spcclans  agatur,  et  in  eam  partcni 
prngrediatiir,  post  meridicm  iii  oricnlcm.  Sitpiidem  pliiri- 
nium  rcferl,ut  nc  pasccntium  capita  sinl  advcrsa  soli, 
qiii  plcrumqne  iiocet  animalibus  oriciitc  praediclo  sidcrc. 
Ilieme  ct  veie  matulinis  lcmporibus  intra  septa  conti- 
ncantur,  duiii  dics  arvis  gdicidia  dctraliat.  Nam  pruiuosa 


U4 


COLUMELLE. 


de  priiitemps  dans  leur  enelos,  jiisqu'a  ce  que  Ic 
soleil  ait  ressuye  la  gelee  blanche  des  campa- 
pnes,  parce  que  riierbe  couverte  de  rosee  occa- 
sionne  danscessaisonsdcslluxionsaux  bestiaux, 
ct  leur  lache  le  ventre.  Cest  pour  cela  aussi  qu'il 
ue  faut  les  laisser  boire  qu'une  seule  fois  dans  les 
temps  de  Tannee  froids  et  humides.  Outre  ceia, 
celui  qui  suit  le  troupeau  doit  avoir  Tceil  de  tous 
c6tes,  etre  vi;j;ilant  (preccpte  applicabie  en  ge- 
neral  ^  tous  ceux  qui  gardcnt  des  bestiaux ,  de 
quelqueespecequ'ils  soient;,et  legouverncr  avec 
beaucoup  de  douceur,  car  ces  animaux  sont  tres 
pacifiques,  et  souffrent  tout  en  silence.  Le  con- 
ducteur  secontentera  de  menacer  les  brebis  avec 
!a  voix  et  la  houlette ,  quand  il  s'agit  de  les  ras- 
serabler  et  de  ies  faire  rentrer,  sans  jamais  lancer 
de  traits  contre  elles ,  sans  s'ecarter  a  une  trop 
grande  distance  d'eiles,  et  sans  se  coucher  ni 
s'asseoir  a  terre.  II  doit  au  contraire,  lorsqu'il 
ne  marche  pas,  se  tenirdebout,  parce  que  le  de- 
voir  d'uu  gardicn  est  d"avoir  les  yeux  postes, 
pourainsidire,  surune  guerite  tres-elevee,  pour 
empecher  de  s'ecarter  des  autres  ou  celies  qni 
sont  parcsseuses et pleines,  lorsqu'elIes sarrelent, 
ou  celles  qui  sont  agilesetqui  ont  mis  bas,  lors- 
quelles  vont  trop  vite,  dc  peur  qu'un  voleur  ou 
une  bete  feroce  ne  vienne  a  le  tromper  et  a  lui 
faire  prendre  Ic  change.  Mais  tous  ccs  preceptes 
sont  generaux  ,  et  conviennent  presque  a  toutes 
les  especes  de  brebis ;  au  lieu  que  nous  en  allons 
donner  de  particuliers  pour  les  especes  le  plus 
estimces. 

IV.  II  est  rarement  avantagenx  d'avoir  des  bre- 
bis  grecques,  que  l'on  appelle  communement  bre- 
bis  de  Tareute,  a  moins  que  le  proprietairene  soit 
dans  le  cas  d'avoir  continuellement  roeil  sur  el- 
lcs ,  paree  que  ce  betail  demande  de  plus  grands 
soins  et  plus  de  nourriture  que  les  autres.  Car  si 
les  bestiaux  qui  portent  laiue  sont  en  general 


plus  delicats  que  les  autrcs,  celui  de  Tarente 
Test  encore  plus  particulierenicnt ,  parce  qu'il  ne 
pent  supporter  aucune  sorte  de  negligenceeten. 
core  moins  de  lesine,  soitde  la  part  du  proprio- 
taire,soitde  la  partderintendant  du  troupeau, 
comrae  il  ne  peut  pas  non  plus  se  faire  au  chaud 
ni  au  froid.  II  preud  le  plus  souvent  sa  nourri- 
ture  a  Tetable  et  rarement  au  dehors  ,  et  il  lui  en 
faut  une  tres-grande  quantite ;  de  sorte  que  si  le 
raetayer  lui  en  soustrait  une  portion  par  fraude, 
le  desastre  se  met  bientfit  dans  le  troupeau.  II 
suftit  de  mettre  dans  les  creches  de  ces  animaux, 
pendant  fhiver,  trois  sextar/i  d'orge  pourcha- 
que  tete,  ou  quatre sextarii  soit  de  feves  broyees 
avec  leur  cosse ,  soit  de  pois  chieiies,  en  leur 
donnant  par-dessus  du  feuillage  sec ,  ou  de  la  lu- 
zerne  tant  seche  que  verte ,  ou  du  cytise ,  ou 
meme  sept  livrcs  de  regain,  ou  de  la  paille  de 
legumes  eu  abondance.  II  ne  peut  y  avoir  qu'un 
fres-petit  prolit  a  retirerdece  bctail  sur  la  vente 
des  agneaux ,  et  il  n'y  en  a  aucun  a  faire  sur  le 
lait,  parce  qa'on  tue  communement  les  agneaux 
que  Ton  ue  doit  pas  garder,  tres-peu  de  jours 
aprcs  leur  naissance ,  sans  attendre  qu'ils  soient 
faits,  et  que  fon  en  donne  d'autres  a  allaiter  aux 
meres  qu'on  a  privees  des  leurs  propies.  Mais  on 
ne  donne  qu'un  agneau  a  deux  nourrices,  sans  le 
frustrer  de  la  moindre  portion  de  leur  lait,  afm 
que  s'en  rassasiant  davantage,  il  se  fortifie  promp- 
tement,  et  que  la  brebis  qui  aura  agnele,  ayant 
une  nourrice  associee  avec  elle,  ait  moins  de 
peine  a  elever  son  agneau.  Aussi  faut-il  observer 
avec  tres-grande  attention  de  presenter  tous  les 
jours  a  ces  agneaux  le  pis  de  leurs  raeres,  ainsi 
que  celui  de  ces  ra^res  etrangeres  ([ui ,  n'ayant 
point  pour  eux  raffection  maternelle,  ne  cher- 
cheraient  point  a  le  leur  presenter.  II  faut  elever 
pius  de  m^les  dans  ces  sortes  de  troupeaux  que 
dans  ceux  de  brebis  a  laiue  grossiere ,  parce 


[iis  diehiis]  lierba  pcciuli  graveilinem  creal,  venlremqiie 
proliiit.  Quare  etiam  frigidis  liumiiiisque  temporibiis  aiini 
semel  [  lanlnm  ]  ei  poteslas  aquae  facienda  est.  Tum  qiii 
eeqiiitur  gregein  circumspectus  ac  vigilans  ( iJ  quod  om- 
nibus  et  omnium  quadrupedum  custodibus  praecipitur  ) 
magna  clementia  moderctiir;  idemque  propiorquia  sileut, 
el  in  agendis  recipiendisqiie  ovibus  adclamatione  ac  baculo 
minetur  :  nec  unquam  telura  emittat  in  eas  :  neque  ab 
liis  longiiis  recedat :  nec  aut  recubet ,  aiit  considat.  Nam 
nisi  procedit ,  staredebet,  quandoquidem  custodis  officiiim 
sublimem  celsissimamque  oculorum  veluti  speculam  de- 
siderat,  ut  neque  tardiores  et  gravidas,  dum  cunctantur, 
neque  agileset  foetas,  dum  prociirrunt,  sepaiari  acaeteris 
sinat;  nefiir,  autbestia  hallucinantem  pastoremdccipiat. 
Sed  liiEC  communia  fere  sunt  in  omni  pecore  ovillo.  Nuuc 
quiie  sunt  generosi  propria  dicemus. 

\V.  Gnecura  pecus,  quod  plerique  Tarenlinuni  vocant , 
nisi  cum  doniini  praesenlia  est ,  vix  expedit  liaherl  :  siqui- 
liem  et  curain  et  cibum  majorem  desiderat.  Nam  cum  sil 
uuivcrsuni  genus  lauigcruni  ca;leris  pecudiliiis  niollius, 


lum  ex  omnibus  Tarentinum  est  niollissimum  ,  qiiod  nul- 
larn  domini  aiit  magistiorura  iiieptiain  sustinet,  iiiultoque 
niinus  avaritiam ;  nec  aestus ,  nec  frigoris  patiens.  Raro 
foris ,  plerumqiie  domi  alitur,  et  est  avidissimura  cibi; 
ciii  si  quid  detialiitur  fraude  villici,  clades  sequitur  gre- 
gem.  Singiila  capita  per  biemera  recte  pascuntur  ad  prae- 
sepia  tiibus  oidei  vel  fiesa;  cura  suis  valvulis  fabae,  aut 
cicei  cula;  quatuor  sextariis ,  ita  ut  et  aridam  frondem  prse- 
beat,  aut  siccam  vel  viridera  medicam  eytisumve,  tuni 
eliam  cordi  foeni  septena  poiido ,  aiit  legiiminuin  paleas 
adfalim.  Minimus  in  agnis  vcndundis  in  liac  pecude ,  nec 
iillus  lactis  reditus  liaberi  potest.  Nam  et  qui  submoveri 
debent,  paucissimos  post  dies  quam  edili  sunt,  immaturi 
fcre  mactantur  ;  oibicque  nalis  suis  niatres  aliense  soboli 
|ira:bent  ubera  :  quippe  slnguli  agui  binis  nutricibus  sub- 
mitluntur,  nec  quicquam  subtralii  submissis  expedit,  quo 
satuiior  lactis  agnus  celeriter  confirmetur,  et  parla  nuti ici 
consociata  miiius  laboret  in  educatione  lirtus  siii.  Qiiam 
ob  caiisam  diligenti  cuia  servandum  est,  ut  et  siils  qiioli- 
die  matribus  et  alienis  non  amantibus  agni  subruniciitut. 


DE  L'AGRICULTimE,  LIV.  VII 


3-45 


qu*on  lcs  chStre  avant  quMls  puisscnt  couviir  les 
femelles,  des  qu'ils  ont  deux  ans  passes ;  et  qu'on 
les  tue  pour  vendre  leurs  peauxa  desmarchands 
qui  les  payent  beaucoup  plus  cher  que  toutes  les 
autres  toisous,  a  cause  de  la  heaute  de  la  laine 
dout  elles  sont  couvertes;  Souvenons-nous  de 
faire  paitre  les  hrebis  grecques  dans  des  campa- 
gnes  libres,  et  qui  ne  soient  erabarrussees  ni  par 
des  arbrisseaux  ni  par  dcs  huissons,  de  peur  que 
(conimeje  raiditci-dessus)  leur  laiueou  leurcou- 
verture  ne  soit  accroehee.  Elies  demaudent  les 
plus  t;rands  soins  a  la  maison ,  mais  elles  n'en 
demandent  pas  moins  au  dehors,  quoiqu'on  ne 
les  niene  pas  paitre  tous  les  jours.  Car  il  faut 
les  decouvrir  souvent  pour  les  rafraichir,  leur 
cplucher  frequemment  la  laine,et  Tarroser  de 
viu  et  d'huile ;  quelquefois  meme  il  faut  la  laver 
entierement,  lorsque  letempsestassez  beau  pour 
permettre  cette  op!''ration,  qu'il  suffira  neannioins 
de  faire  trois  fois  Tan.  11  faut  encore  nettoyer 
souvent  leurs  bergeries,  de  faeon  qa'elles  soient 
toujours  propres ,  et  en  balayer  toute  rhuraidite 
occasionnee  par  leur  uriue  :  il  sera  aise  de  les  te- 
nir  seches  au  moyen  de  planehes  percees  dont 
clles  seront  parquetees,  et  sur  lesquelles  le  trou- 
pcau  se  couehera.  II  faut  non-seulemeut  purger 
lcur  habitation  de  la  boue  ou  du  fumier,  mais 
encore  des  serpents  venimeux.  A  cet  effet , 
snchez  qu'il  faut  hruler  dic  cedre  odoriferant 
dans  les  etables ,  et  chasser  les  serpcnts  veni- 
mevx  par  Vodeur  du  galbanuin  bnVe.  Souveni 
des  viperes  dangereuses  d  toucherse  sont  trou- 
vees  cachces  sous  des  creches  que  Von  n^avait 
jamais  deplacees,  et  se  sont  enfuies  d'effroien 
voyant  la  lumiere ;  souvent  des couleuvres ont 
fixe  leur  sejour  dans  une  etab/c,  Dans  Tun  et 
Tautre  cas,  pdtre,  ramasscz  despierres,  comme 


le  prescrit  le  meme  auteur ,  ou  prencz  un  bd- 
ton  dc  robre ,  ct  ccrasez  ces  animaux  au  mo- 
ment  qu'ilsvous  menacent  leplus,  en  gonflant 
leurs  cous  et  en  fuisant  entendre  leurs  siffle- 
ments.  Ou ,  pour  prevenir  les  dangers  que  Ton 
conrt  soi-nierae  lorsqu'on  cst  eontraint  d'en  ve- 
nir  a  cette  exlrcmite  ,  biulez  souvcnt  des  chc 
veux  de  femme  ou  de  la  corne  de  cerf ,  doiit  To- 
deur  est  cxcellente  pour  chasser  ces  sortcs  d'ani- 
maux  pestilentiels  des  ctables.  On  ne  peut  fixer 
pour  la  toute  un  temps  eertain ,  et  qui  soit  le 
merae  pour  toutes  les  contrees,  parce  que  Tete 
ncstpasegalemeuttardif  niegalementhatifdans 
tous  les  pays  :  ainsi  la  meilleure  mctliode  est 
d'exaraiuer  les  temps  dans  lesquels  lcs  bicbis  ne 
seront  exposccs  a  souffrir  ui  du  froid  lorsqu'on 
les  aura  tondues,  ni  du  chaud  lorsqu'elles  au- 
ront  encore  leur  laine.  Au  surplus,  en  tel  tcraps 
qu'une  brebis  aitete  tondue,  il  faudra  la  frotter 
avec  la  eoraposition  suivante  :  On  mclera  ensem- 
ble  a  doses  cgales  du  bouillon  de  Itipins ,  de  la  lie 
de  vieux  vin  et  de  la  lie  d'huile ;  et  lorsque  la 
brebis  scratondue,  on  Tarrosera  de  ee  raclauge 
de  liqueurs;  quaud  son  dos ,  que  Ton  frottera 
bien  pendant  troisjcurs,  euauraetc  bien  imbibe, 
on  la  menera  le  quatriemejouraubord  de  la  mer, 
si  elle  est  dans  le  voisinage,  pour  \'y  plonger; 
mais  si  la  mer  est  eloignee,  on  mettra  du  sel  dans 
de  Teau  de  pluie  qu'on  laissera  a  Tair  jusqu'a  ce 
qu'ellecn  soit  bien  impregnee;  npres  quoi  on  s'en 
servira  pour  laver  le  troupeau.  Celsus  assure 
qu'eu  prenant  toutes  ces  precautions,  ce  betail 
ne  i)eut  pas  devenir  galeux  de  rannee;  mais  un 
fait  qui  n"est  point  douteux  ,  c'est  que  sa  laine  re- 
viendrn  plus  douce  et  plus  longue  qu'elle  ne  Tetait 
auparavnnt. 

V.  Comme  nous  avons  passe  en  revue  les  soins 


1'luies  anlem  iii  ejnsmodi  gregibiis  quani  in  Iiirtis  mas- 
culos  enutriie  oportet.  Naiii  [iiius  iiuani  f(i miuas  iiiire 
possint  inares  castrati ,  cum  bimatum  e\pleverinl,  ene- 
cantiir,  et  pelles  corum  propter  pulchritudinem  lanae  majqre 
pretio  quam  alia  velleia  mercanlibus  traduntur  Liberis 
autem  campis  et  omni  snrculo  ruboque  vacantibus  ovem 
Gra^cara  pascere  meminetiraus ,  ne  ,  ut  supra  dixi ,  ct  lana 
cjrpatur  et  tegumen.  ■Nec  tamen  ea  niinus  sedulam  curam 
foris,  quianon  quotidie  procedit  in  pascua,  sed  niajorem 
domesticani  postulat.  Nam  soeiilus  delegcnda  et  refi  ige- 
randa  est  :  sxpius  cjus  lana  diducenda,  vinoque  et  oleo 
insuccanda,  noniumquam  etiamtotaest  eluenda,  si  diei 
permittit  apiicitas  :  idqueteranno  fieri  sat  est  Slabula 
vcio  fiequeutcr  everrenda  et  purganda ,  linmoi que  onuii» 
nrina;  deverrendus  est,  qiii  commodissime  siccatur  peiio- 
latis  tabulis,  quibus  ovilia  constcrnuntur,  ut  grex  su- 
percubet.  ISec  tantum  ca^no  aut  stercore,  scd  cxitiosis 
quoque  serpentibus  tecta  libcrentur  :  qiiod  iit  liat ,  Uisce 
et  odoratam  stabulis  incciidere  ccdrum,  Galbiineoque 
agitare  graves  nidore  clieUjdros.  Sirpe  sub  immolis 
prwsepibus  aut  mala  taclu  Vipera  d<'tiluit,ca-lumijue 
exterrita  fugit :  Aut  leclo  assuetus  coluber.  yiiaie ,  ut 


idem  jiibet,  capesaxa  mann,  cape  rolmra  pnslor,  Tol- 
lenlemtjue  minas,  et  sibila  coila  tumeniem  Dejice. 
Vel  ne  isUid  ciim  periculo  faceie  neeesse  sit,  muliebrcs 
capillos,  aut  cervina  sspius  ure  cornua  :  quorum  odor 
maximeuon  palitur  stabulis  prasdictain  pestem  consistere. 
Tonsur.-c  certum  tempus  auni  per  omnes  rcgiones  servari 
non  putest  :  quoniaiu  uec  ubiqiie  tarde,  nec  celeriter 
«■stas  ingruit  :  et  est  modiis  oplimus  considerare  tempes- 
lates,  quibus  ovis  nequc  frigiis,  si  lauam  detraxeris,  ncque 
■cstuin,  si  noudum  detondcris,  sential.  Verum  ea  quan- 
doqiie  delonsa  fucrit ,  ungi  debet  tali  medicamine  :  siiccus 
excocti  Inpini,  vcterisque  vini  fex,  ct  amurca  pari  raen- 
sura  inisrentiir,  coqiie  liqnamine  tonsa  ovis  imbuitur,  at 
i]iii-  iibi  per  Iridiium  delibiito  tergore  mcdicamina  perbi- 
berit ,  quarto  die ,  si  est  viciuia  maris  ,  ad  littus  dedncta 
mei salur  :  si  minus ,  caleslis  aqua  siib  dio  salibus  in 
liunc  iisiim  diirata  paiilum  decoipiitur,  eaque  grex  perlui- 
tur.  Iloc  modo  ciiratum  pecus  tolo  aniio  scabrmn  (ieri 
non  posse  Cclsus  affumal  :  nec  dubium  est ,  quiu  etiani 
ob  eam  rcm  lana  mollior  atque  prolixior  rcnascatur. 

V.  Et  quouiam  recensiiimus  cultiim  curanique  recte 
valentium,  niinc  quemadmodum  viliis  aut  morbo  lalio- 


346 


COLUMELLE. 


et  les  attentions  que  demandent  les  brebis  qiii  se 
portent  bien ,  nous  allons  prescrire  a  preseut  la 
faeon  dont  on  doit  soulager  eclles  qui  sont  defec- 
tueuses  ou  malades ,  quoique  presque  toute  cettc 
derniere  partie  ait  deja  ele  epuisee  lorsque  nous 
avons  donne  dans  ie  premier  livre  la  facon  de 
traiter  les  grands  bestiaux.  En  effet,  corame  la 
constitution  du  corps  est  presque  la  meme  dans 
les  petits  quadrupedes  que  dans  les  grands ,  il 
y  a  tres-peu  de  differences  a  rcmarquer  dans 
leurs  maladies ,  comme  dans  les  reraedes  qu'on 
y  applique;  encore  ces  differeuces  sont-elles 
legeres  :  neanmoins ,  si  legeres  qu'elles  soient , 
nous  ne  les  passerons  point  sous  silence.  Si  un 
troupeau  entier  est  raalade,  il  faut,  conforme- 
raent  a  ce  que  nous  avons  ordonne  ci-dessus ,  et 
que  nous  croyons  devoir  repeter  de  nouveau 
(  parce  que  nous  pensons  que  cette  m(5thode  est 
tres-salutaire) ,  changer  dans  ce  cas-la  les  pdtu- 
rages  et  Taiguade  de  toute  lacontrce,  et  che^-- 
cher  un  autre  ciimat  ( car  c'est  le  remede  le  plus 
efticace).  Mais  il  faudra avoir  soin,  en  faisant  cette 
mutation,  de  choisir  des  carapagues  couvertes 
d'arbres,  si  la  niaiadie  a  ete  occasionnee  par  la 
chaleuretpar  Tardeurdu  soleil ,  etdeslieux  ex- 
poses  au  solcil ,  si  c'est  le  froid  qui  Ta  occasion- 
nte.  On  aura  soin  de  conduire  letroupeau  dou- 
cement  et  sans  le  trop  harceler,  pour  ne  pas 
augmenter  sa  faiblesse  par  la  fatlgue  d'ua  long 
cherain,  quoiqu'iIne  faudra  pas  non  plus  lc  con- 
duire  absolumentavec  lenteur,  nisansle  presser 
en  aucune  maniere ;  paree  que  s"il  n'est  pas  ex- 
pedient  de  trop  emouvoir  les  betes  deja  faliguees 
par  la  maladie ,  et  de  leur  distendre  les  membi-es, 
il  est  utile  d'uu  autre  cotede  les  exercer  raodcre- 
ment,  et  de  les  reveiiler ,  pour  ainsi  dire,  de  leur 
assoupissement,  sans  permettre  qu'elles  torabent 
dans  rengourdisseraeut  et  meurent  en  lethargie. 
Lorsqu'ensuite  le  troupcau  sera  arrive  a  sa  desti- 


nation,  on  l'y  distribuera  aux  colons  du  pays  par 
petits  pelotons  :  en  effet,  il  se  portera  niieux  etant 
ainsi  divisc  que  s'il  etait  entier,  soit  parce  que 
Tair  de  la  maladie  elle-meme  sera  moins  conta- 
gieux  dans  un  plus  petit  nombre  de  betes,  soit 
parce  qu'on  trouvera  plus  de  facilites  i  donner 
ses  soinsaun  troupeau  desqu'il  seramoins  nom- 
breux.  Voila  done  ce  que  Ton  aura  a  observer, 
si  toutcs  les  hrebis  generaleraent  sont  malades, 
en  y  joignant  les  autres  preceptes  que  nous  avons 
detaillcs  dans  le  livre  precedent  (pour  ne  pas 
repeter  ici  les  mcmes  cboses).  Voici  a  present  ce 
qu'il  faudra  observer.  lorsqu'il  n'y  aura  que 
quelques  betes  malades.  Les  brehis  sont  iufec- 
tees  de  la  gale  plus  souvent  que  tout  autre  ani- 
mal :  cette  maladie  leur  vient  corarauneraent , 
comrae  dit  notre  poete,  lorsqiCune  pluie  froide 
les  apenetreesjusqu'auxos,  et  qu'e/les  ontetc 
exposces  en  hiver  aux  gclces  blanches;  lors- 
qu'apres  la  tonte  on  n'a  pas  eu  recours  au  re- 
mede  que  nous  avons  donnc;  lorsqu'on  n'a  pas 
lave  daus  la  mer  ou  daus  une  rivicre  la  crasse  de 
leurs  corps,  occasionnee  par  les  sueurs  deTete; 
lorsqu'apres  la  tonte  du  troupeau  ,  on  Ta  exposc 
a  se  blesser  dans  des  buissons  sauvages  et  dans 
des  epines ;  enfin  lorsqu'on  Ta  mis  dans  des  eta- 
bles  qui  avaient  servi  preeederament  a  des  mu- 
les ,  a  des  chevaux  ou  a  des  anes :  mais  c'est  sur- 
tout  le  defaut  denourriture  qui  occasionne  cette 
maladie,  en  occasionnant  la  maigreur  dont  elle 
est  une  suite.  On  s'apercoit  que  cette  raaladie 
commence  a  gagner  ces  animaux  lorsqu'ils  se 
grattent  et  se  raordcnt  la  partie  nialade,  qu'ils  y 
porlent  la  corne  ou  le  pied ,  ct  qu'ils  la  frottent 
contre  un  arbreou  coutreles  murailles.  Aussitot 
donc  que  Ton  voit  une  brebis  occupee  de  ces  pe- 
tits  maneges,  il  faut  la  preudre  et  ecarter  sa 
laine,  pourexaminer  la  peau  de  dessous,  qui  doit 
etre  rude  et  couvertc  d'une  espcee  de  crasse.  II 


ranlibiis  subveniendum  sit,  priecipiemus  :  quanquam 
pars  h<KC  exordii  pene  tota  jam  cxliausta  est,  cum  de  me- 
iliciua  majoris  pecoris  priore  libro  disputaremus.  Quia 
cum  sit  fere  eadem  corporis  natura  minorum  majorumque 
quadrupedum ,  [jaucae  parva^que  morborum  et  remedio- 
rum  diflerentiae  possunt  inveniri :  quae  tamen  qiianlulajcun- 
quesint,  non  omittenlur  anobis.  Si  aegrotat  universum  pe- 
cus,  utelanleprajcepimus,  etnuncquiaremurcssemaxime 
salutare,  iterum  adseveramus  ,  in  lioc  casu ,  quod  est  re- 
mediuni  prMsentissimum ,  pabula  niutemus  et  aqiiatio- 
ncs,  totiusque  regionis  aliuni  quaeramus  statum  c;('li ,  cu- 
remusque,  si  ex  calorc  et  seslu  concepta  peslis  invasit, 
ut  opaca  rura  :  si  invasit  rrigore ,  ut  eligantur  apiica.  Sed 
niodiceac  sine  festinatione  persequi  pecus  opnitebit,  ne 
imljecillitasejus  longis  itiueribus  aggravetur  :  nec  tamen 
in  totum  pigre  ac  segniter  agere.  Nam  qiiemadmodum 
fessas  morbo  pecudes  veheraenter  agitare  et  extendere  non 
conveiiit ,  ita  conducit  mediocriter  exercere  ,  ct  quasi  tor- 
pentcs  excitare,  nec  pali  veterno  conseiiesccre  atque  ex- 
iugui.  Cum  dcinde  giex  ad  locum  fuerit  pcrduclus,  in  la- 


cinias  colonis  distribuatur.  Nam  particulatim  lacilius  quam 
universus  convalescit,  sive  quia  ipsius  inorbi  halitus  mi- 
nbr  est  in  exiguo  numero,  seu  quia  expeditius  cura  major 
adhibetur  pautioribus.  H;ec  ergo  et  veliqua,  ne  nunc  eadem 
repclamus,  qu.*  superiore  exordio  percensuimus,  obser- 
varedebemus,  si  universK  laborabunt  :  illa,  si  singulM. 
Oves  frequeniius  ,  quarn  ullum  aliud  animal  infestantur 
scabie;  qui^e  fcre  nascitur,  sicut  noster  memorat  poela, 
Cum  frigidus  imbcr  Altius  ad  vivum persedil ,  et  hor- 
rida  cano  Bruma  rjelu,  vel  post  lonsuram  ,  si  remedium 
pra'dicti  medicaminis  non  adliibeas ,  si  a-stivum  sudoiem 
mari  vel  lluraine  non  abluas,  si  tonsum  giegem  patiaiis 
silvestribus  rubis  ac  spinis  sauciari ,  si  stabiilo  iitaris ,  in 
quo  miila!  auteqniaut  asini  steterunt  :  prscipue  lauicu 
exiguitas  cibi  maciem,  macies  autem  scabiem  facit.  Ha'e 
ubi  coepit  irrepere ,  sic  intelligitur  :  viliosum  locum  pe- 
cudes  aut  morsu  scalpunt,  aut  coruu  vcl  ungiila  tundupt, 
aut  arbori  adfricant,  paiielibusve  detergent  :  quod  ubi 
aliquani  facientem  videi  is  ,  comprehendere  oporlcbit ,  ct 
lanam  diduccre  :  nam  subest  aspera  cutis ,  ct  vclut  qu;c- 


DK  L'AGRICULTURE,  LIV.  VII. 


fautallcr  au-devaut  de  cette  nialadic  desqu'elle 
comincnee  a  paraitre,  de  peui-  qu"elle  iiMnfecte 
lout  ie  tronpeau,  et  iiienie  promptement,  d'au- 
tant  que  Ws  brcbis  sont  sujettes  a  la  contagion 
plus  particulicrcment  encore  qiie  les  autres  bes- 
tiaux.  Or  il  ya  plusieurs  remedes,  que  nous  al- 
lons  tous  donner  ;  non  pasqu'il  soit  necessaiie  de 
les  employcr  tous  a  la  fois,  niais  paree  qu'il  y  eo 
a  dans  le  nombre  que  Ton  ne  peut  pas  trouver 
sous  sa  main  dans  certaines  eontrecs,  et  afin 
que  surlaquantite  ou  puisse  au  moins  cn  trouver 
un  seul  dont  rapplication  suffise  pour  lesguerir. 
D'abord  on  peut  employer  avec  suc«es  la  corapo- 
sition  que  nous  avons  donnee  plus  haut,  c'est-a- 
dire ,  un  melange  par  portions  egales  de  lie  de 
vin  ,  de  lie  dliuile  et  de  bouillon  de  lupins  ,  au- 
quel  on  ajoutcra  de  rellebore  blane  pile.  Lejus 
de  la  eigue  verte  peut  aussi  enlever  cette  mala- 
die  :  on  coupe  a  cet  effct  eette  plante  au  prin- 
temps,  lorsqu'ellecommence  aetreen  tige,  saus 
attendre  quelle  soit  en  graine  ;  on  la  pile,  et  on 
serre  dans  un  vase  de  terre  ie  jus  que  l'on  cn  a 
exprime,  en  y  ajoutant  i\n  semodu(s  de  sel  roti 
sur  deux  urna^  de  jus.  Lorsque  cela  cst  fait ,  on 
enduit  le  vase  pour  le  bien  boucher,  et  on  l'en- 
fouit  dans  du  fumier  ;  apres  quoi  cc  medicaraent 
ayant  etecuit  pcndanttoute  rannee  parla  vapcur 
du  fumicr,  on  Ten  tire  pour  rappliquer  ehaud 
sur  la  partie  malade,  apres  Tavoir  grattee  prca- 
lablemcut  jusqu'au  vif  avcc  une  brique  rude  ou 
avec  la  pierre  ponee.  Ou  traite  aussi  la  meme 
raaladie  avec  de  rhuile  cuitc  jusqu'a  diminu- 
tion  desdeux  tiers,  comme  avec  de  vieille  urine 
dhorame,  dans  laquelle  on  plonge  des  tuiles  ar- 
dcntes.  .Mais  il  y  a  des  personnes  qui  aiment 
mieux  raettre  cette urine  sur  le  feu ,  pour  la  fnire 
cuirejusqu'a  diminution  d'un  ciuquieme,  avec 


pareille  quanlite  dejus  de  cigue  verte,  ct  qui  y 
rcpandent  ensuitc  de  la  poterie  rcduite  en  pou- 
dre,  de  la  poix  fondue,  et  du  scl  r6ti  a  la  dose 
d'un  sextarivs  chacun.  Du  soufre  egruge  et  de 
la  poix  fondue,  epaissis  ensemble  par  portions 
egales  a  Taide  d'un  feu  lent,  remcdientegalement 
a  cette  maladie.  Mais  le  poiime  des  Georgiques 
assure  qu'il  n'y  a  point  de  meilleur  remcde  ijne 
de  coiiper  avec  le  fer  re.Tlremite  des  levres  de 
c/iaque  ulcere ,  paree  (pte  le  rirus  subsiste  et 
fait  des  progres  lant  qiCil  n'est  pas  d  decou- 
vert.  C'est  pourquoi  il  fnut  ouvrir  les  ulceres, 
et  les  traitcr  a vec  des  medicaraents ,  comme  toute 
autre  plaie.  II  ajoutc  cnsuite  ,  avec  non  inoins  de 
prudence,  que  lorsque  les  brebis  ont  la  ficvre, 
il  faut  lcur  tirerdu  sang  du  talon  ou  d'entre  les 
cornes  du  pied  ,  d"antant  qu'il  a  tressouvent  ete. 
ittile  deprevc7iir  le  ravac/eque  peuvent  caiiser 
lesfcux  qui  s'allument  dans  Leur  corps ,  et  de 
piquer,  entre  les  extremites  de  leurs  pieds, 
laveine  dontle  battemcnt  annonce  une  trop 
fjraiide  abondance  de  sang.  0\\  leur  tire  cn- 
core  dusang  sous  les  yeux,  ainsi  que  des  oreillcs. 
Les  elous  infecteut  aussi  les  brebis  dedeux  raa- 
nieres  :  soit  lorsque  Ton  voit  du  pus  et  une  cntrc- 
tnilUire  dans  la  separntinn  mcmc  de  la  corne  du 
pied,  soit  lorsqu'il  vieiit  a  s'y  former  une  petite 
tumeur,  vcrs  le  railieu  de  laquelle  s'tlc\e  un 
poil  semblable  a  un  poil  de  chicn,  etsous  laquelie 
estrenfermeun  petit  ver.  Le  pus  ct  rentretaillure 
disparaifront,  soit  cn  lcs  frottant  simplement 
avec  de  la  poix  fondue,  ou  avec  de  ralun  et  du 
soufre  mcles  enserable  dans  du  vinaigre,  ou  avec 
de  ralun  broye  nvec  une  jeune  grenade  dont  les 
grains  ne  sont  pas  cncore  foi'mcs,  et  arrose  de 
viiiaigre;  soit  eu  les  saupoudrant  de  vert-dc-gris, 
soit  eu  appliquaut  dessus  unc  noix  de  gnlle  bru- 


dam  norrigo.  Ciil  priino  qiioque  tempore  nfcnrrendiim 
cst ,  iie  lolam  piiigciiiein  raini]uinet,  si  quldem  celeriler 
cum  et  alia  pecora ,  tuiii  pr.Tcipue  oves  contagione  vexen- 
tur.  Sunt  autem  coni|)luia  niedicamina,  (|ua!  idcirco  enu- 
nieraliimus ,  non  (piia  iiiiiilis  uti  necesse  sit ,  sed  quoniam 
iioniiullis  re^ioiiilius  qu.cdam  rcpcriri  nequcunt ,  ex  plu- 
rilius  aliqiiod  invcntuni  reniediii  sit.  Facit  autera  comniode 
piiinum  e.a  ciimpositio,  quam  paulo  anle  demonstravi- 
iiius ,  si  ad  feccm  et  amurcam  ,  succiimque  decocti  lupini 
niisceas  portione  ocqua  detritum  alhiim  cllebonim.  Potcst 
ctiam  scibriciem  tollere  succus  viridis  cicut.ie  :  qiiie  verno 
tempore ,  ciim  jain  caulem  nec  adluic  semina  facit ,  decisa 
tonlunditur,  atque  expre.ssus  hunior  cjus  fictili  vase  re- 
conditur,  duabus  urnis  liquoris  admisto  salis  torridi  sc- 
iiiodio.  Qnod  ulii  ractiim  cst,  oblilum  vas  in  stenpiilinio 
dcfodilur,  ac  foto  anno  limi  vapore  concoctum  niox  pro- 
mitur,  tepcfactumque  mcdicamentum  illinitur  scabrae 
paiti,  quiE  timen  priiis  aspera  lesla  defri<ta  vcl  pumice 
redulccratur.  Eidcm  remeilio  est  amuica  duabus  partibus 
dccocla  :  ilcm  velus  Iiominis  urina  tcslis  cjindentibus 
inusla.  Quidam  lamen  liancipsam.subjeclisj^uibusqiiinta 
purtc  uiiiiiiunt ,  .^dinisccntqiie  [wri  nieiisura  siicciini  viridis 


cirutae  :  deinde  linularis  Iriti  et  picis  liquid.T,  ct  fricli 
salis  singiilos  sextarios  infundunt.  Facit  etiam  sulluris  Irili 
et  picis  liquidse  modiis  sequalis  igne  leiito  roctiis.  .Srd 
Georgicum  carmen  aflirmat  nullam  esse  pr.Tslanliorcin 
medicinam  ,  Quam  si  r/uis/crro  /xiticit  rrsrindfrc  siini- 
mttm  1'tccri.':  os :  alitur  rilium,  viritrjuc  lcrjcndo.  lt;\i\nii 
reseiandiini  e.st,  ct  iit  ca^tcra  vulncia  niedicamciitis  curan- 
diim.  Siilijicit  dcindc  ,Tque  pnidcnter,  febricitanlihus  ovi- 
biis  dc  l;ili)  vcl  iiitcr  diias  iinsulas  sanguinem  emilli  opor- 
lcre  :  nain  pluriii.iiin  id  quidcm  Prnfuil  incensos  astus 
avcrtcrc ,  cl  intcr  Ima/erire  }>cdi.s  salie.ntein  sanrjuine. 
renam.  Nos  eliam  suh  ocnlis  et  dc  auribiis  saii};uincm 
deliahimns.  Clavi  qiiiMpie  dupliciter  infestant  oveiii,  sive 
ciim  snhluvics  atipic  intcrtrigo  in  ipso  discrimine  iin^ula; 
nascitiir  :  seu  cum  idem  locus  tuhcrculum  liabet ,  cujus 
mcdia  rereparte  canino  similis  exlat  pilus ,  eiqiie  siilwst 
vermiculus.  Subluvies,  clintertiigo  picc  [pcrsc]  liqiiida, 
vcl  aluminc  et  sulfnre  atqiie  accto  inistis  I^a;  cuientiir, 
vel  austero  punico  malo,  prius  qiiam  grana  fariat,  ciim 
alumine  pinsilo ,  siiperfiisoquc  ai-elo  vcl  a'ris  niliii;iiu' 
iiifriata,  vcl  comhiisla  Ralla  cuni  aiislcro  vino  levi^ala .  it 
siipcrpo.sila.  Tiibeiculum,  cui  siih.sl  vcrmiciiliis,  liiui 


COLUMELLE. 


Ice,  et  piilv^ris^e  dans  du  vin  dur.  11  faut  cerner 
avec  le  fer  la  petite  tumeur  qui  renferme  un  pe- 
tit  ver,  mnls  en  y  apportant  la  plus  grande  pre- 
cautiou,  de  peur  daller  dans  roperation  jus- 
qu'au  corps  meme  de  cet  animal,  parce  que  si 
on  le  blessait,  il  jetterait  un  jus  veuimeux  sur  la 
plaie ,  qui  deviendrait  en  cousequence  si  incura- 
ble,  qu'il  faudrait  eu  venir  par  la  suite  a  couper 
le  pied  de  la  brebis.  Lorsqu'on  aura  cerne  avec 
iittention  cette  petite  tumeur,  on  arrosera  la  plaie 
de  suif  foudu ,  qu'ou  fera  degoutter  d'une  torche 
cnllammee.  11  faut  traiterune  brebis  puimonique 
de  la  meme  mauierequon  traite  une  truie  en  pa- 
i'eilcas,  c'est-a-dire  qu'il  faut  lui  inserer  dans 
roieille  la  racine  que  les  medecins  veterinaires 
appelleut  consiliyo  (  de  lapommelee)  :  nous  en 
avous  deja  parle,  en  dounant  la  methode  de  trai- 
terles  grandsbestiaux.  Cette  maladievientcom- 
munement  a  tous  les  quadrupedes  en  ete,  lors- 
que  reau  vient  a  leur  manquer  ;  c'cst  pourquoi 
il  faut  los  mettre  a  portee  de  boire  copieusemcnt 
pendant  les  chaleurs.  Celsus  est  d"avisque  lors- 
qu'une  brebis  a  les  poumous  attaques ,  on  lui 
donne  autant  de  vinaigre  fort  qu'elle  en  pourra 
supporter,  ou  qu'on  lui  verse  avec  une  petite 
corne,  dans  la  narine  gauche ,  la  valeur  de  trois 
hemiiue  de  vieille  uriue  d'homme  chaude ,  et 
qu'ou  lui  insere  dans  la  gorge  un  sextans  de 
graisse  de  porc.  Le  feu  sacre  (!a  verole),  que  les 
patres  appellent  ;ja.s?(/a  (  feu  Saiut-Antoiue) , 
est  eneore  une  maladie  iucurable  :  effeetive- 
ment,  si  on  ne  Tarrete  pas  des  qu'une  des  betes 
du  troupeau  en  sera  atteinte,  lacontagion  qu'elle 
mettra  dans  le  troupeau  le  fera  perir  en  entier, 
d'autant  que  ni  les  reniedcs  ni  le  fer  ne  peuvcut 
cnapprocher,  parcequ'elles'irriteeommuueiTieut 
au  moiudre  contact  avec  un  corps  etranger.  Les 


seuls  remedes  qu'elle  admette  sont  les  fomrn- 
tations  de  lait  de  chevre ,  dont  tout  reffel  iie 
consisle  eucore  qu'a  temperer  la  fureur  de  la  ma^ 
ladie,  en  differant  plutot  qu'eu  empechant  la 
defaite  totale  du  troupeau.  Mais  Bolus  de  Men- 
desum,  ee  celebreauteur  egyptien,  dont  les  men- 
songes,  auxquels  les  Grecs  oiit  donne  le  nom 
jfEipdx^Ylta ,  sont  attribues  fausscment  a  Demo- 
crite,  pense  qu'il  fautexaminer  souvent  etavec 
atteution  le  dos  des  brebis,  pour  voir  si  elles  ue 
sont  pas  attaquees  de  cette  maladie ;  et  que  des 
que  Ton  en  trouve  une  par  hasard  qui  en  est  at- 
taquee,  le  moyen  d'eu  arreter  les  progres  est  de 
faire  sur-le-champ  une  fosse  a  la  porle  de  Teta- 
ble,  d'y  enterrer  toule  vivante  et  couchee  sur 
le  dos  celle  qui  sera  couverte  de  pustules,  ct  de 
laisser  aller  tout  le  troupeau  sur  elle.  Ou  ehasse 
la  bile  ,  qui  n'est  pas  une  maladie  moins  perni- 
cieuse  aux  brebis  en  ete  ,  en  leur  faisant  boire 
de  vieille  urine  d'honime ;  c'est  encore  le  remede 
qu'on  donne  a  ce  betail  quand  il  a  la  jaunisse. 
Mais  si  une  brebis  est  incommodce  par  la  pituitc, 
on  lui  iusere  dans  les  narines  des  brins  de  sa- 
riette  ou  de  pouliot  sauvage  enveloppes  dans  de 
la  laine,  eton  les  y  remuejusqu'a  ce  qu'elle  ait 
cternue.  Lorsque  les  brebis  out  lajambe  rompue, 
ou  les  guerit  eu  renveloppaut  de  laine  imbibee 
d'huile  et  de  vin,  et  en  attaehant  eusuite  autour 
de  la  fracture  des  eclisses ,  comme  on  fait  aux 
hommes  en  pareil  cas.  La  renouce  cause  eucore 
une  maladie  grave  aiL\  brebis  :  lorsqu'elles  ont 
mange  de  cette  herbe,  elles  ont  tout  le  ventre 
tendu ,  sont  resserrees ,  et  rendent  par  la  gueule 
une  cspece  d^ecume  legere  qui  est  d'une  trcs- 
mauvaise  odeur.  11  fautalors  leur  tirer  prompte- 
ment  du  sang  sous  la  queue  dans  la  partie  voisiue 
des  fessts,  ainsi  que  de  la  levre  superieure.  11 


qiiam  caulissinie  circiimsecari  oporlet,ne,  diim  ampii- 
taliir,  etiam ,  qiiod  iiifra  est ,  aiiimal  viilneicnius  ■.  i<l  cnini 
ciim  sauciatur,  venenafam  saniem  mitlil,  qna  icspersnm 
vulnus  ila  iiisanaljiie  Tacil ,  ut  lotus  pes  ampntandiis  sit : 
sed  ciim  Inlicrciilnm  dili:;cnter  tlicunicidciis ,  candnis 
sevum  vnlneri  pcr  anlciilcm  tcdam  inslilUilo.  Oveni  pnl- 
monariam  simililcr  iil  siiem  curari  cijnviMiit,  inscrla  per 
aniic.idaili ,  quain  velcriiiarii  cniisili.uuiriii  ^oiant  ;  de  ca 
jaiii  diviniiis  ,  ciiin  niajons  pccoris  niiclii  in.nii  li  .ididiiiins. 
.Sed  is  niorljus  a^slate  plerninipie  conii[)ilnr,  si  dcliiit 
aqua  ,  piopter  quod  vapoiibus  onnii  i|uadrupedl  laisiiis 
hibendi  potestas  danda  est.  Cclso  placel ,  si  est  in  piilmo- 
iiibus  vilium ,  acils  aceli  tantnm  darc ,  ipianliim  ovis  siis- 
tiuere  possil  :vel  bumanae  veleiis  uiiii:e  tipclaclie  Iriiim 
liemiiiarum  instar  per  slnisiiam  iiaicm  ciiniiculo  iiilim- 
deie ,  atipie  axungi»  sextautem  raiicibns  iiisereic.  lisl 
eliam  insanabills  sacer  ignis ,  quani  pusulam  vocanl  pas- 
loies  :  ea  nisi  compescitur  intra  primain  peciulem  ,  quae 
lali  m.do  corrcpfa  est ,  universum  grcgem  contagione 
lirosiciiiii  :  siipiidcm  nec  niedic.anieiitonim  nec  (erri  re- 
mcdia  iiafifnr.  Nain  pene  ad  omnem  laclum  excaiidescit  : 
eola  lamcn  fomenfa  non  asiicrnatur  lactis  laiirini,  ipiod 


infiisnm  tantum  valet,nt  cblandiafiir  igneam  sa^vitiani, 
differens  magis  occidinnem  gregis,  quam  prolilbens.  Setl 
jEgyptia;  gcnfis  auctor  memorabilis  Bolns  Mendesius, 
ciijiis  comnienla,  qua;  appellanlnr  Gi.iece  xEtpoxji/ira , 
siib  nomine  Democrifi  falso  produntur,  eenset  propfer 
liaiic  pesfem  sapius  ac  diligenter  oviuin  terga  pcrspiccre, 
nf  si  forle  sit  in  aliqiia  tale  vifium  deprebensmn,  conlcsliiu 
.scrobcni  dcfodiainus  in  limine  sfalinli,  ef  vivam  pccndcm, 
qna-  fucrit  pusulosa,  resiipinam  obrnainns  ,  palianiurque 
siipcr  obrnfani  nicaie  lolinn  grcgein,  quod  eo  facto  mor- 
bus  propulselur.  P.ilis  aslivo  tempore  non  minima  perili- 
cies  polione  dcpclliliu  liinnanai  veteris  urinae,  qua;  ipsa 
remiHlio  est  ctiam  pecoii  aiciiato.  At  si  molesta  pituita 
cst,  (unelce  bubiilae,  vel  nepelis  sylvestiis  surculi  lanu 
involuti  naribus  inserunlur,  versanlurque  donec  steinuat 
ovis.  Fracla  pecudiim  non  aliler  quam  liominum  crma 
sanantur,  iuvoluta  lanis  oleo  atque  vino  insuccalis,  et  mo% 
circumdatis  (erulis  conligata.  Esl  eliam  gravis  peiiiicies 
lierb<K  sanguiiiariae ,  quam  si  pasla  esl  ovis ,  tolo  vcntie 
disfenditur,contialiiturque,  et  spuinam  qiiaiidam  tcmicui 
letri  odoris  expuit.  Celeriler  sangniiicni  niilti  oporlet  siib 
cauOa  in  oa  partc  qna;  proxima  est  cliinibns,  nec  luiiiui 


DE  i.'Ar.!\icur;ruRF.,  i.iv.  vir. 


340 


('ii.t  inriscravpc  le  fer  les  oreilles  des  brebisqiii 
ontfle  la  peine  a  respircr,  et  les  fairechnnger  de 
pays ;  pratiqui'  que  nous  croyons  neeessaire  dans 
toutes  les  nialadies  contapieuses.  II  faut  aussi  se- 
courir  lcs  a;j;ncaux  lorsqu'ils  ont  la  fievre  :  on 
traira  a  cet  effet  des  brebis  a  part ,  ct  on  melera 
le  lait  qu'on  leur  aura  lire  avee  pareille  quantife 
d'eau  de  pluie,  pour  le  faire  boire  aux  agneaux  ; 
bien  des  gens  les  guerissent  en  ce  eas  avec  du 
lait  de  ehevres,  qu'ils  leur  versent  dans  le  gosier 
avec  une  corne.  11  y  a  aussi  une  maladie  dar- 
treuse  que  les  patres  appeilcnt  ostigo,  qui  est 
mortelie  auxagneaux  qui  tPttcnt.  Elle  leur  vient 
comraunement,  de  meme  qu'aux  boucs,  lors- 
que  ie  patre  les  a  laisses  sortir  imprudemment, 
et  qu'iis  ont  mange  de  rherbe  qui  etait  cou- 
verte  de  rosee ;  ce  a  quoi  il  ne  faut  point  les 
exposer.  Mais  lorsqu'il  sera  arrive  qu'ils  en  au- 
ront  niange ,  et  qu'ils  auront  en  conscquence  la 
gueuie  et  les  levres  couvertcs  d'ulceres  sales, 
comme  s'ils  etaient  attaques  de  la  jmxiila  ( la 
verole  ) ,  on  y  reniediera  avec  de  rhyssope  et  du 
sel  broyes  eDsemble  par  portions  egales,  en  frot- 
tant  de  cette  coraposition  le  palais,  la  langue  et 
toute  la  gueule  de  raninial ;  ensuite  apres  avoir 
lave  les  nlceres  avecdu  vinaigre,  on  lesendiiira 
de  poix  fondue  etde  graissede  coehon.  Ouclques 
personues  airaent  mieux  melercnsemble  un  tiers 
de  vert-de-gris  et  deux  tiers  de  vicux  oing,  pour 
employer  ce  mcdicament  chaud;  d'autres  net- 
toieut  les  uleeres  et  le  palais  avec  des  feuillesde 
cypres  broyees  dans  de  Tcau.  Nous  avons  dej.i 
donne  la  metliode  de  la  castration  ;  car  cette 
operation  ue  sc  fait  pas  autremcnt  aux  agneaux 
qu'aux  grauds  quadrupedes. 

VI.  Commenous  axonssuflisammeutparledes 

iji  labio  .siiperioro  vena  solvcnda  est.  Siispirio  lalioranti- 
bus  aiiriciil.X'  ferro  resciiiden Ja; ,  niiitaiid.neque  logiones  ; 
quoil  in  onmil)iis  moibis  ac  pcstibus  lieri  dcbeie  cen.se- 
nuis.  Asnis  qiinqiic  siiccurrpnduni  esl  vel  rcliiicil.intibiis, 
vel  Pegritudiiie  alia  alTectis.  Qiii  iilii  inorbn  lalioiant,  a.l- 
niilti  iid  niatres  non  debciit ,  iie  iii  eas  periiiciem  transle- 
rant.  Itaqiie  separatini  niul-enda'  siinl  oves ,  et  ca?lestis 
aqua  pari  niensnia  lacti  niiscinda  est ,  alque  ea  potio  fe- 
biicitanlibiis  danda.  Miilti  lactecaprino  iisdeni  niedentur, 
ipiod  per  corniciiliini  inliiiiditiir  laiKiliiis.  Est  eti.ara  men- 
tigfl,  qiiam  pastores  ostigiiieni  vocaiit,  mortifera  lacten- 
tibiis.  lia  plernniqnc  lit,  si  per  iinprndentiam  pastoiis 
eniissi  agiii  vcl  ctiani  licdi  roscidas  lierbas  depaverinl , 
qiiod  niininTe  cominitti  oporlet.  Sed  cum  id  factum  est, 
velnt  igiiis  saccr  osatqiie  lalira  finlis  nlcerihns  obsidct. 
Remedio  siinl  liyssopiis  ctsala-qnis  ponderibns  contrila. 
Xam  ca  misliira  palatnm  ,  alqiie  lingua,  lolumqiie  os  per- 
fricalur.  Mox  iilcera  lavantur  accto ,  el  tiinc  picc  liqiiida 
ciim  adipc  suilla  pcrlinuntnr.  Quihiisdam  placct  rubiginis 
.'cnca!  tertiain  partem  dnabus  veteris  axiingifc  portioiiibus 
coinmi.scciR ,  tepefactoqiie  iiti  mcdicamine.  Non  nnlli  folia 
•  ciipressi  trila  iniscent  aqiiie ,  ct  ila  pcrbnint  «lcera  alquc 
palatum.  Castralioiiis  aiitem  ralio  jam  trailila  cst.  Neqiie 
cniin  alia  iii  a;^nis,  qiiani  iii  iii.ijoie  qiiadrupede  scrvaliir. 


I  brebis ,  nous  allons  <^  prfeent  passer  aux  chevres. 

j  Ce  genre  de  betail  recherehe  plus  les  lieuv  cnu- 

j  verts  debronssaillesque  les  eampagnes,  ct  il  s'.ie- 

1  commode  tres-bien  des  lieux sauvages et  des  forets 

pour  sa  pature.  En  effet,  il  n'a  pas  d'eloignemeiit 

I  pour  les  buissous ;   lcs  epines  ne  lui  deplaisent 

I  point ,  et  il  prefere  meme  a  tout  les  arbrisseaux 

I  et  les  tailiis.  Lesarbrisseaux  qui  lui  plaisentsont 

Tarbousier,  ralaterne ,  le  cytise  sauvage ,  ainsi 

I  que  les  taillis  d'yeuses  et  de  ehenes  qui  ne  sont 

point  hauts.  Un  boue  passe  pour  excellent  quand 

I  il  a  sous  la  maehoire  deux  pelites  vernies  qui  lui, 

j  pendent  du  cou  .  le  corps  tres-grand,  les  jarabcs 

grosses,  le  cou  plein  et  conrt,  les  oreillcs  tom- 

banteset  lourdes,  la  tetepetite,  lepoil  noir,  dru, 

brillant  et  trcs-long  :  car  on  ne  tond  jias  moins 

cet  animal  que  la  brebis,  et  on  se  scrl  de  snii 

poil  (Ia7is  les  camps  ,  cornme  pour  tresser  dcs 

voiles  d  l'usaf/e  des  malheureux  matclots.  Le 

bouc  est  assez  propre  a  la  gcnerafion  a  Tage  de 

sept  mois ,  puisqu'il  est  si  peu  modere  dans  ses 

desirs  ,  qu'il  viole  sa  mere  dnns  le  temps  meme 

qu'il  la  tetfe  :  aussi  vieillit-il  prorapteraent  el 

avant  d'etre  parvenu  a  Tage  de  six  ans,  parce 

qu'il  se  trouve  cpuise  par  les  plaisirs  prematurcs 

dont  il  a  joui  des  les  premier^  instants  de  sou  en- 

fance.  Cest  pourquoi,  pour  peu  qu'il  ait  cinq 

ans,  on  le  regarde  comme  peu  proprc  i  couvrir 

les  femelles.  On  approuve  surfout  les  chevres 

qui  sont  le  plus  ressemblantes  au  bouc  tel  qiie 

nous  Tavons  depeint,  pourvu  qu'clles  aient  en 

outre  le  pis  tres-grand  et  beaucoup  de  lait.  Nous 

aequerrons  ce  bctail  sans  eornes  sous  un  ciiraat 

tempere,  car  il  en  a  toujours  dans  les  cliraats 

orageux  et  pluvieux.  Pour  ceux  de  ces  nnimaiix 

qui  servent  ;i  propager  le  troupeau  ,  il  faut  qu'ils 

VI.  Et  qiioniam  de  oviario  sali^  iln  lum  i^t,  ad  capri- 
niim  peciis  nunc  revcrfar.  Id  anh m  jmns  iliiinela  poliiis  , 
qiiam  canipestrem  situm  dcsidei.il  :  aspi'i iM]iie  eliam  locis 
ac  silvestribus  optiine  pascitur.  >'ani  nec  riibos  aversatnr, 
nec  vepribiis  offenditiir,  et  arbnscnlis  frulcli.sqiie  maxiin^ 
gandet.  Ea  sunt  arbutu.s,  atqiie  alalerniis  cylisnsqiie 
agrestis ,  ncc  minus  ilignei  qiierneiquc  frnliccs ,  qiii  in  al- 
titudineni  non  prosilierunt.  Capcr,  cui  siib  maxillis  binan 
verruculac  collo  dcpendcnt,  optimiis  liabetur,  amplissimi 
corporis,  cruribiis  crassis,  pleiia  ct  brevi  cervice,  llaccidis 
et  pr.Tgravanlibns  aiiribus,  cxigiio  capite,  [uigro]  den- 
soqiie,  et  nilido  alqiie  longissinio  pilo.  Nam  ct  ipse  ton- 
detiir  Vsum  in  caslrorum  ac  miseris  velamina  nautis. 
Est  autem  mensium  seplem  salis  babilis  ail  progcncran- 
diim  :  quoniam  immodiciislibidinis,  dum  adliuc  uberibiis 
alitiir,  matrem  .sliipro  supervenit,  et  ideo  antc  scx  annos 
celcriter  consenescit ,  qiiod  immatura  vencris  ciipidine 
primis  pucriliic  tempo  ibns  exbaustus  cst.  Ilaqiie  qiiin- 
qiicnnis  parum  idnneus  Iiabeliir  firminis  implendis.  Ca- 
pclla  praecipue  probatur  simillima  liirco ,  quera  descripsi- 
nius,  si  ctiam  csl  iiberis  maxinii  et  lactis  abundaiilissinii. 
Ilaiic  pccudcin  miitilam  p.aialiimns  quieto  cali  st.ilii  : 
nain  procclloso  alque  imbrifero  corniita  scmpcr.  Naiii  el 
omni  ic^iiine  maritos  grcgum  mntilos  essc  oporlcbil  : 


COLUMELLE. 


soient  sans  cornes  en  tout  pays ,  paree  que  eeux 
qui  eii  ont  soiit  comrauneracnt  dani^efeux  par 
leur  petulnnce.  Mais  il  ne  faut  pas etabler  ce  betail 
au  nombre  de  plus  de  cent  tetes;  au  lieu  qa'on 
peut  mettre  jusqua  millebrebis  dans  une  merae 
etable  ,  et  qu'elles  y  seront  aussi  commodement 
que  si  elles  etaient  en  pUis  petit  nombre.  Lorsque 
Ton  eommence  a  former  un  troupeau  de  ciievres , 
il  vaut  mieux  racheter  en  entier  que  d'en  pren- 
dre  quelques-unes  par-ci  par-la  dans  diflerents 
troupeaux  ,  afin  qu'e!les  ne  se  sepnrent  poinl  par 
petiis  pelotons  lorsqu'elles  iront  paitre  ,  qu"elles 
se  tiennent  tranquillement  a  retable  enscmble  , 
et  qu'il  regne  une  plus  grande  union  entre  elles. 
Le  cbaud  nuit  a  la  verite  a  ce  betail ,  mais  le 
froid  lui  est  encore  plus  pernieieux,  et  surtout 
quand  les  chevres  sont  pleines,  paree  que  les  ge- 
lees  de  rhiver  detiuisent  leur  fruit.  Au  reste,  le 
chaud  et  le  froid  ne  sont  pas  les  seules  causes  de 
leur  nvortement ,  et  il  est  egalement  a  craindre 
lorsqu'elles  vienuent  a  manger  du  gland  sans 
s'en  rassnsier  ;  aussi  ne  doit-on  pas  leur  cn  lais- 
ser  manger,  a  moins  qu'on  ne  soit  a  portee  de 
leur  en  donner  abondamment.  Le  temps  que 
nous  prescrivons  pour  les  faire  couvrir ,  c"est 
pendant  rautomne,  quelque  temps  avant  le  mois 
de  decembre,  alln  qu'elles  meticnt  bas  a  Tap- 
proche  du  printemps ,  lorsque  les  arbrisseaux 
commenceront  a  bourgeonner,  et  que  les  forets 
se  pareront  de  nouvelles  feuilles.  II  fnut  que  le 
sol  de  leur  etable  soit  naturellement  couvert  de 
pierres  ou  pave  a  la  main,  pnrce  qu'on  netend 
point  de  litiere  sous  ces  animaux  :  et  un  pfltre 
attentif  aura  soin  de  la  balayer  tous  lesjours, 
pour  n'y  point  laisser  sejourner  de  croltes  ni 
d'eau  ,  et  afin  d'evitprqu'il  s'y  forme  de  la  fange, 
toutes  cboses  qui  sont  pernicieuses  aux  boucs. 


Qnand  lcs  chevres  sont  de  bonnc  racc  ,  clles  font 
souvent  deux  petits  h  lafois,  et  quelquefois  trois  : 
le  pire  qui  puisse  arriver,  c'est  lorsque  deux  mc- 
res  n'en  font  que  trois  a  elles  deux.  Lorsque  les 
chevreaux  sont  nes  ,  on  les  eleve  de  la  meme  mn- 
niere  que  les  agneaux ,  avec  cette  difference  qu'il 
faut  reprimer  davantage  lcur  petulance,  et  la 
contenir  dans  des  bornes  plus  etroites.  En  ou- 
tre  ,  pour  leur  procurer  du  lait  en  abondance  , 
il  faudra  leur  donner  de  la  grnine  d'orme  ,  ou  du 
cytise ,  ou  du  lierre ,  ou  meme  des  cimes  de 
lentisque,  et  d'autres  feuiliages  legers.  Mnis,  de 
deux  jumeaux,  oa  gnrdera,  pour  entretenir  le 
troupeau,  celui  qui  paraltra  le  plus  robuste,  et 
on  vendra  Tautre  aux  marcbands.  II  ne  faut  pas 
donner  le  bouc  a  des  chevres  qui  n'aient  qu'un 
an  ou  deux  (quoiqu'elles  soient  en  etat  de  fnire 
des  petits  a  Tun  ou  Tautre  de  ces  ilges),  parce 
qu"on  ne  doit  pas  en  elever  dont  la  mijre  ait  moins 
de  trois  aus  :  s'il  arrive  qu'elles  en  fassent  a  un 
an,  on  les  leur  otera  au  moment  de  leur  nais- 
sance ;  au  lieu  qu'on  leur  laissera  ceux  qu'elles 
auront  mis  bas  a  deux  ans ,  jusqu'a  ce  qu"ils  soient 
bons  a  etre  vendus.  II  ne  faut  pns  non  plus  gnr- 
dcr  les  meres  passe  Tiige  de  huit  ans,  parce  qHe 
la  fatigue  qu'elles  eprouvent  en  mettant  has  sou- 
vent  les  rend  steriles.  Le  maitre  du  troupeau  doit 
etre  vif ,  dur,  leste,  tres-laborieux ,  alerte  ,  hardi, 
et  en  etat  d'aller  sans  peine  a  travers  les  rochers , 
les  deserfs  et  les  buissons.  II  ne  doit  piis  suivre 
le  troupeau,  comme  font  les  pJitres  des  autres 
bestiaux  ,  mais  il  doit  communeraent  le  prece- 
der ;  car  les  chevres  elles-memes  sont  tres-alerles 
et  toujours  pretes  a  s'elancer  en  avant :  c'est  pour 
cela;  qu'il  faut  de  temps  en  temps  les  arreter,  de 
peur  qu'elles  ne  courent  frop  vife  ,  afin  qu'en 
paissaut  lenteraent  et  avec  tranquilite,  leurs  pis 


qiioniam  cornuli  fere  perniciosi  snnt  propler  pclnjanliam. 
Sed  nuniernm  hnjus  generis  majoreni,  fpiam  cenlumca- 
pilnm  snb  uno  clauso  non  expedit  liajjere,  cnm  lanigerae 
mille  pariler  commode  stabulentnr.  ,\t(pie  nlii  caprae  pri- 
nium  eompaiantur,  melius  est  unum  giegem  lotum,  quam 
cx  pluribns  particulatim  mercari ,  nt  nec  in  pastione  se- 
paratim  laciniiB  diducantur,  et  in  caprili  niajore  concordia 
quietae  consistant.  Huic  pecudi  nocet  ajslus  ,  sed  niagis 
frigiis,  et  piipcipne  fbelse,  qiiia  gelicidio  liiemis  conceptiim 
vitiat.  Nec  tamen  ea  sola  creant  abortus,  sed  etiam  glaus 
cuiii  citra  satietatem  data  est.  Itaqne  nisi  potest  affalim 
pra:heri,  non  cst  gregi  permittenda.  Tempus  admissnr.Te 
per  autiimnum  feie  ante  mensern  Decemhrem  pra;cipi- 
mus  ,  ut  propinquante  vere,  genimanfibus  frufetis,  [cum 
primum  silv.ie  nova  germinant  fionde,]  partus  edatur. 
Ipsum  vero  caprile  vel  natnrali  savo,  vel  manu  constra- 
tnni  eligi  debet,  quoniam  huic  pecori  niliil  substeruilur. 
Diligeusque  pastor  quotidie  stabulum  converrit,  nec  pa- 
tilur  stercusaut  humorem  consistere  lutumve  fieri  ,  qnre 
ciincta  sunt  capris  inimica.  Parit  autem,  si  est  generosa 
proles,  frequenter  duos,  nonnunquam  li  igeminos.  Pessima 
est  (tttura  cum  matres  bina>  ternos  ha;dos  efriciuut.  Qui 


iilii  editi  snnt,'  eodem  modo,  quo  agni  edncantnr,  ni:,i 
qiiod  niagis  hiEdorum  lascivia  compescenda,  et  arctius 
coliibenda  est.  Tum  super  lactis  abundantiam  samera  , 
vel  cytisus,  aut  edera  pr£ebeuda,  vel  etiam  cacnmiiia 
lentisci ,  aliteqne  tenues  frondes  objiciendse  sunt.  Sed  e\ 
gemiuis  singula  capita,  quaj  videntur  esse  robustiora,  in 
siipplementiim  gregis  reservantur,  ciietera  mercanfibiis 
tradiinliir.  Aniiiculifi  vel  biniae  capella;  (nam  utraqueaotas 
parluiii  edit)  subniitti  liaHliim  non  oportet.  Neque  enini 
educaie  iiisi  trima  debet-  Sed  anniculae  confestim  depel- 
lenda  suboles.  Bimae  tamdiu  admittenda,  dum  possit  esse 
vendibilis.  Nec  ultra  octo  annos  matres  servandre  sunt , 
quod  assiduo  partu  fatigatae,  steriles  exislanf.  Magister 
auteui  pecoris  acer,  durus,  slreiiuus,  laboris  patientis- 
simus,  alacer  atque  audax  esse  debet ,  et  qui  per  rupes  , 
per  solitudines,  per  vepres  facile  vadat,  et  non,  ut  alte- 
rius  generis  pastores ,  sequatur,  scd  plerumque  ulaiite- 
cedat  gregem.  Maxinie  strenuum  pecus  est  capra ,  pia;- 
cedens  subinde ,  qiia;  compesci  debel ,  ne  prociirrat ,  sed 
placide  ac  lente  pabuletur,  ut  et  largi  sit  uberis  ,  et  non 
strigosissimi  corporis. 
VII.  Atqiie  alia  genera  pecorum,  cum  pestilentia  vexan- 


DE  L'AGRICULTURE,  IJV.  VII. 


351 


sc  avossissi.  nt ,  et  ([ircllcs  nc  soient  pas  trop  de- 
cliaruccs. 

VII.  Lorsqirune  niaiatliecontagieiise  doit  affli- 
pcr  les autresespeccs  de  bestiaux,  on  !cs \oit  aupa- 
ravant  mai;T|ir  dc  lanpueur  ct  dc  malaise;  lcs 
chevrcs  scules  tombent  tout  a  coup ,  dans  le  mo- 
iinentmemequ^cllcssonttre.s-grassesettres-gaies, 
et  meurent  toutes  par  troupeaux  :  c"est  ie  plus  or- 
dinairement  rabondancc  des  paturagts  qui  occa- 
sionne  cet  accident.  Cest  pourquoi ,  des  que  la 
maladie  pestilentielle  cn  aura  attaque  une  ou  deux, 
on  leur  tirera  du  sang  a  toutes  ,  et  on  ne  les  lais- 
sera  pas  paitre  pendant  toute  la  jnurnee,  mais 
on  les  renlermera  dans  leiir  ctable  pendant  Tes- 
pace  de  quatre  heures  vers  le  milicu  du  jour.  Si 
c'est ,  au  contraire ,  un  autre  genre  de  maladie 
qui  les  tourmente,  on  les  racdicamentera  avec 
un  breuvage  compose  de  roseaux  et  de  racines 
d'epine  blanche  sauvage ,  qu'on  broiera  avee  dcs 
pilons  de  fer,  et  sur  losquelles  on  versera  de  Teau 
de  pluie  ,  la  scule  qu'on  leur  donnera  a  boire.  Si 
ces  precautions  ne  chassent  point  la  maladie,  il 
faut  les  vendre ,  ou  si  on  ne  peut  pas  meme  par- 
venir  a  s'cii  defaire  ,  il  faut  les  egorger  ct  les 
saler.  Ensuite  on  reriiontera  au  bout  de  quelque 
temps  un  autrc  troupeau  ,  apres  avoir  attendu 
ncanmoins  que  le  mauvais  temps  de  Tannec  soit 
passe;  c"cst-a-dire  qu'il  ne  faudra  le  forraer 
qu"en  etc  ,  si  on  est  en  hiver,  ou  au  printemps  , 
si  ron  esten  autoranc.  llais  lorsqu'il  n'y  cn  aura 
que  quclques-unes  de  maladcs  en  particulier,  on 
leur  donnera  a  rctable  Ics  memes  remedes  qu'aux 
brebis.  Ainsi,  quand  Teau  aura  boursoufle  leur 
peau,  maladie  que  les  Grccs  appellent  uSpwl/  (hy- 
drops,  hjdropisie),  on  leur  fera  une  ouverture  le- 
gcre  a  la  pcau  sous  rcpaulc,  pour  donner  un 
ecoulementa  riiumeur  raorbilique  ;  apres  quoion 
pansera  la  plaie  occasionuee  par  roperation  avcc 


dc  lapoixfondue.  Lorsqu'aprcsavoirmisbaselles 
auront  les  parlics  gonflees,  ou  que  rarriere-faix 
ne  scra  pas  sorti  hcureuscmcnt,  on  leur  versera 
dans  la  gorge  un  srxtarws  de  vin  cuit  jusqu'a  di- 
minution  de  moitie  ,  ou,  si  Ton  n'cn  a  point ,  unc 
pareille  racsure  de  bon  vin,  et  on  leur  remplira 
les  parties  de  ccrat  liquide.  Mnis  pour  nc  pascn- 
trer  ici  dans  le  dctail  de  toutes  les  nialadies  aux- 
quellcs  elles  sont  sujettes  ,  nous  dirons  cn  gene- 
ral  qu'il  faut  les  traiter  de  la  maniere  que  nou.-; 
avons  prescrite  plus  haut  pour  les  brebi.s. 

VIII.  II  ne  faudra  point  non  plus  negliger  de 
faire  du  froraage,  surlout  dans  les  cautous  eloi- 
gn(^s  de  tout,  ou  Ton  ne  trouverait  point  son 
avantage  a  porter  le  lait  en  nature.  Si  lc  fromage 
cst  fait  avec  une  liqueur  peu  cpai^se,  il  faudra  le 
vcndrc  leplustot  qu'ilsera  possible,  etavant  qn'il 
ait  perdu  le  suc  de  la  nouveaute;  au  lieu  qucs"il 
est  fait  avec  une  liqueur  grasse  et  epaisse,  on 
pourra  Ic  gardcr  plus  longtemps.  Au  restc ,  on 
doit  le  fairc  avcc  du  lait  pin'  et  tres-nouvcau  :  c;u' 
lorsqu'on  laisse  reposer  le  lait  ou  qu"on  le  ine- 
lange,  il  s'aigrit  en  peu  de  temps.  On  le  fait  com- 
munement  cailler  avec  de  la  presure  d'agneau  ot; 
dechcvreau,  quoiqu'on  puisse  egalemcnt  lefaire 
avec  de  la  fleur  de  chardon  sauvage,  ou  de  la 
graine  d'une  espece  de  chardon  appele  cncois, 
de  raeme  qu'avec  lc  lait  que  rend  le  figuier,  lors- 
qu'on  fait  une  incision  a  son  ecorce  dans  lcs  par- 
ties  oii  clle  cst  verte.  En  general ,  le  meilleur  fro- 
mage  est  celui  dans  la  composition  duquel  il  cn- 
tre  le  raoins  de  drogues.  II  faut  pour  un  sinus  de 
lait  au  moins  la  valcur  d'un  denarius  d'argcnt 
pesant  de  presurc,  et  il  n'est  point  doutcux  quc 
le  fromage  que  Ton  fait  cailler  avec  de  petites 
bi-anchcs  de  figuicr  n'ait  un  gout  tres-agreablc. 
Lorsquc  le  vase  dans  lcquel  on  a  tire  le  lait  est 
plein ,  il  faut  le  tcnir  dans  un  certain  dcgre  de 


tiir,  prius  inorbo  et  langiioribus  macescuiit,  solae  capellrc 
iiuiuiivis  opimu'.  al(|uc  liilarcs  subito  concldunt,  velutall- 
qua  I  iiiua gresatlin  pi oslcinanUir.  Id  acckleie inaximc solct 
uheilale  |ialinll.  Qiianiobreiii  ciim  adhuc  paucas  pestis 
peicullt,  omnlbiis  sansuls  detraliendus  :  ncc  toladie  pas- 
ceiidiC,  scd  inediis  quatuor  lioris  Intra  sepla  claudenda". 
Sin  aliiis  languor  inlcslat,  poculo  niedlcanlur  arundinis, 
et  albift  spinre  radicibiis ,  (luas  cuni  ferreis  pills  dili.senter 
conludcriiniis ,  adinisceiniis  aquain  pluvialein,  solainque 
polnndam  pecori  proebemus.  Qiiod  si  ca  rcs  a;sr'tudinein 
non  dcpellit,  vendenda  sunt  pecora  ;  vcl,  si  wx\m  id  con- 
tingere  potest,  lerro  necanda  saliendaque.  Mox  interposilo 
spatio ,  convenict  aliuin  gregein  lepaiare.  Nec  tanien  an- 
tcquam  peslilens  leinpus  aniii ,  sivc  id  fuit  liiemi.s ,  vcr- 
tiiliir  iicsliite  ,  sive  aulumnl ,  vcrc  miilelur.  Ciim  vero  sln- 
pilfc  doino  laborabunf ,  eadem  rcniedia,  (piic  eliam  ovi- 
bus,  adliiliebinnis;  nam  cum  dist('ndctura(|ua  culls,  quod 
vitium  (ineci  Vocanl  •jSpto-a,  siib  aiino  pellis  leviler  iiicisa 
pernlciosum  transmittal  humoreni,  tum  factum  vulniis 
pice  liipilda  curclur.  Cum  cff(Ptic  loca  senilalia  luinebunt, 
iiut  sccundae  non  responderinl,  dcfruli  scxlarius,  vcl  cum 


id  defiieril ,  boni  viiii  lanliindem  faucibus  infiiniliihir,  r-t 
naturalia  c.crato  liipiiilo  repleanlur.  Sed  ue  niiiic  siii^iila 
perseqiiar,  sicut  lu  ovillo  pecore  prsedlctum  est ,  caprliio 
m(!dcblinur. 

Vlll.  Ciisei  quoque  faciendi  non  erit  omittenda  cura, 
utiiliic  lonsin(|uis  re^ionibus,  iibi  miilctiam  develiere  non 
cxpedlt.  Is  porro  si  tciiui  llqiiore  conlicilur,  qiiain  celer- 
rlinc  veiideiidiis  est ,  dum  adbuc  viridls  succuin  rellnct  : 
si  plnsui  et  opiino,  l(Hi};ioreni  patiturcustodiam.  Sed  lacln 
lieii  dcbet  slnccro  cl  (piain  recentissimo.  Nam  reqiiietnm 
vel  aipia  mislum  c«lerilei-  acoreni  concipit.  Id  plerumquo 
coiji  agiii  aut  liicdi  coagiilo;  quamvis  possit  ct  agrcslis 
cardui  lloie  conduci ,  ct  scminibils  cneci ,  nec  miniis  11- 
ciilnco  lacte,  quod  emittit  arbor,  si  ejus  vircntcm  .saucics 
cortlcem.  Verum  optimus  caseiis  esl ,  qiii  exigiiiim  medi- 
caminls  babet.  Minimum  autem  coagiiltim  rccipit  siniiiii 
liiclis  argentei  pondus  (lenarii.  Nec  dubiiim  quin  tici  ra- 
miilis  glacialus  caseus  jucundissime  sapiat.  Scd  mulclra. 
cum  cst  replela  iacle  ,  non  sine  lepore  aliquo  debet  cssc. 
Ncc  tamen  admovenda  esl  flaminis ,  ut  qiiibii.sdam  placel,. 
sed  liaud  prociil  Igiie  coiistituenda,  et  confeslim  cuin  coii- 


COLUMELLK. 


chaleur,  sans  copendaiit  le  laisser  trop  pros  du 
feu,  comme  font  certaines  personucs,  mais  en 
Ten  approchant  a  une  certaine  distance ;  et  des 
que  le  lait  sera  caille ,  on  le  tirera  de  ce  vase  pour 
le  niettre  soit  sur  de  petits  paniers  de  jones,  soit 
dans  des  corbeilles  ou  dans  des  moules,  parce 
qu"il  esttres-iniportant  de  passer  le  petit-lait  des 
le  premier  moment ,  pour  le  separcr  de  la  matiere 
coagulee.  Cest  pourquoi  les  paysans  nattendent 
point  qu'il  se  soit  egoutte  de  lui-meme,  ce  qu"il 
iie  ferait  que  Icntement;  mais  des  que  le  fromage 
est  dcvenu  un  peu  ferme ,  ils  le  chargent  de  poids 
pour  eu  exprimer  le  petit-Iait.  Quand  cela  est 
fait,  on  retire  le  fromage  des  moules  ou  des  cor- 
beilles ,  pour  Tarrangcr  aussitot  dansun  licu  frais 
etombrage  sur  des  tablettes  tres-propies,  afiu 
quil  nepuisse  passe  g3ter;apres  quoi  on  lesau- 
poudre  de  sel  egruge,  afin  que  toute  la  liqueur 
acide  qu'il  contient  se  seche;  ct  loisqu'il  esl  bieu 
ralfeimi,  on  le  comprime  violemment  pour  le 
rendre  encoreplus  compacte;  puis  on  repanddes- 
sus  du  sel  roti ,  et  on  le  charge  de  poids  pour  le 
condenser  de  plus  en  plus.  Lorsqu'on  a  fait  cette 
operation  neuf  jours  de  suite,  on  lave  les  fromages 
dans  de  Teau  douce,  et  on  les  arrange  chacun  a 
rombre  sur  des  claies,  de  facon  qu'ils  ne  setou- 
chent  pas  mutuelleraent,  et  qu'ils  soient  h  portee 
de  se  sceher  tant  soit  peu ;  apres  quoi,  pour  qu'ils 
se  conservent  plus  tendres ,  on  les  entasse  sur  dif- 
ferents  planchers  dans  un  lieu  clos,  et  qui  ne  soit 
pointe.xpose  aux  vents.  Avec  ces  precautions,  le 
fromagenese  remplit  pasd'yeux,  etnedevientni 
tropsale  ui  trop  dur.  Le  premier  de  ces  trois  de- 
fauts  arrive  communement  lorsqu'iI  n'a  pas  ete 
assez  comprime;  le  second  Iorsqu'il  a  ete  trop 
salc;  et  le  troisieme  Iorsqu'il  a  ete  bride  par  le 
soleil.  On  peut  transporter  le  fromage  fait  de 
cette  facou  nierae  au  dela  des  mers  :  car  pour 


celui  qu'on  veut  manger  frais,  on  le  fait  avpcde 
moiudros  apprets,  puisqu'apres  Tavoir  retire  des 
paniers  de  joncs,  on  se  contente  de  le  tremper 
dans  du  sel  ou  dans  de  la  saumure ,  et  de  le  faire 
ensuite  un  peu  scclier  au  soleil.  Quelques-uns, 
avant  d'nssujettir  lcs  bcstiaux  dans  des  carcans 
pour  lcs  traire ,  incttent ,  au  fond  du  vase  dans  le- 
quel  ils  doivent  tirer  le  lait,  des  pignons  verts  sur 
lesquels  ils  le  tirent,  et  qu'ils  n^titent  que  lors- 
qu"ils  transferent  sur  des  moules  la  matiere  coa- 
gulee.  D'autres  broient  les  eoques  meme  de  ces 
pignons  verts,  et  les  inettent  dans  le  lail  pendant 
qu'il  caille.  II  y  en  a  qui  font  coaguler  avec  le 
lait  du  tliym  broye,  et  passe  par  un  crible.  On 
peut  par  la  meme  raethode  lui  donner  tel  goiit 
que  Ton  veut ,  en  y  ajoutant  dcs  ingredients  pris 
a  son  choix.  Tout  le  monde  connait  la  maniere 
de  faire  le  fromage  que  nous  appelons  mmiu 
prcssum  (presse  par  la  main).  Car  des  que  le  lait 
est  un  pou  caille  dans  le  vase  ou  on  Ta  tire,  on  le 
coupe  pendant  qu'il  est  encore  tiede;  et  apres 
avoir  verse  de  leau  bouillante  par-dessus,  on  le 
faconne  a  la  main  ,  ou  bien  on  le  raet  daivs  des 
moules  de  buis ,  afin  qu'il  en  prenne  la  forme.  l.e 
fromage  bien  irapregne  de  saumure  n'est  pas  d'iin 
mauvais  gout,  quand  on  Vn  colore  par  la  suile 
avec  de  la  fumee  de  bois  de  prunler-poinme  ou 
de  chaume.  Mais  rcvenonsa  presentauxanimaux 
dont  cette  digression  nous  a  ecartes. 

1  .X .  Eu  quelque  genre  de  quadru  pede  que  ce  soi  t, 
on  choisit  avee  attention  l'espece  du  male ,  parce 
que  la  progeniture"est  plus  souvent  ressemblante 
au  pere  qu'a  la  mere.  Cest  pour  cela  que  lorsqu'il 
est  question  de  porcs,  on  appiouve  les  mdles 
quand  ils  sont  remarquables  par  la  grosseur  ge- 
nerale  de  leur  corps,  pourvu  cependant  qu'ils 
raient  plutot  carie  ou  rondque  long;  quand  ils 
ont  le  ventre  bas ,  les  fesses  tres-developpees,  les 


crevlt  liqiior,  in  fiscellas  aul  in  calatlios  vel  fornias  tians- 
(ciendus  csl.  Nam  maxime  lefeit  prinio  quoque  lempore 
serum  percolari ,  et  a  concieta  materia  separari.  Quain 
ob  causam  lustici  nec  patiuntnr  qiiidem  sua  sponle  pi^ro 
liumore  delluere,  sed  cum  paulosotidior  caseusfactns  cst, 
poiidera  superponunt,  quibus  exprimatur  serum  :  deinde 
ut  tormis  aiit  calatliis  exemptus  est,  opaco  ac  frigido  loco, 
iie  possit  vitiaii:  quamvis  mundissimis  tabulis  compo- 
iiitur,  aspergitiir  tritis  salibus  ,  iit  exudet  acidum  liquo- 
rem  :  atque  ubi  diiratus  est,  veliementiHS  premitur,  ut 
tonspissetur.  Et  riirsus  torrido  sale  contingitur,  rursus- 
que  ponderibus  condcnsatur.  Hoc  ciim  per  dies  iiovem 
factiim  est,  aqiia  diilci  eluitur,  et  sub  umbra  cratibus 
iii  lioc  (actis  ila  ordinatur,  ne  alter  allerum  caseus  con- 
tingat,  etut  modice  siccetur  :  deinde,  quo  teneiior  per- 
maneat,  clauso  neque  ventis  obnoxio  loco  stipatur  per 
coinplura  tabulata.  .Sic  neque  (islulosus  neque  salsus  ne- 
que  aridus  provenit.  Quorum  vitiorum  piimum  solet  ac- 
cidere  ,  si  parum  picssiis ;  secundiim ,  si  nimio  sale  im- 
butus ;  tertium,  si  sole  exustiis  est.  Iloc  genus  casei  potest 
ctiam  trans  inaria  permilti.  Nam  i3,qiii  rcccns  intra  pau- 


cos  dies  absumi  debet,  leviore  cura  conficitur.  Quippe  fis- 
cellis  exemptiis  in  salem  iniiiiamque  demittitur,  et  mox 
in  sole  paulum  siccatur.  Nonnulli  antequain  pecus  numel 
lis  inducant,  virides  pineas  nuces  in  mulctram  derailtunt, 
et  niox  super  eas  emiilgent,  nec  separant,  nisi  cum  trans- 
miserinl  in  formas  coactam  materiain.  Ipsos  quidam  viii- 
dcs  conterunt  nucleos  ,  et  lacti  permiscent,  alqiie  ita  con- 
gelant.  Sunt  qui  tliyinum  contritum  cribioque  colatum 
cuni  lacte  cogant.  Siiniliter  qiialiscunque  velis  saporis  ef- 
(icere  possis,  adjecto  qiiod  elegeris  condimento.  Illa  vero 
nolissiina  est  ratio  faciendi  casei,  quem  dicimus  mann 
pressiim.  Naraqiie  is  paulum  gelatus  in  inulctra  dum  est 
tepefacta,  rescinditiir  et  lervente  aqua  perfusus  vel  manu 
figuratur,  vel  biixeis  formis  exprimitur.  Est  etiam  non  in- 
giali  sapnris  muria  perduialus,  atque  ita  nialini  lini  vel 
culmi  fiimo  colniatus.  Sed  jain  redeamus  ad  originem. 

IX.  In  omni  geneie  quadrupedum  species  maris  dili- 
genler  eligitur,  quoniam  frequentiiis  palri  similior  cst  pro- 
genies,  quam  matri.  Quare  etiam  in  suillo  pecore  verres 
probandi  sunt  totius  quidem  corporis  amplitudine  exiinii, 
sed  qui  quadrali  potius  aut  rotundi  quam  longi  sint,  ven- 


DE  LACtRICULTURE,  LIV.  VIL 


jambes  et  la  corne  <lu  pifd  moins  longues  i  pro- 
portion  que  !e  reste  dueorps,  le  eou  nmple  et 
pleln  de  glandes,  le  grouin  court  et  camus.  Mnis 
cequi  est  plusessentiel  pour  robjet  qu"on  se  pro- 
pose,  c"cst  que  les  miiles  soient  tres-lascifs  :  ils 
ensendrent  tres-bien,  pour  peu  qu'ils  aient  un  an 
et  jusqu'a  ce  qu'ils  en  aicnt  quatre ,  quoiqu'ils 
puisscnt  couvrir  les  femellcs  meme  a  six  mois. 
Lcs  truies  sont  dans  le  cas  d'ctre  approuvccs 
lorsqu'elles  ont  la  taille  tres-lonsue  ,  et  qu'elles 
ressembleut  pour  le  surplus  des  membres  aux 
verrats  que  nous  venons  de  dccrire.  Si  le  pays  oii 
Ton  est  cst  froid  et  su jet  aux  brouillnrds,  on 
choisira  le  troupeau  dont  la  soie  scra  la  plus  dure, 
la  plusfournie  et  la  plus  noire.  S'il  est  tempcrcet 
expose  au  solcil,  on  pourra  nourrir  des  porcs  pe- 
les,  ou  meme  des  pores  blaucs,  tels  qu'en  ont 
ordinairement  les  boulangcrs.  La  truie  passe  pour 
ctre  en  ctat  de  coclionner  jusqu'i\  sept  ans;  mais 
plus  cllc  est  fcconde,  plus  totelle  vieillit.  Quand 
elle  a  un  an ,  elle  coneoit  assez  bien ;  mais  11  faut 
qu'elle  soit  couverte  au  mois  de  fevrier,  afin 
qu'ayant  porte  quatre  mois  elle  cochonne  au  cin- 
quicme,  et  dans  un  temps  ou  lcs  herbes  seront 
dejafortes,  pareequelcsporcs  trouveront,  moyen- 
nant  ccla,  un  lait  qui  scra  bien  a  son  point  de  matu- 
ritc,  ctque,  dcsqu'ilscesscront  de  tetter,  ils  pour- 
ront  se  nourrir  de  la  paille  ainsi  quc  de  la  graine 
qui  Tiendra  a  tomber  des  legumes.  Cest  ainsi 
qu'on  le  pratique  dans  les  cantons  eloignes  de 
tout,  011  Ton  n'a  point  dautre  utilitc  en  vue  que 
celle  de  peupler  le  troupeau  ;  car  pour  les  pays 
■voisins  des  villes,  il  faut  y  vendre  les  cochons  de 
lait ,  moyennant  quoi  les  meres  n'ayant  point  la 
pcinc  de  IfS  elever,  donncront  plutot  de  secondes 
ventrecs,  et  cochonneront  par  consequent  deux 
fois  par  an.  Lorsque  les  mAles  ont  commencc  a 
couvrir  les  femelles  des  \'&'j,e  de  six   mois,  ou 


quils  onl  souvcnt  (-li  employes  a  la  generation, 
11  faut  les  chiitrcra  trois  ou  quatre  ans,  alln  de 
pouvoir  les  engiaisser.  On  npplique  aussi  le  fer 
a  la  matrice  dcs  femellcs,  et  on  cn  bouchc  lc 
passage  en  laissant  cicatriser  la  plaie  ,  afin  qu"cl- 
les  ne  puissent  pas  cngcndrcr;  mais  je  ne  vois 
pas  la  raison  qui  peut  portcra  fairecette  opcra- 
tion,  si  ce  n'est  la  disctte  de  nourriture  ou  Ton 
peut  etre,  puisque  quand  on  a  de  la  p.lture  en 
abondance,  il  est  toujours  plus  avantageux  de 
se  procurer  des  venticcs.  Ce  betail  s'aceommode 
de  toute  sorte  de  campagnes,  quelle  qu'en  soit 
la  sitiiation.  En  effct,  il  profite  aussi  bien  sur  les 
montagnes  que  dans  Ics  champs,  et  mieux  ncan- 
moins  dans  les  terrcs  marecagcuses  que  dans  ccl 
les  qui  sontsecbes.  Les  forcts  lui  sontaussi  trcs- 
convenables  lorsqu'elles  sont  couvertcs  de  che- 
nes,  de  lieges,  de  hetres,  de  ceiri,  d'yeuses , 
d'oliviers  sauvages  ,  de  terebiuthes,  de  coudricrs 
et  d'arbres  a  fruits  sauvngcs,  quelle  que  reriine 
blanche  saavage,  le  carongier,  le  gencvricr,  lc 
micncoulier,  lepin,  le  cornouiller,  rnrbousier,  le 
prunier,  le  paliure  et  les  poirierssauvages,parce 
que  scs  fruits,  murissant  en  divers  temps,  sont 
suffisants  pour  ras.sasier  le  troiipeau  toute  l'an- 
nee.  Mnis  si  i'on  mauquc  d'arl)res,on  s'atta- 
chera  aux  paturagcs  dcs  clinmps,  cn  donnant  la 
prcfcrcnce  a  ceux  qui  seront  limoneux  sur  ccux 
qui  seront  secs,  tant  nfin  que  ces  animaux  puis- 
sent  fouillcr  dans  les  maraisponr  y  deterrer  dcs 
vcrs,  et  se  vautrer  dans  la  boue,  qui  est  uue  chosc 
delicicuse  pour  eux  ,  qu'afin  qu"ils  puissent  avoir 
de  reau  a  discretion,  parce  qu"il  est  tres  utile 
qu'elle  nc  leurmanque  pns,  surtout  pendant  Tete, 
et  qu'ils  soient  a  portce  d'arracher  do  terre  les 
petitcs  racines  dcs  forets  marecageuses  qui  sont 
de  leur  gout,  telles  quccelles  du  jonc  d'eau,  cel- 
les  du  jonc  ordinaire,  et  cclles  du  roseau  degen^- 


tie  fnomisso,  cUinibiis  vaislis,  nec  proinJe  cruribus  aiit 
imgiiiis  proceiis,  ampla?  et  glaiKluiosa;  cervicis,  rosliis 
brevibus  el  resiipinis.  Ma\i!neque  ad  rem  peitinet,  qiiam 
salacissimos  esse.  .\1)  anniciila  wtate  coniniode  prosene- 
rant ,  (ium  (piadrimatum  agant :  possunt  lam.en  cliam  se- 
meslres  implere  foeininam.  Sciofe  probantur  longissimi 
sLitus ,  et  iit  sint  leli/piis  mombris  similes  descriptis  ver- 
ribiis.  Si  lopin  fiigida  et  piuinosa  e.st,  quam  dniissim.T 
densa?que  el  iiij;ia>  sela?  gre\  eligendus  esl ;  si  lcmperala 
atipie  aprica ,  glabnim  peciis  vel  etiain  pistrinale  albuin 
potest  pasci.  I"(vmina  sus  babetur  ad  partiis  edendos  ido- 
nea  fere  HS^pie  in  annos  seplem  ,  qii.-e  qiianto  foecundior 
est,  coleiiiis  senesoit.  Annicula  non  iinprobe  concipit,  sed 
iniii  debet  mensc  Febriiario.  Qiiatuor  quoque  incnsibus 
fcrla,  qiiiiitn  parore  ,  cum  jam  lierbae  solidioies  snnt,  ut 
el  (iimataotis  nialiiiilas  porcis  contingat,  et  cum  desic- 
rint  ulieriliiis  ali,  slipiila  pascantur,  crtorisque  legiiminum 
cadiicis  frugibiis.  Hoc  autem  fit  longinquis  rcgionibus, 
iibi  niliil  nisi  subinittcre  expedit.  Xaui  suliiirlianis  lactens 
porcus  .Trc  mulaiidus  est :  sic  eiiim  mater  iion  educanilo, 
lalMjri  sublrabiliir,  ccleriusqiio  ilonim  concepliim  partiiin 

CULL.MM.Lh 


edol.  Idcpie  bis  anno  faciet.  Maies,  vel  cum  primnm  ineunt 
.somostn-s,  aut  cum  sa'piiis  progeiier,averiinf ,  trimi  aut 
qiiadrimi  ('aslrantur,  iit  possint  pingueso.eie.  Koiuiinis 
quuqiic  vulv,-(;  ferio  evulccrantur,  ct  cicatricibnsclaiidun- 
tiir,  no  sint  genitales.  Qiiod  facere  non  inlelligo  qu.T 
ratio  compellat,  nisi  peniiria  cibi.  Nam  ubi  est  uberlas 
pahiili,  siibmittere  prolem  semper  expodit.  Omnem  porro 
sitiiiii  ruris  pecus  boc  nsurpat.  Nam  et  monlibus  et  cjiii- 
pis  ccmimode  pasoitur,  inelius  lamen  palustribus  agris, 
qiiani  sitienlibiis.  Nemora  sunt  conveuientissiina ,  qua; 
vestiiinlur  quercii,  subere,  fago,  cerris,  ilicibus,  oleas- 
Iris,  teimitibiis,  corylis,  pomiferisque  silveslribus ,  ut 
sunt  alb:e  spin,i;,  Gneae  siliqux,  juniperiis  ,  lotus  ,  pi- 
niis,  cormis,  arbutus,  prunus,  et  paliiirus,  atqiie  aobra- 
dcs  pj ri.  Ilsec  cnim  diversi.s  temporibiis  milescunt,  ac  poue 
toto  anno  gregem  saturant.  At  ubi  penuria  est  arboriiin , 
terreniim  pabnlum  consectabimur,  e.t  sicco  limosiim  pr%- 
fercmus  ,  ut  p,aliidem  rimentur,  eflodiautque  liimbricjis, 
atipie  in  luto  volutciiliir,  qiiod  est  liuic  pecori  gralissi- 
muni,  qiiiu  etiam  aquis  abiiti  possinl  :  namqiie  f  ct  1  id 
fecisso  ina\imc  pcr  .Tslatem  piofuit ,  ol  diikeis  eruisso 


COLUMELLE. 


re,  que  le  vulcmire  appelle  ranva.  Les  truiesen-  ^ 
graissent  aussi  dans  lcs  ehamps  cullives,  pour- 
vu  quMls  soicnt  couvliSs  d"hu;bes  et  planles  d'ai- 
bres  a  fruits  de  diffeientes  especes,  afin  qu'elles 
puisscnt  y  trouverdans  lesdiversterapsde  lannee 
des  pommes,  desprunes,  despoires,  desnoix  de 
toutes  foniies,  et  des  figues.  Mais  en  quelque 
abondance  que  soient  ces  fruits,  11  ne  faudra  pas 
epargner  pour  cela  les  greniers,  et  oii  aura  soin 
de  leur  donner  de  la  pature  a  la  main  lorsqu'il  cn 
manquera  au  dehors.  Cest  pourquoi  on  serrera 
a  cet  effet  beaucoup  de  gland ,  (in'on  ploiigera 
dans  des  reservoirs  d"eai! ,  ou  qu'on  fera  secher 
sur  des  planchei-s  a  la  fumce.  11  faut  aussl  leur 
(lonner  la  facilite  de  se  nourrir  de  feves  et  d'au- 
treslegumes  semblables,  lorsque  le  bon  march(j 
de  ces  denrecs  le  permettra,  et  prlncipalement  au 
printemps,  pendant  que  les  paturages  verts  se- 
roiit  eneore  en  lait ,  attendn  qu'ils  sont  commun(i- 
ment  malsains  pour  les  truies  dans  ce  temps-la. 
Cest  pourquoi ,  avant  de  les  mener  le  matin  a  la 
pature,  on  les  sustentera  avee  des  nourritures 
dontoD  aura  fait  provision,  de  peur  que  si  elles 
mangeaient  des  herbes  non  mines,  ces  herbes  ne 
icur  lachassent  le  ventre  et  ne  les  fissent  maigrir 
par  leur  poison.  II  ne  faut  pas  non  pkis  les  renfer- 
nier  toutesensemblecommeles  autrestroupeaux; 
niais  on  fera  des  toits  le  long  d'une  galerie,  dans 
lesquels  on  les  renfermera  quand  elles  auront 
niis  bas.ou  memequand  elles  serontplcines.  En 
effet,  si  elles  (^taient  renferraees  comme  tous  les 
autres  hestiaux  par  bandes  et  p^ilemtMe  ,  ellesse 
vautreraient  plus  encore  que  les  autres  animaux 
les  unes  sur  les  autres,  et  se  feraient  avorter. 
Cest  pourquoi  il  faut,  comme  je  Tai  dit,  cons- 
truire  des  toits  attenant  les  murailles,  lesquelles 
auront  quatre  pieds  de  hauteur,  de  peur  que  la 
trnie  ne  puisse  en  franchir  lacloture.  On  ne  doit 


pas  noa  plus  faire  decouverture  a  ce.s  toits,  afin 
que  le  gardien  puissefaire  la  revuedes  pourceaux 
par  cn  haut,  et  retirer  de  dessous  les  mcres  ceux 
qu'elles  pourront  avoir  etouffes  en  se  vautraiit 
sur  eu.x.  Ce  gardien  doit  etre  vigilant,  diligent, 
indiistrieux,  soigneiix.  II  faut  qu'il  ait  presentes 
a  la  rnemoire  toutes  les  truies  qu  il  a  a  nourrir, 
tant  eelles  qui  ont  deji  porte  que  les  jeunes,  afm 
de  discerner  la  vcntree  de  chacune.  II  aura  tou- 
fours  les  yeux  sur  celles  quiseront  pleines,et  les 
renfermera  daiis  leurtoit,  afm  qu'elles  y  coehon- 
neut.  Des  qu'elles  auront  cochonne ,  il  fera  at- 
tention  au  nombre  et  a  la  qualit(i  des  pourceaux 
qui  seront  nes ,  et  veillera  surtout  a  ce  qu'au- 
cun  ne  soit  eleve  par  une  autre  nourrice  que  sa 
raerc :  ear  Jes  que  lespourcraux  vienneiit  a  sortir 
de  leur  toit,  ils  se  confondent  ais(iment  les  uns 
avec  les  autres;  et  lorsque  la  truie  est  couchee, 
elle  pr(;'sente  indifferemment  son  pis  au  pourceau 
d'une  autre  mere  comme  au  sien  propre.  Cest 
pourquoi  la  prineipalc  fonction  de  celui  qui  prend 
soin  de  ces  betes  est  de  les  renfermer  chacuiie 
avee  leurs  petits.  S'il  n'a  pas  la  memoire  assez 
sure  pour  reconnaitie  les  petits  de  chaque  truie, 
il  leur  fera  sur  le  corps  avec  de  la  poix  fondue 
une  marque  distinetive,  qui  sera  la  raeme  tant 
pour  la  mere  qi;e  pour  les  petits,  alin  de  recon- 
naitrechaque  veatree,  ainsi que  la  mere,  soit  a  une 
lettre,  soit  a  une  autre  marque  semblable.  Car 
lorsqu'on  a  un  grand  nombre  de  truies,  11  faiit  que 
le  gardien  emploie  differentes  marques,  de  peur 
qu'il  ne  vienne  a  les  confondre,  faute  de  nnimoire. 
Cependant  comme  cette  nnjlhode  pourrait  etre 
d'uneex(?cutiondifliciIedansdestroupeaux  nom- 
breuxjilserapluscommodedeconstruire  les  toits 
detelle  faeon  que  la  porteen  soitplacee  a  une  cer- 
taiue  hauteur,  pourquela  raere  puisse  passer  par 
cette  porte  sans  que  les  cochons  de  lait  puissent 


r.iilicula5  aquatilis  silvoB,  tanquam  scirpi  junciqne  et  de- 
Kcneris  arundinis,  quam  vulf^us  cannam  vocal.  Nam  cul- 
(iis  quiilem  a^er  opimas  reddit  sues,  cuni  est  giaminosus, 
et  pliiiibiis  ;;eneribus  pomorum  consitus,  ut  per  anni  di- 
versa  tempoia  mala,  pnina,  pynim,  miilliOu-mcs  nuces 
aclicum  pia;beat.  Nectami'ii  pHiptir  li.rc  p:ircrlui-  lioiieis. 
Namsnepedemanudaniliiiii  c>l,  i  iiin  IiuimIi';ii  il  paliiiliim. 
I>ropter  quod  plurinia  gl.uis  m'I  li^lriiiis  iii  aipi;iiii  vel 
fumo  tabulatis  recondenda  est.  Fab»  quoque  et  similium 
leguminum  ,  cum  vilitas  permitlit ,  facieuda  est  polcslas, 
ct  ulique  veie,  dum  adliuc  laclent  viiidia  paliiila,  qiia! 
suibns  plerumque  nocent.  Itaque  mane  priusquam  proce- 
dant  in  pa.scua,  conditivis  cibis  .sustiuend.Te  sunt,  ne  iin- 
maturis  lierbis  ciletur  akus ,  eoque  vitio  pecus  emacie- 
tur.  Ncc  ut  caeteri  greges  nniversi  claudi  debent ,  sed  per 
pnrticus  baiae  faciendae  simt,  quibiis  aut  a  partu  aut 
etiam  praegnantes  includantnr.  Nam  piiBcipiie  snes  cater- 
vatim  atque  incondite  cuni  sunt  pariter  inclusai,  super 
aliasaliaicubaut,  et  fuetus  elidunt.  Quaie,  uldi\i,  juncloe 
paiietibus  bara;  conslruendie  sunl  iii  allltudinem  peilum 
<iuatuor,  ne  sus  trausilire  stiita  queat.  Nam  cunli  ;;i  non 


dcbet,  nt  asuperiorepartecnstosnumerum  porcorum  re- 
ccnseat,  et  si  quem  decunibens  materoppresserit,  cubanti 
subliabat.  Sit  autem  vigilans,  impiger,  industrins,  navus. 
Onuiium,  quas  pascit ,  et  matiicum  etjuniorum  niemi- 
nisse  debet,  ut  uniuscujusquc  partum  consideret.  Semper' 
obscrvet  eiiilentem  ,  claiiilalque  ut  in  bara  fietum  edat. 
Tum  denolct  pioliuus  qiiot  et  qualcs  sint  nati ,  ct  curet 
maxime  ne  quis  sub  uiitrice  aliena  ediicctur  :  nam  facil- 
lime  poici,  si  evaseriut  harani,  miscent  se,  et  scrofa  cum 
decubuit,  a-que  alieno  ac  suo  piacbet  ubcra.  Itaqne  por- 
ciilatoris  maximum  oflicium  cst,  nt  unamqnamque  cum 
sua  prole  claudat.  Qui  si  memoiia  delicilur,  quo  minus 
agnoscat  cujusque  progeniem,  pice  liqiiida  eaudem  iinlam 
scrofic  et  poiris  imponat ,  ct  sive  per  lileras  sive  pci-  alias 
formas  unumquemquefoetum  cum  matre  disliuguat.  Nam 
in  majore  numero  diversis  nolis  opiis  est,  nc  conlund.i- 
tur  memoria  custodis.  Altamen  quia  id  facere  gregibus 
amplis  videlur  operosum ;  commodissimum  est  liaias  ita 
fabiicare,  ullimen  carnm  in  tantam  alliliidincni  consui- 
gat,quaiilam  possit  nutiix  evadeie;  lacteiis  aiili-ui  su- 
pcigredi  non  possil.  Sic  ncc  alicniis  irrcpil,  cl  iucubili 


i)K  Lwr.Ricni.TiJr.K,  i.i\'.  \ 


la  fV.uicliir.  i\Ioyr;iii;\!Ur('ltc  precaution,  il  m- sc 
glissna  pas  de  poiiiceaux  ctrangers  dans  aiieim 
toit ,  ct  chaque  venlrce  allendra  sa  mere  dans  le 
sien.  Une  ventree  ne  doit  pas  neanmoins  exceder 
le  nombre  dehuit  tetes  :  non  pas  que  j"ignore  que 
la  lcconditc  des  truics  pcut  en  donner  davantage , 
niais  parce  que  ccllcs  a  qui  on  en  laisse  clevcr  un 
plus  grand  nombre  ccsscnt  plus  tot  dc  portcr.  II 
hiut  aussi  sustentcr  avee  de  Torge  cuite  cclles 
anxinicllcson  laissc  lcurs  pctits,de  pcurqu'cl!es 
ne  tombent  d;ms  une  maigreur  extrcme,  qui 
pourrait  etre  suivie  de  quelque  maladie.  Celui 
qui  prcndiasoin  dcs  porcs  balaycra  souvent  leur 
cour,  cncore  plus  souvent  leurs  toits  :  car  quoi- 
que  cet  animal  soit  malpropre  quand  il  est  a 
paitrc,  il  veutccpcndantque  sa  retraite  soit  tres- 
proprc.  Voila  a  pcu  pres  la  facon  de  tcnir  les porcs 
quand  ils  se  portent  bicn. 

X-  I/ordre  nous  conduita  parler  dessoinsqu'il 
on  faut  prcndre  lorsquMs  sont  maladcs.  On  re- 
connait  que  les  truies  out  la  llevrc,  lorsqu'elles 
portent  la  tcte  de  travers  et  inclince  vcrs  la  tcrrc; 
lors(iu'aprcs  avoir  couru  un  ccrtain  tcmps,  clles 
s'arretent  tout  h  coup  au  milicu  des  paturagcs, 
et  qu'etourdies  p;ir  une  cspcee  de  vertige  qui 
lcur  prend,  elles  tombenta  terre.  1!  fautremar- 
quer  de  quel  e(')te  penclie  leur  ti-te,  pour  lcur 
tirer  du  sang  de  roreille  opposi^e.  On  ouvrira 
aussi,  a  la  dislancc  de  deux  doigts  des  fcsscs, 
une  veine  asscz  grosse  qu'ellcs  oiitsous  la  queuc. 
aprcs  Tavoir  ncJanmoins  fouettce  avec  des  s;ir- 
mcnts  ,  pour  n'y  introduire  le  fer  que  lorsque  lcs 
coujis  dc  vcrgrs  Tauront  suffisamment  goiin(.'c  : 
la  saigiic'e  faile,  on  baudera  la  plaie  avcc  de  \'v- 
corce  desaule,  ou  mcme  d'orme.  A  l;i  suite  de 
cette  opi-ration,  on  rcticndra  ranimrsl  dans  son 
toit  pendant  Tcspacc  d'mi  ou  deux  joui's,  et  on 


lui  donnera  de  feau  licdc  autant  qu'il  en  voudra, 
avec  un  srxlariiis  dc  f.irinc  d'orge.  Lorsque  les 
porcs  ont  les  (?croucllcs ,  on  leur  tire  du  s;ing  sous 
la  langue ;  ct  aprcs  cctte  saigni!'e ,  on  lcur  frottc 
tout  le  grouin  avec  du  scl  cgrug(5  et  de  la  farine 
de  froment.  Quclqucs  personnes  s'imagincnt  qui^ 
c'cst  un  remcdc  plus  ellieace  de  leur  f;iire  prcn- 
dre  avcc  une  corne  trois  cijalhi  de  ganini,  (t 
de  leur  attacher  au  cou  des  tiges  de  ftrule  fcii- 
dues  cn  deux,  et  suspcndues  avce  un  cordoii  dc 
lin.defacDU  qu'ellcs  portentsur  lcursccrouellcs. 
On  regarde  aussi  comme  un  remede  saliitaire, 
lorsquils  ont  envic  de  vomir,  la  sciure  d'ivoire 
m('lee  avcc  du  sel  ri^ti  et  dcs  fevcs  broyecs  eii 
farine  bien  menue ,  ((u'on  lcur  donne  a  jeun  ,  ct 
avant  de  les  mencr  pnitrc.  Quelqucfois  aussi  tout 
nn  troupcau  de  porcs  cst  mnlade  a  la  fois  ,  de  f;i- 
con  qu"ils  maigrissent,  qu'ils  ne  preuuent  pliis 
de  nourrilure,  et  que,  lorsqu'on  les  mene  paitrc, 
ilsse  vautrent  au  milieu  de  la  canipagne,  et  pa- 
raissent  npprcss(?s  p;ir  une  cspecc  de  Iiithargio 
qui  les  force  a  s"endormir  au  soleil  (rcfe.  Lorsquo 
cct  accident  arrivc,  on  rciifcrme  iout  le  troupcau 
dans  nne  etablc  couverte,  et  on  rcmp^^che  peii- 
dant  toute  une  journi^ede  boire  et  de  manger  ;  le 
lendemain  on  broie  de  la  raciiie  de  coneombrc 
sauvage  quo  Ton  fait  infuser  dans  de  reau  ,  doiit 
on  fait  boire  aux  porcs  a  leur  soif.  Des  qu'ils 
Tont  bue ,  rcnvie  de  vomir  leur  prend  ,  et  ils  se 
purgent  par  le  vomissement.  Quand  ils  out  rcndii 
toute  labile  qu"ils  avaient  dans  ie  corps,  on  leur 
donne  dfs  pois  cliiches  ou  dcs  feves  sur  lesqucllcs 
on  versc  une  saumurc  forle  ;  apres  quoi  on  lcur 
perinet  de  boire  dc  i'cau  chaude  (comme  on  fait 
aux  liommes).  Si  la  soif  cst  pernicicuse  en  (te  a 
toute  sortede  qnadrupedes,  elle  Test  encore  plus 
au.\  porcs  qii"a  tout  autrc  :  c'est  pourqiioi  nous 


siiam  (iiiisiinc  iii.ilivm  iilfliis  oxppct;U ,  qiii  taiiiiiii  iioii 
cli'bet  oclii  r,i|iitiiiii  iiiinicviiiii  cvccdere  :  iioii  (]iiia  i^iio- 
rem  fn^ciiii(lil;itciii  scrof;iniiii  iniijoris  esse  iiiiiiicii ;  sed 
<Hii.i  celeiiiiiic  laliscil,  quac  pliires  educat.  Atqiie  eae  qiii- 
biispartus  siibiiiiltilur,  cocto  snnt  oideo  sustinend.-e,  ne 
.id  ni;iciei\i  suiniTiaiii  peidiicanliir,  et  ox  c.i  ad  aliquain 
peniicicm.  I)ili;;ens  autein  poiciilalor  freqiienler  snile 
cmiverril,  el  .sa<pnis  baias.  Nam  quamvis  piaedictum  aiii- 
mal  in  pabiiliilinne  spiirce  vcrseti^r,  mundissiniiiin  lanien 
cnbile  desidcral.  llic  lcie  cultus  cst  pecoris  suiUi  rccle 
valeiiiis. 

X.  Scipiiliir  ut  dic.inius,  qu,e  sil  ciira  viliosi.  Febiici- 
lanliiiiii  signa  siint,  cnm  obslipif  siies  Iransversa  caplta 
ferunt,  acper  pasciia  snbilo.ciim  paulnluni  pincuncrnnt, 
consisliinl,  et  vertiuiiie  correpl;r  comidnnl.  l.aruiii  no- 
landa  sunt  capita ,  qiiam  in  parlem  pror.linenlnr,  ut  ex 
iliveisa  parte  de  auiicnla  sansuinem  niitlainus.  Ileni  sub 
cauda  duobus  digilisa  clunibiis  inleiinissis  veniini  fcii.v 
mus,  (pia.'  csl  in  eo  loco  .s;ilis  anipla,  eamque  saimcnlo 
priusoporlelverbciari.deindeabiclnvirgseturaentemferro 
resciiidi ,  delr<icloqiie  s.inguiiie  colligai  i  saligneo  libro  \c\ 
eliam  iilineo.  Qnoj  cum  fccerimus,  mio  ant  alleio  di,"  .-iih 


lecto  jiccudeni  continebimus,  et  .iqiiam  niodice  calidaiii 
quantain  volciit ,  farin.Tqne  orde;iceie  siiisulos  sexlarios 
pr.Tl)ebiuius.  Slnimosissnb  liii^ua  sansiiismiltendus  csl, 
qiii  cuni  piolliiNeiil,  .sale  Iritociiin  faiiiia  Irilicea  conlii- 
c.ari  totiiiii  os  convcniel.  Quidam  pra'sentius  piilant  esse 
rcniediuni  cum  per  cornii  siiisnlis  leriios  cyalbos  pari 
dcniilliinl.  Ociiide  lissas  taleas  feiiiliirum  lineo  funiculo 
leliyaiil  :  cl  ila  collo  suspimdnnl,  iit  strnm.ii  fciiilis  (on- 
linsantiir.  Naii.siantibiis  qnoque  .salularis  liabelnreburiica 
sidbiss;ili  IVjcto,  el  faba'  miuiile  ri('.s.Tii  conimisla,ji'juuis- 
(pic  piiiis  qiiani  in  pasciia  prodcanl  objcrta.  Solct  eli;iiii 
nniveisiiiii  pcciis  n'giolarc  ila,  nt  eiiiiicictur,  ncc  cibos 
capiat,  pioiliiitninipie  in  pascua  mcdiocainpii  procnnibal, 
et  (piodaui  velerno  prcssnui  somnos  .TSIi\o  siib  sole  lap- 
lcl.  Qiiod  cuin  facil,  lolns  pex  (lcclo)  claiidilnr  st;ihulo, 
alqiieuno  ilie  absliiieliir  polinne  et  pabiilo  ;  poslridiera- 
dix  ansuiiiei  cucumeris  trifaet  comniisla  cnni  aqiiadalur 
silientibus  -.  quain  ciini  pecudes  bibeiuiil,  naiisea  corrept.T 
voniitaiil,  alque  expiiiganlur,  oiiiniqiie  bite  dep"ilsa, 
cicerciila  vel  faba  diira  niiiria  conspeisa,  deinde,  siciil 
liominibu.s,  aqiia  calida  polauda  permiltiliir.  Scd  cuni 
omni  quiidriipedi  per  lestalem  .sitis  sit  infcsta ,  Inm  suilto 


356 


COLUMELLE. 


iie  prescrivons  point  de  les  mener  deux  fois  par 
jour  a  reau,  comme  ou  y  meue  les  clievres  ou  Its 
biebis ;  niais  nous  conseillons  de  les  tenir  conti- 
nuellement,  autant  que  faire  se  pourra,  sur  les 
bords  d'un  fleuve  ou  d'un  etang,  au  lever  de  la 
Canicuie ,  parce  qu'il  ne  suffit  pas  a  ces  animaux, 
qui  sont  tres-chauds  de  leur  nature,  de  boire  Teau, 
mais  qu'il  faut  encore  qu'ils  y  plongent  leur 
corps,  pourrafraichir  leur  graisse  ainsi  que  leur 
ventre,  distendu  par  la  pature  dont  il  est  plein, 
d'autant  que  lien  ne  ieur  plait  autant  que  de  se 
vautrer  dans  des  ruisseauxoudansdesiacs  bour- 
beux.  Si  la  situatlnn  des  lieux  ne  permet  point  de 
leurprocurer  ces  facllites,  il  faut  au  raoins  ieur 
donner  a  boire  de  l'eau  de  puits,  qu'on  mettra 
abondammcnt  dans  leurs  auges,  parce  que  s*il 
arrivait  quils  n'en  eussent  pas  a  discrelion  ,  ils 
deviendraient  bientot  pulmoniques.  On  guerit 
parfaiteraent  cette  maladieen  leurinserant  dans 
les  oreilles  de  la  raeinedepommelee,  plante  dont 
nous  avons  deja  parle  avec  assez  de  detail  en  dif- 
fcrentes  occasions.  Ils  sout  aussi  tourmentes 
souvent  par  des  douleurs  de  rate,  parce  que  ce 
\iscere  est  sujet  a  se  vicier  chcz  eux  lorsiju'il 
survient  une  grande  secheresse,  el  que  ,  pour 
eraprunter  unecitation  aux  Bucoliques,  lesfniits 
sont  epars  u  terre  sous  rarbre  qui  les  a  pro- 
duits.  En  effet,  ce  betail  etaut  insatiable , pour  peu 
que  les  truies  sesoient  livrees  avec  exces^a  la  dou- 
ceur  de  la  patnre,  elles  sont  tourmentecs  en  ete 
par  un  gonflement  de  rate.  On  y  remedie  en  fabri- 
quant  des  auges  de  tamaris  et  de  houx  frelon, 
qu'on  remplit  d'eau,  pour  la  leur  presenter  lors- 
qu'elles  ont  soif  :  en  effet,  le  sue  de  ces  bois  est 
mcdicinal  au  pointqu'etant  ainsi  filtre  dans  leur 
boisson ,  il  arretc  ce  gonflement  interne. 

XI.  On  a  rattention  de  ne  ciicitrer  ce  betail 


qu'en  deux  temps  derannee,  savoir,  au  prin- 
temps  et  en  automne;  et  il  y  a  deux  manieres  de 
faire  cette  operation.  La  premiere  est  eelle  que 
nous  avons  deja  donnee,  et  qui  consiste  a  faire 
deux  ou vertures ,  a  Teffet  de  tirer  un  testicule  par 
chacune  :  Tautre  est  plusbelle,  quoique  plus  pe- 
rilleuse ;  mais  quelque  danger  qu'il  y  ait  a  la  faire, 
je  ne  la  pnsserai  pas  sous  siience.  Apres  avoirar- 
raeh(S  un  destesticules  et  Tavoircoupe  avec  le  fer, 
ou  iusere  le  bistouri  par  cette  premiere  ouver- 
ture,  et  Ton  incise  vcrs  le  milieu  la  peau  qui  sert 
de  cloison  aux  deux  testicules,  a  Teffet  d'arra- 
cherde  merae  le  second  testicule  avec  les  doigts, 
qu'on  a  soin  de  recourber.  De  cette  raaniere  il 
n"y  aura  qu'une  plaie ,  qu'on  cicatrisera  en  y  ap- 
pliquant  les  rcraedes  que  nous  avons  enseignes 
pour  la  premiere  operation.  Jo  ne  crois  pas  non 
plus  devoir  passer  sous  silence  un  article  qui  in- 
teresse  la  religion  du  chef  de  famille.  II  y  a  des 
truies  qui  devorent  leurs  petits  :  lorsque  ce  cas 
ari'ive,  on  ne  doit  pas  le  regarder  comme  un  pro- 
dige,  parce  que  ce  sont  entre  tous  les  bestiaux 
ceux  qui  souffrcnt  le  raoinspatierament  la  faim; 
de  facon  qu'il  arrive  quelquefois  que  lorsque 
des  truies  manquent  de  pature,  uon-seulement 
elies  devorent  les  pourceaux  de  leurs  pareilles 
(si  on  les  laisse  fairc;,  raais  encore  les  leurs  pro- 
prcs.  J'ai  traite  avec  assez  d"exaclitude  (  si  je  ne 
metrompe)  des  betcs  de  somme  et  des  autres 
besliaux ,  ainsi  que  des  maitres  de  troupeaux, 
qui  sont  cliarges  du  soin  de  panser  et  d'entreteiiir 
les  quadrupedes ,  taut  duiis  rinterieur  de  la  mai- 
sou  (|u'au  dehors. 

XII.  .le  vais  parler  a  piesent,  ainsi  que  je  m'y 
suis  engagii  dans  la  premiere  partie  de  ce  traite, 
des  gardiens  rauets  du  betail,  quoique  ce  soit  a 
tort  que  Ton  donue  aux  chiens  le  titre  de  gardiens 


maxinie  est  inimica.  Quare  iioii  nt  eapellam  vel  ovem,  sic 
fl  lioc  animal  bis  ad  aqiiam  diici  piaecipimus  :  sed  si 
fieii  potest,JHxla  lluinen  aut  stagnum  per  oitum  Canl- 
cnlsD  delineii  :  quia  cum  sit  wstuosissimum ,  non  est 
contentiim  potione  aquae,  nisi  obesani  iHgluvieni  atqiie 
dislentam  pabiilis  alvum  d(!nieiseiitac  lefiigeiaverit ;  iiec 
iilla  re  magis  gaudet,  quam  rivis  atque  coeiioso  lacu  volu- 
laii.  (Juod  si  locorum  situs  repugnal,  ne  ita  lieri  possit, 
puteis  extracta  et  large  canalibus  imniissa  piaebenda  sunt 
pncula,  quibus  nisi  aflatim  salienlur,  piiluionaria;  fiunt. 
Isque  morbusoptime  sanatur  auriculis  inseilaconsiligine  : 
dequa  radicula  diligeiiter  ac  saepiiis  jam  locuti  siimus. 
Soletftiam  vitiosi  splenisdoloreas  infestaie,  quodaccidil, 
cuinsiccitas  magua  proveuit,  et,  ut  ISiicolicon  loquitur 
poema,  Stralajaccnt  passim  sua  gtuequc  sub  arbore 
/io)«a.  Nam  pecus  insatiabile  sues.diim  dulcedinem  pa- 
liuli  consectanlur  supra  modum,  ai^stale  spleiiis  inciemento 
laborant.  Cui  succunilur,  si  fabricentur  canales  ex  tama- 
licis  tiunco,  lepleanturque  aqua ,  el  deinde  sitientibus 
admoveantnr;  qiiippe  ligiii  succus  medicabilis  epotus  in- 
lesliimni  tunioiem  compescit. 
M  Castralionis  autem  iii  lioc  pecoie  duo  tempora  ser- 


vantur,  veris  etautumni  :  el  ejus  administrandie  duplex 
ratio.  Prima  illa ,  quam  jam  ti adidimus ,  cuin  duobus  viil- 
iieribus  impressis  per  unamquanKpie  plagam  siiiguli  ex- 
piimuntur  testiculi.  Alteia  est  speciosior,  sed  magis  peii- 
culosa,  quam  tamen  non  omittam.  Cum  viiilem  partcin 
unam  ferro  lesectam  detiaxeiis,  per  impressum  viilmis 
.scalpellum  inserito ,  et  niediam  qiiasi  cuteni ,  quae  interve- 
nit  diiobus  membris  genitalibus,  rescindito,  atque  uncls 
digitis  alterum  quoque  tesficulum  educito  :  sic  fiet  uiia 
cicatrix  adbibitis  caeteris  remediis ,  quse  piius  docuinuis. 
Illudantem,  quod  pertinet  ad  leligionem  patrisfaniilias , 
non  reticendum  piitavi.  Sunt  quEcdam  sciofa;,  qua:  man- 
dunt  la-tus  suos  :  quod  cum  lit,  non  Iiabetur  prodigium. 
Kain  sues  ex  omnibus  peciidibus  impatientissimae  famis 
aliquando  sic  indigent  pabuli ,  iit  non  tantum  alienam ,  si 
liceat ,  sobolem ,  sed  etiani  suam  consumant.  De  ainientis 
cajterisque  pecudibus  et  magistris,  perquos  quadrupedum 
gieges  bumana  soleilia  domi  forisqiie  cuiantur  alque  ol)- 
servantur,  nisi  fallor,  satis  accuiate  disseriii. 

Xir.  Nunciit  exordio  priore  suni  pollicitus,  de  mutis 
custodibus  loqiiar;  qiiamqiiam  canis  falso  dicilnr  niiitus 
custos.  Nain  quis  tioniinuni  clarius  aut  taiita  vociferalionc 


DE  LAGRICULTUlii:,  LIV.  VIL 


j    muets.  Eu  efiet,   trouve-t-on  des  hommes  qui 

j    avertissent  de  la  preseuee  d'une  bete  feroce ,  ou 

!    decelied'unvoleur,  d'unemaniereplusintelligible 

j    ou  avec  des  cris  plus  percants  que  ne  le  font  ces 

I    animaux  par  leurs  abolements?  Y  a-t-il  des  ser- 

I    viteurs  plus  attaches  a  leur  maitre  ,  des  compa- 

!    gnons  plus  fideles,  des  gardlens  plus  incorrupti- 

bles  que  les  chiens'?  Ptut-ou   enfin  trouver  des 

sentinelles  plus  \  igilantes,  et  des  rengeurs  ou  des 

(icfenseurs  plus  courageux?  Un  agriculteur  doit 

doiic  se  pourvoir  d'uii  chien,  et  rentretenir  de 

preference  a  tout  autre  aiiimal ,  parce  que  ce  sera 

lui  qui  gardera  la  metairie  ,  les  fruits,  les  gens 

de  la  maison,  et  les  bcstlaux.  II  y  a  trois  diffe- 

rentes    methodes  a   suivrc    dnns   racquisition 

comme  dans  Tentretien  de  cet  animal ,  suivant 

i   les  differents  ol)jets  auxquels  ou  le  destine.  Eu 

■  effet,  il  y  a  une  espece   de  chien  que  Ton  ne 

j   choisit  que  pour  eventer  les  embuscades  dressees 

I   par  les  liommes,  et  qui  sert  agardcr  la  nietairie 

avec  ses  dependanccs;  au  lieuque  les  chiens  de 

la  seconde  espece  sont  choisis  pour  repousser  les 

attaquesdes  liommes  ainsi  que  celles  des  betes 

feroces ;  de  sorte  que  ceux  de  cette  seconde  es- 

pece  nedoiveiit  pas  moins  avoir  roeil  sur  les  hes- 

tiaux  qui  paissent  au  dehors,  que  dans  rinterieur 

de  la  maison  sur  les  etables.  U  en  est  une  troi- 

sienie  espeee  que  roii  n'acquiert  que  pour  la 

cliasse,  etqui  non-seulement  n'est  d'aucune  uli- 

lite  a  un  agriculteur,mais  qui  le  dctourne  nieme 

de  son  travail  ct  lui  faitnegliger  ses  occupations. 

II  iiDUS  sufllra  donc  de  parler  du  eliien  des  me- 

tairies   et  de  celui  des  piitres,  puisque  le  chien 

de  chasse  est  uu  objet  absoluraent  ctranger  a 

rart  (|ue  nous  professons.  II  faut  choisirpour  la 

garJc  de  la  nietairie  un  chien  d'une  corporence 

tres-ample,  et  dont  raboiement  soit  etendu  et 

sonore,  tant  afiu  qu'il   puisse  ("pouvanter   les 

malfaitcurs,  d'abord  par  le  bruit  de  ses  hurle- 

.ments  et  ensuite  m(5me  par  son  aspect,  qu'afin 

bestiam  vel  fiirem  pra'dicat ,  qiiam  isle  latratu  ?  (|uis  la- 
niulus  amautior  (iomiui?  quis  lidelior  conies?  quis  custos 
incoirinilior ?  (iiiis  cxcubitor  inveniii  potest  vigilantioi? 
qiiis  denique  ullor  aut  vindex  constantioi?  Quaie  vel  in 
luimis  lioc  animal  nieicari  tuerique  debet  agiicola,  quod 
«'t  villain  ct  fiuctns  familiainque  et  pecora  custodit.  Ejus 
aiitem  paraudi  tuendique  trijilcx  latio  est.  Namqneuniim 
geniis  adversus  lionilniim  insidias  cligitur,  et  id  villain 
qiiaeqne  jiincta  sunt  villae  custodit.  At  alterum  piopellen- 
<lis  injuiiis  linniinnm  ac  feiarnin;  i't  id  obsei^at  domi 
stabiduni,  liuis  pecoia  pascenlia.  Tcrtium  venandi  gialia 
compaiatur;  idipie  non  soliim  uiiiil  agiicolam  jiival ,  .sed 
cl  avocut  dcsideiiiipic  ab  opcre  siio  reddit.  De  villatico 
i;4itui'  cl  pastoiaii  dii  endum  esl :  iiam  venaticus  uibil  pcr- 
linet  ad  iioslrain  piofessioncni.  Villac  ciistos  eligendiis  est 
ainplissimi  cuipoiis,  vasti  lalralus  canoiiqiie,  ul  priiis 
auditu  nialelicuin ,  deiiide  etiam  conspectu  tencat ,  ct  ta- 
meu  nomiunquam  no  visns  qiiidom  horribili  frcinilii  siio 
fHKCtinsidiaiitcui.  silaulciu  roloiis  iiniiis;  isquciii.r^is  cli- 


q«'il  puisse  mettre  eu  fuite  ceux  qui  s'aviseraieiii, 
de  tendre  des  emhi"iches,  quelquefois  meme  avant 
d'en  ctre  apercu ,  et  par  la  seule  frayeur  qu'iiispi- 
reront  ses  hurlements.  11  faut  qu'il  soit  d'uue 
seule  couleur  :  on  pri^^feiera  la  couleur  blanche 
dans  le  chien  du  putre,  et  la  noiie  dans  cchii  de 
la  niiitairie  ;  quant  aux  couleurs  bigarrt^es,  on  nc 
les  approuve  ni  daus  Tun  ni  dans  l'autre  de  ces 
anlmaux.  Le  piitre  donne  la  prijference  a  la  cou- 
leur  blanche,  parce  qu'elle  ne  peut  pas  etre  con- 
fondue  avec  celledes  betes  f(3roccs.  En  effet,  il 
est  quelquefois  tres-essentiel ,  lorsqu'il  s'agit  de 
repousser  des  loups  pendaut  robscuriti^  du  niatin 
ou  du  soir,  qu'il  y  ait  une  differenee  bicn  mar- 
quee  entre  la  couleur  du  ehien  et  celle  de  ces 
b(}tes,  de  peur  que  si  la  blancheur  du  chieii  i^e 
le  faisait  pas  reconnaitre ,  le  patre  ne  vint  h  le 
frapper,  croyant  frapper  un  loup.  Pour  le  chieo 
de  lamiitairie,  que  ronoppose  aux  attaques  des 
hommes ,  il  doiti'tre  noir,  parce  que  si  le  voleur 
vient  en  plein  jour,  Taspect  de  cet  auimal  lui 
paraitra  d'autdnt  plus  terrible;  et  que  s'il  vient 
de  nuit ,  ralTniite  de  cette  couleur  avec  ies  teni;- 
bres  l'einp(>chera  meme  de  rapercevoir  ;de  sorti! 
que  ranimal,  favoris^;  parTobscurite,  pourras'ap- 
procher  avec  plus  de  surett;  de  ceux  qui  se  tiea- 
draient  en  emhuseade.  On  approuve  plutfit  un 
chieu  carrii  qu'un  chien  long  ou  court ,  pourvu 
qu'il  ait  la  tete  assez  grosse  pour  quelie  paraisse 
faire  la  plus  considerable  partie  de  son  corps , 
les  oreilles  renversees  et  pcndantes,  les  yeux 
noirsou  verdiitreset  eclatants  d'une  lumiere  vive, 
la  poitrine  ample  et  bien  garnie  de  poils,  les 
epaules  larges ,  les  jambes  epaisses  et  heriss(ies , 
la  queue  courte ,  et  enfln  les  pattes  et  les  ongles 
tres-larges,  auquel  cas  on  les  appelle  opa/.at. 
Voila  la  figure  extcTieure  du  cbien  de  raetairie  la 
plus  a  d(?sirer.  Son  naturel  iie  doit  ctre  ni  trts- 
doux,  ni au  contraire  farouche  et  cruel ,  parce  que 
dans  le  premier  cas  il   caresse  tout  le  moiide, 

gatur  albus  in  paslorali ,  niger  in  villatico  :  nam  variiis  in 
neutioest  laudabilis.  l^astor  album  piohat,  qnoniamest 
(env.  dissiuiilis,  niagnoqiie  opiis  inleidum  discriniine  esl 
in  piopulsaiidis  liqiis  snb  obsruro  mane  vel  etiani  crepu- 
sciilii,  iie  pro  licstia  caiicm  liTiat.  Villalicus,  qui  liomiuum 
nialcliciis  o|ipoiiitiir,  sivc  liicc  claia  fur  adveneril,  leiribi- 
lior  iiigcr  coiispicitur :  sive  noctu  ,  ne  c.onspicitur  quidcm 
pro|ilcr  iimbra'  similitiidinem ,  quamobiem  tectus  tene- 
biis  caiiis  luliorem  accessum  babet  ad  insidiantem.  Pro- 
batin  (|uadiatus  poliiis  quam  longus  aut  bievis,  capite 
tam  magno,  ut  coiporis  videatur  pars  maxiina,  dejectis 
et  propendentibns  auribus,  nigris  vel  glaucis  ocuJis  acri 
lumiiie  radiantibiis,  ainplo  villosoque  peclore ,  latis  armis, 
cruribus  crassis  el  liirlis,  caiida  brevi,  vestigioium  aiti- 
ciilis  el  ungnibiis  amplissiinis,  qni  GiECce  opotxai  appel- 
lantur.  Ilic  erit  villaliiti  canis  status  pra'cipue  laudandns. 
Mores  autem  neqiie  mitissimi,  neqiie  rnrsns  truces  atque 
cnididcs;  qiiod  illi  fiiicm  quoqiie  adnlantnr,  hi  etiam  do- 
nicslicnsinvadiint.  Sali.^e^l  scvcios  esse  ncc  blaiidos,  iil 


COLUMELLE. 


sans  en  exccptei-  les  voleurs,  et  qiie  dans  le 
seeond  cas  il  saute  jusque  sur  les  gens  de  la 
maison  menie.  11  suffit  qu'il  soit  severe  sansetre 
caressant,  et  que  son  oeil  s'enflamme  toujours 
contre  les  etrancjers,  et  quelquefois  meme  contre 
ses  camarades  de  servitude.  Les  chiens  doivent 
surtout  se  montrer  vii;ilants  en  tout  ce  qui  con- 
cerne  !a  garde  a  laquelle  ils  sont  commis.  II  ne 
faut  pas  qu'ils  soient  vagal)onds  ;  ils  doivent  au 
contraire  etre  assidus,  et  pkitot  circonspects  que 
temeraires,  parce  que  lorsqu'ilssont  circonspccts 
ilsn'annoncent  rien  quMlsne  soient  certains  d'a- 
voir  vu  ;  au  lieu  que  lorsqu'ils  sont  tcmeraires,  il 
arrive  souveiit  qu'i!s  prennent  Talerte  sur  de 
vaiiisbruits  ct  sur  des  soupcoiis  mal  fondes.  J"ai 
ciu  devoir  entrer  dans  ce  detail  par  rapport  a 
leurs  qualitcs ,  parce  que,  comme  la  nature  ne 
fDrmc  point  seule  les  moeurs,  a  moins  que  Teduca- 
tion  n'y  soit  jointe,  il  faut,  lorsque  nous  serons 
dans  le  cas  d'en  acheter,  que  nous  les  choisissions 
tels  que  nons  venons  de  les  depeindre,  et  que 
lursque  nous  cleverons  ceux  qui  serout  nes  chez 
iious,  nons  les  formions  d'apres  ces  principes. 
Peu  importe  que  les  chiens  de  metairie  soicnt 
lourds  de  corps  et  peu  legcrs  a  la  course,  parce 
que  leur  ministcres'exeree  ptutotde  pres  etdans 
le  lieu  meme  qu'ils  occupent ,  quede  loin  et  dans 
un  champ  spaeieux.  En  effet,  ils dniveut  toujours 
resterautourderenclosetdanslebfltimentmeme, 
sans  s'en  ccarler  jamais  a  trop  de  distance.  II 
leur  suflit,  pour  bien  remplir  leurs  foactions,  de 
flairer  avec  sagacite  ceux  qui  viennent  dans  de 
mauvais  desseins,  de  les  epouvnnter  par  leurs 
aboiements,  et  de  ne  s'en  pas  laisser  trop  appro- 
chcr,  ou  de  se  jeter  sur  eux  avec  fureur ,  au  cas 
qu'ilss'obstinent  a  avancer;  d"antant  quele  pre- 
inierdevoir  d'un  chien  est  de  ne  point  se  laisser 
atta(|uer  ,  ct  le  second  de  se  venger  avec  courage 
et  pcrseverance  lorsqu'on  Tai^acc.  Voiia  pour  ce 


qui  est  des  cbiens  qui  gardent  la  maison  :  voici 
ce  qui  concf  rne  ceux  des  patres.  Le  chien  destitie 
a  garder  le  betail  ne  doit  etre  ni  aussi  eftlanque 
ni  aussi  lcger  que  celui  qui  est  destine  a  courir 
apres  les  daims,  les  eerfs  et  lcs  animaux  les  plus 
legers,  eomme  il  ne  doit  pas  non  [)lusctre  aussi 
gras  ni  aussi  lourd  que  celui  qui  est  destine  a 
garder  la  metairie  et  les  greniers.  II  faut  nean- 
moins  qu'il  soitl-obust:',  et meme  proinpt  et  dispos 
jusqu'a  un  certain  poiiit,  parce  qu'on  le  prend 
autant  pour  attaquer  ct  pour  se  battre  que  pour 
courir ,  puisque  sa  destination  est  de  repousser 
les  embuchesdiessces  par  les  loups,  desuivreces 
animaux  lorsqu'ils  s'enfuient  avec  leur  proie,  et 
de  la  !eur  faire  laeher  pour  ia  rapporter.  Aussi 
une  taille  longue  et  elancee  est-elle  plus  eonve- 
nable  au  chieu  des  patres  qu'une  taille  courte  ou 
meme  carree,  parce  que  (comrae  je  Tai  dit )  il 
est  souvent  contraint  par  necessite  de  poursuivre 
avec  rapidite  les  betes  feroces  :  au  surplus,  on  ap- 
prouve  ses  raembres  lorsqu^ilssont  semblables  a 
ceux  du  chien  de  la  mctairie.  11  faut  donnera 
peu  pres  la  mcme  nourriture  a  ees  deux  especes 
de  chiens,  c'cst-a-dire  que  si  Ton  a  des  posses- 
sions  assez  ctendues  pour  comporter  plusieurs 
troupeaux  de  bestiaux ,  on  pourra  tres-bicn  nour- 
rirtous  les  chiens  iiidistinctemeut  avec  de  la  fa- 
rine  d'orge  trempee  dans  du  petit-lait;  au  lieu 
que  si  la  terre  que  Ton  possede  est  plantee  en  ar- 
brisseaux  ct  sans  palurages,  on  les  nourrira  de 
pain  de  ble  et  de  fi-oment,  en  y  ajoutant  cepeii- 
dant  du  bouillon  de  feves  qu'on  leur  donnera 
tiede,  parce  que  s'il  ctait  bouillaiit,  il  leur  don- 
nerait  la  rage.  II  ne  faut  permetlre  a  ce  quadru- 
pede,  tant  male  que  fcnuille,  de  s'accoupler  qu'au 
bout  d'un  an ,  parce  que  si  on  laissait  accomplir 
racte  de  la  generation  avant  ce  temps,  le  plaisir, 
en  lui  affaiblissant  le  corps  et  en  abattant  ses 
forces,  lui  enerverait  le  courage.  On  otera  aux 


iioiiiinnqiiani  otiam  ('oiiservos  iiatiiis  inliieantnr,  soniprr 
<'\caiKlescant  in  evliTos.  iMaxiiiic  aiitcin  tlcboMt  in  i  iislo- 
(lia  vigilanlcs  coiispici,  mx  ominoi ,  soil  assiilui,  ot  oii- 
ciimspectimagisiinain  loinorarii.  Nainilli  iiisi  qiioiloorliiin 
rompeierunt,  iion  inilicant  :  lii  vano  slirpiln  o(  l.iKa 
siispicione  concitanlur.  Ihcc  iiloiroo  moiiini.iinl-;  nr  i:;ili, 
ipiia  non  natiira  lanlum,  sed  otiam  ilisriplii.a  inmr^  l,:ril, 
iit  ct  cuni  emendi  poloslas  liioril,  ojiisnnMli  prolioinus, 
ol  ciiin  educabimiis  ilonii  nalos,  laliliiis  inslilnlis  rorme- 
liiiis.  Nec  multum  loroii  an  vill.ilioi  oorporibns  graves  el 
parum  veloces  sint :  plus  eniin  coiiiiniis  ct  in  gradu,  (piam 
eminus  ct  in  spatioso  cuisu  lacere  delient.  Nani  senipcr 
rirca  sepla  et  intra  aedificium  coiisistere,  imo  ne  longiiis 
(piidem  recedere  dcbent,  satisqne  pnlolire  fnuguntur  oDi- 
cin ,  si  et  advenientem  sagaciter  odorantur,  et  laliatu 
coiiteirent,  necpatinntur  propius  aocedeie,  vcl  coiistau- 
liiisappropinquanlemviolenterinvadunt.  IJriraumestenim 
iion  adtentaii,  secundum  est  lacessitum  fortiter  et  per- 
soveranler  vindicari.  Atque  lifficde  doniesticiscusfodil)iis; 
illa  de  pasloralibus.  Pecuarius  ranis  neqiic  lani  slriRosiis 


aiit  pornii;  debet  esse,  quani  qui  dainas  ccrvoscpic  ct  vc- 
looisslma  soclalur  animalia,  noc  tani  obesiis  aiit  gravis, 
quam  villiie  liorreique  cnslos  :  sed  ctrobustus  niliilomlniis, 
el  aliquatonus  promptus  ac  stienuiis,  qiioniam  et  ad 
lixam  et  ad  piignam,  nec  ininus  ad  cursum  conipaiatiir, 
ciiin  et  lupi  repellere  iiisidias,  et  raptoreni  feiuin  conse- 
qiii  fugienlem,  prfedani  excutere  atqiie  auferre  debeat. 
Qiiare  slatus  ejus  longior  piodiictiorque  ad  lios  casiis  nia- 
gis  babilis  e.st,  quam  bievis  aut  etiam  qiiadratiis  :  quo- 
niam,  ut  disi,  nonniinquam  necessitas  exigit  celeiilate 
besiiam  conseetandam.  Ca^teri  artiis  similes  membris  vil- 
tatici  canis  ■Tipie  iirabanlur.  Cibaria  feie  eadem  sunt  utri- 
qiie  generi  piaebeuda.  Nain  si  tam  laxa  ruia  siint,  ut 
sustineant  pecorum  greges,  omnes  sine  discrimine  canes 
ordeacea  farina  cum  seio  commode  pascil.  Sin  aiitem  sur- 
ciilo  consitus  ager  sine  pasciio  est,  farreu  vel  trillceo  pane 
satiandi  sunt,  admisto  tamen  liquoie  coctie  fab;e,  sed 
tepido  :  nam  fervens  rabiem  creal.  Huicquadriipedi  neqne 
fceininse  neque  maii  nisi  post  annum  permittenda  venus 
esl  ■  qua-  si  tcueris  concedilur,  carpit  et  coipiis  et  viies. 


DE  L'AGR1CL'LTURK,  LIV.  VIL 


fliionnes  leiir  pfcmiere  portce,  parce  qii'une 
jeiiiie  chienne  qiie  ron  fait  nourrir  s'en  acquitte 
toujours  innl  la  premiere  l'ois,  et  que  ee  travail 
rempeche  de  piendre  de  raccroisseraent  dans  sa 
stature.  Les  malcs  engendreiit  vigoureuseracat 
jusqu'adi.\  ans;  passcce  temps,  ilsneparaissent 
plus  propres  a  cette  fonction ,  paice  qu'une  race 
issue  de  vicux  cliiens  est  tonjours  lache.  Les  fe- 
raelles  concoivent  jusqu'a  neuf  ans,  et  ne  sont 
plus  bonnes  a  rieu  passe  dix  ans.  II  ne  faut  pas 
laisser  sortir  les  petits  cliiens  pendant  les  six  pre- 
raiers  raois qui  suivent leur  naissanee ,  jusqua  ce 
qu'ils  se  soient  fortifios,  si  ce  n'est  pour  les  lais- 
ser  aller  jouer  et  foliStrer  aupres  de  leur  raere  : 
au  bout  de  ce  teraps,  il  faut  les  enchalner  pen- 
dant  le  jour,  et  les  detacher  pendant  la  nuit.  On 
ne  doit  jaraais  souffrir  que  Ci.'u\  dont  on  veut 
conserver  le  naturel  genereux  soient  eleves  par 
uiie  autre  uourrice  que  par  ceile  qui  leura  doiine 
lejour,  parce  que  le  lait  qu'ils  puiseronldans  ie 
sein  mattrnei ,  joint  au  courage  personnel  de  leur 
mere,  leur  donnera  toujours  plus  d'ardeur  et  for- 
tifiera  hien  autrement  leur  corps  que  ne  pour- 
rait  faire  cehii  d'une  autrechienne.  Si  une  chienne 
qui  a  fait  des  petits  vient  a  manquer  de  lait,  il 
conviendra  de  leur  donner  du  lait  de  chevres 
preferahlement  a  tout  autre,  jus(!u'a  ce  qu'ils 
aient  quatie  mois.  II  faut  leur  doniicr  des  nonis 
qui  ne  soient  pas  trop  longs  a  prononcer,  afm 
qu'ils  s'entendent  plus  tot  appeler,  quoiqu'il  ne 
faille  pas  non  plus  leur  en  donnerde  tropcourts, 
ni  qui  aient  moins  de  deux  sv  llahes.  Tels  seront 
les  iDots  grecs  cxuXa;  (pctitchien)  et  Xaxwv 
(chien  de  Laconie) ,  et  les  molsiatins/'e/-ox  (fierl 
i't  celer  •'  leger  a  la  course )  :  tels  seront  encore 
pour  les  femelles les  mofs  grecs  c-ou?>,  iprompte), 
aXzr,  (forte),  owj.-r,  (forte),  et  les  raots  latins  /iijxi 


(louve), cerm  (hiohe),  li(/ris  (tigressc).  Oncoii- 
pera  la  queue  dcs  petits  chiens  quarante  jours 
apres  leur  naissanee,  de  la  maniere  suivante.  On 
prend  avec  les  dents  le  nerf  qui  traverse  les 
jointures  de  repiue  du  dos  et  qui  seteiid  jusqu'a 
rextreraite  de  la  queue;  et  apres  Tavoir  un  peu 
tire  a  soi ,  ou  le  rompt :  moyennant  cette  opcra- 
tion  ,  la  queue  ne  prend  jamais  une  cxtensioii 
desagreable ,  et  meme  (si  Ton  en  cioit  un  grand 
nombre  de  patres)  on  preserve  par  la  les  chiens 
de  !arage,qui  cst  une  maladie  mortelle  a  cette 
espece  dc  hete. 

XIII.  il  arrivecomrauneraent  quo  lesmouches 
ulcerent  pendant  Tete  les  oreilles  des  cbiens,  aii 
point  que  ces  animaux  finissent  souvent  par  les 
perdre  absolument.  Four  prevenir  cet  accident , 
il  faut  leur  frotter  les  oreilles  avec  des  amandes 
ameres  pilees;  mais  siellessontdeja  infeetecs  par 
les  ulcL-rcs,  oa  dislillera  sur  la  p!aie  de  la  poi\ 
fondue,  cuite  avec  de  la  graisse  de  eochon.  Les 
tiques  tomhcront  aussi  par  rapplication  de  cc 
medicament :  car  il  ne  faut  pas  les  arracher  avcc 
lamain,  dcpeurd'occasionnerdesulcej-es,comme 
je  Fai  dit  ci-dessus.  On  gueritun  chien  sujet  au\ 
puces,  cn  le  frottant  soit  de  cumin  broye  avec 
de  rdlebore  blanc  a  doses  cgalcs  et  trerape  dans 
Teau,  soit  de  jus  de  concombre  sauvage,  ou , 
a  dcfaut  de  ces  drogues ,  en  lui  versant  de  vieille 
lie  d'huile  sur  tout  le  corps.  S'il  a  la  gale,ou 
broie  du  gypse  et  du  sesarae  en  pareille 
quantite,  pour  en  faire  avec  dc  la  poix  fondue 
un  onguentdont  on  frotte  la  partie  malade.  On 
croit  ce  roiiede  cgalement  bon  pour  les  hommes. 
Lorsque  celtc  maladie  est  tres.violente,  on  la 
dissipe  avec  de  la  resine  de  cedre.  II  fauttraiter 
lesautresraaladies  des  chienssuivanf  lcs  prcceptes 
que  nous  avons  donnes  pour  les  autres  aniraaux. 


animosqiie  dp^cnerat.  Piimns  efrivt.T  partiis  amnvendiis 
est,  quoniain  liruncnla  nec.  leclc  niiliil ,  rt  cdiitatio  totiiis 
liabjlus  aufert  incienieuluni.  Maics  jiiveiiiljter  nsqiie  in 
annos  decem  progenerant  -.  posl  id  teinpus  ineiindis  foemi- 
nis  nou  videntiir  liabiles,  quonlain  sciiiornm  pigia  .so- 
boles  existit.  Fcemina!  coucipiunt  usquc  in  aniios  novetn, 
nec  sunt  utiles  post  deciinum.  Catulos  sex  luensibus  pri- 
rois,  dum  coiroborentur,  einitli  noii  oportet,  nisi  ad ' 
niatiem  lusus  ac  lasciviae  causa.  l'ostea  ratenis  per  diem 
(ontinendi,  cl  noctibns  solvendi.  Kec  unqiiam  eos,  quo- 
riim  generosam  volumus  indolem  conscrvare,  patiemiir 
alicnrc  niitricis  nbcribiis  educari  :  quoniam  seniper  cl  lac 
el  splrilus  maternus  longe  magis  ingeuii  alqiie  incicmenla 
corporis  augel.  Quod  si  eflivla  lacle  delicilur,  capriuiim 
maxinie  conveniel  pra^beri  catulis,  iliim  liaiit  mensium 
qualuor.  Nominibus  antcin  non  loiigisslmis  appellaiidi 
snnl,  qiio  celerius  quisque  vocalns  e\audiat  :  nec  tamcn 
brevioiibus,qiiamqiia;duabnssvllabiseniinlicntur,  siculi 
Grfficiim  e.st  oxJ/a$,  Laliniini/c/ojr,  Gia-cum  /oxmv,  La- 
tinum  ccler  :  vcl  firmina,  ul  sunt  Gra'ca  oTto-jir,,  i'i.%-fi, 
pti(jn)  :  Latiiia,  lupa,  cenm,  ligris.  Calulorum  caudas 
posfdiem  qiiadiagesimiini,  qiiaiii  sinl  edili.  sir  caslrare 


conveniet.  Ncrviis  est,  qiii  per  arliculos  spina'  prorepil 
usqiie  ad  iiltimam  pai  teiu  caudae  :  is  nioidiciis  <  oiiipie- 
bensiiscl  aliqnaleniis  educlus  abrumpilnr  ;  quo  racto  ne- 
que  in  loiigiliidinem  caiida  fflednm  capit  inciementiim, 
et,  iit  pluiiini  paslores  affirmanl ,  labies  aiceliir  lolifer 
niorbus  liiiic  generi. 

XIII.  Fere  autem  per  aeslatem  sic  miiscis  aures  caniim 
exnlteranlur,  s;epe  ut  totas  amittant :  quod  ne  fial,  amai  is 
nucibus  contritis  linieiida;  snnt.  Quod  si  ulccribus  jam 
pra^orcupati:  fuerint,  coctam  picem  liquidam  suilla^adipi 
mislain  vulncribus  slillari  convenict.  Iloc  eodem  mediiui- 
mine conlacli  licini  dccidunl.  >'am  manu  nonsunt  vellendi, 
iie,  ut  el  ante  pnedixeiam,  facianl  ukera.  Pulicosa'  caiii 
rcmedia  sunt  sive  cymiiiiim  tritum  pari  pondere  cuni 
veialro,  aquaqne  mistiim  ct  inlilnm;  seii  cucumeris  au- 
giiiiici  sHCcus  :  vel  si  lunec  iion  siint,  vetiis  amuica  per 
loluin  corpus  iufusa.  Si  scabies  iiifeslabit,  gypsiel  sesami 
tanlundem  cnnlerilu,  et  cum  pice  liquida  perinisceto, 
vitiosamqne  parlem  iinlto  :  quod  inedlcameiitiim  piitatur 
etiani  liominibus  essc  convcniens.  Eadem  peslis  si  fuerit 
veliementior,  rediino  liqiioie  aboletnr.  Reliqi;.i  vitia  sicut 
iii  cacteiis  anima-ibris  piiccepimus,  curandasunl.  Hacie- 


COLUMliLLE. 


Noiis  tcrmiiicions  ici  ce  qui  rcgarde  le  petit  be- 
tail,  et  nous  (lonneions  dans  le  volume  suivant 
d;  s  preceptes  sur  les  engrais  que  Ton  fait  dans 
rinterieur  des  metairies;  ce  qui  coraprendra  tout 
ce  qui  est  rclatif  nux  soins  quexigeut  les  oiseaux, 
les  poissons  ot  les  quadrupedes  des  fortMs. 

LIVRE  VIIL 

I.  Nous  avons  donne  dans  les  sept  preraiers  li- 
vres,  Publius  Silvinus,  a  peu  pres  tout  ce  qu'il 
fallait  pour  completcr  Tart  de  faire  valoir  et  de 
cultiver  les  terres  ,  ainsi  que  ce  qui  concernait 
la  methode  de  pouverner  ies  bestiaux.  Si  nous 
ajoutons  a  ce  traite  lehuitieme  livre  que  voici, 
c'est  moins  parce  que  les  objets  dont  il  y  sera 
question  sont  essentiellement  et  immediatement 
du  ressort  des  gens  de  la  campagne ,  que  parce 
qu'ils  concernent  une  administration  qui  ne  peut 
avoir  lieu  que  dans  les  campagnes  ou  dans  les 
metairies,  et  que  les  profits  qu'elle  rappoite  tour- 
nent  plus  a  1'utilite  des  gens  de  la  campagne 
qu'acelledeshabitants  des  viiles.  En  effet,  Ten- 
graisdes  volailles  ,  ainsi  que  eelui  des  gibiers  et 
des  poissons  qu'on  nourrit  dans  lcs  metairies,  ne 
laisse  pas  que  de  rapporter  au  cultivateur  des 
profits  considerables,  de  meme  que  celui  des 
bestiaux,  tant  parceque  la  liente  d'une  partie  de 
ces  animaux  sert  de  remcde  aux  vignes  qui  sont 
tropmaigres,  ainsi  qu'a  tous  lesarbres  et  aux  ter- 
res  labourables,  que  parce  que  les  eleves  qu'i! 
fait  de  la  sorte  fournissent  non-seulement  la  cui- 
sine  de  ses  gens,  mais  encore  sa  table  meme  d'ex- 
cellents  mets,  et  qu'enlin  ils  rehaussent  le  re- 
venu  de  lametairiepar  Targent  qu"ils  produisent 
a  la  ventc.  Cest  pour  cela  que  jai  cru  devoir  aussi 
traiter  de  ces  autres  nourritures.  Or  elles  se  font 
communement  ou  dans  la  metairie  raeme,  ou  dans 


srs  environs.  Celles  qui  se  font  dans  la  metairie 
sont  comprises  sous  ce  que  les  Grecs  appellent 
dcs  opviOSvEi;  (volicres)  et  des  x£pt;T£p;wv£i;  (  co- 
lombiers).  On  peut  encore,  lorsque  fon  a  de  l'eau 
a  sa  disposition,  y  entretenir  des  t/OuoTpo^Etct 
(  des  viviers) ;  ce  sont,  pour  m'exprimer  plutot 
en  latin ,  comme  les  siahula  ( les  etables)  des  oi- 
seaux  de  basse-cour,  et  de  ceux  que  l'on  enferme 
dans  des  cabinets  pour  les  engraisser,  ou  les  re- 
ceptacula  (les  retra.ites)  des  animaux  aquati- 
ques.  On  menage  aussi  autour  des  metairies  des 
|A£Xt(7(jMV£<;  (  endroit  pour  placer  des  ruches  ),  des 
/•/IvoTpocfEta  (endroit  ou  Ton  nourrit  les  oies)  et 
dcs  lctyoTpo-^jTa  (parc  oii  Ton  nourrit  des  lievres, 
garennes. )  Nous  appelons  encore  tous  ces  diffe- 
rents  lieux  des  apiaria,  quand  ils  servent  de  re- 
traites  aux  abeilles;  des  aviaria,  quand  ils  en 
servent  aux  oiseaux  aquatiques,  qui  se  plaisent 
dans  les  etangs  et  dans  les  reservoirs  d'eau ;  ou 
enlin  des  vivaria,  quand  ils  en  servent  aux  be- 
tes  fauves  que  Ton  garde  dans  des  bois  clos. 

I  i .  Je  commencerai  donc  par  donner  des  pre- 
ceptes  de  nourriture  et  d'education  relatifs  a  tou- 
tes  ics  volailles  et  a  toutes  les  especes  de  gibier 
qu'on  eleve  dans  rinterieur  des  metairies.  On  peut 
a  la  verite  mettre  en  question  si  les  gens  de  la 
campagne  doivent  avoir  chez  eux  de  toutes  ces 
espeees  d'animaux ;  mais  la  question  est  resolue 
par  rnpport  nux  poules,  et  elles  sont  commune- 
nicnt  robjet  le  plus  habituel  des  soins  que  doi- 
veiit  prendre  les  agriculteurs.  On  en  compte  de 
trois  especes  :  les  poules  de  basse-cour,  les  pou- 
les  sauvages  et  celles  d'Afrique.  Les  poules  de 
basse-coursont  cellesque  fon  voitordinairement 
dans  presque  toutes  les  metairies.  Les  sauvages, 
qui  leur  ressemblent,  sont  celles  que  les  oise- 
leurs  prcnnent  a  la  chasse ;  il  s'en  trouve  beau- 
coup  dansrile  de  lamer  de  Ligurie,  a  laquelle 


niis  (Je  minore  pecore.  Mox  de  villaticis  paslionibus,  qatf. 
continent  voliicinm  piscinmque  et  silvestiinin  quadiupe- 
tlnin  cuiam,  sequenli  voluniine  pracipicmns. 


LIBER  YIII. 

1.  Qiia;  fere  consummabant,  Pnbli  Silvine,  ruiis  exer- 
cendi  colendiqne  scientiam ,  qu.-cqne  pecuaricC  negoliationis 
exigebat  ratio,  seplem  memoiavimus  libris.  Hic  nunc  se- 
quentls  nnmeii  titnlum  possidel)it  :  nec  qjiia  proximam 
propiiamqne  ruslici  curam  desiderent  ea,  qu;e  dicturi  su- 
mns,  sed  quia  non  allo  loco,  quam  in  asris  aut  villis  de- 
lieant  administrari ,  et  tamen  agiestibus  magis,  qnam  ur- 
lianis  prosint.  Quippe  villatic.i;  pastiones,  sicut  pecnaiiae, 
iion  mlnimani  colono  stipeni  conrenmt,  cnm  et  aviuin 
stercore  macerrimis  vineis  et  omni  surculo  atque  arvo 
niedeantiir;  et  eisdem  familiaiem  focum  mensamqiie  pre- 
tiosis  dapibiis  opiilentent ;  postiemo  vendilorum  anima- 
liiiin  pietio  villae  rediliim  augeant.  Quare  de  hoc  qnoqiie 
gencre  paslionis  dicendum  censiii.  Est  autem  id  fere  lel 


in  villa,  vel  ciica  villam.  In  villa  est,  qnod  appellant 
GraeciopviOMva?,  xaiTiEpiiTEpcuivot;;  atque  etiamcum  datnr 
liquoria  faciillas  ixBuoTpoyEia  sedula  cura  exeicentnr.  Ea 
siint ,  omiiia  ul  Latine  polius  loquamur,  sicut  avium  co- 
liortaliuin  stabula,  nec  minus  earum,  qua;  conclavibus 
septa!  saginanlur,  vel  aquatilium  animalium  receptacula. 
Rursus  ciica  villam  ponuntur  |j:e),i!jfftSvE;  xal  xivoTpooeia, 
quin  etiam  JkaYOTpofeTa  studiose  administrantiir,  quae  nos 
simililer  appellamus  apiim  cubilia,  apiaria,  vel  nanliuin 
volucrum ,  qiio;  stagnis  piscinisqne  Ixtantur,  aviaria,  vcl 
etiam  pecudum  silvestrium ,  qua;  nemoi  ibus  clausis  cus- 
todiuntur,  vivaria. 

II.  Prius  igitur  de  his  prEecipiam ,  qiiae  intra  septa  villae 
pascuntur.  Ac  de  aliis  quidem  forsitan  ambigitur,  an  sint 
agreslibus  possidenda  :  gallinarum  vero  pleriiinque  agri- 
cola;  cura  solennis  est.  Earuin  genera  suiit  vel  cohorta- 
liuin ,  vel  rusticarum  vel  Africanaruin.  Cohortalis  est  avis, 
qu.TC  vulgo  per  omnes  fere  villas  conspicitur  :  rustica, 
(luse  non  dissimilis  villaticae  per  aucupem  decipitur,  caque 
plurimaestiu  insnla,qnain  nauta;  in  Ligustico  mari  si- 
lam   prodiicto  nomine  alilis  Gallinaiiain   vocitaveiiiiil  : 


1)K  LAGRICULTURK,  LIV.  Vlll. 


les  matelots  donnent  le  nom  de  gallinaria, 
forme  allongee  AegaUina  (poule).  Celles  d'Afn- 
que,  que  bien  des  geusappellent  pouies  de  ^'u- 
midie,  lessemblent  aux  piiitades;  avec  eettedif- 
fereneequ'elles  ont  la  crete  et  la  barberouges,  au 
lieu  que  les  pintades  les  ont  bleues.  Mais  entre 
ces  trois  especes  d'oiseaux ,  c'est  proprement  a 
ceux  de  basse-cour  que  l'ou  donnele  nom  de  pou- 
les  lorsqu'ils  sont  femelles,  celui  de  eoqs  lors- 
qu'ils  sont  mSles,  et  celui  de  cliapons  lorsqu'ils 
ne  sont  males  qu'a  demi ;  carc'est  lenom  qiron 
leurdonne  lorsqu'on  lesa  chatres,  poureteindre 
absolumenten  eux  tout  penehant  a  la  volupte.  Au 
reste ,  on  ne  les  reduit  pas  seuiemcnt  a  cet  etat  en 
les  privant  des  parties  genitales  ,  mais  encore  en 
leurbrulant  les  eraiots  avec  un  fer  chaud;  apres 
quoi,  lorsque  raction  du  feu  les  a  consuraes, 
on  frotte  avec  de  la  terre  a  potier  la  plaie  qui 
resulte  de  cette  operation  ,  jusqu'a  ce  qu'elle 
soitparfaitement  guirie.  II  ne  faut  donc  pas  ne- 
gliger  le  revenu  que  peuvent  produire  ces  poules 
desmetairies,  pour  peuqu'on  leseleve  a^ec  eette 
intelligence  qui  a  rendu  celebres  la  plupart  des 
Grees  et  prineipalement  les  habitants  de  Delos  en 
eette  partie.  II  est  vrai  que  comme  ces  peuples 
recherchaient  ceux  de  ces  animaux  qni  avaieut  la 
plus  grande  taille  et  qui  moutraient  le  plus  de 
courage  dans  les  combats,  iis  prefernient  a  tous 
les  autres  ceux  de  Tanagra  et  de  Rhodes,  ainsi 
que  ceux  de  Chaleidie  et  de  Medie,  que  le  vul- 
gaireappelle,  parchangement  d'une  letlre,  poules 
de  Melie;  au  lieu  que  nousapprouvons  ceux  de 
noire  pnys  preferablcment  aux  autres,  paiee  que 
nous  ne  faisons  point  cas  de  cette  pas^ion  des 
Grccs,qui  les  portait  a  elever  pour  leseombats 
les  plus  fiers  de  ces  oiseaux.  V.n  effet,  notre  bul 
est  d'assurer  un  fond  de  revenu  aux  chefs  de  i\- 
mille  industrieux  ,  et  non  pas  aux  gens  qui  s'a- 


doniienta  dresser  des  oiseaux  pour  les  combats, 
et  qui  cumpromeltent  tout  leur  patrimoine  ,  au 
risque  de  s'en  voir  assez  souvent  dcpouilles  a 
roeeasion  d'un  co(i  qui  aura  remporte  la  vic- 
toire  sur  son  adveisaire.  Ainsi ,  quiconque  vou- 
dra  suivre  nos  preceptes  examinera  d'abord  le 
nombie  de  femelles  qu'il  lui  faudra  aequerir,  et 
les  ((ualites  qu'elles  devront  avoir;  ensuite  la 
maniere  de  les  entretenir  et  de  les  engraisser  ; 
troisiiimement,  les  temps  de  rannee  oii  11  devra 
reserver  leur  ponte  puur  la  faire  couver  et  eclore 
par  la  suite ,  et  enlin  les  soins  qu'il  aura  a  pren- 
dre  pour  que  les  poulets  soient  (■levcs  conime  11 
convicnt.  Ccst  en  effet  par  ces  soins,  et  par  !es 
occupations  qu'ils  entrainent  apres  eux  ,  que  Ton 
peuttirer  parti  de  l'eeonomie  de  la  basse-eour, 
que  les  Grecs  appellent  opviOoTpojfa.  Or  le  nom- 
bre  qu'il  s'eu  faudra  procurerest  de  deux  cents 
t(^tes;  et  ce  nombrepartagera  lessoinsd'un  seul 
et  unique  gardien,  pourvu  ccpendant  qu'()n  liii 
associeune  vieille  femme  ou  unenfant,  qui  gar- 
deront  ces  oiseaux  quand  ils  s'(^loigneroiit ,  de 
peur(iu'ils  nesoient  vo!c'sparleshommesqui  leur 
tendront  des  pieges ,  ou  enlev(5s  par  les  animaux 
qui  les  guetteront.  II  n'y  a  pointde  profita  aehe- 
ter  des  poules,  a  moins  qu'elles  ne  soient  tr('s- 
fecnndes.  II  faut  qu'(lles  aient  le  plirmage  rouge 
ou  brun  ,  et  les  ailcs  noires :  on  les  elioislia  meme 
toutes ,  si  faire  se  peut ,  de  Tune  de  ces  eouleurs, 
ou  d'une  couleur  qui  en  approche;  ou  du  moins 
on  evitcra  d'en  avoir  de  lilanehes,  paree  qu'el- 
les  sont  pour  la  plupai-t  dt'licates,  peu  vivaces  ,  et 
rarement  fecondes.  D'ailleurs,  comme  la  blauT 
eheur  cst  uneeouleur  saillantequ'ondistinguede 
loin  ,  pliis  elles  sont  blanches ,  plus  elles  sont 
exposees  a  etreenlevees  par  lesoiseauxdeproie 
et  par  les  aigles.  II  faut  donc  que  cellesqui  soiit 
destin(Jes  a  pondre  soient  de  eouleur  roussatre. 


ACricana  cst,  qiiani  ploiique  Jvumidlcam  dicimt,  Melea- 
gridi  siniilis,  nlsi  quod  lutilam  galeam  el  cristam  capite 
gcrit ,  qua»  iitraque  siint  in  Meleagrlde  ciprulea.  Sed  ex 
his  Iribus  generibus  cobortales  feminae  proprie  appellan- 
Inr  galllna!,  niares  aiitem  galli,  semimares  capi,  qui  lioc 
iiomiue  vocantur,  cuin  sunt  castrati  libidinis  abolendae 
oausa.  Nec  lameii  id  patiuntiir  amissis  genitalilius,  sed 
ferro  candentc  calcaribus  inuslis,  (\aie  cum  ignea  vi  con- 
sumpta  sunt,  facta  ulcera  dum  consanescaiit ,  ligulari 
( reta  linuntur.  Hiijus  igilur  villatii  i  generis  non  spernen- 
diis  esl  redilus,  si  adhibealur  ediKiindi  scientia,  quam 
l>leiiquc  Gr.Tcorum  et  pi.vtipne  cilibiavere  Ueliaci.  Sed 
ct  ii ,  qiioniani  procera  coi pora  et  animos  ad  pialia  per- 
tinaces  requirclianl ,  piiecipne  Tanagricum  genus  et  Rlio- 
diim;  probabant,  iicc  ii.inns  Chalcidicum  et  Medicum, 
qiiod  ab  impeiilo  vulgo  lilera  miilala  Melicuin  appellalur. 
.\obis  nostrum  veriiaculiim  maxime  placet  :  omis.so  ta- 
mcn  illo  sludio  Gr.-Kcoruni,  qui  ferocissiinum  quemquc 
alitem  ceitamiiiilius  ct  pugnae  pncparabant.  Nos  enini 
ceusemus  institucre  vectigal  indusliii  palrisfamilias,  non 
rixosarum  avinm  laiiisl:»',  ciijiis  plcrmnqnc  loliini  p.ilri- 


monium ,  pignus  alea? ,  victor  gallinaceus  pycles  abstiilit. 
Igitur  cni  placebit  sequi  noslra  pra?cepla ,  consideret 
oporlel  piimum  quam  niultas,  et  ciijusniodi  parare  de- 
beat  inatrices ,  deiiide  qnaliler  cas  tueri  et  pascere ;  niox 
qiiibus  anni  lemporibus  earum  parlns  excipere;  tum  de- 
inum  iil  inciibent  et  excludant  elficere;  poslremo  ut 
cominode  pulli  educeulur  operam  daie.  His  enim  curis  et 
niinisteriis  exeicetur  ratio  cobortalis,  (juam  Grseci  vocanl 
opv'.OoTfo:ftav.  Parandi  autem  niodus  est  duccnlorum  ca- 
pituin ,  qua^  pastoris  unius  cuiam  distendant :  dum  lainen 
anus  S('dula  yel  puer  adhibcatur  custos  vaganlium,  iic 
obsidiis  huminnm  ,  aul  insidiatoruin  animalium  diripian- 
lur.  Mercari  porro  nisi  f(i'cundis.simas  aves  non  expedil. 
E;e  sint  rubicundx  vel  fuscic  plumic,  nigrisque  peiinis  : 
acsi  fKM-i  poleiit,  omnes  biijus,  (^t  ab  hoc  proximi  colo- 
ris  eligantur.  Sin  alilcr,  vitcnlur  albip ;  quic  lcre  cuin 
sint  niolles  ac  minus  vivaccs,  luin  ne  foecundse  quidem 
facile  reperiimlur  :  abpie  cliam  conspicuae  propler  iusigne 
candoris  ab  accipitrilius  ct  aqiiilis  sa;pius  aliripiunlur. 
Sint  ergo  matiices  robii  coloris  robusli  corporis,  qiia- 
dnila-,   pcctorosiC,  niiignis  capitibus,  rcclis  rulilisqiie 


302 


COLUMELLE. 


quVlles  aient  le  corps  robuste  et  carre ,  la  poi- 
trine  large,  la  tete  grande,  de  petites  huppes 
droites  et  rouijes,  les  oreilles  blanelies;  qu'elles 
paraissent  tres-amples  sous  cette  forme ,  et  qu'el- 
les  aient  les  ongles  inegaux.  Celles  qui  ont  rinq 
ongles ,  et  dont  les  pattes  ne  sont  point  traver- 
sees  par  des  eperons,  passent  pour  les  meilieu- 
res,  paree  que  ceiles  qui  se  font  distinguer  par 
cet  apanage  reserve  aux  males  ne  se  pretent 
point  aisement  a  la  generation  et  dedaignent  de 
souffrir  lecoq;  outre  qu'elles  sont  rarement  fe- 
condes ,  et  qu'clles  cassent  meme  leurs  ocufs 
avec  la  pointe  de  leurs  ongles,  l(Hsqu'el!('s  vien- 
nent  a  les  couver.  Rejetez  tout  coq  qiii  ne  sera 
pas  tres-lascif,  et  recherchez  daus  ces  animaux  la 
raeme  couleur  et  le  meme  uombre  d'ong!es  que 
dans les poules ;  on  lcur  vcut  cependant  nne  taille 
plus  haute.  II  faut  qu'ils  aient  la  crete  haute,  de 
couleur  de  sang  et  bien  droite  ;  les  yeux  roux  ou 
tirant  sur  le  noir ,  le  bec  court  et  cioehu  ,  h s 
oreilles  tres-grandeset  tres-blanches  ,  la  cravate 
d'un  rouge  tirantsur  le  blanc  et  pendante  comme 
la  barbed'un  vieillard;  les  plumes  du  cou  bigar- 
nes  ou  d'un  jaune  d'or,  et  qu'en  tombant  sur 
les  cpaules  elles  eouvrent  le  cou  et  le  chignon  ; 
la  poitrine  large  et  pleine  de  musclcs  ,  les  ailes 
fortes  et  scmblables  a  des  bras ,  la  queue  tres-lon- 
gue  et  partagee  en  deux  rangs;  sur  le  eott;  de 
chacun  d(;borderont  des  plumes.  II  faut  encore 
qu'ils  aientde  grandes  cuisses,  etqu'elles  soient 
couvertes  de  plumes  qui  se  herissent  souvent; 
qu'ilsaient  les  pattes  fortes  sans  etre  longues, 
mais  qu'elles  soient  armt^es  offensivement  comme 
d'une  espece  d'epieu  toujours  pret  a  attaquer. 
Quoiqu'on  ne  lcs  destine  point  aux  combats,  ct 
qu'on  ne  rescrve  point  lcs  coqs  pour  la  gloire  des 
vicloires,  on  les  approuve  cependant  trcs-fort 
quand  ilssont  d'une  belle  apparence,  quils  sont 


fiers,  vifs,  eveilles,  toujours  prets  achanter,et 
qu'ils  ne  se  laissent  point  aiscment  effrayer.  Eu 
effet,  ils  doivent  quelquefois  fairetiite  aux  autres 
animaux,  et  proteger  la  troupe  de  l'emelles  aux- 
quelles  ils  sont  maries,  en  tuant  m(ime  les  ser- 
pents  qui  les  menacent,  et  tous  les  autres  animaux 
pernicieux.  On  se  pourvoit  de  cinq  femelles  pour 
cliaque  male  de  cette  espcce;  car  pour  Tespece 
qui  nous  vient  de  Rhodes  ou  de  Medie ,  corame 
elle  est  lourde  et  pesante,  et  que  lcs  p6res  n'en 
sont  pas  bien  lascifs  ni  les  mcres  bien  fticondes, 
on  n'en  donue  que  trois  a  chaque  coq  ;  cncore 
soot-elles  paresseuses  non-seulement  a  couver, 
mais  cncore  plus  a  faire  eclore  le  peu  d  oeufs 
qu'e!les  ont  pondus ,  et  rarement  elevenl  elles 
lcurs  poulets.  Aussi  ceux  qui  ont  a  coeur  d'a- 
voir  de  ces  especes  d'oiseaux  a  cause  de  leur 
beaute,  font  couver  par  des  poules  communes 
les  oeufs  pondus  par  ces  poules  distingu('es,  et 
font  nourrir  ensuite  par  ces  raemes  poules  les 
pouletsqu'elles  ont  fait  eclove  de  ces  aufs.  Com- 
munement  la  volaille  de  Tanagra  es,.  de  la  meme 
taille  que  celle  deRhodeset  de  Mt^die,  et  elleres- 
serable  assez  du  cdte  des  mosurs  a  celle  de  notre 
pays ,  ainsi  que  celle  de  Chalcidie.  Cependant  les 
bittards  de  toutes  cesesp^^ces,  procrtit^s  de  poules 
de  notre  pr.ys  avec  des  males (;trangers,  sont  d'ex- 
cellents  poulets,  parce  qu'ils  ont  la  forme  ext(i- 
rieure  de  leur  pere,  et  qu'ils  conservent  la  lubri- 
citti  des  poules  de  notre  pays.  Je  n"approuve  pns 
la  volaiUe  naine,  ni  du  cott;  de  la  feconditii,  ni 
du  cote  des  autres  genres  de  prolit  qu'on  en  peut 
espiirer,  a  moius  quc  que!qu'un  ne  soit  curicux 
de  sa  petitesse  ;  et  je  n'en  fais  pas  en  verite  plus 
de  cas  que  des  raales  qui  airaent  a  se  battre ou  qui 
ont  l'humcur  querellcuse,  parce  que  commune- 
ment  ceux-ci  raulestent  les  autres  et  les  empe- 
chent  de  coquer  les  poules ,  sans  cependant  pou- 


cristiilis,  albis  auiibus,  et  suh  liac  specie  quam  amplissl- 
nloe,  nec  pailbus  ungulis  :  generosissimaeque  creduntur, 
quse  quinos  lialient  digitos,  se(J  ila  ne  cruribus  emineant 
transversa  calcaria.  Nam  quje  boc  virile  geril  insigne, 
contuhiax  a(J  concubilum  iledignalur  admiltere  maieni, 
raioque  fcecunda,  etiam  cuni  incubal,  calcis  aculeis  ova 
perfiingit.  Gallinaceos  niaies  iiisi  salacissimos  liabeie  non 
oxpedit.  Atque  in  Ijis  quoque  sicut  in  foeminis,  idem  co- 
lor,  idemque  numeius  unguium,  status  altior  quieritur  : 
sublimes,  sanguineteque ,  nec  obliqua' crista3 ;  ravidi,  vel 
iiigiantes  oculi :  bievia  et  aduiica  rostra  :  maximas  can- 
didissimoequeauies  :  paleiieex  lutilo  albicantes,  qua;  velut 
incana;  barbse  dependent  :  jub,"e  deinde  vaiia;,  vel  ex  auro 
liava; ,  per  colla  cervicesque  in  liumei  os  diffusa; :  tum  lata 
el  mu.sculosa  pectoia,  laceitosaeque  similes  brachjis  ahie, 
tuni  procerissimse  caudx,  duplici  oidine,  singulis  utrin- 
(|ue  piominenlibus  pinnis  inttcxse  :  quinetiam  vasta  fe- 
iuina  et  fiequenter  boirentibus  plumis  hirla  :  robusta 
cruia,  nec  longa,  sed  infestis  velut  sudibus  nocenler  ai- 
n.ala.  Mares  autcm,  quamvis  non  ad  pugnaui  ncque  ad 
yicioii.T  laudeni  piwparenlur,  maximc  lanien  generosi 


probanfur,  ut  sint  elali,  alacres,  vigilaces,  et  ad  siepiiis 
canendum  pronipti,  nec  qiii  facile  lerreanlur  :  nam  intej-- 
dum  resistere  debent,  et  protegeie  c^jiijugaleui  giegem  : 
quin  et  atlollenlem  minas  .serpeulem ,  vel  aliud  noxium 
animal  interficere.  Talibus  autem  maribus  qiiinte  singiilis 
fieminai  comparantur.  Nara  Rliodii  generis  aut  Meiiici 
piopter  gravilalem  neque  patres  nimissalaces,  nec  fcecun- 
d,ie  niatrcs  :  quK  tamen  ternne  singulis  marilantur.  Et 
cum  pauca  ova  posuerunt,  iueites  ad  incubandum,  mul- 
to(|iie  magis  ad  excludendum,  raro  Ibetus  suos  ediicant. 
Itaque  quibus  cordi  est  ea  genera  propter  corporiim  spe- 
cicm  possidere,  cum  excepenint  ova  generosarum,  vul- 
garibus  gallinis  subjiciunt,  ut  ab  bisexclusi  pulli  nutiian- 
tiir.  Tanagiici  plerumque  Rliodiis  et  Medicis  ampliludine 
pares,  non  multum  mnribiis  a  vernaculis  distant,  sieut  et 
Chalcidici.  Ouinium  tainen  horum  generum  notbi  siint 
optimi  pulli,  quos  conceptos  ex  peregrinis  maribus  iios- 
trates  ediderunt.  Nam  et  paternam  speciem  gerunt,  et  sa- 
lacilatem  Itecunditatemque  vernaculam  retinent.  1'umilcs 
aves,  nisi  qiiem  hnmililas  earum  delectat,  ncc  proplcr 
|(i:cunilitalcni,  nec  proplcralium  icdituin  nimiuui  pioli(!, 


DE  L'AGRICULTUr.E,  LIV.  VIIL 


voir  eux-memes  cii  satisfaire  un  rrraiid  iiombre. 
11  faut  par  consequcnt  reprimer  leur  pctulaiice 
avcc  un  morccau  de  quelque  vicux  cuir  taillc  eii 
rond ,  que  ron  percc  par  le  milieu ,  et  dans  le- 
quel  on  inscre  la  patte  de  ccsanimaux ,  pour  cor- 
riijer,  a  Taide  de  cette  espece  d'entrave,  la  ferocite 
de  leurs  moeurs.  Mais  jevais  donner  des  precep- 
tes,  suivant  Tordre  qiie  je  me  suis  preserit ,  sur 
rentretien  de  toutes  ces  espeees  de  volaille. 

IIF.  II  faut  placer  les  poulaillcrs  du  cote  de  la 
metairie  qui  est  cn  face  de  Torient  d'hiver,atte- 
nant  le  four  ou  la  cuisine ,  afin  que  !a  furaee  eii 
parvienne  ;i  la  voiaille,  parce  que  c'cst  une  chose 
qui  lui  est  tres-salutaire.  Toute  la  basse-cour, 
c'est-a  dire  le  poulailler,  sera  composee  de  trois 
cabanes  construitcs  l'une  aupies  de  Tautre  sur 
une  seule  ligne,  et  dont  la  face  sera  tournce  du 
cote  de  rorient,  comrae  je  Tai  dit.  Ensuite  on 
pratiquera  sur  cette  face  une  seule  petite  entree 
pour  la  cabane  du  milieu  :  eetteeabane  ,  qui  sera 
la  moins  haute  des  trois,  n'aura  queseptpiedsen 
toussens.  II  faudra  percer  sur  les  murs  de  cette 
cabane,  de  droite  et  de  fiauche  ,  attenant  lemur 
faisant  face  a  Tentree,  deux  portes  ,  dont  cha- 
cune  eoramuniquera  a  une  des  deux  autres  ca- 
banes.  On  adossera  a  ceracme  mur  un  foyer  dont 
la  largeur  sera  tclle,  qu'elle  ne  puisse  point  ge- 
ner  les  portes  dont  nous  vcnons  de  parler ,  et 
que  la  fumcequ'il  donnera  puisse  pcnetrer  dans 
les  deux  autres  cabanes  :  celles-ei  auront  douzc 
pieds  tant  de  longueur  que  d"elevation,  et  leur 
largeur  sera  la  nieme  que  celle  de  la  eabane  du 
milieu.  L'elevation  en  sera  coupee  en  deux  eta- 
ges,  qui  laisseront  quatre  pieds  de  libres  par  en 
Iiaut  et  septpar  en  bas,  puisquils  emporteront 
ehaeun  un  pied.  Ces  deux  etages  sont  faits  pour 


la  commoditedes  poules,  et  ils  doiventetre  eclai- 
res  du  c6te  de  Torient  ehaeun  par  une  petite  fe- 
n6tre,qui  servira  aussi  de  passage  aux  poules, 
alin  qu'elles  puissent  sortir  le  matin  pour  aller 
dans  lacour,  et  rentrer  le  soirau  poulailler.  Ob- 
servez  ncanmoins  qu'il  faudra  a\ oir  soin  de  les 
tenir  toujours  rcnfermees  pendant  la  luiit,  alin 
qu'elles  juchent  plus  en  surete.  On  percera  au- 
dessous  des  etages  des  fenetres  plus  grandes  que 
les  precedentes,  que  Ton  garnira  de  barrcaux 
pour  erapecher  les  animaux  nuisibles  de  sc  g!is- 
scr  dans  le  poulailler,  sanscependant  trop  iuter- 
eepter  le  jour,  afin  que  riiabitation de  ces  oiseaux 
soit  plus  agreable.  Celui  qui  prend  soin  des  pou- 
les  doit  visiter  de  temps  cn  temps  les  (eufs  de 
celles  qui  eouvent  ou  de  celies  qui  pondent.  Oii 
donnera  a  cet  effet  une  telle  epaisseur  aux  murs 
du  poulailler,  qu'oupuisse  y  creuserdes  rani;ees 
de  nids  dans  lest(uels  clles  pondront  ou  feront 
eclore  lcs  poulets  ,  parce  nu'outie  que  eette  me- 
thode  est  plus  belle  a  Taul,  elle  leur  est  aussi  plus 
salutaire  que  la  pratique  dc  quelques  pcisonnes, 
qui  enfoneent  profondement  dans  les  murs  des 
pieux,  sur  lesquels  ils posent  des  paniers dosier. 
Au  reste ,  soil  que  les  nids  soient  creuses  dans  les 
murs  comme  nous  Tavons  dit,  soit  qu'i|s  soient 
formes  par  des  pauiers  d'osier,  il  faudra  qu'ils 
soient  preccdes  de  vestibulcs  par  Icsquels  pas- 
scront  les  poules  pour  y  parvenir,  soit  qu'elles 
veuillent  pondre,  soit  qu'elles  veuillenfcouvcr, 
parce  qu'ihie  faut  pas  qu'elles  entrent  de  pleiii 
vol  dans  leurs  nids  ,  de  peur  qu'en  se  jetant  sur 
leurs  oeufs  elles  ne  les  eassent  avec  les  pattes.  On 
donnera  ensuite  a  ces  oiscaux  la  faeilite  de  mon- 
teraux  etages  des  deux  eabanes,  en  appliqiianta 
la  inuraille  de  petits  soliveaux  un  peu  raboteux , 


tam  lieicule ,  qiiam  nec  («ignacem,  nec  rixosoe  lihidinis 
inaroin.  Nam  pleruniqne  caeleros  infeslat,  et  non  palilnr 
inire  rieminas ,  cuin  ipse  plnribiis  siillicere  non  qiieat.  Ini- 
pcdienda  est  ilaipie  procacitas  ejns  anipullaceo  corio; 
quod  cum  in  oibiciilum  rormatuni  est.inedia  pars  ejus 
resciiiditur,  ct  per  ('Ncisaiii  paitem  galli  pes  inseriliir : 
caquc  quasi  coinpede  ciiliilieiiliii  ieri  Uiores.  Sed,  ut  pro- 
posui,  jam  de  tulela  ijeneris  nni\ersi  piircipiani. 

111.  Gallinaria  constilui  debeut  parte  villae,  qua;  liilier- 
iiiiin  spectat  oiieiilem  :  jniicta  sint  ea  fuino  vel  culin;e, 
iit  ad  avem  pervenial  fiiniiis ,  qiii  esl  liuic  neneri  pr;ccipue 
salutaris.  Tolins  aiilein  ollicinae,  id  est  ornitlionis,  tres 
coiitinuie  extruiinlur  cell.-B,  qnarum  ,  sicuti  dixi,  perpe- 
liia  Iroiis  orienli  sit  oliversa.  In  ea  deiiide  fronle  e.\i!;iiiis 
detur  uniisoinnino  adilus  uiedise  cella;;  qua:  ipsa,  e  Iri- 
bus  niiiiinia,  esse  debet  iii  altitndinein  et  qiiuqiioversns 
pedes  septem.  Iii  ca  sinsiili  dextio  laevo<pic  pariete  aditus 
ad  iitiainquc  ccllani  faciendi  sunt ,  juncti  parieti ,  qiii  cst 
iiitranlibus  adversus.  Hiiic  aulem  focus  applicetur  tam 
longc,  ut  ncc  impediat  praedictosaditiis,  et  ab  eo  funius 
perveniat  in  iitramquc  cellani  :  ea'que  longiludiiiis,  el 
altitudinis  duodenos  pedcs  liabeant,  nec  plus  laliludinis, 
(piaiu  media.  Stililiuiit;isdi\idatur  tabiilalis,  qnx  snprase 


qiiatcrnos,  el  infra  septenos  liberos  pedes  liaboanl ,  qiio- 
niain  ipsa  siiigulos  occupant.  Utiaqiie  tabiilala  f-allmis 
servire  debeiit,  et  ea  parvis  ab  orieiile  sinyulis  illiimlnari 
fenestellis,  qua;  ct  ipsce  matiiliiioni  exituiii  pi.ebeaiit  a\i- 
bus  ad  coliorlem,  iiec  miiius  vc.sportinimi  iiitioiluiii.  Scd 
ciiranduui  erit,  iil  semper  iioctibiis  claudaiitur,  quo  lu- 
tiiis  aves  niancaiit.  Infra  lalnilala  inajores  fenestric  ape- 
liiintur,  ct  ea:  clatris  miiniaiilur,  iie  possiiit  uoxia  iirepere 
animalia  :  sic  laiiicn,  ut  illiislria  sint  loca,  quo  comuio- 
diiis  lialiitent.  Aviariusipic  snbinde  debct  speciilari  aut 
iucnbantis  aut  parturienlis  fietiis.  Nain  etiam  in  iis  ipsis 
locis  ita  crassos  pai  ieles  a-dilicare  convenil ,  iit  cxi  is;i 
pvr  oidiiiein  gallinarum  cubilia  rccipiant  :  in  qiiibiis  aut 
ova  edanlur,  aut  excbidanlur  pulli  :  lioc  enim  et  salii- 
briuset  clcganliusest,  (piam  illud,  quod  qnidam  faciunt, 
iit  palis  in  parieles  vcliementer  aclis,  vimiiieos  qualos 
superimponaut.  Sive  antem  parielibus  ita,  nt  diximiis, 
cavalis,  sive  qiialis  viiniiieis  pr;epoiienda  erunt  veslibiila, 
per  qua;  matriccs  ad  ciibilia  vel  paricndi  vcl  inciibandi 
(■ausa  pciveniant.  Neqiie  enini  debcnl  ipsis  iiidis  involiirc, 
ne  dum  adsiliunt,  pcdibiis  ova  confringanl.  Ascensus 
deinde  avil)us  ad  labnlala  per  ulramipic  oellam  datur 
junrlis  parioti  inndicis  assc.culis,  ipii  paulum  loriiialis 


304 


COLUMKLLE. 


sur  lesquels  on  pratiquera  des  especes  de  niar- 
ches,  afin  que  les  poules  ne  glissent  point  cu  y 
montant.  On  appliquera  aussi  endehors,  du  cote 
de  la  cour ,  aux  fenetres  dont  nous  avons  parie  , 
de  petites  echelles  pareilles  ,  sur  lesquelles  ces 
oiseaux  se  traineront  lorsquils  iront  prendre  le 
repos  de  la  nuit.  Mais  on  veillera  surtout  a  ce 
que  ces  poulaillers,  ainsi  que  !es  autres  lieux 
propres  a  nourrir  des  oiseaux ,  dont  nous  parle- 
rons  par  la  suite,  soient  revetus  tanl  en  dedans 
qu'en  dehors  d'un  enduit  bien  poii ,  pour  empe- 
cher  les  chats  ou  les  couleu  vres  d'en  approcher ,  et 
enecarter  les  autres  aniraaux  nuisibles.  11  n'est 
pas  k  propos  que  ces  oiseaux  restent  sur  un  plan- 
cher  plein  pour  dormir,  de  peur  qu'ils  ne  soient 
incommodes  de  leur  propre  fiente  ,  (iui  leur  oc- 
casionnerait  la  goutte,  sielle  venait  a  sejourner 
autour  de  leurs  pattes  et  de  leurs  ongles.  Pour 
eviter  cet  accident ,  on  equarrit  des  perches,  at- 
tendu  que  si  elles  etaient  unies  et  arrondies  dans 
toute  leur  longucur,  elles  ne  pourraient  pas  rete- 
nir  ies  oiseaux  qui  \iendraient  a  se  poserdessus; 
apres  quoi  on  les  enfonce  par  les  extrerait(5s 
dans  les  deux  murs  opposes,  de  facon  qu'elles 
soient  elevees  a  la  hauteur  d'un  pied  au-dessus 
du  planclier  plein  ,  et  distantes  de  deux  pieds 
rune  de  rautre,  Telle  sera  la  dispositioiidu  pou- 
lailler.  Quant  a  la  cour  dans  laquelle  les  poules 
auront  la  lihertij  de  se  promener,  elle  doit  (itre 
plut()t  seche  que  propre ;  car  il  est  tresimpor- 
tant  qu'il  ne  s'y  trouve  point  d'autre  eau  que 
celle  que  Ton  mcttra  dans  un  endroit  marque 
pour  leur  servir  de  boisson  ,  et  qu'il  faudra  avoir 
soin  de  tenir  tres-propre  ,  parceque  ,  lorsqu'elle 
est  pleine  de  funiler,  ellc  leur  donne  la  pepie.  On 
ne  pourra  cependant  pas  la  conserver  pure  ,  si 
on  ne  la  tieut  pas  reufernK^e  dans  des  vases  fa- 
briques  expres  pour  cet  usage.  On  aura  donc, 


pour  confenlr  leur  eau  ct  leur  mangeaiUe ,  des 
augetsdeplorab  ,  parce  que  ron  a  observ(i  qu'ils 
etaient  meilleurs  que  des  augets  de  bois  ou  de 
terre  cuite.  Ils  seront  ferraes  a  Taide  de  couver- 
cles  poses  par-dessus,  et  perces  de  petits  trous 
sur  les  c6tt'S  uu  peu  au-dessus  du  milieu  de  leur 
hauteur,  de  facon  que  cestrous,  par  lesciuels 
les  oiseaux  pourront  passer  la  tete  ,  soient  eloi- 
gnes  les  uns  des  autres  d'un  patinus.  Si  ces  au- 
gets  n^t^taient  point  couverls ,  les  poules  epar- 
pilleraient  avec  leurs  pattes  lc  peu  d'eaii  ou  de 
mangeaillequi  y  serait  renferme.  II  y  a  des  per- 
sonnes  qui  font  ces  trous  par  en  haut  sur  les  cou- 
vercles  niemes;  mais  il  faut  (jviter  cette  pratique , 
parce  que  les  poules,  venant  a  se  poser  sur  ces 
augets,  salissent  alors  leur  raangeaille  et  leur 
eau  de  ieurs  ordures. 

IV.  La  meilleure  mangeaille  que  Ton  puisse 
donner  aux  poules,  c'est  de  Torge  pil(i  dans  un 
mortier  et  de  la  vesce  :  on  peut  leur  douner  egn- 
lement  des  pois  chiches  etm(irae  du  millet  etdu 
pauis ,  pourvu  cependant  que  le  bon  marche  de 
ccs  denr(;es  le  permette.  Mais  lorsqu'elles  sont 
trop  cheres ,  ou  peut  tres-bien  leur  donner  de 
mcnues  criblures  de  froraent;  car  on  ferait  mal 
de  leur  donner  cette  espece  de  ble  cn  nature, 
m(!'rae  dans  les  endroits  ou  il  serait  a  tres-bon 
marche,  parce  qu'i!  leur  est  nuisible.  On  peut 
aussi  leur  donner  de  Tivraie  bouillie,  ainsi  que 
du  son  dont  on  naura  guere  s(^pare  la  farLne, 
piiree  que  si  on  n'eu  laissait  point,  il  ne  leur 
vaudrait  rien ,  outre  qu'il  leur  plairait  peu.  On 
approuve  tres-fort  Tusage  de  leur  donner,  quand 
elles  sont  raaigres,  des  feuilles  et  de  la  graine 
decytise,  qu'elles  aiment  beaucoup,  d'autant 
qu'il  n'y  a  point  de  pays  ou  Ton  ne  puisse  se  pro- 
curer  ces  arbrisseaux  en  triis-grande  quantite. 
Quoique  le  marc  de  raisin  les  nourrisse  passable- 


jjiadibiis  asperantur,  ne  sint  advolantibiis  lubiici.  Sed 
ab  coliorle  foiinsecus  prsedictis  fenestellis  scandula;  si- 
inililer  injungantur ,  quibus  irrepant  aves  ad  requiem 
iiocturnam.  Maxinie  autem  curabimus  ut  et  liaec  aviaria 
ol  caetera,  de  quibus  mox  dicturi  suinus  ,  intiinseciis  et 
extrinsecus  polianlur  opere  tectorio  ,  ne  ad  aves  feles  lia- 
beanl  aut  coluber  accessum  ,  et  aeque  noxia;  proliibeantur 
pestes.  Tabulatis  insistere  dormicnteni  avem  non  expedit, 
iiesuo  1,-edatur  stercore;  qnod  cum  pedibus  uucis  adhifi- 
sjt,  podagiam  creat.  Ea  pernicies  ut  evitetur,  peiticae 
dolantur  in  quadnim  ,  ne  teres  levitas  earum  supersilien- 
lem  volucreni  non  recipiat.  Conquadratai  dein(Je  foratis 
duohus  adversis  parietibus  induunlur,  ita  ut  a  tabulato 
pedalis  allitudinis,  ct  inter  se  bipedalis  laliludinis  spatio 
distent.  Hscc  erit  coliortalis  officina;  dispositio.  Caeterum 
roliors  ipsa,  per  quam  vagantur,  non  tani  stercore,  quam 
iiligine  caieat.  Nam  plurimum  refeit  aquam  non  esse  iu 
ea  uisi  uno  loco,  quambibant,  eanique  mundissimam  : 
nam  stercorosa  pituitam  concilat.  Puram  tanien  servaie 
non  possis,  nisi  clausain  vasis  in  liunc  usum  fabricalis. 
Suiit  auteni,  qui  aiit  aqua  leplcnlur  aut  cibo  plumbei 


canales,  quos  magisutiles  esse  ligneos,  aut  ficliles  com- 
pertuin  est.  Hi  supeipositis  opeiculis  clauduntur,  et  a 
lateribus  super  mediam  parteni  allitudinis  per  spatia  pal- 
niaria  modicis  forantur  cavis,  ita  ut  avium  capita  possint 
admittere.  Nam  nisi  operculis  muniantiir,  quantulumcun- 
que  aqu.^e  vel  ciborum  inest,  pedibus  everritur.  Sunt  qui 
a  siiperiorepaite  foramina  ipsis  opeiculisimponant;  quod 
lieii  non  oportet.  Nam  snpersiliens  avis  proluvie  ventris 
cibos  et  aquam  conspuicat. 

IV.  Cibaria  gallinis  pra;bentur  oplima,  pinsitum  or- 
deiim  et  vicia,  nec  mlnus  cicercula,  tum  etiam  milium, 
aut  panicum  :  sed  h;ec  ubi  vilitas  annonae  permitlit.  Ubi 
vero  ea  est  carior,  excreta  tritici  minuta  commode  dantur. 
Nam  per  se  id  frumentum ,  etiam  quibus  locis  vilissiinum 
est,  non  utiliter  praebetur,  quia  obest  avibus.  Potesteliam 
lolium  decoctum  objici ,  nec  ininus  furfures  modice  a  fa- 
riua  excreti  :  qui  si  nibil  habent  farris ,  non  sunl  idonei , 
nec  tantum  appetuntur  jejunis.  Cytisi  folia  semiuaque 
maxiine  piobantur,  et  sunt  liuic  generl  gratissima  :  ne- 
que  est  ulla  regio,  in  qua  non  possil  hiijus  arbiisculae  co- 
pia  esse  vel  maxima.  Vinacea  quamvis  tolerabiliter  pas. 


DE  LAGUiCULTURE,  LIV.  VIII. 


mcnt  bien  ,  on  ne  doit  cepenclantlcur  en  clonnei- 
(Iiie dans  les  tcmps  de  l'annee  ou  eiles  ue  poiulent 
point,  pnrce  qu'auti'cment  elles  pondraient  ra- 
rement.  et  ne  feraicnt  c|ue  de  petits  ceufs;  mais 
rien  n'empcche  de  les  sustentcr  avee  cette  espece 
de  nourriture  apres  rautomnc,  lorsc|u'elles  ont 
absolumentcessedepondre.  Au  reste,  c[uel(|uees- 
peee  de  nourriture  qu'ou  leur  donne  pendant 
qu'elles  seront  a  errer  dans  la  cour  ,  il  faudrn  la 
pnrtager  en  deux  portions  ,  dont  ou  lcur  jellcra 
lune  au  conimencement  du  jour  et  Tautre  avant 
la  nuit ,  tant  afin  qu'elles  ne  s'eloiiincnt  pns  tiop 
au  sortir  de  leUrs  retraites,  et  qu'elles  y  revien- 
nent  de  meilleure  heureet  avant  ia  chute  du  jour 
par  i'esperance  d'y  trouver  a  mani;er ,  qu'afin 
qu'on  soit  plus  souvent  a  portee  d'eQ  faire  la 
revue,  parceque  les  troupeaux  de  volaille  eclinp- 
pent  aisement  a  la  garde  de  celni  qui  les  vcille. 
II  fautaussimettrede  lapoussiere  et  dela  cendre 
le  long  des  murs  de  In  cour,  dnns  tous  les  en- 
droits  qui  s'y  trouveront  couverts  d'une  yaleiia 
ou  d'un  toit,afin  que  les  poulcs  puissent  s'en 
jeter  sur  le  corps,  parce  que  c'est  ainsi  qu'elles 
nettoient  leurs  plumes  et  leurs  ailes,  si  toute- 
fois  nous  njoutons  foi  a  ce  que  dit  Hiirnclite 
d'Ephese,  que  la  boue  sert  de  bain  aux  truies, 
comme  la  poussiere  ou  la  cendre  en  servent  nux 
oiseaux  de  basse-cour.  On  doit  faire  sortir  les 
poules  du  poulailler  apres  la  premiere  heure  du 
jour,  ct  les  y  renfermer  avaut  la  onzieme.  Tels 
seront  les  soins  quil  en  faudra  prendre  dans  le 
temps  oii  on  leur  laissera  la  libci't(;  de  courir, 
quoiqu'il  n'y  aur.n  pas  d'autre  diflerence  daiis 
ceux  qu'on  en  |'rendra  qunnd  clles  seront  ren- 
fermees  dans  la  mue,  si  ce  n'cst  quon  ne  les  en 
Inissera  point  sorlir,  mais  qu'on  leur  donncia  a 
manger  dans  rinterieur  du  poulailler  trois  fois 
par  jour,  et  que  In  dose  en  sera  plus  forte  que 
ceile  qu'oa  lcur  donne  cn  dehors,  puisqu'on  leur 


donnera  par  jour  la  valeur  dc  quatre  cyathide 
mangeaiile  par  tete,  an  lieuqu'on  n'en  donne 
que  deux  a  celles  qui  sont  en  libcrte.  II  faut  aussi 
que  celles  qui  sont  renfermecs  trouvent  un  am- 
pie  vestibule  en  dehors,  ou  elles  puissent  ailer 
se  mettre  au  soleil ,  ct  que  rnpproche  de  ce  vestibule 
soit  defendue  pnr  des  lilets,  de  peurque  les  ai- 
gles  ou  les  oiseaux  de  proie  ne  fondent  sur  elles. 
Au  surplus  ,  it  n'y  a  de  profit  a  faire  ces  depenses 
et  a  prendre  ces  soins  que  dans  les  lieux  ou  i'on 
peut  tirer  un  bon  pri\  de  ces  oisenux.  L'articie 
le  pius  essentiel  par  rapport  a  cette  espcce  d^i 
troupeau  ,  comnie  p;ir  rnpport  a  tout  nutre  ,  con- 
siste  dans  la  fidelitc  de  celui  qui  est  prepose  a 
sa  garde.  En  effet,  pour  pcuqH'il  manque  acettc 
vertu  vis-a-vis  de  son  maftre  ,  le  lucre  que  celni- 
ci  retirera  du  poulailler  ne  compensera  jamais, 
quelqu'iisoit,  ladc^pensedanslaquelleillejettera. 
Nous  avons  assez  parle  de  rentretien  de  ces 
animaux  ;  aiiisi  nous  allons  passer  a  d'autres  ob- 
jets ,  cn  suivant  fordre  que  nous  uous  sommes 
preserit. 

V.  Cette  sorte  de  volaille  pond  d"habitude 
apres  le  solstiee  d'hiver;  les  phis  teconds  cora- 
mencent  a  pondre  dans  les  iieux  temperes  vers 
les  calendes  de  janvier,  et  dans  les  pays  froids 
apres  les  ides  du  mfime  mois.  Mais  il  faut  exciter 
leur  f(;'eondite  par  des  nourritures  couvenabies, 
pour  les  faire  pondre  de  meilieure  heure.  On 
peut  tres-bien  leur  donner  de  i"orge  a  demi  euiie 
tant  qu'ils  en  voudront ,  parce  qu'elle  leur  fera 
avoir  de  plusj;rosoeufs ,  et  qu'elle  lcs  fera  pondrc 
plus  souvent.  II  faut  nciannaoins  assnisonner, 
pourainsi  dirc,  cctte  nourriture,  en  leutremelant 
avcc  des  feuilleset  de  la  graine  de  cytise,  parce 
((ue  l"une  et  l'autre  passent  pour  avoir  la  vertu  de 
beaucoup  augmenter  leur  feeondite.  La  dose  de 
la  nourriture  qu"on  ieur  donnera  sera,  corameje 
i'ai  dit,  de  deux  cyathi  d'orge  pour  les  poulcs 


rant,  liaii  noii  debeiit,  nisi  tiiiibus  aniii  lem|)oril)us  avis 
foluiii  nou  edil  :  nain  et  parliis  raios  ,  et  ova  fariiint 
exigua.  Sed  cuin  plaiie  post  aiitunmuni  cessant  a  fcrlu, 
possnnt  lioc  eibo  suslineri.  .\llanun  (lu.TCuncpic  dabitur 
csia  per  coliorlcm  vagantibns,  die  incipicule,  et  jain  in 
\csperum  declinanle,  bis  divideuda  est,  ut  et  mane  non 
prolinus  a  cubili  latiiis  evageiitnr,  et  ante  crepusculuni 
propter  cibi  speiii  temjiorius  ad  oHicinam  redeant ,  possil- 
ipie  numeins  capituin  saepius  lecognosci.  Nani  volalile 
pccus  (acile  cuslodiain  pastoris  dccipit.  Siccus  eliani  pul- 
\is  et  cinis  ubiciinque  coliortem  porlicus  vel  tectiim  pro- 
tegit,  juxta  parietes  reponendus  est,  iil  sit  quo  aves  se 
perfiindaiil.  Nam  his  rebns  plumam  pinnasipie  cmnndant : 
si  niodo  credimus  Epliesio  Heraclelo,  qni  ait  sues  ca'no, 
coliortales  aves  pulvere  vel  cinerc  lavari.  Gallina  post 
primam  emitti ,  et  ante  lioram  dici  undecimam  claudi  de- 
bel  :  ciijus  vaga;  cultns  hic,  qneni  diximus ,  erit :  iiec  ta- 
men  alius  daus.-e,  nisi  quod  ea  iion  emittitnr,  sed  intra 
ornillioiicm  terdie  pascitur  majore  ineiisiira.  Nain  singn- 
lis   capilibiis  (pialcrni  lyallii  diinna  ( ibaiia  siint ,  ciim 


vagis  [  terni ,  vel  ]  bini  praebeanliir.  Habeat  tamen  etiam 
clausa  oportet  ampluni  vestibiilnm,  quo  prodeat,  et  ubi 
apricelur  :  idque  sit  retibiis  muuitiim ,  iie  aiiuila  vcl  acci- 
piler  involet.  Quas  impeusas  et  cnias,  uisi  locis ,  quibus 
liaruin  icruin  vigent  pretia  ,  non  expedit  adliiberi.  Anli- 
(piissinia  est  anteni  cum  in  oninibns  pecoribus  tiini  in  hoc 
fides  pustoris;  qui  nisi  cam  domiiio  siTvat,  niillus  orui- 
tlionis  qii.xslus  viucet  impensas.  Ue  tiilela  satis  dictuni 
est  ;  iinnc  ri'li>|uiiin  ordiiioni  piiiscipieinur. 

V.  Cohlccl.i  liriiiiia  paicrc  lcrr  id  griius  aviiiin  (■(immii'. 
vit.  Atque  earum  (pi.c  siint  liecuudis^iiua: ,  locis  tepidioi  i- 
bus  circa  caleiidas  Januarias  ova  edeie  incipiunt ;  fi  igldis 
aiitem  rcgionibus  codem  niense  post  idiis.  Sed  cibis 
idoiieis  ficcunditas  earuni  cliciciiila  est,quu  matiiiiiis 
partum  edant.  Optime  pradietur  ad  satictatem  ordeum 
semicuctum :  nam  et  majus  facit  nvorum  incremcntuin,  et 
frequenliores  partiis.  Sed  is  cibus  quasi  condiendiis  csl 
interjcc.tis  cytisi  foliis  ac  semine  ejusdem,  qiia:  ulraqiic 
inaximc  putaiitur  augcrc  riecunditatem  avinm.  Mixliis 
autem  cibariornm  si( ,  iit  di\i ,  vagis  binornm  cyatlioi  iiiii 


SCG 


COLUMEM.E. 


qiii  seront  en  liberte ,  pourvu  qu'on  y  mele  quel- 
que  peu  soit  de  cytise,  soit  de  vesce  ou  de  miliet, 
a  defaut  de  cytisc.  Le  gardien  veillera  ;i  ce  que 
ces  oiseaux  aient ,  pour  y  deposer  leur  ponte ,  des 
retraites  garnies  de  paille  tres-propre ,  qu'il  aiun 
soin  de  nettoyer  de  teraps  en  temps  ,  en  y  remet- 
tant  de  nouveile  litiere  et  de  la  plus  fraiclie  qiie 
faire  se  pourra,  a  la  place  de  rancienne;  saiis 
quoi  ils  se  trouveraient  eouverls  de  puces  et 
d'autre  vermine  semblable,  qu'ils  apporlent  sur 
eux  en  rentrant  dans  leur  retraite.  Ce  gardieu 
doit  etre  assidu  et  guctter  les  poules  qui  voudront 
pondre,  et  qui  iie  manqueroutpoint  d'avertir  du 
moment  oii  elles  le  feront,  par  des  hoquets  fre- 
quents  entrecoupes  de  cris  percants.  II  doit  donc 
avoir  Toeil  sur  ellcs  jusqu'a  ce  qu'ellcs  aient 
pondu  ,  et  visiter  aussitot  leurs  retraites ,  pour  rn- 
raasser  lesceufsqu'ellesauront  faits.  II  raarquera 
aussi  jour  par  jour  ceux  qui  auront  ete  pondus 
dans  la  journee,  afin  de  donner  les  plus  frais  a 
celles  qui  veulent  couver,  et  que  les  paysausde- 
signeut  par  le  nom  de  f/locirntes  (poules  qui  glous- 
sent).  Onserrcraou  Ton  vendra  les  autres  oeufs  ; 
mais  les  plus  propres  a  etre  couves  sont  les  plus 
frais,  quoiqu'on  puisse  aussi  en  faire  couver  de 
\ieux,  pourvu  qu'ils  n'aient  pas  plus  de  dix 
jours.  Communement  lorsque  les  poules  oiit 
acheve  leur  premieie  ponte,  elles  commencent 
a  vouloir  couver  vers  les  ides  de  janvier ;  mais 
il  ne  fnut  pas  permettre  a  toutes  de  le  faire ,  d'nu- 
tant  que  les  Jeunes  sont  plus  propres  a  pondre 
qu'a  faire  eclore  des  poulets  :  c'est  pourquoi  on 
leur  fait  perdre  renvie  de  couver,  en  leur  pns'ant 
une  petite  plume  dans  les  narines.  On  permettra 
au  contrnire  de  couver  a  de  vieilles  poules  qui 
Tauront  deja  fait  souvent ;  et  il  faudra  s'etre  bien 
assure  prealablement  de  leur  habitude,  pnrce 


qu'il  s'en  trouve'  qui  font  tres-bien  eelore  des 
poulets,  comme  il  s'en  trouve  d'autrcs  qui  va- 
lent  mieux  pour  les  elever  quand  iis  sont  eclos, 
et  qu'il  y  en  a  ,  au  contraire,  qui  cassent  et  qui 
mangent  non-seulement  les  oeufs  des  autres 
poules ,  mais  les  leurs  propres ;  auquel  cas  il  faut 
sur-Ie-champ  les  leuroter.  Quand  les  pouletsqui 
seront  eelos  sousdenx  ou  trois  poules  serout  en- 
core  tout  jeunes,  il  faudra  les  transferer  sous  la 
garde  d"une  seulepoule,  qui  sera  celle  que  Ton 
jugera  la  ineilleure  nourrice;  rnais  il  fautfaire 
cette  operation  des  les  premiers  jours  ,  ctavant 
que  la  mere  qu'on  Icur  destiuera,  tiompee  par 
la  ressemblance  qui  se  trouvera  entre  ses  petits 
et  ceux  desautres  poules,  puisse  les  disceriur 
les  uns  d'avec  les  autres.  Cependant  il  y  a  uiic 
mesuie  a  garder  en  cela,  puisquil  ne  faut  pas 
donner  a  la  merae  poule  plus  de  trente  poulets, 
et  que  ron  preteud  qu'elle  n'en  pourrait  pas 
nourrir  un  plus  grand  nonibie.  Ou  a  soin  de met- 
tre  sous  les  poules  les  oeufs  que  Ton  veut  leur  faire 
couver  eu  nombre  inipnir,  comme  aussi  d'en  va- 
rier  le  nombre  suivant  les  temps.  Eu  effet ,  11  faut 
enmettrequinze  et  jamais  plusau  premiertemps 
de  rincubation,  c'est-a-dire ,  au  mois  de  janvier; 
dix-neuf  ct  jamais  moins  au  mois  de  mars,  et 
vingt  et  un  depuis  le  mois  d'avril  et  duraiit 
tout  Tete  jusqu'aux  calendes  d'octobre  ;  aprcs 
quoi  il  devieiit  inutile  de  s'oceupcr  de  ce  soin, 
parce  que  la  plupart  des  poulets  qui  vicnnent  a 
eclore  pendant  les  froids  ne  peuvent  pas  vivre. 
Bien  des  gens  pensent  neanmoins  que  la  couvee 
ne  vaut  rien  raerae  depuis  le  solstice  d'ete,  parce 
que,  quoiqu'iI  soit  aise  d'elever  les  poulets  venus 
depuis  ce  tcmps-la,  ils  ne  prennent  cepeudant 
jamais  nn  aecroissement  suiTisant.  Quoi  qu'il  ea. 
soit , il  faut  adraettre  la  pratique  d'en  elever  pen- 


oidci.  Allquid  tanien  admiscendum  eiit  cylisi,  vcl  si  id 
iion  riieiit,  vicisc  aut  niilii.  Ciira  autein  debebit  esse  cns- 
todi,  cnm  parluiient  aves,  ut  habeant  quam  mnndissimis 
paleis  cinstrala  cnbilia  ,  eaque  subinde  convenat,  ot  alia 
Rliamenta  quam  icfciilissima  reponat.  Nam  pnlicibns, 
aliisque  similibus  aninialibus  replenlur,  qua;  secum  affert 
avis,  cum  ad  idem  cubile  revorliliir.  Assiduus  autem 
debet  esse  cu.stos,  et  speciilari  iiarioiitrs,  qiiod  se  facere 
fiallinsD  lestantur  crebris  siii^ulUbiis  inlerjecta  voceacuta. 
Observare  itaqne  dum  edaiit  ova,  et  confestim  circumire 
oporlebit  ciibilia,  nt  quas  nata  sunt  recolligantiir,  noten- 
turquequK  quoque  die  sint  edita,  utqu-im  recenlissima 
supponantur  glocientibns  :  sicenim  appellant  rustici  aves 
eas  qua?  voliint  incubare  ;  cajtera  vel  reponantnr,  vel  aere 
nnilenlur.  .Aptissima  porro  sunl  ad  excludendum  recen- 
tissima  quaNjue.  Possiint  tamen  efiam  lequieta  supponi, 
duni  iie  vctiisliora  sint,  qiiam  dierum  decem.  Fere  autem 
cuni  prinium  partum  consummaverunt  gallinn! ,  incii- 
l)are  cupinntab  idibus  Jannariis.quod  facerenon  omni- 
bus  permittendum  est;  quoniani  qiiidem  novellae  magis 
cdeiidis,  qnain  excliiilendis  ovis  iililiores  sunt  :  inliibe- 
turqiie  ciipidilas   incubandi  pinniila   por  nares  Ir.ijicia. 


Veleranas  igiUir  aves  ad  banc  reni  eligi  oporfebit,  qnie 
jam  ssepius  iil  fecerint ;  moresque  earum  maxime  per- 
nosci ,  quoniam  aliae  nielius  cxcludunt ,  aliae  editos  pullos 
commodins  educant.  At  econlrario  qnaodam  ct  sua  et 
aliena  ova  comminunnt  alqne  consumiint,  qiiod  facieu- 
tem  protinus  submovere  conveniet.  Piilli  aiitem  diiaruii 
aut  trium  aviiim  exchisi ,  dum  adbiic  leneri  sunt ,  ad 
unani,  quae  sit  nielior  nutrix ,  Iraiisferri  debent,  sed 
priino  qnoquedie,  dum  mater  suos  et  alienos  propter 
similitudinem  dignoscerenon  potest.  Verumtamen  servaie 
oportet  modum.  Neqiie  enim  debet  major  csse  quani 
triginta  capitum.  Negant  enim  hoc  ampliorem  gregcin 
posse  ab  una  nutiiri.  INumerus  ovorum ,  quiKSubjiciuntur, 
impar  observatur,  nec  seraper  iilem.  Nam  primo  teinpore, 
id  est  mense  Januario,  quindecim,  nec  nnquam  plnra 
snbjici  debent  :  IMartio  XIX,  nec  bis  pauciora  :  unum  et 
viginti  Aprili  :  tota  deinde  fcstate  usque  in  calendas 
Oclobiis  lotidem.  Postea  supervacna  cst  biijus  lei  cuia, 
qiiod  Irigoribus  exclusi  pulli  plerumque  inteieunt.  Pleri- 
que  lamen  eUam  ab  aestivo  solslitio  non  putant  bonam 
piillationem  ,  qiiod  ab  eo  lempore  eliam  si  farilem  educa- 
lioncm  Iiabcnl,  jusliiin  tanicn  non  capiimt  incrcmenlum. 


DE  r;AGR'.CULTIinE,  (,3V.  VIll. 


daiit  rife  daus  le  voisinac;e  dcs  villes,  oii  les 
poiilets  piis  soiis  raile  dc  leur  inere  se  veiKlciit 
tres-cher.  11  faut  aussi,  lors([ue  ron  donnc  dcs 
oeufs  a  couver,  avolr  tou jours  ratteution  de  ne  le 
fairequequaud  la  lune  croit,  etdepuisson  dixie- 
me  jour  jusqu'a  son  quinzieme,  parce  que  e'est 
ordinairenient  le  raeilleurtemps  pourles  donner 
a  couver,  et  qu'il  est  en  outre  essentiel  de  me- 
naiier  cette  operation  de  facon  que  la  lune  soit 
cMcore  eroissante  dans  le  temps  que  les  poulet.s 
viendront  a  eclore.  II  faut  vingt-un  jouis  pour 
que  les  ocufs  de  poules  s'aniiTieiitet  qu'ils  soieut 
configures  cn  oiseaux ,  mais  il  en  faut  un  peu  plns 
de  vingt-sept  pour  ceux  de  paonnes  et  d'oies.  Si 
ron  est  dans  le  cas  de  donner  de  ces  derniers  a 
eouver  a  des  poules,  on  commencera  par  les  leur 
laisser  couver  pendant  dix  jours  avant  d'y joindre 
ceux  de  poules,  qu'on  lcur  donnera  au  nombre 
de  quntre  ou  de  cinq  au  plus,  ayantsoin  de  cboi- 
sir  lcs  pkis  f;ros,  parce  que  de  petits  wufs  ne 
donnent  jamais  que  de  petite  volallle.  Enoutre, 
quandou  voudrafaireeclore  un  pltis  srandnoni- 
bre  de  males  que  de  femelles  ,  on  fera  couver  les 
plus  longsauifset  les  plus  pnintus;  au  lieuqu'on 
fera  couver  les  plus  ronds  lorsqu"on  voudra  avoir 
plus  de  femelles.  Voiei  la  metiiode  de  faire  cou- 
ver  des  oeufs,  telle  qu'elle  a  ete  donriee  par  ceux 
qui  apportent  le  plus  grand  scrupiile  dans  ce 
genre  d'administration.  Ils  coramencent  par 
clioisir  a  cet  effet  les  retraites  les  p.lus  secietes, 
afin  que  les  mercs  qui  seront  occupees  a  couver 
iTy  soient  point  inquietees  par  les  autres  poules; 
cnsuite  ils  lcs  nettoient  avec  soin  avant  de  rien 
etendre  dessus;  puis  ils  parfument  la  paille  qu'ils 
ont  dessein  d'y  etendre  avec  du  soufre  et  du  bi- 
turae,  et  font  degouttcr  dessus  uue  torcbe  al- 
lumee.  Lorsque  celte  paille  estainsi  corrigee,  ils 


rarrani:ent  dansces  retraites,en  ycreusautdes 
niils  de  facon  que  les  poules,  soit  en  sy  ren- 
dant,  soiten  les  quiltant,  iie  puissent  pas  faire 
rouler  ni  tomber  leurs  OBufs.  II  y  a  mftiae  un 
tres-grand  nombrc  de  per.sonncs  qui  meftent 
sous  cette  paille  un  peu  dherlK^  et  de  scions  de 
laurier,  ainsiquedes  gous.ses  d'ail  et  deselous  ds 
fer  :  toutes  choses  qu'ils  regardent  commf;  des 
preservatifs  contre  le  tonnerre,  qni  gfite  lesoeufs 
et  tue  les  poulets  a  demi  formes,  avant  qu'ils 
aient  toutcs  leurs  parties  developpees.  Ctlui  qui 
niet  les  ocufs  sous  la  poule  se  garde  bien  de  les 
arranger  dans  le  nid  Tun  apres  lautre  avec  la 
main;  mais  il  les  porte  tous  dans  une  petiteauge 
de  bois,  et  leseoule  eiisuite  tout  douceraent  dans 
le  uid  qu'il  a  prepare  pour  les  reeevoir.  II  faut 
mettre  de  la  mangeaille  aupres  des  poules  qui 
couvent,  afin  que  ,  nc  sciuffrant  point  de  la  faim , 
elles  restent  dans  leurs  nids  avee  plus  d'altache, 
etdepeurque,siellcss'en  eloignaient  trop,  leurs 
ceufs  ne  vinssent  a  se  refioidir.  Quoiqu'elIes  les 
retournent  elles-memes  avec  leurs  pattes,  il  faut 
cependant  que  celui  qui  est  cbarge  de  ce  soin  en 
fasse  la  reviie  lorsque  les  meres  seront  sorties  du 
nid ,  et  qu'il  les  retourne,  tant  afin  qu'ils  s'ani- 
mentfaciiement,  en  prenant  de  la  chaleur  partous 
les  cotes  egalement ,  que  pour  retirerceux  qn'el- 
les  pourraient  avoir  endommages  ou  casses  avec 
leurs  ongles.  Quaud  cela  sera  fait ,  il  examiiiera 
au  bnut  de  dixneuf  jours  si  les  pouiets  ont  perce 
la  coquc  des  ceufs  avec  leurs  petits  Lees,  et  il 
ecoutera  s'ils  piaulent  ou  glousseat,  parce  qu'il 
arrivesouvent  que  repaisseur  de  la  coque  les  em- 
peche  d'en  sortir.  Cest  pourquoi  il  faudra  tirer 
avee  la  main  les  petits  poulets  qui  tiendront  en 
dcdans  des  osufs,  et  les  mettre  sous  la  mere,  afiu 
qu'elle  les  echauffe,  sans  cependant  continucr 


Vcnun  siilmr!)aiiis  locis,  iilii  a  ninlre  piilli  non  p\i^nis 
preliis  veninint,  piobanda  vM  ;esliva  eilncalii).  ScinpiM' 
aulem,cuni  snpponuntiir  ova.consiilcraii  debet,  iit  liina 
cresccntc  a  (lccinia  us(|uc  ad  qiiinlainilccimam  id  iiat. 
Nam  et  ipsa  siipposltio  per  lios  fere  dies  est  coinniodis- 
sima  ;  et  sic  adminisliandum  est,  ut  riirsus  cuni  exrlu- 
dnnlnr  piilli,  luna  riescal.  Diebus  (luibus  auimanlurova, 
cl  iu  specieni  VDlncrnm  conlormanliir,  tcr  scpfcni.s  opus 
cst  galliuacco  gencn.  At  pavoiiino  et  anserino,  paiilo  ain- 
plius  ter  iiuvcnis.  Qua!  si  (piando  tiiciiiit  siipponcnda 
gallinis,  prius  cas  inciihare  deceiii  dleliiis  liclibiis  alieni- 
genis  pallennir.  Tiim  deniiini  suigeuciis  (pialiiorova,  nec 
plura  (inani  <iuinque  fovenda  rccjpieiit.  Scd  ct  lia'c  ipiain 
maxiina  :  nani  ex  pusillis  avcs  ininiitie  iiasciintur.  Cum 
deinde  quis  vulet  quam  pluriinos  niarcs  cxclndi,  longis- 
.siina  qiia^quc  et  acutissiina  ova  subjicicl  :  et  riiisiis  ciini 
firn.lnas,qiiani  lotiiiidi.ssima.  Supponendi  aulem  coiismp- 
tndo  tradita  cst  ab  iis,(pii  reliiiiosins  b.rc  adniluislranl, 
ejusraodi.  l>riiiiiini  qiiam  sccretissiina  (•nbilia  eli^iint,  ne 
jncubanles  inaliices  ab  aliis  avlbus  inquielentiir  :  deinde 
anteqiiam  consteruant  ea,  diliscnler  einundaiit,  palcas- 
quc,  (inas  snb.iitraluri  sinil,  siil!:irc  ct    biluniiiie  alqiie 


ardciite  leila  pciliislranl,  el  explafas  ciihililiiis  jniiciunl, 
ita  laclis  concavalis  nidis,  nc  [ab]  ailvohinlibiis,  aut 
[eliani]  dcsilienlibus  evoliita  decidaut  ova.  Pluiiiiii  cdaiii 
iulia  ciibilium  slramenta  giaminis  aliquiil.ct  raniiilos 
laiiii,  ncc  uiinusallii  capila  cuiii  davis  IVricissiibjii-iiiiit  : 
qu.r  ciincta  rcmedio  creduntur  csse  ailMTsiis  loiiiliua, 
qiiibiis  viliantur  ova,  pulliqiic  seniironiirs  iiiliTiiiiiiiitiir 
anleqiiam  toli  pailibiissuis  consuinnicntiir.  Scivat  aiileiii 
ipii  siibjicit ,  iic  simiila  ova  in  ciibili  inann  coiiipoiial ,  scd 
toliiin  ovoruni  niiiiienim  In  alvcoliini  li<;neiiui  conrcral , 
dciiidc  iniivcrsiuii  lciiilcr  in  piicpaialiim  iiiduiii  tiaiisfun- 
dat.  Inciibaiilibiis  aiilein  ^alliiiisjiixla  ponendus  esl  cibns , 
nt  saliiric  studiosiiis  nidis  imuiorcntur,  neve  lonsiiis 
cvat;al.'c  rcriii^erenl  ova  ,  qii.c  (piannis  pedibiis  ipsa>  con- 
vcrlaut,  aviaiius  latncn  cuin  desilierint  inatrcs.ciiciimire 
ricbct,  ,nc  manu  versarc,  irt  aTp.ialilcr  calorc  conceplo 
f.i(  ilc  aiiimentur.  Quin  cliam  si  qiia  iin^uibiis  la's:i  vcl 
fiacla  siml,  ul  removeat.  Idque  ciini  lcceril,  die  iiudcvi- 
pcsimo  animariverlat,  an  pulli  roslcllis  ova  perliidcrint, 
tl  ausciilteliir,  si  pipiant.  -Nam  s.rpc  propter  cr.assitndi- 
l;eui  pulaiuiiiiini  criimpcic  nnu  (piciint.  Ilaqne  lia'reulcs 
piillos  manu  e\iniiTc  opoitcbit ,  cl  nialii  fovciidos  siibji- 


COLUMELLE. 


cette  manoeuvve  plus  de  trois  jours  ile  suite.  Car  | 
tout  CEuf  dans  lequel  on  n'entend  point  de  glous-  j 
sement  au  bout  de  vingt  un  jours  ne  renferme 
point  d'iJtre  qui  ait  vie ,  et  il  faut  alors  le  ti- 
rerdedessous  la  poule,  afin  qu"elle  ne  soit  pas 
retenue  trop  longtemps  a  le  couver  par  une  vaine 
espcrance  de  le  voir  eclore.  11  ne  faut  pas  en- 
levcr  les  poulets  a  leur  mere  a  mesure  qu'ils 
seront  eclos  un  a  un,  mais  il  faut  les  laisser  un 
jour  avec  elle  dans  le  iiid,  et  les  empecher  de 
boireetdemanger  jusqu'a  ce  qu'ils  soient  eclos 
tous.  Le  lenderaain  du  jour  ou  toute  la  couvee 
sera  eclose,  voici  comme  on  les  retirera  du 
nid.  On  les  mettra  sur  un  criblo  qui  aura  deja 
servi  a  passer  de  la  vesce  ou  meme  de  Tivraie; 
apres  quoi  on  les  parfumera  avec  de  la  fumee  de 
branches  de  pouliot,  qu'on  bri^ilera  a  cet  effet, 
parce  que  cette  plante  passe  pour  avoir  la  vertu 
de  preseryer  les  jeunes  poulets  de  la  pepie  ,  qui 
les  tue  de  tres-bonne  heure;  ensuiteon  les  renler- 
mera  sous  une  cage  avec  leur  mere  ,  et  on  les  y 
nourrira  modercment  de  farine  d'orge  cuite  dans 
de  Teau ,  ou  de  farine  de  ble  acloreus  qu"on  de- 
trempera  avec  du  vin  ,  parce  qu'il  faut  surtout 
eviter  qu'ils  ne  prenr.ent  quelque  indigcstinn. 
Cest  pour  eela  qu'ou  les  reuferme  au  bout  de 
trois  jours  dans  une  cage  avec  leur  mere ,  et  qu'on 
les  tiite  tous  avant  de  les  en  faire  sortir  pour 
prendre  de  nouvelle  nourriture  ,  afm  de  voir  s"ils 
n'en  ont  pas  qui  soit  restee  de  la  veille  dans  leur 
gosier.  En  effet,  s"ils  n'ont  pas  lejabot  vide, 
c'est  une preuve  d'indigestion ;  auquel  cas  on  doit 
lesempecher  de  manger,  jusqu'a  ce  que  leur  di- 
gestion  soit  achevee.  11  ne  faut  pas  non  phis  per- 
mettre  auxjeunes  poulets  de  s"ccarter  trop  loin; 
mais  il  faut  les  retenir  aupres  de  leur  cage  ,  en 
les  uourrissant  de  farine  d'orge  jusqu'a  ce  qu'ils 
soient  fortifies,  et  prendre  garde  qu'ils  ne  soient 
atteints  du  souffle  des  serpents ,  dont  fodeur  est 


si  pestilentielle  pour  ces  animaux  qu'elle  les  fait 
infaillibiementmourir.  On  previent  cet  accident 
en  brulant  souvent  aupres  d'eux  de  la  eorne  de 
cerf,  ou  du  galbanum,  ou  des  cheveux  de 
femme ,  parce  qu'ordinairement  la  fumee  de 
toutes  ces  matieres  ehasse  au  loin  ces  animanx 
pestilentiels.  Mais  il  faut  aussi  avoir  soin  qu'ils 
soient  toujours  maintenus  daus  une  chaleur  mo- 
deree  ,  parce  qu'ils  ne  peuvent  supporter  ni  le 
chaud  ni  le  froid ;  aussi  la  meilleure  melhode 
est-elle  de  les  tenir  enferraes  avec  leur  mere 
dans  riuterieur  du  poulailler,  et  de  ne  leur  lais- 
ser  la  libertc  de  eourir  qu'au  bout  de  quarante 
jours.  11  faut  encore  les  prendre  souvent  entre 
les  mains,  dans  les  premiersjours  du  tempsque 
Ton  peut  eonsiderer  eomme  leur  enfauee,  et  leur 
plumer  le  dessous  de  la  queue,  de  peur  que  la 
flente  venant  a  salir  les  plumes  de  cette  partie, 
elles  ne  s'endurcissent,  et  ne  finissent  par  boucher 
lesconduitsnaturels.  Ilarrive  memesouventque, 
quelque  precaution  que  fon  preune  a  cet  egard, 
leur  ventre  n'a  point  d"issue  pour  se  vider,  au- 
quel  cas  on  le  perce  avec  uue  plume  pour  facili- 
ter  fexpulsion  de  leurs  excrements.  II  faudra 
aussi  empecher  que  la  pepie  ne  devienne  funeste 
tant  aux  poulets  lQrsqu"ils  seront  devenus  forts, 
qu'aux  meres  elles-niemes.  A  cet  cffet  on  leur 
donnera  de  feau  tres-pure  daus  des  vases  tres- 
propres,  et  on  parfumera  tmijours  les  poulail- 
lers,  en  les  nettoyant  de  facon  qu'il  n'y  reste 
point  de  fiente.  Si  malgre  ces  precautions  ils 
sont  attaques  de  celte  raaladie ,  11  y  a  des  per- 
sonnes  qui  leur  fourrent  dans  le  gosier  des  gousses 
d'ail  detrempees  dans  de  Ihuile  tiede.  l)'autres 
leur  versent  de  1'urine  d'liomme  tiede  dans  le 
bec,  qu'ils  tiennent  bien  serre,  jusqu'a  ee  que 
ramertume  de  cette  liqueur  les  force  de  rejeter 
par  les  narines  le  resultat  des  nausees  occasion- 
necs  par  cette  raaladie.  11  est  eucore  bon  de  leur 


core,  iili|ue  non  ainpllus  tiidiio  facere.  Nam  posl  iiniiin  ct 
vigesininm  diem  silentia  ova  carent  aninialibus  :  eaque 
reniovenda  sunt,  ne  incubans  inani  spe  diulius  detinca- 
lureflueta.  Pullos  autem  nonoportetsingulos,  ut  qnisque 
natus  sit,  tollere,  sed  nno  die  in  cubili  sineiecum  matie, 
ct  aqua  ciboque  abstinere,  dum  omnes  excludantur. 
Postero  die ,  cum  grex  fueiit  effectus ,  hoc  niodo  deponi- 
tur.  Cribro  viciario ,  vel  etiam  loliario ,  qui  jani  fueril  in 
nsu,  pulli  superponantur,  deinde  pulegii  sureulis  funiigen- 
lur.  Ea  res  videtur  prohibere  pituilam,  quse  celeirinie 
leneros  interficit.  Post  b^c  cavea  cum  malre  claudendi 
sunt,  et  faire  ordeaceo  cum  aqua  incocto,  vel  adoreo 
farre  ,  vino  resperso  modice  alendi.  Nam  maxime  cruditas 
vitanda  est  :  et  ab  liocjam  tertia  die  cavea  cum  niatre 
conlineudi  sunt,  priusque ,  quani  emiltantur  ad  recentem 
cibum  ,  singuli  lentandi ,  ne  quid  Jicslerni  habeant  in 
gullurc.  Nam  nisi  vaciia  est  ingluvies ,  cruditatem  signi- 
lical,  abstineriqne  debent,  dum  concoquanl.  Longius 
autem  non  est  permiltendum  lencris  evagaii,  sed  circa 
caveain  conlinendi  sunl,el  farina  oideacea  pasifiuli  iliim 


coiioboienliir  :  caveiidumque  ne  a  serpentibus  adllentur, 
qnanim  odor  lam  peslilens  est ,  ut  interimat  universos. 
Id  vitatur  sjppiiis  incenso coinu  cervino ,  vel  galbano ,  vcl 
muliebricapillo;  quorumomnium  feie  nidoiibus  praedicla 
pestis  submuvetur.  Sed  et  curandum  eiit,  ut  tepide  he- 
beantur.  Nam  nec  calorem  nec  frigus  sustinent.  Optimum- 
que  est  intra  officinam  clausos  liaberi  cum  matre ,  et  post 
qnadragesinium  diem  poteslatem  vagandi  fieri.  Sed  primis 
qiiasi  infantia;  diebus  pertractandi  sunt,  plumulaeque  sub 
cauda  clunibus  detrabenda;,  ne  stercoie  coinquinatae  du- 
rescant,et  naturalia  praecludant.  Quod  quamvis  caveatur, 
Sispe  lamen  evenit,  ut  alvus  exilum  non  babeat.  Itaque 
pinna  perlunditur,  el  iter  digestis  cibis  prsbetur.  Sed  et 
jam  validioribus  faclis ,  atque  ipsis  maliibus  eliam  vi- 
tanda  piluitae  pernicies  eiit.  Qua;  ne  fiat,  mundissimis 
vasis  et quam  puiissimam  piaibebimus aquam  :  nec minus 
gallinaiia  semper  fumigabimiis,  et  emundala  stercore 
liberabimus.  Qiiod  si  tameii  pestis  perraanserit ,  sunt  qiii 
spicasalii  tepido  madefactas  oleo  faucibus  inserant.  Qni- 
dam  bominis  uiiiia  tepida  liganl  ora,  ct  tamdiii  compii- 


DE  LAGRICULTURE,  LIV    VIIL 


donner  de  cette  vigne  que  les  Grees  appellent 
(Jypta  cTTctcpuXri ,  melee  avec  leiir  nourriture ,  ou 
broyeo  et  jetee  dans  Teau  qu"ils  doivent  boire. 
Ces  remcdes  ne  s'ennploient  neaiimoins  que  dans 
le  temps  ou  la  maladie  n'est  pas  eneoie  forte  : 
car  si  lapepie  euveloppe  rocil ,  ct  quc  les  poulets 
refusent  toutenourriture,on  leur  ouvic  les  joues 
avec  un  fer,  et  on  en  exprime  tout  le  pus  qui  est 
rassemble  sous  lesyeux,  aprcs  quoi  on  siupou- 
dre  la  plaie  avecun  pcu  de  sel  esruge.  Cette  ma- 
ladie  leur  vient  communement  lorsqu'ils  ont 
souffert  du  froid  ou  de  la  faim,  dc  niemc  que 
lorsqu'ils  ont  bu  en  iHe  de  Teau  qni  a  eroupi  daus 
les  cours,  ouqu'ou  leura  laissemangerdes  figues 
ou  des  raisins  verts,  quoiqu'ils  n'en  aicnt  pas 
ete  rassasics.  Ce  sont  en  effet  toutes  nourritures 
qu'il  faut  leur  refuser  :  or,  pourlcs  eu  degouter, 
ilsuffira  de  leur  pr6senter,  quand  ilsauront  faim, 
une  grappede  raisin  sauvagc  vert  eueiliie  dans 
des  buissons,  aprcs  ravoir  fait  cuire  avcc  de  la 
fincfarinede  froment.  Effectivemeutces  oiscaux, 
offenses  par  le  gout  de  ce  fruit ,  fcront  ensuite 
peu  dc  cas  de quelque  especc  de  raisin  quc ce  ptiis- 
se  etre.  II  en  sera  de  merae  de  la  figue  sauvage, 
qui,  mise  dans  leur  mangeallle  apres  avoir  cte 
cuite,  leur  donnera  egalement  du  degout  pour 
les  tigues.  II  faut  aussi  suivre  par  rapport  a  ce 
betail  Tusagc  qu'oti  pratique  parrapport  aux  au- 
tres  bestiaux  ,  et  qui  eonsiste  a  ehoisir  les  meil- 
leurs  d'entre  ces  animaux  et  a  vendrc  les  moins 
bons,  de  faeon  que  le  nombre  s'en  trouve  di- 
minue  toutes  les aiuices en  automne,  temps auquel 
ils  ccssent  de  rapporter  du  profit.  On  se  defera 
donc  des  vieillcs  poules,  c'est-a-dire,  de  celles 
qui  aurout  trois  ans  passes,  aiusi  quc  de  cciics 
qui  seront  peu  fecondes  ou  qui  ne  serotit  pas 
bonncs  nourrices,  et  particulierement  de  eclles 
qui  seront  liabituces  a  mauger  leurs  propres  ccufs 


3C.'; 

ou  ceux  des  autres.  On  se  dcfcra  encore  de  cel- 
les  qui  auront  commcnee  a  ebanter  et  meme 
k  gratter  la  ferre  a  la  mode  des  miiles,  et  en- 
fin  des  poulets  tardifs,  qui ,  n'etant  cclos  qu'a- 
pres  lc  solstice,  n'aurnnt  pas  pu  prendre  tout 
lcur  accroissemcnt.  Quaut  aux  males,  on  ne 
suivra  pas  la  meine  nictbodc  ,  et  Tou  eonservera 
au  contraire  ceux  d'entre  eux  qui  seront  bons , 
tant  qu'ils  seront  en  etat  de  coquer  les  poules  , 
d"autant  quc  Tou  trouve  bien  peu  de  bons  eoqs. 
II  faut  aus';!  retranchcr  aux  poules  les  nourritures 
couteuses  dans  le  temps  ou  nous  avons  dit  qu'el- 
les  cessaient  de  poiidre,  c'est-a-dirc,  depuis  les 
ides  de  novembre.  On  se  coutentera  de  leur 
donner  alors  du  marc  de  raisin,  qui  suffira  pour 
les  nourrir  cornmc  i(  faut,  pour  peu  qu'on  y  joi- 
gne  de  temps  en  temps  des  criblures  de  froment. 

VL  La  conservation  desoeufs  pendant  un  lon« 
espace  de  temps  est  encore  un  soin  qui  u'est  pas 
etranger  a  la  matiere  que  nous  traitons.  On  les 
garde  fort  bien  pendant  rbiver  en  les  envelop- 
pant  de  paille,  ct  eu  etc  en  les  tenant  daus  du 
son.Quelques  pcrsonnes  commeucentpar  lescou- 
vrir  pendant  six  heures  de  sel  egruge,  de  sorte 
qu'elles  nc  les  cnfonceut  dans  la  pnille  ou  dans  le 
son  qu'apres  les  avoir  essuyes.  D'autres  entas- 
seut  par-dessus  des  fevcs  avec  leur  peau,  et  beau- 
coup  memey  entassent  des  feves  moulues  :  d'au- 
tres  les  couvrent  de  sel  non  egruge;  d'autrcs 
enfiu  les  font  durcirdans  de  la  saumurc  chaude. 
Mais  si  le  sel ,  egruge  ou  non ,  preserve  d'un 
cote  ies  ceufs  de  la  eorruption,  d'un  autre  cote 
il  diminue  leur  grosseur,  en  erapechant  qu'ils  ne 
resteut  pleius,  ec  qui  cloignc  racbetenr.  Aussi 
ceux  meme  qui  nc  fontque  les  tremper  dans  de  la 
saumure  ne  les  conservent-ils  jamais  dans  leur 
entier. 

VII.  Quoique  rengrais  des  poules  soit  plut6t  du 


miint,  diim  eas  amaritiido  cogat  pei  naiesemoliiipiliiilae 
naiisp.uu.  Uva  quoque,  qiiaili  Gra'ci  aYpiav  iTTi^viXfiV 
vocaiil,  ciiin  cibo  iiiista  prodest;  vcl  eadein  peitrita ,  et 
ciim  a<pia  poliii  dala.  Atque  h;ec  lemedia  mediociiter 
laboraiitibiis  adhibentur.  IN.im  si  pituila  circumvenit  ocii- 
los ,  eljam  cibos  avis  icspiiit,  lciio  resiindiinliir  yenoe, 
el  coacla  sul)  ocnlis  sanies  omnis  e\priiniliir  :  alipie  ila 
pauliim  friti  salis  vulneribus  infricatur.  Id  |iorro  villniii 
maxinie  nascitiir  ciini  frigorc  e.t  pemiria  cilii  laboiaiil 
avi's  :  itcm  ciiin  pcr  .'fstatcni  consislens  iii  coliortibus 
aqiia  potalur  ;  item  ciiin  liciis  ant  iiva  immatiira  ncc  ad 
salietateni  permissa  est ,  quibns  scilicet  cibis  ahstinenil.T 
sunl  aves  :  cosque  ut  faslidiant  efficit  uva  labriisca  de 
vepribns  immalura  lecta ,  qua;  cum  farre  triticco  ininuto 
coctaobjititur  esiirientibus,  ejusque  sapoie  offensa!  aves 
omiiein  asperiiautiir  uvam.  Siinilis  ratio  est  eliam  capri- 
fici,  qiia;  deciKlacnm  cibo  pr.-cbetur  avibns,  cl  ila  (ici 
fastidiuni  creat.  Mos  quoque,  sicut  in  ca'teris  peciidibus, 
cligendi  quamque  optiniam  et  delcrioreni  vcndendi ,  ser- 
velur  eliam  in  lioc  ^enere,  ut  per  autumui  teinpus  omni. 
busanuis,  ciim  fni:;lii6  i=':iruni  cessat ,  niimcrus  quoqiic 


minuatur.  Submovebimus  autcm  veteres,  id  est,  quae 
(limatijm  excesscniiit  :  itein  qiia;  aiit  parum  fceciindae, 
aut  paruni  bona;  niiliices  sunt,  et  pra^cipne  qiia;  ova  vel 
sua  vel  aliena  consnmuiit  :  nec  ininiis,  qua»  vclut  mares 
canlare,  atqiie  eliam  calcaie  coepcrunt  :  iteni  seiotini 
piilli.qiii  ab  solslitio  nati  capere  justum  inciementuin 
non  potiierunt.  In  masculis  aiitem  non  eadem  rafio  ser- 
valiiliir;  sed  lamdiii  riistodiemus  genero.sos ,  quamdiu 
firniiiias  impleie  potiierint.  Nain  rarior  est  in  liis  avibiis 
inariti  bonitas.  ICodem  qiioque  lcmpore  cum  parere  desi- 
iicut  aves,  id  est.ab  idibns  iNoveinbribuspreliosiorescibi 
subfralicndi  siint,  et  vliiacea  piwbenda,  quae  safis  com- 
mode  pascunl ,  adjecfis  iiitcnlum  tritici  excrementis. 

V(.  Ovoiiim  quoqiie  lon^ioris  fcmporis  custodia  non 
alicna  est  liuic  cuia;  :  qua;  conimode  servanlur  per  liic- 
mem,  si  paleis  obruas ,  a'state,  si  furfuribus.  Quiilam 
priiis  trito  sale  sex  horis  adiiperiunt :  deinde  eluunt ,  atquc 
ita  paleis  aiit  (urluriliiis  obriiiinl.  ^onnulli  solida,  inulli 
ellain  fresa  lalia  coa;;^craiit  :  alii  salihiis  inlcgris  adopc- 
riiint :  alii  niiiria  tepctacla  diuaiil.  Scd  omnis  sal,  qiitm- 
ailiuodiiin  noii  palilur  putic^icic ,  ila  ininiiit  ova,   nec 


COLIIMELLE. 


ressort  d'uu  volnillcf  quc  de  celui  d'iin  homme  de 
la  eampagne,  j'ai  cependaiit  cru  devoir  eu  don- 
ner  la  methode,  par  la  raison  que  la  pralique 
n'en  est  pas  difficile.  II  faut  avoir  pour  cela  un 
lieu  trfes-chaud ,  et  dans  lequel  il  penetre  tres- 
peu  de  jour.  On  y  mettra  les  poules  renfermecs 
chacune  dnns  des  cai;es  tres-etroites,  ou  dans  des 
paniers  suspendus  en  Tair,  de  faeon  qu'elles  y 
soient  resserrees  au  point  de  ne  pouvoir  pns  se 
remuer.  Mais  il  y  aura  une  ouverture  a  chacun 
des  deux  cotes  opposes  de  cetle  cage  ou  de  ce 
panier,  de  facon  qu'elles  puissent  passer  la  tcte 
par  Tune  de  ces  ouvertures ,  et  le  derriere  ninsi 
que  la  queue  par  Tautre,  afin  de  pouvoir  pren- 
dre  leur  nouri'iture  et  en  rendre  le  superflu  lors- 
qu'elle  sera  digeree,  sanssesaliravec  leur  fiente. 
On  etendrasous  elles  de  la  paille  tres-propre  ou 
du  foinmollet,  c'est-a-dire ,  du  regnin,  parce 
que,  si  elles  etaient  couchees  durement ,  elles 
n'engraisseraient  pas  faciiement.  On  leur  arra- 
chera  toutes  les  plumes  de  la  tete,  ainsi  que  celles 
de  dessous  les  ailes  et  celles  des  cuisses ,  tant 
afiu  qu"il  ne  s'y  engendre  point  de  vermine , 
qu'afin  que  la  fiente  ne  leur  occasionne  pas  d'ul- 
cercsaux  parties.  On  leur  donne  pour  nourriture 
de  la  farine  d'orge  ,  que  lon  paitrit  apr6s  Tavoir 
arrosee  d'eau  ,  et  dont  on  fait  des  boulettes  qui 
servent  a  les  engraisser.  Ou  ne  doit  cependant 
leur  en  donner  qu'avec  menagement  les  premiers 
jours ,  et  jusqu'a  ce  qu'elles  soient  habituees  a  cn 
digerer  une  plus  grande  quantite,  parce  qu'il 
faut  surtout  eviler  les  indigestions  ,  et  ne  leur 
donner  par  consequent  qu'autant  de  nourriture 
qu'elles  en  pourront  digerer.  11  faut  meme  eviter 
de  leur  en  donner  de  nouvelle  avant  d'avoir  tate 
leur  jabot,  et  de  s'etre  assure  qu'il  n'y  en  reste 
point  d'ancienne.  Lorsqu'ensuite  elles  seront  ras- 


sasiees ,  on  descendra  la  cage,  ct  on  les  en  laissera 
tant  soit  peu  sortir  :  non  pas  neanmoins  pour 
lcur  perraeltre  de  courir,  raais  plul6t  pour  leur 
donner  la  liberte  de  ehercher  avec  le  bec  la  ver- 
inine  qui  peut  les  piquer  ou  les  mordre.  Voilaa 
peu  pres  la  methode  que  suivent  communeraent 
ceu\  qui  cngraissent  la  volaille.  Car  pour  ceux 
qui  06  tiennent  pas  a  engraisser  des  poules, 
mais  qui  veulcnt  encore  les  attendrir ,  ils  versent 
de  rhydromel  nouveau  sur  la  farine  que  nous 
avons  indiquce,  pour  les  en  farcir  ensuite.  Quei- 
ques-uns  les  eiigraissent  avec  du  pain  de  froment 
trerapedans  un  quartde  bon  vin  surtrois  quarts 
d'eau.  Une  poule  que  Ton  a  commence  a  raettre 
a  rengrais  le  premier  jour  dc  la  lune  (attention 
qu'il  faut  aussi  avoir)  se  trouvera  parfaitement 
engraissee  le  vingtieme.  Mais  s'il  arrive  qu'elle 
se  degoute  de  cette  nourriture,  il  faudra  lui  en 
diminuer  la  dose  pendant  autant  de  jours  qu'il 
y  en  aura  d'ecoulcs  dcpuis  qu'on  aura  comraence 
a  rengraisser ,  de  facon  neanraoins  que  toute  la 
duree  de  rengraissement  n'aille  point  jusqu'au 
viugt-cinquieme  jour  de  la  liine.  Au  surplus, 
une  des  preinieres  attentions  qu'il  faudra  avoir 
consistera  a  reserver  les  plus  grandes  poules  pour 
les  tables  les  plus  delicates  :  c'est  le  moyen  d'e- 
tre  bien  dcdommage  de  sa  peine  et  de  sa  de- 
pense. 

YIII.  On  emploie  avec  succes  la  mcrae  rae-, 
thode  pour  rendrc  tres-gras  les  pigeons  ramiers 
ainsi  que  ceux  de  voliere ,  quoiqu'il  n'y  ait  pas 
autant  de  profit  a  engraisser  ces  sorles  d'oiseaux 
qu'ii  les  elever.  En  effet,  c'est  encore  un  genre 
de  soin  (|ui  n'est  pas  etranger  a  la  bonne  econo- 
mie  d'un  horame  de  la  carapagne,  que  celui  de  se 
pourvoir  de  ces  aniraaux.  Au  leste ,  il  y  a  molns 
d'embaiTas  a  les  lilever  dans  des  contrees  eloi- 


siiiit  pleiia  permaiiere  :  qua;  rcs  ciiienlem  delerrel.  Ilaque 
iieiiimuiiam  quldem  qui  demitlunt ,  integiitatem  ovoruni 
lOtiservanl. 

VII.  1'iuguemquoquefaceregallinaiii  ,quainvlsfarlon3, 
non  rusllcl  sitonicliiin,  tamen  quia  non  aegre  conliiigit, 
piaicipieiiilum  piitavi.  Locus  ad  liaiic  lem  desideratur 
maxime  calidus,  et  minimiliiniiiiis,inquosingul:iec,avels 
anguslioribus  vel  spoi  tis  inclusa:  pendeant  aves ,  sed  ila 
coaictatae,  neversaii  possiiit.  Aeium  liabeant  e\  uliaque 
parte  foramina  :  unum ,  quo  capul  exeralur ;  alleriim ,  qiio 
cauda  clunesquc;  ul  et  cibos  capere  possint ,  et  eos  di- 
geslos  slc  edere,  ne  steicore  coinquinentur.  Substcrnatur 
.uitem  miindlssiina  palea  ,  vel  molle  fonum ,  id  est ,  cor- 
ilum.  Nani  si  durc  ciibant,  non  facile  pinguescunt.  Pliima 
omiils  e  capitc  et  subalisalque  clunlbusdeteigetnr  :  illic, 
ne  pediculum  creet ;  liic ,  ne  steicore  loca  natiiralia  exul- 
ceret.  Cibus  autem  pisebetnr  ordeacea  farina,  quae  cum 
est aqua  conspersa  et  subacla,  formanlnr  offa;,  quibus 
aves  saginantur.  Ejb  tamen  priniis  dlcbus  dari  parcius 
dobent,  dum  plusconcoquere  consuescant.  Nam  cruditas 
vitanda  esl  niaxime ,  tantumque  pra^bendum ,  quantuin 
difiersre  possint :  iieqiie  anle  recens  admovenda  csl,  quani 


lentato  giitliiie  appanierit  nibil  veteiis  cscae  remansisse. 
Cum  deinde  saliata  est  avis,  paululum  deposita  cavea 
dimiltitur,  sed  ita  ne  vagetur,  sed  potius ,  si  quid  est  qiiod 
cam  stimulet  aut  mordeat,  rostro  perseqiiatiir.  Hajc  [enim] 
feie  communis  estcura  farcientlum.  Nam  illi  qui  volunt 
non  soliim  oplmas ,  sed  etlam  leneias  aves efficere ,  mul- 
sea  recenle  aqua  piKdicli  generis  farinam  conspergunt ,  et 
ita  farciunt  •.  nonniilli  tiibus  aquae  partibus  unam  boni 
vini  miscent ,  madefactoque  ti  iticeo  pane  obesant  avem ; 
qiiae  prinia  liina  (quoniam  id  quoqiie  custodiendum  est) 
saginari  ccepta ,  vigesima  pergliscit.  Sed  si  fastidiet  cibum, 
tolideni  diebus  minuere  oportebit,  quot  jam  farturae 
processerint :  ita  tamen ,  ne  tempiis  omne  oplmandi  quia- 
tam  et  vigesimam  lunam  superveniat.  Antiquissimum  est 
autem  maxiraam  quamque  avem  lautioribus  epulis  desti- 
nare.  Sic  enim  digna  merces  sequitur  opeiam  et  impen- 
sani. 

Ylll.  Hac  eadem  ratioiie  paliimbos  columbosque  cel- 
lares  pinguissimos  facere  coiilingit  :  neque  est  tamen  \n 
columbis  farcicndis  tantus  redilus,  qiianlus  in  cducandis. 
Nam  ctiam  borum  possessio  iion  abliorret  a  cuia  boni 
rustici.  Sed  id  jjenus  minorc  fiilcla  pasciliir  kmginquis 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.   VIIL 


gnees,  parcequ'on  lcs  y  laisse  sortirlibrement,  et 
qu'ils  revienncnt  habitueliempnt  aux  lieux  qu'on 
leur  y  assigne  sur  le  haut  des  tours  ou  dans 
des  bStiments  tres-eleves,  moyennant  des  fene- 
tres  qu'on  y  laisseouvertes,  et  a  travers  lesquel- 
les  ils  passent  pour  aller  chercher  leur  nouni- 
ture.  On  leury  donne  a  la  verite  pendant  dcu\ 
ou  trois  mois  de  la  nourriture  qu'on  a  soin  d'a- 
voir  eu  reserve  ;  raais  pendant  les  auties  mois  ils 
se  nourrissent  eux-memes  des  grains  qu'ils  trou- 
ventdansles  champs;  au  lieu  qu'ils  ne  pourraient 
pas  le  faire  egalement  dans  le  voisiuagc  des  vil- 
les,  oii  ils  sont  exposes  a  tomber  dans  les  picges 
de  toute  espece  que  leur  teiidcnt  les  oiseleurs. 
Cest  pourquoi  on  doit ,  dans  ce  dernier  cas  ,  les 
nourrir  a  la  maison  ,  eu  les  renfermant  dans  un 
endroit  de  la  metairie  qui  ne  soit  ni  a  fleur  de 
terre  ni  froid  ,  c'est-a-dirB,  sur  un  plancher  eons- 
truiten  un  lieu  eleve,  et  expose  au  midi  d'hiver. 
On  en  creusera  les  murs ,  pour  y  disposer  des 
rangees  de  nids  de  la  maniere  que  nous  avoiis 
deja  prescrite  en  pariant  du  poulailler,  et  qu'il 
est  inutile  de  repeter  ici.  Si  l'on  ne  juge  pas  a 
propos  de  suivre  cette  metliode,  on  enfoneera 
dans  les  raurs  des  eorbeaux  sur  lesquels  on  met- 
tra  des  planches ,  qui  porteront  ou  des  cases  dans 
lesquelles  ces  oiseaux  feront  leurs  nids,  ou  des 
sebiles  de  terre  cuite ,  precedees  de  vestibules 
qu'ils  auront  a  traverser  avant  de  parvenir  a  leurs 
nids.  On  doit  revetir  tout  le  colombier  ainsi  que 
les  nids  memes  despigeons  d'un  enduit  blanc, 
parce  quc  cette  couleur  est  celle  qui  plait  le  plus 
ii  cette  espeee  d'oiseaux.  11  faut  egalement  tn 
lisser  les  murailles  en  dehors,  et  principalement 
aux  environs  de  la  fenetre  ,  qui  sera  placee  de 
facon  que  le  solcil  reclaire  peudant  la  plus 
grande  partie  desjours  d'hiver,  et  qui  donnera 
daus  une  cage  assez  ample  et  garuie  de  filets, 


pour  empgcher  les  oiseaux  dc  proie  d'y  cn- 
trer.  Ceftc  cage  servira  d'asile  aux  pigeons  ,  qui 
sortiront  du  colombier  pour  semettre  au  soleil , 
en  meme  temps  qu'elle  donnera,  aux  mcres  qui 
couvent  leurs  anifs  ou  leurs  petits  ,  la  faeulte  de 
prendre  Tair  au  dehors,  ee  qui  leur  est  necessairc 
pour  empecher  quc  respeee  de  servitude  a  la- 
quelle  les  reduirait  une  geiie  eontinuelle  ne  les 
chagrine  au  poiut  de  toraber  malades.  En  effet, 
il  leur  suffit  de  voltiger  tant  soit  peu  autoiir  des 
batiments  pour  s'egayer  et  se  refaire,  et  pour 
retourner  ensuite  avec  plus  d'ardeur  a  leur  cou- 
vee,  qui  ne  leur  perraet  pas  de  s'enfuir,  ni  meme 
de  s'ecarter  trop  loin.  Les  vases  dans  lesquels  on 
mettra  leur  eau  doivent  etre  semblables  a  ceux 
des  poulcs  ,  c"est-a-dire  qu'ils  doivent  etre  per- 
ces  de  trous  assez  grands  pour  que  les  pigeons 
puissent  passer  leurs  cous  a  travers  pour  y  boire , 
sans  cependant  pouvoir  y  passer  le  corps  au  cas 
qu'ils  veulent  s'y  baigner ,  parce  (]u'il  ne  leur  esl 
pas  avantageux  de  se  baigner,  par  rapport  aux 
auk,  et  aux  petits  qu'ils  sont  le  plus  so\i\ent  oc- 
cupes  a  couver.  Au  reste,  il  faudra  repandre  leur 
mangeaille  le  long  du  mur,  parce  que  c'est  ordi- 
nairement  la  seulc  partie  du  eolombier  ou  il  n'y 
a  point  de  fieute.  La  vesceou  Ters,  ainsi  que  In 
petite  lentille,  le  millet  et  l'ivraie,  et  meme  les 
criblures  de  froment  ou  toute  autre  espece  de  le- 
gumesdont  on  nourritegalement  lespoules,  pas- 
sent  pouretre  la  meilleure  nourriture  de  ces  ani- 
maux.  II  faut  balayer  de  temps  en  temps  le 
colombier  ct  le  nettoyer,  parce  que  plus  il  sera 
propre  ,  plus  le  pigeon  paraitra  gai ,  d'autant  que 
c'est  un  oiseau  si  difficila  a  contenter  ,  que  sou- 
vent  il  prend  sa  demeure  en  aversion  ,  et  finit 
mcme  par  la  quitter  quand  il  a  la  facult^  de  s"en- 
voler,  ce  qui  arrive  frequemment  dans  les  pays 
ou  on  lui  laisse  une  liberte  entiere.  Voici  un  pre- 


regionibus,  ubi  liber  egressus  avibus  permiUiUir :  qnn- 
uiam  vel  summis  tiiiiibus,  vel  edilissimis  tfdificiis  assi- 
gnatassedeslrequentanl  patenlibus  lcnestris,  per  qiiasad  re- 
qiiirendos  cibos  evolitant.  Duobiis  tanien  aut  tribus  inen- 
sibus  aceeplant  coiiditiva  cibaria ,  ca'teris  seipsas  pascunt 
semiuilius  asiestibus  Sed  bucsiiburbanis  locis  facere  non 
possunt,  quouiam  inteicipiuntur  variis  uiiciiiiiim  insidiis. 
llaqueclausaeintraleclum  pasci  del)ent ,  nec  in  planovilla; 
loco,  nec  iii  frigido  :  sed  in  edito  lieri  labulatum  oportel , 
quod  aspiciat  hibernum  nieiidiem.  Ejusque  parietos,  ne 
jain  dicta  iteiemus,  ut  in  orniUione  pra^cepinius ,  conlinuis 
cubilibus  cxcaventur  :  vcl  si  non  ila  couipelil,  paxillis 
adaclis  tabula:  superponantur,  qiia;  vel  loculamenta ,  qui- 
bus  uidificcnt  aves ,  vel  lictiliacoluuibaria  recipiant,  piic- 
posilis  vcslibulis,  per  quic  .ad  cubilia  pervenianl.  Tolus 
autein  locus  et  ipsse  columbarum  cella;  poliri  debent  albo 
lectorio ,  qiioniam  co  colore  prspcipiic  delcclatiii'  boc  genus 
avium.  Nec  miniis  cxtrinsecus  lcvigari  parieles,  niaximc 
circa  feneslrani  :  et  ea  sil  ila  posila  ,  ut  majore  parte  bi- 
berni  diei  solem  admillal,  habeatque  appositam  satis 
sinplam  caveain  retibiis  emunitam ,  qua;  evcliidat  accipi- 


tres,  et  recipiat  egredientes  ad  apricationem  coliinibas, 
nec  niinus  iii  agros  cmittat  niatrices ,  qujc  ovis  vel  pullis 
incubanl,  ne  quasi  i;iavi  perpetua;  cuslodia;  servilio  cou- 
Irislala;  senescant.  Nam  cuin  pauliim  cirta  adilicia  volita- 
vcriiit,  exbilarata;  recreantiir,  et  ad  fo-lus  suos  vegetiores 
redeunt,propterquosueloii;;iiisquicleiuevasari  aiil  fugere 
conanlur.  Vasa ,  quibus  aqiia  prif  lii'liir,  siiiiilia  esse  debeut 
j;illinariis,  qua;  cnlla  bibiiiliiiiii  ailinillant,  et  cupientes 
lavaii  propter  aiisiislias  noii  rc<ipiaut.  rSam  id  facere  eas 
iiec  ovis  iiec  piilli.>,  r|iiiliiis  pliTiiiiiiiiieinciibant.  expedit. 
Ca'terum  cibos  jiivla  parieteiii  ciiiuciuet  spargi ,  quuiiiam 
ferc  pailes  «c  columbaiii  caientstercore.  Conimodissima 
cibaiia  piitanlur  vicia,  velervum,  tum  etiani  lenticula, 
miliumqiie  ct  lolium ,  nec  minus  cxcrela  trilici ,  el  si  qua 
sunt  alia  legiimiua,  qiiibus  etiam  gallinse  alunlur.  Lociis 
auteni  siibinde  converri  et  emundari  debel.  Nani  quanlo 
esl  cullior,  lanlo  I.elior  avis  coiispicitiir,  eaipie  lain  las- 
tidiosa  est,  ul  siepe  sedcs  siias  perosa ,  si  delur  avolandi  po- 
lesta.s,  reliuquat.  Id  quod  frequenter  iii  liis  regionibus ,  ubi 
liberos  liabenl egressiis ,  accidcrc solet.  Id  ne  liat ,  velusest 
Uemociilipriieceplum.Gcnusaccipitristinnuncuhmivocau» 


372 


COLUMELLE. 


ccpte  ancicn  donne  par  Democritc,  pour  obvier 
a  cet  accidcnt.  II  y  a  nnc  espece  d'oiseau  de  proie, 
appelc  tinnunculus  (crecerelle)  par  les  gensdcla 
campagne,  qui  fait  commuuement  son  nid  dans 
les  huliments.  On  enferrae  donc  les  petits  de  cet 
oiscau  tout  vivant  dans  les  pots  de  terre ,  que 
l'on  enduit  de  platre  apres  les  avoir  couverts,  et 
on  suspcnd  ces  pots  dans  les  coins  du  colombier; 
au  moyen  de  quoi  les  pigeons  s'attachent  si  forl 
nii  meme  lieu,  qu'ils  ne  rabandonnent  plus  ja- 
raais.  II  fautchoisir,  pour  en  elever  d'autrrs, 
les  pigeons  qui ,  sans  etre  ni  vieux  ni  trop  jeu- 
nes,  sont  forts  de  corps ,  et  avoir  rattention , 
autant  que  faire  se  peut ,  de  ue  jamais  separer , 
les  unsdesautrcs,  les  petitsd'une  memecouvee, 
parce  qu'ordinairement,  quandils  sontainsi  ma- 
lies  ensemble , iis  donuent  un  plus grand  nombre 
de  couvees;  ou  si  on  les  separe,  il  faut  au  moins 
eviter  de  marier  ensemble  des  pigeons  d'especes 
differentes,  teis  que  ceux  d"Alexaudrie  et  ceux 
de  la  Campanie,  parce  que  ces  animaux  s'atta- 
chent  moins  a  ceux  qui  ne  leur  ressemblent  point 
qu'a  ceux  de  leurespece,  et  que  des  lors  ils  s'ac- 
coupleut  rarement,  et  souvent  ne  pondent  point. 
Par  rapport  a  leur  plumage ,  on  u'a  pas  approuve 
dans  tous  les  temps  la  memecouleur,  et  les  avis 
sont  encore  aujourd'hui  partages  la-dessus  :  e'est 
pourquoi  il  n'est  pas  aise  de  diie  quelle  est  la 
meilleure.  La  couleur  blanche,  que  Ton  reneon- 
tre  coramunement  partout,  u'est  pas  trop  du 
gout  de  certaines  personnes;  il  est  vrai  qu'elle 
n'est  pas  dans  le  cas  d'etre  rejetee  dans  les  pi- 
geons  que  Ton  tient  renferraes ;  raais  on  ne  sau- 
rait  trop  la  desapprouver  dans  ceux  qu'on  laisse 
en  liberte,  parcequ'elle  se  fait  remarquer  tres-ai- 
sement  des  oiseaux  de  proie.  Pour  leur  fccondite, 
quoiqu'elle  soit  tresinferieure  a  celle  des  pou- 
les  ,  elle  est  neanmoins  d'un  produit  encore  plus 
grand  que  la  leur,  puisque ,  quand  ils  sont  bons, 
ils  elevent  des  petits  jusqu'a  huit  fois  par  an ,  et 

ruslicl ,  qiii  feie  in  oedlficiis  nidos  facit.  Ejus  puUi  singiili 
ficlilibusolliscoiuUinUn',  spirantlbiisque  opprcula  suppi  po- 
nunlur,  ct  sypso  lila  vasa  in  angnlis  columbariis  snspon- 
«lunUir  :  qnoc  res  avibus  ainorem  loci  sic  conciliat,  ne 
unquani  deserant.  Eligenda;  vero  sunt  ad  educationera 
neque  vetula' ,  nec  nimiiim  novellae ;  sed  corporis  niaximi : 
curandumqiie,  si  fieri  possit,  ut  pulli,  quemadmodum 
excUisisunl,  nunquam  separentur.  Nam  fere  si  sic  irmri- 
tata^  siint ,  plures  educant  fcetus.  Sin  aliter,  ccrte  nc  alieni 
!;i'neris  conjnngantur,  nt  Alexandrina!  et  Campana;.  Minus 
enim  iuipaies  suas  diligunt,  et  ideo  nec  multnm  ineurit, 
nec  sa'pius  fietant.  Plunia;  color  nnn  semper,  nec  omnibns 
idem  probatus  est :  atque  ideo  qui  sit  niilimiis,  non  facile 
dicln  est.  Albus,  qui  ubique  vulgo  i  uiispicitiir,  a  qiiibus- 
dam  non  niniium  laudatur;  nec  lamen  vitaii  debet  in  iis, 
qua-  clauso  ronlineiitur.  Nam  in  vagis  maxime  est  iinpro- 
bandiis,  quod  euni  facillime  speculatiir  .accipiter.  Foicun- 
dilas  autem ,  quamvis  longe  minor  sit  quam  est  gallina- 
rnni ,  niajoiem  tamen  refert  qua?6lum.  Nam  cl  octics 


que  Targent  qui  revient  de  ces  ^leves  peut  rem- 
plir  le  coffre-fort  du  proprietaire ,  ainsi  que 
M.  Varron,  cet  exccllent  auteur,  nous  le  certifie 
en  disant  que  chaque  paire  de  pigeons  se  vendait 
communement  mille  sesicrtii  de  son  temps,  quoi- 
que  les  mceurs  fussentalors  plus  austeres  qu'elles 
ne  le  sont  a  prcscnt.  En  effet ,  notre  siecle  nous, 
forcerait  a  rougir  pour  lui  si  nous  ajoutions  foi 
a  ce  qu'on  raconte,  qu'il  se  trouve  des  gens  qui 
paycnt  une  paire  de  pigeons  jusqu'a  quatre  mille 
nummi.  Ce  n'est  pas  au  reste  que  ceux  qui  dc- 
pensent  ainsi  un  argent  enorme  pour  avoir  en 
leur  possession  des  choses  de  pur  agrement,  ne 
soient  encore  plus  excusables  a  mes  yeux  ,  que 
ceux  qui  epuisent  le  Phase  du  Pont  et  les  etangs 
Scythiques  des  Palus-Meotides  pour  fatisfaii-e 
lcur  gloutonnerie.  Aujourdhui  meine  on  pousse 
les  choses  jusqu'a  se  donner,  au  milieu  de  son 
ivresse,  des  rapports  causes  par  les  oiseaux  du 
Gange  et  de  TEgypte.  On  peutaussi  faire  des  en- 
grais  dans  un  colombier,  ainsi  que  nous  Tavons  dit, 
puisque  si  Ton  a  des  pigeons  sterilesou  qui  soient 
d'une  vilaine  couleur,  on  les  engraisse  comme 
les  poules.  U  cst  plus  aise  de  le  faire  quand  ils 
sont  sous  leurs  mcrcs  et  tandis  qu'ils  sont  jeu- 
nes;  on  attend  pour  cela  qu'ils  soient  devenus 
un  peu  forls,  sans  ncanmoins  qu'ils  aient  com- 
raence  h  voler;  et  il  suffit  alors  de  leur  oter  quel- 
ques  plumes  et  de  leur  briser  les  pattcs,  afin 
{|u'ils  se  tiennent  tranquilles  dans  le  mcnie  lieu  , 
ct  de  donner  a  manger  eopieusement  a  leurs  me- 
res  ,  de  facon  qu'eilcs  ne  raanquent  pas  de  noui- 
riture  tant  pour  elles  que  pour  leurs  petits. 
Quelques  personnes  se  contentent  de  lcur  atta-r 
cher  legerement  les  pattes,  parcequ'elles  s'ima- 
ginent  qu'en  les  cassant  elles  ieur  causeraient 
une  douleur  doat  la  maigreur  pourrai^  devenir  la 
suite.  Mais  cette  methode  n'esf  point  du  tout  favo- 
rable  a  lcur  cn^raisseinent,  parce  que,  tant  qu'ils 
font  des  efforts  pour  detacher  leurs  licns ,  ils  ne 

annopullos  educat,  si  est  bona  matrix  ;  et  pretiis  eoriim 
doniini  coniplent  arcam  ,  sicut  eximius  auctor  M.  Vairo 
nobis  affirmat,  qiii  prodidit  etiam  illis  severioribus  (suis) 
temporibus  paiia  singula  millibiis  singulis  seslertionim 
solita  veiiire.  Nam  nostii  pudet  seculi ,  si  credere  volu- 
miis,  inveniri  qui  quaternis  niillibus  nummum  binas  aves 
inercentur.  Quamquam  vel  bos  magis  tolerabiles  putem, 
qui  oblcctamenta  deliciarum  possidendi  Uabendique  causa 
gravi  a^re  et  argcnlo  pensenl,  qiiani  illos  qui  Ponticnm 
Pliasim  et  Scythica  stagna  Mneotidis  eluant.  Jam  nunc 
Gangeticas  et  jEgyptias  aves  lemulenter  eriictant.  Polest 
lamen  etiam  in  lioc  aviario,  sicut  dictum  est,  sagina 
excrcen.  Nam  si  quK  sleriles  aul  sordidi  coloris  interve- 
iiiiint,  siniiliterut  gallinaj  farciuntnr.  PnlH  vero  facilius 
sub  niatiibus  pingiiescunt,  si  jam  firniis,  prius  quam  sub- 
voleiit,  paucas  dctrabas  pinnas,  et  obteras  crura,  ut 
uno  loco  qHiescant,  prsebeasqne  copiosum  cibum  paren- 
tibus,  quo  et  se  et  eos  abundantius  alant.  Quidam  leviter 
obliganl  cnira  ,  qiioniam  si  frangantur,  dolorem,  et  c\  eo 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  VIII. 


S7.'S 


icstcT.t  jamais  en  repos,  et  que  Tespfce  cVe.xer- 
cice  daiis  lequel  ils  sont  des  lors  coDtiuuellement 
est  bieii  loin  traugmenter  leur  corpulence;  au 
lieu  que  la  fracture  des  pattes  ne  leur  cause  de 
)a  douleur  que  pendaut  deux  jours  ou  tout  au 
plus  pcndaiit  trois  ,  et  qu'elle  leur  ote  toute  es- 
peianee  de  courir. 

IX.  II  est  inutilcd'eleverdes  tourterelles,  parce 
que  ectte  espcce  doiseaux  ne  pond  point  et  ne 
lait  point  eclore  de  petits  dans  une  voliere.  Ou 
les  destine  a  reugrais  telles  quon  les  prend  au 
vol ,  et  des  lors  il  en  coute  moins  de  peine  pour 
les  engraisser  que  pour  engraisser  les  autres  oi- 
seaux ,  quoiqu'on  ne  puisse  pas  le  faire  dans  tous 
les  temps,  puisque  ,  lelle  peine  que  Tou  prenue, 
elles  engraissent  difficilement  en  hiver.  Au  sur- 
plus,  c'cst  le  temps  ou  ees  oiseaux  sont  k  bon 
marche,  parce  que  les  grives  donnent  alors  en 
tres-grande  quantite.  D'un  autre  cote ,  les  tour- 
terelles  engraissent  d'elles-menies  en  ete,  pourvu 
qu'ellcs  ne  manquent  point  dc  nouriiture.  En 
effet,  on  n'a  rien  autre  chose  a  faire  qu'a  leur 
jeter  de  la  mangeaille,  et  surtout  du  millct; 
non  pas  que  le  froment ,  ou  quelque  autre  ble  que 
ce  soit ,  ue  les  engraisse  pas  aussi  bien  que  le  mil- 
let,  niais  parce  que  eette  graiiie  est  celle  qui 
leur  fait  le  plus  de  plaisir.  On  les  engraisse  ce- 
pendaut  aussl  en  hivcr,  ainsi  que  les  pigeons  ra- 
miers,  avec  des  boulettcs  de  pain  trempees  dans 
du  vin,  plutot  qu'avec  toute  autre  nourriture. 
On  ne  lcur  fait  pas ,  comme  aux  pigeons ,  des  re- 
tiaites  qui  soicnt  distribuees  par  cases  ,  ou  creu- 
sees  dans  le  mur,  mais  on  enfonce  daus  la  niu- 
raille  des  rangees  de  corbeaux  ,  sur  lesquels  on 
etend  de  petites  nattes  de  chanvre,  garnies  de 
filels  en  devant,  pour  lesempecher de  voler,  parce 
que  rexercice  du  vol  les  fait  maigiir.  Ou  lcs  y 


nourrit  journellement  avcc  du  millet  ou  du  fro- 
ment  :  mais  il  ne  faut  point  leur  donner  ccs 
graiiis  (iu'iis  nesoient  secs.  La  valeur  d'un  semo- 
(liiis  de  mangeaille  suflit  par  jour  pour  cent  vingt 
tourterel:es.  Ou  leur  doune  toujours  de  Teau 
fraiche  et  trfes-propre,  dans  de  petits  vases  scm- 
hlahles  a  ceux  dont  on  se  sert  pour  les  pigeoiss 
et  pour  les  poules,  et  on  nettoie  leurs  nattes  pour 
cmpecher  que  la  fiente  ne  leur  briile  les  paltes; 
il  fautneanmoiusconserveravec  .soin  cette  fiente, 
qui  s'empIoie  a  la  culture  des  champs  ct  des  ar- 
bics,  dc  meme  que  celle  de  tous  les  oiseaux  ,  a 
rcxception  de  ceux  qui  nagent.  L'age  avance  de 
ces  oiseaux  n'est  pas  si  favorable  a  leur  eugrais 
que  la  jeunesse  :  c'est  pourquoi  on  choisit  a  peu 
pres  le  temps  de  !a  moisson ,  temps  auquel  la 
couvee  commence  h  se  fortifier. 

\.  II  faut  plus  de  soins  et  de  depenses  pour  les 
grives.  On  peut  en  nourrir  dans  toutes  sortes  de 
campagucs,  quoiqu'iI  sera  avantageux  de  le 
faire  dans  celles  oii  on  les  aura  prises.  En  effet, 
on  les  transporte  difficilement  dans  d'autres  con- 
trees,  parce  que  lorsqu'eIles  sontrenfermees  dans 
des  cages,  la  plupart  se  desesperent;  la  mfiiae 
chose  leur  arrive  lorsqu'ou  les  jette  dans  une 
volit're  au  moment  qu'elles  ont  ete  prises ,  et  a  la 
sortie  du  lilet.  II  faut  donc,  pour  eviter  cet  ac- 
cident,  en  meler,  parmi  les  nouvelles  captives, 
d'ancieiinemcnt  eniolees ,  qui  aient  ete  elevces 
par  les  oiseleurs  a  reffet  de  servir  comme  d'ap- 
peaux  pour  attirer  les  autres  :  ces  ancieiines  adou- 
ciront  lcchagrin  des  autresen  voltigeaiit  autour 
d'elles,  et  celles-ci  s'accoutumeront  peu  a  peu  a 
chercher  a  boire  et  a  manger,  des  qu'clles  ver- 
ront  celles  qui  sout  privees  le  faire.  Elles  veu- 
lent  un  eiidroitqiii  soit  expose  au  soleil,  et  dis 
pose  de  la  meme  facon  que  celui  dcs  pigeons, 


iiiaciLMi  liiTi  pntanl.  Scd  iiilji!  isla  rc3  pinguiliidinis  effi- 
cil.  Nam  (linii  vincnla  exereie  couanlur,  non  conqnics- 
cunt ;  et  liac  quasi  exercitatione  coipori  niiiil  adjicinnt. 
rracta  crnia  non  plus  quam  bidui,  aut  summum  liidui 
doloreni  affernnt,  ct  spcm  tollunt  evagandi. 

IX.  Turturnni  edncatio  supervacua  est  :  quoniara  id 
£;cnns  in  ornillione  iicc  paril,  nec  exclndit.  Volatnra  ita 
nl  capifnr,  farturae  deslinatur  :  eoque  leviorecura,  qnam 
caHeiffi  aves  saginatur  :  verum  noii  omnibus  temporibus. 
^ani  per  liiemein,  quannis  adbibeatur  opeia,  difliciilter 
gliscit,  et  lamcn,  (|uia  rnajor  cst  tuidi  copia,  pretiuin 
tiirturum  minnilur.  Rnrsus  aest.ile  vcl  sna  sponte,  diim- 
modo  sit  facullascibi.pingiicscit.  Nibil  eiiim  aliud,  quam 
olijicitiir  esca,sed  piaecipue  miliuiii  :  nccquia  Irilicovel 
;iliis  riunientis  minus  crassescant;  verum  ipiod  seminc 
I  iijns  maxime  <]cleclantnr.  llieme  t;nnen  uri'<R  panis  vino 
liiadefaclic ,  siciit  etiam  palumbos,  celcriiis  opimaiit, 
qnam  c<i-teri  ribi.  Rcceptacula  nnn  tanquaiii  columbis  locii- 
lamenta ,  vel  cellulffi  cavaliB  elliciuntur,  sed  ad  lineam 
miituli  per  parieteni  dclixi  legelicnlas  cannabinas  acci- 
pinnt, pra^tentis  retilins,  qiiibus  pioliibeantnrvolare:  quo- 
niainsi  idfaciant,  corporidclraiinnl.  Iii  bisfautenilassidiie 


pascnnliir  inilio,  ant  tritico.  Sed  ea  semina  dari  nisi  sicia 
non  opoitet.  Satiatqne  semodius  cibi  in  diebus  singulis 
vicenos  el  cenlenos  turtnres.  Aqua  sempcr  recens  et  qiiani 
iiinndissima  vascnlis,  qualibns  colnmbis  atque  gallinis, 
prrebetiir;  legcticnteque  einnndanliir,  ue  stercus  urHt 
pedes,  qiiod  lamen  el  [id]  ipsum  diligenter  reponi  debet 
ad  cnlliis  agrornm  arborumriue,  sicut  et  omnium  aviura, 
pi;rlei(piain  nantium.  Hujus  avis  a'tas  ad  saginam  non 
tam  vetus  est  idoiiea ,  quani  novella.  Itaqiie ciica  messem , 
cnm  jain  conlirmata  est  pullilies,  eligitur. 

.\.  Turdis  m:ijor  opera  et  impensa  pra;betur,  qui  onini 
qiiidem  rure,  sed  salubrins  in  eo  pascuntur,  in  quo  capli 
siint.  Nam  difliculfer  in  aliam  icgioneiii  Iransfcruiilur, 
qnia  caveis  claiisi  pUirimi  despondent :  quod  faciunt  ctiam 
cnm  eodein  momenlo  lemporis  a  lete  in  aviaria  conjecti 
snnt.  Ilaipie  iie  id  accidal,  vcteiani  debent  intermisceii, 
qiii  ab  ancnpjbus  in  bnnc  nsnin  nutrili  qnasi  alleclorcs 
sint  caplivornm,  ma'stitiaiii(iiie  eorum  mitigent  inlcrvo- 
lando.  Sic  Qniiii  consuescent  et  aquam  ct  cibos  appclere 
fcri,  si  mansiielos  id  facere  viderint.  Locum  a,'que  mnnitum 
et  apricum,  qiiani  coliimbi  desiderant  :  scd  iii  eo  tians- 
vcrs;c  pcrticic   pcrfoialis   parielibus  adversis  aplaiilnr, 


COLUMELLE. 


avec  celte  difference  qu'il  sera  traverse  par  des 
percbes  plnntees  dans  des  trous  faits  aux  deux 
murs  opposes  ,  sur  lesqueiies  elles  se  juelieront 
lorsqu'elles  voudront  prendre  du  repos  apres 
avoir  mange.  Ces  perclies  ne  doivent  pas  tStre 
plus  ciev6es  de  terre  qu'il  n'est  necessaire  pour 
qu"un  homme  puisse  y  atteindre  en  se  tenant  de- 
bout.  On  raet  communement  leur  mangeailie  daus 
les  parties  de  la  voli^re  au-dessus  desquelles  il 
n'y  a  point  de  perches,  afin  qu'elle  se  maintienne 
plus  propre.  Au  surplus,  cette  mangeaille  con- 
sistera  en  ligues  seches  broyees  avec  soin  et  me- 
lees  de  fleur  de  farine,  et  ou  leur  en  donnera  as- 
sez  copieusement  pour  qu'il  y  eu  ait  toujours  de 
reste.  II  y  a  des  personnes  qui  macheiit  ces  ligues 
avant  de  les  leur  donner;  mais  11  n'est  pas  a 
propos  de  suivre  eette  methode  quand  on  a  une 
grande  quantite  de  grives ,  parce  que  les  gens 
qu'on  emploie  a  les  miicher  sont  d'un  loyercher, 
et  qu'ils  en  avalent  eux-memes une  certaine quan- 
tite,  vu  la  douceur  de  ce  fruit.  Biea  des  person- 
nes  penseot  qu'il  faut  diversifier  leur  mangeaille , 
de  peur  qu'elles  ne  viennent  a  se  degouter,  si  on 
ne  leur  donne  toujours  que  la  meme  chose.  Cctte 
variete  consiste  a  leur  donner  en  nieme  temps 
de  la  graine  de  myrte  et  de  lentlsque,  ainsi 
que  des  baics  d'olivier  sauvage  et  de  lierre,  et 
meme  des  arboux ,  paree  que  ces  fruits ,  qui  sont 
ceux  apres  lesquels  ces  oiseaux  courent  ordi- 
nairement  dans  les  iShamps,  previendront  aussi 
leur  degoijt  lors(|u"ils  seront  tranquilles  dans  des 
volieres,  et  qu"ils  exciteront  leur  appetit,  ce  qui 
est  tres-avantageux  ,  d"autant  que  pius  ils  mau- 
gent,  plustotilsengraissent.  Quoiquilen  soit,  ou 
raettra  toujours  aupres  d"eux  de  petits  augets 
pleins  de  millet,  parce  que  c'est  leur  nourriture 
la  plus  solide,  et  qu'on  ne  leur  donne  les  autres 
choses  que  nous  venons  de  detailler  qu'en  guise 


de  bonue  chere.  Les  vases  dans  lesquels  on  leur 
mettra  de  Teau  fraiche  et  propre  ne  different 
en  rien  de  ceux  des  poules.  M.  Terentius  assure 
qu'avec  de  pareils  soins  et  de  pareillesdepenses  , 
on  veudait  souvent  les  grives  trois  denarii  pieee 
du  temps  de  nos  ancetres ,  lorsque  des  triora- 
phateurs  voulaientregalerlepeuple.  Maiscomme 
aujourd'hui  le  luxe  de  notre  siecle  a  rendu  ce 
prix  tres-eommun ,  les  paysans  eux-mc^mes  ne 
doivent  point  dedaigner  ce  revenu.  Nous  avons 
parcouru  a  peu  prcs  toutes  les  especes  d'animaux 
que  ron  nourrit  dans  renelos  des  metairies;  il 
nous  faut  a  present  traiter  de  ceux  qu'on  laisse 
aller  paitre  dans  lcs  champs. 

XI.  L'education  des  paons  demande  plut6t  les 
soins  d'un  chef  de  famille  d'un  gout  delicat  que 
ceux  d'un  paysan  grossier,  quoiqu'elle  ne  soit 
pnint  cependant  etrangere  meme  a  un  agriculteur, 
pour  peu  qu'il  cherche  asc  procurer  desplaisirs 
en  tout  genre,  pour  eharmer  la  solitude  de  la 
campagne.  La  beaute  de  ccs  oiseaux  fait  plaisir 
aux  etrangers  eux-memes,  a  plus  forfe  raison  a 
ceux  qui  en  sont  proprietaires.  On  en  garde  ai- 
sement  dans  de  petites  iles  couvertes  de  bois  , 
telles  qu'il  s'en  trouve  pres  de  ritalie.  En  effet, 
commecet  oiseau  ne  peut  pas  voler  haut  ni  au 
loin,  et  que  d'ailleurs  il  n'y  a  point  de  voleurs 
ni  d'aniraaux  nuisibies  a  craindre  dans  ces 
ilcs,  ilpeuty  errer  avec  surete  sans  gardieu, 
et  trouver  par  lui-meme  la  raeilleure  partie  de  sa 
nourriture.  Les  femelles  s'y  voyant  aussi  comme 
a  Tabri  de  lesclavage ,  y  nourrissent  volontiers 
leurs  petits  avec  plus  d'attache ;  de  sorte  que  celui 
qui  prend  soin  du  troupeau  n'a  rien  autre  chose 
a  faire,  dans  ce  cas-la,  qu'a  le  rappeler  a  cer- 
taines  heures  du  jour  aupres  de  la  metairie  par  un 
signal  quelconque.  A  raesure  que  les  paons  aecour- 
ront,  il  leur  donneraun  peud'orge,  pourleuroter 


qiiibus  insiileant,  cum  satiati  clbo  requiesMre  volunl.  Eae 
perlicae  non  altius  a  tona  debent  subletari ,  quam  liominis 
slatura  paUtur,  nt  a  stantecontingi  possiut.  Cibi  ponuntur 
fere  parlibus  his  ornithonis,  quae  super  se  perticas  non 
habent,  quo  mundioies  permaneant.  Semper  auteni  arida 
(icus  diligenter  pinsita  et  permista  polline  praeberi  debet, 
tani  large  quideni  ul  supersit.  Hanc  quidam  mandunt,  el 
ita  objiciunt.  Sed  istud  jn  majore  numero  facere  vix  espe- 
dlt,  quia  nec  parvo  coiiducuntur  qui  mandant,  et  ab  iis 
ipsis  aliquantum  propter  jucunditatem  consuniitur.  Multi 
varietatem  ciboruui,  ne  unum  fastidiant,  pra;bendani  pu- 
lant;eaest,  cuni  objiciunlur  myili  et  lentisci  semina; 
ileni  oleastri,  et  ederaceae  baccae ,  ncc  minus  arbuti.  Fere 
enim  etiain  in  agris  ab  ejusmodi  volucribus  lifec  appetun- 
tur,  qua;  in  aviai  ils  (pioque  desidenlium  detei  gcnt  fastidia , 
faciuntqne  avidioiem  volaturam,  quod  inaxlmc  expedit. 
fjain  largiore  cibo  celerius  pinguesclt.  Semper  tamen  etiam 
canaliculi  niilio  repleti  apponuntur,  quse  est  lirmissiina 
esca.  Nam  illa  quae  supra  diximus,  pulmentariornm  vice 
dantur.  Vasa,  qnilius  lecens  et  munda  pra^beatur  aqua, 
non  dissimilia  sjnt  galliiiariis.  Hac  inipensa  curaque  M. 


Terentius  ternis  s.Tpe  denariis  singulos  emtilatos  esse 
signilicat  avoruni  lemporibus,  qulbus  qui  triumpliabant, 
popiilo  dabant  epulum.  At  nunc  aHatis  nostrae  luxuries 
quotidiana  fecit  liaec  pretia  :  propter  qu.'e  ne  rusticis  qni- 
dem  contemnendus  sil  hic  reditus.  Atque  ea  genera,  quae 
intra  septa  vill.e  cibantur,  fere  persecutl  sumus.  Nunc  de 
bis  dicendum  cst,  quibus  etiam  e\ilus  ad  agrestia  pabula 
dantiir. 

XI.  Pavonum  educatio  magis  urbani  palrisfamiliaj, 
quam  letrici  riislici  curam  poscil.  Sed  uec  haec  tamen 
alicna  esl  agricolae  captantis  undiquevoluptates  acquirere, 
quibus  soliludinem  ruris  cblaudiatur.  Harum  autem  de- 
cor  avium  etiam  exteios  nedum  domiuos  oblectat.  Itaque 
genus  alitum  nemorosis  et  parvulis  insulis,  qualesobja- 
cent  Italiae,  facillime  conlinetur.  Nam  quoniam  necsubli- 
miter  polest,  nec  per  longa  spatia  volilare,  tum  eliam 
quia  furis  ac  noxiorum  animalium  rapinic  nieliis  non  e.st, 
slne  cnstode  tulo  vagatur,  majoremque  pabuli  parteni 
sibi  acquiril.  Fccmina;  quidem  sua  sponte  tanquam  servi- 
tio  liberalae,  sludiosiiis  pullos  eiiulriunt  :  nec  curator 
aliud  facere  debef,  quam  ul  diei  ccrlo  lempore,  signo 


D£  LAGIUCULTUm:,  LIV.  VIIL 


!a  fnim,  ut  il  les  comptern  toiis.  Mais  comme 
il  cst  rare  qu'on  soit  daDS  ie  cas  d'avoir  une  Ile 
pareille  cn  sa  possession ,  il  fnudia  se  donner  plus 
de  soins  dans  les  lieux  situes  au  milieu  de  la  terre 
ferme  ;  et  voici  en  quoi  consisteront  ces  soins. 
On  entourera  d'un('  liaute  muraille  unc  plaiue 
couverte  d'lierbes  ct  dc  IjdIs  :  on  appliquera  dcs 
galeries  a  trois  des  cotcs  de  cette  rauraille  ,  et  sur 
le  quatrieme  on  construirn  deux  cabanes,  dont 
l'une  servira  d'habifation  au  gardien  des  paons, 
et  fautre  de  retraite  a  ces  oiseaux.  On  fera  en- 
suite  ie  long  de  ccs  galeries  des  eneeintes  de  ro- 
seaux,  enforme  decages  pareillesacellcsquisont 
au-dessus  des  colombiers.  Ces  enceintes  seront 
distribuees  en  plusicurs  parties,  et  traversees  par 
des  especes  de  treillis  formes  de  roseaux  ,  de 
facon  que  chacune  de  ces  differentes  parties  ait 
deux  entrees  par  chacun  de  ses  cotes.  La  retraite 
de  ces  oiseaux  doit  ctre  exempte  de  (oule  humi- 
dite.  On  y  plantera  sur  ie  sol  des  rangees  de  (le- 
tits  pieux,  dont  l'extrcmite  superieure  sera  aigui- 
see  en  pointe  ,  pour  pouvoiretre  introduite  dans 
des  perches  transversales  qui  seront  percees  a  eet 
effet.  Les  perches  destinees  a  etre  posees  sur  ces 
pieux  doivent  etre  carrecs,  alin  que  roisean 
puisse  se  jucher  dessus.  D'un  autre  cote,  elles 
doivent  s'enlever  facilement  de  dessus  les  pieux , 
afm  que,  lorsque  le  cas  Texigera,  on  puisse  lcs 
en  retirer,  pour  donner  la  liberte  du  passage  a 
ceux  qui  auront  a  balayer.  Lorsque  cet  oiseau  a 
atteint  saquatrieme  aiuiee,  il  engendretres-bicn ; 
au  lieu  qu'il  est  ou  sterile  ou  peu  fecond  dans  un 
^ge  plus  tcndre.  Le  paon  a  la  lubricite  des  coi|s, 
aussi  lui  faut-il  cinq  femtlles  :  car  s'd  arrivait 
que,  n'en  ayant  qu'une  ou  deux,  il  les  eoqudt 
ou  trop  souvent  ou  lorsqu'elles  seraient  pleines , 


il  endommagerait  lcs  oeufs  ii  peine  formes  dans 
leur  ventre  ,  ct  les  cmpecherait  de  venir  u  bieii , 
en  les  faisant  tomber  de  la  matrice  avant  qu'ils 
soient  a  leur  terme.  II  faut,  vers  la  fin  de  Thi- 
ver,  exciter  rardtur  de  cesoiseaux,  daiis  Us 
deux  sexes,  par  dcs  nourritures  qui  les  [irovo- 
quent  au  plaisir.  Ce  qui  y  contribuera  le  plus, 
ce  seront  des  feves  grillces  a  une  flamme  lcgcre  , 
qu'on   leur  donnera  toutes  ehaudes  et  a  jeuu 
tous  les  cinq  jours,  sans  neanmoins  cxceder  la 
mesure  de  six  cijathi  par  tete.  I!  ne  faut  pas  leur 
jeter  dc  la  mangeaille  pour  tous  eu  conimuu , 
mais  il  fant  en  mettre  scparement  daiis  chacunc 
des  enceintes  que  j'ai  dit  qu'il  fallnit  formcr  de 
rosenux  ,  en  reglnnt  In  quantite  de  cette  maii- 
geaille  sur  le   nonibre  de  einq  femelles  et  un 
mdle  :  il  en  sera  de  merae  de  leau  qui  leur  scr- 
vira  de  boisson.  Quand  cette  distribution  sera 
faite,  ou  conduira  les  males  avcc  leurs  fenielles, 
chacun  dans  leurs  enceintes  particulieres;  de 
sorte  que  tout  le  troupeau  se  repaitra  cgalcmcnt , 
sans  quil  survienne  de  diffcrcnd  entre  les  tetes 
qui  le  composent;  car  il  se  trouvc  aussi  parmi 
lesoiseaux  de  cette  espece  des  raales  qui  cher- 
chent  a  se  baltre,  et  qui  empeclient  les  plus  fai- 
bles  de  mangeret  de  coquer,  si  on  n'a  pas  soin 
de  les  sepnrer  de  cette  fncon.  ComiiiuMciuent , 
dans  les  lieux  exposes  au  soleil,  les  mSles   sont 
tourmentes  du  desir  de  coqiier  les  fcmelles  dcs 
que  les  vents  Fuvonii  ont  commeuce  a  souffler, 
c'est-a-dire,  entre  les  ides  de  fiivrier  et  le  mois 
de  niars.  Oii  reconnnit  rardeur  de  lcur  passion 
en  les  voyant  se  couvrir,  comme  s'ils  s'admi- 
raient  eux-memes,  avec  les  plumes  brillantcs  de 
leur  qucue,  ee  qu'on  appelle  /o^ttre  ( faire  la 
rouc ).  Des  que  le  temps  oii  les  femelles  ont  dii 


duto,  jiixla  villam  gregem  convwel,  et  exigimm  ordei 
concunentibus  objiciat,  ut  nec  avis  esurial,  et  numerus 
advenienlium  recognoscatur.  Sed  liujus  possessionis  rara 
conditio  est.  Quare  medilorraneis  locls  major  adliibenda 
curaesl :  caque  sic  administretur.  Herbidus  silveslrisque 
ager  planus  sublimi  clauditur  maceria,  cujus  tribus  late- 
ribns  poilicus  applicanlur,  ct  in  (iuarto  diiaj  ccllaj,  ut  sit 
alleia  custodis  babilatio,  alque  allera  stabulnm  pavonum. 
Sub  porticibus  deinde  per  ordinem  liiint  anindiiica  septa 
in  modum  cavearum ,  qiialiacolumbarii  leclis  .superponun- 
tur.  Ea  septa  distingnnntur  velut  clatris  intercunentibus 
calamis,  ila  ut  ab  ulioque  latere  siugnlos  aditus  liabcant. 
Stabulnm  autem  carcre  debet  uligine,  cujus  in  solo  per 
oidinem  figuutur  bieves  paxilli ,  eorumque  partes  sumin.e 
liiigulas  edolatas  babent ,  ipia;  transversis  Coralis  perticls 
inducantur.  lla'  porro  (piadialai  pertica;  [csse  debeiit, 
qua!]  paxillis  siiperponunlur,  nt  aveiu  recipiant  adsilien- 
tein.  Sed  idi  irco  sunt  e\eni|itiles,  ul  cnm  res  cxigit,  a 
paxillis  dediKla'  iiberum  aditum  convcrrentibus  stabulum 
praebeant.  Hoc  genus  aviuin ,  cuni  trimatum  cxplevit, 
oplime  progcneral.  Siquidem  tenerior  a:las,  aiit  sterilis, 
aut  parum  fiecuiidaest.  Masculus  pavogallinaceaiii  sala- 
cilalcm  liabel ,  alcpie  ideo  (piin(|ue  lirniiniis  (lcsiderat. 


Nam  si  unani,  vel  aUcram  fictam  sapius  compiessit,  vix 
duin  concepta  in  alvo  vilial  ova,  nec  ad  partum  sinit  per- 
duci :  qiioniani  immatura  gcnitalibiis  locis  cxcidunt.  Ultima 
parte  liiemis  coni^itantibus  libidinem  cibis  utriusqiie  sexus 
accendenda  venus  est.  iMaviiiie  facit  ad  banc  rem,  si 
favilla  levi  loireas  fabam,  tepidamque  des  jcjunis  quinto 
quoipie  die.  Nec  tarnen  excedas  nioduin  sex  cyatliorum 
in  siiigulas  avcis.  Ha:c  cibaiia  non  oinnibus  promisciic 
spargcnda  sunt,  sed  in  singnlis  septis,  qux  arundinibiiii 
conti^xi  opoiicre  pioposnciam  ,  portione  servata  quinqu« 
la'miiiarum  ct  unius  maris,  poncnda  snnt  cibaiia,  nec 
miiiiis  aqua,  qiia;  sit  idiinea  polni.  Qiiod  nbi  factiini  est, 
maies  [sine  rlxa]  diduciiiitiir  in  sua  <|iiis(pic  scpla  cuin 
fiemiiiis,  ct  a'qiiiilili'r  uiiiversiis  grex  pasiitur.  Naiu  fiiaiii 
in  lioc  •j.i  iiiMi'  |iii^ii:ii  rs  iiiveniiintiir  masculi,  (|ni  et  a  cibo 
et  a  coilii  priiliilieiit  iiiinus  validos,  nisi  siiit  liac  ratioDH 
separati.  Vne  auteni  locis  apricis  iiiciindi  cnpiditas  exer- 
cct  mares,  cuin  Favonii  spiraie  cipperunt,  id  est  tenipus 
ab  idibus  Febrjiaiiis  ante  Martiiim  meuseni.  Signa  ;>unl 
extiiiiulalic  libidinis,  cuiii  scuicllpsum  veluti  miranteni 
cauda' gciiiiiiantiliii-.  piniiiv  piiilcgit  :  idqiie  cuin  facil, 
rotarc  d;iitiir.  I'iii,l  .uliiiissui.i'  t'j;iipus  ciinrcstini  iiiatricet 
custodienda'  siinl ,  n«  ulilii  ipmni  in  «tKliiilii  riuliw  «d<iiit  : 


376 


COLUMELLE. 


etre  coqnecs  cst  passe,  il  faut  les  garder  a  vue, 
afin  qu'elles  ne  pondent  point  ailleui-s  que  dans 
leurs  retraites  :  on  leur  tStera  souvent  aussi  les 
parties  avec  les  doiyts,  parce  que  leurs  oeufs 
s'y  trouvent  tout  a  Tentree,  quand  elles 
sont  pretes  a  pondre.  II  faut  donc  renfermer 
celles  qui  seront  dans  ce  cas-la  ,  a(ln  qu'elles  ne 
pondent  pas  hors  de  leur  enceinte.  II  faut  y  eten- 
dre  beaucoup  de  paille ,  surtout  dans  le  temps 
oii  elles  pondront,  afui  ([ue  leurs  oeufs  soient  re- 
cus  plus  surement  :  car  elles  pondent  commu- 
nement  lorsqu'elles  viennent  prendre  le  repos  de 
la  nuit,  et  qu'elless8  sont  juchees  sur  les  per- 
ehes  dont  nous  avons  parle  ;  et  par  consequent 
plus  Tendroit  oii  leurs  ocufs  tombent  est  voisin 
d'elles  et  mollet,  plus  ces  oeufs  se  conservent 
intacts.  II  faut  donc  visiter  leurs  retraites  bien 
exactement  tous  les  matins,  dans  le  temps  de  la 
ponte,  et  ramasser  lesccufs  qui  seront  a  terre. 
Plus  ils  seront  frais  quand  on  les  donnera  a  cou- 
ver  a  des  poules,  plus  ils  ecloront  facileraent; 
et  11  est  tres-interessant  pour  le  profit  du  chef 
de  famille  que  ce  soit  a  des  poules  a  qui  on  les 
doune  a  couver,  parce  que  les  paonncs  que  Ton 
ne  fait  point  couver  pondent  ccmmunemeut  trois 
fois  par  an  ,  au  lieu  que  celles  que  Tou  fait  cou- 
verperdent  toutle  tempsde  leurfeeonditeafaire 
eclore  leurs  ceufs,  comme  a  elever  leurs  petits. 
La  premiere  ponte  est  communemeut  de  cinq 
ceufs,  la  secoude  de  quatre,  et  la  troisieme  de 
deux  ou  trois.  II  ne  faut  pas  se  hasarder  a  faire 
couver  des  ceufs  de  paonnes  par  des  poules  de 
Rhodes ,  qui  ne  nourrissent  pas  bien  leurs  pous- 
sins  meme;  mais  on  prendra  pour  cela  de  vieil- 
les  poules  parmi  celles  de  notre  pays ,  en  choi- 
sissant  les  plus  grandes  de  celte  espece;  et  on 
leur  fera  couver  pendant  neuf  jours,  a  commeucer 


du  croissant  de  la  lune ,  neuf  oeufs,  dont  il  y  aura 
cinq  de  paonnes  et  quatre  de  poules  :  le  dixieme 
jour  on  retirera  tous  les  oeufs  dc  poule,  et  on  en 
remettra  autant  de  nouveaux  de  la  mfime  espece, 
afm  qu'ils  puissent  eelore  avec  ceux  de  paonne 
le  trentieme  jour  de  la  lune,  qui  est  commune- 
ment  celui  de  la  nouvelle  lune.  Mais  il  faut  que 
le  gardien  ne  manque  pas  d'epier  les  moments 
oii  la  mere  sortira  de  la  retraite,  afin  d'y  entrer 
souvent  pour  retourner  lui-meme  a  la  main  les 
oeufs  de  paonne ,  que  les  poules  remuent  plus  dif- 
ficilement  que  les  leurs  propres,  attcndu  leur 
grosscur;  et  pour  s'acquitter  plus  exaetement  de 
cette  fonction ,  il  aura  soin  de  les  marquer  tous 
d'un  seul  cdte  avec  une  liqueur  noire,  afin  de 
reconnaftre  a  cette  marque  quand  la  poule  Ics 
aura  retourneselle-meme,ou  non.  Du  reste,  sou- 
venons-nous  qui\  faut  employer  a  cette  opera- 
tion,  ainsi  queje  l'ai  deja  dit,  les  plus  grandes 
poules  de  basse-cour ;  car  si  elles  etaient  d'une 
moyenne  taillc,  il  ne  faudrait  pas  leur  faire 
couver  plus  de  trois  oeufs  de  paonnes  avec  six  de 
poules.  Lorsque  la  poule  aura  fait  eclore  les 
petits,  il  faudra  donner  les  poussins  a  nourrir  a 
unepoule,et  rassembler  les  paonneaux  a  me- 
sure  qa'ils  seront  n^s  aupres  d'une  secoude, 
jusqu'a  ce  qu'clle  en  ait  un  troupeau  composc  de 
vingt-cinq  tetes.  II  ne  faudra  pascependant  re- 
tirer  de  dessous  la  poule  les  paonneaux,  non  plus 
que  les  poussins,  des  le  premier  jour  de  leur 
naissance ;  et  ce  ne  sera  que  le  lendemain  qu'il 
faudra  lestransferer  avec  celle  qui  doit  les  elever 
dans  une  cage  ,  oii  on  les  nourrira  les  premiers 
jours  avec  de  la  fariiie  d'orge  humectee  de  vin, 
ou  bien  avec  une  petite  bouillie  faite  avec  quelque 
espece  de  ble  que  ce  soit,  et  lefroidie.  Peu  de 
jours  apres  on  y  ajoutera  des  porreaux  de  Taren- 


Siepiiisque  digitis  loca  fieminaium  teiUaiida  suut.  Kaiii  in 
promtu  gerunt  ova,  qullius  jani  paitus  appiopinquat.  Ita- 
(|ue  incliidendse  sunt  incientes,  iie  extia  clausum  foetum 
edant :  niaxjmeque  temporibus  iis,  quibus  pailuiiunl, 
pluiilius  stiainentis  e\aggeranduni  est  aviaiiuin,  quo 
tulius  iiitegii  fwlus  exci()iantur.  Nam  feie  pavones,  cum 
ad  iioclurnam  lequiem  veneriint,  pia^diclis  perticis  insis- 
lenles  enitunlur  ova,  quoe  quo  piopius  ac  inollius  deci- 
derint,  illibatam  seivant  inlegritatem.  Quotidieergo  dili- 
genter  mane  tempoiibiis  fiHura;  stabula  circumeuuda 
erunt,  et  jacenlia  ova  colligenda.  Qua;  quaiito  recentiora 
galliiiis  subjecta  sunt,  taiito  cominodius  excluduntur  : 
idquc  lieri  maxime  patrisfamilias  rationi  conducil.  iNam 
ijKininae  pavoiies,  qu;c  non  incubanl,  ter  anuo  fere  pattus 
edtuit :  at  quae  fovent  ova,  totiim  lempus  fujcunditatis  aut 
exchidendis  aul  etiam  educandis  pullis  consuraunt.  Primiis 
esl  parlus quinqiie  fere ovorum ;  secundus quatiior;  tertius 
aiit  tiium,  aiit  duorum.  Nequc  est  quod  commitlatur,  ut 
liliodifB  aves  pavoninis  incubent,  quae  ne  suos  quidemlle- 
tuscommodenulriunl.  Scd  veteies  maximaequKquegalliniC 
vernaculi  geueiis  eligantur  :  ea>que  iioveui  diebiis  a  priino 
lypiP  incremento,  novenis  ovis  incubeiil ,  siiitque  ex  liis 


qiiinque  pavonina ,  (et)  caefera  gallinacei  generis.  Decimo 
deiiiceps  die  omnia  gallinacea  sublratiantur,  et  loljdein 
recentia  ejiisdein  geiieris  suppoiiantur,  ut  trigesima  luiia, 
qiue  est  feie  nova,  ciim  pavoninis  excludaiilur.  S^d  cuslo- 
dis  curam  non  effugiat  observare  de.silientem  inatricem, 
sa'piusque  ad  cubile  pervenire,  et  pavonina  ova,  quae 
propter  magnitudinem  difficilius  a  gallina  moventur,  ver- 
sare  maiiu  :  idque  quo  diligentius  faciat ,  una  parsovorum 
notanda  est  atramento,  quod  signum  babebit  aviaiius, 
an  a  gallina  conveisa  sint.  Sed,  ut  dixi,  memineiimus 
cobortales  qiiam  maximas  ad  lianc  rem  praeparari.  Qiiae 
si  mediocris  babitus  snnt ,  non  debent  amplius  qiiamterna 
pavonina,  et  sena  generis  sui  fovere.  Cum  deinde  fecerit 
pullos,  ad  aliam  nulricem  gallinacei  dcbebuiit  IransfeiTi, 
et  siibinde  qiii  nati  fiierint  pavonini  ad  uiiam  congrcgari , 
donec  quinque  et  viginti  capitum  grex  efticialnr.  Sed  cuin 
erunt  editi  pulli,  simililer  tit  gallnacei  primo  die  noii 
inoveantur  :  postero  die  ciim  educatrice  transfeiantur  in 
caveam  :  primisque  diebus  alanlur  ordeaceo  faire  vino 
rcsperso,  nec  minus  ex  quolibel  frumento  cocla  pulticula , 
ef  refrigeiata.  Post  paucos  deinde  dies  liiiic  cibo  adjicicn. 
dum  erit  concisum  porium  'farentmuin,  et  casous  mollis 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  VIIL 


tiiiTi  haehes  et  du  fromage  mou  bien  egoutte, 
paree  qu"il  cst  eonstaiit  que  le  petit-lait  nuit  aux 
paonneaux.  Des  sauterelles  ,  auxquelleson  aar- 
rache  les  pattes,  passeiit  aussi  pour  une  nourri- 
ture  qui  leur  est  bonne ,  et  11  faiit  leur  en  douner 
jusqu'au  sixieme  mois,  apres  quoi  il  suffira  de 
leurjeterde  rorge  a  la  main.  On  peut  aussi  les 
mener  trente-cinq  jours  apies  leur  uaissanee  aux 
champs,  raemcsans  avoir  rien  a  craindre,  parce 
que  le  troupcau  suit  la  pouie  toutes  les  fois  qu'il 
Tentend  glousser,  comme  si  c'etait  sa  propre  mere. 
Le  gardien  porte  alors  aiix  champs  la  mere  ren- 
fermee  dans  uue  cage ,  et,  apres  Tavoir  fait  sortir, 
11  la  garde  ii  vuc  en  lui  liant  la  patte  avec  une 
longue  licelle,  de  sorte  que  les  paonneaux  puis- 
sent  voltigcr  autour  d'clle ;  apres  quoi ,  lorsqu'ils 
se  sont  bien  repiis ,  on  lcs  ramene  facilcinent 
a  la  metairie,  parcequ'ils  ne  s'ecartcnt  point, 
commv  je  Tai  dit,  de  leur  nourrice,  qu'ils  euten- 
dent  glousscr.  Tous  lcs  auteurs  coiiviennent  assez 
unanlmcment  qu'il  faut  eviter  de  mener  paitre, 
dans  rcndroit  oii  sera  cette  poule,  d"autrcs 
poules  qui  eleveiont  des  pousslns,  parce  que, 
des  queccllcs-ci,  apercoivent  les  paonncaux,  elles 
cessent  d'ctre  affectiounees  a  lcurs  petlts  et  les 
abandounent  avaut  de  les  avoir  eieves,  comme 
Si  elles  les  eussent  pris  en  aversion  ,  par  la  rai- 
son  qu'ils  ne  resscmblent  aux  paons  nl  par  la 
taille  ni  par  la  beaute.  Ces  oiseaux  sont  sujets 
aux  mfimes  maladies  que  eelles  auxquelles  les 
poules  sont  ordinaircmeut  sujettes  ;  aussi  ne  leur 
donne-t-on  pas  non  plus  d"autres  remedes  que 
ceux  que  Tou  eniploie  pour  lcs  poulcs,  puisqn'on 
les  gucrit  dc  l.i  pepie,  de  rindigestion  etdequelque 
autre  maladie  que  ce  soit,  avec  lcs  remedes  que 
uous  avons  indiques.  Passe  le  septicme  mois  a 
compter  depuis  leur  naissance,  il  faut  les  enfei'- 


mer  avec  lcs  aulrcs  paons  dans  leurs  retraites, 
pour  y  prendrc  le  repos  de  la  nuit ;  mais  on  pren- 
dra  garde  qu"ils  ne  se  tiennent  sur  la  terre;  et 
on  relevcra  ccux  qui  pourraient  se  coucher  ainsi, 
pour  lcs  poscr  sur  les  perches,  afln  que  le  froid 
ne  les  incommode  pas. 

XII.  L'cdueation  des  poules  de  Numldic  est 
a  peu  pres  la  meme  que  celie  des  paons.  Pour 
les  poules  sauvages,  que  Ton  appelle  rusticm 
(poules  de campagnc),  elles  ne  pondent  point  dans 
la  captivile;  alnsi  nous  n"avons  rlen  a  prcscrire 
a  leur  sujet,  si  ce  n'est  qu'il  faut  leur  donner  a 
mangertant  qu"clleseQ  veulent,  pour  lcs  rcndre 
plus  propres  a  couvrir  les  tables  dans  un  festin. 

XIII.  .le  passe  aux  oiseaux  que  les  Grecs  ap- 
pellent  'i;j.'iiSiot  (amphibics),  parce  qu'ils  ne  se 
conlentent  pas  de  la  pAture  quils  tiouvent  sur 
tcrre ,  et  qu"ils  en  chcrchcnt  aussi  dans  Teau  , 
n'etant  pas  plus  habltues  a  la  terre  qu'aux  etangs. 
Entre  ees  oiseaux  ,  Toie  est  respece  la  plus  re- 
cherchce  par  les  gens  de  la  campagne ,  parce 
qu'elle  ne  demande  pas  de  grands  soins ,  et  qu'elle 
est  ile  mcilleur  guet  que  le  chien  meme,  puis- 
qu'elle  trahit  par  son  chant  les  gens  qni  suiit  cn 
cmbuscade,  ainsi  qu'il  arriva  au  siege  du  Capi- 
tole,  suivant  ce  que  dit  rhistolre,  lorsque  ccs 
oiseaux  firent  entendre  leur  chant  a  rarrivce  des 
Gaulois,  pendant  que  lcs  chiens  etaient  restes 
muets.  On  ne  peut  pas  neanmoins  avoir  d'oies 
partout ,  d'aprcs  ropiniou  Ires-sensee  de  Celsus, 
qui  dit  que  Toie  ne  se  soutient  pas  aisement  sans 
eau,  non  plusque  sans  une  grande  quantile  d'her- 
bes,  et  qu'il  y  a  du  danger  a  en  avoir  dans  de 
jeunes  piants,  parce  qu'e!le  arrache  toutes  les  pro- 
ductions  tcndres  qu'ellc  peut  y  rencoiitrer.  Mais 
11  en  faudra  nourrir  dans  tout  endroit  oii  11  se 
trouvera  un  lleuve  ou  un  lac,  et  dans  le  voisi- 


vehemeiiter  ex|irossiis;  nam  seriiin  uocere  pullis  maiiifes- 
tum  est.  Locu.sliiM]u()(|ue  pedihus  ademlis  uliles  cibandis 
pullis  liabentui-,  al(|ue  iis  pusci  delient  usque  ad  sexliiiii 
mensera  :  postmodiim  satis  est  ordeiini  di;  maiiii  piaeliere. 
Possunt  auleni  post  quinliim  et  Irigesiinuni  diem  (|uam 
nali  sunt,  etiam  iii  anrum  salis  tiilo  eduei,  sequilunpie 
grex  velut  maliemgallinamsiugullienlem.  Ea  caveadati.sa 
fertiir  in  agnim  a  pastore ,  et  emissa  ligalo  pede  loiiga 
liiica  [gallina]  custodilur,  ad  qiiain  ciicumvolant  piilli. 
Qui  cum  ad  satietatem  pasti  sunt,  rediicuntur  in  villam 
peisequentes,  ul  i\\\,  nutrlcis  singulttis.  Salis  autem 
convenit  inler  auctores,  non  debeic  alias  gallinas,  qiiiL' 
pullos  siii  generis  educant,  iii  eodein  loco  pasci.  Jiaui 
cum  conspexerunt  pavoninam  piolem,suos  ptillosdiligeie 
desinunt,  et  imniaturos  relinquiinl,  peiosa;  videliccl, 
quod  nec  niagniliidine,  nec  specic  pavoiiiiiis  paies  sinl. 
Vitia  qtia'  gallinaceo  geiieri  nocere  solent,  cadein  lias 
aveis  infeslant  :  sed  nec  leniedia  Iradiintnr  alia,  quam 
quse  galliiiaceis  adliibenttir.  Nam  el  piliiila  et  cruditas,  el 
si  quae  aliiesiint  pestes,  iisdem  reuuuliis,  ipia;  proposui- 
mus,  prohihenliir.  Seplimiim  deinde  nien.sein  ciim  exces- 
(eiunl,  iii  stahulo  cuin  cieleris  a<l  iiocliurnaiii  rcquiem  de- 


bont  iiicliidi.  .Sed  eril  curaiidiiiii ,  ne  luimi  maneant.  Naiii 
qiii  sic  cuhltant,  tollendi  suiit,  et  supia  perticas  impo- 
iiendi,  ne  IVignie  laborenl. 

XII.  Numidicarum  eadem  est  lere,  quiC  pavonum  cdu- 
calio.  Ciii-'teriim  silvcstres  galllnae ,  qiiae  rusticso  appellan- 
tur,  iii  servitiite  iion  ftKlaiit  :  el  ideo  nihil  de  liis  prxci- 
pimiis,  nisi  iil  cihiis  ad  satielatem  prichcalur,  quo  .sjn/, 
cunvivionim  epiilis  apliores. 

.\lll.  Vciiio  ntinc  ad  eas  aves,  qnas  Giocci  vociint 
(iiA3i6iciu; ,  ipiia  non  tantiim  tenestria,  sed  aqtialilia  qiio- 
qiie  desideraiil  pahiila,  iiec  niagis  liumo  qiiam  slagiio 
consiieveniut.  iLJiisque  generis  aiiser  prircipue  rusticis 
graliis  cst ,  ipiod  iiec  maximani  curam  poscit,  ct  solertio- 
leni  cuslodiam  qiiam  canis  pia-hel.  Jiam  clangore  prodit 
insidiantem,  sictit  eliam  memoria  tradidit  in  obsidione 
Capibdii,  ctiin  adveulu  GalliMuin  vociferatiis  est,canibu3 
silenlibiis.  Is  aulem  iioii  uliiqiie  liaberi  polest,  ut  i>xisti- 
inat  verissiiiic  Celsus ,  qui  sic  ai(.  An,ser  iieque  sine  aqua , 
iiec  siiie  mtilta  lierba  lacile  suslinetur,  neque  utilis  est 
locis  consitis,  quia  qiiicqiiid  teuerum  coulingere  potest, 
carpil.  Slcubi  vero  niinien  aiitliicns  est,  lierh.ieque  copia, 
nec  iiimis  juxla  sata^  IVuses ,  id  qiioqiie  sciins  nulrieiiduiu 


COLUMELLE. 


nage  duquel  il  y  aura  beaucoup  d"herbi'S  et  peu 
de  terres  ensemeuctes.  Ce  n'est  pas  que  nous 
pensions  qu'on  doive  le  faire,  par  la  raison  que 
cet  oiseau  rapporte  beaucoup  de  prolit;  raais  seu- 
lement  parce  qH'il  n'est  point  a  charge ,  quoi- 
qu'on  retire  meme  un  certain  produit  de  ses  pe- 
tits  et  de  ses  plumes,  que  ron  peut  arracher  non 
pas  seulement  une  fois  Tan  ,  comme  la  laine  des 
brebis,  mais  deux  fois,  savoir  au  printemps  ct 
en  automne.  II  faut  donc  en  elever  au  moins 
une  petite  quantite  quand  la  situatioti  des  lieux 
le  permet,  et  ne  donner  que  trois  femelles  a 
chaque  male,  parce  que  la  pesanteur  des  mSies 
les  empeche  d'en  couvrir  un  plus  grand  nombre. 
II  faut  en  outre ,  pour  les  mettre  a  Tabri ,  leur 
faire,  dans  rinterieurde  !a  cour  etdans  des  coins 
retires,  des  logettes  dans  lesquelles  elles  se  cou- 
cheront  et  fi>ront  leur  ponle. 

XIV.  Quant  a  ceux  qui  s'attachent  ii  avoir  par 
troupeaux  des  oiseaux  qui  nagent,  ils doivent  for- 
mer  des  chenoboscia  (des  endroits  oii  paissent 
les  oies),  qui  ne  feront  honneur  qu"au  cas  qu'ils 
soient  disposcs  de  la  facon  qui  suit.  On  aura  uiie 
cour  separee  dont  tous  les  autres  bestiaux  ne 
pourront  pas  approcher,  et  qui  sera  environnee 
d'une  muraille  de  neuf  pieds  d'e!evation,  avec 
des  galeries  rangees  de  facon  qu'i!  y  ait  dans 
quelque  coin  une  cabane  pour  le  gardien.  On 
construira  ensuite  sous  ces  galeries,  avec  du 
moellon,  ou  meme  avecdela  petite  brique,  des 
logettes  carrees  :  il  suflit  que  chacune  de  ces 
logettes  ait  trois  pieds  en  tout  sens ,  et  il  faut  que 
rentree  en  soit  munie  de  petites  portes  solides, 
parce  qu'on  doit  !es  fermer  exactoraent  dans  le 
teraps  de  la  ponte  de  ces  oiscaux.  Ensiiite  s'il  se 
trouve  liors  de  la  metairie  un  itang  ou  un  fleuve 
a  quelque  distance  des  batiments ,  on  ue  cher- 


chera  pas  a  se  procurer  d'autre  eau  ;  mais  s'il  ii'y 
en  a  point,on  ferades  mares  etdes  reservoirs  d'eau 
artificiels,  alin  que  ces  oiseaux  ne  manquent  point 
d'endroits  ou  ils  puissent  se  plonger,  parce  que 
cette  ressource  leurestaussi  necessaire  pour  vi- 
vre  que  celle  de  la  terre.  On  leur  reservera  aussi 
un  tcrrain  marecageux  bien  fourni  d'herbes,  et 
cutre  autres  paturages  qu'on  y  semera  ,  tels  que 
la  vesce ,  le  trefle  et  le  fenu-grec.  On  n"oubliera 
pas  surtout  d'y  semer  de  cette  espece  de  chico- 
ree  que  les  Grecs  appellent  ctEpK;  (chicoree  friseej. 
I!  faiitencore  semer  particulierement  de  la  graine 
de  laitue,  parce  que  c'est  uu  herbage  tres-tendre 
et  fort  recherche  par  ces  oiseaux ,  outre  que  c'est 
une  nourriture  excellente  pour  leurs  petits.  Tou- 
tes  ces  choses  ainsi  preparees  ,  il  faut  avoir  soin 
de  choisir  des  maies  ainsi  que  des  femelles  de  la 
piusgrande  taille,  et  dont  la  couleur  soit  blan- 
clie;  car  il  y  a  une  espece  d'oie  bigarree,  qui 
etait  sauvage  dans  le  principe,  et  qui  n'est  de- 
venue  domestique  que  depuis  qu'oa  l'a  apprivoi- 
sce;  mais  il  ne  faut  pas  en  elever,  parce  qu'e!le 
n'est  pas  aussi  feconde  ni  d'un  aussi  grand  prix 
que  les  autres.  Le  temps  le  plus  propre  pour  faire 
accoupler  les  oies ,  c'est  depuis  le  soistice  d'hiver, 
comrae  !e  plus  propre  pour  les  faire  pondre  et 
couver,  c'est  depuis  les  calendes  de  fevrier  ou 
de  mars  jusqu'au  solstice,  qui  arrive  vers  la  fin 
du  mois  de  juin.  Elles  ne  s'accoup)ent  pas,  commo 
les  premiers  oiseaux  dontnous  avons  parle,  en  se 
tcnant  sur  ferre,  mais  elles  le  font  commune- 
ment  dans  des  rivieres  ou  dans  des  reservoirs 
d'eau.  Ellcs  pondent  chacune  trois  fois  par  an, 
pourvu  qu'on  !es  empeche  de  faire  eclore  leurs 
osufs,  ce  qui  est  plus  avantageux  dc  faire  quede 
les  leur  donner  a  couvera  elies-meraes,  parce  que 
lcs  poules  auxquelles  on  les  donne  a  couver  nour- 


esl.  Quod etiam  nos  laceie  censemiis,  non  (luia  niagni  sit 
fiuclus,  sed  quia  miniini  oneris.  Altamen  piiEstat  ex  se 
pullos  alque  plumam,  quani  non,  ut  in  ovibus  lanam , 
semel  (ieinetere,  seil  bis  anno  ,  vere  et  aulunino  vellere 
licet.  Atque  ob  bas  quiilem  causas,  si  perniillil  locorum 
conditio ,  vel  paucos  utique  oportet  educare ,  singnlisqiie 
maribus  ternas  fiEminas  destinare.  Nam  propter  ^ravita- 
tem  plureis  inire  non  possunt.  Quinetiam  iiitracoliurtem, 
ut  protecli  sint ,  secretas  singulis  haras  facere  oportet,  iu 
quibus  eubitent  et  faitus  ubi  edant. 

XIV.  Qiii  vero  greges  nanlium  possidere  student,  che- 
nohoscia  constituant,  qua;  tum  demum  vigebimt ,  si  fuerint 
ordinala  ratione  lali.  Cohors  ab  omni  cajlero  pecore  se- 
cieta  clauditur  alta  novem  pedum  maceria,  porlicibusque 
circunidata,  ita  ut  in  aliqna  parte  sit  cella  custodis.  Sub 
porticibus  deinde  quadiataj  haise  caemenlis  vel  eliam  la- 
terciilis  exlruuntur :  quas  singulas  satis est  habere  qnoquo- 
vcrsiis  pedes  ternos,  et  adilns  singulos  firinis  ostiotis 
mnnilos ;  qiiia  per  f(jeliiram  diligenterdaudi  debeul.  Extra 
viilani  deinde  non  longe  ab  a;di(icio  si  est  stagiium  vel 
niiiiiiMi,  aliauon  quiTialiir  nqua  :  sin  aliler,  lacus  pisci- 
iiiipie  manii  (ianl ,  ut  sint  quibus  inunnare  possint  aves. 


Nam  sine  isto  primordio  non  magis  qiiam  sine  lerreno 
rccle  vivere  queunl.  Palustris  quoque,  sed  herbidus  ager 
desllnetur ,  atque  alia  pabula  conserantur,  ul  vicia,  trifo- 
liuin,  fo?nnm  Graecum,  sed  praecipuegenns  inlubi,  quod 
(jipiv  Grreci  appellaut.  Lactuc*  quoqiie  in  hunc  usum 
seniina  vel  maxime  serenda  sunt,  quoniam  et  mollissimum 
estolus,et  libenlissime  ab  hls  avibus  appetilur.  Tum 
eliam  pullis  utilissima  est  esca.  Ha;'c  cum  praeparala 
siinl ,  curandum  esl ,  ut  mares  fu'mina'que  quani  amplis- 
simi  corporis,  et  albi  coloris  eligantur.  iSam  esl  aliiid 
genns  varium,  quod  a  feio  mitigalum  domesticiim  fac- 
lum  est.  Id  neque  a^qiie  faecundum  est,  nec  tani  prelio- 
sum  :  propter  qiiod  minime  nutriendum  est.  Anseribus 
admiltendis  tempus  aptissimum  est  a  bruma ;  mnx  ad  pa- 
riendum,  et  ad  incubandum  a  Calen.  Fcbruariis  vel  Marliis 
usque  ad  solstilium ,  qiiod  fit  ullima  parle  mcnsis  Jiinii. 
Ineuul  autem  non,  ut  prioresaves,  de  quibusdiximus, 
insislentes  humi  :  nam  fere  in  llumine  aut  piscinis  id  fa- 
ciunt :  singuUeque  ter  anno  pariinit,  si  proliibcanliir  fa^lus 
siios  exchidere ,  quod  magisexpedit,  quam  qiium  ipsao 
suos  fuvenl.  Nam  el  a  gallinis  melius  enutriunlur,  ct 
longe  major  grex  efficitur.  l>aiiunt  aulcm  singulis  fietibus 


DE  L'AGRICULTU!U:,  LIV.  VIII. 


ri>>sent  mieux  les  petits qui  eu  sont  \enus ,  et  que 
le  troupeau  devient  par  la  bien  plus  nombreux. 
Elles  donnent  cinq  oeufs  a  la  premiere  ponte , 
quatre  a  la  suivante,  et  trois  a  la  derniere  : 
quelqiics  personnes  leur  laissent  elever  les  petits 
de  cette  derniere  ponte ,  paree  qu'elles  ne  doivent 
pliis  pondre  de  tout  le  reste  de  raunee.  II  ne  faut 
pas  laisser  pondre  les  femelles  hors  du  clos  qui 
leurestdestine;  ainsi  lorsqu'elles  paraitront  rher- 
cherun  endroit  pourydeposer  leursceufs,  on  leur 
tStera  le  ventre  en  le  pressant  pour  s'assurer  de 
leur  etat,  parce  que,  des  quelles  approehentdu 
moment  de  la  ponte,  on  sent  avec  le  doigt  lcs 
oeufs  qui  soutalorssur  le  bord  de  leurs  parties, 
eton  les  eonduira  a  leurs  logettes,  ou  on  les  en- 
fermera  afin  qu'elles  y  pondent.  II  suftira  d'a- 
voir  observe  cette  pratique  une  seule  fois  vis-a- 
vis  de chaeune,  parce  qu"elles  rctournent  toujours 
toutes  a  Tendroit  dans  lequel  elles  ont  pondu  unc 
premiere  fois.  Mais  lorsqu'on  veut  qu"elles  cou- 
vent  elles-memes  les  a?ufs  de  la  derniere  ponte, 
il  faut  avoir  soiu  de  marquer  ces  cpufs  aflu  de  les 
reconnaitre,  et  de  les  metlre  chacun  sous  celles 
qui  les  auront  pondus  ,  parce  qu'on  pretend  que 
les  oies  ne  font  poiut  eelore  des  aufs  qu'elles 
n'ont  point  pondus,  a  moins  qu'elles  n'cn  cou- 
vent  en  meme  temps  des  leurs  propres.  Pour  les 
poules,  on  leur  donne  a  couver  autant  d'cEufs 
d'oies  que  d'oeufs  de  paonnes,  c'est-a-dire  cinq  au 
plus  et  trois  au  moins ;  au  lieu  qu'on  donne  aux 
oies  sept  au  moins  et  qninze  au  plus.  i\Iais  on 
doit  avoir  la  precaution  de  mettre  sous  les  oeufs 
des  racines  d"orties  ,  ce  qui  est  une  espece  de  re- 
mede  contre  les  orties  meracs  ,  dont  la  piqure  est 
mortelle  aux  oisons  qui  viennent  d'eclore.  II  faut 
trente  jours  pour  que  les  oisons  se  forment  et 
qu'ilssorient  de  l'oeuf,  lorsqu'il  fait  froid ;  car  lors- 
qu'il  fait  chaud,  il  suflit  de  vingt-cinqjours,  quoi- 


que  le  plus  souvent  on  ne  les  voie  ceiore  que  le 
trentieme  jour.  Tant  qu'ils  sont  petits  ,  ou  les 
nourrit  les  dix  premiers  jours  dans  la  logette  oii 
ils  sont  renfermes  avec  leur  mere ;  apres quoi ,  lors- 
que  le  beau  temps  le  permct,  on  les  mcne  dans  les 
prcs  et  aux  reservoirs  d'eau.  II  faut  prendre 
garde  qu'il  ne  leur  arrive  d'etre  piques  par  des 
ortics ,  et  eviter  de  les  envoyer  aux  paturages 
sans  les  avoir  rassasies  auparavaut  de  chicoree 
ou  de  fenilles  de  laitue  hach^es.  Eu  effet ,  s'ils  y 
nllaicnt  quand  ils  sont  encore  faibles ,  saiis  avoir 
pris  de  nourriture  auparavant,  ils  s"opini5tre- 
raient  si  fort  a  arracher  de  terre  les  arbrisseaux 
ou  les  herbes,  qu"ils  se  rorapraient  le  cou.  On  fait 
bien  de  leur  doiuicr  aussi  du  millctou  meme  du 
froment  dans  de  Tcau.  Lorsqu'ils  sont  devenus 
un  peu  plus  forts  ,  on  lcs  incorpore  dans  la  troupe 
de  leurs  eamaradcs,  et  on  les  nourrit  d"oi'ge  : 
il  est  egalement  utile  d'en  donneraux  meres.  II 
n'est  pas  a  propos  de  mcttre  plus  de  vingt  oisons 
dans  la  meme  logette  ,  eomme  il  ne  faut  pas  non 
plus  en  mettre  de  trop  petits  avcc  de  p!us  grands , 
pareeque  les  plus  forts  tueraient  les  plus  faibles. 
II  fant  tenir  tres-seches  les  rctraites  dans  les- 
quelles  ils  se  couchent  babituellemcnt,  ct  y  cten- 
dre  de  la  paille,  ou,  a  dcfaut  de  paille,  du  foin, 
qui  leur  estegalement  agreable.  Pour  le  surplus, 
on  observera  les  preceptes  que  nous  avons  don- 
nes  par  rapport  aux  autres  especes  de  poussins, 
et  qui  consistent  a  empecher  qu'ils  ne  sentent 
rodeur  d'une  couleuvre  ou  dun  furet,  de  merae 
quc  celle  d'un  chatou  meme  d'une  belctte,  parce 
que  ces  animaux  pestilentiels  font  communcraent 
un  carnage  affreux  de  ces  oiseaux  ,  lorsqu'iIs  sont 
jeunes.  II  y  a  des  personnes  qui  donnent  aux 
oies  de  Torge  detrempee  ,  pendant  qu'elles  cou- 
vent ,  sans  pcrmettre  que  les  meres  abaudonnent 
souvent  leurs  nids  :  les  memes  personncs  don- 


OTa,primo  quina ,  seqiienli  qiialerna,  iiovis.<imo  lerna  : 
quem  partum  iionnulli  peimittunt  ipsis matiibus  ediitare, 
quia  reliquo  tempore  anni  vacatuiBe  sunt  a  fcetu.  JMiniinc 
autcm  concedendum  est  foeniiiiis  exlra  seplum  parere,  srd 
cum  videbunlur  scdem  qua'rere ,  coinprimenda;  sunl 
alque  tentandcB.  Nam  si  appiopinquant  partus,  digilo 
tan^iintur  ova  ,  quBe  sunt  in  prima  parte  locoium  genila- 
lium.  Quamobrem  pcrdiici  ad  barani  debent,  includique 
ut  futura  edant :  idque  singulis  semel  fecissc  saliscsl, 
qiioniam  unaqua;qiie  recunil eodem ,  ubi  priino  pcpeiil. 
Sed  novissimo  fcctu  ciim  volumusipsas  incubarc,  iiotandi 
erunt  uniusrujusque  parlus,  ut  suis  ir.atribiis  subjician- 
lur  :  riuoiiiam  negatur  anser  aliena  excludcre  ova,  nisi 
sulijecta  sua  quoqueliabueiit.  Suppaniiiitur  aiilem  gallinis 
liiijus  geiieris  ova,  sicul  pavoiiina,  pliirima  quinque, 
paucissima  Iria  :  ipsis  autcm  anscribiis  paucissima  mi, 
plurima  xv.  Scd  custodiri  dclict ,  ut  ovis  subjiciantm' 
iicibn!  uiticarum  ,  quo  quasi  lemedio  nicdicanliir,  nc  no- 
ceii  possil  excusis  anserciilis,  quos  eiicrant  urtica;,  si  tc- 
neros  pupugciint.  Pullis  aiitcm  formandis  excudendisqiie 
trigiula  diebus  opus  est ,  cum  sunt  .frigora  :  nam  tcpidis 


XXV  .«atis  cst.  Sa-pius  laraen  anser  trigesimo  die  nascitur. 
.Atque  is  diim  exigiiiis  est,  decem  priniis  diebus  pascitur 
in  liaia  claususcum  matre  :  postea  cum  serenilas  permit- 
tit,  pioduciliir  in  pi'ata,et  ad  piscinas.  Cavenduinque 
est,  ne  aut  aculeis  uiiicaj  compiiiigatur,  aut  csuriens 
miltalur  in  pascuiim  :  scd  anteconcisis  intubis  vel  lac- 
tuca;  foliis  satiiictur.  Nam  si  esl  adliuc  pariim  lirmus ,  el 
indigcns  ciboiiim  pervenit  in  pascuum,  fruticibus  aiit 
.solidioribus  lierbis  obluctalur  ila  pertiiiaciter,  iit  (ulliim 
abiumpat.  Milium  qiioque  aut  eliam  triticuin  niistiiin  cnm 
aqua  rccte  prabetiir.  Atque  ubi  se  pauliim  coiilirnia\it, 
in  grcgcm  coiequaliuin  compelliliir,  et  oideo  alitiir  :  (luod 
et  matiicibus  prndjere  non  inutile  est.  1'iillos  aiilciii  non 
expcdit  plures  in  singulas  liaias  qiiaiii  vicenos  a(lji(  i ;  iicc 
rursus  oinnino  ciim  majoribus  iiicludi ,  quoniani  validior 
eii(>cat  inlirinum.  Cellas,  in  quibus  inciibitant ,  siccissimas 
cssc  oportet ,  siilistralasipic  babcic  palcas  :  vel  si  eie  non 
siinl,  crassissiinuini{iii»li|iii'  riciium.  Catera eadcm,  quae 
iii  aliis  generibii.4  piilldi  iiiii  .scrvaiida  suiit ,  nc  coluber ,  nc 
vipeia,  felesque,  aiit  cliam  muslcla  possit  aspirarc  :  rpia' 
ferc  pcinicics  ad  intcrnecioncm  prostcrnunt  tcncros.  Siiiil 


^so 


COLUMELLE. 


iicut  aussiaux  oisons,  pendant  lcs  cinq  premicrs 
jours  depuis  quMls  sont  ecios,  du  gruau  on  de  la 
farine  detrempee,  comme  aux  paons.  D'autrcs 
leur  donnent  encore  dans  de  Teau  du  crcsson 
vert  liaclie  en  petits  raorceaux  ,  et  cette  nourri- 
turc  ieur  est  tres-agreable.  Par  la  suite ,  lorsqu"ils 
ont  quatre  mois,  on  destine  les  pliis  grands  d'en- 
tre  eux  a  Tengrais,  parce  que  la  jeunesse  est  l"age 
que  !"on  regarde  comme  le  plus  propre  pour  les 
engraisser.  L'engrais  de  ces  oiseaux  est  facile  a 
faire ,  puisqu'il  n'y  a  absoluraent  rien  autre  cbose 
a  leur  donner  que  du  gruau  et  de  la  fleur  de 
farinetrois  fois  par  jour,  pourvu  qu'on  les  mette 
a  portee  de  boire  copieusement ,  qu'on  ne  leur 
laissepointla  libertedecourir,  et  qu"on  lestienne 
renfermes  dans  un  lieu  cbaud  et  obseur,  toutcs 
cboses  qui  contribuent  beaucoup  a  former  la 
graisse.  ?jn  suivant  eette  metbode ,  on  vient  a 
bout  de  lesengraisser  en  deux  mois,  et  il  arrive 
meme  souveot  que  la  couvee  la  plusjeune  est  en- 
graissee  au  bout  de  quarante  jours. 

XV.  II  faut  prendre  les  memessoinspour  for- 
mcr  un  endroit  oii  ron  elevera  des  canards ;  mais 
la  dcpense  en  sera  plusconsiderable,  parce  qu"on 
y  renferraera,  pour  les  y  nourrir,  non-seulement 
des  canards,  mais  encore  des  sarcelles ,  des  bos- 
cides ,  des  phalerides ,  et  d'autres  oiseaux  sem- 
blables,  qui  fouillent  dans  les  etangs  et  dans  les 
marais.  Ou  choisit  a  cet  effet  un  terrain  plat  que 
Ton  entoure  d"une  muraille  de  quinze  pieds  d"e- 
levation;  ensuite  on  le  couvre  avec  un  treillage 
ou  avec  des  illets  a  grandes  mailles,  alln  que 
ces  oiseaux  domestiques  n'aient  point  la  facultc 
de  s'envoIer,  et  que  les  aigles  et  les  oiseaux  de 
proie  ne  puissent  pas  fondre  sur  eux.  On  revetira 
aussi  toute  cctte  muraille  ,  tant  en  dedans  qu'en 
dehors,  d'un  enduit  bien  poli,  de  peur  que  les 
chats  ou  les  furets  ne  grimpent  par-dessus.  En- 


suite  on  creusera  dans  le  milieu  de  cet  cnclos  un 
bassin  de  deux  pieds  de  profondeur,  et  dont  la 
longueur,  ainsi  que  la  largeur,  seront  determinees 
parlasituation  du  lieu.  On  pavera  en  ouvrage  de 
Signia  les  descentes  qui  conduiront  a  Teau^de 
peurquellesneviennent  aetredegradeesparrim- 
petuosite  de  Teau ,  qui  coulera  toujours  a  travers 
le  bassin  ,  au  cas  qu'elle  vienne  a  se  deborder. 
II  ne  faut  pas  que  ces  descentes  soient  coupees 
en  forrae  de  degres;  mais  elles  doivent  gagnet 
Teau  insensiblement,  de  facon  que  Ton  y  des- 
cende  comme  on  descend  du  rivage  h  la  raer. 
II  faut  paver  en  pierres  et  revetird'un  enduit  le 
sol  du  bassin  dans  tout  son  contour,  jusqu'aux 
deux  tiers  a  peu  pres  de  sa  longueur  et  de  sa  lar 
geur  en  tirant  vers  le  centre ,  afin  qu'il  n"y  puissc 
pas  croitre  d"berbes ,  et  que  cette  partie  du  sol 
presente  aux  oiseaux,  lorsqu'ils  nageront,  un 
espace  libre  et  bien  uni  :  d'un  autre  c6te,  lc 
centre  doit  rester  en  terre-plein,  pour  qu"on 
puisse  y  semer  des  feves  d'Egypte  et  d^autre? 
berbes  qui  viennent  ordinaireraent  dans  l"eau, 
et  qui  serviront  a  ombrager  les  retraites  des  oi- 
seaux.  II  s"en  trouve ,  a  la  verite,  dans  le  nombre 
qui  se  plaisent  a  se  tenir  sous  de  pctites  forets  de 
tamaris,  ou  au  milieu  des  plantations  de  joncs 
d'eau;  raais  ce  n'est  pas  un  raotif  suffisaut  pour 
que  ces  pelites  forets  oceupent  tout  !e  bassin,  et 
le  contour,  au  contraire,  n'en  doit  point  etre 
couvert,  ainsi  que  je  Tai  dit,  afin  que,  lorsque 
les  oiseaux  serontragaillardis  par  le  beau  temps, 
ils  puissent  s'ebattre  entre  eux  ,  en  nageant  rapi- 
deraent,  et  sans  rencontrer  d'obstacle  qui  arrete 
leur  course.  En  effet ,  si  d'un  cote  ils  sont  bien 
aises  de  trouver  des  endroits  oii  ils  puissent  se 
glisser,  pour  tendre  des  pieges  aux  betes  aqua- 
tiques  qui  s'y  tiennent  cacbees  ,  ils  seraient  l'd- 
cbes  d'un  autre  c6te  de  ne  point  trouver  d'espaces 


qui  ordeum  maceratum  inciibanlil)us  apponant ,  nec  pa- 
liantur  niatrices  sicpius  nidum  reiinquere.  Deinde  pullis 
exdusis  primis  quinque  diebus  polentam  vel  maceratum 
lar,  sicut  pavonibus  olijiciunt.  Nonnulli  etiam  viride  nas- 
lurtium  consectum  minutatim  cum  aqua  praebent,  eaquc 
eis  est  esca  jucundissima.  Mox  ubi  quatuor  mensium  facti 
sunt,  farturae  maximus  qiiisque  deslinatur,  quoniam 
tenera  oetas  praecipue  habetur  ad  hanc  rem  aptissima  :  et 
est  lacilis  liaruui  avium  sagina  :  nam  prKter  polentam  et 
polliuem  ter  die  niliil  sane  aliud  daiji  necesse  est,  dum- 
modo  large  bibendi  potestas  fiat,  nec  vagandi  facultas  de- 
tur ;  sintque  calido  el  tenebricoso  loco  :  qua;  res  ad  crean- 
das  adipes  mulluniconferunt.  Hoc  modo  duobus  meusibus 
pinguescunt  etiam  majores.  ^Am  tenerrima  pullities  sajpe 
xitJiebus  opima  reddilur. 

XV.  Nessotropbii  cura  similis,  sed  major  impensa  esl. 
Nam  clausac  pascuntur  anates,  queiquedulre,  boscides  , 
plialcrides,  similesque  volucres,  qune  stagna  et  paludes 
I  imantur.  Locus  planus  eligitur,  isque  munitur  siiblimiter 
pidum  quindecim  niaceria  :  deinde  clatris  superpnsitis  , 
\i]\  graiidi  macula  relibus  contegitur,  ne  aut  evolaudi  sil 


potestas  domesticis  avibus,  aut  aquilis  vel  accipitribus 
involandi.  Sed  ea  tota  maceries  opere  lectorio  levigalur 
exlra  inlraiiue,  ne  feles,  aut  viverra  perrepat.  Media 
deiiide  parte  «essotropliii  lacus  deloditur  in  duos  pedes 
altitudinis,  spatinmqiie  longiludini  dalur  et  latiludini 
quantum  loci  conditio  permitlit.  Ora  lacusnecorrumpan- 
tur  violenlia  rcslagnantis  unda;,  quae  semper  iuniieie 
deliet,  opere  Siguiiio  cousterniintur,  eaque  non  in  giadiis 
oportet  erigi ,  sed  paiilatim  clivo  subsidere ,  ul  lamquam 
e  litoie  descendatur  in  aquam.  Solum  autem  slagni  per 
circnilum  ,  quod  sit  instar  modi  totius  duarum  parlium, 
lapidibus  inculcalis  [ac]  tectorio  municndum  est,  ne 
posslt  bcrbas  evomere ,  prsebeatque  nantibus  aqua;  puram 
superficiem.  Media  rursus  terrena  pars  esse  debet,  iil  co- 
locasiis  conseralur,  aliisqiie  familiaiibus  aquae  viiidibus, 
quaeinopacantavium  receptacula.  Sunt  enim  quibiiscordi 
esl  vel  iii  silvulis  tainaricum ,  aut  scirporum  frutetis  im- 
morari.  Kec  ob  haiic  tamen  causam  lotus  locus  silvulis 
occupetur,  sed  ut  dixi,  per  circuitum  vacet,  ut  sine  1m- 
pediniento ,  cum  apricilate  diei  gestiunt  aves,  naiidi  velo- 
citatc  concerfent.   Nain  queinadinodum  desideranl  ess6 


DE  L'AGIUClILTU[lE,  LIV.  VFII. 


vides ,  qu'ils  puisscnt  travevser  en  liberte.  Les 
bonls  du  bassin  seront  en  outre  tapisses  dberbes 
en  dehors  de  tous  eotes  sur  une  largeurde  vini;t 
pieds,  et  rextremite  de  tout  le  terrain  sera  gar- 
nie  de  lo^ettesd'un  pied  en  carre,  dans  lesquei- 
les  les  oiscau.x  feront  leurs  nids ,  et  qui  seront 
construites  en  pierre  le  iong  des  murailles ,  et  rc- 
\etues  d"un  enduit.  Ces  logettes  seront  separees 
Tune  de  Tautre  par  des  arbrisseaux  de  biiis  ou 
de  myrte,  qui  lcs  couvriront  de  leur  ombrase 
sans  monter  plus  baut  que  les  niurs.  Ensuite  on 
creusera  en  terre  un  petit  canal  qui  rc^nera  tout 
le  long  des  logettes,  et  dans  leqiiel  on  jettera 
tous  les  jours  la  nourriture  des  oiseaux ,  alin 
qu'elle  soit  entrainee  par  Teau  qui  y  coulera, 
parce  que  c"est  la  facon  de  nourrir  ces  sortes  d'oi- 
seaux.  Parnii  les  productions  que  fournit  la  terre , 
ils  aiment  le  plus  le  panis  et  le  niillet,  ainsi  que 
l'orge  :  on  leur  donneaussi  du  gland  et  du  mare 
de  raisin  ,  lorsqu'on  est  a  portee  de  le  faire.  Quant 
aux  uourritures  aquatiques,  on  leurdonnera, 
si  Ton  est  a  portee  d'en  avoir,  des  ecrevisses, 
des  akcuhi'  de  ruisseaux,  et  toutes  sortes  d'au- 
tres  poissons  de  rivieres  du  nonibre  de  ceux  qui 
ne  croissent  pas  beaucoup.  Les  temps  de  Tac- 
couplement  de  ces  oiseaux  sont  !es  memes  qiie 
pour  les  autres  oiseaux  sauvages,  c'est-a-dire  , 
que  e"est  le  niois  de  mars  et  lesuivant.  II  faut, 
pendant  ees  deux  niois,  jeter  de  tous  cotes  daiis 
leurs  retraites  des  brins  de  pailleavec  de  petites 
branehes  d'arbres,  alin  qu'ils  puissent  les  ra- 
masser,  pour  les  employer  a  la  construction  de 
leurs  nids.  Mais  la  chose  la  plus  importante  a 
faire ,  lorsque  Ton  veut  former  un  endroit  ou 
Ton  veut  elever  des  eanards,  c"est  de  raniasser 
les  oeufs  dcs  oiseaux  que  nous  venons  de  nom- 
mer  dans  les  cnvirons  des  marais,  lieux  ou  ils 


pondenteommuniment,  et  de  les  donner  acou- 
ver  a  des  poules  de  basse-eour,  pareeque,des 
quelespetitsen  sonteclos  sous  despouleset  qu'ils 
ont  ete  eleves  par  elles,  ils  perdent  leurcarac- 
teresauvage,  et  ne  manqnent  point  de  multi- 
plier  quand  on  vient  a  les  renlermer  dans  des 
viviers ;  au  lieu  que  si  on  voulait  renfermer,  aus- 
sit6tqu"on  les  aurait  pris,  des  oiseaux  habitue.s 
a  une  vie  libre,  ils  tarderaient  a  pondie  dans  la 
captivite.  Cest  en  avoir  assez  dit  sur  rentretien 
des  oiseaux  qui  nagent. 

