Collcitioix iics ^utcurs Catins publicc sous la bircctiou &c iU. Uisarii.
LES
'AGKONOMES LATINS
CATOiN, VARKON, COLUMELLK
FALLADIUS
.\VF,C L.\ TU.VDICTION EN FH.\N(;.\IS
\)K U. MSAUD
MEMlllU: DE L'ACAD£)irE FRAXCllSr.
■ .i.'K>.vtti'. Gf.xSnii. Di; i.'F.>sr.ir.NEMKXT siPEiiiEin roir. les LEiriii.s
PROFESSEII; A LA KAClLTi; DES LETTRES DE PARIS
PARIS
LIBR.AIRIE I)E FIRMIN DIDOT FRERES, FILS F.T C . KHl 1 l-T H.'^
IMPRIMEUBS DE L INSTITCT DE FRANCK
Rl'E J.\COB, >" u6
pf:f.:^:p^::y^!'^^^.f^
COLLECTION
DES
AUTEURS LATINS
AVEC LA TRADLlCTiUN EN FRANgAlS
P U B L 1 E E S O U S L\ U 1 II E C I I 0 N
DE M. NISAUI)
DE L'Ar.\DEMIE FK\KgAISE
msCECTEUR CEN^RAL DE L'ENSEIC^E»ltNT SlCEHItllK
LES
AGRONOMES LATINS
PAUIS. — ■nPOGIlAMHi: l»E llltHlN DlDOT Flti:RC9 , KlLs ET C'^, KllE JACOB, 60
^ •<to^oj>- -
LES
AGROINOMES LATINS
CATON, VARRON, COLUMELLE
PALLADIUS
AVEC LA THADUCTION EN FKANCAIS
i'i 111.1 1> s(U s i.A iiiii f.<:tiii>
DE M. NISARD
DE i.'Ar;,M)i;MiF. FR.\Np.MSi;
l>sl'F.r.TEUK CENEIUI. nE l'f,NSEIi:NEMENT .SLTERIEn
PARIS
CIIEZ KIIIMIN DIDOT FIIERES, FILS KV C'% LIBIUIRES
i.MPitiMiauis iiK i,'i\sriTUT 1)1-: rrtANCi-
iiri: j\ri)ii, :)fi
M ItCC.C LXIV
AVERTISSEMENT DES EDITEURS.
Ce volurae est le recueil complet des quatre agronomes latins, Caton,
Varron, Columelle, Palladius. Nous navons pas cru devoir y joindre le
Traile de 1'Jrt vetcrinaire de Vegfece , moins parce que la matiere ne s'en
rattacbe pas cxclusivemcnt a ragriculture, qu'a cause du peu d'cstimo
qu'en fout les liommes competcuts , et du mauvais etat du texte qui est
corrompu en mille endroits,et rempli diuterpolations. L'art veteriuaire
moderne trouverait fort peu ile luiniercs dans uu ouvrage oii Ton devine a
grand' pcine, a travers les obscurites dun texte si souvcnt douteux,
quelques notions medicales encore plus imparfaitcs que les notions anato-
miques qui y sont melees.
II n'en est pas dc meme des traitcs dagronomie , sauf pcut-etre cdui
de Palladius qui ajoute Irop peu d'observations personnelles a celles qu'il
reproduit de Columelle. L'agriculture moderne y pcut Irouver dutiles
euscignemcnts. Eu Italie, Caton, Varron, Columclle, Palladius, sont
toujours les classiques de ragriculturc. La phipart des procedes qu'ils
iudiquent sont encorc pratiqucs utilemcnt sur le mcme sol qu'a sillonne
la charrue de Caton. En France, un autre climat, une autre nature de
terrain , ont demande et suggere d'autres procedes ; mais bon nombre des
procMes aneicns y sont et y seront toujours en usage. Ces proced^s
forment comme la tradition technique de ragriculture. On cn peut aussi
reconnaitre la traditiou raorale dans les excellentes regles de conduite que
contiennent ces traites en ce qui regarde les rapports du maitrc cl des
serviteurs , esclaves chez les anciens , chez nous compagnons lil)rcs du
travail de ragriculteur. II y aura toujours prolit a suivre cette double
tradition.
Cest a nos agricultcurs que nous adrcssons cc recueil. II en est un
grand nombre, rhonucur d-e notrc societe, qui joignent a des connais-
sances th^oriqucs une pratique intclligente dc leur art, et qui donnent
tout aulour deux dcs cxemplcs hienfaisants, dont leffet est d'nm(51iorer
M AVERTISSEMENT.
de proche en proche les lieritages, et dajouter a laisance des petits
cultivateurs. IIs ne verront pas sans intdret, en une infinite d'endroits de
ce recueil, la science agronomique latine conseiller ce quils pratiquent,
et enseigner ce qu'ils font.
Quant aux lectcurs qui recherchent dans les ouvrages sp^ciaux cette
partie des gdn^ralitds qui en est la philosophie, ou a ceux qu'interesse
plus particulierement la langue , Caton dans sa brievete si originale ,
Varron dans son exactitude methodique, Columelle dnns son abondance
ing^nieuse et souvent poetique, meme quand il n'eerit pas en vers (I),
Palladius enfin, quoique plus sec, leur offriront un grand nombre de
verites generales exprimees avec eloquence, et dans une langue quel-
quefois ^gale a celle des grands modeles de la latinile'.
Le texte que nous avons suivi , en nous reservant la liberte d'y faire
des changements toujours autorises par les manuscrits , est celui de la
collection si justement estimce de Gottlob Schneider.
ll) L« X"" livre de Columelle est en vers. Il y traife <I« janltos.
OOO9iS9ed@S>93@@3@@@®@@@3@@4d9£&9@@@393S-ddi$@3®@S@eO@3S@@a9309@
NOTICE SUR CATON.
Le premier des ecrivains latins qui redigea par
ecrit ses expeiiennes agrouomiques fut i\I. P. Ca-
ton, dit Jlajor ou rAncien, surnomnie aussi Cen-
sorius. De tous les ouvrages qu'il a publies , celui
qui traite de i'economie rurale est le seul que le
temps ait epargne.
Caton naquitran520deRome,234 avant J. C,
d'une famille peu illustre, a Tusculum, aujourd'iiui
Frascati, petite ville situee a quelques lieues de
Rome. Apres avoir passe sa preniiere jeunesse a la
campagne , il se reudit a Rome, et y frequenta le
barreau. Quoiqu'il ne tint a aucune famille distin-
guee, il parvintaux plus grandes dignitesderEtat.
11 fit plusieurs campagnes dans la seeonde guerre
punique. En 549, il fut adjoint comme questeur
au grand Scipion TAfricain , avec lequel il se
brouilla, pendaut Texercice de ses fonctions, pour
lereste de sa vie. En quittant l'Afrique, il trouva
Ennius en Sardaigne ; il Tamena a Rome, et recut
de lui les preniieres le^;ons de grec. Neuf ans
apres, il fut consul, fit une campagne glorieuse
en Espagne , et obtint riionneur du triomplie.
En 570, il fut censeur; dans Texercice de cette
fonction , il ne montra pas moins de passion que
de severite. II mouriit en G05, au moment ou
eclata la troisieme guerre punique. Comme ma-
gistrat, comme general d'armee , connne juris-
consulte, comme orateur, Caton acquit une grande
consideration, que sajustice rigoureuse et Taus-
terite de ses mopurs contribuaient a augnienter.
II etait rennemi du luxe et de tous les arts qui amol-
lissent le caractere ; mais il ne haissait pas les let-
tres; il les cultiva au contraire pendant toute sa
vie, et ne dedaigna pas d'apprendre le grec a TAge
de trente ans. Sa passiou pour le bien public le
rendit souvent injuste en politique et irreconciliable
dans ses inimities. On connait la liaine qu'il por-
tait a la ville de Carthage, dont il ne cessait de de-
mander la destruction.
Caton possedait dans le pays des Sabins un bien-
fonds qu'il cultivait dans les intervalles de loisir
que lul laissaient les affaires de la Republique. Les
experieuces qu'il avait recueillies dans ses travaux
rustiques furent consignees dans son ouvrage inti-
tule De Re rustica; mais il ne se douna pas la
peine de les rediger avec methode ou en suivant
un plan general. Les cent soixante-deux chapitres
dont ce recueil est compose, sont autant de recettes,
de remarques ou de preceptes, qui ont ete mis par
ecrit a mesure que les travaux des champs en four-
nissaient l'occasion. Ce sont de courtes pbrases
succinctes, jetees sur le papier snns que l"auteur se
soit donne la peine de les orner par des transitions,
ou de varier son style, qui n'est ni pur ni elegant.
Les defauts de diction de cet ouvrage et la com-
paraison qu'on en a faite avec des passages d'au-
tres ecrits de Caton, cites par les ecrivains pos-
terieurs, ont fait penser a plusieurs critiques que
ce recueil n'est pas authentique. Lesrnisons quon
donne a Tappui de cette conjecture ne sout pas de
nature a prevaloir contre ropinion commune , qui
attribue a ce grand homme un recueil d'observa-
tions ecrit sans pretention litteraire, et qui est
moins un ouvrage ex profe.tso, qu'une espece de
journal qu'il tenait probablement pour Tusage ile
I son fds, de ses fermiers et de ses esclaves.
M. PORCIUS CATON.
ECONOMIE RURALE.
Le negoce serait uiie carriere lucrative, si elle
n'etait pas si chanceuse; il en serait de meme
do Tusure, si ce raeticr etait aussi honuete qu'il
est avantageux. Les loisde nosancStrescondam-
iiaient le voleiir a ['amende du double, tandis
qu'elles imposaient celle du quadruple a Tusu-
rier. Cette disposition nous montre combien l'-u-
surieretaita leurs yeux uncitoyen plus pernicieux
que le voleur. Lorsqu'ils voulaieut louerun bon
citoyen, ils lui donnaient les titres de bon agri-
culteur, de bon fermier : ces expressions etaient
pour eux laderuiere limite de la iouauge. Pour
moi, j'estime un negociantactif, desireux d'ae-
croitre sa fortune ; mais , comrae je Tai dit , cette
carriere est semee d'ecueils et de perils. Cest
parmi les cultivateurs que naisseut les meilleurs
citoyens et les soldats les plus courageux ; que
les benefices sont bonorables, assures, et nulle-
ment odieux : cenx qiii se voueiit a la culture
n'ourdisseat point de dangereux projets. Main-
tenant j'arrivea naon but, et ces retlexious sont
les preliminaires de i'ouvrage que j ai promis.
I. — Acliat ct (lispo^ilion lUi iloniaiiie.
Lorsque vous vous decidcz a faire i'acquisr-
tion d'un domaine, gardez-vous de Tacbeter a
tout prix ; n'epargnez pas les visites , et ne vous
coatentez pas de rexplorer unc fois. Plus vous
le veriez , plus vous lui trouverez de charmes s'j|
est fcriile. Examinez soigneusement les appa-
rences exterieures des \oisins ; ellessont briilan-
tes dans une bonne coutree. Lorsque vous v
entrez , menagez-vous les raoyens d'en sortir :
choisissez un ciel serein, peu trouble par lis
tempetes; que le sol soit excellent, et renfernie
en lui-meme toutes ses qualites. Autant que pos-
sibie, il sera au piedd'uuemontagne, il regardiia
le niidi ; la situation en sera saiue ; il sera entoure
d'une population laborieuse, aupres d'une eau sa-
lutaire, non loin d'une ville populeuse, au bord
d'unemeroud'unerivierenavigableetrenoraraie.
Le domaine sera de ceux qui cbaugent rarement
de proprietaircs , qu'on vend a regret , et qui pos-
sedent des bcitiraents coramodes. On recberchera
pourpredecesseur un homrae qui raettebeaucoup
de sagacite dans ses cultures et dans ses cons-
truetions. Quand vous ferez vos visites, portez
votre atfentiun sur le nonibre des pressoirs et
des futaillcs : s'ils sont en petit nombre , vous
pouvcz en conclure que lc rindement est modi-
quc. Regardez raoins la quantite que Tarrange-
raeut convcnable des attirails. Rejetezegalement
la penurie ct le luxe dans le nombre des instri:-
ments. Souvenez-vous qu'un ehamp tres-produc-
tif, comme un homme prodigue, est ruineux ,
s'il occasiouue un exces de depense.
M. PORCIUS C.ATO.
DE RE RUSTTCA.
Est inteidiim prrestaie niercatuiis reni qiiarere ni tani
pericnlosum siet ; et ilem fipnerari , si tam lionestum sict.
Majores enim no.slii luic sic liabuernnt, et ita in legibus
posuerunt, fnreni dupli coiidemnari , fneneratorem qua-
(bnpli. Quanto ppjorem civcni existimarint fipneratoreni ,
(piaui furem, liinc licet cxislimari. Et \iium bonum cum
laudabant , ila laiulabant , bonum ayricolam bonumqne
«■olonuni. .^niplissime laudari ("xislimabafnr, qiii ita laii-
dabaUu-. Moicaiincm anlem streiiiium stuiiiosumipie lei
(lua;rendieexislimo; veruin ( ut supra dixi) pciiculosuni
et calamitosum. Atex anricolis et viri forlissinii et mililcs
strenuissimi signuntnr, maximeque piiis (pijestus slabilis-
simusqiie conscqnilur, mininieqiie invididsus : minimcqne
malecogilantcssiuit.qiii iii CDSliidio occiipali sunt. Niinc
{iil ad rcm rcdeaiii) ipiod proniisi iiislilulum piincipium
boc ci it.
1. — Quomudo agrum cmi paiarique opurleat.
I'iadi!im quuni parare cogitabis, sic in aninio ha-
belo, uli ue ciipide emas, neve opera tua parcas visere,
et ne satis liabeas seniel circumire. Qiioties ibis , totie.s
inagisplacebil,quod bomim eril. Viciiii quo pactoniteaiit,
id animum adverlito : iu boua regioiie bcne nileie oporte-
bit ; et uti eo cum intiocas, circumspicias , uli inde exiri
po.ssit : uti bomim ca'luin liabeat, ne calamitosum siet.
Solo bono, sua'virlute valeat. Si poleris, sub radice inontis
siet, inmeridem speclet.loco salnbil, operariorum copia
siet, bonumqiic aqiiaiium, oppidum validum prope siet,
aut maie, aul amiiis, qua iiaves ambulant, aut viabona,
celebiisquc. Siet in iis asiis, (pii non saepe dominos mu-
tant : qui in liis ajiris pia-dia vendiderint, quos pigeat
V(»ndidissc : uti bene a-dilicjitum sict. Cavclo alienam
disciplinam temeie coiiteninas. De domino bono colono,
bunoque acdilicatorc meliiisemelur. Advillam cumvcnies,
viJeto vasa torciila et dolia multaiiesient. Ubi mm erunt,
scilo pro ralione fiuctuum csse. Instrumcuti nc magiii
sict, loco bono sict. Videto quam niiiiimi iiibtrumenli,
sumptuosusque agcr ne siet. Scito ideni agrum quod bo-
minem, quamvis qu:vstuosus siet, si sumptiiosiis erit ,
rclinquerc iicm miillum. Pia'dium quod prinuim siet , si
iiie rogabis, sic dicam. Oe omiiibus agris, optinioque loco
si cmcris jugern agri cciitum, vinca cst priuia, si \iiii)
M. P. CATON.
t»i vous rae demaudez quet est !e meilleur do-
maine , je vous repondrai : Sur un domaine de
eent arpents et bien situe, ia vigne est ia meil-
ieure r^eolte , si elle est productive : je place
ensuite un potager arrosable ; au troisieme rang ,
une oseraie; au quatrieme, rolivier; au cinqule-
me , une prairie ; au sixierae , les cereales ; au sep-
tieme, un taillis; puis un verger, et enfin une
foret de cheues.
II. — Devoirs du clief de famille.
Arriv^ ^ sa maison decarapagne, le prcraier
devoir du propri(?taire est de saluer ses penates;
puis le raerae jour, s'il ea a le loisir, i! fait le
tour de son domaine ; sinon il remet cette beso-
gne au lendemain. Des qu"il a bien examine
l'etat descultures, lestravaux acheves, et ceux
qui ne le sont pas, il fait venir le lendemain son
intendant, lui deraande ce qui a ete fait, cc qui
reste a faire ; si cliaque travail a ete faita temps,
ets'ilestpossiblc de terminerce qui estincomplet :
il rinterroge sur la quantite de vin , de ble ou
d"autres denrecs qu'on a rccoltees. Uoe fois ces
particularites connues, il fait la supputation des
travaux et des jours. Si le travail ne lui parait
pas suffisant , rintendant cherche a se faire ab-
soudre en alleguant les maladies des esclaves,
leurs desertions, rincleraence dela temperature,
lescorvees publiques. Quand il a fait renumera-
tion de tous ces contre-temps et d'autres scmbla-
bles, repassez le compte en presence de riuten-
dant. Lorsque le temps a ete a la pluie , cherchez
combien de jours ontete pluvieux; rappeiez les
travaux qu'on peut executer alors, le lavage et
le goudronnage des futailles, le balayage des
b^timents, la ventilation des grains, la recolte
desfuraiers et leur stratirication, le nettoyage des
miilto siet; secundo loco liortus irrlguiis,lerlio salictum,
quarto oletum , qiiinto pratum , sexto campus frumenta-
rius, septimosiWa ca'dua, octavo arbnstura, nono glan^
daria silva.
n. — Palris famillas offlcia.