-\  VI.  Mais  en  traitantdes  animauxaqnatiqiies, 
je  suisarriveaparler  des  soinsque  rondoit  pren- 
dre  des  poissons ;  ainsi ,  quoique  je  regarde  le 
proiit  qu"on  en  peut  tirer  comme  tres-etranger 
aux  agriculteurs,  (  que  peut-on  en  effet  imaginer 
de  plus  oppose  entre  soi  que  la  terre  et  Teau  ? ) 
je  ne  negligerai  pas  d'eu  parler,  parce  que  nos 
aneetres  ont  celebre  ce  gout  particulier,  jusqirau 
point  de  renfermer  des  poissons  de  mer  dans 
de  Teau  douee,  et  de  prendre,  pour  nourrir  des 
niulets  et  des  ehiens  de  mer,  les  memes  soiiis  (jue 
Ton  prend  aujourd"hui  pour  nourrir  des  murenes 
et  des  loups  marins.  En  effet,  cesanciens  deseen- 
dants  de  Romuius  et  de  ^uma,  tout  rusliques 
qu'ils  etaieut,  avaient  fort  a  coeur  de  se  procurer. 
dans  la  vie  qu'ils  menaient  a  leurs  metairies , 
unesorte  d'abondance  en  tout  genre,  seniblalde 
acelle  quiregneparmi  ceu\  qui  viventa  la  ville. 
Aussi  ne  se  eontentaient-ils  pas  de  peupler  de 
poissous  les  viviers  qu"ils  avaient  construits  a  cct 
effet,  mais  ils  portaient  la  prevoyance  jusqu'u 
remplir  les  lacs  formes  par  la  nature  meme  de  se- 
mences  de  poissons  demerqu'ils  yjelaient.  Cest 
ainsi  que  le  lac  Velinus  et  le  Sabatinus,  aiissi 
bien  que  le  Volsinensis  et  le  Cimiuius,  sont  par\  e- 
nus  ii  nous  donner  en  abondance  non-seulemeiit 


fiui)  inepant,  et  iilii  (Irlitesrmitibus  lluviaticis  aninialibus 
insiiiicntur;  ita  orfeii(lunlui-,sin()nsunl  libeia  spatia,  qiia 
perniecnt.  Kxtia  lacuin  deindepcr  vicenos  undiqne  peiles 
gramine  ripae  vesliantur  :  siiitque  post  hunc  agri  modum 
circa  maccriani  lapide  fabrieala  ct  expolita  tecloriis  pedalia 
in  (|uadialuin  cubilia,  (|uibus  innidiliccnt  aves  :  eaque 
conteuanlur  intersitis  bu\cisaiit  invrteis  fruliribiis,  qui 
non  exiTdaiit  altiliiilinem  parielum.  Statim  deinde  perpe- 
tuiis  canaliculus  Iiiinii  dcprcssiis  constriiatiir,  pcr  qucm 
quolidle  niisti  cuin  aijiia  cilii  dcnii  raiit  ■.  sic  cuim  iiabiilalur 
id  geniis  avium.  Gralissiiiia  cst  CMa  tcncslris  lcf;iiiniiiis 
paiiicum  ctnillinm,  iicinuii  ct  iirilriiin  :  .scd  iibi  copia  est, 
otiain  glans  ac  vinacca  pncbentur.  .^qiiatilis  autcin  cibi  .si 
sitlacultas,  datur  caminarns,  et  rivalis  alccnla,  vcl  si 
qua  siiiit  incrcmenti  parvl  Uuvioriiin  aninialia.  Tempora 
coiicul)itiis  cadera  qiiio  ca^teicie  silvestrcs  alitcs  observant 
Mai  tii ,  seqiientisque  meiisis  :  per  quos  festnca;  surciili- 
que  in  aviariis  pa.ssiin  spargendi  sunt,  nt  colligcie  possiiil 
aves,  qiiibus  nidos  construant.  Sed  antiipiissimum  est, 
cimi  quis  ncssotiophion  cnuslituere  volct,  iit  priedictaium 
aviiini  circa  paliidcs,  in  (|iiibiis  plcrnmqiic  fictant,  ova 
colli^at ,  ct  <  iiliorlaliluis  gallinis  subjiciat.  .Sic  cnini  excliisi 


cducatique  pulli  deponunt  iiigenia  sihcslria,  claiisiiiue 
vivariis  liauddHbitanterprogenerant.  NanKsi  niinlo  captas 
aves ,  quce  consuevere  libero  victu ,  custodia;  Iradcre 
velis,  parcre  cunctantnr  in  servitule.  Sed  de  lutela  nan- 
tiiim  volucnim  satis  dictum  esl. 

X\'l.  Verum  op[iorlune,  dum  mcminimus  aqualilium 
animalium  ,  ad  ciiram  pervfinimus  pisciimi,  quorum  icdi- 
tiim  quainvis  alicuissimum  agriciiltoribus  pntiMii  (quid 
cniin  lam  coiitraiiiim  cst,  quam  tcncniiin  lluido?),  tanicii 
non  omittam  :  nam  et  Iiariim  stiidia  rcriim  majores  noslri 
celebravcrunt,  adeo  quidem ,  ut  ctiain  dulcibus  aquis  ma- 
riiios  claiideicnt  pisccs ,  atque  cadciii  ciira  niugilem  sca- 
riimque  niitrircnt ,  qiia  nunc  miincna  et  lupus  cducautnr. 
Magni  enim  a-slimabat  velns  illa  Romiili  et  iNHina,>  rustica 
progcnies ,  si  urban.Te  Tita;  comparetur  villatica ,  niilla 
parte  copiarum  delici.  Qnamobrcm  non  solum  pisciuas, 
qiias  ipsi  construxerant,  frequentabant;  sed  ctiain  quos 
reriim  natnra  lacus  fccerat,  convectis  marinis  scminibus 
rcplebanl.  Inde  Velinns  ,  indc  diaui  Sabatinus,  itcm  Vol- 
1  siniensis,  et  Ciminius  luposaiiialasquc  procreavermil,  ac 
:  si  qua  sunt  alia  pi.sciiim  gcncia  diilcis  undre  lolerantia. 
i  Mox  islani  curam  scqiicns  iclas  abolcvit,  cl  lii.ililirc  Ki- 


COLUMELLE. 


des  loups  marins  et  des  auratm,  mais  eneore  de. 
toutes  les  aiitres  especes  de  poissons  qui  oiU  pu 
s'habituer  a  Teau  douce.  Par  la  suite,  ies  siecles 
posterieurs  ont  abandonne  ces  soins,  et  la  nia- 
gnificence  des  gens  opulents  a  commence  a  ren- 
fermer  la  mer  et  Neptune  Ini-meme;  cet  usage 
subsistait  deja  du  teraps  de  nos  predecesseurs; 
et  le  propos  de  Marcius  Phiiippus,  tout  spiritue 
quMI  est,  denote  cependant  un  raffinement  de  luxe 
pousse  a  Texces.  Cet  homme  mangeant  un  jour 
a la  tablede rhotequi  le  logeai t a Cassino ,  et  ayant 
goute  d'un  loup  marin  peche dans  un  fleuve  voisin 
qu'on  lui  avait  servi,  le  cracha ,  et  joignit  a 
cette  action  iraperlinente  ce  propos  :  .Te  veux 
mourir,  si  je  ii'a;  as  cru  d"abordque  c'ctait  un 
poisson.  Ce  serment  contribua  douc  a  rendre  la 
gourmandisede  bien  des  gens  encoreplus  raffmee 
qu'elle  ne  l'avait  encore  ete,  et  apprit  aux  palais 
les  pluseonnaisseurs  et  les  plusdelicats  a  dedai- 
gner  les  loups  pris  dans  les  rivieres,  pour  ue 
vouloir  que  ceux  qui  auraient  ete  fatigues  en  re- 
montant  le  courant  du  Tibre.  Aussi  Terentius 
Varron  assiire-t-il  qu'il  ii'y  avait  pas  dans  son 
siecle  un  seul  fanfaron  ,  ni  un  seul  rhinthon,  qui 
iie  crut  qu"autant  valait  avoir  un  vivier  peuple 
de  grenouilies,  comme  d'en  avoir  un  peuple  de 
ces  sortes  de  poissons.  Et  cependant ,  daus  le 
temps  meme  auquel  Varronfait  remonter  cetrait 
deluxe,  on  vantait  beaucoup  l'austeritedeCaton, 
quoique  celui-ci  eiU  vendu  lui-merae,  en  saqua- 
lite  de  tuteur  de  Lucullus,  les  vivieis  de  son 
pupille,  pour  la  sorarae  enorme  de  quatre  millions 
de  sesterlH.  Les  delices  de  la  cuisine  etaient  deja 
fort  goutees  a  cette  epoque ,  puisqu'on  faisait  des 
viviers  quicommuniquaient  avec  la  mer,  et  que 
Sergius  Orata  et  Licinius  Mura;na  ne  se  plai- 
saient  pas  moins  a  porter  le  surnom  des  poissons 
qu'ils  avaient  pris,  que  leNumantin  et  l'lsaurien 
s'etaient  plu,  avant  eux,  a  porter  celui  des  na- 


tions  qu'ils  avaient  conquises.  Mais  corame  les 
moeurs  ont  aujourd'hui  pris  leur  pli,  de  faeon 
que  ces  usagessont  non-seulemeut  tres-comrauns, 
mais  qu'ils  passent  raeme,  au  jugement  de  tout  le 
raoude  pour  tres-louables  et  treshonnetes ,  j'en- 
seignerai  aussi  moi-menie  la  maniere  dont  un  chef 
de  faraille  doit  s'y  preudre  pour  tirer  du  profit  de 
sa  metairie  dans  ce  genre,  afin  d'eviter  de  me 
donner,  raird'etre  le  eenseur  trop  tnrdifde  tant 
de  siecles  qui  ont  precede  celui-ei.Quiconque  aura 
donc  achete  ou  des  iles  ou  des  possessions  voisines 
de  la  mer,  dans  lesquelles  il  ne  pourrait  retirer 
aueun  fruit  de  laterre,  vu  la  raaigreur  du  sol,  qui 
sefaitcommuuementremarquersur  le  bord  de  la 
mer,  travaillera  a  s'etablir  un  fonds  de  revenu  sur 
lamerelle-merae.Maisilfaut  communenient  cora- 
mencer  par  examiner  a  cet  effet  la  nature  du  ter- 
rain  dans  lequel  on  se  sera  determine  a  faire  des 
viviers ,  parce  que  tous  les  rivages  ne  peuvent 
pas  se  faire  a  toutes  sortes  de  poissons.  On  peut 
elever  dans  les  contrees  limoneuses  des  poissons 
plats,  tels  que  la  sole,  le  turbot,  le  pasaer  :  cl- 
les  sont  encore  tres-convenables  pour  les  con- 
chtjUa,  les  murex ,  les  oslrea;  et  les  purpurw, 
ainsi  que  pour  les  coquillages  des  pectunculi , 
pour  les  balani  et  pour  les  sphondijli.  Quant  aux 
bassins  areneux,  on  peut  ties-bien ,  a  la  verite, 
y  nourrir  des  poissons  plats  ;  mais  on  y  nourrira 
encore  mieux  les  poissons  de  haute  mer,  tels  que 
les  aiiratw ,  les  deiitices  et  les  umbra' ,  tant  cel- 
les  de  Carthage  que  celles  de  notre  pays ;  au  lieu 
que  ces  bassins  sont  moins  propres  aux  conchijlia. 
D'un  autrecote,  une  raer  pleine  de  roehers  nour- 
rira  tres-bien  les  poissons  qui  tirent  leur  nom  de 
sa  nature,  c'est-a-dire ,  ceux  que  fon  appelle 
saxalilcs,  parce  qu'ils  se  tiennent  dans  les 
rochers,  tels  que  ies  merulce  (les  merles)  les 
turdi  et  les  viclanuri.  Ds  meme  qu'il  faut  con- 
naitre  les  diffv-rences  qui  sont  entre  les  riva- 


cuplelimi  mariaipsaNeptiinumqueclaiisernnt,  uljam  limi 
avorum  niemoria  circumferretur  Jlarcii  Pliilippi  veliit  ur- 
banissimum,  quod  erat  luxurioslssimi  factum  atqiie  dic- 
tum.  Nam  is  foi te  Caslni  cum  apud  liospltem  coRnaiet , 
apposltumque  e  viciiio  llumlne  lupiim  degustasset  atquc 
expui.sset,  iinpiolium  factum  dicto  piosecutus  :  Peream, 
Inqnlt ,  nisi  plscein  piitavi.  Hoc  igltur  peijurliim  mullorum 
suLilillorem  feclt  gulam,  doclaque  et  erudlta  palata  fasti- 
dlre  docuit  fluvialem  lupum,  nisi  quem  Tibeils  adverso 
torrente  defatlgasset.  Ilaque  Terentlus  Varro  :  Nullus  est, 
inquit,  hoc  seciilo  nebulo,  ac  ililntlion,  qui  nonjam  di- 
cat,  nilill  sua  inteiesse,  utrum  ejusmodi  piscibus,  an 
raiils  freqiieiis  liabeat  vivarlum.  Ac  lamen  iisdem  tempo- 
libus,  qulbus  lianc  memorabat  Vario  Uixurlem,  niaxlme 
laudabatur  severitasCatonis,  qiii  nibllo  miniis  et  ipse  tu- 
tor  Luculll  grandi  a;ie  sestertium  milllum  quadringento. 
lum  plsclnas  pupilli  sni  veiidllabat.  Jam  enira  celebres 
eraiit  dellciae  poplnales,  cum  ad  mare  deferrenlur  viva- 
lia  ,  qiiorum  sludiosissiuii ,  velutanfe  devictariim  gentium 
Nuniaiitlniis  cl  Isauricus,  ita  Seigius  Orata,  el  Llclnius 


Mura>na  captoruni  plsclum  laetabantur  vocabulis.  Sed  quo- 
niam  sic  mores  obealluere,  non  ut  lijcc  ii.sllata,  verum 
utmaxime  laudahillaet  lionesta  judicarentur  :  nos  qiioque 
ne  vldeamur  tot  (jam  )  seculorum  seri  castlgalores,  liiinn 
etlam  qua>stum  vlllallcum  patiisfamlllas  ilemonstrablmus. 
Qiil  slve  Insnlas,  sive  maiitlinos  agros  mercatus,  propter 
exililalem  soli,  qiia;  pleiunique  lltori  vlcina  est,  tructus 
teriie  percipere  noo  polerit,  ex  mari  reditiim  conslituat. 
Hujus  aiitem  icl  qiiasi  primordium  est,  naturam  loci  coii- 
templarl,  quo  piscinas  facere  constitueris.  Nou  enim  om- 
nibus  litoribiis  omne  genus  piscium  liaberi  potest.  Limosa 
regloplanumeducat  piscem,  velutsoleam,iliombiim,  pas- 
sereiii.  Eadem  qiioqiie  maxlme  idonea  est  concliyliis ,  niu- 
riclbus,  et  ostrels,  purpurarumqiie,  tuni  coiicliarum  pec- 
tunculis ,  babnls,  vel  spbondylis.  At  arenosi  gurgites  pla- 
nos  quidem  non  pessiine,  sed  pelagios  riielius  pascuiit ,  ut 
auratas,  ac  deiitlces,  Punicasque  et  indigenas,  umbras  : 
verum  concliylils  minus  apti.  Rursiis  optime  saxosum  mare 
nominis  sul  plsces  nutrit ,  qiii  scilicet ,  quod  in  petris  sla. 
bulentur,  saxatiles  dicti  sunt ,  ut  meiulae  lurdlqiie  ,  nec  ml- 


DE  LAGRICIILTURE,  LTV.  VIIL 


pes,  il  fnut  niissi  connaStre  cclles  qui  sont  entre 
ks  bras  de  nier,  pour  ne  pas  se  laisser  trorapcr 
pnr  des  poissons  ctrangers.  En  elYet,  tous  lcs 
poissons  ne  s'accommodent  pas  de  toutcs  sortes 
de  mer  :  Vhelops ,  par  exemple,  ne  vit  point 
dans  d'autres  mers  que  la  mcr  de  Pamphylie ; 
et  le  fuher,  ce  poisson  quc  les  hnbitants  de 
Gades,  raon  pays  natal,  mettent  au  nombre 
des  meillcurs  poissons  ,  et  que  nous  appelons  , 
conforraement  a  rnncien  usage,  Zeus ,  ne  vit 
que  dans  la  mer  Atlantique;  enfin  le  scarus  , 
que  ies  c6tes  de  TAsie  el  de  la  Grece  donnent 
partout  en  abondnnce  jusqu'a  la  Sicile,  n'a  ja- 
mais  passe  dans  la  mer  de  I^igurie  ni  dans  celle 
d'Iberie  par  lesGaules.  Ainsi  quand  on  pieiidrait 
quel(|ucs-uns  de  ces  poissons  pour  jcsjeter  dans 
ses  viviers,on  ne  pourrait  jamais  lesy  conserver 
longtcraps.  Entre  tous  ies  poissons  de  prix  de 
notre  pnys,on  ne  compte  que  la  raurene,  qui, 
quoique  originaire  de  la  mer  de  Tarse  et  de  la 
nier  Carpathicnne,  qui  est  a  rextremite  de  celle- 
ci,  puisse  soutenir  quelques  niers  ctrangcres  que 
ce  soit,  dans  lesquelles  elle  se  trouve  transportce. 
lUais  il  est  temps  de  parler  de  la  position  des  vi- 
viers. 

XVII.  Nous  pensons  qu'un  etang  est  pnrfnit , 
lorsqu'ilestdisposcde  facon  que  leflotde  la  mcr, 
en  y  entrnnt,  repousse  celui,  qui  y  etait  entre 
avant  lui ,  et  rerapcche  d'y  scjourncr  lungtemps. 
Cest  en  elTet  Pctat  qui  resscrablc  le  plus  a  celui 
de  la  mer  merae,  qui,  perpetuelleraent  agitee 
pnr  les  vents ,  se  renouvelle  sans  cesse  ,  et  ne  peut 
jamais  s'ecliaufl'cr,  par  la  raison  que  ses  eaux  in- 
lcrieurcs ,  qui  sont  toujours  lcs  plus  frniches,  le- 
niontent  a  sa  partie  superieure.  Au  surplus  ,  ou 
ou  tnille  cet  etang  eu  plein  roc ,  ce  qu'on  est  trcs- 
rarcraentdans  la  possibilite  de  faire,  ou  on  le 
constroit  sur  le   rivai,'e  en  ouvrage  de  Signia. 


N'importe  de  quelquc  fncon  il  soit  forme,  pourvu 
qu'ilsoit  dnns  le  cas  d'ctre  continuellement  ra- 
fraichi  par  des  eaux  nouvelles  :  mais  ,  quel  qu'il 
soit,il  y  faudra  pratiqueraupresde  la  terre  fcrme 
des  cavernes,  dont  lcs  unes  seront  simplcs  et 
droites,  pour  servir  de  retraites  aux  poissonseou- 
vcrts  d"ecailles,  et  les  autres,  sansetre  trop  spa- 
cieuses,  presenteront  divers  contours  dans  les- 
quels  les  murenes  pourront  se  cacher,  quoique 
quelques  personnes  cvitent  de  melerces  derniers 
poissons  avec  d'autres,  parce  que  s'ils  viennent 
a  etre  attaques  de  la  rage  ,  a  laquelle  ils  sont 
communement  sujetscomme  les  chiens,  il  arrive 
tres-souvent  qu'ils  poursuivent  les  poissons  cou- 
vcrts  d'ecailles,  elqu'ils  les  exterminent,  en  les 
mangennt  en  grande  partie.  Si  la  nature  du  lieu 
le  comporte,  il  faut  que  rcnu  trouve  des  passa- 
ges  qui  lui  soient  ouverls  sur  tous  Ics  cotes  du 
vivier,  parce  ([u'ellesera  plusaisi'ment  repoussee 
de retang  oii  elleaura  sejourne  longtemps,  quand 
elle  trouvera  une  issue  du  c6t(;  oppos(!  a  cclui 
par  lequel  leflot  y  sera  entre.  Nous  estimons  qu'il 
faut,  si  la  situation  du  lieu  le  perraet,  prati^picr 
cespassages  sur  la  partie  iufijricure  de  la  digue 
qui  retient  la  mer,  de  facon  qu'a  l'aide  d'un  ni- 
veau  plac(i  sur  le  sol  de  laterrc,  on  soit  assnrt^ 
que  Teau  de  la  nier  est  a  sept  pieds  d'elevation 
au-dessus  dece  sol.  En  effet,  il  suffiraaux  pois- 
sons  qui  seront  dans  Ttitang  d'y  trouver  de  Teau 
a  cette  hauteur,  et,  d'un  autre  c6t(j,  11  n'y  a 
point  de  doute  que  plus  reau  viendra  du  fond 
de  la  mer,  plus  elle  scra  fraichc,  et  par  consequent 
convenable  aux  poissons  qui  nageront  dedans. 
Mais  si  rendroit  ou  nous  aurons  juge  a  propos 
de  placer  notre  vivier  est  de  niveau  avee  Teau 
de  la  mer,  il  faudra  creusernn  bassin  a  la  pro- 
fondeur  de  neuf  pieds,  et  perccr  le  canal,  qui 
servira  de  passage  au  Uot,  a  deux  pieds  au-des- 


iius  inelaniiii.  Atque  iit  lilorum  sic el  frctoium  diHeientius 
nosse  oporlet,  ne  nos  alieulgence  pisces  decipiaut.  Non  enini 
oumimarl  |ioleslomnisesse,  utlielops,qul  Paniplulio  pro- 
lundfl  nec  alio  pascilur  :  ut  Atlantlco  faber,  qui  et  io  nos- 
lio  Gadliiin  miiiiicipio  generosissimis  piscibus  adnumeia- 
lur,  eiimqiie  prisca  cousuetudine  Zeum  appellamus  :  ut 
scariis,  qul  lolius  .■Vsiae  Graeciaique  liloribus  Sicilia  leniis 
fiequentissimus  e\it,  uunquam  in  Lisuslicum,  nec  per 
Galllas  enavlt  ad  Hibericuiii  mare.  ltai|ue  ue  si  capli  qui- 
dem  perrcrautur  in  noslra  vivaiia,  diiituini  queant  possi- 
deri.  Sola  e\  pietiosis  piscibus  miuuMia,  quamvis  Tarte- 
sii ,  Carpalliiii|iie  pelagi,  quod  est  ulliinum,  vernaciila, 
qnovls  liospes  Ireto  percgriniim  iiiare  sustlnel.  Sed  jain 
de  sUii  piscinaruin  dicenduiu  esl. 

XVII.  Slagnum  censenius  eximie  optlmum,  quod  sic 
posllumest,  ut  iusequens  maiisunda  priorein  subrau- 
veat ,  nec  inlra  conse|ituni  slnat  renianeie  veteicm.  Nam. 
quc  id  similliiniim  esl  pelago,  quod  agilalnm  veiilis  assi- 
due  renovaliir,  iiec  concalescerc  potest :  qiioniani  gelidum 
ab  imo  fluctiim  revolvlt  In  partem  superlorem.  Id  aiilem 
stagnum  vel  exciditur  in  pclra,  ciijus  rarissima  cst  occa- 


sio,  vel  in  litore  coustruilur  opere  Siguino.  Sed  ulcunque 
labricatum  est,  si  semper  inlliieute  giirgite  riget,  babere 
debet  specus  juxla  soliim,  eorumque  alios  simplices ,  et 
rectos,  quo  secedant  sqiiamo.ii  greges,  alios  in  cocbleam 
retorlos,  iiec  iiimis  spaliosos,  liiqulbns  muraenae  delites- 
canl ;  quaniquam  nonnullis  cuinmiscerl  eas  cum  alleiius 
noloe  piscibus  uon  placet  :  quia  si  rabie  vexanlur,  quod 
liuic  generi  velut  canino  solet  accideie ,  siKVissime  perse- 
qiiiintiir  squaniflsos  ,  plurimosque  inandendu  consumunt; 
ilineraipie,  si  loci  nalura  permitlit,  onini  lateri  pisciniB 
darl  convenit.  Facilliis  enlni  veliis  submovelur  unda, 
ciiui  quacunque  parte  lluclus  urget,  per  adversam  palet 
exlliis.  Ilfls  auteiii  inealiis  rieri  censemus  per  imain  con- 
sepll  partem,  si  loii  siliis  iia  competit,  ut  in  solo  pisciuae 
poslla  libella  sepleni  pedibus  siibllmius  esse  maris  requor 
ostendal :  nam  plscibiis  stagni  lii»'  in  alliludlnein  gurgltLs 
niensura  abunde  esl.  .Xec  dubliini ,  quiii  qiianlo  magls 
imo  luaii  venit  unda,  tanto  sil  frigidiflr,  qiiod  esl  aptis- 
siuiuin  naiitlbiis.  Slu  aiitein  locus,  iibi  vivarlum  consti- 
tucre  censeniHS,  pari  libra  ciiiii  aequorc  maris  est,  in  pc- 
dcs  novem  delodiatur  pisriua,  cl  infia  duos  a  .summa 


384 


COLUMELLE. 


sous  de  la  partie  siiperienre  de  ce  bassin.  H  fnu- 
dra  aussi  avoir  soin  que  la  bouehe  de  ce  canai 
soit  tres-iarge ,  parce  qu"il  n'est  pas  possibie  que 
l'eau  qui  serastagnantedansle  bassinau-dcssous 
du  niveau  de  ia  mer  soit  assezrefouleepourmon- 
ter  pius  haut,  sans  que  la  nouvelle  eau  qui  s'y 
rendradela  mery  viennea  grandsflots.  Bien  des 
gens  pensent  qu'il  faut  pratiquer  sur  les  cotes  de 
ces  sortes  d'etangs  de  longues  retraites  pour  les 
poissons,  ainsi  que  des  cavernes  qui  ailleut  en 
serpentant,  etdans  Ipsquelles  ils  puissent  se  met- 
tre  a  couvert  lorsqu'ils  auront  trop  chaud.  Mais 
a  nioins queces  etangs  ne  soient  dans  le  eas  d'etre 
traverses  en  tout  teraps  par  une  eau  nouvelle  , 
qui  vienne  continuellement  de  la  mer,  cette  me- 
thode  ne  peut  qu'etre  contraire  aux  poissons, 
parce  que  la  nouvelle  eau  ne  penetrant  pas  faci- 
lementdansces  sortes  deretrnites  ,  etrancienne 
n'en  sortant  qu'avec  peine  ,  elle  est  plus  nuisible 
aux  poissonsen  croupissant,  que  l'abri  ne  leur  est 
avantageux.  11  faut  cependant  creuser  sur  les  di- 
gues  desespcces  de  cases,  oii  les  poissonspuissent 
se  mettre  a  Tabri  lorsqu'ils  voudront  eviter  Tar- 
dcurdu  soleil,  et  d'ou  l'eau  puisse  neanmoins  s'e- 
couler  facilement,  lorsqu'elle  y  sera  enlrce.  Au 
surplus  ,  on  aura  rattention  de  mettre  au-devant 
descanaux  par  lescjuels  le  reservoir  se  dcgorgera , 
des  barreauxde  cuivre  dont  les  ouvertures  soient 
assezpetites  pourcmpecher  les  poissonsde  passer 
a  travers.  Et  si  la  largeur  de  Tetang  le  permet ,  il 
sera  a  propos  qu'il  s'y  trouve  renfermes  par-ci 
par-la  des  rochers  du  rivage,  et  surtoutde  ceux 
qui  seront  eouverts  d'algue,  afin  que  cet  etang 
represente,  autant  que  le  genie  humain  peut 
y  arriver,  rimage  d'uue  mer  veritable,  et  que 
les  poissons  qui  seront  renfermes  s'apercoi- 
vent  le  raoins((ue  faire  se  pourra  de  leur  prison. 
Lorsque  ces  etangs  seront  ainsi  disposcs ,  on  y 


mettra  le  troiipeau  aqnatique;  et  de  mi^me  que 
pour  les  productions  de  la  terre  il  faut  egalement, 
pourtoutee  qui  vit  dans  Teau  ,  aviiir  constam- 
ment  devant  les  yeux  le  preceptc  qui  ordonne 
d'observer  ce  que  comporte  chaque  contree.  En 
effet ,  on  ne  pourrait  pas ,  quand  on  le  voudrait, 
nourrir  dansun  vivierune  aussi  grande  quantite 
<le  surmulets  qu'on  en  voit  quelquefois  dans  la 
mer,  parce  que  ce  poisson  est  tres-delicat,  et  que 
la  captivite  lui  est  insupportable  :  aussi  est-il 
rare  d'en  trouver  un  ou  deux  sur  plusieurs  mil- 
liers  qui  s'habituent  a  lenr  prison  ;  au  lieu  que 
nous  avons  souvent  vu  des  troupeaux  marins  de 
laches  muf/ilcset  de  loups  voraces  vivre  dansdes 
viviers.  Par  la  meme  raison  nous  ferons  atteu- 
tion  a  la  nature  de  notre  rivage,  et  nous  n'y  eta- 
blirons  des  etangs  que  lorsqu'il  est  seme  de  ro- 
chers.  INous  jetterons  donc  dans  cps  etangs  des 
turclide  touteespece,  des  jnerulceet  des  nius- 
teke  avides,  ainsi  que  des  loups  sans  tache  (car 
il  y  en  a  aussi  de  bigarrcs).  Nous  y  joindrons  des 
murenes  flottantes,  que  l'on  compte  entre  lespois- 
sons  les  plus  recherches,  et  d'autres  poissons  de 
prix  choisis  dans  respece  des  saxaliles  :  car  il 
n'y  a  aucun  profit,  je  ne  dis  pas  a  nourrir,  mais 
meme  a  prendre  dcs  poissons  communs.  Les  es- 
peces  de  poissons  que  nous  venons  de  detailler 
peuvent  cgalementetrc  renfermes  dansdes  etangs 
formes  sur  un  rivage  sablonneux,  eomme  dans 
des  etangs  pleinsde  vase  et  de  limon  ;  mais  ceux- 
ci  sont  plus  eonvenables,  ainsi  que  je  Tai  dit 
prccedemment,  aux  conchylia,  et  anx  poissons 
qui  se  tiennent  toujonrs  au  fond  de  l'eau.  ]\on- 
seulement  remplacement  d'un  ctang  destine  a 
contenir  dcs  poissons  couches  a  plat  doit  etre 
d  ifferent  dc  celui  qui  cn  contiendra  de  ceux  qui 
se  tiennent  debout,  mais  on  ne  doune  pas  non 
plus  la  meme  nourriture  au\  uns  ct  aux  autres. 


parte  cunirulis  rivi  ppriliicanlur;  ciiraudumqnc  est,  ut 
quam  largissime  veniant ,  quoniam  modiis  ille  aqn.ie  ja- 
cenlis  infra  librain  maris  non  aliter  cxprimitur,  (piam  si 
major  recenlls  freti  vis  incesseril.  Mulli  pulant  iii  cjus- 
niodi  stagnis  lungos  piscii)us  rccessus ,  et  nexiiosos  in  latc- 
ribus  specus  esse  fabricandos,  qiio  sint  opacioresaesluan- 
libus  latebrae.  Sed  si  recens  mare  iion  seniper  stagnum 
permcat ,  id  (acere  contrariiim  est.  Nain  ejiismodi  recep- 
tacula  nec  facile  novas  adniittunt  aquas ,  et  difliculter  ve- 
teres  eniittunt  :  piusqiic  nocet  putiis  unda ,  quam  pro- 
dest  opacitas.  Debeut  lameu  similes  velut  cella;  paiietibus 
excavari,  ut  sint,  qiian  piotegant  refugienles  ardorcm  so- 
lis.et  nihilominus  facile,  quam  conceperint  aquam  ,  re- 
mittant.  Verum  meminisse  oportebit,  ut  rivis,  per  quos 
exundat  piscina,  praifigantur  a;nei  foraminibus  exigiiis 
cancelii,  quibus  impedialur  fuga  pisciiini.  Si  vero  laxitas 
permitlit,  e  litore  scopulos,  qui  pra'cipue  lierbis  alga; 
vestiuntur,  non  erit  alicnum  per  stagni  spalia  disponere , 
ct  quaiitum  comminisci  valet  bominis  ingenium ,  repia:- 
spntare  faciem  [veri  ]  niaris  ,  ul  clausi  quam  minime  cus- 
lodiam  senliant.  Hac  ratione  stabulis  ordinatis  aquatile 


pecus  inducemus ;  silqiie  uobis  antiquissimum  meminisse 
oliam  in  fluviatili  negotio,  quod  in  terreno  pra;cipitur :  Et 
i/tdd  quccquc /erat  regio.  Seque  enim  si  velimus  ,  ut  in 
niaii  non  uunquamconspeximus,  in  vivario  multitudinem 
iniillorum  pascere  queamus ,  cum  sit  mollissimiim  ge- 
niis,  et  servitutis  indignantissimum.  Raro  itaque  unus 
aut  alter  de  multis  millibus  claiistra  patitur  :  at  contra 
irc(|iienter  animadvcrtimus  intra  septa  pelagios  greges 
iuerlis  mugilis  et  rapacis  lupi.  Quare,  ut  proposueram, 
qualilatem  litoris  nostri  contemplemur;  et  si  videmus  sco- 
piilosiim ,  probemus.  Turdi  complura  genera,  merulasque 
et  avidas  mustelas,  tuni  eliam  slne  macula  (nam  siint  et 
varii)  lupos  includemus.  Itcm  flulas,  qua;  maxime  pro- 
bautur,  mura^nas,  et  si  qure  sunt  alia  saxatilis  nuta;, 
quonim  pretia  vigent.  Nam  vile  ne  captarc  quidem ,  nedum 
alere  couducit.  Possiint  isla  eadeni  geneia  etiani  litoris 
aieiiosi  stagnis  conlineri.  Nam  qu<c  limo  coenoqiie  lulos- 
ciint ,  ut  anlejam  dixi,concIiyliis  magiset  jacentibus  apta 
suul  animalibus.  Neque  est  eadem  lacus  positio,  qiia;  re- 
cipit  cubantes  :  iieque  eadem  pivTbentur  cibaria  prostratis 
piscibiis ,  qii.v  crectis.  Nainque  soleis  ac  rliombis  et  siini- 


DE  L-AGRICULTURE,  LIV.  VIIL 


En  effet,  on  a  soin  de  creuser  un  bassin  a  deux 
picds  sous  terre  pour  les  soles,  les  turbots 
et  les  poissons  semblables,  dans  une  partie  du 
rivage  qui  ne  manque  jamais  d'eau ,  meme  pen- 
dant  le  retlux  de  la  nier.  Ensuite  on  enfonce 
sur  les  bords  de  ce  bassin  des  barreaux  serres  les 
uns  aupres  des  autres,  et  qui  soient  toujours  plus 
eleves  que  Tcau  ,  dans  letempsmemeque  le  llux 
de  la  mer  se  fait  sentir.  Apres  quoi  on  lentoure 
de  digues  jetees  en  avant,  qui  en  referment 
toute  Tetendue  dans  leur  sein ,  et  qui  sont  cons- 
truites  dc  facon  qu'elles  soient  plus  elevees  que 
le  bassiu  meme.  Moyennant  cela  rimpetuosite 
des  vagues  de  la  mer  se  trouve  brisee  par  la  re- 
sistance  du  raole  qui  leur  est  oppose,  et  les  pois- 
sons  qui  se  trouveut  dans  une  eau  caime  ii'y  sont 
point  exposes  a  etre  chasses  de  la  place quils 
occupent;  outre  que  le  vivier  lui-meme  ne  se 
charge  point  de  cet  amas  d'algue  que  la  fureur 
de  la  mer  vomil  dans  lcs  tempsorageux.  II  fau- 
dra  que  ces  moles  soient  eoupes  par-ci  par-la 
par  de  petits  passagcs  tres-etroits  et  semblables 
aux  detours  du  Mcandre,  qui  puissent  iaisser  en- 
trer  dnns  le  bassiu  les  eaux  de  la  mer  pendant  la 
plus  violente  terapete  ,  sans  que  ragitatioii  du 
llot  s'y  fasse  sentir.  La  nourriture  des  poissons 
qui  sont  couches  a  plat  doit  etre  plus  tendre  que 
celle  des  saxatiles,  parce  que ,  n'ayant  point  de 
dents,  ils  la  leehent  ou  Tavalent  entiere,  sans 
pouvoir  la  maeher.  Cest  pourquoi  ,  il  faut  leur 
donner  des  haleculw  seches ,  des  chalcides  sa- 
lees  et  des  sarHncv.  pourries,  ainsi  que  des 
ouies  de  scarus  et  dcs  intestins  de  pclamis  ou 
de  lacertus,  ou  des  entrailles  de  maquercau  ,  de 
charcharus  et  d'e/acala;  en  un  mot,  de  toutes 
les  immondices  dcs  poissons  sales  que  ron  jette 
hors  des  boutiques  des  vendeurs  de  maree.  Si 
nous  avons  detaille  toutes  ces  especes  de  nourri- 


tures ,  ce  n'est  pas  qu'on  les  trouve  sur  toutes 
les  cotes,  mais  c'cst  afin  qu'on  donne  a  cespois- 
sonseelles  d'entreeiles  qu'on  aura  soussamain. 
Dans  le  nombre  des  fruits  verts,  on  peut  leur 
donner  des  flgues  vertes  et  ouvertes  en  deux  , 
ainsi  que  le  fruit  raiir  de  rarboisier  qu'on  aura 
broyeentre  lesdoigts,  descormes  molles  et  con- 
cassees,  ct  toutes  les  autres  espeees  de  nourritu- 
res  approchantes  decellesque  rouavale,  comme 
du  fromage  fait  depuis  peu  de  temps  avec  du 
lait  noiivellement  tire,  si  la  sitiiation  du  lieu  ou 
le  bon  march6  du  lait  le  permettent.  II  n'y  a  ce- 
peudant  pns  de  pature  qui  leur  soit  plus  conve- 
nable  que  les  salaisons  donl  nous  venous  de  par- 
ler,  parce  qu'elles  ont  de  Todeur,  et  que  tous  les 
poissons  qui  sout  couches  ci  plat  cherchent  plutiit 
leur  nouniture  avec  les  narines  qu"avec  ies  yeux. 
En  effet,  comme  ils  sont  toujours  eouches  sur  le 
veutre,  ils  voieut  plutot  en  Tair  quils  ne  distin- 
guent  ce qui  peut  (5tre  a  terre  de  droite  ou  de  gau- 
che.  Aussi  lorsqu'on  leur  jette  des  salaisons,  en 
suivent-ils  Todeur  a  la  piste,  jusqu'a  ce  qu'ils 
soient  arrives  a  rendroit  ou  est  cette  nourriture. 
Ces  salaisons  suffisent  aussi  pour  nourrir  les  au- 
tres  poissons  saxaliles  ou  de  pleine  mer,  quoi- 
qu'on  lesnourrisseencore  mieux  avee  les  memes 
poissons  quand  ils  sont  frais.  CarVhalecula  nou- 
vellement  pechee,  \ecammarus,  le  petit  »700/0 , 
et  en  un  mottous  les  poissons  qui  ne  grossissent 
point,  servent  de  nourriture  aux  plus  gros.  S'il 
arrive  cependant  que  la  violence  des  orages  ne 
permette  point  de  leur  donner  ce  genrede  nour- 
riture,  on  leurdonnera  des  boulettes  de  pain  bis, 
ou  des  fruits  de  la  saison  coupes  par  morceaux. 
On  leur  jettera  tous  les  jours  des  figuesseehes, 
au  cas  qu'elles  soient  tres-abondantes  (  coinme 
dansles  coutrces  de  la  Betique  etde  la  Numidie  ). 
Au  reste,  il  ne  faut  pas  se  hasarder,  comme  font 


libiis  animaliliiis  liimiills  in  duos  pedes  |iiscina  deprimitnr 
in  ea  partft  liloiis,  quae  profluo  recessu  nunquam  destitui- 
tur.  Spissi  rfeinde  clatii  maiginibus  infiguntur,  qui  super 
aquam  seniper  emlneant,  eliam  cum  maiis  aestus  intu- 
muerit.  Mox  praejaciuntur  in  gyruni  mnjes,  ila  ut  com- 
plectantur  sinu  siio,  et  tamen  excedant  stagni  inodiim. 
Slc  enim  et  maris  atrocllas  objectu  crepidlnis  riauglliir,  et 
in  tianquillo  consistens  piscis  sedibus  suis  non  exturba- 
tur,  neqiie  Ipsiim  vivarlum  repletiir  algarum  congerie, 
qiiam  tcmpcstatlbus  cruclat  pelagi  violentla.  Oportebit 
auteiii  nonnullis  locis  moles  iiilercidi  more  .Vlasandrl ,  pai- 
vis  sed  anguslis  itineribus ,  quiE  quantallbet  hiemls  sa;- 
vitla  mare  slne  fluctu  transmlttant.  Esca  jacentium  mol- 
llor  esse  debet ,  quani  saxatllium.  Nam  qiiia  denllbiis  ca- 
rent ,  aut  lanibunt  clbos ,  aut  integros  liaiiriiint ,  inanilei  e 
quidem  non  possunt.  Itaquc  pra^beri  convenit  tabentels 
haleculas,  et  sallbus  cxesam  clialcidem,  putremque  sar- 
dlnam  ,  nec  mlnus  scaroruni  brancliias ,  vel  qulcquld  In- 
testlni  pelamisaiit  lacertusgerit  :  tiim  scombrl,  caicliari- 
qiie  et  elacatae  ventriculos ,  et  ne  per  singiila  enumci  eiii , 
salsamenlornm  omniuin  purgamcnla,  qua;  cetanoruiii 
coi.r-.iicii.i.:  . 


officinis  everruntur.  Nos  autem  plura  nominavlmus  ge 
nera,  non  qula  cimcta  cunctls  litorlbus  exeunt,  sed 
ut  ex  liis  allqua,  quorum  eiif  facultas,  pra;beamus. 
i'"acit  etlam  ex  pomls  vliidis  adaperta  ficus;  et  mitis  dlgiUs 
Infiacta  iinedo;  nec  mlnis  elisum  molle  soibum,  qiiique 
sunt  clbi  .sorbililiiis  proximl,  ut  e  nuilctra  rereiis  caseus, 
si  loci  cdiKlilio  vel  lacUs  annona  permltllt.  Niilla  tamen 
a'ipie,  ijuani  piaHlicliE  salsunie  pabula  commode  dantur, 
qiionlam  odorala  siint.  Oniiiis  eiiim  jacens  piscis  niagis 
naiibiis  escaiii,  quam  oculis  vesllgal.  ^ani  ilum  siipliius 
semper  cubat,  subllmius  aspectat,  et  ea  qux  in  plano 
sunt  dextra  liEvaque  non  facile  pervidet.  Itaque  cum 
salsanienta  objecta  sunt,  eorum  .sequens  odoiein,  perve- 
nit  ad  cilios.  Cxtcri  autein  saxatllcs  aut  pelagici  satis  e.x 
liis,  seil  recentibus  meliiis  pascuntur.  Nam  et  balecula 
inodo  capta,  ct  canlarus  exlguusquc  gobio,  quisquls  dc- 
iiiqiie  est  increracnti  miniiti  piscls ,  majorem  allt  Siqiiando 
lamen  blemis  .saevitia  non  patitur  ejus  generis  escani  dari , 
vel  sordidl  panls  offae,  vel  slqua  sunt  temporis  poma  con- 
cisa  pra'benliir.  Fi<-iis  quidem  arida  semper  objicitur,  exi- 
micsi  sit,  nt  Ba;Uca!  Niimidiaeqiie  rc^ionibus,  larga.  C8P« 


COLUMELLE. 


bien  des  gens,  a  neleur  rien  donuer,  sous  le  pre- 
texte  qu'ils  peuvent  se  soutenir  pendant  un  cer- 
lain  tenips ,  loi-squ'ils  sout  reufennes.  Car,  pour 
peu  que  le  poisson  n'ait  pas  ete  engraisse  par  les 
nourritures  que  lui  aura  donnees  sou  maitre,  sa 
niaigreur  anuoncera,  lorsqu"on  viendra  a  le  por- 
tcr  au  marche,  qu'il  n'a  pas  ele  pris  en  plciiie 
mer,  mais  qu'il  a  ete  tire  d"un  ctang  oii  on  le  gar- 
dait,  ec  qui  dirainuera  beaucoup  de  son  prix. 
.Te  finiini  ce  traite-cipar  ce  genre  denourriture 
dcpendante  des  mefairies,  afiu  que  le  lecteur  ne 
soit  poiut  fatigue  par  la  longueur  d'un  voluine 
trop  considerable;  et  je  reviendrai  dans  le  livre 
sui vant  aux  soins  que  demandent  les  betes  fau ves, 
et  a  rentretien  des  abeilles. 


LIVRE  IX. 

PKEFACE. 

Je  passc  a  rentretien  des  betes  fauves  et  ix  Ve- 
ducation  des  abeilles,  que  je  pourrais  aussi ,  P. 
Silvinus ,  appeler  avec  raison  des  nourritures  de 
metairies,  puisque  c'etait  ancienneinent  Tusage 
d"a\ oir  aupies  des  metairies ,  et  coramuncment 
sous  Ihabitation  du  proprietaire ,  des  parcs  reni- 
plis  de  levrauts,  de  chevreuils  ct  de  sangliers, 
afin  que  la  vue  d'une  chasse  circonscrite  dans  un 
enclos  piit  ilatter  roeil  du  proprietaire,  et  qu"il 
fiU  4  portee  de  tirer  des  betes  de  ces  parcs, 
comme  d'un  garde-manger,  dans  le  cas  oii  il  en 
avait  bcsoin  pour  sa  table.  On  logeait  aussi,  de 
notre  temps  meme,  des  abeillesdans  les  masures 
de  la  metairie ,  ou  sous  desgaleries  couverteset 
dans  des  vergers.  Ainsi  puisque  nous  avons  rendu 
raison  du  titre  que  nous  assignons  a  cetraite-ci, 
suivons  a  prcseut  par  detail  chacun  des  objets 
que  nous  venons  d'anuoncer. 


L  Lesbetesfauves,  tellesque  les  chevreuilset  ■ 
les  dairas ,  ainsi  que  toutes  les  especes  d'oryx ,  de 
cerfs  et  de  sangliers ,  sont  tantot  un  objet  de  ma- 
gnificence  et  de  plaisir  pour  un  proprietaire, 
tantot  un  objet  de  profit  et  de  revenu.  Mais  eeux 
qui  ne  font  clore  un  terrain  que  dans  la  vue  d'y 
jouir  du  plaisir  de  la  chasse  ,  sc  contentent  d'iii- 
vestir  en  forme  de  parc  le  lieu  le  plus  voisin  de 
leurs  bdtiments  qui  est  susceptible  de  eette  dis- 
position  ,  et  de  donner  continuellement  a  la  main 
de  la  nourriture  et  de  feau  aux  betes  qu'ils  y 
renferinent;  au  lieu  que  ceux  qui  tendent  au 
profit  et  au  revenu  ne  balancent  point  a  destiner 
aux  animaux  que  nous  venons  de  uommer,  les 
forets  qu'ils  peuvent  avoir  dans  le  voisinage  de 
leur  raetairie  (car  ii  est  important  qu'elles  ne 
soient  point  eloignees  de  foeil  du  maitre) ;  et  si  la 
nature  leur  refuse  de  feau ,  ils  y  font  venir  par 
le  secours  de  fart  de  Peau  courante ,  ou  creusent 
des  mares  qu'ils  pavent  en  ouvrage  de  Signia, 
pour  contenir  feau  de  pluie  a  mesure  qu'elle 
torabera  du  ciel.  Chacun  reserve  a  cette  destina- 
tion  une  etendue  de  forets  proportionnee  a  ses  fa- 
cultes,  et  1'ou  cemanquepasde  renvironnerd'un 
mur  construit  en  pierre,  a  chaux  et  a  ciment, 
pour  peu  que  le  bon  marche  tant  de  la  picrre 
que  des  journees  desouvriers  engage  a  le  cons- 
truire  ainsi ;  sinon  on  se  coutente  d'un  mur  de 
briquecrue,  et  de  mortier  de  terre.  Mnis  quand 
le  chef  de  famille  ne  trouve  son  compteni  a  !'une 
ni  a  Tautre  de  ces  bdtisses,  laraison  veut  qu'il 
ne  fcrmc  cet  euclos  que  de  vacerm :  c'est  le  nom 
que  Ton  donne  a  une  espece  de  treillis  forine  de 
bois  de  robre,  de  chene  ou  de  licge;  caron  est 
rarement  daus  le  cas  d'y  employer  le  bois  d'oli- 
vier.  Eu  un  mot,  on  ehoisit  pour  faire  cettecl6- 
tiire  tout  ce  qui  resiste  le  plus  longtemps  aux 


Ifium  illud  commitli  non  debet,  quod  multi  faciunt,  ut 
iiihil  pra-l)eant,  quia  seinetipsos  etiam  clausi  diu  toleiare 
liossiut.  Naiii  nisi  piscis  domini  cibariis  saginatur,  cuin 
ad  piscatoiiuin  foruin  perlatus  est,  niacies  indical  enm 
iion  esse  libero  maii  captum ,  sed  de  cuslodia  elatnni, 
piopter  quod  pluiimum  prelio  delrahitur.  Alqiie  hxc 
villatica  pastio  riiiem  priiesenti  dispulalioui  faciat,  ne  iin- 
modico  voliimine  lector  fatigetur.  Redibimiis  autem  se- 
quenliexordio  ad  curam  silvestrium  pecoruni,  cultiimque 
apuni. 


LIBEU  I.\. 


Venio  nunc  ad  lutelam  peciulum  silvestrium  et  apiuui 
educalior.em  :  quas  et  ipsas,  Publi  Silvine,  villaticas  pas- 
tiones  jure  dixerim ;  siiiuidem  mos  antiquus  lepusculis  ca- 
preisque  ,  ac  subus  feris  juxta  villain  plerumque  subjecta 
doniinicis  habitatiouibus  ponebat  vivaria ,  ul  ct  conspcctu 
suo  clausa  venatio  possidentis  obleclaret  oculos,  et  ciim 
excgissel  usus  epiilaruin ,  velutecella  promeretur.  Api- 
biis  quoque  dabatiir  sedes  adhuc  nostra  ineinoria  vel  in 


ipsis  vijla»  parieiibusexcisiSj^el  inprolcclis  |iorticibiis  ac 
pomaiiis.  Quare quoniam  tituli ,  queni  pra,>sc.ii|isimus  liuic 
(lisputalioni ,  ralio  reddila  est,  ea  nunc  qua;  proposuimus 
siiiKula  persequaraur. 

I.  l"eia;  pecudes,  ulcapieoli,  damfcque,  nec  minus 
oiygum  cervorHinquc  genera  et  aproruni,  modo  laiitiliis 
ac  voluptatibus  dominoi iim  seiviunt ,  modo  qiia'Slui  ae 
reditibus.  Sed  qui  venationem  voluptati  suae  claudiint, 
contenti  sunt,  utcunque  competit  proximus  aedificio  loci  si- 
tvis,  inunire  vivarium,  sempeique  de  manu  cibos  et 
aqiiani  pra>beie  :  qui  vero  qiia;stum  rediliimque  deside- 
raiit,  cum  est  vicinum  villae  nemus  (id  enim  refert  non 
piociil  esse  ab  oculis  douiini)  sine  cimctatione  pnEdictia 
animalibus  destiuant.  l£t  si  naturalis  defuit  aqua,  vel  iii- 
ducitur  flueus,  vel  iufossi  lacus  Signino  consternuntur, 
qiii  receplam  pluviatilem  conlineant.  Modus  silvae  pro  cii- 
jiisque  faciiltaUbus  occupatur ;  ac  si  lapidis  et  operiB  vili- 
las  suadeat,  baud  dubie  csementis  et  calce  forniatus  cir- 
ciimdalur  mui  iis  ;  sin  aliter,  crudo  latere  ac  lulo  construc- 
lus.  Ubi  veio  neutrum  palrifamiliseconducit,  raUo  postu- 
lal  vacerris  includi :  sic  enim  appellatur  genus  clatronim  : 
idqiie  fabricalur  ex  robore  querceo,  vel  subereo.  Nam 


DE  L'AC.UICULTURE,   LIV.  IX. 


.tAr 


ravages  caases  par  la  pluie,  en  se  reglant  sur  la  nn- 
ture  du  pays  oii  Ton  cst.  Au  reste,  soit  que  Ton 
rmploie  des  troncs  d'arbres  dans  ieur  enticr,  soit 
quon  les  feiidc  en  autantde  parties  quc  leurgros- 
seur  peut  l"exiger,  on  lcs  pcrce  toujours  de  plu- 
sieurs  troussur  ies  c6tes ;  ct  apres  lcs  avoir  ficlies 
en  terre  pcrpendiculairement  autour  du  parc 
d'espaces  en espaces,  on insere des  bianches d'ar- 
bres  en  traverse  dans  les  trous  pratiques  sur  les 
cotcs,  afin  de  1'enner  entierement  tout  passage 
aux  bctes  fauves.  Or,  jl  sufiit,  pour  y  parvenir, 
ric  ficl)er  cn  terre  les  vncrrrw,  de  huit  picds  en 
huitpicdsdedistance,  etde  les  treillisser  trans- 
versalemcnt  avec  des  barreaux,  de  telle  sortc 
que  les  espaces  vides  c(ui  formeront  les  mailles 
du  trcillis  ne  soient  p<iint  assez  larges  pour 
laisser  aux  bctes  la  libertc  dc  s'enfuir.  On  peut 
clore  de  cette  facon  des  contrees  merae  tres- 
etendues,  ainsi  que  des  chaines  de  montagnes  en- 
tieres ,  telles  qu'on  en  voit  dans  le^  Gaules  et 
dans  quelques  autres  provinccs ;  avec  d'autant 
plus  defacilitequ"il  y  croitunequantiteimmense 
de  bois  propre  a  fabriquer  ces  vnccrrce,  et  que 
toutes  les  autrcs  choses  nccessaircs  a  ce  genre 
d'economie  s'y  rencontrent  heureuseraent.  En 
effet,  non-seulement  les  fontaines  y  sont  tres- 
multipliees,  chose  trcs-salutaire  aux  especes  de 
betes  dont  nous  avons  parle ,  mais  le  sol  leur 
fournit  cncore  de  la  piiture  de  lui-meme  et  avec 
la  plus  grande  profusion.  On  cboisit  surtout  des 
partiesdeforets(|ui  soient  fertilcs  en  prnductions 
donnces  soit  par  laterre,  soit  par  les  arbres, 
parce  que  ces  anir.iaux  n"ont  pas  moins  besoin 
du  fruit  des  robres  que  des  hcrbes  :  on  recherclie 
particulierement  les  forets  qui  produi.sent  en 
abondance  les  glands  du  chene,  de  ryeuse  et  du 
rernts,    rarboux,  et  les  autres  fruits  sauvnges 


dont  nous  avons  donnc  un  detail  plus  eircor.s- 
tancie  en  traitant  des  animaux  de  basse-eour.  En 
effetjlapaturedesbctesfauvcsestpresquelameme 
que  celle  des  anlmaux  domestiques.  Ce  ifest  pas 
qu'un  ebef  de  famille  atteutif  puisse  s'en  tenir 
auxnourritures que  la  tcrre  produit  d'el!e-meme , 
puisqu'il  doit  eneore,  dans  les  temps  de  Tannee 
oii  Ic5  forcts  ne  fournissent  point  de  pfltures, 
subvenir  aux  besoins  des  animaux  qu'il  tient 
renfermes,  avcc  les  fruitsdes  rccoltes  qu"il  aura 
si'rrcs ,  en  nourrissant  ees  animaux  d'orge  ou  de 
ble  adoi-eum,  ainsi  quc  de  feves  et  de  marc 
de  raisin  en  quantltc,  et  cn  lcur  donnant  de  tout 
ce  qui  sera  a  tres-bon  marche.  Mais,  afin  que 
les  betes  fauves  remarqucnt  que  ron  prend  soin 
de  leur  donner  ecs  sortes  dc  nourritures ,  il  fau- 
dra  en  lacher  dans  le  parc  une  ou  d«ix  qui  au- 
ront  ete  prealablement  apprivoisces  a  la  maison, 
etqui,  parcourant  tout  le  parc,  ameneront  avcc 
elles,  a  fendroit  oii  la  nourriture  sera  repnndue. 
eellcs  qui  hesiteraient  a  s'y  rendre.  Ce  n'esl  pas 
sculemcnt  pendant  la  disette  de  rhiver  qu"i! 
est  utile  de  suivre  celte  melbode,  mais  encoic 
apres  que  lcs  betes  fauves  auront  mis  bas,  afiu 
qu'elles  clevent  mieu.\  leurs  petits.  Le  gardien 
du  parc  doit  donc  examiner  souvent  si  ellrs 
ont  mis  bas ,  afin  de  Its  sustenter  avec  du  ble^ 
qu'il  leur  donnera  a  la  raain.  II  ne  faut  pas laisser 
vieillir  les  oryx  ,  les  sangliers  ni  les  autres  betes 
fauves  au  dela  de  quatre  ans,  parce  que  ,  si  elles 
grossissent  jusqu'a  cettecpoqiie,  la  vieillesse  les 
fait  ensuite  maiiirir.  Cest  pourquoi  on  aura  soin 
dc  Its  vcndre  daiis  un  tenips  ou  la  vigueur  de 
fage  soutienne  la  beaute  de  lcur  corps.  On  peut 
nL^anmoins  garderlescerfs  pendantunplus  grand 
nombre  d'annees,  parce  que  leur  jeunesse  dure 
longtemps ,  attendu  que  la  nature  leur  a  donne 


«Iph'  raia  est  occasio.  Quidiiuid  (lenique  .siib  injuria  plu- 
viarum  magis  diuUirnum  esl ,  pro  conditione  regionis  ad 
hunc  usum  eligitur.  lit  sive  teres  arhoris  truncus  ,  sive  ut 
cra.ssitudo  postiilavit ,  fissilis  slipes  compluribus  locis 
pcr  latiis  efforalur,  el  in  ciicuilu  vivarii  certisinlervenien- 
tibus  s|)atiis  defixiis  erigitur  :  deindc  per  transversa  late- 
rimi  cava  transmittuulur  amiles,  (pii  cxitnsjerarum  ob- 
Serent.  Satis  csl  autem  vacerras  intcr  pedes  octoiios  deli- 
gcre,  serisque  transversis  ila  clalrare,  ne  spatiorum  laxi- 
tas,  quai  foraminihus  interveuit,  pecudi  pricbeat  fiigam. 
Hoc  autem  niodo  licel  etiam  lalissimas  regiones  tracliisque 
niontiiim  claiiderc,  siciiti  Galliaram  necnon  et  in  aliis 
qiiibiisdam  proviiiciis  locoriiin  vaslitas  palitur.  Nain  et 
fabricandis  insi^ns  cst  vacerris  inalerifc  copia,  ct  c.Tctcra  iii 
lianc  rem  reliciter  siippetunt ;  qiiippe  ciehris  fonlibiis 
abnndal  soliiin,  qiiod  esl  niavinie  pra^dictis  geiieribus 
salutare  :  tiiin  cliam  siia  sponle  pahula  feris  bcnij^nissime 
subministiat  :  pri-ccipin^qiie  saltus  elisuntiir,  qni  el  terre- 
nis  Relibus  et  arboribus  ahiindant.  Nam  iit  graminihiis 
ita  frugihus  rohurncis  upiis  habent :  maximeipie  laudan- 
tur,  qni  sunt  feracissimi  qiiernca!  glandis  et  iligne.r,  nec 
iniuus  rerrea! ,  tiim  el  arbnli,  c.Tlerorumqiie  ponmriim 


silveslrium,  qua;  diligentius  persecuti  sumus,  cuiii  de 
coborlalibus  subus  disputaremiis.  Nam  eadein  ferc  sunt 
pecndum  siivestriiim  pabula ,  qu.^e  dumesticarum.  Con- 
tentus  tamen  non  dehet  esse  diligeiis  paterfamilias  cibis , 
qiios  siiapte  natura  terra  gignil ,  se(3  temporibus  anni , 
fliiibus  silvic  pabulis  carcnt,  condita  messe  claiisis  suc- 
ciirrerc,  ordeoque  alere,  vel  adoreo  farre  aut  l.iba,  pliiri- 
niiimque  etiam  vinaceis  ,  quicquid  deniqiie  vilissime  cons- 
fiterit ,  dare.  Idqne  ut  intclligant  fcr;e  pr.eberi ,  iinam  vel 
alteram  domi  inansiielactam  conveniet  immitteie,  qiire 
pervagata  totiini  vivariiim  ciinclantcs  ad  objecta  cibaria 
pecndes  pcrducat.  ^w.  solum  isliid  pcr  hiemis  pemiriant 
lieri  expedit,  scd  cnm  ctiain  firtiC  partus  ediderint,  ipio 
mcliiispiliirenlnatos.  Itaque  ciislos  vivarii  freqiicnter  .spe- 
ciilari  debehit,  si  jam  elTiel.e  sinl,  iit  manii  dalis  siisli- 
ncauliir  frumcnlis.  Xcc  veio  palicndus  cst  oiyx  ,  aut  aper, 
aliiisve  qiiis  ferus  ullra  i|ii.idrimatutn  sene.scere.  >'am 
iisque  iu  hoc  tcmpus  c.ipiunt  incrementa,  postea  maces- 
cuiit  senectutc.  Quare  diim  viridis  a>las  piilchritudineiii 
corporis  conserval ,  .Tie  miitandi  snnt.  Cervus  tanien 
compluribus  annis  siislincri  potest.  Nam  diu  juv^ni* 
possidetur,  qiiod  ajvi  longioris  vltam  sortitus  esf.  Du  r.ii- 


COLTJMELLE. 


pn  partage  une  vie  tres-longue.  Ce  que  iious 
avons  a  prescrire  relativement  aux  animaiix  de 
petite  taille ,  tels  que  les  levrauls ,  c'est  de  semer 
a  leur  intention  ,  sur  de  petites  planches  disper- 
s^es  de  c6te  et  d"autre  dans  des  parcs  qui  seront 
entoures  de  murailles,  des  melanges  de  ble 
et  d'hetbes  potageres,  comme  chicoree  sauvage 
et  laitue.  On  tirera  aussi  de  ses  greniers  des  pois 
chiches ,  soit  de  ceux  de  Carthage,  soit  de  ceux 
de  nolre  pays ,  ainsi  que  de  Torge  et  de  la  gesse, 
qu'on  leur  donnera  apres  les  avoir  fait  treraper 
dans  de  Teau  de  pluie  ,  attendu  que  les  levrauts 
ne  font  pas  grand  cas  de  ces  sortes  de  grains 
quandils sont  secs.  On  coraprend  aisement  (quand 
je  ne  le  dirais  pas)  qu'il  y  aurait  peu  de  prolit  a 
renf^rmer  ces  animaux  ou  d'autres  semblables 
dans  des  parcs  entoures  de  rarerrw,  puisqiie  la 
petitesse  de  leurcorps  leur  faciliterait  le  moyen 
de  se  glisser  a  travers  les  mailles  des  treillis,  et 
que,  troavant  des  passages  ouverts,  ils  ne  tarde- 
raient  pas  a  s'enfuir. 

IL  Je  passe  a  rentretien  des  ruches  A  miel.  II 
n'est  guere  possible  de  traiter  ce  sujet  avcc  plus 
de  detail  que  n"a  fait  Hyginus ,  avec  plus  de 
graceet  d'ornement  queVirgile  etavec  plus  d'e!e- 
gancequeCelsus.  Eneffet,  Hyginusarecueilli  avec 
le  plus  grand  soin  tous  les  preccptes  des  anciens 
auteurs ,  qui  etaient  epars  dans  les  monuments 
les  inoins  connus  :  Virgile  les  a  ornes  des  (lcurs 
de  sa  poesie,  et  Celsus  a  pris  le  milieu  entrc  ces 
deux  auteurs.  Aussi  ii'aurions-nous  pas  meme 
entame  cette  matiere,  si  le  completement  de 
Tart  que  nous  avons  entrepris  d'enseigner  ne 
reiit  pas  revendiquee  comme  une  de  ses  parties, 
et  si  nous  n'eussions  pas  craint  que  rensemble 
de  rouvrage  que  nous  avons  commcncene  parut 
imparfait  et  mutile,  comme  si  nous  cn  eussions 
coupe ,  pour  ainsi  dire,  un  inembre.  Au  surplus , 


je  scrais  plus  porte  a  rejeter  sur  la  licence  or- 
dinaire  des  poetes  les  choses  fabuleuses  que  roii 
raconte  sur  Torigine  des  abeilles,  et  qui  n'oiit 
point  (^te  omises  par  Hyginus ,  qu'a  y  ajoutcr  foi. 
Effectivement  ce  n'est  pas  le  fait  d'un  homrae 
de  la  campagne  de  faire  des  recherches  pour 
savoir  s'il  y  a  jamais  eu  une  femme  de  tres- 
belle  figure,  nommee  Melissa,  que  .Tupiter  a  chan- 
gee  en  abeille ,  ou  si  (comme  le  dit  le  poete  Evhe- 
merus)  ce  sont  des  frelons  qui  ont  engendre 
les  abeilles  avec  le  soleil ;  si  ccs  abeilles,  apres 
avoir  ete  elevees  par  les  Nymphes  IMiryxonides, 
ontete  les  nourrices  de  .Tupiter  dans  la  caverne 
de  Dicte ,  et  si  ce  dieu ,  pour  les  en  recompenser, 
a  voulu  qu'elles  n'eussent  pasd'autre  nourriture 
que  celle  qu'elles  lui  avnient  donnee  dans  son 
enfance  :  car  quoique  de  parcils  faits  ne  soient 
point  deplaces  dans  la  houche  d'un  poute  ,  Vir- 
gile  s'est  neanmoins  contente  de  les  toucher 
sommairement,  puisqu'il  n'en  dit  que  ce  mot 
unique  dans  un  de  ses  vers  :  Elles  ont  nourri 
le  roi  du  cicl  sous  l'antre  dc  Dicte.  II  n'est 
pns  plus  du  ressort  des  agriculteurs  de  savuir 
dans  quel  temps  et  dans  quel  pays  ees  insectes 
ontcommence  avoir  le  jour,  sic'est  dans  la  Thes- 
salie  sous  Aristee,  ou  dans  lile  Cea,  comme, 
rccrit  Evhcmerus,  ou  sur  le  mont  Hymette  au 
temps  d'Erechtheus,  comme  le  dit  Euthronius, 
ou  cnfin  dans  la  Crete  au  temps  de  Saturne, 
comme  le  pretend  Nieander;  non  plus  que  de 
savoir  si  les  essaims  se  multiplicnt  par  accouple- 
ment ,  comme  nous  le  voyons  pratique  par  les 
autres  animaux,  ou  si  ce  sont  les  tleurs  qui  don- 
ncnt  aux  abeilles  des  heritieres  de  leur  nom, 
comme  Tassure  notre  ami  Maron ;  enfm  si  c'est 
par  le  hee  ou  par  une  autre  partie  du  corps  qu'el- 
les  rendent  la  liqueur  du  miel.  Cest  plutot  aux 
personncs  qui  travaillcnt  a  penetrer  les  secrets 


noris  autem  incremenli  aninialibus  ,  qualis  est  lepus ,  liaec 
praecipimus ,  iit  in  iis  vivariis ,  quit  maceria  inunila  sunt, 
farraginis  et  oleruni  fera;  intnbi  lactucaeque  semina  parvn- 
lis  aieolis  per  iliversa  spatin  laclis  injiciantnr.  Itemque 
Punicnm  cicer,  vel  lioc  vernaculum  ,  nec  niinus  onleum , 
et  cicercula  condita  ex  liorreo  promantnr,  cl  aqna  ca^lesti 
macerata  objiciantur.  Nam  slcca  non  niniis  ab  lepusculis 
appetuntur.  Haec  porro  animalia  vel  similia  liis ,  ctiam  si- 
lente  me,  facile  inlelligilur,  quam  iion  expediat  conferre 
in  [id]  vivariuni ,  quod  vacerris  ciicumdatum  est  :  siqui- 
(teni  piopter  exiguilatem  corporis  facile  clatris  subrepunt, 
et  liberos  nacta  cgiessns  fugam  moliunlur. 

JI.  Venio  niiiic  ad  alvornm  curam,  de  quibus  neque 
diligentius  quiilquam  prsecipi  potest,  qnam  ab  Hygino 
jani  dictum  est ,  nec  ornatius  quam  Virgilio ,  nec  elegan- 
lius  quam  Celso.  Hyginus  veterum  auctoriim  placita  se- 
rretis  dispersa  monimenlis  industiie  collegit  :  Virgilius 
poeticis  floribus  illuminavit  :  Celsus  utriiisque  memorali 
adliibuil  modum.  Quarene  allentanda  qnidom  nobis  fiiit 
baeo  disputationis  materia,  nisi  quod  consuminalio  siis- 
oeplae  professionis  banc  quoque  sni  partem  desidcialial, 


ne  nniversilas  incboati  operis  nostri ,  velut  membro  aliquo 
icciso,  mutila  atque  imperfecla  conspicerelur.  Atqne  ea, 
qux  Hyginus  fabulose  Iradita  de  originibus  apum  non  in- 
termlsil,  poelicae  magis  licentiae  qnam  nostra;  fidei  con- 
cesserim.  Nec  sane  rustico  dignum  est  sciscitari ,  fiierit 
no  mulier  pulcherrima  specie  Melissa ,  quam  Jupiter  in 
apem  convertit,  an  (ut  Evhemerns  poela  dicit)  crabroni- 
bus  et  sole  genitas  apes ,  quas  nympbai  1'bryxonides  edu- 
caverunt,  mox  Dicta'0  specn  Jovis  extitisse  nulrices, 
easque  pabula  nninere  dei  sorlitas  quibus  ipsa;  parvum 
educaverant  alumnum.  Istaenim ,  quamvis  iion  dedeceant 
poelam  ,  summalira  tainen  et  uno  tantummodo  versiculo 
leviter  atligit  Virgilius ,  cum  sic  ait  :  Dict(FO  cmli  reyem 
pavere  sub  antro.  Sed  ne  illud  quidem  pertinet  ad  agri- 
colas,  quando  et  in  qua  regione  prinium  nat«  sint :  utrum 
in  Tbessalia  sub  Aristseo ,  an  in  insula  Cea,  ut  scribit  Evhe- 
merns ,  an  Erecbthei  temporibus  in  monte  Hymetto,  iit 
Euthronins;  an  Cretffi  Satnrni  temporibus,  nt  Nicander  : 
non  magis  quam  utruin  examina ,  tanquam  ca-tera  vjde- 
nuis  animalia ,  concubilu  sobolem  pi  ocreent ,  an  ba>redein 
gencris  siii  lloribus  eligaut,  qnodaffirmat  nostcr  Maro  : 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  IX' 

de  la  nature,qu'aux  gensde  lacampagne,  afaire 
iles  recherches  sur  ces  ohjets  comme  snr  d"au- 
tres  semblahles ;  et  ces  sortes  de  recherches  sout 
plns  flatteuses  pour  des  gens  lettres  qui  ont  lc 
loisir  necessaire  pour  lire,  que  pour  des  agricul- 
teurs  occupes ,  atteiulu  qu'eiles  ne  sont  d'aucunc 
utilite  ni  pour  le  progrts  de  leur  ouvrago ,  ni 
pour  reconomie  domestique. 

1 1 1.  Nous allons  par consequent  nous  renfernicr 
dans  les  objets  qiii  sont  plus  convenables  a  ceux 
qui  font  valoir  des  ruches.  Le  fondateur  de  la 
sectedes  peripateticiens,  Aristote  fait  voir,  dans 
les  livres  qu'il  a  composes  sur  lcs  animaux, 
qu'il  y  a  de  plusieurs  sortes  d'abeilles  ou  d'es- 
saims;  qu'entre  les  differents  essaims,  les  uns 
sont  composes  de  grandes  abeilles ,  raais  ramns- 
sees,qui  sont  noircs  et  velues,  et  que  d'autres 
sont  composes  d'abeilles  plus  petites  a  la  verite 
que  les  preraieres,  mais  egalemeut  rondcs,  et 
dontla  couleur  est  bruueet  le  poil  herisse;  qu'il 
y  a  des  abeilles  plus  petites  et  nioins  rondes  que 
les  precedentes ,  quoique  grasses  et  largcs,  et 
qui  sont  de  couleur  de  miel;  qu'enfiu  11  y  eu  a 
de  tres-petites  et  tres-deliees  dont  le  ventre  est 
pointu  ,  et  qui  sont  lisses  et  raarquetees  d"une 
couleur  tirant  sur  Tor.  Virgile,  qui  s'appuie  de 
Tautorite  dece  philosophe,approuve  aussi,  en- 
tre  autres,  les  abeilles  qui  sont  tres-petites, 
oblongues,  lisses,  luisanteset  eclutanlescomrne 
ror,  et  dontle  corps  est  marquetii  de  taches  uni- 
forines,  et  dont  lcs  mceurssont  paisibles.  En  effef , 
les  abeilles  sont  mechantes  a  proportion  de  leur 
grandeur,  ainsi  que  de  leur  rondeur  :  neanmoins 
quand  elles  sont  de  bonne  especc,  ceux  qui  pren- 
nent  soin  des  ruches  viennent  aisemcnt  a  bout 
d'apaiser  leur  colere,  en  les  visitant  souvent. 
En  effet,  plus  on  les  sofS;ne  souvent,  pius  tot  elles 
s'apprivoisent;  et  lorsqu'on  y  met  une  certnine 


attention  ,  on  peut  icsconserver  jusqu'a  dix  an,s  : 
il  n'y  a  cependant  pas  d'essaim  qui  puisse  aller 
au  delii  de  ce  terme ,  quoiqu'on  ait  soin  de  rem- 
placer  toutes  les  annccs ,  par  de  jeunes  abeilles  , 
celles  que  la  mort  aura  enlevees,  parce  qu'ordi- 
nairement  la  peuplnde  entiere  d'une  ruche  se 
trouve  absolument  cteinte  a  la  dixieme  annee. 
Cest  pouiqnoi,  pour  eviter  qne  cet  accident  ne 
se  fasse  scntir  au  raeme  teraps  daus  toutes  les 
ruches  que  Ton  possede,  il  faudra  continuelle- 
ment  propager  la  racedeces  insectes,  en  prenant 
le  soin  au  printemps  de  recueillir  les  nouveaux 
essaims  dans  le  teraps  qu'ils  paraltront ,  et  d"anii- 
menter  le  norabre  de  ses  ruches,  d'aulant  qu'il 
arrive  souvent  a  ccs  insectes  d'etre  surpris  par 
des  maladies.  Nous  donnerons  en  leur  lieu  les 
remedes  qu'il  faut  appliquer  a  ces  raaladies. 

IV.  Des  qu'on  aura  fait  un  choix  d'abeilles 
conformcment  aux  prcceptesque  nous  venonsde 
donner,  on  leur  dcstinera  des  patnrages.  Ces  pa- 
turages  doivent  etre  dans  un  canton  tres-soli- 
taire  et  ferrae  aux  tronpeaux,  sous  un  climat 
expose  au  soleil  et  qui  ne  soit  point  orageux, 
ainsi  que  le  prescrit  notre  ami  Maron  en  ces  ter- 
mes  :  0«  les  vents  n'aient  point  d' aeces ,  parce 
qu'ils  empechent  ccs  insectes  dc  porter  leurs 
provisionsjusqua  teurs  ruches ,  oii  les  brebis 
et  lcs  boucs  ninsultent  point  les fleurs  par  lcur 
petulunce  el  ne  les  detruisent  point  avec  leurs 
cornes  ;  oii  enfin  tes  (jdnisses  erranies  dans  la 
plaine  ne  dissipentpas  la  rosc.e  qui  couvre  les 
herbes,  et  neles  foulent point  elles-mcmcs  aux 
pieds  a  mesure  qu'elles  levent  de  terre.  II  faat 
aussi  que  la  eontreeproduise  beaucoup  de  pctites 
plantes  ,  et  principalement  du  thym  et  de  Tori- 
gan,  ainsi  que  de  la  thymbre,ou  de  cette  sarriette 
de  notre  pays ,  que  les  gens  de  la  campagne  ap- 
pellcnt  satureia.  II  faut  encore  qu'il  s'y  trouve 


el  iilnim  evomant  liquorcm  mellis  ,  an  alia  |iarlc  reilJant. 
H*c  euim  el  liis  siniilia  magis  scrntanliiim  leriiin  natniTC 
latebias  ,  quam  vuslicornm  esl  inqiiireie.  .StiiJiosis  qiio- 
que  literarum  Riatiora  sunt  ista^in  olio  legenliliiis,  quani 
negotiosis  agricolis  :  qnoniam  neque  in  opere  ne(iue  in  re 
lainiliari  qnidquam  juvanl. 

111.  Quare  reverlamnr  ad  ea  ,  qure  alveoriim  rnlloribns 
magis  apta  sunt.  Peripatelira' s.il;i'  din.litir  Arisloteles 
in  iis  libris,  quos  de  animalibii^  i.mim  i  ip^i!,  a])uni  sive 
examinum  genera  complura  dinionsii.it ,  laninique  alias 
vastas  sed  glomerosas ,  easdeiiKpie  ni^ras  et  Inrsntas 
apes  habent  :  alias  minores  quidem  ,  sed  a^que  rntundas 
ct  infuPCi  cbloris  liorridiqne  piii  :  alias  magis  exiguas , 
nec  tam  rotundas,  sed  obesas  tamen  et  latas ,  coloris  me- 
liusculi  :  nonnullas  minimas  giacilesque,  et  ai  uti  alvi, 
ex  aureolo  varias  alque  leves  :  ejusqiic  aiictoritatem  se- 
qiiens  Virgiliiis,  maxiine  probat  parvulas,  ohlongas,  le- 
ves  ,  nilidas,  Ardentcs  aicro,  cl  pariOiis  lita  curpora 
gutlis,  moribus  eliam  placidis.  Nam  qiianlo  gramlior 
apis,  alque  rotiindior,  tanlo  pejor.  Si  vero  saevior, 
maxiuie  pcssima  c»l.  Sed  lamei)  iracuiidia  nota-  mclioris 


apiiim  fadle  drlinilnr  assidiio  inlerventu  eorum  qui  cii- 
rant  [alvearia.]  Naiii  cum  sa>pins  Iractantnr,  celerins 
niansuescunt,  durantqne  si  diligenter  excnltiE  sunt,  in 
annos  decem  ;  nec  nllnm  examen  lianc  .Tfatem  polesl  ex- 
cedere  ,  quamvis  in  demortuarum  lociim  quotannis  pul- 
los  substituant.  Nain  feie  decimo  ad  iuteruecioneni  anno 
gens  universa  tolius  alvei  consumitur.  Itaque  ne  hoc  in 
toto  fiat  apiario ,  semper  propaganda  erit  soboles ,  obser- 
vandnmque  vere  cum  se  nova  profnndent  examina,  iit 
exripiantur,  et  domiciliorum  numerusaiigeatiir.  Mam  sa^pe 
moiiiis  intercipiuntur,  quibus  qnemadmudum  niederi 
oportet ,  siio  loro  dicetur 

IV.  Interim  per  has  nolas  ,  quas  jain  diximns ,  prol)alis 
apibus  de.slinari  debent  |>abiilationes,  eiequc  sint  secretis- 
simrc ,  et  ut  noster  piffiripil  Maro,  vidiiae  peciidibus, 
aprico  cl  minime  procelloso  c<Bli  slatu  :  Qiio  iicqtie  sit 
ve)i/i.i  aditus;  nain  pahiihi  ven/i  Frrre  domiini  prn- 
liibent  :  ncque  oves  luedriiie  pe/u/ci  Flonbus  insul- 
tenl,  aiiterrans  bucula  campo  Drcu/iat  rorem,  et  sur- 
gentes  atleral  herbas.  Eademqne  regio  frecunda  sit  frii- 
ticis  exigui,  et  maxinio  tliymi  aut  origani,  luin  eiiam 


COLUMELLE. 


unc  piaude  quantite  d'aibrisseaux  de  plus  haut 
jet,telsque  le  romarin  et  ies  deiix  especes  de 
eytises,  je  veux  dire  celui  que  ron  plante  et 
celui  qui  vientde  lui-meme;  lepin  toujours  vert 
et  la  petite  yeuse,  attendu  que  la  grande  est  de- 
sapprouveepar  tout  le  raonde.  On  approuve  en- 
core  le  iierre,  non  pas  precisement  a  cause  de 
sabonte,  mais  parce  qu'il  donne  beaucoiip  de 
miel.  Quaataux  arbres,  ceux  qu'on  approuve  le 
pliis  sont  les  jujubiers  rouge  et  blane ,  ainsi  que 
le  lamaris,  et  merae  les  amandiers  ,  lcs  pecliers, 
les  poiriers,  en  un  raot  la  plupart  des  arbres  a 
fruit,  pour  ne  pas  les  nommerici  tous  endetail. 
Entre  lesarbies  sauvages,  les  robres  qui  portent 
du  glnnd  soiit  cxcellents,  ainsi  que  le  tcrebinthe, 
lelentisque  qui  kii  rtssemble,  lecedre  odoriferaut, 
etlestilleuls;  lesifssont  lesseulsdetouslesarbres 
quinuisentacesinscctes.  llyaenoutreuneinfinite 
de  graines,  soit  de  celles  qui  vcrdissent  au  milieu 
d'un  gazon  non  cuilive ,  soit  de  celles  que  renfer- 
mentdans  leurseiu  lcsterreslabouiees,qui  toutes 
produisentdesfleurstres-rechercheesparlcsabeil- 
les  :  tellessont  dans  les  terrains  arroses  i'herbe 
de  la  camomille,  les  tiges  de  racanthe,  eelles  de 
rasphodcle,  et  les  feuilles  aigues  du  narcisse :  tel- 
les  sont  cncore  dans  les  planches  des  jardins  les 
lis  resplendissants  par  leur  blancheur,  et  les  gi- 
rofliers,  qui  ne  leur  eedent  point  en  beante,  ainsi 
que  les  roscs  de  Carthage,  les  violettcs  jaunes  et 
pourprees,  et  la  jacintbe  decouleur  bleu-celeste. 
On  mettra  aussi  en  terre  des  bulbes  de  safran  , 
soit  de  celui  de  Corycos  ,  soit  de  celui  de  Sicile, 
pourcolorerlemiel  et  luidonnerderodeur.Ilnait 
encore,  tant  dans  lesguerets  quedans  lcs  patura- 
ges,  une  foule  d'herbes  moins  estimees  que  les 
precedentes,  qui  font  foisonner  le  miel  dans  les 
rayons  de  cire,  telles  que  le  chou  sauvage  ,  qui 

ll)ymbr<c ,  vel  nostratis  ciinite ,  quam  saliiiciam  nistici 
vocanl.  Post  haec  freqnens  sit  incrementi  majoris  surcii- 
liis,  ut  rosinarinns  ,  et  ntraque  cytisus.  Est  cniin  saliva  et 
alteia  siiae  spontis.  Itcmque  semper  virens  pinus,  etmi- 
nor  ilex  :  nam  pioli\ior  ab  omnibus  improbatur.  Edeise 
quoque  non  proptcr  bonitatem  lecipiuntur,  sed  quia  piae- 
bent  plurimum  mellis.  Arboies  veio  sunt  probatissima; , 
rutila  atque  alba  ziziphus,  nec  minus  tamarices,  tum 
ctiam  aniygdalee,  [cl]  persici,  atque  pyri,  denique  pomi- 
leraruin  plciceqne ,  ne  singulls  immorcr.  Ac  silvestrium 
commodissinie  faciimt  grandifei-a  robora ,  qnin  etiam  te- 
lebinlbus,  nec  dissimilis  buic  lenliscus,  et  odorata  ce- 
drns,  ac  tilia.  Solfc  ex  omnibus  nocente.s  taxi  repiidiantur. 
Mille  pneterea  semina  vel  crudo  cespite  viientia,  vel 
suhacta  sulco,  flores  amicissimos  apibus  creant,  iit  sunt 
iii  iirigiio  solo  fnilices  amelli,  caules  acnnlhini,  scapus 
asphodell ,  gladiolus  naicissi.  At  in  hortensi  lira  consita 
nilent  randida  lilia ,  nec  his  soididiora  leucoia,  tum  pu- 
niceae  rosa; ,  luleoteque ,  et  Sariance  viol.-c ,  nec  niinus 
caMestis  luminis  hyacinthus,  Corycius  iteni  Siculusqiie 
hulbus  croci  deponitiir,  qiii  coloiet  odoretque  mella.  Jam 
vero  not»  vilioi  is  innumerabiles  nasciintur  herba;  cnltis 
alque  pascuis  regionibns ,  quse  favoi  um  cci  as  exuheraiit  : 


est  tres-commun ;  le  giand  raifort,  qui  n'est  pas 
plusprecieux;  certainesherbes  potageres,  comme 
le  rapistrum  etla  chicoree  sauvage,  les  fleurs  du 
pavot  noir,  et  enfin  le  panaissauvage  et  le  panais 
cultive,  que  les  Grecs  appellent  GTa'.j(uXTvov.  Mais 
entre  toutes  les  plantes  ,  tant  eclles  que  j'ai  de- 
taillees  que  celles  que  j'ai  omises  pour  abreger 
(  parcc  qu'elles  sont  innombrables) ,  le  thym  est 
celle  qui  donne  le  miel  du  meilleur  gofit;  apres 
le  thym  vient  la  thymbre,  le  serpolet  etrorigan. 
Le  romarin  et  la  sarriette  de  notre  pays,  que  j'ai 
appelee  salureia,  quoique  toutes  deux  excellen- 
tes,  ne  sontcoraptees  qu'au  troisieme  rang.  Pour 
les  fleurs  du  tamaris  et  du  jujubier,  ainsi  que 
toutes  les  autres  espeees  de  patiuages  que  nous 
avonsdctaillees,  elles  nedonnent  plus  qu'un  raiel 
d'ungout  raediocre.  Cependanties  miels  qui  pas- 
sent  pour  les  pires  de  tous  sont  celui  des  bois, 
qui  est  extrait  du  genet  d'Espagne  et  de  Tarbou- 
sier,  etceluidesmetairies,  querendentles  plantes 
potageres  et  les  herbes  que  Ton  fait  venir  dans 
du  furaier.  J'ai  fait  voir  quelle  est  la  sitiiation  des 
pafuragesconvenables  auxabetlles,  ainsi  queles 
differentes  especes  de  nourritures  qui  lcur  sont 
propres ;  je  vais  traiter  a  present  des  ruclies  ou 
maisonnettes  oii  elles  se  retirent. 

V.  On  placera  les  ruches  des  abeilles  en  face 
du  midi  d'hiver,  loin  du  tumulte  et  de  la  com- 
pagnie  tant  des  horames  que  des  bcstiaux,  et 
dans  un  lieu  qui  ne  soit  ni  chaud  ni  froid  ,  parce 
que  rune  et  1'autre  de  ces  temperaturesleur  est 
egalement  nuisible.  II  faut  aussi  que  ce  soit  au 
foud  d'une  vallee,  parce  que  lesabeillesqui  iront 
chercher  leur  pature  trouveront  plus  d'aisance, 
lorsqu"eIles  ne  seront  point  chargees,  a  s'i'lever 
vers  lesommet  de  la  montagne,  etqu'apiesavoir 
ramasse  toutcedont  ellesauront  besoin,  ellesen 

iit  vulgares  lapsanae,  nec  his  pretiosior  armoracia,  rapis- 
trique  olus,  et  inlnbi  sllveslris  ac  nigri  papaveris  llores, 
tuin  agrestis  pastinaca,  et  ejnsdem  nomiuis  edoinila, 
quam  Graeci  <rTa?u),ivov  vocant.  Veruni  ex  cunctis,  qnae 
proposui,  quaeque  oinisi  temporis  compendia  seqiiens 
(nam  inexputahilis  erat  nnmerns)  saporis  praeclpui  mella 
reddit  thynius.  liximio  deinde  proxiinnm  thymhia,  .ser- 
pylliimqne  et  origanuin.  Tertiae  notae,  sed  adhnc generosae, 
marinus  ros  et  noslras  cnnila,  qnam  di\i  salureiam.  Me- 
diocris  deinde  gustus  tamaiiciS,  acziziphi  flores,  ivllqiia. 
que,  qii»!  proposuiinns,  cibaria.  Sed  e\  sordidis  deterrimae 
notae  mel  habetiir  iiemorense , quod  e\  sparto  atqiie aibiito 
provenit :  villaticiini ,  qnod  nascitnr  in  oleribus  ct  sferco- 
rosis  beibi.s.  Et  quoniam  situm  paslionum  atqiie  etiam 
genera  pabiilonim  exposiii ,  nunc  de  ipsis  receptaculis  et 
domiciliis  examiniiin  loquar. 

V.  Sedcs  apiliiis  collocanda  est  contra  brumalem  ine- 
ridiem  procul  a  tunuiltu,  etca-ln  homiuum  ac  pecudum, 
nec  calido  loco ,  nec  frigido  :  nam  iitraqne  le  infestantiir. 
HKcantenisit  ima  parle  vallis,  nt  et  vacuas  cum  pro- 
deuiit  pabulatiim  apes ,  facilius  editioribiis  advolent .  ct 
collectis  iitensilibus  cum  onere  per  proclivia  iion  aegre  de- 
volent.  Si  villse  situs  itacompellt,  noii  est  dnbilandum, 


I)E  LAGRiCULTURE,  LIV.  IX. 


descendront  sans  peine  avec  leur  charse,  en  sui- 
vant  la  pente  de  la  cote.  Lorsque  la  situation  de 
la  metairie  le  comporte,  il  nest  poiut  douteux 
qu'il  ne  faille  mettre  les  ruches  dansla  proximite 
de  ses  bSliments,  et  dans  un  eudroit  qui  soit  clos 
de  murailles,  et  a  Tabri  des  odeurs  qii'e.\halent 
les  latrines  puantes,  le  fumier  et  le  bain.  Si  ce- 
pendant  la  situation  de  la  metairiu  ue  permet 
pas  d'eviteroes  odeurs,  il  sera  cncore  pUisavan- 
tageux  d'en  courir  le  danger,  pourvu  toutefois 
qu'il  nen  resulte  pas  de  trop  grands  inconveiiients, 
que  de  raettre  Tendroit  ou  seront  les  rucheshors 
de  la  vue  du  proprielaire.  Mais  si  Ton  rencontre 
des  iuconvenientsdetoutcole,  il  faudra  au  moins 
placer  les  ruehes  daus  uue  vallee  voisiue  ,  et  ou 
il  puisse  souvent  descendre  sans  se  fatiguer ;  car 
Fentretien  desabeilles  demaude  une  grande  lide- 
litedelapartdeceluiquienest  charge.  Or,  comrae 
la  fidelite  est  une  vertu  tres-rare,  les  visitcs  du 
raaitre  en  assureront  la  garde,  d'autant  que  cette 
manutention  n'est  pas  seulemcnt  ennemie  d'un 
gardien  fripon,  mais  qifelle  Test  encore  d'un 
gardien  negligentjusqu'a  la  malproprete,  et  qu'el  le 
n'est  pas  moins  rebutee  par  le  defaut  de  proprete 
que  par  la  fraude.  Au  surplus,  quel  que  soit  ren- 
droit  ou  seront  placees  les  ruches ,  il  ne  faut  pas 
que  le  raur  qui  l'environne  soit  tres-cleve  :  si  ee- 
pendant  la  crainte  des  voleurs  determine  a  le 
faire  plushaut  qu'il  ne  doit  fitre  naturellement,  il 
faut  qu'il  soit  percc  a  trois  pieds  de  terre  de  pe- 
tites  fenetres  rangees  par  ordre,  pour  la  com- 
modite  des  abe;lles.  On  y  joindra  une  chaumiere 
tant  pour  servir  d'habitation  aux  gardiens,  que 
pour  y  serrer  tous  les  ustensiles  relatifs  a  cette 
branchedereconoraierurale.il  faut  surtout  la 
garnir  d"une  provision  de  ruchcs  toutes  pretes 
pour  les  nouvcaux  essaims,  ainsi  que  dherbes 
raedieinales,  et  de  toutes  les  autres  choses  dont 
on  peut  avoir  besoiu  lorsque  les  abeilles  sont 


malades.  Leur  vestiOule  sera  ombrage  pan  des 
palmiers  ou  par  de  (jrands  olivicrs  sauvagcs , 
afinquc  lorsque  les  nouveauxroiscommer.ee- 
ront  a  conduire  lcs  cssaims  dans  la  saison  du 
printemps ,  qui  lcur  est  la  plus  favorable ,  et 
que  la  jeuncsse  sortira  dcs  rayons  pour  aller 
foldtrcr,  le  roisinaye  rinvite  a  se  rjarantir  de 
la  chalcur,  en  se  cachant  sous  les  arbres  qui  se 
presenteronl  pour  la  recevoir  sous  leurs  feuil- 
lages.  11  fautlra  aussi  conduire  dans  le  meme 
eiidroit  une  eau  de  source  qui  y  coulera  continuel- 
lement,  si  rou  est  a  portee  de  le  faiie;  sinon,  en 
mettren  Tusage  de  ces  insectes  dans  un  canal 
artiliciel ,  paree  que  !'eau  est  indispensable  pour 
faconner  non-seulement  les  rayons  et  le  miel , 
mais  eneore  les  petits.  Soit  donc  que  Ton  y  aii 
conduit  des  eaux  courantes,  comrae  je  viens  de 
le  dire,  soit  qu'on  y  ait  amasse  de  Teau  de  pluie 
dans  des  canaux,  11  faudra  avoir  soiu  d'entasset 
sur  ces  eaux  des  branchages,  afin  que  les  abcil- 
lcs puisscnt  se  poser  sur  ces  especes  dc  ponis 
multiplies,  cl  deploijer  lcurs  ailes  au  soleit 
cVete,  au  cas  que  le  vent  d'est  soit  venu  fon- 
dre  sur  el/es  pendanl  qu'ellcs  se  rcposaienl , 
et  qv'il  ics  ait  eparpillecs  ou  plongees  da/is 
Veau.  II  faut  encore  planter,  dans  tous  les  envi- 
rons  de  rendroit  ou  sont  les  ruches ,  de  petits 
arbustes,  et  surtout  de  eeux  qui  contribuent  h 
entretenir  lasante  des  abeillcs.  En  effet,  le  cytise 
et  apres  lui  Tarbre  qui  porte  la  cnsse,  le  pin,  le 
romarin  ct  meme  la  sarriette  et  le  thym  ,  ainsi 
que  les  violettes  ou  tel!es  autresplanteseon\ena- 
bles  que  la  qualite  du  sol  permettra  d'y  avoir, 
ne  sont  pas  moins  propres  a  les  guerir  de  lcurs 
maladies  qu'a  les  nourrir.  On  en  eloignera  non- 
seulement  les  plantes ,  mais  encore  toutes  les  au- 
tres  chiises  d'une  odeur  forte  etdesagreable,  telle 
queeelle  de  recrevisse  grillee  au  feu  ,  ou  celle 
i  d'un  bourbier  marecageux.  11  faut  egalement 


qiiin  sedificio  jiinctnm  apiarinminaceria  circnnidemus,  sed 
in  ea  parte,  qnoe  letris  latrinae  sterqniliniique  eta  balinei 
libera  est  odoribns.  A'ernm  si  i)«silio  repusnahil,  nec 
inaxima  tamen  inconimoda  congruent ,  .sic  quoque  raagis 
expediet  snbocnlisdominicsseapiarium.  Sin  autemcuncta 
fnerint  inimica,  rerle  vicina  vallis  occnpeUii,  quo  sffipius 
descendere  non  sit  grave  possidenti.  Xam  res  ista  maxi- 
mam  fideni  desideiat;  qnie  qnoniam  laiissima  est,  iutei- 
veiilii  domini  tntiuscuslodilur.  Neque  ea  cnratorem  fiau- 
dulentnm  tantuni ,  sed  eliam  immunda;  segnilia;  peiosa 
est.  .Eque  enim  dedignatnr,  si  miniis  pure  liabita  est,  ac 
si  tractelurfiaudulenter.  Sed  ubicumqiie  fueriut  alvearia, 
non  cdltissimo  daudantur  innro.  Qui  si  melu  praedonuni 
sublimiorplaciierit,  tribus  elatis  ah  bumo  pcdibus,  exiguis 
in  ordiuem  feneslellis  apibus  sit  perviiis  :  jungaturqnc  tu- 
gurium ,  quoil  el  ciistodes  babiteiil ,  et  [quo]  condatur  in.s- 
tiumeuliiiu  :  silipie  maxime  lepletum  pra'paralis  alvcis 
ad  usum  novoruinevaniiiiuiii,  iiec  ininus  berbis  salulari- 
bus,  etsiqna  suut  alia,  qiiielaugneiillbus  adliibenlur.  Piil- 
mrniue  vestibuluiii  aut  iugeus  ohastcr  olniinlirc/,  11 


cum prima  novi  ducent  examina regcs,  Vere suo,  ludet- 
que/uvis  emissajuveiitus :  Vicina invifel  decederc  ripa 
calnri,  Obviar/ue  liospiliis  ieneat  /rondentilms  arbos. 
Tnmperennisaqua,  siestfacultas,  inducatur,  velextracla 
canali  manu  detnr,  sine  qua  neque  l;ivi  neqiie  mella  nec  pulli 
denique  figurari  queunt.  Sive  igitur,  ut  dixi ,  prseternuen» 
iinda,  vel  pulealis  canalibns  iminissa  fnerit,  virgis  ac  la- 
piilibus  aggeietur  apiii:ii  causa,  Pontibus  nt  crebris pos- 
sint  consislere,  et  alas  Pandere  nd  eestivum  solem,  si 
fortemoranteisSpar.':crit,autprcEcepsSeptunoimmer- 
serit  Eurus.  Conseri  deinde  circa  totum  apiarium  de- 
bent  aibuscnl.ie  incrcmenti  parvi,  maximcque  propler  sa- 
lubrilalein  (nam  sunteliani  remedio  langueutibus)  cjfisi, 
tiiiii  ilcinde  casi;>;  atque  pini  et  rosniarimis  :  quin  eliain 
cmiiliL'  et  tliymi  frntices  ,  ilem  violarum ,  vel  quaxunqne 
iilililer  depoiii  patilur  qiialilas  lerra;.  (;ra\iset  tetri  odo- 
ris  non  soliim  vircntia  sed  el  qiiadibet  res  prohibeanlnr, 
siciili cancri  nidor,  ciiin  esl  ignibns  aduslus,  autodorpa- 
lustris  cceni.  Nec  niiniis  vilentiir  cava;  rupis  aut  vallis 
aigutia^^quasGi.icci  y./m;  vocant. 


COLUMELLE. 


pvitcr  les  cavitesdes  roches,  ou  les  vallees  rcten- 
tissantes,  que  lesGreesappelleut  v,/oi  (cchos). 

VL  Lorsquon  aura  convenablement  dispose 
rendroit  pour  rentretien  des  abeilles,  on  fabri- 
quera  des  ruches  de  nianiere  ou  d'autre,  suivant 
la  nature  du  pays.  Si  le  pavs  est  fertile  en  liege, 
on  emploiera  avec  le  plus  grand  succes  Tecorce 
de  ce  bois  a  faire  de  tres-bounes  ruches ,  qui  ne 
seront  ni  trop  froides  en  hiver  ni  trop  chaudes 
en  ete;  s'il  est  abondant  en  ferules,  on  s'en  ser- 
vira  egalement  hien  pour  les  faire,  parce  que  la 
nature  de  la  ferule  tient  de  recorce.  Si  ron  n'a 
ni  liege  ni  ferule  ,  ou  les  fera  avecdes  tissus  de 
saules,  ou,si  l'on  n'a  pas  meme  de  saules,  onen 
fabriquera  avee  des  troncs  darbres  evides  ou 
scies  en  planches.  Les  ruches  de  terre  cuite  sont 
lespires  de  toutes,  p.irce  qu'elles  sout  brulantes 
pendant  les  chaleurs  de  Tete ,  et  glaeiales  pen- 
dant  les  froids  de  Thiver.  On  corapte  encore  deux 
especes  de  ruches  :  les  unes  sont  faites  avec  de 
labouse,les  autres  sont  construites  en  brique. 
Celsus  condamne  Tune  de  ces  especes  avec  rai- 
son,  parce  qu'elle  est  fort  sujette  au  feu  ;  et  quoi- 
qu'il  approuve  Tautre ,  il  ne  dissimule  pas  nean- 
moins  le  principal  inconvenieut  auquel  elle  cst 
sujette ,  et  qui  consiste  a  ne  pouvoir  pas  etre 
transportee,  si  le  cas  Texige  :  aussi  suisjebien 
eloigne  de  penser  comme  lui ,  que  malgre  cet  in- 
convenient  on  puisse  avoirdes  rucbes  de  cette 
derniere  espece.  En  effet,  non-senlement  leur 
immobilite  repugne  aux  arrangements  que  pour- 
rait  avoir  a  prendre  le  proprietaire  ,  s'il  voulait 
vendre  sa  terre  ou  eu  garnir  une  autre  de  ruches 
( raisons  de  convenauce  qui  ne  regarderaient  tout 
au  plus  que  le  chef  de  famille  lui-meme);  mais 
ellerend  encore  impossibles  les  secours  que  de- 
mandent  lesabeillesencertaines  occasions.  Com- 
menteu  effet  pourrait-on  les  transporter  dans  des 


contrees  differentes  de  eeiles oii  elles  sont,  dans  le 
cas  ou  ces  iusectes  seraient  affliges  par  la  mala- 
die,  la  sterilite,  ou  enfin  par  la  disette  des  lieux? 
II  faut  par  consequent  eviter  absolument  cette 
methode.  Cestcequi  fait  que,  quelque  egard  que 
j'aie  pourrautorite  d'unpersouuageaussi  savant, 
je  u'ai  pas  cru  devoircacher  mon  sentiment,  sans 
neanmoins  pretendre  m"elever  au-dessus  de  lui. 
En  effel ,  le  motif  qui  touehe  principalement  Cel- 
sus,je  veux  dire  la  crainte  que  les  ruches  des 
abeillesne  soient  exposees  aufeu  ou  auxvoleurs, 
est  de  peu  deconsequence,  puisqu'on  peut  parer 
a  ce  double  accident  en  les  revetant  d'un  ou- 
vrage  en  briques  qi;i  lespreservera  des  coups  de 
main  des  voleurs,  et  qui  les  protegera  contre  la 
violencedes  flammes,  sansneanraoins  empecher 
que,  lorsqu'on  sera  dans  le  cas  de  les  deplacer, 
ou  ne  puisse  les  transferer  facilement,  en  brisant 
Tassemblage  de  cette  constructioa. 

VII.  Mais  corame  presque  tout  le  moiide  s'ac- 
corde  a  regarder  cette  construclion  comme  une 
operation  embarrassante,  il  suffira  ,  quelles  que 
soient  les  ruches  qu'on  jugera  a  propos  d'em- 
ployer,  d'elever,  tout  le  long  du  lieu  ou  on  les 
placera,  une  assise  de  pierres  de  trois  pieds  de 
hauteur  sur  une  epalsseur  6gale  ;  et  lorsque  cette 
maconnerie  sera  achevee ,  on  la  revetira  avec 
soin  d'un  enduit  bien  poli,  pour  empecher  les 
lezards,  les  serpents,  ou  tout  autre  animal  nuisi- 
ble  ,  d'y  monter.  Apres  quoi  on  posera  sur  cette 
muraille,  soit  des  ruches  de  briques  (  suivant  le 
sentiment  de  Celsus) ,  soit  des  ruches  maconnees 
(suivant  notre  opinion)  partous  les  cotes,  a  Tex- 
ception  de  celui  de  derriere  ;  ou  plutot  on  les  ar- 
rangera  en  file ,  et  on  les  mastiquera  Tune  avec 
Tautre,  suivant  Tusage  de  presque  tous  ceux  qui 
se  livrcnt  avec  un  certain  soin  a  cette  branche 
d'economie  rurale,avecde  petitesbriquesouavec 


VI.  Igitur  ordinatis sedibus,alveaiia  fabricanda suiit  pro 
conditione  regionis.  Sive  illa  ferax  est  suberis  ,  liaud  du- 
bitanter  utilissimas  alvos  faciemusex  corticibus,  quianec 
lueme  rigent,  neccandent  ce.state;  sive  ferulis  exuberat, 
iis  quoqiie ,  cum  sint  naturae  corticis  similes ,  a;que  com- 
niode  vasa  lexuntur.Si  neutrum  aderit,opere  texlorio  sali- 
cibus  connectentur :  velsi  nec  hajcsuppelent,  lignocaVatte 
arboris  aut  in  labnlas  desectfe  fabricabuntui-.  Deterrima 
est  conditio  fictilium,  quae  et  accenduntur  festalis  vapori- 
bus,  et  gelanlur  luemis  frigoribus.  Reliqna  suut  alvorum 
genera  duo,  ut  vel  cx  liino  finganlur,  vel  lateribus  extruan- 
tur  -.  quorum  allerum  jure  damnavit  Celsus,  quoniam 
maxime  est  ignibus  obnoxium;  alterum  probavit,  quam- 
vis  incommodum  ejus  prajcipuum  non  dissimulaverit, 
quod,  si  res postulet ,  traiisfeni  non  possit.  Ilaqiie  non  as- 
sentior  ei ,  qui  putal  nibilo  ininus  ejus  geueris  babendas 
csse  alvos  :  neque  eiiim  soluni  id  repugnat  rationibus  <lo- 
mini,  quod  immobiles  sint,  cum  vendere  aut  alios  agros 
instruere  velit;  (boc  enini  commodum  pertiuet  ad  utilita- 
tem  solius  patris  familias)  sed,  quod  ipsarum  apium  causa 
lieii  debet,  cum  aut  laorbo  aut  sterilitale  et  penuria  lo- 


I  corum  vexatas  conveniat  in  aliam  legionem  milti ,  nec 
piopter  pra-dictaui  causammoveri  poterunt,  boc  maxime 
vitandum  est.  Itaque  quamvis  doctissimi  viri  auctorita- 
lem  reverebar,  tamen  ambitione  submota  ,  quid  ipse  ceii- 
serem,  non  omisi.  Kam  quod  maxime  inovet  Celsum,  ne 
sint  slabula  vel  igui,  vel  furibus  obnoxia,  potest  vilari 
opere  laleritio  circumstiuctis  alvis ,  nt  impediatur  lapina 
pra.'donis,  el  contra  llammariim  violentiain  profegantur  : 
easdeiiKpie,  ciim  fueriiit  movenda;,  resolutis  structurse 
coinpagibus,  licebit  transfene. 

VU.  Sed  quoniam  pleiisque  videtur  istud  operosum, 
qiialiacuuque  vasa  plaeuerint ,  collocari  debebunt.  Sug- 
geslus  lapideus  exteuditur  pertotum  apiarium  in  tres  pe- 
des  altitudinis,  (totidemque  crassitudinis)  extructus, 
isque  diligenter  opeie  tectoiio  levigatur,  ita  ne  ascensus 
lacertis,  aut  angiiibus,  aliisve  noxiis  animalibiis  praibea- 
lur.  Superponuntur  deinde,  sive,  iit  Celso  placet,  late- 
ribus  facta  domicilia,  sive,  ut  nobis,  alveaiia,  piffiter- 
quain  a  tergo  circumslructa  :  seu ,  ipiod  pene  omnium  in 
usu  est,  qui  modo  diligenter  ista  curant,  pei  ordinem  vasa 

I  disposita  ligantur,  vel  latcrculis,  vel  csementis ,  ila  uj 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  IX. 


du  ciment,  de  facon  que  ehacune  se  trouve  ren- 
ferniee  eiitre  deux  eloisons  etroites ,  et  que  les 
faces  en  soient  libres  tant  par  devant  que  par 
dcrriere;  parce  qu'il  faut  les  ouvrir  quelquefois 
par  la  face  de  devant  qui  sert  de  passaj^e  aux 
abeilles,  et  plus  souvent  encorc  par  celle  de  der- 
riOre  ,  qui  est  celle  par  laquille  on  soigne  les  cs- 
saims.  Si  Ton  ne  separe  point  lcs  ruches  par  des 
cloisons,  il  faut  au  nioins  les  placer  de  facon 
qu'elles  soient  a  quelque  distance  les  unes  des 
autres,  aliuque,  lorsquMI  seraqucstion  de  lesvi- 
siter,  celles  auxquelles  on  seraoblige  detoucher 
pour  les  soigner  ne  causent  poiiit  d'ebranlement 
a  celles  du  voisinage  qui  seront  collees  contre 
les  premieres,  et  n'ecrasent  point  les  aheilles 
qui  pourrontse  trouver  dans  les  environs,  d'au- 
tant  que  ces  insectes  redoutent  la  moindre  se- 
cousse,  comme  devant  entrainer  la  ruine  totale 
de  leurs  ouvrages  delicats.  II  suffit  qu'il  y  ait  trois 
raiigs  de  ruchcs  distribues  les  uns  au-dessus  des 
aulres,  puisque,  dans  cette  supposition  nieme, 
celui  qui  prendra  soin  des  ruches  ne  laisscra  pas 
encore  que  d'avoir  de  la  peine  a  regarder  dans 
celles  du  rang  superieur.  Les  ouverturesdu  pa- 
nier,qui  servent  d'entree  aux  abcilles ,  seront 
plus  inclinees  que  celles  de  derriere  ,  alin  que  la 
pluie  ue  puissepasy  penetrer,  ou  qu'au  moins, 
dans  le  cas  ou  il  y  cn  serait  entre ,  elle  n'y  puisse 
pas  sejourner ,  mals  qu'elle  puisse  au  contraire 
s'en  ^couler  par  cette  issuc.  II  convieut ,  pour 
la  mcme  raison,  que  rendroit  oii  sont  les  ruchcs 
soit  couvert  comme  des  portiques  ,  ou  au  moiiis 
(ju'il  soit  ombrage  avee  des  branchages  enduits 
d'un  mortier  a  la  carthaginoise,  qui  ne  les  mct- 
tront  pas  moins  a  Tabri  de  la  chaleur  que  du  froid 
et  de  la  pluie.  Comme  neanmoins  la  plus  vio- 
lente  chaleur  n'est  pas  aussi  funcste  a  ce  genre 
d'insectes  que  rhiver,  il  fautqu'il  se  trouve  tou- 


jours,  dcrriere  Tendroit  ou  sont  les  ruchcs,  uti 
bcitimeiit  ((uelconque  qui  les  garautisse  dc  riii- 
jure  de  TAquilon,  et  qui  leur  proeure  une  chalcur 
terapt'ree.  II  ne  suflit  pas  mC-me  que  leur  domicilc 
soitgaranti  par  un  batimcnt,  mais  il  faut  encore 
qu'il  soit  expose  a  rorient  d'hivcr,  pour  que  les 
abeillesjouissent  du  soleil  a  leur  sortie  du  ma- 
tin,  afin  d'etre  plus(iveillces,  attendu  (jue  le  froid 
les  rend  paresseuses.  Aussi  faut-il,pareetteraison 
ra(5me,  que  les  ouvertures  par  lesquelles  les  abeil- 
les  doivent  entrer  dans  les  nichcs  ou  cn  sortir 
soient  tres-etroites  ,  afin  qu'il  n'y  pcnctie  que  le 
moins  de  froid  que  faire  se  pourra.  II  siiffit  qu'cl- 
les  aienl  la  largeur  neccssaire  pour  que  rabeille 
puisse  yintroduire  son  corps  :  moycnuantquoi 
ni  le  lezard  venimcux ,  ni  la  race  impure  des 
hannctons  ou  dcs  pnpillons,  ni  les  cloportcs  qui 
fuientla  lumiere,  comme  dit  Maron,  ne  pour- 
ront  aller  devastcr  lcs  rayons  en  se  glissant  a 
travers  les  ouvertures  qui  serventd'entree  ,  trop 
etroites  pour  leur  livrer  passage.  II  est  aussitres- 
utile  de  pratiquer  deux  ou  trois  passages  sur  le 
meme  couvercle  d'une  ruche,  a  proportion  de  ce 
qu'elle  scra  plusou  moins  peuplije;  ces  passagcs 
seront  a  quelque  distance  les  nns  desautres,  a 
leffct  de  tromper  le  lezard  qui  guette,  pour 
aiusi  dire ,  a  la  porte ,  et  qui  atteiid  que  les  abeil- 
lcs  viennent  a  sortir  pour  Ics  tiier.  II  en  pc^riia 
effectivement  beaucoup  moins  quand  elles  pour- 
ront  eviter  les  attaqucs  de  ce  crucl  enneini ,  en 
se  sauvant  par  une  issue  diffiirente  de  celle  par 
laquelle  elles  seront  sorties. 

VIII.  Nous  avons  suf(isamment  parletant  sur 
lcs  paturagcs  des  abeilles  que  sur  les  ruchcs  ct 
rcndioit  ou  Ton  doit  les  placer.  Lorsqu'on  auia 
pourvu  aces  diffcrcnts  objets,  il  faudra  penser 
a  se  procurer  des  cssaims  :  car  on  pcut  ou  les 
acheter,  ou  lcs  ac(iu(^rir  a  titie  gratuit.  Maisil  faut 


singiila  biuis  paiictibiis  angustis  contineantur,  libera'- 
que  Irontes  utrinque  sint.  Nani  et  qua  procedunt ,  non- 
nunquam  patefaciend.x'sunt,  et  niulto  magis  a  teigo,  quia 
subinde  curanlur  examina.  Siu  autem  nulli  pai  ietes  alvis 
inteivenienl,  sic  tamen  collocandaj  erunt,  ut  paulum  al- 
tera  ah  altera  distet,  ne,  cum  inspiciunlur,  ea,  quse  in 
curatione  tractatur,  haeienlem  sibi  alteram  concutial,  vi- 
cinasque  apes  cunterreat ,  quK  omnem  motiim  imbecillis 
ut  cereis  scilicel  operibus  suis  tanquam  ruinam  timenl. 
Ordines  quidem  vasorum  superinstruclos  in  altitudincm 
treis  csse  abunde  est ,  quoniam  sumniuni  sic  quoque  pa- 
runicommodecurator  inspicit.  Ora  cavearum  ,  qua;  pi;c- 
bcnt  apilius  veslibula,  proniora  sint  quam  terga,  iit  ne 
inlluant  imbres,  et  .si  forte  tamen  ingressi  fuerint,non 
imnioientur,  sed  per  aditiiin  ellluanl.  1'ropter  (luos  con- 
venit  alveaiia  porlicibus  supermuniri ;  ,sin  <ililer,  lulo  l'u- 
nico  frundibiis  inlimatis  aduinbrari,  ipiod  legnien  ciim 
frigora  et  pluvias,  tum  et  a^stiis  arcet.  Nec  tamen  ila  no- 
cet  huic  generi  caloris  resUis,  ut  hiems.  Ilaaiie  semper 
xdinciuni  sit  post  apiariiim  ,  quod  Aquilonis  cxcipiat  in- 
juriam,  stabulisqiic  pi;i'bcat  teporein.   Ncc  niiiiiis  ipsa 


domicilia,  quanivis  aHlificio  piotegantiir,  obversa  lamcn 
ad  hiberniini  oiientem  componi  debebunt,  ut  apricum 
habeant  apes  niatuliniim  egressuui,  et  sint  experrectio- 
res.  N'uu  liigus ignaviam  cieal;  propler  quod  etiam  fora- 
mina.quibus  exitus  aul  iutroitiis  d.atur,  angiistissima 
esse  debent ,  iit  quam  miniinum  fiigoris  admiltant  :  ea- 
que  salis  esl  ita  foiari,  ne  possint  capeieplus  unins  apis 
incicmentum.  Sic  nec  vencnalus  stellio,  nec  ob,sca'num 
scarabei  vel  papilionis  geniis ,  luciliig;eque  blalla; ,  ut  ail 
Maro ,  pcrlaxiora  spatia  jannse  favos  populabuntiir.  Atque 
ulilissimum  est  pio  fie(|uenlia  doinicilii  duos  vcl  Ires 
aditiis  in  eodem  opercnlo  distanles  inler  se  lii^ri  eontra 
lall;uiam  lacerti,  (pii  velutcustos  veslibulo  prodeiinlihus 
inliians apibus  affert  exiliuin ,  e.Tquc  pauciores  inteieunt, 
cuni  licet  vitare  pestis  obsidia  per  aliud  vadcntibus  effu- 
glum. 

VIII.  Atqiie  li.icc  de  pahulationibus ,  domiciliis,  et  se- 
dibus  eligendis  abundc  diximus  :  qiiibus  provisis,  sequi- 
tiir  ul  examiiia  desidcreniiis.  Ea  porro  vcl  tcrc  parta,  vel 
gratiiitaconlingiint.Scd  qiias  pictio comparabimus,  scru- 
piilosius  priedii  tis  comprohemiis  notis,  ct  eariiin  frequen- 


COI.UMELLE. 


s'assurer  de  leiir  bont^  avec  plus  de  circonspec- 
tion  dans  le  premier  cas  que  dans  le  secoud ,  et 
verifier  avec  plus  d'attention  les  signes  que  nous 
avons  donnes  pour  les  connaitre.  I!  faut  aussi 
ouvrir  les  ruches  avant  de  conclure  le  marclie , 
pour  examiner  si  elles  sont  bien  peuplees ,  ou  , 
sl  Ton  n'a  pas  la  faculte  de  les  regarder  a  rinte- 
rieur,  il  faut  au  moius  faire  ses  observations  sur 
tout  ce  qu'on  aura  la  liberte  d'examiner,  et  voir, 
par  exemple,  si  les  abeilies  refluent  en  grand 
nombre  a  Touverture  qui  leur  sertd"(mtree,  et  si 
le  bourdonnement  est  assez  bruyant.  S'il  arri  ve  par 
hasard  qu'elles  soient  toutes  tranquilles  dans  la 
ruche,  et  que  Ton  n'y  entendeaucun  bruit,  on 
pourra  approcher  ses  levres  de  Touverture  qui 
leur  sert  d'entree,etsouffler  dans  la  ruche,  pour 
juger,  au  fremissement  qu'elles  feront  aussit6t 
entendre  ,  sielles  y  sont  en  grand  nombre  ,  ou 
non.  On  aura  surtout  rattention  d'en  faire  Tem- 
plette  dans  le  voisinage  du  pays  oii  Ton  sera  , 
plutot  que  dins  des  eontrees  eloignees,  parceque 
communcment  le  changement  declimat  leseffa- 
rouche.  Si  Ton  n'est  pas  a  portee  de  cela  ,  et  que 
ron  soit  au  contraire  dans  la  necessile  de  leur 
faire  faire  un  long  voyage,  on  aura  soin  d'evi- 
ter  qu'elles  ne  soient  raolestees  par  les  mauvais 
chemins  :  c'est  pourquoi  on  fera  tres-bien  de 
les  apporter  alorssur  sa  tete  et  pendant  lanuit, 
parce  qu'il  faut  les  laisser  tranquilles  pendant 
le  jour.  On  aura  cncore  soin  de  leur  verser  des 
liqueurs  qui  leur  soient  agreables,  pour  leur  ser- 
vir  de  nourriture  pendant  tout  le  temps  qu'elles 
seront  renfermees.  Lorsque  ensuite  elles  seront 
arriveesa  lamaison  ,  sl  le  jour  ne  fait  que  cora- 
mencera  luire,  on  attendra  le  soir  pour  ouvrir 
et  placerla  ruche,  afin  qu'elles  ne  sortentpour 
la  premiere  fois  que  le  matin,  etaprftj  s'etre  re- 
posees  pendant  toute  une  nuit.  II  faudra  aus?i 
observer,  euviron  troisjours  de  suite,  si  elles 


ne  sortent  pas  toutes  a  la  fois ,  parce  que ,  si  cela 
Otait,  ce  serait  un  signe  auquel  on  reconnaitrait 
qu'elles  projetteraient  de  s'enfuir.  Kous  prescri- 
rons  bientot  les  remedes  auxquels  il  faut  avoir 
recours  pour  les  empccher  de  le  faire.  Quant  aux 
abeilles  que  Ton  a  recues  eu  present,  ou  que  ron 
a  prises  dans  les  champs,  on  s'en  contente  quelles 
qu'ellessoient,  sans  les  exarainer  avec  tant  de 
scrupule ;  quoique  je  ne  voudrais  en  acquerir, 
fut-ce  de  Tune  ou  de  rautre  de  ces  deux  ma 
nieres,  que  d'excellentes,parce  que  les  raauvai- 
ses  n"occasionnent  pas  moins  de  iVais  que  les 
bonnes,  etqu'ellesexigent  aussi  bien  que  celles- 
ci  les  soins  d'un  gardien.  Mais  une  attentlon  tres- 
iraportante  qu'il  faut  avoir,  c'est  de  ne  point  en 
muler  de  mauvaises  avec  debonnes,  de  peur 
quecellesci  degeuerentegalementpar  lecontact 
avec  les  premieres.  En  effet,  on  retire  moins  de 
proflt  du  miel,  lorsque  les  essairas  soat  melanges 
d"abeilles  trop  paresseuses.  Cependant,  eomme 
il  arrive  quelquefois  que ,  vu  la  nature  des  lieux  , 
on  se  trouve  oblige  de  s'en  procurer  de  medio- 
cres  ( car  on  n'en  doitjamais  acquerirde  mau- 
vaises),  nous  allons  donner  la  maniere  dont  oii 
s'y  prendra  pour  cliercher  desessaims  avec  atten- 
tion.  Les  abeilles  n'ont  rien  de  plus  a  cceur,  dans 
tous  les  lieux  garnisde  bois  qui  leur  soiit  conve- 
nables  et  propres  a  rextractiou  du  miel ,  que  de 
s'approprier  pour  leur  usage  les  sources  d'eau 
les  plus  voisines  d'elles.  II  est  donc  a  propos  de 
se  tenir  aupres  de  ces  souces  d'eau,  conimune- 
mentdepuis  la  seconde  heuredu  jour,alin  d'exa- 
miner  s'i!  y  vient  un  giand  nombre  d'abeilles 
pour  boiie.  Car  si  l'on  n'en  voit  que  quelques- 
unes  voltiger  autour  de  Teau  ,  on  jugera  des  lors 
qu'il  n'y  en  a  pas  un  grand  nombre  dans  cet  en- 
droit  (a  moins  cependant  que  la  multiplicite 
des  filets  d'eau  courante  ne  les  fasse  paraitreplus 
clair-semees  a  cause  de  leur  dispersion ) ;  et  par 


liaiii  priiis  quani  meroemur,  apertis  alvearilnis  considere- 
nius  :  vel  si  non  fuerit  inspieiendi  facnllas,  ccrle  id  ipiod 
contemplarl  licet,  notabimus  :  an  in  veslibulo  januae 
coinplures  consistant,  et  veliemens  sunus  inlus  niurinu- 
rantiumexaudiatur.  Atipie  etium  si  oniiics  iiilra  domici- 
lium  silentes  forte  cunipiiescciil,  laliris  furamini  a.liliis 
ndmolis,  et  inflato  spiiitii  ex  respundente  earum  siiliito 
fremitu  poterinnis  scstimare  vel  inullitudinem,  vel  pan- 
«•.itateni.  Pr.'£cipue  autem  custodiendum  est,  ut  ex  vicinia 
potius,  quam  ex  peiegrinis  resionibiis  pelantur,  quoniam 
solent  caeli  novitale  lacessiri.  Quod  si  non  contiugil,  ac 
necessc  babuerimus  longinqiiis  ilineribus  advebere,  cu- 
rabinius  ne  salebris  solicitentur,  optimeque  noctibus  collo 
porlabuntur.  Nam  diebus  requies  dandaest ,  et  infundendi 
suntgrati  apibus  liquores,  quibusintra  clausum  alantur. 
Mox  cnin  perlatae  domnm  fuerint,  si  dies  superveneiit, 
iiec  aperiri  nec  collocari  o|)ortebit  alvum,  nisi  vesperi, 
ul  apcs  plarid:ie  maue  posltotius  noctis  rcquiem  egredian- 
liir  ;  speculariipie  dcbcmus  feie  tiiduo,  numquid  univer- 


sae  se  profiindant.  Qnod  cum  faciunt,  fiigarn  meditantiir. 
Ea  remediis  quibus  debeat  inbiberi,  innx  piici-ipieuius. 
At qiia;  dono  vel  aucupio  contiugunt,  niiiiiis  scrupuluse 
probantur  ■.  quamquam  ne  sic  quidem  vcliui  nisioplimas 
pussidere  ,  cum  et  iinpensam  et  eandem  operani  custodis 
pusliilenl  boii.Te,  alque  iniprobie  :  et  quod  maxime  refert, 
iion  suiit  degeneres  iiitermiscendae,  qiia;  infament  gene- 
rusas.  Nam  minor  fructus  mellis  respondet,  ciim  scguiora 
interveniunt  examina.  Vernmtamen  quoniain  inlerduin 
propler  condilionem  locorum  vel  mediocre  peciis  (nam 
inaliiin  nullo  quidem  modo)  paranduin  est,  curam  vesti- 
gsndis  examinibus  liac  ralione  adbibebimus.  Ubiciiiique 
saltiis  sunt  idonei ,  mellifici ,  nihil  antiqnius  apes ,  qnain , 
qnibiis  utantnr,  vicinos  eligiint  fontes.  Eos  itaque  conve- 
nit  plerumque  ab  bora  secunda  obsidere ,  specularique 
quae  turba  sitaquanlium.  Nam  si  pauca;  admodum  cir- 
cmnvolant  (nisi  tamen  compliira  capita  rivorum  diductas 
faciuntrariores)  intelligenda  est  eariim  penuiia,  propter 
quain  locum  quoqiic  non  esse  mellilicuni  suspieabimur. 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  IX 

consequent  on  conclura  que  rcndroit  lui-mcrae 
n'est  [las  proprc  au  miel ;  au  lieu  que  si  elles 
s'y  rendent  cn  foule,  on  conccvra  des  lors  Tcs- 
perauce  lamieux  fondeede  prendre  des  essaims 
a  la  ehasse.  Or,  voici  eomme  on  viendra  a  bout 
de  ies  trou  ver.  On  s'assurera  d'abord  si  ces  essaims 
sont  eloignes  ,  ou  non.  A  cet  effet,  on  prcpa- 
rera  de  la  sanguine  liquide,  dans  laquclle  on 
frempera  des  brins  de  pailie  ;  et  pour  peu  qu'on 
touche  avec  ces  brins  de  paille  le  dos  des  abeil- 
lesqui  viendront  boire  ,  il  sera  aisc  de  reconnai- 
tre,  en  restant  au  memeendroit,  celles  qui  y 
reparaitront  pour  la  secoude  fois;  de  sorte  que 
si  eiles  ne  tardcnt  pas  a  revenir,  on  jugera  qu'el- 
les  sont  dans  le  voisinage ;  au  lieuquesi  ellcs 
sont  un  certain  temps  sans  reparaitre,  on  esti- 
mera  la  dislance  du  lieu  de  leur  sejour  par  la 
longueurdu  temps  qu'elles  auront  mis  a  reve- 
nir.  Si  l'on  a  remarque  qu'ellcs  soiit  reve- 
nuespromptement,  on  pourra,  au  eas  que  Ton 
n'ait  point  de  peine^  les  suivre  au  vol,  allerjus- 
qu'au  lieu  memede  leursejour;  au  lieu  qu'ilfau- 
dra  recourira  un  expedient  plus  ingenieux  a  Te- 
garddecellesqui  sembleront  pluscloignees.  Voici 
en  quoi  ces  soins  consisteront.  On  conpera  une 
branche  de  roseau  garnie  d'un  noeud  a  chacune 
de  ses  extremites,  et  on  la  percera  sur  le  cote 
avec  une  tariere;  ensuite  apres  y  avoir  distille 
par  eette  ouvciture  un  peu  de  miel  ou  de  vin 
cuit  jusqu'a  diminution  de  moitie,on  la  mettra 
aupres  de  la  fontaine  ;  puis  aussitot  que  les  abeil- 
ies,  attirees  par  Todenr  de  cette  liqueurqui  leur 
estagreable,  se  seront  introduites  en  foule  dans 
cette  branche  par  son  ouverture,  on  la  prendra, 
et  Ton  en  bouchera  rouvcrtnre  avec  lepouce, 
pour  nelaissersortirqu'uneseuleaheille  a  la  fois. 
Des  qu'il  en  sera  sortie  une ,  robservateur  remar- 
quera  le  c6te  par  lequel  elle  prendra  la  fuite ,  et 
la  ponrsuivradans  sa  course  aussi  loin  qn'il  lui 
sera  possible.  Lorsqu'ensuite  il   cesseia  de  \'a- 


percevoir,  il  en  laissera  sortir  une  seconJe;  el  si 
celle-ci  tourne  du  meme  c6te  que  la  premiere,  il 
eontinuera  sa  route ;  au  licu  que  si  elle  tourne 
d'un  autrc  c6te,  il  dccouvrira  le  trou  pour  en  lais- 
ser  sortir  une  troisieme  ct  une  quatrieme  ,  en  re- 
marquant  le  cote  vers  lequel  s'envolera  le  plus 
grand  nombre,  afin  de  continuerses  poursuites, 
jusqu'a  ce  qu'il  soit  parvenu  ;i  l'endroit  ou  sera 
cache  ressaim.  S'il  est  caclie  dans  une  caverne, 
il  cn  fera  soitir  les  abeilles  a  Taide  de  la  fumee  ; 
et  des  qu'elles  seront  sorties ,  il  fera  resonner  de 
Tairain  pour  lesarreter  dans  leur  course.  En  ef- 
fet,  effrayees  par  le  son  de  ce  metal ,  elles  s'ar- 
reteront  aussitot  sur  un  arbrisseau  ou  sur  le  plus 
haut  de  la  cime  des  arbres;  de  sorte  que  celui 
qui  cherclie  a  les  prendre  pourra  les  enfermer 
dansune  rnehe,  qu'il  aura  eu  soin  de  preparcr 
a  cet  effet.  Mais  si  ress:\im  est  fixe  dans  un  creux 
d"arbre,  soit  qu'il  en  occupe  une  branche,  soit 
qu'il  en  occupe  le  tronc,  il  faudra,  au  cas  que 
la  petitcsse  de  cette  branche  ou  de  Tarbre  le 
permette,  en  couper  d'abord  toute  la  partie  su- 
perieure,  que  les  abeilles  n'occuperont  point, 
avec  une  scie  tres-affilee,  afin  d'avoir  plus  tot 
fait ;  apres  quoi  on  en  coupera  la  paitie  infe- 
rieure  qui  paiaitra  habitee  par  ies  abeilles.  En- 
suite,  lorsque  la  branche  ou  le  tionc  de  Tarbre 
seront  coupes  tant  par  en  haut  que  par  en  bas  , 
on  les  enveloppera  dans  un  morceau  d'etoffe 
propre ,  car  c'est  encore  un  point  tres-important ; 
et  ,  aprcs  avoir  enduit  les  trous  qui  pourront  se 
trou\ersur  renveloppe,  on  lcs  portera  au  lieu 
oii  on  veut  les  plaeer;  enfinon  les  mettra  au  rang 
des  autres  ruches,  apresy  avoir  pratique  de  pe- 
tites  ouvertures,  comme  j'ai  deja  dit.  Au  sur- 
plus,  quand  on  cherche  des  essairas  ,  il  faut 
s'y  prcndrc  dans  la  matiuee  pour  allcr  a  cetle 
decouverte,  afin  d'avoir  toute  la  journee  de- 
vant  soi  pour  examiner  la  route  que  prennent 
les  abiilles.  En  effet,  s'il  est  deja  tard  lorsqu'on 


At  si  corami'ant  ficiinenles  ,  spem  qiinque  auciipiincli  e\a- 
mina  majoiem  faciiint;  eaque  sic  iiiveiiiunliir.  1'iiiiiiiiii 
quam  longe  sint  eNpioraiidum  est,  piwpaiaiuiaqne iu  lianc 
reni  liquida iu!)rica  :  qiia  cum  festiicis  illitis  contigeiis 
apiumterga  ronteni  libantium,  commoiatiis  eo<iem  loco  fa- 
ciliusiedeuntesagnoscerepotoiis;  acsiiionfar(leiiil'acient, 
sciaseas  in  viciiioconsisteie:  sin  automsciiiis,  pio  nione 
tempore  .Tstimaliis  lUstantiam  loci.  Sed  cuiii  animadvei- 
teiis  celeriter  redeuules  ,  non  ffgic  persequens  iter  \o- 
lantium  ad  sedem  perduceris  cxaminis.  In  iis  auteni 
quie  longius  mejic  videbuntur,  solcrlior  adliibfbiliir  ciua, 
quic  talis  est.  Arundiiiis  internodium  cum  siiis  ailiculis 
cxciditiir,  et  terebratur  ab  lateie  talea,  per  qiiod  foramen 
cxigiio  melle  vel  defruto  instillato,  ponilur  juxta  fonteiii. 
Dcindc  cum  ad  odoreii]  dulcis  liqiiamiiiiscoinplnres  apcs 
iriepseruiit,  tollitur  talea,  et  apposifo  foramini  pollice 
non  emitlitur,  nisi  una,  qiisc  cum  cvasit,  fugam  siiani 
demonstrat observanti  :  alque  is,  dum  siifficil,  persequi- 
lur  evolantem.  Oiim  dcindoconspircre  desiilapcm,  tum 


alleiani  ciiiillit  :  et  si  eandoiu  petit  cadi  pai  loiu  ,  losligjis 
priuribns  iiilia-rot.  .Si  miiius,aliam  atque  aliaiii  roraiiiliic 
adapcito  palitiir  egrcdi;  regionemque  uoiaf,  in  ipi:iiii  plu- 
lesrovolenl,  ot  easpersequitur,  donec  ad  latcbraui  pi^r- 
uiicatiir  c\aiiiinis.  Qiiod  sive  cst  ahditiim  spccu,  fumo 
olicitur,  et  cimi  erupit ,  afiis  stiepitu  coercetur.  Nam  sla- 
tiui  sono  t('riitiim  vel  in  fiiitice  vel  in  editiore  silvae 
fionde  considet,  ot  a  vcsliL'atore  pr.Toparato  vasc  rccon- 
dilur.  Siu  aiilem  soilom  liabel  aiboriscav.x,  et  aiit  cxtat 
lamiis,  quom  obtinent,  aiit  siiiil  iu  ipsiusaiboris  truiico, 
tunc,  si  mediocril.is  pafifur,  aciitissima  serra,  ipio  cole- 
rius  id  tiat,  pricciditiir  primiim  siiperior  pars,ipiir  al) 
apibus  vacat;dcindcinfori«r,  qiialoniisvidelur  inliabitari. 
Tum  recisusutraipieparlc  muiiilo  vestimento  contegitur, 
quoniam  liocquoque  plurimiim  roforf,acsi  quibus  rimis 
liiat,  illilis  ad  lociim  perleitui  :  rclicfisqiie  parvis,  ut 
jam  di\i,  foraminibiis,  inuru  ciotorarum  alvoruin  collo- 
catiir.  Scd  iiidagatorem  convenit  mafiitina  tempora  vos- 
ligandi  cligcrc,   iit  spaliuni   dioi   liuboat,   ipio  c\ploio! 


30G 


COLUMELLE. 


coTnmence  b.  les  observer,  il  arrive  souvent 
qirelles  se  retirent  api'es  avoir  fini  leurtaclie, 
sans  revenir  davantage  a  l'eau,  quoiqu'elles 
soient  dans  le  voisinage ,  et  que  par  consequent 
celui  qui  cherchait  Tessaim  est  dans  le  cas  d'i- 
gnorer  a  qnelle  distanceil  est  de  ia  fontaine.  II 
y  a  des  personnes  qui ,  vers  le  commeneement 
du  printemps,  lient  en  bottes  de  la  citronnelle, 
et,  comme  dit  le  poete,  de  la  melisse  commune 
et  du  mclinet ,  herbe  peu  eslim.ee  ,  avec  d'au- 
tres  plantes  semblables  qui  sont  agreables  a 
cette  espeee  d"insectes,  pour  en  frotter  des  ruches 
jusqu'acequ'ellesse  soientimpregnees  deTodeur 
et  du  suc  de  ces  plautes ;  apres  quoi  elles  essuient 
ces  ruches  et  les  humectent  avec  un  peu  de  miel ; 
puis  elles  les  arrangent  dans  des  forets  aupres 
des  soureesd'eau  qui  s'y  trouvent ,  pour  les  re- 
porter  par  la  suite  chez  elles  quand  eiles  seront 
remplies  d'abeilles.  Mais  il  n'y  a  pas  de  proflt  a 
suivre  cette  pratique  ,  si  ce  n'est  dans  les  lieux 
oi\  les  abeilles  seront  en  tres-grande  quautile, 
paree  qu'il  arrive  souvent  que  les  passants  veuant 
a  trouver  ces  ruches  vides ,  les  eraportcnt ;  auquel 
cas  ravantaged'en  avoiruneoudeux  pleinesn'est 
pas  comparable  au  desagrement  d'en  perdre 
plusieurs  vidcs.  Lorsqu'au  contraire  lesabeilles 
sontentres-grand  nombredansunendroit,  quand 
meme  on  viendrait  a  perdre  plusieurs  ruches,  le 
proflt  que  rendraient  les  abeilles  que  Ton  aurait 
trouvees  dedommagerait  amplement  de  cette 
perte.  Telle  estlafaeou  de  prendre  des  essaims 
sauvages. 

IX.  Voici  maintenant  la  fa^on  de  retenir  lcs 
essaims  nes  chez  soi.  Le  gardien  ne  doit  jamais 
manquer  de  visiter  avec  attention  Tendroit  oii 
sont  les  ruehes.  En  effet,  quoiquil  n'y  ait  point 
de  temps  oii  il  ne  faille  donner  des  soins  aux 
abeilles,  elles  tn  exigent  encore  de  plus  assidus 


lorsqu'elles  senlent  le  printemps  approcher,  et 
que  leurs  petits  commencent  a  se  multiplier, 
d'autant  que  ceux-ei  ne  cherchent  qu'a  s'enfuir, 
a  raoius  que  celui  qui  est  charge  d'en  prendre 
soin  ue  les  guette  pour  les  prendre  sur-le-champ. 
Car  telleest  la  nature  des  abeilles,  que  chaque 
peuplade  est  engendree  communement  avec  ses 
rois ,  et  que ,  des  que  ees  rois  ont  la  force  n^ees- 
saire  pour  voler,  ils  dedaignent  la  compagnie  et 
eneore  plus  le  gouvernement  de  leurs  auciens, 
par  la  raison  qu'il  est  impossible  que  rautorite 
souffre  aucun  partage,  je  ne  dis  pas  seulement 
parmi  les  hommes,  qui  sont  des  etres  raisonna- 
bles ,  mais  encore  moins  parmi  les  animaux  ,  qui, 
n'ayant  pas  la  faculte  de  parler,  manquent  abso- 
lument  de  discernement.  Cest  pourcela  que  les 
nouveaux  chefs  marchent  a  la  tete  de  leur  jeu- 
nesse ,  qui  se  tient  en  pelotons  pendant  Tespace 
d'un  ou  deux  jours  a  rentree  mfime  de  la  ruche, 
et  qui  annonce  par  sa  sortie  qu'elle  se  cher- 
che  un  domicile  particulier.  Au  siuplus,  lors- 
que  eelui  qui  prend  soin  des  abeilles  lui  en  as- 
signe  un  a  rinstant,  elle  s'en  contente  commesi 
c'etait  sa  patrie;  au  lieu  que  si  le  gardien  ne 
lui  en  presentait  pas  un ,  elle  irait  chereher  des 
contrees  eloignees,comme  si  elle  etait  chasseede 
son  pays  par  les  mauvais  traitements  qu'elle  y 
aurait souffei'ts. Pour  empecher  que cela  narrive, 
un  bon  gardieu  doitohserver  les  ruches  au  prin- 
temps  jusqu'a  la  huitieme  heure  du  jour,  passd 
laquelle  les  nouvaux  bataillons  ne  hasardentpas 
la  fuite,  et  lesexamineravec  un  oeil  attentif ,  soit 
lorsqu'ils  sortent,  soit  lorsqu'i!s  rentrent,  paree 
qu'il  y  en  a  quis'eloignentsans  tarder,  des  qu'ils 
soiitsortisdelaruche.  llpourras'assurerd'avance 
avec  certitude  si  les  abeilles  meditent  leur  fuite, 
enapprnehantroreilledechaquerucheverslesoir, 
d'autant  qu'il  s'y  eleve,  environ  troisjours  avant 


commeatus  apium.  S«pe  enim  ,  si  seriusccepit  eas  deno- 
tare,  eliam  cum  inpropiiiquo  sunt,justis  opeiuni  perac- 
tis  se  lecipiunt ,  nec  lemeant  ad  aquam  :  quo  evenit  ut 
vestigator  ignoret,  quam  longe  a  fonte  distet  examen. 
Sunl  qui  per  initia  veris  apiastrum ,  atque,  ut  ille  vates 
wi,tritamelisspliyUa  et  cerint/ice  igiwbile  granien, 
aliasquecoUigant  simileslierbas,  quibus  id  genus  anima- 
lium  deleclatur,  et  ita  alvos  perfiicenl ,  ul  odor  et  succus 
vasis  inlisereat  :  quse  deinde  mundala  exiguo  nielle  res- 
pergant,et  per  neinora  non  longe  a  fontibus  disponant , 
eaqiie  cum  repleta  simt  examinibns,  domum  referant. 
SeJ  boc  nisi  locis ,  quibus  abundant  apes  ,  facere  non  ex- 
pedit.  Nam  saepevel  inania  vasa  nacti,  qui  forte  pra^ler- 
eunt,  secum  aiiferunt  :  neque  est  tanti  vacua  perdere 
complura,  ut  uno  velaltero  potiare  pleno.  At  in  majore 
copia,  eliam  si  miilta  intercipiuntur,  plus  est  quod  in 
repertis  apibus  acquiritur.  Atque  liiec  est  ratio  capiendi 
silvestria  examina. 

I.\.  Deinceps  talis altera  est  vernacula  relinendi.  Semper 
quidem  ciistos  sedule  circumire  debet  alvearia.  Neque 
cniivi  iilliiin  tempus  cst,  quo  non  curam  desiderent;  sed 


eani  postiilant  diligentiorem  ,  cum  vernant  et  exundant 
novis  IVctibus,  qui  nisi  ciiratoris  obsidio  protinus  excepti 
sunt,diffiigiunt.  Quippetalis  est  apiiini  natura,  ut  pariler 
qiiacque  plebs  generetur  cum  regibus  ;  qiii  ubi  evolandi 
vires  adepti  sunt,  consortia  dedignanliir  vetusliorum , 
multoque  niagis  imperia  :  quippe  cum  ralionabili  generi 
inortaliiini,  tum  magis  egentibus  consilii  inulis  animali- 
biis ,  nulla  .sit  regni  societas.  Itaque  novi  duces  procedunt 
ciim  sua  jiiventute ,  qua;  uno  aut  alteio  die  in  ipso  domi- 
cilii  veslibiilo  glomerata  consistens,  egressu  suo  propiiae 
desiderium  sedis  ostendit;  eaqne  velul  palria  contenta 
est ,  si  a  procnratore  protinus  assignelnr.  Sin  aulem  defiiil 
ciistos,  velut  injuria  repulsa  peregrinam  regionem  petit. 
Qiiod  ne  fiat,  boni  curatoris  est  vernis  temporibiis  obser- 
vare  alvos  in  oclavam  ferc  diei  liorain  ,  posl  ipiam  non 
temere  se  nova  proripiunt  agmina  ;  eoruniqiie  egrcssus  re- 
gressusqiie  diligenter  custodiat.  Nani  qua^dam  solent ,  cuni 
subito  evaserunt,  sine  cunctatione  se  proiipere.  Poteril 
exploratam  fugam  prKsciscere  vesperlinis  lemporibus 
aurem  singulis  alveis  admnvendo.  Siquidem  fere  aiite 
triduum,  quam  cruptioncm  factuiu'  sint,  velut  militaria 


DE  rAGRlCULTUr.E,  I.IV.  IX. 


cettf  fuite ,  un  tumulte  et  un  bourdonnement  scm- 
blables  a  ceux  que  font  entendre  dcs  soldats  qui 
vont  decamper;  et  que  ce  tumulte,  ainsi  que 
Virgile  a  tres-grande  raison  de  le  dire,  donne  a 
connailre  cVavancele  projet  du  peuple ,  jmis- 
qu6  le  son  martial  et  sourd  dc  1'airain  reproche 
aux  paresseuses  leur  lenteur,  et  que  ton  rn- 
tend  alors  un  bniit  scmhlable  au  son  brise  dcs 
trompettes.  II  ne  faut  donc  pas  perdre  de  vue 
celles  qui  font  enteiidre  ce  bourdonnement,  afin 
que  le  gardien  soit  pret  a  tout  evenement ,  soit 
qu'elles  sortent  pour  le  combat  (car  elles  se  bat- 
tent  ou  eutre  elles,  corame  il  arrive  dans  les 
guerres  civiles,  ou  avec  d'autres  peuplades, 
comme  on  se  bat  contre  des  nations  etrangeres  ), 
soit  qu'elles  sortent  dans  lintention  de  prendre 
la  fuite.  Au  surplus ,  il  est  aise  d'arreter  le  com- 
bat  d'un  essaim  parmi  lequel  regne  la  discorde  , 
ou  de  deux  essaims  qui  se  battent  Tun  eontre 
rantre ,  puisque,comme  dit  le  meme  poete,  il 
suffit,  pour  les  apaiscr,  ile  jeter  sur  eux  un 
peu  depoussicre,  ou  de  les  asperger  avec  du  vin 
mfile  de  miel ,  ou  avec  du  vin  fait  de  raisins  sc- 
ches  au  soleil ,  ou  enlin  avcc  toute  autre  liqueur 
semblable,  dont  la  douccur  leur  ctant  familiere  , 
ne  manquejamais  d'apaiser  leur  colere,  quelque 
cruelle  qu'elle  soit.  II  ne  faut  donc  pas  autre 
chose  pour  concilier  a  raerveille  entrc  eux  les  rois 
que  la  discorde  a  desunis.  Car  il  se  trouve  sou- 
vent  plusieurs  chefs  dans  une  seule  peuplade, 
auquel  cas  le  puupie  prend  differents  partis , 
comrae  il  arrive  daus  les  seditions  excitees  par 
les  grands  :  il  faut  cependant  enipecher  que 
cela  n'arrive  souvcnt,  parce  que  la  nation  en- 
tiere  se  consumerait  par  ces  guerres  intestines. 
Cest  pourquoi ,  quand  les  chefs  sont  de  bon  ac- 
cord  entre  eux,  la  paix  regne  sans  qu'il  y  ait  de 
sang  rcpaudu  :  mais  si  Ton  remarqueque  les  ar- 


mees  soient  souvent  en  guerre,  on  aura  soin  de 
tucr  lcs  chefs  qui  cxciteiit  les  seditions  :  quant 
aux  batailles  livrees,  on  les  terminera  en  y  ap- 
portant  les  remedes  que  nous  venons  de  donner. 
Lorsqu'en  conscquence  de  ces  remedes  rarmee 
se  sera  posee  en  pcloton  sur  la  branche  voisine 
d'un  arbrisseau  vert,  on  examincra  si  ressaim 
cst  accrochc  de  faeon  que  toutes  les  abcilles 
soient  penducs  les  unes  aux  autres  en  formc  de 
grappes;  ce  qui  sera  la  preuve  ou  qu'il  n'y  a 
qu'un  seul  roi ,  ou  qu'au  moins,  s'il  y  cn  a  plu- 
sipurs ,  ds  sont  reconcilies  de  bonne  foi  entre  cux  ; 
et  on  le  laissera  par  consequent  dans  cette  situa- 
tion  jusqu'a  ce  qu'il  revole  a  son  domieile.  Mais 
si  ressaim  est  partage  en  deux  ou  mcme  en  plu- 
sicurs  raainclons ,  pour  ni'cxprimer  ainsi ,  on 
ne  di)it  pas  douter  alors  qu'il  ne  s'y  trouve  plu- 
sieurs  grands,  et  que  ces  grands  ne  soient  en- 
core  animes  les  uns  contre  les  autres.  Dcs  lors 
il  faut  chercher  lcs  chefs  dans  les  pelotons  oii 
Ton  verra  que  les  abcillcs  seront  le  plus  rassem- 
blces.  Apres  avoir  donc  frotte  sa  main  avec  le 
jus  des  hcrbcs  dont  nous  avons  parle,  c"est-a- 
dire ,  avee  du  jus  de  nielisse  ou  de  citronelle ,  afin 
que  lcs  abeilles  nc  s'enfuient  pas  lorsqu'elles  se 
sentlront  toucher,  on  inserera  legeremcnt  les 
doigts  dans  les  pelotons  pour  les  sonder,  en  ecar- 
tant  les  abcilles  jusqu'a  ce  que  l'on  ait  trouve 
Tautcur  de  la  discorile,  qu'il  faudra  ecraser. 

X.  Lcs  rois  sont  un  peu  plus  gros  et  plus  al- 
longes  que  les  autres  abcilles  :  ils  ont  aussi  lcs 
pattes  plus  droites ,  mais  les  ailes  moins  grandcs  : 
ilssont  d'unecouleur  agreable,  propreset  lisses, 
et  ii'ont  nipoilni  aiguillon,amoins  qu'on  nepren- 
ne  pour  un  aiguillon  cette  espece  de  gios  poil  qui 
leur  sort  du  ventre,  quoiqu'ils  ne  s'en  servent 
jamais  pour  nuire.  II  s'en  trouve  aussi  quclques- 
uns  de  bruns,  qui  sont  herisses  de  poils,  et  tels 


signa  movenfium  liimultus  ac  murmur  exoritur  :  ex  quo, 
ut  verlssime  ilicil  Virgilius  ,  corda  licet  vulgi  prcescis- 
cere.  Hamqxie.  morantes  Martius  ille  crris  rauci  canor 
increpal,  et  vox  Audilur  fraclos  sonitus  imitnta  tu- 
barum.  Ilaque  maxime  observari  deljent,  quae  istud 
faciunt,  ut  sive  ad  piignam  eruperint,  nam  inter  se  tau- 
quam  civilibus  bellis ,  et  cum  alleris  quasi  tum  extei  is 
genlibus  prailiantur,  sive  luga;  cansa  Se  proripuerint, 
priBSto  sit  ad  iitruinque  casuni  paratus  custos.  Pugna 
quideiii  vel  unius  inter  se  dissidenlis  vel  duorum  esaiiii- 
num  discordantium  facile  compescitur  :  nam  ut  idem 
ail,  Putvcris  exigui  jactu  compressa  quiescit  :  aul 
nmlso,  passove,  aut  aliqiio  liquore  simili  resperso,  vide- 
licet  familiari  dulredine  s;i>vi(Mitium  iras  miligante.  Nam 
eadem  iniie  cliam  dis.^id(nli's  rc^ics  conciliant.  Siiut  eiiim 
ssppe  plures  unius  p(ipnli  dnrcs,  ct  qiia.si  pioceriim  scdi- 
tioneplebs  in  parles  diducilin  ;  (|iiiiil  frciinenter  lieri  pro- 
liiliendum  est ,  quoniam  intcj-tiiid  li-  llo  Idl.-e  gentcs  consu- 
ninntur.  Ilaquc  si  conslat  piiiK  ipibiis  gralia,  maiiet  pax 
iiicriienta.  Sin  aiilem  ssepiiis  acie  dimicanteis  notavcris, 
dnces  sedilioniim  intcilicerc  curabis  :  dimicantium  vcro 


praelia  praedictis  remediis  sedantur.  Acdeindecum  agmen 
glomeiatum  in  proximo  fiondentis  arbuscuia^  ramo  conse- 
derit,  aniniadvertilo,  an  toUini  examen  in  speciem  uniiis 
uva^  dcpcnileat :  idque  signuni  erit  aut iinum  regem  inesse, 
aiit  cei  le  plnres  boiia  lide  reconcilialos ;  quos  sic  palieris, 
duni  iii  siiiini  rcvdlcnt  domicilium.  Sin  autem  duobus  aiit 
etiani  ciiinplinibiis  \eliit  uberibusdidiictiim  fuerit  examen, 
iie  diibitaveris  ct  plures  proceres  et  adliiic  iralos  esse. 
Atqiie  iii  iis  parlibus ,  quibus  maxime  videris  apes  glo- 
nieiari,  requirere  duces  debebis.  Itaque  succo  praedicta- 
riim  licrbaruin ,  id  est,  melissopliylli  vel  apiastri  manu 
illita ,  ne  ad  tactiim  diffugiant,  leviter  inseres  digitns,  et 
didiictas  apcs  scrulaberis ,  doncc  auctorem  pugna' ,  i|uem 
eliilcrc  debes,]  reperias. 

.\.  Sunt  autem  lii  reges  niajores  paulo  et  oblongi  magis 
qiiani  cffiler*  apes,  rcctioribiis  cruribus,  sed  minus  ain- 
plis  pinnis,  piilcliri  coloris  ct  nitidi,  levesque  ac  sine 
pilo ,  sine  spiculo ,  nisi  qiiis  foi  tc  pleniorcm  qiiasi  capilliim, 
qiicni  in  ventre  gernnt,  acnlenm  putct,  quoet  ipso  lanien 
ad  noccndum  iiun  nliintur.  Quidam  etiam  infusci  alqiie 
liirsuti  rcperiunlur,  quorum  pro  liabilu  damnabis  iii^e- 


COLUMELLE. 


quMl  suffit  de  les  voir  pour  juger  de  la  mechan- 
cete  de  leurs  raocurs.  En  effet,  on  recoiinait 
deiixflgures  (listinctes  panni  les  rois,  comme 
parmi  le  rcste  des  aheilles  :  les  uns  se  font  re- 
marquer  par  leur  peau  terne  et  mouclietee  en 
or;  on  les  distingue  encore  tant  d  leurs  ecail- 
les  rouqes  qu'd  leur  bec ,  et  ce  sont  ceux  qu'ou 
approuve  le  pliis,  parce  qu'ils  sont  fiffectivcmeiit 
les  meilleurs;  car  lcs  moins  bons,  dont  la  couleur 
ressemble  a  celle  de  la  salive  crasseuse,  sont 
aussi  sales  qu'un  voijageur  qui  virnt  de  trnver- 
ser  un  chemin  couvert  de  poussiere,  doiit  la 
bouche  dessechee  crache  contre  ierre;  et, 
comme  dit  le  meme  poete,  ils  aiment  la  paresse, 
et  ils  trainent  sans  gloire  leur  la.rge  ventre.  II 
faut  donc  condamncr  d  la  mort  tous  les  chefs 
de  la  mauvaise  espece  ,  et  laisser  regncr  sculs 
dans  leur  cour  ceux  de  la  bonne.  On  arra- 
cheraneanmoins  lesailesaceux-ei  meme,quand 
ils  feront  trop  souvent  des  tentatives  pour  pren- 
dre  la  fuite  avec  leur  essaim ;  parce  qu'un  chef 
vagabond  qui  aura  perdu  ses  ailes,  setrouvant 
des  lors  comme  retenu  dans  des  entravcs,  et  se 
voyant  prive  de  !a  ressource  qu'il  avnit  aupara- 
vant  dans  la  fuite,  n'osera  plus  sortir  hors  des 
limites  de  son  royaume ,  et  ne  voudra  pas  meme 
en  consequence  permettre  au  peuple  soumis  a 
son  empire  de  s'ecarter  trop  au  loin. 

Xi.  II  faut  meme  quelquefoistiier  lechef  lors- 
qu'une  vieille  ruche  ne  contient  plus  un  nombre 
suffisant  d'abeilles,  et  qu'on  est  oblige  de  la  re- 
peupler  avec  uu  nouvel  essaim.  Ainsi ,  lorsqu'au 
commencement  du  printemps  il  sera  ne  une 
nouvelle  couvee  dans  une  ruche  qui  se  trouvera 
dans  ce  cas-la ,  on  en  ecrasera  le  nouveau  roi, 
afln  que  son  peuple  reste  avec  ceux  qui  lui  ont 
donne  le  jour,  sans  que  la  discorde  regne  parml 
eux.  S'il  n'est  sorti  au  contraire  aucune  proge- 
nlture  des  rayons  de  cette  ruche,  on  pourra  y 


incorporer  les  pcuples  de  deux  ou  trois  autres 
ruches,  en  prcnant  cependant  prealablement  le 
soin  de  les  asperger  de  quelque  liqueur  qui  leur 
soit  agreable.  On  les  liendra  aussi  renfermes 
pendant  Tespace  d'environ  trois  jours  dius  ce 
nouveau  domicile  ,  en  y  laissant  neanmoins  de 
petites  ouverturcs  pour  leur  donner  de  Tair,  et 
on  les  y  nourrira  jusqu'a  ce  qu'ils  s'y  soient  ac- 
coutumes.  II  y  a  des  personnes  qui  preferent 
dans  ce  cas  se  defaire  du  plus  vienx  roi;  mais 
cette  methode  est  tout  a  fait  mauvaise.  En  effet , 
comme  la  troupe  des  vieilles  abeilles,  que  Ton 
peut  considerer  comme  un  senat ,  ne  voudra 
pas  obeiraux  plus  jsunes  ,  celles-ci  ayant  Tavan- 
tage  de  la  force ,  puniront  et  mettront  a  mort 
toutes  celles  qui  s'obstineront  a  mcpriser  leur 
commandement.  [I  faut  convenir  qu'en  laissant 
dans  la  ruche  le  roi  des  anciennes  abeilles,  il  en 
resulte  communement  un  inconvenient  par  rnii- 
port  au  plus  jeune  essaim,  qui  consiste  en  ce  qiie 
ce  roi  venant  a  mourir  de  vieillesse,  on  vnit 
naitre  la  hcence  et  la  division,  comme  on  la 
voit  nailre  dans  une  maison  apres  la  mort  dii 
chef  de  famille  :  mais  il  est  aise  d'y  remedier. 
On  choisit  a  cct  effet  un  autre  chef  dans  des  ru- 
ehes  ou  il  s'en  trouve  plusieurs,  et  on  le  transfere 
dans  celles  qui  n'en  ont  point ,  pour  Ty  mettre  a 
la  tete  du  gouvernement.  On  n'a  pas  non  plus 
beaucoup  de  peine  a  remedier  au  defaut  de  mul- 
tiplicatiou  desabeilles,  dans  les  ruches  qui  sont 
affligees  de  quclque  maladie  pcstilentielle.  Eu  ef- 
fet,  aussitot  qu'on  s'apereoit  du  desastre  qui 
dcpeuple  une  ruche,  il  faut  en  visiter  les  rayons, 
qui  contiennent  la  semence  dont  les  petits  doi- 
vent  cclore,  et  couper  la  partie  des  cires  dans  la- 
quelle  doit  s'animer  la  posterite  du  sang  royal. 
Or  cette  partie  est  aisee  a  reconnaitre,  parce 
qu'ou  la  distingue  communemeiit  a  rextremite 
des  cires,  ou  elle  surmonte  les  autres  parties 


nium.  Namque  duce  rcgum  facle.s ,  duo  corpora  plebis. 
AUercril  maculis  auro  squalenlibus ardens,  ElrulUis 
clarus  squumis  insignis  et  ore.  Atquc  liinc  maxime  pro- 
batur,  qui  est  melior  :  iiam  deterior,  sordiilo  spulo  similis, 
tam  f<iedus,  Quam  puloere  ab  alto  Cum  venii,  et  sicco 
ierram  spuit  ore  vialor.  Et,  ut  idem  ait,  Desidia  laiam- 
que  irahens  inglorius  alvum.  Omnes  igitur  duces  iiotie 
detcrioris  Dedeneci,  melior  vacua  sine  regnet  in  aula. 
Qui  tameu  ct  ipse  spoliandus  est  alis ,  ubi  saepius  cum 
examine  suo  couatur  eruptione  facla  piofugere.  Nain  velut 
quadam  cumpede  relinebimus  erroneni  ducem  detiactis 
alis,  i|iii  luga!  destitulus  pitesidio,  finem  legni  nou  audet 
excedere  ,  propter  qiiod  ne  ditionis  quidem  sua;  pnpulo 
permittil  lougius  evagaii. 

XI.  Sed  uonnunquam  idem  necandns  est,  cum  vetus 
alveaie  numeroapium  destituitur,  atqiie  infrequeiitia  ejus 
aliquo  exainine  replenda  est.  Itaque  cum  primo  vere  in  eo 
vase  nala  est  pullities,  novus  rex  elidilur,  ut  multitudo 
sine  discordia  cum  parentibus  suis  converseliir.  Qiiod  si 
nuUam  progcniem  liilerint  favi,  duas  vel  Ires  alvoriim 


plebes  in  unum  contribuere  licebit,  sed  prius  respersas 
dulci  liquore  :  liim  deinnm  includeie,  et  posilo  cibo , 
dum  conversari  consiiescant,  exigiiis  spiiaiiieiilis  relictis 
triduo  feie  clausas  liabere.  Sunt  qui  senioiem  poliiis 
regein  subnioveant,  quod  est  contrarium  :  qiiippe  lurba 
velustior,  veliit  quidam  senatiis,  junioribus  paiere  non 
censent,  atqueimperia  validioi'umconlumaciteiS|K>rnenles 
paniis  ac  mortibus  arficiunlur.  llli  quidem  iiuonimodo, 
quod  juniori  examini  solet  accidere,  cum  anliquarum 
apium  relictus  a  nobis  rex  senectule  defecit,  et  tnuquam 
domino  niortuo  familia  nimia  licentia  discordat ,  facile 
occurritiir.  Namex  iis  alvis,  quae  pliireis  habent  principes, 
dux  uuus  eligilur  :  isque  translatus  ad  eas,  qu*  sine 
imperiosunt,  rector  constituitur.  Potest  aiitem  niinore 
molestia  in  iis  domiciliis,  qu:e  aliqua  pesfe  vcxata  sunl, 
paucitas  apiuni  emcndari.  Nam  ubi  cognita  estchides, 
Ireqiientis  alvi ,  si  ipios  habet  favos ,  oportet  consirlerare  : 
tum  deinde  cer.-e  cjus  qiife  semina  pullorum  continet , 
partem  recideie,  in  qiia  regii  generis  proles  animatur.  Est 
autem  facilis  conspecln ,  quoniam  fere  in  ipso  finc  cera- 


DE  L'Ar.RICULTURE,   LIV.  !X. 


399 


comme  im  bnut  de  mamclle,  et  que  rouvcrture 
en  cst  plus  large  que  celle  des  autres  alveoles, 
daus  lesquels  sout  renfermes  les  petits  du  vul- 
gaire.  Celsus  assure  que  rextremite  dcs  rayons 
est  traversee  par  des  tuyaux  qui  contienncnt  lcs 
petits  du  san,£:royal.  Hyginusdit  aussi,  d'apres 
i'autorite  des  auteurs  grecs  ,  que  le  chcf  ne  vient 
point  d'un  petit  ver  (  comme  les  autresabeilles  1, 
mais  que  Ton  trouve ,  sur  les  bords  dcs  rayons , 
des  alveoles  couverts,  qui  sont  un  peu  plus 
grands  que  ceux  qni  eontiennent  la  semence  dont 
le  peuple  doit  eclore;  et  que  ces  nlveoles  sont 
remplis  d'une  espi>ce  de  crnsse  rouge  ,  qtii  sert  n 
former  le  roi  avec  des  ailes,  dout  il  estpourvu  au 
inoment  de  sa  naissnnce. 

XIL  Voici  encore  des  soins  qu'exigent  les  es- 
saims  nes  chez  nous,  quand  par  hasard  ils  foiit 
une  sortie  dans  le  temps  que  noiis  venonsde  dire, 
et  que,  degoutes  de  leur  patrie ,  ils  annoncent 
qu'ils  cherchent  a  fuir  plus  au  loin.  On  s'aper- 
coit  que  les  abeilles  nieditent  ce  projct  quand 
elles  s'eIoignent  du  vestibule  de  leur  ruche,  au 
point  qu'on  n"y  en  voit  plus  rentrer  aucune ,  et 
qu'elles  s'elevent  nu  contraire  sur-le-champ  en 
Tair.  II  faut  alors  effrayer  le  jeune  essaira  dans  sa 
fuite,  soit  avec  dcs  sonnettes  de  cuivre,  soit  en 
faisant  resonner  des  morceaux  de  pols  de  terre 
casses,  tels  qu'on  en  trouve  communement  par- 
tout  a  terre;  et  des  que  reffroi  Taura  ramene 
vers  la  ruche  qui  Ta  vu  naitre ,  ct  qu'il  demeu- 
rera  suspendu  en  peloton  aux  environs  de  cctte 
ruche,  ou  qu"il  aura  gagne  des  feuillages  voisics, 
le  gardien  frottera,  nvec  les  herbes  dont  nous 
avons  parle,  le  dedans  d'uneseconde  ruehe  qu'il 
aura  preparee  a  cet  effct,  et  raspergera  a  rexte- 
rieur  de  gouttes  de  miel ;  npres  quoi  il  Tnppro- 
chera  du  groupe  forme  par  les  abeilles,  pour  les 


y  renfermer  soit  avcc  la  main  soit  encore  avec 
unecuiller.  Ensuite,  qunnd  il  aura  pris  tous  ks 
autres  soins  convenables ,  il  laisscra  cette  ruehe 
bienarrangee  etbien  enduitc  dans  le  lieu  merae 
oii  cette  operation  aurn  cte  faite  ,  jusqu'a  ce  que 
lejour  tomhe ;  puis  il  la  transportera  au  com- 
mencement  du  crenuscule  ,  pour  la  mettre  au 
rang  des  nutres  ruches.  II  faut  aussi  garnir  de 
ruches  vides  Tendroit  ou  Ton  eleve  des  abeilles , 
parce  (|u'il  y  a  tels  essaims  qui  se  cherchent  un 
domicilednns  le  voisinage  meme  de  leur  ruehe, 
aussit6t  qu'ils  en  sont  sortis ,  et  qui  sempnrent 
de  ceiui  qu'ils  trouvent  non  occupe.  Voila  n  peu 
presles  soinsqu'il  fautprendre  tant  pouracque- 
rir  que  pour  conserverdes  abeilles. 

XIII.  Viennenta  present  les  remedes  qui  leur 
sont  necessaires  quand  elles  sont  raalades  ou 
tourmentees  par  In  peste.  II  est  rare ,  a  la  verite , 
que  des  raaladies  contagieusescnusent  du  desns- 
tre  parmi  les  nbeilles  ;  mnis  nennmoins,  si  le  cas 
arrivait,  il  n'y  a  pas  d'autre  traitement  a  suivre 
que  celui  que  J'ai  prescrit  pour  les  nutres  hes- 
tiaux,  c"est-a-dirc  qu'il  faut  trausferer  plus  loin 
les  ruches.  Quant  a  leurs  maladies  particulie- 
res,  il  est  plus  aise  d'en  decouvrir  ies  causcs  et 
d'en  trouver  les  remedes,  que  dans  les  autres 
animaux.  Leur  plus  granderaaladie  esteelle  qui 
leur  vient  tous  les  ans  au  commencement  du 
printemps,  quand  la  plante  du  tilhymale  est  en 
tleur ,  et  que  les  ormes  font  voir  lcur  graine.  En 
effet,  comme  elles  ont  souffert  de  la  faim  pen- 
dant  rhiver,  ces  premieres  fleurs  excitent  leur 
nppetit,  comme  pourrnient  faire  desfruits  de  la 
primeur ;  et  elles  se  remplissent  avidement  de  ce 
genre  de  nourriture,  qui  d'ailleurs  ne  leur  fcrait 
aucun  mal  si  ellcs  )i'en  prenaient  qu'avec  so- 
briete.  Lorsqu'elles  s'eu  sont  gorgees  snns  raena- 


rum  velut  iiaiiilla  iilieris  apparet  emiiienlior,  et  laxioris 
fislulaB ,  qiiani  sunt  relic|ua  foianiina,  quiluis  popularis 
notae  pulli  delinentur.  Celsus  quidcm  aflimiat  in  extre- 
niis  favis  transversas  listulas  esse,  qiise  coutjneant  icsios 
pnllos  Ilyginus  quoqiie  auctoritaleui  Giajcorum  sequens 
negat  ex  venniculo,  ut  cseteias  apes ,  lleri  dutein ,  sed  in 
eircuitu  favoruni  paulo  niajoia ,  (piam  sunt  plebeii  senii- 
nis ,  invcniri  recta  fora^iniiia  replcla  cpiasi  soide  rubri  co- 
loiis,  ex  qua  protinus  alatus  rcx  ligiiietur. 

XII.  Estel  illa  veruaeuli  cxaniinis  cura,  si  fortc  pra;- 
dicto  tempore  lacta  eruptione  pali  iam  fastidiens  scdem 
lougiorem  fugam  denunliavil.  Id  aiitem  siguilicat,  cum 
sic  apis  evadit  vestibulum,  ut  iiiilla  inlro  rcvolel,  scd  se 
confestim  levet  sublimius.  Crepitaculis  ocicis  aul  tesla- 
riim  plerumque  vulgo  jaceutiuin  [sonilu]  tcrrcatur  fu- 
i;icns  juventus  :  eaque  vel  pavida  cuin  repctierit  alviim 
malemam,  et  in  ejiis  aditu  glomerata  pcpeiulerit,  vel 
statim  .se  ad  proximam  frondein  contnlerit;  proliniis  cus- 
tos  uovum  loculamentum  in  lioc  pra^paratiim  perlinat  in- 
trinsecus  prajdictis  bei  bis  :  deiiulc  guttis  niellis  respersiim 
admoveat  :  tuni  manibus,  nut  etiam  triilla  congregatas 
apes  recondat  :  alquc,  uli  debel,  adliibita  csctcracura, 


dillgenter  composilum  et  illitum  vas  intcrim  palialur 
in  eodem  loco  esse,  duin  advesperascal.  .Prinio  deiiide 
crepusculo  transfeiat ,  et  reponat  iii  ordinem  reliqiiariim 
alvoriim.  Oportct  aulem  etiam  vacua  domicilia  collocata 
in  apiariis  liabere.  Aam  sunt  noniiuHaexamina,  qua;  cum 
processerint ,  statim  sedcm  slbi  quarant  iu  proxiino, 
eandcmquc  occupent  quain  vacaiitein  leperiunt.  Huc  fcre 
acqiiircndaruin ,  utque  ctiam  retiiiciidaruiu  apiuni  truditur 
cura. 

XUI.  Sequitur  ut  morbo  vcl  pestilentia  laboiantibiis 
rcmedia  dcsideicnlur.  Pcstilenliai  rara  in  apibus  per- 
nicies,  ncc  tamen  aliiid,  qiiam  qiiod  in  ca:'tei'0  pccore 
pi'a'cepimiis ,  quid  fieri  possit  reperio,  nisi  iit  longiusalvi 
Iranslerautiir.  .Moiborum  aiitcm  lacilius  [in  liis]  et  causae 
dispiciuntur,  el  inveniiiiitiir  mediciua,'.  Maxlnius  aiilem 
anuuus  eariim  labor  esl  inilio  vcris,  quo  titbymali  lloret 
fi  utex ,  et  (|H0  sameram  iiliiii  promunt.  Nain  quasi  novis 
pamis,  ita  liis  primilivis  lloribus  illccta;  avide  vescunlur 
post  liibcrnam  famem,  alioquin  citra  satictatem  tali  uo- 
ceiile  cibo  :  quo  cum  se  adatim  rcplevcrunt,  profliivio 
alvi,  nisi  celeriter  succurriliir,  inteieunt.  Nam  et  lilhy- 
nialus  majoriim  qnoquc  animalium  ventrem  solvil,  el 


COLDMELLE. 


gement,  elles  perissent  par  un  flux  de  ventre ,  a 
moins  qu'on  n'y  remedie  prorapteraent,  paree 
que  le  tithymnle  Itiche  le  ventre  de  tous  les  ani- 
niaux ,  raeme  des  plus  grands ,  et  que  Torme  pro- 
duit  particulierement  eet  effet  sur  les  abeilles  : 
c"est  aussi  la  raison  pour  laquelle  il  est  rare  que 
des  essaijns  restent  longtemps  bien  peuples  dans 
les  contrees  de  ritalie,  oii  il  se  trouvc  un  grand 
nombre  de  plants  d'arbrcs  de  cette  espece.  On 
peutdoncdonner  aux  abeillesau  comraeneement 
du  printemps  des  nourritures  medicaraentees, 
tant  pour  empecher  qu'elles  ne  soient  surprises 
par  cette  mnladie  ,  que  pour  ies  en  guerir  ,  au 
cas  qu'elles  en  soient  deja  attaqu^es.  Car  je  n'o- 
serais  pas  assurer  ,  faute  de  Tavoir  cprouve  par 
moi-meme,  la  vcrite  d'un  fait  qu'avance  Ilygi- 
nus  d'apres  les  plus  grands  auteurs,  quoique  si 
quelqu'un  veut  s'en  assurer,  il  pourra  en  faire 
Tessai  par  lui-mt^me.  Quoi  qu'il  eu  soit,  ilordonne 
de  prendre  les  cadavres  des  abeilles,  que  Ton 
trouve  en  tassous  les  rayons  quand  cetle  maladie 
contagieuse  s'est  empareed'elles ,  et  de  les  serrer 
dans  unlieu  sec  peudant  Thiver;  il  veut  qu'en- 
suite,  vers  requiuoxedu  priutemps,  on  les  raette 
au  soleil  apres  la  troisieme  heure  du  jour  ,  lorsque 
la  douceur  du  temps  le  permet,  el  qu'on  les  cou- 
vre  de  cendrederiguier.Celafait,  il  assurequ'une 
chaleur  viviliante  venaut  a  les  ranimer  au  bout 
de  deux  hcures ,  elles  reprennent  vie  et  se  trainent 
dans  une  ruche  preparee  a  cet  effet,  qu'on  a  soin 
de  njettre  aupres  d'elles.  Pour  nous,  nous  pen- 
sons  qu'il  faut  plutot  les  empeeher  de  mourir, 
endonnantaux  essairas,  lorsqu'ils  sont  malades, 
les  remedes  que  nous  allons  prescrire.  Ces  reme- 
desseront  ou  des  grains  de  grenade  pile;  et  arro- 
ses  de  vin  Amine,  ou  des  grains  de  raisin  sechi^s 
au  soleil  et  piles  dans  un  mortier  avec  pareille 
quantitede  sumac  de  Syrie ,  et  delrempes  ensuite 


dans  du  vin  dur.  Si  Tuu  ou  Tautre  de  ces  me- 
dicamenfs  ne  fait  point  d'effet  a  lui  seul,  il 
faut  les  broyer  tous  enserable  par  poids  egal ;  et 
apres  les  avoir  fait  bouillir  dans  un  vase  de  terre 
avec  du  vin  Aniine,  les  servir  aux  aheillesdans 
des  augetsdebois,lorsqu'iIsseront  refroidis.  II  y 
a  dcs  personnes  qui  leur  donnent  a  boire,  dans 
des  tuiles  creuses,  de  feau  raiellee  dans  laquelle 
elles  out  fait  euire  du  romarin,  apres  Tavoir  laisse 
refroidir.  D'autrcs  mettent  aupres  des  ruches  de 
rurine  de  boeuf ,  ou  meme  de  Turine  d'homme 
(eorame  Hyginus  rassure).  Elles  sont  encore  sujet- 
tes  a  une  maladie  qui  les  affaiblit  scnsiblement,et 
quifaitqueleureorpsseretrecitetdevient  hideux: 
on  s'apercoit  qu'elles  en  sont  attaquees,  quand 
les  unes  portent  souvent  hors  de  leurs  doraiciles 
lcs  cndavresde  celles  qui  sont  mortes,  et  que 
les  autres  restent  dans  rinterieurde  leursruehes 
plongees  dans  un  mornesilence,  eomme  il  arrive 
dans  un  deuil  public.  Lorsque  cela  arrive,  on 
met  leur  nourriture  dans  des  augets  de  saule,  et 
eette  nourriturc  consiste  principalcmcnt  en  raiel 
,  bouilli,  et  broye  avec  de  la  noix  de  galle  ou  avec 
des  roses  dessccliecs.  !I  fautaussi  hrulerdu  gal- 
banum,  dont  Podeur  leur  sert  de  raedicament, 
et  les  soutenir,  Iorsqu'eI!es  sont  cpuisees,  avec 
du  vin  fait  de  raisin  sec  ou  avcc  de  vieux  vin 
cuit,  jusqu'a  diminution  deraoitic.  Mais  le  meil- 
leur  de  tous  les  remcdes,  c'est  de  la  racine  d'a- 
nielle  ,  planto  dont  la  tige  est  d'un  jaune  clairct 
la  llenr  pnurpree  ;  on  rexprime  apres  Tavoir  fait 
bouillir  avec  de  vicux  vin  Amine,  et  on  leur 
donne  le  jus  qu'on  en  a  tire.  Hyginus  dit,  dans  le 
livre  qu'il  a  compose  sur  les  abeilles,  qu'Aristo- 
raauhus  ctaitd'avis  qu'il  fallait,  pour  secourir 
celles  qui  etaient  malades,  commencer  par  rc- 
trancher  tous  les  rayonsgAtes,ensuite  substituer 
de  nouvelle  nourriture  a  raneienne,  et  enlin  les 


proprie  iilmiis  apiiim.  Eaqiie  caiisa  esl,  cur  ia  regionilnis 
Italine,  qu*  smit  ejus  geiieris  arboribus  consitae,  raio 
freqnentes  duient  apes.  Itaque  veiis  principio  si  medica- 
tos  cibos  praebeas ,  iisdem  lemediis  et  provideri  potest, 
ne  tali  peste  vexentur,  et  cuin  jam  laborant ,  sanari.  Nam 
illud  quort  Hyginus  antiquos  seculus  autores  prodidit, 
ipse  non  expertus  asseveiare  non  audet  :  volentibus  ta- 
inen  licebit  experiii.  Siquidem  pra?cipit  apium  corpora, 
qua;  cuin  ejusmodi  pestis  incessit,  sub  favis  aceivalim 
enectae  reperiuntur,  sicco  loco  per  liiemem  reposita  circa 
•Tquinoctium  vernum  ,  cmii  clementia  diei  suaseiit,  post 
lioram  tertiam  in  soleni  profene,  ficulneoqiie  cinere 
obiiiere.  Quo  faclo,  affirmat  intia  duas  horas  cum  vivido 
balitu  caloris  animalae  sunt,  resumpfo  spiiitu,  si  praepa- 
ratiim  vas  objiciatur,  irrepere.  Nos  magis  ne  intereant, 
quM  deinceps  dicturi  sumus ,  aegris  examinibus  exhibenda 
censemus.  Nam  vel  grana  mali  funici  tunsa,  et  vino  Ami- 
nco  conspersa,  vel  uvae  passae  cum  rore  Syriaco  pari 
inensura  pinsitaj  et  austcro  vino  insuccatae  dari  debeiit  : 
vcl  si  per  se  ista  rnislrata  sunt ,  oinnia  eadem  aeqiiis  pon- 


deiibusin  uniim  levigata,  et  fictili  vase  cuni  Amineo  vino 
infervefacla ,  mox  etiam  refrigerata  ,  ligneis  canalibus  ap- 
poni.  Nonniilli  roieni  maiinum  aqua  mulsa  decoclum, 
cum  gelaverit ,  imbiicibus  infusum  piwbent  libandum. 
Qiiidam  bubulam  vel  hominis  uriqam,  sicut  Hyginus  af- 
lirmal ,  alvis  apponiint.  Nec  non  etiam  ille  moibus  nia- 
xime  est  coiispicuus  ,  qui  horridas  contractasque  carpit, 
ciim  fieqiienter  aliae  inortuarum  corpora  doniiciliis  [suis] 
cfferunt,  aliae  intra  letta,  ul  iu  publico  luctu,  moesto  si- 
lentio  torpent.  Id  cum  accidit ,  arundinis  infusi  canalibus 
olferunUir  cibi,  maxime  decocti  inellis,  et  cum  galla  vel 
arida  losa  delriti.  Galbanum  eliam,  ut  ejiis  ofloie  medi- 
centur,  incendi  conveiiit,  passoqne  el  defruto  vetere 
fessas  suslineie.  Optime  tamcn  facit  amelli  radix,cujus 
esttrutex  luteus,  purpureiis  (los  :  ea  cnm  vetere  Aniineo 
vino  decocla  exprimilur,  et  ita  liquatus  ejus  succus  da- 
tur.  Hyginusquidem  in  eo  libro ,  quem  de  apibus  sciip- 
sit,  Aristomachus,  inquit,  hoc  modosuccurrendum  labo- 
ranlibus  existiniat :  primum,  ut  omnesviliosi  favi  tollaii- 
tur,  et  cibiis  ex   integro   recens  ponatur;  deinde,   iit 


DE  LAGRICULTURE,  L!V.  LK. 


parfumer.  II  croit  au?si  qu'il  cst  utile,  lorsque 
les  abeilles  sont  dpgeneri^es  par  \icil!esse,  d'in- 
corporer  avcc  elles  de  nouveaux  essaims;  et  il 
peiise  que ,  quelque  danger  qu'il  y  ait  que  les  dis- 
sensions  qui  resulteront  de  cette  union  ne  f.^ssent 
pc^rir  ces  nouveaux  essaims,  cctte  recrue  d'un 
nouveau  pcuple  ne  pourra  que  rejouir  les  an- 
ciennes  abeilles,  pourvu  quc,  pour  maintenir 
runion  parmi  elles  toutes ,  on  ait  soin  d'(''carter 
les  rois  de  celles  que  Ton  aura  transfcrecs  d'un 
autrc  domieile,  comme  appartenant  a  un  peuple 
etrangcr.  Effectiveraent,  il  n'ya  pasde  doatequc 
I'on  ne  doive  transfererles  rayons  desessalms  biea 
peuples  daus  le  temps  ou  les  pefits  sont  formes, 
pour  les  mettro  dans  les  ruches  moins  peuplees, 
afln  que  cel!es-ci  se  trouvcnt  fortifiees  quand 
cette  nouvclle  progeniture  s"y  trouvera  comme 
adoptee.  Muis  il  fnudra  avoir  rattention  de  ii'y 
mettre  dans  ce  cas-la  que  des  rayons  oii  ies  petits 
ouvrent  deja  leurs  cellules ,  et  comraencent  a 
IKODtrer  la  tcte ,  en  rongcant  la  cire  qui  les  tient 
renfermcs,et  qui  sert  de  couverclea  leursalveoles. 
Car  si  Ton  transfere  des  rayonsavantque  les  pe- 
tits  en  soient  eclos,  ces  petits,  cessant  d'etre  cou- 
ves,  ne  peuvent  manquer  de  perdre  la  vie.  Les 
abeilles  meurent  encore  d'unc  maiadie  que  les 
Grecs  appellent  -^xyiom-Ji.  Elle  provient  de  ce  que 
les  abeilles  etant  dans  Tusage  de  commencer  par 
faire  autantdecires  qu'el!es  comptcnt  en  pouvoir 
rempiir,  il  arrive  quelquefois  que  ces  premiers 
ouvrages  etantfinis,l'essaim  s'ecarteau  loin  pour 
aller  chereherdu  miel ,  et  se  trouve  opprimedans 
les  forets  par  des  pluies  iniprevues  ou  par  des 
tourbillons  de  vent;  ce  qui  est  cause  que  la  plus 
grande  partie  du  peuple  dont  il  est  eompose  se 
perd,  et  qu'ensuite  le  peu  qui  en  restc  ne  suffit 
plus  pour  remplir  ies  rayons.  Des  lors  les  parties 
de  cire  qui  resteut  vides  fmissent  par  se  pourrir; 


apres  quoi  le  mal  faisant  desprogr^s  inscnsibles, 
le  miel  se  corrompt,  et  les  abeilleselles-memcs 
perissent  toutes.  Pour  prevenir  cette  maladie, 
il  faut  joindre  deu.x  peuplades  ensemble,  afin 
qu'el!espuissentvenirabout  de  rrmplir  leseires 
vides;  ou,  si  Ton  n'est  pas  a  portee  d'avoir  un 
second  essaim ,  il  faut  couper  les  portions  vides 
des  rayonsmemes,avant(pi'ilspourrissent.  Mais 
il  est  important  de  se  servir  pour  cette  operation 
d'un  fer  bien  tranchant,  de  peur  qu'en  y  em- 
ployant  un  instrument  trop  emousse ,  !a  diffieulte 
de  penetrer  ne  force  de  donner  un  coup  trop  vio- 
lent  qui  derangerait  les  rayons  de  leur  place ,  au- 
que!  cas  les  aberlles  quitteraieut  ieur  domicile. 
Cest  encore  une  cause  de  mortalite  pour  !es 
abtillcs,  quand  les  fleurs  viennent  a  etre  trop 
aboudantes  pendant  une suite dannces ,  et  qu'en 
consequenee  ces  insectes  s'occupent  plus  a  faire 
du  miel  qu'a  multiplier.  II  setrouvedesgens  qui, 
peu  verses  dans  cette  brancbe  d'economie  rurale, 
se  felicitent  alors ,  parCe  qu'ils  voient  abonder  le 
fruit,etqu'i!3nefontpasatten!ionquelesabei!les 
sont  menacees  par  cela  meme  de  leur  destruction , 
attendu  qu'etant  epuiseespar  uu  travail  excessif, 
elles  perissent  pour  !a  plusgrande  partie,  et,  que 
ceiles  qui  survivent  a  cet  accident  fluissent  par 
mourir  egalement,  faute  d'etre  reerutees  par  des 
jeunes.  S'i!  survient  donc  un  printemps  oii  les 
fieui^s  pnllulent  exeessivement  dnns  les  prairies 
et  dans  les  champs ,  il  scra  tres.-.bon  de  boueher  le s 
sorties  des  ruehes  de  trois  jours  l'un  ,  en  y  lais- 
sant  neanmoins  de  petiics  ouvertures  par  lcs- 
quelles  les  abeilles  ne  puissent  passoriir,  afin 
qu'elles  ne  s'occupent  pas  tant  a  faire  du  miel, 
quand  elles  se  verront  privecs  de  !'esperanee  de 
pouvoir  remplir  toutes leurs  eires  de  cette  liqueur, 
et  qu'el!es  !es  remplissent  au  contraire  de  leur 
progeniture.  Voilii  a  peu  pres  les  remedes  aux- 


fumisentur.  Protlesse  etiam  putat  apilius  voluslatc  cor- 
ruplis  exameu  novum  contribuere,  quamvis  periiuliim 
sit,  ne  seililione  consumanlur,  verumtamen  ailjecta  nnil- 
tilndine  l.iclaturas.  Sed  ut  conconles  maneant,  carum 
apiuni,  qua;  ex  alio  domicilio  transferimtur,  quasi  pere- 
griiuc  plebis  submoveri  rPKCS  debere.  ISec  tainen  dubium, 
qnin  Ircqucnlissiniorum  cxaminum  favi,  <|ni  jain  maturos 
habeiit  pnllos,  tiansfcrri,  ct  sulijici  pancioribus  delieant, 
ut  taiiquam  nova>  prolis  adoptione  domicilia  confirmcntur. 
Scd  ct  id  ciim  fiet,  animadverlendum  cst,  ut  eos  favos 
siilijiciainus,  qnoruni  pulii  jam  sedes  siias  adapcrinnt ,  et 
velut  opcicnla  foraminum  obductas  ceras  erodiint  exc- 
rentes  capila.  iNain  si  favos  iinmatnro  foetu  transtnleii- 
mus,  cmorientiir  pnlli,  cum  foveri  dt^sierint.  Sa^pe  etiani 
vilio  qnod  Graeci  ^afEOcivav  vocanl,  intereunt.  Siquidcni 
cum  sit  lia?c  apiuni  consuetnjo,  ut  prius  tantiim  ccraruni 
confingant.qnantum  pntent  explere  sc  possc  :  non  nun- 
quain  evenit,  nl  consummalis  opcribiis  ccreis,  dnm  cxa- 
inen  conquirendi  niellis  cinsa  lonsins  evagatnr,  snbitis 
inibrilnis,  aut  turbinilins  in  silvis  opprimatiir,  cl  m;ijo- 
rem  partcm  plebis  amitlal    /inod  ubi  faclum  cst ,  reliqiia 

COl.l  Ull  i-t- 


pancilas  favis  complcndis  non  .sufficit;  tuncque  v.acuse  ce- 
larnm  partes  conipnticscuiit,  ct  vitiis  paulalim  serpenti- 
bus,  corrupto  niellc,  ip.sa;  qnoqne  apes  intereunt.  Id  ne 
liat,  vcl  dno  popnli  conjnngi  dcbent,  qui  possint  adhiic 
iiitegras  ceras  explere  :  vel  si  non  cst  facultas  alterius 
examinis,  ipsos  favos  anle  qiiam  piitrescant,  vacuis  par 
tiliiis  aciitissiino  ferro  liberare.  Kain  lioc  quoque  refert , 
ne  admodinn  licbes  ferramenlnm  (quia  non  facile  pene- 
trct)  veliemenfius  imprcssum  favos  scdibns  suis  commn- 
veat  :  qnod  si  factiim  est,  apcs  domiciliuin  relinquiint. 
Est  etilla  caiisa  interitns,  qiiod  interdnm  continiiis  an- 
nis  plurimi  llores  provcniiint,  et  apes  niagis  melliliciis 
quam  lictibiis  stndent.  Itaque  nonnulli,  qiiibus  minorcst 
barnm  rernm  scientia,  maKiiis  fruttibus  deleclantiir,  isno- 
lantes  cxiliiim  apilius  immineie ,  quoniam  el  nimio  latiga- 
tae  operc  plurim,-c  percnnl,  nec  ullis  juvenlulis  supplc- 
nicnlis conlrequcntat.Te novissime  reliqua; intcieunt.  Itaqnc 
si  tale  ver  incessit ,  nt  et  prata  ct  arva  (loribus  abuiidenl , 
utili.ssiinuin  cst  terlio  quoque  die  alvonim  exitus  pra'- 
clndi,  cxiguis  foraminibns  rclictis  per  qu.-c  non  possint 
apcs  cxire,  nl  ab  opere  mcllifico  avocal.e,  qiioniam  noii 


COLUMELLE. 


qiiels  on  a  recoiirs  quaiul  les  essaims  sont  attaques 
de  quelque  maladie. 

XIV.  Voici  a  present  les  soins  quMI  faut  pren- 
dre  des  nbeilles  pendant  le  cours  de  toute  l'aniiee, 
suivant  la  methode  excellente  prescrite  p;ir  ie 
raeme  Hyginus.  Depuis  le  premicr  equinoxe, 
qui  tombe  au  raois  de  mars  vers  le  huit  des  ca- 
lendes  d'avril,  quand  le  soleii  est  au  huitieme 
degre  du  Belier,  jusqu'au  lever  des  Plciades,  on 
a  qunrante-huit  jours  de  printemps.  Ildit  donc 
qu"il  fnut  commencer  a  donner  ses  soins  aux 
abeilles  pendant  cet  intervalle,  en  ouvrant  les 
ruches  pouren  oter  toutes  les  imraondicesquis'y 
seront  amassees  pendant  Thiver,  et  en  les  enfu- 
mant  en  dedans  avec  de  la  fiente  de  boeuf  briilee, 
apres  avoir  detruit  les  araignees  qui  eorrompent 
les  rayons ,  parce  que  cette  fiente  est  tres-con- 
\enable  aux  abeilles,  vu  respece  d'affinite  qui 
setrouve  entreelles  et  cet  animal.  II  faut  aussi 
tucr  les  petits  verraisseaux  que  l'on  appelle  (i- 
neie  (teignes),  ainsi  que  les  papillons:  il  suffit 
communement,  pourtuer  ces  animaux  pestilen- 
tiels  qui  s'attnchent  aux  rayons ,  de  meler  de  la 
moelle  de  boeuf  avec  de  la  fientc  du  meme  ani- 
mal ,  et  de  les  briiler  de  faeon  a  leur  en  faire  sen- 
tir  fodeur.  Cest  avec  de  pareils  soins  que  l'on 
forliflera  les  essaims  pendant  le  temps  que  iious 
venons  de  dire,  et  qu'on  parviendra  a  lcur  don- 
ner  plus  de  courage  pour  s'appliquer  a  leur  ou- 
vrage.  Mais  il  faut  surtout  que  celui  qui  prend 
soin  d'elever  des  abeilles  ait  ia  precaution,  lois- 
qu'il  aura  a  touchcraux  rayons  ,  de  s'abstenir  la 
veilledes  plaisirs  de  ramour,  commede  n'en  pas 
approcher  Iorsqu')I  sera  ivre,  ou  sans  s'etre  lave 
prcalablement.  II  s'abstiendra  aussi  de  presque 
toutes  les  nourritures  dont  1'odeur  sera  forte, 
lclles  que  les  salaisons  et  tous  les  jus  qu'ellcs  ren- 


dcnt,  telles  encore  que  facrlmonie  puante  de 
rail  ou  de  Toignon ,  ct  de  toutes  les  autrcs  clio- 
ses  semblables.  Au  quarante-huitieme  jour  de- 
puis  requinoxe  du  printemps,  c'est-a-dire,  au 
lever  des  Plciades,  qui  tombe  vers  le  cinq  des 
ides  de  mai ,  lcs  essairas  commencent  a  prendre 
dela  fovce  eta  fourmiller  beaucoup  :  mais  aussi 
ceux  oii  il  ne  se  trouve  que  peu  d'abeilles  peris- 
sent  daus  le  infime  temps.  Ccst  encore  dans  ce 
tempsla  que  ron  voit  uaitre  dans  les  extr^mites 
des  rayons  des  petits  dont  la  taille  est  plus  grande 
quecelledcsautres  abeilles,et  que  quelques  per- 
sonnes  prenncnt  pour  les  rois.  Mais  il  y  a  des 
auteurs  grecs  qui  les  appelleut  oisrpot  (taons), 
parce  qu'ils  tourmentent  les  essaims  et  qu'ils  ne 
les  laissent  point  tranquilles  :  aussi  ces  raemes 
auteurs  ordonnent-ils  de  Ics  tuer.  Les  ruches 
essaiment  communcment  depuis  le  lever  des 
Pl(5iades  jusqu'au  solstice  qui  tombe  a  la  fin  du 
mois  de  juin,  vers  le  temps  ou  le  soleil  est  au 
huitiemc  degre  de  fEcrevisse;  et  il  faut  les  gar- 
der  alors  avec  plus  de  soin,  de  peur  que  leurs 
nouvellcs  progeniturcs  ue  prennent  la  fuite.  En- 
suite  ,  depuis  le  solsticejusqu'au  lever  dc  laCa- 
nicule,  ce  qui  faitun  intervalle  d'environ  trente 
jours  ,  on  moissonne  les  rayons  aussi  bieu  que 
les  bles.  Mais  nous  nous  reservons  de  prescrire 
par  la  suite  la  maniere  de  les  enlever,  lorsque 
nous  traiterons  de  la  composition  du  miel.  Au 
reste,  Deraocrite  et  Magon ,  ainsi  que  Virgile, 
ont  pense  que  c'etait  dans  ce  temps-ci  que  roQ 
pouvait  se  procurer  des  abcilles  en  tuant  uq 
bouvillon.  Magon  vameme  jusqu'a  assurerqu'oD 
pcut  obtenir  le  mcmc  resultat  avec  les  entrailles 
d'un  boeuf  :  mais  je  pense  qu'il  est  supcrflu  de 
detailler  cetteraethodeavec  exactitude,  et  je  nie 
range  a  Tavis  deCelsus,  qui  dit  tres-pruderament 


sHerenl  s€  posse  ccias  omnes  liquorilHis  slipare  ,  la^ibus 
exiileant.  Atque  li*c  feie  sunt  exaininum  vitio  Uiboran- 
tiuin  reniedia. 

XIV.  Deinceps  illa  tolius  anni  cura,  i)t  idem  Hyginus 
conimodissime piodidil.  Aba-qninoctio  piimo  quod  niense 
Martio  circa  viii  calendas  Aprilis  in  octava  parle  Arietis 
cunlicitnr,  ad  exoitum  Vergiliariim  dies  verni  temporis  lia- 
lienlnr  duodequinquaginta.  Per  Ims  primum  ait  apes  cu- 
randasesseadapertis  alveis,  nl  omnia  purganienla,  qua; 
sunt  liiberno  tempore  congesta  ,  eximantur,  et  araneis, 
quifavos  corrumpunt,  detractis  fumus  iinmittalur  factus 
incenso  bubulo  limo.  Hic  enimquasi  quadam  cognatioiie 
generis  maxime  est  apibus  aptus.  Vermiciili  quoque ,  qiii 
linea;  vocantur,  item  papiliones  enecandi  sunt :  quae  pestes 
plerumque  favis  adliajrentesdecidunt,  si  limo  medullam 
bubulam  misceas,  et  his  incensis  nidorem  admoveas. 
Hac  cura  per  id  tempus,  quod  diximus,  examina  firma- 
buntur,  eaquefortiusoperibus  inservient.  Verum  maxime 
ciistodiendum  est  curatori,  [qiii  apes  nutrit],  cum  alvos 
tractare  debebit,  uti  pridie  castns  ab  rebus  venereis,  neve 
temulentus,  nec  nisi  lotus  ad  eas  accedat,  abstineatque 
«innibiisredolcntibus  esculonlis,  ut  snnl  salsamenta,  et 


eorum  omnia  liquamina ;  itemque  foplentibus  acrimoniis 
allii  vel  ceparum  ca-lerarumqiie  rerum  similium.  Duode- 
quinquagesimo  die  ab  ffqiiinoctio  verno,  cum  lit  Vergilia- 
rum  exorlus  circavidus  Maias,  incipiunt  exainina  yiiibiis 
et  numero  aiigeii.  Sed  et  iisdem  diebiis  inlereunt  qua; 
paucas  et  a;gras  apes  liabenl;  eodemque  tempore  progeue- 
ranliir  in  extremis  partibus  favorum  amplioris  magnitu- 
diuis  qiiam  sunl  caiteiK  apes,  eosque  nonnulli  putant 
esse  reges.  Verum  qiiidam  Grajcorum  auctoies  oJcrTpout 
appcllant  ab  eo,  quod  exagitent,  neque  patiautur  exaniina 
conquiescere.  Itaque praecipiunt  eos  enecari.  Ab exorf u  Ver- 
giliarum  ad  solstitiiim,  quod  lit  ultimo  mense  Juliocirca 
octavam  partem  Cancri,fereexaminant  alvi:  quo  terapore 
veliementius  custodiri  debent,  ne  novie  soboles  dif/ugiant. 
Tumque  peracto  solslitio  usqiie  ad  ortum  Caniculae,  qui 
fere  dies  triginta  sunt ,  paiiter  frumenta  et  favi  demelun- 
tur.  Sed  ii  quemadmddum  tolli  debeant,  mox  dicetur, 
cum  de  confectura  mellis  prajcipiemus.  Ca;terum  boc  eo- 
dem  tempore  progenerari  posse  apes  juvenco  percmpto, 
Democritus  et  Mago  nec  minus  Virgilius  prodideruiit. 
Mago  quide)n  ventribus  etiam  bubiilis  idem  lieri  allirmat, 
quam  ralionem  diligentius  prosequi  siipervaciium  piiln. 


1)E  UAGRICULTURE ,  LIV.  IX. 


qne  la  perte  de  ce  genre  de  bi-tail  n'occasionne 
pas  lui  assez  grand  dommage,  poiir  chcrciier  ('i 
se  le  procurer  par  une  pareille  voie.  4u  reste  , 
une  cliose  qu"il  faut  faire  dans  cet  intervalle  et 
jusqu'a  i'equinoxe  d'automne ,  c'est  d'ouvrir  les 
ruches  tous  les  dix  jours,  ct  de  les  enfumer. 
Car  on  convjent  generalement  que,  quoique  cette 
opcration  ne  plaise  pas  aux  essaims,  elle  leur 
est  neanmoins  tres-salutairc.  Ensuite,  lorsquc 
les  abeilles  auront  ete  ainsi  parfumeeset  echauf- 
fees,  il  faudra  les  rafraichir,  cn  arrosant  les 
partles  des  ruches  ([ui  seront  vides ,  avec  de 
I'eau  tres-fraichement tirce ,  et  en  nettoyant  celles 
que  Ton  n'aura  pas  pu  arroser,  avec  des  plumes 
d'ai<jle  on  de  tout  autre  oiseau  de  prande  taille, 
qui  aient  une  certaine  roideur.  II  faut  encore 
balayer  les  teiiines  que  ron  apercevra,  et  tuer 
les  papillons  qui  se  tienncnt  eomraunement  entre 
les  ruehes  et  qui  detruisent  les  abeilles,  tant 
parce  qu'ils  rongent  les  cires ,  que  parce  qu'il 
s'engendre  de  leurs  excrements  certains  vers  qne 
nous  appelons  les  tinem  (teignes)  des  ruches. 
Aussi,  lorsqu'ils'en  trouve  uue  srande  quantite, 
eomiue  il  arrive  dans  le  temps  ou  la  raauve  est  cn 
fleur,  on  met  le  soir  entre  les  ruches  un  vase 
d'airain  semblable  a  ceux  dont  on  se  sert  dans 
ies  bains  ponr  faire  chanffer  Teau ;  et  aussitot 
qu'on  y  a  cnfonce  une  lumiere,  les  papillons  y 
accourent  de  tous  eotes,  et  se  griilcnt  cn  vol- 
tigeant  autour  de  la  flamme,  attendu  que  n'ayant 
ni  la  facilite  de  s'envoler  par  en  haut,  parce 
que  le  vase  est  etroit ,  ui  celle  de  s'eloigner 
du  feu  ,  parce  qu'ils  sont  comme  resserres  entre 
les  parois  du  vase,  ils  sont  en  consequence  brules 
par  le  feu,  dont  ils  sont  trop  voisins.  L'Arcture 
se  leve  environ  einquante  jours  apres  la  Cani- 
cule  :  c'est  alors  que  les  abeilles  font  leur  miel 


avec  les  fleurs  couvertes  de  rosee,  tant  celles  Ju 
thym  quc  celles  de  rorigaii  et  de  la  thymbre.  Le 
meilleur  miel  paraitetre  celui  qu'elles  font  i\  \'e- 
qiiinoxe  d'automne,  qui  tombe  avant  lcs  calendes 
d'octobre,  quand  le  solcil  est  au  huitieme  degre 
de  la  Balance.  Alais  il  faudra  veiller ,  entre  le  lever 
de  la  Canicule  et  celui  de  TArcture,  a  ce  que  lcs 
abeilles  ne  soient  pas  surprises  par  les  assauts  des 
frelons,  qui  se  tiennent  communement  devant 
leurs  ruches  pour  les  guetter  a  leur  sortie.  Apres 
lc  lever  de  l'Areture,  on  moissounc  pour  la  se- 
condefoisles  rayonsvers  requinoxedela  Balance 
(comme  je  viens  de  le  dire).  Ensuite,  depuis 
l'equiuoxe,  qui  tombe  vers  le  huit  des  calendes 
d'octobre ,  iusqu'au  coiicher  des  Pleiades,  les 
abeilles  einploient  quarante  jours  amettre  en  re- 
scrve  le  miel  qu'elles  ont  extrait  des  fleurs  dii 
tamaris  et  des  arbustes  sauvages,  etqui  leurdoit 
servirde  nourriture  pendant  riiiver  :  mais  il  ne 
faut  rien  retrancher  de  ce  miel ,  de  peur  que  si 
ces  insectes  etaient  trop  souvent  molestes  par  lcs 
pertes  qu'on  leur  ferait  eprouver,  le  descspoir 
ne  lcs  portat  a  prendre  la  fuite.  Depuis  le  coucher 
des  Pleiadesjusqu'ausolsticed'hiver,  qui  tombe 
vers  le  huit  des  calendes  de  janvier,  quand  le 
soleil  est  au  huitieme  degie  du  Caprieorne,  lcs 
essaims  commencent  a  consommer  le  miel  qu'ils 
ont  mis  en  reserve,  et  qui  serta  les  soutenir  jus- 
qu'au  levcr  de  TArcture.  Je  n'ignore  pas  la  facon 
de  calculer  d'Hipparchus,  qui  pretcud  que  les 
solstices  comme  lesequinoxesarrivent  lorsque  le 
soleil  estau  premier  degredes  signes,  et  non  pas 
lorsqu'il  estauhuitieme  :  maisje  m'entiens,dans 
cette  economie  rurale,  aux  caleuclriers,  d'Eudoxe, 
de  Meton  et  des  anciens  astronomes,  qui  sont 
regles  sur  les  fetes  publiques,  parce  que  cet  an- 
cien  systeme  est  plus  generalement  connu  des 


consentiens  Celso.qiii  pnidentissiitieait,  nonlautointeritu 
pecus  istuii  ainitli ,  ut  sic icquirenduin  sit.  Verum  hoc  tem- 
poie,  et  usqne  in  auturani  a^quinoctium  decinio  quoque 
«iie  alvi  apeiiciul.ie  ct  furaigandae  siint.  Qiiod  cum  sit  mo- 
lestum  examinibus,  saluberrimuni  tamen  esse  convenit. 
Suflitas  deinde,  et  iEstnantes  apes  lefrigerai e  oporlel, 
€onspersis  vacuis  partibus  alvonini,  et  qnam  lecenllssimi 
rigoris  aqua  infusa  :  deinde  si  quid  alilui  non  pulerit , 
pinnis  aquila;  vel  etiam  cujus  libet  vastu!  alilis,  qucC  ri;;o- 
lem  liabent ,  emundari.  Prii-lerea  ut  tinea\  si  apparnerint, 
everrantiir,  papilionesque  enecentur,  qiii  plerunique  intra 
alvos  inorantes  aplbiis  exitio  sunl.  .Nain  et  ceras  eioduiit, 
ct  stercorc  suo  veinies  progcnerant,quosalvorum  tineas 
appellamus.  Itacpie  qiio  teinpoie  malv.t  llorent ,  cuni  est 
earuin  maxiina  mullitudo,  si  vas  a'neuni  slmile  miliario 
vespeie  ponatiir  iiitcr  alvos,  et  in  funduni  ejus  lumen  ali- 
qood  deinitlaliir,  undique  papilioncs  concurruut :  duuique 
circa  namiiiulain  volitant,  adiirnntur,  qiiod  nec  facile  cx 
angustosursMin  cvolare,  iiec  rursus  longius  ah  igne  pos- 
suut  recedere,  cum  l.itcribus  aMieis  circnmveniantur  : 
ideoquc  propinqiio  ardore  consumuntur.  .\  Caniciila  leie 
post  diem  quinqiiagesimum  Arcturusoritur,  cum  irrora- 


tis  floribus  tliymi  el  cunila!  tliymbraeque  apes  mella  con- 
(iciunt  :  idque  optima;  notae  emitescit  autumni  »quinoc- 
tio,  quod  est  ante  calcnd.  Octobris,  ciim  octavani 
partoni  Libr^  sol  atligit.  Sed  inter  Caniculoe  et  Arcluii 
exorliim  cavendum  erit,  ne  apes  intercipiantiir  violentia 
crabionum,  qui  anle  alvearia  plerumque  obsidianfur  pro- 
deunjibiis.  Post  Arctiiri  exortiim  ciica  ajquinoclium  Ijibra- 
(sieut  dixi)  favorum  secuudaest  exeniptio.  .Vb  fequinoctio 
di^inde  quod  coniiciUir  circa  viii  calend.  Octobris  ad  Ver- 
giliariim  oc':asum  diebus  XL  ,  e\  lloribus  tainaricis  et 
silvestribiis  friitelis  apes  collecta  mella  cibariis  liiemis 
repi)niint.  Qiiibiis  niliil  est  omnino  detrabeudiim,  in' 
Siepius  injnna  contristatae  velut  desperatione  reriini  pro- 
fugiant.  Ab  ncrasu  Vergiliarum  ad  brumam,  qiia;  fere  con- 
llcitur  circa  viii  cilend.  .laniiarii  in  octava  parte  Capri- 
corni ,  jani  recondito  melle  utuntur  examiiia,  eoque  usque 
ad  Arcturi  exortum  snstinonliir.  Nec  me  fallit  Hippar 
cbi  ralio,  qiia;  docel  solslitia  ct  a,'quinoctia  uon  octavis 
sed  primis  partibus  siguoruin  coiilici,  Verum  iii  hac  ruris 
disriplina  sequor  nunc  Kudoxi  ct  Melonis  anliquorumqiie 
fastus  aslrologornm ,  qui  sunt  aplati  publicis  sacrificiis: 
qiiia  el  nolior  esl  istavetus  agriculis concepta  opinio  ;  wc 


COLUMELLE. 


agriculteurs,  quisont  habitues  a  s"y  conformci-; 
et  qu'au  contraire  la  subtilite  d'Hipparclius  est 
"  au-dessus  de  rintelligenee  grossiere  des  gens  de 
la  campagne.  Ainsi  il  faudra  ouvrir  les  ruches, 
les  purger  de  toute  immoiidice  et  les  soigner  avcc 
beaucoup  datteution,  des  que  les  Pleiailes  coin- 
mencerout  a  se  coucher,  parce  qu'il  n'est  pas  a 
propos  de  les  remuer  ni  de  les  ouvrir  pendaut 
l'hiver.  Cest  pourquoi ,  si  rou  a  encore  devant 
soi  un  reste  d'autorane,  il  faudra,  apres  avoir 
uettoye  les  ruches  dans  unejournee  ou  il  aura 
fail  tres-beau  temps,  y  enfoucer  des  couvercles 
qui  parvieunint  jusqu'aux  rnyons  memcs,  sans 
lalsser  aucuu  vide ,  afin  que  les  alveoles,  qui  se- 
ront  retrecis  par  la,  se  maiutiennent  plus  aise- 
ment  chauds  pendant  Thiver  :  et  c'est  une  ope- 
ration  qu'il  faut  toujours  faire,  dans  les  ruches 
meme  qui  nesont  habitees  que  par  un  petit  nom- 
bre  d'abeilles.  Eusuite  on  bouchera  par  dehors, 
avcc  de  la  boue  et  de  la  fieute  de  bceuf  melees 
enserabie,  toutes  les  crevasses  et  tous  les  trous 
qui  pourront  s"y  trouver  ,  sans  laisser  d'autres 
ouvertures  que  celles  qui  serviront  de  passages 
aux  abeilles.  Quoique  les  ruches  soient  sous  uu 
appentis,on  nelaissera  pasde  lescouvrir enciire 
avec  du  chaume  et  des  feuilles  entassees  par- 
dessus,  pour  les  defendre,  autant  que  faire  se 
pourra,  coutre  le  froid  et  les  mauvais  temps. 
Quelques  persounes  y  renfermeat  dans  rinterieur 
desoiseauxmorts,  dout  lesentraillessont  videes, 
et  qui  servent  a  procurer  de  la  chaleur  pendant 
rhiver  aux  abeillesqui  se  cachent  sousleurspiu- 
mes,  d'autant  que,  lorsqu"elles  out  consorame 
leurs  provisions,  elles  maugent  fort  bicn  ces  oi- 
seaux  pour  a.ssouvir  leur  faim,  sans  eu  rien  lais- 
serquelesos,  quoique,  lorsqu^ellesontsuffisam- 
ment  de  rayous,  elles  i^y  toucheut  poiut.  Car 


Todeur  de  ces  oiseaux  ne  dcplait  point  a  ces  in- 
sectes,quelquedelicatsqu'i!ssoientsurrarticle  de 
la  proprete.  Kous  croyons  neanmoins  qu'il  vaut 
raieux,  lorsque  les  abeillcssont  tourmentees  pat 
la  faira  peiidant  Thiver,  leur  servir  dnns  de  pe- 
tits  canaux  places  vers  l"entree  des  ruehes,  des 
figues  seches  pilees,  et  detrempees  soit  dans  de 
Teau,  soit  dans  du  vin  cuit,  jusqu'a  dimiuution 
de  moitie,  ou  faitavec  des  raisins  secs;auquel 
cas  il  faudra  y  treinper  de  la  laine  bien  propre, 
afin  qu'clles  se  posent  sur  cette  laine  pour  ti- 
rer  le  suc  de  ces  liqueurs,  corame  a  travers  un 
siphon.  On  fcra  aussi  trcs-bien  de  leur  donner 
du  raisiu  scc  broye,  et  un  peu  humecte  d'eau.  Aa 
surplus  ,  il  faudra  les  soutenir  avec  ces  sortesde 
nourrituresnou-seulement  pendant  fbiver,  raais 
encore  (ainsi  que  je  Tai  dit)  dans  le  tenips  ou  le 
tithymaie  et  rorrae  seront  en  fleur.  Elles  con- 
sorament,dansl'espace  de  quarantejoursadater 
du  solstice  d'hiver,  tout  le  micl  quiest  dans  leur 
ruche  (a  moins  que  celui  qui  en  prend  soin  n'y  en 
ait  laisse  une  tiop  grande  quantite);  et  souvent 
merae,  apres  avoir  vide  les  cires,  elles  se  tien- 
nent  couchees  aupres  des  rayons,  sans  prendrc 
aucune  nourriture,  jusqu'au  lever  de  TArcture 
qui  commence  aux  ides  de  fevrier ,  et  y  restent 
engourdies  a  la  raauiere  des  serpents,  de  facon 
que  le  repos  seul  ieurconserve  la  vie.  Pourempe- 
cherneanmoins  qu"unetrop  longue  dietene  la  leur 
fasse  perdre,  il  est  tres-bon  d"insinuer  avec  des 
siphons  dansleurs  ruches,  au  traversderentiee, 
des  jus  doux ,  qui  serviiont  a  leur  faire  supporter 
la  disette  de  la  saison,  jusqu'a  ce  que  le  leverde 
TArcture  et  larrivee  des  hirondelles  leur  annou- 
eent  des  temps  plus  favorables.  Aussi  passe,  ce 
mauvais  teraps,  se  hasardeut-clles  a  allerauxpS- 
turages  dcs  que  la  gaiete  de  la  saison  le  leur  per- 


tamen  Hippaidii  sublilitas  pingiiioribus ,  nl  aiiinl,  rusli- 
cornmliterisnecessariaest.  Ergo  Veigiliaruniocrasuiuiino 
slalim  conveniet  aperire  alvos,  et  depurgaie  quidipiiil 
immundi  esl, diligentiusque cuiare ;  quoniam  per  lempora 
hieniis  nou  cxpedit  moveie  aut  patetacere  vasa.  Quam  ob 
causam  dum  adbuc  autumni  reliquiaj  sunt,  apiicissimo 
die  purgatis  domiciliis  opeitula  inUis  usi|ue  ad  favps  ad- 
movenda  sunt ,  omni  vacua  paite  sedis  exclusa,  quo  faci- 
lius  angusUae  cavearum  ]ier  liiemem  concalescant.  Idqiie 
semper  faciendum  cst  etiam  in  iis  alvis ,  quiE  paucitale 
lilebis  infrequentes  siint.  Quidquid  deinde  liinarum  est 
autfoianiinum,lutoetlimobubulomistis  illineinusextiin- 
secus,  nec  nisi  aditus,  quibus  commecnl,  relinquemns. 
Et  quamvis  porticu  protecla  vasa  niliilo  minus  congestu 
culmorum  et  frondium  siipeitegemus,  qnantumque  res 
patietur,  a  frigore  et  tempestatibus  inuniemus.  Quidam 
cxempUs  interaneis  occisas  aves  intus  includunt ,  qua^ 
tempoie  biberno  pluniis  suis  delitescenlibus  apibus  piae- 
beul  tppoiem  :  tum  etiam  si  sunt  absuniptacibaria.com- 
niode  pascuntur  esurientes ,  ncc  nisi  ossa  earum  relin- 
quunt,  Sin  aulem  favi  sufQcient ,  permaneiit  illibatae.  Nec 
qnamvis    amanlissimas   mundiliarum    olfendunt  odore 


suo.  Meliiistamenesse  nosexistimamus,  tempoiebibenio 
fame  laborantibusad  ipsos  aditus  in  canaliculis  vel  coiitu- 
sam  et  aqua  madefactam  ficum  aiidam,  vel  defrutuiii 
aut  passum  priebere.  Quibus  liqiioribus  nuiudam  lanam 
imbuere  oportebit,ut  insistentes  apesquasi  persipbonem 
siiccuni  evocent.  Uvas  enim  passas  cum  infiegeiimus, 
pauliim  aqua  respersas  probe  dabimus.  Atque  bis  cibariis 
non  solum  liieme,  sed  etiain  qiiibiis  temporibus,  ut  jam 
supra  dixi,  titbymalus,  atque  etiam  ulmi  lloiebunt,  sus- 
tinendse  sunt.  Post  conlectam  biumam  diebus  fere  qiia- 
draginta  quidquid  est  repositi  raellis,  nisi  libeialius  a 
curatore  relictum  sit,  consiimunt,  [et]  Scepe  etiam  vaciia- 
lis  ceris  usque  in  ortiim  fere  Arcliiri ,  qui  est  ab  iilib. 
Februariis ,  jejunse  eliam  favis  acciibantes  torpent  more 
serpentum,  et  quiete  sua  spiiilum  conservant,  «piem  la- 
men  ne  amiltant,  si  longior  fames  incesserit ,  optimum 
est  per  aditum  vestibuli  siphonibus  dulcia  liquamina  im- 
mittere,  et  ita  penuriam  temporum  sustinere,  duin  Arc- 
tuii  oitus  et  liirundinis  adventus  commodiores  pollicean- 
tur  futuras  tcmpcstates.  Ilaque ,  post  lioc  tcmpiis ,  cum 
diei  permittit  hilaiitas,  procedeie  audent  in  pascua.  Nam 
ab  sequinoctio  verno  siue  cunctalione  jam  passim  vagan- 


1)E  LAGRICUITUR!:,  UV.  IX. 


met.  Eii  effft,  aiissit6t  que  ra|uinoxe  du  priu- 
temps  est  anive,  clles  iic  tardent  point  a  se 
repandre  de  c6le  et  d'autre,  pour  ramasser  les 
flenrs  qui  sont  propres  a  ies  faire  multiplier  ,  a 
reffet  di'  les  pnrter  dans  leurs  domiciles.  Telle 
est  la  melliode  qu'H}'g;nus  prescrit  d'observer 
tres-cxaetement  pendant  les  differentes  saisons 
dc  raimee.  Au  surplus ,  voici  ce  que  Cclsus  r.jonte 
a  ces  preceptes :  11  pretend  que,  eommc  il  y  a  pcu 
de  contrees  assez  heurcuses  pour  offrir  au.x; 
abeilles  des  pi\tiu'ages  d'hiver  difi'crcnts  de  ceux 
d'ete,  il  ne  faut  pas  laisser  les  essaims  dans  des 
lieux  qui  ne  donnent  pas  aprcs  le  priiitemps  de 
fleurs  qui  conviennent  aux  abeilles;  mais  que, 
lorsque  les  paturapes  de  cette  saison  sont  con- 
sommes,  il  faut  les  transferer  dans  des  lieux 
plus  avantageux ,  oii  ellcs  puissent  se  nourrir  des 
fleursiardivesdu  lhym,deroriganet  de  la  tliym- 
bre.  II  assure  que  c'est  ainsi  quon  le  pratique 
soit  dans  les  contrces  de  r.^cliaie,  d'ou  on  lcs 
transfere  dans  les  paturages  de  rAttique  etdans 
rEubce,  soitdanstoutes  lesilesCyclades,  d'ou  on 
les  transfcre  dans  la  seule  Ile  de  Scyros,  soit 
enfin  daus  la  Sicilc,  oii  on  les  transporte  des  dif- 
ferentes  contrees  dc  cette  ile  a  Hybla.  Le  mcme 
auteur  pretend  encoreque  les  abeilles  font  la  cire 
avec  les  fleurs,  et  le  miel  avec  la  rosce  du  matin; 
et  que  plus  la  cire  est  faite  avec  une  matiere 
agrcable,  plus.le  miel  est  de  bonue  qualite.  Au 
surplus ,  il  ordonnede  visiter  avec  attentiou  rin- 
terieur  des  ruches  avaut  de  les  transporter ,  et 
d'en6ter  les  vieux  rayons,  ainsi  que  ceuxoii  les 
teigues  se  serout  mises  ou  ceux  qui  seront  clian- 
celants,  afin  de  n'en  reserver  qu'un  pctit  nombre 
des  meilleurs,  etqu'en  consequence  la  plus  grande 
partie  dcs  rayons  se  trouve  faite  avec  les  mcil- 
leures  fleurs.  II  ordonne  encore  de  ne  porter 
que  de  nuit  les  ruches  que  Ton  voudra  chauger 


405 

de  lien,  et  de  ne  les  point  agiter  dans  le  trans- 
port. 

XV.  Des  la  fin  du  !)rinlemps,  ainsi  que  je  Tai 
deja  dit,  vient  la  recolte  du  miel,  alaquelle  abou- 
tissentlestravaux  de  toule  ranuce.On  jugequ'il 
est  temps  de  la  faire,  lorsqu'on  \oit  les  abeil- 
leschasser  et  metfrc  ea  fuite  lcs  bourdons.  Le 
bourdon  est  un  iiisecte  tres-ressemblant  a  Ta- 
beille,  mais  plus  gros  qu'elle;  ou  ,  comme  dit 
Virgile,  c'est  nn  belail  paresscuz  qui  se  tient 
aupres  des  rayons  sans  y  travailler,  et  qui,  loin 
d'amasser  de  la  nourriture,consomme  celle  que 
les  abeilles  out  appnrtee.  Cepcndant  ces  insectes 
paraissent  cooperer  en  quelque  facon  a  la  mul- 
tiplication  des  abeilles,  en  se  tenant  aupres  de 
la  seracuco  dont  cllcs  doivent  eclore.  Aussi  les 
abeilles  vivent-elles  d'intelligence  avec  eux  tant 
qu'ils  leur  sontuti!es  pour  couver  et  pour  elever 
lcur  nouvelle  progeniture,  au  lieu  qu'elles  lcs 
chassent  hors  d«  leurs  domiciles ,  et  que ,  comme 
dit  le  m^me  poete,  eUes  les  eloignent  de  lcnrs 
mangeoires  des  quc  leurs  petits  sont  eclos.  Quel- 
ques  auteurs  ordonnent  de  les  exterminer  abso- 
lument;  mais  je  suis  sur  cet  artiele  de  1'avis  de 
Magon ,  et  je  ne  crois  pas  qu'on  doive  pousser  lcs 
choses  a  celte  extremite;  je  pense  nii  contraire 
qu'il  faut  moderer  cette  barbarie  ,  parce  qu'eti 
fais.int  un  carnage  universel  de  cette  engeance, 
il  serait  aeraindre  que  les  abeilles  ne  devinssent 
paresseuses;aulieuqu'en  repargnant,  elles  n'en 
deviennent  que  plus  actives  poui-  reparer  les 
dommages  que  ccs  insectes  leur  causent  en  con- 
somraant  une  portion  de  leurs  vivres.  II  ne  faut 
pas,  d'un  autre  cote,  lai.sser  pulluler  cette  mul- 
titude  de  voleurs,  depeur  qn'ils  ne  liuissent  par 
piller  tout  lc  tresor  des  richesses  qui  ne  leur  ap- 
particnnent  point.  Lors  donc  que  Ton  verra  de 
i'r6quentes  disputes  s'elever  cntre  les  bourdons 


tiir,  el  iiloneos  ad  fcptmn  decerpunt  llores,  alqiie  intra 
tecta  compoi  lant.  Hajc  oljscrvainla  per  anni  lcnipora  dili- 
gentissime  Hjgiuiis  pricceplt.  CiKteriim  illa  Colsiis  adjicit , 
p:iiii  is  locis  cam  felicilatcm  siippeteie ,  ut  apiliiis  alia  pa- 
bii!:i  liilwriia  alque  alia  pia-lieantiir  a'stiva.  Ilaipie  quibus 
loiis  piist  veiis  tempora  llores  idonei  deficiiiiil,  noijat 
opoiliie  immolaexamina  relinqui,  sedveinis  pastionibiis 
absiimplis  in  ca  loca  tiansfcrri,  quaeserolinis  lloi  ibnstliymi 
et  ori;;ani  thymbiKque  henignius  apes  alere  pnssinl.  Quod 
fieri  ait  et  Acliai.e  regionibus ,  iibi  transferiinlnr  iii  Allicas 
pastiones,  et  Kubnsa,  et  rursus  in  insnlis  Cycl.iilibns, 
cum  ex  aliis  liansfciiinlur  Scyiiim ,  nec  mjniis  ju  Sicilia, 
cum  IX  reliiiuis  ejiis  parlibus  in  Hyhlam  conferimtur. 
Idemqneait  ex  lloriliuscerasrici'i,ex  nialulino  lore  mella, 
qua;  tanlo  meliorcm  qualitafem  capiunt ,  quaiito  juciin- 
dioie  sit  niateiia  cera  cniifecta.  Sed  anle  tianslationcm 
diligenteralvos  inspicere  piaecipil,  velere.sqiie  et  tineosos, 
et  lahantes  favos  eximere  :  nec  nisi  paiicos  et  opliinos 
rcservaic,  ul  simul  eliam  ex  mclioie  llure  quamplurimi 
fianl  :  eaqiic  vasa,  qiin;  (|iiis  transfeire  velil,  iion  nisi 
nuctibns  cl  sine  coiiciissioue  pOitare. 


XV.  Mox  verc  transaclo  sequitiir,  ut  dixi,  niellis  vin- 
demia,  propier  qiiam  loliiis  anni  lalior  exeicetiir.  Ejns 
maturitas  inliili^itur  ciim  auimadverlimus  1'ucos  ah  apibiis 
cxpelli  ac  liif;ari.  Quod  est  geniis  amplioiis  inciementi, 
simillimnm  api,  scd ,  ut  ait  Vjrgilius,  ignavum  peciis, 
et  immune,  sine  indiistria  favjs  assidens.  Nam  neqne 
aliiuenfa  congerit,  et  ab  aliis  invecla  consiimit.  Veriiinfa- 
men  ad  piociealionein  soholis  conferrc  .iliqnid  lii  fuci  vj- 
dcutiirinsidentesseminibus,quihusapesligiirantiir.  Itaqiie 
ad  fovendam  (ct  ediicandam )  novam  pioleni  familiarius 
admiltiintur.  Kxclusis  dcinde  pullis,  extra  tecta  prolur- 
bantur,  et  ut  idem  ail,  a  prwsrpihiis  arcentitr.  Hos  qui- 
dam  pnwipiiiiil  in  toliim  extcrminari  oporlere.  Quod  ego 
Jlagoiii  conseiitiens  faciendiim  non  ceiiseo,  vetiim  sa^viljae 
modiini  adhiheiidum.  Nam  nec  ad  occidionein  gens  interi- 
menda  est,  nc  apes  inerlia  laborent,  qua!,  cum  fuci  ali- 
qiiam  partem  cihariorum  ahsiimiint ,  sarciendo  damna 
liuntagiliorcs:  uecrursusmullitudinein  priedonumcoales- 
cerc paliendum  est,  nc  univcrsas  opes  alienas  diiipiant. 
Ergo  ciini  rixam  fiiroriiiii  et  apium  saepiiis  commitll  vide- 
ris,  adapertas  alvos  iiispicies,  ul  sive  scniiplcni  favi  siiit, 


40l'i 


COLUMELI.E. 


et  lcs  abeilles,  on  ouvriia  les  ruches  pour  Jes 
visiter  a  riiiterieur,  soit  afin  de  differer  la  rccolte 
du  miel ,  si  les  rayons  ne  sont  qu'a  demi  pleins 
de  cette  liqueur,  soit  afin  de  la  faire  aussitot, 
s'ils  en  sont  remplis,  et  qu'ils  soient  recouverts 
de  cire  par-dessus.  11  faut  communement  choisir 
la  matinee  pour  faire  cette  operation  ,  parce  qu'il 
n'est  pas  a  propos  de  vexer  lesabeilles  au  milieu 
de  la  chaleur,  temps  auquel  elles  sout  deja  na- 
turellemeiit  irritees.  On  sepourvoira  a  cet  effet 
de  deux  instruments  de  fer  d"un  pied  et  demi 
delongueurou  unpeuplus  :  Tun  est  un  longcou- 
teau  tranchaiit  par  les  deux  cotes,  dont  rextre- 
mite  sera  terminee  par  un  bistouri  crochu;  Tau- 
tre  cst  un  instrument  plat  et  tres-tranehant  d'un 
seul  c6te,  a  Teffet  de  mieux  couper  les  rayons; 
au  lieu  qu'on  pourra  les  ratisser  avec  rautre,  et 
en  oter  les  ordures  qui  pourront  y  etre  tombees. 
Mais  lorsque  la  ruche  ne  sera  point  munie  d'une 
cuverture  par  derriere,  on  y  fera  parvenir  de  la 
fumeedegalbanum  oudefumiersec.  On  reiiferme 
h  cet  effet  ruue  ou  rautre  de  ces  matieres ,  avec 
de  la  braise,  dans  un  vase  de  terre  garni  d'an- 
.ses  eomme  une  petite  marmite  :  ce  vasedoit  etre 
pointu  par  un  de  ses  c6tcs  ,  qui  sera  perce  d'un 
petit  trou  destine  a  livrer  passage  a  la  fumee ;  au 
lieu  qu'il  sera  plus  gros  par  le  cote  oppose,  et 
garni  d'une  large  embouchure  a  travers  laquelle 
on  pourrasoiifaerdcdans.  Quand  onaura  appro- 
che  cette  marmite  de  la  ruche ,  on  soufflera  dans 
rinterieur  du  vase  pour  pousserla  fumee  sur  les 
abeilles;  et  alois  ces  insectes,  qui  ne  peuvent  pas 
supportircette odeur, se  retireront  aussitftt sur  le 
devantde  la  ruche,  eten  sortirontmfimequelque- 
fois,  de  sorte  qu'on  aura  I  a  liberte  de  regarder  a  son 
aiseendedans.  On  reraarque  communeraent  deux 
formes  particulieres  de  rayons  dans  les  ruches, 
quand  il  s'y  trouve  deux  essaims.  En  effet,  quoi- 


que  ces  deux  peuplades  reuuies  vivent  ensemble 
en  bonne  intelligerice,  elles  ont  neanmoins  cha- 
cune  leur  methode  particuliere  defaconnerlacire, 
en  lui  donnant  telle  ou  telle  forme ,  dont  elles  ne 
s'ecartent  jamais.  Aureste,  tous  les  rayons,  de 
quelquefacon  qu"ilssoientfaits,  sont  toujourssus- 
pendus  au  haut  de  la  ruche  et  legerement  adlie- 
rents  a  ses  parois,  sans  jamais  s'etendre  jusqu'au 
plancher  d'en  bas,  parce  que  c'est  rendroit  qui 
sert  de  passage  aux  essaims.  D'ailleurs  la  forme 
descires  est  modelee  surcelledela  ruche,  de 
sorte  que  sa  capacite  sert  de  raoule  aux  rayons, 
qui  retracent  la  forraecarrce,  ronde  ou  merae 
longuede  la  ruche.  Cestpour  cela  qu'on  rencontre 
souvent  dans  la  nieme  ruche  des  rayons  qui  ont 
chacun  leur  forme  differente.  Mais,  quels  qu'ils 
soient ,  il  ne  faut  jamais  les  enlever  tous :  on  aura 
soin  au  contraire  d'en  laisser  la  cinquieme  par- 
tie  a  la  premiere  recolte ,  qui  se  fait  dans  un 
temps  ou  les  pflturages  sont  encore  abondants 
dans  leschamps,  et  la  troisieme  partie  a  la  se- 
conde  recolfe  ,  qui  sefait  dans  un  temps  ou  Thi- 
ver  commence  deja  a  se  faire  sentir.  Cepen- 
dant  la  proportion  que  nous  fixons  ici  n'est  pas 
la  meme  pourtousles  pays,  parce  qu'il  fautdans 
chacun  pourvoir  a  rinteret  des  abeilles  propor- 
tiounellement  a  la  multitude  des  fleurs  et  a  Ta- 
bondance  despSturages.  Siles  ciressuspenduesa 
la  ruche  sont  perpendiculairement  allongees,  il 
faut  couper  les  rayons  avcc  rinstrument  qui  a 
la  forme  d'un  couteau,  et  lcs  recevoir  par-des- 
sous  entre  lesdeux  bras,  pour  les  tirer  de  la  ru- 
che;  maissi  les  rayonssontattaches  horizontale- 
raentau  haut  des  ruches,  il  fautalors  se  servir 
de  rinstrument  qui  a  la  forme  d'une  serpe ,  afln 
de  lescouperd'uncoup  qu'on  leurportera  euface. 
On  enleveraceux  qui  seront  vieuxou  defectueux, 
eu  laissant  dans  la  rucheceux  qui  iie  seront  point 


dirierantur  :  sive  jam  liqiiore  compleli,  et  superposilis 
eeris  tamquam  operculis  obliti,  demetantur.  bies  vero 
caslrandi  fere  matiilinus  occupandus  est-  Neque  enim 
convenit  jesIu  medio  exasperatas  apes  lacessiri.  Duobus 
aulem  feriamenlis  ad  bunc  usum  opus  est,  sesquipedali , 
vel  paiilo  ampliore  mensura  factis,  quorum  alterum  sit 
cuiler  oblongus  ex  utraque  paite  acie  iala,  uno  capite 
aduncum  baliens  so^Iprum ;  alterum  priina  froute  planum 
el  acuti.ssimuni  :  qiio  melius  boc  lavi  suecidantiir,  illo 
eiadantur,  et  quidquid  sordium  deciderit,  attrahatur.  Sed 
ubi  a  posteriore  parte,  qua  nullum  est  vestibuliim,  pale- 
factum  fuerit  alveare,  funium  admovebiiniis  factum  gal- 
bano  vel  arido  fmio.  Ea  porro  vase  fictili  prunis  immista 
conduntur  :  idqiie  vas  ansatum  simile  angusta;  ollie  ligii- 
ratur,  ita  ut  allera  pais  sil  acutior,  per  quani  modico 
loramine  fumus  emanet  :  altera  latior,  et  ore  patiilo ,  per 
quam  possit  afllari.  Talis  olla,  cnm  est  alveari  objecla, 
Bpiritu  admolo  fumusadapes  promovetur.  Quie  coiifestim 
nidoris  impatienles  in  priorein  parlem  domicilii ,  et  inler- 
dum  cxtra  veslibuluin  se  conlernnt.  Atque  utii  poleslas 
est  liberius  iu.spiciendi,  fere,  si  duo  sunt  cxamina.  diio 


genera  qiioqne  favorum  inveniiintiir.  Nam  etiam  in  coa- 
cordia  suum  qusque  plebs  moreni  liguraiidi  ceras  lingen- 
dique  sei  vaut.  Sed  onines  favi  seniper  cavearnin  lectis  et 
panlulum  ab  lateribus  adlia!ientes  dependent,  itane  solum 
rontingant :  quoniam  idpraebetexaminibus  iler.  C.Teteriim 
figiira  cerarum  talis  est,  qualis  et  Iiabitus  domicilii.  Nam 
el  quadrata  etrotunda  spalia  nec  miniis  longa  suam  spe- 
ciem  velut  formae  quaedam  favis  pra^bent.  Ideoqiie  non 
semper  ejusdem  figur»  reperiimtur  favi.  Sed  lii  quales- 
cuiique  sint,  non  omiies  eximantur.  Nam  priore  messe, 
dum  adliuc  riira  pastionibiis  abundant,  quinta  pars  favo- 
rnm;  posterioie,  cuni  jam  metuitur  liiems,  tertia  relin- 
qiienda  est.  Atque  liic  tamen  modns  non  est  in  omnibus 
rcsionibus  certus  :  quoniara  pro  multitudine  (lorum  et 
ubeiiale  pabuli  apibus  consulendum  est.  Ac  si  cera;  de- 
pendentes  in  longitudinem  decurrunl,  co  ferramento,  quod 
est  simile  cultro,  insecandi  sunt  favi,  deinde  subjeclis 
duobus  biacliiis  excipiendi,  atque  ila  promendi  :  sin  au- 
lem  transversi  leclis  cavearum  inliaerent,  liiiic  scalpralo 
ferramcnloest  opus,  ut  adveisa  fronte  impressi  desecen- 
tiir.  Eximi  autem  debent  vcteres  vel  viliosi,  et  relinqiii 


DE  L'AGR1CULTURE,  LIV.  L\. 


gfltes  et  qui  seroiit  pleins  de  miel ,  de  ineme  qiie 
ceuxijui  renferuieront  des  petits,  paicequ"ilsser- 
viront  a  reproduire  des  essnims.  II  faudra  ensuite 
porter  tout  ce  qu'on  aura  recolte  de  rayons  dans 
le  lieu  ou  Ton  voudra  faire  le  mie! ,  et  boucher 
exaeteraent  toutes  lesfentes  qui  pourront  se  troii- 
veraux  mursou  auxfenetresde  eet  endroit,  afin 
quelesal)eillesn\vpuissent  peuetrerd'aucnncute, 
pnrcequ"elles  s'opiniatrent  a  cherclier,  pourainsi 
dire,  les  riehesses  qu'elles  ont  perdnes,  et  que 
lorsqu'elles  parviennent  ii  les  trouver,  elles  les 
consomment.  Cest  pourquoi  il  faut  aussi  faire 
des  fumigations  a  rentree  de  cet  endroit  avec  les 
raatieresdont  nous  avons  deja  parle,  nfin  d'en 
ecarter  les  abeilles  nu  cas  (iu'elles  fassent  des 
tentalives  ponr  y  entrer.  Qnand  les  rucbes  au- 
ront  ete  recoltees,  s'il  s'en  trouve  quelques- 
vnies  dont  Tentree  soit  barree  par  des  rayons,  il 
faut  les  retourner  d'nn  autre  scns ,  arm  que  le 
c6te  de  derricre  y  serve  a  son  tonr  d'entree. 
Lorsqu'il  sera  alors  question  de  les  recolter, 
on  enlevera  les  anciens  rayons  avant  les  nou- 
veaux ,  et  les  cires  se  trouveront  renouvelees 
par  la;  ce  qui  cst  d'autnnt  plus  intcressaut  que 
plus  elies  sont  vieilles,  pires  elles  sont.  Si  pnr 
hasard  les  ruches  sont  revetues  d"unc  mncon- 
nerie,etqu'e!les  soientpnr  cousequent  immobiles, 
on  aura  soinde  les  chatrer  tnntot  d"un  cote,  tan- 
t6t  de  i'nutre.  II  fnudra  aussi  que  cette  operation 
soit  fnite  avant  !a  cinquieine  heurc  du  jour;  si- 
non  on  nc  lareprendra  qu'apres  laneuvieme,  ou 
le  lendemain  matin.  Ausurplus,  quelque  quantite 
de  rayons  qu"on  ait  recoltee,  il  est  h  propros d'en 
extraire  le  niiel  lejour  nieme  de  la  recolte,  ct  tan- 
disqu"ilssont  encore  ebauds.  Ou  suspend  a  cet  effet 
daus  un  lieu  obseurnn  panier  de  saule,  ou  un 
sacd'osiermince  tissu  agrandes  mnilles,  dont  !a 
forme  soit  semblable  a  eelle  d"une  borne  renver- 


see,  telsque  eeux  a  travers  lesc[uels  on  passe  \c. 
vin  ;  npres  quoi  on  y  entasse  les  rayons  les  uns 
sur  les  nutres,  en  observant  neanmoins  de  reje- 
ter  de  cote  les  portions  de  cire  qui  contiennent 
des  petits  ou  de  la  erasse  rouge  ,  parce  qu'elles 
ont  un  mauvaisgont,  et  que  le  sucqu"elles  ren- 
draient  corromprait  le  miel.  Lorsquensuite  le 
miel  que  Ton  aura  passesera  tombc  dans  un  bas- 
sin  pose  en  bas  pour  le  recevoir,  on  le  transpor- 
tera  daus  des  vascs  de  terre  qu'on  laissera  ou- 
verls  pendant  quelqnes  jours ,  jnsqu'a  ce  que 
cette  espece  de  moiit  nit  cesse  de  bouillir.  II  fau- 
dra  recumersouvent  avec  unecuiller.  Quandee 
miel  sera  fait,  on  pressera  entre  ses  mains  les 
morceanx  de  rayons  qui  seront  restes  dans  le 
sac ,  et  il  eu  deeoulera  du  mie!  de  la  seconde 
qualite,  que  les  gens  les  plus  attentifs  mettent  a 
part,  de  pcur  qu'il  ne  deteriore  par  son  melange 
le  premier,  dont  le  gout  est  excellent. 

."SLVL  Q.ioique  la  cire  soit  une  raatiere  de  mo- 
dique  valeur,  corameon  l'emp!oie  cependant  a 
bien  des  cboses,  ee  genre  de  profit  ne  doit  pas 
etre  neglige.  On  jette  dans  un  vase  de  cuivre  ce 
qui  reste  des  rayons,  npres  qu'ou  en  a  exprime  le 
miel  etqu'()n  les  a  bieu  lavesdnns  de  Tenu  douce; 
puisonverse  de  reaudessus,  et  on  les  fait  fondre 
au  feu.  Qunnd  cela  esl  fait,  on  verse  la  eire,  en 
la  passaii! ,  snr  de  la  paille  ou  sur  du  jonc ,  et  on 
la  fnit  cuire  de  nouveau  autant  que  la  premiere 
fois;  ensuite  on  la  verse  dans  tel  moule  que  lon 
juge  a  piopos,  apres  Tavoir  rempli  d"enu,  afin 
que,  quaud  la  cire  sera  figee,  il  soit  aise  de  la 
retirerdn  moule,  pnrce  que  !'e,iu  qui  sera  des- 
sous  l"empeehern  de  s'attaelier  ases  parois.  iMais, 
puisque  nousavonsachevenotre  dissertatiousur 
les  bestiaux  et  sur  les  nourritures  que  ron  fait 
dans  les  melniries,  nous  allons  a  present  don- 
ner  en  vers,  pour  satisfnire  a  rempres.semeut  de 


maxinie  inlegri  ac  melle  pleni,  et  siqiii  tanliim  iinllos 
conlinent,  nt  examini  piogenerando  reserventui-.  Oiiinis 
deiiule  topia  favorum  conCeiemla  est  in  enm  locum,  in 
quo  mel  conficere  voles,  lineiKlacpie  sunt  diligenler  fora- 
mina  paiielum  et  fenestiarinn,  neipiid  sit  apibns  pervinm, 
qn."e  velnt  aniissas  opes  suas  perlinaciter  vestiganl,  et 
peisecnl.t-  consninunl.  Uaqueex  iisdem  rebusfuiiiusetiam 
in  adilu  Inri  l.iciciidus  est,qui  propnlset  intiaie  teulan- 
les.  Castiala'  deinde  alvi  si  qna:  Iransversos  favos  iu  aditu 
habebunt,  convertendae  enint,  utaKernavice  posterioies 
partes  vestibnla  liant.  Sic  eniin  proxime  cum  castrabun- 
tur,  veleres  polius  favi  (|uam  novi  eximcntnr,  ceriwiue 
novabuntur,  qna;  tanlo  deteriores  sunt,  quanto  vetustio- 
res.  Qnod  si  forte  alvearia  ciicumstrncta  et  iinmobilia 
fuerint ,  cura;  eril  nobis,  ut  siMnper  modo  a  posteriore 
niodo  a  priore  parte  caslrentnr.  Idque  fieri  anle  dici 
qiiintam  boiam  debebit,  deinde  repeti  vel  post  nonam,  vel 
poslero  inanc.  Sed  (piotcnnqiie  favi  snnt  demessi,  eodem 
die,  dum  tepenl,  conliccre  mel  convenit.  Sali^neiisqiialiis, 
vel  tenui  vimine  rariiis  conlextiis  saccns,  invcrsae  motie 
Biniilis.qualiscslqiioviuum  liqiiatur,  obscuroloco  siispLMi- 


diliii-  ;  in  eum  deiiide  carptim  cou^oruutnr  favi.Sed  adlu- 
beiida  ciiia  csl ,  ut  sepaienlur  ea;  partes  cerarnm  ,  (jua; 
vel  pullos  liabcnt,  vel  riibias  sordes.  Nam  suiit  niali  sa- 
poris,  et  siicco  suo  mella  corrunipiiiit.  Dcinde  ubi  liipia- 
tuni  mel  in  snbjectuiu  alvciim  dclliivit,  Iransrcilur  iu 
va.sa  lictilia,  (piae  pancis  diebiis  apcrla  sinl,  dum  miisteu» 
frnctns  dcfcrvescal,  isqiie  .sa>pius  ligiila  purgandiis  cst. 
Moxdeinde  fragmina  favorum,  qiufi  in  sacco  leman.scriint, 
reliaclala  expiimunlnr  :  alqiie  id  .sccund,Te  not.ie  mel  do- 
lluil,  et  ab  diligenlioiibns  seoisum  leponitur,  ne  qiiod 
e.st  piimi  saporis  lioc  adliibito  lial  deteiiiis. 

XVI.  Cera:  Iriictus  quainvis  a;ris  exigui  non  taiiicn 
omitlcndus  est,  cumsitejus  usus  ad  multa  nece.ssaiins. 
lixpressae  favorum  reliquia-',  posttviqnam  diligenter  aqu» 
diilci  perlulK  suiit,  iii  vas  aeiienm  Ciinjiciuntur -.  adjecta 
deinde  aqua  liquantnr  ignibns.  Quod  ubi  factiim  cst ,  cera 
pcr  slramenla  vel  jnncos  defusa  colatur,  atqiie  iteruni 
similiterdc  intcgro  roquitnr,  ct  in  quasquisvoluitforinas 
aqna  prins  adjecla  defuiiditiir  :  eamquc  concrelam  lacile 
cst  eximere,  (pioniam  qui  snbesl  buinornon  pafilur  for- 
iiiis  inli<\'iere.  Sod  jam consuHiniata  disputatione  in  villi 


COLUMELLE, 


notre  ami  GalUou,  qui  Ta  desire  ainsi  que  vous, 
Pubiius  Silvinus,  ee  qui  iious  reste  a  traitei-  de 
reconoinie  ruralc,  je  veux  dire  la  cullure  des 
jardias. 

LIVRE  DIXIEME. 

DE  LA  CULTURE  DES  JARDIIVS. 

PREFACE. 

Recevez,  Silviuus,  le  reliquat  des  intcrets  que 
vous  avez  stipules  a  uia  cliarge,  et  au  payemeut 
desquels  je  mesuisengage  vis-a-vis  de  vous;  reli- 
quat  au  surplus  tres-modique ,  puisqu'a  la  partie 
pres  que  je  vais  acquitter  en  ce  momeut ,  j'ai  solde 
de  corapte  avec  vous  par  les  neuf  li  vrcs  prccedents. 
II  ne  me  restedonc  plus  qu'a  traiterde  laculture 
des  jardins,  cette  partie  de  reconomie  rurnle 
qui,  loind"ctre  negligcecomnie  elleretait  autre- 
fois  par  les  auciensagriculteurs,  est  au  coutraire 
celle  dontonparait  s'occuper  le  plusaujourd'hui. 
En  effet,  quoique  la  frugalite  de  nos  aucetres 
allSt  jusqu'a  la  parcimonie,  les  pauvres  faisaient 
meilleure  chere  de  leur  temps  qu'ils  ne  la  font  a 
present,  parce  que  le  lait  le  plus  abondant,  et  la 
chair  des  betes  fauves  ou  des  bpstiaux  domesti- 
ques,etaieQt,  ainsi  que  Teau  et  le  ble,  la  nourri- 
ture  commune  des  gens  du  plus  bas  aloi,  comme 
deceuxduplushaut  rang.  Maisdesque  lessiecles 
suivants,  et  particulieremeot  le  notre,  ont  vu  aug- 
menter  le  prix  des  mets  recherches  par  les  de- 
bauches,  et  quc  Ton  n'a  plus  mesure  la  bonte 
d'un  repas  sur  Tappetit  naturel ,  mais  sur  les  de- 
penses  qu"il  a  occasiounees,  la  pauvrete  du  peu- 
ple  a  neccssairement  mis  hors  de  sa  portee  les 
mets  d'un  prix  trop  eleve,  et  l'a  reduit  par  la  aux 
aliraents  les  plus  coramuns.Cestpour  cela  meme 
que  nous  devons  donner  des  preceptes  sur  lacul- 


ture  des  jardins  avec  plus  de  soin  que  ne  !'ont 
fait  nos  ancetres,  parce  que  les  fruits  qui  en  pro- 
viennent  sout  aujourd'hui  d'un  usage  plus  gene- 
ral  qu"ils  ne  retaient  de  leur  teraps.  J'aurais  com- 
pose  ce  traite  en  prose,  aiusi  que  je  me  Fetais 
d'abord  propose,  alln  de  le  joindre  par  suite  aux 
livres  precedents,  si  vous  n'eussiez  pas  combattu 
mon  projet  parvossollicitations  contiuuellcs,  qui 
ont  enriii  vaincu  ma  resistance,  et  qui  m'ont  de- 
terminea  mettre  en  versdesparties  qui  mauquent 
au  poeme  des  Georgiques,  et  que  Virgile  a  de- 
elare  lui-meme  n'avoir  omises  que  pour  laisser 
a  la  posterile  le  soin  de  les  trailer  apres  lui. 
Aussi  n'aurais-je  jamais  eu  la  temerite  de  tenter 
une  pareilleentreprise,  si  le  plus  respeetable  des 
poetes  n'avait  deelare  par  la  son  intention.  Cest 
donc  corarae  par  son  inspiration  que  je  rae  suis 
eharge,  quoiqu'en  hesitaut,  je  Tavoue,  vu  ladiffi- 
culte  de  i'entreprise,  mais  non  sans  espoir  de 
reussite,  ds  traiter  une  raatiere  delicate et  presque 
sans  corps ,  tel  que  celle-ei ,  qui  esteffectivement 
si  mince,  que,  soit  que  Ton  considere  rensemble 
de  mon  ouvrage, on  peut  la  regarder  corarae  n'en 
faisant  qu'une  parcelle,  soit  qu'on  rexaraine  a 
part,  et  qu'on  la  restreigne,  pour  ainsi  dire,  a 
ses  liraites ,  on  ne  peut  en  aucune  maniere  lui  don- 
ner  une  certaine  consistauce.  En  effet ,  quoiqu'elle 
soit  composee,  pour  m'exprimer  ainsi,  de  plu- 
sieurs  membres,  surchacun  desquels  il  peut  ala 
veritese  trouver  quelque  chose  a  dire,cesraem- 
bressont  neanmoins  aussi  iraperceptibles  que  des 
grains  de  sable,  avee  lesquels  il  est  impossible 
(comme  disent  les  Grecs)  de  foimeruncordage, 
vu  leur  petitesse  incomprehensible.  Loin  donc 
que  ce  fruit  de  nos  veilles,  quel  qu'il  soit,  pre- 
tendea  des  applaudissements  partieuliers,  lauteur 
secroira  au  contraireassez  favorablement  traite, 
pour  peu  qu'on  ne  juge  point  que  son  iravail  des- 


lici?  peciidibus  atque  pastionibus,  qune  reliqiia  uoliis  riis- 
ticarum  rerum  parssubest,  de  cultn  bortorum,  PubH  Sil- 
vine ,  deinceps  ita ,  ul  et  tibi  ct  Gallioni  uostro  conipla- 
cuerat,  in  carnien  conferemus. 

LTBER  DECIMUS. 

DE    CULTU    HORTOBUM. 

PRF,FATIO. 
Foenoris  tui,  Silvine,  quod  stipulanti  spoponderam 
tibi ,  reliquam  peiisinnculam  percipe.  Nam  superioribus 
uovem  libris  bac  minus  parlc  debilum,  quod  nuiic  persol- 
TO,  reddideram.  Supcrest  ergo  cultus  liortoiumsegin's  ac 
ceglectus  quondam  veleribns  agricolis,  nunc  vel  celeber- 
rimus.  Siqiiidem  cum  parcior  apud  priscos  esset  frugali- 
tas,  largior  tamen  pauperibus  fuitususepularum  iaclisco- 
pia  feriiiaque  ac  domesticarum  pccudum  carne;  veliil  aqiia 
frumenloqiie  summis  atqiie  liumillimis  victum  toleranli- 
bns.  Mo\  cum  sequens  et  praacipue  noslra  a^tas  daiiibu; 
libidinosa  pretia  c.onstitueiit,  cccnacque  noii  naturalibus 
desideiiis,  sed  c^^nsibus  ceslimentur,  plebeia  paiiperlas 


siibmota  a  preliosioribus  cibis  ad  vnlgaies  compcllilur. 
Qiiare  cnllus  bortorum  ,  qnoniam  \vl]  rrucliis  magis  in 
usu  est,  diligentius  nobis,  qiiam  tradiderunt  majores , 
prascipiendus  est :  iscpie,  sicut  institueram,  prosa  oratione 
piioribus subnecteielur  cxordiis,  nisi  [iiopositum  [meum ] 
expugnasset  frequens  poslulatio  tua,  qure  pervicit,  ut 
poeticis  nimieris  explerem  Georgici  carminis  omissas  par- 
tes,quas  tamen  et  ipse  Virgilius  signiticaverat,  posteris 
se  niemorandas  relinquere.  Neque  eniin  aliter  istud  nobis 
fiierat  audendum ,  quam  ex  voluntate  vatis  maxiine  vene- 
randi  :  ciijus  quasi  numine  instigante  pigre  sine  dubio 
piopter  diniciiilatein  oiieiis,  veruntanien  non  siue  spe 
piosperi  successus  aggressi  snnius  tenueni  adniiMliiiii  et 
peue  viduatam  corpore  materiam,  qute  tani  cxilis  cst,  ut 
in  consummationeqiiidem  totins  operis  annumeraii  vehiti 
particula  possit  laboris  nostri,  per  se  vero  et  quasi  suis 
liiiibus  terminata  niillo  modo  conspici.  Nam  etsi  miilta 
sunt  eJHS  quasi  membra,  de  quihus  aliquid  possumus  ef- 
fari,  tanieu  eadem  tam  exigua  sunt,  ut,  quod  aiunt  Graeci, 
ex  incomprebensibili  parvitate  arenae  funis  effici  non  pos- 
sit  Quare  qiiidqiiid  est  istud ,  qiiod  elucubravimus ,  adco 


DE  UAGRICULTURE,  LIV.  X. 


honorc  les  traites  qui  i'ont  precede.  Mais  cessons 
cette  preface. 

Je  vous  montrerai  aussi,  Silvinus,  la  culture 
lies  jardins,  ainsi  que  les  objets  qiie  Virgile 
nousa  laisse  le  soin  de  trniter  apres  lui ,  lorsquen 
serenfermant  daus  des  bornes  etroites,  il  chan- 
tait  les  moissons  abondantes  et  les  presents  de 
Bacchus ,  et  vous ,  grande  Pales ,  et  le  miel  emane 
du  ciel.  IVahord  il  faut,  pour  reraplacemeut  d'un 
jardin  de  bon  rapport,  ehoisir  un  champ  gras  qui 
reniernie  dans  son  sein  des  mottcs  de  terre  bien 
pulverisees  et  des  gazqns  faciles  a  s'ameublir, 
et  qui  ressemble,  aprcs  les  fouilles  qu"on  y  aura 
faites,  au  sable  le  plus  fin.  Un  terrain  sera  en- 
core  propre  a  cette  destination  par  sa  nature , 
lorsqu'ilseracoutinuellementtnpissed'unegrande 
quantite  d'herbes,  et  qu'amolli  par  Thumidite ,  il 
produira  les  baies  rouges  de  ryeble  :  car  on  re- 
jette  les  terrains  secs,  de  meme  queceux  qui , cou- 
vertsd'eau.\  marecageuses,  sontsans  cesse  etour- 
dis  par  les  plaintes  eternelles  de  la  grenouille. 
La  terre  y  sera  egalement  propre ,  quand  elle 
produira  spontanement  sans  aucune  culture  des 
ormes  charges  de  feuillages,  quand  elle  sera  fer- 
tile  en  palmiers  sauvages,  quand  elle  aimera  a 
se  voir  herissee  d'une  forct  de  poiriers  snuvages, 
ou  couverte  des  fruits  a  noyau  du  prunier,  et 
qu'elle  sera  chnrgee  de  pommes  qui  y  croitront 
naturellcment;  pourvu  toutefois  qu'elle  serefuse 
a  produire  les  hellehores,  ainsi  que  lecarpasum 
dont  le  suc  cst  peruicieux;  qu'elle  ne  souffrepas 
les  ifs,  et  qu'elle  n'e\hale  point  depoisons  actifs. 
Peu  importe  ((u^elle  renferme  dans  son  sein 
la  mandragore,  cette  herbe  fuueste  a  la  raison, 


qui  ressemble  a  la  moitie  du  corps  humain,  et 
qu'elle  produise  les  fleurs  de  cette  plante  ,  ou  la 
ciguij  allligeante,  ou  les  fcrules  cruelles  anx 
mains,  ou  les  broussailles  epaisses  des  buissons 
ennemis  des  jambcs,  ou  !e  paliure  avec  ses  epi- 
nes  piquantes.  II  fnut  ausbi  qu'i!  setrouve,  dans 
le  voisinage,  des  rivieres  que  le  cultivateur  sai- 
gnera  sans  regretter  sa  peiue ,  pour  eu  faire  venir 
les  eaux  au  secours  de  ses  jardins  toujours  alte- 
res,  ou  qu'on  ait  la  faculte  de  les  arroscr  avec  de 
Teau  de  source  araassee  dans  un  puits,  dont  la 
profondeur  incommode  n'arrache  poiut  lcs  en- 
trnilles  de  ceux  qui  sernient  forces  de  se  compri- 
raer  le  ventre  pour  la  puiser.  11  fnudra  clorece 
terrain  de  muraillcs  ou  de  haies  herissees,  pour 
en  interdire  rentree  tant  aux  besti.^ux  qu"aux 
voleurs.  Ne  courez  point  apres  les  ouvrages  sortis 
de  la  main  de  Dedalus,  et  n'ayez  point  recours  ii 
Tart  de  Polyclete,  de  Pliradmon  ou  d'Agelnda, 
pourvous  fabriqueruiilthyphallus;  mais  reverjz 
dans  le  tronc  d'un  vieil  arbre  faconne  au  hasard 
cefte  divinite  au  niembre  terrible,  qui,  placee  au 
milieu  de  votre  jardin,  effrayera  sans  cesse  les 
enfants  avec  cet  epouvantail,  et  meuaeera  les 
voleurs  de  sa  faux.  Allons,  eourage,  MusesPie- 
rides  :  racontez-nous  en  vers  simples  quelle  cul- 
ture  il  faut  donner  aux  semences,  quels  sont  les 
temps  propresa  les  mettre  en  terre,  quels  soins 
ellescxigentquandellesy  sont,  quelleest  Insnison 
ou  lcs  fleurs  commencent  a  venir,  et  ou  Ton  voit 
paraitre  des  boutons  dans  les  pepinieres  de  rosiers 
de  Pestum;  enfin  quelle  est  celle  dans  laquelle 
rarbuste  de  Bacchus,  ou  tout  autrearbre  mitige 
pnr  une  greffe  etrangere,  se courbent  sous  le poids 
delcurs  fruitsadoptifs.  Lorsquele  chieu  auracom- 


ptopiiiini  sibi  Ininlein  iion  vnulicat,  nl  boni  consiilat,  si 
non  sit  dedecori  prius  editis  a  nie  scriptoruin  monimentis. 
Sed  jam  prjcfari  desinamus. 

Hoitoriim  quoque  le  cnllus ,  Silvine ,  docoho , 

.4tqiie  ea ,  qiia?  qiiondam  spaliis  exclusus  iniquis , 

Cnin  canercl  hutas  segetes  et  muneia  Bacchi , 

Et  le  niagna  1'ales,  uecnon  ca?lestia  niella, 

Viigillus  nobis  post  se  memoranda  reliquit.  5 

Priiicipio  seileni  numeroso  praoheat  liorto 

Piuguis  ager,  putiesglebasresoliilaqiie  terga 

Qui  geiit,  el  fossus  giacilcis  imitatiir  aienas, 

Alqiie  habilis  natura  soli ,  qua>  gianiine  teto 

Pailiiiil,etnililas  ehulicreat  uvida  haccas.  10 

Nain  neqiie  sicca  plactt ,  nec  qiia:  stagnata  palude 

Perpetilur  queiuUe  semperconvicia  lana;. 

Tuni  qiia;  sponte  sua  froiKlosas  educat  nlmos, 

Palmitibiisquc  feris  telatur ,  et  aspera  silvis 

Achrados  ,  aiit  prnni  lapidosis  obiuta  poniis  1 5 

Gaudel,  et  injussi  constcrnitur  iiberc  mali  : 

Sed  ncgal  bcllcboios,  et  iioxia  carpasa  siicco, 

Nec  palitnr  taxos,  nec  strenua  foxica  sudat, 

Quamvis  semiiiominis  vesano  graminc  fo-ta 


iMandiagorrc  pariat (loies ;  iiKcstamqne  cicutani, 
Nec  manibus  mitis  fernlas,  nec  cruribus  aequa 
Teiga  nihi,  spinisque  ferat  paliuionaciitis. 
Vicini  quoqiie  sint  amnes ,  qiios  iucola  dunis 
Altrahat  auxilio  seuiper  silientihiis  liortis  : 
.\ut  fous  illacrimet  piitei  iion  sede  profiinda, 
iSe  gravisliausturis  tendcntibiisilia  vollat. 
Talis  liunius  vcl  parietihus ,  vel  sepibus  liirtis 
Clatiilatiir,  ne  sit  pecori ,  iieu  pervia  (uri. 
Kcii  tibi  Da'dali,e  qu.-erantur  ninneradexlra;, 
Nec  Polycletcanec  Pliradmonis,aut  Agclada; 
Aite  laboietiir :  sed  Iriincuni  forte dolatiiin 
Arlioris  antiqii.-e  nuinen  venerare  llhyplialli 
Tei  rihilis  meniliri ,  incdio  qiii  semper  in  horto 
Ingniiiibiis  piicro,  praedoni  falcc  ininetur. 
Ergo  agc  iiiiiic  cuUus  ct  teinpora  (pu-rqne  serendis 
.Seminilius,qua;  cura  satis,  quo  sidere  primiim 
Nascantiir  llores,  Pa^sliqne  rosaria  gemment, 
QiioRacchi  genus,  aut  aliena  stirpegravala 
Mitis  adoptatiscurvctur  Iriigilius  arhos, 
Pieriiies  tenui  dediicile  carmine  Musa;. 
Oc/;ani  silicnscnm  jam  caiiis  bauserit  undas, 


COLUMELLE. 


meuce  ^se  desalt^rcr  dans  les  enm  de  rOcean ,  et 
que  Titaii  aiira  rendu  les  jours  egaux  aux  nuits 
dansTun  et  rautrehemisphere ;  lorsquc  rAutomne 
rassasie  de  fruits  et  secouant  ses  tempes  se  sera 
empourpre,  en  exprimant  le  raisin  ecumant  de 
mout,  il  nous  faudra  retourner,  avec  le  fer  d'une 
beche  emmanchee  de  robre,  la  terre  fatiguee,  qui 
s'y  pretera  avec  douceur,  pour  peu  qu'clie  ait 
deja  etehuraectee  par  les  pluies.  Si  elle  est  au 
contraire  endurcie  par  la  eontinuite  d"un  temps 
serein,  et  que,  rebelle  a  tous  nos  efforts,  elle 
reste  en  mottes ,  il  faut  faire  coulcr  par  le  secours 
de  I'art,  le  long d'iin  chemin en  pente,  des ruisseaux 
propres  a  la  desallerer,  afin  qu'ellc  en  remplisse 
sa  bouche  beante-  Mais  s'il  arrive  que  iii  le  ciel 
ni  la  terre  ne  lui  pretentaucune  humidite,  etque 
la  nature  de  la  contree  ou  Jupiter  lui  refusent  de 
lapluie,  on  attendra  querhiver  soitvenu,  et  que 
la  constellation  brillante  donnee  par  Bacchus  a  la 
fdle  de  Gnosos  se  cache  sous  la  raer  azuree  au 
p6le  du  raonde ,  et  que  les  Atlantides  craignent  de 
voirle  soleil  se  lever  vis-a-visd'elles.  Or,  lorsque 
Phebus  commencera  a  ne  plus  se  fier  a  rOlyrape , 
raais  qu'il  fuira  ea  trerablant  la  partie  anterieure 
du  Scorpion  et  ses  armes  cruellcs,  pour  presser 
la  croupe  de  Crotus;  peuples,  qui  ignorez  votre 
origine,  n'epargnez  pas  la  terre,  que  vous  prenez 
raal  a  propos  pour  votre  mere.  Elle fut  a  la  verite 
la  mere  deccs  enfantsform^savecrargile  de  Pro- 
inethec;maise'estuneautremerequinousadonne 
lejour,  dans  leterapsque  rimpitoyable  Neptune 
abima  la  terre  sous  les  ondes,  et  qu'ebranlant  le 
fond  des  abimes ,  il  epouvanta  les  eaux  du  Lethe. 
Ce  fiit  alors  que  le  Tartare  vit  trerabler  pour  la 
premiere  fois  le  roi  du  Styx,  tandis  que  les  radnes 

F.t  paribns  Titan  orbeni  libraverit  lioris , 

Cuni  salur  autumnus  quassans  sua  tempora  poinis , 

Soididus  etmusto  spumantes  exprimet  uvas; 

Tum  mibi  ferrato  versetur  robore  palae  'i5 

Dulcis  luim\is,  si  jam  pluviis  defessa  madebit. 

At  si  cruda  manet  Cctlo  duiata  sereno , 

Tum  jussi  veniant  declivi  traniite  rivi, 

Tena  bibal  fonles  ,  et  liiantia  compleat  ora. 

Quod  si  neccajli  nec  campi  conipetit  liumor,  50 

Ingeniumque  loci  velJupiter  abnegat  imbrem, 

Expectfitur  liiems,  dum  Bacclii  Gnosiusardor 

jEquore  c,=eruleo  celetur  veilice  mundi, 

Soliset  adveisos  metuant  Allanlides  ortus. 

.\lquc  ubi  jam  lulo  necdum  confisus  Olympo  55 

Sed  tiepidus  profugit  clielas  ct  spieula  Pliadius 

Dira  Nepse,  tergoque  Croti  festinat  equino, 

Nescia  plebs  generis  malri  iie  paicitefalsae. 

Ista  Promelbeae  genitrix  fuit  altera  crelic  : 

Alleranos  enixa  paiens  ,  quo  tempore  sa?vus  GO 

Tcllurem  ponto  mersit  Neptunus,  et  iuium 

Ciuu-uliens  baratbrum  lelbaeas  terruit  undas. 

iumque  scmel  Slygium  regem  videre  tremeiitem 

Tartara,  cuni  pel.igi  slreperent  sub  pondere  inaiios. 


faisaient  retentir  leurs  eris  sous  Ic  poids  des  eaux 
de  la  raer. 

Cest  donc  une  main  feconde  qui  nous  a  crees, 
Iorsqu'iI  ne  restait  plus  aucun  raortel  sur  ce 
globe ;  et  ce  sont  des  rochers  arraches  alors  par 
Deucalion  sur  des  raontagncs  elevees,  auxquels 
nous  devons  notre  origine.  Cest  pour  cela  que 
vous  etes  appeles  au  travail  le  plus  dur  et  le 
plus  assidu  :  ainsi  prenez  courage ,  chassez  au- 
jourd'hui  de  vos  yeux  un  sommeil  lethargique; 
commeneez  a  arracher  la  verte  chevelure  de  la 
terre,  et  a  dechirer  ses  vetements  avee  la  pointe 
reeourbee  du  soc.  Quc  Tuu  sillonne  avec  de  lourds 
rateaux  sasuperficie,  lente  a  rapporter  des  fruits ; 
que  Tautre  ne  farde  pas  a  lui  arracher  les  entrail- 
les  avec  de  larges  raarres,  et  a  les  entasser  avec  le 
gazon  dont  elle  est  couverte,  tant  pour  lesmet- 
tre  a  portee  de  recevoir  les  gelees  blanches  par 
lesquelles  elles  ont  besoin  d'etre  brulees,  et  les 
exposer  aux  coups  des  vents  froids  et  a  la  colere 
de  Caurus,  qu'afin  que  rimpetueux  Boree  les 
resserre  et  que  TEurus  les  dilate.  Lorsqu'ensuite 
!e  Zephire  secourable  aura  dissipe  par  la  chaleur 
de  son  souffle  rengourdisscment  cause  par  les 
froidsde  Thiver,  venus  des  raonts  Ripheens ;  lors- 
que  la  Lyrequittcra  le piileceleste pour  se  plonger 
dans  la  racr,  et  que  rhirondelle  aura  chante  dans 
son  nid  le  retour  du  printcmps  :  rassasiez  alors 
la  terre,  qui  sort  d'un  long  jcune,  de  terres  gras- 
ses  rapportees,  ou  de  crottes  d';h)on  dures,  ou 
de  fumier  de  bcles  de  soranie  :  que  le  jardinier 
ne  rougisse  point  de  porter  lui-raerae,  pour  Ten- 
grais  des  guerets  epuises,  des  paniers  qui  flechi- 
rontsous  lachargedes  immondicesqueles  latrines 
auront    vomies    de  leurs  cloaques   immondes. 

Nos  fnecunda  manus  viduo  mortalibus  oibe  65 

Progenerat,  nos  abruptBC  tum  montibusaltis 

Deucalioneae  caules  peperere.  Sed  ecce 

Durior  lElernusque  vocat  labor  :  eia  age  se^nes 

Pellite  nunc  somnos ,  et  curvi  vomere  dentis 

Jam  virides  lacerate  comas ,  jam  scindite  aniictus.         /0 

Tu  gravibus  rastris  cunctantia  perfode  terga , 

Tn  penitus  latis  eradere  viscera  inarris 

Ne  dubila,  etsummo  fiondenti  cespite  inista 

Poncie ,  quce  canisjaceant  urenda  pruiuis , 

Verberibus  gelidis  iraequc  obnoxia  Caiiri ,  75 

Alliget  ut  soeviis  Boreas ,  Eurusque  lesolvat. 

Post  ubi  Ripliajae  torpentia  frigore  brumae 

Candidus  aprira  Zepliyrus  regelaverit  aura, 

Sidereoque  polo  cedel  Lyra  meisaprofiindo, 

Veiis  et  adventum  nidis  cantarit  birundo,  SO 

Rudere  tum  pingui,  solido  vel  stercoie  aselli, 

Armenlive  fimo  saturet  jejunia  tei ras , 

Ipse  fercns  olitor  diductos  pondere  qualos  : 

Pabula  nec  pigeal  fesso  praebeie  novali , 

Immuudis  quaecunque  vomil  latrina  cloacis.  85 

Densaque  jam  pluviis,  diirataque  summapruiuis 

.Eqiiora  dulcis  humi  repetal  inucrone  bidentis. 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  X. 


(Ju'il  reeommeuee  encorc  a  retourner  avec  la 
|i(iiiite  du  lioyau  la  terre  qu'il  avait  deja  prece- 
ilemracnt  ameublie,  mais  dont  la  superficie  s'est 
ooiidensee  depuis  par  les  pkiies  et  endurcie  par 
hsuelees  :  qu'il  broie  bicn  cnsuite  Therbe  vivace 
du  pazon  avec  les  moltes  d«  ferrc,  en  mordant 
foitement  avee  la  marrc  ou  la  houe  lcs  mamel- 
les  du  t(  rrain  dcja  dissoutes  par  la  fermciitation, 
allii  dc  les  rcduire  absolument  en  poudre  :  qu'il 
prennc  aussi  entre  ses  mains  lcs  sarcloirs  dcvcnus 
luisants  aforce  d'ctre  polis  par  le  frottemcnt  de 
la  tcrre,  ef  qu"apres  avoir  dirige  dcs  silloiis  etroits 
perpendiculaires  a  de  larges  allees,  il  coupe 
encore  ces  sillons  pardc  petits  sentiers.  Mais  des 
que  la  terre,  ainsi  embellie  et  dlstribuec  en  plan- 
cbes,  aura  depose  toutes  ses  irapurefcs,  pour 
briller  d'un  nouvel  eclat,  et  quelle  demaudera 
;\  recevoir  les  semences  qui  lui  convienncnt,  iiar- 
nissez-la  alors  des  diffcrcntes  especcs  de  fleurs 
qui  sont  toutcs  autant  d"astres  tcrrestres,  telles 
que  la  girodce  blanche,  le  souci  d'un  jaune  ecla- 
tant,  les  tctcs  du  narcisse,  la  guculc  beante  et 
terrible  du  lion  sauvage,  les  lis  sous  reclat  des- 
quclsblanchissent  lescoibeilles,  lesjacinthcs  tant 
blanchcs  que  bleues  :  qu'on  y  voie  aussi  des  vio- 
leffcs,  soit  de  cellcs  qui  rampent  a  terre  et  dont 
la  couleurest  peu  foncee,  soit  de  celles  qui  s'cle- 
vant  sur  leur  tige  sont  teintes  d'un  or  pourpre; 
cnfin,  qu"on  y  voie  dcs  roscs  dont  la  coulcur 
imite  celle  qu'imprime  la  pudeur  sur  les  joues. 
Semezalors  rherbe  d'or,  dont  lcjusest  mcdicinal, 
leglaucium  au  suc  salutaire ,  et  lcs  jiavots  pro- 
pres  a  enchainer  le  sommeil  lorsqu'il  fuit  dc  nos 
yeux  :  ajoutcz-y  les  semences  qui  exalfcnt  la  fa- 
culte  generalive,  taut  en  aiguillonuant  lcs  hora- 


raesqu'en  animant  lcs  fillcs,  c'est-^-dire,  roignon 
de  Megare,  la  scille  que  la  contree  de  Getulie 
nourrit  sur  son  sol ,  et  la  roquctfe  que  Tou  seme 
aupres  de  Priape  couronne  d'epis,  afiu  qu'elle 
excife  les  niaris  tardifs  a  rendre  hommage  a  V4- 
nus.  Scmez  le  cerfcuil  qui  rampe  a  terre,  la  chi- 
coree  agicable  aux  palais  engourdis,  la  petite 
laifue  aux  fcuilles  tcndics,  fail  cnveloppe  de  ses 
gousses,  roiguon  de  Cypre  dout  fodcur  se  fait 
scntir  au  loin,et  tous  les  ingredicufs  qu'un  habile 
euisinier  lait  enlrer  dans  rassaisonnemeut  des 
fcves  qui  servent  de  nourriture  aux  artisans. 
Semcz  le  chervi,  et  cefte  raeine  produite  par  une 
giaine  d'.\ssyrie  que  Ton  sert  coupce  par  mor- 
ceaux,  avec  des  lupins  detrempes,  pour  exciter  a 
boire  la  hiere  de  Pelusium.  On  met  aussi  en  terre 
dans  le  mcme  temps  les  plantes  que  fon  pctit 
confire  a  peu  de  frais,  telles  que  le  ciipricr,  la 
trisfe  aunee  et  les  ferulcs  menacantes  :  on  y  met 
rherbe  rampantede  la  menthe,  et  les  fleurs  odo- 
riferanfcs  de  ranefh  :  on  y  met  la  rue,dont  on  se 
scrt  pour  exalfer  le  gout  du  fruit  de  Pallas,  la 
moutarde  qui  fait  veuir  les  larmcs  a  ceux  quise 
joucut  d'elle,  la  raciue  du  maceron,  roignon 
qui  fait  pleurer,  et  rherbe  qu"on  emploiea  assai- 
souner  le  gout  du  lait,  et  qui  annouce  par  sou 
nom  grec  la  verfu  qu'elle  a  de  faire  disparaifre 
les  marques  impriraecs  sur  le  froul  des  csclaves 
fugilifs.  Onsemeaussi  alors  ce  lcgume  multiplie 
sur  tout  lc  globc  de  la  teric,  qui  croif  autant  pour 
le  peuple  que  pour  lcs  rois  superbes,  et  qui  donne 
des  tiges  eu  hiver  et  des  cimvs  au  printcmps ,  je 
veux  dire  le  cbou  de  foute  espcce;  et  celui  qui 
croitsur  !e  rivage  fertile  cu  oignonsde  rancieniie 
villc  de  Cumes,  et  celui  du  pays  dcs  Marruciui, 


Mo\  bpiic  cnm  glebis  vivacem  cespilis  lierbam 
Ciuiliiiulat  maiTtn  vel  fractidenle  ligonis, 
Piitria  inatiiii  solvantur  ut  ubera  campi. 
Tunc  trilura  solum  splenilcntia  sarcala  sumat , 
Angustosqne  forosailverso  limite  ducens, 
Rursus  in  nbliquum  distint;iial  tramite  parvo. 
Verumubi  jam  piiro  discrimine  pectila  tcllus, 
Deposilo  squalore  nilens  siia  semiiia  poscit , 
Pangiletunc  varios  leirestria  sideialloies, 
Candida  leucoia ,  el  flavenlia  luraiiia  calllioc  , 
>'arcissique  comas ,  et  biantis  sreva  leonis 
Ora  feri,  calalliisque  virenlialilia  eanis, 
Nec  non  vel  iiiveos,  vcl  caTuleos  liyacinthos. 
Tnm  qua;  pallet  hiiini.qua!  fioiidenspurpuratauro, 
i^imatiir  viola,  etniininm  rosa  plena  piidoris. 
Niinc  mediia  panacem  lacryma ,  succoque  salubri 
Glaiicea,  et  profugos  vinctura  papavera  somnos 
Spargite  -.  qurequc  viros  acnunt,  armanlque  piiellis ,    10 
Jam  Megaris  veniantgenitalia  scmina  bulbi, 
Et  qiia-  Sicca  legit  GeUilis  obruta  glebis  : 
Et  qiy.v  frugifero  seriliir  vicina  Priapo, 
Uvcilet  ul  Vencri  tanlos  eriita  maritos. 


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95 


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Jam  breve  chserophj lum  ,  et  lorpenli  grata  palalo 
Iiiljba  ,  jam  teneris  frondens  lacliirula  libris  , 
Alliaque  infraclis  spicis,  ct  oleiitia  l.ile 
t.lpica  ,  qua?que  fabis  babilis  fabrilia  niiscet. 
Jam  Siscr,  Assyrioque  venit  qu.ie  seinine  ladix , 
Sectaque  pr.iebetur  madido  sociata  liipino , 
t,t  Pelusiaci  proritet  pociila  Zylhi. 
Tempoio  non  alio  vili  qiio<]ue  salgama  inerce 
Capparis,  ct  tristes  iiiula!,  feriila'que  min.ices, 
IMantantur  -.  necnoii  serpentia  graniina  menla! , 
Et  beiie  odoiati  floies sparguntur  anethi , 
Itutaque  Palladi.T  liacca-  jutura  saporcm, 
Seqiie  laccssenti  netum  factiira  sinapis, 
Alqiie  oleris  piilli  radix,  laciymosaque  cepa 
1'oiiitur,  ct  lactis  giistHm  quac  condiat  berba, 
Delctura  quidcm  frontidata  sigua  fugarum, 
Vimqiic  suam  idcirco  prolitetur  nomine  Giaio. 
Tiim  quoqiie  conseritur  ,  toto  qii.e  pliirima  tei  ra; 
Orbe  virens  paiiter  plebi  regique  superbo 
FriKoiibiis  caules,  et  veri  cymatamittit  : 
Qiia»  pariunt  velcres  cesposo  littore  Cum.-p, 
Qua>  Marriirini ,  qnic  Signia  inontcl.epino. 


COLUMELLE. 


et  celui  de  Signia  qui  vientsur  le  mont  Lepinus, 
et  celui  de  la  feitile  Capoue,  et  celui  des  jaidins 
situcs  au  defile  de  Caudium,  et  celui  de  la  ■ville 
de  Stabie  celebre  par  ses  eaux  de  source ,  et  celui 
des  campagnes  du  Vesuve,  et  celui  de  la  docte 
Parthenope  qu'arrose  feau  du  Sebethus ,  et  celui 
qui  vient  dans  les  marnis  d'eau  douce  de  Pompei 
qui  sont  voisins  dcs  salincs  d'Hercule,  et  celui 
du  Siler  qui  roule  dcs  eaux  traiisparentes ,  et  ce- 
lui  que  cultivent  les  durs  Sabelli,  doiit  la  tige 
rcunit  plusieurs  cimes,  et  cclui  du  lac  de  Turmis,  et 
celuiquicroitaupresdeTiburdans  des  campagnes 
abondantes  en  fruits,  et  celui  de  la  eontrce  des 
Brutii,etceluide  la  viIled'Aricia,d"ou  nous  vient 
le  poireau.  Des  que  Toa  aura  coufie  ces  senien- 
ces  a  une  terre  amcublie,  on  la  menagera  pen- 
dant  sa  grossesse,  a  Taide  d"une  culture  et  de 
soins  assidus,  dont  elle  rendra  les  interets  mul- 
tiplies  en  recoltes.  Je  previens  d'abord  qu'il  faut 
la  raouiller  abondamment,  de  peur  que  rera- 
bryon  qu'elle  aura  coiicu  ne  soit  briile  par  la  se- 
cheresse.  Mais  Iorsqu'eIle  approchera  de  ses  cou- 
ches,  et  qu'elle  se  dilatera  en  relaehant  les  liens 
qui  la  resserrent,  parce  quuiie  progeniture  fleu- 
rie  aura  pullule  dans  son  veiitre  maternel,  il 
faudra  que  le  jardinier  donne  de  Teau  avec  mo- 
deration  aux  premices  des  plautes  qu'elle  portera 
dans  son  sein,  qu'il  les  arrose  assidilmciit,  qu'il 
les  peigne  avec  un  instruraent  de  fer  a  deux 
dents,  et  qu"il  detruise  les  hcrbes  qui  suffoque- 
ront  les  sillons.  Si  ccpendant  les  Jardins  sont  si- 
tues  sur  des  collines  couvertes  de  buissons,  et 
qu'il  ne  tombe  point  de  ruisseaux  du  haut  des  fo- 
rets  plautees  sur  la  cime  de  ces  collincs,  il  faut 
faire  gonfler  lcs  terres  par  le  labour,  et  forraer 
avec  ces  terres,  eu  les  araoucelaut,  des  plaiiehes 

Pinguis  item  Capiia,  et  Caudinis  faucibus  liorli, 

Fonlibus  el  Slabise  cclebres  ,  et  Vesuia  iiira , 

Doclaque  Parllienope  Scbetide  roscida  lymplia , 

Quae  dulcis  Pompeia  palus  vicina  Salinis  t35 

lieicnleis,  viticoqne  Siler  qui  delluitamni, 

Qax  duri  nra'bent  cymosa  stirpe  Sabelli , 

El  Tuiis  lacus  ,  et  pomosi  Tjburis  arva, 

Brutia  qua;  lellns,  et  matcr  Aricia  iiorri. 

HcEC  ubi  credidimus  icsolutae  semina  tcrron,  140 

Assiduo  gravidani  cultu  curaque  tovcnius, 

Ut  redeant  nobis  cuniulafo  Itenore  niesses. 

Et  primnm  moneo  largos  inducere  fontes, 

Ne  sitis  exuiat  concepto  seniine  parlnm. 

At  cum  foeta  suos  nexus  adaperta  resolvit,  Hj 

Florida  cuni  soiioles  mateiuo  pullulal  arvo , 

Primitiis  plantic  modicos  tnm  prajbeat  imbics 

Sedulus  inorans  olitor,  ferroque  bicoi  iii 

Pectat,  et  angeiitem  sulcis  exterminet  lieibam. 

Al  si  dumosis  positi  sunt  collibus  liorli ,  lio 

Kec  sumnlo  nemoiis  labuntur  vertice  livi, 

Aggere  piipposito  cumulalis  area  glebis 

Eniineat ,  sicco  ut  consuescat  pulvcre  planta , 


tres-elevees,  afin  que  les  plantes  s'habituent  a 
un  sol  poudreux  et  sec,  et  que  si  Ton  vient  a  les 
transferer  d'un  lieu  a  un  autre,  elles  n'aient  point 
d'horreur  pour  les  chalcurs  les  plus  arides.  En- 
suite,  aussitot  que  ranimal  qui  tieut  le  premier 
raug  cntre  les  signes  d«  zodiaque  comme  entre 
les  bestiaux,  et  qui  a  fait  passer  ia  mer  a  Phrixus, 
fils  deNephele,  sans  reussir  a  la  faire  passer  a 
Helle,  aura  eleve  sa  tcte  au-dessus  des  eaux,  la 
terreouvrirason  seiu  a  ses  nourrissons,  et,  pres- 
see  par  le  desir  de  se  marier  avec  les  plantes 
qu'on  lui  aura  confiees,  elle  demandera  qu'on 
lui  donne  des  semencesadultes.  H  vous  faut  done 
etre  vigilants,  jardiniers,  parce  que  le  temps  fuit 
a  pas  sourds,  et  que  rannee  s'ecoule  sans  bruit. 
Voyez  la  plus  douce  des  meres  qui  demande  ses 
enfants,  et  qui  soupire  nou-seulement  apres  ceux 
d'entre  eux  qui  sont  sortis  de  ses  cntrailles,  mais 
encore  apres  coux  qu'on  peut  regarder  comme 
ses  beaux-fils.  Donnez  donc  sans  tarder  ces  gages 
a  leur  mere ;  le  temps  en  est  veuu  :  environnez- 
la  de  sa  verte  progeniture,  couronnez  sa  tete  et 
arrangf  z  sa  ehevehire.  Que  Tache  verte  serve  de 
frisure  a  la  terre  fleurie ;  qu'elle  se  rejouisse  en 
voyant  llotter  sa  longue  chevelure  de  tetes  de 
poireaux,  et  que  la  carotte  ombrage  son  tendre 
sein.  Que  les  plantesodoriferantes,  qui  nous  sont 
venuesdes  pays  elrangers,  descendent  a  present 
des  montagnes  sieiliennes  de  la  ville  d'Hybla, 
renommee  par  son  safrau  :  que  !a  marjolaine,  iiec 
dans  la  luxurieuse  Canope,  arrive  :  qu'on  mctte 
aussi  cu  terre  la  myrrhed'Achaie,  qui  imite  vos 
larmes,  fillede  Cyuiras,  et  qui  est  preferablea  la 
myrrheliquideclle-raeme  :  enfin,  quelejardinier 
transfere  en  pied  les  plantes  qu'il  aura  semees 
eu  graine,  telles  que  les  fleurs  eaeides  sorlies 

Nec  niufata  loco  sitiens  exhorreat  a^stus. 

Mov  ubi  nubigenae  Phrixi,  nec  porlitor  Helles,  155 

Signoium  et  pccorum  princeps  caput  effenel  undis,  • 

Alma  sinum  lellns  jam  pandet,  adultaque  poscens 

Semina  depositis  cupiet  se  nuheie  plantis  : 

Invigilate  viri  :  tacilo  nam  tempora  gressu 

Diffugiunt,  nulloque  sono  convertitur  anniis.  loo 

Flagitat  esse  suos  genitrix  millssima  foetus , 

Et  quos  enixa  est  partus  jam  qunerit  alendos , 

Piivignasque  rogat  proles.  Date  nnnc  sua  inatri 

Pignora ,  tempus  adest :  viridi  redimite  paienteni 

Progenie,  tu  cinge  comam  ,  tu  digeie  crines.  165 

Niinc  apio  viridi  crispetur  llorida  tellus, 

Nuiic  capitis  porri  longo  lesoluta  capillo 

Lretetur,  inollemque  sinnm  stapliylinus  inumbret. 

Nunc  ct  odoratas  peregrino  inniiere  plant.T 

Sicaniis  croceae  desccndant  montihus  Hyhias ,  1/C 

Nataque  jam  veniant  liilari  sanipsuca  Canopo, 

Et  laciymas  imitata  tuas,  Cinyieia  virgo, 

Sed  melior  stactis  ponatur  Achaica  myrrlia  : 

Et  male  damnati  moesto  qni  sauguinesurguiil 

.Eacii  llores,  immortalcsque  aiiiarauti,  175 


DK  LAGRlCULTUnE,  LIV.  X. 


du  sang  de  ce  heros  attriste  par  une  condamna- 
tion  injuste,  les  amarantes  immortelles,  et  la 
variele  infinie  de  couleurs  que  la  nature  produit 
si  libcralement.  Que  le  coramble  vienne,  tout 
ennemi  qu'ilest  de  la  vue ;  et  que  les  laitucs,  qui 
provoquentunsommeil  salutaire,  se  hatent  d'ar- 
river,  pour  exciter  l'appetit  affaibli  par  niie  lon- 
gue  maladie.  II  y  en  a  deux  qui  portent  le  nom 
de  Cecilius  Metellus,  dont  Tune  est  verte  et 
cpaisse ,  et  Tautre  cst  paree  d'une  chevelure 
brune.  II  eu  est  une  troisiemc,  qui  a  retenu  le 
nom  de  la  Cappadocc,  sa  patrie;  elle  estpale,  et  a 
la  tfite  aussi  bien  fournie  qu'ilegamment  peignee. 
Pour  la  mienne,  qui  croit  a  Gadcs  sur  la  cote  de 
Tartesus,  ellea  le  piedblanc,  et  la  tete  egalement 
blanche  et  frisee.  Enfin  celle  que  Tile  de  Cypre 
voi t  croitrc  daus  Ics  canipagiies  grasses  de  Paplios 
a  la  chevclure  l'risee  et  rouge,  mais  le  pied  blanc. 
Autant  il  y  en  a  d'especes  particulieres ,  autant 
on  comple  de  temps  differents  pour  les  plauter. 
Le  Yerseau  met  en  terre  la  CtEcilia  au  commen- 
cement  de  Tannee  ,  et  le  Lufx^rcus  y  niet  celle 
de  Capjiadoce  daus  le  mois  ou  roii  sacrifie  aux 
inorts.  Mars,  plantez  ccllc  de  Tartesus  k  vos 
calendes;  et  vous,  deessede  Paphos,  plantez  ega- 
leraent  aux  votres  celle  de  cctte  ville  :  c'est  le 
temps  auquel  elle  aspire  a  s'unir  avec  sa  mere, 
qui  est  pre.»see  d'un  desir  egal ;  c'est  le  temps 
auquel  cette  mere  bien  amollie  se  tieut  couchee 
sous  un  gueret  aise  a  penetrer.  Que  la  generation 
s'opere  :  voici  lc  temps  prcscrit  a  funivers  pour 
engendrer;  voici  le  tempsou  1'amour  va  regeoe- 
rer  la  nature  :  c'esta  present  que  Tame  du  monde 
s'abandonne  a  Venus,  et  qu'agitee  par  raiguillon 
de  la  volupte ,  clle  chcrche  avec  ardeur  a  se  reu- 


nir  a  srs  parties  pour  les  rcraplir  de  sa  progcnf- 
ture.  Cest  a  presentque  le  pere  de  la  mer  et  le 
maitre  des  caux  prodiguent  leurs  caresses ,  Pun 
a  sa  Thetys,  fautrc  a  son  Amphitrite;  et  dcjii 
ces  deux  decsses  ouvrent  leur  scin  pour  donner 
a  leur  mari  une  posterile  azuree,  et  peupler  la 
mer  de  poissons.  Le  pius  grand  des  dieux  lui- 
meme,  1'artificieux  Jupiter,  rappelle  le  souvenir 
de  ses  anciennes  amoursavec  la  fllled'Acrisius, 
eu  tombant  dans  le  sein  de  sa  mere  sous  la  forme 
d'uue  pluie  violcnte ;  et  cette  mere ,  de  son  c6te, 
ne  rejette  pas  ies  carcsses  de  son  fils ,  puisqu'au 
contraire  la  terre  entlnmmce  de  passion  se  livre 
a  ses  embrassements.  Ccst  ce  qui  fait  que  les 
mers,  que  les  montagnes,  que  tout  runivers  enfin 
cclcbre  le  printemps  :  c'est  ce  qui  fait  que  lcs 
desirs  les  plus  ardents  s'allument  avec  ramour 
dans  rimagination  des  hommes,  ainsi  que  dnus 
celle  des  bestiaux  et  des  oiseaux,  et  que  cet  amour 
penctre  la  moelle  de  leurs  os  pour  y  exercer  sa 
fureur,  jusqu'a  ce  que  Venus,  rassasiee  dc  plai- 
sirs,  remplisse  leurs  membres  fecondes ,  et  en- 
fanle  miUe  productions  differentes,  pour  peupler 
continuellement  l'univers  d'etres  nouveaux,  afin 
qu'il  ne  languisse  pas  dans  le  vide  des  siecles. 
Mais  connnent  ai-je  faudace  de  permettre  a  mes 
chevauxdcs'emporter  dans  une  voie  trop  elevce, 
et  de  traverser  les  aiis  d'une  course  rapide?  II 
n'appartient  qu"a  un  poete  particulierement  ins- 
pire  par  le  dieu  de  la  poesie,  et  qui  court  apres 
les  lauriers  de  Dilphes,  de  ehanter  ces  objets, 
ainsi  que  les  causes  des  choses,  ou  fetre  qui 
donne  le  mouvement  aux  orgies  sacrees  de  la 
naturc,  ou  les  lois  secretes  duciel.  Que  la  chaste 
Cybele  anime  un  poete  par  les  DiDdyraes;  que 


Et  qiios  niille  parit  dives  iialura  colores , 
Dlsponat  planlis  oiitor,  (iiios  semine  sevll. 
Kunc  venlat  quamvls  orulis  inlmica  coranible , 
Jamque  salutaii  properel  lactnca  sapoie, 
Tilstia  <\ax  relevat  longi  fastidia  morbl. 
Alleia  ciebia  viiet,  fusro  nitet  altera  ciine, 
Ulraque  Crecilii  dc  noinlne  dicta  Metelll. 
Teilla,  qua;  splsso  .sed  piiro  verllce  pallet, 
Haic  sua  Cappadocffi  servat  cogiiomina  genlls. 
Et  mea ,  quam  generant  Tartesl  littoie  Gades , 
Candida  vlbialo  discrimine,  candida  Itiyrso  est. 
Cypros  llem  I'apliio  quam  pingui  nulrit  in  arvo, 
Punieea  depexa  eoma,  sed  laclea  truie  es[. 
Qnol  facles,  totidcni  sunl  tempoia  quamqne  serendi. 
Ca'clliam  prlmo  deponit  Aquarlus  anno, 
CappadoKiinque  prcmit  ferali  mense  Liipercus. 
Tiiqiie  tuis  Mavor.s  Tartesida  pange  calendis  , 
Tuqiie  suis  ['apliien  ilerum  jam  pange  catendls. 
Duni  cupit ,  et  e upida>  quaerlt  sc  jungere  matri , 
Et  mater  facili  inollissiina  snlijacet  arvo, 
Ingcnera;  nnnc  suiit  genllalla  tenipora  mundl  : 
Sunc  anior  nd  coitus  propeial,  nuiic  spiritns  orbis 


Bacchalnr  Venerl,  sllmiilisque  cupldinls  aclus 

Ipse  snas  adamat  partes ,  et  fcEtibus  implet. 

Nunc  pater  requoreus ,  nunc  et  regnator  aquarum ,       200 

Ille  suain  Telliyn  lilc  pelllcit  Amphltriten, 

lit  jam  ca^rnleo  partus  enixa  niarlto 

Ulraque  niinc  reserat  poiituinque  natantibns  iinplet. 

Jlaxliniis  ipse  denm  poslto  jani  fulmlnc  fallax 

Acrlsioneos  veteres  Imltatur  amores ,  JOj 

Inqne  sinus  matrls  violento  dcflnit  Imbre. 

Nec  geniti  ix  nati  niinc  aspernalur  amorein  , 

.Sed  patitur  nexus  Hammala  cupldine  tellus. 

llliic  maria,  liinc  inontes,  liinc  toliis  deniquc  niundus 

Veragit  :  liinc  liominum  pecndum  volucriimque  cupido, 

Atque  ainor  Ignescltmenti,  saevllquc  mcdullls  ,  211 

Duni  satiata  Venus  foecundos  conipleal  artus, 

V.l  generet  varlas  soboles ,  semperqne  Irequentet 

Prole  nova  miinduiu,  vacuo  ne  lorpeat  a;vo. 

Sed  qiild  cgo  Infieno  volilarc  per  aUliera  cursn  J16 

Passus  equos  audax  siibllml  tramlte  raptor  ? 

Ista  canat ,  majore  deo  quem  Delplilca  laui  us 

Impulll,  et  rernm  causas,  et  .sacra  inoventem 

Orgia  natui.T,  secretaque  fnpdera  ca;li. 


COLUMELLE. 


ce  poete ,  inspir^  par  le  Citherou ,  par  les  inon- 
tagnes  de  Nysa  dediees  a  Baeclius ,  par  celle  du 
Paruasse  qui  lui  est  aussi  consacree,  et  par  ie 
silenee  favori  des  Muses  qui  regne  dans  la  foret 
Pieria,  chante  a  grand  biuit  avec  sa  voix  bac- 
ehique  :  Gloire  a  vous,  dieu  de  Delos!  gloire  a 
vous  ,  Evius,  Evius!  Pour  moi  qui  m'egare  en 
traitant  d'ol)jets  moins  importauts  que  ceux-la  , 
j'entends  nia  Calliope  qui  me  rappeile,  et  qui 
m'ordoune  de  me  renfermer  dans  un  pius  petit 
cercle,etde  tramer  avec  elle  un  tissu  de  vers 
dont  les  fils  soient  plus  gr(5les,  A  qui  puissent 
etre  chantes  sur  quelque  air  pendant  le  travail 
du  vigneron,  suspendu  aux  arbres  pour  tailler 
les  vignes  auxquellcs  ils  sont  maries,  oudujar- 
dinieroccupe  dans  ses  jardins  verdoyants.  Passons 
donc  aux  operations  qui  doivent  suivre  eelles 
quenous  avons  dejf^  detaillees.  Que  l'on  dislribue 
dans  rintervalle  etroit  d'un  sillon  et  le  eresson 
alenois,  mortel  aux  vers  qui  se  forment  secrete- 
ment  dans  un  ventre  charge  de  nourritures  mal 
digerees ,  et  la  sariette  dont  le  gout  ticnt  de  ceux 
du  thym  et  de  la  thymbre,et  le  concombre  et  la 
courge,  dont  Tun  a  la  tete  tendre  et  lautre  Ta 
fragile.  Que  Tonplante  Tartichaut  herisse  qu'lac- 
chus  trouve  agreable  lorsqu'il  boit ,  et  qui  deplait 
h  Phebus  lorsqu'il  chante  :  tantot  il  s'eleve  garni 
de  grappes  pourprees,  tantot  il  vcrdit  avee  une 
chevelure  de  couleur  de  niyrte,  tautot  sa  tete 
se  penehe  et  ses  feuilles  s'entr'ouvrcnt,  tant()t  il 
imite  la  pomme  de  pin  par  le  piquant  de  sa  ijointe, 
tantot  il  est  evase  par  en  haut  en  facon  de  cor- 
beille  et  herissed'epines  menacantes;  quelquefois 
il  est  pale,  et  ressemblo  a  la  feuille  torse  de  Ta- 
canthe.  Des  que  le  grenadier,  dont  le  fruit  s'a- 


doueit  quand  la  peau  de  ses  grains  commenee  & 
rougir,  se  eouvrira  de  lleurs  teintes  de  sang,  il 
sera  temps  de  semer  le  pied  de  veau  :  e'est  aussi 
alors  que  Ton  verra  naitre  les  coriandres  fameu- 
ses,  ainsi  que  la  nielle  semblable  au  eumin  par 
sa  d(?licatesse ;  c'est  alors  que  la  baie  de  l'asperge 
s'elanceraa  travers  son  fanage  t^pineux,  et  que 
ron  verra  la  mauve,  accoutumeie'  a  suivre  leso- 
leil  dans  soucours,  pencher  la  tete  du  c6tede 
cet  astre. 

On  voit  aussi  naitre  alors  la  couleuvree,  qui  a 
Taudace  d'imiter  tes  vignes  ,  dieu  de  Nysa,  et 
qui ,  ne  redoutant  point  les  buissotis,  se  leve  ef- 
frontement  a  travers  les  t^pines  du  poirier  sau- 
vage,  et  entortille  !es  aunes  inflexibles.  Deja  la 
poiree'  a  lafeuille  verte  et  au  pied  blanc,  s'eu- 
fonce  dans  un  sol  gras  a  Taide  d'un  pieu  ferre 
par  la  pointe,  comme  la  seconde  lettre  de  Tal- 
phabet ,  qui  porte  en  grec  le  meme  nom  que  cette 
plante ,  s'imprime  sur  des  tablettes  a  Taide  du 
stylet  d'un  maitre  savaut.  La  moisson  des  fleurs 
odorifcrantes  se  prepare  aussi  a  present ;  deja  le 
printemps  s'empourpre;  deja  la  terre  ,  enceinte 
dcs  productions  bigarrt^es  de  rannee,  se  plait  a 
en  couronner  ses  tempes;  deja  les  lotiers  de 
Phrygie  etalent  kurjjlaneheur  t'clatante,  et  les 
violettes  ouvrent  leurs  yeux  clignotants  ;  deja  le 
lion  baille,  et  la  rose,  dout  lcs  joues  virginales 
commencent  a  s"entr'ouvrir,  interdite  par  larou- 
geur  ingenue  qui  les  comre,  contribue  dans  les 
temples  au  culte  des  hahitants  des  cieux,  en  as- 
sociant  son  odeur  a  celle  de  Saba.  Maintenant 
c'est  vous  que  j'implore,  Aeheloides,  compagnes 
des  Pegasides,  choeurs  de  Dryades  du  montMe- 
nale,  nymphes  Napees,  vous  qui  habitez  les 


Exlimulat  vatem  per  Dindyma  casta  Cybebes , 
Perque  CitbiiTonem ,  Nysaeaque  per  juaa  Bacchi , 
Per  sua  Parnassi ,  per  amica  silentia  Musis 
Pierii  nemoris ,  Baccliea  voce  fiementem 
Delic  te  Pa>an  ,  et  le  evie  evie  Pa^an. 
Mc  mea  Calliope  cura  leviore  vaganteni 
Jani  revocat,  parvoqne  jubet  (Jecurrere  gyro, 
Et  secuni  gracili  counecteie  carmiua  lilo, 
Qua'  canat  inter  opus  musa  moilulanle  putalor 
PcnJulus  arbustis,  olitor  viridantibus  liortis. 
Quare  age ,  quoil  sequitur,  parvo  discrimine  sulci 
Spargantur  ca;cis  nasturcia  dira  colubris  , 
Indomito  niale  sana  cibo  quas  educat  ah  (is , 
Et  satureia  lliymi  referens  thymbrKque  saporem, 
Et  teuero  cucuniis,  fragilique  cucurbila collo. 
Hispida  ponatur  cinara,  qua;  dulcis  lacclio 
Potanti  vcniat,  nec  Pba::bo  grata  canenti. 
Ha;c  modo  pnrpureo  suigil  glomerata  corynibo, 
Myrteolo  modo  crine  viret,  dellexaque  collo, 
Nnnc  adaperta  manet,  nunc  pinea  vertice  puugit, 
Nunc  similis  calatlio ,  spinisque  minaulibus  horret , 
Pallida  nonnunquam  tortos  iniilatur  aianlbos. 


Mox  ubi  sanguineis  se  lloribus  indiiit  arbos 
Pniiica  ,  qua;  rutilo  mitescit  tegmine  grani, 
Tempus  aris  salio,  famosaque  tunc  coriandra 
Nascuntur  gracilique  nielanlhia  grala  cumino, 
Et  bacca  asparagi  spinosa  prosilit  herba, 
Et  molocbe,  prouo  sequitur  quffi  vertice  solem  : 
Qna^qiie  Uias  audax  imitalur  Nysie  viteis, 
Nec  metuit  senteis  :  nani  vepribus  improba  surgens 
Achradas,  indomilasque  bryonias  alligat  alnos. 
Nomine  tum  Graio,  ceu  liltera  proxima  prim.ie 
Pangitur  in  cera  docli  mucrone  magislri  : 
Sic  el  humo  pingui  ferratM  cuspidis  ictu 
Deprimilur  folio  viridis ,  pede  candida  hela. 
Qnin  et  odoralis  messis  jam  lloribus  instat, 
Jam  ver  purpureum ,  jain  versicoloribus  anni 
Foetibus  alnia  parens  cingi  sua  tenipoia  gaudet. 
Jam  Phrygiae  loti  gemmantia  lumina  piomuiil, 
Et  conniventes  oculos  violaria  solvunt, 
Oscilat  et  leo ,  et  iiigenuo  confusa  rubore 
Virgineas  adaperta  genas  rosa  praebet  bouores 
Caelitibus,  templisque  Sabffium  miscet  odorem. 
Nunc  Tos  Pegasidum  comiles  Acbcloidas  oro , 


])E  L'AGRICULTURE,  LIV.  X. 


forets  de  l'Amphrj'SUS ,  Ics  plaines  de  Tcmpe  en 
Tliessalie,  la  montagne  Cyllcne,  lcs  sombies 
eampai^nes  dii  LycBEiis,  lcs  eaverncs  dans  ies- 
qucilcstonibentcontinuellementdcssoultcsd'eau 
de  la  tbutaine  Castalie;  je  vous  implore  aussi, 
vous  qui  ramassiez  les  lleurs  qui  bordaieut  le 
fleuve  Halesus  eu  Sicilc,  dans  le  temps  que  la 
fillede  Ceres,  Proserpine,occupeede  vos  danses 
et  du  plaisir  de  cueillir  des  lis  eclatants  de  la 
plaine  d'Enna,  fut  enlevce  pour  devenir  ensuite 
repousedutyrandu  lleuveLethe,  prcferant  ainsi 
lestristes  oiubres  aux  astres,  lc  Tartare  au  ciel , 
Pluton  a  Jupitcr  et  la  mort  a  la  vie,  pour  posscder 
le  royaume  iufcrnal  :  6  vous  que  j'invoque  en 
particulier,  quittez  le  deuil,  faites  trSve  a  votre 
tristesse  et  a  vos  craintes,  et  tournez  ici  vos  pieds 
delicats ,  a  la  demarche  legere  ,  pour  eiitasser  la 
chevelure  de  la  fcrre  dans  vos  corhcillessacrccs. 
On  ne  dresse  point  ici  de  picges  aux  Nymphes ,  et 
clles  n'y  ont  aucun  eni^vcment  a  craindre,  puis- 
que  la  chaste  Fides  et  les  saints  Penates  sont  Tuni- 
que  objet  de  notre  ciilte.  Tout  respire  ici  les  jeux 
et  les  ris  sans  nul  daiiger,  tout  y  est  plein  de  vin, 
et  Ton  y  faitdes  festius  dclicieux  dans  d'agrea- 
bles  prairics.  Nous  touchous  au  printemps  qui 
chasse  la  gelce;  nous  arrivons  au  temps  do  l"au- 
uee  le  plus  doux  :  c'est  a  prcseut  que  le  jeiuie 
Phebus  iuvite  a  se  coucher  sur  rherbe  tcndre, 
et  que  Ton  peutgoiiter  le  plaisirde  se  desaltcrer 
avec  Teau  des  fontaines  qui  coulent  eu  murmu- 
rant  sur  le  gazon ,  sans  craindre  de  la  trouver 
glacee,  ni  trop  echaufTfe  par  le  soleil.  Dcjji  les 
fleursdela  fillede  Dionecouronnentlcsjardins  : 
deja  Ton  y  voit  eclore  la  rose  plus  eclatante  que 


la  pourpre  dei  Sarra.  Oui ,  les  jardins  charmants 
paraissent  plus  rayouuants  par  les  fleurs  dontils 
sont  emailles,  quc  lc  visage  pourpre  de  Phebi?, 
fille  de  Latouc,  iorsque  IJoiee  chasse  les  nuees 
dcvantelle  ;  ils  brillent  plus((ue  lebrulaut  Sirius, 
que  Teclatant  Pyrois  ct  que  la  face  lumineusedc 
rWesperus,  daus  le  tcmps  que  Lucifer  reparalt 
au  leverde  faurore  :ilssont  pliis  resplendissauts 
que  Tarc  celcstc  de  la  fille  dc  Thaumas.  Courage 
donc!  allez  sur  la  fin  dc  la  nuit,  quand  rcloile 
duniatin  se  lcvera,  ou  lorsque  Phcbus  baignera 
scs  chevaux  daus  la  mer  Hibcrieune,  cueillir  la 
marjolaine  qui  couvre  la  tcrre  dc  son  ombre  odo- 
riferante,  aiusi  que  la  chevelure  du  narcissc  et 
cclle  du  balauste  sauvage.  Et  vous  ,  IVaiade  pkis 
bcllequ'un  belenfant,  si  vous  voulez  quAlcxis 
ne  dedaigne  pas  les  richessesde  Corydon,  portez 
dcs  violettes  daus  vos  corbeilles,  licz  en  bottcs 
le  baume  etla  cannclle  avec  le  troene  blanc  ct  les 
houppcs  du  safrau,  et  arrosez  ces  fleurs  avec  la 
liqueur  purede  Bacchus;  ear  Bacchus  peutscul 
assaisonner  les  odeurs. 

Pour  vous,  gens  de  la  campagnc,  quicueillez 
les  tcndres  fleurs  avec  vos  doigts  endurcis,  com- 
raencez  a  remplir  de  jacinthes  bleues  vos  petits 
pauiers  d'osier  hlanc  :  que  les  roses  claigissent 
le  tissu  du  jonc  tortille ,  et  que  les  soucis  de  cou- 
leur  de  fcu  fassent  rompre  les  corbeiiles  sous  leur 
poids ,  afin  que  Vertumnus  se  voie  enrichi  de 
ces  marchandises  printaniercs  jusqu'a  cn  regor- 
ger,  et  que  le  paysan  qui  lcs  aura  portees  a  la 
ville  en  revienne  ses  poches  chargees  d'argent , 
en  marchant  d'un  pas  chancelant,  apres  avoir 
ctc  bien  abrcuve  par  lacchus.  Mais   lorsque  les 


Mitnalidunique  clioros  Dryadum ,  iiympliasque  Napaeas, 

Qu:L'colilis  neiiius  .^mplirysi,  qu;c  Tlicssala  Tenipe,  265 

Qu:r  juga  Cyllenes,  ct  opaci  rura  Lyca»i, 

Autraque  Caslaliis  semper  roranlia  gutlls, 

l^t  quse  Sicanii  flores  legislis  Halesi , 

Cum  Cereris  proles  veslris  intenta  cliorcis 

iEquoiis  Enn»!  vernantia  lilia  carpsit,  270 

Kaptaque,  LeUiaei  conjux  niox  facla  lyranni , 

Sidevibus  tiistes  umbias,et  tartara  ccelo 

Piicposuit,  ditemque  Jovi,  lelliunique  saluti, 

Et  nuiic  inferno  potitur  Pioserpiua  regno  : 

Vos  qiioque  jam  postlo  luctu  nKPSloqiie  timore  27.'> 

Huc  facili  giessu  teneras  advertile  plantas, 

Tellurisqiie  conias saciis aptate  canistris. 

Hic  nulla!  insidiae  nymphis,  non  ulla  rapina , 

Casta  Fides  nobis  colitur  sancticpie  Penates. 

Omnia  |ilciia  joris ,  secnro  plciia  cacbinno ,  2S0 

Plena  nicio,  I.rlisipie  vigcnt  convivia  pratis. 

Nunc  ver  egelidum,  nmic  cst  mollissimus  anniis, 

Dum  Plioebus  tener,  acteiiera  decumbereiii  lierba 

Suadet,  et  arguto  fugientes  gramine  fontes 

Nec  rigidos  polare  jiivat,  necsole  lepcntes.  285 

Jamque  Dioniiis  rodimitur  floribus  bortus , 

Jain  rosa  irritesrit  Siuiano  clarior  ostro. 


Xec  tam  nubifugo  Corea  Lafonia  Pluebe 
Pinpuieo  radiiit  vultu,  nec  Siriiis  aidor 
Sic  iiiicat,  aut  rutilus  Pyrois,  aut  oie  corusco 
llis|irius,  Eoo  lenieat  cum  Lucifer  ortu  ; 
Nti    lain  sidereo  fulgcl  Tbaumantias  arcu  : 
Quam  nitidis  bilaies  collucent  laHibus  liorti. 
Qiiare  age  vel  jubare  exorto  jam  iiocfe  suprema, 
Vel  cum  Pbaibus  equos  in  gurgile  iuersat  Hibero , 
Sicuhi  odoratas  pra;texit  amaracus  unibias, 
Carpite,  narcissique  comas,  slerilisque  balausli. 
Et  tu,  neCorydoiiis  opes  dcspernal  Alexis, 
Formoso  Kais  puero  Ibrmosior  ipsa 
Fcrcalatbis  violiim  et  iiigro  pcrniisla  ligustro 
Balsama  cum  casia  necteus  croceosque  corymbos, 
Spaige  mero  Baccbi  :  nain  Barclius  condit  odores. 
Kl  viis  agrestes,  duro  qiii  pnllicc  inolles 
UciMililis  llores,  cano  j.iiii  \iiiiiiii<  lcvlum 
Siriiciilum  ferrugineis  cuiniiliilc  iiyacintbis. 
Jaiii  rosa  dislendal  contorti  sUimina  junci , 
Pressiique  flaninieola  rumpatur  lisciua  callba, 
.Mercibus  ut  vcrnis  dives  Vortnmnus  abundel, 
Et  titubante  gradu  nuilto  madefactiis  laccbo 
,'Ere  sinus  gerulus  plcnos  giavis  urbe  reportet. 
Scd  cum  niiituris  flavcbit  niessis  arisUs, 


416 


COLUMELLE. 


epis  mlirs  auront  jauni  la  moisson ;  lorsque  Titan 
aura  prolonge  le  jour  eu  entrant  dans  ies  Ge- 
meaux ,  et  qu'il  aura  englouti  au  miiieu  de  ses 
flammes  les  pattes  ile  l'ecrevisse  de  Lerne,  unis- 
sez.  i'ail  a  l'oignon  et  le  pavot  de  Ceres  a  Tanet ; 
liez-les  en  bottes  pour  les  aller  vendre  pendant 
qu'ils  sont  verts,  afin  de  ehanter  les  louanges 
solennelles  de  Fors-Fortuna  quand  vous  aurez 
vendu  cesmarciiandises,et  quevous  rctournerez 
dans  vos  jarJins  cliarmants.  Comprimez  aussi 
alors  avec  de  lourds  cylindres  le  basilic  que  vous 
aurcz  scme  daus  un  gueret  bien  laboure  et  ar- 
rose;  comprimez-le  ,  dis-je,  afin  de  le  faire  epais- 
sir,  et  pour  cmpecher  que  l'ardeur  d'un  sol  trop 
ameubli  ne  brule  ses  jcunes  tiges ,  ou  que  la  det\t 
du  petit  puceron  ne  s'y  attache  ,  ou  enfin  que  la 
fourmi  ravissante  ne  vieune  a  en  dcvaster  la 
graine.  Au  reste,  non-seulement  le  limacon  cn- 
veloppe  dans  sa  coquille  et  la  chenille  herissee 
ont  la  hardiesse  de  rongerles  feuilles  des  plantes 
Iorsqu'elles  sont  tendres;  mais  il  arrive  meme 
souvent,  lorsque  la  tige  deja  forte  du  chou  jau- 
niitre  est  grossie,  ou  que  les  cardes  blanches  de 
la  poiree  sontgonflees  ,  ct  au  moment  meme  que 
lejardinier,  croyant  etre  en  surete,  se  rejouit  k 
la  vue  de  ses  plantes  parvenues  a  radolescence, 
et  se  prepare  k  mettre  la  faux  dessous ,  parce 
qu'elles  sont  mures,  que  rimpitoyable  Jupiter 
lanee  une  pluie  durcie  par  la  gelee,  et  detruit 
ainsi  par  la  grclc  les  travaux  des  hommeset  des 
ba?ufs.  Souvent  meme  il  les  devaste  en  faisant 
tombcr  une  pluie  pestilentielle ,  qui  donne  nais- 
sance  tant  aux  liscttes  ennemies  de  Bacchus  et 
des  saussaies  verdfitres,  qu'a  la  chcniile,  qui, 
venant  a  se  glisser  dans  les  jardins ,  serpente  sur 

Atqiie  iliem  gemino  Titan  extendevit  aslio, 

Hauserit  et  flaramis  Lernaii  biacliia  Cancri, 

Allia  cuni  cepis,  ceieale  papaver  anetlio 

Jungitejilumque  virent  nexos  delerte  maniplos,         315 

lit  celebies  foitis  foitunao  dicile  laiides , 

Meicibus  cxactis,  liilaiesque  recuirite  in  liort«s 

Tum  quoque  proscisso  riguoque  inspersa  novali 

Ocima  comprimite,  et  giavibus  densate  cjlindris, 

Exuiat  sata  ne  lesoliili  pulveris  aestiis,  320 

Parvulus  aut  pulex  iirepens  denle  lacessat, 

Neu  lonnica  ra|iax  populari  seniina  possit. 

Nec  soluni  teneras  audcnt  erodeic  frondes 

Iniplicilus  concba;  limax,  liiisutaque  cani[ie  : 

Sed  cum  jani  valido  tuigescit  luiida  caule  325 

Brassica,  cuiiKiue  tuinent  pallentia  roboia  lieta;, 

Mercibus  alque  olitor  gaudet  secuius  adultis, 

Et  jani  inatuiis  qua>iil  supponere  fiilcein , 

Saepe  ferus  dnios  jaculatiu- Jupiter  iinbies, 

Giaudine  dilapidans  liuininuinque  boumquc  laboics  :  330 

Sa^pe  eliam  gravidis  irrorat  pestiler  undis, 

lix  ipiibu.'*  iulestoe  Baccho  glaiicisque  salictis 

Nasciinlur  volucres,  serpilque  crnca  per  bortos; 

Quos  iuper  ingicdiens  exuiit  semina  niorsu. 


leur  surface,  et  brule  les  semences  par  sa  raor- 
sure;  de  sorte  que  leur  tete  se  depouille  de  ses 
cheveux,  et  que  leur  cimese  degarnitde  feuil- 
les, au  point  quelles  lauguissent toutes,  mutilees 
et  consumees  par  un  poison  funeste.  Des  expe- 
rienccs  nombreuses,  jointes  au  travail,  ont  fait 
trouver  aux  malheureux  habitants  de  la  campa- 
gne  des  remedes  propres  a  les  preserver  des  dom- 
mages  qu'ils  avaient  a  redoutcr  de  la  part  de  ces 
monstres ;  et  Tusage ,  cc  grand  maitre ,  a  montre 
aux  agriculteurs  les  moyens  d'apaiser  la  fureur 
des  vents,  et  de  detourner  les  raauvaistemps  par 
des  saerifices  toscans.  Cest  de  la  quc  pour  em- 
pecher  la  mechante  rubigo  de  briilcr  les  herbes 
quand  elles  sont  vertcs ,  on  Tapaise  avec  le  sang 
et  les  entrailles  d'un  chien  a  !a  mamelle  :  c'est 
de  l;i  que  le  Tyrrbenien  Tages  enterra,  a  ce 
qu'on  raeonte ,  sur  les  limites  d'un  chainp  la 
tete  d'uu  iinon  d'Arcadie  depouillee  de  sa  peau, 
et  que  Tarchon,  pour  detourner  la  foudre  du 
grand  Jupiter,  entoura  son  habitation  d'une  haie 
de  couleuvree.  Dela  le  fils  d'Amytbaon,  aqui 
Chiron  avait  enseignebieodes  secrets,  suspendit 
a  des  croix  des  oiseaux  de  nuit,  pour  empecber 
les  autres  oiscaux  de  faire  entendre  leur  chant 
lugubre  sur  le  haut  des  toits.  Pour  empecher  de 
mcme  que  des  aniraaux  malfaisants  ne  rongeas- 
sent  lcsjeuncs  ponsses,  il  a  eteutile  quelquefois 
dc  tremper  les  graines  dans  la  lie  grasse  de  la 
liqueur  de  Pallasextraite  sans  sel,  ou  de  les  ras- 
sasicr  de  la  suie  qui  s'attache  aux  foyers.  II  a  en- 
core  ete  utile  de  verser  sur  les  plantes  du  jus  amer 
de  marrube ,  ou  de  les  frotter  sans  mcnagement 
avee  du  suc  de  joubarbe.  Mais  si  aucun  de  ees 
reraedes  ue  parvient  a  ecarter  ces  pestes ,  on  aura 

Qua;  capitis  viduata  coma,  spoliataque  nudo  335 

Verlice  ,  Irunca  jacent  tristi  consiimpta  veueuo. 

Hsec  ne  ruricola;  paterentur  monslra,  salulis 

Ipsa  novas  artes  varia  expeiientia  rerum 

Et  labor  ostendit  niiseris,  ususque  magister 

Tradidit  agricolis ,  ventos  sedaie  furentes,  340 

Et  tenipestatem Tbuscis avertere  saciis. 

Hinc  mala  rubigo  virideis  ne  torreal  lierbas , 

Sanguine  lactentis  catuli  placatuv  et  extis. 

Hinc  caput  Aicadici  nudum  cute  ferCur  aselli 

Tjrrbenus  lixisse  Tages  iu  limite  ruris.  345 

Utque  Jovis  magni  probiberet  fulmina  Tai  clion , 

Sa?pe  suas  sedes  pia?cinxit  vitiBus  albis. 

Hinc  Amytliaonius ,  docuit  quem  pluiima  Cliiron , 

Nocturnas  crucibus  volucres  suspeiidit ,  el  altis 

Culminibus  vetuit  feialia  carmina  lleie.  350 

Sed  ne  dira  novas  segetes  animalia  caipant, 

1'iofuit  interdiini  medicantem  seniiua  piugui 

1'alladia  siiie  fiuge  salis  conspergere  amurca, 

lunatave  laris  nigra  satiare  favilla. 

Piufiiit  et  plantis  latices  infundere  amaros  3i6 

Mairiibii,  multoque  se'di  contingere  succo. 

Al  si  nulla  valet  medicina  repclleie  pestem , 


DE  i;agriculture,  LIV.  X. 


reenurs  a  Tart  de  Dardanus,  et  roii  conduira 
trois  fois  autourdes  planeiies  de  son  jardin,etdo 
laliaie  qui  l'en\ironne,  unefemme  quisera  pieds 
nus  et  qui  aura  ia  gorfie  decouverlc,  et  les  cIr'- 
veu\  epars  a  la  maniere  des  personnes  afflifnces, 
dans  le  temps  que,  souraise  aux  lois  ordinaires 
de  la  jcunesse ,  elle  perdra,  non  sans  en  rougir, 
iin  sang-  impur.  En  effet,  des  que  cette  femnie  en 
aura  fait  le  tour  au  pas ,  on  verra  aussitfit  (chose 
surprenante ! )  les  clienilles,  au  corps  entortille, 
rouicr  a  tcrre,  de  la  raeme  maniere  que  Ton  \oit 
toniber  d'un  arbre  qu'on  secoue  une  nuee  dc 
fruitsrevetusd'uiic  pcauniolle,  oucouvertsd'une 
ccorce.  Cest  ainsi  qu'autrefois  lolcos  vit  ce  ser- 
pent  qui ,  apres  avoir  ete  assoupi  par  des  enchan- 
temcnts  magiques,  etait  torabe  de  la  toison  du 
belier  de  Phryxus.  Mais  il  est  deja  temps  de 
couper  les  tiges  qui  doivent  disparaitre  les  pre- 
iniercs;il  est  temps  d'arracherparle  picd  les  lai- 
tues  de  Tartesus  et  de  Paphos ,  et  dc  lier  cn  bottcs 
Tail  ainsi  que  le  poireau,  qui  se  coupe  de  temps 
a  autre.  Deja  la  roquelte,  qui  exciie  a  !a  volupte, 
nait  dans  les  jardins  fertiles  :  dcja  ja  patience, 
propre  a  faire  coulcr  Purine ,  verdit  sans  culture, 
ninsi  que  lcs  nerpruns  ct  la  scille :  deja  l'on  voit 
croitre  la  haie  piquante  ,  hcrissie  de  houx-fre- 
lons,  ainsi  que  Tasperge  sauvage,  dont  la  tige  ne 
ditfi're  en  rien  de  celle  de  l'aspcrge  cultivee  : 
deja  le  pourpier  huraide  del'end  de  la  soif  les  hor- 
durcs  des  planches,  ct  la  longue  cosse  du  hari- 
eot,  dont  le  voisiuage  incommode  rarroche, 
commencea  s'elcver :  deja  Ton  voit  le  concombre 
tortu  suspendu  sous  des  treilles,  ou,  tcl  qu'un 
serpent  deau  qui  se  glisse  sous  le>  omhres  frai- 
chesdu  gazou,  pour  se  garantir  dusoleil  d'ete. , 
on  le  voit  ramper  a  terre,  ainsi  quo  la  courge 

Dardaniac  veniant  ailes ,  nndataqiie  plantas 
Fccmina,  qua^  justis  tnm  (iemnm  operata  jnvenla^ 
LcKibns,  obsciieno  manal  pndibunda  crnore,  .'!riO 

Sed  resolula  sinns,  resolnto  racesla  c»ipillo, 
Ter  circuni  areolas  et  sepeni  ducitur  liorti. 
Queni  cum,  lustravit  gradiens,  mirabile  visn  ! 
Non  aliter  qnam  decussa  pluit  arbore  nimbus 
Vel  lerelis  mali ,  vel  tccta!  corlice  glandis,  M,:> 

Volvitur  ad  terram  distorto  corpore  canipe. 
Sic  quondam  magicis  sopilum  canlibus  angnoni 
Vdlere  Fliryxeo  delapsum  vidlt  lolcos. 
Sed  jaui  prototomos  tcmpns  decidere  canles  , 
EtTartcsiacos,  Papliiosque  rcvclleic  tliyrsos,  .iTO 

At(|nc  apio  fasces  et  secto  cingere  poi  ro. 
Jainqnc  ernca  salax  fuccundo  piovenil  liorlo. 
Lubrlca  jani  l.apatlios,  jani  tliamni  spontfi  viiescnnt , 
El  scilla,  liirsuto  sepes  nnnc  liorrida  rusco 
Prodil,  el  aspara^i  conuda  simillima  filo,  .'17  j 

Huniiilaque  andraclnie  siticiitcs  prolegit  anlcs, 
Elgravis  alripliii  con--nr;;it  longa  faselus, 
Tum  modo  dependens  trii  Iiilis,  niodo  mnie  clu-l>dri 
Sole  sub  teslivo  gelidas  [icr  graminis  umliras 
i:oi.i>iiil.l.E. 


pleine  de  pcpins.  Mais  la  forme  de  ccs  plantcs 
varic  :  en  effet,  si  vous  avez  a  cnnurd"avoir  dfs 
eourgcs  longues,  et  qui  soicnt  suspcudues  par  le 
sommetgrelc  dc  leurtete,  choisissez-en  lagraine 
dans  la  partie  la  plus  miiicc  de  leur  col ;  si  vous 
cii  voulez  avoir  au  contrairc  de  grosses,  dont  le 
corps  soit  rond  ct  le  ventre  tres  gonfle,  vous  en 
tircrez  ia  graine  du  milieu  du  ventre,  ct  il  en  re- 
sulterades  productions  enormes,dans  lesquelles 
vous  pourrez  renfermer  la  poix  de  INai ycium  et 
le  niiel  du  mont  Hymette  en  Atlique,ou  dont 
vous  pourrez  fairede  petits  seaux  propresA  con- 
teuir  Tcau  ,  ou  des  flaeons  a  Tusage  de  Ijacchus  : 
vous  pourrcz  encore  vous  en  servir  pour  apprcn- 
dre  aux  enfants  a  nager  dans  les  lleuves.  Qiiant 
au  concombrc,  dont  la  couleur  est  livide,  qui 
nait  avec  un  ventre  groset  velu,  et  qui  se  tient 
cache  comme  un  serpent  sous  un  fanage  plein 
denoeuds,et  couche  sar  son  ventre  tortueux, 
qu'il  ramassetoujours  en  rond  ;  il  est  pernicieux, 
et  doniie  lieu  ii  des  maladies  aigucs  pendant  les 
etes  violents,  parce  que  son  jus  est  fetide,  et  que 
la  graine  dont  il  est  farci  est  visqueuse.  Pour  cc- 
lui  qui ,  se  trninaiit  vers  Teau  qui  coule  snus  une 
treille,  semble  extcnue  par  la  passion  violcnte 
que  lui  inspire  cette  cau  ,  dont  il  suit  le  cours, 
et  quiest  blanc  et  plus  tremblant  que  le  pis  d'une 
truie  qui  a  inis  bas,  et  souvent  mcme  plus  mol- 
let  que  du  lait  caille  versc  sur  des  panicrs,  il 
dcvicndradoux  parlasuite,  prendra  unecoulenr 
de  safran  et  s'amollira  cn  murissant,  pour  peu 
qu'il  tire  sa  nourriture  Q'un  tcrrain  arrose.  II 
pourra  ineme  servir  un  jour  de  ressource  a 
rhomme  dans  ses  maladies.  Lorsque  ie  chien 
d'Erigonc ,  cnflamme  par  le  feu  d'lIypcrion ,  com- 
meneera  a  faire  voir  les  productions  dcs  arbres, 

Intortus  cucnmis  pr.Tgnansqne  cucuibila  serpil.  .'180 

Una  neqne  est  illis  facies.  Nam  si  tibi  cordi 

Longior  est ,  giacili  capilis  qnae  vei  lice  pendet , 

E  tenui  collo  semen  lege  :  sivo  gloliosi 

Corporis,  alqne  utero  nimiuni  qniv  vasta  tiinicscit , 

Ventre  leges  mcdio,  sobolem  daliit  illa  lapacem  .'iSi 

Naryciic  picis,  ant  Acta'i  niillis  Ilyinctli, 

.\ut  liabilcm  lympliis  liamnlain  ,  IJaccliine  lagipiiam. 

Tum  pueroseadem  lluviis  innare  doccbil. 

Liviiliis  at  cncnmis  gravida  qui  nascitur  .ilvo , 

Elirtus,  ct  nt  colnber  nodoso  gramine  leclus  .190 

Vonlre  cnbat  llexo,  semper  colleclns  in  orbem  , 

Noxins  exacuit  morbos  acstatis  iniquie. 

Firlidus  liicsucco,  pingiii  qnoque  sciniiVi  fartus. 

Al  qui  siib  Iricliila  manantem  lepit  ad  iindam , 

Labcntemqnc  sequcns  nimio  lenualnr  ainore  ,  S9J 

Candiilns,  effoete  trcmcbniidior  nlicre  poica' , 

^lollior  infuso  calatliis  modo  lacte  gelalo , 

Dulcis  erit,  riguoipic  m.idescit  luleus  arvo, 

ICI  feiet  anxilium  qnondam  morlalibus  a'gris. 

Cum  caiiis  Erigoncs  Hagians  Ilyperionis  .TStu  400 

Arboiensapciit  fcctus  ,  cuinnlalaqiie  morU 


COLUiMELLE. 


et  qu'un  jus  de  coulcur  dcsang  ruissellcra  des 
pctits  paniers  blnncs  tissiis  de  jonc  et  remplis  de 
nviires;  ce  sera  le  momcut  de  faire  deseendre  ia 
fiiiue  hative  de  l'arbrc  qui  porte  ce  friiit  deux 
fois  l'an,  et  d'entasser  dnns  des  corbeiliivs  les  pru- 
ues  d'Armcnie,  ainsi  que  cellcs  de  couleur  de 
cire  et  celles  de  Damas,  avec  lcs  IVuits  que  la 
Perse  barbare  nous  avait  envoyes  (a  ee  qu'on  ra- 
conte)  arnies  des  poisons  de  leurpatrie  ,  mais  qui 
ont  perdu  aujourd'hui  leur  proprielemalfaisaute, 
et  qui  donnent  au  contraire  un  jus  d'ambrosie 
exempt  de  tout  danp;er  de  mort.  Lcs  plus  petits 
de  ces  fruits,  que  l'oa  appcUe  Pe;'.s/m  du  nom 
de  cette  nntion  meme  ,  se  hittent  de  murir  ici 
phist6t  encorequedans  leur  pays,au  lieu  que  les 
plus  gros  qui  viennent  dans  laGanle  murisscnt 
au  meme  temps  :  pour  ceux.  que  prodnit  TAsie, 
ils  sont  tardifs  et  ne  viennent  qu'aux  froids.  On 
voit  paraitre  cnsuite  sousla  constellation  de  Tin- 
commode  Arcture  la  figue  de  Tarbre  de  Livie  qui 
le  dispute  a  celle  de  Chalcidie,  la  figue  de  Cau- 
nus  rivale  de  celle  de  Chio,  la  Chelidonienne 
pourpree,  la  figue  folle  grasse,  la  Callistruthis 
eclatante  par  sa  graine  de  couleur  de  rose,  la 
figue  bianchequi  prend  son nom  de  la  cire  blonde, 
ainsi  que  celle  de  Libye  qui  est  fendue,  et  enfln 
celle  de  Lydie  dont  la  pcau  est  peinte.  En  outrc, 
des  qu'on  a  celebre,  suivant  le  lit  accoutume,  la 
solennite  du  dieu  boiteux  ,  on  seme  pour  la  se- 
conde  fois ,  pendnnt  que  les  oaux  du  ciel  sont 
encore  suspendues,  une  qnantite  de  ravcs  qui 
nous  viennent  des  chnmps  celebres  de  Nursia, 
ainsi  que  des  iiavets  qui  nous  sont  apportcs  des 
campagnes  d'Amiternum.  Mais  deja  li^vius,  que 
la  maturite  du  raisin  inquicte,  nous  appelle,  el 


nous  ordonne de fermer  ies  jardinscuUives.  Nous 
allonsdoncles  fermer,  etnousrcndreaux  champs 
pour  obeir  ii  ses  ordres  :  la,  nous  recolterons 
joyeusementtes  presents,  charmnnt  lacehus,  au 
rnilieu  des  Satyres  iascifs  ct  des  Pans  h  deux 
cornes,  qui  secouent  leurs  bras  affaiblis  par  le 
vin  vieux;  apres  quoi  uous  te  ehanterons  a  ia 
maison  ,  en  te  donnant  les  noms  de  Pere  Maua- 
lius,  de  liaechus,  de  Lyicas  et  de  Lenaius,  afm 
que  lacuve  bouillonne,  et  que  les  futaillcs,  rera- 
plies  de  Falerne  jusqu'aux  bords,  se  degorgent 
en  rejetant  recume  de  leur  moiit  grossier. 

Jusqu'ici,  Silvinus,  j'euseignais  la  culture  des 
guerets,cn  rappelant  les  preeeptes  de  Maron, 
ce  pof^te  divin  qui,  osant  ouvrir  les  sources  au- 
ciennes,  fit  entendre  le  premier,  daus  les  villcs 
de  rempire  romnin ,  lcs  vers  du  poiite  d'.4scra. 


LIVKE  XL 

L  CIaudiusAugustalis,cejeuno  horame  forme 
par  la  frequentntion  des  gens  d'etude  ,  et  pnrti- 
culierement  par  celle  des  agriculteurs  ,  quin'est 
pas  moins  rccommandnble  par  rhonnetete  de 
ses  moeurs  que  par  son  erudition ,  a  obtenu  de 
moi,  a  force  de  sullicitations,  que  je  donnnsse  la 
culture  des  jardins  cn  prose.  Ce  n'est  pas  que, 
des  le  moment  oii  j'ai  entrepris  d'enchniner  cette 
matiere  dnns  les  liens  de  la  poesie ,  je  n'aie  prevu 
quc  je  serais  infailliblement  force  d'en  venir  la. 
Mais  comme  vous  vous  etiez  acharne  ,  Publius 
Silvinus  ,  a  me  demander  un  essai  de  ma  versi- 
fication,  ilm'avaite(eimpossibledevousrefuser, 
sauf  a  entrcprendre  par  la  suite ,  si  j'y  trouvnis 


Candiila  saiiguineo  nianat  fiscclla  cniore  , 
Tunc  prcCcox  bileia  descciulit  ab  aiboie  ficiis 
Armeniisque  ,  et  ceieolis,  pninisqiie  Daiviasci 
Stipantnr  ealatlii ,  el  poinis ,  qii;«  barbaia  Peisis 
Miserat ,  ul  fama  est,  patiiis  armala  venenis. 
At  nunc  exposili  parvo  discriinine  lellii 
Ambrosios  pracbent  snccos,  oblita  noceiuli. 
Quin  etiain  ejusdeni  gentis  de  nomine  dicla 
Exiguo  propeiant  mitcscere  Peisica  nialo. 
Tempesliva  inadent,  quie  maxima  Gallia  donat ; 
Frigorihns  pigro  veniunt  Asiatica  fa'lu. 
At  gravis  ArcUiri  sub  sidere  parturit  arbos 
Livia  ,  Cbalcidicis  ,  et  Caunis  ;eniiila  Cbiis , 
Purpuieaeque  Clielidoniai,  pinguesque  Mariscac  , 
Et  Callislriitbis  rospo  qu;c  semine  ridet, 
Albaqiie ,  qiia."  servat  llava;  cognomiiia  cerac, 
Scissa  Libyssa  siiniil,  piclo  quoque  Lydia  tergo. 
Quin  et  Tardipedi  s;icris  jain  rile  solutis 
Nube  nova  serilur,  c.tU  pcndentilius  uiidis  , 
Gnngylis,  illuslri  niittit  qiiam  Nursia  canipo, 
Quccque  Amiterniiiis  delcrtiir  bunias  aivis. 
Sedjam  maluris  nos  flaijilat  anxius  uvis 


Evius,  excultosqiie  jubet  claudamus  ul  horlos. 
Claudimus,  imperioqiie  tuo  paremus  agrestcs,  '12.> 

Ac  mctinius  la-ti  tua  raiinera  dulcis  lacclie, 
Inter  lascivos  Satyros  Panasque  biformcs 
Brachia  jactaiites,  vetiilomarccnlia  vino. 
lit  tc  Ma;naliuin ,  le  Caccbum  ,  teque  Lvipum , 
Leincumque  patrem  canimus  sub  lecta  vocantcs,        4:iO 
Ferveat  ul  lacus  ,  ct  mnlto  completa  Faleriio 
Exundenl  pingui  spunianlia  dolia  muslo. 

Hiictenns  borlorum  cullus,  Silvine,  doceliain 
Sidcrei  vatis  referens  pnrccpta  Maronis , 
Qui  primus  veteres  ausus  rccludere  fontes  4.1;) 

Asciaeum  cecinit  Romana  per  oppida  carmcii. 

LIBER  U.NDECIMCS. 
I.  Claudius  Angiistalis  lam  ingenniie  natura' ,  qiiam  erii- 
ditionisadole.scens  complurium  stndiosoruin  et  pra'ci|iue 
agricolarum  sermonibus  instigatus  extudit  milii,  culUis 
liortoruin  prosa  ut  oratione  componerem.  Nec  me  tanien 
fallebat  liic  evenlus  rei ,  cum  piKdictam  niateriam  cariiii- 
nis  lcgibus  implicarem.  Sed  tibi,  Publi  Silviiie,  pertinaci- 
ter  cxpclenti  vcrsificationis  nostiiie  gusluin,  negarc  nou 


DE  L'AGUICULTURE,  LIV.  XI. 


plarsir,  !e  travail  que  j"entrepi'ends  effeo-tivemont  ' 
aujourcVhui ,  etqui  consiste  ii  joindie  ies  devoirs 
du  jnrdinier  a  ceux  du  raetnyer.  En  effet,  quoi- 
que  je  parusse  avoir  parcouru  jnsqu'a  uu  ccrtain 
point  les  devoirs  du  nietayer  dans  le  prernier  li- 
vre  de  nion  economie  rwale,  neanraolns,  comme 
le  meme  Augustalis,  iiotre  ami,  nie  demandait 
souvent,  avee  un  empressemcnt  pareil  riu  v6tre, 
dy  joindre  ceux  du  jardinier ,  il  est  arrive  que 
j'ai  excede  le  nombre  de  volumes  que  devait  eom- 
prendre  cet  ouvrage  ,  eu  coraposant  cs  onzieme 
livre  de  preeeptes  relatifs  a  ragriculture.  II  faut 
mettre  a  la  tete  de  son  bien  et  des  gens  qui  Tex- 
ploitent  un  mctayer  qui  ne  soit  ni  dans  le  pie- 
mier  ni  dans  ie  dernier  age  de  la  vie,  paree  que 
ies  esclavcs  meprisent  autant  un  jeune  appren- 
ti  qu'uu  vieillard,  par  la  raison  que  l'un  n'cst 
pas  eneore  au  fait  des  travaux  de  la  carapagne  , 
et  que  Tauti-e  ne  peut  plus  s'en  acquitter  ;  outre 
que  la  jcunesse  rend  le  premier  nc^gligent ,  comme 
la  vieillesse  rcnd  le  second  paresseux.  L'age  qui 
tient  le  milicu  est  donc  le  plus  propre  a  cet  ofiice  ; 
ettout  liommeaura  sufiisamment  de  foices  pour 
s'aequitter  des  fonctions  d'un  auriculteur  depuis 
trenteans  jusqu"u  soixante,  a  moins  qu'il  ne  lui 
soit  survenu  quel(iuc  maladie  de  corps.  Quel  que 
soit  rhomme  que  lon  destinera  a  eette  besogne, 
il  doit  etre  tres-savant  et  trcs-robuste  a  la  fois  , 
tant  afinde  pouvoir  instruire  ceux  qui  lui  seront 
subordonncs,  que  pour  pouvoir  faire  aisement 
lui-meme  ce  qu'il  ordonnera;  dautantplus  que 
rien  ne  peut  etre  bien  enseigno  ui  bien  appris, 
si  lemaitie  iren  donne  poiiit  rexemple  et  qiieie 
diseiple  ne  le  reeoive  point  de  lui.  Or  il  est  plus 
avantageux  a  un  ractayer  d'etre  le  maitre  de  ses 
ouvriers  (|ue  d'en  etre  le  diseiple,  puisciue  Caton, 
que  Ton  peut  regarder  comme  un  modele,  si  Ton 
se  ri^fere  aux  anciens  usages ,  a  dit ,  en  parlant 

SHSlinebain,  factiirus  mox,  si  collibiiissct,  qiiod  minc  as- 

I  grediur,  iit  oliloris  curain  subfexerein  villioi  officiis  :  quae 

i  quamvis  piiiuo  rei  riistic.l!  libio  videbar  aliqualpnus  ete- 

I  cuUis;  iiuoiiiam  taineii  ca  siuiili  dcsiderio  i.Mster  [idem  ) 

I  Augustalis  sa'i>ius  flasitabat ,  numeruin  ,  queui  jam  quasi 

I  consummavei ain  ,  voluniiiium  excessi ,  el  lioc  imdeciniuin 

1  pra>cc|)luiii  nislicatioiiis  menioria:  tnididi.  \illicum  fuiido 

1  l'annlia'que  iiiiepoui  convenit  attalis  nec  prinia',  nec  ulli- 

j  niie.  Kaui  servitia  sic  tiriinculuni  coiilenmmit,  ut  senein 

'  juvenes  :  quoniain  alter  iiondum  novit  o|icia  niiis  ,  alter 

cxequi  jani  non  potest ;  alqtic  liuiic  adule.sceiilia  negli^cn- 

tem,  sencctus  illuin  lacit  pigrum.  .Mcdia  igiliir  aetas  liuic 

oflicio  est  aptissima  :  poteritque  ab  anno  trigcsinio  usque 

i'n  sexagesiniuin,  si  non  interveniant  fortuita  corpoiis  vi- 

tia,  satis  validi  liiiigi  muncribiis  agricola;.  Quisqiiis  autcm 

I  destinabitur  liuic  iief;otio ,  sit  oporlcbit  idem  scieiiti.s.siinus 

I  robuslissimusque,  ut  et  doceat  sulijectos,  et  ipse  coinnio- 

de  faciat  qiia;  pra;eipil.  Siipiidem  nibil  rc<te  sine  exemplo 

I  docetur,  aiit  discitiir,  pra'statquc  villiciim  masislriim  cssc 

I  operarioiuin ,  noii  discipiiluin ,  cuin  etiam  dc  palief.imiliic 

i  prisci  moris  excmpluin  Calo  dixerit  :<iMaleaj;iturcuiudu- 


419 

du  chef  de  famille  lui-meme,  que  les  affaires 
d'un  propriiitaire  vont  raal  lorsque  son  mtitayer 
Ini  montre  cequ'il  y  a  a  faire.  Aussi  lit-on  dans 
rEconomique  de  Xc^-nophon  ,  traduiten  latinpar 
M.  Gic(3ron,  que  Socrate  ayant  demande  a  Iseho- 
machus  rAthenien  si ,  dans  le  eas  oii  ses  af- 
faires  doraestiques  le  forcaient  a  prendre  un  me- 
tayer  ,  il  etait  daus  Tusage  de  racheter  comme 
unartisan  ous'il  le  formait  lui-meme  ,cet  homme 
admirable  lui  rcpondit :  «  Loin  de  racheter,  je  le 
forme  nioi-racme,  paree  qu'un  homme  qui  est  fait 
ponr  me  remplaeer  en  mon  absenee,  et  pour  se- 
conder  ma  vigilauce ,  doit  eu  savoir  autant  que 
moi.  ■>  II  est  vrai  que  ccs  exemples  sont  tiop  an- 
ciens  pcur  nous,  et  qu'ils  appartiennent  a  des 
temps  ou  ce  nu-me  Isehomachus  priitcndait  qu'il 
n'y  avait  personne  qui  ne  diit  savoir  cultiver  par 
lui-mtJme.  Pour  nous,  qui  ne  pouvons  pas  nous 
dissimuler  notre  ignoranee  sureet  objel ,  eonten- 
tons-nous  de  mettre  des  jeunes  gens  (lui  aient 
la  conception  vive  et  le  corps  robuste  sous  la 
direction  d'agrieulteurs  tres-instruits,  afin  qu'il 
puisse  s'en  trouver  au  moins  un  entre  plusieurs 
(attendu  qu'il  est  difficile  d'instruire  les  autres) 
qui  parvienne  a  acqu(3rir ,  a  Taide  de  leurs  bons 
avis,  la  capacite  necessaire  non-seulemcnt  pour 
cnltiver,  raais  encore  pour  commander.  En  effet , 
il  arrivesouvent  que  des  gensieconnns  d'ailleurs 
pour  (5tre  trt''^  au  fait  de  rcxeeution  des  ouvia- 
ges,  n'ont  point  la  prudence  n(3cessaire  pourcorn 
niauder,  et  qu'ils  nuisent  en  consequence  aux 
affaires  du  propri(;'taire,  soit  en  le  faisant  avcc 
trop  de  durcte,  soit  en  y  mcltant  trop  de  dou- 
ceur.  II  faut  donc,  comirie  je  Tai  deja  dit ,  que 
rhomme  que  Ton  destinea  (^tremiitayersoit  ius- 
truit  etendurci  aux  travaux  rustiques  desson  en- 
fance  ;  ct  Ton  doit  s'assurer  prealablement ,  par 
des    cxp(?riences    multipliees ,    non-seulement 

I  mino  ,  qiiem  villicus  docct.»  Itaquc  in  OLcononiico  Xeno- 
plioiilis,  (|Hem  iM.  Cicero  lalino  .serinoni  tradidit,  ( vir  ) 
c^icKius  ille  Iscliomarlius  Atlieniensis  rogatiis  a  Socrale 
iitriimne,  .si  res  fannliaris  desiderasset ,  niercari  villicum 
laiKpiani  fabrum,  an  a  se  instituere  consueverit ; «  Ego  vero, 
iiiqult,  ipse  iiistitiio.  Etenim  qui  mc  absentc  in  ineum 
liMiim  siib.stitiiitur,  ct  vicarius  mca'.  diligenlia!  succedit , 
is  ca,  qii.x'  e^o ,  sciie  debet. »  Sed  ba'c  nimiiini  prisca,  et 
ejus  qiiidcm  lemporis  sunt ,  quo  idcin  IschOHiacliiis  nega- 
bal  quemquam  rusticari  nescirc.  Nos  aiitcm  inemores 
ignorantia!  nostra;  vigentis  .scusns  adolesccntulos  ,  airpo- 
lisque  robiisti  peritissimis  agricolis  commcndeinus.  Quo- 
riim  moiiilioiiibus  vel  iiniis  ex  nmltis  ,  ( nam  esl  dillicilc 
crudire, )  iion  solum  ruslicationis,  sed  impcraiidi  conse- 
quatur  scicntiam.  Quidain  eniui  qiiamvis opcriim  piobalis- 
siini  arliliccs,  imperitandi  panim  priidcules  aut  sx-viiis 
aut  ctiam  lenius  agendu  rein  duininoriim  curruinpunt. 
Qiiare,  siciit  di\i ,  doccndus,  ct  a  piierilia  riislicis  operi- 
biiseilurandiis,  niiiUlsqiiepriiis  experimentis  inspirieiidiis 
cril  futuriis  mIIIcus,  iiec  Snlimi  aii  perdidicerit  discipliiiani 
ruris,  sed  an  cliam  doniiiio  lidein  ac  bencvolentlain  c.vlii- 


420 


CULUMKLL!':. 


qu'il  a  appris  rart  de  ra2;rit'ultiire  ,  mais  encore 
qu"il  est  iklele  etattaeliea  son  maitre  ,  aitiele 
sans  lequel  la  seience  d'un  metayer,  si  erainente 
qu'on  la  siippose,  ne  sert  de  rien.  Or  le  princi- 
pal  talent  d'un  niaitre,  en  ee  cas,  consistea  sa- 
voirapprecier  quels  sont  lesoftices  etles  travaux 
qu'il  faudra  departir  a  ehacun.  En  effet,  rhomme 
le  plus  robusfe  ,  s'il  n'a  pas  rintelligence  de  ce 
qu'il  fait,  ou  le  plus  habile,  s'il  est  invalide  ,  ne 
pourront  jamnis  venir  a  bout  d'executer  ee  qu'on 
leur  aura  commande.  II  faut  aussi  examincr  la 
nature  de  chaque  operation.  II  se  trouve  effec- 
tivement  tels  ouvrages  qui  ne  deraandent  que  de 
la  force  ,  comme  lorsqu'il  s'ai;it  de  pousser  des 
fardeaux  ou  de  les  porter;  tels  qui  demandent 
autant  d'adresse  que  de  force,  comme  lorsqu'il 
s'agit  de  becher,  de  labourer,  de  couper  les  mois- 
sons  et  de  faucher  les  pres  ;  quelques-uns  pour 
lesquels  il  faut  plus  d'adresse  que  de  force,  eonime 
la  taille  et  la  greffe  des  vignes  ;  d'autres  enfm 
quiexigent  la  science  eomme  le  point  leplus  ca- 
pital,  tels  cfue  la  nourriture  des  bestiaux  et  leur 
traiteracnt  en  eas  de  maladie.  Or  le  metayer, 
dont  je  parlais  tout  a  rheure ,  ne  peut  pas  etre 
bon  juge  de  ees  diffcrentes  operations,  s'il  n'a 
pas  rhabilete  necessaire  pour  pouvoir  corriger 
ee  qui  se  trouvera  mal  fait  dans  les  uncs  ou  dans 
les  autres,  parce  qu'il  ne  suffit  pas  de  reprendre 
eeux  qui  font  mal ,  si  Ton  ne  leur  montre  pas  les 
raoyens  de  bien  faire.  .l'aime  a  nie  repeter  sur 
cette  matiere.  II  ne  faut  pas  nioins  instruire  un 
homme  que  fon  destine  aetre  metayer  ,  qu'il  ne 
faut  instruire  un  homme  que  Ton  destine  a  etre 
potier  ou  artisan  :  J"oserais  meme  presque  assu- 
rer  qu'a  proportion  de  ce  que  ces  metiers  sont 
moins  etendus  que  ragrieulture,  ils  sont  plus 
aises  a  apprendre  que  cet  art,  dont  robjet  est  si 
complique  et  si  etendu ,  que  si  Ton  voulait  passer 


en  revuc  ses  differcntes  parties,  il  scrait  a  peine 
possible  de  les  corapter  toutes.  Aussi  ne  puis-je 
me  lasser  de  temoigner  ma  surprise  sur  un  fait 
dont  je  me  suis  deja  plaint  avec  raison  dans  le 
premier  livre  de  mon  ouvrage,  je  veux  dire  sur 
ce  qu'il  s'est  trouve  des  gens  qui  excellaient  dans 
tous  les  autres  arts,  quoique  moins  necessaires 
a  la  vie  que  celui-ci ,  snns  qu"il  sc  soit  trouve  de 
disciples  ni  de  maltres  d'agrieulture ;  a  moins  que 
Ton  ne  veuille  attribuerii  retendue  iramense  de 
cette  science  la  crainte  qu'il  parait  que  chacun  a 
eue  de  Tapprendre  ou  de  renseigner ,  quoique  ce 
ne  fiit  pas  une  raison  suffisante  pour  la  negliger 
parunedefiance  honteuse  desoi-nieme.  Eneffet, 
on  n'abandoune  point  comme  elle  l'art  de  l'elo- 
quence,  parce  qu'il  ne  s'est  jamais  trouvc  d'ora- 
teur  parfait ;  la  philosophie,  parce  qu'il  n'y  aja- 
mais  eu  pcrsonne  dont  la  sagesse  ait  ete  consom- 
mee  ;  puis((u'au  contraire  la  plus  grande  partie 
des  hommes  s'encourage  a  acquerir  la  connais- 
sanceau  moinsde  quelques  portions  de  ces  scien- 
ces,  quoiqu'ils  n'ignorent  pas  qu'ils  ne  pourront 
jamais  parvenir  a  les  posseder  en  entier.  Est-ce 
dnne  un  motif  sulfisant  de  se  taire,  parce  qu'on 
sait  qu'on  ne  pourra  pas  devenir  un  orateur  par- 
fait ,  ou  de  se  laisser  aller  a  la  negligence ,  parce 
qu'on  desesperera  d'acquerir  la  sagesse  ?  et  u'est- 
ce  pas  unasscz  grand  honneur  quecelui  d'acque- 
rir  une  parcelle  ,  si  petitequ'on  la  suppose ,  d'une 
grande  chose?  Mais,  dira-t-on,  qui  est-ce  qni 
pourra  instruire  un  homme  qui  se  dcstine  a  etre 
miJtayer,  s'il  ne  se  trouve  point  de  professeurs 
en  cegenre?.Ieeonviens  moi-meme  qu'il  esttrcs- 
diffieile  d'apprendre  a  la  fois  tous  les  preceptes 
d'agricultured'une  seuleet  rafime  personue :  nean- 
moins ,  s"il  est  difficile  de  trouvcr  quelqu"uu  qui 
soit  instruit  sur  toutes  les  parties  de  cet  art,  ou 
rcncontre  au  moins,  pour  chaque  partie  isolee, 


lieat,  sine  qiiibus  niliil  iirodest  villici  sumnia  scienlia.  Po- 
lissinuim  aiiteni  est  in  eo  magisteiio  sciie  el  seslimarc, 
iquale  ofliciuni  el  qiialis  laborsit  ciiique  injungendus.  Nani 
uec  valentis.simus  possil  exequi  quud  iiiiperatur,  si  nesciat 
quid  agat ;  uec  peritissimus ,  si  sil  invaiidus.  Qualitas 
ilaqiie  ciijusque  rei  coiisideiauda  «st.  Quippe  aliqiia  sunt 
opeia  tanUimmodo  viriuin,  lanqiiam  promovendi  oneia 
porlandique  :  aliqiia  sociata  viribus  et  arli,  ut  fodieiidi 
arandique  ,  iit  segetes  el  piata  desecaiidi :  nonnullis  miuus 
viiium,  plus  artis  adliibelur,  sicut  pulalionibiis  insiliuui- 
busque  vineti :  pluriuium  eliam  scieiitia  pulivl  in  aliquibus, 
utln  paslione  pecuiis  alipie  cjusdem  mcdicina.  Quorum 
omnium  onicioium  viUiius,  quod  iaiii  iiriiis  dixi ,  a'sliina- 
lor  bonus  csse  non  potesl ,  iiisi  fuerit  etiam  peritus,  ut 
in  imoipio^iiie  corrigere  qucat  perpeiam  factuin.  Keque 
euim  satis  est  repi  eliendisse  peccaulein ,  si  iion  doceat 
recli  viam.  Libenter  igitiir  eadem  loquor  :  tam  docendiis 
cst  fulurus  villicus,  <iuam  liiturus  ligulus  aut  laber.  lil 
liaiid  facile  dixerim ,  niim  ilia  lanlo  eNpeditiora  sint  dis- 
ceutibus  arlificia ,  quanto  miuiis  anipla  sunt.  liuslicalionis 
iiutem  magua  el  diffusa  niateria  cst,  paitesqiie  si  velimus 


ejiis  poiTenscie ,  vix  iiumiTO  compreliendamus.  Quare 
salis  admiiari  nequio,  quod  primo  scriptorum  nieoruin 
exordio  jure  conquestus  suin  :  CKterarum  artium  minus 
vita'  necessariarura  repertos  antistites;  agricultur;e  neqiie 
discipulos  neque  praeceptores  iuventos  :  iiisi  magiiiludo 
rei  fecerit  reverentiam  vel  discendi  vel  proliteudi  pene  im- 
mensam  scientiam ;  cum  tamcu  non  ideu  turpi  despeiatione 
oportueril  eam  negligi.  Nam  nec  oraloria  disciplina  de.se- 
riliir,  qiiia  perfeclus  orator  niisquam  leperlus  est;  nec 
pliilosopliia,  quia  nullus  consuminat.Te  sapientiae  :  sed  c 
conlrario  plurimi  semelipsos  exliortantur  vel  aliquas  parles 
earum  addiscere,  qiiamvis  universas  pcicipere non  possinl. 
Elenim  qiitE  probabilis  ratio  est  obmutescendi ,  qiiia  ne- 
qiicas  orator  csse  perfectus;  aut  in  socordiam  compclli, 
quia  desponderis  sapienliam.'  iMagnae  rei  qiianlulumcun- 
que  possederis,  fuisse  partlcipem ,  non  minima  gloria  est. 
Quis  ergo,  inquis,  docebit  luturum  villicum,  si  nullus 
professor  esl.'  El  ego  inlelligo  dinicillimnm  esse  ab  uno 
velut  aiictore  cuncla  lusticaliouis  consequi  pripcepta. 
Veriimlamen  iit  universa;  disciplina!  vix  aliqiiem  coiisul- 
tuin,  sic  pluiimos  partiiim  ejiis  invenias  magistios,  per 


DE  IA\G[\[CULTURE,  LIV.  Xi. 