Pater familias ubi ad villam venit, ubi larem fami-
liarem salulavit, funrtum eodem dip, si potesf, circumcat :
si non eo die, at posfridie. Ubi cosnovit quouiodo fundus
cultus siet, operaque qua; facta infectaque sient, postridie
ejus diei vilicum vocet, roget quid operis siet factum,
quid reStet. Salisne lempori opera stent confecta, possitne
qu;e reliqua sient conficere : et quid factum vini, frumenti,
aliarumque rerum omnium. Ubi ca cognovit, rationem
inire oportet operarum, dieriim, si ci opus noii apparet. Dicit
vilicus seduio se fecisse , servos non valuisse, tempestates
malasfuissc, servos aufugisse, opus publicum effecisse. Ubi
eas aliasque caiisas multas dixeiit, ad lationem operum
o|)eraruinque vilicum rcvoca. Cum tempestates pluviae
fuerint, videto quot dies, quacvc opera per imbrem fieri
potueiint, dolialavari, picaii, villam purgari, frumentum
trausferri , stercus foras efferri , sterquilinium fieri , semen
p^urgari, funes veteies sarciri , novosque fieri : centones,
«uculiones familiam oporluisse eibi sarcire. Per ferias po-
semences, le raccoraraodage des vieillescordcs ei
la fabrication des neuves : les gens devaient ra-
juster leurs capuches et lcurs hardes. Ne fallait-
il pas aux jours feries curer les anciens fosses,
paverla voie publique, couper les buissons, b^-
cher le jardin, nettoyer les prairies, tresser les
haies, extirper les eplnes, broyer les grains, en-
fin nettoyer partout? Si les esclaves ont ete ma-
lades, pouiquoidonnerfantdenourriture?Apres
avoir mis beaueoup de calme daira ces informa-
tioiis, on donnera ses ordres pour achever ce
qui resle a faire; on fera le compte de la caisse,
du grain en magasin, de tous lcs fourrages en
provision , des vins, des huiles; on prendra note
de ce qui a ete vendu , de ce qui a ete paye, de
ce qui reste a percevoir, de cc qu'il y a encore a
vendre. II recevralescautions qui sont a presen-
ter : il passera la revuedes denrees en provision;
s'il juge quelque objet necessaire pour rannee
courante , il le fait acheter; s'il y a du superflu ,
il le fait vendre : il met en location ce qui est
a louer; qu'il prescrive (et son ordre doit etrc
confie a ses tablettes) les ouvrages qui seront
executcs a la ferme, et ceux qui le seront a forfait.
II fera la revue dii betail, afin de constater les
vcntesaeffectuer.Si lesprixsontsuffisants, il ven-
dra ce qui lui reste en huile, vin et froment.
II raettra en vente les boeufs en retourd'^ge, les
veaux et lesagneaux sevres, la laine, les peaux,
les attirails horsde service, la ferratlle, les escla-
ves vieux ou maladifs, enfin tout ce dont il n'a
pas besoin. Le maitre de la maison sera raar-
chand plutot ciu'acheteur.
III. — Travaux que le debutant doil faire exdcuter suF
son domaine.
Des son debut , le proprietaire s'occupera de
tuisse fossas vetercs fergeri , viam publicam muniri , ve-
pres recidi, Iiortum fodiri, pratum purgaii , virgas vinciri,
spinas runcari, expiiisi far, muudicias fieri. Cuni servi
segrotaiint, ciharia tanta dari noii oportiiisse. Ubi liaec
cognita aequo aniuio sient, qua;ve reliqua opera sient,
curare uti perficiantiir : raliones putare ai^geiitariam ,
frumeutariam, pabuli causa qujE parata sunt; rationem
vinariam, oleariam, quid venierit, quid exaclum siet,
quid reliquuni siet , quid siet quud veneat ; qu»; satis
accipiunda sieut, satis accipiantiir. Reliqua qua; sient ,
ut compareant. Si quid desil in aBnum , uti paretur; quse
supei sint , uti vencant : qua; opus sieiit locato , locentur ;
qu.-c opera fieri velit, et quaelocare velit, uti imperet, et
ea scripta relinquat ; pecus consideret. Auctionem utifa-
ciat. Vendatoleum, si precium babeat, viiium frumen-
tumque quod siipersit. Vendat boves vetulos, armenta
deliciila, oves deliculas, lanam, pelles, plostrum vetus,
feriamenta vetera , servum senem, servum moibosuin ,
et si quid aliud supersit, vendat. Patrem familias vcnda-
cem , non euiacem , esse oportet.
III. — Quomodo agrum in adulescentia conserere (patrcm-
familias) oporteat
Priina adoIesceDtia palrem fainiliae agrum conseieie
ECONOMIE RURALE.
planter; raais il rcfliichira longteraps avant de
bcitir. Pour planter, ce n'est pas la reflexion
qu"il faut, c'est raction. Si son domaine est plan-
te, ragriculteur ponrra songer a btitir lorsquil
aura atteint sa trente-sixieme annte. Batissez
dans de tellcs proportions que votre domaine
soit en rappoit avec vos constructions, et vos
constructions avec votre domaine. Ufaut qu'un
pere de faraille possede de beaux bcitiments
d'exploitntion , qu'il y reunisse des celliers pour
riuiile, pourlevin, des futailles nombreuses ,
afin qu'il puisse attendre la hausse ; ce qui aug-
mentera sa fortune, et donnera du relief a sa
prudcnce et a sa reputation. II aura de bons
pressoirs , afin que le tiavail soit bon. De peur
qu'elle ne s'altere, i'olive sera pressee immedia-
tement apres la recolte. Songez aux grandes
tempetes qui arrivent tous les ans, et qui ue
mauquent pas de faire tomber les olives. Si vous
faites la recolte de bonne heure, et quevos us-
tensiles soient en ordre, vous n'aurez rien a redou-
ter des tempetes, votre huile sera meilleure et
plus verte. Si au contraire !'olive sejourne trop
longtemps sur le sol ou sur un plaucher, elle
pourrit, et ne produit qu'une liuile desagreable.
Toute especed'olive donne une huile vertc et de
bon ehoix , si on la fabrique a propos. Sur une
surface de cent vingt arpents plantes d'olivicrs,
il fautavoir deuxassortimeQtsd'ustensiles. Si les
arbres sont vigoureux , les rangs serres et la
eulture judicieuse, il faudra trois machines soli-
des et isolees, afm que si les meules venaieut a
se briser, on puisse en avoir de reehange; cha-
que machine aura ses lanieres de cuir; on reunira
six leviers, douze aiguilles, des cShles particu-
liers, deux moufles grecques glissant sous des
cordes de genet. On marehera plus vite avec
huit poulies en iiaut et six en bas; si on veut
faire (les roues, le travail est moins expeditif ,
mais aussi moins penible.
IV. — II faut avoii des etables bienconslruites, ct un bon
voislnage.
Ayez de bonnes etables , de bonnes ecuries ,
et des rateliers ; les barres do ceux-ci seront dis-
tantes d'un pied ; avec eelte disposition , les
h(jcui's ne gaspilleront point leur nourriture. Ayez
des hfltimeMts de maitre en rapport avee votre
fortune. Si votre campagneest assise sur un bon
fond, bien coiistruite et orientee; si elle est
meubli.'e convenablement , vous la visiterez plus
souvent et plus voloiitiers; elle s'amcliorera , ou
commettra raoins de fautes , et on recoltera da-
vantage, car rien ne remplace roeil du maitre.
Soyez affable a regaid de vos voisins, et n'of-
fensez pas vos gens sans raison. Si vous obtenez
raffcctiou du voisinage, vous (^'coulerez plus
faeileraent vos produits, et vous trouverez saus
peine des bras pour executer vos travaux a la
journ(5e ou a forfait. Si vous batissez, ils vous
aideront en payant de leur persoune , ou en vous
donnant leurs attclages et leurs mat(;riaux. S'il
vous arrive quelque chose de faeheux (ce qu'<i
Dieu ne plaise !), ils vous preteront une assistance
bienveillante.
V. — Devoir de l'inlendant.
Voici les devoirs de rintendant : toute sa con-
duite sera bien r(iglee; il observera les jours de
f(itcs, respectera le bien d'autrui et fera res-
peeter le sieu. II apaisera les disputes de ses do-
mestiques ; si quelqu'un a commis une faute ,
la punition sera equitablement proportionnee au
de\H. II veillera acequ'ils soient bienentretenus,
qu'ils nesouffreut ni lafaira ni la soif , et surtout
sludiose opoitet, redifirare diii co^ilare oporlet ; conserere
cogitare non opoitel, sed fa(eie oportet. Vb\ letas acces-
sitad annos xxxvi, Uini a^dilicare oportet, si agrum con-
situm habeas. Ila mlilices, ne villa fundum quaerat, neve
fundus villam. Palrein f.iniilia' villnui ruslicam bene sedi-
ficatam babeie expodil , (■(■Itiin olcariam, viuariam, dolia
multa, iili lut)eal cariliitem evpeitaie; et rei et virtuti et
gloriiteril. Torcularia boiia liabere oportel iit opiis bene
eflici possil. Olea iibi lecta siet , oleum liat continiio, ne
corrunipatur. Cogilalo r|iiotannis tempestales magnas ve-
nire, el nleam dejicerc solere. Si cito siistuleris, et vasa
parata erunt , dauini uibil crit ex tempestate , ct oleiim vi-
ridius et melins fict. Si in leira et tahulato olea nimiiim
diu erit, putescel, oleum ((ijtidiim liet. K\ qiiavis olea
(il(-um viridius et bomim ficri potest , si tcmpori facias.
tn jiigera oleti cxx. vasa bina csse oportet. Si oletum bo-
iiiim beneque liequens, culliimque crit, trapetos honos,
privos, impares esse oportet -. si oibes conlriti sicnt , ut
rominntare pnssis ; fiiiies lore(i.s privos , vecles senos ,
libulas duodi-nas, mcdipoiilos privos loieos, tioclileas
grxcanicas binas,qu(c fiiiiibiis sparteis ducantur. Orhi-
cnlis siiperioribiis ocliinis, iuferioribus seniscitius duces.