1111  ^'rand  nombre  de  niaitres,  a  Taide  desquels 
iin  nii  tayer  peut  deveuir  parfait.  II  y  n  en  effet 
de  bons  iaboiueurs  ,  d'e.\cellents  ouvriers  pour 
foiiiller  la  terre  ou  pour  fauclier  le  foin  ,  comme 
pour  avoir  soiu  des  arbres  et  de  la  vii^ne,  ainsi 
quv  de  Ijons  niedecins  veterinaires  et  de  bons 
pStres  ,  dout  cliacun  ne  cachera  pas  les  procedes 
deson  art  aquiconque  voudra  s'en  instruire.  Ce- 
lui  douc  qui  se  trouvera  a  la  tiHe  d'uue  metairie 
aprcs  avoir  tHe  prealableraent  forme  lui-meme 
au.xmetiersparticuliers  dcsdifferents  ouvriersde 
la  campar;ne,  eviteraentre  autrescboses  d'en!re- 
tenir  aucuii  coramerce  avec  les  eselaves  dc  la 
raaison,  ct  encore  moins  avec  les  ttrangers.  11 
sera  tres-temperant  tant  sur  lesommeil  que  sur 
le  vin  ;ce  sont  eneffet  deuxcliosesiQCompatibles 
avec  rexactitude,  parce  qu'un  homme  sujet  a 
s'enivrer  manque  a  ses  devoirs  autant  qu'il  les 
oublie  ,  ct  qu'un  dormeur  cn  neglige  iine  grande 
partie.  Que  peut  en  effet  exceuter  par  lui-mfme 
un  homme  qui  dort  contlnuellemeut ,  ou  que 
peut-il  eomraander  aux  autres '?  II  faut  encore 
qu'il  n'ait  pas  depenchant  a  Pamour,  parce  que 
s"ilse  livre  une  fois  a  cette  passion  ,  il  ne  pourra 
plus  penser  a  autre  chose  qu'a  Tobjet  de  ses  de- 
sirs;  car  lorsqu'on  a  Tesprit  occupe  d'une 
passion ,  on  iie  croit  pas  qu'il  y  ait  de  recom- 
pense  plus  flalteuse  que  le  fruit  de  la  volupte, 
ni  de  supplice  plus  dur  que  la  privation.  11  faut 
donc  qu'il  soit  le  premier  eveille  de  tous,  et  qu'a- 
prcs  avoir  fait  sortir  ,  le  plus  t6t  que  la  saison  le 
permettra,  les  gens  qui  sont  toujours  lents  a  se 
raettre  a  Touvrage,  il  aille  lcstement  a  leur 
t^te,  paree  qu'il  est  tres-intcressant  que  les 
eolons  commencent  leur  besogne  des  le  matin , 
ct  qu'ils  la  fassent  diligeniment  et  sans  interrup- 
lion;  d'autant   que,  comme  le  disait  ce  meme 


Ischomachus  que  j'ai  dcja  cite,  la  journee  bien 
employce  d'unscul  ouvrier  vaut  mie;ix  que  celle 
de  dix  ouvriers  negligcnts  et  peu  appli(]ues;  et 
que  si  on  laisse  a  un  ouvrier  la  liberte  de  perdre 
sontempsen  bagalelles,  il  en  resulte  toujours  un 
tres-grand  mal.  En  efftt ,  de  mcme  que  de  deu.x 
voyageurs  qui  sont  partisen  ineme  temps,  celui 
qui  va  son  chemin  droit  et  sans  s'aiTeter  devance 
souvent  de  moitie  celui  qui  se  sera  amuse  a  cher- 
cherromhre  desarhres,  ragrementdes  ruisseaux 
ou  la  fralcheur  de  Tair;  de  meme,  en  fait  d'ope- 
rations  rustiques,  il  serait  difflcile  dedirecom- 
bien  un  ouvrier  diligent  remporte  sur  un  ouvrier 
paresseux  et  nonehalant.  11  faiitdonc  que  le  me- 
tayer  ait  soin  que  les  gens ,  en  allant  a  rouvrage 
des  lepoint  du  jour,  ne  marchent  point  languis- 
sarament  et  a  pas  comptes ,  mais  qu'ils  le  suivent 
au  contraire  avec  ardcur,et,  pour  ainsi  dire, 
comme  un  general  ([ui  mene  bravemeut  et  gaie- 
nient  son  annee  au  eomhat.  II  faut  aussi  qu'il 
les  revcille  au  milicu  du  travail  par  des  exhor- 
talions  multipliecs  ,  et  que  de  temps  cn  tfimps , 
lorsqu'il  en  remarquera  qui  se  decourageront  , 
il  prenne  un  moment  leurs  outils  comme  pour 
les  aider  ,  et  quil  mette  lui-meme  la  main  a  leur 
besogne  ,  en  les  avertissant  de  la  faire  avec  au- 
tant  de  courage  qu'il  Taura  faite  lui-meine.  II 
faut  de  merae  que,  des  que  le  erepuscule  sera 
vcnu ,  il  n'en  laisse  aucuii  derriere  lui ,  ninis 
qu'il  les  suive  tous  comnie  un  excellent  pntre, 
qui  ne  souffrcjamais  qu'aucune  hetedeson  trou- 
peau  erre  dans  la  cnmpagne.  Lorsque  ensuite  il 
serarentrea  la  maison,ilsecomportera  de  mCrae 
qu'un  berger  vigilant,  c'est-a-dire  qu'il  ne  se 
retirera  pasaussitot  danssa  chara!)re,  maisqu'il 
prendrn  le  plus  grand  soin  possible  de  chacuu 
d'eux,  soit  eu  appliquant  des  remedes  sur  les 


quos  enifore  (pieas  peifscliim  villicum.  >"am  et  oialor 
reperiatur  aliqiiis  l)(mii,s  ,  et  optimiis  fossor,  aiit  fieni  .set- 
tor,  nec  minus  arliorator  et  vinitor,  lum  eliani  veteriiia- 
rius  el  prolnis  pastor,  (pii  siniiuli  ralioncni  scieiiti;e  su;e 
(lesidcranli  iion  sulilraliant.  Isilur  c<iiii|ilurium  a;;iestiuin 
formaliis  artiliiis,  ipii  siisccpcril  oriicium  villicationis,  in 
lirimis  convicliim  ilomcstici ,  miiltoque  etiaiii  niagis  exleri 
vilet.  Sonini  et  vini  sit  alislinentissimns ,  ipia;  utraipie 
siint  iniinicissima  (liligcnliac.  Nani  et  cbrioso  ciira  offieii 
pariler  cuin  inemoria  siililraliitur;  et  somniculosum  plu- 
riitia  elfiiginnt.  Quid  enim  pnssit  anl  ipse  agere  ,  aiit  cni- 
ipiam  (lorniieiis  iiiiperare  ?  Tum  eliain  sil  a  venereis 
amorilnis  avcrsiis  :  quibiis  .si  se  deiliderit,  non  aliiid 
quidquam  possit  cogitare,  quam  illud  quod  diligit.  iSam 
^iliis  ejusmodi  pctleclus  aninins  nec  pr;rmiuin  jncumllus 
quani  frnclum  libidinis,  iiec  siipplicium  grarius  <piam 
friistrationeni  cnpiditalis  cxistimal.  Igitur  prlnuis  omnium 
vigilct,  fainiliamque  semper  ad  opera  cunclaulcm  pro 
tcinporibus  aniii  feslinanler  prodncat,  cl  slreniic  ipse  praj- 
cedat.  Plurimiini  cnim  refcrt  colonos  a  priiuo  mane  opus 
.i?;?redi ,  nec  lenlos  per  olinni  pigr(!  procederc.  Siqnidem 
Sotliomaclius  idcni  ille  :  M.ilo,  iiiquil,  uuiiis  .ngikni  indiis- 


liiam,  quain  deccni  liomiiniin  iii'Rli;^enteni  et  lanlam 
opciani.  Quippe  plnrinimn  aflert  mali,  si  opeiariotricaiidi 
potestas  fiat.  Naiu  iit  in  itineie  conliciendo  s;epc  dimiilio 
niatiiiins  pervouit  is,  qiii  naviler  et  siiie  nllis  concessa- 
lioliilius  pcnncatiit,  qiiam  is,  qiii  cuin  sit  iina  profectus, 
iiiiilii.is  aiiiiiniiii  liiiiticiilorumque  amienilatem  vel  aura^ 
rcrriLicratiiiiicni  ca|ita\it  :  sic  in  agresti  nejiotio  dici  vix 
polest ,  quiil  naviis  operarius  ignavo  et  cessatore  piscstet. 
IIoc  igiliir  tustoilire  oporlet  villiciiin,  iie  statim  a  priina 
liice  familia  ciinctautcr  et  l.ingiiide  proccdat,  sed  vcliit  iu 
aliqiioil  pricliiim  ciini  vigore  et  al.acritate  animi  pr;cceilcu- 
tciii  eiiiii  lanquam  diicein  slreiine  seqnatur,  variisqiie 
e\liortationil)iis  in  opera  ipso  exhilaiel  laborantcs  :  et  iii- 
terdiim,  l;iiHpi»m  deficicnti  succursnrus,  ferramentiim 
aiiferatparumper,  et  ipsefnnnaturejus  officio,  nionealqiie 
sic  liiu i  dt-berc ,  nt  al)  ipso  fortiter  sit  effec.tnm.  .Mqiie  ulii 
crepiisculiim  incesseril,  neminem  posl  se  relinqnal,  seil 
oiniies  subsequalur  more  optimi  pasloris ,  qui  c  grege  iiul- 
laiii  pcciidem  palitnr  in  agro  relinqui.  Tiim  vero,  cnm 
leclum  siibierit,  idem  faciat,  (piod  ille  diligens  opilio  : 
nec  in  domicilio  [siio]  statim  dclite.scat,  sed  agat  ciijusque 
mavimaiii  cuiam;  sivc  <piis,  qiiud  accidit   plerumque, 


COLHMELLE. 


lilcssures  c(iie  quelquun  d'eux  aura  pu  se  faire 
eii  travaillant  (ce  qui  arrive  communemeiit) , 
soit  en  faisant  transporter  sur-lo-champ  a  Tin- 
firmerie  ceux  qui  seronl  raalades,  et  en  ordonnant 
qirou  leur  fasse  tous  les  traitements  convcna- 
bles.  II  ne  faudra  pas  qu'il  ncgligedavantage  ceux 
qui  se  porteront  bien;  maisil  veillera  a  ce  que 
les  gens  charges  dusoin  des  provisionsdebouche 
leurdonnent  a  boire  eta  manger  sans  frauue.II 
aecoutumera  les  ouvriers  dts  champs  a  pren- 
dre  toujours  leurs  repas  autour  du  foyer  de  leur 
raaitre  et  de  rutre  de  la  maison,  et  il  mangera 
lui-raeme  en  leur  presencc  ,  pour  leur  montrer 
rexemple  de  la  frugalito,  sans  jamais  s'ctendre 
sur  unlit,  si  ce  n'est  les  jours  de  fetes,  pendant 
lesquels  11  s'occupera  a  faire  quelques  largesses 
a  ceux  qui  se  seront  moutres  les  plus  courageux 
et  les  plus  temperants.  II  ies  admettra  merae 
quelquefois  a  sa  table ,  et  se  pretera  a  lcur  ac- 
corder  quelques  autres  marques  de  dlstlnetion. 
II  visitera  aiissi  pendant  cesjours-lii  les  Instru- 
ments  qui  servent  a  tous  lesouvrages  de  la  cam- 
pagne,  et  ceux  de  fer  plussouvent  que  lesautres: 
II  aura  soiu  de  !es  avoir  tous  pardoubles,  et  de 
les  falre  raccommoder  de  temps  en  teraps  avant 
de  les  serrcr^afm  de  n'etre  pas  dans  la  nccessity 
d'en  emprunter  de  ses  voisins  ,  pour  remplacer 
ceux  qul  pourraient  avoir  (^'te  endommages  dans 
le  travail ,  parce  qu'll  en  coiitera  tonjours  pius  en 
journees  de  detourner  dcs  esclaves  pour  ces  sor- 
tes  d'emprunts,  qu'll  n'en  couterait  pouracheter 
de  nonvcaux  instruments.  II  tiendra  les  gens  soi- 
gnes  et  vetus  plut6t  a  profit  que  delicateraent, 
c'est-a-dire  de  facon  qu'lls  soicnt  blen  dcfendus 
tant  coutre  le  froid  que  contre  la  pluie  ;  ce  a  quoi 
11  parvlendra  parfaitement  bien,  en  leur  donnant 
des  fourrures  garnies  de  mancbes  et  des  saies 
avec  leurs  capuchons  :  car  11  n'eu  faut  pasdavan- 


tage  ponr  lesraettre  en  efal  de  supporter  en  tia- 
vaillant  la  rigueurde  presquetous  lesjours  d"hi- 
vcr.  II  faudra  eii  consequence  qu'l!  fasse  deux 
fois  par  raois  la  revue  des  habits  des  esclaves, 
ainsl  que  celle  des  instruments  de  fer ,  conime 
je  Taldit,  parce  que  cette  revue  rcpetee  frequem- 
raent  ne  leur  laissera  nl  pretcxte  pour  manquir 
a  leur  devoir,  nl  esperance  d'impunite,  au  cas 
qu'ils  vienneut  a  y  manqucr.  II  appellera  aussl 
tous  les  jours  par  leurs  no:ns  les  esclaves  qul  se- 
ront  a  la  chalnc  dans  la  prison ,  ct  11  examlnera 
s'iIssontscrupu'eusement  enehaincs  par  lespleds, 
et  si  la  prison  est  eile-meme  sure  et  bien  gardee; 
comrae  il  ne  delivrera  pas,  sans  Taveu  du  chcf 
<ie  fnniille,  ceux  qui  auront  ete  mis  a  la  chaine 
par  son  ordre  ou  par  celul  de  son  maitre.  II  ne 
fera  point  de  sacrlfiees,  si  ce  n'est  avec  la  per- 
raission  de  son  raaitre  :  11  ne  liera  pas ,  sans  ue-' 
cessite,  connaissance  avcc  des  aruspices  ou  des 
sorcieres,  deux  sortes  de  gens  qul  Infecjent  les  • 
ames  ignorautesdu  poison  d'une  valne  superstl- 
tlon.  II  ne  frequentera  nl  la  ville  nl  les  raarches, 
si  ce  n"est  pour  vcndre  ou  pour  aeheter  les  cho- 
sesquilui  serontnecessalrcs;  II  ncd.)it  pas  meme 
sortir  des  limltes  de  sa  coloule,  ni  fournir  aux 
gens ,  en  s'absentant ,  roccaslon  de  ccsser  leur 
travall  ou  de  tomber  dans  quelque  faute.  II  em- 
pecheraque  Ton  fasse  des  sentlcrs  au  travcrs  des 
fonds  ,  ct  qu'on  n'y  pose  de  nouvclles  bornes.  II 
donnera  tresrarement  rhospitallte,  sl  re  n"est 
aux  amis  de  son  raaitre.  II  ne  fera  pas  falre  par 
ses  camarades  d"eselavage  les  choses  qui  seront 
de  son  rainistere ,  et  II  ne  permetlra  a  personne 
de  sortir  hors  des  llmites  (sauf  le  cas  de  la  plus 
grande  nccessite).  II  n'empIoiera  pas  fargent  de 
son  maitre  en  achats  de  bestlacix  ou  d'autrcs 
marchandises,  parce  que  cette  liabitude  detourne 
un  metayer  de  ses  occupations,  et  qu'elle  en  fait 


siuicialns  In  opeie  iioxam  ceperit,  adliilieat  foiiienta  :  sive 
alilerlangiiidiorest,  in  valeludinariuni  conlesUnideducat, 
et  convenientem  ej  caleiani  ciiiaiionein  adhiberi  jiibeat. 
Korum  vero,  qui  recto  valebunt,  nou  miiior  habcnda  erit 
ralio,  ut  cibus  et  polio  sine  fraiKie  a  cellariis  pra'bealnr. 
Consuescat(|iiB  rustic.os  eirca  laieni  domiiii  fociinKpic  fa- 
miliarem  seniper  epulari ;  atcpie  ipse  iii  conspectu  eonim 
siiniliter  epnletur,  siliiue  tVugalitatis  excmplum  :  nec  nisi 
sacris  diebus  acciibans  co"nel ,  lestosque  sic  agat ,  ut  fortis- 
siinum  quemipie  el  fi  iigalissiinum  largitionibus  prosequa- 
tur,  nonnuiiKpiam  etiam  inensa!  siiae  adliibeat ,  et  velit  aliis 
ipioque  honoiibusdignaii.  Tum  eliam  per  ferias  iiistrumen- 
tuniru6ticnin,  sine  quo  nulliim  opus  iflici  potest,  recog- 
noscat,  et  sa^pius  iuspiciat  lerrameiita  :  eaque  semper 
de.plicia  comparet ,  ac  subinde  refecta  custodiat ,  ne  si  (]iiod 
in  opere  vitiatum  fiierit,  a  vicino  petendum  sil;  quia  plus 
in  operis  .servorum  avocaiidis,  quain  in  pretio  lerum  liu- 
jusinodi  dependitur.  Cultam  vestitainque  familiam  ulililer 
magis  liabeat,  qiiam  delicate,  id  est  munitam  diligenter  a 
frigorihuset  imbiibus;  qu.e  utraque  piohihentur  optime 
pellibus  nianicatis,  et  sagatis  cucullis  :  idque  si  fiat,  om- 


nis  pene  hiemalis  dies  in  opere  tolerari  possit.  Quare  tam 
vestem  servitiorum ,  ipjam ,  iit  dixi ,  ferrameiita  bis  de- 
bebit  singiilis  mensibus  recensere.  Nain  freqiiens  recogiii- 
tio  necimpunitatis  spein  nec  peccandi  locum  praebet.  Ita- 
que  niancipia  [vincta  quae  sunt  ]  ergastuli  per  iiomina 
quotidie  citaie  debebll  atque  explorare,  ut  siut  uiligenter 
compedibus  iniiexa  :  tum  etiain  custodla;  sede,.^  an  tula  cl 
recte  nmnila  sit  :  nec,  si  qiiein  doininus  aut  ipse  vinxe- 
rit,  sine  jiissu  palrisfamilia!  resolvat.  Sacrilicia  nisi  ex 
piaecepto  doniini  facere  nesciat :  ariispicem  sagamqiie  sua 
sponte  nonnoverit,  quoeutraquegenera  vanasuperslitiojie 
rudes  aniraos  infestant.  Non  iirbem,  non  ullas  nundiuas 
nisi  vendendae  aut  emend.ne  rei  necessari^  causa  freqiien- 
laverit.  Neque  enim  coloni.ie  su."c  termiuos  egredi  debet, 
nec  absentia  sna  familia  cessandi  aut  delinquendi  sp.itiiiiii 
dare.  Semitas  novoscpie  limiles  in  agro  fieri  piohibeal. 
Hospitem  nisi  ex  amicitia  domiui  quain  rarissime  recipiaf. 
Ad  ministeria  siia  coiiservos  non  .-.dhibe.it.  Nec  nlli  teruii- 
nos  egredi,  nisi  magna  coegerit  necessitas,  perniittat.  Pe- 
cuniam  doinini  neqiie  in  pecore  iiec  in  aliis  rebus  prnnier» 
calibus  occupct.  Ila-c  eniin  les  avocat  villici cuiain ,  ct  einii 


DE  LWGRlCULTUni-:,  HV.  XL 


!   plutdt  uii  commercant  qu'un  aeiiculteur;  oulre 

1   qu'('lie  iie  lui  penuet  jamais  dVipurci-  ses  eomp- 

I   tes  vis-a-vis  de  son  niaitre,  et  quc  quaud  celui- 

!   ci  vient  a  lui  demander  de  l'argent  comptant ,  il 

I   n'a  que  des  effets  a  lui  repi-esenter,  au  lieu  d'ar- 

gent.  (rcst  donc  une  chose  qu'il  doit  ahsolumeiit 

vviter  :  raaisil  doitencore  plus  cviter  lapassion 

I  de  la  chasse,  soit  au  poil  soit  a  la  pkime,  attendu 

I   qu'elle  lui  ferait  perdre  un  nomhre  de  journees 

!  considerahle.  11  faudra  aussi  qu'il  s'appli(|ue;i 

j  observer  ces  points-ci ,  qui  sont  d'une  execution 

tresdifricile  meine  dans  les  plus  grands  gouver- 

nements  ,  je  veux  dirc,    a  nc  traiter  ceux  qui 

lui  seront  sourais  ni  trop  dureraent  ui  trop  dou- 

'   cement ,  a  accorder  toujours  quelques  faveursa 

I   ceux  qui  se  comporteront  bien  et  qni  seront  ap- 

i   piiques  iileurs  devoirs  ,  a  pardonncr  mcrae  aux 

plus  mechants ,  ct  a  user  euvers  eux  d'une  mode- 

1   ratiou  tellequ"il  les  mcttedans  le  cas  de  craindre 

!   pluliit  sa  severite  que  de  detcster  sa  eruaute; 

ehose  a  laquelle  il  pourra  parvenir,  s'il  a  plu- 

tot  raltentioa  d'empeeher  qu'unouvrior  ne  eom- 

raette  quelque  faute,  que  de  le punir  tardivcmont 

apres  la  laute  faite.  Or  il  n'y  a  pas  de  meilitur 

moyen  pour  empeeher  Ihomme,  meme  le  p!us 

meehaut,  de  commettre  des  fautes,  (jue  ctlui 

d'exiger  de  lui  de  rouvrage  tous  les  jours  :  rien 

n't?tant  plus  vrai  que  rornelede  M.  Caton,  qiii 

dit  qu'en  ne  faisant  ricn  les  hommcs  apprenuent 

u  mal  faire.  Ainsi  le  nu^^tayer  veiller.i  a  ce  que 

tous  les  ouvrages  soieut  faits  a  femps,  chose 

qu'il  obtiendra  sans  peine,  s'il  sc  fait  toujours 

voir  aux  ouvriers;  parce  qu'alors  ceux  tiui  sout 

prtiposes  aux  difftirentes  foactions  s'acquitteront 

exaetement  de  leurs  dcvoirs  ,  et  quc  Ics  gens  fa- 

tigutis  par  rcxercice  qu'ils  aurontprisen  travail- 

lant  se  livreront  pluttJt  au  manger  ,  au  repos  et 

au  sommcil ,  qu'ils  ne  s^occuperont  a  raal  faire. 

Or  le  point  le  plus  a  di!'sirer  dans  toutis  lcs  par- 


tics  de  radministration  d'une  metairie,  aiiisi  que, 
dans  le  rcste  dc  la  vie ,  c'cst  que  cckii  qui  ignore 
quelque  chosesoit  convaiiicu  de  soii  ignorance, 
etque  tous  ses  vanix  tendent  a  s'en  instruire.  En 
elTet,  quoiqiic  la  scieuee  soit  de  la  plusgrandK 
utilite,  rimprudcnce  ou  la  m''gligciu'es()nt  cneore 
plus  nuisibles  qu'elle  n'est  utile,  siirlout  en  ma- 
tit're  d'agriculture  ,  paree  que  le  point  le  plus 
important  de  cet  art  est  dc  bieii  executer  du  pre- 
nner  coup  toutes  les  opih-aiions  qu'c.\ige  la  me- 
thode  de  la  culture.  Eu  effet,  c'est  en  vain  que 
Ton  eorrige  quelqucfois  ce  qui  aura  t''tt5  raal  l'ait 
par  imprudence  ou  par  lu^gliueiiee ,  pui!>t|ue  la 
chose  est  deja  perdue  pour  ic  m:i!lre  a  qui  clle  ap- 
partient ,  et  qu'elle  ne  rtnissit  jamais  nss<ez  par 
lasuite  pourivparer  les  pertes  qu'elle  a  eprouvces 
daus  le  prineipe,  et  pour  faire  retrouver  le  luere 
qu'clle  aurait  du  produire.  Qui  est-ce  en  effet 
qui  ignore  combieu  le  temps  pnsstj  est  irri-para- 
ble?  Le  mtjtayer,  qui  doit  avoir  continuelleraent 
cetle  maxime  devant  les  yeux  ,  prendra  donu 
garde  de  se  trouver  jamais  pris  au  d('pourvu  ct 
snrcharsit!  d'ouvrnge  ,  parce  que  reconomie  ru.s- 
tique  trorape  souvent  ceux  qui  se  sont  une  ft)is 
niisen  retard  :  c'esteequ'un  desaufeurs  lcs  plus 
nnciens,  Ht^siode,  a  exprime  si  (;nergiquenicnt  par 
ee  vcrs  :  Llioiiune  qtil  relardc  son  oiivrarjc  a 
tuiijours  d  litller  conlre  dvs  pertes.  Cest  pour- 
quoi  un  metayer  doit  supposer  que  ce  provcrhe 
vulgaire,  Ne  balHtieez  pointa  plnnter,  quc  Ics 
paysans  n'appliqut'ntqu'a  la  |)lantationdcsarhres, 
s'entend  cgalenient  de  la  eultuie  d'unc  tcrre;  et 
11  doit  teiiir  pourccrtain  qu'a  moinsde  fairedans 
le  cours  de  chatiue  jour  Touvrage  qu'il  amcne, 
on  perd  non  pas  seulemeutles  douze  heures  dont 
cst  composij  le  jourtjue  Ton  aura  pcrdu  a  ne  rien 
faire,  maiscncore  rauneecntiere.  Eucfret,comme 
chaque  opi'iation  veut  etre  faite  jusqu'a  un  ccr- 
tain  point  aux  raomeuts  qui  hii  sont  (ix(;s;  s'il 


npsotialort^m  polius  facil  quam  agiitolani  -.  nfc,  mif|ii.'.m 
sinil  [fuin  J  ciim  rationiliiis  (Jomiiii  paiia  laceio;  scil  uiii 
[  iiTis  ]  niimenillo  cxigiliir,  res  pio  iiiiiiimjs  osteiidiltir. 
Itaque  tani  i.stuil  vilaiitluiii  liabebil ,  (iii.uii  licrciile  fugicii- 
duiii  vciiaiidi  vel  aiiciipandi  sludimn,  (piibii.s  lebiis  plii- 
rima^  opcra' avocantur.  Illa  jam,  tpia^  cliam  in  mnjoribus 
inipcriis  diflicultcr  cu.slodiiiiilur,  considcraie  (lobcliit,  ne 
aiit  ci  uilcliiis  aut  rpmissius  a^at  ciim  siilijci  tis  :  scniper- 
quc  foMiat  l)Oiio,s  et  scdiil.is,  paicat  cliaiii  miiiiis  probis, 
et  ita  tcinpcrct ,  iit  magis  cjiis  vcreautur  sevci  italem,  i|iiam 
ut  SiTviliam dctesteiitur.  1'oleiitqiie  id  custodiic ,  .si  maliic- 
ril  cavere  nc  pcccet  opcrarius,  qiiam  ciim  peccavcrit, 
seio  punirc.  Nulla  est  aiitem  vel  ncquissimi  liominis  aiii- 
plior  cuslodia ,  iiuain  qtiotidiana  opciis  exactio.  Nain  llliid 
verum  cst  M.  Catoiiis  oraciilum,  niliil  agcudo  lioniiiics 
male  agcrc  disciiut.  Ilaqiic  curabit  villiciis,  ut  justa  rcd- 
dantur.  [staipie  non  a'gre  couscquetiir,  si  semper  se  rc- 
pra'.scntaverit.  Siccniincl  magi,stri  siiigulorum  oflicioriini 
diligeiilcr  exeqiientiir  siia  inunia,  el  familia  posl  opcris 
cxercitalioiienifatigatatiljoqiiictiiiHcpotiusacsoiuuuipiam 


malcliciis  opciam  dabit.  In  universa  poi  lo  villicalionc,  sicut 
iu  ca^leravila,  prctlosissimiiin  est  inlclligcre  qiicnii|ue, 
ncscire  se  qiiod  iicscial ,  scinperque  ciipcie ,  (|UoU  ignorct , 
addisccic.  N'am  ct  si  multum  prodcst  scientia,  plus  tamcii 
obestiuipiudentiavel  ncgligeiitia,  maxinicinriisticatioue; 
cujiis  csl  discipliuiR  caput  .semel  fecisse  qiiicquid  excgerit 
ralio  cultiiiii^  .\ani  (piamvis  iuleidum  emendala  sit  perpe- 
riiiii  facti  impriidcntia  vel  iicgligcutia ;  jes  tameu  ip,sa  jaiu 
dominodecoxil ,  iicc  inox  in  lantiini  exubeiat,  iit  ct  jac- 
tiiram  capilis  amissi  rcstitiiat,  ct  qiKBstum  lesarciat.  I'ia?- 
labcnlis  vcri)  tciuporis  fuga  (piam  sit  irreparabilis ,  (|uis 
(liibilel ,'  Kjiis  igitur  mcmor  pnccipuc  scinper  caveat ,  iii; 
impiovidusab  opcre  vincjitur.  Rcs  cst  agrestis  iusidiosis- 
.simacimctaiili,quodipsumexprcs.sius  vctustissimusauclor 
llcsiodus  lioc  vcisii  signilicavit :  ,\".£l  5'  ajiSuliifYo;  dvop 
aTaicji  Tta).ai£;.  Qiiare  vulgari!  illiid  de  arboriim  posilione 
riislicis  usurpatum,  Srrere  iie  duhi/e.i,  id  villicus  ad  agri 
totiini  cultiini  n^fcrri  judicct,  crcdat(iue,  pra>tcrmissas 
non  duodccim  lioias  scd  aiiiium  pcriissc ,  uisi  sua  qiiaquc 
dic  quod  iiistal  encccril  Nam  cuiii  piopriis  peiie  monicn- 


COLIIMELLE. 


«rrive  qiril  y  ea  ait  une  qui  ait  ete  linie  plus 
tard  qu"ellc  n'auraitdu  l'etre  ,  les  autres  travaux 
qui  la  suivrontse  trouveront  aussi  faits  trop  tard, 
parce  que  le  teraps  dans  lequel  ils  auraient  du 
Tetre  sera  ecoule ;  ct  tout  Tordre  des  travaux  se 
trouvant  dcrange  par  la ,  les  esperanccs  de  Tan- 
nce  eutiere  s"cvanouiront.  Cestpourquoi  il  est  ne- 
cessaire  que  nous  donnions  des  prcceptes  qui  ren- 
fcrment  ce  qu'il  y  a  a  faire  dans  lc  eours  de  cha- 
que  mois ,  et  qui  soient  regles  sur  rinQuence  des 
astres  ,  parce  que ,  comme  dit  Virgile ,  nous  ne 
denonspas  moins  obsei-ver  la  saison  de  l'Arc- 
ture ,  lesjours  des  Chevreaux  et  la  consiella- 
tion  brillante  du  Serpent ,  que  ne  les  observent 
ceux  qui ,  voguani  sur  des  niers  orageuses  pour 
retourner  dans  leur  patrie ,  ont  apasscr  par  le 
Pont  ct  le  delroit  d'Abydos,  dans  lequel  ubo7i- 
dent  les  poissons  a  ecailles-  Je  conviens  que  j"ai 
oppose  bien  des  doutes  contre  ces  sortes  d'obser- 
vations  dans  les  livres  que  j'ai  composes  contre 
les  astrologues ;  mais  mon  uuique  objet  dans  ces 
trailes  ctait  de  demasqucr  reffronterle  avec  la- 
quelle  les  Chaldeens  affirment  que  les  change- 
inents  de  tcraps  repondent  constamraent  a  des 
lours  fi-xcs  ,  corame  a  des  termes  invariables;  au 
lieu  quc  dans  notre  art  rustique  nous  ne  don- 
nons  point  dans  des  calculs  aussi  rigoureux ,  puis- 
qu'il  suffit  a  un  metayer,  pour  son  utilite ,  de 
prevoir  les  temps  futurs  autant  que  son  esprit 
naturel  le  permet,  pourvu  qu'iltienne  d'ailleurs 
corarae  un  principe  certain  que  rinflucnce  d'une 
constellatioa  se  fait  seutir  tantfit  avant  son  le- 
ver  ou  son  coucher  ,  tant(it  apres  ,  et  quelque- 
fois  meme  a  certains  jours  marques  de  Tun  ou 
de  Tautre :  en  cffct,  sa  prevoyance  sera  suffi- 
sante  ,  pour  peuqu'ilpuisse  se  garantir  quelques 
jours  d'avance  des  temps  suspects. 

H.  Nous  allons  donc  prescrire  ce  qu'il  y  aura 


a  faire  dans  le  cours  de  ehaque  mois,  en  reglaul 
les  travaux  de  la  earapagne  sur  les  differentes  sai- 
sons,  autant  que  latemperature  de  Tair  le  per- 
mettra ;  de  sorte  que  le  metayer  etant  prevenu , 
parlalecturede  cecommentaire,  derinconstance 
etdes  varietes  dutemps,  il  ne  lui  arrivera  jamais 
d'etre  trompe,  ou  que  du  moins  ce  malheur  ne 
lui  arrivera  que  tres-rarement.  Et,  pour  ne  pas 
nous  ecarter  de  ce  qu'a  prescrit  le  meilleur  des 
poetes,  il  com.wencera  par  donner  le  premier 
labour  a  la  terre  au  commencement  du  prin- 
temps.  II  est  vrai  qu'un  horame  de  la  campagne 
ne  doit  point  observer  ie  commencement  du 
printemps  a  la  maniere  d'un  astronome,  et  de 
facon  a  attendre  le  jour  marque  auquel  on  dit 
que  commcnce  cette  saison ;  mais  qu'il  peut 
prendre  quelques  jours  surrhiver,  parce  que, 
passe  lc  solstice  d'hiver,  Tannee  commence  a 
etre  temperee,  et  que  lesjours  devenant  plus 
doux  permettent  d'entreprendre  les  travaux.  11 
pourra  donc  ( pour  nous  rcgler  sur  le  premier 
mois  de  1'annee  romaine)  coniraencer  les  travaux 
de  la  culture  aux  ides  de  janvier.  Entre  ceux 
auxquels  il  pourra  mettre  alors  la  maiu ,  il  s'en 
trouvera  qui  appartenaient  aux  temps  qui  au- 
ront  prccedecelui-ci,  et  d'autres  qui  appartien- 
dront  aux  temps  qui  le  suivront;  il  achevera 
donc  les  premiers  qui  n'auront  pas  etefaits,  et 
commencera  les  seconds.  Au  re^te,  il  nous  suffit 
de  distribuer  ies  travaux  par  dcmi-mois,  parce 
qu'un  ouvrage  n'est  pascense  fait  trop  tot  quand 
il  fest  quinzejoursavant  le  teraps  que  nous  al- 
lons  lui  assigner,  comme  il  n'est  pas  cense  fait 
trop  tard  quand  il  Test  quinze  Jours  apres.  Le 
jourdes  idesdejanvier,  temps  venteux  et  incer- 
tain.  Le  dix-huit  des  calendes  de  fevrier,  temps 
incertain.  Le  dix-sepl,  le  soleil  eutrc  dans  le 
Verseau,  le  Lion  comraence  a  se  coucher  le  matinj 


tis  fieri  quiilque  dclieat  :  si  unum  opus  tardius  qiiam 
oporteat  peraclum  sit,  caeteraj  quoque ,  qua;  sequuulur 
culturse  ,  postjusla  teuipora  seiius  adliibeiUur,  omuisque 
turbatus  operis  ordo  spein  toliiis  anni  IVuslralur.  Quare 
necessaiia  esl  menstnii  ciijusque  oflicii  monitio  ea,  quae 
penilet  e\  ratioue  sidoium  et  zxti.  Nam  ut  ait  Virgilius  , 
tam  siinl  Arcfitri  sidcra  nobis  Hcedorumque  dics  ser- 
randi  el  lucidun  anguis,  Qunyri  qvibus  in  palriam 
rcnlosa  per  erquora  veclis  Pontus  e.l  ostriferi  fanrcs 
icntantur  Abijdi.  Contra  quaui  obseivatiouem  muKis 
aigiinienlalionil)usdisseruissenie  non  inlitior  in  iis  libiis, 
i)niis  adveisus  astrologos  composueram.  Sed  illis  disputa- 
tiiinilius  c\igolialur  id,  quod  improbissime  Ciiald<Ei  polli- 
cinUir,  ut  ceilis  qiiasi  lerniiuis,  ita  ditbus  stalis  aeris 
iiiulaliones  respondeant :  in  liac  autem  ruris  disciplina  nnii 
(lesideratiir  ejusmodi  scrupulositas;  sed,  qnod  dicitiir, 
pingui  Minerva  quantum  vis  uUle  continget  villico  tenipes- 
lalis  futiiiiTe  prassagiiim,  si  persuasum  habuerit,  modo  ante, 
iimdo  post,  inteidum etiam  stato  die orientis  vel occidcnlis 
cciiupetere  viin  sideris.  Nam  salis  providiis  trit,  rui  lice- 
bit  anle  nniltos  dies  cavere  suspecta  tcinpoia. 


II.  Ilaqne  prKcipiemus,  quid  quoque  mense  faciendum 
sit,  sic  temporibus  acconunodautes  opera  ruris,  ut  per- 
miserit  status  cseli  :  ciijus  varietatein  mutationemque  si 
ex  lioc  cominentario  fuerit  pracmonitiis  villicus,  autnuii- 
quam  decipietur,  aut  certe  non  (reqiienler.  F.t  ne  disce- 
damus  ab  optiinn  vate  ,  [qui  ait,  illej  Vere  noro  terram 
proscinderc  incipiat.  Novi  aiitem  vcris  principium  non 
sic  observare  lusticus  debet,  qiiemad.nodum  astrologus, 
ul  expeclet  certum  illum  diem,  qiii  veris  initiuin  facere  di- 
citur  :  sed  aliquid  etiam  sumatdeparte  liiemis.  Quoniam 
consuinla  bruma  ,  jam  intepescil  annus,  permitlilque  cle- 
meiitior  dies  opera  moliii.  Possitigitnr  ab  idibus  Januariis 
(  ut  principem  mensem  Roniani  anni  observet)  aiispicari 
cultuianiin  officia;  qiioruin  alia  e\  pristinis  residua  con- 
siimmabit,  atque  alia  futuri  temporis  inclioabit.  .Satis  au- 
lem  eiit  per  dimidios  menses  exequi  qiiodque  iicgotium, 
quia  neque  imefestinatum  opus  niiniiim  immatiire  videri 
possitanle  quindecim  dies  factuni,  nec  ruisus  posl  totidem 
nimium  larde.  Idibus  Januariis  venlosa  tenipestas  et  incer- 
tiis  staliis.  xviii  cal.  Feb.  tcinpeslas  incerla.  xvii  cal.  Fch. 
sol  in  .\qiiarium  tiansit;  I.eo  mane  incipil  occiderc;  Afri- 


nE  L'AGRICULTUUE,  LIV.  \\. 


vent  dWfrique,  ([uelquefois  vent  de  midi  avec 
de  lii  pluie.  Le  seize,  rEcrevisse  acheve  de  se  cou- 
cher ;  froid.  Le  quinze ,  le  Verseau  commence  a 
selever;  le  vent  d'Afrique  annonee  le  niauvais 
temps.  Le  onze,  la  Lyre  se  couehe  le  soir;  jonr 
pluvieux.  Le  neuf,  le  coucher  de  la  eonstcllatiou 
de  la  Baleine  annonee  le  mauvais  temps,  qucl- 
quefois  merae  il  ramene.  Le  six,  la  claire  etoile 
que  Ton  voit  sur  la  poitriue  du  Lion  se  couche; 
c'est  souvent  un  signe  que  Ton  touclie  a  la  moi- 
tie  de  Thiver.  Lecinq,  vent  de  midi  ou  d'Afri- 
que;  froid,  joar  pluvieux.  Letrois,  le  Dauphin 
commence  ase  coucher,  la  Lvre  se  couehe aiissi. 
La  veille  des  calendes ,  le  coucher  des  astres 
dont  nous  venons  de  parler  am6ne  ie  raauvais 
teraps ;  quelquefois  il  ne  fait  que  rannoueer. 
Nous  donuerons  donc  la  note  des  differents 
temps  eventuels  ,  cn  parcourant  les  autres  demi- 
mois  comrae  nous  avoiis  fait  a  Tegard  de  celui- 
ci,  ann  que  le  metayer  puisse  (ainsi  que  je  Tai 
dejadit)  se  conduire  avec  prevoyance,  soit  en 
s'abstenant  de  certains  ouvrages,  soit  en  les 
depechant ,  suivant  lexigence  des  cas.  Par  cou- 
sequent,  si  Ton  a  de  grandes  possessions  en  vi- 
gnobles  ou  en  arbres  maries  a  des  vignes ,  on 
emploiera  le  tempsqui  s'ecoulera  depuis  le  sol- 
stice  d'hiver,  en  eommcncaut  aux  ides  de  jan- 
vier  jusqu'a  rarrivce  du  veut  Favonius,  a  re- 
prendre  tout  cequi  sera  restea  faire  de  la  taille 
d"automne ;  en  evitant  neaumoins  de  toucher  a 
lavigue  pendant  les  malinees,  parce  que  son  bois, 
encore  engourdi  par  la  bruine  et  par  les  gek^es 
nocturnes,  redoutc  alors  le  fer.  Cest  pourquoi, 
en  attendant  le  degel ,  on  pourra ,  jusqua  la  se- 
conde  ou  a  la  troisicme  heure  du  jour,  i''lagucr 
les  buissons  pour  lesempecher  de  croitre  au  point 
de  couvrir  tout  le  champ,  uettoyer  les  guerets, 


faircdes  fagots  et  entiu  fcndre  du  bois,  afMi  dr 
nese  mettrea  lataillcque  lorsque  la  journee  eoni 
raenceraaStre  plus  supportahle.  II  faut  aussi, 
dans  les  cliraatsexposes  au  soleil  et  raaigres  ou 
secs ,  comraencer  a  nettoyer  les  pres  et  a  en  in- 
terdirc  rentree  aux  bestiaux  ,  afin  que  le  foiu  y 
vienne  en  aboiidanee.  II  est  encore  temps  alors 
de  donner  les  premiers  lahours  aux  tcrrcs  seches 
et  grasses ;  car,  pour  les  terres  humides  et  me- 
diocres,  il  ne  faudra  les  leur  douner  que  vers 
rcte;  quant  a  celles  qui  seront  tres-raaigres  et 
seches,  ellcs  ne  devront  etre  labourees  qu'a  la 
(in  de  rcte  et  au  commencement  de  rautomne, 
afin  d'i}tre  aussitot  ensemencees.  Au  surplus,  il 
est  aise  de  donner  en  deux  journees  le  premier 
liibour  a  vmjugcrum  d'une  terre  grasse  pendant 
ce  temps-ci,  parce  que  le  sol  encore  humecte 
des  pluiesd'hiver  se  laisse  cultiver  alors  facile- 
mcnt.  Ilfautaussi  pcudaut  le  raeme  mois  sarclcr, 
avant  les  ealendes  de  fcvrier,  les  hles  d"au- 
tomne ,  soit  grains  adorca  que  quelques-uns  ap- 
pellent  vcrnacula ,  soit  froments.  Le  teraps  de 
les  sarcler  est  celui  oa  ils  commencent  a  jeter 
quatre  fanes.  Ceux  qui  aurout  des  journecs  de 
reste  devant  eux  pourrout  aussi  sarclcr  dcs 
lors  Torge  qui  scra  en  etat  de  Tetre.  Les  fcvcs 
exigenteucore  le  inerae  genrede  culture  ,  pourvu 
que  leurtige  ait  deja  quatre  doigts  de  hauteur; 
car  il  ne  serait  pas  a  propos  de  les  sarcler  aupa- 
ravant,  attendu  quelles  seraient  encore  trop 
tendres.  Le  raieux  serait  de  semer  rers  daus  le 
mois  precedent,  quoiqu'il  n"y  ait  pas  d'inconvc- 
nient  a  le  scmer  dans  ce  mois-ci  ou  dans  le  sui- 
vant;  carpourcequi  est  du  mois  demars,  e'cst 
un  temps  pendant  lequel  les  gens  de  la  campagiie 
defeudent  absolumeut  de  le  raettre  en  terre. 
Cest  a  preseut  le  temps  de  becher  les  vignes  qui 


(lis,  intcnlum  Aiisler  ciini  pliivia.  \n  cal.  Feb-  Cancer 
dcsinit  occidere;  liiemat.  xv  cal.  Feb.  Aquarius  incipit 
oriri;  venlus  Africus  tempestalera  significat.  xi  cal.  Fel). 
Fidicula  vespere  ocridil.  Dies  pluvius.  i\  calen.  Febr. 
ex  occasu  prisliui  sideris  signilicat  tempestatem  :  inter- 
dum  eliam  lempe.stas.  vi  calend.  Feb.  Leonis  qu<e  est  in 
pcctore  rlara  stella  occidit,  nonnumquam  signilicatur. 
Hiems  biperlilur.  v  calend.  Febr.  .\uster,  aiit  Africus,  liie- 
niat ,  pluvius  dies.  in  calend.  Febr.  Delpliinus  incipil  oc- 
cidere.  Ileni  Fidicula  occidit.  Pridie  calen.  Febniar. 
eorum,quse  supra  siint ,  siderum  occasus,  tempestatem 
lacil :  iiiteidum  lantummodo  signillcat.  lloc  igilur  semes- 
trium ,  et  deinceps  sequentia  lempeslatibus  annotatis  per- 
censuimns,  quo  caulior  villicus  (ut  jam  dixi)  vel  absti- 
nerepossit  operibus,  vel  festinationein  adliiberc.  Itaque  ab 
idibus  Januariis,  quod  liabetiir  tempus  inter  bruinara  et 
ailventnm  Favonii,  si  major  est  vineii;  vel  arbusti  niodns, 
quicquid  ex  antumno  putationis  superfuit,  repelcndum 
cst,  sed  ila  ne  matutinis  tcmporibus  vitis  sancietiir  :  quo- 
niam  priiinis  ct  gelicidiis  nocturuis  adliuc  rigentcs  matericC 
ferrnm  reforniidant.ltaqHcdum  ba;  regelata; «icianlur,  us- 
qiie  in  lioiam  ser undam  vel  tcitiam  poterunt  veprcs  allc- 


nuari,  ne  incremcnto  suo  agriim  occupent,  .segetes  emiin- 
dari,  acervi  virgarum  lieri ,  ligna  denique  conlici ,  ut  tiim 
demuni  tepenti  jam  die  piitatio  administretiir.  A|)iicis 
etiani  et  macris  aut  aridis  locis  prata  jam  purganda  ,  et  a 
pecore  suut  deremleuda  ,  ut  lieni  sit  cii|iia.  .Siccn.>?  ipioque 
et  pingiies  a;;riw  leiii|ieslivuui  esl  priisi  iiidere.  N'am  uligi- 
nosi,  et  niiHliiirris  lialiiliis  sub  a'sl;ileiii  verva;;eiiili  siiiit ; 
macerrimi  vero  et  aridi  post  a'slatem  prinio  aiiliiiniio 
arandi ,  ct  subiiide  conserendi.  Scd  jugerum  agri  piiignis 
boc  tempnre  anni  commode  duabus  operis  prosciiidilur, 
qnia  bibeinis  pluviis  adbuc  niadcns  terra  facilem  ciiltuui 
sui  pivfbct.  todemipic  mense  aute  cal.  Feb.  sarrienda; 
segeles  autnmnales,  sive  illa"  scminis  adorci  snnt,ipiod 
quidam  far  vcinaculum  vocant ,  scu  liilici  :  eaninnpie 
tcrapesliva  sanilio  est,  cuui  cnata  frumeuta  ipialuor  li- 
brarum  cs.se  cocperunt.  Oidciim  quoque  maturuin,  qiiibiis 
sii|)ercst  opcra,  liuiic  dciiiim  sarrire  debebunt.  Sed  el  (aba 
eaudem  culluram  exigit,  si  jam  coliculus  ejus  in  quatuor 
digilos  allitudinis  crcveiil.  Nam  priiis  sarrivissc  niniinm 
teneram  non  expedil.  lirvum  melius  quidem  priore  inense, 
iicc  tamcn  improbc  lioc  ipso  vel  proxinio  sereinus.  Nam 
Marlio  nullo  inod)  tcrr.c  eommiltcndum  esserustici  piis- 


a)LL!iMI-:LLE. 


sont  cehalassees  et  liees.  11  faut  se  Mter  de 
greffer  vers  les  ides  les  arbres  qui  viennent  les 
premierscu  fleui-s,  tels  que  !e  cerisier,  lejuju- 
bier,  l'amandier  et  le  peelier.  Cest  le  temps 
propre  a  f.iire  des  echrilas  ainsi  que  des  pieux  ; 
c'est  egalemcnt  celui  de  coupar  le  bois  de  cons- 
truction  :  mais,  soit  qu"il  s'agisse  du  Tune  ou  de 
rautre  de  ces  destinations,  le  meilleur  est  de  le 
couper  quand  la  luue  est  dans  son  declin,  de- 
puis  son  vingtiemejour  jusqu'a  son  trentierae, 
parce  que  Ton  estime  qu'etant  eoupe  ainsi,  il  ne 
sepourrit  jamais.  On  peuten  unejournec  eouper 
cent  pieux  et  les  aiguiser,  coranie  on  peut  fendre 
dans  le  meme  espace  de  temps  soixante  echalas, 
soit  de chene  ,  soit  dolivier,  les  polir  des  dcux 
c6tes  et  les  aiguiser.  On  peut  encore  falrn  dix 
pieux  et  cinq  echal.is  peudant  !a  veillee  du  soir, 
et  autant  pendaut  cclle  du  matin.  Si  e'cst  du 
bois  de  robre  que  ron  ait  a  travniiler,  un  seul 
ouvrier  doit  en  tailler  vingt  pieds  de  long,  de 
facon  qu'ils  soient  bien  equarris;  ce  qui  fortnera 
la  charge  d'un  vehis.  Si  c'est  du  pin,  il  ne  faut 
egalement  qu'un  seul  ouvrier  pour  en  expedier 
vingt-cinq  pieds,  etc"estce  qu'on  appellera  en- 
core  un  vclih.  Trcnte  pieds  d'orme  ainsi  que  de 
frene ,  quarante  pieds  de  cypres ,  et  jusqu'a 
soixante  pieds  de  sapinetdepeuplier,  peuveutde 
meme  litre  tres-bien  equarris  en  une  journee, 
ct  on  donnera  egalcment  le  nora  de  velus  a  tou- 
tes  ces  mesures.  On  doit  aussi  pendant  ces  jours- 
ci  marquer  d'uue  empreinte  les  agneaux  qui  sont 
sevres,  ainsi  que  les  petits  des  autres  bestiaux 
et  des  grands  quadrupedes  qui  ne  Taurout  pas 
encore  ete.  Le  Jour  des  c.:ile)ides  de  fevrier,  la 
Lyre  comraence  a  se  coucher;  le  vent  d'orient  et 
quelquefois  celui  du  midi  s'cleve  avec  de  la  grele. 
Le  trois  des  noues,  la  lyre  se  couche  en  entier, 

r.lpiiint.Vineae,fni,Tsiint  palataeet  !igatas,reclejam  foiliiin- 
tnr.  Suiriili,  qiii  primnin  floiem  alTernnt,  statlm  clrca 
iilns  inserendi  sunt ,  nt  ceiasorum  ,  luberum  ,  amygda- 
laium,  |iersiconiniquo.  Ridicis  vel  etiam  palis  conficien- 
dis,  idoiieum  teinpus  est.  Nec  minus  in  acdilicia  succidere 
aiboiem  convenit.  Sed  iitraque  melius  fumt  hina  decre- 
sceiite  ab  vigesima  usque  in  trigesimam  :  quoniam  omnis 
materia  sic  Cicsa  judicalur  carie  non  infestari.  Palos  una 
opeia  ca'deie  ct  expiitalos  acuere  ccntuni  niimero  po- 
test  :  ridicas  aiiteni  queineas,  sive  oleagineas  (indeie, 
et  dedolatas  ntiaque  parte  exacuere  numeio  sexaginta. 
Iteni  ad  liicubralionem  vespertinain  palos  decem  vcl  li- 
dicas  qiiinqiie  coiilicere,  tolideinque  per  antelucanain  lu- 
cubrationem.  Mateiies  si  roborea  est,  ab  uno  fabro  dolaii 
ad  unguem  per  qiiadrala  debet  pediim  xx  :  liKC  erit  vehis 
nna.  Pinus  autem  v  et  xx  pediim  sque  ab  imo  e\peditnr, 
qiiap  et  ipsa  veliis  dicilur  :  nec  minus  ulmiis  et  fiaxinus 
liediiin  \xx  ;  ciipressus  aiilem  pediim  xl  :  tuni  etiam  se- 
xanfiiinn  pedum  abies  atque  populiis,  singulis  opeiisad 
uiii^uein  qnadrantur,  atque  oinnes  bae  mensura;  siinilitei' 
vebes  appellantur.  His  etiam  diebus  maturi  agni ,  ct  reli- 
qui  foetus  pccudum ,  nec  minus  majora  quadriipedia  cha» 
racleie  signari  debent.  Cal.  Feb.  Fidis  incipit  occidere , 


ainsi  qiie  la  moitie  du  Lion;  vent  d'aval  ou  de 
septentrion ,  quelquefois  vent  Favonius.  Le  jour 
des  nones,  la  moitie  du  Verseau  se  leve;  temps 
venfeux.  Le  sept  des  ides,  la  constellation  de 
Callisto se  couche,  lcs  vents  Favonii  commencent 
a  souftler.  Le  six  ,  temps  venteux.  Le  trois,  vent 
d'est.  Pendant  cos  jours  ci,  on  nettoie  les  pres  ou 
les  champs  dans  les  climats  raaritimes  ,  chauds 
et  secs ,  et  on  eu  lais-e  cruitre  rherbe  pour  en  ti- 
rer  du  foin.  II  faut  alors  cchalasser  et  lier  le  reste 
des  vignes  auxquelles  les  frcids  de  rhiver  au- 
ront  empeche  de  donner  ces  facons ,  de  peur  que, 
si  i'on  tardait  davautage  a  lefaire,  on  n'endom- 
mngeSt  leurs  boutons  qui  seraient  dejii  gros ,  et 
qu'on  n'arrachAt  leurs  yenx.  !I  fnut  aussi  acho- 
ver  tant  de  hecher  les  vignes  dans  Ici?  memes  cli- 
nials,  que  de  tailler  ou  de  lier  les  ceps  maries 
auK  arbres,  qui  dcniandent  tantOt  plus  tant6t 
moins  de  facons.  II  faut  ensuite  faire,  entre  les 
noues  et  les  ides  ,  des  pepinieres  d'nrbresa  fruits, 
et  transferer  des  pcpinieres  dans  leurs  fosses  les 
jeunes  arbres  qui  seront  bons  ii  elre  plantes.  11 
faut  anssi  terminer  alors  les  fneons  a.upasfimm, 
que  Tou  aura  commencees  dans  lc  mois  de  de- 
cembreou  dejanvier,  et  planter  les  vignes.  Or, 
pour  faeonner  au  paslinum  uu  jugeriim  de  ter- 
rain  ,  il  faut  quatre-vingts  journees,  si  on  e;i 
fouille  le  Bol  a  la  profondeur  detrois  pieds;  cin- 
quante,  si  on  ne  le  fouille  qu'fi  celle  dc  deux 
pieds  et  demi ;  ou  quarante,  si  on  le  fouille  au 
hoyau  a  deux  piedsde  profondeur.  Au  reste,  cette 
derniere  mesure  est  la  moindre  de  celles  que 
Ton  pourra  donuer  au  labourau  pasii?ium, 
quand  il  s'agira  d'un  terrain  sec  dans  lequel  on 
voudra  planter  des  arbrisseaux  :  car  si  Ton  se 
propose  de  n'y  mcttre  que  des  plantes  potageres, 
une  profondeur  d'un  pied  iet  demi  pourra  fitre 

veiilus  Eurinns ,  et  iiiterdura  Auster  cum  giandine  eet.  m 
nonas  li^eb.  Fidis  lola,etLeo  niedins  occidit.  Corus,  aut 
Septenliio,  nonnunqnam  Favoniiis.  Nonis  Febr.  mediae 
partes  Aqiiarii  oriiintur,  ventosa  tempesSas.  vu  idus  Fehr. 
Callisto  sidiis  occidlt ;  I^avonii  spirare  incipiunt.  ti  idus 
Fehr.  ventosa  tempestas.  iii  id.  Feh.  Eurus;  per  hosce  dies 
locis  niaritimis  vl  calidis  ac  siccis  prata  vel  arva  purgan- 
tur,  et  in  fiEuum  suhmittuntur.  Reliqua;  partes  vinearum 
propter  bruinam  vel  frigora  omissae,  nunc  palandaeet  al- 
iigandac  siint,  ne  postea  tumeutes  gemmae  laedaiitur,  et  oculi 
atterantur.  Itein  vinearum  fossio  iisdein  locis  perageiida, 
arbustorumqiie  siveputatio  sive  alligatio  linienda  est,  quo- 
rum  justa  certa  essc  non  possuut.  Inler  nonas  deinde  et 
iiUis  pomoriim  seminaria  facienda  sunt,  et  niatnra;  plantae 
de  serainaiiis  in  scrobes  liansferendae.  Pastinatio  quoque, 
(piic  mense  Decembri  vel  lanuario  coepla  est,  jam  iiunc 
iiicbidenda,  el  vilibus  coii.serenda  est.  Pastinaturaiilem 
lerreni  jugeruni  ita,  ul  soluin  iii  altitudinem  Iriiiin  peduin  i 
dcfodiatur  operis  Lxxx  :  vel  in  altiludinem  dipondii  se-  '' 
missis,  operis  l  :  vel  aj  bipalium,  cui  est  altitudo  diio- 
rum  peduin  ,  opeiis  xl.  Haec  tainen  in  agro  sicco  surculis 
conserendis  miuiina  pastinalionis  inensura  est  Nam  oleri- 
bus  deponendis  possit  vel  sesquipedalis  altitudo  salisfacei c, 


DE  L'AGl\ICULTUlx!:,  I.I\  .   \1. 


s;il'fi«aii!c;  nviquelcas  wnJKf/pnim  ne  demandcra 
conimuncmcnt  que  fi-cntc  journees  de  travail. 
Oii  doit  aussi  distribuer  dans  le  meme  temps 
iine  portion  deson  fumicr  sur  lespres,  et  en  re- 
pandre  une  autre  portion  au  pied  dcs  olivicrs 
et  des  autres  arbrcs.  II  faut  cueore  fairc  avee 
soin  des  pepiuicres  de  vit;nes ,  et  les  remplir  seru- 
puleusement  de  crossettes  tres-rceeniment  tirees 
du  eep.  II  est  bon  de  mcltre  alors  en  terre  lcs 
peupliers,  les  saules  et  les  frenes  avant  qu'ils 
soient  on  fcuiiles,  de  nicme  quc  les  ormcs  qui 
serontbons  a  ctre  plautes,  comme  aussi  de  t;'.;l- 
ler  ceux  de  ces  arbres  qui  auront  cte  plantes  prc- 
cedemment,  de  les  beclierautourde  lear  picd,  et 
de  coupcr  les  pctites  racines  qu'ils  auront  jetees 
sur  la  supcrlieiedu  sol  pcndant  Tete.  11  faut  en- 
core  jeteralors,  avant  la  fouille  dcs  vignes, 
hors  des  terrcs  labourees ,  et  ranger  aupres  des 
haies,  les  sarraents  et  les  branches  des  arbres 
maries  aux  vignes ,  alnsi  que  les  roiices ,  et  cu  un 
mot  tjutcs  les  immondiees  qui  pourraient ,  si  on 
les  laissait  a  terre,  rctarder  les  ouvriers  qui  ont 
a  fouiller  la  terre  ou  ii  lui  donner  toute  autre  fa- 
^on.  II  faut  faire  de  nouvelles  pepinieres  dc  ro- 
siersou  soigner  les  anciennes,  planter  dcs  ro- 
scaux  ou  rneme  cultiver  ceux  qui  raurout  ete 
anterieurcment,  faire  des  saussaies  ou  en  taillcr 
lesarbres,  y  ariacher  les  mauvaises  heibes  ct 
les  bcclicr,  senicr  le  genct  en  graine  dans  unc 
terre  faconiice  au  pastinum,  ou  memc  lc  depo- 
ser  en  pied  dans  dcs  fosses.  Lcs  seraailles  des 
tremois  ne  sont  pas  non  plus  faites  a  contre- 
tempsdansce  moment-ci,  quoiquMl  soit  micux 
de  les  faire  dans  les  pays  tempercs  peudant  le 
mois  de  janvicr.  Le  jour  des  idcs  de  fevrier,  le 
Sagittaire  se  couche  le  soir ;  giand  froid.  Le 
seize  des  calendes  de  mars ,  la  Coupe  se  ieve  le 


soir;  cliangcriieiit  de  ven!.  Le  quinze,  le  soUil 
entre  dans  les  Poissons;  le  temps  est  quelquc- 
fois  venteux.  Le  treize  ct  le  douze ,  vent  Favoniiis 
ou  vent  de  midi,  a\cc  greleet  orages.  Lc  dix  ,  le 
Lion  acheve  de  se  eoueher;  lcs  vents  septcntrio- 
naux,(iue  fon  appclle  Oniilhiw,  ont  coutume 
de  souriler  pendant  respaee  de  trente  joiiis; 
aprcs  quoi  les  hirondelles  arrivcnt.  Le  neuf, 
1'Arcture  se  leve  au  commencement  de  la  riuit ; 
temps  froid,  vent  d'aquilon  ou  d'aval;  quelque- 
fois  il  pleut.  Lc  huit,  le  Sagittairc  commence  a 
sc  lcver  au  crepusculc;  temps  variable ,  (juoiqu"oii 
remarquele  pliis  grand  calmedans  la  mer  Atlaii- 
tique.  Le  sept,  tcmps  venteiix  ;  on  aper(joit  les 
hirondelles.  II  cst  temps  de  faire  pcndaiit  ces 
jours-ci,  daiis  les  elimats  froids  ,  les  operatioiis 
que  nous  avons  detaillfjes  ci-dessus  ;  et  quoiqu'il 
soit  tard  pour  !es  faire  dans  les  cliraats  ehauds, 
il  ne  faut  pas  ncanmoins  se  dispenser  de  les  y 
faire  alors,  si  on  ne  les  a  pas  faites  pivccklt-m- 
ment.  .\n  surplus,  il  parait  que  c'est  le  meillcur 
temps  pour  plaiiter  lescrosseltes  et  lesmarcottes, 
quoiqu'il  n'y  ait  pns  plus  d'inconv(^nient  a  les 
planter  entre  les  calcndes  et  les  ides  du  mois  sui- 
vant,  pourvu  n('aanioins(iue  lepaysne  soit  p;is 
tres-chaud  :  il  sera  nK^ne  niieux  de  differer  a  le 
fairc  jus(iue-la,  si  lc  pays  est  plus  froid  que 
cliaud.  Ou  greffera  aussi  tres-bieu  dans  cetcmps- 
ci  l?s  arbres  et  les  vit;iies  d.nis  les  eiiniats  tcin- 
jieMVS.  Le  jour  des  calendes  de  mars,  vent  d'.\- 
fri(]ue,  et  quelqsiefois  de  midi  avee  dc  la  grele. 
Le  six  dcs  nones,  le  Vcndangeur,  que  les  Grecs 
appeilent  Tpu-/viTf,p,  parait;  vent  scptentrional. 
Le  quatre,  vent  [•'avonius  eX  quelquei'ois  vcnt  de 
midi;  froid.  Lejour  des  noncs,  le  Ciicval  se  lcvc 
le  niatin;  vcnt  d'a(inilon.  Le  trois  des  idcs,  le 
Poisson  duc6t(3  de  raquilon  acheve  de  se  iever; 


qu;e  plerumque  iii  siiisula  ju;.;('ra  trigiula  <i|ii>iisroiin(i;iir. 
Hoc  eodem  teinpoie  sleicori.s  p.iis  iu  prala  (li^cn-.Kla , 
pais  oleis  et  CTleris  aii)orilnis  insperfjenda.  Quiiieliaiu  vi- 
tiaria  diligenler  lacienda,  malleolnsque  [quaiii  ii'C,eu- 
tissinius]  curiosissime  paii^cndus.  Populos  et  salices  cl 
fraxinos,  prius  qnani  frondcaiit,  planta.S(p!e  ulmorum  niiiic 
ponere  ntile  est,  aul  ante  salas  nunc  expiilare,  et  circum- 
iodere,  ac  snmmas  eariim  a;stivas  radiculas  ami>ulaie. 
Sarmenla  quoqne  vineis  nondum  Ibssis  alqne  arbu.stis  et 
segetibiis  ramos  el  rubos,  i|nicquid  denique  jacciis  fodieii- 
tem  vel  alio  genere  lcrrani  molicnlcm  potest  impedii  e , 
nunc  cgeierc  et  ad  sepcm  applicare  oportel :  rosarla  nova 
conscicie,  vel  anliqna  cur.iie  :  arundinela  nunc  poncre, 
vel  ctiani  pristina colere  :  salicta  facere,  vel  deputata  lun- 
care  ac  fodcrc  :  gpnistam  scuiine  vcl  plantis  in  pastiiialo 
vel  cliam  siilco  dcpoiiere.  Tiimesliium  quo(]ue  satio  non 
est  aliciia  lniic  tcmpori ,  quamvis  tepidis  ic^ioiiiliiis  nii^- 
liiis  a(bi)iiii.str('tur  pcr  menscin  Januarium.  Idibiis  1'cbrua- 
rils  Sagillaiius  vcspere  occidit;  vclieiiicnlfr  liiemat.  xvi 
c.ilend.  Marlii  vcspcic  Cialor  orilnr;  venli  niiilatlo.  xv 
cal.  .Marlii  sol  in  l'isccs  transitiim  fiicit,  nnmiiinipiatn  vcii- 
losa lciiipeslas.  mii  ctxii  cal.  .Martii  favoniiis  \c!  .\ustir 


ciim  ^r.iniliii.)  cl  iiiciliis.  \  c:d.  M^iriii  Lco  dcsiiiit  occi- 
dcic;  vciili  .ScptciilnDiialcs,  qiii  vocautur  Oniilbia',  p.T 
dics  trigiiila  csse  .solcnt;  tnin  ct  biruudo  advenil.  ix  cal. 
iMartii  Arctnrus  prinia  nocte  oritur,  frigidiis  dics  A(]ui- 
lone,vcl  Coro,  iulcrdiim  jiliivia.  viii  cal.  iMartii  .Sagilla 
crcpiisculo  inciiiit  oriri,  varia^  tenqwslatcs  :  llalcjouci 
dic.i  vocHiiitiir,  iii  Atlaiilico  quidcm  niari  suninia  li'ani]iiil- 
lilas  nola  esl.  vii  c<il.  Martii  vento.sa  lciiqicstas,  birnndo 
coiispicilur.  Per  bos  dies  frigidis  locis  earuni  rei  iim,  (]ii;is 
siiina  .scriiisimns,  lempcsliva  est  adniinistralio.  Locis  aii- 
tcm  calidioiibus,  quamvis  sera,  tamcn  nccessaria.  Ciclc- 
riim  nialleoli  et  viviradii  is  positio  liiijus  csse  tcinjwiris  vi- 
dcliir  optima.  iScc  tamch  dclerior  etiam  inter  cal.  ct  idu» 
sciiuciitis  mensis,  iili(iuc  si  non  sit  fervcnlissima  rcyio  : 
si  vcio  cliiim  niagis  frisida,  vcl  niclior  [est].  Insilio  quo- 
iliie  ai  bornm  alque  vitiiini  lepidis  lo:is  hoc  lein[)ore  coia- 
mode  admiiiistialiilnr.  Cal.  iMartii  AlVicus;  inlcrdnn:  Aus- 
lcr  cuni  grandine.  vi  nonas  iMartii  Vindeniialor  ap])arel , 
«liiem  Crjeci  Tfjyr.TTipa  diciint  :  Seplenfrionales  vciHi.  ir 
Nonas  Marlii  Favoniiis ,  inleidum  Austcr  ;  hicniat.  Nonis 
Marlii  Equus  niane  oiilur;  llatiis  Aqnilonis.  iii  Idus  Miir- 
tii  Piscis  ai|iiiloniiis  dcsinil  oi  iri ,  Sc]ilcntrionalcs  vcnii. 


COLUMELLE. 


veiit  seplentrional.  La  \eille  des  ides ,  le  vaisseau 
Argoseleve;  vent  Favonius  on  vent  demidi, 
c(U(!lquefois  d'aquilon.  On  dispose  a  propos  pen- 
dant  ces  jours-ci  les  jardins  :  mais  j"en  parlerai 
plus  particulierement  dans  leur  lieu,  afin  qu'on 
ne  m'impute  pasd'avoirpasse  tropneglicemment 
sur  les  fonctious  du  jardinier,  en  les  confondant 
pour  ainsi  dire  parmi  eette  bande  de  travaux 
t(ueje  suis  occupii  a  decrire  ,  ou  d'avoir  inter- 
ronipu  cu  ce  moment  Tordre  des  autres  genres 
ile  cuiture  que  j'ai  commence  a  detailler.  Ainsi,  le 
temps  qui  s'ecoule  depuis  le  jour  des  calendes  de 
mars  jusqu'au  dix  de  ceiles  d'avril  est  un  tcmps 
excellentpour  taillerla  vigne,  pourvuneanmoins 
que  Ton  irapercoive  pas  encore  de  mouvement 
dans  ses  boutons.  Cest  aussi  principalement  dans 
ce  temps  que  Ton  prend  sur  ies  arbres  avcc  suc- 
ces  des  branches  qui  n'out  point  encnre  com- 
mence  a  bour<!;eonner,  pour  etre  employees  eu 
greffes  ;  comme  c'est  aussi  alors  que  l'operatlon 
de  la  greffe  elle-meraeest  sans  coutredit  la  mieux 
faite,  tant  sur  les  vignes  que  sur  les  arbres.  On 
pref^re  encore  ce  temps-ci  (jour  planter  la  vigne 
dans  les  elimats  froids  et  huraides ;  et  il  est  aussi 
tres  a  propos  de  deposer  alors  cn  terre  les  cimes 
des  figuicrs  qui  sont  deja  garnies  de  leurs  bou- 
tons.  On  sarcle  anssi  les  bles  a  mervcille  pour 
la  sccondefois  :  une  journee  suITit  pour  en  sar- 
cler  trois  modii.  Cest  le  temps  de  nettoyer  les 
pres,  et  d'eu  interdlre  rentree  aux  bestiaux  dans 
les  pays  chauds  et  secs;  il  faut  meme  coraraen- 
cer  ii  le  faire,  eorame  nous  Pavons  dit  ci-dessus, 
au  mois  de  jauvier  :  mais  dans  les  pays  froids  on 
se  contente  de  laisser  croitre  Ibcrbe  des  pres  de- 
puis  Ics  Quinqualria.  II  faudra  preparcr  dans  ce 
temps-ci  toutes  les  especes  de  fosses  dans  les- 
quelles  on  se  propose   de  meltre  du  plant  en 


automne.  Si  le  terraiu  est  commode,  un  seui 
homme  en  fera  en  une  journee  quatorze  de  celles 
que  Ton  nomme  quaternarii ,  c'est-a-dire,  de 
celles  qui  ontquatre  pieds  tant  en  Iargeurqu'en 
longueur,  etdix-huit  de  cellesqui  en  ont  trois. 
Au  reste ,  pour  planter  des  vignes  ou  des  arbres 
de  basse  tige ,  on  fera  une  tranchee  de  cent  vingt 
pieds  de  longueur  sur  deux  pieds  de  largeur  et 
deux  et  demi  de  profondeur,  et  il  ne  faudra  non 
plus  qu'une  journce  pour  la  faire.  Cest  le  temps 
de  becheret  de  faconner  les  pepiniferes  de  rosiers 
tardifs.  II  est  a  proposderepandre  en  ce  temps-ci 
de  la  lie  d'huile  extraite  sans  sel,  autour  dcs  oli- 
viers  qui  ne  se  porteront  pas  bien  :  il  suffira  de 
six  congii  de  cette  liqueur  pour  les  plus  grands 
arbres,  d'une  urne  pour  les  arbres  moyens,  et  h 
prnportion  pour  les  autres ;  ceux  meme  qui  se  por- 
teront  bien  n'en  deviendront  que  plus  fertiles  si 
on  les  en  arrose.  Quelques  auteurs  ont  pretendu 
quec'etait  le  meilleur  teraps  pour  former  dcs  pepi- 
nieres,  de  raerae  qu'iIsout  prescrit  de  seraer  alors 
sur  des  planches  les  baies  de  laurier  ou  de  myr- 
te,  et  la  graine  des  autres  arbustes  qui  sont 
toujours  verts.  Les  raemes  auteurs  ont  aussi  ete 
d'avis  qu'il  fallait  planter  depuis  les  ides  de  fe- 
vrier,  ou  memedepuis  les  calendes  de  mars,  To;-- 
thocissiis  et  le  lierre.  Le  jour  des  ides  deniars, 
le  Scorpiou  coraraence  a  se  coucher;  il  annonce  le 
mauvais  temps.  Le  dix-septdescalendes  d'avril, 
il  seeouche;  froid.  Le  seize,  le  soleil  cntre  dans 
le  Belier;  yeulFavonius ou  vent  d'aval.  Le  douze, 
le  Cheval  se  couche  le  matin ;  vent  septentrional. 
Le  dix  ,.le  Belier  comraence  a  sc  lever ;  jour  plu- 
vieux  ;  quelquefois  il  neige.  Le  neuf  et  le  huit, 
requinoxe  du  printeraps  annonce  le  mauvais 
temps.  II  ne  faut  pas  manquer  d'achever,  depuis 
les  ides ,  les  operations  dont  nous  venons  de  par- 


Pridie  idiis  Martii  Argo  iiavis  exoritiir,  Favoniiis,  aut 
Aiister,  interdiim  Aqiiilo.  His  diebus  coiiimode  inslruuii- 
tur  horti,  de  qnibus  suo  loco  dicam  setretius,  ne  inler 
lianc  qnasi  turbam  operum  negligentiiis  olitoris  orncia 
descrii)sisse  videar,  aut  iiunc  ordiiiein  reliquarnm  cultu- 
raruni  coeptiim  iiiterrupisse.  [gitur  a  cal.  Marliis  eximia 
est  vitiuni  pntalio  usque  in  decimiim  calend.  Apriles  ,  si 
tanien  segemma;  nondum  movent.  Surculi  qiioqiie  silen- 
tes  ad  insitioneni  nuiic  prsecipue  utiliter  leguntur,  el  rpsa 
insitio  vitiiini  atque  artiorum  nunc  est  optima.  Frigidis 
qiioque  locis  et  liumidis  vilium  satio  nunc  pra;cipua  est , 
sed  et  liculnca  cacumina  jain  tuinentia  utilissime  deponun- 
tur.  Sarritura  quoque  frurnentoruin  iteratiir  egregie.  Mo- 
dios  tres  iina  opera  recte  sarrit.  Prata  purgare,  et  a  pecore 
defendere  jain  tempestivum  esl :  locis  qiiidem  calidis  et 
siccis  etiam  [a]  mense  Januario,  ut  supra  diximiis,  id  fieri 
debet  :  nam  frigidis  vel  a  Qninquatiibus  prata  recle  sub- 
miltunlur.  Scrobes  omnis  geneiis ,  quos  eris  autumno 
sonsitunis,  lioc  teiniiore  prsparare  opoi  tebit :  coriim  qua- 
ternarii ,  lioc  cst  quoquoversus  \ii'cluni  iv  ,  si  est  com- 
moJuin  tcrienum,  xiv  abi  uuo  liuiit;  ternarii  auteni 
xviii.   Caterum  ad  deponeudas  vilos,  vcl  non  magni  in- 


crementi  arbores,  sulcus  qui  sit  peiliiin  centuui  et  vigiuli, 
latitudine  bipedauea,  iii  altitiKlinein  de|Miiiii  (li-licl  dipoii- 
dio  seinisse,  cumqiu'  siniililer  una  nprra  eriH  il.  rinsariuin 
serotinum  perfossum  et  cultuin  liabere  jain  teuipus  est. 
Oleislaboiautibus  circumradicesamurcani, quiesnlein  noii 
habeat,  nunc  conveniet  infiindere  :  maximis  sex  coiigii, 
mediocribus  arboribus  nriice  satisfaciunt ,  csleris  a;sti- 
inauda  crit  (lortio.  Sed  tamen  qua;  niliil  vilii  habuerint, 
aliquanto  laitiorcs  fient,  si  amurca  rigeiitur  insulsa.  i\oii- 
iiulli  hoc  optiinum  tenipus  esse  seminariis  institiiendis 
dixerunt.  Tiim  eliam  baccas  lauri  et  myrli  caeteroruniqiie 
viridium  seinina  in  areolas  disserere  praecepeiunt.  Ortlio- 
cissos,  et  ederas  ah  idibus  Februariis,  vel  eliam  cal.  Mar- 
tiis  poni  oportere  iidcm  censuerunt.  Idibus  Mart.  Nepa 
incipit  occidere;  significat  teinpeslateni.xvn  calen.  April. 
Nepa  occidit ;  biemat.  xvi  cal.  April.  Sol  iu  Arietem  trans- 
ituni  facit ;  Favonius,  vol  Corus.  xii  calen.  April.  Equus 
occidit  mane;  Septentrionales  venti.  x  cal.  April.  Aries 
incipit  exoriri ;  pluvius  dies  ;  interduin  ningit.  ix  et  vm 
calendaruni  Aprilium,  .lEquinoctiuni  verniim  terapesta- 
lcui  signilicat.  Ab  idibus  eailcm,quie  supra,  utiquc  per- 
iigonda  siinl :  oplime  nuteni  iihginosa  et  pingiiia  loca  nunc 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  XL 


Icr.  Oii  doiine  niissi  pour  lors  a  merveille  les  pre- 
miiMs  labours  a  laterre  dans  les  licux  humides 
it  i^ras ,  et  les  seeonds  sur  la  lin  de  mars  aux 
Lueifls  qui  auront  recu  les  prcmiers  au  mois  de 
Jauvicr.  Si  cn  taillant  la  vipie  ou  a  laissc  dc  cote 
quclques  treillcs  de  raisin  distinf;uc,  ou  quelques 
ceps  particuliers  niarics  a  dcs  arhres  dans  les 
champs  ou  dans  Ics  buissons,  il  faut  sans  con- 
tredit  lcs  tailleravant  Ics  calendes  d'avril ,  pnsse 
lequel  jour  cctte  facon  leur  serait  infructueuse 
pour  etre  tardive.  Cest  aussi  nlors  qu'ou  com- 
meuceasemer  pour  la  prcmicre  fois  lc  millctet 
le  pauis;  cet  eusemenccmcnt  doit  ctrc  fmi  vors 
les  ides  d"avril.  II  faut  cmq  sejiarii  de  chacune 
de  ces  graines,  pour  eusemeucer  un  Jiif/rni/i> 
de  terre.  Kn  outre  ,  c'est  eucore  Ic  tcmps  de  chn- 
trer  lesbetes  a  laiue,  aiusi  que  les  autres  quadru- 
pedes.  On  peut  effectivement  chntrer  tres-hien 
tous  les  hestiaux ,  dans  les  pays  tcmperes  ,  de- 
pnis  les  idcs  de  fevrier  jusqu'a  celles  d'avril ;  ct 
dans  les  pays  froids,  depuis  cclles  de  mars  jus- 
qua  cclles  de  mai.  Le  jour  des  calendes  d'avril , 
le  Seorpion  se  couche  le  matiu;  il  annouce  le 
mauvais  temps.  Le  jour  des  nones,  \eQt  Favo- 
7iiv.'!  ou  vent  de  midi  avec  de  la  grele,  et  quel- 
([uefois  des  la  veille.  Le  buit  des  ides,  les 
Pleiades  se  caehent  le  soir  ;  quelquefois  il  fait 
froid.  Le  sept ,  le  six  et  le  cinq,  les  vents  de 
midi  et  d'Afriquc  annoneent  le  mauvais  tenips. 
Le  quatre ,  la  Balance  commeuce  a  se  coucher 
au  lcver  du  soleil  ;  elle  annonce  quelquefois  le 
raauvais  temps.  La  veille  desides,  les  Hyades 
se  cachent;  froid.  II  ne  faut  pas  raanquer  pen- 
dant  cesjours-ci  de  becher  les  vignes  pour  la 
premiere  fois  dans  les  pays  froids ,  et  cette  opc- 
ration  doit  ctre  termince  avaut  les  ides.  II  faut 
aussi  sc  hdteralors  d'achever  Ics  operations  qui 


auraient  du  6Ue  faitcs  au  niois  dc  mars  nprcs 
requinoxe.  On  ente  eneore  tres-bien  alors  les 
flgniers  et  les  vignes.  On  peut  arracher  les  mau- 
vaises  hcrbes  des  pepiuieres  faites  precedem- 
meut ,  comme  on  peut  aussi  les  becher  com- 
modemeut.  II  faut  laver  lcs  hrebis  de  Tarente 
avec  dela  sapouaire  ,  pour  les  disposera  la  tonte. 
Le  jour  des  ides  d'avril ,  la  fJalance  se  couche  , 
ainsiqueje  Tai  dit  ci-dessus;  froid.  Le  dix-huit 
des  calendes  de  mai,  temps  venteux  et  pluie, 
quoique  ce  ne  soit  pas  uue  rejile  infaillihle.  Le 
quiuze,  le  solcil  entre  daus  le  Taureau;  ii  an- 
nonec  la  pluie.  Le  quatorze,  lcs  Hyades  se  ca- 
cheut  le  soir ;  elles  anuoneent  la  pluie.  Le  onze  , 
on  cst  a  la  moitie  du  printemps;  pluie  et  quel- 
quefois  grele.  Ledix  ,  les  Plciadesse  levcntavec 
lesoleil;  vent  d'Afriqueou  dc  midi,  tcmps  hu- 
mide.  Le  neuf ,  la  Lyre  paralt  au  comuience- 
ment  de  la  nuit;  elle  annonce  le  raauvais  temps. 
Le  quatre,  commuuement  vent  de  midi  a\ec  de 
la  pluie.  Le  trois  ,  la  Chevre  se  leve  le  raatin  ; 
vent  de  midi,  quelquerois  de  la  pluic.  La  veillc 
des  calendes,  la  Canicule  se  cache  le  soir;  elle 
annonce  le  mauvais  temps.  iVous  coutiuuerons 
pendant  ces  jours-ci  les  memes  operations  que 
ci-dessus.  On  peut  i;rclTer  cn  ecussou  ou  autre- 
ment  lesoliviers,  pourvu  qu'ils  corameuceut  a 
quitter  leur  ecorco  :  on  peut  egalemcnt  cnter  en 
eeusson  les  autres  arbres  a  fruit.  Rien  n'cmpeche 
qu'on  n'epampre  aussi  la  vigne  pour  la  premiere 
fois ,  parce  que  ses  yeux  ,  qui  ne  fout  que  com- 
mencer  a  paraitre,  peuveut  etre  abattus  d'un 
coup  de  doigt.  Outre  cela,  si  en  bechant  les  vi- 
gnes  on  y  a  deranj;e  quelque  chose,  ou  qu'on 
cn  ait  omis  quelque  partie  par  negligence,  un 
vigneron  attentif  doil  y  remettre  la  mnin,  et 
cxaminerlesjougsquipourrontsetrouver  rorapus 


ilcnmm  proscinduiitiir  :  ct  qu.T  nienso  Januaiio  veivacta 
fecinius,  nunc  ultima  paiteMaitii  sunt  ileranda  -.  et  si- 
quse  pergul.e  vitium  generosarum  ,  vel  siquae  in  agris  aut 
vepribus  singiilaies  arboies  maiit»  a  piitatoiilius  reliclK 
siint,  ante  calend.  April.  utique  deputari  debent;  post 
qiiem  dieni  sera  et  iufructuosa  fit  hujusmodi  reruin  cura. 
Milii  quoque  et  panici  Iktc  piima  satio  est,  qua^  peragi 
dcbel  circa  idiis  ,\pril.  utriusqiie  seminis  sextarii  quini 
sin^ula  jugcra  occupant.  Quineliam  pecus  lanatum  cie- 
teia(|ue  qu:idrui>eili<i  tcmpiis  idoneiim  e.st  castrandi.  Locis 
anlcm  li'|>idis  ali  idibus  Fcbriiariis  usque  in  idus  Apri- 
li's  ,  iii  |i>(  is  Iriuidis  al)  idibiis  Marliis  usqui^  in  idus  Maias 
(ininia  rcclc  pi(  ora  caslranlur.  Cal.  Aprilibus  Nepa  occi- 
ditniane,  tcinpcstalcm  sii^nilicat.  Noiiis  April.  Favonius 
aiit  .\ustcr  cuin  ijrandine,  nonnunquam  hoc  idem  pridic. 
Octavo  i>lus  A|>iilis  Vcr;;ilia'  vcspere  celantur,  iatciduin 
liiciii.il.  SrptiiiKi  i>lus  Aprilis,  ct  scvtu ,  el  qiiinto  Austri 
et  Africi  tciiipc>latciii  si^iiilicant. 

Quarto  idus  Aprilis,  solc  oricnle ,  Libra  orridcro  incipit , 
iiitcrdumlenipcstatcui  si&iiilicat.  1'ridic  id.  .Apiilis  Suciiia: 
cclanliir,  liicuiat.  His  dicbus  locis  frigidis  priiiia  vincariiin 
fossio  utiqnc  aiite   idus  peragenda  est  :  qua;>pie  iii(>iise 


Martio  post  confectuni  a^quinoctinin  ficri  dcbucriint ,  nunc 
denique  quam  primum  exequenda  siint.  Fki  vitesque  ad- 
liuc  recte  iiiseruiitur  :  seminaria,  quae  siint  ante  facta, 
nincari,  et  adliuc  commode  fodin  possuiit,  Oves  Taicu- 
tiiia?  ladice  lanaria  lavari  debenl ,  iil  tonsiira'  pra>parenlur. 
Idibiis  Aprilibiis,  ut  supra,  Libra  occidit,  hieniat.  Deci- 
niooctavo  calen.  Maias  ventosa  lempestas,  et  imbies,  nec 
hoc  coiislanter.  xv  cal.  Maias  sol  in  Taurum  transttum 
facit,  pluviam  signiticat.  xivcal.  Maias  .Sucula»  sc  vesperi 
cclant;  pliiviam  sisnilicat.  xi  cal.  .Maias  ver  hipartilur, 
pliivia,  ct  noniiunipiam  fiiando.  Decimo  cal.  Maias  Vcr- 
Hilia;  ciiin  sole  oriiintin,  .Vfiicus,  vd  Auster,  dies  humi- 
diis.  Nono  cal.  Maias  piinia  nocte  Fidiculaapparet,  tem- 
pestalcm  significat.  Qiiarto  calen.  Maias  .\uster  fere  cum 
pliivia.  Terlio  cal.  Maias  iiiaiic  Capra  exorilur,  Austrimis 
dics,  iiiterdumjiluvia'.  Piidie  cal.  Maias  Caiiis  .se  vespere 
cclat :  tempestatem  signilicat.  1'cr  lios  dics  eadem  qua'  sii- 
pra  persequemiir,  possunlqiic,  si  jain  lihrum  remitlunt, 
iiiseri  olere ,  vel  emfilastrari ,  c.ilcricqiie  pomifei  <T  arbores 
eodem  cmplastrationis  };enerc  iiiscri.  Sed  et  piima  pampi- 
natio  recte  inchoatur,  diini  prorcpcntes  oculi  digito  deciili 
possint,  Siqiia  pr.Ttcrea  in  viiieis  aut  fossor  disturbavit, 


COLUMELLE. 


pour  les  racconimocler,  ou  remeitrp  A  leur  place 
les  pieux  renverses  ,  sans  cepeiidant  faire  lomber 
lesjeunes  pamprcs.  11  faut  marqutr  d'une  cm- 
preinte  dans  le  meme  temps  les  bestiaux  dc  la 
seeonde  portce.  Aiix  calendcs  de  mai,  on  pre- 
tend  que  le  soleil  rcste  pendant  dcux  jours  dans 
)e  meau'  det;re  de  la  Dodecatemorie.  Le  six  des 
noncs  ,  rilyadc  se  leve  avec  le  soleii  ;  vents  sep- 
tcntrionanx.  Lecinq,  le  Cenlaure  parait  entier  ; 
il  aiinoncu  le  mauvais  temps.  Lc  trois,  il  annonce 
la  pkiie.  La  veille  des  nones,  le  Seorpion  se 
couche  a  moitic ;  il  annonce  le  mauvais  temps. 
Lejonr  dcsnones ,  les  Pleiades  se  leveut  le  matin; 
xent  Fuconiiis.  Leseptdes  ides,  c'est  le  eom- 
menccnieut  de  Tete;  vent  Favonhis  ou  vent  d'a- 
val ,  queiqnefois  meme  pluie.  Le  six  ,  lcs  Pleia- 
des  paraissent  enlieres;  xent  favonius  ou  vent 
d'aval,  quelquefois  aussi  phiie.  Le  trois,  la 
Lyre  se  leve  le  matin;  elleannonce  le  mauvais 
temps.  II  faut  pendant  cesjoursci  arracher  les 
mauvaises  hcrhes  des  tcrres  cnsemenccos,  ct 
commcncer  la  coupe  du  foin.  Un  bon  ouvrier 
faucheun  Jin/cnnn  de  pre  a  lui  seul,  ct  ne  lie 
pas  moins  de  douze  cents  bottes  de  quatre  livres 
chacune.  Cest  aussi  le  temps  de  becher  le  pied 
desarbres,  et  de  recouvrir  ceux  qui  sont  de- 
chausses  :  on  peut  becher  en  unejournce  lcpicd 
dequatre-vingts  Jeunes  arbres,  celui  de  soixante 
et  cinq  d'unc  moyenne  grosseur,  tt  celui  de  cin- 
(luante  grands  arbres.  II  faudra  pendant  ce  mois- 
ci  becher  souvent  toutes  les  pepinieres.  En  geiic- 
ral,  depuisles  calendesde  mars  jusqu'aux  ides  de 
scptembre  ,  il  faut  les  beclser  tous  les  mois,  aiiisi 
(|ue  les  jcunes  vigncs.  On  taille  les  olivierset  on 
les  d(.'barrasse  de  leur  mousse  dans  le  cours  des 
memesjouis,  quand  le  climat  est  tr(is-froid  ct 

aut  negligentia  omisit,  diligens  vinitor  restitnere  deljet,  et 
fracta  juga  consideiate  resaicire,  aut  clisjeclos  palos  rc- 
lUMiere,  ila  ne  teneros  panipinos  explantet.  Eodem  teni- 
pore  secundi  fetus pecudes  signari  oportet.  Cal.  Maiis ,  hoo 
iiiduo  sol  unam  dicilur  lenere  iiarliculam.  vi  iionas  M;iias 
Siicula  cuni  soleexorilur,  Se|ilennioiialcs  veiili.  v  nonas 
Maias  Centaurus  toliis  apparel,  lcniprsliilnii  si;;iiilicat. 
111  iiMuas  Maias  idcu)  sidiis  plin  iani  si^niliiat.  1'ridie  no- 
iias  \I,ii,is  .Xi'|i,i  1111'ilins  ocoidit;  tempcsUitem  signilical. 
Kniiis  Maiis  Nrmilia'  csoriuntur  mane  ,  Favonius.  Vii  idus 
Mai.is  avslalis  iiiilinni,  li^avonius,  aulCorus,  iulerdiim 
ctiam  pluvia.  vi  iiliis  V'eij;ili;r  tola^  apparent,  Favonius, 
aut  Corus,  iiilcrdnm  ct  pliniH'.  Tertio  idus  Maias  Fidis 
iiiane  oritur,  signilicat  li'ni|icstaleui.  I'er  lios  dics  riincan- 
<te  segetes  sunt,  lirnisicia  inslitnenda.  lioniis  operariiis 
piati  jugerum  desccat,  ncc  iiiinns  inille  liiicentos  iiiaiiiiin- 
los  nniis  alligat,  (|iii  sint  .siiiguli  i|ualeiiianiui  lilirarnni. 
..^itxues  quoqiie  tempus  est  alilatpieatas  circumlodere ,  et 
opcrire  :  una  opera  novellas  circimifodict  aiborcs  ocliia- 
ginta,  mediociesLxv,  magnas  quinqiiaginta.  lloc  mcn.se 
seininaria  omuia  crcbro  fodcre  oportebit.  Sed  a  calendis 
Martiis  usqiie  in  idns  Septenibrcs ,  omnibus  mensibiis  iioii 
soliim  seniiiiariis,  sed  eliara  novellis  vincis  daniia  lossio 
csl.  lisdemdiebus.ubi  piscgelidiim  cl  pluvium  ciclnincsl. 


pluvieux.  Au  reste  ,  si  le  pays  est  temperc? ,  il 
faudra  repeter  cette  op(?ration  dans  deux  saisons 
de  Tannee ,  savoir,  depuis  lcs  ides  d'octobre  jus- 
qu'a  celles  de  decembre  ,  et  ensuite  depuis  celles 
de  fevricrjusqu'aeelles  de  mars  ,  pourvn  cepen- 
dant  que  ces  arbres  nequittent  point  alors  leur 
ecorce.  Cest  dans  le  meme  mois  qu'on  peut  plan- 
ter  pour  le  plus  tard  des  boutures  d'oliviers  dans 
une  pepiniere  faconnee  m  iKtstimmi  :\\  faudra, 
lorsqu'elles  seront  plant(5es,  les  enduire  de  fu- 
mier  et  de  cendre  mel(?s  enserable,  et  les  recou- 
vrir  de  mousse  pour  empt^cher  que  le  soleil  ne 
les  fende;  mais  il  vaut  mietix  faire  cette  ope- 
ration  a  la  fin  du  mois  de  mars  ou  au  coinmen- 
cement  d'avril ,  ninsi  qu'aux  autrestemps  pcn- 
dant  lesquels  nous  avons  ordonne  de  fournir  les 
ptipinieres  de  pieds  d'arbres  ou  de  boutures.  Le 
jour  dcs  ides  de  mai,  la  Lyre  se  leve  lematin; 
vent  de  midi  ou  de  sudsudest,  quelquefois 
tcmps  humide.  Le  dix-sept  des  calendes  de  juin  , 
de  mcme.  Le  seize  et  le  qninze,  vent  dc  sud-sud- 
cst  ou  de  midi,avec  de  la  pluic.  Le  treize ,  le 
soleil  entredans  lesGemeaux.  Ledouze,  les  Hya- 
des  se  leveiit;  veut  septentrional ,  et  quelquefois 
vent  de  midi  avec  de  la  pluie.  Le  onze  et  le  dix  , 
rArcturese  leve  lematin;  il  anuonce  le  mauvais 
tcmps.  Le  sept  et  le  six  ,  la  Chevre  se  leve  le  ma- 
tin ;  vents  septentrionaux.  Depuis  les  ides  jus- 
qu'aux  calendcs  de  juin,  il  fautbechcr  pour  la 
secoude  fois  les  anciennes  vignes  avant  qu'elles 
commencent  a  lleurir.  II  faut  aussi  les  epampier, 
ainsi  que  toutcs  les  autres  vignes.  Si  Ton  a  soin 
de  !e  faire  souvent,  lajourneed'un  enfant  suftira 
|iour  cn  (jparaprer  unjiigcmm.  II  y  a  dcs  pays  oii 
rou  tond  alois  les  brebis ,  et  ou  Ton  se  fait  rcndre 
compte  du  nombre  des  bestiaux  tant  nes  que 

ole.T  pnlantiir.et  emuscantur.  Cateruni  fepidis  regionibns 
diiolius  leniporibus  anni  facere  istud  oporlebil.  Prjnio 
ab  idilins  Oclobribus  usque  iii  idiis  Decembres,  ilernm 
ab  idibiis  Febinariis  usque  in  idns  Maitias,  si  lamen  ar- 
bor  libruni  non  reniillit.  Hoc  eodem  mense  in  pastinali) 
seminario  iiovissiiiia  posilio  est  olearis  taleic,  eauKpie 
oportet,  tnm  panxeris,  finio  et  cinere  niistis  olilineie,  ct 
superpouere  nuiscum ,  ne  sole  findatur,  sed  lioc  opus  iiir. 
liiis  liet  iiHimapaite  niensis  Marlii.vcl  priinamcnsisApril. 
etc^teris  teinporibiis,qiiihiis  pra-ripiiiiiis  srniinaria  plan- 
tis  vel  ramis  conserere.  Idihus  Maiis  'cidis  niaiic  cxoritiir. 
Auster,  autEuronotns,interdiiiii  dics  liiiiniihis.  xvii  calcn. 
Jiinias  idein  ipiod  siipra.  xvi  ct  \v  ca!.  .Iiinias  Enroiioliis 
vcl  Aiislcr  ciim  pluvia.  xiv  cal.  Jnii.  .siil  iii  Geniiiios  in- 
Iniiliiiu  tacit.  xii  calen.  Juu.  Siicnlie  exorinntiir;  .Scpteii- 
triiiiiales  venti ,  uonniinqiiam  Anster  cuui  plnvia.  xi  et 
X  calcii  Jiuiias  Arcturus  niaiie  occidit,  tempestalem  signi- 
licat.  VIII  et  VII  ct  vi  c  il.  Jun.  Capia  mane  exorilur ;  Scp- 
tcnlriouales  vcnli.  Ab  idib.  iisque  iii  calend.  Junias  vele- 
ranam  viucam  priusqnam  llorere  incipiat,  ileriim  fodcre 
oporlet ,  eandeuique  et  cseteras  onines  vineas  idenliiicin 
pampinare.  Quod  si  snepiiis  feceris,  pnerilis  iina  opera  ju- 
gcnini  viiicli  pampinabit.  Quibnsdam  regionibiis  oves  iiiinc 
toiiilciitiir,  ct  pccoris  iiati  aut  aniissi  ratio  accipilur.  llciii 


DK  LAGRICULTURE,  L!V.  XL 


niorls.  Ccux  qui  ont  spme  dcs  Iiipins  daiis  la  viie 
ilo  fiimer  les  ehnmps,  les  reversent  aussi  alors 
011  terreavec  laeharrue.  Le  jour  des  calendes  et 
le  quatre  des  noues  dc  juin,  TAigle  se  leve  ; 
temps  venteux  et  quelquefois  pluie.  Le  sept  des 
ides,  rArcture  se  coui  he  ;  vent  Favonim  ou  vent 
d'ava!.  Le  quatre,  le  Dauphin  se  leve  lesoir; 
vent  Favonius,  quelquefois  de  la  rosee.  Si  Ton 
s'est  trouvt'  avoir  plus  d'ouvra!ie  qu'on  n'aura 
pu  en  faire,  il  faut  acliever  pendant  ces  jours-ci 
les  optM-ations  qui  appartenaient  h  la  fni  de  mai. 
II  faut  aussi  reeliarjjer  la  terre  au  pied  do  tous 
les  arbres  fruitiers  que  loii  aura  beehes ,  de  sorte 
que  celte  operation  soit  rniie  avant  ie  solstiee.  ()u- 
tre  cela,  on  donnera  le  premier  ou  le  second  la- 
bour  a  la  terre,  suivant  la  qualite  du  sol  ou  la 
temperature  du  climat.  Si  la  terre  est  diflicile  a 
labourer,  il  faut  trois  journees  pour  le  premier 
labour  d'un  jttgorum,  deux  pour  le  seeond  ,  et 
une  pour  le  troisierae  :  une  journve  suffit  aussi 
pour  recouvrir  de  terre  la  semt-nce  jetee  dans 
dc\i\  ju(/era.  Mais  si  la  terre  estaisee  a  lahourer, 
il  sufiit  de  deux  journees  pour  le  premier  labour 
A\\njurji:rum,  et  d'unepour  le  seeond  :  unejour- 
nee  sulTit  ,pour  reeouvrir  de  terre  la  semenec 
jetee  dans  quatre^f/r/em  (ce  qui  se  fait  en  for- 
iTiant  de  larges  sillons  dans  une  terre  deja  la- 
bource].  II  suit  de  ce  cnlcul  (jis^on  peut:  aisement 
semer  peudant  rautonuie,  a  Taide  d'une  seule 
paire  de  bocufs ,  eent  cinquante  modii  de  fro- 
mcnteteent  delegumes, quels  qu'ilssoient.  Ilfaut 
pendant  les  memesjours  preparer  Taire  oii  Lon 
doit  battre  le  ble ,  et  y  porter  la  recolte  a  me- 
sure  qu'elle  aura  ete  faite.  II  faut  aussi  reprendre 
la  cultuie  des  vignobles,  quand  on  en  a  une 
grande  quantile.  Si  Ton  est  a  portee  d'avoir  du 
fourrage,  on  en  donnera  aux  bestiaux  avant  le 


solslice ,  ou  dans  ce  temps-ci ,  ou  meme  pendant 
les  quinze  jours  qui  precederont  les  calendes  de 
juin.  Mais  si  Pon  eommenee  a  manquer  d'hcrba- 
ges  verts,  on  lcur  donnera  depuis  ces  calcndes 
jusqu'a  la  fin  de  rautomne  des  feuilles  d'arhres 
cueillies  expres.  Le  jour  des  ides  de  juin,  la  eiin- 
leur  commence.  Le  treize  des  ealendesdejuillet,  lc 
soleil  eutre  dans  rEcrevisse;  ilannonee  le  mau- 
vaistemps.  Leonze,  le  Serpentaire,  que  les  Grces 
appellentoiioii/o^jseeouehelematin^ilannoncelc 
niauvais  temps.  Le  huit,  le  sept  e!  le  six ,  e'est  le 
solstice  ;  vent  /'V»;o«/!(.v,chaleur.  Le  frois,  temps 
venteux.  On  coniinuecesjours-ci  les  memes  ope- 
rations  que  ci-dessus.  Mais  il  l"aut  aussi  couper 
la  vesee  qui  doit  servir  de  fourrage  avant  que  les 
cosses  en  soient  durcies,  moissonner  lorge, 
cueillir  les  feves  tardives,  battre  celles  qui  au- 
ront  ete  semees  les  premieres  et  en  serrer  avec  soin 
la  paille,  battre  Torge  et  serrer  toutes  les  pailles  , 
cucillir  ies  ruches  qu'on  a  dfi  examiner  et  soi- 
gner  de  temps  en  temps,  c'est-a-dire  tous  les 
neuf  et  dix  jours  ,  depuis  les  calendes  de  mai. 
On  no  doit  neanmoins  recolter  les  rayons  dans 
ce  moment-ci  qu'au  eas  qu'ils  .soient  pleins  et  re- 
couverts  de  leurs  pellicules ;  car  i\  la  plus  grande 
partie  s'en  trouve  vide,  ou  qu'eile  ne  soit  point 
reeouverte  de  eette  pellieule ,  ce  sera  une  preuve 
qu'ils  ne  sont  pas  encore  i\  leur  point  de  nifitu- 
rite,  et  par  consiHiuent  on  retardera  la  recolte 
du  miel.  II  y  a  des  personnes  dans  les  provin^es 
d'outre-mer  qui  sement  le  sesame  ee  mois-ei  ou 
le  suivant.  Le  jour  des  calendes  de  juillet,  vent 
Favonius  ou  vent  de  midi,  et  ehaleur.  Le  qua- 
tre  des  nones,  la  Couronne  se  couche  le  matin. 
La  veille  des  nones,  la  moitie  de  rEcrevisse  so 
couche;  chaleur.  Le  buit  des  ides,  la  moitie  du 
Capricorne  se  eouehe.  Le  sept ,  fepheus  sc  leve 


qiii  lupinum  slercorandi  .Tgri  causa  spiit,  nunc  dpninni 
Jiralro  subvcitit.  Cal.  Jun.  et  iv  non.  Aquila  exoiitur; 
Ipinpcslas  vcnlosa,  el  iiitcnlnni  pluvia.  vii  iilus  Jnn.  Ar- 
ctnnis  occidit ;  l'"avoiiiiis,  anl  Coius.  iv  id.  Jnn.  Delplii- 
iMis  vespcre  evoritiir;  Favonius;  iuterduni  lorat.  His  die- 
Ims,  si  opere  vicli  sumus,  cadem ,  qua^  cxtremo  mense 
Maio,  facienda  siint  :  ilcm  omncs  ailifins  rriKlifrr.-i^  cir- 
cumrossjK  aggerari  dclient,  nt  antc  sol  liliiiin  i.l  npns  pcr- 
actum  sit.  Qiiineliam  pro  couilitioui-  nmnnis  cl  c  ;ili  terra 
vel  proscinditnr  vel  ilcralur  :  eaqiie,  si  cst  dillicilis,  pio- 
scindilur  opeiis  trilnis,  itcraliir  dnalnis,  terliatiiriina,  11- 
rantiir  anlem  jiigcia  duo  opcra  una.  Al  si  facilis  est  tcrra, 
proscinditur  jug<Tum  dualms  operis,  ileratur  iina,  lirantiir 
«na  ju;;eia  quatiior,  cum  iu  siihacla  jam  lerra  latiorcs 
porcae  suiraiilur.  Qua;  ratio  colliiiil,  nl  pcr  Aiiliimnum  fa- 
rile  possint  iiuo  jugo  trilici  oliscri  modii  ccntum  quinqua- 
ginta ,  caHciorumque  lcgiimiuum  modii  centum.  lisdem 
liis  dieliiis  arca  liiliiia^  pr.Tparamla  cst  :  ul  qna^qiie  rcs 
(lesccta  crit ,  in  cam  conferaliir.  Vinearnm  (]iioqiie  ciiltiis , 
qiiibus  major  est  mndus,  iteralus  csse  debel  ante  solsli- 
liiim.  Pabuliim,  si  faciiltas  est ,  vcl  nunc  vel  etiam  siipe- 
riorilHis  xv  dicljus,  qiii  fueriinl  antc  calcn.  Junii ,  pccori 


pr.Tberi  oportet.  A  cal.  autcm  Juniis,sijam  deficit  viridi.s 
iierba,  iisqiie  in  iiltimiim  .Viiluinnuiii  Iroudem  ca^sam  prie- 
bcbiniiis.  Idibns  Jiiniis  calor  incipit.  xiii  calcii.  Jul.  sol 
inlroitiim  iu Cancro  facit;  lempeslatem .sigiiifical.  xi  calen. 
Jiilii  Angiiifer,  qiii  a  Griiccis  diciliir  o^iouxo!,  nianc  occidit, 
tempc.slalem  siguificat.  Octavo  el  vii  ct  vi  cal.  Julii  Solsli- 
lium,  Kavoiiiiis, ct  calor.  Tcrtio  cal.  Jul.  ventosa  tcmpeslas. 
llisdicbiis  eadem,  qii.-c  supra.  Sed  et  viciam  in  pabnluiu 
scrareoportcl,  prinsqnam  siliqiiffi  ejusdureutiir;  ordciim 
meterc;  faliam  serotinaiii  duceie;  l.ibam  maturam  conte- 
rcre,  el  palcam  ejiisdiligiMilcr  rcciindcre,  ordeum  tercre, 
paleasqueomneis  reconderc;  alvos  castrarc,  qnassiibinde 
nono  quoqiie  aul  decimo  die  ad  cal.  Mai.is  i  oii-iilrr.irc  cl 
curare  oportel.  iVnnc  aiitem  si  .siinl  plcm  .il  |ii.- 1.|., n  iil.ili 
favi,  dcnieteiidi  siint :  sin  aiitcin  majorc  |i  nlr  \ii<.iiil,  aiit 
siiie  opcrculis  adapcrti  sunt,  nondum  csse  nialiims  signi- 
(icalur  :  it.aque  mellatio  cst  dilTcreuda.  Qiiidam  in  proviu- 
riis  transmarinis  vel  lioc  vcl  sequcnte  mensc  sesama  se- 
runt.  Calen.  Jiiliis  ravoiiiiis,  vcl  Aiister,  ct  calor.  Quaito 
non.  Jiil.  Coiona  occidit  mane.  I'ridic  nonas  Jul.  Cancer 
mcdiiis  occidil;  calor.  Oclavo  idiis  Jul.  Capiicornus  me- 
diiis  occidit.  Scplimoldns  Jiil.  Ccpbcus  vcsperc  exoritii.', 


COLUMELLE. 


le  soii-;  il  annoncc  le  maiivais  temps.  Lc  si\ ,  les 
Prodromi  commencent  a  souffler.  On  continus  ces 
jours-ci  les  menies  opcrations  quc  ci-dessus.  On 
bine  aussi  a  merveiile  dans  le  merae  tcmps  les 
guerets  qui  ont  recu  le  premier  labour,  comme 
on  fait  tres-bien  de  defriclier  les  bru\  eres  ,  lors- 
que  la  lune  est  danssoa  declin.  Le  jour  des  ides 
de  juillet,  rAvant-Chien  se  leve  le  matin;  il 
annonce  le  mauvais  temps.  Le  treize  des  ealendes 
d'aout,  le  soleil  entre  dans  le  Lion  ;  vent  Favo- 
nins.  Le  neuf,  la  claire  etoile  que  Ton  apercoit 
dans  la  poitrine  du  Lion  se  leve  ;  quelquefois  elle 
annonce  le  mauvais  teraps.  Le  huit,  le  Verseau 
commence  a  se  coucher  sensiblement;  vent  Fa- 
vonius  ou  vent  du  midi.  Le  sept ,  la  Ganicule  pa- 
rait;  vapeurs  brulautes.  Le  six,  TAiglese  leve.  Le 
quatre ,  les  claires  etoiles  que  l'ou  apercoit  dans 
la  poitrine  du  Lion  se  levcnt ;  quclquefois  cUfS 
annonceut  le  mauvais  temps.  Le  trois,  TAigle  sc 
eouche;  elle  anuonee  le  mauvais  temps.  On  fait 
la  moisson  pendant  ces  jours  dans  les  pays  tem- 
peres  et  maritimes;  et  dans  Tespace  des  trente 
jours  qu4  suivent  larecolte,  on  ramasse,  pour  le 
uiettre  en  tas,  le  chaumc  que  Ton  aurait  laisse 
sur  terre  en  coupant  les  epis.  II  faut  une  journee 
pour  scier  un  juycriim  de  chaume.  Des  qu'on 
Taura  enleve  hors  du  champ  ,  on  becbera,  sans 
attendre  que  la  trop  grande  ardeur  du  soleil  brule 
les  terres  qui  auront  ete  moissonnees,  le  pied  de 
tous  les  arbrcs  qui  s'y  trouveront,  et  on  les  re- 
chaussera.  Ceux  qui  se  disposent  k  faire  des  semail- 
les  considerables  doivent  aussi  biner  alors  les 
terrcs.  Quant  a  ce  qui  concerne  la  fouille  et  la 
cultuie  des jeunes  vignes,  j'ai  deja repete  souvent 
qu'il  ne  fallait  laisser  passer  aucun  mois  jusqua 
!'cquinoxe  d'automne,  saus  s'en  occuper.  On  se 

tempestatem  signilicat.  Sexlo  id.  Jul.  Piodiomi  llare  in- 
cipiiinl.  His  dielnis  eadem  qtix  siipia.  Sed  el  pioscissum 
vervactum  oplime  nunc  iteraliir,  el  silvestris  agcr  decres- 
cente  Lnna  iitiliisiiiif  e\lii  [lahir.  Milnis  Jnliis  rrocyon 
exorilnr  nianc,  tcmpcslatcm  si^niliial.  Teitiodecimo  cal. 
Augiistas  Sol  iii  Leoiieni  transitum  facit;  Kavonins.  [Nono 
culendas  Auguslas  Leonis  in  pecloie  clara  stella  exoritur. 
Interdnm  lempestatem  significat.JOctavo  calen.  Auguslas 
Aquarins  incipit  occidere  (clare) ;  Favoiiiiis,  vel  Auster. 
Septimo  caL  Augnstas  Canicula  appaicl;  caligo  aestuosa. 
Sexto  cal.  Augustas  Aquila  exoritnr.  Quartu  calendas 
Augustas  Leonis  in  pcctore  claia  stella  exoritur ;  iiiterdum 
tempeslalem  significat.  Tertio  calen.  Auguslas  Aquila 
occidit ;  significat  tempestatem.  His  dietius  locis  lempe- 
ratis  et  maritimis  messis  conficitur,  et  intra  dies  triginta 
quam  desecta  est,  stiamenta  praecisa  in  acervnm  conge- 
runtur.  Jugerum  slramentornm  opera  nna  desecat ,  qnibus 
remotis  priusquam  sol  acrior  exurat  lerram,  omncs  arbo- 
res^qna;  ruerant  in  segete,  circumlodero  et  adobruere 
oportel.  Item  qnibus  magna  semenlis  pra>paratiir,  niinc 
debent  iterare.  Nam  de  fodiendis  colendisve  novellis  vi- 
neis ,  sapius  (jam)  dixi  nullum  esse  mensem  omillendum , 
donec  autiimnale  «Tquinoclium  conlicialur.  Meminisse  au- 
tem  oportebit,  ut  per  lios  et  Angusli  mensis  dics  antelu- 


rappellera  dc  cueiliir  des  feuilles  pour  les  bestiaux 
avant  le  lever  du  jour  et  apres  sa  chute,  lant  a 
preseut  que  peudant  le  mois  d'aout.  11  faut  eviter 
de  becher  les  vigncs,  quelles  qu'elles  soieut,  pen- 
dant  la  chaleur,  et  avoir  rattention  de  ne  le  faire 
que  le  matin  iusqu'a  la  troisicme  heure  du  jour, 
et  depuis  la  dixieme  jusqu'au  crepuscule.  II  y  a 
des  pays,  tels  que  la  Cilicie  et  la  Pamphylie,  ou 
ron  semelesesame  dansce  mois-ci.  Pourcequi 
est  des  contrees  humides  de  ITtalie,  on  peut  Ty 
senier  a  la  lin  du  mois  de  juin.  En  outre,  c'est  le 
temps  de  suspendre  des  figucs  sauvages  aux  fi- 
guiers,  precaution  quequelques  persoDnescroient 
necessaire  pour  empecher  que  leur  fruit  ue 
tombe ,  el  pour  le  faire  parvenir  plus  tot  a  sa  ma- 
turite.  Le  jour  des  calendes  d'aout,  vents  ele- 
siens.  La  veille  des  nones ,  le  Lion  se  leve  c^ 
moitic,  il  annonce  le  mauvais  temps.  Le  sept 
des  ides,  la  moitie  du  Verseau  se  couche;  temps 
brulant  et  nebuleux.  La  veille  des  Ides,  la  Lyre  se 
couche  le  matin,  etrautorane  commence.  On  con- 
tinue  ces  jours-ci  les  memes  operations  que  ci- 
dessus.  II  y  a  cependant  quelques  <endroits  oit 
Ton  recolte  les  rayons  ;  mais  s'ils  ne  sont  pas 
pleins  de  miel,  ni  recouvcrts  de  leur  pellicule, 
il  faut  en  differer  la  recolte  jusqu'au  mois  docto- 
bre.  Le  jour  des  ides  d'aoiit ,  le  coucher  dii  Dau- 
phin  annouce  le  mauvais  temps.  Le  dix-neuf  des 
calendes  de  scptembre,  son  coucher,  qui  se  fait 
le  matiu,  annonce  le  mauvais  temps.  Le  treize,  le 
soleil  entre  dans  la  Vierge;  il  annonce  le  mauvais 
temps ,  tant  pour  ce  jour-la  que  pour  le  suivant ; 
quelqucfois  aussi  il  tonne.  Ce  meme  jour,  la  Lyre 
se  couche.  Le  dix,  elle  amene  communement  le 
raauvais  temps  et  de  la  pluie.  Le  sept,  le  Vendan- 
geurse  leve  le  matin,  et  TArcture  commence  a  se 

canis  et  vespertinis  temporibus  frondem  pecudibus  ca>da- 
nnis.  Item  quascunqne  vincas  culluri  sumiis,  ne  per 
oestum,  sed  mane  usque  in  tertiam,  cl  a  decima  iisqne  in 
crepiisculum  fudiamus.  Qnibusdam  regionibns,  sicut  in 
Cilicia  el  Painplijlia,  lioc  mense  sesama  serunlur  :  Ilalia; 
autem  regionibns  huinidis  possnnt  iiltinio  mense  Junio 
seri.  Quinetiam  teinpus  est  ficulneis  arboribiis  caprilicum 
suspendere;  qiiod  quidam  existimant  idcirco  fieii  debere, 
ne  fructns  decidat,  et  ut  celerius  ad  maturitalem  perve- 
niat.  Calen.  Auguslis  Elesia;.  Pridie  non.  Augusli  Leo 
mediiis  exoriliir,  tempeslalem  significat.  vii  id.  Augusli 
Aquariiis  occidil  medius,  nebulosns  cestiis.  Pridie  idus 
Aug.  Kidis  occidit  mane,  el  Autumnus  incipil.  His  diebus 
eademquajsupra.  Nonnnllistamenlocisfavidemelunlur : 
qui  si  non  sunl  melle  repleli,  necoperculati,  dilTerenda 
est  in  mensem  Octob.  mellalio.  Idib.  Augustis  Oclphini 
occasiis  tempest,item  significat.  xix  calen.  Seplemb.  ejiis- 
dem  sideris  malutinns  occasus  lempestatem  signilicat.  xiii 
cal.  Septemb.  sol  in  Viiginem  transitum  facit.  IIoc  el  se- 
quenli  die  lempestatem  significat,  interdum  et  lonat.  IIoc 
eodem  die  Fidis  occidil.  Ueciino  cal.  Seplemb.  e\  eodem 
sidcre  lempest.as  plerumque  oritur,  et  pluvia.  vi  cal.  Scp- 
lemb.  Vindemiator  exorilur  mane,  et  Arcturus  incipil  oc- 
ciderc ;  interdiiiii  pluvia.  iii  cal.  Seplemb.  Iiumeri  Virginis 


couclicr;  quclc|uefois  il  pleut.  Le  trois,  icscpaules 
de  la  Vierge  se  ieveiit ;  les  vents  ctesicns  cessent 
de  souftler.et  quelquefois  II  fnit  froiil.  La  vellle 
des  calendes,  Andromede  se  leve  lc  soir;  quel- 
quefois  il  fait  froid.  On  ente  cesjours-ci  lcs  fi- 
auicrs  en  ecusson  :  c'est  ee  que  l'on  appelle  rm- 
plastnilio.  (^n  aurait  pu  le  f.iire  cgalcment  et 
ineme  plus  coramodement  dans  le  mois  precc- 
dent,  apres  lcs  ides  dejuillet ,  temps  auquel  cer- 
taines  personnes  entent  aussi  en  ecusson  d'autres 
arbres.  On  fait  la  vendange  en  quelques  endroits, 
commc,  parexemple,  dans  les  contrees  niariti- 
mes  de  la  Bcti(iue  etdans  rAfrique.  Quant  aux 
contrees  qui  sout  plus  froides  que  cellcs-la  ,  on  y 
pulverise  la  terre  par  roperation  que  lcs  paysans 
appellent  occalio,  c'est-a-dire  ,  en  cassant  dnns 
les  vignobles  toutes  les  mottes  de  terre ,  pour  les 
reduire  cn  poudre.  .\vant  de  pulveriser  la  terre 
dans  les  vignobles ,  si  les  ceps  en  sont  tres-fluets, 
ouqu'ily  en  ait  peu,  on  y  jette  dans  le  meme  temps 
trois  ou  quatre  modii  de  lupins  par  jugerum , 
apres  quoi  on  les  lierse,  et  lorsqu'ils  sont  venus 
ou  lcs  reverse  cn  terrfe  a  la  premiiMC  fouille  que 
ron  donne  aux  vignes  ,  ce  qui  leur  procure  un  as- 
scz  bon  fumier.  Lorsquela  tempcraturcduclimat 
est  pluvieuse,  comme  il  arrive  dans  les  terroirs  de 
ritalie  voisins  des  villes,  bien  des  personnes  de- 
pouillent  aussi  alors  les  ceps  de  leurs  pampres, 
alin  que  le  fruit  n'eprouve  point  de  difficulte  a 
murir,  et  que  les  pluies  ne  le  pourrisseat  point. 
Dans  lcs  coutrces  plus  chaudes  au  contraire,  tel- 
les  que  les  provinces  que  j'ai  nommces  ci-dessus, 
on  ombrage  les  grappes  a  rapproche  de  la  ven- 
dange ,  soit  avec  de  la  paille,  soit  avee  d'autres 
maticrcs  propres  a  les  couvrir,  pour  empecher 
que  les  vents  ou  la  chaleur  ne  les  dessechent. 
Cest  encore  le  temps  dc  faire  du  raisin  sec,  ainsi 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  \1.  433 

que  des  figues  stVhes.  Nous  donncrons  cn  sou 
lieu ,  lorsque  nous  parlerons  des  foiictions  dc  la 
metayere,  la  maniere  de  faire  sechcr  !es  fruits 
au  soleil.  On  fcra  bien  aussi  d'arraclu'r  au  mois 
d'aout  la  fougere  et  la  I6che  partout  oii  il  s'en 
trouvera,  quoiqu'iI  vaille  encore  mieux  lc  faire 
vers  lcs  ides  de  juillet,  avant  le  lever  dc  la  Cani 
culc.  Lejour  descalendcsdcseptembre,  chaleur. 
Le  quatre  des  iioncs,  le  Poisson  mcridional  acheve 
de  se  coucher  ;  chaleur.  Lc  jour  dcs  nones,  l'Arc- 
ture  se  levc;  vent  Favonius  ou  vcnt  d'aval.  Le 
scpt  des  ides  ,  le  Poisson  septcntrional  acheve 
dc  sc  coucher  et  la  Chevre  se  leve ;  elle  annonce 
le  mauvais  temps.  Le  Irois,  vent  Favoniux  ou 
vent  d'.Vfrique;  la  moitie  de  la  Vierge  se  levc. 
Ou  fait  commodcment  pendant  ccsjours-ci  la 
vendange  dans  Ics  contrees  maritimes  ct  chaudes, 
ainsi  quc  les  autres  opcrations  que  nous  avons 
dctaillces  ci-dessus.  Les  seconds  labours  doivent 
aussi  etre  acheves,  aucasque  les  premiers  nient 
etc  fnits  tard  :  car  s'ils  ont  ete  faits  de  bonne 
bcure,  il  faudra  faire  a  prcsent  Ics  troisicmes. 
Cest  aussi  dans  ce  temps-ci  que  ccux  qui  sont 
dans  1'usnge  de  frelatcr  le  vin  prcparent  a  eet 
effet  de  lcau  dc  mer,  en  la  faisanl  cuire  chez  eux : 
je  donnerai  la  mcthode  de  cette  prcparntion,  lors- 
que  j'entrerai  dans  le  detail  des  fonctions  de  la 
metayerc.  Le  jour  dcs  ides  de  scptcmbre,  le 
niauvais  temps  cst  quelquefois  annoncc  par  la 
constellntion  de  la  Bnleine.  Le  quinze  des  calcn- 
des  d"octobre,  r.Vrcture  &e\sse\  \t\\t  Favonius 
ou  vcnt  d'Afrique  ;  quelquefois  vcnt  d'est ,  q«e 
(luelques  personnes  appellent  Vulturinis.  Le 
quatorze ,  ^('pi  de  la  Vierge  se  leve ;  vent  Favo- 
iiiu.s  ou  vcnt  d'aval.  Le  treize,  le  soleil  entre 
dans  la  Balance;  la  Coupe  parait  le  raatin.  Le 
onze,  les  Poissons  se  coucheut  le  matin;  le  Belier 


exoiiiintur  :  Etcsia!  desinunt  llare.et  iiitordum  liiemat. 
l'il(li(!  cal.  Septenib.  Andiomeda  vesperi  cxoritur;  inter- 
duin  liiemat.  Ilis  quideni  dietius  arbores  licoruni  inocu- 
lautur;  qiiod  Krmi.s  iusilionis  emplastralio  vocatur.  ld(]ue 
licet  vcl  coininodiiis  faicre  sii|)oriore  meiise post  idus  Jul. 
quo  leiiipiue  etiiim  aliaium  arburuiii  noiinulli  emplaslra- 
tioiiem  laciunt.  Quibusdam  locis.ut  in  Hatica  inaritimis 
regionibus,  et  in  Afiica  vindemia  conficilur.  Sed  frigidio- 
ribus  regionibus  pulverationem  faciuut,  quain  vocant 
rustici  occationcm ,  cum  omnis  gleba  in  vliieis  refringitur, 
et  resolvitur  in  pulveiem.  Hoc  eodem  tempore  prius  quain 
vine.-E  pulveieiitur,  si  peiexilis  est  terra,  vel  rara  ipsa 
Tilis,  lupini  modii  tics  vel  quatuor  in  singula  jugera  spar- 
guiitiir,  el  ita  iiiiKiviiitur;  qiii,  ciim  rniticaverint ,  prima 
tum  liissionei  onvfisi  .salisbunum  slemis  vineis  pra'benl. 
Miilti  eli.iui,  si  pliivius  est  status  ctII,  sicBt  siihiirbana 
regione  lljjia',  pauipinis  vitem  spoliaiit ,  ut  pcrcoqui  friic- 
lus  possiut ,  nei  putrescere  imbrihiis.  .\t  e  contrario  locis 
calidioribus ,  ut  modo  nominatis  provjnciis ,  circa  viiide- 
miain  adumbranliir  vcl  stranientis  vel  aliis  tegumenlis 
uva; ,  ne  ventis  aut  caloribus  exarescant.  lloc  idcm  tempus 
est  aridis  nvi^t  ficisque  conficiendis ,  de  qiiibiis  qiicniadmo. 
r.:n  i'.ij-r:Li.r;. 


dum  pass.Tc  fiant ,  suo  loco  dicemus ,  cuni  villica;  per.seqiie- 
inur  oflicia.  Filix  quoque  aut  carex ,  ubicunque  nascitur, 
Augusto  iiicnse  recte  extirpatur,  nielius  tanien  ciica  idus 
Julias  ante  Canicul.-c  cxortum.  Calcnd.  Septemhribus  ca- 
lor.  Quarto  nonas  Septemb.  Piscis  austrinus  desinil  occi- 
ilere,  calnr.  Non.  Septemb.  Arcturus  exoritur,  Kavonius, 
vel  Corus.  vii  idus  Septcnib.  Pi^cis  ai|iiil(iiiius  desinit 
occidere,  et  Capraexoriliir,  tennifviitciii  ^i^iiilicat.  Tertio 
idus  Septembris  Favonius  aut  Afiii  iis ,  Vir^o  niedia  exo- 
ritur.  His  diebiis  locis  maritimis  ct  calidis  vindemia  et 
cjetera,qu,ic  supia  scriplasunt,  comniode  administrantur. 
Ileialioqiioque  arationispciaclaessedebet,  si  seriusterra 
proscissa  cst.  Siii  autem  celeriiis,  etiam  tertiatum  soliim 
csseconvenit.  Hoc  eliam  temporc  qui  consueverunt  viua 
condiie,  aquam  maiinam  pra^parant ,  et  advectam  deco- 
quuut  :  de  qna  (■onficienda ,  cum  villicic  officia  exequar, 
pr.Tcipiam.  Id.  Sept.  ex  prislino  sidere  nonnunquani  tem- 
pestatem  significat.  xv  cal.  Oct.  Arcturus  exoritur;  Favo- 
niiis,  aut  Africus,  interdum  Kurus,  quem  quidam  Viil- 
turiium  appcllant.  xiv  cal.  Oct.  spica  Virgiiiis  exorilur; 
Favonius,  aut  Coriis.  xiii  cal.  Octob.  sol  in  Libram  trans- 
iliiin   f.iiil,  Crater   matntino   temporc  appaiet.  xi  cal. 


COLIIMEU.K 


commpiice  Hussi  a  se  coucher ;  vent  Favonius  ou 
ventd'a\al,  et  quelqaefois  de  midi,  avec  des 
pluies.  Le  dix,  le  vaisseau  Argo  se  couche;  il 
nnnonce  le  mauvais  temps  ;  quelquefois  meme  la 
pkiie.  Le  neuf,  lc  Centaure  commence  ase  lever 
le  matin;  il  annoiice  le  mauvais  temps,  quelque- 
fois  la  pluie.  Le  iuiit,  le  sept  et  le  six,  reciui- 
iioxe  d'automne  annonce  la  pluie.  Le  cinq,  les 
Chevreau.x  se  levont;  vent  Favoniiis,  ct  quclque- 
fois  vent  de  midi  avcc  de  la  pluie.  Le  quatre ,  la 
Vierge  acheve  de  se  lever  ;  eile  annonce  le  mau- 
vais  temps.  On  fait  pendant  ces  jours-ci  la  vcn- 
dange  daiis  plusleiirs  pnys.  Jl  y  a  differents 
avis  sur  le  tsmps  a  choisir  pour  cette  operation. 
Les  uns  ont  cru  qu"il  eu  etait  temps  quand 
ils  voyaient  une  jjartie  dcs  grappes  s'amollir  ; 
d'autres,  lorsqu'ils  lcs  voyaicnt  color(?es  et  trans- 
parentes;  quelques-uns  meme  attendaicnt  qu'ils 
vissent  tomber  les  pampres  et  lesfcuilles.  Mais 
tous  ces  signes  sont  trompeurs ,  parce  que  Tex- 
eessive  chaleur  du  soleil  ou  de  rannce  peut  don- 
iier  lieu  a  ccs  differents  accidents,  sans  que  le 
raisin  soit  miir.  Cestpourquoi  quelques  person- 
nesse  sont  aviscesde  gouter  le  raisiu,  pour  jugcr 
a  sasaveur,  selon  qu'elle  6tait  aigre  ou  douce, 
s'il  etait  temps  dc  faire  la  vendange.  Mais  cette 
cpreuve  est  encore  elle-meme  sujette  a  tiomper 
quelquefois,  parce  qu'il  y  a  tel  raisin  qui  ne  de- 
vient  janinis  doux ,  \u  sa  trop  grande  aprete.  II 
cst  donc  a  propos,  et  c'est  ce  que  nous  pratiquons 
nous-raemes,  d'examiner  la  mnturite  naturelle 
du  raisin  mcme  :  or  on  la  reeonnnit  aux  pcpins 
(jui  sont  caches  dans  les  grains  de  raisiu ,  lors- 
qu'eu  les  l'aisant  sortir  au  dehors  on  s'apercoit 
qirilssont  taches,  etqu'il  s'en  trouve  meme  dtja 
quelques-uns  qui  sont  presque  noirs.  En  effet. 


il  n'y  a  rien  aulre  chose  qui  puisse  eolorer  le  pe- 
pin  que  la  maturite  de  la  nature ,  puisqu'etant 
eache  au  centre  des  grains ,  il  est  a  Taljri  tant  de 
Tardeur  du  solcil  que  des  vents ,  ct  que  son  hu- 
midite  rempeche  de  se  cuire  ou  de  se  tacher,  a 
moins  que  ce  ne  soit  naturellement.  Que  le  me- 
taycr  saehe  donc  que  des  qu'il  se  scra  assure  de 
ce  fait,  il  doit  fnire  la  vendange.  Mnis  avant  de 
comraencer  a  cueillir  le  rnisin  ,  il  fnudra  qu'il  ait 
prcpare  des  le  mois  pi^ecedent  (si  faire  se  peut) 
toutes  les  choscs  dont  il  aura  besoin  ;  sinon ,  qu'jl 
ait  au  moins  quinze  jours  d'avance  enduit  de 
poix  en  partie,  en  pnrtie  nettoye,  rince  soi- 
gneusemeiit  avec  de  Teau  de  mer  ou  avec  de 
reausalee,  et  bien  seche  les  futailles  ainsi  que 
leurs  couvercles,  lescouloirs  et  lesautresinstru- 
ments  saus  lesqucls  on  ne  peut  pas  bien  faire  le 
mout;  qu'il  ait  riiice  et  Inve  avec  soiu,  et  ,  si  le 
cas  Texige,  enduit  de  poix  Ics  pressoirs  et  les  cu- 
ves ;  quil  ait  piepare ,  afin  de  Tavoir  sous  sa 
raaiu ,  le  bois  a  bruler  ncccssaire  pour  faire  cuire 
le  vin  jusqu'a  diminution  de  moitic  ou  des  deux 
tiers;  et  qu'il  ait  mis  en  r^servc  longtemps  d'a- 
vance  le  sel  et  lcs  parfums  (|u'on  a  coutume 
d'employer  pour  IVelater  le  vin.  II  ne  faut  pas 
neanmoins  que  ces  soins  le  detournent  tout  a 
fait  des  autres  parties  de  la  culture  ;  car  oi\  fait 
encore  pendant  ces  jours-ci  dans  les  lieux  secs 
des  planchcs  de  ravcs  et  de  navets,  comme  on 
seme  aussi  a  present  les  herbages  que  Ton  coupe 
avant  qu'ils  soient  murs,  pour  servir  de  ressource 
aux  bcsliaux  pendnntrhiver,ainsique  \asiliqua, 
a  laquelle  les  gens  de  campagne  donnent  le  nom 
de  fenugrec ,  et  la  vesce  destinee  a  servir  de 
fourrage.  Cest  encore  alors  qu'il  faut  seraer  le 
plus  de  lupins ,  d'autant  que  quelques  persouncs 


Oct.  Piscos  occiiliiiil  manc,  ilciii  Arios  occidcie  inci|iil; 
Favoiiiiis  ant  Coriis,  iiilcnluin  .\uster  ciiin  imbrilnis.  x 
cal.  Octob.  Ariio  ii.ivis  oicidit;  lcni|ieslalcm  signilicat, 
inteidum  ctiain  |ihiviain.  Nono  cal,  Octol).  Centaunis  iii- 
cipil  maneoriii;  lempcstatcm significat ,  inleidnm  et  plu- 
viam.  Octavo  cal.  Octob.  et  septimo  ct  sexto  yEquinoc- 
liuni  autuinnale  phiviara  signilicat.  Quinto  cal.  Oct.  Ha;di 
exoiinnfur ;  Kavonius,  nonnunquam  Auster  cam  pluvia. 
Qnarlo  cal.  Octob.  Viigo  dcsinit  oiiri;  teinpestatein  si- 
gniiicat.  His  diebus  vinilemia;  pluiibus  regionibus  fiunt, 
iliiaium  maturitatem  alii  aliter  iiiteipretati  suiit.  Quidam 
cnm  vidi.ssenl  parlem  aliipiam  uvaruin  virescere,  credi- 
dcinnt  tempcslivam  esse  vindemiam  :  quidam  cum  colo- 
ralas  et  pcilniidas  u\:is  animadvertissent :  nonnulli  etiam 
cnni  pampinos  ac  lolia  ilccideie  considerassent.  Qnai  omnia 
liillacia  sunt  :  qiioinam  immalnris  uvis  eadem  omnia  pos- 
sunt  accideie,  propter  intemperiem  solis  aut  anni.  Itaque 
rnmnulligustu  e.\ploiarematuritalemtentaverunt,ut  sive 
dnlcis  esset  sapoi-  uva>,  sive  acidus,  proinde  a;stimarent. 
Sed  et  lia'C  ipsa  res  babet  aliqnam  fallaciam.  Nam  qua^dam 
genera  uvaruni  nunqii:im  dulceilinem  capiunt  piopler  aus- 
ti'i'itateinnimiani.  l!:iqne  uptiinum  est  (quod  nns  facimus) 
ilisam  nalnnilem  conlemiilari  maturitalem.  Naturalis  au- 


lcm  maluritas  cst,  si  cnm  expicsseiis  vinacea,  qna^acinis 
celantnr,  jam  infnscata ,  et  nonnulla  propemodiim  iiigra 
fucriiil.  Nam  coloicm  nulla  res  vinaceis  potest  afferre, 
nisi  natuiic  maturitas,  pi'«sertim  ciiin  in  medla  parteaci- 
norum  sint,  et  a  sole  a'stuante,  ct  a  vcntis  protcgantur, 
biiniorqne  ipse  non  palitur  ea  pcrcoqni ,  aul  infnscari ,  nisi 
suapte  iiatuia.  Hoc  igiliir  cum  exploralnm  babuerit  villl- 
cns,  sciel  vindemiam  sibi  esse  faciendam.  Sed  antequam 
fructiiin  cogcre  incipiat  ,  cuncta  pra'paranda  erunt  snpe- 
liore  (si  Heri  possit)  mense  :  si  minus,  certe  ut  anteqnin- 
decim  dies  dolia  partim  picata ,  paitim  defricala  et diligen- 
tcr  lola  marina,  vel  aqna  salsa  et  recte  siccata;  lum  et 
opercula  colaqueet  cajtera,  sine quibus  probe  confici  iniis- 
tiiin  non  potest;  torcularia  vcro,  et  fora  diligenler  einun- 
data  lotaque,  et  si  res  ita  exegerit,  picata;  prKparalaquc 
liabeat  ligna,  qnibus  defrutum  et  sapam  decoquat.  Tura 
etiain  .salem  atque  odoramenfa,  quibus  condire  vini  con- 
snevcrint ,  multo  ante  reposita  esse  oportet.  Nec  tainen 
lirec  ciiia  totum  avocet  euni  a  c.x'tera  ruris  cullura.  Nam 
etnapiii.Tc  ilemquerapinajsiccaneislocisper  bosdies  fiiinl. 
Fariago  oideacca  quoque ,  pecori  fulura  per  liiemcm  priC- 
sidio,  ilemque  siliqua,  quod  rnslici  fteniim  gra'cuni  vo- 
canl ,  iicc  niinus  in  pabulum  vicia  niinc  demum  conseritur. 


DE  LAGRICULTURF,  LIV.  \I. 


sont  d'avis  qu'il  faut  les  portcr  daus  leschamps, 
pour  y  etre  semes  au  sortir  meme  del"airc.  Cest 
daiis  le  meme  temps  que  l'oii  moissonno  le  mil- 
let  et  le  panis,  et  que  Ton  seme  les  harieots  des- 
tines  a  etre  mangi-s;  ear  il  vaut  micux  mcttre  cn 
terre  a  la  fin  d'octobre,  vers  les  calendcs  de  no- 
vembre,  ceux  qu'on  reserve  pour  ctre  ernployes 
aux  semailles.  Cest  pourquoi,  commeeesdernie- 
res  operations  doivent  etre  faites  dans  les champs 
par  le  raetayer  lui-raeme,  il  ponrra  confier  a  la 
metayere  le  soin  de  celles  qui  peuvent  etre  faites 
dans  Tinterieur  de  la  metairie,de  faeon  nean- 
moins  qu'il  se  reserve  lesoin  d'examiner  par  ses 
propres  yeux  si  elles  auront  ete  bicn  faites.  Le 
jour  des  calendes  d'octobre  et  le  six  des  nones 
annoncent  quelquefois  le  mauvais  temps.  Le 
quatre  des  nones,  le  Charretier  se  couche  le  matin, 
et  la  Vierge  achev  e  de  se  eoueher,  ce  qui  annonee 
quelquefois  le  mauvais  temps.  Letrois,  la  Cou- 
ronne  commence  a  se  lever;  elleannonce  le  mau- 
vais  temps.  La  veille  des  nones  ,  les  Chevreaux 
se  levcut  le  soir,  la  moitie  du  Belicr  se  couche : 
vent  d'aquilon.  Le  huit  des  ides  ,  la  claire  etoile 
de  la  Couronnese  leve.  Le  six,  les  Pleiades  se  le- 
vent  le  soir  :  vent  Favonius,  et  quelquefois  vent 
d'Afriqufi  avee  de  la  pluie.  Le  trois  et  la  veille 
des  ides,  la  Couronne  se  leve  eutiere  le  matin  ; 
vent  de  midi,  froid  et  quelquefois  pluie.  On  a 
coutume  de  faire  pendant  ces  jours-ci ,  dans  les 
pays  fioids,  la  vendange  ct  les  autres  operations 
detailiees  ci-dessus.  On  seme  aussi  dans  les  me- 
mes  pays  les  bles  des  premieres  sem;iilles,  et 
surtout  Vadoreum.  II  est  aussi  tres-bon  de  semer 
alors  le  froment  daus  les  lieux  ombrages.  iMais 


puisque  nous  faisons  mcntion  des  scmalllcs,  il  ne 
sera  pashorsde  propos  de  dcterminer  la  quantite 
de  semences  en  tout  genre  qu'il  faudra  pour  un 
jin/erum  dc  terre.  On  prendra  donc  quatre  ou 
ciuq  modii  de  Iroment,  neufou  di\  iVadoreum, 
cinq  ou  six  d'orge ,  quatrc  ou  einq  sexiahi  de 
miHet  ou  de  panis,  huit  ou  dix  inodiide  lupins, 
qnatrede  haricots,  trois  ou  quatie  de  pois ,  six 
de  feves,  un  de  lentillcs  ou  tant  soit  peu  plus, 
neuf  ou  dix  de  graines  de  lin ,  trois  ou  quatre  de 
gesse,  deux  ou  trois  de  pois  chiches,  quatre  ou 
einq  scxtarii  de  sesame,  sept  ou  huit  modii  de 
vesce  si  on  la  destinc  a  servir  de  fourrage,  et 
cinq  ou  sis  si  on  la  destine  aux  seraailles;  ([ua- 
tre  ou  cinq  d'ers,  scpt  ou  huit  d'orge  si  on 
doit  le  couper  en  hcrbe,  et  six  de  fenugrec.  II 
faut  semcr  un  cyathus  de  graine  (i'hcrbe  de  Mci- 
<i\c\td.TJufjerum,  surde  petites  plauches  longues 
de  dix  pieds  et  larges  de  cinq.  On  met  six  grains 
de  chanvre  dans  un  picd  carre  de  terre.  Le  jour 
des  ides  d'oetobre  et  les  denx  jours  suivants, 
queIquel'ois  mauvais  temps  et  souventde  la  rosee. 
Le  treize  des  calendes  de  novembre  ,  le  soleil 
entre  dans  le  Scorpion ;  ee  jour  et  le  suivant ,  les 
Pleiades  commeucent  a  se  coucher  au  lever  du 
solcil ;  ellcs  annoncent  le  mauvais  temps.  Le  onze, 
la  queue  du  Taureau  secouche;  vent  de  midi, 
quelquefois  pluie.  Le  huit,  le  Centaure  acheve  de 
se  lever  le  matin;  il  annonee  le  niauvais  temps. 
Le  scpt,  le  front  du  Seorpion  se  le\e;  il  annonce 
le  mauvais  temps.  Leeinq,  les  Pltiiades  se  cou- 
chent ;  Thiver  se  fait  sentir  par  le  froid  ct  par  la 
gelec  :  le  quatre,  r.\reture  se  couehe  le  soir; 
jour  venteux.  Le  trois  et  la  veille  dcs  calendes 


Tiini  etiam  lupiiii  liaec  erit  praecipua  satio  ,  qiiem  (]iiiilai)i 
vel  al)  aiea  |)iolii)iis  iii  agrum  deferri  putaut  opoiteie. 
Milium  et  paiiicum  lioc  teinpore  deinetitiir,  qiio  laseolus 
ad  escam  seritur.  Kani  ad  percipiendum  seiiien  ullinia 
pai te  Octobris  ciroa  calendas  Kovembies  meliiis  obriiitur. 
Qiiaie  cuiii  Ua;c  cuncta  in  as;ris  exeipii  deheal ,  possit  eo- 
ruui  cuiam  ,  ipia;  inlra  villain  facienda  siint,  villica;  dele- 
garc  :  itatamen,  ut  ipse  cnnsiderel  an  lecte  fai  ta  sint. 
Ci\\.  Oilobiiiiiis,  et  se\lo  iion.  iiiteidiim  lempostateni 
signilicat. Qiiaito  non.Oitobris Aurigaotciditmaiie, Virgo 
desiiiit  occidere;  signilicat  nonnunipiam  tempestateni. 
Tertio  non.  Octobris  Coioiia  iiicipit  cNoiiii,  signilicat 
lenipeslatem.  Pridie  non.  Octobris  Ha;di  oriuntur  ves- 
pcre;  .\.ries  niedius  occidit;  .\i|iiilo.  Odavo  id.  Octobris 
Coroua;  daia  stella  exoriliir.  Se\to  id.  Octobris  Vergiliic 
cxoiiunlur  vespcre;  Favonlus,  ct  inlerdum  Africus  cum 
pluvia. 

Tei  tio  et  pridie  idus  Oclobris  Corona  lota  mane  exori- 
tur,  .Vuster  blbernus ,  et  nonnunquam  pluvia.  Per  lios  dies 
frigidis  regionibus  vindemia,  el  ca'tera,  qua;  supia  scripta 
sunt,  lieri  solent,  iisdeiuqiie  regionibiis  rruiucnta  inaliira 
seruutur,  et  pra;cipue  far  adoreum.  Locis  etiam  opacis 
triticum  uunc  recle  seritur.  Et  qiioniam  scmentis  nieiitio- 
iiem  feciinus,  non  intempe.stive  qiianliim  cujusque  semi- 
nis  jugerum  agri  rccipiat  referemus.  Jugerum  agri  recipit 
tiitiii  modios,  quatuur  vel  quiiiqiie,  farris  adorei  inodios 


novem  vel  derein,  ordei  modios  ((iiii)qiie  vol  sex  ,  inilll 
vel  panici  scxlarios  quatuor  vel  qiiinipie ,  liipini  niouios 
octu  vel  decem ,  faseoli  niodios  quatuor,  pisi  niodius  ties 
vel  quatiior,  faba;  modios  sex,  lentis  modium  uniim  vel 
paulo  amplius,  liiii  seminis  inodios  novem  vel  decem, 
cicercute  modios  Ires  vel  quatuor,  ciceris  modios  duos  \tl 
tres,  sesami  sextarios  qualuor  vel  quinque,  vicia;  pahu- 
laris  modios  septem  vel  octo,  vicia;  seminalis  niodios 
quinqiie  vel  sex  ,  crvi  niodios  quatuor  vcl  quiuque,  farra- 
ginis  ordeacea:  inodios  seplcni  vel  octo,  siliqua;  luodios 
sex,  niedica;  siiigulos  cyatlios  seiere  oportet  in  aieolis 
longis  pedum  dciiuin,  latis  peduni  quiuum.  Cannabis 
grana  sex  iu  pede  quadrato  ponuntur.  Idibiis  Oclohi  ibus 
et  sequeuti  biduo  iiiteidiim  lcmpcstas,  nonnunquam  ro- 
rat.  Qiiarto  ct  decimo  calendas  Noveinbies  sol  in  Scoi  pio- 
ncm  tian^iliiin  facit.  Tcrtiodeciiuo  et  duodecimo  caleii- 
das  .\iniiiil.ii>  siilis  cxortu  Vergilia;  incipiunt  occidere; 
tciiipi-i.iHia  si;;iiilicat.  Undeciino  calendas  Noveinbris 
T.iiiii  r.iiiil.i  iiriidit;  .\ustcr,  iiiterdum  pluvia.  Oclavo  ca- 
lemlas  ^uvcinbiis  Centaurus  exoiiri  niane  desiuit;  tem- 
pestatem  .significat.  Septiino  caleudas  Novembris  Ncpae 
Irous  exoritur;  teinpestatem  signilical.  Quiiito  ealendas 
NovembrisVergiliae  occidunt;  biemat  cuni  liigore  et  gcli- 
cidiis.  Quarto  calendas  Novemhris  .\rctiiruft  vesperc  oc- 
cidit;  venlosus  dies.  Tcrlio  calendas  et  pridic  JVoveni- 
bris  Cassiopc  incipit  occidere;  tempestateni  sigiiiiicat.  Per 


-<SR 


COI.HMELLK. 


de  iiovembre,  Cnssiope  commence  a  se  coucher; 
elle  annonee  le  maiivais  temps.  On  met  tres-bien 
en  terre  pendant  ces  jours-ei  toutes  les  plantes 
qui  sont  dans  le  cas  d'etre  transferees,ainsi  que 
les  arbrisseaux  de  toutes  les  especos.  On  marie 
aussi  tres-bien  les  ormes  avec  la  vigne,  ct  on  pro- 
pageegalementbicnleseepseux-memes,  tantdans 
les  plants  darbrcs  maries  a  des  vignes  que  dans 
lcs  vignobles.  Cest  le  tenips  darrnchcr  les  mau- 
vaises  herbes  des  pepiniercs  et  de  les  becher ,  de 
dechausser  lesarbresetles  vignesetde  lcs  tailler; 
enfin  de  tailler  les  ceps  maries  a  des  arbres.  II 
fautaussi  tailler  lesarbres  des  pepinieres  qui  n'au- 
ront  pas  ete  effeuilles  dans  le  temps  convcnable, 
ainsi  que  les  petits  figuiers  qui  sont  en  pepinie- 
res ,  et  les  reduire  a  un  seuljet,  quoiqu'il  ciit 
mieux  valu  les  effeuiller  pcndant  leur  jeunesse, 
dans  le  tenips  de  la  pousse.  Mnis  s'il  est  ueces- 
saire  en  agriculture  que  toutes  les  operations 
soient  faites  avec  celerite ,  ccla  est  encore  plus 
iiecessaire  a  regarddes  semailles.  Aussi  les  agri- 
culteurs  ont-ils  un  vieux  proxerbe  qui  dit  que 
les  semailles  faites  a  temps  trompent  souvent 
leur  attente,  mais  que  celles  qui  sont  faites  trop 
tard  ne  la  trompent  point,pnrec  (]u"ellcs  ne  reus- 
sissent  jamais.  Nous  prcscrirons  ilone  en  gcnernl 
decommencer  par  ensemenccr  les  lieux  iinturel- 
lenient  froids,  et  de  finir  par  les  plus  chauds.  On 
dit  que  la  vesce  et  les  feves  fument  les  terres  : 
pour  le  lupin,  il  ne  les  fume  point,  a  moins  qu'on 
ne  le  revcrse  cn  terre  pendant  qu'il  est  en  lleurs ; 
inais,  d'un  autre  cote,  il  n'y  a  pas  de  graine  que 
les  ouvriers  puissent  semer  ou  serrer  avec  plus 
de  facilite  que  celle-la  dans  les  moments  ou  ils 
n'ont  rien  a  faire,  puisqu'on  peut  la  semer  des 
!es  premiers  temps  des  semailles  avant  toutes  les 
autres,  et  qu'ou  la  peut  recolter  daiis  les  dernicrs 
temps,  apres  que  tous  les  fruits  de  la  tcrre  sont 


recueillis.  Les  semailles  faites,  il  faut  herser  le 
grain  que  Ton  aura  jete  en  terre.  Trois  jounipes 
suffiroiit  tnnt  pour  hcrser  deux  jii!/rra  de  terre, 
qiie  ponr  dechausscr  les  arbres  qui  s'y  trouve- 
ront.  Quoique  les  anciens  aieiit  voulu  que  Ton  ne 
mit  qu'une  journee  i  sarcler  et  ii  herser  xmjiif/e- 
nim  dc  terre  ,  je  n'oserais  pas  assurer  qu'on  put 
en  venii*  aisement  a  bout.  II  faut  dans  le  raeme 
temps  nettoyer  les  fosses  et  les  ruisseaux,  et  faire 
des  rigoles  et  des  tranchees  pour  favoriser  1'ecou- 
lement  des  eaux.  On  fera  bien  de  donner  aux 
bceufs,  dans  ces  teinps-ci ,  des  feuilles  de  frene  si 
Ton  en  a;  sinon,  des  fcuilles  de  figuier  sauvage; 
et  au  defaut  des  unes  et  des  aulres ,  des  feuilles 
d'yeuse.  II  n'est  pas  non  plus  inutilej  de  leur 
douner  un  inodius  de  gland  par  paire  de  boeufs, 
pourvu  qu'on  leur  cn  donne  pendant  treate 
jours  de  suite,  ni  plus  ni  moins,  de  peur  qu'ils  ne 
tomhent  malades;d'autant  que  si  on  leureu  don- 
nait  pendant  un  moindre  espace  de  temps,  ils 
deviendraient  galeux  au  printemps,  coinme  Tas- 
sure  Hyginus.  Mais,  avnnt  de  leur  donner  le 
gland,  il  faut  le  meler  avec  de  la  paille.  Cest 
eiicore  dans  ce  temps-ci  que  si  Ton  veut  forraer 
une  foret  barbarica,  c'est-a-dire  une  foret  qui 
soit  compo5ee  d'arbres  de  differentes  especes, 
on  peut  trcs-bien  scmer  les  glands,  ainsi  que  les 
autres  seraenccs  dont  elle  doit  eclorc.  II  faut  aussi 
cueillir  a  present  les  olives  dont  on  veut  faire  de 
rhuile  verte.  La  meilleure  se  fait  avee  celles  qui 
sont  tournees ,  ct  qui  commencent  a  noircir;  car 
on  ne  doit  faire  de  Thuile  acerbe  qu'avec  des 
olives  blanches.  Le  jour  des  ealendes  de  novem- 
breet  lelenderaain,  la  teteduTaurcnusecouche, 
ce  qui  annonce  la  pluie;  le  trois  des  nones,  la 
Lyre  se  leve  le  matin  ;  froid  et  pluie.  Le  huit  des 
ides,  elle  se  leve  en  entier ;  vent  Fnronius,  froid. 
Le  sept,  la  claire  etoiledu  Scorpion  se  leve;  elle 


tios  (lies  qurecunqiie  semiiia  diffiTri  debent,  aibiisciila!- 
(|ui>  omnis  generis  recte  ponuntur.  Ulmi  quorjue  vitibus 
ic(  te  maritantur,  ipsaeque  vilcs  in  arbusUs  et  vineis  eoni- 
niiKlo  propagantur.  Semlnaria  runcarc  et  foileic  tempiis 
('■■t ,  liini  eliani  arborcs  ablaqueare,  nec  iiiinus  viiieas , 
"■.isiliMuiiiie  piitare,  itenique  in  arliustis  vitem  (lepiilare. 
Seininaria,  qua?  suo  tcmpore  pampinata  non  sunl,  arbus- 
<  iiUeqiie  licoiuni  in  seminariis  putari ,  et  ad  singulos  sti- 
Ids  redigi  debent :  qu,T  tamen  nielius  dum  tener.T!  siinl , 
per  germinationem  panipin.intur.  Sed  cum  omnia  in  agri- 
cultiira  strenue  facicnda  sint,  lum  maximesementis.  Ve- 
tiis  esl  agricolarum  pioveibiuin,  Maliiram  sationem  saepe 
decipere  solere,  serani  nunqiiain,  quin  mala  sit.  Itaque 
in  totum  pra^cipimus  :  ut  quisqiie  natura  locus  (rigidns 
erit.is  primus  conseratur  :  ut  qnisque  calidus,  novissi- 
miis.  Vicia  et  (aba  stercorare  agruni  dicunliir.  Liipinum 
iiisi  in  llore  verteris,  iilliil  agriiin  .stercoraveris.  Sed  nec 
iilla  res  magis  vacuis  operariis  aut  seritur,  aiit  eonditur. 
Nam  et  priinis  temporibus  ante  aliam  sementim  potest  id 
olirui.et  uovissimis  post  coactos  friiitus  tolli.  Sementi 
facta  iiioccaie  oportet,  quod  sparseris.  Duo  jugera  tres 


oper,-E  commode  occabunt,  arboresqiie  qu<Te  intercnint, 
ablaqueabuDt;  quamvis  antiqui  singulis  operis  singula 
jugcia  sarriri  et  occari  velint :  quod  an  recte  fieri  possit, 
alfirmare  non  ausim.  Eodem  tempore  fossas  rivosqiie 
piir;::iie  ,  et  eliies  sulcosque  aqiiarios  facere  convenit.  lis- 
dein  lcnipiiriliiis  si  sit,  fraxineam;  si  minus,  orneam;  si 
nec  liMc  sil ,  ilignrain  fiondem  bubiis  leite  pr.iebebimus. 
Glandis  qiioqiie  non  inutile  esl  singiilis  jugis  modios  sin- 
giilos  daie  :  iiec  tamen  amplius,  iic  laboient,  nec  minus 
dicbus  XXX  pra^biicris,  Nam  si  paucioribus  diebus  detur, 
iit  ait  Hjginus,  perver  scabiosi  boves  liunl.  Glans  autem 
paleis  iinniiscenda  cst,  atipie  ila  biibus  apponenda.  Tuni 
etiam  silvani  si  qiiis  barbaricam,  id  est  consemineani  ve- 
lit  faceie,  recte  conseret  glandibus  et  ca^leiis  seminibus. 
Tum  et  olea  destiingendaest,  ex  qua  velis  viride  oleum 
ellicere;  quod  fil  optimum  ex  vaiia  oliva,  cum  iiicipit 
iiigiescere.  Nam accrbum  nisi  ex  alba  olea fieri  iion  debct. 
Caleii.  Novembribus  et  postiidie  caput  Tauri  occidit;  plii- 
viaiii  signilicat.  iii  non.  Noveinbris  Fidicula  mane  exo- 
riliir;  liicmat,  et  pluil.  viii  iilus  Novembris  idem  sidiis 
toliim  cxoritur;  Ausler  vel  Favonius;  bieniat.  vii  idu» 


DE  UAGRICULTUR!:,  I.IV.  M. 


nniionce  le  mauvais  temps  ;  froid  ou  vent  d'cst, 
qiu-lqvicfois  rosee.  Le  six,  les  PltMades  sc  cou- 
chent  le  matin;  ellesannoncent  le  mauvais  tenips; 
IVoid.  Le  cinq,  c'est  le  eommencenient  dc  riiiver ; 
vcnt  de  midi  ou  d'est,  quelquefois  rosce.  On 
peut  encore,  absolument  parlant,  finir,  pendant 
les  jours  qui  s'ecouleront  jusqu'au\  ides ,  ee  que 
ron  n'aura  pas  pu  achever  le  mois  preccdent  : 
mais  voici  des  operatious  partieulieres  qu'il  y 
aura  a  faire.  II  faudra  jetcr  sur  terre  en  un  seul 
jour,  lequel  jour  sera  cclui  meme  dc  la  pleine 
lune  ou  le  preccdent,  la  (luantite  de  fcvesque  Ton 
voudra  semer,  quoiqu'on  pourrait  remcttre  a 
une  autre  epoque  le  soin  de  les  recouvrir  de  terre, 
pourvu  ncanmoins  qu'on  les  garantisse  contre 
raviditc  des  oiscaux  et  des  bestiaux.  On  fera 
aussi  en  sorte,  pourvu  que  le  cours  de  la  lune 
ne  s'y  oppose  pas,  qu'elles  soient  hersees  avant 
les  iiles  de  novcnibre,  apres  avoir  ete  semees 
dans  uii  terrain  qui  soit  neuf  ct  trcs-gras,  ou  du 
moiiis  tres-funie.  II  suflira  de  se  pourvoir  de  dix- 
huit  rclies  de  fumier  \)M  jugerum.  Or  le  vehis 
de  fumier  contenant  quatre-vinsjts  modii,  on  en 
peut  conclure  quil  faut  repandrecinq  modii  de 
funiier  sur  un  espace  de  dix  pieds  de  terrain 
en  tous  sens.  On  voit  par  ce  calcul  qu'il  n'en 
laudra  que  mille  quatre  cent  quarante  inndii  pour 
wnjiir/rnn/i  entier.  !l  laut  aussi  dechausser  apre- 
seut  les  oliviers;  et  s'ils  sont  peu  fertiles,  ou  que 
lcs  feuillages  de  leurs  ciraes  soient  desseches ,  on 
repandra,  au  pied  deceux  de  ces  arbres  qui  seront 
plus  forts,  quMtre  modii  de  crottin  de  chcvre; 
it  dc  meme  au  pied  des  autrcs ,  a  proportion  de 
leur  ;;raii(lcur.  II  faut  dans  le  incine  teinps  dci- 
chausscr  lcs  vigiies,  et  verser  au  picd  de  chaque 


cep  la  valciird'un  sexlarius  de  fiente  de  pigeon  , 
ou  un  coiii/iiis  d'urine  d'bomme,  ou  enfin  qua- 
tre  sexlarii  de  tclle  autre  espeee  de  funiier  qiie 
ce  soit.  Dciix  jouriR'es  suffiront  pour  d('chausser 
\m  jugerum  de  vignes,  dont  les  ceps  seront 
plantes  a  six  pieds  de  distance  Tuu  do  rautic. 
Le  jour  des  ides  de  novembre,  temps  incertain, 
quoique  le  plus  souvent  beau.  Le  dix-sept  des 
calendes  de  decembre,  vent  d'aquilon  ,  quelquc- 
fois  de  midi  avec  de  la  pluie.  Le  seize  ,  la  Lyre 
se  leve  le  matin  ;  vcnt  de  niidi ,  quelquefois  d'a- 
quilon  ties-violent.  Le  quinze,  vent  d'aquiloii ; 
quelquefois  de  midi  avec  de  la  pluie.  Le  qua- 
torze,  le  soleil  entre  dans  le  Saiiittaire ,  et  le.s 
Hyades  se  levent  le  matin ;  ce  qui  annonce  le 
mauvais  temps.  Le  douze,  les  cornes  dii  Taureau 
se  couchcnt  le  soir;  ventd'aquilon,  fioid  et  pluie. 
Le  onze,  THyade  se  couche  le  matin ;  froid.  Le 
dix,  le  Lievre  se  coucbe  le  matin  ;  11  annonce  le 
raauvais  temps.  Le  sept ,  la  Canicule  se  couche 
au  lever  du  soleil ;  fioid.  La  veille  des  calendes, 
les  Hyades  se  couchent  en  enlier;  vent  Favonius 
ou  veut  du  midi ;  quelquefois  pluie.  II  faut  con- 
tinuer  pendant  ccs  jours-ci  les  operalions  que 
Tou  n'aura  pas  faites  les  jours  preciidents.  Et  si 
Ton  n'a  pas  braucoup  de  semailles  a  faire,  il  sera 
tres-bon  de  les  avoir  achevt-es  avant  les  calendes 
de  decembre.  Mais  il  faut  aussi  prendre  quelque 
portion  sur  les  nuits,  qui  sont  longues  alors, 
pour  rajouteraux  jours;  d'autant  qu'il  y  a  beau- 
coup  d'op(iratioiis  qui  pcuvcnt  tres-bien  se  faire 
pendant  les  veillees.  En  effet,  si  Ton  a  des  vi^no- 
bles,  on  pourra  tailler  ct  aiguiser  les  piewx  et  les 
(^ehalas  :  si  la  contree  cst  fertile  cn  fcrules  et  en 
ecorces,  on  fera  des  ruches  pour  lesabcillcs;  si 


Novembri.<  teinpcstatem  signilicat  et  liiemal.  Rexto  idiis 
Noveniliiis  Vei^iii^c  niane  orciiliint,  signilicat  tempesta- 
lem;  liieniat.  Qiiinto  iilns>'0Tembiis  stella  claia  Scoipio- 
iiisevoiilnr;  tempestatem  signilicat;  vel  Vnltniiius;  inler- 
(liiin  rorat.  iv  iiliis  Novembris  liiemis  iiiilium,  Aiisler, 
aul  f;iiriis,  inteidum  rorat.  His  diebus  iisque  in  idns, 
quie  siipei iore  mense  facere  non  potucris ,  adliuc  toleiabi- 
liter  elliciis.  Sed  el  proprie  lioc  observaliis,  nt  priilie, 
quam  pleiiiliiiiiHin  .sil;  si  minus,  certe  ipso  plenilimio 
omnem,  ipiam  saturiis  es,  Tabam  uiio  die  spargas  ;  .sid 
postej  licebit  ab  avibiis  et  pecore  defensam  obnias  :  eaiii- 
qiie,  si  itacompeticrit  \i\ax  cursus,  antc  idns  Noveinbris 
nccalani  liabeas  quaiii  pinguissimo  et  iiovo  loco  :  si  ini- 
nus,  ipiain  steicoralissimo.  Satis  crit  in  singula  jiigera 
velies  stercoris  comparare  nuinero  decem  et  octo.  Veliis 
anlem  .^tercoris  nna  baliet  modios  octoginta.  Ex  ipio  colli. 
gitur,  oporlere  in  denos  quoquoveisiis  pedes  moilios  qui- 
nos  stercoiis  spaigere.  Qiia;  ratio  do(;et  uuiverso  jiigero 
satisfaceie  ino(lios  mccccxl.  Tiim  etiam  convciiit  oleas 
ahlaqiieare,  etsi  .sunt  paruni  fructuosa;,  vel  cacuminibiis 
retorridm  frondis,  maguis  arboribus  qiiateruns  modios 
stercoris  caprini  circumspeigere ,  in  Cieteris  antciii  pro 
magnitiidinc  i>oitioiiem  seivare  :  cudeui  lemporc  viueis 
ablaqiieatis  coUiiubiniim  stercus  ad  singulas  vilcs,  (pioil 


sit  iiislar  imiiis  sexlarii,  vel  iirina,'  liominis  congios,  vel 
alleiius  geiieris  ipialeriios  sextarios  steicoiis  infundcie. 
Jiigeinin  vineanini  in  seiios  pedes  posilarum  diioe  operiiR 
ablaqiieaiil.  Idibus  Novembris  dies  incertus,  sa>pius  fa- 
nien  placidus.  (Se|itimo  decimo  cal.  Decembris  .\<piilo, 
inteidum  Aiister  cuni  pluvia. )  Sextodecimo  calendas 
DiM-embris  lidisexoriliir  mane;  Auster,  interduin  Aqiiilo 
iiiagniis.  Quiutodecimo  calendas  Decembris  .'iquilo ,  in- 
tenlum  Anster  (•uiii  plnvia.  Qiiartodeciino  calendas  De- 
cembris  sol  in  Sa;^ill;uiiiiii  li.iiisilum  facit;  Suculse  mane 
oriuntur,  tenipeNl.ilrin  M.:i]ii.i  ,it.  Duodccimo  calendas 
DecembrisTauriruiiiii.i  m  >|„ri  (iccidnnl; Aquilofrigidus, 
el  pluvia.  Undeciiiio  calendas  Decembris  Siicnla  inane 
iiicidit,  liiemat.  Decimo  calend.  Decembris  Lepus  occidit 
iiiaiie,  tenipestatein  sigiiilicat.  Septimo  calend.  Deceni- 
bi  is  Caniciila  occidit  solis  ortu ,  liieiiial.  Pridie  calendas 
Decembies  tol.-E  Suculai  occiduiil;  Favoniiis  aut  Auster. 
interdum  pluvia.  His  diebns,  qu,r  praslerita  erunl  siipp. 
lioribns,  opcraconsequioporteliit.  i:t,  si  iion  pliiriinuin 
seiimus,  oplimum  est  inlia  cal(!iidas  DeciMiibris  senien- 
tem  confecisse.  Scd  etiam  (de)  longis  uoclibus  ad  diur- 
nnm  tempus  aliqiiid  adjicieudum  est.  Nani  mnlla  siint, 
«pi.-c  iu  Incnbratione  recte  agiintiir.  Sive  eiiim  vinea^  |ios- 
siileinus,   pali  el  lidic.e  possuiit  doiiii  i  exacniipie  :  siv« 


COLUMELLE. 


elle  \'csl  cn  palmiers  et  eti  genets  cVEspagne ,  on 
fera  des  cabas  et  dcs  paniers ;  et  si  elle  l'est  en 
arbustes  qiiine  portent  que  des  verges,  on  fera 
des  corbeilles  d'osier.  Enfin  ,  pour  ne.  pas  entrer 
ici  dans  le  dctail  de  tous  les  ouvrages  qui  peu- 
vent  se  faire  pendant  les  veillees  ,  nous  nous  con- 
tenterons  de  dire  qu  il  n'y  a  point  de  pa\  s  qui 
ne  prouuise  de  quoi  s'occnper.  En  effet,  il  n'y 
a  qu'un  agriculteur  negligent  qui  puisse  regler 
son  travail  sur  ia  brievete  des  jours,  surtout 
dans  les  contrees  ou  les  jours  ne  sont  que  de  neuf 
heures,  tandis  que  lcs  nuits  sont  de  quinze.  On 
peut  encoreemonder,  pendant  les  veillees,  le  saule 
qui  aura  ete  coupe  un  jour  d'avanee,  et  en  prcpa- 
rerdes  liens  pour  les  vignes  :  s'il  est  peu  pliant 
de  sa  nature,  il  fautlra  le  couper  quinze  jours 
d"avance,  et,  apres  Tavoir  emonde,  lenfouir 
daus  du  fumier  afin  qu'il  s'y  ramolUsse;  mais 
s'il  est  desscche,  pour  avoir  cte  coupe  depuis 
Jrop  longtemps,  il  faut  le  tremper  dans  la  raarre. 
On  aiguisera  aussi  pendant  les  veillces  les  ins- 
truments  de  fer,  et  on  y  adaptera  des  manches. 
Les  nieilleurs  sont  ceux  de  bois  d'yeusc;  vien- 
ncnt  ensuite  ceux  de  ciiarme,  et  en  troisieme 
lleu  ceux  de  frene.  Le  jour  des  calcndes  de  de- 
cembrc,  temps  incertain,  quoiqu'il  soit  le  plus 
souvent  beau.  Le  huit  desides,  le  Sagittaire  se 
couche  a  moitie ;  il  annonce  le  mauvais  temps. 
Le  sept,  l'Aigle  se  leve  le  matin ;  vent  d'A- 
frique,  quctquefois  de  midi;  rosee.  Le  trois, 
vent  d'aval  ou  de  septeulrion ,  et  quelquefois 
de  midi  avec  de  la  pluic.  II  faudra  acliever 
pendant  ces  jours-ci  les  ouvrages  qui  u'auront 
pas  ete  faits  dans  le  mois  precedent ;  ce  qui 
s'npplique  neanmoins  aux  lieux  temperes  ou 
chauds,  car  il  serait  trop  tard  pour  les  faire  a  pre- 


sent  dans  les  licux  froids.  Le  jour  des  idcs  de  de- 
cembre,  leScorplonse  leve  entier  ie  matin ;  froid. 
Le  seize  des  ealendes  dc  janvier,  le  soleil  eutre 
dans  le  Caprieorne;  c'cst  le  solstiee  d'hiverselon 
Hipparchus,  aussi  annonec-til  souvent  le  raau- 
vais  temps.  Le  quinze,  cliangement  de  vents  an- 
nonce.  Le  dix,  laChevre  secouche  le  malin:  elle 
annonce  lc  mauvais  temps.  Le  neuf ,  c'est  (selon 
robservation  des  Chaldeens)  le  solstice  d'hiver  et 
ses  annonces.  Le  six  ,  le  Dauphin  coramcnce  a 
se  lever  le  matin;  il  annonce  le  mauvais  temps. 
Le  quatre,  I' Aigle  se  couche  le  soir;  f roid.  Le  trois, 
la  Canicule  se  couche  le  soir;  elle  annonce  le 
mauvais  teraps.  La  veille  des  calendes ,  temps 
mauvaiset  venteux.  Ceuxqui  poussent  plus  loin 
leurs  scrupules  en  matiere  d'econoraie  rurale 
pretendent  qu'on  ne  doit  poiut  toucher  a  la  terre 
avec  le  fer  pendant  ces  jours-ci,  si  ce  n'est  pour 
la  faconner  au  pastinum,  a  Teffct  d'y  planter  des 
vignes.  Aussi  ne  se  perraeftent-ils  alors  que  des 
genres  de  travaux  diffcrents  de  celui-la ,  tels  que 
eeux  qui  consistent  a  cueillir  les  olives,  a  faire 
de  l'huile,  a  echalasser  la  vigne  et  a  Tarreter  en 
la  liantpar  le  trone,  a  poscr  lesjougs  dans  les 
vignobles  et  a  lcs  afferniir  en  les  attacliant  en- 
sfmble.  Au  rcste,  il  ne  faut  point,  pendaiit  ce 
tcmps-ci,  faire  ce  que  Ton  appelle  palmare , 
c'cst-a-dire  lier  les  branches  de  la  vigne,  parce 
qu'elles  se  rompraient  pour  la  plus  grande  par- 
tie,  vu  la  roideur  que  le  froid  Icuraura  fait  con- 
tracter.  Ou  peut  aussi  grcffer  commodement , 
pendant  le  cours  de  ccs  jours-ci,  les  cerisiers, 
les  jujubiers,  les  ahricotiers,  les  amandiers,  et 
lcs  autrcs  arbres  qui  fleurissent  les  preraiers. 
Quclques  personnes  meme  seraent  dcs  lcgumes. 
Le  jour  des  calendes  de  janvier,  teraps  infcrtain. 


rPsio  feiulae  vol  covlicis  ferax  cst,  apibus  alvoarla  (ieri 
debeiit  :  sive  paliii.T  sparlive  faicuiida  est ,  fiscina;  spor- 
ta^que  :  sou  virgultoium,  corbos  ex  vimine.  Ac  ne  cirtera 
nuiic  peisiHpiar,  nulla  regiononaliqiiid  alTcrt,  ipioii  adlii- 
ciibralionom  conlici  possit.  Nam  iuertis  est  agiicolae  ex- 
peclaie  diei  bievitatem,  praecipnc  in  iis  regionibus.,  in 
quibus  brumales  dies  horarum  novem  sunt ,  noclesque 
liorarum  qiiindecim.  Possit  efiam  salix  decisa  pridie  ad 
lucubrationem  expiirgari,  et  ad  vilium  ligamina  pra>pa- 
lavi.  Qu»  si  nalura  miiiiis  lenta  est,  ante  dies  quindecim 
pra^cidenda,  et  piirgata  iu  stercore  obruenda  est,  ut  len- 
tescat.  Sin  auteni  jamprideui  caesa  exaruit,  in  piscina  ma- 
ceranda  est.  Tum  etiani  per  lucubrallonem  forraiuenla 
acuere,  et  ad  ea  facere,  vel  facla  uianiihria  aplaie,  qiio- 
rum  optima  sunt  ilignea,  deinde  carpinea  ,  post  ii.rc  fra- 
xinea.  Calendis  Decembribus  dies  incoiliis,  s.-cpiiis  lamon 
placidus.  Octavo  idus  Deccmhris  Sagittariiis  niedius  occi- 
dit;  tempeslatem  siguificat.  Septimo  idus  Decembris 
Aqiiila  mane  oiiliir;  Afiicus,  interdum  Auster,  irrorat. 
Terlio  idns  Decembris  Corus,  vel  Seplentrio ,  interdum 
Ausler  cnm  pluvia.  His  diebns  qua»  pra;lerita  erunt  supe- 
riore  menseopera  peragi  debebiint,  ulique  in  locis  tempe. 
ratis  aut  calidis  ;  nam  locis  fiigidis  recte  fieri  jara  non 


possiint.  Jdibus  Deccmbris  Scorpio  fotus  mane  exorltur ; 
liiemat.  Sexlodecimo  calendas  Janiiarii  sol  in  Capricor- 
niim  Iransitum  facit,  briimale  solslitium,  ut  tlipparcho 
placel  :  ilaque  lempestatem  siope  significat.  xv  calend. 
Januarias  [ventoruin  comnuilalionem  signilicat.  x  oalen- 
das  Januarias]  Capra  occidit  mane,  tempestatem  slgnifi. 
cat.  Nono  calondas  Januarias  bnimale  solstiliuni  (  sicut 
Clialdrei  olisoivant)  sigiiilioat.  Sexto  calend.  Jaiiiiarias 
Delpliinus  inMpil  oriii  iii.uio;  lempestatem  signilicat. 
Quarto  ealcMKtis  Jaiiiiarias  Aqiiila  vespere  occidit;  liie- 
mat.  Tertio  calendas  Januaiias  Canicula  vespere  occidit; 
tcmpestatem  significat.  Pridie  caleiidas  Januarias,  tem- 
pestas  ventosa.  Ilis  diebus  qui  leligiosius  rem  rusticain 
colunt,  nisi  si  vinoarnm  caiisa  pasliiios,  negant  debere 
terram  feiro  coiiiiiioveri.  Jlaqiie  quiilquid  cilra  id  goiuis 
cflioi  iiolost,  id  ab  liis  coiiiproliondiliir,  ut  olea  legalur, 
et  [olomiil  iDUliciatur,  ut  vitis  palotur,  ot  capite  feuus  al- 
ligolur,  iil  jiiga  viiiois  impouaiiliir,  el  capistrentur.  Cx- 
toiiini  paliii, uo,  idost  nialerias  alligare,  hoctempore  non 
expoilil,  (p;ia  |iliirima'  propter  rigorem  qui  fit  ex  frigore, 
fransniiliii.  l'.i^Mint  otiam  liis  diebus  cerasi  et  tuberes  et 
Arnioiiiac-c  atqiie  amygdalae  ciKteraique  aibores  qiuc  pri- 
ma^  ninciif ,  iiiseri  coinmode.  Nonnulli  eliam  legumina  sc- 


I)E  UAGIUCULTIIK!:,  UV.  XI. 


Le  trois  des  nones ,  I'Ecrcvisse  se  coueiie ;  temps 
variabie.  La  veiile  des  uones,  cVst  le  milieu  de 
riiiver;  srand  vent  de  midi ,  quelqnefois  pluie. 
Le  jour  des  nones,  la  Lyrese  leve  le  malin ;  temps 
variable.  Lc  six  des  ides,  vcnt  de  midi  et  quel- 
quefois  vent  Favonius.  Le  cinq,  vent  de  niidi; 
quelquefois  pluic.  La  veille  des  ides,  temps  in- 
certain.  Les  agriculteurs  scrupuleux  s'abstien- 
nent  eneore  pendant  ces  jours-ci  de  travailler  a 
la  terre,  de  facon  neaimioins  qu'ils  mettent  la 
main  a  chaque  espeee  de  travaux  le  jour  meme 
des  calendes  de  janvier,  pour  se  rcndre  les  au- 
gures  favorables  en  remettant  au  surplus  le  labou- 
rageaux  ides  suivantes.  Maiscommeun  metayer 
ne  doit  pas  non  plus  ignorer  ce  qu'il  faut  donner 
par  jour  a  chaque  paire  de  bceufs,  de  mois  en 
mois,  nous  allons  aussi  donner  ledetail  de  cette 
administration.  Au  mois  de  janvier,  il  leur  don- 
uera  dela  pailleavecsix.<cj;^a/7i  d'ersdetrempe; 
ou  un  xemodiux  de  gesse  moulue;ou  il  remplira 
de  feuillages  un  panier  dont  on  se  sert  pour  met- 
tre  leur  nourriture  ,  qui  soit  de  la  eontenanee  de 
vingt  modii;  ou  il  leur  donnera  autnnt  de  paille 
qu'ilseu  voudront,  avec  vingt  livres  de  foin;ou 
bien  encore  des  feuillages  verts,  soit  d'yeuse  soit 
de  laurier,  trescopieusement ;  ou  enfin  des  herba- 
ges  d'orge  seches,  qui  leur  valent  mieux  qiie  tout 
le  reste.  Au  mois  de  fevrier,  de  nieme.  Au  mois 
de  mars,  de  meme;  ou  cinquante  livres  dc  foin 
s"ils  doivent  travailler.  Au  mois  d"avril,  des 
feuilles  de  ehene  ct  de  peuplier;  mais  depuis  les 
calendesjusqu'aux  ides,  de  la  paille  ou  qiiaraiite 
livres  de  foin.  Au  mois  de  mai ,  du  fourratre  cn 
abondanee.  Depuis  lesealendesde  jnin,  des  feuil- 
lages  cn  aboudanee.  Au  mois  de  juillet,  de 
nieme.  Au  mois  d'aout,  demenie;  ou  cinquante 
livres  de  paille  d'ers.  Au  mois  de  scptembre ,  des 


feuillages  en  abondance.  Au  mois  d'oetobre,  dcs 
feuillages  et  dcs  feuilles  de  (iguier.  Au  mois  de 
novembre,  la  valeurd'un  pauier  de  feuillages  ou 
de  feuilles  de  figuier  jusqu"aux  ides;  et  depuis 
les  idis  un  modius  de  gland  m(Me  avec  de  ia 
paille,  et  un  modiiis  de  lupins  detrempes  et  me- 
les  avec  de  la  paille;  ou  des  melauges  d'lierba- 
ges  coupes  a  temps.  Au  niois  de  dceembrc,  des 
feuilles  seehcs ;  ou  de  la  paille  avec  un  scmodin.t 
d'ers  detrempe;  ou  un  srmndiiis  de  hipiiis  de- 
trempes  avant  d'etrc  mesure  ;  ou  uii  i/iodins  de 
gland,  comme  nous  avons  dit  ei-dessus;  ou  des 
melanges  d'herbages. 

]|[.  Comme  nous avons  paieoLHU  les  travaux 
quele  metayer  doit  executer  dans  les  temps  de 
raimee  (jiii  sont  fixcs  pour  chacund'eux,  noiis 
ailoiis  a  ]'r(^seiit,  en  nous  rappelant  la  promesse 
par  laquelle  nous  nous  y  sommes  eiignges  ,  joiii- 
dre  a  la  suite  de  ce  detail  la  culture  des  jardins, 
dont  il  doit  esalement  s'oecuper,  tant  pour  dimi- 
nuer  ia  depense  de  sa  nouriiture  journaliere, 
que  pour  avoir  dcs  mets  de  cnmpagne  non 
acheles,  eommedit  lepoete,  a  prf^senter  n  son 
maitre  lorsqu'il  y  viendra.  Democnte,  dans  le 
livre  auquel  il  a  donne  le  titre  de  Gcorrjiqiies , 
est  d'avis  que  ceux  qui  consti  uiscnt  les  murailles 
pour  clore  des  jardins  agissent  peu  prudeinment , 
pnrce  qne ,  d'un  c()\.c,  si  une  muraille  n'est  cons- 
triiite  qu'enbriques,  ellene  peut  pas  durer  iong- 
temps,  ntteiidu  que  les  pluies  et  le  mauvais  temps 
rfiidommagent  comniuntimcnt,  et  que  ,  d'uii 
autre  cAte,  si  on  la  coiistriiit  en  pierres,  ce  fcra 
une  depeiisetrop(?levee  pour  cegeured'(}coiinniie 
riistiqiic,  outre  que  poureuclore  decette  maiiiere 
iin  jardin  d'uue  graude  ('tendue  ,  il  fnudiait  t'tre 
Irop  opulent.  Je  donnerai  donc  une  facon  dc 
mellre  un  jardin  a  rabri  des  incursions  des  hom- 


runt.  Calondls  Jaiuiariis  dics  inccrliis.  Tcilio  non.is  Ja- 
nuarii  Caiicer  o(-ciiiit ;  lciii|icslas  v:iria.  IMidie  iinnas  Ja- 
liuarii  niedia  liieiiis;  Austci-  iniiltus,  iiilerdum  pluvia.  .Noii. 
Januariis  l"idis  exoritur  mane;  t(!ni|ieslas  vaiia.  Sexlo 
idus  Januaiias  Auster,  inlerdnni  FaMiiiius.  CJninto  idns 
Jan.  Ausler,  interdnm  inilier.  Pridie  i<lns  Jjn.  inccrlus 
stalus  ca>li.  Per  lios  qnoqne  dies  alistincnt  tci  rcnis  operi- 
bns  reli^iosioies  agiicola;,  ilalanicii  ul  ipsis  calcn.  Janna- 
liis  auspicandi  causa  omnc  gcniis  opcris  inslanront,  cicte- 
ninidiKeianltenenainmolilioneniusiinc  iii  pioviinas  idus. 
Sed  nec  ignoiarc  debeliit  viliicus,  qnid  iini  jiigi)  Imnm 
qnoquo  men.ie  per  .singulos  dies  pia'Slaii  satis  sil.  (^nare 
hnjus  quoqne  cuiac  rationeni  sulijiciinnns.  Mense  Jaiiua- 
rio  paleascnin  crvi  macerati  S(!\Lniis  sex,  vel  paleas  iinn 
ciceicnlii!  fres.-e  semodio,  vel  frondis  corbcin  pabulaloriuin 
modionim  vij;inti,  vel  paleas  qnaiitnm  veiiiit,  el  ((eni 
poiido  vi;;inli,  vel  alTatim  viridem  fioiidem  ex  ilice  vel 
iauio,  vcl  qiiud  liis  onniibns  piieslat,  farraKinem  ordea- 
tcani  dabil  sic(am.  l'"ebniario  mense  idem  ,  Mai tio  idcm, 
vel ,  si  opns  facturi  snnt ,  foni  poiulo  qninqiiagiuta.  Aprili 
fiondem  qiicnieain,  cl  piiinilueani.  K\  (al.  ad  icins  vel 
paleasvel  lieni  pondo  quadiagint;i.  Maio  pabiilniii  allalim  : 


Jiinio  e\  calcnd.  frondciii  affalini  :  Jiilio  ideni,  Anguslo 
idem,  vel  paleas  ex  ervo  pondo  qninquaginta.  Scpteuibri 
Irondem  alTatiin ,  Oclobri  froinkin ,  et  liculnea  lolia.  Ko- 
vcinb.  ad  idiis  fiondeinvel  folia  licnhica,  qna^  sint  corbis 
iiiiius.  \.\  idibiis  nlandis  niodinin  nniini  palcis  inntiis- 
tnin,  cl  iMpiiii  nincciali  inodinin  nniiin  palcis  iniiiiistnin  , 
vcl  nialniain  f.inanincm.  Oecenib.  fiondoiu  aridani,  vel 
paleas  cnni  orvi  scmodio  niaceralo,  vol  Inpini,  quod  ex 
semodio  maccrato  exiiji  il  vel  glandis  modiuin  unum ,  ut 
snpra  seriptnin  csl,  vol  fanaKiiiem. 

III.  tt  (pioniain  pcrcensniiniis  opera,  qiire  suis  quibns- 
qiiott'inporil)usaniii  villionni  evcqni  oporteret ,  menmios 
polliciti  iiostri  subjniifiemns  ciiltns  liortoinm,  qiiornm 
■r(|iie  cnrani  susijipeie  dcbebit ,  nt  ot  quolidiani  violiis 
sni  lcvelsumplnm,  eladvenieiili  douiino  piajbcat,  (piod 
ail  pocta,  iiiemplas  ruris  dapes.  Oeniocritus  in  eo  libro, 
ipicm  Geoigicon  appellavit,  paruin  prndenler  censet  eos 
laoore,  qui  liortis  exlruant  mnniinenta ,  qiiod  neqiie  latere 
fabiicala  maceries  pcieniiare  possit,  pluviis  ac lempeslati- 
biis  plenimqiic  infostala,  neqiie  lapides  supra  rei  dignitalom 
poscat  impensa.  Si  vcroampliini  moduni  ^epiicquis  volit, 
patrimonio  csse  opus.  Inse  isilur  ostcQdam  cationcni. 


COLIIMICLLE. 


mes  et  de  cclle  dcs  bestiaux  sans  gvaiuls  frais. 
Les  auteurs  les  plus  auciens  oiit  pretere  uiie  liaie 
vive  a  un  treillis  compos?  de  pieces  de  bois, 
non-seulemcnt  parce  qu'elle  entralnait  nioiiis  de 
depense  apres  elle,  mais  encore  parcequ'elle  du- 
rait  plus  longtemps  que  des  ouvrages  plus  con- 
siderables.  En  consequence ,  ils  ont  donne  la  me- 
thode  que  voici  pour  former  des  buissons  en 
semant  des  epines.  II  faut  apres  requinoxe 
d'autorane ,  et  des  que  les  pluies  auront  buniecte 
]a  terre,  creuser  deux  tranchees,  a  la  distauce 
de  trols  pieds  Tune  de  Tautre,  autour  du  lieu 
que  Ton  voudra  clore  de  haies.  II  suffira  que 
ces  tranchees  aient  deux  pieds  tant  en  largeur 
qu'en  profondeur:  du  reste,  on  les  laissera  passcr 
rhiver  a  Tair  sans  y  rien  mettre ,  et  Ton  se  con- 
tentera  de  preparer  alors  les  graiues  que  Ton  se 
proposera  d'y  semer  par  la  suite.  Cts  graines 
seront  celles  des  plus  grandes  epines,  et  princi- 
palement  de  la  ronce,  du  paliure,  et  de  cette 
plante  que  lesGrecs  appcllent  zuvo'c!S7.tov,  et  que 
iious  nommons  se^itis  canis.  On  choisira  les 
graines  de  ces  ronces  les  plus  mi!ires ,  et  ou  les 
melera  avec  de  la  farine  d'ers  moulu  ;  apres  quoi 
on  roulera  dans  cette  farine ,  prealablement 
mouillee ,  de  vieux  cordages  de  navires ,  outelle 
autre  espece  de  corde  que  ce  soit;  lorsq«'en- 
suite  cescordes  seront  biens(5chees,on  les  serrera 
sur  un  planehcr,  pour  y  rester  jusqu'a  quarante 
jours  par  dela  le  solstice  d'hiver;  puis,  vers  Tar- 
rivee  dcs  hirondelles,  et  lorsque  le  vent  Favo- 
niits  commenccra  ii  s'e!ever  apres  les  ides  de 
fcvrier,  on  tarira  Teau  qui  pourra  s'etre  amassee 
dans  les  tranchces  pendant  rhiver,  et  on  les  rem- 
plira,  jusqu'a  la  moitiede  lcur  profondeur,  de  la 
terre  ameubliequi  etaitrestee  eutassee  sur  leurs 
bords  depuis  rautomne.  Enfin  on  tirera  les  cor- 


des  dont  nous  venons  de  parler  des  planchers 
sur  lesquels  elles  etaient  serrees ,  et  npres  les 
avoir  developpees,  on  les  etendra  le  long  des 
deux  tranchces,  en  les  recouvrant  de  terre,  de 
facon  neanmoins  que  les  graines  d'epines  adhe- 
rentes  aux  tourons  de  ces  cordes  ne  soient  pas 
chargees  de  terre  au  point  de  ne  pouvoir  plus 
gcrmer.  Ellesgermeronten  effet  vers  le  trentieme 
jour;  et  lorsqu'elles  auront  commence  a  prendre 
quelque  accroissement,  on  leshabituera  a  se  pen- 
cherducotederintervallequiseparelestranchees. 
II  faudra  fieher  en  terre  au  milieu  de  cet  inter- 
valle  une  haied'osier,  sur  laquelle  monterontles 
buissons  de  Tune  et  Tautre  tranehee,  ctqui  leur 
tiendra  lieu  ,  pour  ainsi  dire,  d'une  espece  de 
soutiencontre  lequel  ils  s'appuieront ,  jusqu'a  ce 
qu'ilssoient  fortifies.  II  est  visiblequ'on  ne  pourra 
jamais  venir  a  bout  de  detruire  ce  buisson,a 
moins  qu'on  ne  veuille  le  dcterrer  jusqu'aux  ra- 
cines  :  d'ailleurs  personne  ne  doute  qu'il  ne  soit 
dans  lecasde  reprendre  encore  mieux,  lorsqu'il 
aura  ete  endommage  par  le  feu.  Voila  donc  la 
facon  d'euclore  un  jardin  ([ui  a  ete  le  plusap- 
prouvee  par  les  aneiens.  Au  surplus,  il  faudra , 
si  la  situation  de  la  tcrre  ne  s'y  oppose  point, 
dioisir  pour  son  emplacement  un  lieu  qui  soit 
dans  le  voisinago  de'  la  metairie  :  rimportant 
esl  que  ce  lieu  soit  gras,  ct  qu'il  puisse  etre  ar- 
rose  par  un  ruisseau  dont  les  eaux  cotderont  a 
travers,  ou,  s'il  ne  s'y  trouve  pas  d'eau  courante, 
par  un  puits  a  bonne  sourcc.  Mais  alin  d'etre  as- 
sure  que  ce  puits  ne  manquera  jamais  d'eau  ,  il 
ne  faudra  le  creuser  que  lorsquc  le  soleil  sera 
dans  les  derniers  degrcs  de  la  Vierge,  c'cst-a- 
dire  au  mois  de   septembre  avant  requinoxe 
d'automne  ,  parce  que  le  meilleur  temps   pour 
reconnaitre  la  bonte  d'une  source  d'eau  ,  c'est 


qna  iicin  niagna  opera  lioitum  ab  incursu  hominum  pecu- 
<lunKiiie  niunimus.  Yclustissimi  auctores  vivam  scpem 
sUuctili  piBCtulenint,  qiiia  non  solum  minorem  impensam 
(lcsideraret,  veninieliam  (iiiilurnior  iniincnsis  tcnipoiibiis 
peimanerel  :  ilarpie  vcpiis  efliciendi  consitis  spinis  latio- 
nemlalem  reiWitlcriiiit.  Locus,  quem  sepire  deslinaveiis , 
ab  .Tquinoctio  autmnnali  simulatque  terra  maiUicrit  im- 
liribiis,  ciicumvallantlus  est  tliiobus  sulcis  tripedaneo 
spalio  inter  se  distantibus.  Modum  altitudinis  (et  latitu- 
dinis)  eorum  abnnde  est  esse  bipedaneum  :  sed  eos  va- 
cuos  perhiemare  paliemiir  pia^paratis  seminibus,  quibus 
obserantur.  Ea  sint  vastissiinarum  spiiiariim,  niaximeque 
rubi,  et  paliuri,  etcjusqiiam  Graxi  vocant  x'jv6(jSiitov  , 
iios  sentem  caiiis  appellamus.  Horuni  autem  ruborum  se- 
mina quani  maturissima  legi oportet, et  eivi  molili  farin:e 
imniiscere  :  qua;  cum  est  aqiia  conspcrsa,  illinitur  vel 
nauticis  vcleribiis  funibus,  vel  quibuslibct  aliis  rcstibus. 
Siccali  deinde  funiculi  reponuntiir  in  tabulato  :  mox  ubi 
liiiiina  confecla  cst,  intermissis  quadraginta  diebus,  circa 
liiniiKliiiis  adventiim  ,  cum  jam  Favonius  cxoritiir,  posl 
iiliis  Frlnuarias  si  qiia  in  sulcis  per  liicmem  conslitil 
aqiia,  cxliauritiir.  rcsolulaquc  liumus,  qiia'  ciat  auliinnio 


re^esta,  iisipie  ad  mediam  siilconim  allitudinpinrcponilur. 
Pra'Oicti  dcinde  funes  de  tabulato  prompti  explicantur,  el 
in  longitudinem  per  utrnmque  siilcum  porrccti  obruunlur, 
sed  ita,  iit  non  iiimium  supergesla  terra  semiiia  spinariim , 
quKinlia^rcnltorisfuniculorumjenascipossint.lCafereciira 
ti  igesimiiin  diem  prorepunt ;  atipie  ubi  cceperuntaliquod  iii- 
creinentiim  liabcre,sic  insucsci  delient,  ut  in  id  spaliuin, 
quod  siilcis  iuterjacet.inclinentur.  Oportcbilautemvirseam 
sepem  inlerponeie,  quam  superscemlant  sentes  utriusque 
sulci,  et  sit  quo  intei  dum  quasi  adminiculo  priiisquam  corro- 
horcntur,  acqiiiescant.  Hiinc  veprein  manifestum  est  inle- 
riini  non  po.sse,nisi  ladicituseftodere  velis.  Cieterumetiara 
post  igiiis  injuriani  nielins  lenasci,  niilli  dubium  est.  £t 
iia>c  quidem  claudendi  liorti  ratio  maxime  est  antiquis 
piobata.  Locum  autem  eligi  conveniet,  si  perniitlit  agri 
situs,juxta  villam,  pirecipnepinguem,  quiipie advenienle 
rivo,  vel  si  non  sit  lluens  aqua,  fonte  puleali  possit 
iirigari.  Sed  ut  certani  perennitalis  puteiis  liabeal  fidem, 
tum  demiim  effodiendus  est ,  ciim  sol  ultiiiuis  paitcs  A'ir- 
ginisobtinebit,  id  est  mense  Septemb.  ante  aequinoclinm 
autumnale  :  siquidem  tunc  maxinie  exploianliir  vires 
fontium ,  cum  ex  louga  siccitate  /cstatis  lcrra  tarel  Im- 


DE  L'AGR1CULTU1U:,  IJV.  \1. 


iorsque  les  longiies  seehcresses  de  Tete  ont  abso- 
lument  denue  la  terre  de  toute  eau  de  pluie.  11 
r.iut  cneore  prendre  garde  que  remplacement  du 
jnrdiii  ne  soit  au-dessous  de  Taire,  de  peur  que 
l.irsq«'on  viendra  a  battre  le  ble,  le  vent  iie 
lasse  voler  sur  la  superficie  des  pailles  ou  de  la 
poussiere,  foutes  choses  funestes  aux  plantes 
pofai^eres.  Ou  distingue  deux  saisons  dans  les- 
quelles  on  peutdisposer  le  terrain  et  le  faconner 
au  pastinttin  ,  parce  qu'il  y  a  de  nieme  deu.x  sai- 
sonsdans  lesquelles  les  plantes  polaijeres  peuvent 
etre  semees  ,  la  plus  grande  partie  d'entre  elles 
liouvant  rctre  enautomne  ainsiqu'au  printemps. 
II  vaudra  raicux  neanmoins  preparer  le  terrain 
au  printemps  dans  lcs  lieux  arroses  ,  taut  parce 
que  la  doueeur  du  temps  qui  se  fait  senfir  au 
commencement  de  rannee  accueillera  favora- 
blemcnt  les  scmenees  au  nioment  qu'elles  ger- 
nieront,  que  parce  qu'on  pourra  renv-dier  a  la 
i  secheresse  de  Tete,  qui  succedera  a  cctte  saison, 
par  des  eaux  de  souree;  au  lieu  que  lorsque  la 
nature  du  lieu  ne  pcrmet  point  de  fournir  aux 
semences  de  Teau  naturelle  ou  artificiclle,  on 
n'a  pas  d'autre  ressource  que  celle  dcs  pluies 
(i'hiver.  Ce  n'est  pas  quon  ne  puisse  faire  de 
bouDe  besogne  dans  les  lieux  mcme  les  plus  secs, 
pourvu  qu'on  y  laboure  le  sol  au  pastinitm  plus 
profondemcnt  que  dans  les  lieux  arroses  :  il  fau- 
dra  a  cet  effet  le  fouiller  a  frois  pieds  de  profon- 
deur,  de  f.icon  que  la  ferre  qui  se  frouvera  gon- 
flee  par  le  labour  nioute  a  la  hauteur  de  quatre; 
lorsqu'on  aura  au  eontraire  la  faculte  d'arroser, 
il  sutTira  de  retourner  la  ferre  crue  avec  une  houe 
de  petife  dimension,  c'est-a-dire,  dont  le  fer 
n'ait  pas  tout  a  lait  deux  piedsde  hauteur.  Quoi 
qu'il  en  soit,  on  aura  soin  de  faconner  au  pasli- 
num  pendant  raufomne  ,  vers  les  calendes  de 
novembre,  le  ferrain  que  Ton  destinera  a  etre 
ensemence  au  prinfemps,  et  de  refourner  au  con- 


traire  au  mois  de  mai  cclui  (jue  Ton  voudra 
couvrir  en  automne,  alin  ([ue  lcs  mottes  deferre 
aicnt  le  tcmps  de  su  dissoudrc  aux  froids  de  rhi- 
ver  et  aux  chaleurs  de  \'(i\.i. ,  et  que  toutes  les 
racines  des  herbcs  perissent.  U  ne  faudra  pas  le 
fumcr  longtempsd'avance  ;  mais  lorsque  lc  femps 
de  rensemencer  approchera ,  on  en  arraehera  les 
herbes  eiuq  jours  avant  ct  on  le  fumcra,apres 
quoi  on  lc  binera  avec  raftcntion  neeessaire  pour 
iucorporer  ce  funiier  a  la  terre.  .\urcste,  le 
meilleur  fumier  pour  cct  usage  est  le  crottin 
d'<ine,  parcequec'est  eeluiqui  engcndre  le  moins 
d'herbes  :  vient  ensuite  eelui  des  bftcs  de  som- 
me  ou  des  brebis,  pourvu  qu'il  soit  resfe  en  tas 
pendant  une  ann(!'e.  Quant  aux  excremenis  hu- 
mains,  quoiqu'ils  passent  pour  efre  excellents,  il 
n'cst  pas  n^^ianmoins  nccessaire  dc  lcs  employer, 
a  moins  ([ue  le  terrain  ne  soit  d'un  gra\ier  piir, 
ou  d'un  sable  tres-di^li^i  et  sans  aucune  vcitii ; 
auquel  cas  il  lui  faudrait  des  aliments  de  la  pliis 
grande  substance.  Ainsi,  apres  avoir  beche  le 
terrain  que  Ton  destinera  a  etre  ensemence  aii 
prinfemps,  ou  le  laissera  se  consumer  apres  Tau- 
tomne  par  les  froids  du  solsfice  d'hiv('ret  par 
les  hruines  ,  parce  que  la  violencc  du  froid  n'af- 
line  pas  moins  la  tcrre  etnc  ladissout  pas  moiii.s 
en  la  laissant  fermenter,  que  ne  le  font  les  cha- 
leurs  dfi  ret(j  par  une  raison  contraire.  On  nc  ri- 
pandra  done  le  funiiersurce  terrain  que  lorsque 
le  solsfice  d  hiver  sera  passe;  ensuite  on  le  dis- 
tribuera  par  planche,  apres  Tavoir  bine  vers  les 
ides  dejanvier.  II  faufcependant  avoir  raftention 
de  ne  donncr  a  ccs  planehcs  que  la  largcur  w- 
cessaire,  pour  que  les  ouvriers  qui  cn  arrache- 
ront  les  mauvaises  herbes  puissent  aiscment  af- 
tcindre  avec  la  main  jusqu'au  railieu  ,  afin  qu'en 
eberchant  les  herhes  ils  ne  soient  pas  forc(?s  de 
fouler  aux  pieds  lcs  semences ;  mais  qu"au  con- 
traire  ils  puissent  arracher  ces  herbes  des  deux 


moiepliiviali.  Providendiim  est  aiiteui,  np.  Iiortus  aieic 
subjareat ,  neve  per  tritiirani  venti  possinl  paleas  aiit  pul- 
veieniin  eiim  pcrfciie:  nauiiitraquesuntolerlbusinimlca. 
Mox  ordiiiandi  iiastinandique  suli  diio  siint  tempoia  : 
quoniam  iliur  quoipie  olciiim  satiiiiics  :  nain  et  autumno 
et  Tcre  plurima  scriiiitiir ;  niclius  taincu  verc  riguis  locis , 
qiioniam  ct  nasccntis  aiiiii  clcincntia  excipil  prodeiinlia 
scniina;  cl  sitis  a'Slatis  rcstiii^uitur  fonlibuS'.  At  ubi  loci 
naliira  iicque  maiiii  illalam,  iieque  sii.t  sponlis  aquain 
iniiiistiari  patitiir,  iiulliiin  quiilem  aliiid  auvilium  cst, 
quam  liicmalcs  pliivia'.  1'otcst  tamenetiani  in  sicclssimis 
lof  is  opus  custodiri ,  si  dcpressius  pastiiieliir  solum  :  cjus- 
qiic  abuiide  est  graduui  efruderc  tribus  pcdibus ,  ut  lu 
qiialuor  consuii^at  icseslum.  Al  iibi  copia  cst  rigandi , 
satis  crit  noii  altu  bipaliu,  id  est,  miiius  qiiajn  duos  pe- 
dcs  fcrramenlu  novale  converti.  Sed  curabimiis,  ut  ager, 
qiiem  vcre  conseri  oportct,  aiitumno  circa  calend.  No- 
vemlnes  paslinetur  :  qucm  deinde  velimus  autumiio  in- 
slilucre,  inense  Maio  converlemus,  ut  aiit  liicmis  frigori- 
bus,  aut  a'stivls  solibus  cl  gleba  solvatiir,  ct    radiccs 


lierbariim  nccentur  :  iiec  iniilto  aiite  sfcrroraredcbcbinnis ; 
et  cum  salionis  appiopimpiabit  tcmpiis,  antc  (piintum 
dicm  evlicrlpandus  erit  locus,  stcrcoiandusqne,  et  ita 
diliscntcr  fiissiune  iterandiis  ,  utfiino  tcrra  ciimmisceatnr. 
Opliinuni  vcro  stcrciis  est  ad  liunc  usum  asini ,  quia  mi- 
nimum  lierbarum  crcat:  proximnm  vcl  arniciiti  vcl  oviiini, 
si  sit  anno  maccratum  :  nani  qiind  lioiiiincs  facinnt, 
qiiamvis  liabeatiir  cxcellentissimum,  non  taiiicn  nccesse 
esl  adliibcrc,  nisi  aul  iiud.e  glarciic.ant  sine  lUlo  roborc 
snlulissim.1^  arcn.T,  cum  major  scilicet  vis  alimenti  dcsi- 
dciatur.  Igilur  solum  ,  quod  vere  consererc  dcslinavcri- 
mus,  post  autumnum  paticmur  effossum  jaceie  bruma; 
frigorilius  et  pruiuis  iniircndum  :  qiiippe  e  contrario  sicut 
Ciilor  a'statis ,  ita  vis  frigoris  cxcoqiiit  terrani,  rcrmenta- 
tamque  solvit.  Quare  peiacta  bruina  luin  denium  slcrcus 
injiclclur,  et  circa  idus  Jannaiias  liumus  refossa  in  arcas 
dividilur ;  qua;  tamcn  .sic  informanilie  sunt ,  ut  facilc  run- 
cantium  maniisaddimidiani  parlcm  lalitudiniscanini  pcr- 
vcniant ,  ne  qiii  proscqiiuntur  licrbas,  scmina  proi  iili  aic 
tcyanlur ;  scd  potius  pcr  scmilas  ingr(?<lianlnr,  cl  altcina 


COLU-MELLE. 


cott^s  ck's  planches  alternativemeiit,  en  passant 
pai-  les  senliers  qui  les  borderont.  Cc  que  nous 
venons  de  dire  pnr  rapport  a  ce  qui  concerne  les 
operations  necessaires  avant  l"ensemencement 
doitsuflire.  Nous  allons  a  present  priscrire  les 
genres  dc  culture  qu'il  faut  donner  au  terrain 
suivant  les  differentes  saisons,  ct  entrer  dans 
!e  detail  des  semences  qu'ii  y  faut  mettre ,  en 
commencant  par  traiter  des  graines  que  l'on  peut 
semcr  dans  les  deux  snisons,  c'est-a-dire,  en 
nutomneetnu  printemps.  Cesgraiiies  sontcelles 
du  chou  et  de  la  Initue,  de  rartichaut,  de  la 
roquette,  du  cresson  alcnois,  de  lacoriandre, 
du  cerfeuil,  de  Tanet,  du  panais,  du  chervi,  du 
pavot.  En  effet,  on  peut  les  semer  ou  vers  les 
calendcs  de  septemhre,  ou  eucore  mieux  en  fe- 
vrieravaut  celiesde  mars,  quoiqu'on  puisseaussi 
les  confier  a  la  terre  vers  les  ides  de  janvier  dans 
les  lieux  secs  ou  temperes,  tels  que  sont  les 
contrees  maritimesde  laCalabrie  et  de  rApuIie. 
Les  plautes  au  contraire  qiie  Ton  ne  doit  semer 
qu'en  automne  (pourvu  memo  que  Ton  ait  a 
cultiver  un  terraiu  maritimeou  exposeau  soleil) 
sont  b.  peu  pres  celles-ci  :  Tail,  les  oignons, 
roignon  de  Cypre,  la  raoutarde.  Au  surplus, 
nous  allons  aussi  parcourir  mois  par  mois  les 
differents  temps  oii  chnque  plnnte  doit  commu- 
nement  etre  confiee  a  la  terre.  On  pourra  donc 
semer  tres-bieu  le  passerage  aussitot  apres  les 
calendesdejanvicr.  Au  mois  defevrier  on  mettra 
en  terre,  soit  en  plante,  soit  en  graine,  la  rue 
et  1'nsperge,  ainsi  que  lagraine  d'oignon  etcelle 
de  poireau  :  on  y  mettra  aussi  la  graine  des  ra- 
cines  de  Syrie  ct  celle  des  rnves  et  des  navets , 
si  Ton  veut  en  recueillir  au  printemps  et  en  ete. 
Quant  a  rail  et  a  Toignon  de  Cyprc,  ce  temps 
e»t  le  dcrnier  de  ceux  oii  Ton  puisse  les  semer. 
On  pourraneanmoins,  dans  les  lieux  exposes  au 


soleil,  transferer  vers  les  calendes  de  mars  le 
poireau  (s'il  est  deja  un  peu  fort) ,  de  meme  que 
Ton  pourra  transplanter  le  panax  a  la  fin  du 
meme  mois,  et  vers  Jescalendes  d'avril  le  poi- 
reau,  rauxee  et  la  plante  de  la  rue  qui  oura 
ete  semde  tard.  11  faut  aussi  scnier  alors  le  con- 
comhre,  la  courgeet  lecaprier,  afin  qu'ils  viennent 
de  bonne  henre;  car  pour  ce  qui  est  de  la  graine 
de  poiree ,  on  ne  la  serae  avantageusement  que 
lorsque  le  grenadier  est  en  fleur.  On  peut  aussi 
transferer  sans  inconvenient  les  tetes  de  poireau 
vers  les  ides  de  raai.  Passe  ce  temps,  il  ne  faut 
plus  rien  raettre  en  terre  <i  1'approche  de  fete ,  si 
ce  n'est  la  graine  de  celeri,  pourvu  neanmoins 
qu'on  puisse  farroser,  parce  qu'avec  le  seeours 
de  Teau  elle  viendra  tres-bien  pendnnt  rcte.  Au 
reste,  le  troisieme  des  temps  auxquels  on  pourra 
semer  est  le  mois  d'aout,  vers  les  fetes  de  Vulcain : 
c'est  meme  le  meilleur  temps  pour  semer  les  ra- 
cines  et  les  raves,  ainsi  que  les  navets,  !e 
chervi,  et  meme  le  maceron.  Voila  ce  qui  con- 
cernc  les  temps  propres  aux  cnsemencements. 
.Te  vais  maintenant  entrer  dans  le  dotail  des 
plantes  qui  exigent  des  soins  particuliers  :  celles 
dont  je  n'aurai  point  parle  seront  censeesn'avoir 
hesoin  d'aueun  autre  soiu  particulier,  si  ce  n'est 
de  celui  qui  consiste  a  arracher  les  raauvaises 
herbes  ;  et  je  dirai  une  fols  pour  toutes  a  ce  sujet, 
qu'il  faut  travailler  en  tout  temps  a  extermiuer 
les  mauvaises  herbcs.  L'oignon  de  Cypre,  que 
quelques  personnes  appellent  ail  punique,  et  que 
Ics  Grecs  appeilent  d-^poaxopooov,  croit  beaucoup 
plusque  rail :  il  faut,  avant  de  le  racttre  en  terre, 
en  partager  la  tete  en  plusieurs  parties  vers  les 
caleudes  d"octobre,  parce  qu'il  est  compose  corame 
Tail  de  plusieurs  gousses  adherentes  :  lorsqu'on 
aura  desuni  ces  gousses,  on  les  plantera  par 
sillons,  cn  les  mcttant  sur  les  raies  qui  scront 


vjce diniiilias  areas  eruncpnt.  H;ec,  quss ante sationem  fa- 
tienda  siiiit,  dixisseabunde  cst.  Nunc  quid  quoquc  tem- 
|iore  vel  colenduni  vel  serendum  sit,  prxcipiamns  :  et 
primuni  de  liis  Kcncribus  loi|uepdum  cit,  quae  possunt 
duobus  seritemporibus,idestautumnoetvere.  Suntautem 
M'niinaliriissi(  ri'1'l  lactucie  ,cinai'a!,ernca3,  nasturcii,  co- 
riaiKJii,  cli.eii-iibylli,  anelbi,  pastinacT,  sisci'is,  papaveris  : 
bac  fiilm  vel  ciicacalend.  Septembres,  vcl  melius  ante 
Cnlendas  ;Mai  lias  Februar io  serunlnr.  Locis  vero  siccis,  ant 
ie|iiilis,  qualia  sunt  Calabriae  et  AppnliiE  maritinia,  pos- 
sunt  circa  idus  Januarias  terrce  commilti.  Itursns  qua; 
taritum  autumno  conseridebent  (si  tamen  vel  marilimun), 
vel  apricuni  asrum  incolimus)  ha.'C  fcre  suiil,  allinui, 
ccpa;  capilula,  ulpicum,  sinapi.  Sed  jam  poliusquo  qriid- 
(|ue  tempore  teii;e  niandari  plerumque  conveniat,  per 
irrenses  digeiamus.  Erfio  post  calendas  Januarias  confes- 
lini  recte  ponetur  lepidium.  Mense  autem  l^ebruario  vel 
lilanla  vcl  seniine  ruta,  atqiieasparagus,  et  iterum  cepa; 
.semen  et  poiri  :  nec  minus  si  vernnin  et  a;stivuni  friictnm 
voU-s  Irabere,  Syriaca;  r-.idicis  el  lapa'  napique  semina 
obrucs.  Naiii  allii,  cl   iilpici  ulliina  cst  liiijiis  lcmporis 


posilio.  .\t  circa  cilendas  IMartias  locis  apricis  licel  porruin 
(si  jam  ingranduit)  transferre.  Item  panacem  iiltima  parte 
Martii  mensis.  Deinde  circa  calendas  Apriles  a'que  porrum 
atque  inulam,el  sciotinam  plantam  Tiilte.  Ilem  ut  matii- 
rius  nascatur,  ciicumis,  cucurbila,  cappai  is  serenda  est.  Nain 
senien  bela',cnmPunicuni  mabnn  llorebil.trrm  demnmop- 
timeseritur.  Porri  autemcaprrl  ciria  idrr^  .Maias  tulerabili- 
ter  adbuc  transfertur.  Post  Iroc,  riibil  ingrriente  .Tstale  obrui 
debet,  nisi  semen  apii ,  si  tarnen  rigalurus  es.  Sic  enim 
opliure  per  a-stateni  provenit.  Cielerum  Augusto  circa 
Vulcanalia  tertiaSitio  est :  eaqueoplima  radicis  et  rapse, 
itemqiie  napi  et  siseris ,  nec  minus  oleiis  atri.  Alque  Iktc 
suiit  sationum  tempora.  Nnnc  de  ils,  qua>  aliquam  curam 
desiderant,  singnlis  loqriar,  quxque  pra'teriero  intelllgi 
oporlebit  nuUain  postnlare  operam  nisi  runcatoris  :  de 
qua  seniel  lioc  diccnduni  est,  oinni  tempore  consulenduin 
csse,  ut  lierba;  exlerininentur.  Ulpicum  quod  quidam 
allium  Punicum  vocant,  Gra^ci  anteni  afpodxopoSov  ap- 
pellant,  longe  majoiis  est  incrementi  qiiain  alliiiiii  ;  idque 
circa  calend.  Oclobris,  antequam  deponalnr,  e\  iino 
capilc  in  plura  dividetur.  Habelenim  velnl  alliiiiii  [ilures 


DE  LAGRICULTUR!-:,  LIV.  XI. 


rniic  lc:;  silloiis,  afii)  qu"i'lles  soieiit  moins  en- 
dommaufesparles  eaux  do  riiivcr.  Ces  raiesres- 
sembleiil  aux  clevatious  de  tcrre  que  lcs  paysans 
ont  soin  de  pratiquer  daiis  les  champs  laboures, 
pour  y  placcr  lc  grain  a  Tabri  de  rhumidite; 
avcc  cette  differenee  qu'il  faut  les  faire  moiiis 
largcs  daus  lcs  jardiiis  quc  dans  lcs  cliamps.  On 
arrangera  doiic  sur  le  haut,  c"est-a-dlre  sur  lo 
dosde  ces  raies,  a  un  jiahiius  de  distancc  les 
unes  des  autres,  les  goiisses  d'oi2;non  de  Cypre 
ou  celles  dail  (car  on  scme  aussi  ces  dernieres 
de  la  merae  facon).  Les  sillons  qui  separeroiit 
ccs  raies  seront  a  un  dcmi-pied  de  distance  les 
unsdes  autrcs.  Lorsque  ces  gousses  auront  jctc 
parla  suite  troisfanes,  on  les  sarclera  :  car  plus 
cette  operation  sera  repetee  souvent ,  plus  ces 
semenccs  prcndront  d'accroissement.  II  faiidra 
ensuite,  avant  qu'elles  forment  une  tige,  tordre 
et  rccourber  cn  terre  tout  leur  fanage,  alln  que 
lcurs  tctes  devienncnt  plus  grosses.  Mais,  dans 
les  pays  sujcts  aux  bruines,  il  ne  faut  semer  ni 
ruiie  ui  lautre  de  ccs  plautes  pendant  rautomne, 
parce  qu"clles  pcriraient  au  solstice  d'hiver  : 
commc  ueanmoins  la  rigucur  de  cette  saison  s"a- 
doucit  comnumement  au  inois  de  janvier,  le 
meilleur  temps  pour  semcr  rail  et  roignon  dj 
Cypre  dans  los  lieux  froids,  e'est  vers  les  ides  de 
ce  mois.  Au  surplus,  cn  tel  temps  qu"on  seine 
ccs  plantcs,  ou  qu'on  lcs  serre  sur  dcs  planchcrs 
([uand  011  lcsaura  cueillics,  on  aura  rattention 
dans  ccs  pays  dc  ne  les  semeret  dc  ne  les  dctcrrcr 
liue  lorsque  la  lunescra  sous  tcrre  ,  parce  qu"on 
prelend  qu'en  s'y  prenant  de  cctte  fucon ,  ellcs 
ii"ont  pas  le  gout  trop  fort,  et  qu"ellesn'empestent 
pas  rhaleine  de  ccux  qui  les  mangent.  II  y  a 
tepcndant  bien  des  personnes  qui  les  senient 
au  mois  de  decembre  avant  les  calendes  de  jau- 


•11:5 

vier,  aii  milieu  dii  juur,  lorsque  !a  lcmpcrature 
doucc  de  l'air  ct  la  naturc  du  terrain  le  permct- 
tent.  II  faut  transfirer  lechou  lorsqu'il  aura  slx 
fcuilles,  en  ohscrvant  ncanmoins  de  ne  le  mettre 
en  terre  qu'apres  cn  avoir  ciiduit  la  racine  avcc 
dii  fumier  liquide,  et  ravoir  enveloppe  de  trois 
pctitcs  bandes  d'algue,  paree  qu'avcc  cette  pre- 
caution  il  s'amollira  p!us  t()t  a  la  cnisson,  ct 
qu"on  n"anra  pas  liesoin  de  reeourir  au  iiitre  pour 
lui  fairc  conscrvcr  sa  couleur  verte.  Au  surplus, 
le  meillcur  temps  pour  le  mettre  en  terre,  c"est 
apres  les  ides  d'avril,  pour  les  contrccs  1'roides 
ct  pluvieuses.  Si ,  lorsque  son  pied  aura  pris 
racine  en  tene,  lejardinier  le  sarele  et  le  fuine 
aussi  souvent  qu"il  lui  scra  possible ,  il  s"en  por- 
tera  d'autant  micux ,  et  donnera  des  tiges  ct  dcs 
cimes  plus  grosses.  II  y  a  des  personnes  qui  le 
mettent  en  terre  dans  dcs  lieux  plus  exposes  au 
soleil,  depuis  les  caleudes  de  raars;  raais  poiir 
lors  il  monte  presque  entierement  en  cime,  ct 
quand  on  !'a  une  fois  coupe,  il  ne  donne  plus 
par  lasuitede  grandcs  feuillescn  hiver.  On  peut 
aussi  le  transfcrer  jusqu'a  deux  fois,  lors  mcme 
qnc  sa  tigccst  forti';  ct  l'on  pretend  que  de  ccttc. 
iacon  il  donne  plus  de  graines,  et  que  cette  grainc 
est  plus  grosse.  II  faut  que  la  laitne  ait  autant  de 
feuilles  quc  le  choux  pour  etre  transferee.  On  la 
raet  tres-bien  en  terre  dans  les  lieux  exposes  au 
soleil  ct  marilimes,  pendaut  rautomne;  mais  011 
aurait  tort  de  lc  faire  au  milieu  desterres  et  dans 
les  pays  froids  :  il  n'cst  pas  non  plus  avantageux 
de  Ty  mettre  pendant  Thivcr.  D'aillcurs  11  faut 
aussi  cnduirc  sa  racinedefumier,  etelledemande 
pliis  d'eau  que  le  chou,  pour  que  ses  feuilles 
devienncnt  tendres.  Au  reste,  il  y  a  plusieurs  cs- 
peces  de  laitues,  qu'il  faut  semer  ehaeune  cn 
son  temps.  On  semc  a  propos  au  mois  de  janvier 


coliffiionlcs  spicas,  r;rqiif  ci;!!!  sint  ilivisa;,  liratim  sori 
(lclicut,  ut  iii  |)ul\iiiis  posiNc  iniiiiis  iiireateiilur  liicmis 
iiqnis.  list  iiiitciiilirasiiiii!isi'i  pnica',  quam  in  sationibus 
campestiilins  lustici  faciniit,  utuligincm  vilent  :  sed  liaec 
in  liorlis  minor  esl  lacienda ,  ct  per  suinniaiii  partem  ejiis, 
iil  cst  in  <i(irso  inler  paliiiaria  spalia  spicie  ulpici  velallii, 
nani  id  cinoque  siniilifcr  conseritur,  disponcnda!  siinl. 
Siilciliianmi  inter  se  disteiit  semipedali  spatio.  Deiiide 
cum  lernaslibras  emiserunt  spicre,  .sarriantnr.  Nam  (ino 
s.epiusid  factnm  esl,  majus  seminacupiniit  iiicrenieiitiim. 
Oeinde  ante  quam  caiilem  faciant ,  oniiicm  vii  nleir.  supci • 
liciem  iiitorquere ,  et  in  terram  prosterncrc  coinenict,  (pio 
vastioia  capita  fiant.  Regionihiis  autem  priiinosis  neiilriiin 
lioriim  per  aiitiimnum  seri  deliel :  naiii  liriimall  lcmpore 
(orruiiipnntur  :  qiiod  fere  nien.se  Januario  mitescit  :  el 
idcii(ofni;i(Iis  locistcmpiisoplimum  cst  allinm  vel  iilpi- 
cum  ponendi  ciica  idiis  pivfdicli  iiiensis.  Scd  (inandoipie 
vel  consereiiius,  vel  jam  maliira  in  taliiilatnm  lepdiiemns, 
scivabiniusin  iis  loc.is,qiiibnsaiil  olirupnttir.antcruenliir, 
nl  liinainfra  lcriam  sil.  Nain  sie  sala,  ct  riirsus  sic  recoii- 
ilita,  e\isti!nanliirncque  acerrimi  saporis  exislere,  iieipie 
inaiidentiuiu  li.diliis  inodoraru.  Miilli  lanien  hax  ante  ca- 


lend,  Jannarias  niediis  dielms  senint  nicnse  Dccemhri,  si 
c.uli  teporet  silus  tcrrii'  perinillil.  Brassica,  tiiin  vi  folio- 
iiira  eiit,  translcrri  deliet,  ita  ut  radix  ejiis  liqiiido  fiiuo 
priiis  illita,  et  involula  Iribus  algae  InBniolis  pangatiir. 
lliec  enim  res  cfficit,  ut  in  cocliira  celerius  madescat  et 
viridem  colorem  sine  nitio  conservet.  l';st  aiilem  Irigidis 
ct  (iliiviis  regionibus  positio  ejiis  oplima  post  idns  Apri- 
lis;  ciijiis  depressi»  planlir  ciini  tenHerint.qiiantum  oli- 
loiis  ralio  patitur,  sa-piiis  sarrila  el  slercorata  mellus 
convalescil,  pleniorisqne  inciemeiiti  et  colicnlum  lacit  et 
cviiiam.  Nonniilli  liaiic  eandeni  loris  apricloribiis  a  calwid. 
Marliis  depoiiunt  :  .scd  major  paiscjns  in  cymani  prosilil, 
iiec  poslea  liihernnm  caiilem  amplnm  lacit,  ciiiii  est  se- 
mel  desecta.  Possis  antem  vcl  maximos  caiiles  bis  traiis- 
feric.  Idqiic  si  facias,  pliis  seminis,  et  majoris  incremenli 
pra^bere  diciintur.  Lactnca  lolidem  fuliorum  ipiot  bras- 
sica  transferii  dcbet.  Locis  qiiidcni  apricis,  el  niariti- 
iiiis  optiiiic  aiitiiinno  poiiiliir,  mcditerraneis  et  fiigidis 
conlra  :  liieme  non  avpie  conimode  dispergilur.  Sed  liujus 
quoque  radix  limo  liniri  debet,  majoreiii(|ue  copiam  desi 
(lerat  aqiia»,  sicquc  III tenerioris  folii  Sunlaiiteni  conipliiia 
lactucrc  geiicra,  quoe  suo  qiiidqiic  lempoieseriopoilet  : 


COLUMKLLE. 


celle  donl  la  couleuv  est  brune  et  conime  pour- 
pree,  ou  meme  la  verte  dont  les  feuillcs  sont  fri- 
sees,  de  nieme  que  celle  de  Cecilius.  Pour  celle 
de  Cappadoee,  dont  les  feuilles  sont  pflles,  pei- 
gnees  et  epaisses,  on  la  seme  aussi  an  mois  de  fe- 
vrier  :  vient  ensuite  la  blanche  et  dont  les  feuilles 
sont  tres-frisees,  qu'oa  voit  dans  la  province  de 
Betique  et  sur  les  confins  de  Gadcs;  on  la  seme 
tres-bien  nu  niois  de  mars.  Oii  recomraande 
cncore  la  laitue  de  Cypre,  qui  est  d"un  blanc  ti- 
rant  sur  le  rouge,  et  dont  les  feuilles  sont  lisses 
et  tres-tendres  :  on  la  seme  commodcment  jus- 
qu'aux  ides  d'avril.  On  peut  neanmoins  scmer 
la  laitue  presque  pendant  toute  rannee,  dans 
les  climats  exposes  au  soleil,  ainsi  que  dans 
les  lieux  oii  Ton  a  de  Teau  en  abondance.  Pour 
rempecber  de  montcr  trop  tot  en  tige ,  on  niettra 
au  milieu  de  cette  plaute,  lorsqu'elle  aura  deja 
pris  quelque  accroissement,  une  pctite  brique, 
dont  le  poids  venant,  pourainsi  diie,  a  la  resser- 
rer,  la  contraindra  de  s'etendre  en  largcur.  On 
suit  aussi  la  meme  methode  par  rapport  a  la  chi- 
coree,  avcc  cette  differenee  qu'elle  supporte 
raieux  Thiver.  Cest  pour  cette  raison  qu'(in  peut 
la  senier  au  commencement  de  rautomne  nieme, 
dans  les  pays  froids.  On  fera  bicn  de  transplanter 
les  oeilletons  d'artichaut  peudant  re((iiinoxe 
d'automue,  au  lieu  qu'il  sera  mieu\  d'eii  semcr 
la  graiue  vers  les  calendes  de  mars  :  mais  quand 
on  raettra  les  pieds  d'artichaut  en  terie  vers 
les  calendes  de  novembre,  on  les  fumera  a^  ec  une 
grande  (juantite  de  cendre,  parceque  c'est  Tes- 
pece  de  fumier  qui  parait  la  plus  convenable 
a  cette  plante  potagere.  On  laisse  la  moutarde 
ct  la  coriandrc,  ainsi  que  la  roquette  ct  le  ba- 
silic,  a  rendroit  m^me  oii  on  les  a  sem(?s,  sans 
les  transplanter ;  et  la  seule  culture  que  ces  plan- 
tes  demandent  consiste  a  (jtre  fum(ies  et  debar- 


rassees  des  raauvaises  herbes  :  du  reste ,  on  peut 
les  semer  non-seulement  en  automne,  mais  en- 
core  pendant  le  printemps.  iN(;anmoins ,  si  Ton 
transfere  la  moutarde  en  pied  au  commencement 
de  rhiver,  elledonnera  plusde  eime  au  printemps. 
On  seme  le  panax  pendant  les  deu.x  saisons  dans 
une  terre  bien  lcgcre  et  bien  labouree,  et  i'on  a 
soin  de  le  semer  le  moins  dru  que  faire  se  peut, 
afm  qu'il  preune  plus  d'accroissement.  II  est 
cependant  mieux  de  le  seraer  pcndant  le  prin- 
temps.  Pour  avoir  des  poireaux  que  l'on  puisse 
coupersouvent,  ceux  qui  nous  ontdevances  ont 
prescrit  de  les  semer  drus,  et  de  lcs  laisser  dans 
Tendroit  oii  ils  auront  t'te  semi's,  pour  les  cou- 
jicr  ensuite  lorsqu'ils  seront  devenus  grands. 
Mais  rusage  nous  a  appris  qu'il  (3tait  mieux  de 
les  transferer,  pour  les  planter,  comme  les  poi- 
reaux  a  tete,  dans  des  intervalles  modiques  , 
c'est-a-dire  de  qualre  doigts,  et  les  couper  lors- 
qu'ils  seront  devenus  forls.  Qunnt  aux  poireau\ 
auxque's  on  vent  procurer  une  grosse  tete,  il 
faut  avoir  soin,  quand  on  les  trausplante  ,  d*en 
couper  toutes  les  petites  racines,  et  de  tondi'e 
rextremit(5  superieurede  leur  fane  avant  de  les 
mettre  cu  terre  :  apri's  quoi  on  enterre  de  petites 
briques  ou  des  coquilles  sous  leurs  pieds,  pour 
feur  scrvir  comme  de  siege ,  alin  que  leur  tete 
prenne  plus  dc  Inrgeur  a  mesure  qu'ils  croitront. 
La  culture  du  poireau  a  large  tiite  consiste  a  etre 
sarclt;  et  hime  assidiimeut.  II  n'y  a  cepeudant 
pas  de  culture  diftt^rente  pour  celui  que  ron  veut 
couper  souveut,  si  ee  n'est  qu'ou  doit  Tarroser, 
le  fumer  et  le  sarder  toutes  les  fois  qu'on  Ic  cou- 
pera.  On  en  si'.mc  la  graine  dans  lcs  lieux  ehauds 
au  raois  de  janvier,  et  daiis  les  lieux  froids  au 
raois  de  ftjvrier;  et  pour  lui  faire  prendre  plus 
d'aecroissemeut ,  on  a  soin  d'cn  envelopper  plu- 
sieurs  graines  dansdepetits  lingesclairs,  avant 


eariim  quae  fuscl,  et  veliiti  piirpiirei,  aiit  ellani  virldis 
coloris ,  et  crispi  folii ,  iili  Cicciliana  ,  niense  Januaiio 
recte  (li.sseritnr.  AtCappadoiia,  (lu.c  pallido  et  poxoden- 
soque  folio  viret,  mense  Feliriiuio  :  iiiiif  deinde  canilida 
e.sf ,  et  crispissimi  folii,  iit  in  pioviiu  ia  l!a.'tica  et  linibus 
Gaditani  inunicipii,  mense  Mart.  rectc  iiaiigitiir.  T.st  el 
Cvpiii  genciis  e\  albo  rnbicunda,  lcvi  cl  leoeriimo  lnlio, 
qu.e  iisiiue  in  idiis  .April.  conimode  dispoiiiliir.  Kcre  la- 
men  aprico  cseli  slalu,  quibus  locis  aqiiarum  copia  ett, 
peiie  toto  anno  lactiica  seri  potcst  :  qua;  quo  laiiliiis  cau- 
lem  faciat,  cumaliquod  incrementum  liabuerit,  exiguiun 
testam  media  parle  accipiat,  eo  qiiasi  onere  coercita  in 
latitiidiiicm  .se  diffnndit.  Eadem  esl  ratio  etiam  iiilylii, 
nisi  quod  liiemeni  ma^is  siislinet :  ideoque  vel  frigidis  re- 
Rionibiis  primo  autumno  seri  polest.  Cinara;  sobolem  me- 
lius  per  autumni  Kqiiinoctium  dlsponemiis;  semen  com- 
inodius  circa  calendas  Martias  seremus;  cjnsquc  plantam 
circa  calend.  Noveinb.  deprimemus,  et  niiilto  cinere  sler- 
corabimns.  Id  enim  geniis  stercoiis  liuic  oleri  videtur 
aplissimum.  Sinapi  alquc  coriandruni,  nec  minus  eruca  el 
ocimum,  ita  uti  sata  s.int,  sua  sedc  imniota  permancnl :  nc- 


que  est  eoruin  ciillus  alius,  quam  ut  stercorala  runcenliir. 
Possunt  aiilem  noii  soluin  autumiio,  sed  el  vere  conseri. 
Planta;  quoque  sinapis  prima  liieme  translatic  pliiscyma! 
vereafferunt.  I^inax  utioque  tempore  levi et subacla  terra 
rarissiinedisseritur,  qiio  majus  incrcmeutum  capiat  :  me- 
lior  tamen  ejus  verna  satio  est.  Porrum  si  sectiviim  facere 
vclis,  densius  satum  pra^ccperunt  prioies  relinqui :  et  ita 
cum  increverit,  secari.  Sed  nos  docuit  usus  longe  melius 
lieri,  si  dilferas,  et  eodem  moie,  quo  capitaliim  modicls 
spatiis,  id  est,  inter  quateriius  digitos  depangas,  et  cum 
convalucrit,  deseces.  In  eo  autein(|uod  magni  capitiseffi- 
cere  voles,  servaiidum  est,  ut  ante  qiiam  tianslalum  de- 
ponas ,  omncs  ladiculas  ainputes ,  et  fibrarum  summas 
partes  intondeas.  Tum  testiila!,  vel  concbce,  quasi  sedes 
singulis  subjeclx  seiQinibns  adobriiuulur,  ut  iiaut  capila 
latioris  incremenli. 

Cultus  aulem  porri  capitali  assidua  sarrilio  ct  stcrco- 
ratio  est.  Nec  alius  tameu  sectivi ,  iiisi  qiiod  loties  rigari , 
et  stercorari ,  sarririque  debet,  quoties  demetitur.  Scmeii 
cjus  locis  calidis  niense  Januario,  frigidis  l''ebi'iiario  seri- 
lur  :  ciijiis  incicmentum  qiio  majus  fial,  raris  linleolis 


DK  LAGRICULTURK,  LIV.  XL 


di' les  cou\ lir  ilo tene.  .\ii  resle  ,  (niand  sa  graine 
cst  Ifvcc ,  il  liiut,  daiis  les  lieux  ou  Ton  ne  ppiit 
|jas  lui  roiii-Mir  d'cau ,  le  transplaiitcr  vers  rciiui- 
no\c  dautoniiie ;  au  lieu  qu'on  pcut  le  transplan- 
fer  au  mois  de  mai  dans  eeux  ou  ou  pourra  lui 
donncr  de  Tcau.  On  peut  aussi  planter  raelie  en 
pied  comme  en  ^iaine,  mais  c'cst  Teau  qui  lui 
tait  le  plus  de  bien;  aussi  fait-on  tres-bien  de 
(a  iuettre  aiipics  dcs  fontaines.  Si  Tou  veutqu'clle 
ait  dcs  fcuiilcs  larges,  on  cnvcloppcra  daiis  un 
petit  liii£;c  clalr  cc  que  ron  pourra  pincer  de  sa 
graine  avec  trois  doigts ;  eteii  la  seniant  ainsi  sur 
des  planches  ,  clle  se  herissera.  iMais  si  Ton  aime 
mieux  qirdlc  aitdes  feuilles  frisees,  on  en  mettra 
la  graine  daiis  un  mortier ;  et  apres  Tavoir  ecrasee 
avee  un  pilou  de  bois  de  saule  et  en  avoir  dcta- 
che  les  eoi[ucs  ,  on  l'eiiveloppera  de  meme  dans 
de  pctits  liniics  avant  de  la  couvrir  de  terre.  On 
peut  aussi ,  sans  prendre  tant  de  precautions, 
la  faire  friser,  de  quelque  facon  qu'clle  ait  cte 
scinee,  en  reprimant  les  accroisseraeiits ,  lors- 
(|u'elle  sera  levee,  avec  un  cyliiulre  que  Ton 
roulera  dessus.  Le  nieilleur  temps  pour  !a  semer, 
c'est  (lepuis  lcs  ides  de  mai  jusqu'au  solstice, 
parcc  qu'ellc  aime  la  elialeur.  Cest  aussi  a  peu 
prcs  dans  lc  mijme  espace  de  temps  que  ron 
scmc  le  basilic  :  lorsque  sa  graine  est  semee,  on 
1'oule  soigneusement  laterre  avec  unehieou  avec 
un  eylindre,  parce  que,  si  on  la  laissait  dans 
son  etat  de  gonflement,  il  arriverait  commune- 
ment  que  cette  graine  se  pourrirait.  Le  panais , 
lc  chervi  ct  raun^^-e  pienncnt  de  la  force  dans  un 
lcriain  laboure  profondcment  au  pastinum  ct 
bien  fumc  :  mais  il  faut  semer  ccs  plantes  trcs- 
clair,  si  l'on  veut  qu'elles  preniient  cncore  plus 
(raceroisscraent.  Quant  a  Taunc-e,  il  faut  Tcspa- 
cer  de  trois  pieds  en  la  scmant,  parce  qu'elle 


donne  de  grandes  tiges,  ct  quc  ses  racines  s'e- 
tendent  sous  terre  comme  lcs  ycux  du  roseau.  Au 
reste,  la  culture  dc  toutes  ees  plantes  ne  consiste 
qu'a  les  dcbarrasser  dcs  lierhes  en  lcs  sarclant : 
et  on  peut  tres-bicn  lcs  meltre  en  terre  au  com- 
raenceraent  de  septembre  ou  a  la  (in  d'aoiit.  Le 
maceron,  que  quelques  Grecs  appcllent  tTVTrcirrAi- 
vov  et  d'autres  cy.upviov,  veut  etre  semc  en  graine 
dans  un  terrain  fa(?onne  au  paslimnn,  et  surtout 
auprcs  dcs  muraillcs,  parce  qu'il  se  plait  a  Tom- 
brc,  et  (iu'il  profite  dans  quelque  lieii  que  ce  soit. 
D'aillcurs,  quand  il  est  une  fois  scme,  il  dure 
(iterncllement,  pourvu  qu'on  ne  rarrache  pas 
absolument  par  lcs  racincs,  mais  quc  Ton  en 
laisse  successivementmonter  les  tii;es  en  graine; 
et  il  ne  demande  qu'une  culture  lcgere,  qui  con- 
siste  a  le  sarcler.  On  le  seme  nonseulcinent  de- 
puis  les  fetes  de  Vuleain  jusqu'aux  calcndes  de 
scptembre,  mais  encore  au  mois  de  janvicr.  La 
menthe  veut  trouver  une  moiteur  douee  dans  la 
terre;  c'est  pourquoi  il  est  bon  de  la  mettre  aii- 
pres  des  fontaines  au  mois  de  mars.  S'il  arrive 
qu'on  manque  de  graine  de  menthe,  on  pourra 
prendre  dans  des  jacheres  de  la  menthastre,  et 
la  planter  en  renversant  sa  cime  par  en  bas  : 
celtc  mt'thode  lui  6te  son  gout  sau\  ai;e,  et  en  fait 
de  la  menthe  eultivce.  II  faut  transferer  au  mois 
de  mars,  dans  un  lieu  expose  au  soleil,  la  rue 
dont  on  aura  scmii  la  graine  en  automne;  on 
ehargcra  son  picd  de  ccndre,  et  on  arrachera 
les  mauvaises  hcrbes  qui  renvironneront,  jus- 
qu'a  ce  qu'elle  soit  fortilice,  de  peur  que  ees 
herbes  ne  la  suffoquent.  Mais  il  faut  avoir  la 
maiu  gantec  pour  faire  cette  operation,  parce 
qu'autiement  ilyvieudraitdesulceresdangereux. 
Si  ccpendaut ,  faute  d'i'tre  instruit  de  ce  danger, 
on  a  arrach(i  ccs  mauvaises  herbes  avcc  la  maiii 


com|ilura  siana  illigantur,  atipie  ita  obrunntiir.  Enaliiin 

aiilcni  in  iis  locis  ,  qiiibns  aqna  snliministiaii  non  iiolcsl, 

«lilfcri i  ilebet  ciica  a'i|nin<ictium  autumni :  at  (iiiibus  pos- 

sis  iuimoreni  |irrcbeie,  mense  Maio  lecte   tiaiisfertiir. 

•  Apiuin  (|iioque  iiossis  plaiitis  sereie,  nec  minus  .semine. 

1  [Sc(]]  pnKcipue  aqua  Isetalur,  el  ideo  .secuntlnm  lonlem 

'  coinmoilissimc  ponilur.  Quod  si  quis  id  vclit  lali  fulii  fa- 

I  cerc,  (luaiituni  seminis  possint  tics  digiti  compreliendeie, 

raro  linleolo  illij;ct,et  ita  in  arcolas  dispositum  relesel. 

Vel  si  ciispa!  fiondis  id  fieri  maliieiit,  senien  ejus  indiluni 

pil.r,  et  saliRuco  pilo  pinsilnm  ,  eNpoiituniqne,  siuiililcr 

|iii|  linlcolis  li;;alum  obniet.  l>olest  eliam  cilia  lianc  ope- 

laiii  liiii  ciispinii  qualllercunque  satiim,  si,  cum  (;st  na- 

loin,   iiii  lejiicidiim  ejus  siipeivoluto  rjlinilio  coeiceas. 

■Salio  cjiis  csl  optiina  post  idus  Maias  usqne  in  solsliliuni : 

iiam  te|H)iein  desideiat.  Fcic  cliam  liis  diebiis  ociina  se- 

Miiiliir  :  qiiorum  cuni  scmen  olinitiim  e.st,  dilii^enter  in- 

riilraliir  pavii  iila  vel  cylindro.  Nam  si  tenani  suspen.sam 

:  reliiiqiias,  pliTiiiii(|iieconiiinpitur.  Pastinacact  si.ser  atqiic 

I  intila  (■oiivalcscnnl  alte  paslinato  ct  slercorato  loco  :  sed 

!  (|tiain  rarissimc  ponenda  siint ,  iil  majora  capiaiit  iucre- 

!  uieiiln.  liitilain  veiu  intervallo  trium  peduin  seii  conveuil, 


qiioniam  vastos  facil  fruliccs,  et  radicibus,  iil  ociilus  lia- 
riinilinis,  serpit.  Kec  est  aliiis  ciillns  liiinini  omninni, 
nisi  iit  sarritioniliiis  berb.ne  tiillanlnr.  Coniiiioilissime  aii- 
tcni  dcponcntiir  prinia  parte  Seplembris ,  vcl  nllima  Aii- 
f>iisli  partc.  Alruni  oliis,  qnod  (;.-iecorimi  quidani  vocant 
iTc-oTi^ivov ,  nonnulli  fffjL-jpvtov ,  pastinato  loco  seinine  dc- 
bet  conscri ,  maxime  juxta  maceriain  :  qiioniam  el  umbia 
Raudet,  et  qualicunqiic  convalescit  loco :  idqne  cnm  seinel 
sevcris  ,  si  non  tntiim  radicitiis  tollas ,  sed  alternos  fnilices 
iii  .semen  submittas ,  aivo  nianet ,  parvamque  sarritioiiis 
e\i<;it  cnlturam.  Seritur  a  Viilcanalibus  usqiie  in  caleiidas 
Seplcmbris ,  sed  etiain  mcnse  Januario.  Mcnla  diili cni 
dcsiderat  nliginem;  qnam  ob  c.aiKsam  juxfa  fonlem  niensi! 
Martio  recte  fponitur.  Ciijiis  si  forte  semina  dcfeceninl , 
licet  dc  novalibus  silvcstrc  menlaslrum  colligere,  alqiie 
ila  invcrsis  cacuminibus  disponere  :  qua;  res  fcritatcni 
dctraliit,  at()ue  edomitam  rcddit  :  rntani  autninuo  sc- 
minc  satam  mense  Marlio  differre  oportet  iu  apriciim,  et 
ciiicrcni  aggerare,  runcareqiie  donec  convalescat,  ne  lici- 
bis  eiiecelur.  Scd  velala  manu  debebit  ruucari  :  qnani 
nisi  conlexeris ,  pcrniciosa  nascunliir  ulcera.  Si  lamcii  p,r 
ignniantiam  nuda  manu  niiicaverisct  prurigo  ■•itiiuc  Innmr 


COLUMELLE. 


iiue,  et  qiril  y  soit  survenu  une  dcmmigeaisou  avec 
de  ['enllure,  on  se  la  froltera  de  teraps  en  temps 
avec  de  riuiile.  La  tige  de  cette  plante  se  conserve 
intacte  plusieurs  annees ,  a  moins  qu'uue  femme 
116  vienne  a  la  toucher  dans  le  temps  de  ses  re- 
gles,  auquel  cas  elle  se  desseelie.  Ce  sonl  phit6t 
ceux  qui  prennent  soin  des  ruches,  que  les  jar- 
diniers,  qui  s"adonnent,  comme  je  Tai  deja  dit 
dans  un  des  livres  precedents,  a  semer  du  thym , 
de  Torigan  d'outremer  et  du  serpolet;  mais  nous 
pensons  cependant  qu'il  n'cst  pas  bors  de  propos 
d'enfa)reaussivenirdanslesjardinspours'enser- 
vir  dans  la  cuisine,  parce  que  ces  plantcs  sont  ex- 
cellentes  pour  assaisonner  quelqucs  mets.  Elles  ne 
veulent  point  d'un  terrain  gras  ni  fume,  mais elles 
demandent  qu'il  soit  expose  au  soleil ;  d'autant 
qu"elles  viennent  d'elles-memes  dans  des  lieux 
tres-maigres ,  et  communementdans  les  contrees 
raaritimes.  On  les  seme  tant  en  graine  qu'en  pied 
vcrs  requinoxedu  printemps  :  il  vaut  cependant 
raieux  planter  de  jeunes  pieds  de  thym  dans  un 
terrain  bien  laboure;  et  pour  qu'ils  ne  tardent 
pas  a  prendre  ,  on  fera  infuser  dans  de  Teau  un 
jour  d'avance  des  tiges  de  tbym  broyees;  et 
lorsque  cette  eau  sera  bien  impregnee  de  leur 
suc ,  on  en  arrosera  les  pieds  qui  seront  en  terre, 
jusqu'a  ce  quils  soient  bien  fortifies.  Quaut  k 
la  sarriette ,  c'est  une  plante  trop  vivace ,  pour 
que  Ton  se  donne  beaucoup  de  peine  a  la  soigner. 
Lorsque  \ous  aurez  transplante  le  passerage 
avanl  les  calendes  de  mars,  vous  pourrez  le  cou- 
])er  de  temps  en  temps  comme  le  poireau  ,  quoi- 
que  plus  rarement ;  car  il  ne  faudra  pas  le  couper 
passe  les  calendes  de  novembre,  parce  qu'il 
mourrait  pour  peu  qu'il  fut  maltraite  pendant  le 
froid ;  il  reudra  cependant  assez  bieu  pendaat 


dcux  ans,  si  on  le  sarcle  ct  qu'on  le  fume  avec 
soin.  II  y  a  racme  plusieurs  pays  oii  sa  vigueur 
se  prolonge  jusqu'a  dix  ans.  On  seme  la  graine 
de  poiree  dans  le  temps  que  le  grenadier  est  en 
lleur,  et  des  qu'elle  a  cinq  feuilles,  comme  le 
chou  ;  on  la  transplante  en  ete ,  si  Ton  a  un  jardin 
arrose;  mais  si  lc  terrain  est  sec  ,  il  ne  faudra  la 
transplanter  qu'en  autonine,  quand  les  pluies 
auront  commenee  a  tomber.  On  seme  le  cerfeuil 
et  rarroche  potagere,  que  les  Grecs  appellent 
aTpa-i.c!;u;,  vers  les  calendfs  d'octobre,  dans 
un  climat  qui  ne  soit  pas  tres-froid ;  car  si  )e 
pays  est  sujet  a  des  hivers  rigoureux,  il  faut 
transferer  ces  plantcs  de  Tendroit  oii  elles  auront 
ete  mises  en  mas^^e  apres  les  ides  de  fevrier,  en 
les  divisant.  On  suit  la  meme  methode  a  Tegard 
du  pavot et  de  laneth.  On prepare , environ  deux 
ans  avant  de  les  mettre  en  place,  les  pattes  de 
Taspcrge  cultivce,  ainsi  que  celles  de  Tasperge 
que  les  paysans  appellent  corniila  :  on  en  seme 
la  gralne  apres  lesidesde  fevrier,  dans  de  petites 
fosses  creusees  sur  un  sol  gras  et  fume,  de  facon 
que  chaque  fosse  en  contienue  autant  que  Ton 
pourra  en  pinccr  avec  trois  doigts.  A  peu  pres 
quarante  jours  apres  ,  les  racines  que  ces  graines 
auront  jetces  s'entrelacent  ensemble,  et  font 
comme  une  seule  masse  :  les  jardiniers  donnent 
a  ces  petites  racines,  ainsi  entortillees  et  entre- 
lacees,  le  nom  de  .ipo?if/ice.  Au  surplus,  il  faut 
les  transferer  au  bout  de  deux  ans  dans  un  lieu 
expose  au  soleil ,  et  qui  soit  bien  bumecte  et 
fume.  On  lesarrange  dans  dessillons  separes  les 
uns  des  autres  de  la  largeur  d'un  pied,  et  qui 
n'ont  pas  plus  d'un  dodrans  de  profondeur,  de 
i'aeon  qu'tlles  puissent  aisement  germer  lors- 
qu'elles  seront  couvertes  de  terre.  Mais  on  a 


incesserit  ,oleo  subinde  peiungilo.  Ejusdem  frulex  pliiri- 
bus  aiinis  permanel  innoxius,  nisi  si  mulier,  quaj  in  raens- 
tniis  est,  contigeril  eum  ,  et  ob  hnc  exarnerit.  ■1'liymuni , 
ct  transmaiina  cunila,  et  serpyllum,  sicut  priore  libro 
jara  reluli,  magis  alvearla  curanlibus,  quani  oliloribus 
studiose  conseruiilur.  Sed  nos  ea  condimentorum  causa 
(nani  suiit  quibusdam  esculentis  aptissinia)  non  alienum 
piilamus  etiam  in  liorlis  liabere.  Lociim  neque  pingiiem 
neque  sleicoratum,  sed  apricum  desiderant,  ut  quae  ma- 
cerrimo  solo  per  se  marilimis  pleruniqne  regionibus  nas- 
canlur.  Ha;  res  et  scmlne  et  plantis  circa  aiquinoctinra 
vernum  seruutur.  Melius  tanwn  est  lliymi  novellas  plan- 
tas  dis|ioneie  ;  qu.ie  cum  subacto  solo  dcpressrc  fuerint , 
iie  taidecouipreliendant,  aridi  tliymi  frulicem  conlundi 
oportot,  atqueilapinsito  pridie  quam  voluerisuli,  aqiiain 
niedicaie;  qu.r  cum  succiim  ejus  perceperit,  deposilis 
fruticihus  iniundilur,  donec  eos  recle  conrirmet.  Ceteium 
cunila  vjvacior  est,  qnam  ut  impeiisius  curanda  sit.  Le- 
pidium  cum  anle  cal.  Martias  babiieris  disposiliim,  velut 
porruin  sectivum  demetere  polcris  :  rarius  tamen.  Nam 
post  cal.  Novemb.  secandumnonerit.quoniam  frigoribus 
violatum  einorilur  :  biennio  tamen  suniciet,  si  diligcnter 
sarrituni  et  steicoralum  fuerit.  Miiltis  eliam  locis  viva- 


cilatcm  suam  nsque  in  annos  decem  prorogat.  Ecla  llo- 
rente  Punico  malo  seniine  obruitiir,  el  simtil  atque  quin- 
que  foliorum  est,  iit  bra.ssica,  differtur  iBSlate,  si  rignus 
cst  bortus  :  ac  si  siccaneus,  antumno,  cnm  jain  pluvin; 
incesserint ,  disponi  debebit.  CbiierepbyllHm ,  itemqiie  olus 
alriplicis,  quod  Graeci  vocant  diTpiyiz^uv,  circa  cal.  Octob. 
obrui  opoitet  non  fiigidissimo  loco.  Nam  si  regio  saevas 
bieines  liabet,  post  idus  Februaiias  semina  disserenda 
sunt ,  siiaque  de  sede  partienda.  Papaver  et  anetlium  ean- 
deni  balient  coiidilionem  sationis,  qnam  chaerepbyllum  et 
(XTfif ot^uc.  .Salivi  asparagi ,  el  quam  corrudam  ruslici  vo- 
canl,  seniina  fere  biennio  piiTeparanlnr.  Ea  cum  pingui  et 
slerroroso  solo  post  idiis  Februaiias  sic  ohrueris,  ut 
quanlum  tres  digili  .seminis  comprehendere  queunt,  sin- 
gulis  fossulis  deponas,  lere  post  qiiadragesimum  diein 
inler  se  implicanlur,  et  quasi  unilalem  faciunt;  qiias  ra- 
diculas  sic  illigatas  atque  connexas  olitores  spongias  ap- 
pellant.  Easque  post  qualuor  et  viginti  menses  iii  lociim 
a|)iicumetbene  madidum,  slercoratumque  transferri  con- 
veuit.  Suici  aulem  inter  se  pedali  niensnra  distanles  fiunt 
iion  amplius  dodranlalis  allilndinis,  in  quam  ila  spongin- 
la;  depriinunlur,  ut  facile  superposila  terra  germinenl. 
Sed  in  locis  siciis  partibus sulconim  iinis  disponenda  sunt 


!)!•:  i;Ar.Ricm,TUi\E,  i.iv.  xi. 


rallpntion  dans  les  lieux  secs  de  les  nieltre  au 
Ibnd  iles  sillons,  afin  qu'elles  y  restcnt  ininio])i- 
les  comnic  dans  de  petitcs  anges ;  au  licn  ([iie 
dans  lcs  licux  humidps  on  les  niet  au  eontraire 
sur  le  dos  de  la  raie  qui  esl  entro  les  sillons ,  pour 
eviter  que  la  trop  grande  humiditene  lesendom- 
mase.  Uu  an  apres  qu'elles  auront  ete  plantees 
de  cctte  nianiere,  il  faudra  rompre  les  aspcrsies 
quVlies  donncront;  parce  que  si  on  voulait  les 
arracher  de  terre ,  toutc  la  masse  de  ccs  petites 
racincs  encore  jeunes  et  faibles  viendrait  en 
nieme  fenipsque  les  asperges.  Lesautres  annees, 
on  ne  les  rompra  plus ,  mais  on  les  arrachera 
par  les  raeincs  :  autrement  si  Ton  rompait  les 
tifics,  elles  suftbqueraient  les  yeu.x  des  racines, 
et  lcs  aveugleraient,  pour  ainsi  dire,  au  point  de 
lcsenipeeherde  donner  desaspertcespar  la  suite. 
Au  resfe,  il  nc  faut  pas  arrachcr  toutes  les  tises 
qui  scront  venues  les  dernieres  pendant  Tau- 
tomne;  mais  il  en  faut  laisser  monfer  une  partie 
engraine.  Lorsqu"ensuife  celles-ci  auront  forme 
des  cpines,  on  en  cueillera  la  lij-ainc,  et  on  brulera 
les  ralles  felles  qu'elles  se  comporteiont,  et  sur  le 
lieu  meme;apresquoionsarcleratouslessillons,et 
onenarracherales  heibes;  ensuite  onyjetteradn 
fumicr  ou  de  la  cendre,  dontlc  suc,  cfant  delayci 
par  lcs  plutes  pendant  tout  Thivcr,  pcnctrcra 
jusqu'aux  racines  de  rasperge.  Eniiu  on  bechera 
la  terre  au  printemps ,  avant  qu'elles  com- 
menccnt  a  c;ermer,  avec  des  aipreoli ,  qui  sont 
des  especcs  d'instrurnents  de  fer  a  deux  cornes, 
afin  que  les  tiges  levent  plus  facilement ,  et  que, 
frouvant  de  Taisancc  dans  la  ferre,  ellcs  devicn- 
nent  plus  grosses.  On  stMiie  trcs-bien  deux  fois 
Tan  la  graine  de  raifort,  .savoir  au  mois  de  fe- 
vrier,  lorsquon  veut  avoir  de  ces  sorfcs  de  raci- 
nes  pendant  le  printcmps;  et  au  moisd'avril  vers 
lcs  fefes  de  Vulcain  ,  lorsqu'on  veut  en  avoir  dans 


le  lcmps  qui  leur  ost  propre  :  mais  le  dcrnicr  d '. 
ces  cnscmenccments  pisse  sans  difiiculte  pour 
lc  meillcnr.  Tout  le  soin  que  cefte  racine  e\ig(^ 
consiste  a  (}tre  niise  dans  unc  tcrre  funu^e  ct  la- 
l)0uree,et  ensuite  ;i  etre  ehars(>e  de  terrc  de 
tcmps  cn  temps  a  mesure  qu'elle  prend  de  Tac- 
eroisscment,  parce  que,  lorsqu'clle  surmonte 
lasuperfieie  de  la  tcrre,  elle  devient  dure  et  spon- 
gieuse.  Lorsquc  Ton  a  de  l'eau  a  souhait,  les 
concombrcs  ct  lcs  courges  demandent  pcu  de 
soin,  parce  que  e'est  reau  qui  les  aidc  le  plus  ;'i 
venir.  Mais  si  Ton  est  forc^"  d'en  semcr  daiis  dcs 
lieux  sccs,  ou  Ton  n'ait  point  la  commoditc  de 
faire  vcnir  de  reati  pour  les  arroser,  il  faut  faire 
au  mois  de  fcivricr  des  sillons  d'un  pied  et  demi 
de  profondeur,  dans  lesquels  on  (^tendra,  aprcs 
les  idcs  de  mars ,  jusqu'au  tiers  a  peu  prcs  de 
leur  profondcur,  de  la  paille  sur  laquelle  on  cn- 
tassera  de  la  terre  fum(^e  jusqu'a  la  nioitic  du 
sillon ;  ct  aprcs  avoir  d(Jpose  les  graines  dans 
cette  tcrrc,  on  les  arrosera  jusqu'a  ce  qu'elles 
levent.  Quand  elles  auront  eommenc(3  a  se  forfi- 
fier,  il  fandra  les  suivredans  leur  accroissement, 
ct  confinuerde  remeffre  de  la  terredans  lesillon 
a  mesure  qu'cllcs  croifront,  jusqu';»  ce  qu'il  soit 
comhl('.  Avcc  une  tclle  culture  ccs  planfcs  sa 
porfeinnt  asscz  bien  pendant  toul  l't;t(i,  sans 
avoir  besoin  d'(ifre  arros(ies,  et  elles  donneront 
ni(eme  un  fruit  de  meilleur  goutqu'il  ne  le  serait 
si  elles  ravaient  i;\e.  II  faut  meffie  en  terre  !a 
graine  de  ces  planfes  leplus  tot  qu'on  le  pourra 
dans  lcs  licux  aqucux,  pourvu  que  ce  ne  soit 
pas  avant  les  caleiidcs  de  mars,  de  {acow  qu'ou 
puissc  lcs  fransplantcr  apres  l'i'quino\e.  On  ra- 
massera  la  graiiie  que  lon  voudra  semcr  dans  le 
milieu  ni(^me  de  la  courge  ,  et  on  nuttra  en  tcrru 
la  cime  renvers^ie,  si  l'on  veut  que  les  fruits 
qu'elle  produira  soient  d'uue  grosseur  enorme. 


semina ,  ut  tanqiiam  in  alveolis  maneant.  At  uligino.sis  e 
contrario  iii  summo  porce  dorso  collocanila,  ne  liumore 
nimio  la'danlur.  IVimo  deinde  aiino ,  cum  ita  consita  sunt , 
asparagiim  quem  emiscrint,  inriinKi  oporlet.  ^'am  si  al) 
imo  velleic  volueris ,  adliuc  teiieiis  mvalidisqiie  ladiculis, 
tota  sponglola  sequelur.  Reliiiuis  nnnis  non  eiit  decerpeii- 
dus,  scd  ladicitus  vellendu.s.  Nain  nisi  jla  liat,  sliipes 
pricriart;v  angunt  oculos  spongiaruin ,  el  «luasi  evcacaiit , 
nec  paliuiitur  asparagum  emittere.  C;elerum  stilus  ,  qiii 
iiovissime  autuninali  lempore  nascitur,  noii  oiiiuis  [esl] 
lollciidiis,  sed  aliqiiapars  ejus  in  seineu  sulimillciida  cst. 
Deiiide  cum  spinam  fecerit ,  electis  seminibus  ipsis,  sco- 
piiines  ita  uti  sunt,  in  suo  loco  peiurendi  sunt,  ct  deindc 
Milci  omncs  ronsarriendi ,  lierba>qiie  eximendie ;  mox  vel 
sleicus,  vel  ciiiis  injiciendus,  ul  lota  hieme  siicius  ejus 
cuin  pliiviis  manans  ad  nidicem  pervcnial.  Vere  deiiide 
prins  quam  ca^perit  geiminarc,  capreolis,  qiiod  gcniis  bi- 
ciirnis  ferramenti  est ,  lcria  conimovcaliir,  iil  ct  f;iciliiis 
slilus  emicel,  el  relaxala  liumo  plenioris  cra.ssiliidiiiis 
liat.  Rapliani  radix  bis  anno  rectc  seritiir,  Febriiario  meiisc, 
ciim  veinuin  frurtuin  expectamus,  cl  Augiisto  incnsc  circa 


Vnlcanalia,  cum  maturnm.  Sed  liaec  ratio  sinedubio  me- 
lior  babetur.  Cura  est  ejus,  ut  terra  stercorala  et  siibacla 
obnialiir  ;  pcst  iilii  cepeiit  aliquod  inciementum,  subinde 
aggcretiir.  Nam  si  supeiterram  emeiserit,  duracl  fiingosa 
liel.  Cuciimis  et  cucurbita ,  ciini  copia  est  aqinr ,  minoreni 
ciiram  desiderant  :  iiam  plurimum  juvantur  buiiiiijc  Siii 
aulciii  loco  sicco  scri  debuerinl ,  quo  rigalioiieni  niiiii^traie 
non  expi-dial ,  iiK-n.se  Febriiario  sesquipedali  alliludinc 
fossa  lacieiida  esl.  Posl  idiis  deinde  Marlias  quasi  tcrtia 
pais  allitudinissulci  straiiienlisinditistegenda,  mox  ster- 
coiata  teira  iisquc  in  dimidiiim  sulcuin  aggeianda,  posi- 
tisque  scminibus  lam  diu  csl  iiquapraebenda,  donec  cnas- 
caulur  :  iilque  ubi  convalescere  coeperint,  adjecta  liuino 
incremeula  eorum  proseqiienda  suiit,  donec  sulcus  coiE- 
qiietnr.  Sic  exculla  semina  siiie  rigatione  lola  .fslate  .salis 
vaUdiiint,  frucluinque  jiicnnilioris  .saporis  quani  rigua 
piadicbunt.  Aqubsis  aulein  louis  primo  qmique  lcnipore, 
noii  lamen  ante  calend.  Mait.  semcn  pionenduiii  est,  iit 
diflerri  possil  a;quinoclio  confecto.  Idqiie  de  niiilia  parlc 
cucurbila'  seineii  inverso  cacumine  poiiilo,  ut  fial  incie- 
nienli  vastioris.  Nam  suntad  usum  vasoriiin  salis  idonea', 


44S 


COLUMKLLE. 


F.n  cffet,  il  y  a  des  courges,  telles  que  celies 
d'Alexaiicliie  ,  qui  sont  asscz  grosses  pour  sei'vir 
de  \ases  lorsqu^elles  sout  desscchees.  Si  on  les 
destine  au  contraire  a  etre  vendues  comrae  pro- 
vision  de  bouche,  il  faudra  en  prendre  la  graine 
dans  la  tete  du  fruit  et  la  semer  la  cime  droite, 
paree  qu"il  en  viendra  un  fruit  plus  long  et  plus 
niince  que  le  premier,  etqui  se  vendra  commu- 
nement  pluscher.  Mais  11  faut  eviter,  ie  plusque 
Tou  pourra,  que  des  femmes  napprochent  d'un 
endroit  semu  en  concombres  et  courges ,  parce 
qu'il  suflirait  presqne  quclles  touchassent  a  ces 
fruits  quand  ils  sont  le  plus  verts,  pour  les  faire 
languir;  etque  meme,  sielles  se  trouvaient  dans 
le  temps  de  leurs  regles,  elies  les  feraient  mourir 
par  leur  seul  regard.  Le  concombre  est  tendre 
et  tres-agreable,  lorsqu'on  a  trempe  la  graine 
dans  du  lait  avant  dela  semer  :  quelques  person- 
nes  meme,  pour  le  rendre  cncore  plus  dnux, 
trempent  la  grnine  dans  de  rhydromel.  Au  resle, 
qiiand  on  veut  avoir  des  concombres  hatifs,  on 
remplit  des  paniers,  apres  le  solstice  d  hiver,  de 
terre  fumee  que  Ton  arrose  legereraent;  et  lors- 
(lue  leur  graine  est  levee  dans  ces  panieis,  on  les 
met  de  jour  en  plcln  air  dans  un  lieu  ou  il  fasse 
doux  et  ou  le  soleil  donne,  et  qui  soit  voisin  du 
batiment,  alin  qu'ilssoienta  rabri  de  tout  vent ;  et 
on  lesreporte  ensuite  a  la  ma-son  pendant  le  froid 
et  dans  le  niauvais  temps.  Cni  sint  cette  methode 
jusqu'apres  requinoxe  du  printemps,  et  ronen- 
fonce  alors  entierement  en  terre  ces  paniers  : 
c'est  le  moyen  d'avoir  du  fiuit  hStif.  On  peut 
meme,  sl  la  choseen  vaut  la  peinc,  ajuster  des 
roulettes  sous  de  tres-grands  vascs,  pour  avoir 
nioins  de  peine  a  les  mettre  a  Tair  et  a  les  porter 
ensuite  a  la  maisou.  Au  surplus ,  independam- 
ment  deccs  precautions,  il  faudra  encore  cdu- 


vrir  ces  vases  de  pierrcs  transparentes ,  afin  de 
pouvoir  les  mettrc  sans  danger  au  soleil ,  meme 
pcudant  les  temps  froids,  quand  le  jour  sera  se- 
rein.  Cest  par  ce  moyen  que  Ton  servait  a  Tibere 
Cesar  des  concombres  presque  pendant  toute  Tan- 
nee.  Maisnous avons  lu  dans  Bolus de Mendeslum, 
auteur  egyptien,  une  mnniere  moins  penible  de 
parvenirau  meme  but.  En  effet,  cet  auteurordonne 
d'avoir,  dans  un  lieu  du  jardin  qui  soit  expose  au 
soleil  et  fume,  des  fcrulcs  et  des  ronces  plantees 
alternativement  par  rangees  :  il  prescrit  ensuite 
de  couper  apres  1'equinoxe  ces  ronces  ou  ces  fe- 
rulcsun  peu  au  dcssousde  lasuperticiede  laterre, 
et  d'en  ouvrir  la  moelle  avec  un  stylet  de  bois;  et 
enfin,  apres  avoir  mis  du  fumier  dans  le  trou  qu'on 
y  aura  ainsi  pratique,  d'y  inserer  de  la  graine 
de  concombre,  afin  qu'a  mesure  que  les  concora- 
hres  eroitront,  ils  s'incorporent  aux  ferules  et 
aux  ronces,etqu'ils  ne  tirent  point  leurnourriture 
deleurs  propres  racines,  mais  qu'ils  la  tirent  pour 
aiusi  direde  la  racinedeleur  mere.  II  prctendque 
ces  plantes,  ainsi  entees,  donnent  des  concombres 
meme  pendaut  les  froids.  Le  second  ensemence- 
ment  de  cette  plante  se  fidt  communement  aux 
(Juinquatria.  Le  caprier  vient  de  lui-meme  dans 
nombre  de  provinees  au  milieu  dcs  jacheres; 
mais  si  Ton  veut  le  semer  dans  des  pays  oii  il  ne 
s'eu  trouve  point,  il  faut  lui  choisir  un  terrain 
sec.  On  commeucera  par  enviionner  ce  terrain 
d'un  petit  foss6 ,  que  l'on  comblera  de  pierres 
et  de  chaux  ou  de  mortier-a  la  carthaginoise, 
pour  former  une  espece  de  parapet  impenetrable 
aux  tiges  de  cet  arbrisseau ,  qui  s'etendriiit  pres- 
que  par  tout  le  terrain  ,  s'il  n'etait  pas  arrete  par 
quekiue  digue  ;  et  ce  n'est  pas  mcme  le  plus 
grand  inconvt>nienl  qu'il  y  aurait  a  craindre 
(puisquon  pourrait  arracher  ces  tiges  de  temps 


sicut  AlexandriniK!  cucuibit.'C,  cum  exarneiiiit.  At  si  escu- 
lentne  nierci  pra^parabis,  recto  cacnniine  tle  colio  cucnr- 
bila;  sumptuiii  scnien  serendum  eiit,  qno  piolixior  et 
liMiuior  fruoliis  ejus  nascatur,  qui  scilicel  niajus  c^-eleris 
invenit  pretiiiui.  Seil  custodienduni  est,  nt  qnam  minime 
ad  eum  locuni ,  in  quo  vel  cucumeres  ant  cucurbita;  con- 
silai  sunt,  mulier  admittatiir.  Nam  fere  contactu  ej-us 
languescuut  incrementa  viieiitium.  Si  vero  etiam  in  niens- 
truis  fueiit,  visu  quoque  suo  novellos  fwtus  necabit.  Cu- 
cumis  tener  et  jiicuudissinius  sit,  si  ante  qnani  seras, 
semen  ejns  lacte  maceres.  Nonnulli  etiam  quo  dulcior 
exislat,  aqua  miilsa  idem  faciunt.  Sed  qni  piaeniatnrnm 
liuctum  cucumeris  habere  volet,  coiile<:la  bruma  stoico- 
lalam  lerram  indilam  copliinis  obserat,  niodicnmqiie  pra>- 
beat  liiinmrein.  Dcinde  cum  enata  semina  fuerint,  tepidis 
diebus  et  insolatis  juxta  fpdificium  siib  divo  ponal,  ila  ut 
ab  omni  afllalu  protegantur.'  Celeiiim  triS"i'ibiis  ac  tcm- 
pestatibus  siib  lectuin  referat :  idqiie  tamdiii  faciat,  diiin 
aequinoctiuin  vcrnuin  conliat.  Postea  totos  copliinos  de- 
mittat  in  tenam.  Sic  enim  prsecoqiiem  frucluni  liabebit. 
Possunt  ctiam,  si  sil  opera;  pretium ,  vasis  inajoribus  ro- 
luli'  subjici ,  qiio  minore  labore  pioducanlur,  cl  rnrsiis 


intra  tecta  recipiantur.  Sed  niliilo  ininns  speculaiibus 
integi  debebuut,  nt  etiam  frigoribus  .seienis  diebiis  tiito 
pioducantur  ad  solein.  Ilac  ratione  fere  toto  anno  Xibeiio 
Caesari  cncumis  pi.ebeliatur.  Nos  autein  leviore  opera  istiid 
licri  apud  vEgypliiu  gentis  Boluin  Mendesium  legimns, 
qui  pra;cipit  apiico  et  stercoioso  loco  alternis  ordinibus 
ferulas,  alternis  rulios  in  liortis  consilas  habere  :  deiiide 
eas  confecto  a;qiiinoctio  paululum  infra  teriam  secare,  et 
ligneo  slilo  laxatis  vel  rulii  vel  ferula;  mednllis  slercus 
immittere,  atque  ita  seinina  cucumeris  inserere,  qu.ne 
scilicet  incremento  siio  coeant  rubis  et  ferulis.  Nam  ita 
nou  sua,  sed  quasi  inaterna  radice  aluntnr  :  sicqueinsitam 
slirpem  frigoribiis  qiioque  cucuineris  pr.ebere  fructum. 
Satio  secunda  ejns  seminis  fere  Quinquatribns  observalur. 
Capparispluriniis  provinciissuaspontcnovalibusnascilnr. 
Sed  quihus  locis  ejus  inopia  e.st,  si  serenda  fuerit,  siccum 
locum  desiderabit.  Isque  debebil  ante  circumdari  fossiila, 
qua;  repleatur  lapidibus  et  calce,  vel  Piinico  luto,  ut  sit 
quasi  quaedam  lorica ,  ne  possint  eam  perrnmperc  piaydicli 
seminis  frutices,  qui  fere  per  totum  agrum  vagantiir,  nisi 
munimento  aliquo  pioliibiti  sint.  Qnod  lamen  non  tantum 
iucommodum  est  (subinde  eniin  possimt  cxtiipaii)  quan- 


LE  LAGUICULTURE,  LIV.  \l.  ■<J!> 

trouventbeaucoupde  roseaux  en  travcrse  qui  lcs 
soutiennent,  tcls  a  pcu  prcs  que  ccux  qui  soiitien- 
neut  lcs  vi^nes  iittachees  au  jout; ,  les  tii;cs  d'oi- 
gnonsseront  abattues,  et  toute  leur  graiue  sera 
dispersee  par  le  vent ;  d"autant  qu'i!  ne  faut  pas 
attendre  pour  la  cueillir  qu'elle  ait  commeiice 
a  noircir  en  murissaut.  II  ne  faut  pas,  dis-je,  la 
laisser  trop  secher  sur  pied  ni  tomber  tout  a 
fait;  mais  il  faut  au  contraire  cueillir  lcs  tiges 
bien  cntieres,  et  lesfairesccher  au  soleil.  On  seme 
lesnavets  et  lesravesdausdeux  tempsditTerents, 
et  leurculture  est  la  mcme  que  cclie  des  rniforts. 
Cependant  le mcilieur  temps pour  les  semcr  estau 
mois  d'aout :  il  faut  quatre  sextarii  de  graines 
pour  en  cnsemencer  unjiigerum  ,  pourvu  qu'on 
y  joigne  une  hrmina  de  graincs  de  raeine  de 
Syrie.  Quand  on  semera  ces  racincs  en  cte,  il 
faudra  prendre  garde  que  les  moucherons  qui 
seront  engendres  par  lasccheresse  n'en  mangent 
pas  les  feuiiles  toutes  jcunes  a  mesure  qu'ell6s 
pousseront :  pour  Teviter,  on  prendradc  la  pous- 
siere  ramassee  sur  ies  planches,  ou  meme  de  la 
suie  qui  s'attache  aux  foyers  dans  les  maisons ; 
ct  on  en  melcra  avee  la  praine  un  jour  avant  de 
la  semer,  en  versant  de  Teau  dessus,  pour  la  lais- 
ser  s'imbiber  du  sue  de  ccs  matiercs  toute  la  nuit. 
En  effet,  la  graine  ainsi  trcmpee  cst  bonne  a  ctre 
semee  le  ieudemain.  Quelques  ancieus  autcurs, 
et  Democrite  entre  autres ,  prescrivent  de  me- 
dicamentertoutes  les  graines  avec  lejus  de  rherbe 
que  lon  appelle.wf/M)?!,  et  d'empIoyer  ce  reraede 
contre  Ics  insectcs;  mais  quoique  rexperjence 
nous  ait  confirme  la  verite  deleuropinion,  comme 
nous  n'a\ons  pas  une  assez  grande  quantite  da 
cette  herbea  notre  disposition,  nous  prenons  plus 
souvent  de  la  suie  et  de  la  poussiere  dont  nous 
les  tenir  fermes ,  parce  qu'a  moins  qu'elles  ne  '  vcnons  de  parler,  et  ucus  nous  en  servons  assez 


en  tcnips';  mais  il  y  aurait  encore  lieu  de  crain- 
dre  que  cet  arbrisscau  ,  qul  renferme  un  polson 
pernicieux  ,  ne  rendit  la  terre  sterile  en  lui  com- 
muniquaut  ses  sucs.  Au  reste,  ou  il  ne  demande 
aucune  culture ,  ou  il  se  contcnte  de  la  plus  le- 
gere ;  d'autant  qu'il  vient  trcs-bicn ,  mcme  dans 
des  terres  abandonnees,  sans  aucun  soin  de  la 
part  du  paysan.  On  le  scme  aux  deux  equinoxes. 
Les  oignonncrics  demandent  une  terre  qui  soit 
plutot  labourcc  frequemment  quc  profondement. 
Cest  pourquoi  on  lui  dounera  un  premier  labour 
aprcs  les  calendes  de  novembre ,  alin  qu'ellc  se 
dissolve  aux  froids  et  aux  gelees  de  Thiver;  un 
second  au  bout  de  quarante  jours  ,  et  un  troisieme 
vingt  et  un  jours  aprcs ;  puis  on  la  fumera  sur-le- 
champ;  ensuite  on  la  distribucra  par  planches, 
apres  Tavoir  fouillee  uuiformement  a  la  boue,  et 
en  avoir  extirpe  toutes  les  racincs.  On  choisira 
ensuite  vers  les  calendcsde  fcvrierun  jourserein, 
pour  jeter  la  graine  d'oignon  sur  ces  planches , 
en  rentremelant  d'un  peu  dc  graine  de  sarriette, 
pour  pouvoir  se  procurer  cette  derniere  plante 
avec  les  oignous,  tant  parce  qu'elle  est  agreable  a 
mauger  verte  ,  que  parce  qu'elle  n'cst  poiut  sans 
utilitc  pour  rassaisonnement  des  raets  Iorsqu'elIe 
est  scche.  Au  rcste,  il  faut  sarclcr  lcs  oignonneries 
au  moins  quatre  fois,  ou  meme  plus  souvent.  Si 
l'on  veut  en  avoir  de  la  graine,  on  mettra  en 
terre  au  raois  de  fevrier  de  plus  grandes  tetes 
de  l'oignon  d'Ascalon,  quiest  celui  de  la  meilleure 
espece ,  en  Ics  eloignaut  dc  quatre  doigts  ou 
meme  de  ciuq ;  et  quand  elles  auront  commcnce 
a  gcrmer,  on  les  sardcra  au  raoius  trois  fois.  En- 
suite,  Iorsqu'elles  auront  donne  une  tige  ,  ou 
raettra,  daus  les  intervalles  qui  les  separeront, 
des  especes  de  petits  canterii  peu  eleves,  pour 


lum,  quod  noxinm  virns  habent,  succoque  suo  stejile 
soluin  reddunt.  Cultu  aul  nullo  aut  levissinio  contenta 
est.  Quippe  qure  res  eliara  in  deserlis  agris  citra  ruslici 
operam  convalescit.  Seritur  utroque  requinoclio.  Cepina 
magis  frequenler  suliactam  postulat  lcriam  ,  quam  allius 
conversam.  Itaqiie  ex  calendis  Novembriljus  pioscindi 
solum  debet,  ut  hiemis  frigoribus  et  gelicidiis  pulrescal, 
inlermissisque  quadraginta  diebus  lum  aemum  ilerari ,  el 
inlerpositis  uno  ac  viginti  diebus  terliari,  ac  protinus 
slercorari  :  mox  bidentibus  Kqualiter  perfossum  in  areas 
disponi,  deletis  radicibus  oninibus.  Deinde  ad  calcndas 
Februarias  sereno  die  convenial  semina  .spargi  :  quibus 
aliquod  satuieis' seraen  inlermiscendum  erit,  uleaniquo- 
que  liabeamus.  Nam  el  viridis  csui  est  jucunda ,  nec  arida 
inutilis  ad  pulmentaria  condienda.  Sed  cepina  vel  Stcpius , 
certe  non  minus  debel  quam  qualer  sarriri.  Cujus  si  semen 
excipere  voles ,  capita  maxiina  generis  .\scaloiiii ,  quod  est 
«ptimiim ,  mense  Febniario  disponito ,  qiiaternonmi ,  vel 
etiani  quinum  digitonim  spatiis  distantia  :  el  cum  cirpe- 
riiit  virere,  ne  miiins  ter  consarrito  :  deinde  cum  fecerinl 
(3ulem,liuniilioribus  quasi  canteriolisinterpo.-iitisrigoiem 
stilonim  conservalo.  Nam  nisi  arundines  fiansversns  in 

COI.l'MEI.I.E. 


modum  jugat.'e  vince  crebras  disposneris,  tlialli  ceparum 
ventis  prosterneiitiir,  lotumque  semen  exculictur  ;  quod 
scilicet  noii  ante  legenduiiTesl,  qiiam  cum  inaturesccre 
cwpeiit,  colorcmqiie  nigruin  babcre.  Sed  nec  patieiidiiin 
est ,  iit  perarescal ,  aut  totum  decidat,  veruni  inlegri  Ihalli 
vellendi  siint,  cl  sole  siccandi.  Napus  ct  rapa  duas  satio- 
nes  habent ,  cl  candcm  cultuiam ,  quam  raplianus.  Melior 
esl  lamen  satio  mensis  Augusli.  Jugerum  agri  qiialiior 
.sexlarios  .seminis  eorum  poscil,  sed  ita  iit  radicis  Syriaca' 
siiper  lianc,  mensuram  paulo  plus ,  quam  heniiiiam  scnii- 
nis  recipiat.  Qui  ffstale  ista  serel,  caveal,  ne  piopler 
sicritales  piilex  adliiic  lenera  folia  prorepenlia  consumat. 
Idquc  ul  vitetur,  pulvis  [eliam ,]  qui  supra  cameiam 
invenitiir,  vel  etiam  fuligo,  qiia'  supra  focos  leclis  inli.-c- 
ret ,  colligi  dehet  :  deindc  pridie  qiiam  satio  fial ,  commis- 
ceri  cuni  .semiiiibus,  et  aqua  conspergi ,  nl  tola  noctesiic- 
ciiiii  Irahaiit.  Nam  sic  macerata  postero  dic  recte  scriiiitiir. 
Veteres  qiiidam  aiictores,  ut  Democritus,  prrecipiiint, 
semina  oninia  .succo  herba;,  qua;  .sedum  appellatiir,  medi- 
care,  eodeniqiic  rcmedio  adversiis  bestiolas  iili  :  quod 
veriim  e.s.sc  nos  experientia  docuit.  Sed  frequentius  tameii , 
qiioniam  hiijiis  herbro  minuslarga  csl  facullas,  fuligine  cl 


450 


COLUMKT.LE, 


lieiireusement  pour  couscrver  les  plantes  en  bon 
ctiit.  Hyginus  pensc  qu'il  faut,  quand  le  grain 
est  battu,  jeter  de  la  ■^raine  de  raves  sur  la 
paille  nieme  qui  est  restce  ctenihie  dans  Tairc, 
parce  qn'il  pretend  que  ces  raciiies  deviendront 
plus  grosscs  ,  vu  que  la  durcte  du  sol  s'opposera 
a  ee  qu"elles  y  penetrent  profondemcnt.  Mais 
ooinme  nous  avons  f.iit  cet  essai  inutilcment, 
nous  croyons  qu'il  vaut  micux  scmcr  les  raves  , 
les  raiforts  et  les  navcts  dans  un  terre  bien 
arneublie.  Au  surplus,  lcs  agriculteurs  religieux 
tieimcntcncoreaujourd'huia  Tusagcdes  ancicns, 
qui  consistait  a  prier  les  dieux  ,  cn  semant  ces 
raciues,  de  les  faire  croUre  pour  eux  et  pour 
lcurs  voisins.  Dans  lcs  licux  froids ,  oii  ron  pcut 
eraindrc  que  rensemencemenl  qu'on  en  fera  e.n 
automne  nc  soit  brule  par  lcs  gelees  de  rhiver, 
on  fait  avec  des  roseaux  dcs  cantcrii  pcuclevcs, 
et  traverses  par  des  baguettes  posees  dessus,  sur 
lesquelles  on  etend  de  la  paille,  pour  mettre  lcs 
semences  ii  Tabri  de  la  bruiuc.  Dans  les  pays,  au 
contraire,  exposcs  au  solcil,  lorsqu'il  survient 
apres  lespluies  de  ccs  animaux  peruicieux  que 
nous  appelons  erucw ,  et  que  Ton  nomme  en  grec 
xccijLiTGd,  il  fautou  lesoter  avcc  la  niaiuousecouer 
lcs  tiges  dcs  plantes  potagrres,  parcequ'une  fois 
qiie  ces  animaux,  ainsi  secoucs  pendant  qu'ils 
etaicnt  encore  engourdis  par  le  froid  de  la  nuit, 
scronttombes  a  terre ,  ils  ne  pourront  plus  ga- 
gner  en  rampant  la  partie  supcrieure  de  ccs  tiges. 
Jl  est  cependant  inutile  de  prcndre  ces  precau- 
tions  lorsqu'on  a  trcmpc  les  graines,  comrac  je 
Tai  dit  ci-dessus ,  dans  du  jus  de  joubarbc  avant 
dc  les  semer,  parce  quune  fois  qu'elles  ont  ete 
eorrigccs  de  cette  maniere  ,  cllcs  u'ont  plus  rien 
a  craindre  des  chenilles.  MaisDemocriteassure, 


dans  le  livrc  qu'il  a  intitule  rispi  ivTiit^Swv,  qne 
cesinsectesperisscnttous,  lorsqu'unefemmea  fait 
trois  fois  le  tour  d'unc  planehc  ensemencec,  les 
cheveux  cparsct  les  pieds  nus,  dans  le  tcmpsde 
ses  regles,  parce  qu'apres  cette-operation  toutes 
les  especes  de  vcrmisseaux  tombent  a  bas  ct 
perdcnt  la  vie.  .]usqu'ici  j'ai  cru  dcvoir  donner 
des  preceptes  sur  la  culture  des  jaidins  et  sur  les 
devoirsdu  nietaycr.  ^Liis  quoiquej'aiepretendu, 
au  commcncemetit  de  ce  traite-ci,  qu'un  me- 
taycr  devait  connaitre  a  fond  tous  les  travaux 
rustiqucs;  comme  il  arrive  neanmoins  assez  cora- 
muncmcnt  que  la  memoire  nouS  echappe  par 
rapport  aux  choses  mcmes  que  nous  avons  appri- 
ses ,  ct  qu'en  consequenec  nous  avons  souvent 
bcsoin  de  journaux  pour  nous  les  rappeler,  j'ai 
joint  ci-dessous  lcs  sommaircs  detous  mes  livres, 
alin  que  Ton  puisse  frouver  aiscment,  quand  le 
cas  rcxigcra,  toutes  les  operntions  indiquees 
dans  chacun  de  ces  livrcs,  avcc  la  maniere  de 
!es  faire. 


LIVRE  DOUZIEME. 

L\  MfiTAYfiRE. 

PREFACE. 

Xenophon  rAthcnien,  P.  Silvinus,  dit,  dans 
son  livre  intitule  V Economique ,  que  le  mariage 
a  etc  institue  par  la  nature  pour  former  la  so- 
ciete  de  la  vic  non-sculemcnt  la  plus  agreable, 
raais  encore  la  plus  utilc.  Giccron  aussi  rcmarque 
a  ce  sujet  quc  le  but  de  runion  de  rhomme 
aveclafemme  ne  se  borne  pas  a  cmpecher  que  le 
genrc  humain  ne  pcrisse  a  la  longue,  mais  qu'il 
tend  encorc  a  procurer  aux  mortels  des  secours 


|ii.T(li(to  pulvere  ulimur,  sntisque  conimode  tucmiir  tiis 
incoluiiiitatein  plantainin.  P.apa'  seinina  Hyginus  piitat 
post  trituram  jacenlibus  adliuc  in  arca  paleis  inspeigi  de- 
bere,  quoniam  finnt  I.Ttioia  capila,  cuiii  subjacens  soli 
duritia  non  patitur  in  allnin  descendere.  Nos  istud  sa'pe 
frnstra  tenlavinius  -.  ilaquerapuni,et  raplianum,  et  uapum 
nielius  existimamus  subacta  terra  obriii.  Servantque  ad- 
iincantiquorum  consuetndinem  leligiosiores agricolae ,  qui 
cum  ea  serunt,  piecantur,  nlet  slbi  et  vicinis  nascantur. 
Locis  IVigidis,  ubi  timor  est,  ne  autumnalis  salio  biemis 
gelicidiis  peruratur,  arundlnibus  buiniles  canlerli  fiunt, 
iisque  virga^  lransvers.e  imponuntur,  et  virgis  stramcnta 
supra  jaciuntur,  et  sic  a  piuinis  seinina  defenduntur.  Ubi 
vero  apricis  regionibus  post  pluvias  noxia  incesserunt  ani- 
inalia,  qune  a  nobis  appellantnr  erucre,  Gra;ce  autein 
/.i(i7ictt  nominantur,  vel  manu  colligi  debent,  vel  matuli- 
iiis  temporibus  frutices  olerum  concuti.  Sic  enim  diim 
adliuc  torpent  noclurno  frigore,  si  deciderint,  non  amplius 
in  superiorcni  partem  proiepiint.  Id  lamen  supervacnum 
est  facere,  si  anle  sationem  seinina,  uti  jam  prsedixi,  sncco 
lierbae  sedi  macerata  sunt.  Nibil  enim  sic  niedicatis  nocent 
eruca;.  Sed  Democritus  ia  eo  libro,  qui  Gra;ce  inscribitur 
llsfi  avTt7t5i9(ov ,  affirmat  lias  ips<is  bestiolas  enecaii,  si 
inulicf,  quce  iu  ineustruis  est,  solutis  crinibus  et  nudo 


pede  unamquarnque  arcam  ter  circnnient  :  pnst  lioc  cnlui 
decidcre  omnes  vermiculos,  ct  ila  eiuori.  Haclenus  pra;- 
cipicudum  exislimavi  de  cultu  liorlorum  et  officiis  villici; 
qiiem  quamvis  instruclura,  alquc  erudiluni  omni  opere 
rustico  esse  oporlere  prima  parte  liiijus  exordii  ceiisuerim; 
qiioniam  tamen  plerumqne  evenit,  iit  eorum  quie  didice- 
rimiis,  memorianos  deficiat,  eaque  ssepius  ex  commenta- 
liis renovanda sint ,  omnium  libroruin nieorum argiimenta 
sulijeci ,  ut  cuni  res  exegisset,  facile  rcperiri  possit,  qniil 
in  (pioqne  qu.erciidiini ,  et  qualiter  quidtpie  faciendum  sit. 


LIBER  DUODECIMUS. 

VILLICA. 

PR.EF.iTIO. 
Xenopbon  Atheniensis  eo  liljro,  P.  Silvine,  qui  CEco- 
nomicus  inscribifur,  prodidit  maritiile  conjiigium  sic  com- 
paratum  cssenatura,  ut  non  soliim  jucundissima,  verum 
eliam  utitissima  vita>  societas  inirelur  :  nam  primum , 
qnod  etiam  Cicero  ait ,  ne  genus  liumanum  temporis 
longinquilate  occideret,  propter  lioc  inarem  cum  fce- 
mina  esse  conjunctum  :  deinde  ut  ex  bac  eadem  societale 
i  mortalibus  adjutoria  senectutis,  nccminus  propugnacula, 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  XII 

pour  les  aider  dnns  leur  vieiilesse  et  pour  les  de- 
fendre.  Dc  pius ,  comme  les  provisions  necessaires 
a  la  nourriture  et  a  rentretien  des  hommes  ne 
devaicnt  point  ctre  preparces,  eomme  celles  dcs 
betes  fcroces ,  aux  j^eux  de  tout  le  mondc  et  dans 
des  lieux  sauvnges,  mais  dans  des  maisons  et  a 
Tabri,  il  a  ete  uecessaire  que  Tun  des  dcux  scxes 
sortit  au  dehors  et  s'exposat  aux  injures  de  Tair, 
pour  se  procurer  ccs  pro\  isions  par  son  travail  et 
par  son  industrie ,  et  que  Tautre  restat  dans  Tin- 
tericur  de  la  maison  pour  les  y  serrer  et  les  gar- 
der.  En  effet,  si  d'un  cotc  il  ctait  ncccssaire  de 
cultivcr  lcs  cbnmps,  de  voyngcr  sur  mer  ou 
niemc  de  se  livrer  a  tout  autre  genre  de  commerce 
pour  pouvoir  acqucrir  des  biens;  de  Tautre  cote 
il  n'etait  pas  moios  essenticl,  lorsqu'une  fois  on 
avait  entasse  a  la  maison  les  biens  que  Ton  avait 
acquis,  qu'il  y  eut  une  seconde  personne  destinie 
a  lcs  y  garder,  et  a  faire  les  autres  ouvrages  qui 
ne  pouvaient  ctre  faits  que  dans  rinterieur.  Les 
productions  de  la  tcrre  et  les  autres  substances 
alimentaires  avnicnt  besoin  d'un  toit  sous  lequel 
on  put  les  mettre  a  couvert;  ct  il  fnllait  neccs- 
saircment  gardcr  dans  un  lieu  clos  non-sculement 
Ics  petits  et  lcs  fruits  provenus  dcs  brebis  et  de 
tous  lcs  autres  bestiaux  ,  mais  eucore  toutes  les 
autres  choses  qui  servent  habituellement  a  nour- 
rir  comme  ii  cntrctenir  le  genre  humain.  Or, 
comme  les  objets  que  nous  venons  d'cnoncer 
cxigeaient  des  soins  et  de  rattention  ,  puisqu'on 
ne  pouvait  pas  acquerir  au  dchors,  sans  beau- 
coup  de  peine,  les  cboses  qu'il  fnllait  ensuite 
gnrder  a  la  malson  :  c'est  avec  raison,  conime  je 
riii  di! ,  que  les  travaux  de  In  maison  sont  reser- 
ves  a  la  femme,  tandis  que  ccux  du  dcbors  ap- 
par.ticnncnt  exclusivcment  a  rhonime.  Aussi  la 
nature  a-t-elle  constitue  lc  niari  de  facon  n  pou- 
voir  supportcr  le  chaud  et  le  froid,  ainsi  que  les 


voyages  ct  les  travnux  tant  dc  la  paix  quc  de  la 
guerre,  je  veux  dire  ceux  de  ragriculture  et  du 
service  militnire;  comme  cile  a  dcparti  a  la 
femme  le  soin  dcs  affaircs  domestiqucs,  cn  la 
rendant  inhabilc  a  d'autres  fonctions.  Et  comme 
elle  avait  donne  ii  cc  scxe  la  \  igilance  cn  par- 
tage,  elle  Ta  rendu  plus  timide  que  le  sexe 
viril,  parce  que  la  timidite  est  ce  qui  contri- 
bue  le  plus  a  assurer  la  garde  de  quelque  chose; 
au  lieu  qu'elle  a  rendu  le  mari  plus  bnrdi  que  la 
femmc,  parce  qu"il  dcvait  souvcnt  etrc  dans  le 
cas  dc  rcpousscr  lcs  injurcs,  cn  chcrchaut  sa 
nourriture  au  dehoi-s  et  cn  plcin  air.  Mais  comme, 
d'un  nutre  cote,  la  mcmoire  et  ratteuiion  ctaient 
cgalemcnt  nccessaires  a  rhomme  et  a  la  femme 
aprcs  rncquisition  dcs  biens,  elle  n'a  pas  moins 
avantage  Tun  que  Tautre  du  cote  de  ccs  faculles. 
Bienplus,  la  siraple  nature  n'ayant  pas  juge  a 
propos  de  donner  a  aucun  ctre  toute  la  perfec- 
tion  dout  il  etait  susceptible,  clle  a  voulu  que 
chacun  des  deux  sexes  eut  besoin  dc  Tautre, 
parce  que  eommuncment  ce  qui  manque  a  Tun 
dcs  deux  se  trouve  chez  l'autre.  Telles  sont  les 
reflexions  utilesque  Xenophon  avait  faitcs  dans 
son  Economique,  etquc  Ciceron  a  repetces  apres 
lui,  lorsqu'il  a  traduit  cet  autcur  en  latin,  en  le 
rapprochant  des  moeurs  romaincs.  Aussi  prcsque 
tous  Ics  travaux  domestiques  avaient-ils  cte  de- 
partis  aux  femmes  jusqu'a  r^gc  de  nos  pcres, 
tant  chcz  les  Grecs  que  chez  les  Romains,  qui 
s'ctaient  modelcs  sur  ces  peuples ;  ct  les  chel's  da 
famille  ne  s'en  melaicnt  en  aucune  facon  lors- 
qu"ils  reveiuiient  aupres  de  leurs  Pcnates ,  comme 
pour  se  remettre  de  la  fatigue  quils  avaient  cs- 
suyee  au  dehors.  En  effet ,  on  voyait  rcgncr  dans 
leur  mcna.ge  le  plus  grand  respect  joiat  k  la  con- 
cordect  a  rexactitude;et  lesfcmmes,  cncouragees 
a  la  vigilance  par  ['cffet  d'une  craulation  adrai- 


prreparcntiir.  Tiini  otinni,  cnni  vic.tiis  et  ciillns  linma- 
iius  non  nli  feris  in  propatnlo  ac  silvestribiis  locis,  sed 
(lonii  siib  tecto  acciiranilns  eral,  necc.ssariiim  fuit  alterii- 
Irnm  foiis  et  snb  dio  esse,  qui  labore  et  indnslria  compa- 
raret,qna!  teclis  reconderentnr.  Siqnidem  vel  rnslicari , 
Tel  navisare,  vel  etiam  genere  alio  iiegotiari  necesse  crat, 
nt  aliqnas  facnltales  acqnirerenins.  Cnm  veio  paiat;e  les 
snh  tcitnin  essenl  coiim>sl,'e  ,  aliiim  csse  oporlnit,  qni  et 
illalas  (  u.^lodiret,  et  ea  cjiilicerel  opera,  <pi,ic  domi  delie- 
rent  adininistraii.  Nani  el  frnges  ca'teraqiie  alimenta  ler- 
restria  iiidi;;ebaiil  tecto,  et  ovium  crterai umqne  pecudiim 
fiptiis,  atqne  Iructns  elaiiso  cnstodiendi  erant,  iiec  niinus 
reliqua  utensilia  ,  quibus  aut  alilur  bomiiium  geniis,  ant 
etiam  excolitnr.  Quarc  cum  [et  J  operam  et  diligentiam  ea 
qua;  piiiposniinns,  desiderarent,  ncc  exisna  cura  foris 
acquireientur,  qniie  domi  custodiri  oporleret  :juie,  ut  dixi, 
nalnra  eomparata  est  mulieris  ad  dnmesticam  diligenllam, 
viri  anleni  ad  exercitationem  foreiisem  et  cxtraneam.  Ita- 
que  viro  calores  el  fiif^ora  perpelienda,  tum  etiam  ilinera 
et  laliores  pacis  ac  belli ,  id  est  riisticalionis  et  militaiinm 
stipendiorum  deus  tribiiit :  muUeri  dcinceps,  quod  oinni- 


bns  liis  icbiis  cani  feccrat  inlialiilem,  doiiipstica  nc;;otia 
cnraiida  tiadidit.  Et  quoniam  linnc  .sexum  euslodi.e  et 
dilif;entia'  as.signaverat  :  idciico  limidiorem  reddiilit, 
(|uaiii  viiilem.  Nam  metns  plurimum  confert  ad  dilinen- 
tiam  enslodiendi.  Qiiod  aiiteni  necesse  ciat  foris  el  in 
aperto  victnm  qnaerentilius  noiiniiiKpiaiii  injnriain  propiil- 
sare  :  idcirco  virnm  quain  innlicicni  lccit  andaciorein. 
Qnia  vero  partisopibns  a'(pio  fnit  opiis  inemoiia  et  dili- 
Siiilia,  iion  iniiiorem  fomiina:  qnam  viro  eariim  leruni 
triliiiit  posses.sionem.  Tuni  etiam  (|uod  siniplex  natnra 
noii  onineis  res  commodas  anipliicti  valebat ,  idcirco  al- 
lernin  alleriiis  indige:e  vnlnit :  (pioniain  quod  alteri  deest, 
pra-slopleriimqneestallcri.  ll:rc  intKconimiieoXenoplion: 
(el)  deinde  Cicero,  qiii  euin  I,alin:e  consuetndini  tradidit. 
noii  inutililer  disserueriint.  Nam  et  apiid  GraTos,  et 
mox  apnd  Romanos  iisipie  in  patniin  nostrornm  me- 
moriam  fere  domesticus  lalior  niatronalis  fuit,  tanqnani 
ad  requiem  forensinm  exercitationuin  omni  ciira  deposila 
palribnsfainilias  intia  domeslicos  peiiales  se  recipien- 
tibiis.  Krat  eniin  sninma  re^erenlia  cum  concordia  et 
diligentia  mista,  llagrabatque   niulier  pulcherrima  [  di 


COLUMELLE. 


rable,  iie  cheichaienl  qifa  augmenter  par  leurs 
soins  les  possessions  de  ieur  raari.  Oii  ne  voyait 
rien  de  partage  dans  \a  maison,  rien  quelemari 
ou  ia  femme  pretendissent  avoir  cn  propre,  et 
tous  deux  au  confraire  cooperaientunanimement 
a  la  chose  comraune ;  de  sorte  que  rexactitude 
de  !a  femme  dans  lcs  alTaires  du  dedans  allait  de 
pairavec  Tindustrie  du  raari  dans  celles  du  de- 
hors.  En  consequence ,  les  metayers  ni  les  me- 
tayeres  n'avaient  pas  de  grandes  occupations  dans 
ces  temps  hcureux  ou  les  maitres  veillaient  jour- 
nellement  a  leurs  biens ,  en  les  gouvernant  par 
eux-memes.  Aujourd'hui,  au  contraire,  que  la 
plupart  des  femraes  s"abandonnent  au  luxe  et 
a  roisivete,  au  pointque,  loin  dedaigner  prendre 
le  soin  d"appreter  la  laine,  elles  sont  dcgoutees 
des  veteraents  qui  sont  faits  a  la  maison,  et  qu'eu- 
tralnees  par  leurs  desirs  deregles ,  elles  en  extor- 
qucnt  de  leursmaris,  a  force  de  caresses,  d'au- 
tres  qui  sont  plus  precieux ,  puisqu'ils  coutent 
un  argcntenorrae,  etqu"ils  absorbentdes  reveniis 
presque  entiers;  il  n'est  point  etonnant  que  le 
soin  de  la  campagne  ou  des  instruments  rustiques 
Jeur  pese,  ct  qu'elles  regardent  commc  la  cbose 
la  plus  ignoble  une  residence  de  quelques  jours 
dans  leurs  metairies.  L'ancien  usage  des  meres 
de  famille,  tant  Sabines  que  Romaines,  etant 
donc  non-seuleraent  passe  de  mode ,  mais  m6me 
absolument  aneauti ,  il  est  devenu  necessaire 
quc  les  soins  de  la  metayere  s'eteDdissent  aux 
fonctions  de  la  maftresse  qu'elle  a  remplaeee , 
d'autant  quc  les  metayers  ont  aussi  succede  aux 
proprietaires ,  qui  ne  se  coutentaient  pas autrefois 
de  cultiver  les  campagues  par  eux-memes ,  puis- 
qu'ilsy  faisaieni  encore  leur  residence  ordinaire 
tonformement  aux  anciens  usages.  Au  reste, 
comme  je  ne  veux  pas  affecter  de  censurer  hors 


de  propos  lcs  ma-urs  de  notre  siecle,  je  vais  h 
prcsent  detailler  les  devoirs  de  la  metayere. 

l.  Ainsi  (pour  ne  pas  uous  eearter  de  rordre 
des  matieres  qiie  nous  avons  sui vi  dans  le  volume 
precedent)  une  metayere  doit  etre  jeune,  c'est-a- 
dire  qu'elle  ne  doit  pas  etre  trop  petite  fille, 
pour  les  raisons  que  nous  avons  deduites  en  par- 
lant  de  riVge  du  metayer.  II  faut  aussi  que  sa 
sante  ne  soit  point  altcree,  et  qu'elle  ne  soit  ni 
dilYorme,  ni  d'une  tres-belle  figure  ,  parce  qu'e- 
tant  d'un  cote  dans  une  vigueur  pleine  et  entiere, 
elle  suffira  aux  veilles  ct  aux  autres  travaux  ,  et 
que  d'un  autre  cote  sa  laideur  ne  degoutera  point 
le  metayer  qui  doit  vivre  avec  elle,  comme  sa 
trop  grande  beaute  ne  le  reudra  pas  paresseux. 
Car  si  un  metayer  ne  doit  pas  etre  volage  et  fuir 
le  lit  de  sa  compagne,  il  ne  faut  pas  non  plus 
que,  reteuu  par  elle  a  la  maison,  il  soit  toujours 
dans  ses  bras.  Mais  ce  ne  sont  pas  la  les  seules 
cboses  a  observer  dans  une  metayere.  En  effet, 
il  faudra  examiuer  entre  autres  si  elle  n'cst  point 
portee  au  vin,  a  la  gourmandise,  a  la  supcrsti- 
tion,  au  sommeil;  si  elle  n'a  point  de  gout  pour 
les  hommes,  ct  si  elle  sait  s'occuper  du  soin  des 
objets  qu'elle  doit  se  rappeler  a  la  memoire  ,  ou 
dc  ceu\  qu'elle  doit  prevoir  pour  la  suite,  afin 
d'etre  cn  elat  de  suivre  a  peu  pres  les  reglesque 
nous  avons  prescrites  pour  le  metayer;  d'autant 
que  presque  tout  doit  etre  egal  entre  !'homme  et 
ia  fcrame,  et  que  si  tous  les  deux  doivent  eviter 
de  mal  faire,  ils  ne  doivent  pas  moins  s'attendre 
a  dcs  recompenses  quand  ils  se  comporteront 
bien.  Elle  donnera  de  plus  tous  ses  soins  a  ce 
que  le  metayer  n'ait  a  Iravailler  dans  rintcrieur 
de  la  maison  que  lc  moins  que  faire  se  pourra; 
articled'autant  plusimportant ,  que  celui-ci  doit 
sortir  des  le  raatin  avec  les  gens,  et  qu"il  ne  peut 


liRenliie]  a>»iulatione ,  slndeiis  noKotia  viri  fura  sna 
niajora  atqne  meliora  reiWere.  Niliil  i.dns|iiriel)alur  in 
donio  diviilnum,  niliil  quod  aut  niariUis,  ant  lciiniua  |iro- 
prinm  csse  jiiris  sui  diceret  :  sed  in  coniiiiuni'  loiispiia- 
batur  ab  ulro(|uc,  nt  cuni  lorensibus  negoliis,  niatronalis 
induslria  ralionem  pareni  faceret.  Itaque  nec  villici  qui- 
deni  aut  villice  niagna  erat  opera  ,  ciim  ipsi  doniiiii  quo- 
tidie  negolia  sua  reviserent  atqiie  adminislrarent.  Nunc 
\ero  cinn  pleraeque  sic  luxu  et  inertia  diHIuanl ,  iit  ne  la- 
nilicii  quidem  cnram  suscipere  dignentur,  sed  domi  con- 
(ectic  vestes  fasfidio  .sint,  perversaque  cupidine  niaxime 
placeant,  qiia!  grandi  pecunia  et  fotis  pene  ceiisibus  ledi- 
muntur  -.  iiihil  mirum  est,  easdem  ruris  et  instrumento- 
riim  agrestinm  cura  gravari ,  sordidissimumque  ncgotium 
duceiepaucornmdiernmin  villamoram.  Quamob  cau.sani 
cnm  in  tolum  non  solum  exoleverit,  sed  etiam  occideiit 
vetus  ille  matrumfaniiliarum  mns  Sabinarum  atquc  Ronia- 
narum ,  uecessaria  irrepsit  villicie  cuia,  qnae  fueretur 
olficia  matrona;  :  qiioniam  ct  villici  quoque  successerunt 
in  locnm  dominoi  um ,  qiii  quondam  prisca  consuetiidiiic 
Jion  soluni  coluerant,  .sed  habitaverant  rura.  Vernin  ,  ne 
'videar  Inttmpcstive  censoiium  opus  ohjuigandis  inurihiis 


nostrorum  femporum  suscepisse,  jam  nunc  oflicia  villice 
pfrseqiiar. 

I.  l';^  porro  (ut  institnfum  ordinem  teneamiis,  queni 
priore  volumine  inclioavimns)  jiivenis  isse  debet,  id  est 
iion  nimium  puella,  propter  easdem  causas,  quas  de  setate 
villici  rctulinius  :  iiilegra;  qnoque  valitudinis,  nec  foedi 
haliitus,  nec  rursus  piilcherrima.  Nam  illibatum  robur  et 
vigiliis  et  aliis  suliiciet  laboiibus  :  iiedilas  fastidiosum, 
niniia  species  desidiosum  facief  ejus  conlubernalem.  Ita- 
quc  curandum  cst,  iit  nec  vagiim  villicum  et  aversum  a 
contnbernio  siio  habeamus,  nec  rursus  intra  fecta  desi- 
dem ,  et  complexibus  adjacenteni  la'mina'.  Scd  ncc  lijec 
fantum,  quae  diximns,  in  villica  custodieuda  siint.  Nam 
in  priinis  considcrandum  erit,  an  a  vino,  ab  escis,  a  su- 
perstitionibus,  a  somiio,  a  viris  remotissinia  sit,  et  nt 
ciira  eam  subeaf,  quid  meminisse,  qiiid  in  posterum  pros- 
piceie  debeat,  ut  fcre  eum  niorem  servet,  quem  villico 
prjecepimus  :  quoniam  plcraqiie  similia  csse  debent  ID 
viio  atque  fcemina,  ef  tam  maliim  vilare,quam  prtTemium 
recte  facloriim  sperare.  Tiim  elaborarc,  uf  quam  minimaiu 
operani  villicus  intra  tectum  impendat ,  cui  et  primo 
niane  cum  familia  prodeundum  cst,  et  crepusculo  perartis 


!)!■:  LAGUlCLLTUr.E,  LIV.  XIF. 


maijquei'  dVlre  fatigue  loi'squ'il  rentre  le  soir  k 
la  fin  de  ses  travaux.  Cependant,  en  fixant  les 
«ievoirs  de  la  metav ere  ,  nous  nv  pretendons  point 
exerapter  le  metayer  du  soin  de  rinterieur  de  la 
inaison ,  mais  siniplement  le  soulayer  dans  ce 
genre  de  travail,  en  lui  donnaut  quelqu'uii  pour 
Taider.  En  effet ,  il  iie  faut  pas  s'en  rapportcr 
uniqucment  a  la  femme  pour  les  fonctions  de 
l'interieur,  et  on  ne  doit  lcs  lui  conCier  qu'autant 
que  le  inetayer  y  aura  roeil  de  tcmps  eii  teinps. 
Cest  le  raoyen  qu'elle  soit  plus  exacte  ,  loi'squ'elle 
se  rappellera  a  resprit  qu'il  y  a  ((ue!qu'un  aupres 
d'elle  a  qui  clle  doit  rendrc  un  compte  fre(iuent. 
Elle  demeurera  aussi  convaincue  qu'ellc  doit  tou- 
jours  rester  a  la  maison,  ou  du  moins  le  plusque 
faire  sc  pourra  ;  et  qu'elle  doit  en  fniie  sortir  les 
csclaves  que  le  travail  appcllera  aux  cliamps,  et 
y  retenir  ceux  qu'elle  jugera  ncicessaires  a  quel- 
que  ouvrage  daiis  la  metairie.  Elle  prendra  j^arde 
que  ceux-ei  ne  fassent  manqiicr  la  besogne  par 
unc  trop  longue  inaction,  et  elle  cxamineia  atten- 
tivcmcnt  si  les  clioses  qu'on  apportera  a  la  mai- 
son  nc  sont  pas  gatc^es ,  pour  ne  s'en  cliarger 
qu'apres  s'etre  bien  assurce  qu'elles  sont  eu  bon 
etat,  et  pour  laisser  cusuite  sous  sa  main  cellcs 
qui  seront  dcstiiKcs  ii  la  consommatiou,  et  mettre 
en  reserve  celles  qui  seront  dans  le  eas  d'(?tre 
gardees,  afin  de  ne  pas  consommer  en  uu  mois 
ce  qui  doitscrvira  la  provision  de  lann^L^e  eutiere. 
II  faut  encore ,  si  quelqu'un  des  gens  vient  a  tom- 
l)er  malade,  qu'ellc  veille  a  ce  qu"il  soit  soign(i  le 
mieux  que  fairc  se  pourra ,  parce  quc  ces  sortes 
d'attentions  ne  contribuent  pas  moins  a  gagner 
leur  bicuYcillance  qu'a  assurer  leur  obeissance; 
outrequc,  desqu'ilssont  iTtablis,  ilss'appliquent 
Ix  leurservice  avecencore  plus  de  fidelit(!  qu'au- 


parav;int,  lorsqifon  a  bien  pris  soin  d'eux  peu- 
dant  leur  maladic. 

n.  Apres  cela,  elle  doit  avoir  prcsent  ii  la  me- 
moire  ciue  les  cboses  qui  auront  et(!  apporte-es  k 
la  maison  doivent  y  etrc  scrrii^cs  daus  les  lieux 
convenables  et  salubres,  pour  y  restor  ,'^aiis  6tre 
expos(:'es  a  se  g!*itcr.  Eii  efret,  i!  n'y  a  pas  de  soin 
plus  important  a  prendrc  que  celui  de  prcparer 
les  endroits  ou  ron  doitserrercbaquechose,  pour 
ren  tirer  dans  lc  bcsoin.  Nous  avons  deja  parle 
des  couditiousrequisespources  sorlesd'endroits, 
tant  dans  le  premicr  volume  de  cet  ouvrage ,  lors- 
que  nous  nous  oecupions  de  la  constructioii  de  la 
mttairic ,  que  dans  le  ouzieme ,  lorsque  nous  trai- 
tions  des  devoirs  du  m^itayer;  mais  iious  ue  se- 
rons  pas  facli(>s  de  les  relraccr  ici  en  pcii  de  mot.s, 
Les  chambres  les  plus  hautcs  scront  donc  desti- 
nees  a  la  garde  des  ustensiles  les  plus  prccieux  et 
a  celle  des  habils:  les  grenlers,  pourvu  qu'ils 
soieut  secset  aeres,  semblent  etie  conveiiables  a 
la  gardc  des  bliis ;  les  cclUers  frais  sont  excellenls 
pour  cclle  du  vin;  les  endroits  bien  cclaiiTs  sont 
rcscrvesaux  meubles  fragilcs,  et  aux  op^^rations 
qui  demandcnt  beaucoupdc  jour.  Ainsi,  lorsque 
les  lieux  desliii(?s  a  recevoir  chaque  cliose  seront 
prc^pari^s,  oii  lcs  enfcrmera  toulcs  en  comnnin 
dans  rendroit  qui  leur  sera  propre ,  et  on  en  met- 
tra  mcme  qiielques-unes  a  part ,  alin  de  repren- 
drc  celles  dont  on  pourra  avoir  besoin  pour  son 
usage  habitucl.  Car,  selon  un  vieux  proverbe,  il 
n'y  a  pas  de  pauvretij  plus  certaine  que  celle  de 
ne  pouvoir  pas  se  servir  des  choses  dont  ou  a  be- 
soiii ,  faute  de  savoir,  quand  on  vient  a  les  cher- 
cher,  rendroit  oii  on  les  a  jett^es  au  hasard. 
Aussi  la  negligence  est-elle  plus  Inboricuse  dans 
1'cconomie  domestique  quc  rexactitude  meme. 


operibiis  fati^ato  rcdfiuniliim.  Ncc  taniPii  Inslitiicnilo  vil- 
licani  ilonieslicarum  lernni  villico  lemillinnis  curain,  sed 
taiiUimmoOo  laboiem  ejus  ailjutricc  data  levamiis.  CaMe- 
nim  miiiiia,  i|iin'  donii  cape.ssuntur,  tion  in  totiiin  mnliebi i 
oflicio  relini|iicuda  simt,  sed  ita  delejianda  ei,  iil  idciiti- 
dem  oculis  \iilici  iiistodianfur.  .Sic  eniin  diliKentior  eiit 
villica,  si  mciiiinciit  ihi  («.se,  cni  ralio  fici]iienler  led- 
denda  sil.  F.a  piirro  pcrsuasissimnni  liabere  debebit,  ant 
'n  totuni,  aiit  cciic  pliirimiini  lioiui  se  nioiari  oporlere  : 
tum  qiiibus  aliipiid  iu  H^ro  laiieiidiiin  eril  scrvis,  cos  Ibras 
emitlcre;  qiiibiis  aiilcm  iu  \illa  ipiid  aiiciidimi  videbiliir, 
eos  iulra  parictcs  coiitiucie,  atipic  animadverleie,  ne 
diiirna  cessando  fruslrentur  opera  :  qna?  domuni  auleni 
inrcruntnr,  dili^Miler  inspiccie,  nc  delibata  sinl,  el  i(a 
ex|iliiiala  atipie  iuviolata  rcciperc  t  tum  separaie,  quai 
consiimcnda  siinl ,  ct  qiin;' superlieri  possimt,  custodirc, 
ne  sumptiis  anuuiis  meiislriius  lial,  Tnm  siipiis  cx  lainilia 
cii'perit  adversa  valiliidiiie  afiici,  vidcndiiin  eri(  nt  is 
(piam  coniniiidissime  ministictiir.  Nam  cn  biijusniodi  cuia 
iiascitur  bcnevolentia,  iicc  miniis  obseqiiium.  Quinetiam 
lidelius  quani  priiis  scrvirc  sliidcnt,  qni  convaliicrint , 
cuni  est  a'sris  adhibita  diliiienlja. 

11,  IVist  ha'c  iuciiiiii!r..'-c  ilchebil,  quic  inlcranliir,  iil 


idoncis  ct  saliihi  ibiis  loeis  rci  oiidita  sine  noxa  pernianeant, 
Niliil  enim  magiscuiandum  cst,  quam  pra'paraie, ubi  qiiid- 
que  reponatiir,  ut  cum  opus  sit,  promatur,  Ea  loca  qualia 
essedebcant,  et  in  piinio  voluniine,  ciim  villam  consli. 
liiercniiis,  et  iis  «ndecimo,  cum  de  oflicio  villi(-i  dispiita- 
lemns,  jam  dicta  sunl.  Sed  ne  niiiic  qnidcni  ilcmonstrare 
breviter  pisebit.  Nani  quod  excclsissimnm  cst  coiiclave, 
pretiosissima  vasa  et  vcstein  dcsideial  :  quod  denique 
borrcuni  siccum  atqiie  aridum,  Iriinicnlis  hahcliir  ido- 
nenm  :  quod  frifiidiim,  commodissime  viuuni  cu.slodit  : 
qiiod  hene  ilhislre  ,  fi  asiiciu  siipcllcclilcm  alipie  ea  poslii- 
latopcra,  ipia'  iiiulli  liiiiiiiiis  iinli-ciil.  I'ia'|iaialis  ifjilur 
icicplaciilis,  opnrlchil  suo  quiilipic  loco  gencralim  ,  alqiic 
cliani  spccialilcr  noiihulla  disponere  :  quofaciiius,  ciim 
quid  evpostulahil  usiis,  rcpcriri  possit.  Nam  vcliis  est 
proverhiimi,  paupcrtateni  ccrtis.simamcs.se,  ciim  aliciijus 
inili^eas  ,  iili  eo  non  posse,  qiiia  i^uoreliir,  iihi  projccliini 
jaccat  quod  dcsideratur,  Ilaqiie  in  rc  faiiiiliari  lahmiosioi 
cst  negli^entia,  quam  dilisciitia,  Qiiiscnim  diihilcl  iiiliil 
csse  pulcbriiis  in  onini  ratione  vita:  dispositinne  atqiie 
ordiiic?  qiiod  ctiani  linlicris  spcctaciilis  licel  sicpe  cogno- 
sccre.  ^.im  iihi  cliorus  lancnliiiin  non  ad  ccrtos  inodos 
iicqiic  numciis  |iiiccimlis  uiai;islri  roiiscnsit,  dissoiiiun 


COLUMELLE. 


En  effet ,  y  a-t-il  uii  homme  qui  ne  soit  pas  con- 
vaincu  qu'il  u'y  a  rien  de  plus  beau  dans  toute 
la  conduite  de  ia  vie  que  l'oi'dre  et  {'arraiigement ; 
et  n'est-ee  pas  meme  une  remarque  que  l'on  est 
a  portee  de  faire  souvent  daus  les  speetacles  des 
jeux  publics  ?  En  effet ,  lursqu'un  choeur  de  chan- 
teurs  ne  s'accorde  pas  sur  des  modes  certains, 
et  qu'il  ne  suit  pas  la  mesure  du  maitre  qui  le 
diiige,  il  semble  aux  auditeurs  que  le  cliant  a 
quelque  chose  de  discordant  et  de  tumultueux ; 
au  lieu  que  lorsque  les  chanteurs  sont  d'accord, 
et  qu'ils  forment ,  pour  ainsi  dire  ,  tous  ensemble 
une  unite  de  cbant ,  dont  la  mesure  et  la  prosodie 
sont  bien  niarquees ,  non-seulement  cet  accord 
de  voix  fait  entendie  quelque  chose  de  melo- 
dieux  et  de  flatteur  aux  chanteurs  eux-memes, 
mais  il  charme  encore  les  spectateurs  et  les  audi- 
teurs  par  l'effet  d'une  \olupte  delicieuse.  Cest 
ainsi  que  dans  une  armee  le  soldat  ni  le  general 
ne  pourraient  rien  demeler  faute  d'ordre  et  d'ar- 
rangeraent,  parce  que,  si  tout  y  etait  pele-mele, 
les  gens  arines  seraient  confondus  avcc  ceux  qui 
seraient  sans  arraes ,  les  cavaliers  avec  les  fantas- 
sins,  et  la  cavaleiie  avec  les  chariots.  On  tiie 
aussi  un  tres-grand  avantage  de  Tordre  et  des 
preparatifs  dans  un  vaisseau ,  p;irce  que  s'il  est 
equipe  convenablement,  et  qu'il  survienne  une 
tempete,  les  subalternes  tirent,  sans  causer  au- 
cuue  alarrae ,  les  agres  de  rendroit  ou  ils  sont 
ranges  en  ordre ,  au  moment  que  celui  qui  gou- 
\erne  le  vaisseau  les  leur  demande.  Par  conse- 
quent  si  l'ordre  et  rarrangement  font  un  si  grand 
effet  sur  les  thcAtres,  ou  dans  les  armees,  ou 
meme  sur  les  vaisseaux,  il  n'y  a  point  de  doute 
qu"ils  nc  soient  egalement  necessaires  dans  les 
fonetions  de  la  metayere,  par  rapport  aux  choses 
qu'elle  doit  serrer;  parce  que,  Iorsqu'elIes  sont  a 
leur  plaee  maniuce ,  elles  frappent  plus  aisement 
la  vue,  et  que  si  Tuue  se  trouve  egaree,  ie  lieu 


qu'elle  devait  occuper  se  trouvant  vide  avertit 
lui-meme  des  lors  qu'il  faut  la  chercher.  Outre 
cela,  on  reraarque  plus  facilement  ce  qui  peut 
avoir  besoin  d'etre  soigne  ou  rajuste,  quand  on 
fait  la  revue  generale  des  choses  qui  sont  en  leur 
place.  Cest  pour  cela  que  M.  Cieeron  ,  en  se 
conformant  a  rautorite  de  Xenophon  dans  son 
Economique ,  met  ee  qui  suit  dans  la  bouche  d'Is- 
comachus,  en  reponse  a  des  questions  que  Socrate 
lui  faisait  sur  tous  ccs  objets. 

IIL  Nous  avons  comraene6  par  distribuer  les 
ustensiles  et  les  raeubles  dans  les  lienx  con  venable- 
ment  prepares  a  cet  effet ;  et  uous  avons  mis  a  part 
d'abord  les  choses  que  nous  avons  coutume  d'em- 
ployer  aux  saerifices,  ensuite  les  ajustements  qui 
servent  aux  femmes  les  jours  de  fete,  puis  ce 
qui  sert  egalement  h  parer  les  homraes  les  jours 
solennels,  et  enfin  les  chaussures  de  Tun  et  de 
Tautre  sexe;  ripres  quoi  on  mettait  d'un  c6te  les 
armcs  et  les  traits,  et  d'un  autre  cote  les  outils 
qui  sont  d'usage  dans  les  ouvrages  de  laine.  On 
mettait  ensuite  a  sa  place  (suivant  la  couturae)  la 
batterie  de  cuisine  ,  puis  les  vases  des  bains  ainsi 
que  ceux  de  la  toilelte,  et  la  vaisselle  de  table, 
tant  celle  a  Tusage  des  jours  ordinaires  que  celle 
a  Tusage  des  grands  repas.  Quant  aux  choses 
d'une  consoramation  journaliere,  nous  en  avons 
fait  deux  parts,  Tune  qui  coraprend  la  provision 
du  mois ,  l'autre  qui  renferme  celle  de  rannee  : 
moyennant  quoi  on  est  a  Tabri  de  toute  erreur  par 
rapport  au  tempsoii  ces  provisions  doivent  fmir. 
Apres  avoir  ainsi  separe  toutcs  ces  choses  fune 
d'avec  fautre  ,  nous  les  avons  encore  arrangees 
chacune a  leur  place ;  apres  quoi  nous  avons doone 
les  choses  d'un  usage  babitue!  a  chacun  des  es- 
claves  subalternes  qu'elles  concernent ,  telles  que 
celles  qui  servent  aux  ouvrages  de  laine,  ou  a  la 
cuisson  et  a  la  preparation  de  la  nourriture ;  et  nous 
lui  avons  enseigue  rendroit  ou  il  devait  les  remet- 


qnidilam  ac  tiimiiltuosiim  auiiienliljns  canere  viiletur  :  at 
ubi  certis  nnnieiis  ac  pedibus  velut  facla  conspiralioue 
cunsensit  utqueconcinuit,  ex  ejusmoJi  vocum  concoidia 
non  solum  ipsis  canenlibps  amicum  quiddam  et  dulce  le- 
sonat,  verum  eliani  spectantes  audientesque  l;elissima 
voluplale  permulcenlur.  Jam  vero  in  exercitu  neque  niiles 
nequeiniperalor  siue  ordiue  ac  dispositione  quid(|uam  va- 
lel  explicare,  cnni  arnialus  inermem.eqnes  pedilem,  plau- 
strum  equitem,  si  sinl  permisti,  conlundanl.  Ila-c  eadeni 
latio  |ira'paralionis  atqueoidiniseliamin  navigiis  plurimnm 
valet.  Nam  ubi  leiij|iestas  incessit,  et  est  rite  disposila 
navis,suo  quidque  oriline  locatum  armamentuin  sine  tre- 
pidatione  ininister  proniit,  cumesl  a  gubernatoreposlu- 
latum.  Quod  si  lantum  ba;c  possunt  vel  iu  tliealris  vel  in 
txercitibus  vcl  etiam  in  naviyiis  :  niliil  dnbium  esl,  qniii 
tura  villicic  ordinem  dispositionemque  lerum,  quas  re- 
ponit,  desideret.  Jiani  et  nnuinquod(|ue  facilius  conside- 
ralnr,  cum  cst  assignatum  suo  loco,et  siquid  lorte  abest , 
ip.se  vacniis  lociis  admonet,  ut  ipiod  dcest  reqiiiralnr. 
Siquid  vero  cuiari  aut  coiicinnari  oportel,  lacilius  intelli- 


gitur,  cum  oidine  suo  receusetur.  De  quibns  omnibus  M. 
Cicero  aiictoritatem  Xeno|>lionlis  secutiis  in  (Economico 
sic  inducit  Isciiomaciiiim  sciscitanti  Socrati  narranteni. 

III.  Pra;paratis  idoneis  locis  instrumentum  et  supellec- 
tilem  disliibuere  cu>pimus  :  ac  piimum  ea  secrevimus, 
qnibiis  ad  res  divinas  uti  solemus ,  postea  mundum  inii- 
liebreni ,  qui  ad  dies  feslos  comparatur,  inde  ad  (bella) 
virilem ,  iteni  diernm  solennium  oriiatum  ,  nec  minus  cal- 
eiamenta  utiique  sexui  convenientia  :  tum  jam  seorsum 
arma  ac  tela  seponcbantur,  et  in  altera  parte  instrunieiita, 
quihus  ad  lanilicia  utuntur.  Post  quibus  ad  cibum  t.om- 
paranduin  vasis  uti  assolent  constituebantur :  deinde  qiiaj 
ad  lavationem ,  (lua;  ad  exornationem  ,  qua;  ad  nieiisain 
iiuotidianam,  atqneepulationem  pertinent,  exponebantiir. 
1'ostea  ex  iis  quibus  qnotidie  iitimur,  quod  menstriium 
esset  seposuimus,  annnnm  quoqne  in  dnas  partes  divisi- 
nius  :  nam  sic  niinus  fallit,  qui  exitus  tuturus  sit.  Haec 
postquam  omnia  secrevimiis,  tiini  suo  qiia;qne  loci}  dis- 
posniinus  :  deindc  qiiibns  quotidie  .servuli  utuntur,  qua 
ad  lanilicia,  qno;  ad  cibaria  coquenda  ct  conliiienda  per- 


DE  UAGRICULTUIU':,  I.IV.  XII. 


tre ,  en  lui  prcscri vant  de  veiller  a leur siirrte.  Mais 
pour  celles  dont  nous  ne  nous  servons  que  les  jours 
de  fetes  ou  a  larrivee  des  liotes  et  dans  qui^kiues 
cas  rares,  no\is  les  avons  miscs  cntre  ies  ninins 
de  reconome,  en  leurassignant  a  toutes  leur  place. 
INous  comptions  cliaque  piece,  et  nousen  tenions 
nous-meme  registre.  Nous  avons  aussi  pruvcnu 
reconomede  rendroit  ou  ii  trouverait  touteedont 
on  pourrait  avoir  bcsoin,  en  l'avertissant  d"nvoir 
des  notes  partieuiicres  pour  se  rappeler  les  effets 
qu'il  aurnit  donnes  ,  le  temps  oii  il  les  aurait  don- 
nes,et  la  persoime  qui  les  aurait  recus ,  afin  de 
les  remettre  chncun  a  sa  plnce ,  lors([u'on  les  au- 
rait  rendus.  Ainsi  les  aneiens  nous  ont  donne, 
dans  la  personne  d'lschomachus,  les  memes 
preceptes  d'attention  et  de  vii;ilancc  que  nous 
donnons  aujourd^hui  a  la  metayere.  Cependant 
elle  ne  doit  pas  borner  ses  soins  a  garder  sous 
la  clef  ce  qu"on  lui  aura  apportii  a  la  maison  ;  mais 
elle  doit  encore  eu  faire  In  revue  de  temps  en 
temps,  et  prendre  garde  que  les  meubles  ou  les 
habits  ne  deperissent  pour  etre  ensevelis  dans 
Tordure ,  ou  ((ue  les  productions  de  la  terre  aiosi 
que  les  autres  choses  crusape  ne  se  perdent  par 
sa  negligence  et  par  sa  paresse.  II  faut  aussi 
qu'elle  ait  de  !a  laine  toute  prete  et  cardtie,  tant 
arin  de  pouvoir  tourner  ses  soins  du  coie  des  ou- 
vrages  de  iaine  les  jours  de  pluie,  ou  lorsque  le 
froid  ou  la  bruine  empi}cheront  les  fcmmes  de  va- 
quer  en  plein  air  aux  travaux  rustiques,  qu'alin 
que  ces  ouvrages  puissent  i-tre  faits  plus aistmeut 
quand  elle  y  mettra  la  maiu  ,  ou  qu"elle  donnera 
ses  ordres.  En  effet,  il  ne  sera  pas  mal  que  ses 
habits,  ainsi  que  ceux  des  inteudants  et  des  au- 
trcs  esclaves  distingues ,  soient  faits  a  In  maison  , 
alin  que  les  comples  que  fon  rendra  au  chef  de 
faniille  soient  moius  enlKs.  Voici  encore  une  chose 


qu"elle  ne  manquera  jnmais  d'observer  :  c'est.  dc 
faire  la  visite  daus  la  metairie  des  que  les  geus 
en  seront  sortis ,  pour  voir  s'il  n'cn  est  pas  restfj 
de  eeux  qui  devraient  i^tre  dchors  a  liavailler  ti  la 
campagne  ,  et  si  quelquun  d'eux  n'a  pastrompe 
(comme  il  arrive  quclquefois)  la  vifjilance  de  son 
mari  en  tergiversant  dnns  la  maison.  Kn  ee  cas 
elle  lui  demandera  la  raison  de  sa  nc^gligenec; 
elle  examinera  si  c'esl  sa  mauvaise  sante  qui  Ta 
force  de  rester,  ou  si  c'est  par  paresse  qu'il  s't>st 
cach(3 ;  et  elle  le  conduira  sans  retard  a  rinlirmc- 
rie,  quand  merae  elle  s'apereevrait  qn'il  s'('xcu- 
serait  sur  une  mnladie  feinte;  parce  qu'j|  vaiit 
mieux  laisser  reposer  un  ou  deux  jours,  en  le 
gardanta  vue  ,  un  esclave  fatigui?  par  Touvrage, 
que  de  Texposer  a.  une  maladie  reelle,  en  Tac- 
cahlant  par  un  travail  excessif.  Enfin  elle  restera 
le  moins  qiie  faire  se  pourra  dans  ia  mt^nie  plaee ; 
car  son  ofliee  n'est  point  s(»dentaire,  et  elle  doit 
au  contraire  tant(")t  prendre  un  nKJtier,  pour  mon- 
trer  aux  autres  a  faire  de  la  toile  si  elle  est  la 
plus  babile,  sinon  pour  apprtndre  elle-mtme  a 
en  faire  de  ceux  qui  sout  plus  habiles  qu"ellc ; 
tantot  visiter  ceux  qui  pr(?parent  le  manger  des 
gens  ,  et  avoir  soin  de  faire  nettoyer  la  euisine, 
les  (■tables  a  ba-ufs  et  les  crt^^ches.  Elle  doit  aus.si 
ouvrir  de  temps  en  temps  les  inllrmeries,  quand 
m(ime  il  ne  s'y  trouveiait  point  de  malades,  et 
en  balayer  les  ordures ,  afiii  que ,  quand  le  eas 
lexigera,  les  malades  les  trouvent  bien  arran- 
g{?es,  en  bon  etat  et  saiues.  II  faut  encore  qu'elle 
soit  presente  toutes  les  fois  que  les  pourvoyeuis 
et  ks  depensiers  peseront  et  mesiireront  quelque 
chose,  ou  que  les  patres  tireront  le  lait  dans  les 
etables,  ou  qu'ils  feront  tetter  les  agneaux  ct  les 
petits  des  auties  bestiaux  ;  eornme  il  faut  qu'cilc 
assiste  a  la  toute,  qu'elle  prenne  soigneusement 


linent,  liiEC  ipsis,  qiii  liis  iili  snlpnt,  tradiillinus  ,  et  nlii 
expoiKJient,  demonsliavimus,  ct  iit  salva  cssent,  pncce- 
pimiis.  Quibiis  aiileni  ad  dies  festos  et  ad  hospitum  adveii- 
tnin  utimur  otad  (|iia'dam  rara  iiesolia,  lia:c  pioino  tia- 
didinius,  et  loca  omniuiu  demoiislravimus,  et  oninia 
annnmeravimiis,  atiiiie  annunierala  ipsi  cxscripsiniiis, 
eumque  adinonuimiis,  ut  qiiodcunqiie  opus  e.sset ,  sciret 
uiidc  daret ,  et  memiuisset  atqiie  annotaret ,  (|iiid  ut  (|iiando 
et  cui  dedisset,  et  cum  recepisset,  ul  quidque  suo  \am 
leponeret.  Isitiir  liaec  nobis  antiqui  per  Isclininachi  perso- 
Dam  praecepla  industriie  ac  dlligentia!  tiailidernnt ,  qua; 
nnnc  nos  villiacdemonstramus.  Nec  tamen  iina  ejuscura 
csse  dcbebil,  ulclausa  cuslodiat,  qna;  teclis  illata  lece- 
peiil,  sed  subiuile  rcco!;iioscat  alque  cnn>iderct,  ne  aut 
supeliex  vestisvc  condita  silu  dllabatur,  aiit  fniges,  aliavc 
iitensiliancgli'.:enila  dcsidiai|nesua  currumpantiir.  Pluviis 
vero  diebus,  vel  cuiii  ni>;nribus  aut  priiinls  niulier  siib 
dio  rusticum  opus  nbire  non  iioterit,  ul  ad  lanlllclum  re- 
ducatur,  pra'parala;sint  el  pcclitrc  lana',i|iin  racilius  jiisla 
lanificio  per.sc<|iii  atquc  evlt^cre  possit.  .Mlill  cnlni  nocc- 
\'\t.  si  sllil  alqiie  actoribiis  ct  aliis  in  lionore  .servulls 
veslis  donii  (oiilccta  kii'ril,  ipio  niiniis  palrlsr,inillias  ra- 


tinnesonerciilur.  Illiid  vcroeliam  in  pcrpetuiimcuslodieu- 
diiin  Ijabcbit,  uteos,  qni  Inris  ruslicdri  debcbunl,  cum 
jani  e  villa  lamilia  processciit ,  reipiirat,  ac  siquis,  ut 
evcnit,  cuiam  contubcnialis  ejus  intra  leclnni  terglver- 
saiis  fefcllcril,  caiisam  desldiae  sciscitetiir,  cxplnretque 
iitium  adversa  valeludine  inliibitus  lestiterit,  an  pigriiia 
dcliluciit.  Kt  si  conipererit,  vel  siinulanlcm  lannuorein 
siiic  cunclatione  in  valetudinariuni  dcdiicat  :  pra'slat 
eniiii  opere  fati^aliim  Bub  custodia  leqnicsceic  ununi  ant 
altcnini  dicni,  qnam  pressiim  niiiiio  labore  verara  iioxam 
concipcre.  Ueiiique  iino  loco  ipiam  niinimeopoiiebll  eain 
cnnsislirc, iicipic eiiim sedenlaria ejus opcra est, scd  modo 
ad  lclaindcbcbil  accedcre,acsiquld  nicliussciat,doceie  : 
si  miinis,  addisccre  ab  co  qui  pliis  iiitcllitiat,  niodo  eos 
qui  cibiiin  ramiliic  conlii  iiint,  inviserc  :  tiini  etiain  culiiiam 
et  biibllia,  nec  niinus  piascpia  mundanda  ciiiaie  :  valc- 
luilinaria  qiioquc  vcl  si  \accnlab  imbccillls,  Identideni 
aperirc,climniuiiditilslilicrare,utcuni  rcsexcgcrit,  bciic 
ordinala  [el  oniataj  ct  saiiibi  la  laii^iicntlbus  pra'bcanlur  : 
proinis  qiioque  ct  ccllariis  alicpiid  ap|)cndeiitibus  aiit  iTie- 
llcutibiis  intervenirc  ;  iicc  ininiis  intcrcsse  pasloribiis  in 
stabulis  InicUun  co;;eiilibiis,aiil  l'iclii.s  oviiini    aliariinive 


46G 


COLUMELLE. 


la  laine  qui  en  reviendra,  et  qu"el!e  compare  le 
nombre  des  toisons  a  celui  des  bestiaux;  enfin 
qu'elle  force  les  esclaves  charges  du  soin  des  meu- 
bies  de  les  tenir  propres ,  de  nettoyer  et  de  polir 
les  instruraents  de  fer,  et  de  donner  aux  artisans 
ceux  qui  auront  besoin  de  reparation,  afm  qu'ils 
les  mettent  en  efat.  Quoique  toutsoit  ainsi  regle, 
je  crois  neanmoins  que  cette  distribution  ne  sera 
encore  d'aueune  utilite,  a  moins  que,  comme 
je  Tai  deja  dit,  le  metayer  n'y  ait  souvent  roeil; 
sans  parler  du  maitre  et  de  la  maitrcsse,  qui  doi- 
vent  aussi  y  regarder  de  temps  en  temps,  et  a 
moius  qu'il  ne  vcilie  au  maiutien  de  cet  arrange- 
raent  quand  il  sera  une  fois  etabli.  Cest  aussi  ce 
que  Ton  a  toujours  pratique  dans  les  villes  poli- 
cees  :  en  effet,  il  n'a  pas  paru  sutTisant  aux  ehefs 
et  aux  notables  de  ces  villes  de  les  pourvoir  de 
bonnes  lois,  s'ils  u'eussent  eii  meme  temps  com- 
mis  la  garde  de  ces  lois  a  des  citoyens  tres-exacts, 
que  les  Grecs  appellent  vo,u.o(iuAaxa;,  et  dont  la 
fonction  consistait  a  combler  d'eloges  et  merae 
d'honneurs  ceux  qui  obeissaient  aux  lois ,  comme 
a  punir  ceux  qui  s"en  ecartaient.  Cest  prccisement 
ce  que  font  encore  aujourd'hui  les  magistrats , 
cjui  maintieunent  les  loisen  vigueurpar  rexereice 
assidu  de  leur  juridiction.  Mais  il  suffit  de  ces 
preceptes  pour  ce  qui  concerne  radministraliou 
geuerale. 