Si rotas voles facere , tardiiis ducentur, sed minore la-
bore.
IV. — Bubilia uli bene iedilicata habeanlnr, et vicinia bona.
Biihilia bona, bonas praesepis, faliscas clatratas.
Clalros interesse oportet pede. Si ita feceris, pabulum
boves non ejicient. Villain iirhanam pro ropia aedificato.
In bono piivdio si liiiie adillciiveris, beneque posiveris :
rurisi lecteliabilincii^, Id» nliusetsaepiiisvenies, fiindiis
melior erit, iiiiiiiis |ii'i( iiliiliir, fructi pliis capies. Frons
occipilio prior esl. Vicinis bonus esto. Faniiliam ne sive-
ris peccaie. Si te lihciiter vicinitas videbit, facilius tiia
vendes, oppias facilius Iocal)is, operarios facilius condii-
ces. Si aMlilicabis, opeiis, jiimeiitis, materia adjuvabnnt.
Si quid (bona salule) usus venerit , bcnigne defcndent.
V. — Villici onicia. (qualia oporlet lianl.)
IbTc eriint vilici officia. Disciplina bona utatur. Fe-
ri.i? serventur. .Mieno manum ab.slinpat. Siia servet dili-
genter. Lilihus famili.n siipersedeat. Si qiiis quid deliqne-
rit, pro noxa bono modo vindicet. FamililE male ne sit,
ne algcat, iic esiiriat; opereljenecvciceat : fa:iliusnialo et
M. P. CATON.
a ce qu'ils s'abstiennent de raal faire ou de vo-
ler. Le mal ue se fera qu"autant qu"il le voudra
bien; et i^'!! Ta perrais, le maitrc ne laissera pas
son indiiii:: nceimpunie. Qu'il soit reconnaissaut
du bifii qu"on lui a fait, afin de stimnlpr les
autres a bien faire. L'intendant sera sedeniaire,
toujours sobre, et n'ira pas ailleurs queter un
festin. Qu"il tienne les domestiques en haleine,
et fasse executer lesordres du raaitre. Qu'il ne se
croie pas plus habile que le proprietaire ; qu'il
traite lesamisde sa maison coi»rae les siens pro-
pres. Qu"il ecoute ceux qu"il lui aura donnes
pour conseils. Que ses pratiques religieusessoient
eonfinees dans les carrefours, ou pres de son
foyer. Qu'il ne prete a personne ni semence, ni
aliments, ni grain, ni vin, ni huile. Qu'il
soit seulement en relations avec deux ou trois
fermes , pour preter ou pour emprunter ce dont
on a besoin ; apres cela il u'aura d'affaires avec
qui que ee soit. Qu'il compte souvent avec le
raaitre. Qu'il ne retienne pas contre les conven-
tions ni les ouvriers, ni les journaliers, ni les vi-
gnerons. Qu'il n'a(.hete ou ne reeolterieua l"insu
du maitre. Qu'il eloigne les psrasites ; qu"il ne
consulte ni aruspice, ni augure, ni devin, ni as-
trologue. Qu'il n'epargne pas sur la seraence,
c'est une mauvaiseeconomie. Qu':l surveille tous
les travaux , aflu qu'il sache cominent ils s'exe-
eutent; et que, saus se fatiguer, il paye souvent
de sa personne. Ce faisant, il connaitra ies dis-
positions de ses gcns, qui n'en scront qiieplus
ardents au travail : il u'aura pas autantde loisir
pour se promener , mais sa sante sera pUis ro-
buste et son sommeil p!us paisible. Debout le
premier, il se coueliera le deniier : aupai'avant
\l s'assurera si les portcs de la ferme sout closes,
alicno proliibcblt. Yiliciis si iiolct male facere , non faciet.
Si passus erit, (lomiiiiis impuiie iie siiiat esse. Pio beuefi-
cio siatiam refeial, ut aliis recte faceie libeal. Yiliciis ne
sit ambulator, sobiius siet scinper, ad cirnam ne ipio eat.
Familiam exerceat : consirieret.iiiiaj domiuiis impeiave-
lit, (iant. Ne plus censeat sapaie se, quam dominum.
Aniicos domini , eos liabeat sllil amlcos. Oiii jiissus slet,
auscultet. Rem dlvinam nisi compitalibus in compito aut
in foco ne faclat. Injussu domiui credat nemini. Quod
domiuus ciediderit, exigat. Satui semen, cibaria, iar,
vinuni , oleum uuUuuin dedeilt nemlr.l. Duasaut ties fa-
niilias habeat, unde utenda rogel, el quibus det : pijeterea
nemini. Ralioiiem (uni domino crebni pulet. Opeiarium,
nieicenarinm polltoiem diutlus eui.deni ne liabeat die.
Ne quid emisse vclit inscienle domino , ne quid domiuuni
celavisse velil. Parasitum ne qiiem liabeat. Hariispicein,
augnrem, liariolum, clialdeum ne quein consuliilsse
velit. Sejjetcni ne defrudet : nam id inlelix est. Opus
rusticum onine cuiet uti sdat faceie, et id faciat soepe ,
dum ue la.ssus liat. Si fecerit, scibit iu niente fainilia: qiiid
bIcI, et illi animo a^quioie facicnt. Si lioc faciet, minus
libebit ambulare, et valebitrecliiis, et dormibit libenliiis.
Primus cubllu surgat : poslremus cubitum eat. Prius vil-
!am videat claiisa uti eiet, et uti suo quisque luco cubet,
si chacun est couch6 a son poste , et si les animaux
sont affourrages II aura le plus grand soin dcs
bceufs, et Hattera les bouviers,aliuque leurs ani-
maux soient bien teuus. II tiendra en bon etat les
charrues el les socs. II ne conduira ui troupeaux ,
ni chariots, ni charrues, sur la terre detrempee;
sans cette precaution , les endroits pietines seront
steriles pourtrois ans. Les troupeauxet lesbceufs
recevront riJgulierement de la litiere; leurs pieds
seront nettoyes. Qu'il eloigne la galle des raou-
tons et du gros betail ; que tous les travaux se
fassent a propos; car en agriculture tout s'en-
chalne de telle sorte, qu"un travail retarde re-
tarde tous les autres. Si la litiere manque, ou
preudra dcs feuilles de chene, et on les raettra sous
les pieJs des moutonset des bocufs. Qu"il ait soiu
d'amasser un bon tas de fumicr ; qu'il le conserve
avec soin; et lorsqu'il le transportera, qu'il Te-
teude et reparpille. L'autoinus est le raoraent
du transport. Cest a l"autoinne qu'ou dccouvre
les racines des oliviers et ([u'ou les fume. Qu'il
coupe lcs raraillcs de peuplier, d'orme et de
chene ; qu'il les entasse pour les donuer aux bre-
bis avant qu'elles ne soient completement se-
chees, Quant au regain et aux hi rbes de la se-
condecoupe,ellt'3serontbienseches,danslemcrae
but. Apres ies pluies d'automue il semera les
raves, les fourrages, et les Uipins.
VI. — Dcsliiiation des diffcrciites pijces de terre.
Voici ce qu'il faut observer dans la destina-
tiou des terres aux differents produits. On reser-
vera au fioment les terres riches , aer6es , de-
pouillees d"arhres. Si le sol est souvent couvert
de biouillnrds, ilfaudra surtouty seraerdes ra-
ves, dcs radii, du millet, et du sorghs. Le sol
et utl jumciita palniliim liabeaut. Boves niaxima dilisenlia
cuiatos liabelo. liubulcis obsequitor, parlim, quo libeu-
tius boves ciireut. Aratra vomeresque facito iiti bonos
habeas. Terrain cario.sam caveto ne aies,neve plostrum,
neve peciis impellas. Si ila non caverls , quo impulerls ,
Irlennii fruclum amiltes. Pecori et bubus diligenter sub-
sternatur; iiugiil.T cnrentur. Scabieni pecori et jiimentis
caveto. Id ex fame , et si impluit, lierl solet. Opera ouiiiia
matiire conficias face. Nam res luslica sic est : sl unain
rcni sero feceris , oninla opera sero facies. Stramenla si
deerunl , Irondem lligneam legito; eaiu substernito ovibus
bubusque. Steiquilinuim magnuin stude ut habeas.
Stercus sedulo conserva, cum cxportabls, spaiglto et
comniimilto. Pcr aulumnum evelilto. Clicum oleas au-
tumuilate ablaqueato, el stcrcus addito. Frondem popul-
neam, nlineam, querneam CBedito, per tenipus eam con-
dlto , non peiarldam , pabiilum ovibus. Ilem fujnuni cor-
duin, sicillmenla de prato ea arida c.ondilo. Post iiubrem
autumni rapinam, pabulum, lupiuumque serllo.
VI. — Quibuslocis agrum conseri oporleat.
Agium quibus locis conseras , sic observari oportet :
L'bi ager crassus , et l<fitus cst sine aiboribus , euiu agrum
frumenlarium csse oportct. Idem ager si nebulosusest.
fiCONOMlE RURALE.
qui sera en meme temps gras et chaud recevra
les ()li\ es de coiiserve, lcs longues, les salentiiies,
k'S orchites , ies posea , celles de Sergiaimm , de
Colminium, et les blanehes. Multipliez surtout
cclle qu'on s'accorde a regarder comme la plus
productive dans cette circonstance. Les especes
se plantent a une distance de vingt-ciuq a trente
pieds. On ue trouve pas pour une plantation d'o-
liviers de meilleure exposilion que celle qui est
cxposee au vent de Touest et regarde le soleil.
Si le terrain est plus maigre et plus froid , on
y plautera rolivier Licinius ; si vous plantez
cette varicte dans une terre grasse et chaude,
votre huile sera mauvaise, Tarbre sepuisera en
produisant, et secouviira d"uue raousse rous-i")-
tre et parasitc. Sur les lisieres des champs ct au
bord des chemins, plantez des ormes et des
peuplicrs, afin d'avoir des feuillards pour vos
iroupenux et vos hoeufs , et afin d'avoir du bois
sous la main lorsque le bcsoin se presente. Sur
les portions humides et longeant les rivieres,
plantez des cimcs de peuplier et des roseaux.
Plantez ceux-ci de la maniere suivante : avec le
franchant de la houe vous faites des trous dnns
lesquels vous inserez des stolons de roseaux , a
une distance de trois pieds les uns des autrcs.
Plantez-y Tasperge sauvage, d'ou uaitront des
asperges ordinaircs; car le roseau s'assoeie bicn
a Tasperge sauvage, parce qu'on le bine, qu"on
le bridc, et qn'il donne dc Tombre a propos. En-
tourcz votre plantation de roseaux d'un rideriu
dc saules grecs, qui vous douneront des ligatu-
res pour la vigne.
\oici ce qu"il f;iut obscrver dans le choix du
terrain des vignobles : danscelui qui est estime
le meilleur pour la vigne, et qui estexpose au
soleil, plantez la petite race d'Arainee, rAIbe
double, ct le petit gris. Le sol riche, couvert de
brouillards.convientspecialementalagranderaca
d'Amince, au murgentin, a l'apieienVt au luca-
nien; les autres vigncs, surtout les espcces b.1-
tardes, prosperent partout.
Vn. — Lieiix 011 il faiil planler les arbustcs et lesarbiis-
scaux.
La terre qui est peu eloignee des villes vcut
etre plantce en vergers; le bois ou les rarailles
peuvent ou etre vcndues , ou ctre reservces pour
Tusage du maitre. Voici ce qu"il faut semer dans
ce meme terrain, ct quclle espece de vigne il
faut marier aux arbres : c"est le grand et le pctit
araiueen, et rapicicn. Oii conscrve ces raisins
dans des potsnoyes nu milicu dcs mares, ou dans
du vin cuit, ou dans du moui, ou bicn dans de
la piquette. Ceux que vous suspendrez seront
les raisins a graines fcrmes, et les gros amineens.
On peut egalement les secher au foycr d'un for-
geron, aussi bicn qu"au soleil. Les fruits seront
les pommes de coing, la eognasse des Cantius ,
les Quiriniennes, et d'autres fruits de garde, tel-
lcs que les pommes vineuscs et !es grenadcs.
Pour que ces fruits ne toinbcnt point premature-
ment, on enfouira au pied des arbres de rurinii
ou du fumier de porc. Les poires seroiit cellcs
d"Anicius, (et des semailles excellentes confitcs
dans du vin cuit), la tarentine, la vcndange et
la courge. Planlez aussi et greffez bon nombre
d'autres espcces, dcs olives orchites, et posien-
nes, qui sont les meilleures a coufire, soit entieres
dans la sauraure, snit meurtries dans Thuile dc
lcntisque. Des que les orchitcs seront noires et
seches, saupoudrez-lcs de sel que vous secouerez
einq jours apres; cxpo.sez-les au soleil pendaiit
deux jours, ou bien meltez-les dans du vin cuit
rapa , raphanos , miliiim, panicnm iil maxinie seri opor-
tel. In agro crasso, ct calilo oleam coniiitivam, radiiim
majorem , Salenlinam , orcliilem, poseam, Sergianam col-
itiinianam , albicerem. Quam eariim in liis locis optimam
dicent esse, eam niaxime serilo. Hoc genns olea; in xxv
aut in XXX pedes conserilo. Ager olelo conserimdo, qui in
ventum Favonium speclabil, el .soli ostentus erit, alins
lionns niillus cril. Qui ager frigidior et macrlor erif , ibi
oleani Liiinianam seri oporlel. Sin in locociassoant caldo
severis, Iioslus ncqiiam eiit, et fcrnndo arbor peiibit , et
muscus riiber molestns erit. Circura coronas, el ciicum
vias ulmos serilo, et parlim populos, nti frondem ovibus
et bulnis balieas, et materia, si qnx- opiis sit , parala eiit.
Sicubi in liis Ir.ris ripse, aut locus Imrnectus erit, ibi ca-
cuniina popnloriim serito et arundinelnm. Id lioc modo
serito : bipalio vorlito, ibi oculos arundiiiis pedes ternos
aliiim ab alio scrilo. Ibi corudam serito, unde asparagi
lianl. .\am convi nit aruudinelun) cuincoruda, eoquiafo-
<iilur,el incendilin , et umbriim per lcmims liabet. Salicem
gracain circnm arundinetnm serilo, uli siet qui vineam
aHigi'S. Vineam quo in agro consci i oporlet , sic observato.
Oni locHS vinooplnnus dicelur cs.se, el ost«nlus soli, ibi
Aniineuin ndniisciiliim, etgeminum eugeneuiii, belveoliim
miniiscuium conserito. Qiii locuscrassus erit.aut nobulo-
sior, ibi Amineiim majns, aut Muigentinum, Apiciuni,
Lucannm sci ilo. Csler.c vites, miscellie maxime, in qiicm-
vis agrum conveninnt.
VII. — Quo in loco arbusla el virg.-e serantur.
Fiindo subnrbano arbnstum maxime convenit liabere ,
ct ligiia et viiga; venire possuiif , et domino erit, qui nla-
Inr. In eodeiii fundo siium quidqnid conseri oportet, ar-
bustoque vilem copulari. Aminnaeum minusciilum, et
majiisculum, et Apiciiim. Hiiec in ollis , olbe in vinaceis
conduntur; eadeni insapa, iu musto, in lora recte con-
diinlin; qiias siispcudas (luracinas, aminna>as majoies,
vid ad fiibrnm ferrarinni pro passis ea; r.-cle servantur.
Ponia, inalastrutbea, colonea scantiana, Quiriniana, itein
alia conditiva mala mustea , et Punica , ( eo lolium suil-
limi aul stercus ad radicem addere opoitet, uti stabilia
miila liant,) Piravolema, Aniciana, et sementiva, (b;ie
couditivainsapa.boiiaerunt,) Taientina, muslea, et cucur-
bifina. Item aliagenera qnampliirima serito, aut inserilo.
Olciis orcbitcs, posias, ose opliuis condunlurvtl viiiJui
M. P. CATOi^.
sans les saler. Lorsque vous voudrez conserver
des cormes, soit par la dessiecation, soit dans une
infusion de vin cuit, faites-les bieo secher au-
paravant : agissez de meme pour les poires.
VIII. — Dans quelles leires il faut mettre les dilTcrenles
especes d'oliviers.
Mcttez la figue marisque dansun sol crayeux
et decouvert : mettez au contraire dans une terre
riche ou fermee les especes d'Afrique , de Cadix ,
de Sngonte, les telanes noires a longs pcdoncu-
les. Si vous avez un pre arrose, vous ne man-
querez pas de foin ; s'il ne Test pas, fuinez-le
afin d'avoir dii foin. Pres de la ville , vous aurez
des jardins dans tous les stylis, toutes sortes
d'arhres d'ornement, des oignous de Megare, le
myrte palissade, soit le noir, soit leblanc, le
iauvier de Delphes, cekii de Cypre, celui des
forcts, des noix nues, des avelines de Preneste
et de Grece. Un jardin de ville , surtout pour ce-
lui qui n'en a point d'autre , doit etre plante et
orne avec tout le soiu possible.