IV.  PJous  allons  a  present  donner  des  preceptes 
sur  d'autres  objets  particuliers ,  dont  nous  n'avons 
poinl  parle  dans  les  livrcs  preeedents,  parce  que 
nous  nous  leservions  de  le  faire  en  traitant  des 
fonctions  de  la  metayere.  Pour  suivre  un  certain 
ordre,  nous  coramcncerons  par  le  printeinps, 
parce  que  les  seiiiailles,  taut  celles  qui  sont  faites 
a  temps  que  celles  des  tremois,  se  trouvant  pres- 
que  toutes  fmies  dans  cette  saison ,  il  reste  des 


moments  oii  ron  n'a  rien  a  faire ,  et  oii  Ton  peut 
par  consequent  s'occuper  des  pratiques  que  nous 
allous  enseigner.  La  tradition  nous  apprend  que 
les  auteurs,  tant  carthaginois  et  grecs  que  ro- 
mains,  n'ont  pas  neglige  le  soin  des  petites  elio- 
ses  :  en  effet,  Rlagon  le  Carthaginois  et  Hamilcar, 
dont  rexemple  paralt  avoir  ete  suivi  par  Mnaseas 
et  Paxamus,  auteurs  grecs  assez  celebres,  u'ont 
pas  dedaigne ,  qiiand  lesguerres  leuren  ont  laisse 
le  loisir,  de  payer  une  espece  de  tribut  a  la  subsis- 
tance  des  hommes.  Cest  ce  qu'ont  fait  egalement 
plusieurs  de  nos  compatriotes  :  teraoin  M.  Ambi- 
vius,  Masnas  Lieinius  et  C.  Matius,  qui  se  sont  at- 
taches  a  former,  par  les  preceptes  qu'ils  leur  ont 
donnes ,  des  boulangers ,  des  cuisraiers  et  des  offi- 
ciers  chargcs  du  soin  des  provisions  de  bouche.  Or 
tous  ces  auteurs  ont  voulu  que  celui  qui  se  mele- 
rait  de  ces  emplois  fut  chaste  et  contiiient,  parce 
qu"il  est  importaut  que  ce  qui  sert  a  la  boisson  ou 
a  la  nourriture  ne  soit  touche  que  par  des  ira- 
puberes,  ou  au  moins  pordes  personnes  qui  s'abs- 
tiennent  tout  a  fait  de  racte  venerien ;  de  sorte 
que  si  un  horame  ou  une  femrae  maries  sont 
dans  le  cas  de  mettie  la  main  aux  provisions  de 
bouche,  ils  pretendent  qu'ils  doivent  prealable- 
ment  se  baigner  dans  un  Ueuve  ou  dans  une  eau 
courante ;  et  que  par  cousequent  il  faut  necessai- 
reraent  avoir  recours  au  ministere  d'un  enfant  ou 
a  celui  d'une  petite  fille,  pour  tirer  les  choses 
dont  on  aura  besoin  de  rendroit  ou  elles  seront 
serrees.  A  la  suite  de  ce  precepte,  ils  ordonnent 
de  preparer  un  lieu  et  des  vases  couvenables 
pour  contire  quelque  chose  que  ce  soit  au  sel  et  au 
vinaigre  :  ils  veulentque  ce  lieu  ne  soitpas  expose 
au  soleil,  et  qu'il  soit  tres-frais  et  ties-sec,  afin 
que  les  provisions  de  bouche  ne  contractent  ni 
moisissure  ni  odeur  de  relent ;  que  les  vases  dont 


|M'cui(lujn  siibninianlibns  :  tonsiirls  vero  earuni  iilique  in-  . 
lercsse.et  lanas  [eliam]  diligenter  percipere ,  et  vplleia  I 
ad  numeruin  pecoris  rccensere  :  tum  insistere  alriensibus , 
ut  supelleclilem  exponant ,  et  ferramenta  delersa  nitiden- 
!ur,  atque  rubigine  liberentur,  cajteraque  qu«  relectionem 
desideiant ,  fabris  concinnanda  tradautur.  Poslremo  liis 
lebus  omiiibus  couslitutis,  nibil  lianc  arliitrordistributio- 
neiii  profuturam,  iiisi,  ut  jani  dixi,  villicus  sa^pius,  et 
aliquando  tamen  dominus  aut  matrona  considoiaveiit, 
animadverleritque,  iit  ordinatio  iustituta  conservelur. 
Quod  etiaiu  in  bene  moratis  civitatibus  semper  est  obser- 
valiim;  quarum  primoribus  atqufi  oplimatibus  non  salis 
visum  est  bonaslegesliabere,  nisicustodes  eaium  diligen- 
lissimos  cives  creassent,  quos  Graeci  vo^oifuXaxa;  appel- 
lanl.  Horum  erat  officiuni ,  eos  qui  legibus  parerent,  lau- 
dibiis  prosequi,  iiec  minus  bonoribus  :  eos  autem  qni  non 
parerent,  piKua  mullare.  Quod  nunc  scilicet  laciuntma- 
gistratus,  assidna  jurisdictione  vim  legum  ciistodienles. 
Sed  lisecin univcisuni  adminislranda  tradidisse abiiiHie sil. 
IV.  Nunc  de  c.x'leris  rebus ,  quseomissiE  eiant  prioribiis 
libris,  qiioniam  villica;  reservabantur  ofliciis,  prrecipie- 
mns,  ct  ut  aliquis  ordo  cuslodiatur,  incipienins  a  vorno 


tempoi e ,  quoniam  feie  maturis  atque  trimestribus  cnn- 
summatis  satiouibus ,  vaciia  tempora  jam  coutingunt  ad  ea 
exeqiienda,  quae  deinceps  docebimus.  Parvaium  lerum 
curam  non  defnisse  Pirnis  Gr.Tcisqiie  auetoiibns  alqne 
etiam  Romaiiis,  memoria  tiadidit.  Nam  et  Slago  Cartiia- 
giniensis,  et  Hamilcar,  quos  secuti  videntur  Griewe  genlis 
non  obscnri  scriptores  Mnaseas  alque  Paxamus  ,  tum  de- 
mnm  no.stri  generis,  poslquam  a  bellis  otiuni  fuit,  quasi 
quoddam  tribntum  victiii  liumano  coulerre  dedignati  non 
sunt,  ut  M.  Ambivius,  et  M.-cnas  Licinius,  tum  etiam  C. 
Matius;  quibus  sludiiim  fuit  pistoris  et  coci,  nec  minus 
cellarii  diligentiam  siiis  praiceptis  instituere.  His  aiitem 
omnibns  placuit,  eiim,  qui  rerum  liarum  olficium  susce- 
perit,  castum  esse  coutiueiitemque  oportere,  qiioniani 
lotum  in  eo  sit ,  ne  lontractentur  pocula  vel  cibi ,  nisi  aut 
ab  impubi.autcerto  abstinentissimorebiis  venereis.  Quibus 
si  fuerit  operalus  vel  vir  vel  fujmina,  debere  eos  llum.t/O 
aut  perenni  aqua,  priusquam  penora  conlingant,  ablui. 
Propter  quod  liis  necessarium  esse  pueri  vel  virginis  minis- 
terium ,  per  quos  promantur,  qu.ie  usus  postulaverit.  Post 
liocpijpieptum  lociimetva.saidoneasalgamispia>paraiiju- 
beiit  :  locum  csse  debere  aversum  asolc,  quain  trigidissi- 


DE  L'AGR1CL1LTU1U:,  LIV.  \II. 


011  se  servira  soicnt  de  terre  cuite  ou  de  verre; 
que  l'on  en  ait  une  grande  quantite  de  petits, 
piutot  que  d'en  avoir  de  grands  en  moindre  quan- 
tite;  ct  que  de  ces  vases  les  uns  soieut  enduits  de 
poix  comme  il  faut,  et  les  autres  propres,  mais 
sans  apprct  particulier,  selon  que  la  naturc  dcs 
clioses  que  Ton  doit  confMC  rcxigera.  11  faut  faire 
e.xpres  ces  vases ,  de  facon  qu'ils  aient  une  grande 
ouverture  ct  qu'ils  soicnt  dune  nicme  largeur  du 
haut  en  bas,  et  que  par  coiiscquent  leur  forme 
ne  ressemble  point  a  celle  dcs  futaillcs,  afin  que, 
lorsqu'ou  en  aura  tirc  dcs  viandes  conlites  pour 
son  usagc,  tout  ce  qu'on  y  aura  laissc  soit  egale- 
ment  prccipitc  au  fond  du  vase,  a  Taide  d'un 
poids  dont  on  chargcra  la  superlicie  de  ces  vian- 
des.  Car  pour  conscrver  les  provisions  de  bouclie 
sans  qu'elles  se  giitcnt,  il  faut  faire  en  sorte 
quelles  ne  suruagent  point,  mais  qu'elles  soicnt 
toujours  recouvertes  du  liquide  dans  lcqiicl  on 
les  conserve ;  ce  a  quoi  il  serait  difficile  de  par- 
venir,  si  elles  etaicnt  dans  une  futaille  qui  n'a 
point  une  fornie  rcguliere.  Les  memes  auteurs 
ajoutent  que  le  vinaigre  et  la  saumure  la  plus 
forte  sont  d'un  usage  tres-necessaire  pour  ces 
operations.  Voici  comme  on  fait  Tune  et  rautre. 
V .  Pour  faire  du  vinaigre ,  racttez  sur  quarante- 
huit  scxlarii  de  vin  cvapore  ou  gate  une  livre  de 
levain ,  trois  uncim  de  figues  scches  et  un  sexta- 
rius  de  sel  hroyes  ensemble,  de  facon  ni^anmoins 
qu'avant  de  jeter  ces  ingredients  dans  la  mesure 
de  viu  que  nous  disons  ,  ils  aient  ete  delayes  dans 
un  qmrtarius  de  miel.  Quelques  pcrsonues  jettent 
dans  une  pareille  mesure  de  vin  quatre  sexfarii 
d'orge  grillee,  quarante  noix  allumees,  et  une 
demi-livrederacnthe  verte.  D'autresfontchauffer 
des  barrcs  de  fer  Jusqu'a  ce  qu'elles  soient  rouges 
comme  du  feu,  et  les  plongent  daus  une  pareille 


mesuredc  viu;  aprcsquoi  ilsallumentcinq  ouslx 
pignonssans  aniandes,  et  les  y  jettent  tout  en- 
flammcs.  II  y  en  a  qui  font  la  mcme  operation 
avec  des  pommcs  de  sapin  endammees. 

VI.  Maniere  de  faire  de  la  saumuro  forte.  On 
met  dans  la  partie  dc  la  nRtairie  la  plus  exposce 
au  soleil  une  futaille  dont  1'ouverture  soit  trcs- 
grande,  et  on  la  rcmplitd'eau  de  pluic,  qui  est 
la  meilleure  pour  cette  operation ,  ou  du  moiiis , 
si  Ton  n'a  pas  d'eau  de  pluie ,  on  la  remplit  d'cau 
de  fontaiue  qui  soit  tres-douce;  apics  quoi  on 
suspcnd  dans  cette  futaille  un  panier  de  jonc  ou 
de  gcnet  d'Espague  rempli  de  sel  blanc  ,  afin 
que  la  saumurc  soit  plus  blauclie.  Tant  que  Toa 
voit  le  sel  se  fondre  pendant  quelques  jours ,  c'cst 
unepreuveque  lasaumure  n'est  pas  encore  assez 
faite.  Cest  pourquoi  Ton  continuera  pendant 
quelque  tenips  d'en  mettre  d'autre  dans  ce  pa- 
nicr,  jusqu'a  ce  qu'il  y  reste  tel  qu'on  Ty  aura 
mis,  et  sans  souffrir  aucune  diminution.  Lors- 
qu'on  s'apercevra  qu'il  ne  fond  plus  ,  on  jugcra 
des  lors  que  la  saumure  est  a  son  point  de  per- 
fection ;  et  si  ron  vcut  cn  faire  d'autre  daiis  le 
memc  vase ,  on  versera  la  premicre  daiis  des 
vaisseaux  bien  enduits  de  poix,  et  on  la  tiendra 
couverte  au  soleil,  parce  que  raction  du  solcil 
en  attircra  toute  la  moisissure  et  lui  feiva  contrac- 
ter  unc  bonnc  odcur.  II  y  a  une  aiitie  maiiicro 
de  rccomiaitre  si  la  saumure  est  a  son  point 
de  perfcction,  qui  conslste  a  y  plongcr  du  fio- 
mage  niou  :  cn  cffct,  s'il  tombe  au  fond,  c'est 
une  prcuve  qu'ellc  n'est  pas  encore  faite  ;  au  licu 
que  lorsqu'il  surnagc,  on  cst  sur  qu'cllc  est  a 
son  point  de  perfection. 

VII.  Quand  on  aura  prepare  du  vinaigrc  et  dc 
la  saumure,  il  faudra  cucillir  pour  son  usagc 
vers  requiuoxe  du  printcmps,  ct  mettrcapart 


mumet  siccissimum,  nc  situ  penora  niucoiem  conlraliant. 
Vasaantem  fictilia  vel  vilrea  plura  potius  qiiam  anipla, 
et  eoium  alia  recte  pieata,  nonnulla  lamen  puia,  prout  comli- 
tio  conditiirM  exeserit.  Haccvasa  dedita  opera  lieri  oportet 
palcntiore,  et  iisque  ad  imum  aequalia,  nec  in  moilum 
doliorum  lormata,  nt  exemptis  ad  usiim  salgamis  quid- 
quid  superest  xquali  pondere  iisque  ad  fnndnm  deprima- 
lur,  cum  ea  res  innoxla  penoia  conservet,  iilii  noii  inna- 
teut,  sed  semper  .sint  jiiie  submersa.  Quod  iu  utero  dolii 
vix  fieri  posse  propter  ina-qualitatem  liguia'.  Jlaxinie 
autem  ad  lioc  necessariuin  esse  aceti  et  duru;  murifo  usuni, 
qucG  utraque  sic  conlieri. 

V.  Qnemadmodum  ex  vino  vapido  acetum  liat.  lu  se\- 
tarios  duodeqiiinquaginta  fVrmenti  liliiam ,  lii i  arida- 
pondo  qiiadrantcm ,  salis  scxlarium  suliterilo,  el  sulilrila 
cum  quartario  mellis  aceto  diluito,  atqiie  ita  in  piwdiclain 
mensuram  adjicito.  Quidam  ordei  tosti  sextarios  qualiior, 
et  nnces  ardentes  juglandes  quadraginla ,  et  iniMila'  viri- 
dis  pondo  sclil)i'ani  in  eandcm  mcnsuram  adjiciunl.  Qiii- 
dam  ferri  massas  exiirunt ,  ita  ul  ignis  spccieni  lialicant, 
easqueineandem  niensnranidemittunt.  Tiini  eliam  cvcin- 
ptis  nucleis  ipsas  nnccs  pinca.s  vaciias  >iunicro  qiiinqiic  vcl 


scx  inrencliiiit ,  ct  ardi'iili's  eodem  demitlunt.  Alii  nuciliiis 
sapiiicis  ardcnlibus  nlcm  faciunt. 

Vf.  Miiriam  diiram  sic  facito:  doliiim  qnam  palentissimi 
oris  locato  in  ea  parte  villai ,  qu.ie  pluiimiim  solis  accipit. 
Id  doliiim  aqua  ca'lesli  repleto  ;  ea  estenim  luiic  rci  aptis- 
siina;  vel  si  non  fiierit  pluvialis,  certe  foutana  diilcissimi 
saporis.  Tnni  indito  sportam  junceam,  vel  sparteam, 
qure  replenda  est  sale  candido ,  quo  candidior  niuria  liat. 
Ciini  salein  per  aliquot  dics  videbis  liquescere,  ex  eo  iii- 
tclliges  nondum  muriani  esse  maliiram.  Itaque  subinde 
aliiim  salcm  tamdiu  ingercs,  doncc  in  sporla  pcrmancat 
inlcgcr,  nccminuatur.  Quod  cum  animadverteris,  scias 
liaberc  imiriani  maturilalem  siiam.  Kt  si  facerc  aliam  vo- 
Incris ,  Iianc  in  vasa  bciie  picata  dillundcs ,  ct  opcrtam  in 
sole  Iialiebis.  Omnem  eiiim  inucoicin  vis  solis  aufert,  ct 
oiloicm  bonum  pra^bcl.  Kst  etaliiid  inuriaj  niatura-  expo- 
rimcnliim.  Nam  ubi  dulcem  cascum  demiseiis  in  eam ,  si 
pcssnm  ibit,  .scies  essc  adbuc  crndam  :  si  innalabit,  ma- 
tiiram. 

VII.  His  pr.Tparalis  circa  vernum  reqiiinocliiim  licili.vs 
in  iisnm  colliKi  ct  icpnni  iiporlchil ,  cyniani,  c.iuIcim, 
i:ippaiiin  ,  apii  culiriilos,  nitam,  olcris  alii  (iini  siio  colc 


COLUMELLE 


les  bcvbes  suivantes  :  savoir,  des  cimes  et  des 
tiges  de  ehoii ,  des  capres,  des  tiges  d'acbe ,  de  la 
rue,  des  tiges  de  raaceron  cueillies  avont  que 
cette  plante  sorte  de  sa  capsule ,  ainsi  que  des 
tigcs  de  ferules  cueillies  avant  leur  devcloppe- 
ment  total ,  de  la  fleur  nouvelle  et  des  tiges  de 
panais  sauvage  ou  cultive,  de  la  fleur  de  eouleu- 
vrce  cueillie  avant  sou  parfait  developperaent, 
de  la  fleur  tant  d'asperge  que  de  petit  houx ,  de 
racine  vierge  ,  de  digitaie,  de  pouliot,  de  eataire, 
de  lapsana,  de  la  fleur  et  des  tiges  de  cette  bat- 
tilleque  Ton  appelle  pied  de  Milan,  et  meme 
de  jeunes  tiges  de  fenouil.  On  confit  aisement 
toutes  ces  berbes  enserable  dans  la  meme  sauce, 
c'est-a-dire ,  dans  deux  tiers  de  vinaigre  et  un 
tiers  de  saumure  forte.  Mais  on  peut  aussi  mettre 
n  part,  chaeunedansleur  bassin,  la  couleuvree, 
le  petit  boux,  la  rncine  vierge,  Tasperge,  la 
lapsana,  lepanis,  la  cataire,  la  battille.  Apres 
avoir  saupoudre  ces  berbcs  de  sel,  on  les  raet 
deux  jours  a  rombre,  jusqu'a  ce  qu^elles  rendent 
leur  eau;  ensuite,  si  elles  ont  jete  assez  d'eau 
pour  pouvoir  elre  lavees  dans  leur  propre  jus, 
on  les  y  lave  ,  sinon  on  les  lave  avec  de  la  sau- 
mure  forte  que  Ton  verse  dessus,  puis  ou  les  com- 
prime  eu  les  chargeant  d'un  poids;  apres  quoion 
les  met  chacuue  dansun  vase a  part, puis  on  verse 
dessus  uue  sauraure,  qui  ,  comme  je  rai  dit  ci- 
de.ssus,  sera  coraposee  de  deux  tiers  de  vinaigre 
et  d'un  tiers  de  saumure  proprement  dite;  et  on 
les  reoouvre  d'une  bonne  poignee  de  fenouil  sec 
cueilli  rannce  precedente  pendant  la  vendaiige, 
pour  les  eomprimer  au  pointque  le  liquide  puisse 
remonter  aux  bords  du  flacoii.  Quand  on  aura 
cueilli  le  maceron ,  la  ferule  et  le  fenouil ,  on 
etendraces  berbesala  maison,  jusqu'a  ec  qu'el- 
les  soient  fanees ;  apres  quoi  on  en  depouillera 


les  tiges  de  leurs  feuilles  et  de  toufe  leur  ccorce. 
Si  ces  tiges  sont  plus  grosses  que  le  pouce ,  on 
aura  soin  de  les  partager  en  deux  morceaux ,  en 
se  servantd'un  roseau  pour  les  eouper.  II  faudra 
aussi  eparpiller  les  fleurs  elles-meraes  et  les  fen- 
dre  en  deux  avantde  les  mettre  dans  le»  vases, 
poureviter  qu'elles  ne soicnt  trop  grosses.  Ensuite 
on  versera  dessus  la  saumure  que  nous  venons  de 
prescrire ,  en  y  ajoutant  quelques  petites  raeines 
de  ce  laser  que  les  Grecs  appellent  ciAsiov,  et 
en  recouvrant  le  tout  d'une  poignee  de  fenouil 
see ,  de  facon  que  la  saumure  renionto  par-des- 
sus.  II  faut  laisser  secher  a  la  maison  pendant 
plusieurs  jours,  jusqu'a  cc  qu'elles  soient  fa- 
nees,  les  cimes  et  les  tiges  de  chou,  de  cSprier, 
de  pied  de  Milau,  de  pouliot,  de  digitale,  et  les 
confire  ensuite  de  la  maniere  dont  on  confit  la 
ferule  ,  la  rue  ,  la  sarriette  et  forigan.  11  y  a  des 
personues  qui  se  contentent  de  faire  confire  la 
rue  dans  de  la  saumure  forte,  sans  y  ajoutcr  de 
vinaigre,  et  qui  ensuite,  pour  s"eu  sertir,  la 
trempent  dans  de  Teau  ou  merae  dans  du  vin  , 
et  rarrosent  d'huile.  On  pourrait  aisenient  con- 
server  de  la  meme  maniere  la  sarrielte  verte , 
ainsi  que  Torigan  vert. 

VIII.  Maniere  de  fairede  Voxyfjala  (de  la  jon- 
chee).  On  prend  nn  pot  de  terre  proprc,  que  Ton 
perce  vers  le  fond  avec  une  tarricre ;  ensuite  on 
bouche  avec  un  fosset  le  trou  que  Ton  a  fait ,  et 
Ton  reraplit  ce  vase  de  lait  de  brcbis  tres-frais; 
puisonyajoutedepetitesbottesd'assalsonnements 
verts,  consistant  en  origan,  menthe,oignon  et  co- 
riandre.  On  enfonce  ees  berbesdans  le  lait,  de  fa- 
con  neanmoins  que  la  ligature  qui  les  retient  y 
suruage.  Cinq  jours  apres,  on  relire  le  fosset  qui 
servaita  boucher  le  trou,  ct  Ton  vide  le  petit-lait. 
Ensuite  ,  lorsque  le  lait  raerae  coramence  a  cou- 


floiem  anlequam  de  folliciilo  exeat :  ilem  feriilae  ciim  coli- 
ciilo  silenlcm  qiiam  tenenimum  llorem  :  paslinacrc  agrcs- 
tis  vel  salivae  eum  coliculis  silentem  llorem  :  vitis  albic  et 
asparagi  et  rusci  et  tamni  et  iligitelli  el  puleii  et  ne|iet<E 
etlapsanai  et  liattis  et  ejus  coliculum,  (|ui  milvinus  pes 
appellatur;  quin  ctiain  lenerum  coliculum  ftjcniculi.  Haec 
oinnia  uiia  comlitura  commode  servantiir,  id  est  aceti  duas 
partes.ot  tertiam  duise  muriie  si  miscueiis.  Sed  vitis 
alba,  rnscus,  et  tamnum  et  asparasus ,  lapsana  et  pa.sti- 
nac;i  et  nepeta  et  battis  generatim  in  alveos  componuulur, 
ct  sale  conspersa  biduo  sub  umbra ,  dum  consuilent ,  re- 
poiumtur  :  deinde  si  tantum  lemiserint  liumoiis,  nt  sno 
sibiJHie  ablui  possint  :  si  minns,  superriisa  duia  miirla 
lavanlur,  et  pondere  imposito  expriuiuntur  :  luin  suo 
quidque  vase  conditur,  et  jus,  ut  supia  dixi,qnod  est 
inistuin  diiabus  parlibus  acetiet  una  murisc,  infnndiliir, 
fnniculiqiie  aridi ,  quod  est  per  vindemiam  pioximo  anno 
lectuin,  spissamentuinimponilur,ilaut  herbas  deprimat, 
et  jus  usque  in  summum  labrnm  lideliae  pervenial.  Olu- 
salrum  et  ferulam  et  fcrniciilum  cum  legeris  ,  sub  tecto 
cxiionilo,  dum  llaccescat  :  deinde  folia  et  corticem 
ouuicm   coliculorum  detrabito.  Caulcs  si  fuerint  pollicc 


crassioies,  arundiue  secato,  et  in  duas  partes  dividito. 
Ipsosquoque  llores,ne  sint  immodici ,  didiici  et  partiri 
oportebit,  atque  ita  invasa  condi.  Deindejns,  quod  supra 
scriptum  est,  infundi,  et  paucas  radiculas  laseiis ,  quod 
Graeci  (jiX^iov  vocant,  adjici,  tuin  spissamento  foeuiculi 
aridi  contegi ,  ut  jus  superveniat.  Cymam,  caulem,  cap- 
parim  ,  pedemmilvi,  puleium  ,  digitellum,  compluribus 
diebus  sub  tecto  siccari ,  dum  llacccscat ,  el  tuin  eodem 
modo  condiri  convenit ,  qiio  feriilam ,  rutam ,  satureiani , 
cunilam.  Sunt  qui  rutam  muria  tautum  dura  sine  acelo 
condiaut,  deinde,  cuin  usus  exigil,  aqua  vel  etiam  vino 
abluant,  el  superfuso  oleo  utanlur.  Haec  condilura  possit 
coininode  satureia  viridis,  et  aeque  viridis  cunila  servari. 

VIII.  Oxygalam  sic  facito.  Ollain  iiovain  suinilo, 
eaiiKpie  juxla  funduin  terebrafo  :  deiude  lavuin,  qucin 
fpcei  is ,  surculo  obturato ,  et  lacte  ovillo  quani  recenlissiino 
vas  repleto,  eoque  adjicito  viridium  condimentorum  fas- 
ciculos,  origaui,  mentae ,  cepiB,  coriandii.  Has  lierba.s 
ilain  lacte  demiltito,  ut  ligamina  earnin  extent.  Po^ldiem 
quintuin  siirculum,  quocavum  obtiiraveras,  eximito,  el 
seriim  emitlitn.  Ciim  delnile  Inc  cipperit  nianare,  eodeni 
suiculo  cavum  obturuto,  iiilcruiis^oi|uc  tridiio,  ila  nt  su- 


DE  L'AGR1GULTURK,  LIV.  XU 


lcr,  on  rebouche  le  trou  nvec  le  m6me  fosset ,  et 
au  bout  de  trois  jovirs  on  vide  eneore  le  petit- 
lait  de  ia  nieme  maniere  que  la  preniiere  fois ,  et 
Ton  jette  a  recart  les  bottes  d'assaisonnements. 
Apres  qiioi  on  ratisse  sur  le  lait  un  peu  de  thvm 
et  d"origau  secs  ,  puis  onyjette  telle  quantite 
que  Ton  juge  a  propos  de  poireaux  qui  se  eou|ient 
a  differentes  reprises ,  apres  les  avoir  haehes  par 
morceaux,  en  melant  bien  le  tout  ensenible;  et 
au  bout  de  deux  jourson  vide  encore  le  petit-lait 
et  on  bouehe  le  trou.  EnOn  on  y  ajoute  autant  de 
sel  egruge  qu'il  est  necessaire,  en  melant  encore 
bien  le  tout;  puis  on  met  un  couvercle  sur 
le  vase  et  on  le  boucho,  pour  ne  Touvrir  que 
lorsqu'on  en  aura  besoin  par  la  suite.  II  y  a  des 
personnes  qui ,  apres  avoir  cueilli  Therbe  du 
passeragesoit  cultive  soit  memesauvage  ,  la  font 
d'abord  secher  k  rorabre;  apres  quoi ,  lorsqu"el- 
les  ontfa.t  tremper  un  jour  et  une  nuit  dans  la 
saumure  les  feuilles  separees  deseoteset  qu'elles 
les  ont  exprimees  ,  elles  les  jettent  dans  le  lait 
snus  autre  assaisonnement ,  en  y  ajnutant  la 
([uantite  de  sel  qu'elles  eroient  suffisante ,  et  en 
observant  pour  le  suiplus  ee  que  nous  avons 
prescrit  ci-dessus.  D'autres  melentdans  un  pot 
de  terre  des  feuilles  nouvelles  de  passerage  aveo 
du  lait  doux,  et  vident  le  petit-lait  trois  jouis 
apres,  comme  nous  ravons  preserit ;  apres  quoi 
ils  y  ajoutent  de  la  saiTiette  verte  hachee  par 
morceaux,  et  meme  do  lagraine  seche  de  eorian- 
dre  ,  d'aneth,  de  thym  et  d'aehe,  le  tout  bien 
broye  ensemble ,  et  mele  avec  du  sel  bien  cuit  et 
bien  crible;  apres  quoi  ilsobservent  pourle  sur- 
plus  ce  quo  nous  avons  dit  ci-dessus. 

l\.  11  faut  saler  dans  un  bassin  des  tiges  de 
laitue  epluchee  depuis  le  pied  jusqu'a  Tendroit 
ou  Ton  s'apercoit  que  les  feuilles  commencent  a 


4i<.) 

etretendres,  et  les  y  laisser  unjonrctiine  nuit, 
jusqu'a  ee  qu'elles  degorgent  la  saumiire  ;  ensuite 
on  les  lavern  dans  celte  snumure,  et  on  les  e.xpo- 
sera  sur  des  claies,  apres  eu  avoir  expriine  Teau 
jnsqu'a  ce  qu'elles  soient  sechees  :  oela  fait ,  on 
melera  ensemble  de  raneth  sec  et  du  fcnouil,  avee 
un  peu  de  rue  etde  poireau  haclio  par  morceaux, 
et  Ton  en  fera  un  lit  sur  lequel  on  ctendra  ces 
tiges  lorsqu'elles  seront  seehes ,  en  les  arrangeant 
de  facon  qn'elles  soient  separees  pardes  haiieots 
verts  entiers,  que  Ton  aura  fait  prenlahlement 
tremper  un  jour  et  une  nuit  dansdc  la  saunnire 
forte.  Lorsdonc  ([ue  ees  harieotssont  seciies  de 
menie  ,  on  les  confit  avcc  des  bottes  de  Initue  , 
en  versant  dessus  une  saumure  composee  de 
deux  tiers  de  vinaigre  et  d'un  tiers  de  sanmure 
propremeut  dite ,  et  en  les  chargennt  ensuite 
d'une  poignee  de  fenouil  sec  qui  les  retienne ,  de 
facon  que  la  saumure  remonte  pnr-dessus.  Pour 
la  forcor  de  remonter  et  empecher  les  lierbcs 
confites  de  se  dessecher,  la  personne  qui  sera  a  la 
tete  de  cette  besogne  aura  soin  d'en  verser  sou- 
vent  de  nouvelle  pardessus  la  premiere.  Elle  es- 
suiera  uussi  rexterieur  des  vases  avec  une  eponge 
propre,  et  les  rafraichira  avec  de  Teau  de  fon- 
taine  nouvellement  puisee.  II  faut  assaisonner 
la  chieoree  et  les  cimes  de  ronces,  aussi  bien 
quo  les  tiges  de  thym  ,  de  sarriette  ,  d'<)iigan ,  et 
meme  celles  de  grands  raiforts,  de  la  nu-me  ma- 
ni(3re  que  la  laitue.  Au  reste,  e'est  au  printemps 
que  ron  fait  ces  sortes  d'operations. 

-X.  Nous  allons  au  contraire  donner  a  present 
des  preeeptesqui  concernent  leschosesqu'il  fnut 
cueiilir  vers  la  moisson  ou  memeapres,  pour  les 
gnrder  pendant  \'el{!.  Choisissez  de  luignon  de 
PomptH  ou  d'Ascalon,  ou  meme  de  Toignon  sim- 
ple  du  paysdes  Marses,  que  les  pnysnns  appel- 


pra  (lictiiiii  cst,  scium  cmiltilo,  cl  fasciculos  couJimciilo- 
ruiii  cxemplos  abjicito  :  deiude  exisuum  aridi  tliymi ,  ct 
ciiuilo;  ai iil:e  supcr  lac  destiiiigilo , concisiqne  seclivi  poi li 
quaulum  videbitur  adjicilo,  el  pcruiisceto  :  mox  iiitei- 
misso  biduo  ruisus  serum  emitlito ,  cavunnpie  obliiralo  , 
ct  salis  triti  (piautum  salis  erit  adjicito,  et  miscelo,  deiude 
operculo  imposito  et  obliiiito,  noii  anle  aperueris  ollam, 
quam  usus  exegeril.  Suiit  qni  salivi  vel  etiain  silvestris 
lepidii  lieibaui  ciim  collc^eriiiit  iii  uinbra  siccent,  deinde 
foliaejiis  abjecto  caule  die  et  iiocte  muria  maccrata  ex- 
pressaipie,  lacU  misee^int  sinc  coiidinienlis ,  et  salis  tpian- 
Inm  satis  arbiliantur  adjiciaut  :  tiim  caUera,  qua;  .supra 
pracepiniiis  facianl.  Sounulli  recenlia  lolia  le|iidii  cnm 
dulci  lacle  in  olla  miscent,  et  post  dieiii  tertium,  qncmad- 
modnm  pia'cepimus ,  seriim  emiltnnt :  deindecompertain 
satureiam  viridcm,  tiiUi  etiain  arida  semina  coriaiidri 
atquc  anetbi  et  tbymi  ct  apii  iii  iiiiiim  bene  trita  adjicinnt, 
saleuKpie  bene  coctuin  ciibralum  permisccnt.  C\'eteia 
eadeui  (|uos  siipra  faciiiiil. 

IX.  Conditura  lactncic.  Caules  lactncAi  ab  imo  depiir- 
(;nl(is  calemis,  <pia  lcnera  fdlia  videbiiiifnr,  iu  alveo  >alire 
opiirict,  diciiiipio  uiiuni  ct  iioclein  siiieie,  (liiiii  muriaiii 


leiiiitlaiit :  deiiule  muiia  elueie,  et  expressos  in  cratibiis 
pandere,  duni  assicccscant  :  tum  substerneie  anetbuui 
aridiim  et  lieuiculum  rulaeqiie  aliquid  et  porri  conciderc, 
atqiie  ita  miscere  :  tum  siccatos  colirulos  ita  componere, 
ut  laseoli  viriiles  iutegii  interpoiiantur,  quos  ipsos  aute 
diira  niiiria  die  et  nocte  macerari  iiportebit,  .similiterque 
assiccatos  ciim  fascicalis  lactucarum  coiidi ,  et  supcrfunili 
jus  qiiod  sit  aceti  duarum  partium  alqiie  iiniiis  niiiiiie  : 
deiiide  arido  spissaniento  faMiicnli  sic  comprimi,  utjiis 
supcniatct.  Qiiod  nttial,  is  qni  liiiic  otlicio  pr.Teiit,  saqie 
sulliiiidere  jiis  debebit ,  nec  pati  sitire  salgama,  sed  extriii- 
secus  miiuda  spongia  vasa  perlergeie,  et  aipia  foiitaiiii 
qnani  recimtissima  refiigerare.  Siniili  ratione  iiilubiim  et 
ciiciiiiiina  riibi ,  qua  laclucam  condire  oportet,  iiic  niimis 
tliyini  el  saliireia;  et  ori!;ani  tum  etiani  arraoraciorum  ry- 
iiiam.  Iliec.  autem,quie  siipra  scripla  siiiit, vcrno  tempore 
coniponiintur. 

X.  Kunc  qiia!  pcr  ieslalcm  ciica  iiiessem  vel  ctiain 
exactis  jarn  inessibiis  colligi  el  reponi  debeant,  pr.-ecipie- 
nins.  Pompeianam,  vel  Ascalonlain  cepam,  vel  etiam  Mar- 
sicam  simplicem,  quam  vocant  iiiiioiicm  riislici,  elif;itci  : 
ca  cstautein,   (pue  noii  l'riitii;a\  iJ ,  iicc  liabuit  suIkiIcs 


460 


COLIJMELLE. 


leiit  unio,  c'cst-^-dire,  de  cclui  (lui  tra  pas  moiite  1  iluit  de  poix ,  que  Ton  rerapiiia  soit  de  viu  fail 
en  tiees  et  qui  est  sans  caieu.  Faites-Ie  d'abord  j  avee  des  raisins  seches  au  soleil ,  soit  de  vin  cuit 

.    .  ...  ..  _  .ri     , '^A    ■    : 'i    J:_,:_.,.: ,1 it:J.      J„  P„ „  ...... 


secher  au  soleil ;  ensuite ,  aprcs  qu'il  aura  ete 
rafraichi  a  rombre,  arrangez-Ie  dans  un  flacon 
sur  un  lit  de  thym  ou  d'origan ;  et  aprcs  avoir 
verse  dessus  une  saumure  composee  de  trois 
quarts  de  \inaigreet  d'unquart  de  saumure  pro- 
prement  dite,  couvrez-Ie  d'une  botte  d'origan  , 
de  facon  que  Toignon  soit  bien  enfonce  :  lorsque 
Toignon  se  sera  bien  imbibe  de  cette  saumure , 
vous  reraplirez  le  vase  du  meme  liquide.  Cest 
dans  le  raeme  temps  que  Ton  conlit  les  cormes, 
les  prunes  de  couleur  d'onyx  et  les  prunelles, 
ainsique  les  poires  et  les  pommes  de  toute  espece. 
[|  faut  cueillir  les  cormes  dont  on  se  sert  pour 
conlire  les  olives  ,  ainsi  que  les  prunelles  et  les 
prunes  d'onyx  ,  pendant  quelles  sout  encore  du- 
res  et  avant  leur  maturite  parfaite,  pourvu  nean- 
moins  qu'elles  ne  soient  pas  trop  vertes.  En- 
suite  on  les  fait  secher  un  jour  a  rombre,  puis 
onmele  ensemble  par  parties  egales  du  vinaigre 
et  du  vin  cuit  jusqu'a  diminution  des  deux  tiers 
ou  de  moitie ,  et  on  verse  ce  melange  dessus.  II 
faudra  aussi  y  ajouter  un  peu  de  sel ,  pour  qu'il 
ne  s'y  engendre  point  de  vermisseaux  ni  d'au- 
tres  animaux.  On  les  conservera  cependaut  plus 
commodement  en  melant  deux  tiers  de  vin  cuit 
jusqu'a  diminution  des  deux  tiers,  avec  un 
tiers  de  vinaigre.  Lorsqu'on  aura  cueilli  avant 
leur  maturite,  sans  cependant  qu'eIlessoient  ab- 
solument  vertes,  des  poires  de  Dolabella  et  de 
Crustumium,  des  poires  royales,  des  poires  de 
Venus,  dcs  poires  volema,  des  poires  de  IVanius 
et  de  lateritius,  de  Decimius,  des  poires  /au- 
rra  (qui  sentent  le  laurier) ,  des  poires  mtjra/jia 
(des  poires  parfuim)  et  des  prunes  pour- 
prees ,  on  examinera  avec  attention  si  elles 
sont  saines,  sans  defaut  et  sans  vers ;  ensuite  oa 
les  arrangera  dans  un  flacon  de  terre  cuite  en- 


jusqu'a  diminution  de  moitie,  de  facon  que  tout 
le  fruit  soit  eufonce  dans  la  liqueur;  apres  quoi 
on  mettra  dessus  un  couvercle  que  Tou  enduira 
de  platre.  Je  crois  devoir  donner  comme  une 
raaxime  generale ,  quil  n'y  a  point  de  fruit  que 
l'on  ne  puisse  conserver  dans  du  miel.  Cest 
pourquoi  comme  les  fruits  qui  sont  confits  dans 
le  miel  sont  quelquefois  salutaires  aux  malades, 
jepensequ'il  eu  faut  conserver  au  moins  quel- 
ques-uns  dc  cette  maniere,  pourvu  cependant 
qu'on  en  mette  a  part  les  differentes  especes , 
parce  que  si  elles  etaient  melees  toutes  ensem- 
ble ,  Tune  gSlerait  Tautre.  Et  puisquc  eeci  nous 
a  donue  Toccasion  de  faire  mention  du  miel, 
nous  ajonterons  que  c'est  dans  le  raeme  temps 
qu'il  fautchiitrer  les  ruchcs  etfaire  le  miel  et  la 
cire  :  raais ,  comme  nous  avons  deja  parle  de 
cette  raatiere  dans  le  neuvii^me  livre,  uous  ne 
demanderons  a  present  rien  autre  chose  au  me- 
tayer,  si  ce  n'cst  qu'il  ail  soind'assister  a  la  con- 
fection  du  miel  et  de  la  cire,  et  de  veiller  a  la 
conservation  de  ses  fruits. 

XL  Au  reste ,  comme  c'est  dans  le  mcme 
tempsque  Ton  doitserrer  le  raiel  ainsi  que  Thy- 
dromel,  dans  la  vue  de  les  laisser  vieillir,  on  se 
rappellera  qu'il  faut  casser  la  cire  en  petits  raor- 
ceaux  des  quele  secondraiel  aura  ete  extraitdes 
rayons ,  et  la  faire  tremper  dans  de  Teau  de  fon- 
taine  ou  de  pluie;  ensuite,  apres  en  avoir  ex- 
prime  Teau,  il  faudra  la  passer,  la  faire  bouillir 
dansun  vasede  plomb,et  la  purgerde  toutes  ses 
immondices  en  recumant.  Lorsqu'elle  aura  ac- 
quis  par  la  cuisson  Tepaisseur  du  vin  cuit  jus- 
qu'a  diminution  de  moitie  ,  on  la  laissera  refroi- 
dir,  et  on  Tenfermera  dans  des  llacons  bien  en- 
duits  de  poix.  On  se  sert  de  Teau  dans  laquelle 
les  rayons  ont  ete  trempes ,  en  guise  d'hydromel : 


adliacrenles.  Hanc prius in sole  siccato,  deinde  sub  umlira 
refiigeralam  substiato  lliymo  vel  cunila  componito  in 
lidelia,et  infuso  jure,  quod  sit  aceti  tiium  parlium  et 
iinius  muriEe,  fasciculumcunilai  supeiponilo ,  ita  ul  cepa 
«leprimatnr  :  qua^cum  jus  comlnberit,  siniili  misluravas 
snpplealur.  Eodem  tempore  corna,et  piuna  onycliina,  et 
pruna  silvesUia,  nec  minus  geiieia  pirorum  et  maloriim 
condiuntur.  Coina,quibus  pro  olivis  ulamur;  item  pruna 
silvestria,  et  pruna  onycbina  adliuc  solida  nec  maturissima 
legenda  suut ,  nec  tamen  nimiiim  cruda.  Deinde  uno  die 
ninbia  siccanda  :  tum  aequis  partlbus  acelum  et  sapa  vel 
defi utuin  misceatur  et  infundaliir.  Opoilebit  aiit«m  ali- 
i|iiid  salis  adjiceie,  ne  vermiculus  aliudve  animal  iunasci 
possit.  Verum  coinmodiiis  scrvanlnr,  si  duie  paites  sapa; 
iiim  aceli  iinaparte  misceantur.  Piia  Uolabelliana,  Crus- 
lumina,  legia,  veneria,  volema,  Na.'viana,  lateritiana, 
Decimiana,  laurea,  niyrapia,  [pruna]  purpurea,  cuin 
immatnra,  non  tamen  percruda  legeris,  diligenter  inspi- 
cito,  ut  sint  iiilegia  sine vitio  aiit  vermiculo  :  tiim  in 
ticlili  picala  fidclia  com|ionilo,  cl  aut  jpusso  aul  delnilo 


completo,  ita  nt  onme  pomum  sulimersnm  sit,  opercu- 
liim  deiude  inipositum  gypsato.  Illud  in  totuni  pr^cipien- 
diim  existimavi,  nullum  esse  genus  pomi ,  qiiod  non  possit 
inelle  sciTari.  Itaque  cuin  .sit  lia;c  res  interdnm  a'grotantibiis 
salutaiis,  censeo  vel  pauca  pomaiii  melle  custodiii,  sed 
sepaiata  geiieratim.  Nam  si  commisceas,  altei iim  ab  altero 
generecorrumpitur.  Et  qiioniam  opportune  mellis  fecimus 
mentionem,  lioc  eodem  temporealvi  castrandic,  ac  mel 
conficiendum,  cera  facienda  est :  de  quibus  nono  libro  jam 
diximus  :  nec  nunc  aliam  cuiam  exigimus  a  villica ,  quani 
ut  administrantibus  intersit ,  frnctumque  custodiat. 

XI.  Cater nm  cum  eodem  tempore  niolla  ncc  miniis aqua 
mulsa  in  vetustatem  reponi  debeat ,  meminisse  oportebit, 
utcum  secundarium  mel  de  favis  fueiilexemptum,  cerae 
statim  niiniite  resolvantui ,  et  aqua  fontana  vel  caelesti 
macerentur.  Expressa  deinde  aquacoletur,  et  in  vas  (liiiin- 
beum  defusa  decoquatur,  omnisqiie  spurriliacum  spuiuis 
eximalur  :  qua;  decoctu,  ciiin  fam  cra,ssa  fuerit  (|uam  de- 
friitiiin,  lefrigeretiir,  et  bene  picatis  la^iniis  condaliir. 
llac  qiiidfliu   mclla  pro  aqua  niulsa  utuutur  ,  iionnulli 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  XIL 


quelques  personnes  remploient  aussi  au  lieu  de 
vin  euitjusqu'a  diminution  de  moitie  pour  con- 
fire  lis  olives;  et  je  crois  meine  qu'elie  est  plus 
propre  que  ce  vin  a  cettc  destination ,  paree 
qu'ellea  un  gout  plus  nourrissant.  U"ailleurson 
ne  peut  pas  la  donner  en  remede  aux  malades  au 
lieu  d'hydromel ,  parce  qu'elle  engendre  des 
vents  dans  restomac  et  dans  les  intestins  de 
oeux  qui  en  boivent. 

XU.  Cest  pourquoi  on  mettra  eette  eau  h 
part,  et  on  la  reservera  pour  s'en  servir  a  confire 
lesfruits;  apres  quoi  il  faudra  faire  unhydromel 
particulier  avec  d'excellent  miel.  ALais  il  y  a  plu- 
sieursfacons  de  le  faire.  En  effet,  quelques  per- 
sonnes  renferraent  dans  des  vases ,  plusieurs  an- 
nees  d'avance,  de  l'eau  depluie,  qu"elles  ticn- 
nent  a  Tair  exposee  au  soleil  :  ensuite,  apres  Ta- 
voir  souvent  survidee  dans  d*autres  vases  pour 
l'6claircir  (parce  que  toutes  les  fois  qu"on  la 
transvase,  le  fit-on  meme  a  differentes  reprises 
pendant  un  tres-lonj;  temps,  on  trouve  toujours 
au  fond  du  vase  une  matlere  epaisse  semblable  a 
de  la  lie),elles  en  melent  unscxtai-ius  avec  une 
livre  de  miel.  II  y  a  cepeudant  des  personnes 
qui,  pour  donner  a  rhydromel  un  gout  plusflpre, 
ne  delayent  dans  un  sexlarius  d'eau  que  neuf 
uncici'  de  raiel  :  ces  mfimes  personnes,  apres 
avoir  rempli  un  fliieon  de  cet  hydromel  ainsi 
compose  et  ravoir  enduit  de  pliitre ,  le  laissent 
(|uarante  jours  au  soleil  pendant  le  lever  de  la 
C.anieule,  ct  ne  lemettent  qu'aa  bout  de  cetemps 
sur  un  planeher  ou  la  fumee  puisse  parvenir. 
D'autres ,  qui  n"ont  pns  pris  la  precaution  de 
faire  vieillir  de  l'eau  de  pluie,  en  prennent  de 
nouvelle  qu'ils  font  bouillir  jusqu'a  diminution 
des  trois  quarts;  ensuite,  iorsqu'elle  est  refroi- 
die,  ilsy  mettent  un  sex/i/rius  demiel  surdeux 


4(11 

sextarii  d'eau  ,  s'ils  veulent  faire  de  rhydromel 
biendoux;  ou  neuf  uneiw  de  miel  surun  scxtn- 
rius  d'eau,  s'ils  veulent  le  faire  plus  /ipre  au 
gout.  L'bydromel  fait  avee  ces  ingredients  est 
verse  dans  un  tlacon  ctexpose  au  soleil  pendant 
quarante  jours,  comme  je  viens  de  dire,  puis 
place  sur  ua  planeher  a  la  portee  de  la  fumee. 

XIH.  Le  temps  le  plus  propre  a  faii'e  du  fro- 
mage  pour  la consommation de  la  raaison,  est celui 
ou  le  fromage  rend  le  raoius  de  petit-lait,  ainsi 
quc  le  temps  de  rarrieresaison  oii  il  n'y  a  plus 
guere  de  lait,  et  ou  par  conseciuent  on  iie  trou- 
verait  pas  son  profit  a  perdre  inutilement  des 
journees  pour  porter  ce  genre  de  fruit  au  mar- 
che,  puisque  effectivement  il  arrive  souvent 
qu'eny  portant  des  fromages  pendant  la  chaleur, 
ilss'aigrissent  et  se  gStent.  Aussi  est-ce  le  temps 
ou  il  vaut  mievix  en  faire  pour  son  usage.  Au 
reste,  le  soin  de  bicn  faire  le  fromage  concerne 
le  berger,  auquel  nous  avons  donnc  dans  le  sep- 
ti^me  livre  les  preceptes  qu'il  doit  suivre  a  eet 
effet.  II  y  a  aussi  des  beibes  que  fon  peut  con- 
fire  a  rapprocbe  de  la  vendange,  telles  que  le 
pourpier,  et  la  plante  potagere  de  rarriere-saison, 
a  laquelle  quelques  personnes  donnent  le  nom  de 
bassille  (6(v<</s).  On  epluehe  done  avec  soiii  ces 
herbes,  et  on  les  eteiid  a  rombre  ;  ensuite  au  bout 
de  quatre  jourson  les  arrange  chacune  separe- 
ment  sur  un  lit  de  sel  pose  au  fond  des  flaeons ; 
et  apres  les  avoir  arrosees  de  viuaigre,  on  remet 
une  couche  de  sel  par-dessus ,  attendu  que  la 
saumiire  n'est  pas  bonne  pour  les  herbes  decette 
espcce. 

XIV.  Cest  dans  le  meme  teinps,  ou  menie 
au  commencement  du  raois  d'aout ,  que  roii 
cueille  les  pommes  et  lcs  poires  les  pkis  agrea- 
bles  au  goiit,  dans  le  temps  qu'elles  ne  sont  en- 


pliani  pro  defmto  in  conditiiias  olivarnm  ;  qnibus  qnidem 
inaj^is  idoneani  censeo,  quoil  ciliarinni  saporem  liabet, 
nec  potest  langiienlibus  pro  aqua  ninlsa  remedio  esse  : 
quoniam  si  bibatiir,  innalionem  stomaclii  et  praecordiorum 
facit.  Itaqiteseposita  ea  et  ad  condiliiias  destinata  ,  per  se 
facienda  eritoptimo  melle  aqua  inulsa. 

.\l l.  Ha^c aulem  non  uno modo  coniponitur.  Nani quidain 
iniiUos  ante  annos  caelestem  aquam  vasis  includunt,  et 
siib  dio  iii  sole  liabent  :  deinde  cum  ssepius  eani  in  alia 
vasa  transruderunt  et  eliquaverunt  (nam  qiioties  aqua 
post  loni>inn  tempns  dlfrunditni' ,  aliqiiod  rrassamentum 
in  imo  simile  feci  reperitiir)  vetcris  aqu.Te  .sextarium  cum 
libra  inellis  niisceiit.  Nonnulli  tameii  qui  ansteriorem 
volunt  efliceie  ^iislnm ,  sexlariimi  aqiia:  cum  dodrante 
pondo  1111'llis  ililiniiit,  et  ca  piirlione  repletam  lagoenam 
gypsalainqiii'  paliiiiiUir  per  Canii ulai  ortum  in  sole  qiia- 
drasiiita  ilicliii--  i-sse;  tum  di-iniim  iii  labulatnm ,  qiiod 
fumum  accipil,  reponunl.  Koniinlli,  quibusnon  fuit  ciir.-e 
Cilestem  inveterare  aquam,  recentem  snnuint,  eamqiie 
iisqne  in  quartam  partcm  dccoquunt :  deinde  cum  refrixe- 
ril,  sive  dulciorem  mulsam  facere  volunt,  duobus  aqua! 
sextariis  sextarium  incllis  peiinisceut  :  sive  austeriorem , 


.sexlario  aqnrc  dodrantem  mellis  adjiciiint,  et  liis  porlio- 
nibns  factam  in  lago^nam  dilTundiint :  eainque,  sicut  snpia 
dixi,  qnadiaginta  diebns  insolalam  postea  in  tabnlatum, 
qiiod  suiruniigatur,  reponunt. 

XIII.  Caseo  nsibus  doinesticis  prreparando  hoc  maximc 
idonenm  tempiis  est,  qnod  et  caseus  seri  minimum 
remiltit  :  et  iiltiino  tempore,  cum  jam  exiguum  lactis 
est.nontam  e\|iedit  operas  morari  ad  forum  fructilnis 
delerciidis  :  et  sane  sa'pe  deportali  per  aestnm  acore  vi- 
liantiir.  Itaqne  pra^slat  eos  lioc  ipso  f emporc  in  nsiim  con- 
(ireie.  Id  antem  iit  qiiain  oplime  fiat  opilionis  officium  est, 
ciii  septimo  libro  pnecepla  dediinus,  quai  scqui  debeal. 
.Siint  etiam  qna^dam  IutIkt,  qnas  appropinqnante  vindemia 
condire  possis,  nl  portiilaca,  et  olns  cordum,  qnod  qiii- 
dam  I  sali\ain  )  balliin  vocaiit.  \\a-  lierlia^  dilii;i-iiler  pnr- 
Kanliir,  el  siili  iiinlira  expaiiiliinliir  :  deiiideqiiarto  die  sal 
in  fiindislideliariim  siibsleniiliir,  et  sepaiatiin  nnaqiiieqiie 
caruin  coniponiliir,  acetuqne  infnso  itcruin  sal  superponi- 
lur  :  nam  liis  bcrbis  mniianon  convenit. 

.\1V.  Hoc  eodem  tempore,  vel  eliam  primo  mcnse 
Aiignslo,  mala  et  piia  diilcissimi  saporis  mediocriler 
inatiira  cligiuitnr ,  ct  in  duas  vel  Ires  partes  arundine  vel 


COLUMELLE. 


core  que  mediocrement  niiires ,  et  qu'apres  les 
avoir  coiipees  en  deiix  ou  trois  morceaux  avec  un 
roseau  ou  avec  un  petit  couteau  d'os,  on  les  met 
au  soleil  jusfiuVi  ce  qu'elles  soient  sechees.  Si  Ton 
cn  a  une  forte  quantite,  elles  ffront  en  grande 
partie  la  nourriture  des  paysans  pendant  riiiver, 
en  lcur  tenant  lieu  de  bonne  chere  :  il  en  est  de 
meme  des  figues,  qui,  etant  serrees  lorsqu'elles 
•iont  seches ,  aident  a  les  nourrir  dans  le  meme 
temps. 

XV.  II  faut  pour  cela  choisir  la  figue  dans  le 
temps  ou  elle  n'est  ni  trop  miire  ni  trop  verte, 
et  Tetendre  dans  un  lieu  oii  le  soleil  donne  toute 
lajournee.  On  enfonee  a  eet  effet  des  picux  en 
tcrre  a  la  distance  de  qiiatre  pieds  les  uns  des 
autres ,  et  on  les  assemble  en  forme  de  jougs 
avec  des  perches.  On  couvre  ensuite  ces  jougs  de 
roseaux  travailles  expres,  que  Ton  eloigne  de 
deux  pieds  de  terre,  afm  que  !es  figues  ne  puis- 
sent  pas  attirer  rhumidite  que  la  terre  rend  com- 
munement  pendant  la  nuit;  apres  quoi  on  ar- 
range  les  figues  sur  ces  roseaux  ,  et  l"on  etend  a 
terre ,  de  droite  et  de  gauche ,  des  claies  de  ber- 
ger  tissues  de  chaume  ,  de  I6che  ou  de  fougere, 
que  Pon  puisse  relever  quand  le  soleil  se  cou- 
chera,  afin  qu'etant  rabattues  l'une  sur  Tautre 
en  forme  dc  voutecnmme  les  chauraieres,  ellcs 
preservent  lesfigues,  pendant  qu'elles  seehent, 
de  la  rosee  et  quelquefois  meme  de  la  pluie,  qui 
gatent  l'une  ct  Tautrc  eette  espeee  de  fruit. 
Lorsqu'ensuitecesfiguesseront  seches,  il  faudra 
lcs  renfermer,  pcndant  qu'ellcs  seront  encore 
chaudes,  dans  des  vaisseaux  bien  enduits  de 
poix,  et  les  y  fouler  avee  soin  pendant  les  cha- 
leurs  du  midi,  en  prenant  neanmoins  la  precau- 
tion  d"etendre  sous  elles  un  llt  de  fenouil  sec,  et 
de  les  recouvrir  d'un  pareil  lit  lorsque  les  vases 
seront  pleins.  On  couvrira  sur-le-cbamp  ces  va- 
ses  et  on  les  boucbera ;  puis  ou  les  mettra  dans 


un  grenier  tres-sec,  afin  que  les  figucs  se  eon- 
servent  mieux  et  plus  longtemps.  II  y  a  des  per- 
sonnes  qui  arrachent  la  qneue  des  figues  apres 
les  avoir  cueillies  ,  et  qui  les  etendent  au  soleil; 
ensuite,  lorsqu"elles  sont  tant  soit  peu  sechees, 
elles  les  entassent  dans  des  bassins  de  terre 
cuite  ou  de  pierre,  avant  qu'elles  soient  durcies; 
puis  apres  s'etre  lave  les  pieds ,  elles  les  foulent 
comme  on  foule  la  farine,en  y  melant  du  se- 
same  grillc  avec  de  Tanis  d'EgYpte ,  et  de  la 
graine  tant  de  fenouil  que  de  cumin.  Quand  elles 
ont  bien  foule  ces  ingredients  aux  pieds,  et  qu'elles 
n'en  ont  fait  qu"une  masse  avec  les  figues  dej<i 
pulverisees,  elles  en  font  despruesde  moyenne 
grosseur  qu"elles  enveloppent  dans  des  feuilles 
de  figuier;  et  apres  les  avoir  liees  avec  du  jonc 
ou  avee  toute  autre  herbe,  elles  les  mettent  sur 
des  claies  pour  les  faire  secher.  Enfin,  lorsque 
ces  figuessont  bien  secbcs,  elles  les  enferment 
dans  des  vases  enduits  de  poix  D'auties  renfer- 
ment  la  pSte  meme  de  ces  figues  dans  des  vais- 
seaux  sans  poix,  et,  apres  les  avoir  bouchcs,  ils 
la  font  secher  sous  une  touitiere  ou  daiis  un 
four,  afin  que  toute  son  humidite  se  ressuie  plus 
promptemcnt;  et  lorsqu'elleestseche,  ils  la  met- 
tent  surun  plancher.  Maisquand  ils  veulent  s'en 
servir,  ils  sont  obliges  de  casser  le  vase  de  lerre 
cuite,  attendu  que  lorsque  la  pAte  des  figues 
est  une  fois  durcie,  ils  ne  pourraient  pas  Ten  re- 
tirer  autrement.  D'autres  choisissent  les  figues 
les  plus  grasses  dans  le  temps  qu'elles  sont  ver- 
tes,  et  les  etendent  au  soleil  pour  les  faire  se- 
cher,  apres  les  avoir  ouvertes  avec  un  roseau  ou 
avee  les  doigts.  Lorsqu'elles  sont  bienseches,  ils 
les  ramassent  pendant  lachaleur  du  midi,  parce 
que  c'est  le  temps  ou  Tardeur  du  soleil  les  ra- 
raollit;  et  apres  les  avoir  arrangees  les  unes  au- 
pres  des  autres  ,  ils  les  pressent  conformement  a 
Tusage  des  Africains  et  des  Espagnols,   pour 


osseo  ciiUello  divisa  in  sole  ponuntur  ,  donec  arescanl. 
Eorum  si  est  tnultiludo ,  non  mininiam  pai tem  cibaiioriim 
pcr  liiemein  riisticis  vindicant.  Nam  pro  pulmentaiio  cedit, 
sicuti  ficus,  qiia;  cum  arida  sepositaest,  liiemis  tempori- 
biis  nistkorum  cibaria  adjiivat. 

XV.  Ea  porro  neque  njmium  vieta  neqiie  immatuia  legi 
(lebet,  et  in  eo  loco  expandi,  qui  totodie  solem  accipiat. 
Pali  aiitem  quatuor  pedibus  inler  se  distantes  figiinlur,  et 
perticis  jiisantur.  Factae  deinde  in  liunc  usiim  canna^jiigis 
supeiponuntur,  ita  ut  duobus  pedibus  absint  a  teira,  ne 
aumorem,  qucm  feie  noctibus  remitlil  luimus,  tratieie 
possint :  tiinc  ficus  injicitur,  et  crates  paslorales  culmo  vel 
carice  vel  filice  textse ex  iitioqiie  latere  super  tcrram  planse 
idisponuntur,  ut  cum  sol  in  occasu  fuerit,  eri>;autur,  et 
inter  se  acclines  lesludineato  lecto  niore  tugiirioiiim  vires- 
centem  licum  a  rore ,  et  inteidnm  a  pluvia  defendant.  Nam 
«tiaque  res  pr.Tdictum  fructum  corrumpit.  Cum  deinde 
ariierit,  in  oic^s  bene  picatas  mciidiano  fepore  calentem 
(icuin  coiiilere  et  calcare  diligenter  oportebit,  suhjecto 
tainen  arido  Iwniculo ,  et  ilerum  vasis  repletis  superposito : 


qu.T  vasa  confestim  operculare,  ct  oblinire  convenit,  et 
in  horrenm  siccissimuni  reponl,  qiio  meliiis  ficus  percn- 
net.  Qiiidam  lectis  ficis  peiliciilos  adimunt,  et  in  sole  eas 
expandunl  :  cum  deiiide  paiiliim  siccat:E  sunt,  antequain 
indurescaiit,  in  labra  fictilia  vel  lapidea  congerunt  Piis  : 
tum  pedibus  lotis  in  modum  faiina!  proculcanf ,  et  admis- 
cent  foriefacta  sesama  cuin  aniso  ^gyptio  et  semine  fa> 
niciili  et  cymini.  Ha;c  cum  bene  proculcaveiint,  et  totam 
massam  comminuta!  fici  penniscuerint,  modicas  olTas  fo- 
liis  ficulneis  involvunt,  ac  leligatas  junco  vcl  qiialibet 
lierba  offas  reponunt  in  crales,  el  patiuntur  siccari  : 
deinde  ciim  peraruerunt ,  picatis  vasis  eas  condunt.  Non- 
niilli  hanc  ipsam  farinam  fici  orcis  sine  pice  incliidunt ,  et 
oblila  vasa  clibano  vel  furno  lorrefaciunt ,  quo  celeriiis 
omnisliumorexcoquatur  :  siccatain  in  tabiilatum  leponiiiil, 
et  cum  exegeril  usus,  testam  comminuiint  :  nam  iluralani 
massam  lici  aliter  exiinere  noii  possunt.  Alii  piiiKiiissimam 
quamque  vuidem  ficorum  eligunt,  et  anjndiiie  vel  digiiis 
divisam  dilatant,  atque  ita  in  sole  TiescOTepaliuntiir,  cpias 
deinde  bene  siccatas  meridianis  teporihus,  cuin  calorc  solis 


DE  LAGIUCULTURK,  LIV.  \II. 


4f)3 


leur  fairp  prciidre  la  forme  cruiie  etoile  ou  celle 
d'uiic' petitc  lleur,  ou  la  figure  d'un  pain;  apres 
quoi  ils  les  font  de  uouveau  seeher  au  soleil,  et  les 
serrent  ensuile  dans  des  vases. 

XVI.  Le  raisin  deniunde  lcs  memes  soins.  II 
en  faut  eueillir  de  blanc,  qui  ait  le  gout  tres- 
agreable  et  dont  les  grains  soient  tres-gros  et  peu 
serres,  quand  la  lune  sera  dans  sou  deelin,  et 
par  un  temps  serein  et  sec,  aprcs  la  cinquieme 
heure  dn  jour  ;  ensuite  on  Tetendra  peudautquel- 
quelemps  sur  des  tableltes,  de  faeon  que  les 
grappesne  se  froisseut  poiut  les  uaeseontre  les 
autres  en  se  comprimaut  par  leur  propre  poids; 
apresquoi  il  faudra  faire  eliauffer  dans  une  chau- 
diere,  ou  dans  une  granJe  marmite  neuve  de  terre 
cuite,  uue  lessive  prepareeavee  de  la  cendre  de 
sarment.  Lorsqu'elle  sera  bouillante,  on  y  ver- 
seraun  peu  d"huile,  de  la  meilleure  qualile  que 
faire  se  pourra,  et  on  melera  le  tout  eiisemble; 
aprcs  cela  ou  jettera  dans  la  ehaudiere  bouillante 
des  grappes  de  raisin  liees  ensemble  au  nombre 
de  deux  outrois,  selon  qu'elles  seront  plus  ou 
moins  grosses  ;  et  on  les  y  laissera  quelque  temps 
jusqu'a  ce  qu'elles  aient  chacge  de  couleur,  sans 
leur  donner  cependant  le  temps  de  cuire,  mais 
en  usant  de  quelque  moderation  et  en  prenant 
un  certain  milieu.  Quand  on  les  aura  retirees,  on 
les  airangera  sur  une  claie  ,  en  les  eloignant  as- 
sez  Tune  de  Tautre  pour  qu'elles  ne  se  touchent 
point  mutuellement.  Trois  heures  apres,  on  1(  s 
retournera  rune  apres  Tautre,  en  evitantde  les 
remettre  a  la  place  qu'elles  occupaient  d'abord  , 
de  peur  qu'elles  ne  se  gatent  en  sejournaut  dans 
reau  qu'elles  auront  rendue.  II  faut  meme  les 
couvrir  pendant  la  nuit  eorame  les  figues^aHn 
qu'elles  soient  a  Tabri  de  la  rosee  et  de  la  pluie. 
LorsquVlles  seront  tant  soit  peu  seehees  ,  on  les 


mettra  dans  un  licu  scc,  renfcrmeos  dans  des 
vaisseaux  neufs  et  sans  poix  ,  avec  un  couvercle 
enduit  de  platre.  II  y  a  dis  personnes  qui  enve- 
loppent  le  raisin  dans  des  feuilles  de  figuier  pour 
le  faires^cher ;  d'autres  couvrent  les  grappcs,  lors- 
qu'elles  sont  a  demiUctries,  de  feuilles  de  vigne, 
et  d'autres  encore  de  feuilles  de  platane,  avaiit 
de  lesserrer  dans  des  amphores.  II  y  ena  qni  bru- 
leut  de  lapaille  de  feves,  etquifontune  lessive 
avec  la  cendre  ([ui  en  resulte;  apres  quoi  ils  met- 
tent  sur  dix  acxtarii  de  cette  lessive  trois  rijathi 
de  sel  et  un  d'huile,  puis  ils  la  font  bouillii-,  et 
achevent  ['operation  de  la  maniere  que  noiis  avons 
indiquee.  Si  Ton  s"apercoit  qa'il  y  ait  trop  peu 
d'huile  dans  la  ehaudiere,  on  en  ajoute  de  temps 
en  teraps  ce  qu'il  en  faut  pour  rendre  le  raisiii 
plus  gras  et  plus  luisant.  Mettez  dans  lc  meine 
temps  des  cormes  cueillies  a  la  main  ct  bicn 
choisies  dans  de  petites  ernehcs  enduites  dc  poix 
avec  des  couverdes  enduits  de  meme  ,  et  bou- 
chez-les  avec  du  plStre;  ensuite  enfonecz-les 
dans  des  fosses  de  deux  pieds  creusees  a  la  mai- 
son  dans  un  lieu  sec,  de  facon  que  rnuverture 
de  ces  cruches,  qui  seront  par  conseqiient  bien 
bouchees,  soit  renversee;  enlln  chargez-Ies  de 
terre  que  vous  foulerez  legerementaux  picds.  Au 
reste,  il  vaudra  mieux  multiplier  le  nonibre  des 
fosses,  que  d'enterrer  plusicurs  vases  a  la  fois 
dans  la  meme ;  ce  qu"on  ne  fera  pas  sans  lcs  cloi- 
gner  les  uus  des  autres  ,  parce  que  s"il  arrivait 
que ,  pour  en  6tcr  uu ,  on  en  remuat  d"autres , 
les  cormes  ne  tarderaient  pas  a  se  gSter.  Quelques 
personnes  conservent  aussi  tresbien  ce  fruit 
dans  du  vincuit  jusqu"a  diminution  demoitie,  en 
y  ajoutant  une  bonne  poignee  de  fenouil  see  pour 
rcnfoncer  dans  les  vases,  de  facon  que  le  liquide 
ne  cesse  pas  de  le  couvrir;  ce  qui  n'emp(iche  pas 


emolllt.T  sunl,  colligunt,  et,  ut  (>st  nios  Afiisatciue  llis- 
panis,  iiiter  S(;  compositas  ci)in[)rimunt  in  figiiraiii  stella- 
rum  nosciiloiunKiue,  vcl  iu  formam  panis  rcdlgenles  : 
lum  riiisus  in  sole  assiccaiit,  ct  ita  in  vasis  recondunt. 

,\VI.  Similem  curam  uvie  desiderant,  quas  dulcissimi 
sapoiis  albas ,  maximis  acinis,  nec  spissis,  luua  decres- 
cente,  sereno  ct  sicco  ca'lo  |)<)st  lioram  quintam  legi  opor- 
tet ,  et  in  taluilis  paiilisper  porrigi ,  ne  inler  se  poudere 
suo  pressic  cnlliilaulnr  :  dciiule  aln^no  vel  in  olla  nova 
li(-tili  ampla  praeparatam  lixiviain  cincris  sarmenti  calelieri 
convenit;  quae  cum  feivcbit,  exiguum  olei  qiiam  optimi 
adjici,  et  ita  permisceri  :  deinde  iivas  pio  niagnitiidine 
binas,  vel  tciiias  inter  se  colligatas  in  alienuiii  fervens  de- 
mitti,  et  exigmim  pati,  dnin  decolorentur;  nec  ruisus 
coiiimitteie  iil  excoquantur  :  nam  quadam  moderatione 
temperainenloi|iic  opus  est.  Cum  deinde  exenieris ,  in  crate 
dispoiiito  raiiusipiam  utalteraalteram  contingat.  1'ost  tics 
deindc  boias  uiiamipiaiiKiue  uvam  converlito ,  nec  iii 
codem  vcstigio  reponito,  iic  iii  liiimoie,  qiii  delluxeiit, 
corrunipaliir  :  iioctibiis  aulein  contegi  debent  qiicniad- 
moduin  iici,  nt  a  nne  vel  pluvia  lutai  .siut.  Ciiin  dciiidc 
modice  arueiiut,  in  vasa  nova  sinc  picc  operculala  el 


gypsata  sicco  loco  reponito.  Qiiidani  uvani  passam  foliis 
liculneis  involvunt  ct  assiccant :  alii  foliis  vitigineis,  iion- 
nulli  plataninis  semivietas  uvas  coiitegunt,  et  ila  iu  am- 
plioras  reconduiit.  Suiit  qiii  cuJmos  fabae  exuiant,  et  cx 
eo,  quod  ciemaveiint,  cinereani  lixiviam  faciant,  deiiide 
iii  lixivia3  sextarios  decem  salis  tres  cyathos et olei  cyathuin 
adjiciant,  tuni  adliibilo  igne  calelaciant,  et  caeteia  eodeui 
inodo  adininistieut.  Qiiod  si  videbitur  iii  ahciio  parum  ine.sse 
olei ,  s"ubinde  quanliim  satis  erit  adjicialur,  quo  sit  pin- 
giiior  (>t  nilidior  uva  passa.  Kodein  tempore  sorba  luanu 
lccta  ciii ios(>  in  iirc(»los  picatos  adjicito ,  et  operciila  picala 
imponito,  et  gypso  liiiito ,  liim  Minljiliii^  bi|icdancis  sicco 
loco  intra  lectuin  factis,  iiiiculns  il.i  i nllui  iin,  nt  oblita 
ora  (!Oruin  deorsum  spectcnt :  ilciiulr  lcriaiii  roiigerilo,  el 
modice  desiiper  calcato.  Melius  est  aiitem  pluiibus  sciobi- 
biis  paiiciora  vasa  distantia  inter  se  disponere.  Nam  in 
exeinptione  eoruin  dnin  iinuin  lollis,  si  reliqua  commove- 
ris,  celeritcr  soiba  vltiantiir.  (^iiiilam  lioc  idcin  poniimi 
in  passo,  quidam  ctiain  iii  iIiTiiilo  conimoili'  scrvaul ,  ad- 
jecto  spissameiito  aiiili  lieiiiciili,  qiiu  dcpriinantnr  ita  sor- 
ba ,  nt  semper  jus  supcrnatct,  ac  nihiloininus  picata  oper- 
cula  diligentcr  gvpso  liuunt,  iie  possit  spirilus  iiitioiie. 


464 


COLUMKLLE. 


qu'on  n'cn  bouche  soigneusement  avec  du  plutre 
les  couvercles  qui  seront  enduits  de  poix,  afin 
que  Tair  ne  puisse  pas  y  peuetrer. 

XVIL  II  y  a  tel  pays  ou  ie  vin  manque,  et  ou 
par  consequeut  on  ne  peut  pas  faire  de  vinaiiire. 
II  faut  donc  cueiliir  au  meme  temps  dans  ces 
payS-la  des  figues  vertes  tres-mures,  ou  meme 
ramasser  celles  que  les  pluies  auront  fait  tom- 
ber,  au  cas  que  les  pluies  soient  deja  venues;  ct 
apres  les  avoir  ramassees ,  on  les  serrera  dans 
des  futailles  ou  dans  des  ampliores,  oii  on  les 
laissera  fermenter;  lorsqu'elles  seront  aigries  et 
qu'elles  auront  rendu  leur  eau,  on  passera  avec 
soin  tout  ce  qui  s'y  trouvera  de  vinaigre,  et  on 
le  versera  dans  des  vases  qui  sentent  bien  la  poix 
dont  ils  auront  ete  enduits.  Cette  liqueur  tient 
lieu  d'un  bon  vinaigre  de  premiere  qualite,  qui 
ne  contracte  jamais  de  relent  ni  de  moisissure, 
pourvu  qu'on  ne  le  serre  pas  dans  un  lieu  liu- 
mide.  Quelques  personnes ,  qui  visent  plus  a  la 
quantite  qu'a  la  qualite  du  vinaigre,  versent  de 
Teau  sur  les  iigues ,  et  en  remettent  de  temps  en 
temps  de  nouvelles  tres-mures,  qu'ils  laissent  se 
consumer  avec  les  autres  dans  le  meme  jus,  jus- 
qu"a  ee  que  ce  jus  ait  acquis  le  goiit  d'un  vinaigre 
assez  mordant;  apres  quoi  ils  le  passentdans  de 
peti;s  paniers  de  jone  ou  dans  des  sacs  de  genet 
d'Espagne,  et  le  font  bouillir  ensulte,  jusqu'ace 
qu'il  nc  jette  plus  d'ecume  et  qu'il  ne  s'y  trouve 
plus  d'imniondices;  puis  ils  y  ajoutent  un  peu  de 
selgrille,  pour  rempecher  d'engendrer  des  vers 
ou  d'aulres  animaux. 

XVIII.  Quoique  nous  ayons  deja  dit  dans  le 
livre  precedent,  intitule  le  Melaijer,  ce  qu"il 
faut  preparer  pour  la  vendange,  il  n'est  pas  ce- 
pendant  hors  de  proposde  donner  aussi  a  la  me- 
tayere  des  preceptes  sur  la  meme  matiere,  afin 
qu'elle  n'ignore  point  que  toutes  les  choses  rela- 


tivesa  la  vendange,  qui  doivent  se  faire  a  la  mai- 
son ,  sontde  son  ressort.  Si  Ton  possede  une  terre 
d'une  grande  etendue,  et  que  Ton  ait  des  vigno- 
bles  ou  des  plants  d'arbres  maries  a  des  vignes 
considerables,  il  faut  fabriquer  continuellement, 
pendant  tout  le  courant  de  rannce,  des  vais- 
seaux  dont  les  uns  contiennent  dix  modii ,  et  les 
autres  trois,  faire  de  petits  paniers  et  les  pois- 
ser  :  il  faut  aussi  preparer  un  tres-grand  nombre 
de  faucilles  et  de  serpettes ,  et  les  aiguiser,  afin 
que  les  vendangeurs  n'arrachent  point  les  grap- 
pcs  avee  la  main,  ce  qui  ferait  tomber  k  terre 
une  grande  partie  du  fruit,  attendu  que  les  grain.s 
se  detacheraient  alors  de  la  grappe  :  il  faut  en- 
core  attacher  des  cordes  aux  paniers,  et  des 
courroies  aux  vaisseaux  qui  contiennent  trois 
wo(///.Ensuiteon  laverales  cuves  dans  lesquelles 
on  foule  le  vin,  les  fosses  oii  il  doit  couler  a  la 
sortie  du  pressoir,  lcs  aires  des  pressoirs  et  lous 
les  vases,  avec  de  Teau  de  nier,  si  la  mer  n'est  pas 
eloignee;  sinon,  avec  de  Teau  douce  :  puis  on  les 
essuiera  et  on  les  fera  bien  secher,  jusqu'a  ce  qu'il 
n'y  reste  plus  d"humidite.  U  faut  encore  bien  ba- 
layer  toutes  les  ordures  dans  la  cave  au  vin ,  et  la 
parfumer  de  bonnes  odeurs ,  afin  d'cn  ecarter  tou- 
tes  les  mauvaises,  et  de  rempechcr  de  sentir 
Taigre.  On  fera  aussi  tres-pieuscmcnt  et  tres-chas- 
teraent  des  sacrifices  en  rhonneur  de  Liber,  de 
Libera,  et  des  instruraents  du  pressoir.  Onne  s'e- 
cartera  pas,  dans  le  temps  de  la  vendange,  du 
pressoir  ni  de  la  cave  au  vin ,  tant  alin  que  ceux 
qui  font  le  moiit  le  fassent  purement  et  propre- 
ment,  qu'afin  que  les  voleurs  ne  trouvent  pas 
roccasion  de  derober  le  fruit  dans  l'un  ou  Tautre 
de  ces  endroits.  II  faut  aussi  poisser  les  futailles, 
ainsi  que  les  vaisseaux  et  tous  les  autres  vases, 
quarante  jours  avant  la  vendange.  Au  reste. 
ceux  qui   sont  enfonces  en  terre  se  poissent 


XVll.  Snnt  qiiseJam  regiones,  in  qnibus  vini  ideoqne 
ptiani  aceti  penuria  est.  Itaque  hoc  eoilem  tempore  licus 
viildisquam  maturissima  legenda  est,  utique  sijam  plu- 
via;  incesserunt ,  et  piopter  imbres  in  terram  decidit :  quae 
cum  sublecta  est,  in  doliuni  vel  in  ampliorasconditur,  et 
il)i  sinilur  fermentari  :  deinde  cum  exacuit,  et  remisit 
liquorem ,  quic(juid  est  aceti  diligenter  colatur,  et  in  vasa 
picata  bene  olida  diffunditur.  Hoc  prim.ie  notne  acerrinii 
aceti  usum  pi-aeljet,  nec  unquam  situmaut  mucoremcon- 
traliit ,  si  non  humido  loco  positum  est.  Sunt  qui  multi- 
ludini  studentes  aquam  ficis  permisceant;  et  subinde 
matiirissimas  licus  lecentes  adjiciant,  et  patiaiitur  in  eo 
juie  labescere ,  donec  satis  acris  aceti  sapor  fiat  :  postea 
iii  junceis  fiscellisvel  sparteissaccispercolant,  liquatumque 
acetnm  infervefaciunl ,  dum  spumam  et  oninem  spurci- 
liam  exiniant :  tum  toiridi  salis  aliquid  adjiciunl,  quae  res 
pniliiliet  verniiculos  aliave  innasci  animalia. 

XVIU.  Quainvis  piiore  libro,  qui  inscribitur  YiUicus, 
jam  diximus  qure  ad  vindemiam  praeparanda  sunt,  non 
tamen  alienum  est  etiani  villicae  de  iisdcm  rcbus  piieci- 
pere,  ut  intelligat  siioe  curae  esse  dcbere,  qnKciinque  sub 


tecto  administrantur  circa  vindemiam.  Si  ager  ampliis, 
aiitvineta  aut  arbusta  grandia  sunt,  perenne  fabricand» 
decemmodiae  et  trimodia!  et  liscellce  texendae  et  picandae  : 
nec  minus  falculae ,  et  ungues  ferrei  quamplurimi  paraudi 
et  exacuendi  sunt ,  iie  vindemiator  manu  destringat  uvas, 
ct  non  minima  fructus  portio  dispersis  acinis  in  terram  di- 
labatur.  Funiculi  quoque  fiscellis  aptaiidi  sunt,  et  lora 
Irimodiis  :  tuni  lacus  vinarii  et  torciilarii  et  foia  omnia- 
que  vasa,  si  vicinum  est  mare,  aqua  marina,  si  minus, 
dulci  eluenda  sunt,  el  comniundanda ,  et  diligenter  assic- 
canda ,  ne  humorem  habeant.  Cella  quoque  vinaiia  omni 
slercore  liberanda,  et  bonis  odoribus  suflienda,  iie  quem 
redoleat  foetorem  acoremve.  Tum  sacrificia  Libero  Libe- 
ra?que  et  vasis  pressoriis  quam  sanctissime  castissimeque 
facicnda  :  nec  per  vindemiam  ab  torculari  aut  vinaria  cella 
recedendum  est,  utomnia,  qui  mustum  conficiunt,  pure 
mundeque  faciant;  nec  furi  locus  detur  partem  fructuum 
intercipiendi.  Dolia  quoque  et  seriae  caeteraque  vasa  antc 
qiiadragesimum  vindemia;  diem  picanda  sunt ,  abpie  aliter 
ea  quae  demersa  sunt  hunii ,  aliter  qu:e  slant  supra  ter- 
ram.  Nam  ea  qua;  demersa  sunt,  ferreis  lampadibiis  ar- 


DE    fAGRlCULTURK,    LIV.  XIL 


aiitiemont  quc  ctnix  qui  sont  a  m  tcn-c.  En 
etfet,  on  oehauffe  les  vases  qui  sont  enfonces  en 
terre  avee  des  lampes  de  fer  allumecs;  et  quand 
on  a  faitcouiei',  a  Taide  d'iine  de  ees  lampes,  de 
!a  poi\  au  fond  du  vase,  onretirc  la  lanipe;  api-es 
quoi  011  promene  dans  toute  la  capaeite  du  vase 
la  poix  qu'on  y  a  fait  distiller,  en  dctachant  cclle 
qui  ticiit  a  ses  parois  avec  un  rable  de  bois  et 
une  latissoire  de  fer  conibee;  ensuite  ou  neltoie 
le  vase  avee  uo  torchon ,  et  on  y  verse  de  nou- 
veau  de  la  poix  bien  bouillante,  pour  Ten  eu- 
duire  avec  un  antrc  rablc  et  un  balai.  Qiiant  aux 
vases  qui  sont  a  rez  terrc ,  on  les  expose  au  so- 
lcil  plusieurs  jmirs  avaiit  de  lcs  poisscr;  ct  qnaiid 
ilsont  (itc  siirilsamment  essorcs,  on  lcs  rctourne 
pour  les  placer  sur  leur  ouverlure,  de  facon 
neanmoins  qu'ils  foient  suspendus  en  Tair  a 
Taide  de  trois  petites  pierres  sur  lesquelles  ils 
seront  poses  ;  cnsuite  on  alliime  du  feu  par-des- 
sous,  et  on  le  laisse  bruler  le  temps  necessaire 
pour  que  la  chalcur  penetre  aii  fond  du  vase, 
au  point  de  ne  pouvoir  pas  etre  supportee  si  ron 
y  niettait  la  main.  Eiiiiii,  ou  renversela  futaille 
a  ti'rre  en  la  couehant  sur  le  e(^te,  puis  oii  y  verse 
de  la  poix  tres  bouillantc,  it  on  finit  par  la  rou- 
ler,  afin  qu'clle  en  soit  enduitc  dans  toutes ses  par- 
ties.  Mais  il  faut  fuire  eette  opiration  uu  jour  oii 
il  ne  fusse  pas  de  vcnt,  de  peur  que  les  vascs  ne 
viennent  a  se  casser,  au  cas  que  lc  vent  donne 
dcssus  lorsque  lc  feu  sera  aliuMje.  Au  reste,  il 
suliit  de  vingt-cinq  livres  de  poi\  dure  pour  en- 
duire  des  futaillcs  de  la  eontenance  d'un  cullcus 
et  demi ;  ct  il  est  constant  qiren  ajoutant  au  to- 
tal  de  la  poix  qu'on  fera  cuire  un  cinquieme  de 
poix  tiree  du  paysdes  Brutii,  il  en  rt^sultera  un 
tres-grandavantage  pour  toute  la  vendange  qu'on 
mettra  par  la  suite  (lans  ecs  futallles. 

X I  \.  II  faut  aussi  sc  donner  des  soins  pour  que 
le  moiit  qu'aura  rendu  le  raisin  soit  de  longue 


garde ,  ou  du  moins  pour  quil  se  couserve  jusqu'jk 
la  vente.  rSous  allons  exposer  tout  de  suite  la 
maniere  dontil  laut  s'y  prendre  poury  parvenir, 
et  nous  nioutrerous  les  assaisonnemeiits  auxquels 
il  faut  avoiF  recours  a  cet  eftet.  Quelques  person- 
nes  iwluisent  le  mout,  en  le  fais.int  euiic  dans 
des  vases  de  plomb,  les  uns  aux  trois  qiiarts,  les 
autres  aux  deu\  ticrs;  niais  il  est  constniit  qu'en 
le  reduisaut  h  moitie  on  aura  de  mcilleur  viii 
cuit,  et  que  ce  vin  sera  par  conse^iuent  plusutile 
pour  les  usages  auxquels  il  est  destinc  :  eela  est 
meme  si  eonstant,  que,  pour  frelater  lc  mout,  ou 
peut  se  servir  de  ee  vin  cuit  jusqu'a  diminution 
demoitic,au  licu  de  vin  euit  jusqu'a  dimiimtioii 
desdcu\  tiers,  poiirvu  qu'il  provicnne  de  vigncs 
anciennes.  JNous  regardons  comme  le  vin  de  la 
prcmiere  quulitii  celui  qui  n'a  pas  besoin  d'etre 
fielat(!' pour  durer  longtemps;  et  nous  croyoiis 
qu'il  ne  fautabsolument  y  mettre  aucunemixtiou 
qui  puisse  en  alterer  le  gout  naturel,  parce  que 
cequi  peut  plaire  sans  le  secours  de  Tart  est  supe- 
rieur  a  tout.  iMais(iuand  le  moiit  aura  quelquc  mau- 
vaise  qualitt',  soit([ue  celte  qualitt'  provienne  du 
vice  du  terroir,  soit  qu'elle  provienne  de  la  jeu- 
nessedes  vignes,  il  faudrachoisir,  pourenfairedii 
vincuit,  un  eanton  de  vignes.^mint^es,  si  ron  est 
a  portee  d'cn  avoir;  sinon,  de  vignes  extremcment 
vieilles  qui  donnent  un  vin  agri^-able,  et  qui  ne 
soient  point  plantees  dans  un  terroir  humide.  En- 
suite  on  obscrvera  le  temps  du  declin  ou  la  lune 
sera  sous  terre,  et  on  cueillera  alors  par  un  jour 
sec  et  serein  les  gruppes  les  plus  mures  de  ees 
vignes,  et  aprcs  les  avoir  foul^ies,  on  puiscra 
danslacuvele  vinderncre-goutte,pouren  remplir 
les  vases  qui  servcnt  a  faire  le  vin  cuit;  cnsuite 
on  allumera  le  feu  uu  fourneau,  raais  en  observant 
de  ne  le  faire  d'abord  et  de  ne  rcntretenir  qua- 
vec  ces  menus  bois  qiie  les  paysans  appellent 
creinia,  aiinqiie  le  inoiit  bouille  a  loisir.  Celui  qui 


rteiitiluis  cak liimt ,  ct  ciim  |ii\  imiiii)  iii  fnnilmn  (lestillavif , 
siiblata  lanipaile,  nilabiilo  lisiii'0  et  feirea  ciirvata  radula 
(lucitiir,  qiioil  ile.stillavit,  aiit  qiiod  iii  lateiibiis  lijcsit  : 
(leinde  peiiicillo  ilctergitur,  et  ferveiitissinia  [lice  infusa 
novo  alio  rulahulo  et  scopula  picatur.  Al  qiiae  siipra  ter- 
ram  consistimt,  compliires  dies  anteqiiam  cureiitur  in 
solem  piodiiiiintiir.  Deinde  ciim  satis  insolata  suiit,  in 
labra  coiivertiuilur,  et  subjectis  parvis  trilius  lapidibus 
siispeiiiliinliir,  atiiiie  ita  ignis  subjicitur,  et  tamdiu  incen- 
ditur,  donec  ad  liindum  calor  tam  vebeineus  perveniat,  ut 
apposila  maniis  patiens  ejns  non  sil :  tiim  dolio  in  terrain 
deniisso,  ctin  latus  deposito ,  pi\  ferventissimainfiindiliir, 
ToliUaturque,  ut  omnes  dolii  partes  linautiir.  Sed  hac  die 
quieio  a  ventis  lieri  debcnt,  ne  admoto  igne  cum  afflaveiit 
ventus  vasa  rumpantur.  Sunt  autem  satis  sesquicullearibus 
doliis  picis  diiiie  pondo  vicenaquina.  Piec  dubium ,  quiu  si 
quinta  pars  picis  bruli.T  in  universam  cocluramadjiciatur, 
utilis.simum  sit  omiii  vindemioe. 

XIX.  Cuia  quoipie  adhibenda  est,  utcxpres.sum  mus- 
tuin  percniio  sit ,  aut  rerle  usqiie  ad  vcnditionem  diirahile. 

(OI.IJIVLI.B. 


Quod  qiiemailmoduni  iieii  debeat,  ct  quibiis  condituns 
adjuvari,  deinceps  subjiciemiis.  QuiilAm  partem  quarlam 
ejiis  miisti,  quod  iu  vasa  plumhea  CDUJeccrunt,  nonnulli 
tertiam  decoquiint.  Nec  dubiuni ,  quiii  ad  diuiidium  si  quis 
cxcoxerit,  meliorem  sapam  facturussit,  lioque  usibus  uti- 
liorem,  adco  quidem,  ut  etiam  vice  defniti,  sapa,  mus- 
tum ,  quod  esi  e\  veteiibiis  vineis,  condire  possit.  Quas- 
cunqiie  vini  nota  sine  condiniento  valet  perennari,  optrmam 
esseeamcensemiis,  necoiDiiinoquidqiiain  penniscenduui, 
qiio  naturalis  saporejus  iiifiiscetiir.  Id  eiiim  pr.Tstautissi- 
nium  est,  (|uod  siiaple  natiira  placere  poterit.  C:eteniin 
cuui  aiit  lenionis  vitio,  aut  novellarum  vinearum  musluni 
laborabit,  eligenda  crit  pars  vine,T,  si  cst  facultas,  Ami- 
neai,  si  niinus,  ()iiaiii  bellissimi  vini,  qiia;que  eiitet  ve- 
liislissinia  et  minime  uliginosa.  Tum  ohservabimiis  decrc- 
scentem  lunam  ,  ciim  est  sub  terra,  et  sereno  siccoqucdie 
uvas  qiiam  maliirlssimas  legemns,  quibus  proculcatis 
mustum  quod  delliixerit,  anle  quam  pielo  pes  eximaliir, 
satis  de  lacii  in  vasa  defnitai  ia  deferemiis ,  leniqiie  primnni 
i^iie  et  tcniiihiis  ndmodiini  liKuis,  qii.T  cremia  rustici  ap- 


4C:G 


COLUMELLE. 


[1  r.iuleia  a  efttc  cuisson  aura  sous  sa  main  des 
couloiies  de  joiic  ou  de  penet  d^Kspagne  cru, 
cVbt-a-dire  qni  n'ait  pas  ete  battii,  ainsi  ((ne  des 
biiions  garnis  par  le  bout  de  poignees  de  feiioiiil , 
avec  lesquels  il  puisse  parvenir  jusqu'au  fond 
des  vases,  a  reffet  de  remuer  toute  la  lie  qui  s'y 
deposera  ,  de  la  faire  remonter  a  la  superlicie  des 
vases,  et  d"6ter  ensuife  avec  les  couloires  toutes 
les  imraondices  qiii  s"y  presenteront  sur  leurs 
bords;  operation  qiril  ne  cpssera  pas  dc  fairejus- 
qu'a  ce  qu'il  s'apcrcoivc  qiie  le  mout ,  a  force  de 
s'eclaircir,estabsolumentsanslic.  Alorsily  met- 
tra  des  coings,  qu'il  en  retirera  lorsqu'ils  seront 
bien  cuits ,  ou  des  odeurs  convenables  qu'il  choi- 
sira  a  son  gre ,  sans  cesser  de  remucr  le  vin  de 
tempsen  temps  avec  des  bfltons  garnis  de  fenouil, 
de  peur  que  quelque  chosc  ne  s'attaehe  au  foiid 
du  vase  de  plonib,  ce  qui  pourrait  lefairecrever. 
Lorsqu'ensuite  le  vase  pourra  supporter  un  feu 
plus  ardent,  c'cst-adiie,  lorsque  le  moiit  sera 
dejacuitenparticetqirilbouillirainterieurcment, 
il  mettra  par-dcssous  dcs  buches  et  de  plus  gros 
bois  qu'auparavant,  de  facon  neannioins  que  cc 
bois  ne  touche  point  le  cul  du  vase,  parce  qu'au- 
treraent  il  arriveraitque  le  vase  lui-memecreve- 
rait,  ce  qui  n'est  pas  sans  exemple ,  ou  qu'au  moins 
lc  inout  brulerait  indubitablement,  et  contracte- 
rait  des  lois  une  amertume  qui  rempecherait 
d'etre  d'aucune  ntilitc  pour  les  choses  auxquellcs 
il  doit  servir.  Au  surplus,  avantde  verser  lc  inout 
dans  les  vases  de  plomb  dont  on  se  sert  pour 
faire  cuire  le  vin,  il  faudra  les  irabiber  eux-me- 
mes  iDterieuremcnt  de  bonne  huile ,  et  lcs  cn  bien 
frotter.  Cette  precautioa  empecbera  le  vin  cuit  de 
bruler. 

XX.  Neaumoins,  telle  pri^^caution  que  Ton  ait 


prise  cn  faisant  lcvincuit,  il  arrive  souvent 
qu'il  s'aigrit  comme  le  vin.  Souvenons-nous  en 
parcil  casdc  !e  freinter  avcc  du  vin  cuitdepuis 
unan,  et  dont  la  boiitc  ait  dcja  ete  cprouvee, 
parce  qu'un  reauvais  correctif  nc  pouirait  que 
gater  le  fruitde  la  rccolte.  Quant  aux  vases  daus 
lesquels  on  fait  cuiie  le  vin  jusqu'a  diminution 
dcs  deux  tiers  ou  de  moitie,  ils  daivent  plutot 
etre  de  plorab  que  de  cuivre,  parce  que  le  vert- 
de-gris  se  detachc  de  ces  derniers  dans  la  cuisson, 
et  qu'ils  corrompent  eux-memes  le  goiit  des  dro- 
guesqui  cntrent  dans  cette  composition.  Au  sur- 
plus ,  les  parfums  que  Ton  fait  cuire  le  plus  com- 
mun(5ment  avec  le  vin  sont  Tiris,  le  fenugrec, 
ct  la  racine  dc  jonc.  II  faut  jeter  une  livre  dc 
chacune  de  ces  plantesdans  un  vase  dans  lcqut  I 
on  aura  fait  cuire  quatre-vingt-dix  ainphoies  dc 
moiit,  apres  que  ce  raout  aura  cesse  d;  bouillir 
et  qu'il  scra  purifie.  Ensuite,  si  le  mout  cst  d'iinc 
nature  lcgere,  il  faudra,  lorsqu'il  scra  cuit  jus- 
qu'a  diminution  des  dcux  ticrs,  rctirer  le  feii  du 
fourneau,  et  le  rafraichir  aussitdt  en  jetant  do 
Fcau  dessus.  II  est  vrai  qu'en  suivant  cctte  praii- 
que ,  lorsque  le  vin  cuit  sera  reposu  ,  il  se  trosi- 
vera  au-dcssous  du  tiers  meme  du  vase ;  mais 
malgre  ce  ddchet  on  y  gagnera  ,  en  ce  que  plus  il 
sera cuit  ( pourvu  toutefois qu'il  ne soit pns brule ) , 
plusil  scra  cxcellent  et  epais.  En  effet,  il  suflira, 
pour  frclater  du  vio,  de  raettre  sur  chaqucaiu- 
phore  un  sexiarius  d'un  vin  cuit  de  la  sorte.  Au 
rcste,  si  Ton  fait  cuire  daus  un  vase  la  valeur  dc 
quatre-vingt-dix  amphores  de  moiit ,  on  n'y  met- 
tra  les  drogues  qu'au  momentou  il  seia  presque 
euit  jusqu'adiminution  desdeux  ticrs.  Orccs  dro- 
gues  seront  ou  liquides  ou  resineuses ,  c'cst-a- 
dire  qu^cllcs  consisteront  en  dix  sextarii  de  poix 


pcliaiil ,  fornacem  iiiceiiileiniis,  iit  ex  commodo  mustiiin 
ieiveat.  Isque  qui  prjeerit  liuic  (lecoqueiulo,  cola  juneea 
vel  sparlea  sed  cru  Jo  ,  iil  est  uoii  inalleato  sparlo  praeparata 
liabeat  :  iteinque  (ksciculos  foMiiculi  fuslibus  illigalos, 
quos  possit  Hsque  ail  fuiidum  vasorum  deniitteie,  iit  qiiid- 
quid  fecis subsedeiit ,  exagitet  et  in  sumniiim  lediicat :  tuin 
colis  omnem  spnrcitiam,  quae  redundaiit,  expurgel.  Rec 
absistat  id  facore,  duncc  videbilur  cliquatum  omui  fece 
mustiim  carere.  Tiiin  sive  inala  cydonia,  qiia;  percocta 
sublaturus  sit,  seu  quoscunqiie  voliierit  convcnientes 
odores  adjiciat ,  et  iiiliilo  minus  subinde  fteniculo  peragi- 
tel,  nequid  subsederif,  quod  possit  plumbcum  pcrlorare. 
Cum  deinde  jam  aciiorem  poluerit  isiiem  vas  siisliiiere, 
id  est,  ciim  aliqua  jam  parte  miisl.iMii  eMiifhun  iii  se  fer- 
vebit,  tuin  codices  et  vaslioia  ligiia  siipjK  iaiiliir,  sed  ila 
ne  fundum  conlingaiit.  Quod  iiisi  viiauim  liiiiit,  sa>pe 
vas  ipsum,  [quod  aliquando  contingit,]  pertundetur;  vel 
si  id  lactum  nou  erit ,  uliofue  adiirelur  nuislum ,  et  amari- 
tudiiie  concepla  co.ndituris  (iet  inutile.  Oporlebit  auleni 
antequam  mustum  iii  vasa  defrutaria  conjiciatur,  oleo 
bono  pluinbea  inlrinsecus  imbui ,  et  bene  IVicari,  atque 
ita  miTstum  adjici.  Ea  res  uon  patilur  defrulum  aduri. 
XK.  Quinetiam  diligenter  factum  detrutuin  ,  sicut  vi- 


nuin  ,solet  acescere  :  quod  cum  ila  sil ,  meniinerimus  an- 
niciilo  dcrrulo,  ciijus  jam  bonitas  explorala  est,  vinuin 
condire.  Nam  vitioso  inedicamine  fruclus,  qui  peiceptiis 
est,  vitiatur.  Ipsa  aiitem  vasa,  quibus  sapa  aut  delrutiim 
coquitur,  plumbea  potius  quani  a,'iiea  esse  debent.  Kam 
in  coctura  a^ruginem  remitlunt  aenea ,  et  medicamiiiis  sa- 
porem  viliant.  Odores  autem  vino  (ere  apti  suiit ,  qiii  cnin 
defruto  coquuntur,  iris ,  fcenum  Gra-cum ,  scbcenum  :  lia- 
rnm  rernin  singulae  libr.u  in  defrulariiim,  quod  oeperit 
musli  amplioras  nonaginta  ,  cum  jam  delerbuerit ,  tt  ex- 
piirgatum  erit ,  tum  adjici  debent.  Deinde  si  natura  lenue 
muslum  eiit,  cuin  ad  terliain  partem  fiierit  decoctum, 
ignis  subtraliendus  est ,  et  fornax  prolinus  aqiia  rcfrige- 
randa.  Quod  eliam  si  fecerimus,  niliilo  ininusdefrutum 
infra  tertiam  partem  vasis  considit.  Sed  id  quamvis  aliquid 
detrimenti  liabeat ,  prodest  lamen  :  nam  qnanlo  plns  dero 
quitur  (si  inodo  non  est  adnstum)  melius  et  spissius  lit.  li\ 
bocautem  defrulo,  qiiod  sic  erit  coctum,  satis est  singulos 
sexlarios  singulis  ampboris  immiscere.  Cum  ainpbor.is 
inusti  nonaginta  in  delrutaiio  decoxeris,  ila  ut  jain  exi- 
guum  siipersit  de  cocliira  [  quod  significat  decoclum  ad 
lertias  ]  :  tum  demum  medicaminaadjicilo,  qna;  sint  aul 
liquida.aut  rcsinosa,  idest,  picisUquidse  Ncmeliiricie, 


Di-:  LAGRICULTURK,  LIV.  XIL 


liquiclc  tirce  da  pays  des  Nemelurici,  que  ron 
niii-a  delayee  auparavant  avec  soin  dans  de  Tcau 
dc  niei'  cuile,  ou  en  une  livre  et  dcmie  de  tece- 
bentliine.  En  mettant  ces  diofiues  on  agilera 
beaueoup  le  vase  de  plomb  ,  de  peur  ([u'eik's  ne 
brulent.  Loi'squ'ensuite  le  vinseni  rcduitau  tiers 
par  lacuisson,  on  retirera  le  feu  de  dessous,  et 
011  remuera  de  temps  entemps  le  vase  de  ploinb, 
afin  que  Ics  drogues  se  melangent  avec  le  viu 
cuit;  apres  quoi ,  lorsque  le  vin  paraftra  un  peu 
ticdi,  on  le  saiipoudrera  peu  a  peu  avec  d'autres 
aromates  broyes  et  criblcs,  et  on  le  fera  rcmuer 
avcc  uu  rable  de  bois,  jusqu'a  ee  qu'il  soit  re- 
froidi.  Si  Ton  ne  brouillait  pas  lesaromates  dc  la 
mnniere  que  nous  venons  de  prescrirc,  ils  reste- 
raicnt  au  fond  du  vase  et  briileraient.  Voici  quels 
seront  les  parfuras  qu'il  faudra  employer  pour  la 
quantitc  de  mout  que  nous  avons  indiquee:une 
feuille denard ;  une  demi-livre  tant  d'iris  d'IIIyrie 
que  de  nard  des  Gaules,decostus,  de  palmier,  de 
soucliet  et  de  racinc  de  jonc ,  ou  cinq  vnciw  de 
myrrbe;  une  livre  de  canne;  une  demi-livre  de 
cannelle  ;  trois  7/wc/a?d'amomc  ;  ciiiq  de  safran  ; 
une  livre  de  cette  cripa  qui  ressemble  aux  pam- 
pres  de  la  vigue.  II  faut,  comine  je  Tai  dit ,  pren- 
dre  ces  drogues  seches,  les  broyer  et  les  piler 
avant  de  les  eraploycr,  puis  y  ajouter  du  rasis , 
c'cst-a-dire,  d'uueespecc  de  poix  cruc  qui  passe 
pouretred'autant  meilleurcqu'elleestplusvieilie, 
parce  que  le  temps  Tayant  endurcie,  il  est  plus 
facile  de  lareduire  en  poudreen  labroyant,de 
sorte  qu'elle  s'amalgame  mieux  avec  les  autres 
drogues.  Au  rcste,  il  suffira  d'cn  mettre  six  li- 
vrcs  sur  la  quantite  de  drogues  que  nous  venons 
d'indiquer.  On  ne  peut  pas  detcrminer  quelle 
scra  la  qnantite  de  vin  cuit  compnse  de  cette 
niaiiiere  qu'il  faudra  mettre  dans  quaraute-buit 


sextarii  de  moiit  pour  le  frelater,  parce  qiie  c'est 
une  chose  qu'on  ne  peut  estimer  que  d'apres  hi 
qualite  du  vin,  et  (|u'i|  faut  prendre  garde  que 
le  goutdu  vin  n'aniionce  qu'il  cst  fic!al(>,  Incon- 
venientqui  eloigncrait  les  acheteurs.  .le  suis  ce- 
pendant  dans  rhabitude d'en  mettie sur  deux  am- 
phores  de  niout  (c'est-a-dii;e  sur  quatre  urnes, 
rurnc  (■■taut  de  vingt-quatre  .vpxte/vi )  uu  /riens 
lor? que  la  vendange  a ete humide,  ct  un  qxiadrans 
lorsqu'elle  a  ete  seche.  Je  n'ignore  pas  que  qucl- 
ques  agriculteursen  on  mis  jusqu'a  un  quadra^is 
par  araphore  :  niais  je  sais  aussi  qu'ils  ne  Pont 
fait  que  lorsqu'ils  y  ont  (?te  contraints  par  la 
trop  grande  faiblesse  de  leur  vin  ,  (jui  se  serait  h 
peine  coiiservc'  pendant  trente  jours  sans  se  gi;- 
tcr.  Au  reste  ,  si  Ton  ne  manque  pas  de  bois,  il 
sera  eneore  mieuxde  faire  bouillirle  vin  que  Tou 
aura  ainsi  frclat(j,  et  de  le  purger  de  sa  lie  cn 
r^^cumant ,  parce  que  quoiqu'il  se  trouve,  cn 
suivant  eette  niethode,  un  dixierae  dedechetsur 
le  total ,  au  inoins  ce  qui  cn  reste  se  conserve  en- . 
suite  eterncllement.  Mais  si  Ton  n'a  pas  du  bois 
en  abondance,  on  se  contentera  de  inettre  sur 
ehaque  aniphore  de  vin  une  uncia  de  cette  ina- 
tiere  connue  sous  Ic  nom  de  fleur  de  raarbre  cu 
de  piatre,  ou  deux  sextarii  de  vin  cuit  jusqu'a 
diminution  des  deux  tiers;  et  quoique  cette  dcr- 
niere  m(;.thode  ne  donne  pas  au  vin  la  proprielii 
de  se  garder  i'terncllcnu'nt,  elle  lui  fait  au  rauius 
conserver  son  gout  jusqu'a  la  veudangesuivantc. 
XXL  On  fait  cuire  jusqu'a  dimiiuition  dcs 
deux  tiers  un  moiit  dout  lc  goCit  soit  tr(;s-agrca- 
ble,  et  on  lui  donne  le  nom  de  defrutum  lors- 
qu'il  a  pass(3  par  eette  euisson  de  la  mauiere  que 
j'ai  detaill(;e  ci-dessus  :  lorsqu'il  est  refroidi,  o;i 
le  transvase  et  on  le  serre  pour  s'en  servir  au 
bout  d'un  an.  On  peut  ncaumoins'en  raelerdaiis 


tum  cam  ililisenlci-  aiite  aqiia  niarina  dccotta  iiciliicris , 
dccem  scxlarios  :  item  icsinseteiebintliinae  sesnuilibiam. 
H:i'c  cum  adjicics,  phimbeum  pejagitaliis,  nBadiiranliir. 
Cumdcindeadteitiassubsederitcoctura.siibtialie  igncni, 
et  |ilnnibeum  subinde  agilabis ,  ul  defrnlum  et  medica- 
nicnla  coeant :  deinde  cuni  videbilui'  iiiediocriler  calere 
«leliuluni,  leliqiia  aiomala  conlusa  et  cribrala  panlatim 
insperges,  el  jnbebis  rutabulo  ligneo  asitori  qnod  decoxe- 
ris ,  eousqiie  diim  deJrige.scat.  Qnod  Si  iinii  ita  ,  ul  pra;- 
ccpimns,  pcnniscncris ,  subsident  aioniala,  et  adureii- 
tur.  .\(i  prirdicliim  autcm  modum  miisli  adjici  debciil  ii 
odores,  naidi  roliuin,  irisillyiica,  naidumgallicum  ,  cos- 
lum ,  palma,  cypernm  ,  schcenum  ,  qiioruni  siiiftulorum 
sclibi.e  salisfacient : ilem  myrrlia;  qninciinx, calanii  pondo 
libram ,  casiin  sidibram  ,  aniomi  pondo  quailraiis ,  croci 
qniiicnnx.cripa'  painpinacc<£  libram.  Haec,  utdixi,  arida 
contusa  ct  cribrala  debeiit  adjici ,  et  Ins  comniiscci  i  rasis , 
quod  esl  gcnus  cruda!  picis  -.  ca(|ue  quanloest  vctuslior, 
tanlo  melior  babclur.  Nam  longo  lempure  diirior  1'acla, 
cum  est  iMintiisa,  iu  piilvereni  ledigitur,  el  bis  inedicanii- 
uibusadmisietiir.  Satis  est  autem  pr.fdictis  pouderllins 
scx  libras  cjiis  niisccri.  lix  liac  compnsilione,  qiianlum  in 


sextarios  musti  quadragcnos  octonosadjiciendiim  sil,  in- 
certumcst,  qiioniam  pio  natura  vini  ueslimari  oporlel , 
([uod  salis  sit :  cavendumque  est,  ne  conditus  sapor  iii- 
telligalur.  Nam  ea  les  emptorem  fugat.  Ego  lanien ,  si 
liumida  lucrit  viudemia ,  trienleiiij  si  sicca  ,  quadranlem 
mcdicaminis  in  binas  anipboras  miscere  solitus  suni  [ita, 
ut  qnatuor  urnarimi  cssel  miisli  modiis  .  uriia  autem  qua- 
luorel  vigiuti  .sextariorum  ].  Nonnullos  agricolas  singulis 
aniplioris  quadiantein  medicaminis  indidisse  scio  ,  sed 
lioc  coaclos  fccisse  proplcr  niiniain  innrniitatem  vini  ejus- 
nioili,  qiiod  vix  liiginta  dicbiisintegrum  permanebat.  Hoc 
tanien  muslum,  si  sit  lignorum  copia ,  satiiis  est  infeive- 
faiTie  ,  elomneiii  spuniam  cuni  fecibus  expuigare  :  qiio 
laclo  deciina  paisdeci'dct ,  scd  reliqua  pciennis  erit.  At 
si  lignoruin  peniiria  cst,  marmoiis  vel  gypsi,  quod  llos 
appcllalur,  uncias  siugulas ,  itcni  ad  lertias  decocli  defrnli 
scxtaiios  binos  singiilis  aniplioris  miscerc  oportcbit.  i:a 
ifs  cliamsi  non  iii  loliim  perennem,  al  cerle  usque  iu 
alleiam  vindemiam  |ileriiiiiquc  vini  sapnreni  fcrvat. 

XXI.  Miislum  qiiam  dulcissimi  sapnris  dccoqualur  ad 
lertias,  et  decocliim  ,  siciit  siipra  dixi,  defrutum  vnc.n- 
lur ;  i[iioil  ciim  defrixit .  Iransfertur  iii  vasa  ,  et  leponilur. 


40«  COHIMELLE. 

le  vin,  ponrlefrelater,  des  le  neuvieme  jour  qui  i  ii  n'avait  que  des  vignes  marecageuses;  mais 


suivra  sa  cuibson;  mais  11  vaut  mieux  le  laisser 
reposer  un  an.  On  en  met  un  xe.rtarius  sur  deux 
urnes  de  mout  provenu  de  vignes  piantees  sur 
des  coteaux ;  au  lieu  qu'on  en  met  trois  hewhiw, 
si  le  mout  provient  de  vigues  plantees  en  plat 
pays.  Lorsque  le  mout  est  retire  de  la  cuve,  on 
ie  laisse  bouillir  et  S8  purger  pendant  deux  jours , 
et  Ton  n'y  met  le  vin  cuit  que  le  troisieme.  En- 
suite,  aii  bout  de  dcux  autres  jours,  lorsqu'il  a 
cesse  de  bouillir  avec  ce  vin  cuit  et  qu'il  s'est 
purge,  on  y  ajoute  encore  sur  deux  urnes  de  vin 
la  quantite  desel  grille  et  broye  que  peut  conte- 
nir  une  ligula,  ou  une  mesure  de  demi-?(»r/a  bien 
pleine.  On  jette  a  cet  effet  du  sel  tres-blanc  dans 
un  pot  de  terre  cuite  non  poisse  ,  que  Ton  mas- 
tique  ensuite  soigneusementdanstoutesa  surlace 
avec  du  mortier  dans  lequel  il  entre  de  la  pnille, 
et  on  le  met  en  cet  etat  aupres  du  feu  pour  Ty 
laissergrillertant  qu'il  petillera ;  et  desquil  com- 
mence  a  ne  plus  fairede  bruit,  il  est  eensecuit. 
Outre  cela ,  on  fait  tremperdu  fenugrec  dans  du 
vin  vieux  pendant  trois  jours ;  quand  on  Ta  retire , 
on  lefait  secher  au  soleil;  lorsqu'il  est  sec,  on 
le  broie,  et  on  en  met  une  cuilleree,  c'est-a-dire 
le  contenu  du  quart  d'un  cyathus,  sur  deux  ur- 
nes  de  raout  sale.  Ensuite,  lorsque  le  mout  a 
cesse  absolument  dcbouilliretqu'il  esttranquille, 
on  y  met  autantde  ilcur  de  plAtre  qu'on  y  avait 
mls  de  sel ;  apres  quoi  on  neltoie  la  futaille  le 
lendemain,  puis  ou  couvre  le  vin  apres  ravoir 
ainsi  nourri,  et  on  le  bouehe.  Telle  etait  la  me- 
tluide  que  suivait  ordinairement  Columelle ,  mon 
LMiele  paternel  ,  qui  etait  un  celebre  agriculteur, 
pour  frelater  son  vin  dans  les  fonds  de  terre  oii 


lorsqu'il  frelatait  du  vin  de  coteaux,  il  y  mettait 
au  lieu  desel  de  Teau  salee,  cuitejusqu'A  diminu- 
tion  desdcux  tiers.  II  est  ceitain  que  cette  eau 
fait  foisonner  le  vin,  et  qu'elle  liii  fait  acquerir 
une  meilleure  odcur  ;  mais  d'un  autre  c6te  il  y  a 
du  danger  qa'ellene  !e  gate  ,  si  elle  est  raal  euite. 
D'ailk'urs,  on  la  prend,  commcje  Tai  deja  dit, 
le  plus  loin  du  rivage  qu'il  estpossible,  parce 
que,  pluselle  est  puisee  en  haute  raer,  plus  elle 
est  claire  et  pure.  Si  on  la  garde  tres-longtemps 
(comnie  faisaitColiimelle)  en  la  transvasaut  d'a- 
bordau  bout  detroisans  apres  Tavoir  eelaircie, 
eten  ne  la  faisant  cuire  jusqu'a  diminution  des 
deux  ticrs  que  trois  autres  annees  apres,  elle  sera 
bien  raeillenre  pourfrelater  le  vin,  et  il  n'y  aura 
plus  de  risque  qu'elle  le  gate.  Au  surplus,  il  suf- 
fit  de  mettreun  sextarius  d'eau  salee  sur  deux 
urnes  de  moiit,  quoique  bien  des  gens  y  cn  met- 
tent  denx,  et  d'autres  jusqu'a  trois;  et  je  ne  se- 
rais  pas  eloigne  moi-meme  de  m'en  tenir  a  cette 
quantite ,  si  le  vin  se  trouvaitd'assez  bonne  qua- 
lite  pour  ne  pas  d(5voiIer  par  son  goiit  cette 
mixtion  d'eau  salee.  Cest  pourquoi  un  chef  de 
famille  prudent,  qui  aura  fait  une  nouvelle  ac- 
quisition  en  fonds  detcrre,  essayera ,  aussit6t 
apres  sa  premiere  vendange,  trois  ou  quatre 
methodes  de  frelater  le  vin  sur  trois  ou  quatre 
amphores  de  moiit,  afin  de  s'assurer  combien 
le  vin  de  son  cru  pourra  supporter  d'ean  salee  au 
plus,  sans  offenser  legotit. 

XXIL  Pourappreter  et  conserver  lemont,  on 
peut  egalement  se  servir  de  poix  liquide.  Mettez 
une  metreta  de  poix  liquide,  tiree  du  pays  des 
Nemeturici,  dans  un  bassin  ou  dans  un  vaisseau 


iit  postaiimim  sil  in  iisii.  Polost  taiiien  efiani  post  flips 
iioveni,  quam  refiixerit,  adjici  in  vinnm :  sed  mellus 
est,  si  anno  requleveril.  Ejus  unus  sextarlus  in  duas  ur- 
nas  musli  adjicilur,  sl  niustum  ex  vineis  collinis  est  -.  sed 
si  e\  campestiibus ,  Ires  lieminnB  adjiciuntiir.  Patimur  au- 
teni,  cum  de  lacu  mustum  snblalum  est ,  biduo  deferves- 
cere,  et  purgaii.  ■feitio  die  deinitiim  adjiciinus.  Deinde 
interposito  biduo ,  cuni  in  mustum  paiiler  cnm  defrnto 
defcrbiierit ,  puit;aliir,  et  ita  eo  adjicitnr  in  binas  urnas 
li^ula  cnmulata  ,  \el  mensura  semiincl;e  bene  plcnre  salis 
cocli  et  Iriti.  Sal  autem  quam  candidissimus  conjicitur  in 
urceoficlili  sine  pice,  quiurceus,  cum  reccpit  salcm,  di- 
liKenter  tolns  obliniliir  luto  palealo,  et  ila  igni  admove- 
lur, actamdiu  torietnr,  quamdiu  strepilum  edil.  Cum 
silere  coepit ,  finem  liabel  coclurae.  Praeterea  foenum  Gra;- 
cum  inaceralur  in  vino  veteie  per  triduum  •  deinde  cxi- 
mitur,  et  in  furno  siccatur  vel  in  sole  -.  id(]ue  ciim  est  ari- 
dum  lactum,  molltur,  etex  eo  molito  post  saliluram  mus- 
ti  cocblcar  cumulatuni ,  vel  siniile  genus  poculi  ejiis ,  quae 
e.st  qiiarta  pars  cyatbi,  adjicilur  in  binas  urnas.  Deinde 
eum  jam perfecte  mustum  defeibuit  etconstitlt,  tanlun- 
dein  gypsi  ndris  miscemus ,  qiiantum  salis  adjoceramiis  : 
atqneilaposteiodiepurgamusdolium,  et  nutritum  vinum 
opcriinus  alque  oblinimus.  Jlac  conditura  Columella  pa- 


truiis  meus,  illu.stris  agricola ,  uli  .solilus  est  in  iis  fun- 
dis  ,  in  quibns  palustres  vineas  babebat.  Scd  ideiu,  cuni 
collina  vina  condiebat,  aqnaiii  salsam  decoctam  ad  ter- 
tias  pro  sale  adjiciebat.  Eaporro  facit  sinedubio  niajorem 
mensuram  et  odoris  melioris  :  sed  periculum  babel ,  ne 
viliWur  vinum,  .si  male  cocta  sit  aqua.  Sumilur  aulem 
licfic,  ut  jam  dixeram  ,  quam  longi.ssime  a  littore.  Nam 
Iii|iiidior  et  purior  est ,  quantum  altiori  mari  liausta  est. 
Eani  si  quis  (ut  Columella  faciebal)  reponat,  ct  posl 
triennium  in  alia  vasa  eliquatani  transfundat  :  deinde 
post  altenim  trieuiiiumdecoquatusque  ad  parlem  lertinin : 
longe  mcliorem  babebit  conditurani  vini,nec  ullnin  peri- 
culumerit,  ne  vina  vilientur.  Satis  est  antem  sextarios 
singulos  adjiceresalsae  aquae  in  biuas  musli  iirnas  :  qiiani- 
vis  nuilti  etiam  binos  immisccant ,  nonniilli  etiam  teriios 
sextarios  :  idque  [  ego]  facere  non  reciisem  ,  si  geiius  viui 
tanlum  valeat,  utaqiiae  salsae  iionintelligaliir  sapor.  lla- 
que  diligens  palerlamilias  cum  paraveril  fuiidiim,  slalini 
prima  vindemia  tres  autquatuor  nolas  condiliiia'  tulideiu 
amplioiis  musti  experielur.  ut  exploralum  liabi  al ,  quai^ 
tuni  plurimum  sals^e  vinum ,  quod  fecerit ,  sine  otTensa 
gustus  pati  possit. 

XXtl.  Picis  liqnida;  alterum  niedicamen ,  qiio  mustum 
c(Miilias.  Picis  liquidae  Nemeluricie  metretam  adde  iii  la- 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  XII. 

quelconque ,  et  versez  dcssus  deux  congii  de  les- 
sive  de  cendre;  ensuite  remuez  le  tout  avec  une 
spatule  de  bois.  Lorsquecette  nii.\tion  scra  repo- 
see,  videz  Teau  dc  lessive,  ensuite  remcttez-en 
autant  que  la  premiere  fois,  puis  renniez  de  meme 
le  tout  ct  passez-le;  enlin  rcpetez  la  mcmc  opc- 
ration  une  troisleme  fois.  La  cendre  fait  passer 
Todeur  dc  la  poix ,  et  la  purgedeses  immondiccs. 
Ensuite  prenez  cinq  livres  de  poiv  tircc  du  pnys 
des  Bruli/,  sinon,  de  telle  autre  poix  que  ce 
soit,  pourvu  qu'elle  soit  tres-nette.  Pilez  la  bicn 
menue  ct  melez-la  avec  la  poix  tirecdu  pays  des 
rinneturici ,  puis  versez  dessus  dcux  conyii 
d'eau  de  mcr  qui  soit  ou  trcs-vieille ,  si  vous  en 
nvczdetelic,  ou  nouvcllc,  mais  cuitejiisqu'adi- 
minution  dcs  deux  ticrs.  Laissezlc  bassin  decou- 
vert  au  soleil  pendant  le  lever  de  la  Caniculo, 
et  remucz  tres-souvent  cequ'il  contienl  avccune 
spatule  dc  bois,  jusqu'a  ce  que  la  i)oix  qne  vous 
aurcz  ajoutee  la  secondc  foissoit  fondue  dans  la 
premicre,  et  qu'clles  soient  amalgamees  enseni- 
ble.  II  faudra  cependant  couvrir  le  bassin  pen- 
daut  ia  nnit,  de  peur  qu'il  n'y  tombe  de  la 
rosee.  Ensuite,  lorsquc  Tcau  dc  ia  mcr  qiie 
vous  y  aurez  mise  paraitra  ^vaporce  au  soleil, 
vous  ferez  portcr  le  vase  a  la  maison  sans  le  vi- 
der.  II  y  aquelques  personncs  qui  sont  dans  Tu- 
sage  de  mettre  sur  quarante-huit  scxtarii  de  vin 
lc  poids  de  Xtoisuncia'  de  cette  composition,  et 
qui  sc  contentent  de  cette  quantitc  pour  lc  fre- 
later.  D'autres  eu  mettcnt  trois  cijatki  sur  la 
quantite  de  scxtarii  quenous  vcnonsde  dirc. 

XXIII.  Ondonne  le  nom  de  corlicala  a  lapoix 
dont  les  Allobroges  sc  servcnt  pour  freiater  le 
vin.  On  la  fait  trcs-dure,  et  pluselle  est  ancieu- 
neraeut  faite,  meilleure  eile  est  pour  cet  usage , 


parce  qu'elle  pcrd  tout  son  glnant ,  et  qu'il  est 
des  lors  plus  aise  de  la  rcJuire  en  poudre  et  de 
la  cribler.  II  faut  donc  la  broycr  et  la  criblcr 
avant  tout ;  cnsiiite  ,  lorsque  le  moiitaura  bouilli 
pnr  deux  fois,  ce  qui  se  fait  communcment  en 
quatre jours  a  compter  du  monicntou  on  l'a  tire  de 
la  cuve,  on  la  nettoie  avec  soin  cntre  ses  mains , 
et  on  cn  met  un  sextans  et  une  scnnuicia  sur 
qnnraiitcluiit  scxtarii  i\e.  vin  ,  puis  on  Ty  m^le 
avecun  rabledc  bois,  apies  quoi  on  ne  toucln^ 
plus  au  vin  tant  qu'il  bout;  il  ne  faut  cepcndant 
pas  le  laisser  bouillir  plusdequatorzejours^  par- 
tir  du  momcnt  auquel  il  a  ete  frelate.  II  faut  an 
contraire  le  purifier  au  bout  de  quatorze  jours  ,  ei 
s'il  est  reste  de  la  lie  aux  bords  ou  aux  parols  dcs 
vases,  les  ratisser  et  les  fiotter,  pour  les  eouvrir 
et  les  boucher  aussitot  apres.  Mais  si  ron  veut  sc 
servir  de  cette  poix  pour  frelater  le  vin  dc  toute 
une  vendange  ,  de  facon  qu'on  ne  puis.se  pas  rc- 
connaitre  a  son  gont  s'il  est  poisse,  il  suflira 
d'cn  mettre  six  scripula  sur  quarnnte-huit  sex- 
tarii  de  vln  ,  ce  qu'on  ne  fera  qu'aprcs  que  le 
moutaura  ccsse  de  bonillir  et  qu'il  anra  jet^  sa 
lic.  II  fandra  ncanmoins  mettre  enoutrc  une  se- 
mtincia  de  sel  cuit  ct  broye  sur  la  mcme  quan- 
titti  de  mcut.  Au  rcste,  cc  n'est  pas  seulement 
dans  le  viu  poisse  qu'il  faudra  n^ettre  du  sel, 
mais  on  en  raettra  la  meme  quantite ,  si  faire  se 
pent ,  sur  tclle  espcce  de  vendange  et  en  tel 
pays  que  cc  soit ,  parceque  cette  precaution  em- 
pechera  le  vin  de  conserver  aucune  moisissure. 
XXIV.  La  poix  du  pays  des  Nemclurici  .se 
fait  dans  la  Lignrie.  Pour  la  rcndre  propre  a  fre- 
later  le  vin  apres  qu'elle est  faite ,  il  faut  piendrc 
en  pleine  mer  ct  trcs-loin  du  rivage  de  Tcau,  que 
Ton  rcduira  a  moitieparla  cuisson  :  lorsque  cette 


bruin,  aiil  in  alvciim,  el  in  mdmi  infiiiulila  riiicils  li\i- 
viae  congins  diios,  (lcinilc  pcrniisccli)  s|ialli.i  lisnca.  Ciiiii 
rcquieverit ,  eiiqiiato  liviviain  :  (lciiidc  ilcnini  lanliindeni 
lixiviae  addito,  eodem  paclo  |.crini-cclii,  ctcliquato.  Ter- 
tio  quoque  idem  facilo.  Cinis  .inlcm  odorcni  picis  aufei  t, 
et  eluil  spnrciliam.  Post  eodem  addilo  picis  I!ruti:c,  si 
minus,  atterius  nota;  quam  puri.ssimx  quiiiqne  liliras. 
Ha-c  miniile  concidito,  et  adniiscelo  pici  Xemeluiicc. 
Tum  aqna>  mariiiaeqiiam  vetustissima^,  sierit ;  si  miniis, 
ad  lerliam  partem  recenlis  aqu.Tinariii.T  decoctifi  con^ios 
duos  injicito.  .Apertnm  labrnm  sinito  in  sole  per  Canicula; 
orlum  ,  ct  spallia  li^iica  permi.sceto  quain  Sicpissime ,  us- 
que  eo,  dnin  ea  quic  addiderls ,  in  pice  colliqiiescant ,  el 
unitas  fial.  Noclibus  aulem  labriim  operire  convcniet,  iie 
irrorelur.  Deindecum  aqua  marina.qiiam  addideris,  sole 
consumpta  videbitur,  snb  tectnm  vas  totum  ferrc  curabis. 
Hiijiis  auleni  medicaminis  qnidam  pondo  qnadrantem  in 
sextarios  xi.viii  miscere  soliti  sunt,  ct  bac  coiulilura  coii- 
tciiti  cssc.  Aiii  cvalbos  tres  eiiis  medicamenti  adjiciiiut  in 
tolidcm  sextarios,  qnot  supra  diximus. 

XXIII.  l'ix  corticata  appcllatur,  qiia  utnnturiid  condl- 
tnras  Alloliroges.  Ka  sic  coulicilnr,  iit  iliira  sil,  et  quanlo 
faclacst  veluslior,  eo  inelior  in  usn  csl.  ^am  oniiii  lciilorc 


nnsso,  facilius  iii  pnlvcrcin  rcsolvilur  atqiic  cribialur. 
Hanc  ergo  coulcri  et  cribiari  oporlct  :  dcindc  ciiin  bi..i 
miistum  deferbnerit,  qnod  plcruniipie  cst  inlra  quartum 
dicin,  quani  de  lacii  sublatiimest,  dilii^cnlcr  manlbus 
expiirgatur,  et  liinc  demum  pnKdictic  picis  sexlans  et  se- 
miincia  in  scvtaiios  qiiinque  et  qiiinquaginl^i  adjicitur,  ct 
riiiabulo  ligneo  peiiniscelur,  ncc  po^lca  tan;;ilur,  duin 
confcrvescat  :  <piod  taiiicii  iion  aiiipliiis  dicbus  (pialuor- 
dccim  acoiidiliira  p.iliciiiluin  csl.  N.iin  oporlcljil  po^t  liiiiic 
niimeriim  dicruin  coiircslini  viiiiiin  cnuiinlaic,  cl  si  (piid 
fccis  aiit  labrls  vasorum  aiit  lalcrlliiis  inh.csil,  ciiidi,  iic 
suffricari ,  et  protinns  operculis  iniposllis  olilini.  At  si  c\ 
eadeni  plce  bjtam  viudeniiam  condiie  volueris ,  ita  ne  j;iis- 
tus  pic.ali  vini  possit  intelllKi,  sat  erit  cjiisdcm  picis  sci 
scripula  in  sexlarios  quinque  ct  qiiadraginta  Umi  demiim 
miscerc,  ciim  mustum  defiM buerit ,  el  feces  cxpnrgalic  f iie- 
rint.  Oportcbit  aiitem  salis  dccocli  contritiquc  scmimciain 
in  cimilcin  moduin  musli  adjicere.  Nec  soluin  buic  iioUe 
vini  sal  adliibeiidiis  est ;  veriiin ,  si  lieri  po.ssit,  in  omnibus 
rcslonibns  omiie  gcMins  vindemi.T  lioc  ipso  pondcrc  siilicn- 
duin  est  :  nam  ca  rcs  muiorcin  vino  iiicsse  non  piililnr. 

XXIV.  I'ix  Kcmeiiiiica  in  I,i;;uriaconlicilur.  l'.a  dcindc 
iil  llal  condilnris  idoiica,  a<pia  inarina  qiiain  longifsime  i 


COLUMELLK. 


eaii  sera  refroidie  au  point  de  ne  plus  Ijruier  !a 
main  lorsqu'on  l'y  plongera,  on  en  \ersera  ce 
qu'on  jugera  suffisant  sur  cette  poix,  et  on  ia 
renniera  soigiieusement  avec  une  spatule  de  bois 
ou  avec  ia  main ,  alin  de  la  delivrer  de  toutes 
lt's  impuretis  qui  pourraient  y  etre  restees.  En- 
suite  on  laisseia  la  poix  toniber  au  fond  ,  et 
on  videra  IVau  ;  apres  qiioi  on  la  lavera  dcux 
ou  trois  fois  avec  ce  qui  'etait  reste  deau  euite , 
et  on  la  petrira  jusqu'a  ce  qu'elledcvienne  bril- 
lante  :  enfin  ,  apres  Tavoir  passee ,  on  la  laissera 
quatorze  jours  au  soleil ,  afin  que  toute  rhumi- 
dite  qu'elle  aura  pu  contractcr  dans  Teau  se 
tarisse.  Mais  il  faudra  couvrir  pendaut  la  nuit 
le  vase  dans  lequel  on  Taara  mise  ,  de  peur  qu'il 
n'y  tombe  de  la  rosee.  Lorsqu"on  Taura  pre- 
paree  de  cette  maniere,  et  qu"on  voudra  frclater 
son  vin ,  on  mettra  deux  cyath  i  do  cette  poix  sur 
quaraute-huit.sM:to;7'j  demout,  apresqu'il  aura 
bouilli  deux  fois.  11  faudra  separer  a  cet  effet 
ieux  sextarii  de  movit  sur  le  total  dece  que  ron 
voudra  frelater ,  pour  los  vcrser  pcu  a  peu  sur 
m  sextanx  de  poix,et  la  petrir  eusuite  a  la 
main ,  comme  on  le  pratique  h  Tegard  du  vin 
mele  de  raiel ,  afin  qa'elle  s"amalgame  pkis  aise- 
ment  avec  le  mout.  Mais  quand  ces  deux  scx- 
tarii  serontentiercmentaraalgames  avec  la  poix, 
et  qu'ils  ne  feront  plus,  pour  ainsi  dire,  qu'une 
seule  substance  avec  elle ,  il  faudra  pour  lors  les 
rcverser  dans  le  vase  dont  on  les  avait  tires  d'a- 
liord,  et  en  remuer  le  mout  avec  un  rable  de 
linis,  afia  quelle  se  mele  bien avec  cette  compo- 
sition. 

XXV.  Comme  quelques  Grccs,  pour  ne  pas  dire 
tous ,  frelatcnt  le  mout  avcc  de  Teau  salee  ou  avec 
de  la  sauraurc ,  je  ;i'ai  pas  cru  devoir  passer  sous 


silence  ce  genre  d'6eonomie.  Voici  comrae  il  fau- 
dra  s'y  prendre  dans  les  pays  qui  sont  situes  au 
milieu  dcs  terres,  et  ou  ron  ne  peut  pas  se  pro- 
curcr  aiseraent  de  Teau  de  mer,  pour  faire  une 
snumure  propre  a  ces  sortes  de  mixtions.  Cest 
i'cnu  de  pluie  qui  est  la  plus  convenable  poup 
cetteoperation,  et  a  son  defaut  celle  qui  coule 
d'une  source  tres-limpide.  On  aura  donc  soin  de 
mettre  au  soleil  cinq  ans  d'avanee  une  tres-grande 
qunntite  de  Tune  ou  Tautre  de  ces  eaux  ,  en  la 
renfermantdansd'excellents  vases:  ensuite,  lors- 
qH'elle  sera  pourrie,  on  la  laissera  reprendre 
d'elle-meme  son  premier  6tat.  Quand  elle  Taura 
repris,  on  aura  d'autres  vases  dans  lesquels  on 
la  passeradoucementjusqu'aeequ'on  soit  arrive 
a  la  lie  :  car  on  trouvetoujours  un  sediment  epais 
au  fond  d'une  eau  qui  a  ete  en  repos.  Apresees  pre- 
miers  soins,  il  fnudra  la  faire  bouillir  jusqu'a  di- 
minution  des  deuxtiers,  corame  du  vineuit :  en- 
suiteon  mettrasur  cinquante  sextarii  de  cette  eau 
douce  un  sextarius  de  sel  avec  autant  d'excellent 
niiel.  II  faudra  euire  tout  ce  melange  ensemble, 
et  le  purger  de  toutes  ses  iramondiccs.  Ensuite, 
lorsqu"il  sera  refrnidi ,  on  mettra  ce  qui  en  res- 
tera  dnns  une  amphore  de  mout.  Si  Ton  a  sa  terre 
pres  de  !a  mer,  il  faudra,  pendant  qu'il  ne  fera 
point  de  vcnt  etque  la  mer  sera  bien  calme ,  pui- 
serde  Teau  en  plcine  mer,  et  la  faire  bouillir 
jusqu'adiminu!ion  desdeux  tiers,  en  y  ajoutant, 
si  on  le  juge  a  propos ,  quelques  aromates  pris 
dans  le  nombre  de  ceux  que  j'ai  dctailles  ei-des- 
sus  ,  afin  que,  Iorsqu'o'i  i'emiiloiera  dans  le  vin, 
elle  luidonne  plus  d'odeur.  Mnis  avant  de  tirer 
ie  mout  de  la  euve ,  on  parfumera  les  vases  dans 
lesquels  on  doil  le  niettre,  soit  avec  du  romarin, 
soit  avec  du  laurier  ou  du  niyrte ,  ct  on  les 


liUorede  pclago  siimenda  est,  ati|no  iii  dimidiam  partem 
decoquenda:  qiia;  ciim  iii  lanfiim  lefrixeiit,  qiiaiUum  ne 
c.ontacta  corpiis  urat,  partem  aliquam  ejiis,  qiiae  satis  vi- 
debitiir,  proediclae  pici  immisceliimus,  et  diligenter  lignca 
spatlia  vel  etiam  nianu  peragitaliimiis ,  ut  si  quid  inest 
viUi  eluatur.  Deinde  patiemur  piceni  considere ,  et  cum 
siderit,  aquam  eliqiiabimus  :  postea  bisantterex  reliqua 
[Kirte  aqiiBC  dococtie  taindiu  lavabimus  et  subigemus  eam , 
donec  rutila  (iat  :  tnm  eliquatam  in  sole  quatnordecim 
diebus  paliemiir  esse,  ut  qiiisqiiis  cx  aqiia  liiimor  reman- 
sit,  ;issiccetiir.  Noctibus  aulem  vas  le!;eniliini  crit,  ne 
irroretur.  Cum  boc  nioiio  iiicem  prippaiaverimiis ,  et  viua , 
ciim  jam  bis  deferbuerint ,  condire  voliierimns,  in  niusti 
sextarlos  octo  ct  qnadraginta  cyallios  diios  picis  pra>dicta; 
sic  adjicicmus.  Ex  ea  mensura,  qiiam  condituii  sumiis, 
sexlarios  diios  iniisli  siimere  oportebit,  deinde  ex  bis  sex- 
lariis  in  picis  sexl.iiilciu  paulatim  muslnm  infundere,  et 
manu  lanqiiain  iiiulsnm  suliigere,  quo  facilius  coeat.  Scd 
ubi  toti  duo  sextarii  cum  pice  coierint,  et  quasi  unitatem 
fecerint,  tum  eosdem  in  id  vas,  unde  sumpseramus,  per- 
tundere.elut  permisceatur  medicamen,  rnlabulo  ligneo 
peragitare  conveniet. 
XXV.  Qiioniamquidam,  inimocliam  fereoninesGra>ci, 


aqiia  salsa  vel  marina  niustum  condiunt,  eani  quoqiie 
parlem-curae  non  omiltendam  putavi.  In  mediterrar.eo , 
qiio  non  est  facilis  aquai  mariuse  inveclio ,  sic  eiit  ad  con- 
ditiiras  conficienda  muria.  Huic  rei  niaxime  est  idonca 
ca'leslis  aqna ;  si  niiniis,  ex  foute  liquidissiino  prolliiens. 
Harnm  ergo  alterutram  curabis  quam  pluiiinam  et  quam 
oplimis  vasis  conditam  ante  quinquennium  in  sole  ponerc  : 
deinde  ciim  computruerit ,  tamdiu  pati ,  donec  ad  pristi- 
nuni  niodiim  pervcniat.  Quod  cum  factum  fuerit,  alia  vasa 
babclo,  el  in  ea  sensim  aqiiam  eliqnato,  donec  ad  fecein 
perveiiias.  Semper  enini  in  requiela  aqiia  crassamen  aliquod 
iu  imo  repcrilur.  Sic  cui  ata  cum  fuerit ,  in  modum  defruti 
ad  terlias  decoqiienda  esl.  Adjiciuntur  autera  in  aqu»  dul- 
ris  sextarios  quinquaginta,  salis  candidi  sexlarius,  et 
mellis  optimi  unus  sexlarius.  Ha-c  pariler  decoqui .  el 
omnem  .spurcitiam  expnrgari  oportet.  Deinde  cum  refrixe- 
rit ,  lum  quantumciintpie  lnimoris  est ,  tantum  in  amplio- 
raiii  niHsli  porlionem  adjici.  Quod  si  ager  marilimus  esl, 
silentibus  venlis  de  aito  quam  quieti.ssimo  mari  suuienda 
est  aqua  ,  et  in  lerliam  parlem  decoquenda  ,  adjectis ,  si 
vidcbilur,  aliquibus  aromalis  ex  iis  (\ate  supra  retuli ,  iil 
sit  odoralior  vini  curalio.  Mustum  autem  aiitequani  de 
Ijcu  tollas ,  vasa  rore  marino  vel  lauro  vel  mjrto  siiffii- 


DE  LAGIUCULTURE,  LIV.  XIL 


rcmplira  jusquaux bords,  afin  que  le  vin  se purge 
bien  eii  bouillaiU;  ensuite  on  frottcra  le  bord  des 
\asesavecdes  poinmes  depin.  II  faudra  IVelater 
le  vin  le  lendeiuain  du  jour  cju'on  l'aura  tire  de 
la  cuve  ,  si  on  veut  le  rendre  plus  doux  ,  et  cinq 
jours  npres,  si  on  veut  1'avoir  plus  dur ;  on  bou- 
chera  aussi  !es  vases  apr^s  lcs  avoir  remplis  a 
mesure  qu'ils  auront  souffert  du  dechet.  II  se 
trouve  des  personnes  qui,  apres  avoir  pnrfume 
les  eruches ,  commencent  par  y  mcttre  les  com- 
positions  dont ils  se servent  pour  frelater  le  moiit , 
avant  de  \'y  verser  lui-meme. 

XXVL  Dans  les  terroirs  oii  le  \in  a  coutume 
de  s'aigrir ,  11  faut ,  des  qu"on  aura  cueilll  et  foule 
le  raisin,  et  avant  dcn  porter  le  marc  au  pres- 
soir,  avoir  soiu  de  verser  le  mout  dans  un  pa- 
nier,  et  d'y  ajoutcr  un  dixleme  d'eau  douce  ti- 
rce  d'un  puits  creuse  dans  le  terroir  meme  ;  enfin 
de  le  cuire  jusqu'a  ce  qu'il  solt  diminue  d'une 
quantite  parcille  a  celle  de  Teau  qu'on  y  aura 
ajoutee.  Ensuite  ,  lorsqu'il  sera  refruidi,  ou  le 
versera  dans  des  vases  que  ron  couvrira  et  que 
Toa  bouchera;  moyennant  quoi  il  se  conservera 
plus  longtemps  sans  s'alt6rer  en  aiicuDe  facon. 
11  sera  raieux  d'y  mettre  de  vieille  eau  que  fon 
aura  gardee  pendant  plusieurs  annees,  quoique 
le  meilleur  encore  sera  de  n'en  point  mettre  du 
tout,  mais  de  le  cuire  jusqu'a  diniinution  d'un 
dixieme,  et  de  le  transvnser  lors([u'il  sera  froid, 
commeaussi  d'y  ajoutcr  unc  hcmina  de  gypsur 
sept  sexlaril  de  mout ,  lorsqu'il  sera  refroidi 
npres  la  cuisson.  Quant  au  reste  du  moiit  qu'aura 
rendu  le  marc  pressure ,  il  faudra  !e  consommer 
au  preraier  moment ,  ou  le  vendre. 

XXVIL  Maniere  de  faire  du  vin  tres-doux. 
Etendez  au  soleil  pendant  troisjours  les  grappes 
de  rnisin  que  vous  aurez  cueillies;  le  quatrieme 


jour  foulez-les  a  raidi  peiulant  qu'elles  scroni 
chaudes  ,  et  prenez-en  ie  vin  de  mere-goutte , 
e'est-a-dire,  celui  qui  aura  coule  dans  la  cuv 
avantque  le  raisin  ait  etepressure  :  lorsqu'ilaura 
cesse  de  bouillir  ,  mcttez-y  iine  uncia  d'iris  bien 
broyee,  mais  pns  davantnge ,  sur  cinqunnte  snx- 
iarii  de  vin ,  et  vcrsez-le  dans  dcs  vascs  aprcs 
Tavoir  purge  de  sa  lie  en  le  passanl.  Ce  vin  ne 
sera  pas  moins  agreable  que  durable  ct  salutaire 
au  corps. 

XXYIIL  Maniere  de  compnser  d'autres  sortes 
de  mixtions  excellentes  pnur  frelater  le  vin,  et 
le  rendre  durable.  Broycz  de  l"iristres-l)lanche  , 
faites  infuser  du  fenugrec  dans  de  vieux  viu, 
puis  exposez-le  au  soleil  ou  mettez  le  au  four,  aliii 
qu'il  se  si^che ;  apres  quoi  vous  le  raniKlrez  tres- 
fin.  Ensuite  melez  ensemble  des  parfums  broyes , 
eonsistant  en  un  qnincunx  et  un  triens  a  peu 
pres  d'iris  criblee,  autant  de  fenugrec,  et  uii 
quincunx  de  racine  de  jonc;  puis  vous  mettrcz 
dans  le  vin  une  uncia  et  huit  scripula  de  cette 
mixtion  par  cruehes  de  la  contenH.nce  de  sept  ani- 
phores,  avee  Xrmihenuna;  de  gyp,  sl  le  mout 
provient  de  terroirs  raareeageux;  un  sextarius^ 
s'il  est  fait  avec  du  raisin  de  jeunes  vignes ,  et 
une  Iicmina ,  s'il  est  fait  avec  du  rnisin  d'ancieii- 
nes  vignes  piantecs  dans  des  terroirs  secs.  II  faut 
mcitrecesiiigredients  trois  joursapresque  le  rai- 
sln  nura  ete  foule ;  n),-us  avant  de  faire  cette  ope- 
ration  on  survidera  un  peu  de  niout  d'une  cru- 
clie  dans  une  autre ,  de  peur  qu'cu  bouillant  avee 
la  mixtion  lorsquil  sera  frelate,  11  iie  s'enfuie. 
On  melera  dans  un  petit  bassin  ce  qu'il  faudra 
de  gy p  et  d'autics especes  d'ingredients  pour  eha- 
que  eruche  ,  et  apres  les  y  avoir  delaycs  avec  du 
mout,  on  les  versera  dans  les  cruches,  oii  on  les 
melera  bien  :  des  que  le  vin  aura  cesse  dc  bouil- 


mis;;ito,ct  large  rci)leto,  iit  iii  cffervesceiulo  vinuni  se 
beiie  purget.  Postea  vasa  micibus  piueis  suffricato.  Quoil 
vinuniToluerisilulcius  esse,  postero  die;  quodausterius, 
quinto  die  quain  susluleris ,  condire  oportebit ,  et  ita  sup- 
plere,  et  oblinire  vasa.  KonnuUi  etiani  sufrumigalis  seriis 
prius  condituram  addunt ,  et  ita  miistum  infiMulunl. 

XXVI.  In  quo  agio  vinum  acescerc  solct,  cuiandum 
csl,  ut  cuin  uvam  legcris  et  calcaveris ,  piius  qnam  vina- 
cea  lorculis  exprimanlur,  mustum  in  cortinam  dcfundas , 
i'l  aquac  dulcis  putcaua;  ex  eodem  agro  partem  decimam 
adjicias,  et  coquas,  doncc  ea  aqua,  quam  adjeceris  ,  de- 
i-,ncta  sit.  Postea  cum  refrixerit ,  in  vasa  dcfundas ,  et 
operias,  et  oblinas  :  ita  diutius  dnrabit,  ct  delrimenli 
iiiliil  fiet.  Slelius  cst,  si  vetcrem  servatam  compluribiis 
annis  aquam  addideris ;  longcque  mclins  si  aquae  niliil  ad- 
didcris,  ct  dccimam  musli  deaixeris,  fiigidumqiic  in  vasa 
transtnleris,  ct  si  in  sextarios  vii  musti  lieminam  gypsi 
miscneris,  posteaqiiamdecoctumrefrixerit.  Rcliquuni  inu- 
sliim ,  qiiod  c  vinaccis  fucril  cxprcssnni ,  primo  quoquc 
tiuipore  absumilo ,  ant  aere  coininulato. 

XXVII.  Vinnm  dulce  sic  faccrc  oporlet.  Uvas  lcgilo ,  in 
solc  per  Iridunni  ixpaiigilo,  quarto  die  ineridiano  tempoie 


calidas  uvas  proculcato,  niustum  lixivium,  lioc  cst ,  anle- 
quam  prelo  pic.ssiim  sit,  quod  in  lacum  musti  Huxeiit 
tollilo  :  cnm  deferbuerit,  in  sextarios  qninqnaginla  irini 
bene  pinsitam  nec  plus  unciae  pondere  addito,  vinum  n 
fecibus  eliqnatum  diffnndito.  Hoc  vinum  eril  suave,fir- 
muni ,  corpoii  salubre. 

X.VVIII.  Alia  medicaminum  genera  vini  condituris  ct 
nnnitati  aptissima  sic  lacito.  Irim  quam  candidis^iinaiu 
pinsilo ,  fipniim  Gioecum  veteie  vino  macerato  :  dcinde  iii 
solc  cxponilo  aut  iii  furno,  ut  siccescat :  lum  commolito 
niinuli.ssiine.  Item  odoramenta  trila,  id  est,  iiim  ciibra- 
tain,  quic  sit  iiistar  pondo  quincuncem  et  Iriuntem,  fceni 
Gra'ci  pondo  quiiicnnceiii  et  trienteni ,  .sclia;ni  pondo  quin- 
ninccm  in  uniini  pcriiiisccto  :  liini  in  scrias  singiilas  qihT 
sint  amplioranim  ,se|)tenum,  addilo  mcdicaminis  pondu 
iinciam  et  scripula  octo  :  gypsi,  cum  ex  locis  paliistribus 
inuslum  crit,  in  scrias  .singulas  ternas  licminas;  cum  de 
novellis  vincis  erit,  .sexlarium;  cum  de  vetcribus  et  locis 
siccis,  licminassingulasadjicito.  Tertio  dic  quani  calcavc- 
ns,  conditnram  inriindilo,  sed  antequam  condias,  musti 
aliquantum  in  seriam  dc  seria  Iransfei  io  ,  iie  in  condiend» 
cum  medicamenlo  cfrerve.sr:\t  clflii.it.  Sic  aiilem  cmalnui 


COLUMELLE. 


lir,  on  remplira  les  cruches  et  on  les  bouchera. 
Toutes  les  fois  que  vous  aurez  frelate  du  vin, 
gardez-vous  de  le  verser  aussitotdans  des  vases  , 
mais  laissez-le  reposer  dans  les  futailles;  et  lors- 
que  vous  voudrez  le  trausvaser  des  futailles  ou 
des  cruches  dans  d'aulres  vases ,  ayez  soin  que 
ceux-ei  soient  bien  poisses  et  bien  propres,  et  ne 
faitescette  operatiou  qu'au  printemps,  quand  les 
roses  seront  en  fleur,  et  que  le  vin  sera  purifie  et 
parftiitement  clair.  Si  vous  voulez  ie  garder  long- 
tenips,  mettez  sur  un  baril  de  la  contenance  de 
deu.x  urnes  un  sextarius  d'excellent vin ,  ou  trois 
sexiarii  de  lie  de  bon  vin  qui  soit  nouvelle ;  ou 
si  vous  avez  des  vases  dont  vousayez  tire  recem- 
meutlevin,survidez-ledansces  vases.  En  suivant 
i'une  ou  fautre  de  ces  methodes ,  le  vin  sera  bien 
meilleur  et  bien  plus  durable  :  et  pour  peu  que 
vous  y  ajoutiez  en  outre  de  bonnes  odeurs , 
vous  en  ecarterez  toutes  les  mauvaises  ,  ainsi  que 
toutes  les  sortes  de  mauvais  gout ,  parce  qu'il 
n'y  a  rien  qui  attire  plus  les  odeurs  etrangeres 
que  le  vin. 

XXIX.  Manitre  dont  il  faut  s'y  prendre  pour 
faire  que  le  mout  soit  toujours  aussi  doux  que 
dans  sa  nouveaute.  Avant  de  porter  le  marc  au 
pressoir,  mettez  dans  une  amphore  neuve  du 
mout  tres-nouveau  au  moment  que  vous  Taurez 
tire  de  la  cuve  ,  bouchez  cette  amphore,  et  en- 
duisez-la  bien  exactement  de  poix,  afin  que  Teau 
ne  puisse  pas  y  penetrer  ;  ensuite  plongez-la ,  de 
faoon  qu'elIesoitentierement  submergee,  dansun 
reservoir  dont  Teau  soit  fraiche  et  douce ,  et  reti- 
rez  ren  quarante  jours  apres ;  vous  aurez  par  ce 
raoyen  du  vin  qui  se  eonservera  doux  pendant 
une  annee  entiere. 

XXX.  Du  moment  oii  Ton  aura  couvert  les 

Sjpsum  et  mcdicanientiim  in  labello  permiscelo,  qiianliim 
scriis  singiilis  fueiil  necessaiium  ,  idqiie  meiiicamentuni 
muslodiluito,  etipsa  adsorias  addiloel  pcrmiscelo  :  cum 
dererlmerit,  slatim  replelo  et  oblinito.  Omue  vinum  cum 
condieris,  nolilo  slalim  diftuudeie,  sed  siiiilo  in  doliis  li- 
«piesceie :  postea  cuni  de  doliis  aut  de  scriis  diffimdeie 
voles,  per  ver  florenle  losa,  dcfecalum  qiiani  liinpidissi- 
mnm  in  vasa  bene  picata  et  puru  tiaiisfeito.  Si  in  veliisla- 
tem  seivare  voles ,  in  cado  duarnm  urnariim  quam  optiini 
vini  sextaiium  ,  aut  fecis  generosae  recentis  sexlarios  tres 
addito  :  aut  si  vasa  leceulia ,  ex  quibus  vinum  exemptum 
sit,  babebis,  in  ea  confundito.  Si  liorum  qnid  feceris , 
inullo  melius  et  firmius  erit  vinum.  Etiam  si  bonos  odores 
addiderls ,  onuiem  maliira  odorem  et  saporem  proliibue- 
lis  :  nam  niilla  res  alienum  odorein  celerius  ad  se  ducit, 
quain  vinuni. 

XXIX.  Mustiim  nt  semper  dulce  tanqnam  recens  per- 
nianeat,  sic  facito.  .\nleqnam  prelo  vinacea  snbjicianlur, 
<le  lac.u  quam  rccentissimum  addilo  mustum  in  ampboram 
iiovam,  eainque  oblinito,  et  impicalo  dilisenler,  ne  qiiid- 
quaui  aqna;  introire  possit :  tunc  in  piscinam  frigidse  et 
diilcis  aqua:  totam  ampboram  mergito,  ila  neqiia  pars 
exstct;  deindc  post  dies  xl  eximito  :  sic  usque  in  annuiii 
<lu!cc  pcrmanebit. 


futaiIlesjHsqu'ti  requinoxeduprlntemps,  i!  suf- 
firade  soigner  le  vin  une  fois  tous  les  trente-six 
jours;  au  lieu  que,  passe  l'equinoxe ,  il  faudra 
le  faire  deux  fois  ou  plus  souvent,  si  les  fleurs 
commencent  a  s'y  mettre,  de  peur  qu'elles  ne 
tombent  au  fonddes  futailles,  et  qu'ellcs  n'alte- 
rent  le  gout  du  vin.  Plus  la  chaleur  sera  grande, 
plus  il  faudra  soigner  le  vin  souvent ,  le  rafrnichir 
ct  lui  donner  de  Tair,  parce  qu'il  se  conservera 
toujours  en  bon  etat  tant  qu'on  le  tiendra  bien 
frais.  Toutes  les  fois  que  Ton  soignera  le  vin ,  on 
frottera  les  bords  ou  les  ouvertures  des  futailles 
avec  des  porames  de  pin.  Si  vous  avez  des  vins 
trop  durs  ou  qui  ne  soient  pas  bons ,  soit  par  le 
vice  du  terroir,  soit  a  cause  des  mauvais  temps 
qui  seront  survenus,  prenez  de  la  lie  de  bon  vin, 
et  faites-en  des  pates  que  vous  secherez  d'abord 
au  soleil  et  que  vous  cuirez  ensuite  au  feu ;  apres 
quoi  vous  les  broierez  et  vous  en  mettrez  un  qxior 
drans  dans  chaque  amphore  que  vous  boucherez , 
et  le  vin  se  bonifiera. 

XXXL  Si  quelque  animal ,  tel  qu'un  serpent , 
un  rat  ou  une  souris ,  vient  a  tombcr  dans  le 
mout  ct  qu'il  y  perde  la  ^ie;  pour  eviter  qu'il 
ne  fasse  contracter  au  viu  une  mauvaise  odeur, 
brulez  son  corps  tel  que  vous  Taurez  trouve ,  et 
jetez-en  la  cendre,  quand  elle  sera  refroidie, 
dans  le  vase  ou  il  sera  tombe,  puis  m6lez-la  avec 
un  rAble  de  bois  :  ce  sera  le  vrai  remede. 

XX.XIl.  Bien  des  personnes  croieut  que  le  vin 
de  marrube  est  bon  pour  toutes  les  maladies  in- 
ternes,  et  surtout  pour  la  toux.  Lorsque  vous 
ferez  la  vendange,  cueillez  de  jeunes  tiges  de 
marrube,  principalement  dans  les  terrains  incul- 
tes  et  maigres,  et  faites-Ies  secher  au  soleil ;  apres 
quoi  vous  les  lierez  en  petites  bottes  avec  une 

XXX.  Ab  eo  fempore  quo  primum  dolia  operculaveris, 
usque  ad  ;equinoctium  vernum  semel  in  diebus  xxxvi  vi- 
num  curare  satis  est,  post  a>quinoctium  verniim  bis,  aut 
si  viniim  (lorere  incipiet,  soepins  curare  oportebit  :  ne  flos 
ejus  pessnm  eat,  et  sapoiem  vitiet.  Quanto  major  aestus 
erit,  eo  sa^pius  convenit  vinum  nutriri  refrigerariqiie,  et 
venlilari  :  nain  quamdiu  bene  frlgidum  erit,  tamdiu  recte 
manebit.  Labra  vel  fauces  doliorum  seinper  suffricari  nu- 
cibus  pineis  oporlebit,  quoties  vinuni  curabitur.  Siqua 
vina  erunt  duriora  aut  niinus  bona,  quod  agri  vitio  aut 
tcmpestate  sit  factum,  sumito  fecem  vini  boni,  et  paues 
facito  ,  et  in  sole  arefacito  ,  et  coquito  in  igne  :  postea  le- 
rilo,  et  pondo  quadrantem  ampboris  singulis  infricato, 
et  oblinito ,  bomim  fiet. 

XXXI.  Si  quod  animal  in  mustum  ceciderit ,  et  interie- 
lit,  nti  serpens  aut  mus  sorewe,  ne  mali  odoris  vinuin 
faciat,  ita  ut  repertum  corpiis  fuerit,  id  igne  adoleatur, 
cinisque  ejus  in  vas ,  quo  deciderat ,  frigidus  infundatiir, 
atqne  rutabulo  ligiieo  perniisceatur  :  ea  res  erit  remedio. 

XXXII.  Vinum  marrut)ii  multi  utile  putant  ad  omiiia 
inlestioa  vitia,  et  maxime  ad  tussim.  Ciim  vindemiaiii 
facies,  marrubii  caules  teneros  maxime  dc  locis  incultis 
et  macris  legilo ,  eosquc  in  sole  siccato  :  deinde  fasciculos 
fr.cilo,  ct  tomicc  palmea  aiit  jiincea  ligato,  et  in  seriam 


Dl':  LAGRICULTURK,  LIV.  Ml. 

ficelle  de  palniier  ou  de  jonc,  et  vous  lcs  niettrez 
dans  uiie  cruche  de  vin  ,  de  facon  que  la  linature 
ne  soit  pas  ploni^ee  dans  le  vin.  On  niet  sur  deux 
cents  scxtarii  de  vin  doux,  huit  livres  du  niar- 
rube,  qu'on  laisse  bouillir  avec  le  raoiit;  apres 
quoi  on  les  retire,  et  Ton  bouehe  exactement  ce 
viu  ainsi  medicaraente. 

XXXIll  Maniere  depreparer  le  vin  de  scille, 
qul  est  bon  pouraidcr  la  digestion,  pour  refaire 
lc  corps,  ainsi  que  pour  les  toux  anciennes et  ppur 
restomac.  On  cueille  la  scille quarante  jours  avant 
la  vendange  ,  et  oii  la  coiqie  comrae  des  raci- 
nes  de  raifort  en  tres-petils  niorceaux,  que  Tou 
suspend  a  rorabre  alin  qu'ils  se  seehent  :  lors- 
qu'ils  sont  seches,  on  en  niet  une  livre  sur  qua- 
rante-huit  scxt.arii  de  moiit  Araine,  et  on  Ty 
laisse  trenle  jours;  apres  quoi  on  Ten  retire  ,  et 
on  verse  ce  vin  ,  apres  Tavoir  cclairci,  dans  de 
bonnes  amphorcs.  l)'autresauteiu's  veulentqu'on 
mette  sur  quarante-huit  sextarii  de  mout  une 
livre  et  un  quadrans  de  scille  seche  ,  ce  que  je 
ne  desapprouve  pas  moi-meme. 

XXXIV.  Ceux  qui  veulent  faire  du  vinaigre 
de  scille  mettent  la  raeme  quantite  de  scille 
que  nous  venons  d'indiqucr,  sur  dcux  urnes  de 
vinaigre,  et  Ty  laissent  pendant  quarante  jours. 
Pour  faire  un  embamnia  ( vinaigrette),  on  met 
sur  trois  amphores  de  mout  un  (•o«'//!/.s-  de  vi- 
naigre  mordant ,  ou  deux  fois  aulant  s'il  n'est 
pas  mordant ;  et  on  fait  cuire  ce  raelange  dans 
uue  marmite  jusqu'a  ce  qu'il  soit  diminue  d'un 
palmus,  (c'est-a-dire  d'un  quart,  en  supposant 
cette  marmite  de  la  contenance  de  trois  ampho- 
res)  ou  d'un  tiers,  si  c'est  du  moiit  qui  ne  soit 
pas  doux.  On  a  aussi  suin  de  recumer;  iiiais  il 


faut  que  ce  soit  du  mout  (le  prcmiiMC  scne,  et 
qui  soit  clair. 

X.XXV.  Mani^^^re  de  fairo  des  vins  d'absyntlie, 
d'hysope,  d'aurone,  dethym,  de  fenouil  et  de 
pnuliot.  Faites  cuire  une  livre  d'absyuthe  du 
Tont  dans  quatrc  ,vf'.r /«/■(■«  de  mout,  jusqu'A  ce 
que  ce  mout  soit  diminuc  d'un  qunrt,  et  mettez- 
en  le  reste,  quand  il  sera  refroidi ,  dans  une 
urne  de  mout  Amine.  Observez  les  memes  pro- 
cedes  pour  les  autres  plantes  que  nous  venons 
de  nommcr.  On  peut  aussi  faire  cuire  trois  livres 
de  pouliot  sec  dans  un  congius  de  mout ,  jus- 
qu'ice  qu'il  soit  diminut;  d'un  ticrs;  et  lorsque 
celte  d(:coction  cst  refroidie ,  on  en  rctire  lc  pou- 
liot,  et  on  la  verse  dans  une  urne  de  mout.  Hien 
n'emp(5che  d'en  donner  aussitot  4  ceux  qui  sont 
cnrhumes  pendant  rhiver  :  cette  especc  de  vin 
s'appelle  (jlechonites  ( pouliot ). 

XX-XVI.  Le  viu  de  taille  est  celui  que  Ton 
exprime  apres  la  premiere  serre,  quand  on  a 
coup{3  alentour  le  tas  du  marc.  On  vcrse  cette 
cspece  de  moiit  dans  une  araphore  neuve  ,  en  la 
remplissant  jusqu'aux  bords  ;  ensuite  on  y  met 
de  petites  branches  de  romarin  sec  li^es  en  bottes 
avec  du  lin,  et  oa  les  laisse  bouillir  avec  le  vin 
pendant  sept  jours  ;  apres  quoi  on  les  en  retire,  et 
on  enduit  de  pUltre  les  vases  dans  lesqucls  on 
enferme  ce  vln  apres  Tavoir  bien  pnrilie.  Au 
rcste,  il  sufiit  de  mettre  uue  livre  et  demie  de 
romarin  sur  dcux  urncs  de  niout.  On  pourra 
employer  ce  viu  comme  remedeau  bout  de  deux 
mois. 

X.XXVIL  Maniere  de  faire  du  vin  semblablo 
au  vin  grec.  Cucillez  des  grappes  de  raisin  liAtif 
qui  soient  tres-nuires,  ctfaites-les  secher  au  so- 


iiiiUito ,  ita  iit  viiiciiliim  exstct  :  in  iniisti  diilcis  si'\t.  cc, 
niarrubii  libias  viii  ailjicitu,  iit  siinul  cum  miisto  ilelei- 
vpscat :  postca  eximito  marrubiiim,  el  piirsatuni  viiiuiii 
dillj;;enter  oblinito. 

X.XXlll.  Viiium  scilliten  ad  concoqiicndum ,  it  ad 
coi  iins  relieiendum ,  item  ad  veterem  tiissim  et  ad  stuma- 
clium  hoc  modo  condiie  oportet.  Priniiim  ante  dies  (iiia- 
dra^inta  qiiam  viniim  voles  viiidemiarc ,  scillam  legito , 
eainque  secalo  quam  tenuissime,  sicut  rapbani  radicem, 
taleolasque  sectas  suspende  in  umbia,  ut  adsiccenliir  : 
deinde  cum  aridae  ei unt ,  in  mnsti  Aniinei  sexlarios  xlviii  , 
scillae  aiida;  addc'  pondo  librani,  eamque  inesse  patere 
diebus  XXX,  poslea  eximito,  et  defeialnni  viiinm  in  ain- 
plioras  biiiias  aiijicilo.  Alii  si^ribniit  in  iniisti  sextarios 
xi.viii,  siilla' aiida'  poiulo  libram  et  quadiantitm  adjici 
0|iiHtere  ;  qiind  ct  ipMim  non  improbo. 

XX. XIV.  Siillai  (londiis,  quod  siipra  dixi ,  in  aceli  diias 
nriiasadjiiiiiiit,  cl  per  xi.  diesiiiesse  patiiintiii.  (pii  scillili- 
cumaceliim  faccie  volunl.  Ad  emliaminala.  Iii  tiesaniplio- 
ras  musti  miltis  aceli  acris  coii^iiini  aiil  ilii{>liiiii,  si  iion 
eslacie,  et  iii  ollnm  ,  qiiaifeit  aiiiplioias  Ires  ,  decoqiiis  ad 
paluium,  id  esl,  ail  qunrtas  :  aut  si  iioncstdiilce  niii^liim, 
Hil  leilias  :  despiimelur.  Sed  iiiiistum  dcsub  massa  cl  liiii- 
pidiiin  sit. 


XXXV.  Vinum absintliiten,  et Iiyssopiten, et  abrotoniten, 
et  lliyniitpn  ,  et  maialliriten ,  et  gleclioniten  sic  condiro 
oportet.  Pontici  absintliii  pondolibrani  cum  niiisli  .sextar. 
IV  dodiqiie  usque  ad  quartas  :  reliqiium  qiiod  erit,  id  fri- 
gidiini  adde  in  mnsli  .>\miiu'i  nriiain.  Ideni  e\  reliqnis 
[  rebiis]  qiiae  snprascripta  sunt,  facito.  Possunt  etiam  pii- 
leii  aiidi  tres  libr.T.cnm  couKio  inusti  ad  terlias  d(>coqui, 
et  ciim  refiixerit  liquor,  exempto  puleio  in  urnam  niusti 
adjici  :  idque  mox  lussientibns  per  bicniem  recte  datur  : 
vocatuiquc  vini  nota  glecbonitcs. 

XXXVI.  Mustnm  tortivuni  est ,  qiiod  post  primani  pres- 
snrani  viiiaceorum  circumciso  pede  exprimitiir.  Id  iniisluni 
coiijicies  iii  ampboram  novam,  et  iniplebis  ad  summiini. 
Tiim  adjicics  ramnlos  rorisinarini  aridi  lino  collisatos  ,  ct 
paticris  iina  defcrvcscere  per  dies  scptem  :  dcindc  cxiines 
ramuloriim  fasciciilum,  el  piirgatiini  dili^enlcr  viiiuiii 
Syp.sabis.  Sat  erit  aiitem  lorismariiii  si'M|iiilibraiii  iii  diias 
nrnas  inii.sli  adjicere.  IIoc  vino  post  diios  nienscs  possis 
pro  rcmedio  iili. 

XXXVII.  Viiinm  similcGrseco  faccre.  Vvas  pr.rcoquas 
qiiam  matiirissimas  les^ito,  easqiie  per  tridiiiiin  iii  sole 
siccalo.  Qnarto  dic  calcalo,  et  iiiiislinn  qiind  niliil  lialieal 
cx  toilivo,  conjicito  in  seriam,  dilit;entenpie  ciiralo,  iit 
cnm  defcrbneiit,  feces  expiiigcntiir  :  dciiidc  qiiigtn  dit; 


COLUMELLE. 


\e\\  pcndant  trois  jours  :  foulez-les  le  quatrieme 
jour,  puis  versez  dans  une cruehe  le  moiit  qu^ellcs 
auront  rendu,  sans  qu'il  s'y  trouve  uue  seule 
goutte  de  vin  de  taille  melee,  et  ayez  bien  soin 
de  le  purger  de  sa  !ie.  Lorsqu'il  aura  cesse  de 
boiiillir,  mettez-y  ,  cinq  jours  apres  qu'il  sera  pu- 
rifie,  deux  sexlarii  ou  au  nioins  un  de  scl  grille 
et  crible,  sur  quarante-neuf  S(?a,7ari/  demout.  II 
y  a  des  personnes  qui  y  mettent  aussi  un  sexta- 
rins  de  vin  cuit,  et  d'autres  qui  en  mettent  jus- 
qu"a  deux  ,  quand  ils  croientque  le  vin  est  d'une 
qualite  peu  durable. 

XXXVllL  Maniere  de  faire  du  vin  de  myrte 
qui  sera  bon  pour  la  dyssenterie ,  pour  le  tlux  de 
ventreet  pour  la  faiblesse  de  restomac.  II  y  a  de 
deux  sortes  de  myrte,  le  noir  et  le  blanc.  On 
cueille  les  baies  du  myrte  noir  lorsqu'elles  sont 
mures ;  apres  en  avoir  ote  la  graine ,  on  les  fait 
sechcr  au  soleil ,  et  on  les  serre  eii  un  lieu  sec 
dnns  un  llacon  de  terre  cuite.  Ensuite  on  cueille 
au  temps  de  la  vendange ,  pendant  que  le  soleil 
est  ardent,  soit  dans  un  vieux  plant  de  vignes 
mariees  adesarbres,  soit  dans  de  tres-anciens 
vignobles,du  raisin  Amine  bieu  mur,  dout  on 
met  le  moiit  dnns  une  cruche.  Le  meme  jour  et 
avant  que  le  mout  fermente,  on  broie  les  baies  de 
myrte  que  Ton  avait  serrces :  npres  quoi  on  en 
pese  une  quantite  de  livres  egale  a  la  quantite 
d'amphores  que  Ton  veut  remplir  de  \in  de 
myrte;  ensuite  on  tire  un  peu  de  mout  de  la 
cruehe,  et  on  le  saupoudre  avec  toute  In  poudre 
que  ces  baies  ont  donnee,  comme  avec  de  la 
farine.  Apres  quoi  on  fait  de  cette  pateplusieurs 
pctites  boulettcs  que  Ton  jette  dnns  la  cruche ,  en 
les  laissant  tombcr  doucement  le  long  des  parois 
du  vase,  de  facon  qu'elles  ne  puissent  pas  s'cm- 


piler  les  uues  sur  les  autres.  Lorsqu'eiisuite  le 
mout  a  bouilli  deux  fois,  et  qu'il  a  ete  clurifie 
autant  de  fois ,  on  broie  encore  de  la  meme  ma- 
niere  qu'auparavant  une  quantite  de  baies  pa- 
reille  a  celle  que  nous  venons  de  mnrquer;  mais 
ou  n'en  fait  plus  de  meme  des  boulettes,  et  ron 
se  contente  de  verser  daus  un  petit  bnssin  du 
moiit  tire  de  la  meme  cruche,  et  de  le  raeicr 
avec  In  meme  quantite  de  poudre  de  myrte,  de 
faconqu'il  en  resulte  une  espeee  de  bouillonepais, 
qne  Ton  reverse  dans  la  cruche  apres  ravoir 
bien  mele,  ct  que  Ton  y  remue  encore  avec  un 
rahicdc  bois.  Ncufjours  apres  cette  operation,  on 
purilie  le  vin  et  on  frotte  la  cruche  avec  des 
bnlais  dc  myrte  sec ,  puis  on  la  couvre  afio  qu'il 
ne  tombe  rieu  dans  le  vase ;  apres  quoi  on  purifie 
cncore  le  vin  au  bout  de  sept  jours,  et  on  le  verse 
dnns  des  amphores  bien  poissees  et  de  bonne 
odcur,  en  piennnt  la plus grande  precaution  pour 
le  verser  clair  et  sans  lie.  Autre  facon  de  faire 
du  vin  de  myrte.  On  fait  boulllir  trois  fois  du 
miel  nttii(ue  ,  eton  rccume  nutnnt  de  fois,  ou, 
si  ron  n'en  a  point,  on  choisit  le  meilleur  miel 
possiblc,  que  ron  ccume  quatre  ou  cinq  fois, 
pni-ce  ([ue  moins  le  miel  est  de  bonne  qualite, 
plus  il  est  charge  d'impuretcs.  Lorsqu'ensuite  le 
miel  est  1'elioidi, on  cueille  des  baies  de  myrte 
blniic  qui  soient  tres-miires,  ct  on  les  ecrase,  en 
meiingeant  ccpendant  la  grainec|u'elles  contien- 
iient;  apres  quoi  on  les  met  dans  un  petit  panier 
de  bois  pour  cn  extrnire  le  jus  ,  dont  on  mele  six 
sexlurii  avec  un  sexlarius  de  miel  bouilli;  et 
apres  avoir  verse  ce  jus  daus  une  petite  houteille, 
on  la  bouche.  Mais  il  faut  faire  cette  operation 
au  mois  dedCcembre,  temps  ou  la  graine  de 
myrte    est  communement   mure.  On   prendra 


ciini  purgaveiis  niiisluni,  salis  cocli  et  cribiali  duos  sc\- 
taiios,  vel,  quoii  est  miiiimuin,  ailjicilo  iiiiuni  sexlaiiiim 
in  sextarios  musti  xlix.  Quidani  cliam  dcfiuli  sexlaiiuni 
niisrcnt  :  nonnulli  etiam  duos  adjiciiint,  si  existimant  virii 
nolani  parum  esse  liimani. 

XX.VVIII.  Vinnin  mjrtiten  ad  tormiua,  et  ad  alvi  pro- 
liivicm,  et  ad  imbecilium  stomaclium  sic  facito.  Duo 
siiiit^enera  myrti,  quorum  alteium  est  nigriim,  alterum 
allnmi.  Nigri  geneiis  bacc<B,  cuni  sunt  matuiDe  leguntur, 
ct  semina  earum  eximuntur,  atqiie  ipsse  sine  seminibus  in 
sole  siccantur,  et  in  fictili  lidelia  sicco  loco  leponuntur. 
Deinde  per  vindemiam  ex  vetere  arbusto ,  vel  si  id  non 
est,  ex  vetustissimis  vineis  Amineaj  bcne  maturiie  uvse 
solc  calido  leguntur,  et  cx  his  miistum  adjicilur  in  seriam , 
et  statiin  piimo  die  antequam  id  ferveat,  baccae  mjrti , 
quie  liierant  repositae,  diligenter  conteruntur,  et  totidem 
eanim  libiae  contusarum  appenduntur,  quot  ainpborse 
coiidiri  debent :  tum  exiguum  musti  snmilur  ex  ea  seiia, 
qiiam  medicaturi  sumus,  ettanquam  faiina  conspergiliir, 
qiiidquidcontusumet  appensum  cst.  Post  liaec  coinplures 
ex  ea  inassuUe  liunt,  etita  per  latera  sericC  iu  iniistuinde- 
miUuntiir,  ne  allcra  offa  super  alterain  pervenial.  Cum 
dcinde l>is  mustMm  dcfeibuei it,  et  bis  curatum  csl ,  rursus 


codom  niodo,  cl  laiiliir.dein  ponileris  baccae,  siciit  supra 
di\i ,  CDiiliiiidilMr  :  iicc  juiii  iit  [iiiiis  massute  liiint ,  sed  in 
lal;cllci  iiiiisliiiii  ilc  iMilriii  M'ria  MiiiiiUir,  pr.Tditlo  ponderl 
111'iiiiisii'tiir,  S'X  iil  Ml  iiisliir  jiiiis  ciassi  :  quod  cum  est 
pciiiii^liim,  iii  eandein  seriam  confuiiditur,  ct  rntabulo 
li^iHii  |ii'ia^ilatiir.  Deinde  post  noniiin  diein  quam  id  fac- 
liiiu  i'si ,  vinum  purgafur,  et  scopulis  aridiB  nijrti  seria 
sulliicatnr,  opeiculumque  superimponitur,  ne  qiiid  eo  de- 
cid.it.  Hoc  f.icto  post  scptimiim  dicm  ruisus  viuum  pur- 
galur,  et  in  aniplioras  beue  picatas  et  bene  olidas  dilTun- 
diliir  :  sed  cuiaiKlmn  est ,  ut  cum  ditfundis,  liquidum  et 
siiic  li';e  dilTuiidas.  Vmum  aliud  myrliten  sic  temperato. 
Mel  Atticiim  ter  iiifervcie  facito  ,  et  toties  despumato  :  vel 
si  Atticum  noii  habueiis,  quam  optiinum  mel  eligito,  et 
quater  vel  quinquies  despuniato.  Nam  quanto  est  deterius, 
tanto  plus  babet  spurcitiae  :  cum  deinde  mel  refrixerit, 
baccas  albi  generis  inyrti  quam  maturissimas  legito,  et 
perlriato,  ita  ne  inleriora  seinina  conteras.  Mox  (iscello 
lineo  inclusas  exprimito,  succumque  earum  qui  sit  sex- 
tarioriim  sex,  ciim  mcllis  dccocU  scxlario  iminisceto,  et 
in  lagunculam  difdisum  obliuito.  Sed  hoc  mense  Decem- 
bri  fieiidcbebit ,  (pio  feie  tempore  matiira  sunt  inyrti  se- 
uiina  :  custodiendumque  erit,  ut  anle  quam.bacca;  legan- 


DE  L'AGR1CULTURE,  L!V.  XI L 


garde  aussi  qn"il  nit  fait  brau  tcmps  ponclant  ies 
sept  011  nu  moiiis  pendant  les  troisdeniiers  jours 
quiauront  precediMa  ciieilletledes  baiesde  myr- 
te;  en  tous  cas,  on  evitera  de  lcs  cucillir  lors- 
qu'il  aura  plu  quelques  jours  avant,  ou  qu"elles 
seront  couvertes  de  rosee.  Bicn  des  personnes 
cueillent  des  baies  de  mjrte,  soit  noir,  soit 
blanc,  des  qu'elles  sont  inures;  et  quand  elles 
les  ont  un  peu  fait  secher  en  les  laissant  a  Tom- 
bre  pendant  Tespace  de  deux.  heures,  clles  lcs 
broient,  en  mennseaiit ,  autant  quc  faire  se  peut , 
la  i,Taine  qu'eUes  renferment ;  ensuite  elles  ex- 
priment  la  quantite  quVlles  en  ont  broyee  a  tra- 
vers  un  tnmis  de  lin  ,  et  enferraent  le  jus  qui  en 
decoule  tlans  de  petites  bouteilles  bien  poissees, 
apres  ravoir  passea  travers  unecouloire  dejonc, 
sans  y  meler  ni  miel  ni  rien  autre  cliose.  Cette  li- 
queur  ne  dure  pas  a  la  verite  aussi  longtemps  que 
Tautre  compnsition  de  myrte ;  mais  d'un  autre 
cote  tant(|u'elle seeonserve  sans s'alteier,  clle est 
meilleure  pour  la  sante.  D'autres  font  cuire  jus- 
(pTa  diminution  des  deux  tiers  le  jus  m(;me  qu'ils 
en  ont  exprim(?,  lorsqu'iIs  en  ont  une  grande 
(piantite;  et  apresTavoir  laiss(i  refroidir,  ilsTen- 
ferment  dans  de  petites  bouteilies  poisst'es.  Ce 
(lernier  se  conserve  pUis  longtcmps  que  cclui  qui 
u'a  pas  ete  euit,  quoique  celiii-ci  memc  puisse 
i.ller  jusqu'a  deux  ans  sans  se  gater,  pourvu 
qu'il  nit  t'te  fait  proprement  et  avee  soin. 

WMX.  Voici  la  melhode  que  Magon  prescrit 
pour  faire  d'excellent  vin  avee  du  raisin  sech^  au 
soleil;  procede  que  j'ai  suivi  moi-meme.  II  fnut 
cueillir  des  grappcs  de  raisin  hatif  ir(^s-mures, 
ct  en  S(!'parer  les  grains  dess(icbes  ou  endomma- 
ges,puis  enfoncer  en  terre,  a  la  distance  de 
quatre  pieds  en  tous  sens ,  des  fourches  ou  des 
pieux,  ct  les  assembleravec  des  perches,  afm  qu'ils 
puissent  soutenir  des  roseaux.  Ces  roseaux  poses 


dessus ,  on  y  etendra  lcs  grappcs  do  raisin  au  so- 
leil,  eton  les  couvrirapcndant  laiuiit,  depeurque 
la  rosee  nc  tombo  sur  los  grappes.  Lorsqu'elles 
seront  S{=chees,  on  les  t'grappera,  ct  on  en  jettcra 
les  grains  dans  une  futailleou  dans  une  cruche, 
dans  laqnelle  on  versera  d"excelleiit  mout,  de 
facon  que  les  grains  de  raisin  en  soient  enliere- 
ment  recouvcrts.  Au  sixiiime  jour,  lorsque  ees 
grains  seront  bien  imbibes  de  ce  mout  jusqu'a 
en  etre  gonfles,  on  les  mettra  dnns  un  petit  ca- 
bas ,  et  on  les  fera  pressnrtr  sons  rnrbre  du  pres- 
soir.  Quand  on  aura  pris  le  vin  qu'ils  auront 
rciidu ,  on  versera  sur  le  marc  (jui  restera  du 
moiit  tres-nouvellement  fait  avec  d'autre  raisin 
qui  aura  (iteexposte  au  soleil  pendanttrois  jours, 
et  on  foulera  ce  marc.  Lorsqu'il  aura  ct(i  bien 
miJltj  dans  ce  moiit,  on  le  reinettra  sous  larhre 
du  pressoir,  et  on  renfcrmera  aussitcit  le  second 
vin  qui  i\'sultera  de  ces  raisins  secs  dans  des 
vases  bien  bouoht-s,  de  peur  qu'il  ne  devienne 
trop  dur.  Enfin  au  houtde  vingtou  tieiite  jours, 
lorsqu'il  aura  ccssti  de  bouillir,  on  le  survidera 
dans  d'autres  vases ,  dont  on  endnira  aiissittJt  les 
couvercles  de  pldtre,et  que  Ton  recouvrira  d'une 
pcau.  Si  Ton  veut  faire  du  viii  avec  du  raisin 
niusoat  sech^"  au  soleil,  on  cueillera  des  grappes 
do  ce  raisin  qui  ne  soient  point  cndommam}es, 
et  on  les  nettoiera  en  jetant  de  c6t(i  lcs  grains 
qui  soront  pourris;  apres  quoi  on  les  suspendra 
a  Tair  sur  des  perches.  U  faudra  avoir  soin  que 
ces  perches  soicnt  toujours  au  soleil.  Quand  ces 
grappes  seront  suffiianimcnt  ilctiies,  on  les 
egrappera,  et  on  jettera  dans  v.n?  futaille  les 
grains  seuls  et  s^ipnros  de  la  rafle,  [juis  on  les 
foulern  bien  nux  pieds.  Lorsqu'on  en  aura  fait  un 
lit  en  les  foulaiit,  on  arroscra  ce  lit  de  vieux  vin ; 
nprt's  quoi  on  !es  foulern  de  nouveau  ,  et  on  les 
arrosera  encore  de  vin.  On  les  foulera  de  nit-inc 


lur,  si  (ieri  potpst,  sepleni  diebiis,  siii  anlem,  ne  niiniis 
tridunm  serenuin  fuerit,  aul  cerle  non  plueril;  ct  ne  ru- 
rulenta;  legantur  cavendum.  Mulli  nigraiu  vel  alliani  ir.yrti 
baccani,  cum  jain  maturuit,  destiingunt,  ct  dualius  iioiis 
oani  cuin  paiilulum  in  uinbra  expositani  siccavenint ,  per- 
lerunt  ita,  ut  qiiantuni  lieri  potest,  iulerioia  semina  in- 
tegra  pennaneant.  Tnni  pcr  liueiini  liscuin,  ipiod  pertri- 
veranl,  exprimunt,  e*  per  colum  jiinceum  li(|uatuin  suc- 
cum  lagnnculis  bene  picatis  condiint,  neqne  inelle  neqne 
alia  re  iilla  immista.  Ilic  li>|uor  non  lam  est  durabilis ,  sed 
quamdiu  sine  noxa  manel,  iitilior  est  ad  valctudineni 
quain  alterius  mjrlitis  nola;  conipositio.  Sunt  qiii  liunc 
ipsum  expressum  siircum ,  si  sit  ejus  copiosior  facultas  , 
in  terliam  partem  decoqiiant,  ol  refrigeratiim  pic;ilis  la- 
gunciilis  condant.  Sic  confectum  diutius  pennanet :  scd  ct 
qiiod  Don  dec^xeris,  poteril  innoxium  duiare  biennio,  si 
modo  miinde  el  diligeiiter  id  feceris. 

XXXIX.  Passimi  optimiim  sic  fieri  Mago  pr.Tcipil,  nt 
elipse  fcci.  Uvam  pia:coi|uam  liene  raaturam  legere ,  aciiia 
mncida  aiit  viti<)S;i  rejicere  ;  furcas  vcl  palos,  qiii  cannas 
sustineaiit ,  intcr  (pialcrnos  pedes  figcre ,  cl  pcrlicis  jiigarc  : 


fiim  insnper  cannas  ponere,  et  in  solc  pandere  nvas ,  et 
noclibus  Ipgere,  ne  irroicntur  :  cnra  deinde  exaruerint, 
acina  deccrpcre ,  et  in  dolium  ant  in  seriam  coiijiceie, 
codem  niusliim  qiiam  optimnm,  sic  ut  grana  snbinersa 
sint,  adjiccrc  :  iibi  conibibciint  \>\x,  seque  iinpleverint , 
sexto  die  in  liscellam  confcrre,  et  pielo  premere ,  passnm- 
que  tollere  :  postea  vinaceos  ealcarc  adjecto  rcceiitissimo 
iiiusto ,  qiiod  ex  aliis  iivis  factum  fuerit,  quas  per  triiluum 
iiisolaveris  :  tiim  pciiniscere,  <^t  suliacLam  brisnm  prelo 
snlijiicre,  passumcpie  sccnndariiim  slalim  vasis  <iblilis 
incliirb  re,  nc  liataiislcriiis  :  deinile  post  viginti  vel  tii;;iula 
dics,  cuni  licferbnerit,  inalia  vasa  deliqiiaic,etcoiifcsliiii 
opcrcula  gypsarc,  cl  pclliculari!.  —  Passiim  si  ex  uva 
Apiana  facere  vollieris,  inam  Apianam  integram  legito, 
acina  corrupla  pnrgato  et  seccinito,  postea  in  perticis 
snspenililo  Pcrlicc  uti  semper  in  solc  sint  facito ,  iibi  satis 
c.orrugata  crnnt  ac.ina,  demito  et  sine  scopionibus  iii  do- 
liiim  ronjicito,  pedibiisi|iic  benc  calcato.  Ubi  nnum  labu- 
lafnm  feccri.s,viniim  velusspcrgito,  posleaalterum  snpcr- 
calcato,  ilem  vinum  con.^pergito.  Kodem  niodo  lert''nn 
calcalo,  el  infnsoviiio  ila  siipernatarc  sinitodics  qiiinque; 


COLUMELLE. 


une  troisieme  fois,  et  on  versera  du  vin  par-dcs- 
siis  jusqu'a  ce  qu'ils  surnagent;  apres  quoi  on  les 
laissera  dans  ce  vin  pendant  eiiiq  jours,  ensuite 
on  ies  foulera  aux  pieds  et  on  les  pressurera  dans 
un  cabas  neuf.  Qileiques  persounes  preparent, 
pour  faire  ce  vin,  de  vieille  eau  de  pluie  en  la  fai- 
sant  bouillir  jusqu'a  diminutiou  des  deux  tiers. 
Ensuite,  lorsquelles  ont  fait  secher  le  raisin  au 
soleil  de  la  maniere  que  nous  venons  de  dire, 
elles  Tarrosent  avec  cette  eau  au  lieu  de  l'arroser 
avee  du  vin ,  et  procedent  quant  au  reste  de  la 
maniere  que  nous  avons  indiquee.  Cette  methode 
est  peu  dispendieuse  lorsqu'on  a  du  l)()is  en  abon- 
dance,  etmeme  lc  vinohtenu  par  le  second  pro- 
cede  est  plus  doux  a  boire  que  celui  qui  serait  fait 
avec  du  raisin  seche  au  soleil ,  suivant  les  raetho- 
des  precedentes. 

XL.  Maniere  de  faire  de  tres-bon  vin  de  de- 
pense.  Comptez  le  nombre  de  metreta'  que  pourra 
remplir  la  dixii'me  partie  du  vin  que  vous  aurez 
fait  en  une  journee ,  et  mettez  le  meme  nombre 
de  mctretce  d'eau  douee  sur  le  marc  dont  vous 
aurez  exprime  le  vin  pendant  la  journee  :  ajou- 
tez-y  de  Tecume  de  vin  cuit  jusqu'a  dlminution 
de  moitie  ou  des  deux  tiers  avee  de  la  lie  prise 
au  fond  de  la  cuve,  et  melez  le  tout  ensemble  : 
vous  laisserez  tremper  cette  houillie  pendant  la 
nuit,  et  le  lendemain  vous  la  foulerez  aux  pieds. 
Quand  elle  sera  bien  m^lee  par  cette  operation, 
vous  la  mettrez  sous  Tarhre  du  pressoir  ;  apres 
quoi  vous  verserez  dans  des  futailles  ou  dans  des 
amphores  le  vin  qu'elle  aura  rendu,  et  vous 
boucherez  ces  vases  quand  il  aura  bouilli :  il  est 
neanmoins  plus  commode  de  le  garder  dans  des 
amphores.  M.  Coluraelle  faisait  ce  vin  de  de- 
pense  avec  de  vieilleeau,  et  il  parvenait  a  le 
conserver  quelquefois  peudant  plus  de  deux  nns 
sans  qu'il  se  gatat. 

XLL  Maniere  de  faire  d'excellent  vin  mele  de 


miel.  Prenez  dans  la  euve,  aussilAt  qu'il  sera 
fait,  le  vin  de  niere-goulte  qui  aura  coule  saiis 
que  le  raisin  ait  encore  ete  trop  foule;  mais  ayez 
soin  que  ce  vin  soit  fait  avec  du  raisiu  de  vigiies 
mariees  ii  des  arbres,  qui  ait  ete  cueilli  par  un 
temps  sec.  Vous  jetterez  dix  livres  d"excellent 
miel  dans  une  urne  de  ce  mout,  et,  apres  Tavoir 
niele  avec  soin,  vous  le  verserez  dans  un  flacon 
que  vous  enduirez  aussitot  de  pliStre ,  et  vous  le 
ferez  serrer  sur  le  planeher.  Si  vous  en  voulez 
faire  une  plus  grande  quantite ,  vous  proportion- 
iiercz  la  quantito  de  miel  qu'il  y  faudia  mettre 
a  celle  que  nous  venons  de  iixer.  II  faudra  ou- 
vrir  le  llaeou  au  bout  de  trente  et  un  jouis,  et 
survider  le  mout,  apres  Tavoir  passe  dans  uii 
autre  vasc  qu'on  bouehera,  et  qu'on  niettra  sur 
le  four. 

XLIL  Recette  (appelee  Sia  OTrwp^i;)  contre  la 
dyssenterie.  On  faitcuire  dans une  niarmite  neiive 
de  terre ,  ou  dans  une  marmite  d'etain  ,  une  urne 
de  mout  de  raisin  Amine  cueilli  sur  des  vigues 
maiiees  a  des  aibres,  avec  vingt  gros  coings 
epluches,  et  la  valeur  de  trois  sextarii  tant  de  ces 
grenades  douces ,  connues  sous  le  noni  de  gre- 
nades  carthaginoises,  que  de  cormes  qui  ne 
soient  pas  tres-mures  :  on  laissera  les  grenades 
entieres,  mais  on  coupera  les  cormes  eu  deux, 
et  on  en  otera  les  semences.  On  euit  ces  fruits 
jusqu'a  ce  qu'ils  soient  entierement  fondus  dans 
le  moiit;  il  faut  que  pendant  la  cuisson  un  jeune 
esclave  les  remue  avec  une  spatule  de  bois  ou 
avec  un  roseau,  pour  les  empficher  de  bruler. 
Lorsqu'iIs  sont  cuits  au  point  que  le  sirop  est 
presque  entierement  tari,  on  les  laisse  refroidir 
et  on  les  passe;  ensuite  on  broie  avec  soin  jus- 
qu'a  le  rcduire  en  poudre  ce  qui  est  reste  dans 
la  passoire,  et  on  le  fait  cuire  de  nouveau  daus 
son  propre  jus  sur  de  la  braise  et  a  petit  feu  ,  de 
peurqu"il  ne  briile,  jusqu'a  ce  qu'il  s'epaississe 


postea  pedibus  proculcato ,  et  in  fiscina nova uvas  premito. 
Quldam  aquam  cailestera  veterem  ad  liiinc  usum  piaeparant 
et  ad  terlias  decoquunl.  Deinde  cum  sic  uvas  ,  ut  supra 
scriptum  est,  passas  fecerunt,  decoctam  aquam  pio  vino 
adjiciunt,  et  caetera  similiter  administiant.  Hoc  ubi  ligno- 
rum  copia  est,  vilissime  conslat,et  est  in  usu  vel  dul- 
cius,  qiiam  superiores  notae  passi. 

XL.  Loia  optima  sic  fit.  Quanlum  vini  iino  die  teceris , 
ejus  partem  decimam,  quot  melrelas  efficiat,  consideiato, 
el  tolidem  metretas  aquae  diilcis  in  vinacea,  sed  quibns 
unius  diei  vinum  expiessum  eiit,  addito  :  eodem  el  spu- 
mas  defruti,  sive  sapa>,  et  fecem  ex  lacu  confumlilo  et 
peimisceto,  eamque  intritam  maceiari  uiia  nocte  siuilo  , 
postero  die  pedihus  |vriinil(  ;ilo ,  et  sic  permistam  pielo 
sulijicito  :  qiiod  d.iiidi'  lliixnil,  aul  doliis  aut  amplioris 
ciindito,  et  cum  ilclnliiinil,  iilitiiiato.  Coriimodiusaulem 
seivaturin  aniplioris.  Ilanc  ipsam  loram  H.  Columolla  e\ 
aqua  veteie  faciebat,  et  nonnunquam  plus  biennio  innoxiam 
scrvabal. 

>\LI.  Miilsuin  oplinuiin  sic  facito.  Miislum  lixivium  de 


lacii  statiin  tollilo  :  lioc  aulem  eiil,  quod  dcstillaverit  .m- 
tequain  niinium  calcetur  uva.  Sed  de  aibustivo  genere, 
quod  sicco  die  legeris ,  id  facito.  Conjicies  in  urnam  miisti 
niellis  optimi  pondo  x,  et  diligeiiter  permistum-recondes 
in  lagoena ,  eamqiie  protinus  gypsabis ,  jubebisque  in  ta- 
bulato  reponi ,  si  plus  volueris  facere ,  pro  portione  qua  su- 
pra  mel  adjicies.  Post  trigesimum  et  alterum  diem  lagu;- 
nam  aperire  oportebit,  et  in  aliud  vas  mustum  eliquatum 
oblinire,  atque  iu  fumum  reponere. 

XLII.  Compositio  medicamcnti  ad  tormina  ,  quod  voca- 
tiir  oia  oitwpo:;.  In  cacabo  fictili  novo ,  vel  in  stagneo  coqui- 
liir  iniisti  arbustivi  Amiiiei  urna,  et  mala  cydonea  gran- 
ilia  expurgata  viginti ,  et  integra  mala  dulcia  gianata ,  quaj 
Piinica  vocantur,  et  sorba  non  perinitia  divisa  exemptis 
seminibus,  quse  sint  instar  sexlarioium  trium.  Ha>c  Ita 
coquuntur,  ut  omnia  poma  deliquescant  cum  musto,  et 
sit  puer,  qui  spatba  lignea  vel  aiuudine  perinisceat  iioma, 
ne  possint  aduri.  Deinde  cnni  fueiint  decocta  ,  ut  non 
multum  juris  snpersit ,  refrigerantur  et  percolanlur :  e.ique, 
qiia:  iii  colo  subsederunt,  diligcnter  contrila  lcvigaiilur,  ct 


liK  I.AGniCULTURi:,  I.IV.  Xl[. 


rn  forme  de  lie.  Mais  ;>vnnt  de  retirer  cette  niar- 
iiulude  du  feu,  il  faut  ajouter  a  tous  les  ingrc- 
dients  dont  elle  «st  coinposec  trois  heminw  de 
sumae  de  Syric  broye  et  tamise,  que  Ton  melera 
avec  une  spatule  ,  afin  que  le  tout  s'amal!iame 
bien.  Kusuite,  iorsque  eette  marnielade  est  re- 
IVoidie,  on  la  met  dans  un  vase  de  terre  neuf 
poi.sse,  que  fon  enduit  de  platre;  apres  quoi  on 
le  suspend  fort  haut ,  dc  pi'nr  qu'ellene  moisisse. 

XLIII.  Maniere  de  coniire  le  fromage.  Coupcz 
en  gros  niorceaux  du  fromage  de  brebis  scc,  et 
fait  de  rannee  prccedente  :  arrangez  ces  mor- 
ceaux  dans  un  vase  propre,  que  vous  remplirez 
ensuited'un  mout  d'une  tres-bonne  qnalile,  de 
facon  qu'ils  en  soient  rceouverts  ,  et  qn'il  y  ait 
un  peu  pjiis  de  jus  que  de  fromane.  Car  ie  fro- 
m8i;e,en  absorbant  le  jus,  finirait  par  se  cor- 
ronipre  s'il  n'en  etait  pas  continuellement  rc- 
couvert.  Au  reste,  des  que  vous  aurez  rcmpli  le 
vase,  vous  renduirez  de  pbitre,  et  vous  pourrez 
rouvrir  au  bout  de  vinut  jours,  pour  vous  ser- 
■vir  du  fio  ]ias;e  dans  tel  ragout  que  vous  vou- 
drez.  II  ne  sera  pns  memedesagreable  lorsqu'on 
le  mangera  seul. 

XLIV.  Aussitot  que  ]'on  aura  coupe  sur  le  cep 
des  grappes  soit  de  raisin  a  gros  grain ,  soit  de 
maroquin  ou  de  raisin  pourpre,  on  enduira  leur 
queue  de  poix  dure ;  ensuite  on  remplira  un  bas- 
sin  de  terre  cuite  neuf  de  paille  tres-secbe,  et 
scionee  de  facon  qu'il  n'y  reste  point  de  pous- 
siere.  On  etendra  ces  grappes  sur  eette  paillc, 
apres  quoi  on  couvrira  ce  bassin  d'un  seeond 
bassin,  en  enduisant  les  fiiux  joints  d'un  mortier 
dans  lequel  il  entrera  de  la  paillc.  Enfin,  lors- 
qiie  ces  bassins  seront  ainsi  arranges,  on  les  en- 
veioppera  de  paille  seehe,  et  on  les  scrrera  sur  un 
plaueher  tres-sec.  Au  reste ,  il  n'y  a  pas  de  rai- 


sin  qu'on  ne  puisse  eonserver  sans  craindrc  qu'il 
se  g.^ite,  pourvu  qu'on  le  cueilli'  quand  la  lune 
sera  dans  son  declin,  par  un  tenips  serein,  et 
apres  la  quatrieme  heure  dujour,  Iorsqu'il  sera 
deja  essore  et  qu'il  ne  sera  plus  couvert  de 
rosce.  Mais  il  faudra  fiire  du  feu  dans  le  sentier 
le  plus  voisin  de  la  vigne,  pour  faire  bouillir  la 
poix  dans  laquelle  on  trempera  la  queue  des 
grappes  aussitot  qu'elles  seront  cucillies.  .letcz  une 
amphore  de  vin  cuit  jusqu'a  dimiuution  de  moi- 
tie  dans  une  futaille  bien  poissee  ;  ensnite  arran- 
gez  en  travers  dans  cette  futaille  des  biitons 
serrcs  les  uns  auprcs  des  autres,  sans  qn'ils  tou- 
chent  au  vin  cuit;  apres  quoi  vons  mettrez  snr 
ees  batons  des  plats  de  terre  neufs,  et  vous  ar- 
rangerez  le  raisin  surces  plats,  de  faeon  que  les 
grappes  ne  se  touchent  point  mutuellement;  en- 
liu  vous  les  couvrirez  ct  les  enduirez.  Sur  ce  pre- 
mier  lit  vous  en  formerez  un  second  pareil ,  puis 
un  troisieme  et  ainsi  de  suite,  tant  que  la  capa- 
eite  de  la  futaille  en  comportera,  ct  vous  y  ar- 
rangerez  le  raisin  de  la  meme  maniere.  Ensuite 
vous  imljiberez  bien  de  vin  cuit  jusqu"a  diminu- 
tion  de  moitie  le  couverele  de  la  futaille,  ct 
(|uand  elle  sera  couverte,  vous  la  bouchcrez  avec 
de  la  cendre.  Quelques  personnes  se  contentent , 
apres  avoir  niis  le  vin  cuit  dans  la  futaille ,  de  ser- 
rer  les  perehes  transversales  les  unes  aupres  des 
autres,  d'y  suspendre  les  grappes  de  faeon  qu'el- 
les  n"atteiguent  pas  le  vin  cuit,  ct  d'enduire  cn- 
suite  le  couvercle  pose  sur  la  futaille.  I)'autres  , 
apres  avoir  cueilli  les  grappes  eorame  je  viens  de 
le  dire  ,  font  secher  au  soleil  de  pctites  futailles 
neuves  non  poissces,  et,  apres  les  avoir  fait  rc- 
froidir  a  rombre ,  ils  y  mettent  du  son  d'orge, 
sur  lequel  ils  posent  les  grappes  de  maniere 
qu'elles  ne  se  comprimentpas  mutuellemeut ;  en- 


ilci  iini  in  siio  sibi  jiiie  lento  igni ,  ne  adiiranlur,  caiboni- 
biisdpcoqiiiintur,  iloneccriissamcn  in  modnm  focisexislat. 
Piius  tanien  (iiiam  dt!  i};ne  medicamentum  tollaliii-,  Ircs 
lieminx  roris  Syriaci  conliiti  et  cribrati  super  onmia  adji- 
ciuntur,  ct  spatlia  perniiscenliir,  iil  coeant  cnni  ca'tcris. 
Tum  rcfriscralum  mcdicamentiini  adjicitur  in  vas  liclile 
novum  picatum,  idquegjpsatum  alle  suspenditnr  ne  pal- 
loieni  traliat. 

Xlilll.  Caseuin  sic  condiemns.  Casei  aridiovilli  proximi 
anni  frnsta  ainpla  facito ,  et  in  picato  vase  compoiiilo  : 
lum  oplinii  generis  musto  adimpleto,  ita,  ut  snperveniat, 
el  sit  jus  aliipianlo  copiosius  quaiii  caseus.  Nam  caseiis 
combiliil,  el  lit  viliosus,  iiisi  miislum  scniper  snpernalet. 
Vas  aiiteni  cuni  impieveris,  statim  gjpsabis  :  deinde  post 
dies  vi);inti  licet  aperias,  et  utaris  qua  voles  adbiliita  con- 
diliiia.  lCsl  [  autem  ]  etiam  per  se  non  iiijucnndus. 

XLIV.  Uvas,  ut  siul  virides  nsqne  ad  anniim,  sic  cus- 
todiemus  :  uvas  bumastos  vcl  diiracinas  vel  piirpiircas 
cum  deseciieiis  a  vite ,  continiio  pcdicnlos  carum  inipicalo 
dura  pice  :  deiiide  laUdlum  liclile  noviim  implelo  paleis 
qnainsiccis;imis  ciibialis,  ut  sine  piilveresint,ct  ilaiivas 
sii(H'rpoiiito  ;  liiin  lab'.llu  altero  adopcrilo,  Hi  circumliiiilo 


liito  palealo,  alqiic  ita  in  tabiilato  siccissimo  coinposila 
labra  paleis  siccis  obrnilo.  Oinnis  anteni  uva  siiie  noxa 
servari  polest,  si  liina  decrescente  et  sereno  ca^lo  posl  lio- 
laiii  qiiaitam,  ciim  jam  in.solala  est,  nec  loris  iiui(((iiam 
baliet.vili  delrabatur.  Sed  ignis  iii  iinivimo  dei  iiinano 
liat ,  iit  pi\  fervcat ,  in  qiia  pediiuli  iivaium  slaliin  (lcniil- 
tanliir.  .Miler.  Iii  ilolium  bcne  |iicatum  defruti  aiiqilioraiii 
coiijicilo,  deinde  liansver.sos  fiisles  arclalo,  ila  iit  licrni- 
liiiii  iion  conlin^anl  :  tum  siiperpouito  fictiles  iiov:is  pali- 
nas,  et  iii  bis  sic  iivaiii  dispoiiito,  ut  altera  alteniiu  iiiui 
conlingal  :  tiim  o(iciciila  (latiiiis  inqionito  et  linito.  Deiinie 
altirrimi  tabulatiiiii ,  et  tertiiim ,  et  quamdiu  ma^iiitndo  p:i- 
titnrdolii,  simililcr  siqicriiistruito,  etcadcm  ratione  uvas 
cumpoiiito.  Uciiidi'  (lic^itiiiii  o(iercuIum  dolii  defriilo  Iarf;e 
linilo,  et  itaconqiosiliiin  (■iiiereobtnrato.  Nonmilli  adjecto 
delrulo  cnnlenti  siiut  transversas  [lerticas  aiilare ,  ct  e\ 
bis  uvas  ita  suspendere,  ne  dcfruliim  ciiiilin;;aiit  :  di-iniie 
o[ierculiim  inqiosiluin  olilinire.  Quidani  iivas  ciim  ita,  ut 
snpra  di\i ,  le^ei  iiiil ,  doliola  nova  sine  pice  iii  sole  siccaiit. 
IJeinde  ciiin  t>a  iii  umbia  refrigeravcrnnt,  furfures  ordea- 
ceos  adjiciiinl ,  ct  iivas  ita  su(>er|ioiiunt ,  ul  altera  allciam 
non  roinpnmat    luiii  jjeiieris  ejusdem  fiirlnies  inrniidiiiil . 


COLUMELLE. 


suite  ils  les  recouvrent  de  ce  meme  son  ,  et  for- 
raeiit  de  la  meme  facon  un  sccond  lit  de  grappcs , 
en  rcpetant  la  mcnie  operation  jusqu'a  ce  C[u"ils 
aient  rempli  les  futailles  alternativement  de  son 
ct  de  raisin ;  apres  quoi  ils  cnduisent  leurs  cou- 
vereles  ,  et  serrent  ce  raisin  sur  un  plancher  qui 
soit  tres-sfc  et  trcs-frnis.  Cautres  conserventde 
la  nieme  facon  du  raisin  vert  dans  la  sciure  de 
bois  de  peuplier  ou  de  sapin.  Quelqi\es-U)is  ense- 
velisseut  dans  la  fleur  de  syp  seehe  des  grappes 
qu'ils  ont  eu  soin  de  cueillir  avaut  quVlles  fus- 
sent  trop  murcs.  D"autres  ,  apies  avoir  cueilli  le 
raisin  ,  coupent  avec  des  eiseaux  les  grains  gates 
qui  peuventsy  reiicontrer  ,  et  ie  suspendent  ainsi 
dans  le  grenier  au-dessus  du  bie  :  niais  cette  ine- 
thodefait  rider  lesgrains,  et  rend  le  raisin  pres- 
que  aussidoux  que  s'il  etaitsecheau  soleil.  Mar- 
cus  Columelle ,  mon  onele  paternel ,  faisait  faire , 
avec  respeced'argile  dont  on  fait  les  amphorcs , 
de  larges  vases  en  formc  de  plats ,  qu'il  revetis- 
sait  d'une  bonric  couche  de  poix  tant  eu  dedans 
iiu'en  dehors,  et  lorsqu'ils  etaient  ainsi  prepa- 
res,  il  faisait  cueillir  le  raisin  pourpre,  le  raisin 
a  gros  graiii,  celui  de  INumidie  et  le  maroquin, 
et  faisait  plonger  aussitot  la  queue  des  grappes 
dans  la  poixbouillante;  ensuite  il  faisait  mettrc 
chacune  de  ces  especes  de  raisin  dans  des  plats  a 
part ,  de  faeon  que  ies  grappes  ne  se  touchassent 
pas  enlre  elles;  apres  quoi  il  faisait  couvrir  ces 
plats,  et  les  faisait  enduii^e  d'une  bonne  couche 
de  gyp,  el  poisser  avec  de  la  poix  dure  fondue 
au  feu ,  dc  maniere  que  rhumidite  n'y  put  pene- 
trer  :  enfm  il  submergeait  ces  vases  dans  de 
Teau  de  fontaine  oudeciterne,  en  les  chargeant 
d'uii  poids  qui  les  empechait  de  sortir  de  Teau 
par  aucun  c6te.  II  est  vrai  que  cette  methode  est 
excellente  ponrconserver  le  raisin  ;  mais  quand 


on  vient  a  le  retirer  de  \\'m  ,  il  est  sujcl  a  s'ai- 
grir ,  a  rooins  qu"on  ne  le  eonsomme  le  jour  meme 
qu'on  i'en  aura  retire.  II  n'y  a  cependant  pas  de 
methode  plus  sure  pour  conserver  le  raisin  que 
eelle  qui  consiste  a  fabriquer  des  vases  de  terre 
cuite ,  dont  ehacun  puisse  contenir  une  grappe 
a  Taise.  Ces  vases  doivent  avoir  quatre  anses ,  par 
lesquelles  on  puisse  les  attaeher,  i  Teffet  de  les 
suspendre  aux  ceps  de  vignes  :  leurs  couvercles 
doiventaussi  etre  tels  qu'ils  puissent  se  separer 
par  le  niilieu,  afin  qiie  lorsqii'on  aura  suspendu 
cesvases,  et  qu'on  aura  introduit  dans  chacun 
d'eux  uue  grappe  de  laisin ,  les  deux  moities  de 
leur  couvercle  puissent  se  rejoiiidre  de  Tun  etde 
Tautre  c6te  des  grappcs  pour  les  couvrir.  II  faut 
poisseravee  soin  ces  vases  ainsi  que  leurs  couver- 
cles,  tant  a  rinterleur  qu'a  rexterieur;  et  lors- 
que  lesgrnppesy  seront  renfermees,  on  les  re- 
couvrira  d'une  grnnde  quantite  de  mortier  dans 
lequel  il  entrera  de  la  paille.  Au  reste,  en  y  ren- 
fermant  les  grappes  adherentes  aux  eeps,  il  faudra 
prendre  garde  qu'elles  ne  touchent  aux  parois 
des  vases  par  aucun  cote.  Au  surplus,  pour  ren- 
fermer  les  grappes  de  raisin  dans  ces  vases,  il  faut 
communement  choisir  le  temps  oii  ieurs  grains 
sont  gros,  ct  oii  ils  eommencent  a  lourner  :  il 
faut  aussi  que  le  temps  soit  sec  et  le  ciel  sereiii. 
Nous  prescrivons  surtout  comme  une  rcgle 
generale  celle  de  ne  point  serrer  de  fruits  pele- 
mele  avec  du  rnisin  dans  un  meme  endioit ,  ni 
merae  dans  deux  endroits  voisins  Tun  de  Tau- 
tre ,  de  eiainte que  rodeur  des  fruits  ,  en  se  com- 
muniquant  au  raisin ,  ne  le  gate  par  la  suite. 
Les  differeutes  facons  de  conserver  ee  fruit ,  que 
nous  avons  donnees,  ne  conviennent  pas  uean- 
raoinsegalementtoutcsa  tous  les  paysquels  qu'iis 
soient;  mais  les  unes  conviennent  a  un  pays,  le? 


ct  alterum  labulatum  uvarum  eodem  modo  collocant  : 
i(lqu('.  faciunliis(iucdum  doliumallernis  furfuribusct  uvis 
compleant.  Mox  opercula  impdsila  liniiut,  et  uvas  siccis- 
.sinio  IVi;;i(lissiniiiipii'  laliuliilii  repouuiit.  Qiiidam  eadem 
ralioiic  .irida  |iii|)iiliH'.i  v(^l  iiliie^iia  scdbc  viridcs  nvas 
eHsiodiiint.  Noiiuulli  siccii  lloiv  i;yi'si  oliniunt  uvas,  (pias 
iion  nimium  maturas  vilibiis  dcliaMTunt.  .Alii  cum  legernnt 
uvam  ,  siqiia  sunl  iii  ca  viliosa  j;raiKi  rorlicibiis  ainpiilant, 
atipie  ita  in  liorreo  suspcudiinl ,  iii  (|iio  trilicum  supposi- 
tum  est.  Sed  lisec  ratio  niKosa  lacii  acina,  et  pene  tam 
dulcia,  quam  est  uva  passa.  i\laicus  Colinnclia  patriiiis 
meus  ex  ea  crela  qna  (iunt  ampbonic,  lata  vasa  in  modum 
|ialinarum  fieri  jubcbat  :  eaqiie  intrinsecus  et  exleiius 
crasse  picari  :  quic  cum  pr.Tpaiaverat,  tumdemnm  pur- 
pureas  et  bumastos  et  Numisianas  et  duracinas  uvas  lesi 
prxcipiebat ,  pediculosque  eanim  sine  mora  in  fervcnlcm 
picem  demitti,  et  in  piEediclis  palinis  separalim  siii  ciijiis- 
que  generis  ita  componi ,  ne  mx  iuter  sc  contingcicul  : 
posl  lioc  opercula  superponi ,  et  oblini  crasso  gypso  -.  tum 
demum  pice  dura  ,  qua;  igni  liipiata  esset,  .sic  picari,  ne- 
quis  humor  Iransire  possel  :  lota  dcinde  vasa  in  aqua  fmi- 
lana  vel  cistcruina  pouderibus  impositis  inergi ,  ncc  ullam 


parteni  earum  pali  exstare.  Sic  oplime  servafur  uva.  Sed 
cum  est  excmpta ,  nisi  eo  die  consumitur,  acescit.  Niliil  est 
tamen  cerlius,  qiiam  vasa  lictilia  faceie ,  quae  singulas 
iivas  laxe  recipiant.  Ea  debent  qualunr  ansas  liabere,  qui- 
bns  illigata  viti  dependeant  :  ilemque  opercula  coriiin  sio 
foimari,  nt  niedia  divisa  sint,  ut  cum  suspensa  vasa  c.n- 
giilas  uvas  receperint ,  ex  utroque  latere  appositi  operciili 
diiie  parles  coeant,'et  contegaiit  iivas.  Et  lia;'C  vasa  et 
npercula  extrinsecus  et  iutia  diligenter  picala  esse  debe- 
biint  :  deinde  cum  contexerunt  uvas,  luto  paliiato  multo 
adoperiri :  sed  uvse  dependenles  a  matre  sic  in  pultaiios 
condi  debebiint,  ne  qua  parte  vasa  contingant.  Tempus 
autem  quo  includi  debcnt,  id  fcre  esl,  quo  adhuc  siccila- 
tibus  et  seicno  cailo  crassa  variaqne  sint  aciiia.  lllud  in 
totum  maxime  pra>cipinins ,  ne  in  eodem  loco  mala  ct 
uva;  componanlur,  neve  in  vicino,  unde  odor  maloriim 
possit  ad  cas  pervenire.  Nam  Imjusmodi  balitns  celerilcr 
acina  corrumpiml.  I':<t,  tameii  custodiendorum  pomornm 
rationcs,  quas  retiiliiniis,  nou  omnes  umnibus  regionibiis 
aptae  sunt,  sed  pio  conditione  locorum  et  nafura  uvariiin 
aliae  aliis  conveniunt. 
XLV.    Dc  ollaribus   uvis.   Autiqiii    plcrumquc  sii(ilu 


r.E  LAfilUCULTURE,  LIV.  XIL 


autiTS  !i  tin  aiitre,  suivanl  i;i  natiiie  dis  lifux  | 
et  la  qualilc  dti  raisiii. 

XLV.  Mojeu  de  conserver  \vs  raisii.s  dans  des 
potsde  terre.  Lesanciensconservaient  commune- 
mcnt  dans  des  vases  ie  nnsinjircitula,  larcnu- 
cula ,  le  grand  Amine,  celui  des  Gaules,  ct  ce- 
lui  dont  le  grain  est  gros,  durctclairseme  :  mais 
aujourd'hui  c"cst  celui  de  iNumidio  qiii  passe 
pour  le  plus  propre  a  etre  conserve  de  cettc  la- 
con,  surtout  dans  ie  voisinage  de  ia  ville.  On  Ic 
cueille  avec  le  pius  grand  clioix  iors([u'il  est  nic- 
diocriincnt  niur,  par  un  lemps  sercin,  et  quaiid 
ii  n'y  a  plus  do  rosee  sur  terrc,  a  la  quatriemc 
ou  a  la  cinquieme  iicure  du  jour  (  pourvu  que  la 
luue  soit  daiis  son  dcclin  ct  sous  l'iicmisphere  ) ; 
cnsuite  on  lc  mct  sur  des  ciaies,  de  facon  quc  les 
grappes  ne  se  froissent  pas  mutuellemeut.  Ce  n'est 
qu"apies  ces  premiers  soins  qu'on  le  porte  a  la 
maison,  et  (pron  en  coupe  avcc  des  ciseau.x  ics 
grains  gfltes ;  aprcs  quoi ,  lorsque  les  grappcs  out 
ete  un  peu  rafiaichics  a  l'ombre,onles  raetdaus 
des  pots  de  terre  au  nomlire  de  trois  ou  de  quatre, 
suivant  la  capacite  de  ccs  vascs ,  dont  un  a  soin 
de  houclier  bicn  exaetement  Ics  coiivcrcles  avec 
de  la  poi\ ,  pour  cmpecherque  l'liumidite  n'y  pe- 
netrc.  Eniuite  on  renvcrse  un  tas  dc  niarc  de 
raisin  qui  ait  ete  bien  dcsseche  sous  i'aibredu 
pressoir;  et  apres  avoir  un  pcu  cparpille  Ics  raf- 
lles  et  dcgnge  lcs  peaux  dc  ce  raisin,  on  Tetend 
au  fond  d'une  futaillc,  dans  laqnelle  ou  arrange 
ees  pots  cn  les  renversant  par  en  bas,  et  en  lcs 
eloignaut  ks  uus  des  autres  de  facon  que  Ton 
puissccntasser  du  marc  dans  les  intervalles  qiii 
les  scparent.  Lors(iu'on  a  forni(i  un  prcmicr  lit 
de  ce  marc  en  lc  foulant  bien,  on  arrange  daii- 
tres  pots  sur  ce  lit  de  la  ni(}nie  facon  (jue  sur  ie 
premier,  et  on  parvient  par  la  a  con]pl(?ler  une 
seconde  couclie  dc  pots.  Ensuite  on  renipiit  ia  fu- 


taille  de  la  nu^mc  nianicre  (le  plusieurs  couchcs 
de  pots,  cn  foulant  bien  le  niarc  dans  les  inter- 
valles;  apres  quoi  on  entasse  du  marc  jusqu'a  scs 
bords,  puis  on  la  eouvre  aussit(Jt  ct  on  renduit 
de  ccndre  prcparee  comnie  du  platre.  II  faut  ce- 
pendant  prcvenir  eclui  (|ui  sira  charg(^  de  faire 
reniplette  des  vases,  qiril  doit  prendre  garde  a 
ne  pas  cn  achetcrqui  boivcnt  !'cau  ou  qui  soiciit 
mai  cuits,  parce  que  Tun  et  rautredeccs  dcfauts 
contribue  egalcmeut  a  gatcr  le  raisin,  en  livrant 
uu  passage ii  i'hura!ditt\  Bien  pius ,  il  faudra ,  lors- 
qu'on  rctirera  ies  pots  pour  soii  usage ,  en  enle\cr 
uns  couehe  euticre,  parce  que,  dcs  qu'ou  vient  a 
t'branier  le  marc  qui  cst  foul(i  cnfre  eux,  il  s'ai- 
grit  promptement  et  gate  le  raisin. 

.\LVI.  Apres  la  vendange,  viennent  les  confi- 
tures  dcs  fruits  d'automue,  qui  doivent  aussi 
partager  rattention  de  la  metayere.  Je  nignore 
pas  que  j'ai  pass(^  sous  sileuce  dans  cet  ouvrage 
bien  dcs  choses  que  C.  Matius  a  traitees  avcc  un 
trcs-grand  soin.  En  cn"ct,eet  autcur,  qni  sc  pro- 
posait  pour  objct  de  son  travail  le  service  des  tables 
de  la  ville ,  et  les  apprets des  festins  ies  plus  splcn- 
dides ,  a  donne  trois  livres,  qu'il  a intitules  le  Cui- 
sinier,  1'appretriir  de  poissons  et  le  Confiseur; 
au  Iicu(|u'iInous  suflir  de  parlerdcs  ehoscsqueia 
simplicit(i  rustique  pcut  se  procurer  aiscmeut  et 
saus  grands  frais,  tellesque  sont  cutreautres  les 
fruits  de  toutcs  Ics  cspeccs.  Pour  commencer  par 
lcs  grenadcs  ,  il  y  a  dcs  pcrsonnes  qui  tordcnt  la 
queue  de  ces  fruiissur  Tarbre  mcme  sans  lesdi!'- 
placcr,  pour  cm|)cclicr  que  la  pluie  ue  les  fasse 
crevcr,  et  qu'elaiit  une  fois  entr'ouverts,  ils  ue 
vicnncnt  a  se  pcrdre.  Elles  les  attachent  cnsuite 
a  dcsbranclics  pkis  fortcs  quc  cclles  qui  icspur- 
tcnt,  alin  qu'ils  ue  puissent  s'cntre-choquer ;  apres 
quoi  elles  envcioppent  I'arbre  entier  de  fiiets  de 
genets  d'Espagne ,  de  peur  que  ies  corbcaux ,  les 


las  et  Tcniiciilas  ct  majoies  Amiiieas,  el  gallicas,  qii.Tqiie 
majoiis  et  duri  et  rariaciiii  craiit,  vasis  coiidcbaiit  :  imiiic 
auleiii  ciica  uiliem  niaxiiiie  aii  liiinc  iisum  Niiiiiisian.-e 
prolianlur.  Haisereiio  ca:lo,  cum  jaiu  sol  ronMu  siistuiil, 
quaita  vel  qiiinta  liora,  si  modo  liina  (leciiscil ,  et  siili 
lcnis  (>st,  niodice  nialura!  reclissiine  leKunlur  :  stalim 
pediciili  earuin  picaiitur  :  deinde  in  cratil>iisiliipoiiuiiliir, 
ue  allcra  alteiam  collidat.  Tum  demum  sub  tecliiin  n  le- 
runlur,  et  nuiclda  vel  vitiosa  giana  rurlicibus  ampiUaidur : 
et  ciiin  paululum  sub  umbra  rcfiixoiint,  leriiai  aut  cliam 
quati  riiu3  pru  capacitale  vasiiruni  iii  ullas  deniilliiiUiir  ct 
opeicula  (liliyenler  pice  obturanlur,  ne  liunioreni  liaiis- 
niillaiit.  Tniii  viiiaceoruin  pcs  bene  piclo  expressiis  pio- 
niiliir,el  morlicc  scparalis  scopionibus,  resoluta  intrila 
fiillic  uloium  in  dolio  siibslciiiilur,  et  deursum  veisus 
spcitanlcs  olla;  componuntur,  itadislanles,  ut  inlercalcari 
po.^siiit  vinacea  :  ipne  cum  diligenlcr  conspissata  priniiiin 
tabulalum  leccrunt,  ali;c  olte  codem  mndo  componiinlur 
explenlque  seciindiiin  lalmlatum.  Delnde  simililcr  doliis 
exstruuntiir  olla'  et  spisse  iiicalcanliir.  Mox  usqiie  ad 
sunmiuin  l.ibriiin  viuacca  coiidcnsaulur,  et  statim  oper- 


ciilo  snpcrposito  cincrc  in  modiini  ?ypsi  temperato  doliimi 
liiiitiir.  Moiiendiis  aiitcm  crit,  ((ui  va»a  empdiius  est,  iie 
bibiilas  aiil  inale  coctas  ollas  emat.  Nani  nlraqiie  les 
traiisiiiisso  liuiiiore  vitiat  uvam.  Quiiictiam  opnrli-hit, 
ciiin  ail  iisum  pioiniiiitur  olte,  tola  singiila  labulala  ile- 
tralii.  Nam  coiispissala  vinacea,  si  seinel  inota  sunl, 
celeriter  acescunt,  et  uvascorrumpunt. 

Xl.VI.  Sequiiiitiir  vindemiam  icruin  autumnaliiim 
composilioncs,  qiia' et  ipsieciiram  villicijcdistendunl.  Nec 
i^iioro  pliiiiiiia  III  liMiH'  liliniiii  non  esse  collala,  (pia;  C. 
.Malius  dilijifiilissii".'-'  pcrsei  iiliis  cst.  Illi  enini  proposituin 
fuit  iirbaiias  incnsas  et  laiita  convivia  instriiere.  Libros 
Ires  edidit,  quos inscripslt  nominibus  roci,ct  Cciarii,  et 
Salgamarii.  Nobis  tanien  abunde  sunt  ea,  qu;e  cx  facili 
rnslicae  simplicllali  non  in;i(;iia  impcnsa  possunt  rontin- 
gcre,  utisiiiil  in  prlinls  oniiiiiim  ^cueriim  mala.  Quidam, 
ul  a  !;ranatis  incipiam ,  pcdiculos  piinicoruin,  sicuti  sunt 
in  ailiore,  intoiquent,  ne  pluviis  inala  rumpantur,  ct 
liiantia  dispereaut,  caqne  ad  majores  ranios  religant,  ut 
immota  permaneant  :  dciiidc  spartcis  relibus  aiborem 
cludunl,  ne aut  corvis  aiil  coinicibus aliisve avibus poinuiu 


480 


COLUMELLE. 


eorncillcsoa  d'autrps  oisfaux  ne  becquctont  ses 
fruits.  Quelqucs-uns  ajustent  aux  fruits  qui  pen- 
tlent  u  l'arbre  de  petits  vasesdeten-e  cuite,qu'ils 
laissent  sur  Tarbre  apres  lcs  nvoir  cnduits  d"un 
mortiei-  dans  lequel  il  eiitrede  la  pailie  :  d'autres 
enveloppeiit  cbaque  fruit  a  part  de  foiu  ou  de 
cliaunie,  qu"ils  recouvrcntd"une  bonne  coucbe  de 
mortier  dans  lequel  il  eiitre  de  la  paille,  et  les  atta- 
cbeiit  ainsi  a  de  plusgrossesl)rancbes  que  celles 
([ui  les  portent,  afin,  comme  je  Tai  dit,  que  le 
vent  ne  les  ballottepoint.  Mais  ii  faut  faire  cette 
operation,  ainsi  que  je  Tai  dit,  lorsque  le  tenips 
est  serein  et  qu'il  n'y  a  pas  de  rosee;  quoiqu'il 
vaille  encore  raieux  s'abstenir  dela  faire,parce 
que  les  arbrisseaux  en  souffrcnt ;  ou  du  moins 
ne  pas  la  faire  babituellement  plusieurs  annees 
desuite,  d'autant  que  Pon  peut  conserver  ces 
fruits  sans  qu'ils  se  gatent,  mtme  aprcs  les  avcir 
cueilHs.  En  effet ,  on  pcut  encore  faire  ii  la  mai- 
son,  dans  un  eudvoit  trcs-sec,  de  petites  fosses 
de  trois  pieds,  et ,  aprcs  y  avoir  mis  tant  soit  peu 
de  terre  menue,  on  enfonceradanscetteterre  de 
petitcsbrancbes  de  sureau;  ensuitc  on  cueillera 
paruntempssereinlesgrenadesavecleurs(|ueues, 
et  on  les  licbera  dans  le  sureau  (car  la  moelle 
du  sureau  est  si  abondante  et  si  molle  qu'on  peut 
ais(3ment  y  introduire  la  queue  de  ces  IVuits). 
Mais  il  faudra  avoir  rattention  qu'elles  ne  soient 
pas  a  une  distance  de  la  terre  moindre  de  quatre 
doigts,  etqu'ellcs  nesetoucbent  pointentre  elles. 
Ou  eouvrira  ensuite  la  fosse,  et  on  enduira  les 
faux-joints  de  la  eouverture  qu'on  y  aura  misc 
avce  un  mortierdans  lequel  il  entrcra  de  la  paille ; 
puis  on  entassera  par-dessus  la  terre  qui  en  avait 
ct(i  Vnxe  en  la  fouillairt.  On  peut  faire  la  memeopii- 
ration  dans  une  futailie,  en  la  reraplissant  jusqu'a 
la  moitie  de  sa  capacite  ou  de  terre  pulveris(ie  a 
son  cboix,  ou  de  sable  de  riviere  (jue  quelques 


personnes  pr^-ferent  en  cette  occasion,etcneonti- 
nuant  de  la  mi'me  maniere  le  reste  de  roperation. 
MagonleCartbaginoisprescritdefairebienchauf- 
ferde  rcau  demer,  et  d'y  plonger  un  instant  les 
grenades  en  les  attacbant  avec  du  lin  ou  du  genet 
d'Espagne,  jusqua  ce  qu"elles  aient  perdu  lcur 
couleur,  et ,  apres  les  avoir  retirees,  de  les  faire 
secber  au  soleil  pendant  trois  jours  ;  ensuite  de 
les  suspendre  dans  un  lieu  frais  :  et  cnfin,  lors- 
qu'on  en  aura  besoin,  de  lcs  faire  tremper  dans 
de  Teau  douce  froide  pcndant  une  nuit,  et  jus- 
qu'au  moment  du  lendemain  ou  Ton  voudra  s'en 
servir.  Mais  le  mcme  auteur  conseille  aussi  d'eu- 
duire  les  fruits  nouveaux  d'une  bonne  couche  de 
terre  a  potier  bien  petrie ,  et  quand  cette  terre  est 
sc'cb(^e,  de  les  suspendre  dans  un  lieu  frais  ;  en- 
suife  de  les  tremper  dans  Teau  lorsqu'on  cu  aura 
besoin,  el  de  casserrnrgile  dont  ils  sont  couverts. 
Par  ee  proced(i  les  fruits  conservent  en  quelque 
sorte  leur  fralcbeur  priniitive.  Le  meme  Magon 
ordonue  d"etcndre  au  fond  d'un  pot  de  terre  neuf 
de  la  sciure  de  bois  de  peuplier  ou  d"yeuse,  et 
d'arranger  les  fruits  de  facon  que  Ton  puisse  fou- 
ler  la  sciure  dans  lesintervallesqui  les  separent; 
ensuite,  apres  avoir  fait  une  premiere  coucbe  de 
fruits,  d'etendrc  de  nouveau  de  la  sciure  par- 
dcssus,  etde  les  arrangerck'racmejusqu'a  ce  que 
le  pot  soit  rempli;  enfin,  lorsqu'il  sera  plein,d'y 
mettre  uu  couvercle  ,  et  de  i"enduire  exactement 
de  mortier  a  une  bonne  (?pnisseur.  Au  reste,  il 
fauttonjours  cueillir  avec  leurs  queues  lcs  fruits 
queTon  veutconserver  longtemps;  il  faut  merae, 
quand  on  le  peut  faire  sans  uuire  a  Tarbre,  les 
cueillir  avecde  petifes  brancbes,  ce  qui  contri- 
Oue  beaucoupa  leur  duree.  H  y  a  bien  des  per- 
sonnes  qui  arrachent  les  fruits  de  Tarbre  avec 
leurs  petites  brancbes,  et  qui  les  font  secher  au 
solcil,  apres  les  avoir  exactement  couverts  de 


laceretiir.  Nonniilli  vascula  fiotilia  depenJentibus  ntialis 
aptant,  et  itlita  lulo  paleato  arboril)u.s  li.-ereie  patiuntur  : 
aiil  IVeiio  vcl  cutnio  singula  involvnnl,  ct  iiisu|ier  liito 
paleato  crasse  linuiit,  atijue  ita  inajoribus  lainis  illi;;ant, 
ue,  ul  (iixi,  venlo  commo^eanliir.  Sed  lia:c  omnia,  ut 
dixi,  seicno  ca>lo  adniiiiislrari  sine  rore  debenl -.  quse 
tameu  aut  facienda  non  sunt,  iiuia  laeduiitur  aibuscula;  -. 
aut  certe  non  continuisannis  usurpaiida,  piai.serlim  cnni 
liceat  etiam  detiacta  aiboribus  eadem  innoxia  custodire. 
Nam  et  siib  tecto  fossulae  tripedaneae  siccissimo  loco  (iunt  • 
eoque  cum  aliquantum  tense  niinulse  repositum  est ,  infi- 
guiitiir  sambuciramuli :  deinde  serenocselo  graiiala  legun- 
tur  cum  suis  pediculis,  et  sambuco  inseruntur  [quoniam 
sambucus  tam  apertam  et  laxam  medullam  liabet,  ut  facile 
lualorum  pediciilos  lecipiat].  Sed  cavere  oportcbit,  ne 
ininus  quatuor  di^ilis  a  tena  absiiit,  et  ne  iuter  sc  poma 
contingant.  Tum  factae  scrobi  opcrculum  imponitur ,  e' 
paleato  luto  circiimlinilur,  eaque  liumo,  ipia;  fuerat 
egesta,  siipeiaggeiatur.  Hoc  idem  cliam  in  dolio  fieri  po- 
test,  sive  quis  volet  resoUitam  terram  usque  ad  dimidium 
vas  adjicere ,  seu,  quod  qiiidam  malunt,  lluvialem  aie- 


nam  ,  Cieteraque  cadem  ratione  peragere.  Pcenus  quidem 
Mago  pr.Tcipit  aquam  marinam  veliementer  calelieii ,  et 
in  ea  mala  granata  lino  sparlove  illigata  paiilum  demilti, 
diini  decoloient«r,etcKempta  per  triduuin  in  sole  siccari: 
postea  loco  fiigido  suspendi,  el  cum  rcs  exegerit ,  dna 
nocte  et  posteio  die  usque  in  eam  lioiam,  qua  fuerlt 
utendum ,  aqua  frigida  dulci  macerari.  Sed  et  ideni  auctor 
est  creta  ligulari  bene  subacta  receutia  mala  crasse  illi- 
nire,  etcum  aigilla  exaruit,  fiigido  loco  suspendeie.  Moit 
ciim  exegerit  usus ,  in  aquam  demitlere ,  et  cretam  resol- 
vere.  Haec  ratio  tamquam  receiilissiniiim  ponium  custodit. 
Idem  jubet  Mago  in  uiceo  novo  liclili  substernere  scobem 
populneam  vel  iligneam,  ct  ila  disponere,  ut  .scobis  inter 
se  calcari  possit  :  deinde  facto  primo  tabiilafo  rursus 
scobem  substernere  ,  et  simililer  mala  disponere ,  donec 
uiceus  impleatur  :  qui  cum  fucril  repletus,  operciilum 
imponere,  et  crasso  luto  diligenter  oblinire.  Omne  autein 
pomum  quod  in  vetuslaleni  leponilur,  cum  pediculis  suis 
legendiiin  est  :  sed,  si  sine  arboris  noxa  fieii  possit, 
eliain  cumrainulis.  Nam  ea  res pliiiimum  ad  perennilatem 
foiiferl.  Mulli  cuin  ramulis  suisarbori  delraliunl,et  cieta 


DK  LAf.RiCULTURE,  LIV.  XIL 


leire  a  potior ;  ct  si  cette  tcrre  \ient  a se  crevns- 
scr  par  la  suite  cii  quelqiie  endroit ,  clles  les  en- 
duisent  de  morticr,  et  lcs  suspeudent  dans  un  licu 
frais  qunnd  ce  mortier  cst  seche. 

XLVIL  Bien  des  personncs  conservent  les 
coinLis  dans  desfossesou  dans  dcs  futailles  de  la 
nicme  manicre  que  les  crcnades.  Dautres  cnve- 
loppcnt  ces  fruits  de  fcuilles  de  figuicr,  apres 
quoi  ils  pctrissent  de  la  terrc  a  potier  avec  de  la 
lie  d'Iniilc  pour  les  en  enduire;  et,  lorsque  cet 
enduit  est  sec ,  ils  les  serrcnt  sur  un  pUmcher  en 
lieu  frais  et  sec.  D'autrcs  lcs  mcttent  sur  des 
plats  ncufsqu'ils  ensevelissent  dans  du  gyp  sec, 
de  faconqu'ils  ne  se  touchcnt  pas  mutuellcment. 
Maisnous  n'avons  pas  trouvc,  toutc  expcricnce 
faite,  de  mctlioic  plus  sureni  plus  avantn;j;euse 
pour  conscrverces  fiaiits,  (jue  celle  qui  consiste 
a  les  cueillir  enbon  etat  et  non  taches,  quand  le 
ciel  cst  serein  ct  que  la  lune  est  dans  son  dcclin, 
et  a  les  armnger  lcgerement  et  de  faeon  qu"ils 
soienta  Taisc,  afin  quils  ne  puisscnt  passe  meur- 
trir,  dans  un  flacon  neuf  dout  rouverture  soit 
tres-largc,  aprcs  avoir  essuye  le  duvct  dont  ils 
sont  couverts;  ensuite,  lorsqu'ils  sont  arranges 
jLisqu'au  col  du  vase,  a  les  y  conteniravec  des 
bngucttesd'osicrmisesen  travers,  de  facon  qu'ils 
soient  legerement  eomprimes,  et  qu'ils  n'aieDt 
pas  la  liherte  de  se  soulevcr  lorsqu'on  y  aura 
verse  laliqueur;  cufuia  remplirlc  vasejusqu'aux 
bords  d'excellent  miel  qui  soit  tres-liquide,  de 
facon  que  tout  le  fruit  cn  soit  rccouvert.  iNon- 
seuleracnt  cette  methode  cst  bonnc  pour  conser- 
ver  lesfruits,  mais  elleprocure  en  meme  temps 
une  liqueur  appelee  melomeli  (miel  de  fruit) , 
quia  le  goutdu  miel,  et  que  Ton  peut  faire  prendre 
de  temps  en  temps  saus  danger  aux  personncs 
qui  ont  la  fievre.  Mais  il  faut  se  garder  de  prendre 


des  fruits  qui  ne  soient  pas  murs  pour  lcs  conscr- 
verdansdu  micl,  pareeque,  lorsqu'iIs  ont  cte 
cueillis  verts,  ils  s'y  dnrcissent  au  point  de  n'etrc 
plus  mangenblcs.  Au  reste,  il  est  inutile  de  les 
ouvrir  avec  un  couteau  d'os  pour  en  oter  lcs  pe- 
pins,  comme  font  bien  des  gens  qui  s'imaginent 
que  ees  pepins  gatent  lc  fruit;  d'aillcurs  la  me- 
tliode  qiic  je  viens  de  donner  cst  si  siire,  que 
quand  menie  il  se  trouverait  un  ver  dans  ces 
fruits,  ils  scraient  a  Tahri  de  se  giltcr,  des  qu'on 
lesaurait  mis  dans  la  liqueur  que  nousavons  pres- 
crite.  En  effct,  telle  est  la  nature  du  miel  qu'il 
arrete  lcs  progres  de  la  corruption;  et  c'est  pnr 
cctteraison  qu'il  rcnd  mcmeuncadavrcineorrup- 
tihlepcndantphisicursannces.  On  peut  donecon- 
server  dnns  cette  liqueur  toutes  lcs  autrcs  cspeccs 
de  pommes,  telles  qucla  pomme  ronde,  cellede 
Sestius,  la  pomme  de  paradis  et  celle  de  Mntius. 
Mais  comme  les  fruits  que  Ton  conscrve  ainsi 
dans  le  miel,  semblent  acquerir  un  nouvenu  degrc 
de  douccur  et  pcrdre  le  goiit  qui  leur  est  propre, 
il  vaut  mieux,  pour  les  conservcr,  preparer  de 
petites  caisses  de  bois  de  hfitre  ou  de  tilleul ,  sem- 
blablcs  a  celles  dans  Icsquelks  on  enferme  les 
habits  dont  on  se  pare  pour  sortir,  et  mcme  un 
peu  plus  grandcs,  et  mettre  ccs  caisses  sur  un 
planchcr  tres-frais  et  en  un  lieu  tres-sec,  ou  il  ne 
puisse  parvenir  ni  fumee  ni  mauvaise  odeur,  de 
quelquenaturcqu"clle  soit :  apresquoi  on  etendra 
ees  fruits  aufond  de  ces  caisses,  en  lesarrangeant 
de  faeou  quc  leur  nombril  soit  tournc  par  en  haut 
ctleur  queue  par  cn  bas,  conformement  a  la  posi- 
tion  daiis  laquclle  ils  etaient  sur  1'arbre,  et  eu  les 
eloignant  assez  lcs  uns  des  autres  pour  qu'ils  ne 
se  touchent  pas  mutucllement.  II  faudra  avoir 
soin,  en  suivant  cette  methode,  de  mettre  cha- 
que  espcce  de  fiuit  separcraent  dans  de  petites 


lij;nlaii  cuiii  (iilisiMilcr  niala  olirLicrunl ,  in  sole  sicrant  : 
«jpinde  si  qiia  rininm  creta  fecit,  liito  linunt,  et  assiccala 
frisido  loco  siispeniiiint. 

XLVII.  Multi  eadem  ralione,  qua  granata,  in  scroliibus 
vt'l  doliis  servanl  cydonea.  Nonnulli  foliis  licnlneis  illisanl, 
deinde  crelam  figularem  ciim  amiirca  sulii^iint,  ct  ca 
linuntmala,  qua>  cum  siccatasunt,  in  tabnlato  frigido 
loco  et  sicc.o  reponunt.  Nonnulli  hac  cadeni  in  palinas 
novas  siccu  pypso  ila  obriiunl ,  ut  altera  allera  non  coiilin- 
ganl.  Niliil  tainen  certiiis  ant  meliiis  experli  suinus,  quain 
ut  cydonea  maturissima,  intesra,  sine  macnla,  et  seicno 
ctIo  ,  decicsrente  liina ,  legantur ,  et  in  lagrena  nova ,  qn.T 
sil  pateiili.-ssimi  oris,  deteisa  languine  quK  malis  incst, 
coinponanlur  leviter  etlaxc,nc  collidi  possint  :  deinde 
cnmad  fauces  iisque  fnerint  composila,  vimincis  surculis 
sic  tiansveisis  aictentur,  ut  modicc  mala  comprimant, 
nec  paliantur  ea,  ciim  acceperint  liquorem,  sublevari. 
Tuni  qiiain  optimo  et  liqnidissimo  melle  vas  u.sque  ad 
suminum  ila  replealur  ,  ut  pomiiin  submersum  sit.  U.xc 
ratio  non  solum  ipsa  mala  custodit,  scd  eliam  liqiiorem 
niulsei  sapoi is  piaiiet ,  qiii  siiie  no\a  poRsil  inter  cibuni 
Uari  febiicilantiliiis,  isqiir  \ocaliir  mi  lomeli.  Scd  caven- 


dum  c,<!l ,  iie.qnac  in  nicllc  ciistodire  volueris,  ininialiiia 
mala  condaiitur  :  quoniam  criida  si  lecta  sunt,  ita  indu- 
rescnnt,  nt  usui  non  sint.  lllnd  vero  qiiod  multi  faciunt, 
iit  ea  di\idant  ossco  cullro,  et  semina  eximant,  quod 
piitent  e\  eis  pomuni  vitiari,  supervaciium  est.  Seii  ralio 
qiiani  niinc  docui,  adeo  quidem  certa  est,  ut  eliam  si 
vermiculusincst,  noii  ampliustamen  corrumpanlur  mala, 
cnin  prEedictnm  liqiioiem  acceperint  :  nam  ea  niellis  esl 
iiatura ,  iit  coerccat  vitia ,  nec  serpere  ea  paliatur  :  qiia  ex 
caiisaeliam  exanimiimcorpiisliominis  perannosplurimos 
innoxiuni  con.servnl.  Itaque  possiint  etiam  alia  "enera 
maloriim  siciit  orbicnlata,  Sestiana,  melimela,  Matiana, 
boc  liquoic  ciistodiri.  Sed  quia  videntiir  in  melle  diilriora 
lieri  siccondita,  nec  piopriiim  saporem  ronscrvare,  ar- 
ciil.r  fasiiiiae  vcl  cliam  tiliasinea',  quales  sunl  in  qnibuR 
veslimenta  rorcnsia  conduntur  ,  Iiiiic  rci  paulo  amplinres 
prrparari  debent ,  e.a-i\tte  in  tabiilato  frigidissimo  et  sio- 
cissimo.quo  neqne  fumus  nripie  teter  pervcnial  odor , 
collocantnr  :  deinde  carta  snbslrata  pnrdicta  poma  sic 
componi  ut  flos<uli  sursnm  pediculi  deorsuin  specleul. 
qnemadmodum  etiam  in  arbore  nata  sunt,  et  ne  intersi' 
nltrriini  abaltero  continganliir.  Iteniob.scrvandum  est.nt 


COLUMELLE. 


eaisses  particulieres,  paree  que,  s'il  s'en  trouvait 
de  differentes  especes  renfermees  ensemble  dans 
la  meme  caisse,ilsne  s'accomraoderaipnt  pas 
de  cette  union ,  et  ne  tarderaient  pas  a  su  ^iiter. 
Cest  precisement  la  raison  pour  laquclle  le  vin 
fait  avec  du  raisin  de  differents  plants  n'est  pas 
si  durable  que  le  vin  Araine  pur  conserve  a  part , 
ou  le  vin  muscat,  ou  le  vin  des  vignes  fecinice. 
Au  surplus ,  lorsque  ces  fruits  auront  ele  arranges 
avec  attention  de  la  maniere  que  je  viens  de 
prescrire,  on  fermera  ces  petites  caisses,  et  on 
lesenduira  d'un  mortier  danslequel  ii  entrera  de 
la  paille,  afin  que  Tair  ne  puisse  pas  y  penetrer. 
Quelques  personnes,  pour  conserver  ees  fruits, 
pratiquent  aussi  la  methode  que  nous  avonsdeja 
donnee  par  rapport  a  d'autres  espeees  de  fruits, 
c'est-a-dire  qu'elles  mettent  entre  chaque  fruit 
de  la  sciure  de  bois  de  peuplier;  d"autres  y  met- 
tent  ausside  la  sciure  de  bois  de  sapin.  II  nefaut 
cepeudantpas  cueillirces  fruitsdans  leur  matu- 
rite,  mais  lorsqu'ils  sont  encore  tres-verts. 

XLVIII.  Maniere  deconfire  raunee.  Lorsqu'on 
aura  arrache  de  terre  des  racines  d'aunee  au  mois 
d'octobre  (temps  auqucl  elles  sont  tres-mures), 
on  6tera,  en  les  essuynnt  avec  un  morceau  de 
grosse  toileou  meme  avec  un  tissu  de  poil,  tout 
le  gravier  dont  elles  seront  couvertes ;  ensuite  on 
les  ratissera  grossierementavecun  coutcau  trcs- 
'.ranchant,  et  Ton  coupera  les  plus  fortes  endeu.x 
ou  trois  troncons  de  la  longueur  du  doigt ,  selon 
qu'elles  serontplusou  moins  grosses;  apres  quoi 
on  les  fera  cuire  legcrement  avec  du  vinaigre 
dans  un  chaudron  de  cuivre,  en  prenantgarde 
qu'elles  nebrulent.  Cettepremiereopiiration  faite, 
on  les  ferasecher  pendant  trois  jours  a  Tombre, 
et  on  les  mettra  ensuite  dans  un  flacon  poisse, 
dans  lequel  on  versera  la  quantite  necessaire  de 
vin  fait  avec  du  raisiu  seche  au  soleil ,  ou  de  vin 


cuit  jusqu'adiminulion  demoitie,  pour  qu'e)leG 
en  soient  entierement  recouvertes  :  enfin ,  apres 
les  avoir  couvertes  d'uiie  bonne  poignee  d'origan, 
on  bouchera  le  vase  et  on  l'enveloppera  d'une 
peau.  Autre  facon  de  confire  Taunee.  Apres  avoir 
ratisse  les  racines  de  cette  plante ,  ou  ies  partagera 
commeci-dessus  en  petits  troncons,  que  Tonfera 
secher  a  rorabre  pendant  trois  ou  meme  quatre 
jours;ensuite,  lorsquilsserontsecs,  onles  raet- 
tradansdes  vases  non  poisses,  avec  de  )'origan 
entre  chaque  troncon.  Quand  Torigan  y  sera,  on 
melera  ensemble  six  parties  de  vinaigre  sur  une 
partie  de  vin  cuit  jusqu'a  dimiuution  des  deux 
tiers,  avec  une  heminade  sel  grille,  pour  en 
faire  un  jus  dans  lequel  on  feratremper  lestron- 
cons  de  ccs  racines,  jusqu'a  ce  qu'elles  se  soient 
entierement  defaites  de  leur  amertume  :  ensuite 
on  les  retirera  pour  lesfaire  secher  de  nouveaua 
rombre  pendant  cinq  jours;  puis  on  melera  eii- 
semble  dans  une  niarmite  trois  parties  de  lie 
tant  de  viu  epais  que  de  vin  mielle,  avec  une 
partie  de  bon  vin  cuit  jusqu';i  diminution  de 
moitie;  et  lorsque  la  marmitebouillira,  on  y  jet- 
tera  les  troncons  d'aunee ;  puis  on  retirera  aus- 
sitot  la  marmite  du  feu,  et  on  remuera  le  tout 
avcc  une  spatulede  bois,  jusqu'a  ce  qu'il  soitah- 
solument  refroidi.  Ce  n'est  qu'alors  qu'on  le  met- 
tradansun  fiaeonpoisse  que  roucouvrira,  etqiie 
Ton  enveloppera  d'une  peau.  Troisiemc  facon. 
Quaud  on  aura  ratisse  avec  soin  les  racines  de 
raunce,  on  les  fcra  tremper,  apres  les  avoir  cou- 
pees  en  petits  troncons  dans  de  la  saumure  forte» 
jusqu'a  ccqu'elles  sesoientdefaitesde  toute  lcur 
amertume.  Ensuitc  on  jettera  lasaumure,  puis 
on  pilera  des  cormes  qui  soient  tres-bonnes  et 
tres-mures,  dont  on  aura  prealablemcnt  retire 
les  pepins,  et  on  les  melera  avec  Taunee;  apres 
quoi  on  y  ajoutera  du  vin  faitavec  du  raisin  se- 


uniimquodqiie  genus  .sepaiatim  piopiiis  arculis  reponatiir. 
Naiii  cum  una  cUiiisa  sunt  diversa  gcnera ,  inter  se  discor- 
«iant.et  celerins  vitiantur.  Proplerquod  eliain  conseini- 
nalium  vinearum  non  tani  est  firmum  vinum ,  quani  si  per 
se  sineerum  Amineum,  vel  Apianum  ,  aul  ctiani  lcciiuim 
r.ondideris.  Verum  siciit  siipra  ilixi,  ciim  dilipMilcr  niala 
fuerint  composita,  operculis  arcularum  cdnlcsmdir,  et 
liito  paleati)  linantur  opercula,  nc  inlioiie  spiritus  possit. 
Atipic  ca  ipsa  niinnulli,  siciil  in  aliis  generihiis  supra  jam 
diximns,  popnlnea,  qiiiilam  ctiam  abiegna  scobe  inlerpo- 
sila  ,  inala  ciislodiiint.  Hiec  lamen  poma  non  raatura,  sed 
acerliissima  legi  debent. 

XLVllI.  Inula;  conditnra  sic  fiet.  Cnm  cjns  radicem 
mense  Octobri,  qiio  maxime  matura  est,  e  teria  erueris, 
asiicro  lintenlo  vel  eliain  cilicio  detcrgito  qnidqiiiil  aren» 
inlia?rebit :  deinde  acutissimo  cultello  siimnialim  eradito, 
et  qiiae  plenior  radiciila  fueiit,  pro  modocrassitmlinis  in 
duas  vel  pliires  partes  digiti  longiludiue  dillindito:  deiiide 
ex  aceto  modice  in  cacabo  aeneo  coqiiito ,  ita  ne  taleolae 
semJcriKlre  sint.  Post  baec  in  umbra  tiidiio  siccentur,  et 
ita  in  fideliam  picalam  recondantur ,  adjecto  passo  vet 


defriito,  qnod  siipernatet,  .spissamentoqiiecunilie  imposilo 
contcctiim  vas  pelliculetur.  Alia  inuhe  condilura.  Cum 
radices  ejus  eiaseris,  taleolas  nt  snpiafacito,  et  in  nmbra 
triduo  vel  eliam  quatriduosiccato  :  deindesiccatasin  vasis 
sine  pice,  interjccla  cunila  conjicito.  Jus  infundito,  qiiod 
eam  compositionem  babeat,  iit  sex  partibus  accti  una  pars 
sapa>misceaturciim  liemina  saliscocti.  Eojiiieinaccienlur 
laleolae,  donec  qnam  rninimum  amariludinis  resipiant. 
Poslea  exempta;  iteriim  sicceiiUir  per  dies  quinque  ii» 
uinbra  :  tum  crassamentiim  vini  fecnlenti,  nec  minus,  si 
sit,  mulsi ,  ct  utriusqiie  eorum  quarlam  partem  boni 
deli uti  confundito  iii  ollam  :  qiia;  cnni  inferbiieiit ,  taleolas 
inute  adjicito ,  et  statiin  ab  igne  removeto ,  ac  rudicula  li- 
gnea  peragitato,  donec  perfecte  refrigescant.  Poslea  trans- 
fundito  in  fideliam  picatam  ,  operculo  tegito ,  tiiinqiie  pel- 
liculato.  Tertia  cjiisdem  innlae  conditura.  Cum  radiculas 
diligenter  eiasciis  ,  minnte  eoncisas  in  miiria  dnra  niace- 
ralo,  donec  amaiitudiuem  dimittant.  Deinde  effu.sa  muria, 
sorba  quam  optima  et  maturissima  seruiue  detracto  con- 
tere,  et  cuin  iniila  misce.  Tum  sive  passum  sen  quani 
o[ilimum  defrutiim  adjjcUo,  et  vas  obturato.  Qiiidani  cuni  4 


DK  LAGRICULTURK,  HV.  Xll. 


ehe  nu  soltil,  ou  d"ex(?ellent  vin  cuit  jusqu'a  di- 
minution  de  moitie;  et  on  boucliera  le  vase  dans 
le([uel  on  l'aura  mise.  Queiquespersonnes,  apres 
avoir  fait  eonfire  Taunee  dans  la  saumure,  la 
font  seeher,  et  melent  avec  elle  des  coings  piles , 
prealablement  bouillis  dans  du  vin  cuit  jusqu"a 
diminution  de  nioitie,  ou  dans  du  miel ;  eusuite 
elles  versent  par-dessus  du  vin  fail  avec  du 
raisin  seehe  au  soleil,  ou  du  vin  cuit  jusqu'a 
diminution  de  moitie;  et  apres  avoir  couvert  le 
vase  qui  la  renferme,  elles  renveloppent  d'une 
peau. 

XLIX.  Maniere  de  confire  les  olives.  Battez 
rolive  pausia  au  mois  de  septembre  ou  d"oi'- 
lobre,  quand  elle  est  encore  acerbe  et  avant  que 
la  vendange  soit  fmie;  puis,  apres  ravoir  fait 
un  peu  tremper  dans  de  Teau  chaude,  pressez- 
la  et  mettez-la  dans  uii  flacon,  eu  y  ajoutant 
de  la  t;raine  de  fenouil  et  de  lentisque  avee  un 
peu  de  sel  grille;  apres  quoi  vous  versere?.  dans 
ce  tlncon  du  mout  tres-nouveau,  et  vous  y  en- 
foncerez  une  petite  botte  de  fenouil  vert,  qui 
comprimera  lesolives  de  facon  que  le  jus  les  re- 
couvre.  On  peut  des  le  troisieraejour  faireusage 
des  olives  confites  de  cette  maniere.  Quand 
vous  aurcz  battu  Tolive  pausca  blanche,  Vor- 
chis,\A  petite  olive  iongue  ou  la  rcgia,  vous 
comniencerez  par  les  plonger  les  unes  ou  les  au- 
tresdans  de  la  saumure  froide,  afiu  qu'elles  ne 
perdentpas  leurcouleur;  et  apres  que  vous  au- 
rez  donne  ce  premier  appret  a  la  ([uantite  d'oli- 
ves  qui  sera  nec(!Ssaire  pour  remplir  une  ara- 
phore,  vous  L>tendrez  au  fond  de  cette  amphore 
une  petite  botte  de  fenouil  sec.  Vous  aurez  soin 
d'avoir  dans  une  petite  cruche  de  la  graine  de  fe- 
I  Bouil  et  de  lentisque  mond(ie,  afin  d'en  jeter  dans 
,  le  vase  oii  vous  niettrez  rolive  ,  apres  lavoir  tiree 
dela  saumure  et  i'avoir  press^^e.  Lorsque  vous 
aurez  mis  des  olives  jusqu'au  col  du  vase,  vous 

r.ondiverunt  inulam,  muriaque  maceravenint,  exsiccant, 
et  ncilis  cydnneis  tritis ,  qua;  in  defruto  vel  melle  decuxe- 
rant,  miscent  :  atque  ita  superfundunt  passum  vel  defru- 
lum,  et  vasoperculatum  pelliculant. 
I  XLl.X.  Olivarinn  alliarum  condilura!.  .\cprbam  pauseam 
'  mtuse  Se|>tpmbri ,  vel  Octobri ,  dum  adliiic  vindcmia  cst , 
'  coiituiide ,  et  aqiia  calida  paululum  maceratam  exprime , 
1  foonieulique  seminibus  et  lentisci  cum  cocto  sale  niodice 
'  permislam  reconde  in  fideliam  ,  el  niustum  quam  recen- 
tis-simum  infunde.  Tuni  fasciculuni  viridis  ffeniculi  super- 
;  positum  mcrge,  ut  olivae  premantur,  et  jiis  superemineat. 
Sic  curata  oliva  tertio  die  possis  uti.  —  Albam  pauseam , 
vel  orcliitem ,  vcl  radiolum,  vel  regiam  duin  contundes, 
primani  quamquo,  ne  decoloretur,  infrigidam  muriam  de- 
merge,  ciijnscum  tanlum  parata!  Iiabueri.s,  ((uantuiii  salis 
;(uerit  implfiida*  aniphor;i',  fieniciili  ariili  fasciciiliim  sub- 
sterneinimu  :  ilfinilc  liiiilis  fieiiii  uli  scniina  et  leiilisci  dc- 
strictaelpurgitain  urceolo  lialiclo  :  tum  >'\>'iiiptain  deinii- 
liaolivamexprimito,  et  permistam  pr.fdictis  seminihus  in 
vasadjicito  :  deinde  cum  ad  faiices  pervcneiit  ejiis,  firni- 


les  couvrirez  de  pelites  bnttes  de  feiiouil  sec; 
apres  quoi  vous  verserez  dans  le  vase  deux 
parties  de  mofit  nouveau  et  unc  partie de  saumure 
forte ,  mil^k^es  ensemble.  Vous  pourrez  aisement 
faire  usage  pendant  toute  lanni^e  des  olives  con- 
lites  de  cette  maniere.  II  y  a  des  personnes  qui 
ne  battent  point  Tolive,  maisqui  la  coupent  par 
troncons  avec  un  roseau  tranchant :  ce  procedc', 
quoique  moins  simple,  m(?rite  cependant  la  pre- 
ference  sur  le  premier,  en  ce  que  rolive  est  alors 
plus  blanehe  que  lorsqu"elle  a  .soulTert  des 
meurtrissures  qui  Tont  couverte  de  taches  livi- 
des.  D'autres  meleut  avec  les  olives,  soit  qu'ils 
les  aient  battues  ,  soit  quils  les  aient  coupi'es 
par  troncons  ,  un  peu  de  sel  grille  mel(;  avec  les 
graines  que  uous  venons  de  nommer  ;  apres  quoi 
ils  versent  dessus  du  vin  cuit  jusqu'a  dirainution 
desdeux  tiers,  ou  du  vin  fait  avec  du  raisin  S(;- 
cheau  soleil;ou  m('mes'ils  sont  a  port(!e  de  le 
faire,  ils  y  versent  de  Teau  dans  laquelle  on  a 
trempedes  rayons  de  raiel.  Nousavons  d(?ja  donne 
dans  ce  livre  meme  la  faijon  de  coraposer  celte 
eau.  Pour  le  restes  on  procede  de  la  maniere  indi- 
quee.  Choisissez  les  olives  posicn  ou  les  rrr/ia;  les 
plusblancheset  les  moins  tachccsque  vous  cueil- 
lerez  a  la  main,  et  que  vous  jetterez  ensuite  dans 
uneamphore,  apresy  avoir  etendu  au  fond  du 
fenouil,melepar-ci  par-ladequeiquesgrainestant 
de  lentisque  que  de  fenouil.  I,orsque  le  vasesera 
rempli  jusqu'au  col,  vous  y  verserez  de  la  sau- 
mure  forte,  et  vous  comprimerez  les  olives  avec 
une  bonne  poignt-e  de  feuilles  de  roseaux,  de 
facon  qu"elles  soient  absoluraent  plongees  dans 
lejus;  puis  vous  verserez  eneore  dessus  ce  qu'il 
faudra  de  saumure  forte ,  pour  qu'il  y  en  ait 
jusqu'aux  bords  de  ramphore.  II  est  vrai  que 
rolive  ainsi  prt^pareo  est  peu  agreable,  si  oii 
la  mange  seule;  raais  aussi  elle  est  tres-pro- 
pre   a   entrer  dans   les  ragoijts  des  tables  les 

ciili  aiidi  fasciculos  siiperponito,  el  ita  recentis  musti 
duas  partes  et  unam  dui£e  muricC  permistas  adjicito.  llac 
condiliiia  compositis  olivls  toto  anno  commode  iiteris. 
Quidiim  olivam  noncontunduiit,  sed  acuta  arundine  in.se- 
cant  :  idque  operosius  quidem,  sed  mcliusest ,  quia  haec 
caiididior  est  oliva,  quain  ea  qua;  ex  coutusione  livorem 
conlialiit.  Alii  sive  contudeiint ,  sive  insecucrlnt  olivas, 
moilico  sale  cueto  et  pra'dictis  seniinibus  imniiscenl  : 
doinde  sapam  vel  passum  vel,  si  est  faciiltas,  mellam  in- 
fundunt.  Mellaaiitem  quomodo  (iat,  paulo  ante  boc  ipso 
lihro  pracepimus.  C.X'tera omnia  similiter  adminislrantur. 
Oliva  alba  ex  inuria.  Posias  olivas  vel  regias  sine  macula 
quani  candidi<>sinias  manu  destrictas  eli^ito:  deindesiib- 
strato  lieniciilo  aridoin  amplioram  conjicito  :  intermislis 
seniinibiis  lenlisci  nec  niiiius  fcpniculi  :  et  c.um  .iil  laiices 
vas  replev  eris ,  a<ljicito  miii  iam  duraiii :  liim  spissaiiieiitu 
facto  de  aruiidinum  foliis  olivam  premito,  ul  infrajus 
inersa  sit  :  et  iterum  infimdilo  muriam  duram,dum  ad 
sninmiun  ampbor,ic  labrum  pervcniat.  At  li,T>coliva  per  se 
paruni  jiicunda  esl;  sed  ad  eas  condiliiras,  quffi  lautioribus 


484 


COLUMELLE. 


plus  magnifiqucs,  puisque ,  loi-squ"on  en  veut 
faire  usage,  on  peut  ia  tirer  de  l'ainphore,  et 
rempioyer,  apres  i"avoir  battue,  a  telle  sauce 
que  l'onjugeraaprop.os.  Neaninoinslo  piusgrand 
nombre  aime  mieux  hacher  cn  petits  morceaux 
des  poireaux  que  l'on  coupe  a  differentcs  repri- 
ses,  et  de  la  rue  avec  de  raelie  tendie  et  de  la 
menthe,  et  meler  ces  substances  avec  les  olives 
apres  les  avoir  battues ;  puis  verser  dessus  un 
peu  de  vinaigre  epice,  et  tant  soit  pcu  de  miel  ou 
de  vin  niele  de  miel ;  enfln  les  airoser  d'huile 
verte,  et  les  couvrir  d'une  pctite  botte  d"ache 
verte.  Quelques-uns,  aprcs  avoir  cueilli  de 
nit^me  rolive,  mettent  trois  lieminm  de  sel  sur 
un  modhis  de  ce  fruit,  et ,  apres  avoir  jete  au 
fond  d'une  anipliore  de  la  graine  de  ientisque 
et  du  fenouil,  ils  la  remplissent  d'olives  jusqu'au 
col ;  apres  quoi  ils  y  versent  du  vinaigre  qui  ne 
soit  pas  trop  mordant;  et  lorsqne  raraphore  est 
presque  renipiie,  ils  y  enfoncent  Tolive  a  Taide 
d"une  boune  poigiiee  de  fenoui! ,  et  remettent  du 
vinaigre  jusqu'aux  bords  du  vase  :  enlin,  au 
bout  de  quarante  jours,  ils  vident  tout  ce  jus, 
et  melent  ensemble  trois  parties  de  vin  cuit  jus- 
qu'a  diminution  des  deux  tiers  ou  de  moitie,  et 
iine  partiede  vinaigre,  pour  faire  un  jusdont 
ils  remplissent  rainphore.  II  y  a  encore  un  au- 
tre  procede  de  conlue  lesolives;  ce  procede, 
qu'on  approuve  beaucoup ,  consiste  a  vider 
toute  la  saumure  forte ,  dans  laquelle  on  a  fait 
macerer  de  rolive  pausea  blanche,  et  ti  rem- 
plir  l'amphorc  d'un  melange  de  deux  parties 
de  vin  cuit  jus(iu'adiminution  de  moitie,  et  d'une 
partie  dc  vinaigre.  On  pourrait  aussi  confire  de 
mi^me  rolive  rcyia  ou  Vonhis.  Quelques  per- 
sonnes  melent  ensemble  une  partie  de  saumure 
et  deux  parties  de  vinaigre,  et  font  nager  dans 
ce  jus  des    olives  pusete.    Si   Ton  veut  alors 


les  consoramer  telles  qu'clles  sont,  sans  aueun 
autre  assaisonnement,  on  les  trouvera  asse^ 
agreables,  quoiqu'elles  puissent  aussi,  en  sortant 
de  la  saumure,  recevoir  tel  assaisonuement  que 
Toa  voudra.  On  cueille  avec  leurs  queues  les 
olives  posew  Iorsqu'elles  commencent  a  ehan- 
ger  de  couleur  et  avant  qu'elles  soient  mu- 
res ,  pour  les  conserver  dans  d'excellente  huile. 
Cest  meme  la  meilleure  methode  pour  faire 
conserver  aux  ollves  leur  gout  de  verdeur  ju.s- 
qu'a  la  lin  de  !"annee.  Aussi  se  trouve-t-il  des 
persoiines  qni  les  servent  comme  fratches  aii 
sortir  deriuiile,  apres  les  avoir  saupoudrees  de 
sel  tigruge.  Voici  eiicoie  une  facon  de  les  con- 
fire,  appelee  cpiti/ruin  ,  qus  est  comuiunemeut  en 
usage  dans  les  villes  grecques  :  on  eueille  a  la 
main  par  uu  temps  seiein  VoWse.pausca  ou  Vor- 
chis,  lorsqu"elles  coiinnenccnt  a  perdre  leur 
blaneheur  et  a  jaunir,  et  on  les  ctend  a  rombre 
sur  des  vans  pendant  une  journL'e ;  apres  quoi 
on  en  arrache  les  queues,  aiusi  que  les  fcuilles 
ou  les  pctitcs  branches  qui  peuvent  y  etre  adhe- 
rentes.  Le  lendemain  on  les  crihle,  ct  apr^s 
lcs  avoir  enfermees  dans  un  cabas  neiif,  on  les 
met  sous  Tarbre  du  pressoir,  oii  on  les  presse 
fortement,  pour  leur  faire  rendre  si  peu  qu"elles 
peuvent  contenir  dhuile.  Quelquefois  on  les 
Inisse,  pour  aiiisi  dire,  suppurer  sous  le  poids 
de  Tarhre  pendant  toute  une  nuit  et  le  leude- 
main;  apres  quoi  on  releve  Tarbre  du  pressoir, 
et  Ton  repand  dessus  un  sextariiis  de  sel  grille 
et  egruge  par  modius  de  fruit.  On  y  ajonte 
aussi  de  la  graine  de  lentisoue,  avec  dcs  feuilles 
de  rue  et  de  fenouil  sechees  a  rombre ,  et  coupees 
aussi  menues  que  lon  juge  a  propos;  puis  on  lca 
laisse  dans  le  sel  peudant  trois  heures,  jusqira 
ce  qu"elles  s'en  soient  impregnees  a  un  ccrtain 
point.  Alors on  veise  dessus  autant  de  bonne huile 


mensis  adliilicnlur,  idonea  maximc  csl  :  nam  cuni  rcs 
exisit,  de  amplinia  piomilnr,  et  conUisa recipit  (luamcnn- 
qne  volueris  conditniam.  Pleiique  tamen  seelivnm  pnr- 
rum  et  riilani  cum  apio  tenero  et  mentam  minnte  conci- 
ilunt,  etconliisis  nlivis  miscent  ;  deinde  exiguum  aceli 
piperati,  ct  plusculum  mellis  ant  mulsi  adjiciunt,  oleoque 
viridi  irroranl,  atque  ita  lascienlo  apii  viridis  contcgitiir. 
Quidam  sio  lect»  olivae  in  modios  singulos  ternas  lieminas 
salispermisoent, etadjectis  seminibus  lentisci  fa'niculo(pie 
substrato  amplioram  usque  ad  fauces  replentolivis  :  ileiiide 
acelo  nou  acenimo  iurundunt,  et  cum jam  pene nniplioiani 
impleveiunt,  fucnicnli  spissamenlodeprimnnt  baccam  ,  ct 
rursns  acetum  usqne  ad  snnimnm  lalirnm  adjiciunt. 
Poslea  quadragesimo  die  omne  jns  dernndiint ,  et  sapa;  vel 
defruti  Ires  partes cnm  aceli  uua  permiscent,  et  aniphoiam 
replent.  Est  etilla  proliata  composilio,  utcuin  inuria  dura 
pausea  alba  ubi  commaturuerit,  omne  jiis  delundatur ,  el 
imniislis  dnabus  parlilius  defruti  cuiii  areti  iina,  repleatiir 
ampliora.  Eadem  conditura  possit  eliam  regia  componi  vcl 
orcliita.  Quidam  iinam  partem  muiiiB  cl  diias  aceti  mis- 
cent,  eoqiic  jme  olivas  poseas  colymbadas  faciunt :  qiiibus 


si  per  sequis  uti  velit,  satis  jucundas  experietur,  qiiamvis 
et  ha^,  cum  exeunt  de  muria,  condituram  qualcmcnnipic 
recipere  possint.  De  olivis  fuscis.  Oliv.ie  poscae,  cum  jam 
decolorantur,  antequam  mitescant,cum  petiolo  legimtiir, 
et  in  oleo  qnani  oplimo  servantur.  Haec  maxiine  iiola 
eliani  pnst  annum  lepraesenlat  viiidem  saporem  olivariim. 
Nonnulli  etiam  cum  deoleo  exemernnl,  Irito  salc  aspersas 
pio  iiovis  apponunt.  Est  et  illud  condilura;  geniis,  qund 
iii  civitatibus  Gra?cis  plenimque  iisurpatur,  idi|ue  vocaiil 
epilyium.  Oliva  pausea  vel  oichita  cum  primum  ex  alli" 
decoloratur ,  fitque  luteola,  sereno  ciclo  manu  destringi- 
tur,  et  in  cannis  uno  die  sub  iunbra  expanditur  ;  el  siqui; 
adh.frent  pediculi  foliaque  autsurculi,  legunlur.  Posterci 
die  cribralur ,  et  novo  fisco  inclusa  prelo  snppoiiilur.j 
veliemenlerque  piemitur,  iit  exsudet  quanlnlumcunquo 
tiabet  amnrcit!.  Patimur  autem  nonnunquam  tota  nocte  ei| 
postero  die  pondere  pressam  hiiccam  velut  exaniari,  tnn 
resoUitis  corliculis  eximimus  eam,  et  in  singulos  modio: 
oliva;  trili  salis  cocti  singulos  sextarios  intuudimus 
itemque  lenti,sci  semen  rutiiequeet  focniculi  folia  siib  umhii 
siccata ,  quanta  satis  videntnr  concisa miniite  admisccmus 


DK  LWGRICULTURE,  LIV.  \1[. 


qu'il  est  luccssaire  pour  qu'eiics  soieut  uojees 
dedans,  el  on  cufouce  dans  le  ■vase  une  petite 
botte  de  tenouil  sec ,  afin  que  le  jus  les  recou- 
vrc.  On  prcpare  pour  les  coufire  ainsi  des  va- 
ses  de  terre  cuite  neufs,  et  qui  ne  soient  pas 
poisses;  et,  pour  les  empceher  de  bolre  Thuile, 
on  les  imliihe  d'une  liqueur  semblable  a  ceJle 
dont  ori  inibilje  les  melretie  qui  servent  a  mcsu- 
rer  rhuile;  apres  quoi  on  lcs  ftiit  secher. 

L.  Vicnnent  ensuite  lcs  froids  de  Thiver, 
pendant  lesqnels  la  cueillctte  dcs  olives  n'e.\ige 
pas  moins  de  soius  dc  la  part  de  la  metayere 
que  la  vendange.  Nous  commenccrons  donc  par 
douner  dcs  preccptes  sur  la  facou  de  eonfiie 
les  olives  (puisque  nous  avons  eutame  cet  ob- 
jet ),  apres  quoi  uous  passerons  a  la  maniere  de 
faire  riuule.  Ce  sont  les  olives  pausew  ou  les 
orchilcs,  et  dans  quelques  pays  meme  cel- 
les  dc  Navius,  que  Ton  apprcte  pour  etre  servies 
dans  les  rcpas.  II  faut  donc  cueillir  a  cet  effet 
ces  sortes  d'olivcs  a  la  maiu,paruu  temps  serein, 
lorsqu'elles  commencent  a  noircir  et  qu'elles  ne 
sont  pas  encore  tout  a  fait  mures,  el  les  criblcr 
ensuite;  puis  mettre  de  c6te  celles  qui  parai- 
tront  ou  tachees,  ou  gcitees,  ou  trop  petites. 
Ensuite  on  mettra  sur  uu  nwdius  de  fruit  trois 
hemiim'  de  sel  qui  n'ait  re.ni  aueun  apprct,  et, 
apres  avoir  bruuille  les  olives  avec  ce  sel  dans 
des  paniers  d'osicr,  on  repandra  par-dessus  une 
assez  grande  quantile  de  sel  pour  qu'elles  cn 
soient  recouvertes,  et  on  les  laissera  ainsi  sucr 
pendant  trentejours,  et  jetcr  toute  la  lie  d'luiile 
qu'elles  conliendront.  Au  bout  de  ce  teraps  on 
les  versera  dans  un  bassin,  et  on  cssuiera  le  sel 
avec  une  cponge  propre  ,  de  faeon  quil  n'y  en 
resteplus.  Lnfin  oo  les  serrera  dansune  amphore 
que  Ton   remplira  de  vin  cuit  jusqu'a  diminu- 


tion  dcs  dcu.\  ticrs  ou  de  moitie  ,  ct  ron  y  enfou- 
ecra  par-dcssus  une  poisnee  de  feuouil  sec  pour 
les  comprimer.  Ccpcndant  il  se  trouve  des  per- 
sonnes  qui  ajoutent  une  partie  de  vinaigre 
quelquefois  sur  dcux  parlics  ,  niais  plus  comniu- 
nement  sur  trois  partics  soit  (!e  viu  cuit  jusqu'a 
diminutiou  de  moilic,soit  dc  micl,  et  qui  les 
font  ainsi  confire  daus  ce  jus.  Quclques-uns, 
aprcs  avoir  cueilli  l'olive  noire  et  y  avoir  mis  du 
sel  daus  la  proportion  que  nons  venons  de  pies- 
crire,  la  mettent  dans  des  pauicrseu  y  entremt^ 
lant  de  la  graiue  de  lcntisquc,et  en  forraant 
alternativement  des  couches  d'olives  ct  dc  sel 
jusqu'au  haut  des  paniers.  Quaraute  jours  apres, 
lorsque  rolive  a  jete  tout  ce  qu'el!e  pouvait 
conteuir  de  lie  d'huile,  ils  la  versent  dans  un 
bassiu ,  en  la  criblaDt  pour  en  scparer  la  graine 
de  lentisque,  et  ressuient  avec  uiie  eponge, 
afiu  qu'il  n'y  reste  point  de  sel ;  api'es  quoi  ils  !a 
jcttcnt  dans  une  amphore  qu'i!s  rcraplissent  ou 
de  vin  euit  jusqu'a  diminution  soit  de  moitie, 
soit  des  deux  tiers,  ou  meme  de  raiel  s'ils  en  sont 
fournis  aboudamment,  et  font  pour  le  surplus 
ce  que  nous  avons  prescrit  ci-dessus.  U  faut 
mettre  sur  un  muilius  d'olives  un  sextarius  de 
graine  d"anis  et  de  lentisque  miuv ,  avee  trois 
cijathi  de  grnine  de  fenouil ,  ou  bieu  ,  a  dcfaut 
degraine,  la  quautite  de  fcnoui!  liache  qu'ou 
estimera  suffisante ;  ensuite  ajouter  par  chaque 
mudius  trois  hemiiKS  de  scl  grille  et  non  egrugc ; 
aprcs  quoi  on  serrera  ces  oiives  dans  des  am- 
]i!iores  qu-e  Ton  bouchera  avecde  petilespoignees 
de  fenouil ,  et  que  ron  roiilcra  tous  les  jours  par 
tcrre  ;  enfin  on  jettera  tons  les  trois  ou  quatru 
jours  toute  !a  lie  d'huile  qui  pourra  s'y  trouver. 
Quarante  jours  aprcs  on  versera  les  olives  dans 
un  bassin ,  en  se  contentant  de  les  separer  du  sel , 


liallmurinie  liorls  trilins,  iliini  ali'|natcniis  bacca  salem 
i-ombihat.  Tuin  su|)frMiiiilimiis  Iimhi  s.iikhI-.  olcuiii,  ita  ut 
obiuat olivam,  et  ioiniculi  arlili  I.im  iniliiiii  tlipiimimus, 
ita  ut jussupcrnalet.  Iluic  autciii  loncliliiric  vasa  no\a 
ficlilia  sine  pia?  pia^parautur  :  qua'  ne  pnssinl  oleiim 
torbere,  tam(|nam  olivarla;  metretn:  imbuuntur  llquida 
giimmi  et  assiccantur. 

L.  Scqiiltur  aulem  (risiis  hiemis,  per  qiiod  ollvitas, 
sicnt  vindiniia ,  curam  vllllen'  repelll.  l'rius  itaqiie  (ijno- 
niani  inclioavlmus)  de  condiluris  olivaium  pricciplcmus, 
ac  statlm  conlicleudi  olei  laliuDein  subjiciemus.  Pauseie 
bacc»!  vel  orcliita;,  nonnullis  legionibus  etiam  Naiviae, 
convivionim  epulis  pra>parantur.  Ilas  igltur  cura  jam  ni- 
griierint,  nec  adiiuc  tamcn  permatiira;  fuerint,  sereno 
ca'lo  destringerc  manii  conveiiit,  lectasqiie  cribrare,  el 
secerneie,  qua>cuniqiie  niaculosa;  sen  vitioscie  minorisve 
incremenli  vidcbuntnr  :  deiiide  iii  singiilos  inodios  oliviE 
salls  integri  tcrnas  lieminas.adjlceic ,  el  in  vimineos  qualos 
conruudere  supeiposilo  copioso  .sale,  ita  iili  olivam  con- 
tegat,  sicqiic tiiginta  dies pati  consudasccre,  atque  omncm 
aiuurcam  exstillare  :  postea  in  alveum  diriiinderc,  mun- 
daiiue  spon^ia  salem ,  iio  i.ervciiial ,  dctcrgcre  :  lum  in  vas 


adjicere ,  et  sapa  vel  defnilo  aiiiplioiam  replere  superpo- 
sllo  spls.samenlo  aridl  ririiiculi,  qiiod  olivana  depriuiat. 
1'leriiiiie  tanieu  tres  partes  defnili  aut  niellis  et  uiiaiii 
ml.scenl  aceti ,  aliqui  duas  partes  et  uiiam  aceti ,  et  eo , 
qiio  condiunt,  juie.  Quidam,  cum  olivani  uigram  legenMit, 
eandein  porUiine,  i|uasiipi'a,  saliuut,  et  sic  collncanl  in 
([ualis,  ut  iiiiniistis  scminibus  lentlsci  altenia  labiilata 
olivaruin  et  salis  u.sque  in  suminum  componanl :  deiiide 
post  i|uailragiiita  dlcs,  cuin  ollva  quldquid  liabuitamurca! 
evsiidavit,  in  alveiim  dcliindiint,  et  cribrataui  sepaiant 
ab  seminibus  lentisci ,  s[)ongia(pie  delcrgiriit ,  iiequid 
adlia;i'cat  salis  :  tiiin  in  amplKiram  coiifiindunt  adjectc  de- 
fruto  velsjipa  vel  ctiain  mellc,siest  copia,ca;lera(|ue  simi- 
liter  faciunt. —  In  siiigulos  modios  oliva;  singulosscxtarios 
maturi  semiiiis  aiiisi ,  leutisciqiic ,  ct  lernos  cyatbos  semi- 
nis  livniculi;  si  id  non  esl,  ipsiim  fccuiculum  concisuni, 
quaiilum  satis  vidcbltur,  adjici  uportet :  deinde  in  singiills 
Diodlis  olivanim  salis  cocti,  scd  noii  molili  ternas  liemiuas 
admi.sccri,  ct  ita  in  amplioris  condi,  easque  fasciculis 
fteiiiculi  obturari ,  cl  quotidie  iiei'  tei lam  volutari  :  deiiide 
terlio  quoque  aiit  quarto  die  qiiidquid  amnrca;  iiiesl, 
cinitli.  l'o>l  \!.  (lies  in  aheiim  ditfundi,  et  a  sale  lanlnm- 


COLUMELLE. 


sans  les  es5uyei'  avec  une  ^ponge;  puis  on  les 
serrera  dans  une  amphore  telles  qu'on  les  aura 
retirees  du  bassin,  et  sans  les  purger  des  parties 
de  sel  dontelles  seront  enveloppees;  et  apres  les 
avoir  couvertes  de  bonnes  poignees  d'lierbes 
qui  lcs  contiendront  ,  on  les  mettra  a  la  cave 
pour  s'en  servir  au  besoin.  Retirez  de  la  sauraure 
des  olives  que  vous  y  aurez  fait  nager  apres  les 
avoir  cueillies  mures,  et  essuyez-les  avec  une 
epongc;  ensuite  coupez-les  avee  un  roseau  vert 
en  deux  ou  trois  morceaux ,  et  faites-les  trem- 
per  pendant  trois  jours  dans  du  vinaigre;  le 
quatrieme  jour,  essuyez-les  avec  une  eponge,  et 
jetez-ies  dans  une  cruche  ou  dans  un  pot  neuf, 
au  fond  desquels  vous  aurez  mis  auparavant  de 
Tache  avec  un  peu  de  rue.  Lorsque  ie  vase  sera 
plein  d'olives  ainsi  coupees  par  morceaux,  voiis 
y  verserez  ensuite  jusqu'aux  bords  du  vin  cuit 
jusqu'a  diminution  de  moitie  :  cnfin  vous  eou- 
vrirez  les  olives  de  tendrons  de  laurier,  a  Feffet 
de  lcs  enfoncer  dans  le  vase ,  et  vous  en  ferez 
iisage  au  boutde  vingtjours. 

LL  On  cueille  les  oiives  noircs  lorsqu'el!cs 
sont  tres-mures,  par  un  temps  serein  ,  et  on  les 
etend  a  rombre  pendant  une  journee  sur  des  ro- 
seaux ,  puis  on  met  de  cote  toutes  celles  qui  sont 
giites.  On  arrache  aussi  toutes  les  queues  adhe- 
rentes  au  fruit,  ainsi  que  les  feuiiles  et  les  petites 
branehesqui  peuvent  s'y  trouver  cntremelees. 
Le  lendemain  on  les  crible  avec  soin,  afin  d'en 
separcr  toutes  les  ordures  ;  aprcs  quoi  on  les  en- 
fernie  dans  un  cabas  neuf ,  et  on  ics  place  sous 
Tarbre  du  pressoir,  pour  elre  pressurees  pendant 
toute  la  nuit.  Le  lendemain  on  les  met  sous  des 
meules  tres-propres ,  et  qui  sont  suspenJues  afin 
qu'clles  ue  brisent  pas  le  noyau;  et  lorsqu'elles 
sont  reduites  en  marc  ,  on  niele  ensemble  entre 
ies  mains  dusel  grille  et  egruge  avec  d'aulres 


assaisonneraents  secs,  tels  que  du  fenugrec  ,  du 
cumin,  de  la  graine  de  fenouil  et  de  Tanis  d'E- 
gypte.  Au  reste ,  il  suffira  de  mett."e  une  hemina 
de  sel  par  modiits  d'olives;  ensuite  on  versera  de 
rhuile  dessus,  de  peurqu'elles  ne  se  dessecbcnt, 
attention  qu'il  faudra  nieme  avoir  toutcs  les  fois 
qu'elles  paraitront  commencer  a  se  seciier.  II  n'y 
a  point  de  doute  que  cc  ne  soicnt  les  olives  po- 
sicv  qui  auront  le  mcilleur  gout  lorsqu'elles  se- 
ront  conlitesde  cette  facon,  quoique  leur  gout 
ne  se  conservera  pas  plus  de  deux  mois  sans 
s'alterer.  II  y  a  neanmoins  d'autres  especes  d'o- 
lives  qui  paraissent  plus  propres  a  etre  confites 
ainsi ,  telles  que  eelle  de  Lieinius  et  la  culminea, 
quoiqu'en  gen(!ral  celle  qui  passe  pour  y  etre  la 
plus  propre  de  toutes  soit  cellc  que  donne  Tarbre 
de  Calabre,  que  quelques  personnes  appellent 
petit  olivier  sauvage,  a  cause  de  sa  ressemblanee 
avec  ce  dernier  arbre. 

Lll.  Cest  au  eommeucenient  du  mois  de  de- 
cembre  que  Ton  fait  communeraent  la  cueiilette 
des  olives,  et  c'est  le  tempsoii  ellen'est  ni  prc- 
matureeni  tardive.  En  effet,  c'estdans  ce  temps 
que  Ton  fait  rhuile  verte ;  au  lieu  que  rhuile 
acerbe,  appelee  huile  d'ete,  se  fait  plus  t6t, 
comme  rhuile  raiire  se  fait  plustard.  Mais  Thuile 
acerbe  rendant  peu,  il  n'est  pasde  1'interet  d'un 
chef  de  famiile  d'en  faire ,  a  moins  que  les  olives 
n'aient  ete  abattues  par  les  mauvais  temps,  et 
qu'on  ne  soit  dans  la  necessite  de  les  ramasser, 
pour  empeeher  qu"elles  ne  soient  mange.es  par 
les  betcs  soit  domestiques  soit  fauves.  U  est  au 
contraire  tres-important  d'en  fairede  verte,  tant 
parcequecelle-ci  rend  abondamment,  que  parce 
qu'elle  double  presque  le  revenu  du  proprietaire , 
a  cause  du  prix  elevedont  elle  se  vend.  Mais  si 
Fon  est  en  possession  de  plants  d'oliviers  qui 
soient  d'une  etendue  immense,  ou  est  force  d'eu 


niodo  separari,  sic  ne  spongia  detergeantiir  olivsc  ,  sed  Ita 
iit  priint  exemplae,  massulis  salis  niislis  in  amplioram 
tondanliir,  et  spissanientis  imposilis  ad  usus  in  cellam 
repoiiaiitiir.  —  Maturam  olivam  in  stialiira  factamcolym- 
badera  de  nuiria  tollito,  spongia  tergito  :  deinde  canna 
viridi  scindito  duohus  vel  tiibiis  locis,  et  Iriduo  in  acelo 
liabeto  :  quarto  die  spongia  extergilo,  in  urceum  aut  ca- 
cabum  noviim  mittito  substralo  apio  el  modica  ruta. 
Concliis  deinde  pleno  vase  olivis  immilte  defriitum  iisqiie 
ad  os.  Lauri  turiones  in  lioc  iisu  mittito,  ut  olivas  depri- 
niant.  Post  dies  viginti  ulere. 

\A.  Oliva  nigra  maturissima  sereno  ckIo  legilur,  eaque 
sub  umbra  uno  dle  in  cannis  porrigitur,  et  quaecumque 
cst  viliosa  bacca.separatur.  Itera  siqui  adliBeseiant  jiedi- 
culi,  adiinuntur,  foliaque  ct  surculi,  quicumque  sunt 
intermisti,  eliguntur.  Postero  die  diligenter  ciibratur,  ut 
siquid  inest  stercoris  separetur  :  deiude  intrita  oliva  novo 
lisco  includitur,  et  prelo  subjicitur,  ut  tota  nocte  cxpri- 
raatur.  Postero  die  injicitur  quam  raundissimis  molis 
suspensis,  ne  niicJeus  frangatur.  Etciim  est  in  sampsam 
ledatta,  tunc  sal  coctus  trilusqiie  nianu  permiscelur  ciim 


caeteris  aridis  condiraentis.  H.iec  auteni  sunt,  caieuni, 
cyminum ,  semeii  fiEniculi,  aiiisum  ^gyptium.  Sat  erit 
aulem  totidem  lieminas  salis  adjicere,  quot  sunt  iiuidii 
olivarum,  et  oleum  superfundere ,  ne  exarescat  :  idqini 
(ieii  debebit,  quotiescmnque  videbitur  assiccari.  Nec  ilii' 
bium  est,  quin  oplimi  saporis  sit,  qiiae  ex  oliva  posia 
facla  est.  Caeteriim  siipra  duos  menses  sapor  ejus  noii 
permanet  iiiteger.  Videiiliir  autem  .ilia  geiieia  liiiic  lei 
niagis  esse  idonea,  siciit  I.icini»  el  culinineic.  Verunitanicii 
liabeliirpraecipiia  in  liosiisusolcaCalabrica,  quam  quidani 
piopter  similitudinem  oleaslellum  vocant. 

Lll.  Media  est  olivitas  plerumque  initium  mensis  De- 
cembris.  Nam  et  ante  lioc  lempus  aceibum  oleum  con- 
licitur,  quod  vocalur  sestiviim,  et  circa  liunc  niensem 
viride  premitur,  deinde  postea  matiirum.  Sed  aeerbiini 
oleum  facere  patrisfamilias  lalionibus  non  conducit  :  qii"- 
niam  exiguum  lluil,  nisi  bacca  tempestatibus  iu  teriam 
decidit,  et  necesse  e.st  eain  sublegere,  ne  a  domesticis 
peciidibus  feiisve  consiimatur.  Viridis  autem  nota?  coii- 
licere  vel  maxime  expedit,  quoniam  et  satis  lluit,  et  prelio 
pciie  duplicat  domini  icditum.  Sed  si  vasla  snnt  oliveta, 


DE  L'A(iRICULTURK,  LIV.  XII. 


reserverqiielqtie  partic  pour  faire  de  i'liuile  rnure. 
Quoique  nous  ayons  deja  decrit  dans  le  premier 
volunie  le  lieu  dans  lequel  on  doit  1'aire  rhuiie, 
nous  allons  cependant  rappeler  quelques  articles 
que  nous  avions  d'abord  omis,  aliii  de  completcr 
cettematiere. II  fautavoirun plancherdestinea re- 
cevoir  lesolives.  llest  vraiquenousavons  uu  pre- 
cepte  qui  ordonnedeles  metlre  jour  par  joursous 
ies  meules  et  sous  Tarbre  du  pressoir,  a  mesure 
qu'ellessont  recoltees.  Mais  neaumoius,  conime 
irarri ve  quelqnefois  que  le  travail  des  pressureurs 
ne  peut  pas  suftire  a  la  quantite  prodigieuse  d'o- 
lives  que  Ton  aura  reeoltees ,  il  faut  avoir  un 
grcnierplafonuedans  lcquel  onles  mettra.etdont 
le  planeher  sera  semblablea  ceux  sur  lesqucls  on 
pose  les  grains.  Ce  grenier  doit  aussi etre  distribue 
en  tel  nombre  de  cases  que  1'exigera  la  quantite 
d'olives  que  Ton  aura ,  afin  de  mettre  a  part  dans 
des  cases  particulieres  la  eueillette  de  cli?.que 
jow.  II  faut  que  lc  sol  de  ces  cases  soit  pave  dc 
terre  ou  detuile,  et  qu'il  ailleen  pente,  afin  que 
toute  rhumidile  s'en  ecoule  promptement,  a  tra- 
\ers  des  canaux  et  des  conduits  qui  y  seront 
pratiques,  parce  que  la  lie  d'huile  est  tres-con- 
traire  a  cette  liqueur,  et  que  pour  pcu  que  rolivc 
y  sejourne,  elle  gate  le  goiit  de  rimile.  Cest 
pourquoi ,  lorsqu'on  aura  construit  ces  cascs  de 
la  maniere  que  uous  venons  de  preserire ,  on  po- 
sera  sur  leur  superficie  de  pctits  soliveaux  eloi- 
gnes  d'un  demi-pied  Tun  de  Tautre,  sur  lcsquels 
on  etendra  des  clisses  de  roseaux  qui  serontd'un 
tissu  serre  et  travaillees  avecsoin,  afin  que  les 
olives  ne  puissent  pas  passera  travers  cesclisses, 
et  que  celles-ci  puissent  en  soutenir  le  poids.  II 
faudra  aussi  qu'il  y  ait  vis-a-vis  ces  cascs,  du 
c6te  par  lequel  s'6coulera  la  lie  d'huile,  et  sous 


les  conduits  memcs  a  travers  lesquels  elle  passera  , 
un  pave  conea\  e  ou  um  pierre  creusee  en  forme 
de  petite  fosse,  dans  laquelle  s'arrctera  toute  la 
liqueur  qui  s'ccoulera,  de  faeon  qu'on  puisse  Ty 
puiser.  II  faudra  outre  cela  avoir  descuves  et  dcs 
futailles  toutes  pretesa  la  maison,  pour  y  dcposer 
la  lie  d'huile  de  ehaque  espece  d'olive,  soit  que 
cette  lie  ait  coule  naturellement  et  sans  melange , 
soit  qu'elle  n'ait  coulequ"aprcsqueroliveauracte 
salce.  Kn  effet,  rune  ct  Tautre  deces  cspeces  de  lic 
sont  bonnes  a  differents  nsages.  Ausurplus,  les 
nieules  valent  mieux  pour  faire  riiuile  que  le  trn- 
pcfe,  comme  ie  trapole  vaut  mieux  que  le canulix 
et  la  soka.  En  effet,  il  est  tres-aise  de  gouverner 
les  meules,  parce  qu'on  peut  les  baisscr  ou  les 
remonter,  suivant  la  quautite  d'olives  qu'on  aura 
a  mettre  dessous ,  pour  eviter  d'en  briser  les 
noyaux,  qui  altercraient  le  gout  de  riiuile.  D'un 
autre  c6t6,  le  trapete  faitplus  d'ouvrage,  et  le 
fait  avcc  plus de  facilite que  la  solea  et  le canalis. 
II  y  a  encore  une  maehine,  nommee  tudiciita 
(battoir) ,  semblable  ci  un  tratneau  releve  sur  le 
cote,  qui  fait  assez  bien  la  besogoe;  si  ce  n'est 
qu'elle  estsujette  a  se  d^ranger  souvent,  et  que, 
si  rcn  y  niot  un  peu  plus  d'oIives  qu'il  n'en  fau- 
draitjSon  mouvemeut  s'arr(!'te.  II  n'y  a  ccpen- 
dant  aucune  de  ccs  machines  dont  on  ne  puisse 
se  scrvir  suivant  la  nature  et  Tusage  despays, 
quoique  la  mcilleure  de  toutes  soit  la  meule  ou 
meme  le  trapi^lc.  II  nous  a  fallu  donner  ce  dc- 
tail  preliminaire,  avant  de  p.irler  de  la  facon  de 
faire  lliuile.  Mainlenant  nous  y  allons  passcr, 
quoique  nous  ayons  omis  de  faire  mention  de 
bien  des  choses  qu'il  faut  prcparer  avant  la  re- 
coltedes  olives,  comme  on  le  pratique  avaut  la 
vendange,  telles  que  le  bois  qu'il  faut  tenir  prCt 


ncccsse  cst  ut  aliqiia  pars  eorum  niafuro  [fiuctiii]  rcscr- 
velur.  Lociis  autem  in  nuo  confici  oleum  dcbet,  etiain 
descriptus  est  priore  voluuiino;  pauca  tamen  ad  rem  ppr- 
tinentia  commcmoranda  siint,  quae  prius  omiserani.  Ta- 
bulatuin,quo  infeiatur  olea,  necessarium  esl.quamvis 
praiceptum  liabeainus,  ut  miiusciijusque  diei  Iruclus 
niolis  et  prelo  slatim  siilijiciatiir.  Verunilanien  quia  iii- 
terdum  iinmodica  niultiludo  bacca;  torculariorum  vintil 
laborcm,  (si  labor  est)  esse  oportet  pensile  liorreum,  quo 
importentur  fnictiis  :  idque  labulatum  simile  e.sse  dehet 
granario,  et  liabere  lacusculos  tam  multos,  quam  postu- 
labit  modus  olivae,  ut  scparelur  et  seorsnm  reponatur 
uniuscujusque  dici  c«actura.  Horuni  lacusculorum  solum 
lapide  vel  tegulis  oporlet  consterni,  et  ita  eclive  fieri, 
ut  celeriteroinnis  liumor  per  canales  aut  listulas  delluat. 
Nam  est  iuimicisslina  oleo  ainurra,  qua;  si  remansil  in 
bacca,  saporem  oleicoiruinpit.  Ilaque  tumlacus,  quem- 
admodum  diximus,  exslriixeris,  asserculos  inter  se  dis- 
lanlessemipedalibus  spatiis  supra  solnm  ponilo,  ctcjnnas 
diligenter  spisse  lextas  iiijicito,  ila  ut  ne  l)accam  trans- 
millere  queant ,  et  olivae  pondus  possint  sustinere,  Juxta 
omnes  aiitem  laciisculos,  ca  parle  qiia  deniicl  auiiirca, 
siiJi  ipsis  listulis  iii  modum  fossularum  roiicamm  p.ivi- 


mentum,  vel  canaleni  lapideum  e.sse  oppoitebif,  in  qiio 
consislat,  ct  unde  exliauriii  possit  quidquid  dcnuxerit. 
Priclcrea  laciis  vel  dolia  pia'parala  sub  leilo  liabcre 
oporlebit,  qiiae  seorsuin  reclpiant  sui  cujusque  generis 
amurcam,  sive  qua;  sincera  defluxerit ,  sivc  etiain  qiiffi 
salein  receperit.  Nam  utraqiie  usibiis  plurimis  idonea  cst. 
Oleo  aiileni  (■oiiricicndo  iiioloe  uUliores  sunl,  qiiain  tra- 
pelum ;  trapeliim ,  quam  canalis  et  sotea.  Molic  quam 
farilliiiiam  paliuiitur  administrationem;  quoniam  pro 
masiiitiidine  barxaiuin  vel  subniitti  vcl  eliam  elevari 
pos.sunt,  ne  nucleiis.qui  saporem  olei  vitiat,  confrin- 
gafiir.  Itursus  trai>etiim  plus  opcris  faciliusque  qiiam 
solea  et  canalis  efticit.  Est  ct  organum  erectiB  triliulaf 
simile,  qiiod  tudicula  vocatur  :  idque  non  incommodc 
opiis  eflii  it ,  nisi  quod  frequenler  vitiafur,  ct  si  baccae 
pliisculiim  ingesscris,  iinpeditur.  Pro  tonditidne  tanien 
ct  rcgioniini  consuetiidine  pra'(Iictae  macliina;  cxcr- 
ceiitiir.  Sed  et  optima  molariiin  opus  est ,  tuin  etiam  tra- 
pcti.  Hiec  anfe  quain  dc  oleo  conlicieudo  dissererem, 
pra^fari  nccesse  liabui.  Nunc  ad  ipsam  rcin  veniciidum  est, 
qiiamquam  niulla  omissa  siint,  qua;  sicuf  anle  vindcmiam. 
sicctaiilcolivitatcin  pra-pai.andasunt,  taniqiiain  ligiioniiu 
nipia  ,  r|iw  iiiullo  aiile  appurtaiida  cst ,  nc  cuin  les  dcsi- 


COLUMELLE. 


longtemps  d"avancc,  poui-  que  les  ouvriers  ne 
soieiit  pas  cletouroes  lorsqu'ils  en  auront  besoin  ; 
telles  que  les  tchelles,  les  paniers,  ies  raesures 
de  di.\  inodii  et  celles  de  trois,  dans  lesquclles  ou 
recoitrolive  a  mesure  qu'elle  est  cueillie,  les  ca- 
bas,  les  eordes  de  clianvrc  et  de  gcnet  d'Espa- 
gne,  les  coquilles  de  fer  avec  lcsquelles  on  puise 
i'huile,  les  couvercles  des  vases  dans  lesquels  ou 
lamet,  les  graudes  ct  les  petites  eponges,  les 
cruches  dans  lesquelles  on  porte  riiuile  au  de- 
hors,  les  clisses  de  canne  sur  lesquelles  on  met 
rolive,  et  tous  lesautres  ustensiles  qui  ne  rae  re- 
vienncnt  pas  ;\  la  memoire  dans  ce  moment.  II 
faut  donc  etre  muni  de  tous  ces  ustensiles,  et 
meme  en  avoir  beaucoup  au  dela  du  necessaire , 
parce  qu'il  s'ea  use  toujours  une  certaine  quan- 
tite,  et  quc  le  nombre  en  diminue  a  mesure  qu'on 
s'en  sert;  d"autaut  que,  si  un  seul  vient  a  man- 
quer  au  momcnt  ou  Ton  en  aura  besoin,  Tou- 
vrage  se  trouverainterrompu.  Maisje  vais  pour- 
suivre  lobjetque  j'ai  promis  de  traiter.  Des  que 
les  olives  auront  commence  a  tourner,  et  qu'il 
s"en  trouvera  deja  quelques-unes  de  nnires  parmi 
ie  plus  grand  nombre  de  blanches,  il  faudra  les 
cueillir  a  la  main  par  un  temps  sercin  ,  apres 
avoir  etendu  sous  les  arbres  des  clisses  ou  des 
roseaux;  puis  les  cribler  tt  les  nettoyer.  Quand 
elles  auront  ete  uettoyees  avec  soiu ,  ou  les  por- 
tera  aussitftt  au  pressoir,  ct  ou  les  enfermcra , 
avant  quelles  rendent  leur  huile,  dans  des  cabas 
neufs  que  Ton  mettra  sous  Tarbre  du  pressoir, 
de  facon  qu"el!cs  n'y  soieiit  pressurees  que  le 
moins  que  faire  se  pourra.  Ensuite,  quand  on 
aura  releve  Tarbre  du  pressoir,  il  faudra  les  ra- 
mollir  en  repandant  dessus  deu.x  sexturU.  de  sel 
qui  n"ait  recu  aucuu  apprfit  par  modius  de  fruit , 
et  en  exprimer  le  marc  a  Taide  de  rcglets,  si 
c'est  la  coutume  dupays,  ou  du  moins  a  Taide 
de  cabas  ueufs  dans  lesqucls  on  les  roifermera. 


Ensuite  celui  qui  est  charg(5  de  survider  Thuile 
puisera  aussitot  cellequi  aura  coule  la  premiere 
dans  le  bassin  (lequel  bassin  doit  etre  roud ,  parce 
qu'etant  de  cette  forme  il  est  preferable  a  un 
vase  de  plomb  carrc  ou  a  ua  bassiu  de  briques 
a  plusieurs  fonds ),  et  il  la  versera  dans  des  bas- 
sins  de  terre  cuite  prepares  pour  la  recevoir.  Au 
reste,  il  faudra  avoir  dans  le  cellier  a  huile  trois 
ordres  de  bassins,  dont  le  premier  servira  a  re- 
cevoir  Thuile  de  la  premiere  qualite,  c'est-a-dire 
celle  du  preraier  pressurage;  Tautre  servira  ^ 
recevoir  cclle  du  second  pressurage,  et  le  deraier 
celle  dutroisieme,  parce  quil  est  tres-interes- 
sant  de  ne  pas  confondre  le  second  pressurage  et 
eneore  moins  le  troisieme  avec  le  premier ,  at- 
tendu  que  Thuile  qui  coule  comme  une  lessive, 
et  satis  un  grand  travail ,  de  Tarbre  du  pressoir, 
est  d'ua  bien  meilleur  goutquetoutes  ies  autres. 
Lorsqu'eusuite  l'huile  se  sera  reposee  quelque 
teraps  dans  Ics  premiers  bassins,  il  faudra  que 
celui  qui  est  charge  de  la  survidcr  rcclaircisse 
en  la  survidant  d'abord  dans  les  seeonds  bas- 
sins,  et  ensuite  dans  les  suivanls  jusqu"aux  der- 
niers.  Car  plus  on  lui  donnera  d"air  en  la  trans- 
vasant  a  differentes  fois,  et  pour  ainsi  dire  en 
la  tourmeutant,  plus  elle  deviendra  iiquide,et 
moins  ellescra  chargee  de  lie.  II  suffira  nean- 
moins  que  chacun  des  trois  ordres  soit  composd 
de  trente  bassins,  k  moins  quc  les  plants  d'o- 
liviers  que  lon  aura  soient  si  considerables, 
qu"ils  en  dcmaiKient  une  plus  grande  quantite. 
Si  le  froidvient  a  congeler  1'huile  avec  sa  lie,  il 
faudra  sans  contredit  eroployer  un  peu  plus  de 
sel  grille  que  nous  n'en  avons  exige,  parce  que 
c"est  le  moyen  de  dissoudre  rhuile  et  d'eu  sepa- 
rer  tout  ce  qui  Taltere ;  d'autant  qu'il  u'y  a  pas 
lieu  de  craindre  qu"elle  devienne  salee,  puisque , 
telle  quantite  de  sel  qu'ou  y  mette,  elle  n"ea 
contracte  jamais  le  gout.  II  arrive  quelquefois, 


deraverit,  operrc  avocentur;  tiim  scalfc,  corbul;c,  decem- 
modiiB,  irimDdiae  satori£e,  quibns  destrieta  baccasuscipitur, 
(isci,  funes  camiabini,  spartei,  conclise  ferreae,  quibus 
depletur  oleum ,  percula ,  quibus  vasa  olearia  conteguntur, 
spongiae  majores  et  minores,  urcei,  quibiis  oleum  progeri- 
tur ,  canna; ,  tegetos ,  quibus  oliva  excipitur ,  et  siqua  sunt 
alia ,  quiE  nunc  memoriam  meam  refugiunt.  Ha?c  omnia 
multo  plura  esse  debent :  quoniam  in  usu  depereunt,  et 
pauciorafiunt;  (piorum  siquid  suo  tempore  defuerit ,  opus 
intermittitur.  Sedjam  quod  pollic.itus  sum  exequar.  Cum 
primum  bacca?  variare  cosperint,  et  jamquaedam  nigrae  fue- 
rint ,  pluies lainen  alba; ,  sereno  ca>lo  nianibus destringi  oli- 
vam  oporlebit ,  et  substratis  tegetibus  au t  eannis  cribrari  et 
purgari.  Tiim  diligenter  emundatam  protinus  in  torcular 
deferri,  et  integram  in  fiscis  novis  includi,  prelisqiie  sub- 
jici ,  ut  quantum  possit  paulisper  exprimatur.  Poslea  reso- 
lutis  corticulis  et  emollitis  debebiint,  adjectis  binis  sexta- 
liis  iutegri  salis  in  singulos  modios,  (et)  aut  regulis,  si 
consuetudo  erit  regionis ,  aut  certe  novis  liscis  sampsa'  cx- 
primi.  Qiiod  deiiidc  primum  defluxeril  in  rotundum  labruni 


(nam  id  melius  est,  quam  pluml)euni  qiiadratum,  vel 
structile  gemellar)  protinus  capulator  depleat,  et  in 
fictilia  labra  huic  usui  pra"paiata  defundal.  Sint  autem  ia 
cella  olearia  tres  labrorum  ordines ,  ut  unus  prima;  iiot« , 
id  est  priniae  pressuiai  oleum  recipiat,  alter  secundae, 
tertius  tertiae.  Nam  plurinium  refert  non  miscere  iteralio- 
nem,  nnilloque  minus  tertiationem  cum  prima  pressura  : 
quoniam  longe  melioris  saporisest,  quod  miiiore  vi  preJi, 
quasi  lixivum  delliixerit.  Ciim  deinde  pauUilum  in  labris 
primis  constiteiit  oleiim,  eliqiiare  idcapulator  iu  secimda 
labia  debebit ,  et  deinde  in  sequentia  usque  ad  ulliina. 
Nam  qiianto  srcpius  translatione  ipsa  venlilatur,  et  qiiasi 
exercelur,  tanto  fit  liquidius,  etamurca  libcratur.  Sat  erit 
aulem  in  singulisordinibus  tricena  componi  labra,  nisi  si 
vasta  fuerint  oliveta,  ct  majorem  numerum  desideraverint. 
Quod  61  fiigoribus  oleum  cum  amurca  congelabitur, 
plusculo  sale  cocto  uliquc  utendum  erit.  Ea  res  resolvit 
olciim  ,  et  separat  ab  omiii  vitio.  Neque  verendum  est,  ne 
salsum  fial.  Nam  quantumcunque  adjeceris  salis,  iiiliilo- 
minus  saporcin  non  recipit  oleum.  Solet  aiitem  iie  sic 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  XII 

lorsqu'il  survient  de  tres-grands  froids,  que  cette 
pratique  meme  iie  suffit  pas  pour  la  dissoudre. 
Ou  prillealors  du  nitre,  et,  apres  ravoir  broyc, 
on  en  saupoudre  les  olives  et  on  les  en  nourrit 
bien  ,  nlin  qu'il  parviennc  a  liqueiler  la  lie.  Beau- 
coup  de  personues  ,  qui  cependaut  passent  pour 
faire  riuiile  avec  soin,  ne  raetteut  jamais  rolive 
sous  rarbre  du  pressoir  avaut  qu'c!le  ait  rendu 
un  peu  d'liulle  d"elle-meme,  parce  <iu"elles  s'i- 
maginent  qu"il  s'eii  perd  toujours  alors  quelque 
peu,  atteuilu  que,  lorsque  Tarbre  du  pressoir 
vient  a  peser  dessus,  la  lie  d"liuile  n'est  pas  la 
seuleliqueurqui  s'enecoule,  puisqu'elle  entralne 
iufailliblement  avecelle  uu  peu  de  liqueurgrasse. 
Mais  voici  un  precepte  iieneral  que  j'ai  Adonner  : 
c'est  de  ne  point  laisscr  p^netrcrde  fumce  dans 
lepressoir  tant  que  Ton  y  fera  de  rhuile  verte, 
comme  de  n'y  poinl  souffrir  de  suie,  non  plus 
que  dans  le  cellicr  a  buile,  parce  que  ce  sont 
deux  choscstres-contraires  acegeure  de  travail : 
aussi  les  plus  babiles  builicrs  ne  permettent-ils 
qu'avec  peine  de  faire  rhuilea  la  lumicre  d'une 
lanipe.  Cest  pourquoi  il  faut  que  le  pressoir  et  le 
cellier  a  buile  soient  places  du  c6te  du  eiel  qui 
sera  le  moins  expose  aux  vents,  parce  quc  la  va- 
peurdufeuqu'onseraitalorsobliged'y  faireserait 
tres-nuisible.  II  ne  faut  pas  secontenter  de  s'oc- 
cuper  du  soin  des  futailles  et  des  cruches  dans 
lesquellcs  on  doit  mettre  riiuile  au  temps  seu- 
lcment  ou  Ton  y  est  force  par  la  recolte;  mais  la 
raetaycre  doit,  des  que  les  vases  ont  ete  vidcs 
par  le  niarcband,  s'appliquer  a  eulever  aussitot 
les  immoudices  ou  la  lie  dhuile  qui  peuvent  y 
6tre  restces  au  fond.  Elle  ne  doit  pas  cependar.t 
employera  cet  effet  une  lessive  tres-cbaude,  de 
peur  que  la  cire  ne  se  detache  des  vases;  mais 
elledoit  les  essuyer  adiffcrentes  reprises,  pujs 
les  frolter  legerement  avec  la  niain  a  Teau  ticde  , 


et  les  essuyer  souvent  avec  une  eponge  pour  en 
secber  toute  riuuiiiditc.  Ouelques  persouucs  de- 
Inyent  daus  de  Tcau  de  la  terre  a  potier,  pour  en 
faire  une  espece  de  lie  liquide ;  et  aprcs  avoir  lave 
les  vases,  elles  les  enduiseut  a  l'interieur  de  cette 
espece  de  liqueur  et  les  laissent  secber ;  puis  elles 
les  lavent  avee  de  l'eau  pure  lorsqu"elles  en  ont 
besoin.  D'autics  les  lavent  d'abordavec  de  la  lie 
d'huile  et  ensuitc  avcc  de  Teau ,  et  les  font  se- 
cbcr;  apres  quoi  elles  examinent  si  ees  vases 
n'ont  pasbcsoin  d'etre  enduits  de  cire  nou\elle. 
Car  les  aneiens  pretendaieut  qu'il  fallait  enduire 
les  vases  de  ciie  au  bout  de  si\.  rceoltes  d"olives 
a  peu  pres,  quoique  je  nc  coneoive  pas  comment 
cela  pourrait  sefaire.  En  effet,sidcs  vasesneufs 
recoiventaisement  la  cire  liquide  lorsqu"on  les  a 
fait  cliauffer,  je  penseque  d'aiiciens  vases  n'ad- 
nicttcnt  pas  uiie  seconde  fois  la  cirurc  ircnduit 
de  cire) ,  a  cause  du  suc  huileux  dont  ils  sont  im- 
pregnes.  Au  reste,  lesagriculteurs  de  nos  jours 
oiit  meme  rejete  le  premicr  enduit  de  cire,  ct  ils 
ont  pense  qu'il  ctait  plus  a  propos  de  laver  les 
vases  neufs  avec  de  la  gonime  liquide,  et  de  les 
parfumer  de  cire  blanche  lorsqirils  sejaient  secs, 
pour  lcs  empecher  de  contiacter  de  la  moisis- 
sure.  Ils  estiment  aussi  qu"il  iie  faut  pas  inoins 
rcpeter  cette  fumigatiou  a  Tegard  des  \  icu\  vases 
qu'a  Tegard  des  iieufs ,  toutes  les  fois  qu'ou  les 
soigue  dans  la  vue  d'y  nietlre  de  rbuile  nouvelle. 
II  se  trouve  bien  des  personnes  qui,  apres  avoir 
enduit  une  premiere  foisd'unegomme  epnisse  les 
futailles  ou  les  crucbes  ueuvcs,  se  contentent 
pour  toujours  de  cet  uuique  enduit,  parcc  qu'ef- 
feetivement  un  vase  de  terrc  cuitc  qui  a  ete  une 
fois  imbibe  d'huile  n'admet  pas  un  second  en- 
duit  de  gomme,  attendu  que  la  graisse  de  Hiuile 
ue  s'accomniode  pas  d'uiie  maticre  d'une  nature 
tclle  queccllede  lagorame.  Apres  leraois  de  de- 


qiiidem  resolvi ,  cuni  majnra  frigora  incesserunt  :  itaqiie 
nitruni  lorretur,  clcunlritum  insperfiilur  el  (■ominiscelur ; 
ea  res  elir|iial  ainnrcain.  Qiiidam  quamvis  ililigenlesdlea- 
rii  baccamintegramprelonon  subjiciunt,  qiiod  existmiant 
aliquid  olei  deperire.  Nam  ciim  preli  poiidiis  acce|iil ,  iioii 
sola  exprimilur  aniurca,  sed  el  aliqiiid  secum  pinguitii- 
dinis  altraliit.  lllud  auteni  in  totiim  pracipiendum  lialico, 
ut  neque  fumiis  neipie  ruliHo,quauidiii  viride  oleiim  con- 
ficitur,  in  torcular  admittatur,  aut  in  cellain  oleariam. 
Nainest  ulraqiiercs  iniinicj  buicrei;  peritissimiqueoleaiii 
y'n  patiimtur  ad  unam  lucernam  opiis  lieri.  Quaproplei 
adcum  slatiim  cjeli  et  toicnlar  et  cella  olearia  consliluenda 
esl,  qui  maxime  a  frii;idis  ventis  aversus  esl,  ut  (piaiii 
niininie  vapor  ignis  desiderelur.  Dolia  autem  et  seriu! ,  in 
quibus  oleum  reponitur,  non  tantum  eo  tcmpore  cuiaiida 
5unt,  cuin  frnctus  necessitas  cogit,  scd  ubi  lueriut  a 
niercatoie  vacuata,  confcslim  villicadebet  adliibere  curam, 
ut  si  qua>  feres  aut  amurcae  in  fiindis  vasoruni  subscde- 
rint ,  statini  emundenlur,  et  non  calidissima  lixivia ,  iie 
vasa  ceram  remittanl,  seniel  alqiie  iteriim  eliiantur  : 
deiiide  aqiia  tepida  loiter  inaDibus defriceiitur,  ct  sapius 


eliiaiiliir,  atque  ita  spongiaomnis  liumor  assiccetur.  .Siint 
(pii  (Tetum  li^ularem  in  modum  llipiida;  fecis  aqua  resol- 
vaiit ,  et  ciiiii  vasa  laverint,  lioc  quasi  jure  intrinsecus 
oblinant,  et  patiantiir  aiescer(j  :  postea  cimi  les  exigil, 
pura  eliiunt  aqua.  Ndimulli  prius  amiirca,  deimle  aqiia  vasa 
perliiiiul ,  et  assiccant.  Tum  considerant,  niimqiiid  cerain 
iiovain  dolia  desideieut.  Nain  fere  sexta  qii.ique  olivitale- 
cciari  oportere  anliqui  dixerunt.  Qiiod  lieii  posse  nou 
intellit^o.  Nani  quemadmodmii  nova  vapisi  calelianl ,  li- 
quidani  ceram  facile  rccipiiint,  sic  velera  noii  credideriui 
propler  olei  succum  ceratiiram  pali.  Qiiani  laiiien  et  ipsam 
ceraluiani  noslroriim  tempoiiim  agricolaj  repudiaveiunl, 
cxistimaveruntqiic  satiiis  esse  nova  dolia  liquiua  giimmi 
peiliierc,  siccataque  suffiimigare  alba  ccra,  iie  pallurcm 
aiit  iiialiim  odoiem  capianl.  t:iamque  suniliouem  seinjier 
faciendam  judicaiit  (piolicscuiKiue  vel  nova  vel  velcra 
vasa  curanlur,  el  oleo  novo  prieparantiir.  Jliilli  ciim  semcl 
nuva  dolia  vel  seiias  crassa  gumini  iiveruot,  una  iii  per- 
petiium  gumniilionc  cuntenti  suiil.  Kl  saiie  qu^u  senul 
oleiim  lesla  combibit,  allerani  Kiimmitionem  non  recipit. 
liespnit  cnim  olci  pinguitudo  lalcm  iiiatcriam  ,  ipialis  csl 


490 


COLUMELLE. 


cembre  il  faudra  cueillir  rollve  vers  les  calendes 
dejanvierde  lamanierequenous  avons  detaillee 
ci-dessus,  et  en  extraire  aussitot  fliuile,  paree 
que,  si  on  la  laissait  sur  le  planclier,  elle  ne  tar- 
derait  pas  a  s'eeliauffer;  d'autant  que  pendant 
les  pluies  d'hiver  elle  engendre  plus  de  lie  qu'en 
nucun  autre  tenips,  et  que  celte  lie  est  tres-con- 
traire  a  ce  genre  d'operation.  11  faut  douc  pren- 
dre  garde  de  se  reduire  a  la  necessite  d'en  faire  de 
rhuile  a  mangerqui  ne  serait  boune  que  pour  les 
gens.  II  n'y  a  qu'uu  seu!  moyen  d'eviter  cet  in- 
convenient;  ce  moyen  consiste  a  faire  ecacher 
i'olive  et  a  la  pressurer  des  qu'elle  est  arrivee  des 
champs ,  apres  !'avoir  traitee  de  la  maniere  que 
nous  avons  preserite  ci-dessus.  La  plus  grande 
partie  des  agricultcurs  s'etait  imagine  qu'en  de- 
posant  rolivealamaison,  rhuileaugmentait  sur  le 
plancher;  nnais  ce  systeme  est  aussi  faux  qu'il  est 
faux  que  !e  ble  croisse  dans  l'aire;  et  voici 
comme  Porcius  Caton  TAncien  refute  cette  er- 
reur.  II  assure  que  l'olive  se  fletrit  sur  un  plan- 
cher,  et  qu'elle  s'y  rappetisse;  mais  que  lors- 
qu'uii  paysan  a  poite a  la  maison  la  mesure  d'une 
pressuree ,  et  qu'il  veut  la  raettre  sons  les  meules 
plusieurs  jours  apres,  comme  il  a  oublie  la  quan- 
tite  qu'il  en  avait  apportee  d'abord ,  il  supplee  ce 
qui  manque  a  la  pressuree  en  puisant  dans  les 
autres  tas  particuliers  qu'il  avait  faits  de  meme; 
d'ou  i!  arrive  que  rolive  qu'il  avait  laissee  sur  le 
plancher  lui  senible  rendre  plus  d'haile  que  l'o- 
live  nouvelle,  quoique  dans  la  realite  il  en  ait 
employe  beaucoup  plus  de  fnodii  qu'il  ne  se  Te- 
tait  imagine.  Au  reste,  quand  ce  systeme  serait 
tres-fonde,  il  y  aurait  toujours  plus  de  profit  a 
faire  sur  le  prix  de  rhuile  verte,  qui  se  vend 
toujours  tres-cher,  que  sur  raugmcntation  du 
fruit  Aussi  Caton  a-t-il  dit  que,  tcl  surcroit  de 
poids  ou  de  mesure  que  Ton  supposedu  cote  de 


riiuile,  on  trouvera  toujours  une  perte  reelle 
plut6t  qu'un  profit  veritable,  si  Ton  veut  suppu- 
ter  la  quantite  d'olives  qu'on  a  ete  oblige  d'a- 
jouter  pour  completer  la  pressuree.  Ainsi  nous 
ne  devons  pas  balancer  a  ecacher  rolive  et  a  la 
mettre  sous  Tarbre  du  pressoir,  au  premier  nio- 
ment  quelle  aura  ete  cueillie.  Je  conviens  nean- 
moins  qu'il  faut  aussi  faire  de  riiuile  a  manger 
pour  les  gens;  mais  !es  olives  qui  sout  tombees 
parce  qu'elles  etaient  mangtes  des  vers,  ou  cel- 
les  que  les  mauvais  tenips  ou  les  pluies  ont  je- 
tces  dans  la  boue,  servent  de  ressource  en  cettc 
occasion.  A  cet  effet  on  fait  chauffer  de  Teau 
dans  un  chaudrou  pour  laver  ces  olives,  qui  sont 
malpropres  :  il  nefaut  pas  cependant  employer 
dans  ce  cas  de  !'eau  tres-bouillante;  il  suffit 
qu'elle  soit  modercment  chaude,  si  Ton  veut 
que  rhuile  ait  un  goiit  plus  supportable;  paree 
que  si  on  laissait  cuire  lolive,  rhuilecontracte- 
rait  des  lors  le  gout  des  vers,  et  des  autres  im- 
puretes  qu'elle  renferraerait  en  elle-merae.  Au 
reste,  lorsque  les  olives  auront  ete  lav^es,  il 
faudra,  pour  le  surplus,  se  coraporter  de  la  ma- 
niere  que  nous  avons  preserite  ci-dessus.  Mais  il 
ne  faudra  pas  se  servir  des  memes  cabas  pour  le 
pressurage  de  la  bonne  huile  et  de  celle  que  doi- 
vent  nianger  les  gens  :  Ton  se  servira  de  vieux 
cabas  pour  rolive  qui  sera  tombee  d'elle-menie, 
au  lieu  qu'on  reservera  !es  neufs  pour  Thuile  or- 
dinaire.  U  faut  aussi,  des  qu'uue  pressuree  est 
achevee,  ne  pasmanquerde  laver  sur-le-charap 
!es  cabas  deux  ou  trois  fois  dans  de  Teau  ttcs- 
bouillante,  et  de  lesplonger  ensuite  dans  de  Teau 
courante,  si  Ton  en  a,  en  les  couvrant  de  pier- 
res  qui  les  retiennent  au  fond  de  l'eau  par  leur 
poids.  Si  Ton  n'a  pas  de  riviere  a  sa  portee, 
on  les  fera  treraperdans  une  marre  ou  dans  un 
reservoir  d'eau  tres-pure ;  ensuite  on  !es  battra 


giininiis.  —  Post  niensem  Decembrem  cirea  calendas  Ja-  ( 
niiaiias  eadcm  ratione,  qiia  snperliis,  destringenda  eril 
ulea,  et  statini  exprimenda.  Nain  si  reposila  in  tabulaliim 
fuerit ,  celeriter  concalescet  :  quoniam  hiemalibus  pluviis 
amiirf«  plus  concipit,  qua!  est  conlraria  liiiic  rei.  Caven. 
diimest  utique,nc  liat  olenin  cibarium.  Qiiod  uno  modo 
vitari  poterit ,  si  protinus  illata  de  agro  bacca  commolita 
rl  cxpressa  erit ,  qua;  sic  adniinislrata  fueril,  ut  supra 
diximus.  Pleriqiie  agricolarum  crediderunt,  si  sub  tecto 
bacca  deponatur,  oleum  in  tabiilato  grandescere  :  qiiod 
fam  falsum  est,  quain  in  area  frumenta  crescere;  idquc 
mendacium  velus  ille  Porcius  Cato  sic  refellit.  Ait  eniin  in 
tabiilato  coriugari  olivam ,  ininoremque  lieri.  Propter 
quod  cum  facti  unius  mensurara  rnsticus  sub  tecto  repo- 
suerit ,  et  posl  mullos  dies  eam  molere  voluerit,  oblitus 
prioris  mensurae  qiiam  intulerat,  cx  alio  acervo  similiter 
seposito  qiiantnincnnque  niensurae  defuit  supplet,  eoqne 
facto  videlnr  plus  olei  requicta,  quam  recens  bacca  red- 
dcre,  ciim  longe  plures  modios  acceperil.  Atlamen  nt 
maxiine  id  verum  esset,  nihilominus  ex  pietio  viridis 
olei  plus  quam  multitudine  inali  nummoruni  coulraliitur. 


Sed  et  Cato  dixit :  Et  sicquidem  qnicqnam  ponderis  aut 
mensura;  oleo  accedit,  si  porlionesvelis  in  factum  adjecta; 
baccae  compulare.  [Non  proventiim,  sed  detiimentum 
seuties.]  Quapropterduhilare  non  debemus  lectam  olivani 
prinio  quoque  tempore  commolere ,  preloque  suljjicerc. 
Nec  ignoro  etiani  cibarium  oleiim  esse  faciendum.  Nam 
ubi  vel  exesa  vermiculis  oliva  decidit,  vel  tempestatibus 
et  pluviis  in  lutnm  delluxit,  ad  pra.'sidium  aquse  calida; 
decurritur,  alienumquecalerieridebel,  utimmunda;  bacca; 
eluantur.  Sed  id  non  fervenlissima  fieri  oportet ,  verum 
modice  calida,  quo  conimodior  guslus  olei  fiat  :  nam  si 
excoctus  est,  etiam  vermiculorum  caiterarumque  immun- 
ditiarum  saporem  trahit.  Sed  ciim  fuerit  oliva  elota,  reh- 
qua,  sicut  supra  prKcepimus,  fieri  debebunt.  Fiscis  auteni 
non  iisdem  prohum  et  cibariiim  oleum  premi  oportebit. 
Nam  veteres  ad  cadiicam  olivam ,  novi  antem  ordinario 
aptari  oleo,  semperque  eum  expresscrint  facta,  stalini 
ferventissima  debent  aqua  bis  aut  ter  eliii  :  deinde  si  sit 
prolluens,  impositis  lapidibus,  ut  pondere  pressi  deU- 
neantur,  immcrgi :  vel  si  nec  flumenest,  in  lacu,  aut  in 
piscina  quam  pnrissimae  aquae  macerari ,  ct  jiosloa  vir^iii 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  XIL 


de  vcrges ,  afiu  d'cn  expulser  les  immondices  et 
la  lie;  apres  quoi  on  les  lavera  encoreune  seconde 
fois,  puis  on  les  ferasecher. 

LIII.Quoiquece  ne  soit  pas  dans  ce  temps-ci 
qiie  Ton  faitriiuile  g/ruciiia  (Iniilevierge),  j'aiee- 
pendant  rerais  a  en  parler  dans  cette  partie-ci 
de  ce  volunie,  pour  ne  pas  interrompre  mal  a  pro- 
pos  Texposition  des  recettes  ponr  frelater  les 
vins,eny  inserant  la  faconde  fairecette  huile.  La 
voici  donc.  II  faut  preparer  ini  grand  vase  a  met- 
tre  rhuile,  qui  n'ait  pas  encore  servi,  ou  du  moins 
qui  soit  tres-solide,  dans  lequcl  on  vcrsera  en- 
suite ,  pendant  la  vendange  ,  soixante  sr.rfani  de 
moiU  excellent  et  tres-iiouveau ,  avee  quatre- 
vingts  livreP  d'huile  ;  apres  quoi  on  enfermera, 
dans  un  petit  filet  de  jonc  ou  de  lin  ,  des  aroma- 
tesqui  ne  soient  ni  cribles  ni  mime  broyes  bieii 
menus,  mais  simplement  concasses  legerement : 
et  on  les  enfoncera  a  Tnide  d'un  caillou  peu  pesant 
dans  ee  melange  d'huile  et  de  mout.  Voici  quels 
seront  les  aromates  qii'on  emploiera  cn  cette  oc- 
casion  ,  et  les  proportions  qu'on  suivra  cn  les  em- 
ployant.  On  prendra  du  calamus,  dujone  odo- 
rant,  du  cardamoine,  du  ijaume  de  .ludes,  de 
Tecorce  de  palmier,  du  fenugree  qui  aura  ete  ma- 
ceredansde  vieux  vin,  puis  sechect  memegrille, 
de  la  racine  de  jonc,  ainsi  que  de  Tiris  gree, 
de  Tanis  d'Kgypte ;  le  tout  par  parties  cgales  con- 
sistaut  en  nne  livre  et  un  quadranf;  de  chaeun  ; 
et  on  plongera  ccs  aromates  dans  une  mctrda, 
apres  les  avoir  renfermes ,  comme  nous  Tavons 
dit,  dans  un  petit  filet ;  puis  on  la  bouchera.  Au 
bout  de  sept  ou  de  neuf  jours,  on  otera  avec  la 
niain  la  lie  ou  les  impuretes  qui  pourront  s'etre 
attachies  d'elles-niemes  au  col  de  la  me/rela,  et 
on  ressuiera.  Ensuite  on  passera  rhuile,eton 
la  survidera  dans  de  nouveaux  vases;  apresquoi 


49i 

on  retirera  le  pelit  fllet,  et  on  broiera  tres-pro- 
prement  les  aromates  dans  un  mortier.  Lorsqu'ils 
seront  broyes  ,  on  les  remettra  dans  la  nieme  me- 
treta  ,  et  on  y  versera  autanl  d'huiie  que  la  pre- 
miere  fois;  puis  on  la  bouchera  et  on  Texposera 
au  soleil.  Sept  joursapros  on  videra  rhuile,  et 
011  transvasera  le  mnut  dans  un  baril  poisse.  Ce 
qui  en  restera  pourra  servir  de  remede  aux  bo^ufs 
qui  seront  malades ,  ainsi  qu'aux  nutres  bestiaux  , 
si  on  le  leur  fait  boire.  Pour  Thuile  qu'on  aura 
mise  en  seeond  lieu  dans  la  metreta  ,  et  qui  scra 
d'une  odeur  agreable,  eeux  ([uiseront  tourmen- 
tes  par  des  maladies  de  nerfs  pourront  s'en  frot- 
ter  tons  les  jours. 

LIV.  Maniere  de  faire  rhuile  dont  on  se  sert 
pour  les  parfums.  Avantque  Tolive  noireisse,  et 
des  qu'elle  aura  commence  a  perdre  sa  eouleur, 
sans  cependant  qu'elle  soil  eneore  tournee  tout 
a  fait ,  cueillez-la  a  la  main  ,  en  choisissant  de  pre- 
ferenee  eelle  de  Licinius  ,  si  vous  en  avez,  oii ,  n 
son  defnut,  In  regia;  et  dnns  le  cas  oii  vous  n'aii 
riez  pns  meme  do  cette  derniere  ,  la  (hdiiunia, 
et  apres  Tavoir  nettoyee,  mettez-la  sur-le-champ 
tellequ'elle  est  sousrarbredu  i^ressoir,  etexpri- 
mez-en  la  lie.  Ensuite  i)royez-la  avec  une  nieule 
suspendue ,  et  renfennez-la  suit  entre  des  reglets , 
soit  dans  un  cabas  neuf,  pour  la  remettre  sous 
Taibre  du  pressoir,  ou  voiis  la  pressurcrcz  tant 
snit  pi;u,  sans  eependnul  fiire  a^ir  les  leviers, 
mais  en  vous  ea  tenant  pour  cela  au  seul  poids 
de  rarbre.  Lorsqu'il  aura  coule  de  rhuilede  cette 
maniere.  celui  dout  la  fonction  esl  de  la  sur\i- 
der  la  sepnrera  aussitot  de  la  lie,  et  la  transva- 
sera  avec  attention  dans  differents  bassins  ,  jus- 
qu'a  ce  qu'elle  soit  edaircie.  Le  surplus  de  rhuile 
quc  Ton  ex  priniera  ensuite  dcs  oli ves  pourra  ser- 
vir  de  nourriture  ,  soit  qu"on  veiiille  In  mnnger 


veilierari,  ut  sordes  fecesque  decidant,  et  iteruiii  eliii, 
siccarique. 

LIII-  Qiiamvis  non  erat  liujus  temporis  olei  gleuciui 
compositio,  tanien  luiic  parli  voluminis  reservata  est  :  ne 
p.iruin  opportune  vini  conditioiiihiis  iiilerponeretiir.  Ilac 
autem  ratione  confici debet.  Vas  oleariiim <piam maximiim, 
et  aut  novum  aiit  certe  bene  solidum  pr.Tpaiari  oportet : 
deinde  per  vindemiam  niusti  quani  oplimi  Kcneris  et  qiiain 
recentissimi  sexlarios  sexaginta  cum  olei  pondo  octoginta 
in  id  confundi  :  lum  aromata  non  crilirata,  sed  ne  niiiiute 
qiiidem  contusa,  veruni  leviler  confr.icta  in  reticiilum  jiiii- 
ceura  aut  lineuni  adjici,  et  ita  [cum  saxi  pondusculo  J  in 
olei  atque  musti  parlein  demitti.  Sint  autem  iis  porfionibus 
pensata,  quas  iiifra  subjicimus,  catami,  sclneni,  carda- 
momi ,  X jlobalsami ,  corlicis  de  palma ,  firni  Gracci  vetere 
vino  macerati  et  postea  sicc^iti  atque  Pliam  torrcfarli, 
jiiiici  radicis,  tiini  eliam  iridis  Grseca;,  iiec  miniis  anisi 
'I.gyptii  pari  pmidere,  id  est,  uuiuscujusquc  libram  ct 
iliiadrantem,  ut  siipradixiiniis,  reticulo  inclusa  demillilo, 
et  nielrelam  linilo.  Post  septimum  diem  aut  nonuni 
aperlae  metreta!  siqiiid  fecis  aut  spurcitia;  faucilius  inlia;- 
rebil,  manu  cxiiiiilo,  el  delergilo  :  dcindcoleumeliqiialo, 


novisque  vasis  recondilo.  Mox  relicnliim  exiniilo,  et  aro- 
mata  in  pilaquani  mundissime  coiiliindilo,  liilaqiie  iiieaii 
dem  melretain  reponilo,  el  taulundem  olei  qiiantiim  priiis 
infundito,  et  oblurato,  in  sole  ponito.  l>ost  septimum 
diem  oleiim  depleto,  ct  quod  reliqiiiim  est  miisti  picalo 
cado  recondito.  Nam  id  si  non  exaciierit  mcdicainenliim , 
dabitur  potandiim  imbecillis  bubus  et  ca-leio  pecori. 
Oleiiin  auleni  secundarium  noii  insuavis  odoris  qiiolidia- 
nam  uiiclioneni  pia'bere  poleril  dolore  nervoniin  laboraii- 
libiis. 

IJV.  Oleum  ad  unsuenla  sic  facito.  Ante  quam  oliva 
iiiijrescat ,  ciim  primiim  decolorari  cippcrit ,  nec  tanien 
adhiic  varia  luerit,  niaximc  Liciniain  ,  si  eril;  si  nilniis, 
legiam ;  si  nec  lia-c  fueril ,  liinc  Ciilminiam  barcam  nianu 
sliingilo  ,  et  stalim  purgatam  prelo  integram  subjicito,  et 
amuiiam  ixpriniilo  :  deiiidc  siispcnsa  mola  olivam  fran- 
^ili),  eamqiie  vel  in  legiilas,  vel  in  novo  fisco  ailjicilo, 
suhjecthiiiqiie  prelo  sic  premilo,  ne  va.sa  intorqueas,  scd 
tanlum  ipsius  preli  poudere  ipiantulumcunqiic  cxpriiui 
paliaris. Ueiudc cum  sic lliixcril, protiniis capulator  ainiirca 
.separet ,  cl  diligciilcr  seorsiim  in  nova  labra  transferal , 
quoiisque  eliqiiel.  Keliquum  olei ,  qijod  postea  fuerit  c»- 


-492 


COLTJMELLE. 


seule,  soit  qu'on  veuille  la  melei'  avecJes  liuiles 
d'uiie  autre  quaiite. 

LV.  Nous  avonsassez  parle  jusqu'ici  de  l'luiile : 
passous  a  des  objets  moius  importants.  Tel  aiii- 
raal  qu'on  veut  tuer,  il  faut  rempecher  de  boire 
ia  veille  ,  et  surtout  le  porc ,  afiu  que  sa  cliair  soit 
plus  seche;  parce  que,  si  on  le  laissait  boire,  le 
sale  qu'on  en  fcrait  serait  plus  humide.  On  le 
tuera  douc  dans  un  moment  oii  il  soit  altere; 
apres  quoi  on  le  desossera  bien ,  parce  que  c'est 
le  moyen  que  le  sale  soit  mieux  fait  et  de  plus 
longue  garde.  Lorsqu'il  sera  desosse  ,  on  le  sa- 
lera  soigneusement  avec  du  sel  grille  ,  qui  ne  soit 
pas  cependant  trop  menu  ;  il  suflh'a  meme  qu'il 
soit  broye  avec  une  meule  suspendue  :  on  en 
saupoudrera  surtout  copieusemenl  les  parties  du 
corps  qu'on  n'aura  point  desossees  ;  et  apre?  avoir 
arrange  sur  un  plancher  les  quarliers  ou  les  pe- 
lites  pieces  de  chair,  on  les  chargera  de  poids 
considerables,  pour  leur  faire  jeter  lcur  humidite 
^uperllue.  Le  troisieme  jour  on  retirera  les  poids, 
et  on  frottera  exacteineut  lc  sale  entre  les  niains; 
et  lorsqu'ou  voudra  le  reiiiettre  sur  le  plancher, 
onje  saupoudrera  auparavant  de  sel  egruge  bien 
nieuu  :  on  ne  laissera  pas  passer  un  seul  jour  sans 
ie  frotter  entre  les  mains  ,  jusqu'a  ce  qu'il  soit  a 
son  point.  Si  letemps  a  ete  beau  pendaut  les  jours 
qu'on  Tnura  frotte,  on  ne  le  lai^sera  dans  le  sel 
que  Tcspace  de  ueuf  jours;au  lieu  quc  si  le  temps 
a  ete  nchuleux  ,  ou  quil  ait  plu,  il  ne  faudra  le 
porter  que  le  onzieme  ou  le  douzieme  jour  au  re- 
servoir,  oii  ou  le  lavera  soigneusemcnt  avec  de 
Teau  douce  ,  apres  avoir  secoue  le  sel  de  facon 
qu'il  n'en  reste  aucune  trace;  et  on  fera  secher 
ponr  le  suspendre  ensuite  au  garde-manger , 
dnus  un  eudroit  oii  il  parvienne  un  peu  de  fu- 


mee,  arui  que  le  peu  d'humidite  (|ui  pourra  s'y 
trouver  encore  acheve  de  se  sccher.  Le  temps 
le  plus  commode  pour  faire  le  sale,  c'est  pen- 
dant  le  solstice  dhiver  ou  meme  au  mois  de  fe- 
vrier,  avant  les  ides.quand  la  lune  sera  dans 
son  deelin.  Voici  une  autre  facon  de  saler  la 
viande,  qne  Ton  peut  mettre  en  usage,  meme 
dans  les  lieux  chauds,  en  quelque  tcmpsde  l'an- 
nee que ce  soi t.  Apres qu'on aura em peche  les  porcs 
de  boire  pendaut  une  journec,  ou  les  tuera  le 
lendemain,  et  on  les  pelera,  soit  avec  de  Teau 
bouillaute,  soita  une  flamme  de  raeuu  bois  (  car 
011  peut  le  faire  de  rune  ou  raufre  maniere  ) ,  et 
Toa  coupera  leur  chair  cn  pkisicurs  morceaux 
d'une  livre  chacun ;  npres  quoi  on  mettra  daus 
uue  cruche  iine  couche  de  sel  grille,  mais  qui 
ne  soit  que  legerement  egruge  (  comrae  nous  Ta- 
vons  dit  ci-dessus  )  :  ensuite  on  y  arrangera  tous 
les  morceaux  en  les  serrant  les  uns  aupres  des 
autres,  et  on  fera  alternativement  plusieurs  cou- 
chcs  de  sel  et  de  morccaux  de  viande.  Lorsqu'on 
sera  parvenu  nu  col  de  la  cruche,  on  achevera 
de  la  remplir  de  sel ,  et  on  y  enfoncera  la  viande 
avec  des  poids  dunt  on  la  chargera  :  cette  viande 
seconservera  toujours  tant  qu'on  la  laissera  dans 
sa  sauraure  ,  comme  du  poisson  salc. 

LVL  Choisissez  les  raves  qui  seront  les  plus 
rondes;  essuyez-les  si  elles  sont  hourbeuses,  et 
pelez-Ies  avec  un  couteau  ;  ensuite  fcnduz-Ies  en 
sautoir  ( suivant  rusagc  des  conliseurs  )  avec  uu 
instrument  de  fer  fait  en  forme  de  croissaut,  ea 
evilant  ueanmoins  de  conduire  cesfentesjusqu'en 
bas.  Rcpnndez  ensuite  entre  ces  feutes  du  sel  qui 
ne  soit  pas  tiop  raenu ,  et  arrnugez  les  raves  dans 
un  bassin  ou  dans  un  cruche;  puis,  apres  les 
avoir  saupoudrees  d'une  qualite  de  sel  un  peu 


[iressum,  potcrit  ad  escam  vel  cum  alla  nota  raislum 
vel  pei'  se  appioliaii. 

LV.  Hactenus  de  oleo  dixisse  abuiide  est;  nunc  ad  mi- 
nora  ledeamus.  De  sucidia  et  salsiira  facieiida.  Oiiine  pe- 
cus  et  piaecipne  suem  piidie  qnam  occiriatur,  polione 
piohibeii  oporlet,  quo  sit  caio  siccior.  Nam  si  biberit, 
plus  liumoris  salsiiia  liabetit.  Ergo  silientem  cum  occi- 
deris ,  bene  exossalo  :  nam  ea  les  minus  viliosam ,  et  ma- 
gis  duiabilem  salsuram  facil.  Deinde  cum  exossaveris, 
cocto  salenec  nimium  ininuto ,  sed  suspensa  mola  infracto 
diligentersalilo,  elmaxime  in  eas  partes,  qnibusossa  re- 
licta  sunt,  largnm  salem  inlarcito,  compositisqiie  siipra 
labulatum  tergoribus  aiit  frustis  vasta  pondera  imponito , 
ut  exsanietur.  Tertio  die  pondera  removeto ,  et  manibns 
(liligenter  salsuram  fricato ;  eamque  cum  voles  reponere , 
minuto  et  trito  sale  aspergito ,  atque  ita  icponito  :  nec 
(losieiis  ejus  quolidie  salsuram  fricare,  donec  matura  sit. 
Qiicd  si  sereuitas  fueril  iis  diebus ,  quibus  perfricatur 
caro,  palieris  eam  sale  conspersam  esse  novem  diebus  : 
at  si  nubilum  autpluviae,  undeciina  vel  duodeciina  die 
ad  lacum  salsuram  deferri  oporlebit,et  salem  prins  ex- 
f.uli ,  di>inde  aqua  dulci  diligenter  elui ,  neciibi  s?l  iiibae- 
real,  el  pauliilum  assii.catai'!  iii  (-ainario  siispendi ,  qiio 


niodicus  fumns  peiveniat  qui ,  siquid  liumoris  adliuc, 
contiiietiir,  siccare  eum  possit.  Ha;c  salsuia  luna  decr». 
scente  niaxime  per  bruinam  ,  sed  etiilm  mense  Februario 
ante  idus  commode  fiet.  Est  et  alia  salsura,  quae  ctiam 
locis  calidis  omni  tempore  anni  potest  usurpari  [  quae 
talis  est  ].  Cuin  ab  aqiia  pridie  sues  prohibila!  sunt,  pos- 
tero  die  mactantur,  et  vel  aqua  candenle,  vel  ex  tenulbus 
lignis  flammnla  facta  glabrantiir,  (  nam  utroque  modopili 
detrahuntiir  1  caro  in  llbraria  frusta  conciditnr  :  deinde  in 
seria  substernitur  sal  coctus,  sed  modice  (  nt  siipra  dixi- 
mus  )  infractus :  deinde  oflula!  cariiis  splsse  componuntur, 
eli  alternls  sal  ingeritur.  Sed  cum  ad  fauces  seiiae  perven- 
tiim  est ,  sale  reliipia  pars  repletur,  et  Iniposltis  ponde- 
lihus iii  vas comprimituv  :  eaque  caro semper conservatur, 
et  lauquam  salsamentum  In  miiria  sua  permanet. 

LVl.  Rapa  et  napos  qiiomodo  condias.  Rapa  quam  ro- 
tundissima  sumito,  caque,  si  sunt  lutosa,  (Jeteiglto,  et 
summam  cutem  novacula  (Jecerpito  :  deinde  (  siciit  con- 
sueverunt  salgamaiii )  decussallm  ferramento  lunato  iu- 
cidito.  Sed  caveto ,  ne  usqiie  ad  imum  praecidas  rapa. 
Tum  salein  inter  incisuras  laporum  non  niininm  minu- 
tiim  aspergito,  et  rapa  In  alveo  aut  serla  componito,  et 
salc  pliisciilo  a.spersa  trlduo  sinito,  diiiii  e\iidi'nl.   Vn^t 


DF.  L-AC.rJCULTURE,  T.IV.  XII. 


phis  fortc,  laissez-les  rcndre  leur  eau  pendant 
trois  joiirs.  .\u  bout  du  tj'oisieme  jonr,  goutezle 
milieu  de  ieur  filament ,  pour  voir  si  elles  ont  bicn 
pris  le  sel.  Lorsque  vous  juperez  qu'elles  Tau- 
ront  suffisanimentpris,  vous  les  retirerez  toutes 
de  la  cruelie  et  vous  les  laverez  daus  leur  propre 
eau;  ou  si  ellcsn"en  ont  pas  rendu  beaucoup, 
vous y  ajoutcrez  de  lasaunuu-e  forte,  dans  laquclle 
voiis  les  laverez.  Ensiiite  vous  les  arrangercz 
dans  uu  manncqiiin  d'osier  carre  dont  le  tissu 
ue  soit  pas  trop  serre  ,  mais  qui  soit  cependant 
fai  solidement,  et  avee  de  gros  brins  d'osier; 
apres  quoi  vous  raettrez  par-dessus  une  planche 
qui  y  f ei"<'i  aduptee  de  facon  que  les  raves  puisscnt 
('tve  enfoncees  a  Taide  deoctte  planchejusqu'au 
fond  du  mniuiequin,  fi  le  cas  rexijie.  Lorsque 
ccltc  pl;inchc  scra  ainsi  adaptcc  au  mannequin, 
vous  lacliar^'erczdepoids  considerablcs,  et  vous 
laisserez  sccher  les  raves  pendant  un  jour  et  une 
luiit.  Apres  ([uoi  vous  les  arrangercz  dans  une 
futaille  soit  de  terre  cuite  poissee ,  soit  de  verre  , 
et  vous  vcrserez  dessus  de  la  moufarde  et  du  vi- 
nai^re,  de  facon  qu'elles  en  soient  recouvertes. 
On  pourra  aussi  confire  des  navets  eomme  des 
raves,  et  dans  le  meme  jus ;  avec  cette  difference 
qu'on  ne  les  coupera  qu'au  casqu'ils  soient  trop 
gros.  Au  reste,  il  faut  avoir  soin  de  confire  ces 
deux  fortes  de  raeinesavant  qn"elles  montenten 
tiges  ou  en  graine,  ct  dans  lc  tempsoii  elles  se- 
ront  cneore  tendres.  Jetez  dans  un  vase  de  pe- 
tits  navcts  entiers  ,  onde  grands  coupes  en  trois 
ou  quatrc  troncons,  ct  vcrsezdu  vinaigre  par- 
dessus,  en  y  ajoutantun  scxtar/iis  de  sel  grilie 
par  coiu/iiis  de  vinaigre,  et  vous  pourrez  en  faire 
usage  ;ui  boutde  trente  jours. 

LVII.  Nettoyez  avec  soin  de  la  graine  de  mou- 
tarde,et  criblezla:ensuite  lavez-ladansde  Teau 
froide,  et,  apres  qu'e!le  aura  ete  bien  lavee , 


laissez-la  dans  feau  pendant  deux  heurcs.  En- 
suite  videz  feau ;  et  aprcs  avoir  exprime  cette 
graine  entre  vos  maius  ,  jetez-la  dans  un  mortier 
neuf  ou  qui  soit  bicn  nettoyc',  et  broyez-la  avec 
des  pilons.  Lorsqifclle  sera  broyee ,  raniassez 
toute  la  bouillie  (pii  en  resultera  au  milieu  du 
mortier,  et  aplatisscz-la  avec  la  paume  de  la 
niaiii.  Quand  ellc  sera  aplatie  ,  faites-y  plu- 
sieurs  trnns,  ct  nicttez  dcssus  quelques  cliarbons 
ardeuts  sur  lesqucls  vous  verscrez  de  fcau  ni- 
tri'e ,  afiu  que  cette  bouillie  jette  toute  son  amer- 
tume  et  sa  moisissure  ;  apres  quoi  vous  soulevc- 
rez  anssitot  le  raortier ,  afin  que  toutc  rhumiditi' 
s'en  ccoule.  Quand  cela  scra  fait ,  vous  verserez 
sur  cette  nioutarde  du  vinaigre  bien  raordaut ,  el 
vous  la  remuerezavec  le  pilon  ,  puis  vous  la  pas- 
serez.  Cette  moutarde  sera  trcs-bonne  pour  con- 
fire  les  raves.  Au  reste ,  si  vous  la  voulcz  pri']).i- 
rer  a  fusage  de  la  tablc ,  lorsque  vous  lui  aurcz 
fait  jeter  son  araertume ,  vous  y  mettrez  des  pi- 
enous  tres-nouveaux  et  des  amandes  que  v  ous 
broierez  avec  soin,  en  y  versant  du  vinaigre 
pnr-dessus.  Pour  le  surplus,  vous  suivrez  la  me- 
tliode  que  je  vieus  de  prescrire.  Non-seulcrnent 
cette  moutarde  sera  d'un  bon  usage  pour  les  sau- 
ces,  niais  elle  seia  encore  belle  a  1'ceil,  puis- 
qu'elle  sera  d'une  blaneheur  singuliere  quand 
elle  aura  ei6.  faite  avec  attcntion. 

LVIIL  Avant  que  le  maccrou  monteentige, 
arrachez-en  la  raeine  au  mois  de  j.Tuvier,  ou 
nu-me  au  mois  de  fevrier  ,  et  frottez-la  bien  afin 
qu'il  u'y  reste  point  de  terre  ,  puis  faites-la  eou- 
fire  dans  du  \inaigre  ct  du  sel ;  eusuite  vous  la 
retirerez  de  ce  jus  au  bout  de  trcntejours;  vous 
la  pelerez ,  et  vous  en  jetterez  recorce.  Qnant  a  la 
moelle  qni  restera  ,  vous  la  couperey.  par  tron- 
(jons,  que  vous  mettrez  dansun  tlacon  de  verre  ou 
dans  un  flacon  ncuf  de  terre  cuite,  en  y  ajoutant 


terliam  iliein  mediara  fibram  rapi  s"stato ,  .<;i  lecppoiit 
salein.  Deiiide  cum  videbitur  salis  recepissc ,  esemptis 
(iiimilins,  sin^ula  suo  sibi  juie  elnito  :  velsi  non  inultnm 
licpidMs  tiicrit ,  niuriam  (liirani  adjicilo,  ct  ita  eluili)  :  et 
poslcii  in  (|ua(iiatam  cistam  vimineam,  (\ux  neque  spissc, 
sulide  lamen  et  crassis  viminil)ns  contexla  sit,  rapa  com- 
ponilo:  deindesicaplatam  talmlam  superponito,utusqiie 
ad  fundiim,  si  res  cxiuat,  intra  cislani  deprimi  possit. 
Cnm  anlem  t!am  tabulam  sic  aptaveiis  :  gravia  ixjiidera 
snperpoiMlo,  et  siiiito  nocle  tola  ,  ct  nnodie  siccaii.  Tnm 
iii  (lolio  picalo  lictili,  vel  in  vilreo  componito,  et  sic  iii- 
fundito  sinapi  etaceto,  ut  a  juie  conlcganlur.  Napl  quo- 
(pie,  sed  intcgrl,  si  niinnti  sunt,  inaiores  aulcin  insccti , 
codemjure,  qno  rapa  condiri  possnnt :  sed  curaniluin 
est,  ut  li.it;  nlraqiie  ante(piam  c^iulcm  agant  et  cyniani 
laciant,  dnm  snnt  tenera,  componautur.  —  Napos  minu- 
tos  intc^ios ,  aiit  rnisns  amplos  in  ties  aul  quatnor  parles 
di\isos  in  vas  conjicilo  ,  ct  aceto  iiifuiidilo,  salis  quoque 
cocli  iiniiin  sextarium  in  congiiim  aceti  adjicito.  Post  Iri- 
gesimiini  diem  uli  poleiis. 
l.VII.  .Seiiien  sinapis  diligenler  pmt;.ito ,  et  cribralo  : 


deinde  aqiia  frigida  eliiilo,  el  cuin  fupril  bene  lotnni, 
duabns  boris  in  aqiia  sinito.  Postea  tollito,  et  in:uiibiis 
expicssum  in  morlarium  noviim  aut  bciie  pniinidalum 
conjicito  ,  et  pislillis  cont^iilo.  Cnm  conlritnni  tucril ,  to- 
Uim  inlrilam  ad  inedium  morlarinm  conlraliilo,  cl  coni- 
priinilo  inann  plana.  Ucinile  ciiin  compresseiis  ,  scarid- 
cato,  el  imposilis  paucis  carboiiilins  vivis  aquam  nitratani 
sutlundilo,  ut  omnem  amarilndinem  ejus  et  pallorcm  e\- 
sanict.  Deinde  sl;itiin  mortarium  erigilo,  iit  omnis  liimior 
cliipietur.  l'ost  liocalbum  acre  acelum  adjicilo,  et  pistillo 
peiinisceto,  colatoipie.  IIuc  jiis  ad  rapacondienda  oplinie 
facil.  Ca-teruin  si  velis  ad  usum  conviviorum  pra'paiare, 
cum  exsaniavcris  sinapi,  niiclcos  pineos  qiiam  rcceiilissi- 
mos  et  ajiiygdalam  adjicito,  diligenlerque  conlerilo  in- 
fii.so  accto.  C.Ttcra,  ut  snpra  dixi,  facito.  Hoc  sinapi  ad 
cmbammata  non  solum  idoiieo  ,  sed  etiam  specioso  ute- 
ris  :  n.ini  esl  candtiiis  eximii,  .si  sit  ruriose  factum. 

LVIII.  Priusquam  olusatrnin  coliculum  agat,  ladiccin 
ejiis  eniilo  mense  Januario  vel  etiam  Februario ,  et  dili- 
genter  defricalo,  ncquid  tcrreni  liabeat,  et  in  aceto  el  sale 
componito  :  deinde  posl  dicm  trigesimmn  eximiio ,  il 


COLUMELLE. 


un  jas  compose  de  la  maniere  suivante  :  Prenez 
de  la  menthe ,  du  raisin  seclie  au  soleil ,  et  un 
peu  d"oignon  sec ;  broyez  le  tout  avec  du  ble 
giiile  etun  peu  demiel ;  apres  quoi  vous  y  mele- 
rez  deux  parties  de  vin  cuit  jusqu"a  dirninution 
des  deux  tiers  ou  de  nioitie,  et  une  partie  de  vi- 
naiL;re  ;  et  vous  verserez  cette  composition  dans 
le  meme  flacon,  que  vous  boucherez  et  que  vous 
envelopperez  d'une  peau.  Lorsqu'ensuite  vous 
voudrez  en  faire  usage,  vous  tirerez  des  tron- 
cons  de  ces  petites  racines  avec  leur  jus  ,  et  vous 
y  ajouterez  delhuile.  Vous  pourrez  confiredans 
lememetemps  la  racine  de  chervi  de  la  maiiiere 
que  nous  venons  de  prescrire  :  mais,  lorsque 
vous  en  voudrez  faire  usage,  vous  la  retherez  du 
flacon ,  et  vous  verserez  dessus  de  Toxymel  avee 
un  peu  d'huile. 

L!X.  Metlez  dans  un  mortier  de  la  sarriette  , 
de  la  menthe,  dela  rue,  de  la  coriandre,  de  Tache, 
du  poireau  qu'on  coupe  a  differentes  reprises , 
ou,  a  son  defaut,  de  l'oignon  vert,  des  feuillcs 
de  laitue  et  dc  roquette,  duthym  vert  ou  de  la 
cataire ,  avec  du  pouliot  vert ,  du  froraage  nou- 
vellement  fait  et  du  fromage  salii  :  broyez  tous 
ccs  ingredients  ensemble  en  y  nielant  uu  peu  de 
vinaigre  epice,  et  mettez-les  dans  un  petit  plat, 
puis  vous  y  verserez  de  rhuile  par-dessus.  Quand 
vous  aurez  broye  les  plantes  vertes  que  nous  ve- 
nons  d'indiquer,  vous  ^craserez  ce  que  vous  ju- 
gerez  suffisantdenoix  epluchees  ,  en  y  melant  un 
peu  de  vinaigre  epice,et  voiis  verserezde  rhuile 
par-dessus.  Vous  broierez  du  sesame  lcgerement 
grille  avec  les  mi^mes  plantes  vertes.  Vousy  met- 
trez  aussi  un  peu  de  vinaigre  epice ,  sur  lequel 
vous  verserez  de  rhuile.  Vous  pilerezdu  fromage 


de  Gaule  ou  de  telle  autrc  espece  de  fromage  que 
vous  voudrez,  apres  Tavoir  coupe  en  petits  raor- 
ceaux,  et  vous  melerez  avec  ces  ingredients  des 
pignons  ,  si  vous  en  avez  abondamment;  sinon 
des  avelines  grillees  qni  auront  ete  prealablement 
pelees ,  ou  des  amandes ,  et  vous  ajouterez  un  peu 
de  vinaigre  epice;  puis  vous  brouillerez  tout  ce 
melange ,  et  vous  vcrserez  de  rhuile  dessus.  Si 
vous  n'avez  pas  d'assaisonnements  verts ,  vous 
broierez  avec  le  fromage,  soit  du  pouliot  sec , 
soit  du  thym  ,  de  Torigan  ou  de  la  sarriette  se- 
che ,  et  vous  y  ajouterez  du  vinaigre  epice  et  de 
rhuile.  On  peut  cependant  secontenter  de  meler 
avec  le  fromage  une  seule  de  ces  plantes  seches, 
au  cas  que  Ton  n'«nait  point  d'autres.  On  melera 
avec  du  miel  trois  uncicv.  de  poivre  blanc ,  si  Ton 
en  a,  sinon  de  noir,  deux  unckv  de  grained'a- 
che,  un  sescuncia  de  cette  racine  de  laser  que 
les  Grecs  appellent  cyiXcoicv,  et  un  sextans  de  fro- 
mage;  puis,  aprcsavoir  broye  et  casse  ces  ingrd- 
dients  avee  du  miel ,  on  Ips  conservera  dans  un 
pot  de  terreneuf;  et  lorsqu"on  voudra  en  faire 
usage ,  on  delayera  le  peu  qu'on  en  voudra  pren- 
dre  dans  du  vinaigre  et  du  rjnrum.  Vous  pou- 
vez  preiidrc  uue  vncia  de  sermontaiue ,  un  sex- 
tans  de  raisin  scche  au  soleil ,  sans  pepins ,  et  un 
cjuadrans  de  poivre  blanc  ou  noir ,  et  meler  le 
tout  avec  du  miel  pour  le  conserver,  si  vous 
voulez  menager  la  depense.  Mais  si  votre  inten- 
lion  est  de  faire  un  oxijporuin  i  plus  grands 
frais,  vous  inelerez  ces  memes  ingredients  avec 
la  eomposition  dout  nousavons  parle  plus  haut, 
et  vous  serrercz  ensuite  ce  melange  pour  votre 
usage.  Si  vous  n'avez  point  de  laser,  vous  pour- 
rez  aussi  y  substituer  une  sernuncia  de  miel. 


corticem  cjus  delibratimi  abjicito.  Ccelerum  meflullam 
ejus  coHcisam  in  fideliam  vitream  vel  novam  fictilem 
conjlcito.et  adjicito  jus,  quod  sicut  infra  scriplum  est 
fieri  debebit  :  sumito  mentam ,  et  uvam  passam  ,  et  exi- 
giiam  cepam  aridam  ,  eamqiie  cum  torrido  faire  et  exiguo 
iiielle  suliterilo  :  qua;  cuni  fuerit  bene  trila,  sapae  vel  de- 
Iriili  duas  partes  et  aCeti  uuam  permisceto  ;  atque  ita  in 
eaiidem  firleliam  confundito,  eamque  operculo  conteclam 
pelliculato.  Cuin  deinde  uti  voles,  cum  suojure  concisas 
radiculas  promito,  et  oleum  adjicito.  Hoc  ipso  tempore 
siseris  radicem  poteiis  eadem  latione ,  qiia  supracondire  : 
sed  cum  exegerit  usus,  exinies  de  fidelia,  et  oxymeli 
cuin  exigiio  oleo  siiperfunde. 

LIX.  Addito  in  mortarium  satureiam,  mentam,  riitain  , 
coriandrum ,  apium ,  porrum  seclivum ,  aut  si  id  non  erit, 
viridem  cepam,  folia  lactuca;,  folia  eiucaj,  Ihymum  vi- 
ride,[Yel]  uepetam,tum  etiam  viride  puleium,  et  ca- 
seiim  recentem  et  salsum  t  ea  omnia  pariter  conterito , 
acetique  piperati  exiguum  permisceto.  Hanc  misturam 
ciim  in  catillo  composueris ,  olcum  superfundito.  Aliter. 
Cum  viridia,  quae  supra  dicta  sunt,  contriveris,  nuces 
juglandes  purgatas,  qiiantum  .salis  videbitur,  interito, 
acetique  piperatiexiguumpermisceto,et  oleum infundito. 
Aliter.  Sesamuin  leviler  torrefactum  cum  iis  viiidibus, 
quae  siipra  dicla  sunt,  conterito.  Item  aceli  piperati  exi- 


guiim  permisreto,  tuin  supra  oleum  superfundito.  Aliter. 
Caseiim  gallicum  vel  cujusciinque  notae  volueris  minuta- 
tiin  concidilo  et  conterilo,  nucleosque  pineos,  si  eorum 
copiafuerit;si  minus,  nuces  avellaiiastorrefactasadempta 
ciile,  vel  amygdalas  aeque  .supra  coudimenta  pariler  mis- 
ceto,  acetique  piperati  exiguum  adjicito,  et  permisceto, 
compositumque  oleo  superfundito.  Si  condimenta  viridia 
nonerunt,  puleium  aiidiim  vel  tliymum  vel  origanum 
aut  aridam  satuieiam  ciim  caseo  conterito ,  acetumque 
pipeiatum  et  oleum  adjicilo.  Possunt  tamen  lijec  aridi, 
si  ielii|uorum  non  sit  poteslas ,  etiam  singula  caseo  niis- 
ccri.  Oxypori  compositio.  Piperis  albi,  si  sit;  si  minus, 
iiigri  unciae  tres,  apii  seminis  unciae  diise,  laseris 
radicis,  quod  <ji),(piov  Grsci  vocant,  sescunciam,  casei 
sextantem  :  Iia;c  contusa  et  cribrata  melli  peimisceto,  et 
in  olla  nova  servato  :  deinde  cum  exegerit  usiis  ,  quau- 
lulumcunque  ex  eo  videbitur,  aceto  et  garo  diluito.  Aliter. 
Ligusticiunciam,  passa;  uvaedetractisvinaceis  sexlanteui, 
mentaearidae  sextantem,  piperis  albivel  nigriquadranlem  : 
liaec,  si  majofem  impensam  vitahis,  posjiint  nielli  admis- 
ceri ,  et  ita  scrvaii.  At  si  pietiosius  oxyporum  facere  vo- 
les,  iiKc  eadem  cum  superiore  compositione  miscebis,  et 
ita  in  usum  repones :  quod  si  etiam  Syriacum  lasar  ha- 
bueris  pio  silphio,  melius  adjicies  pondo  semunciam. 
Claiisulam  peracti  operis  mei  P.  Silvine  iion  alieiuim 


DES  ARBRKS. 


Pom-  conclusion  de  mon  ouvrage,  P.  Silvinus, 
je  crois  (f.ril  irest  pas  horsde  proposdedeclarer 
a  ceux  qui  le  liront  ( si  toutefois  11  se  trouve  quel- 
ques  personiies  qui  daisucut  prendre  conuais- 
sanee  dcs  matieres  qu'il  renferrae)  que  je  ne 
doute  point  qu'il  n'y  ait  presque  une  inlinite  de 
choses  qui  auraient  pu  entrer  dans  mon  plan  , 
mais  que  j'ai  cru  ne  devoir  laisser  a  la  posterite 
que  celles  qul  m'out  paru  lcs  plus  uecessaires. 
D'ailleurs  la  nature  n'a  eoncede  a  qui  que  ce 
soit ,  pas  menie  aux  personnes  qui  ont  vieilli 
dans  Tetude  ,  la  conuaissance  de  toutes  choses  , 
puisqu'on  dit  merae  que  si  ceux  qui  ont  passe 
pour  etre  les  plns  sages  entre  les  mortels  en  sa- 
vaient  beaucoup,  ils  ne  les  savaient  cependant 
pas  toutes. 


DES   ARBRKS. 

I.  Comme  uous  croyons  avoir  suflisamment 
traite  de  la  cultui  e  des  ehamps  daus  la  preniiere 
partie  de  cet  ouvrage ,  il  ne  sera  pas  hors  de  pro- 
pos de uous occuper  maintenant  des  arbreset  des 
arbrisseaux.  Le  soin  qu'on  en  doit  prendre  passe 
pour  etre  t'une  des  parties  les  p!us  essentielles  de 
l'cconomie  rurale.  Nous  comptonsdonc  avec  Vir- 
gile  deux  espcces  de  rejetous  :  ceux  qui  vieunent 
d"eux-m^mes,  et  ceux  qui  sont  lefiuit  du  tra- 
vail  de  rhorame.  Les  premiers,  qui  viennent  sans 
lc  secours  de  rhomme,  sont  plus  propres  a  jeter 
du  bois,  tandis  que  ceux  qui  ont  ete  cultives 
sont  plus  propres  a  donner  des  fruits.  Cette  der- 
niere  espece  est  la  principale ;  ou  la  di\ise  eu 
trois;  car  tout  rejeton  produit  ou  un  arbre  tel 
que  rolivier,  le  liguier,  le  poirier  ;  ou  un  arbris- 
5eau  tel  que  le  rosier,  le  violier,  et  le  roseau; 


ou  blen  encore  un  troisieme  genre  mixte,  que  je 
ne  voudrais  appeler  proprement  ni  arbre  ni 
arbrisseau ,  tel  qu'est  la  vigne.  iNous  parlerons 
d'abord  des  vignes  ,  puis  nous  traiterous  de  la 
culture  des  arbres  et  des  arbrisseaux.  Celui  qui 
veut  former  des  vignobles ,  ou  des  vigncs  ma- 
riees  a  des  arbres  ,  doit  commencer  par  faire  des 
pepinieres  ;  c'est  le  mcilleur  moyeu  de  connallre 
la  qualite  et  respcce  des  eeps  dont  il  voudra 
garnir  sa  terre.  Celui  qui  achete  des  plauls  n'a 
point  de  garantie  certaine  de  leur  bonte  ;  car  il 
aura  toujours  des  doutes  si  celui  qui  les  lui  a 
vendus  a  mis  les  soins  necessaires  pour  les  bien 
choisir.  D'ailieurs  toute  production  etrangen! 
transplantee  dans  notresol  se  trouve  en  quelque 
sorte  depaysee,  et  s'acclimate  difficilement.  Le 
mieux  scra  doncdeformer  uue  pepiniere sur  le  ter- 
rain  memeque  vous  voulezgarnirdeeeps,oudans 
le  voisinage.  La  nature  du  sol  y  est  d'une  grande 
importance ;  car  si  ce  sout  des  collines  que  vous 
voulez  plauter  en  vignes,  soit  echalassees,  soit  ma- 
riees  a  des  arbres,  il  faudra  avoir  soin  de  choisir 
pour  pepinicre  rendroit  le  plns  sec,  afm  dhabi- 
tuer  la  vigne,  pour  ainsi  dire  dcs  son  enfance,  au 
manque  d'humidite.  Au  contraire,  si  d'un  en- 
droit  humide  vous  la  transferez  dans  un  sol 
sec  ,  elle  maigrira  bient6t ,  privee  qu'clle  sera 
de  sa  nourriture  habituclle.  Si  votre  terre  esten 
plaine,  et  si  le  sol  en  est  humide,  11  sera  bon  de 
former  votre  pepiniere  dans  un  sol  de  meme  na- 
ture,  afm  d'liabituer  la  vigne  a  rabondance  de 
rinimidlte;  car  si  vous  la  transplantez  d"un  sol 
aridedans  un  tcrrain  aqueux ,  elle  ne  tardera  pas 
a  pourrir.  Quand  lc  terrain  desline  a  lapepiniere 
est  plat  et  passablement  humide  ,  11  suflira  de  le 
i-etourncr  avec  la  houe,  ce  que  les  paysans  ap- 
^vWcnl  scstertiiim .  On  fouille  a  cet  effet  la  terre 


puto  indicem  lectuiis,  si  niodo  fucrint  qui  dignentur  isla 
cognoscere ,  nihil  duhitasse  me  pene  infuiita  esse,  qu^e 
potueiinl  huic  inseri  maleriae  :  verum  ea  quae  maxinie  v  i- 
debantur  necessaria,  memoriiE  Iradenda  ceusuisse.  Nec 
tamen  canis  natura  dedil  cunctarum  rerum  prudentiam. 
Nam  etiam  quicunque  sunt  liahili  moitaliuni  sapientis- 
siuii,  multa  scisse  dicuiitur,  non  oiunia. 

1)E  ARBORIHUS. 
1.  Qiioniam  ile  cultu  agrorum  ahundc  primo  voliitnine 
pra.'cepissc  videmur,  iiou  intempostiva  eiil  arljoruin  vir- 
j»ultoriiraque  ciira,  qiia'  vel  iiia\iina  pars  lialieliir  rei  rus- 
ticse.  Placet  igitm-,  ^iciiti  Viigilio ,  noliis  ipioque  diio  esse 
genera  surculorum  rqiiorum  alteruin  sua  sponle  gigiiilur, 
alterum  cura  moi  talium  piucedit.  IUud ,  qiiod  non  ope 
liumana  provenit,  maleria;  est  magis  aptiim  :  lioc  cui 
lahor  adliilietiir,  idoneiiin  friictihus.  Uniim  lioc  it;iqiie 
priecipuuni  est ,  alque  id  ipsum  genus  triparlito  dividitur : 
uain  ex  surculo  vel  arlior  proc«dit,  ut  olea,  licus,  piriis; 
vel  friitex  ,  vl  violse ,  rosse,  arundines ;  vel  teiUum  qiiid- 
dain  ,  quod  neque  arborem  ncque  fruticem  proprie  di\e- 


rimus,  siculi  est  vitis.  Aihorum  et  fruticum  docchiiniis 
cultuni,  si  prius  de  viUbus  pra^ceperinins.  Qui  viiieain 
vel  arbustum  constituere  volet,  seminaria  priiis  lacere 
debehit :  sic  cniin  sciot  cujus  generis  vitem  positurus  sit. 
Nam  qu»  pretio  parata  disponiliir,  certam  generositatis 
lidem  non  habet  :  quuniam  iliihium  est,  an  is  qiii  vendi- 
dit,  legendis  seniiiiibiis  adliihuerit  diligeiiliani  :  tuni 
eliani  quod  ex  longinquo  petitiir,  panim  fainiliariter  uos- 
tio  solo  venit ,  jiropter  quod  diflicilius  convalescit  alie- 
niim  extera!  regionis.  Optimum  est  itaqiie  codem  agro, 
qiio  vilem  disposilurus  es,  vel  certe  vicino  facere  semi- 
narium  :  idqiie  multum  refert  loci  natiira.  Nam  si  colles 
vineisvcl  aihustis  occupalurus  es,  providenilum  est,  ut 
siccissimo loco  iial  seminarium,  et  jam  quasi  ab incunabulis 
vitis  cviguo  assuescat  bumori :  aliter  cum  transtuleris  de 
liumido  in  aridum  locum ,  vidiiata  pristino  alimento  dc- 
liciet.  .\t  si  c^impestres  ct  uliginosos  agros  possidebis, 
i  piiideiit  i|iiiMpie  M-niiiiarium  simili  locofaccre,  et  vilcm 
laigo  niiiMiisii-ie  liiiiiiori.  Namque  cxilis  cum  in  aquo- 
siim  agruiii  traii^liitur,  utique  putrcscit.  Ipsuin  autem 
agriim ,  quem  seminario  destinaveris  planuin  ct  suci  osnm, 
sal  erit  bipalio  verlerc  :  quod  vocanl  rustici  sestciliiim. 


COLUMELLE. 


t  une  profondcur  cl'iin  pied  et  demi,  raais  de 
nioins  de  deux  picds-  Celte  operation  exige  pour 
«n  jugerumcinquante  jouineesdetravail.  Quand 
le  terrain  est  en  pente  ,  il  fnut  ie  labourer  au  pas- 
tinum  a  deux  pieds  de  profondeur  au  moins,  et 
employcr  pour  un  jugerum  soixante  journees.  Si 
ron  veut  former  la  pepiniere  a  Tendroit  meme 
011  Ton  disposera  plus  tard  le  vignoliie,  il  fau- 
ura  faire  de^  labours  de  trois  pieds  de  profon- 
deur.  Cctte  operation  demande  poiir  un  jugerum 
soixante  journees  ,  si  toutefois  ii  n'y  a  surle  ter- 
rain  ni  pierre  ni  tuf,  ni  d'autre  corps  plus  dur; 
car  alors  il  est  diflicile  de  detcrmincr  d'avance 
le  nombre  de  journees  qu'il  faudraempioyer  ace 
travail.  Pour  nous,  nous  n"entendons  parler  que 
des  tcrroirs  en  plaine. 

II.  Lcs  fouille^  fnites ,  on  proeede  au  choix  du 
plant  vcrs  le  mois  de  fevrier  et  dans  la  premiere 
raoitie  du  mois  de  mars.  Les  meilleurs  plants 
sontceux  qui  proviennentde  vigneschcisiesavec 
soin.  A  cet  effet,  celui  qui  tient  a  cccur  de  former 
de  bonnes  pepinieres,  marquera  vers  le  tcmps 
des  vendanges  celles  dont  les  grappes  parvenues  a 
leur  maturite  sont  giosscs  et  sans  taches.  Cette 
raarque  doit  etre  faite  avec  de  la  sanguine  me- 
lee  de  vinaigre,  afm  que  les  pluiesiie  puissent 
reffacer.  II  faul  examiner  les  vignes  non-seule- 
ment  pcndant  une  annee,  mais  trois  ou  quatre 
ans  de  suite,  afinde  s'assurer  si  elles  continuent 
d'etre  fecondes.  Cest  le  meilleurraoyen  de  cou- 
naitre  si  eette  fccondite  provientde  la  qualite  du 
plant,  et  non  pas  dc  1'abondance  accidentelle  de 
l'annce.  Lorsqu'un  cep  aura  pendant  piusieurs 
vendanges  produit  la  raeme  quautite  de  raisin , 
les  plants  que  vous  en  aurez  tircs  donneront  un 
vin  abondaut  et  gcnereux.  En  general ,  les  grap- 


pes,  saus  aucune  distinction  d'espece ,  qui  sont 
arrivees  au  point  de  maturite  entiere  ct  sans  ta- 
ches,  donnent  un  meilieur  vin  que  les  grappes 
qui  auront  eu  a  souffrir  de  1'ardeur  du  soleil  ou 
de  toute  autre  cause. 

III.  Choisissez  du  plant  qui  donne  de  gros 
raisins  d'une  saveur  douce,  avec  une  enveloppe 
tendre  et  des  pepins  rares  et  pelits.  Le  meilleur 
plant  est  tire  des  rciiis  de  la  vigne ;  le  second,  des 
epaules;  au  troisieme  rang  vient  le  plant  liredcs 
parties  Mipcrieures  de  la  vigne ,  lequel  prcnd  fa- 
cilement  racine,  et  produit  plus  que  les  autres, 
mais  pour  vieillir  plus  piomptement.  II  ne  faut 
point  planter  Ics  brins  de  sarment  dits  pampres, 
parce  qu'ils  sont  steriles.  Mettez  dans  des  plaines 
grnsses  et  huraides  les  vigncs  precoces ,  ainsi 
que  celles  qui  ont  peu  de  grappes,  et  des  ncEuds 
rnpproches,  et  des  ceps  peu  robustes  ;  car  c'est  le 
terrain  qui  convieut  le  mieux  a  ces  espeees  de  vi- 
gnes.  Dans  les  lieux  arides,  maigres  et  secs,  au 
contraire  ,  plantez  la  vigne  nafurellement  vigou- 
reuse  et  fcconde,  ct  qui  a  beaucoup  de  grappes. 
Si  vous  mettez  une  vigne  de  celte  sorte  dans  un 
sol  gras,  elle  s'epuisera  en  bois ,  et  le  peu  de 
grappes  qu'elle  aura  donnees  ne  parviendroiit  pas 
a  leur  maturite;  de  meme  que  les  ceps  naturelle- 
ment  faibles ,  plantcs  dans  une  tei're  maigre  ,  ne 
piorileront  guere,  et  donneront  peu  de  fruit. 
Plantez  les  differentes  cspeces  de  vignes  dans 
des  carrcs  separes ;  de  cette  maniere  vous  pourrez 
faire  en  temps  opportuu  la  taille  et  la  vendange 
pour  chaque  espcce  en  particulier.  Le  nouveau 
plaiit  mis  en  terre  avec  le  vieux  sarment  prcnd 
piomptement  racine,  crolt  dememe;  mais  il 
vieillit  aussi  en  peu  de  temps.  Si  au  contraire 
vous  le  plautez  isolement ,  il  a  plus  de  peine  a  se 


Ea  repnslinatio  altiliulmis  li.-ibet  jiliis  sesqnipeae,  minus 
{anien  qiiajii  diios  iie.dcs.  Ejiismodi  bipalio  jugerum  agri 
veililur  opeiis  qiiiiiquaginta.  Collem  aulem  el  clivosum 
inoiiunijugcri,  sed  ne  minus  duobus  pedibusalte,  lepas- 
linabis'  operis  sexaginta  :  vel  si  eodcm  loro ,  quo  vineani 
oi-dinatnrus  es  ,  facere  voles  senHnaiiiiin,  (ribus  pedibus 
alte  repastiuabisjugerum  opeiis  octoginta  ;  ila  lameu  si 
nequelapis,  neque  tophus  aut  alia  mateiia  difflcilior  in- 
tervenerit ;  qiia;  res,  quot  operas  ahsumat,  paruin  cer- 
tum  est.  Nos  auteni  de  terreno  loquimnr. 

II.  Peracla  repastinalione,  niense  Ifebruario  vel  prima 
parle  Marlii  semina  legito.  Sunl  autcm  optima,  qii.Te  de 
vitibnsnotatis  legunlur.  Nam  cui  cordi  esl  bona  sciiiina- 
riafacere  ,circaviiideiniam  vites,  qua^  el  mai;iiiMii  cl  in- 
corniptum  fructum  ad  uialiirilatem  per.ln\eriiil ,  riiiirica 
cuin  aceto,  ne   pluviis  ablualur,  permista  denolal,  nec 
lioc  uiio  tantummodo  anno  facit,  sed  conlinuis  tribus  vel 
pliiribus  viudcmiis  easdem  vites  inspicit,  an  persevereut 
essc  fa'Cunda-\  Sic  enim  manifestum  est  sjenerositale  vi- 
tium ,  uon  anni  ubertatc  fructum  provenire.  Si  compluri-  | 
bus  vindcmiis  eundem   tcnorem   servarint,  ex  ejusmodi  ; 
vitibus  lecta  semina  multiim  bonumqiic  vinum  proebe-  1 
bunt.  Namque  qualiscunquc  generis  nv.-c ,  qua;  intCHras  ct  1 


incorrupta'  ad  maturitatem  pprveniunl ,  longe  melioris  sa- 
poris  viuum  faciuut,  quain  quai  pra?cipientur  aestu,aut 
alia  de  causa. 

III.  Semina  aulem  eligilo  grandi  acino,  teniii  folliculo, 
paucis  minntisquc  vinaceis,  dulci  sapore.  Optima  liaben- 
lur  a  lumbis;  secunda  ab  bumeris;  tertia  a  summa  vile 
lecta,  qua;  celcrrime  comprelicndunt,  et  sunt  feraciora, 
sed  ca  quoque  celeriter  senescunt.  Pampinaria  sarmenta 
deponi  non  placet,  quia  sterilia  sunt.  Locis  pinguibas 
et  planis  et  liumidis  praecoques  vites  serito,  raris  acinis, 
brevibus  nodis ,  imbecillas  :  nam  tali  generi  vitium 
cjusmodi  ager  aptus  est.  Locis  aridis  et  inacris  et  siccis 
vitem  sere  natura  feiaccm  et  validain,  crebrisqne  acinis. 
Quod  si  pingiii  agro  validas  viles  deposuciis,  pampinis 
niagis  cluxuriabuntur,  et  qualemcunque  frnctiim  tule- 
rint,ad  maliiritatem  non  perdiicent :  rursus  imbecillae 
cxili  agro  celeriler  delicient,  exiguumque  friicliim  da- 
bunt.  Unumquodque  genus  vitiumseparatimserilo  :ilasuo 
qiiodque  tempoie  putabis,  et  vindemiabis.  Semina  no-- 
vella  cum  vetere  sarmento  deposila  cito  comprclien- 
dunt,  et  valenter  crcscunt;  sed  celeriter  senescuut:  at 
qnac  sineveteresa.nnento  pan^untur,tardiusconvalescunt; 
sfid  tardius  deficiunt.  Scmina  quam  recentissima  terrae 


DES  ARBRKS. 


fortififi- ,  niais  il  dure  plus  longtemps.  Mettez  en 
terrc  ies  plonts  immediafemcnt  apres  les  avoir 
coiipcs.  S'il  y  a  cu  tnielque  retard,  eouvrez-les 
bien ,  pour  quils  soieut  a  Tabri  des  vents  et  des 
pluies.  Faites  vos  plantations  depuis  la  nouvelle 
lune  jusqu'au  di.xieme  jour,  et  depuis  le  ving- 
tieme  jusqu'au  trentieme.  Cest  la  le  meilleur 
temps  pour  planter  la  vigne.  Evitez  surtout  les 
vents  froids.  Voiei  la  manierc  de  planter  la  cro- 
cetfe.  Labranchedont  vous  vouiez  faire  lacroeette 
ne  doit  pas  avoii'  plus  de  si.x  bourgeons ;  cela  sup- 
pose  que  Tcspace  entre  deux  noeuds  est  tres-court. 
Prenez  ensuite  une  serpette  bien  aiguisee,  et 
coupez  labranche  presdu  ncrud,  par  lebout  que 
vous  mettrez  en  terre ,  sans  cependant  leser  les 
bourgeons  ,  et  de  sorte  que  la  section  i  la  plaie) 
qui  en  rcsulte  presente  une  surface  ronde ;  puis 
vous  Tenduirez  iramedialcment  de  fumier  de 
bcEuf.  Eofoncez  le  sarment  dans  une  terre  bien 
labouree  et  bien  fumee ,  de  sorte  cju^il  n'y  ait  pas 
moiiis  de  quatre  bourgeons  caches  en  terre.  II 
suffira  de  laisser  entre  les  plants  Tespace  d'un 
pied  en  tout  sens.  Quand  ils  auront  pris  racine, 
ebourgeonnez-Ies  ,  afiu  qu"ils  n'aieut  pas  a  nour- 
rir  plus  de  branches  quil  ne  faut.  Becliez-les  le 
plus  que  vous  pourrez,  niais  ne  les  touchez  point 
avec  le  fer.  Au  bout  de  vingt-quatre  mois  cou- 
pez-les  de  nouveau ,  et  les  transplautez  au  bout 
de  trente-six.  —  Mettez  la  vigne  daus  une  terre 
reposee.  Si  vous  la  mettez  dans  un  ancieii  vigno- 
ble,  il  faut  attendre  au  moins  dis  ans ;  car  plan- 
tee  avant  cette  epoque  eile  ne  prend  guere,  et 
ne  se  fortifie  jaraais.  Avant  de  garnir  de  ceps  no- 
tre  tcrrain,  examinez  d'abord  le  goutde  laterre; 
car  votre  vin  aura  un  gout  analogue.  Pour  exa- 
rainer  le  gout  de  la  terre,  vous  u'avez  (ainsi 


que  nous  Tavons  montre  dans  les  livres  prec6- 
dents)  qu'a  delaycr  une  motfe  de  terre  dans  de 
Teau,  que  vous  passcrcz  par  un  tamis;  apr6s 
quoi  vous  la  goufcrez.  Le  sol  le  plus  proprc  .'i  la 
vigne  cst  le  sol  sablonneux  qui  conticnt  unc  hu-  c 
midite  douce  au  gout ;  vient  ensuite  unc  tcrre 
0X1  se  trouve  du  tuf;  une  terre.de  dcblai  et  pas- 
sablement  meuble  est  egalement  bonne  pour  les 
vignes,  de  mOrae  qu'un  sable  sous  lequel  se 
trouve  de  Targile  douce.  Toufc  terre  gercee  par 
la  chaleurneconvient  pas  plus  aux  vignes  qu'aux 
arbres.  La  couche  inferieure  de  la  terre  entre- 
tient  la  vigne  et  I'arbre,  de  mcmeque  la  couche 
superieure  les  maintient.  Les  pierres  rcpandues 
sur  la  supcrficie  de  la  terre  blesseut  les  arbres 
aussi  bien  que  les  -signes;  a  unc  certaine  profon- 
deur,  ellcs  les  rafraichissent.  Une  terre  d'une 
densite  moyenne  est  ia  meilleure.  Celle  qui  laisse 
passer  lcseaux  de  la  pluie,  ou  qui  les  retient  trop 
longfemps  stagnantes  a  sa  surface,  doit  ctre  cvi- 
tee.  La  plus  fertile  est  celle  qui  est  suffisamment 
l^gere  en  haut,  et  assez  compacte  autour  des 
racines.  Les  vignes  sefortitient  difficilement  sur 
les  montagues  et  sur  les  terrains  en  penfe  ;  mais 
le  vin  qu'cllcs  donncnt  est  d'un  gout  solide  et 
franc.  Elles  sont  plus  vigoureuses  dans  les  plaines 
humides ;  mais  le  vin  en  est  sans  force  et  ne  se 
garde  point.  Nous  avons  traifc  jusqu"a  present 
du  plant  et  de  la  nature  du  sol  ;  passons  main- 
tenant  aux  differentes  especes  de  vignes. 

IV.  Les  vignes  se  plaisent  surtout  a  ^tre  sou- 
tenues  par  dcs  arbres,  parce  que  leur  nature  les 
porteamonfer;  ellcs  donnent  alorsplusdebois, 
et  leurs  fruits  rnurissent  plus  egalement.  Cette 
cspece  de  vigne  est  appclee  arbustivmn  (  mariee 
aux  arbres)  :  nous  en  parleronsen  son  lieu  avec 


maniiare  convenit.  Si  tamen  mora  iutervenerit ,  quo  nii-  | 
iius  slalim  serantnr,  quam  diligentissime  obrui  tota 
oportel  eo  loco,  nnde  neque  plnvias  neqne  venlos 
sentire  possint.  Plantaria  facito  ab  e.\oiiente  ad  deci- 
mam  lunam,  et  a  vigesima  ad  tricesimani.  Ha?c  melior  est 
vilibus  sdlio.  Sed  cum  seris,  frigidos  ventos  vilato. 
Malleolum  sic  deponito.  Virgam  malleolarem  non  amplins 
quam  sex  gemmarum  esse  convenit,  ita  tamen  sunt,  si 
brevia  inlernodia  habent.  Ejus  imam  partem ,  qnam  in 
ferram  deniissurus  es,  acutissima  falce  juxta  nodum, 
sic  ne  gemmam  lajdas ,  rolunda  plaga  amputato  ,  et  sta- 
tim  fimobubulo  linilo  :  tiimin  lerram  bene pastinatam  et 
slercoratam  rectum  sarmentum  deligito ,  ita  ut  ne  minus 
quatuor  gemmae  abscondantur.  Pedalequoquoversus  spa- 
tium  sat  erit  iuter  semina  relinqui  :  cum  comprcbcnde- 
rint,  idenlidera  pampinenliir,  ne  plura  sarmenta  qiiam  dc- 
bent,  euutriant.  llem  qnam  s,Tpissime  fodiantur  :  ferro  ne 
tanganlnr.  Vigesimo  et  qnarlo  inense  resecenlur  :  post 
(rigesimum  et  sevlum  mensem  transferanlur.  —  In  agro 
rfequielo  viueam  ponito.  Nam  ulii  vinea  fuerit ,  quod  ci- 
tius  decimo  anno  scveris,  Kgrius  comprebcndet ,  nec 
unquam  roborabitur.  .\grumantequam  vineis  obseras  ,  ex- 
ploralo  qualis  saporis  sit :  talem  enim  etiam  gu.stum  vini 

COLUMELLE. 


praebebit.  Sapor  anlem(sicnti  primo  docuimns  volnmiue) 
compreliendetur,  si  tenam  aqiia  diluas,  et  cum  colaveris, 
tum  demiiui  aquam  degustes.  Aplissiuia  vilibns  terra  est 
arcnosa  ,  sub  qua  consislil  dulcis  bumor  :  probus  consi- 
milis  ager,  cui  subest  toplius  :  .•cque  utilis  congosta  et 
mota  terra.  Sabnlum  quoquc,  cni  subest  dulcis  argjlla, 
vitibus  couvenit.  Ouinis  anteui  qui  per  KStatem  linditur 
ager,  vitibus  arboribusquc  inutilis.  Terra  inferior  alit  vi- 
tem  et  arborem;  supcrior  cnstodit.  .Saxa  summa  parte 
terrae  et  vitcs  et  arbores  I.Tdunt,  ima  parte  refrigerant. 
lCt  mediocri  raiitudine  oplima  est  vitibus  teira  :  sed  ea 
qiiae  transmittit  imhrcs,aut  rursus  in  snmmo  diu  reti- 
net,vitanda  est.  Utilissima  est  antem  superior  modice 
lara,  circa  radices  densa.  Montibus  clivisque  dilTicuiler 
vincae  convalescunt ,  sed  (irmuui  probumquc  saporem 
vini  pr.Tbent.  Ilumidis  el  pianis  locis  robuslissima^ ,  sed 
infirmi  saporis  vinuni ,  nec  pcrenne  taciimt.  Et  qiioniam 
de  seminibus  atqiie  babitu  soli  pra'cepimus  ,  nunc  de 
gonere  vinearum  disputabimus. 

IV.  Vites  maxime  gaudent  arI)oribus  ,  qiiia  natuRjiler 
in  sublime  proccdunt ,  tiiin  ct  maleiias  ampliores  creant, 
cl  fructum  xqualiter  pcrcoquunt.  Hoc  genus  viliiim  ar- 
busliviim  vocamus,  de  qiio  pluribns  sno  loco  dinemiis. 


COLUMELLE. 


plusi<e(l('lail.  On  compte  ordinairement  troises- 
peccs  de  vignes  :  les  vignes  appelees  treilles, 
la  vigne  rampante  ,  et  enfin  eclle  ([ui ,  s"elevant 
au  dessusdelalerre,setient  droitepar  elle-meme, 
comme  les  arbres.  Cette  derniere  cspcce,eompa- 
ree  aux  treilles,  leur  est  inferieure  soiis  quckjues 
rapporls,et  les  surpasse  sous  d'autres.  Les  tiiil- 
les  sont  plus  exposees  a  Tair  ;  !e  fruit  eu  est  plus 
elev(5,  et  miirit  plus  uniformi^raeut;  niais  la  cul-  j 
ture  en  cst  plus  diflicile.  L'autre  espeee  est  dis- 
posi^ede  telle  sorte  (ju  on  la  piiisse  labourer  a  la 
charrue;  et  elle  devieut  d'uulant  pliis  feconde 
qu'elle  cst  cultivee  plus  assidument  et  a  moindres 
frais.  La  vigne  rampante  doniie  beaucoup  de 
vin,  mais  ce  vin  n'est  pas  d'une  bonne  (luaiitii. 
Une  terre  labource  au  pastinum  convicnt  le  niieux 
a  ia  plantation  de  la  vigne;  ecpendant,  en  cer- 
tains  endroits  il  y  a  des  avantagcs  a  la  disposer 
par  sillons,  quelquefois  aussi  on  !a  plante  dans 
des  fosses.  Un  jugerum  de  terrc  est,  .tiusi  que  je 
lai  dit ,  labour(j  au  pastinum  a  la  profondour  de 
trois  pieds  dans  quatre-vingt-dix  journees;  ou 
crcuse  dans  unejournee,  si  le  terraiii  est  leger , 
un  sillon  de  deux  pieds  de  profondcur  et  soixante- 
dix  pieds  dc  longueur.  On  fait  dans  unejournee 
dix-buit  1'osses  cubiques  ,  c'est-a-direquiont  trois 
pieds  en  tout  sens.  Si  Ton  veut  plauter  les  vignes 
plus  profondement  en  terre ,  on  n'auraqu'a  ereu- 
ser  des  fosses  de  quatrc  pieds  en  tout  sens  :  on 
en  fait  douze  dans  une  journee.  Quant  aux  fos- 
ses  de  deux  pieds  en  tout  sens  ,  on  en  fait  vingt 
dans  uiie  jouru(^e.  On  remarquera  cncore  que 
dans  des  tcrrains  arides,  et  dans  des  terrains  en 
pcnte,  il  faut  planter  la  vigne  plus  profondement 
que  dans  des  terres  humides  et  dans  des  plaines. 
Qu'onplante  la  yigne  dans  des  foss(^'s  ou  des  sil- 


lons ,  !e  meilleur  scra  toujours  do  f.drc  lcs  uns  el 
les  autres  une  aiinee  avant.  L'espaee  le  plus 
elroit  laisse  entre  les  vignes  est  de  einq  pieds  cn 
tout  sens;  on  lcs  plante  aussi  a  sept  ct  meme 
a  huit  pieds  d'intervalle  les  unes  des  autres;  la 
distanee  de  douze  pieds,  qui  rend  le  labour  si 
facile,  est  extremement  rare.  Cette  disposition 
sans  doute  prend  plus  de  terrain  ;  raais  elle  est 
la  meilleure  sous  le  rapport  de  la  fecondite  et 
dela  foree  desceps.  En  mettanten  terre  le  plant, 
promencz  le  hoyau  au  fond  dej  foss(!s  ou 
des  siUons,  afin  d"ameublir  davantage  la  terre. 
En  attachant  la  vigne  a  son  appui ,  faites  en 
sorte  qu'c!le  soit  tourn(?e  vert  rorient.  Mettez 
au  fond  des  fosscs  des  pierres  de  cinq  livres  en- 
virou,  de  sorte  cependant  qu'el!es  ne  genent  en 
aucune  fa(3on  les  ceps,  mais  qu'elles  se  trou- 
veut  entre  les  racines  de  deux  vignes.  Met- 
tez-y  ensuite  une  hemina  de  marc  de  raisin 
blanc  pour  le  raisin  noir ,  et  une  heraina  de  marc 
de  raisin  noir  pour  le  blanc  ;  et  remplissez  le 
foss(i  ou  le  sillon  jusqu'a  la  moiti(J  avec  de  la 
terre  furaee.  Dans  les  trois  annees  suivantes 
vous  comblerez  pcu  a  peu  le  foss(!  ou  le  sillon  : 
de  cette  facon  la  vigne  s'habitue  insensiblement 
a  jeter  des  racines  du  dehors  au  dedans.  Les  plei-- 
res ,  posees  au  fond  ,  tracent  en  quelque  sorte 
aux  racines  la  route  ou  elles  doivent  ramper; 
dans  rhiver  elles  les  mettent  a  l'abri  des  eaux  , 
dans  rete  elles  y  entretienneat  la  fraicheur,  et  en 
favoriseut  bcaucoup  la  croissauce.  Apres  avoir 
traite  de  la  plantation  des  vignes  ,  nous  allons 
donner  des  preeeptes  sur  ia  maniere  de  !es  cul- 
tiver. 

V.  Laissez  k  la  vigne  nouvelle  tous  ses  bour- 
geons  ;    mais  des  que  le  pampre   aura  quatre 


Vineanim  aiilem  fcrc  geneia  iii  usii  Iriasmit,  jURafa, 
liiimi  projecta,  et  (iciiide  teitia,  qiiae  cst  a  leira  subrecta, 
niore  aibonim  in  se  consisteiis.  Id  geiius  compaialum  jii- 
gata;  quadain  pai  le  ileficitiir,  quadani  superat :  jngala  pliis 
aeiis  recipit,  et  altiiis  fructuin  feit,  et  a;qualius  coiicoquit, 
sed  difficilior  est  ejus  cultus  :  aiili»c  ita  conslituta  cst, 
ut  etiam  aiari  possit ;  eoque  ubertatem  majoiem  conse- 
quilnr,  qiiod  sicpius  et  ininoic  impensa  excolitur.  At  qiia; 
proliiuis  in  lcnaui  proji'tta  est,  niultum  sed  non  bouae 
nolie  vinum  tacit,  Viiiea  oplinie  repastinato  agio  ponilur, 
nunniinquam  taincn  vel  ineliiis  qnibusdam  locis  sulcis 
committitur :  iuteidum  etiam  scrobibns  ileponitur.  Sed  ut 
dixi,  repasliiiatur  jiigerum  in  altitiidinem  pedum  trium 
operis  octogiuta ;  sulciim  autein  terieniirn  pedum  duorum 
aitum,  et  longum  .septuaginta  una  opeia  eriodit ;  scrobes 
lernarios,  id  esl  quoqiiovprsus  podiiiii  triiuii ,  iiiia  oppra 
facit  xviii.  Vel  sicui  cordi  esi  la\iiis  •.  i:.  s  jmiii,!!'  ,  scrobes 
qualernarios ,  id  est  qiiocpioviTsu.,  itiIuiii  i|iKileniuin, 
uiia  opera  xii  facit;  vel  bipedanei»  quoqiioversus  uua 
0|>eraxx  cffodit.  Ciiranduin  autein  est,  nt  locis  aridis  et 
clivosis  allius  vilesdeponantur,  quani  si  biimidis  et  pla- 
iiis.  Item  si  sciobibus aut  sulcis  vineam  posituii  erimiis, 
optimum  eritante  unniim  scrobes  vel  sulcos  facere.  Vinea, 


quaiangiislissimeconserilur,  quoqiioversiisqiiiiiquepedum 
spatio  interposito  ponitur;  laxius  vero  inter  jiedes  vii  vel 
viii ;  sed  quae  rarissime  (ut  etiam  facile  arari  possit)  inter 
denos  pedes  conslituitur.  Hac  positio  vinearura  inodiim 
sine  dubio  agri  majorem  occupat ,  sed  valenlissiina  et  fru 
ctuosissima  esl.  Cum  semina  depones,  imuui  sciobem  vel 
sulcum  bidentibns  fodito ,  molleinque  reddito.  Vilem 
quam  ponis,  facutad  Orientcm  spcctet  adininiculo  reli- 
gata.  Iii  imo  scrolie  lapides  circa  poudo  quinque  ila  ponito, 
ne  viteni  premant,  sed  tamen  juxta  radices  sint.  Pra;lcrca 
post  hccc  vinacese  beminam  uv;c  albae  in  nigra,  uvae  ni- 
gia;  in  alba  pouito,  atf|ue  ila  scrobem  vel  sulcum  cuin 
stercorata  terra  ad  mcdium  completo.  Triennio  (ieinde 
proximo  paulatim  scrobem  vel  sulcuin  iisqiie  in  summuin 
coiiipleto  :  sic  vites  consuescent  radices  deorsum  ageie. 
Spatiuin  autem  radicibus,  qiia  rep:(nt,  lapides  praebent', 
et  bieme  aquam  repellunt,  a'stale  liumorem  piKbent,  vi- 
naceae[que]  et  radicesagerecogunt.  Quoniampraecepimus 
quemadmodum  vites  ponenda;  sint,  nunc  culturain  eanmi 
ducebimus. 

V.  Vineam  novellam  omneis  gemmas  agere  siuilo  :  si- 
mul  alqiie  pampinus  inslar  quatuor  digitoriim  erit,  liim 
deinuin  pamplnato ,  et  diias  niatcrias  lelinqiiito  :  alleiain 


DKS  ARiiiiES. 


doigls,  alors  ebourgconnez-la,  cn  n"y  iaissant 
que  deux  sarments  :  i'un  que  vous  taillerez  de  fa- 
con  a  constituer  la  vigne,  et  rautre  quivousser- 
vira  de  ressource,  si  le  preraicr  pcrit  par  une 
cause  quelconque  :  aussi  les  pnysans  appellent- 
ils  C8  dernier  gardien.  L'auDee  suivante  ,  lore- 
que  vous  taillerez  la  vigne,  vous  y  liisserez  la 
brancbe  quivous  paraitra  fa  meillcure,  et  voiis 
oterez  toutes  les  autres  dans  la  troisieme  annec. 
Lorsque  la  vigne  est  encore  tendre ,  vous  la  fa- 
^onnerez,  en  lui  donnant  la  formc  que  bon  vous 
semblera.  Si  vous  voulez  en  fairc  des  treilles, 
vous  laisserez  uu  scul  sarmcnt,  dont  vous  ratis- 
sercz  avec  uiic  serpette  bien  aiguisee  les  deux 
bourgeons  qui  sor.t  le  plus  pres  de  la  terre;  vous 
y  laissercz  lcs  trois  autres  bourgcons,  et  vous 
coupercz  tout  le  rcste  de  la  branche.  Si  vous 
voulez  que  la  vignc  se  snutienne  par  elle-mSme, 
vous  laisserez  les  branches  de  maniere  qu'elles 
forment  en  quclque  sorte  les  bras  de  Tarbre ,  ct 
vous  lui  donnerez  autant  que  possible  une  forme 
circulaire  ;  car  tout  corps  qui  prcsente  cette  forme 
cst  dans  une  position  moins  fatigante,  et  trouve 
cn  lui-ni^me  son  ccntre  de  gravite,  puisqu"i! 
cst  maintenu  dc  tous  cvMcs  dans  un  equilibre 
parfait.  Lorsque  vous  taiilerez  la  vigne  pour  la 
premiere  fois,  il  suffira  de  laisser  un  bourgeon 
a  chaque  sarment,  afin  qu"elle  ne  soit  pas  trop 
chargce  du  poids  de  scs  branchcs  :  cette  taille 
1'iite,  fouillez  vos  vignes  a  la  houe,  profondcment 
ct  uuiformcment;  oubien,laboiircz-!es  a  la  ciiar- 
rue,s'ilyaassczd'intervallccntrelcsceps.  Deslcs 
idesd'octol)re,  commeneez  adcchausser  lavigne; 
tAchez  surtout  qu'elle  soit  dechaussce  avant  le 
solstice  d'hiver.  Ne  travaillez  pas  a  vos  vignes 
peivdant  le  solstice  d'hiver,  a  raoins  que  ce  ne 
soit  pour  couper  les  racines  raises  a  jour  par  le 


dcchansscmcnt.  Cest ,  en  cffet ,  le  moment  favo- 
rablepourlcs  couper;  mais  dans  cette  operation 
prencz  garde  de  blesser  la  souche,  et  que  le  fer 
ne  s'en  approchc  quejusqu"a  un  pouco.Toute  ra- 
cine  coupee  plus  pres  cause  unc  plaie  qui  nuit 
beaucoup  a  la  vignc,  outrcque  cette  plaie,  cn  se  ci- 
catrisant,  donnerait  naissance  a  de  nouvellcs  raci- 
nes.  Le  micux  sera  donc  de  n"en  laisser  que  la  plus 
petite  partie ,  et  de  couper  toutes  lcs  petitcs  racincs 
qui  se  montrcnt  a  !a  surface,  et  que  les  paysans 
a^ipeWpnt  crsl/ras,  parce  qu'ellcs  pousscnt  pcn- 
dant  rete.  Vons  pouvez  aussi  couper  les  rcjetons 
pendant  le  solstice  d'hiver,  dautant  que  ces  rc- 
jctons  extirpes  par  les  froids  ne  peuvent  pUis 
prendre  de  vigueur.  Apres  le  dechaussement  , 
il  faudra  tous  les  trois  ans,  avant  les  froids  dc 
Thivcr,  repandre  sur  les  racines  de  la  vigne  au 
moins  dcux  sextarii  dc  fumier  detrempe,  aiiisi 
que  de  la  colombine  (  fientc  de  pigeon  ).  Quant  a 
cctte  derniere  espece  de  furaier,  si  vous  eu  raet- 
tcz  pius  d"une  hemina,  la  vigne  en  souffrira. 
Apres  le  solstice  d'hiver,  quand  vous  aurez  de- 
chausse  lavigne,  fouillez  alentour.  Avant  rc- 
quinoxe  du  prinlemps,  (piitombe  auhuit  desca- 
lendcs  d"avril,  nivelez  lctcrrain,  reudu  ineual 
par  ledechausseraont.  Apres  les  ides  d'avril ,  repan- 
dez  de  la  terrededeblai  autour  des  vignes.  D^ms 
Tete  suivant,  pulveri.scz  autant  que  possibie  les 
grosses  raottes  de  terre  qui  s'y  trouveront.  Un 
jugerum  deterre,  plantede  vignes,  estdechaussi! 
en  cinq  journccs,  fouille  egalcmcnt  encinq, 
et  pulvcrisc  en  trois.  Un  jugcrum  de  vignes  ro- 
busteset  dcja  toutcs  formees  est  taille  en  quatrc 
journces,  et  cchala.sse  en  six.  Quant  aux  vignes 
marices  aux  arbres  ,  il  est  difficile  de  determiner 
lenombrc  des  journees  qu'exigent  les  diffcrcn- 
i  tes  operations,  a  cause  de  rincgalite  mcme  des 


qinni  vifis  rmislitiioiKla'  caiisa  siiliinitlas,  alleiam  siilisiilio 
liilii'as,  si  Ibile  illa  ordinaiia  inleiierit  :  lianc  nistiii  riis- 
toilcm  vocant.  Pioximo deinile  anno,  (•iiin  piitahis  viteni, 
meliorem  iinam  viigam  lelinqiiito  ,  alteras  tollito  ,  terlio 
aniio  vitem,  in  quam  formam  voles,  (liim  leiieia  est,  coin- 
ponito.  Si  jnsalam  eris  faclurns,  iinani  inaleriam  sulimit- 
tito,  ila  ut  (luas  gemmas,  quse  sunt  pioxima!  a  terra,  falce 
acuta  radas ,  ne  possint  gerniiiiare  :  deimle  tres  seqiienles 
relinquas,  reliqnam  partem  viig;e  ampiiles.  Sin  aiitem  vi- 
tcm  in  se  consistere  voles,  sicnti  arbori  bracliia  snbmilti 
palieris,  ct  dabis  operam,  ut  in  orheni  quam  rptiindissime 
formetiir.  iNam  pra^terqiiam  (piod  .s[ieciem  lialiel  sic  com- 
posita,  tum  etiam  mimis  laboral,  ciim  undique  velnl 
aeqiiilibrio  stabilita  in  se  requiescit.  .Salerit  antem  cum 
priiiio  bracliia  snbmilleiilur,  siiignlas  gemmas  singulis  sar- 
meiilis  reliiiqiii ,  ne  protinns  oncre  gravetiir.  Posl  lianc 
pntiilidiieiii  lcctis  sarineiitis,  bidentihus  alte  el  aiqnaliler 
I  vineam  lodito  :  vel ,  si  ita  lalc  disposila  crit ,  arato.  M) 
I  idiis  Oi  toliris  alilaqneare  inr.ipito,  aiitc  biumam ablaqiiea- 
I  tam  habelo.  P(t  brumam  Titeni  nc  colilo,  nisi  si  vole.s  eas 
radices,  qii,-c  in  ablaqnealionc  apparehunt,  perseqni.  Tiiin 
deiniim  oplinie  ampiitabis,  sed  ita  ne  ciidirem  lirda.s,  sed 


polius  inslar  diii.ili  nnius  a  niatrc  relinqnas,  et  ita  radicem 
reseces.  Nam  (iiia'  propius  ahraditnr,  pncterqiiain  qnod 
vulniis  viti  pr.Tbet,  eoqne  nocet,  Inm  ctiam  de  ipsa  cica- 
trice  pliires  railic(\s  prorepunt.  Itaqiie  optimum  est  cxigiiam 
paitem  lelinqiii,  alque  ila  smnnias  parles,  qnas  a-stivas 
rnstici  appellant,  lesecarc  :  q\\»  .sic  resecl»  inolescunt, 
nec  nllra  vitihns  ohsnnt.  Possiinl  ctiam  soboles  per  liru- 
inam  cedi ,  eo  magis  quod  fi ignrihus  cxtiipatae  minns  rc- 
creantiir.  Peracta  ablaqucatione  aiite  brumam  lertio  qiio- 
qiic  anno  macerati  slorcoris ,  ne  niinus  scxtarios  binos  ail 
radices  vitinm  posiiisse  conveniet,  pr;pterquam  coliiinbi- 
num  ;  quod  si  quo anipliiis  qnam  lieminam  posiieiis,  viti 
noccbit.  Posl  brumain  deindc  ablaqueationem  cin  iimfo- 
dilo.  Ante  .Tequiiioclium  vernnm,  quod  esl  octavo  cal. 
.•\pril.  ablaqiieationcm  adBeqnalo.  Post  idus  Aprilis  terram 
ad  vitem  aggcralo.  /F,slale  dcindc  (plam  potes  sa-pissime 
occato.  .lugcrnm  virc;c  quinqne  operis  ahlaqueatur,  quin- 
qiie  foditiir,  tribiis occjitnr.  Jiigeiiim  valcnlis  et  jam  cons- 
tiliitse  vinc-e  qnatuor  opcris  pnlatiir,  .sex  alligatur.  Ar- 
biisto  nibil  ejiismodi  potesl  aplc  rmiri ,  qiioniam  ina-qiia- 
litas  arborum  non  palilur  operis  jnsla  comprehendi.  Qiii- 
hiisdam  placet  vitem  proximo  anno  translatam  non  pulaie. 


COLUMELLE. 


ai'bres.  II  y  a  des  personnes  qiii  ne  taillent  pas 
la  vigne  Tannee  qui  suit  sa  transplantation;  ce 
n'est  qne  l'annee  d'apres  qu'ils  reinondent,  et 
qu'ils  faconnent  ruii  de  ses  sarments  en  le  tail- 
lant  jusqu'au  troisieme  bourgeon ;  la  troisierae 
annee  ,  lorsque  la  vigne  s'est  bien  fortifiee,  ils 
coupent  encore  un  bourgeon  ;  la  quatrieme  an- 
nee,  ils  en  coupeut  deux.  Ce  n'est  que  la  cin- 
quiemeannecquilsattachent  lavigne  aux  echa- 
las.  Ce  procede  de  culture,  quenous  avous  essaye , 
nous  a  paru  exceileut. 

VL  Ne  coupez  pas  une  ancienne  vigne  dont 
les  racines  se  trouvent  a  la  supcrlicie  du  sol ;  car 
la  \igne  nouvelle  qui  renaitrait  a  sa  place  n'au 
rait  point  de  vigueur,  les  racines  flottant  en 
quelque  sorte  a  la  surface  de  la  teire.  Aussi  le 
fruit  qu"e!lc  donnera  ne  sera  point  ahondant, 
et  elle  -  meme  vieillira  de  bonoe  heure.  Le 
meilleur  moyen  de  renouveler  une  vigne  de 
cette  espece  est  de  la  coucher  entierement 
par  terre  dans  des  sillons  faits  expres ,  a  moins 
que  le  tronc  ne  soit  tellement  desseche  qu'il  ne 
puisse  plus  etre  courbe.  Si  la  seclieresse  du 
tronc  rend  impratieable  ce  procede  de  culture , 
alors  dechaussez  la  vigne  la  premiere  annee, 
sans  cependant  arracher  ou  blesscr  ses  racines; 
puis  taillez-la,  et  ne  lui  laissez  quc  peu  de  sar- 
ment  d'une  reussite  ccrtaine;  fouillezla  sou- 
rent,  ebourgeonnez-la  plusfrequemmentencore, 
et  ayez  soin  surtout  quclle  ue  nourrisse  pas  de 
hranches  inutile^.  Cultiveeainsi,  elle  donnera  des 
sarnients  longset  fermes,  qu'on  provignera  Tan- 
nee  suivante  au  moyen  de  fosses  faites  entre  les 
rangeesde  ceps.  Lestrois  annees  suivantes,  pen- 
dant  lesquelles  la  vigne  se  fortiliera ,  il  faudra  la 
fouiller  souvent ,  et  epuiser  autant  que  possible  la 


mere  souehe,  sans  vous  soucier  d'uu  plant  qne 
vous  voulez  faire  disparaitre.  L'annee  d'apres, 
vous  arracherez  la  souche  avec  la  racine,  et  vous 
disposerez  la  vigne  nouvelle.  Si  une  vigne  an-- 
cieune,  d'unebonne  espece  d'ailleurs,  a  des  ra- 
cines  tellement  profondes  qu'elles  n'apparais- 
sent  pas  m^me  apres  avoir  ete  dechaussees,  vous 
pouvez  la  dechausser  vers  lcs  calendesde  raars, 
avant  de  la  tailler.  Lorsque  vous  laurez  dechaus- 
see  a  uue  profondeur  suffisante,  voici  comment 
vous  la  taillerez.  On  laissera  letroncii  la  hau- 
teur  de  quatre  dnigts  a  partir  des  racines;  on 
le  sciera  aupres  d'un  noeud ,  et  on  nettoiera  la 
plaie  avec  un  instruraent  bien  aiguise.  Repandez- 
y  ensuite  de  la  terre  menue  et  passahlement  fu- 
mee ,  en  sorte  qu'apres  avoir  rechausse  la  vigue, 
la  plaie  se  trouve  couverte  au  moins  de  trois 
doigts  de  terre.  De  cette  maniere  le  plant  ne  ris- 
quera  pas  d'etre  desseche  par  le  soleil ,  et  riiu- 
midite  de  la  ferre  lui  fera  jeter  du  bois.  Quant  h 
la  vigne  qui  est  d'nne  mauvaise  espece  et  peu 
fertile,  et  dontlespartiessuperieures  sont  moisies 
et  rongees ,  il  faudra  la  greffer,  si  toutefois  elle  a 
des  racines  profondes.  Apies  Tavoir  dcchaussee, 
et  mis  a  jonr  les  parties  interieures,  on  la  coupera 
tout  pres  de  !a  terre ,  de  sorte  qu'en  la  recou- 
vrant  ensuite  de  terre  de  ramas,  on  n"en  laisse 
rien  paraitre  au-dessus  du  sol. 

VII.  II  y  a  en  general  trois  raanieres  de  provi- 
gner  la  vigne  :  la  premiere  consiste  a  coucher 
dans  un  sillon  une  branehesortie  de  la  souche; 
la  seconde,  a  coucher  en  terre  la  souche  clle-raeme, 
et  a  distrihuer  ses  branches  sur  plusieurs  echa- 
las.  La  troisicme  maniere  consiste  a  fendre  la 
vigne  en  deux  ou  trois  parties,  d'apres  le  nombre 
des  rangees  oii  l'on  veut  la  conduire  :  ce  dernier 


sequenti  deinde  anno  purgare,  el  iinam  virgam,  qiiam  .siib- 
mitlamus ,  aii  terliam  gemniam  resecaie  :  teitio  tleinde  si 
vitis recte convalueiil,  una  plus  gemma submiUcie  : quaito 
duas  gemmas  pinximsc  putalloiii  adjiceie,  atque  ita  quinlo 
demuni  anno  vitcm  jugare.  Hmic  eundem  ordinem  culluiae 
nos  quoque  experli  comprobavimus. 

VI.  Veteiem  vineam,  si  in  summo  radices  babebit, 
resecare  nolilo  :  alioquin  ctiani  novclla  viiiea,  quae  cx  re- 
sectione  enata  fuerit,  vim  inulilem  babebit,  summa  parte 
terrse  natanlibus  radicibiis.  Quamobrem  neque  friictiim 
uberem  percipies,  et  nibilominus  celeriter  consenescet. 
Ejiisinodi  itaque  vinea  ,  si  non  perariuos  babet  truncos ,  et 
flecli  potest,  factis  sulcls  opliine  slernitur,  atqiie  ita  re- 
novellatiir.  Sin  autcm  usqiie  eo  exaruit,  nt  curvari  non 
possit,  primo  anno  summatim,ila  ne  radices  eruas  aut 
laedas  ,  ablaqiieato,  et  stercus  ad  radices  addito ,  alque  ila 
putato,  ul  paucas  et  cerlas  malerias  relinquas,  el  fodias 
diligenter,  et  saepius  pampines,  ne  omnino  supervacua  sar- 
menta  niitriat.  Sic  exculta  longas  et  lirmas  malerias  crea- 
bit,  quas  sequenti  anno  scrobibus  inter  ordincs  faclis  pro- 
pagabis  :  ac  deinde  per  triennium  post ,  duin  convalescet, 
s»pius  fodies,  malreinque  ipsam  onerabis,  niliil  in  pos- 
terum  prospiciens  ei  quam  sublalurus  es.  In  posliemiim 


anniim  malrein  radicitus  tolles,  atqiie  ila  novellam  vineani 
oidinabis.  Sin  aulem  vetiis  vinea,  diimtaxat  generis  boiii 
radices  alte  positas  babebit,  ita  ut  ablaqiieal.-e  non  con- 
spicianlur,  eam  vineamcirca  calend.  Martias  autequain  re- 
seccs  ablaciuealo  ,  et  protinus  cum  alte  ablaqueaveris  ,  sic 
resecato.  Qiiatuor  digitos  ab  radicibiis  Irunciim  relinquito, 
et  si  fieri  poterit ,  juxta  aliquem  noduni  serrula  desecalo, 
et  plagam  aculissimo  ferro  delevalo.  Deinde  minutam  ler- 
ram  niediocriler  stercoralam  ita  superponito ,  ut  adobriilo 
trunco  ne  minus  Ires  digili  terrae  super  plaga  sint.  Hoc  id- 
circo ,  ne  sole  inarescat ,  et  ut  melius  raaterias  citet  peice- 
plo  Iiumore ,  quem  teria  pra,-bet.  At  quiB  mali  generis  et 
intructuosa  vinea  est ,  siimmasque  partes  et  muciilas  ct 
exesas  babel,  si  radices  ejus  satis  alle  positcE  sunt,  opliine 
inseretur  ita  iil  ablaqueata  et  nudata  pars  ima  seciinduin 
terram  sic  ampiitetur,  iie  cum  aggerata  fuerit,  supra  ter- 
ram  exstet. 

VII.  Propag.ationum  genera  Iria  sunt  in  usu  maxime: 
unum  quovirga  edita  anialiesuleocomniiltitiir  :alleruin, 
quo  ipsa  mater  proslernilur,  alque  in  plureis  palos  por 
suas  virgas  dividitur  :  tertium ,  quo  vitis  finditur  in  diias 
vel  Ires  parles,  si  diversis  ordinibus  diducenda  csl.  Hoc 
genus  tardissime  convalescit ,  quia  vitis  divi<a  mcdiilliiii 


DES  ARIiRES. 


procede  est  le  iiioins  propre  k  fortifier  la  vigne, 
parcequ'etant  fendue  elle  perd  sa  moclle.  Mais 
puisque  nous  avous  propose  diifereiitesmanieres 
de  provigner,  nous  allous  inontrer  corament  on 
doit  pratiquer  chacune  d'elies  cn  particiilier. 
Lorsque  vous  voulez  couchcr  en  terre  une  bran- 
che  sortie  de  souche,  faites  un  fosse  de  quatre 
pieds  en  tout  sens,  afln  que  le  provin  ne  puisse 
etre  incommode  par  les  racines  d'uiie  autre  vi- 
gne.  Conduisez-le  vers  le  milieu  de  la  fosse,  en  y 
laissant  quatre  bourgeons  qui  lui  fassent  pousscr 
des  racines.  Ratissez  le  reste  de  la  brauche  qui 
est  adherente  a  la  mere,  alin  qu'elle  ne  jette 
point  de  sarments  inutilcs;  ne  laissez  a  Fautrc 
bout  de  la  bianche  qui  doit  sortir  de  terre  que 
lieux'  ou  tout  au  plus  trois  bourgeons.  Ratissez 
tuiis  les  autres  bourgeons  qui  sont  caehes  en  terre, 
a  Texception  des  quatre  d'en  bas,  pour  que  la 
vigne  ne  pousse  pas  de  racines  cn  liaut.  Cultive 
aiusi,  le  proviu  se  fortifie  proraptement;  et  a 
la  troisierae  annee  il  peut  utie  separe  de  la  sou- 
che-mere.  Si  vous  voulez  coucher  en  terre  la 
souche  meine,  fouillez  avec  soin  autour  de  la 
racine,  saus  blesser  la  vigne ,  et  provignez-la  cn- 
suite  de  telle  sorte  que  vous  n'eu  cassiez  point 
les  racines.  Lorsque  vous  Taurez  etendue  a  terre, 
et  que  vous  aurez  raarque  jusqu'ou  elle  doit 
atteindre,  vous  creuserez  un  sillon,  et  vous  y 
couchcrez  la  vigne  tout  entiere.  De  ce  sillon, 
vous  conduirez  des  fosses,  comme  autant  de 
bras,  dans  lesquels  vous  provignerez  les  bran- 
chesde  la  vigne  suivant  leur  position  ;  puis  vous 
les  couvrirez  de  terre.  Si  vous  voulez  former 
piusicuis  rangs  avec  uue  vigne  qui  n'a  que  peu 
de  bois,  de  telle  sorte  qu"il  faille  la  fendre  pour 
la  fairc  parvenir  aux  divers  echalas,  vous   em- 


ploiercz  pour  cette  operation  une  serpette  bicii 
aiguisee,  qui  divisera  le  raineau  ii  l'endroit  ou  II 
piescnte  une  fourche ;  pnis avec  le  meme  fcr  vous 
uuircz  la  plaie,  s'il  s'y  preseute  quelque  inega- 
lile.  Divisee  ainsi,  elle  pourra  former  plusieurs 
rang^es.  Nous  avons  aussi  trouve  une  maniere 
de  provigner  la  vigiie  qui  u'est  pas  saus  avau- 
tage.  Lorsqu'il  n'y  a  pas  de  souche  pour  former 
une  rangee,  et  que  la  branche  a  provigner  n'est 
pas  assez  lougue  pour  qiron  puisse  la  couduire 
au  fond  du  fosse,  la  recourber  et  la  dresser  en- 
suite,  ue  vous  effrayez  pas  du  peu  de  lougueur  : 
prenez  une  branche  quelconque,  dont  le  bout  attei- 
gnc  au  fond  du  fosse ;  courbez-Ia,  etla  coiivrcz  de 
terre.  Laissez  les  bourgeons  qui  se  trouvent  le 
pius  pres  de  la  souche  mere,  pour  qu'ils  jettent 
du  bois  de  la  parfie  superieure.  Ce  n'est  qu'au 
hout  de  trois  aiis  que.  vous  la  separerez  de  la 
souehe  mere;  vous  conduirez  ensuite  a  son 
echalas  cette  partie  separee,  et  vous  en  formerez 
la  tete  de  la  vigue.  Ne  comblez  le  fosse  oii  se 
trouve  le  proviii  que  successivemcnt,  et  pas  avant 
trois  ans.  Coupez  les  racines  qui  sorteut  de  la 
terre;  fouillez  souvent. 

^III.  Lorsque  vous  voulez  greffer  la  vigne, 
eoupez  de  la  souche  raere,  par  un  vent  du  midi, 
des  braiiches  a  fruit,  quand  elies  eommenceront 
ci  pousser  des  bourgeons.  Q,  e  le  sarraeiit  qui 
doit  servir  de  greffe  soit  coupe  dans  les  parties 
superieures  de  la  vigne  ,  qu'il  soit  rond,  et  qu'il 
ait  plusieurs  bousnocuds.  Laissez-y  lestroisnoeuds 
les  plus  intacts.  Coupez-leensuite  en  biseau  au- 
dessous  du  troisieme  bourgeon,  avec  un  fer  tr6s- 
affile  et  tres-miuce ,  en  ayant  soin  de  ne  pas  bles- 
ser  la  moelle.  Coupez  ensuite  la  vigne  que  vous 
voulez  greffer,  unissez-en  la  plaie,  et  feiidez-la; 


aiiiillit.  Et  qiioiiiam  genera  proposuiinus,  unumquodque 
qualiter  facicndiini  sit,  demonstrabiinus.  Viigam  cum  a 
nialic  in  terram  depiiinere  voles,  sciobem  quoquoversus 
quatuor  pedum  facito  ita,  ut  piopago  non  l»datur  alte- 
lius  ladicibus.  Deinde  qualuor  gemnias,  qusein  imum  scro- 
bem  perveiiiant,  relinquito,  ut  ex  iis  radices  citentur. 
Reliquam  parteni ,  qiia;  continens  niatri  est,  adradito , 
ne  supervaciia  sarmenta  proereet.  Diversa;  auleni ,  qua; 
Supra  teiram  cNstare  debet ,  ne  passiis  fiieris  plus  quain 
diias  aut  ul  maxlnie  tres  geinmas  baberc.  Itcliquas  ,  qiuis 
in  terrain  abscoiKUinlur,  e\ci'ptis  ipialiior  iini.s  ,  fac  ailia- 
d.is,  ne  in  suuiino  radices  vitis  citet.  lloc  inodo  propagata 
celoiiter  convalescet  -.  et  tcrtio  aiino  a  nialie  separabitur 
Siu  autem  ipsam  vitein  sternere  voles,  ju\la  radiccra  ila, 
ne  ipsam  lailas ,  curiose  fodito ,  et  vitem  ila  siipplantato , 
ne  radicciii  abrumpas.  Cuni  eain  slravcris,  et  viderisipious- 
quc  possit  pcitingcre ,  siilcum  laciesunum .  in  qiiem  vitem 
intc^rain  demittas  :  deindc  ex  co  sulco  qiiasi  rainos  fossa- 
riiiu  facics,  per  quos,  uti  quaiquc  virga  postulaverlt,  pro- 
pagetur,  alipie  ita  leiraadoperies.  Sin  antcm  vilisexiguani 
inateriam  babebit,  el  iii  diversos  o.^-dincs  diduccnda  eril, 
ue<|ue  alitcr  potiicrit  palos,  ad  qiios  periliicitur,  perlingcrc, 
i|iiani  ut  diflliiat  :  ciirabis  ut  quani  acutissiina  lalcc  ab  ea 


parte  ,  qua  bifiirca  est ,  lindas  eam ,  et  eodeni  ferro  acuto 
plagam  emendes ,  sicubi  iiia,'qualiter  findi  videbitur.  Sic 
diducta  poterit  in  plures  oidines  dividi.  Non  iniitilis  est 
etiam  illa  propagatio ,  quam  nus  rcperiinus ,  sl  quando  in 
ordineni  vitis  deest,  neque  est  tam  procera  virga  quBe 
cOm  in  imum  scrobem  demissa  fuerit ,  retorqiieri  el  erigi 
suprateriam  possit  :  brevitatem  ne  reformidaveiis,  sed 
qualemciinqiic  virgam  ,  ciijiis  cacumen  in  iniiim  scrobem 
pervenit,  deprimito  et  obruito  :  deinde  gemnias ,  qua;  se- 
ciindum  ipsam  matrem  siint ,  submillito  ,  ut  materias  a 
superiorc  parte  citent.  Ttiin  ilemiim  post  trieniiium  a  ma- 
treamputato,  etadsuumpalum  eaiii  parlem.quamaiiiatre 
pra'cideris,  reducito,  et  c.q)iit  vitis  facito.  Propaginis 
sriolicin  iie  niinus  triennio  paulatim  completo  :  summas 
railiccs  pra'ci(lllo  :  crebro  fuditu. 

VIII.  Ciiiii  vitem  iiiseiere  voles,  optimi  generis  sar- 
nieiita  fnictiiai  ia  tuni,  cum  genimas  agere  incipient,  vento 
Auslro  a  iii.iln'  piaiidito.  Sarmcntum,  quod  in.seris,  da 
suinina  vilc  >il  Hiliiiiiliiin,  lionis  crebrisque  nodis.  Tres 
deindc  nodns  inlrp  1 1  iinos  relinquito  :  iufra  terliain  gem- 
mam  ex  ntraipie  parte  diioriim  digilorum  siwtium  iii  mo- 
duin  cunei  teniiissimo  scalpellu  acuito,  ita  ne  inediillam 
kcdas.  Vilein  dcinde,  qiiam  insitiirus  es,  rcsecato ,  et  pla- 


502 


COLUMELLE. 


introduisez  dacs  la  feute  la  petite  braiiche  apres 
lavoir  raclee  prealabieracut,  de  mauiere  que  l"e- 
corce  de  la  greffe s'adapte  parfaitement  a  celle  de 
la  soiiclie.  Liez  eusuite  les  greffes  ainsi  inserces 
avec  du  jonc  et  avec  de  Tecorce  d"oraie;  bou- 
ehez  la  fente  avec  uu  enduit  mele  de  paille  et  for- 
leinent  attache,  aliu  que  ni  le  vent  ni  la  pluie 
n"y  puisse  penetrer.  Vouscouvrirezensuite  ren- 
duit  avec  de  la  mousse,  que  vous  lierez  egale- 
raeut.  Ce  moyen  enlretieiit  la  greffe  dans  une 
humidite  continuelle,  et  rempeche  de  se  desse- 
cher.  Piquez  de  part  eu  part  la  brauche  au- 
dessous  de  la  greffe  et  pres  de  la  ligatuie ,  avec 
un  instrumenttres-afflle,  afiu  que  la  seve  coule 
plutot  de  cette  piqure  que  de  riucision  pre- 
niiere;  car  la  seve  s'ecoulant  do  riucision  nuit 
a  !a  vii^ne ,  et  empeche  les  branches  greffees  de 
prendre.  Quelques  ancieus  out  mieux  aime  per- 
forer  la  vigue  avec  une  vrille ,  et  y  iatroduire  en- 
suite  les  petites  branches  ratissees  auparavant. 
iNous  avons  employe  un  meilleur  prociide  pour 
atteindreau  merae  but;  car  rancienne  vrille  pro- 
duit  de  la  sciure,  et  brule  la  partie  qu'elle  perce , 
brulure  qui  empeche  la  plupart  du  temps  les  gref- 
fes  de  |)reDdre.  Nous  nous  servons,  quant  ii  nous, 
de  la  vrille  que  nous  appelons  gauloise.  Elie  perce 
le  tronc  sans  le  bruler,  paree  qu'elle  ne  produit 
pas  de  sciure ,  mais  des  copeaux.  Apresavoir  de- 
barrasse  le  trou  de  ces  copeaux ,  nous  y  iiitrodui- 
sons  les  branches  ratissees  de  tous  cotes ,  et  nous 
enduisons  bien  le  tout  (eu  terraes  d'agriculture, 
nous  y  mettons  un  lut).  Cette  greffe  prend  tres- 
facilement.  Ayez  iiui  de  greffer  vos  vignes  vers 
requinoxe.  Prenez  les  boutures  de  raisiu  blanc 
daus  des  terrains  humides,  et  les  boutures  de  rai- 
sin  noir  dans  des  terrains  secs.  Voici  !a  maniere 


de  rendre  feitiles  des  vignes  naturcllemeut  peu 
productives.  Arrosez  les  vignes  qui  donuent  peu 
de  raisins  avec  du  viuaigre  bieii  siir,  mele  da 
cendres;  et  enduisez  !a  souclie  avee  le  mCme 
melange.  II  y  a  des  vignes  dontlesraisinsscdes- 
seehent  avant  de  s'amollir  et  de  parvenir  a  ma- 
turite  :  voiei  le  nioyen  de  remedler  a  cetinconvc- 
nient.  Lorsque  les  grains  serout  parvenus  a  la 
grosseur  de  l'ers,  coupez  le  troiic  pres  de  la  ra- 
cine,  euduisez  la  plaie  aveeuue  composition  de 
tcrre,  melee  a  doses  egales  de  vieille  urine  et  de 
fort  vinaigre ;  arrosez  les  racines  avec  la  meme 
preparation,et  retouruez  souvent  le  sol.  Ce  tra- 
vail  fera  pousser  un  bois  qui  portera  des  fruits, 

LX.  1!  y  a  une  sorte  de  greffe  par  laquelle  nous 
obtenons  sur  la  menie  visine  des  raisins  d^espece 
de  couleur  et  de  goiit  differents.  Voiei  comment 
on  la  pratique  :  prenez  quatre  ou  ciuq  ou  meme 
plusieurs  branehes  de  differentes  especes;  adap- 
tez-!es  bien  ensemble,  et  attachez-les  avec  uue 
licelle.  Mettez-les  ensuite  daus  un  tuyau  de  terre 
cuite  ou  dans  une  corne  qui  les  tienne  bien  ser- 
rees,  de  faeon  toutefois  qu'elles  ressortent  par 
les  deux  bouts.  Aprcs  quoi  d?taehez  un  peu  les 
bouts  qui  dcpassent,  mettez-Ies  dans  un  fosse, 
couvrez-les  de  terre  bien  fumee,  et  arrosez-les 
jusqu'a  ce  qu'elles  donnent  des  bourgeons.  Lors- 
que  !es  branches,  au  bout  de  deux  ou  trois  ans , 
se  seront  jointes  au  point  de  ne  presenter  qu'un 
tout,  brisez  !e  tuyau,  et  sciez  ces  branches  reu- 
nies  en  une  seule  par  le  milieu ,  a  rendroit  ou  la 
cohesion  cst  la  plus  forle.  Unissez  la  plaie  qui  re- 
sultera  de  cette  section  ,  et  mettez-y  de  la  ferre 
de  ramas  bien  pulvc^rtsee,  de  sorfe  que  cette 
plaie  se  trouve  couverte  d'une  couche  de  trois 
doigts  d'epaisseur.  Lorsque  le  trouc  auia  pous.se 


gam  levato,  atqiie  ila  fmdilo ,  el  paratos  suiculosin  lissu- 
lam  demittilo,  ealenus  qna  adrasi  sunt,  ita  iit  cortex  sui- 
culi  corlicem  vitis  .oequaliter  conlingat.  Quidquid  inse- 
lueris,  vimine  vel  ulmi  libro  diligenter  ligato  ,  atque  iuto 
siibacto  paleato  obliuilo  plagam ,  et  alligato ,  ne  aqua  ven- 
tiisve  penetrare  possil  :  deinde  supra  lutiim  muscum  im- 
ponito,  et  ita  religito  :  ea  res  proebet  luimorem  ,  nec  ina- 
rescere  sinit.  Infra  insilionem  et  alligaturam  falce  aciita 
leviter  vitem  vulneralo  ex  utraqiie  pai  te ,  ut  ex  bis  potiiis 
plagis  humor  delluat,  quam  ex  insilione  ipsa  abundet; 
nocet  enim  niraius  luinior,  nec  patitur  surculos  insertos 
comprehendere.  Qiiiliujtdam  antiquoriim  terebiari  vitein 
placet,  alque  ila  leviter  adra.sns  surciilos  demitti  :  sed 
iios  ineliore  ratione  lioc  idem  recimiis.  Nam  anliqua  tere- 
bra  scobemfacit,  el  propter  lioc  uiit  eam  partem  quani 
peiforat  :  peiiista  aiUem  periaio  unqiiam  comprelieiidit 
in.sertos  suiculos.  Nos  ruisiis  teiebram  ,  quam  gallicam 
dicimus ,  buic  insilloni  aplavimus  :  ea  excavat ,  nec  urit , 
quod  non  scobem,  sed  rameiita  lacit.  Itaiiue  cavatiim  fo- 
ramen  cum  puigavimus,  uiidique  adiasos  surculos  inseri- 
inus ,  atque  ita  ciicunilinimus.  Talis  insitio  facillime  con- 
valescit.  Igitiir  secundum  ipquinoctium  perlectam  vitiura 
iiisitiouem  liabclo  :  Immida  loca  de  iiva  alba  :  sicca  de 


nigra  inserito.  Infructuosas  vites  foecundas  sic  facito  :  vites 
quae  exigiiiim  dant  fructiim,  aceto  acri  cuui  cinere  inigalo, 
ipsumque  codicem  eodein  cineie  linito.  At  si  fructum  quao 
ostendunt,  ad  matiiritatem  non  perducunt,  sed  priiisquam 
mile.scant,  uv,ts  inarescunt,  hoc  modo  einendabuntur. 
Cum  instar  adervi  amplitndinem  acini  liabuerint,  radice 
lenus  vitem  prajcidito  ,  plagam  acri  aceto  paiiter  ac  lotio 
veteri  permista  terra  linito,  eodemqiie  radices  rigato, 
sa;pe  fodito.  H£ec  malcrias  citant,  e.Teque  fructuin  per- 
ferunt. 

IX.  Est  eliam  genus  iusitionis,  qiiod  UTas  tales  creat, 
in  quibus  varii  geneiis  ac  saporis  colorisque  reperiunlur 
aciiii.  Hoc  autem  ralione  tali  eflicilur  :  Quatuor  vel  quin- 
que  sive  etiam  plures  volcs  virgas  diversi  generis  sumilo, 
ea.sqiie  diligenter  et  cequaliter  conipositas  colligalo,  deinde 
in  tulmlum  ficlilem  vel  coinu  arcte  inserilo,  ita  ut  ali- 
quantum  exslent  ab  ulraque  parte,  easquepailes,  quiB 
exslabunt,  resolvito,  in  scrobem  deinde  imponito,  el  lerra 
stercorata  obruito  ,  ac  rigato ,  donec  gemmas  agaiit.  Ciim 
inler  se  virgae  coboeseriiit,  post  biennium  aut  triennium 
facta  jam  unitate ,  dissolves  tubulum  ,  et  circa  medium  fere 
crus,  ubi  maxime  videbuntur  coisse,  vitem  serra  praeci- 
dito,  cf  plagam  levato,  ferramque  minufam  aggerato,  ifa 


DES  ARBRES. 


des  rejctous,  choisissez  tesdiiux  nieilleiirs  ,  tnil- 
lez-ies,  et  eoupez  les  autres.  De  cette  m.iniere 
vous  obtiendrez  des  raisiiis  tels  que  j'ai  dit.  Si 
vous  voulez  avoir  des  raisinss.ins  grains,  fendez 
une  crocette  sans  lilesser  les  bourgeons ,  otez-cn 
iu  raoelle;  rapprochez  ensuite  ies  deux  parties, 
et  attachez-les  avec  unc  flcelle,  sans  cependant 
toucher  au.x  bourgeons;  vous  mettrez  ensuite 
cette  crocette  dans  nne  tcrrc  bien  fumee,  que  vous 
arroserez  souvent.  Lorsqu'elle  commeneera  a 
pousser  dcs  rejetons,  foiiillez  protbndement  et 
souvent.  Qunud  cettc  vifine  sera  parvenue  a  sa 
croissance,  elle  donnera  des  raisins  sans  grains. 
X.  Les  vendanges  faites,  commcncez  lataille; 
ne  vous  servez  a  cet  eflVt  ([ue  de  tres-bons  ins- 
truments,  et  nussitranchantsque  faire  se  pourra. 
Les  plaies  n'eo  seroat  que  plus  legeres,  et  l'eau 
u'y  sera  point  stasnante.  Lorsque  l'eau  ne  s'e- 
coule  pas  promptement,  elle  gSte  la  vigne,  et 
engendre  des  vers  ct  d'jutres  animaux  qui  ron- 
gent  iebois.  Taillez  toujours  le  bois  en  rond  :  de 
cette  raaniere  les  plaies  se  cieatriseroiit  pliis 
vite.  Coupez  tous  les  sarraents  trop  plats  ou  trop 
vieux,  aiPiSi  que  eeux  qui  sont  contourncs  ou 
rabougris.  Taillez  les  sarraents  nouvenux,  les 
branches  ci  fruit,  et  quelquefois  meme  les  re- 
jetons  les  plus  beaux ;  si  la  tete  de  la  vigne 
n'est  pas  bonne ,  conservez-en  les  bras.  Faites 
la  taille  le  plus  vite  possible.  Prenez  une  do- 
loire  bien  tranchante  pour  les  brnnches  desse- 
chees  et  vieilles ,  qiii  ne  peuvent  pas  etre  eoupees 
avec  la  serpctte.  Dans  un  terrain  mnigre  et  scc, 
commencez  a  tailkr  dis  le  solstice  d'hiver, 
lorsque  la  vignc  est  encore  faible.  Repetez  cette 
operation  vers  ies  calendes  de  fevrier,  pour  la 
pnrtie  qui  n'aura  point  ttc  encore  emondee.  De- 
puis  les  ides  de  dccembre  jusqu'aux  idesde  jnn- 


vier,  n'approchcz  point  le  fer  de  la  vigne  ni  d'un 
arbre  quelconque.  En  taillant  la  vigne,  fait(^s 
toujours  la  teeiion  cntre  deux  bourgeons.  Si  vous 
coupez  trop  prcs  d'un  bourgeon,  la  vigne  souf- 
frira,  et  ne  jetlerapoint  de  bois.  La  section  doit 
toujoursetre  obliijue;  de  cette  maniere  la  plaic 
nesouffrira  ni  des  eaux  de  la  pluie  ni  dii  soleil , 
ctelle  trouvera  rhumidite  qu'il  lui  faut.  Plus  le 
terrain  sera  gras  ct  ia  vigne  robuste,  plus  vous 
y  laisserez  de  bourgeons  et  de  branclics.  A  Ten- 
droit  oii  voiis  vouiez  i'ormer  ce  que  nous  avons 
appcle  les  bias  de  la  vigne,  vous  n'avcz  qu'a 
donnerun  ou  deux  coups  de  la  pointe  d'une  ser- 
pette  bien  effilee,  a  la  profondeur  d'un  doigt.  .Nc 
coupez  jamais  tout  entier  un  bras  de  la  vignc,  a 
n)oinsqu'il  ne  soit  desseehe.  Une  vii:ne  nouvelle 
doit  etre  dechaussee  avant  le  solstiee  dhivcr, 
afin  qu'cllc  puisse  recevoir  les  pluies  du  prin- 
temps  et  le  limou  de  la  terre.  Les  vignes  et  les 
arbres  en  general  seront  d'autant  plus  robustes 
que  vous  les  aurez  dechausses  de  bonne  heure. 
Lorsque  les  vignes  sont  situees  sur  des  hauteurs , 
il  faudra  cn  les  dechaussant  forraer  dans  la  par- 
tie  supcrieure  de  petits  lacs  toiit  pres  de  la  sou- 
che ,  et  dans  la  partie  inferieure  des  tranchees 
plus  profondes,  ([ui  puissent  contenir  plus  d'eau 
etde  liraon.  Quant  nux  vieilles  vignes  ,  il  ne  faut 
ni  les  d(;chnusser,  de  crainte  de  faire  desseeher 
les  racines  qui  sortent  de  terre,  ni  les  labourer  ti 
In  chnrrue,  de  craintede  briserces  racines.  Pas- 
.sez-les  souvent  a  la  houe,  a  une  profondeur  suf- 
(isante  et  t'gale,  ct  r(;'paudez-y  avant  le  solstice 
dhiverdu  fumier  ou  de  la  paille.  Si  vous  n'ave7, 
que  legereraent  dechausse  la  vigue,  vo;is  pouve/, 
la  furaer  tout  a  fait. 

XL  Quand  vous  aurez  bien  taille  la  vigne,  il 
importe  de  rebourgeonner  avcc  soin;  car  les 


iit  tiibus  (Hgitis  altp  plagain  operiat  :  ex  eo  cudice  ciiiii 
tjieiit  coles,  duos  optimos  submittito,  lelitiuos  dejiclto  : 
sic  uvBB  nascentur,  qiiales  pioposiiinni.s.  L't  aiitem  iiv.c  siiie 
viuaceis  nascautnr,  malleolum  scindito  ita ,  ne  gemniai 
la-dantur,  medullaiiKpie  oninem  eradilo,  tum  demum  in 
se  composifum  colli^alo,  sic  ne  gemmas  allidas,  atrpie  ita 
teiia  slercorata  deponito  ,  et  ligato.  Cum  coles  ageic coipe- 
rit ,  .sajpeet  alte  rcrodilo.  ..Vdnlla  vitis  tales  iivas  siiic  vina- 
ceis  cieabit. 

X.  Viiidemia  facta ,  stalim  piitare  iiicipito  feiTaincnlis 
quam  optimis  ol  aciilissiinis  :  ita  plaga^  leves  lient,  neque 
iii  vite  aqiia  (■(in.^islcre  poteril  :  qiue  simulatqiie  iinnio- 
rata  est,  cciinimpil  viteni,  vcrmesq;ioetalia  cieat  aniina- 
lia.qiiie  mateiiam  exedunt.Plagasaulein  lotmidasfacito: 
nam  celerius  cicatriccm  diicunt.  .Sarmenla  l:ita,  vetera, 
niale  nata  ,  contoi  ta  ,  omnia  Iktcc  pra^cidito  :  novella  et 
fiHCtuaiia ,  el  inlci.lnin  s(ili(]|cin  idenieani,  si  jam  supeili- 
ciesparumvalcl)il,siil)inillil(]|)nicliiaqiieconseivalo.(juam 
celerrimepoterispntali()uempcrficito..\iidaetvcteia,  falce 
quic  amputari  non  possunt,  acnta  dolaliia abradito.  In  agro 
•nacro  ct  sicco  vineain  jmhecillam  a  biuina  aiiipiilalo :  quam 
pail(>in  non  (lcpntaveris,  circa  caleiid.  Febr.  icpctito  :  aii 


idibiis  R(>(emb.  ad  idns  Jaiiiiaii.isfeiio  langi  viteniclarbi)- 
lein  ijonconvenil.  Cnni  iitcni  piitabis,  interduas  gcminas 
secato  :  iiam  sijii\ta  ipsani  geinniam  secijeiis  ,  laboiabil, 
iicc  materiani  cilabit.  Cicatrix  autein  senipcr  deorsuin 
speclet ,  ita  neque  aqua  neque  sole  laborabit ,  liuiiiorem(|ue 
rectecapiet.  Iii  agio  crasso  valida^iue  vinea  pliires  geminss 
ct  palinas  relinquilo,  in  exili  |>auciores.  Sicubi  in  vile 
br.acliiuin  desideiabis ,  falce  acnfa  seniel  aiit  bis  «o  loco 
alteinslardigiti  inncroiie  leiito.  liracliiumqiiamvislongum 
cave  tolum  tollas,  nisi  si  toliim  aiuciit.  Vineam  novpliani 
ante  bruniani  ablaipiealam  babeto,  nt  omncs  imbies  li- 
niuniqne  concipiat.  Vites  .irboiesque  quo  ciliiis  abla^piea- 
vcris,  eiiint  valentiuics.  .Sed  qiireciiiiqiie  in  clivis  (Muiit 
po^ilc,  il.i  :d(l;i!pieaud;csnnt ,  iita  siipeiioic  pailc  scciin. 
diiin  >  'i<ih  I  III  l.iciisculi  liaut ,  al)  inrcriore  antom  pi>lviiinli 
iillinics  cM  ilcnliir,  qiio  pliis  aqiia:  limiqiie  eoulinoanl. 
Viiiea  vetus  neque  ablaqncanda  est ,  iie  radiios,  qnas  in 
suniino babet,  iuaiesciint,  iicipie  aianda,  ne  i .idiccs  abruin. 
pantur.  liidentibus  s.xpe  el  alle  fodito  a^qualiter,  ct  stei- 
core  vel  palea  conspergito  soliim  aiitc  brumani ,  vel  cuni 
ciicum  ipsam  vilcin  suminatim  ablaqiieaveris,  steicorato. 
XI.  Vineani  qnam  bene  piilarc,  tam  diligenlor  pampi- 


504 


COLUMELLE. 


branches  a  fruit  se  fortifleront  davantage ,  outre 
qu'on  prepare  et  facilite  ainsi  la  taille  de  Tannee 
suivante.  Engeneral,  rebourgeonnementne  laisse 
point  de  cicatrices  a  la  vigne ;  car  lorsqu'on  ne 
coupe  dans  un  cep  que  du  vert  et  du  tendre,i!  se 
guerit  promptement.  Outre  cela ,  les  raisins  mii- 
rissent  raieux.  L"ebourgeonnement  doit  etre  ter- 
mine  dix  jours  avant  que  la  vigne  commence  a 
etre  en  tleur.  Enlevez  tous  les  pampres  superflus. 
Tous  ceux  qui  serojjt  sortis  de  la  tete  ou  des 
bras  de  la  vigne  doivent  etre  retranches,  bien 
cntendu  s'ils  ne  portent  pas  de  raisin.  Cassez  les 
boutsdes  branches,  pour  empecher  Texces  de  la 
Tcgetation.  Couvrez  de  leurs  pampres  les  raisins 
tournes  vers  le  midi  ou  le  couchant,  afm  qu'ils  ne 
soient  pas  brules  par  Tardeur  du  soleil. 

XIL  Des  que  le  raisin  coramence  a  tourner, 
fouillez  pour  la  troisierae  fois.  Quand  il  com- 
mence  a  murir,  fouillez  avant  les  grandes  cha- 
leurs  du  midi;  quand  il  aura  cesse  de  miirir, 
fouillez  apres  midi,  et  faites  beaucoup  de  pous- 
siere  :  par  la  vous  mettez  le  raisin  a  Tabri  du 
soleil  et  du  brouillard.  INe  labourez  ni  ne  fouillez 
une  terre  bourbeuse ,  parce  qu'el!e  s'endurcit 
et  se  gerce  facileraent.  II  vaut  mieux  retour- 
ner  la  terre  avec  des  hoyaux  qu'a  la  charrue. 
Le  hoyau  remue  partout  la  terre  egalement ;  la 
charrue  au  contraire  soulcve  de  grosses  mottes 
de  terre,  outi'e  que  les  bosufs  qui  la  tirent  bri- 
sent  souvent  des  branches ,  et  quelquefois  mi^^mc 
des  ceps  tout  entiers.  Le  nombre  des  fouilles 
n'est  point  deterrnine;  car  plus  vous  fouillerez 
une  vigne,  plus  vous  la  rendrez  feconde. 

XUI.  Faites  en  sorte  que  vers  le  commence- 
mcnt  du  printemps  des  tas  de  paille  se  trouvent 
places  entre  les  rangees  de  ceps.  Si  vous  crai- 


gnez  quelefroid  n'arriveplus  tfitque  decoutume, 
mettez  le  feu  aux  tas  de  paille;  la  fumee  qui  en 
resultera  ecartera  des  vigues  le  brouillard  et  la 
rouille. 

XIV.  Broyez  du  lupin ,  que  vous  melerez  avee 
du  raarc  d'olives ;  repandez  de  ce  melange  sur 
le  pied  de  la  vigne ;  ou  bien  faites  cuire  du  bitume 
avec  de  Thuile,  et  frotlez-en  egaleraent  le  pied  de 
la  vigne  :  c'est  le  moyen  de  la  preserver  des 
fourmis. 

XV.  Les  vignes  qui  se  trouvent  pres  des  bSti- 
ments  ont  souvent  a  souffrir  des  rats  et  des  sou- 
ris  :  pour  prevenir  cet  inconvenieut,  nous  atten- 
drons  la  pleine  lune,  lorsqu'eIle  sera  dans  le  si- 
gne  du  Lion  ou  du  Seorpion,  ou  du  Sagittaire,  ou 
bien  eneore  du  Taureau;  nous  taillerons  alors  la 
vigne  pendant  la  nnit,  a  la  clarte  de  la  lune.  II  y 
a  une  espece  d'insectes  appelecs  liscttesj  ces  ani- 
maux  rongent  en  general  les  jeunes  pampres  et 
les  grappes  :  pour  empecher  leurs  ravages,  frot- 
tez  avec  du  sang  d'ours,  immediatement  apres 
la  taille,  les  serpettes  dont  vous  vous  etes  servl. 
Si  vous  possedez  la  peau  d'un  castor,  essuyez-y 
les  serpettes  pendaut  la  taille  meme,  apres  les 
avoir  aiguisees.  Ce  n'est  qu'alors  que  vous  com- 
mencerez  a  tailler  les  vignes.  Comme  nous  avons 
suffisarament  traite  des  vignes,  nous  allons  passer 
aux  plants  d'arbres  que  Ton  marie  aux  vignes. 

XVI.  L'arbre  qui  nourrit  le  phis  la  vigne 
est  le  peuplier;  vient  ensuite  Torme,  et  enfin 
le  frene.  L'aubier  est  repousse  par  la  plupart  des 
agriculteurs ,  parce  que  son  feuillage  ne  vaut  rien 
a  la  vigne.  L'espece  d'orme  que  les  paysans  ap- 
pellent  altlnia  est  la  meilleure  et  la  plus  riche; 
el|e  donne  en  outre  bcaucoup  de  feuillage.  Aussi 
faut-il  la  planter  de  prefercnce  dans  des  terrains 


iiaie  utile  est  :  iiam  ct  materi.Te  quai  friictum  liabent , 
meliiis  convalescunt ,  et  pntatio  sequenlis  anni  expeditior, 
tuni  etiam  vitisminus  cicatiicosa  fil :  quoniam  qnoil  viriile 
et  tencrum  deceipitur,  protiniis  convalescit.  Suirt  li.iec 
qiioque  melius  uvse  maturescunt.  Anle  dies  decem  quaai 
vinea  tlorereincipit,  pampinatam  liabeto.  Qiiidquid  super- 
vacui  enatum  fuerit ,  lollilo.  Quod  in  cacumine  aut  in  bra- 
cliiis  natum  eril,  (lecerpito,  duntaxat  qiiaj  uvam  non 
liabebiint.  Cacumina  virsarum,  ne  lnxiirientur,  demuti- 
lato.  Uvas,  qu.t  meridiem  aut  occidenlem  spectabunt ,  ne 
perurantur,  sno  sibi  painpjno  tesito. 

XII.  Simulatque  uva  variari  creperit,  fodito  lertiam  fos- 
suram  :  et  ciini  jam  maturesc«t,  ante  meridiem  ,  prius- 
quam  calere  incipiet;  cuin  desierit,  post  meridiem  fodito, 
pulveremque  excitalo  :  ea  res  et  a  sole  et  a  nebula  maxime 
uvam  defendit.  Lululcntam  lerram  neque  arare  neque  fo- 
deie  oportet,  qnia  valde  durescit  et  liiHlitur.  r>idenlibus 
lerram  vertere  utilius  est ,  quam  aralro.  Bidens  ■'cqualiler 
totam  terram  veitit :  aratruni  pra^ferqiiam  quod  scamna 
fiicit,  lum  eliam  boves,  quiarant,  aliquantum  virgarum 
ct  interdum  totas  vites  frangunl.  Finis  autem  fodiendi  vi- 
neani  nullusest  :  iiam  quantosa.'piusfodcris,tanto  uberio- 
rein  fiuctnm  reperies. 


XIII.  Paleariim  acervos  inler  ordines  verno  tempore 
positos  liabeto  in  vinea.  Cum  frigus  contra  femporis  con- 
sueludineni  iiilellexeris,  omneis  acervos  incendilo,  ita 
fumus  nebiilam  et  rubiginem  removebit. 

XIV.  Lupinuni  terilo,  et  cuin  fracibus  misceto ,  eoqiie 
imam  vineam  circumlinilo  :  vel  bituinen  ciim  oleo  coqiiito, 
eo  quoque  imas  vites  tangito,  formica!  non  exedent. 

XV.  Viles,  quae  secundum  aedificia  sunt,  a  soricibus 
aut  muribus  infestantur.  Id  iie  liat  plenam  lunam  obser- 
vabimus,cum  eril  in  signoLeouis  vel  Srorpionis  vel  Sagit- 
tarii  vel  Taiiri,  et  noctii  ad  lunam  putabimus.  Genus  est 
animalis,  volucra  appellalur;  id  fere  prserodit  teneros 
adhiic  painpinos  et  uvas  :  quod  ne  fiat,  falces,  quibus  vi- 
neani  putaveris ,  peracta  piitatione ,  sanguine  ursino  llnito : 
vel  si  pellem  fibri  habueris,  in  jpsa  putatione,  quoties 
falcem  acueris,  ea  pelle  aciem  detergito  ,  atqiie  ita  putare 
incipito.  Quoniam  de  vineis  abunde  di^imus,  de  arbustis 
pra!cipiamus. 

XVI.  Vitem  maxime  populusalit,  deindeulmus,  deinde 
fiaxinus.  Opulus,  quoniam  fiondein  non  idoneam  babet , 
a  plerisque  iniprobatur.  Ulmus  autem  quam  Aliniam  vo- 
cant  lustici ,  generosissima  est  et  laetissima,  multamque 
frondem  liahet :  eaque  maxime  sorciida  esl  locis  pinguibus 


DES  ARBRES. 


gras,  ou  meme  m^diocres.  S'il  s'agitde  garnir 
d'arbres  des  lieux  apres  et  ariJes,  le  peuplier  et 
rorme  y  conviennent  micux  que  les  frenes.  On 
prendra  des  frencs  sauvaiies  qui  ont  les  feuilles 
un  peu  plus  larges  que  les  autres  especes  dc  fre- 
nes;  ce  feuillageest  pour  le  moins  aussi  bon  que 
celui  des  ormes  :  les  chevrcs  ct  les  brebis  le  pre- 
ferent  ix  tout  autre.  Celui  qui  vcut  fornier  une 
plantation  pour  la  vigne,  doit  faire  des  fosses  de 
quatre  picds  en  tout  sens,  une  annee  avant  de 
plantcr.  Vers  les  calendes  de  mars,  meltcz  dans 
la  meme  fosse  rormc  et  le  peuplicr,  ou  bien  le 
frene ,  en  sorte  que  si  Torme  vient  a  manquer, 
Taubier  ou  le  frene  puissent  le  remplacer.  Si 
tous  les  deux  reussissent,  otez  Tun  pour  le  trans- 
planter  dans  un  autrc  endroit.  Les  arbres  a  vigne 
doivent  etre  plantes  a  quarante  pieds  les  uns  des 
autrcs  :  cette  disposition  les  fortifle,  et  la  vigne 
qu'ou  y  attache  donne  de  meillcurs  fruits.  Lcs 
grains  semes  dans  les  intcrvalles  y  seront  moins 
incommodes  par  Tombrage.  Plus  vous  remuerez 
la  tcrre  autour  de  Tarbre,  plus  vite  il  s'accroitra. 
K<^n  approchez  point  le  fer  pendant  les  trois 
premieres  annecs  :  ee  temps  ccoule,  faconnez-le 
pour  recevoir  la  vigne;  c'est-a-dire,  coupez-en 
les  branchcs  superflues,  et  echelonnez  les  autres 
en  en  laissant  une  sur  deux  ,  et  les  coupant  al- 
ternativement  d'annee  en  annee.  La  sixieme  an- 
uee,lorsque  Tarbre  aura  assez  de  force,  vous  le 
marierez  a  la  vigne  de  la  facoa  qui  suit  :  Vous 
tiendrcz  la  vigne  cloignee  du  tronc  de  Tarbre  a 
la  distance  d'un  picd  ,  et  vous  ferez  un  fosse  de 
quatre  picds  de  long  sur  trois  de  profondeur,  et 
deux  et  demi  de  largeur.  Apres  avoir  laisse  pcn- 
daut  deux  mois  ce  fosse  expose  aux  injures  du 


temps ,  vous  y  coucherez  la  vigneque  vousaurez 
tiree  de  la  pepiniere,  et  qui  ne  devra  pas  avoit 
moins  de  dix  pieds.  Etaycz-la  bien,  et  attnchez-la 
a  Tarbre.  Ne  lataillez  point  Tannec  suivante;  a 
latroisieme  annee  reduisez-Ia  aun  scul  sarment, 
et  ne  lui  laissez  que  peu  de  bourgeons,  afin 
qu'elle  ne  puisse  pas  monter  avant  de  s'etre  for- 
tifiee.  Lorsqu"cIle  aura  pris  assez  d'accroissemcnt, 
distribuez  ses  sarments  sur  tous  les  (itagcs  de 
Tarbrc ;  mais  ayez  soin  de  ne  pas  trop  charger  la 
vigne,  et  de  taillcr  les  brins  qui  vous  paraitront 
les  plus  vigoureux  ,  et  les  phis  propres  a  donner 
du  fruit,  Pour  une  vigne  mariee  a  des  arbrcs,  il 
importe  de  fairc  lcs  ligatures  avec  le  meme  soin 
que  la  taille;  car  c'est  de  ce  soin  que  depend 
principalcment  le  rapport  de  cette  sorte  de  vigne. 
Une  vigne  qui  auracle  fortement  attachce  a  Tcn- 
droit  convenable  se  conserve  plus  longtenips.  11 
faut  donc  que  toutes  les  annecs  la  taille  soit  faite 
de  tclle  sorte  que  les  liens  soient  renouvelcs,  et 
que  la  vigne  soit  distribuee  sur  les  rameaux  les 
plus  propres  a  la  recevoir. 

XVII.  L'olivier  seplait  principalement  sur  les 
collines,  et  dans  des  terrains  secs  et  argileux. 
Dans  des  terrcs  bumides  et  grasses,  il  donne 
beaucoup  de  fcuillage  sans  fruit.  Poar  former 
une  plantation  doliviers,  il  vaut  raieux  prendro 
des  troncs  que  des  boutures.  Magon  veut  qu'oii 
plante  rolive  dans  des  terrainssecs,  apres  requi- 
noxe  d"automne  etavant  le  solstice  d'hivcr.  Les 
agricultcurs  de  nos  jours  plantcnt  rolivier  au 
printemps,  vers  les  calendes  de  mai.  Le  fosse  des- 
tine  a  rccevoir  rolivier  doit  avoir  quatre  pieds 
en  tout  sens :  on  met  d'abord  au  fond  du  fosse  de 
petitcs  pierres  et  du  gravier ;  puis  on  y  jette  de 


vel  eliara  mcdiocribiis  :  sed  si  aspeia  et  siliciilosa  loca  ar- 
boribusobseieiula  erunt,  neijueopulus  neque  ulmus  tani 
idouea?  sunt  (|uani  orni  :  e»  silveslres  Iraxini  sunt,  paulo 
latioribus  tamen  foliis  quam  caHera'  fraxini ,  nec  deterio- 
rem  IVondem,  quam  ulmi  pra:stant.  Capra?  quidcni  et  ovcs 
vel  libentius  eliani  lumc  frondem  appetunt.  Igitur  qui  ar- 
bustum  constituere  vulcnt ,  ante  annum  quam  deponant 
arbores,  scrobes  faciant  quatuor  peduni  quoquoversus. 
Deinde  circa  calen.  Mait.  in  eandem  scrobeni  ulmum  et 
populuni ,  vel  fraxinum  <le[ionant ,  ut  si  ulmus  deiecerit , 
opulus  vcl  fraxinus  locum  oblineant.  Si  autem  iitiaque 
vixerint ,  altera  evimatiu ,  et  alio  loco  deponatur.  Arbiisluni 
inter  quadragenos  pedes  dispositum  esse  convenit  :  sic 
eniin  et  ipsa;  arbores,  el  appositae  vites  inelius  convales- 
cent,  friictumque  nieliorcin  dabunt.  Segctes  ctiam,  qua; 
in  eoerunt,  niinus  iinibra  laborabunt.  Arborem,  quani 
deposueris,  sxpius  circuinfodito ,  quo  celerius  adolescat  : 
et  citra  triennium  ferro  iie  tetigeris.  Completis  sex  et 
Irigiutamensibus,  ad  recipicndam  vitem  formabis,  super- 
vacuos  ranios  ani|iiitabis ,  alterna  bracbia  in  modum  sca- 
larum  relinques,  alleruisqiic  annis  pulabis.  Sextoanno, 
si  jain  flrnia  vj<li'bitur,  maritabis  lioc  iiiodo.  Ab  ipso  ar- 
boris  crurc  |ie<i.il('  spaliuni  intermittitu,  deinde  siilciiiu  in 
qualiior  pciles  lon^uin  ,  iii  trcs  alluin.  in  dupondiuni  cl 


semissrin  tiliim  cum  feceris ,  patiereminime  diiobus  mcn. 
siliiis  ciiLn  lcMipestatibus  verberari.  Tum  demum  ciica 
cal.  \l,iiti:iv  Mlcm  de  seminario  ne  minorem  qiiidem  de- 
<iiii  |iriliiiii  ^lirnito,  et  adminiculato,  arboriqiie  jmr^ito  : 
eam  provinu)  aniio  ue  putaveris  :  tertio  vero  ad  unani  vir- 
gain  redigilo,  paurasque  gemmas  relinqnito,  neanteiiiiam 
invaluiMit,  iu  altiludinem  repat  :  deiiide  nbi  anipliini  iii- 
creinenliim  liabuerit,  pcr  oiniiia  arboris  tabulala  ilisponito 
ejus  materias,  ila  laiiien  ne  vilein  onercs,  sed  certa  et 
robiistissima  llagella  submittas.  Arbuslivam  vilem  quam 
putare,  tam  alligare  diligenter  oportet.  Nam  in  eo  IViKtu.s 
niaxime  vis  consislit ,  diiitiusqiie  perennat,  quae  lirmis 
toris  et  idoneis  locis  religata  csl.  Itaque  omuibus  annis 
conveiiit  subsequi  putationem ,  ita  ut  tori  lenoventur,  et 
vitis  per  idoneos  rainos  dispoiiatnr, 

XVII.  Olea  maxime  collibus,  siccis  et  argillosis  gaiidet : 
at  bumidis  cainpis  ct  pinguibus  litlas  fiondes  sine  friictu 
aflert.  Melius  autem  truncis  quam  plantis  olivetum  conii- 
titiiitur.  Magoni  placet  siccis  locis  olivam  aulumno  post 
a'<|uinoctium  seri  anle  brumam.  Nostiic  aclatis  agritolae 
leie  vcrnum  tempus  circa  caleiul.  Maias  servant.  Oportet 
autem  scrobem  olea;  quoquoversiis  pedes  quateriios  pa- 
teic,  in  iinum  scrobem  lapidem  glarcamque  abjicere , 
deinde  superfcrram  qualuor  digitorum  iiijicerc,  tiini  ar- 


COUJMELLE. 


laterre  a  quatre  doigls  dY'paisseur,  eteufm  oii  3' 
plante  l'arbrisseau  droit  et  a  la  moitie  de  sa  hau- 
teur,  de  sorte  qu'il  y  en  ait  autant  hors  du  fosse 
que  dedans.  Preservez  rarbuste  des  vents  et  des 
orages  en  retayaut  avec  soin,  et  m^lez  du  fu- 
niier  a  la  terre  que  vous  remeltez  dans  le  fosse. 
L"intervalle  entre  les  rangees  doit  etre  de  soixaute 
pieds,  afm  que  les  oliviers  aient  assez  d'espace 
pour  crottre  en  largeur;  car  s'ils  s'elancaient  en 
hautcur,  iis  deviendraient  greles,  et  ne  porte- 
raieut  que  peu  de  fruits.  La  meilieure  olive  est 
la  Licinienne,  puis  ia  pausia  pour  rabondnnce 
defhuile,  et  forchis  pourfhuile  a  manger.  L'o- 
live  dite  royale,  ainsi  que  celle  que  fou  appelle 
rayoimante ,  ne  sout  pas  snns  apparence;  mais 
ni  fune  ni  fautrene  valent  les  preraieres,  ni  pour 
la  quantite,  ni  pour  la  table.  Si  vous  plantez  un 
olivier  a  la  place  d'un  chene  que  vousaurez  ar- 
rache,  il  ne  tardera  pas  a  mourir,  parce  que  la  ra- 
cine  du  cbene  engendre  et  alimente  des  vers , 
qui  rongeraiontceliede  folivier.  Si,  dans  un  oli- 
vier,  un  rameau  prend  plus  d'accroissemciit  que 
les  autres,  il  est  a  craindre  qu'il  nele  desseche, 
si  fon  n'a  soin  de  couper  ce  rameau.  II  est  bon 
de  marquer  les  jeuues  arbres  avec  de  la  san- 
guine  avant  de  les  transplanter,  alin  de  les  pla- 
cer  du  meme  C(ite  vers  lequel  ils  etaient  tour- 
nes  dans  la  pepiniere;  places  dans  uneposition 
autre  que  celle  a  laquelle  ils  etaieut  habitues,  ils 
souffriront  du  froid  ou  de  lacbaleur. 

XVIIL  Avant  de  faire  uu  verger,  il  est  bon 
d'entourer  le  terrain  que  vous  y  destiucz  do 
muraillesoud'un  fosse,  alin  que  ni  lestroupeaux 
ni  meme  les  hommes  ne  puissent  y  penetrcr,  si 
ce  n'est  par  la  porte  d'entrce ,  avant  que   les 


piants  aient  acquis  une  certaine  force;  car  si  Ics 
tOies  en  etaient  souveut  brisees  par  les  hommos 
ou  rongees  par  les  bestiaux ,  elles  seraient  g^ees 
pour  toujours.  En  disposant  les  arbres,  il  est  bon 
de  prendre  garde  que  les  faibles  ne  soient  point 
opprimes  par  les  forts;  car  les  arbres  u'etaDt 
pas  tous  de  la  raeme  force  ni  de  la  meme  gran- 
deur,  ne  prenuent  point  uu  accroissement  egal. 
La  terre  qui  convient  aux  vignes  convient  ega- 
lemeut  aux  arbres. 

XIX.  Faites  des  fosscs  un  an  avant  de  dispo- 
ser  les  arbres  fruitiers ;  de  cette  facon  le  terrain 
se  ramollira  aii  soleilet  a  la  pluie,  et  lcs  plantsy 
viendront  plus  vite.  Mais  si  vous  \oulez  planter 
vos  arbrcs  la  mcma  aunee  que  vous  aurez  fait 
vos  fosscs,  il  faudra  creuser  ceux-ci  au  moins 
deux  mois  d'avnnce,  puis  les  remplirde  paille,  et 
y  mettre  ensuite  le  feu.  Pkis  vous  les  ferez  l,ir- 
ges  et  ouverts,  plus  les  fruits  que  vous  recueife- 
rez  seront  beaux  et  abondants.  Ces  fosses  aurout 
la  forme  des  fours,  dont  le  fond  est  plus  large 
que  1'ouverture,  afin  que  les  racines  puisseut 
s'etendre  davantage ,  et  que  f  ouverture  ctant 
etroite,  le  froid  de  fhiver  ou  la  chaleur  de  fete 
y  penetrentplus  difficilement.  On  n'aurapas  non 
plus  a  crauidrc,  dans  les  terrains  eu  pente,  que  la 
terre  dont  on  aura  comble  les  fosses  soit  eutral- 
nee  par  les  pluies.  Plautez  les  arbres  a  de  grands 
intervalles,  afui  qu'en  grandissant  ils  trouvent 
un  espace  suflisant  pour  etendre  leurs  raraeaux. 
En  effet,  si  vous  les  plantez  trop  pres  les  uns  des 
autrcs,  vous  uepourrez  rieu  semer  au-dessous,et 
k's  arbreseux-memes  ne  scront  guere  productifs, 
a  moins  que  vous  ne  les  eclaircissiez.  II  est  bon 
par  cousequeut  de  laisser  entre  les  rangees  un 


busciilamdeponere  ila  reclam,  ul  (]iia(l  asciobe  exsl.ilei'it, 
in  niedio  sit.  Arbn:icuiani  aiiteui  a  teinpebtatibiis  tueii 
diliseiiter  oportet  adiniiiiculaiido,  et  tena;,  quac  in  sciobe 
repoiiilui-,  slercora  iininisceie.  Olcain  decet  inter  sexage- 
nos  pedes  disponi,  iit  spatium  in  lalitudinein  crosceiidi 
liabeat  :  nam  qua;  in  proccrilatem  extenduntur,  evanida 
fiuiit,  parumqne fiuctus ferunt.  Optima est olea  Liciniaiia, 
pausia  secuuda  oleo,  escae  oichis.  Sunt  et  reyi.^e,  et  radii 
non  siiie  specie",  nciine  oleo  nec  esui  lain  gratae,  qiiam 
quas  supra  diximus.  Si  oleam  posueiis  co  loco,  unde 
qijcicus  effossa  &3t ,  emorietur,  ideo  quoJ  verines  quidnm 
sunt,  qui  in  radice  queicus  nasciintiir  et  educantur,  iique 
niaxime  seraiua  olea;  coasumunt.  Si  iu  olea  unus  ramiis 
aliquanto  ciieteris  Isetior  est,  nisi  eum  reclderis ,  arbor  tola 
fiet  retoriida.  Omnes  arbiisculas  prius  quam  transferan- 
lur,  rubiica  notare  convenit,  ut  cnm  seientur,  easdem 
caeli  partes  asjiiciant ,  quas  etiam  in  seminaiio  conspexe- 
ranl :  alioqiiin  frigore  vel  calore  laborabunt  ab iis  partibus, 
quas  praeter  consuetudinem  sub  alio  tractu  cxposilas  ba- 
buerint. 

XV III.  Priusquam  pomarium  donstituas,  quam  ma- 
gnum  habere  voles  circummunito  maceria,  aut  fossa, 
ita  ut  iion  soluin  pecori ,  sed  ne  homini  qiiidem  transitus 
«it,  iiisi  perostium,  dum  adolcscemt  semiiia.  Nam  si  SM- 


pius  cacumiiw  inanu  [irajfracta,  aiit  a  pecore  prcerosa  fue- 
lint,  [qnam  adolescanl,]  in  perpetuum  corrumpunliir. 
Gciieratim  autera  aibores  disponcre  ulilius,  inaxime  ne 
imbecillos  a  valentioribuspremantur,  qiia;  nec  viribus  uec 
magnitudinc  siint  pares,nequc  pariler  crescunt.  Terra 
qua;  viUhus  apta  est,  eadem  quoque  utilis  est  arboribus. 

XIX.  Ante  annuin  quaiu  pomaria  di.^ponere  voles, 
scrobes  fodito  :  ita  sole  pluviaqiie  macerabuntur,  et  quod 
posueris  cito  compreheudet.  Sed  si  qiio  anno  scrobes  fe- 
ceris  ,  etiam  semina  ponere  voles ,  minimnm  anle  diios 
inenses  fodilo  scrobes,  postea  stramentis  eos  completo, 
et  incendito.  Quo  latiores  patcntioiesque  scrobes  feceris, 
eo  lauiores  erunt  uberiorcsque  fructus.  Scrobis  clibano 
similis  esse  dehel,  imus  quam  suinmuspatenlior,  ut  laxiiis 
radices  evagentur,  ac  niinus  frigoris  hieme,  miniisque 
sestate  vaporis  per  angusluni  os  terra;  adniittant  :  tuin 
ctiam  clivosis  locis  terra,  qune  in  eum  congesla  est,  plu- 
viis  non  abluitur.  Arbores  raris  intervallis  serito ,  ut  cum 
creverint,  spatiiim  habeant,  quo  rainos  extendant.  Nain 
si  spisse  posueris,  neque  infra  quicqiiam  serere  poteris, 
nec  sic  ipsiie  fructuosa;  erunt,  nisi  eas  interraseris.  Itaque 
placet  inter  ordines  qiiadragenos  pedes,  minimumque 
tricenos ,  relinqui. 

XX.  Semina  lege,  ne  minus  crassa,  quam  manubrium 


D!'S  ARBRES. 


507 


iiitervalledcquai-nntcpiiHl^oudetiontcaumoins.  T  n'incommoclent  les  plants  de  rigiiiers,  mettczau 


XX.  Choisisscz  ilu  plant  qui  ait  au  moins  la 
prosseur  d'un  nianche  de  hoyau ;  qu"il  soit  droit, 
lisse,  haut,  sans  ulcere,  et  qu'il  ait  recoi-cc  in- 
tacte.  Le  plant  choisi  ainsi  prendra  bien,  et 
promptement.  Si  vons  lc  tirez  d"arbrcs  deja  for- 
mes,  choisisspz  ceux  qui  rapporlent  toutes  les 
annees  de  bons  tVuits  et  en  grande  qiiantitc.  IVe 
manquez  pas  de  reconnaitre  parmi  ccs  branclies 
oelles  qui  sunt  exposees  au  levant.  Le  plant  mis 
en  terre  avcc  de  la  racine  prendra  plus  vite  son 
aecroissement  que  la  bouture.  L'arbre  greffc 
donne  plus  de  fruits  que  celui  qui  n"a  point  ete 
greffe,  c'est-h-dire  qui  a  ete  plantii  parbouture. 
Avant  de  transplanter  dejeuncs  arbres,  faites-y 
une  marque  avec  de  la  sanguine  ou  toute  autre 
chose,  alin  de  les  presenter  aux  memes  venls 
au.xquels  ils  ont  cte  exposes  d'abord.  Aycz  soin 
surtout  de  ies  transferer  toujours  d'un  terrain 
eleve,  sec  et  maigre,  dans  un  terrain  plat,  humide 
et  gras.  Que  les  jeunes  plaiits  aient  une  triple 
tige,  et  soieut  clevcs  de  trois  pieds  au-dessus  du 
sol.  Si  vous  voulcz  mettre  deux  ou  trois  petits 
arbresdans  lamemefosse,  prenez  garde  qu'ils 
ne  se  touchent,  car  ils  seraient  rongcspar  lcs  vers. 
Lorsque  vous  raettrez  vos  plants  en  terre,  en- 
foncez  de  droite  et  de  gauche  jusqu'au  fond  de 
la  fosse  des  poignees  de  sarments  de  la  grosseur 
dabras,  de  facon  qu'ils  en  debordent  v.n  peu 
le  niveau.  Au  moycn  de  ces  sarments  il  voussera 
facile  de  faire  parveuir  Teau  en  cte  jusqu'aux 
racines  des  jeunes  plants.  Plantez  vcrs  les  ides 
d'octobre  les  arbres  ou  les  plants  garnis  de  raci- 
nes;  pour  les  boutures  ou  les  branches,  mettez- 
les  en  terre  au  printcmps,  avant  que  la  pousse 
n'ait  comnieuce.  Pour  empecher  que  les  teigucs 


fond  des  fosscs  une  bouture  de  lentisque,  ia 
cimc  renversee. 

XXI.  Ne  plantcz  pas  le  figuier  pcndant  lcs 
grands  froids.  Cct  arbre  aime  naturellcment  Ics 
lieux  exposes  au  solcil,  pieiiis  de  cailloux  ou  do 
gravier,  etparscmes(|uel(nicfoisde  rochers.  !l  se 
fortilie  promptement  dansun  terrain  de  cettc  na- 
ture,  |ioiirvu  qu'on  le  mette  dans  des  fosses 
grandcs  et  larges.  Les  figuiers  de  toutcs  Ics  es- 
p6ces,  ([uoique  diftcrents  entre  eux  par  lcur 
forme  et  le  gout  de  lcnrs  fruits ,  se  plantcnt  d'uiie 
seule  et  meme  facon,  mais  dans  des  lcrrains 
diffi^MCuts.  Plantez  les  figniers  hatifs  dans  les 
lieux  froids ou  Tautomne  esthuraide ,  de  sortc  que 
vous  piiissiez  en  recueillir  les  fruits  avaiit  lcs 
pluies;  nicttez  au  contraire  les  figuiers  d'hiver 
dans  un  sol  naturellement  chaud.  Si  vous  voulez 
rendre  uu  figuier  tardif ,  arraehez-en  les  (Igues 
quand  elles  sont  encore  petitcs ;  cellcs  qu'il  don- 
nera  apres  ne  muriront  que  bien  avant  dans 
riiivcr.  II  est  souvcnt  utile  de  couper  avec  un 
instrument  tres-aignise  le  bout  des  cimes,  lors- 
que  Tarhre  commence  a  douner  des  feuilles ;  e'est 
le  moyen  de  le  rendreplus  fort  et  phis  productif. 
Jlais  ce  qni  sera  toujours  d'une  grande  utilite, 
c'est  de  repandre  sur  ies  racines,  sit6t  que  la  feuille 
commcnce  a  sortir,  de  la  terre  rouge  detrerapee 
dansde  ramourque,  ainsi  que  du  furaier  prove- 
nant  de  rhomme  :  ce  traitement  rend  le  frnit 
plus  abondant;la  figue  elle-mc^me  devient  plus 
pleine,  et  d'une  plus  beile  apparcnce. 

XXn.  Plantez  raniandier  au  lcver  de  rOurse, 
ou  vers  les  calendcs  de  f(ivrier;  cet  arbre  bour- 
geonne  avanttous  lesautres.  Ildcmande  surtout 
une  terre  dure,  chaude  et  seche.  Plante  dans  un 


cst  bidentis ,  lecta ,  levia ,  procera ,  sine  nlceribiis ,  integro 
libro.  Ka  benc  el  celeriter  compretieiKlunl.  Semina  si  ex 
arlioribiissumcs,  de  iis  potissimum  .snmilo,qua;  oiihiIImis 
aiinis  bonos  et  iiberes  ferunl  fruclus.  Observabis  auteni 
ab  liumeris,  qui  siint  conlra  soleiu  orienlem,  nt  eadem 
decerpas.  Sed  si  cnm  radice  planlain  posiieris,  incremen- 
tum  citiiis  fiierit,  quain  c<Bteris,  quas  severis.  Arbos  insita 
iructuosior  est ,  quam  quae  insila  iion  est ,  id  est ,  quain 
quae  ramis  aiit  planlis  ponitur.  Priusquara  arbnsciilas 
transfeias,  rulirica  vel  alia  qualiliet  re  signato,  ut  iisdeni 
ventis,  quibus  ante  steferunt,  conslituas  eas  :  cuiamqiio 
adliibeto,  iit  ab  superiore  et  sicciore  et  exiliore  iu  planio- 
rein,  liuniidiorem,  pinguiorein  agrum  tr.ansleias.  Seniina 
trifiirca  maxinie  ponito  :  ea  exslent  supra  lerrain  Iribiis 
pedibns.  In  codem  scrobe  si  diias  aiit  tres  arbusculas 
ponere  voles,  curato  ne  iiiterse  contingant.  Nani  ita  ver- 
luibus  inteiinnintur.  Cum  seniiua  depones,  dexlra  ac 
finislra  singidis  usque  in  imiiin  scrobem  fasciculos  sar- 
mentorum  bracliii  bninani  crassitiidine  deponito,  ita  iit 
supra  terram  paululiim  exslent ,  per  qnos  .Tstale  parvo 
laboreaquani  radicibus  subniinistres.  Arboresaiil  radicata 
semina  aulumno  scrito  circa  id.  Octobres.  Taleas  et  ranios 
vcre,  aiile  qnam  gcrminarc  arUorcs  incipiant,  dcponito. 


Sed  ne  linea  inole.sta  .sil  scminibiis  liculneis,  in  iiiiinn 
scrobein  taleam  lentisci ,  ita  ut  cacunien  ejiis  deorsuin 
spcctet , obruito. 

XKl.  Ficum frigoribus ne  scrilo  :  locaaprira,ealculosa, 
glareosa,  interdum  el  saxosa  aniat.  lijiismodi  agio  cilo 
convalescit,  si  scrobes  amplos  et  idoneos  feceris.  Ficoriim 
genera  etiain  si  sapore  el  babilu  dKferiint,  tanien  uno 
inodo,  sed  dispari  differentia  agri,  .seruntur.  Locis  frigi- 
dis  el  autunini  temporibiis  aquosis  prMcoqucs  .serito ,  ut 
aiite  pliiviaiii  fructiim  deligas  :  locis  calidis  liibernas  serito. 
Al  si  voles  liciiin  ,  qiiamvis  iion  naliira ,  seram  faceie ,  ciiin 
grossiili  miniiti  eriint,  fructuin  decutito  :  ila  alleium  edet 
fructiiiii,  et  in  bioniem  seiam  differet  nialurilatem.  Xoii- 
iiuiiqii.iin  eliam  ciim  frondere  civperiiU  arbores ,  c^ciiinina 
lici  aciilissimo  ferrainento  summa  ampiitare  prodest.  Sic 
firmiores  arhoreset  leraciores  fiuiit.  Semper  proderit  simul- 
<ac  folia  agerc  cirperil  (iciis ,  rubricam  aniurca  ditiiere  ,  et 
ciim  stiTcore  bumaiio  ad  radiceni  iiifiindcre  :  ea  les  efTi- 
cil  iibeiiorem  fruclum,  ct  faicliini  lici  speclosius  el 
pteniiis. 

X«\ll.  Niiccm  Gr.Tcam  serito  Aicluri  signo ,  vel  circd 
catend.  Kebr.  qua3  prinia  gpmiii.a.scil.  Agrum  calidiiin 
duruin  ct  siccuni  desidcrat.  Naiii  in  locis  diversis  natura 


COLUMELLE. 


tfirrain  d'une  autre  nature ,  ii  pourrit  en  peu  de 
temps.  Avant  de  semer  l'amande,  trenipcz-la 
dans  de  riiydromel  qui  ne  soit  pas  trop  doux ; 
paree  moyen,l'arbre,  lorsqu'il  sera  grand,  dou- 
iiera  du  fruit  de  meilleur  gout,  et  en  attendant 
vous  aiderez  et  accelererez  meme  soa  accroisse- 
raent.  Mettez  trols  amandesen  triangle,  de  facon 
que  leur  pointe,  d'ou  sortent  les  racines,  soit 
rcuversee,  et  qu'elles  soient  eloiguees  d'unepa!me 
au  moins  Tune  de  l"autre.  Celle  qui  forme  le 
sommet  du  triangle  doit  etre  tournee  vers  le 
point  du  ciel  d'ou  souffle  le  vent  Favouius.  Cha- 
cune  des  trois  ne  donnera  qu'une  seule  racine  et 
une  seule  tige  :  chacune  de  ces  raeines,  arrivee 
au  fondde  la  fosse,  se  recourbe  a  causedela  du- 
rete  de  la  terre  qui  s'oppose  a  son  passage;  des 
lorselle  jettera  d'autres  racinesplus  nombreuses, 
qui  semblerontformerautant  de  branches.  Voici 
la  facon  de  faire  des  amandes  et  des  avelines  de 
Tarente.  Mettez,  dans  la  fosse  destinee  a  recevoir 
eet  arbre,  de  la  terre  bien  pulverisee,  a  la  hau- 
teur  d'un  derai-pied,  et  repandez-y  de  la  graine 
deferule.  Lorsque  la  ferule  aura  leve,  fendez-la 
en  deux  pour  mettre  a  nu  sa  moelle,  et  cachez- 
y  une  aniande  ou  uue  aveline  depouillee  de  soa 
ecorce;  puis  couvrez  le  tout  de  terre.  Faites  eelte 
operatioa  avant  les  calendes  de  mars,  ou  mieux 
entre  les  nones  et  les  ides  de  ce  mois.  Cest  a  la 
nieme  epoque  qu'on  plante  les  noix ,  la  porame 
de  pin  et  lcs  ehiitaignes. 

XXIIL  La  meilleure  epoque  pour  plauter  le 
prcnadier  est  depuis  le  commencement  du  prin- 
tempsiusqu'aux  calendes  d'avril.  Si  son  fruit  cst 
aigre  ou  peu  doux ,  on  le  coiTigera  en  repandant 
sur  ses  racines  de  la  fieute  de  porc,  des  excre»- 
ments  humaius,  etde  la  vieilleurine.  Ce  moyen, 


tout  en  augmentant  la  fertilitede  Tarbre ,  rendra 
son  fruit  d'abord  vineux,  etpar  la  suite  le  ren- 
dra  doux,  outre  que  les  grains  n'euseront  poiut 
durs.  Pour  nous,  nous  preaons  un  peu  de  lasep 
delaye  daasdu  via  ,  et  nous  frottonsdeeette  pre- 
paration  les  cimes  du  grenadier  ;  par  ce  moyen 
nous  sommes  parvenus  a  corriger  Taigreur  de 
leur  fruit.  On  empeche  les  grenades  de  se  fen- 
dresur  Tarbre,  en  enterrant  troispierrcs  auprcs 
de  saracine,  lorsqu'on  le  plante.  Maissi  rarbre 
est  deja  tout  plante  quand  on  s'apercoit  de  ce 
defaut,  on  seme  de  la  scille  aupres  de  sa  racine. 
Lorsque  les  grenades  sont  deja  mitres,  oa  em- 
ploie  une  autre  methode  pour  les  empecher  de 
se  crever.  Cette  m^thode  consiste  a  tordre  la 
queue  par  iaquelie  elles  pendent  a  rarbre.  Onse 
sert  du  meme  moyen  pour  les  garder  toute  Tan- 
nee. 

XXIV.  Plantez  les  poiriers  en  automne ,  vingt- 
cinq  joursavant  le  solstice  d'hi  ver.  Pour  les  rendre 
plus  productifs,  dechaussez-les  profondement; 
quand  ils  auroat  grandi ,  fendez-eu  le  tronc  pres 
de  la  racine,  et  introduisez  dans  cette  fente  un 
coia  fait  de  bois  gorameux  de  pin ,  que  vous  y 
laisserez  toujours;  le  dechaussement  fait,  rcpau- 
dez  de  la  cendre  sur  la  terre  pres  des  racines. 

XXV.  Plantez  les  pommiers  d'ete,  les  cydo- 
niens,  les  cormiers  et  les  pruniers,  depuis  la  se- 
conde  moiliede  l'hiver  jusqu'auxidcs  de  fevrier. 
La  meilleure  epoque  pour  planter  le  murier  est 
depuis  les  ides  de  fevrier  jusqu'a  requinoxe  du 
priutcmps.  Plautez  le  carrougier,  que  quelques 
personnesappellent  y-EpocTiov,  ainsi  qiie  le  pficher, 
pendant  rautomne,  avant  le  solstice  d'hiver.  Si 
ramandier  produit  peu,  percez-en  le  tronc,  et 
enl'oncez-y  uue  pierre  que  vous  laisserez  se  re- 


ejiisniodi  si  posueiis  nucem,  pioUnus  pulrescct.  Ante- 
qiiam  nucem  deponas,  in  atniamiilsa,  nec  nimis  dulci 
inacerato  :  ita  jucundioris  saporis  fructum  ,  cum  adoleve- 
lit,  praebebit,  et  interim  inelius  alque  celerius  nascetur. 
Ternas  Duces  in  trigonum  slatuito ,  parsque  acutior  infe- 
rior  sit,  quia  inde  radices  niittit,  nuxque  a  nuce  miiiime 
])almo  absit ,  et  anceps  ad  Favonium  spectet.  Omnis  nux 
unam  radicem  millit ,  et  simplici  stilo  prorepil.  Cum  ad 
srrol)is  soluni  radix  pervenil,  duritia  liumi  coercila  recur- 
vatur,  etextensain  iiiodum  ramorum  aliasradicesemiltit. 
Nucem  GrsBcam  et  .4vel!anam  Tarentinam  hoc  modo  facere 
poleiis.  In  quo  scrobe  deslinaveris  nucem  serere,  lerram 
miniitam  in  inodum  semipedis  ponito,  ibique  semen  fe- 
rulae  repaugito.  Cum  feiula  fueiit  enata  ,  eam  lindito,  et 
in  medullam  cjus  sine  putaniine  nucem  Gra>cam  vel  Avel- 
lanam  abscoiidilo,  et  ila  adobruito.  Hoc  ante  cal.  Mart. 
facito ,  vel  etiam  inler  nonas  et  idus  Mai  tias.  Hoc  eodem 
tempore  juglandem  et  pineam  et  castaneam  sei  ere  oportel. 
XXIH.  Malum  Punicura  vere  usque  in  cal.  Apriles  recte 
seritur.  Quod  si  acidum  aiil  miniis  dulcem  fruclum  feret, 
lioc  modo  eniendabitur.  Stercorc  siiillo  et  Immano  et  lotio 
liuni;ino  vetcri  radices  rigato.  Ea  res  et  feililem  arborem 
reddet,  et  priinilivos   annos  fructum  viuosum,  postea 


f  vcro  etiam  dulcem  el  apyrenum  facit.  Nos  exiguum  ad- 
modum  laser  cyrenaicum  vino  diluimfis,  et  ita  cacumina 
arboris  siimma  obleviinus :  ea  res  emendavit  acoreni  ma- 
loriim.  Mala  Puuica  ne  rumpantur  in  arbore ,  remedio  sunt 
lapidestres,  si,  cum  seres  arborcm,ad  radicem  ipsam 
collocaveris.  At  si  jam  arborem  salam  babueris,  scillam 
secundum  radices  arboris  scrilo.  Alio  modo ,  cum  jani 
malura  mala  fuerint,  antequam  rumpantur,  petiolos, 
quibus  pendent,  intorqueto.  Eo  modo  servabuntur  etiam 
anno  toto. 

XXIV.  Piros  autumno  ante  brnmani  serito,  ila  ut  mi- 
nime  dies  quinque  et  viginti  ad  brumam  supersint.  Quae 
ut  siul  feraces,  cuni  jam  adoleverint,  alte  ablaqueato,  et 
juxta  ipsam  radicem  truncum  findilo,etin  fissuram  cu- 
neumpinenm  tedaeadigilo,  etibirelinquito  -.  deindeobruta 
ablaqueatione  cinerem  supra  terram  spargito. 

XXV.  Mala  aestiva,  cydonea,  .sorba,  pruna.post  me- 
diaui  biemem  usque  in  idiis  Febr.  serito.  Morum  ab  idibiis 
Febr.  usque  inaequinoctium  vernum  rectc  seres.  Siliquam 
Gra;cam,  quam  quidam  xepi-iov  vocant,  ilem  Persicnm 
anle  brumam  per  autumnum  serito.  Amygdala  si  pariini 
feracia  erunl ,  perforata  arbore  lapideni  adigilo :  ita  libram 
aiboris  inolescere  sinito.  Omnium  aulem  gencrum  ramus 


D!lS  ARBRES. 


50') 


I  couvrirdelVcoree  del"aibre.  Apres  avoir  laboure 

I  et  fume  la  terre  dans  lesjardins,  arranirez  vers 

i   les  caieiides  de  mars  des  boutures  de  toutes  es- 

I  peces  d'arbrcs  sur  des  coiielies  faites  eu  plan- 

1  ches.   Lorsqiie  les  plants   commencent  a  pren- 

.  dre  de  l'accroissement  et  a  pousser  de  jeunes 

■   branches,  il  laut  ies  epamprer  pour  ainsi  dire, 

i   et  les  reduire  a  une  seule  tige  la  premiere  annee. 

A  Tapproche  de  Tautomne  ,  ct  avant  que  le  rroiil 

I  brule  leurscimes,  arrachez-eu  toutes  les  feuilles, 

I  et  ainsi  depouilles,  couvrez-les  avec  des  roseaux 

I   epais,  auxquels  vous  aurez  laisse  d'un  cote  leurs 

j  nosuds,  afin  qu'ils  servent  comme  de  cbapcaux 

[  a  ces  jeunes  tiges,  et  qu'iis  les  dtfendenl  6cl  froid 

;  et  de  la  gelee.  Deux  annees  apres,  vous  pourrez 

I  en  toute  surete  les  transplanter  et  les  deposer  en 

j  rangees,  ou  bien  les  greffer. 

I       XXVI.  On  peut  greffer  tel  rejeton  que  Ton 

I   veutsur  quelquearbrequecesoit,  pourvu  queTe- 

.   eorce  du  rejeton  ne  soit  pas  differente  de  celle  de 

Tarbre  ;  on  le  peut  faire  sans  scrupule ,  si  l'espece 

a  laquelle  appartient  le  rejeton  produit  des  fruits 

dans  le  meme  temps  que  Tarbre  greffe.  Les  an- 

i   ciens  nous  ont  enseigne  trois  especes  de  greffe  : 

I    Tuue,  par  laquelle  i'arbre,  etant  coupe  et  fendu, 

recoit  dans  rinterieur  dc  sou  bois  des  sciouscou- 

pessurun  autre  arbre;  la  secoude,  par  laquelle 

l'arbre  recoit  la  greffe  entre  son  6corce  et  son 

bois  :  ces  deux  sortes  de  greffes  se  font  dans  le 

printemps.  La  troisieme  est  celle  par  Inquelle 

Tarbre  a  greffer  recoit  entre  Tecorce  et  le  bois 

des  bourgeons  avec  unc   petite   partie  de  leur 

ecorce.  Cette  facon  de grcffer,  que  les  cultivateurs 

appelleut  (nteren  ecusson  (emplastration),  se fait 

en  ete.  Apres  avoir  traite  de  ces  trois  differeutes 

greffes,  nous  indiquerons  un  autre  proeede  qui 


circa  caloiKi.  Martias  in  liorlis,  iibi  et  subacla  et  slerco- 
lala  terra  est,  per  pulvinos  arearuiu  disponere  convenil : 
deinde  cum  crevcrint,  (iantla  est  opera,  ut  dum  teueios 
ramuios  liabent,  vcluti  pampinentur,  el  ad  uiium  stilum 
prinio  anno  semina  reiliKanlur  :  et  cum  autumnus  incesse- 
lii ,  aiite  qiiam  fiigus  cacuuiina  adiirat ,  oninia  folia  de- 
(vi|cre  expediet,  et  ita  ciassis  arundinlbus,  qux  ab  una 
paiti-  nodos  integros  liabent,  qnasi  pileolos  induere,at- 
iini'  ila  a  frigore  et  geticitliis  teneras  adluic  virgas  tueri. 
l'ii^l  (luartum  etvigcsimum  deinde  menseiii  sive  traiisferre 
et  (lispouere  in  oidinem  volcs,  seu  inserere,  satis  luto 
utnimqiie  facies. 

XXVI.  Omnis  surculus  omni  arbori  inseri  polest,  si  non 
esl  ei,  cui  inseritur,  dissimilis  corlice  :  si  vero  fruclum 
etiam  eodein  tempore  fert,  .sine  ullo  scriipulo  optime 
inseritur.  Tiia  aiilem  genera  insitioniim  anliqui  tradide- 
runt :  unum,  cuin  resecla  et  lissa  arbor  recipit  insertos 
surculos  :  alterum,  quo  resecta  inter  libnim  et  mateiiam 
admittit  semiiia  ;  ipia>  utraqiic  Reneia  verni  temporis 
sunt  :  tertium,  cum  ipsas  seniiiias  ciim  exigiio  corlice  in 
partem  sui  delibratam  ivcipit,  quam  vocant  agricohe  ein- 
plastrationem.  Hoc  geiuis  :r.statis  est.  Quarum  insitiomim 
rationem  cum  tiadiderimus,   a  iiidiis  (pioquc   repeilam 


est  notre  decouverte  personnellc.  II  faut  greffer 
tous  les  arbres  desque  les  boutons  conimence- 
ront  a  paraitre,  et  dans  le  temps  que  la  lune  sera 
dans  son  croissant.  Pour  rolivier,  greffez-le  de- 
puis  retiuinoxedu  printemps  jusqu'aux  idesd'a- 
vril.  L'arbresur  lequel  vous  voudrez  prendre  des 
grefl'es  doit  etre  jeuue  et  de  bon  rapport ,  et  avoir 
beaucoup  de  noeuds.  Lorsque  ses  boutons  com- 
mencerontagrossir,  prenez  vos  greffesde  rtJpais- 
seurd'unpetit  doigteta  deuxpointes,  surdepe- 
tites  brauches  d'un  an  qui  soieut  bien  intactes,  et 
tournt-cs  vers  le  levant.  Sciez  avec  piTcaution 
Tarbre  quc  voiis  voudrez  gi'effer,  a  rendroitoii 
il  est  le  plus  lisse  et  sans  cicatrice ,  et  preuez 
garde  de  blesser  son  ecorce.  Lorsqu"il  sera  coupt^, 
miissez  la  plaie  avec  un  instrument  de  fer  bieu 
tranchant;  enfoncez  ensuite  uu  coin  de  fer  ou 
d'osbien  aiguisecntre  l't'corce et  le  bois,  au  raoins 
jusqu'a  trois  tloigts  ,  mais  avec  beaucoup  de  pre- 
cautiou,  pour  nepas  cudommager  ou  rompre  Te- 
corce.  Ensuite  ratissez  par  en  bas  avec  une  ser- 
petle  bien  trancliante  les  greffes  que  vous  vous 
lez  enter,  sur  une  longueur  i-gale  a  celle  de  roii- 
verture  formeepar  le  coin  fiche  dans  Tarbre,  de 
fai.'ou  que  vous  n'endommagiez  pasla  moelle  de 
ces  greffes  ni  lcur  ecorce ,  du  cote  que  vous  ne 
les  aurez  pas  ratissces.  Quand  vos  greffes  seront 
pretes,  retirez  le  coin,  et  cnfoncez-les  aussitt^t 
dans  rouvertnre  que  vous  aurez  pratiquiie  pai 
rintroduction  du  coiu  entre  Tecorce  et  le  bois. 
luserez-Ics  par  le  bout  que  vous  aurez  ratisse, 
de  facon  qu'elles  ressortent  de  six  doigts.  Vous 
ferez  bien  de  pratitiucr  dans  le  mt^me  arbre  deu.x 
ou  trois  greffes  a  la  fois ,  en  laissant  uu  intervalle 
de  quatre  doigts  entre  chacune.  II  faudra  ri^gler 
Ic  nombre  des  grcffes  sur  la  grandeur  de  Tarbre 


aliam  docebimus.  Omnes  arbores  simulatqiie  gemnias 
agere  co^pciint,  luna  crescente  inserito,  olivam  aulem 
circa  icipiiiiocliimi  veinum  usque  in  iJus  Apiiles.  Es  qua 
arboie  inserere  voles,  et  surculos  ad  insitionem  sumptu- 
riis  cs ,  videto  ut  sit  tenera  et  ferax ,  nodisque  crebris  :  et 
cum  primiiui  i^crmiiia  tuincbiint,  <le  ramulis  anniciilis 
qiii  solis  (Mtiiiii  spcclaliiiiil,  et  integri  erunt,  eos  lcgito  : 
ciassiliidiiic  inliiiiiii  dlgili  :  siirciiii  sint  bisulcl.  Arborem, 
(piaui  iuserere  voles,  seira  dillgenter  exsecato  ca  paite  , 
qiia'  maxime  nitiila  et  sine  cicatrice  est ,  dabisque  opcrain , 
iie  libriim  laedas.  Cuni  deinde  Iriincum  recideris,  acuto 
ferramenlo  plagani  levato  :  deiiide  qiiasi  cuneum  ferreuin 
vel  osscum  inter  corlicem  et  niatericm ,  ne  miniis  dlgitos 
Ires ,  sed  leniter  dcmittito ,  ne  lajdas  aut  rumpas  corf  lcem. 
Postea  surculos,  quos  inserere  voles,  falce  acuta  ab  iina 
partc  eradito  tam  alte  quam  ciineum  demisisti ,  sed  ila  ne 
inediillam  neve  alterius  partis  corticem  tedas  :  ubi  siii cii- 
los  paratos  babiieris,  ciincum  vellito,  slatimquc  suicnlos 
demittilo  iii  ca  foraniina ,  qiia; cuneo  adacto  inter  corticein 
ct  niateriem  facta  sunt.  Ea  autem  liiie,  qiia  adraseris, 
surculos  demiltito  ita,  ut  .sex  digllis  de  arboreexst(>nl.  In 
una  aiitem  arbnre  diios  aiit  tres  ramulos  figito,  dum  ne 
miiius  i|iialcriiinii  digitoruin  intcr  e(js  sit  spatium.  Pio 


510 


COLUMELLE. 


siir  la  qualite  de  son  ecovce.  Lorsque  vous  au- 
rez  introduit  dansun  arbretoutes  les  gref!'t'squ'il 
pourra  rccevoir,  vous  les  lierez  soit  avee  de  l'e- 
corce  d'ormes ,  soit  avec  du  jonc  ou  de  i'osier; 
apres  quoi  vous  enduirez  avec  uii  iut  mele  de 
pailletoute  laplaieainsiquel'espacequisetrouve 
entre  les  greffes,  de  facon  neannioins  qu'il  en 
reste  decouvert  deux  doigts ;  mettez  ensuite  par- 
dessus  de  la  mousse  que  vous  attacherez  forte- 
ment ,  afm  que  la  pluie  ne  puisse  y  penetrer.  Si 
Tarbre  que  vous  voulez  greffer  est  petit,  coupez- 
le  par  en  bas,  de  sorte  qu'il  n'enreste  qu'un  pied 
et  demi  liors  de  terre  apres  Tavoir  coupe  ;  unissez 
la  plaie  avec  soiu ,  et  fendfz  tres-legcremeut  le 
tronc  par  le  milieu  avecun  instruraent  bientran- 
chant,  defacon  que  lafenten'aitquetroisdoigts 
de  longueur.  Inserez  ensuite  dans  cette  feute  un 
coin,  et  enfoncez-y  des  greffes  ratissees  desdeux 
cotes,  de  facon  que  reeorce  des  greffes  s'adapte 
completcmcut  a  celle  de  Tarbre.  Lorsque  vous 
les  aurez  ajiistees  avec  soin,  retirez  le  coin  ,  liez 
Tarhre,  et  euduisez-le  comine  je  Tai  indique  plus 
haut.  Entassez  ensuite  de  la  terre  autour  de  Tar- 
bre  jusqu'a  la  greffe  :  c'est  le  meilleur  moyen  de 
le  preserver  des  vents  et  de  la  chaleur.  La  troi- 
sierae  cspeee  de  greffe,  etant  naturellement  tres- 
delicate,  n'est  poiut  applicable  a  tous  les  arbres. 
Pour  remployer  avec  sucees  ,  il  faut  que  Tarbre 
ait  recorce  humide,  pleine  de  seve,  et  forto, 
comme  leliguier.  Eneffet,  eetarbre  rendant  beau- 
coup  de  lait ,  et  ayant  recorce  forte ,  on  peut  tres- 
bien  le  greffer  de  la  nianiere  suivante.  On  ehoisit, 
sur  Tarbre  dont  on  veut  tirer  la  greffe,  de  jeu- 
nes  branches  bien  lisses.  On  trace  autour  du 
bourgeon  qui  a  le  plus  dapparence,  et  qui  pro- 


met  le  plus  surement  de  germer,  une  marque  da 
deux  doigts  en  carre ,  de  facon  que  le  bouton 
etaut  au  centre de  ce  cnrre ,  on  coupe  recorce  tout 
autour  a\ec  une  lamebicn  affdee,  eton  renleve 
avec  soin  de  dessus  Tarbre ,  en  prenant  garde  de 
rendoramager  lui-raeme.  Ou  choisit  egaleraent 
une  branche  tres-lisse  de  Tautre  arbre  que  ron 
doit  enter  en  ecusson  ,  on  enleve  de  cette  branche 
la  meme  partie  de  Tecorce  que  pour  la  premiere 
branche;  apres  quoi  on  applique  sur  cette  partie 
depouillee  reeusson  qu'ou  avait  prepare,  de  fa- 
con  qu'il  s'y  adapte  parfaitement.  Cela  fait,  liez 
bien  ietout  autourdu  bourgeon,  en  prenantbien 
garde  de  lc  blcsser.  Enduisez  ensuite  d'un  lut 
les  joints  et  les  ligatures ,  en  vous  arretant  un  peu 
avant  le  bourgeon,  pour  lui  laisser  la  liberte  de 
germer.  Rognez  les  rejetons  de  Tarbre  greffe,  ainsi 
que  ses  branches  superieures ,  afm  qu'il  n'y  reste 
rien  qui  puisse  en  detourner  la  seve  au  detriment 
de  la  grelfe.  Au  bout  de  vingt  et  un  jours ,  dehez 
avec  recusson.  On  greffe  decettememefacon  ro- 
livier  avec  succes.  JNous  avons  deja  montre  la 
quatrieme  facon  de  greffer,  lorsque  nous  avons 
Iraite  dcs  vignes;  il  est  donc  inutile  de  repeter 
le  proccde  que  nous  avons  indique  alors,  et  qui 
consiste  dans  remploi  de  la  vrille  gauloise. 

XX"VI1.  Les  anciens  ont  pretendu  qu'on  iis 
pouvait  pas  enter  toute  sorte  de  scions  sur  toutc 
sorte  d'arbres ;  ils  onl  meme  regarde  comme  un.'. 
loi  invariable  ce  quenous  avons  dit  nous-meme 
de  rimpossibilite  de  faire  reussir  d'autres  greffes 
quecellesqui  sontpriscs  d'un  arbresemblablepar 
recorce  et  lefruit,  a  Tarbre  a  greffer.  Or,  corame 
nous  avons  eru  devoir  detruire  cetteopinion  er- 
ronee,  nous  allons  donner  a   la  posterite    un 


aiboris  maguitudine  cl  corticis  bonitate  ha;c  facito.  Ciim 
omnessuieulos,  quosarbor  palietnr,  demiseris,  libro  iilnii 
vel  vimine  arboiem  astringilo  :  postea  paleato  liilo  licne 
subacto  oblinito  tolam  plagain  ,  et  spatium ,  ijuoil  est  iiiter 
surculos,  usqueeo,ul  duobus  digitis  insita  exstent ;  supra 
liitum  muscum  imponito,  et  ita  alligato,  nc  pluvia  dila- 
batur.  Si  pusillam  arborem  insereie  voles,  juxla  lerram 
abscindito,  ita  ut  sesquipedem  a  terra  exstet.  Cum  deinde 
abscideris,  plagam  diligenter  levato  ,  et  raediiim  trunciim 
aculo  scalpro  modice  findito,  ita  ut  fissuia  trium  digilo- 
runi  sit.  In  eam  deinde  cuneum ,  quoad  patietiir,  inserilo , 
et  surculos  ex  ntraque  parte  adrasos  demittito,  ita  ut  li- 
brum  seminislibro  arboris  «qualeni  facias.  Cum  surculos 
diligenter  aplaveris,  cuneiim  vellito  :  deinde  arborem,  ut 
supra  dixi,  alligato ,  et  obliuilo  :  dein  terram  circa  arborem 
aggerato  usque  ad  ipsuni  insitum.  Ea  res  a  veiito  et  calore 
maxime  tuebitur.  Tertiuin  genus  insitionis,  cuin  sil  sub- 
lilissimum ,  non  omni  generi  arbonim  idoneuni  est :  et 
fere  eae  recipiunt  talem  insitionem,  qua;  bumidiim  suc- 
cosumque  et  validiim  librum  habent,  sicuti  ficus.  Nam  et 
laclis  plurimum  remittit,  et  corticem  lobustum  liabet. 
Optime  itaque  ea  inseritur  tali  ralione.  Ex  qua  arbore  iii- 
screrevolcs,  in  ea  qu.ierito  novellos  et  nitidos  ramo.s.  In 
liis  deinde  observato  geinmam ,  qux  bene  apparebit ,  ccr- 


tamque  spem  germinis  liabebit :  eam  duobus  digitis  qua- 
dratis  circumsignato,  ut  medio  gemma  sit,  et  ita  acuto 
scalpello  ciicumcidito,  delibratoque  diligenter,  ne  gem- 
mam  laedas.  Ueinde  in  qiia  arborc  insercre  voles  ,  iii  ea 
uilidissimum  rainum  cligito ,  et  ejusdem  sjiatii  corticem 
circumcidito,  et  mateiiam  delibrato,  et  in  eam  parteni, 
quam  nudaveras ,  gemmam  banc ,  qnam  ex  altera  arbore 
sumpseras,  aptato  ita,  nt  emplastrum  circumcisae  paiii 
conveniat.  Ubi  hnec  leceris,  circa  gemmain  bene  viiicito, 
ila  ne  l»das  :  deinde  commissuias  et  vincula  lutoobli- 
nito,  spatio  relicto,  qua  gemma  libere  germinet.  Materia, 
quain  insevcris,  si  sobolem  vel  supra  ranium  habebit, 
omnia  piiBcidito,  ne  quid  sit  quo  possit  succus  avocarj, 
aut  cui  magis  quam  insito  serviat.  Post  unum  et  vigesi- 
rauni  diem  solvito  emplastrum.  Hoc  genere  oplime  eliani 
olea  inseritur.  Quartum  ilhid  genus  insitionis  jam  docui- 
mus,  cum  de  vilibus  dispiitavimus  :  ilaqiie  siipervacuum 
est  lioc  loco  repetere  jain  tradilam  lationem  terebra- 
tionis. 

XXVII.  Sed  cum  anliqui  negaverint  passe  onine  genus 
surculorum  in  onuiem  arboiein  inseri ,  et  illam  quasi  (ini- 
tionem,  qua  nos  paulo  anle  usi  sumus,  veluU  quandam 
legem  sanxerint,  eos  tanliim  surculos  posse  coalescere, 
qui  sint  coiticc  ac  libio  ct  friictu  consimiles  iis  aiboiibu», 


DES  AUBRES. 


Tnoycn  dViifrr  tello  espcce  tle  grefie  que  ron 
voudra  siir  quelque  arbre  que  ce  soit.  Et  pourtie 
point  fatiguer  le  lecteur  par  uu  long  exorde,  nous 
donnerons  un  exempleunique,  a  rimitation  duquel 
on  pourra  essaycr  de  toutes  sorles  de  sj;relTes. 
Crcusez  d'abo;d  une  fossede  quatre  piedsen  tout 
sens  autour  d'un  olivier,  de  teile  sorte  cjue  lcs 
branches  les  plus  allonnees  de  cet  arbre  y  puis- 
scnt  attcindre.  Plantez  dans  cette  fosse  un  petit 
figuier  vigoureux  et  iisse.  Trois  oucinqansapres, 
lorsque  ce  finuier  aura  pris  assczd'accroissement, 
abaissez  la  branche  d'olivierqui  paraitrn  la  pUis 
lisse,  et  attaehez-la  au  picd  du  liguier.  Coupez- 
en  toutes  les  petites  branclies,  et  ne  laissez  que 
les  cimes  que  vous  voudrez  employer  comnie 
grcffes.  Coupcz  ensuite  le  figuier,  et  apres  avoir 
uni  la  plaie ,  fendez  le  tronc  par  le  milieu  avec 
un  coin.  Hatisscz  desdeux  coteslescimes  de  To- 
livier,  sans  les  detacher  de  la  mere;  iuserez-les 
dans  la  fente  du  figuier,  retirez  leeoiu,  et  liez 
ces  cimes  avec  soin,  de  sorte  que  le  plus  grand 
effort  ne  les  puisse  arrachcr.  Au  moyen  de  ce  pro- 
cede  ,  le  figuier  se  fortifiera  avec  rolivier  en  trois 
ans,  et  ce  ne  sera  que  la  quatricme  annce,  lors- 
qu'ils  seront  bien  maries  ensemble ,  que  l'on  se- 
parera  les  branches  de  Tolivier  de  la  mere,  de  la 
meme  maniereque  les  provins.  Onpeutenter  de 
cette  facontelle  greffe  que  Ton  voudra  sur  quel- 
que  arbre  que  ce  soit. 

XXVIII.  Multipliezautant  que  pnssible  leey- 
tise,  que  les  Grecs  appelleut  bintot  iix  ,  tautot 
xotpvixr),  tantot  Tpu-pcpv).  Car  c'est  rarbrisseau 
qui  convient  le  plus  aux  poules ,  aux  abeilles 
et  aux  chevres  ,  ainsi  qu"au\  hceufs  et  a  toutes 
sortes  de  bestiaux,  parce  qu"il  les  engraisss  en 


peu  de  tcmps,  et  qu'il  donncbeaucoup  de  lait  aux 
brebis.  Outre  cela,  on  peut  l'employcr  huit  rnois 
en  fourragevert,et  les  quatreautres  mois  en  four- 
rage  see.  II  prend  tres-prompteraent  daus  toutes 
snrtesdeterrains,  quelque  maigresqu':lssoient,  et 
stipporte  sans  inconvenient  toutes  les  injures  du 
temps.  Si  lesfemmes  mememanquentdelait,  on 
feratremperdansde  Teau  du  eytise  sec;  Iorsqu'il  y 
aura  passetoute  la  nuit ,  on  en  exprimera  le  suc 
le  lendemain,  etou  leuren  donneratrois  hemines 
a  boire  ,  en  le  coupant  avee  un  peu  de  vin.  Les 
fcmmes  ne  s'en  trouveront  que  mieux,  et  leurs 
enfants  se  fortifieront  par  rabondance  du  lait 
qu'elles  seronten  etat  de  leurfournir.  On  plaiite 
le  cytise  en  automne,  vers  les  ides  d'octobre,  ou 
bien  au  printemps.  Quand  vousaurezbienlaboure 
la  terre ,  faites  de  petites  planches ,  sur  lesquelles 
vous  semerez  en  automne  la  graine  du  cytise, 
comme  on  senie  la  dragee ;  ensuite  arrangez  les 
jeunes  plantes  au  printemps,  de  facon  qu"il  y  nit 
entre  ehacune  qiiatre  pieds  d'intervalle  cii  iout 
sens.  Si  vous  ifavez  pas  de  graine,  mettez  cii 
tcrre  au  printemps  des  eimes  de  cytise,  nupres 
desquelles  vous  eiitasserez  de  la  terre  quc  vous 
nurez  fumee.  Si  la  pluie  se  fait  trop  attendre,  ar- 
rosez-les  les  quinzepremiersjours.  Sarclez-lesdcs 
(iu'elles  commenceront  a  montrer  les  premicres 
feuilles,  et  trois  ans  apres  coupez-les  pour  les 
donncr  aux  bestiaux.  II  suffit  de  quinze  livre-; 
de  cylise  pour  le  cheval ,  et  de  vingt  livres  pour 
le  bceuf.  Onendonne  nux  autresbestiauxenpro- 
portion  de  leur  force.  Gn  peut  aussi  le  planter 
enbouture  sur  les  lisieres  d'un  champ.  Si  vous  le 
donnez  sec  aux  auimaux,il  faut  faire  les  rations 
plus  petites,  parce  qu'il  a  alors  plus  de  force.  II 


qnilMis  inserunlur,  exislimavimuserroicm  liiijus  opinionis 
dlsculi™Jum,  traJeiiilaiiu|ui'  posteris  rallonem  ,  qua  pos- 
sit  omne  j;eniis  sniculi  «mni  ^eiieri  ailioris  inseii.  Quod 
ne  loii^idi  i  e\mdio  legenles  fatigemus ,  iinuin  quasi  exem- 
pliim  sulijicicmus,  qua  similitiullne  qmxl  (piisque  genus 
Tolet  onini  arbori  poteiil  inseiere.  Scrobem  qnoquoversiis 
pcdnin  qnatnoi'  ab  ail)oie  oliva;  lain  longe  fodito,  nt  ex- 
Iremi  ranii  olex' possint  eam  contingere.  In  scrobem  deiiule 
iici  arbnscnlam  deponito,  diligentlamque  adliibeto,  ut 
robustaet  nitida  fiat.  Post  triennium  ant  quinquennium, 
ciim  jam  salis  ampluni  incremenUim  ceperit,  ramum 
oliva>  qui  videbitur  nilidissimus,  dellecte,  el  ad  crus  ar- 
boris  riculnCT  religa  :  alque  ila  ainpulatis  cjeteris  ramulis 
ca  laiilum  c acriinlna ,  qii.t:  inserere  voles ,  lelinqiiito  :  tum 
aiborem  lici  detruncato,  plagamciiie  levato,  et  mediam 
cunco  lludito.  Cacumina  deinde  oliva;,  sicuti  matri  inlioe- 
rent,  utraqiie  parte  adradito.et  ila  lissura!  fici  aptalo, 
cunpumque  eximilo,  et  diligenler  colligato,  ne  qua  vi 
revellanlnr.  Sic  interposito  triennio  coalescet  ficiis  oUv,t! : 
M  lum  demuin  qiiartoanno,  ciim  beiie  coierint,  velut 
propagines,  ramiilos  oliva;  a  malrc  resecabis.  Hoc  modo 
omne  genus  in  omiiem  arliorem  inseritur. 

XXVill.  Cylisum ,  [ipiem  GraH-i  aul  ^sa;,  aut  xxpviy.r.v , 
aut  Tpufefy.v    vocant,]  quamplmiuuim  babcie  eipedit, 


qnod  gallinis ,  apiiius  ,  ovibns ,  capris ,  bubus  quoquc ,  et 
omni  generi  pecudum  ntilissimiis  est,  quod  e.\  co  cilo 
piiignescit,  el  lactis  pliirimum  pradiet  ovibiis  :  tum  eliam 
qiiod  octo  mensibus  viridi  eo  pabiilo  iili,  et  postea  aiido 
possis.  Piffilcrea  in  qiiolibet  agio,  qiiamvis  macerrimo 
celeriter  compreliendil ,  omnemquc  injuriam  sine  noxa 
patilur.  Mulieres  quidem,  si  lactis  inopia  premiintiir,  cy- 
lisum  aiidiim  in  aqua  inacerari  oportet  :  ciim  tola  nocle 
pciinadueril,  postero  die  expressi  siicci  ternas  licminas 
permisceri  modico  vino,  alqiie  ita  potandiim  dari  :  sic  et 
ip.sa!  valebiint,  ct  pneri  abundantia  lactis  conlirmabuntur. 
Satio  aiiteni  cytisi  vel  autumno  circa  idus  Octob.  vel  vere 
fieri  polest.  Cum  terram  bcnc  subegeris,  in  niodiim  liorti 
areasfacilo,  ibiqiie  velut  ocimum  semen  cjlisi  autiimno 
serito :  planlas  deinde  verc  disponito,  nl  inter  se  quoquover- 
sus  qualuor  pcdum  spalio  disteiit.  Si  semen  non  babiie- 
ris,  cacumina  cytisorum  vere  disponlto,  stercoratam  ter- 
rani  circa  aggerato.  Si  pluvia  non  inccsserit ,  rigalo  xv 
proximis  diebus.  Simulac  novam  frondem  agere  <  iip.i  it , 
sarrilo.  Posl  trieiiniiimdeinde  ca^dito,  et  pecori  pr,i  lieUi. 
lCquo  abundc  cst  viridis  pondo  xv,  bovi  pondo  xx.  cale- 
risqne  pecudibusproportionc  virium.  Polest  autem  etiam 
circa  sepem  agri  ramis  seri.  .Miduni  si  dabis,  exiguUT, 
dato,  quoniam  majores  vires  liabel ,  priusqiicaqua  mace- 


COLUMELLE. 


faut  meme  le  faire  tremper  d'abord  dans  de  renu 
et  le  meler  avec  de  la  paille  ,  apres  i'avolr  retire 
de  Teau.  Quand  vous  voulez  faire  seeher  du  cy- 
tise,  coupez-le  vers  le  mois  de  septembre,  lors- 
quesa  graine  eommencera  a  grandir,  et  mettez- 
le  au  soleil  pendant  quclques  heures,  jusqu'a  ce 
qu'il  se  fanejfaites-leeusuite  sechera  rombre,et 
serrez-le. 

XXIX.  Plantez  le  sauie  etle  genet  vers  lesca- 
lendes  de  mars,  lorsque  la  lune  est  dans  sa  crois- 
sance.  Le  saule  demande  un  terrain  humide  ;  le 
genet,  au  contraire,  veutun  solsee.  L'un  et  Tautre 
se  plantent  utilementaupres  de  la  vigne,parce 
quils  domient  des  liens  pour  en  attacher  les 
branches.  La  meilleure  facon  de  planter  le  ro- 
seau  est  par  les  racines,  que  les  uns  appellent  oi- 
{/nons  ,  et  les  autres  ycux.  Apres  avoir  beehe  le 
terrain,  coupez  une  partie  de  la  racine  avec  uue 
serpctte  fort  aiguisee,  et  plautez-ia  par  un  temps 
de  pluie.  II  y  a  des  persounes  qui  couchent  le 
roseau  tout  entier  ea  terre  ;  il  eu  pousse  alors 
d'autres  de  tous  ses  nceuds.  Mais  le  roseau  plant^ 


ainsi  est  grele ,  maigre  et  peu  eleve.  II  vaut  raieux 
suivre  la  melhode  que  nous  avous  exposee  plus 
haut.  Tous  les  ans,  apres  avoir  coupe  les  roseaux, 
remuez profonderaentet  unitormementle  terrain, 
et  faites  ensuite  des  irrigations. 

XXX.  Celui  qui  veut  elever  des  violiers  doit 
bien  fumer  la  terre ,  puis  la  labourer  au  moins  a 
uci  pietl  de  profondeur,  et  dislribuerensuite  le  ter- 
rain  par  planches.  Les  jeunes  plants  de  Tannee 
devront  etre  mis  avant  les  calendes  de  mars 
dans  de  petites  fosses  d'un  pied  de  profon- 
deur.  La  graine  du  violier  se  seme  comme  celle 
deschoux  sur  dcs  planches,  a  deu.\  epoques  de 
rannee ,  au  printemps  et  en  automne.  On  !a  cul- 
tive  de  la  merae  maniereque  les  autresespecesde 
legumes;  c'est-a-dire,  on  la  beche,  on  lasarcle, 
et  quelquefois  ou  Tarrose.  Le  rosier  se  met  en 
graine  et  par  bouture  dans  des  fosses  dun  pied, 
a  la  memeepoque  que  le  violier.  II  faut  le  la- 
bourer  et  le  tailler  avant  les  calendes  de  raars. 
Cultivc  ainsi,  il  dure  plusieurs  annees. 


rato,  et  esemptum  paleis  permisceto.  Cytisum  aridnm 
cum  facere  vole-,,  circa  meiisem  Septerobrem  cum  semen 
ejus  sianilf^scere  iiiciiiiet,  ca-ditn;  paucis  deinde  horis, 
diim  llaccescat,  in  sole  liabeto.  Deinde  iu  umbra  adsic- 
cato,  et  ila  condito. 

XXIX.  Salicein  el  gcnistam  crescente  luna  veie  ciica  ca- 
lcndas  Martias  serito.  Salix  liumidaloca  desiderat,  geiiista 
etiam  sicca  :utraque  tamen  circa  viiieam  oppoituncseriin- 
tur,  quoniam  palmilibns  idonea  pra?bent  viiicula.  .■\nmdo 
optime seritur  radicibiis, quas alii bulbos, alii oculos  vocant. 
Simnlatque  terram  bipalio  repastinaveiis,  radicem  ainn- 
dinis  acuta  falce  piwsectam  impendenli  pluvia  disponilo. 
Sunt  qni  aiundines  integras  steiiiant,  quoniam  ex  omni- 
hus  nodis  strata  aruudinos  emiltat.  Sed  feie  lioc  genus 
evauidain  exilemque  el  bninilem  aiundinem  affeit.  Melior 


itaqne  satio  est  ea ,  quam  prius  demonstravimus.  Placet 
autein  omnibus  annis,  simulac  arundinem  cecideris,  locum 
alte  et  jequaliter  fodere,  atque  ila  rigare. 

XXX.  Violam  qui  faclurus  est ,  terram  stercorafain  et 
repastiuatani  ne  minus  alte  pedem  in  pulvlnos  redigat. 
Atque  ita  plantas  hornotinas  scrobiculis  pedalibus  factis 
ante  calendas  Martias  dispositas  habeat.  Semen  aiitem 
violne  sicut  olerum  in  areis  diiobus  temporibus  seritur, 
vere  vel  autumno.  Colitur  autem  eo  modo,  quo  et  ca^tera 
olera,  ut  luncetnr,  ul  sarriatnr,  ut  interdum  etiam  rige- 
tur.  Rosam  fructibus  ac  surculis  dispoiii  per  sulcos  peda- 
les  convenit  per  idem  lempns ,  qno  et  viola.  Sed  omnibnsi 
annis  fodiri  aiite  calend.  Martias  et  interpntari  oporteU 
Hoc  modo  culta  multis  aiinis  perennat. 


NOTES  SUR  COLUMELLE. 


LIVRE  I. 

:  III,  I.  Porcius  quidem  Cato censcbat in  emcndo 

fout  ce  que  Colunielle  allribue  ici  ..i  Caloij  ne  se  trouve 
lasdans  tet  auteur,  mais  dans  Varron  ;  quelnues  inter- 
)r6les  en  ont  conclu  que  Columelle  sVHait  tiomp^  lors- 
]u'll  a  cite  Tuu  de  ces  auteurs  pour  raulre.  Mais  il  est 
ilui  nalurel  de  regarder  ce  passage  conime  unc  paraphrase 
ile  ce  que  dit  Calon  au  commeucemeut  du  pren\ier  clia- 
jilre  de  son  Economie  rurale. 

1.  yisi  si  Aulolijcus  ille  cuiquam Cet  liomme  que 

uolumelle ,  d'accord  avec  Homire ,  peint  conime  un  vo- 
eur  insigiic,  (Stait  lils  de  Mercure  ou  de  Dencalion,  et 
^rand-pere  maternel  d'Ulysse. 

3.  Aut  Aventini  montis  incola  Palalinis  ullum 
laudium  finitimis  iuis  Cactis  allulit.  Cacus  etait 
ils  de  Vulcaiu;  il  vomissait  du  feu ,  et  fut  tu^  par 
Herculc,  donl  il  avait  vole  les  bccufs.  Servius,  cn  expli- 
jiiant  le  passage  de  TEn^ide  oii  il  est  parli^  d  Cacus , 
iit  que  c'^tait  un  esclave  d'£vandre,  tr^s-uiechanl  et  tres- 
jipon  ;  on  Tavait  rafime  appele  Cacus  a  cause  de  cela  ,'du 
not  grec  xaxov  qui  signifie  mal. 

4.  .^uaque  lege  C.  Licinius.  Columelle  venl  parler 
ie  C.  Licinius  Stolu,  qui  ful  tribun  en  mtme  temps  que 
L.  Sextius,  et  qui  le  premier  fit  decrdter  la  loi  agraire, 
l'apres  l.iquelle  personne  ne  devait  posst^der  plus  de  30i) 
iHgera  de  teirain.  Plus  taid  il  fut  lui-m^me  condamntS 
pour  en  avoir  possdd^  mille ,  au  mepi  is  de  sa  loi. 

VII,  I.  Yetercm  consularem  virumque  opulentissi- 
mum  L.  Volusium....  Cesl  L.  Volusius  Saturninus,  qui 
mourut  aTAgedegoans  (Pline,  l,  38)passes,apresavoir 
surv^cii  a  lous  les  s^nateurs  dont  il  avait  pris  les  voix  pen- 
jant  son  consulat. 

L\  ,  1.  Mcdiastinus  qualiscunque status A  laville, 

on  donnait  le  nom  de  mediastini  auxesclaves  qui  ^taient 
soumis  a  d^auUes. 


LIVRE  II. 

II,  1.  Alternisquc  versibits obliquum  tcnere aratrmn. 
Pour  comprpudre  ce  passage,  que  fous  les  comnienta- 
letirs  ont  mal  expliqu6,ilestnecessaire  de  bien  se  renilre 
comiili'  du  niecanisme  de  la  cliarrueancienne.  La  cliarrue 
empliiyee  par  les  Romains  n'6lait  pas  faite  de  maniere  a 
iclourmr  toujours  la  terre  a  droile,  comme  les  uotres,  aii 
moveii  du  versoir ;  ellc  ne  faisait  (pie  la  rerauer ,  lorsqu'on 
la  tenait  dioite  sans  la  pencher  ni  (l'un  C()tt^  ni  de  1'aulre. 
1'our  forraer  un  sillon  bien  ouvert ,  il  fallait  tenir  la  cliar- 
rue  obliqiiement ;  le  cOlii  du  soc  coutre  le  champ  elait 
i\t\i,  et,  par  reffet  de  cette  posilion  obliquedu  soc  et  dii 
buris ,  la  lerre  (Stait  relouin(ie  d'un  cu\6.  Avec  cette  char- 
tue  (  nous  dit  Dickson,  Traite  de  Vaqricutturc  dcs  an- 
ciens ,  l ,  402  )  de  qiielque  manierc  qu'on  la  tint ,  au  lieu  de 
faire  le  toiir  dc  la  piece  en  labourant ,  corame  le  font  nos 
laboureurs ,  lc  Roniain  revenait  dans  le  nK^nie  sens ,  et,  en 
inclinaiil  sa  cliarruc  allernativemcnt  a  droile  ct  ^  gauclie, 
il  tournail  toujoms  la  tcrre  dii  mCiiie  cdlti.  .Mais  pour  rom- 
pre  unc  teire  noiivclle,  ou  pour  donncr  lc  iiremier  labour 
i;oi.iMf.i.i.t. 


a  unc  jach^re ,  Columelle  conseille  de  tenir  la  cliarrue  dans 
une  position  tant6t  oblique,  lantdt  droite. 

IV,  1.  Quam  terram  rustici  variam  cariosamque 
appellant.  L'explication  quenous  donne  Pline  (XVII  5) 
de  ces  deux  mols,  est  pluti^t  une  crilique  savanle  du  mot 
carwsus,  qu'une  explicalion  clairc  el  .simple  delapensee 
de  Calon  et  de  Columelle.  II  est  (/vident  que  notre  auleur 
n'entend  pas  par  cariosus  une  tcrie  naturellement  sttirile , 
mais  un  sol  qui  n'est  iinproductif  que  par  relfet  d'une 
mauvaise  culture. 

2.  In  liram  satum  redigitur ,  quadrante  operm. 
La  graine  (itait ,  comme  on  le  dit  vulgairement ,  seni(5e 
90US  le  sillon ,  c'est-a-dire  semiSe  d'abord,  et  ensuite  en- 
terr(*e  avec  la  charrue.  Mais  dans  ragricullure  romaine , 
elle  (jlait  non-seulement  enlerriie  par  un  labour,  mais 
recouverte  de  mani^re  a  lever  en  raiigs  ou  sillons ,  afio 
de  faciliter  ropiiration  du  houage. 

IX.  I.  Proximus  est  his  frumcntis  usus  ordei,  quod 
rustici  he.rastichum,  quidam  ctiam  cant/ierinum  ap- 
pellant.  Canlhcrinum  esl  Ai\\\i  de  canterius,  qui  veut 
dire  clievalhongre.  Bienqu'il  nous  soit  impossible  de  faire 
connailre  d'une  manieie  certaine  le  nom  des  productions 
qui  .servaient  a  la  viecommune chez  le.s  Romains,  il  y  a  lieu 
de  croiie  (lue  le  hordeum  hexastichum  indique  pliitdt  du 
seigle  qiie  de  roige.  En  effet,  toutes  les  qualil^s  qiie  Colu- 
melle  attribue  a  ce  grain  .sont  les  qua!it(^s  propies  i  notre 
seigle.  Cesl  le  seigle  qui  lient  le  premier  rang  apres  le  bM 
par  sa  bonle;  sa  lige  est  faible,  et  son  grainn'esl  couvert 
quc  par  l'exlremil(i  d'en  bas;  il  milrit  plus  t(5t  que  le  bl^ 
et  on  le  moissonne  plus  tiH  ,  de  peur  que  le  grain  ne  vienne 
a  tomber;  on  ii'a  point  de  peine  a  le  battre  dans  Taire, 
et  il  niaigril  les  terres  dans  Itsquelles  il  est  semi;.  Or,  nous 
le  r^p(5tons,  nous  n'avons  point  de  grains  k  qui  toutes  ces 
qualitiis  conviennent  mieux  qu'a  nolre  seigle. 

X,  I.  Paulatim  ex  eo  vcntilabris  per  longius  spa- 

tium  jnctetur La  mani^re  d'op(;rer  avec  Ic  ven- 

tilabrum  montre  que  c'(;tait  iinc  pelle;  le  vallus,  qiii  est 
Tautre inslriiment  nomm^  par  Vanon ,  etait  probablemcnt 
diine  fonne  diff^rente,  mais  destinti  au  meme  u.sage , 
c'e.st-a  dire  a  jeter  des  grains,  oii  telle  autre  chose  du 
nifinie  gonre ,  d'un  lieii  dans  iin  autre. 

2.  Quce  septimonticlis  satio  dicitur...  Seplimon- 
tialis,  (\eseptimontium,  qui  (itait  une  fiite  que  Ton  CfU- 
biait  i  Rome  aii  mois  de  d(5((wl)rc,  un  peu  avant  les 
Saturnales,  c'esl-ci-dire,avant  la  nii-diicerabic,  en  mt^moire 
dii  jour  oii  Ton  avait  renfernK;  dans  lu  ville  la  septiime 
des  collines  dont  ellc  (ilait  compos^e. 

XIV,  1.  Ac  si  rcpastines,  totum,  etc.  Repastinare 
signilie  litKiralement  relourner  la  terre  au  paslinum.  Le 
pastinum  ^lail  un  instrumenl  de  culture  a  deux  dents 
fort  rapproclujcs  Tune  de  raulri!  ,  (pii  seivait  non-seule- 
ment  a  reloiirner  la  terre,  mais  a  saisirlcs  crocettes  pour 
les  y  enfoncer. 

XXI,  I.  Sed cum  tamotii  quam  negotii  rationem  red- 
de.re  majores  nostricensuerinf.  Ciciiron,  dans  Voraison 
powr /•/aHciKi  (chapitre  Il),ci(cavec<ilogccetlemaxime, 


514 


NOTES  SUR  COLUMELLE. 


en  rattiibiiant  a  Caton,  qiii  l'avait  Insciite  au  commeu- 
cenient  de  son  livre  dcs  Origines. 

1.  Feriis  tantim  denicalibus  rmilos  jungere  non 
licere,  cwteris  licere.  Ces  files  sf.  ctSlcSbraient  dans  Tin- 
t^rieur  des  familles,  lorsqu'on  avait  k  regretler  la  morl 
d'un  paicnt. On  croit qu'elles ivaienl 6\.i appelees aiusi  par- 
ceqirellesduraient  dix  jours.  Ne  pourraiton  pas  atlribiier 
h  uu  reste  de  supeistilion  5  cet  (igard  la  diSlense  que  lait 
Jiistinien  d'iiiqui(Ster  les  li(iriliers  pendant  lcs  neuf  pre- 
niieis  jouis  de  leur  deuil.' 


LIVRE  IIL 

II,  1...  Qiiarum  vocabulo proplcr hanc  populatiomm 
cognominantur.  Ccs  raisins  etaient  appcli^e  apiance  ab 
apibus,  des  al)eillcs,conime  nous  disons  muscat,a  mus- 
cis,  des  moucbes. 

X,  1  Itaquc  custodiemus,  ut  ex  privdiciis  locis , 
quns  linmeros  riistici  vocant...  Aliumerus ,  ^paiile. 
Resseniblance  tiree  dii  corps  de  riiomme,  auquel  notre  au- 
teur  compaie  soiivent  la  vigne. 

Xr,  t.  Quam  diximus  pullam  vocitari.  Ce  mot 
puUus,  eniployii  par  Caton,  cliap.  cr,i  de  son  Economie  ru- 
rale,  el  par  d'auti"S  aiiteurs,  peut  a  la  v^rite  s'appliqnera 
uiie  lerrc  noirdtre  ;  niais  il  pourrait  trt;s-bien  s'enteiidre 
d'une  terre  douce  ct  niolle,  quelle  que  .soit  d'aillciirs  la 
coiileiir.  En  effet,  1'line,  xvi,  6,  oppose  la  terre  qu'il  ap- 
pelle  vieitle,  anus,  eu  egard  a  sa st(5rilit(5 ,  a  la  teire  teii- 
dre ,  qu'il  appelle  ;)!(Ha  :  par  cons^quent  il  y  a  lieii  de 
croire  qiie  le  noni  de  pitlla  iie  liii  vient  pas  lant  a  caiise  de 
sa  conleiir  qne  de  sa  niollcsse,  et^de  cet  autre  avanlage 
qiie  Vairou  appclle  teneriludo  (cliap.  xxxvi  de  1'^- 
conomie  rurale,\iv.  I),  qiialiliis  qui  liii  doiineut  Tappa- 
rence  de  lajcunesse,etquila  distinguentdecelleque  l'line 
appelleanifj. 

XIII,  1.  l^i-n  si  statim  uVigo palustris  olma,  sicut 
in  agro  Uavennate.  Ce  sont  ces  eaux  inar^cageuses  qiii 
produisaient  les  brouillardsfi(;qiients,  d^apriis  1'line,  xiv,  2, 
et  empScliaient  la  plupartdes  vignes  de  croilre  dans  le  lei- 
ritoiredeRavenne.  C'estcequcMartial  expiime  assez  lieu- 
leusement  dans  une  de  ses  ^pigraninies,  en  disant  :  qiril 
ainierait  mieux  avoir  ci  Ravenne  uneciterne  qu'iiiievigne, 
parce  qiie  rean  s'cn  vendiait  bien  plus  clier  qne  le  vin. 
Quoi  qu'il  en  soit ,  on  pr^tend  qiie  le  vin  n'y  est  pas  niau- 
vais  aujoiird'liui,  soit  qu'on  ait  dess(5ch6  ces  inaiais, 
soitque  les  habitants  se  soient  appliqii(5s  avec  plusde  soin 
h  la  cullure  de  leurs  vignes. 

2.  Ad  destinatam  pastinationis  altitudinem  :  sed 
protinus,  etc.  On  voit  par  la  que  \e  pastinum  6tail  nn 
instruinent  qiron  jelait  dcvant  soi  pour  fouiller  la  terre; 
car  ceux  qui  fouillenl  avec  une  biclie  sur  laqnelle  ils  ap- 
puienl  le  pied ,  poiis.seiit  devant  eux  la  terre  ci  mesiire 
(prils  la  rcnuient,  et  iie  la  jettent  poiut  deriiiire  eu.x, 
puisqu'ils  vout  eux-intoies  Ji  lecnlons. 

XXI,  1.  }luic  pares  iis  helvolw  rvspondeant.  Les 
grappes  helvolw  soiit  cclles  dont  la  couleur  est  entre 
rouge  ct  blauc. 


LIVRE  IV. 

II.  Quia  cratem  factura  sit.  C'est-i-diie  qu'avant  de 
mouler  perpendiculairement,  conune  fait  le  sucniitritif, 
dans  lcs  plantcs,  il  commencerait  par  di^criie  uue  ligne 
tiausversale  et  iiarallftle  a  rhorizon,  de  sorte  que  ces  deux 
diiections  formeraient  iiue  espfece  de  claie,  ce  qui  arrive 
au.vi  dar»  le»  vignes  coucli^es  par  lerre. 


VII,  1.  Et  velut  rescccs  relinquendi  sunt,  qui  calo- 
ris ,  etc. ..  En  effet',  cette  espfece  de  courson  qiie  Colunielle 
appelle  zenguis ,  (un  ergot),nesaurait  filre  coupe  saus 
dommage  pour  la  vigne.  Pliis  lard,  on  le  relranclie  comnie 
lcs  autrcs  sarments ,  lorsqu'il  est  devenu  sec  et  inntile. 


LIVRE  V. 

1.  At  Galli  candetum  appetlant  in  areis  urbanis 
spatium  cenlum  pedum,  in  agrestibus  autcni  pedum 
ci..  {quod  aratores  candetum  nominant)  semijuge- 
rum  quoque  arepennem  vocanl.  Sclineider  legarde 
les  motstcnferm^s  entre  parenth^ses  conime  ayant  6li  in- 
teicalliis;  c'est  aussi  iiolie  sentinicnt.  En  effet  le  siijet  de 
\Aji\irasesemiJugerumquoqzie  arepennemvocant  nejient 
point  6tre  aratores  en  g(!n(5ral ,  niais  Galli  ( Gaulois )  de lu 
phrase  prdc^dente,  puisqiienre/if^HHiiest  ^videnimenliui 
mot  d'origiiie  gauloise,  qui  s"esl  conserve  jiisqu'a  nos 
joiiis  {arpent,  arepennis).  L'aucienue  Iratluction  fraii- 
^aise  (  Les  12  livres  de  Columella,  dcs  clioses  rustiqucs, 
trailiiits  de  latiu  en  lian(;ais  par  leii  maistre  Claiide  Co- 
tereau,  cliaiioine  de  Paiis  (1553)  csl  pliis  explicitea 
cet  ^gard.  VoiiiconiiiiiMit  le  tiadiicteiirarenduce  passage  : 
Les  Gaulois appellinl coiidctum  un  cspace  de  1 50 pieds 
^s  villes,  et  ds  cliainiisdr  150  davantage;  ils  appellent 
un  demi  jugeriim  arpent  {arepenis},  comnie  si  Var- 
pent  romaincn  lenait  dcux  dcs  Gaules.U  eu  riisulte 
claiiemeiit  qiie  Varepennis  ou  arpent  «'fait  dans  rori- 
giue  un  seuii-jiigei  iini,  ct  qiie  ce  sont  les  Gaulois  et  non 
les  ciillivaleurs  louiaiiis  qui  se  servaient  de  cette  expre.s- 
sioii.  Qiiant  aii  niot  candeluni,  c'e5t  probablement  le  miSnie 
qiie  cantrocd,  nsiti5  encore  aujourd'liui  en  Bretagne  pour 
sigiiirier  uue  (iteiidue  qui  embrasse  cent  m^taiiies. 

V,  1.  Qiwiiiamplerumquedicli  sidcris  tcmpore  quce- 
dam  purlcs  rjus  reijionis  sic  infeslanlur  Eiiro,  quem 
incolw  Vullurnum  appellant.  Les  .l/ii(//e«s  appelaient 
Votlurnus  le  vent  qui  sonfllait  dii  lleuve  Vollurniis,  ainsi 
que  le  dit  Florus,  liv.  II,  6.  Dunlter,  dans  ses  Commcn- 
taires  de  Florus  peiise  qiie  les  cultivateurs  de  la  pro- 
vince  Bijlique  avaient  voulu  d(5signer  ce  mfime  vent  par 
Vullurnus. 

2.  Quod  nostri  agricolw  mergos,  GaJli  candosoccos 
vocanl.  II  est  asse;  ciiricnx  de  reclierelier  rorigine  dii 
mot  gaulois  candosoccl.  II  e^t  (Svident  qu'il  se  conipose  de 
deux  racines  fort  distinctes.  La  premiere,  cand,  qui  rap- 
pelle  h  notre  csprit  cclle  de  candetus  dont  nous  avons 
paiM  plus  liaiit,  signifie,  d'apr6s  Astruc  (il/emojcei  de 
VHisloire  naturelle  de  Langucdoc),  nnprovin,  laiidis 
qu'on  se  sert  daus  ce  pays  du  niot  socciis  poiir  designer 
la  l^te  ou  le  tronc  de  la  vigne.  En  effet ,  ce  dernier  mot 
s'estcon.serv(ijusqiranosjours,  piiisqucnousleretionvons 
dans  le  niot  souclie.  Gessner  cite  a  lappui  de  cette  ilyino 
logie  Cangii  Glossarium. 

VI, I.  Ulmorumduoesse  genera  convcnit,  gallicumet 
vcrnaculum  :  illud  Atlinia,  hoc  nostras  dicitur.  Pliiie 
parle  (5galeiiient  de  ces  deiix  especes  d'<)nnes,  mais  il  ue 
donne  ))oiut  de  noiii  particulier  a  rorine  de  la  Gaule ,  et  il 
altribue  a  ritalie  respece  qui,  d'apres  Colunielle,  est  d'o- 
rigine  gauIoi.se. 

2.  Populus  quia  raram  neque  idoneam  frondem 
pecori  prwbet....  Gessner,  et  avec  lui  Sabourcux  ,  lisenl 
opulus  ( ranbier)  au  lieu  de  populus.  Mais  la  de.scription 
que  Colunielle  nous  donne  de  cet  arbie  s'applique  bicn 
plus i  populns  qira  opulus ;  et.Schneider,  s'appiiyant  sur 
le  passage  de  Pline,  xvii,  32,demontre  claiieiiient  qu8 
la  veritable  lei^on  est  populus. 

X,  t.  Serendwsunt  prwcipue  l.ivianw ,sidcic,  ... 


AOTES  Sim  COLUMEI.LE. 


cn!li.';/ni//iirr.  Les  fisiiiers  de  Livie  6i,uent  ainsi  ap- 
pelis  (  d'a|)ris  Pline,  xv,  (S)  dn  nom  ile  la  femme  crAii- 
guste,  quiles  aimait  bcaucon|)  :  Dion,  JivreLvi,  prttend 
qu'elle  avait  en^poisonniS  son  mari  avec  rette  espi^ce  de 
(igue.  Quanlau\  niols  sukw,  etc.,  on  ne  les  trouve  dans 
aucun  auteur,  et  beanconp  de  commentaires  les  rfigar- 
dent  comme  alfcres.  Ce  (pi'il  y  a  de  couslant,  c'est  qn'il  y 
a  des  ligues  trtscelebres,  telles  qiie  celles  de  Cliio  et  los 
figues  lolles,  dont  Columelle  ne  parle  puint  ici,  quoiqnil 
juge  a  propos  d'en  faire  mention  ailleurs.  Ne  seraientc.e 
point  ces  derni^res  qii'il  fandiait  sulislitner  anx  auties, 
doiit  il  n'est  poinl  qucslion  dans  le  livre  x?Quant  aiix 
figues  appcldes  caUis/rulliiw  (de  xa),Xt!rvo; ,  le  plus  beiiii, 
el  (TipouOo;  moineau  )',  c'elaieiit  probablenient  celles  que 
les  moineaux  mangeaient  de  pnSfiii ence  aux  antres. 

2.  Ternas  nuces  in  /rigoniim  s/a/ui/o,  elc 1'onr 

coniprendrc  quelle  sera  dans  un  triangle  rectangle  celle  do 
ces  trois  amandes  qui  (ormera  le  sommet  du  Iriangle,  il 
faut  supposer  que  rune  de  ces  amandes  est  posee  sur  uiie 
ligne  perpendiculaire,  el  que  la  tele  des  deux  aulres  est 
un  peu  iiiclinee  vers  sa  poiiite. 

3.  Ea  sun/crus/ummn,  regia  ,  signina,  /arcntma, 

etc Pline(xv,  Ij)  dit  qiiequelqiiesper.sonneslesappe- 

laient  /es/acea  a  cause  de  ieur  couleur  de  lerre  cuite ;  eii  ce 
cas,  lenomde  signinane  leurviendraitpointdecequ'elles 
croissaient  sur  leterritoiredecette  ville,  maisde  ceiprd- 
les  ressembleraient  aux  onvrages  qiii  s'y  faisaient.  Les 
poires.fifpcciffi^orgueilleuses)  soiit,  d'apres  Pline  (15, 
I,'i),  celles  qui  viennent  les  premieres.  .Suivant  lui ,  oii  a|i- 

I  yiehjl ordcacece  ( d'orge ) les  poires qu'on ciieillait  an  tcin|is 
:  oii  lon  r^coltait  rorge.  II  est  probable  qiie  les  poires  de 
I  Tnranniiis  doivent  lenr  nom  4  Niger  'rmannins,  qiie  Var- 

ron  cite  dans  la  prdface  dii  livreii  de  soii  Economie  rura/e 
!  comine  un  liommc  qiii  .se  livrait  avec  succfcs  aux  Iravaux 

agricolcs. 

4.  Si/iguam  graxam,  quam  quidam  xspitiov  vo- 
can/,  etc...  Le  carrongier  ('tait  appelc  xspdcTiov  ( de  xspa; , 
corne  ),  parcc  qne  soii  fruit  a  la  (igurc  d'ime  corne. 


LIVliE  VL 

IX.  Ex  n/co  e/  goro  sn/iva/i  more  di)m//i.  Legarum 
4Uiit  une  sance  tri;s  vanti^e  clie/.  les  anciens ,  ipii  se  ser- 
Taient  poiir  la  composer  des  iiitestins  d'iin  poisson  appele 
garus.  On  metlait  ces  inleslins  dans  nn  vase,  et  oii  les 
salail ;  piiis  on  les  expo.sait  pcndanl  loiigteinps  au  solcil , 
en  ayant  soin  de  les  reniucr  souvent.  Lorsqiie  la  clialeiir 
du  soleil  les  avait  bien  mac^rfe,  on  coiiviait  levass  avcc 
iine  passoirc  a  travers  laqiiclle  s'ecoulail  \egarum,  de 
sorte  qu'il  ne  reslait  jilns  au  fond  que  la  inatieie  appelec 
a?£'.r.  OnlitensuilelejariiHtavecdesinaqueieaux^ct  Pline 
dit,  XNxi,  8,qu'iln'y  avait  pasde  liqueur  d'un  plus  liaut 
prix  que  cellelii,  a  rexceplion   des   parfums  liqnides. 

XiV.  Quo'  voca/tir  avia...  Le  mot  d'«um  vaiie  bean- 
coup  dans  loutes  les  editions,  et  nul  autie  anleur  que  Colu- 
iiielle  ne  Ta  employii;  aussi  persoune  n'a-til  encore  pii 
diStciniiiier  ce  que  c'etait  qiic  ccttc  lierbe.  Certainsconi- 
mentatcurs  ont  cru  que  c'etait  dc  la  fougcrc  ,  et  qu'clle 
^liiil  aiiisi  appelee  ab  avibus ,  pane  que  les  feiiilles  res- 
semblaieul  a  raile  des  oiseaux.  En  effcl,  c'esl  par  celle 
faisoii  qiie  lcs  Grecs  donnaient  a  la  fougeie  le  iioni  dc 
irrsfi;,  ([ui  vieut  de  —sfov,  aile.  l)'aulres  uiitcriiqiiec'etait 
le  senc(;on,  appeli!  par  les  Lalius  scnccio  (  de  senesco, 
vieillir  );  de  sorle  que  la  lacine  du  niotoivfl  serail  avus 
( Braiid-peic  ) ,  parce  qiie  les  aigreltcs  de  la  semencc  <le 
cctle  plante  leprcisenteraienl  la  lile  d'iin  vieillard. 

X\U,  I .  Musque  arancus, quem  Graci |ijTf«^''i^  oppc/- 


515 

/an/.  Mvyy.lr, ,  de  |j.O;,  rat,  ct  de  YaXrj ,  belctte  ou  fouiii,>, 
coinme  etant  engcndriv  parcesaniinaiix. 

2.  Sal  hi<;panus  vc/  nmmoniacus.  Le  sel  aminoniac 
des  anciens  dtait  un  sel  natnrel,  aiiisi  nommi;  d^aijqio;,  qiii 
veut  dire  sable,  parce  (pi'on  le  troiivait  sur  le  sable.  Ou 
le  tiiait  priucipalcnieiit  (r.Vim(5iiis ,  ce  qui  lui  avait  fait 
donner  le  nom  ii'arnicniacum. 

3.  Faci/  idem  /ri/a  scpiu;  /es/a.  Sepiaeit  un  imisson 
de  mer,  doiit  le  dos  cst  garni  d'une  espi-ce  d'tifaille  coii- 
nue  dans  la  miMecine  sous  le  nom  d'os  de  seclie. 

XXVII.  Utide  etiam  vcncno  indi/um  es/  nonien 
[■mto^Lmii.Cc  mot  grec  seconipose  de  Vnito;,  clieval,  et  de 
(j.a;vo|ia'. ,  Hve  eiiragi; ,  fou.  Les  ancieusauteurs,  qiii  pre- 
tendaieiitque  riiippomane  cxcilaita  ramour,  pailentlous 
d'une  maniferediffijrenle.  Pline  (xxviii,  l  l)dit  que  c'estuufl 
liqueur  rendue  par  la  cavale,  ddiil  la  vertu  ost  si  graiMle 
que  si  elle  se  troiive  avoir  eie  uMiv  dans  de  rairain  iiiis  eii 
fusion  poiir  faire  iine  statue  de  cavale,  les  niales  qui 
s'a|)procheronl  dc  cctta  statue  auront  la  rage  dii  coil. 
Le  mfime  auleur  (viii,  42)  dil  que  c'est  uiie  caronciile 
iioire  qui  se  lrou\e  sur  le  front  du  ponlain  au  monient 
de  sa  naissance,  el  qiie  la  cavalle  devore  aussildt  f|ii'il 
cstiKi,  sans  qiioi  clle  iie  se  lais.serait  pas  l^ter  par  lui. 


LIVRE   VII. 

I.  Scrpe  enim,  ti/celebcrrimns  poc/a  memnra/  otc. 
Colunielle  veut  parier  de  Virgile  ;  le  passage  qu"il  cite  se 
Irouvedans  le  premier  livredes  Gcorgiqiies. 

II.  ^'.r  qito  .Xomadum  Ge/arumque  pliirimi  xaXaxTo- 
noTai  dicuiifur ;  c'eila-dire  qii'on  lesappelait  buveursde 
lai/. 

Sede/iamin  /o/a  ruris disciplina  Virgiliuspravipi/. 
Le  passagc  cit6  par  Coliiinellc  se  trouveansecoud  livie 
desO(5orgiques. 

X.  Cui  succuri/ur,si  /abriccn/ur  canales  e.i  tama- 
ricis  e  trunco.  Pline,  xxiv,  9,  va  pltis  loin  eiicoic;  il 
pi(Hend  qifon  faisait  manger  el  boire  les  aniniaux,  et 
nu'nielcslionimes,qiiiavaient  nialii  larate,  dans  des  vases 
faits  de  tamaris.  Leieniede  recommande  par  Columelleet 
Pliiie  rcssemlile  a.ssez  au  pain  tiempi',  dans  dii  vin,  or- 
donnii  par  le  m(;deciii  de  iMolii^re  pour  faire  parler  les 
niiicls. 


LIVRE  VIH. 

V.  Glocientihus  :  sic  enim  appc/lan/  rus/ici....  Le 
motde  g/ocien/cs,  cinployi;,  comnie  dit  Columelle,par  les 
pay.sans  romaiiis,  a  sans  doute  (buiiic  lieu  au  mot  g/os. 
ser  ou  glousscr,  que  nous  employons  dans  le  nifiiiie 
sens. 

XIV.  Fru/icibus  nu/  .<:olidioribus  lierbis  ob/uc/ntnr 
i/a  pcr/inaci/cr ,  ui  col/um  abrunipa/.  lowt  surpre- 
nantque  nous  paiais,se  c.e  fait ,  il  seinble  qn'on  n'cn  pnissi- 
doiiter,  dn  nioins  en  ce  qiii  concerne  1  Jtalie,  puisqnil 
(!sl  conlirme  par  Varron,  livre  iii ,  cliap.  x ,  et  par  Pliiie , 
X,  59. 

XVI.  Et  Ciminius  lupns  auraia.^queprocrcaverunt. 
Lcs  C.refs  appilaienl  c«  pnisson  pysiSni; ,  i)  cause  de  ses 
sourcils  doics  Qiielques  inlcrpreles  cioient  que  c'est  lc 
poisson  coiinii  so.is  le  noin  de  doradc ;  niais  d'aulres  prc 
lciident  qu'il  ira  lieii  de  coniniun -avec  !a  doradc,  ct  qu'il 
esl  iucoiiiiii  sur  lcs  c<)les  de  prance. 

2.  Saxa/i/es  dic/i  sun/.  ToOtes  les  especes  d'linl!ii-s 
sohl  comprises  soiis  cc  noin. 


516 


NOTES  SUR  COLUMELLE. 


3.  Balnni;  ce  imiii  leiir  vieiit  sans  (joiile  Jo  leur  res- 
semblance  aveo  le  t;kuid  de  cliiMie ,  qiroii  nommaU  en 
grec  pdXavo;. 

4.  lU  mendce  turdique.  Lcs  turdi  »'appellent  aujoiir- 
d'liiii  encoie  toido  cn  Italie;  nous  connaissons  ce  poisson 
sous  le  nom  de  vi"lle. 

5.  i\'ee  viinus  mcUinuri.  Cc  mot  provient  evidemment 
de  p.e).o; ,  noir,  et  de  oOpa,  queue,  parce  que  le  poisson 
coiinu  sous  ce  uom  a  la  queue  iioire  :  qiielques  interprfites 
veulent  que  ce  soit  la  pcrc/ie  de  vier. 

0.  Evmque  prisca  consueludine  zeum  appellamus. 
Pline,  IX,  18,  et  xx\ii,  11,  luidounelesdeuxnoms;  ouprd- 
tend  qiie  c'es(  le  poissou  que  nous  appclons  la  dorce,  a 
cause  de  la  couleiir  dort^e  de  sa  queue;  et  que  les  Marseil- 
lais  appellent  truic,  parce  qu'il  groHne  comme  un  pour- 
ceau  quand  on  le  preiid. 

XVll.  Vel  quidquid  inlcstini  pehimis.  Pliiie  ,  ix  ,  15, 
iious  appixMid  qiie  le  pelamis  est  le  lliou  lui-mOme,  qui, 
naissant  en  (?te,  s'appclle  cordijla  jusqu'au  piinleiiips  qui 
siiit  sa  naissance;  apr6s  qtioi  il  s"appelle  pelamis  jusqn'a 
la  fin  de  ranniie,  du  niot  ii-i\Xo:„  qui  veut  dire  bourbe, 
parce  qu'il  sc  caclie  dans  la  bourbe;  de  sorte  qu'il  ue 
|ii'end  le  iiom  de  tlion  que  ramiee  suivante. 


LIVRE  LX. 

V.  Sicuti  cancri  nidor,  cum  cst  ignibus  adustus. 
On  ^tait  daus  rusa^e  de  faire  cuiie  des  (Screvisscs  noii- 
seulement  poiir  la  table  ( inconvinient  aiiquel  Columelle 
ne  parait  pas  laire  allusion  dans  ce  passage ),  niais  poiir 
pliisieuis  remedes  iisitiis  en  medecine  (Pline  32) ,  el  iio- 
tamment  poiir  priiserver  les  arbies  dc  la  brillure  et  de 
la  bruine  (Pline,  xviii,  ?9). 

VII.  Nec  obsccenum  scarabci  vel  papilionis  genus. 
Cclte  esp6ce  particiiliere  de  papillons  nuit  aux  ruclies  de 
plusieurs  maniferes,  comme  noiis  rappriMiJ  Pline,u,  19, 
soit  en  mangeaut  la  cire ,  soit  en  laissaut  dans  ies  ruclies 
des  excr^ments  qui  engendrent  des  teisiies ,  soit  en  coii- 
viant  dii  diivet  de  ses  ailes  les  toiles  d'araign6es  (iu'elle 
vencontre  sur  son  passage. 

V!T[.  Alque,  ut  ille  vates  alt.  Columelle  paile  de 
Viigile;  le  pussage  qu^il  cile  se  tronve  au  livre  iii  des 
G^orgiques. 

I.K.  AflHi  ul  idem  ait.  Lc  passago  cit^  par  CoIumeHe 
cst  encore  tiie  <lu  livre  iv  des  GiiorHiques. 

XIII.  ffijginus  guidem  in  eo  libro  quem  de  apibus 
scripsit  Aristomachus,  inquit.  Cetaiiteur,  iialirdeStoIas, 
avait  une  si  grande  passion  poiir  les  abeilles,  qu'il  passa 
la  (ilus  grande  parlie  de  sa  vie  i  s'occuper  de  ces  inseclcs. 
i'line,  IV,  9. 

XV.  T(dis  oUa,  cum  cst  alveari  objecla,  spiritu 
ndmoln  fuiiius  ad  apes  proviooetur.  Puisque  les  abeilles 
en  sentaiit  la  lumiSese  retiierontsur  le  devantde  la  ruclie, 
et  que  suiiveiit  mfinie  clles  cn  sortiront  loiit  ii  fait,  il  faut 
siipposer  (prou  aura  .soulevi*  la  riiclie  poiir  taire  la  fumiie 
pai-dessous,  afin  ipie  les  abeilles  en  fuyaiit  remontent  au 
liaut  (ie  la  ruclie  ;  aiilrement  elles  se  jetteraiiMit  dans  la 
fumt'e,  et  lombcraiciit  dans  le  [>c\U  qu'elles  vculent 
(^viler. 


LIVRE  X. 

^'crs  4.  Et  tr.  mngna  fales.  C'('tait  la  di^esse  des 
pitrcs  et  des paliirai;e9,  qne  d"autres  appcllent  Vesta,  et 
d'aulres  la  Kktn  di^s  dieux.  On  priSteud  que  le  nom  de 
Palfcs  lui  vcnait  du  mnt  pnrrre ,  qui   vcul  dire  engen- 


drer,  comine  si  de  parere  on  eftt  fait  Palcs.  Ce  qiiMl  y  a 
de  certain ,  c'est  qiie  la  Ifite  qui  se  ciSiebrait  le  jour  de  la 
fondation  de  Rome  s'appelait  indifKremmeiit  Pariita  et 
Palilia. 

V.  4.  Ncc  non  ccelcstia  mella.  Columclle  dit  que 
le  niiel  est  ^man^  dii  ciel,  soit  pour  se  conformer  a  l'o- 
pinion  des  anciens ,  qiii  croyaient  qii'il  (ilait  form^  par 
la  rosfie  soit  a  cause  de  rorigine  qu'ils  altribuaient  aux 
abeilles. 

V.  20.  Mceslamqiie  cicutam.  La  cigue  est  appel<!c 
inoesta,  paice  qu'a  Albenes  on  condamnait  les  crimincls 
a  boire  dii  jus  de  celte  planie  ven(5neuse.  Ce  fiit  le  geiire 
de  mort  aiiquel  fut  condamne  Socrate. 

V.  32.  Niimen  venerare  UkijphalU  terribilis  mcm- 
bri.  Columelle  n'iniite  guire  ici  la  cliasiele  de  Virgile, 
qu'il  sest  proposij  pour  modcle.  11  designe  soiis  ce  nui« 
le  1'riape  qiie  lcs  anciens  metlaient  a  la  garde  de  leurs 
jardins. 

V.  54.  Et  adversos  metuant  Atlantides  ortus.  Co- 
lumelle,  par  cette  crainte  qifil  priSle  aux  Pleiades  (filles 
d'AlIas  ,  et  appelfes  de  la  Atlantides ) ,  veut  designer  le 
temps  oii  elles  se  coucbeut. 

v.  67.  Icrgoque  Croli  feslinat  equino.  Cest  le  Sa- 
gittaire;  car  on  supposait  que  Crotus,  lils  d'iiupli(!nie, 
nourrice  des  Muses,  avait  (StiJ,  ii  leursollicilation,  inis  par 
Jupiler  au-nombre  des  aslres  apres  sa  inort.  On  le  peignait 
avec  des  fliclies  et  avec  une  croupc  de  clicval,  a  cause  de 
son  amour  pour  la  cliasse. 

V.  120.  Vimque  suam  idcirco  profitetur  noinine 
Graio.  PlinepKilend  (w,  17)  quecclteplanleavail  la  vertu 
d'eiracer  lcs  cicatrices  et  les  autres  taclies  de  la  peau, 
comme  elle  rannonce  par  son  noin  de  lepidium,  de  i.imf, 
(jcaille,  ou  de  Xotm,  ecorcer. 

V.  173.  Et  lacrijmas  imilata  tuas.  Columelle  enlenil, 
par  celte  myrrbe  ,  la  planle  connue  sous  le  nom  de  mace- 
run,  (lue  lcs  Latins  appelaicnl  smijrnium  (de  a(j.-jp'/a, 
(myrrbe  ,  parce  que  Todeur  et  le  gofit  de  la  racine  de  celle 
plaiitc  apiirocbeiit  de  ceux  de  lamyjrlie,  (Pline,  xix,  I2,i, 
ou  infime  parce  que  sa  racine  lepaiid,  lorsqii'on  y  fait  une 
iiicisiou,  uiie  larrae  semblable  aux  larnics  de  la  inyrrlie, 
suivant  Columelle. 

v.  175.  Aeaciijlores.  Cesoiit  les  jacinlbcs.  On  pr^tend 
que  lorsque  Ajax  se  fiil  lui',  son  sang  ful  cliang^  cn  cetlfi 
tleiir.  Ajax  ,  le  pliisbrave  dcs  Giecs  apres  Acliille,  se  doniia 
la  inort  ;i  cause  dc  rinjiislice  qiie  commirent  a  son  ligard 
lcs  juges  ,  en  adjiigiMiitii  Ulys.se  les  armes  d'Acliille. 

v.  191.  Prewii  fcrali  mense  Lupercus ,  c'est-i-dire 
aii  niois  de  liivrior,  lemps  aiifpiel  on  ciliibrait  les  Ifites 
Lupcrcalia  ,  institiicH's  en  Tbonneur  de  Pan.  Les  pi  (Stres 
qui  les  c(ilebraicnt  s'appelaicnt  fAiperci  :  ils  coiiraient 
iiiis  par  toiite  la  ville  pendaiit  la  solennitc  de  ?a  lclc,  et 
donnaiciit  des  coups  de  lanicrc  de  bouc  dans  la  inaiu  des 
femines  grnsses  qu'ils  rencoulraiciit,  pour  leur  prociircr 
iiii  lieiircux  accoiicliemeni.  On  liiisait  aussi  des  sacrilices 
en  riioiiiieur  des  iiiorts  :  ces  ciirr^niouies  s'appelaient  fe- 
ralia,  comnie  les  IStes  dont  nous  veiions  de  parler,  et  le 
mois  de  {ewier /eralis. 

V.  251.  !\'omine  tum  Graio  ceu  littera  proxima 
primce  Pangilur.  Cest  nne  allusion  d'ailleurs  assez  pe» 
piquanle  aii  iiom  latin  de  la  poiree,  qui  est  bcta,  et  i  celiii 
dc  la.secondc  leltrc  de  ralpbabct  grec,  qui  est  ^galemeiit 
p-OTa. 

v.  315.  f:t  cclebres  Fortis  Fortunm  dicite  laudes. 
Ln  Fors  Fortuna  ^lait  une  dfes.se  diffiirenle  de  la 
Forluna,  dont  la  ICte  ^tait  c(51^hr^e  par  les  geiis  de 
la  ba.sse  classe  qui  n'avaient  point  de  niiitier  poiir  gagiier 
leur  vie  ,  et  qui  avaicnt  un  templc  a  Ronic  aii  dclii  du 
Tibrc. 


NOTES  SUR  COLLMKl.i. 


V.  342.  Hiiic  mala  rubigo,  etc.  Les  Komains  avaient 
fait  une  deesse  de  l<i  louille  (i-uliigo  ),  alin  de  prt5- 
seiver  les  blcs  de  cctte  maladie,  par  lc  cuUe  qu'ils  lui 
rendaient. 

V.  345.  Tijrrhenus  ftxisse  Tagcs  in  limile  ruris.  Ci- 
c<iron  raconlc,  livrc  ii,  de  Divinat.,  iiu'un  paysan  qui  la- 
bourait  son  cliamp  dans  rEtrurie  vil  sorlir  subitement, 
du  niilieu  d'un  sillon ,  un  enfanl  (pfou  uomma  Tagfe ,  ct 
qni  riustrui.sit  daus  Tart  des  ani.<iiiicrs. 

V.  414.  Et  Caunis  cemula  Cliiis.  Ck6m\\,  livre  ii 
de  Divinaf.,  dit  k  roccasion  de  cette  ligue,  que  lor.sque 
M.  Crassus  euibarquait  son  armee  a  Urundnsiuni  ( lors  de  sa 
mallieureuse  expcdition contre  lcsPaillies,  Plin.,  xv,  19), 
un  marcliand  criait  sur  le  port  des  ligues  de  Cauuus  k  ven- 
dre.  Commc  ce  cri  latin  ^lait  Cauncas  ,  il  i>r6lend  (  aiusi 
que  Pliu.  ibid. )  que  Crassus  aurait  dil  le  regarder  comme 
un  mauvais  presa^e  qui  lui  dcfendail  de  partir,  cavc  nc 
eas!  Le  calcmbourj;  c(,iit  dcja  counu  du  lenips  de  Ciceron. 


LIVRE  XI. 

L  i\am  illiid  vcrum  cst  M.  Calonis  oracidum.  Cet 
oiacle  atliibuii  a  Caton  ne  se  trouve  point  dans  sou  lico- 
nomic  ruralc.  11  paiail  ncanmoins  qu'il  s'y  frouvail  du 
temps  de  Columelle,  ce  qui  prouvc  qu'elle  ne  iioiis  est 
point  pai  venne  cn  entier,  corame  nous  Tavoiis  deja  ob- 
serv^. 

Quod  ipsutn  cxjircssius  velustissiinus  nuctor  Hesio- 
dus  hoc  versu  significnl.  Le  passage  cile  par  Columelle  se 
trouvc  :  'EpY"''',  II ,  31. 

Serere  ne  dubitcs  ,  encore  tiriS  de  Calon ,  cliap.  iii. 

II.  I^ani  frigidis  vel  a  qiiinquatribus  prata  rccte 
submittunlur.  Cetaient  des  fetes  que  ron  cel^brait  au 
mois  de  mars  cn  riionueur  de  Pallas,  a  laqiielle  on  avait 
dedi^  un  temple  siir  le  niont  Avenlin  a  pareille  cpoque. 
Ces  IStes  duraient  cinq  jours  :  lepreniicrjoiiron  faisaitdes 
sacrifices ;  pcndant  lcs  trois  suivants  on  donnait  des  com- 
bats  de  gladiatcurs ;  et  le  cinqiiieme  on  puriiiait  les 
lemples.  Toutefois ,  ce  n'est  pas  ii  caiisc  du  uombie  dcs 
jouis  que  ces  ffites  ^taient  appelees  quinqitnlria,  niais 
parce  qii'on  les  ccltibiait  cinq  joiirs  apres  les  ides ,  et 
que  le  lendemain  des  ides  etait  un  jour  ater,  c'est-a-dire 
un  joiir  q«e  les  ancicus  regardaient  comme  malbeiireux. 
OHinyMrtirirtsigniriedoucIilteralemeiit  giHHjMC  abatro 
dic. 

Ita  tnmen  ut  ipsis  calend.  Januariis  auspicandi 
causa  omne  genus  opcris  instaurent.  Cetait  Tusage 
chez  les  Romains  dc  faiic  qiielqiie  cliosc  de  sa  piofession 
.ce  joiir-la,  daiis  la  vue  lie  coimnciicer  lieureusenient 
raniiee 


LIVRE  xir. 

Vlll.  Oxijgalam  sic  facito.  Le  inot  O.njgriln  sigiiilie 
proprement  lait  aigre  ( de  i>l'ji ,  aigre  ,  ct  ■^ai.-ji ,  lait).  Cette 
espke  de  boissou  cst  fort  a  la  modc,  a  cc  qu'uu  picteiid  , 


dans  la  Tiiniuic ;  les  Tiiics  s^en  servent  peudant  les  gr.in. 
des  clialeurs,  cn  la  dClayant  avcc  de  reau  froide ,  el  en  |a 
prenaiit  avec  du  pain  (|u'ils  (Smieltenl. 

XXIII.  Pix  cort icnla  nppellalur,  gumihcnfur  elc.  On 
donnait  apparcmmenl  le  nom  de  cvrticnta  k  cclte  esp6ce 
depoix,  paice  qiie,  touten  (itaut  gliitineuse  desanature, 
ellc  ne  laissait  pas  dtUre  friable ,  et  comme  revetne  d'une 
6a\\le  eii  forme  d'ccorcc.  Au  rcste,  iiii  ne  tiouve  point 
ce  mot  appliquii  fi  la  jioire  par  <rauLres  auteiirs  (|iir  par 
Columelle. 


DE  .ARKORIBUS 

III ,  I.  Scminn  novclln  cinnvctcre  sarmcnto  deposila 
cilo  comprclicndunt.  Coluuiellc  fait  .saus  doiite  albisiou  .i 
ce  passa!;e  dii  di.  iii,  17,  ainsi  cou(;mi  :  ■<  Lcs  auciens  lais- 
sai<Mil  aii  nouveau  sai  mont  niie  parlie  du  viiMix  lors(|u'il 
le  [ilautaient  eu  ferre;  mais  rexpi^Micnee  a  conilamnii  cette 
luelhude,  parcc  que  toiil  ce  qui  restait  de  rancieu  bois 
poiirrissail  bienlOt  par  reflet  dc  riiumiditii.  » 

Rcmarqiions^cependaiit  qu'il  (5tait  impossible  de  si5parcr 
enliiremeut  Ic  uouveaii  sarmeut  du  vieux  bois,  et  qiril 
eu  restait  tonjours  une  petile  partie  qiii  donnait  au  plaiit 
rappaience  d'uu  maillet;  de  la  le  noiii  de  malleolus  en 
latin  et  de  crossctle  ( de  crosse  )  eii  fiani^ais. 

2.  Sapor  autcm  (siculi priino  docnimus  voluminc.) 
Cc  passage  sc  tioiivc  eii  cffct  au  liv.  II,  2.  Columelle  dit 
primo  voliiniinc ,  paice  qiie  ces  deux  premiers  livres  n'en 
formaidit  qu'un  daiKs  le  piincipe,  lequel  ("lait  suivi 
du  Iraile  dc  Arbnribus.  II  paiait  qiie  Coliimelle  a  cru 
devoir  adopler  pliis  lard  uue  nouvelle  division. 

V.  Summns  parlcs  guas  a^stivns  etc.  II  riisulte  du 
livre  IV,  8,  qiie  ces  sninmn,'!  parlcs  ne  sont  qiie  les  ra- 
diculm ,  que  Columelle  appelle  ('galement  ccstivm  daiis  le 
passage  qiie  nous  venoiis  de  citer. 

VI.  Rndicibus  nnlanlibus.  Coliimelle  compare  lc 
terrain  4  une  siirface  (reau  siir  laqiielle  les  racines  ue  fe- 
raient  qiie  nntarc.  II  cst  iicroire  qii'il  a  voulu  exprimer  la 
m6me  id(?e  dans  ce  pa.ssage  ilii  livre  VI ,  22 ,  oii  il  dit  (pie 
les  racincs  .sont  in  sumina  tnbantcs. 

X.  Falce  nciita scmcl  nul  his  co  loco  altc  insfnr  digili 
mucrofcrito.  Le  m»cro elait  iine  despartiesde  la  ser|<;tte 
ancienne,qui  se  composait  (iraprisColumelle,  IV,  2.'>)  du 
cultcr  (couleau  ),  du  scnlprum  (bistouri),  dii  rostrum 
(bec),  dc  la  sccuris  (  baclie)  et  enfindu  mucro  (poinle). 
Le  nmcro,  conime  son  nom  rindique,  formait  rextrijmiti! 
de  la  serpe,et  6tait  |iencli<i  siir  le  devant  en  foinic  de 
pointe  (ejusque  velut  apcx  proniis  immincns  mi.-cro 
nppellalur). 

XV.  Qtiod  nefiat,  fnlccs  quibus  vincam  putavcris , 
sanguine  ursino  linito.  Palladiusnousriicomniandepour 
le  lufimc  usage  lc  seviiui  uisinum.  1'line,  17,  47  noiis 
vaiile  t'galenient  la  vcrtu  dii  saiig  de  roius  en  nous  disaiit 
qu'on  iraiirait  qn'ii  en  frotter  la  serpctte  avant  la  taille 
poiir  empiicber  les  laisins  d'6tre  inangis  par  les  oiseaux. 


PALLADIUS. 


NOTICE  SUR  PALLADIUS. 


Palladius  Rutilius  Taurus  Eiiiilianus  est  le  der- 
nier  parnii  les  ecrivains  latins  qui  ont  traite  de 
ragriculture.  Son  ouvrage,  intitule  De  re  rustica, 
renferme  des  extraits  d"anciens  livres,  surtout  de 
Columelle,  qui  souvcnt  }  est  litteralenient  copie. 
Cependaut,  Palladius  trait£  d'une  nianiere  plus 
exacte  que  Colunielle  la  partie  des  arbres  frui- 
tiers  (a  Pexception  de  rolivier)  et  des  jardins  pota- 
gers,  qu"il  a  extraite  des  ouvragps  de  Gargilius 
Martialis.  Ce  qu"il  dit  sur  la  maniere  de  conserver 
les  fruits  cl  le  vin  est  tire  des  Geoponiques  grecs , 
dont  Palladius  avait  un  exemplaire  beaucoup  plus 
compiet  que  l'abrc'ge.  que  nous  en  possedons 

L'ouvrage  de  Palladius  est  diviseenquatorzeli- 
vres.  Le  premier  reuferme  une  introduction  gene- 
rale;  cliacundcs  douze  suivauts  porte  le  noni  d'un 
des  niois  dc  Tannee ,  et  enseigne  les  travaux  pro- 
pres  a  cliaque  saison  :  le  quatorzieme  livre  est  un 
pocme  didactique  en  vers  elegiaques  sur  la  greffe 
des  arbres.  Le  slyle  de  cet  ccrivain  est  incorrect  et 
plein  de  neologisnies.  Les  savants  n'ont  pu  s'ac- 
corder  sur  le  temps  oii  Palladius  a  vecu;  les  uns 
le  placent  au  comniencemeut  du  second  siecle,  les 
autrcs  a  la  fin  du  quatrienie.  Quelques-uns  croient 
le  reconnaitre  dans  ce  parent  dont  le  poete  Ruti- 
lius  parle  dans  son  Itincraire ;  d'autres  ont  observe 
que  ce  dernier  etait  un  jeune  Gaulois  envoye  par 
son  pere  dans  la  capitale  de  Tempire,  pour  y  etu- 
dier  le  droit ,  taudis  que  ragronome  avait  des  pos- 
sessions  en  Italie  et  en  Sardaigne;  ils  ont  ajoute 
qu'on  ne  trouve  pas  lc  noni  de  ce  Palladius  parnii 
ceux  des  prefets  et  autres  magistrat.s  supremes  de 
la  premiere  moitic  du  cinquieme  siecle  ,  tandis  que 


le  titre  de  lir  illuster  que  porte  notre  agrononie 
dans  les  manuscrits,  indique  qu'il  a  ete  revetu  de 
quelque  haute  digiiite. 

Wernsdorf  a  tente  une  autre  voie  pour  trouver 
le  siecle  de  Pallailius.  Le  quatorzieme  livre  de  son 
ouvrage  etant  dedie  a  un  certain  Pasipliilus,  il 
s"agit  de  decouvrir  repoque  oiiavecu  celui-ci,  qu'il 
appelle  un  homme  savant  et  dont  il  ioue  la  fldclite. 
Aminien  Alarcellin  ,  en  parlant  de  la  conspiratiou 
contre  Valens  ,  qui  fut  deeouverte  eu  371,  raconte 
que  le  proconsul  Eutrope ,  qui  etait  parnii  les 
accuses,  fut  sauve  par  le  couragedu  philosophe  i'a- 
siphilus,  auquel  les  tortures  ne  purent  arraclier 
une  denouciation.  Ces  circonstances  repondeut  a 
Telogfc  qiie  faitPalladius  de  la  lidelite  de  son  aiiii ; 
et  si  celui-ci  est  le  meine  Pasiphilus  qui,  en  39.j,  fiit 
reclor  d'uue  province,  comine  on  voit  par  uue  loi 
du  codeTlieodosien,  on  peutsupposer  que  le  qua- 
torzieme  livre  de  Palladiiis  ,  oii  il  n'est  pas  fait  al- 
lusion  a  cette  dignite ,  a  ete  ecrit  entre  les  aiinees 
371  et  39 j.  11  est  vrai  que  parmi  les  magistrats  de 
celte  epoque  on  ne  trouve  pas  de  Palladius,  si  ce 
n'est  celui  cjui  en  381  fut  magister  ofjiciorum ; 
maiscelui-ci  habitait  Constantinople,  et  non  rita- 
lie.  A  cette  observation  on  peut  repondre  en  di- 
sant  qu"il  irest  pas  bien  siir  que  le  nom  de  famille 
de  notre  agronome  fut  Palladius  ;  que  Cassiodore 
et  Isidore  de  Seville  rappellent  Emilianus,  et  qu'il 
faudrait  peut-etre  le  chercher  parmi  les  iiidividus 
de  ce  nom  ,  ou  meine  parini  les  Taurus. 

(  Extrait  de  Sclioell ,  /listoire  da  la 
lilterature  romaiiie ). 


R.  T.  /EMILIANUS  PALLADIUS. 

DE   L'AGR1CULTURE. 


LIVRE  PRKMIER. 

L  La  piemiere  contlition  de  tout  eiiseijinemeut 
est  de  bien  songer  a  qiii  Ton  s'adresse.  Poiir  for- 
mer  un  cuitivaleur,  par  exemple,  linstiluteur 
n'jra  pas  lutter,  avec  les  rlieteurs  de  profession, 
d'artilice  et  de  beau  langage,  ainsi  que  rontfait 
certains  auteurs  qui,  a  force  d'etre  diserts  avec 
les  paysans  ,  ont  reussi  a  se  rendre  ininteiligibles 
meme  aux  gens  instruits.  Mais  coupons  court  a 
cette  preface;  il  ne  faut  pas  imiterceux  que  nous 
critiquous.  ^ous  avons  donc  a  traitcr  (avcc  Taide 
d'en  haut)  des  diverses  especes  de  culture  ,  des 
bergeries,  des  constructions  rurales,  d"apres 
lesnotions  des  hommes  de  Tart,  de  la  dcconvcrte 
des  sources  d'eau  ,  et  en  geneial  de  tout  ce  qui , 
choses  ou  individus ,  entre  dans  le  materiel  d'une 
exploitation  agricole,  en  vue  de  l'agreraent  ou 
du  profit;  le  tout  avecmethode,  etdaus  son  lieu 
et  place.  Et  pour  premiere  condition,  je  veux  m'as- 
treindre  a  suivre  Toidre  dcs  mois,  et  y  traiter 
successivement  de  chaquc  plaute  et  dc  son  edu- 
cation. 

IT.  D'abord  les  conditions  d'un  bou  choix  dii 
terrain  et  d'une  bonne  culture  se  rapportent  a 
quatre  ordres  differents  d'idees ,  qui  sont :  Tair, 
Teau,  le sol ,  et  le  savoir-faire  de  Texploitant ;  trois 


desquelles  denendent  de  la  uature;  la  derniere 
est  en  nous.  II  s'agit  de  pouvoir  et  de  vouloir. 
II  faut  s'assurer  d'abord  de  ce  qui  depend  de  la 
nature,  a  savoir  si,  dans  lcs  lieux  que  Ton  se 
propose  de  cultiver,  Tair  esl  saiu  et  tempere;  si 
l'eau  y  est  salubre  et  obtenue  commoderacnt, 
soit  qu'elle  prenne  sa  source  sur  les  lieux ,  vienne 
du  dehors  ou  soitdeforraation  pluviale;enfin  si 
le  sol  est  fertile  et  le  site  convenable. 

III.  On  jugc  que  Tair  dune  contree  est  sain, 
lorsqu'elle  n'a  point  de  vallees  basses  ni  denuits 
brumeuses ,  et  que  les  caracteres  physiques  de  la 
po[)ulatio!i  sont  un  teint  de  sante,  la  tete  bien 
attacheesans  roideur,  la  vue  iutacte ,  rouie  nette, 
et  un  gosier  qui  prete  un  passage  libre  aux  sous 
d'une  voix  claire.  Cest  a  ces  signes  que  Ton  re- 
connait  la  bonte  de  Tair.  Lcs  signes  opposes  de- 
notent  dans  le  climat  une  influeuee  pernicieuse. 

IV.  Voici  comment  on  ifcconnait  que  Teau  est 
salubre.  II  faut  d'abord  qu'elle  ne  provienue  pas 
d'etangs  ni  de  marais ,  et  qu'elle  ne  prenne  pas  sa 
sourcedans  desraines,  niais  qu"elle  soit  transpa- 
rcnte ,  et  ne  soit  impregnee  d'aueun  goiit  ni  d*au- 
cune  odeur ;  quelle  ne  depose  point  de  limon ,  ct 
qu'elle  puissc  temperer  lc  froid  par  sa  tiedeur, 
et  calmer  lc  feu  de  Tetc  par  sa  fraicheur.  Mais 
commo  il  arrive  souvent  que  la  nature,  dont  lcs 


R.  TAURI  yEMILIAM  PALLADII 

DE  RE  RUSTICV. 

LIBEt\  PRIMUS. 

I.  Pars  cst  priina  prudenti.T,  ipsain,  cui  prxcepturns  sis , 
testiniarc  personain.  Nequc  cnim  formator  agricolse  debel 
artibus  et  eloqiienlia  rlietores  semiilari,  qiiod  a  pjcrisquc 
factum  cst  :  qiii  diiin  diserle  loquuntur  riislicis,  lioc  assc- 
quuntur,  ut  corum  doctrinanecaperitissimis  possit  iiilcl- 
ligi.  Sed  nos  rccidanius  prsefationis  moram,  nc,  quos 
reprcliendinius,  imitemur.  Diccndum  autein  nobis  est  (si 
divina  faverint )  de  oinni  .-igricultura  ct  pasciiis  ct  aedificiis 
rusticis,  scruiidnm  fabricandi  magistros,  cl  aqua;  iiivcn- 
tioiiibus,  ct  oiiini  seucre  coruin,  quaj  vel  faccrc  vel 
nutrire  opiirlit  a^ncolain  ratione  voluptalis  et  fructus, 
suis  tamen  tcmporibus  per  universa  distinctis.    Sane  in 


primis  hoc  servaic  constitul,  iil  co  meiisc  quo  ponenda 
sunt  singula  cuin  sua  oinni  exequar  discipliiia. 

II.  Prinio  Igitur  eligendi  el  bcnccoleiidi  agri  ratio,  qiia- 
tuor  lebus  constat,  aere,  aqna,  tcira,  iudustria.  Ex  his 
tria  naturalia ;  uniiin  facultatis  ct  voluntatis.  Naturae  est 
qiiod  in  primis  spcctare  oportet,  iit  eis  locis  qu»  colere 
destiiiabis ,  acr  sit  saliitaris  ct  clcmcns,  aqua  salubris  et 
facili.s,  vel  ibi  nascens,  vel  addiicla,  vel  imbre  collecta  : 
lerra  vero  fcccnnda  et  situ  cnmmoda. 

III.  Aeris  igitur  salubrilateni  declarant,  loeaab  infimis 
vallibus  libcra,  ct  nebularnin  nnctibus  absoluta,  et  habi- 
tatoruin  considerata  corpuscula ,  si  cis  color  sanus,  capilis 
finnasinceritas,  inoffensum  lumen  oculoruin ,  puriis  au- 
ditus,  ct  si  fauccs  commcatum  liquida;  vocis  cxerccnt. 
IIoc  gencre  benignitas  aeris  appridiatur.  His  aulem  con- 
traria  noxiuin  cadi  illins  spirilnin  <  onfitentur. 

IV.  .\qu»  vero  saliibrilas  sic  agnoscitur.  Priiuum  nc  a 
lacunis  aut  a  palude  ducaliir  :  nc  de  mctallis  origincm  sii- 
mat;sed  sit  pcrspicui  coloris,  iicqiie  ullo  aut  sapore  aiit 
odore  vilictur,  nullus  illi  liinus  insidat,  frigus  teporesuo 
miilceat,  aestatis  inccndia  frigorc  niodcrotur.  Scd  qiiia  solet 


524 


PALLADIUS. 


operations  sont  toujours  secr^les ,  cache  dans 
les  elements  des  qualites  pernicieuses  sous  les 
plus  belles  apparences,  nous  jugerons  encore 
de  la  qualite  de  Teau  par  la  sante,  des  habitants, 
en  examiuant  si  ceux  qui  en  boivcnt  ont  la  gor- 
ge  libre,  s'ils  ont  la  tete  saine,  et  si  chez  eux 
les  affections  pulmonaires  ou  gastriques  sont 
rares  ou  frequentes.  Or,  corame  les  maux  du 
corps  se  communiquent  ordinairement  du  haut 
en  bas,  s'il  arrive  que,  dans  un  cas  oii  la  tete  est 
raalade,  ie  principe  morbide  gagne  les  poumous 
ou  restomac,  c"est  moins  a  Teau  qu'a  Tair  qu"il 
faut  alors  rapporter  cet  effet.  II  faut  encore 
examiner  si  le  ventre,  les  entrailles,  les  flancs 
ou  les  reins  n'eprouventpoint  de  douleurs  ou  de 
gonfleraents,  et  si  la  vessie  n'est  point  sujette  a 
quelque  accident.  L'absence  de  ces  syraptomes 
et  d'autres  analogues  une  fois  constatee,  ni  Tair 
ni  les  eaux  ne  doivent  plus  inspirer  aucune  de- 
fiance. 

V.  Ce  qu"on  demande  a  la  terre,  c'est  la  fe- 
condite.  II  faut  que  les  mottes  n'en  soient  ui  bian- 
cbes  ni  nues ,  et  que  ce  ne  soit  ni  un  sable  maigre 
et  sans  aucun  melange  de  terre,  ni  de  Targile 
pure,  ni  du  cailiou  grossier,  ni  du  gravier  sec, 
ni  une  poussiere  jaune  aussi  maigre  que  ia  pierre 
merae,  ni  une  terre  salee,  amere  oubourbeuse, 
ni  un  tuf  sablonneux  et  sec,  ni  une  masse  corapacte 
et  trop  ferme,  corame  au  fond  des  vallees.  La  subs- 
tance  de  la  glebe  doit  etre  friable,  tirant  sur  le 
noir,  et  spontanement  productive  d"une  couche 
de  verdure.  II  en  est  aussi  de  couleur  melangee, 
qui  rachetent  parune  propriete  visqueuse  ce  qui 
leur  manque  en  densite.  La  vegetation  naturelle 
du  sol  doit  etre  fournie,  vivace,  pleine  de  seve, 
et  consister  principalcment  en  yebIe,jonc,  ro- 
seau,  graraen,  trefle  touffu,  ronces  aux  baies 


succulentes,  et  pruniers  sauvages;  tous  indices 
d'une  terre  propre  au  ble.  La  couleur  est,  du 
reste,  assez  indifferente;  ce  qui  importe,  c'est 
que  la  terre  soit  grasse  et  douce.  Voici  a  quels 
signeson  reconuaitra  si  une  terre  est  grasse.  Si, 
apres  avoir  verse  sur  une  petite  motte  de  cette 
terre  de  Teau  douce  et  Tavoir  petrie  entre  les 
mains,  on  remarque  qu'elle  est  gluaute  et  que 
ses  parties  sont  adherentes  entre  elles,  c"est  une 
preuve  surequ'ellerenfermeen  ellede  la  graisse. 
De  meme  si,  apres  avoir  fait  un  trou  eu  terre, 
on  vient  a  le  remplir  de  la  terre  qu"on  en  avait 
tirce,et  qu'il  s'en  trouve  de  reste,  c'est  une 
preuve  que  cette  terre  est  grasse ;  comme,  s'il  n'y 
en  a  pas  assez  pour  le  remplir,  c'est  une  preuve 
qu'elle  est  raaigre;  et  s'il  n'y  en  a  precisement 
que  ce  qu"il  en  faut  pour  gagner  le  niveau  du 
terrain,  c'est  une  preuve  qu'elle  est  de  qualite 
mixte.  On  reconuaitra  qu"une  terre  est  douce, 
au  gout  qu"elle  aura  lorsqu'on  en  aura  pris  une 
motte  dans  la  partie  du  champ  la  plus  suspecte, 
et  qu"on  Taura  fait  detremper  dans  un  vase  de 
terre  cuite,  rempli  d'eau  douce.  On  recounp.it 
aussi  que  la  terre  est  propre  a  la  vigne,  aux  si- 
gnes  sui vants :  si  elle  n'est  pas  de  couleur  foncee , 
si  elle  a  peu  de  consistance  et  s'egraine  facile- 
ment;  si  les  arbustes  qu'elle  produit,  tels  que 
les  poiriers  sauvages,  les  pruniers,  les  ronces  et 
autres  serablables,sontlisses,luisants,  hauts  de 
tige  et  portent  fruit ,  et  s'il  ne  s'en  rencontre  pas 
de  tortus ,  de  steriles ,  et  de  chetifs  et  rachitiques. 
Quant  au  plan  du  sol ,  il  faut  qu"il  n'ait  ni  tropde 
niveau  ,  Teau  y  sejourne;  ni  trop  d'inclinaison, 
elle  ufi  fait  qu'y  glisser;  ni  de  renfoncements 
abruptes  oii  la  terre  v;  gctale  se  precipite  et  s'a- 
masse,  ni  d'exhaussement  prononce  qui  donne 
trop  de  prise  a  rintemperie  et  aux  ardeurs  du 


liis  oiunibus  ad  speciem  cusloditis  occiiltiorem  noxam 
tectior  seivare  natura ,  ipsam  qiioque  ex  incolarum  salu- 
Ijiitatenoscamus.  Si  faucesliibentium  pura  sunt,si  salvo 
capite,  in  pulmonibus  ac  Iliorace  aut  nulla  ost  aut  rara 
causatio.  Narii  plerumque  has  noxas  corporis  ad  inferiorem 
partem,  qux  supra  sunt  corrupta  demittunt :  sed  si  vitiato 
capite  ad  piilmonesvel  stomachnm  morbi  causa  decurrat, 
tunc  culpandusaer  potius  invenitur.  Deinde  si  venler  aut 
viscera  vel  latera  vel  rcnes  nullo  dolore  aut  inllatione 
vexantur ;  si  vitia  nulla  vesici^e  sunt.  Ha^c  alque  his  simi- 
lia  si  apud  incolas  pro  majoi  i  parte  constare  videris ,  nec 
de  aere  aliqiiid  nec  de  fontibus  suspiceris. 

V.  In  terris  vero  qua?reiida  fa!cunditas  :  ne  alba  et  niida 
sitgleba,  ne  roacer  sabulo  sine  admistione  teireni,  ne 
creta  sola ,  ne  arense  squalentes ,  nejejuna  glarea,  ne  au- 
losi  pulveris  lapidosa  macies,  ne  falsa  vel  amara  ,  ne  uli- 
ginosa  terra,  ne  tofus  arenosus  atqiie  jejunus,  ne  vallis 
nimis  opaca  et  solida :  scd  gleba  putris  et  fere  nigra,  et  ad 
legendam  se  gramiuis  sui  ciate  sufficiens;  aut  misti  colo- 
ris,  quse  etsi  rara  sit,  tamcn  pinguis  soli  adjunctione 
gliitinetHr.  Quse  protulerit  nec  scaJjra  sint  nec  retorrida , 
necsucci  natuialiseguiilia.  Feiat,  qiiod  frumentis  dandis 


Hlile  signum  est,  ebulum,  jiincum  ,  calamum ,  granien , 
Irifoliuiii  non  macrum,  rubos  pingues,  pruna  silvestria. 
Color  tamen  iion  magnopere  quaerendus  est,  sed  pingiiedo 
atque  dulcedo.  Pingueni  sic  agnoscis  :  Glebam  parvulam 
dulci  aqua  cum  spargis  et  subigis,  si  glutinosa  est  ct 
adbaeret,  constat  illi  inesse  pingueduieni.  Item  scrobe 
elfossa  et  lepleta,  si  siiperaverit  tcria,  pinguis  est  :  si 
defuerit,  exilis  :  si  convenerit  sequata,  mediociis.  Dulcedo 
autemcognoscitiir,  si  ex  ea  parte  agri  quiE  magis  displi- 
cet,  glebam  fictili  vase  dulci  aqua  madefactam  jiidicio 
saporis  explores.  Vineis  quoque  utilem  per  h.tc  signa  co- 
gnosces  :  si  coloris  et  corporis  rari  aliquatenus  atque 
resoliiti  est;  si  virgulta,  qua  piotulit,  levia,  nitida,  pro- 
cera,  foicunda  sunt,  ut  piros  silvestrcs,  prunos,  rubos, 
CToteraque  liujiismodi ,  neque  intoita  ,  neque  slcrilia,  ne- 
que  niacra  exilitale  langiientia.  Silus  vero  terrarum  neque 
planus.ut  stagnet ;  neque  praeruptus,  ut  defluat;  neque 
obrulus,  Ht  in  imum  dejccta  valle  subsidat;  neque  arduus, 
ut  tempcstates  imniodice  .senliat  et  calores  :  .sed  ex  liis 
oinnibus  utilis  seniper  est  a^quata  mediocritas,  el  vel 
campus  apertior ,  et  humorem  |)luvium  clivo  fallenle  sub- 
ducens;  vcl  collis  moUilcr  per  latcia  iuclinala  deduclus; 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  ! 

soloil.  TI  faiit  qu'unetcrrc  partieipede  toutes  ces 
conditions  dnns  une  justc  niesnre,  de  t'acon  qne 
ce  suit  ou  une  canipnsinc  ouvcrte  dont  la  pcnte 
insensible  laisse  ecouler  les  canx  de  pluie;ou  un 
coteau  dont  relevation  soit  douce;ou  une  vallee 
peu  profoude,  etoii  le  courant  de  Tair  ne  se  trouve 
point  resscrre;  ou  un  platcau  protciic  contre  les 
niauvais  vents  par  rinterpositiou  d'nne  cime  pius 
elevee,  ou  par  tel  autre  accident  de  terrain  ,  ou 
qui  soit  couvcrt  de  forets  et  d'herl)cs,  au  cas  oii 
il  serait  trop  rude  et  trop  ele\e.  ^Liis  corame,  en 
fait  de  terres,  les  especes  sont  nombrcuses;  qu'il 
en  est  de  grasses  ct  de  maigrcs ,  de  compactes  et 
de  lcgeres,  de  sechcs  ct  dhuniides;  que  presque 
chaque  propri^te  a  son  inconvenient ,  bien  quelle 
reponde  au  besoin de quelque  variete  de senience ; 
il  faut  clioisir  commeje  viens  de  le  dire,  de  prcfe- 
renee  un  terrain  qui,  etant  tout  a  la  fois  gras  et 
meuble,  soit  dans  le  cas  de  rendre  beaucoup  de 
fruits  sans  exiger  un  grand  travail ,  etmettre  en 
seeonde  lignecelui  qui,  etant  compacte,  iie  laissera 
point  de  repondre  a  nosesperances,  tout  en  exi- 
geant  beaucoupde  travail.  Maisle  pire  detousles 
terrains  est  celui  qui  sera  toul  a  la  fois  sce  et 
dense,  maigre  et  froid ;  et  il  ue  fnudra  pas  moins 
reviterqu'nn  terrain  pestilentiel. 

VL  Mais  quand  on  auraobserve  avec  la  plus 
grande  attcntion  ces  trois  conditions,  qui  d^pen- 
dent  si  exclnsivement  dc  la  nature  que  la  main 
de  rhomme  n'y  peut  rien  ,  reste  au  savoir-faire  a 
jouer  son  role.  Sur  toutes  choses,  on  ne  perdra  ja- 
mais  devueles  preceptes  generaux  ei  apres,  (ine 
j'ai  extraits  de  tous  lcs  ouvrages  ccrits  sur  Tagri- 
culture.  Quaud  le  maftre  est  present,  la  tcrre  cn 
vautmicux.Qu'onnes'attachepasa  la  couleurdu 
sol,  indice  trop  peu  sur  desaqualite.  En  fait  de 
plants  ou  de  semenccs,n'emplojez  que  ce  qu'il  y 


a de  mieux,  et  toujoursapres  essai.  Experimentez 
toujours  avant  d'opcrer  cn  grand.  Le  grain  degc- 
ni^replus  vite  dans  les  licux  humides  que  dans 
les  lieux  secs;  c'est  pourquoi  il  fautde  temps  en 
temps  remcdicr  a  cet  inconvcnient  par  le  choix 
dc  la  semence.  Ayez  toujours  sur  les  lieux  des 
ouvricrsspeciauxcn  bois  ou  enfer,  pour  travail- 
ler  aux  futailles  et  aux  cuves,  a(in  que  nul  de 
vos  gens  ne  soit  distrait  de  labesogne  dcs  champs 
par  la  necessitc  de  courir  a  la  ville.  On  plantcra 
lesvignoblesducote  duraidi  dansles  paysfroids, 
et  du  c6te  du  levant,  ou  meme,  s'il  est  ncces- 
saire ,  du  cote  du  couchaut  dans  les  pays  tera- 
pcres.  On  nepeut  pas,  vu  la  prodigieuse  divcrsite 
des  terres,  donner  de  regles  certaines  sur  lo 
nombre  de  journees  qu'elles  exigeront;  c'cst 
pourquoi  rusageducanton  et  celui  de  la  province 
vous  decideront  aisement  sur  ce  nombre  cn  tout 
gcnre  de  culturc,  plant  ou  semence.  Plante  cn 
llcui-s  ne  doit  pas  etre  touchce.  Le  choix  de  la  se- 
mencecst  mal  fait,  quand  cclui  qui  en  est  charge 
en  delegue  le  soin.  En  matiere  d'agriculture , 
rexecution  aux  jeunes,  la  direction  auxvieux.  II 
y  a  trois  choses  auxquelles  il  faut  avoir  egard 
dans  la  taille  des  vignes  :  respcrance  du  fruit,  le 
bois  qui  doit  remplaccr  par  la  suite  celui  que 
Ton  retranche  ,  ct  rendroit  du  cep  ou  Ton  voudra 
qu'i!  repousse.  Si  on  laille  la  vigne  de  bonne 
heure  ,  on  aura  plus  de  sarraents  ;  au  lieu  quc  si 
on  la  taille  plus  tard,  on  aura  plus  de  fruit.  11 
fauttransplanterla  vigneainsi  que  lesarbrcsd'un 
plus  mauvais  terrain  dans  un  meilleur.  Ou  tail- 
lera  la  vignc  de  plus  pres  quand  la  vendange 
aura  ete  bonne  ,  et  dc  moins  pres  quand  elle  aura 
ctc  raodique.Pour  grcffer,  tailler,  couper,  n'cm- 
l)loyez  que  de  bons  outils,  et  donnez-lcnr  bien  le 
lil.  Achcvcz  tout  ce  qu'il  y  a  a  faire  aux  vignes 


vel  vallis  cuni  qiKidani  niO(loialii)nc  ol  acri?  lUNilale  .snb- 
n.issa  ;  vel  niuii.sallciins  iiilniinis  (lelcnsns  olijectn,  "I  a 
iiiolesliorilms  ventis  lilier  anxilio  aliqno,  vel  siililimis, 
asiXM-,  sed  nenioiosns  et  lieibidns.  Sed  cnii)  sinl  geiieia 
lenarnm  pliiiinia,  nt  |iin^iiis  aul  iiiacia,  s|)issa  vel  lara, 
sicca  vel  linniida,  et  e\  liis  |ileia(|nevitiosa,  tamen  pro|)ter 
seniinnm  diireieiitiani  sicpe  iiecessaria,  inaxiiiie,  siciit 
snpra  dixi ,  cliRendns  cst  pinguis  ac  rcsoliitiis  ager ,  qni 
minimnni  laborcm  poscit,  et  fniclum  inaximum  reddit. 
Seciindi  meriti  cst  spissus  ,  qui  laliore  qnideni  iiiaximo, 
taiiien  ad  vola  respondet.  Illiid  velo  delerrimum  senns 
esl,  (piod  eiit  siccnm  .simul  et  spissum  ,  et  macruin  vcl 
fiisidnm  :  qui  ager  pestiferi  more  fiigiendus  est. 

Yl.  Sed  iilii  licTc,  quae  naturalia  sunt,  neque  humana 
ope  curari  po.ssunt,  diligeiitius  <TStiiiiavcris,  cxsequi  te 
conviniit  partem,  qiiie  restat  industrisc  :  cnjus  Iiiec  erit 
ciira  vel  maxima,  iit  lias,  quas  snbjeci,  ex  omni  opere 
riistico  III  priniis  deli(»as  tenerc  senlenlias.  Pra'sciilia 
domiiii  provectns  est  a^i  i.  Color  lerra;  noii  niagmpere  dc- 
sidcietnr ,  qnia  bonitalis  iiicerliis  est  aiiclor.  ricnera 
oinniuin  surculoniiii  vel  friignni  pra'clara  sed  terris  tiiis 
evierla  commitle.    Iii  inivo  eniiii  'fciierc  seii.inum  aiite 


expcrinientniii  iion  est  spes  tota  poiienda.  Locis  linniidis 
seniina  ciliiis  qiiam  [siccis  degeneiant  :  quare  siibindc 
siicciii  ral  electio.  l'"errarii ,  liguarii,  doliornni  cnparuniijiie 
faclores  necessaiio  liabendi  sunt ,  ne  a  labore  soleinii 
nisticoscaiisa  desiderandic  iirbisaveitat.  Locls  frigidis  a 
miTidievineta  ponantur;  calidis,  a  septentrione;  teinpe- 
ratis,  aboriente,  vel ,  si  necesse  sit,  ab  occidente.  Ope- 
larnm  ratio  ununi  inodnm  tenere  iioii  potest  in  tanta  di- 
versilate  teriariini  :  ct  ideo  soli  et  provinciai  tousuctndo 
facile  oslendct ,  (|ui  numerus  uiiamquanique  reni  faciat 
sive  in  siirculis  sive  in  oiiini  genere  satorum.  Qua;  llorenl, 
conslat  non  csse  tangenda.  Bcne  eligi  serenda  iion  possiiiil, 
nisi  lioc  oflicinm  prius eleclns  assuinat.  In  rebus  agrfeslibus 
niaxime  ollicia  iiivenum  congniuiit ,  impcria  seiiiorum.  lu 
vitibns  putandistria  consideranda  sunt,  (lucluum  spes  , 
siiccessura  niateries,  lorus  (iui  servet  ac  revocet.  Vilein 
.si  malurius  putes,  plura  sarmenta  :  si  scriiis,  frucliis 
plurimos  conseqneris.  Ue  locis  delerrimis  sicut  arbores  ita 
vites  convenit  ad  meliora  tiansferre.  Post  bonani  viiide- 
miain  stricliiis,  post  exignani  latiiis  piita.  In  omni  opeic 
inserendi,  piilaiidi  ac  lecideudi  duriset  itcntis  utere  fer- 
ramcntis.  In  vite  vel  arboie  (|ua'  (acienda  sniit,  peiagc 


PALLADIUS. 


ou  aux  arbies  avant  que  leurs  fleurs  s'ouvi-ent 
ou  que  lcurs  boutous  se  developpent.  Dans  un 
vignoble,  il  faut  que  la  beche  repasse  surlcs  par- 
ties  du  terrain  que  le  soc  n"a  pas  touchecs.  Dans 
les  lieux  chauJs,  secs  ou  exposesau  soleil,  n"e- 
pamprez  pas  la  vigne;  elle  y  demande  plutot 
a  ctre  couverte.  Quant  a  ceux  oii  la  vigne  est 
brulee  par  le  Vulturnus,  ou  par  quelque  autre 
mauvais  vent  qui  regne  dans  la  contrce,  on  y 
couvrirala  vigiie  avec  de  la  paille,  ou  avec  toute 
autre  defense  qu"on  se  procurera  d'ailleurs.  S'il 
se  trouve  au  milieu  d'un  olivierunebrauche  qui 
rapportetrop  de  fruits,  ou  qui  soit  trop  verte  ou 
sterile,  il  faut  la  retrancher,  parce  qu'clle  est 
prcjudiciablea  larbre  entier.  llnefaut  pasmoins 
eviter  un  canton  sterile  qu'un  cauton  pestilen- 
tiel ,  encore  que  ccs  deux  qunlitcs  ne  s'y  trouvent 
pas  reunies  ensenible.  II  nefaut  absolument  rien 
mettre  entre  de  jeunes  plants  de  vigne  dans  un 
terrain  faconne  au  pastinum  :  ies  Grecs  ordon- 
nent  neanmoins  d'y  mettre  la  troisieme  annee 
tout  ce  qu'onjuge  a  propos,  les  choux  exceptes. 
Tous  les  lcgumes  doivent  etre  semes,  suivaut 
les  auteurs  grccs,  dans  une  terre  seche ;  la  feve 
seule  doit  Tetre  dans  une  terre  humide.  Quicon- 
que  loue  sa  terre  ou  son  champ  a  un  proprietaire 
ou  a  un  colon  qui  en  possede  deja  dans  le  voisi- 
nagc  ,  court  a  sa  ruine  et  chcrche  des  proces.  Si 
Ton  ne  cultive  pas  les  extremitcs  d'un  cliamp, 
son interieurcourt  des risques.  Tous les  froraents, 
apres  avoir  ete  semes  trois  fois  dans  un  sol ,  se 
convertissent  en  une  cspece  de  silifjo.  Trois  cho- 
ses  nuisent  au  meme  degre  :  la  sterilite,  les 
maladies,  et  les  voisiiis.  Quiconque  plante  en  vi~ 
gnes  une  terre  sterile,  n'a  guere  desouci  dc  ses 
peines  ni  de  son  argent.  Les  pays  plats  donnent 
du  vin  plus  abondamment,  mais  les  coteaux  le 
donnent  plus  fin.  L'aquilon  fertilise  les  vjgnes 


par  sou  souffle ,  et  le  vent  du  midi  leur  donne  de 
la  qualite.  Ainsi  nous  avons  le  choix  de  recolter 
ou  beaucoup,  ou  du  bon.  L'urgence  ne  eonnalt 
point  de  fetes.  Quoiqu'iI  faille  semcr  quaud  la 
terreest  humectce,  cepeudanllesseraailles  jetees 
en  terre  apres  une  longue  secberesse  s'y  conser- 
vent,  quand  elles  ont  ete  bersces,  plus  suremeut 
meme  que  dans  des  greniers.  Les  mauvais  ehe- 
minssont  aussi  contraires  a  ragreraentqu'au  pro- 
fit.  L'homrae  qui  cultive  traite  avec  uu  crcancier 
a  qui  sans  cesse  il  faut  des  interets ,  et  dont  il 
n'est  jamais  certain  d'obtenir  quiltance.  Quicou- 
que,  en  tracant  ses  sillons,  laisse  intacts  les  in- 
terstices ,  nuit  au  revenu  comrae  au  renom  de 
sa  terre.  Petit  terrain  bien  cultive  cst  plus  fertile 
que  grand  espace  ncglige.  N'employcz  jamais  de 
raisin  noir,  si  ce  n'cst  dans  les  provinces  ou  Tou 
est  dans  Tusage  de  faire  du  vin  acinaticium. 
PIus  le  support  est  haut,  plus  haut  grimpe  la 
vigne.  Tant  que  la  vigne  es.t  jeune  et  verte ,  n'eu 
approchez  pas  le  fer.  Lorsque  lon  taille  un  sar- 
roent,  il  faut  que  rincision  soit  faite  du  eote  op- 
pose  au  bourgeon,  de  peur  que  la  larrae  qui  en 
decoule  ordinairement  ne  le  fasse  perir.  Quand 
on  taille  la  vigne,  il  faut  lui  laisser  une  quantite 
de  sarments  a  nourrir  proportionuee  a  sa  mai- 
greur  ou  a  sa  vigueur.  En  terre  profonde  (a  ce 
qu'assui'ent  les  auteurs  grecs)  rolivier  pousse  en 
bois,  mais  donne  dcs  fruits  inoindres,  qui  sont 
aqucux,  tardifs,etfout  plusdemarcque  d'huile. 
Un  airtempere,  rafraichi  par  des  vents  legers, 
dontle  souffle  n'estni  violeut  ni  froid,  estfavora- 
bie  aux  oliviers.  Une  vigue  qu'on  veut  assujeltii" 
par  le  baut  doit  etre  elevee  par  degres  jusqu'a 
quatre  pieds  dans  les  climats  conlraires,  et  jus- 
qu'a  sept  dans  de  plus  doux.  Jardin  situe  en  bon 
climat,  et  traverse  par  un  cours  d'eau,  n'exige 
presque  aucune  regle,  aucune  science  deculture. 


ante  apertionem  iloris  el  geniman.  In  vineis  aratro  pra>ter- 
missa  fossor  emendel.  Locis  calidis,  siccis,  apiicis  pam- 
pinandum  non  est,  cum  ma};is  vilis  oplel  opiMiri.  Et  ubi 
vineas  Vulturnus  exurit  aiit  llatns  aliquis  regjoni  inimicus, 
vilem  tegamus  slraminibus  vel  aliunde  qua-silis.  Ramus 
lifUis,  viridis  et  slerilis  in  media  olea  abscindendus  est, 
velnt  tolius  arboris  iuimiciis.  Sterililas  et  pestilenlia  sequo 
modo  fugiendaj  snnl ,  vel  si  secum  iitia^que  non  fuerint.  In 
pastinato  solo  inter  novellas  vites  omnino  niliil  est  conse- 
rendum.  Gra'ci  jubent,  exceptis  caulibus,  tertio  anno  quae 
libebit ,  injnngere.  Omiiia  legnmina  Graecis  aucloribus 
snri  jiil)eiitnrin  sicca  terra  :  faba  tantummodo  in  liumida 
delirl  s|)iirgi.  Domino  vel  colono  confinia  jiossidcnti  qni 
fuiidiim  vel  agriiin  sumn  locat ,  damnis  suis  ac  lilibus 
studct.  In  agro  periclitantur  inteiiora ,  nisi  colanlur 
exlrema.  Onine  trilicum  in  so!o  nliginoso  post  tertiam 
salioi;em  in  genus  siliginis  comriiulatiir.  Tria  mala  scque 
nocent,  slerilitas,  moibus,  vicinus.  Qui  terram  sleiilem 
vineis  occujiat ,  et  laboribus  suis  et  sumtibus  est  ininiicns. 
Canipi  largius  vinum,  colles  nobilius  ferunt.  Aqnilo  vites 
sibi  objectas  fircundat,  Aiister  nobililat.  Ila  in  arbilrio 


nostro  esl,  [utruni]  plus  liabeamus,  an  melius.  Necessitas 
feriis  caret.  Quamvis  temperatis  agris  sercndum  sit ,  taraeii 
si  siccilas  longa  esl,  seniina  occala  tulius  in  agris,  quam 
iii  lioneis  servabuntur.  Viae  malitia  a;que  et  voluplali  et 
ulililati  adversa  est.  Quiagrum  colit,  gravem  tribiitis  cre- 
ditorcm  palitur,  cui  sine  spe  absoliilionis  astriclus  esl. 
Qui  arando  crudum  solum  inter  sulcos  relinquil,  suis 
fruclibus  derogat ,  terrae  ubcrlatem  infamat.  Foecundior 
est  culta  exiguitas,  quain  magnilndo  neglecla.  Nigras  vites 
oninino  repudies,  nisi  in  provinciis,  et  ejus  generis  quo 
acinaticiiim  lieri  consuevit.  Longius  admiuiculum  vilis 
increnienla  producit,  Teneram  etviridem  vilem  ferri  acie 
ne  recidas.  Omnis  incisura  sarmenti  avertatur  a  geinma , 
ne  eam  stilla,  qure  lluere  consuevit,  exlinguat.  Pro  inacie 
vel  soliditate  vilinm  iiuli  ienda  sarmenta  putator  injungat. 
Terra  profunda  (qiiod  Graeci  assernnt)  oleas  grandes  ar- 
boieserfitit,  fiuctus  minoreset  aqiialos  ac  seros,  niagisqiie 
amnrcae  proxinios.  Aer  oleas  tepidus  juvat,  el  ventis  me- 
diocribus  sine  vi  et  horrore  perllabilis.  Vilis  (lua;  ad 
juguni  colitur ,  per  Ktales  ad  lioc  perdiicenda  est ,  ut  locis 
molestioribns   qualuor    pedibus   a   lerra,   placidioribus 


DE  UAGRICULTUr.E,  LIV.  I. 


il  faut  iier  pnr-dessous  les  grappes  clc  rnisiii 
quand  elles  sont  vertes,  tant  qu'il  n'y  a  point 
de  risque  d'eu  1'aire  toniber  les  grains  ou  de  ies 
ecraser.  Changez  les  liens  de  place,  de  peur  que 
radiierence  continuene  fasse  piaie.  Si  les  yeux 
de  la  vignevoient  la  bechedu  viguerou  lorsquMls 
sontouverts,  resperaueedela  vendange,quelque 
belle  qu'elle  soit,  sera  bientot  aveuglee.  Ne  la- 
bourez  donc  que  lorsqu'ils  sont  fermes.  Pour  la 
culture  des  cereales,  assurez-vous  d'un  fond 
de  deu.x  pieds,  c'est  nssez  pour  produire.  Pour 
les  vignes  et  les  arbres,  il  eu  faut  quatre.  De 
meme  qu'une  jeuue  vigne  crolt  aisement  quand 
on  lui  prodigue  ses  soins  avec  afreclion,  de 
meme  ellc  meurt  promptement  quand  on  la 
neglige.  Lorsque  vous  entreprendrez  uiie  cul- 
ture,  prenez  la  mesure  juste  de  vos  facultes; 
car  si  elles  se  trouvent  au-dessous  desexigen- 
ces ,  vous  serez  force  de  reculer  avec  dcshon- 
r.eur,  apres  vous  etre  avance  avec  presornption. 
II  ne  faut  pas  que  des  seraenees  aient  plus  d'un 
an  de  date.  Conservees  plus  lougteras,  il  est 
a  craindre  qu'elles  ne  s'alterent  et  ne  viennent 
point.  Le  ble  des  coteaux  donne  a  la  verite  du 
grain  plus  robuste,  mais  il  en  rend  en  moindre 
quantite.  II  1'aut  jeter  en  terre  toutes  lessemailles 
(Jans  le  tempsque  la  lune  croitet  dans  des  jours 
temperes,  parce  qu'une  clmleur  moderee  fait  lc- 
ver  les  semences,  et  que  le  frold  les  resserre. 
Avez-vuus  une  terre  couverte  de  bois  inutile? 
defrichez,  et  changez  en  guerets  les  meilleures 
parties ;  laissez  le  bois  sur  le  reste.  Lcs  pre- 
mieres  produiront  par  leur  fertilite  naturelle; 
vous  fecouderez  les  autres  en  y  meltant  le  feu. 
Laissez  apres  cela  reposer  cinq  ans  le  sol  incen- 
die,  etcette  partieimproductive  pourra  rivaliser 


avee  les  plus  fertiles.  Pour  plantcr  rolivier  et  en 
cueillir  lefruit,  lesGrecs  recommandentdeu'em- 
ployer  que  de  jeuues  gareons  intacts  ct  des  iilles 
vierges;  par  respeet,  j"imagiue,  pour  la  chaste 
deesse  qui  preside  a  cet  arbre.  II  est  inutile  de 
rien  prescrire  sur  les  noms  des  bles,  puisque 
de  temps  a  autre  ils  chaugent  de  uature,  suivant 
les  lieux  oii  ils  sont  semes,  ou  suivant  leur  ^ge. 
Ainsi  il  suffira  de  choisir  ceux  qui  lieunent  le 
premier  rang  dans  le  payscjuc  nous  cultiverons, 
ou  d'eprouver  ceux  quc  iious  aurons  tires  d'ail- 
leurs.  Si  l"on  coupe  le  lupiu  et  la  vesce  comme 
fourragedans  letemps  qu'ilssontverts,  et  qu'aus- 
sitot  apres  on  laboure  sur  leurs  racincs,  ils  fe- 
conderont  les  campagnes  a  rinstar  du  fumier. 
Mais  si  on  leslaisse  secher  sur  pied,  ils  absorbe- 
ront  le  suc  de  la  terre.  II  faut  beaucoup  de  fu- 
niier  aux  terrains  humides;  les  terrains  secs  en 
exigent  moius.  Tous  les  travaux  de  la  vigne  se 
commeneent  plus  tot  dans  les  eliinats  ehauds  et 
secs  ,  daus  les  localites  fortement  exposees  au  so- 
leil ,  situees  pres  de  la  mer  ouen  rase  eampagne; 
plus  tard,  dans  les  regions  froides,  humides, 
enfoncecs  daus  les  terres,  boiseesoumontueuses; 
precepte  que  je  n'cntends  pas  seulement  des  mois 
ou  des  jours,  mais  encore  des  heures.  Toute 
piescriptiou  de  temps  en  fait  de  travaux  agrieo- 
les  doit  s'entendre  aiusi  :  Quiiize  jours  avant 
n'est  pas  trop  tot;  quinze  jours  apres  n'est  pas 
trop  tard.  Tous  les  bles  se  plaisent  mieux  dans 
une  caiupagne  ouverte  et  degagee,  ou  dont  la 
pente  est  tournee  au  soleil ,  que  partout  aillcurs. 
Uue  terre  conipacte ,  argileuse  et  humide  four- 
nit  tres-bien  a  la  nourriture  du  ble  et  du  fro- 
ment.  L'orge  sc  plalt  dnns  un  sol  meublc  et  sec; 
riiuraidite  la  faitmourir.  Les  semailles  des  tre- 


vero  scpteni  summitas  ejus  insiiigat.  Hortusqui  crclo  clc- 
menti  siibjaiuU,  ct  font.ino  Immore  percunitur,  |)iope  cst 
ut  lilier  sit,  etnulliini  serendi  (lisciplinani  requiiat.  .Sulili. 
gatio  aceibis  uvis  facienila  est,  quando  cxciiticiiili  aiit 
runipenili  acini  iiiilla  foiinido  est.  Ligatiira  in  vitibiis 
locum  dcliet  niutaie,  nc  unum  .seiuper  assiduilasconlciat 
vinculorum.  tossorem  si  apcrtus  vitis  ocuhis  videril,  cav 
cabitur  spes  magna  vindemia;  :  et  ideo,  duni  est  clansiis 
fodietur.  Torra;  alliludinem  cum  fiecundilale,  si  ad  frii- 
menta,  duobiis  pedibiis  explora  :  qiialuor  veio,  si  ad 
arbusta  vcl  vitcs.  Vilis  novclla  ut  facilc  incrcnienlnm  di- 
Ifcla  consequilur;  ita  interilum  celcrcm,  si  neslifjatnr, 
incurrit.  IModiim  teiie  .Testimatis  facuUatibus  tuis  in  assuni- 
tione  ciiltura-,  nesuperatis  viribus,  excedentc  mensina, 
turpiler  deseras,  quod  arrogantcr  assumis.  Semina  pliis- 
quam  aiinicula  cssc  non  dclient,  ne  vetiistate  corrupta  iion 
prodeant.  Fiuineulum  collis  [quideni]  giano  robusliiis 
scd  mensurae  niimis  refiinilet.  Omnia  qii.i!  seruntnr,  cre- 
sccnte  luua  el  diebus  lepidis  siint  sercnda.  Nam  lcpor  evo- 
cat,  frisus  iiicludit.  Si  libi  agerest  silvis  innlilibusteclns, 
ita  eum  divide,  ut  loca  pinguia  piiras  loddas  novales; 
luca  stciilia  sih  is  tecta  cssc  paliaris;  qiiia  illa  natnrali 
ubertateiespoiidcnt,  lia!c  beneficio  lactantiir  inccndii.  Scd 


sic  urenda  disliiiKUCs,  nt  ad  incensiim  agrum  post  quiii- 
qucnniiim  revcrtaris  :  ita  cfliiies,  iit  icqualitervelsferilis 
Klclia  cuni  riiiiindilalc  contendal.  Gr.ixi  jubent  olivam  , 
ciim  plaiitatur  cl  lcHitiir,  a  iniindis  piieris  .itquc  virginibii.i 
opcrandiiiii  :  cicdo  rccordati  aiboii  linic  esse  pnrsuleni 
castilatem.  Nomiua  friimentonim  siiperfluiiin  est  praci- 
pere ,  qiia^  aiit  loco  siibinde  aiit  .Tlale  inutanlur.  Hoc  .satis 
est ,  ut  eligamus  pia^cipua  in  ca  ipgioiic  quain  coliniiis, 
vel  explorcmus  advecta.  Lnpinus  el  vic.ia  pabularis.si 
virides  succidantnr ,  ct  statim  siipra  .sectas  eorum  radiccs 
aretur,  slercoris  simililiidinc  .agros  foecundant  :  qii.ii  si 
esanierint  ante  quam  proscindas ,  in  liis  ferras  succu.s  au- 
fcrtiir.  .^ger  aqnosus  pliis  stcrcoris  quaeril;  sicciis  miiiiis. 
Calidis,  mariUmis ,  siccis,  apiicis,  campestiibus  locis 
oinnc  opiis  viiiearum  maturins  inclioeliir;  frigidis,  mcdi- 
leriaucis  liumidis,  op.icis,  moiitanis  locis  lardins  ;  qiiod 
iiou  solum  de  mensibus  aiit  diebus  dixcrim,  sed  etiain  de 
liorisopcrandi.  Omncopiis  rnsticuin,  ciim  fieii  piiccipitur 
ncqiie  cito  est,  si  anlc  quindecim  dics;  neqiie  larde,  si 
post  quindccim  liat.  Fruuieiila  omnia  inaxinie  I.Tet.antur 
lialenli  campo  el  soliilo,  ct  ad  solem  rerlivi.  Spissa  el 
crctosael  liiimida  lcriabcnc  farcttriliciiin  nuliit;  oidciiiii 
ar;io solufo  dilcclaliir cl  sicco  :  naiusiinlulosospargatur. 


528 


PALLADIUS. 


jwo/s conviennent  aux  lleux  froids,ou  il  neige 
souvent  et  oii  Tete  est  humide ;  ailleurs  ils  reus- 
sissent  rarement.  On  a  meilleure  chance  toutefois 
si  le  cliniat  n"estque  tempere,  et  si  ron  ne  seme 
qu'en  automne.  Vous  faut-il  operer  sur  unc  terre 
salee?  attendez,  pour  planter  ou  semer,  la  fin  de 
cette  saison.  Delaye  par  les  pluies  d'hiver,  le  sol 
perdra  de  sa  mauvaise  qualite.  II  faut  encore  le 
melanger  d'un  peu  de  terre  douce  ou  de  sable  de 
riviere,  lorsqu'on  veuty  faire  une  plantation.  On 
ne  doit  former  de  pepiuieres  que  dans  une  terre 
moyenne ,  afin  que  leplantgagneauchange  iors- 
qu'il  sera  transporte.  Les  pierres  laissees  a  la 
superficie  du  sol  sont  glaciales  en  hiver,  in- 
candescentes  en  ete,  et  nuisent  aux  arbustes 
et  aux  vignes.  Leur  presence  au  contraire  est 
utile  aux  terres  chaudes  et  seches,  quand  eiles 
sont  enfouies  et  recouvertes.  Quand  on  remue  ia 
terre  aupres  des  arbres,  il  faut  la  changcr  aiter- 
nativement  de  place,  de  facon  que  celle  qui  etait 
d'abord  dessous  suceede  a  celle  qui  se  trou- 
vait  auparavant  dessus.  Pour  fumer  les  arbres, 
on  formera  des  couches  alternatives  de  terre  et 
de  fumier,  en  commencant  par  appiiquer  de  la 
terre  a  leurtronc  et  ensuite  du  fumier,  et  aiiisi 
de  suite  jusqu'a  ia  fni  de  roperation.  Pour  regis- 
seur,  ne  preiiez  jumais  d'esclave  favori ,  et  clioye 
par  vous  dans  sa  jeunesse;  car  il  regarderait  vos 
privautes  d'autrefois  comme  une  assurance  d'ira- 
punite  pour  ie  present. 

YJI.Dans  ieciioix  ou  racquisitioud'une  terre, 
examinez  si  une  cuiture  negligente  n'en  a  pas 
altere  la  fecondite  naturelle;  si  l'on  n'a  pas  laisse 
le  sol  depenser  ses  forces  pour  une  vegetatiou 
degeneree.Car,  bieuqu'on  puisse  raviver  le  plant 
par  la  greffe,  toujours  vaut-il  mienx  jouir  ac- 


tuellement,  qu'attendre  Teffet  tardif  d'une  am^- 
lioration  toujoursincertaine.  Pour  le  blele  remede 
est  bientot  trouve;  c'est  d'en  semer  d'autre.  Pour 
ce  qui  est  des  vignes,  il  faudra  surtout  exami- 
ner  si  les  cultivateurs  ne  sont  point  tombes  dans 
la  faute  qu'ont  comraise  bien  des  personnes 
qui ,  u'etant  curieuses  que  de  s'acquerir  la  repu- 
tation  de  posseder  de  vastes  terrains  faconnes 
au  pastinum,  ne  les  ont  remplis  que  de  plants  de 
vignes  steriles,  ou  de  detestable  produit.  Si 
votre  acquisition  presente  un  tel  inconvenient, 
vous  aurez  fort  a  faire  pour  y  remedier.  En  fait 
d'exposition ,  choisissez  dans  les  couditions  que 
voici.  Dans  les  pays  froids ,  recherchez  l'exposi- 
tiou  du  levaut  ou  du  midi ;  car  si  le  champ  est  do- 
mine  de  ces  deux  cotes,  les  hauteurs  iuterpo*sees 
lui  interceptent  toute  chaleur;  attendu  que  le 
soleil  ne  parait  jamais  du  c6te  du  septentrion,  et 
qu'il  tarde  jusqu'au  soir  a  paraitre  du  c6te  du 
couchant.  II  faut  au  coutraire  choisir  de  prefe- 
rence  le  cote  du  septentrion  dans  les  climats 
chauds.  Cest  en  effet  le  meilleur,  taut  pour 
le  profit  que  pour  i'agreraent  et  pour  la  salubrite. 
S'il  y  auneriviere  dans  le  voisinagede  l'endroit 
oii  Pon  se  propose  de  placer  les  biitinients,  11  en 
faut  examiner  la  nature ,  parce  qu'il  arrive  sou- 
vent  qu'il  en  sort  des  exhalaisoiis  1'unestes ;  au- 
quel  cas  il  faudrail  s'en  ecarter  pour  batir.  Pour 
les  marais,  il  faut  absolument  les  eviter,  acause 
de  i'air  pestilentiel  qu'ou  respire  dans  leur  voisi- 
nage ,  et  des  animaux  pernicieux  qu'ils  engeu- 
drent ,  surtout  quand  ils  sont  au  midi  ou  au  cou- 
chant,  et  que  d'habitude  ils  restenta  sec  pendant 
Tete. 

VIII.  II  faut  que  le  batiment  soit  proportionne  a 
la  valeur  du  fonds  et  a  la  fortuue  du  proprieiaire, 


iiiiiiiUir.  '1'iimestris  salio  locis  fiigiilis  [et]  nivosis  con- 
vciiit,  ubi  qualitas  aestatis  tiumecta  est;  caderis  raro  re- 
spondel  eventu.  Senien  trimestre  locis  tepidis  inelius 
rcspondebil ,  .si  seratur  aulumno  :  si  necessilas  coget  in 
salsa  terra  aliquid  operari ,  e\tremo  auturano  plantanda 
cst  vel  conserenda,  ut  malitia  ejus  liibernis  imbribus 
eluatur.  Aliquid  etiam  terrce  dulcis  vel  arenae  flu.vialis 
subjiciendum  est,  si  illi  virgulta  eommitlimus.  Somina- 
rium  nicdiocri  terra  inslituere  debemus,  ut  ad  meliorem, 
quse  sala  fuerinl,  transferantur.  Lapides  qui  supersunt, 
liieme  rigent,  Kstate  fervescunt :  idcirco  satis  arbiislis  et 
vitibus  nocenl;  quaa  tamen  lalentla  prosunt  in  terris 
calidis  et  siccis  dummodo  eis  lcrra  supersit.  Terra,  qua; 
circa  arbores  niovetur,  ita  est  vicibus  permutanda,  ut  ei 
qiise  in  summo  fuerat,  iina  succedat.  In  laitaudis ai boiibus 
crates  faciemus,  terrain  prius  truncd  admoventcs,  et  mox 
l-clamen;  ut  sic opus natura  beneficii alternanle cumuletur. 
Agii  prBesulem  non  ex  dilectis,  [ct]  tenere  [cducatis] 
servulis  ponas;quia  fiducia  praeteriti  ainoris  iinpunilatem 
culpse  praisentis  expectat. 

VII.  In  eligendo  agio  vel  emendo  considerare  debebis, 
nc  lionmu  natiiralis  Itecunditalis  colenlium  depravaveiit 
iiici  lia  ,  et  in  degoncres  surculos  ubcr  soli  feiacis  cxpen- 


dcril :  quod  quamvis  emendaii  possit  insilione  meliorum, 
tamen  liarum  reruin  sine  culpa  melior  usus  est ,  quain 
cum  spe  corrigendi  serus  eventus.  In  seminibiis  ergo 
frumentoriim  proesens  emendatio  poterit  esse.  In  vineis 
maxiine  considerandum  atque  vitandum  est,  quod  pleri- 
que  fecerunt  studendofama;  tantum  ct  laliliidini  pastino- 
rum,  semina  vitiiim  statuentes  vel  slcrilia  vel  saporis  in- 
digni  :  quod  grandi  tibi  labore  constabit  ut  coiTigas,si 
agruni  compares  vitiis  talibus  occupatum.  Positio  ipsius 
agii,  qiii eligendusest,  ea  sit.  In  frigidis  proviuciis  Orienti, 
aiit  meridiano  lateri  ager  esse  debetoppositus,ne  alicujus 
niagni  montis  objectu  bis  duabus  partibusexclusus  algore 
rigcscat ;  aut  per  parlein  septentrionis  reinoto ,  aut  per 
occidentis  iu  vesperam  sole  dilato.  In  calidis  vero  provin- 
ciis,  pars  potiusseptcntrionis  optanda  est,  qua;  et  utilitati 
et  voluptati  et  saluti  acqua  bonitate  respondeat.  Si  vicinus 
est  lluvius ,  ubi  statiiimiis  fabriccB  sedem  parare,  ejus 
dcbemus  explorare  naturam  ,  quia  plerumque  qiiod  exlia- 
lat,  ihimicum  est,  a  quo,  si  talis  sit,  conveiiiel  refugere 
conilitorem.  Palus  tamen  omni  modo  vitanda  est,  praeci- 
pue  quie  ab  Austro  est  vel  occidente ,  et  siccari  consue- 
vit  aeslate,  propter  pestiluntiain  vel  animaliainimica,  quie 
gcnerat. 


parce  qiiMl  arrive  eomraun^ment,  lorsqiie  cette 
propnition  a  cte  dcpassee,  que  les  constructions 
sont  plus  difficilcs  a  entreteiiir  qu'a  elcver.  On 
reglera  donesagrandeur  dc  tclle  focon  que,  s'il 
survient  quelque  accident ,  le  revenu  dune  an- 
nee  de  la  terre,  ou  celui  de  dcux  tout  au  plus, 
suffise  pour  le  reparer.  Le  corps  de  logis  du  pro- 
prietaire  sera  place  dans  un  lieu  un  peu  plus 
eleve  et  plus  sec  que  les  autres  parties  du  bati- 
ment ,  tant  afin  que  les  fondements  n'cn  puissent 
etre  endommages,  que  pour  procurcr  une  belle 
•vue  au  proprietaire.  On  en  fera  les  fondements 
de  maniere  quils  dcbordent  d'un  derai-pied, 
tant  d'un  cote  que  de  Tautre ,  le  corps  de  la  mu- 
•  aille  qu'ils  auront  a  porter.  Si  le  hasard  veut 
qu'en  fouillaiit  les  foiulations  on  rencontre  de 
la  pierre  ou  du  tuf ,  il  n'y  aura  pas  de  difficulte 
a  les  asseoir,  puisqu'il  suflira  de  creuser  leur  lit 
a  la  profondciir  d'un  ou  deux  pieds.  Si  Ton  ren- 
contre  de  rargile  qui  soit  ferme  ou  compacte  , 
on  leur  donnera  en  profondeur  la  cinquieme  ou 
la  sixieme  partie  de  la  hauteur  totale  que  le  bati- 
ment  doit  avoir;  au  lieu  que  si  Ton  ne  trouve 
qu'uneterre  peu  corapacte,  il  faudra  quelquefois 
les  enterrer  plus  profonderaent,  e'est-a-dire, 
]"usqu'a  ce  que  Ton  rencontre  Targile  pure,  ne 
prcsentant  aucun  vestige  de  decombres ;  quoi- 
que,  si  Ton  netrouve  point  absolument  d'argilc, 
11  suffira  toujours  de  leur  doniicr  en  profoudeur 
la  quatrierae  partie  de  la  hauteur  du  btitiment. 
II  faut  en  outre  faire  en  sorte  de  pouvoir  envi- 
ronner  le  batiment  de  jardins ,  de  vergers  ou 
de  prairies.  Au  surplus,  la  facade  en  sera  cxposee 
dans  tout  son  dcvelopperacnt  au  midi ,  de  facon 
neanmoins  que  Tun  de  ses  angles  voie  le  levant 
d'hiver,  et  qu'elle  se  detourne  tant  soit  peu  du 


DE  L'AGRTCULTURE,  LIV.    L  529 

couchant  de  la  meme  saison;  moyennant  quoi 
elle  se  trouvera  eclairee  par  le  soleil  pendant 
rhiver,  sans  en  sentir  la  clialeur  pendant  rete. 

IX.  La  distribution  de  bfltimcnt  sera  combinee 
de  raaniere  a  mennger,  sans  prendre  trop  d'es- 
pace,  des  logements  d'hivcr  ct  des  logements 
d'ete.  Ceux  dhiver  seront  plnccs  de  facon  a 
pouvoir  etre  egayes  par  le  soleil  d'hiver  presque 
durant  toute  sa  course.  Les  planchcrs  y  seront 
etablis  cn  consequencc.  II  faut  avoir  soin,  par 
rapport  a  la  construction  de  ces  planchcrs ,  pre- 
mierement  que  la  charpente  en  soit  de  nivcau  et 
solide,  afin  qu'elle  ne  tremblc  pas,  faute  d'etre 
bien  assuree ,  sous  les  pieds  dcs  allants  et  des 
venants;  en  second  lieu,qu'elle  nepresente  point 
de  solivcs  de  chene  parmi  les  solives  (i'o;sciilii.i 
dont  elle  sera  composce;  parce  que  le  chene  qni 
a  une  fois  pris  de  rhumidite  se  tourmente  quaiid 
il  commence  a  se  secher,  et  occasionne  des  cre- 
vasses  dans  Ics  plafonds,  au  lieu  que  \'(cscnhis 
dure  longtemps  sans  s'alterer.  Si  ccpendant  Toa 
n'a  point  (Tcesculus  a  sa  disposition  ,  et  que  Ton 
n'ait  que  du  chene,  on  le  taillcra  en  planches 
tres-rainces,  que  Ton  superposera  transversale- 
ment,  en  les  attaehant  lune  a  rautreavec  une 
grandequantitede  clous.Lcs  |)Ianchersdeft'r?'i<.v, 
de  hctre  ou  de  fiene  dureront  tres-longtemps, 
pourvu  (iiion  les  couvre  de  paille  ou  de  fougere, 
pour  empccher  rhuraidite  de  lachaux  de  penetrer 
Jusqu'au  corps  meme  du  plancher.  La  carcasse 
du  plancher  faite,  vous  y  ctablirez  unc  couehe 
de  blocaillc,  composeede  dcux  parties  de  pierres 
brisees,  contre  une  partiede  chaux.  Quand  cette 
couche  sera  parvenuc  a  repaisseur  de  six  doigts, 
et  que  vous  aurez  nivelc  le  terrnin ,  il  faudra ,  si 
ce  sont  desappartements  d'hiver,  la  couvrird'un 


VIII.  j15(liricium  pio  agri  nierilo  et  pro  fortiina  (Jomini 
opoilct  institiii  :  quod  pleiuiiMiue  immodice  sunitum, 
dilficilius  est  sustiueie  quanuondeie.  Ita  igitura^sliuionda 
est  ejiis  niagniUido ,  ut  si  aliquis  casiis  inciirrerit,  ex  agro, 
in  qiio  est ,  unius  aniii  aul  ut  niiiltum,  bicnnii  peusione 
repaietur.  Ipsius  auteni  praetorii  siliis  sit  loco  aliqiiatenus 
eretlioie  et  siccioie  quain  cof.lera,  propler  iiijuriaiii  liiii- 
danieiilorum,  et  ut  la>to  frualiir  aspectu .  Fuiuianienta 
autem  lior  modo  pouenda  sunt,  utjatiorasint  ex  utraque 
parte  sciiiipedis  spatio,  quam  parietis  [insuper  struendi] 
corpus  inrroscet.  Si  lapis  vel  toius  occurrat,  facilis  causa 
est  collorandl,  in  quo  sriilpi  tantiini  fundamenti  fornia 
debebit  iinius  pedi.s  altitiidiiie  vel  diioriiui.  [litj  si  solida 
vel  constricta  invenielur  argilla,  quiiita  vel  se\la  pars 
altiliidinis  ejiis,  qua;  supra  tenam  fiitiiia  est,  fimdamen- 
tis  de|iutetur.  Qiiod  si  terra  laMor  fueril,  inodo  niajoris 
alliludiiiis  obruantur,  donec  niiiixla  .sine  ruderum  suspi- 
cioiic.  (icciirral  argilla ;  (\'W  si  oinnino  desit ,  quartam 
mersisse  siifliriet.  Studendum  pra'terea  iit  borlis  et  po- 
mariis  cingi  possit  aut  pralis.  Sed  totus  fabrica!  tiactus 
unius  lateris  longitiidine,  iu  quo  fions  erit,  meridianam 
partam  rcsplri.tt,  in  prinio  angulo  excipiens  ortum  solis 
'.libeini ,  et  pauliilimi  ab  uccidente  avcrtalur  b  iemali.  Ita 

1'*I,L*DIIS. 


proveniet ,  ut  per  liiomom  sole  illustretur,  et  calores  ejus 
astate  non  .senlial. 

IX.  Forma  tanien  debet  csse  cjusmodi,  ut  ad  liabilalio- 
niHti  brevitcr  collectas  ei  aestati  et  biemi  pra;beat  inaii 
sioncs.  Qiuv  liicmi  parantiir  ita  sint  constitul»,  ut  possii 
eas  liiberni  solis  totiis  propemodiim  cursus  liilarare.  Iil 
liis  pavimeuta  opportuna  csse  debcbunl.  Piimuin  in  fa- 
bricis  ]ilanis  eariim  observandum  est ,  ut  a^qualis  et  so- 
liila  coiitignalio  liat,  nc  gradiis  anihulantium  tremorem 
fabrira'  titiilianlis  cxcutiat.  Deinde  iit  axes  querme  cum 
avsculeis  non  niisceantur.  Nam  qiiercus  liumore  coiirepto 
cumc(rperilsircari,  torqiiebitiir,  ctrimas  inpavimento  fa- 
cict  :  a'sculiis  autcm  sinevilio  durat.  Sed  si  querr.u  sup- 
pctente  asruliis  dcsit  ,  siibtiliter  qiiercus  secetur,  et 
lraiisvfrsiis.il. |iic  dirci  liisduplcx  ponaturordotabulariim, 
(ini>  fiv,|iiriililMis  lixii.s.  Dc  cerro  aul  sago  aut  farno  diu- 
lissiiiie  laliiilala  diiialiiint ,  si  .slratis  supcr  paleis  vcl  lilice 
bumor  calcis  nusipiain  ad  labiilati  corpiis  accedat.  Tiinc 
.super  statuniinabis  riidiis,  id  est  saxa  contusa  duabus 
partibus  et  uiia  calcis  tenipcraiile  coiistitues.  Hoc  cuni  ad 
sex  digilorum  crassitiidineni  feccris,  et  regula  explorave- 
risxquale,  si  loca  biemalia  sunt,  tale  pavimenlum  dche- 
bis  impoiierc,  iu  quo  vel  niidis  pedihus  stanles  minislri 

:ii 


PALLADIUS. 


pave  compos^  de  telle  manifere  que  les  valets 
puissent  s'y  tenir  pieds  nus,  sans  etre  transis 
de  froid.  Ce  sera  un  compose  de  menus  moellons 
ou  de  briques,  cimente  avec  du  cliarbon  pile,  du 
sable ,  de  la  cendre  et  de  la  chaux  ,  a  Tepaisseur 
de  six  pouces.  Le  tout  bien  regale  formera  un 
planclier  uoiriitre,  qui  boira  tout  liquide  epan- 
chedessuspnrmegarde.  S'agit-il  d'appartements 
d"ete?  on  les  exposera  au  levant  solsticial  et  au 
septentrion,  et  on  les  pavera,  soit  de  briques 
(commeci-dessus),soitavecdesdallesoucarreaux 
de  marbre,  dont  les  augles  se  rapportent  et  for- 
ment  une  marqueterie  reguliere.  A  defaut  de  ces 
matieres,  on  etendra  sur  le  plancher  une  couciie 
de  stuc  ou  de  sable  menu,  lie  avec  de  la  chaux. 

X.  II  faut  en  outre  que  celui  qui  veut  batir  sa- 
che  quelle  est  la  chaux  et  le  sable  qu'il  pourra 
eniployer.  II  ya  detrois  sortes  de  sables  fossiles, 
le  noir,  le  blanc  et  le  rouge  :  ce  dernicr  est  bieii 
superieur  aux  deux  autres,  le  blanc  tieut  le  se- 
cond  rang,  et  le  noir  est  le  pire.  Tout  snble  qui 
craque  lorsqu'il  est  presse  entre  les  malns  est 
bon  pour  ies  ouvrages  de  maconnerie.  II  sera  en- 
core  excellent  lorsqu'il  ne  tachera  point  uii  moi- 
ceau  d'etoffe  ou  un  linge  blanc  dans  iequel  on 
Taura  enveloppe  pour  le  secouer,  et  qu'il  n'y 
laissera  point  de  crasse.  Ccpendant,  si  Ton  n'a 
point  de  sable  fossile,  on  pourra  se  servir  de 
sable  de  rivi^re  ou  de  mer.  Comme  celui  de  mer 
est  longtcmps  a  se  secher,  on  ne  remploiei-a 
pas  immediatement;  mais  on  lalssern  ecouler  un 
certaiu  teraps  avant  de  s'en  servir,  de  peur  que 
son  poids  ne  surcharge  la  maconnerie  et  ne 
reudommage.  Son  humidite  salee  dissout  aussi 
les  euduits  des  voutes.  Quantau  sable  fossile,  la 


est  trcs-bon  pour  le  ciment  des  murailles,  commc 
pour  ies  voutes  :  mele  avec  la  chaux  au  moment 
meme  de  son  extraction,  il  n'en  vaut  que  mieux. 
S'il  reste  longtemps  expose  au  soleil ,  ou  a  la  ge- 
lee,  ou  a  la  pluie,  il  pei'd  de  sa  qualite.  Celui 
de  riviere  convient  mieux  pour  enduit.  Si  roa 
est  eependant  force  d'eraployer  du  sahle  demer, 
il  serabonde  le  plongcrauparavant  dans  de  reau 
douce,  oii,  etaut  bienlave,  il  deposera  le  vice  que 
le  sel  lui  avait  fait  contraeter.  Pour  faire  de  la 
chaux,  on  cuira  des  pierres  bianches  dures,  ou 
de  la  pierre  de  Tibui',  ou  du  caillou  de  riviere 
de  couleur  de  pigeon ,  ou  de  la  pierre  rouge,  ou 
de  la  pierre  ponce,  ou  enfin  du  raarbre.  Celle 
qui  aura  ete  faite  avec  une  pierre  compacte  et 
dure  sera  bonnepour  la  batisse,  au  lieu  quecelle 
qui  proviendra  d'une  pierre  spongieuse  ou  raolle 
conviendra  davnntagc  aux  enduits.  II  faut  tou- 
jours  mettre  une  partiede  chaux  sur  deux  parties 
de  sable.  Si  c'est  du  snble  de  riviere,  Ton  aura 
des  ouvrages  d'une  solidite  merveilleuse,  en  y 
ajoutnnt  un  tiers  d'argile  seche  criblee. 

XI.  Si  Ton  veut  que  les  murailles  du  corps- 
de  logis  qui  sert  a  rhabitation  du  proprietaire 
soient  en  briques,  on  aura  soin  ,  lors^iue  la  cons- 
triiction  en  sera  achcvce,  de  fnire,  sur  Textre- 
mite  de  res  raurailies  qui  joindra  la  couverture 
dubatiraent,  une  ranconiierie  en  briques  de  la 
hauteur  d'un  pied  et  demi  avec  des  corniches 
saillantes,  afin  que  si  les  tuiles  ou  lcs  gouttieres' 
deviennent  defeetueuses, les  gouttes d'eau  de  pluie 
qui  filtreront  a  travers  ne  puisseut  pas  penetrer 
jusquau  mur.  Aprt's  quoi  il  faudra  crepir  ces 
murailles  quand  elles  seront  seehes  et  raboteu- 
ses,  parce  que  1'enduit  n'y  tiendrait  pas,  si  on 


promptitude  avec  Jaquelle  il  se  seche  fait  qu'il  I  \'y  mettait  pendaut  quelles  sont  humides  et  lis- 


lileme  non  rigescant.  Induclo  itaqtie  rndere  vcl  testaceo 
pavimeulo,  congestos  et  calcalos  spisse  caibones  ciim 
sabulonc  el  favilla  ct  calce  permiscebis ,  et  hn jiis  inipeiisai 
erassitudiilem  sex  nnciisjuliebisimponi  rquodexaeqnaliim 
nigra  pavimenta  foimabit,  et  siquafuiidenliir  ex  poculis, 
velociter  lapta  desuget.  Sed  si  aestivae  mansiones  sunt , 
orientem  solstitialem  et  partem  septenlrionis  aspiciant ,  et 
vel  testaceum,  sicut  supia  diximus,  accipiant  paviinen- 
tum,  vel  marmora  vel  tesseras  aut  scutiilas,  quibiisfEquale 
reddatiir  angulis  lateribusi|iie  conjimclis.  Si  liicc  deerunl, 
supra  marmor  tusum  cernatur,  aut  arena  cum  calce  in- 
ducta  levigetur. 

X.  Praderea  scire  est  necessarium  constriienti,  quse 
calcis  el aren.Te  natuiasitutilis.  Arena^ergo  fossicise  genera 
'sunttria,  nigra,  cana,  rnfa  :  omniuni  pivTcipue  rufa  nie- 
lior  :  meriti  sequentis  est  cana  :  tertium  locum  nigra  pos- 
sidet.  Ex  iis  quae  compressa  manu  edit  sfridores,  erit 
utilis  fabricanti.  Item  si  panno  vel  linleo  candida;  vestis 
inspersa  et  excnssa  nihil  inacula;  reliqueiit  aut  sordis, 
egregia  est.  Sed  si  tossilis  arena  non  fuerit,  de  numinibus 
[aut]  glarea ,  aut  littore  colligetur.  Marina  arena  tardiiis 
siccatur,  el  ideo  non  continue  sed  intermissis  temporibus 
eonstrucnda  esl ,  ne  opus  onerata  corrumpat  :  camerariim 


quoque  fectoria  salso  hiimore  dissolvit.  \am  fossiles  are- 
nae  tectoriis  et  camcris  celeri  siccilale  ufiles  sunt ,  melio- 
resque,  si  statim,  cum  effossa;  siint,  calci  inisceantur. 
Nam  diulino  sole  aut  pruina  aiit  imhre  vanescunt.  Flu- 
viales  fecloriis  magis  polerunt  convenire.  Sed  si  iiti  ne- 
cesse  sit  niaiis  areiia,  erit  commodum  prius  eani  lacuiia 
humoris  ilulcis  immergi,  ut  vitium  .sajis  aquis  suavibus 
elofa  deponat.  Calcem  qnoque  [ex]  albo  saxo  duro  vel 
Tibnrfino  aut  columbino  lluvialive  coquemns,  aut  rubro 
aul  spongia  aut  marinore  postremo.  Qiiae  erit  ex  spis.so  et 
duro  saxo,  slrucluris  convenit  :  e\  risfiiloso  vero  aut 
innlliori  lapide  tectoriis  adhibetur  utilius.  In  duahusare- 
nae  parfilius calcis  una  iniscenda  esl.  In  fluviali  veroarena 
si  tertiam  parfem  testa;  creta;  addideris,  operum  soliditas 
niira  pijesfabitur. 

XI.  Qiiod  si  latericios  parictes  in  praetorio  facere  volue" 
ris,  illud  servare debebis  ,  nt  perfecfis  parietibus,  in  sura- 
mitate,quae  trabibus  suhjacehit,  strnctura  testacea  cum 
coronis  prominenlibus  liat  sesquipcilaH  altifudine,  ut  si 
corruptfe  tegulaeaut  inihrices  fuerinf,  parietem  nou  possint 
sfiliicidiapenefrareper  pluviam.  Deindelprovidendumest, 
ut  siccis  et  asperatis  parietibus  laferiliis  inducatiir  teclo- 
rium ,  qiiod  liumidis  ac  levibiis  adliaMcre  non  poteril ;  et 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV 

ses.  On  commencera  par  consequent  pnr  lcs  re- 
vetir  de  pliitre  jusqu'a  trois  fois,  afin  que  leder- 
nier  enduit  qu'elles  recevront  ne  soulTre  aucune 
alteration. 

XII.  La  chose  a  laquelle  il  faut  le  plus  s'atta- 
cher  dans  les  batiments  rustiques,  est  a  ce  qu'ils 
soient  bien  eclaires,et  que  leurs  distributions, 
reglees,  comme  je  Tai  dit  ci-dessus,  sur  les  dif- 
ferentes  saisons ,  soient  exposees  au  c6te  du  ciel 
qui  leur  conviendra  ,  c'est-a-dire  que  les  appar- 
tements  d'ete  soient  auseptentrion  ,  ceuxd"hivcr 
au  midi,  ceux  de  printemps  et  d'aulomne  au  le- 
vant.  Pi)ur  determiner  la  hauteur  des  salles  a 
raaiiucr  et  deschambresa  coucher,  on  prendrala 
moyenne  de  leursdeux  autres  dimensions. 

XIII.  Pour  les  voiites  et  plafonds,  on  fera  bien 
d'employer  les  materiaux  les  plus  a  portee.  Ou 
les  feia  donc  de  planches ou  de cannes,  de  la facon 
qui  suit.  Ou  posera  horizontalement  des  ais  de 
bois  des  Gauies  ou  de  cypics,  diine  grosseur 
uniforme,  dans  le  lieu  meme  ou  Ton  doit  faire 
la  voute ,  de  facon  qu"il  se  trouve  un  pied  et  demi 
d'intervalle  entrechacun;  apresquoi  on  lesassu- 
jettira  a  la  charpente  de  la  couverture  a  Taide  de 
chevilles  de  bois  de  gencvrier,  d'olivier,  de  buis 
ou  de  cypres  ;  puis  on  y  attachera  deux  perches 
en  traverse  avec  des  cordes  de  jonc.  Ensuite  on 
etendra  par-dessous  une  claie  a  raailles  serrees, 
tissueavecdescannesdemarais,oudecetteespece 
raoins  raenue  dont  ou  se  seit  communement ,  et 
que  Ton  aura  prealablcment  battue.  Quand  cette 
claie  sera  attaehee  dans  toute  son  etendue  tant 

lanx  ais  qu'aux  perches,  on  commencera  par  la 
I  revetir  d'un  enduit  de  pierre  ponce  que  Ton  unira 
lavec  la  tnielle,  afiii  que  les  briiis  de  eanne 
'soient  bien  resserres  entre  eux  ;  puis  on  la  rega- 
,  lera  avec  du  sable  et  de  la  chaux ,  et  on  finira 


L  531 

par  y  (5tendre  de  la  poudre  de  marbre  broye,  mfi- 
lee  avec  de  la  chaux ;  ct  Ton  polira  cet  enduit 
jusqu'a  ce  qu'on  lui  ait  donne  le  plus  beau  lui- 
saut. 

XIV.  On  se  plait  aussi  souvent  a  faire  ces  sor- 
tes  d'ouvrages  en  stuc,  dans  la  composition  du- 
quel  on  fait  entrer  de  la  chaux  eteinte  depuis 
longteraps.  Or,  pour  que  la  chaux  soit  propre  a 
ces  sortes  d'ouvrages,  il  faut  qu'clle  soit  de  con- 
sistance  ii  etre  taillee,  comrae  le  bois,  avcc  une 
hache.  Si  le  tranchant  de  la  hache  ne  rencontre 
aucun  obstacle  dans  la  chaux ,  et  que  les  parties 
de  chaux  qui  adhereront  a  la  hache  soient  mol- 
les  et  visqueuses ,  on  est  assure  qu'elle  est  bonne 
a  etre  employee  a  ces  sortes  d'ouvrages. 

XV.  Voici  comrae  on  parviendra  a  rendre  le 
crcpides  murailles  solide  et  luisant.  On  repassera 
souventavec  la  truelle  la  premierecouchc  quon 
y  nura  mise.  Lorsqu'elle  commencera  a  se  se  - 
chcr,  on  y  en  mettra  une  seconde ,  puis  une  troi- 
sieme;  apresquoi  on  les  recrepira  ,  la  truelle  a  la 
main ,  avec  de  la  poudre  de  ninrbre  grossiere , 
qui  aui'a  dii  etre  gitchee  jusqu'a  ce  qu'elle  ne 
tienne  pas  au  rateau  dont  on  se  sert  peur  remuer 
la  chaux,  et  qu'on  puisse  au  contraire  Ten  reti- 
rer  propre  et  net.  Lorsque  cette  couche  de  pou- 
dre  de  marbre  grossierecommenceraa  se  secher, 
il  faudra  encore  la  recouvrir  d'une  autre  couche 
de  poudre  plus  fine,  qui  assurera  la  solidite  et  le 
poli  de  cet  enduit. 

XVI.  II  l"aut  eviter  une  faute  dans  laquelle 
sont  tombes  bien  des  gens  pour  se  procurer  de 
Teau  ,  iaquelle  consiste  a  enfoncer  ses  metairics 
dans  le  bas  des  vallees,  eu  preferaut  un  bien- 
etre  de  quelques  jours  a  la  sante  des  habitnnts. 
L'inconvenient  qui  en  resulte  est  encore  plus  a 
craiudre  quaud  on  soupconne  que  la  province 


ideo  lcrlio  eos  piius  debebis  obdiicere,  ut  tectorium  siiie 
corruptione  suscipiaiit. 

(  XII.  lii  prlinis  sludendum  esl  in  agresti  fabrica,  ul 
I  multa  luce  clarescal  :  deiiide  ut  partcs  ti-niporibus  divl- 
isas,  siciit  supia  dixi,  congruis  parlibus  olTciamus,  id 
!  est  a-sflvas  septentrioni,  bibeinas  nieridlano,  vernas  cl 
antiininaifs  iiricnti.  Mensura  vero  h;cc  servanda  est  in  Iri- 
rliniis  ali|iii'  cnliiinlis,  ut  cpianla  latitudo  ct  longiliido 
fuoril ,  in  inuini  coinpntetnr,  et  ejus  medietas  in  altitudi- 
nem  ronfcratnr. 

XIII.  Canieras  in  agrestibiis  sedificiiscx  ea  materia  uti- 
liiis  erit  formare  quae  facile  invenietur.  In  villa  itaque  aut 
tabnlis  faciemus  aut  cannis  lioc  gcuerc  :  Asseres  ligni 
('..illiii  vel  cuprcssi  direclos  et  ajquales  constituerans  in 
co  Iiico,  ubi  camera  facienda  est ,  ita  ordinalos ,  ut  inter  se 
scsqiiipedalii  mensura  sit  vacua.  Tunc  eos  catcnis  ligncis 
ex  jnnipero  aut  oliva  aut  buxo  aul  cupresso  factis  ad  con- 
tiKiiationem  suspendemiis  ,  et  binas  intcr  eos  perticas  di- 
I  rincinus  tomicibus  alligatas.  Postea  paluslrem  cannarn  vcl 
jlwiic  cra-ssiorem ,  qua!  iu  usu  est,  contusam,  facta  ct 
I  strii  tim  juncta  crate  subnectemus,  et  per  omne  spalliini 
cum  ipsis  asseribus  ct  pcrticis  alligabimus.  Dehinc  primo 


impen.ia  pumicpa  induemus,  et  trulla  .Tquabinius,  ut  in- 
ter  se  cannarum  membra  constringat.  Post  arena  ct  calce 
coaqiiabinuis.  Tertio  tusi  niarmoris  pulverem  mistiim 
cuin  c^ilcc  ducemus,  ct  policmus  ad  summum  iiilorcm. 

XtV.  Opus  quoque  alharium  sa'pe  dclcclat,  cui  calcem 
dcbebimus  adhibeie,  cum  mullo  tcmporc  fuerit  inace- 
rala.  liigo  ut  ulilem  probes,  .iscia  (alcem  qu.asi  lignuni 
dolabis.  Si  nusquam  .acies  cjus  offcndcrit ,  ct  si  qiiod 
asci.-c  adh.Tret,  fuerit  niolle  atque  viscosum,  constat  al- 
bariis  operibus  convenire. 

XV.  Pai  ictiii»  vcro  tcctiira  sic  fict  forlis  et  nilida.  Primo 
IruIIis  fiequcntclur  induclio.  Cnin  siccari  cccperit,  iterum 
indiicatur  ac  lcitio.  Post  hjpc  tria  coria  ex  marniorco 
grano  coopcriatiir  ad  trullani ;  qiw  inductio  anle  tam  diii 
subigenda  cst,  ut  rutrum ,  cpio  talx  siibigilur,  miindum 
Icvemus.  Ha'C  qiioqiie  niarnioris  grani  indiictio  ciim  sic- 
caii  inccperit,  aliiid  roriiim  snbtiliiis  oporlet  imponi  :  sic 
ct  solidilatein  cii.stodiet  el  nilorcm. 

XVI.  Vilanilum  est  .autem,  qund  pleiique  fec«runt 
aqua;  causa,  villas  [in]  iufimis  vallibiis  mcipere,  ct  pau- 
rorum  dieruin  voluptalcm  pra>fcrie  habilalorum  saliiti  : 
qnod  ctiainmagis  metuemus,  sipiovinria  quam  roliinns. 


£33 


PALLADIUS. 


queronhabite  est  sujette  h  des  maladies  pendant 
Tete.  S'il  ne  se  trouve  donc  dans  le  iieu  ui  fon- 
taines  ni  puits,  il  faudia  y  construire  des  citer- 
nes,  qui  forment  reeipient  de  l'eau  des  toits.  Or, 
voici  la  facon  de  faire  ces  citernes. 

XVII.  On  leur  donnera  telle  dimension  que 
ronjugeraapropos,  siiivaiitses  facultes,  pourvu 
qu'elles  soient  plus  longues  que  larges,  et  on  les 
elorra  de  murs  construits  en  ouvrage  de  Signia. 
Le  sol,  sauf  rorifice  du  coiuluit  d'ecouIement, 
sera  consolide  par  une  bonne  epaisseur  de  blo- 
caille,  sur  laquelle  oaetendra,  pour  la  regaler, 
un  ciment  de  brique  qui  tiendra  lieu  de  pave.  On 
polira  eusuite  ce  pave ,  avec  toiit  le  soin  possible, 
jusqu'a  ce  qu'il  soit  devenu  luisant,  en  le  frot- 
tant  continuellement  avec  du  lard  gras  que  Ton 
aura  fait  bouillir.  Lorsqu'il  sera  bien  sec,  et  qu'on 
n'aura  plus  a  eraindre  que  rhumidite  n'y  cause 
de  crevasse ,  on  cou  vrira  egalement  les  parois  d'un 
meme  enduit;  et  lorsque  le  tout  sera  absolument 
sec  depuis  longtemps ,  on  y  fera  entrer  Teau  a  de- 
meure.  On  aura  soin  d'y  jeter  des  anguilles  et 
des  poissons  de  riviere ,  que  Ton  y  nourrira,  afin 
que  Teau,  quoique  daus  un  6tat  de  stagnation, 
iuiite  le  mouvement  de  celle  qui  coule,  lorsque 
ces  auimaux  viendront  a  y  nager.  S'il  arrive  que 
reuduit  du  pave  ou  de  la  muraille  periclite  en 
quelque  endroit,  on  le  reparera  avec  un  ciment 
propre  a  contenir  Teau  qui  cherchera  a  s'enfuir. 
Voiei  eomme  on  reparera  les  crevasses  et  les  ca- 
vites  des  citernes ,  des  viviers  ou  des  puits ,  ainsi 
quetouteespeced'infdtrationde  leurmacounerie. 
On  prendra  telle  quantite  que  ronjugeraa  pro- 
pos  de  poix  liquide,  a  laquelle  on  ajoutera  une 
quantite  pareille  de  la  graisse  connue  sous  le 
nom  de  vicitx  oing,  ou  de  suif.  On  jettera  ie 
tout  ensemble  dans  une  marraite ,  ou  on  le  fera 


euire  jusqu'a  ce  que  recume  monte;  apres  quol 
on  le  retirera  du  feu.  Quand  ce  melauge  sera 
refroidi ,  on  le  saupoudrera  dechaux  tres-menue, 
et  on  le  remuera  fortement  pour  que  la  mixtion 
soitcompleteet  arrive  a  retatdep^te,  qu'ou  roule 
avec  les  doigts  ;  et  Ton  garnira  de  ce  mastic  les 
fissures  etpertes  d'eau,  enTy  pressant  et  foulant 
bien.  L'eau  sera  plus  salubre  si  elle  passe  par 
des  tuyaux  de  terre  euite  pour  se  rendre  dans 
ces  eiterues,  et  si  ces  dernieres  sont  couvertes. 
Au  reste,  Teau  du  ciel  est  si  preferable  a  tou- 
tes  les  autres  pour  servir  de  boisson ,  que  quand 
on  pourrait  s'en  procurer  de  courante,  on  ne 
devrait  Temployer  qu'aux  lavoirs  et  a  la  culture 
des  jardins,  pour  peu  qu'elle  ne  fiit  point  saine. 

XVIII.  II  faut  que  le  cellier  au  vinsoit  expose 
au  nord,  frais,  prcsqne  obscur,  eloignedes  bains, 
des  etables,  du  four,  des  amas  de  fumier,  des 
citernes  et  des  eaux ,  et  generalemeut  de  tout 
foyer  d'exhaIaisous  mephiiiques,  et  assez  bieu 
outille  pour  suffire  a  toute  exigence  de  reeolte; 
qu'ainsi  que  Testrade  d'une  basilique,  le  fouloir 
soiteleve  de  trois  ou  quatre  degres  environ,  et 
soit  flanque  de  deux  cotes  de  reservoirs  destines 
a  recevoir  le  vin.  Des  rigoles  de  maconnerie  ou 
des  tnyaux  de  terre  cuite  partiront  de  ces  fosses 
pouraboutir  a  rextremite  des  murs,  et  conduire 
le  viu,  atravers  des  passages  pratiquesau  basde 
ees  murs,  dans  des  futailles  qui  y  seront  ados- 
sees.  Si  Toa  a  ime  grande  quantite  de  vin,  oa 
destinera  le  centre  du  cellier  aux  cuves;  et,  de 
crainte  qu'el!es  n'empecheutles  passants  d'aller 
et  de  venir,  on  pourra  les  monter  sur  de  petites 
bases  suffisammeut  hautes,  ou  sur  des  futailles 
enfouies  en  terre,  en  laissant  entre  chacune  une 
distance  assez  grande  pour  que  celui  qui  ea 
prend)'a  soin  puisse,  quaud  le  cas  Texigera,  ea 


de  niorl)is  a-slate  suspecta  est.  Cui  si  fons  desit  aul  pu- 
leus,  cisternas construere  conveniet,  qiiibus  oniniumcon- 
tluci  possit  aqua  lectorum.  ^•'iunt  autem  lioc  niodo. 

XVII.  Signinis  magnitudo  ea,  qua  delectaris  et  cui 
suflicis ,  construatur  longior  magis  quam  latior.  Hujus  so- 
lum  alto  rudere  solidatum  relicto  fusoriis  loco  teslacei 
pavimenti  superfusione  levigetur.  Hoc  pavimenlum  onini 
cura  terenduni  est  ad  nitorem ,  et  lardo  pingui  decoclo 
assidue  perfiicandum.  Quod  ubi  deducto  liumore  sicca- 
tum  esl ,  ne  rimis  in  aliqua  parte  findatui',  etiam  paiieles 
.simili  corio  vclenlur  obducti,  et  ila  post  diutuniam  et  so- 
lidam  siccilalem,  aqu<E  praebeatur  liospitium.  Anguillas 
sane  piscesque  lluviales  mitti  in  his  pascique  conveniet, 
ut  horum  natatn  aqua  stans  agilitatem  cunenlis  imitetur. 
Sed  si  aliquando  in  quocunque  loco  pavimenli  vel  parielis 
tectura  succumbat,  hoc  genus  nialtlkT  adliibebimus,  ul 
Immor  in  exitum  nitens  possit  indudi.  Rimas  et  Kicunas 
cislernarum ,  et  piscinas ,  vel  pufeos  sarciemus  boc  ge- 
nere ,  et  si  humor  per  saxa  manabit.  Picis  liquid.ne  quan- 
tum  volueris  ,  et  lanlundem  sumes  unguinis,  quod  voca- 
hius  axungiam ,  vel  sevum.  Tunc  in  olla  ulrumque  niisce- 
bls  et  coques  donec  spumet.;  deinde  ab  igne  removebis. 


Cuni  fueiit  eadeni  refrigerala  perniistio,  calcem  minulim 
superadjicies ,  et  ad  unum  corpus  omnia  mista  revocabis. 
Cumque  velut  strigmentnm  feceris,  inseres  locis  corruptis 
ac  mananlibus ,  el  pressnm  sumnia  densitate  calcabis. 
Salutare  erit  aquas  illuc  per  tubos  lictiles  duci ,  el  opertis 
immeare  cisternis.  Nam  crelestis  aqua  ad  bibendum  om- 
nibus  antefeitur,  ut  et  si  lluens  adhiberi  possil,  quae 
salubris  non  est ,  lavacris  debeat  et  liortorum  vacare  cul- 
tur». 

.XVIII.  Cellam  vinariam  seplentrioni  debemus  habere 
oppositam  frigidam  ,  obsciiram  ,  vel  obscurae  proximam, 
longe  a  l)alneis,  slabulis,  furno,  sterquiliniis ,  cisternis, 
aquis ,  et  caeleris  odoris  lionendi  :  ita  instructam  neces- 
saiiis ,  nt  non  vincatur  a  fructu ;  sic  aulem  dispositam , 
ut  basilicae  ipsius  foima  calcalorium  loco  habeat  altiore 
constructum ;  ad  quod  interduos  lacus,  qui  ad  eicipienda 
viiia  hinc  inde  depressi  sint ,  giadibus  Iribus  fere  aut  qiia- 
tuor  ascendatur.  Ex  bis  lacubns  canales  striicti ,  yel  tubi 
fictiles  circa  extremos  parietes  currant,  et  siibjectis  laleri 
suodoliis  per  vicinos  mcatus  manantia  vina  defundant.  Si 
copia  majorest,  medium  spatium  cupis  deputabitur,  quas, 
ne  ambulacra  proliibeanl ,  basellis  altioi  ibus  imposilas , 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  L 

approclR'1-  librement.  Si  l'on  destine  au  eontraire 
uneniplacement  separe  aux  cuves,  cttemplaee- 
meut  sera,  comme  le  fouloir,  eleve  sur  de  peti- 
tes  estrades,  et  consolide  par  un  pave  de  terre 
cuite,  afm  que,si  une  cuve  vient  a  fuir  sans 
qu'on  s'en  apercoive,  le  vin  epanehe  ne  soit 
point  perdu,  mais  qu'il  soit  reeu  dans  la  fosse 
qui  sera  au  bas  de  ces  estrades. 

XIX.  Non-seulement  lesfjreniers  veulent  ab- 
solument  etre  du  cote  du  septentrion ,  mais  leur 
position  doit  encore  etre  tMevee,  cloigneede  toute 
humidite,  ainsi  que  du  fumier  et  des  etables  , 
fraiehe,  exposee  au  vent,  et  seche.  II  faut  aussi 
les  eonstruire  avec  toute  rattention  neccssaire, 
pour  qu'ils  ne  puissent  point  se  crevasser.  Oa 
couvrira  donc  a.  cet  effet  le  sol  entier  de  dallcs 
de  terre  cuitede  deux  pieds,  ouplus  petites,  que 
Ton  enfoncera  dans  un  niortier  de  briquc,  en 
guise  de  pave.  Apres  quoi  on  etablira  des  com- 
partiments  pour  lesdifferentes  cspecesde  grains, 
si  Ton  estdans  le  cas  d'esperev  des  recoltes  abon- 
dantes.  Si  au  contraire  la  sterilite  de  la  terre  ne 
promct  pas  de  grandes  recoltes ,  il  faudra,  ou  di- 
viser  la  totalite  desgreniers  pardes  cloisons  for- 
mees  de  claies,  ou  renfermer  la  recolte,  si  elle 
est  absolument  mince,  dans  depetits  paniers  d'o- 
sier.  Lorsque  les  greniers  seront  construits,  on 
enduira  leurs  murailles  de  marc  d'huik'  mele avec 
untorchisde  boue,dans  leciuel ,  au  lieu  depaille, 
on  fera  entrer  des  feuilles  d'olivier  sauvage  se- 
ches,  ou  dcs  feuilles  d'olivier  frane;  et  lorsque 
cet  enduitsera  sec,  on  lerecouvrira  encorede  lie 
d'huile,  et  onattendra  qu'elle  soit  seebee  pour  y 
serrer  le  ble.  Cette  prcparation  estutile  contreles 
charaiicons,  et  contre  lesautres  aniraaux  perni- 
cieuxaux  giains.  Quelques  persoimes  entremelenl 


avec  leble,  afuiqu'il  se  garde,  desfeuilles  de  co- 
riandre;  mais  il  n'y  a  rien  de  plus  favorable  a 
sa  conscrvation  quc  de  le  rafraichir  pcndant 
quelques  jours,  en  le  transportant  de  l'aire  dans 
un  autre  endroit  voisin,  poiir  ne  le  porter  que 
par  la  suite  au  grenier.  Columelle  pretend  qu'il 
ne  faut  pas  eventer  le  ble,  parce  qu'il  arrive 
de  la  que  les  animaux  penetrent  plus  facilcniput 
dans  le  tas  entier;  au  lieu  que  si  on  ne  Tagite 
pas,  ils  s'arretent  a  la  superficie,  et  n'y  penetrent 
pas  a  phis  d"une  palrae  de  profondeur;  de  sorte 
qu'ils  n'en  gatent  que  cette  espece  de  croute,et 
que  lo  reste  se  conserve  intact.  Le  meme  auteur 
assure  encore  qu'il  ne  peut  pas  s'y  engendrerd'a- 
nimaux  pernicieux  au  dela  de  cette  cpaisseur.  De 
rherbe  aux  moucherons,  seehe,  etendue  sous 
leblc,  lui  procure  une  longueduree,  a  ce  qu'assu- 
rent  les  Grecs.  Au  reste,  le  vent  du  Midi  ne  doit 
jamais  donnersur  les  greniers. 

XX.  Le  eelliera  rhuile  sera  expos6  au  midi  et 
protege  contre  le  froid,  de  facon  que  le  journ'y 
penetre  qu'a  travers  les  transparents  des  fenetres. 
Moyennant  cette  precaution,  le  grand  froid  n'y 
retardera  pas  le  travail  d'liivcr,  et  le  pressurage 
des  olives  s'y  trouvera  facilite  par  une  chaleur 
moderee,  sans  que  Thuile  fige  jaraais.  Cest  a 
fusage  que  l'on  a  robligation  de  la  forme  des 
trapetes,  des  roulcttes,  et  de  farbre  du  pressoir. 
Les  rccipients  de  riiuile  seront  toujours  propres, 
de  peur  que  la  nouvelle  n'y  contracte  un  gout 
de  rance  par  le  sejour  de  1'ancicnne.  Pour  plus 
de  sCirete,  on  pratiquera  sous  le  plancher  dcs  con- 
duits  de  chaleur,  dont  le  contact  purifiera  le  cel- 
lier  sans  furaee;  ce qui  n'est  pas  moinsa  rcdouter 
pour  la  couleur  et  la  saveur  du  fruit. 

XXL  Quoique  les  etables  des  chevaux  ou  des 


vel  supra  ol)riila  dolia  possumus  coUocarc  spatio  inter  se 
largiore  ilistantcs,  ut,  si  res  exigal,  curaiilis  Iransitus 
possit  ailiiiitti.  Quod  si  cupis  locum  suum  deputaljinius, 
is  locus  ad  calcatorii  similitudinem  podiis  brevibus  et  le- 
slaceo  paviniento  solidelur,  utefiam  si  ignorata  se  cupa 
iliffuderit,  lacu  subdito  excipiautur  iion  peritura  vina  quEe 
fluxerint. 

XIX.  Situs  borreorum  quaiiivis  ipsam  septentrionis  de- 
sideret  partem,  et  superior  ct  longe  ab  onmi  bumore  ct 
laetaniine  el  slabnlis  ponendns  est,  frigidus,  ventosus  et 
siccus  :  cui  providendum  structura!  diligcnlia,  iie  rimis 
possit  abrnmpi.  Solum  igitur  omne  bipedis  sternatur  vel 
minoribus  laterculis ,  quos  suffuso  teslaceo  pavimcnto  dc- 
bemus  imprimcre.  Tunc  divisas  cellas  (si  magnus  spera- 
bilur  seniiimm  modus)  gr.ino  ouiquc  trlbuemus.  Et  si 
terra;  pauperies  niinora  promitlit,  vel  craticiis  podiis erunt 
discernenda  granaria ,  vel  vimiueis  vasculis  leditus  tenues 
colligemus.  Sed  f.ictis  gianariis,  amurca  lulo  misla  parie- 
tes  linuntur;  cui  arida  olcastri  vel  oliva;  folia  pro  paleis 
adjiciunlur  :  quo  leclorio  siccalo,  rursus  amuica  resper- 
gitnr :  qua'  ulii  siciala  fniMil,  rnmicnta  coudentur.  Ha;c 
res  gurgulliiiiibiis  fl  cetiTls  iinxils  anlmalibus  inimicaest. 
^liqui  coriaudri  folia  Irunientis  ini.scent  ad  servandiim 


proriilura.  Niliil  tamen  diii  ciistndiendis  frumentis  com- 
modhiserit,  quam  si  ex  areis  in  alleruni  locuin  viciniim 
Iransliisa  relrigerentur  allquaiitis  dlebns,  alque  ita  Iior- 
reis  inferantur.  Negal  Columella  ventilanda  esse  frumen- 
ta,  quia  magis  mi.scenliir  aninialia  tolis  acervis.  Qiia;  si 
iion  moveantur,  in  summitale  intra  mcnsuraiu  palmi  siib- 
sislent,  et  hoc  velut  coirupto  corlo  cictera  iltesa  dura- 
bunt.  Asserit  idem,  noxia  auimalla  ultra  pr<ediclam  meu. 
surani  iion  posse  generari.  llerba  conyza  sicca  (ul  Graci 
asserunt)  substrata  frumentis,  addit  aetati.  Ah  Iiorreis 
tameii  auster  debet  esse  aversiis. 

XX.  Olearis  cella  meridianis  sil  objccta  partibiis ,  et 
conlra  frigiis  mniiita,  ut  illi  per  specularia  debeat  liiiiiin 
admilli.  Ita  et  operas,  qun^  bieme  rutur.^e  snnl,  iiullun 
algor  impediet  :  et  oleimi  cum  premetur,  adjulum  lepo- 
ribiis,  frigoie  non  valebil  astringi.  Trapctis,  cl  rotulis  et 
pixlo  nata  est  fornia ,  quam  consuetudo  dlctavit.  Hece- 
placula  olei  scmper  innnda  sliit,  ne  novos  sapores  infecla 
ve.teri  rancorc  corrniiipant.  At  si  quis  majori  (liligentiic 
stiidet ,  subjectis  liinc  inde  cnnicnlls  paviinenta  siispen- 
dat,  et  ignem  siiggeial  Ibrnace  succensa.  lla  piirus  calor 
ulei  cellam  sliie  liimi  nidore  vaporabit,  quo  saepe  infa- 
cliim ,  colore  currunipitur  ct  sapore. 


534 


PALLADIUS. 


boeiifs  doivcnt  etre  exposees  au  midi,  elles  doi- 
vent  cepeudant  avoir  aussi  du  cote  du  nord  des 
fenetresque  Ton  tiendrafermees  pendant  Thiver, 
atiu  qu'elles  n'iucommodent  point  ies  animaux, 
et  que  l'on  ouvrira  pendant  l'ete  pour  ies  rafrai- 
chir.  Ces  etables  seront  elevees  au-dessus  du  sol, 
pour  preserver  les  cornes  de  leurs  pieds  de  Thu- 
midite.  Les  boeufs  se  porteront  mieux  qunnd  ils 
seront  dans  levoisinage  de  l'atre,  et  qu'ils  ver- 
rout  la  lumiere  du  feu.  Huit  pieds  d'espace  suf- 
fisent  a  une  paire  de  bceufs  lorsqu'ils  se  tien- 
nent  debout,  et  quinze,  lorsqu'ils  sont  couches. 
Les  ecuries  seront  plancheiees  en  chene,  sur  quoi 
on  etendra  de  la  litiere,arm  que  les  chevaux 
aient  a  la  fois  une  couche  molle  sous  leurs  llancs 
et  un  sol  ferme  sous  leurs  pieds. 

XXIL  La  cour  sefendra  vers  le  midi ,  et  sera 
exposee  au  soleil,  afln  que  la  chaleur  s'y  fasse 
sentir  plus  aisement  pendant  Ihiver  aux  ani- 
maux  qui  la  frequenterout.  II  faudra  aussi ,  pour 
moderer  la  grande  chaleur  de  Tete,  preparer  a 
ces  aniraaux  des  cspeces  d'auvents  fabri(iues  de 
fourches,  d'ais  et  de  feuillages,  et  couverts  de 
bardcaux  ou  de  luiles,  si  Ton  en  a;  sinon,  de 
glaicul  ou  de  genet,  ce  qui  simplifie  la  peine  et 
la  depense. 

XXIII.  U  faut  menager  des  retraites a  la  volaille 
vers  rextreraite  des  murs  de  la  cour,  parce  que 
la  lieute  est  tres-necessaire  en  agriculture,  a 
rexceptioQ  de  celle  des  oies,  qui  est  contraire  a 
toute  vegetation.  Quant  aux  autres  oiseaux ,  il 
leur  faut  necessairemeat  des  asiles  pour  chaque 
espece  en  particulier. 

XXIV.  Le  colombier  peut  elre  place  au  haut 
d'une  tourelle,  dans  le  corps  de  logis  du  proprie- 
taire.  Les  murailles  en  seront  lisses  et  blanchies, 

XXI.  Slabula  eqiioriini  vel  boiini ,  niericiianas  qnidem 
plagas  respiciant,  non  tamen  egeant  a  septentrione  lumi- 
nibus ,  qu<e  per  hienieni  clausa  niliil  noceant ,  per  ipsta- 
lem  patefacta  refrigerent.  Ipsa  stabnla  propter  iingulas 
aniniaiium ,  ab  omni  huniore  suspensa  sint.  Bovcs  niti- 
diores  lient,  si  focum  pioxime  habeant,  et  ignis  lumen 
intendant.  Octo  pedes  ad  spatium  standi  singulis  boum 
paribus  abundant ,  et  in  porrectione  xv.  Planc<e  roborese 
supponantur  stationibus  equorum  cum  stramine  ut  jacen- 
tibus  molle  sit,  stantibus  durum. 

XXII.  Cors  ad  nieridiem  pateat,  et  objecta  sit  soli ,  quo 
facilins  hieme  aliqueni  leporem  concipial,  propter  ea  qua: 
insunt  animalia,  quibus  etiam  ad  jcstatis  temperandum 
(•alorem  porticus  furcis,  asseribus,et  fronde  formaii  de- 
bent,  quai  vel  scandulis,  vel  (si  cnpia  suppetit)  tegulis, 
vel  (si  facilius  et  sine  impensa  placuerit)  tegentur  carici- 
bus  aiit  genistis. 

XXIII.  Circa  parietes  cortis  extremos  aviaiia  facicnda 
sunt,  quia  sterrus  avium  maxime  necessarium  est  agri- 
culturiE ,  excepto  anseruni  Ifptamine ,  quod  satis  omnibus 
iniinicum  est.  Sed  habilacula  caeterarum  avium  maxinie 

..necessario  sunt. 

XXIV.  Columbarium  vero  potest  accipere  sublimis  una 
tunitula  in  pra-torio  constituta,  levigatis  ac  dealbatis  pa- 


et  on  y  pratiquera,  suivant  Tusage ,  sur  les  qua- 
tre  cotes  de  tres-petites  fenetres,  par  ou  les  pi- 
geons  ne  puissent  entrer  et  sortir  qu'un  a  un.  Les 
nids  seront  faconnes  sur  les  murs  memes  dans 
rinterieur  du  colombier.  Les  pigeons  seront  en 
siirete  contre  les  fouines,  pour  peu  que  Ton  jette 
parmi  eux  des  branches  d'arbrisseau  raboteuses 
et  degarnies  de  feuilles,  ou  une  vieille  bottine 
de  geuet  qui  auraservi  a  chansser  des  animaux , 
et  pourvu  que  celui  qui  Tapporte  soit  seul,  et 
n'ait  ete  vu  par  personne.  II  n'en  mourra  ni  ne 
s'eu  perdra,  pour  peu  qu'on  ait  soin  d'attacher  h 
chaque  fenetre  uu  paquet  quelconque  de  la  corde 
oudes  liens  d'un  pendu.  Ils  y  ameneront  d'autres 
pigeons  lorsqu'on  les  nourrira  assidiiment  de 
curain,  ou  qu'on  leur  humectera  le  gousset  de 
Taile  avec  du  baume.  Ils  pondront  frequem- 
ment,  lorsqu'on  leur  donnera  souventa  manger 
de  iorge  grillee,  ou  des  feves,  ou  de  Ters.  Aa 
reste,  il  suffira,  pour  trente  pigeons  jouissant  de 
leur  iiberte,  de  trois  scvtur/i,  soit  de  ble,  soit 
de  criblures,  par  jonr,  pourvu  qu'on  leur  donne 
de  Ters  peudant  Thiver  pour  favoriser  leur  ponte. 
II  faut  suspendreen  plusieursendroitsdu  colom- 
bier  de  petites  branches  de  rue,  pour  ecarter  les 
animaux  qui  leur  sont  nuisiblcs. 

XXV.  Au-dessous  du  colorabier  seront  prati- 
quiiesdeuxcellules,  dont  Tune,  etroite  et  obscure, 
servira  a  loger  deslourterelles.  Ces  oiseaux  sont 
tres-aises  a  nourrir,  puisqu'il  leur  sufrtt  d'avoir 
toujours  pendant  Tete ,  seulesaison  ou  ils  engrais 
sentcorarae  ilfaut,  du  bleou  du  milletdetrempe 
dansde  rhydromel.  Un  semo/lius  AcceUe  man- 
geaille  sufflt  par  jour  pour  cent  vingt  tourterel- 
les;  mais  leur  eau  doit  etre  frequemment  renou- 
velee. 

rictibus,  in  qiiibus  a  quatuor  partibus ,  siciit  nios  esl, 
feneslelte  brevissimae  fient,  ut  columbas  solas  ad  introi- 
tum  exitumque  perniittant.  Kidi  ligurentur  interins.  A 
niustelis  tulie  fient,  si  inter  eas  frutex  viigosns  sine  foliis 
asper,  vel  vetus  spartea  projiciatur,  qua  animalia  calcean- 
tur,  ut  eam  secreto  non  videntibus  aliis,  unus  atlulerit. 
Non  pereunt,  neque  locum  deserunt,  si  peromnes  feues- 
Iras  aliquid  de  strangulali  hominis  loro,  aut  vinciilo,  aut 
fune  suspendas.  Inducunt  alias,  si  ciimino  pascantur  assi. 
due,vel  setosi  hirci  alarum  balsami  liquore  tangantur. 
Ftftus  frequentant ,  si  liordeum  torrefactum  ,  vel  fabam, 
vel  ervum  sa^pe  consumant.  Triginta  autem  columbis  vo- 
lantibus  diurni  ties  sextarii  tritici  suflicicnt,  aut  cretura!, 
ita  ut  ervum  foetus  gratia  meusibus  praelicamus  hibernis. 
liulM  ramulos  pluribus  locis  oporlct  contra  animalia  ini- 
mica  suspendere. 

XXV.  Sed  columbarii  cellae  duo  subjecta  cubicula  fiant. 
Unum  breve ,  et  prope  obscurura ,  qiio  tui  tures  claudl 
possint,  quos  nutiire  facillimum  est.  Nam  nihil  expetunt, 
nisi  nt  aestate,  qua  sola  maxime  pinguescunl,  triticuin 
vel  niilium  mulsa  maceraluni  semper  accipiant.  Semodius 
unus  diurnus  centum  viginti  turturibus  siifficit.  Aqua  sane 
cis  frequenler  mundior  debet  olfeni. 

XXVI.  Aliud  vero  cubiculum  luidos  nulrjat.  Qui  si 


DE  L-AGRICULTURE,  LIV.  L 


XXVL  L'autre  cellule  servira  a  nourrlr  des 
grives.  En  engraissant  ces  oiseaux  pour  le  temps 
oii  iis  sont  raaiiires  en  ctat  de  nalure,  on  en  fuit 
un  excellent  manf^er,  et  lon  en  tireun  tres-bon 
produit,  car  le  luxe  met  du  prix  aux  raretes.  II 
faut  que  cette  eellule  soit  propre,  eiaire,  et  bien 
polie  partout;  on  y  lichcra  des  perches  en  tra- 
vers,  sur  lesquelles  ces  oiseaux  pourront  se  re- 
poser,  et  qui  les  erapechcront  de  voler.  On  y 
mettra  aussi  des  brancliages  verts  que  Ton  chan- 
gera  souvcnt.  On  donnera  avec  profusion  a  ces 
oiseaux  des  figues  seehes  pilees  avec  de  la  fleur 
defarine;  et  pour  prevenir  ledegoiit,  on  leur 
donuera  de  temps  en  temps,  si  on  est  a  portee 
de  le  faire,  de  lagraine  de  myrte,  de  lentisque, 
d'oIiviei;sauvage,  de  lierre,  d"arbousier,  et  sur- 
tout  de  leau  propre.  On  les  renferraera  au  mo- 
ment  qa'ils  auront  ete  pris,  pourvu  qu'ils  ne 
soient  point  blesses,  et  Ton  mettra  parmi  eux 
d'autres  grives  que  Ton  aura  elevees  precedem- 
ment,  et  dont  la  compagnie  consolera  leur  eap- 
tivite,  et  les  encouragera  a  prendre  de  la  nour- 
riture. 

XXVn.  II  n'y  a  point  de  femme,  poiir  peu 
qu'elle  soit  intelligente  ,  qui  ne  sache  elever  des 
poules.  II  suCfira  dobservcr,  touchaut  ces  ani- 
inaux ,  qu'il  leur  faut  du  fumier,  de  la  poussifere 
et  de  la  cendre.  Les  poules  doivent  etre  prefe- 
rablement  noires  ou  dorees,  mais  on  se  gardera 
d'en  avoir  de  blanches.  Le  raisin  les  rend  steri- 
les.  L'orge  a  demi  euite  les  fait  au  contraire 
pondre  souvent,  et  leur  fait  donner  de  plus  gros 
oeufs.  Deux  cijathi  d'ori;e  sont  suffisants  pour 
nourrirune  poule  quia  la  libertedecourir.  Quand 
on  donne  des  reufs  a  couver  aux  poules,  il  faut 
toujours  les  leur  donner  en  nombre  impair  ,  et 
dans  letemps  que  la  lune  croit,  c'est-a-dire  ,  de- 
puis  son  dixierae  jour  jusqu'a  son  quinzieme. 
II  arrive  assez  souvent  qu'elles  sout  incommo- 


dees  de  la  pepie ,  qui  couvre  rextrcmitd  dc  lcur 
langue  d'une  pellicule  blanche ;  auquel  cas  on 
arrache  lcgerement  cette  pellicule  avec  les  on- 
gles,  et  Ton  mct  de  la  cendre  sur  la  plaie;  apres 
quoi,  lorsqu'elle  est  nettoyee,  on  y  exprime  du 
jus  d'ail  broye.  On  peut  aussi  leurfourrer  dans  lc 
gosier  nne  gousse  d'ail  broyee  daus  de  rhuile. 
II  cst  encore  bon  de  meler  contiuuellenient  dc 
rherbe  aux  poux  daus  leur  nourriture.  S'il  leur 
arrive  de  manger  des  lupins  amers,  on  en  voit 
aussitAt  la  grainc  paraitre  sous  leurs  ycux ;  et  cu 
serait  assez  pour  les  faire  mourir,  si  on  ne  Tcn 
retirait  pas,  en  leur  percant  legerement  la  peau 
avec  une  aiguille.  Apres  cette  operation,  on  leur 
bassine  exterieuremeut  Ksyeux,  soitavec  du  jus 
de  pourpier  et  du  lait  de  femme ,  soit  avec  du  sel 
ammoniac  mele  en  parties  egales  avec  du  micl 
et  du  cumiu.  1'our  lcur  oter  la  vermiuc,  on 
prend  de  rherbe  aux  poux  ct  du  cumiu  grille  cti 
parties  egales,  que  ron  broie  euserable  daus  du 
vin  trenipe  avcc  de  Teau  dans  laquelle  on  aura 
fait  bouillirdes  lupins  amers  ;  et  oq  Ics  fomente 
avec  le  tout  de  facon  a  ce  que  la  friction  pene- 
tre  jus(iu'a  la  racine  de  ieurs  plumes. 

XXVIII.  II  est  tres-aise  de  nourrir  des  paons , 
a  moins  ([ue  Ton  n'ait  a  craindre  les  voleurs,  ou 
lescspecescinicmies  de  ces  volatiles.  Ilstrouvent 
communcment  eux-m(}mes  leur  nourriture  et 
celle  de  leurs  petits  en  errant  dans  les  champs, 
et  se  perchent  le  soir  sur  les  plus  hauts  arbrcs. 
II  n'y  a  qu'une  attention  a  avoir  a  leur  egard , 
qui  consiste  a  sauver  du  renard  les  femelles  qui 
couvent ,  ce  qu'elles  font  ordinairement  dans  les 
charaps.  Aussi  a-t-on  meilleure  chaiice  a  les  ele- 
ver  dans  de  petitcs  iles.  Cinq  fcmelles  suffisent 
a  un  mflle.  Les  niAles  cassent  lcurs  oeufs  et  per- 
secutent  leurs  petits,  comnie  s'ils  u'en  etaient 
point  les  percs,  iusqu'a  ce  que  la  crete  qui  lcs 
distingue  des  autres  oiseaux  leur  soit  venue.  IIs 


alieno  tempore  sagiiieiitur,  et  voliiptatem  cibi ,  el  reditum 
maximum  praeslant,  parcitati  benelicium  ministiantc 
luxuiia.  Slt  autem  locus  mimrius  ol  luciilus,  et  uiiiiii|iie 
lcvigatiis.  Transveisio  in  lioc  pcitica'  liRuiitur,  qiiihiis 
possint  post  inclusiim  volatiiin  scdere.  Ranii  eliani  viiides 
saepe  niiilenliir.  Caiicaelunsa;  mislis  pollinibus  largissime 
pra>beantur.  Myrli  eliani,  si  laciiltas  cst,  lenlisci,  olea- 
stri,  edeiK,  arlnili  srinina  inlerdiim  ad  exclndenda  fasli- 
dia,  et  maxiiiie  aipia  iniinda,  piabealiir.  Claiidanfur 
ilhtsi  el  recenlLc  capli,  inislis  aliqnibus  aule  nutiitis, 
quorum  socielate  ad  capiendos  cibos  pavidain  no^a;  eapti- 
Titatis moestitudinem  consoleiitur. 

XXVII.  Gallinas  ediicarc  nulla  niiilicr  nescil,  quae  mo<lo 
videatur  iudustria.  Hoc  de  liis  pra!cepisse  sufliciat,  ut 
limo,  pulvere  iit.intur,  elcincre.  Sint  prKcipue  nigra^aut 
flavi  coloris,  [sed]  alb,Te  vilenlur.  Vinacea;  ciho  steriles- 
cunt  :  ordeo  sen-.icocto  ct  parerc  saepc  cogiinliir,  et  red- 
dunt  ova  majora;  duol)us  c.jalliisordei  bcne  pasciliir  iina 
gallina,  qua;  sit  vaga.  Siipponenda  snnt  bis  scmper  ova 
nuuK'10  iinjiari,  luna  cresccntc,  a  dccima  usipie  iii  qnin- 


lamdecimam.  Pituila  bls  nasci  solet,  qua;  alba  pelliciila 
lingiiain  vestlt  exlieinam.  Ha^c  leviter  unguibus  vellilur, 
et  lociis  (incrc  laiigitur,  et  allio  tiito  plaga  mundala  cons- 
pergllnr.  Item  allli  iiilca  trita  cum  oleo  taucibus  inseii- 
liii  :  stapliis  agrla  cllain  prodest ,  si  cibis  misccaliir  assi- 
duc.  Si  amaruin  Uipinuni  comedant,  sub  oculis  illis  grifna 
ipsa  piocedunt.  (iua!  nisi  acu  leviler  apertis  pelliculis 
aiiferaiilur,  cvlinguunt.  Oculos  portiilaca;  sutco  forinsc- 
ciis,  ct  miilieris  l.icte  ciiiemus,  vel  .Aininoniaco  sale,  ciii 
inel  el  cyniinnin  a>quale  niiscentur.  1'cdlculos  caruin  pc- 
riinit  slapbis  agria,  ct  lorrelactuin  cyminnin  pari  ponderu 
et  pariter  lunsa  cum  vino,  ct  amari  lupini  aqiia  si  pene- 
tret  sccieta  pennaruin. 

XXVIII.  1'avones  nutrire  facillinium  csl,  nisi  fures  aut 
animalia  inimica  formidcs;  qiii  plenimque  per  a^ros  va- 
gantes  spontc  se  pascunt,  pullosqiic  educant,  et  allissi- 
mas  vespere  arbores  pclunt.  Tna  [vcro]  liis  cura  dcbetiir, 
nt  incubantcs  pcr  agnini  fuminas ,  qiiae  boc  passim  fa- 
cinnt,  a  vulpe  custodias.  Ideo  in  insulis  brevibus  nicliori 
sorte  nuliiiiiitur.  t"iil  masciilo  foniina;  quinquc  suflii liinl. 