IX. — 11 faut conlier les saussaies aux terrains liumides.
II convient de planter les sauies dans les ter-
res aquatiques, humides,ombragees, et pr^sdes
rivieres. Examinez si vous en avez besoin chez
vous, ou si vous les destinez a la vente. Si vous
avez de l'eau , attachez-vous surtout aux prairies
arrosees. Si vous n'avez pas d'eau , faites encore
des prairies seches autant que vous pourrez ; c'est
!e meilleur usage que vouspuissicz faire de votre
domaiue.
in muria, vel in lontisco contusse. Orclutesubi nigr» erunl
et sicca;, sale confriato dies v. postea salem exculilo, in
solem ponilo biiluum , vel sine sale in defi utuni condilo.
Sorba in saiia cum vis condere , vel siccare , arida lacias
ilempira eodem modo lacias.
VIII. — Ficos plurium gencrum quo loco screre oporleat.
Ficos mariscas in loco crelosoet aperto serilo : Africa-
nas^ et Hcrculanas, Saguntinas, liibeinas, Xelanasalias
pediculo longo , eas in loco crasso , aiit storcorato serilo.
Pratuni si irrigiium habebis, fiEnum non deficiet. Si non
ei il, siccuni.ne f(i>num desiet, .summitlito. Siib nrbe bortum
oniiie genus, coronanienta omne geniis, biilbos niegaricos,
murtum conjugnlum et album et nigrnni, laurum Delpbi-
cam, et Cypricam, et silvaticain, nuces ealvas , avellanas
Pra-neslinas , et Grajcas , bffic facilo uli seranlur. Fundum
nrbanum, et qui eum fundnm solum babebit, itaparet,
ilaque conserat, uti quam solerlissimum babeat
IX. — Uti salicta locis aquosis scrantur.
Saliclalocisaquosis, bumeclis, umbiosis, propteram-
nes ibi seri oportet. Et id videlo, uti aut doinuui opiis
sienl, autut veniie possint. Prata irrigna, si aquam babe-
bis , potissimum facito : si aquam iion babebis, sicca quani
plurima facito. Hoc est pra'diuni qnod ubi vis e.xpedit
(acerc.
X. — Nombre d'aides, de boe^fs, d'4nes, de domestiques
et d'instrumeuts dont il faut se pourvoir.
Mobilier et personncl pour deux cent qua-
rante arpents en oliviers : Un inteudant, une
survcillante , cinq manoeuvres, trois houviers,
un porcher, un anier, un berger; en toul treize
personnes. Trois paires de boeufs, trois anes
avec bats, pour le transport des engrais; un au-
tre Sue, cent brebis. Instruments pour Thuile :
cinq rouleaux monles , une chaudiere de trente
quadrantals (28 pintesparisiennes), soncouvercle,
trois crochets eu fer, trois yases pour Teau , deux
entonnoirs, une chaudiere de cinq quadrantals,
son couvercle ; trois crochets , uae petite cu vette ,
deux amphores a huile, uue urne de cinquante
pots , trois ecumoires , uu seau a puiser de fcau ,
un bassin, un put, un vase a laver les mains,
un hassin en ccu , un pot a Tcau , un vase a trois
becs, uu chandelier, un boisseau, trois grands
chars, six araires avec leurs socs, trois jougs
avee ieurs lanieres , six harnais de boeufs , un ra-
teau en fer, quatre civieres a fumier, six pa-
nicrs a furaier, trois dcmi-bSts, trois couvertu-
rcs pour les dues. Usteusilesen fer : huit fourches ,
huit sarcloirs, quatre pelles, cinq houes, deux
riiteaux a quatre dents, trois faux a foin , six
faux a chaume , cinq croissants , trois haches ,
trois coins, un pilon a ble, deux pelles a fcu,
un fourgon, deux rechauds; cent tonues pour
Ihuile, douze bassins, dix tonncaux pour les
marcs, dix pour les feves, dix tounes a vin,
vingt pour le froment, une pour les lupins, six
cruches a vin, une aiguiere, une baiguoire,
X. — Quot conservos, quot boves asiuosque ct minislros
atquo utensilia babere oporleat.
Qnomodo oleluni agri jugerum ccxl. inslruere oporlet :
vilicum, vilicam , operarios v. bubulcos ni. subulcuui i.
asinarium i. opilionem i. Siimma liominum xiii. boves
trinos, asinos ornatos clitellarios, qui stercus veclent, lu.
asinum unum , oves c. vasa olearia inslructa jnga v. alie-
num quod capiat qnadrantalia x\x, operculum aheni, uncos
ferreos iii. ureeos aquaiios ni, infidibula ii. ahennm quod
capiat qiiadrantalia v. alieiii operciilum , uncos ni. label-
him polulum, aniphoras olearias ii. urnam quiuquagena-
riam unam, trullas iii. siUilum aqnarium unum, pelviin
unam, malellionem, trullium, sculriscum, malellaui,
uasiternam, candclabrnm , sexlarium , plostra majora iii.
aratra cuin vonieribns vi. juga cum lorisornata iii. orna-
nienla biibus \i. irpicem uniini , crates stercorarias iv.
sirpeas stercorarias iii. semuncias iii. instrata asinis iii.
ferramenla, ferreas viii, sarcula viii. palas iv. rntia v.
rastros quadridentes ii. falces foenarias iii. sliamenlarias
VI. arborariasv.secures iii. cuneos iii. fistulam farraiiani
1. forpices 11. rutabnlum I. foculosii. doliaolearian. labra
XII. dolia quo vinaceos condat x. amnrcaria x. vinaria x.
frumentaria xx. labrum lupinaiium unum, serias vi. la-
brum eluacrnm unum, solium unum, labra aqnaria ii.
opercula doliis, seriis priva plnra, molas .isinarias nnas,
et trusatiles unas, hispauienses unas,molilia iii. abaciim
fiCONOMlE RURALE.
deux bassiiis [loiir Teau ; tles couvercles pour Ics
touueaux et les futailles; une paire de meules
tournces par les anes, une paire tournee a bras
dhonimes, une paire a respagnole; trois col-
liers, un buflet, deu.v plats en cuivre , deux ta-
bles; trois grands bancs, un siege dans la cham-
bre a coucher, trois escabelles , quatre tabourets ,
deux fauteuils; un lit dans la chambre a cou-
cher, quatre lits de sangle et trois autres lits;
un pilon en bois, un pour fouler la laine, un me-
tier a tisserand; quatre pilons, Tun pour les fe-
ves, Tautre pour le froment , un pour les semen-
ces , un pour concasser les noyaux ; un boisseau ,
un demi-boisscau ; huit matelas , buit couver-
tures, seizeoreillers;dixdraps, trois serviettes,
six casaques pour les esclaves.
XI. — Dans; iin antrc sysU^^me, nombre cVaides et d'ou-
vriers qn'il fant niettre Ji la dispositiou de 1'intendant.
Pour cent arpents de vigne on aura : un in-
tendant , une surveillante, dix ouvriers , un
bouvier, un ^nier, un homme pour ies saules,
un berger : en tout, seize personnes ; deux boeufs ,
deux Snes pour les cbars, un pour la meule;
trois attirailsde pressoirs avec leurs agres; des
futailles suffisantes pour recevoir le produit de
cinq veudanges, et donnant cliacune huit cents
raesures; vingt futailles pour les marcs , vingt
pour le froment; pourchacune d'elles les cou-
vercies et chaperons necessaires ; six urnes cou-
vertes de genet , quatre amphores du meme
genre; deux enlonnoirs, trois passoirs a osier,
trois passoirs pour arreter lesfleurs; dix vais-
seaux pour lc moiit; deux chars, deux charrues;
un joug pour les chars, un joug pour la vigne,
un pour les anes ; un disque d'airain ; un collier
de meule ; une chaudiere de la contenance d'un
I. orbes alieneos ii. niensas ii. scamna magna in. scaninum
in cubiculo unum, scabilla iii. sellas iv. solia it. Leclum in
cubieulo i. lectcs loiis snbtenlos iv. et lectos ties commu-
nes , pilain ligneam nnain, rullnniiani iinam, telamjnga-
lem unam, pilas duas, pilnm l;ibniiinii iiiiuni, larieariiim
ununi, seminarium unum, qiii nnileos siiccernat nnum,
modium unuin, semodiiim iiiiiim,culiilas viii. instiagula
VIII. pulvinos xvi. operiineiila x. niappas iii. centones
pueris vi.
XI. — Alia instituUo, quot et qaibus cnnsonis alque operis
inslrul villicam opoiteat.
QiiomoJo viiieiim jiigeiiinic.iiistinereoportet : villcnm,
vilicam, opeianns x. bubiiliiiiii i. asinariiim i. salictaiiuni
1. suhulcum i.Sniiima bomines \m. Imves ii. asinosplos-
trarios ii. asiiium molariiim i. vasa torcula inslructa iii.
dolia V. ubi vindemiie esse possinl, eulleum dccc. dolia
ubi vinaceos condat , xx. fiumentaria xx. opeicnla dolio-
lum, el lectoria priva. IJinas sparteas vi. aniplioras spai-
teas IV. infidibula ii. cola vitilia iii. cola, qui florem demaut,
Iria, iiiceos mustarios decem. Plostra diio. aiatra duo.
juga plostiaria duo, iugiim vinarium i. jiignm asinarium
I. orhem alicneiim i. molile i. aboneum, quod capit cnl-
leum uiiuDi. operculum abciii iinuin, uncos fcneos iii
culleus , avee son cou verclc, pour la cuislne ; troi»
crochets en fer; dcux vascs pour Teau ; une an>
phore a trois anses, un bassin , un pot a Teau,
une aiguiere, un seau a puiser IVau , un rafral-
chissoir, unc ecumoire; un chandelier, un vase
de nuit; quatre lits, un banc, deux tables, un
buffet, un garde-manger, une garde-robe , six
grands bancs , une roue a puiser Teau , un bois-
seauferre, un denii-boisseau ; une auge a lcs-
sive ; un dctrempoir, une auge a lupins, dix
cruches a vin; dix couvertures pour les bocufs
et les ^nes; trois demi-b^ts; trois corbeilles
pour les lies, trois roues tournees par les Snes,
une roue a bras. Ustensiles en fer : six scr-
pettes pour la vigne ; cinq serpettes pour les li-
gatures , trois croissants , trois serpes , cinq ha-
ches et quatre coins; dix socs en fer, six h&-
ches, quatre houes, deux rateaux a quatre
dents, quatre hottes a fumier, un panier pour
le meme usage ; quarante faucilles pour la vlgne ,
six croissaiits pour les frayons; dcux rechauds,
deux pinces a feu , un fourgon; vingt paniers
dWmcria, sept panicrs de semeur; quaranteba-
qucts , quarante pelles de bois, deux auges ;
quatre matelas, quatre couvertures, six oreil-
lers , six couvre-pieds ; trois ser viettes , six casa-
ques d'csclaves.
Xlf. — Quanlite et denominations des ustensiles pour l»
piessoir.
II faudra pour le pressoir cinq series d'ustensi-
les; cinq arbres montes, trois de rechange,
cinq trcuils, un de rechange ; cinq courroies,
cinqcordesderetour, cinq cables, cinq poulies,
dix coi'dcs daltache, cinq levierset ciuq assiettes
pnur lcs arbrcs; trois cuves, quarante blocs,
quarante boucles, quarante frcttes en bois, pour
alieniim coculum , quod capiat culleum , urceos aquario»
II. Amplioiam, nasiternam i. pelvim i. matellionem i.
Irullinm i. sitiilum aquaiiuni i. scutriscum, Irullam,
candelabi um , matellam , iectos iv. scamnum i. mensas ii.
abacum i. aicam vestiariam i. armarium piomptuarium
I. scamna longa vi. rotam aquariam i. modium pr:efciTa-
tiim I. semodium i. labrum eluacrum i. solium. labrum
lupinaiium i. .serias x. Oinamenta txibus ii. ornamenta
asinis instiata iit. semuncias iii. spoitas faecarias iii. mo-
las asinarias unas , Irusaliles unas. Ferramenta , falces
vinealicas vi. sirpiciilas v. falces silvaticas v. arboraiias
III. secures v. otcuneosiv. vomeres ferreos x. palas vi.
rutra quatuor, lastros quadridentes ii. crates stercorariaii
IV. sirpeam stercorariam i. lalculas vineaticas \l. fali nlas
iHscarias x. Foculos ii. forpices ii. rulabulnm, ciirbulas
Amciinas xx. quala saturia vii.alveosxL.palas ligueas xi.
lintics II. culcitasiv. instragulaiv. pulvinos vi. opeiinicul»
VI. niappas iM. ccntones pneris vi.
XII. — Qiiot et qu.T in lorculari parari vasa oporteat.
Iii lorciilarinm qu;e opiis snnt vasis qninis. I'rela tem.
perita v. supervacanca iii. suciilas v. supervacaneam i.
fuiies loreos v. subdiictarios v. medipontos v. trocbleas
X. capistra T. assercula v. nbi pr«la sita ««»1 t. sona»
M. P. C.VTON.
firapechcr les ai-bies de se fendre; cinq meules,
dix seau.K » puiser, di.K baquets, dix pelies en
bois , cinq rables en fer.
XIII. Disposilion du pressoir et dii ccllier 5 olivcs.
A l'epoque du pressurage voici ce qu'il faut
avoir au prcssoir : un vase en cuivre de la con-
tenance de cinq quadrantals; trois crocs en fer,
un disque d'airain; une paire de meules, un
crible, un tamis; une bache, une cruche a viu,
un levier, un lit monte pour les hommes libres
faisant rofliee de gardiens ; un esclave du troi-
sieme degre couchera avec les ouvriers ; de vieil-
les et de neuves corbeilles ; une corde dc hamac ;
un oreiller, un cuir, deu.K lampes grillees, un
charnier; une ccbelle, des futailles a huile, leurs
couvercles; quatorze bassins a huile, deux gran-
des gondoles, deux petites; trois ecumoires
d'airain ; deux amphores a buile , un vase
pour Teau , une urne de quarante mesures ; un
setier pour rbuile, uuecuvette; deux enton-
noirs, deux eponges; deux pots enterre,un
autre de la coi>tenance d'une urne ( quatre con-
ges), trois barres avec leurs clavettes ; deux la-
bourets, une balance, un poids unique de cent
livres , une serie de divers poids.
XIV. — Clauses Ji proposer k I'arcliitecte poiir bfttir iine
inaison de campague.
Si vous faites batir a forfnit une campagne
entierement neuve, voici les obligations de Ten-
trepreneur. Conforraeraent au desir, il construira
toutes les muraillesen moellons unis avec de la
chaux, les piliers en pierres solides, les poutres
qui sont necessaires, les seuils , les jambages de
porte, les liuteaux, les lambourdes, les etais, les
iii. vccles XI. (Ibulas xl. confibulas ligneas, qni arbores
compriuiat, si di.sliiascent, et cuueosvi. trapelos v. cu-
|ias niinusculas x. alveos x. palas ligneas x. rutra ferrea v.
XIII. — Quomodo torcularium et cellam oleariam parare
oporteat.
Intorcularium in usuquodopus est. Urceum, aheneum
I. qiiod capiat ([uadiantalia quiuque , uncos ferreos tres ,
orbeni aheiieiim unum , molas unas, crihriim unum, in-
cerniciilum unum, secnrim unam, scamuum unum, se-
riam vinariam unam, clavamlorcularii unam , lectum stia-
tum, iibi duo cuslndes libeii cubent, et tertius servns una
cum factoribiis uti cubet. fiscinas novas veieres. epidro-
mum , pulviuum , corium unum, lucernas craticulas duas,
carnarium iiniim, scalas unas. In cellam oleariam hwc
opus sunt Dolia olearia, opercula, labra olcaria xiv.
conchas majores duas, e.t rainores duas, trullas aheiieas
trcs, aniphoras olpaiias duas, urceum aquarium unum,
unianiquinquagenariam unam, sextariumoleariumuiuim,
labelium unum , infidibula duo, spongias duas,uiceos
fictiles II. urnales ii. tnillas lisneas duas, clavcs cum
Vlostrisin cellas duas, Iruliiiam unam, ccntumpondium
incertum uniim , etpondera certa.
XIV. - Villam feUificandam fabro quomodo locaveri.s.
Villatn .Tdificandamsi locftbis novani ab solo, faber h:ic
etables d'hiver pour les boeufs, les rateliers
pour Tete, reeurie, les chambrettes pour les es-
claves, trois garde-mangers , une table ronde ,
deux chaudieres, dix toits a porc, un foyer,
une porte cochere et une autre a la disposi-
tion du maitre, les fenetres, dix barreaux do
dix pieds pour les grandes fenetres et pour les
petites, six lucarnes; trois bancs, cinq chaises;
deux metiers de tisserand, six carreaux transpa-
rents, un petit mortier a piler le grain , un me-
tierde foulon ; les chambranles; deux pressoirs.