PALLADIUS. 


comnienceut  k  dU-e  eu  chaleur  aux  ides  de  fe- 
vrier.  Des  feves  iegercmeut  grillees  les  exei- 
tent  a  l'amour,  pourvu  qu'on  Ils  leur  donnetic- 
des  tous  iescinq  jours.  II  suffira  d'en  donnersix 
cyathi  a  cliaque  paon.  Toutes  les  foisque  lemaie 
recourbe  aulour  de  son  corps  la  queue  brillante 
dont  il  est  revetu,  et  qu'd  etalel"extremitedeses 
plumes  garnies  d'yeux,  en  courant  et  eu  je- 
tant  un  cri  aigu,  c'est  une  preuve  qu"il  desire  la 
femelle.  Si  Ton  faitcouver  des  oeufs  de  paonnesa 
des  poules ,  les  meres  que  Ton  exeraptera  par  la 
de  couver  pourront  pondre  trois  fois  par  an.  Leur 
premiere  ponte  est  communementde  cinqceufs, 
la  seconde  de  quatre,  et  la  troisieme  de  trois  ou 
de  deux.  Maisquand  on  suit  la  methode  de  faire 
couver  des  oeufs  de  paonnes  par  des  pouies,  il 
faut  des  poules  de  choix.  On  leur  donnera  neuf 
oeufs  a  couver  pendant  neuf  jours,  a  dater  de 
celui  ou  la  lune  coniraencera  a  croitre,  savoir, 
ciuq  de  paonnes ,  et  les  autres  de  poules.  Le 
dixieme  jour  on  retirera  tous  les  oeufs  de  poules, 
et  on  en  remettra  autant  de  nouveaux  ,  alin  que 
ces  derniers  oeufs  de  poules  puissent  eclore  avee 
ceux  de  pnonnes  au  trentierae  jour  de  la  iune  , 
c'est-a-dire  ,  trente  jours  pleins  apres  le  depot 
des  premiers.  Onaura  soin  de  retourner  souvent 
avec  lamain  les  oeufs  de  paonnes  qui  seront  sous 
)es  poules,  parcequecelles-ci  auraientdela  peine 
h  s'acquitter  elles-memes  de  cc  soin.  On  lesmar- 
quera  aussi  d'un  cote ,  pour  se  rappeler  qu'on 
lesaura  retournes  successivement.  II  faut  cepeu- 
dant  choisir  pour  cette operation de  tresgrandes 
poules,  parce  que,  si  elles  etaient  petites  ,  il  fau- 
drait  leur  donner  moins  d'ocufs  aeouver.  Si  Ton 
veuttransporter  lespaonneauxeclossousplusieurs 
pouies  aupres  d'une  seule  qui  leur  servirade  nour- 


rice,  Columelle  pretend  qu'il  suffit,  dansce  cas, 
de  lui  er:  donner  vingt-cinq  :  pourmoi,il  me 
sembie  que ,  si  Ton  veut  qu'ils  soient  bien  eleves, 
il  suffit  de  lui  cn  donner  quinze.  On  donuera  les 
premiers  jours  aux  paonneauxde  la  farined'orge 
arrosee  de  vin ,  ou  une  bouillie  de  quelque  subs- 
tauce  vegetale  que  ce  soit.  On  y  ajoutera  par  la 
suite  des  poireaux  haches  ,  ou  du  froraage  nou- 
veau  qui  soit  bien  egoute,  parceque  le  pctit  lait 
leur  est  eontraire.  On  peut  aussi  leur  donner  des 
sauterelles  auxc(uelles  on  aura  arrache  les  pattes. 
Cest  ainsi  qu'il  faut  les  nourrir  jusqu"a  Tcige  de 
six  mois  :  passe  ce  temps  ,  on  pourra  leur  donner 
habituellement  de  Torge.  Cependant  on  peut  les 
envoyer  en  toute  surete  aux  champs  des  le  trente- 
ciuquieme  jour  apres  leur  naissance,  pour  y  cher- 
cher  leur  pature  daus  la  compagniede  leur  nour- 
rice ,  qui  les  rappellera  a  la  metairie  par  ses 
glousseraents.  On  les  traite  pour  la  pepie  et  les 
exces  de  nourriture  de  la  merae  maniere  que  les 
poules.  Cest  un  temps  de  crise  pour  eux  lorsque 
leur  crete  commence  a  pousser  ,  car  ils  sont  alors 
en  langueur,  ni  plus  ni  moins  que  les  enfants 
dans  le  temps  que  leurs  petites  dents  travaillent 
a  percer  leurs  gencives  gonflees. 

XXIX.  II  faut  avoir  soin ,  quand  on  veut  ele- 
ver  des  faisans ,  d"cn  avoir  de  jeunes  qui  puissent 
etre  fecoiids,  c'est-a-dire  de  ceux  qui  seront  nes 
rannee  precedente ,  parce  que  les  vieux  ne  peu- 
vent  jaraais  l"etre.  Les  faisans  reeherchent  la  fe- 
raelle  au  moisde  mars  ou  daMil.  Deux  femelles 
sufllsent  a  uu  male ,  cet  oiseau  etant  moins  laseif 
que  les  autres.  Les  feracllcs  pondent  une  fois  par 
an.  Leur  poute  se  reduit  ordinairement  a  viugt 
(Eufs.  Les  poules  couveront  ces  oeufs  mieux  que 
les  taisanes  clles-memes,  pourvu  queutre  Ics 


Masculi  ova  et  pullos  suos  persequuntnr  velut  alienige- 
nas,  priusqnam  illis  cristaruni  nascatur  insigne.  Ab  idib. 
Febrnariis  calere  incipinnt.  Faba  leviter  torrelacla  in  libi- 
diuem  provocantur,  si  eis  quinto  quoque  die  tepida  pr.ie- 
beatur.  Sex  cyatlii  uni  sufficiunt.  Cupidinem  coeundi 
masculus  conlitetur,  quoties  circa  se  amictum  caudoe 
gemmantis  incurvat,  et  singularum  capita  oculata  penna- 
rum  locis  suis  exerit  cum  stridore  procurrens.  Si  ova  pa- 
vonum  gallinis  supponantur,  excusala;  matres  ab  incuba- 
tione  tribns  vicibus  per  aimum  f«tus  edunt.  Primus  partus 
quinque  ovoruni,  secundus  quatuor,  terlius  trium  vel 
«luorum  csse  consuevit.  Sed  electK,  si  hoc  placueiit,  nu- 
tiices  gallin*  sint,  qua?  a  primo  incremento  lim.ic  novem 
diebus  liabeant  novem  ova  supposita,  qiiinque  pavonina, 
et  coelera  sui  geneiis.  Decinia  die  [ova]  omnia  gallinacea 
subtiahantur,  et  alia  item  gallinacea  totidem  recentia  sup- 
ponantur,  [quot  ablata  sunt,]  ul  Uigesiina  luna,  boc  est 
expletis  triginta  diebus,  possint  cuni  pavoninis  ovis  ape- 
riri.  Ova  autem  pavonum.qua!  gallince  subjecta  sunt, 
sa^.pe  manu  converlanlnr,  quia  lioc  ipsa  facere  vix  vale- 
bit.  Unam  paitem  ovi  notabis ,  ut  te  subiiidc  convcrlisse 
cognoscas.  Majores  lamen  gallinas  oportet  eligere;  nam 
piinoribus  pauciora  suppones.  Natos  [aiitem  pullos]  si  ad 


unam  transferre  a  pluribus  velis,  dicit  Columella  uni  nu- 
trici  viginti  quinque  suf/icere.  Mibi  vero,  ut  bene  ediui 
possint,  videntur  qulndecim  satis  esse.  Piimis  diebus  far 
ordei  conspcisum  vino  pullis  dabitur,  vel  undecunque 
cocta  pulticula  et  refrigerata.  Postea  adjicietur  pornira 
concisum ,  vel  caseus  recens,  sed  expressus  :  nam  serum 
pullis  nocet.  Locusliie  efiam  pedibus  ablalis  piiiebentur. 
lla  pascendi  sunt  usque  ad  sevtum  mensem.  Oeinde  or- 
dciim  poteiis  pr.Tbere  solennitcr.  Trigesimoqiiinfo  tamen 
die  postquam  nati  sunt,  eliam  in  agrum  tulo  ejici  possunt 
comitante  nutrice  pascendi,  cujus  singultu  revocanturad 
villani.  Piliiilas  vern  ct  cnidilales  iis  romediis  subraove- 
bis,  ijiiiiiii^i;,ill:n;i  i  iii.ilur.  Vl.i\iiiiiiiii  illi>  periculum  est, 
cum  iiK'i|iil  rii^la  [iiihIih  i  :  iiaiii  ]ialiiiiitiii'  ianguores  in- 
fantum  similitudiiie ,  cum  iliis  tunieules  giugivas  dentinili 
aperire  nitimtur. 

XXIX.  In  phasi.anis  nutriendis  boc  servandum  est,  iit 
novelli  ad  crcandos  firtns  parentiir,  id  est  qui  auno  supe- 
liore  sunt  editi  :  veteres  enim  lcccundi  esse  non  possunt. 
Ineunt  fceminas  mense  Marlio  vel  Aprili.  Duabus  unus  ^ 
masculus  suflicil,  quia  CTeleras  aves  salacilafe  non  aequant. 
Semel  in  anno  lcctiis  creaiU.  Viginti  ferc  ovis  pariendi 
ordo  concUiditur.  Gallinse  his  inelius  incubabunl,  ita  ul 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  L 


oeufs  que  ron  ilonnera  a  couvev  a  une  poule  il  n'y 
en  ait  que  quinze  de  faisanes,  et  que  les  autres 
soient  de  poules.  On  observeia,  quant  a  la  lune 
et  aux  jours,  ce  que  iious  avons  prescritpar  rap- 
portaux  autres  volailles.  Les  petits  ccloront  le 
trentieme  jour  de  rincubation.  On  lcs  nourrira 
pendant  quinze  jours  de  farine  d'or2;e  bouillie  et 
tiede,  arrosce  de  quelques  gouttes  de  vin.  Par 
la  suile  on  leur  donnera  du  froment  concasse, 
dessauterelles  etdes  a'ufs  de  fourmis.  II  est  cons- 
tant  qu'il  faut  les  enipecherd"approcherde  Peau, 
si  l'on  ne  veut  point  que  la  pepie  les  fasse  perir. 
Sils  vienuent  a  Tavolr ,  on  leur  frottera  habituel- 
lement  le  bec  avec  de  Tail  broye  dans  de  la  poix 
liquide,  ou  bien  on  extirpera  le  mal  par  le  mcine 
procede  que  pour  lcs  poules.  La  methode  pour 
les  engraisser  consiste  a  les  renfermer  pendant 
trente  jours  ,  et  a  leur  donner ,  pendant  tout  le 
temps  de  leur  reclusion,  un  modiux  de  farine  de 
froment  petrie  en  tres-petites  bouleltes;  ou ,  si 
Ton  veiit  leur  donner  de  la  farine  d'orge ,  il  en 
faudra  uu  modius  et  demi  pour  les  engraisser 
completement  pendant  le  temps  quenousvenons 
de  prescrire.  ^eaumoins,  il  faut  avoir  soin  que 
les  boulettes  qu"on  leur  introduira  dans  le  gosier 
soient  graissees  d'huilc ,  de  crainte  qu'elles  ne 
s'arretent  a  la  racine  de  leur  laugue ,  ce  qui  les 
feiait  perir  sur-!e-champ.  On  aura  aussi  la  plus 
grande  attention  a  ne  leur  pointdonucrde  man- 
geaille  nouvelle  avant  qu'ils  aient  digere  Tan- 
cienne,  paroe  qu'ils  suecombent  tres-facilement 
aux  indigestions. 

XXX.  Sans  hcrbeet  sans  eau,  les  oies  ne  pro- 
fitent  guere.  Cet  oiseau  est  pernicieux  aux  ter- 
rainsensemences,  parcequ'il  nuit  autant  aux  .«e- 
mences  par  sa  morsure  que  par  sa  fieiite.  On  tire 
un  revenu  de  ses  petits  et  de  ses  plunies,  que  Ton 


arrache  dans  Tautomne  et  au  printemps.  Trois 
femelles  suffisent  a  uu  m&\e.  S'il  n'y  a  pas  de  ri- 
viere  dans  rendroit  oii  on  les  clevc ,  on  leur  fcra 
une  inare  d'eau  ;  et  si  ron  inanque  d'herbes,  on 
scmerapour  leur  nourriture  du  trefle,  du  fenu- 
gree,  de  la  chicoree  sauvage  et  de  petites  lai- 
tues.  Les  oies  blanches  sont  les  plus  fecondes; 
les  melangees  ou  les  brunes  le  sont  moins ,  parce 
qu'elles  ont  passe  du  genre  sauvage  a  Tetat  de 
domesticite.  Elles  couventdepuis  les  calendes  de 
mars  jusqu'au  solstiee  d'ete.  Elles  pondront  da- 
vantage  si  Ton  prend  dfs  poules  pour  couver. 
INous  permettons  cependant  aux  meres  desor- 
mais  hors  d'age  d'elever  les  petits  de  leur  der- 
niere  ponte.  Lorsqu'elles  Svint  pietes  a  pondre, 
on  les  conduit  a  leur  logette ;  et  pour  peu  qu'im 
Tnit  fait  une  seule  fois,  elles  conserveront  Iha- 
bitude  d'y  aller  d'ellcs-memes.  On  fait  couver 
aux  poiiles  desoenfsd'oies  de  meme  que  desocufs 
de  paonnes  ;  mais  on  met  des  ortics  sous  ceux 
d'oies,  de  peur  qu'ils  ne  soieiit  endommages.  II 
faut  nourrir  les  oisons  dans  leur  logctte  les  dix 
premlcrs  jours  apres  lcur  naissance.  Passe  ce 
temps ,  on  pourra  les  en  faire  sorlir  par  un  temps 
screin,  pour  les  raener  dans  des  cndroits  ou  il 
n'y  ait  point  d'orties,  parce  qu'ils  en  redoutent 
les  piquants.  Ou  les  engraisse  tres-bien  a  TAge  de 
quatre  mois,  parce  qirils  engraissent  mieux 
quand  ils  sont  dans  un  age  tendre.  On  leurdon- 
nera  a  cet  effet  de  !a  bouillie  trois  fois  par  jour. 
On  les  enipeehera  de  circuler,  en  ies  renfcrmant 
daos  un  lieu  obscnr  et  chaud.  En  suivant  cctte 
methndc,  les  plus  vicilles  nieine  engraisseiont 
en  dcux  mois,  ear  les  jeunes  souvent  sont  gras- 
ses  des  le  trcnticinc  jour.  On  les  engraissera  cn- 
corc  niieux  en  leur  donnant  du  niillet  trempe 
dans  de  Teau ,  tant  qu'elles en  voudront.  On  peut 


qiiindecim  pliasianina  ova  niitrix  nna  cooperiat,  [et]  cav 
teia  sni  generis  siipponantur.  In  snpponenilo  de  luiia  et 
diebns  qua;  sunt  in  aliis  dlcta  scrvenlur.  Tri^esinius  dles 
inaturos  pullos  in  luinea  cniitlet.  Scd  pcr  i|nindcciin  dies 
discocto  ac  rclVigcrato  leviter  ordci  farre  pascentur ,  ciii 
vini  iinber  asiiersitur.  1'ost  triticiim  IVactum  piaibebia  ct 
locuslas  et  ova  forinica».  Sane  ab  aqua;  probibcaiilui'  ac- 
cessu,  ne  eo.s  pitiiila  concliidat.  Qiiod  si  pitnitam  palien- 
tur  pbasiani,  allio  (iini  pice  liquida  trilo  ro.stiacorum  de- 
bcbis  assiduus  pcrliicare,  vel  vitiuin,  sicut  gallinis  licri 
consucTit,  anferre.  Saginandi  lia^c  ratiocst,  ul  unius  nio- 
dii  trilicea  laiina  in  brevissimas  olfulas  redacta  claiiso 
pbasiano  per  x\\  dies  niinisliata  sulliciat :  vel,  si  oidea- 
ceain  I.Liinani  prabere  volneris,  uiiius  el  scmissis  inodii 
fariiia  per  pixiliiliis dies  sa{>inam  replcbil.  Obser\aiidnm 
sane  est,  iit  offiila;  ipsoe  oleo  levigentui-  as|ieiso,  et  ita 
inserantur  faucibus,  iie  sub  innma  lingiiie  parle  mcigan- 
tnr  :  quod  si  evcncrit,  slatim  pereunt.  Illud  qiinqne  ma- 
gnopere  curemus,  ne  prifbeaiitnr  nova  aliinenla ,  nisi 
digestis  aliis;  quia  eos  lacillime  onus  cibi  liaerentis  ex- 
lingiiit. 
XXX.  Anser  satie  ner  sinclierba,  nec  sinc  aqua  facilc 


snslinetur  :  locis  consilis  iniinicus  est ,  quia  .sala  et  morsu 
laedit  et  slercoro  pi)lliiit  :  pullos  pra;sUit  et  plunias,  quas 
el  aulnnino  vellamns  ct  veie.  Uui  masculo  tres  la-miua; 
sulliciant.  Si  desit  llnvius,  laciina  fornietnr.  Si  licrba  non 
snppetit,  Irilolium,  fipnum  Gneciim,  agrestiainliiba,  lac,- 
tucnlas  screiniis  aliniento.  Abbi  luicundiorcs  siiiit;  varii 
vel  fiisci ,  iiiinus  :  qiiia  de  agresti  genere  ad  doincsticiini 
tiansierunt.  Incnbant  a  calcndis  Martii  usque  ad  astivuiu 
solsliliiim.  rlus  parient,  si  gallinis  ova  supponas.  Extre- 
mum  parliim  matribus  jam  vacaturis  cducare  perniilti- 
nins.  1'aiiliira!  ad  barain  perdncantur.  Cuiii  scnicl  lioc 
feceris,  consiielndinem  sponte  relinebunt.  Gallinis  sieut 
(lavonina  etiam  ansiiis  ova  siipponas.  Scd  anseiina ova ne 
noceantnr,  suppusili^  Milijn  i.iliir  iirlica.  Parvi  seniine  pa- 
paveris  piimis  dei  ciii  diiliiis  Inliis  pasccndi  sunt,  poslea 
sei eno  eos poleriimis  ediiici e ,  iibi  urlica  non  fuerit ,  ciijns 
aeuleos  formidant.  Qiiatnor  incnsiiim  bene  saginantur  : 
iiam  meliiis  pingiiescunt  in  teiiera  retate.  Poleiila  dabitur 
iii  die  ter.  Large  vagandi  licentia  probibetiir.  I.oco  obscuro 
claudentiir  et  calido  :  sic  majore.s  ellani  seciiiiilo  iihiim' 
pinguesciint.  ISam  parviili  .sa'pe  dle  ti  igesimo.  Saglnaiilin 
nielius,  si  ad  s»lielatem   niiliuin  pwbeamus  inliiMiin. 


PALLADIUS. 


meler  toutes  sortes  de  legumes  dans  leur  nour- 
riture  ,  a  rexeeption  de  Ters.  II  faut  aussi  preu- 
dregarde  que  leurs  petitsn'avalent  des  poils  d"a- 
nimaux.  Les  Grecs,  pour  engraisser  les  oies, 
font  detremper  dans  de  Teau  chaude  deux  par- 
ties  de  gruau  et  quatre  parties  de  son,  et  leur 
donnent  decette  nourriture  a  discretion.  Ils  fa- 
cilitent  aussi  leur  engrais  en  les  faisant  boire 
trois  fois  par  jour.  Ils  leur  donnent  meme  de  Teau 
au  milieu  de  la  nuit.  Mais  si  Ton  veut  que  leur 
foie  s'attendrisse,on  roulera  en  petites  boulettes 
des  figues  seches  broyees  et  trempees  dans  de 
Teau  ,  et  on  leur  en  donnera  au  I)OUt  dc  trente 
jours  d'engrais,  etcela  pendant  vingtjours  con- 
secutifs. 

XXXI.  Ces  arrangements  faits,  on  pourvoira  au 
rcste.  Eneffet,  il  faudra  encore  avoiraupres  de  la 
metairiedeux  rdservoirs  d'eau  creusesdans  le  sol 
outaillesdans  lapierre,qu'ilsoitfacilede  remplir 
d'eau  de  fontaine  ou  depluie.  L'un  servira  aux 
bestiaux  ou  aux  oiseauxaquatiques,  et  Ton  met- 
tratremperdans  Tautre  les  baguettes,  les  cuirs, 
les  lupins,  et  toutes  les  autres  choses  que  les 
paysans  sont  dans  Tusage  de  plonger  dans  Teau. 

XXXII.  lln"importe  en  quelendroit  on  serrera 
le  foin,  la  paille,  le  bois  et  les  cannes,  pourvu 
que  cet  endroitsoit  sec,  ouvert  a  tout  vent,  eloi- 
gne  de  la  metairie,  dans  la  crainte  du  feu. 

XXXIII.  Le  tas  a  fumier  doit  avoir  sa  place 
dans  un  lieu  tres-humiJe,  et  quisoit  hors  de  la 
portee  du  corps  de  logis  du  proprietaire,  a  cause 
dela  mauvaise  odeur  qu'il  exhale.  L'abondance 
de  Teau  procurera  au  furaier  favautage  de  faire 
mourir  les  graines  d'epines  qui  poarroiit  s'y 
trouver  entremelees.  Le  crottin  d'ane  est  le  pre- 
niier  de  tous  les  fumiers ,  surtout  pour  lesjar- 


dins.  Vient  ensuite  celui  des  brebis,  des  chevreg 
et  des  betes  de  somrae  ;  mais  la  fiente  de  porc  est 
le  pire  de  tous.  La  oendre  est  un  excellent  fumier. 
Quoique  la  fiente  de  pigeon  soit  le  fumier  le  plus 
chaud ,  celle  des  autres  oiseaux  ne  laisse  pas  d'a- 
voir  son  merite,  si  Ton  enexcepte  iesoiseaux  de 
marais.  Un  fumier  qui  aura  pourri  pendant  une 
anneesera  bon  pour  les  terres  enseraencees,  et 
nengendrera  point  d'herbes;  plus  vieux,  il  se- 
rait  moins  bon.  Un  fumiernouveau  sera  excellent 
pourfairefoisonner  lesherbes  dans  les  pres.  Les 
immondicesde  lamer  lavees  dans  de  Teau  douce 
et  melees  avec  d'autres  ordures  tiendront  aussi 
lieude  fumier.  II  en  estde  meme  du  limou  qu'au- 
ront  depose  les  eaux  de  source  ou  les  rivieres  en 
debordant. 

XXXIV.  Lesjardinset  les  vergers  doivent  etre 
tres-pres  de  la  maison.  II  faut  que  le  jardin  soit 
precistiment  au-dessous  du  tas  a  fumier,  dont  le 
suc  seul  le  fertilisera,  et  tres-eloigne  de  Taire, 
parce  que  la  poussiere  de  la  paille  lui  serait  per- 
nicieuse.  Un  terrain  plat,  legerement  incline  et  ar- 
rose  par  une  eau  courante,  qui  se  partage  en  dif- 
ferents  bras ,  est  une  heureuse  position  pour  un 
jardin.  Si  Ton  n'a  pas  d'eau  de  source,  il  fautou 
creuser  un  puits  en  terre,  ou,  si  ronne  peut  pasy 
parvenir,  construire  a  la  superficie  un  reservoir 
que  la  pluie  fournira  d'eau ,  afin  que  le  jardin 
puisse  ctre  arrose  pendant  les  grandes  chaleurs  de 
Tete.  A  defautde  toutesces  ressources,  labourez 
a  trois  ou  quatre  pieds  au  moins  de  profondeur, 
comme  dans  une  terre  qu'on  faconnerait  nu  pas- 
tinuni.  Le  jardin  qui  aura  reeu  cette  facou  est  a 
l'epreuve  de  touteslessecheresses.  Quoique  toui 
tes  les  especes  de  terre  conviennent  <i  un  jardin , 
pourvu  qu'elles  soient  aidees  de  furaier  a  propor- 


Inter  ansenim  cibaria  legiimen  onine  ponigi  potest,  ex- 
ceplo  eivo.  Cavemium  est  eliam,  ue  pulli  eonim  selas 
gluliant.  Giaeci  saginandis  anseiibus  polentaj  duas  partes 
et  furfuris  quatuor  aqua  calida  tempeiant,  el  ingeiunt 
pioappetentis  voluntate  sumeuda.Tribusper  diem  vicibus 
potu  adjuvant.  Media  quoque  nocte  aquani  mini.stiulit. 
Peiactis  vero  xxx  diebus,  si  ut  jecur  liis  tenerescat,  op- 
laliis,  tunsas  caricas  et  aqua  niaceiatas  in  offas  volulabis 
exiguas,  et  per  dies  viginti  coulmuos  ministrabis  ause- 
ribus. 

XXXI.  His  ordinalis,  cfetera  exequenda  sunt.  Nam 
liisciiiie  dune  vel  solo  impressai,  vel  caeso  lapide  circa  vil- 
lam  esse  debebunt;  i|u,is  facite  est  aut  fonte  aut  imbie 
suppleri ,  ul  una  ex  liis  usni  sit  pecoribus  vel  avibus  ,iqua- 
licis  :  alia  madefaciat  virgas  et  coria  ct  lupinos,  et  si  qua 
nislicilas  consuevit  infundeie. 

XXXII.  Fceni,  palearum,  ligni,  cannarum  repositiones 
nilrefertin  qua  parle  [fiant ,]  dummodo  sicca;  sint  alque 
[)eiflablles,  et  loiige  removeantur  a  vitla  propter  casuni 
siirripicntis  incendii. 

XXXIII.  SteiTorum  congestio  locuni  suiim  tencre  de- 
bebit,  qiii  abundet  liumore,  et  piopter  odoris  liorrcnda 
a  pia'lorii  averlutur  aspectu.  Humor  abundans  boc  praes- 


tabit  stercori,  ut  siqiia  insunt  spinarum  seniina,  putre- 
fiant.  Slerciis  asinorum  primum  est,  maxinie  tiortis;  dein 
ovitlum  et  caprinum  et  jumentorum ;  porcinum  vero  pes- 
simnm  :  cineres  oplinii;  sed  columbiniiin  fervidissimuni, 
ciieterarumqiie  avium  satis  iilile  [est]  exceplo  palustrium. 
Stercus,  qiiod  anuo  rcquieverit,  segelibiis  ulije  est,  nec 
herljas  creat :  sivelustius  sit,  minus  proderit.  Pratis  vero 
recentia  stercora  prolicicnt  ad  uber  herbarum.  Et  maiis 
piirganienta,  si  aquis  dutcibus  eluantur,  misla  reliquis 
vicem  slercoris  exhibebunt,  et  limus,  quein  scaluiieu.s 
aqua  vel  Huvii  incrementa  respiierint. 

XXXIV.  Horti  et  pomaria  domui  proxima  esse  debe- 
bunt.  Ilortussit  sterquilinioniaximesuhjeclus,  cujuseum 
siiccus  sponte  foecundet.  Ab  area  longe  silus  [sit.]  Nam 
pulverem  palearum  patitur  inimicum.  Felix  positio  esl, 
cui  leniter  inclinata  planities  cursus  aquae  iluentis  per 
spalia  discreta  derival.  Si  fons  desit ,  aut  imprimendus 
est  putcus  :  aut ,  si  iiequeas  tioc ,  piscina  superius  con- 
struenda  cst,ut  illinc  aquas  phivia  confeiente,  borlus  per 
a>slivos  rigetur  ardores.  Si  h.ic  omni  facultale  carueri.s, 
semper  altiiis  Iribiis  vel  quatuor  pedibus  ad  pastini  siinili- 
tudinem  fodies  borlulum ,  qui  sic  cultus  uegligitsiccitalcs. 
Scd  buic  qiiamvis  contra  necessitatem  mista  stercore 


DE  L'AGRICl!LTURE,  LIV.  \. 


tion  de  leurbesoiii,ilenest  cependnnt  tellesespe- 
ces  qii'il  faut  eviter  dans  le  clioix,  telles  que  la 
crniequcnous  nonimonsargile,  et  la  terre  rouge. 
On  aura  aussi  rattention  de  distribuer  en  deux 
portions  lesjardinsqui  n'auront  point  !a  ressouree 
d'une  humidite  naturelle,  et  d'exposer  au  midi 
celleque  Ton  voudra  cultiver  en  hiver,  au  nord 
celle  que  Ton  voudra  cultiver  enete  Lesjardins 
doiventdeplus  etre  fermes;  mais  il  y  a  plusieurs 
facons  de  lcs  enclore.  Les  uns  rcnferment  de  la 
vaseentredeuxplanches  qui  hiiscrvcntdemoule, 
etfont  ainsi  des  murs  qui  resseinhleiit  a  ceux  de 
briques.  Ceux  qui  en  ont  le  moyen  eonstruisent 
des  murailles  de  mortier  et  de  pierrcs.  Le  plus 
grand  nombreemploie  des  pierresregulierement 
superposecs,  en  sepassant  de  mortier.  Quelques- 
uns  entourent  de  losses  le  terraiu  qirils  veuleut 
cultiver.  Mais  c'est  uue  methode  qu'il  faut  eviter, 
a  moins  quc  le  terrain  nc  soit  marecascux  ,  parce 
que  ces  sortcs  de  fosses  attirenta  eux  toute  i'hu- 
midite  du  jardin.  D'autres  font  des  haies  avecde 
repinede  plnnt  ou  de  seraence  sur  les  bords  du 
jardin,  pour  luiservir  de  rempart.  Mais  le  meil- 
leur  procede  est  de  se  procurcr  de  la  Ki'aine  de 
ronce  ou  d'ei,'lantier  quand  elle  est.  mure.  On  la 
meleavecdela  farine  d'ersdctrempee.  On  couvre 
ensuitc  de  cette  preparation  de  vieux  cordages  de 
genet  d'p]spao;ne,  de  facon  que  cette  graine  pe- 
nctre  rinterieur  de  ces  cordaiies  et  s'y  conserve 
jusqu'au  commencement  du  printemps.  Alors 
on  creuse ,  dans  rcndroit  ou  Ton  veut  former  une 
haie,  deux  tranchcps  d'uu  picd  et  demi  de  pro- 
fnndeur,  eloignees  Tune  de  Tautrc  de  trois  pieds  , 
puis  on  etend  au  fond  de  chacuiic  de  ccs  tran- 
chees  les  cordages  satures  de  lcur  graine,  et  on 
les  recouvre  legerement  de  terre.  Par  ce  raoyen 
les  pousses  paraitrout  le  trentieme  jour,  et,  tant 


qu'ellesseront jeunes,  il  faudra  faciliter  leur  crois- 
sance  avec  dcs  appuis,  qui  serviront  a  les  reunir 
dans  les  intervalles  qu'cllcs  n'auront  point  rcm- 
plis.  Tout jardiu  doit  etrc  divise  en  deux  parties : 
runequ'on  ensenieucc  cn  automneet  dont  la  tcrre 
doit  ctre  remuee  dcs  lc  printemps ;  rautre  qul 
doit  etre  ensemencee  au  printemps  ct  labouree  cn 
automne.  Par  la  les  dcux  labours  scront  muris, 
Tun  par  le  froid,  Tautre  par  le  soleil.  II  faut  faire 
lcs  plnnchcs  longucs  et  etroitcs,  c'est-a-dire,  qui 
n'aicnt  quc  six  piedsde  large  sur  douzedc  long, 
afm  qu'on  puisse  les  partager  en  deux  ,  pour  les 
purger  dcs  mau vaises  herbes  tant  d'un  cote  que  de 
Tautre.  Au  reste ,  les  bords  en  seront  redrcsses  a 
la  hauteurdedeux  pieds  dans  lesclimatshumides 
ou  arroscs,  au  lieu  qu'il  suflira  qu'ilssoient  ele- 
vcs  d'un  pied  dans  lcs  climats  secs.  II  faudra  (si 
Ton  est  dans  Tusagc  de  fairc  couler  Tcau  sur  les 
plauchcspour  lcs  arroscr)  que  les  espaces  qui  les 
separeront  soicnt  plus  eleves  que  la  planche  clle- 
meme ,  afin  que  Teau  se  rcnde  plus  aisemcnt  sur 
la  planche  lorsqu'elle  vicndra  d'un  lieu  qui  la 
domincra,  et  qu'apres  Tavoir  bien  abreuvee, 
elle  puisse  etre  detournee  sur  d'autres  plnn- 
ches.  Quoique  nous  assignions  pnr  la  suite  les 
tcmpsde  chaque  eusemenccment  mois  parmois, 
chacunse  regleracependantsurla  nature  du  pays 
etdu  climntqu'il  habite.  L'ensemencement  d'au- 
tomne  se  fera  de  mcilleure  heure  dans  les  pays 
froids  que  dans  les  pays  chauds,  ctcelui  du  prin- 
temps  s'y  fera  plus  tard ;  au  lieu  que  rensemen- 
ccmcnt  d'auton)ne  pcut  etrc  fait  plus  tard  dans 
lcs  contrces  chaudes,  comme  celui  du  printcmps 
pcutyctre  fait  plus  lot.  II  fnut  toujours  semcr 
pcndant  que  lalunecroit,  et  coupcr  ou  cueillir 
quand  elledecroit. 
X.WV'.  Remedecontre  les  brouillardsetcontre 


qiia'llbet  terra  conveiiiat ,  famen  Ii.tc  genera  snnt  in  elec- 
tione  vilanila,  ncta,  iinani  aigillani  (liciiniis,  atqne  rn- 
brica.  Illnd  qnoqne  cnstodies  iii  liorlis,  qnos  hnnioris 
natura  non  ailjuvat,  ut  diviilas  per  |)artes,  et  liieme  ad 
meiidiem ,  a'slate  ad  septentrioneni  spatia  colenda  con- 
vertas.  Dehent  etiam  liorli  esse  clansi  :  sed  munitionis 
ninlla  sunt  genera.  Alii  Into  inter  fornias  clanso  parieles 
Jifjiiratos  ex  InleribH.i  imi/tni/iir.  Qiiilms  copia  suppc- 
i!i<,iiiaceriasluto  et  lapiile  excil.nil.  1'leriqnesine  liitocon- 
gesta  in  ordinem  sa\a  compoiiiinl.  ^unnnlli  fossis  spalia 
colenda  pia'cingiint :  quod  vilaiidnni  est ,  qiiia  liorto  snli- 
diicit  liumoies,  nisi  forle  locns  paliistris  colatur.  ..^lii 
siiinarum  plantas  el  semina  in  mnnitione  disponiint.  Sed 
melins  erit  rubi  semiiia  ct  spiua- ,  qiia;  rubus  cauinus  vo- 
catnr,  matnra  colligerc ,  et  cnm  farina  ervi  ex  aqua  mace- 
rata  miscere.  Fiiiics  dcliinc  sparteos  vcleres  boc  genere 
niistionis  sic  induceie,  ut  iulra  fniies  semina  recepta  ser- 
vciitur  usque  ad  vcrni  teniporis  iiiilia.  Tunc  iibi  sepes  fu- 
tnra  est,  diiiis  sulcostnbus  a  se  pedibiis  separatos,  sesqui- 
pedis  altitndiiie  facienius ,  et  per  utrosque ,  fuiies  cum 
seniinibus  obruemiis  levi  teria.  Ita  trigesima  die  proce- 
dunt  scntcs ,  quos  tcneros  adniinii  nlis  opus  est  adjuvare. 


qnibns  inter  sc  [sentes]  per  spatia  vacna  reliela  jniii;i'n- 
tnr.  I'arles  sane  horli  sic  dividenda;  sunt,  nt  ea-in  ipiihiis 
anlnmno  seiniuabitur,  veriio  tempoie  paslinenlnr  :  qnas 
semiiiibns  verecomplehimus,  anUimni  lcniporeilelichinins 
effodere.  Ita  utraqne  pastinatio  decoqnetin-  h.n.ii,  i,,  ,ilf;,i. 
ris  ant  .solis.  Area;  faciendie  snnt  an.:;ii-ii"i,'>  ,  I  l,iii-,i', 
id  e.st  ibiodccim  peduni  lonsilmline,  ct  m\  I  .iiiu.liii,.  nt 
sint  propter  .spatia  utrinqiie  purganda  divisa'.  iMaiyiiies 
vero  eariim  locis  liiiniidis  vel  irriKiiis  diiobus  pedihus  eii- 
ganliir,  siccisiinoextulisse  snfliiiet.  Interareas,  si  liumor 
consnevit  efllneie ,  spalia  altiora  ipsis  areis  essc  debebnnl , 
nt  laiiliiis  ingrediatur  areani  dc  siiperioic  parte  linnior 
admissus,et  uhi  sitienlem  satniaveiit,  in  alias  possil  cx- 
cliisiis  averli.  Serciidi  lcmpora  licel  per  nicnses  ccrta  si- 
gnemiis,  tameii  scciindiiin  locl  ct  caili  natnram  uniisquis- 
que  cuslodiat.  Krigidis  locis  autumnalis  salio  celerior  fiat, 
vcrna  vcro  tardior :  calidis  aiileni  regionibus  et  antnmnalis 
serior  lieri  potcsl  ct  verna  niatiirior.  QuiEcunqnc  serenda 
sniil,  cuin  luna  crcscil,  seniinentiir  :  qua;  stcanda  sunt 
vel  legenda,  cnm  ininnitur. 

XX.KV.  Contra  ncbnlas  cl  riibiginem.  Paleas  ct  piirga- 
mcnla  plnribus  locis  pii  liorlnm  disposita  siinnl  oninia, 


PALLADIUS. 


!n  rouille  :  quand  labrume  parait  menacer,  faites 
differents  tas  de  toutes  les  pailles  et  immondices 
dispersees  dans  lejardin,  et  mettez-y  le  feu.  II 
y  a  de  nombreux  prcservatifs  eontre  lagrele,  tels 
que  d'envelopper  une  meule  dans  un  morceau 
detoffe de couleurde rose;  de  levcrcoatre le  ciel, 
d'une  facon  menacante,  des  haclies  ensanglan- 
tces;  d'entourer  tout  le  jardin  de  eouleuvree; 
d'attacher  un  hibou  les  ailes  etendues;  de  frottcr 
de  suif  d'ours  les  instruments  de  fer  avec  lesquels 
ondoittravailler.  II  yades  personnesquiconser- 
vent  de  la  graisse  d'ours  battue  dans  de  rhiiile, 
etqui  en  frottent  leurs  serpettes  avant  de  faire 
la  taille.  Mais  cette  pratique  a  besoin  d'etre  te- 
nue  secrete,  pour  celui  qui  taille  tout  le  premier. 
Au  reste,  Ton  preteud  que  sa  vertu  est  si  grande, 
qu'en  remployant,  on  n'a  rien  a  craindre  des 
brouillards  ni  des  insectes.  Le  tout  est  d'y  mettrc 
du  mystere;  autrement  lecharme  est  detruit.On 
repnnd  du  marc  d'huile  nouvelle  ou  de  la  suie 
prise  aux  voutes  ,  pour  se  debarrasser  des  mou- 
cherons  et  des  limacons.  Pr^servatif  contrc  les 
fourmis  :  si  la  fourmiliere  est  dans  ie  jardin 
meme ,  on  place  aupres  le  caair  d'un  hibou ;  mais 
si  les  fourmis  viennent  du  dehors,  on  trace  une 
ligne  autour  du  jardin  avec  de  la  cendre  ou  avec 
de  la  craie.  Preservatif  contre  les  chenilles.  On 
trempe  dans  du  jus  de  joubarbe  ou  dans  du  sang 
de  chenillcs  les  grainesque  Ton  doit  semer.  Les 
poids  chiches  semes  parmi  les  lcgumes  leurser- 
vent  de  prcservatif  contreun  grand  nombre  d'in- 
convenients.  II  y  ades  personnes  qui  jcttent  sur 
les  chenilles  de  la  cendre  de  figuicr,  et  qui  seraent 
aussi  ou  du  moins  suspendentdans  leur  jardin  de 
la  seille.  Quelques-uns,  pour  ecarter  lcs  chenilles 
etautres  insectcs  nuisibles,  font  faire  le  tour  du 
jardin  a  une  femme  sans  ceinture,  les  cheveux 
epars  et  les  piedsnus,  dans  letemps  de  ses  regles 


D'autres  attachent  avec  des  clous ,  en  differenfs 
endroits  du  jardin  des  ecrevisses  de  riviere.  Pre- 
servatif  contre  les  inseetes  qui  nuisent  aux  vi- 
gnes.  On  plonge  dans  de  Ihuile  les  eantharides 
qui  se  trouveut  coramunement  sur  lcs  roses,  et 
on  les  y  laisse  macerer.  Ensuite,  lorsque  ron 
veut  tailler  la  vigne,  on  frotte  de  cette  huileles 
serpettes  dont  ou  doit  se  servir.  On  fait  raourir 
les  punaises,  soit  avec  de  la  lie  d'huile  et  du  (lel  de 
boeuf,  dont  ou  frotte  les  litsou  lesautresendroits 
quiensontinfectes,  soitavec  desfeuillesde  lierre 
broyees  dans  de  rhuile,  soitparrodeurdessang- 
sues  briilees.  Pour  empecher  que  les  leguraes 
n'engendrentdes  animaux  pernicieux ,  faites  se- 
cher  daus  rccaille  d'une  tortue  toutes  lcsgraines 
que  vous  aurez  a  semer,  ou  bien  semez  de  la  menthe 
en  plusieurs  endroits  de  votre  jardin,  et  particu- 
liercment  entre  les  choux.  On  pretend  qu'un  peu 
d'ers  semc,  surtout dans les endroits  ouil  doit  ve- 
nir  des  radis  ou  des  raves,  produit  le  meme  ef- 
fet.  On  dit  encore  qu'en  repandant  sur  les  legu- 
mes  de  fort  vinaigre  raele  avec  du  suc  de  jus- 
quiame,  on  fait  mourir  les  pucerons  dont  ces 
legumcs  sont  infectes.  On  dit  aussi  qu'on  chasse 
les  chenillcs  en  brulant  par  tout  le  jardin  des  ti- 
ges  d'ail  sans  tetes,  et  en  cn  promenant  ca  et  la 
les  fumigations.  Si  fon  veut  garantir  les  vignes 
de  ces  animaux,  on  pretend  qu'il  faut  frotter  les 
serpettesavec  de  Tail  broye.  On  les  cmpecheaussi 
de  pulluler  en  alluniant  du  bitume  et  du  soufre 
autour  des  troncs  d'arbres  ou  des  pieds  de  vigne, 
ou  en  faisant  bouillirdans  de  Teau  des  chenilles 
priscs  dans  le  jardin  voisin,  et  en  arrosant  en- 
suite  le  sien  avec  cette  eau.  Pour  erapechcr  les 
cantharides  de  faire  tort  aux  vignes  ,  il  faut  en 
6crasersurla  pierre  qui  sert  a  aiguiser  les  ser- 
pettes.  Democrite  assurc  qu'aucune  bete  ne  pourra 
nuire  aux  avbres  ni  a  telle  semenee  que  ce  soit,  si 


cum  nebulas  videris  inslare ,  combures.  Conlra  giandineni 
(mulla  dicuntur. )  Paniii)  rohoo  inola  toopciiliir.  llfin 
crucnt.ie  seciiies  conlia  c.tIiiiii  niinaiilcr  levaiilur.  llcin 
oinne  lioiti  spatinin  alba  vile  pia>ciniiitnr  :  vel  noctua 
pennis  pateulibns  extensa  suffigltur  :  vel  ferramenta, 
(|uibus  opeiauduui  est,  sevo  uugunlur  iiisino.  Aliqui  ursi 
adipem  cuiii  oleo  liisum  le.servant,  el  falces  lioc,  cuni 
putatuii  siint,  uiigunt.  Scd  boc  in  occulto  del)et  esse  le- 
medium,  nt  niillus  putator  inlelligat ;  cujus  vis  tanta  e.sse 
perhibetur,  ut  neque  nebula  neqiie  aliquo  animali  possit 
noceri.  ( Inteiest  eliam  ut  res  piofanata  non  valeat.)  Con- 
tra  culices  et  limaces  vel  amurcam  recentem  vel  ex  came- 
ris  fuliginem  spaigiinus.  Coutia  foimicas,  si  in  hoiio  ba- 
bent  Ibranien ,  cor  nocluse  admoveamns ;  si  foris  veniunl, 
omne  Iiorti  spalium  clnere  aut  creta;  candoie  signemiis. 
Contraerucas  semina,  quic  spargenda  sunt,  sempervivae 
succo  madefiant  vel  erucarum  sanguine.  Cicer  inler  oleia 
propter  multa  portenta  serendum  est.  Aliqiii  cineiem  de 
fico  super  erucas  spai^unt.  Item  sqiiiliam  vel  in  horlo 
serunt,  vel  cci  te  siispendiint.IAIiqiii  mulicrem  menstruan- 
lcm,  nusipiani  cinctain,  solutis  capillis,  nudis  pedibus 


contia  erucas  et  caetera  hortum  faciunt  circninire.  Aliqui 
lUiviales  cancros  plnribus  locis  intra  hortum  clavis  figunt. 
Contra  animalia  qua;  vilibus  nocent ,  cantharides ,  quas 
in  rosis  invenire  consuevimus,  oleo  mersas  resolvi  patie- 
ris  in  tabeni  :  et  cnm  putandac  snnt  vites,  hocoleo  falccs 
[pulaloiias]  perunges.  Extinguuntur  cimices  amnrca  et 
felle  hubuloleclisautlocis  pcrunclis,  velfoliis  edera!  tritis 
ex  oleo,  vel  incensis  sanguisngis.  Ut  olera  animalia  infesla 
nou  genereiit,  iu  corio  tesludinis  oinnia  semina,  qiiai 
sparsurus  es,  sicca  :  vel  menlam  locis  pluribus,  maxime 
inler  caules,  sere  ;  hoc  prrestare  fertur  erviim  aliquantu- 
lum  satum,  prfficipue  ubi  radices  et  rapa  nascnnlur.  Vel 
acic acetum  succo  hyoscyami  mistum  fei lur  oleruni  pulices 
necare,  sispargas.  Campas  ferlur  evincere  ,  qui  fiisticulos 
alii  sine  capitibus  per  hortt  omne  spatium  comburens 
nidorem  locis  pluribus  excitarit.  Si  contra  easdeni  vitibns 
voliierimus  consulere,  allio  trito  falces  piilatorise  feruntur 
unguenda!.  Nasci  qiioque  probibentur,  si  circa  arhorum  vel 
vitium  crnia  biUimen  et  sulfur  incendas  :  vel  si  ahlatas  de 
horto  vicino  campas  excoqiias  aqiia ,  et  per  horti  tui  spatia 
iiniversa  diffundas.  Ne  caiilharides  vilibus  noceanl,  in 


DE  L-AGRiCULTURE,  LIV.  L 


l'on  met  dans  un  vase  de  teiie  cuite,  plein  d'eau 
et  couveit,  une  grande  quantite  d"ecrevisses  de 
riviere ,  ou  au  raoins  dix  de  celles  de  mer,  que  les 
Grees  appellent  TraYoupoui; ;  qu'ensuite  on  expose 
le  vaseen  pleinair;  pendant  Tespace  dedix  jours, 
sourais  ix  raction  du  soleil,  et  qu'ou  arrose  de 
cette  eau  tout  ce  quc  Ton  voudra  conserver  intact ; 
en  rcpetantla  memeoperalion  tous  les  jours,  jiis- 
qu'a  ce  que  les  plantes  que  l'on  veut  avoir  soicnt 
venues,  et  qu'elk's  aient  acquis  une  certaine 
force.  On  cliassc  les  fourmis  en  versant  de  Tori- 
gan  et  du  soufre  broyes  sur  rouvcrture  de  la 
tourniiliere.  Cette  prtparation  nuit  cgaieraent  aux 
abeilles.  On  obtieiit  le  nierae  resultat  en  brulant 
des  coquillesde  limacons  vides,  et  cn  bouchant 
les  trous  avcc  leurs  cendres.  On  met  en  fuite  les 
raoucherons  en  jctant  sur  eux  du  galbanum  ou 
dusoufre,  ainsi  que  les  puceroiis  en  rcpandant 
souvent  sur  le  pave  du  marc  d'huile  ou  du  curain 
sauvage  broye  dans  de  Teau  ,  ou  de  la  graine  de 
concombresauvageseulemeutinfusce,  ou  dercau 
dans  laquelle  on  aura  fait  tremper  dcs  lupins 
raeles  avec  de  la  couleuvree  blanche  amcre.  Mct- 
tez  dans  uu  plat  du  marcd'huile  bien  epais  :  la 
nuit,  les  rats  s'y  prendront  comme  au  picge.  Sa- 
turez  d'ellebore  noir  uu  morceau  de  fi-omage  ou 
de  paiu,  une  certaine  quantite  de  graisse  ou  de 
pate ;  ce  sera  pour  eux  un  poison.  Apulee  pretend 
qu'on  preserve  les  graiues  des  mulots  eu  les  faisant 
macerer  dans  du  fiel  de  bceuf  avant  de  les  jeter 
en  tcrre.  Qucl([ues  pcrsonnes  bouchent  les  trous 
de  ces  animaux  avcc  des  fleurs  de  lauricr-rose, 
afm  qu'apres  les  nvoir  rongees,  ils  meurent  des 
effortsquils  font  pour  sortir.  Voici  comment  ies 
Grecs  fout  la  chasse  aux  taupes.  Ils  font  pcrcer 
une  noix  ou  toute  autre  espece  de  fruit  cgale- 
ment  solide ,  qu'ils  reraplissent  de  paille  et  de 


5U 

cire  melces  avcc  du  soufre  ;  apres  quoi  ils  font 
boucher  bien  exacteraent  tous  lcs  petits  passages 
des  taupes  et  tous  les  conduits  d'air  cxterieur,  a 
rexception  d'un  seul  qui  soit  large,  etarcntree 
duquel  ils  font  mcttre  cette  noix,  laquelle  est 
allumce  cu  dedans,  de  facon  qu'elle  puisse  recc- 
voir  d'un  c(")te  le  vcnt  qu'elletransmettra  de  Tau- 
tre  cote;  moyeunant  quoi  les  trous  se  trouvant 
remplisde  fumee,  les  taupes  s'cnt'uient  aussitot, 
ou  meurent.  Si  Ton  remplit  de  cendre  de  cheue 
lcs  ouvertures  des  trous  des  rats  sauvages,  ils 
gagneront  la  gale  a  force  de  toucher  souveiit  ii 
cette  cendre,  etfiniront  parperir.  On  met  les  ser- 
pentsenfuiteavec  presque  toute  sorte  de  maticres 
amcres;  et  toule  fumee  de  raauvoise  odeur  est 
bienfaisante,  ence  qu'elle  preserve  de  leur  souffle 
pernicieux.  Brulons  donc  du  galbanum  ,  ou  du 
bois  de  cerf ,  ou  des  racines  de  lis ,  ou  la  corne  du 
pied  dechevre  :  ce  sont  toutes  matieres  qui  ccar- 
tent  ces  monstres  venimcux.  LesGrecsimaginent 
que  lorsque  des  nuees  de  sauterelles  s'elevent 
tout  a  coup ,  il  pourra  arriver  qu'ellcs  passeront 
sans  causer  de  dommage ,  si  tout  le  mondc  se 
tient  caclie  dans  la  maison  ,  et  que  quand  meme 
les  gens  seraient  cn  pleinair  lorsqu'ils  les  obser- 
veront,  ellcsnenuiront  neanmoins  a  aucun  fruit, 
pourvu  qu'on  se  retire  aussitot  tous  a  la  maison. 
On  dit  aussi  qu'un  moyen  surpour  leschasserest 
de  vcrser  de  Teau  dans  laquelle  on  aura  fait  bouil- 
lir  des  lupinsamers  ou  des  concombres  sauvages, 
en  la  melant  a\  ec  de  la  saunuire.  Quelques  per- 
sonncs  pensent  qu'on  peiit  mcltre  en  fuite  les 
sauterellesou  lesscorpions,  en  brulantquelques- 
uiis  de  ces  animaux  au  milieu  de  leurs  sembla- 
bles.  D'autres  combattent  les  chenilles  avcc  de  la 
cendre  de  figuier.  Si  ce  moyen  ne  reussit  pas ,  on 
en  fait  bouillir  quelciues-uncs  dans  de  Turiue  de 


cote,  qiia  falces  acuimtiir,  ipsa;  siint  conlciendce.  Demo- 
crilus  asseiit  neque  arljoribiis  neque  .satis  quibusliljet 
noceri  posse  a  quibiiscunque  bestiis,  si  fluviales  caucros 
pluiimos  vel  marinos,  quos  Gra;ci  itavoOpou;  nominaiit, 
non  miiuis  quam  decem  liclili  vasculo  in  aqua  missos  tegas, 
et  sub  (iio  staluas,  ut  <lecem  (liebiis  sole  vaporentur.  Posl- 
ca  qua;c.imque  iliaesa  voliieris  esse,  [ea  aqua]  perfundas, 
et  octonis  diebus  peractis  lioc  repetas ,  douec  solide  ,  qua; 
optaveris,  adolescanl.  Formicas  abi^es,  si  origano  et  sul- 
fure  tritis  foramen  asperges.  boc  et  a|)ibus  nocet.  Ilem 
coclilearum  vacuas  teslas  si  usseris  ,  et  eo  cinere  forameii 
inculces.  Culices  galliano  iufuso  fu^antur  aut  sulfure.  Pu- 
lices  amurca  per  pavimenlum  fieqlienler  aSpcrsa ,  vel 
cymino  asresti  cum  aqua  trito,  vcl  si  ciicumeris  agrestis 
semen  aqua  re.soluluni  sa^pe  infundcs,  vcl  aquam  lupino- 
rum  psilotri  auslerilalibus  junctani.  Mures,  si  amurcam 
spissam  patina'  iufiideris,  el  in  domo  nocte  posueris,  ad- 
haerebunt.  Ilem  nccabuntiir,  si  lielleboro  nigro  caseum  vd 
pauem  vel  adipes  vel  polentam  permisceas  et  offeras.  Et 
acreslis  cucumeris  et  colocynlbidis  suffusio  sic  nocebit. 
Adversus  miiies  agiestes  Apnleius  asserit  semiiia  bubulu 
felle  maccranda  anlc  quam  spargas.  Nonnuili  rliododaplmes 


foliis  aditus  eorum  claudunt,  qui  rosis  bis,  dum  iu  cxilu 
nitiintur,  iiitereunt.  Talpas  Gra)ci  boc  geiiere  perseqiiun- 
lur  :  Nuceni  perlorari  jiibent,  vel  aliquod  pomi  genus  so- 
liditalis  cjuidein.  Ibi  paleas  et  cedriam  ciim  sulfure  sufli- 
cicnler  iucluili.  Tuuc  omnes  parvulos  aditus  el  leliqua 
spliamerila  lalpariiin  diligcntcr  obslrui,  uuiim  foramen  , 
qiiod  auqilius  sil,  reservari,  in  ciijiis  aditu  niicem  intus 
liKensaiii  sic  poni,  iit  ab  una  parte  flatiis  possitaaipere, 
quos  ab  alia  parte  diffundat  :  .sic  impletis  (umocunicnlis 
lalpas  vel  fujiere  piolinus,  vel  necari.  Mures  rusticos.si 
qiieriKMi  ciiiere  aditus  cornm  satiires,  alliictu  freipicnti 
scabies  occiipabit  ac  perimet.  Sci  peutes  propc  omni  ausle- 
rilale  fusanlur,  ct  nocentcs  spiritus  innocenlia  funii  gra- 
vcnlciilis  exagitat.  Uramiis  gall)aunm  vel  cervi  cornua, 
radiics  lilii,  capr.-e  iingulas.  IIoc  generc  monstra  noxia 
proliibentur.  Opinio  Gia^coriim  csl,  si  nubes  locustarum 
lepenle  surrexerint,  lateulibus  inlra  ti^cta  cunctis  boniini- 
biis,  cam  possc  Iransire  -.  quod  si  inobservanlcs  liomines  siib 
aere  depreliendant,  nulli  frucluum  noceri ,  si  conlinuo  om- 
nes  ad  tccla  confiigiant.  Pclli  ctiam  dicuntur  amari  lupini 
vel  agrcstis  cucumeris  aqua  decocta,  si  muria:  mista  funda- 
tur.  Exislimanl  aliqui  locustas  vel  scorpios  fu^ari  posse. 


PALLADIUS. 


boeuf  et  du  marc  d'huile  melis  ensemble  par 
parties  egales  ;  et  lorsque  cette  liqueur  est  refroi- 
die,  on  en  arrose  tous  ies  legumes.  Les  Grecs 
donnent  le  nom  de  irpa^oxoupioe;  aux  animaux 
qui  causent  ordinairement  du  dommage  dans  les 
jardins.  II  faudra  couvrir  legerement  de  terre, 
dans  Tendroit  oii  ces  animaux  se  seront  le  plus 
multiplies,  le  ventricule  d'un  mouton  aTinstant 
qu'il  aura  ete  tue,  et  sans  le  vider.  Deux  jours 
apres,  on  y  trouvera  ces  animaux  rassembles  par 
tas;  et,  pour  peu  que  l'on  repete  cette  operation 
deux  ou  trnis  fois,  on  detruira  toutes  ces  espe- 
ces  malfaisantes.  On  croit  qu'ou  peut  se  garantir 
de  !a  grele  en  portant  autour  de  ses  domaiues 
une  peau  de  crocodile,  ou  d"liyene,  ou  de  veau 
marin ,  et  en  la  suspendant  a  l'entree  de  la  me- 
tairie  ou  de  la  cour,  lorsque  le  fleau  paraitra  im- 
minent.  On  pretend  aussi  que  si  Tou  se  promene 
dans  les  vignes  en  portant  dans  la  main  droite 
une  tortue  de  marais  renversee  sur  le  dos  ,  qu'a 
son  retour  on  la  pose  a  terre  dans  !a  meme  sitiia- 
tion ,  en  remplissant  la  concavite  de  sa  carapaee 
de  mottcs  de  terre ,  pour  rempeeher  de  se  retour- 
ner  et  la  forcer  de  rester  couchee  sur  !e  dos,  les 
nuees  les  plus  dangereuses  ne  feront  que  passer 
sur  l'endroit  muni  de  ce  preservatif.  11  y  a  des 
personnes  qui ,  aussitot  qu'elles  se  voient  mena- 
cces  de  ceperil ,  recoivent  Timage  de  la  nuee  dans 
un  miroirqu'elles  lui presentent  en  face,  et  vien- 
nent  ii  bout  de  la  detourner  par  ce  moyen  (soit 
que  le  nuage  se  deplaise  a  voir  se  reflechir  sa  fi- 
gure,  soit  qu'ilpousse  plus  loin,  croyant  la  place 
occupee  par  son  double).  On  croit  aussi  qu'une 
peau  de  veau  marin,  jetee  sur  un  petit  cep  au 
milieu  d'uu  vignoble,  a  quelquefois  preserve  le 
vignoble  entier  des  accidents  qui  le  menacaient. 
On  pretend  que  toutes  les  semences  d'un  jardin 


ou  d'un  champ  sont  a  Tabri  de  tout  accident  et 
de  toute  bete  malfaisante ,  lorsqu'on  les  a  fait 
macerer,  avant  de  les  jeter  en  terre ,  avec  des  ra- 
cines  de  concombre  sau vage  broyees.  1 1  faut  aussi 
mettre  dans  son  jardin  le  crane  d'une  cavale  qui 
ait  souffert  les  approches  de  !"eta!on,  ou  meme 
celui  d'uiie  aiiesse,  parce  que  ruii  ct  lautre  pas- 
sent  pour  feoonder  par  leur  preseuce  tout  ce  qui 
lesenvironne. 

X.X.XV1.  L'aire  doit  etre  voisine  de  la  m^tai- 
rie,  tant  pour  faciliter  le  transport  du  ble,  qu'a- 
fin  de  le  mettre  plus  a  Tabri  de  la  fraude;  parce 
qu'on  supposera  que  le  raaltre  ou  Tagent  ne  sont 
pas  loin.  II  faut  que  le  sol  en  soit  pave  de  cail- 
loux ,  ou  qu'elle  soit  taillee  dans  le  roc,  ou  que 
ce  soit  un  terrain  qui  ait  ete  affermi,  vers  le  temps 
ou  le  ble  doit  etre  battu ,  tant  par  lcs  pieds  des 
bestiaux  que  par  reaudonton  Taura  imbibe.Elle 
doit  de  plus  etre  close  et  munie  de  forts  barreaux, 
a  cause  des  betes  de  somme  qu"on  y  fera  entrer 
dans  le  temps  oii  Tonbattra  le  ble.  I!  faut  avoir 
dans  son  voisinage  un  autre  terrain  plat  et  bieu 
decouvert,  daus  leque!  on  puisse  transporter  les 
bles  pour  y  prendre  Tair  avant  d'etre  serres  dans 
lesgreniers ;  precaution  utilepourqu'ils  segardent 
longtemps.  On  pratiquera  aussi  aupres  de  !'aire, 
n'importe  de  quel  cote ,  surtout  dans  les  coutrces 
humides,  un  couvert  sous  lequel  on  inettra  !es 
bles  a  la  hiite,  dans  le  cas  de  pluies  imprevues  (si 
lanecessitey  contraint),battusou  amoitie  battus. 
Quant  a  l'aire  elle-raeme,  elle  seraplacee  dans 
un  lieu  eleve, etoii  !e  vent  donne  de  tous  les  c6tes; 
pourvuneanmoinsqu'e!lesoiteIoigiieedesjarditis, 
des  vignes  et  des  vergers,  parce  que,  si  le  fumier 
et  la  paiilesont  ntilesaux  racines  des  arbrisseaux, 
d'un  autre  cote,  lorsque  ces  matieres  s"attachent 
a  leurs  feuilles ,  elles  les  percent  et  les  dessechent. 


si  aliqiii  ex  eis  iirantur  in  medio.  Campas  nonmilli  riciilneo 
ciuere  persequuutur.  Si  permanserint,  uiina  buliula  et  a- 
niurca:a;'qualiler  mistaconferveant,  et  ubi  refrixerinf,  olera 
nuinia  lioc  imbre  consperge.  llpaioxo-JptSa;  GVtCci  vocaiit 
animalia,  quae  solenl  lioitis  nocere.  Eigo  venliiciilum 
vervecis  stalim  occisi  plenum  soidibus  suis  spalio,  qiio 
abundant,  leviter  debebis  operire.  Post  biduum  reperies 
ibi  animalia  ipsa  congesta.  Hoc  cum  bis  vel  terlio  feceris, 
genns  omne,  quod  nocebit,  extingues.  Grandini  creditur 
obviaie.si  quis  c.rocodili  pellem  vel  byaenae  vel  mariui 
vitiili  per  spatia  possessionis  ciicumfeiat,  etin  villa!  ant 
cortis  suspendat  ingressu ,  cum  malum  videiit  imminere. 
Ilem  si  paluslrem  testudinem  dextra  manu  supinam  ferens 
vineas  peiambulet,  et  reversus  eodem  modo  sic  illam 
ponat  in  terra,  et  glebas  dorsiejus  objiciat  cnrvatura^, 
ne  possit  inverti ,  sed  supina  permaiieat.  Hoc  faclo  fertur 
spatium  sic  defensum  nulies  inimica  Iranscurrere.  Non- 
nulli  ubi  instare  malum  viderinl ,  oblato  speculo  imaginem 
nubis  accipiiint ,  et  hoc  remedio  nubem  ( seu  ut  sibi  ob- 
jecla  displiceat ,  seu  tanquam  geminata  alteri  cedat)  aver- 
tunt.  Item  vitnli  maiini  pellis  in  medio  vinearum  loco  nni 
superjecta  viticulse  creditur  conti  a  imminens  malum  totius 


vinese  membra  vestisse.  Omnia  semina  lioiti  vel  agri 
feruutur  ab  omnibus  malis  ac  monstiis  tuta  servari ,  si 
agrestis  cncumeris  tritis  radicibus  ante  maceientnr.  Item 
cquai  calvaria  sed  non  viiginis  intra  bortum  ponenda  est, 
vel  eliam  asinae.  Creduntur  enim  sua  pra^sentia  foecundare, 
qiuB  spectant. 

XXXVI.  Area  longe  a  villa  esse  non  debet ,  et  propler 
exportandi  facilitatem ,  et  iit  fraus  minor  timoatur,  do- 
niini  vel  prncuratoris  vicinitate  snsperfa.  .Sit  aiitein 
vel  strata  silice,  vel  saxo  montis  excisa,  vel  sub  ipso  tri- 
turrt!  tempore  iingulis  pecoriim  et  aquse  adinislione  soli- 
dala;  clausa  deinde  et  robustis  munita  cancellis  piopter 
armenla,  qua^,  eum  teritur,  inducimus.  Sit  cii  ca  lianc  locus 
alter  planus  et  purus,  in  quem  frumenta  fransfusa  refri- 
gerentur ,  et  borieis  inferautnr  :  qiia?  res  '.n  eorum  dura- 
liilitate  proficiet.  Fiat  deinde  [nndecunque]  pioximum 
lcotum  ,  maxime  in  biimidis  regionibus  :  sub  quo  propter 
iinbres  subifos  frumenta  (si  necessitas  coegeiit)  raptim 
vel  munda  vel  semitrita  ponantur.  Sit  autem  [area]  loco 
siiblimi  et  nndecunqne  perflabili ,  longe  lameii  ab  lior- 
lis,  vineis,  atque  pometis.  Nam  sicnt  radicibus  vir- 
gnltorura  prosunt   lanamen    et    palea;,    ita   iusidentes 


1)E  LACRICULTURE,  LIV.  I. 


XXXVII.  On  plaoera  le  domicile  des  al)eilles 
pres  du  mrps  de  logis  dii  proprietaire,  dans  un 
coin  du  jardin  retire,  cxpose-  au  soleil,  a  Tabri 
des  vents,  et  trcs-eliaud.  La  forme  en  sera  qua- 
drani;ulaire,  comraemoinsfavorable  aux  voleurs 
et  moins  accessibleaux  passants  et  aux  bestiaux. 
II  faut  qne  les  lleurs  y  abondent :  cVst  pourquoi 
on  sattaebera  a  les  nuiltiplier,  soiten  berbes,  soit 
en  arbustes,soiten  arbres.  II  y  aura  ,en  fait  d'her- 
bes,  de  Torigan ,  du  thyra ,  du  serpolet,  de  la 
sarriette  ,  de  la  melisse  ,  des  violettes  sauvages, 
de  rasphodcle ,  de  la  citronelle  ,  de  la  marjolaine, 
de  cette  jacinthe  que  Ton  appelle  iris  ou  f//ndio- 
his  a  cause  de  sa  resserablance  avec  un  petit 
glaive,  du  narcisse,  du  safrau,  et  d'autrcs  Iierbes 
d'odeuc  et  de  saveur  douces.  En  fait  de  plantes 
a  haute  tige,  des  roses,  des  lis ,  des  feves ,  du  ro- 
marln,  dii  lierre.En  arbres  francs,  desjujubiers, 
des  amandiers,dcspechers,  des  poiriers  etd'au- 
tresarbres  frultiers,  dont  la  fleur  ne  rende  aucune 
amerturae  lorsqu'on  la  suce.  Enarbressauvages, 
des  cbcnes  qui  produisent  le  gland ,  des  terebin- 
thes,  deslentisques,  des  cedres,des  tilleuls,  des 
petites  yeuses  et  des  pins.  Mais  on  en  ecartera 
les  ifs,  qui  sontnuisiblesa  cesinsectes.  Le  suc  du 
tliyni  donne  ia  preraiere  qualite  de  raiel ;  la  thym- 
hre ,  le  serpolet  ou  rorigan ,  la  seconde ;  le  roma- 
rinet  lasarriette,  la  troisieme.  Les  autres  plan- 
tes ,  telles  que  rarbousier  et  les  legumes,  donnent 
un  luiel  d'un  gout  sauvage.  Les  arbres  seront 
plaiites  du  cote  du  nord.  On  arrangcra  les  ar- 
brisseaux  et  les  arbustes  par  ordre  sous  les  mu- 
railles,  et  rousemera  les  herbes  dans  lesurplus 
du  terrain  au  dela  des  arbustes.  II  faut  y  amener 
nne  fontaine  ou  uu  ruisseau  ,  dont  le  cours  soit 
lent ,  et  frequemment  interrompu  par  des  bas- 


fonds,  sur  lesquels  s'etcndront  des  branehcs  clair- 
semees  ,  oii  les  abeilles  pui.ssent  se  poser  en  suret6 
lorsqu'elles  viendront  y  boire.  Mais  il  faut  que 
les  ruches  soient  eloiguecs  de  tout  ce  qui  exhalc 
une  mauvaise  odeur,  comme  bains,  clahles, 
evicrs.  II  faut  lesgarantir  enoutrede  leursenne- 
mis  naturcls,  tels  que  lezards,  cloportes,  et  autrcs 
semblables.  On  effrayera  aussi  les  oiseaux  avec 
des  epouvantails  et  des  sonnettes.  Le  gardien 
desabeilless'en  approchera  souventenobservant 
d"etre  propre  et  chaste  dans  le  temps  qu'il  les  vi- 
sitera,  et  d'avoir  de  nouvelles  ruches  pretes  a 
recevoir  les  jeunes  essaims  encore  sans  expe- 
rience.  Eioignez-les  de  lodeur  de  la  fange  ou  de 
recrevisse  bridee,  aussi  bicn  que  du  voisinago 
d'Hn  echo.  On  se  gardera  d'avoir  des  herbes  de 
tithymalle,  d"ellebore,  de  tapsie,  d'absynthe, 
de  concombre  sauvage,  ou  aucune  plante  aniinc; 
tous  elements  autipathiques  a  la  preparation  du 
miel. 

XXXVIII.  Les  meilleures  ruches  sont  celles 
qui  sout  faites  d'ecorce  de  liege  ,  parce  qu"elles 
sont  impcnetrables  au  cbaud  comme  au  froid. 
Onpeut  neanmoins  en  faire  de  feriiles,  ou  ,  a  de- 
faut  de  ferules ,  on  emploiera  des  baguettes  d'o- 
sier,  ou  rexcavation  d"un  troncd"arbre,  ou  on  les 
fabriquera  avec  des  douves,  comme  I"on  fait  des 
euves.  Les  ruches  de  terre  cuite  sont  les  pires  de 
toutes,  parce  qu'elles  sont  glacantes  en  hiver,  et 
bruiantes  en  ete.  Au  reste,  il  faudra  construire, 
dans  renclos  meme  dont  nous  avons  parle  ,  des 
murs  a  bauteur  d"appui ,  c'est-a-dire,  de  trois 
pieds  d"eIevation  ,  qne  Ton  revetira  d'un  mortier 
de  brique,  et  que  ron  crepira  avec  du  stuc  bien 
poli,pourparer  auxdommages  que  causeutordi- 
nairemeut  les  lezards  et  les  autres  reptiles.  On 


frondibiis  [eas]  perforant,  afqiie  arere  compellunt. 
XX.WII.  ,\pibus  stalionem  non  longe  a  domini  iodibus 
iii  liorli  parte  secieta  et  aprica  et  a  ventis  remota  ct  cali- 
dioie  locare  debemiis,  qua;  in  quadratam  constiliita  men- 
suram  furesetaccessuslioniinum  pecudumquesubmoveat. 
Sit  abundans  lloilbiis,  quos  in  lieibis  vcl  iufinticibus,  vel 
in  arlioribus  procuret  industria.  Heibas  nnlriat  origaniim , 
lliynium,  serpyllum,  salureiani,  melispbylluni,  violas 
agnstes,asphodilum,citiaginein,aniaiacuin,  liyacinlbum, 
qui  iiis  vel  gladiolus  dicitur  simililiidine  foliorum,  iiar- 
cissiim ,  crocum,  cffterasque  lierbas  suavissinii  odoris 
et  lloiis.  In  fruticibus  vero  sint  rosae,  lilia,  faba!,  ros- 
iiiaiinus,  e<lern;  :  in  arboribus  zizipbus,  amygdaliis, 
pcrsicus,  pirus  pomifera^que  arbores,  quibus  nnlla 
aniaiitiido  respouiii^t  llnre  desucto.  Silvestria  vero,  glan- 
difiTa  ri)li(ira,  ti  rebintlius,  lentiscus,  cedrus,  tilia,  ilex 
niihiir,  it  piiiiis.  Std  taxi  reinoveantur  inimica'.  Priini 
saporis  nicila  lliymi  succus  eflundit.  Secundi  nierili  lliyin- 
bra,  serpylluin  vel  orjganum  lcrtii  merili  rosmariniis 
et  saturcia.  Ca>tcra,  ut  aibutus  el  olera  saporem  ruslici 
mellis  eniciuiU.  Siiit  autem  arliores  a  .seplentriouali 
parle  disposita'.  Friitices  atqiie  virgiilta  ordines  suos 
iub  maceriis  exequantur.  Herbas  deiude  in  planu  post 


frnllces  conserenius.  Fons  vel  rivus  liuc  conveuiaf  otio- 
siis ,  (jui  humiles  Iranseundo  formet  lacunas ,  ipias  ope- 
riant  rara  et  transversa  virgulla,  sedes  lutas  apibus 
pi.Tbitura  cum  sitienl.  Sed  ab  liis  apium  caslris  longo 
siut  oninia  odoris  horrendi,  balnea;,  stabiila,  ooquina; 
fiisoria.  Fugemus  praterea  animalia  qua;  sunl  apibiis  iiii- 
inira,  laccrlos,  hlaltas  et  his  siinilia.  Avcs  eliam  pannis 
cl  crepilaculis  lerreamus.  Purus  ciistos  (rcqueiis  et  caslus 
accedal ,  habciis  nova  alvcaria  prieparata ,  quilxis  excipia- 
tur  examinum  riidis  jnventus.  Yilelur  odor  caini,  et  can- 
cer  adnstiis,  ct.lociis  qui  ad  huinanam  vocem  falsa  iini' 
lalione  rcspondet.  .\b.sint  el  berba;  litliyinalus,  hellel)o- 
riim,  Ihapsia,  ahshithium,  cncumis  agicslis,  et  oinnis 
amariludo  conficiendoe  adversa  diilcedini. 

XX.WIII.  Alvcaria  ineliora  sunt,  qua;  corlcx  forma- 
bit  raplus  ex  suheie,  quia  non  transmillunt  >iin  fiigoris 
aiit  cjloris.  Possunl  tanien  et  ex  fcrulis  fieri.  Si  ha;c  dc- 
siiil,  salignis  viminibus  fabricenlur,  vel  ligno  cavat.x' ar- 
boris,  aiil  labulis ,  more  cuparum.  Ficlilia  ileferrima 
sunl,  qu.-e  el  hieme  gelautur,  et  ae.state  fervescunt.  Sed 
intcr  ca  loca,  qua  nniniri  ddierc  prjecepimus ,  podia  tcr- 
nis  alta  pedibus  fahrircntiir  inducta  lestaceo  ct  all)ario 
operc  levigala,  propter  laccrtorum  Cictcrorumqiie  anima- 


544 


PALLADIUS. 


raettra  ensuite  les  ruches  sur  ces  murs,  de  facon 
que  la  pluie  ne  puisse  penetrer  jusqu'a  elles, 
avec  rattentionde  laisserentre  ellesdepetits  in- 
tervalles.  II  faut  cependant  que  rouverture  des 
ruchessoit  etroite,  pourque  lesessairas  ne  souf- 
frcnt  ni  du  froid  ni  du  chaud.  II  leur  faut  encore 
la  protection  d'an  mur  plus  eleve,  qui  reflechira 
le  soleil  sur  le  domicile  des  abeilles,  cn  le  prote- 
geaut  contre  les  vents  froids.  Toules  les  ouver- 
tures  des  ruchesseronten  face  du  soleil  d'hiver, 
et  il  en  faudra  deux  ou  trois  dans  chaque  panier, 
dont  la  largeur  n'excede  pas  la  grosseur  du  corps 
d'une  abeille;  parce  que  la  petitesse  du  passage 
empechera  lesanimaux  mnlfaisants  de  le  forcer; 
et  s'ils  attendent  les  abeillespourles  attaquera 
leur  sortie,  ceiles-ci  pourront  sortir  par  unc6tc 
differentde  celui  ou  ilsseronta  Taffut. 

XXXIX.  Lorsque  Ton  fera  empictted'abeilles, 
on  aura  soin  de  n'acheter  que  des  ruches  qui 
soient  bien  remplies.  Or,  on  sera  assure  qu'elles 
lesont,soita  rinspection  memc  de  la  ruche, 
soit  au  murmure  eonsidcrable  qui  s'y  fera  enteu- 
dre ,  soit  aux  rentrees  ou  aux  sorties  frequeutes 
de  Tessaim.  II  faudraaussi  les  acheter  dans  le  voi- 
sinage  plutot  que  daus  un  canton  eloignc,  de 
peur  que  le  changement  d'air  ne  les  incommode. 
Si  cependant  ron  estdans  le  cas  d'cn  faire  venir 
de  lain ,  on  apportera  les  ruches  pendant  la  nuit , 
en  se  gardant  de  les  raettre  en  place  ou  de  les 
ouvrir  avant  la  chute  du  jour.  On  examinera  en- 
suite,pendant  trois  joursde  suite,  si  l'essaira  ne 
sort  point  tout  a  la  fois,  parce  que  ce  serait  un 
signe  de  desertion.  Nous  donnerons  par  detail 
ce  qu'il  yaura  a  faire  chaque  mois,  pour  obvier 
a  cct  accident  et  a  d'autres.  On  croit  cependant 
que  lesabeilles  ne  preunent  jamaisla  fuite,  lors- 


qu'on  a  frotte  les  ouvertures  des  paniers  avee  ia 
fiente  d'un  veau  premier-nc. 

XL.  Le  chef  de  famille  fera  bieu,  s'il  a  de  Teau 
en  suffisance,  de  songer  a  construire  une  salle 
de  bains,  parceque  c'estune  chose  quicontribue 
beaueoup  a  1'agrement  et  a  la  sante.  Cettesalle 
sera  placee  a  portee  de  la  chaleur  du  fourneau, 
maisa  Tabri  derhumide  vapcurqui  s'en  exhale. 
On  lui  dounera  des  jours  du  cote  du  raidi  et  de 
celui  du  couchant  d'hiver,  afin  que  les  rayons 
dusoleilyarriventtout  le jour,  etregayent.  Voici 
comme  on  fera  le  souterrain  au-dessus  duquel 
les  bains  seront  placcs.  On  eommencera  par  en 
couvrir  rairededalles  dedeux  pieds,  convergen- 
tesvers  le  centre  dans  un  degre  d'iucliuaison  tel, 
qu'une  balle  jetee  dessus  doive  necessairement 
rouler  ji!squ'au  foyer.  Cest  le  moyen  que  la 
flamme,  dont  la  direction  estnaturellement  verti- 
cale,cchauffedavautage  lesbains.  Onconstruira 
sur  ce  pave  des  piliers  de  pctites  briques  liees 
entre  elles  avec  uu  mortier  d'argile  et  de  crin, 
espaces  entre  cux  d'uu  picd  et  demi ,  et  eleves  de 
deux  pieds  et  demi.  On  ctablira  sur  ces  piiiers 
deux  tuiles  de  dcux  pieds  rune  sur  Tautre ,  que 
l'on  couvrira  d'un  mortier  de  terre  cuite  qui  ser- 
vira  de  pave  ;  apres  quoi  on  y  mettra  du  marbre 
si  fon  en  a  snffisamment.  Quant  au  miliarhim 
de  plomb,  qui  sera  assis  sur  un  platcau  de  euivre, 
on  le  mettra  directemeutau-dessus  du  fourneau, 
et  on  le  fera  pnsser  entre  les  bains.  II  y  aura  un 
tiiyau  dirige  vers  ce  w iliarivm,  pour  y  conduire 
feau  froide  ;  et  il  en  partira  un  autre  de  meme 
calibre  que  le  premier  qui  sera  dirige  vers  le  bain, 
pour  y  porter  autaut  d'eau  chaude  que  le  pre- 
mier  tuyau  aura  porte  d'eau  froide  dans  le  mi- 
iiarium.  Les  salies  de  bains  seront  disposees  de 


liiim  noxam,  quilms  esl  moris  irrepeiR  :  et  supra  hxc  po- 
(lia  alvearia  coilocentur, ita  ut  non possint  imlire pcnetraii, 
spatiolis  inter  se  patentibus  segregala.  Angiistus  tamen 
aililus  admittat  examina  propter  frigoris  et  caloris  inju- 
riani.  Sane  ventis  frigidioribus  altus  parics  resistat,  qui 
locuni  possit  defensis  sedibus  apricare.  Aditus  omnes  soli 
opponantur  liiberno ,  qui  in  uno  corlice  duo  vel  tres  esse 
debebunt  ea  niagnitudine,  rpiae  apis  foiniam  non  possit 
excederc.  Sic  euim  noxiis  aninialibus  ingressu  resistetur 
anguslo  :  vel  si  apes  obsidere  voluerint  exeunles,  alio, 
(ubi  non  fuerint ,)  ulentur  egressu. 

XXXIX.  Apes  si  emendae  sunf,  provideamus  ut  plena 
alvearia  coniparentnr  :  quam  rern  vel  inspectio  vel  mur- 
niuris  magnitudo  vel  (requenlia  monstrat  commeantis  ac 
remeantis  examinis  :  [et]  ex  vicina  potius  quani  [e\]  lon- 
ginqua  regione,  ne  aeris  novilate  tenteutur.  Si  vero  lon- 
gius  advelienda!  suut,  nocte  collo  portentur :  nec  collocare 
nec  aperire  alvearia  nisi  vespere  instante,  debemus.  Spe- 
culemur  deinde  per  triduum.ne  onniejanuas  suas  egre- 
diaUir  examen.  Hoc  enim  signo  fugam  medilautur  assu- 
mere.  Contra  baec  et  csetera  ,  suo  uuumquodque  mense 
reddemus.  Tanien  creduntur  non  fugere,  si  stercus  pri- 
uiogenili  vituli  adlinamus  oribus  vasculorum. 


XL.  Non  aliennm  est ,  si  aqua;  copia  patiatur,  pafrem- 
faniilias  de  slrnctura  baluei  cogitare ;  quae  les  et  voluptati 
plurimuni  conferl  et  saluti.  Ilaque  balneum  constiluemus 
in  ea  parle,  qua  calor  fulurus  est,  loco  ab  buniore  sus- 
penso,  ne  «ligo  eum  foinacibus  vicina  refrigerct.  Luniiua 
ei  dabimus  a  parte  meridiana  et  occidentis  hiberni ,  ut  tota 
die  solis  juvetur  et  illustretur  aspectu.  Suspensuras  vero 
celiaruni  sic  facies :  aream  priino  bipedis  sternis  ,  inclinata 
sit  tamen  stratura  ail  fornacem ,  ut  si  pilam  miseris ,  intro- 
staie  non  possit,  scd  ad  fornacem  recurrat.  Sic  eveniel 
utllamma  altum  petendo,  cellas  faciat  plus  calere.  Supra 
banc  straluiam  pilee  laterculis  argilla  subacta  et  capillo 
consti  uctae  fiant  distantes  a  se  spatio  pedis  unius  et  se- 
missis ,  altK  pedibus  binis  semis.  Super  lias  pilas  bipedao 
consliluantur  binie  in  altum,  atque  bis  superfundautur 
testacea  pavimenla,  et  tunc,  si  copia  est,  marmora  collo- 
centur.  Miliarium  vero  plumbeum,  cuiarea  palinasubest, 
inter  soliorum  spalia  forinsecus  statuamus  foniace  subiecta, 
ad  quod  miliarium  fistula  frigidaria  dirigatur,  et  ab  lioc  ad 
solium  similis  magnitndinis  fislula  procedat,  qua;  tanluni 
caiidae  diicat  iiiteiius,  quantum  fistula  illi  frigidi  licpioris 
intulerit.  Cella'  autem  sic  disponantur,  iit  quadrac  nou 
sint ,  sed  ,  (vci  bi  gralia)  si  xv  pcdibus  long.-e  fiieiint ,  x 


DK  L-AGRICTJLTURE,  LIV.  l. 


facon  qu"eI!os  ne  fannciit  pas  1«  carre  ,  niais  que 
si  ellcs  ont,  par  exenipie  ,  quinze  picds  dc  ionp;, 
elles  n'cn  aicnt  que  dix  de  large  ,  parce  quc  la 
chaleur  sera  plus  iutense  dans  un  liru  ctroit.  La 
formc  du  sw^e  qui  sera  dans  le  bain  sera  a  la 
voloiitc  de  chacun.  Les  sallcs  de  bains  d'cte  re- 
cevront  le  jour  du  cote  du  scptentrion  ,  ct  celles 
d'hiver  le  reccvront  du  c6tc  du  niidi.  II  faut,  si 
faire  se  peut ,  qu'elles  soient  situccs  de  faeon  que 
leur  decharge  s'ccoule  tout  enticre  a  travers  les 
jardins.  Les  voutesde  cessalles,  qui  serontfaites 
en  ouvrage  deSignia,  seront  les  plus  solides; 
niais  si  on  les  fait  de  planches ,  ccs  planches  se- 
ront  soutenuesavec  des  arcs  de  fer  traverscs  par 
dcs  verjies  de  fer.  Si  on  ne  veut  point  qiie  ces 
voiites  soient  faites  en  planches,  on  mettra  sur 
ces  arcs  et  sur  ces  verges  des  tuilcs  de  deux  pieds, 
rassemblees  par  des  crampons  de  fer,  et  liees  en- 
tre  elles  avec  un  mortier  de  crin  et  d'argile; 
apres  quoi  on  lcs  revetira  par-dessous  d'un  en- 
duitde  terre  cuite,  qu'on  cmbellira  ensuiteavec 
du  stue  bien  poli.  On  pcut  aussi,  si  Ton  consulte 
ses  intercts,  faire  ses  appartements  d'hiver  au- 
dessus  des  bains ,  c'est  le  nioyen  d'entretcnir  la 
chaleur  sous  son  habitation,  et  d'epargncr  des 
fondations. 

XLL  Puisque  nousen  sommes  surle  chapitre 
des  bains,  il  est  bon  de  connaitre  lc  ciraent  doiit 
on  se  sert  pour  rcparer  les  ouvrages  dcstines  a 
contenir  l'eau,  tant  chaude  que  froide;  parce 
quesi  lesbainsviennent  a  se  crevasser,  onpourra 
y  remedier  sur-le-champ.  \'oici  la  composition 
du  ciment  qu'on  emploie  pour  reparer  les  ouvra- 
ges  destincsa  contenir  de  Tean  chaude.  On  prend 
de  la  poix  dure,  de  la  cire  blanclie,  de  retonpe, 
de  la  poix  liquide,  de  la  terre  cuite  reduite  en 
poudre  et  de  la  tleur  de  chaux,  de  facon  que  le 
poids  de  la  cire  blanche  soit  egal  a  celui  de  la 


poix  dure,  et  que  celui  de  la  poix  li^iuide  soit 
moitie  du  poids  total  de  ce  niclangc.  On  mcle 
toutcs  ces  matieres  enyemble;  et  apres  les  avoir 
broyccsdans  un  morticr,  on  fait  remplir  les  cre- 
vasses  de  cette  composilion.  Autre  recettc  :  On 
broie  avec  un  pilon  du  sel  amnioniac  reduit  en 
poudre,  des  figues,  de  fctoupe  et  dc  la  poix  li- 
quide  ,  et  on  enduit  les  crevasses  de  cctte  com- 
position.  Autre  recette  :  On  enduit  lcs  crevasses  de 
sel  ammoniac  et  de  soufre  rcduits  Tun  ct  rautre 
en  poudre ,  ou  bien  on  lcs  en  remplit.  On  les  en- 
duitaussi  de  poix  durect  de  cire  blanchemclces 
ensemble  ct  saupoudrees  de  scl  ammoniac,  ct 
Ton  fait  passer  le  cautere  par-dessus  cetenduii. 
On  les  enduit  encore  de  ileur  dc  chaux  et  d'huilc 
melces  eusemble ,  et  Ton  sc  gardc  bicn  d'v  mcttre 
de  {'ean  aussitot  apres.  Autre  rccette :  On  mele 
de  la  (leur  de  chaux  avec  du  sang  de  taureau  et 
de  rhuile,et  Ton  enduit  les  fcntes  avec  celte 
composition.  Onbroieencoreensembledes  figucs, 
de  la  poix  dure  et  des  ecailles  d'huitres  seches, 
et  on  enduit  avec  attention  lcs  fcntcsavcc  ce  me- 
lange.  Voici  aussi  le  cimcnt  qu'on  emploie  pour 
reparer  les  ouvrages  destines  a  contenir  de  Teau 
froide.  On  broie  ensemble  avecun  pilon  dusang 
de  bocuf,  de  la  lleurde  chaux  et  du  m'iehefer,  et 
on  en  fait  une  espece  dc  cerat,  dont  on  enduit 
ces  ouvrages.  On  cmpcchc  cgalement  Teau  froide 
de  filtrer  entre  des  fentcs,  en  les  enduisant  de 
suif  fondu ,  raele  avec  de  !a  cendre  passee  au 
cribie. 

XLII.Si  Ton  fait  une  grande  coDSommation 
d'eau  dans  les  bains,  il  faut  en  diriger  recoule- 
ment  vers  lcs  boulangcries,  oii  Ton  etablira  des 
moulinsa  cau  ;  ce  qui  sera  une  grande  ^conomie 
de  travail  pour  les  hommes  et  les  bctes. 

XLIII.  On  se  pourvoiradetout  1'attirail  neces- 
saire  a  la  campagne.  Voici  en  quoi  il  consiste :  des 


lal.-o  sint  :  foiliiis  eniin  vapoi-  inlLT  anijiist.i  liii^lahltiir. 
Soliiiruin  loiiiia  pio  iiniiisciijiisqiie  voliiiilale  Inndeliir. 
Piscinales  cell.ie  in  a.'Stivis  balneis  a  septcntrioiie  liimen 
accipiant ,  in  liienialibiis  a  nieridie.  Si  lieri  polesl,  ita  con- 
stituantin  buliieie,  ut  omnis  eaium  per  bortos  (jccurrat 
eluvies.  Canieraj  in  balneis  [si]  signina:  [(iaiil ,  ]  fortioies 
sunt.  Qua;  vero  de  tabulis  riiint,  virgis  (ei leis  tiansversis, 
et  rcneis  aicubus  sustinentur.  Sed  si  tabulas  nolis  impo- 
iiere,  super  arcus  ac  virgas  bipedas  constitues  firreis 
ancoris  culligatas,  capillo  inter  se  alque  aigilla  subacta 
coliaerentes ,  et  ita  impensara  teslaceain  subter  inducis  : 
deinde  albaiii  opeiis  niloie  decoiabis.  Possumus  eliam, 
si  compendio  studcmus ,  bibeina  a^dificia  halneis  inipone- 
re  :  liiiic  ct  liabitationi  tepoiem  subinittimus,  et  funda- 
menla  lucramur. 

XLI.  Scirc  convcnit,  quoniamde  balncisloquimnr,  qua; 
sunt  nialtlia'  calidaiia;  vel  fiigidaiia! ,  ut  siquando  in  soliis 
scissa  snnlopera,  possit  repenle  succurri.  CalidariaTom- 
positio  lalis  est :  Picem  diiiani ,  ceram  albain  poixleribus 
icquis,  stiipam,  picls  liqiiid.x  tolius  pondvris  dimidiam 
parlein ,  leslani   mlniilaiii ,   lUiriin  raliis,  omnia  sliniil 

l'\LI  \UI1-^. 


inlsla  in  pila  conlnndes,  el  juncturis  curabis  iiiserere. 
Aliter  :  Aniinoniaciini  reiiilssuin ,  ficum  ,  slupani,  picem 
liquidam  liindis  pilo ,  ct  jdnctuias  oblinis.  Aliler :  .\mmn- 
nlacinn  et 'sulfiir  utiiimque  resolutum  line,  vel  iiifundc 
juncturis.  Item  plcem  duram,  ceram  albam  el  ammonla- 
cum  super  remissiim  simul  jiinctiiris  adline,  el  cantere 
cunla  percurre.  llemlloiem  calcisciimoleomislumjunctu- 
risllllne,  et  cave  ne  mox  aqua  niittatur.  Alller  :  Sanguini 
lauriiio  et  oleo  llorem  calcis  admiscc,  et  rimas  conjunc- 
tionis  obducilo.  llem  iicum  et  picem  durani ,  ct  ostrci 
testas  siccas  siinul  tundcs.  His  omnibus  junclurasdilipen- 
teradlines.  IIciu  maltha>  frigidaria!,sanguinem  bubulum  , 
llorem  calcis ,  scoriani  ferri ,  pilo  universa  contundes ,  et 
ceroli  iiistar  eflicies  ,  el  curabis  adlinire.  Itein  .scvum  li- 
qiicfarlum  cribellato  cineri  admistuin  fi  Igida;  aqua;  intcr 
rimas  labcnli ,  si  adlinatiir,  obsislet. 

XLII.  Si  aquae  copia  est,  fusuras  balneariim  debent 
pislrina  su.wpeic;  iit  ibi  formalis  aqnariis  molls,  slnc  ani- 
malium  vel  hominuin  lahore  IVuincnla  franganlur. 

XLIII.  Inslrumentavero  lia-c,  qurc  niii  ncressaiia  siint, 
parciniis.  Aratra  simpllcla,  vcl  sl  plana  icglo  pciiiiitlil , 


Sid 


PALLADIUS. 


cliiurues  siniples,  ou  ,  si  ron  cultiveun  pays  plat 
qui  en  permeUe  l'usage,  des  chari'ucs  aoreilles, 
par  le  moyen  desquellcs  on  fasse  les  raics  du  la- 
bour  plus  elevees,  afm  que  les  semenccs  pendant 
riiiver  souffrent  nioins  du  scjour  dcs  eaux ;  des 
hoyaux  ,  des  beches,  des  serpettes  pour  tailler 
les  arbres  et  la  ^igne.  Ilcm,  des  faux,  tant  pour 
la  moisson  que  pour  la  fenaison  ;  deshoues,  des 
tupi,  c'est-a-dire ,  des  scies  emmanchees  tanl 
grandes  que  pctites ,  dont  les  plus  grandes  n'aient 
pas  eependant  plus  d'un  cubilus ,  afin  de  pou- 
voir  etre  introduites  facilement  dans  les  troncs 
d'arbres  ou  dans  les  ccps  de  vigue,  a  Teffet  de 
ies  couper,  ce  qui  serait  impratieable  avec  une 
scie  commune;  des  alenespour  enfoncer  les  sar- 
nients  dans  les  terrcs  faconnees  au  pastinum ; 
dcs  serpettes  tranchautes  par  le  dos ,  et  faites  en 
forme  de  croissant.  Item  ,  de  petils  couteaux  re- 
courbcs,  avec  ksquels  on  puisse  couper  aisenient 
les  rejetons  secs  des  jeunes  arbrcs,  ou  ceux  qui 
cmpietcnt  sur  le  trone.  Ilcm. ,  de  tres-petites  fau» 
cilles  a  dents,  avec  lesquelles  on  estdans  Tusage 
de  couper  la  fougere;  de  plus  petites  scies  que 
celles  dont  nous  avons  parle,  dcshoues,  des  oa- 
tilspour  extirper  les  cpines,  dcs  haches  simples 
ou  faites  en  forme  de  doloires,  dcs  sarcloirs  sim- 
ples  ou  a  deux  fourchons ,  ou  des  haches  dont  le 
(los  rcssemble  a  des  rcitcaux.  Item,  deseauteres, 
des  instruments  de  fer,  tant  pour  la  castration 
que  pour  la  tonte  ,  ou  pour  letraitemcnt  des  ani- 
maux  nialades;  des  tuniqucs  de  peau  avec  des 
oapuchons,  dcs  guetres  et  des  gants  de  peau  qui 
puissent  scrvir  non-seulemcnt  dans  les  forets, 
mais  eucore  dans  les  buissons,  taut  aux  tra\aux 
rustiques  qu'a  la  chasse.  Aprcs  avoir  acheve  tout 
ce  qui  conecrne  lcs  preceptcs  generaux ,  nous  al- 
lons  a  present  detailler  les  travaux  de  chaque 


mois  de  Tannee,   en  comraencant  par  eehu  de 
jnnvier. 

LIVRE  SECOND. 

J.\NVIER. 

I.  II  faut  dechausser  les  vignes  ce  mois-ci  dans 
les  climats  temperes;  c'est  ee  que  les  Italieus 
appellent  excodicare  (essarter).  Cetle  opeiation 
consiste  a  ouvrir,  avec  precaution,  la  terre  a 
Taide  de  la  doloire  autour  du  tronc  dela  vigne, 
et  a  y  iaisser  des  especcs  de  rigoles  circulaires 
apres  en  avoir  bien  nettoyii  toutes  les  racines, 
afin  que  la  chaleur  du  soleil  et  la  pluie  l'exci- 
tent  a  pousser. 

II.  Cest  le  moment  de  nettoyer  les  pres  et  de 
les  mettre  a  Tabri  des  insultes  des  bestiaux,  dans 
les  lieux  exposes  au  soleil,  ou  maigres,  ou  secs. 

III.  On  peut  deja  donner  le  premier  labour  et 
les  premiers  apprets  aux  terrains  gras  ou  secs; 
mais  il  vaut  mieux  altacher  les  boBufs  au  joug 
par  le  cou  que  par  la  tcte.  Lorsque  les  boeuls  se- 
ront  arrives  au  bord  du  sillon,  le  laboureur,  avant 
de  les  faire  retourner,  les  letiendra,  et  poussera 
le  joug  en  avant,  afin  que  leurs  eous  se  rafrai- 
chissent.  Un  sillon  de  labour  ne  doit  pas  avoir 
pius  de  ccnt  vingt  pieds  de  loiig ;  et  il  faut  pren- 
dre  garde  de  laisser  de  la  terre  entre  les  sillons 
sans  la  retourner.  On  brisera  toutes  les  moltes  de 
terre  avec  ladoloire.  Pour  reconnaitre  si  laterre 
a  ete  remuee  egalement  partout,  on  sonde  les 
sillonstransversalemcnt  avec  une  perche;  et  cctte 
precaution  reitiiree  souvent  empcehe  les  bouviers 
de  toniber  dans  la  ncgligence  sur  ce  point.  II 
faut  observer  de  ne  pas  labourerun  ehamp  lors- 
qu'il  est  bourbeux ,  ou  lorsqu'il  est  humecte  d'une 
pluie  legere  apres  de  longues  secheresses  (corarae 


aurita,  qulbus  possint  conlia  stationps  liunioris  liilicrni 
sala  celsiore  sulco  atlolli.  Uidenlcs,  liolabras,  falces  puta- 
torias,  quibus  in  arbore  utamiir  et  vite.  Item  messorias 
\el  firnarias,  ligoues,  lupos,  id  estserrulas  nianubrialas 
iiHnores  majoresque  ad  meusurain  cubiti,  quibus  facile 
est,  quod  per  serrani  fieri  iion  potest,  resecaiido  trunco 
arboris,  aut  vilis  inlerseri :  acus ,  per  quas  in  pastinis  sar- 
menta  niergiintur  :  falces  a  tergo  acutas  alque  lunalas  : 
cultellos  itenicurvos  minores,  perqnos  novetlis  arboribus 
surculi  aridi  aut  cxtantes  facilius  amputentur.  Item  falci- 
cnlas  brevissimas  tribulalas,  quibus  filicem  solemus 
abscindere  ;  serrulas  minores,  vangas,  runcones,  quibus 
veprcta  peisequiniur;  secures  simplices  vel  dolabratas  ; 
sarciilos  vel  simplices  vel  bicornes ,  et  ascias  in  aversa 
parte  referenles  rastro.'^.  Item  cauleres,  castratoria  ferra- 
meiita  atque  lonsoria,  vel  qua;  ad  animalium  solent  per- 
tincre  medicinam.  Tunicas  vcro  pellicias,  cum  ciicnllis, 
ct  ocreas  mauicasque  de  pellibus,  quic  vel  in  tilvis,  vcl 
iu  vepiibus,  rnstico  operi  et  venatorio  possint  csse  com- 
ninnes.  Explelis  liis  quoe  ad  generale  pertincnt  pra-cep- 
him,  nuncoperas  suas  singiilis  mensibus  explicabimiis,  el 
4,menscJanuario  laciemus  initium. 


LIBER  SECUNDUS. 

J.  Januario  mense  locis  temperatis  ablaqueandae  sunt 
vites,  qua  llali  excodicare  appellant,  id  est  circa  vitis 
codicem  dolabra  terram  diligenter  aperire,  et  piirgatis 
omnibus  velut  lacus  efficere,  ut  solis  teporibus  cl  imbri- 
bus  pi ovocentur. 

11.  .\pricis,  aut  macris,  aut  aridis  locis  pratajam  pur- 
gaiida  siint ,  et  a  pecore  vindicanda. 

llt.  Pingues  et  sicci  agri  pioscindi  et  apparari  jam  pos- 
snnt.  Sed  boves  meliiis  colloquam  capitejunguntur;qoa9 
ubi  ad  versuram  venerint,  arator  retineat,  etjugum  pro- 
pellat,  ul  eorum  colla  refrigerentur.  Sulciis  autem  in  ara- 
tionibus  longior,  quam  centum  viginti  peduro  esse  noft 
debet.  Servandum  vero  est,  ne  inler  siilcos  iioii  mola 
teriarelinquatur.  Glebic  omnes dolabris  dissipandie  siint. 
Seil  fequaliler  leiram  motam  esse  cognoscis ,  si  transver- 
sam  per  sulcos  perticam  miltas  :  quae  res  saepius  liacta  ,.. 
bubulcos  ad  baec  negligentia  snbmovebit.  Observandum 
est,  ne  lulosus  ager  aretur,  aut,  qiiod  s.Tpe  sit,  post  lon- 
gas  siccitales  levl  imbre  perfusus.  Nam  lerra  qua;  lutosa 
tractatur  in  primordio,  fcrlur  toto  anno  uon  posse  trac- 


01':   i;.\(iUICULTURE,  LIV.  II. 


il  arrivc  frequemmcnt) ;  car  oii  pretfind  qtriine 
tcne  ii  laquelle  on  a  touclie  ponr  la  premiere 
fois,  (lans  le  tenips  qu'elle  etait  Ijourbeuse,  ne 
peut  plus  etremaniee  de  toute  rannec;  et  Ton 
assurcque  lorsqu'on  en  laboure  unc  pen('ant  que 
sa  superficie  est  k-gercment  luimeclee  et  que  Tin- 
tt^rieur  en  est  sec,  elie  dcvicnt  sterile  pour  trois 
ans.  Cest  pourquoi  il  ne  fautdonner  le  premier 
labour  qu'a  des  terres  qui  solcnt  mediocremcnt 
humect(>es,  sans  tilre  ni  bourbeuses  ni  seches. 
Si  ce  sont  des  collines,  on  y  fera  lcs  sillons  en 
travers  sur  ies  pcntes,  et  on  obscrvera  la  mcmc 
marche  lorsqu'on  les  ensemencera. 

IV.  Lorsque  Thivcr  n'aura  point  eti;  rude,  on 
semera  dans  lcs  climats  temp^^r^is,  vers  ies  ides 
dejanvicr,  dc  ror<i;e  de  Galatie,  qui  est  un  grain 
pesant  et  blanc.  II  en  faudra  huit  mocl/i  pour 
ensemencer  un  jugerum. 

V.  On  seme  la  gesse  ce  mois-ci  dans  un  terrain 
gras,sous  un  climathumide.  il  en  faut  trois  mo- 
(U>  pourensemenccrun  /),'r/r>rMW.  Mais  cette  cs- 
peee  dc  scmence  rt^ussit  rarcment,  parce  que  lcs 
vcnts  duniidi  o«  ia  sechcicsse,  qui  sontdcsac 
cidents  prtsque  mevitablcs  au  temps  qu'elle  fleu- 
rit,  en  font  lombcr  la  flcur. 

VI.  On  scnie  a  la  fm  de  ce  mois-ci  la  vescc 
que  l'on  a  intention  de  ne  pas  couper  en  fourrape, 
et  de  r(?co!ter  en  grainc.  II  en  faut  six  modii 
pour  ensemencer  un  juf/erum.  II  faut  la  semer 
apres  la  seconde  ou  la  troisicme  heure  du  jour, 
lorsque  la  roscc,  (|u"cllc  ne  peut  pas  supporter, 
nnra  disparu ,  ct  dans  une  tcrrc  qui  ait  re(;u  le 
premicr  labour.  Mais  on  aura  rattcntion  de  la 
couvrir  aussittjt  de  terre,  parce  que,  si  ellc  rcs- 
tait  a  decouvert  pcndant  la  nuit,  i'humidit(3  ia 
eorromprait.  On  obscrvera  de  ne  pas  la  semer 
avaiit  le  vingt-einquicme  jour  dc  la  lunc;  autre- 
ment  les  limacons  la  devorcraicnt. 


&47 

VII.  Nous  semons  en  Italic  le  fenugrcc  que 
nousdevons  ixcollcr  en  praine  a  la  fin  du  mois 
de  janvier,  vers  les  calcndcs  de  fiivricr.  Six  mo- 
dii  suffisent  pour  cnscmeneer  un  juycntm.  II 
faut  que  les  sillons  de  li  terre  dans  laquelle 
on  le  seme  soient  scrn''s,  mais  non  profonds, 
parce  qu'il  vicnt  diflicilenicnt  quand  il  cst  cnfonce 
de  plus  de  quatre  doi'.its  en  terre.  Cest  poiir- 
quoi  il  y  a  dcs  personncs  qui  ne  se  servent  que 
de  charrucs  tres-petitcs  pour  doniicr  le  prcniicr 
labour  a  la  terre  dans  la(|uclle  ellcs  le  semrnt, 
et  qui  lc  recouvrentaussi!(")t  detcrre  avec  dessar- 
cloirs. 

VIII.  On  peut  aussi  scmcr  fers  a  la  fin  dc  ce 
mois-ci  dans  un  terrain  sec  ct  niaigre.  On  en  scme 
einq  iiiodii  \)arjin/enim. 

IX.  II  faut  profiter  des  jours  secs  et  sercins  de 
ce  mois-ci  pour  sarcler  les  bl(?s,quand  il  negele 
point.  La  plupart  des  auteurs  piTtendent  que 
c'est  une  operation  qu'il  ne  faut  jamais  faire, 
parce  qifelle  decouvre  oii  qu'elle  eoiipcles  raci- 
nesdes  bl(''S,  de  fa(?on  qu'ils  pcrissent  aux  froids 
qui  viennent  ensuite;  niais  il  me  semble  qu'()n 
peut  la  faire,pourvu  quecene  soit  ([uedansdcs 
terrains  pleins  d'herbcs.  Aii  surplus,  on  sarcle  le 
froment  et  le  ble  ador  qmm\  ils  ont  quatrc  feuil- 
les;  1'orge,  quand  elle  en  a  dnq;  les  feves  et  lcs 
legumes,  lorsqu'ils  sont  clev(''S  de  quatrcdoigts 
au-dessus  de  terre.  Pour  !e  lupin,  qui  n'n  qu'une 
seuleracine,  il  p(!'riraitsi  on  lesarclait.  l)'aillcurs 
il  n'exige  pas(iu'on  hii  donnece  soin,  parce  qu'il 
fait  mourir  les  herbes  lui-m(?iTie,  etsans  le  sccours 
du  cultivateur.  Quant  a  la  fcve,  si  on  la  sarcle 
dcuxfois,elleprofitcrad'autantmieux,etproduira 
des  fruits  aussi  recommandables  par  leur  gros- 
seur  queremarquablesparleurquantite,  puisqu'il 
n'en  faudra  presque  pas  plus  pour  combler  la 
mesure  d'un  modivx  lorsqu'ils  seront  moulus, 


;  quae  aiilem  siipra  lcviter  infiisa  est ,  et  siiluei-  sicca , 
51  tiinc  aielur,  asseriliir  per  Uienniiiiii  .steiilis  fieri.  Et 
ideo  mediocriter  inftisiis  ager,  ut  nec  liitosus  nec  aridiis 
iit,  picscindi  debet.  Si  collis  est,  liansveisus  per  latera 
iMlcelur.  Qua:  forma  tunc  servanda  est,  cuin  semen  acci- 
piet. 

j  IV.  Si  clemens  fuerit  hiems ,  ordeum  Galaticum,  qtiod 
|;rave  el  candidum  est,  circa  idiis  Janiiaiias  seramus  locis 
l.emperatis.  Octo  modiis  jugeriim  complebitur. 
I  V.  Ciceicula  mense  lioc  serilur  loco  la.>to,  cjclo  humido. 
fres  miidii  juserum  eomplent.  Sed  hoc  gemis  seminis  raro 
esponilcl ,  (piia  decipitur  austro ,  vel  siccitate  dum  (lo- 
et ;  (piiid  lunc  prope  necesse  est  evenire. 

Vl.  Hoc  nienst;  ullimo  colligendi  .seminis  causa ,  non 
labuli  secandi ,  vicia  scritur.  Jugerum  sex  modii  occii- 
lanl.  Serenda  esl  in  tci  ra  proscissa  post  lioiani  siTiindaui 
■el  [erliam,  cum  ros  esse  (lesicrit ,  qiiem  fenc  non  polest. 
ied  slatim  cooperienda  est  ante  noclem.  Nain  >i  niida 
inanscrit,  noctis  huinore  coiriinipitur.  Ob.scrvsndnm  cst 
.>e  ante  vigesimamquintam  Innam  scraliir;  ipii.i  >i~  ^.it.'.in 
jiDiacee  persequiinliir. 


VII.  l"o^iinm  grircnni  in  Italia  collignndi  scniinis  caiisa 
mense  Januario  iilliino  circa  1'cbruarias  calenil.  serimus. 
Sex  mndii  jUjicro  siiriiciunt.  Aiandnni  est  spisse,  sed  nou 
alle.  Nam  si  pliis  qnani  qnatuor  digilis  ohruatnr,  diflicile 
nascitnr.  Idcirco  qnidam  minimis  aiatris  proscissa  prius 
tcrra  seminanl,  et  sarculis  slalim  sata  cooperiunt. 

VIII.  Ervnni  seri  et  hoc  mensc  novissimo  polcst  loco 
sicco  et  macio.  In  jugeio  quinquc  modii  scruntiir. 

IX.  Iloc  nicnse  seienis  et  siccis  dichns ,  dum  gelii  idium 
non  est,  sunt  sarculanda  frumcnla.  Quod  opus  pleiiqiio 
negant  lieri  debere,  qnia  ladices  eorum  deteganlnr  aiit 
incidantiir,  et  necentiir  frigore  suhseculo  Milii  antem  vi- 
delur  lipibosis  locis  tantnmcsse  faciendiim.  Scd  liilinim 
et  far  sarntur  qualiior  foliorum ,  ordeuni  qiiiiiqin' ;  f.iha 
et  legninina ,  cnm  supra  lenain  qualuor  digitis  fucrint 
Lupinns  vpro.ipiia  iinam  radi(X"m  liahet,  si  sarcnletur, 
exliiignilnr;  qiiod  nec  desiderat,  (piia  herbas  praeler  anxi- 
liijiu-witoris  aflligit.  Faba  aulem  si  bis  sarculeliir,  profi- 
ciel ,  Pl  mulliiin  fruclumel  maximum  alTeiet;  ul  ad  nieii- 
tnrani  modii  complendi  frosa  propcniodim»  sicut  inlogra 
rcspondcat.  Si  siccas  segetes  saiciilaveris,  aliqiiid  con- 


hiL 


PALLADIUS. 


qu'il  n't'n  faudrait  s'ils  etnient  en  cosses.  En  sar- 
elanlles  plantesdaus  leteinps  qu'ellessontseclies, 
c'est  un  petit  seeours  ([u^on  leur  procure  eontre  la 
rouille.  L'orgesurtout  doitetresarcl^equandelle 
est  seclie. 

X.  Cest  a  present  le  temps  defaconner  laterre 
&»  paslinnm;  ce  qui  se  fait  de  trois  facons,  ou 
en  reniuaiit  toute  la  superficie  du  terrain,  ou  eu 
y  faisant  des  trancliees ,  ou  eii  y  creusant  des 
fosses.  II  faut  fouiller  un  terrain  dans  toute  son 
etendue  quand  il  est  en  friche,  afin  de  le  debar 
rasser  des  souehes  et  des  racines  de  fougere,  ou 
d'autres  mauvaises  herbes.  Mals  quand  ce  sont 
des  jacheres  qui  ne  sont  point  cmbanassees,  il 
faut  les  faconner  au  i^astinum  en  y  creusant 
desfosses,  ou  inieux  des  tranchees,  parce  que 
cesdernieres  iivreront  passage  a  Teau,  de  facon 
qu'elle  abreuvera  tout  le  terrain.  On  fera  donc 
ces  tranchees  de  la  longueur  que    Ton  voudra 
donner  aux  planches,  et  de  deux  pieds  et  demi 
ou  detroispieds  de  largeur,  de  facon  que  deux 
travailleurs  la  creusent  ensemble  au  lioyau ,  eu 
se  reglant  sur  unc  ligne  qui  sera  marqueeau  cor- 
deau ,  et  cela  a  la  profondeur  dc  trois  pieds  ou 
de  deux  piedset  demi.  Apresquoi,  s'il  s'agitd'un 
vignoble  qui  doive  etre  cullive  a  mains  d"hom- 
me,  ils  laisseroiit  sans  le  remuer  un  intervalle  de 
terrain  egalacelui  qu'ils  auroiUlaboure,  et  creu- 
seront  une  autre  tranchee  de  la  meme  facon 
que  la  premiere;  au  lieu  que  s"il  s'agit  de  vigno- 
bles  qui  doivent  etre  laboures  a  ia  charrue,  ils 
laisseront  entre  chaque  trauchee  un  intervalle  de 
cinq  ou  six  pieds  sans  le  fouiller.  Si  Ton  veut 
faire  des  fosses,  on  leur  doiinera  th)is  pieds  de 
profondeur,   deux  pieds  et  demi  de  largeur,  et 
trois  pieds  de  longueur.  Soitque  Ton  culiive  les 
vignobles  a  mains  d'homme,  soit  qu'oii  les  eul- 
tive  avec  des  bceufs,  on  laissera  entre  ces  fosses, 


dans  Tun  ou  Tautre  cas,  les  m(5mes  intefval- 
les  que  ceux  que  iious  avons  prescrits  a  Tegard 
des  trancht'es.  Mais  il  ne  faut  pas  donner  aux 
fosses  plus  de  trois  pieds  de  profoiideur,  de  peur 
que  lessarments  qu'on  y  plantera  ne  soient  in- 
commodes  par  le  froid.  II  faut  que  les  cotes  dcs 
fosses  soient  coupesa  pic,  de  peur  que  si  le  cep 
s'y  trouvait  pose  obliqueinent,  il  ne  vint  a  etre 
blesse  par  suite  des  efforts  que  ferait  le  fos- 
soyeur  pour  p!?netrer  au  fond  de  la  terre  avec 
ses  outils.  Quant  aux  terrains  faijonues  au  pas- 
fiiium,  dont  on  voudra  remuer  la  terre  dans 
toule  leuretendue,  on  les  fouillera  a  la  profon- 
deur  de  trois  pieds  ou  de  deux  pieds  et  demi,  et 
Ton  prendra  garde  que  Touvrier  ne  dissi- 
mule  par  fraude  des  parties  de  terre  non  labou- 
rees.  Cest  a  quoi  veillera  le  gardien,  en  sondant 
de  temps  cn  temps  le  terrain  a  mesure  qu'il  sera 
fouillti ,  avec  une  verge  sur  la(|uelle  sera  marquee 
la  mesure  de  la  profondeur  que  iious  venoiis  de 
prescrire.  On  fera  aussi  rejeter  sur  la  superficio 
du  terrain  toutes  les  racines  et  toutes  lcs  iiii- 
mondices,et  priiicipalement  celles  qui  provieii- 
uent  de  roiices  ou  de  fougere.  II  faut  prcndre  ces 
soins  dans  tous  les  terrains,  ([uelle  que  soit  leur 
position,  et  par  tout  pays. 

XI.  Pour  ce  qui  est  de  la  distribution  du  ter- 
rain  en  planches,  le  propri^^taire  suivra  soit 
gout ,  ou  se  r(>glera  sur  rexigenee  du  lieu,  pour 
la  faire,  soiteii  formantdes  planches  d'unjugc- 
rum  entier,  soil en  les  faisant  d'un  semijugerum  , 
soiteiifinen  ue  faisantque  des  planches  gwaria- 
narice,  c'est-a-dire,  des  planches  carrees  qu 
ne  conliendront  que  lc  quart  dxijugerum. 

XU.  'Voici  la  raesure  de  terre  facounee  ai 
pastiiium  que  contiendra  la  planche  carrtie  d'ui 
jugerum  entier.  Chacuu  de  ses  c6tes  aura  cea 
quatre-vingts  pieds  de  longueur,  lesquels ,  mul 


lia  nibigiiieni  iira'stilisli.  Maxime  OKleiiiii  sicciiin  sar- 
ri"»;'»'. 

X.  Pastinuiii  fieri  nunc  tempus  est  :  quod  lit  tribus  ge- 
Meiibus,  aut  terra  in  totum  lussa,  aut  sulcis,  aiil  scio- 
bibus.  Terra  tola  debet  elTodi,  ubi  afier  ininiuudus  est, 
ut  silvestribus  truncis  el  radicibus  filicis,  vel  lierbarum 
uoxiarum  spalia  liberentnr.  tJbi  autem  mund*  sunt  no- 
vales ,  scrobibus  pastinemus  aut  sulcis  :  sed  sulcis  inelins 
eiil ,  qnia  hnmorem  velut  in  tolum  spalia  pastinala  trans- 
mittunt.  Fiunt  ergo  sulci  tanta  longitudine,  quanlaiu  des- 
tinaveiis  tabula;;  lalitiidinejiedum  duorum  et  semis,  vel 
trium,  ila  utjuncti  duo  fossnres  designatum  linea  sialium 
bidentibus  perseqnantur  aUitudine  trium  vel  diiornm  et 
semis  pedum.  Deinde  si  ligonibus  per  liomines  vinea  co- 
lenda  est,  tantiim  crudi  soli  relinquiinus,  et  sicaltersnl- 
cus  impriniitur.  Si  vero  arandx  snnt  vinea;,  qninqiie  vel 
sex  pediim  spatia.  quffi  non  sunt  lodienda,  in  inedio  ic- 
linqnemus.  Qiiod  si  scrobes  fieii  placeat ;  (aciemus  tribiis 
pedibns  altas,  diiobiis  semis  latas ,  tribus  Inngas.  Sive 
lossoi  ibiis  colantur  vineta ,  seu  bubiis ,  eadein  spalia , 
qucE  iuler  sultos  sunt  dicta,  servemus.  Ullra  tres  veru 


pedes  allius  fodiendae  sciobes  non  sunt,  ne  laborent  fr 
goie  sarmenta  quie  pangiinus.  Latera  scnibibus  aequalili 
incisa  sint,ne  obliqua  vitis  saucietiir  alle  nitentibus  fe 
rainenlis  cum  fossor  inctimbet,  Pastini  veio.qiiod  onir 
versabitur,  trium  vel  duorum  seinis  peduin  aUitiidine  ten 
universa  fodietur.  In  quo  est  adliilienda  diligentia,  ij 
crudiini  .solum  liaude  occulta  fossor  incliidat.  Quain  rej 
subinde  custos  virga,  in  qiia  praidicta;  aUitudinis  inodij 
designatus  est,  per  spatia  quae  fodiuiitur,  exploret.  Racj 
ces  omnes  et  purgamenta,  niaxiine  rubi  et  lilicis,  ia  sui 
mum  regeri  faciat.  Qua;  cina  in  orani  positionis  geiiere, 
ubique  servanda  est.  i 

XI.  Tabulas  auteni  pro  domini  voluntate  vel  loci  r| 
tione  facienius  sive  Integruin  jugeruni  coiitinenles,  sl 
niedium ;  seu  quartanariani  tabulam ,  quse  qnartain  jiigij 
partem  quadrala  conticiet. 

XII.  Mensiira  veio  pastini  liaec  est,  [ul]  in  labiila  qij 
drata  jugerali  cenleni  octogeni  pedes  per  singiila  latii 
diiigantnr,  qni  [in  se]  inulliplitati  liecentas  viginliqualil 
deceinpedas  (piadiatas  per  spalium  onine  coinplebu 
Secundiim  hunc  uiiiiieruin  oninia  qua?  volueris  pastinai 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  IL 


tiplios  run  [);ii-  lautic,  ilunncront,  pour  toute 
sa  superficie,  trois  cent  vingt-quatre  perches 
carrecs  de  dix  pieds  cliacune.  Or,  on  estimera, 
d'apres  ce  calcul ,  tous  les  tenains  que  Ton  vou- 
dra  hconner  a\}  paslinuiii ,  puisque  dix-huit  per- 
clics  (le  dix  pieds  chacune,  multiplices  pardix- 
huit,  cn  donneront  trois  ceut  vingt-quatre.  Ainsi 
cet  exemple  apprendra  a  mesurer  tous  les  ter- 
niiiis,  selon  qu'ils  seronl  plus  ou  moins  grands. 
XIII.  Le  terrain  qu'ondestine  a  la  vii^ne  doit 
ii'etreni  tropeompacte  nitrop  meuble,maistenir 
pliilot  de  la  derniere  condition.  II  ne  le  faut  iii 
raaigre  ni  gras  tout  a  fait ,  mais  quelque  chose 
d'approchant;  ni  platni  abrupte,  mais  legerement 
fxliausse;  point  sec,encore  raoins  marecageux, 
inais  arrose  moderement ;  enfiii,  qu'il  ne  soit  ni 
s.ile  ni  amcr,  pnrce  que  tous  ccs  defauts  corroni- 
pcut  le  vin  et  le  rendent  desagreable  au  goiit.  II 
lautaussiune  tempeiature  moyenne,  mais  plutol 
tiede  que  froide,  plutot  scche  qu'humide.  Mais 
ceque  la  vigne  redoute  le  plus,  ce  sont  les  tem- 
p^tcs  et  Ics  vents.  Quand  oii  voudra  faconnerun 
terrain  au  pastiiiiiiii ,  on  en  choisira  un  de  prefe- 
rencequi  soit  inculte,  ou  eutierementcouvert  de 
bioHSsailles.  La  piie  de  toutes  les  qualites  quil 
pourrait  avoir  serait  d'avoir  ete  anciennement 
plante  en  vignes.  Si  cependant  Ton  est  force  par 
lanecessite  de  tourner  sou  choix  sur  un  terrain 
pareil ,  il  faudra  commencer  par  le  tourraentcr 
par  de  frequcnts  labours,  afin  d'e\tirper  lcs 
racines  des  anciens  ceps,  et  de  detruire  tout  ce 
qu'ils  laissent  apres  eux  de  detritus  et  de^pour- 
itiire,  a\ant  de  lui  coafier  le  jeuue  plant.  Le 
uf  ou  tel  autre  terrain  d'une  espeee  meme 
ilus  dure,  quand  ils  sont  ramollis  par  l'action 
•iicccssive  de  la  gelee  et  du  soleil,  portent  de 
ires-bclles  vignes,  parce  qu"ils  mainticnnent 
eurs  racines  fraiches  en  ete,  et  qu'ils  conservcnt 
Meu  l'humidite.  Pour  le  roc  qui  est  couvert  de 

lisculies.  Decem  et  octo  eniin  decempeda',  dccies  et  oclics 
upimlalae ,  trecenlas  viginllqiiatuor  explcbiint.  Quo 
■xein|ilo  doceberis  in  majore  agio  vel  niinore  niensiirani. 

XUI.  Sed  solnm  vineis  ponendis  nccspissiini  silnimis 
lec  resoUiUim ;  piopiiis  lanien  resolulo  :  ncc  exile ,  nec 
telissiniiim;  lamen  laeto  proximum  :  nec  catnpestre,  nec 
ira^ceps;  sed  polius  cdilo  canipo  :  nec  sicciim  nec  uligi- 
tosum;  modice  tamen  rosciduin  :  nec  salsum  nec  ania- 
um ,  quud  viliuin  sapore  corruplo  vina  conlristat.  Ca;luni 
mdiorris  qiialilalis,  lepidum  lamen  magis  quam  liigi- 
lum,  siccum  potius  quam  Dimis  imbridiim.  Sed  anle omnia 

itis  procella,s  \enlosque  formidal.  .\d  paslinandiim  ludes 
Sros  polius  eligamns,  vel  rnaxime  silvcslres.  Llliuia  con- 
titio  e^t  ejus  loi  i ,  iu  qiio  fuerunt  velusta  vinela.  Quod  ei 
lecessilas  coegerit ,  prius  n.ullis  arallonibus  evercealiir, 
ilabolilis  radicibiis  priorisvineae,  cl  omni  ejuscjiic  cl 
jqualore  depiilso,  iiovella  vilis  tutius  possilinduri.  Tofus 
ilaliaduriora,  ubi  geln  relaxantur  et  snlibus,  piilcherri- 
iias  vincas  ferunl,  rerrigeralis.Tp,state  radicibus,  el  bnmoie 
lelenlo.  Sed  cl  solula  glaiea  ct  calc ulosus  ager  ct  mobiles 


549 

tcrre,  il  n'cxpose  jamais  les  racines  de  la  vigne 
a  souffrir  la  soif  pendant  Tete,  parce  qu'il  est 
frais  et  qu'il  conserve  bien  rhuiniditc.  II  eu  est 
de  meme  d'un  gravier  resolu  en  poussicre,  d'ua 
terrain  plein  de  cailloux  et  de  pierres  mouvan- 
tes  (pourvu  neanmoins  que  toutes  ces  natures  de 
terrains  soient  mclaugees  de  quelques  niottes  da 
terrc  qui  soieut  grasses) ,  ainsi  que  dcs  terrains 
sur  lesquels  la  terre  s'eboule  des  hauteurs  voisi- 
iies,  ou  des  vallees  engraissees  par  les  depAts 
de  limon  que  les  eaux  y  ont  formcs  ;  quoique  tout 
ceci  ne  doive  s'entendre  que  des  lieux  qui  n'ont 
a  craindre  ni  la  gelee  ni  les  brouillards.  La  terre 
melee  d'argile  est  encore  bonne  pour  la  vignc; 
mais  rargilepureluiest  tres-contraire,  ainsi  que 
les  autres  choses  que  j"ai  detaillees  dans  les  pre- 
ceptes  generaux.  Pour  les  terrains  qui  n'auront 
jamais  produitque  de  miserables  broiissailles,ou 
qui  seront  marecageux ,  ou  sales,  ou  amers,  ou 
altercs  et  sccs,  il  faut  y  renoncer.  Le  sable  noir 
aiiisi  que  le  rouge  sont  bons,  pourvu  qu'ils  soient 
meles  de  terre  1'orte.  Le  charbon  maigrit  les  vi- 
gnes,  a  moins  qu'il  ne  soit  fume.  Elles  prennent 
diflicilement  dans  la  terre  rouge.  II  est  vrai  que 
par  la  suite  elles  y  trouvent  suffisamment  de 
nouriiturc.  Mais  cette  especede  terre  est  rebelle 
a  la  culture,  parce  que,  pour  peu  que  rhumidite 
ou  le  soleil  s'y  fassent  sentir,  elle  se  detrempe 
ou  se  desseche  trop.  Ausurplus,  le  meilleur  sol 
est  celui  qui  tient  le  milieu  entre  tous  lcs  extrd- 
mes,  et  qtii  approche  plutfit  d'un  terrain  leger 
que  d'un  terrain  compacte.  II  faut  que  la  vigne 
soit  cxposce,  ilaiis  les  pays  froids,  au  iiiidi ;  dans 
lcs  pays  chaiids ,  au  nord  ;  dans  les  pays  tem- 
peres,  au  levant :  pourvu  cependant  que  la  con- 
tree  ne  soit  point  sujette  a  des  vents  de  midi  ou 
d'est  qui  soicnt  malfaisants;  auquel  cas  on  fera 
raieux  d"e\poser  ses  vignobles  au  veut  d'aquilon 
ou  au  Favonius.  II  faut  commenccr  par  debar- 

lapides ,  si  tamen Ii.ic  omnia  glebis  se  pinguibus mi.scuere, 
el  silex,  riii  leria  siiperposila  est,  quia  fiigidiis  esl  el  hu- 
nioiis  lenax ,  radices  rcslale  sitire  non  patitur.  Ilem  loca , 
ad  qu.Tc  de  cjicuminibus  lerra  decurrit,  vel  valles,  quas 
fluniiniim  saturabit  aggeslio  :  sed  lioc  in  iis  locis,  qiiJB 
gelu  et  ncbiilis  infesla  essc  non  possunt.  Argillosa  terra 
commodaest,  argillaaulem  sola  graviler  inimica,  et  cav 
lera  qiia' in  generalibus  dixi.  Nani  locus,qiii  misera  vir- 
gulla  produxeril,  vel  uliginosus  vel  salsus  vel  amarus  vel 
sirniilosiis  ct  aridus  improbalur  Jiiger  sabnlo  et  rubeu» 
ulilis  esl,  sed  cui  foilis  lerra  pemiisla  est.  Carbnnculus, 
nisi  Rlercorelur,  inacras  vineas  leddil.  In  rubrica  diflicilius 
comprebendunl,  quamvis  postea  nulriantur.  Sed  Iioc  geniis 
Ifrra;  operibus  iniinicum  est,  qiiia  parvo  vel  Iiumore  vel 
sole  aul  nimis  madescil  aiil  siccatiir.  .\t  niaximc  ulile  so- 
lumesl,  quod  inler  omnes  niinietales  temperamenUim 
tenebit,  et  raro  proxinnim,  qii.im  dcnso  lueril.  Plagam 
ca'li  vinea  speclare  debel  locis  frigidis  meridianam ,  calidis 
seplentrionalem ,  tepidis  orientem ;  si  tamen  Auslros  vel 
Euros  rcgio  non  habcat  iiiimicos.  Qiiod  si  hoc  est  vilium , 


530 


PALLADIUS. 


rasser  le  terrain  que  l"on  voudra  faconner  au 
jjasltnum,  de  tous  les  obstacles  qu"on  y  pourra 
rencontrer,  et  detous  les  arbres  qui  s'y  trouve- 
ront  brises,  de  peur  que,  lorsque  la  tcne  aura  ete 
iouiilee,  elle  nese  raffermisse  par  la  suile  a  forcc 
d'etrefouleeauxpieds.  Sile  terrain  est  pIat,on  le 
labourera  au  pcisfinum  a  ia  profondcur  de  deux 
pleds  et  demi;  si  c"cst  une  petite  eminence  de 
terre,  on  la  labourera  a  hi  prufondeur  de  trois 
pieds;  si  c'est  une  colliue  escarpee,  on  la  labou- 
rera  a  la  profondeur  de  quatre  pieds ,  de  peur 
que  la  terre  n'en  soit  trop  tot  entrainee ;  enlin 
si  c"est  une  vallee  ,  on  la  labourera  a  la  profon- 
deur  de  deux  pieds.  Mais  il  ne  faut  pas  donner 
plus  d'un  pied  et  demi  au  labour  dans  un  ter- 
rain  marccageux,  d'ou  Ton  verrait  jaillir  l'eau 
s'il  etait  fouille  plus  profondement,  tel  que  le 
territoire  de  Ravenne.  Des  experienees  suivies 
m'ont  appris  que  les  vignes  viennent  niieux 
lorsqu'elles  sont  plantt^es,  soit  au  moment  que 
la  terre  vient  d'etre  fouillee,  soit  peu  de  teraps 
apres,  c'est-a-dire ,  avant  que  le  gonllement  de 
laterre,  occasionne  par  le  labour  au  pastinum, 
soit  affaisse  ,  et  qu'elle  ait  repris  sa  fermete.  J"ai 
fait  la  meme  remarque  a  Tegard  des  tranchees 
ou  des  fosses,  surtout  quand  la  terre  etait  de 
moyenne  qualite. 

XIV.  II  faut  semer  la  laitue  au  mois  de  jan- 
vier  ou  de  dccembre ,  pour  la  transplanter  au 
niois  de  fevrier.  On  la  sf!me  aussi  air  niois  de 
fevrier,  pour  pouvoir  la  transplanter  au  mois 
d'avril.  Mais  il  est  certain  qu'on  peut  tres-bien  la 
semer  dans  tout  le  coiirant  de  rannee ,  pourvu 
que  ce  soit  dans  un  terrain  gras,  fume  etarrose. 
On  en  coupera  les  racines  egalement,  et  on  les 
enduira  de  fumier  liquide  avant  de  la  planter; 
ou  si  elle  est  doja  plantee,  on  les  mettra  a  jour 
pour  leur  donncr  du  fumier.  Cette  plante  veut 
un  terrain  qui  soit  bieu  remue,  gras,  humide  et 


fume.  II  faut  arracher  les  herbes  qui  croltront 
cntre  lcs  laitues  avec  la  main,  et  non  pas  avec 
le  sarcloir.  La  laitue  deviendra  plus  cpaisse  si  on 
la  semeclair,  ou  si,  apres  avoir  coupe  legere- 
ment  sa  tige  lorsqu'cIle  commencera  a  pous- 
ser,  on  la  comprimeavec  une  motte  de  terre  ou 
avec  une  tuile.  On  croit  qu'on  fait  blanchir  les 
laitues  en  jetant  frecjuemment  sur  la  planche 
du  sable  de  riviere  ou  de  mer ,  et  en  rassemblant 
leurs  fcuilles  pour  les  lier.  Si  la  laitue  vieot  i 
durcir  par  le  vice  du  terrain ,  ou  par  Teffet  de 
la  tempcrature  ou  de  la  mauvaise  qualite  de  la 
graine,  on  la  deterrera  ct  on  la  replantera  de  nou- 
veau,  pour  la  rendre  plus  tendre.  Elle  aura  aussi 
plusieurs  goutsdifferents,  si,  apres  avoircreuse 
delieatement ,  avec  une  alfine,  une  crotte  de 
chevre ,  et  avoir  insere  dedans  de  la  graine  de 
laitue,  de  cresson  alenois,  de  basilic,  deroquette 
et  de  raifort,  on  enveloppe  cette  crotte  dans  du 
furaier,  et  qu'on  Tenfonce  daus  une  petite  fosse 
creusce  sur  un  terrain  soigneusement  eultive.  En 
effet,  le  raifort  se  portera  vers  la  raeine  de  lai- 
tue,  ct  les  autres  plantes  s'elancerontparen  haiit 
ainsi  que  la  laitue  elle-meme,  qui  les  absorbera 
en  conservant  le  goiit  de  ehacune  d'elles.  D"au- 
tres  obtiennent  le  meme  rcsuli.at  par  le  procede 
que  voici  :  ils  deterrent  une  laitue,  enlevent  les 
feuilles  qui  tiennent  a  ses  racines,  et,  aprcs  les 
avoir  piquces  a  Tendroit  par  ou  ellesy  tiennent 
avee  uu  scion  d"arbre,  ils  y  inserent  les  graines 
que  nous  venons  de  nommer ,  a  rexception  de 
eelle  du  raifort,  et  les  reeollent  avee  du  fiimier; 
apres  quoi  ils  remcttent  en  terre  cette  laitue 
ainsi  greffee,  et  qui  croit  entouree  de  toutes  ces 
diverses  semenees.  On  a  donne  a  la  laitue  le 
nom  d.elactuca,  parce  qu"elleccntientuiiegrande 
quaiitite  de  lait.  II  cst  constant  qu'il  faut  semer 
dansce  mois-ci,  comme  en  tout  autre  tcmps,  le 
cressoualeuois,  n'importe  en  quel  lieu  ni  sous 


nieliiis  in  Aquiloiiem  vel  FavDniiini  vineta  dirigimus.  Secl 
locns  qiii  paslinamlns  est,  iuins  iiniicilinientis  et  oninibus 
(elisis)  lilierelur  arboribus,  iie  [lost  rakatu  assidno  tena 
cltossa  solidetnr.  Si  campus  est ,  (Uiobns  semis  pedibus 
pastinetur;  si  clivns,  tiibus ;  collis  |ii;ieiniitiis  quatuor,  ne 
ciliiis  terra  decui lat ;  vallis  vern  diiobus  pedibus.  Sed  ager 
uliginosus,  qui  luinioies  altius  lossus  eiiulat,  sicut  Ka- 
vennalls  soli ,  non  amplins  qiiam  in  |iedeni  seniis  efiodia- 
lur.  Illud  experimentisassiduis  compieliendi,  vilesmelius 
iuovenire,  si  vel  slatim  fossie  tejia!,  vel  non  longe  anle, 
[langantur,  cuin  tunior  pastini  nondum  repetita  soliditatc 
subsedit.  Haec  qnoqne  in  lacieudis  sulcis  et  .scrobibus  ap- 
probavi,  maxime  ubi  mediociis  esttena. 

XIV.  Mense  lanuaiio  lactuca  serend.i  est ,  vel  Decem- 
bri, ut  plantaejus  Februario  t'ansreiatiir.  Itemqiie  Febiua- 
rio  seritur,  ut  possil  Aprili  mcnse  tiansfeiii.  Sed  cerium 
est  eam  toto  anno  bene  seri ,  si  locus  sit  laetus ,  stercora- 
lus,  iri  iguus.  Antequam  pangatur,  radices  eius  resecemus 
tequaliter,  et  liquido  fimolinamus  :  (vel)  quce  jam  pactae 
eunt ,  nudatae  Ixtamen  accipiant.  Amant  solum  subactum. 


pingue,  liumidum,  stercoiatiim.  Inter  bas  lierba  manu' 
evellenda  est,  non  sarculo.  Latior  lit,  si  raia  ponatur, 
velcum  pioducere  incipiet  caulcni,  eo  leviter  inciso  gleba 
piemalur  aiit  testa.  Candidae  lieri  putanlur,  si  niiniiuis 
arena  vel  litoris  freqiienterspargalnr  in  medias,  et  collec- 
tis  ipsae  foliis  alligentur.  Si  vitio  locivel  temporis  vel  se- 
niinis  cito  lactnca  durescit,  planta  ejus  avulsa  et  denijo 
posila  tenejitiidinem  consequctiir.  Item  mullis  seminibus 
condita  naseetur,  si  caprini  stercoris  baccam  subula  sub- 
tiliter  excavaveris,  et  iu  ea  semen  lacluca;,  nasturtli, 
ocimi,  erucae,  radicis  immiseris,  cl  luuc  involutam  limo 
baccam  terra  optimeculta,  brevi  scrobe  demerseris.  Ra- 
pbanus  nitilur  iu  radicem.  C^tera  seniina  in  summo ,  lac- 
tuca  pariter  emergente,  prosiliunt,  singuloruni  sapore  ser- 
vato.  Alii  lioc  ita  assequuntur  :  Avuls»  lactuca;  folia  car- 
pnut,  quae  radicibus  juncta  sunt,  et  in  eisdem  gradibiis 
siirciilo  puuclis,  praeter  rapbanum,  semina  supradicta 
deponnnt,  ac  fimo  adlinuut.  Sic  obruta  iteiiim  lactuca 
pra;dictorum  seminum  caulibus  ambietur.  Lactuca  dicfa 
est ,  quod  abundantia  lactis  exuberel.  Hoc  inense  nastiir- 


DE  L'AGRICULTl]UK,  LIV.  II. 


quel  climal.  11  ne  vcut  point  de  fumier ;  et 
quoiqu'il  aimc  l'eau,  il  s'en  passe  aisement.  Ou 

j  dit  qu'en  le  semant  avee  la  laitue ,  il  vient  a  mer- 
vcille.  ^'e  tardez  pas  a  scmer  la  roquette  a  pre- 

'  sent,  ainsi  que  dans  tel  mois  et  en  tel  lieu  qu'il 
vous  plaira.  On  peut  aussi  semerlcs  choux  dans 
ce  mois-ci ,  comme  pendant  toute  rannee,  quoi- 
qu'il  sera  micux  de  les  semer  dans  les  autres 
mois  que  nous  leur  avons  assignes  dans  le  cou- 
rant  de  cet  ouvrage.  On  serae  aussi  tres-bien 
Tail  et  roignon  de  Cypre  ce  mois  ci;  mais  Tail 
prufite  mieux  dijns  une  teire  blanche  que  par- 
tout  ailleurs. 

XV.  On  s6me  tresbien  les  corraes  au  mois  de 
janvier,  de  fevrier  et  de  mars  dansles  paysfroids, 

I  et  dans  les  pays  chauds,  aux  mois  d'octobre  et  de 
novembre ,  en  les  mettant  en  terre  dans  une  pe- 

I     piniere  quand  cllessont  mures.  J'ai  personnelle- 

j  nient  eprouvc  que  des  arbrcs  venus  naturelle- 
ment  de  leurs  proprcs  fmits  avaient  souventtrcs- 
bien  reussi,  et  que  iions(ulemcut  ils  croissent 
heureusement,  mais  quils  rapportent  beaucoup. 
Cepcndant  oii  peut  ii  son  gre  cn  obtenir  du  plant, 
pourvu  qu'oii  le  mctte  en  terre  dans  les  pays 
chauds  au  mois  de  iiovembrc,  dans  les  pays  tem- 
percs  aux  mois  de  jnnvicr  ou  de  fevrier,  et  dans 
lcs  pays  froids  vcrs  la  fiii  dii  mois  du  niars.  Ces 
sortes  dc  fruits  aiment  les  lieux  humides  ,  mon- 
tagnei;x  ,  et  (jui  ticnnent  plus  du  froid  que  du 
chaud.  lls  veulcnt  aussi  un  tcrrain  qui  soit  tres- 
yras,  qualiti'  dont  on  aura  un  indice  ccrtain, 
lorsqu'il  cn  vicndra  unegrandequantitci  partout 
lc  tcrrain.  II  faut  transferer  les  corniiers  en  picd 
quand  ils  soiit  dcvtnus  forts.  Ils  vculcnt  t'lie 
plantcs  dansunc  fosse  profondc,  ct  scpart^s  Tun 
de  Tautre  par  de  larges  intcrvallcs,  aliii  (jiic 
i'agitationcontinuelle  du  vcnt  ((lui  leuresl  tits- 
utile)  lesaidea  croitre.  S'ilssoiit  tourmeiitcs  par 

liiiiii  conslal  ct  onini  lcnipoic  cs^e  ponciKlnin,  lofo  qn.ili 
placcljit,  cl  c.1'10  :  tiiniim  iion  ilc^uk-i.il  •  liuinuicin 
i|iiaiiivis(lilisal,  lamcii  itocs^c  iinii  (iii.it.  Si  ciini  j.Kliii.i 
scialiir,  na.sci  fciliir  c};rct;ic.  Kt  iiniic  cl  nii'nsiliiis  i|niliiis 
voliicris  ct  locis,  ciiicain  scicic  iiil  iiiuiciis.  Iluc  cliani 
meiise  canlcscl  lolo  anno  scii  |io>siiiil,  scil  inclin^  aliis 
qiiihiis  adsciipliini  csl.  Iloc  cliani  mcnsc  alliiiin  cl  iilpi- 
cum  bene  serilnr  :  scil  allio  allu  lcii.i  |iiiilicii'l. 

XV.  Mciise  laniiario,  Fcliriiario  elMailio  locis  fiisiilis, 
calidis  vero  Octobri  et  iNovemhri  .sorba  sciiiiiliir  c;;rc^ic , 
ila  ul  maliira  in  scniinario  ip.sa  poma  pansanlnr.  Kro  c\- 
licrliissnm  mnllasarboies  e\  puniis  spoiile  pioscnilas  d 
iii  ciesccnilo  cl  in  rcreinlo  c\tilisse  fcliccs.  1'laiitiLS  cliani 
siquisponeie  voldcril,  lialiebil  aibiliiiim  ,  (liimmodo  ca- 
lidis  locis  nicnsc  Nu\cniliii,  lciiipciatis  lanuario  vcl  l'c- 
bruaiio,  lii^iilis  .ll.niiu  iiiijin.iiiti' disponal.  Aiiiat  loca 
humida  ,  inunluii.i  ct  fi  i;;idis  pi(i\iina ,  ct  solinn  pingiiissi- 
mum  :  ciijiis  indicinm  ccrtissiiiuini  l.iiil,  si  licipKiis  nbi- 
cuinqnc  n.iscatur.  Planta  csl  tian.^lciciiila  ruhuslior;  scru- 
bem  desidciat  altiorem,  ct  spalia  l,iii;iuia,  iil ,  (|nu(l  illi 
maxiine  piodcsl ,  a  vcntis  liciiueiilibns  a^itala  firandcscal. 


certains  vcrmisscaux  malfaisants,ordiiiairemcnt 
rouxet  poilus,qui  s'insinuent  dans  rintcriciirde 
leur  moellc, on arrache  dc  raibre quclques-uns  de 
cesanimaux,  sans  rcndommagcr;cton  lesbriile 
dans  son  voisinage.  Ccst,  dit-on,  le  moyeii  de  les 
chasserou  de  lcs  faire  perir.  Lorsque  cet  arbre 
commencea  rapportcr  moins  de  fruit,  on  insere 
dans  ses  racines  un  coin  de  bois  de  pin  ,  ou  bicii 
ron  pr.atiqueau  pied  une  fossc ,  que  Ton  reraplit 
ensuited'unamas  decendre.  On  greffe  lescormiers 
r,i\  mois  d'avril  sur  eux-memes,  siir  coignassier 
ct  sur  epino  blanche  sauvage ,  et  ou  les  greffe  tant 
sur  le  troncqu'cntre  T^jcorce.  Voici  la  manicre  de 
conserverlescormes.  Onles  cueille  dans  letemps 
qu'clles  sont  eneore  durcs,  et  on  les  serre;  lors- 
qu'ensuite  elles  commencenta  murir,  on  en  rein- 
plit  jusqu'aux  bords  de  petites  cruehes  de  tcrre 
qiie  ron  lecouvre  de  gypse,  et  que  ron  enterre, 
la  gucule  renvci'S(^'e  par  en  bas ,  dans  une  fosse  de 
dcux  picds,  crcusce  dans  un  endroil  sec  et  cxpos(3 
aii  soleil:  aprcs  quoi  on  lcs  recouvre  avcc  de  la 
tcrre  queron  foule  aux  pieds.  On  les  coupc  aussi 
pnr  quartiers,  et  on  les  fait  siJcher  au  solcil ,  u 
lcffet  dc  lcs  conservcr  dans  de  petits  vaisscaux  , 
pourriiivcr.  Lorsqu'onveutensuitecnfaireusagc, 
011  lcs  mct  trcmper  dans  de  Teau  boulllaiite,  ct 
ellesrepreniicnt  toute  leursaveur  agrc'ablc.  Quel- 
ques  pcrsoiincs  les  cueillcnt  vertes  a\ec  leurs 
queucs,  et  lcs  suspendent  dans  des  lieux  ombrages 
ct  sccs.  On  dit  aussi  que  Ton  fait  du  vin  ainsi  que 
du  vinaigre  avec  des  corines  mtires  ,  de  mcme 
qu'a\ce  despoircs.  D'autres  disent  queroiipeut 
conserver  loiigtemps  des  cormesdansdu  \i!i  cuit 
justpradiminution  dcmoitiL'.  L'amande  sc  seme 
aux  moisde  janvier  et  de  fevrier,  et  dans  lcspays 
cliauds,  auxmoisd'octobre  et  denovcmhrc,  tant 
en  iiatuicqu'en  rcjctons  que  Ton  arrache  de  la 
raciiic  d'un  graiid  auiandicr.  Mais  la  mcilleurc 


Si  vcniics  palictnr  iiilcstos,  qni  in  ea  rufi  ac  pilosi  solcnt 
iiicdiilla'  iiitcrna  seclari,  aliqiios  ex  liissine  arboris  injnria 
dcliactos,  vicino  cicmcmus  incendio.  Creduntur  lioc  g(!- 
iicic  vel  riiscrc  vcl  perire.  Si  miniis  ferre  C(cperit ,  leda; 
ciinciis  ejiis  radicibus  insciatiir ,  vcl  ciica  partem  iiltimam 
fossa  facta  ciimnlo  ingesti  tinei  is  adaequeliir.  Mense  Aprili 
surba  inseruntiir  in  se,  in  cydonco,  iii  spina  alba,  vcl  iu 
liunto.vcl  corlice.  Soilia  .servanlur  boc  gencrc  :  LiNla 
diirioia,  ac  posita,  ubi  niilcscere  coppcrinl,  liclilibus  iis- 
qiic  ad  pleniim  claiiduntur  urceolis,  gypso  dcsiipertcclis, 
ct  liipedanca  sciobe  locosicco  sub  soleiueignnlurore  pcr- 
vci.so,  ctdesiipcr  spissius  lcrra  calcalur.  Iteiu  secta  per 
parlcs  siccaiitur  in  sule,  el  servantiirin  vasculis  in  hiber- 
iiiiin.  Cuni  volueiiniiis  uti,  aqua  ferventi  macerata  revi- 
rcsiiinl  sapurc  jucnndo.  Aliqiii  cum  pediculis  siiis  viridia 
lcda  sii-pciidiinl  lucis  opacis  ct  siccis.  Ilem  c\  suihi.-.  nia- 
liiiis  sitiil  c\  jiiris  vinuni  lieri  tiaditur  et  aci-liini.  Alii 
surlia  in  sapa  asscrniit  din  posse  scrvari.  Ainvgdaliis  sc. 
iilm  lanuaiio  ct  Fcbriiariu,  itcni  locis  calidis  Oclobri  et 
.Nuvcnibri,  scminc  et  planlis  ,  qua^  de  nicijoris  ladicc  lul- 
liiiiliir.  Scd  in  liuc  {icnerc  ailioris  iiihil  iitilins  e6t  quani 


£53 


PALLADinS. 


ni6thode,  h  T^gard  de  cette  espece  d'arbre,  est 
d'en  faire  des  pepinieres.  On  fouiliera  donc  une 
superficie  quclconque  de  terrain  a  la  profondeur 
d'un  pied  et  denii ,  et  on  y  ente.rrcra  des  aman- 
des ,  en  ne  lcs  couvrant  pas  de  plus  de  quatre 
doigts  de  terre ;  de  facon  qu'elles  soient  fichees 
en  terre  par  la  poinfe ,  et  separees  de  deux  pieds 
Tune  derautre.  Lesamandiers  aimentun  terrain 
dur,  sec  et  plein  de  gravier,  ainsi  qu"un  climat 
tres-chaud,  parce  qu'ils  ont  coutume  de  fleurir 
de  bonne  heure.  II  faut  les  disposcr  de  facon 
qu'ils  soient  exposcs  au  midi.  Lorsqu'ils  auront 
pris  quelque  croissance  dans  la  pepinierc,  on  y 
laissera  lenombrede  piedssuffisants  pour  lareni- 
plir,  et  on  transplantera  les  autres  au  mois  de  fe- 
vrier.  Maison  choisira,  pour  les  mettre  en  terre, 
des  annandes  nouvelles  et  qui  soicnt  grosscs  ;  et 
avant  de  lcsymeltre,  on  les  fera  tremper  la 
veille  dans  de  rhydromel  qiii  ne  soit  pas  trop 
Ttiielle,  de  peur  que  1'acidite  du  miel  ne  fasse 
mourir  le  germe.  D'autres  commencent  par  lcs 
faire  macerer  dans  du  fumier  liquide  pendant 
troisjours;  apresquoi  ils  les  laissent  pendantun 
jour  et  une  nuit  dans  de  rhydromel,  qui  n'ait 
cependant  qu'un  soupcon  de  douceur.  Lorsque 
ron  aura  arrange  des  amandes  dans  une  pepi- 
niere,  s'il  survient  dc  !a  secheresse ,  on  les  arro- 
sera  trois  fois  par  mois,  et  on  les  debarrassera 
souvent  des  herbes  qui  croitront  autour  d'elles, 
en  les  bechant.  La  terrede  lapcpiniere  doit  ctre 
melee  de  fumier.  II  suffira  de  laisser  vingt  ou 
vingt-cinq  pieds  d'intervalle  entrc  cesarbres.  II 
faut  les  tailler  au  mois  de  novembre,  et  en  retran- 
clier  les  branches  superllucs,  seches  ettrop  drues. 
II  faut  les  mettre  a  rabri  des  insultes  des  bes- 
tiaux,parceque,en  lesrongeant,  ils  rendent  leurs 
fruits  amers.  II  ne  faut  jamais  les  becher  quand 
ils  sont  cn  fleur,  autrement  la  fleur  tomberait. 


Ils  rapportent  davantage  quand  iis  sont  vieux, 
S'ils  nesontpas  fertiles,on  ficheradans  leur  ra- 
cine,  apres  Tavoir  percee  avec  une  tariere,  un 
coin  de  bois  gomraeux  de  pin,  ou  bien  on  y  inse- 
rera  un  caiilou ,  de  facon  qne  fecorcc  le  recou- 
vre  par  la  suite.  Martialis  dit  que  voici  la  ma- 
niere  de  les  prcserver  dans  ies  pays  froids  des  ge- 
lees  blanches  qui  y  sont  a  craindre.  On  decouvre 
leurs  racines  avant  qu'ils  soient  en  flcur,  et  ou 
accumule  autour  de  ces  racines  de  tres-petites 
pierres  bianches  meices  de  sablc.que  fon  couvre 
d'abord  de  terre ,  et  que  l'on  retire  par  la  suife , 
lorsque  le  temps  ou  ils  doivent  germer  parait  ap- 
procher.  II  pretend  aussi  que  Pamandier  donnera 
des  amandcs  tendres,  sion  dechausse  ses  racines 
avant  qu'il  soit  en  fleur,  et  qu'on  les  arrose 
d'eau  chaude  pendant  quelques  jours.  D'ameres 
que  sont  les  amandes,  on  les  rend  douces  ,  soit  en 
bechant  le  pied  de  ramandier  a  trois  doigts  de 
dJstance de sa  racine, et  en  pratiquant  sur  le  tronc 
une  ouverture  a  travers  iaqueile  fiitrera  rhumeur 
qui  iui  fait  tort;  soit  en  le  percant  par  le  milieu 
avec  unetariere,  enfichantdanscetrouun  coinde 
bois  enduit  de  miel ;  soit  en  repandant  autour  de 
ses  racines  de  la  fiente  de  porc.  Les  amandes  aver- 
tissent  du  moment  oii  ellessont  mureset  bonnes 
a  etre  cueillies;  c'est  celui  oii  elles  quittent  leur 
ecorce.  Elles  se  conservent  longtemps,  sans  aucun 
soin  de  lapart  de  rhomme.  Si  leur  peau  s'enleve 
dillleilement,  elle  se  relachera  bientot,  pour  peu 
qu'on  les  ensevelisse  dans  de  la  paille.  De  meme 
si,  apresles  avoirdepouillees  de  leurpeau,  on  les 
lave  dausde  feau  de  mer  ou  dans  de  feau  salee, 
elles  blanchissentetseconservent  pluslongtemps. 
On  greffe  les  amandiers  au  mois  de  decembre  ou 
au  mois  de  janvier,  vers  les  ides,  et  meme  au 
mois  de  fevrier  dans  les  pays  froids,  pourvu  ce- 
pendant  que  Ton  ait  eu  soin  de  scrrer  d'avance 


spminaiiiiiii  faccre.  Fodiemiis  eigo  altani  pede  uno  seniis 
.•iieain  ,  iii  qua  obrnemus  aniygdala,  non  ainpliiisiiiialiior 
iligltis,  ita  ut  cacumina  figamus  in  terra  spatio  intei  se  bi- 
iiorum  pedurn  separata.  Amant  agrum  duriim ,  siccum, 
calculosuin ,  c.xlum  calidissiimim ,  quia  mature  Hniere 
consueveriiiit.  Ita  statuendaesunt  arliores,  uladnieridicm 
Npeclent.  Ciim  in  seminario  adoleverint,  relictis  il)i  (|iiic 
spalio  sufliciant  planlis,  alias  transferemus  menseFebnia. 
rio.  Sed  ipsa  amygdala  ad  ponendum  et  nova  legamiis  et 
grandia,  qure  anteqiiam  ponamus,  pridie  mulsa  aqiia  , 
ita  iit  ne  niinis ,  maceremus , ne germen  extinguat  e\  iniillo 
inelle  niordacitas.  Alii  prius  fimo  liquido  per  tridiiiim  nu- 
ces  eas  macerant  :  deinde  die  et  nocle  esse  patiunliir  in 
niiilsa,  sed  qu<e  suspicionem  tantum  possit  liabcie  diilce- 
dinis.  Cuin  in  seminario  amygilala  disponimns,  si  si(cil,is 
intercesserit ,  ter  in  men.se  rigemiis,  et  lierbis  n.isccnlilHis 
1  ircumfodiendo  s.Tpe  puigemus.  Terra  semiiiar  ii  hrlanien 
liabcre  debel  adniistum.  Spatia  inler  arlioies  viginti  aiit 
vigintiquinqiie  peduni  dedlsse  sufliciat.  Pulandae  sunt 
Novcmbri  niense,  nt  siiperflua  cl  aridd  et  deiKsa  lollamus. 
Scrvaiidi»'  suiit  a  pecoie;  qnia,  si  lodantur,  amarescunl.   ' 


Circiinifudi  non  debent  qiioties  llorent ,  qiiia  inde  (los  ejiis 
exculitur.  Invetustale  plus  afleit :  Si  fcrax  non  est,  tedoo 
ciineum  terebrata  radice  meigamus,  vel  siliccm  sic  inse- 
rainus,  ut  libro  tegente  claudatnr.  Locis  frigidis ,  ubi  nie- 
liis  est  de  pruina,  Marlialis  dicit  hoc  remedio  subveniri : 
Aiiteqiiam  lloieant,  radices  nudanlur,  et  albi  lapides  mi- 
nutissinii  niisti  arenis  congeruntur,  et  ubi  jam  tutum  vi. 
debitur  ut  debeant  germinare ,  effossi  iteriim  lapides  sub- 
movenlur.  Teneras  nuces  amygdalus  creabit  ( iit  dicit)  sl 
ante  llorem  radicibus  ablaqueatis  per  dies  aliqiiot  calida 
aqua  ingeratur.  E\  aniaiis  dulces  fiiint ,  si  circumfosso  sti- 
pite  tiibus  digitis  a  radice  fiat  caverna,  per  quam  noxium 
desudet  liumorem ,  vel  niedius  truncus  lerebretur ,  el  cu- 
neiis  ligni  melle  oblitiis  imprimatur;  vel  [si]  circaradices 
snilliini  stercus  affundas.  Amygdala  ad  legenduni  maturi- 
liilini  liilintur,  cum  tuerint  spollata  corlicibus.  Hsecsine 
( iira  lidniinis  servantur  iii  longum.  Si  difficultercoiium  di- 
niitlenl ,  paleis  obriita  continuo  relaxabunt.  Ilem  deco- 
riala  si  aqua  marina  lavemus  aut  salsa ,  et  candida  fiunt , 
cl  plurimnm  duraiit.  Meiise  neccmhii  el  lanuario  circa 
Idiis  amygdaliis  iiiseriliir  :  locis  vero  frigidis  cl  Fchrua- 


DK  L'AGRICULTURE,  LIV.  U. 


les  sclonsqueronemplolera  avant(|irilsp;erment. 
Lesmeilleuisscionssontecux  que  i'on  prcnd  sv.r 
le  somniel  de  rarbie.  On  les  i;refl'e  non-seule- 
ment  sous  recorec,  mais  cncore  dans  le  tronc, 
tant  sur  eux-memes  quc  sur  pet'hcr.  Les  Grecs 
nssurent  qu'il  viendra  dcs  amandes  sur  le.squel- 
les  il  y  aura  des  caractcres  graves,  si  Ton  prend 
une  amande  saine,  et  qu'apres  ravoirdepouillee 
de  sapeau  pourecriredessusce  qiie  ["on  voudra, 
onlamelte  enterreenveioppeedehoucetde  fiente 


mais  i!  faut  lcs  tremper  dans  de  la  (lcnle  de  boeuf . 
Oii  fera  eiieore  mieux  dc  repandic  de  la  ccn- 
dre  dans  les  fos.scs  oii  on  le  deposcra ,  dc  pcur 
que  la  chaleur  dii  fuiTiier  ne  le  brule  ;  d'autant 
que  la  ceiidre  attendrit  son  ecorce,  et  qu'cllc  lui 
fait  rapporter  uiie  pliis  n;rande  quantite  dc  friiits. 
Cet  arbre  se  plait  dans  de  i^randcs  fosses,  eu  cfiard 
asagrandeur;  ct  il  demnnde  a  etre  sepaie  de 
tout  autre  arbre  par  de  larsTCs  intervalles,  parce 
que  Tcau  qui  dcgoutte  de  ses  feuilles  nuit  aux 


de  porc.  On  semera  les  noix  a  la  fin  dejanvicrou     aihres  qui  ravoisinent,  fussent'ils  de  son  espece. 


de  fevrier.  Le  noycrairne  les  lieux  montagneux, 
humides  et  froids,  ct  communement  cenx  oii 
les  picrres  abondent.  On  peut  cependant  en  ele- 
ver  aussi  dans  les  pays  temperes,  avec  le  secours 
de  Teau.  11  faut  semer  la  noix  en  nature  de  la 
meme  maniere  que  Ton  serae  les  amandcs ,  ct 
dans  les  memes  mois.  Mais  quand  on  la.^^cmeau 
mois  denovembre,  on  la  fait  secher  quelque 
temps  au  soleil,  alin  d'en  fairc  exhaler  rhumi- 
dite,  qui  est  un  vrai  poison.  Pour  eclles  qne  I'on 
semera  au  mois  de  janvicr  ou  de  fevrier,  il  suffira 
deles  avoirfait  tremper  la  vcille  dans  Tcau.  On 
les  mettra  en  terre  transversalement,  de  facon 
que  lcur  flanc,  c'est-a-diie,  la  carene  formee  par 
leur  coquille,  soit  conchee  en  terre,  et  Ton  diri- 
gera  leur  pointe  du  cote  du  nord.  II  faut  aussi 
mettre  dessous  une  pierre  ou  une  tiiile,  afin  qu'el- 
les  ne  s'en  tiennent  pas  a  produire  une  seule  ra- 
cine,  mais  que  celle  qui  germera  la  premiere, 
etant  repoussee  par  la  resistaiice  qn'elle  trouvera, 
se  divise  en  pUisieurs  autres.  Le  noycr  devient 
plus  beau  quand  on  le  transplante  souvent.  II 
faut  le  tiansplanter  dans  les  pays  froids  a  Tape 
de  deux  ans,  etdans  les  pays  chauds  a  Taite  de 
trois.  Quand  on  plante  cet  arbre  en  pied  ,  il  ue 
faut  pas  en  couper  les  racines  (comnie  on  a  cou- 
tume  de  le  pratiquer  a  Tegard  des  autresarbres), 


II  faut  quelquefois  becher  la  tcrre  autour  de  son 
tronc,  dc  peur  qu'il  ne  se  cave  en  vieillissant;  et 
s'il  vient  a  se  pourrir,  il  fautcrcuser  une  longue 
rigoIedepuisIehautdutroncjusqu'cnb:is,  moyen- 
nantquoi  lesoleil  et  le  vent  feront  durcirles  par- 
tiesqui  tendaient  a  laponrriturc.  Qnand  un  noycr 
est  dnr  on  plein  de  nocuds,  il  faut  ciniper  son 
ecorccantour  dutionc,  ponr  detonrner  rhumeur 
vicicuse qni  cause  cet  aceident.  Dautres coupent 
IVxtremite  de  ses  racines;  d'autres  percent  sa 
raeine  avcc  une  tariere,  et  enfoncent  dans  le  troii 
qirils  y  ont  fait  un  morccnu  de  buis,  ou  un  clou, 
soit  de  cnivre,  .'^oit  de  fer.  Si  I'on  vent  avoir  des 
noyers  de  Tareute,  il  ne  faut  mettre  en  terre 
dans  la  pepiniere  que  la  pulpc  scnle  dc  la  uoix, 
apresravoirenve'oppeede  laiiie  aeansedes  four- 
iTiis.  Si  rou  vent  qu'un  arbre  qui  porte  deja  des 
noix  se  change  en  cette  espece  de  noyer,  on  Tar- 
rose  trois  fois  par  mois  pendant  nne  annee  entit're 
avec  de  Teau  de  lessive.  Qnand  la  noix  quitte  son 
brou  ,  c'est  une  preuve  qu'elle  est  luiire,  et  bonne 
a  etrc  semee.  On  conserve  les  noix  ,  soit  en  les 
enscvelissantdans  de  la  paille,ou  dans  du  sable, 
ou  dans  des  feuilles  de  noyer  seches;  soit  en  les 
renfermantdans  une  caisse  debois  denoyer;  soit 
enfincn  lesraelaiit  avecdesoignons,  auxquelsen 
revanche  elles  font  perdrc  leur  acrete.  Martiali.s 


rio  :  si  tamen  siirculos  collisas  el  condas  antequain  gernii- 
nenl.  Utiles  suut,  qui  de  sumniitate  sumnntur.  Insenin- 
tur  et  sub  corliceet  in  trunco.  Inserunlur  in  se  ct  iu  per- 
sico.  Grffici  asserunt  iiasci  amygdala  scripta,  si  aperta  tcsta 
nucleum  sanum  tollas,  et  in  eo  quodlibel  scribas,  et  ite- 
rum  clausum  luto  etporcino  stercoreinvolutum  rcpouas. 
[Tit.  XVI.]  Nucem  [jnglandem]  seiemus  extrcmo  la- 
nuario  vel  Februaiio.  .\mat  loca  moutana,  bumida  et  fri- 
gida ,  plerumque  lajiidnsa.  Polest  lamcii  ct  locis  tempera- 
tisjuvante  liumore  nulriri.  Seienda  esl  niicibns  suis  co 
more,qiio(et)  amygdala  seruntiir ,  el  iisdem  mcnsilius. 
Sed  quas  Novembri  niense  disponis,  aliquatcnns  in  solc 
siccabis,  utexsiccetur  noxium  virus  liumoris.  Quas  vero 
mense  lanuario  vel  Febniario  posUurus  es,  aqua  simplici 
pridie  macerabis.  Ponemus  auteni  transversas ,  ut  lalus  id 
esl  cariiia  ipsa  (igatur  in  terra.  Cacumen  ipsum ,  cum  po- 
niniiis  niicein ,  in  aquilunis  partem  dirigemus.  Lapis  siib- 
lcr  vel  tesla  ponenda  cst,  ut  radicem  noii  siniplicet,  scd 
rcpcrcussa  rcspergat.  Lajtior  liet,  si  ssepius  transleralur. 
In  frigidis  locis  hima  in  calidis  trima  transferri  debet.  Ra- 
diccs  plautariim,  sicut  iu  aliisarhoribus  solcmus,  in  lioc 


geiiere  rescrare  non  debes.  Finio  bul)iiIo  inia  planta  tin- 
genda  est.  Scd  meliiis  cinis  spargctur  in  scrobibiis,  ne 
calore  slcrcoris  adiirnfur  :  nam  ciuis  creditur  vel  corlicis 
tenentudiiicm  pninnare,  vel  fructiium  dcnsitalcni  faf- 
fciTc].  .Mlis  siroliihijs  dclcclatiir  pro  arhoiis  niagnilii' 
dine,  ct  dcsidcrat  inlervalla  majora,  qiiia  slillicidiis  fo- 
lioriiin  .siioriim  proximis  vcl  sui  gcneris  nocebil  arhori- 
bus.  Debct  aliquando  circiimfodi,  nc  cava  fiat  viiio  seiie- 
ctutis  :  [qu;c  si  vitietiir,  ]  canalis  longiis  a  siinimo  triinco 
ail  iniuni  dchet  excudi  :  sic  beucficio  solis  ct  veiiti  diirc- 
sciiul,  qiia-  in  putrcdinem  transibant.  .Si  dura  nux  cril  vcl 
nodosa,  corlcx  circiimcideiidiis  crit,  ut  viliiim  niali  de- 
ducat  hunioris.  Alii  radiciimsumma  pr<Tcidunt :  alii  lere- 
hrat.T  radici  palnm  de  buxo  impriniiint,  vcl  cupriiium 
claviinivel  fcrreuin.  Si  Tarenlinam  faccre  voliieris ,  solam 
niiciscarncm  lana  propter  formicas  obvoliilam  in  semina- 
rio  dchebis  obruere.  ,Si  ferentem  jam  in  lioc  geniis  velis 
niiitai e ,  lixivo  pcr  anuum  coutiiiiiuni  lcr  rigahis  in  mcn.oe. 
Corlcx  iu  niice  dimissiis  nialiirilalis  indicinmcst,  qiialis 
dcbct  ct  poni.  Niiccs  scrvauliu  vd  palcis  obi  ula-  vel  aiciia 
vil  liiliis  suis aridis  ,  vel  aica  cx  ligno  siio  facla  inc|iis.c. 


554 


PALLADIUS. 


assure,  et  pretend  l'avoii't'prouvepar  lui-meme, 
que  si  l'on  ploage  dans  du  miel  des  uoix  vertes,  sans 
autre  appretque  celui  de  lesdebarrasser  de  leurs 
coquilles,  elles  soiit  eneore  vertes  au  bout  d'un 
an ,  et  que  ce  niiel  devient  lui-meme  si  naedici- 
iial ,  que,  prisen  potion,  ilpeut  servir  de  remede 
conlre  les  raaladies  qui  attaquent  les  arteres  et  la 
gorge.  On  greffe  le  noyer  (suivant  presque  tous 
les  auteurs)  au  mois  de  fevrier  sur  Tarbousier; 
niais,  suivant  d'autres,  ilest  mieuxde  le  greffer 
sur  le  prunier  ou  sur  lui-meme,  et  d'inserer  la 
greffe  dans  le  tronc.  Cest  dans  ce  niois  qu'on 
greffe  le  jujubier  sur  le  coignassier  ;  e'est  aussi 
le  moment  de  mettrc  en  terre  les  iioyaux  de  pe- 
ches  dans  les  pays  temperes.  Quaut  a  Tarbre  qui 
produit  ce  fruit,  on  le  greffe  sur  lui-meme,  sur 
ramandier  et  sur  le  prunier;  au  lieu  qu'on  ne 
greffe  Tabricotier,  ainsi  que  le  peeher,  qui  donne 
la  pecheprccoce,  que  sur  !e  pruuier  seul.  Cest  eo- 
core  le  temps  de  greffer  le  prunier  avant  qu'il 
jette  sa  gomme.  On  le  greffe  sur  lui-meme,  ou 
sur  le  pecher.  Cest  aussi  fiipoque  de  greffer  le  ce- 
risier  sauvage. 

XVLCestdanscemois,comraeleditColumelle, 
que  Ton  niarque  d'une  empreinte  les  agneaux  ve- 
nus  a  terme,  et  en  general  les  produits  tant  du 
grandque  du  petit  betail.Cest  aussi  letemps  de 
faire  le  lard ,  de  saler  le  herisson ,  de  conlire  les 
raves,  et  de  faire  les  jambons. 

XVIL  On  fait  dans  ce  mois  dc  rhuile  avec 
dcsbaies  de  myrte,  de  la  manieresuivante  :  on 
met  une  uncia  de  feuilles  de  myrte  sur  une 
livre  d'huile,  avec  une  heinina  de  vieux  vin  as- 
tringent  sur  dix  uncia;  des  memes  feuilles ,  et  oii 
les  fait  bouillir  avec  rhuile.  Si  on  les  asperge  dc 
vin,  c"est  pour  eviter  qu'elles  ne  soient  frites 
avant  d'avoir  bouilli. 


XVIII.  Oii  fait  encore  du  vin  de  myrte  avec 
les  memes  baics  de  la  manifere  suivaute.  On  met 
sur  dix  sextarii  de  vin  vieux  ,  mesure  de  ville, 
trois  sextarii  de  graine  de  niyi-te  concassee, 
nieme  mesure,  et  on  laisse  letout  infuser  pendant 
dix-neuf  jours.  Ensuite  on  passe  cette  graine  en 
rexprimant,  et  Ton  ract  dans  le  vin  un  demi- 
scrupule  de  safran,  avec  un  scrupule  de  feuille 
indienne  ;  enfin  on  tempere  cette  raixtion  avec 
dix  livresdu  raeilleur  miel. 

XL\.  On  fait  aussi  de  rhuile  des  baies  de  lau- 
rier.  En  voici  la  recette.  On  fait  bouillir  dans 
de  Tcau  chaudeune  grande  quantitede  baies  de 
laurier,  parvenues  au  dernier  degre  de  grosseur 
et  de  maturite;  et  quand  elles  ont  bouilli  long- 
temps,  on  recueille  legerement  avec  une  plume 
rhuile  qui  s'en  exprirae  et  qui  surnage  ,  et  on  la 
transvase  ensuite. 

XX.  Cest  aussi  le  temps  de  faire  de  rimile  de 
lentisque.  Or,  voici  comrae  on  s'y  prend.  Ou  ra- 
masse  le  plus  qu'on  peut  de  graine  de  lentisquc 
mure  ,  et  on  la  laisse  en  tas  pendajit  un  jour  et 
une  nuit.  Ensuite  on  pose  sur  plusieurs  petits 
vases  des  corbeilles  remplies  de  cette  graine,  et, 
apres  1'avoir  arrosee  avec  de  Teau  chaude ,  on 
la  foulepour  rexprimer;  apres  quoi  on  ramasse 
rhuiledelentisque  quisurnagesur  reauqui  coule 
de  ces  corbeilles,  alnsi  que  Ton  fait  pour  rhuile 
delaurier.  Mais  on  se  souvicndrad'arroser  cette 
graineavecdereauchaude,poiirempecherrhuilc 
de  se  figer. 

XXI.  Les  poules  reprennent  leur  fecondite 
ce  mois ,  apres  s'etre  reposees  pendant  le  sols- 
tice;  et  Ton  commence  a  leur  faire  couver  des 
ceufs  pour  avoir  des  poussins  a  elever. 

XXII.  Cest  aussi  dans  ce  mois  qu'il  fant  cou- 
per  le  bois  de  construction  pendant  que  la  lune 


vel  caepis  mista;,  quibus  hanc  vlcissitiidinem  reddnnt,  ut 
eis  acredinem  tollant.  Martialis  [asserit,etj  expertum  se 
ait,  viiides  nuces  taulum  libeias  putaminibus  suis  melle 
demeigi ,  et  post  annum  virides  esse ,  et  ipsum  mel  ita 
medicabile  fieri ,  ut  ex  eo  facta  potio  arterias  ciiiel  et  faii- 
ces.  Inseritur, ut  plerique  [asserunt ,  J  mense I<'ebniai'ioin 
arbuto  :  sed  melius  in  trunco,  ut  aliqui  ,  et  in  pruiio  vel 
in  se.  Hoc  raense  tuberes  iiiscrunlnr  cjdoueo.  Niinc  locis 
lemperalis  Persicorum  ossa  ponuiitur.  Et  inseritur  eadem 
Persicus  in  se,  in  amygdalo,  in  pruno  :  sed  pruno  Arnie- 
iiia  inseremus  et  prscoqua.  Nunc  eliam  prunns  iiiseienda 
est  antequam  gumminet,  in  se  et  [iuj  persico.  Et  cerasus 
opportune  inseretur  agrestis. 

XVI.  Hoc  mense  (sicut  Columella  dicit)  maluii  agni  el 
animalia  omnia  minora  atque  majoia  cliaractere  signentur. 
Hoc  tempore  lardi ,  ecliini  salsi ,  rapoi  um  condiendorum 
et  pernarumjusta  confectio  cst. 

XVII.  Hoc  mense  ex  baccis  myrti  oleum  conficies  lioc 
uiodo  :  Unciam  foliorum  pcr  olei  libiain  unam  mittes,  et 
pcr  iincias  x  vini  veteris  stjptici  lieminam ,  et  ciim  oleo 
bullire  facies.  Idcirco  autem  viiio  respargcntiir  (blia,  ne 
liiganlur  antequam  decoquantiir. 


XVIH.  Ilem  eisdem  baccis  viiiiim  myrtite  sic  facies  :  bi 
vini  veteris  sextariis  urbicis  x  mittisgiana  myrti  confiacta 
sextarios  urbicos  m ,  qiiae  sint  decem  et  novem  diebus 
infusa.  Postea  expressis  niyrti  granis  colabis,  et  in  eo 
vino  medium  cioci  scrupulum  et  lolii  unum  srrupiiluni 
mitlis,  et  ex  mellis  optinii  decem  libris  omnia  tempcrabis. 

XIX.  [tem  [exj  lauii  baccis  oleuin  conftcielur  lioc 
modo  :  Lauri  baceasqiiam  plurimas  et  maturitate  tiirgcii- 
les  in  aqna  calida  bullire  facies  :  et  ubi  diu  leibueiint, 
olei,  quod  ex  se  dimiserint,  supeinatantis  undam  peniiis 
leviter  cogentibus  in  vasa  transfundes. 

XX.  Lentiscini  etiamolei  matura  confectio  est,  quae  fit 
taliter  :  Grana  matura  lentisci  quamplurima  colliges.et 
una  die  ac  nocle  supra  se  acervata  esse  patieris.  Deinde 
sportam  granis  eisdem  plenam  ciiicunque  vasculo  siiper- 
pones  et  calida  adjecta  calcabis,  et  exprimes.  Tunc  ex  co 
luiniore,  qui  detluxerit ,  supernatans  olcum  lentlscinum 
sicut  laiirinum  colligetnr.  IHementoautem  (ne  ligorepos- 
sit  aslringi)  aquam  calidam  saipe  suffundere. 

X.XLGallinarum  pailusfiecundilalem  repetitlioc  mense 
post  brumalem  qiiietem  ;  etincipiiint  ad  ediicandos  pullos 
ova  supponi. 


DE  LWGRICULTURE,  LIV.  IIL 


655 


est  dans  son  dcclin  ,  ct  ([iril  faut  fniie  dcs  echa- 
las  rt  des  pieux. 

XXIII.  Ce  raois-ci  s'accoide  avec  celui  de  de- 
cembi-e  par  rapport  a  la  durce  des  heures.  Ea 
voici  lcs  mcsures  rasscmblees  : 

A  la  premiere  et  a  la  onzieme  heure ,  le  guo- 
mon  donne  vingt-ncuf  pieds  d'ombre. 

A  la  seconde  et  a  la  di.xieme ,  il  cn  donne  dix- 
neuf. 

A  la  troisleme  et  a  ia  neuvieme,  il  en  donne 
quinze. 

A  la  quatrieme  et  a  la  luiitieme ,  11  en  donne 
douze. 

A  la  clnquieme  et  a  la  septieme, 
dix. 

A  la  si.xieme,  11  en  donne  neuf. 


en  donne 


LIVRE  TROISIEME. 

FEVRIKR. 

I.  On  commencera  pendant  ce  raois  a  gardcr 
les  presdans  les  pays  temperes,  apres  les  avoir 
engralsses,  s'ils  sont  malgres ,  avec  du  fumier 
([u'on  y  t-tcndra  pcndant  le  croissant  de  la  lune. 
Ilfautle  repandre  sur  la  parlie  la  pius  eleveedu 
tcrrain  ,  alin  que  le  suc  se  distribue  aux  parties 
lnf(?rieures.Pluslefumierestnouveau,  pluslherhe 
sera  fournie. 

II.  On  donnera  ce  mois  le  premier  labour  aux 
coteaux  gras  dans  lcs  pays  chauds ,  ou  dans  tout 
autre  pays ,  lorsque  le  temps  aura  ete  doux 
et  see. 

IIL  II  faut  semcr  ce  raois-cl  toutes  les  especes 
de  grains  tremols. 


IV.  On  s('mcra  encore  ce  molsla  p('tlte  len- 
tllle  en  terraln  legeret  frlable,  ou  meme  en  ter- 
raingras,  pourvu  (|u'il  soit  tres-sec  ,  paret;  qu'en 
terre  forte  ou  humide  cette  graine  s'altere.  On 
la  seme  tres-blen  jusqu'au  douzicme  jour  de  la 
lune  ;  et  sl  Von  veut  qu'elle  leve  de  honne  hcure 
et  qu'elle  profite  ensuite  ,  il  faut  la  meler  avec 
du  fumier  sec,  et  la  laisser  quatre  ou  cinq  jours 
dans  cet  c'tat  avant  de  la  semer.  Un  modius  de 
graine suflira  pour ensemencer  un  jitfjcrum.  Cest 
aussl  le  tcmps  de  semcr  la  gesse  dans  les  terrains 
que  je  vlens  de  dire ,  et  de  la  facon  que  j'ai  pres- 
crlte. 

V.  On  semera  le  chanvre  a  la  fin  de  ce  niois 
dans  une  terre  grasse ,  fumee  et  arros(!e  ,  ou  dans 
une  campagne  plate,  humide,  et  labourc^e  pro- 
fond(;ment.  On  met  slx  gralns  sur  un  pied  earre 
de  terrain. 

VI.  II  faut  donner  a  x""6sent  !e  second  labour 
aux  champs  que  Ton  doit  cnsemeucer  en  lu- 
zerne  ( herhe  dont  nous  examlnerons  la  nature 
lorsqu'il  sera  question  de  la  semer),  et  les  hcrscr 
avec  soin ,  apres  les  avolr  epierres.  Et  quand  ils 
scront  labour(is  a  la  maniere  des  jardins,  on  y 
fcra,  vers  les  calendes  de  mars,  des  planches 
auxqucllcs  on  donnera  dix  pieds  de  largeur  et 
cinquante  de  lonnueur,  alin  qu'il  soit  facile  de 
lesarroser  etd'en  arrachcr  lesraauvaises  herbes 
en  se  tenant  sm-  les  deux  C(M(is.  Ensuite  on  repan- 
dra  de  vleux  fumier  sur  ces  planches,  et,  apres 
cettepr(^paration,  ou  les  laissera  reposerjusqu'au 
mois  d'avri!. 

VII.  On  peut  eneore  semcr  Ters  dans  tout  le 
courant  de  ce  mnis.  II  ne  faut  pas  le  semer  au 
mols  de  mars,  de  peur  qu'il  n"lncommode  lcs 
hestiaux  et  ne  rende  les  berufs  fous. 


XXII.  IIoc  ellam  mense  caeiienda  mateiies  e.^t  ad  riliri- 
ram ,  cuni  liina  decreseil ,  et  ridica?  vel  pali  lacieudi. 

X.MII.  Hic  mensis  in  liorarum  spalio  cum  Uccembii 
iiiense  convenit,  (|iiarinn  sic  mensura  colligitur. 

Hora    I      et    XI      pedes    xxix. 

Hora    i[     et    x       pedes    xix. 

Hora    III     et    ix     pedes    xv. 

Hora    IV     et    viii  pcdcs    xii. 

Hora    y     cl    \n    pcdcs    x. 

Hoia    VI  pcdcs    IX. 


LIRKR  TKRTILS. 

I.  Feliru.nio  mni^i-  h«\>  tempcratis  prata  incipientciis- 
tudiri,  1111  r  |iini-,  -1  iii.uia  sunl,  sparso  la^lamine  salu- 
iciitiu,  iimid  ijM  I.  liiluin  c>t  luna  cresccule.  Qiianto  recen- 
tius  iucril,  tanlu  plus  nutriendis  lierbis  valeliit,  qiiod  a 
superiori  paile  fundalur,  iil  succus  ejus per  totum  possit 
clubi. 

II.  Locis  tepidis,  aul  si  clcmcns  tempus  ct  siccum  fiie- 
ril,  cclles  pin{;u('S  vcl  boc  mense  proscinde. 

Hl.  Hoc  mcnse  scrcndiiiii  onine  Irimeslriuin  {jeniis. 


IV.  IIdc  oliam  mense  lenlicnlam  seres  solo  teniii  el  nv 
.solnli),  vcl  ctiam  pingui;  sed  sicco  maxime  :  quia  liixuria 
et  linnioie  corrnnipitur.  IJsqiie  ad  diiodeciniam  Innani 
beiie  seininatur,  (|nic  ut  cito  exeat  alijiie  giaudescal ,  priiis 
ciim  limi  ariditate  misccnda  est :  alqiie  ubi  ita  rcquieveiit 
(|ualiior  diebus  aut  qninque,  tuuc  spaigilur.  Jugerum 
inodii  uniiis  scmen  iniplebit.  Hoc  ctiam  niense  ciccicula 
seritur,  loco  et  mudo  qiio  anle  descripsi. 

V.  Hoc  mense  iillimo  cannabiim  seics  tcrra  pingui , 
slcrcuiala,  rigua,  vcl  plaua  atque  humida  et  altius  sii- 
bacta.  In  uno  pede  quadrato  sex  eju.sdem  scininis  grana 
ponuiitur. 

VI.  Nuuc  agcr  qui  acceptunis  est  medicani  (de  ciijiis 
natiira,  riim  erit  sen-nda,  dicenius)  iterandus  est,  et 
piirgatiis  lapidibiis,  dilijjenler  occandus.  Et  ciica  Martias 
cal.  snliacto  sicut  in  iiurlls  snlu,  ronnanda;  sunt  arca; 
lala;  pcdibus  x,  longfc  pcdibns  quinquaginta,  ila  ut  eis 
aipia  miuistretur,  et  lacile  possiut  [ex  iilraipie  parlc]  riin- 
caii.  Tunc  injecto  autiquo  stercoie  in  Aprilem  niensem  re- 
servenlur  parala;. 

VII.  Hoc  mense  toto  ervnm  adhuc  scri  potest;  quia 
Martio  screndum  non  est ,  nc  paslu  siio  pccoribus  noceat , 
et  Loves  reddat  insanos. 


556 


PALLADIUS. 


VIIL  Si  ronjette  A  present  de  ruiine  gardee 
nii  pied  des  arbres  fruitiers  et  des  ceps  de  vigne , 
ils  rapporteront  des  fruits  remarquables  par  leur 
quantite  et  par  leur  beaute.  Si  ce  sont  des  oli- 
viers  notamment,  il  sera  bon  d"y  nieler  du  marc 
d'lHiiie  sans  sel.  Mais  il  faut  faire  cetteoperation 
quand  les  jours  seront  encore  froids ,  et  avant 
que  la  clialeur  coramence  a  se  falre  sentir.  On 
semera  aus.si  dans  les  pays  froids ,  vers  les  ca- 
lendesdemars,rorge  deGalatie,qui  estungrain 
blanc  et  pesant. 

IX.  Ccst  dans  ce  mois  que  Ton  garnit  devi- 
gnes  toutes  les  sortes  de  terrains  faconnes  au 
pastinum  ,  soit  qu'on  y  ait  prepare  des  tranehees, 
soit  qu'on  y  ait  prepare  des  fosses.  Au  reste,  ia 
vigne  est  une  plante  de  nature  a  supporter  les 
climatset  les  sols  detoutts  les  especes,  pourvu 
(lue  les  differents  genres de  raisin  leur  soient  adap- 
tes  convenablement.  On  plantera  done  dans  une 
campagne  plate  fe.spece  de  vignes  qui  soutient 
les  brouillards  et  les  gelees;  sur  les  coteaux  , 
celle  qui  supportelasecheresseet  lesvents;dans 
«n  terrain  gras,  les  vignes  greles  et  peu  fecon- 
des ;  dans  un  terrain  maigre,  les  vigues  producti- 
ves  et  robustes;  dans  un  terrain  compacte,  les 
vignes  fortes  et  chargees  de  feuilles;  dans  un 
terrain  froid  et  sujet  aux  brouillards,  celles  qui 
devancent  rhiver  par  la  prompte  maturite  de  leur 
raisin;  ou  cellesqui ,  ayant  le  grain  dur,  tleuris- 
sent  sans  danger  au  milieu  desbrouillards;  dans 
un  terrain  expose  aux  vents ,  les  vignes  stables 
cttenaces;  dans  un  terrain  chaud,  eelles  dont 
le  grain  scra  tendre  et  humide;  dansun  terrain 
sec,  celles  qui  ne  peuvent  pas  supporter  la  pluie. 
Et,  pourne  pas  nous  etendredavantage  sur  celte 
matiere ,  nous  nous  contenterons  de  dire  en  geue- 
ral  quil  faut  toujours  choisir  les  vignes  dont 
lesdefautsannoncentclairementqu'elles  se  plai- 
ront  dans  les  licux  opposes  a  ceux  dans  lesquels 


ellcs  ne  pourraient  pas  subsister.  II  n'estpasdou- 
teux  qu'un  climat  oii  Tair  cst  toujours  calme  et 
le  ciel  serein  recevra  sans  danger  quelque  espece 
de  vigne  que  ce  puisse  etre.  II  est  ioutile  de  les 
detailler  toutes.  Mais  personne  n'ignore  qu'il  faut 
reserver  pour  la  table  le  raisin  dont  les  grappes 
sont  lesplus  grosses  et  les  plus  belles  a.  roeil ,  et 
dont  les  grains  sont  durs  et  secs ;  comme  il  faut 
garder  pour  faire  du  vin  les  vignes  les  pkis  fer- 
tiles,  cellesdont  les  raisins  ont  la  peau  tendre  et 
lc  gout  distingue,  et  principalcment  celles  qui 
quittent  leur  (leur  de  bonne  heure.  Le  change- 
raent  de  terrain  inllue  sur  la  nature  de  la  plupart 
des  vignes.  II  n'y  a  que  les  aminees  qui  donnent 
toujours  de  tres-bon  vin,  en  quelque  lieu  qu'elles 
soientplantees;quoiqa'ellessupportentcependant 
plutot  un  climal  chnud  qu'Hn  climat  froid ,  et 
quelles  ne  puissent  passer  d'un  terrain  grasdans 
un  terrain  maigre ,  a  moins  qu'on  ne  les  aide 
de  funiier.  II  y  en  a  dedeux  especes,  savoir,  la 
grande  et  la  petite.  Mais  la  petite  quitte  mieux 
sa  ileur  que  Tautre,  et  de  meilleure  heure;  ses 
entre-na'uds  sont  aussi  nioins  longs,  et  le  grain 
de  son  raisin  est  plus  petit.  Si  on  la  marie  a  Tar- 
bre,  elle  demande  une  terre  grasse  ;  au  lieu  que 
si  on  la  cultive  planteepar  rangces,  elle  en  veut 
un  mediocre.  Elle  s'inquiete  peu  des  pluies  ou 
des  vents  ,  qui  font  souvent  perir  la  grande  pen- 
dant  qu'elle  est  en  fleur.  Le  rnisin  muscat  est 
cncore  un  raisin  distingue.  II  suflit  d'avoir  cite 
ces  cspcces  :  un  homme  intelligent  choisiracelles 
qu'il  aura  eprouvces,  et  ne  les  confiera  qu'a  des 
terres  qui  aientquelque  analogieavec  celles  d'ou 
elles  auront  cle  tirees;  moyennant  quoi  chacune 
conservcra  sa  qualite  particuliere.  Mais  il  vaut 
mieux  transferer  ainsi  la  vigne  que  les  arbres 
d'un  terrain  maigre  daus  un  gras,  parce  qu'on 
n'cn  pourrait  pas  attendrede  fruits,  si  on  lestrans- 
ferait  d'une  terre  grasse  dans  une  maigre.  II  faut 


VIII.  Nunc  pomis  et  vitibus  vetus  urina  si  affnndatur, 
el  nuniero  fiucluuin  prajstat  et  foini.Te  :  cui  proiieiit  ut 
amnrcam  misceanius  insulsani,maxime  in  olels  :  sed  lioc 
fiinidloiibus  diebus  antequam  feivor  incipiat.  Eliam  nuns 
ordenm  galaticum,  quod  grave  et  candidum  est,  seretur 
locis  fiigldis  ciica  Marlias  calendas. 

IX.  Hoc  mense  omnia  genera  pastinati  soli ,  seii  sulci 
seii  scrobes  vitibus  conipleanlur.  Natnia  autem  vitis  cae- 
lum  omne  solumqne  suslentat ,  si  geuera  convenienter  ap- 
tentur.  Plano  igitur  loco  slatues  vitem,  cujus  geiius  nebu- 
las  suslinet  et  pruinas;  collibus,  quod  siccllatem  durat  et 
ventos;  pingui  agro  graciles  atipie  infoeciindas;  niacro  fe- 
races  et  solidas ;  denso  validas  atque  frondosas ;  fiigido  et 
nebuloso,  quje  liiemem  celeri  maturifate  pia>veniunt,  aut 
qu<e  duris  acinis  inter  caligines  securius  floient;  ventoso 
slabiles  et  tcnaces ;  calido  grani  tenerioris  et  humldi ;  slcco 
eas ,  quai  pluvias  ferre  non  possunt :  et  ne  multa  dicamiis, 
eligeuda  sunt  genera,  quae  professione  vitioriim  snorum 
eonlraria  loca  diligunt  iis,  in  quibus  duraie  uon  poterunt. 
Placida  sanc  rcgio  et  serena  tuto  genus  omnc  suscipiet. 


Viliuni  geiiera  numerare  non  attinet.  Sed  notiim  est,  nia- 
jores  uvas  pulclira;  speciei,  grani  callosi  et  siccioris,  ad 
niensam;  feracissimas  vero  et  cutis  tenerioris,  et  sapore 
noliiles,  et  maxime  qua;  citius  detlorescunt ,  vindemiis 
esse  servandas.  Loca  naturam  plerisque  vitibns  mutant. 
Sol.ne  Aminea!  ubicunque  sint,  vinuin  pulclierrimum  led- 
dunt.  Calidum  statum  potius  quam  frigidum  sustinehunf. 
De  pingui  ad  macrum  trausire  non  possunt,  nisi  stercus 
adjuverit.  Harum  duo  genera  sunt ,  major  et  minor.  Sed 
minor  melius  dellorescit  et  citius,  iiUernodiis  iniuoribus 
ct  grano  breviore.  Si  arbori  applicetur,  pingueni  terram; 
si  colatur  in  ordines  ,  mediocrem  desiderat.  Inibres  con- 
temiilt  et  ventos  :  nam  major  sa"pe  vitiatur  in  floie.  Sunt 
et  .Aplana?  praecipua!.  Satis  est  genera  ista  dixisse  :  indus- 
trius  vir  piobata  deligat,  et  terris  talibus  mandel ,  quaB 
imltari  eas  posslnt  nnde  sumuntnr  :  slc  merita  sua  qu<ie- 
que  servabit.  Sed  vilem  vel  aiborein  melius  erit  de  cxili 
ad  plngiiem  transfeire.  Nam  si  a  pingul  lerra  ad  soliini 
exile  tiansicriut,  ullles  esse  non  possunt.  Eligenda  snnt 
sarmenla,  qu»  panglmus,  de  vite  media,  iicque  do  siim* 


DE  L"AGRICULTURE,  LIV.  111. 


557 


ehoisir  les  sarments  que  ron  doit  planter  dans  le 
rniiieu  d'uneep,  et  ne  les  prendre  ni  sur  l'iii,e 
ni  sur  Tautre  de  ses  extremites,  parce  qi.rils  i:c' 
degencrent  pns  aisemeiit  qu;\iid  ils  ont  ete  piis 
dans  cette  plaee  pour  etre  transplanles.  Ces  sar- 
nients  doivent  sortir  du  bois  \ieu\  a  une  lon- 
gueur  de  ciiiq  a  six  boutons  ;  mais  il  faut  les 
prendre  sur  une  vigne  1'eeonde.  Et  qu'on  ne  s'i- 
niagine  pas  que  desbras  de  vigiie  soient  fecoiuls 
pour  avoir  porte  uue  ou  deux  grappes  chacuii , 
puisqu'il  est  necessaire,  pourqu'ils  soient  repu- 
tcs  l'etre  ,  qu"ils  soieut  courbes  sous  le  poids  des 
grappes.  En  eflet,  il  peut  arriver  qu'un  cep  de 
\igne  fecond  ait  des  bras  qui  soient  plus  feconds 
lesuus  que  les  autres.  Ge  sera  encore  une  marque 
de  fecouditc  lorsque  la  vigue  porteradu  fruit  sur 
quelque  particde  son  bois  dur,  de  raeinequelors- 
que  ies  braiiclies  qui  seront  venues  sur  son  extre- 
mitc  iuferieure  eii  douneront  beaucoup.  Cest  de 
quoi  il  faudra  preudre  note  peudant  la  vendauge , 
en  mettant  des  marques  aux  ceps  qui  seront  dans 
ee  cas,  pour  ne  pas  leseonfondre.  II  fautchoisir, 
pour  la  planter,nne  jeuue  brnnche  sur  laquelle 
il  ne  reste  point  de  bois  dur  ni  de  vieux  sarmcnt; 
autrcment  il  lui  arriverait  souvent  de  se  gater 
quand  ce  bois  viendrait  a  pourrir.  Ou  negligera 
les  extremitcs  des  fouets,  ninsi  que  les  rcjetons 
qui  n'auront  point  doiine  de  preuves  de  fertilite  , 
quoique  nes  dans  uii  bon  endroit  du  cep.  Qunnd 
meme  un  pnnipre,  ne  sur  bois  dur,  nurait  porte 
quelques  fruits,  il  nefaudrapas  eu  conclure  qifil 
en  rapportera  beaucoup  ;  parce  que  ,  s"il  a  pu 
etre  feconde  par  sa  mere  dans  la  place  qu'il  oeeu- 
paitsurelle,  ilse  trouveraaffecte,  desqu'il  sera 
transfere,  du  vice  de  sterilitetpril  tient  du  sort  de 
sa  naissancc.  II  ue  fautpas  tordre  ni  tournnnter 
d'aucuue  maiiiere  la  tete  du  sarment  que  !'on 
met  en  tcrre,  dans  la  craiute  que  si  sa  partie 
laplus  feconde  se  trouve  absoluraent  enterree, 


il  n'yait  plus  hors  de  terre  que  ce  qui  se  trou- 
vera  le  plus  voisin  de  sa  partie  sterile;  ajiuite/. 
qu'il  ne  .sernit  pns  possible  de  le  tordre  sans  le 
touimcnter  ;  tandis  que  la  partie  dout  on  attend 
des  raeines  ne  doit  souffriraucun  genre  de  dom- 
mage  contre  lequel  elle  soit  obligee  de  lutter 
avaut  de  pouvoir  pendre  en  terre.  Ou  plantera  la 
vigue  par  un  tempschaud  et  dans  unjour  calrae. 
II  faut  prendre  gnrde  que  les  sarments  ne  soient 
brules  par  le  soleil  ou  pnr  le  vent  tpiand  on  les 
plnntera  ,  et  pnr  eonsequent  les  plnnter  aussit(it 
(jiroii  lcs  aura  tires  du  cep  ;  ou  lesconservcr  jus- 
([u'a  cc  qu'on  lcs  planle,  eii  les  enfouissant  sous 
tcrre.  Cest  a  commencer  de  ce  mois-ci ,  jusqu'a 
la  findu  priiitemps,  qu'il  faudraplanter  la  vigne 
dnns  lcs  contrees  froides  et  sujettes  aux  brouil- 
lards,  ainsi  que  dans  les  campagnes  grasses  et 
dans  les  provinces  Jiumides.  On  donnera  un  cu- 
hilus  de  longueiir  au  sarmentque  Ton  mettra  cn 
teire.  Qiinnd  la  terre  sera  grasse  par  sa  nature, 
on  laisscra  de  plus  grands  intervalles  entre  les 
ceps.  Quand  elle  sera  maigre  ,  on  en  laisserade 
moindres.  Cest  pour  cela  qu'en  distribuant  des 
ccps  sur  toute  la  supcrficie  d'un  terrain  fa(?onne 
au  pastinum,  il  y  a  des  personnes  qui  laissent 
trois  pieds  d'iiitervallecn  tout  sens  eiitre  chacuu 
de  ces  ceps.  Or,  en  se  reglant  sur  cette  distribu- 
tion,ily  aura  trois  mille  six  ceiit  sarments  de 
plantes  daus  une  planche  d'un,/M(7^r«w(  ,■  au  licu 
que  si  ron  ne  veut  laisser  que  deux  pieds  et  derai 
d'intcrvalle  entre  chaque  cep,  il  y  en  aura  cinq 
mille  ccnt  quatre-vingt-quatre.  Mais  voici  la  ma- 
nierc  dont  on  s'y  prendra  pour  les  planter  en 
ordre.  On  fera  sur  une  licelle  des  marques  blan- 
ches,ou  dequcl(|ue  autrecouleurquece  soit,  en  se 
rcglant  surlcsiiitcrvalles  que  Ton  voudra  garder; 
cnsuite,  apres  nvoir  etendu  cette  ficelle  a  travcrs 
la  planche,  on  fichera  en  terre  dcs  jalons  de  bois 
ou  des  roseaux  a  toutes  les  places  oii  il  faudia 


ma  neque  de  inlima,  (|iiiijiiiie  \el  sex  genimarum  spatio 
a  veteii  proccdentia ,  quia  uou  facile  dPH''iieraiit,  qua;  (ie 
locis  talibus  transfeiuntui.  Sumaulur  aiitein  de  vite  lu;- 
cunda.  Neque  puteinus  bracliia  esse  ferlilia ,  qu;c  uvas  siu- 
gulas  aut  biiia.s  producunt,  sed  qu.x  inulta  ubcrlale  cur- 
vautui'.  Nam  polest  fcrax  vitis  feraciores  iu  se  liabere  nia- 
tcrias.  Erit  et  liuc  signum  fertililatis,  si  de  duru  aliqiio 
loco  fructum  cilabit,  si  fiKlu  iinpleverit  raniulos  ex  iina 
|iarte  suigentcs.  Scd  lioc  signis  posilis  per  vindeiuias  est 
notaiidiiui.  Ad  pangcnduin  uovellus  palines  debel  eligi, 
duri  iii  sc  iiiliil  liabcns  cl  vctcris  saiiiienli,  (luia  lioc  pu- 
Ircsceute  sapc  conuinpitur.  Suuiina  ll.agella  rcpudiiuius 
ac  siirciilos ,  i|iii  licel  boiio  loco  nali  siul ,  lauicn  fcracita- 
lis  benelicio  caruerunl.  1'ainpinarius  (|ui  de  duio  iiascilur, 
eliaui  si  atluleiil  frucliis,  pio  trugifcro  iioiiesl  poncndus  : 
iu  suo  cnim  loco  ficcundatur  a  inatre,  translalus  vcio  \o.- 
nel  slcrililalis  viliiim  ,  qiioil  iiasicndi  condilionc  scisccpit. 
Capcil  saniicnti  cuiii  ilcponilur,  lciripicudcim  noii  c>l,  ncc 
oliquo  inodo  \c\aiidiiui,  i¥;  dcnicrsa  pcnitiis  Idriiudiorc 
parle,  quod  stciili  proxiinum  esl ,  siipra  lcrraiii  icliiiqiia. 


lur  ;  deinde  quoniam  ipsa  lortura  vexatio  est  :  cl  pars  ca 
de  qua  radix  futura  prxsumilur,  injuriae  nulli  subjicienda 
cst ,  ciim  qua  contendcre  cogalnr  ante  quain  leneat.  I>o- 
ncnd.i;  suiit  vitcs  placJdis  diebus  ac  tepidis ,  CHrandumqiie 
ne  sarmenta  sole  urautur  aut  venlo ,  sed  vel  slatim  ponan- 
tur,  vcl  obrula  rescrventur.  Hoc  incnsc  ac  (Jeinceps  toto 
vere  vinea  pnnenda  cst  regionibus  frigidis,  pluviosis,  piu- 
giiilius  campis,  et  bumidis  provinciis.  Sit  aulem  mcnsiiia 
sarmciili  cubitus  unus.  Ubi  pinf^uis  cst  iialura  terrarum , 
majoia  iiiler  vitcs  spalia  relinqueinus;  ulii  cxilis,  angusla. 
iVouiiulli  ilaquc  iu  iis  vilibus,  qiias  lolosolo  pastiiialodis- 
poiiiint,  lcrnos  [icdcs  iiiler  singiilas  vitcs  qcioqiiovcrsiis 
diniiltiiiil.  Scd  linc  gcucrc  divisionis  iii  juucrali  labiila  pan- 
gciiliir  Iria  inillia  \icena  sarmcnta.  Qiiod  si  duos  scmis  pc- 
dcs  inler  viles  rclinqiii  placucril,  iii  cadcm  labiila  poiienlur 
vitcs  quatuor  niillia  quingenta;  scpluaginla  octo.  Sed  ad 
poncndum  utemur  lioc  ordine  :  Liucani,  scrvalis  iissjia- 
liis,  qux  placucrit  cuslodire,  candidis  sigiiis  vel  qnibiis- 
cnnqnc  notabimus  :  tiinc  tcnsa  pcr  tahiilam  linca  iu  cis 
locis  snrculos  vcl  calamos  Ogcmus ,  ubi  vitis  un.iquyqiie 


PALLADIUS. 


planter  iincep,  de  faeon  que  la  supei-ncie  de  !a 
planche  soit  eiitierement  eouverte  tVun  nonibie 
de  Jalons  eorrespondant  au  nombre  de  ccps  qui 
devront  y  etre  plantes  ,  et  que  celui  qui  doit  les 
planter  ne  puisse  pas  se  tromper,  lorsqu'il  n'aiira 
qu'a  mettreen  terre  les  sarments  deposesauprcs 
de  ces  jalons.  Observez  de  pius  qu'!l  ne  faut  pas 
que  tout  un  terraiu  faconne  au  pasliimm  soit 
rempli  d'une  seule  espcce  de  vigne ,  de  peur  que, 
s'il  survenait  une  annee  qui  fut  coutraire  a  Tes- 
pece  que  Ton  aurait  choisie ,  toute  resperanee 
de  la  vendanse  nese  trouvat  detruite.  Cestpour- 
quoi  on  plantera  des  sarments  de  quatreou  cinq 
sortes  de  vignes  de  bonne  qualile,  et  il  sera  tres- 
ntile  d'en  reunir  les  espeees  differentes  dans  dcs 
planches  partieulieres,  qui  seront  scparees  les 
unes  des  autres  par  des  sentiers;a  moins  que 
roii  iicsoit  rebute  par  ia  diffieulte  de  cette  dis- 
fribution.  Si  Tou  a  d'aneicns  vignobles  cepen- 
daut ,  il  est  aise  de  planter  dansdes  planches  se- 
parees  des  rejctons  pris  sur  toutes  les  espcces 
qu'iis  eontiennent,  et  de  parvenir  par  consequent 
a  la  formedeculturequenous  prescrivons;forme 
qui  estbelle  etavantageuse,  puisqu'clIeprocurea 
toutes  lesespeces  de  vip;nes,quiontchacuneleurs 
epoquesparticulieresde  floraisnn  et  dematurite, 
Tavantage  de  fleuriretde  mui^irdans  le  tenips 
qui  leur  est  propre.  En  effet,  on  s'e\poserait  a  un 
dommage  reel ,  si  Ton  etnit  obiige  de  cueillir  le 
fruit  murenmemetempsque  le  vert,  parcequ'ils 
se  trouveraient  reunis  sur  une  meme  planche; 
puisqu'on  nepourrait  pas  se  regler  sur  la  ven- 
dange  de  telle  ou  telle  espece  de  vigne  qu'il  se- 
rait  temps  de  faire  ,  sans  eourir  le  danger  de  don- 
ner  un  gout  de  verdeur  a  son  vin  ;  comme  on  iie 
pourrait  pas  ,  d'un  autre  cote,  attendre  la  matu- 
rite  tardive  de  telle  autre  cspece  de  \igne, 
sans  perdre  la  veiidange  de  celles  qui  seiaient 
muries  les  premieres.  Ajoutez  a  ces  avantages  que 


lcs  vcntlanges  de  chaque  cspeee  de  vigne  se 
suecedant  par  degres  les  uues  aux  autres,  sui- 
vant  leur  differente  nature,  il  faudra  moins  d'ou- 
vriers,  en  suivant  notre  methode ,  pour  les  ex- 
pedier  toutes,  et  pour  les  serrer  par  classes.  D'ail- 
leurs  chaque  sorte  de  vin  conservera  mieux  le 
goiit  qui  lui  est  propre ,  quand  ee  gout  ne  sera  pas 
eomhattu  par  le  melange  d'uu  vin  different.  Si 
eettepratiqueparaitdifficile,  il  faut  au  moiusne 
pas  planter  ensemhle  d'autres  vignes  que  eelles 
dont  le  goiit,Ia  fleur  et  la  maturite  ont  quelque 
analogie  ensemble.  Mais  la  methode  que  nous 
venons  de  donner  parrapporta  la  plantation  des 
vignes  est  cellc  que  Ton  suivra  dans  lesterrains 
faconnes  au  pasliimm,  ou  dans  les  trancliees. 
Quant  aux  sarments  que  ron  mettra  dans  des  fos- 
ses,  il  faudra  Ics  y  mettre  aux  quatre  coius,  et, 
commeleprescrit  Columelle,  jeterdans  la  fosse, 
au  moinent  qu'on  les  y  niettra  ,  du  marc  de  rai- 
sin  mele  avec  du  fumicr;  et,  si  le  terrain  est 
maigre  ,  de  la  terre  grasse  ou  de  la  terre  rappor- 
tee.  Au  surplus ,  loisqu'on  arrangera  un  pied  de 
vigne  ou  un  mailleton  dans  une  fosse,  onlesy 
mettra  en  travers.  II  faut  aussi  quele  terrain  soit 
niediocremcnt  Iiumide,  et  plutol  sec  que  bour- 
beux,  ct  que  le  plant  ait  deux  boutons  hors  de 
terre,  afin  qu'il  prenne  plus  aisement. 

X.  Si  c"est  votre  gout  d'avoir  des  vignes  ma- 
rieesaux  arbres,  il  faudra  eommencerpar  elever 
dans  une  pepiniere  du  plant  de  bonne  qualitc, 
que  vous  transporterez,  lorsqu'iI  aura  pris  racine, 
dans  des  fosses  creusees  au  pied  de  chaque  arbre. 
.rappelle  pepiniere  une  planche  labource  unifor- 
mement  a  la  profoudcur  de  deux  pieds  et  demi. 
Ondeposedcs  sarments  en  terre,  a  tres-peu  de 
distance  les  uns  des  autres ,  dans  cette  planche, 
que  Ton  fait  plus  ou  moins  grande,  suivant  le 
nombre  des  ceps  ou  boutures  d'autre  plant  que 
Ton  veut  y  mettre ;  et  si  cette  planche  est  situee 


ventiira  est.  Ita  s|iatiiiin  totiiis  tabiiliia  siimills  complebi- 
t  ir  adiiiinipiiim  vlliiiiii  riilnianini  :  alcjuo  isqni  («incluiiis 
cst  projiTla  riixa  snicnlos  sarnipnta  sine  iillo  cirore  dcpo- 
tiot.  rnrlciva  iion  est  iiiio  gencie  viliiiin  omiie  pastiniini 
CJinscicndiini ,  ne  annus  iniquiis  geiicri  speni  vindemia; 
toliiis  Cvliii^uat.  El  ideo  qnaluoi'  aiit  quinqiie  cxiniii  gcne- 
lis  sarnicnla  pangemiis.  Sed  mavimecxpedietgeiieia  labii- 
laliiii  disponi,  et  decuniaiiis  dividi,  nisi  detcncat  operis 
dillicnllas,  Quod  si  est  vetnsvinea,  singnlonim  genernm 
sinculis  labnlatimpoterimns  insereie  :  et  facile  liocgenus 
colendi,  qiiod  est  pnlclnnm  atqneutile,  consc(|ueiniir.  Ita 
et  nialnrilatis  et  lloris  lcmpoia,  qila;  in  vlte  diversa  siint, 
suislenipoiibusopportiminsobtineiepoterimns.  SNecpaivo 
conslabit,  si  legalnr  maturitas  cum  acerliitale,  dispen- 
diosum  unius  lempeslivam  vindemiam  seqiii,  periiiista 
cruditale  viliosam ,  et  alterius  seras  matni ilales  expectare 
damniliciim.  Huic  commodo  adjiciliir,  quod  pro  generum 
diversilale  pcr  gradus  accedenle  vindeiiiia,  niinor  opera- 
rum  mimerus  eam  poleiil  expedire ,  el  generatim  condcie, 
ac  melius  puio  sapoie,  sine  luclamine  allciiiis  gcneiis 


unaqn.Tqiie  vina  servarc.  Hoc  sl  diflicile  videliitur,  non 
alias  siniiil  coiiseias ,  qiiam  qna>  et  sapore  el  llore  et  nia- 
linitale  conveniunt.  Sed  bax  in  paslinis  vel  sulcis  ralio 
crit  :  in  scroliibus  vero  pcr  angulos  iv  sarmenta  deponis. 
Scd  (iit  asserit  Columella)  vinaceam  stercori  mistam  simul 
spaiges ,  et  si  exile  solum  fiierit ,  pingnem  lenam  scrobi 
iiireies  vel  aliimde  portalam.  Cimi  vero  planlam  vel  iiial- 
leolnm  disponimus,  modice  liumido  solo,  sed  polius  arido 
qnam  liitoso,  dnabus  gemiiiis  supra  tenam  relictis,  sar- 
menla  ponemns  obliqiia;  sic  facilius  comprebeiident. 

X.  Qnod  si  arbiistum  le  babere  deleclat,  plantam  gene- 
rosxvitis  piins  in  seminario  nutiiie  debeliis,  ut  inde  ra- 
dicata  transfeiatur  ad  scrobem,  cui  arbor  iiijuncta  est. 
Seminarium  veio  dicimus  feqiie  fossam  labulam  pedum 
diiorum  semis  altitiidine.  In  hac,  qiiam  pio  nuniero  ponen- 
darum  vitiumvel  qiialiumcnnqueplanlarum  protendisaut 
conlrabis,  brcvissimo  spatio  distanlia  inter  se  sarmenla 
depones  :  si  vallis  aut  bunieclus  estcampus,  trium  gem- 
marum  exceplis  minutis,  qiias  liabebit  inferius.  Et  ubi 
convaluerint ,  hinc  post  biennium  i  adicatas  vitcs  vcl  ar- 


DE  LAGRICULTURi:,  LIV.   IH. 


dans  une  vallce  oii  dans  une  campagne  plate  qui 
soit  humidc,  on  laisse  trois  gros  boutoiis  a  ces 
sarraents,  independamment  des  petits  dont  ieur 
extremitc  infcrieurc  sera  iiarnie.  Ensuite,  qiiund 
ils  auront  pris  laforme  de  pelits  ceps  ou  de  pe- 
tits  arbres  garnis  de  racines,  on  les  transfere-ra 
au  hout  de  dcux  ans,  temps  aiiqucl  ils  auroiit 
pris  une  certaine  consistance;  ct  lorsqu'on  les 
mettra  dans  la  fosse  qui  leur  sera  destinee,  on 
les  reduira  a  un  seul  jet,  en  coupant  toutes  leurs 
parties  galeuses,  et  en  cmondant  leurs  racines, 
au  cas  ou  il  s'en  trouve  d'cndommagees.  Au  sur- 
plus,  quaiid  on  veut  marier  des  vignes  aux  ar- 
bres ,  011  met  deux  de  ces  ceps  pourvus  de  racines 
dans  la  mcme  fosse ;  mais ,  pour  empeclier  qu'ils 
ne  se  touchcnt  par  le  pied ,  on  les  separe  avec 
des  pierres  d'environ  einq  livres  pesant,  et  on 
les  applique  aux  cotes  opposes  de  la  fossc.  Ma- 
gon  assure  qn'il  ne  faut  pas  rempiir  la  fosse  de 
terre  la  premiere  annee,  mais  quil  ue  faut  la 
combler  que  successivcment  et  par  intervallc  , 
afin  que  les  racines  de  la  vigne  y  penetrent  plus 
profondement.  Cependant  cette  metiiode  ne  peut 
convenir  que  dans  les  eontrees  seches ;  car  dans 
un  sol  huraide  le  plant  pourrirait  si  la  fosse  n'c- 
taitpasaussitfit  comblee,  et  qu'on  laissdt  le  temps 
h  feau  de  la  noyer.  Cclui  qui  veut  former  un 
plant  d'arbres  maries  a  des  vigncs  doit  choisir 
parmi  les  especes  suivantes,  si  elles  abondent 
dans  le  canton,  savoir,  le  peuplier,  l'orme,  et 
le  frene  dans  les  terraiiis  montagiieux  et  escarpes, 
ou  l'orme  ne  vieiulrait  pas  bien.  Columelle  pre- 
tend  qu'il  faut  aussi  elever  ces  arbres  dans  des 
pepinieres.  Alais  coinme  il  n'y  a  point  de  pro- 
vince  qui  ii'en  produise  d'une  ou  d'autre  de  ces 
especes,  sans  culture,  il  mc  Seml>le  qu'il  v:uit 
mieux  mettre  en  ce  tcmps-ci  ,  aupres  des  ceps 
qui  seront  deposes  dans  les  fosses,  des  pieds 
d'arbi'es  d'une  certaine    grandeur ,    que    Ton 


transferera  a  cet  cffet  de  quelquc  cndroit  que  ce 
puisse  etre ,  ou  meme  des  troiies  d'aibres  avee 
Icurs  racines  ,  que  Ton  choisira  daiis  le  nombre 
des  especes  que  iious  venons  de  nommer.  Si  le  sol 
sur  lequel  oii opcie  est  une  terre  a  ble,  on  laissera 
quarante  pieds  d'intervalle  entre  chaque  arbre  , 
a(in  de  pouvoir  cnseraeneer  ce  terrain,  et  vingt 
pieds  seulement  si  le  terrain  est  maigre.  Quant 
au  cep  qui  sera  plante  dans  la  fusse  ,  il  doit  etre 
cloigne  de  son  arbre  a  la  dislance  d'un  picd  et 
demi,  paree  que,  s'il  en  etait  trop  proche,  Tar- 
bre  cn  croissant  absorbcrait  sa  substance.  II  faut 
aussi  encager  le  eep  pour  le  proteger  contre  les 
insultes  des  bestiaux  qni  clierchcront  a  le  rongcr, 
et  Tattacher  des  le  premier  nioment  a  son  arbre. 
Voici  encore  une  autre  metliode  expeditive  pour 
transferer  un  cep  d'un  plant  darbres  maries  a  des 
vignes  :  on  fait  uii  petit  panier  dosier  d'environ 
un  pied  de  diamctre  ou  un  peu  moins,  que  Ton 
porte  aupres  dc  l'arbre  au(|uel  la  vignc  est  ma- 
riee ,  et  Ton  en  peree  le  l'ond  par  le  milieu ,  a  I'ef- 
fet  de  faire  passcr  un  sarment  par  celte  ouver- 
ture  Aprcs  avoir  donc  introduit  dans  ce  panier 
un  sarment  du  ccp  dout  on  veut  transporter  du 
plant,  on  suspcnd  le  panier  m^me  a  quelqiie  coin 
de  Tarbre,  et  on  le  rcmplit  de  terre  vegetale,  de 
facon  quc  ce  sarment ,  que  Ton  a  soin  de  tordrc 
auparavant,  piiissc  y  etre  entierement  caclie. 
Avec  ccs  precaiitions,  le  sarment  renferme  dans 
cc  pctit  panier  y  jctte  des  racines  au  bout  d'un 
an  ;  et  quand  il  y  a  pris  racine,  on  le  coupe 
dessous  le  panier,  pour  le  porter  avee  le  panier 
meme  a  rendroit  que  Ton  veut  remplir  de  ceps 
mariables  a  des  arbres,  et  on  Ty  ciiteire  aupres 
des  racines  de  Tarbre  auquel  on  a  intention  de  le 
niarier.  On  traiisfercra  par  celte  methode  te! 
nombre  de  ceps  que  Ton  voudra ,  sans  avoir  a 
craindre  qirils  ne  prennent  point. 

XI.  En  fait  dc  vignobles ,  chaque  localite  a  son 


Iiiisrul.is  tr.iiisfiMMS  :  (inas  tiim  (li^ponos  in  .sciolie,  ail 
singulas  matciias  icdi^cs,  piilalis  (iiiiuilnis  (piui  .scalxa 
sunt,  cuitntls  ctiani  radicibiis,  si  qiias  potueris  invcnire 
ve.vatas.  In  scrobe  antcm  ad  arliustum  rac.iciidum  diias 
radicatas  vilcs  dcponis ,  lioc  scrvans ,  iie  se  in  radice  coii- 
tlngant  :  sed  lapidcs  qiiiniini  piope  lihraiuni  niedios  intcr 
utramque  constiliies ,  et  ip.sas  vites  ad  scrobis  latera  dis- 
creta  conjiingcs.  ,Mago  asseiit,  scrobem  nnn  priino  aiino 
esse  complcndam ,  sed  subinde  coa-qiiandam  :  qiiic  rcs 
vitem  faciet  altiiis  fiindare  radices.  Sed  lioc  aridis  piovin- 
cils  furtc  convenict  :  luimidis  antcm  sala  pulielieiit  rc- 
cepto  buinorc  ,  uisi  statim  tena  cumulctur.  Sed  arbusta 
qui  faciet,  plantas  arbornm  de  liis  gcncribiis  ponat,  si 
agrosiippetit  abuudantia.popnlo,  iilmu  :  fiaxinoin  iiiou- 
taiiis  cl  aspeiis,  in  quibus  ulnius  minus  UL'Ia  csl.  Ilas 
etiam  CuUiniilla  dicit  scminario  dcbere  nntriri.  Milil  vidc- 
tur,  quod  niilla  provin(  i.i  cst,  qiiio  non  c.\  liis  qiianicunqnc 
sponte  producal,  plaiilas  ctiam  majore.s  dc  locis  qiiibiis- 
cunque  tran^lalas  ,  vcl  cnrum  gcneruin  triincos  radicatos, 
hoclempore  cir<.,a  M;iobcm  vilis  oporlcic  coustitni.  Scd  si 


aucr  fiiiinciilarids  liicii!,  iilii  arbiisla  ilispnnis,  qnadragc- 
iios  pedes  iiiler  arbores  rcliiiipic,  ul  scri  possit;  iii  cxili 
aiilem  vicenos.  In  scrobe  vcro  vitis  ab  arbore  sua  sesqui- 
pedis  spatio  dislare  dchcbit.  Nam  vitis  niultiim  siibjecta 
arbori ,  incremento  arboris  opprinietur.  Caveis  etiam  mu- 
nicnda  cst  adversnm  pecoris  appetiMitis  injiirias,ct  aibori 
sua;  protinus  alliganda.  Esl  et  aliud  de  liansfercnda  c\ 
arbiisto  vite  eompiMidiuin  :  I"it  e\  vimine  parva  rorbiciila, 
qna'  niensuiain  (icdis  ,  vel  aliquanto  iiiiniis  circiiii  spatio 
piissit  aniplecli.  llaec  ad  arborem,  cui  vilis  inliaciet ,  fcr- 
liir,  ct  in  fundi  im^dia  parte  perlunditur,  qiio  sarmenli 
virgain  possit  admiltcrc.  Inducto  itaque  sanncnto  vjtis 
cjus,  de  (pia  transferrft  rtisponis ,  corbicula  ipsa  cx  aliipia 
arboris  parte  suspciiiUlur ,  et  viva  terra  repleliir ,  iit  Siir- 
meutiim  lerra  possit  includi;  qiiod  sarmeuluni  priiis  in- 
torqiiclur.  Ila  cxaclo  aniiiii  tcmporis  spatio ,  Siirmcnliim  , 
(piodclausum  est ,  radiccs  crcabil  inlra  pra-dictam  ciirlii- 
cnlam.Tunc  siibfiindo  corbis  incisum  radicaliim  sarii.cn- 
liiiu  cum  ipsa  corbe  pnrtidiitur  ad  locum  quem  vililnis 
aibiislivis  dcstlnabis  iinplcrc ,  ibiqiie  obrnctur  circa  arlx)- 


PALLADIUS. 


niode  de  culture;  mais  la  meilleure  coiisiste  a  avoir 
des  ceps  qui  sc  tiennent  sur  une  tige  tres-courte , 
conime  dc  petits  arbres.  On  commence  par  les 
faire  tenir  a  Taide  d'un  roseau ,  jusqu'a  ee  qu'iJs 
soient  bien  affcrmis ;  mais  il  ne  faut  pas  que  ces 
ceps  aicnt  plus  d'un  pied  et  demi  de  hauteur. 
Quand  ils  seroiit  devenus  forts  ,  ils  sc  tiendront 
tout  senls.  II  y  a  une  autre  metbode,  qui  consiste 
a  distribuer  plusieurs  roscaux  autour  d'un  cep, 
dont  on  lic  les  sarments  a  ees  roseaux,  pour  lcs 
arrondir  en  forme  de  cercles.  La  pire  de  toutes 
les  positions  pour  la  vigne,  est  d'etre  renversee  et 
couchee  a  terre.  Toutes  ces  differentes  especes 
de  vignes  se  plantent  dans  des  fosses  et  dans 
des  tranehees. 

XIL  Cest  en  ce  niois  qu'il  est  temps  de  tailler  la 
vigne  dans  les  pays  froids  jus([u'a  un  eertain  de- 
gre,  ainsi  que  dans  les  pays  temperes.  Mais  quand 
on  a  beaucoup  de  vignes,  on  les  partage  en  deu.v 
portions ,  dont  on  taille  au  printemps  celle  qui  cst 
exposce  au  nord  ,  et  en  autoinne  celle  qui  lest 
aux  autres  c6tes  du  ciel  qui  sont  plus  doux.  At- 
tachons  nous  toujours,  dans  la  taille,  a  donnerde 
la  force  au  pied  de  la  vigne,  et  a  ne  jamais  lais- 
sor  deux  bois  durs  a  une  jeune  vigne  tant  qu'elle 
est  taible.  II  faut  retranciier  les  sarments  qui  rap- 
portent  beaucoup,  aiiisi  que  ccux  qui  soiittors, 
faibles,  et  nes  dans  un  mauvais  endroit  du  cep, 
II  faut  aussi  couper  le  sarinent  qui  sera  nc  sur 
un  ccp  entre  deux  de  ses  bras.  Mais  s'il  est  dcja 
fwtifie  au  point  d'affaiblir  riin  de  ces  bras  ,  e'est 
ce  dernier  qu'il  faut  couper,  en  laissant  subsis- 
ter  rautre.  II  faudra  neaiimoins  qu'un  homme 
intelligent  dans  Tartde  la  taille  nienage  toujours 
les  sarments  infericurs  qui  seront  nes  dans  un 
bon  endroit,  pour  les  employera  renouveJer  la 
vigne;  etquil  les  laisse  sur  le  cepen  les  rognant 


jusqu'au  premier  ou  au  second  bouton.  On 
pourra  laisser  a  la  vigne  la  liberte  de  s'eteiidie 
par  en  haut  dans  les  climats  doux;  au  lieu  qu'il 
faudra  la  ravaler  dans  les  terrains  niaigres  ou 
dans  Ics  climats  plus  chauds,  ainsi  que  dans  les 
terrains  en  pente  ou  sujets  aux  tempetes.  On  lais- 
sera  dans  les  terres  grasses  deux  fouets  a  chaque 
bras  d"un  cep  ;  mais  il  est  d'un  homme  prudeiit 
d'app!'ccier  les  forces  de  la  vigne.  Kn  effet,  celle 
que  Ton  cultive  dans  rintention  de  la  faire  mon- 
ter  en  haiit,  etqui  est  feconde,  ne  doit  pasavoir 
plus  de  huit  branches  a  fruit ,  sans  compter  le 
courson ,  que  Ton  conservera  toujours  dans  sa 
partie  inferieure.  II  faut  couper  tout  ce  qui  seia 
venu  autour  du  pied  de  la  vigne ,  a  moins  qu'elle 
n'ait  besoin  d'etre  renouvclee.  Si  le  tronc  d'une 
vigne  est  ereusc,  soit  par  ia  violeiice  du  soleil 
ou  despluies,  soit  par  desanimaux  malfiisants, 
on  retranehe  tout  le  bois  mort,  et  on  enduit  la 
plaie,  qui  resultc  de  cette  operation,  de  raarc 
d'huile  et  de  terre,  prccaution  excellente  pour 
obvier  aux  accidents  qui  pourraient  s'ensuivre. 
On  ote  aussi  Tecorce  qui  s'est  detachee  du  cep,  et 
qui  pend  a  terre  ;  ct  cette  attention  diminue  la 
quantite  de  lie  qu'aurait  autrement  le  vin.  On 
ratisse  la  mousse  partout  ou  il  s'en  trouve.  Au 
surplus ,  les  plaies  que  Ton  fera  k  la  vigue  sur  soii 
bois  dur  seront  obliques  et  rondes.  Ku  retran- 
ehant,  ainsi  que  je  T-ai  prescrit  ci-dessus,  tous 
les  sarments  qui  seront  nes  dans  un  mauvais  en- 
droit  du  cep  ,  ou  ceux  qui  seront  vieux ,  on  cou- 
servera  les  jeunes,  ainsi  que  ceux  qni  porteront 
du  fruit.  On  coupera  aussi  les  ergots  dcs  coursous 
quand  ils  seront  d€sseches ,  et  qu'ils  auront  un 
an ,  de  m^me  que  tout  ce  qui  se  trouvera  de  vieux 
ou  de  galcux  sur  un  cep.  Ou  laissera  quatre  bras 
aux  vignes  que  Tou  cultive,  daus  riutention  de 


lis  maritandae  radices.  IIoc  genere  qiianliiin  voliifris 
nnmerum  vitium  transferes,  sine  anibigiiilate  pielieii- 
dendi. 

XI.  VineiBin  piovinciis  multis generibus  tiunl  :  sed  op- 
tiniuni  genus  est,  ubi  vitis  velut  arhuscula  stal  liievi 
erure  fundala.  Haec  primo  calamo  juvatiir,  donec  snliile- 
tur  :  sed  altior  sesquipede  esse  non  debet ;  nbi  roliusta 
fuerit ,  sola  consistel.  ,\liud  geniis  est,  in  quo  cannis  plu- 
ribus  circa  dispositis  ipsa  vitis  pcr  cannas  sarmentis  liga- 
tis  in  orbiculos  llectitur  se  sequentes.  UltimiE  posilionis 
vitis  est ,  qui^e per  terram  piojerta  discumbit.  Ha;  oinnes 
et  scrobibus  pununtur,  et  siilcis. 

XII.  Hoc  inense  locis  fiigidis  aliqiiatenus  et  lcmpeiatis 
vitium  justa  putalio  est.  Sed ,  iihi  miillae  sunt  vineas ,  divi- 
daiitHr,etparsearHm  qii.ie  septentrionem  respiciet,  verno 
putetur;  aliapars  adversa  clementioiibus  plagis,  recidatur 
autumno.  Sed  in  putatione  seniper  nitamiir,  ut  vilis  liat 
incrure  robustior,  ne  [ve]  deblli  viticula;  duo  durameula 
servemus.  Auferenda  sunt  lata,  intorta,  debilia,  nialis 
locis  nata  sarmenta.  Focaneus  efiam,  qui  inter  diio  bia- 
cliia  medius,  nascitur,  debet  abradi  :  qni  si  pingiiitiidine 
6ua  brachium  quodcunque  proximum  debililaverit,  illi 


deciso  ipse  succedat.  Erlt  taraen  opliml  putatoris,  inferiiis 
s.irinenliim,  qiiod  bono  loco  natuni  fuerit,  reparandaj 
vitis  causa  semper  tueri,  et  ad  unam  vel  duas  gcmnias 
relinquerc.  ln  locis  la^lis  et  clemenlioribus  altiiis  viteni 
licebit  expandere  :  in  exillhiis  aiit  a^stnosis  autdeclivibus 
aut  procellosis,  hmniliur  ost  liaheiida.  Locis  pinguibiis 
singulls  brachiis  vitiuni  hiiia  llagclla  (liiiiille.  Sed  erit  sa- 
pientis  a?stimare  vim  \itis.  Nam  ipiie  allius  colitur,  et 
ftficundaesl,  plus  quam  oclo  palmiles  babere  non  debct, 
ita  iit  consei^^emus  semper  in  inferiore  partc  custodeni. 
Circa  crus  quidquid  nascitur,  amputandum  est ,  si  non 
desideret  vinea  revocari.  Quod  si  truncus  vitis  sole  aiit 
pluviis  aut  noxiis  animalibus  est  cavatus,  purgamusqiiid- 
quid  est  mortnum,  plagasque  eas  amiiica  lininius  et  terra  : 
qiiod  prodcrit  adversuni  pra>dicta.  Corlex  eliam  recisus  et 
pendens  a  vitc  tollatnr  :  quse  res  minorem  fecem  redilit 
in  vino.  Muscus  radatiir  iibiciinque  repertus.  Sed  plaga>, 
quas  in  diiio  vitis  accipiet,  obliqiia;  et  rolundae  esse  de- 
bebunt.  Decisis,  siciit  siipra  dixi,  male  natis  oninibus  ct 
veteribus  novellos  cl  friictiiarios  serva.  Ungiies  etiani  cu- 
stodum  siccos  el  annotinos  recide,  ct  omnia  qiia!  vctera 
vel  scabra  reperies.  Illse  quae  altius  colunlur,  ul  in  juj^o 


I)E  LAGllICULICRi:,  LIV.  HL 


les  laisser  raontcr,  ainsi  qira  celies  qui  sont  nu 
joug  ou  en  treillcs,  des  qu'ellcs  seront  elcvces  <lc 
quatre  pieds  sur  tcrre.  On  laissera  uii  fouet  par 
bras  a  une  vigne  maigre,  et  deux  ii  unc  vigae 
grasse.  iNIais  il  fautavoir  rattcntion  que  les  ^^ar- 
raents  qu'on  iaissera  sur  uu  bras  ne  soient  pas 
tous  sur  ie  raeraeeote,  auqucl  eas  la  vigne  sc 
dessccherait  comme  si  clle  eiit  ete  frappee  de  la 
foudre.  II  ne  faut  pas  laisscr  de  sarmeuts  sur  le 
bois  dur  de  la  vigue,  non  plus  qu'a  sou  extre- 
mite  supcrieure,  parceque  les  pieraiers,  sembla- 
bles  a  des  pampres  inutiies,  ne  rapportent  point 
de  fruifs ,  et  que  les  seconds  sont  a  eliarge  au  eep 
par  la  trop  grnnde  quantite  des  Jcurs ,  outre  qu'ils 
le  font  inontcr  trop  haut.  Ccst  done  dans  le  rai- 
lieu  du  corps  de  la  vigne  qu'il  faudra  ehoisir  les 
sarments  qu'on  lui  laissera.  La  plnie  de  la  taille 
ue  doit  jamnis  etre  faite  auprcs  d'un  bouton, 
mais  il  faut  la  fairc  un  peu  au-dessus ,  et  du  cotc 
oppose  au  bouton ,  a  cause  des  plcurs  qu'elle 
repandra. 

XIIL  Culture  dc  la  vignc  niarice  aux  arbrcs 
On  coupera  le  premier  bois  que  cctte  vigne  aura 
jetc,  jusqu'au  second  ou  au  troisieme  bouton  ; 
ensuite  on  laissera  croitre  insensiblemeultous  lcs 
ans  un  peu  de  bois  qui  moutera  a  travers  les  rn- 
meaux  de  Tnrbre,  cn  dirigeaut  toujours  un  fouct 
vers  son  sommct.  Ceux  qui  veulent  avoir  unc 
tres-grande  qunutitc  dc  fruits  laissent  un  grand 
uombrc  de  fouets  s'c'tendre  a  travers  les  ramcaux 
de  Tarbre,  au  lieu  que  ceux  qui  visent  a  avoir  Cr: 
lueilleur  vin  attirent  les  sarmcnts  vers  son  som- 
met.  II  faut  mettre  plus  de  sarments  sur  les  ra- 
meaux  de  Tarbre  qui  seront  les  plus  forts ,  ct  en 
mettre  raoins  sur  les  plus  faibles.  Voici  la  facon 
de  tailler  cette  especede  vigue  :  on  coupera  tous 
lessarments  qui  aurout  porte  du  fruit  la  preraiere 
annce,  et  on  iaissera  subsistcr  les  nouveaux,  en 


coupant  Irs  tendons  ct  les  pctites  branehes  inuti- 
lcs  dont  ils  seront  environnes.  Mais  il  faut  nvoir 
rattcntion  de  (Jelier  et  de  relier  chnque  annee 
eette  espeee  de  vigne,  pour  la  rafraichir.  Ilfaut 
ajusler  les  rameaux  dcs  arbrcs  qui  souticnnent 
une  vigne,  dc  fncon  qu'ils  ne  soient  pas  etages  en 
ligne  perpendieulaire.  Si  leterrain  est  grns,  il  faut 
que  rorme  soit  sans  ramenu  jus([u'ii  luiil  pieds 
de  tcrre,  et  jusipia  sept  pieds  dans  un  tcrraiu 
maigre.  Dans  lcs  pays  sujcts  a  la  rosee  et  aux 
brouillards,  on  dirigera  par  la  taille  les  rameaux 
de  Tarbre  qui  soutient  la  vigne  vers  les  eotes  du 
levant  et  du  eouciiant,  afm  que  ses  (lancs  ctant 
decouverts,  la  vignc  puisse  etre  exposee  au.\ 
rayons  du  soleil  dans  toulcs  ses  parliis.  II  fnut 
aussi  faire  cn  sorte  que  la  vigne  ne  soit  pas  trop 
fournie  sur  rarbre.  Des  qu'il  commcnccra  a 
nianquer  quelques  arbres,il  faudra  leur  en  subs- 
tituer  d'autres.  Dnns  lcs  pays  montueux ,  il  fau- 
dra  tenir  les  rameaux  dcs  arbres  plusbas,  au 
lieu  qu'on  lcs  liendra  plus  hauts  dans  les  pays 
plats  et  bumides.  11  ne  faut  pas  attaeher  a  rarbre 
lcs  branches  a  fruit  de  la  vigneavecun  osier  trop 
dur,  de  peur  qu'uue  pareille  ligature  ne  les  coupe 
ou  ne  les  ficisse.  Ccst  une  attcution  d"autaut  plus 
importnnte  a  avoir,  que  la  branehe  a fruit  couvre 
toujours  de  grappcs  la  portion  d'elle-nieme  qui 
pcnd  par  delti  la  ligature ;  nu  licu  qu'elle  reserve 
eelle  qui  est  au-dessous  de  la  ligaturc  pour  donner 
dn  bois  Tannee  suivante. 

XIV.  Si  Ton  veut  formcr,  a  la  mode  des  pro- 
vincps,  de  ees  espeees  de  vignes  dont  j'ai  parlc, 
qui  se  tiennent  sur  leurs  pieds  comme  de  peliis 
arbres,  on  lcur  laissera  des  bras  de  quatre  eotes, 
et  on  couservera  sur  ces  bras  le  plus  graud  nora- 
bre  dc  sarraents  que  la  vigne  puisse  supporter. 
Pour  celles  que  Ton  arrondit  n  Tnide  de  roscnux  , 
i  on  les  taillera  de  la  m(?me  inaniere  que  cellcs  qui 


vel  pt'r;;ula,  ubi  quatiior  peililius  supra  terram  levalai 
stcleiiiit,  qualenia  liracliia  liabeant.  Si  niacra  vilis  crit, 
(in)  sinsulis  biacliiis  singula  flagella  (limittinius  :  si  pin- 
guis,  bina.  Seil  providenduin,  iie  in  una  parle  sinl  sar- 
meiita,  qua;  .servas  :  quod  cum  (it,  vilis,  laniqiiam  si 
ful^ure  langatur,  aiescit.  neliiiqiienda  siiiit  sarmeiila 
iieqiie  circa  durum  neque  iu  summo  :  quia  lia;c  veliit 
painpiiiaria  ininiis  afrerunt,  illa  vilem  iiimietate  fictiis 
oneraiit,  el  longius  ducuiit.  Qiiare  iii  medio  loco  servanda 
suiit,  (quae  luemur).  1'laga  iioii  juxla  geminam  ,  sed  ali- 
quanto  supeiiiis  liat,  elaverlatur  agenuna  projiler  laciy- 
niam  delluentein. 

Xlll.  Vilis  qu.T  in  arhore  collocnlur.  Prima  ejiis  male- 
ria  ad  secundam  vel  lertiam  gemiiiain  pr.pcidatiir;  deiiide 
omiiibus  annis  aliquid  per  ramos  crescere  subinde  patia- 
niiir ,  unaiii  materiam  senipcr  ad  cacumeii  arlioi  is  dirigen- 
tes.  Sed  cpii  friictiim  volunt  inaximuiu,  materias  plures 
pcr  ramos  submiltunt;  qui  viiium  iiiclius,  sarmenta  iu 
cacumen  extendiinl.  l-ortioiibus  ramis  arborum  pliires 
rEalcrix,  debilioribiis  imponendo:  suiit  pauciores.  Piitandi 
auteni  ratio  talisest,  utet  vetcra  sarmenta,  quihus  primi 

rALLAOIVE. 


anni  frucliis  pependil,  omniarecidantur,  cl  iiova  ciicuni- 
cisis  capreolis  et  laniulis  iniitilibus  dimitlantur.  Sed  pro- 
videndum  esl,  omnibiis  annis  vilein  icsolvi  ac  relinari, 
i|uia  refrigeiatiir.  Ita  formandi  suiit  ranii  aiboriim  vitife- 
rariim ,  ne  alter  sub  alterius  linea  dirigatur  :  sed  loco  pin 
giii  ulmiis  a  lerra  oclo  pedibus,  giacili  vero  seplem  sine 
ramo  lelinquenda  csl.  In  solo  roscido  cl  iiebiiloso,  rami 
arboris  vitifeia,'  iii  orieiilem  et  occi<lenlcm  pulationc  diri- 
fi.nntiir,  iit  lalera  vacua  solis  ladiis  meinbra  tolius  vitis 
ostendanl.  Agendum  est  autem ,  ul  vilis  spissa  iion  sit  in 
arliore,  el  deliclenlibus  primis  arboribus  subslituendaR 
suntalia>.  In  loco  clivoso  liiimilius  rami  arboriim  .«ervandi 
sunt;  in  planoct  nligino.so  allius.  l>alinitesadarlioi'em  non 
diiro  vimine  ligentiir,  iie  eos  vinciiliim  puecidat  aiit  atte- 
rat.  Ildc  aiiteui  noveris,  qiiia  palmes,  qiiod  extra  ligatn- 
rani  pendens  liabuerit;  fruclii  induet  :  quod  iiifra  ligativ 
ram  ,  niateriie  sequentis  aiini  d«'pulabil. 

XIV.  Vites,quasprovinciali  moreveliit  arbusciilasstaro 
dixi,  si  instituere  vclis,  ramos  a  quatiior  partibus  b\s 
ieliiii|ues,  et  in  eis  biacliiissarmenta  pro  vilis  possiliilitalo 
scrvaliis.  Viles  auleni ,  qiia;  cannis  in  orbein  cogunlur. 


5C2 


PALLADillS. 


sont  appiiyees  sur  des  eclialas  ou  sur  des  pieux. 
Quaiit  a  celles  qiii  sont  couchees  a  terre  sans 
sucuii  soutieu,  procede  auquel  il  ne  faut  avoir 
recours  qu'a  defaut  de  raieux,  ou  pour  obeir  a 
quelque  necessite  locale,  on  ne  leur  laissera  la 
preraiere  anneeque  deux  boutoas;  au  lieu  qu'on 
leur  en  laissera  un  plus  yrand  nombre  les  an- 
iiees  suivantes.  Au  reste,  les  vifines  de  cette 
derniere  espece  doivent  etre  taillees  de  tres- 
court. 

XV.  Columelle  dit  qu'il  faut  coramcnccr  des 
la  premiere  annee  a  faconner  une  jeune  vigne 
sur  son  seul  et  unique  jet ,  et  qu'il  ne  faut  pus  la 
couper  tout  entiere  au  bout  de  la  seconde  an- 
nee,  comine  celaso  pratique  d'ordinaire  en  Ita- 
lie,  parce  que  les  vignes  meurent  quand  elles 
sont  ainsi  coupees  tout  entieres ,  ou  ne  produi- 
seut  que  des  sarments  pcu  feconds ;  attendu  que, 
lorsque  leur  tronc  est  coupe,  elles  ne  peuvent 
plus  s"elancer  que  d'une  partie  de  bois  dur,  a  la 
maniere  des  pampres  inutiles.  Nouspensonsdonc 
qu'il  faut  laisser  un  ou  deux  boutons  aupres  de 
la  commissure  m^me  du  vieux  sarment :  et  c'est 
iiotamment  la  methode  qu'il  faut  observer  a 
Tcgard  d'une  jeune  vigne  des  qu'elle  est  un  peu 
forte,  en  Taidant  d'ailleurs  peudant  son  enfance 
avec  des  roseaux  ou  avec  de  petits  pieux  jus- 
qu'a  latroisieme  annee,  ou  elle  en  peut  recevoir 
de  plus  Ibrts;  d'autaiit  que  si  elle  est  dans  un 
terrain  gras ,  on  fera  bien  de  la  contraindre  a 
elever  trois  jets  des  ITige  de  quatre  ans.  Aussitot 
aprcs  la  taille,  on  retirera  des  vignobles  les  sar- 
ments  qui  auronteteabattus ,  ainsi  que  les  ronces 
et  tout  ce  qui  pourrait  gener  le  labour. 

\VL  Cesl  aussi  le  mois  oii  se  propage  la  vi- 
gne;  mais  il  sera  mieux  de  renouveler  en  sau- 
telle  les  vignes  vieilles  et  ruinces,  dont  le  bois 
dur  aura  pris  trop  d'accroissement,  conime  dit 


Columelle,  que  de  les  cnfouir  tout  cntieres  ;  ce 
qui  ne  manquerait  pas  d"attirer  le  blame  de  tout 
agriculteur.  Nous  appelons  sautelle  l\  partie  d'un 
cepficheen  terre  par  lesdeuxbouts,  qui  s'eleveen 
arceau  au-dessus  du  sol.  Lorsqu'on  enterretoutn 
la  vigne,  elle  s'epuise,  comrae  robserve  Columelle, 
par  la  multitude  de  racines  qui  sortent  de  toutes 
les  parties  de  lcur  corps.  On  coupera  au  bout  de 
deux  ans  les  sautelles  sur  Tarc  qui  est  hors  de 
terre,  sans  deranger  les  ceps  dont  on  les  avait 
abaissees,  quoique,  si  Ton  en  croit  les  agricul- 
teurs ,  lorsqu'on  les  coupe  au  bout  de  deux  ans , 
elles  n'ont  encore  pour  rordinaireque  de  faibles 
racincs,  etne  tardent  pas  a  perir. 

X\'I1.  Ce  niois  est  ties-propice  a  la  greffe  dans 
les  lieux  chauds  et  exposesau  soleil :  cette  operation 
se  fait  de  trois  manieres,  dont  deux  seulement 
sont  praticables  a  cette  cpoque  de  rannee.  La 
troisieme  se  pratique  seulement  en  ete.  On  peut 
greffer  ou  sous  Tecorce,  ou  sur  le  tronc  ,  ou  en 
ecussoii.  Voici  corame  on  s'y  prend  pour  grcffer 
sous  Tecorce  :on  scie  le  troncd'un  arbre  ou  Tune 
de  ses  branches  ,  en  menageant  recorce,  a  un 
endioit  qui  paraisse  tres-lisse  et  qui  soit  saiis  ci- 
catrices ;  apres  quoi  on  ragree  la  plaie  avec  desi 
instruraents  de  fer  bien  tranchants.  Ensuite  on 
enfonce  ,  a  la  profondeur  d'environ  trois  doigts, 
cntre  Tecorce  et  le  bois  (raais  avec  beaucoup  de 
ciiconspection ,  de  peur  que  la  bande  de  Tecorce 
n"eclate)  une  espece  de  coin  mince,  soit  de  fer, 
soit  dos ,  et  parlieuliereraent  d'os  de  lion ;  et 
apres  avoir  relire  ce  coin  de  reiidroit  oii  on  Ta- 
vait  enfonce,  on  insere  aussitot  dans  la  fente 
qu'il  aura  faite  un  sciou  que  Ton  preiid  la  pie- 
caution  de  taillerd'uu  cote,  en  raenageaut  noii- 
seulementsa  moelle,  raais  encore  recorce  dont 
il  est  couvert  du  cote  oppose  a  celui  qui  esttaille; 
cote  qui  doit  rester  en  saillie  sur  Tarbre  a  la 


sic  pulentur,  quemadmodiim  ea;  quae  nitunlur  ndicis  aut 
palis.  lllac  vero  qnoc  sine  adminiculis  jacent,  quod  pio 
sola  indigentia  faciendum  est  vel  necessilate  provincuT, 
piinio  anno  duas  gemmas,  deinde  plures  liabebunt.  Sed 
liujus  generis  vinea  strictius  est  putanda. 

XV.  Novellam  vilem  Columella  dicit  a  primo  anno  ad 
unam  matcriam  esse  formandam ,  nec  recidendam  tolam , 
sicut  Italia>  consuetudo  est ,  anno  secundo  expleto,  quia 
vel  inteieant  vites  in  tolum  recisje ,  vel  infoecnnda  sar- 
menla  producaiit,  quo!  ampulato  capile  velut  pampiiiaria 
de  durocoguntur  exire  :  qnare  juxta  ipsam  commissurain 
veleris  sarmenli,  unam  vel  duas  gemmas  [censeiniis]  re- 
linquendas  :  quod  est  merilo  in  vilicula  fortiore  scivan- 
dum ,  el  sane  excipicndam  catainis  novellain  vel  exiguis 
palis,  ut  tertio  anno  robustiores  possit  accipere.  Nam 
quadrima  novella,  ubi  Isctuni  solum  est,  Ires  materias 
inerito  nnlrire  cogetur.  Statim  post  putationem  saimenta 
decisa  [aj  vineis  et  rubi  et  impedimenium  Ibssoris  oinne 
lollatnr. 

XVI.  Hoc  ctiam  mcnse  propagand.-e  sunt  vites  :  sed 
«■etuset  cxesa  vineaciijus  duramenta  longe  processeruDt, 


iit  Columella  dicit,  niergis  nielius  reparabitiir ,  quam  si 
iiifossionetutius  corporis  obruatiir.  Qiio<l  agricolis  cerlum 
est  displicere.  iMergum  dicimns,  quoties  velut  arcus  supra 
terrdiii  reliiiquitui ,  alia  parte  vitis  infossa.  Nam  (ut  ait 
Coluniella)  ciiin  tota;  stratiC  snnt,  plurimis  radicibns  lotius 
coipoiis  fatigantiir.  Jlergi  vero  posl  bienniiiin  recidunlnr 
ineaparte,  qiia;  supra  est,  et  in  loco  jiislas  vite.s  relin- 
qnunt.  Sed  (ut  agricola!  asseriinl)  post  bicnniiim  si  recidas, 
pteruraque  infirmas  liabent  radices  et  repeute  simul  pe- 
reunt. 

XVII.  Hoc  mense  ealidis  el  apricis  locis  optime  celebra- 
tur  insilio,  qii^  lit  tribus  generibus.  Sed  ex  his  dno  nunc 
fieri  possunt;  tertiuin  reservatur  .T;stali.  Sunt  autem  genera 
inserendi  liaec  aut  sub  cortice,  aut  in  trunco,  aut  empla- 
stro.  Inseremus  ergo  sic  :  Arborem  vel  ramum  in  loco,  qui 
nitidiis  est  ct  sine  cicalrice,  serra  recidemiis  non  V.pnn 
cortice.  Post  ferraturani ,  plagain  ferramentis  aculis  inci- 
damiis.  Inde  quasi  cuueum  tenuem  ferreum  vel  osseum, 
maxime  leoninum,  inter  corticem  et  lignum  tribus  prope 
digitis  consideiauter  deponimus ,  ne  corlicis  fascia  dissi- 
petur;  et  in  cuni  locuin  subducto  cuneo,  statim  surculum 


DE  L'AGUICULTURE,  LIV.  lU. 


•)C3 


hnuteiir  de  six  ou  huit  doigts.  On  met  deux  ou 
trois  greffes  sur  ie  meme  arbre ,  ou  memc  uii 
plus  grand  nombre,  suivant  laqualitode  rarhre, 
en  les  separant  ruiie  de  Tautre  par  un  iiitervaHe 
de  quatre  doigts  ou  plus ;  apres  quoi  on  les  res- 
serre  avec  du  jonc ,  de  Torme  ou  de  i'osier,  et 
on  les  enveloppe  d'un  cnduit  de  limon  recouvert 
de  mousse,  que  1  on  y  applique  de  facon  que  la 
greffe  puissc  sortir  dc  quatre  doigts  au-dessus. 
11  y  a  des  personnes  qui  aimcnt  mieux.  fendre 
par  lc  milieu  le  tronc  de  Tarbre,  qu'ilsont  coupe 
apres  Tavoir  serre  bien  fort  avec  des  licns,  et 
enfoncer  dans  cette  feute  des  scions  ratisses  des 
deux  cotes  en  formede  coins,  sans  que  la  moelle 
en  soit  alteree,  apres  y  avoir  introduitprealable- 
ment  un  petit  coin,  alinque,  lorsque  ce  eoin  sera 
retire  de  rnrbre ,  la  greffe  quc  Tou  y  aura  enfon- 
cee  puisse  ctre  resserree  par  le  bois  meme  qui  se 
rapprochera  a  rendroit  de  la  plnie.  On  emploie 
ces  deux  facons  de  greffer  au  printemps ,  lorsque 
la  lune  crolt,  et  que  les  boutons  des  arbres  com- 
meuceut  a  grossir.  11  faut  que  les  branches  d'ar- 
bres  que  Ton  doit  employer  tn  greffcs  soient 
jcuncs,  fecondes  et  pleines  de  na'uds,  qu'ellcs 
soient  niies  sur  uu  ramcau  qui  ne  soit  point 
vieux ,  et  coupecs  sur  lc  cote  dc  1'nrbre  qui  sera 
expose  nu  levant.  II  faut  aussi  qu'elles  aient  un 
petit  doigt  d'epaisseur,  et  qu'elles  soicnt  garnies 
de  deux  ou  trois  cornes  et  d'un  grand  uombre  de 
boutons.  Si  Ton  veut  eutcr  sur  un  pelit  arbre  (et 
c'est  incontestablement  la  grcffe  qui  prend  le 
niieux),  on  le  coupera  prcs  de  terrc,  oninserera 
la  gveffe  cntre  son  bois  ct  son  ccorce,  et  on  la 
liera.  II  y  a  des  personnes,  qui  enfoncent  au  mi- 
lieu  de  Tarbre  qu'elles  veulent  greffer,  une  pc- 
tite  branehe  ratissec  des  deux  cotes,  et  d'une  gros- 
seur  proportionnce  a  celle  de  rnrbre,  de  facou 
que  recorce  dc  cette  petite  branehe  ndhere  e\ac- 


tement  a  celle  de  l"arbre  daus  loute  sa  circonfi;- 
rcnee.  Au  suiphis,  (|uaud  uu  grcl'1'e  uu  jcunc  ar- 
brc,  il  faut  labourer  la  tcrre  a  sou  picil,  et  la  ra- 
niasser  pour  rentnsscr  jusqu'a  la  greffe  memc , 
afni  de  proteger  cclle-ci  contre  le  vent  et  la  cha- 
lcur.  Un  agricultcur  trcs-attentif  m'a  assure  quc 
toutes  les  espcccs  de  greffcs  prenaiciit  snns  dif- 
liculte,  lorsqu'cu  les  iuserant  dans  l'nrbre  on 
enfoncait  en  meme  temps  dans  la  plaie  de  In  glu 
nou  detrempee,  alin  que  cctte  glu  fit,  pour  aiiisi 
dire,  i'effet  d'une  espcce  de  collc,  ct  qu'ellc 
amalgamat  les  sucs  de  Tun  et  de  rautre  bois. 
Aous  parlcrons  de  la  greffe  en  ecusson  dans  le 
mois  ou  on  la  pratique.  Columelle  a  donne  une 
quatriemc  facon  de  greffcr,  que  voici  :  il  prescrit 
de  percer  un  arbrc  jnsqu'a  sn  moelle  avec  une 
tnriere  gauloisc,  dans  niic  direction  legereincnt 
oblique;  on  nettoic  le  trou,  ct  on  y  insere  de  vi\e 
force  un  cep  de  vigne  ou  une  branche  d'arbre, 
dont  on  nura  proportionne  le  volume  a  la  largcur 
du  trou  en  la  ratissant;  mais  il  faut  que  cetlc 
branche  soit  pleine  de  seve  et  humide,  et  qu'elle 
dcborde  Tarbre  d'un  ou  de  deux  boutons  :  on 
recouvre  ensiiite  exactement  d'nrgile  et  de 
mousse  rendroit  oii  est  la  grcffe.  On  peut  se  ser- 
vir  de  cette  methode  pour  greffer  la  vigne  sur  un 
orrae.  Un  Espagnol  m'a  enseigne  le nouvcau  geiire 
dc  greffeque  voici,  en  m'assurant  qu'il  en  avnit 
fait  Tcssai  sur  un  pecher.  11  veut  que  Ton  perce 
avcc  une  tariere  le  milieu  d'uiie  branche  de 
saule,  qui  soit  de  rcpaisseur  du  bras,  forte,  et 
longue  dc  dcux  ctil/iti  ou  plus,  et  que  Ton  fasse 
passer  pnr  le  trou  que  Ton  y  nura  pratique  un 
picd  de  pecher,  sans  Tarracher  de  la  tcrre  a  la- 
qucllc  11  tient  par  scs  racines  ,  apres  rnvoir  de- 
pouille  de  toutes  ses  branches  pour  ne  lui  laisser 
que  sa  tige;  que  Ton  courbe  alors  en  formc  d'arc 
cetle  bianche  de  saule  pour  l'enfoncer  en  terre 


mergimvis  ab  una  partc  decisiini  salva  mediilla,  et  corticc 
partis  alleiiiis,  iiiii  supia  aiborem  .sex  vel  octo  (llgilis 
emineal.  Duos  vel  lies  vei  |ilnies  siirculos  proliuuci  qiia- 
litalo  constiliiiinus  ;  iiuateinis  iligilis  vel  ainpliiis  iiiter 
eos  spatiuni  lelinquciniis;  tuiicjuiico  aiil  nlmo  aut  viinine 
stiinnemus,  et  super  liituin  niusco  lcctum  pouemus,  ae 
ligabinuis,  ulquatuor  (lij^lis  siipra  liiliiin  pussit  siiicnlns 
emineie.  IMerosquc  delectat  stiictuni  primo  sectac  arboris 
Irnnciim  vinculis  arctioribus  in  nredio  (indei  e ,  et  ibi  sur- 
culos  ex  utraqne  parte  rasos  in  modum  ciinei,  ulint(>};ia 
sit  mednlla-,  (lemergeie ,  pr.-cmisso  ante  cuiieolo,  ipio 
subducto,  depositus  surculusredeunteiu  plagain  materia, 
possit  adstringi.  Sed  boe  utrumque  geniis  vernnm  est,  ct 
fitcrescenlc  luiia,  ubi  incipit  gcmnia  arborum  turResceie. 
Surculi  autem ,  qgi  inserendi  sunt,  sint  novelli ,  lertiles , 
nodosi ,  dc  novo  nali ,  ab  orienlali  aiboris  parte  decisi , 
crassitudine  digili  minoris,  bifurci  vel  trifurci,  peminis 
pluribus  uberali.  Si  arboiein  minoreni  dcsiderabis  insciere, 
in  qua  siiie  dubio  meliora  iucrementa  provcniunt,  circa 
terram  secato  :  et  quod  melius  est,  surciilos  iiilcr  ligiium 
torticcmquc  depone ,  lunc  slriiigc  Quidani  rasuincx  utia- 


qtie  parle  snrculum  convenientem  soliditali  arbnris  inse- 
renda^  sic  iii  iiiedio  depouiint ,  iitcortcx  surculi  niidiipic 
cortici  arboris  reild^iliir  ivqiialis.  Scd  iii  iKivclla  aiborc 
tcrra  mota  usqiic  .'ni  ipsuni  iii.sihiiii  iiillii.iliir;  i|ii;e  eaiii 
res  a  veiito  et  caloiv  defcndel.  Milii  ;isscrvit  dili;;ens  ai;ri- 
cola  omiie  iiisiliiin  sinedubio  compiclieiidcie,  si  deposilis 
surculis  visciim  iion  lemperatum  iii  ipsa  plaga  pariler 
mcrgainus,  quiisi  nlutino  qiiodam  suecos  materinc  utiius- 
qiie  niisturiim.  Oe  emplaslrationc  siio  mensc  dicemiis. 
Qiuirloiii  nciiiis  Columella sic  leliilit.  Gallica tercbra usipii. 
ad  nii'dull;im  arborein  perlorandam,  plaga  iiilerius  leviler 
incliiiata.  Ibi  educto  omni  scolie ,  vilem  vel  rainiim  ad 
modiini  foramiuis  impressi  delihratuni,  snccidum  tamen 
et  liinnentcni ,  stricte  impiimi ,  una  aut  duabus  gemniis 
foris  relictis.  Tunc  argilla  el  musco  locum  diligenter  ope- 
riri;  ita  etvites  iu  ulmo  inseri  po.sse[coininissas.j  llispanns 
qiiidain  inilii  hoc  genus  novn;  insilionis  ostendil,  quod 
ex  pcrsino  se  asscrebal  expcrtum.  Salicis  rainuni  hracliii 
cras.siliidine,  .solidum,  longiim  ciihilisdiiobusantampliiis, 
terehrari  iiissit  in  incdio,  el  phiutam  persici  in  codcm 
loco  in  quo  consistit,,   spoliataiii  ramis  oninlbus,  solu 


56  4 


PALLADHIS. 


par  ses  (Itnix  exliemites,  et  que  Ton  bouehe  lo 
troii  par  leqiitl  passe  le  pecher  avec  da  iniion 
et  de  la  moiisse,  le  tout  bien  lie;  qu'ensuite  on 
coupe  au  bout  d"un  an  le  pecher  au-dessous  de 
la  branehe  de  saule,  des  que  sa  tige  sera  sufli- 
snmment  rejointe  en  cet  endroit  avec  le  saule, 
pour  quc  ees  deux  plantes  n'en  fassent  plus 
i|u'uneseule;  enfin  qu'on  transporte  le  pecher,  et 
(pi'on  cntasse  assez  de  terre  aufires  de  lui  pour 
pouvoir  en  recouvrir  non-seulement  Tarc  forme 
par  le  saule  ,  mais  encore  la  pointe  du  pcjcher 
qui  sort  de  cet  arc  par  en  haut ;  et  il  pr^tend 
((u'en  eonsequence  de  cette  opcration  le  pecher 
donnera  dcs  fruits  sans  noyaux.  Mais  il  ajoute 
que  eette  sorte  de  greffe  ne  convient  qu'aux  ter- 
rains  humides  ou  arrossis  ,  et  qu'il  faut  meme  ai- 
der  le  saule  par  des  arrosements,  afm  que  ce 
bois,  qui  aime  natureliemeut  rhuraidite  ,  puisse 
prendre  assez  de  force  pour  suffire  a  la  nutrition 
d'un  arbre  qui  est  d'une  nature  diff(-M-ente  de  la 
sienne,  en  partageant  avec  lui  le  surpertUi  de  son 
suc  vital. 

XVII [.  Cest  dans  ce  mois  que  Ton  formera 
des  plants  d'olivicrs  dans  les  pays  temp(^r(:'S,  au- 
quel  eas  il  faudra  ou  planter  ces  arbres  dans  des 
terrains  labouri^s  au  prti(!»»n;i ,  de  fa(_'on  qu'ils 
bordent  rextremite  des  pianches,  ou  leuraffee- 
ter  un  terrain  partieulier.  Si  on  les  plante  dans 
un  terrain  laboure  au  pnstinuni,  on  profitera  du 
moment  ou  la  terre  sera  gonflc^e  par  le  labour, 
ipour  y  faire  un  trou  avec  un  pieu,  daus  lequei  on 
les  deposera  sur  des  grains  d'orge ,  en  pieds  gar- 
nis  de  leurs  racincs,  apres  leur  avoir  coupti  la 
tete  ainsi  que  les  bras,  et  avoir  r(5duit  leur  tronc 
ii  la  hauteur  d'un  cvbiiiis  et  un  palmus.  On 
commeucera  donc  par  dc-livrer  ces  arbres  de  tout 
ee  qui  pourra  s'y  trouver  dcpourri  ou  de  S(5ehe, 
apres  quoi  on  leur  coupera  ia  t(.He,  qu'on  recou- 


vrira  de  limon  et  de  mousse ;  et  on  finira  par  les 
resserrer  avec  des  liens  d'orme,  ou  avec  telleau- 
tre  espece  de  ligature  suffisantc  pour  les  affermir. 
Mais  unedesehoses  quipeuvent  le  pluscontribuer 
a  les  faire  profiter  et  grandir,  c'est  de  marquer 
avec  de  la  sanguine  les  cCttes  du  ciel  auxquels 
ils  etaient  exposes  dans  le  temps  quMls  efaieiit  en 
terre,  afin  dc  les  mettre  sous  la  memeexposi- 
tion.  On  les  disposera  a  quinze  ou  vingt  pieds  de 
distanee  les  uns  des  autres.  On  arrachera  de 
temps  a  autre  toutes  les  herbes  qui  croitront 
alentour ;  et  chaque  fois  qu'il  aura  p!u,on  les 
excitera  a  pousser  par  de  tres-petites  fouilles, 
tres-souvent  reit(?rees.  On  prendra  aussi  de  temps 
en  temps  de  la  terre  a  leurs  pieds  ,  et  apres  l'a- 
Yoir  rcmuee  et  brouilk^e,  on  fentassera  aupres 
de  leur  tronc  jusqu'a  une  certaine  hauteur.  Si 
Ton  vcut  destiner  un  terraiu  particulier  a  des 
plants  d'oliviers,  on  choisira  kzel  effet  les  genres 
de  terre  que  voiei :  une  terre  melee  de  gravier, 
et  coniposee  d'une  solution  d'argile  mi^lee  de 
sable;  ou  bien  un  sol  qui  soit  d'une  nature  com- 
paete  ct  humide.  II  faut  rejeter  absolument 
Targile  que  les  poliers  emploient,  ainsi  que 
les  terres  marcicageuses  dans  lesquelles  feau 
scjourne,  le  sable  maigre  et  le  gravier  pur, 
paree  que,  bien  qiie  rolivier  y  prenne,  il  n'y 
acquiert  jamais  de  forcc.  On  peut  aussi  les  pian- 
ter  dans  des  tcrrains  qui  auront  porte  pr(5cedem- 
nient  des  arbousiers  ou  des  yeuses;  car  pour  ee 
qui  est  du  cerrus  et  de  Wesculus.,  lors  ni('me 
qirils  sontabattus,  ils  laissentdans  lateriedes 
raciiies  perfides,  qui  sont  un  poison  pour  les 
olivieis.  Cet  arbrese  plait,  dans  les  climatsbru- 
lants,  sur  lcs  coteaux  expost^s  au  nord;  dans  les 
climats  froids,  sur  eeuxquisontexpost-s  au  midi; 
et  il  aime,  dans  les  climats  temperes,  lesterrains 
eleves.  11  ue  s'aceommode  ni  des  fonds  ni  des 


capile  loliclo  per  ipsum  salisni  manubrii  foianion  induci  : 
tuiic  eundcin  salicis  ramuni  lerra;  capite  iiti oqiie  demerso, 
iii  arcus  siiiiililnilMicin  ricbeie  ciirvaii,  foiamen  luto, 
inusco,  vinciilis  strin^i  :  anno  deimle  cxemlo,  ubi  inlia 
medjiUam  s.ilicis  capnt  plaiilae  sic  cohseserit ,  ul  uuilas 
sit  ex  diiobiis  mista  corporibus,  plantam  subter  incidi 
alipie  transreni,  et  aggerari  terram,  qua;  aicum  salicis 
riiin  peisici  cacumiue  possit  operire  :  liiuc  persici  poma 
.'ine  ossibus  nasci  :  sed  lioc  locis  Immidis  convenire  vel 
riguis,  et  salices  aquationibus  adjiivandas,  ul  et  natiira 
ligni  vigoat,  qu.ie  delecUilnr  buitiore,  et  superlluentoin 
copiain  succi  gcrniinibusministietalionis. 

XVUl.  Hnc  inen.se  locis  temperatis  inslituemiis  alivela, 
quae  vel  pastiuis  conserenda  sunt,  ut  cxtienias  circa  deci- 
manum  tabiilas  cingant,  vel  suum  locum  tenebunt.  Si 
pouunlur  in  paslino,  radicata;  planUe  decisis  capitibus  el 
bracbiis,  el  in  trnncnm  redactif  iisque  ad  mensiiram  cubiti 
uniusct  paliiii  in  fermcnlo  terra;  fos.sa^  defiganlur,  locum 
palo  antea  depiimcnle  :  ordei  giana  subloijacianlnr,  et 
amputetur  iis  qnidquid  putridi  invcnlum  fuorit  aiit  aicn- 


lis  :  et  tunc  (ampnlala)  capila  luto  volcnlnr  el  miisco, 
ulmeis  vinculis  vel  lenacibus  quibu.scunqiie  conslricla. 
Scd  niaximum  benelicium  est,  utpiolicial  inciemento,  si 
riibrica  parles  nolenlur,  quibiis  obversso  sleteninl,  cl 
conlia  cas  simili  ratione  ponanliir.  Sint  a  se  discrcta'  pedi- 
bus  quindecim  vel  viginti.  Ouinis  subiiule  circa  cas  lioiba 
vellalur  :  et  qiiolies  se  imber  infuderit,  brevissiinis  ac 
fieqiientissimis  ro.ssionibiis  solicitenliir,  ct  subimlc  ducta 
a  tninco  lorra  atqiie  pormista  in  aliquantoalliorescumulos 
congcialur.  Quod  si  olivelum  sno  loco  lacere  volueris, 
luTcgenera  tonarumsequeris  :  lerram  cui  mislasitglarca, 
aiit  cielam  sabiilnnis  <:onjunctioneiesolutam,autpiiigiieni 
sabulonem ,  aul  terrani  naliiirc  densioris  el  bumida'.  Crcta 
liguli  omnino  repudianda  est  el  iiliginnsa  ct  in  qua  semper 
liunior  assistit ,  et  sabulo  inacer  et  nuda  glarea  :  qiiani- 
vis  onim  comprebendat  tainen  non  convalescit.  1'otest  seri 
ct  nbi  arbntus  aut  ilex  steterat.  Kam  ccrius  et  aesculiis 
excisa  ladicesiioxiasrelinquit,  qnarum  virusoleam  neeat. 
Locis  apstnosis  Seplenlrionali  colle,  frigidis,  meridiano 
gaudcl ,  modiis,  clivis  delectalur. Neque  imnni  locumneque 


i)i:  LAGUicuMiJni:,  [.iv.  iii. 


escarpemeiils,  ct  prcfore  les  pclites  cmincncrs, 
tellcs  qiie  celles  du  paysSabin  ct  ile  la  ncliqiie. 
On  eonipte  bien  des  especes  d'olives,  qui  ontclia- 
cune  leur  nom  propre,  leilcs  que  la  pausia, 
Vorchis,  rolive  iongue,  la  ser;/icn/)c ,  la  /Jci- 
niennc,  la  Cominienne ,  et  d'autrcs  qu'il  est 
inutile  de  nommer.  L'huile  que  rcnd  la  pausia 
est  exeellente  tant  qu'ellc  e.st  vcrte ,  mais  ne 
tirde  pas  a  se  gater,  pour  peu  qu'elle  soit  gar- 
d(!e.  L'olive/.(V7'rt/e/i«cdoniie  d'e.\ccllcnte  liuilc, 
la  Serfjicnne  eu  donne  unc  graude  quantitc.  ^Liis 
11  suriira  de  dirc  cn  gcneral ,  dc  toutes  ccs  cspe- 
ces  d'olives,  que  lcs  plus  grosses  sont  bonnes  ;i 
raauger,  et  que  les  plus  petitcs  sout  propres  a 
faire  de  rhuile.  Si  Ton  destine  le  terrain  que  Ton 
planteen  olivicrs  a  rapporter  du  blc,  on  mettra 
ces  arbres  a  quarante  pieds  les  uns  des  autres ; 
au  lieu  que  si  e'est  un  tcrrain  maigre,  la  distahce 
ne  scra  que  de  vingt-ciuq  pieds.  II  vaut  micu.\ 
quc  les  rangees  d'oliviers  soient  tournces  du  cote 
d'ou  souflle  le  vent  Faronius.  Lorsqu'on  les 
plautera,  il  faudra  les  mcttre  dans  des  fosses  se- 
ches,  creusees  h  quatre  picds  de  profondcur,  et 
avee  la  terre  desqueiles  on  melcra  du  fiimier, 
ainsi  que  du  gravier  lorsqu'on  maiiqucradepicr- 
res.  Si  le  lieu  cst  clos,  ou  les  entcirera  de  facon 
qu'il  n'cn  sorte  qu'une  petite  portion  hors  de 
tcrre;  mais  si  Ton  a  les  iusultes  du  bctail  a 
craiudre,  il  faut  donner  au.x  troucs  plus  dc  hau- 
teur.  On  lcs  arrosera  aussi  dans  lcs  provinces 
sechcs  quaud  il  ne  tomliera  pas  de  pluie.  Si  la 
contiee  manque  d'oliviers  ,  et  que  Ton  ne  sache 
d'ou  en  faire  veuir  en  pieds  pour  les  plantcr,  on 
en  fera  unc  pcpiniere,  c'cst-a-dire  (juon  fouil- 
lcra  iinc  planche  de  terre  de  la  manicrc  que  j'ai 
douiicc  i)lus  luuit,  pour  y  dcposcr,  comme  le 
prcscrit  Columelle,  des  brauchcs  doliviers  de 
la  longucur  d"un  pied  et  demi,  coupces  avec  uue 
scie;  aprcs  quoi  on  pourra  en  transferer  des 

ardiiimi  paliliii- ;  masis  modicos clivos liiligil,  siciil esl  ref;io 
Sabina  \c\  B;i'lica.  Baccarum  geiiiis  iinmciosiim  est  et  plu- 
riiiin  vocabnloium  ,  sicut  Pansia,  Oicliis,  Radius,  Seigia, 
Liciuia,  Cominia,  et  ca:lera:  qnas  noiniiiaie  iion  attinet. 
I'aii.>.ia  taineuolenm  (|noil  leJilit.dum  viiideest,optimnm 
est ,  sed  cito  veluslale coriniiipilur.  Optiinum  Licinia  dat, 
pluiiinum  Sergia.  Sed  de  liis  hsc  geneialiler  pr.Tcepisse 
sulliciet,  niajoies  bacias  ciho,  iiiinores  oleo  profuluias.  Si 
fruimnlarius  ager  est,  quem  conserimiis  olivelo,  quadra- 
genis  inter  se  pcdihns  distent  :  si  macer,  viceuis  (piinis. 
Melins  faciemns,  si  ordines  in  I"avonium  diriganins.  Cum 
depDiientur,  iii  sciohes  siccas  constiluanliir  quatcinis  pi;- 
diliu>  fossas.  Glarea  etiam,  ubi  lapides  defuerint,  miscea- 
liir  (1  sleri  ns.  Si  claiisus  locus  est,  modice  siipia  toriam, 
qu;c  |ii)iniiitur,  eniiiieant.  Si  pecora  formidanliir,  allidies 
Inniii  c.ssi'  dcbebunt.  In  siccis  vero  provinciis  ciiin  pluvia; 
dcsiiiil,  rigare  cdiiveniet.  Si  provincia  iiidi,L;et  olivctis,  et 
nnii  cst  iinde  plunla  sninalur,  seminarinin  l.iciciidiiin  csl, 
id  c.^t  laliiila  elVns.sa,  siciit  snperiiis  dixi,  iit  ibi  (siciit 
Coliiiiiella  dicit)  laiiii  ,scna  iiicisi  iii  luodiiin  i~csiiiii(ieda- 


picds  d'arl)i'os  qui  scront  dcvcnus  forts  au  hout 
de  einq  ans,  ct  lcs  planler  dans  le  cournut  de  co 
mois  dans  lcs  pa.vs  froids.  .Ic  sais  quc  liicii  dc!, 
personncs,  vu  la  facilitc  ct  rulilltc  dc  ccttc  pra- 
tiquc,  sont  daus  Tusage  dc  distribucr,  soit  daiis 
uiie  pcpinicre,  soit  dans  un  plant  d'oliviers,  sui- 
vaiit  leur  goiit,  dcs  racines  dc  ces  sortcs  d'oIi- 
viers  qni  se  trouvenl  eommuncmeut  dans  Iis 
forcls  ou  dans  les  lieiix  di^scrts,  npri-s  lcs  avoir 
coup(;s  dc  fneon  ;i  uc  lcur  Inisser  qu'un  rubilus 
dc  longiicur.  En  cffct,  si  ou  aide  lcur  diivcloppc- 
ment  eu  mciant  du  funiicr  nvec  la  tcrre  ,  il  arri- 
vcra  que  ccs  racines  ,  prises  sur  un  scul  picd 
d'arbre ,  donneront  par  la  suite  un  trcs-grand 
nombrc  d'arbres. 

XIX.  On  peutaussi,  dans  lcs  tcrrnius  facouncs 
au  pustiinim,  exposcr  au  nord  lcs  cspeccs  d'ar- 
bies  a  fruitdont  nous  traitcrons  specialcmcnt  plus 
tard,  lcs  espccesd'arbrcs  ;i  fruit  sur  lcsqucls  noiis 
donnerons  pnr  la  suile  dcs  prcccptcs  particuliers. 
La  tcrre  (lui  convient  aux  vignes  couvieiit  cga- 
lemeut  aux  fruits.  Mais  ou  fera  pour  lcs  arbres 
a  fruit  des  fosscs  plus  graiidcs  qiie  pour  la  vi- 
gue,  precaution  essenticlle  au  bois  conime  ;iu 
fruit.  Si  Ton  veut  avoir  un  verger,  ou  Inisscra 
trente  pieds  d'intervalle  eulre  les  rangiics  d'ar- 
bres  a  fruit  ,  ct  on  n'y  mettra  que  dcs  picds 
d'arbres  (|ui  soieut  garuis  de  lcurs  raciues;  e'est 
en  effct  la  meillcure  methodc.  .Mnis  on  prcndia 
garde  qu'ils  ne  soieut  (^tctes  par  la  main  dcs  pas- 
santsou  la  dcut  des  bestiaux,  ce  (|ui  lcs  empcche- 
rait  de  eroitrc.  On  dcstiuera  a  chaque  espcce  dai- 
bre  sa  rangce  pnrticulitirc ,  dc  [leur  que  lesplus 
faiblcs  ne  soicut  opprimcs  par  Ics  plus  lorts.  On 
fcra  aussi  unc  mnrquc  aux  picds  darbrcs  quc  l'on 
transiiortcrii,  aliu  (lc  lcs  toiuiicr  du  cotc  du  cicl 
auquel  ils  ctniciit  c.vposcs  avniit  d'(}trc  iransplnn- 
tiJs.  On  lcs  transfcrcra  toujours  duu  coteau  scc 
et  raaigre  dans  uu  tcrrain  plat,  gras  ethumide. 

lem  depoiiaiitur.  Iiidc  post  qiiinipnniiiiini  p(il.'iil  ^alnl.i 
plaiUa  liaiisreni,  el  Idcis  frisidis  lnic  iuciiso  planlari.  Scio 
pleroS(pie ,  qiiod  faciliiis  alqii"  iililiiis  esl ,  ladices  olcaruni 
qiia!  iii  sihis  |ili'riiiiiqiii'  siinl  ,iiit  in  locis  descrtis,  in  cii- 
bilalcm  meiisiiiam  rccisas,  aiit  iii  .scmiiiario,  si  placuerit, 
aiit  in  oliveto  solere  di.sponcie,  et  adinislioiie  stcrcnris 
adjiivaic.  Qua  rc  pioveniet,  iit  e\  uniiis  arboris  ladicibu? 
numciosa  plaiita  iiascatur. 

XIX.  i;iiam  pomiferas  arbnres  possnniiis  in  pastinis  .\ 
SeptenUioiiali  legionedisponcre,  de  (luibnssigillatimdice- 
mns.ipia'  specialiter  sunt  lenenda.  Nam  poinis  eadem 
conveiiit  lerra  ,quai  vitibns.  Scioliesaiitimi  niajores  lacics, 
ul  maleri.i;  prosis  ct  fiiiclni.  Si  poniariiini  facies,  iiiler 
ordines  Iriccnos  peilcs  rcliuqiies.  IMaiilasslaluesiadicalas, 
ipiod  esl  mclius.  Scd  ^crMibis,  nc  cacumina  aut  nianii 
liacla  aiil  ciiisa  nini  cicxaiil.  rnunii|iii'ni(pie  ordinein  siio 
gcucii  dcpntabis,  ne  inlirma'  a  valciilioribiis  oppriiiiaii- 
tur.  Plaiilas  simililcr  iiiitablmns,  iil  ip.sis  qiiibiis  ^lctii.iiil 
cardinibiis  (ippnnaniiis.  I)c  clivo  siicn  el  e\ili ,  in  pl.iiiiini , 
piii^iicin  cl    liiiniiiliiin    liaiisrcrcmns    Si  Iniiuos  nuiiero 


PALLADIUS. 


Si  on  veut  mettre  en  terre  des  troncs darbres  tout 
formes,  on  nura  soin  quMlssoient  eleves  d'envi- 
ron  trois  pieds  au  dessus  du  sol.  Quand  on  metlra 
deus  plantes  dans  uue  meme  fosse ,  on  prendra 
garde  cju'elles  nese  touchent;  autrementles  vers 
les  feraientmourlr.RLaislesarbres  sont,ainsi  que 
Tobserve  Columelle,de  meilleur  profit  quand  ils 
\iennent  d'essence,  c'est-a-dire  de  noyau  ou  de 
pepin,  que  lorsqu'on  les  a  plantes  cn  pieds  ou  en 
boutures.  Quand  le  pays  est  trop  sec,  on  les  aide  a 
croitre  en  les  arrosant. 

XX.  II  faut  beclier  la  vigne en  ce  temps  dansles 
pays  chauds  et  dansles  regions  maritimes  ,  ou 
y  mettre  la  charrue  (si  c'est  Tusage  de  la  province). 
II  faut  aussi  Techalasser  et  la  lier  dans  les  meraes 
contrees  avant  queses  bourgeonsparaissent;  car 
11  suffit  d'un  frottement  ou  d'une  secousse  pour 
causer  un  grand  dommage.  On  donne  a  prcsent 
du  fumier  aux  oliviers  ainsi  qu'aux  autrcs  arbres, 
dans  le  teraps  que  la  lune  est  dans  son  declia. 
Un  rehis  de  fumier  suffira  pour  un  grand  arbre, 
et  un  dcmi-vehis  pour  un  petit.  Pour  mettre  ce 
fumier,  on  ecartera  la  terre  du  picd  de  Tarbre , 
et  apres  Pavoir  melee  de  fumier,  on  la  rappro- 
chera  de  ses  racines.  U  faut  fouiller  le  pied  des 
arbres  qui  sont  dans  les  pepiniercs  ,  et  en  couper 
les  branches  superllues,  ou  les  petites  racincs  qui 
seront  poussees  hors  de  terre  autour  de  leurs 
trones. 

XXI.  Cest  le  temps  de  cultiver  les  roses  qu'on 
fait  venir  de  plant  ou  de  graines,  au  moyen  de 
petites  fosses  ou  tranchees.  Mais  qu'on  n'aille  pas 
croire  que  la  graine  soit  cette  espcce  de  pollen 
couleurd'or  que  Ton  voit  au  cceurde  la  rose.  La 
rose  doune  des  baies  qui  ressemblent  a  une  tres- 
petile  poire,  et  qui  sont  remplies  de  graine.  Ces 
baies  sont  coramunement  raures  apres  la  ven- 
dange  ,  et  Ton  reconnait  leur  maturite  a  la  cou- 


leur  et  a  la  mollesse  de  leur  enveloppe.  Si  ron 
a  des  rosiers  anciennement  plantes,  on  les 
fouillera  aussi  par  le  pied  avce  des  sarcloirs  ou 
avec  des  doloires,  et  Ton  coupera  tont  ce  qui 
pourra  s'y  rencontrer  de  sec.  On  peut  aussi  renou- 
veler  a  present  celles  de  ccs  anciennes  planta- 
tions  qui  seront  trop  clair-semees,  en  attirantdcs 
bianches  de  rosiers  pour  les  propager.  Si  Ton 
veut  avoir  des  roses  de  Ires-bonne  heure,  on  fera 
une  fouille  en  forrae  de  cercle  autour  des  rosiers, 
a  deux  'palmi  de  distance  de  leurs  pieds,  et  ou 
les  arrosera  denx  fois  par  jour  avec  de  Teau 
chaude.  Cest  encore  lemoraeutde  mettre en  terrc 
les  oignons  de  lis,  et  de  sarcler  ceux  qui  y  sont 
deja;  ce  qu'il  faut  faire  avec  beaucoup  de  precau- 
tion,  afin  de  ne  pas  endommager  les  yeux  qui  se- 
ront  venus  autour  de  leurs  racines,  ni  leurs  petits 
caieux,  lesquels  serviront  a  former  de  nouveaux 
plants  de  lis,  lorsqu'on  les  aura  separes  de  leur 
mere  pour  les  mettre  daus  de  nouvelles  rangees. 
II  faut  aussi  planter  les  pieds  de  violettes  et  les 
bulbes  de  safian ,  et  remuer  delicatement  la 
terre  autour  des  plantatious  deja  existantc^. 

XXir.  II  y  n  des  personnes  qui  sement  dnns  ce 
mois-ci  dix  j»or/// degraine  de  lin  Yiar  jiigemm 
de  terre  dans  un  sol  gras,  et  qui  eu  recoltent  du 
lin  tres-fin. 

XXIII.  On  fera  dans  ce  temps-ci  des  plants 
de  cannes  cn  creusant  de  tres-petites  fosses ,  et 
en  enterrant  dans  chacune  de  ces  fosses  des  ycux 
de  cannes,  que  ron  eloiguera  d'un  demi-pied  les 
uns  des  autres.  Si  Ton  cultive  la  terre  dans  une 
province  chaude  et  seche,  on  destinera  a  ces 
plants des  vallees  qui  soient  humides  ou  arrost^es. 
Mais  si  la  contree  est  froide,  on  les  placera  a  mi- 
c6te,  et  dans  des  lieux  ou  puissent  se  rendre  les 
eaux  qui  s'ecouIeront  des  metairies.  On  peut 
aussi  jeter  de  la  graine  d'asperge  entre  les  can- 


Tfilueris,  siipra  terrain  proiie  tribus  peilibus  ciiKantur. 
Ubi  duas  in  una  scrobe  plantas  depouis,  cavendum  est, 
iie  se  contingaut.  Nain  veiinibus  iijteiibuut.  Sed  (ut  Colu- 
mella  dicit)  feraciores  sunt,  qua;  seminibus,  lioc  est  ini- 
cibiis  siiis,  quain  qua;  plantis  ponuntiu-  aut  rainls.  L'bi 
regio  siccior  est,  aqiiationibus  adjiiventiir. 

XX.  Nunc  locis  maritimis  et  calidis  fodiendae  sunt  vites  : 
vel  .si  liaec  piovinciK  consuetudo  esl ,  exarandae,  et  in 
eisdem  locis  palandae  aut  ligandre  sunt  vineae  piiiis  qiiani 
gemma  procedat;  cujus  concussione  vel  altritu  inoiirrilur 
grande  dispendium.  Nunc  olpse  cacterirqiie  arbores  l.vla- 
men  accipiunt  decrescente  luna.  Sufliciel  aiitcm  majoii 
arbori  velies  una,  minori,  media;  ila  iit  subducta  a  ladi- 
cibus  terra  et  fimo  permista  levocelur.  Tempoie  lioc  si 
qiiae  sunt  in  scmiuariis  planta;,  circumfodiendie  sunl,  et 
amputandi  eis  lami  superDui  vcl  radicute,  quas  ciica  iu 
superiore  parte  miserunt. 

XXI.  Hoc  menso  rosaria  conseremus ,  quse  sulco  brevis- 
simo  aul  scrobibiis  ponenda  sunt ,  vel  virgullis ,  vel  etiain 
seinine.  Semina  autein  rosarum  non  putemus  medios  (lo- 
sculos  esse  aurei  coloris,  qu£e  losa;  fuerunl,  scd  baccas 


nutriunl,  quas  in  brevissimi  piri  similitudinein  pleiias  se- 
niinibus  post  vindemiam  reddunt  maturas,  quarum  tainen 
maliirilas  ex  colore  fusco  et  mollilie  poterit  lestiinari. 
Siqiia  etiam  sunt  antiqiia  rosaria,  linc  tempoie  circum- 
fodiunliir  sarculis  vel  dolabris,  et  ariditas  universa  recidi- 
tiir.  Kunc  et  qua;  rara  sunt  possunt  ducta  virgariiin  pro- 
jiagine  reparari.  Si  rosam  temperius  liabere  volueris, 
diiobus  palmis  ab  ea  gyrum  fodies ,  et  aqiia  calida  bis  i iga- 
bis  in  die.  Nunc  et  lilioium  bulbos  ponemus,  vel  lilia  ante 
liabita  sarriemus  siiinma  diligentia  ,  ne  oculos  circa  radi- 
cein  nasccntes  et  minores  bulbulOs  saucicinus,  qui  a  matre 
siilitracti,  atque  in  alios  digesti  oidines  nova  lilieta  for- 
inabunt.  Ilem  violarum  plaiitae  et  croci  bulbi  serendi  sunt, 
vel  siibliliter,  si  fuerant  aiite,  fodiendi. 

XXII.  Hoc  mense  aliquilini  semenlaetosoloinjugerumx 
modios  spaigiint,  el  lina  con.sequiintur  exilia. 

XXIII.  Tempore  hoc  canneta  poncnda  sunt  faclis  bre- 
vissimis  scrobibiis,  et  oculis  cannarum  per  singiilas  scro- 
bes  obrutis ,  qiii  semipedis  spatio  iiiler  se  disfare debebuiit. 
Si  calida?  et  .siccac  proviiiciae  stiidemus,  vallcs  humidas 
vcl  irrigiias  opus  cst  dcputare  cannelis;  si  frigida  legiu 


D!':  L'A(iR[CUI.TURK,  LIV.  III. 


567 


nes  ,  afiii  que  ccs  deiix  plantes  vienncnt  ensem- 
ble .  parce  que  rune  se  cultive  comme  rautre, 
et  qu"on  met  c^^alement  le  1'eu  a  toulcs  dcux. 
Mais  si  Ton  a  d'anciennes  cannaies  ,  on  lcs  sar- 
clcra  dans  ce  temps-ci,  apres  avoir  coupe  tout  cu 
qui  pourra  gencr  leurs  racines,  c'est-a-dirc,  les 
parties  qui  seront  pourries,  cellcs  qui  s'etendront 
mal ,  et  cellcs  qui  n"auront  point  d'yeux  capables 
de  reproduire.  On  piquera  a  present  des  picds  de 
saules,  et ,  a  lcur  defaut,  de  genet,  ou  de  telle 
aiitre  plante  qni  lournisse  des  liens  pour  lcs  vi- 
f;ncs.  On  fera  aussi  des  pepinieres  pour  lcs  baies 
de  myrte  et  pour  cellcs  de  laurier,  ou  bien  on  cul- 
tivera  celles  qui  auront  ete  faites  precedemment. 
XXIV.  II  faiit  faire ,  vers  les  ides  de  fevrier, 
des  haies  de  jardins  au  moyen  de  cordes  saturees 
de  graine  d"epine,  de  la  maniere  que  nousavons 
indlquee  en  parlant  des  diffcrentes  facons  declore 
les  jardins.  Les  Grecs  prescri\ent  aussi  de  coii- 
per  de  grosscs  branchcs  de  ronces  en  petits  mor- 
ceaux ,  que  Ton  enterrc  dans  des  fosses  d'une 
palme,  que  roii  entretiei\t  cn  lcs  fouillant,  et 
cn  les  arrosant  tous  les  jours  jusqu'a  ce  qu"elles 
poussent  des  feuilles.  On  seme  la  laitue  dans  ce 
mois-ci,  afin  dc  pouvoir  la  transplanter  au  mois 
d'avril.  On  y  senie  aussi,  de  memc  que  dans  lc 
mois  de  noverabre,  le  cardon,  ie  crcsson  dcs  jar- 
dins,  la  coriaiidre  et  le  pavot ,  ainsi  que  Tail  ct 
Toigiion  de  Cypre.  On  senie  a  presentla  sarriette, 
en  rentreraclant  de  ciboule,  dans  un  champgras, 
et  qui  ne  soit  pas  fume,  mais  qui  soit  exposc  au 
soleilou,  cequi  est  ciicore  mieux,  voisinde  lamer. 
On  serae  aussi  la  ciboule  dans  ee  mois-ci ;  mais  il 
est  conslaiit  qu"il  en  faut  semer  en  automiie 
eorame  au  printcmps.  Si  on  la  seme  en  graiiie, 
elle  donncra  une  grosse  buibe,  mais  elle  rendra 
moins  de  graine ;  au  licu  que  si  on  en  plante  la 


bulbc,  ellc  n'aura,  a  la  vcritc,  qu'une  bulbe  inai- 
gre,  mais  clle  (loiincra  beaucoup  de  graine.  Les 
oignons  deinaiuicnt  uuclcrrc  grassc,  (|ui  soit  bicn 
remuce,  arroscc  et  l'um(c.  Oii  Unir  fcra  dcs  [ilan- 
ches  que  Ton  dcbarrasscra  dc  tontcs  lcs  hcrbcs  ct 
de  toutes  les  racines.  On  les  semera  dans  un  jour 
ealme  et  serein ,  et  surtout  lorsqne  lc  vent  dii 
rnidi  ou  de  Test  soufncront.  Ceux  qui  sont  seines 
dans  le  diiclin  de  la  lune  viciinent  plns  petits  ct 
plus  acres  quc  ceux  qui  le  soiit  quand  clle  croit ; 
Ceux-ci  auconlraire  sout  plus  furts  et  ont  uivyout 
plus  adouci.  II  1'aut  lcs  scmer  clair,  ariachcr 
souvent  lcs  mauvaises  hcrbcs  qni  croissciit  avec 
eux,  et  les  sarclcr  de  mi^-me  souvcnt.  Si  Ton  vcut 
qu"ils  aient  de  grosscs  bulbes ,  il  faudra  arracher 
toutes  leurs  feuilles,  alin  quc  tout  le  suc  nourricicr 
se  porte  par  en  bas.  On  ctaycra  lcs  tiges  doiit  on 
vcut  recucillir  lagraiiic  lorsqu"clles  comniciicc- 
ronta  monter.  Lorsque  la  grainc  cnsera  noirc,  ce 
sera  un  signe  de  sa  maUiritt'.  II  faut  cu  arra- 
eher  les  tigcs  garnics  de  leur  graine  avant  qu'cl- 
les  soient  tout  a  fait  seclies,  et  les  faire  sc'cher  en 
cct  (:'tat  au  solcil.  Cest  dans  ce  mois-ci  qu'on  se- 
niera  Tancth  dans  lcs  piiysfroids.  II  sc  fait  a  toulcs 
sortcs  de  climats,  mais  il  pr^ifcre  lcs  plus  tem- 
pcres.  On  Tarrosera,  s'il  ne  pleut  pas.  On  le  se- 
meraclair.  II  y  ades  per.vouiicsqui  n"en  couvrcnt 
lias  la  graiue  de  tcrre  ,  parce  qii"ellcs  imngincnt 
qu'aucuu  oiscau  n"y  touclic.  Oii  peut  aiissi  semer 
ii  pr^^scnt  la  moiitarde  On  S(>mcra  encore  dans  cc 
mois-ci  les  choux  ,  ce  qu'on  peut  faire  au  surplus 
dans  tout  le  eours  de.ranncc.  Ils  aiment  un  sol 
gras  ct  qui  soit  suffisamincnt  labourt',  ct  redou- 
tcnt  Targile  et  le  gravier.  lls  nc  sc  plaisent  ui 
(lans  le  sablou,  ni  daus  lc  sable,  a  moins  ((uils  n'y 
trouvcnt  larcssourced'uiiccautoujourscouianle. 
lls  s"accomraodcntde  louteespece  dc  climats,  mais 


est,  locis  niediis  instiUianliir,  sed  siicco  villariim  sulidilis. 
Inter  lia'c  asiiarayoriim  etiam  semina  spaigere  iiossuniiis, 
iit  niista  nascantur,  qiiia  et  as|iaragi  ailiinlur  et  incen- 
dunliir  co  niorc  (|uo  cann».  Sed  si  ((ua  sunl  anti^iiia 
canneta,  lioc  tempore  sarcicntiir,  recisis  qua;  in  ladice 
purganda  sunt,  id  est  piitiibus,  male  porreclis,  et  si  qua 
gii;nendi  oculos  nun  iiai)cnl.  iNunc  salicis  ptantas  el  oin> 
nium  generum,  qiia!  aibusto  applicandai  sunt,  vel  gene- 
sta^ ,  ubi  deerit ,  obnieniiis.  Ex  baccis  etiam  mjrti  et  laiiri 
seminaria  faciemiis  vel ,  si  luerant,  cxcoleinus. 

XXIV.  Ciria  idus  l'ibruarias  sepes  borlorum  ex  con- 
gcsto  in  riinibiis  spinaiiiin  seminc  facienda!  sunt,  slcut 
dicliim  esl ,  cuni  de  miiniinine  loqucremiir  borlorum.  Itein 
Grieci  diciiut  de  crassa  rubi  virga  lieii  dcbere  parliculas, 
el  palmaribus  scrobibus  obrui,  et  ipiotidie,  donec  Iron- 
deant ,  fossione  et  rigationc  nuti  iri.  Hoc  meiise  lactiica 
scritur,  ut  possit  A|)rili  nieiisc  transfoiri.  llein  cardiius 
scrilur  et  naslurUuin  ct  (oiiaiidruin  et  papa\er,  sicut 
niense  Noveuibri ,  cl  aniiini  ct  nlpicum.  Nuiic  salurcia 
seiitur  pinRiii  agro  non  slercoralo  sed  aprico,  vel  melius 
mari  proximo,  et  ciiiii  ccpullis  injsta  .scminatni.  IIoc 
eliani  mcnse  cepiillas  sercs  :  sed  conslat  ct  vcic  ct  au- 


tiimno  cssc  scminandas.  Si  scnicn  ejiis  severis,  in  capiit 
(lescil,  ct  niiims  reddit  in  scinine  :  si  capiliibnn  poiias 
ipsiiin  mace.scil,  ct  niMlluin  seincn  ediicil.  rciiain  cepa! 
di'sid(^rant  pingiiem,  vcbeiiicnlcr  subactam ,  ircif^iiain, 
slercoiatam.  Ibi  areas  laciciniis  oinnibiis  bcibis  et  ladice 
piirgatas.  Serenuis  placido  et  screno  dic,  maviine  .\iistro 
vel  Kiiro  flanlibus.  Si  ininuente  liina  scranliir,  tenues  et 
aciiores  proveniunl  :  si  crescenle,  rnbusl.-c  et  saporis 
iiiimecti;  rariussunt  ponendiK;  runcanda!  ac  sarcnlandrB 
sunt  sitpius.  Si  capila  voluerimus  liis  esse  majora,  folia 
omnia  debcmus  aiiferre ,  [et  J  sic  siiccus  ad  infeiiora  co"e- 
tur  :  (le  qiiibus  veio  semiiia  colligeiida  sunt ,  jiivenlur 
adminiculis,  ubi  caulcin  oeporint  cxcitare.  Ciim  niger 
cidnr  scminis  fiieiil,  prafcriint  matniilaUs  indicia.  Vel- 
lendi  siiiit  tlialli  adbuc  semisicci  ciiin  semine,  et  sic  in 
sole  siccandi.  Hoc  inensc  ancUiiim  .seres  locis  frigidis. 
Omiieni  ca:li  staliinj  paUtur,  sed  tepidiore  la'latur.  Kigelur, 
si  sc  iiiiber  abslineal.  SeraUir  rarius.  Aliqui  seiiien  ejiis 
non  obruunt,  opinantes  quod  a  niilla  ave  Umgatiir.  Nunc 
ctsinapi  .screic  pussiiiims.  Iloceliam  mense  caiiles  scre- 
miis;  qiii  et  loto  aniio  seri  possunt.  .Siiliim  piiigue  el  salis 
siibactuni  dili;^iinl  :  ai^illam  el  glarean!  tiincul  :  sabidiiuc 


PALLADIUS. 


ils  prefereut  les  climats  froids.  Exposes  au  niidi , 
ilsrapportent  pius  t6t ;  au  nord,  ils  rapportent  plus 
tard;  mais  ceux  qui  viennent  a  cetle  c.xpo.sition 
l'eraportent  sur  les  premiers  par  leur  poiit  ct  par 
la  force  de  leur  tige.  Ils  aiment  ies  plants  inclines; 
c'est  pourquoi  il  faut ,  quand  on  les  transplantc, 
lesmettre  sur  i'ados  dc s  planches.  Ilsse  plaisenta 
etre  fumes  et  sarcles.  Quaud  ils  sont  clair-semes, 
ils  acquierent  plus  de  force.  lls  cuisent  plus  tot,  et 
sans  rien  perdre  de  leur  verdeur,  si ,  au  moment 
oii  ils  n'ontencore  qne  trois  ou  quatre  feuilles,  on 
les  saupoudre  de  nitre  broye  et  passe  au  tarais, 
ce  qui  les  fait  paraitre  couverts  de  friraas.  Colu- 
iTieile  ditqu'il  faut  envelopper  les  racines  de  cette 
plante  d'algue  marine  pour  lui  faire  conserver  sa 
verdeur,  en  les  couvrant  en  meme  tcmps  de  fu- 
mier.  II  faut  que  les  pieds  de  choux  qu'on  met  en 
terre  soient  d'une  certaiue  grosseiir,  parce  que, 
quoiqu'ils  prennent  alors  plus  tnrd ,  ils  devien- 
nent  plus  forts.  Oa  les  plautera,  si  Ton  est  en  hi- 
ver,  lorsque  !e  jour  commencera  aetrc  tempere; 
si  ron  est  en  cte ,  lorsque  le  soleil  sera  pr6t  a  se 
coucher.  Ils  deviendront  plus  gros  si  on  les  cou- 
vre  assidiiment  de  terrc.  La  graine  de  chou  se 
chauge  en  raves,  quand  elle  est  vieille.  On  com- 
mencera,  apres  les  ides  de  ce  mois,  a  former  de 
iiouvelles  pattes  d'asperges  avec  la  graine  de  cc 
legume,  ou  a  en  planterd'ancieimes.  II  mepnrait 
egalement  utile  et  plus  expeditif  de  jetcr  dans 
un  terrain  inculte ,  ou  du  moins  pierreu.x ,  une 
grande  quantite  de  racines  d'asperges  sauvages 
qui  rapporterontimraedialement,attendu  que  ce 
terrain  u'aura  cu  preccdemmeut  aucune  produc- 
tion  a  nourrir.  On  enhrulera  les  rafles  toutes  les 
annees,  afm  que  le  fruit  monte  en  plus  grande 
quantite,  et  qu'il  soit  pkis  fort.  Cette  espece  d'as- 
perges  est  celle  qui  a  le  goiit  le  plus  agreable. 


On  peutaussi  seraer  a  pr&entla  mauve.  On  plan- 
tera  aussi  la  mentlie  en  pied  ou  cn  racines  dans 
un  terrain  qui  soit  humide,  ou  autour  deseaux. 
Cette  plante  veut  ctre  dans  un  teriain  expose  au 
soleil ,  qui  ne  soit  ni  gras  ni  fume.  On  seraera 
ce  mois  le  fenouil  dans  uu  terrain  expose  au  soleil 
et  lcgercment  picrreux.  On  sinne  au  comraence- 
ment  du  printemps  le  panais  en  graine,  ou  on 
le  plante  en  pied,  dans  un  terrain  gras,  rdsolu 
en  poussiere,  et  faconne  profondcment  au  jMsti- 
7ium.  II  faut  qu'il  soit  clair-seme,  pour  preudre 
des  forces.  On  seme  aussi  a  present  Torigan ,  et 
on  le  cultive  de  la  meme  maniere  que  l'ail  ou  la 
cihoule.  On  semera  a  present  le  cerfeuil  dans  lcs 
pays  froids,  apres  les  ides.  Cette  plante  demande 
un  charap  qui  soit  gras,  huraide  et  furae.  On 
seme  la  poiree  dans  ce  mois,  quoiqu'on  puisse 
aussi  la  semer  pendant  tout  le  courant  de  Tete. 
Elle  aime  un  champ  qui  soit  ameubli,  humide  et 
gras.  II  faut  la  transplanter  quand  elle  aura  qua- 
tre  ou  cinq  feuillcs ,  en  eaduisant  scs  racines  de 
fumier  nouveau.  Elle  aime  a  etre  frequcmment 
bechee,  et  saturee  de  fumier.  II  faut  semcr  le  poi- 
reau  dans  ce  mois.  Si  Ton  vcut  qu'il  soit  bon 
a  etre  coupi'  a  differentes  reprises  ,  on  pourra  le 
couper  deux  moisapres  qu'ilaiiraetesemc, cn  le 
laissantsursaplanche;  quoique  Columellcnssure 
quc  celui  mcme  qu'on  voudra  couper  a  differen- 
tes  reprises  durera  plus  lougtcmps  et  sera  mcil- 
leur,  lorsqa'on  le  transplantera  ct  qu'on  Taide- 
ra  a  croitre  avec  de  Teau  et  du  fumiir,  toi tes  les 
fois  qu'on  le  coupera.  Si  Ton  veut  au  coiilraire 
qu'il  se  forme  en  hulhe,  il  faudra  letransplaiiter 
en  octohre ,  quand  il  aura  cte  semc  au  priii- 
temps.  II  fnut  le  semer  dans  un  terrain  gras ,  et 
surtout  cn  plaine,  sur  une  plauche  plate,  facon- 
nee  profondcment  au  pastinum,  et  qui  ait  ete 


et  arenis  noii  (loletlanlur,  nisi  pcrennis  nnda  siiccnnat. 
Onnif-Mi  ca-li  slatmn  canlis  [jalltnr,  frigidnm  niagis.  Conlia 
aiislnini  posilicilius  ferunl;  contra  septcntrionem  ,  serius. 
Scil  liic  Pt  sapore  caulis  vincit  el  robore.  Clivis  delcctalnr, 
ct  ideo  poneiitlre  sunt  plant»  per  pulvinos  arearum-  Gau- 
ilet  stercore  et  sarculatione.  Karius  posilus  convalescit. 
Celerins  coqnitur  virore  servato,  si,  (luin  est  trinni  vel 
(|naluor  foliornni  nilruni  trituni  cribello  desuper  spargas, 
iit  specieni  pruina;  canentis  imitelur.  Columella  dicit 
plantarum  radices  alga  marina  involvendas  servandEe  viri- 
dilalis  causa,  limo  simul  adhKrente.  Ponenda;  suiit  planta; 
r.iajoris  iucremenli,  quia  licet  serius  compreliendant, 
lanieu  fortiores  fient  Si  Iiiems  est,  tepido  jam  die;  si 
aslas,  cnm  sol  in  vesperaui  declinatur,  planla  pangenda 
csl.  Vaslior  iiet,  si  terra  operiatur  assiduo.  Semen  brassica; 
vilustuin  mutatur  in  rapa.  Hoc  mense  post  idus  spongias 
asparagorum  vel  novas  formare  incipiemus  ex  semine, 
vcl  anliquas  ponemns.  Milii  etiam  illud  ulile  videtnr  ac 
(tiligens,  ut  asparagi  agrestis  radices  plnrimas  in  uinim 
locum  congeranius  incultum,  vel  certe  saxosum ,  qiia; 
.^talim  frnctum  iWni  ex  loco,  qui  aliud  nil  alebat,  et 
Sias  annis  oninilius  incendamus  iii  scopis ,  ut  fructus  fie- 


quentior  snrgal  et  forlior.  Hoc  autem  genns  est  sapore 
jucundius.  Nunc  etiam  malva  seri  polest.  Menlam  quoque 
sere  plantis  vel  radicibus  loco  liuniido  vel  circa  aqiias. 
Apricum  solum  nec  pingue  nec  stercoratiim  desiderat.  Hoe 
mense  fceniculum  seres  loco  aprico  el  modice  saxoso. 
(Seritur  primo  vere)  pastinaca  et  semine  ponetur  et 
planlis  loco  pingui ,  soluto ,  altius  pastinato :  raram  statiies, 
ul  robur  aecipiat.  Cunela  etiam  nunc  .seritur,  et  colitur  eo 
niore  qno  allium  vel  cepulla.  Niinc  caerefolium  locis  fiigi- 
dis  post  idus  seratur  :  desiderat  agrnm  Uctum,  humidum, 
stercoratnm.  Hoc  mense  betam  seremiis,  quamvis  possit 
et  tota  .Tstate  seminari.  Amat  agrum  putrem,  humidum, 
I.Ttiim.  Transferenda  cst  quatuor  aut  quinque  soliorum, 
radicibns  finin  rcccnli  oblilis.  Amat  freqiienter  effodi ,  et 
multo  stercoro  salurari.  Hoc  mense  porrus  seiendns  : 
quem  si  sectilcin  velis,  postdnos  inenses,  quam  .satusest, 
poteris  desecare  manentem  in  areis  suis  :  quamvis  asserat 
Coluniellaetiam  sectivum  diulius  duratuium,  meliorem- 
que,  si  transferatnr;  et  quoties  secabitur,  aquajuvetiir  ct 
stercore.  Si  capilatum  facerc  velis,  qiiod  vcre  severis, 
Octobri  mense  transferre  debebis.  Serendus  est  loco  Ireto 
et  maxime  campcstri,  area  plana,  pastinala  altc,  et  diu 


ni':  L'AGr,icui;ruuK,  i.iv.  iii. 


beclii'c  et  fumcc  dcpuis  loiintcraps.  Si  lon  veut 
qu'il  soit  bonaetre  coiipe  adifferentes  reprises, 
on  le  semera  (Iru ;  au  lieu  que  si  ron  veut  qu"il  se 
forme  en  bulbe,  on  le  semera  plus  clair.  II  faut 
lui  faire  sentir  souvent  le  sareioir,  et  le  purger 
des  raauvaises  herbes.  Lorsqu'il  aiira  un  doigt 
d'epaisseiir,  on  le  trnnsplautera,  en  coupaut  prea- 
lablement  ses  feuilles  par  le  milieu ,  et  eu  tron- 
quant  ses  racines ;  apres  quoi  on  renduira  de  fu- 
mier  liquidc,  cton  le  mcttra  en  terre,  en  lespa- 
cant  dcquatre  ou  cinqdolgts.  Lorsqu'ilaura  pris 
racine,  il  faudra  le  saisir  legerement  avecle  sar- 
eloir  pour  le  soulever  de  terre,  atinqu'etant  com- 
me  suspendu,  il  se  trouve  contraint  de  remplir, 
par  la  grosseur  dc  sa  bulbe ,  le  vide  qui  sera 
sous  lui.  Si  Tou  met  en  terre  plusieurs  grainesde 
poireaux  joiutes  enscmble ,  il  en  naitra  un  seul 
poireau,  qui  scra  tres-gros.  On  dit  aussi  que  si, 
avant  de  le  planter,  on  inseredans  sa  bulbe  de  la 
graine  de  raves  sans  se  scrvir  d'un  instrument  de 
fer  pour  Vy  faire  entrer,  11  grossira  beaucoup. 
II  sera  encore  mieux  de  repeter  souvent  cettc  ope- 
ration.  On  seme  raunce  dans  ce  mois-ci,  qui  est 
celui  dans  lequel  on  forme  des  plants  de  cannes. 
On  en  niet  les  yeux  en  terre,  comme  on  y  mct 
ceux  des  roseaux  ;  et  11  faut  couper  ces  yeux,  et 
les  couvrlr  legerement  de  terre,  eu  les  arrangeant 
sur  des  plancbes  dressees  au  cordeau  dans  un 
terrain  bechc  et  bien  remue,  oii  on  les  espaccra 
tle  trois  pieds.  On  mettra,  ce  mois,  en  terre 
les  bulbes  dcs  feves  d'Egypte.  Elles  aiment  un 
lieu  qui  soit  bumide ,  gras  et  tres-arrose.  Elles  se 
plaisent  aux  environs  des  fontaines  et  des  ruis- 
seaux  ,  et  la  qualitc  du  sol  leur  iraporte  tres-peu, 
pourvu  qu'on  les  entretieune  d'eau  ,  sans  lcs  en 
laisserjamaismanquer.  Ellessontprcsquetoujours 
en  etat  de  donner  des  feuilles  quand  on  les  abrite 
contre  le  froid .  en  les  couvrant  comme  on  cou- 


vre  les  plants  dc  citjonniers.  On  seme  daus  ce 
mols-ci  le  cumin  et  rauisdans  une  terre  bien  la- 
bouree,  dans  hupielle  on  aura  mcle  du  fumier. 
II  faut  delivrcr  assidument  ces  plantes  des  mau- 
vaises  herbes,  ([uaud  ellcs  sont  semtics. 

XXV.  Ou  mettra  lcs  pieds  de  poiriers  cn  terre 
au  mois  de  fevricr  dans  lcs  pays  frojds.  ct  au 
mois  de  novembre  dans  les  pays  cliauds  :  raais  il 
faut  semer  les  pcpins  au  raois  de  novembre  dans 
les  pays  temp^^M-iis,  afin  quils  y  trouvent  la  res- 
source  d'un  sol  arrose.  Cest  le  moycn  que  ees  ar- 
bresdonnentbeaucoupdefleurs,  et  quc  leurfruit 
devienne  tres-gros.  Quoique  les  poiriers  se  plai- 
scnt  dans  un  terraia  pareil  k  celul  que  nous  avons 
dit  convenir  aux  vignobles,  un  terrain  gras  aura 
cependant  cet  avantage ,  qu'il  donnera  des  ar- 
bres  forts,etqui  rapporteront  beaucoup  defruits. 
On  croit  que  les  poires  pierreuses  perdent  ce  de- 
faut  quand  elles  sont  semees  dans  destcrres  mol- 
les.  II  est  vrai  que  lorsqu'on  plante  le  poirier  cn 
pied,  il  tardecommuucment  a  venir.  .Mais  nean- 
raoins  ceux  qui  pri-fcreront  cette  niethode  a 
d'autres,  par  la  raison  qu'un  plant  dont  la  qua- 
litci  sera  cxcellente  ne  se  trouvera  par  la  melangt; 
d'aucune  Sprete  sauvage,  auront  soin  de  diposcr 
dans  de  grandes  fosscs,  comme  on  le  prati(|ue  a 
Tegard  des  olivicrs,  du  plant  de  deux  ou  trois  ans, 
garni  deses  racines,  en  lui  laissant  troisou  qua- 
tre  doigts  d^eh^vation  sur  terre,  apres  Tavoir 
ctetc,  et  avoir  recouvcrt  la  plaie  de  moussera(."iee 
d'argile.  Si  on  seme  des  pcpins  de  poires,  ils 
viendront  sans  doute.  Le  germe  en  eprouvc  tftt 
ou  tard  Taction  feeondante  de  la  nature,  patiente 
parcequ'clleest  t'ternclle.  ilais  longueurde  teraps 
s'accommodc  mal  avec  la  brievete  de  la  vie  hu- 
maine,  ct  dans  ce  eas  la  produetion  degenere,  ou- 
tre  qu"elle  est  retardee.  II  vautdonc  mieuxilan- 
I  ter  au  mois  dc  novcmbre  dcs  picds  de  poirieis 


siibacla  et  stercorata.  Si  sectivum  vclis ,  spissius.  Si  ca- 
pilatum ,  rarius  scics.  Sarculo  rie(|ueiilaiKliis  est,  el  licrbis 
liberandiis.  Cuin  digiti  crassiludinem  liahncrit,  a  media 
parle  iiriecisi.-,  liiliis  et  truncatis  radicibiis  Iransferaliir  : 
oblitus  liino  liiiiiido  qiiateriils  vel  quinis  digitis  separeliir. 
Cum  radiccs  agil ,  modice  coinpi  eliendendus  et  allevandiis 
est  sarculo,ut  suspensus  a  tcna,  quod  spalii  vaciinm 
.siibter  iiivcneiil ,  capitis  vaslitalc  co^atur  iinplcie.  Ilcin 
pluia  semina  in  iiniim  li^ata  si  dcposiieiis ,  ;:;raudis  pornis 
iiascelur  ex  omiiibiis.  Itcm  si  capili  ejus  rapse  semcii  iin- 
niiltas  sine  feno  ct  pan?as,  mullum  ferlur  iiicres<«ie  : 
nielius  si  fiequenler  lioc  facias.  Hoc  mcnse  iniila  seiitni", 
quo  canuiUa  ponuntiir.  Scritiir  oculis  sicut  ailanii,  quus 
absciiidere  el  tena  leviler  dcbemiis  obrucre  ,  tcrra  fossa 
et  subacta ,  excitatis  ad  liiieam  pulvinis ,  quibus  cjus  ocu- 
los  oporlct  iiifodeie.  Triiiin  pedum  inter  se  spatio  separan- 
tur.  Hoc  meiise  colocasin:  bulbos  poiiemus.  .Aniant  liiimi- 
dum  lociiin,  pingucm,  maximc  irriguum.  Circa  fontes 
Iffitantur  el  ri"vos,  nec  dc  soli  qiialitatc  curant,  si  perpetiio 
foNcaiilur  liiimoie.  Frondcie  piopc  sempcr  possiint,  si 
taiiquam  cilrcta  leguinentis  tlcfciidanlur  a  filgurc.  lloc 


mense  cyminnm  et  anisum  seiitur  loco  hene  siibaclo,  cl 
cui  la!t;uncn  adinisceas.  Quod  salum  est,  lieibis  purgelur 
assidue. 

XXV.  Plantas  piroriim  mensc  Fcbniario  locis  fiigidis 
poiieniiis ;  calidis  vcro  Novembri  ;  sed  mense  Novenibri 
piraloiis  tcpidiscousercndasunt.utsolojiivcntur  ini^iio. 
Itacl  lliiicin  plMriiniiin  profcrent,  ef  nKi;;iiil(iiliiiiMn  |ioini 
liirpMilisaiqiiircnt.  >asci  tamen  tali  .solo  iiKi\imcilili;;uiit, 
qiKile  vinctis  diximiis  convenire  :  sed  Ircto  solo  ct  validas 
aibores ct  fnictns  pliirimos consequemur.  Lapidosi  gencris 
pira  vilinin  mutare  cieduntur,  si  tcrris  mollibus  conscran- 
tur.  Scd  piium  plantis  serere  prope  tardiis  cvenliis  cst  : 
taincn  ipiibiis  lioc  placiiit,  iit  semiiia  gcnerosa  niliil  sibi  de 
agrcsti  asperitatc  permisceanl,  planlas  binias  aiit  trimas 
co  iiiore  qiio  olex  pununtur,  radicatas  magnis  scrobibiis 
poiiant,  supra  terram  tribus  altas  vel  quatuor  pedibus , 
(|uai  uni  decisa  cacumina  argilla  mist^i  miiscus  dcbet  npe- 
rire.  Nain  si  qiiis  pii  oriim  semen  aspcrgat ,  nasci  qiiidiMii 
iicccssc  cst,  originem  siiani  rcfovente  natiira ,  cujus  «'tcr- 
nilati  iiiilla  laidilas  potest  alfcrrc  ra^tidinm  :  sctl  bi mini 
Iioc  CNiicctarc  longiiiquum  cst ,  ciim  et  scro  vcninnt,  ct 


PALLADIUS. 


sauvages  garnis  de  leurs  racines  dans  des  fosses 
l)it'n  iabourees,  et  les  greffer  ensuite  quand  ilsy 
auroiit  pris.  Ceux  qui  seront  venus  de  plants  dif- 
fererontdeeeux  qui  auront  ete  greffes  sur  d'au- 
tres  arbres,  en  ce  quc  lefruit  des  premiers  con- 
servera  a  la  vcritc  sa  douceur  et  sa  niollcsse, 
mais  ne  sera  pas  de  garde,  au  lieu  que  cclui  des 
nutrcs  se  gardera  tres-longteinps.  Oa  laissera 
trente  pieds  d'intervalle  entre  ces  arbres.  Si  Ton 
veut  qu'ils  profitent,  il  faut  les  eultiver  cn  ies 
arrosant  souvent,  et  en  bwhant  continuellemeot 
la  lcrre  a  leur  picd.  Ces  fouilics  leur  sont  en 
eflet  si  avantageuses ,  que  si  on  les  en  aide  dans 
le  temps  meme  ou  ils  ont  coutume  d'etre  en  fleur, 
on  croit  qu'ils  ne  perdront  pas  une  seulc  des 
lleurs  qu'ils  auront  montrees.  II  y  a  aussi  beau- 
coup  de  profit  a  leiir  donner,  au  bout  d'un  an,  de 
quelque  espece  de  fumier  que  ce  puisse  ctre.  On 
pretend  ncannioins  que  la  fiente  de  boeuf  leur 
fera  pioduire  dcs  fruitsabondants,  et  qui  seront 
tres-gros.  11  y  a  des  personnes  qui  y  melent  de  la 
cendre  ,  dans  Tidee  ou  elles  sont  qu'elle  donnera 
au  fruit  un  goiit  plus  fin.  Je  crois  qu'il  est  inutile 
de  detaillertuutcs  les  differentes  sortes  de  poi- 
res,  puisqu'il  n'y  a  aucune  diflercnce  entre  elles 
toutcs  quant  a  leur  plantation  et  a  leiir  culture. 
Lorsqu'un  poiricr  cst  langiiissar.t,  il  fnutou  per- 
cer  sa  racine  avec  une  tariei-e  aprcs  Tavoir  de- 
cliaussee,  et  y  cnfonccr  un  pieu  de  bois,  ou  in- 
troduire  dans  son  tronc ,  apres  Tavoir  egalement 
perce  avec  une  tariere ,  un  coin  de  bois  gom- 
meux  de  pin,  ou  un  coin  de  chene  a  difaut  de 
pin.  On  tue  lcs  vers  qui  s'attachent  a  cet  arbre  , 
et  011  empeche  qu'il  u'en  revienne  dc  nouveaux, 
cii  versant  souvent  sur  ses  raciiies  du  liel  de  tau- 
reau.  On  rempcche  de  menie  de  hinmiir  (piii.iid  il 
cst  cn  lleurs,  eii  repaiidant  pendant  trois  jours 
sur  scs  racines  de  la  lie  de  vienx  vin.  Quand  les 


poircs  sont  pierrcuscs ,  on  retire  de  dessous  Tar- 
bre  qui  lcs  doniie  In  terre  sur  laquelle  est  cou- 
chee  rextremite  de  ses  racines,  ainsi  que  toutes 
lespetitespierres  qui  peuvents'y  trouver,  et  ron 
y  substitue  d'autre  tcrre  passee  au  crible.  Mais 
ce  remede ne produit  son  effet  qu'au cas  oii  Ton  ne 
cesse  pas  d'arroser  rarbre.  On  greffe  le  poirier 
aux  inois  de  fevrier  et  de  mars ,  sous  son  cc6rce 
et  sur  son  Irone ,  conformement  a  ia  methode  que 
nous  avons  donnee  cn  parlant  de  la  greffe.  On  le 
greffe  sur  le  poirier  sauvage  et  sur  le  pommier. 
II  y  a  despersonnes  qui  le  greffent  sur  amandier 
et  sur  prunier  sauvage.  Virgile  veut  qu'on  le 
greffe  sur  le  figuier  sauvage,  sur  le  Irene  et  sur 
le  coignassier.  D'autres  veulent  qu'on  le  greffe 
sur  le  grenadier,  mais  il  faut  alors  le  greffer  en 
fente.  Lorsqu'on  le  greffera  avant  le  solstice,  on 
emploiera  une  greffe  qui  aitun  an,  ct  avant  de 
rinscrer  dans  Tarbre ,  on  la  dcpouillera  de  ses 
feuilles  et  de  tout  le  bois  tendre  qui  en  fera  par- 
tie ;  au  lieu  que  si  on  le  greffe  apres  le  solstice , 
on  insereradans  Tarbrela  partie  delagreffe  sur 
laquelle  seravenu  le  dernier  de  scs  boutons.  Le 
poirier  segreffe  de  toute  maniere.  11  faut  confiie 
les  poires  dans  un  jour  calme  ctqunnd  la  lunc  est 
dans  son  dcclin  ,dcpuis  son  vingt-deuxieme  jour 
jusqu'a  son  vingt-huitieme.  Oii  renferrne  encore 
ces  fruits  dans  un  vase  enduit  interieurementde 
poix ,  aprcs  les  avoir  cueillis  a  la  main  dans  un 
temps  ou  ils  etaient  sccs,  depuis  la  seconde  heure 
dujourjusqu'alaeinquieme,oudepuislaseptieme 
jusqu'a  la  dixieine  ,  cn  scparant  avec  soin  ceux 
qui  serontsains,  prcsque  durs  et  un  peu  verts,  de 
ceux  qui  seiont  tombcsd'eux-memes.  Ensuiteon 
met  un  couvcrcle  sur  ce  vase,  et  on  Tentcrre,  la 
guculc  renversee  par  en  bas,  dans  nne  petite 
l'ossc  creusee  dans  un  lieu  arrose  par  quelque  eaii 
de  source.  De  mcme,  aprcs  avoir  entassedes  poi- 


(le  geiieris  iiohililale  dccedant.  Meliiis  eigo  lioc  nicnse 
Kovcniliri  liet,  iit  pironmi  ptanlas  radicatas  .seianius 
agiestimn  subaclisbenesciobilJus  ,  ut,cinn  pielienderiiit, 
iuserantur.  Hoc  anteniinteiesl ,  r|uod  qu.T  iilaiilis  siiisse- 
runlnr,  didcedineinactenciilatem  servant,  diu  tamen  ser- 
\ata  non  durant :  insita  veio  moram  lemporis  sustiiiebnnt. 
Spalia  inter  piros  Iriginla  pedum  niensiiia  disccrnal.  Ge- 
nus  lioc  arburis  iit  prnliciat  frcquenli  liumore  et  assiduis 
fossionibus  est  cotcndum ,  iisciuc  adeo ,  nt  teniporc ,  quo 
florere  consuevit,  niliil  iierdiluia  credalur  de  llore  pio- 
lato,  si  eani  tuuc  fossor  adjuverit.  Mullum  prosicis,  si 
inteijecto  aniio  qiiale  libet  Isctainen  adjungas  :  sed  bubii- 
lum  spissa  el  gravia  pomagenerare  (ertiir.  Aliqiii  cinerem 
niiscent,  crodcnlcs  liinc  coulrahi  pomis  argutos  sapores. 
Generuni  Mirietatcs  exseqiii  siipcrvacuum  piifo,  cuni  in 
ponendis  vel  excolendis  niilla  sit  distantia.  Si  languida 
arbor  est  piri,  vel  ablaqueatae  radicem  terebras,  et  ibi 
ligiiciim  paluni  deprimis ,  vcl  iii  trtinco  simililer  terebralo 
ex  leda  ciiiicum  ligis,  vel,  si  liu-c  desil,  ex  queicn.  Ver- 
mes  cjus  aiboris  et  nati  necanlur  et  nasci  pioliibenlur, 
radicilius  lcllelaurino  lieqiienlci  infiisis.  Itein  fa.'ces  vini 


veteris  tecenles.si  radicibus  aflundantur  per  Iriduiim, 
diiilius  [arbores]  in  tloribus  laborare  non  facinnt.  Si  lapi- 
dosa  pirus  est,  ab  estrcmisradicibus  terram  priorem  leva- 
bis ,  et  secernes  (inines  lapillos;  quibus  diligenter  remotis 
allcram  teiram  ciiliro  crctain  in  loco  cjus  infiindes.  Sed 
boc  proderit,  si  ligaie  iiou  cesses,  iMcnse  l'"ebruario  ct 
^larlio  pirus  inserilur  niore,  quo  diclum  est,  cuin  dc  iusi- 
tione  loqueremur,  sub  corlice  el  in  triinco.  Inseiilur  autein 
piro  agresti,  nialo,  iit  nonnulliamjgdalo  et  S[iiiio;  ul  Vir- 
gilius,  orno  et  fraxino  etcydonio;  ut  aliqui ,  et  Piinico, 
scd  flsso  iigno.  Surculuspiii,  quiinseritur  ante  solstitium, 
auiiiculus  esse  deliet ,  ct  prius  quam  ligatur,  foliis  et  oiiini 
tenci  a  parte  privai  i :  post  solstiliuni  vero  eiim  ligis ,  qiii 
suminiiin  gerinen  incliisit.  Pirus  omni  geneie  inseritiir. 
Condieuda  sunl  pira  [ita]  die  placido  deciescente  luna  a 
vigesima  secunda  HS(|ue  in  oclavam.  liadein  ponia  sicca 
et  inanii  lcctaab  boia  secunda  in  quintain  vel  a  .septiina 
in  decimain,  a  cadiicis  diligenter  electa  integra  et  piope 
diira ,  et  aliquanlo  viridia  in  picato  vase  clanduntur,  qiiud 
operculo  tegitur,  et  deorsuin os ejus  inilinalur,  atqiie[  brevi 
scrobe  ]  obruilur  iu  eo  loco ,  circa  qucm  pei  eiiuis  aijiia  de- 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  IIL 


resi  cliairct  apeaudurcs,  on  les  enferme,  lors- 
qu'ellesconimcncentas'anf)ol!ir,  dans  un  vase  de 
terre  bien  cuit,  et  bien  enduit  de  poix  au  dedans 
et  de  fiypse  au  dehors,  sur  lequei  on  raet  un 
eouvcrcle;  apresquoi  on  l"enfonce  dans  une  pc- 
tite  fosse  creusce  daus  un  lieu  oii  le  soleil  donne 
tous  les  jours.  Bicn  des  personnes  ont  conserve 
des  poircs  enscveliesdans  de  la  paille  ou  dansdu 
ble.  D"autrcs  les  a}'ant  renfermces,  aussitot 
apres  ies  avoir  cueillies  avcc  leurs  queues,  dans 
des  cruches  enduites  de  poix ,  bouchees  avec  la 
raeme  matiere  ou  avec  du  gypse,  les  ont  ex- 
posees  au  plcin  air,  en  les  couvrant  de  sable. 
D'autres  ont  conservc  des  poires  dans  du  micl , 
cn  evitant  tont  eontact  cntrecllcs.  On  fait  aussi 
seeher  ausoleil  dcs  poires  coupccs  par  morccaux, 
et  purgees  de  leurs  pcpins.  II  y  a  des  personnes 
qui  ecument  de  Teau  salee  lorsqu'elle  commence 
a  bouillonner  au  feu ,  et  qui  plongent  cnsuite 
dans  ccttc  eau,  quand  elle  est  rcfroidie,  les  poi- 
res  qu'clles  ont  inteiition  de  conserver;  aprcs 
quoi  elles  ks  retircnt  de  Teau  au  bout  de  quel- 
que  temps  ,  ct  les  renfcrment  dans  une  cruche 
dont  clles  bouchent  rorifice.  Ou  bien  elles  les 
laissent  pendaiit  un  jour  et  une  nuit  dans  de  Teau 
salce  ;  apics  quoi  clles  les  meltent  tremper  peij- 
dant  dcux  jours  dans  de  Teau  pure,  et  les  gar- 
dent  ensuite  plougces  dans  du  vin  cuit  jusqu"a 
diminution  dcs  deux  tiers ,  ou  dans  du  vin  fait 
de-raisin  seche  au  soleil,  ou  dans  du  vin  doux. 
On  faitdu  poire  en  pilant  le  fruit  rcnferme  dans 
un  sac  a  maillcs  tres-largcs,  ct  en  le  pressurant  a 
raided'un  poids  dont  on  le  charge,  ou  sous  larbre 
du  pressoir.  Cette  boisson  se  conservedurant  tout 
Thiver,  mais  elle  saigrit  au  commencement  de 
Tete.  Manierc  de  faire  du  vinaigre  de  poires.  On 
laisse  en  un  tas  pendant  trois  jours  des  poires 
sauvages,  ou  d'un  acabit  Acre,  qui  soient  mures; 


apres  quoi  on  lcs  rcnferme  dans  un  petil  vase 
rempli  d'eau  de  fontaineou  d'cau  de  pluie,  qu"on 
laisse  couvert  peudant  trcnle  jours.  On  y  remet- 
tra  au  fur  et  a  mesure  autant  d'cau  (lue  Ton  eu 
tirera  dc  vinaigre  par  la  suite  pour  son  usage , 
alin  (ie  suppleer  au  ^('chet  de  cette  liqueur.  Ma- 
nicre  de  faire  lc  poire  rafraichissant.  On  foulc 
dcs  poires  saines  ct  tres-murcs  avec  du  sel;  et 
lors(|ue  la  chair  cii  est  ivduite  en  bouillie,  on  la 
renferme  dans  de  petites  barriques  ou  dans  de 
petits  vases  de  terre  enduits  de  poix.  Au  bout  de 
trois  raois  on  suspend  cettc  pr(!paration,  pour  lui 
faire  rendrc  une  liqueurqui  est,  a  la  vcritc,d'un 
gout  agi^-able,  niais  dont  la  conleur  est  blancha- 
tre.  Cest  pour(|uoi  il  seiahon,  pour  parer  a  cet 
inconvt-nieut ,  de  nu-lcr  avcc  lcs  poiris  un  peu 
de  vin  foncc  cn  eouleur,  dans  le  tcmps  qu'on  les 
salera.  On  planteradespommicrsaux  mois  de  l'e- 
vrier  et  de  mars,  et  si  le  pays  cst  chaud  ct  sec, 
auxnioisd'octobrcetdenovembre.Cesarbicssoiit 
de  plusicurs  especesqu"il  estinutilede  dt'taillcr. 
lls  aimentunsol  graset  fertile,  et  qui  soit  fourni 
d'cau ,  plut6t  n(!'aumoins  par  la  nature  elle-nuMiie 
que  par  le  secoursdcs  arroscments;  quoique,  s"ils 
sont  plantds  dans  du  sable  ou  dans  de  rargile, 
il  faudra  avoir  recours  a  rirrigatiou  artilicielle. 
II  faut  les  exposer  au  midi  dans  les  pays  mon- 
tucux.  Ils  viennentfortbiendanslespays  froids, 
pourvu  qu"il  n'y  ait  pas  d'apret(3  dans  Tair.  Jls 
nercfusentnonplusles  lieux  inculteset  humides. 
Dans  un  tcrrain  maigre  et  scc,  leurs  IVults  sont 
sujets  a  etre  attaqucs  de  vers  ct  a  tombcr.  On  les 
plante  de  toutes  fa(^ons,  comrne  les  poiriers.  lls 
ne  demandent  ni  a  (^tre  laboures,  ni  a  etre  he- 
ches;  c'est  pourquoi  les  pres  leur  convicnnent 
plus  que  tout  autrc  terrain.  Le  crottin  de  brehis, 
ou  seul  ou  midt;  avcc  de  la  ceiidre,  est  le  seul  en- 
graisdont  ils  s'accommodent,  (juoiqu^ils  puissent 


ciii ril.  Iteni  qiiae  dnia  siint  in  caine  et  ciile  prius  in  accrvo 
posita,  iihi  se  molliiT.  c(rpciiiit,  in  vas  liclile  liene  coctiini 
picaUiniqiie  poniiiilin',  el  operciilo  siipervenieiile  yypsiin- 
tur.  Vas  brevi  scioljc  ileniergitur  in  co  loco ,  (pii  <piotiilie 
sole  tangalur.  Pluiimi  pira  olirula  inler  palcas  aiit  frn- 
menla  servarunt.  Alii  stalini  lectacum  lenacitnis  suis  pi- 
calis  nrceis  condideriint ,  et  oiibiis  vasculornm  yjpso  vel 
pice  clausis  ipsa  sul)  divo  nbriita  sahulone  texerunl.  .Mii 
pira,<|ua!  se  non  conlingerent,  in  melle  .servarunl.  Item 
mcoin  <>t  piirgata  si^inis  in  sole  siccantur.  .^Ii<pjimi 
aquam  salsani ,  riim  r<rperit  iindare  cali^facta,  despuiiia<it , 
et  ei  posl  jain  fri{;iila'  pira  servaiida  denii'rgunt.  Tuiic 
exemla  post  teinpuse\iguiiin  condunt  nrreo,  ct  ejiis  oie 
lilo  conservant  :  vel  iiocte  et  dle  iii  fri^ida  salsa  nianere 
patiunliir  :  post  in  aqiia  piiia  bidiio  niaccrant,  dciiide  in 
sapa  vel  passo  vel  diilci  vino  niersa  custodinnt.  Viiiuin  <le 
piris  lit ,  si  contiisa  et  sacco  rarissimo  condita  ponderibiis 
conipi  imaiitiir  aut  prclo.  Hiemc  diirat,  sed  priina  acescit 
tpstatfi.  Acetum  sic  fit  de  piris  -.  Pira  silvestria  vel  asperi 
Keneris  matiirain  ciiinulo  resnivantiir  pertridiiiiin  Deinile 
iniUuiitur  iii  va-.ciilo,  <'ui  tonlana  aut  pluvi.ilis  aqua  im- 


scetiir,  et  opcrliiin  vas  per  lrif;iiita  dies  relinquitur,  ac 
.subiiide  <)iiaiilum  sulilatiim  rueiit  aceli  ad  iisum  ,  tanliiin 
i'e<ldilur  aqiiic  ad  re|iaialiiiii<'m.  I.iipiaiii<'ii  <le  pii  is  casti- 
iiioiiiale  sic  liet :  Pira  iiialiii'i.-.siiiia  <:iiim  sale  C'al<'iinliir  iiilo 
pa.  t'l)i  cjriies  eoriini  fiKTiiil  i<'siiliila' ,  \i'l  in  f  iipi'llis  vel 
in  vaseiilis  ('iililibiis  piiiilis  loiHliiiiitiir.  Pusl  iii<'ii^i'iii  hr- 
tiiiiii ,  siis|peiisii'  la'  caiiies  lii|Uorcin  diiiijlliint  s.ipuris  jii- 
ciinili ,  s<'<l  (iiloiis  albiibili.  Contia  lioc  illu<l  piiMliTJt ,  ut 
ti'iiipoie,  quo  saliunlur,  proaliqua  parle  vina  nif^ella  per- 
miseeas.  Meiise  I'"ebniario  et  Maitio  locis  frigidis  mala  se- 
laiiiiis  :  si  calida  et  sicca  regio  est ,  Oclobri  et  JVoveinbi i. 
Eoruin  pliira  siint  j-enera ,  qua;  numcrare  superniiuin  esl. 
Ainaiil  pinRiie  ac  lii:tuin  solum  ,  et  c.ui  liiiinorem  noii  lam 
risatio  ipiam  natura  snppedilet.  Et  si  [  in  ]  aiena  vel  ar- 
gilla  sit,  riKalionibus  adjuvetur.  Montanis  locis  debeiil  a<l 
ineridiein  veisa  conslilui.  Et  frigido  solo  proveniiiiil,  si 
ca'Ii  tepor  adjuvcril :  nec  in  a.sperisct  bumectis  .scdcni  re- 
ciisanl.  Macruin  et  aridiini  soliim  poma  vcrmiculosa  efli- 
cil  el  cadiica.  .Seriinlur  onini  senere,  sicut  piri  :  uei|ue 
exarari  neqiie  eflbdi  desideraut.  Idciico  eis  magis  piata 
(onveiiiiiiit.  Slircus  (  ovilliiin  tanluin )  non  exigunt  qui- 


PALLADIUS. 


s'en  passcr.  lls  aimeiit  a  6tre  arroses  modere- 
meut.  La  tuiUe  leurcst  bonue,  et  priucipalement 
a  l'effet  tVeu  retranciicr  les  branches  seclies,  ou 
celles  qui  sout  uees  daus  une  mauvaise  place  sur 
Tarbre.  Ils  vieillissent  de  bonne  heure,  etdegene- 
rent  dans  Itur  vieillesse.  Quand  leur  fruit  estsujet 
i\  tomber,  on  iutroduit  une  pierre  daus  la  racine 
([ue  Ton  fend  a  cct  effet ,  et  cette  precaution  le 
retient  sur  Tarbre.  On  les  prcserve  de  la  pourri- 
ture  en  eaduisant  leur  cime  de  fiel  de  lezard 
vert.  On  fait  mourir  les  vers  qui  s'y  attacheut, 
avec  de  la  fiente  de  poie  mtMce  d'urine  humaine, 
ou  avec  du  fiel  de  hoeuf.  Quand  il  y  en  aurait 
une  multilude  iraraense  autour  de  rarbre,  on  est 
sur  qu'il  n"en  reviendia  point  de  nouveaux 
une  fois  qu'on  les  aura  ratisses  avec  un  bistouri 
decuivre,  pourvu  qu'on  enduise  de  fiente  de 
boeuf  rendroit  dou  on  les  auia  fait  toniber.  Si  les 
branchessont  cliai'i!,ees  d'une  trop  grande  quau- 
tite  de  fruits,  il  fuut  en  arracher  les  plus  mau- 
vaispar-ci  par-la,  afin  que  laseve  derarbresuf- 
fise  a  la  nutriliou  des  autrcs,  et  cessede  s'epui- 
ser  pour  un  lu\e  sterile.  Le  pommier  peut  etre 
greffe  sur  toutes  lcs  memes  especes  d'aibres  que 
le  poirier.  On  le  greffe  aux  mois  de  fevrier  et  de 
inars,aiiisi  qifauvautresmoisauxquels  on  greffe 
le  poirier,  tant  sur  ie  pommier  quesur  le  poirier, 
sur  le  prunier  sauvage,  sur  le  prunier,  sur  le  cor- 
mier,  sur  le  pecher,  sur  le  platane,sur  le  peuplier 
et  sur  le  saule.  II  faudra  choisir  avec  attcntion 
les  pommes  que  fon  voudragarder,  et  les  dispo- 
serpar  tassepares,  dansdes  lieux  ohscurs  et  oii 
fair  ne  penetre  point,  avec  de  la  paille  etendue 
suruneclaie.  On  en  multiplieia  les  tasde  faeon 
que  chacun  d'eux  ne  soitpas-trop  foft.  II  y  a  dcs 
persounes  qui  ont  donne  des  inethodes  differen- 
tes  pour  les  garder.  Ces  methodes  consistent  ou 
a  les  euferraer  dans  de  petits  vasesde  terre  pois- 


ses  et  bouches,  ou  a  les  envelopper  d'argile,  ou 
a  en  enduire  simplement  leurs  qucucs,  ou  k  les 
arrangersur  des  planches,  en  lesy  etendant  sur 
de  la  paille ,  et  jetant  d'autre  paille  par-dessus. 
On  peut,  sans  se  donner  aucuu  soin,  conserver 
pendanttoute  1'annee  les  pommes  rondes  quefon 
appelle  orbiculala.  II  y  a  des  personnes  qui  ren- 
fermeutdes  porames  dans  des  vases  de  tcrre  en- 
duits  de  poix  et  ferines  herraetiquement,  qu'ils 
plongent  ensuite  daus  un  puits  ou  dans  une  ci- 
terne.  D'autres,  apres  avoir  eueilli  des  pommes 
saines,  et  en  avoir  plonge  la  queue  daus  de  la 
poix  bouillante,  les  rangent  sur  des  plancliers, 
oii  ils  les  etendent  snr  des  feuilles  de  noyer.  La 
plupart  jettent  entre  les  pommes  de  la  sciure  de 
peuplierou  de  sapiu.  II  est  constant  qu'il  faut  les 
poserde  facon  que  leur  qucue  soit  renversee ,  et 
n'y  pas  toucher  avant  le  teraps  ou  elles  nous  pa- 
raitront  nccessaiies  pour  notre  usage.  On  fuit  du 
cidre  ainsi  que  du  viuaigre  avec  les  pommcs,  de 
la  maniere  que  j'ai  donnee  ei-dessus  en  parlant 
des  poires.  Les  auteurs  varieut  pour  la  plupart 
par  rapportautempsauquel  ils  pretendeutqu'on 
doit  planter  les  coguassiers ;  quaiit  a  moi ,  j'ai 
reraarque,  d'apres  1'experience  que  j'eu  ai  faite, 
que  des  cognassiers,  plantes  avec  leurs  racines 
en  Italie,  dans  les  environs  deRome,  au  mois 
de  fevrierou  au  commeucemeutdemars,  dans  uu 
terraiu  fnconne  au  pastiniim ,  avaient  si  heu- 
reusement  pris,  que  souvent  ils  avaient  rap- 
porte  des  fruits  des  la  seconde  annee.  Quaiid  ils 
avaient  ete  plantes  deja  grauds.  On  les  plantera 
dans  les  pays  sees  ct  chauds  a  la  fiu  d'octobre  ou 
au  commencementde  no\embrc.  Ia's  cognassiers 
airaent  les  terrains  froids  et  liumides.  S'ils  sont 
plantcsdans  un  terrain  cbaud,  il  faut  lcs  aider  a 
venirpar  des  arrosements.  Ils  supportent  nean- 
moins  la  temperature  intermediaire,  ct  ne  vien- 


(lem ,  seJ  libciitei-  assiimimt,  vel  si  cineris  piilveies  ml- 
sceaiilin'.  Amunlmoilestasrigalloiies.  1'iilalioillis  apta  esl, 
sed  niaxiiiie  ul  arida  aut  male  nata  tollantur.  Cilius  sene- 
scit  lia;c  aibor,  et  in  senectute  (lcgcneiat.  Si  caduca  sunt 
poma,  fissiB  radici  lapis  iiijeclus  poma  retinebit.  Lacerlae 
viiidis  lelle  si  tangautur  cacumina,  noii  piitrescit.  Ver- 
iiies  ejiis  suillo  stercore  misto  liiiiiian;v  nrin.ne  aiit  felle 
biibiilo  exlinguuiitur  :  qni  si  pliires  cina  aihoieiii  sunt, 
;i'ri'o  scalpro  semel  rasi  iion  uitia  iiasceiiliir,  si  ea  loca, 
iiikIc  ra^i  .siiiit,  liiibiiliim  steicus  ubJucat.  Si  spissa  poma 
laiiios  oiirraliuut,  iiiterlcgeiida  siint  (piiwpie  vitiosa,  ut 
aliiiieiitum  cicteiis  siiccus  .ecpiiparet ,  et  gcuerosis  abnu- 
danliam  ministret ,  ipiani  nuiiierosa  \  ilil.ilc  nenlebal.  Ma- 
bisoiiiuigeneii  inseri  potest,  (pio  piiiis.  Mciise  tebruario , 
Martio  et  aliis,  qnibus  pirus,  in.scrilur  in  inalo,  in  piro, 
iu  spiiio,  pruno,  sorbo,  persico,  platano,  popiilo,  salice.  Dili- 
geuter  legenda  sunt  niala,  qu;e  volnmus  cnstodire.  lia  in 
locisobscuris,  ubi  venliK  iion  sit,  slraiiiciilispiiiisiucrate 
sulijeLtis,  iii  eumiiliis  sii  r(lailis|ioiiuiiiis  :  ipii  ciiiiiiili  Ire- 
qiienli  divisioiie  sepaicMliir.  Alipii  divii;,a  (li\eniiil,  [  vel 
siiigula  ]  iii  vasculis  liclilibus  picalis  ubpicoblilis  claudi  , 


vel  argilla  involvi,  vel  .s.ilos  pcdiciilns  cn'l;i  adlini ,  vcl  iii 
tabiilis  subsUata  palea  (iihpoiii,  cl  sli.iuiciilis  dc  siipciioic 
parte  cooperiri.  Mala  roliiiKti,  i|iia'  .iiiiii  iil;it;i  (ilciiiiliii, 
sine  cura  toto  anno  servaii  possiinl.  Alii  iu  piiteo  vd  iii 
cistcrna  niergiint  vasa  fictdia,  qiiibiis  diligeiiter  picalis  cl 
daiisis  mala  conimilliiiiliir.  Alii  e\  arlxire  mala  ilhc.-.a 
siimseinnl,  cl  pcdiciilis  corimi  pirc  fcnciili  iiici>is  siipra 
tabulatiim  pci  (iKliiiciii  (llspdiiiiiil  ,  ihk  iiiii  ( iVu^  siibtei 
exposilis.  Pleriipic  sciobeni  |iopn[i  mI  ;i!,k'Iis  inlcr  m.ala 
diiTiindiml.  Coiislat  iiiala  sic  ponciida,  iil  pediciilornm  par- 
les  (lcorsiim  laci;is,  neipie  aiite  (piani  iisiii  necessaria  vi- 
dcanliir  cssc  ,  coiiliii,:;as.  Viiiiim  d  acdiiiii  lit  e\  malis,  si- 
ciit  c\  pii  is  ;iiilc  |ir,i  (■(■pi.  ('vdniiiis  Nci^cndis  pleriqiie  tem- 
poia  divcisii  di\ciiiiil  :  laiiicii  milii  iimi  comperlum  est , 
iu  llalia  ciic«  Urbcm  meuse  fcbriiario  vel  inclioaule  Mar- 
tio  planlas  cydoniorum  radicatas  in  pastinalo  solo  tenuisse 
adeo  feliciter,  ut  sKpe  scquentis  anui  frugc  gaudcreiit ,  si 
posila  majorisslalus  fuisscnt.  Locis  siccis  et  calidis  cxtrcmo 
Oclobri  velNovembri  iiKlio;iiilc  pnn;inlur.  Amaiit  cydouii 
lociim  frigidiim,  bnuieriiiiii.  Si  in  tciiido  slatuuiitur,  opus 
est  illis  ligalioue  succurri.  fcrunl  lamen  staluiu  medio- 


DK  L-AGRICrLTURE,  I.IV.  lU. 


neiit  pns  moins  dans  lcs  lcrriiiiis  plals  quo  ilans 
eeu.K  (|ul  sont  inclincs,  quoiquils  prelVrciit  ces 
dernicrs.  II  y  a  clcspersonnes  qui  les  plantciiten 
clmes  ctcn  boutures,  mais  ils  tardcnt  a  vcnir  par 
Tun  ou  rautie  de  ces  procedes.  II  iaut  lcs  espa- 
ccr  de  tclle  manierc  que,  si  le  veiit  viciit  a  les 
sccouer,  leau  ne  degoutte  pas  des  uns  sur  les 
autres.  Quaiid  on  les  plante,  etmeme  taiit  qu'ils 
sont  pelits,  il  faut  lesaiderdefumier.  Maisquand 
ils  sont  dcvcnus  plus  grauds,  il  suflit  dc  repandre 
une  fois  par  au  sur  leurs  racines  de  la  ecndre  ou 
do  rart^ile  assez  seche  pour  pouvoir  ctre  reduite 
en  poiissierc.  L  humidite  coutinuellc  fcra  murir 
proinpteinent  leursfruits,  et  lcs^rendraplusgros. 
II  faut  les  arroser  toutes  lcs  fois  que  le  ciel  rcfuse 
dc  la  pluie,  et  beclicr  leur  picd  dans  les  pays 
ehauds  aux  mois  d'oetobrc  ct  de  novembre,  et, 
dans  les  pays  froids,  aux  mois  de  fevrier  et  de 
inars;  parce  qu'a  moins  de  prendre  assidument 
ce  soin,  ou  ilsdeviennent  stcriles,  ou  leursfruits 
degenerent.  11  faut  les  taillcr,  d'apres  ce  que jai 
eprouvc  moi-meme,  et  les  debarrasser  detout  ce 
qu"ils  pcuvent  avoir  de  vicieux.  Quand  ils  sont 
nialadcs,  il  faut  verser  sur  leurs  racines  du  marc 
d'huile  coupe  d"eau  par  moitie,  ou  euduire  leur 
tronc,  soitdcchaux  vive  detrempee  avecde  rar- 
gile,  snit  de  resine  dc  melese  melce  avec  de  la 
poix  ruiuide  :  Oiibicn,  aprcs  lcs  avoir  dechaus- 
ses,  011  mettraaulour  de  lcurs  racines  un  nom- 
bre  impair  decoiiigs  proportionne  ii  la  grandeur 
de  Tarbre,  que  Ton  assujettira  a  rendroit  oii  on 
les  aura  mis  en  jes  couvraut  dc  terre.  Cette  pra- 
tique  observee  toutes  les  annccs  preservera  a  la 
\erite  Parbre  de  toute  maladie,  mais  d'unautre 
cote  elle  rcmpcchcra  dc  vicillir  :  on  greffe  les 
cognassicrs  au  mois  de  fevrier.  II  est  mieux  de 
lcs  greffer  sur  le  tronc  que  sous  lccorce.  II  n'y 
a  pres([ue  point  de  greffe  qu'ils  ue   recoivent, 


tant  cclle  du  gicnadicr  que  celle  du  cormi.  r, 
ainsi  quc  ccllc  de  tous  lcs  pommiersqui  donnent 
le  meillcur  fruit.  S'ils  sont  jeunes  et  qu'ils  aient 
de  la  se\e  ,  on  lcs  grelTe  sous  recorce;  inais  s'ils 
sont  plus  graiids,  il  sera  micux  de  lcs  gicffer 
pres  de  la  raeine ,  lieu  ou  lenr  ecoice  ct  leur  bois 
sont  huraides ,  grace  a  la  terie  qui  y  est  adhe- 
rente.  II  faut  eueillir  les  coins  quand  ils  sont 
murs,  pour  les  eonserver,  soit  en  lesmettant  eii- 
trc  deuxtuilcs,  dont  on  rejoint  lcs  bords  avce  un 
lut,  soit  en  lcs  faisaiit  bouillir  dans  du  \iii  cuit 
jusqu'adiminution  de  moitiii.oudaiis  du  viii  fait 
avecdu  raisin  scch(Jau  soleil.  D'autreslcs  coiiser- 
venten  les  enveloppant  dans  des  feuilles  de  li- 
guier,  lorsqu'ilssont  gros.  D'autres  seeoiitcntent 
de  les  serrer  dans  des  endroits  secs,  oii  Tnir  ne 
p('netre  point.  D'autres,  apres  les  avoir  coupt-s 
par  quartiers  avec  un  roseau  ou  avec  uu  eoutcau 
d'ivoire,  et  cn  avoir  ('ite  le  cceur,  les  couvrent  de 
niiel  dans  un  vase  de  terre.  D'autres  lcs  mettciit 
egalement  dans  du  miel  toutentiers;  mais  quand 
011  veut  lesconfire  de  cette  maniere,  il  faut  les  ehoi- 
sir  sufHsamment  niurs  D'autres  les  couvrcnt  de 
millet,  ou  lesensevelissent  separement  dans  dc  la 
pailie.  l)'autres  les  mcttent  dans  de  petits  va.ses 
remplis  d'excellcnt  vin,  ou  les  conservent  dans 
un  nH'lange  egal  de  vin  cuit  jusqu'a  diminulioii 
de  moitic,  et  de  vin  sans  apprt-t.  D'autres  les 
plongent  dans  des  futaillesde  mout,  qu'ilsbou- 
chent  ensuite,  ce  qui  donne  en  nK'me  tempsdu 
bouquet  au  vin.  D'autres  enfin  les  mettent  clia- 
cun  a  part  dans  un  plat  neuf  qu'iis  eouvrent  dc 
gypse  sec.  On  met  la  semence  ou  le  plant  du  car- 
rouge  en  terre  aux  mois  de  fiivrier  et  de  novein- 
bre.  Quoiqu'il  aime  lcs  contrees  voisiues  de  l,i 
mer,  chaudes,  scehes  ct  plates,  il  produit  da- 
vantage  dans  lcs  pays  chauds  quaud  on  lui  doniu; 
de  Feau ,  ainsi  que  je  m'en  suis  convaiiicu  par 


o.ri.s  sltus  iiiicr  iiatiiram  friKOii.s  et  caloris,  et  in  planis  e.l 
indeclivibiis  proveiilunt ,  iiia:;is  laiiicn  indinalactilevexa 
liesiitoiant.  Serunl  ali^iuicai  iiiiiinilm>  rt  lalea,  sed  tardus 
e.st  in  utioque  proventus.  Ila  pdnfnda'  snnt  largne  arboies 
cydonii ,  ne  alteiam  qualiente  venlo  slilllcidium  tangat 
alterius.  Dum  niinorest,  vel  quaiido  ponitur.juvelnrsler- 
core  :  iiiajor  vero ,  cineie  vel  cieta!  pnlvere  .seiuel  tolo 
auno  ladicibus  iiiisso.  Poiiia  in  liis  et  cilo  matura  et  ma- 
joris  increinenti  assiduus  liunior  efliciet.  Rigandae  sunt , 
qiiolies  caelcstis  ne};alur  iiifusio,  et  circumfodienda;  locis 
calidis  Oclobri  mense  et  Novcinbri ;  fri^idis  vero  Februa- 
rio  vel  Marlio.  Nisi  [  eniiii  ]  circumfodianlnr  assidue ,  aut 
sterilesefriciuntur,^aut  earum  poma  de£;cncraitt.  Piitandx 
);unt,  sicut  probavi,  eta  vilinsis  oninibns  llberanda;.  Si 
arbur  a'gra  est,  amurca  aquai  sequaliter  mista  radicibus 
debet  affundi ,  aut  calx  vivas  teinperata  cnni  creta ,  vel  re- 
sina  locularis  pici  liquldae  misla  trniico  arboris  adliiii,  vel 
ablaquealae  arboi  i  circa  radices  imparis  nuineri  poina  cydo- 
nia  pro  magnitudine  cjus  poiienda  et  obriienda  firmaiitur  : 
quod  annis  singnlis  factum  cnstodiet  a  vlliis,  sed  arboris 
longa;  dercsabila^tati.  Meiise  rebruario  cydonia  iiiseruulur 


inclins  in  triinco  quani  cortice  in  se  ipsa.  liecipinnt  in  se 
surcnlos  prope  oinnis  generis ,  Pniiici,  .sorbi,  ninnium 
nialorum,  qiiic  meliora  producunt.  Insernntur  auteni  no- 
vella; arbores ,  qulbns  sncciis  est ,  iii  cortice  :  si  majur  est , 
ciiiarailicein  melins  inseretiir,  ubi  cortexet  ligiium  beiie 
liclo  .soli  adlia'rentis  liumescit.  Lcgenda  suut  matura  cydo- 
nia ,  qua^  lioc  niore  servantur,  vcl  inter  binas  lcgulas 
posita ,  si  luto  ex  omni  parte  claudantur,  vel  si  defriito 
iiH^oquanlur,  aul  passo.  .\\i\  qurc  majorasunt,  lici  foliis 
involuta  cnstodiunt.  Alii  tantnin  locis  siccls  repouunt ,  a 
(lulbus  vcntus  excluditur.  .\liicanna  vel  ebore  in  qiiatuor 
partes  divisa  sublatis  omuibns ,  qua;  in  medio  sunt ,  iii 
vase  lictili  melie  obruunt.  Alii  in  melle  sic  iule^ra  dcmit- 
tiint,  in  qiio  genere  cundiendi  satis  matura  dellguntur. 
Alii  milio  obruiint,  vel  paleis  separata  dcmcrgunt.  Alii  ple- 
nis  vino  optimo  vasciilis  imniitlunt :  vel  vini  et  defriili  ad 
servanda  cydonia,  a'(piiim  corpiis  eflicinnl.  Alii  doliis 
musti  imniergiiiit ,  alque  ita  claudnnt,  qiiod  odoratiim 
leddit  et  viniim.  Alii  in  palina  nova  sicro  gypso  obriiiint 
separata  cydonia.  Siliqua  Februario  mense  seritnr  et  No- 
vcinbri  cl  semineet  plantis  :  amat  loca  niarilima,  calida, 


574  PALLADIUS 

ma  pi-opre  experieuce.  On  peiitaussi  le  plaiiter  |  deux  coins,  un  de  terebinthe  d'un  cfite,   un  de 


cMi  lioutures.  11  lui  faut  une  fosse  large.  Ii  y  a 
des  peisonnes  qui  eroient  qu'on  peut  le  greffer 
au  mois  de  fevrier  sur  le  prunier  ou  sur  rainan- 
dier.  On  conserve  tres-longtemps  les  gousses  qu'il 
produit,  en  les  exposant  sur  des  claies.  Le  murier 
est  anii  de  la  vigne.  On  peut  faire  venir  cet  ar- 
bre  de  graine,  niais  en  ce  cas  son  fruit  degenere 
ainsi  que  soii  bois.  II  faut  doiie  le  planter  en 
boutuies  ouen  cimes.  Mais  il  vaut  encore  raieux 
le  pianter  cn  boutures  dun  pied  et  demi  de  lon- 
gueur,  qui  soient  bien  ragreees  des  deux  eotes,  et 
enduites  de  fumier.  Ainsi ,  apres  avoir  fait  d'a- 
bord  un  trou  en  terre  avec  un  pieu,  on  les  cn- 
foncera  dans  ce  trou,  et  on  les  recouvrirade  cen- 
dre  nielee  de  terre,  qu'on  n'entassera  cependant 
pas  a  plusde  quatredoigts  d"epaisseur.  On  plante 
le  murier  depuis  le  milieu  de  fevrier  jusqu'a  la 
lin  de  inars.  Mais  qunnd  ie  paysest  chaud,  on  le 
plantc  a  la  liu  d'octobreou  aucommencement  de 
novcnibre;  quoiqu'il  vailleencore  mieux  le  plan- 
ter  au  priiitemps,  leneuf  des  calendes  d'avril.  Cet 
arbre  aime  les  terrains  chaudset  sablonneux,  et 
plus  communement  les  coiitrees  voisines  de  la 
mer.  il  prend  diffiellement  dans  lc  tuf  ou  dans 
rargile.  On  croit  que  ihuniidite  eoiitiiiuelle  iie 
lui  esl  pas  bonne.  II  aime  a  elre  beciie  et  fiimc. 
II  faut  en  taillerau  bout  de  Irois  ans  les  branches 
pourries  et  seches.  On  en  transfeie  le  plant,  iors- 
qu'il  est  fort,  aux  mois  d'octobre  ou  de  novem- 
bre;  et,  lorsqu'il  est  jeune,  aux  moisdefevrier  et 
de  niars.  Ces  arbres  veulent  etie  plantcs  dans  des 
fosses  profoiides,  etsepares  lcs  uns  des  autrespar 
de  grands  intervalles,  alin  quils  ne  se  nuisent  pas 
reciproquement  par  leur  ombre.  Cet  arbre  vient 
plus  haut,  dit-on,  et  donne  plusde  fruit,  si  Ton 
en  perce  le  tronc  doutie  en  oulre  en  y  inserant 


lentisquede  Tautre.  II  faut  dechausser  lemiirier 
vers  les  calendes  d'oetobre ,  et  verser  sur  ses  ra- 
cines  de  la  lie  de  vin  vicux  tresnouvelle.  On  le 
greffe  sur  le  figuier  et  sur  lui-meme ,  mais  on  ne 
le  gieffe  que  sous  1'ecorce.  Si  on  le  greffe  sur  un 
orme,  la  greffe  prend  a  la  verite,  mais  il  en  re- 
sulte  degrands  accidents.  II  faut  semer  les  ave- 
lines  en  nature,  et  ne  pas  les  recouvrir  de  terre 
a  plus  do  deux  doigts  d'epaisseur.  .Vai  cepcndant 
eprouvcque  lesaveliniers  viennent  encore  mieux 
de  plant  et  de  rejetons.  On  en  met  le  plant  ou 
les  amandes  en  terre  au  niois  de  fevrier.  Ils  se 
plaisent  dans  un  terraiii  maigre,  humide,  froid 
et  sabloiuieux.  Les  avclincs  sont  mures  \ers  les 
nonesdu  mois  de  juillet,  pourvu  cependaut  que 
le  payssoit  chaud.  Cest  aprcsentque  Ton  seme 
lesnoyauxde  sebestes  sous  un  climattempire, et 
dans  unetcire  reduite  en  poussiere  et  medioere- 
ment  bumide,  en  les  mettant  dans  un  vase,  oii  on 
les  laisse  jHsqu'a  ce  que  leur  pousse  ait  acquis  la 
consistance  de  plante.  On  greffe  les  arbres  qui 
portent  ce fruit  au  mois  de  mars,  sur  des  conniers 
ou  sur  des  pruniers  sauvages.  Cest  aussi  ii  pre- 
sent  que  ron  greffe  les  jujubes,  que  fon  met  en 
terre  les  presscs  eu  noyaux  ou  en  plant,  qu'on 
les  transfere  et  qu'on  peut  les  greffer;  enfin  que 
Ton  greffe  le  neflier,  et  que  ronscme  les  noyaux 
de  prunes.  On  peut  aussi  planter  a  present  lc  fi- 
guier  dans  les  pays  temperes,  semer  la  corme, 
couvrir  de  terre  Tamande  sur  des  planches,  et 
greffer  ramandier  au  commenceraentde  cemois- 
ci  dans  lcs  pays  temperes,  et  a  la  (In  du  meine 
mois  dans  les  pays  fioids;  pourvu  cependant 
qu'on  prenne  la  greffe  avant  qu'elle  ne  germe. 
On  peut  aussi  mettie  a  present  en  terre  du  plaiit 
de pistachier, ou  greffer cct arbre, de mcnie  quon 


sicca,  campestria  :  tamen,  iit  cgo  expeitus  sum,  in  locis 
calidls  fffcundior  fiet,  si  atljuvetur  luiuiore  :  polest  et  ta- 
leis  poul.  Scrobem  desiderat  largiorem.  Inseri  etiani  posse 
mense  Feliruario  credunl  aliqui  in  priino  vel  aiuygdalo. 
Siliiiua;  servantur  diutissirae,  si  expandantur  in  cratibus. 
Auiica  ost  niorus  et  vitis.  IMoii  nascuntur  e\  seiniue  ;  sed 
i-t  poma  et  virgulta  degenerant.  Serenda  est  lalcis  vel  ca- 
cuiuiiiibus,  meliiis  aiitcm  laleis  sesquipedalibns  ex  iilra- 
<pie  parle  levigaUs  ac  fimo  oblitis.  Ciim  locum  palo  aiite 
lecerimus,  immergimus  actegimus  ciiiere  leri.x'  adniisto. 
Kon  amplius  quam  quatuor  digitis  operimus.  Sereinus  lo- 
cis  tempeiatis  a  medio  Februario  el  lolo  Marlio;  locis 
vero  calidioribus  Octobri  postiemo  vel  Novembris  iiiilio ; 
sed  verno  maxiine  die  iiono  calendas  Api  iles.  Anianl  loca 
calida,  sabnlosa,  et  plerumque  mariliiua.  In  lofo  vel  ai- 
gilla  vix  coniprebendunt.  Humor  assiduiis  [  moris  J  pro- 
desse  iion  creditur ;  fossionibus  Itetatur  el  steicore.  l'utria 
in  bis  et  arida  post  triennium  sunt  putanda.  Planlam ,  si 
robusta  [esl,  ]  tiausfeies  meuse  Octobii  vcl  Novciubri  : 
si  teiiera ,  Februario  et  Mariio.  Sciobes  desideiant  altiores, 
intervalla  majora,  ne  altera  umbris  prematur  alteiiiis.  Fe- 
raccm  laetioremqiie  aiborem  mori  fieri  aliqui  Iradideruiii, 


si  pei forato  liinc  inde  tiunco siiigulos  ciineos  inseramus  le- 
rebintlii  ( liinc  inde  lentisci. )  Ciica  Oclobres  calendas  luo- 
rus  ablaqueanda  esl ,  et  radicibus  cjiis  viiii  veleris  receii- 
tissima;  ia;ces  infundenda;.  iiiseriliir  aiiteui  iii  iico  et  in  se 
taiituni  siib  cortice.  Ulnio  insita  compiebendit  :  sed  par- 
tuiil  magnse  iiilelicitatis  argunienla.  Avellaiiac  pouenda: 
sunl  nucibus  suis  non  amplius  siipra  terra  duceuda  est , 
qiiam  crassiludine  digitorum  diioriim.  rlanlis  tamen  el 
subole  expertns  siini  melius  pioveuire.  Mense  Februario 
seu  planla  seu  semeii  cxpoiiiliir.  Gaudeiit  loco  macio,  lui. 
iniilo,  fiigiilo,  et  sabnloso.  Mense  Jiilio  circa  noiias  avel- 
laiia  matiira  est  :  [  locis  tamen  calidis.  J  INunc  seriiiitur 
niyxa  ev  niicleis  in  aliqiio  vase  posilis,  dcuiec  plantae  iii- 
duant  lirmitalem,  Cfflo  tcpido,  terra  soluta,liumorc  mo- 
deialo.  Inseriintiir  mense  .Marlio  sorbis  vel  spinis.  litiam 
nuuc  luberes  seriinlur  et  inserunlur,  cl  ossa  duiacino- 
rum,  vel  planla»  ejiisdem  geneiis  ponuutiir,  el  Iransfcrun- 
lui,  et  inscri  possuut  :  et  mespilus  inseieliir,  etossa  po- 
nentur  prunoriim.  Ficiis  eliaui  locis  lempeiaUs  nunc  poni 
potest,  et  sorliiis  lioc  etiam  meiise  seii ,  et  amygdali  seraiua 
in  areis  obriii,  et  locis  temperalis  nunc  inseri  mense  iii- 
clioante,  frigidis  veru  cxeunle,  conditis  tainen  surculis 


DE  I;AGRICULTURE,  LIV.  111. 


peut  senier  des  chStaignes ,  mettre  des  noix  dans 
des  pepinieres,  et  grelfer  le  noyer.  Knlin  on  peut 
encore  faire  a  presentdcs  plaiits  de  pin  daus  les 
contrees  froides  et  luimides. 

XXVI.  Cest  surtout  <i  present  qa'il  faudra 
faire  eouvrir  les  truies.  On  choisira  a  cet  effet 
des  verrats  grands  et  forts,  dont  le  corps  soit 
plus  ariondi  qu'alloi!ge, qui  aient  le  venlre  etles 
fesses  amplfs,  le  groiiiii  eaurt,  et  le  ehignon  bieu 
fourui  de  petiUs  glaiules ,  i|ui  soient  lascifs  et 
qui  u'aiciit  qu'uii  an.  lis  pourront  etre  erapluyes 
a  ce  servicc  jusqu'a  Tilge  de  quatre  aus.  On  clii)i- 
sira  des  truies  qui  aient  les  llanes  allonges,  et 
un  ventre  dunegrande  capacite,  et  qui  sc  prete  a 
.sDulenir  le  poids  de  leur  portee  :  quant  au  reste, 
il  faudra  quelles  resserablent  aux  veriats.  Ces 
aiiimau\  doivent  avoir  le  poil  epais  et  noir  dans 
les  pays  froids  :  dans  les  pays  cbauds  ,  leur  cou- 
leur  est  indifferente.  Les  femelles  soiit  fecondes 
jusqu'a  riige  de  sept  ans,  etcommencent  a  Tetre 
d  un  an.  Les  truies  metteiit  bas  au  bout  de  quatre 
niois,  c'est-a-dire,  au  eommencement  du  cin- 
quiemc.  Or,  comme  elles  concoivent,  ainsi  que 
je  viens  de  le  dire,  au  mois  de  fevrier,  leurs  pe- 
tits  pourrout  se  noiirrir  des  hcrbcs  qui  seront  dcja 
fortes  nu  moiiicnt  de  leur  naissance,  et  de  la 
paille  qui  vicndra  apres  ces  herbes.  Quand  on  a 
la  faculte  de  se  defaire  des  cochons  de  lait ,  on 
les  vend  a  mesure  qu'ils  sont  nes ,  atln  de  mettre 
plus  promptement  les  meres  en  etat  de  donner 
d'autres  portees.  On  peut  avoir  de  ce  betail  dans 
toutes  sortes  de  lieux,  quoiqu'il  reussisse  mieux 
dans  des  carapagnes  marecageuses,  dans  celles 
notamment  oii  abondent  les  arbres  fruitiers,  (|ui, 
murissantsuccessivemeiit  les  uiis  apres  les  autres, 
fourniront  a  ces  animaux  leur  pature  pendant 
toute  rannee.  Ils  se  nourrissent  au  mieux  dans 


575 

des  terrains  fertiles  en  herbcs,  et  mangent  Ires- 
hien  les  racines  dc  la  caiiiic  ou  du  joiie.  Mais  lors- 
que  la  patuic  viciit  a  leur  maii(|uer  pendant  rhi- 
ver,il  faut  leur  duiinerde  temps  aaulre  du  .i;iand, 
de  lachataigne,  ou  de  vieilles  criblures  dc  (piel- 
ques  grains  que  ee  soit;  principalcmeiit  au  prin- 
temps,  car  alois  la  verdure  nouvclle,  qui  est 
pleine  de  lait,  les  incoraraode  ordinaircmeiit.  On 
ne  renfcime  pas  les  truies  par  troupeau  coinme 
les  autres  bestiaux;  mais  on  fait  des  toils  sous 
des  appcntis  ou  \\m  rcnferme  chaque  mcre  a 
part,  a(in  cjuetaut  elles-nu^mcs  en  suiete,  elles 
puissent  garantir  du  troid  le  troupeau  qu'elies 
aurouta  nourrir.  Ces  toitsauront  uiie  ouverturc 
dans  leur  parlie  supericure,  afin  que  le  gardien 
puisse  faire  aisement  la  revue  des  petits  ,  et  lenr 
porter  souvent  du  seeours,  en  les  retiraiit  de  des- 
sous  leurs  meres  quand  ils  seront  eii  diiii;:cr 
d'en  etre  (jcrases.  Mais  il  aura  ratteution  di^ 
renfermer  chaque  poiti^e  scpaiement  a\ec  s;i 
niere.  Une  truie  ne  doit  pas  nourrir  plus  de  luiit 
porcs,  suivanl  ce  quedit  Columelle.  Pour  moi , 
il  me  parait  pliis  a  propcs,  d'aprcs  ma  propie 
experience,  de  ne  lui  en  donnerquesix  a  nourrir 
au  plus  quand  la  piiture  ne  lui  manqucrn  pas , 
parce  quc,  quoiqua  la  rii;ueurelie  puissceii  cle- 
\cr  davantagc,  eile  s'cpuiserait  si  elle  doiiiiait  a 
tetcr  a  un  plus  grand  noinbre.  II  y  a  un  autrc 
prolitaretirerdesporcs,  qui  consistealesciuoyer 
dans  les  vignes  avant  qu'elles  soient  cn  boulons, 
ou  apres  la  vendange,  parcc  qu'ils  font  la  i;ucrre 
aux  herbes  aussi  exactement  que  le  meilieur  oii- 
vrier. 

XXVII.  On  fera  au  commencement  de  ce  inois 
du  vinde  myrte  d'une  facon  differente  dc  cclle 
quc  nousavous  donnee.  Oii  meltra  dans  un  flacon 
dix  sexfiirii  dc  vin  vieux  ,  dans  lcquel  on  jetlera 


aiit(^qnam gpriiiinnnt.  Etpislariae  plaiilavel  niincslatiiiaiit 
inseii  polest,  et  ca.staneariim  semlna  spargi.  .\uces  qno- 
qiie  jiif-landes  etiain  niinc  senilnariis  iccondi,  et  ipsiim 
geniis  inseri;  el  frigidis  et  liumectis  locis  nuiic  poterunt 
piiieta  seininari. 

XXVI.  Nuncverresmaxime  ffininas  iniie  ilebelMint.  Le- 
gendi  sunt  vasti  et  ampll curporis,  sed  lotuiuli  poliiis  qtiam 
longi,  ventrc  et  chinibus  magnis,  rostro  hrcvi,  ccrvice 
glandulis  spissa,  fibidinosi ,  anniculi ,  qui  iisipie  ad  qiia- 
drimos  iiiire  feminas  possunt.  .Sciofas  vero  longi  lateris  de- 
bemus  eligere,  et  qiiibus  ad  sustiiiendiiin  rictiirie  oniis 
magnus  se  venter  effundat,  CTtera  verribiis  similes.  Sed 
in  regionibiis  frigidis,  densi  et  nigri  pili ,  in  lepidis  qiiales- 
cuiique  proveneiint.  1'emina  (ad  creandum),  nsque  in  an- 
nos  septem  parlus  oncra  gestare  suniciet  :  ad  concipicn- 
dum  annicula  debet  incipere.  Quarlo  exenito  meiise  pa- 
riunt,  ubi  qiiintiis  iiicipiet.  Incipiunt  aiitem,  sicnt  di\i, 
mense  Februario,  ut  solidinribiis  lierbis  nati  et  stipiila  snr- 
eedenle  pascantiir.  tbi  facnllas  esl  Iransigeiidi,  vendilis 
quisiibinde  nali  siint,  (^clciior  malribus  fa-lura  leparaliir. 
Genus  linc  omnibiis  locis  balicri  potest ;  mcliiis  lamen 
agris  palustribus,  quani  siccis,  pi.ccipiie  ubi  aiboruni 


finclnosariim  silva  suppelil ,  qiia-  siiliimle  nialinis  frmli- 
biis  alterna  per  anniim  nitilatiniiesiirnirial.  .Ma\iiii '  Imis 
graminosis,  ct  c-innaruiii  veljiirui  lailii-e  niilriiinhir.  Scil 
dcli('ii'ntlliiisaliiiienlis|ierliii'iiii'iiiiii>iiniiiiii|iiaiii  pi.rli>'M'l.t 
siint  paliiila  ^laiiilis,  caslanea',  vcl  li  iimmi  \  liia  ('\ii  rii.iiiia 
ca:lcrariim  :  vciio  magis,  ciiiii  laclcut  novclla  virciilia, 
qiiie  poicis  solcnt  nocere.  Nequegregalimclaiidendic  stmt 
porcaMnoie  alianim  pecudiim,sed  liaras  sub  porlicibtis 
lacienius,  qiiibus  materun!iqua'qiieclaudatur,  etaluniniuii 
gregrni  liilior  ipsa  defendat  a  frigore.  Qiiie  liara:  a  snpc- 
lioii  paite  detectac sint ,  ullibere  niinierum  pastor  e\plii- 
ret,  el  oppre.ssis  a  nialre  fielibus  sii-pe  siibvcnial  siilili:i- 
lieiido.  Ciirabit  aiilciii  iit  ficltis  priiprios  cnin  iinaipi.npic 
piocliiilat.  Pliis  vero  qiiaiii  iicto,  siciit  Ciiliimclla  diril, 
iiiilrirc  non  (lebct.  Milii  veio  iitiliiis  proli:ilnr  cxpi'ilo, 
poriain,  riii  pabiila  sup|irliiiit,  iit  pliiiiiiiiiiii  scx  niilriie 
dclieie,  ipiia  licct  pliires  pnssil  eiliicarc,  t:iini'ii  ricqiirn- 
tiore  niimero  siirla  delirict.  lu  porcis  cliaiii  illini  c^t  (iiiii- 
nindiim  ,  qiiod  immissi  \ inris  nciiliiiii  tiii^rhtllnis,  \c| 
cxacta  vinilcmia  graiiiine  pci.scciilo,  diligcnliam  lossoiis 
iniilaiiliir. 

WVII    lii  linjiis  inciisls  iiiilio  alilcr   inyrlilcm  sir  fa- 


PALLADIUS. 


ciiiq  livies  de  hMcs  de  myrte.  Quand  on  les 
aura  laissees  pendant  Tespace  de  vingt-deux 
jours  dans  ce  vase  ,  que  Ton  aufa  soin  d'agiter 
tous  les  jours,  on  passera  ce  melauge  a  travers 
uue  corbeille  de  palmier,  et  on  ajoutera  sur  ces 
dix  sextaru  cinq  livres  d'excellent  miel ,  extrfi- 
mement  broye. 

XXVIH.  Maiiiere  de  faire  uue  vigne  antidote, 
dont  le  vin,  le  vinaigre,  le  raisin,et,  jusqu'ala 
cendre  provenant  de  ses  sarments,  soient  un 
specifiquecontretoutpoisonanimal.Onfaitaubas 
dusarment  que  fon  veutplanterunefentede  trois 
doigts  de  longueur,  et  on  en  retire  la  moelie ,  a 
laquelle  on  substitue  une  dose  de  theriaque ;  puis 
on  le  met  en  terre,  en  1'assujettissant  bien  avec 
un  lien.  II  y  a  des  peisonnes  qui,  apres  avoir 
sature  le  sarment  de  la  substance  medieale ,  le 
eachent  dans  uu  orgnon  de  scille ,  et  le  mettent 
en  terre  de  la  maniere  que  nous  venons  de  dire. 
D'autres  versent  ia  th^riaque  sur  les  racines  de 
la  vigne.  II  n'est  pas  donteux  que  si  Ton  prend 
un  sarment  d'une  vigne  appretee  de  la  sorte  pour 
le  transferer,  il  n'aura  pas  la  vertu  medicinale 
qu"avait  la  souche.  II  est  egalement  vrai  que  cette 
vertu  s'affaiblit  a  la  longue,  et  qu'il  faut  la  re- 
nouveier  de  temps  a  autre  en  reiterant  l'infusion. 

XXIX.  II  y  a  une  belle  espece  de  raisin  qui  ne 
renferme  pointdepepins  :  aussi  peut-onenavaler 
avec  grand  plaisir  une  grappe  eutiere,  comme  si 
elleiie  formaitqu'un  corps,  etsans  trouver  d'obs- 
taele  qui  arrete.  Or  on  obtient  ce  raisin  ,  suivant 
les  auteurs  grecs,  en  appelant  comme  suit  Tart 
au  secours  de  la  nature.  II  faut  faire  au  sarment 
que  ron  veut  planter  une  fente  d'une  longueur 
egale  a  cclle  du  bois  qui  sera  en  terre,  et,  apres 
en  avoir  ote  toute  la  moelle  et  Tavoir  creuse  exac- 
tement ,  on  en  rapprochera  les  bords ,  et  on  le 


raettra  en  terre  cn  les  assujettissant  avcc  un 
lien.  Ces  auteurs  assurent  neanmoins  qu'il  faut 
que  ce  lien  soit  de  papyrus,  et  que  le  sarment 
soit  mis,  apres  ces  preparatifs,  dans  une  terre  hu- 
mide.  II  y  a  des  personnes  qui,  apresavoir  lie 
exaetemcnt  ce  sarmcnt  sur  toute  la  longueur  qui 
en  aura  ete  fendue,  Tenfoncent  dans  un  oignon 
de  scille,  parce  qu'ils  assurent  que  cet  oignon 
aide  toutes  les  plnntes  a  prendre  plus  aisement. 
D'autres  creusent  le  pius  profondement  qu'ils 
peuvent,  dans  le  temps  meme  de  la  taille,  une 
branche  a  fruit  d'un  cep  qu'ils  viennent  de  tailler, 
pour  en  retirer  la  moelle  ;  apres  quoi  ils  Tatta- 
chent  a  nn  roseau  fixe  aupres  de  cette  branche, 
a(in  qu'elle  ne  puisse  pas  se  renverser.  Knsuite 
ils  versent  dans  lc  trou  quils  y  ont  fait  de  la  li- 
queur  que  les  Grecs  appellent  o-Koq  y.upvivaiv.b; 
(suc  de  Cyrene),  apres  Tavoir  detrcmpee  avec  de 
Teau  jusqu'a  ce  qu"elle  nit  acquis  la  consistance 
du  vin  cuit  a  Tevaporation  des  trois  quarts;  et 
ils  recomraencent  Toperation  tous  les  huit  jours, 
jusqu'a  ce  que  les  bourgeons  de  la  vigne  parais- 
sent.  Les  Grecs  assurentqu'on  peut  faire  la  meme 
chose  sur  les  grenadiers  et  sur  les  cerisiers.  Ccst 
une  experience  ;\  faire. 

XXX.  Quand  les  vignes  se  dessechent  par  la 
trop  grande  abondance  de  la  seve  qui  monte ,  et 
qu'a  force  de  pleurer  elles  privent  le  fruit  de  la 
vertu  que  renferme  !eur  bois ,  lcs  Grecs  ordon- 
nent  de  dechirer  leur  tronc  pour  y  faire  une  po- 
che;  et  si  ce  reinede  est  sans  effet,  de  couper  le 
bois  le  plus  epais  de  leurs  raeines,  afin  que  cette 
blessure  guerisse  leur  maladie.  Mais  on  aura  soin 
de  frotter  la  partie  blessee  avec  du  marc  d'huile 
sans  sel ,  reduit  par  la  cuisson  de  moitie ,  en  at- 
tendant  qu'il  soit  refroidi,  et  de  repandre  de  fort 
vinaigre  sur  la  plaie. 


cies.  Miltes  viiii  velcris  decem  sextarios  iu  lagEenam ,  et 
baccariim  niyiti  libras  v  niiscebis.  Cum  xx  et  tliiorum 
«lierum  spalium  confusatiansegerint,  pei  quos  vas  quoli- 
«lie  convenit  agitari ,  tunc  palmea  sporla  colabis,  et  piae- 
diclis  decein  sexlariis  inellis  oplimi  forliter  triti  pondo  v 
miscebis. 

XXVllI.  Tlieriacam  vitein  sic  facies ,  cujus  iste  profec- 
lus  est,  ut  vinum  ejus  vel  acetum  vel  uva  vel  sarinenlo- 
rum  cinis  proficial  conlia  morsusomnium  Iieslianiin.  Fit 
autem  sic  :  Saimentum,  quod  pangenduni  est,  tiium  di- 
gitorum  spalio  in  ima  parle  findatur,  et  sublata  niedulla 
ad  ejus  vicem  tlieriacae  medicamen  addatur.  Tiinc  tcriaj 
maudetur  vinculo  diligenler  astrictum.  Aliqui  eadem  sai- 
mentajammedicamine  satiata  intrasquill.-ebulbum  lecon- 
duut,  et  lerris  prjcdicta  ratione  commitliint.  Aliqui  anti- 
doli  ejiis  affusione  radices  vitis  infundiint.  Sane  saimeii- 
tuin  si  de  Iiac  vile  sumatur  ad  transferendum,  potentiam 
materni  medicaminis  non  lenebit.  Opoiiebit  autem  tlie- 
riaciE  infusione  assidua  viin  siicci  senescenlis  ilerare. 

XXLX.  Est  puiebra  species  uvae,  qii.io  granis  interiori- 
bus  caret.  Hinc  eflicilur,  nlsumma  jurundilate  sineimpe- 
dimenlo  sorberi  possit,  velut  iiiium  omniuni  corpus  uva- 


rum.  Fitautem  GrEecis  auctoribus  bac  ratione  per  arlero 
succedente  natura  :  Sarmentiim ,  quod  obruendiim  est , 
quantum  latebit  in  terra,  tantum  (indere  debebimus,  et 
medulla  omni  sublata  ac  diligeiitei  exsculpta,  membra  ile 
riim  divisa;  parlis  adunare,  et  vinculo  constricta  deponere. 
Vinculum  tamen  papjro  asserunt  esse  faciendum,  et  sic 
in  liuniida  terra  esse  ponendnm.  Diligentius  quidain  sar- 
mentiim  revinctum  quantiim  excisum  est,  inlia  scill.-c 
bulbum  demeigiint,  cujus  beiielicio  asserunt  sata  omnia 
coniprebendere  posse  facilius.  Alii  tempore  quo  vilespu- 
tant,  sarmentum  fructiferum  putatoe  vitis  in  ipsa  vite, 
quam  possuntde  alto  sublata  inedulla  excavant  non  divi- 
sum,et  calamo  affixo  alliganl,  ne  possit  inverli.  Tunc 
omv  xuprivaixov,  quod  Graeci  sic  appellant,  in  excavata 
paite  suffundunt,  ex  aqua  prius  ad  sapse  pinguedinem 
resolutuin ,  et  lioc  tiansactis  octonis  diebus  semper  reno- 
vanl,  donec  vitis  germina  novella  procedant.  Et  in  grana- 
tis  malis  fieri  boc  posse  tirmatur  a  Graecis,  et  in  cerasis. 
Opus  est  experiri. 

XXX.  Vites  quae  lacrymarum  nimietate  labesciuit,  et 
deplorandovim  roboiissui  avertunt  fructu,  truncoeariim 
laceiato  Grseci  sinum  fieii  jubent.  Si  lioc  minus  proderit, 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  IV. 


XXXL  Les  Grecs  preseiivent  encore  de  com- 
poser  du  \in  de  myrtc  de  la  manierc  suivante  : 
On  mettra  dans  un  linge  Iiuit  vnciw  de  baies  de 
myrte  mures,  que  Ton  aura  broyees  apres  les 
avoirfait  seeher  a  rombre,  et  on  suspendra  ce 
paquet  dans  le  vin;  apres  quoi  on  couvrira  le 
vase,  et  on  le  bouchera.  Quand  ccs  baies  seront 
restees  plusieurs  jours  dans  le  vin ,  on  les  en  re- 
tirera  pour  eu  fnire  usage.  II  y  a  des  persounes 
qui  foulent  aux  pieds  ou  qui  expriraent  entre 
leurs  mains  des  baies  de  myrte,  qu'elles  ont 
cueillies  dans  leur  maturite  par  un  temps  sans 
pluie  et  dans  dcs  terrains  tres-sees ,  et  qui  en  niet- 
tent  la  valeur  de  huit  rotula'  sur  une  amphore  de 
vin.  Ce  vin  s'emploie  aussi  en  medecine,  quand 
on  est dans  le  cas  d'avoir  recours  anx  astringents  : 
sou  effet  ordinaire  est  de  fortifier  les  estomacs 
delabres,  de  couper  courtaux  cracheraents  de 
sang,  d'arreter  le  llux  de  ventre,  et  de  durcir 
efficacement  les  matieres  qui  oecasionnent  les 
douleurs  de  la  dyssenterie. 

XXXII.  On  pretend  que  les  vignes  donneront 
d'elles-memes  du  vin,  soit  d'absinthe,  soit  de 
rose  ou  de  violette  ( de  facon  que  ron  reeevra 
de  la  nature  ee  que  Ton  doit  ordiuairement  a 
1'industrie),  pour  peu  que  ron  plonge  des  sarments 
dans  un  vase  rempli  jusqu'a  moitie  de  Tunc  de 
ees  essenecs ,  en  y  faisant  dissoudre  en  meme 
teraps  de  la  terre  vegetale  en  maniere  de  lessive , 
et  qu'on  les  y  laisse  jusqu'a  ce  que  leurs  yeux 
commeneent  a  paraltre;  apres  quoi  on  mettra 
ees  sarments  ou on  voudra  quand  ils  bourgeonue- 
ront,  ainsi  qu'on  le  pratique  a  Tegard  de  toute 
autre  vigne. 

XXXIII.  Yoici  la  methode  que  les  Grees  ont 
prescrite  pour  faire  produire  au  meme  eep  des 


grappes  de  raisin  blanc  et  des  grappes  de  raisin 
noir  :  si  Ton  a  uu  cep  de  laisin  blanc  et  un  de 
raisin  noir  qui  soient  voisins  Tun  de  Tautre, 
on  joint  ensemble,  au  temps  de  la  taille,  des 
sarments  pris  sur  chneuu  de  ces  ceps ,  ct  fen- 
dus  en  denx,  de  fneou  que,  lorsqu'ils  seront 
joints,  les  boulons  ((ui  sont  au  railieu  de  ces 
sarments  semblent  etre  sur  nn  .seul  et  meme 
sarment;  apres  quoi  on  les  lie  ensemble  avec  du 
papyrus  amolli,  pour  les  resserrer;  eton  asoin  de 
les  enduire  de  tcrre  humide ,  et  de  Ics  arroser  de 
trois  jours  Tun ,  jusqu'a  ce  que  le  gerrae  de  la 
feuille  nouvclle  paraisse.  A  dater  de  la  fin  de 
eemois,  on  pratiquera,  si  Ton  veut,  celte  mc- 
thode  sur  piusicurs  sarraents. 

XXXIV.  Ce  mois-ci  s'accorde  avee  celui  de 
novembre  pour  la  duree  des  heures  ;  les  voici  ras- 
semblees  sous  cette  proportion  de  nombres. 

A  la  premiereet  a  la  onzieme  heure,  le  gno- 
mon  donne  vingt-sept  pieds  d'ombre. 

A  la  seeonde  eta  la  dixieme  ,  il  eudonne  dix- 
sept. 

A  la  troisieme  et  a  la  neuvii'me,  il  en  donne 
trcize. 

A  la  quatrieme  et  a  la  huitieme ,  il  en  donue 
dix. 

A  la  ciuquieme  et  a  la  scptieme,  il  en  donue 
huit. 

A  la  sixieme ,  il  cn  donne  sept. 


LIVRE  QUATRIEMi:. 

MARS. 

I.  La  taillede  la  vigne,  dontnous  avons  ample- 
ment  parle  au  mois  de  fevrier,  se  fait  au  mois 


r.iiliciim  robiir  pinsiie  ifi.sciiuli,  iit  affcrat  mcdiciiiam  viii- 
iiiis  iiii|ire.ssiiin.  Tuiic  iiisulsa  aiiiurca  ail  iiiediclalem  ile- 
cocta  el  refrij^eiata  plag.e  excisio  perlinetur,  el  sub  liac 
acetuni  acre  fundalur. 

XXXI.  Gioec.i  item  myrtitem  sic  pr.TPcipiiint  temperari : 
Myrtl  ba(  cas  maturas  in  umbra  siccatas ,  et  iKistea  tiisa.s', 
iiiicias  octo  niitti.s  inlinteo,  et  suspendis  in  viiKi,  ct  vas 
cooperics  ac  linibis  :  et  cuni  pluiiuiis  diebiis  sic  fucrit, 
aiifeies  et  uteris.  Aliiiui  inyrti  baccas  sine  pluvia  colleclas 
iiiatui as  et  locis  siccioribus  calcaiil ,  vel  expiimunt ,  et 
viiio  miscent  viii  cotularuin  mensuram  per  ampborani 
vini.  Qiiod  vimim  mediciiiai  quo()iie  proderit,  ulii  stypti- 
ci.s  est  ulenduni.  Stomaclium  solidarc  tilubantcm  soiet, 
rcjectioncs  sanguinis  inbibere ,  lluorem  venlris  adslrin- 
gcrc,  limumdysenlericai  passionis  mcdicabiliterasperaie. 

X.XXII.  Conditiim  vcl  absinlliiatum,  vcl  rosaliiiii,  vel 
violalum  procedcre  spoiile  fertur  ex  vitibus  (iil  naluia 
siiscipiat,  ipiod  procuiarc  sucvit  industria)  sisarmentain 
vas  aliqiiod  semiplcnum  supradictis  potionibiis  mersa  scr- 
veiilur,  et  vivam  terram  simul  rcsolvas  ad  lixivii  modum, 
duiicc  ociili  sarmcntoriim  nitantiir  cxire  :  tuiic  ca(kmsar- 


inenta  geminanlia  iii  quo  vulucris  loco,  vilium  c.Tterarimi 
inore  dcponas. 

XXXI II.  Ul  vitis  botryoncs  ct  albos  affcrre  possil  et  ni- 
gros,Gra,"ci  sic  lieri  debere  jussermit;  Si  vicin.T.  sinitvites 
iiigia  el  alba ,  cum  piitantiir,  sarmciita  iitriusqiie  iutcr  se 
divisa  sic  junges,  iit  medios  ntriusqiie  generis  oculos 
a^(piandi)  leddere  possis  unitali  :  liiiio  papyro  ligabis 
stricto  ct  molli ,  atque  liiimlda  terra  curabis  adlinirc  et 
interjectis  ternis  dicbus  adaquaic,  donec  gcrmen  novai 
frondis  crumpat.  Iliiic  cxemto  tcnipore,  si  libuerit,  gciiiis 
ciricies  per  pliira  sarmciita. 

XXXIV.  Hic  mensis  iii  borariim  mensiira  cnm  Novcin- 
bri  nicnse  concordat ,  qiias  liac  iiumci  i  i  atioiic  colligimus  : 

Ilora    I      et    XI      |)cdc's    xxvii. 
Hora    II      et    x       pcdes    xvri. 
lloia     III     et    i\      pedes     xiii. 
llora    IV    ct    VIII    pcdes    x. 
Ilora     V      ct     VII     pcdcs    viii. 
Ilora    VI  pedcs     vii. 


578 


PALLADIUS. 


de  niars  dans  les  pays  froids ,  tant  qu'il  n'y  a 
point  de  risqiied^endommaser  les  bourgeons  par 
cette  operation.  II  faut  greffer  a  present  les  ceps , 
au  moment  ou  les  larmes  qu'ils  repandront, 
au  lieu  d'etre  claires  comme  de  Teau ,  seiont 
epaisses.  On  aura  deux  choses  a  observer  en  ce 
cas  :  premierement,  que  le  cep  que  rou  vou- 
dra  greffer  soit  solide  et  plein  de  sucs  nourri- 
ciers,  sans  etre  desseche,  soit  par  In  vetuste ,  soit 
par  les  mauvais  traitements  qu'il  aura  pu  eprou- 
ver ;  secondement ,  que  les  rejetons  que  Ton  y 
inserera  lorsqu'on  Taura  coupe  soient  fermes  , 
louds,  et  bien  fournis  de  l)outons  multiplies  les 
uns  aupres  des  autres ;  quoiqu'il  suffira  d'y  en 
laisser  trois,  quand  on  les  emploiera  eii  greffcs. 
11  faudra  donc  les  ratisser  sur  une  longueur  de 
deux  doigts ,  en  conservant  leur  ecoree  sur  nn  de 
leurs  cotes.  II  y  a  des  personnes  qui  n'en  laissent 
pas  mettre  la  moelle  a  jour,  raais  qui  se  conten- 
teut  de  les  rntisser  legerement,  de  facon  que  la 
partie  ratissee  soit  terminee  insensiblement  en 
pointe ,  et  que  celle  qui  reste  garnie  de  son  ecorce 
puisse  etre  adaptee  a  Tecorce  de  sa  mere  fu- 
ture.  Le  dernier  bonton  doit  etre  enfonce  dans 
le  eep  de  maniere  a  y  etre  incorpore:  ce  bouton 
seia  tournc en  dehors  du cep,  et assujetti avec  une 
ligaturede  saule,  et  on  etendra  dessus,  pour  le 
recouvrir,  nu  lut  dans  lequel  il  eutrera  de  la 
paille;  puis  on  le  protegera,  a  Taide  de  quelque 
corps  etranger  dont  on  le  couvrira ,  contre  le 
vent  et  contre  le  soleil,  de  peur  qu'il  ne  soit 
agitepar  Tun  ou  brule  par  rautre.  Si  la  chaleur 
cummence  a  se  faire  sentir  de  bonne  heure,  il 
faudra  verser  vers  lesoir  et  a differentes  reprises, 
;i  Taide  d'un  pineeau,  un  peu  d'eau  sur  la  ligature 
nieme  de  la  greffe.  Cette  f»'rigation  y  entretieudra 
la  vie,  raalgre  Taction  bruiante  de  la  terape- 


rature.  Lorsque  le  bouton  sera  parti ,  et  que 
le  louet  aura  pris  qnelqueaccroissement,  on  Pat- 
tachera  a  un  roseau  pour  raider  -d  se  tenir,  de 
peur  que  quelque  mouvement  ne  vienne  a  l'e- 
branler  tant  qu'il  sera  dans  un  age  fragile ;  au  lieu 
que  ,  lorsqu'il  aura  acquis  une  certaine  consis- 
tance ,  on  coupera  tous  ses  liens ,  de  peur  que 
son  adolescence  ne  soit  genee  par  la  durete 
d'un  noeud  trop  serre  pour  un  germe  aussi  ten- 
dre.  II  y  a  des  personnes  qui ,  aprcs  avoir  de- 
chausse  un  cep  a  un  demi-pied  de  prol'ondeur,  et 
y  avoir  insere  des  rejctons ,  recouvrcnt  ceux-ci 
d'unamasde  terre,  afin  queeette  terre  fournisse 
de  son  cote  des  aliments  aux  sarments  nouvelle- 
ment  entes  sur  le  cep  nourricicr  ,  independam- 
ment  de  ceux  qu'ils  tireront  de  lui.  D'autres  as- 
surent  qu'il  est  mieux  de  greffer  un  cep  vers  la 
superficie  de  la  terre,  parce  que  quand  les  gref- 
fes  sont  trop  enfoncees  en  terre,  elles  prennent 
difiicilement.  On  plantera  des  vignes  dans  les 
pays  froids  jusqu'aux  ides  de  ce  mois-ci,  ou 
jusqu'a  requinoxe,  soit  dansun  terrain  faconne 
aupastinitm,  soit  dans  une  tranchee  ou  dansdes 
fosses,  conformement  a  la  methode  que  nous 
avons  donnee. 

11.11  faut  net  toyer  a  present  les  pres  et  les  garder 
dans  lcs  pays  froids.  Ou  y  defrichera  aussi  les  co- 
teaux  grasainsiquelescampagnes  marecageuses, 
et  on  leur  donnera  le  premier  labour.  II  faudra 
encore  repasser  les  guerets  qui  auront  ete  mis  en 
dtat  au  moisdejanvier. 

Ill.Onsemeralepaniset  le  milletdansles  con- 
trees  chaudes  et  seches.  Ces  plantes  demandent 
une  terre  legere  et  ameublie  ,  et  viennent  non- 
seulement  dans  le  sablon ,  raais  dans  le  sable 
meme ,  pourvu  que  le  climat  soit  humide  et  le 
sol  arrose  :  elles  redoutent  cependaut  un  terrain 


LIUr.R  QUAP.TUS. 

I.  Marlloniciiselocisriigidispulatiovineanimcelebi-aliir, 
ile  (|iia  at)iiiiile  Feljriiario  niensc  locuti  siiiiiiis,  us(|ue  quo 
iiicipil  geiiinia  csse  suspecla.  iSuncopoitetvineas  inseieie, 
ciiiii  viles  iioii  aquato  sed  .spisso  liumore  lacrymabiinU 
Servabiiiuis  eryo  ut  triincus,  (iiii  inseritur,  soliilus  sit,  et 
alimento  liiimoiis  exiibeiet,  ncipic  ulla  vctustale  aiit  in- 
jiiria  laceraliis  aie.^^cat.  Tiinc  clecis.Tc  vili  siirciili  qiii  inse- 
rencli  siiiit,  siiil  .solicli,  rnliiiicli,  iseniinis  s|iissisct  pliiribus 
ociil;ili.  Tres  lainen  ciciili  in  iiiMliciiu-  siiHicienl.  Racleii- 
iliiin  est  ci;;os,irmc'nliiin  ad  inciisin.iin  di^itoiuin  clnonim, 
iit  ali  iiiia  parle  sit  coilCN.  Aliipii  nnn  patiiinlur  niulare 
iiieclnllam,  scd  lcvilc  r  raclnnt,  ut  incisura  sensim  possil  in 
nc  iimen  e\ire,  et  ciirlicala  pais  corlici  nova;  iiiauis  a|ite- 
tur.  Inlimus  ociiliis  itainligenitus  csl,  nt  trunco  jiincliis 
adlia>reat ,  qiii  oculus  exterioieni  partem  debel  aspicere, 
viiiciilo  salicis  infuso  et  paleato  liito  desuper,  alligari :  te- 
fiumento  qnoque  aliquo  a  vcntis  et  a  solo  defcndi ,  ne  hi 
quatiant,  liicadurat.  Ubi  calor  lemporis  ccppeiit,  ligaturae 
ipsi  penicillo  circa  vespcram  lemiis  debet  freqiienter  liu- 
inor  affundi,  iit  lioc  alimenlo  contia  vini  ca'li  torreiilis 


animetur.  Cuin  ergo  gcrnien  ernperit,  et  aliquod  ceperit 
inciementiim  ,  calami  .nliiiloiia  dcbct  annecti,ne  inotus 
aliquis  fragilem  pioccdeiilissarmcnli  qiiasset  aelaleni.  Ubi 
solidiiis  quantuincnnqiie  processerit,  vincula  oporlet  ab- 
scindi,  ne  adolescentia  niollissimi  germinis  nodo  diiraj 
constrictionis  angaliir.  Aliqui  infra  terrain  semipedis  spa- 
tio  elfossae  vili  surculosinserunt,  et  benelicio  congestionis 
accuniulant,  ut  lioc  qiioque  novis  sarmentis  praeter  nutri- 
cis  alimenta  subveniat.  Nonnulli  ciica  lerras  melius  asse- 
rnnt  inseieadum,  quia  inalllori  difficiliiis  comprehendunt, 
Usqiie  ad  idus  vel  iequinoctium  vites  locis  frigidis  pan- 
genda;  sunt  seu  pastino  seu  sulco  seu  sciobibus  more  quo 
dictum  est. 

II.  Nunc  locis  frigidis  prala  piirganda  atque  servanda 
sunt.  Locis  gelidis  colles  pingiies  et  agros  iiliginosos  pio- 
scindere  atque  exarare  conveniet.  "Vervacta  etiam ,  qua; 
Januario  mense  sunt  facta  repetere. 

III.  Calidis  etsiccis  regionibiis  panicuni  scremus  et  mi- 
liuin.  Levem  et  solutam  terram  desiderant :  nec  iii  sabii- 
lonesolum,  sed  in  arena  qiioque  proveniiint ,  diimmodo 
cado  luiuiido  et  solo  seianlur  irriguo  :  qiiia  siccuni  et 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  IV. 


sec  et  arsileux.  On  aura  soin  de  ies  delivrer 
assidument  des  inauvaises  lieii)es  :  cinq  sexla- 
7-ii  sutTisent  pour  la  seraence  A\mjiajcrum. 

IV.  II  faut  semer  a  prescnt  les  deux  espcces  de 
pois  chiches  dans  uii  terrain  C[ui  soit  tres-gras, 
et  sous  un  cliniat  humide,  apres  lcs  avoir  fait 
tremper  la  veilledansreau,  afin  qu"ils  leventplus 
tot.  Trois  w;o(/// sont  la  niesurc  d'im  jitgpruuK 
Les  Grecsdisent  quc  les  pois  viendront  plus  gros, 
lorsqu'on  les  aura  arroses  d'eau  chaude  la 
veille  du  jour  ou  on  lcs  scmcra.  Ils  ajoutent 
qu'ils  aiment  les  terrains  voisins  de  la  mer,  et 
qu'ils  viennent  de  meilleure  heure  quaud  ils  sont 
semesen  automue. 

V.  On  scmera  aussi  le  chanvrccc  mois,jusqu'a 
requinoxe  du  printemps ,  de  la  raauierequenous 
a\ons  detaillee  eii  fevrier. 

VI.  On  seme  a  present  la  cicerole,  qui  ne  differe 
dc  la  i;esse  que  par  sa  couleur  obscure  et  noire, 
dans  un  tcrrain  gras  qui  aura  recu  le  premier  ou 
le  sccond  labour.  Un  jugcrum  ea  aura  assez  de 
quatre  modii;  raais  on  peut  se  conteuler  d'y  eu 
semer  trois,  ou  merae  deux. 

VII .  On  eomraence  a  prcsent  a  ecraser  les  raottes 
de  terre  dans  les  vignoblcs  ;  ce  qu'il  faut  faire 
taut  aux  calendes  de  ce  mois  qu'a  celles  de 
tous  lcs  autres  mois  qui  le  suivront,  jusqu'a  celui 
d'octobre  ,  nou-seulement  pour  extirper  les  mau- 
A  aises  herbes ,  mais  encore  pour  erapecher  que 
la  terre,  etant  trop  eudurcie,  iTetrangle  leplant 
qui  est  encore  tendre.  On  extirpera  jusqu'aux 
racines  du  gramen,  qui  causent  un  grand  doni- 
mage  aux  vignes.  II  faut  becher  a  present  les 
vignobles  dans  les  paj  s  froids,  et  y  echalasser  les 
ceps  et  les  lier ,  en  observaut  d'eniployer  pour 
lesjeunes  vii;nesdes  liensqui  soient  flexibles,  par- 
ce  que,  s'ils  claient  durs,  ils  les  couperaicnt  in- 
dubitableraent,d'autantqu'ellessonttres-tendres. 


On  appuiera  les  grands  ceps  sur  un  pieu  fort,  et 
les  petits  sur  un  plus  mince.  Ce  pieu  sera  pose  en 
face  de  ratiuilon ,  et  du  cote  du  ciel  d'ou  vient 
lc  fi'oid,  attendu  rincommodite  quc  son  ombre 
oecasionnerait  au  cep,  s'il  etait  pose  autrement. 
II  scra  d'aillcurs  cloigne  du  cep,  a  ladistance  de 
([uatre  doigts  ou d'un  demi  pied,  afin  qii'on  puisse 
bccher  librcment  autour  du  ccp.  II  y  a  des  per- 
sonnes  qui  tronqucnt  a  prcsent  les  vicux  ceps  a 
une  certaine  elevalion  de  terre ,  dans  la  vue  de 
les  renouveler.  Mais  cette  mcthode  est  vicieuse; 
car  il  arrive  presque  toujours  qu'une  plaie  de 
cette  uature  pourrit  au  soleil  et  a  la  pluie  ,  parce 
qu'elle  est  trop  considerable.  Cest  pourquoi  il 
vaudra  mieux  les  renouveler  de  cette  facon-ci  : 
Ou  comraenccra  par  lesdechausscr  profoiidemcnt, 
jusqu'a  ceque  leurs  racines  soienta  dccouvert; 
ensuitc  on  les  coupera  en  terre  au-dessus  de  ces 
raciues ,  afin  qu"etant  recouverts  de  terre  par  la 
suite,  ils  n'aieut  rien  a  craindre  du  froid  ni  du 
soieil :  encore  n'tn  viendra-t-on  a  cette  extre- 
mite  que  lorsqu'il  s'agira  de  ceps  d'une  excel- 
lente  espece,  et  dont  les  racines  seront  tres  pro- 
fondes ;  autrement  il  vaudra  raieux  les  grefl'er 
avec  des  savraents  d"une  bonne  qualite.  Toutce 
que  uous  venons  de  dire  doit  ctre  fait  au  com- 
mencemcnt  du  mois  dans  les  pays  ehauds  ,  et 
apres  les  ides  dans  les  pays  froids.  On  bcchera 
le  pied  des  ceps  qui  seront  maladcs ,  ou  dont  le 
fruit  sechera  ,  et  on  les  arrosera  d"urine  gardee. 
On  mcttra  aussi  sous  la  tcrre  qui  les  portc  de  la 
ceudre  de  sarraent  ou  de  chcnc  ,  mclce  de  vinai- 
gre ; ou  bien  ,  apres  lcs  avoir  coupcs pres  de  terre , 
on  les  rechauffera  avec  du  fumier,  et  on  en  lais- 
sera  croitre  les  pousses  qui  paraitront  les  plus 
fortes.  Lorsqu"un  ccp  aura  ete  blesse  par  la  houe 
ou  par  un  instruraent  de  fer  quelconque ,  si  la 
plaie  est  prcs  de  terre ,  euduiscz-la  de  crottin  de 


.irgillosiim  asiuni  reformidant.  Ilerbis  liupi cntdr  assidiie ;   ] 
qiiinque  sextariis  spatium  jugeil  complebilur. 

IV.  Kiinc  cicer  uliumque  seiere  delicmus  loco  Isetissi- 
1110,  caelo  liumido.  Maceiauduni  est  |)iidie,  ut  possit  ci- 
lius  nasci.  Jusjerum  Iriliiis  modiis  coiiseretur.  Ciceigraude 
iiasci  GivTCi  dicuiit,  si  iufundalur  aqua  lcpida  piidie  : 
ainare  etiain  liKa  maritiina  :  teinperius  proveiiire ,  si  se- 
latur  aiilumiio. 

V.  lloccliain  mense  cinnabiim  serimus  usque  in  icqui- 
nocliuiii  venuim,  liac  ratione,  qua  iu  rcbiuaiio  disputa- 
tum  cst. 

VI.  iNuiic  ciceia  scritur,  qua>  distat  a  cicercula  solo  co- 
lore ,  quo  soidet,  et  nisiiorest,  primo  sulco  vel  secundo, 
solo  l;ilo.  .luneiiim  (piatuor  vcl  tribus  vel  ctiam  duobus 
inodiis  iuiplcbimus. 

VII.  Ilcic  niiMisc  novclla  viuca  incipiat  pulverari ;  qiiod 
nunc  ac  deiiitcps  per  ouincs  caleiidas  usque  ad  Octobres 
facieiidum  csl,  noii  soluin  propter  lierbas ,  sed  ne  teneia 
adliuc  &eniina  solidata  tcrra  coiislringat.  Graminum  ra- 
dices,  qua;  plurimum  vilibus  noccnt,  evlirpandx  sunl. 
Nunc  locis  fiigidis  vincaruin  fossio  culebranda  est  :  cl 


pulanda^  alipie  liganda;  sunt  vites  :  sed  novcllani  mollibus 
viuculis  alligcmus;quiae;im  teneram  viuculadiuioia  pr,c- 
cidiint.  1'alus  majoribus  vitibus  .solidus,  niinoiibus  poiia- 
tur  c.vilis.  1'ropler  uinbra,'  molesliaiu  statuatur  ab  X(\m- 
loue  et  plaga  liigida,  spatio  quatuor  digitonini  vel  seini- 
peclis  remolus  a  vitc,  ut  possit  ex  onnii  paite  ciirumfodi. 
Viiieas  vcteres  nuiic  aliqui  a  lerra  altius  tiinuant,  slu- 
deiiles  rcparationi  :  sed  vitiosnni  est;  nam  |ileiuinqiie 
vastior  plaga  sole  pulrescit  el  roribiis.  Qiiare  lioc  genere 
repareUir  :  Piius  ablaqiieabitur  altius,  donei;  ejiis  nodus 
appareat  :  deinde  infra  tcrrani  supra  iiodiiin  recidalur,  ut 
opcrta  de  Irisore  ct  sole  niliil  timeal.  Hoc  faciendnin ,  si 
oplimi  geneiis  vitis  sil  et  alle  posila;  alioq:iin  generosis 
inelius  eiil  inserenda  sai nicntis.  Oninia  supra  dicla  locis 
calidis  piimo  mcnse;  frigidis  vcio  post  idus  ipsius  exe- 
qiunuir.  .Egras  vitcs ,  vel  (piilais  fruclus  aicscit ,  circuni- 
lodi(s ,  ct  urinam  vcleieiii  snffiiiidcs  ,  iteni  cineicni  sar- 
inciiti  aut  qiierncum  aceto  mivtum  subjice,  aut  incisas 
circa  tenani  l.netamine  icfoveto ,  et  (iu.Te  gci niinaiit  fortio- 
ra  dimiltc.  Cum  vilis  bidcnlc  1,-Bditur  autlcrro,  plag.iin, 
%\  tcrrx  juncla  est,  adline  stercore  ovillo  vel  caprino  : 


S80 


PALLADIUS. 


brybisou  de  ehevre,  qiie  vous  yassujettirez  avec 
tles  ligatures  ,  et  que  vous  recouvrirez  de  terre 
prise  a  son  pied.  Si  c'est  la  racine  d'un  cep  qui  a 
ete  blessee  ,  ajoutez  a  cet  enduit  du  furaier  li- 
quide,  lorsque  vous  reeouvrirez  la  plaie. 

VIII.  On  versera  du  tnarc  d'huile  sans  se!  au- 
tourdes  racines  des  oliviers  malades.  II  n'en  luu- 
dra  que  six  rnnrjii,  suivant  Columelle,  pour  les 
plus  grands  arbres,  quatre  pour  les  arbres  de 
moyenne  taiile,et  plusoumoinspourlesautres,  a 
proportionde  leurgrandeur.  D'autresjettent  sur 
leurs  raeines  de  la  paille  defevesjusqu'a  la  con- 
currence  de  dcux  qmli  pour  un  grand  arbre. 
D'autres,  apres  avoir  prealablement  couvert  ie 
trone  de  larbre,  repandent  dessus  la  quantite  de 
vieille  urined'homme  qu'i!sjugent  siilllsante,  en 
faisant  en  meme  temps  a  son  pied  une  excava- 
tion  propre  a  la  contenir,  surtout  dans  les  lieux 
secs.  On  percera  avec  une  tariere  gauloise  un 
olivier  sterile,  apresquoion  prendra  du  cote  du 
midi ,  sur  un  autre  arbre  qui  produise  beaueoup, 
deux  branchesegalement  longues,  que  Ton  en- 
foncera  dans  ce  trou  par  ehacun  de  ses  cotes  ,  dc 
facon  quVlles  s'y  trouvent  resserrces;  et,  aprcs 
avoir  coupe  lcs  portions  de  ces  branches  qui  de- 
borderont  de  Tun  et  de  i'autre  c6te  du  trou ,  on 
aura  soin  de  ies  recouvriravec  un  lut  dans  lequel 
il  entrera  de  la  paille.  Si ,  au  contraire ,  lcs arbres 
sont  de  belle  venue,  mais  qu'ils  ne  rapportent 
point  de  friiits,  on  enfoncera  dans  leurs  racines, 
snit  un  pieu  d'olivier  snuvage  ,  soit  des  pieux  de 
pin  ou  de  cliene.  Cest  aussi  a  present  que  ceux 
qui  sont  dans  lusage  de  sarcler  les  bles  doi- 
vent  le  faire  pour  la  seconde  fois.  On  formera  a 
prcsent,  dans  les  pays  froids,  les  pepinieres  de 
baies  ct  dautres  semences  dont  nous  avons  ()arle 
au  mois  de  fevrier,  et  on  donncra  les  derniers 
soins  aux  plants  de  rosiers  aucommencement  du 
mois. 


IX.  II  est  bon  de  commer.cer  a  prcsent  a  s'oc- 
cuper  de  laculture  des  jardins.  On  seme  rartt- 
chautau  moisde  mars.  Ce  legume  aimeuneterre 
fumee  et  meuble,  (juoiqu'il  lui  soit  plus  aise  de 
venir  dans  une  terre  grasse.  II  sera  a  propos, 
si  on  veut  le  mettre  a  Tabri  des  taupes ,  de  le 
semer  dansune  terrequisoit  compacte,  afln  que 
ces  animaux  pernicienx  ne  viennent  pas  aisement 
a  bout  de  la  fouiller.  II  faut  semer  les  artichauts 
dans  le  temps  que  la  lunecroit,etsur  uneplan- 
che  preparee  d'avanee  a  eet  effet,  en  laissant  un 
demi-pied  d'intervalle  entre  chaque  graine.  II 
faut  prendre  garde  que  leur  graine  ne  soit  pas  en 
terredans  une  position  renversee,  parcequ'elle  ne 
doimerait  que  des  artichauts  qui  seraient  petits, 
courbtset  durs.  II  nefautpasnon  plus  Tenter- 
rer  profondement,  maison  la  tiendra  entre  trois 
de  ses  doigts,  que  Ton  enfoncera  dans  la  terre 
jusqu'auniveau  de  la  premiere  articulation ;  apres 
quoi  on  la  recouvrira  legerement  de  terre,  et  on 
ne  manquera  pas  de  la  delivrer  assidument  par 
la  suite  des  mauvaises  herbes  ,  jusqu'a  ce  que 
les  tiges  qu'elle  produira  soient  fortifiees,  et  de 
rarroser  s'il  survient  de  la  chaleur.  Si  Ton  brise 
la  pointe  de  la  graine,  il  en  viendra  des  arti- 
chauts  sans  epines ;  de  meme  que  si  on  la  met 
tremper  pendant  troisjours  dans  de  Thuile  de 
laurierou  de  nard,  ou  dans  du  baume  blanc,  ou 
dans  de  reau-rose,  ou  dans  du  mastic,  et  qu^on 
ne  la  mette  en  terre  qu'apres  l'avoir  fait  secher, 
il  en  viendra  des  artichautsqui  auront  le  gout  de 
celui  de  ces  pariums  dont  elle  aura  cte  abreu- 
vee.  II  faut  chnque  annee  enlever  quelques  bran- 
chesa  latigeprineipale,tant  pour  Insoulagerque 
pour  multiplier  leplant.  On  les  arrachera  nean- 
moins  avec  une  portion  de  leurs  racines.  Quant 
aux  arlichauts  que  Ton  reservera  pour  en  tirer 
de  la  graine,  il  faudra,  apres  lesavoir  dcbarras- 
scs  de  tous  leurs  rejetons,  les  couvrir  d'ua  vase 


liinc  lorra  niista  tiicumfossii   lijjare  ciirnto.  Si   in  ladice 
Ia>sa  est,  o|ieriens  lii]iii<liim  loelanien  adiiiisce. 

VIII.  Nunc  oleis  laboianlilnis  circiim  lailices  insulsa 
amurca  fundelur.  Maximis  aiboribns  (quod  Columella 
dicit )  sex  coni^ii ,  niediocrijjus  qualuor,  cajteiis  pro 
aeslimalione  sufliciunl.  Alii  paleas  (aba;,  binos  per  majo- 
lem  arboicm  cpialos ;  alii  veleris  nriua;  liumana;  truiico 
qnanlum  salis  videUir  affnndunt,  et  arbori  niortarium 
slalim  laciiint,  ma\inie  loc.is  siccis,  Irnnco  ante  cooperto. 
Oleam  slerilcni  leiebia  Gallica  perfoiabis.  Tiinc  diios 
frugifer.x  arboiis  ab  auslrali  parte  ramos  ejusdem  magni- 
tudinis  tollis  ,  el  stricle  in  foiainen  ulrin((ue  conjicies  vel 
lapjdein,  vel  pini  vel  querci  palos,  el  aliscisso  eo  quod 
superabil,  tulo  palealo  cuiabis  occuleie.  [Sed]  si  sine 
fruge  liixuiianl,  oleastii  palum  vel  lapidem  vcl  pini  vid 
querci  palos  ladicibus  ejus  infige.  Nunc  etiam  qiiibns  mo- 
ris  est,  frumenla  ilerum  sarrire  conveniel.  Nunc  locis  fii- 
gidis  seminaria,  qua;  Februario  inense  dicta  sunt,  bac- 
caruin  et  seniinum  fiant,  el  rosaria  in  incnsis  inilio  per- 
colanlur. 


I.\.  Niinc  liorti  optime  sumnnt  cullionis  initia.  McnBe 
Mailio  carduns  seriliir.  Terram  stcicoialam  ct  solutam 
diligit,  quamvis  in  pingiii  possit  meliuspiovenire,  et  hoc 
illi  contia  lalpas  prodest,  si  pangalur  in  solido,  ne  leria 
ab  inimicis  animalibus  facilius  perforetur.  Serendi  sunt 
cardui  luna  cresceute  ,  in  aiea  jam  parala  ,  seinina  spatio 
semipedis  sint  discrela.  Cavenduni  est  ne  semina  inversa 
ponantiir.  Nam  debiles,  incurvos  et  duros  croabunt.  Non 
alle  imprimenda  sunt,  sed  Iribus  digitis  comprebensa  mer- 
ganlur,  donec  ad  primos  arliciilos  terra  perveuiat.  Tunc 
leviter opeijanlur,  et  lierbis liberentur  assiduc,  donec  plaii- 
laria  solidentur,elrigenlur  siKStusinteivenit.  Si  acumina 
seminnni  confringas,  spinis  carebunt  :  Ilem  si  scmina 
eorum  madefeceiis  per  Iriduum  laurinooleo,  vel  nardino, 
vel  opobalsamo,  vel  succo  rosae ,  vel  masticliino,  et  posl- 
ea  siciala  depresseris ,  ejusdeni  saporis  orientur,  cujus 
unguontum  seniina  coinbiberunt.  Singulis  sane  annis  a 
codice  auferondip  sunt  planta; ,  ut  nec  inatres  fatigenlur, 
ct  soboles  per  alia  spatia  digeralur  :  cum  aliqua  tamen 
radicis  paite  vellenda;  sunt.  Quas  reservabis  ad  semiaa 


DE  L'AGRICULTUP.i:,  LIV.  IV. 


581 


(]e  terre  ou  d'une  ccorcc ,  pairc  que  le  soleil  ou  ia 
piuiecn  font  coramunenicnt  mourir  ia  {iraiue.  li 
cst  bon  d'avoir  souvent  dcs  cliats  au  milieu  des 
plants  d'articl)auts ,  pour  lcs  garantirdcs  taupes. 
!i  y  a  des  personnes  qui  ont  a  cct  elTct  dcs  belet- 
tes  apprivoisces.  Qiielques-uncs  rcmplissent  les 
trous  de  taupes  dc  terre  rouge  et  de  jus  de  cou- 
combre  sauvage.  D"autrcs  pratiqucnt  aupres  plu- 
sieurs  excavatious  pour  y  1'aire  peuetrer  le  jour, 
ce  qui  mct  lcs  taupcs  cn  l'uitc.  La  piupart  mettent 
a  rouvcrture  de  icurs  trous  dcs  pieges  suspendus 
avec  des  fils  de  soie.  On  scaie  aussi  tres-bicn  ce 
mois-ci ,  daus  ics  pays  froids,  l'oiguon  de  Cypre, 
l'ail,  la  ciboulc  et  rorigan,  ainsi  que  raneth.  On 
peut  aussi  trc.sbicn  semer  ou  transplanter  a  pre- 
sent  la  moutardc  ct  les  clioux.  On  seme  encore 
la  mauve  et  lc  grand  raifort,  et  ron  trausplante 
Torigan  :  on  peut  semer  la  laitue,  la  poiree,  le 
jioireauet  les  capres,  ainsi  que  la  feve  d'Egypte, 
la  sarriette  et  ic  eresson  alcnois.  li  y  a  des  per- 
sonnes  qui  scmcnt  aussi  a  prtisent  la  chieoree  et 
les  raiforts,  quand  eiles  veulent  cn  avoir  pour 
rctii.  II  faut  scmer  a  prcscnt  les  melons.  Comme 
ii  ne  faut  pasquilssoicuttrop  presscs,  onenmet- 
tra  les  graincs  a  dcux  pieds  de  distance  Tune  de 
l'autrc  dans  dcs  terrains  labourcs  ou  faconues  au 
pastinum,  et  principaleracnt  dans  du  sable.  Ou 
aurasoiu  de  fairc  trerapcrauparavant  ces  graincs 
pendanttroisjoursdansduvinmelcdcraicletdans 
du  iait,  pourneies  mcttre  en  terrcque  lorsqu'elles 
scront  sechees.  Cctte  precautiou  coutribuera  a 
Qonuer  aux  melons  unc  savcur  agrcable.  Mais 
si  l'on  vcut  qu'ils  aient  aussi  de  Todeur,  on  lais- 
sera  la  graine ,  ((uand  eiic  sera  scchee  ,  pendaut 
plusieurs  jours  entre  dcs  feuilles  dc  roses.  Ou 
s6me  encore  a  present  lcs  concombres  dans  des 
sillons  ecartcs  les  uns  des  autres,  auxquels  on 


donne  un  pied  et  deini  de  profoudeur  et  trois 
pieds  de  largeur.  On  laissera,  sans  lc  labourer, 
uu  iutcrvalle  de  huit  pieds  cntre  ces  sillons, 
sur  lcquel  lcs  concombrcs  pourront  s'etendre. 
Comme  riierbe  lcur  l'ait  du  bieu,  il  n'cst  pas  ne- 
ccssaire  de  rarrachcr  ni  de  les  sarcler.  Si  Ton  en 
fait  trcmpcr  la  graine  dans  du  lait  de  brcbis  et 
dans  de  riiydronicl ,  ils  scront  doux  et  blancs ;  dc 
mcme  que  si  Tou  niet  a  deux  palmi  dc  distance 
sous  cux  un  large  \ase  rcinpH  d'eau  ,  ils  devieii- 
dront  tcndrcs,  et  s'allongeront  cu  chcrchant  a  ga- 
gncr  cctte  eau.  Ils  n'auront  point  de  graiue, 
loisqu'avant  d'en  seincr  lagraine  on  racnduite 
d'luiile  du  pays  des  Sabins,  ou  frottee  avec  de 
riierbe  connue  sous  le  nom  de  culex,  broyee.  II  v 
a  des  personucs  qui  mettent  daus  uu  roseau ,  apres 
enavoir  pcrcetousiesnosuds  pour  ic  creuser,  une 
llcur  de  concombre  avcc  lc  bout  de  sou  tenon ,  d« 
sortc  que  lc  concombre  qui  vient  dans  ce  roseau 
s'etcnd  jusqu'a  unc  longucur  imracnsc.  Ce  legume 
redoutesi  fort  l'huilc,  que  si  l'on  cn  mcttait  au- 
prcs  de lui ,  il  se  recourberait  en  forme dc  crochct. 
II  sc  rctuurnc  aussi  toutcs  les  fois  qu'il  tonnc,  com- 
nic  par  un  cffct  dc  la  peur.  Si  ron  renferine  sa 
llcur,  sans  la  separer  de  son  tenon,  dans  un 
monle  de  terrc  ciiitc  bicu  altache,  le  coiicom- 
bre  qui  en  naitra  prciulra  la  formcde  riiomme 
oudc  ranimal  que  rcprcscntera  ce  moule.  Tous 
ccs  faits  sont  attcstcs  par  Gargilius  Martialis. 
Columclle  prctend  que  si  Ton  a  dcs  ronccs  ou  des 
fcrulcs  dans  un  lieu  qui  soit  exposc  au  soleil  ct 
fumc,  ctqu'a|)resles  avoircoupees  presde  terre, 
passc  rcquiuoxe  d'automme,  on  Ics  crcusc  avec 
uu  slylet  dc  bois  pour  y  enfoncer  du  furaicr  dans 
la  mocllc,  et  y  mcttrc  ensuite  uiie  graine  de 
eoncnmbre,  le  icgurae  ((ui  cn  naitra  pourra  iTSis- 
ter  nK''rac  aux  plus  grands  froids.  On  semoi^a  les 


colligen(la,lilieiatas  uniiiihiis  piillitjlcsta  su|)eitcgcre (letie- 
liis  aiit  (■(iitice.  Naiii  sulrnt  siMiiiiia  solo  vel  imbribus  iii- 
teiire.  Conlra  lalpas  pr.idrsl  calos  freiiuenler  liabere  iii 
niediis  carduelis.  iMiislelas  lialiciil    plcri(|iie   maiisuetas. 

Alupii  Ibi-amina  eariini  iiiiiii(  a  (I  m ,  ,ii'^li^  i  lu  uineris 

:'i))pleveiuiit.Xoniiulli  |ii\l,i  (  ul.ili.i  i.  ii  n  iiin  ;il  inscaTer- 
liasaperiunt,utilla'leiiil;c  lii.;i.uil  Mili,.iiiiiii  ,;i,  rkTiqiie 
la.pieos  iii  aditii  earuin  setis  piiidcnlibiis  poiiunt.  }loc 
ctiain  iiiense  ulpicum  beiie  et  alliiim  seiemus  ,  et  cepul- 
las,  ctciinilain  locis  Irigidis,  et  anelliimi.  iNunc  ct  siiiapis, 
el  caules  optiiiie  sccuntur  vcl  plaiilanliii- :  et  malva  scriUir 
et  armoracea,et  origiini  plaula  transferlur.  Lacliica  cl 
beta  et  porriis,  et  cappaiis  seri  possiiiil,  et  colocasia  cl 
satuieia  et  nasturtiiiui.  Intyba  cliain  cl  raplianus  nuuc 
aliipii  seninl ,  (piibus  iilaiilur  aestale.  Niinc  meloiies  se- 
reiidi  rai  ius.  Distent  intcr  sc  .scinina  pedibiis  duobus,  locis 
suliactis  vel  pastinalis,  niaximc  areiiis.  Seiniiia  conim 
niulso  ct  lacte  per  tiidiiiiiii  niaceranda  -sunt,  et  tiinc  jam 
siccala  ponenda  :  hini:  suavcs  cllicieulur.  Odorali  aiilem 
liuut,  si  coruiu  scinina  multis  diebus  inlcr  ru.sa;  lolia 
siica  inerganlur.  iSunc  et  cuciimeves  senilnaiitur  raie, 
Eulcisfacli:iaUitudiiiesusipiipcd.di,  laliUidiiiepcdiiiiiliium. 


Iiiter  siilcos  viii  pcduin  spaliuin  criidiim  reliiiipies  ,  iibl 
possint  vag;iri.  Ilerliis  juvauliir,  ideosarculoel  riiiicatione 
non  iiidigeiil.  Scniina  si  ovillo  lacle  et  nuilsa  niacercs, 
diilces  nascentiir  et  candidi.  Longi  et  teiieii  liunt,  si  aqiiam 
in  palciiti  vasculo  sub  cis  poiias,  duobus  palmis  Inferiu- 
rciii ,  ad  qiiain  leslinando  lalcs  elliclcntiir.  Siiie  si  seiniue 
nasccnliir,  si  priiis  eoriiin  semina  oleo  Sahino  perungan- 
tiir,  ct  b'crba  ea  qiiai  culc.\  dicitur,  li  ila  confriccnlur.  Ali- 
ipii  llorcm  cucuuicris  cum  viliciila;  sua'  capitc  canna! 
inserunt ,  cui  priiis  omues  nodos  perforavcrinl :  ibi  cucii- 
niis  nascetiir  iii  nimiani  luiigitudinem  lensus.  Olenm  sic 
metiiit,  ul  si  juxta  posueris,  veliit  liainus  plicetur.  Quo- 
liesluiial,  vcliit  Imiore  perterritiis  converlitiir.  Si  ejus 
llorem  siciil  in  siia  vile  est,  in  furina  liclili  clauseiis  ac 
ligaveris,  «pialein  vultuin  funna  vel  liuminis  vel  anluialis 
liabuerit,  talem  cucimiis  liguram  pr,x'stabil.  II.-bc  omnia 
Gargilius  .Martialis  as.seruil.  Culuniella  dicit,  luco  aprico 
ct  stercoroso  si  rubos  babeamiis  aiil  feriilas ,  posl  aiitumni 
a'quinocliuin  liis  juxla  tcrram  lecisis  el  cxcavatis  lignco 
stilo,  intcr  meduUas  lailameii  iininittainus ,  et  cucunieiis 
seuicu  adilamiis:  liiucnasci  friictus,  quipossiiit  et  interfrj- 
gorainiiiiiri.iii.  Ildc  iiieiisca.sparagossereinusrirca  Apiile.i 


PALLADIUS. 


aspergcs  ce  mois,  vers  les  calendes  d'avril ,  daiis 
un  terrain  gras,  huinide  et  iaboure.  II  faudra  a 
cet  effet  mettre,  dans  de  petites  fosses  alignees 
au  cordeau,  deux  ou  trois  graines  d'asperge  ,  cn 
les  espacant  d'un  demi-pied ;  apros  quoi  on  cou- 
vrira  le  sol  de  famier,  et  on  en  arraciiera  de 
teraps  en  temps  les  herbes  ,  ou  bien  ou  etendra 
dessus  pendant  rhiver  de  la  paille  que  Ton 
otera  au  commencement  du  printemps  ;  moyen- 
nant  quoi  il  en  viendra  des  asperges  au  bout  de 
trois  ans.  Mais  il  sera  plus  court  de  mettre  en 
terre  des  pattes  d'asperges,  qui  rapporteront  im- 
mediatement.  Voici  comme  on  se  procurera  ccs 
pattes.  On  creusera  des  fosscs  sur  un  terrain  gras 
et  furae,  dans  chacune  desquelles  on  mettra, 
aprfes  les  ides  de  fevrier ,  ce  qu'on  pourra  pin- 
cer  de  graine  d'asperge  avec  trois  de  ses  doigts , 
en  la  recouvrant  legerement  de  terre ;  et  toutes 
ces  graines,  venant  a  se  reunir,  formeront  une 
racine  complexe  a  laquelie  on  donne  le  nom  de 
sponr/ia.  Cependant  cette  racine  souffre  elle- 
meme  des  retards,  puisqu'il  faut  rentretenir 
pendant  deux  ans  dans  sa  pepiniere  avec  du 
furaier,  et  en  arracher  souvent  les  mauvaises 
herbes ;  et  qu'on  nc  la  transtere  qu'apres  Tequi- 
noxe  d'automne,  pour  recueillir  dcs  asperges  au 
printemps.  Cest  pourquoi  on  trouvera  mieux 
son  compte  a  acheter  ces  racines  toutes  venues, 
qu'a  les  attendre  longtemps  en  les  elevant  soi- 
iueme.  .\u  reste ,  de  quelque  faeon  qu'on  se  les  soit 
procurees,  on  les  arrangera  sur  le  miiieu  de 
)'ados  des  planehes,  si  le  terrain  est  sec,  et  sur 
la  pointe  de  leur  elevation,  s'il  est  humide.  11 
faut  que  Teau  ne  fasse  que  passer  sur  les  pattes 
d'asperges,  pour  les  arroser  sanss'y  arreter.  On 
n'arrachera  pas  les  asperges  que  ces  pattes  auront 
produitesla  premiere  annee,  mais  on  les  rompra, 
depeur  d'ebranler  les  pattes  elles-memes  qui  sont 
encore  faibles;  au  lieu  qu'il  faudra  les  arracher 


les  annccs  suivantes,  afin  que  les  yeux  qui 
doivent  en  produire  de  nouvelles  soient  decou- 
verts.  En  effet,  si  on  continuait  de  les  rompre, 
ilarriverait  que  des  terrains  ordinaircment  ferti- 
les  se  trouveraient  frappes  desterilite,  par  les 
racines  d'asperges  qu'ou  y  aurait  laissees.  Au 
surplus,  c'est  au  printemps  qu'on  pourra  les  con- 
sommer,  et  on  reservera  pour  rautomne  celles 
dont  on  voudra  cueillir  la  graine.  Quand  cette 
graine  sera  cueillie,  on  mettra  le  feii  au\  fannes; 
apres  quoi  on  couvrira  les  pattes  de  lumier  et 
de  ccndre  vcrs  riiiver.  On  seme  ce  mois-ci  la  rue 
dans  des  lieux  exposes  au  soleil.  Cetfe  plantese 
contente  d'avoir  de  la  cendre  repandue  sur  elle. 
Elle  demandedes  terrains  cleves,  hors  desquels 
Teau  puisse  s'ecouIer  aisement.  Si  Ton  en  met 
les  graines  en  terre  sans  les  tirer  de  leurs  cap- 
sules,  il  faudra  lcs  y  mettre  avec  la  main  les 
unes  apres  lcs  autres ;  au  iieu  que  si  elles  sont  de- 
pouillces  de  leurs  capsules  Iorsqu'on  les  semera, 
il  faudra  lesjeterpar-ci  par-la,  et  lcsrecouvrir  avec 
un  rflteau  que  Ton  fera  passer  dessus.  Les  tiges 
quiviendrontde  lagrainequiaura  etesemee  avec 
sa  capsule  seront  plus  forlesquejes  autres,  mais 
d'un  autre  cote  elles  seront  phis  tardives.  Les 
petitestiges  que  Ton  arrachera  decette  plante  au 
printemps  avcc  une  partie  de  son  ecorce  tien- 
dront  lieu  de  plant;  au  lieu  qu'ellc  perirait  si  on 
la  transferait  eiitiere.  11  y  a  des  personnes  qui 
inserent  ces  petites  tiges  dans  une  feve  percee 
ou  dans  une  bulbe  qucleonque,  avant  de  les 
mettre  en  terre,  afin  qu'elles  s'y  conservent  a 
raide  de  la  \igueur  quc  leur  procureront  ces 
corps  etrangers.  On  profere  aussi  des  injures 
contre  cette  plante,  ct  on  aime  micux  la  mettre 
dans  une  terre  de  brique  dissoute ,  ce  qui  lui  est 
effectivement  avantageux.  Mais  elle  viendra 
encore  mieux  (suivant  ce  qu'on  assure)  quand 
elle  auia  ete  volee.  Elle  aime  a  se  reposer  sous 


fii!.  Pingni  ioco,  liumiilo ,  subacto ,  ila  ut  minoril)US, 
fossulisad  llneain  diioclis  bina  aut  lerna  grana  semipedis 
spatio  discreta  ponantur.  Deliinc  stercore  solum  legatur, 
et  herbae  subinde  vellantur,  vel  per  liiemem  supra  stra- 
mina  jacianlur  primo  vere  lollenda.  Hioc  post  triennium 
nasceutur  asparagi.  Sed  expeditior  ratio  est,  si  asparago- 
lum  spongias  ponas  ,  quas  cito  Iriictum  ministient.  Ha? 
sic  fieut :  Semina  asparagi  quanta  tribus  digitis  comprc- 
hendere  possis,  post  idiis  Febr.  Pingui  et  stercorato  solo  in 
singulis fossis  pones,  et  leviter  obrucs.  His  coeuntibus  radix 
connexa  nascelur,  qiia;  appellalur  spongia.  Sed  et  lioec 
moras  habet.  Nani  per  biennium  in  seminario  suo  est  sfer- 
core  et  assidua  runcatione  nutrienda.  Dcinde  post  a^qui- 
noctium  aulumni  fransferetur,  et  veie  asparagum  dabit. 
Has  erit  utilius  comparare ,  quani  longa  e^pectatione  nu- 
trire.  Eas  tamen  in  sulcis  disponemns.  Si  locasicca  siint, 
inter  inedios  sulcos  ;  si  humida,  in  summitate  sulcorum. 
Hunior  spongias  asparagorum  transitii  suo  dehot  tantum 
ngare,  non  sistere.  Asparaguni ,  quem  priiiio  profulerinl. 


confiingere debemus non  avellere,  ne adliiic invalidam  mo- 
veamiis  spoiigiam  :  CTcleris  anuis  avelleudiis  est ,  iit  oculos 
su»  gcrminationis  aperiat  :  qiiia  si  deiuceps  refringas, 
loca  qiiiP  fcrcunda  esse  consueverunt,  lemanente  aspaiagi 
radice  claudentur.  Ministrabunt  autcni  vcre:  et  autumno 
reservabis  eum,  de  qiio  sumtiirus  cs  semina.  Postea  sco- 
pas  ejus  iuccndes,  tunc  circa  hieniem  spongiisadjicies  ster- 
cus  et  cinereni.  Hoc  mense  rutaseritur  locis  apiicis,  su- 
liiis  cineiis  inspersione  contenta.  Loca  desiderat  alliora, 
unde  liunior  elabilur.  Si  ponas  semina  ejus  adliuc  clausa 
folliculis  ,  singulalim  manu  debehis  afligere.  Si  jani  mi- 
nuta  suiit ,  sparsa  jactahis,  et  rasfro  obducta  cooperies. 
Caulesejiis,  qui  iuclusis  seminibus  nati  iuerint,  loitiores 
eriint,  sed  sero  nascentur.  Ramuli  ejus  ciim  aliqua  cor- 
ticis  parte  conviilsi  verno  tempore  pio  plantis  tenebunt : 
tota  vero  translata  morictur.  Nonniilli  ramulos  ejus  per- 
tusaj  faha;  inserunt  vel  bulbo,  alqiie  ita  obruunl  aiieno 
vigore  servandos.  Prosequuuliir  eliam  malediclis,  ct 
maxiine  in  lerra  soluti  lateris  poniint  ,  quod  prodcssc 


DE  L'AGRICULTUP.E,  LIV.  IV. 


S83 


rorabre  clu  (Iguier.  Elle  ne  .soulTre  pas  qu'oii 
dL'raciiic  riierbe  aupres  d'el!e,  inais  eiie  veut 
((u'on  l'ari aelio.  Elle  craiut  d'ctre  touclice  par  une 
lenime  dans  le  teraps  de  ses  regles.  On  se.iiie  la 
coriaudie  depuis  ce  niols-ci  jusqu'a  la  lin  d'oc- 
tobie.  Cette  plante  se  plait  daiis  uue  terre  grasse, 
quoiqu'elle  vienneegalemeiitdansuuterrain  niai- 
gre.  On  croitque  plus  sa  graine  cst  vieille,  meil- 
leure  elleest.  Elleaiine  leau.  Une  foisseniee,  elle 
viciit  a\ee  toutes  sortes  de  plantes  potageres.  11 
fautsemer  leseourges  ce  niois.  Ces  plautes  ainieut 
un  terrain  gras ,  huniidc,  fimie  et  mcuble.  Elles 
ont  ceci  de  reraarquable ,  que  les  graines  que  ron 
tire  dc  leur  col  donnent  des  courgcs  longues  et 
freles;  au  lieu  que  celles  que  Ton  tire  de  leur 
veutre  en  donnent  de  plus  grosses,  corame  celjes 
que  Ton  tire  de  leur  extremite  iuferieure  en 
donnent  de  larges,  pourvu  qu'on  les  mette  en 
tcrre  la  cirae  reuversee.  Quand  les  courgcs  ont 
commence  a  prendre  une  certaine  consistance, 
on  lcur  donne  des  appuis  pour  les  aider  a  croitre. 
On  laisse  pcudre  a  leurs  teiious  jusqu'en  hivcr 
celles  que  ron  conserve  daus  la  vue  d'eu  avoir 
de  la  graine;  apresquoi  un  les  enleve,  et  on  les 
met  au  soleil  ou  a  la  fumee;  sans  quoi  leur 
graiiie  s;'  pourriraitetpcrirait.  Onseme  cemois-ci 
la  blette  dans  quelquc  terraiii  que  ce  puisse  ctre , 
pourvu  qu'il  soit  cultive.  II  nc  faut  ui  dclivrcr 
des  mauvaiscs  lierbes  ni  sarclcr  celte  plaiile  po- 
tniicrc.  Quaiid  une  1'ois  elle  sera  venue,  elle  se 
reiKUivcllcra  d'elle-meme  pendant  une  suite  de 
siecles,  en  repandant  a  tcrrc  sa  scraence;  de 
facon  qu'il  ne  scra  pasfacile,  quand  meme  on 
le  voudrait,dc  la  dctruire.  Oa  seiue  au^si  a  pre- 
sent  le  scrpolet,  taut  en  plaut  (|u'cn  graine. 
Celle-ci  cst  toujours  meillcure  lors(iu'elle  cst 
vieille.  Cette  plaute  sera  plus  garnic  de  fcuilles 
quand  clle  sera  semee  aupres  d'une  raare  d'cau 


ou  d"unetang,  ou  sur  lc  bord  d'un  puits.  Oii  sfeme 
aussi  tres-bien  a  piTsent  faniset  le  cumin.  Ces 
dcux  plantes  rcussisscnt  mieux  dans  des  terrains 
fcrtilcs ,  quoiqu'clles  viennent  cgalcnient  dau.s 
d'aulrcs,  pourvu  qu'on  lcs  aidc  avec  de  Tcau  el 
du  fumier. 

X.  On  stMTicra  la  grciiade  au  mois  de  mars  ou 
d'avril  dans  lcs  climats  temperes,  et  au  mois  de 
novembre  dans  ecux  qui  scront  chauds  et  secs. 
Le  grenadicr  aimc  uu  terrain  argileux  et  niaigrc, 
quoiqu'il  ne  reussisse  pas  raoins  dans  un  tcrrain 
gras.  Les  pays  chauds  lui  sont  favorables.  On  Ik 
seiiieenbouturesdetaclicesde  laraciued'uiigraud 
arbre.  II  y  a  plusieurs  facous  de  le  semer,  niais 
la  meilieure  consiste  a  coucherobliqiiemcnt  dans 
une  fossc  une  branche  de  cct  arbre  dc  la  longueur 
d'un  cubitus  et  de  la  grosseur  d'un  manche 
d'iustrument,  qui  aura  eteamincie  par  les  deux 
bouts  avec  une  serpette  bien  tranchante ,  et  que 
lon  aura  eu  soin  d'euduire  auparavant  de  fiente 
de  porc,tant  par  en  haut  queparenbas.  On  peut 
encore  l'eufoncer  profond(;ment  a  raicle  d'un 
maillct  daiis  un  tcrrain  non  labourt-.  Quand  la 
branche  qu'on  mettra  cn  terre  aura  iXe.  prise  sur 
Tarbre  dans  le  teinps  qu'il  etait  d('ja  garni  de 
boutuns,elle  prcndra  beaucoup  mieux.  Si  on  a 
soin  ,  en  la  mcttant  dans  la  fosse  ,  de  charger  sa 
racine  de  trois  petites  pierres  ,  on  pourvoira  par 
la  a  ce  que  son  fiuit  ne  se  fcnde  pas.  II  faut 
prendre  garde  dc  ne  pas  la  mettre  cn  terre  la  tete 
rcnvcrsee.  On  croitque  les  fruits  de  cet  arbre  de- 
viennent  aigres  quand  on  larrosc  trop  assidu- 
mcnt,  d'autant  que  la  scchercsse  les  rend  doux 
et  les  fait  multiplier  en  abondance.  Pour  empe- 
ciier  neanmoinsqii'iln'en  vieniie  uiic  Iropgrande 
quantit(i,il  faudra  opposer  un  peu  d'eau  a  lcur 
abondance  excessivc.  II  faut  bikdier  le  pied  de 
cet  arbre  tant  cn  automue  qu'au  priutemps.  S'il 


ccrtissimum  est.  Sfd  (ut  iissorunt)  nidius  furtiva  pro- 
veniet.  .Sul)  lici  aiboils  uiiilMa  lilieiiliiis  afiiuicsril.  Non 
cfToili  licibas,  st>il  oplat  avelli.  Inimuuila'  miiliciis  foiini- 
(lat  altaclum.  kh  hoc  monsi;  iisnui'  iii  Octobivm  lolimi 
coriandrum  scritur.  Amat  lcriam  pinguem,  .scil  <!x  m.icro 
.solo  nascilur.  Scmen  mclius  pulatur,  ipiod  velustius  fue- 
rit :  deleclalnr  liumorc  satniii  bciie  cuni  olcre  ipiocumqnc 
iiascetiir.  IIoc  inense  ciicurbita  scniula  esl.  ..\mat  solum 
piii.i;uc,  tinmiilnm,  slercoratum,  solutnm.  Hoc  in  cuciir- 
liilis  iiisigne  cst,(|uud  lon^as  pariiint  ct  exitcs  .scmina, 
(pjic  in  eariim  cervice  nascuntur  :  qii.c  in  venlre  fucrant, 
cuinrbitas  faciunl  crassioies  ;  qua!  in  fuudo ,  latas ,  sl  in- 
vcisis  cacuiniuilms  obruantur.  Ubi  adolcsc.cre  ctepeiint , 
ailminiculis  adjuventnr.  Qiia'  servantur  ad  semina  ,  usqne 
ail  liieinem  in  sua  \ite  dependcant ,  dcinde  siiblala'.  iii  solo 
|iouantur,  aut  lumo  :  aliter  scmina  putrcfacta  dcpcrcunt. 
lloc  mcnsc  blitus  seritur  solo  quaiicumipic,  sed  cullo. 
Oliis  bocneque  runcandum  est  iieque  sarcnlandiiin.  Cnm 
scmel  uatum  fiierit,  ipsnm  se  per  mullas(!cnla  scmiiiis  siii  dc- 
jectione  repaiabit,  «t,  etiam  si  vclis,  vi\  possit  abolcri. 
Nuiicctiam  seipjlUmi  seiitnr  plantis  ct  seiiiiue ,  sed  ve- 


tustate  nicliori.  Laetius  frondcbit,  si  juxta  piscinam  vel  la- 
ciim  vel  putei  marglnes  conseratnr.  .\nisum  qiioque  et 
eyniiniim  iiiinc  bcne  seritnr.  Locis  hctioilbus  melius  pro- 
vciiil,  ilcnique  cictcris ,  .si  linmoie  jiivetur  et  slercorc. 

.\.  Locis  lemperatis  nicnse  Jlarlio  vcl  Apiiti  mala  Pu- 
iiica  sercmus;  c.didis  vero  et  siccis,  Xoveuibri  :  aiiial  liicc 
arlior  soiniii  cretosum ,  macilentum,  scd  in  pingni  etlani 
pioveiiit.  licgio  illl  cst  apta,  qna.»  caliiiaest.  Serilnr  plantis 
de  iiiatrnni  ladice  dcvul.sis.  Scd  qiiainvis  multis  gcneribus 
.seraliir,  mclius  tamen  raiiius  ejus  cubitalis  incisns  maiiii- 
biii  crassiludine  ,  et  capite  ulroque  arnla  falcc  Icvigalus, 
scrohi  velut  obliquus  immeigilur  :  prius  tameii  porcino 
stercore  et  in  capite  el  iii  parte,  qiia;  iina  cst,  oblinalur, 
vcl  in  ciudo  solo  nialleo  cogatiir  ad  inferioradeliyi.  Alelius 
provcnicl ,  si  ponendus  raimis  geramante  jam  malre  su- 
inatiir.  Scd  qui  in  scrobe  dcponit.si  trcs  lapillos  in  ipsa 
railicc  constituat,  providcbil,  ne  poma  liiidantur.  Curan- 
dnm  ne  viii>ulta  inversa  deponas  Cicdunlur  acida  lieii, 
si  rigcntur  assidue  ;  naiii  siiiitas  in  bis  et  snavitatem 
piKstat  ct  copiaiii.  Cnjus  tanien  nimietati  aliquid  diln  i 
Uumods  oppoui.  Ciicumfodi  autuinno  debct  et  vcriio.  Si 


584 


PALLADiUS. 


rtonne  naturellement  des  fniits  aigi-es,  on  lepan- 
dra  siir  sa  cime  un  peu  de  laser  broye  dans  du 
viQ ;  ou  bien  ron  enfoncera  un  clou  de  bois  gom- 
meux  de  pin  dans  scs  racines,  apr^s  les  avoir  de- 
chaussees.  D'autres  entcrrent  de  Talgue  marine 
aupresde  scs  racines,  et  rjuelques-uns  y  ajoutent 
de  la  fiente  d^ane  et  de  porc.  S'il  ne  garde  pas 
bien  sa  fleur,  on  melera  de  vieille  urine  avec  de 
l'eau  pnr  parties  egales ,  pour  en  vcrser  trois  fois 
par  an  sur  ses  racines.  II  suffira  d'en  verser 
une  amphora  sur  chaque  arbre.  On  pourra  eii- 
eore  employer  du  marc  d'huile  sans  sei,  ou  mettre 
de  Talgue  aupres  desesracines,  et  Tarroser  deux 
fois  par  mois;  ou  bieu  il  faudra  entourer  d'un 
petit  cercle  de  plomb  le  tronc  de  l'arbre  quand  il 
sera  en  fleur,  ou  renvelopper  d'une  peau  de 
serpent.  Si  ses  fruits  se  fendent,  on  mettraune 
pierre  au  milieu  de  sa  racine ,  ou  on  semera  de  la 
scille  dans  son  voisinage.  Lorsque  ses  fruits  au- 
ront  ete  tordus  sur  Tarbre  raeme  dans  le  temps 
qu'ils  y  etaient  attaehes  par  la  queue ,  ils  se  con- 
serveront  toute  Tannee  sans  se  gclter.  S'ils  sont 
attaques  par  lcs  vers ,  on  frotte  les  raciues  de 
rarbrc  avec  du  ficl  de  boeuf ,  et  ces  vers  meiirent 
aussitot.  II  est  rare  aussi  qu'il  en  reviennequand 
on  les  a  ratisses  avec  un  clou  de  cuivre.  De  Tu- 
rine  d'ane  melee  avec  de  lafiente  de  porc  lesem- 
peche  egaleraent  de  s'y  raettre.  De  la  cendre  re- 
pandue  frequemment  autour  d'un  tronc  de  gre- 
nadier,  avec  de  Teau  de  lessive,  rend  cet  arbre 
beau  et  fertile.  Martialis  assure  que  les  grains  de 
sun  fruit  seront  blancs,  pour  peu  que  Ton  mette 
surses  racines,  pcndant  trois  ans  de  suite,  un 
raelange  compose  d'un  quart  de  gypse  contre 
trois  quarts  d'argile  et  de  craie.  II  ditaussi  qu'il 
donnera  des  grenades  enormement  grosses,  si  Ton 
enterre,danssonvoisinage,une  marmitede  terre 
dans  laquelle  on  aura  enferrae  une  de  ses  bran- 


cbes  avec  sa  fleur.  En  effet,  lorsqu'on  aura  at 
tache  cette  branche  a  un  pieu  pour  rempecher 
de  se  rapproeher  de  Tarbre  ,  et  que  l'on  aura 
eouvert  la  marraite  pour  la  preserver  de  l'eau 
qui  pourraity  entrer,  les  fruitsque  ron  y  trou- 
vera  en  automne  seront  de  la  graudeur  de  la 
marmite  meme.Il  pretend  encorequ'un  grenadier 
donnera beaucoup  de  fruits,  lorsqu'on  aura  en- 
duit  son  tronc  de  jus  de  tithymale  et  de  pour- 
piermeles  cnsemble  par  parties  cgales,  avant 
que  les  boutons  paraisscnt.  II  assure  qu'on  peut 
legreffer  en  joignant  des  branches  de  deux  ar- 
bres  voisins  les  unes  avec  les  autres,  de  facon 
que  les  branches  tant  d'un  arbre  quc  de  !'autre 
etant  fendues,  elles  se  reunissent  du  c6te  dela 
raoelle.  On  ne  peut  le  greffer  que  sur  lui-meme  a 
la  fin  du  raois  de  mars ,  vers  les  calendes  d'avril. 
Mais  aussitot  qu'on  aura  coupe  son  tronc  pour 
cette  operation ,  il  fandra  y  inscrei'  un  rejetoa 
tres-recent,  de  peur  que  si  on  tardait  a  le  faire, 
le  peu  d'humidite  que  ce  rejeton  contiendrait 
ne  s'evaporat.  On  conserve  les  grenades  en  les 
mettant  par  rangees  suspendues  par  la  queue , 
que  Fon  aura  prealablement  enduite  de  poix.  Au- 
tre  raaniere  :  Quand  on  les  a  cueillies  saines,  on 
les  plonge  dans  de  Teau  de  raer  ou  dans  d«  la 
saumure  bouillante,  afin  qu'elles  s'cn  imbibent. 
Trois  joursapres  on  les  fait  secher  au  soleil,  sans 
les  laisser  en  plein  air  pendant  la  nuit ,  apres  quoi 
on  les  suspend  dans  un  lieu  frais;  et  lorsqu'on 
veut  en  faire  usage  par  la  suite,  ou  les  fait  trem- 
per  la  veille  dans  de  l'eau  douce.  On  pretend 
qu'elles  ne  le  cedent  pas  alors  en  bonte  aux  gre- 
nades  fraiches.  II  eu  est  de  raeme  lorsqu'elIes  ont 
ete  ensevelies  dansde  la  paille,  separees  les  unes 
des  autres ,  de  facon  a  ue  pouvoir  se  toucher. 
On  fait  encore  un  long  fosse  ;  et  apres  avoir  pre- 
pare  une  ecorce  de  la  grandeur  de  ce  fosse ,  on 


aclda  nascantur,  modicum  lasnris  cum  vino  Irilnm  iicr 
simimd  arboiis  cacumina  opoilct  infundi,  vel  ablaqueatis 
railicibus  tedae  clavus  infigl.  Aliialgam  marinam  obruunt 
ad  radices,  cui  nonnulli  stercus  miscent  asininum  atque 
poicinum.  Si  llorem  nou  continet,  urinam  veterem  cum 
pari  mensura  aqnse  temperabis ,  et  ter  per  annum  (iu) 
radicibiis  inlundes.  lini  aibori  ampliora  ingesta  sufficiet. 
Vd  amurcam  mittes  insiiUara ,  vel  algam  radicibusjunges, 
cl  bis  rigabis  in  mcnse ;  vel  arboris  florentis  triincum 
plumbeo  circiilo  debebis  incliidere ,  vel  cnrio  anguis  invol- 
vere.  Si  crepaiil  pnma,  lapidem  in  media  arboris  radice 
supponis,  vel  squillam  circa  aiborem  seris.  lit  si,  diim 
pendent  poma,  tenacibus,  sicut  in  aibore  habeutur,  intor- 
seiis,  in  totnm  annum  sine  corniptioue  servabis.  Si  ver- 
mibiis  laborant ,  langis  radices  felle  bnbiilo ,  et  continno 
nioriiinliir  :  aut  clavo  aeneo  si  vermes  cosdem  purgcs, 
ilillicile  nascentur  :  vel  asini  urina  stercori  admista  porcino 
vermibns  obviabit.  Ciiiiscuin  lixivio  circa  Puniri  Iriincum 
rrequeuler  infiisiis,  la>ta  et  fructuosa  reddit  arbusla. 
Asserit  Martialis  candida  in  bis  graua  fieri,  si  argilla;  et 
eret*  qiiai  lam  parlem  gypsi  misceas,  et  tofo  triennio  lioc 


geniis  terrifi  radicibus  ejiis  adjungas.  Idem  dicit  miise 
magnitudinis  poma  fieri ,  si  olla  fictilis  obruatur  circa 
arborem  Punici,  et  in  ea  ramiis  ciim  llore  claudatur,  ne 
resiliat  ligatiis  ad  palum  :  tnnc  cooperta  olla  contra  aquBe 
miiniatur  inciirsiis.  Autumno  patefacta  suie  magnitudinis 
poma  redbibebil.  Miilta  in  Punico  ipse  asscrit  poma  pro- 
cedere,  si  titbyiii;ili  et  pnrliilacce  succiis  ■lequaliter  inistus 
anfeqiiaingeniiiiiet,  tnimoarboris  adlinatur.  Inscri  posse 
aflirmat  de  ramoruin  connexione,  iit  medulla  utrinque 
divisa  se  jnngat.  In  se  tantum  iuseri  potest  circa  Aprile» 
calend.  mense  Martio  ultinio.  Sed  secto  triinco  surculus 
rocenfissimus  statim  debet  inseri ,  ne  mora  exiguum,  qni 
inest,  siccet  biimorein.  Piinica  mala  servanlur,  si  picalis 
pediculis  ordinata  siispendas.  Aliter  :  Lecla  integra  in 
aqiia  marina  vel  iniiria  ferv«nte  mergantur,  ut  combibant. 
Post  tridiiiim  sole  siccentur,  iit  snb  dio  nocfe  non  maneant : 
post  iii  loro  IVigido  siispeiidautur.  Cum  volueris  uti,  aqua 
dulri  pridie  macerabis.  Feriintiir  ba^c  poinis  recentibus 
a;ninl.3ri  :  ifein ,  si  a  factu  invicem  separala  paleis  obriian- 
tur.  Item  fossa  litlonga,  et  cortex  ejusdem  magnilndinis 
paratnr,  cui  mala  acntis  surculis  suis  affigunlur.  Tune 


fiche  les  grenades  sur  cetfe  ecorce  par  la  pointe 
du  rejeton  auquel  elles  sont  attnchees;  aprte 
quoi  on  renverse  recorccsur  le  fosse,  afinqu'elle 
garantisse  de  rhumidite  lcs  grenades,  qui  setrou- 
vent  des  lors  suspendues  sous  la  terre  sans  la 
touchcr.  On  les  conserve  encore  cn  lcs  couvrant 
d'argile,  ct  cn  les  suspendant  dans  un  lieu  frais 
quand  cctte  argile  est  sechee;  ou  en  les  enfon- 
cant  dans  un  petit  vaisseau  de  terre  rempli  de  sa- 
blejusqu'a  raoitie,  qu'on  laissera  en  pleiu  air, 
aprcs  avoir  fiche  la  queue  de  chaque  grenade 
dans  uu  roseau  ou  dans  dcs  bagueltcs  de  sureau , 
et  les  avoir  ainsi  enfoncees  dans  le  sable,  separees 
les  unes  des  autres ,  de  facon  qu'elles  soient  cle- 
vces  de  quatre  doigts  au-dessus  du  sablc.  On 
peut  aussi  niettre  ce  vaisseau  dans  une  fosse  de 
deux  pieds  de  profondeur  faite  alamaison.  Pour 
lcs  garder  daus  fun  et  fautre  cas,  il  seramieu.x 
de  les  cueillir  avee  une  longue  brauche.  Autre 
nianiere  de  les  conserver  :  Oa  les  suspend  dans 
un  petit  vaisseau  de  terre  rempli  d'cau  jusqu'a 
moitie,  de  facon  qu'ellcs  nc  touchcnt  pas  feau  ; 
et  Ton  ferme  ee  vaisseau  ,  de  peur  que  Tair  ne  s'y 
iutroduise.  On  les  arrange  encore  dans  uue  fu- 
taillepleine  d'orge  ,  defacon  qu'ellcs  ne  se  tou- 
cheut  pas ,  et  Ton  couvre  la  futaillc.  Maniere  de 
faire  du  vin  de  grenade  :  on  met  des  grains  miirs 
nettoyes  avec  soin  daus  un  cabas  de  palmier, 
pour  les  pressurer  daus  un  pressoir  a  vis ;  aprcs 
quoi  on  fait  cuire  a  peti t  feu  le  jus qu'ils ont  rcndu, 
jusqu'a  ccqu'il  soitreduit  a  moitie;  et  quand  il 
est  refroidi ,  on  le  renferme  dans  de  petits  vais- 
seaux  euduits  de  poix  eu  dedaus  et  de  gypse  par 
dehors.  II  y  a  des  personnes  qui,  au  lieu  de  le 
faire  cuire,  mettent  une  livre  de  miel  sur  un 
scxtariiis  de  jus ,  avant  de  le  renfermerdaus  lcs 
vaisseaux  que  nous  venons  de  dire,  pour  le  gar- 
der.  On  seme  le  citronnicr  au  mois  de  mars,  de 
quatre  facous;  savoir,  en  pepins,  eu  branches, 


DE  L'.\GR1CULTURE,  LIV.  IV.  585 

eu  boutures  ct  cn  billes.  Cet  arbre  airae  ii  se 
trouver  dans  une  terre  peu  corapacte ,  sous  un 
climat  humide,  ct  a  ne  jamais  manquer  d'eau^  Si 
on  veut  le  scraer  en  pepins,  voiei  comme  il  fau- 
dra  s'y  prendre  :  On  bechera  la  terre  a  deux 
pieds  de  profondeur,  et  apres  y  avoir  mele  de 
la  cendre  on  formera  de  petitcs  ptanches  scparees 
pardes  rigoles,  atravers  lesquellcs  Tcau  s'ecou- 
lera  dc  part  et  d'autre.  Ensuite  on  creuscra  avce 
les  mains  sur  ces  planehes  une  fosse  (Yimprdmus, 
dans  laquelle  on  mettra  trois  pcpins  joints  en- 
semblc ,  la  pointe  renversee ;  puis  ou  Ics  recou- 
vrirade  terrc,  et  on  lesarrosera  tous  lcs  jours.  lls 
seroiit  moins  lents  a  veuir  si  on  les  arrose  avec 
de  leau  tiede,  qui  leur  fera  beaueoup  de  bien. 
Dcs  (iu'ils  seront  une  fois  leves,  on  ne  cessera 
pas  d'arraeher  rherbe  autour  d'eux.  On  peut  Ics 
transplanter  quaud  ils  auront  trois  ans.  Si  on 
veut  mettre  en  tcrre  une  branche  de  citronnier, 
il  ne  faudra  pas  fy  eufoneer  i  plus  d'un  pied  et 
demide  profondeur,  de  peurqu'clle  n'y  pourrisse. 
Mais  il  est  plus  a  propos  d'en  plantcr  une  bille 
de  la  grosseur  d'un  manche  d'instrumeut  et  de  la 
longueur  d'un  cubitus,  que  fon  amincira  par  les 
deux  bouts,  et  dont  on  otera  les  nceuds  et  les 
piquants ,  cn  laissant  neannioins  sur  le  dos  de  la 
bille  lcs  boutons  qui  promcttent  un  germefutur. 
Lcs  personnes  qui  portcnt  rattention  plus  loifi 
enduisent  de  fiente  de  ba>uf  le  dos  de  la  bille 
dans  tout  son  contour,  ou  en  couvrent  lesdeux 
bouts  d"algue  marine  ou  d'argile  petrie  ,  avant 
de  la  dcposer  daus  un  terrain  faconnc  au  pasti- 
7uan.  La  bouture  peut  ^tre  moius  grosse  et  plus 
courte  que  la  bille,  maisonrenterre  de  la  meme 
manicre  ;  avec  cette  difl'crencc  qu'elle  doit  sortir 
de  terre  a  la  hauteur  de  dcux  patmes,  au  lieu 
que  Ton  enterre  labille  cntiere.  II  n"cst  pas  ne- 
cessaire  de  laisser  degrands  intervalles  entre  les 
citronniers.  II  ne  faut  pas  lcs  associer  avec  d'au- 


inversiis  cortcx  supra  fossam  ponitur,  ul  iiiHla  sine  ten-.ie 
tactu  suliterpeiuIeiUia  nlj  liuinme  defendat.  Item  .si  in- 
(luantur  argilla,  et  ea  siccata  loco  frigido  pendeant.  Item 
si  seriola  sub  dio  obniatur,  qiia;  habeat  areuas  iisquc  ad 
niedlum,  et  mala  cum  teiiacibus  lecta  imprimanlur  caiinis 
.singulis ,  vcl  sainhuci  viigulis ,  el  ita  .separata  in  aienis 
(igantur,  ul  ipsa  quatuor  digilis  emiueaut  ab  arena.  Hoc  ct 
sub  leclo  in  sciobe  bipedauea  lieri  jiolest ,  el  iitilius  esl  ad 
seivandum ,  si  ciini  lanio  longiOre  tollantur.  .\liter  :  In 
seiiola  cui  ad  mediura  aqua  miltatur,  siispendunlur  mala, 
ue  liumoreni  langanl,  et  seiia  claiiditur,  ne  ventus  irriim- 
pat.  Item  in  dolio  iutra  ordeum  sic  ordinantur,  iie  se 
invicem  tangaut  :  ct  dolium  desuper  operitur,  Vinum  de 
nialis  granatis  conlicies  hoc  modo  :  Graiia  nialura  purgala 
diligenter  iii  palmea  lisccUa  niittis,  ct  in  coclilea  exprimis, 
et  lenle  coques  usque  ad  medietatem  :  ciim  lefrixerit,  pi- 
caliset  gypsalisvasculisclaudes.  Aliqui  succum  non  exco- 
quunt,  sedsingulissextariislibiasmellissingulasmiscenl, 
vl  iii  pr!fdictis  vasculis  ponunt  ct  cuslodiunl.  .Mense  Mar- 
tio  cilri  arbor  qiiatuor  modis  scrilur,  scmine ,  ramo ,  talca, 


clava.  .\ii,at  terram  rarioris  natiira!,  celum  calidum  liii- 
moremque  continuum.  .Si  granis  velis  serere,  ita  facies  : 
Terram  in  diios  pedes  fodies,  ciiierem  miscebis,  brevcs 
ai'c;is  facies,  ut  iiliinque  per  canales  aqua  discmrat.  In 
bis  aieis  palmarem  .scrobem  manibiis  a|)eries,  et  tria 
grana  deoisiim  verso  acumine  jiincta  conslitues ,  et  obriita 
qiiotidie  rigabis.  Citius  procedeiil ,  si  henelicio  aquae  le- 
pentis  iilaiis.  Natis  germiiiibiis  semper  pioxima  lierba 
runcelur.  Potest  binc  tiiuia  planta  transfeiii.  Si  raniuin 
velis  ponere,  non  ampliiis  sesqnipede  debebis  imnicrgcrc, 
ne  pntrescat.  Clava  scri  cominodius  polest,  qu<T  sit  ina- 
nubrii  crassitiidine,  longitndine  ciibilali,  ex  uliaque  parle 
lcvigala,  nodis  et  aciileis  rccisis,  sed  integra  snmmitale 
gemniariim,  per  qiias  spes  fuliiri  germinis  intnmescal. 
Uiiigentiores  et  limo  biibiilo  adlinunt  ulrinipic,  qiiod 
siinimnm  e.st,  vel  marina  alga  vesliiinl,  vel  argilla subacta 
parlisutriusque  extrema  cooperiuiit,  alque  ila  inpastinato 
solo  deponiinl.  Talca  cl  gracilior  et  brevior  es.se  polest; 
qiiae  siiniliter  ul  clava  meigetiir.  Sed  talea  palmis  diiobus 
siiporsit :  tlava  omnis  obriiitur.  Iii  spjlio  uoii  dcsidcrat 


TALLADIUS. 


tres  avbres.  Ils  se  plaisent  dans  les  lieiix  chaucls, 
poiipvu  ciu'ils  soient  arroses,  et  principalement 
quand  ilssont  voisins  de  la  mer  et  que  l'eau  n'y 
manque  pas.  Si  Ton  veut  eependant  forcer  cet 
arbre  a  venir  dans  une  contree  froide ,  il  faudra 
leplacerdans  un  lieu  raunl  de  mnraillesou  expose 
au  midi ;  eneore  le  couvrira-t-on  pendant  riiiver 
de  grosse  paille,  de  facon  qu'il  soit  entierement 
eache;  et,  desque  l'ete  sera  venu,  on  le  dc'eou- 
vrira  sans  risque,  pour  le  reniettre  a  Tair.  On 
cn  plante  les  boutures  ou  les  billes,  dans  les  cli- 
mats  tres-chauds ,  en  automne.  J'en  ai  plante  dans 
desclimatsti'es-froidsauxmoisdejuilletet  d'aout; 
et  en  les  animant  par  des  arrosements  repetes 
tous  les  jours,je  suis  parvenu  a  les  voir  croltre 
tres-bien,  et  rap|)orter  dii  fruit.  On  eroit  que  le  ci- 
tronnier  vientmieux  c[uand  on  seme  des  courges 
aupres  de  lui ,  et  que  la  eendre  de  leurs  fannes 
est  bonne  pour  eet  arbre.  II  ai.me  a  etre  becbe 
assidument,  et  cette  culture  lui  fait  donner  de 
plus  gros  fruits.  On  ne  le  taille  que  tres-rarement, 
et  on  n'en  retranche  alors  que  les  branehes  des- 
seehees.  Onlegreffe  au  moisd'avriI  dans  les  pays 
chauds,  et  au  mois  de  mai  dans  les  pays  froids. 
Onnele  greffepas  sous  recorce,  mais  on  en  fend 
le  trone  dans  le  voisinage  de  ses  racines.  On  le 
greffe  sur  le  poirier,  suivant  la  pratique  de  quel- 
ques  personnes,  et  sur  le  miirier;  mais  il  ne  faut 
pas  manquer  d'en  couvrir  les  greffes  d'un  panier 
ou  d'un  petit  vaisseau  de  terre  cuite.  Martialis 
assure  que  cet  arbre  n'est  jamais  sans  fruit  chez 
les  Ass>riens;  et  j'ai  remarquela  meme  chose 
dans  des  terres  que  je  possede  au  territoire  de 
Naples  et  en  Sardaigne ,  oii  le  sol  et  le  climat  sont 
chauds ,  et  oii  Teau  abonde.  En  effet ,  les  fruits  de 
cet  arbiese  suceedent  toujours  les  unsauxautres 
comme  par  degres;  de  sorte  que  les  fruits  miirs 
sont  remplaces  par  des  frults  verts ,   et  que  le 

intervalla  majora.  Aliis  arboribus  noii  debet  annecti.  Cali- 
dis  locis,  seJ  inignis  et  niaritimis  maxinie  gaiidet,  qnl- 
bus  bnnior  exundat.  Sed  si  quis  boc  genns,  ut  in  reglone 
(iiglda  nutrlatur,  extoiquet,  loco  vel  paiietibus  munito 
vel  in  meiidianam  partem  verso  disponat  hanc  arboiem. 
Sed  liibernis  inensibus  tectam ,  stramine  velet  agiesli  : 
ubi  ajstas  refiilscrit ,  aeii  arbor  nuda  et  secura  reddatnr. 
Talea  sive  clava  ejns  calidissiinis  rcgionibus  et  per  autum- 
num  poultiir  :  liiglilissiniis  lulio  et  Aiigusto  posiias  et  quo- 
tidianis  rigationibns  aiiiinatas  ipse  usque  ad  poina  et 
magna  inciemenla"  pcnluxi.  Citreum  juvaii  credilur,  sl 
ciicurbitrc  vicinis  locis  siTanlur  :  quarum  viles  cliani 
coinhusUiMililrnM-ilii  arlioiibusciiiciiMH  |ua:'l)cnl.  Gaudent 
assidua  lossiiMic.  liiiic  |iiuviMiiniil  punid  iiKijina.  Klsiqua! 
arida  siiiit ,  lai i^^iine  dclicniiis  ahscindcic.  Iiiseiitur  mense 
Apiili  liicis  calidis,  Maio  frigiilis,  non  suh  cortice,  sed 
fisso  tiuncocirca  ipsasradices.  Inseritiirelpiio,  ul  quidam 
voliint ,  et  moro ,  sed  iiisiti  siircuti  qualo  desuper  omniiio 
iniinicndi  siint,  vcl  liclili  vasculo.  Asseiit Maitialis apiid  As- 
s.Viio.s  iioniis liaiic  arboiem  noncarere  :  quod  ego  in  .Sardinia 
et  in  leiritorio  INeapolitano  in  fundis  meis  comperi  (quibus 


temps  de  ceux-ei  etant  passe,  11  leur  en  succfede 
d'autres  qui  sont  en  fleur,  la  nature  ayant ,  pour 
ainsi  dire,  avanta.ne  cet  arbre  d'une  succession 
continue  de  fc^condite.  Oii  pr(!'tend  que  la  pulpe 
deces  fiuits,  d'aigre  qu"elle  est,  devient  clouce 
lorsque  Ton  a  fait  tiemper  pendant  trois  jours 
dans  de  Vhydroraei ,  ou  eneore  mieux  dans  du 
lait  debrebls,  les  pepins  qiie  ron  devait  mettre 
en  terre.  II  y  a  des  personnes  qul  percent  au 
raois  de  fevrier  le  tronc  de  eet  arbre  avec  une 
tariere  de  bas  en  haut ,  de  facion  que  ce  ti-ou  solt 
obllque  ,  et  n'ail  pas  d'orifice  superieur;  et  elles 
assurent  qu'en  laissant  eouler  la  scive  par  ce  trou 
jusqu'a  ce  que  les  fruits  soient  formes,  et  en  le 
bouehant  ensuite  avec  un  lut,  la  pulpe  de  ces 
fruits  devient  douce.  On  peut  eonserver  les  cl- 
trons  sur  Tarbre  meme  qul  les  porte,  presque 
pendant  toute  ranncje.  II  sera  cependant  mieux 
deles  renfermerdansde  petltsvasesqueleonques. 
Si  on  veut  les  cueillir  pour  les  conserver,  11  fau- 
dra  le  faire  de  nuit,  et  quand  la  lune  sera  caehee, 
sans  les  separerdes  petites  branches  d'ou  ilspeu- 
dront,  auxquelles  on  laissera  leurs  feuilles ;  apres 
quoi  011  les  arrangera  chacun  a  part.  Les  uns  les 
renferment  chacun  dans  un  vase  particuller ,  ou 
les  couvrent  de  gypse ,  et  les  gardent  apres  les 
avoir  arranges  ainsl  dans  un  lieu  ombragii.  La 
phipart  les  conservent  en  les  ensevelissaiit  dans 
de  la  sciure  de  cedre,  ou  dans  de  la  lltiere  me- 
nue,  ou  dans  de  la  paille.  Les  nc^fliers  so  plal- 
seut  partlcnlierement  dans  les  pays  ehauds, 
pourvu  qu'lls  soient  arroses;  quoiqu'ils  vlennent 
egalement  daus  les  pays  froids ,  surtout  s'iIssout 
plaiites  dans  un  sable  gras,  dans  uneterre  pleine 
de  gravieret  meleede  sable,  ou  dans  de  rargUe 
melcie  de  cailloux.  II  faut  les  planter  en  boutu- 
res  au  mois  de  mars  ou  de  novembre,  dans  un 
terrain  qui  soit  furae  et  laboure,  et  de  facon  que 

soliim  et  coelum  lepldum  esl,  et  bumor  exundans)  per 
giadus  quosdam  slbi  semper  poma  siiccedeie,  ciiin  inaUi- 
ris  se  acerba  substituant ,  acerborum  vero  aetatcm  lloren- 
tla  consequanlur,  orbem  quenjam  continuac  fipcunditalis 
sibl  minisliante  natma.  Feiuntur  acrcs  medullas  miitare 
dulcibiis ,  si  per  triduum  aqua  inulsa  scmina  ponenda  ma- 
cerentur,  vel  ovillo  lacle,  quod  pra'Stat.  Aliqui  mense 
l^ebiuario  trunciim  ubliquo  foramine  ab  imo  terebiant,  ita 
nt  altera  parte  non  cxcat  :  ex  boc  liumorem  lliiere  pcr- 
niillunl,  (lonec  ponia  formenturi  :  tunc  foramen  lulo  rc- 
plciil  :  sic,  quod  est  inedium,  fieii  dulce  conlirmaiit. 
Citrenni  el  in  arbore  potest  per  lotiim  annum  propeinodum 
cuslodiri  :  melius  si  vasculis  qiiilui.sciinqnc  clainlaliir.  Si 
velis  legere  atque  servare,  noclc  liina  l.ilcnlc  ilclichis  cuni 
rainis  foliatis  carpere,  et  serreta  iii.s|ioncre.  Alii  singida 
vasis  siiiLiiilis  ciaiiiliint ,  vel  gvpso  adliuiiut ,  et  opaco  loco 
ordinala  ciistoiliinil  iMcrique  in  cedii  scobe  vel  in  strami- 
nibus  niiniilis  \  d  in  paleis  tecla  servant.  Mespili  locis  cali- 
dis  iiiaxime  gaudent,  sed  irrigins;  tamen  frigidis  quoque 
proveniunt :  magis  sabulone  pingui,  alque  glarcosa  terra, 
cui  arena  permista  cst  vel  argiUa  ciim  saxls.  Serenda  csl 


DE  L'AGR1CULTURK,  LIV.  IV. 


les  deux  extremitcs  de  la  bouture  soient  recou- 
vertes  de  furaier.  Les  accroissements  de  cet  ar- 
bre  sont  tres-tardils.  11  airae  a  etre  taille  et  beche 
autourde  son  pied,  ainsi  qu"a  etre  ranime  sou- 
vent  avec  un  peu  deau  pendant  les  seclieresses. 
Oa  en  seme  aussi  les  osselets,  mais  alors  il  faut 
en attendre  longtemps  la  venue.  Les  versattaquent 
cet  arbre  :  il  faut  Ten  debarrasser  avec  un  stylet 
de  cuivre,  et  les  asperger  de  lie  d  huile  ,  ou  de 
vieille  urined'horame,  ou  de  chaux  vive,  niais 
cependant  avec  meuageraent,  de  peur  de  porter 
prejudice  a  Tarbre  lui-meme;  ou  enfin  verser  sur 
eux  de  leau  dans  laquelle  on  aura  fait  bouillir 
des  lupins.  Si  ron  craint  que  ccs  reraedes  n'aient 
rendu  Tarbre  sterile,  on  lui  rendra  safertilite  en 
repandant  sur  ses  racincs  du  fumier  et  de  la  cen- 
dre  de  vigne.  Si  lcs  fourmis  le  molestent,  on  les 
fera  perir  avec  de  la  terre  rouge ,  melee  de  vinai- 
gre  el  de  eendre.  Si  ses  fruitstombent,  on  fichera 
au  milieu  deson  tronc  un  raorceaudesa  raeine; 
que  ron  eoupera  a  cet  effct.  On  le  greffe  au  mois 
de  fevricr,  sur  lui-raeme,  sur  le  poirier  et  sur  le 
pommier.  II  faut  cependant  prendre  la  greffe  que 
l'onempruntede  cet  arbre  au  milieu  de  son  tronc, 
parce  qu"elle  ne  vaudrait  rien  si  elle  etait  prise 
sur  ses  extremitos.  II  faut  legrefferen  fentedans 
le  tronc  meme,  parce  que  la  maigreur  de  son 
ecorce ,  qui  n'a  aucune  seve ,  ne  pourrait  pas  four- 
nir  a  la  nourriture  de  la  greffe.  Quand  on  vcut 
garder  des  ueUes,  on  les  cueille  avant  qu'clles 
soient  mures,  quoiqu'elle3  ne  laisseront  pas  de 
se  conscrver  assez  longtemps  sur  Tarbre  mSrae; 
et  on  les  renferme  dans  de  petitcs  cruches  eu- 
duites  de  poix ;  ou  on  lcs  suspend  par  rangees  , 
ou  enfin  on  les  fait  eonfire,  suivant  la  methode 
dequelques  personnes,  dans  de  Toxycrat  ou  dans 
du  vin  cuit,  jus;|u"a  diminution  des  deux  tiers. 
11  faut  les  cueillir  au  milieu  d'un  jour  scrcin  ,  et 
les  enfouir  daus  dc  la  paillc,  en  les  scparant  les 


unes  des  autres,  de  peur  qu'elles  ne  se  gatent  en 
se  touchaut;  ou  bicn  on  les  eucillcra  a  demi  nnl- 
res  avec  leurs  queues,  et,  apres  lcs  avoir  fait 
tremper  pendaut  einq  jours  dans  de  Teau  salce, 
on  continuerade  lcsenarrosersouvenl,  afin  qu'el- 
les  nagent  toujours  dans  ccttc  eau.  On  les  con- 
serve  aussi  dans  du  miel ,  pourvu  qu'oii  les  ait 
cueilliesavant  qu'elles  fusscnt  mures.  Le  figuier 
se  reproduit  de  plant  pourvu  de  racines  qu'oa 
met  en  terre  au  moisde  novemhre,  dans  les  pays 
chauds ;  en  fevrier,  dans  les  pays  temperes ;  eu 
mars,  ou  mieux  encore  en  avril,  dans  les  pays 
froids.  Si  c'cst  une  bouture  ou  une  cinie  de  fi- 
guier  que  ron  veut  mcttre  en  terre,  il  faut  Ty 
mettre  a  la  fiu  d'avrll,  lorsqu'elle  esl  abreuvee 
par  la  nouvelle  seve.  Lorsqu"on  met  du  plant  cn- 
racine  daus  une  fosse,  il  faut  remplir  de  pierres 
ie  fond  de  cette  fosse,  et  meler  du  fumicr  avec  la 
terre  dont  on  recouvrira  ses  racines.  Si  le  pays  est 
froid  ,  on  en  mettra  la  cime  a  Tahri  du  froid ,  en  la 
couvrant  de  moreeaux  de  roseaux  qui  seront  cou- 
pes  a  eet  effet  entre  deux  n«uds.  Si  Ton  veut 
mettre  en  terre  une  cime  de  figuier,  il  faudra 
couper  sur  le  cote  de  Tarbre  expose  au  midi  une 
branche  de  deux  ou  trois  aus,  garnie  de  trois 
cornes,  et  la  couvrir  de  terre  de  facon  que  ccs 
cornes  se  trouvant  partagees  par  la  terre  ([ui 
sera  entassee  cntre  elles,  elles  semblcnt  autant 
de  rejetons  distincts.  Si  c'est  une  bouture  ([ue 
Ton  veut  niettre  en  terre ,  on  s'y  prendra  dc  la 
meme  maniere  que  pour  les  autres  plantes,  si 
ce  n'est  qu'on  en  fendra  lcgcremcnt  Textr^;- 
mite  inferieure,  pour  y  insijrer  une  pierre.  .Vai 
mis  en  Italic  dans  un  terrain  faconn(j  au  pnsli- 
num ,  ii  la  lin  du  mois  de  f(ivrier  ou  de  niars, 
dcs  pieds  de  figuicrs  d('ia  forts,  qui  ont  rap- 
portei  du  Iruit  dans  rannt'e  m(ime,  comme 
pour  payer  leur  bienvenue.  II  faut  choisir  du 
plaut  de  flguier  qui  soit  cbarge  de  bcaueoup  de 


talois  mense  .Martio  vel  Novemliri ,  s(>tl  solo  stercoialo  et 
subacto,  ita  iit  iitrnmque  capul  laleae  slercus  obdiuat. 
Sunt  ejus  incrcmenta  tardissima.  Amat  putari  alque  cir- 
cumfodi,  cl  parco  hnmore  inler  siccitates  .ssepe  refoverl. 
Seritur  et  semine ,  sed  in  longiorem  speratur  aetatem.  Si 
Termibiis  occiipalur,  slilo  Bcreo  piirfjandi  snnt,  et  amnrca 
vel  humana  vcteie  urina  vel  viva  cilce  perfundendi,  sed 
parcius  propter  arboris  noxam ,  vcl  aipia  decocti  liipini. 
Scd  putatiir  liinc  arbor  sterilis  lieri.  Fimus  ct  ciiiis  vitinm 
simul  si  ladicibus  infundantur,  ferlilem  reddunt.  Si  for- 
micoe  molestai  sunt ,  rubrica  cum  aC(;lo  ct  cineie  tempeiata 
«ecabunlur.  Si  poma  labuntnr,  IVuslum  de  ejiis  radice 
praecisnm  in  media  trunci  parte  ligadir.  Inserilur  mense 
Februario  in  se  ct  in  piro  el  in  nialo.  Snrculus  tamen  ejiis 
e\  arbore  media  debet  assnnii  :  nam  de  sumniilalilnis 
viliosns  est.  In  trunco  fisso  iufeienda  est :  nam  corticis 
niacies  jejuna  nll  nulriet.  Mespila  ad  servandiim  leguntiir 
necdum  mitia,  qnac  ct  in  arbore  diu  durabunf,  vcl  in 
nrceolis  picatis,  vel  inordiiicm  snspensa ,  vel ,  ut  qiiidain, 
posca  [vcl  sapa]  coiidifa.  Die  sereua  legantur  ac  nicdia, 


et  palcis  obiuanfur  discrela,  ne  ea  vicissim  tacliis  afficiat. 
Vel  ciim  pcdiciilis  lecta  semimatiira ,  et  salsa  aipia  per  die.-, 
(piiiKpie  maccrata  postea  sap*  infundanlnr,  iit  innatcnt. 
Scrvantur  et  melle ,  sed  si  minus  matuia  collcgcris.  Calidis 
locis  fici  planfa  ladicafa  Novenibii  mensc,  tempeiatis 
Fcbruario ,  frigidis  melius  Marlio  vel  Aprili  ponenda  cst  : 
si  taleam  vcl  cacumen  pon.is,  iillimo  Aprili,  ciim  ei  so 
viridior  succus  infndcrit.  Planf.ie  in  scrobe  deposit.i!  lapi- 
des  snbstilnendi  sunt  ad  r.idiccm;  fiiiio  terra  misccnda 
esl.  Si  loca  frigida  sunt ,  planlartim  cacumina  di\  isis  can- 
nas  intcrnodiis  dcfendantur  a  Irigoie.  Si  c.aciimen  veli.s 
ponere,  frisnlcum  ramiim  bimuui  vcl  trimum  ab  aiislrali 
parte  dccides,  ct  sic  obriies,  ut  divisa  c.iciiinina  teira 
inteijacenle  velut  tres  «uiculos  reddanf.  Talcam  sic  pone- 
miis,  utc;cfera.,  ciii  leviter  ab  infima  parte  divisac  lapidem 
mcigemus  in  lisso.  ligoniensc  Febriiario  nllimo  vel  Martio 
in  Ilalia  plantas  grandes  llcorum  per  pasfinalnin  soluni 
disposiii ,  el  00  aiino  poiiia  jieperere  siipra  comprehcndendi 
felicitalem  veluttrihiita  leildcnlcs.  Lcgenda-  sunl  plauUi', 
in  qiiibiis  fieipicns  uodus  exuberal  :  steriles  cieJunlur, 


PALLADILS. 


uoeiids.  On  regarde  comme  stciile  celui  qui  cst 
lisse,  et  dont  les  yeux  sont  separ6s  les  unsdes 
autrcs  par  de  loDgs  entrc-noeuds.  Si  Ton  com- 
mcnce  par  elever  le  plant  de  figuier  dans  une 
popiniere,  et  qu"on  ne  le  transfere  dans  une  fosse 
(fue  lorsquMl  sera  avance,  il  produira  de  mciileurs 
fruits.  U  y  a  des  personnes  qui  assurent  quMl  est 
fort  utile  d'ins6rer  le  plant  de  fi^uier  dans  une 
i)ulbe  de  scille  coupee  en  deux,  et  de  \'y  garrotter 
avec  des  ligatures.  Cet  arhre  demande  des  fosses 
profondes,desespacemeuts  considerables,  et  une 
nature  de  terre  dure,  maigre  et  seche,  afm  que 
ses  fruits  acquicrent  un  bon  gout.  II  vientaussi 
dans  des  terrains  pierreux  et  raboteux.,  et  meme 
il  n'y  a  presque  poiut  d'endroits  oii  l'on  ne  puisse 
le  plauter.  Comme  les  figues  qui  viennent  daus 
les  pays  montagneux  et  froids  ont  moins  de  lait 
que  d'autres,  elles  ne  peuvent  pas  se  conserver 
Jongtemps  seclies;  aussi  les  consommet-on  quand 
elles  sont  vertes,  temps  oii  elles  sont  plus  grosses 
et  d'un  gotit  plus  fm,  au  lieu  que  celles  qui  vien- 
nentdans  descampagnes  etdans  des  pays  chauds 
sont  plus  grasses,  et  se  conserveut  tres-longtemps 
seches.  Si  fon  voulait  comptertoutes  les  especes 
de  figues,  le  nombre  en  serait  immense.  II  uous 
suffira  donc  de  dire  que  la  culture  est  la  mCmie 
pour  toutes  les  especes,  mais  que  cepeudaut 
quand  on  veut  les  faire  seclier,  ee  sont  les  blan- 
ches  qu'il  faut  choisir  de  preference,  parce  qu'el- 
les  se  conservent  mieux  que  les  aulres.  Plautons 
dans  les  pays  froids  des  figues  precoccs ,  afm 
qu'en  veuant  de  bonne  heure  elles  puissent  pre- 
venir  la  saison  des  pluies;  plantons  au  contraire 
dans  les  pays  chauds  et  bruiants  des  figues  tar- 
dives.  Le  figuier  aime  a  eSre  beehe  assidument. 
II  sera  bon  de  le  fumer  en  automne,  et  surtout 
a\ec  du  fumier  de  voliere.  II  faut  en  retrancher 
les  branches  pourries,  oucelles  qui  seront  mal 


venues,  et  le  tailler  de  telle  facon  qu'etaut  ra- 
vale,  il  puisse  s'etendre  sur  les  c6tes.  La  figue  a 
un  goiit  emousse  daiis  les  terrains  humides.  II 
faut,  pour  obvier  a  cet  inconvenient,  rdpandre 
nn  peu  de  cendre  sur  les  raeines  de  rarbre,apr6s 
les  avoir  rognees.  II  y  a  des  personnes  qui  plaa- 
tent  un  figuier  sauvagc  dans  leurs  figueries ,  pour 
se  dispenscr  de  la  necessite  d'en  suspendre  les 
fruits  a  chaque  figuier,  par  maniere  de  preserva- 
tif.  Cest  au  mois  de  juin  vers  le  solstice  quc  Ton 
fait  la  caprification ,  c'est-a-dire  que  l'on  sus- 
pond  aux  figuiers  des  ligues  sauvages  vertes,  en- 
fdees  en  forme  de  guirlandes.  Si  fon  n'a  pas  de 
figues  sauvau;es,  ou  y  suspendra  une  branche 
d'aurone,  ou  bien  on  enterrera  autour  des  raeines 
du  figuier  de  ces  vessies  qui  se  trouvent  sur  les 
feuilles  des  ormes ,  ou  des  cornes  de  beiier;  ou 
enfin  on  scarifiera  le  tronc  du  figuier  dans  l'en- 
droit  oii  ii  sera  gonfle,  afin  que  !'humeur  puisse 
s'en  ecouler.  Pour  empecher  les  vers  de  se  mettre 
a  un  figuier,  on  mettra  en  terre,  avec  le  plant  de 
cet  arbre,  une  branche  de  ter^binthe  ou  une  bou- 
ture  de  lentisque,  la  cime  renversee.  On  ratissera 
ceux  qui  s'y  seront  etablis  avec  des  crochets  de 
cuivre.  D'autres  versent  sur  ses  raciues,  apres 
lcs  avoir  dechaussees,  du  marc  d'huile.  D'au- 
tres  y  repandent  de  vieille  urioe.  D'autres  enfln 
enduisent  les  retraites  de  ces  animaux  de  bitume 
et  d'huile,  ou  siniplement  de  ehaux  vive.  S'il  est 
moleste  par  les  fourmis,  il  faut  enduire  son  tronc 
d'un  melange  de  terre  rouge,  de  beurre  et  de 
poix  liquide.  D"autres  assurent  que,  pour  le  pre- 
server  des  fourmis,  il  faut  suspendre  iises  bran- 
ches  un  de  ces  poissons  connus  sous  le  nom  de 
coracini.  Lorsqu'un  figuier  laisse  tomber  ses 
fruits,  comme  s'il  etait  attaque  de  quelque  ma- 
ladie,  les  uns  le  frottent  de  terre  rouge  ou  de 
marc  d'huile  sans  sel ,  mele  avec  de  feau ;  les  au- 


qii.T  iiilidsB  sunt,  et  ociilos  siios  per  Inni^.T  internodia  dis- 
Inlerunt.  Si  plaiiUun  lici  priiis  imlrias  in  seminario,  ct 
maluiam  transfeias  iu  scrobein ,  poma  {;eneiosiora  pro- 
«Iiicet.  Aliqui  nniltiim  prodesse  conllrmant,  si  plaiitain 
lici  diviso  sqnillos  bulbo  intersitam  striClamque  vinciilis 
collocomiis.  Scrobes  amat  altas,  iulervalla  inajora,  terrje 
genus  diirum  et  gracile,  et  sicciim  pio  iitili  sapore  poino- 
rum.  1'rovenit  et  pelrosis  atqiie  asperis  :  taiiien  potest 
locis  propeomnibiis  .scri.  Qiiae  in  montanis  et  frigidis  locis 
iiascuulur,  ipila  niiniis  lactis  Iiabcnt,  ad  siccitatein  durare 
non  possunt  :  usus  illisiii  viridiest,  melioris  inagnitudi- 
iiis  et  sapiuis  argiiti.  Qiia3  nascuntur  in  campis  ct  locis  ca- 
lidis,  et  piuguioies  suut  et  in  siccilale  durabiles.  Si  geucra 
niiineiaie  veBnius,  iminensumest  rsuflicit,  quod  omiiibus 
uqua  culturaest.  llla  distaiilia  est,  quod^in  Caricis  ineliiis 
alba  seivatur  :  in  locis  iiiiiiie  Irigidis  piajcoqiias  ficus  scia- 
inus ,  qua;  cilo  veniaiit ,  ut  ante  iiiibi es  genus  lioc  possit  oc- 
curreie;  calidis  vero  et  ajstuosis  eas,  qyno.  seio  inaliiranl. 
Gaudct  assidua  fossione.  Per  aiituinnuin  proderit,  si  ster- 
ciis  admoveas,  praecipue  de  aviariis.  lieciilenda  sunt  in  ca 
quic  aut  putria  aut  luale  nala  repeiei is  :  et  ea  lalioiic  pu- 


landa  est,  nt  inclinata  per  latera  possit  expandi.  In  locis 
buinectis  ficus  saporis  obtusi  est,  cni  ciicuincisis  contra 
boc  radicibus  aliqnantus  cinis  debet  affundi.  Aliqui  inter 
ficarias  caprifici  arborem  serunt,  ut  non  sil  necesse  per 
singulas  arbores  pro  lemedio  eadein  poina  suspendi.  Meuse 
Junio  circa  sol.stitium  caprificaudiie  sunt  arbores  fici,  id 
esl,  siispendendi  grossi  cx  caprilico  lino  vdut  serta  pcr- 
tusi.  Si  iioc  desit,  abrotoni  virga  suspenditur,  aut  callum, 
quod  in  ulmeis  foliis  invenitur,  aut  arietina  corniia  circa 
radices  arboiis  pbruuntur;  vel  tiuncus  arboiis,  quo  loco 
turgct,  scarificandus  esl,  nt  possit  luinior  effluere.  Ne 
veriiies  patiatur,  rainuni  tercbinlbi  vel  lenlisci  taleam 
cum  plautis  fici  cacumine  f)onemiis  inverso.  Uncinis  oereis 
tdllcndi  siint  vermes  ex  fico.  Alii  amiircam  alii  veterem 
uiin.iin  ablaqueatis  radicibus  miscent.  Alii  bilumen  cl 
oleiim  anl  solain  Ciilcem  vivam  latebris  vermium  allinunl. 
Si  formicoe  molestae  siint,  lubilca  bulyro  ct  pice  liquida 
niisla  circa  truncum  debet  Induci.  Alii  coiacinum  piscem 
coutra  formicas  in  arbore  su^peiideiidum  esse  confirmant. 
Si  fructus  siios  velut  spgia  projiciet,  alii  rubiica  aut 
ainurca  insulsa  mista  aqua  aiboiciu  linunl;  vel  canauin 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  IV. 


589 


tres  siisppndcnt  ascsbranchcs,  soit  une  ecrevisse 
a\cc  vine  bianche de  lue ,  solt  de  l'algiie  maiine , 
soit  UMC  botte  de  lupins  :  dauties  enfin  lichent 
un  coiu  dans  sa  racine,  apres  ravoir  percce  avec 
une  tariere,  ou  font  plusieurs  incisions  a  son 
ecorce  avcc  une  hache.  Si  l'on  veut  que  les  fi- 
guiers  donnent  du  tVuit  cn  abondance,  et  que  ce 
fruit  soit  gras  ,  lors([u'lls  commenceront  a  pro- 
Juire  des  feuilles,  on  abattra,  des  que  les  uou- 
veaux  germes  paraitront,  rextrcmite  de  leurs 
cimcs,  ou  simplement  la  cime  du  niilieu.  Si  Ton 
veut  qu'un  figuier  qui  n'cst  pas  tardif  le  devienne, 
on  arrachera  les  lisjues  qui  y  seront  venues  lcs 
premiercs,  quaiid  ellesseront  dc  la  grosscur  d'unc 
ftve.  Pour  faire  miirir  promptement  les  (igues, 
on  les  frottera ,  dans  lc  temps  quelles  seront  ver- 
tes  et  qu'elles  commenccront  un  peu  a  roui^iV, 
avec  du  jus  d'oignon  long,  mele  d'huile  et  de  poi- 
vre.  II  faut  greffer  les  tiguicrs  au  raois  d'avril 
entre  leur  ecorce,  ou  en  fente  si  ce  sont  de  jeunes 
arbres,  en  prenant  neanmoins  la  precaution  de 
couvrir  sur-le-chnmp  la  greffe  ct  de  la  lier,  de 
peur  que  Tair  n'y  penetre.  Lcs  greffes  prendront 
mieux  sur  ces  jeunes  arbres,  lorsque  avant  de  les 
grcfler  on  les  aura  coupes  pies  de  terre.  II  y  a 
des  personnes  qui  les  greffent  aussi  au  mois  de 
juin.  II  faut  choisir  pour  remployer  en  greffeun 
rejeton  d'un  an  :  plus  ou  moins  vieux ,  il  serait 
regarde  comme  inutile.  On  ponrra  enter  les  fl- 
guiers  en  ecusson  au  mois  d'avril  dans  les  ter- 
rains  secs;  mais  il  sera  mieux  de  les  enter  de 
cette  facon  au  niois  de  juin  dans  les  tcrrainshu- 
mides,  et  au  mois  d"octobre  dans  les  pays  chauds. 
On  peut  aussi  propager  le  figuier  avec  ses  hran- 
ehes.  Au  surplus,  on  le  greffe  sur  le  figuier  sau- 
vage ,  sur  le  miirier  et  sur  le  platane ,  taut  en 
employant  des  yeux  qii'en  employant  des  reje- 
tons.  On  peut  conserver  des  figues  vertcs,  soit 
en  les  arrangeant  dans  du  miel  de  facon  qu'elles 


iic  se  touchent  pas ,  soit  eu  les  renferraant  cha- 
cune  separemeut  dans  une  courge  verte  que  Ton 
aura  creusee  a  cet  effet ,  et  que  fon  refermera 
ensuite  avec  le  moreeau  ineme  que  i'on  aura 
coupe  pour  la  ereuser;  apres  quoi  on  suspendra 
cctte  courge  dans  uu  endroit  oii  il  ne  penetre  ni 
fcu  ni  fumee.  I)'autres  cueillent  avec  leurs  queucs 
des  figues  nouvelles  avant  qu'elles  soient  niiires, 
et  les  renferment  dans  un  vase  de  terre  neuf ,  en 
lcs  separant  les  unes  des  autres;  apres  quoi  ils 
suspendent  ce  vase  dans  une  futaille  pleinc  de 
vin ,  et  Vy  laissent  nager.  Martialis  pritend  que 
fon  peut  faire  secher  les  figues  de  plusieurs  fa- 
cons,  pour  les  conserver  ;  raais  comrae  une  seule 
suffit,  on  preferera  celle-ci,  quiest  usitee  par  toute 
la  Carapanie  :  On  les  etendra  donc  sur  des  ciaies 
jusqu'a  raidi ,  et,tandis  qu'e!les  seront  cncore 
niolles ,  ou  les  mettra  dansunpanier;  apres  quoi , 
lorsque  le  four  aura  le  degre  de  chaleur  qu'on 
lui  donne  pour  faire  cuire  le  pain,  on  y  ren- 
fermera  ce  panier  pose  sur  trois  pierres,  aliu  quc 
le  feu  n'y  prenne  pas ,  et  on  le  fermera.  Lorsque 
les  figues  serontcuites,  on  les  renfermera  toufes 
chaudes  dans  uu  vase  de  terre  bien  cnduit  de 
poix,  en  les  cnmprimant  fortement,  et  en  les  en- 
tremelant  de  feuillcs  de  figuier;  puis  on  bou- 
chera  exactenient  le  vase  avec  un  couverclc.  S'il 
pleut  trop  souvcnt  pour  que  les  claies  soient  ex- 
poseos  a  fair,  on  les  etendra  a  la  maison  en  les 
elevant  au-dessus  du  sol  d'un  derai-pied,  afin 
qu'elles  puissent  etre  echauffees  avec  de  la  cen- 
dre  chaude  qu"on  raettra  dessous,  et  qui  fera  le 
raeme  effet  que  le  soleil.  Mais  on  aura  rattention 
de  les  retourner  de  teraps  en  temps,  pour  les 
mcttre  alternativemeut  sur  leurs  deux  cotes ,  dont 
la  separation  est  marquee  par  la  nature,  afia 
que  leur  peau  se  seehe,  et  que,  Iorsqu'on  aura 
ensuile  rapproche  leur  pulpe,  elles  puisscnt  se 
conservcr  dans  dc  petites  boites  ou  dans  des  cais- 


niivialem  ciini  ratno  nila;  siispemlnnt ;  tcI  algani  marinani, 
\c.\  fa.scein  lupinorum  ;  vel  radici  terebratae  ciineum  fignnl, 
vel  secuii  aiboiis  corium  s.tpe  proscindiint.  Cum  folia 
proiluccre  incipiunl  lici,  ut  fructum  mullum  et  pinguem 
leranl,  in  priiuipio  f;erminiscaciiminasumma  deculiinus, 
vel  illud  lanUim  cacnmen,  quod  ex  arboiis  medletate 
proccdil.  Si  niatuiain  licum  vis  serotinam  facere,  inci- 
pientes  grossos  dcciite,  cum  illis  fabae  fiierit  magnitudo. 
Ut  ficus  cilo  nidluret,  succo  cepa;  longioris  cum  oleo  et 
pipere  mixto  unge  poma,  quando  grossi  incipiunt  snbru- 
bere.  Aprili  inensc  ficuin  debemus  inserere  inter  corlicem  : 
vel  si  novellre  arboies  sunt,  fisso  ligno,  quod  staliin  ope- 
rieiidum  est  el  ligandiim,  ne  ventus  introeat.  Melius  com- 
preliendunt,  si  circa  terram  icci.sa  inseranUir  .irbusta. 
Aliqui  it  .lunio  inense  inseinnt.  Surculus  legeiidus  csl  anni- 
culiis  ;  inutilis  eniin  creditur  inajoris  vel  minoris  ictalis. 
Inoculaii  licus  loris  sircis  Aprili,  liuinidis  melius  Junio 
medianle  poteiil,  Octobri  inense  locis  tepidis.  I'ropagari 
licus  ramis  potest.  In.seriCur  auteni  in  caprilico,  in  nioro, 
in  platano,  etoculis  et  stircutis.  l"icus  viridcs  servari  pos- 


sunt  vf!  iii  mellc  oidinal<e,  ne  se  invirem  langant ,  vci 
singut.-c  intra  viridein  cucurbilam  clausa!,  locis  unicuique 
cavalis,  el  item  lcssera,  qua;  secatur,  inclusis,  suspensaea 
cucurbila,  ubi  non  sil  fumus  vel  igiiis.  Afii  raissas  ficiis  rc- 
cenles  niinus  maturas  in  novo  vase  ficlili  leclas  cum  pe- 
diciilis  ct  a  se  separalas  lecludiinl,  et  in  dolio  vini  pleno 
vas  nalarc  permitlunt.  Marlialis  dicit  Caricas  per  gener.i 
niiilta  servari,  cum  ratio uim  sufliciat.  Ergo  lioc genere,  quo 
Campania  tola ciislodit ,  servarc  debemus.  In  cralibus  ficus 
expandilur  usque  ad  meridiem ,  et  adhuc  inotlis  in  qualum 
refundiliir.  Tunccaletacto  fiirno  ad  panis  coquendi  moduin, 
suppositis  tribus  lapidibus ,  ne  ardeat  qualus  includilur, 
el  claiiso  furnoubidi.scocla  ficusfiieiit,  sicut  eslcalida  ,  in- 
terposilisfoliissuisinvasficlilecondilurl)enepicaluin,den- 
siuspressa,etopeiculodiligonlerobducitur.  Sipluviisabun- 
I  danlibns  crales  non  possis  cxpanderc ,  sub  lecto  cas  ita 
i  poiiis,  ul  scmipedft  crigantur  a  terra,  el  eas  ad  viceni 
<  solis,cinis  calidus  subjectiis  vaporet,  et  subindc  ficns  , 
'  sicul  est  divisa,  verlatur,  iil  ficorum  coria  siccentur  et 
pulpx  tunc  duplicata;  in  cistcUis  scrventur  aul  loculis. 


PALLADIUS. 


ses  distribuees  en  eases.  D'autres  etendent  sur 
des  elaies  des  figues  medioerement  mures,  apres 
les  avoir  partag&'s  en  deux  pour  les  ftiire  se- 
eher  pendant  une  journee  entiere,  eu  prenant  le 
soin  de  les  renlrer  la  nuit  a  la  maison.  On  raet 
utileraent  en  terre  daus  ce  temps-ei  des  ciraes  de 
llguiers,  lorsque  ces  arbres  commencent  a  ger- 
mer,  pour  se  proeurer  du  plant  de  figuier,  au  cas 
que  rou  en  manque.  Quand  on  veut  qu'un  seul 
et  mfirae  figuier  donne  des  fruits  de  differentes 
espeees,  on  lie  ensembleen  les  tordant  les  bran- 
clies  de  deiix  figuiers,  Tun  rouge,  Tautre  blanc, 
afin  de  eontraindre  leurs germes  a  se  reunir ;  apres 
quoi  on  les  met  en  terre  arrangees  ainsi :  on  les 
furae  et  on  leur  donne  de  Teau  pour  favoriser 
leur  deveiopperaent ;  et,  des  qu'elles  commencent 
a  pousser,  on  colle  entre  eux ,  avec  quelque  ma- 
tiere  visqueuse,  lcs  yenx  qui  paraissent  les  pre- 
miers.  Ces  germes  ainsi  colles  montrent  par  la 
suite  deux  couleurs  divisees  dans  un  seul  fruit,  et 
reunies  par  la  separalion  quc  la  nature  a  marquce 
sur  ce  fruit.  Ou  peut  aussi  greffer  et  planter  a 
present  les  poiriers  ou  les  pommiers,  ainsi  que  les 
cognassiers.  Ou  greffe  eneore  lc  pruuier.  On  met 
aussi  en  terre  les  cormes  et  les  mures  le  neuvieme 
jour  des  ealendes  d'avril,  et  Ton  greffe  les  pista- 
chiers.  Oa  seme  aussi  la  graiue  de  piu  daus  les 
pays  froids. 

\l.  11  faut  se  pourvoir  d'altelages  dans  le  mois 
oii  nous  sommes  :  soit  que  Ton  tire  les  bceufs  de 
ses  propres  troupeaux  ,  soit  qu'on  les  aehete  au 
dehors,  ce  moment  est  de  tous  le  plus  favorable. 
Les  baufs,  en  effet,  n'ont  pas  encorepris  rembon- 
point  de  la  saison  qui  aide  a  deguiser  leurs  de- 
fauts  et  les  fraudes  du  vendeur;  ils  ne  senteiit 
pas  encore  leur  force,  eten  sont  moins  enclins  a 
resister  au  joag.  Voici  eeiwndant  les  qualites 
qu'il  y  aura  a  rechercber  dans  ces  animaux  ,  soit 


qu'on  les  choisisse  dans  ses  propres  troupeaux , 
soit  qu'on  les  tire  d'ailleurs  :  II  faudru  qu'ils 
soient  jeunes,  qu'ils  aient  les  membres  carres 
et  gros,  le  corps  plein,  les  museles  et  les  nerfs 
saillauts  par  tout  le  corps,  les  oreilles  grandes, 
le  front  large  et  crepu ,  les  babines  et  les 
yeux  noirs,  les  cornes  fortes  etarquees,  sans 
cependant  que  la  courbure  en  soit  exageree; 
les  narines  ouvertes  et  camuses,  le  chignon 
plein  de  museles  et  epais,  le  fanon  large  et 
tombant  jusqu'aux  environs  du  genou,  la  poi- 
trine  ample,  les  epaules  vastes,  le  ventre  assez 
grand ,  les  flaucs  allonges,  les  reins  larges, 
le  dos  droit  et  plat ,  les  jambes  solides,  nerveuses 
etcourtes,  les  ongles  grands,  la  queue  longue 
et  bien  garnie  de  poils,  le  poil  dru  et  court  par 
tout  le  corps,  et  dont  la  couleur  soit  surtout 
rousse  ou  brune.  Au  reste ,  il  vaut  mieux  aeheter 
des  bffiufs  dans  son  voisinage  ,  paree  qu'alors  le 
changement  de  sol  et  declimat  ue  les  incomrao- 
dera  point ;  et  s'il  ne  s'en  trouve  p.is  dans  le  voi- 
sinage,on  en  fera  venir  dc  contrees  dont  les 
earacteres  physiques  soientaualogues.  II  fautsur- 
tout  avoir  soin  qu'ils  soient  bien  apparies  du 
cote  de  la  force  necessaire  pour  tirer,  de  peur  que 
la  vigueur  du  plus  fort  n'enlraine  la  ruine  du  plus 
faible.  Quant  a  leurs  dispnsilions,  voici  ee  qu'il  y 
aura  a  examiner  :  il  faudra  qu'ils  soient  fins  et 
doux,  qu'ils  aieut  peurde  la  \oix  ct  de  lamain, 
ct  soient  de  bon  appetii.  II  n'y  a  point  de  nour- 
riturequi  leursoit  meilleureque  lefourrage  vert, 
quand  la  natuie  du  pays  permettrn  de  leur  en 
donner;  mais  lorsqu'on  eu  iiianquera  ,  on  ne  leur 
en  donnera  qu'autant  que  rabondauce  de  ce  gcnre 
de  pature  le  permettra ,  ou  que  le  surcroit  du 
travail  Texigera.  On  se  pourvoira  aussi  a  present 
de  taureaux,  quand  on  aura  a  cocur  de  faire  inul- 
tiplier  les  troupeaux;  ou  bien  on  iaissera  croitre 


Alii  nialiiras  niediociiterlicuset  divisas  in  ciatibus  expan- 
dunt  lolo  sole  siccandas,  et  reciiiiiint  eas  nocle  sub  tecta. 
Nunc  ficnlnea  cacumlna  obruiinlur  Hlililer,  cnm  lume- 
scunt,  ut  planlas  laciant,  si  carum  copla  nou  abuiidat. 
Ut  cllain  vaiios  frnctns  una  licns  cxliibeat. ,  ramos  duos 
nlgiro  et  alba;  arboium  inter  se  ila  vinculo  stringis  ac 
toiqiies,  ut  germlna  miscere  cogantnr.  Slc  obrnli  et  ster- 
coiatiethnmoiibusjuti,  ubiprodlrecffipeiint, germlnantes 
oculos  aliqna  slbi  annexione  conglntina.  Tunc  gernien 
adunatum  partnrict  duos  colores,  quos  unitate  dividat, 
divislone  conjungat.  Niinc  et  pirns  vel  rtialus  inseri  ac  seri 
.pote.st,  et  cydonla  et  prunus  inserltiir,  et  soiba  pdiiunlnr 
ct  morus,  nono  caleudas  Aprilcs  die ,  el  Inseiuiitur  pista- 
cia,  et  locis  frigldls  pini  semeu  aspcigiliir. 

XI.  llocmenseconipaiandi  sunl  l)Oves,qui,  tamen,sive 
de  iiO!.trls  caplantiir  armenlis,.sive  emanuir,  idcirco  nunc 
comparabunlur  utlliiis,  quia  nccduni  sagiua  teinporis 
pleni  aul  celare  possunt  fallaciam  vendltoris  et  villa  .sua, 
uut  ippugnando  domiturse  contumacem  pleni  roboris  cxer- 
ccre  fiduciam.  Ha'c  tamen  sigua  spectanda  sunt  in  bobus , 
seu  de  uostro  seu  de  alleno  gicgc  fnerint  coniparandl 


ut  sint  boves  novclli,  qnadratis  ct  giandlbns  niembris, 
et  solidi  corporls,  iniisciilis  (actoiis)  iililqiie  surgenti- 
biis,  niagnis  aiirlbus,  hlx  fionlls  el  cii^pa^  labrls  ocu- 
Ilsque  nigrantibus,  cornibus  robiistis  ac  sine  curvaturiB 
pravilate  lunalis,  palulis  uaribus,  et  resimis  ,  cervice  to- 
losa  atque  compacla,  palearibus  laigis  et  circa  gcnua 
lluenlibus,  pectore  grandl,  armis  vaslis ,  venlre  iion  parvo, 
porrcctls  lateribus,  latls  lurabis ,  dorso  rectn  et  plano, 
crnribiis  solldis,  nervosis  et  brevibus,  ungnlis  magnis, 
caudis  longls  ac  setosis,  pilo  totins  corporis  denso  ac 
brevi,  rubel  maxime  colorib  aut  fiisci.  Meliiis  aiitem  bo- 
vcs  de  \icinl.s  linis  coinparabimus,  qui  nulla  soli  ant  aeris 
vaiirlale  fenriilur ;  aiil  si  lioc  dee.st ,  de  locis  sliiiilibiis  ad 
siiiillia  liaiisrcraiiiiis.  Illirl  anteiiulviTsa  ciiraiidiiin  esl,  ut 
viiibus  ad  tialiendiim  comparc'nliir  a>quales,  neTalPntloris 
roburalteriprocurile\lliiim.  Iii  iii(iiibiislia;ecnnslderanda 
siint.  Sintarguli,  mansncli ,  limenlcs  borlaincn  clainoris  ac 
verberis,  cibi  appetentes.  Sedsi  rcgionis  ralio  patlliir,  nul- 
lus  niellorcibuscst,  quam  virldepabulum.  Ubi  verodeest, 
eo  ordlne  ininistretnt,  quo  pabiill  copla  et  laboriim  co,get 
accessio.  Nunc  toiiros  quoque  (qnibus  cordi  est  arnicnta 


DE  LAGRICUI. 

dans  ses  propres  troupeaiix,  di's  leur  jeunesse, 
peiixquiserotitdanslesconditionssuivantes.c^est- 
a-dire,  de  haute  tailie  et  fortement  merabres, 
de  raoyen  ajie  et  plutot  au-dessus  qu"au-dessous, 
Taspect  terrible,  les  cornes  petites,  le  ehisnon 
vnstc  et  plcin  de  muscles ,  et  le  ventre  serre.  C"est 
aussi  prineipaleraent  a  present  ([ue  Ton  se  pour- 
voirade  vaches ;  mais  on  en  choisira  qui  aient 
la  taille  tres-haute,  le  corps  allonp;e,  le  ventre 
d'une  f^rande  capacite,  le  front  liaut ,  les  yeux 
noirs  et  grands,  les  cornes  belles  et  particulierc- 
iiiont  noires,  rorcille  velue ,  le  fanon  tres-long 
ainsi  que  laqueue,  les  onsles  eourts  ,  lesjambes 
noires  et  petites.  Leur  raeilieur5t;e  sera  celui  de 
trois  ans ,  tant  paree  qu'clles  pourront  donner  de 
bonnes  portces  jusqu'a  Tage  de  dix  ans,  que 
parce  qu'il  ne  taut  pas  les  laisser  couvrir  avant 
trois  ans.  Mais  un  homme  altentif  ne  negligera 
pas  de  se  defaire  de  ses  vieilles  vaches,  et  d'en 
acheter  de  tcraps  en  temps  de  nouxelles,  ainsi 
(|iie  de  releguer  celles  qui  seront  steriles  a  la 
cliarrue  et  au  travail.  Les  Grccs  assureut  que, 
puur  leur  fuire  concevoir  des  niales,  il  faut  lier 
lctesticulegauchedu  taureau  dans  racteducoit, 
et  que  pour  leur  faire  concevoir  des  femelles,  il 
faut  lui  lier  le  testicule  droit;  pourvu  cependant 
(jue  le  tnureau  se  soit  abstenu  de  cet  acte  long- 
leinpsd'avance ,  afiu  que ,  lorsqu'il  en  sera  temps, 
il  s'y  livre  avec  d'autant  plus  d'ardeur  que  sa 
jouissance  aura  ite.  plus  diffcree.  Au  reste ,  il  fuut 
avoir,  pource  genre  de  bftail ,  des  terrains  voi- 
sins  de  la  mer  et  exposes  au  soleil ,  ou  on  le  raet- 
tra  pendant  Ihiver;  et  des  terruins  ombrages  ct 
Irais  et  surtout  montagncux,  oii  on  le  mettra 
pcndant  Vvii ;  parce  que  les  lieux  oii  il  trouve  le 
niieux  sa  paturt;  sont  ceux  qui  sont  plantes  en 
arbrisseaux,  et  oii  rherhe  croit  entre  ccsarbris- 
scaux ,  bieu  qu'ils  paissent  aussi  voloutiers  sur  les 


TURE,  LIV.  IV.  S91 

bords  riants  dcs  rivieres.  Plus  les  eaux  sontchau- 
des,  plus  ellessont  favorablesaux  vachesqui  por- 
tent;  c'est  pourquoi  il  est  fort  utile  de  les  tenir 
dans  des  endroits  oii  l'cau  de  pluieforrae  dcs  ma- 
res  chaudes,  quoi(|ue  ce  genrc  de  b(5tail  supporte 
bien  le  froid ,  et  qu'il  puisse  aist-ment  passer  Thi- 
ver  en  plein  air.  II  est  a  propos  de  procurer  aux 
vaches  des  enclos  d'une  grande  t'tcndue,  parce 
qu'autremeDt  eellesqui  seraieiit  plciiies  eourraient 
le  risque  d'etre  blesst-es.  Qiiant  a  leurs  etables , 
il  faudra  qu'elles  soient  pavi'es  en  pierres  ou  cou- 
vcrtesdegravier  ou  de  sablc,  etd'un  plan  lege- 
rement  ineline  ,  afin  que  riuimidite  n'y  s(\jourue 
pas.  On  les  exposera  aussi  au  midi,  aliii  dc  les 
garantir  des  vents  froids,  au  passage  desquels  ou 
opposera  m(ime  quelque  barricre. 

XII.  II  faut  doinpter  a  la  fin  de  ce  mois  des 
boeufs  de  trois  ans;  passe  cinq  ans ,  ils  oiit  acquis 
trop  de  durete,  et  ne  sont  plus  traitnbles.  On 
les  domptcra  donc  aussil(*)t  qu'on  les  aura  pris  , 
pourvu  qu'on  ait  comraenc(3  a  les  apprivoiscr 
d'avanceen  les  maniant  fr(5quemment  dans  leur 
jeunesse.  II  faudra  que  ^(^'table  dans  laquelleon 
mettra  les  nouveaux  hceufs  soit  bien  spacieuse  , 
et  quc  remplacement  qui  la  prt'cedera  ne  soit 
point  resserre,  alin  ([ue,  lors(|n'oii  viciulra  a  les 
en  faire  sortir,  ils  iie  trouvcnt  rien  sur  leurche- 
min  qui  puisse  les  blesser.  Cettc  etahle  scra  tra- 
verstie  par  des  soliveaux  fixes  aux  murs  a  sept 
pieds  d'clevation  de  lerre,  auxquels  on  attachera 
les  boeufs  qui  ne  seront  pas  eneore  doniptcs.  On 
choisira  ensuite  un  jour  oii  il  fasse  heau  temi)s, 
et  qui  soit  lihre  de  tout  enip(''chement ,  pour  con- 
duire  a  cette  ('table  les  baufs  que  Ton  aura  pris. 
S'ils  sont  trop  nicchants,  on  les  apaisera  en  les 
tenant  atlacht^s  pendant  un  jour  et  une  nuit ,  sans 
leur  donner  a  manger.  Ensuite  le  bouvier  s'ap- 
prochant  d'eux ,  non  pas  de  cotti  ni  par  derrierc  , 


conslriiere)  comp.iraljil,  aut  hissignis  a  tenera  a^fate  sub- 
iuiilct;  ut  siiit  ulti  atquc  iui^entibus  niRuibris,  o^tatjs  uic- 
iliii',  ct  magis  ([ua^  jiivcntule  iiiinorcst,  (luain  <\\up.  dccli- 
nat  in  -seniuni  :  forva  facie,  parviscoraibns,  toiosa  vasla- 
ipio  rervice ,  ventre  substricto.  Vaccas  ctiaiii  uiinc  maxiuie 
piuabimiis.  Scd  cli(;cinus  forma  allissima,  corporis  longi, 
ulcri  capacis  eX  magni,  lata  fronle,  ociilis  nigris  cl  gran- 
dibiis,  pulcbris  coniibus  et  piaxipui!  nigris,  auieselosa, 
palearibus  et  caudis  niaximis,  ungiilis  brevibus,  ct  cruri- 
biis  n^ris  ctparvis,  o^tatis  maxiinc  triinai,  (|uia  u.squc 
ad  dcccnuium  firliira  cx  bis  pro(H!det  ulilicr.  Nec  anle 
wlalcm  Irimam  taiiros  bisoporlctadmilti.SiHleiilsludium 
diligenlis  amotis  senioribus,  novclias  siibinde  conduccrc, 
et  steriles  aratio  ac  laboribiis  depiilarc.  C.i.i'ii  asserunt, 
.si  mares  creare  velis,  siiiislriiiii  laiiri  in  coilu  ligandiim 
essc  testiculiim  ;  si  fu-minas,  dcxtriiiii  :  lameii  taiiros  diu 
anlc  abslinendus,  ut,  cnin  tcinpiis  est,  acrius  iiicaiisas 
dilati  fervoris  incuinbanl.  i^ed  liis  armcnlis  liicme  mariti- 
ina  et  aprica  loca,  xstale  opaca  paremiis  ac  frigida,  nion- 
tana  inaximc :  (piia  melius  fiut(!tis,  ct  liis  lierba  intcrna- 
sccnte  saturanfur.  Quamvis  circa  llnvios  recte  propler 


am(T>na  loca  pascantur  :  fcnlura  tamen  aipiis  lcf  idioribus 
adjiivaliir,  undc  (inagis)  utilins  babeiiti.r,  ubi  pliivialis 
aipia  lepciiles  format  lacunas.  Toleiat  tanien  frigiis  lioo 
ariiicnli  genns,  ct  polcsl  facilc  bibcrnare  sub  dio  :  qnibiis 
lanien  .scpta  llcri  propter  injiiiiam  gravidarum  convenit 
iaxiora.  Slabiila  vero  ntilia  snnt  stiata  saxo  aut  glareis 
aut  arenis,  devexa  aliquatcnus,  ut  bumor  possitelabi, 
parti  meridian.i;  obversa  proptcr  llatus  glacialcs ,  qnibiis 
aliqiiis  resisfcrc  debel  objectus. 

XII.  Hoc  mciise  nlljmo  domandi  siint  trimi  bovcs, 
qiiia  postqiiinqucnniiiin  lienc  domari  non  possiml  iclatis 
rcpiignante  durilia.  Capti  crgo  slaliin  douicntiir,  qiii  qui- 
dciu  piins,  ciim  lciieri  suiil,  rrcqiicnti  maiius  allrcctatiime 
iiiansyescant.  Sed  slabiiliiiu  novi  liiivcs  largioi  ibiis  spaliis 
liabeic  dcbcbiinl,  iit  ct  anlcsUibiiliim  loca  niillis  conclu- 
daiiliir  aiigusliis,  cl  producli  uon  aliqua  viticnliir  nlTensn. 
In  ipso  vcro  slabiilo  assercs  transvcrsi  a  terr.i  septcni  pe- 
dibiisalliconliganlur,adqiiosbovcsligi'nliM  iiidomili.Tuiic 
eligis  absolutum  tempcstalibiis  ct  inipedimenlis  oinnibiis 
diein,  qiia  c^ipli  perdncantiir  ad  slabuliim.  Qiioruin  si 
nimiafucrit  asperitas,  uno  die  ac  nocte  inter  vincula  initi- 


;s2 


PALLVDIUS. 


niais  en  face,  les  caressera  tant  par  la  douceur 
de  sa  ■voix  que  par  fappat  de  la  uourriture  qu'il 
leur  preseutera,  et  leur  maniera  les  nariues  et  le 
dos ,  en  y  versant  de  tenips  en  temps  du  vin  pur. 
On  prendra  neanmoins  garde  qu'ils  ne  frappent 
quelqu^un  du  pied  ou  de  la  corne ,  parce  qu'ils 
fonserveraient  cette  habitude  vieieuse ,  s'ils  s"a- 
percevaient  qu'e!le  leur  eut  reussi  dans  les  com- 
mencements.  Lorsqu'ils  serout  adoucis,  on  leur 
frottera  la  gueule  et  le  palais  avec  du  sel ,  puis  on 
leur  jetlcra  dans  la  gueule  des  morcenu.x  de  graisse 
tressalee  du  poids  d'une  livre  ,  et  on  lcur  versera 
a  la  corne  dans  le  gosier  un  sejiarius  de  vin  par 
tete.  Cette  methode,observee  pendant  trois  jours 
de  suite ,  fera  tomber  toute  leur  fureur  et  leur 
meehancete.  II  y  a  des  personnes  qui  les  attellent 
ensemble ,  et  qui  leur  appreunent  a  porter  des  far- 
deauxlegers.  En  elfet,  il  est  tres-utile  ,  lorsqu'on 
les  destine  au  labour,  de  commencer  a  les  exer- 
cer  dans  un  sol  deja  laboure ,  afin  que  ce  nouveau 
genrede  travail  n'ebranle  pas  lcurs  cous,  qui  sont 
encore  delicats.  Mais  le  moyen  le  plus  facile 
pour  dompter  ces  animaux ,  est  d'en  atteler  un 
rebelle  avec  un  apprivoise  et  fort,  qui  montrera 
au  premier  ee  qu"il  aura  a  faire ,  et  qui  viendra 
a  bout  de  le  foreer  ;i  remplir  sa  tSclie.  Si,  apres 
avoir  ete  dorapte ,  un  boeuf  vient  a  se  coueher  au 
milieu  d'un  sillon,  il  iie  faut  point  le  reveiller 
par  le  feu  ou  par  les  coups;  mais  il  vaut  mieux 
lui  attacher  les  pieds  avec  des  liens  pendant 
qu'il  est  a  terre,  de  facon  qu"il  ne  puisse  ni  mar- 
cher,  ni  se  tenir  sur  ses  jambes ,  ni  paitre.  A 
force  de  souffrir  ainsi  de  la  faim  et  de  la  soif,  11  se 
defera  de  cette  vicieuse  habitude. 

XIII.  Cest  dans  ce  mois  qu'il  faut  faire  saillir 
les  cavales  de  choix  par  de  bons  etalons  bien  en- 

genlur  atqiie  jejiinia  :  tunc  appellatlonibus  blandis,  cl 
illecebris  oblatorum  ciborum,  non  a  latere,  neque  a 
teigo,  scil  a  fronte  accedens  bubulcus  admulceat  nares, 
et  lerga  pertractet,  mero  subinde  conspergens :  liac  tanien 
cautione,  ne  aliqueni  calce  contingat  aut  cornu  :  quod 
vitiuni ,  si  in  primordiis  effectui  sibi  cessi.sse  senserit , 
obtinebit.  Tunc  mitigatis  os  et  palatuni  salibus  fiica,  et 
in  gulam  demitle  prsesulsa;  adipis  librales  offas,  et  vini 
.sextarios  singulos  cornu  infundente  per  fauces  :  qua;  res 
intra  Iriduum  totius  sa;vitiM  iram  resolvet.  Aliquieos  inler 
se  jungunt,  ac  docent  onera  tentare  leviora,  et  quod  ulile 
est ,  si  arationi  parantur,  snbacto  prius  solo  exercendi 
sunt,  ut  novus  labor  tenera  adlnic  colla  non  quasset. 
Expeditior  autem  ratio  est  domaudi ,  ut  asperum  bovem 
mansueto  et  valido  bovi  conjungas,  quo  ostendente  facile 
ad  omnia  cogetur  officia.  Si  post  domitnram  decnmbitin 
sulco,  non  afdciatur  igne,  vel  verbere  :  sed  potius,  cum 
decumbit ,  pedes  ejus  ila  ligentur  vinculis ,  ut  non  possit 
progredi  aut  stare  vel  pasci.  Quo  facto  siti  ac  fame  lassa- 
tus  carebit  boc  vitio. 

XUI.  lloc  mense  sagiuati  ac  pasti  anle  admissarii  gene- 
rosis  equabns  admitlendi  suut,  et  repletis  fiiminis  ilerum 
ad  stabula  colligendi.  Neque  tamen  aequalem  numerum 
omnibusdebemus  adhibere,  sed  a>stimatis  viribus  unius- 


graisses  et  bien  repus ,  qu'on  recondnira  a  leurs 
etables  lorsque  les  femelles  seront  pleines.  On 
ne  doit  pas  cependant  faire  saillir  le  meme  nom- 
bre  de  cavales  a  tous  les  etalons,  mais  on  esti- 
mera  les  forees  de  chacun  d'eux,  et  on  leur  en 
ferasaillir  plusou  molnsaproportion,  afin  quils 
durent  longtemps.  Mais  quelque  jeune  que  soit  un 
etalon,  et  quelque  confiance  que  Ton  ait  dans  sa 
vigueur  et  dans  sa  figure,  ou  ne  lui  fera  jamais 
saillir  plus  de  douze  ou  quinze  cavales.  Du  reste, 
on  se  reglera  pour  lesautressuivant  leurs  forces. 
11  y  a  quatre  choses  a  examiner  dans  un  etalon , 
savoir,  laforme,lacouIeur,  les  moyens ,  labeaute. 
Les  conditions  en  ce  qui  touche  la  forme  son  t  celles- 
ci  :taille  elevee,  membres  robusteset  bien  propor- 
tionnes,  flancs  allonges,  croupe  charnue  et  arron- 
die,  poitriue  large  etouverte ,  les  musclespartout 
cn  saillie ,  le  pied  sec ,  ferme ,  chausse  tres-haut , 
et  la  corne  concave.  Les  traits  de  beaute  dans  un 
chevalsont  latetepetiteet  seehe,  la  peau  presque 
adherente  aux  os,  les  oreilles  courtes  et  pointues, 
les  yeux  grands,  lcs  narines  ouvertes,  la  criniere 
et  laqueuebien  fournies,  lesabotrond,  fermeet 
bien  altache.  Un  eheval  de  moyens  a  Tallure 
hardie ,  le  pied  leger,  des  membres  qui  tressail- 
lent,  ce  qui  denote  le  courage.  II  faut  eucore 
qu'il  soit  aussi  aise  de  Texciter  a  la  suite  du  plus 
grand  repos,  que  de  le  retenir  apres  une  course 
precipitee.  La  vitesse  se  reconnait  a  la  forme  de 
ses  oreilles ;  son  courage ,  au  tremblement  de  ses 
membres.  Voici  les  couleurs  preferables  :  le  bai, 
le  dore,  le  gris-blane,  le  couleur  de  feu,  le  cou- 
leur  de  rayrthe,  le  poil  de  cerf,  le  cendre,  le 
pommele ,  le  blanc ,  le  mouchete ,  le  tres-blanc  et 
le  noir  fonce.  Viennent  ensuiteles  poilsmelanges 
de  couleursagreables :  lemele  denoir,  deblanchd- 

cujusque  admissarii ,  submittenda  sunt  pauca  vel  nume- 
rosa  conjugia,  qua;  res  efliciet  admissarios  non  parva 
a;tate  durare.  Juveni  tamen  equo  et  viribus  formaque 
constanti  non  amplius  quam  duodecim  vel  quindecim  de- 
benms  admillere,  ca;leris  pro  qualitate  virium  suarum. 
Sed  in  admissario  quatuor  spectanda.sunt ,  forma,  color, 
merilum,  pulclnitudo.  In  forma  lioc  sequemur,  vastum 
corpus  el  solidum,  robori  cojiveniens  altitudo,  lalus  lon- 
gissimum ,  maximi  et  rotundi  clunes ,  pectus  late  patens , 
et  corpus  omne  musculorum  densitate  nodosum ,  pes  sic- 
cus  el  solidus,  et  cornu  concavo  allius  calciatus.  Pulcliri- 
tudinis  partes  lice  sunt  :  ut  sit  exiguum  caput  et  sic- 
cum.pelle  propemodum  solis  ossibus  adlia:renle,  aures 
breves  et  argutae,  oculi  magni,  nares  patulae,  et  erecta 
cervix ,  coma  densa ,  et  canda  profusior,  ungnlarum  solida 
et  lixa  rotundilas.  Meritum,  ut  sit  audax  animo,  pedibus 
alacris ,  trementihus  membris ,  quod  est  indicium  fortitu- 
dinis,  quique  ex  summa  quiele  facileconciletur,  vel  ex 
citata  festinalione  non  difficile  teneatur.  (Molus  aulem 
equi  in  auribns  intelligitur,  virlus  in  membris  Irementi- 
bus.)  Colores  lii  pra;cipiii,  badius,  aureus,  albineus,  rus- 
sens ,  murteus ,  cervinus,  gilbus,  scutulatus,  albus  ,  gutta- 
tus,  candidissimus,  niger,  pressus.  Sequenlis  merili,  varins 
curapulcliritudine,nigrovelalbineo  velbadiomislus,  canus 


DE  L'AGI\lCULTUnE,  EIV.  IV. 


tie ou  de bai, le  blane  melt'  tle quelque couleur  que 
ce  soit,  le  couieui'  d'ecume,  ie  taelie,  le  poil  de 
souiis  ,  le  poil  clair.  Mais  eu  fait  d'etaloi!s  choi- 
sissoiis  de  preference  les  couleurs  ciaires  ct  sans 
aiicun  melauge,  et  rejetons  toutes  les  autres,  a 
iiioins  qu'un  raerite  distingue  ne  eouvre  les  de- 
1'auts  de  ia  couleur.  L'examen  que  nous  venons 
de  piTscrire  tombe  cgaiement  sur  les  cavales; 
raais  il  faut  surtout  quelles  aient  du  corps  et  du 
ventre.  Au  surpius,  toutes  ces  prescriptions  s"ap- 
pliquent  seuiement  au\  betes  dechoix.  Pour  les 
autres ,  on  les  fera  saillir  indifferemment  pendant 
toiit  lecourant  ile  rannee,  ct  au  niiiien  meme  des 
paturages,  par  ies  niiiles  (jui  seroiit  dans  leur 
compagnie.  II  est  de  la  nature  des  cavales  de  pcr- 
ter  respaee  de  douze  mois.  Oii  aura  .soin  d'eioi- 
gner  les  etaions  a  queique  distance  les  uns  des 
autres,  a  cause  des  insultes  qu'ils  pourraient  se 
faire  mutueiiement  dans  leur  fureur.  D'ailieurs 
onchoisira  pour  ce  betail  les  piiturages  les  plus 
gras;  eneore  faudra-t-il  que  ces  paturages  soient 
exposes  au  soieil  pendant  rhivcr,  frais  et  om- 
brages  pendant  l'ete ,  et  que  le  terrain  qui  les 
produira  ne  soit  pas  assez  mou  pour  que  la  fer- 
mete  du  sabot  de  ces  animaux  y  sente  rien  d'i- 
negal.  Si  une  cavale  ne  veut  pas  souffrir  les  ap- 
proches  du  m;'de,  on  exciterason  temperament 
en  lui  frottaut  les  parties  geuitaies  avec  de  la 
sciile  broyee.  Des  que  les  cavales  seront  picines, 
on  ne  ies  pressera  point  de  travail,  on  ne  les  ex- 
posera  point  aux  risques  de  souffrir  ia  faim  ni  lc 
froid,  et  on  prendra  garde  de  ies  resserrer  dans 
des  iieux  etroits,  ou  elles  pourraient  avoirle  ven- 
tre  comprime.  II  ne  faut  faire  saiiiir  que  de  deux 
annees  l'une  ies  cavales  pre^ieuses  ;i  qui  on  laisse 
nourrir  leurs  pouiains,  afin  qu'eiles  puissent  ieur 
transmettre  la  vigueur  qu'un  lait  pur  et  nbon- 


dant  doit  neccssairement  leur  procurer :  pour  les 
autres,  on  lcs  fera  saiilir  indifferemment  en  tou' 
temps.  L'<ige  dc  la  monle  pour  un  etalon  conv 
menceavec sa cinquiemeannee.  La  femciiepourra 
concevnir  a  deux  ans,  parce  que,  passedix, 
elle  nedonnera  pius  que  des  produits  cnervcs  ct 
sansressort.  11  ne  faut  p;is  imposer  ies  mains  au.\ 
poulains ;  uii  allouclieinent  contiiui  les  blcssc. 
On  les  garanlit  du  froid  ;uitant  que  faire  se  peut. 
Les  observations  que  j'ai  prescrit  dc  faire  par 
rapport  aux  percs  ou  aux  meres  seront  ;uissi  des 
preuves  d'un  bon  naturei  daus  les  poulaiiis,  ct  il 
faudra  s'occnper  d'un  exanien  pareil  par  rapport 
li  eu\,  en  tenaiit  compte  de  leur  ;ige.  La  gaietc, 
la  vivacite  et  ragilite  sontencore  des  indiccs.  11 
faut  dompter  en  ce  temps-ci  les  pouiains  ([ui  au- 
ront  deux  ans  passes.  On  examincra  s'ilsontle 
corpsgrand,  eianc(^,  bicn  fourni  de  muscles  et  fin, 
les  testicules  petits  et  bien  appareilit^s,  ainsi  que 
les  autres  quaiites  que  nous  avons  cxig(^cs  pour 
les  peres.  Voici  les  signes  auxqueis  on  counait 
leur  ^ge  :  a  deux  ans  et  demi ,  les  dents  superieu- 
res  du  milieu  de  ia  bouche  tombent ;  ;\  quatre  ans, 
les  canines  changent;avant  la  sixieme  annee,  les 
molaires  supericures  tombent;  dans  le  cours  de 
la  sixieme  annee,  celies  qui  ont  change  les  pre- 
mieres  se  remplissent,  et  a  la  scptieme  annee 
eiles  sont  toutes  pleines.  P;isse  cc  temps,  on  n'a 
plus  d'indices  certains  de  leur  ^ge ,  si  cc  n'est 
quc  lorsqu'ils  sont  avanct's  en  ;igc  leurs  terapes 
commencent  a  se  caver,  leurs  sourcils  se  bian- 
chissent,etleursdcntsdcviennentcommuuement 
saillantes.  II  faudra  chatrer  dans  ce  mois  tous  les 
quadrupedes,  et  pi-incipaicmcnt  les  chevaux. 

XIV.  Si  Tnn  tienta  former  une  race  de  mulcts, 
on  choisira  une  cavale  qui  ait  lc  corpsgrand, 
lesossolideset  lafigurebeile,  sanss'embarrasser 


(  uui  quovls  colore,  spnnieus,  niaculosus,  nuMJnus,  ol)- 
scurior.  Sed  in  adniissariis  prwcipue  leganuis  claii  ct  uniiis 
coloris  :  caeteri  veio  despiciendi,  nisi  magnitudo  meii- 
toi  iiin  culpani  coloris  excnset.  Eadcui  in  eiiuabns  conside- 
raiida  sunt,  niaxinie  ut  sint  lonsic  et  magni  ventiis  et 
coi  poris :  sed  lioc  in  eenerosis  servetnr  armeiitis.  Ca^tera^ 
pa.ssim  loto  anno  inter  pasciia  dimissis  seiuiii  niaiiliiis 
iiiipleantur.  Eqiiariini  natura  est  partiini  spalio  diiDdcciiiii 
nieii,sis  ahsolvere.  Illud  in  admi.ssariis  servaiidimi  csl ,  ut 
niediis  aliquibus  spatiis  separentur,  propter  noxam  fiiro. 
risaltcrni:  sed  Iiis  armentis  pascualcgainuspinf;iii.ssima, 
liieme  a[irica ,  frigida  et  opaca  ( provideanius )  scstate ,  nec 
adeo  mollibiis  locis  nata ,  ut  ungiilarum  tiiniitas  de  aspe- 
lilate  nil  sentiat.  Si  equa  marem  pati  noliieiit,  trlta 
siquilla  natiiialia  ejus  infecta  libidineui  contraliiint.  Deinde 
•(;iavid.-e  non  urgcaiitur,  u^c  fainem  vel  fiigus  tolcient, 
iiec  inter  se  loci  comprimantur  angiistiis.  Cii^iierosas  cquas 
etqux»  masciilos  niitiiiiut  alteniis  annis  snbniitteie  dcbe- 
bimus,  ut  piillis  piiri  et  copiosi  lactis  robur  inrundant; 
cxteroe  passiin  replenda;.  Aitaa  incipientis  admissarii 
quintianni  initio  esse  debebil.  Fcnmina  rectc  liima  conci- 
piiit,  quia  post  dccenniiim  iiiers  ex  ea  soboles  et  larda 

PAl.I.AbllS. 


nascetiir.  Pulli  eipiariim  nali  manii  tangciuli  iinii  siinl, 
quia  eos  tactiis  h-editassiduus  :  qiiantiim  ratio  patilur,  de- 
fendanlur  a  frigore.  Iu  pullis  pro  lelatls  meiito  ea  siint 
coiisideranda,  qua;  signum  bona;  indolis  monslraiit,  qiia! 
in  |ialril)iis  vel  niatribus  spectaiida  prajcepi.  Dabit  ct  bi- 
larifas,  alacritas  agilitasque  documeutum.  .Nunc  domaudi 
siiiit  piilli ,  ubi  fempus  bimaj  a'tafis  cxcessciint.  Considc- 
i^iiida  siiiit  inagna,  longa,  mnsculosa  et  aigufa  corpora, 
lcslinili  paics  et  exigui :  et  c.-cfera  qu:c  in  patiibus  dicla 
sunt.  Morcs,  ut  vel  cx  sumnia  (]iilclc  T.k  ilc  concitentur, 
vcl  ex  incilata  fcsfinatione  iioii  dlliii  llc  lcncantur.  .-Etalis 
coiisidcialio  falis  est  :  Bimo  ct  m\  mcn>iiim  denlcs  medii 
siiperiiirescadiint.  Quadrimo  caniiii  miilantiir.  Infia  sex- 
tiiin  anniim  molares  superioies  cadunl.  Scvto  anno  quos 
primo  iniitavil ,  exaiquat.  Seplimo  anno  oinnes  denles  ejus 
cxpleutur.  Eatcnl  ab  binc  icfatis  nof;e  :  sed  provectiori- 
biis  teinpora  cavari  inclpinnt,  superciliacaiicscerc,  dcufes 
plcriiinque  prominerc.  Hoc  inense  omnia  qiiadrnpedia 
maxime  cquos  casfrai  e  dcbenuis. 

XIV.  Si  qiicin  iniiloruui  genuscrcare  delccfat,  equani 
magni  cnrporis ,  solidis  ossiliiis,  et  forma  cgrcgia  delief 
oligerc  :  iii  qiia  iion  Mclocilatcm  sed  robur  exqiiirat.  ,Elai 


PALLADIUS. 


si  elle  est  vite,  pourvn  qu'clle  soit  forte.  Cest 
preciscment  \'&(^e  de  (|uatre  ans  qui  conviendra 
a  cette  fonction  jiisqu'a  dix  ans.  Si  1'cine  qu'on 
approche  de  la  cavale  en  parait  dcgoute ,  on 
coinmence  par  lui  montrcr  une  flnesse,  qu'on 
lui  laisse  jusqu';i  ce  (|ue  le  d(!'sir  soit  excite  chez 
lui;  aprcs  qiioi  on  la  lui  retire.  Dans  eet  (itat,  il 
ne  d(:'daigncra  phis  la  cavaie ,  et,  provoque  par 
lcs  caresses  que  lui  aura  faitcs  une  bete  de  son 
espeee,  ilconsentira  as'aceoupIeravee  eclled'une 
espece  ('trangere.  S'il  mord  les  cavales  qu'on  lui 
presentcra,  on  ralentira  sa  furcureu  lefaisant  tra- 
vaillcr.  Les  mulets  vienncnt  (runc  cavale  et  d'uii 
cine,  soit  eommun,  soit  sauvage;  niais  les  meil- 
lcurs  sout  eeux  qui  sont  produits  par  un  ane 
commun.  II  viendra  cependaiit  de  bons  etalons 
dun  ;'iue  sauvage  et  d'une  ;lnesse,  et  ragilite 
ainsique  la  foice  de  lcurs  pere  et  mere  se  trans- 
mettront  a  leur  postcrilc.  Pour  c[u'un  ;iue  soit  bon 
(?talon,  il  faut  qu'il  ait  le  corps  ample,  solide  ct 
plein  de  muscles,  les  niembres  scrrcis  et  foits, 
le  poil  noir,  ou  encoremieux  de  eouleur  dc  sou- 
ris  ou  de  feu  :  si  neanmoins  il  avnit  des  poils  de 
diffi^rentes  coulcursaux  pnupieies  ou  dans  les 
oreilles,  il  nrriverait  souvent  ([ue  sa  posti^ritc' se- 
rait  de  poil  nielaugi}.  11  ne  fnut  pas  le  fnirc  saillir 
avant  r;ige  de  trois  ans,  ni  pnsse  cclui  de  dix. 
I!  faut  sevrcr  les  niules  ;i  un  an,  et  les  niener 
paitre  sur  des  niontngncs  rudes,  alin  qu'(!'tant 
endurciesa  la  pcine  des  riige  le  plus  tcndre,  el- 
les  se  montrentindilTercntcs  pnr  la  suite  aux  dif- 
ficultes  des  routes.  Pour  lcs  ;inoiis,  ils  sont  tres- 
n(^cessaires  dans  les  campngnes,  pnrcequ'ils  sup- 
portent  tres-bien  le  travnil,  et  qu'ils  se  passent 
facilement  de  soins. 

XV.  Les  abeiUes  sont  communcment  malades 
ce  mois  plutol  qu'en  tout  autre;  parce  qu'apres 
la  dicte  dout  elles  ont  eu  ii  souffrir  pendant  Thi- 


ver,  elles  recherchent  avec  trop  d'avidit6  les 
fleurs  ameres  du  tithymale  et  de  Torme,  qui  vien- 
ne.nt  avant  lesniitres;  et  qu'elles  gngnent  un  flux 
de  ventre  dunt  elles  perissent,  ;i  raoins  qu'on  ne 
leur  administrepromptementdes  remedes effica- 
ces.  On  leur  doiinera  done  des  grains  de  grena- 
dcs  broyes  dans  du  vin  Aminee,  ou  du  raisin 
secheau  soleil  iivec  du  sumac  de  S.yrie  et  du  vin 
dur;  ou  bien  on  pulv(!'riscra  toutes  ces  diogues 
enscmble,  et  on  lesferabi)uillir  d;iiisdu  viii  dur; 
et  quand  elles  seront  rcfroidies,  ou  les  lcur  pre- 
seutera  dnns  des  canaux  de  bois.  On  fait  aussi 
bouillir  du  romarin  d;insde  riiydromel,  et  on  en 
met  le  jusdans  une  tuile  creuse  lorsqu'il  est  re- 
froidi.  Si  elles  paraissent  heriss(^es  et  rapetis- 
sees,  et  qu'elles  restent  comme  engourdies  dans 
un  morne  silence,  ou  qu'elles  portent  souvent 
hors  de  leurs  ruches  les  cadavres  de  leurs  cora- 
pagnes  qui  seront  mortes,  11  faudra  verser  dans 
des  canaux  de  roseaux  du  niiel  euit,  avec  de  la 
poussiere  de  nuix  de  galle  ou  de  rose  seehe.  S'il 
se  trouve  dans  une  ruchc  des  portions  dc  rcayons 
qui  soient  pourries,  ou  des  cires  vides  que  Tes- 
saim,  r(;duit  par  quelque  aecident  a.  un  trop  pe- 
tit  nombre,  ne  puisse  pas  remplir,  on  ne  man- 
quera  pas  surtout  de  les  coupcr  avec  des  instru- 
menls de  fcr  bien  tianchants,  et  avec  benucoup de 
de\terit(i,  de  peur  que  rebranlement  des  autres 
pnrties  des  rnyons  ne  contraigne  les  abeilles  a 
abandonner  leur  domieile.  La  prosperile  devient 
souvent  funeste  aux  abeilles.  En  effct ,  si  Tannee 
esttropabondante  en  lleurs,  comme  elles  ne  s'oc- 
cupent  alors  que  du  soin  de  porter  du  miel  a  leurs 
ruchcs,  elles  ne  pensent  point  ix  leur  posterite;  et, 
fnute  de  tiavailler  ;i  la  rcuouveler,  il  arrive  que 
la  peuplade  s'epuise,  et  entrainela  perte  de  toute 
!a  giineration.  Cest  pourquoi,  lorscfu^on  ,verra 
une  exuberance  de  miel  occasionnee  par  une  re- 


i|iiadrima  usqiie  in  (leceiiiicm  luiic  aclmi.ssiiijc  jtista  con- 
veniet.  Sl  asiniis  visain  erjuani  laslidit  adinissus,  oslen- 
sam  priiis  asinam  (donec  coeundi  vnlupt;(s  solicitetur) 
postea  subducimus;  et  tunc  ccpiani  lil)iilo  iiuitala  non 
spernct,ct  laptns  illccehiis  geneiis  sni  in  perinistioncm 
consentiet  alieni.  Si  niorsu  riirens  ladit  objectiis,  aliqna- 
tenus  labore  niitcscat.  Creantur  e\  ecjiia  et  asino,  vcl 
onagro  et  er|ua  nuili.  Sed  i;ejierosins  nnllum  est  Inijiis- 
niodianimal,  t|uain  qnod  asino  (Teaiite  nascetur.  Uliles 
tamen  admissarii  nascentur  e\  nnagio  et  asiiia  :  qui  post 
in  sobole  secutuia  agilitatem  lortitndinemqne  rcstiluant. 
Adniissarius  lameu  asinns  sit  bnjiismodi,  corpnre  amplo, 
.solido,  muscuioso  ,  slrietis  eflorlibiis  membris,  nigii  vel 
murini  ma\ime  coloris  aut  rubei :  qni  tamen  si  discoloies 
pilosin  palpebris  aut  auribns  geiet,  colorem  sobolis  ple- 
lumqiie  variabit.  Minoi  liimo,  m;i.ior  decenni  non  dcbet 
admitti.  Annicnla  mula  debet  a  matie  depelli ,  et  per  nion- 
tes  asperos  pasri,  ut  itineris  laborem  in  lencra  ittate  so- 
lidata  contemnat.  Minor  veio  asellus  nia\ime  ;igro  ne- 
■cessarius  est ,  qiii  et  laborem  iion  recusal  et  iu>gligenli;iin 
tolerat. 


XV.  Hoc  mense  ma\ime  apibus  solet  morbus  incum> 
bere.  Nam  post  liiberna  jejiiiiia  titliymali  et  nlmi  amaiis 
(loribns,  qui  piius  nascnntnr,  avidins  appetitis  solutionem 
veiitris  inciirriinl  et  pereunt,  nisi  affueris  velocitatc  leme- 
dii.  Praibebis  ergo  mali  granati  cum  vino  Aniineo  grana 
coniiila ,  vel  iiva:  passa;  cum  rore  Syriaco  ct  austcro  vino, 
vel  simiil  omiiia  levigala  et  incocta  vino  aspero.  Quae 
dcindeinligneiscanalibus  retVigerata  pon;mtur.  Item  rosi- 
maiinusaqua  mulsadecoclnscongelatiir, etinimbriceponi- 
tur  succushujusmodi.Quod  si  liorridaivideiituratqne  con- 
tract*  lorpeie  silentio,  et  moitnarum  corpora  freqiienter 
efferre,  canalibus  ex  canna  factis  iiiel  cum  gallae  piilvere 
vel  siccffi  rosa;  coclum  debebis  iiifiindcrc.  Illud  ante  omnia 
e\pediet,  ut  putres  parles  favoiiim  vel  vacuas  ceras,  qiias 
aliquo  casu  e\amen  ad  paucilalem  ivdactiim  non  valebit 
iniplere,  semper  reeidasaculissiinis  rcrranienlis  snbtililer, 
ne  inola  alia  pars  favoiiini  coi^iit  a|)i's  domicilia  concussa 
descrere.  Nocet  apibus  pleruiiiqne  IVIicitas  sua.  Nam  si 
nimiis  lloribns  aiiiius  eMiherat ,  dum  solam  curam  ge- 
lendi  mellis  e\erceiit,  ilc  |)rnlenil  cogitant,  cnjusomissa 
lepaialiDne  popiiUis  idein  labore  coulectus  evtiiigiiilur, 


DF,  r/AGRICULTURE,  IJV.  V. 


colte  de  lleiirs  abondnntc  ct  continiiclle,  on  les 
empccherade  sortlr,  cii  bouchant  rouverture  de 
Jeurs  ruches  detroisjours  Tun,  ce  qui  les  forcera 
de  s'occuper  de  la  propacjation.  II  faut  soigiierlcs 
ruches  eii  ce  tcmpsci  vers  lcs  calcndes  d"avril , 
en  rctirant  toutcs  lcs  immondices  ct  les  ordures 
qui  s'yscront  amassecs  pendant  rhiver;ainsi  que 
les  vermisseaux  ,  les  tciiines  et  les  araignees,  qui 
corronipent  les  rayons  ,  et  les  papillons,  dont  les 
excrenicuts  produisent  des  vermisscau.\.  On  fera 
biuler  alors de  lafiente  de  bceuf  seche, parce  quc 
cettefumee  est  excellente  poar  procurer  la  sante 
aux  abcilles  ;  ct  on  aura  soin  d'y  avoir  frequcm- 
ment  recours  jusqucn  automne.  En  sui^ant  tou- 
tes  ces  pratiqucs  et  d'autres  parcilles,  on  aura 
rattention  d'etre  chaste  et  sobre ,  et  on  prendra 
i;arde  de  n'exhalcr  aucune  odcur,  soit  de  parfums 
a  lusasie  des  bains,  soit  de  nourritures  acres  et 
d'une  odeur  immondc ,  soit  de  salaisons,  de  quel- 
quc  espece  qu'ellcs  puissent  etre. 

XVI.  Ce  mois  ci  s'accorde  avec  celui  d'octobre 
pour  rindication  desheures. 

A  la  premiere  ct  ii  la  onzieme  heure,  le  gno- 
mon  donne  vingt-cinq  pieds  d'ombre. 

A  la  secondc  et  a  la  dixierae,  il  en  donne 
quinze. 

A  la  troisiemc  ct  a  la  neuvieme,  il  en  doune 
onze. 

A  la  quatrieme  et  a  la  huitieme,  il  en  donne 
huit. 

A  lacinqnicmcet  a  laseptieme,  il  en  donnesix. 

A  la  sixieme ,  il  en  doune  cinq. 


LIVRE  CINQUIEME. 

.WP.IL. 

I.  llfaut  semer  la  luzerne  au  mois  d'avril,  sur 


.50.-) 

des  planchcs  qu'on  aura  prcparees  d'avance  de 
la  maniere  quenous  avons  indiquce.  Cette  herbu 
une  fois  semce  dure  dix  ans,  et  on  peut  la  faucher 
jusqu'a  quatreet  six  fois  paran.  Elle  fumc  lestcr- 
re.s,donncderembonpointauxanimaux,etlesguc- 
rit  quand  ils  sont  maladcs.  \]nJi/(/erum  dc  luzerne 
est  plus  que  suffisant  pour  fournir  aia  nourriturc 
de  trois  chcvaux  pcudant  toutc  une  annce.  II 
faut  un  cyalhua  de  celte  craine  pourensemencer 
une  planche  de  cinq  pieds  de  largeur  sur  dix  de 
longucur.  Mais  des  qu'clle  sera  jetee  sur  terre , 
il  faudra  la  rccouvrir  de  tcrre  avec  des  riitcaux 
de  bois,  sans  quoi  le  soleil  ne  tarderait  pas  a  la 
brulcr.  Qnand  elle  est  scmce  ,  ou  ne  pcut  plus  eii 
approchcr  le  fer;  mais  on  se  scrt  de  r.iteaux  de 
bois  j)our  la  debarrasser  souvcnt  des  mauvaiscs 
berbes,  afin  que  celles-ci  ne  retouffent  point 
dans  le  temps  qu'elle  cst  encore  jeune.  On  la  re- 
colte  tard  la  premiere  fois,  afin  que  sa  graine  se 
disperse  un  peu  sur  terre;  au  lieu  qu'on  pourra 
la  raoissoiiner  les  autres  fois  aussi  promptement 
que  Ton  voudra,  pour  la  donner  aux  bestiaux.  11 
faut  neanmoins ,  quand  ee  fourrage  cst  dans  sa 
nouveautc,  ne  leur  en  donner  d'abord  qu'avec 
menagement ,  parce  qu'd  lcs  gonflc  ct  qu'il  lcur 
fait  faire  bcaucoup  de  sang.  Quand  eette  herhe 
aura  ctc  fauchce,  il  faudra  Tarroser  sou\eiit,et 
arracher  toutcs  lcs  autrcs  herbes  quekiucs  jours 
apres  qu'elle  aura  commcncc  a  repousser.  Avec 
de  pareils  soins  oii  pourra  la  recolter  six  fois  par 
au,  et  elle  se  conscrvera  pejidant  dix  annces  de 

rjUitC. 

II.  Cest  a  prcscnt  que  Ton  greffe  les  oliviers 
dans  les  eliniats  temperes.  On  les  greffe  entre 
recorcc  et  le  boiscomme  les  arbies  a  fruit,  ct  de 
la  facon  que  nous  avons  donncc  ci-dessus.  .Mnis 
si  ron  vcut  empecher  quil  ne  revicnnc  des  oli- 


lolius  geneiis  e\itir>,  il.iqiie  ciini  niellis  niniiet.iteni  vide- 
ris  ex  floruin  giaiuli  et  continna  niesse  (ielliicie,  inlerje- 
clis  ternis  diebiis ,  clanso  forainine  noii  eas  paliaris  exire. 
Ita  ad  generandam  sobolem  se  conferent.  Nuiic  circa  ca- 
lend.  A|)riles  curandi  sunt  alvei ,  ut  oinnia  purgamenla 
tollanlur  et  soides,  quas  teinpus  contraxit  liilierniim ,  et 
vermiculi  et  tinex  et  arancic ,  (luibiis  corriimpitur  usus  fa- 
vorum,  et  papiliones,  qui  vermiciilosstercoresuo  faclunt 
nasci.  Tunc  fumus  iDCensi'[et  sicti]  bubuli  stercoris  adlii- 
bealur,  quiapluscstapiunisaIuli.Qu;epur{;atio  freqiicnter 
usquein  aiituinni  tempora  celebrelur.  Haec  oinnia  ca-lera- 
que  efiiciet  cuslos  cislus  et  sobrius ,  ct  alienus  ab  alliis  ct 
cibis  acrihus,  et  oduris  ininiundi,  atquc  oninibus  salsa- 
mentis. 

XVI.  Ilic  mensis  ad  dcprelieudendas  lioras  consenlit 
Octobri. 

tloia    I       et    \i       pedes    xxv. 

Hora     II      et    x        pedes    xv. 

Ilora    m      et    ix       pedes     xi. 

Ilora    IV      ct    VIII     pedes     viii. 

Hora    V      et    vii      pedes    vi. 

Uora    VI  pcdes    v. 


LIUEU  yUI.NTCS. 

I.  .\|)rili  iiieiise  in  areis,  quas  antc  (sicut  diximus)  prae- 
parasti, medica  seienda est.  Qu.x semel seritur, decem aiinis 
pernianel,  ila  ut  quater  vel  sexies  possit  per  aniiiim  recidi. 
Asrum  stercorat,  niacra  animalia  relicit,  ciirat  icgrota. 
Juserum  ejus  lolo  aniio  tribus  cquis  abunde  suflicit.  Sin- 
gulicyatlii  seniiiiisoccupantlocum  latuni  pedibus  qiiinque, 
loiigum pedibiis  dccem.  Scd  mox  ligncis  lastellis obriiantur 
jiictasemina,  ipiia  solecitiuscoinburuntiir.  I'ust  salionein 

j  ferio  locuni  taiigi  non  licct,  scd  raslris  ligneis  freipicnter 

i  lieiba  miindetiir,  ne  lcnerain  inedicam  premat.  Priina 

I  niessis  ejus  tardius  liet,  ut  aliqu,antum  semen  exculiat. 

Cxtera;  vero  inesses  quani  voliicris  cilo  peraganlur,  et 

I  jumeiitis  pra^beantiir.  Sed  piimo  parcius  piabenda  est 

I  novilas  pabuli  :  inllat  cnim,  et  muUnin  sangiiinem  creaL 

Ubisecueris.ssepiusiiga.  Po.st  paucosdies,  cum  fruticare 

ccpperit,  omnes  alias  lierbas  rimcalo  :  ita  et  sexie.s  per  an- 

iitim  inetis,  et  annis  dccem  potcrit  mauere  cuntinuis. 

II.  Niinc  locis  leniperatis  oliva  inseratur;  qiia;  inserilur 
]  inter  corliceni  more  ponioriim ,  sicut  siipra  ilictiim  est.  Sed 
I  ut  oleastio  inseras,  contra  illud,  quod  ex  olivclo  iiisito  et 


PALLARIUS. 


vicrs  sauvaKes  infructuenx  daiis  un  plant  d'oli- 
viers  francs  qui  aura  ete  brule  par  accident, 
voici  la  maniere  dont  cn  s"y  prendra  pour  les 
Sreffer.  On  commencera  par  mettredes  branches 
fToliviers  sauvages  dans  les  fossesoii  l'onse  pro- 
posera  de  les  greffer,  et  on  rcmplira  ces  fosses  de 
terre  .jusqu'a  raoitie.  Lorsqr.e  ces  branehes  au- 
lontpris,  on  les  greffera  au  fond  des  fosses,  a 
nioins  qu"on  ue  les  ait  mises  en  terre  toutes  gref- 
fees,  ct  Ton  eutretiendra  la  greffe  un  peu  au- 
dessous  de  la  superficie  du  sol ;  apres  quoi  on 
cntassera  de  la  terre  aupres  d'ellesa  mesure  qu'el- 
les  croitront.  Moyennant  cela  1a  coramissure  de 
la  greffe  se  trouvant  cachee  au  fond  de  la  terrc , 
s'il  arrive  qu'on  vienne  par  la  suite  a  brulerces 
arbresou a  les  couper,  rien  ne  les  empechera de  se 
reproduire  fructueusement,  parce  qu'ilsjoindront 
arheureuse  faculte  de  repousser,  qu'ils  emprun- 
teront  de  Tolivier  franc  qui  sera  hors  deterre, 
la  1'ertilite  de  Tolivier  sauvage  cache  en  terrc, 
auquel  ils  seront  unis.  11  y  a  des  personnes  qui 
grelYent  lesoliviersdans  leurs  racines  memes,  et 
qui  les  deterrent  ensuite,  quand  ils  ont  pris,  avec 
une  partie  de  ces  racines ,  pour  les  transferer 
comme  des  pieds  d'arbres.  Les  Grecs  prescrivent 
de  greffer  ces  arbi  es  depuis  le  huitieme  jour  dcs 
calendes  d'avril  jusqu'au  troisieme  des  nones  de 
juillet,en  observant  de  les  greffer  plustard  dans 
Ips  pays  froids,  tt  plus  tot  dans  les  pays  cliauds. 
!l  faudra  achevcr  de  becher  les  vignes  avant  les 
ides  de  ce  mois-ci  dans  les  pays  qui  seront  tres- 
froids,  et  terminer  les  operations  du  mois  de 
mars  qui  auront  pu  demeurer  imparfaites.  On 
greffera  aussi  les  vignes.  On  delivrera  des  mau- 
vaises  herbes  ks  pepinieres  qui  auront  ete  for- 
raeesprecedemment,  eton  y  bechera  legi-rement 
ie  pied  des  arbres.  On  seme  a  prcsent  le  millet 
ainsi  que  le  panis  dans  les  lienx  mediocrement 
secs.  Passe  les  ides  de  ce  mois-ci,  on  donne  lo 

Msu  incenso  renasciliir  oleiisler  infelix,  sic  providendiini 
csl.  Posilis  prius  oleastri  biacliiis  in  sciolie,  in  qiia  ilis- 
[lonenius  insereie,  scrobes  ita  ie|ilcbiiniis,  iil  mediic 
vacuae  sint.  Cuni  compielienderit  oleaster,  iiiseremiis  in 
inlimo,  vel  insitum  ponemus  :  el  insilionem  prope  iiiria 
lenam  nutriemiis.  Deinde  siciit  adolescit ,  tenain  siibinde 
rolliginius.  Ita  coniinissiira  in  profLiiKlo  lalente,  (piisipiis 
111  it  auf  ca^dit,  oliva;  loeiim  iion  aiifeit  piilliilandi  -.  i|n;c 
«•t  apertam  redeundi  felicilatem  de  olea,  et  occiiltain  va- 
lendi  feracitatem  de  oleastri  connexione  relineliit.  Aliqiii 
oleas  in  radieibiis  inseriint,  et  iibi  comprelieiiderint,  ciiin 
aliqua  parte  radicis  avellunt,  et  Iransferiinl  moie  plaiila- 
riim.  Giieci  oleas  ab  octavo  caleudas  ,\priles  die  usqiie  hi 
terliuni  nonas  Julius  inseri  diliere  pracipiunt  :  ita  nt  lo- 
cis  IVigidis  .seriiis  ,  ralidis  nialiii  iiis  inserantur.  Locis  frigi- 
«lissimis  niinc  vineaniiii  fo^sio  .nile  idiis  peragenda  est,  el 
siqna  de  Marlio  meiiso  reslalnint,  viles  qiioqiic  inserimus. 
Seminaria  qna^siinl  antefacta,  berbisliberenlur,  el  leniler 
«•ircumlodianlur.  Nunc  locis  incdiocriler  siccis  niilium 
•fltrimus  et  panicnin.   Iloc  mense  pinsues  cainpi  et  agvi. 


premier  labouraux  terrains  plats  et  gras,  ainsi 
qu'aux  terres  qui  retiennent  longtemps  Teau, 
parce  (ju'elles  sont  alors  dans  le  cfis  d'avoir  pro- 
duit  tout  ce  qu'elles  ont  a  produii;e  d'herbes ,  et 
que  la  graiiie  de  ces  herbes  n'est  pas  encore  con- 
solideepar  la  raaturite. 

IH.  C'est  aussi  a  la  lin  de  ce  mois ,  et  presque 
vers  la  lin  du  printemps,  que  Ton  peut  semer 
leschouxqueron  voudralaisser  monter,  attendu 
que  le  temps  de  les  faire  pommer  est  passe.  II 
est  bon  de  seraer  a  present  l'ache,  soit  dans  les 
paj^s  chauds,  soit  dans  les  pays  froids,  et  raeme 
en  telle  terre  que  Ton  voudra ,  pourvu  qu'elle  ne 
manque jamaisdeau  ;  qnoiqua  celte  plante  nese 
refuse  pas,  en  cas  de  besoin ,  a  venir  raeme  dans 
un  terrain  sec,  et  qu'il  n'y  ait  presque  pas  de 
mois,  a  dater  du  eommencement  du  printemps 
jusqu'a  lafinde  rautomne,  oii  elle  ne  puisse  (?tre 
seraee.  On  range  dans  la  classe  de  Tache  le  ma- 
ceron ,  qui  est  cependant  une  plante  plus  dure 
ct  plus  amere  qu'elle ,  ainsi  que  Tache  de  marais, 
qui  a  la  feuille  molle  et  la  tise  tendre,  et  qui 
vient  dans  les  mares  d'eau  ,  et  le  pursil,  qui  croit 
principalemenl  dans  les  lieux  incultes.  Les  per- 
sonnes  soigneuses  peuvent  se  procurer  toutes  ces 
cspeees  d'aches.  On  aiira  de  Tache  plus  grande, 
si  Ton  renferme  dans  un  linge  clair  autant  de 
graine  qu'on  en  pourra  pincer  avec  trois  doigts, 
et  qu'on  renterre  dans  une  petite  fosse,  parce 
qu'alors  les  germes  de  toutes  ces  difierentes  grai 
nes  se  noueront  ensemble  pour  ne  fnrmer  qu'une 
unique  ti^te,  qui  sera  tres-solide.  On  en  aura 
aussi  de  criipue ,  si  i'on  bat  ces  graincs  avant  de 
les  semer;  de  m(";me  que  si  on  roule  quelque 
poids  sur  les  pianehcs  oii  elles  seront,  ou  qu'oii 
les  foule  aux  pieds  quand  elles  seroiit  levecs.  La 
giained'ache  vientpliistijt  quand  elle  est  vieille, 
plus  tard  quaiid  elle  est  iiouvelle.  Pourvu  qu'on 
puisse  arroser  rarroche,on  pourra  la  senier  ce 

qiii  ilin  aqiiani  lenenl,  prosciiidantnr  post  idiis,  cum  et 
iiinnes  lierbas  piolnlerunl,  et  eariiin  seniina  nondnin  ma- 
liiiilale  lirmala  siint. 

III.  Iloc  eliam  inense  ullimo  el  prope  vere  Iransaclo 
brassicam  sercrepossumus.qiiascanli  serviel,(piiac.vm.'fl  ■ 
tempiis  ainisil.  Nunc  apiniii  liene  serilur  locis  calidis  cl 
frigidis,  lerra  quali  voliieris,  diiniinodo  ibi  sit  buinor  as- 
sidiius;  (piamvis  iiasci,  si  nccesse  fiieiil,  et  in  siccilale 
non  dcncHet,  et  prope  'omnibus  niensibus  a  primo  veie 
liisqiiejad  aiiliimnum  seiatiircxlieiiiiiin.  1a  ipsiusgenere 
est  bipposelinon,  duriiis  tainen  et  anslerins,  et  belioseli- 
iioii  inolli  folio  el  caiile  tencio;  qnod  nascilni  in  laciinis  : 
cl  pelrjselinon  mavime  locis  asperis.  lliec  oninia  genera 
possiinl  lialicie  dili,L:enles.  Apios  majoies  Cnies,  si  semeii 
qiianliim  (i  ibiis  di^ltis  coinprelieudi  polesl ,  linleolo  claii- 
seiis  lariore.elbrevi  fos^aobi iieris.  Ila  oniniiiin  seminiim 
Kcinien  capilis  iinins  solidilale  iiectelur.  Crispi  iiiint, 
si  seinina  aiile  Inndanlur,  vel  si  super  arcas  nasceii- 
les  aliqiia  pondera  vidiilenlnr,  aiil  pedibiis  prociilcenliir 
enala.   Apii  seniina  veliisliura  ciliiis  nascnntur;  qua;  no- 


DE  UAGr.ICULTUKK,  LIV.  V. 


niois-ci  tninsi  (iu"au  niois  de  juillet,  et  dans  tous 
lesaiitrcs  mois  qiii  lcsuivmnt  jusqu"eii  automne. 
Cette  plantc  demandc  de  Tcau  a  satiete.  II  fau- 
draen  couvrir  la  i;niine  dc  terre  aussitot  qirclle 
aura  ete  semcc,  cl  arraclier  dc  lempsen  lemps  lcs 
herbcs  qui  croitront  avcc  elle.  II  iie  scra  pas  ne- 
cessaire de  la  transplanter  quand  cllc  nuva  cte  bieii 
semcc,  quoic[u'eIle  croitra  beaucoup  mieux  lors- 
(|ucllc  aura  et(3  semec  clair,  et  qu"on  aura  eu 
soin  de  lui  donner  du  lumicr  et  de  Teau  pour 
Taider  a  venir.  II  faut  cependant  avoir  la  prc- 
caution  de  la  couper  toujours  avec  le  fcr,  si  roii 
veut  qu'ello  ne  ccsse  pas  de  rcpousser.  On  scme 
ci  pr(isent  lebasilic.  On  dit  quecctte  plante  vient 
promptement,  quand  elle  a  etc  arrosee  avec  de 
Teau  chaude  aussit6t  apres  avoir  eie  sem(;e.  Voici 
un  fait  relatif  au  basilic,  (jui,  tout  surprenant 
qu"il  est,  est  attest(^  par  Martialis  :  c"cst  qn'il 
donne  des  ilcurs  tantot  pourpr(!'es,  tantfit  blan- 
ches,  tant(Jt  couleur  de  rose;  et  que,  lorsque 
lagraine  ena  ct(3  seni(!C  plusieurs  fois,  ellc  linit 
par  se  changcr  tantot  en  serpolet,  tant(jt  en  si- 
symbrium.  On  s6me  cncorece  mois-ci  les  mclons 
ct  lcs  coucombrcs,  ainsi  que  les  poireaux  :  on 
met  encore  en  terre  au  eommencement  du  niois 
lesctipricrs,  lcserpoletet  les  piedsdcfeve  d'E,L;yp- 
te.  On  seme  aussi  la  laitue,  la  poiree,  la  ciboulc 
et  la  coriandre,  ainsi  qiie  la  cbicoree,  que  roii 
seme  alors  pour  la  seconde  fois,  a  Teffct  de  la 
consommcr  en  ete.  Enrni  on  plante  les  coiirgcs 
et  la  menthe ,  soit  en  racines ,  soit  en  pieds. 

IV.  On  met  en  terrc  le  jujubicr  au  mois  d'a- 
vril  dans  Ics  pays  chauds,  et  aux  mois  dc  inai 
(ui  de  juin  dans  les  pays  froids.  Cet  arbrc  aiine 
les  llcux  chauds  expos(is  au  soleil.  On  peut  cu 
semer  Ic  no\  au  ,  ou  le  plantcr  eii  bouturc  ainsi 
qu'en  picd.  II  croit  trcs-lentemcnt.  Alais,  lors- 
qu'on  lc  plantc  cn  pied  ,  il  vaut  micux  le  fairc  au 


mois  dc  mars  dans  uiie  tcrre  molle;  au  lieu  que, 
lors(|u'on  cn  scnie  lc  noyau ,  le  plus  sijr  est  d'eii 
mettrc  trojs  enseinble  dans  unc  fossc  (run  pal- 
miis,  dc  fa(^()n  qiic  lcur  cimc  soit  reiiversiic. 
On  rcpandra  dans  ce  cas-Ia  du  fumicr  et  de  la 
cendrc,  tant  au  foiul  dc  la  fosse  que  siir  sa  su- 
perlicie;  ct,  dcs  (juc  la  planti^  sera  levcc,  on  la 
d(5barrassera dcs lieil)L'S  qui  croitrout  avec  clic,eii 
les  arrachant  a  la  inain.  Lorsqu'elIe  seia  dc  la 
grosscur  du  poucc,  oii  la  lransf(^rera  dans  u;i  ter- 
rain  facoune  au  pustinum ,  ou  daus  une  fossc. 
Cct  arbrc  se  plait  daiis  les  terres  qui  nc  so!)t  iia-s 
trop  fcrtiles,  ct  il  ainu  cclles  ([ui  sonl  lc^crcs  et 
prcs([ue  mai;j;res.  On  lui  fera  (lu  bicn  si  Pon  cn- 
tasse  dcs  picrres  pendant  l'hiver  aupres  dc  soii 
trone,  pourvu  qu^on  aitsoin  deies  rctircr  en  ctc. 
S'ilestnialade,  il  faudra,  ponrr^ijjayer,  lc  ratis- 
scr  avec  unc  etrille  de  fer,  ou  verser  frcquem- 
mcnt,  raals  ncanmoins  avec  m^inagemciit ,  dc  la 
ficntc  dc  boRiif  siir  ses  racines.  On  cucilic  lcs  ju- 
jubcs  lorsqifelles  sont  niures,  et  on  lcs  garilc 
dans  uii  long  vasc  dc  tcrre  euitc  que  roii  bouclie  , 
et  (|ue  i"on  met  dans  uii  lieu  scc;  ou  bien  on  lcs 
arrose  dc  quelques  gouttes  de  vin  vieux  aussit(')t 
qu'ellcs  sont  cucilli(?s,  ct  on  parvient  par  la  a 
empt'clicr  qirclles  ne  dcvienncnt  difl'ormcs  eu 
contraclaul  des  rides.  Ou  lcs  conscive  aussi  avcc 
leurs  branches,  que  ron  coupc  sui  Tarbre,  ou  cii 
lcs  enveloppant  daiis  lcurs  piopics  fcuillcs  et  cii 
lcs  tcnaiit  suspenducs. 

V.  On  plautc  cncorc  ct  grcffe  ce  moi.s-ci  daiis 
Ics  pays  tcmpcres  les  grcnadiers,  de  la  fac-oii  qiic 
nous  avoiis  indiqu(!'c.  On  peut  enter  lc  peclicr 
cn  ccusson  vers  lcs  calciidcs  de  mai,  commele 
liguicr,  cl  de1a  iiKinicrc  quc  nous  avons  prcs- 
critc  cn  parlant  de  la  grcffc  dc  ce  dcrmcr  arbrc. 
Ou  grelTc  cc  mois-ci  le  citronnier  daiis  lcs  pays 
chaiuls,  ainsi  que  jc  l'ai  cxpliqu(i  ci-dcssus.  On 


vella  siiiit,  seiiiis.  Ilnc  iiKmse  !itii|)li('i'ii)  siti'iiiiis,  si 
rigaie  poteiiinns,  et  Jiilio ,  etcitileris  iisi|ne  ad  :iii(iiniiiiiiii 
mensibus.  Amat  assidiio  lnimoie  satiaii.  Seiiiei)  staliin 
ciiiii  spaigitiir  obruemliini  cst ;  licrbic  ci  siihiude  vellaiitiir. 
Transferri  necessariiiin  noii  est,  ciim  beiie  seritur;  lamen 
polesl  melius  adolescere,  si  spatio  lariore  paiiaaliir,  et 
juvetur  succo  lietaininis  et  liiimoris.  Kerin  taiiieii  r(.'ci(leu- 
dumsemper  esl ,  (|uia  ila  pulliilareiioii  cessat.  .\iiiic  oci- 
inuiii  seiiliir  :  cito  nasci  dicitur,  si  slatim  ciim  sevciis, 
aqiia  calida  perliindas.  neiii  miiam  de  ocimo  Marlialis 
aOinnat ,  (piod  modo  piirpuieos  inodo  alhos  (lores  niodo 
roseos  pariat,  et  si  ex  eo  .seuiiiie  ficipieiiter  scratiir,  inodo 
in  serpyllum  iiiodo  in  sisynibriiini  mulctiir.  Iloc  etiam 
mense  inejoues  el  ciicumcres  serunlur  cl  pornis,  cl  iu 
primordio  capjiaris  et  scrp.vllum  et  colocasiaf  plautaria 
poneiniis,  el  Iidiicas,  el  bctas  et  ccpiillas  ct  (•oriandruin 
seremus,  et  inlvlja  secunda  satione,  ((uibiis  iitainur  a's- 
tatc,  ct  cucurbitas,  et  inenlam  radico  vel  planta. 

IV.  l,ocis  calidis  Aprili  inense  zizipbuni  conseremiis, 
fri^idis  vero  Maio  vd  Jimio.  Aniat  IochI  r;ilida,  aprica,  S,:- 
liliir  ossibiis  ct  stipito  ct  plaiila.  Crcscil  taidissiinc.  Scd  ii 


plaiilaii)  poiias,  iNIarlio  ninsis  [in]  lerra  molli,  si  ossibiis 
stTLs,  iii  scrolie  paliiiari,  ita  ui  tcnia  ^iaiia  pcr  .scin- 
iicin  caciimiiiibus  poii:iiitiir  iiivnsis.  Qiiiliiis  in  imu  ct  in 
siiniiiio  affuiidalur  Ia'laiiicii  ct  cinis,  et  licrliis  adiiasct^nti- 
tius  niaiiii  pl:iiit:i  lilicietiir  cniuipciis,  Ciiivi  pollicis  solidi- 
lati  siiiiilis  fiKMil ,  tniiisfcratiir  in  lociiiii  pi-^linalum  vel 
iii  scrobcm,  Tcrniiii  diliiiit  iion  niniis  la-laiii,  scd  piovi- 
mani  teniiiaUpic  jcjiiii:c.  Pcrliieuiein  prodcslilli,  iitcirca 
codiccm  lapidiim  cumnlus  a;;c!ereliir,  (|iii  ;rsl:ile  dcbct 
aiiferri.  Sl  arlior  Ii.it.  tristisi\st,  fcriea  shisili  subras.i 
hilarior  liet,  vcl  si  iimiim  hiihiiliim  radicibiis  nindice  ct 
frcipieuter  antiiiilas.  Ziziplia  collcrta  maliira  in  longo  vaso 
lictili  scrvanlur  obllto,  el  loi:i)  sicciore  composilo  :  vcl  re- 
centor  lecta  poma  ,  si  giillis  vini  vcteris  peifundas,  effici- 
liir,  ue  ea  nigaruui  dcformet  atlractio.  Seivanliir  etiain 
declsa  ciini  lainis  siiis,  aut  frundc  sua  involiita  atipie 
siispensa. 

V.  Iloc  eliain  mcnse  locis  temperatis  m;)Ia  iiranata  pn- 
niiiiUu',  ca  latione  ipia  dicliin)  esl,  et  inscruntur.  Nam 
circa  caleiid:is  Mai.is  persiciis  inoculari  polcst,  (jiio  luorc 
cniplaslratiir  licus,  sicut  dixinni.s,  ciiii)  de  iiisiliona  lo- 


PALLADIUS. 


forniera  a  present  dans  !es  pays  froids  des  plants 
de  figuiers,  en  se  conformant  a  la  mfthode  que 
iious  avoiis  donuee  ci-dessus.  II  faut  aussi  gref- 
ftr  a  present  le  figuier  en  fente,  ou  entre  l'ecorce 
et  le  bois,  corame  je  l'ai  prescrit  precederament , 
et  Tenter  en  ecussou  dans  les  dimats  secs.  II 
fnut  planter  a  present,  dans  les  climats  qui  sont 
exposes  au  soleil  et  chauds,  les  pieds  de  palmiers 
quenous  nppelons  ccphalones.  On  pourra  greffer 
le  eormierce  raois-ci,  tantsur  lui-raemeque  sur 
h;  cugnassier  et  sur  Tepine  hlanche. 

VI.  Melez  ensomble  autant  A'vncice  de  violet- 
tPs  qne  de  livres  d'huile,  et  laissez  ce  melange 
pendant  quarante  jours  en  plein  air.  II  faudra  en- 
suite,  sur  cinq  livres  de  violettes  essuyees  au 
point  qu'il  n'y  reste  plus  d'humidite,  verser  dix 
sextarii  de  vin  vieux,  et  y  ajouter  au  bout  de 
trente  jours  dix  livres  de  miel. 

VII.  Les  veaux  naissent  communement  ce 
mois-ci.  II  faudra  venir  a  Taide  des  nieres  en 
leurdonnantdulourrageabondammeut,afinqu'ei- 
les  soient  en  etat  de  fournir  le  tribut  qu'on  exige 
alors  d'elles,  tant  du  eote  du  travail  que  du  cote 
de  la  nourriture  de  leurs  petits.  Quant  aux  veaux , 
on  leur  donnera,  en  forme  de  .salivutiim,  du 
niillet  grille,  moulu  avec  du  lait.  On  tondra  a  pre- 
sent  les  brebis  dans  les  pays  chauds ,  et  on  mar- 
quera  ce  mois-ci  les  agneaux  qui  seront  nestard. 
C'est  aussi  aprescnt  queron  faitsaillirles  heliers 
pour  la  premiere  fois.  Ce  premier  accouplement 
cst  le  meilleur,  parce  que  les  agneaux  qui  en  re- 
sulteut  sont  deja  fortifics  quand  Thiver  arrive. 

VIII.  On  cherchera  ce  mois-ci  des  abeilles 
dans  des  lieux  exposes  au  soleil.  .\u  surplus,  elles 
indiquent  elles-memes  les  cantons  qui  sont  pro- 
pres  au  raiel.  Kn  effet.  comme  clles  trouvent 
tres-souvent  leur  pature  aupres  des  fontaines  ,  si 
Ton  n'en  voit   qu'un  petit    nonihre  dans  leur 


voisinage ,  c'est  une  preuve  que  rendroit  est  peu 
propre  au  miel ;  au  lieu  que  si  elles  y  viennent 
boire  en  foule,  voici  la  maniere  dont  on  pourra 
parvenir  a  trouver  l'endroitou  seront  les  essaims. 
On  coramencera  par  s'assurer  de  la  distance  oii 
ils  pourront  etre  :  a  cet  effet,  on  portera  avec  soi 
un  petit  vase  rerapli  de  terre  rouge  liquide,  ct, 
apres  avoir  observe  les  fontaines  et  les  eaux  voi- 
sines,  on  raarquera  le  dos  des  abeilles  qui  vien- 
dront  y  boire  avec  une  pelite  paille  trempee  dans 
cette  liqueur,  et  Ton  se  ticndra  tranquille  dans 
rendroit  ou  Von  aura  fait  cette  operation.  Si  cel- 
les  que  Ton  aura  teintes  de  cette  mauiere  ne  tar- 
dcnt  pas  a  reveuir,  on  sera  assure  des  lors  que 
leur  domicile  est  dans  le  voisiuage;  au  lieu  que 
si  elles  tardent,  ce  scra  une  preuve  qu'il  sera  plus 
eloignc,  et  Ton  pourra  juger  de  son  eloignemcnt 
par  le  temps  qu'elles  auront  mis  a  revenir.  II  sera 
aise  de  parvenir  aux  domiciles  des  abeilles  qui 
se  trouveront  dans  le  voisinage;  mais  voici  la  ma- 
niere  dout  on  s'y  prendra  pourarriver  a  ceux  qui 
seront  plus  eloignes.  On  coupera  un  morceau  de 
roscau  garni  d'uu  nreud  a  chacune  de  ses  extre- 
mites,  et  on  y  pratiquera  une  ouverture  sur  ie 
cotc,  par  laquelle  on  y  introduira  un  peu  de  raiel 
ou  du  vin  cuit  jusqu"a  diminution  de  moitie,  et 
on  le  laissera  aupres  de  la  fontaine.  Lorsque  les 
aheilles  se  seront  rassemblces  dans  cet  endroit, 
ct  que  ,  guidecs  par  Todeur,  elles  seront  entrees 
dans  le  roseau  ,  on  en  bouchera  rouverture  avec 
le  pouce ,  pour  n"en  laisser  sortir  qu'une  seule 
abeille  a  la  fois,  et  Ton  suivra  la  route  qu'elle 
prendra  dans  sa  fuite.  Cette  aheille  vous  mettra 
sur  la  voie  du  lieu  ovi  doit  etre  son  domiciic.  Des 
qu"on  cessera  de  la  voir,  on  en  lachcra  une  autre 
que  fon  suivra  de  meme  ,  et  en  les  Mchant  ainsi 
successivement  on  arrivera  sous  leur  conduite 
jusqu"au  iieu  de  rcsideuee  de  ressaim.  II  y  a  des 


qiieremur.  Hoc  iiiense  calidis  locis  citri  arbor  inseriliir, 
siciit  supra  menioravi.  Nunc  locis  frigidis  lici  planlaria 
(lisporieuius,  servanles  eam,  qure  supra  dicta  est,  disci- 
plinani.  Nimc  etiam  licum  dcUemus  inseiere  i»  ligno  vel 
suli  cortice,  siciit  anle  praecepi,  et  eam  locis  siccis  inocu- 
lare.  Niinc  plauta  palmarum ,  qiiam  ceplialoneni  vocamiis , 
locis  apricis  et  calidis  est  poiienda.  Iloc  mense  sorbum 
poterinuis  inserere  in  -se,  in  cuionio,  in  spina  alba. 
•  Yl.  Tot  violiE  uncias  [innmdas,]  quof  olei  libras  mise- 
ris ,  et  diebns  xi.  siib  dio liabere  debebis.  Violae purgatae  ,  ut 
de  rore  nibil  babennl ,  liliras  quiutjue  vini  veteris  x  sextariis 
il''!iebis  inlundere  ,  est  post  xxx  dies  x  mellis  ponderibus 
tciiipeiare. 

VII.  Hoc  mcnse  viluli  nasci  solent,  quorum  matres 
abiindantia  pabuli  jiiviMitnr,  iil  surricere  possinttributola- 
lioris  ct  lactis.  Ipsi^  ^inlci:!  vi!n!is  lostum  molitnmipie  mi- 
liuiii  cuni  lactemisr.';iir -;ii!\;i;i  niore  pr.-pbendnm.  Nunc 
locis  calidis  tondcaiiluiinc:;,  it  sorotini  fcptus  lioc  mense 
si^iientur.  Nuncetiam  priina  est  admi.ssura,  quic  excellit , 
arietum ,  iit  a(;nos  jam  maturos  lilbernuin  tempiis  inveniat. 

VIII.  Iloc  iiieiisc  Icicis  apricis  apes  qiia^remns.  Scd  loca 


mellilica  indicant  apes ,  si  circa  fontes  frequentissiina?  pas- 
cantur  -.  nam  si  rariores  videbiintur,  in  bis  locis  mellilicari 
utiliter  non  potest.  Quod  si  freqiicntes  aquaiitur,  ubi  sint 
examina  earum,  boc  genere  possumus  invenire.  Ac  primo 
quam  longe  aut  prope  sint,  exploiemus.  Rubricam  llqui- 
dam  brevi  vasciilo  infiisam  geiamus ,  et  observemiis  foii- 
tes  aut  aquas  vicinas  :  tunc  dorsa  apum  bibentium  tanga- 
mus  illo  liqiiore  tincta  festiicula ,  atque  ibidem  moiemur. 
.Si  cito  reversic  fuerint,  quas  tinxiuius,  bospitia  earum 
pioxima  esse  iiosceraus  -.  si  tarde ,  spatio  longiore  sub- 
mota ,  quod  pro  mora  temporis  aestimamus.  Ad  proxima 
facile  veiiies ;  ad  longinqua  lioc  geneie  pei diiceris.  Caiinje 
ununi  internodluni  cum  suis  recides  articulls,  et  in  latere 
aperies.  Ibi  niel  exiguum  vel  delrulum  inltles,  et  juxta 
foiitem  pones.  Cum  ad  eum  conveneiint  apes,  atqiie  in- 
gressae  fueriiit  post  odorem,  foramen  pollice  claudes  ap- 
posito  ,  et  uiiam  tantum  patieris  exire,  cujiis  fugam  perse- 
qiicre.  lia  tlbi  partem  deraonstiabit  bospitii.  Cum  ipsam 
cceperis  non  videre,  alteram  continuo  dimitles,  et  scque- 
ris.  Itasinguloe  siibindedimissaetefacientu.^quead  lociim 
examinis pervenire.  Aliqui  mellis  brevissimum  circa  aquain 


DK    LAGRICULTUUi:,    LIV.  VL 


personncs  qui  mettent  un  tres-petit  vase  de  niiel 
;nix  environs  de  Teau,  parce  que,  lorstprune 
alieille a  goute  de  eemiel  en  venantboire,  et  qu'elle 
a  regagne  les  paturages  oii  sont  ses  compagnes, 
elle  eu  amene  dautres  par  la  siiile,  dont  la  Ibule 
augmente  en  ppu  de  temps ;  de  sorte  qu'on  peut 
les  suivre  jusqu'a  rendrolt  ou  sont  les  essaims, 
en  remarquant  le  eote  par  lequel  elless'en  rctour- 
neront.  Si  Tessaim  est  eaehe  dans  un  trou,  on  Ten 
ehassera  par  le  moven  de  la  fumce  (pie  Ton 
fera;  et  lorsqu'il  sera  sorti  on  reffrayera  en  fai- 
saiit  retentir  du  cuivre,  jusqu'u  ce  qu'il  se  soit 
accroehe  a  qucUjuc  arbrisseau  ou  a  quelque  braii- 
che  d'arbre,  dou  on  puisse  le  reeevoir  dans  une 
ruelie  qu'on  en  approchera  a  cet  effet.  Mais  s'il 
est  sur  la  branche  d'un  arbre  creux,  on  pourra, 
apres  avoir  coupe  cettc  branche,  tant  par  en  haut 
que  par  en  bas  ,  avec  une  scie  trestranchante, 
renvelopper  dans  uii  morceau  d'etoffe  proprc  ,  et 
remporter  pour  la  placcr  au  rang  des  ruches 
que  Ton  aura  dcja.  .\u  surplus,  c'est  le  matin 
qu'il  faut  chercher  des  abeilles,  afmd^avoir  toute 
la  journee  pour  lessuivre,  parce  qu'une  foisqu'el- 
les  ont  rmi  leur  tache,  elles  ne  reviennent  plus 
d'ordinaiie  u  rcau.  Mais  il  fautavoirsoin  de  frot- 
lerlcs  ruchcs  dans  lesquelleson  veutlesreeevoir, 
avec  de  la  citronelle  ou  des  herbes  agreablcs,  et 
de  les  arroser  d'un  peu  de  miel.  En  faisant  cette 
operation  au  printemps,  et  en  mettant  des  ruches 
parfumees  de  cette  maniere  aux  environs  des 
fontaines  et  dans  les  cndroits  ou  il  y  aura  beau- 
coup  d'abeilles ,  il  s"eu  amaSsera  une  multitude 
qui  viendront  d'elles-memes  dans  ces  ruches, 
pourvu  neanmoins  qu'on  puisse  les  preserver  des 
voleurs.  II  faut  aussi  iiettoyer  les  ruchesce  mois- 
ciainsiquelemois  precedent,ettuer  les  papillons, 
qui  se  niultiplient  principalement  dans  le  temps 
que  la  raauvc  cst  en  fleur.  Voici  la  maniere  de  les 


S99 

prendre  :  On  pose  le  soir  entre  les  ruehes  un  vasc 
de  euivrc  scmblable  a  un  vase  milliaire,  c"est-a- 
dire  qui  soit  profond  et  etroit,  et  on  met  ati  fond 
de  ce  vase  une  lumiere;  de  sorte  que  les  papillons 
venant  a  se  rassembler  dans  ce  vase  et  a  voltiger 
autour  de  la  lumiere,  le  peu  de  largeur  du  vase 
les  inet  dans  la  necessitc  de  se  bruler  au  feu,  dont 
ilssont  trop  pies. 

IX.  Les  heures  de  ce  mois-ci  sont  cpalcs  a  cel- 
lcsdumoisde  septembre,  suivant  la  ])roportiou 
de  ce  caleul. 

A  la  premiere  et  a  laonzieme  heure,  le  giio- 
mon  doiine  viiigt  quatre  pieds  d"ombre. 

A  la  seconde  et  a  la  dixieme ,  il  en  donne  qua- 
torze. 

A  la  troisieme  ct  a  la  ncuvieme,  il  en  donne 
dix. 

A  la  quatrieme  et  a  la  huilieme,  il  cn  donne 
sept. 

A  la  cinquieme  et  a  la  septieme  ,  il  en  donne 
ciiiq. 

A  la  sixicme,  il  en  donne  quatrc. 


LIVUE  SIX1EME. 

.M\I. 

I.  Oii  scmera  le  panis  et  le  millet  au  mois  de 
mai  dans  les  climats  froids  et  humides ,  de  la  fa- 
con  que  i"ai  indiqiiee.  Presque  toiites  les  semeuccs 
sont  cii  llcur  dans  ce  temps-ci,  et  le  cultivateur 
ne  doit  point  y  toucher.  Or  voicl  la  raaniere  dont 
elles  fleurissent :  les  bles  et  Torge ,  ainsi  que  les 
scmences  qui  iie  sont  point  partagces  en  dcux  lo- 
bes,  sont  cn  flcur  pendant  huit  jours,  et  lorsque 
la  fleur  de  ces  semeiices  cst  passee,  elles  grossis- 
scnt  pendant  quarante  jours  jusqu'a  cc  qu'cllcs 
soient  parvcnuesa  lcur  maturite;  au  licu  que  les 


vasculum  poinint,  de  quo  cum  apis  aquantlo  giislavorll, 
ad  commiinc  |iabulum  pergens  alias  exhlbcljil  :  (pianiin 
fiequeiitiain  sublnile  ciescenti'ni,  nolatarevolanlium  pai  le, 
iisque  adexamina  iieiseqiieiis.  Quod  si  esl  exanieii  iii  spe- 
liiiica  lecondilum  fiimo  cjicieUir,  et  cum  e.\ieril,  a'iis  so- 
nitvi  terriUim  in  frutice  vel  iii  aliqiia  silvae  se  parlesuspen- 
del,et  ila  adiiiolo  vasculo  recipielur.  Si  vero  in  cavse 
arboris  ramo  fuerit ,  aculissima  scira  idein  laniiis  siipra 
inframic  decisiis  et  miinda  vesle  cooperliis  nolerit  atTerri 
el  inter  al^earia  collocari.  VcsligaiiUir  autem  iiiaiic,  iil 
lola  dies  sufliciat  ad  seqiiendum.  >am  vespere  peiaeto 
operc  ad  aqiiam  plernniqiie  non  redeiiiit.  Vasa  aiitem, 
quilms  recipiunlur,  perlVicanda  sunt  cilragiiie,  vcl  lier- 
bis  suavibus,  cl  cons|>ergeuda  imbie  mellis  exigui  :  qiiod 
si  vcrno  fiat,  et  circa  foutes  alvearia  sjc  linct;i  poiiaiilur, 
locis  qiiibnsapuiiilrequenliaesl,  miilliludiiieinsibisponle 
ronducent ,  si  lameii  servari  a  fiiribus  possiint.  Hoc  eliaiii 
nicnse,  sicul  siipra,  piirganda  suiit  alvcaria  sordibus,  el 
iiecaudi  papiliones ,  qui  maxime  abimdant  llorenlibus  mal- 
vis,  quos  lioc  genere  intercipiemus.  Yas  a-neum  iniliario 
simile  ,  id  cst  alium  ct  angiistum  ,  vesperc  inlev  alveaiia 


(•oliocemns,  et  in  fiindo  ejiis  ponauiiis  lunien  acreusnm. 
Illiic  pa|iilioiies  convcuienl,  et  circ;i  liiinen  volil.iliunt,  et 
aiigiislla  vasciili  ab  igne  pioxiino  iiilnrire  cogi-uliir. 

I.K.  IIiijiis  niensis  Iioi\t,  lioris  mciisis  Scplcmbris  ai- 
(piantur  liocgenerc. 

Hora    I      et    xi       pi^des     xxiv. 

Iloia    II     et    X        pedes    xiv. 

Hora    III    et    i\      pedes     x. 

llora     IV    et    viii    pcdes     viii. 

Ilora     v      et    vii     pedes     v. 

llora     VI  peilis     iv. 


!,ini:R  si;xTL's. 

I.  Maio  racnse  locis  frigidis  el  biimeclis  panicum  scremiis 
el  niiliuin,  more  quo  dixi.  Nuiic  omiiia  prope,  ipia'  sata 
siiiit,  lloreiil,  neqne  laiigi  a  ciiltoie  (lebebiinl.  (Florenl 
aiilcni  sic : )  rriimenla  et  ordeum  el  qii.T;  smil  seuiiuis  sin- 
giilaris ,  oclo  diebus  llorcbiint ,  ct  deinde  per  dics  xl  gran- 
desccot  Itnrc  deposilo  usi^iic  ad  niaturitatis  eveatum. 


PALLADIUS. 


scmoiicps  qui  sont  paitagees  en  cleux  lobes,  tellcs 
que  Irs  feves,  les  pois  et  les  autres  legumes,  soiit 
en  flciir  per.dant  quarante  jours,  et  mettciit  lc 
mtoe  temps  a  grossir.  On  fauchera  ce  mois-ci  les 
foins  dans  les  cliraats  secs,  cliauds,  ou  voisins  de 
la  mer,  sans  cependant  altendre  qu'ils  soient  des- 
seches.  Si  lorsque  le  foin  est  fauche  il  vient  a 
ctrepcnetre par  la  pluie,  il  ne  faudra  pas  le  retour- 
ner  avant  que  la  superficie  en  soit  sechee. 

II.  II  faut  examiner  a  present  les  sarments 
qu'auront  donnes  les  jeunes  vignes,  afln  de  n'en 
laisser  qu'un  petit  nombre  de  ceux  qui  seront 
forts.  II  faut  aussi  soutenir  ces  vignes  avec  des 
appuis,  jusqu'a  ce  que  les  bras  qu'elles  auront 
produits  soient  consolides.  Qiiand  on  aura  coupe 
inie  jeune  vigne,  et  qu'elle  viendra  ii  repousser, 
on  ne  lui  laissera  pas  plus  de  deux  ou  trois  jets , 
que  Ton  liera  au  corps  de  la  vigne,  pour  les  met- 
tre  a  fabri  des  accidents  du  vent.  .Fai  dit qn'il  fal- 
lait  y  laissertrois  jets,  parce  que,  si  on  en  lais- 
eait  moins  dans  ces  coraraeneemenls,  et  que  les 
vents  viussent  a  les  briser,  il  n'eu  resterait  aucun. 
11  faudra  epamprer  ce  mois-ci ;  mais  cettc  opera- 
tion  ne  sera  avantngeuse  qu'autant  qu'elle  aura 
f  te  faite  dans  le  temps  oii  les  jeuncs  branches  se 
(letacheiit  sans  difficulte  sous  le  doigt  qui  les 
presse.  Au  reste,  clie  est  utile  pour  faire  grossir 
les  grappes,  et  preparer  leur  maturite  en  livrant 
un  passageau  soleil. 

III.  Cest  aussi  a  prcsent  qu'on  donnc  le  pre- 
raier  labour  aux  terraius  graset  oii  Therbe  abonde. 
Mais  lorsqu'on  veutdouner  ce  labour  a  des  terres 
iucultes,il  faut  examinerauparavantsi  ellessont 
seches  ou  humides,  couvertes  de  bois  ou  de  gra- 
men,  d'arbrisseaux  ou  de  fougere.  Si  elles  sont 
humides,  on  les  dessechera  en  y  creusant  partout 
dcs  fosses.  11  n'y  a  personne  qui  ne  connaisse  les 


fosses  apparentes;  mais  voici  la  manitre  de  s'y 
prendre  pour  faire  des  fosses  cachees.  On  creusea 
travers  le  champ  des  fosses  de  trois  pieds  de  pro- 
fondeur,  que  Ton  remplit  ensuite  jusqu'a  moitie 
de  petites  pierresoudegravier;  apres  quoi  on  les 
regale  par-dessus  avec  la  terreque  Ton  avait  enle- 
veepar  lafouille.  Maisrextremitedecesfossesdoit 
aboutir  en  pente  a  une  bosse  apparente  ,  dans  la- 
quelletouteleurhumiditeserendra,sanseiitrainer 
avec  elle  la  terre  du  charap.  Si  Ton  n'a  poiiit  de 
pierres,  on  etendra  au  fond  de  ces  fosses  des  sar- 
ments  ou  de  la  paille,  ou  desbroussailles  de  quel- 
quenaturequ'ellessoient.  Si  au  contraire  le  terrain 
estcouvert  de  bois,  il  faudra,  pour  le  eultiver, 
extirper  les  arbrisseaux,  ou  n'en  lais.serqu'un  petit 
norabre.  S'il  est  pierreux,  on  pourra  le  nettoyer 
en  faisant  ramasser  a  la  main  les  pierres  dont  il 
sera couvert, pour  en  construire des muraillcsqui 
lui  serviront  de  defense.  On  parviendra  a  le  de- 
barrasser  du  jonc,  du  grameu  et  de  la  fougere,  en 
multipliant  les  labours.  On  fera  notaminent  dis- 
paraltre  la  fougere  en  peu  de  temps,  pour  peu 
qu'on  seme  souvent  daus  le  champ  qni  la  porte 
des  feves  ou  des  lupins,  ou  qu"on  la  fauche  de 
teraps  en  tcmps  a  niesure  qu^elle  repoussera. 

IV.  Ge  mois-ci  est  le  temps  conveuable  pour 
remblayer,  c'est-a-dire,  recouvrir  de  terre  les 
arbres  et  les  ccps  qui  auront  ete  dechausses.  On 
coupera  a  present  le  bois  propre  a  faire  des  ver- 
ges  d'office ,  quand  il  sera  garni  de  toutes  ses 
feuilles.  Or,  voici  la  raesure  de  ce  qu'un  hornme 
pourra  en  couper.  Si  c'est  un  excellent  ouvrier, 
il  doit  expedier  la  valeur  d'un  inodius  de  bois 
de  haute  futnie;  un  ouvrier  mediocre  en  expe- 
diera  un  tiers  de  raoins.  On  beche  aussi  assidii- 
ment  les  pepinieres  dansce  temps-ci.  On  laille 
les  oliviers ,  et  on  ratisse  la  raousse  qui  s'y  atta- 


Qiiii!  XTO  (liiplicis  seminis  snut,  siciit  fiiba,  |)ismn  ca:le- 
raiiiie  legiiniiiia,  XL  diebus  (lorent  simiil(]iie  giaiKJescnnt. 
Hik;  mcuse  in  locis  siccis,  caliilis  sive  maiitimis  IV«na  re- 
(■iiliiiitiir,  iiilus  tainen  quam  exaiescanl.  Qiiod  si  pluviis 
iiilusa  fueiint,  converti  ante  uon  delient  qnani  pais  eoinm 
siimma  siccata  sit. 

II.  Nunc  consideremus  novella  vilis  (|uiie  piotulit  sai- 
meula,  et  el  pauca  et  solida  relinqnamiis,  et  adniiiiir.nlls 
lirmeinus,  donec  biacliia  prolafa  duiescani.  .Noii  aiileiii 
anipliusresectacet  pullulauti  viticuhc,  qiiaiii  diKc  \'-\  ties 
iiiateria!  reliuquautiir,  et  allij;(>ntnr  piopter  iiijuiiaiii 
veiili.  Ideoanlem  tres  materias  di\i  debeie  dimitli,  ne 
(lis.^ipautibus  ventis  nulla  lenianeat,  si  iii  iiriniiudio  icli- 
(|iu,'iis  pauciores.  Hoc  niense  panipinari  conveniet.  Sed 
liiiic  est  opportnna  panipinatio,  ciim  teneri  rami  fligitis 
sliiusenlihiis  crepabunt  sine  diriicullate  carpentis.  llii-c 
res  iivas  cllicit  pingnioies,  et  malurilali  consulit  solis  ad- 
niissii. 

III.  Niinc  quo(pie  pingues  agii  et  beibosi  prosciudan- 
tur.  Scd  si  agios  incultos  volueiis  aperiie,  consideialiis, 
siccusan  Ir.iinidus  sitager,  silvis  aiitgramine,  IVutelis  ves- 
tilusantlilice.  Si  liumiduserit,  fossarninduclilnis  ex  ornni 


paife  siccelnr.  Sed  apertae  fossse  nola;  sunt,  c<KC.Te  vero 
boc  genere  (iiint.  Iniprimuntur  sulci  per  agrum  transversi 
altifudine  pedum  lernum  :  poslea  usque  ad  medietafem 
lapidibus  minntis  replentur  aut  glarea ,  et  super  terra , 
qiiam  egesseramiis ,  aiquatur.  Sed  fossarum  capita  unam 
patentem  fossain  petant ,  ad  qiiam  declives  deciirrant  : 
ita  et  bumor  deducefnr,  et  agri  spatia  non  peribunt.  Si 
defnerinl  lapides,  sarmenfis  vel  stramine  snbjeclo  coope- 
riantnr  vel  qnibuscuuque  virgultis.  Sed  si  neniorosus  est, 
extirpatis  aut  raro  rebctis  arboribus  excolafur.  Si  lapido- 
sns,  per  macerias  saxoruin  tiirba  collecta  et  pnigaii  pote- 
rit,  et  inde  miiniri.  Juncus  et  gramen  et  filices  rreqiienti 
aiatione  vincentur.  Sed  filicem,  si  saipe  fabam  conseras 
vellupinos,  et  si  subinde  nascenlem  raiicrone  falcis  iiici- 
das,  inlra  exiginim  leinpus  absiinies. 

IV.  Hoc  mense  arbores  cl  vites  qn»al)laqueata?fueranl, 
occaie,  Iioc  est,  operire  jain  couvenil.  Nunc  ad  rudeni 
faciendam  silva  ca'dalur,  quando  omni  fronde  veslita  est. 
Cicdendi  aiitem  liic  iiiodus  est ,  ut  optimiis  oiierariiis  in 
alta  silva  niodii  spalium,  mediocris  vero  leitia  minus 
possit  abscindeie.  Nunc  et  seminaria  fodiuntur  assidiie, 
el  locis  pisegelidis  et  pluviosis  olea!  pulantur.et  eis  mus- 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  VL 


fioi 


che,  dans  les  cliinats  trcs-froids  ct  pluvieiix.  Si 
ron  a  seme  des  lupiiis  daus  la  vue  de  fumer  ses 
terrcs,  il  faudra  les  reverser  a  present  en  terre  a 
Paide  de  la  charrue. 

V.  II  faut  faconner  a  present  au  pasdnnm  le 
terrain  des  jardins  que  Ton  destine  a  etre  cou- 
verts ,  en  automne ,  de  semences ou  de  pieds d'ar- 
bres.  II  est  bon  de  scmer  Tache  de  marais  ce 
mois-ci,  comme  nous  ravons  deja  dit  ci-dessus. 
On  pourra  encore  mettre  en  terre  la  coriandre , 
lesmelons,  lescourges,  rartichaut,  les  raiforts 
et  la  rue.  On  transferera  aussi  le  poireau  en  pied, 
et  on  rexcitera  ensuite  a  croitre  en  Tarrosant. 

VI.  Les  grenadiers  coramencent  a  tleurir  a 
present  dans  les  pays  chauds.  Ainsi ,  si  Ton  en- 
ferme,  comme  le  dit  Martialis,  une  branche  de 
grenadier  avec  sa  tleur  dans  un  vase  de  terre 
cuite  enfonce  en  terre  aupres  de  Tarbre,  en  at- 
tachant  cette  branche  ci  un  pieu ,  afin  qu'clle  ne 
s'elance  pas  hors  du  vase,  elle  donnera  en  au- 
tomne  un  fruit  dont  la  grosseur  sera  moulee  sur 
la  capacitedece  vase.  Onpeutaussienteren  ecus- 
son  le  pecher  ce  mois-ci  dans  les  pays  chauds. 
On  greffe  a  present  dans  les  pays  froids  le  citron- 
nier,  conformemeuta  la  raetliode  que  nous  avons 
donnee.  On  plantera  a  present  le  jujubier  dans 
les  pays  froids ,  et  Pon  y  greffera  le  figuier.  Cest 
aussi  dans  ce  mois-ci  que  Tou  plante  les  pieds  de 
palraiers. 

VI  l.  II  faut  chatrer  a  present  ies  veaux  ,  ainsi 
que  Magnn  le  prescrit,  dans  le  temps  qu'ils  sont 
jeuiies,  en  coraprimant  leurs  testicules  avec  une 
fi'rule  fcndue,  et  eu  les  froissant  peu  a  peu  pour 
les  detacher.  Mais  il  ordonne  de  ne  faire  cetle 
opcration  qu"au  priutemps  ou  en  automne,  et 
dans  le  deeliu  de  la  lune.  D'autres  ,  apres  avoir 
attache  le  veau  au  travail ,  saisissent  avec  deux 
regles  detain  etroites,  comine  avee  des  tenailles, 


les  nerfs  memes,  appelcs  en  gree  xpsaair^pi;,  et 
coupent  avec  un  instrumont  de  fer  les  testicules 
apres  les  avoir  tires  a  eux ,  en  laissant  intacte 
une  portion  de  fextremite  de  leurs  nerfs  ;  precau- 
tion  qui  arrete  la  perfe  du  sang ,  et  qui  empechc 
les  jeunes  boeufs  d"(Hre  absolument  enervcs , 
puisqu'ils  ne  perdent  pas  dans  ee  casla  toute  leur 
masculinite.  II  n'est  pas  tolerable  de  contraindre 
les  veaux  a  saillir  apres  la  castration ,  comme  on 
le  voit  pratique  par  bien  des  personnes ;  paree 
qu'il  est  constant  que ,  quoiqu'ils  demeurent 
prolinques,  Tcffort  leur  eauseun  fhixde  sang  qui 
les  fait  perir.  On  frottera  les  plaies  oecasionnees 
par  la  castration  avee  de  la  cendre  de  sarment 
et  de  recume  d'argent.  On  empechera  ranimal 
nouvellement  chatre  de  boire ,  et  on  ne  lui  per- 
raettra  la  nourriture  qiren  pelite  quantite ,  en 
lui  donnant,  dans  les  trois  jours  qui  suivront  \'o- 
peratiou,  des  ciracs  d'arbrcstendres,  desarbustes 
mollets,  et  des  feuilles  d'herbes  \ertes  legere- 
ment  humectees  de  rosce  ou  d'eau  de  riviere.  II 
faut  panser  ces  plaies  soigneusement  au  bout  de 
ces  trois  jours ,  avec  de  la  poix  liquide  melce  de 
cendre  et  d'une  petite  quantite  d'huile.  Mais 
rexperieuce  a  fait  trouver  recemraent  une  ma- 
nicre  de  chatrer,  qui  est  meilleure  que  les  an- 
ciennes.  Apres  avoir  garrotte  le  jeune  breuf  et 
Tavoir  renverse  par  terre,  on  renterrae  ses  tes- 
ticules  dans  la  peau  qui  leur  sert  d'enveloppe ,  et 
que  Ton  tend  ix  eet  effet ;  puis ,  en  les  coinpri- 
raant  avec  une  regle  de  bois,  on  les  coupe  soit 
avec  des  haches  brulantes,  soit  avec  des  doloires, 
ou  ,  ce  qui  vaut  encore  mieux,  avec  un  instru- 
inent  de  fer  fait  exprcs  pour  cette  operation,  et 
qui  a  la  forine  d'un  glaive.  Eu  effet,  en  snivaiit 
cette methode,  le  tranchant  du  fer  qui  est  brulant 
penetre  aupres  de  la  regle  raeme ;  de  sorte  que 
roperation ,  devenue  plus  rapide  ,  en  est  nioins 


i-ns  abrailitur.  At  si  fpiis  liipinnni  stercorandi  agri  causa 
seminavit,  aratio  ilinni  niinc  debebil  everlere. 

V.  Horloium  spatia,  qua;  per  anlnmnuni  seminibus 
implonda  destinantnr,  ant  planlis,  nnnc  conveniet  pasli- 
iiare.  Hoc  mense  apinm  bene  seritur,  sicnl  jam  ante  di- 
clnmest,  vel  i-oiiaiidrum,  el  nielones.et  cuciirbita;,  car- 
ilniis,  et  radices,  ct  rnla  paKsentiir.  Porri  quoque  planla 
transCerlnr,  iit  ri^aliiinibus  aninietur. 

VI.  Locis  calidis  nnnc  mala  Punica  llorere  incipiunt. 
fiamus  ergo  cum  floie  (siciit  Martialis  dicit)  si  obruto 
circa  arborcm  lictili  vase  claudatur,  et  ne  resiliat,  ligetiir 
ad  palum,  pro  vasciili  magnitudinc  pomum  leddit  au- 
(iinino.  Hoc  eliani  nienscloiis  calidis  emplastrari  Persicus 
polest.  I.ocis  IVi^idisnniiccilri  arlmr  inscritur,  et  ea,  qnae 
dicla  esl,  disciplina  servetiir.  Nunc  Irigidis  locis  ^^lzipbnm 
ronseiemns,  el  licum  iuscrimus.  Hoc  etiam  mensc  palniEC 
|ilanla  dispoiiiliir. 

VII.  Niinc  castiandi  smit  vitnli,  sicul  Ma.:;odicit,  fe- 
iieia  .vtale,  nl  lissa  feriila  leslicnli  coinpiimantiir,  et 
pauliilim  confracti  re.solvanliir.  Sed  boc  Iniia  decrescenle 
verno  vc!  autiimno  ficri  debcre  praccipif.  .\lii  li.^alo  ad  iiia- 


cliinam  vitulo,  duabus  anguslis  le.^ulis  slinueis  sicut  for- 
cipibus  ipsos  nervos  appreliendnnt,  qiii  Gra"ce  •«£|iai7T7ip£; 
diinntiir.  His  comprebensis  tentos  testicnlos  ferro  rese- 
canl,  et  ita  recidunt,  ut  aliquiii  de  liis  capitibus  nervo- 
riim  snornin  dimittatur  baerere.  Qiia;  res  et  sangiiinis  ni- 
mietatem  probibct,  el  nou  omnino  juveiicos  snbducto 
roboie  virililatis  effieniinat.  Nec  admitlendnm  est,  qiiod 
pleriqne  facinnt,  iit  sfatim  caslralos  ciiiie  coinpellanl. 
Nam  certiim  est  ab  eis  generari ,  sed  ipsos  I1u\u  sanguinis 
interire.  Vnlncra  vero  castratnr.T  cinere  sarmenforum  ct 
spuma  linentur  argenli.  Caslrafus  abstincatur  a  polu,  ct 
cibis  pascaliir  exiguis,  et  sequenli  tridiio  pr.tbeantur  ci 
tenerre  arlioriim  summitales,  cl  frulccta  mollia,  et  lierb,i! 
viridis  coma  dulclore  .sagina  roris  aut  niiminis.  Pice  eli.ain 
liqnida  misto  cincrc  et  modico  oleo  post  triilnnm  viilnera 
diiigenter  iinmienda  suiit.  Sed  ineiiiis  geniis  castralionis 
seqiicns  usus  invenit.  Alligalo  enim  jiivenco  aliiiie  dejccto, 
testiciili  stricta  pelle  claudimtiir,  atipie  ibi  lignea  regula 
piemenle  decidiiiitnr  ignilis  securibns  vcldolabris,  vcl, 
ipiod  est  nieliiis,  formato  ad  lioc  ferramento,  iit  gladii  si- 
inilitudincm  leneal.  Ita  cnim  riica  ipsam  regiilam  feiri 


602 


PALLADIUS. 


douloureiise ,  et  que  la  cieatrice,  qui  se  forme 
aussi  promptement  que  la  plaie,  empeche  reffu- 
sion  du  saiig. 

VIU.  II  faut  faire  apresent  la  toute  des  brebis 
dans  les  pays  temperes.  Mais,  lorsqu'elles  auront 
ete  tondues,  on  les  pansera  avec  ronguent  dont 
voici  la  coniposition  :  Oii  meiera  ensemble  par 
portions  esales  de  la  deeoetion  de  lupins,  de  la 
liede  viu  vieux  et  dn  marc  d"huile,  ct  on  les  frot- 
lera  de  cet  onguent  quand  ces  drogues  seront 
bien  amalgameesenscmble.  Tioisjours  apres,  si 
Ton  est  a  proximite  de  la  mer,  on  les  y  plon- 
gera  sur  le  bord  du  rivage;  au  lieu  que  si  c'est 
dans  rinterieiir  des  terres  qu'on  nourrit  ces  bes- 
liaux  ,  il  faudra,  dcs  qn'ils  auront  ete  tondus  et 
frottes  d'onguent,  leur  jeter  sur  le  corps,  en  plein 
air,  de  Teau  de  pluie  tant  soit  peu  bouillie  avec 
(lu  sel.  On  pretend  que  le  betail  qui  aura  cte 
soigne  de  la  sorte  sera  preservc  de  la  gale  pour 
toute  rannee,  et  que  sa  laine  aequerra  de  la 
longueur  et  du  moelleux. 

IX.  On  fera  cailler  ce  mois-ci  du  lait  pur, 
pour  en  faire  du  fromage,  soit  avec  de  la  pre- 
sure  d'agneau  ou  de  bouc,  soit  avec  eette  niem- 
l;rane  intiirieure  qui  est  adherente  aux  ventres 
des  poulets,  soit  avec  des  fleurs  de  cliardou  sau- 
vage,  soitavecdu  lait  de  figuier.  II  faudra  ex- 
traire  du  fromage  tout  le  petit-lait,  et  meme  le 
coinprimer  en  le  cliargeant  de  poids.  Quand  il 
eommencera  aetre  ferme  ,  on  le  mettra  dans  uu 
lieu  ombrage  ou  frais ;  et,  apres  Tavoir  comprime 
en  y  ajoutant  de  temps  en  tenips  de  nouveaux 
poids  pour  ie  raffermir  de  plus  en  pliis,  il  faudra 
le  saiqjoudrer  de  sel  egruge  et  torrefie,  et  le  com- 
piimer  plus  qu"il  ne  Taura  encore  ete,  quand  il 
sera  devenu  pliis  fcrme.  Quelques  jours  apres. 


les  pains  de  fromage  etant  bien  durcis,  on  les 
arraogera  sur  des  claies  ,  de  facou  qu'ils  ne  se 
touehent  pas.  U  faut  mettre  le  fromage  dans  un 
lieu  clos  et  oii  Tair  ne  pen^tre  pas,  si  Ton  veut 
qu'il  se  conserve  tendre  et  gras.  II  sera  defec- 
tueux  toutes  les  fois  qu'il  sera  sec  ou  spongieux ; 
ce  qui  arriveia  lorsqu'll  n'aura  pas  ete  assez 
comprime,  ou  qu'il  aura  ete  trop  sale  ,  ou  brule 
par  Tardeur  du  soleil.  II  y  a  des  personnes  qui 
brolentsur  lefromage,  lorsqn'elles  eonimeucent  a 
le  faire,  des  pignons  verts,  etqui  en  jettent  dans 
le  laitavant  de  le  faire  prendre.  D'autres  y  ajou- 
tent ,  au  moment  qu'il  prend  ,  du  thyra  broye  ct 
tamise  a  diverses  reprises.  Ou  pourra  meme  don- 
ner  au  fromage  tel  gout  que  Ton  jugera  a  propos, 
en  y  ajoutant  des  assaisonnem.ents  ,  tels  que  du 
poivre  oii  quelque  autre  epice  que  ce  soit. 

X.  Les  essaims  coraraencent  a  se  peupler  ce 
mois-ci ,  el  il  se  lorme  des  abeilles  plus  grandes 
que  les  autres  dans  les  extremites  des  rayons. 
Quelques  personues  prennent  ces  abeilles  pour 
les  rois  des  ruches.  Mais  les  Grecs  leur  donnent 
le  nom  d'o"ia-pou!; ,  et  ils  ordounent  de  les  tuer, 
parce  qu"elles  troublent  le  repos  des  essaims.  Les 
papillons  sont  a  present  tres  muitiplies,  et  il  fau- 
dra  Ips  tuer  de  la  maniere  q«ej'ai  preserite. 

XI.  Cest  vers  la  liu  de  ce  mois  qu'il  faut  eta- 
blir  le  planeher  des  terrasses ;  eonstructions  que  la 
geleeet  les  frimas  sont  siijets  a  miner  et  a  detriiire 
dans  les  pays  froids,  ainsi  que  dans  eeux  ou  il 
regue  dcs  brouiilards.  Neanmoins  ,  si  on  veut  en 
faire,  ou  commencera  par  poser  deux  rangees 
de  planehes  transversales,  sur  lesquelleson  eten- 
drade  lapaille  ou  de  la  fougere,  que  ron  regalera 
bien  avec  une  pierre  dont  la  grosseur  puisse 
remplir  la  main.  Ensuite  on  couvrira  ce  lit  de 


acies  ardentis  impriniitur ,  nnoqne  ictn  el  niorani  doloi  is 
benotlcio  celerilalis  absuniit,  et  uslis  veuis  ac  pellibus 
fluxn  sanguinis  (strictis,  plagam)  cicatrix  quodammotlo 
cuni  ipso  \  uliicrc  nala  (Iffenflit. 

VIII.  Lnris  leiiipeialis  nuiic  ovium  celebranda  tonsura 
ost.  .Seii  tonsas  oves  lioc  nii^iiine  mp(iicemnr.  Snccuin  de- 
coctl  lupini ,  feces  vini  veleris ,  el  ainiiicain  pari  mensura 
miscebis,  et  in  nnum  corpiis  onniia  ledacla  cnrabis  adli- 
nire.  Post  triduum  deinde,  si  niare  vicinnm  est,  lilori 
mcrRantnr  extremo  :  si  in  mediis  lerris  pascimiis,  aqna 
ca'Iestis  cum  sale  paiilulnm  decocta  sub  dio  debebit  pe- 
cornni  tonsa  et  uncta  membra  dihiere.  IIoc  enim  modo 
curatiim  jiecns  loto  anno  nec  scabrum  iieri  dicitur,  et 
prolixas  lanas  creare  ferlur,  ac  molles. 

IX.  IIoc  mense  caseiim  coagulabimus  sincero  lacle  eoa- 
giilis  vel  agni  vel  liaedi,  vel  pellicnla,  qiia:  solet  pnllo- 
runi  venliibns  adliEcrere,  vel  agrestiscardui  floribus,  vel 
lacle  liculneo ,  cui  serum  debet  omne  Ueduci,  ntelpon- 
(leribus  urgealur.  Ubi  soUdari  cceperit,  loco  opaco  p(«ia- 
lur  aiit  frigido,  el  pressns  subinde  adjectis  pro  acquisita 
soliditate  ponderibus,  Irilo  ac  lorrefacto  sale  debet  asper- 
gi ,  et  jani  durior  vebemenlius  piemi.  Posl  aliquot  dics 
solidala;  jain  formula;  per  crates  ita  slaluantur,  nc  invi- 


cem  se  unaqnKquc  contingat.  Sit  aiitem  loco  claiiso  et  a 
ventis  renioto,  ut  teneriludinem  .«ervet  atqiie  pinguedi- 
nem.  Vilia  casei  smit ,  si  aiit  siccus  sit  anlflstulosus  :  quod 
eveniet,  aul  si  pai  iiiii  |iii'iii,iliir,  aiit  sales  nimios  accipiat, 
aut  calore  solis  insliii.  In  rri-enti  caseo  conliciendo  aliqiii 
nncleos  viiides  piiieos  lerunt.atqne  ila  mistn  lacle  gelant. 
Aliqni  tliyiiium  trilum  et  freqnenter  colatum  congelanl. 
Qualcmciinqiie  etiain  saporem  velis  efficere  poteris ,  adjec- 
to,  quod  elegeris,  condiraento  seu  piperis  seii  cujuscun- 
que  pigmenti. 

X.  Hoc  mensc  incipiunt  angeri  examina ,  et  in  extreniis 
favoruni  partibus  majores  creantur  apicnl:e,  quas  aliqiii 
reges  pntant;  sed  Grffici  eos  oiVTpou;  appellant,  et  necari 
jubent,  qnia  requiem  conculiunt  quicscentis  examinis. 
Niinc  papiliones  abundant,  qnos  necemus,  more  quo 
dixi. 

XI.  Nuiic  circaextremnm  inensem  pavimentain  solariis 
fiiint  :  qua?  in  fiigidis  regionibiis-et  ubi  pruin<-K  sunt,  gla- 
cie  suspendunliir  et  percunl.  Sed  si  boc  placuerit,  sterne- 
miis  duplices  ordines  tabularnm  tiansversos  atque  dire- 
ctos,  et  paleam  vel  filicem  subsleruciinis,  et  (.leipialiter ) 
ccqiiabimus  saxo,  quod  manuni  pos..,irnnpl('ie.  redaneum 
supcr  rudus  inducimus,  et  assiduo  \ecte  densanins  :  tiinc, 


DE  LAGRIGULTURi:,  LIV.  VL 


mortier  t(  un  pied  d'epaisscar,  et  l'on  chargera 
ce moitier d"une  quantite  de  iwrres  de  bois ;  apres 
quoi,sansattendrequele  mortier  soit  sec,  ou  ap- 
pliquera  dessus  des  tuiles  de  deux  pieds,  creusees 
sur  tous  leurs  cotcs  de  la  profondeur  d'un  doigt, 
et  Ton  reniplira  de  cliaux  vive  detrempee  avcc 
de  riiuile  les  interstices ;  puis  l'on  couvrira  tout  le 
mortler  de  eet  assemblage  de  tuiles,  afln  que, 
lorsque  tout  cct  appret  sera  see,  il  ne  forme 
qu'une  seule  masse  a  travers  laquelle  rhumidite 
ne  pourra  point  penetrer.  Lnsuite  on  etendra  sur 
ce  pave  six  doigts  d'epaisseur  de  mortier  de  bri- 
que ,  que  Ton  battra  frequemment  avee  des  ver- 
ges,  alin  qu'il  ne  s'y  forme  point  de  crevasses; 
apres  quoi  on  enfoncera  dans  ce  mortier  de  larges 
carreaux  dc  briques,  ou  des  tablettes  de  marbre 
qucleonques,  ou  eufin  despierres  carrees;  et  Ton 
aura  une  construction  que  riea  n'est  capable 
d'eiulomniager. 

XIL  II  l'aut  fairc  ce  mois-ci  des  briques ,  soit 
avee  de  la  terre  blanche  ,  soit  avec  de  Targile 
ou  de  la  terre  rouge.  En  effet,  eelles  que  Ton  fait 
cn  cte  se  scchent  a  la  sHperfieie  ,  parce  que  cette 
partie  se  trouve  trop  subitement  affectee  de  la 
chaleur,  tandisque  1'humiditese  tient  renfermeo 
en  dedaus,  ce  qui  occasionne  des  crevasses.  Or 
vniei  la  maniere  dc  les  faire  :  On  passera  rargile 
avec  soin ,  et  on  la  purgera  de  tout  grumeau  ; 
ensuite,  apres  Tavoirmelee  avee  de  lapaille,  on 
la  1  lissera  fermenter  longtemps  ,  et  on  en  rem- 
plirades  moules  de  la  forme  d"une  brique.  Enfln 
on  la  laissera  sccher  au  soleil ,  en  la  retournant 
de  temps  en  temps.  Au  surplus  ,  les  briques  doi- 
vent  etre  de  deux  piedsde  longueur  sur  un  pied 
dc  largeur,  et  d'une  epaisseur  de  quatre  uncicr. 

XIll.  Co.ntiposition  du  vin  rosat.  On  jette  cinq 
livres  de  roscs  ,  eplucheesdes  la  veille,  dans  dix 

anleqnam  nulns  sicceliir,  liipedas ,  quae  per  onmia  latei  a 
canallcnlos  liabeant  disilales,  jnngenius,  ila  ut  calcc  \iva 
ex  oleo  tcmpeiala,  bipedaruin  canales,  qni  mler  se  con- 
nectendi  sunt,  inipleanlur,  et  earuni  conjunclione  rudiis 
omnc  cooperiatur.  Nani  sic('ata  oinnis  niatei  ia  ununi  cor- 
pus  efficiel,  ct  nullinn  tiansmitlel  liumorem.  Tostea  sex 
digilorum  testaceum  siiperrimdemus  ,  et  ficquenter  viigis 
vciberabiinus,  nc  riniis  possit  aperiii.  Tunc  tessellas  la- 
liores  vel  labellas  iiiialesriuKpic  mavmoreas  aut  paginas 
iinprimemus ,  et  banc  conslrurlioneni  res  nulla  vitiabit. 

XH.  lloc  mcnsc  lateres  lacicndi  sunt  e\  tena  alba  vnl 
creta  vel  riibiica.  Nam  qui  acslatc  liunt,  ccleritatc  fcrvoris 
in  summa  ciite  siccanliir,  intciius  liiiinore  servato  :  qua: 
res  scissuris  eos  faciet  aperiri.  Fiuiil  aHtcm  sic.  Tcrra  creta 
diligenler  el  omni  asperilalc  purgala ,  mista  ciiin  palcis 
diu  iiiacerabitiir ,  et  inli  a  (ormain  latcri  similein  depri- 
Hictur.  Tunc  ad  siccandum  rclicta  siibindc  versabilnr  a.l 
solis  aspcctum.  Sint  veio  [lateies]  longitudine  pedum 
«luorum  ,  latitudinc  unius,  alliliidine  qnaluor  unciaruni. 

XIII.  [  Dc  roin^o.  ]  Quinqiie  libras  ros.x>  pridic  purgat.ie 
in  vini  veteris  x  scxlarios  mergcs,  et  posl  xxx  dies  x  de- 
tpumati  niellis  libias  arijicies,  cl  utcris. 


sextnrii  de  vin  vieux  ;  et  apres  avoir  ajoute  au 
bout  de  trcnte  jours  dix  livres  dc  micl  ecunie  sur 
cette  composition  ,  on  pourra  s'en  servir. 

XIV.  Gomposition  de  rbuile  de  lis.  On  fait 
infuser  dix  lis  dans  une  livre  d'huile,  et  on  inet 
le  vase  de  verre  qui  renferme  cette  coinpositioii 
pendant  quaiantc  jours  en  plein  air. 

XV.  Composition  de  riiuile  de  roses.  On  met 
surunelivred'huileuuew«c'/fjderoses  epluehces, 
et  on  suspend  cetle  compositiun  peiidant  sept 
jours,  tant  au  soleil  qu'au  clair  de  la  lune. 

XVI.  Composition  du  miel  rosat.  On  mele  une 
livre  de  miel  avec  un  scxtarius  de  suc  de  roses , 
et  on  suspend  cette  composition  pendaut  qua- 
rante  Jours  au  soleil. 

XVI L  On  viendra  a  bout  de  conservcr  des 
roses  en  boutons  en  fendaut  un  roseau  vert  sur 
son  pied,  et  en  les  renfermant  dans  sa  cavile, 
de  faeon  que  la  fente  puisse  s'en  joindre;  ensuite 
on  coupera  le  roseau  quand  on  voudra  avoir  des 
roses  fraichcs.  II  y  a  des  personnes  qui  les  enter- 
rent  a  Tair  apres  les  avoir  reufermees  dans  un 
pot  qui  soit  propre,  et  qui  les  conservent  en  lcs 
garantissant  par  la  de  tout  aecident. 

XVIII.  Le  mois  de  mai  repond  a  celui  d"aoiit, 
en  ce  qui  concerne  la  duree  des  heures. 

A  la  premiere  et  a  hi  onzlerae ,  le  gnomon 
donne  vingt-trois  pieds  d'ombre. 

A  la  seconde  et  a  la  dixieme,  il  en  donne 
treize. 

A  la  troisicme  et  a  la  neuvieme,  il  en  donne 
neuf. 

A  la  quatrieme  et  a  la  huitieme,  il  en  donuc  six. 

A  la  cinquieme  et  h  la  septieme  ,  il  en  donne 
I  quatre. 

,\  la  sixieme ,  il  cn  donne  trois. 


\\\,{l)e  olen  idiaceo.^l  Per  olei  lihras  sinsulas  dcna 
lilia  ciirabis  inrunderc ,  ct  vas  vilrcuni  \l  diebus  lucare 
snb  din. 

XV.  [  De  oleo  roseo.  j  In  olei  libras  siiigiilas,  rosic  pur- 
gatae  singulas  uncias  niiltes,  et  v  n  diebus  in  solc  suspen- 
des  et  luna. 

XVI.  [  De  rliodomeli.  ]  In  sncci  ios.t  scxtariis  singiilis 
libras  singulas  niellis  admi,sces,  cl  diebiis  xi.  .■nib  sole 
suspeiidis. 

XVII.  Ro.sas  nondum  patefaclas  servabis,  ,si  in  canna 
viridi  slante  lissa  recliidas,  ita  ut  lissiiram  coiie  patiaris  : 
ct  eo  teinpore  cannam  rccidas,  ipio  rosas  vijidcs  babcre 
volueiis.  Aliqui  ulla  rudi  condilas  ac  bcuc  niunilas  sub 
dio  obruunt ,  ac  reseivant. 

XVIII.  In  liorarum  mcnsiiris  Mains  respondct  .\uguslo. 


Ilora 

1 

ct 

XI 

pcdes    xMii 

lloia 

11 

et 

X 

peilcs     XIII. 

Hora 

III 

et 

IX 

pcdcs     I\. 

lloia 

IV 

et 

\MI 

ped.'S     VI. 

Ilora 

v 

el 

VII 

pe.l..s     IV. 

Hoia 

pc.iis    ni. 

R04 


PALLADIUS. 


LIVRE    SEPTIEME. 

JULN. 

L  II  faut  approter  au  raois  de  juin  l'aire  a  bat- 
tre  le  ble.  Oii  commeiicera  ci  cet  etTet  par  bien 
uettoj  er  un  tcrrain ,  en  arrachant  toutes  les  her- 
bes  qui  s'y  trouveront ;  ensuite  on  le  bcchera  le- 
gerement,  et  on  Taplanira  apres  y  avoir  mele 
avec  laterre  de  la  paille  etduraarc  d'huiiesans 
sel ,  ce  qui  garantira  les  bles  des  rats  et  des  four- 
rais.  Cela  fait,  ou  comprimera  le  sol  avec  une 
pierre  cylindrique  ou  un  fiit  de  colonne,  qu'on 
roulera  dessus  pour  le  consolider;  puis  on  le  lais- 
sera  seclier  au  soleil.  II  y  a  des  personnes  qui  ar- 
roseut  lcs  aires  d'eau  apres  les  avoir  nettoyces ,  et 
qui  y  nieuent  promeuer  le  raenu  betail  pendaut 
un  temps  considerable,  alin  qu'il  les  foule  bien  aux 
pieds ;  et  quand  la  terre  en  a  ete  bien  comprimee 
par  ce  moyen ,  on  attend  qu'elle  soit  absolument 
seche  pour  se  servir  de  raire. 

II.  On  ne  commence  qu'a  present  la  recoltc  de 
Torge,  niais  il  faut  rachever  avant  que  le  grain 
torabe  a  terre;  ce  a  quoi  il  est  sujet  quand  Tepi 
estsec,  pareequece  grain  n'est  poiutenfermc  dans 
iine  capsule  corame  celui  du  froment.  Un  hahile 
moissonneur  peut  e.xpedier  en  unejournee  cinq 
i/ioclii  de  terrain  bien  rempli ;  un  mediocre  en  ex- 
pediera  trois ;  ii  n'y  a  que  le  pire  dcs  ouvriers  qui 
cn  fasse  moins.  Mais  on  aura  soin  de  laisser  quel- 
quetemps  sur  tcrre  le  chaume  de  Torge,  parce 
qu'on  prctend  que  c'est  le  moyen  de  la  faire  ren- 
(ler.  Ou  fait  aussi  a  present  la  rccolte  du  fromcnt 
vers  la  fin  du  mois  dans  les pays  voisins  de  la  mer, 
chauds  et  secs.  On  connait  que  cette  moisson  est 
prete  a  faire,  lorsque  tous  les  epis  sont  unifor- 
inement  teints  d'une  couleur  jauue  (jui  annonce 


lcur  maturite.  Les  habitanls  dcs  pays  plals  de  la 
Gaulc  ont  une  raethode  de  moissonner  qui  epar- 
gne  la  main-d'oeuvre ,  puisqu'elle  n"cxige  que  la 
journee  d"un  bcEuf  pour  expcdier  tout  uu  canton. 
lls  ont  un  chariot  monte  surdeux  petites  roues. 
La  surface  de  cechariot,  qui  est  carrce,  est  garnie 
de  planches  renversees  en  dehors,  de  sorte  que  sa 
partie  superieure  est  plus  large  que  1'inferieure. 
Ces  planchessont  moius  hautes  sur  le  dcvant  du 
chariot  que  par  derriere.  Sur  ces  planches  sont 
distribuees  parordre  de  petites  dents  clair-seraees, 
doiit  le  nombre  estproportionne  a  laquantite  des 
epis.  Ces  dents  sout  recourbees  par  en  haut.  On 
adapteau  derrierede  ce  chariot  deux  brancards 
tres-courts,scmblables  a  ceux  des  litieres  dans  les- 
quelles  les  femmes  se  font  porter;  et  Ton  attelle 
a  ces  fleches,  a  laide  d'un  joug  et  avec  dcs  cour- 
roies,  un  boeuf  qui  a  la  tete  tournee  vers  !e  cha- 
riot.  II  faut  sans  contredit  que  ce  bceuf  soit  doux, 
et  qu'il  n'aillepas  plus  vite  qu'on  nc  le  pousse.  Le 
bauf  promenant  ce  chariot  a  travers  la  moisson, 
tous  les  epis  se  trou vent  saisis  par  les  pctites  dents 
dont  il  est  garni,  et  s'accumulent  par  consequent 
dans  le  chariot,en  se  separant  de  la  paille  qui  reste 
endehors.  Lebouvier,  quisuit  parderriere,  dirige 
la  marchc  du  chariot  en  Televaut  ou  en  le  bais- 
saut,  suivant  rexigence  du  cas ;  et  il  ne  fautque 
quelques  iieures  d'allfes  et  venues  pour  cxpedier 
touteune  moisson.  Cette  methode  est  bonnc  pour 
les  pays  plats  et  dont  le  terrain  est  egal ,  ainsi  que 
pour  ceiix  oii  Ton  neconsiderepas  lapaillecomme 
objet  de  necessite. 

III.  On  fera  a  present  dans  les  cliraats  tres- 
froids  les  operations  qui  auraient  du  etre  faites 
au  raois  de  mai.  On  donnera  egalement  les  pre- 
raiers  labours  aux  terres  dans  les  cantons  pleins 
d'hcrlies  et  qui  auront  ete  geles.  On  hersera  les 


LIBER  SEPTIMUS. 

I.  Jnnio  meiise area  paraiida est  ad  triliiram,  ciijus  piimo 
terra  radatiir  :  deinde  cfiossa  leviter  mistis  paleis  el 
amurca  fequatur  insulsa.  QuK  res  a  miirilins  et  formicis 
frumeuta  detendit.  Tunc  premenda  est  rotiiiHlo  lapide,  vel 
folumna;  qiiocunque  fiagraento,  cojiis  volutatio  possil 
cjns  spatia  solidaie,  deliinc  sole  siccetur.  Aliqui  numdatis 
;;reis  aquam  .spargunt,  et  niinuta  ilii  pecora  diu  spaliari 
ac  proculcare  compellunt.  Et  cum  lerra  ungulis  stricta 
fiieril,  spectant  solidam  siccitatem. 

II.  Nunc  primo  ordei  messis  incipitiir,  quae  consum- 
manda  est  antequam  grana  arefactis  spicis  lapsa  deciir- 
rant,  quia  niillis,  sicut  trilicum,  follicnlis  vestiuntur. 
Quinqiie  modios  recidere  potest  pleni  agi  i  opera  iina  ines- 
soris  expeiti,  iriediocris  vero  tres,  ultinii  eliani  iniiuis. 
Sed  ordei  culmos  jaceie  in  agiis  aliquantulum  sinamus, 
ipiia  ferliir  lioc  moie  grandescere.  Nunc  eliam  mense  pos- 
tremo  locis  marilimiset  calidioribus  ac  siccis  Iritici  mes- 
sis  abscindilur.  Quani  paratam  esse  cognosces ,  .si  a'quali- 
tir  spicanim  |Kipulus  maliirato  ruboie  flavcscat.  I'ars 
Galliurum  phuiior  hoc  compendio  ulitur  ad  melendum,  et 


praeter  hominum  laboies,  unius  bovis  opera  spatium  lo- 
tius  messis  absumit.  Fit  itaque  veliiculum ,  qiiod  duabiis 
rotis  brevibus  fertiir.  Hujus  quadrata  siiperficies  tabulis 
munilur,  qua;  forinsecus  reclines  iii  summo  reddant  spa- 
lia  laigiora.  --Vb  ejiis  fronte  carpenti  brevior  est  altitiido 
tabularum.  Ibi  deiiticuli  plurimi  ac  raii  adspicarum  mcu- 
suram  constituuntur  in  ordinem,  ad  superiorem  partem 
recurvi.  A  tergo  vero  ejusdem  veliiculi  duo  brevissimi 
temones  figurantur,  velut  aniites  basternarum.  Ibi  bos 
capite  in  vehiculum  verso  jugo  aplatur  et  vinculis,  raan- 
suetiis  sane,  qui  non  modiim  compul.soris  excedat.  Hic 
iibi  vehiculum  per  niesses  cn>pil  impellere,  omnis  s|iica 
in  carpentum  denticulis  compreliensa  cumulatur,  abruptis 
ac  relictis  paleis;  altitudinem  vel  Iiumililatem  plerumque 
bubulco  moderante,  qui  seqiiilur.  Et  ila  per  paucos  itiis 
ac  reditns  brevi  liorarum  spatio  tota  messis  impletur.  Hoc 
campeslribus  locis  vel  feqiialibus  utilecsl,  et  iis,  quibus 
neccssaria  palea  non  babetur. 

IH.  Nunc  frigidissimis  locis,  qiiEe  Maio  sunt  praiter- 
missa  facieraus.  Agros  aeqiie  proscindemiis,  Herbosis  et 
geliJis  partibus  vineta  ocrabimus.  CoIIigcmus  viciam. 
l\enum  Grii-ciiin  lesecabimus  ad  pabuliim.  Hoc  mensc 


DE  L'AGRlCULTUr,E,  L!V.  \  IL 


vignoblfs;  on  recoltera  la  vesce;  on  faucherii  le 
fenugrec qui  doit  servir  de  fomrage.  II  faut  ache- 
ver  dans  le  courant  de  ce  mois-ci  la  recolte 
desl^guMies  dans  les  pa\s  froids.  II  sera  bon  de 
conserver  les  lentilles  que  Ton  recoltera  alors, 
soit  eu  les  melant  avec  de  la  cendre,  soit  en  les 
serranl  dans  les  vases  a  huile,  ou  dans  des  caques 
destinees  aux  saiaisons,  ([ue  roii  enduira  aussitAt 
de  gypse.  On  cueillera  aussi  les  feves  au  dcclin 
de  la  lune,  pourvu  que  ee  soit  avant  le  jour;  et 
on  lcs  serrera  avant  que  cetto  plaucte  soit  dans 
son  croissant,  apres  les  avoir  battues  et  lesavoir 
iait  rafraichir,  afin  que  le  chararicon  ne  lesen- 
dommage  point.  On  recolte  les  lupins  dans  ce 
mois,  et  rien  n'empeche  de  les  semer  aussitot 
qu'on  les  aura  tires  dc  Taire,  si  oa  lejuge  conve- 
nable.  Si  on  veut  cependant  les  garder,  il  faudra 
les  serrer  dans  des  greniers  eloignes  de  toute  hu- 
midite.  Cest  le  moyen  de  lcs  conserver  tres- 
longtemps,  surtout  quand  la  fumee  donnera 
continuellcmect  sur  ces  greniers. 

IV.  On  semera  les  chodx  ce  raois-ci  vers  le 
.solstice,  afinde  pouvoir  lestransplanter  au  com- 
menceraent  du  niois  d'aout,  soit  dans  un  lieu 
arrose,  soit  dans  un  lieu  detrempe  par  les  plules 
qui  commenccront  alors  a  tomber.  On  pourra 
semer  egalement  bien  rache,  les  poirees,  les  rai- 
forts,  les  laitues  et  la  coriandre,  pourvu  qu'on  ne 
leur  epargne  pas  Teau. 

V.  On  pourra  aussi,  comme  nous  Tavons  dit 
ci-dessus,  renfermer  dans  co  mois-ci  une  branche 
de  gi-enadier  dans  un  petit  vase  de  terre  cuitc, 
afin  de  lui  faire  donner  dcs  fruits  dont  la  gros- 
seur  soit  mouiec  sur  la  capacite  de  ce  vase.  il 
faut  deehargera  preseat  les  branchesdes  poiriers 
ou  des  pommiersqui  seronttrop  charges de  fruits, 
eii  arracliant  par-ci  par-lii  toutes  les  poires  ou  les 
jvommes  defectueuses,  afin  que  la  seve  de  ces  ar- 


brcs,  qui  pourrait  se  consumcr  en  vaina  nourrir 
ces  mauvais  IVuits,  se  reporte  a  de  meilleur.-i. 
On  pourra  aussi  semerce  raois-ci  lejujubierdaiis 
les  pays  froids.  II  faudra  faire  a  present  la  capri- 
fieation  des  figuiers,  de la  maniere  que  nous  avons 
exposeeen  doiinant  la  methode  deculture  de  cet 
arbre.  II  y  a  des  pcrsonnes  qui  les  greffent  aussi 
ce  mois-ci.  On  eate  cn  boutons  le  pecher  dans 
ies  pays  froids.  On  beelie  le  pied  dos  palmiers. 
On  ente  dans  ce  mois-ei  ou  dans  cclui  de  juillet 
les  arbres  fruiliers,  suivant  la  methode  que  Tou 
appeWe  cmplasfratio.  Cette  methodene  convient 
qu'aux  arbres  dont  recorce  contient  nne  seve 
grassc :  tels  sont  lesoli  viers  et  d'autres  semblablcs, 
comrae  dll  Martialis ;  tel  est  aussi  le  pccher.  Or, 
voici  commo  se  fait  cotte  operatiou  ;  On  clioisit 
sur  de  jeunes  branches,  nettes  et  ftH'i)ndcs,  un 
bouton  qui  promolte  do  venir  a  bien,  et  oii  le 
cerne  a  la  distance  de  deux  doigts  en  carro  ,  de 
faconqu"il  se  trouveau  centie  de  quadrature;  apres 
quoi,  au  moyen  d'un  bistouri  bien  traiiciiant,  on 
enleve  i'eeoree  avec  dexterite,  el  sans  endomma- 
ger  ie  iwuton.  On  euleve  de  ia  mome  maniere 
un  ecusson  garni  de  son  boutou  sur  uue  partie 
de  Tarbre  a  grcffer,  qiii  soit  netto  ot  foconde. 
Alorson  attache  le  premier  ccusson  sur  ce  der- 
nier  arbre  d'uiie  facon  convenablo,  en  le  liant 
autour  du  boutoii.  pour  lebien  assujettirsans  quc 
le  bouton  soit  eniiomniage,  et  de  facon  ([ue  lc 
bouton  de  i'ecusson  substitut;  rcmplace  cclui 
qu'on  aura  enlevd' ;  apres  quoi  on  enduit  le  tout 
par-dessus  d'un  hitqui  doit  laisser  le  bouton  en  li- 
bert(j.  On  coupcra  los  branches  supc-rieures  de 
Tarbre  ainsi  que  ses  soaohes,  et,  en  otant  au  I)out 
de  vingtet  un  jours  les  ligatures  qui  retenaiont 
rt'C(isson,  on  s'apercevra  que  leb;iuton  d'uiiese- 
menceetrangeres^estincorporomervoillousoment 
dans  un  autre  arbre. 


locis  fiisiJis  perageii()a  ost  lenuminiiin  inessis  :  ilaqiic 
lciiliculain  collectam  ,  ciiieii  niistaiii ,  bene  servabimiis , 
vel  va.sis  oleaiiis  aut  .salsamenlaiiis  replelis  stalimqne 
Sypsalis.  Kimc  et  lalja  Inna  iniuuente  vellelur,  ante  lucem 
sane;  et  antequam  liiiia  procedat,  excussa  et  refiigcrata 
lepoualur.  Ita  gurgullones  non  paflelur  infestos.  Hoc 
iiiense  lupinus  colligilur,  et  si  placuerit,  statim  sciilur 
cx  area  ;  setl  longe  ab  linmore  est  ponendus  iii  liorreis. 
Sic  enini  iliulissime  custodilur,  niaxiine  si  granaiia  cjus 
afflaverit  luinus  assidiius. 

IV.  Hoc  mense  circa  solstilinm  biassicam  seiemiis, 
qiiam  iiiilioante  transfeiemus  Anguslo,  vel  irriguo  loco, 
^el  pliivia  iniliante  madelaclo.  .Apium  quoquc  beiie  seiere 
poterimus,  betaset  radices  et  lactucas  ct  coriandrum,  si 
rigemiis. 

V.  Hoc  etiam  mcnsc  ramus  Punici  (siciil  supra  dixi- 
iiiusj  poteiit  iiitia  fictilc  vasciilum  claudi,  ul  ad  ejus 
niaguiludinem  poma  lestituat.  Nunc  pira  vi^l  mala,  nbi 
ramos  multa  ponia  densabunt,  interlcgenda  sunt  quaccim- 
giie  vitiosa ,  ut  succiis  qui  iiigrate  his  possct  impendi ,  ad 
nieliora  vertatur.  lloc  ctiain  mense  locis  frigidis  ziziplium 


seiere  poterimus.  Kuiic  capiificandip  siint  arbores  firi, 
siciit  in  ejns  nariavimiis  discipliiia.  .\liqui  eas  et  linc  mense 
inserunt.  Loci^  hunli,  l'ri  ,iiiis  inoculatiir  t  palma'  planta 
circiimfodiliii.  IImi  n,.  n.i  \i'|  Julio  celebratnr  insitio  in 
pnmis,  qiia'  ('inpl.i^lialin  ilicilur.  Solis  arboribus  couve- 
iiit,  quibus  pinguis  suiciis  in  cortice  est,  ut  licis  el  oleis 
ac  similibiis ,  ut  Marlialis  dicif ,  et  Persico.  Fit  aiitcm  sic  : 
c\  iiovcllis  lamis  et  nifiiiis  ac  feracibus  gemuiani,  qurp 
bene  appaiebit  sine  diibio  processura,  diiobns  digilis 
qiiadiafis  circnmsignabis  iil  ipsa  slafuatnr  iii  medio,  ct 
ila  siibliliter  corliccm  levabis  aciitissiiiio  scalpro,  iic  gemma 
Krilalur.  Item  cx  ca  arbore ,  cui  gestimus  inserere ,  simili- 
fer  cum  geinuia  folleliir  cuiplastrum,  nilido  taincn  atque 
iibcri  loco.  Tiinc  ibi  convenienler  asfringitur,  et  pressuiu 
circa  gemmani  vinciilis  cogitur  sine  germinis  laesione  co- 
liaprere,  iit  ea  qu,-B  apposila^  redditur,  locnm  gcmmm 
prioris  incliidaf.  Tuiic  liilo  superlinis,  et  libcram  gemmain 
rclinqucs.  Kamos  siiperioies  ejiis  arboris  serabis  ac  stir- 
pes  :  et  ab  uno  cl  viginfi  diebiis  exactis  resoliito  viminc 
vinciilorum,  reperics  externi  seminis  gemmam  mirc  in 
aiboris  alicno;  membra  transisse. 


606 


PALLADIUS. 


VL  II  est  encore  bon  de  ch^trer  les  veaux  ce 
mois-ci ,  comme  il  n  ete  dit  ci-dessus.  On  a  aussi 
raison  de  prendre  cetemps  pour  la  confection  des 
fromages,  et  de  tondre  les  brebis  quand  le  pays  est 
froid. 

VIL  Cest  en  ce  mois  qu'il  faut  ciiiitrer  les  ru- 
ches.  II  y  a  un  tres-grand  nombre  de  signes  pour 
reconnaitre  quand  il  esttemps  de  recolter  le  miel. 
D'abord,  aussitiit  que  les  ruches  sonl  bien  pleines, 
les  abeiiles  ne  font  piusentendrequ'un  tres  leger 
bourdonnement.  Dans  les  ruchesenefret,  comme 
dans  rinterieur  d"un  edifice,  le  vide  augraente 
IMntensitedes  sons;  etpar  conscquent  si  le  bour- 
donnement  des  abeilles  semble  rauque  et  consi- 
derable,  c'estune  preuve  queles  gateaux  de  cire 
ne  sont  pas  en  etat  d"etre  reeoltes.  De  meme, 
lorsqu'on  voit  les  abeillesse  donner  beaucoup  de 
niouvement  pourexpulser  les  bourdons,qui  sont 
des  mouches  plus  grosscs  qu'elles,  elles  annon- 
cent  par  la  qu'il  esttempsde  recolter  le  raiei.  Au 
surplus,  on  chatrera  les  ruches  dans  la  matinee  , 
temps  oii  les  abeilles  sontengourdies,  et  ou  elles 
ne  sont  pas  eneore  irritees  par  la  chaleur.  On 
fera  parveuir  dans  les  ruches  de  la  fumee  de  gal- 
banum  et  de  bouse  de  vache  seche ,  qu'on  entre- 
tiendra  avec  du  charbon  place  dans  un  fourneau 
de  telle  forme  qu'il  puisse  renvoyer  la  fumee 
par  une  ouverlure  etroite,  et  semblable  a  celle 
d'un  entonnoir  renverse,  parce  que  cette  fumee 
ehassera  les  abellles,  et  que  Ton  pourra  des  lors 
couper  les  rayons  de  niiel  sans  difficulte.  Lors- 
qu'on  recolte  les  rayons  dans  ee  temps-ci ,  il  en 
faut  laisser  la  cinquieme  partie  pour  servir  de 
nourriture  a  ressaim,en  ayant  soin  d'eulever  sur- 
toutcequi  estmoisioudefectueux.Onfera  le  miel 
a  present  en  enveloppant plusieurs  rayons  dans un 
linge  tres-propre,  et  en  les  y  exprimant  avec  soiu. 
Mais,  avant  de  lesexprimer,  on  eu  retrauchera 


les  parties  gatees  ou  celles  qui  contiendront  des 
petits,  parce  qu"elles  corrompraient  le  miel  et  lui 
donneraientun  mauvaisgoiit.  II  faut  laisserpen- 
dant  quelques  jours  le  miel  nouvellement  fait 
dans  de  petitsvases  ouverts,  et  recumerjusqu'a 
ce  quesa  chaleursecalme  etqu'il  cess«  de  bouil- 
lir,  ainsi  que  cela  se  pratique  pour  le  mout.  Le 
miel  qui  couleracomme  de  lui-meme,  avantd'a- 
voir  ete  exprime  a  differentes  reprises,  sera  le 
meilleur.  On  fera  aussi  la  cire  dans  ce  mois.  On 
commencei'a  par  ramolllr,  en  jetant  dans  un 
vase  decuivre  plein  d'eau  houillante  le  reste  des 
rayons  qu'on  aura  cnsses  en  petits  morceaux; 
apres  quoi  on  la  fera  fondre  dans  d'autres  petits 
vases  dans  lesquels  on  ne  mettra  pointd'eau,  et 
on  lui  donnera  telle  forme  que  Ton  voudra.  S'il 
arrive  que  les  nouveaux  essairas  sortent  daus  ce 
temps-ci  a  la  fin  du  mois  ,  il  faudra  que  le  gar- 
dlen  y  ait  attentivement  l'oeil ,  parce  que  lesjeu- 
nes  abeilles,  que  leur  dge  rend  vagabondes,  s'en- 
fuiraient  si  ou  ne  les  gardait  pas  a  vue.  Comme 
elles  restent  a  reutree  de  leurs  ruches  pendaut 
un  ou  deux  jours  lorsqu'elles  en  veulent  sortir, 
il  faudra  se  hater  de  les  recevoir  dans  de  nouvel- 
les  ruches.  Ainsi  uu  gardien  vigilaut  les  obser- 
vera  jusqu'a  la  huitieme  ou  a  la  neuvieme  heure 
du  jour,  parce  qu"il  est  assez  rare  qu'elles  s'en- 
fuient  ou  qu'elles  fassent  des  emigrations  plus 
tard,  quoiqiril  s'en  trouve  quelques-unes  qui 
prennent  le  pnrti  de  s'eu  aller  aussitot  qu"elles 
sont  sorties  de  leur  ruche.  Voici  a  quels  signes  on 
reconnait  que  la  desertion  est  imminente.  Elles 
feront  entendre  deux  ou  trois  jours  auparavant 
un  tumulte  et  un  bourdonnement  plus  couside- 
rable  qu'a  rordinaire.  Ainsi ,  des  que  robserva- 
teur  en  aura  fait  la  reraarque  enapprochant  sou- 
vent  son  oreille  de  la  ruche,  il  faudra  qu'il  re- 
double  de  precaution  pour  eviter  tout  accident. 


VI.  Hoc  eliam  mense  vitull  recte  (iit  dicliim  cstante) 
castranlur.  jNunc  eliani  caseum  juie  conficimus,  et  oves 
iu  frigida  regione  tondemus. 

Vlt.  Hoc  mense  alvearia  castraljnnlur ,  qua;  matura 
essead  m^llis  redituni  signis  (quam)  pliiribus  instruemur. 
Prinium  si  plena  snnt ,  apum  subtile  murmur  andimus. 
Nam  vaciiiB  sedes  favorum  velut  concava  iedificia  voces , 
quas  acceperint,  in  inajus  extoltunt.  Quare  cum  murmu- 
ris  sonus  magnus  et  raucus  est ,  agnoscinius  non  esse  ido- 
neas  ad  mcleiidum  crates  favorum.  Item  ciim  fucos,  qiii 
sunt  apes  niajores,  a  sedibns  suis,  grandi  inteutione  de- 
turbant,  malura  niella  leslanlur.  Castiabunlur  aulem 
alvearia  malntinis  lioris ,  cum  torpent  apes ,  nec  caloribus 
asperantur.  Fumus  admovetur  ex  galt)ano  et  arido  fimo 
bnbulo ,  qiiem  in  pullaiio  factis  carbonibiis  convenit  exci- 
tare  :  quod  vas  ila  figuralum  sit,  iit  velut  iuversi  infundi- 
buli  anguslo  ore  fiimum  possit  emitlere.  Atqiie  ita  ceden- 
tibusapihus  niella  recideutur.  Ad  examinis  pabulum  hoc 
lempore  pars  favorum  debet  quinta  dimitti  :  sane  putres 
ac  vitiosi  favi  de  alveariis  auferantur.  ISunc  mella  conli- 
ciinus  congestis  in  mundissimum  sabaniim  favis  ac  dili- 


genlerexpressis.  Sedantequain  premamus,  parlesfavorum 
coirnplas,  vel  pullos  habenles  reiideinus  :  nain  malo  .sa- 
pore  inella  corrumpunt.  Mel  recens  paucis  diebiis  apertis 
vasculis  babendum  est,  atqne  in  summitale  piirganduni, 
doncc  refrigerato  calore  musli  (more)  deferveat.  Nobili';s 
niel  erit,  quod  ante  expressionem  secundam  velut  spoiile 
protluxerit.  Hoc  etlam  mense  ceram  conficimus,  qiiic  iii 
vase  a>neo  ferventi  aqua  pleno  miniile  concisis  favoruin 
reliquiis  inollielur,  el  deinde  in  aliis  vasculis  sine  aqiia 
resoluta  digeretiir  inforinas.  Nnnc  si  inense  ultiino  nova 
egiediuntur  examina,  cnstos  esse  debebit  attenlus ,  qnia 
novellai  apes  vagantibus  aniinis  juventiile  nisi  serventnr, 
eitugiunt.  Exeuiitia  in  adilu  suo  morautiir  iinoaiitduobus 
diebus,  qn»  slatim  novis  aheariis  excipieiida  suiit.  Ob- 
servabit  aiitein  custos  assiduiis  usque  In  octavam  vel  no- 
nani  lioram ,  qiiia  post  ha^c  lenipora  non  facile  fugere  aiit 
emigrare  consiievcrunt ,  quanivls  aliqux  statim  et  proce- 
dere  et  abiie  non  dubitent.  Sigiia  fiitnnc  liig£e  lia>e  snul. 
Ante  biduum  vel  triduum  acriiis  tumuUuantur  el  murmii- 
rant.  Qnod  ubi  apposita  freqiienter  aure  exptorator  agiiove- 
rit,  solicitior  adversum  lia^c  csse  debebit.  Solent    liac 


DE  UAGRiCULTURE,  I.IV.  VII. 


Ce  sont  egalement  ies  sigiifs  precnrseurs  cVune 
bataille.  Mais  on  met  liu  a  la  melee  par  qucl- 
ques  grains  de  poussiere,  ou  quelques  goultes 
d'hydrorael,  que  l'on  jette  surlescDmbattauts;  la 
douceur  de  cette  iiqueur  ctant  Iros-efficace  pour 
ramener  la  coocorde  parmi  li'  peuple  qui  Ta  prii- 
duite.  Puis,  lorsque  les  l)atailloiis  seront  paci- 
fies  par  ce  moyen ,  et  que  les  abeilles  seroiit  sus- 
pendues  a  une  branche  d'arbre,  ou  quelque  part 
ailleurs  que  ce  soit,  ou  c.xaminera  si  elles  tbrment 
alors  un  seul  groupe ;  auciuel  cas  ce  sera  une 
preuve  qu"il  n'y  aqu'un  roi  parmi  elles,  ou  qu'cl- 
les  sout  recouciliccs,  et  que  la  concorde  regne 
entre  elles.  Si  au  contraire  lc  peupleest  suspendu 
sous  lalbrme  de  deux  ou  de  plusicurs  raamelons, 
c'est  une  prcuve  qu"ellcs  sont  di\isees  entre  el- 
les,  et  qu"elles  ontautant  de  rois  parmi  elles  qu'il 
y  aura  de  ces  especes  de  raamelons.  Ou  cher- 
chera  par  consequent  ces  rois  dans  les  groupes 
d'abeilles  qui  paraitront  les  plus  nonibreux,  apres 
avoir  frottc  a  cet  effet  sa  main  de  melisse  ou  d"a- 
che  de  marais.  Au  rcste,  ces  rois  sont  uu  peu  plus 
gros  et  plus  longs,  et  ont  les  pattes  plus  droites 
que  les  autres  abeillcs.  Leurs  ailes  sont  aussi  plus 
petites;  leur  couleur  est  belle  et  luisante,  ct  ils 
sont  lisses  et  sans  aucun  poil,  a  rexceptiou  d"une 
espece  de  gros  cheveu  qui  leursort  du  ventre,  et 
dont  ils  ne  se  servent  neanmoins  jamais  ponrof- 
fenser.  U  y  en  ad"autres  qui  sont  noirs  et  heris- 
scs.  U  faut  les  tuer  tous,  a  rexccption  du  plus 
beau  d'entre  eux,  que  Ton  conservcra.  Et  si  ee- 
lui-ci  vagabondisouvent  avce  ses  essaims,  on  lui 
arrachera  lcs  ailes,  alin  qu"il  se  lixedans  la  ru- 
che,  parce  qu"alors  aucune  jibeille  ne  s'ecartera 
de  lui.  Si  les  essains  d'une  ruche  ne  multiplient 
point,  on  pourra  y  joindre  les  abeilles  dedeux  ou 
Irois  autres  ruchcs;  auquel  cas  il  faudra  avoir  ia 
prccautioa  de  lcs  y  tenir  rcnfermccs  pendant 
trois  jours,  de  les  asperger  de  quelque  liqueur 

signa  ct  cnm  pnsnalnra>  sunl,  faciTC  ;  (iiianini  pn.^nani 
compescit  pnlvis  aut  ninlsie  aquiK  iinlier  aspcrsns.  Incst 
illi  ad  originis  suse  rcparandam  concoidium  dulcis  anclo- 
ritas.  Sed  cum  se  agmina  sic  pacala  in  ramo  ant  loco  qno- 
cunqne snspcndciinl,  si  uiiiiis  ubcris  pilnclionc peiidebnnl, 
noris  aut  uunm  regeiii  esse  uuiversis,  ant  rcconcilialis 
pmnibus  niaucre  concordiam.  Si  vcio  diio  vcl  ptnra  uliera 
suspendens  se  populiis  imitalnr,  d  discordes  sunt,  et  tot 
rcges  esse,  qnot  vcliit  iilieia  vidcris  ,  courilcutur.  Ulii  glo- 
bos  apiiim  freqneiitiores  videris,  nncta  manu  siicco  me- 
lissoplijlli  vcl  apii  rcgcs  rcquiras.  Siml  aiitem  panlo  ma- 
jores,  et  oblongi  magls  qnam  cjcteiw  apes,  recUorihns 
crnrilius,  ncque  grandibus  pennis ,  pnlcini  coloris  ct  ni- 
tidi ,  leves  sinc  pilo,  nisi  forto  plenioics  qiiasi  capillnm 
gerunt  in  veutic ,  qno  tameu  nou  unintur  ad  vnlniis.  Siint 
alii  fusci  atque  liiisiiti ,  qiios  oporlcl  cvlingiii ,  et  pnlcliiio- 
rem  relinqui.  Qiii  si  frcqucnler  vagatnr  cum  examinibiis, 
exectis  alis  icsei  vcliir  :  lioc  enini  nianente  nulla  disce- 
dct.  Sed  si  nulla  nascanlur  cxamina,  duoruni  vel  trinm 
multiludinem  vasculornin  iu  uniim  conferrc  possnmus  : 


douce,  de  leur  donncr  du  miel  pour  nourriture, 
et  de  ne  laisser  a  la  ruche  que  de  petites  ouver- 
tures  pour  que  l'air  y  puisse  entrcr.  Lorsqu"oii 
voudra  repeuplcr  une  ruche  devastee  par  quelque 
maladie  contagieuse,en  y  faisant  passer  (rautres 
abeilles,  on  examinera  attcntivement  dans  d'au- 
tres  ruchesbien  pcuplees  si  les  circs  des  rayons, 
ctsurtout  leurs  cxtrcinilcs,  qui  renfermciit  lcs 
petits,  out  lamarque  distinctivea  laquelleon  re- 
connalt  qu'il  doit  cn  naitre  un  roi ;  et  lorsqu'on 
y  trouvera  cette  marque,  on  coupera  le  rayon 
ou  clle  sc  rencoutrera  avec  la  posterite  qu'il  ren- 
ferine ,  pour  le  porter  dans  la  ruelie  qu'on  veut 
repeupler.  Lamarquea  laqudleon  reconna{tqu'iI 
doit  naitre  un  roi  d"un  rayon ,  c'cst  lor^que  dans 
lenombredcsalveolesqui  contiennent  des  pctits, 
il  s'en  trouveune  pkis  grande  et  plus  longue  que 
les  autres,  qui  a  la  formed'un  mamelon.  Au  sur- 
plus,  il  ne  faut  transporter  !es  rayons  que  daus 
le  temps  ou  les  petits ,  dcja  prets  a  naitre ,  s"ef- 
forcent,  aprcs  avoir  ronge  leurs  enveloppcs, 
d'cn  degager  lcurs  tetcs ;  parce  que  si  oii  lcs 
transferait  avant  qiril  en  fut  temps,  ils  peri- 
raient.S'ilarrivequ'unessaims'cleve  subitement 
en  Tair,  on  reffraycra  par  le  bruit  qu'on  aura 
soin  de  faire  avec  du  cuivre  ou  avec  un  petit 
vase  de  terre,  et  il  retourneraaussitot  a  sa  ru- 
che,  a  moins  qu'il  ne  so  suspcnde  aux  feuillages 
voisins;  auqucl  cas  on  fen  tirera  avcc  la  main 
ou  avce  uue  ciiiller,  pour  le  mcttre  dans  une 
nouvcllc  ruche  frottcc  avec  les  hcrbes  accoutu- 
mces  et  aspergee  de  miel ,  laquelle  ruche  oii  lais- 
sera  sur  place;  et  fon  atteudra  le  soir  pour  la 
ranger  parmi  les  autres. 

VIII.  On  fera  cncore  en  ce  mois  des  pavcs  de 
plates-formes  ainsi  que  de  la  brique,  de  la  ma- 
nierequcj'ai  indiquce. 

IX.  Les  Grees  assurcnt  que  lcs  Kgyptiens  font 
lesessaissuivantspours'assurerdu  succes  des  dif- 

diilci  tamen  liquoie  conspeisas  apcs  alqne  incliisas  per 
liidunni  teneliiinns,  apposilo  cibo  mellis,  ct  exigiia  tan- 
tiim  .spiraciila  rcliiiqiienius  in  cella.  Qiiod  si  vclis  alvea- 
rinm,  ciii  pcr  aliqiiam  pc.slcni  mnltilndo  snbducla  cst, 
pnpiili  adjcclioiie  reparare,  considerabis  in  aliis  abundan- 
tibus  ccras  favoinm  el  exticmilalcs,  qnre  pullos  liabcut, 
cl  ubi  si^iinin  nascituri  rcgis  invcnciis,  ciim  sobolc  sua 
iccides,ct  in  id  alvcarinm  pones.  Kst  antcm  lioc  fnlnii 
rcgis  signnm  :  inlcr  ca'teia  foramina,  qiia;  piillos  coiiti- 
nciii,  niium  majiisaclon^ius  veliit  ubcr apparct  Sed  tnnc 
Iransfcrcndi  snnt ,  qiiaudo  erosis  coopcrculis  ad  nasccn- 
diim  niatiiri  capita  niliintur  cxerere  :  iiain  si  iinmatiiros 
lianstulcris  ,  iiitciibnnt.  Si  autem  se  subilum  levabit  exa- 
incn,  strcpitu  aeris  tcricatin- ,  aul  lcslula; :  lunc  ad  alvca- 
riuin  iedibit,aut  in  proxima  fionde  pendel)il,  et  indc  in 
novnm  vas  licrbis  consuctis  et  niclle  conspcrsuni  nianu 
attralialnr,  ant  trulla,  ct  cuin  in  eo  loco  requievcrit , 
vesperc  inleralia  collocclur. 

VIII.  IIoc  etiam  mciise  pavimenta  facicmns  sub  divo  cl 
latercs,  moie  qno  dixi. 


TALLADIUS. 


ft^rentes  semences.  Ilscultivent  dans  ce  tenips-ei 
un  petit  espaee  de  terrain  pris  sur  un  elianip  la- 
boure  et  humide ,  et  y  senient  des  graincs  de  tou- 
tcsles  especesde  bles  et  de  legiimes,surdes  plan- 
ches  scparees  les  unes  des  autres.  Ensuite  ils 
exarainentau  lever  de  la  Canicule,  que  les  Uo- 
mains  placent  au  quatorzieme  joiir  des  caiendes 
d"aout,  quelles  sont  celles  de  ces  semenccs  que 
cette  constellation  brulera,  et  celles  auxquelles 
elle  ne  portera  point  de  prcjudice,  pour  sc  gar- 
der  par  la  suite  de  semer  les  premieres,  el  pour 
s'en  tenir  aux  autres,  parce  que  ectte  constella- 
tion  briilante  pronostique,  soit  en  consumant  ces 
plantes,  soit  en  les  epargnant,  le  succes  bou  ou 
mauvais  qui  les  attend  Tannee  suivante. 

X.  On  prend  le  coeur  de  la  camomille  daus  le 
temps  que  cette  herbe  est  en  Ueur,  avec  la  pre- 
cautiou  d'arracher  les  feuilles  blanches  qui  cn 
couronuent  la  (leur,  pour  ne  conserver  que  la 
partie  doree  de  celle-ci;  et  on  en  fait  infuser  la 
valeur  d'une  imcia  sur  une  livre  d"huile,  puis  on 
laisse  cette  infusion  exposee  peudant  quarante 
jours  au  soleil. 

XL  Confection  de  fleur  de  lambrusque.  On 
cueille  du  raisin  sauvage  dans  le  temps  qu'il  est 
en  fleur,  et  qu"il  n'y  a  point  de  rosee  sur  terre. 
Od  Tctend  au  soleil,  afm  quetonte  son  hnmiditc 
s'evapore,  et  que  sa  fleur,  ctant  scchee,  se  detache 
pius  aisement.  Alors  on  la  passe  par  un  petit 
crible  serre,  afin  que  les  grains  n'en  glissent  pas 
ii  travers,  e.tque  la  fleur  tombe  seule  en  bas.  On 
conscrve  cette  fleur  infusee  dansdu  mieI;etlors- 
qu'elle  y  a  ete  confite  pendant  trente  jours,  on 
rassaisonne  par  le  meme  procede  que  le  vin  rosat 
et  avec  lcs  memes  ingredients. 

XIL  Composition  de  Valica.  On  liera  en  bot- 
tes  de  forge  a  demi  mure,  puis  on  la  fcra  griller 


dans  un  four,  afin  qu'elle  pnisse  niseraent  etre 
moulue.  Ensuiteonaurasoin  de  raeler  une  certaine 
quantite  desel  par  modiiis  d'orge,  en  la  faisant 
moudre,  eton  laconservera  apresravoirpreparee 
ainsi. 

XIII.  Les  mois  de  juin  et  de  juillet  se  ressem- 
blent  sous  le  rapportde  la  durce  des  heures. 

A  la  premiere  et  a  la  onzieme  heure  ,  le  gno- 
mon  donne  vingt-deux  pieds  d'ombre. 

A  lasecondeeta  la  dixieme,  il  endonnedouze. 

A  la  troisieme  et  a  la  ueuvieme,  il  en  donne 
huit. 

A  la  quatrieme  et  a  la  huitieme,  il  cn  doime 
cinq. 

A  la  cinquieme  et  a  la  septieme  ,  il  cn  donne 
trois. 

A  la  sixieme,  il  en  donne  deux. 


LIVRE  HUITlEME. 

JUILLET. 

I.  On  bine  vers  les  calendes  de  juillet  les  ter- 
res  qui  ont  recu  le  premier  labour  au  mois  d'a- 
vril.  On  acheve  a  present  la  moisson  du  froment 
dans  les  pays  temperes,  en  siiivant  la  methode 
que  uous  avons  donnee.  II  sera  tres-bon  de  de- 
barrasser  les  terrains  incultes  des  arbres  et  des 
broussaillesdontilsserontcouverts,quandlalune 
sera  dans  son  declin  ,  en  les  coupant  par  les  ra- 
cines  et  en  les  brijlant.  On  charge  de  terre  ce 
raoisci ,  apres  lamoisson,  le  pied  des  arbres qui 
sont  plantes  au  milleu  des  champs  raoissounes, 
dans  la  vue  de  les  garantir  de  la  trop  grande  ar- 
dcur  du  soleil.  La  journee  d'un  horame  suffit 
pour  en  charger  vingt  des  plus  grands.  II  faut 
aussi  becber  a  present  les  jeunes  vignes ,  tant  le 


IX.  Gijcci  asscnint  /Egyptios  lioc  more  provpntiiin  (ii- 
tuii  cujusque  semiuis  experiri  :  aream  bieveni  loco  siih. 
acto  et  liumido  nunc  excolnnt,  et  in  ea  divisis  s|ialiis 
omnia  fiumenti  vel  leguminum  semina  spargunt.  Dciiule 
III  oitu  Canicula' ,  qui  apud  Romanos  qnartodeciino  calen- 
(las  Angusti  die  tenetnr,  explorant  qusc  semina  ortiim 
sidiis  eviirat,  qn;e  iltesa  cnstodiat;  liis  abstinent,  illa 
prociirant;  qiiia  indicium  m\x  aul  beneficii  per  amiiiin 
ruturnm  Kcneii  liniiiiiip.ie  sidus  aridum  praesenli  evitio 
vel  salule  pr.Tmisit. 

X.  Per  olei  libras  singulas  cliaina-meli  berbte  flnreiitis 
auream  medietatem ,  projectis  albis  Ibliis ,  quibiis  flos  am- 
bilur,  unciarum  singularuin  pondus  iulimdis,  et  quadra- 
ginta  diebus  in  sole  conslitues. 

XL  [tJc  cenanllie.]  Silvestres  uvas,  cum  florent,  sine 
rore  colligiinus,  el  expandimus  insole,  ne  quid  restet  liu- 
moris,  et  flos  ad  excutiendnm  sictior  apparelur.  Tunc 
criljello  spisso  cernimus,  ut  grana  iion  Iraiiseant ,  sed  flos 
solus  dccidat.  Hunc  in  melle  servamus  inliiso  :  el  ciim 
diebus  triginla  fiierit  conditum,  lemperannis  eo  genercel 
Biore ,  qiio  i  osatiira  moiis  est  temperare. 

Xll.  Mica  [,l//i?n.]  Ordeumsemiinaturum,  cui  adliiic 


siiperest  aliquidde  virore,  per  nianipiilos  Ilgabis, 
lebisin  furno,  ut  facile  mola  possit  iufringi,  et  in 
uuo  salis  aliqnantum,  dum  molitur,  misceie  curi 
servabis. 

XIII.  Jiiuius  ac  Julius  liorarum  sibi  .Teqiia  spalia 
lerinil. 

XI      pedes     xxii. 

X       pedes    xii. 

IX      pedes    viii. 

viii    pedes     v. 

Mi     pedes     IM. 
pedes     II. 


et  tor- 
modio 

lliis  ac 


Ilora 


LIBER  OCTAVM.s. 

1.  Juliomenseagriqui  ApriliproscissifuerauljCircacalcn. 
dasiterantiir.  Niinc  locistempeiatis  tritici  me.ssisexpleliir, 
inore  quo  (liii;ini  o>t.  Silveslres  agri  ulilissime  cxtirpa- 
liiintur  arboi  ibiis  alque  vii gullis',  cum  liiua  decrescit ,  de- 
sectis  ladicibus  atque  combustis.  Hoc  meiise  arboies. 
quse  in  inessc  slclerant ,  sectis  messibus  obruanliir  agge- 
slione  leriaium  propter  nimios  solis  ardores.  Opera  iina  x> 


DE  L-AGRICULTUnr,  LIV.  VIIL 


matin  qiir  le  soir  fniand  la  chnleiir  cst  lombro, 
piilveriser  la  tcne  a  lciii's  pieds,  et  cn  ccartei-  le 
granicn.  II  scra  bon  d'extir|icr  la  fougiTc  ct  la  lc- 
che  ce  mois-ci  ou  avant  lcs  jours  caiiiculaiies. 

II.  On  scme  aussi  ee  mois-ci,  la  ciboule  dans 
les  pays  qui  sont  arroses  et  froids,  aiiisi  que  le 
raifort  et  rarroche  quand  on  peut  lcs  arioscr.  On 
st>me  encore  le  basilic,  la  mauve,  la  poiree,  la 
laituect  iespoireaux,  qu'il  faudra  aussi  arroser. 
On  semcra  ce  mols-ci  les  iiavcts  et  les  raves  dans 
un  lieu  arrose  ,  dont  la  terre  soit  grasse  et  ameu- 
blie ,  sans  etre  compacte.  Ccs  sortes  de  racincs 
se  plaisent  dans  lcs  lieux  humides  et  en  pleine 
carapagnc.  Mais  lcs  navetssoiit  meilleurs  quand 
ils  vicnncnt  dans  un  terrain  sec  ,  prcsque  mai^Te, 
incline  et  sablonneux.  La  quaiite  du  sol  change 
Tunc  dc  ces  graines  en  1'autrc.  En  effet,  si  Ton 
seme  dcs  ravcs  dans  nn  terrain  pendant  deux 
ans,  elles  s"y  changent  en  navets;  eomme  ceux- 
ci  se  changent  en  raves  dans  un  autre.  Ces  ra- 
cines  veulent  que  le  terrain  ou  on  les  seme  soit 
laboure,  fume  et  remue,  ce  qui  sera  egalement 
profitable  aux  grains  que  Ton  y  semera  la  meme 
annee.  Quatre  scxtarii  de  raves  et  cinq  de  navets 
sufliscnt  pour  enscmencer  un  ju(jeriiin.  Si  ces 
racines  sont  trop  pressces,  on  en  arrachera  quel- 
ques-unes  ,  afin  que  ies  autres  se  fortifient.  Pour 
faire  grossir  les  raves,  on  les  deterrera,  et,  apres 
avoir  arrache  toutesieurs  feuilles  ,  on  encoupcra 
la  tige  a  repaisscurd'un  demi-doigt;  apres  quoi 
on  ies  remettra  dans  des  sillons  bicn  labourcs  , 
en  les  espacant  de  huit  doigts ;  puis  on  les  re- 
couvrira  de  terre ,  et  on  les  foulera  aux  pieds ,  ce 
qui  ks  fera  grossir. 

III.  On  peut  aussi  cnter  en  ecusson  ce  mois-ci 
de  la  manii're  que  j'ai  enseignee  ci-dessus.  .l'ai 
mcmc  observe,  d'apres  rexpcrience  que  j'en  ai 


j  faite,qucdcs  poiricrs  oii  (h-spommiersquiavaient 
ctc  entcsa  prcscnt  daiis  dcs  pays  humides  avaicnt 
tres-bien  prolitc.  II  faut  aussi  eucilllr  ce  mois-ci 
les  mauvais  fruits,  doiit  la  quaiilire  exccssive 
charge  les  branchcs  des  arbres  fruiticrs  tardifs, 
commc  je  lai  dit  ci-dcssus,  alin  que  la  seve  de 
ces  arbres  tourne  a  la  nourriture  de  fruits  meil- 
leurs.  II  nVest  arrivede  planter  a  prcseiit  daiis 
des  pnys  tVoids  et  dans  un  terrain  ariosc  uiic 
bouture  de  citroniiier;  et  je  me  rappcllc  (|u'npics 
ravoir  ailiinc-e  cn  Tarrosant  toiis  ies  JDurs,  j'ai 
cu  le  bonheur  de  la  voir  rcpondre  a  mes  \a'ii\, 
tant  par  sa  bclle  venue  que  par  son  rapport.  Oii 
pcut  enter  a  pr(?sent  le  figuier  en  bonton  ,  et  gref- 
fer  le  citronnicr  dans  les  terrains  Inimidcs.  On 
peut  b(^'cher  au  milieu  du  niois  les  pieds  de  pal- 
miers.  Les  amandes  sont  ftprt^sent  bonnes  a  (''tre 
cueillies  dans  les  pays  terapc^res. 

IV.  Cest  principalement  a  present  qu'il  faut 
fairecouvrir  les  vaches  par  les  taureaux.  En  cf- 
fet,  commeelles  portent  pendant  dix  mois,  elles 
se  trouveront  deslors  en  etat  de  V(;'ler  au  piin- 
temps.  Et  d'ailleurs  il  estcertain  qu'elles  deman- 
dcnt  ardemment  le  raale,  qiiaud  lcs  engiais  du 
printemps  ontexcitele  tcmperament  eliez  clles. 
Columclle  assurc  que  quinze  vaches  peuventsuf- 
fire  a  un  taureau  ,  et  qu'il  faut  avoir  soin  qu'elles 
nesoientpas,  par  excesd'embonpoint,  liorsd'etat 
de  concevoir.  Lnrsque  le  pays  ou  Tou  eleve  ces 
bestiaux  est  abondant  cn  fourrage  ,  on  peut  faire 
couvrir  les  vachcs  tous  lesaus.  Mais,  lorsque  le 
fourrage  y  est  rare  ,  il  ne  faut  les  faire  remplir 
quc  de  deux  annees  l"uiie ,  surtout  si  Ton  est  dans 
rhabitudede  les  employera  quelque  tiavail.  On 
choisira  des  beliers  tres-blancs  et  qui  aient  la  laine 
douce,  pour  les  faire  saillir  ce  mois-ci.  Et  la 
blancheur  de  la  robe  n'cst  pas  la  seule  qualite 


niaxiniiis  ol)niel.  Nimc  cl  novclliiMiles  niane  et  vcsiicre 
jam  calore  deno.sito  elTodi  ilcliciil ,  ot  avcrso  j^ramine  pul- 
veiari.  Hoc  nien.se  ulililer  vel  aiile  caniculaiesdieslilices 
exlirpabis  et  caricem. 

II.  lloc  etiam  mense  cepullas  serimiis,  irriguis  ac  frigi- 
dislocis,  et  ladices  el  atriplicem  ,  si  ligare  possiimus,  el 
ocimuin,  malvas,  betas,  lactucas,  et  porms  liHamlos. 
lloc  niciise  loco  iniguo  napos  seremus  et  rapa ,  solo  pu- 
tii  cl  soliilo  nec  spisso.  (Uapa)  locis  Inimidis  l.Ttanliir  et 
campis.  Scd  iiapus  in  sicco  et  piope  tenni  alque  dcve\o 
ct  sabuloso  nielior  nascitur.  Loci  proprielas  iitriinique.se- 
men  in  alleruin  mulat.  Nam  rapa  in  alio  solo  per  bienuium 
salamutanturin  iiapos;  alio  veionapus  liansit  ini-apuin. 
Subactum  soluni  stercoiatum  versatumque  couquiiunt, 
quod  et  ipsis  et  segclibus  prodeiit,  qua;  ilii  anno  eodem 
seruntur.  Jugero  laporum  qualuor  scxtarii,  napi  autcm 
qninqne  sufliciunt.  Si  spissa  siint,  inlervelles  aliqua,  ut 
cselera  roboreiitur.  lit  vero  seniina  niajora  redigantur, 
eruta  rapa  loliis  omnibus  puigabis,  el  ad  dimidii  digili 
crassiludinein  iu  caule  suoides.  Tiinc  in  siilcis  diligenler 
subaclis  oclonis  digilis  separaU  obrues,  et  injicies  tcr- 
raiii ,  ct  calcabis.  Ila  magiia  nascenlur. 
i'Ai.i.\niii». 


lil.  lIiK-  oliaiii  niense  eniplaslratio celebiaii  potest,si- 
ciitaule  deniuiisliavi,  el  pirus  vel  iiialus  locis  bumidis 
niinc  insila  nle  exploianle  processit.  Hoc  ctiam  nicnse'  in 
poinis  serotinis,  quje  ubertate  nimia  lamos  oneraverunt 
(siciitpr;i;di!»i)  iiiterlegeiida  suut,  siqiia  vitiosa  repereris, 
iil  aiborls  succuni  vertainus  ad  meliorum  nutriuieula  po- 
nionini.  Nunc  citri  talcani  loco  irriguo  frigidis  regionibus 
ine  plantasse  iiieniini ,  et  qiiolidianisanimasse  liquoribus, 
qiiitcl  nasicndo  cl  alfeieiulo  \oliun  felicifatis  xquavit. 
IIoc  lempore  locis  liiiniidis  iiiociilari  Jiciis  et  inscri  citrius 
potcst :  iiiense  jam  niedio  paliiia'  planta  circumfodi.  Kunc 
locis  leinperalis  amjgdala  malura  suntad  legendiim. 

IV.  Hoc  tempore  maxinie  lauris  submittend»;  siint 
vacciC,  ([uia  decein  niensium  partus  sic  polerit  maluro  vere 
concludi;  el  certum  cst  eas  post  vernam  pinguedinem  ge- 
.stienles  veneris  aniare  lasciviam.  Uni  tauro  quindecim 
vaccas  Columella  asserit  posse  sufllccre,  curandumque  iie 
fonripere  nequeant  niiniclale  pinguedinis.  Si  abundantia 
pabiili  est  in  regione ,  qua  pascinius,  potest  aniiis  oninibiis 
in  fa-liirani  vacra  submilli  :  si  vero  indigelur  lioc  genere, 
allernis  temporibiis  onerandoe  sunl,  maximc(|uc,  si  e.Tdem 
vacca;  aliciii  operi  servirc  consueverunt.  Hoc  (nen.se  arie- 


PALLADiUS. 


qu'il  faille  recliercher  en  oux;  celle  de  leur  lan- 
gue  n'est  pas  nioins  importante.  En  effet,  pour 
peu  (jiie  cctte  partie  de  leur  corps  soit  obscurcie 
parqueliiuestaches,  lc  melange  decouleursqu'on 
y  apercevra  se  transmcttra  a  leurs  produits. 
Un  belicr  blanc  donne  nsscz  souvent  un  produit 
d'une  autre  coulenr;  au  lieu  que,  conime  le  dit 
Golumelle,il  ne  peut  jamais  venir  un  agneau 
blanc  d'un  belier  noir.  On  choisira  les  beliers 
hauts  et  de  grande  taille ,  avec  ventre  bas  et 
couvert  de  laine  blauche,  la  queue  tres-longue  , 
la  toison  epaisse ,  le  front  large,  les  tcslicules 
gros,  et  qui  soient  dans  la  troisieme  annce  de 
leur  Sge;  quoiqu'ils  puisscnt  saillir  fjuetueuse- 
nient  jusqu'a  Tage  de  huit  ans.  II  faut  faire  cou- 
vrir  lesbrebisa  \'&ge  dedeux  nns.  Ellcs  peuvent 
porter  jusqu'^  celui  decinq  ,  raais  cllcs  deperis- 
sent  la  septicme  annee.  On  choisira  des  brcbis 
qui  soient  d'une  grande  taille,  qui  aient  la  toison 
longue  ct  tres-douce  ,  et  le  ventre  bien  laineux  et 
d'une  graude  capacite.  Mais  il  faut  a\oir  Tattcn- 
tion  de  ne  point  laisser  maiiquer  ce  betail  de 
lourrage,  etde  le  mener  paitre  loindes  buissons, 
qui  detruiraient  sa  laine  et  lui  dechireiaipnt  la 
peau.  II  faut  faire  couvrir  les  brebis  au  mois  de 
juillet,  alin  que  leurs  pctits  soient  fortifiesavant 
rhiver.  Aristote  assure  que  si  on  vwit  leur  faire 
concevoir  une  plusgrande  quantite  de  miiles  que 
de  femelles,  il  faut  choisir  un  temps  sec  ct  un 
jour  ou  le  vcnt  du  septentrion  souffle,  pour  les 
faire  couvrir  pendant  qu'elles  paltront  vis-ii-vis 
ce  vent.  Au  'lieu  que  si  Ton  veut  avoir  plus  de 
femelles  que  de  mAles,  il  faut  chercher  les  vents 
du  midi ,  pour  les  faire  couvrir  pendant  qu'cllcs 
paitront  du  cAte  de  ce  vcnt.  II  faut  substiluerde 
nouveaux  agneaux  aux  brebis  mortes  ou  defec- 
tueuses.  Ou  vendra  en  autonme  toutes  celles  qui 

(cs  candidissimi  eligendi  el  admittendi  siint  mollibus  la- 
nis,  in  quibusnon  solum  corporis  candor  cousiderandus 
est,  sed  eliam  lins-ua  :  qua"  si  maculis  fuscabitHr,  varie- 
tatem  reddit  in  sobole.  Oe  albo  plerumque  uascilur  colo- 
ris  alterius  ;  de  fuscis  nunquam  (sicutColumelladicit)  po- 
tesl  albus  creari.  Eligeraus  arielem  altum,  procerum, 
ventre  promisso,  et  lanis  candidis  teclo,  cauda  longissima, 
velleris  densi,  fronte  lala ,  m.ignis  testibus ,  a>t.itis  trima', 
qni  tamen  us(iue  in  octo  aunos  polest  utilifer  iuire.  Fopmina 
debet  bimasubmitli,qu;e  usque  in  quinqucnuium  fielurae 
necessaria  est ,  anno  seplimo  deficit.  Eligenda  cst  vasli 
corporis  et  prolixi  velleris  ac  mollissimi ,  lanosi  et  magni 
uteri.  Sed  providendum  est  in  boc  genere,  ut  pabuli 
ubertate  satnrctur,  el  longe  pascatnr  a  senlibus,  qni  et 
lanam  minuunl,  etcorpus  incidunt.  Admillendi  sunt  mense 
Julio,  ut  nali  .inte  liiemem  convalescaut.  Aristolelesasse- 
rit ,  si  masculos  plures  crcari  velis,  admissura;  lempore 
siccos  dies^,  el  lialitnm  Septentrionis  eligendum  ,  ct  contia 
eum  venfum  greges  esse  pascendos  :  si  foeminas  generari 
velis ,  Austri  caplandos  flatus,  et  in  eiim  pascua  dirigenda, 
ac  sic  ineundas  matres,  [ull  morluarum  vel  vitiosarum 
numeriisTiovella  sobole  reparetur.  Autumuo  debilesqiise- 
mfa  pHio  mutentur,  ae  eas  imbecillus  bibernum  frigus 


se  trouveront  affaiblies,  de  peur  que  le  froid  de 
i'hiver  ne  lcsemporte,  vu  leur  faiblesse.  II  y  a 
des  personnes  qui  cmpechent  les  bcliers  de  sail- 
lir  pendant  les  deux  mois  qui  precedent  le  temps 
de  leur  accouplemcnt ,  afiu  que  le  delai  du  plai- 
sir  allume  de  plus  en  plus  en  eux  le  feu  de  la 
passion.  D'autres  les  laissent  saillir  sans  mena- 
gement,  afin  d'en  avoir  des  produits  pendant 
tout  le  cours  de  rannee. 

'v^.  Lcs  Grecs  assurent  que  si  Fon  arrache  le 
gramen  cc  mois-ci ,  quand  le  soleil  sera  dans  le 
signe  de  TEcrevisse ,  et  que  la  sixieme  lune  sera 
dans  cflui  du  Capricornc  ,  ses  racines  ue  repreii- 
dront  point,  ct  qu'il  nionrra.  La  mfirae  chose 
arrivera  si  on  rcxtirpe  nvec  des  houes  decuivre 
pr^alablcmcnt  chauffees  au  four,  et  refroidies 
non  pas  avec  reau ,  mais  avec  du  sang  de  bouc, 
dans  lcquel  on  les  aura  fait  tremper. 

VI.  On  fait  ce  mois-ci  du  vin  de  scille  de  la 
maniere  que  voici  :  on  fait  secher  loin  du  soleil, 
vers  lc  lever  des  Canicules,  de  la  scille  cueillie 
dans  des  pavs  montagneux  ou  voisins  de  la  mer. 
On  en  jettc  une  livre  dans  une  amphore  de  vin  , 
apresen  avoir  retrancheles  partics  superflues,  et 
avoirjctede  c(jte  les  feuillcs  dont  rextremit6 
de  cette  plante  est  couvcrte.  D'autres  font  infu- 
ser  cesfeuilles  memes  dans  du  vin,  en  les  y  plon- 
geant  aprcs  lcs  avoir  suspcndues  au  bout  d'un 
fil ,  afin  dc  pouvoir  les  cn  retirer  quarante  jours 
apres,  sans  qn'elles  aicnt  trempe  dans  la  lie. 
Celte  espcce  de  vin  combattra  la  toux,  purgera 
le  ventre,  divisera  la  pituite,  soulagera  de  mal 
la  rate ,  rendra  les  yeux  percants,  et  aidera  a  la 
digestion. 

Vil.  Composition  de  rhydromel.  On  prendra 
au  commencement  des  jours  caniculairesde  reau 
de  fontaiue  propre.  Le  lendemain,  onmettra  dans 

absnmat.  Aliqni  duobus  ante  mensibus  arietes  a  coitu  re- 
vocant,  ut  laeem  libidinis  augeat  dilalio  voluptalis.  Qui- 
dam  coiie  sine  disorelione  pemiiltunt,  ut  hoc  eis  genere 
per  annum  tutum  fuotura  non  desil. 

V.  Hoc  mense],  cum  sol  Cancri  tenebit  bospitium ,  liina 
sexta  in  Capricorni  signo  posila,  gramen  ablatuni  Gra?(a 
as.serunt  niliil  de  radicibiis  redditurum.  Item  si  bideiites 
cypreifiant,  etsangiiinetingantur  liircino,  et  post  fornaci&. 
ardorcs  iion  a<pia  sed  eodem  sanguine  temperentur,  per 
eoseruliim  granien  extingui. 

VI.  Hoc  mense  vinum  scillite  sic  facimus  :  scillam  dc 
montanis  aut  niaritlmislocis  snbortu  Canicularum  lectaiu 
procul  a  sole  siccamus  Ex  liac  in  vini  amplioram  uniii» 
libra;  mensuram  miltimns,  recisis  ante  tamen  superHiiis 
et  abjeclis  loliis,  qnibus  pars  extrenia  velatur.  Quidaiu, 
velamina  ipsa  (ilo  inserta  snspendunt,  ut  vino  infusa  iner- 
gantnr,  et  non  admisla  fecibus  post  xl  dierum  spatiiiiij 
serta  qu;B  appensa  siint  aiiferantur.  Hoc  vini  genus  tiissi 
resislet ,  vpnlrcm  purgabil ,  negma  dissolvet,  .splenelicis 
proderit,  aciimen  pra?stabit  oculorum ,  concitabit  digestio- 
nis  auxilia. 

VII.  [Dehijdromclli.]  Inclioantibus  Caniciilaiibus  die- 
bus  aquam  puram  pridie  suniis  e\  fonte.  In  tribus  aqiia; 


DE  L'AG1UCULT 

trois  sextarii  de  cetteeau  un  sexlariiis  de  miel 
noneeume;ct  apies  avoir  partage  ee  melange 
avec  soin  dans  des  vases  propres  ii  faire  lc  vin 
cuit  jusqu'a  diminutioa  d'un  tiers,  ork  lc  fera 
agiter  eontinuellement  pcndant  cinq  heures  par 
des  enfants  impuberes,  qni  remueront  les  vases  a 
ceteffet;  apres  quoi  ou  le  laissera  CNpose  a  Tair 
pendant  quarante  jours  et  quarante  nuits. 

VIU.  Composition  du  vinaigre  deseille.  .Vprcs 
avoir  jetc  de  cotc  toutes  les  parlics  dures  d'une 
seille  blanehe  et  crue ,  on  eii  coupera  en  iictits 
morceau.v  le  plus  tendre  du  cieur,  dont  on  plon- 
gera  la  valeur  d'unc  livre  et  si.\  uncia;  dans 
douze  srxtarii  de  vinaigre  tres-mordant.  On 
bouchera  le  vasc,  pour  le  laisser  expose  pendant 
quarante  jours  au  soleil.  Ensuite,  apres  avoir 
jete  la  scille,  on  passera  soigneusement  ce  vi- 
naigre,  et  on  le  survidera  dans  un  vasc  bien  en- 
duit  dc  poix.  ."^utre  vinaigre  bon  pour  la  diges- 
tion  et  pnur  la  sante  :  On  met  dans  un  petit  vase 
huit  diaehmes  de  seille  et  trente  scxtarii  de  vi- 
naigre,  avec  une  uncia  de  poivre  et  une  legere 
dose  de  menthe  et  de  cannelle,  pour  s'en  servir 
quclque  temps  apres. 

IX.  On  fait  reduire  en  poudre  un  scxlarius 
et  demi  de  graine  de  moutarde;  on  melc  avcc 
cettepoudre  einqlivresde  nviel,  une  d'huiled'Es- 
pagne,  et  un  scxlarii/s  de  vinaigre  mordant ;  ct 
quand  le  tout  a  ete  bien  broye,  on  reraploie  a 
son  usage. 

X.  Les  hcures  dc  juillet  et  dejuinsont  d'une 
cgale  durce. 

A.  la  premicre  et  a  la  onzicme  hcure,  lc  gno- 
mon  donne  vingt-deux  pieds  d'onibre. 

A  la  seconde  et  a  la  dixicme,  il  en  donne 
douzc. 


URE,  LIV.  iX.  eii 

A  la  troisiime  ct  a  la  ncuvifeme,  il  en  donne 
huit. 

A  la  quatriiimc  eti  la  huitiemc,  il  cn  donne 
cinq. 

A  la  cinquieme  et  !»•  la  septieme,  il  en  donne 
trois. 

A  la  sixicme,  il  en  donne  deux. 

LIVRE  NEUVIEME. 

aol;t. 

I.  On  eommence  a  la  lin  du  moisd^aout,  vcrs 
les  ealendes  de  septcmbrc ,  a  labourcr  lcs  tcr- 
rains  plats  ,  huniidcs  ct  maigrcs.  On  presse  cu 
ce  moment  les  prcparatifs  de  la  vcndange  dans 
les  pays  voisins  de  la  mer.  On  herse  aussi  les  vi- 
gnes  dans  les  pays  tres-froids. 

II.  Si  Ton  a  des  terraiusplantes  en  vignes  qui 
soient  maigres,  et  que  la  condition  dcs  ecps  iie 
soitpasmeilleure,  on  y  scmeradans  ce  raoistrois 
ou  quatre  modii  de  lupins  \iM'  jugerum  ;  apres 
quoi  on  les  hersera.  Quand  ces  lupins  seront  ve- 
nus,  on  en  couchcra  la  tige  sur  la  terre;  c'est 
un  excelleut  engrais  pour  la  vigne.  Tout  autre 
lui  est  eontraire,  et  vicie  la  qualite  du  vin. 

III.  Onepamprea  prcsent  dans  lespays  froids; 
au  lieu  qu'il  vaut  mieux  laisscr  de  rombie  aiix 
grappes  dans  les  pays  bridants  ct  sces  ,  arm  quc 
Tardcur  du  solcil  ne  les  dcsseche  point;  ce  (iu'oii 
ne  pourra  neannioins  pratiqucr  qiie  lorsque  le  peu 
d'etendue  des  vignobles,  ou  la  facilitc  dctrouver 
dcs  ouvriers,  le  perniettra.  On  peut  aussi  arracher 
la  fougcrc  et  la  leche  ce  mnis-ci. 

IV.  II  faut  mcttre  a  prcsent  le  fcu  aux  prai- 
ries,  afin  que  les  tigcs  des  berbes  qui  montent 
trop  vite  soient  rapprochees  de  leurs  racines,  et 


sextariis  nniimscxtariumnon  despiimali  mcllis  admisces, 
iic  tlilij^entcr  per  c;iienarias  divisum  quinqiic  lioranim  spa- 
lio  conliiuio  pcr  investes  piieros  curaliis  agilarc  vasa  ipsa 
conculiens.  Tunc  xl  diebus  ac  noclibus  palieris  esse  snl) 
ca'lo. 

VIIF.[/)cocc?ose/?/i<!Co.]Sqnilla>albrecrud,-r  projcctis 
dinis  alqnc  exlrinsecus  posilis  omnibiis,  teiierani  nie- 
dielateni  ad  libram  ct  sex  uncias  per  minutas  partcs  reci- 
des,  el  in  aceti  acerrimi  duodecim  sevtariis  mcrges.  Vas 
signalum  quadraginla  dicbus  patieris  csse  sub  .sole  :  post 
ahjecta  squilla  acctiim  diligentius  excolabis,  ct  in  bene 
picala  vasa  transfimdes.  Aliud  acetiim  digestioni  et  saliili 
accummodiim  :  Squilla;  dragmas  viii ,  aceti  sextarios  xxx 
mittis  invasculo,  et  piperisiinciam  unam,  meiila:  et  casia; 
aliquanlum ,  et  posl  [aliquod]  tempus  utcris. 

l.\.  Sinapis  scmen  ad  modum  scxlarii  nniiis  et  scmis, 
Tcdigere  curabis  In  pulverein,  ciii  inellis  pondoT,olei 
llispani  iinam  libram,  aceliacris  unum  sextaiiiim  misces, 
el  tritis  omnibus  diligenler  uteris. 

X.  Julii  el  Jnnii  horas  par  mcnsnraruni  libra  rnmpo^iiil 

Hora      I    el    xi      pedes    xxii. 

Hora     II    ct      x       pedts      \n. 

Hora    III    ct     ix      pcdcs     viii. 


Hora  IV  et  Tiii  pcdes  v. 
Hora  V  et  vii  pedes  in. 
Hora     VI  pcdes      ii. 


UBER  NONt.S. 


I.  Aiii;iisto  mensc  iiltiino  circa  calcndas  .Septembres  ajer 
planns,  hnmidus,  exilis  incipiat  exaraii.  Xiinc  inaritiiniR 
locis  vindeinia'  apparatus  urRetiir.  Hnc  etiam  mense  locis 
frigidissimis  occalio  vineaniin  fit. 

U.  Hoctempore,  si  tcrra  exilis  in  vinea  est,  et  vinca 
ipsa  nii.scrior ,  trcs  vel  qualnor  liipini  modios  in  jiigero 
spargis,  atipic  ita  occabis.  Quod  nbi  frnticaverit,  evcrli- 
tnr,  et  optinium  sterciis  pra?bet  in  vineis,  quia  la>taincn 
prnptcr  vini  vitinm  non  convenit  inferre  vinelis. 

III.  Niinc  locis  frigidis  pampinatur,  locis  vero  fcrvenli- 
l)iis  ac  siccis  obuinbratiir  polins  uva,  ne  vi  solis  arescal , 
si  anl  vinese  brcvitasaut  facullas  operarum  permiltit.  Hoc 
etiam  rnense  cxtirpare  possumus  carecta  atque  filccta. 

IV.  .Niinc  urenda  sunt  pascna ,  ut  cf  altonim  frnticiim 
festinatio  reprimatnr  ad  stirpes,  ct  inrensis  aridis  nova 
Ifcliiis  licrba  snrrcdat. 

30. 


612 


PALLADIUS. 


que  les  herbes  seches  etant  brulees ,  il  leur  ca 
suceede  de  nouvelles  avec  plus  d'ubondance. 

V.  Jl  faut  encore  senier  a  la  fin  de  ce  mois  des 
raves  et  des  navcts  dans  les  pays  secs,  en  s'y 
|)renant  comine  je  Tai  indiqu^  plus  haut.  On 
scme  a  la  fin  de  ce  mois-ci  dans  les  pays  secs  les 
raiforts  destines  a  la  consoramation  de  Thiver. 
Ces  racines  ainsi  que  les  raves  aiment  une  terre 
grasse,  amciiblie  et  labource  longtemps.  Elles 
craignent  le  tuf  ct  !e  ^raVier,  et  se  plaisent 
sous  un  ciel  nebuleux.  II  faut  les  semer  sur  de 
;,'randes  planches  qui  Soicnt  becbees  prol'Onde- 
ment.  Les  meilleures  sont  celles  qui  viennent 
dans  les  sables.  On  les  semera  peu  de  temps  apres 
la  pluie,  a  moins  qu'on  ne  suit  a  portee  de  les 
arroser.  Des  qu'elles  seront  semees,  on  !es  re- 
couvrira  de  terre  a  l'aide  d'un  sarcloir  lcger.  II 
ei>  faat  deux  sextarii  ou  quatre,  suivaht  la  pra- 
tique  de  q^uelques  personnes,  pour  cnsemencer 
Unjugentm.  On  ne  leur  donnera  pas  de  fumier, 
parce  qu'il  les  rendrait  spongieus-es  ;  et  il  vaudra 
inieu.x  h;s  couvrir  de  paille.  Elles  deviendront 
plus  agreables  ,  quand  elles  seront  an-osees  sou- 
vent  avec  de  l'eausalee.  On  regarde  comme  !es 
femelles  celles  de  ces  racines  qui  sont  les  moins 
dcres,  qui  ont  les  feuilles  les  plus  larges  et  les 
plus  lisses,  et  dont  la  verdure  est  d'un  aspect 
plus  agreable.  Ce  sera  donc  la  graine  de  celles- 
ci  que  Tou  ramassera.  On  croit  qu'elles  grossi- 
ront  davantage,  lorsqu'on  aura  arrache  toutes 
leurs  feuilles,  en  ne  leur  laissant  qu'une  simple 
tige ,  et  qu'ou  lesaura  souvent  couvertes  dc  terre. 
Si  lorsqu'elles  sont  trop  Scres  on  veut  les  i'en- 
dre  plus  douccs,  on  en  fera  infuser  la  graine 
pendantun  jour  etunenuitdans  du  miel,  oudans 
du  vin  fait  avee  du  raisin  seclie  au  soleil.  Au 
surplus ,  il  est  constant  que  le  raifort  est  ennemi 


de  la  vigne,  ainsi  quele  cliou  ,  puisque,  des  qa'il 
est  seme  aupres  d'elle,  celle-ci  se  recule  par 
reffct  d'une  antipathie  naturelle.  On  seraera 
aussi  ce  mois-ci  des  panais. 

'VI.  On  ente  aussi  a  present  les  arbustes  en 
ecusson.  Presque  tout  le  monde  greffe  a  present 
le  poirier  et  le  citronnier  dans  les  terrains  arroses. 

VII.  I-es  frelons  sont  a  charge  ce  mois-ciaux 
ruches ;  aussi  faut-il  leur  faire  la  guerre  et  les  de- 
truire.  On fera  aussi  a  present  tout  cequon aura 
ueglige  de  faire  en  juillet. 

VIII.  Si  Ton  manqued'eau,  i!  faudra  en  cber- 
cher  a  present.  Or  voici  pnr  quelle  m^thode  on 
parvient  a  en  trouver  :  Quand  on  voudra  cher- 
cher  de  !'eau  dans  un  endroit,  on  tournera  la  vue, 
avant  le  lever  du  solei! ,  du  cote  du  levant ,  en 
se  tenant  couch^  sur  le  sol  tout  de  son  long,  le 
menton  appuye  contre  terre.  Si  Ton  voit  alors  s'e- 
lever  une  vapeur  legerement  nebuleuse ,  et  qui  se 
resout ,  on  remarquera  bien  !'endroit  ou  paral- 
tra  ce  phenomene ,  en  guidant  son  observation  h 
!'aide  de  quelque  souche  ou  de  quelque  arbre  du 
voisinage;  carcette  observation  est  I  iudice  cons- 
tant  d'une  source  cachee.  Mais  on  observera  aussi 
la  naturedu  terrain  ,  afin  de  pouvoir  juger  de  la 
quantitii  d'eau  plusou  moins  grande  qui  pourra 
s'y  trouver.  La  craie  ncdonneraque  des  veines 
maigres,  et  d'une  eau  peu  agreable.  Dans  le  sa- 
ble  on  ne  trouve  que  des  filets  d'une  eau  egale- 
ment  peu  potable,  fortement  chargee,  et  eufon- 
cee  sous  le  sol  a  dcs  profondeurs  considerables. 
La  terre  noire  ne  donnera  qu'une  tres-petite  quan- 
tite  d'eau  ,  qui  filtrera  goutte  a  goutte,  et  qui  ne 
sera  que  le  rcsultat  des  pluies  ctde  rhumiditede 
!'hiver;  raais  cette  eau  sera  d'un  goiit  exccllent. 
Le  gravierdonnerades  veines  mediocres  etincer- 
taines,  mais  leurs  eaux  !'emporterout  sur  toutes 


V.  Hoc  eliam  mense  ullimo  siccis  loris  rapa  et  napiis 
sercndasimt  liac  latlone  qiia  ante  (iictiim  est.  Hoc  niense 
ultimo  locis  siccioribus  radices  seriintur,  quae  liieme  siii 
iisum  ministrent.  Amantterram  plngiiem,  solutani,  etdiu 
subactam ,  qualem  rapa.  Tofiim  et  glaream  leformidanl. 
Gaudent  csrli  statu  nebiiloso.  Serehdae  sunt  spatiis  gian- 
dibus  et  alte  fossis.  Meliores  pioveniiint  in  arenis.  Seran- 
lur  post  novam  pliiviam,  ni.si  possiiit  fuite  liKaii.  Qiiod 
satum  est.statim  debel  operiii  levi  sarculo.  Jugerum  tluo 
sextarii,  vel,  ut  quidam,  quatuor,  ciim  seruntur ,  implent. 
La-tamen  non  est  ingerendum ,  sed  poliiis  palea; :  quia 
inde  fungosoesunt.  Suaviores  fiuiit ,  si  eas  aqua  salsa  fre- 
quenter  aspergas.  Radlces  foeminini  generis  piilantur, 
qu;e  minus  acres  sunt  el  liabent  folia  latiora  [el]  levia,  et 
(iini  jucuiulitate  vircntia.  Ex  liis  ergo  semiiia  rolligemus. 
Majoi  es  fieri  credunlur ,  si  siiblatis  omiiibus  foliis ,  et  solo 
lenui  caule  dimisso  sa;pe  terris  operiantur.  Si  ex  iiimis 
acra  dulcem  tieii  velis,  semiiia  die  et  nocte  melle  mace- 
labis  aut  passo.  Ra[)lianum  taiiien  sicut  brdssicam  constat 
esse  vitibiis  inimicam.  Nam  si  ciica  se  seiaiiliir,  nalura 
di.scordante  refiigiunt.  Hoc  eliam  meiise  pastinacas  se- 
remus. 


\l.  Etiani  nnnc  emplasfiantur  aibusta.  Pirum  nuiie 
picriqiie  inseriint,  et  locis  iriigiiis  aiborem  citri. 

VII.  Hoc  mense  ciabrones  molesti  suiit  alveariis  apuill , 
quos  perseqiii  ac  necare  debomus.  Niinc  etiam  qiiae  Julio 
non  occuriimus  facere,  exequamur. 

YIII.  Nunc  si  deeiit  aqua,  eani  qu.Terere  ac  Vesligare 
debebis,  qiiam  laliter  poteris  inveniie.  Ante  ortum  solis 
iis  locis  qiiibus  aqua  quierenda  est,  a^qualiler  proniis 
mento  ad  solum  depresso  jacens  iii  lerra  speclabis  orien- 
tem,  et  in  qiio  loco  ciispum  subtlli  nebula  aerem  surgere 
videbis,  et  velut  roiem  spargere,  signo  aliquo  viciniB 
slirpis  aut  arboris  pr.ienolabis.  Nam  conslat  siccis  locis,  iibi 
boc  fiet ,  aquam  lalere.  Sed  terrdriim  genus  considerabls  , 
ut  possis  vet  de  teniiitate  vel  de  abundantia  judicare. 
Crela  tenues  nec  optimi  saporis  venas  creabil;  sabiilo  so- 
lulus  exiles,  insuaves,  limosas,  ct  spalio  altioie  siibmer- 
.sas;  nigra  tcrra  liiimores  et  stillicidia  non  magna  ex  lii- 
bernis  iiiibribiis  et  liqiioie  collecla,  sed  .saporis  egregii; 
glarea  mediocres  cl  incerlas  venas,  sed  suavilate  praeci- 
piias ;  sabiilo  masculus  et  arena  et  cai  bunciilus  certas  et 
iibeiiate  co|iiosas  :  jn  sasco  riibro  boiiiie  cl  abundantes 
sunl.  Sed  providcnduin  est,  ne  inventae  inter  rimas  refu. 


DE  L'AGRICULTimK,  LIV.  IX. 


Cl.'^ 


les  autres  par  leur  goiit  agreable.  Le  sablc  fcrme, 
ainsi  que  le  gravier  et  les  couches  de  charbon  , 
donnerontdcs  vcines  certaineset  qui  seront  ine- 
puisables.  II  s'cn  trouvera  de  boniies,  et  qui  se- 
ront  abondantes  dans  les  roehcs  rouges.  Mnis  il 
faut  prendre  garde  que  lcs  eaux  que  ron  aura 
trouvees  ne  s'echappent  par  les  pores  de  la 
terre.  Les  eaux  sont  nbondantes  ,  fraiehes  et  sa- 
lubres  au  pied  des  montngncs,  ainsi  que  danslcs 
cailloulagcs;  au  lieu  qu'clles  sont  saumStrcs, 
lourdes  ,  ticdes  et  desagrcables  au  goiit  dans  les 
pays  plats.  Et  quand  elles  s'y  trouvent  d'un  gout 
excellent,  c'cst  une  preuve  qu'elles  proviennent 
originairemcnt  d'une  montagne.  Au  surplus,  el- 
les  pcuvent  ncquerir,  meme  cn  pleine  campagiie, 
la  douccurdcseaux  qui  prcnncnt  leursource  dans 
les  montngnes,  pour  pou  (iu'cllessoient  cachces 
sous  des  arbrisseaux  qui  les  cnuvrent  de  leur  om- 
bre.  Voici  d'autres  indications  propres  a  guider 
dans  la  rceherche  des  sources  cachces  ,  auxquel- 
les  on  pourra  avoir  conliance  toutes  les  fois  qu'il 
n'y  aura  point  dc  marcs  d'cau  dans  rendroit, 
qu'il  n'y  aura  pas  d'cnu  stngnante  ou  d'eeoule- 
ment  habiluel  :  eest  la  presence  du  jonc  ordi- 
naire,  du  sauledcs  forcts,  de  Taune,  dupoivricr 
snuvnge,  du  roscau ,  dulierrc,et  des  autres  plnn- 
tes  qui  se  plaisenldans  reau.  Ou  crcusera  donc 
l'endroit  oii  se  trouveront  les  indications  que 
nous  venons  de  donner,  jusqu'a  cinq  picds  de 
profondeur,  sur  une  largeur  de  trois  pieds;  et 
quand  le  soleil  sera  pret  a  seeouchcr,  on  met- 
tra  dans  cette  fosse  un  vase  de  cuivre  ou  de 


main  ,  on  trouvc  quc  le  vase  sue  parduclans,  o,y 
que  reauendegoutte,  il  n'y  a  point  de  doutequp 
cet  cndroit  ne  rcnfermede  reau.  De  m^me  si  Toi} 
met  dans  cctte  fosse  uii  vase  de  terre  scc  et  noii 
passe  au  feu ,  ct  qu'on  !e  recouvre  de  la  menio 
maniere,  on  lc  trouvcra  le  lendemain  dissous 
par  rhumidite  doiit  il  aura  ete  imprigne,  lors- 
qu'il  y  aura  une  veine  d'eau  dans  le  voisinage. 
Un  lloeon  dc  lainc  mis  egalement  dans  une  fossc, 
et  recou^trt  dc  mcme  indique  aussi  la  prcsence 
de  Teau  en  nbondance,  s'il  en  exprime  quand  on 
vicnt  le  presser  le  lendemain.  Un  endroit  renfer- 
mera  encorc  de  Teau  toutes  les  fois  qu'oii  aura 
mis  dans  une  fosse,  en  larecouvrant,  une  lampc 
allumce  et  pleine  d'huile,  et  qu'on  la  troiuera 
ctclnfe  le  lendemain,  quoiqu'ily  reste  cneore  de 
riiuile.  De  meme,  si  Tou  fait  du  feu  quelque  part, 
et  si,  lorsque  ia  terre  sera  echauffee,  elle  rc- 
pand  une.  fumee  humide  et  nebuleuse ,  autre 
preuve  de  Tevidence  de  reau.  Une  fois  ees  indi- 
ces  reconnus,  et  lcur  certitude  bien  constatee,  on 
creusera  un  puits  pour  chercher  la  source  de 
reau;  ou,  s'il  y  a  plusieurs  sourccs,  on  lcs  rcu- 
nira  cn  une  seule.  II  faut  chercher  les  eaux  par- 
ticulierement  aii  pied  des  montagnes  et  du  cot^ 
dunord,  parce  qu'el!esy  sont  plus  abondanteset 
meilleures  que  partout  ailleurs. 

IX.Maisil  fautexaininers'iln'yapointdedan- 
ger  pour  lcs  ouvriers  qui  travaillent  a  ereuser  les 
puits,  parce  que  le  sol  degage  souvent  des  mias- 
mes  de  soufre,  d'alun  et  de  bitumc,  dont  le 
melange  empeste  Tair,  remplit  les  narines  des 


plomb  propre  et  graisse  par  dedans,  dont  {'ou-  •  ouvriers,  qui  n'echappent  au  danger  desuffoqucr 


verture  sera  tournee  vers  le  fond  de  la  fosse. 
Ensuite  on  etendra,  en  rappuyant  sur  les  bords 
de  la  fosse ,  une  claie  tissue  de  baguettes  et  de 
brnnchai;cs  ,  et  Ton  recouvrira  le  tout  de  terre. 
Si,  lorsqu'on  viendra  a  ouvrir  la  fosse  le  lende- 


que  par  une  prompte  fuite.  En  consi?quence , 
avant  d'attcindre  le  fond  de  rexcavation ,  on  y 
deposcra  une  lampe  allumee.  Si  cette  lampe  ne 
s'eteint  pas,  c'est  une  preuve  qu'il  n'y  aura  au- 
eun  danger  a  craindre.  Mais  si  elle  s'eteint,   il 


^.iiiiil,  et  pcr  intcrvcnia  dilabantur.  Siib  radicilms  mon- 
liiini,  ct  in  sa\is  silicibus  ubercs,  frij^iilie,  salubrcs  : 
iucis  campesUibus  salsm,  graies,  tepidae,  insuavcs  : 
iiuaruin  .sapor  si  optimns  fuerit,  novcris  eas  sub  tcrris 
exoidiuni  de  monle  sumsisse.  Scd  iu  mediis  campis  mon- 
lanoruni  foutiuni  siiavitalem  coiisequenliir,  si  uniljraiili- 
lins  tegantiir  arbuslis.  Suiit  et  liax  sigim  vcstigaiida; 
'a  \ua;,  quibus  tunc  cicdimiis,  si  nequc  laciina  cst,  ncqiie 
aliquis  ibi  ex  consueludiue  liumor  iiisidct  aut  pia!teri(. 
.Iiiiicus  tenuis,  salix  silvalica,  aliius,  vitex,  aruudo, 
cdera  cajteraqiie ,  si  qua  liuinorc  giuiiuntiir.  Lociis  cigo, 
ubi  supradicla  signa  rcpcicii^,  Indialiir  latiliidinopedibus 
tribus,  altitudine  pcdilius  quiiiqiic,  cl  proxinic  solis 
occasuni ,  munduin  vas  ilii  a-rcnni  vcl  pliiinbeum  iiilci  ius 
unctuni  inversiini  pouatiir  iu  solo  ipsiiis  fossionis.  Tunc 
supra  fossa;]abra  crate  facta  de  virgis  ac  IVondibus,  addi- 
taque  tena,  spatium  onine  coopcriatnr.  Se^iuenti  die 
aperto  loco,  si  in  eodeni  va.sc  sudorcs  [intrinsecus]  inve- 
nientur  aut  stilla> ,  aquas  ibi  esse  noii  diibites.  Iteiu  si  vas 
figuli  siccum,  iicqiic  coctimi,  eadcm  ratione  ponatnr,  ac 
siuiililcr  oiiciiatur;  allcio  vcio  die,  si  aqiiaruni  vcna  c^t 


in  pr.TScnli,  vas  conccpto  liiimore  solvetur.  Ilcm  vellus 
lan.-p  a'que  posiliim  ct  coopcrtum,  si  tanluni  colliglt  liu- 
iiioris ,  iit  alia  dlc  fiiudat  CNpicssum ,  copias  iiies^e  tesl^- 
bllur.  Ilcm  luccrna  olco  plciia  ct  acccusa,  si  ibi  similiter 
lccla  ponalur  ,  el  scciito  dic  iiivcuiatiir  cxtiiicta  superan- 
tibiis  aliniciitls,  aqiias  idcm  lociis  babcliit.  Itcm  si  in  eo 
loco  focuin  fccci  is ,  ct  terra  vaporata  liumidum  fginiini 
ncbiilosumqiic  ructaverlt,  aquas  inesse  cognosccs.  llis 
itaqiie  rcpcrlis,  ccrla  signoriim  firinaute  notitla,  piitenni 
fodics,  ct  aqua;  capiit  reqniies  :  vel  si  pluia  siinl,  in 
iiuiiin  colligcs.  Tauicn  niaxime  snbiadicibns  monlium  in 
Scplcntrionali  paile  qu.frcud.Te  suiit  aqna^,  quia  in  his 
locis  magis  abiindaut,  iitiliorcsque  nasciinfnr. 

IX.  Scd  in  lodiendis  pulcis  cjvcndiim  est  fossorum  pe- 
ruuliiin,  i|iiouiaiii  plenimquc  tcrra  sulfiir,  aluuicn, 
biliimcn  cdiicll ,  quorum  spiritus  niisti  anliclitiim  pcsti.s 
cxliaiaut,ctocciipatis  statim  naribus  extorquent  aniinas, 
iiisi  quis  fiig.i;  sibi  vclocitalc  succurrat.  Ciius  ergo  quam 
dcsccudatur  ad  inlima,  in  cis  locis  luccrnam  ponisaccen- 
sam ,  qii.e  si  cxtinda  non  fucrit ,  pci  iciilum  non  tiinebis  ; 
si  vcro  cxlinguctur,  cavcudus  cst  lodis.qiicni  spinliis 


PALLADIUS. 


faiit  s'nb9teiiir  depousser  plus  loin  la  fouille,  car 
la  r^side  un  mephitlsme  mortel.  Si  nc^anmoinson 
ne  peut  pas  trouver  d'eau  ailleurs,  on  creusera 
des  puits  aupres  de  cet  endroit ,  tant  de  droite  que 
de  gauche,  jusqu'a  ce  qu'on  soit  parvenu  au  ni- 
vcau  de  Tcau;  et  rou  pratiquera  dans  rinterieur 
de  ces  puits  des  soupiraux  ou verts  de  eote  et  d'au- 
tre  en  forme  de  narines,  et  par  lesquels  Texha- 
laison  fuueste  s'evaporera;  apres  quoi  on  sou- 
tiendra  les  parois  des  puitsaPaide  d'uije  macon- 
nerie.  Au  reste,  il  faut  que  la  larp;cin'  d'un  puits 
soit  de  huit  pieds  en  tout  sens,  sur  lesquels  la 
mnconnerie  en  prendra  deux.  Cette  maconnerie 
sera  soutenue  d'espace  en  espace  avec  des  barres 
de  bois ,  et  construite  en  tuf  ou  en  moellon.  Quand 
Teau  est  limoneuse,  on  la  eorrige  en  y  jetant 
dusel.  Si,lorsqu'oncreuseun  puits,  la  terre,  trop 
meuble  de  sanature,  vient  a  s'ebouler,  ou  que 
Teau  vienne  a  !a  delayer,  on  la  coiitiendra  de 
tous  eotes  a  Talde  de  planches  appuyees  vertica- 
lement  eontre  elle,  et  soutenues  avec  des  barres 
misesen  travers,  pourempccherquerebouleroent 
n'ensevelisse  les  travailleurs. 

X.  Voici  la  maniere  de  faire  Tessai  d"une  eau 
qu'on  aura  nouvelleinent  trouvee  :  On  en  vcrsera 
dans  un  vase  de  cuivre  bien  poli,  et,  si  elle  n'y 
laisse  point  de  taclie,  c'est  une  preuve  qu'elle  est 
bonne.  Elle  est  cgalementbonne,  lorsque,  apres 
avoir  ete  bouillie  daiis  un  petit  vase  de  euivre, 
ellen'y  depose  ni  sable  ni  limon,  lorsque  les  le- 
gumes  y  cuisentproiiiptement,  lorsque  ni  mousse 
ni  impurete  d'aucune  sorte  n'en  altere  la  limpidite. 
Au  surplus ,  quand  les  puits  sont  creuses  sur  une 
luuiteur,  on  pourra  en  faire  jaillir  Teau  par  en 
bascorame  celled'une  fontaine,en  percant  lester- 
resjusqu'a  son  lit,  si  laconfiguration  du  terrain 
inferieur  n'y  appoite  aucun  empecliement. 

XL  Quand  il  s'agit  de  conduire  Teau  d'un  lieu 


a  un  autre,  on  a  recours  a  un  canal  construiten 
macounerie ,  ou  a  des  tuyaux  de  plomb ,  ou  a  des 
canaux  de  bois,  ou  enfiii  a  des  tuyaux  de  terre 
cuite.  Si  on  la  conduit  dans  un  canal  construit 
en  raaconnerie,  il  faut  que  ce  canal  soit  bien  so- 
lide,  afmqu'ellene  s'echappe  poiut  a  travers  les 
joints  des  pierres  qui  entrent  daus  sa  construc- 
tion.  La  largeur  de  ce  canal  sera  proportionnee 
a  la  quantite  d'eau  que  fon  y  fera  couler.  Si  ce 
canal  doit  traverser  dans  sa  route  un  terrain  plat, 
on  lui  donnera ,  en  le  construisant,  une  pente  in- 
sensible  d'un  pied  et  demi  sur  soixante  ou  cent 
pieds  de  longueur,  afin  de  procurer  k  feau  un 
ecoulement  suffisant.  S'il  doit  rencontrer  une 
raoutagne  sur  sa  route,  il  faudra  diriger  i'eau  et 
la  detourner  vers  les  cotes  de  cctte  montagne, 
ou  lui  ouvrir  a  travers  le  mout  un  passage  a  soa 
ni veau  au  moyen  d'un  aquedue.  Mais  s'il  se  trouve 
une  vallee  sur  son  cbeniin,  on  eleverades  piliers 
ou  des  arcs  jusqu'a  la  hautcur  de  la  pente  que 
doit  suivrefeau,  oubienonla  laissera  tomberau 
fond  de  la  vallee  en  la  renfermant  daiis  des  tuyaux 
de  plomb,  pour  la  faire  remontcr  ensuite  quand 
elle  1'aura  traversee.  Lorsqu'ou  conduira  Teau 
dans  des  tuyaux  de  terre  cuite,  methode  qui  est 
la  plus  salutaire  et  la  plus  avantageusede  toutes, 
on  donnera  a  ces  tuyaux  uiie  epaisseur  de  deux 
doigts,  en  les  retrecissant  par  un  de  leurs  cotes, 
afm  qu'ils  puissent  s'emboiter  l'un  dans  1'autre 
de  la  lougueur  d'ua  pabnus,  et  on  eu  garnira 
les  joints  avec  de  ia  chaux  vive  petrie  a  1'huile. 
Mais  avant  d'introduire  dans  ces  tuyaux  Teau 
qu'on  veut  y  faire  couler,  on  y  fera  passer  de 
la  ceudre  chaude  melee  d'un  pcu  d'eau,  pour 
souder  les  defectuosites  qui  peuveut  se  reucontrer 
dans  ces  tuyaux.  La  pire  de  toutes  les  raethodes 
consiste  a  couduire  1'eau  dans  des  tuyaux  de 
plomb.  Elle  rend  en  effet  l'eau  dangereuse  a 


moilirer  occiipabil.  Quod  si  alio  loco  aqua  non  potest 
iiiveniii ,  (leNtcia  l.Tvaque  putcos  fodiciiius,  nsfiue  ad 
aqiia'  ipsius  lihianiciiliiin ,  et  ali  liis  rdi.imina  liinc  iiide 
patcraclu  voliil  narcs  inliis  a^i'ini)s ,  cina  iiim  ens  spii-itiis 
CVa\ioict  :  (jnii  failn  latcia  piili-oinin  sliintina  snscipial. 
Foiliciidiis  esl  aiitcni  piili'iis,latiliiili;ii-  ocln  piMliini  ipio- 
quoversum,Ht  biiios  pedi^s  siiiicluia  (■.oiiclnilat  ;  (jii:c 
structina  vectibns  linncis  snbinde  deiisetur,  et  stiucta  sit 
lapidc  lolaiio,  vcl  silin'.  Si  aipia  limosa  lueiit,  salis  ad- 
niislioiiec.oni^aliir.  Sid  iluin  Imlitiirputens,  si  terra  non 
slabit  vitiogeiiciis  di.-siiliiti ,  aut  liumore  laxabitur,  labii- 
las  objicies  diieclas  nudique,  et  eas  liansversis  vectibiis 
suslinebis.ne  fodientes  luina  concludal. 

X.  A(piam  vero  novain  sic  probabis  :  in  vase  jeneo 
nitido  spargis,  et  .si  maculam  non  feceiit,  piobabilis 
judicetur.  Item  decocla  a-neo  vasculo,  si  aienam  vel 
limiim  iion  relinquit  in  fundo,ulili.serit.  Item  si  legumina 
cilo  valebit  excoqiieie,  vel  .si  colore  peilucido  carens 
niiisco,  et  unnii  labe  pollulionis  aliena.  Sed  qui  iii  alto 
»uul  putei ,  pci foralis  usqiie  ad  infimam  paitcm  terris  ad 


loca  infeiiora,  possunt  vice  fontis  exiie,  si  vallis  siibjectai 
natuia  permittat. 

XI.  Cum  vero  ducenda  est  aqiia,  ducitur  aiit  iorma 
stniclili,  aut  plumbeis  fistulis,  aut  caiialibus  ligueis,  aut 
fic.ljlibus  lubis.  Si  per  fonnam  ducetur,  solidandiis  est 
canalis,  ne  perrinias  aqua  possilelabi  :  ciijiis  magnitudo 
pio  aqiia;  niensura  facienda  est.  Si  per  planum  veniet, 
inter  centenos  vel  sexagenos  pedes  sensim  reclinetur 
structura  in  sesquipedem  ,  iit  vim  possit  liabeie  currendi. 
Si  quis  mons  inteijectus  occiirreiit,  aut  per  latera  ejus 
aquam  ducemus  obliquam  aut  ad  aquai  caput  spcluncas 
libiabimus,  per  quaruni  structiirani  pervenial.  Sed  si  se 
vallis  inleiseial,  eiectas  pilas  vel  aicus  usque  ad  aquae 
jiista  fasligia  construenius,  aut  plunibeis  fistulis  clausara 
dcjici  patiemur,  etexplicata  valle  consuigere.  Sed,quod 
esl  salubiius  et  utilius,  iictilibustubiscum  ducitur,  duo- 
busdigitis  crassi,  et  ex  una  parte  reddantur  angusti,  ut 
palnii  spatio  unus  iu  altcrum  possit  inlrarc  :  quas  junclu- 
ras  viva  calce  oleo  subacla  dehemus  illinire.  Sed  anlequam 
iii  iis  aqiia;  cursus  admittatur  ,  favilla  per  eos  mixta  exi- 


DE  LAGRICULTURt;,  LIV.  X. 

boire,  parce  que  le  plomb,  a  fore.e  (retre  frotte, 
decharge  de  la  ceruse,  qiii  cst  uiw  maticre  niiisi- 
ble  au  corps  luiinain.  Ccst  a  Tart  aconstruire  les 
rcservoirs  dc  facon  a  ce  que  le  plus  petit  lilct 
deau  procure  une  abondante  rcserve. 

XII.  Voici  la  quantite  dc  plomb  qui  dnit  eiilrcr 
dans  la  fabrication  dcs  tuyaux.  II  en  faut  douze 
centslivres  pour  une  feuilledeccntdoi;its  de  lar- 
f;eur  sur  une  longueur  de  dix  pieds;  neuf  cent 
soixante  pour  uue  feuille  dequatre-vingts  doigts; 
six  ccntspourunefeuilledecinquantedoigts;qua- 
Ire  ccnt  quatrc-vingts  pour  une  feuillede  quarante 
doigts;  trois  cent  soixante  pour  une  feuille  de 
trentedoigts ;  deux  ccnt  quarante  pour  une  feuille 
de  vingt  doigts,  et  quatre-viugt-seize  pour  uue 
feuille  de  huit  doigts. 

XIII.  Maniere  de  confire  le  verjus  dans  du 
miel.  Verscz  deux  se.rfarii  de  miel  bien  broyc 
sur  six  de  jus  de  raisin  a  dcmi  vert,  et  laisscz  ce 
melange  se  cuire   au  soleil  pendant  quarantc 


jours. 

XIV.  II  n'y  a  point  de  diffcrences,  quant  ft 
la  raarche  du  soleil ,  entrc  le  mois  d'aout  et  celui 
demai. 

A  la  premiereet  ^  la  onzieme  heure,  le  gno- 
mon  donne  vingttrois  pieds  d'ombre. 

A  la  seconde  eta  la  dixieme,  il  cn  donne  treize. 

A  la  tiflisicme  et  a  la  neuvieme ,  il  en  donne 
neuf. 

A  la  quatrieme  et  a  la  huitieme,  11  en  donne  six. 

A  la  ciuqui(ime  et  a  la  septieme ,  il  en  donne 
quatre. 

A  la  sixieme ,  11  eu  donne  trois. 

LIVRE  DIXIEME. 

SEPTEMBKE. 

L  Ou  lahourera  pour  la  troisi^rac  fois  au  mois 


«IS 

de  scptemhre  les  terrnins  pras ,  ainsi  que  ecux  qui 
sont  dans  riiahitude  decoiiservcr  longtcmps  rha- 
midite;  et  Ton  s'y  prendra  miirn;  plus  tot  quand 
rannce  aura  ete  humide.  On  bine  cl  Ton  ense- 
rnence  a  prisent  lcs  terrains  humidcs,  plats  et 
maigies,  au\qucls  nnus  avoiis  dit  qu'il  fallait 
donuer  le  premicr  lahour  ail  mois  d'aout.  II 
fnut  labourer  a  prcsent  pour  la  premiere  fois 
les  cotcanx  malgrts,  et  lcs  ensemenccr  nussit6t 
aprcs,  vers  re(iuiuoxe.  On  fumera  a  present  les 
tcrrcs,  mais  on  nura  soin  de  resserrcr  les  tas  de 
fumier  les  uns  aupresdcs  autres  sur  les  collines; 
au  licu  qu"ou  lcs  espacera  davantage  dans  les 
plaines.  Si  lou  fait  cette  opcration  au  d^iclin  de 
la  lune,  ce  scra  le  moyen  d'cmpcchcr  les  her- 
bes  d'y  croitre.  Columelle assure  que  \  ingt-quntre 
carpenla  de  fumicr  sufllsent  pour  fuincr  un 
jitgerum  de  terre,  et  qu'il  n'eu  faut  que  dix-huit 
en  terrain  plat.  Ausurplus,  il  faudra  avoir  soin 
de  n't'parpiller  en  uii  jour  que  la  (|uaiitite  de  fu- 
mier  qu'on  pourra  rccouvrir  de  tcrre  lc  meme 
jour  par  le  Iab;)ur,  de  peur  que  ce  fumier,  venant 
a  se  dcssc^cher,  nc  perde  sn  verlu.  On  peut  cncore 
furaerenquelquetcmpsdcrhivcrquecesoit ;  mais 
iorsijuc  quehiue  iais;)u  aura  empeclni  de  le  faire 
dans  un  temps  coineiiable,  ou  y  rcmediera  soit 
en  repandant  sur  les  terrcs,  avant  de  les  ense- 
mencer,  du  fumier  pulvtirise  de  la  mar.icre  dont 
ony  repand  la  graiuc,  soit  en  y  jetant  a  la  maiu 
ducrottiu  de  chevres,  qu'on  incorporera  eusuite 
avec  la  terre  a  faide  des  sarcloirs.  II  n'cst  pas  a 
propos  de  fumer  beaucoup  a  la  fois,  et  il  vaul 
mieux  le  faiic  mod('r(?mcnt  et  plus  souvcnt.  Une 
tcrre  aqueusc  dcmande  plus  de  fumicr  qu'une 
terre  seche.  Si  ccpendant  Ton  n'est  pns  riclie  en 
grnis,  ce  sera  une  excellcnte  methodc  de  r(ipaa- 
dre,  en  guisc  dc  fumier,  sur  les  terrcs  snblonncu- 
ses,  de  la  craic  ou  de  rargilc,  comme  de  semer 


giio  liqiioie  dcciirrat,  utglulin.arepossit,  si  qua  sunt  vilia 
tiiborum.  Ullima  ratioest,  plunibeis  listulis  ducere  :  qn,T 
aquas  noxias  reiiiiunl.  Nam  cerusa  plumboerealuraltrito, 
quse  corporibus  nocet  bumanis.  Diligenlis  erit  aquarum 
leceptacula  fabricari ,  iitcopiam  inops  vcnaprocuret. 

XII.  Mensura  vero  tistularum  plunibo  servetur  bujus- 
moiii.  Cenlenaria  x  peduni  mille  (Juceutas  libras  babcal. 
Oclogenaria  uoningentas  Lx.  Quinquagenaria  simililer  x 
pedum  pondo  sexcenta.  Quadragenaria  pondo  quadrin- 
genla  lxxx.  Tricenaria  pondo  trecentasexaginta.  Vicenaria 
jiondo  XL.  Octonaria  pondo  uonaginlasex. 

XIII.  [De  omphacomeli.]  In  iiviB  semiacerbne  siicci 
sextariis  sex  mellis  triti  fortiter  duos  sextarios  debcbis 
infundere ,  el  sub  solis  radiis  diebus  xi.  decoquere. 

XIV.  Augustum  Maio  par  soliscursus  aiquavil. 


Hora 

1 

et 

XI 

pedes 

Hora 

II 

et 

X 

pedes 

Hora 

III 

el 

IX 

pedes 

Ilora 

IV 

et 

VIII 

pedes 

Hora 

V 

cl 

VII 

pedes 

Hora 

VI 

pedes 

LIBLR  DECIMLS. 

I.  Septenibri  ineiise  ager  pingnis,  ct  qui  diu  leiiere  con- 
suevit  liumorem,  terlia  vice  arabitur,  quamvis  liumido 
anno  possit et antea  lerliari.  Nunc  ager  liumidus.planus, 
esilis,  qucm  prinio  Augusto  arari  diximus,  itoatur  et 
seritiir.  Graciles  clivi  nunc  primum  niandi  et  screiidi  suiit 
statim  circa  .Tquinoctium.  Agri  nunc  slercorandi  sunt, 
sed  in  colle  spissius,  in  campo  rarius  laetamiiia  disponcn- 
tur,  cum  luna  minuitur  •  qii.i'  res  si  servetur ,  bcrbis  ofli- 
ciet.  Uni  jugero  asseril  Columella  xxiv  stercoris  larpenla 
sutlicere;  in  plano  vero  xviii.  Sed  iidem  cumuli  lol  dissi- 
|iandi  sunt.quot  eadem  dic  poteriint  inarari,  iie  stcrcora 
exsiccala  uiliil  prosiut.  Ejiciunturquidem  la;tamina,etqua- 
libet  biemis  parte.  Sed  si  tempore  suo  ejici  aliqua  ratione 
iion  putcrunt ,  ante  quam  seras ,  inore  semiuis  per  agius 
pulverem  slercoris  spaige,  vel  caprinuni  manu  projice,et 
terram  sarculis  niisce.  liec  prodesl  nimium  stercorare 
unotempore,sed  frequciiler  et  modice.  Agernqiiosus  plus 
slerroris,  siccus  vero  minus  requiril.  Sed  si  l«lainini« 
(iipia  noii  abundal .  Iioc  pi"  s<erroreoptimc  redil.  ul  6;i- 


PALLADIUS. 


du  bable  sur  les  lerres  argileuses  ou  trop  com- 
pactes.  Outre  quc  cette  niethode  est  favorable  aux 
rnoissons,  elle  rend  encore  les  vignes  tres-belles, 
d'autant  qu'en  donnant  du  fumier  a  celles-ci ,  on 
altere  souvent  la  qualite  du  vin. 

II.  On  semera  ce  mois-ci  vers  IVquinoxe, 
quand  le  temps  sera  au  beaufixe,  le  froment 
ainsi  que  le  ble  adoreum  dans  les  terrains  raa- 
recageux,  ou  maigres,  ou  froids,  ou  ombrages, 
alin  que  les  raciues  de  ces  bles  puissent  prendre 
quulque  consistance  avant  l'hiver. 

III.  Laterre  rend  souvent  une  humidite  amere 
qui  fait  perir  les  bles.  II  faut  repandre  sur  les 
endroits  ou  cela  arrivera,  de  la  fiente  de  pigeon  ou 
des  feuilies  de  cypres,  et  les  labourer  en  meme 
temps,  afin  que  ce  genre  de  fumier  s'amalgame 
avec  la  terre,  Mais  le  meilleur  rcmedecst  de  de- 
tourncr  cctte  humidite  pernicieuse  au  moyen 
d'une  saiguee  qui  la  portera  ailleurs.  On  ense- 
niencera  unjiiyerum  d'une  terre  mediocre  avcc 
cinq  modii  de  froment,  et  la  merae  quantite  de 
ble  adoreum.  U  n'en  faut  que  quatre  pour  une 
terre  grasse.  On  assure  que  ces  semences  vien- 
drontd bien ,  lorsqu'on  aura recouvert  d'une peau 
d'byene  lc  modiits  dontse  servent  les  seraeurs, 
et  qu'on  aura  laisse  le  grain  pendant  quelque 
temps  dans  ce  semoir.  Comme  il  arrive  assez 
souvcnt  que  certains  animaux  qui  vivent  sous 
tcrre  font  perir  les  bles  eu  lescoupant  par  la  ra- 
cine,  il  sera  tgalement  bon,  pour  prevenir  cet 
accident,  de  faire  tremper  les  grains  une  nuit, 
avantde  lesseraerdausdujusde  1'herbe  appelee 
sedum.  (joubarbe),  mt5le  avec  de  feau,  comme 
d'exprimer  dii  jus  de  ecncombre  sauvage,  ou  de 
faire  infuser  dansde  leau  la  racincbroyeede  cette 
plante,  pour  y  trempercnsuite  les  grainsque  l'on 
aura  a  semer.  II  y  a  des  persounes  qui ,  desqu'ell6S 


voient  leurs  raoissons  attaquees  de  cet  aceident , 
versent  sur  les  sillons  et  sur  les  charrues,  sans 
attendre  que  le  mal  ait  fait  de  plus  grands  pro- 
gres ,  du  marc  d'huile  sans  sel ,  ou  de  feau  dont 
nous  venons  de  faire  nKnition. 

IV.  On  seme  a  present  dans  les  terrains  raai- 
gres  forge  canthcrinum.  II  en  faut  clnq  modii 
])avjugerum.  On  laissera  reposer  les  terresqui 
auront  porte  cette  espece  de  graiu ,  a  moius  qu'ou 
n'airae  mieux  les  lumer. 

V.  On  seme  k  present  ou  un  peu  plus  tot  les  lu- 
pinsen  quelque  terre  que  ce  soit,  ne  fut-elle  pas 
raerae  labouree.  11  sera  a  propos  quils  soient  se- 
mes  avant  que  les  froids  comraencent.  lls  ne 
reussissent  point  dans  les  terres  limoneuses,  et 
craignent  1'argile;  ils  se  plaiseut  au  contraire 
dans  les  terres  maigres ,  ainsi  que  dans  les  terrcs 
rouges.  II  en  faut  dix  modii  pour  ensemencer  un 
Jui/erum. 

VI.  On  semera  les  pois  a  la  fm  de  ce  mois. 
Ils  aiment  une  terre  legere  et  qui  ne  soit  point 
compacle,  un  pays  chaud  et  humide.  II  suflira 
d'en  seraer  trois  ou  quatre  modii  par  juf/erum. 

VII.  On  scmea  prcseut  lesesame  dans  un  ter- 
rain  friable,  ou  dans  des  sables  gras,  ou  dans 
dcs  terres  rapportees.  II  en  faudra  semer  quatre 
sextarii  ousix  ^ay  jucierum.  Ou  labourera  pour 
la  premiere  fois  a  la  fin  de  ce  mois  les  terres  oii 
fon  voudra  semer  de  la  luzerne. 

VIII.  Cest  a  present  que  l'on  fait  le  premier 
ensemencement  de  la  vesce  et  du  fenugrec, 
quand  on  les  dcstine  a  scrvir  de  fourrage.  Sept 
Wi0f/N"de  graine  taut  de  vesee  que  de  fenugrec 
scront  suffisants  pour  uii  jugerum.  Oa  scme 
aussi  les  herbages  que  l'on  doit  coupcr  avant 
leur  maturite,  daus  un  terrain  auquel  on  aura 
fait  produire  toutes  les  annees  sans  se  reposer, 


hulosls  lo(us  cietam  id  est  aigillam  spargas ,  cretosis  ac 
nimiurn  spissis  saliuloiiem.  Hocetiam  segetibus  piolicit,  ct 
vineas  piilcherrimas  leddit.  Jiam  tetamen  in  vineis  sapo- 
rem  vini  vitiaie  cfjiisuevit. 

II.  Hoc  mense  uliginosis  locis  aut  exilibus  aiit  frigidis 
aut  opacis  ciica  a-quinoctiDm  tiiticum  el  adoieum  sere- 
lur,  diim  seienitas  constat,  nl  ladices  hunienti  ante  liie- 
mem  convalescant. 

III.  Solet  terra  bumorem  salsnm  vomere,  qui  segetes 
necat.  Ubi  lioc  fit,  colnmbinum  steicus  aut  cupressi  lolia 
oportet  inspargeie,  et  ita,  ut  eadem  misceanlur,  inarare. 
Melius  tamen  omnibus  lemediis  erit,  si  aquarius  sulciis 
nnxium  deducat  bumorem.  In  niediocris  agri  jugero  v  tii- 
tici  modios  et  adorei  l.otidem  conseremus.  Nam  quatiior 
[ager]  pinguis  accipiet.  Si  modium,  quo  seretnr,  hy.Tna! 
pelle  vestieris ,  et  ibi  aliquamdiu  quod  serendum  est ,  esse 
patiaris,  sata  bene  provenire  firmantur.  Item  quoniam 
qiiaidam  animalia  sul)terranea  sectis  radicibus  necanl  ple- 
rumque  frumenta,  contra  lisec  proderit ,  si  lierbae ,  qure 
sedum  dicitur,  succus  aqusemistus  una  nocte  madefaciat 
qiiiu  spargenda  sunt  semina  :  ve!  agrestis  cucumeris  hiinior 
exjiicssus  et  rjiis  radix  trita  si  aqua   diluatur,  et  codcin 


quse  serenda  sunt  macerentur  liumore.  Aliqui  ubi  lia^c 
segetes  siiasperferre  senserint,  inter  initia  vitionim  insulsa 
aniuica  vel  praedicta  aqua  sulcos  et  arala  perfundunl. 

IV.  Niinc  giacili  solo  ordeum  seritur  cantberinum  mo- 
diis  v  per  jugerum.  Post  lioc  genus  agros  cessare  patieris , 
nisi  forte  KTtamen  aspergas. 

V.  Nunc  vel  maluriiis  aliqiianto  lupinus  seritur  in  qua- 
licunqiie  terra  vel  crudo  solo  :  cui  boc  proderit ,  ut  seratur 
ante  quam  frigus  incipiat.  Limoso  agro  non  nascitur  :  cre- 
tani  reformidat :  amat  exilem  terram  alque  ruhricam  :  x 
modiis jugeri  mensura  coniplotnr. 

\l.  Hoc  mense  postremo  pisum  seremus,  terra  facili  et 
soluta,  loco  tepidOjCaslo  delectatur  bumecto.  Jugero  qua- 
tuor  modios  vel  ties  sparsisse sufliciet. 

VII.  Nunc  sisamum  seritur  putri  solo  vel  pinguibus 
arenis  vel  terra  congesticia  Jugero  quatuorvel  sex  sexta- 
rios  sevisse  conveniel.  Hoc  mense  postremo  prima  vice 
agros  pioscindemus,qui  babituri  sunt  medicam. 

VIH.  Nunc  vicia;  prima  satio  est  et  foeni  GrEeci,  cimi 
pabuli  caiisa  seruntur.  Viciae  vii  niodii  jugerum  aequc  ct 
f(rni  Gr.neci  .semen  implebit.  Farrago  etiam  loco  lestibili 
sliTcoralo  seritiir  :  ordei  cantlieiini  in  jiigero  x  uioilios 


DK  L'AGR1CULTURE,  LIV,  X 

et  qiie  ron  nura  fume;  nu^iucl  cas  il  faudray  sc- 
nier  dix  modii d'oi'ge  caiilheriiium  Y>M\juyc'riiiii, 
et  le  faiie  vers  requinoxc,  aiiii  que  ce  i;rain  se 
troine  fortilie  avant  riiivev.  Si  on  veut  le  faire 
paitre  souvcnt  par  les  bestiaux,  il  pourra  suffire 
a  leur  pature  jusquau  raois  de  niai ;  au  lieuquc 
si  Tou  veut  en  retircr  du  grain  ,  il  ne  faudra  le 
leur  laisser  paitrc  quejusqu'au\  calendes  dc  mars, 
ct,  passc  ce  temps,  lcur  cn  interdire  la  pature. 

1\.  Ou  seme  vers  les  ides  de  ce  mois  ei  des 
lupins ,  pour  fertiliser  lcs  terres  maigres  ;  et ,  des 
qu'ils  sont  venus,  on  les  vcrsc  en  lcrre ,  a(in  qu'ils 
y  soient  coupes  par  le  soc  de  la  eliarrue ,  et  qu'ils 
y  pourrissent. 

X.  Oli  peut  faire  u  prcscnt  de  nouvelles  prai- 
ries ,  si  on  lejuge  a  propos.  Lorsqu'on  aura  le 
clioix  du  terraiu  ,  ou  prcferera  pour  cette  desti- 
natioD ,  soit  un  terrain  gras  ou  la  rosee  sejouruc, 
uui  ou  legcrcmcnt  iiicliue,  soit  une  vallce  dout 
la  position  soit  tellc ,  que  Tcau  ne  soit  pas  dans 
le  casd'y  tomber  parune  chute  prccipitce  ,  ni  d'y 
rcstcr  stagnantc.  On  peut  encore  mettre  en  prai- 
rics  ua  terrain  nicublc  ct  maigre,pourvuqu'on 
ait  soin  de  Tarroser.  On  arrachera  donc,  pour 
degager  ce  terrain,  tout  ce  qui  pourra  Tembar- 
rasscr,  t.int  les  hcrbes  bautcs  et  durcs  que  les  ar- 
brisseaux  dout  il  scracouvcrt.  Ensuite,  lorsqu'il 
aura  ctesouveiit  rcniue  etameubli  par  des  labours 
multiplies,  on  en  ramassera  les  pierres,  et  on  en 
pulverisera  toutes  les  mottes;apres  quoi  on  le 
fumera  avecdufumicr  receiit,  dans  le  tempsque 
la  lune  croitra.  Oii  aura  le  plus  grand  soin  d'en 
ccarter  lcs  betes  de  somme,  surtout  quand  il  fera 
humide,  de  peur  qu'en  imprimant  leurs  pas  sur 
le  sol ,  elles  ne  lc  rcndcut  iucgal  en  differents  en- 
droits.  Mais  lorsque  de  vieux  pres  seront  cou- 
verts  de  mousse,  11  faudra  les  gratter,  ct  rcpan- 


017 

dre  dc  la  graine  de  foin  dans  lcs  partics  (|ui  en 
auront  ctc  graltccs.  On  y  rcpaiulra  encore  sou- 
vent  de  la  cendre ,  qui  cst  uii  excellent  prcscrva- 
tif  de  la  raousse.  Si  unc  portion  de  prairics  est 
devcnuesterile  par  moisissure,  negligcncc  ou  ve- 
tustc,  on  la  Inbourcra  et  on  raplanira  de  nou- 
veau.  En  gcnernl ,  il  fnudra  labourer  souvcnt  lcs 
pres  stcriles.  On  pourrn  aussi  semcr  dcs  ravcs 
dans  lcs  prairics  noiivelles  ;  etquandon  les  aura 
recueillies,  on  achcvera  les  opcrations  que  uous 
venons  de  detniller,  pour  y  semcr  ensuite  de  la 
graiiie  de  foin  ,  en  la  melant  toutcfois  avec  dc  la 
vcsce.  II  ne  faudra  point  nrroscr  ccs  scmences 
avant  qu'elles  aient  consolidc  le  sol  en  croissant, 
de  peur  (jue  Tcau  venanta  couler  sur  uuc  tcrre 
peu  solide,  n'cn  enleve  la  superficie. 

XI.  li  faut  faire  la  vendange  ce  mois-ci  dnns 
lcs  pnys  chauds  et  voisins  de  la  mer,  et  se  prii- 
parcr  a  la  faire  dans  les  pays  froids.  On  rccon- 
iiait  ([ue  le  temps  est  venu  de  faire  la  vendange, 
li>rsc[u'en  expriniant  les  pepius  renfcrmes  dans 
les  grains  de  raisin ,  il  s'en  trouve  de  gris  ou  tout 
a  fait  noirs,  ce  qui  est  le  sigue  de  la  maturite  du 
fruit.  Yoici  la  quantite  de  poix  qu'on  emploiera 
pour  Tappriit  dcs  futailles  :  il  cn  faudra  douze 
livres  pour  enduire  les  futailles  de  dcux  ccnts 
congii  dc  contciiance ,  et  moiiis  a  proportion  pour 
cclles  crune  plus  petite  contenance.  Ceux  qui  vcu- 
lcnt  rafliner  melent  une  livre  d'excellente  cire 
sur  dix  livres  de  poix  ;  ce  miilange  est  bon  pour 
procurer  de  Todcur  et  de  la  saveur  au  vin ,  parce 
que  la  douceur  de  la  cire  tempere  la  poix ,  ct 
remp(}che  de  s'ecaillcr  pendant  les  froids.  II  faut 
ce[5endaiit  goutcr  la  poix  pour  s'assurcr  de  sa 
douccur,  parce  ([u')l  arrivc  souvent  que  son  amer- 
tume  gate  le  vin. 

XU.  On  recolte  a  pi^-sent  daus  quelques  can- 


spaigiimis  ciica  .Tqiiiiioctiiim ,  iit  aiile  liloinciii  convalc- 
i;cal.  Si  depasci  sirpiiis  vcjls,  iisipie  in  iMainm  inenseni 
cjus  pasliiia  suKiciet.  Qiioil  si  ex  ea  seinen  etiam  redifsere, 
iisiue  ad  Martias  calcmlas ,  el  (lcliinc  pecora  piGliil)el)is. 

IX.  Hoc  mense,  ut  loca  foccundenliir  exilia,  Inpimis 
firca  idus  seiitur,  et  ubi  cieverit,  verlitur  vomere,  ut 
piilicfiatexcisus.  ■ 

X.  Niinc  prala,  si  liliuerit,  possiimus  novella  formare. 
Si  eligcudi  facultas  esl,  locuiii  pihKnem,  roscidimi,  pla- 
iiiim,  lcniter  inclinatuin,  vel  Imjusmodi  ^allem  dcpiilalii- 
miis,  iil)i  liuinor  iicc  slatim  pnei'i[iilari  cogitur,  iicc  diu 
debet  inlia'iere.  1'olcst  ipiidem  et  solulo  et  grac.ili  solo 
prati  foriiia ,  si  ri};i'Uir,  iinponl.  Lxtirpandus  cst  itaqiie 
locus  lioc  teinpoie,  i^t  lilierandiis  impcdiineiitls  (ininiliiis, 
vel  lieihis  lalidilbusct  -solidis  alque  virgullls.  Deinde  cimi 
fieipientcr  ('xeicilatiis  fuciil  ae  inulta  aratlonc  resoliiliis, 
.siilimiitislapiililios,  et  glehis  iihique  c.onliaetis,  sleicoieliir 
iima  ( resi  enle  rccenli  hetamiiie.  Al)  iinKulis  jiimentoniiu 
.sumuia  intenlioiie  servelur  iiitactiis,  pia'clpue  ipiolies 
liiimescit,  neinieqiiale  sulum  reddaiit  midtls  locls  impiessa 
vesligia.  Sedsi  prata  vetcra  inuscus  olidiixeril,  ahiaden- 
ilus  esl.et  .scalplis  cisilcin   locis  fuMii  spargenda  sunt 


seniina,  et  qiioil  ad  iicianiliim  inu.scum  piodesl,  ciiiis  .sne- 
|)iiis  iiigcreniliis.  Qnod  si  slerilis  fadus  (!st  lociis  earie, 
liicniia,  velnslate,  cxaietur,  acdc  novo  ruisus  ;equelur. 
Nam  piata  sterilia  |ileruinque  aiaic  c/mveniet.  Sed  in 
novo  piato  rapa  coiiserere  possmnus,  qiiorum  nicsso 
liiiila,  lalcia  qiiae  dicta  suiit,  cxequemur.  Viciain  tainen 
rieiii  seminihiis  mixlam  post  li,TC  spargemiis.  Rigari  vero 
aiilequaiiidiiruin  soliiiii  fecerit,  noii  debchit,  iie  ejus  cra- 
teni  ininiissolidam  vis  inlerlliii  coiriimpal  liuniorls. 

\I.  Iliic  iiiense  liicis  tepidis  inarilimisque  cclebranda 
vindciiii.i  i'^l ,  liiuiilis  apparanda.  Sed  inalurilalcni  vinde- 
mia'  in.41  '-' iiiiii^  lioi'  generc  :  si  expressa  uva  vinacia, 
qiia'  iii  aruii^  irl.iuiiir  i,lioc  esl  grana),  sint  fusca,  ct 
iiouniilla  propemodum  nigra  :  quam  rem  uaturalis  malu- 
litas  facil.  Iii  doliis  |iicauilis  liic  inodus  crit,  ut  dolluin 
dncenlormn  congiornin  xii  lihris  picclur,  dciiide  pro 
ininoris  a-'.stimaliuiie  suIiiIik  as.  Diligeutiurt^s  oplliiiii'  cera; 
iii  dcccin  picis  litiras  uiiam  llbrain  misceiit.qua-  et  odori 
pioliclt  et  sapori ,  et  plccm  leultate  periniilceiis ,  IVIguribus 
eam  non  paliliir  disslliie.  1'lcis  laiiicn  giislii  e\|iloiaiida 
diilcedo  csl,  ipiia  sa'pe  \  liia  ejusamaiiliidine  vitiaiiliir. 

XII.  Nciic  ipiibusdain  locls  paiiiciiin  nietctur  ct  lui- 


618 


PALLADIUS. 


tons  le  panis  et  le  millet.  On  semera  daus  ce 
temps-ei  les  haricots  que  l'on  destine  ponr  la  ta- 
ble.  On  apprete  a  pr6seut  les  perches  necessaires 
pour  la  chasse  aux  hibous,  ainsi  que  les  autres 
partiesderappareil.  Leterapsde  cette  chasse  est 
vers  les  calendes  d'octobre. 

XIII.  On  seme  a  present  io  pavot  dans  lcs 
pays  secset  chauds.  Ou  peut  aussi  le  semer  avec 
d"autres  herbes  potageres.  On  pretend  qu'il  vient 
mieux  dans  les  terrains  sur  lesquels  on  a  brule 
des  baguettes  et  des  sarments.  Cest  dans  ce 
temps  qu'il  y  a  le  plus  d'avantage  a  semer  les 
choux,  alin  de  les  trausferer  en  pieds  au  com- 
mencement  de  novembre,  et  de  pouvoir  les  re- 
colter  en  feuilles  pendant  Thiver,  et  en  cimes  au 
printemps.  II  faudra  labourer  au  pastinum  ce 
moiscl ,  a  trois  pieds  de  profondeur,  les  planelies 
des  jardins ,  que  Ton  doit  ensemencer  pendant 
le  printeraps,  et  les  fumer  au  deciin  de  la  lune. 
On  semera  le  thym  a  la  fiii  de  ce  mois.  II  vien- 
dra  mieux  quand  il  sera  piante  cn  pied  que  iors- 
qu'il  aura  ete  seme  engraine,  quoiqa'il  puisse 
aussi  venir  de  cette  derniere  facon.  II  ainie  les 
terrains  exposes  au  soleil ,  maigres  et  voisins  de 
la  mer.  On  semera  Torigan  dans  ce  temps,  vers  i'e- 
quinoxe.  II  demande  a  etre  fume  et  arrose  jus- 
qu"a  ce  qu'ii  ait  pris  une  certaine  cousistanee.  II 
se  plaJt  dans  les  lieux  sauvageset  au  milieu  des 
rochers.  On  seme  a  la  meme  epoque  le  c;iprier. 
Cette  plante  serpente  au  loin  ,  et  son  suc  nuit  aux 
terres.  Cest  pourquoi,  pour  remptVherde  s'eten- 
dre  trop ,  on  la  semera  dans  un  terrain  sec  et  mai- 
gre,  que  Ton  environnera  d'ua  fosse,  ou  d"une  mu- 
railleconstruiteavecdelaboue.  Le  caprierfait  de 
lui-merae  ia  guerre  aux  herbes.  11  fleurit  en  cte,  et 
se  desseche  vers  le  coucher  des  Pleiades.  II  est  a 
propos  de  semer  la  uielle  a  ia  fin  de  ce  raois-ci. 


On  semera  ce  mois-ci  le  cressou  alenois  et  raneth 
dans  les  pays  temper^s  ainsique  les  pays  chauds ; 
les  raiforts,  dans  les  pays  secs  ;  les  panais  et  le 
cerfeuil,  vers  les  calendes  d'octobre;  les  laitues, 
la  poiree,  la  coriandre,  les  raves  et  lesuavets, 
dans  les  premiers  jours  du  mois. 

XIV.  On  semera  au  mois  de  septembre  vers 
les  caiendes  d'octobre  ,  ou  au  mois  de  fevrier ,  les 
peches-noix,  soit  en  rejetons,  soit  en  noyaux.  j 
L'enfance  de  cet  arbre  exige  des  soins  minu-i 
tieux.  On  arrachera  un  rejeton  de  Tarbre  avec 
ses  racines,et  on  Tenduira  de  fiente  de  bouc; 
puis  on  Tenterrera  en  grande  partie  dans  un 
sol  gras  et  laboure ,  en  le  posant  sur  des  coquil- 
les  et  de  Talgue  marine.  D'autres  mettent  en  au- 
torane,  dans  une  terre  grasse  et  solgneusement 
passee  au  cribie,  les  noyaux  de  ce  fruit  seches 
au  soleil ,  en  ies  joignant  trois  par  trois;  et  Ton 
pretend  que  les  germes  de  ces  noyaux  se  reunis- 
senl  entre  eux  pour  ne  former  qu'un  seul  ar- 
buste,  dont  il  faut  aider  la  croissance  en  Tarro- 
sant  souvent,  et  en  grattant  lcgfcrement  avec  la 
beche  ie  sol  qui  le  porte,  pour  lui  donner  de  la 
vigueur  dans  letempsde  sa  jeunesse.  On  trans- 
fereensuite  au  bout  d'unan,  ou  un  peu  pius  tard, 
la  plante  qui  est  resuitee  de  ces  seraences ;  moyen- 
nant  quoi  elie  donne  des  fruits  plus  doux  qu'ils 
n'auraient  ct6  sans  cette  attention.  Les  rejetons 
de  cet  arbre  profitent  a  merveille,  lorsqu'ils  sont 
greffes  surle  cognassier  a  la  fin  du  raois  de  jan- 
vier  ou  au  mois  de  fevrier.  On  les  greffe  aussi 
sur  toutes  les  especes  de  poramiers,  sur  les  poi- 
riers  ,  sur  les  pruniers,  et  sur  l'epine  sauvage.  II 
est  raieux  de  les  greffer  en  fente  sur  le  tronc  que 
sous  l'ecorce.  On  couvrc  Tarbre ,  quand  ii  est  ainsi 
grelfe,  d'uu  pauier  ou  d"un  \ase  de  terrecuitc, 
que  ]'on  remplit  de  terre  labouree  et  meiee  de 


liiim.  Tempore  lioc  faselus  ad  escam  seraliir.  Jiunc  in 
amilibus  appareUir  auciipium  noctuse,  CEcteraque  in- 
sliunienla  caplura;,  ut  circa  calendas  exerceatur  Octo- 
bres. 

XIII.  Nunc  papaver  seritiirlocissicciset  calidis  :  potest 
fiX  cum  aliis  oleribus  semiuari.  Fertur  utilius  provenire, 
^ubi  virga;  et  sarmenta  combiista  sunt.  Tempore  hoc 
'brassicam  seres  utilius,  ut  plantas  ejus  Novembii  in- 
clioante  transponas  :  de  quiljus  et  liieme  olus  et  vere 
possit  cyma  produci.  Hoc  mense  spatia  liortorum ,  quae 
per  vernum  seminibus  impleturus  es  ,  alte  tribus  pedibus 
pastinare  debebis,  et  luna  decresccnte  (liis)  stercus  inferre. 
Hoc  niense  uUimo  thymum  seremus ;  sed  inelius  planlis 
nascitur ,  quamvis  possit  ct  semine.  Agruni  diligit  apri- 
cum,  macruni,  maritimum.  Nuiic  circa  ^eqiiinoctium 
scres  origanuin  .  stercorariac  rigari,  donec  convalescat, 
appetit.  Amat  loca  aspeia  atque  saxosa.  lisdem  diebus 
seritur  capparis  :  late  serpit  :  succo  suo  terris  nocet. 
Serendum  est  ergo,  ne  procedal  ulterius,  circumveniente 
fossato,  vel  lutostructis  parietibus,  solo  sicco  et  gracili : 
liCibas  sponte  pcrsequilur  i  lloret  aestate.  Sed  occasii  Ver- 
piliaium  tapparis  arescit.  Cith  hoc  incnse  ullimo  bcne 


sei  itur.  Hoc  mense  nasturtium  seremiis  et  anetlium  locis 
teniperatis  et  calidis  ,  et  radices  locis  siccis,  ct  pastinacas 
et  caiiefolium  circa  Octobres calendas,  et  lactucas  et betas 
et  coriandrum  ,  et  primis  diebus  rapa  et  napos. 

XIV.  Mcnse  Septembri  circa  calendas  Octobres  vel. 
Februario  tuheres  seremus  sobole  vel  nucleis  ,  cujus  te- 
nera  diligenter  nutriri  debet  infantia.  Snmatur  cum  radici- 
bus  planta  divulsa  :  bubulo  fimo  linatur  ac  lulo  :  slatnatur 
pingui  terra  et  subacta,  subditis  conchis  et  marina  alga  : 
terris  magna  sui  parle  condatur.  Alii  pomis  statini  grana 
decussa  et  sole  siccala  pingui  el  prohe  cribrala  terra  aii- 
tumno  tria  simul  ponunt,  qu*  feruntur  in  unum  coire 
virgultum  :  quod  assidua  rigatione  juvandum  est  atque 
fossura,  quae  solura  leviter  scalpens  teneritudini  roliur 
inducal.  Post  annum  deinde  vel  aliquanto  tardius,  qua; 
/uerit  de  semine  planta  traiisfertur  :  et  lioc  genere  fructus 
efficit  dulciores.  Mense  Januario  ultimo  vel  Feliruario 
tuberum  surculus  mirabiliter  proficit  cydonio  iusitus. 
Inscritur  autem  malis  omnibus  (et  piris),  ct  piunis  el 
Calabrioi  :  melius  trunro  fisso  ^uam  corlice.  Desuper 
qualo  vcl  ficlili  vase  miinitur,  replelis  nsqne  prope  siini- 
inilalcin  surculi  teira  subacts  cuin  stercorc     1'iosunt 


DE  LAGRICULTURE,  LIV.  XI 

fumier,  presque  jusqu^i  1'extr^mitL'  superieure  de 
la  greffe.  Les  soius  que  j'ai  dit  etre  profitaljles 
auxpommiers,  lesontaussi  aux  peches-noix.  On 
conservera  ces  fruits  en  les  ensevelissant  daus 
du  millet,  ou  en  les  renfermaiit  dans  de  petites 
cruehes  enduites  de  poix  et  bouchees. 

XV.  On  fera  nussi  ce  mois-ci  des  paves  pour 
les  plates-formes,  ainsi  qne  de  la  brique,  de  la  ma- 
niere  que  j'ai  decrite  au  mois  de  mai. 

XVI.  Composition  iln  sirop  de  miires.  On  fera 
bouillir  tant  soit  peu  du  jusde  nuires  sauvaiies; 
apres  quoi  on  melera  deux  tiers  de  ce  jus  avec 
un  tiers  de  miel ,  et  Ton  fern  bouillir  ce  melange 
jusqu'a  ce  qu'il  aitacquis  l'epaisseur  du  miel. 

XVII.  Quand  ou  voudia  garder  du  raisin  , 
on  cueillera  des  grappes  bien  saines,  dont  les 
grains  ue  soient  ni  fermes  jusqu'a  la  verdeur,  ni 
nmollis  jusqu'a  1'exces  de  maturite.  II  les  faut 
transparents  a  la  lumiere  et  elastiques  au  toucher. 
S'il  se  trouve  dans  ces  grappes  dcs  grains  corrom- 
pus  ou  defectueux  ,  on  les  coupera.  On  rejettera 
aussi  ceux  dont  la  verdeur  insurmontable  aura 
resiste  sans  s'adoucir  aux  caresses  du  soleil  d'ete. 
Ensuite  on  coupera  la  queue  de  ces  grappes,  et, 
;t|Meslesavoirtrempeesdansdela  poixbouillante, 
on  les  suspendra  dans  un  endroit  sec  ,  frais, 
obscur,  et  impenetrable  a  la  lumiere. 

XVIII.  II  faut  eparaprer  sur  les  eotes,  trente 
jonrsavant  la  vendange,  les  ceps  dont  le  fruit 
poinrira  par  trop  d'humidite,  et  ne  leur  laisser 
que  les  feuilles  dont  ils  seront  garnis  par  en  haut. 
Elles  serviront  a  garantir  leui  eime  de  la  trop 
giande  ardeur  du  soleil. 

XIX.  Les  jours  de  septerabre  et  d'avril  se  rcs- 
Ecrablent  entre  eux  par  rapport  a  regalite  des 
heures. 


619 

A  la  premifere  et  a  la  onziemc  heure,  le  gnc- 
nion  donne  vingt-quatre  picds  d'ombre. 

A  la  secondeet  a  la  dixierae,  il  en  donne  qua- 
torze. 

A  la  troisieme  et  i  la  neuvieme,  il  en  donnc 
dix. 

A  la  quatrieme  et  a  In  huiticme,  il  cn  donne 
scpt. 

A  la  cinquieme  et  a  la  septieme,  il  en  donne 
cinq. 

A  la  sixieme,  il  en  donne  quatre. 

LIVRE  ONZIEME. 

OCTOCRE. 

I.  On  seraera  le  ble  adoreum  ,  ainsi  que  le  fro- 
ment,  au  mnis  d'octobre.  Le  temps  prefix  pour 
scmer  ces  grains  est  depuis  le  dix  des  calendes 
de  novembre  jusqu'au  six  des  ides  dedtcembre, 
pour  les  contrees  temperees.  Cest  aussi  le  temps 
decharrieret  d'etendrele  furaierdaus  leschamps. 
Onsemera  eneore  ce  mois  Torge  appelee  canlhc- 
riiium.  Ce  grain  se  seme  en  terrain  maigre  et 
sec ,  ou  dans  une  terre  tr6s-grasse.  En  effet,  il  a 
la  propriete  de  faire  maigrir  les  guerets.  Or  cette 
vertu  malfaisante  sera  surmontee  par  ime  terre 
grasse ,  ou  bien  elle  ne  pourra  faire  grnnd  mal  a 
une  terre  que  sa  maigrcur  met  deja  hors  d"elat 
de  rapporter  autre  chose.  II  faut  donc  fumer  le 
champ  quand  on  le  seme  a  cette  epoque.  On  se- 
mera  aussi  a  present  l'ers,  les  lupins  ,  les  pois  et 
le  sesame,  comme  je  l'ai  dit.  Le  sesame  se  seme, 
ainsi  quc  le  haricot,  jusqu'aux  ides  d'octobre, 
pourvu  ((uece  soit  dans  une  lerre  gras.^e,  et  qui 
rnpporte  tous  les  ans  sans  se  reposer.  Uu  jwjc- 
rum  en  demaude  quatre  modii. 


Iiiberibiis,  qiiap  nialis  proiiesse  memoravi.  Tiibercs  serva- 
biinlur,  si  obruanliir  iii  niilio  vel  uiceolis  picali.s  cloblilis. 

XV.  Hoc  eliaui  nicnse  pavimenta  iii  solariis  cl  laleres 
facienuis  eo  ninre  quo  Maio  mense  descripsi. 

XVI.  {[)c  diamnro].  Siiccum  mori  agrestis  paululum 
facies  dererfcre.  Tunc  succi  [ipsius]  duas  parles  et  unam 
mellis  admisces,  et  mista  curabis  ad  pinguediuem  mellis 
excoqiiere. 

XVII.  tjvas  qiias  servarc  volunius,  Icgamus  iltosas , 
neque  acerbilate  risidas  ,  ueque nialurilate  dcnucntcs.sed 
quibus  est  et  sranum  luce  iiencliabilc  cl  splendidum,  cl 
lacluscuuimollijucunditalecallosiis.  Si  ipm  miiiI  cornipta 
vel)  vitiosa,  resecemus  :  ncc  pali.iiiiiir  iiilc  n  ^~r,  qiiihiis 

inexpuunabilisaceibilasfonlra  blaiidi ul  i  a  ^livi  culoris 

induruit.  Tunc  iiicisos  bolryonuni  lenaces  calida  pice 
oportet  ambiri,  atqueita  iii  loco  sicco,  frigido,et  obscuro 
Eiiie  liiminis  irruptione  snspendi. 

XVIII.  Vitis  cujuslriiclus  liumorc  piiliescil,  per  latera 
pampinanda  cst  ante  trigesimiim  vindeniia^  dieni,  et  sola 
tioiis  illa  servanda  cst,  qiia^  in  summilate  posila  solem 
I  imiiiin  defciidil  a  vertire. 

XIX.  Seplembris  cl  .\prilis  dies  Iioris  siniililiiis  confc- 
runtur. 


Hora 

I 

et 

XI 

pedes 

XXIV 

Hora 

II 

et 

X 

pedes 

XIV. 

Hora 

III 

et 

IX 

peiles 

%. 

Hora 

IV 

ct 

VIII 

pedes 

VII 

Hora 

v 

et 

VII 

Iicdes 

V 

Hora 

VI 

pcdcs 

IV 

I-lliER  LXDECIMUS. 

I.  Oilobri  mcnse  adoreum  scremus  ac  Iriticum.  .Tiistr, 
salio  cst  a  decimo  calendasNovcmbres,  usque  adsextnm 
idiis  Dcccinbres  regionibus  leinperalis.  Nnnc  eliam  la;la- 
nicii  cffiMtiir  ac  spargitur.  Iloc  cliam  ineiisc  seremns  or- 
deiim,  qiiod  dicilur  cantlieiiniim.  Serilur  niacra  et  sicca 
teria,  vcl  iiiullum  pingui.  Nam  quia  hoc  seiuine  m.ues- 
ciiiil  arva,  pingui  vincitur  agro  :  allcri  nun  babel  quod 
ampliiis  iiocerc  possil,  cum  pioplcr  macrilalem  semen 
aliud  lcire  non  valeat.  La:to  agro  nunc  est  serendum. 
Ltiam  niinc  errum ,  lupiuiim  ct  pisum  et  sisamum  sere- 
miis  (  nt  dixi )  :  sisamiim  usque  ad  idus  Oclobres,  cl  fa- 
selum,  lamen  terra  pingui  aiit  reslibili  agro  :  qualuor 
inodiis  jugerum  compleblmus. 


PALLADIUS. 


II.  On  scmcra  la  graine  de  lin  ee  niois,  si  on 
le  juge  a  propos ;  quoiqu"il  vailie  mieux  renoncer 
a  cette  plante,  qui  epuise  les  forces  de  la  terre.  Si 
oa  veut  neamnoins  en  avoir,  on  en  semera  liuit 
modii  ^as  jugerum ,  dans  un  terrain  tres-gras  et 
mediocrement  humide.  II  y  a  des  personnes  qui 
en  sement  une  pliis  grande  quautite  dans  un  ter- 
rain  maigre,  et  qui  obtiennent  iin  lin  plus  fin  par 
cette  methode. 

IIL  Cest  a  present  le  temps  favorabie  pour 
fairelavendange;  c'estaussiceluid'observerquels 
sont  les  ceps  les  plus  feconds ,  et  de  les  marquer 
de  facon  a  les  reconnaitre ,  afin  de  pouvoir  choi- 
sir  sur  ces  ceps  des  sarments  propres  a  etre  mis 
en  terre.  Columelle  soutient  qu'ou  ne  peut  pas 
s'assurer  de  la  recondite  d'un  cep  eu  une  annee  , 
mais  qu'il  en  faut  quatre  pour  y  parvenir ;  et  que 
ce  n'est  qu'apres  ce  nonibre  d'annees  ecoulees 
que  Ton  connait,  a  ne  s'y  poiut  meprendre,  la 
bonte  d'un  rejeton. 

1"V.  II  est  tres  a  pro|ios  de  planter  des  vignes 
a  la  fin  de  ce  mois-ci  daus  les  contrees  a  tempera- 
ture  chaude  et  seehe,  a  terres  legeres  et  mcubles , 
acoteaux  abrupts  etdegarnis.  J'ai  traiteeette  ma- 
tiere  tout  au  long  dans  le  mois  de  fevrier.  Cest 
a  present  le  raeilleur  temps  pour  faire',  dans  les 
terrains  secs ,  chauds ,  maigres ,  peu  fertiles  , 
sablonneux  et  exposes  au  soleil ,  toutes  les  opera- 
tions  quc  nous  avons  detailk^es  precedemment , 
par  rapport  aux  facons  des  terres  au  pastinum , 
a  la  plantation  ies  vignes,  a  leur  taille,  a  la  ma- 
niere  de  lcs  prcvigner  et  de  les  reparer,  et  a  la 
formatiou  des  plants  d'arbres  maries  aux  vignes, 
aiin  que  lcs  pluies  d'hiver  rendent  ces  operations 
profitables,  en  dcpit  de  la  maigreur  de  ces  sortes 
(le  terres;ce  qui  ne  pourra  manquer  d'arriver, 
paree  que  les  plantes  y  trouveront  de  rhumidite 
quand  elles  seront  alterees,  et  qu'ellcs  y  seroat 


a  Tabri  d'6trc  brijlees,  nc  pouvant  etrc  ni  sciees 
par  les  glacons,  ni  ensevelies  sous  eux  ,  attendu 
que  les  frimas  sont  chose  inconnue  en  ces  re- 
gions. 

V.  II  faut  dechausser  apres  les  ides  d'octobre 
toute  lajeune  vigne  dans  les  vignobles  plantes,  soit 
au  pastinum,  soit  par  voie  de  fosses  et  tranchees, 
;i  Teffet  de  couper  les  racines  superllues  qu'elles 
auront  jetees  pendant  rete.  En  effet,  si  ces  der- 
nieres  venaient  ii  se  fortilier,  elles  finiraieut  par 
faire  perir  les  racines  les  plus  profondes;  de  sorte 
que  la  vigne  resterait  comnie  suspendue  sur  la 
superficJe  du  sol,  et  se  trouverait  exposee  par  ia 
au  froid  comme  a  la  chaleur.  II  ne  faut  pas  ce- 
pendant  couper  ces  petites  racines  jusqu'aupres 
du  tronc,  de  peuv  qu"il  n'en  sorte  une  plus  grandc 
quantite  de  la  plaie,  ou  que  cette  plaie  ,  qui  s'at- 
taque  au  corps  merae  de  la  vigiie,  ne  la  rende  dans 
lespremiers  temps  tropsensiblo  a  rimpression  du 
froid  qui  suivra  cette  operation.  Oii  leur  conser- 
vera  donc  en  les  coupant  uiie  longueur  de  doigt, 
apres  quoi  on  laissera  les  vignes  a  decouvert,  si 
Ihiver  est  doux  dans  le  pays  ;  au  iieu  que  ,  s'il  est 
rude,  on  aura  soin  de  les  recouvrir  avant  les  ides 
de  decembre;  ct  menie  ,  s'il  est  excessivement 
froid  ,  on  repandra  a  rapproche  de  Ihiver  un  peu 
de  fiente  de  pigeon  au  pied  des  jeunes  vignes; 
ce  que  Columelle  veut  que  Ton  pratique  pendant 
cinq  annees  entieres,  pour  obvier  auxtrop  grands 
froids. 

VI.  Cest  a  present  le  meilleur  teraps  pour  pro- 
vigner  dansles  climats  dont  j'ai'pai'le,  parceque 
toute  la  seve  se  porte  aux  racines,  se  trouvant 
debarrassee  du  soia  de  donner  des  branches  a 
fruit. 

VII.  II  y  a  des  personnesqui  sont  dans  Tusage 
de  greffer  ce  mois-ei  les  vignes  ainsi  que  les  ar>- 
bres  dans  les  pays  tres-chauds. 


II.  Hocmense  lini  senien  scremus  ,'si  placet,  quod  ta- 
iiien  pro  malitia  sui  serenduin  non  est,  nam  terrae  uber 
exliaurit.  Sed  si  velis  loco  pinguissimo  et  niodice  liumido, 
serelur  injugeio  viri  modiis.  Aliqui  macro  solo  spissum 
serunt  :  ila  assequimlur  ul  linum  sublile  nascatur. 

III.  Nunc  opportuua  vindemia  esl,  cujus  tempoie  no- 
tanda  est  fcecunditas  vitiuni  et  iiotis  quibuscunque  sigiian- 
da,  utex  his  ad  ponendum  sarmeiita  possimus  eligeie. 
Asserit  auleni  Coluniella  explorari  fcecunditatem  uno  anno 
non  posse,  sed  quatuur  :  quo  numeio  cognoscitur  veia  ge- 
uerositas  surculorum. 

IV.  Hoc  mense  poslremo,  ubi  calidi  ac  sicci  aeris  qua- 
litasest,  ubi  exilis  el  aridus  [est]  cainpus ,  ubi  collis 
prajruptus  aut  inacer,  vites  utilissime  ponuntur.de  quibus 
satis  mense  Februario  disputavi.  Nunc  locis  siccis,  calidis, 
cxilibus,  macris,  arenosis,  aridis,  quajcunque  de  pastinis, 
de  vilibus  ponendis,  putandis,  propagandis,  reparandis, 
vel  arbusto  faciendo  ante  dicta  sunt,  rectius  fiunt,  ut 
€ontia  exilitaleni  glebie  hibeinis  imbribus  adjuvenliir.  Sic 
el  Immorcin  siticutibus  confcrunt ,  cl  recisa  vel  mcrsa  gla- 


cie  non  aduruut,  qiiia  talibiis  locis  pruinarum  vis  et  na- 
luia  nescitur. 

V.  Post  idus  Oclobiis  ablaqiieanda  est  omnis  novella 
vinea  seu  in  pasliuo,  seu  in  scrobibus  aut  sulcis,  ut  ain- 
pulentur  radices  supeivacua; ,  quas  produxit  Kstate  : 
<|uae  si  convaluerint,  inferiores  radices  faciunt  interire, 
et  ita  remanebit  vitis  in  summitatc  suspeiisa  :  quse  res 
eani  fiigori  obnoxiam  faciet  et  calori.  Sed  bae  radicnlaj 
non  ad  sicciim  debent  recidi,  ne  aiit  pluies  inde  nascan- 
tiir,  aut  nova  plaga  corpori  vitis  inipressa  vi  secuti  algo- 
ris  utatur.  Recidemus  autem  relicto  digiti  spatio  :  etsi 
placida  ibi  bienis  est,  aperlas  relinquemns  viles  :  si  vio- 
lenta,  ante  Decembres  idus  operiemns  :  si  pra^frigida,  ali- 
quantum  columbini  stercoris  sub  ipsa  liieme  circa  viticii- 
l;u  um  vestigia  largiemur,  quod  contra  frigiis  nimium  Co- 
lumella  dicit  toto  faciendum  esse  qninquennio. 

VI.  Hoc  tempore  idciico  locis  qnibus  dixi  propagatio 
nielior  est,  quia  tiimandis  radicibus  vilis  incumbit,  cuni 
proferendi  palmitis  eain  cura  non  permovet. 

VII.  Hoc  mensealiqui  vites  et  aibores  locis  calidissimis 
inscrcrc  consuevcrunt 


DR  L'AGRICULTURE,  LIV.  XI. 


VIIL  On  fonnpra  nussi  a  i>rcscnt,  dp.nsles  pays 
chnuds  et  les  loealites  exposees  au  soleil,  dos 
plants  d'oliviers  de  la  maniere  que  nons  avons 
donnee  dans  le  mois  de  levricr,  et  en  observant 
rarrangeraent  que  nous  avons  prescrit.  On  plan- 
tera  egalement  dans  le  merae  temps  et  dans  les 
memes  pays  des  pepinieres  d'oliviers,  et  l'on  pro- 
cedera  aux  soins  de  toute  nature  quexige  la  cul- 
ture  de  cetarbre.  On  confira  aussi  les  olives  blan- 
ches  de  la  maniere  que  nous  donuerons  par  la 
suite.  1!  fautdechausser  a  present  ies  oliviers  dans 
les  provinces  seches  et  chaudes ,  afin  que  leurs 
pieds  puissent  etre  humectes  par  l'eau  qui  tom- 
bera  de  leurtete.  Columelle  ordonne  d"arracher 
tous  les  rejetons  de  ces  arbi-es.  Pour  moi ,  il 
meserable  qu'il  faut  toujours  laisser  quelques  jets 
robustes,  dont  on  puisse  faircclioix  pour  rempla- 
cer  la  mere  quand  elle  sera  vieillie,  ou  que  fon 
puisse  transfcrer  de  bouture,  lorsqueapres  avoir 
ete  bicn  cleves,  a  Taidede  la  terrequ"onaura  en- 
tassee  aupres  d'eux,  ils  auront  aequis  des  raci- 
nes  en  propre,  et  qu'on  pourra  se  procurer  par 
lem*  secours  des  plants  d'oiiviers,  sans  avoir  pris 
la  pcine  d'en  former  des  pepinieres.  II  faut,  si  le 
eas  edioit,  fumer  a  present  dans  les  pays  tres- 
froids  les  oliviers,  (fuine  doivent  cependant  Tetre 
(juo  de  trois  en  trois  ans.  Six  livres  de  crottin  de 
chcvre  ou  un  iiwdiii.i  de  cendre  suffiront  pour 
clKique  arbre.  On  ne  cessera  cependant  pas  de  ra- 
tisser  la  mousse  de  ces  arbres.  On  les  taillera  aussi 
quand  ils  auront  pass(j  Tage  de  huit  ans,  suivaut 
(■olumelle.  Pourmoi,  je  peuse  qu"il  faut  en  cou- 
per  ehaijue  anniie  les  branclies  seches,  ainsi  que 
cclles  qui  ne  produisent  rien  pour  avoir  ct(i  trop 
faililes  dans  leur  principe.  Si  un  olivier  ne  rap- 
|iorte  pointde  fruit,  quoiqu'il  se  porte  bien  ,  on 
I"  (Tercera  avec  une  tariere  gauloise,  de  fa(;.Hi 
([■!;;  le  trou  quc  Ton  y  fera  penetre  jus'.(u'a  la 


6^1 

moelle,  et  on  y  enfoncera  avec  effort  une  houture 
inforine  (rolivier  sauvage  qui  remplisse  exacte- 
ment  le  trou;  aprcs  quoi  on  dechaussera  l'arbre, 
et  on  rarroscraavec  du  marc  d'huilesans  sv\,  on 
de  1'urine  gardce.  En  effet,  aucune  steriliK;  ne 
resiste  a  ce  genre  de  fecondation  ;  raais  il  ne  faut 
pas  attendre  pour  grcffer  Tarbre  que  le  vice  ait 
disparu.  On  nettoiera  ce  moisci  les  fosscs  et  les 
ruisseaux. 

IX.  l.esGrecsordonnentdetransvascMemout 
qui  aura  commencc  a  bouillir,  lors([ue  le  raisin 
dont  il  aura  ettj  exprime  aura  trop  souffert  de  la 
pluie.  Entrain(;e  par  sa  pesanteur  spccirKiue, 
Teau  se  precipitera  au  fond  du  vase  nou\eau;  et 
le  vin ,  degag(3  de  ce  melange  h(iterogene,  se  con- 
servera  niieux. 

X.  On  fera  a  pr^^sent  rhuile  verte,  de  la  ma- 
nicre  qui  suit.  On  cucillera  les  olives  les  plus  nou- 
velles,  lorsqu'elles  seront  tourn(ies ;  et  si  on  a  mis 
quelqucs  jours  a  les  eueillir,  on  les  (;tendra,  dc 
peur  qu'elles  ne  s'eehauffent.  Ou  s(eparera  du  tas 
celles  qui  pourront  se  trouver  pourries  ou  dessi;'- 
ch(^es ;  et  lorsqu'on  en  aura  amasse  la  quantitc 
que  le  pressoir  en  peut  contenir,  on  les  saupou- 
drera  de  se!  egrug('  ouen  grains,  ee  qui  vauten- 
core  mieux.a  raison  de  trois  modiide  sel  surdix 
d'olives;  puis  on  les  moudra  d'abord  ;  apres  quoi 
on  les  mettra  avec  leur  sel  dans  des  paniers,  et  on 
les  y  laissera  pendant  toute  la  nuit,  afin  qu'elk's 
en  contractent  le  gout;  on  les  livrera  ensuite  au 
pressoir  lc  lenderaain  matin,  et  Ton  en  ohtiendra 
une  huile  salce  du  meilleur  gout.  II  fuudra  sans 
eontredit  lavcr  avant  tout  a  Teau  ehandc  lcs  ea- 
naux  k  travers  lcsquels  l"huile  coulera,  ainsi  (|ue 
tous  les  r(^3ervoirs  dans  lesquels  elle  se  rendra  , 
alinqu'ils  ne  couservent  point  Todeur  de  relent 
que  leur  aura  laissee  rhuile  de  l'annee  pr(iccdente. 
On  n'approchera  pas  nou  plus  le  feu  de  riuiile, 


Vlll.  N(inc  clinm loiis  calidis  ct  apricis  olivcta  iii.^titue- 
mns  more  vcloidine,  qiiem  Feliniaiiiis  iiiensis  oslenilit. 
Seminaria  qiioqueoleaniin  locis  laliliiis  liiciemus  lioclem- 
poie,  et  omiiia  qiiae  ad  oleam  peiliiieliuiil.  Olivas  qiioque 
albas  condietriiis ,  sicnt  postea  rcrereUir.  Hoc  tempore 
ablaqiieandae  siint  aiboies  olea;  provincils  siccioiibiis  ac 
tepidis,  ita  nt  eis  a  snpeiiori  parle  linmor  possil  indiicl. 
Omnem  sobolem  convelli  Coliiinella  pnrcepit.  Milii  antem 
videtur  pancas  dimltli  semper  ac  solidas,  es  quibiis  vel 
in  vetusiate  matris  loco  delecta  siiccedat ,  vel  melius  nu- 
trita,  et  aggest;e  terrSe  benelicio  eliam  siias  liabens  radi- 
ces  ad  olivetum  faciendnm  sine  cura  seminarii  transferalur 
arbuscula.  Suiic  si  siippetit,  inlcimisso  Iriennio  steico- 
randa  siiiit  olivela  locis  maxime  fiigidls.  Caprini  slercoris 
sex  librfe  uni  aibori  vel  cincris  modii  singiili  suflicient. 
Muscus  tamen  scmper  radatur  arboiibiis  :  et  pnlentur 
( sicut  Columclla  dicit )  oclo  annonim  .Tlale  transacla.  Vi- 
detur  milii  nnoquoque  anno  sia:a  et  iiifriictiiosa  ciim  ali- 
qua  debilitate  nascentia  debere  recidi.  (Jiiod  si  friicliisar- 
bor  liPta  non  afferet,  lerebretur  Gallira  tcrclira  iisqiie  ad 
mednllam  fornininc  impresso,  ciii  oleaslri  inlormis  lalca 


(  veliementer)  arctetnr,  ct  ahlaqucal.ie  arbori  amurca  in- 
siilsa,  vel  vetus  iirina  iiifundalur.  Hoc  ciiiin  vcliil  coitii 
steriles  aibores  uberantur,  qiias  lamen  diiianlc  malltia 
opoi tebis  inscrcie.  Hoc mense  fossas rivosqiie  piirgabimns. 

IX.  Gia-ci  jiibent,  si  uvam  nimius  imber  infuderit,  post- 
eaqiiam  nnislum  ejns  primo  ardore  fervebit,  iit  ad  alia 
vascula  Iransleratiir.  Ita  proptcr  naturaigravitatem  lema- 
ncns  aipia  sulisidct ,  et  Iranslatum  viniim  pure  servabitur, 
lelicto  qiiicquid  se  illi  ex  imbre  misciierit. 

X.  Nuiic  oleum  virldc  l.ii  iciiiiis  lioc genere.  Olivam  qnam 
recentissiinam ,  cum  vuiia  »1,  c.illiKis,  et  .si  diehiis  ali- 
quol  collegeris,  expaiidi,- ,  n.'  calcli.it.  Si  qua  ihi  piilris  aut 
siccacst,  removes.  Ubi  vero  com[iIeveris  modum  factorii, 
salcs  tritos  vel  non  li  itos ,  quod  est  melius ,  in  olivam  ean- 
dem  niitlis  per  decem  modios  tres  salis,  et  molis  primo, 
et  sic  s,nlitam  in  noviscanistrisessepatieris,  ut  pernoctet 
ciiin  salibus,  ct  ducat  in  se  cosdem  sapores  :  ac  mane 
prcmi  iinipial  olei  meliorem  lluxuin  redditiira,  salis  sa- 
porc  (oiicepto.  Canales  sane  et  oirmia  rcce|ilaciila  olei  cji- 
liila  aipia  prius  lavabis ,  iit  niliil  dc  aniii  pra>terlli  rancore 
ciisloilianl.  Focos  ctiam  non  pnipiiis  admovehis,  dc  olei 


C22 


PALLADIUS. 


de  peur  que  la  fumee  n'en  corrompe  le  goul. 
Dans  les  pays  sees  et  ehauds,  c'est  c^i  la  fin  de  ce 
mois  que  Ton  cueiile  les  baies  de  laurier  pour  en 
faire  de  riiuile. 

Xf.  II  fautseraerau  mois  d'octobre  lachicorie 
queron  voudraconsommereu  hiver.  Cetteplante 
a'ime  rhumidile  et  les  terres  meubles.  Klle  monte 
tres-haut  daiis  les  terraius  sablouneux  ,  sales  et 
voisins  de  la  mer.  On  lui  prepaiera  des  plauches 
apiatics,  de  peur  que  ses  raeines  ne  viennent  a 
se  decouvrir,  au  cas  que  la  terre  s'eboule.  Quand 
clie  aura  quatre  feuilles,  on  la  transplantera  dans 
un  terrain  fume.  Onplante  a  present  lesartichauts 
en  pied.  On  coupe  avec  le  fer  1'extremite  de  leurs 
racines  en  les  mettant  en  tcrre,  et  on  trempe  ces 
racines  dans  du  fumier.  On  en  met  deux  ou  trois 
pieds  ensemble  dans  des  fosses  profondes  d'un 
pied,  qn'on  eloigne  de  trois  pieils  runede  raiitre, 
pour  que  le  plautcroisse  mieux.  On  repand  sou- 
vent  siir  ces  plantes  de  la  ceudre  et  du  fumier,  a 
rapp;oche  de  Ihiver,  daus  les  tempssecs.  ()n  se- 
mera  la  moutarde  ce  mois-ci.  Cette  plaute  se  plait 
dans  une  terre  qui  a  ete  labouree,  et ,  si  faire  se 
peut,  rapportee,  quoiqu'elle  vienne  egaleinent 
bien  partout.  II  fuut  la  sarcler  assidumeut,  alin 
qu'ellesoittoujourscouverte  de  poussiere;  ce  qui 
contribuera  a  rechaulfer,  quoiqu'elle  n'en  almc 
pas  moins  Ihumidite.  On  laissera  dans  rendroit 
meme  oii  on  laura  semee  la  moutarde  dont  on 
se  proposera  de  cueillir  la  graine;  au  lieu  qu'on 
fera  rentler,  en  la  transferant,  celle  qu'on  desti- 
nera a  etre  mangee.  La  vieille graine  de  moutarde 
n'est  bonne  ni  pour  rensemeuceraent  ni  pour  la 
table.  On  est  sur  qu'elleestnouvelle,  lorsque  etant 
cassee entre  les  dentselle parait  verte a  rinterieur ; 
au  lieu  quesielle  parait  blanche,  c'est  une  preuve 
qu'elle  est  vieille.  II  faut  seraer  la  mauve  ce 


mois-ci ,  parce  que  la  venue  de  rhivcr  l'emp5che- 
raitdeprcndreaccroissement.Cette  planteseplalt 
dans  les  terrains  gras  et  humides;  elle  aime  le 
fumier.  On  latransfere  en  pied  quand  elle  com- 
mence  a  avoir  quatre  ou  cinq  fuuilles.  Le  plant 
en  prend  mieux  quand  ii  est  jeune.  En  effet,  si  on 
la  transferait  quand  elle  est  deja  grande ,  elle 
languirait.  Elle  a  meilleur  gout  quand  elle  n'a 
pas  ete  transplantee.  Au  reste  ,  pour  rempecher 
de  monter  trop  promptement  cn  tige,  on  cache 
au  milien  de  cette  plante  des  mottes  de  terre  le- 
gercs  ou  depetits  cailloux.  II  faut  lasemer  clair. 
Elle  aime  etre  sarclee  assidument.  II  faut  la  de- 
barrasserdcsherbesqui  lenvironnent,  sansebran- 
ler  ses  racines.  Elle  pomraera,  si  on  noue  ses  ra- 
eines  lorsqu'on  la  transplantera.  On  semera  aussi 
a  present  raneth  dans  les  climats  terapi'ri's  et 
chauds.  On  seme  encore  ce  mois-ci  les  ciboules, 
lamenthe,  lc  panais,  le  thymet  rorigau,  de  meme 
que  lacapre  au  commenceinent  du  mois.  On  se- 
mera  egalement  la  poiree  dans  les  tenains  secs, 
ainsi  que  le  grand  raifort ;  ou  bien  on  transplan- 
tera  ce  dernier  d'une  terre  inculte  (ear  c'est  ua 
veritable  raifort  sauvage)  dans  uu  terrain  cultive, 
alin  qu'il  s'y  amcliore.  II  faudra  transferer  a  pre- 
sent  lc  poireau  qui  aura  ete  seme  au  priutemps, 
afin  que  sa  tete  grossisse.  II  n'est  pas  douteux 
qu'il  ne  faille  sarcler  assidument  lcs  poireaux, 
et  les  soulever,  en  les  saisissant  comme  avec  des 
liens,  alin  qu'a  mesure  que  leurtete  prendra  de 
raccroissement,  elle  remplisse  le  vide  que  cette 
operation  aura  laisse  sous  leurs  racines.  On  se- 
ineraaussiapresent  le  basilic.  On  pretend  qu'il 
viendra  plus  tot  dans  ce  temps-ci,  quand  ii  aura 
ete  trempe  legerement  dans  du  vinaigre,  avant 
d'etre  seme. 

XII.  Celui  qui  veat  travailler  pour  les  sifecles 


.sapnrpm  funnis  inficiat.  Nnnc  mense  postremo  locis  siccis 
et  caliclis  ail  oIimmii  faciendum  laiiri  baccas  legemus. 

XI.  Mense  Octoljri  serendasunt  iiityba,  quac  liiemi  ser- 
viant.  Amant  Imniores  et  teriam  soluUim.  Arenosis  et  sal- 
.sis  locis  alquc  marilimis  snmma  proveniunt.  Area  lils  pla- 
iiior  apparetur,  ne  radices  eornm  terra  fugientenudcntnr. 
Qualuur  fnliorum  transferaDtur  ad  locnm  stercoratum. 
Nunc  planlae  cardui  ponuntur  quas  cum  ponemus,  radices 
eaiiim  siimmas  ferro  resecamiis,  ac  fimo  tingimus  ;  ter- 
iiiiin  pcdum  spatio  separamns  incremenli  causa,  pedali 
scrobe  depositas  binas  aut  ternas.  Cinerem  sa?pe  sub  liieme 
diebiis  siccis  fimumque  miscebimus.  Hoc  mense  sinapim 
seremus.  Terram  diligit  aralam ,  et  si  lieri  polest ,  conge- 
sliciam,  quamvis  ubicnnque  nascatur.  Sarculari  debet  as- 
sidiie  ut  lespergatur  pulvere,  qiio  fovelur.  Non  minns 
gaiidet  hiimore.  Ue  quo  semen  legere  disponis,  suo  loco 
esse  patieris;  quod  ad  escani  paiabis,  robustius  facies 
Iransferendo.  In  siuapi  vetus  semen  inntile  est  vel  sationi 
vcl  usui :  quod  deiitibus  fractum  si  intns  viride  videbilur, 
novum  cst :  si  albiim  fueril,  vetustatem  falelur.  Hoc  mense 
malva  sercnda  est,  qiiae  occursu  liiemis  ab  incrcmenti  lon- 
litudine  reprinnetiir.  Loco  pingui  delectatur  et  bumido  : 


gandet  la;tamine.  Transferuntur  plantse  eius,  cum  ccepe- 
rint  folia  quatiior  liabere  vel  quinque.  Mclius  coniprehen- 
dit  cjiis  planla  quae  tenera  est  :  major  enim  Iranslata  lan- 
piebit.  Sapor  illis  estmelior,  si  non  transferanlur.  Sed  ne 
cilo  eriganlur  in  caulem,  in  medio  earum  glebiilas  con- 
slitnes  aut  lapillos.  Rara  ponenda  cst,  sarciilo  deleclatnr 
assiduo.  Si  liberandiE  sunt  lieibis,  ne  motum  senliant  in 
radice.  Si  transferendis  planlis  nodum  facias  in  radice 
scssiles  fient.  Nunceliam  locis  temperatis  etcalidis  aiie- 
thum  scremus.  Cepiillae  scruntur  cliam  lioc  mense,  vel 
menta  et  pastinaca,  thjninm  et  origanum,  et  capparis 
inensis  inilio.  Ilem  bclam  Ioci's  siccioribus,necnon  armo- 
raccam  sercmiis,  vel  transferemiis  ad  ciilta,  nt  melior 
fial  :  nam  lia;c  agreslis  est  rapbanus.  Nunc  porrum  verno 
satum  transferre  ilebemus,  ut  ciescat  in  capiit.  Sane  sar- 
cnlis  ciiciimfodiatur  assidue,  ct  comprebensa  porri  planta 
veliit  teiiacibusallevetur,  utinanitas  spalii,  qtiac  ladicibus 
siibcrit,  incrcmento  capilis  suppleatur.  Ocimuiu  qiioque 
eliam  nnnc  sercmns ,  quod  citius  nasci  fertur  hoc  tempore, 
si  aceti  inibre  levilerspargatur  infusum. 

XII.  Cui  placet  cmas  agere  saeculorum ,  de  palmis  c/igi- 
tel  consercndis.  Hoc  igitur  mense  dactyloruni  uon  vete. 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  X[. 


a  veiiir  pcut  s'occuper  de  la  plaiitation  dcs  pal- 
miers;  auquel  cus  il  lui  faudra  mettre  eii  terrc 
ce  mois-ci  dcs  noyaux  fraichemeiit  cxtraits  de 
dattes  qui  ne  soient  pas  trop  anciennes,  mais 
fraiches  et  pleines,  et  meler  de  la  cendre  avec  la 
terre  dans  laquelle  il  lcs  deposera.  Si  Ton  en  veut 
faire  venir  de  plant,  il  faut  s'y  prendre  des  avril 
et  mai.  Cetarhre  se  plait  dans  les  terraius  expo- 
ses  au  soleil  et  u  la  chaleur.  II  faut  rentretcnir 
d'eau  pour  le  faire  croitre.  II  demande  une  terre 
raeuble  ou  du  sahle ,  quoiqu'il  veuillc  aussi  avoir, 
soitautour  de  lui ,  soit  sous  lui ,  de  la  lerre  ^rasse 
au  moment  ([u'on  lc  plantc  en  pied.  On  le  trans- 
plante  au  bout  d'un  an  ou  deux ,  au  mois  de  juin 
ou  au  commenccment  de  juillet.  On  le  bechera 
assidumcnt  au  pied,  pour  faciliter  les  frequents 
arrosements  qu'il  faudra  lui  donner,  et  qui  lui 
feront  braver  les  chaleurs  de  Tete.  L'eau  salee 
a  un  certain  degre  lui  est  salutaire  ;  c'est  pour- 
quoi  il  faudra  en  imprer;ner  de  sel  aceteflet, 
quand  on  n'en  aura  pas  qui  soient  naturellement 
salees.  Si  cct  arhre  vient  a  se  mal  porter,  on  le 
deehaussera,  etoii  Tarrosera  avee  de  la  lie  de  vin 
vieux ,  ou  bien  on  coupera  Texcedant  du  che- 
velu  de  ses  raeines;  ou  enfiu  on  y  enfoncera  un 
coin  de  bois  de  saule ,  en  les  mettant  a  jour  a 
cet  effet.  Au  surplus,  il  est  eonstant  que  tout 
endroit  oii  il  croit  naturellement  des  palmiers 
n'est  bon  pour  presque  aucune  sorte  de  fruits. 
On  plante  les  pistaches  en  automne  au  mois 
d'octobre,  soit  en  rejetons,  soit  en  amandes, 
«(uoiqu'il  soit  encore  mieux  de  mettre  en  terre 
les  pistaches  elles-niemes,  tant  le  ma!e  que  la 
femelle,  en  les  accouplant.  On  appelle  pistache 
male  celle  dont  Tecoree  renferme  des  noyaux 
qui  ressemhlent  a  des  testieules  allon^'es.  \  eut- 
on  rafHner  sur  la  culture  de  cette  plante"?  on  se 
procurera  de  petits  verresperccs,  qu'on  renipiira 


de  terre  fumee,  et  dans  lesqucls  on  mcttra  trois 
pistaches  ensemble,  afin  que  toutes  les  trois 
donnent  a  la  fois  un  gcrme;  apres  quoi ,  lorsque 
la  plante  qui  resultera  de  ccs  f^ermes  aura  i)ris 
dos  forees,  il  scra  plus  faeile  dc  la  transplanter, 
ce  qu'il  faudra  faire  au  raois  de  fevrier.  Le  pis- 
tachier  aime  les  terrains  chauds,  pourvu  qu'ils 
soient  humectes ;  aussi  faut-il  rarroser  et  le 
mettre  au  soleil.  On  le  greffe  sur  terebinthe  au 
mois  de  fevrier  ou  de  raars ,  quoique  d'autre3 
assurent  qu'on  peut  le  greffer  sur  amandier.  Le 
cerisier  aime  les  climats  froids,  ainsi  qiie  ceux 
que  lcur  position  rend  humides.  II  profite  peu 
dans  les  contrecs  temperees,  et  ne  peut  venir  en 
climat  chaud.  II  se  plait  dans  les  contrees  mon- 
tagneuscs  ou  sur  les  collines.  II  faudra  transplan- 
ter  au  mois  d'octobre  ou  de  novemhre  des  pieds 
de  cerisiers  sauvages  ,  que  Ton  greffera  au  com- 
meneement  de  janvier,  quand  ils  auront  pris 
cn  tcrre.  On  pcut  aussi  formerdes  pepinieres  de 
cerisiers,  en  mettant  en  terre  ,  dans  les  memes 
mois ,  des  cerises  qui  y  prendront  avcc  la  plus 
grande  facilite.  L'experience  m'a  montre  com- 
bien  il  est  aise  de  faire  venir  cet  arbre,  puisque 
je  puis  certifierque  j'ai  vu  monter  en  arbres  des 
baguettes  de  cerisiers  que  j'avais  enfoneees  en 
ferre  dans  des  vignobles,  pour  y  servir  de  sou- 
tiens  aux  ceps.  On  peut  encore  semer  les  cerises 
au  mois  de  janvier.  II  sera  mieux  de  greffer  le 
cerisier  au  mois  de  novembre,  ou  ,  s'il  est  ncccs- 
saire,  a  la  fin  de  janvier.  II  y  a  meme  des  au- 
teurs  qui  ont  dit  qu'il  fallait  le  greffer  en  octo- 
hre.  Martialis  preserit  de  greffcr  les  cerisiers 
en  fente  dans  le  troncde  Tarhre  ;  mais  je  rae  suis 
toujours  hicn  tronve  de  les  avoir  urelfes  entre 
recorce  et  le  hois.  Ceux  qui  les  grefferont  en  fente 
dans  letroncde  larhre ,  comme  le  veut  Martia- 
lis ,  auront  soin  cl'6ter  tout  le  duvet  dont  il  sera^ 


nmi  sed  novoium  ac  plngaiuin  rccfuiia  ossa  <l«l)fliit 
olnuiMe,  terraj  cinerpni  niiscere.  Si  |ilaiilam  velil,  ponen- 
tla  ist  Aprili  niense  vel  Maio.  Locis  deleclalur  apricis  et 
calidis.  Fovenda  est ,  nl  ciescat,  liumore.  Terram  solu- 
l.iin  vel  sabuloiiem  requirit,  ita  lamen  ,  ut  qiiando  planta 
ilrponitur,  circa  eam  vel  sub  ea  pinguis  terra  fundatur. 
Arinicula  transferatur  aut  bima  Jiiuio  inense  vel  Julio 
iiH  ipienle.  Circumfodiatiir  assidue  et  risatione  continuos 
irst.ilis  vincat  ardoies.  Aquis  palnia;  aliqualenus  salsis 
jiivanlnr,  quoe  inlici  debent  salibus,  etiain  si  tales  cas  na- 
tiira  non  praebiilt.  Si  .Tgra  est  arbor,  feccs  vini  veteris 
alilaqiieatie  oporlet  infundi,  vel  radicuni  siipervacua  ca- 
pillamenta  decidi ,  vel  cuneuni  salicis  interfossis  radicibiis 
iiii|iriini.  ConsUit  autem  lociiin  prope  nullis  utilem  frn- 
( Iiliiis ,  in  qiio  palin.'e  sponte  nasciintur.  Pist.icia  seruntnr 
aiitumno  niense  Octobri,  (et)  sobole  el  nucibus  suis  :  sed 
iiiclius  ipsa  pislacia  juncla  ponunlur  mas  ac  riemiiia.  .Ma- 
1  iiii  dicuiit,  ciii  sub  corio  veliit  ossei  longi  videnliir  lateie 
li  -liciili.  Qiii  diligenlius  (acere  voluerit,  perlusos  calicii- 
h'^ ,  el  slercorata  tcrra  repletos  parabit ,  cl  in  liis  pislacia 
Kiiia  con^liliicl ,  iil  cx  oiuuibns  ^iTmcii  qiiodcunque  jin)- 


cedal :  qiiod  nlii  convaliieril  planta,  liinc  facilius  Iransfe- 
ratur  niense  I"ebruario.  .\mal  liiruin  caliiliim,  sed  Inime- 
ctum,elrigalione  j;audeletsole  liiscriliirlerebinlboiiiense 
Februario  \el  Marlio  :  at  alii  amv^dalo  inseri  posse  lirnia- 
runt.  Cerasus  amat  caeli  slaluni  IVisiiduni ,  soliiin  vero  po- 
sitionisbiimectie.Intepidis  re^ionibusparva  provenit.  Ca- 
lidum  non  polest  siislinerc.  Moiitana  vel  in  collibns  coiisli- 
tiita  regione  la-talur.  Cerasi  planlam  silvestram  transb^re 
debemiis  mense  Oclobri  vel  LNovembii,  el  eam  prinio  Ja- 
niiario ,  cum  compi eliendit ,  inserere.  Plautaiia  vero  crcari 
possunt,  si  pra>diclis  mensibiis  spargantur  poma ,  qu;c 
suinma  facililatc  nasceulur.  i:go  sic  liujus  arboris  facilila- 
tein  proliavi,  ut  virgulta  cx  ceraso  pro  adminiculis  per 
vineam  posila  in  arlioiem  prosiluissc  conlirinem.  Et  Ja- 
miario  mense  seri  potest.  Inserltur  mense  Novcmbri  me- 
lius ,  vel ,  si  necesse  sit ,  exlremo  Januario.  Alii  et  Octo- 
briinserendaesse  dixeriint.Martialis  ia  Irunco  inseri  jubet- 
Milii  inler  corlicem  ct  ligmiin  (eliciter  semper  evenit.  Qui 
iii  ti  uncu  iuscrunt,  sicul  Martialis  dicit,  omnein  lanuginem,. 
i|iiri;  ciira  esl ,  aiilei  i  c  <libebiint ;  quain  si  reman,seril ,  in- 
silisnoccrc  nianifcst.il.  In  i   rai^is  liocservand  iim  csl,  ct  iu 


PALLADIUS. 


enviroiiiK^,  parce  que  cet  auteiir  piouve  qiie 
ce  duvet  nuirait  aux  grerfes,  si  on  le  laissait.  11 
fiuit  observer,  a  regard  des  cerisiers  et  de  tous 
Ifsautres  arbres  qui  portcntde  lagomme,  de  ne 
ks  greffer  que  dans  le  temps  oii  ils  u"ont  point 
encore  de  gomme,  ou  quand  elle  a  cesse  de  cou- 
lcr.  Ou  greffe  le  cerisier  sur  lui -meme ,  sur  le 
pruuier,  sur  le  platane,  et,  selon  quelques  au- 
teurs,  sur  le  peuplier.  II  aime  des  fosses  profou- 
des,  des  espaeenients  larges ,  des  fouilles  fre- 
quentes.  II  faudra  eu  retraneher  les  branches 
pourries  et  seches,  ou  celles  qui  seront  trop  ser- 
reeslesunes  aupres  des  autres,  afin  de  leseclnir- 
cir.  II  n'nirae  pas  lefumicr,  qui  le  fait  effeetive- 
nient  de^geuerer.  Voici  la  nianiere  dont  Marlia- 
lis  dit  qu'il  faut  s'y  prendre  pour  faire  venir 
des  cerises  sans  noyaux.  On  coupera  un  jeuiie 
arbre  a  deux  pieds  de  terre  ,  et  ou  le  fendra  jus- 
qu'a  la  racine;  ensuite  on  auia  soin  de  ratisser 
avec  un  fer  la  moelle  desdeux  parties,  et  aussitot 
apres  on  les  resserrera  Tune  aupres  de  rautre  avec 
des  liens;  eiyfin  on  enduira  de  fumier  tant  la  par- 
tie  superieure  de  Tarbre  que  lesjoiuts  quiseront 
sur  les  e6tes.  Au  bout  d'un  an,  alors  que  la  cica- 
ti-ice  sera consolidee,  ou  greffera cet arbre  avec  des 
i-ejetons  qui  naient pas  encore rapporte de  fruits, 
et  il  en  viendra,  si  Ton  en  croit  cet  auteur,  des 
C€riscs  qui  n'auront  point  de  noyaux.  Si  un  ceri- 
sier  vient  a  pourrir  par  suite  de  1'humidite  qu'il 
renfermera  dans  son  tronc,  on  y  fera  uu  trou  par 
lequel  eUe  puisse  s'ecouler.  S'il  est  tounnente 
par  les  fourmis,  il  faudra  verscr  dessus  du  jus  de 
pourpier  coupe  par  moitie  avec  du  vinaigre,  ou 
en  fiotter  le  tronc  avec  de  la  lie  de  vin  pendant 
la  floiaison  dc  rarbre.  S'il  se  trouve  accable  par 
la  chaleur  de  la  cauicule,  on  fera  verser  sur  ses 
racines,  apresle  coucher  du  soleil,  Xnis .lextarii 
d'eau  ,  dont  chacuu  sera  puise  daus  uiie  fontaine 


differenle ,  en  evilant  de  lui  administrer  ce  re- 
mede  quand  la  lune  paraitra;  ou  bien  on  cntor- 
tillera  son  troiic  avec  de  la  jusquiame  tordue  en 
forme  de  couronne,  ou  enfin  on  etendra  a  soa 
pied  un  lit  de  la  meme  herbe.  II  n'y  a  pas  d'autre 
facon  de  conserver  lescerises,  que  de  les  faire 
secher  au  soleil  jusqu'a  ce  qu'elles  soient  ridees. 
II  y  a  des  personnes  qui  plantent  au  muis  d'oc- 
tobre  les  pommiers  dans  les  contrces  chaudes  et 
seches ,  ([ui  mettent  en  terre  dans  des  pepinie- 
res,  vers  les  calendes  de  novembie,  les  coins, 
ainsi  que  les  cormes  ou  les  amandes,  et  qui  y 
sement  de  la  graine  de  pin.  II  faut  conflre  les 
fruils  ce  mois-ci,  et  les  conservera  mesure  qu'ils 
muriront,  de  la  manicre  que  Ton  trouvera  ex- 
pliquee  sous  les  titres  qui  conceruent  chacun 
d'eux. 

XIH.  On  chAtrera  aussi  les  ruches  ce  mois-ci, 
de  la  facuii  que  nous  avoiis  donnee.  II  faiit 
cependant  faire  attention  a  la  quantite  de  miel 
qui  s'y  trouvera,  alin  de  n'eu  pas  laisser,  dans 
le  cas  ou  il  y  en  auraabondarament;  d'en  laisser 
la  inoitie  pour  subvenir  a  ia  disette  de  Thiver 
dans  le  cas  ou  il  n'y  en  aura  qu'une  quantite  me- 
diocre ;  et  de  n'en  point  oter  du  tout  dans  le  cas 
ou  les  alveoles  paraitiont  en  manquer.  Nous 
avons  deja  donne  plus  haut  Ja  facon  de  faiie  le 
iniel ,  aiusi  que  celle  de  laire  la  cire. 

XIV.  Pour  nerienomettrede  ce  qiiej'ai  trouve 
dans  les  livres  que  j'ai  lus,je  vais  faiie  connai- 
tre  les  pratiques  iraaginees  par  les  Grecs  par 
rapport  k  la  facou  de  fielaler  le  vin.  Voici  les 
distinctions  qu'ils  Ctablissent  eiitre  les  dilTereutes 
especes  de  viiis,  et  les  divers  cffets  qu'ils  preten- 
dent  en  resulfer.  lls  soutiennent  qa'un  vin  doux 
estlourd;  qu'un  vin  blanc  et  taiit  soit  peu  sale 
estbon  pour  la  vessie;  qu'un  vin  qui  flatte  parsa 
couleur  de  safrau  cst  digeslif ;  quuu  viu  blanc 


omnibiis  siimiTialis, ut  limc  ii)seiantnr,quaiido  liis  vel  non 
estvel  desiuit  gimmia  ellluere.  Cerasus  inseritiir  inse,  in 
piuno,  in  plalano;  ut  alii,  in  popnlo.  Aniat  sciobes  altas  , 
spalialarsioi'a,assiduasl'ossiones. Putarilii  eapuliia  et  sic- 
ca  debelniiil ,  vel  quae  densius  aictata  protuloiit,  ut  rares- 
cat.  Flnumi  iion  aniat,  atque  inde  degenerat.  Cerasa  ut  sine 
osse  nascantur,  ita  lieri  Martialis  Iioc  dicit.  Arborem  teiie- 
rani  ad  diios  pedes  recides,  et  eam  usque  ad  radicem  lin- 
des ,  medullam  partis  utiiiisque  ferio  cuiabis  abradere, 
etstatim  utiasque  palres  ( in  .se)  vinculo  stringis,  et  obli- 
iiis  lirao  (et)  sumniam  partem  et  lalerum  divisuras.  Post 
annuni  cicatrix  dncta  solidatur.  Hauc  arburem  surculis, 
qui  adbuc  rructnm  non  attnlerunt ,  inseres ,  et ,  ut  asserit, 
ex  bis  siue  ossibiis  poma  nascentur.  Si  ceiasus  coucepto 
huniore  putrescit,  in  trunco  loramen  ac<;ipiat,  qiio  possit 
educi.  Si  forniicas  patitur,  succum  portula(.<)e  debebis  iii- 
fundere  cum  accti  media  parte  permistuiii ,  vel  vini  fecibus 
truncnni  arboris  florentis  adlinire.  Si  scstu  Cauicularium 
faligatur,  tiium  foiitium  singulos  scxtarios  sumtos  posl 
solis  occasuin  radicibiis  arboris  jubeamus  inlluere  sic ,  ne 
remcdium  Inna  deprebcudat  vel  beihani  .sjmiilioniacam 


circa  arboris  truncuni  torqnehimus  in  coronani,  vel  ex  ea 
jii\ta  inium  codicem  ciibile  facieinus.  Cerasa  non  aliter 
qiiam  iu  sole  usque  ad  rugis  siccataservantnr.  Mense  Oc- 
lobi  i  aliiiiii  mali  arborem  calidis  et  siccis  regionibus  po- 
iiiiiit  ,etc\donia  rirea  Novembres  caleudas,  cl  sorlmm 
vcl  ^-.ungdala  iii  seminariis  obruunt,  et  pini  seiiien  asper- 
giiut.  Hoc  inense  ponia  coudieuda  siiiit,  atque  seivanda  eo 
more,  quo  iii  .singulnrum  tilulis  continetur,  vel  ut  quai- 
que  malura  processerint. 

XIII.  Iloc  eliaiu  niense  alveariacastrabuntur,  more  quo 
dictum  est.  Qua;  tanieii  oportet  inspicere,  el  si  abundantia 
e.st ,  deniere  :  si  mediocritas ,  partem  iiiediam  lelinquere 
prohiemis  inopia  :  si  vero  slerilitas  apparet  iu  cellis,  uil 
prorsus  auierre.  Mellis  veio  et  cerae  supeiius  est  demoD- 
strata  confectio. 

XIV.  Ne  lecta  pi;eteream ,  quae  Graeci  sua  fide  media  de 
cnndieiidi  vini  genere  dispularunt,  demoustrare  cnravi  : 
qiii  viui  natuiam  tali  ratioue  discernunt ,  et  hanc  iii  eo 
voliint  esse  distanliam,  ut  qiiod  dulce  est,  gravius  dicant; 
quod  album,  et  aUquatenus  salsuin,  convenirc  vesica^; 
qnodciocco  colorc  blanditur,  digcstioni  accoinmodiiin; 


Di:  LAGRICULTUPxE,  HV.  XL 


ct  nstriiiiicnt  est  pnipre  aux  estoraacs  reldches ; 
que  le  vin  d'outi'e-iner  reiul  piiie,  et  dimiinie  l:i 
masse  du  sang  ;  que  It  raisin  noir  donne  du  \  in 
fort ;  que  le  raisin  rout;e  en  donne  ^'agrcable  au 
goiit;  et  que  le  raisin  blanc  en  doniie  comnuine- 
ment  de  mediocre.  11  y  a  des  peuples  grecs  qiii , 
pour  frelater  le  vin,  y  ajoutentdu  mout  cuit  jns- 
qu'a  diminution  de  inoilie  ou  des  deux  tiers. 
I)'autres  ordonnent  de  puiser  un  an  davance, 
dans  iin  endroit  ou  la  mer  soit  pure  et  caline ,  de 
Teau  propre  ,  pour  la  inettre  cn  reserve;  et  ils 
pretendent  que  la  nature  de  eette  cau  est  telle, 
quece  tempssunit  pour  lui  1'aire  perdre  son  gout 
sule  ou  SDU  amertuine  ct  son  odeur,  de  facon 
(|u'elle  s'adoucit  eu  \eillissant.  En  consequence 
ils  en  melent  une  quatre-vingtieme  partie  avec 
le  moiit ,  en  y  joignant  une  cinquaiitienle  partic 
de  gypse;  ils  remuent  fortement  ce  melange  au 
bout  de  trois  joiirs,  ct  garautissent  que  cette 
operalion  fait  gagner  au  vin  non-seulement  de 
rSge,  mais  encore  unecouleiir  brillante.  Ausur- 
plus,  il  faut  remuer  le  vin  et  le  soigner  tous  les 
neuf  jours,  ou  au  nioins  tous  les  onze  jours, 
parcequ'en  y  rcgardaiit  souvent  on  sera  en  etat 
dejuger  s'il  faul  le  vendre  ou  lc  garder.  II  rn 
est  qui  jettent  dans  une  fiitaille  tiuis  viiciw  de 
resine  seche  broyee,  qu'ils  reinuent  ensiiite  avec 
soin ,  et  veulent  pcrsuader  qu'on  peut  donner  aux 
vins  une  vertu  diurijtique  par  cctte  mctbode. 
^oici  la  mani(i're  doiit  ils  ont  prescrit  de  solgner 
le  mout,  quand  les  pluies  Irequcntcs  Tont  trop  de- 
laye,  defaut  dont  on  pourra  s'assurer  en  le  gou- 
tant.  lls  ordonncnt  de  le  faire  cuire  en  entier, 
jusqu'aevapora'ion  duvingtieme.  lls  prctendent 
meme  qu"il  sera  encore  mieux  d'y  ajouter  une 
centieme  partie  de  gypse.  Mais  lcs  Lacedeino- 
niens  le  font  cuire  jusqu'a  diminution  d'un  cin- 


qnieme,  et  ne  le  boivent  que  lorsqu'iI  est  i  sa 
quatricme  feuille.  1'our  adoueir  un  vin  dur,  ils 
prescrivcnt  de  mettie  daus  un  petit  vase  de  vin 
deux  nja/hi  de  Ueur  de  farine  dorge,  petrie  avec 
du  vin  ,  et  de  \'y  laisser  Tespace  d'une  heure.  II 
y  a  des  personnes  qui  y  melent  de  la  lie  de  vin 
doux  ;  d'autres  y  ajouteut  un  peu  de  reglisse  se- 
che,  et  ne  boivent  le  vin  qu'apres  Ty  avoir  fait 
incorporer  en  reinuant  longtemps  les  vases.  Ils 
disent  aussi  que  lorsqu'on  jette  dausun  tonneau 
des  baies  seches  dc  myrte  snuvage,  cueillies  siir 
des  montagnes,  apres  lesavoir  pilees,  le  vin  con- 
tracte  une  excellente  odeur  en  peu  de  jours ,  pour 
peu  qu'on  le  laisse  reposer  pendant  dix  jouis  , 
et  qu'on  le  passe  avant  de  le  boire.  On  amasscia 
aussi  des  lleurs  de  vignes  mariees  a  des  arbrcs, 
queron  fera  secbera  rombre,  et,  apres  les  avoir 
bien  pileeset  criblecs,  on  les  conservera  daiis  un 
\ase  propre ,  pour  en  inettre,  quand  on  le  jiigeia 
t'i  propos,  la  valeurde  la  mesure  appelee  par  les 
Syriens  chwnica  ,  sur  trois  tonneaux  de  vin. 
On  boucliera  ensuite  ces  tonneaux ,  et  on  nc  les 
ouvrira  que  le  sixieme  ou  le  septierae  jour  sui- 
vant  pour  son  usage.  On  prcteud  que  Ton  peut 
rendre  du  vin  agreable  a  boire,  en  y  plongeant 
une  quantitcsunisante  de  fenouiloii  de  sarriette, 
et  en  renuiant  le  tout;  ou  en  mi'ttant  dans  uii 
vasc  deu\  amandes  de  pignons  grillees  et  enve- 
lopptVs  dans  un  linge ,  pourvu  que  Ton  bouclie 
ensuite  lc  vase  ,  et  que  Ton  ne  boive  ce  vin  qu'au 
bout  de  cinq  jours.  On  pretend  encore  que  Ton 
peut  donner  a  du  vin  nouveau  la  qualite  des  vins 
vieuY ,  en  eoncassant  et  en  broyant  ensemble 
telle  quantitc  que  roii  jugcra  suflisante  d'ainan- 
des  amercs,  d'absinibe  ,  de  gomme  de  prunelier 
portanl  fruit,  et  defenugrcc,  pour  en  mettre 
dans  ce  vin  la  valeur  d'un  ctjalhus  par  amphore, 


qiiod  albtim  cL  s.lypliciiin,  inodosse  stomaclui  la\ioii; 
traiismaiiiiuiii,  pallurem  facere,  cl  lanliiin  saiiguinem  non 
creare !  uvis  nisiis  licri  lorte,  rubeissuavc,  albis  veio 
lilerunique  niediocre.  In  condicndo  ergo  vino  aliiiui  Groe- 
cornm  mustnm  decoctiim  ad  medjetalem  vel  lerliain  par- 
tem  viiio  adjicinnt.  Alii  Gricci  ita  jubeiit,  ai|iiam  mariiiam 
innndam  de  puro  et  quieto  maii,  quam  auuo  aute  comple- 
verinl,  reservari  :  cujus  lalem  esse  uatniam  ,  ul  ct  salse- 
dine  vel  amaiiludine  per  lioc  tempus  caieat  et  odoic;  ct 
dulcis  liat  .Tlato.  Eigo  ejus  octogesimam  parlem  mnsto 
admiscent,  et  gypsiqiiinquagesimani.  l'ost  tcrtiam  di'inde 
diem  forliter  commovcnt,  ac  pollicenlur  non  a'taleni  so- 
luni  vino,sed  splcndorem  qiioque  coloris  alfeire.  Oportet 
aiitem  nona  quaqiie  dic  viniini  moveri.  aUine  cui  ai  i  .-  vel  si 
tardius,undcciina.  Fiequcnsenim  icspcctus  fanieljudicarc, 
iitrum  vendenda  sit  species  aii  tciieiula.  Qiiidaiii  resiiia! 
siccse  Irilse  uncias  trcsdolio  immcrgnnl  et  peniinvent,  ct 
viiia  diurclica  sic  fieri  posse  persuadent.  Musliini  vero, 
quod  per  plnvias  fiequentcs  leve  est ,  siccurari  [debere] 
jnsscrunt ,  quod  probari  giislu  ipsius  polciit.  Omiie  mu- 
stuni  decoqiii  jiibenl,  donec  pars  ejus  vigesima  possit 
absumi :  melius  quoqiie  fieri ,  si  ccntcsiinam  pai tcin  gvpsi 

I'\LLAD1US. 


adjicias.  I.accdicmonios  vcro  cou.squo  dc.coquere,  donec 
viiii  quiiita  pars  pereat,  et  qiiarlo  aniio  nsibus  miiiislrare. 
Suave  \iiiiim  de  duio  lieri  doccnl,  si  oiileacei  pollinis 
cvallios  diios  simiil  cuni  vino  siibaclos  niillas  in  vini  va- 
sciilo,  ct  liora  iiiia  ibi  csse  patiaris.  Aliqui  feces  vini  diilcis 
admisceut.  Aliqiii  addunt  glycyrbizajsicca'  aliquantulum, 
cl  uliintur,  cum  diii  vasorum  conimolione  niisciicrinl. 
Viniim  qiioqiie  iiilra  paucos  dies  optinii  odoris  eflici ,  si 
baccas  myrti  agre.^lis  nioiilanas  .siccas  ct  tunsas  mittas  in 
cabiim,  etdcci'111  dicbus  icquiescere  patiaris  :  tunc  coles 
cl  iitaris.  Vitis  cliani  lloies  arbustiv,-K  colleclos  in  umbra 
siccare  ciirabis.  Tiinc  diligenter  tiinsos  ct  cretos  liabobis 
iii  vasculo  novo ,  cl  cuni  volueris ,  tribns  cadis  unain  lloris 
meiisiiiam ,  quain  Syri  (rabiim , Grseci)  cluEniram  vocanl , 
adjicies,  et  superliiies  dolinni,  et  8e\la  vel  septima  die 
aperies  ct  iiteris.  Vinuni  ficri  ad  potandam  suave  ila  di- 
cuut :  riinicnli  vel  satureia;  singuloriimcongruiim  niodum 
vino  imniergi atquc  lurbari,  vel  fructum  qucm  dua'  nuces 
pine.-e  pioduxerint ,  torreractnm  et  linteo  ligalum  milli  iii 
vasculo,  ac  supeiiiniri ,  et  usui  esse  quinque  dicbiis 
cxaclis.  Vinuni  aulem  veliit  vetus  cffici  de  novello,  si 
amyt;dalaamara,  absintliium,  pini  friigircii  comam,  fic- 


PALLADIUS. 


et  que  c'est  le  moyen  (Fen  faii'c  dii  vin  de  pre- 
miere  qiialite.  Si  fou  craint  que  ce  viu  n'ait  quel- 
que  vicc,  on  melera  du  miel  dans  cette  compo- 
sition  avec  de  Taloes,  de  la  myrrlie  et  du  marc 
d"huile  de  safran;  le  tout  broye  par  parties  ega- 
les  et  rcduit  en  poudre ,  pour  en  raettre  la  valeur 
d'un  rijttthua  par  ampliore  de  vin  que  Ton  vou- 
dra  frelater.  Veut-on  que  le  vin  de  rannee  pa- 
raisse  vieux?  oii  broie  et  Fon  crible  une  Mwc/a  de 
melilot,  frois  de  rcf;lisse  ct  de  nard  celtique, 
etdeux  d'aloeshepatique;  et  Ton  met  six  cuille- 
rees  de  cette  composition  sur  ciDquante  sexturii 
de  vin  renferme  daus  uii  vase  que  Ton  exposc  a 
la  fumee.  On  assure  qu'on  peut  faire  changer  du 
vin  rouge  de  couleur  de  la  maniere  suivante ;  On 
jette  dans  ce  vin  de  la  farinc  de  fcves  ,  ou  Ton 
introduit,  dans  une  bouteillc  qui  en  est  plcine, 
trois  blancs  d'ceuf  qu"on  remue  longteraps ,  ct  le 
vin  setrouve  blanc  le  lendemain.  Sion  yjetaitde 
la  farine  de  pois  d'Afrique,  il  pourrait  changerde 
couleurdans  lejourmeme.  On  ditaussique  lavi- 
gnea  cettepropriete,  que  si  ronreduitencendre 
des  ceps  qni  produisent  du  raisin  blanc  ou  de 
ceux  qui  en  produisent  de  rouge ,  et  qu'on  mctte 
cette  cendre dans  le  vin ,  il  prendra  la  couleiir  dti 
raisin  dout  la  vigne  aura  donne  celte  cendre; 
de  facon  qu"il  deviendra  rouge  avec  la  ccndre 
de  la  vigne  qui  porte  du  raisin  rouge,  et  blanc 
avec  cellc  de  la  vigne  qui  en  porte  de  blanc; 
pourvu  qu'on  ait  Tattcntion  de  mettre  sur  une  fu- 
taille  de  di\  amphores  la  valeur  d"un  morJ/us 
de  ccndre  de  sarmeut  brule,  et  qu'apres  avoir 
laisse  cette  ccndre  pendant trois jours  dans le  vin, 
on  le  tienne  couverlet  bouche;  et,  en  elfet,  on  le 
trouvcra  au  bout  de  quarante  joiu-s  blanc  ou 
rouge,  selon  la  couleur  qu'on  aura  juge  a  pro- 
pos  de  lui  donner.  On  assure  eucore  que  Ton  peut 


donnerde  la  force  a  du  vin  foible  en  suivant  la 
methode  que  voici :  On  y  mettra  soit  des  feuilles, 
soit  des  racines  ou  de  jeunes  tiges  d'dlthaia.; 
c'est-a-dire,  de  guiraauve  ordinaire,  apres  les 
avoir  fait  bouillir.  On  y  pourra  encore  mettre  du 
gypse,  ou  deux  co^wte  dc  pois  chiches,  outrois 
noix  de  cypres,  ou  une  poignee  de  feuilles  de 
buis ,  ou  de  la  graine  d'ache  de  marais ,  ou  de  la 
cendre  de  sarments  que  Taction  du  feu  aura  de- 
pouilleede  toute  partie  ligneuse,  et  reduite  a  Te- 
tat  de  poudre  impalpable.  Ou  assure  aussi  qu'un 
vin  Spre  deviendra  clair  et  excellcnt  en  uu  jour, 
Iorsqu'on  aura  broye  ensemble ,  dans  une  petite 
quantite  dcvin,  dix  grains  dc  poivre  et  vingt  pis- 
tnches,  pour  les  mettre  dans  six  sexlarii  de  ce 
vin.  En  effet,  si  apres  avoir  remue  longtemps  ce 
melange  on  le  laisse  reposer,  ct  qu'on  passe  en- 
suite  le  vin,  on  pourra  le  boire  sur-le-ehamp.  On 
dit  egalement  que  du  vin  trouble  ne  tardera  pas 
a  s'eclaircir,  si  Ton  y  mct  sept  pignons  sur  un 
scx!ariusA<i\iqn\Ae^(ii\\i  ow  leremue  longtemps.  • 
En  effet,  des  qu"on  Taura  laisse  rcposer  quelque 
tcmps,  il  deviendra  clair,  et  sera  potiible  apres 
avoir  ete  passe.  On  dit  eucore  (et  Ton  prctend 
mcme  que  c'est  uu  secret  qui  a  ete  montre  aux 
habitants  de  la  Crete  par  Toracle  d'Apollon 
Pythien) ,  que  le  \in  deviendra  blanc  ,  et  quil 
contractera  un  gout  de  vin  vieux ,  si  Ton  y  jelte 
les  drogues  suivantes ,  aprcs  les  avoir  broyee^ 
enscmble et  les  avoir  reduites  en  poudre  tres-fnie, 
en  les  secouant  a  Taide  d'un  criblo  :  ces  drogues 
sont  quatre  uticicB  de  jone  odorant  ?t  autant  d'a- 
loes  hepatique,  une  ttMfiad"excelIeut  mastic,  et 
autaiit  de  casse  et  dc  poivre,  une  scmi-unciu  de 
spica-nard,  etune  vncia  tant  d'excellente  myrrhe 
que  dViicens  malequi  ne  soit  pas  rance.  Ces  dro- 
gues  mises  dans  le  mout,  on  le  fcra  bouillir;  et 


mim  Gneciini  sinuil  fiigas  qnanliim  suilicere  rcsliniaris, 
el  paiiter  tundas  ,  et  ex  liis  unnin  cyallium  per  aniphoram 
miltas,  et  inagnavina  conficies.  Si  veio  senseris  peccatnra, 
liiiic  confeclioni  aloen,  niyrrliam,  ciocomagnia,  singula 
niodis  Eequalibus  tunsa  et  in  pulvcrem  redacta  cum  melle 
raiscebis ,  et  uno  cyallio  nnam  ampboiam  condiie  cuiabis. 
Anniculum  qiioque  viinim  ut  longam  simnlare  videatur 
setalem,  meliloti  unciam  nnam  ,  glycyrliizre  uncias  Ires, 
nardi  celtici  tanlundem ,  alocs  epatices  uncias  duas  tundis 
el  cernis ,  et  in  sextaiiis  quinquaginta  cocblearia  sex 
reconde,  et  vas  ponis  in  fumo.  In  alliuni  colorem  viua 
fiisca  nnitari  asserunt,  si  ex  faba  lomentum  factiini  vino 
quis  adjiciat,  vel  ovorum  trium  lagcena;  infundat  allxirein, 
dlnquc  conimoveat,  seqnenti  ilie  candidnin  rcperiii :  quod 
si  ex  Afia  pisa  lomentum  adjiciatur ,  eadein  die  posse  mu- 
laii.  Vitibus  quoque  lianc  esse  natuiam,  nt  alba  vel  nigra 
si  redigantur  in  cinerem,  vinoquc  adjiciantur,  ei  nnain- 
qiianique  forraam  sui  coloris  imponeje ,  nl  ex  nigra  lu- 
sciiin,  candidiim  vero  reddatur  ex  alba;  ea  ratione  scilicet, 
ut  combusti  saimenti  cineiis  modii  unius  mensura  mit- 
litiir  indolio.qnod  babebit  ampboras  x,  et  Iriduo  sic 
ifellctiim  post opeiiatur  ac  lutetur ;  album  vel  (si  ita  visum 


fuerit)  nigrum  reperiii  quadiagintadiebusexactis.  Viniiin 
quoque  assernntex  niolli  forle  sic  Geri :  Altheffi ,  hoc  est, 
ibisci,  folia  vcl  ladices,  aut  cjus  caulcm  lenerum  dcco- 
ctum  niitti,  aut  gypsum,  aut  ciceris  cotiilas  duas,  aut  cu- 
piessipilulas  ties,  aul  biixi  folia,  quantuni  nianiis  ccperit, 
aut  apii  semen,  aut  cinerem  sarmenlorum,  cui  vis  namniis 
corpus  reliquit  exile  omni  soliditate  detracla.  Vinum  vero 
eadem  die  ex  austero  lynipidiim  atque  optimum  fiei  i ,  si 
grana  piperis  decem,  pistacia  viginli  adjccto  modico  \ino 
siniul  conteras,  et  in  sex  vini  sextarios  mittas,  diu  oninibns 
anle  commotis,  tunc  lequiescere  patiaiis,  et  coles  usui 
mox  fiiturum.  Ilem  feciilentum  slalim  iMnpiduni  reddi,  si 
VII  pini  niicleos  in  ( iiniiin )  vini  sextarium  mittas,  diinpie 
connnoveas ,  et  panlulum  cessaie  patiaris  •  mox  sumeie 
purilatem ,  colaiiquc  dcbere,  ct  iu  usnm  referri.  Iteja 
(quod  Crelensibns  oraculum  Pytbii  Apollinis  monslra.sse 
niemoratur)  fieri  sic  candidum,  et  sunierevetustatissa|io- 
rem,  si  squinuanliios  uncias  qiiatuor,  alocs epaticae  uniias 
quatnor ,  mastici  oplimi  nnciara  unam ,  cassiiB  fislula: 
unciam  unam ,  pipei  is  nnciam  unam ,  spicae  Indicce  se- 
munciam ,  myirb.x  optlmte  unciam  unam  ,  tburis  masculi 
uon  rancidi  unciam  uuaiu  :  lundis  uuiversa,  et  in  tenuls- 


DE  LACniClILTUUE,  LIV.  XI. 


api<!s  qu'il  aura  boiiilli  on  l'(Vi]mera,  et  Ton  jet- 
lcra  de  c6te,  tous  les  pepiiis  de  raisin  qui  auront 
surnage  en  bouillonnaut.  Ensuite  on  mettra,  sur 
ilix  amphores  de  vin,  trois  scxlarii  italiques 
dcf;\pse  broye  et  crible,  apres  avoir  cependant 
transvase  la  quatrieme  partie  du  vin  que  l'on 
voudra  frelater,  de  facon  que  Ton  n'ajoutera  ce 
gypse  que  dans  le  vin  qui  restera;  apres  quoi  on 
agitera  fortement  la  futaille ,  pendant  deux  jours, 
avec  un  roseau  vert  et  garni  de  ses  raeines.  Le 
troisieme  jour,  on  fera  couler  bicn  doucement 
dans  dix  amphores  de  \in  la  valeur  de  quatre 
cuilicrees  de  lapoudrc  doiit  nous  venons-de  par- 
lcr,  et  Ton  remettra  par-dcssus  la  quatrieme  par- 
tie  de  ce  vin  qui  avait  ctc  transvasee ,  comme 
nous  Tavons  dit  ci-dcssus,  pour  remplir  la  fu- 
taillc,  que  Ton  aura  soin  de  remucr  encore  long- 
temps,  afm  que  toute  la  masse  du  moiit  snit  im- 
pregnce  de  la  vertu  de  ces  drogues.  Ensuitc  on 
couvrira  la  fufaille,  et  on  la  bouchera,  en  y  iais- 
sant  ncanmoins  une  petite  ouverture  qui  servira 
a  donner  dc  Tair  au  vin  pcndant  qu'il  bouillira. 
Enlin,  au  bout  de  quarante  joors  on  bouchera 
cette  ouverture;  apres  quoi  on  pourra-  boire  de 
cc  vin  quand  on  le  jugera  a  propos.  Une  chosc 
qu'il  nc  faut  pas  pcrdre  de  vue,  c'est  d'avoir  Tat- 
tcntion  ,  toutcs  les  fois  que  le  vin  aura  besoin  d'e- 
tre  remue,  quil  le  soit  par  la  main  d'un  ciifaiit 
impubere,  ou  d'une  personne  chasle.  II  ne  faudra 
pas  non  plusconvrir  reiiduitavcc  lcquel  onaura 
houche  une  futaille  avee  du  gypse,  mais  avec 
de  la  cendrc  de  sarments.  On  donne  cncore  une 
niilliode  pour  faire  du  vin  qui  preservera  des 
maladies  contagieuses,etqni  scra  bon  pour  Tes- 
tomac.  Cette  mcthode  consiste  a  raettre  daiis 
uiic  mctreta  d'excei!ent  mout,  avantqu'il  bouille, 
huit  iinciw  d'absiuthe  broyce  ,  que  Ton  enve- 


loppc  dans  un  linge;  on  f.iit  ciisuite  retirtr  ceilo 
absinthe  du  vin  au  bout  de  quarante  jours,  et 
on  transvase  le  vin  dans  dc  petitesbouteillcs  pour 
lc  boire.  Ceux  qui  sont  dans  Tusage  de  frelatcr  le 
vinavcedu  gypsc  le  font  ii  prcsciit,  lorsque  le 
mout  ecume  et  qu'il  a  jcte  son  piemicr  bouil- 
lon.  Au  reste ,  quaud  le  vin  est  uaturcllcmcnt 
trop  doux  et  d'un  gout  aqueux  ,  il  suffit  d'y 
mettre  deux  sextarii  de  gypse  sur  cent  coniiii 
de  vin.  Quand  il  cst  fcrme  de  sa  nature,  on  pcut 
se  contenter  de  la  muitie  de  cette  dosc  pour  pa- 
reille  mesure  de  vin. 

XV.  On  fera  a  present  du  vin  rosat  sans  roscs , 
de  la  maniere  suivante :  On  descend  dans  ini  vase 
de  moiit,  avant  qu'il  commcnce  a  boiiillir,  dcs 
feuilles  de  citronnicr  vcrtes,  eufermees  dans  un 
panier  de  palmier;  puis  on  bouche  lc  vasc,  ct, 
apres  y  avoir  ajoute du  micl,  au  boutde  quarantc 
jours  on  s'en  scrt  cn  guise  de  vin  rosat,  quand 
on  lc  juge  a  propos. 

XVI.  On  fait  ce  mois-ci  des  vins  avec  tons  lcs 
fruits  dout  nous  avous  parlc  en  leiir  lieu. 

XVII.  Composition  du  vin  mielle.  On  prend 
la  quantite  que  Ton  jugo  a  propos  de  mout  pro- 
venant  de  belles  vigueset  de  bon  cru,  vingt  joiirs 
aprcs  sa  sortiede  la  cuve,  et  Ton  y  mele  uu  cin- 
quieme  de  micl  cxcellcnt  ct  non  ccume,  aprcs 
Tavoir  fortement  bioyc  jusqu'a  ce  qu'il  soit  hlau- 
clii ;  puis  ou  Tagite  fortement  avec  un  roscau 
garni  dcscs  racines,  durant  quarante  ou  iniciix 
cinquante  jours  desuite;  ct  celu,  aprc%  ravoir 
couvert  d'un  linge  propre,  a  travers  lcquel  il 
puLSse  prendre  Tair  quand  il  viendra  a  bouillir. 
Au  bout  des  einquante  jours  oa  enlevera  avec  la 
main,  apresravoirlavce,  tout  ce  que  rebullition 
aurarejctca  la  surface;  puison  lemettradansuu 
vase  que  Ton  bouchera  bien  avec  du  gypse,  ct  il 


siiniim  iinivcrem  cribro  cxciitienle  dciliiris.  Ciim  veio 
raiislum  feibueiit ,  ilespumaliis ,  ctoiniiia  uvaiiim  s^rana  , 
(jii.ne  fervor  iii  sumnium  rojeclt,  cxpclles.  Tiinc  gvpsi  liiti 
alqnecribrali  tres  Italicos  sexlarios  mitlis  in  vini  amphoras 
decem ,  prius  tanien  parteni  (inartam  viiii  conclicndi  in  alia 
vasa  transfundes  ,  et  ita  gypsuni  ailjicies  ,  et  dolium  viridi 
ac  radicata  canna  perbidiiuni  forliter  agilabis.  Terlia  vero 
dic,ex  suprascriplis  pulvcribus  qiialcrna  cocblcaria  com- 
pleta  modestius  in  dcnas  vini  amphoras  mitles,  et  viiii, 
sicnt  supradictum  est,  qiiartam  paitem,  qiiam  alibi  diflu- 
deras,  supcradjicies,  et  dolium  replebis,  et  ilcm  diu  agitarc 
cuiabis,  ut  specierum  vis  omne  miisti  corpus  inliciat  Tunc 
operies  atqiie  oblinies,  reliclo  brevi  foramiiic,  quo  ,t- 
sluantia  vina  suspircnt.  Sed  exemtis  <piailra<:;inta  dicbus,  et 
hoc  spiraculum  claudis,  et  deinde  ul  lihnerit,  guslas. 
Illud  memento  servare  pr.T;  Cicleris,  nt  <|nolies  vinum 
movetur,  investis  puerhoc,  aut  aliipiis  satis  purus  ciri- 
ciat.  Linimentum  quoquc  dolii  iion  gypso  sed  sarmeiilo- 
rum  cinere  debebis  induccre.  Ilem  vinum  ,  quod  s;dutare 
contra  pestilentiam  sil,  et  stomacho  prosit,  fiei i  hoc  geiiere 
fertur  :  in  oplimi  niusti  metreta  una  anle  quam  ferveaf , 
iunsi  alisinthii  orto  uncias  linteo  involulas  demitli.'s,  et 


ex.iclis  XI.  diphiis  curaliis  aiiferre.  Id  vinum  r<'fnM<lis 
lagfpnis  miiioribus,  et  nlcris.  Nunc  condiiinl,  primo  amne 
musti  spumantis  egesto,  qiiibus  moiis  est  gy[>so  vina 
mcdicari.  Scd  si  natura  l<;nius  vinum  csl,  et  saporis  liii- 
niocti ,  in  congiis  <-cntiini  diios  gypsi  scxtarios  inisisse  snf. 
lirict.  Quod  si  viiiiim  iiascilur  virtute  solidius,  medietas 
atmndc  pncdictis  potcrit  satis  csse  mensuris. 

.W.  Kunc  rosatum  sine  rosa  facics  sic.  Folia  cHri  viridia 
sporta  palmea  missa  in  mnsti  uondum  ferventis  vase 
diponcs,  et  claudes,  et  exemtis  quadraginla  dicbns  melle 
aildito  ad  moduin  rusatl,  cum  placebit,  uleris. 

XVI.  Iloc  mense,  oinnia  <|ua;  locis  suis  lcgunlur,  ex 
pomis  vina  conlicies. 

,\VH.  [[)e  wnomellc].  Muslum  de  majoribus  ctcgregiis 
vitibus  posl  XX  dics,  quani  levatum  fuerit  cx  lacu  ,  quan- 
tum  voiueris  sumis,  el  ei  inellis  non  dcspiimati  optimi 
quiutam  parlem  (prius)  trilam  forliter,  doui-c  albcscat, 
adinisces,  et  agitabis  ex  canna  ladicata  vebemenler.  Mn- 
vchisautem  sic  per  dics  xLcontinuos,  vel  quod  est  mc- 
lius,  qiiinquagiula,  ila  nt  cum  moveris,  inundo  linluo 
tegas ,  per  quod  facile  confectio  aestuabunda  suspiiet.  1'ost 
dic5  autem  quinqnaginta  miind»  manu  purgas  qiiodcunqne 

40. 


C23 


PALLADIUS. 


se  conserveratres-vioux.  Ilscraceneiulant  mieiix 
de  le  survider  aii  priutemps  suivant  dans  dc 
plus  petits  vases  enduits  de  poix,  que  ron  cou- 
vrira  apres  les  avoir  biea  bouches  avec  du  gypse  , 
alin  de  les  mettre  au  frais  soit  dans  un  caveau  sou- 
terrain,  soitdansdu  sablederiviere,  ou  delesen- 
loncer en  partic sous le sable au fond d'une ri vieie. 
CeviiinesegStefajamais^aquelquevicillessequ'!! 
parvienne,  pourvu  quMl  ait  ete  fait  avec  soin. 

XVIII.  On  fera  a  present  le  defndum,  le  cara- 
nnm  ct  la  aapa.  Tous  ces  vins  se  font  cgalement 
nvec  du  mout,  mais  la  facou  n'est  pas  la  meme ; 
de  la  difference  de  noms  et  de  proprieies  :  ainsi 
le  defrulum ,  qui  tire  son  nom  du  mot  dcfcrvcre  , 
est  cense  fnit,  lorsque  le  mout  a  ete  fortemcnt 
ecume  jusqu'a  ce  qu'il  soit  epaissi ;  le  carainum, 
lorsqu'il  cst  reduit  aux  deux  tiers;  et  la  sapa, 
lorsqu'il  est  rcduit  a  un  ticrs.  Ce  dernier  sera 
cependant  mcilleur  quand  ou  Taura  fait  cuire 
avec  des  coings,  sur  un  feu  de  bois  de  figuier. 

XIX.  On  fera  a  present,  avant  la  vendange, 
Ie;j«i'.s7««(vin  de  raisin  sccbe  au  solcil),  qu'on  a 
partout  en  Affique,  le  secret  de  rendresi  raoelleux 
et  si  agreable,  et  qui ,  employe.  en  guise  de  miel 
pour  condre,  devient  un  preservatif  contre  lcs 
vents.  Oncucilleradonc  unetres  grandequantite 
de  grappes  de  raisiii,  que  Ton  fera  secher  au  soleil; 
et,  apres  les  avoir  renfermees  dans  de  petits  pa- 
niers  dejonca  claires  voies,  oncommencera  par 
les  fouctter  vigourcusementavecdes  verf;es.  En- 
suite,  lorsque  tousles  grains  seront  amollis  par  les 
coups,  on  soumettra  le  panier  a  Taction  du  prcs- 
soir.  Le  jus  qui  s'en  exprimera  sera  le  passum, 
(|u'on  renfermera  dans  un  petit  vase  pour  le  con- 
servercomme  du  miel. 

XX.  Maniere  de  faire  le  cotignac.  AprOs  avoir 

supcniatabit,  et  iii  vasciilo  gypso  ciiligeiiter  inctiidis,  clad 
veUislateni  reservas.  Melius  tameii  si  in  niinora  et  picata 
rascula  pioximo  vere  tiansfunilas  ,  et  gypsala  diligeiiter 
operias,  etin  teneiia  et  rrigidacella  recondas,  vel  arenis 
fluvialibus  vel  eodem  solo  vascula  cx  aliqiia  parte  sub- 
Hiergas.  Hoc  uiilla  vitiatur  setate,  si  tamen  diligenter 
effeceris. 

XVIII.  Nunc  defrutum,  caro?mim,  sapani  conficies. 
Ciiin  oninia  uno  geneie  conficiantur  ex  musto ,  modus  liis 
et  viitutem  inutabit  et  nomina.  Nani  delVutuin  a  defer- 
vendo  dictuin,  ubi  ad  spissitudinem  fortiter  despuinaveiit, 
effectiim  est.  Carcenum,  cum  terlia  peidita  duii?  partes 
remanserinl.  Sapa,  ubi  ad  lerlias  ledacta  descendcril; 
quam  tamen  raeliorem  facient  cydoiiia  siinul  cocla,  el  igni 
supposita  ligna  ricnlnea. 

XIX.  1'assum  iniiic  (ief  anle  vindemiam,  qiiud  Africa 
suevil  universa  coiinceie  pingue  alciuc  jiicundum,  el  qiio 
ad  condilumsi  utaiismcllis  vice,  ab  iiillalionete  viiidices. 
Legiintur  cigo  uva;  passas  quaniplurinia' ,  el  in  liscellis 
clausae  jiinco  factis  aliquatenns  larinre  contexlu ,  viigls 
priiiio  fortiler  veiberanlur.  Deinde  ubi  uvai  iiin  coi  pus  vis 
contusiouis  exsolverit,  cochleai  supposita  spoila  conipri- 
mitur.  Hinc  passum  cst  quicquid  eniuxcril,  et  condiluni 
vasculo  mellis  more  servatur. 


pelc  des  coings  murs,  on  les  coupc  en  petits  raor- 
ceaux  tres-minces,  en  jetant  de  cote  les  parties 
dures  qui  se  trouvent  daus  rinterieur  de  ce  fruit. 
luisuite  on  les  fait  bouillir  dans  du  miel,  jusqu'a 
ce  que  cette  composition  soit  reduite  a  moitie, 
cn  lcs  Saupoudrant  de  poivre  fin  peiidant  qu'ils 
cuisent.  Autre  raaniere  :  On  mcle  ensemble  deux 
scxtarii  dejus  de  coings,  un  ct  demi  dc  vinaigre 
et  deux  de  miel ;  puis  ou  fait  bouillir  tout  ce  me- 
lange  jusqu'a  ce  qu'il  devienne  aussi  dense  que 
du  miel  pur  ;  apres  quoi  on  y  fait  meler  deux 
micice  de  poivre  broye  et  de  gingembre. 

XXI.  Maniere  de  conserver  du  levain  pour 
faire  des  gateaux  au  vin  doux.  On  fait  une  pSte 
avec  du  froment  nouveau  bicn  cpluche,  que  Ton 
arrose  avec  du  mout  de  premiere  pression,  ea 
mettant  une  lagena  de  mout  sur  un  7nodivs  de 
farine.  Ensuite  on  fait  secher  cette  pate  au  soleil, 
apres  quoi  on  Tarrose  encore  de  la  mcrae  facon, 
et  on  la  fait  secher  de  merae.  Quand  on  a  repete 
cette  operation  jusqu'a  trois  fois,  on  fait  avec 
cette  pate  de  trespetits  pains  de  raeme  forme  que 
les  gateaux,  et,  apres  les  avoir  fait  secher  au  so- 
leil,  on  les  serre  dans  dcs  vases  de  terre  cuite 
bien  nels,  que  Ton  enduit  de  platrc.  On  s'eu  sert 
au  lieu  de  levain,  dans  la  saison  ou  Ton  vcut  faire 
des  gSteaux  au  vin  doux. 

XXII.  Maniere  de  faire  du  raisin  sec  a  la  facon 
des  Grccs.  On  tordra  sur  le  cep  meme  les  grap- 
pes  du  raisinqui  paraltrale  meilleur,  le  plus  doux 
et  lc  plus  transparent,et  on  les  y  laissera  secher 
d'elles-memes;  ensuite,  lorsqu'on  les  aura  cueil- 
lies,  on  les  suspendra  a  rombre;  puis  on  les  at- 
tachera  plusicurs  ensemble  pour  les  raelire  dans 
des  vases ,  oii  on  les  posera  sur  dcs  pamnres  frais 
sans  aucune  humidite,  et  ou  on  les  foulera  avec 

XX.  [De  cydonitc].  Abjccto  coiio  niala  cyduuia  niatura 
in  brevissimas  ac  tenuissimas  paiticulas  recides,  et  pro- 
jiciesduruin,  quod  babetur  inteiius.  Ueliinc  in  melledeco- 
qiics,  doiiec  ad  uiensiiram  niediam  revertalur,  el  coquendo 
piper  snbtile  consperges.  Aliler  :  Succi  cydonioriim  sexta- 
rios  duos,  aceli  sextarium  unum  semis,  el  mellis  duos 
sexlarios  miscebis,  et  decoques  donec  tola  permistio 
pinguedinem  puri  niellis  imiletur.  Tunc  Irili  piperis  atque 
zinziberis  binasuncias  niiseere  curabis. 

XXI.  [De  /ermento  miistcorum  servando.]  Ex  novo 
tritico  purgato  farrlculiini  facies,  ct  ex  niuslo  de  sub 
pedibus  rapto  curabis  infiindcre,  ita  ul  modio  farris  laga- 
nani  niusti  adjicias  :  deinde  solesiccabis,  et  ilem  simililer 
infundis  ac  siccas.  Hoc  cum  tcrtio  feceris ,  panes  cx  eo 
bievissimos  admoduni  facies  musteoruin,et  insole  sicca- 
los  vasculis  novis  ficlilibus  recondis  el  gypsas.  Pro  fer- 
menlo,  quo  lempore  anni  musteos  Aicere  voluerls,  lioc 
uleiis. 

XXII.  Uvani  passam  Gra?cam  sic  facies.  Melioris  acinl 
cldulcis  et  lucidi  botryones  in  ipsa  vile  torquebis,  cl  pa- 
tieiis  sponle  inarescere,  ileinde  siiblalos  iii  iimbra  sus- 
pendis,  et  uvani  constrictam  coniponis  in  vasLiilis  ,  sub- 
sternis  pampinos  sicco  algore  Irigentes,  el  manu  coniprimis, 
el  ubi  vas  impleveris,  ileni  desiiper  painpinos  addis  (ni- 


UE  LAGRICULTURt;,  LIV,  XII. 


ia  niain  :  qnand  lcs  vases  seront  plcins,  on  re- 
eouvrira  encore  le  raisin  de  pampres  qui  ne  soient 
pas moins  frais que  lcs  premiers ;  puis  on  couvrira 
ces  vases,  et  on  les  mettra  dans  un  lieu  see,  mais 
frais,  oii  la  fumee  ne  pnisse  penetrer. 

XXIII.  La  projcctionde  rombrecn  octobre  est 
egale  a  celle  de  raars. 

A  la  preraiere  et  a  la  onzieme  bcure,  le  gno- 
mon  donne  vingt-einq  pieds  d'on)brc. 

A  la  seconde  et  a  la  dixierae,  il  en  donne 
quinze. 

A  la  troisieme  et  a  la  neuvieme,  il  en  donne 
douze. 

A  la  quatrieme  et  a  la  huitieme ,  il  cn  donne 
huit. 

A  la  clnquieme  et  a  la  septieme,  il  cn  donne 
six. 

A  la  sixicme,  il  en  donne  cinq. 


LIVRE  DOUZlfiME. 

NOVEMBRE. 

I.  On  seme  au  mois  de  novembre  le  froment 
et  le  ble  :  c'est  meme  le  veritable  temps  des  se- 
maillcsetdcl'ensemencementannuel.  II  fautcinq 
wfor///,  tant  de  Tun  que  de  rautie  grain,  pour 
ensemencerun ju/;crum.  II  scra  egalcment  temps 
h  prcsent  de  semer  Torge.  Ou  seme  les  feves  au 
commencent  de  ce  mois.  Elles  deraandcnt  un  ter- 
rain  qui  soit  tres-gras  ou  fume ,  ou  une  vallee  fcr- 
lilisce  par  les  eaux  des  hautours  voisines.  On  com- 
mencc  par  jeter  les  feves  sur  terre,  cnsuite  on 
donne  un  premier  labour;  npres  quoi  on  les  pare 
en  sillons.  II  faut  les  berser  sans  menagement, 
afin  qu'elles  puissent  ctrc  couvcrles  de  terre  le 
plus  possible.  II  y  a  des  personncs  qui  pretendcnt 
que  Iorsqu'on  seme  des  feves  dans  les  terrains 


froids,  il  ne  faut  pas  en  briser  les  mottes,  adn 
que  les  gcrmes  de  ces  semences  puissent  ftre 
proteges  contre  ie  froid,  en  sc  tenant  A  l'abrl 
sous  ces  mottes  pendant  ies  gelees.  Si  les  semail- 
ies  de  cettc  nature  de  grains  font  peu  de  tort  a  ia 
terre,  au  moins  ne  la  ferliliscnt-ellcs  point, 
corame  ie  vcut  l'opinion  commune.  Aussi  Colu- 
melie  pretend-il  qu'une  terrequi  sera  restde  en 
jachere  rannce  preeedcnte  sera  pius  eonvenable 
au  ble  que  celle  dont  on  aura  recoitc  unc  mois- 
son  de  fcvcs.  II  faut  six  rnodii  de  fevcs  par  juffe- 
runi  qnand  la  terre  est  grasse ,  et  unc  pius  grande 
quantite  quand  elle  est  mediocrc.  Ellcs  reussis- 
scnt  tres-bien  dans  un  terrain  compacte,  et  ne 
peuveut  s'accommoder  d'un  sol  niai;;re  ni  d'uii 
eiel  ncbulcux.  II  faut  surtout  avoir  soin  de  Its 
semer  au  quinzicme  jour  de  la  lune  ,  pourvu  qiie 
cette  plancte  nesoit  pas  encore  frappec  des  rayons 
du  soleii.  Cest  pour  ccla  que  quelques  personnes 
preiendent  qu'il  vaut  micux  cboisir  a  cet  effet  ie 
quatorzicme  jour  de  la  lune.  Lcs  Grecs  assurent 
qu'il  ne  croitra  point  d'bcrbes  nuisiblcs  aux  fe- 
ves,  lors([uc  cciles  ci  auront  cte  trempces  dans 
du  sang  de  chapon  avant  d'etrc  semces;  qu'eiles 
pousseront  plustot  quandon  les  aurafait  macerer 
dans  Teau  un  jour  avant  de  les  senier;  et  qn'en- 
fin  ,  si  on  les  arrose  d'une  solution  de  nitre,  elles 
cuiront  aisement.  On  fait  a  present  les  premiers 
cnsemenccments  de  lentilles  de  la  maniere  qui  a 
ttc  donnce  au  mois  de  fevrier.  On  pourra  aussi 
semer  de  la  graine  dc  lin  dans  tout  ie  courant 
df  celui-ci. 

U.  Cest  surtout  au  commencement  de  ce  mois 
que  i'on  peut  former  de  nouveaux  pres,  de  la  fa- 
con  qui  a  dcja  cte  expliquee.  II  faudra  aussi  plan- 
ter  des  vignes,  pendant  toute  sa  duree,  dans  lcs 
terrains  cbauds  et  secs,  ou  exposes  au  soleil.  II 
scra  encore  a  propos  de  les  provigner,  comme  dc 


liilo  niiniis  non  calentes,)  et  operculaliis ,  ac  st.itues  \n 
Kno  (risiilo  sicco,  quein  iiullus  fuiiius  infestet. 

XXIII.  Oclolier  Martiiim  similibiis   niiibris  silii   ferit 
eei|uaii. 

Ilora      i     el       xi     pedes     xxv. 

Iloia      11    et       X    pedes      xv. 

Iloia     III    pt      IX    pedes       xi. 

Honi    IV    et    viii    peiles    viii. 

Hoia      V     tt     vii     pedes        vi. 

Hora     VI  pedes        v. 


LIBER  DLODECLMLS. 

\.  Novembri  mcnse  triticiim  seremiis  et  far  .s.ilione  leiji- 
linia ,  ( ac  semcnle  solenni. )  Jugeriim  utriu.^que  semiiiis 
inodiisqiiiiiqiietenoliitur.  Niincet  ordeum  niaturuniadliuc 
sereiniis.  In  liiijiis  piiucipio  fabam  spar^iuius ,  qiiie  pin- 
guissiniiiui  vi'I  slerroiatiiiu  desideial  locum,  vrl  vallcm, 
ijiiain  succiis  veuieiis  a  summitate  fiecuiidet,  riuiio  scri- 


tiir,  deindeproscinditiir.etlimcsulcatur.  Occandae.stlarKP, 
iit  le^i  pliiriiniim  possit.  .^liqiii  lucis  frigidis  dicimt  In  faba- 
satione  glebas  iioii  esse  frangendas ,  ut  per  eas  geliciilio- 
nini  lempore  possint  germina  obiimbrata  defeiuli.  Satione 
ejiis  generis,  sicut  opinio  babct,  iion  ftpcuiuiutur  terra  , 
sed  miniis  licditur.  Xam  Colnmella  dicit  agriim  friimentis 
iililioreiu  probaii ,  qui .anno siiperiorc  vacuus  fuerit ,  qiiain 
qiii  calamos  fabaceiu  messis  cdiixit.  Pingiic  jiifieriini  .se» 
niodii  occ.npanl;  mcdiocre,  amplius.  Spisso  bene  prove- 
nit :  macniin  soliiin  nebulosuniqiie  non  patitiir.  Ciiranrtiini 
esl  pia:cipiie ,  iit  liina  xv  seratiir,  si  adhuc  ictiim  solis  re- 
pen^issa  non  sciisit.  .Aliipii  dicnnlqnarlamdecimam  potius 
cligendani.  Sanguinc  caponis  Gracci  asserunt  fabae  seniina 
macerata  berbis  adversantibus  iion  noceri.  Aqiia  pridie 
iiifusa  citiiis  iiasci ,  nitrala  aqiia  respersa  cocliiram  non 
baberc  diffHilem.  Xnncseritur  prinia  lcnlicula,  siciit  Fe- 
bruario  monse  narraluin  est.  Iloc  etiaiii  toto  incnse  poferll 
lini  semen  aspeigi. 

II.  iuhiijus  niaximc  [incnsis  1  principio,  possiimiis  Ins- 
liliicre  nova  prala,  more  qno  dictum  est  lloc  eliara  tolo 
mciise  locis  calidis  et  siccis  vel  npricis  erit  vitium  ccle- 


PALLADIUS. 


hecher  la  terre  au  picd  ('.es  Jcudcs  ceps,  etde  les 
rccouvrir  de  tcrre,  ainsique  lcs  plants  d'arl)res 
dans  les  pays  froids,  tnnt  a  prcscnt  qu'avant  ies 
iiles.  On  sevrera  a  prcsent  les  niareottes  des  eeps , 
c'est-adire,  lesarceaux  que  forraent  les  provins; 
ce  qu'on  ne  doit  faire  que  trois  ans  apres  quils 
auront  cte  cuuclies  en  terre. 

IIL  Cest  a  present  et  dans  les  teraps  posterieii rs 
a  celui-ci  qu'on  dcchaussera ,  pour  les  saturer  do 
fumier,  les  vieilles  vignes  attaclxies  a  des  jougs, 
ou  soutenues  sur  des  treilles,  quand  leur  tronc 
sera  robuste  et  sain ;  qu'on  les  taillera  depres,  cn 
les  rognant  avec  le  tranchant  d'un  fer  aigu,  a  ia 
distance  de  trois  ou  quatre  pieds  de  terre,  dans 
la  partie  oii  leur  ecorcesera  la  plus  verte,  eu  les 
excitant  a  venir  par  des  fouilles  frcquentes ;  par- 
ce  qu'il  sortira  d'ordinaire  un  germe  de  cette 
plaic,  ainsi  que  Tassure  Golumelle,  et  qu'a  Tap- 
proche  du  prlntemps  elles  jetteront  du  bois,  qui 
pourra  servir  a  rcparer  les  vieux  ceps. 

IV.  On  fait  a  present  la  taille  d'autorane  tant 
des  vignes  que  des  arbres ,  surtout  dans  les  pro- 
vinces  ou  la  douceur  de  la  terapcraturey  invite. 
i  .11  taille  aussi  lesplants  d'oliviers,  et  on  reeolte  lcs 
olives  dont  on  doit  faire  la  prenii6re  huiie,  lors- 
«iu'elles  connraenceut  a  tourner.  En  effet,  quaud 
elles  sont  absoluraent  noires,  elles  perdent  en 
qualite,  mais  en  revanche  le  rendement  augmente. 
La  taille  des  olivicrs  ainsi  que  celle  dcs  autres 
arbres  sera  fructueuse,  pourvu  que  la  melhode 
du  pays  n'y  soit  pas  coutraire,  lorsqu'on  e»  cou- 
pera  les  cimes,  et  qu'on  leur  fera  jeter  des  ra- 
mcaux  qui  s'ctendront  sur  les  cotes  de  Tarbrc , 
lcsquels  cotes  seront  eux-mcmes  inelines  vers  la 
terre.  Si  Ton  habite  au  contraire  un  pays  qui  ne 
soit  ni  frcquente  nicultivc,  il  faudra  d"ahord 
laire  ensorte  que  le  trone  de  Tarbre  soit  eiitiere- 


ment  depouille  de  ses  branches  a  la  port^e  des 
animaux  ,  de  facon  que  ceux-ei  nepuissent  point 
lui  nuire,  et  qu'on  n'ait  a  soigner  que  des  arbres 
qui  soient  dcja  a  Tabri  de  toute  iujure  par  leur 
seule  clevation. 

V.  On  forme  aussi  a  present  des  plants  d'oli- 
viers  dans  lesterrains  chauds  et  dans  les  contrees 
seches,  de  la  raauiere  qui  a  ete  detaillee  au  mois 
de  fevrier.  Ces  arbres  aiment  a  etre  plantes  dans 
les  lieux  eleves,  pour  etre  a  rabri  de  riiuraidite; 
de  meme  qu'ils  se  plaisent  a  etre  ratisses  assidu- 
ment,  a etre  engraisses  avec  uu  fumier abondant, 
et  a  etre  doucement  agites  par  des  vents  qui  les 
fertilisent.  On  appliquera  aussi  ce  mois-ci  aux 
oliviers  steriles  lesremedes  que  nous  avons  pres- 
crits  ci-dessus.  Rien  n'empeche  de  fairea  present 
dcs  paniers,dcspieux  et  des  echalas.  Cest  aussi 
lctempspropice  pourfaire  rhuilede  laurier  dans 
les  climats  temperes. 

VL  II  est  a  propos  de  seraer  rail  ce  mois  ci , 
ainsi  que  roignon  de  Cypre,  prin"'ipalenient  dans 
des  terres  blanchcs,  becheesetlabourecs,  poui'vu 
qu'elles  ne  soieut  pas  fnraees.  On  traeera  dmc 
sur  des  planches  dcs  sillons,  dans  la  p;irtie  la 
plus  ('levee  desquels  on  raettra  ces  semences,  cn 
les  siiparant  de  quatre  doigts  rune  de  Taulre ,  ev 
sans  les  enfoncer  trop  en  terre.  On  les  sarcltra 
.souvent,  afin  qu"elles  croissent  dnvantage.  Si  on 
veut  que  Tail  donne  une  forte  tete ,  on  le  foulera 
aux  pieds  quand  sa  tige  commencera  a  nionter, 
ct  dcs  lors  la  seve  reduera  vers  les  gousses  de 
cettc  plante.  On  pretend  que  Tail  sera  sans  mau- 
vaise  odeur  quand  on  Taura  seme  dans  le  teraps 
ou  la  luue  est  cachee  sous  la  terie ,  pourvu  qu'on 
le  cueille  dans  le  mcme  temps.  On  le  conservera, 
soit  en  rensevelissant  dans  dela  paille,  ioit  en  le 
suspnndant  a  la  fum(;e.  Ou  peut  aussi  semer  a 


liiiinda  positlo.  Nnnc  et  propago  jiire  ducciur,  ctlocis  fri- 
j;idis  novellas  viles  ct  arborimi  plaiitas circiimfodeie  atqiie 
(iperire  coiiveuiet ;  et  anle  Idns  niinc  mergiis ,  lioc  cst  pro- 
pagiiiis  curvatuia ,  posl  tiiennium,  quain  piessa  fueral, 
lecidetur  a  vite. 

III.  Nunc  ac  deinceps  vinea  veliis,  quae  in  jugo  est  vcl 
peigula,si  robuslo  et  intporo  truncosit,  ablaqueatafinio 
salielur,  ct  ansnsliiis  piitala  inter  quailuiu  ct  tertium  pc- 
dein  a  terra  viridissiiiia  parle  corUcis  acuto  lerramenti 
mucrone  fprialiir,  ac  fossa  fieciuentius  incitelur.  Nain  (  si- 
cul  asseril  Cotuinilla  )  ex  eo  loco germen  pleruinque  pio- 
ducit,  et  veniente  vere  tiindit  inaleiiam,  qua  vitis  lepa- 
rcturanliqua. 

IV.  Niiuc  piitatio  aiitiimnalis  celebiatur  in  vilibus  et 
arboribus ,  inaxiine  ubi  iuvilainur  lepore  provincix  :  el  pii- 
lantur  oliveta  :  et  oliva,  ciini  varia  cu^perit  esse,  colligi- 
lur,  ex  qiia  primum  liet  oleum.  Nam  cuin  lota  nigrescet, 
quod  speciei  nierito  posteravit,  fundendi  nbertate  coin- 
pensal.  list  utilisoleariim  putalio,  cateiaruinqiiearboriim, 
si  loci  paUtur  disciplina,  ut  decisis  cacuniinibus,  rami 
nnentes  per  Jalera  prona  fiindanlur.  Qiiod  si  regio  insolens 
■^t  incustodita  couligerit,  agendiim  prius  tolo  arboris  cor- 


pore  ab  inferiore  parle  piirgalo,  ul  altitudine  animaliiiin 
supeigressa  inodus  transceudalur  injuriae,  et  arbor  jam 
spalio  suo  tula  ciiretur. 

V.  Nunc  etiam  locis  calidis  ac  siccis  rcgionibus  olivela 
poiiuntur,  sicut  Februario  disputatum  esl.  Amat  li;cc  arbor 
ardiio  locorum situ  mediocritcr  ab  tiumore  suspendi,  scalpi 
assidue ,  laUaminis  ubertate  pinguescere ,  feracibus  ventis 
clemciiter  agitai  i.  Hoc  eliam  inense  oleis  sterilibus  qu.^e  su- 
pradicla sunt reinedia facieinus. Nunc el corbes el  pali et  li- 
dica>  bene  fieri  possunt.  Etiam  nunc  locis  teinperatis  esl 
luurini  olei  justa  confectio. 

VI.  Hoc  inense  allium  bene  seritur  et  ulpicum  in  teria 
inaxime  alba  fossa  et  subacla  sine  stercore.  Sulcos  in  areis 
facies,  et  seinina  in  locis  altioribus  pones  iv  digilis  sepa- 
rata,  neque  alliiispressa.  Sarculabis  frequenter,  iiide  plus 
crescent.  Si  capitalum  facere  voluei  is ,  iibi  cicperit  caulis 
piodire,  pioculca;  ila  succus  revertelur  ad  spicas.  Ferliir, 
si  luna  sub  teiris  posita  seratiir,  et  ilem  siib  lerris  luna 
latenlevellatur,  odoris  foedilate  caiitiiriini.  Vel  paleis  coii- 
dila  allia,  vel  luino  suspensa  duialiiinl.  Niiiic  et  cepulla 
seri  polest,  et  carduorum  planla  dispoui,el  armoracca 
serilur  et  cuiiela. 


DE  L-AGRICULTURE,  LIV.  XII. 

prcsent  h  ciboule ;  de  meme  qu'on  pcut  plnuter 
des  pieds  d"artichauts ,  et  semcr  le  graiid  raifnrt 
et  roriii;rtn. 

\  II.  On  ehoisira  ce  moisci  dans  les  pays 
chauds,  et  le  mois  de  janvier  dans  les  autres, 
pour  mettre  en  terre  dcs  noyaux  de  peehe  dans 
des  planches  faconnecs  au2>asli/iuw ,  en  les  eloi- 
gnant  de  deux  pieds  Tun  de  lautre,  afin  que 
lorsque  les  plantes  qu'ils  donneront  auront  pris 
quelque  croissnnce ,  ellcs  puissent  etre  transfe- 
T^es.  Mais  onaura  soin  d"en  tourncr  la  pointe  par 
en  bas  lorsqu'on  les  mettra  en  teire,  etdene 
pas  les  enfoneer  a  pius  de  deux  ou  trois  doigts 
de  profoudeur.  II  y  a  dcs  personnes  qui  com- 
mencent  par  faire  sccher  les  noyaux  quclques 
jours  avant  de  les  meltre  eu  terre,  ct  qui  les  gar- 
dent  ensuitedansdes  paniers  quVllesreraplissent 
d'uneterre  bicnpulverisee,  mclee  decendre.  Pour 
moi,  j"en  ai  souvent  garde,  sans  aucune  pre- 
caution ,  jusqu'au  temps  oii  je  lcs  ai  mis  en  terre. 
Les  pcchers  reussisscnt,  a  la  vcrile,  dans  quel- 
que  endroit  qu'ilssoient  plantcs;  maisils  rappor- 
tcnt  davantage  et  dureut  plus  longtcmps  quaud 
ils  rencontrent  un  elimat  ehaud  et  un  sol  sablon- 
neux  et  humide ;  au  lieu  qu'ils  pcrisscnt  dans  lcs 
pays  froids,  surtout  lorsque  ces  pays  sont  sujets 
aux  vents,  a  moins  qu'on  ne  mette  quclque  corps 
ctranger  devant  cux  pour  lcs  abritcr.  Tant  qnc 
lcsgermes  de  ces  arbres  seront  tendres,  on  les 
bechera  sou\  ent,  pnur  les  deharrasser  des  lierbcs 
qui  croissent  autour.  On  pourra  tres  hien  les 
transferer  en  pieds  dansune  petite  fosse,  qnnnd 
ils  auront  dcux  ans.  II  ne  faut  pas  alors  lcseioi- 
gner  beaucoup  les  uns  des  autrcs,  adn  qn'ils  se 
protegcnt  mutuellemcntcontre  Tardcur  dusolcil. 
On  les  deehausserapendant  Tautomne,  et  on  les 
fumcra  avecleurs  propres  feuilles.  II  fauttailler 
[e  pccher  en  automne,  maison  n'enrctranchera 
que  lcs  baguettes  qui  seront  seches  et  pourrics  ; 
paree  que  si  on  lui  coupait  quelque  partie  verle, 


ilse  dessdeherait.  Ouandcct  arbresera  maladc, 
on  Tarrosera  avec  de  la  lie  de  vicux  vin  coupee 
avcc  de  Teau.  Les  Grecs  assurent  qu'il  \icndra 
des  pechcs  sur  lesquelles  on  remarqucra  dcs  ca- 
racteres  graves,  lorsqu'on  aura  couvert  de  terre 
des  noyaux,  etqueseptjours  apres,  quand  ils  au- 
ronteommence  a s'entr'ouvrir,  on  lcs  aura  ouvcrts 
pouren  oter  l'amande,  et  ecrire  tellechose  qu'on 
aura  juge  a  propos  avcc  du  cinabre;  pourvu 
qu'avant  de  remettre  ccs  amandes  en  tcrie,  on 
lcsait  rccouvertes  de  lcurenveloppc,  en  i'assujct- 
tissant  de  facon  qu'elle  ne  puisse  se  scparer.  I.es 
differcntes  especes  de  pcches  sont  les  pcches  fcr- 
mes ,  les  peehcs  prccoces  de  Perse,  et  cellcs  d'Ar- 
mcnie.  Si  Tardeur  du  soleil  vient  k  dessccher  iin 
pcchcr,  on  entasscra  souvent  de  la  terre  auprcs 
de  son  tronc ,  on  rarrosera  le  soir  pour  lc  soula- 
ger,  et  Ton  interposera  quclque  obstacle  a  Fin- 
tensite  des  rayons.  II  est  cncore  bon  desuspen- 
dre  a  ses  branches  unc  peau  de  scrpent.  Pour  pre- 
server  un  pechcr  de  la  bruine ,  il  faut  lui  donner 
a  present  du  furaier,  ou  de  la  lie  de  vin  coupee 
avec  de  Teau ,  ou  du  houillon  de  feves ,  qui  vaut 
eneore  mieux.  S'il  est  tourmente  par  les  vers,  on 
lcs  fcramourir,  soit  avec  dela  ecndre  detrempee 
dc  lic  d'Iiuile,  soit  avcc  de  ruriue  dc  bccuf  coupee 
avec  un  tiersde  vinaigre.  Si  lc  fruitdc  cet  arbre 
cst  sujct  a  tombcr,  on  enfoneera  un  coin  de  len- 
tisque  oudc  terebinthe,  soit  danssa  racinequ'on 
deeouvrira  a  cet  effet,  soit  dans  son  tronc;  a 
moinsqu'on  n'aimc  mieux  percer  Tarbre  par  lc 
niilieu,  pour  y  enfoncerensuite  un  pieudesaule. 
Si  Tarhre  donne  dcs  frui's  qui  soieut  ridcs  ou 
pourris,  011  en  coupera  Tccorce  vers  le  bas  du 
tronc,  et,  aprcs(iu'il  en  sera  sorti  une  certainc 
quantite  d'humidilc,  onreconvrira  la  plaieavec 
de  fargile,  ou  avec  un  lut  dans  lequel  il  enfrera 
de  lapaille.  Un  peeher  donnera  de  gros  fruits  si 
on  Tarrose,  dans  le  temps  qu'il  sera  en  (lcur, 
pendaut  troisjours,  avec  tvois  sexiarii  de  lait  de 


Yll.  lloc  niense  locis  calidis,  cajteris  vero  Januario 
Pfrslci  ossa  in  paslinatis  areis  siint  ponenda,  binis  a  se 
piviibns  scparata,  ut  cum  ibi  plaiit.-c  cxcreverint,  trans- 
lcraiilur.  Seii  ossa  ponantur  acmnlnc  deorsnm  verso,  ct 
iinn  amplius  quam  duobus  aul  tribus  palmis  obruautur. 
Ossa  ver  0  qnoe  poncuda  snnl ,  aliipii  siccala  prius  paucis 
dielius  ciuciis  iiiistione  lerra  soliita  iii  qnalis  rescrvant. 
Ki!o  vcio  iisque  ad  serendi  tcinpiis  siiie  uUa  ciira  s.Tpe 
servavi.  I.ocis  quidcm  qualibuscnuiqiie  provcninnt.  .Sed 
et  pomis  et  fiondiliiis  et  durabililale  piiccipua  siint,  si 
ca^lum  caliduin,  solum  arenosuni  et  buniiduni  fortiautiir  ; 
frigidis  vero  et  maxiiue  ventosis  iiisi  olijectu  aliquo  defen- 
dantur,  intereunt.  Uum  tcnora  siiiit  (;orniina ,  s.Tpe  lierbis 
circumtossaliborentur.  Cimamplanlain  rocletransfcromus 
scrobc  brevi, Nec  a  sc longe  statueiida!  sunl,  ut  invicem  sc  a 
ralore  solisexcusent.'Ablaquoand.'c  suntporautumuum,  ot 
suisslcrcorand.T  foliis.  Putanda  persiciis  in  aulumuo  esl , 
ntarida  et  putrida  tanlum  virgull.a  tollautiir  :  nam  siqiiid 
viri.lo  rcscrcniuj,  aicscit.  Languenli  arbori  velcris  vini 


foces  aqii.T!  mislas  oporlct  infundi.  Adirmantibus  Graecis 
1'ersicus  scripla  nascctur.  si  ossa  ejus  obruas ,  ct  post  dies 
vii,  ubi  palcrieri  cicpeiint,  apcrlis  liis  nucleos  lollas,  el 
jiis  cinnabari ,  qiiod  libebit  iuscribas.  Mox  ligatos  siiiuil 
ciim  suis  ossibiis  oliruas  diligentiiis  adbajrentes.  [  Gcncra 
eoriim  snnt  li.\'c,  duiacina,  pr.Tcoqua  Persica,  Armeiiia.  ] 
Si  brec  arbor  aidore  .«olis  iuarescit,  frcquenli  aggcslione 
cumiilolur,  vespcrlino  juvelur  liumore,  ctobjcctis  dcfcn- 
daliir  iimlir.iciilis.  Jnvat  iii  ea et  spolium  seriientis  appcndi. 
Nuucjaui  cDiitia  pruinas  stercus  ingcratur  Persico,  vcl 
fcces  vini  cum  .aqiia  pcrmistrc,  vel  quod  inagis  prodcst, 
aqiia  in  ipia  faba  dccocta  csl.  Si  vcrincs  Persicus  palitur, 
cinis  eos  amurca;  mistus  extinguil,  vcl  bovis  uriiia  cum 
aceti  lerlia  parlc  confusa.  Si  iitinia  radura  sunt ,  nudata; 
radici  cjus  vcl  trunco  lcnlisci  aiit  lcrebinllii  cuneiis  afligi. 
tur,  vcl  lcrcbiala-  in  medio  paliis  salicii  impiimelur.  Si 
poina  rugosa  croabit  .ant  piitrida,  circa  imnm  truncum 
corlox  rccidatiir,  cl  cum  indc  modicus  liumor  eflluxerit, 
aifiilla  Tcl  p^dcalo  liilo  pla^-a  retegatiir.  Magna  poma  Per- 


632 


PALLADIUS. 


ch6vre.  Quand  un  pCcher  a  des  defauts,  il  est 
bon  d'y  attacher  du  genet  dEspagne,  ou  den 
suspendie  a  ses  branches.  On  greffera  le  pecher 
au  mois  de  janvier  ou  de  fevrier  dans  les  pays 
froids,  et  au  mois  de  novembre  dans  les  pays 
bauds.  On  le  greffera  particuliercraent  aupres  de 
terre,  et  Ton  eniploiera  en  grefies  les  scions  les 
plus  forts  qui  seront  pousses  au  pied  de  Tarbre, 
parce  queses  cimes  ne  prendraient  point,  ou  que 
si  elles  prenaient,  elles  ne  pourraient  pas  durer 
longtemps.  On  le  greffera  sur  lui-merae,sur  Ta- 
raandier  etsur  le  prunier.  Mais  les  pechers  d'Ar- 
menie  ainsi  que  les  precoces  prcnnent  mieux  sur 
les  pruuiers;  de  meme  que  ceux  quidonneut  des 
peches  fermes  prennent  mieu.K  sur  les  amandiers, 
et  y  parviennent  a  un  age  avance.  On  peut  gref- 
fer  en  ecusson  le  pecher  au  mois  d'avril  ou  de 
mai  dans  les  pays  chauds.  On  le  greffe  decetle 
maniere  en  Italie  a  la  fin  de  Tun  et  de  Tautre  de 
ces  mois,  ou  au  raois  de  juin;  c'est  ce  qu'on  ap- 
pelle  emplastrarc.  Cette  greffe  se  fait  sur  le  tronc 
nierae,  quc  l"on  a  soin  de  couper  auparavant  par 
en  baut,  et  auquel  on  appliquc  plusieurs  bou- 
tons,  suivant  la  methode  ([ue  nous  avons  don- 
nee.  Cct  arbre  donne  dcs  fruits  rouges  quand  il 
a  ete  greffe  en  fente  sur  le  platane.  On  conserve 
les  ppches  ferraes  en  les  faisaut  confire  dans  de 
la  sauraure  et  de  ro.xymel ,  ou  en  les  suspendant 
pour  lesfaire  secher  au  soleil  corame  des  figues, 
apres  en  avoir  6te  les  noyaux.  .rai  encorc  vu 
confire  dans  du  miel  des  peches  ferraes  dont  on 
avait  6te  les  noyaux,  et  elles  avaient  un  goiit 
agreabie.  On  les  conserve  encore  fort  bien  en 
leur  bouchant  rombilic  avec  une  goutte  de  poix 
chaude,  et  en  les  faisant  ensuite  nager  dans  du 
vin  cuit  jusqu'a  diminution  des  deux  tiers ,  dont 
on  remplit  un  vase  que  Ton  ferrae  berraetique- 
nient.  On  croit  que  le  pin  est  favorable  a  toutes 
les  plantesqui  croissent  sous  son  ombre.  On  seme 


les  pignons  au  raois  d'octobre  ou  de  novembre 
dans  les  contrees  chaudes  et  scches ,  et  au  mois 
de  fevrier  ou  de  mars  dans  celies  qui  sont  froides 
et  humides.  Cet  arbre  aime  les  terrains  maigres, 
et  ordinairement  ceux  qui  sont  voisins  de  la  raer. 
Cest  sur  les  montagnes  et  au  raiiieu  des  rochers 
qu'il  atteint  son  plus  grand  developperaent.  Le 
ventetrhuraiditeluisontfavorables;raaisenquel- 
quc  endroit  qu'on  veuille  le  planter,  soit  sur  des 
raontagnes ,  soit  partout  ailleurs,  on  lui  destinera 
des  terres  qui  ne  puissent  pas  convenir  a  d'au- 
tres  arbres.  Ainsi ,  apres  avoir  laboure  ces  ter- 
rains  avec  attention,  on  les  nettoiera,  et  Ton  y 
seraera  les  pignons  corarae  on  seme  le  ble,  en 
prenant  soin  de  les  recouvrirde  terre  avec  un  le- 
ger  sarcloir,  parcequ'ils  ne  doivent  pas  etre  en- 
fonces  en  ieire  de  pliis  d'un  jmlinus.  Dans  son 
enfance  il  fiul  le  garantir  des  bestiaux,de  peur 
qu'ils  ne  lcfoulent  aux  pieds  dans  le  temps  qu'il 
est  encore  fyible.  II  profiteratres-bien  quand  on 
aura  trempe  les  pignons  dans  de  Teau  troisjours 
avant  de  les  semer.  Quelques  personnes  preten- 
dent  queie  fruitde  cet  arbre  s'adoucit  quand  il  a 
ete  transplaute  ,  mais  voici  les  soins  qu'elles  em- 
ploient.  Elles  commeneent  par  eufoncer,  dans  de 
petits  verrcs  remplis  de  terre  ct  de  fumier,  une 
grandequantite  de  pignons ;  et  lorsqueces  pignons 
sont  venus,  ellesue  conserventque  leplus  fort,  et 
retirent  tous  les  autres.  Quand  celui-ci  a  pris  un 
accroissement  convenable,  elies  le  transferent  en 
pied  a  r;"igede  troisans,  sans  le  retirer  du  verre, 
qu'elles  brisent  ensuite,  pourdoimer  aux  racines 
la  libert  de  s'etendre  dans  la  fosse  ou  Tarbris- 
seau  est  plante.  Elles  raelent  d'ailleurs  avec  la 
terre  de  cette  fosse  du  crottin  de  cavale,  en  fai- 
sant  des  couches  tant  de  terre  que  de  crottin  qui 
s"elevent  alternativement  lesunes  sur  les  autres. 
II  faut  ccpendant  avoir  soin  que  la  racine  de  cet 
arbre  ,  qui  est  unique ,  et  dont  la  direction  est 


sicus  affert,  si  (lorenti  per  tiidiium  ternos  sextarios  caprini 
lactis  ingesseris.  Contra  vilia  Peisici  prolicil  spartiini  liga- 
liim  vel  spartea  suspensa  de  ramis.  Mense  Janiiario  vel 
Februario  locis  frigidis,  Novembri  calidis  Perslcus  inse- 
r-^itur,  maxime  circa  lerram  siiiculis  plenioribus  et  propc 
arboiem  natis.  Nam  caciimina  vel  non  tenebunt,  vei  diu 
«luzarenon potenint.  Inseritiir  in  se,  in amygdalo,  in  pruno  -. 
sed  Armenia  vel  prsecoqua  prunis,  duracina  amygdalis 
meliusadhEPrcscnnl,  et  tempus  itatis  acquirunt.  Mense 
Aprili  vel  Maio  locis  calidis ,  in  Italia  veio  ulroqiie  exeuiile 
vel  Jiinio  Persicus  iiiociilari  pole.st,  quod  eniplastrari 
dicitur  pra>ciso  siiper  trunco,  et  emplastiatis  pluribiis 
j;emmis,  more  quo  dictiim  est.  Persicus  riibescit,  si 
platano  inserta  figatur.  Dnracina  servantur,  condita  miiria 
et  oxymelle,  vel  detraclis  pssibiis  ficorum  more  ia  sole 
siccanlur  ac  pendent.  Item  sa;pe  vidi  detractis  ossibus  du- 
racina  melle  condiri ,  et  saporis  esse  jucundi.  Item  bene 
servanliir,  si  iimbilicum  poini  giilta  picis  calentis  opplc- 
veris,  iilsicsapa!  innatare  cogantiir  vase  concliiso.  Pinus 
creditur  prodossc  omnibus  qua;  suh  ea  sentnlur.  Piniiin 


seremus  niicleis  suis  calidis  et  siccis  regionibus  mense 
Octobri  vel  Novembri;  frigidis  et  luimectis  Februario  vel 
Martio.  Amat  locum  gracilem ,  saepe  maritimum  :  inter 
•nioiites  et  saxa  vastior  et  procerior  invenitur  :  ventosis  et 
luimidis  ,  arborum  fiunt  incrementa  LTtiora.  Sed  sive  moii- 
les  velis  conserere ,  seu  spatia  qua;cunque,  lunec  buic  ge- 
neii  deputabis,  quaealteri  uiilia  esse  non  possunt.  Exara- 
bis  ergo  ea  loca  diligenler,  alquc  purgabis,  et  frumenli 
more  semen  asperges,  ac  levi  sarciilo  curabis  operire  :  nec 
enim  pliisquam  palmo  debet  ajjscondi.  Defendenda  est  te- 
nera  aibor  a  pecore,  ne  calcetur  invalida.  Proficiet,  si  nu- 
cleos  aqua  anle  triduum  macerabis.  Aliqiii  dicunt  fructuui 
pineum  translatione  mitescere  :  sed  plantas  lioc  inodo 
prociiiant ,  ut  prius  mulla  seinina  in  ciliculis  tena  ct  limo 
replelis  obruant,  quce  ubi  prncesserint,  relicto  eo  quod 
.solidius  est,  auferunt  alia  :  ubi  jiisliim  cepHrit  iniremen- 
tuni,  liiinam  plantamcum  ipsiscaliciilis  Iransrerunt,  qui- 
biis  fiactis  in  scrobe  indulgcnt  radiribiis  largitatem.  Terrsc 
lamcn  cqua;stercusaduiiscent,  facientes  straturam  alterno 
oidiiie  bubinde  crescei;lem.  Servandiini  est  famen,  ul  la- 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV.  XII 


droite,  puissc  etie  traiisferce  saiue  tl  entiere 
d'utie  extrcmite  a  l'autre.  La  taille  avaiiec  lcs 
jeunes  pins(ainsi  queje  Tai  eprouve  moi-meme) 
au  poiut  que  la  rapidite  de  leur  croissance  en  est 
double.  On  peutaussi  laisser  les  pignons  sur  Tar- 
bre  jusqu'a  present  pour  les  cueillir  plus  murs, 
quoiqu'il  faille  neanmoins  les  cueilliravant  qu'ils 
ne's"ouvrcnt.  Les  amandcs  ne  s'en  peuvcnt  pas 
conservtr  amoins  qu'elles  ne  soient  pelces.  Ce- 
pendant  ilya  des  personnesqui  assurent  qu'on 
peut  les  garder,  en  les  mettant  avec  leurs  coqucs 
dans  des  vases  neufs  de  tci  re  cuite ,  remplis  de 
terre.  Si  Ton  plante  en  automne  des  noyau.x  de 
prunes,  il  faudra  les  enfouir  a  la  profondeur  de 
deux  palini,  au  niois  de  novembre,  dans  un  ter- 
rain  bien  meuble  ct  bien  retourne.  On  les  met 
aussi  en  tcrre  au  mois  de  fevrier.  Mais  il  faut 
alors  les  faire  tremper  pcndant  trois  jours  dans 
de  Teau  de  lessivc,  pour  les  contraindre  de  ger- 
mer  promplement.  Ou  plante  encorc  les  pruniers 
en  rejetons  tires  du  tronc  de  Tarbre  a  la  fin  du 
niois  de  janvier  ou  vers  les  ides  de  fevricr,  en 
enduisant  de  fumier  leurs  racines.  lls  se  plaisent 
dans  un  tcrrain  fertile  et  luimide,  et  reussissent 
mieuxsous  un  climat  cliaud,  quoiqu'ils  puissent 
supportcr  les  climats  froids.  Si  on  les  aide  avec 
du  fumicr  dans  les  terrains  pierreu.x  et  pleins  de 
gravier,  oii  ilsn'auraient,  sans  ce  secours,  que  des 
fruits  sujets  k  toraber  et  a  etre  piqucs  des  vers , 
ils  se  corrigeront  dc  ce  vice.  II  faudra  arracher 
les  rejetonsqui  sortentde  leurs  racines,  a  rexcep- 
tion  des  plus  droits  ,  quc  Ton  eonservera  pour  les 
planter.  Lorsqu'un  prunier  est  languissant,  il 
faut  repandre  sur  ses  racines  du  marc  d'huile 
avec  de  Tcau  ou  de  rurine  de  boeuf  pure,  ou  de 
vieiUe  urine  humaine  coupee  avcc  dcux  tiers 
d'eau,  ou  enfin  des  ceudres  prises  au  four,et  sur- 


63.3 

tout  des  cendrcs  de  sarmcnt.  Si  ses  fruits  sont 
sujets  a  tomlicr,  ou  enfoncera  dans  sa  racine, 
quc  Ton  percera  a  cet  effet  avec  une  taricre,  une 
chcville  de  bois  (l'olivier  sauvage.  Kn  le  frot- 
tant  avec  de  la  terre  rouge  et  dc  la  poix  liquide, 
on  fera  mourir  lcs  vcrs  et  les  fourmis  qui  le  tour- 
mentent;  mais  la  friction  doit  ctre  mcnagec  de 
facona  nepas  entamer  Tarbrc,  autrement  lc  re- 
mcdeserait  pire  ([ue  le  mal.  Desarroscmcnts  fre- 
quents  etdes  fouillcs  assiducs  raidcront  a  croi- 
tre.  On  greffe  le  prunier  a  la  fin  de  mars  ou  au 
mois  dejanvicr,  avantqu'il  commcnce  a  jetersa 
gomme.  II  est  mieux  de  le  grcffcr  en  fcntc  sur 
letroncquesous  recorce.  Onrentcsur  lui-mcrae, 
et  il  recflit  la  greffe  du  pccher,  ou  de  ramandier, 
ou  du  pommicr,  quoique  ce  dcrnicrlc  fasse  de- 
gcnercr  ct  le  rende  petit.  On  scche  lcs  prunes  au 
solcil,  en  les  disposant  sur  des  claies  dans  un  en- 
droil  sec  :  ce  sont  la  les  pruncs  que  loii  appella 
Damascena.  D'autres  plongent  des  prunesnou- 
vcllement  cueillies  dans  dc  l'eau  de  mer  ou  dans 
de  la  saumure  bouillante,  ctaprcs  les  en  avoir 
retirecs,  ils  les  font  secher  dans  un  four  echauffc, 
ou  au  soleil.  Les  chatnignicrs  se  sement  tant  en 
plant  qui  vicnt  de  hiimcme  ,  qu'cn  graiiic.  Mais 
([uand  on  lcs  a  scmcs  cn  plaut ,  ils  sont  si  mala- 
difs ,  que  Ton  est  souvent  dans  le  cas  dc  douter 
pcndant  deux  ans  s'ils  vivront  ou  non.  II  faut 
donc  semer  les  chataigncs  elles-mcmes,  c'est-5- 
d;re  la  graine  du  chataignier,  aux  mois  dcnovera- 
bre  ct  dc  dccembre  ,  ainsi  (|u'au  mois  de  fi'vrier. 
Pour  semencc,  il  faut  choisir  les  plus  noiivelles, 
les  plus  grosses  ct  les  pUis  mures.  Rien  de  plus 
facile  eii  novembre;  c'est  rcpoque  ou  cc  fruit 
doiiiie.  Mais  si  ron  vcut  scmcr  |pschataii;ncsea 
ft-vrier,  voici  cc  qi;'il  faudra  faire  pour  les  con- 
server  jusque-la  :  on  les  fcra  S(3cher  en  les  eten- 


dix  ejus,  qiiso  una  el  directa  est,  usque  ad  summilalem 
siiain  possll  integra  et  ill.Tsa  transferri.  Pulalio  novellas 
pini  arbores  tantuni  promovet  (qiiod  e\pertus  suni )  ut 
quae  speraveras  incrementa,  dupllcentur.  Nuces  piiicac  et 
Hsque  in  lioc  tempus  in  arboreesse  possunt,  et  matiiriores 
legenlur.  Prius  lamen  legendae  sunt  quani  patescanl.  Nuclei 
nisi  purgati  durare  non  possunt.  Tanien  aliqni  in  vasis 
fKiilibus  novis  et  terra  repletis  cum  teslis  suis  missos  as- 
siTunt  custodiii.  Prnna  si  ossihus  serantur  autumno, 
nirnse  Novemhri  solo  putri  et  subacto  duohns  palmis 
iihniaiitnr  ossa.  Ivnlein  piinanfiir  et  meiise  Fehruario.  Scd 
liinc  priiis  lixivio  siint  maceranda  per  tridiiiim,  »t  cito 
j^frminare  co^aiilur.  Ponuntur  et  plantis,  cpias  sumcinus 
i'\  codice  mcnse  .laniiario  exeunte,  vel  Fehruario  circa 
idiis,  radicihus  limo  ohlitis.  Oaiident  loco  l.^'ta  el  liumido  : 
c^tIo  tepido  mcliiis  piofcrnntur,  tanicn  ipieunt  ot  fiinidiiin 
sustiniTc.  I.iH-is  lapiilnsis  el  "lareosis  si  jiivantur  l;plami- 
ne,  e\iiis:inl  ne  ponin  ladiic.a  et  vermiculosa  na.srantiir. 
K\lirpaiiila'  siint  soholcs  a  radice  ,  excciitis  recliorihus , 
ipi,-p  servabiintiir  ad  plaiitas.  Si  laiiguida  pi  iini  arbor  est , 
ainurca  ciim  a(|ua  iripialilei  temperata  radicihus  debct  in- 
fundi.vel  bubulum  lotium  soUiin,  vcl  humaiium  vclus 


cum  duabus  aquac  partibus  nii\tiim ,  vel  cineres  ex  fumo , 
niavime  sarnientorum.  Si  poiiia  deciiriant,  oleastri  cpiu- 
ruin  tercbrala!  inlige  radici.  Vermes  ejus  alqiie  formicas 
rubrica  ciim  pice  liquida  si  adlinatiir  exlinguct :  .scd  modes- 
tiiis  pi'0|>ler  arboris  nuxaiii ,  iie  idem  faciat  remndiuin  (|u(h1 
venenuin.  .luvatur  frcquenti  liumorc  et  assidiia  fussione. 
Hlcnse  Marlio  extremo  prnnns  inscritur  inelius  Inmco  lisso 
ipiaiu  cortice,  vel  inense  Janiiaiio,  anlequam  incipiatgii- 
nicn  lacrymare.  Inseritur  i7i  se ,  et  Persicum  recipil,  vel 
ainy.t;daluiu  vel  malum,  scd  eam  degenereiii  redditct  par- 
vaiii.  Pruna  sicc.antur  in  solc  pcr  ciates  loco  sicciore  dis- 
posita.  Hac  sunl  (pia-  Dainasccna  dicuntiir.  Alii  in  aipia 
mariiia  vel  in  miiria  ferventc  recens  lecta  pruiia  demer- 
siiiit ,  ct  iiidc  suli!ata  aut  in  furno  tcpido  faciunt  ant  in  solc 
siccari.  Castanea  seritur  cl  plantis,  quae  sponlc  nascunliir 
elsemine.  Sed  qu.ne  planlis  siritnr,  itaffgra  est,  ut  bicn- 
nio  de  ejus  vila  sicpe  dubilelur.  Scrciida  est  crgo  ipsia 
c^islaneis,  lioc  est  scminibus  suis,  mciise  .Noveinbri  el  De- 
ceinbri ,  item  Febrnario,  Kligciidxsunt  caslaiieaad  |H)iieu- 
diimrcccnleSjgrandcs,  inaliiric  :  quassiXovcinhii  mense 
seramus,  facilem  sc  prascnlia  fructiis  ipsiiis  prasUil  Si 
vero  Fcbrnariu  puiiamus,  ut  usquc  tuuc  dnrent ,  ita  la- 


PALLAUIUS. 


dantii  rombre;  apr^s  quoi  ou  les  Iransportera 
dans  un  lieu  etroit  et  sec,  ou  oii  les  mettra  par 
tas  ,  en  les  convrant  toutes  exnctement  de  sabie 
de  riviere.  Aubout  detrentejours,on  les  retirera 
du  sabie  pour  les  fnire  tremper  dans  dc  Teau 
fraicbe.  Alors  celles  qni  seront  saines  iront  au 
lond,  ettoutescellesqui  seront  dcfeetueuses  sur- 
nageront.  Oa  enfoncera  de  raerac  dans  le  sable 
celle.s  qu"on  aura  deja  eprouvees,  eton  les  eprou- 
vcra  encore  de  la  meme  facon  au  bout  de  trente 
autres  jours.  Quand  on  aura  repete  cette  opcra- 
tion  par  trois  fois  jusquau  comraencement  du 
printemps,  il  faudra  semer  celles  qui  se  seront 
maintenues  en  bon  etat.  II  y  a  des  personnes  qui 
les  conservent  dans  de  petits  vascs  qu'elles  rem- 
plissent  egalement  de  sable.  Les  chStaigniers  ai- 
nieut  un  sol  meubleet  friable,  raais  non  pas  are- 
neux.  Ils  viennentdans  le  sable,  pourvu  qu'il  soit 
humide.  Laterrenoire  leur  convient,  de  nieme 
que  le  cbarbon  et  le  tuf,  quand  il  est  pulverise 
avec  soin.  lls  viennent  diffieilement  dans  une 
terrecompacte,  ainsi  que  daus  la  terre  rouge,  et 
point  dans  l'argile  ni  dans  le  gravier.  Ils  aiment 
les  pays  froids,  mais  ils  ne  refusent  pas  les  cli- 
inats  temperes  quand  ils  sont  bumides.  Ils  se  plai- 
sent  sur  les  coteaux ,  de  meme  que  dans  Ins  can- 
tons  ombrages,  et  principnlement  dausceux  qui 
sont  cxposesau  nord.  II  faudra  faconner  au;;«.s-- 
timim,  a  la  profondeur  d"un  pied  et  demi  ou  de 
deux  pieds,  le  terrain  que  Ton  destinera  a  cct  ar- 
buste,  soit  en  donnant  cette  facon  atoute  reten- 
due  du  terrain  ,  soit  du  moins  en  y  tracant  avec 
!a  cliarrue  dcs  sillons  qui  seront  dirigcs  paralle- 
lemententre  eux,  ou  qui  se  croiseronten  dilTe- 
rents  sens.  Lorsque  ce  terrain  sera  sature  de  fu- 
niier  et  bien  dissous,  on  y  mettra  les  chataignes, 
sans  les  enfoncerau  dela  d'un  dodrans  de  pitd, 
ca  observaut  de  planter  un  piquet  auprcs  de  cha- 

ciendum  est :  in  unilira  casfaneae  siccentur  expansa; :  tunc 
in  angustuni  et  siccum  locuni  translatic  cunuiluni  faciimt : 
et  eas  omnes  fluvialis  arena  dilisenter  operiat.  Posl  dics 
XXX  eas  reniota  arena  in  aquam  irigidam  niitlis.  Qua;  sannc 
sunt,  merguntur  :  snpernatat  qua;cunque  vexala  est.  Iteni 
quas  proliasli ,  simililer  olirucs ,  et  post  xxx  dics  a.'que 
probas.  Hoc  cum  lerlio  leceris,  usque  aJ  vcris  iniliuni, 
screre  iiel)el)is  quoe  manseriht  illibalae.  Aliqui  in  va.^culls 
servant,  ai<3ua  pariter  immissa.  Amant  solum  niolle  et  so- 
lutum,  non  tamen  arenosum.  In  sahulone  pruveniunf ,  sed 
liumecto  :  nigra  terra  illis  apla  est  et  carbunculus  et  lolirs 
tiiligenler  infraclus  :  in  spisso  agro  cl  riibiica  vix  prove- 
nit :  in  argilla  et  glarea  non  potest  nasci  :  diligit  ca:li  sta- 
tum  frigidnm ,  sed  ct  tepidum  non  rccusat ,  si  liumor  as- 
senseiit :  delectatur  clivis  et  opacis  regionibns  ac  niaxime 
in  Scplenli ioneui  versis.  Pastinari  crgo  locris  debebit ,  qiii 
liiiic  ilcslinalur  arbnsto,  altitudine  pedis  unius  semis  vel 
<lrrorum  vcl  lotns,  vel  sulcis  in  ordinem  destinatis,  aut 
ccrle  aiatris  resolvi  liinc  inde  findentibus  :  qni  limo  satia- 
tiis  ac  rcdactus  in  pulverem  caslanearum  scmeii  accipiat 
uon  aniplius  pcilis  iloilrante  dcmersrim.  Unicriiriur'  seniini 


cune,  afln  de  reeonnaitre  rendroit  ou  elles  seroiit, 
II  faudra  en  mettre  trois  ou  cinq  a  la  fois  dans 
le  meme  trou,  en  eloiguant  tous  ces  petits  tas 
Tun  de  Tautre  de  quatre  pied.  Ceux  qui  vou- 
dront  transplanter  les  ch^itaigniers  en  pieds  at- 
tendrontnfcessairement  quMlsaient  deuxans.  Au 
reste,  la  chataigneraiesera  garnie  de  riiioles  qui 
serviront  a  fecoulement  des  eaux  ,  de  peur  que, 
si  elles  venaient  a  y  sejournor,  le  iimon  qu'elk's 
y  deposeraient  ne  fit  perir  le  germe  des  chatai- 
giies.  On  pourra,  si  on  le  veut,  propager  les 
chiitdigniers  a  Taide  des  rejetons  inferieurs  qui 
sortent  de  leurs  raciues.  II  faut  beeher  assidu- 
ment  les  nouveaux  plants  de  chataigniers.  Ces 
arbres  profitent  davantage  quand  ils  sont  ai- 
des  par  la  taille  aux  mois  de  mars  et  de  septem- 
bre.  On  greffe  le  chdtaignier  (ainsi  que  je  Tai 
eprouve  moi-meme)  sous  son  ecorce,  au  mois  de 
mars  ou  au  moisd'avril ;  quoiqu'il  reponde  cga- 
lementa  nos  soius  quaud  il  est  grelTe  sur  le  tronc. 
On  peut  aussi  le  greffer  en  ecusson.  On  le  greffe 
sur  lui-meme  et  sur  le  saule.  Mais  quand  il  est 
grelfe  sur  lesaule,  son  fruit  est  plus  tardif  et  d'ua 
gout  plus  Spre.  On  conserve  les  chiitaignes  soit 
en  les  disposant  sur  des  claies,  ou  en  les  enfon- 
eant  dans  du  sable,  de  faeon  qu'elle9  ne  se  tou- 
chent  poiulmutuellement,  soit  en  les  enfermaut 
dans  de  petits  vases  neufs  de  terre  cuite,  eten 
Ijs  cnsevelissant  sous  terre  dans  un  lieu  sec,  soit 
en  les  serrant  dans  des  coffres  faits  avec  des  ba- 
guettes  de  hetre  et  enduits  de  lut,  de  facouquils 
n'aient  aucune  ouverture,  soit  enfiu  en  les  cou- 
vrantde  paille  d'orge  tresmenue,  ou  en  les  en- 
fermant  dans  des  mannequins  faits  avecdes  her- 
bes  de  marais  ,  et  dont  le  tissu  soit  tres-serre. 
On  plante  ce  mois-ci,  dans  des  terrains  chauds 
et  sousun  climat  sec,  des  pieds  dc  poiriers  sau- 
vages  que  Tou  greffe  par  la  suitc,  ainsi  que  des 

propter  nolam  surculus  debet  afligi.  Ipsa  semina  singiilis 
locis  simul  terna  vel  quina  ponaufur,  et  inlcr  se  quatuor 
pedirm  spatio  separentur.  Qnibus  tiansferre  placueril, 
biinas  [ilantas  Iransferre  debebunf.  Lociis  fanien  deducto- 
ria  liqrrorisaccipiat,  neliumorinsidens  limogcrmen  extin- 
guat.  Cui  placet,  polest  castaneie  in  propaginem  ducere 
iina  virgiilta,  qiiM  in  radice  nascunfnr.  Novum  casfanetum 
circnmrodi  dcbet  assidue.  Mense  Marlio  et  Septembri  in. 
cienicntiim  majusacquirit,  si  putalionibusadjuvelur.  Cas- 
laiica  inscrilur  (sicnf  probavi  ipse )  sub  coifice  menso 
Marlio  vel  .\iirili,  fainen  genere  iifroque  respondef.  Pofest 
et  inoculari.  Juscrifur  in  .se  et  in  salice,  sed  ex  saliee  fai- 
diiis  malural,  ef  fit  asperior  iii  sapore.  Castaneoe  servantur 
\cl  in  cralibusdisposifM,  vel  intra  sabulonem  ne  invicem 
langanlnr  immersM;  vel  in  vasculis  lictilibus  novis  coii- 
dil:e,  ef  loco  sicciore  defo.ssoe;  vel  inclusa;  virgeis  ex  fago 
leceplaculis  et  lutata;,  ut  spiracula  non  relinquas;  vci 
oidei  paleis  miniitissimis  obrnla!,  vel  paluslri  ulva  figura- 
fis  densioribus,sportis  reclusa^.  Hoc  meiisc  locis  calidis  ac 
siciis  regionibiis  agrestiumpiroriim  plaulas  ponimus,  (jiias 
poslea  possimus  inserere,  el  malorum,  vel  mali  Punici, 


DE  L'AGRICULTURE,  LIV 

pieJs  de  pommiersou  de  grenadicrs ,  de  coijj^nas- 
siers,  de  citronniers,  de  nclliers,  delii^uiers,  de 
cormiers  et  de  caroubiers.  On  plante  aussi  dps 
pieds  decerisiers&auvages  que  lon  greffeensuite, 
et  des  boutures  de  muriers.  Enfin  on  seme  des 
amandes  et  des  noix  dans  des  pcpinit^res,  suivant 
la  methode  que  noiis  nvons  doniice. 

VIII.  Les  abeilles  font  du  niiel  au  coramenee- 
nient  de  ee  mois-ci  avee  des  tlcurs  de  tamarin  et 
d'autrcs  plantes  sauvages;  mais  il  ne  faut  pas 
Ifur  enlevcr  ce  miel,  (pii  cst  leur  provision  d'hi- 
\cr.  II  faut  purgerlesruehes  des  immondiccs  dans 
lc  courantdu  meme  mois,  parce  qu'il  n'est  pas  a 
propos  de  les  remuer  iii  de  jes  ouvrir  de  tout 
Ihivec.  Mais  on  choisirn,  pour  faire  ccs  opera- 
lions,  un  jour  oii  il  fasse  soleil  ct  qui  soit  chaud, 
et  on  nettoiera  toutcs  lcs  parties  interieures  de  la 
rucbe  ou  la  main  ne  pourra  pas  attcindre,  en  em- 
ployaiit  de  prefcrenee  acette  opcration  des  piumes 
dcgrnndsoiseaux,  quiaientdeIaroideur,ouquel- 
que  autre  instrumeiit  analogue.  On  bouchera  eii- 
suite,  avecde  la  boue  etde  la  fienle  debceuf  me- 
lces  ensemble,  toiites  les  fentes  qui  parnitront  a 
rcxtericurdcs  ruchcs;  ct  on  pratiijueraau-dcssus 
des  especes  de  porticiues  nvecdu  gencl  ou  d'nu- 
trcs  maticres  propres  n  les  eouvrir,  aliii  qu'elles 
puissent  etre  a  labri  du  froid  et  des  mauvais 
ttinps. 

IX.  11  fnudrn  tailler  a  present  de  pres,  dans 
lcs  lerrains  chaiids  et  exposes  au  soleil,  les  vi- 
gnes  qui,  depourvuesdefruits,  mais  cxubernntes 
cn  fcuillcs,  compensent  la  discttc  dcs  uns  par 
le  luxe  des  autres.  Cette  taillc  sc  fera  dans  les 
tcrrains  troids  nu  mois  de  levrier.  Si  ee  vice 
ne  se  corrige  pas,  il  faudra,  npres  les  avoir  bc- 
chees,  entasser  a  leur  pied  du  snble  de  riviere 
ou  de  In  cendre.  Quelques  personnes  iuserent 


XH. 


CS, 


des  pierrcs  enlre  les  sinuositds  de  leurs  racines. 

X.  Qunnd  la  vigneaura  ete  stcrile,  les  Grecs 
prescriveut  dcla  soigneraiix  incmes  lemps,  de  la 
manicrequi  suit.  On  introduit  une  pieire  dans 
soii  tronc,  aprcs  Tavoir  fciulu  ,  et  ron  rcpand  au- 
tourd"elle  ([uatrc  colula;  d'urinc  humainc  gardce, 
de  )'a(-on  (pie  cet  arrosement  piinclre  jusqu"a  ses 
racines.  Ensuite  on  y  ajoute  du  fumier  m('li;  de 
terrc,  et  Ton  retourneen  cntier  le  sol  autour  de 
ses  racines. 

XI.  Quoiquefevriersoit  le  moisdes  rosicrs,on 
peut  cependant  en  planteren  novembre  dans  les 
terrains  ehauds,  exposcs  au  solcil  et  voisins  de 
In  mer.  S\  Ton  mnnque  de  plant,  et  qu'on  veuille 
se  procurcr  benucoup  de  rosiersavee  le  peu  qu'on 
en  aura,  il  faudra  couper  des  rejetons  de  quatrc 
doigts  garnis  dc  leurs  boutons  nvee  leurs  iHeiids, 
les  couchcr  eii  tcrre  commc  desprovins,  et  les 
aidcr  ii  venir  avee  du  furaieret  des  arroscmcuts. 
Quand  ils  auront  plus  d'un  nn ,  on  les  transfcrera 
dans  im  nutre  endroit ,  ou  ils  seront  espaees  d'uu 
pied.  Ccst  aiusi  qu'on  remplirn  de  rosiers  le  ter- 
raiu  que  Ton  dcstinera  a  cc  gcnre  de  cuiture. 

XII.  Les  Grccs  assurent  que  pour  conservcr  du 
raisin  sur  !e  ccp  mcnie  jusqu'au  commcneemeut 
du  priiitemps ,  il  fiuulrait  faire  auprcs  de  ee  cep , 
quand  il  cst  chargtHlc  fruits,  une  fossc  de  trois  pieds 
deprofondeuret  de  deux  picds  de  largeur,  dans  un 
lieu  ombrag(^,  et  }'  etendre  du  sable  dans  lequel 
on  ficherndcs  roseaux  ;  aprcsquoi  on  cntortillera 
avcc  soiu  ces  roseaux  a^ec  des  sarmcnts  eharges 
dc  fruits  qu'on  y  atiachcra,  sans  e;ulommager 
les  grappes ,  et  de  facon  ((u'elles  iie  touchent  pas 
au  fond  delafosse;  puisonrecouvriraletout,afin 
que  la  pluie  u'y  puisse  pas  p('netrer.  Ils  prescri- 
vent  encore ,  lorsque  ron  veut  conscrvcr  long- 
temps  des  grappes  sur  uu  ccp  ou  des  fruits  sur  un 


tl  cyiloiiii,  ctcilri,  et  niespili,  fici,  soibi,  silii|iirc,  et 
|i|.inlasasrcslls  cerasi,  |mst  iiisereniias ,  et  iiioii  laleas,  ot 
ainy^ilati  seniina,  ct  iiiices  jiiglandes,  si  in  seiiiinariis 
( i]u<)  (lictuni  6St  mure )  |ian^'3ntur. 

VII!.  Hiijus  mensis  inllio  apes  ex  famarisci  noiiliiis 
ri'lii|iiisiiue  .silvestrilnis  niella  couliciunt :  i|n.'c  aufereiiila 
nou  snnt,  quia  scivautnr  lulicino.  Eoileni  mense  smdibus 
litierandi  snnl  alvci ,  qnia  tota  bieme  eos  iiiovcre  aut  ape- 
rire  uon  decet.  Scd  ba'c.  die  apiico  leiiidoqiie  lacicnda 
snnt,  el  pennis  maxiine  avinm  niajoruin,  (pi.^e  liabcnt  ri- 
coioni,  vel  aliqiio  siniili  ouinia  inleriora  mundcnlur,  quo 
inaiiiis  nou  valebit  attin^ere.  Tuui  rinuis  omiics,  qu<l;  suiit 
e\trinsecus  ,  luto  et  linio  bubulu  uiistis  linamus  :  ct  insu- 
pcr  genestis  vel  aliis  tegnmentis  similitudiiiem  porlicus 
iniilcmur,  iil  possint  a  frigorc  et  tempesfate  defeiidi. 

l.\.  Locis  calidis  et  apricis  vites,  qua;  fructu  caient, 
frolide  luxuriant ,  ct  pauperiein  fffituuni  conipensant  uber- 
tate  foliorum,  nunc  putare  prcssius  convcniet  :  frigidis 
vero  mense  I^ebruai  io.  Si  periuanebit  boc  vitiuin,  circuiii- 
lossas  arena  tluviali  vel  ciiiere  dibebiniiis  aggerai  e.  Quidam 
lapides  inserunt  iuttr  llfxuusa  radicum. 

X.  Hisdem  tfinporibus  et  locis\itcni  (piicsterilis  Cueiil, 


Gra'ci  ita  pnFcipiuiit  esso  cniandaru.  Tninco  ejus  lisso  la- 
pidcin  asserunl  incltiilenriiun,  et  itii  iirina.'  vetcris  luima- 
nic  i|iialnor  cotnlas  circa  truucuin  ilebere  snnnndl,  ul  ad 
radii fs  jnstillatio  ipsa  descendat.  'fnnc  adjj.icndum  lcrra 
l.ctaincn  attmista ,  et  circa  radices  solum  oiniie  vci  tendniii. 

XI.  Quamvis  nicnsc  Fcbruaiio  sinl  ronsercnda  rosaria, 
lamcn  l.icis  calidis,  apricis  atquc  niarilimis  boc  eliaiii 
iiiense  polerimns  instilueie  roscla.  Qiia;  si  indigus  ptaiila- 
rum  volneris  ex  paucis  virgnlis  balicre  copiusa,  quatcr- 
nuriim  digitnrum  surculos  gennnantes  ciim  geniculis  suis 
debcbis  cxciderc,  (  elj  iii  niodum  propaginis  sleriicre  [elj 
stercore  ac  rigalionibus  adjiivarc  :  iibi  anni  oelatcm  coin- 
pleverinl ,  podis  spatio  inter  se  transferrc  disjunctos ,  alque 
ilasoluin  qiiod  liuic  geiieri  dcputatiis  impleie. 

XII.  Gr.fcis  asserentibus,  ut  uvam  scrves  in  viteu.sqne 
ad  vcris  initia,  circa  ip.sam  vitein  qiuc  fructii  plcna  cst, 
ioco  umbrososcrobeni  fodies,  altitudiiie  Iriiiin  pediim,  la- 
titudiiic  diioruin,  ct  niittis  sabiiloiiem,  ct  ibi  calnnios  11- 
gis,  iu  qnibus  rctorqncbis  assidue  sannenta  fructibus  ple- 
iia,  et  illiesis  butryunibus  alligabis,  ut  soluin  nou  coutin- 
gant,  et  cooperics,  ut  inilier  cn  pcnetivirc  non  pussil.  Itoin 
Giacisdoccntibtis  iivas  iu  vite,  aul  ptiina  in  arbort;  sidiu 


636 


PALLADIUS. 


arbre,  de  les  laisser  suspendus  a  leurs  branches 
en  lcs  renfermant  dans  du  petits  vases  dc  terre 
cuite  perces  par  le  bas  et  bien  ferraes  par  cu  liaut, " 
((uoique  cette  rnelhode  soit  assez  inutile  par  rap- 
portaux  fruits,  puisqu'on  les  conserveaussi  tres- 
Kingtemps  en  les  couvrant  de  cypse. 

Xlll.  Cest  dans  ce  mois-ci  que  uaissent  les 
premiers  agneaux.  Des  qu'un  agneau  scra  ne, 
«II  rapprochera  du  pis  de  sa  mere,  en  observant 
iieanmoins  de  tirer  auparavant  a  celle-ci  avec  la 
inain  un  peude  iait,  parcequelespremieresgout- 
ies,  qui  sont  d'une  nature  trop  epaisse,  et  que  les 
liergersappellentfoteO-KM^iucommoderaientra- 
gneau  ,  si  Tou  n'en  debarrassait  pas  la  mere.  On 
commencera  par  enfermer  les  nouveaunes  avec 
leurs  meres  pendant  deux  jours;  apres  quoi  on 
se  contentera  de  les  retenir  dans  des  clos  obscurs 
pt  chauds,  de  facon  qu"ils  soient  separes  des 
hrebis,  quand  onenverraceiles-ci  aux  paturages. 
II  sufiira  de  permettre  aux  agneaux  de  teter  leur 
merelematinavant  lasortie,etlesoirauretourde 
ia  pature.  On  les  nourrira  dans  retabie,  jusqu'a 
ee  qu'i!s  aient  pris  de  la  force,  avec  du  son  ou  de 
la  luzerne,  qu'on  mettra  devant  cux  ,  ou  avec  de 
lafarine  d'orge,  si  Ton  en  a  une  grande  provision  ; 
et  on  leur  continuera  ce  genre  de  nourriture 
jusqu'arageouilssontcapablesde  suivre  laraere 
au  paturage.  Les  paturages  qui  conviennent  aux 
brebis  sont  ceux  qui  croissent  dans  les  jacheres 
ou  dans  les  prairies  seches.  Ceux  des  marais  leur 
sont  funestes,  et  ceux  des  forets  sont  pcrnicieux 
pour  leur  laine.  Au  reste,  il  faut  provoqner  lcur 
appctit  en  saupoudrant  souvent  de  sel  leurpflture, 
eten  en  melant  aleur  breuvage.  Pournourriture 
d'hiver,  si  Ton  manque  de  foin ,  on  leur  donnera 
de  la  paille  ou  de  la  vesce,  ou,  ce  qu'on  se  procure 
plus  aisement,  des  feuilles  d'ornie  ou  de  frene 


que  Ton  aura  gardees  a  cet  effet.  Pendant  I'et6 
les  brebis  paitront  au  commencement  de  la  jour- 
nee,  moment  oii  rherbe  attendrie  par  la  rosee  est 
le  plus  savoureuse.  A  la  quatrieme  heure  du  jour, 
temps  ou  il  fera  chaud ,  ou  leur  fera  boire  de 
Teau  puisee  dans  une  riviere  pure,  ou  tiree  d'un 
puits  ou  d'une  fontaine.  Une  vallee  ou  un  arbre 
touffu  les  garantiront  de  Tardeur  du  soleil  au 
milieu  dujour.  Lorsque  ensuite  la  chaleur  com- 
menee  a  s"adoucir,  et  que  les  premieres  gouttes 
de  la  rosee  du  soir  auront  mouille  la  terre,  ou 
conduira  de  nouveau  le  troupeau  aux  pSturages. ' 
Mais  lorsqu'on  menera  paitre  les  brebis  pendaut 
lcsjours  caniculaires,  et  meme  dans  tout  le  cou- 
rant  de  Tete,  il  faudra  avoir  soin  que  leur  tete 
soit  toujours  tournee  du  cote  oppose  au  soleil. 
Ellesne  doivent  poiot  allerpaitrc  enhiver,  ni  au 
printemps  avant  que  le  givre  soit  fondu ,  parce 
que  rherbe  couverte  de  friraas  occasionne  des 
maladies  a  ce  betail.  II  suflira  aussi  de  les  niener 
boire  une  seule  fois  par  jour  dans  ces  deux  saisons. 
Les  Grecs,commeles  Asiatiquesoules  Tarentins, 
sont  dans  Tusage  de  nourrir  leurs  brebis  plutdt  a 
retable  qu'au\  champs,  et  de  former  le  sol  de 
retablede  planchespercees  a  jour,  arm  que  Thu- 
miditeait  unecoulement.Lhabitation  dubetail  eu 
devient  plus  sakibre,  et  leur  toison,  superieure  a 
celle  des  autres  brebis,  reste  iutacte.  II  faudra 
frotter  les  brebis  a  trois  reprises  differentes  dans 
le  courant  de  rannee  avec  de  rhuile  et  du  viu  , 
parun  jour  de  soleil,  et  apres  qu'elles  auront  ete 
lavees.  Pour  chasser  les  serpents  qui  se  glissent 
parfois  sous  la  creche,  on  y  brulera  souvent 
du  cedre,  ou  du  galbanum,  ou  des  cheveux  de 
femmes,  ou  delacornede  eerf.  II  fautfairesaillir 
a  presentles  boucs,  afinqueleurs  petits  puissent 
litre  elevesau  commeuceraent  du  printemps.  Mais 


servare  volueris  ,  v.isciilis  clausa  fictilibus  ab  ima  parte 
pertnsis  diligentei  a  siimmo  lecta  siispende  ,  qiiaiiivis  po- 
nia  et  gypso  cooperta  in  longam  serventur  a-tatem. 

XIII.  Hoc  niense  agnoriim  prima  generatioest.  Sed  agnus 
statim  natiis  uberibus  maternis  admovendus  est  nianu. 
prius  tamen  exiguum  lactis,  in  quo  spissior  csl  natura, 
inulgendiim  est,  quod  pastores colostrani  vocant :  namqiie 
lioc  agnis,  nisi  auferalur,  nocebit.  Ac  prinio  per  biduum 
iialijs  cum  matre  claudatur.  Tiinc  septis  obsciiris  serve- 
lur  etcalidis  :  ilasecluso  parvulurum  grege  matrices  mit- 
tantur  in  pascua.  Suffiriet  autem,  priusquam  procedant 
niatrices  mane,  et  ciini  satura;  revertuntur  ad  vesperam, 
agnis  ul)eia  liaurienda  permittere.  Qui  donec  firmentur, 
intra  stabnliim  fiirfuribus  vel  mcdica  herba,  vel  (siest 
copia )  farina  ordei  pascantur  ingesta ,  donec  concepto  pau- 
lisper  robore  a^talis,  paseuum  niatribus  possint  lialicie 
commune.  Pascua  ovillo  generi  utilia  sunt,  qiia;  vel  in  iio- 
valibiis  vel  iii  pratis  siccioribus  excitaiitur  :  paliistria  veio 
iioxiasiinl,  silvestria  damnosa  lanatis.  Salis  tamen  crebra 
conspersio  vel  pa.scnis  mista  vel  canalihiis  fnqiienter 
oblala  debet  pecoris  levare  fastidium.  Nani  pcr  hiemem ,  si 
penuria  est ,  ticiium  ,  vel  palea ,  vel  vicia ,  vel  facilior  vic- 


tus  iilmi  servatis  frondibus  prcTebeatiir  aut  fraxini.  jEsfivis 
mcnsibus  pascantur  siib  lucis  initio,  cuiii  giaminis  tencri 
suavilatem  roris  niistura  commendat.  Quaita  liora  cales- 
cente  potus  puii  fluminis  aut  putei  pra^beatur  aul  fontis. 
IMedios  solis  calores  vallis  aiit  arbor  umbrosa  declinet. 
Dciiide  ubi  llexojam  die  ardor  infringitur,  et  solum  primo 
iiiibre  vespei  tini  roris  humescit,  gregem  revocemus  ad 
pascua.  Sed  Canicularibus  et  ajstivis  diehus  ita  pascendie 
suiit  oves,  ut  capila  giegis  semper  avertantur  a  solis  ob- 
jectii.  Hienie  autem  vel  vere  nisi  resolutis  gelicidiis  ad 
pascua  prodire  non  debent  :  nam  priiinosa  lierba  huic  gc- 
iieri  morbos  creabit.  Ac  tuiicsemel  adaqiiare  siifliciet.  Gra;- 
cas  oves  sicut  Asiauas  vcl  Tarentinas  nioris  esl  potius  sta- 
bulonutrirequam  canipo,  et  pertusis  tahulissolum.inquo 
elaudentur,  insterneie  :  tit  sic  tuta  cubilia  propter  injuriam 
pretiosi  velleiis  bnmor  leddatclabcns.  Sed  tiibus  peran- 
nuiii  (toliim)  dicbus  aprico  die  lolas  oves  ungere  oleo 
oportebit  et  vino.  Propler  serpentes,  qui  plerumque  sub 
pra'scpibus  latent,  cedrum  vel  galbanum  vel  niulierls  ca- 
pillos  aut  cervina  cornua  fieqiienter  iiramus.  Nunc  liirci 
admittendi  siiiit,  ut  fcctum  prinii  veris  fovere  po.ssit  exor- 
tiis.  Sed  caper  cligendus  cst,  cui  sub  maxillis  dux  video- 


DE  LAGRIGULTURK,  I,!V.  Xil. 


il  fantchoisir, pour  cette  opeialiou,  des  l)oucs  qui 
nieutdeux  pelites  verrues  qui  leiir  peudent  sous 
les  maclioircs ,  le  corps  grand ,  les  jaailies  cpais- 
ses,  le  cliignon  court  et  plein,  les  oreilies  cour- 
bees  ct  lourdes  ,  la  tctc  petite ,  le  poil  lissc  ,  epais 
ct  ioni;.  Ces  aniniaux  sont  proprcs  a  la  propai;a- 
tion  raeme  avant  d'avoir  atteint  riige  d'un  an ; 
mais  ils  ne  vont  pas  au  delii  de  six  ans.  11  faut 
choisir  des  clievres  dont  le  corps  soil  semblable 
ii  celui  des  boucs,  et  qui  aicnt  le  pis  developpe. 
On  ne  renfermera  pas  cependant ,  dans  le  raeme 
enelos,  une  aussi  grande  quantite  de  chevres  que 
de  brebis,  et  on  aura  soin  qu'il  n'v'  ait  ni  boue 
ni  fuinier  dans  cet  enelos.  Outre  le  lait ,  dont  on 
iie  laissera  pas  manqucr  lcs  chevreaux  ,  il  faudra 
encoreleurdonncrsouvent  du  lierrectdcs  cimes 
d'arbousicr  et  de  lentisc[ue.  Leschevrcs  pcuvent 
tres-bien  nourrir  leurs  pctits  a  trois  ans.  On  ven- 
dra  eeux  dont  les  raeres  seront  plus  jeuues  ,  et  on 
ne  gardera  pas  celies-ci  au  dela  de  huit  ans ,  parce 
que  ce  hetail  devient  sterile  en  avaneant  en  age. 

XIV.  11  faut  s'occupcrdanscetenips-ci  du  soin 
deramasser  et  serrer  lcgland.  Ce  soin  peut  faci- 
lement  etrc  confie  aux  femmes  et  aux  enfants, 
ainsi  que  celui  de  ramasser  les  fruitstomhes. 

XV.  II  faut  coupcr  a  prescnt  lc  hois  de  cons- 
truction,  quand  la  lune  scra  dans  son  declin. 
Mais,  avant  de  mettre  has  un  arbre,  il  laudra  le 
laisser  quelqnc  tcmps  sor  pied  ,  apres  avoir  en- 
taille  le  trouc  jusqu'a  la  moelle,  aliu  que  s'il 
reste  de  la  seve  dans  scs  vaisseaux,  elle  s'ecoule 
par  cette  plaie.  Voici  les  arbres  qui  sont  les  phis 
utiles  :  le  sapiii ,  que  lon  appelle  f/allica,  cst 
leger  et  ferinc,  et  il  dure  cternellemeul  loisqu'il 
est  travaille  et  cmploye  a  sec.  L^utilite  du  larix 
est  inapprcciahle.  Si  \\m  soutient  les  luiles  d'un 
bdtiment  avec  des  latlcs  faites  de  ce  bois,  tant 


sur  la  fiiec  qu'aux  extrcmitcs  des  toits ,  on  n'aura 
pas  a  eraindre  lcs  incendies,  parce  que  ce  bois 
ne  s'cnllanmic  lu  ne  sc  carbonisc.  Le  ciicne  est 
de  duree  quand  ii  soulient  des  ouvrages  de  terrc ; 
on  cn  fait  encore  des  pieux  qui  sont  aussi  dc  re- 
sistance.  Vcrsculus  est  \\n  hois  propre  a  la  cons- 
truction  ,  et  hon  pour  faire  dcs  echalas.  Le  clul- 
taignier  dure  tres-longtemps,  et  sa  solidite  est 
admirahle,  soit  qu"on  femploie  dans  les  champs, 
soit  qu'on  remploie  pour  les  toits  et  pour  les  au- 
tres  ouvrages  de  riutcrieur.  II  n'a  d'autre  de- 
laut  que  son  poiils.  Lc  hctre  est  bon  a  ctre  em- 
plove  a  sec ;  l'humidite  le  pourrit.  I.cs  deux 
espcccs  de  peupliers,  le  saule  et  le  tilleul  sont 
dcs  bois  de  seulpture.  L'aune  ne  sauiait  cntrer 
dans  la  construclion,  mais  on  nc  p^ut  s"eu  passer 
pour  les  pilotis.  L'orrae  et  le  frcne  se  roidissent 
en  sechant;  verts,  on  peut  les  courher  pour  en 
fairc  des  chevrons.  Le  charme  est  de  hoii  usage. 
Le  cyprcs  cst  cxcellent.  Le  pin  ne  dure  pas,s'il 
n'est  employe  ii  sec.  J"ai  vu  employer  le  proecde 
(lue  voiei,  en  Sardaigne,  contre  sonaiteration  trop 
rapide.  On  suhmergeait  entieremeut,  daus  mu'. 
marc,  des  poutrcs  faites  avee  ce  bois,  pendant 
uue  aunee  cnticre  ,  avant  dc  les  racttre  en  oeuvrc, 
ou  hien  on  les  enfoncait  dans  ic  sahle  sur  le  bord 
dc  la  mei-,  de  facon  que  le  fUix  put  baigner  le 
sahle  dontellcs  etaicnt  couvertes,  dans  son  retour 
alternatif  apres  ie  relUix.  Le  cedre  est  dural)ie ,  a 
moinsquerhumidite  ne  ratteigne.  Tous  lesarbres 
coupesducote  du  midi  sont  les  ineilleurs.  Ceux 
qui  sont  coupes  du  cotc  du  nord  sont ,  a  la  verite , 
lcs  plus  hauts,  mais  ilsse  gatent  aisement. 

XVL  On  transplantera  ce  mois  ci  les  arbrcs 
a  haute  tige  plautcsdans  lcsterrains  secs,  ehauds 
ct  exposes  au  soleil,  ai)res  avoir  rogne  leurs 
brauches,  sans  endommagcr  leurs  raciucs;  cton 


lur  |icnilpre  verrucu!,;' ,  ni:isiii  rcir|i(iri3  ,  c ras,si.>;  rriiribiis , 
brevi  |ik'na(|uc  cervice,  auribus  nexi.s  el  gravibus,  parvo 
capite,  uitiilospissoetlongocapillo.  Ad  ineundas  lirniiuas 
clanleanniculum  congruus.  Nonaulemdnrat  nltra  scxcn- 
nium.  Capella  similis  corporis,  sed  magnis  uberibus  e.^^t 
ellgenda.  Mun  tamcn  itamultxcapra!,  utovesuna  stalioue 
claudantur ,  quani  luto  et  stercore carere  conveiiicl.  Ha'dis 
supra  laclis  abundantiain  edera  et  arbuti  et  ientisci  cucu- 
mina  sunt  ssepe  pia?bcnda.  'f  rim,ceducarc  opllme  iiussunt ; 
quod  tenerioies  matres  generant,  Iransigendum  est.  Sed 
ultra  octn  annos  scrvanda;  non  sunt  matriccs,  quia  genus 
lioc  loDgiore  sterilescit  .vlate. 

XIV.  Hoc  tempore  glandis  Icgenda!  ac  servandae  cura 
nos  excitel;  <piod  opus  luinineis  ac  puerilibus  opeiis  ce- 
Icbrabitur  facile  niore  bacr^iriim. 

XV.  Nuiic  materies  ad  fabricam  cjedenda  cst ,  cum  luiia 
decrescit.  Sed  arhorcs  qua-  cadcntur  iisipie  ad  medullam 
securibus;  recisas  aliquandiii  stare  palieris,  ul  jicr  cas 
partes  biimor,  siquis  in  venis  continclur,  cvcurrat.  Utilcs 
autem  sunt  bao  inaxime  :  al)ies  quaiii  Callicam  vocant , 
liisi  perlualur,  levis,  ligiila,  et  in  opciil)iis  siccis  percmie 
durabilis.  L.iil\  ulilissiina ,  cx  ipia  si  labiilas  siifligas  te- 


gulis  in  riimlc  alipic  cxtrcmilate  lectorum  ,  pra'sidium 
(«ulra  iiicciidia conlulisli.  Keque enini  llaminam  recipiunt, 
aul  carboncs  creare  possunt.  Querciis  durabiiis  si  lerrenis 
opcribiis  obruatur,  et  aliquatenus  palis.  /Esculus  aedilicii,- 
el  lidicis  apta  niateries.  Castanea  mira  soliditate  perdurat 
in  agris  cl  tectis  el  operibus  ca)teris  intcstiiiis,  ciijus  so- 
liini  pondiis  in  vilio  cst.  Fagus  in  sicco  iililis,  liiimorc 
corrnmpilur.  1'opulus  utraqiie  el  salix  cl  tilia  in  sc.ilpturis 
nece.ssai It.  .•\lnus  fabrica;  iniitilis,  scd  ncccssaiia,  si 
liuinidus  locus  ad  accipienda  fundamenta  palaiidiis  esl. 
Ulinusct  fraxinnssi  siccentur,  rigcscunl,  antctinvaliiles, 
calciiis  iililes  babenlur.  Carpiiins  utilissinia.  Ciipressii.-i 
egrcgia.  Pinus  nisi  in  siccitate  niin  duraiis,  cni  loiilra  ci- 
lciciii  pulicdinem  comperi  in  Sardinia  lioc  gencre  provi- 
ileri,  ut  cxcisa!  trabcs  cjus  aiit  in  piscina  qiialibc!  anno 
totoniersic  latcrcnt,  poslopcri  futura;,  aiif  aieiiis  obriie- 
1  entur  in  liltore ,  iit  aggeslionem ,  qiia  tecla;  esseiit ,  aller- 
nisa'stibus  leciprocansnuclusalliicict.  Cedriis  diiiabilis, 
iiisi  liumore  tangalur.  Oua'iuiiqiie  aiileni  ex  paile  mcri- 
diaua  cciluntiir,  uliliorcs  smit  :  qiia;  vcro  cx  Septeutrii^ 
iiali ,  prorerioies,  .scd  larilc  v  ilianlnr. 
.W  I.  lloc  niense  locis  siccii,  talidis  et  apricis  majorcs 


PALL\D1US. 


lesaidcraparla  snilc  a  vcr.ir,  en  les  fuinaiit  l>ra\i- 
eoup  ct  eu  les  arrosant. 

XV H.  Voici  !t'S  preceptes  qu'ont  donnes  les 
Grees  pour  lacontVction  de  l'huile  :  II  fauteueil- 
lir  cn  un  jonr  nutant  dolivcs  qu'on  en  pnurra 
pressurer  la  nuit  suivante.  La  meule  doit  etre 
lejierement  suspendue  pour  extraire  la  premieie 
huilc ,  parce  que  si  elle  brisait  les  noyaux , 
ceux-ci  corrompraient  rhuile.  Aussi  la  prcmiere 
huile  doit  etre  faite  avec  la  seule  pulpe  du  fruit. 
II  fuut  aussi  que  les  paniers  soient  confeetioiincs 
avcc  des  baguettes  de  saule,  parce  qu'on  pretciid 
que  le  bois  de  cet  arbre  est  fuvorable  a  {'hiiile. 
La  meilleure  huile  sera  cellc  qui  coulera  d'elle- 
meme.  Ils  ordonnent  ensuite  de  mcler  du  sel  et 
du  nitre  avec  rhuiie  nouvellc,  afin  que  ce  me- 
lange  la  dispose  a  s'epaissir;  apres  quoi ,  lors- 
qu'elle  aura  depose  sa  lie  ,  on  la  transvideia 
pure,  au  bout  de  trente  jours,  dans  des  vases  de 
verre.  La  seconde  huile  se  fait  de  ia  meme  ma- 
niere  que  la  premiere,  mais  il  faut  briser  les  o!i- 
ves  avec  une  nieuie  plus  forte. 

XVIII.  Les  Grecs  assurent  qu'on  fait  vine  pre- 
micre  huile  qui  rcssemble  a  celle  de  Liburnie, 
en  meiant  dans  d'exce!lente  huile  verte  de  Tau- 
nee  seche,  des  feuilles  de  laurier,  et  du  soucbet ; 
le  toutbroye  eiisemble  ,  etpasse  parun  crlhle  fiQ 
avec  du  sel  grilie  et  egruge,  eten  remuant  long- 
temps  ce  melange ,  pour  se  servir  de  cette  huile 
lor.squ'elle  sera  reposee,  au  bout  de  trois  jours 
ou  uii  peu  plus  tard. 

XIX.  Si  !'huilc  csl  troublc  ,  ils  prescrivent  d'y 
jeterdusel  grille  pendantqiril  cstencore  chaud, 
et  dc  la  couvrir  avec  soin;  moyennant  quoi  elle 
s'epnrc  en  peu  de  temps. 

XX.  Si  riiuilea  quelque  mauvaise  odeur,  ils 


ordonncnt  debattre  dcsolives  vertrssans  noyaux, 
et  d'en  raettre  denx  chwnicie  dans  une  melreln 
d'huile.  Si  Ton  n'a  pas  d'o!ives,  il  faut  battre 
de  la  mdine  maniere  des  tiges  d'olivier  ires-ten- 
drcs.  Quelques  personncs  melent  des  olives  avec 
ces  tiges,  en  y  ajoulant  merae  du  sel.  Elles  en- 
veloppent  ces  maiieres  dans  un  linge,  et  les  sus- 
pendent  ainsi  dans  le  vase  d'huile.  Ensuite  elles 
les  retirent  au  bout  de  trois  jours,  et  transva- 
sent  rhuile.  D'autres  y  mettent  de  vieillc  brique 
torrefiee.  La  plupart  y  plongent  de  petits  pains 
d'orge  enveloppcs  duns  un  liiige  clair,  en  les 
changeant  de  temps  eii  temps  ponr  leur  en  subs- 
tituer  de  nnuveaux ;  et ,  apres  avoir  repete  cette 
operation  deux  ou  trois  fois,  ils  y  mettent  du 
sel;  puis  ils  transvasent  l"luiile,  et  la  laisseut  re- 
poser  pendant  quelques  jours.  S'il  arrive  par 
hasard  que  quelque  animal  soit  tombe  dans 
Thuile,  et  qu'il  Tait  corrompue  en  pourrissant, 
les  Grecs  ordonnent  de  suspendre  une  poignee 
de  corinndre  dans  la  melrcta  d'liuile  ,  et  de  Py 
laisscr  quelques  jours.  Si  riiifection  ne  diminue 
pas,  il  faut  changer  la  coriandre,  jusqu'a  ce 
qu'on  soit  venu  a  bout  de  corriger  ce  vice.  Mais 
il  sera  tres  a  propos  de  survider  rhuile  au  bout 
de  six  jours  dans  des  vases  propres ,  qui  n'en 
vaudront  que  mieux  s'ils  ont  contenu  du  vinai- 
grc.  II  y  a  des  pcrsonnes  qui  melent  de  la  graine 
de  fenugrec ,  seche,  etbroyce  dans  rhuile,  ou 
qui  y  font  eteindre  souvent  des  charbons  de  bois 
d'olivier  enllamracs.  Si  rhuile  sent  Taigre,  ils 
ordonneut  d'y  plonger  la  partie  acide  des  grap- 
pes  de  raisin,  que  les  Grees  appellent  •{{■^a.p-zov , 
apres  l'avoir  pilee  ct  reduite  en  p^te. 

XXI.   Les  Grccs  assurcnt  qu'on  peut  corriger 
Ihuile  rance  de  !a  mauiere  suivante.  On  jette 


ail)ores  transferennis  tiuncatis  ramis,  illiBsis  radicilius, 
iiiiilto  slercoie  ct  rigalioiiibns  adjnvandas. 

\Y11.  (liiic  i  III  niKlicicniii  olci  pr.Tceplis  ista  insscriint. 
Tanliiiii  !i'p'u.liiiii  cssc  i.livic,  i|iiaiiliiin  noctc  vciiicnle  pos- 
sinins  c\pii::.cic.  Molani  ininio  olco  ilebere  leviter  esse 
snspcnsam.  Ossa  enim  conlracta  soidesciint :  quare de  so- 
lis  carnibus  sit  prinia  conl'ectio.  [Et  de]  salignis  canislros 
lieri  dcbere  virgnltis  ,  quia  genus  lioc  oleum  dicitiir  adju- 
vare.  Nobilius  erit  qnod  sponte  delluxeiit.  Sales  deinde  ac 
nitrum  jnbent  novo  oleo  misceri ,  ut  hffic  res  spissiludinem 
ejus  absolvat  :  deinde  cum  amurca  subsedeiit.oleum  pu- 
rum  XXX  dlebns  exactis,  invitrea  vasa  Iransfeiri.  .Secun- 
diim,  simili  disciplina  fieri,  sed  mola  fortiore  qnassari. 

X^VIU.  Olciim  prinnim  Libnrnico  simile  fieri  asscnint 
Gnieci,  si  iii  oplinio  \iridi  [olco]  innlani  siccani  ct  lauri 
folia  et  cyperum,  oiiinia  sinnil  tiisa,  et  subtiliter  creta 
permlsceas  cum  salibus  torrefactis  ac  tritis ,  et  diu  oleo 
injecta  perturbes,  deindc  tribus  aut  aliquanto  aniplius 
[decursis]  diebus,  ciini  quieverit,  utaris. 

XIX.  'Si  sordet  oleum  ,  friclos  ct  adhuc  calentes  salcs 
iujici  jubent,  et  diligcnter  operiri.  Ita  niundum  reddi 
posl  tempus  cxigiiiim. 

.\\.  Si  fueritodoris  liorrendi,  virides  olivas  sine  ossi- 


biis  tnndi,  ct  in  nlci  mctreta  cbaMiic.as  diias  milti.  Si  bac- 
C!s  defuerint,  caules  teneriimos  olea;  similiter  esse  tnn- 
dendos.  Nonnulli  utiaque  perniiscent,  adjecto  etiain  sale. 
Sed  omnia  inlra  linteum  clausa  suspcndunt,  atque  ita  in 
vasolei  demittunt.  Poslea  tribus  diebns  exemtisauferunt, 
el  oleum  in  alia  vasa  transfundunt.  Quidam  mittunt  ve- 
liistum  latereni  torrefactnm.  1'lci iqiie  oideaceos  pancs  bre- 
vitcr  riguratos  ct  raro  linteo  involntos  nieigunt,  et  novos 
siibindc  permutant  :  ubi  lioc  }iis  aiit  tertio  fecerint,  salcs 
mitlnnt ,  et  in  alia  vasa  Iranslaliim  pcr  paucos  dies  subsi- 
dere  patiuntur.  Quod  si  aliipiod  aninial  forte  deciderit,et 
oleiini  putredine  ac  nidore  vitiavcrit,  jubent  Graeci  co- 
riandri  manipiiliim  in  olei  melreta  siispendi,  alque  ila 
paucis  diebus  manere.  Si  nihil  de  nidore  discusserit,  niu- 
tandum  est  coriandrum ,  donec  snperetnr  boc  vitium.  Sed 
maxime  pioderit ,  post  senos  dies  in  vasa  munda  transfer- 
re;  melius,  si  aceliim  ante  vexerunt.  Qiiidam  foeni  Gra-ci 
semen  siccum  Iritumqne  peimisccnt,  vel  incensos  oleagi- 
nos  carbones in  ipso  oleo  fiequenter  extinguunt.  Si  acer- 
bus  odor  fuerit,  uva;  exciementa,  quae  Graeci  ifiYapTei  vo- 
cant,  prsecipiunt  lusa  et  in  massam  redacta  mersari. 

XXI.  Oleum  rancidum  Grajci  asserunt  sic  posse  curari. 
Albam  ceram  mundo  et  optimo  oleo  resolutam  et  adhuc 


DE  I;AGU1CULTLRK,  LIV.  XII. 


dans  celte  hiiile  ile  la  cii-c  blanehu  fonclue  dans 
de  {'iiuile  propre  ct  cxcelleiile,  taiKJis  ((u^elle  est 
encore  liquide,  et  eusuile  ou  y  ajoute  du  sel 
grille  pendant  qu'il  est  chaud;  puis  on  la  couvre 
et  on  Teuduit  de  gypse;  moyeunant  quoi  Thuile 
se  purge,  et  change  de  gofil  et  d'odeur.  Au  reste, 
il  faut  conserver  les  huiles  de  toutes  les  espeees 
daus  des  caveaux  pratiques  sous  terre.  Telle  est 
la  nature  de  cette  liqueur,  que  lc  soleil  ou  !e  feu 
Tepurent,  ainsi  que  Teau  bouillaute  quand  clle 
est  melee  avec  elledans  le  meme  vase. 

XXII.  On  confira  aussi  les  olives  ce  mois-ci. 
On  s'y  prend  de  differeutcs  facons.  Voiei  la  nia- 
niere  de  faire  des  olives  qui  nagent  d.ms  un  jus  : 
On  etend  sur  des  claies  dcs  olives  et  du  pouliot 
alternativemcnt  par  couches ,  et  Ton  verse,  entre 
chaque  couche,  du  miel ,  du  vinaigrc,  et  un  peu 
de  sel.  On  etend  encore  les  olives  sur  des  tiges  de 
feuouil,  d'anethou  de  lentisque,  eii  mettaiit  des- 
sous  de  petites  branehes  d'olivier;  on  verse 
par-dessus  une /;fwiift«desel  avcede  lasaumure, 
et  Toa  raultiplie  ces  couches  jusqu'a  ce  que  le 
vase  en  soit  rcmpli.  Autre  maniere  de  les  confire  : 
on  fcra  macerer  dans  de  la  sauraure  des  olivcs  de 
choix ;  quarante  jonrs  apres  on  jettcra  toute  la 
saumure;  apres  quoi  on  mettra  dans  le  vase  deux 
tiers  de  vin  cuit  Jusqu'a  diminution  de  moitie,  et 
un  tiersde  vinaigre,  avec  de  la  menthe  hach.ee 
par  petits  morceaux;  puis  on  remplira  lc  vase 
d'olives,  de  faconque  la  liqueur,  quc  l'on  y  aura 
versee  cn  quantite  sufflsante ,  lcs  surmonte.  Autre 
mauiere  :on  laisse,  pcndant  une  nuit  en(iere,  ex- 
poseesa  la  vapeur  d'un  bain,  desolives  cueillies 
filamain,  et  etendues  sur  une  planche  ou  sur 
une  claie;  ensuite,  apres  les  avoir  retirees  le 
matin,  on  les  saiipomlre  de  sel  broye,  et  on  en  fait 
usagc.  iMais  on  ne  pnnrra  pas  garder  les  oli\es 


On  commence  par  mcttrc  dans  de  la  saumure  des 
olives  saincs;  (juarante  joiirs  apr(.'S  on  les  en  rc- 
tire,  et  on  les  coupe  avec  un  roseau  tranchant; 
puis  011  verse  dessus  deux  ticrs  de  vin  euit  jus- 
qu'a  diminution  des  deux  tiers,  ct  un  tiers  de  vi- 
naigre,  quand  on  veut  qu'ellessoient  douees  ;  ou 
deux  tiers  de  vinaigre  et  un  tiers  de  vin  pareil , 
quand  on  veut  qu'ellcs  soient  plus  aigres.  Autro 
mauiere  ;  Apres  avoir  m&\c  ensemble  un  sexta- 
rius  de  vin  fait  avec  du  raisin  seehij  au  soleil , 
plein  les  deux  mains  de  cendrc  bien  criblcic,  un 
scmi-siciUcus  de  vin  vieux,  et  une  petitc  quantile 
,de  feuilles  de  cypres,  on  verse  tout  ce  melange 
sur  les  olives,  que  fon  foule  ,  et  que  Ton  sature 
de  cette  composition,  de  nianii-re  a  ce  qu'une 
espece  de  croute  se  forme  sur  ehaquc  couehe 
d'oIives,  dont  le  vase  doit  etre  rempli  a  comble. 
Autre  manicre  :  On  ramasse  dcs  olives  tombees 
a  terre,  ct  racornies  au  point  de  se  eouvrir  de 
rides;  on  les  ctendau  soleil,  apri»  lcs  avoir  sau- 
poudr(ies  de  sel,  et  on  les  y  laisse  jusqu"a  ce 
qu'elles  soient  sech(?es  ;  ensuite  on  dispose  plu- 
sieurs  couehes  de  lauricr  et  d'olives  alternativc- 
ment,  en  commencant  par  la  eouehe  de  laurier  ; 
apres  quoi  on  fait  jcter  dcux  ou  trois  bouillons  a 
du  vin  cuit  jusqu'a  diminution  de  moitie,  qu'on. 
a  mis  sur  le  feu  a  cet  effct  avec  une  petite  botti- 
de  sarrictte;  et  lorsquc  ce  \in  est  ticJi,  on  cii 
verse  sur  les  olives  ([u'on  a  arrangiees  par  cou- 
ches,  en  y  melant  un  peu  de  sel.  Enlln,  apres 
avoirjete  dans  le  vase  une  bolte  d'origan,  oii 
verse  dessus  tout  le  reste  de  ce  ,jus.  Autre  ma- 
niere :  On  conlit  des  olives  aussitot  apres  qu'clles 
ont  et(i  cueillies  sur  Tarhrc,  on  Ics  arrange  par 
couchcs  ,  cntre  chaeune  desquelles  on  etend  de- 
la  rue  et  du  peisil ,  en  remplissant  les  vidcs,  qui 
se  trouvent  entre  les  couehes  dc  scl  ('grugc,  avee 


ainsi  preparecs  plus  dehuitjaurs.  Autre  manicre:  j  du  cumin  ,  dont  on  lcs  saupoudre,  puis  on  verse 


liqiieiilcm  niitli  in  oleo  jnlient.  Tnnc  salcs  hictos  calcntcs 
addi,  opeiiii,  alqne  gypsaii.  Sic  licri  ut  dlonni  pniijclur 
sapore  el  odoie  iniituto.  Oleum  laiiicii  onine  in  tcrrenis 
locis  esse  servaniliini,  et  cam  ejiis  css6  iialiiiam,  nt  sole 
vcl  Igne  puigelur,  vel  aqna  feiventi,  sisiniul  niisceaiitur 
in  va.sciilo. 

XXII.  Iloc  ctiani  inense  olivas  con(lion)ii,s,  Ilarnni  gcnc- 
ra  sunt  iliveisa.  Cotynitiacies  ollvic  liiinl  sic  ;  alleinis  cra- 
lilius  olivariim  piilcium  spargis  et  inel  eX  acctum  et  salcs 
modice,  stralina  Interccdenle,  siiffiindcs.  Ileni  slcincs 
olivassuprasnrcnlos  fccniculi  vel  ancllii  sive  ]enti.sci,et 
raniulis  olivresnbditisaceli  liemiiiam  et  iniiriani  sHpcirun- 
(ies,  et  lias  construcliones  usqnc  ad  vascull  pleuitudiiiem 
palierls  insuigcrc.  Alilcr.  Lleclasollvasmniia  niatiiralils, 
post  xLdles  inuilam  fiindls  univeisain  :  tiincdiiasdcfniti 
partes  ,  acell  nnaiii ,  mentani  minnte  incisam  vasciilo  ad- 
Jicies,  el  olivis  replebls,  nl  jiista  Inliisione  liqnor  snpcrna- 
tel.  Alitcr.  Ollvas  mann  leclas  una  nocle  intcgra  in  balnci 
vapore  esse  patieils  tabulae  vel  ciati  siiperposllas  :  inaiie 
balnels  exemlas  salibiis  Irllls  conspcrges  ct  nlcris  :  qM.ne 
non  ainplius  qiiain  viii  dics  poteruDt  cuslodirl.  Alilcr,  011- 


vas  illacs.is  pi-inio  milfis  in  miiria  :  post  dies  xl  levabis, 
atqne  inteniilesaculocahimo  :  et,  sl  diilcioros  habere  vo- 
liicri.s,  dnas  sap.i^  parlos  ol  .accli  iinam;  sl  aciiorcs,  accti 
diKis  ct  sapre  unain  dcbebis  inrundore.  Aliter.  Passi  sex- 
lariiim  nniim,  ciiioris  bene  croli  qii.YnHim  manns  ntraqne 
gcstabit,  viiii  vctoris  iimiiii  .scinislciliciiin,  cl  aiiqiiantiin) 
ciipiossi  loliornni :  mistls  omnlbiis  olivas  infiindis,  incul- 
cas ,  ot  siibiiide  crustam  facleiido  satnrabis ,  doiiec  ad  v.is- 
ciiloium  siinima  oia  pervenias.  Alilcr.  Olivas  qiias  jacen- 
tes  lopoicris,  rngis  conlialicnlibus  ciispas  colligis,  et  sa- 
lihns  tritis  icsporsas expandis,  donec solc Inaiescant.  Tiinc 
siibslralo  lauro altcrnas  ciates  baccarnm  s,-cplns ordlnabls : 
tnnc  defrutiim  cum  saturel.-c  fasciciilo  duahus  aiit  Iribiis 
iindis  fcrvcre  patleris  :  et  postquam  tcpuorlt ,  siipra  com- 
positas  baccas  refundos  admisto  sale  panliilo,  et  origani 
fasce  conjcclo,  supra  jiis  omne  porfiindes,  Aliler.  Lectas 
baccas  ex  aibore  statim  condlcs,  rnlam  et  petiosellnum 
slerncs  inter  .spalia  slrHctionis,  ct  siibinde  cyminali  .salii 
asperslone  cnmnlabis.  Postrcniuin  mcl  et  acctiim  supcr- 
fnmies.  Novlssime  opllmi  olei  ipianliiniciinqiic  misccbis, 
Alilcr.  Legls  oHvas  cx  arbore  nigras ,  et  coinposilas  inuria. 


nin 


1'ALLADIUS. 


pai--dessiis  du  miel  et  du  vinnigre;  npies  qiioi 
011  y  ajonte  tant  soit  peu  d'luule  exccHente.  Au- 
ti-e  mnniere  :  On  cueille  des  olivcs  noires  sur 
Tarbi-e;  apres  les  avoir  arrani;ces,  on  lcs  arrosc 
de  saumure;  ensuite  011  niet  dans  uiie  marmite 
deu.V  sixiemes  de  miel ,  un  sixieme  de  vin,  et  une 
moitie  de  viu  cuit  Jusqu'a  diminution  de  moitie  , 
et  Ton  fait  bouillir  le  tout  ensemble;  apres  quoi 
ou  retire  la  marmite  du  feu  ,  ou  la  secoue,  et  on 
y  ajoutc  du  vinaigre;  ct  lorsque  ce  jus  est  re- 
fi-oidi,  on  etcnd  sur  les  olives  des  rcjetous  d'o- 
rigan ,  ct  on  le  vcrse  tout  entier  dessus.  Autre 
mauiere  :  On  vcrse  de  Teau  pendant  trois  jours 
sur  des  olives  cueillies  a  la  main  avee  leurs 
queues ,  ensuite  on  les  fait  tremper  dans  de  la 
saumure,  et,  apres  les  en  avoir  retirces  au  bout 
de  sept  jours ,  on  les  met  dans  un  vase  avec  une 
dose  egale  de  vin  doux  et  de  vinaigre;  et  lors- 
quc  le  vase  est  rempli,  on  le  couvre,  eu  y  laissant 
quekiuc  ouverture  pour  lui  donuer  de  Tair. 

,\.\.lll.  Les  beures  du  jour  sont  d"une  egale 
durce  daus  lcs  mois  de  novembre  et  de  fevrier. 

A  la  premiere  et  a  la  onzieme,  le  gnomon 
donne  vingt-sept  picds  d'ombre. 

A  la  seconde  et  a  la  dixicme ,  il  en  donne 
dix-sept. 

A  la  troisieme  et  a  la  neuvieme  ,  il  en  donne 
trcize. 

Alaquatriemeetala  huitieme,  ilendonnedix. 

A  la  cinquieme  et  a  la  septieme ,  il  eu  doiine 
huit. 

A  la  sixicme  ,  il  en  donne  sept. 

•LIVRE  TREIZIEME. 

DliCEMBRE. 
I.  On  seme  au  raois  de  decembre  lcs    blcs, 
le  froineut,  Vadurcum  et  Torge,   quoiqu'il  soit 


deja  tard  poiu-  ee  dernier  grain.  On  peut  encore 
scmer  lcs  feves  vers  la  spptiiiwniitcm  (fete  des 
scptmonts) ;  car  on  auraittort  de  le  faire  apres  le 
solstice  dhivcr.  On  pourraaussi  semer  lagraine 
de  lin  ce  inois-ei  jusqu'au  sept  des  ides  de  de- 
cembre. 

II.  On  commencera  a  present,  pourvu  que  ce 
ne  soit  pas  avant  les  ides  ,  a  faeonner  la  tcrre  au 
pastinum  pour  y  planter  des  vigues  de  la  ma- 
nicre  que  nous  avons  exposee  ci-dessus.  11  sera 
encore  a  propos  de  couper  le  bois  ce  mois-ci.  On 
fabriquera  aussi  dcs  picux,des  panicrs  et  des 
echalas.  On  fera  encore,  dans  les  pays  froids,  de 
riuiile  de  laurier.  Ou  brisera  les  baies  de  myrte 
et  de  lentisque ,  pour  en  extraire  rhuile ;  et  rou 
fera  infuser  de  nouveau  du  myrte  dans  le  vin  , 
de  la  facon  que  nous  avoDS  donnee  precedem- 
ment. 

III.  II  faut  semer  la  laituedans  ce  temps-ci, 
afin  de  la  transplanter  au  mois  de  fevrier.  On 
pourra  aussi  semer  des  a  present  Tail,  roignon 
de  Cypre,  la  ciboule,  la  moutarde  et  rorigan, 
suivant  la  methode  et  de  la  maniere  que  nous 
avons  donnees  precedemment. 

IV.  Les  hijpoiiivlidcs  sont  (ainsi  que  Martialis 
rassurc)  des  fruits  semblables  a  la  eorme,  qui 
vicnneut  sur  un  arbre  de  moycnne  hauteur,  dont 
la  fleur  cst  blanchatre.  Ges  fruits  ont  quelque 
douceur,  et  un  ariiere-gout  piquant.  On  les  seme 
au  niois  de  dccembre ,  eu  nicttant  leurs  noyaux 
dansdepetits  vases.  Jlaisou  lestransplanteau  mois 
de  fevrier,  temps  ou  ils  ont  acquis  une  certaine 
force,  ct  ou  ils  sont  de  la  grosseur  du  pouce,  pour 
les  planter  dansune  tres-petite  fosse,  crcusee  sur 
un  terrain  rendu  bien  meuble  ,  dans  laquelle  on 
met  bcaucoup  de  fumier.  II  faut  proteger  cet  ar- 
bre  contre  les  vents ,  dout  le  souffle  dessecJierait 
bientot  ses  racines.  11  s'accoramode  de  quelquesol 


diluis  t  liinc  oll;e  adjids  i)ielli.s  paitpsdu.is,  viiii  iinam, 
defruti  diiiiidiam,  et  uhi  siiiiul  defcrbueiint,  deponis,  ac 
peinioves  ,  etacetum  iiiisces  :  cum  refiixeriiit  super  olivas 
origani  surculos  .slcriiis,  et  supra  jus  onine  dilTundes.  Ali- 
ter.  Olivas  iiianu  lcctas  cuin  pediculis  aqua  spargis  tribus 
diebus  :  deinde  miltis  iii  muria,  et  post  vn  dies  exemlas 
in  vase  adjicis  cum  musti  el  aceti  aequis  ponderibus.  Et 
implelum  vas  ita  operies,  nt  aliqua  spiraijienta  dimitlas. 
X.VIII.  Novembrein  et  Februariuni  ralio  teHiparis  per 
lioras  dierum  lccit  .lequales. 


Hora 

I 

ct 

XI 

pedes 

XXTII. 

Hora 

M 

et 

X 

pcdes 

XV 11. 

Hora 

III 

el 

I\ 

p.d.S 

Xlll. 

Hora 

IV 

et 

Vlll 

|«d,.s 

X. 

Hor.i 

v 

ct 

VII 

pedcs 

Vlll. 

Hora 

VI 

pedes 

VII. 

LIBER  DECI.MUS  TEUTHJS. 

Deccmbri  mense  seruntur  frumenla,  trilicum  ,  far ,  or- 

dcum :  quamvis  ordei  salio  jaiii  sera  sit.  Et  faba  circa  sep- 


timonlium  seri  polcst.  Nam  post  exactam  brumam  male 
seminatnr.  Hoc  etiam  meuse  adliuc  lini  semen  spargi  po- 
terit,  usque  ad  vii  idus  Decenibres. 

H.  Nunc  ad  institucndas  vites,  sed  post  idus  pastina  in- 
clioenins  effodere,  sicut  ante  tiaclatum  est.  Et  materiera 
bene  boc  mense  caedemus  :  palos  quoque  et  corbes  facie- 
mus  ct  ridicas.  Et  locis  frigidis  oleiim  faciemns  ex  lauro, 
et  myrti  baccasatque  lentisci  in  olei  siii  confectione  quas- 
sabimus,  et  vinum  myrtilem ,  sicut  dictum  estante,  tinge- 
mus. 

III.  Hoc  tcinpore  serenda  est  lactuca,  ut  planla  ejus 
Febrnario  Iransferdtur.  Etjam  nuncallium  et  ulpicumet 
cepulla;  et  sinapi  et  cunela  seri  potcruiit  disciplina  et  niore, 
qiio  ante  nar ratum  esl. 

IV.  Hjpomelides  poma  sunt  (ut  Marlialis  asscrit)  sorho 
similia.  Mediocii  arliore  nascuntur,  et  llore  candidulo. 
Dulcedo  Iiuic  frnctui  cum  acuto  sapore  commista  esl.  Scri- 
liir  mense  Decembri  nucleis  in  vasculis  posilis.  Meiise 
auleni  Febiuario  Iiypomelidis  planta  sed  pollicis  magnilu- 
dine  robusta  Iransfertur  brevissimo  scrobe ,  soluta  terra, 
pluiimo  stercore.  Sed  munienda  est,  quia  cito  arescit,  si 


DE  L-ACRICUf.TURE,  fJV.  XIV. 


qiie  fe  soit.  II  nime  lcs  climnts  cliauds,  exposcs 
jiii  soleil  et  voisins  de  la  mcr  ;  souveiit  meme  il 
sc  plaif  aii  milieu  des  foclicis.  II  craint  lcs  climats 
(Voids.  On  ne  peut  pas  le  preftVr,  et  il  vil  peu  de 
temps.  On  conserve  ses  tVuits  dans  de  petites 
cruches  enduites  de  poix  .  ou  dans  de  la  sciure  de 
peuplier,  ou  dansdespots  de  terrepleins  de  marc, 
ct  places  parmi  des  jjrappes  de  raisin. 

V.  On  s'occupe  en  ce  temps  de  plonger,  pour 
les  confire,  dans  de  la  moutaide  detiempee  avec 
du  vinaigre  (siiivant  Tusage),  dcs  raves  coupecs 
eii  petils  morceaux  et  lcgcrement  cuites  ,  apres 
les  avoir  bien  fait  secher  pendant  toute  unejour- 
iice,  pourqu'iln'y  resteaucune  humidite.  Quand 
on  en  aura  rempli  des  vases,  on  les  bouchcra, 
eton  n'en  tiiera  pour  son  usage  qu'apres  y  avoir 
goute  au  bout  de  quelques  jours.  On  pourra  aussi 
faire  la  meme  chose  aux  mois  de  janvier  et  de 
novembre. 

Vf.  Ceuxquiauront  Tavantage  dela  proximite 
de  la  mer  feront  aussi  confire  a  present,  dans  du 
sel,  de  la  chair  de  hcrisson  de  mer,  quand  Tac- 
croissement  dela  lune  fnvorisera  cette  operation  ; 
parce  que  c'est  le  temps  ou  cette  planete  fait 
grossir  les  membres  de  tous  les  etres  vivaiits  que 
la  mer  renferme  dans  son  sein,  poissons  et  co- 
quillages.  Au  reste,  cette  operation  se  fait  de  la 
inaiiicre  accoutumce.  Elle  se  pratique  cgaleraent 
bien  pendant  tout  rhiver.  On  fait  aussi  des  jara- 
bons,  et  on  sale  du  lard  non-seulement  ce  raois- 
ci,  mais  dans  lecourant  de  tous  les  mois  d'hivcr 
danslesquels  le  froid  est  rigoureux.  II  faudra  ten- 
dre  dans  ce  tcinps-ci  des  picges  au  milieu  dcs 
bois  taillis  et  des  plaiits  d'arbustes  feconds  en 
baies,  pour  y  prendre  des  grives  et  d'autres  oi- 
seaux.  Cette  chasse  dure  jusqu'au  mois  de  mars. 

VII.  Le  moisde  decembre  ressemble,  pour  la 


durce  des  hcures,  A  celui  de  janvier  par  dcs  rai- 
sons  contraircs,  puisqiu!  les  joiirs  de  riiii  de  ces 
raois  croissent  dans  Ja  merae  pi  oportion  que  ceu.x 
de  Tautre  dccroissciiT. 

A  la  premicre  et  n  la  onzieme  hcure,  lc  gno- 
mon  donne  vingt-neuf  picds  (romhre. 

A  la  scconde  eta  ladixieme,  i!  cn  doiiuc  <ii\- 
neiif. 

A  latroisicme  et  a  la  neuvieme,  il  eu  douiie 
quiiize. 

A  la  qualricme  et  a  la  huiticme,  il  eii  doiine 
douze. 

A  la  cinquieme  et  a  la  scptieme ,  il  en  doiino 
dix. 

A  la  sixicmc,  il  en  donne  neuf. 


LIVHE  QU.\TORZlftME. 

AU  TliES-DOCTi;  PASIPIIILUS. 

Eeccvez,  comme  uii  nouvcau  gage  de.  Taffec- 
tionqueje  vousai  vouee,  ee  poeme  relatif  a  Tart 
de  la  gieffe.  Cette  addition  a  mon  preraiercnvoi 
est  uiie  faeon  de  payer  rintcret  de  mnn  retuid. 
Si  vousavez  attendu  plus  longtemps  que  vous  nc 
le  desiriezces  volumcs  relatifs  aux  travaux  auri- 
colcs,  n'en  accusez  que  la  leiiteur  du  copiste;  c'e.st 
undefautpour  lequel  je  memontre  tOLijoursa.ssc/, 
indulgent.  Coiinaissantparexperiencelesmanani- 
vresde  ceux  qui  nousservent,  j'ainie  inieux  at- 
tendre,  afin  de  pouvoir  compter  surde  meilleure 
besogne.  .Te  ne  sais  si  j'ai  cela  de  commuii  avec 
les  autres  maitres ,  mais  je  remarque  que  le  ca- 
ractcre  des  eselaves  est  de  donner  toujours  dans 
les  extrcmes.  Tant  11  est  vrai  que  dans  cctte  coii- 
dition  les  meilleurs  penchants  se  denaturcnt,  ct 


railicos  i'jns  veiitus  afllaveiit.  Teirain  qiialeniciinqne  iion 
lespnit.  Anial  loca  lepida ,  ain ica ,  maritinia ,  et  s.Tjie 
saxosa.  Statuni  rigidiini  lefoiinidal.  inseii  non  iiotcst, 
exigiia  durat  a;lale.  Poina  cjiis  aiit  in  picatis  et  miuulis 
nrciolis,  aut  scobe  populi ,  anl  in  ollis  inter  uvas  vinaceis 
obruta  servabnutur. 

V.  Xunc  rapa  in  partes  minutas  recisa  et  levitcr  cocta 
et  tola  (iie  diligentins  ex.siccata ,  nequid  reservent  liuinoris, 
sinapi  ex  aceto  ( sicul  moris  esl )  teniperato ,  nici  gere  et 
condirc  curabimus,  et  repleta  vasa  claudcnuis,  ac  post 
aliipiantos  dies  guslibus  explorala  profeienius  iisuri. 
Quam  rem  Januario  quoque  et  Novcmbi i  mense  poleiimns 
eflicere. 

VI.  Nnnc  eliam  qiiibns  litus  in  fruclu  est,  ubi  Inn.-p  jii- 
vabit  angmentuin,  quu:  oninium  clausonim  maris  aniina- 
liuiii  atipie  concbarum  jnbel  incieincnto  sno  niembra  liir- 
gere,  ecliini  carnes  salibiis  condiic  cnrabnnl.  Quod  solilo 
more  conlicilur.  Hanc  qnoipie  reui  pcr  omnes  menses  heiie 
faciemus  hibernos.  Pernaseliain  etlariiuin  couficimus  non 
solum  mense  bor,  sed  oninibus ,  qiios  hiemalis  algor 
astringil.  Tempoie  lioc  per  bumiles  silvas  et  haccis  tfp- 
cunda  virgiilta  ad  turdos  el  ca;teras  aves  capiendas  laqiieos 

PiU.Abirs. 


cxpedire  conveniet.  Hoc  usqiie  in  Marlinm  mcn.sem  leude- 
turancupiiim. 

Vll.  Decenibrem.Ianuaiio  in  horiscausadisparadjiiuvit, 
cum  linea  simili  ille  augeatiir,  iste  decrescat. 


Hora 

1     et 

XI 

pedes 

Hora 

11     ct 

X 

|)edes 

Hora 

111     et 

IX 

pedes 

Hoia 

IV     el 

Vlll 

pedes 

Hoia 

v     et 

Vll 

pedes 

Hora 

VI 

pcilcs 

LIBER  DECIMIS  QUAHTUS. 
AD  PASIPHILUM  VIRUM  DOCTISSIMU.M. 

IIjIhs  aliiid  indulla!  fidei  testimonium.  Pronsiiia  lein- 
puris  lioc  opus  de  arle  insilionis  adjeci.  Sed  qiiod  vuln- 
iniiia  b;ec  riiiis  colendi  serius qiiam jusseras ,  scripla  siinl, 
lihrarii  manus  segnior  fecit,  ciijiis  ego  lardilatem  nuiKpiain 
malignea^slimo.  Sciocnini,  qunrieqiienlprincliiict  aigiUia 
raniuloriiui.  Malo  operam  ejus  cvpcctare  polius  ii<iaiii  li- 
mere.  Ncscio  utrum  communc  sit  dominis  :  mibi  dilficile 

41 


PALLADIUS. 


qu'il  n'est  pas  de  qualite  quine  puisse  y  devenir 
defaut.  Une  nature  promptecliez  eux  est  toujours 
pres  du  mal.  La  paresse  du  moins  a  l"allure  de 
la  bonliomie.  Plus  on  incline  a  1'indoleuce,  et 
moins  on  estpropreau  crime.  Du  reste,  mon  lie- 
sitation  a  vous  offrir  cet  ouvrage  est  celle  d"un 
bon  serviteur.  J'ignore  a  la  verite  si  votre  csprit 
se  sent  porte  vers  ces  minuties ,  mais  votre  at- 
tention  va  les  grandir  et  les  elever  au  niveau  de 
votre  attente.  Aussi ,  pour  peu  que  vous  pensiez 
avantageusemeut  de  ces  bagatelles ,  je  n'liesite- 
raipasa  y  mettremoi-memeleplusgrandprix.  Le 
curieux,encontemplantunemedaille,ne  tient  pas 
compte  de  la  poussiere  qui  la  couvre ;  il  ne  voit 
(|ue  reffigie,  portrait  en  raccourci  de  quelque 
grand  personnage  d"autrefois. 

DES  GREFFES. 

Pasipbilus,  type  de  l'amilic,  depositaire,  a  si 
juste  titre,  de  tous  les  secrets  de  mon  ame,  vous 
louez ,  vous  prisez  et  vous  chiirissez  ces  quatorze 
petits  livressurragriculture;ceuvrevuigaire,  an- 
ti-poetique s'il en  fut,  affranchiede  tout  rhythme , 
qui  n'emprunte  rien  de  la  source  d'Hippocrene, 
«t  n'a  pour  tout  merite  qne  sa  simplicite  rusti- 
que.  Mais  la  rusticite  meme  vous  plaira  chez  un 
ami.  Ma  presomption  est  accrue  de  cette  con- 
fiance,  et  j'ose  offrir  aujourd'hui  ce  petit  poiime  a 
votreapprobation.  Au  reste,  le  but  de  ma  muse 
n'a  rien  que  de  louable,  puisqu'elle  se  propose 
de  traiter  d'une  operation  rustique,  que  ron  peut 
regarder  comme  urbaine,  qui  consiste  a  joindre 


ensemble  des  arbres  heureu.x,  par  un  mariage  de- 
vant  douer  leur  progeniture  des  avantages  de 
tous  deux ;  a  revetir  un  arbre  incorpore  a  un  au- 
tre d'un ombrage  qui  lui  soit  analogue ;  a  ennoblir 
le  resultatdecette  unionpar  un  doublefeuillage; 
enfin  a  reunir  des  sucs  agreables  par  Teffet  d'une 
alliance  charmante ,  et  a  confondre  deux  saveurs 
dansunm(3me  fruit.  J'enseigneraidonc  quelssont 
ies  arbres  qui  donuent  rhospitalit6  a  d'autres  ;  i\ 
(juels  arbres  ils  la  donnent,  et  comment  ceux-ci 
vont  parer  leur  front  d"une  chevelure  adoptive. 
Le  moderateur  du  ciel ,  qui  fait  errer  les  etoiles 
biillantes,  qui  a  afferrai  la  tcrre  sur  ses  foiule- 
nients,  et  qui  donne  recoulement  aux  eaux  de 
la  raer,  aurait  pu  revetir  lui-meme  les  branches 
des  arbres  de  differentes  especes  de  fleurs ,  et  or- 
ner  une  foret  chargeede  fruits  d"un  feuillage  va- 
rie.  Mais,daignantdonner  a  nos  travaux  roeca- 
sion  de  se  signaler  en  cette  partie  ,  il  a  voulu  que 
Tart  formAt  une  seconde  nature.  Je  ne  crois  |>as 
que  rentreprise  de  ma  muse  soit  sans  fruit,  hi 
que  ce  petit  ou vrage  raanque  absolument  de  gi  j5ce 
et  d'utilite.  On  voit  bien  la  curiosite  humalne 
allierrardentecavale  a  Taneparesseux,  bien  qu'il 
ne  sorte  de  cette  allianee  qu'une  progenituro  re- 
tive  et  sterile,  un  rejeton  inhabile  ^  transmcltre 
a  d'autres  la  vie  qu'ila  recue.  Pourquoi  un  aibre 
infructueux  ne  serait-il  pas  feconde  par  le  moyen 
d'un  autre  germe,  enretour  de  rhospitalite  qu"il 
lui  a  donnee?  Pourquoi  ne  deviendrait-il  pas 
plus  brillant  en  partageant  les  honneurs  d"une 
lleur  etrangere?  J'entre  en  matiere,  en  me  eon- 
formaut  dans  mon  travail  a  tous  les  ecrits  des 


contigit.in  servilibus  ingeniis  invenire  temperiem.  Ita 
s*iiissime  natuia  lia;c  viliat  coininodiim  si  quod  est ,  el 
miscet  optandaconlraiiis.  Velocitas  prociiriit  infaeinus; 
segiiities  figuram  benignitatis  iinitalur,  et  lanluni  lecedit 
ab  agilitate ,  qnantuni  lecessit  a  sr^lere.  l)iu  lamen  apud 
1«  pudorem  meiim  distuli,  scd  lioc  qiiasi  bonus  laniulus 
feci.  Verum  nescio,  si  tuum  ad  lias  modo  minutias  incli- 
nelur  ingenium.  Grande  erit,  et  par  desiderio  suo,  quod 
stuilii  tui  quaeret  affeclio.  Et  licet  de  his  nugis  favorabiliter 
sentias,  ego  meas  opes  sestiniaie  non  differo.  Non  est 
magni  loci  assibus  intuendis  oculosduxisse  per  pulveiem, 
qnia  nescio  quomodo  nota;  sunt  quaedam  maximarura  per- 
sunaium  miniita  comiieiidia. 

DE  l.\'SlTtONI15US. 

Pasipbile  ornatus  (idei ,  cuijure  iatemiir, 

Siquid  in  aicano  pectoris  uinbia  tegit, 
Bis  septem  parvos,  opus  agiicolare,  libellos  , 

Quos  manus  ha;c  sciipsit,  parlesilente  ])edum, 
Nec  stiictos  numeris,  nec  Apollinis  ainne  llueiites,      5 

Sed  pura  tantum  rusticitate  iiides, 
Commendas,  dignaiis,  amas,  et  rusticadicla 

Affectu  socii  solHcitante  colis. 
Nunc  ideo  modicuin  crescens fiducia  caimen 

Obtulit,  aibilrio  Iselific;nida  luo.  10 

E^l  nostrsestudiuni  non  fnii;lemnaliile  luus.e. 


Uibanum  fari  rusticilalis  opus  : 
Sub  tlialanii  specie  feliccs  jungere  silvas, 

Ut  soboli  mistus  crescat  iitiinque decor  : 
Connexumque  nemus  vestiie  affinibiis  unibiis, 

Etgeuiina  parUim  nobilitare  coina  : 
Fadciibus  blandis  dulcesconfunderesuccos, 

Etfelum  duplici  fiuge  sapoiis  ali  : 
Qua;  quibus  bospitium  prajstent  virgulta  docebo 

Qua;  sit  adoptivis  arbor  onusta  coinis. 
Ipse  poli  rector,  quo  lucida  sidera  currunt, 

Quo  fixa  est  tellus ,  quo  Duit  unda  maris, 
Cum  posset  niistos  raniis  inducere  llores , 

Et  vaiia giavidum  pingeie  fronde  nemiis , 
Dignatus  nostros  hoc  insignire  laborcs , 

Naluram  fieri  sanxit  ab  arle  novani. 
Non  segne  oflicium  nostrae  reor  esse  camama' , 

Aul  operis  parvi  gratia  fiet  inops. 
Si  velocis  equ?e  pigro  miscetur  asello 

Aidor,  utin  sleiileui  les  cadat  actagr.idHui, 
Foecundumqne  genus  productus  deleat  liaMes 

Et  sibi  defectuni  copia  piolis  agat : 
Cur  noii  arbor  innps  pinguesrat  ab  liospite  geinma, 

Et  deciis  extcrni  lloris  adepta  micet? 
Incipiain,  quidquid  veteres  scripseie  coloni , 

Sacraqiie  piiscniuiii  verba  lalioie  seqiiar. 


DE  L'AG1\ICUL1I;KE,  LIV.  XIV. 


r.(3 


agriculteurs  qui  m"i)nt  piecedci,  et  aux  paroles 
eonsacrees  par  ies  anciens. 

Dans  rorigine,  i'active  industrie  a  invente  bicii 
des  sortes  de  greffcs,  et  a  vouiu  qu'une  main  lia- 
bile  les  mit  eu  oeuvre.  En  effet,  les  metliodes  sui- 
vantes  apprenneut  a  tout  arbre  pare  de  feuilles 
etrangeres  a  porter  les  fruits  qu'on  lui  confie  : 
ou  Ton  enfonce  de  nouveaux  germes  entre  son 
ecorce ,  que  lon  en  separe  a cet  effet ;  ou  on  le 
fend  h  Textremite  superieure  de  son  tronc ,  pour 
recevoir  ces  germes;  ou  eniin  on  adapte  le.s  yeux 
verdissants  d'unbouton  etrangeret  humide  a  Tun 
de  ses  bourgeons,  qui  resserre  le  premier  dans 
son  sein  humide  de  seve. 

La  branche  a  fruit  de  rarbuste  de  Bacchus 
rEchionieu  est  la  premiere  a  qui  Ton  ait  appris 
a  se  marier,  afin  que  la  grappe  de  raisin  fut  gon- 
llee  par  un  vin  etranger.  Les  membres  feconds 
de  la  vigne  sont  entrelaces  de  bourgeons  entor- 
tillesautourd'elle;et,  des  qu'elle  estadulte,  elle 
nourrit  ceux  de  Tespece  qu'elle  a  recue  entre  ses 
bras  :  de  sorte  qu'un  pampre  doux  eouvre  de  son 
ombre  un  pied  de  vigne  dont  le  feuiUage  est 
d'une  autre  natureque  lesien,  etquecette  plante 
se  cowbe  sous  le  poids  du  dieu  replet. 

Les  rameaux  de  Tarbre  de  Pallasembellissent 
les  chenes  des  forets ,  et  la  superbe  olive  eunoblit 
des  fruits  sauvageons.  L'olivier  sauvage,  tout 
sterile  qu'il  est,  feconde  celui  dont  nous  recueil- 
lons  les  olives  grasses,  et  lui  apprend  a  donner 
des  fruits  qu'il  ue  saurait  produire  lui-meme. 

Le  poirier  au  germe  blanc  prete  sans  jalousie 
ses lleurs  de  couleur  de  neige,  et  sunitamou- 
reusement  ^  un  bois  different  du  sien.  Tantot 
11  arrache  les  armes  cruelles  de  ses  soeurs  epineu- 


ses,  et  apprend  aux  poiricrs  indomptes  a  depo- 
ser  leurs  traits;  tantot  il  produit  des  pommcs 
dont  la  rondeur  se  termine  en  une  pointe  insen- 
sible,  et  fait  flechir  les  rameaux  du  frene  en  le 
revetant  de  nouveaux  honneurs.  II  npprciid 
en  outre  a  Phyllis  a  porter  des  fruits  plus  doux 
et  d'un  plus  gros  volume ,  et  pr^te  ses  membies 
a  la  peau  dure  doutelleest  couverte.  II  dote  ks 
pruneliers  steriles,  ainsi  que  l'orme  sauvage  qui 
ne  produit  aucuns  fruits,  et  les  force  a  cherir 
un  honneur  qui  leur  etait  ineonnu.  Ses  brauehes, 
entees  sur  le  cognassier,  changent  la  nature  de 
eelui-ci,  et,  son  odeur  se  confondant  avec  celle 
de  ce  dernier,  il  lui  fait  procreer  des  fruits 
eharmants.  II  depouille  les  fruits  du  chAtaignier 
de  recorcepiquantequi  les  enveloppe  ,  et  ehange 
le  poids  dont  ils  sont  charges  en  un  fardeau  plus 
doux.  II  depouillc  le  netlier  menacant  de  son 
appareil  de  guerre,  etouffant  ses  mauvais  des- 
seius  sous  une  ecorce  paisible.  Ses  germes,  dit- 
on  s'unissent  aux  branches  de  Tarbre  de  Libye , 
et,  feeondes  par  lui,  peuvent  jouir  d'un  eclat 
empourpre. 

Le  grenadier ,  qui  dedaigne  pour  son  fruit 
l'importation  d'un  goiit  nouveau  ,  ct  pour  ses 
raraeaux  uue  parure  empruntee,  augmente  dc 
lui-meme  le  nombre  dcboutons  cn  changeant  de 
semence,  et  se  plait  a  Stre  pcint  d'une  rougeur 
qui  a  de  raffinite  avec  ses  teintes  propres. 

Lepommier,  ente  surde  plus  hautes  branches 
que  les  sienues,  continue  de  eroitre,  et  change  a 
ramiable  le  poirier  qu'on  lui  a  associe.  II  s'ex- 
horte  luimeme  alaisser  dans  les  forets  ses  mceurs 
sauvages,  et  se  plait  a  porter  un  fruit  plus  dis- 
tingue.  II  rend  lisses  les  pruneliers  garnis  d'epi- 


l^iincipio  multas  species  industiia  solers 

Prolulit ,  et  doctam  jussil  inire  nianum. 
Nam  quaecunque  viiens  alicnis  Irondibus  arbo.s 

Comitur,  liisdiscit  credila  ferre  modis. 
Aul  nova  discreto  figuutur  germina  llbro , 

Aul  aliud  summo  robore  fissa  capit, 
Aut  viridcls  oculos  externi  gemma  tumoris 

Accipit,  ct  lento  striiigitiirudaslnu. 
PiirausEcliioiiii  palmessejungere  liacclii 

Novit,et  externo  tendituruva  meio. 
Nexilibus  gemmis  tecundos  impllcat  artus 

Vitis,  et  amplexum  pascit  adullageniis 
Dogoncrlsque  com^e  vestigia  mitis  uuimbiat 

Pampinus ,  et  pingui  curvat  onusta  deo. 
Robora  Palladli  decorantsilvestrla  rami, 

Nobilitat  partus  bacca  superba  feros; 
Ffpcuudat  slerilis  pingues  oleasler  olivas, 

El  quae  non  novit  munera  lerre  docet. 
Germine  cana  pirus,  nlveos  liaud  iuvida  llorcs 

Commodat ,  et  varluin  nectit  aniore  ncmus. 
Niinc  rapit  hirsutis  horrenda  sororibiis  arma , 

El  docet  indomitas  iwncre  tela  piros. 


Nunc  teretem  pingui  producil  aciiminc  maliim, 

Fraxiiieasque  novo  flectit  honore  manus. 
Phyllida  quiu  etiam  grandi  initescere  fructu 

Instiluens,  durae  dat  sua  mcmbra  cuti. 
Et  sterilesspinos,  et  Inertem  foetlbusornum 

Dotat,  et  Ignotum  coglt  amare  deciis. 
Hujus  ct  immissi  vertere  cydonia  rami, 

Pomaque  confusus  blanda  creavitodor. 
Castanea;  septos  aspro  velamine  firtus 

Exuit,  el  placldo  pondero  mutat  oiius. 
Mespllaqiie  exarmat  pugnacibus  borrida  membris, 

Et  mala  Iranquillo  corlice  vota  premit. 
Creditur  ct  Libycis  sua  germina  nectere  ramls, 

Lsctaque  punicco  possc  decore  frui. 
Piinira  non  alios  unquam  dignata  sapores 

Mala ,  ncc  externis  associata  comis, 
Ipsa  suas  augent  mutato  seminc  gemmas, 

Et  sibl  cflgnato  plcta  nibore  placenl. 
Inslta  proceris  pcrgit  concresccre  rainis, 

E(  sociam  mutat  malus  amlca  pinim. 
Seqiie  feros  sllvis  liortalur  linquerc  inores, 

Et  partu  ;.'aiiitet  noblllorc  friii 


PALLADIUS. 


nes,  aiusi  que  les  chenes  armes  de  piquants ,  et 
les  revet  en  croissant  d'une  beile  chevelure.  II 
sait  gontler  d'un  suc  agreable  la  petite  corme  , 
et  faire  descendre  le  fruit  de  l'arbre  qui  la  doune 
a  la  portee  des  mains  qui  le  desirent.  II  se  plait 
a  changer  de  nom  sur  les  souches  du  saule  ,  et  a 
repandre  sesfleurs  sur  des  forets  agreables  aux 
Nyraphes.  II  apprend  au  plataae,  cet  arbre 
sympathique  de  Bacchus,  a  rougir,  charge  d'un 
fruit  nouveau.  Le  peeher  adraire  son  feuillage, 
auquel  il  n'etait  point  accoutume ;  et  la  cheve- 
lure  du  peuplier  porte  ses  dons  eblouissants  par 
leur  blancheur.  La  nefle  lui  obeit ,  et,  changeant 
ses  entrailles  pierreuses,  elle  grossit  et  rougit  eo 
se  rcmplissant  d'une  liqueur  blanche.  Au  heu 
des  pieux  lourds  et  des  armes  grossieres  qu'ils 
fournissaient  auparavant,  les  chiitaigniers  don- 
nent  de  nouveaux  fruits,  qui  leur  font  honneur 
par  leur  couleur  jaune. 

Le  pechercharge  lui-meme  ses  branchesd'un 
nieilleur  germe,  et  associe  sa  nature  au  prunier. 
II  couvre  d'ombres  legeres  le  trouc  de  Phyllis ,  et 
apprend  a  devenir  lui-meme  plus  fort  par  cette 
transmigration. 

Quoique  Tarbre  qui  produit  des  coings  jau- 
ncs  se  prete  a  donner  rhospitalite  a  toutes  sot'- 
tes  de  fruits  ,  il  ne  se  eonfle  Ix  aucun  autre  arbre 
pour  la  recevoir.  II  est  fier,  et  meprise  Tecorce 
dun  bois  etranger,  convaincu  qu^il  n'y  a  point 
d'arbre  qui  puisse  ajouter  quelque  chose  a  ses 
avantages  partieuliers.  Mais,  offrant  a  ses  propres 
branches  des  lits  qu'elles  connaissent ,  il  se  con- 
tente  d'ennoblir  un  bien  qui  lui  apparticnt. 

Le  dur  uellier,   rival  du  poirier  sauvage  ,  se 

Spiniferas  pninos,  armataqiie  robora  sentes 

Levigal ,  et  piilcliris  veslil  aitulla  coniis. 
Lxigiiam  sorbiim  ilulci  distendere  siicco 

N'iivil,  et  ad  eiipidas  llectere  ponia  raaniis. 
Stiiiilibus  gaudet  nomen  mulare  salignis,  85 

i:t  giatuni  Nympliis  spargere  llore  nemus. 
■Rolioratlijrslgeroplatani  concordia  Baccho 

tirtibus  inslituit  plena  ruliere  novis. 
Illius  insolilas  iniialur  persicus  umbras, 

Popiileseque  feruiit  caudida  dona  comae.  90 

Mespilus  buic  paiet,  lapidosaque  viscera  mutans 

Tenditur,  el  niveo  plena  liquore  rubet. 
Pio  sudibus  fcrtis ,  et  pro  prEegnanlibus amiis 

Castaneae  fiilvum  dant  nova  mala  decus. 
Ipsa  suos  onerat  melioii  gcrmine  ramos  93 

Persicus,el  pruiioscit  sociare genus. 
Iiiiponitque  leves  in  stipite  Phyllidis  umbras, 

Et  tali  discit  lorlior  esse  gradii. 
Ciiin  pra?stet  cunclis  se  fulva  Cydonia  pomis  , 

Allerius  niillocreditur  hospitio.  100 

Pioboris  externi  libriim  aspernata  superbit, 

Scit  tanliim  nullo  crescere  posse  decus. 
Sed  propriis  pandens  cognala  cubilia  ramis , 

Slal,  conlenta  siiiim  nubililare  bonum. 


greffe  sur  des  pommiers  dont  on  rebute  le  fruit, 
et  se  trouve  en  surete  quand  son  germe  y  est 
recu ,  parce  que  de  doubles  armes  le  rendent 
alors  plus  redoutable  qu'auparavant;  de  sorte 
que  son  bois  cruel  epouvante  les  mains  avides. 

Les  branches  du  eitronnier  souffrent  aussi 
qu'on  leur  prete  les  enfants  eleves  par  le  murier 
sous  son  ecorce  pleine ,  et  changent  les  piquants 
dont  les  poirierssont  ordinairementarraes  ,  pour 
nourrir  les  fruits  odoriferants  de  ceux-cl  d'un 
sucflatteur. 

Les  pruniers  ajoutent  .i  leurs  propres  raem- 
bres  d'heureux  germes,  et  portent  des  presents 
fertiles  dans  un  corps  analogue  au  leur.  Lors- 
qu'on  les  force  d'habiter  dans  le  chataignier,  ils 
desarmenta  la  veriteson  fruit,  mais  ils  arment 
ses  bras. 

Lcs  caroubiers  accoutument  lcurs  fruits  a  s'a- 
mollir  avec  lesecours  d'un  suc  vert,  et  nourris- 
sent  tous  les  autres  fruits  dans  leur  sein. 

Le  flguier  determine  les  mures  a  quittet  leur 
couleur  noire ,  et  fait  la  loi  aux  branches  dont  il 
s'est  empare.  II  s'admire  aussi  lui-meme  lors- 
qu'un  suc  raieux  nourri  le  fait  grossir,  et  se  re- 
jouit  de  voir  ses  fruits  exceder  leur  grosseur  or- 
dinaire.  Le  noble  platane ,  cher  aux  amis  de  la 
table,  dont  la  ehevelure  se  prete  avec  amour 
auxentrelacements  delavigne,  le  platane  ouvre 
aussi  les  bras  au  figuier,  qui  trouve  un  abri  de- 
sire  sous  son  ecorce  nourrissante|,  et  reraplit  en 
croissant  le  sein  qui  Ta  adopte. 

Le  figuier  entretient  en  outre  un  commerce  r& 
ciproque  avec  la  mure ,  et  prodigue  sa  substance 
au  germe  qu'elle  lui  offre  a  uourrir.  Le  frfine 

/Emula  dura  piri  despecti  mala  saporis  105 

Jlespilus  admisso  germine  tuta  subit. 
lit  geminis  sese  violentlor  inseril  armis, 

Atqiic  avidas  terrent  robora  sa;va  mauus. 
Nec  non  et  citrei  paliuntur  mutua  rami 

Pignora ,  qii.T  gravido  cortice  morus  alit.  110 

Pomaque  pastiiri  blando  redolentla  succo 

Armatis  mutant  spicula  nota  piris. 
Pruna  suis  adduntfelicia  geiminamembris, 

Donaque  cognato  corpore  la-ta  ferunt. 
Exarmal  foetus,  sed  brachia  roborls  armal  115 

Castanea;  prunusjussa  tenere  larem. 
Assuescunt  siliquae  viridi  mollescere  succo, 

Et  gremio  pascunl  caelera  poma  suo. 
Persuadet  moris  tetruni  mutare  colorena 

Ficus,  et  invasis  dat  sua  jura  comis.  120 

Seqiioqiie  miratur  pingui  grandescere  succo, 

Ktsolitum  gaiidet  vincere  pomamodum. 
Iiiiignes  foliis  platanos,  felicia  mensis 

Brachia ,  gaudentes  vitis  bonore  comas , 
Iiigrediens pingui  se  cortice  maxima  ficus  I2j 

Servat,  et  optatos  implet  adepta  sinus. 
Miilua  quin  etiam  moris  commercia  ticus 

Pi  acstat ,  el  oblalum  lobore  gsrnien  alil. 


DE  UAGRICULTURH,  MV.  XIV. 


prcte  aussi  scs  membres  a  cette  sanir  avide ;  et , 
se  voyaiit  alors  baigne  de  saug,  il  redoute  ses 
nouveaux  cnfaiits.  Le  hfitre  geaiit  recoit  aussi  la 
teinture  du  miirier.  La  chataigne  herissee,  ce 
fruit  a  renveloppe  dure  et  piquante  ,  appreiid 
de  lui  k  devenirnoire  comme  de  lapoix,  et,  nour- 
rie  de  ce  suc  nouveau,  voit  s'augmenter  son  vo- 
lumc.  Le  lercbinthe ,  dont  Todeur  est  si  agreable, 
obeit  au  nuirier,  et  produit  alors  des  fruits  dont 
le  raeriteest  double. 

Le  corniier  a  Tavantage  d'augmenter,  en  se 
renouvelant  de  lui-meme ,  la  beaute  de  son  fruit, 
ct  Tarbre  se  courbe  alors  sous  le  noble  effort  de 
ce  surcroit  de  produetion.  Cet  arbre  depouille 
de  leurs  piquants  les  merabres  durs  de  repine, 
et  cache  les  armes  de  cette  plante  sous  de  dou- 
ces  ecorces.  11  se  plalt  k  unir  le  coing  dore 
avecson  proprefruit,  etcherit  despresents  d'une 
couleur  itrangcre. 

Les  cerisiers  se  greffent  sur  le  laurier,  et  le 
fruit  quils  le  contraigneiit  de  donncr  teint  d'une 
pudeur  adoptive  lesjoucsde  cctte  vierge.  II  force 
les  platanes  ombragcs  ,  ainsi  que  le  prunier  he- 
risse,  a  revetirsa  luisante  ecorce.  Et  lepeiiplier 
s'ennoblit  d'une  adoption  qui  nuance  d'un  rouge 
llatteur  la  blancheur  de  ses  rameaux. 

Phyllis,  cachee  cntre  Tecorce  d'un  prunier 
fcndu ,  eu  couvrc  les  membresparfumes  de  fleurs 


prccoces ,  et  cliangc  les  fruits  du  piJchcr  cn  y 
ajoutant  une  cnvcloppe,  et  en  leur  apprenant  a 
prcndre  une  couvcrture  dure  qui  lcur  sert  dc 
pcau.  Ellc  arrondit  sous  une  moindre  formc  lc 
fruitdu  caroubicr  lorsqu'il  se  gonlle  ,  etenrichit 
d'une  bellc  odeur  les  fcuillessauvagesdc  cet  ar- 
bre  :  Ellc  dcpouillu  la  chAtaigne  de  son  enveloppe 
cruellc,  ct  force  Tarbre  a  admirer  la  peau  lisse 
deson  fruit. 

Lcs  pistaches  se  glissent  entre  les  branches 
deramandicr,  ct  le  nioindre  fruit  devient  alors 
le  plusrecherehe.  Le  tercbinthe  aussi  lcur  offre 
son  ombre  paternelle,  et  les  ennoblit  par  soii 
adoption. 

Les  membres  elevcs  du  chataignier  fccondent 
le  saule  des  riviercs,  et  prennent  dcla  forcelors- 
qu'ils  sont  abreuvcs  d'unc  grande  quantitc  d'eau. 

Le  vaste  noycr  s'empare  sous  son  ombrc  des 
feuilles  de  rarbousier,et  rapporte  des  fruits  qui 
sont  en  siirete  sous  leur  double  ecorce. 

On  a  essaye  d'autres  procedes ,  quune  expc- 
riencc  habile  pourra  perfectioner  avec  le  temps. 
Mais  pour  un  pocte  qui  n'est  habitue  qu'a  re- 
tourner  la  tcrre,  c'est  dcja  beaucoup  d'avoir 
cnoncc  ccux-ci  cn  vers  meme  mediocres  Lisez-les 
cesvcrs,  fabriques  parmi  lcs  instruments  du  la- 
bourage.  Ils  sont  rudes,  raais  d'unerudesse  que 
tempcre  rutilite  de  leur  objet. 


Fraxiiiiis  liiiicavide  confertsua  membra  sorori, 

lit  inetuit  firlus  spaisa  cruore  novos.  130 

Pioceras  fagos ,  ct  ponia  liirsula  viiontis 

CastanpiP,  duris  aspera  mala  comis 
Inficiens,  monslrat  piceo  nigiesceie  partu, 

Et  succo  pascit  turgiiia  poma  novo. 
Obsequilur  moris  blantlo  terebinllius  odore,  135 

Et  geniinis  veniunt  inunera  niista  bonis. 
Sorba  siios  partus  merito  niajoris  lioneslant 

Seminis,  et  pulcliro  curva  laboie  nitent. 
Haec  arbos  spinaeduros  mucronihus  artus 

Exuil,  ac  libris  initibus  anna  tegit.  140 

Aureaque  annexo  miscere  cydonia  loetu 

Gaudet ,  et  externi  doiia  coloris  amat. 
Inseritur  lauro  cerasus,  partuque  coacto 

Tinguit  adoplivus  virginis  ora  pudor. 
Umbranles  platanos ,  et  iniquam  robore  prunum       146 

Compeint  gemmis  pingere  membra  suis. 
Populeasque  novo  distinguit  muiiere  frondes , 

Sic  blandus  spargit  biachia  rana  inbor. 
Pliyllis  oiloratos  piiiii.x'vis  noribus  artus 


Discissi  pruni  corlice  fi\a  tegit. 
Pomaquepcrmiitat  vclamine  persica  misto, 

Duritiemque  diicet  legniinis  esse  loco. 
In  modicain  tornat  slliqiia  tendenle  liguram , 

Et  frondes  pulcliro  ditat  odore  leras. 
Caslaneainque  Irncpm  depulsiscogit  ecbinis 

Mirari  fructus  levia  ponia  sui. 
Quin  et  ainygdaleos  suheunt  pistacia  ramos 

Kl  merilum  inajus  de  brevilate  petnnt. 
Ha^c  ctcognalii  i  iiiii-n^  lireliiiithiis  amictu 

Nul[itailii|itl\i l,ilil;ill(iainillis. 

Flumincam  salicrni  riciunilantaidna  incnibra 

Castanea»,  et  multo  pasta  liqiiore  vigent. 
Arbuteas  frondes  vastse  niicis  occupat  umbra, 

Pomaqiiesub  duplici  cortice  tuta  refert. 
Ca'tera ,  quai  solers  processii  temporis  usus 

Exprimet,  exemplis  instituere  novis. 
Haec  sat  eril  teniii  versu  mcmorasse  poetam , 

Quein  jiivat  effossl  lcrganiovere  soli. 
Carmina  tu  duros  iiitcr  formala  hidcntes 

Aspera.scd  niili  ruslicitalfc,  leges. 


NOTES  SUR  PALLADIUS. 


LIVRE  I. 

I.  Quod  a  plerisque/dctiim  es(.  Le  trait  paralt  diiig^; 
contre  le  slyle  de  Columelle.  Mais  Palladius  est  assez  sou- 
vent,  et  trfesridiculement,  tombfS  dans  le  meme  d^faut. 

IV.  De metallis originem.  Lobservation  peul 6tre vraie 
si  le  mot  metallis  cst  pris  dans  lc  sens  g^[K'ral  de  produit 
fossile.  Dans  le  sens  restreint  de  raines ,  elle  a  conlre  elle 
Texp^rience. 

VI.  Vullurnus.  Nom  donn^  par  les  habitants  de  la  B^- 
tique  au  vent  du  sudest. 

Impastinnto  solo.  Voir  V£conomie  rurate  de  Colu- 
melle,  liv.  XIII ,  cliap.  3 ,  touchant  la  manifere  de  fa?onner 
un  terrain  au  pastinum. 

Acinaticium.  Vin  fin  qui  ne  .se  fabriquait  qu'avec  les 
grains  de  raisin  separes  de  la  rafle.  Le  mot  est  derive  d'a- 
cinnm,  grain  de  raisin. 

Ccecabitur  spes  magna  vindemice.  Cest-ii-dire  qu'il  ne 
faut  pas  htViier  la  vigne  pendant  qu'elle  bourgeonnc, 
parce  qu'on  risque  d'en  fairc  lomber  les  boutons  et  de 
ruiner  Tesp^rance  de  la  vendanjie.  Jeu  de  mols  sur  les  yeux 
de  la  vigne,  ou  Tauteur  exagi-re  le  delaut  de  siniplicile 
qu'il  a  lui-meme  critiqu^. 

IX.  Qnerna;  cum  .'tJsculcis  non  misceantur.  L'/Es- 
eulus  elait  Tespece  de  clii^ne  consacrt^e  a  Jupiter.  Cest 
celle  dont  Virgile  a  dit :  tuntum  radice  ad  auras  cet/ie- 
reas,  iantum  radice  in  tartara  tendil. 

De  Cerro.  Le  p^re  Hardouiu  dit,  dans  ses  notes  sur 
Pline,  que  cette  cspece  de  cli6ne  ne  vicnt  point  en  Fiance , 
et,  cons^quemmeut,  n'a  pas  de  nom  dans  notre  langue. 

XVII.  Signinis.  Voir  le  mot  signia  a  la  table  des  villes, 
etc,  de  Columelle. 

XVIII.  Ut  basiliccE  ipsiusforma.  Le  nom  de  basiliqne 
!  fnt  donn^  primitivement  aux  odilices  oii  se  reudait  la  jus- 
j  tic«.  Les  tribunanx  y  tenaient  leurs  s^ances  dans  des  salles 
I  voflliies ,  oii  les  juges  ^laient  plac(5s  swr  une  eslrade.  Dou- 
I  ble  conformitij  qni  aura  donni  a  Palladius  lidtie  de  ce  rap- 
;   prochement  avec  les  celliers  oii  se  di'posait  le  vin. 

j  XX.  Perspecularia.  Ces  transparenls  .se  formaient  de 

j  pierrcs  taillees  en  feuilles  rainccs  et  diaphanes ,  et  qui  le- 

j  naient  lieu  de  nos  vitres.  Les  meilleurs  venaieiit  de  la 

I  Cappadoce  et  de  TEspagne  Cit^rieure.  On  lit  dans  Pline 

I  que  Tusage  de  ces  pierres  ne  remontait  qu'au  teuips  d'Au- 

j  fiuste.  II  parait  que  c'i5tait  une  espfece  de  tOle.  Mais  on  n'a 

I  conserv^  aucune  notion  pr^cise  de  leiir  descriplion ,  ni  du 
i|  nom  qu'on  leur  donnait. 

|l       Trapetis  et  rotulis.  Trapete.  Voir  la  ilescription  de 

II  cette  machine,  liconomie  rurale  de  Caton,  chap.  xx, 
I  XXI  et  XXII. 

XXIV.  Spnrtca,  quaanimalia  calceantur.  Voirrem- 
ploi  deces  boltines,  iVonomie  nn-a/e de  Columelle,  liv. 
VI,  cliap.  XII  et  XV. 

De  strangulati  hominis  loro.  Cette  superstition  de 
ranliquitd  qui  s'^tendait  k  tout  ce  qui  avait  servi  cflmine 
instrument  de  supplice.et  liii  priHait  une  vertu  eflicace, 
a  Iravers^  les  siecles  pour  arriver  jusqu'ii  nous.  Aujour- 
d'liui  ro^me  encore  une  locution  proverbiale  cn  consacre 
rexistence  oii  le  souvenir. 

XXVI.  Alieno  tcmpore  saginenlur.  Cest-i-dire  i  la  lin 
i  de  rautomne. 


XXVIII.  Capita  oculata.  Notre  langue  a  conserv^  aiix 
moucheliiies  des  pliimes  de  la  qiieiie  du  paon.  le  noin 
d  yeu\  ,  qui  est  i  la  fois  piltoresqiie  et  traditionnel. 

XXXIV.  Quce  rulms  caninus  incatiir.  Lilteralemeut 
iwe  ac/iien.  Cest  le  rosier  dans  PiSlatde  natiire.  La  lleiir 
et  le  IriiU  ont  chez  nous,  dans  la  languedii  has  peiiple, 
des  denominalions  encore  plus  malbonufites. 

Propter  spatia  utrinque  purganda.  Le  jaidinier  peiit 
ainsi,  de  chaiiiie  ciM^  de  la  plauclie,  (itcndre  la  niain  a 
trois  pieds  pour  arraclierles  maiivaises  lierbes,  sans  cou. 
I  ir  le  risque  d'endommager  ce  qui  se  trouve  plaule  sur  .ses 
bords. 

XXXV.  Vel  incensis  sanguisugis.  L'odeur  de  la  pii- 
naise  biilliie  produit,  suivant  Columelle  (liv.  VI,  cbap. 
XVIII )  reffet  riSciproque  sur  les  sangsues. 

Ilpotooxoupioa;  GrcFci  vocant.  Espece  de  piic^rons  qiii 
s'allaquent  surtout  aux  poireaux.  De  itpOTov,  poireau,  et 
xsipiiv,  tondre. 

XXXVII.  Qiii  iris  vel  gladiolus.  Liltijralemeiit  petif 
glaive.  Cest  vraisemhlablement  firis  bulbeux  de  \'t- 
mery. 

XL.  imiiarinm.  Cest  le  nom  du  vase  oii  ron  faisait 
chaufler  Teau  dee  bains. 

Cui  (vrea  palina  suhest.  Ce  plaleau  de  cuivre  servait 
prohablemcnt  a  di^fendre  le  miliarium,  qui  ilait  de 
plonib,  de  ractiiin  immediale  dn  feu. 

XLII.  Palladius  est  le  seul  des  toivains  agrononiiipips 
qiii  ait  fait  mention  de  moulins  mus  par  Peau.  Comiiieiit 
ce  piocdd^,  une  fois  connu,  n'a  t-il  pas  ^td  mis  generale- 
menten  usage?  II  Ti^tait  du  lemps  de  Pline,  qiii  noiis  ap- 
piend  que  la  plus  grande  partie  du  blc  de  ritalie  .se  brojait 
encore  a  force  de  bras.  Cette  singnlaril^  ne  peul  gii^ie 
s'expliquer  que  par  la  iieccssit6  d'occuper  la  muUitude  des. 
esclaves. 


LIVRE  n. 

X.  j\e  laborenl /rignre sarmenta.  Parce  que  lachalnir 
du  solcil  pen&tie  diflicilement  la  terre  a  pliis  de  trois  piedi 
de  profondeur. 

XI.  Tabulas  aulem.  Le  mot  tabiiln  quc  nous  tiadiil- 
sons  par  planchc,  et  auqiiel  les  jnidiiiiers  de  raiiliiiii;!.'; 
n'allachaient,  non  plus  que  les  niMies,  aucun  scns  da 
mesure,  s'entendait  dans  la  langiie  techniqiie  de  r^irpeii- 
'tiige  d'une  supcrlicie   dc  soixante  douze  percbes  (■aiiees. 

XII.  Tabitla  quadrata  jugerali.  I.a  plancbe  dii  jiigc- 
n/m entier  ne  dcMait  innlciiiripiedeux  centqii.\lii'-\iii;;l- 
liuil  penlics  iiii  \iii.ul  liiiit  iiiillc  liiiit  ceiils  pieils  r.irns, 
1j  perilie  etant  siipposi'!'  ile  di\  picils.  Mais  Pallailius  pm- 
(■i''de  ici  tout  aiilreuieiit  dans  scs  calculs.  II  prend  l:v 
moyenne  proportionnellc  eiitre  la  longneur  du  jugcnnu  , 
(pii  est  de  deiix  ccnt  qnarante  picds ,  et  sa  largeiir  qiif  csf 
ile  cent  vingt  pieds;  cette  moycnnc  cst  cenlquatre-vin;;ls, 
dont  le  carr^  trenle-deux  mille  quatre  renlspieds,  ou  Inii» 
ccnt  vingt-quaticpcrches,  d'oii  il  riisulte  unc  mesure  pln.i 
coiisiderable  (juc  la  v<^rital)Ie. 

XIII.  I\'eciliu.i  tcrrn  decurrat.  II  faiit  un  laboiir  plns. 
profiiiid  sur  iin  sol  en  plnii  incliiK'-,  alin  iroffiir  ,'i  rciiliii!- 


r>48 


NOTES  SUR  PALLADIUS. 


nenifnt  de  la  tpire  v(^'gitalc  par  les  eau\  une  r^slstancc 
plus  consi(li5rable. 

XV.  Tcedte  cuneus  radicibus  ejus  inseratur..  Celte 
inserliou  it'un  niorceau  de  bois ,  ou  (l'une  matl6re  ^gale- 
meut  ilure,  est  souvent  reconnnandije  par  les  ouvrages 
agronomiques  comnie  reniede  ci  la  slsirilitii  des  arbres.  On 
serait  tenl^  de  n'y  voir  qu'une  [pratique  absurde ;  une 
parodie  de  l'act«  de  la  g(;neration  ,  parodie  a  laqnelle  la 
superslition  antique  aurait  attribue  la  mime  vertu  de  fe- 
condalion  qu'i  Tacte  lui-in6ii)e.  Toutefois  en  y  riinijcjiis- 
?ant,  il  n'est  pas  impossible  d'en  trouver  une  e\plication 
rationnelle.  En  effet ,  la  pr^senee  d'Hn  corps  (^lranger,  qui 
resserre  les  libres  de  Tarbre  a  Tendroit  de  son  intromis- 
sion,  opposant  une  r&istance  au  cours  de  la  s6ve,  doit 
lui  impriuier  un  mouvenient  acc(;l^r(5  lorsqu'elle  a  trouv^ 
un  libre  passage ,  et  la  porter  plus  rapidement  au.\  extr^- 
mit^s  de  la  plante. 

Martialis  dicil  hoc  remedio  subveniri.  Gargilius  Mar- 
tialis ,  auteur  suppos^  du  livre  de  Arboribus  qui  appartient 
a  Columelle.  Nous  n'avons  aucune  notionsnr  sapersomie, 
ni  sur  le  lieu  de  sa  uaissance.  Mais  Lanipride  nous  apprend 
qu'il  vivait  sous  1  einpereur  Alexandre  Siiv^re,  ct  Ton 
voit  par  d'autres  auteurs  qu'il  avait  terit  sur  riiistoire,  et 
aussi  sur  le  jardinage  et  sur  Tart  v^t^rinaire.  Gesner  a 
m6me  donn^  dan  sa  collection  un  fragment  de  lui ,  qui 
est  relatif  au  traitement  dcs  ba-ufs.  Cest  tout  ce  qui  resle 
decet  &rivain ,  encore  le  fragment  est-il  si  mulil^  qu'il  ne 
m^rite  auciine  attcjition. 

XVIII.  Sextariis  vrbicis.  On  Toit  par  ce  passage  que 
la  niesure  du  se.ttarius  n'(5tait  pas  la  mSme  a  Rome  que 
dans  le  re.ste  de  ritalie. 

XXIII.  Hic  inensis  in  horarum  spatio.  Palladius  ne 
(lit  pas  k  quel  cadi  an  il  a  rapport(i  les  mesures  absolnes 
qu'il  indique  poiir  ce  niois  et  poui'  les  niois  suivants.  Comme 
la  longueur  de  rombre  est  subordonniSe  a  r^Sl^vation  du 
corps  qiii  la  projette ,  il  faut  croiie  que  ses  obsei vations 
ont  H6  faites  sur  un  gnonion  d'inie  mesiire  d^terniin^e  et 
counue ,  et  qui  servait  en  quelque  sorle  de  rt^gulateur. 


LIVRE  IIL 

IX.  Ne  quodstcrili  proximum  est  supra  tcrram  rc- 
linquatur.  En  effet,  lorsqu'on  recourbe  le  sarnient  pour 
renterrer,  il  ne  reste  au  dessus  du  sol  que  rextriSniiti;  su- 
p^rieure,  k  laquelle  on  donnait  le  nom  de  sagitta  en 
agriculture,  et  qa'on  regardail  comme  absolument  stiirile. 
(Voir  V Economie  rurale  de  Columelle,  liv.  III ,  cb.  xii.) 

Minor  operarum  numerus  eam  poterit  expedire.  On 
conijoit  que  dans  un  vignoble ,  partag(i  en  planclies  d'es- 
p^ces  diffcrentes ,  qiii  mrtrissent  successivement,  il  faille 
lelalivcment  un  moins  grand  nombre  ile  mains  pour  la 
vendangc ,  qne  dans  ceu\  oii  la  maturitii  de  toutes  les  vi- 
gncs  est  simnltante. 

Ul  assuril  Columella.  Ce  passage  tii-^  du  chap.  iv  de 
Arboribus,  el  cHi  par  Palladiiis  comme  apparlenant  i 
Columelie ,  est  une  preuve  que  cet  ^conomiste  est  Tauteur 
du  livre. 

X.  Mago  asserit  scroheni.  Virgile  dit  la  mdme  ctiosc 
dans  le  livrc  II  dcs  GiSorgiqiies.  Cest  pouiquoi  quelques 
commciitateurs  ont  voulu  lire  ici  Maro  au  lieii  de  Virgile. 
Mais  Virgile  a  pn  le  dirc  d'apr6s  Magon ,  et  il  est  probable 
quc  Palladius  aura  cit^  rauteur  didactique  de  pr(5f(5rence 
au  pocte. 

XV.  Aovellam  vitem  Cotumella.  Ce  passage  n'esl  pas 
textiiellemciit  dans  Coliimelte.  Tout  au  plus  tronve-t  oii 
des  principes  qni  aient  pu  scivir  de  fondcmenl  a  rohsor- 
vation  de  Paltadius. 


XVir.  Quartum  genus  Columclla  sic  retulit.  Yoir  le 
\\yn  de  Arboribus ,  cliap.  viu. 

XIX.  Sed{ut  Columelta dicit)  feraciores.  Onnctrouve 
rien  de  semblable  dans  Coluinelle.  Aiirons-nous  perdu 
quelque  ctiose  de  cet  auteur? 

XIV.  Semen  brassicce  vetustum  mutalur  in  rapa, 
Celte  observation  est  bien  suspccte.  Elle  ae  foiide  proba- 
blement  sur  rcrieur  de  qnclque  jardinier  qui,  en  seniant, 
.aiira  iiiis  fune  pour  raiitre  entre  deu\  graines  dont  la di(- 
fiirence  est  peu  sensible. 

XXIX.  "Oito;  Kupvivaixo;,  3UC  dc  Cyr^ne ,  autrement  dit 
laser. 


LIVRE  IV. 

VIII.  Stricte  in  foramen  utrinque  conjicics.  II  feut 
supposer,  Tarbre  ('tant  fon5  diamiitrateinent  d'ontre  en 
outre,  que  ces  branches  introdniles  en  sens  inverse  par 
les  deux  oiivertures ,  sont  ensuitc  tirijcs  fortement  de  cba- 
quc  ciil^,  a  peu  fvks,  conime  les  cordonniers  tirent  leiirs 
fils,  cn  sorte  qiie  le  hoiit  le  pliis  mince  de  riine  s'adapte 
r(5ciproqueiT)eiit  avec  le  gros  bout  de  rautre. 

IX.  Hcrba  ea  quce  culex  dicitur.  I.c  pere  Hardouin 
croit  que  c'est  Vherbe  aux  ptices.  (Notes  sur  Pliue,  liv. 
XIX  ,  cbap.  V. ) 

Prosequuntur  etiam  maledictis.  U  suhaiste  encore  de 
nos  Jours  dcs  piatiqucs  de  superstition  non  moins  extra- 
vagantcs  quc  celle-I.'i. 

X.  In  Sardiiiia  et  in  territorio  neapolitano.  II  ne  faut 
pas  confondie  cetle  ville,  situ(5e  en  Sardaigiie,  avec  la 
capitale  du  royaume  actuel  de  ce  iiom.  Le  nom  de  Naples 
(vsa  noXi;)  (ut  donn^  dans  roriginc  a  plusieurs  villes.  II 
eii  exisle  encore  aujourd'Iiui  une  troisifeme ,  sous  le  nom 
moderne  de  Nauplie,  ou  Napoli  dc  Romanie. 

Alii  Coracinum  piscon.  Ce  nom  paralt  Stre  donn^ 
h  ce  poisson,  <i  cause  de  sa  couleur  noire ,  analogue  a  celle 
du  corbeau.  On  rappelle  mfime  encore  aujourd'bui  cor- 
bcau  dans  quelques-unes  de  nos  provinces ,  ainsi  que  rob- 
serve  le  pfere  Hardouin  dans  ses  iiotes  sur  Pline. 

XII.  Absolutam  impedimentis  omnibus  dicm.  Palla- 
diiis,  quia  tiri^  tout  ceci  de  Columelle,  veut  apparemineut 
designer  ici  un  jour  nonf^ri^,  comme  Texlge  cetautcur. 
(liv.  Vl.ch.  2.) 


LIVRE  V. 

V.  •Quam  cephalonem  vocamus.  De  xEpaXri,  fcUe.  Ce 
qui  veul  dire  que  le  principc  de  vie,  pour  cet  arbre ,  r^- 
side  dans  sa  cime ,  et  non  dans  ses  racincs.  Cest  en  cc  sens 
que  Pline  appelle  Cerebrum,  cerveau,  la  partic  supirieure 
du  palniier. 


LIVRE  VI. 

IV.  Modii  spatium.  Le  modius  toit  le  tiers  de  juge- 
rum.  Celait  par  cons^quent un  espace  de  80  pieds  de  long, 
sur  ■40  de  large. 

Crace  xp£|ji!xcrTr,pei;  dicunt.  De  xpciiii;»  ou  xpeiia^o  ,  je 
suspends ;  paice  que  les  testicules  sont  siispendus  4  ces 
nerls. 

XII.  Allitudine  quatuor  nnciarum.  Palladius  doniie 
au\  divisions  du  pied  lesnonis  de  cellcs  de  la  livre.  Ainsi 
quatie  uncice  sontle  tiers  d'un  pied- 


.\OTES  SUR  PALLADIUS. 


LIVRE   VIL 


V.  Qtiare  cmplastraiio  cticitur.  Cesl  ce  quo  uous  a|)- 
pcllons  la  gieffe  en  ^cussou. 

XII  Alica.  Espfce  debi^ic.  Le  inol  fl/rdes  Auj^bis  eu 
ost  pcut-Jtre  d^Srivd. 

LIVRE  L\. 

IX.  .S(  aqiin  limosafucrit ,  salis  admistione  corrign- 
tur.  On  lit,  dans  le denxiime  livre  des  Rois ,  chap.  II ,  qne 
le  propliele  lilisce  corrigea  les  eaux  de  .leiiclio  en  y  je- 
lant  du  scl.  On  pourrait  mettre  en  queslion  ,  dapies  no- 
ire  aiiteur,  s'il  op(5ra  nn  oiiracle  en  qualiti^  de  propliclc, 
ou  s'il  ne  lit  quc  se  servir  d'un  secrct  de  la  pliysique. 

XII.  Mensura  futularum  plumbo.  etc.  Les  anciens 
aiilcurs  ont  prctendn  que  c«snoms  de  nombre  d(5signaieut 
lediainetre  des  tuyaux.  Mais  nous  avonssuivi  riutcrprd- 
tation  de  Vitruve  qui  dit  qu'un  tuyan  de  plomb  quelcon- 
que  emprunte  tonjours  son  nom  de  la  laryeurde  la  feuille 
qu'on  roule  pnurle  fabriquer.  De  sorte  que  si  une  fcuilie 
a  cinquautc  doigt3  de  largeur  ,  le  tuyau  qni  en  sera  forme 
s'appcllcra  Quinqiiagenaria  listula ;  et  ainsi  des  aiitrcs. 
Quant  au  rapport  du  poids  aii  diam6tre,  on  ne  saiirail 
leconnaitrc  la  justessc  dc  la  progrcssion  etablie  par  I'alla- 
dius ,  liien  qu'elle  soit  appuyce  dc  rautorite  de  Pline  et  dc 
Vitriive.  Cette  progression  suppose  cn  effct  une  dpaisjenr 
identique  pour  toutes  les  dimensions  de  fuyaux,  ce  qui 
est  tSvidemmcnt  iuadmissible. 


LIVRE  X. 

Carpenla.  LitfSralement  chnrreties.  Blais  ce  mot  ue 
prisente  a  Tesprit  aucune  idee  prccise  de  contenancc. 
Aussi  avonsnoiis  transporte  dans  notte  traduction  le  mot 
latin  qui  exprinie  uue  mesure  determiuec. 


LiVRE  xr. 

III.  Asscrit  autcm  Columclla.  Cc  passage  ne  se  trouve 
pas  dans  YEconomie  rurale,  mais  il  est  tir^  du  livie  cle 
Arboribus.  Nouvclle  preuve  que  ce  livi  e  cst  bien  dc  Colu- 
meile. 

XIV.  CAdHica,  Palladius  fait  venirce  mot  du  syricu, 
il  est  pureinent  grec  XoiviS  ctaiten  effet,  cliez  les  Cirecs, 
une  mesiire,  tant  pour  lcssolides  que  poiir  lcs  li(|uidcs, 
iaquelle  equivalait,  suivaut  la  plupart  dc-s  aiiteurs,  a  la 
huiliiime  partie  du  moilius,  et  au  doiible  dii  sextarius; 
c'est  ce  qui  fait  qu'on  doiuiait  le  nom  de  clicenica  4  la 
rationde  hourriture  quechaqiic  esclave  rcccvait  par  jour 
tliei  les  Roinains,  parceqiie  cetle  ration  (Stait  de  (piatrc 
modii  par  mois,  ce  qui  revenait  a  pcii  pres  ri  iiii  liuilicmc 
de  modius.  II  parait  cepeiidant  qu'il  y  avail  des  ckcrnica: 
de  diflfirentes  contenantes,  puis(|u'il  se  trouve  d'an(iens 
autcurs  qui  pr(Stendent  que  cetle  mcsure  cxjnlenail  Irois 
COlylcK,  iquivalentcs  ii  iiii  sextarius  ct  dcmi ;  et  d'autres 
qui  veuleutqirellc  contlnt  jusipi'a  qiiatie  scxtarii. 

XVIll.  Defrutum,  carmnum  et  sapa.  Ce  sont  tniis 
Tinscuits,dedi\crscscoinposilions,  ctp,irdivcrsproC('(l(>s. 


LIVRE  XII. 

l.  Si  adhuc  iclum solis  rcpcraissa  non  scnlil,  ccst-a- 
dire  avant  la  plcinc  luiic.  Paice  qiio'  qtiand  la  liine  cst 
dans  son  plein,  oii  la  voit  cncore  sur  riiorizoii  au  mumciil 


r>i<) 

oti  lesolcil  sc  \i-\c,  ct  quc.consisiucnimcnt,  eJlc  cif  alori 
frapp('c  de  scs  rayoiis. 

IV.  rer  latcra  prona  fundantur.  Nofre  aulcur  \ent 
que  lcs  arbres  donneut  plutflt  sur  ll  largeiir  qin'  siir  le 
haut  de  leurs  branches ,  alin  qiie  lcurs  fruils  prtSseiilent  un 
coiip  d'oeil  plus  agriSable,  et  .soient  plusais^Ssa  ciieillir. 
Avanlage  rt^alisiS  plus  eflicacement  chez  nous  par  rintro- 
duclion  des  arbres  nains. 

VII.  namascena.  Cest  la  prunc  de  Damas.  Nom  dc 
la  ville  d'oii  provienl  origiiiairement  ce  friiit. 

Pcdis  dndrante  demersum.  Le  f/or/ra».?  ('■qnivanl  a 
neuf  »Mc/fF.  oii  aux  Irois  quaits  dii  pi(^l ,  snivant  1'iisage 
d'appliipier  h  toute  divisiou  de  mcsure  les  noms  dc  frnc- 
tions  de  la  livre. 

XIII.  Quod paslorcs  coloslram  vocanl.  Nous  donnons 
aussi  le  noni  de  colnstram  h  ces  preinifires  goiittes  dc  lait, 
ainsi  qirii  la  inaladie  que  ce  lait ,  qui  cst  toujours  railh' , 
occasionne  tant  aux  enfauts  qu'aiix  pelils  des  aniinaux. 

XV.  Gallica.  Sapin  des  Gaules. 

Larix.  Cel  arbre  n'cst  pas  cdui  anqucl  lc.s  botinislcs 
donnent  aujourd'lini  le  m(>me  noni ,  ct  qirils  idcntilicnt 
au  miJltec.  En  cflct  le  mi^lcsc  cst  iin  aibre  i(Ssineii\.  Or, 
la  propriete  altribufe  ici  au  larix  par  Palladiiis  ainsi  ipic 
par  Pline ,  et  qui  consiste  a  ri-sister  au  fcn ,  paralt  dircrlc- 
ment  oppos(!'e  ii  la  nalure  d'iin  arbre  ibsineux  :  outrc  qiic 
cette  propri(''l(;  ne  se  rencontre  pas  elfecfivement  dans  lc 
miilese.  Qucl  arbre  est-ce  douc  que  le  laris? 

XXII.  Cnum  semi  sicilicum.  Le  sicilicus  ("tail  lc  quart 
de  Vuncia,  et  par  cons(''quent  la  qiiarante-hiiiticme  parlic 
de  la  livre.  En  appliquant  cclte  di\ision  h  rampliore  (lui 
clait  runile  de  mesure  pour  lcs  liquidcs,  le  sicilicus 
scrala  quarante-buitieme  partie  dc  ccllc  conlenance,  oii 
le  sextarius ,  et ,  par  cons^quent,  \e  dcmi-sicilicus  ^iiit 
valoirla  modii  du  scxlarius,  ou,  ce  qui  revieut  au  nifmc, 
une  hcmina. 


LIVRE  XIIL 

I.  Scplimnnfium.  Voir  ce  que  c'(>tait  que  cette  fi>tc 
dans  la  iiote  4  dii  rliap.  x.  de  Coliimelle. 

IV.  Hijpomelidcs.  On  iie  trouve  le  nom  de  ce  fruildans 
auciin  autre  ancicn  aulciir.  Scraitce  resp^ce  dc  nf  (le  dont 
parlc  Dioscoridc,  cl  liiril  appcllc  i-\'j.r:/y,. 


LIVUE  XIV. 

llnhcs  alnid  indullce  fidei  tcstimonium.  Pniir  rom- 
picndrc  lesensdcrcxpression  nouveaugagc,  ilfaut  sup- 
poser  (|ue  Palladius  a  donn^  deiix  ('dilions  dc  son  Iraili^, 
ctiiue  runedeces  (Sdllions,  compreuant  quatorzc  livres, 
toiis  cn  prosc ,  avait  ite  envoy(!c  ii  Pasiphiliis ,  rommc  nn 
premicr  gage  d'amiti('.  U  est  in(>me  vraisemblablc  que  ce 
premicr  envoi  ('rtait  priic^dd  d'nne  (Spllrc  (pie  ie  teinps  nc 
nous  a  pas  conserviSc.  Le  seroud  gage  dont  il  paile  ici , 
consistcrait  donc ,  dans  celle  hypolh^se ,  i  adresser  k  son 
ami,  en  vers,  le  (piatorait^me  livre  que  celiii-ci  n'avait 
d'abord  leca  (\»en  prose  avcc  lcs  Ireizc  aulrcs.  Columcllc 
aussi  a  traihS  des  jardins  en  vers  dans  le  dixit^me  li\rc  dc 
son  liconomic  rurale,  el  en  prose  dans  le  onziJme.  L'idce 
de  ce  double  mode  de  coniposilion  est  dcnc  commune  aux 
deux  ecouomistes,  et  seulemcnt  clicz  Columclle  la  prosc  a 
suivi  lcs  vcr  ,  et  c'e3l  leconlraire  clicz  Palladiiis. 

I'ro  vsura  lemporis.  Palladius  consid^re  cc  qnalor- 
zicinc  livrc  cu  vers  comiiic  rinl(^riH  dil  ii  Pasiphilus  poiir 
lc  tcnips  (piil  liii  avait  lail  altendre  lcs  qualorzclivrcscii 
prose. 


650 


NOTES  SUR  PALLADITJS. 


Quasi  bonus  fiimulus  fcci.  Cestk-dire  comme  un 
seiviteur  qui  craint  de  n'avoir  pas  assez  bien  fait. 

Quos  manus  scripsii  parte  silente  pedum.  La  main 
est  ici  mise  en  oppos'ition  avec  les  pieds  des  vers.  Jeu  de 
niols  intraduisible ,  el  dont  la  perle  n'est  pasi  regretler. 

Urbanum  farl  ruslicitatis  opus.  Palladius  donne  a 
rop^ralion  de  la  greffe  r^pithfcte  A'urbaine,  dans  le 
mf  me  sens  que  les  Romains  donnaient  le  nom  ii'urbance 
aux  arbres  francs,  pour  les  distingner  des  sauvageons. 

Sub  thalami  spccic.  £n  effet  de  mfime  que,  dans  le  ma- 
riage ,  un  pfere  et  une  niere ,  n^s  de  familles  diff^^rentes , 
coopferent  a  la  g^neratiou  du  ni6me  enfant,  deux  arbres 
enttis  Tun  sur  Tautre  concourent  a  la  production  d'un  seul 
et  mfime  fruit. 

Primits  Echionil.  fichion  ^tait  un  des  compagnons  de 
Cadinus,  premier  roi  de  Thfebes  et  pfere  de  S^m(516,  qui 
donna  nais.sance  ci  Bacclius. 

Pingui  curvat  onustie.  deo.  Bacchus,  dieu  du  vin,  est 
represeut^  dans  les  anciennes  statues  avec  un  gros  ventre. 

Germine  cana  pyrus.  Les  rejetons  et  les  germes  du 
poirier  ont  une  teinte  dc  blancheur  a  leur  extr^mile. 


Indomitas  ponere  tela  pyros.  Les  ^plnes  du  poi, 
sauvage  disparaissent  quand  il  a  re^u  une  greffe  prise  aj 
poirier  franc. 

Pliyllida  quin  etiam.  Phyllis  ^tait  une  reine  des 
Tbraces,  ^prise  de  Ddmophon ,  flls  de  Th^s^e ;  se  croyant 
ni^pris^e  de  son  amant,  elle  se  pendit  de  d^sespoir,  et 
fut  cliang^e  en  amandier. 

Libycis sua germina  credere  ramis.  L'arbre  deLibye, 
nom  po^tique  du  grenadier. 

Acc  externis  associata  comis.  Palladius  a  dit  plus 
haut  que  le  poirier  se  greffait  sur  le  grenadier.  Mais  il 
suffit,  pour  qu'il  u'y  ait  pas  contradiction,  que  le  grenadier 
ne  puissepas  se  greffer  rteiproquement  sur  le  poirier. 

Seque  feros  silvis  liortatur  linquere  mores.  Cest-i- 
dire  qu'on  greffe  le  pommier  franc  sur  le  pommier  sauvage. 

Ad  cupidas  flectere poma  manus.  C'est-a-dire  que  le 
poids ,  plus  lourd  des  pommes ,  fait  ll(ichir  les  branches  du 
corniier. 

Robora  plafani  coneordia  Bacchus.  Allusion  a  Tusage 
oii  ^taient  les  anciens  de  chercher  pour  boire  rombre  d'un 
platane,  ou  <i  celui  d'arrosercet  arbre  de  viu. 


TABLE  DES   MATIERES 

CONTENUES  DANS  CE  VOLUME. 


Avertissement  des  editeurs. 


M.  P.  CATON. 

Traduction  de  feu  Antoine,  professeur  k  ta  ferme  modfcle 
de  Roville. 

Notice  sur  M.  Porcius  Caton iii 

ECONOMIE  BUBALE 1 

Kotes  sur  rEcoNOMiE  eubale  de  Caton. . .  49 

VARRON. 

Traduclion  de  M.  Wolf. 

Notice  sur  Varron 55 

De  i.'Agricultube.  Livre  1 61 

Livre  II 100 

Livre  III 129 

Notes  sur  le  Traite  d'agriculture  de  Varron.  166 

L.  J.  IMODERATUS  COLUMELLE. 

Traduction  de  Saboureux  de  la  Bonnetterie,  revue. 

Notice  sur  Columelle 167 

De  l'Aghiculture.  Livre  1 169 

Livrell 192 

Livre  III 222 

Livre  IV 254 

LivreV 282 

Livre  VI 309 


Livre  VII 337 

Livre  VIII 360 

Livre  IX 386 

Livre  X 408 

Livre  XI 418 

Livre  XII 450 

Traite  des  Arbres 495 

Notes  sur  le  Traite  d'Agriculture  de  Colu- 

nielle,  et  sur  le  Traite  des  Arbres 513 

R.  T.  jEMILIANUS  PALLADIUS. 

Traduction  de  Saboureux  de  la  Bonnetterie,  revue. 

Notice  surPalladius 521 

De  l'Agricultuee.  Livre  l 523 

Livre  II 546 

Livrelll 555 

Livre  TV 577 

Livre  V 595 

Livre  VI 599 

Livre  VII 604 

Livre  VIII 608 

LivrelX 611 

LivreX 615 

LivreXI 619 

Livre  XII 629 

LivreXIII 640 

LivreXIV 641 

Notes  sur  Palladius 647 


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Paris.  —  Tj-pogrnri:i':  ■    Firmin  Didot  (rtrcs,  61s  et  Q'.,  riie  Jacob,  56. 


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