Le proprietaire fournira les materiaux , les objets
necessaires a la main d'oeuvre ; il fera tailler et
polir, il sera tenu de fournir une scie et un cor-
deau ; cependant il n'est tenu qu"a couper et k
travaiiler les raaterlaux. Cest rentrepreneur
qui fournit la pierre , la cbaux , le sable, Teau ,
la paille , et la terre employee au mortier. Si Te-
difice vient a etre frappe de la fou^re, 11 faqt y
prononcer des paroles sacrees. Voici le prix du
travail pour un honniite homme qui fournit large-
mcnt tout ce qui cst necessaire , et qui paye cons-
ciencieusement : les pannes occupent deux pieds
sur le toit , et on supputera ainsi : celle qui ne
sera pas entiere, et qui aura ete cchaneree d'uu
quart , sera coniptee comme une demi. Les fat-
tieres seront coraptees pour deux pannes; tontes
celles qui aurout de plus grandes dimensious se-
roulcomptees pourquatre. Faites conduire de la
chaux et des pierres jusqu'a un pied au-dessus du
sol , et iie mettez aux parties laterales , aux
ehambranles et aux croisees que ee qui cst stric-
teracut necessaire. Les autres conditions cousis-
tent a eomposer toute la bStisse de raoellons unis
a lachaux. Leprixdesouvrages enonces ei-des-
faciat oportet. Parietes omnes (uti jussitur) calce et ce-
mentis, pilas ex lapide angulari, ligna oninia quae opus
suiit,limina, postes, jugamenta, asseies, fulmentas, pr.T-
sepis bubus hibernas, et a'slivas faliscas, equile, cellas
familise, carnaria m. orbem, aheua ii. liaras x. focum,
januam maximam , et alferam quam volet dominus , fene-
stras, clatios in fenestras majores, etminores bipedales x.
luniina vi. scamiiaiii. sellas v.telasjogalesduas,Iuminaria
VI. paulliilam pilam , ubi triticum pinsant, unam , fullo-
nicain unam , antepagmenta , vasa torcula duo. H*c rei
raateriem , et quic opus sunt doniinus pra^bebit, etad opus
dabit, (succidet, dolnlMt lineabil secabitque materiam
duntaxat condiictor) lapidem, calcem, arenam, aquam,
paleas , terram , unde liituin fiat. Si de caelo yilla tacta
sict, deea re verba divina uti liant. Hiiic operi piecium
ab doinino bono , qui bene pic-cbeat quae opus sunt, et
numos lide bona solvat. In tegulas singulas ii. in tectum:
sic numeiabitur tegula : integra qua; non erit, unde quar-
ta pars aberil, diiae pro una, conliciares qiia,' ernnt, pro
binis putabuntiir : iu aliis quot erunt, in singulas quater-
nrenumerabuntur. Villa, lapide calce fimdainenta supra
tcrram pede, ca;teros parieles ex latere, jugamenta ct
antepagmenta , qu:e opus erunt, indito. Cailera lex uti
villa ex calce cementis ; prelium in tegulas singuIasK. s.
loco saliibii bono domino ha;c, qua; supra precia posita
15C0N0MIE RURALE,
sus s't'value h. xin nummus sestertius par panne.
Laraain-dffiuvre se caleulesur ec pied, si Ton ba-
tit dans un canton salubre et pour un houime de
bon accord ; mais tout proprietaire consciencicux
ajoutera un quart en sus s'il 1'ait batir dans une
eontree malsaine ou Ton ne pcut travailler peu-
dnnt rcte.
XV. — .Maniere de constriiire les muraille.s.
Les murs auront cinq pieds de hauteur, et se-
ront faits avec des moellons lies avec du sable et
de la chaux; la pieee de eomble auia un pied
d'epaisseur, sur uu pied et demi de hauteur,
quatorze de lonsucur, et on devra exiiicr sur le
devis qu'elle soit crepie. S'il exige qu'on donne
aux murailles de la eampague ccnt picds carrcs,
c'est-a-dire dix pieds en tout sens , ou une figure
ayant cinq pieds d'une faee et une perche de
vingt pieds de Tautre, il faiidra payerdix num-
nnis; et s'il veut une fondation ayant un pied
et demi d'epaisseur, il devra fournir par chaque
pied de longueur uu boisseau de ehaux et deuv
de sahle.
XVt. — Condilions ii imposcr iiour la cuisson de la cli.iux.
Quand on fait cuire la chaux a cliarge de par-
tage, voici les couditions des deux parties. Le
chaurournier monte le four, lechauffe, en re-
tire la chaux et debite le bois; lc maitre fournit la
pierre, le bois , en un mot tout ce qui est ueces-
snire.
XVII. — lipoinic convenalile ponr raballage des bois.
Le temps le plus favorable a la coupe du chene
rouvre , et des e ssences a eehalas , c'est dep!n's
le solstice jusqu'aux friraas. Qnant aux essences
qui portent du fnii! , c'est repoque de la maturite
de ceux-ei qui est la raeilleure. Les essences qui
ne fructifient point sont bonnes .'i couper lors-
que la seve monte. On peut abattre en toute sai-
son les esscnces qui portent en meme temps des
fruits verts et des seniences mures : tels sont les
cypres et les pins. En efl'et , dans ces arbres il y
a deux sorles de fniits; Tun iniir, bon a eueillir
et prt-s de tomher, Iorsqu'il touehe a la fin de la
premiere annee : alors il faut couper Tarbre a Te-
poque des semailles ; si Ton attendait plus tard ,
il faudrait reeuler dc huit mois. L'autre n'a pas
eneore un an, et a une eouleur verte. II est avan-
tageux de eouper rorme quaud ses feuilles coni-
mencent a tomber.
XVIII. — Constrnction du prcssoir.
Si vous voulez construire un pressoir a quatre
cuves, que celles-ci soient opposees les unes au.x
autres,etmonteesainsiqu'ilsuit : Les arbres au-
ront dcux pieds d'equarrissage sur neuf de loii-
gueur, y compris les mortaises, et les tenons qui
les termineront superieurement, et la portion de
leur pied qui sera eugagee dans le patin; ouvrez
le logement des aiguilles de trois pieds neuf pou-
ces en hauteur, sur six doii;ts de laigeur ; ouvrez
une raortaise a uii pied et demi du sol ; donnez
deux pieds a rentre-jumelles , ecartez les de deux
pieds des murs; mettez dix-huit pieds entre ces
jumelles et la paire de poteaux qui appar-
tient a ce meme prcssoir; donnez a chnque po-
teau deux pieds de diametre et dix pieds de
hauteur, y compris les tenons qui doivent les
terminer superieurement, et la partie qui scra
engagee daus le patin. Letreuil doit r.voir neuf
pieds de longueur, sans compter celle de ses
tourillons. L'arbie doit avoir vingt-einq pieds
siinl. ex signo inanupreliuni eiil : pcslilcnli, ubi a'slafe
licri nou polcst, bouodomino pars quarta piecii accedat.
XV. — Maceriie quomodo i^dificouUir.
.Macerias excalce, cemenlis, silice, uli dominu.s omnia
ad opus pra;beat, allam p. v. facilo, ct colnnicn p. i. cras-
sani p. I. s. longam p. xiv. et nli sublinat locari oportet.
Parieles vilte si locel iii pedes c. id cst, p. x. quoi|uovor-
snm, libellis in pedes v. ct perlicam unani p. vic. n. x.
Sesqnipedalem paricfemdominnsrundamenta faciat, et ail
opns pr.Theat calcis in p. singulo» longitudinem opus est
modiuni unum, arenae modios duos.
.\VI. — Calx quo pactolocelur.
Calcem partiario coqncndam qui dant , ita dant. pcrli-
cit, etcoquit, el ex foriiacc calcffm eNimil calcarius,
et lisnacoulicit ad fornaccm. Dominns lapidem, ligna ad
loinaceni , qiioil opus siet, pra-bet.
XVII. — Matcries qui tempore anni tempcstlva sit.
Robus, nialeries ilem pro ridica, ulii solstitinm fiierit
ail bruinam scniper tempesliva cst. Qua; maferics semen
liabet , cum semcn matuium liabet , tnm tempesliva est.
Qiia; niaferies senien non lialiet, cum i;Iu!iet, tiim tem-
pesliva esl. lia quie .seinen viride el nialiiniin liabet, uti
seinen de cupiesso, de pino, qnidvis anni lesere possis
Item qiiidvis anni matura est, et tempesliva, ilii dum sunt
nuces biniic, inde semen excidet, et annicuUe ea; ubi
piiniiim inci|iiuut Iiiascere, fuin legi oportet, per seiiien-
tim piimnni iucipiiint matuiae esse. Postea usque adeo
snnt pliis mcuses viii. Horiioliua^ unees viridcs sunt. Ul-
inus, cuin lolia c.adiiut, tuni ntiaipie tempestiva est.
XVIII. — Toreularium quomodo iedilice*.
Torculariumsi a-dilicare voles,quadrinis vasis uti con-
fia oia sieiit, ad Iiunc niodum vasa coniponito : arbores
cia.ssas p, 11. altas p. ix. cum cardiiiibus, foramin.-»
longap. III. s.Z exculptadigilos vi. Ab solo forameu pii-
luiim, p, I. s, inter arbores et aiboies, et parietes p. ii.
iii II. arbores p. i. ~— arbores ad stipiteni priiuum direc-
tiis p. XVI. stipites erassi P. ii. alti (-.11111 1 aidiiiibus P. x.
siiciila prajfer caidines r. ix. piclum longum e. xxv.
inibi lingiilam p. 11, s. pavimeutuin binis vasis cum canali-
bus duobiis p. xxxiv. trapeUbus locum de.xtra, siuistra.
M. P. CATON.
de longiieur, y corapris la partie engagee en-
trc les jumelles , laquelle aura deux pieds et demi
de longueur. Fui surface du hangar qu'oeeu-
pent deu.x pressoirs, y compris leurs deux bas-
sins et deux trapetes, aura trentetrois pieds de
largeur, prise sur la longueur du hangar; dans
cette surface seront pris, entre un pressoir a
droite et un a gauche, vingt pieds pour placer
les deux trapetes appartenant a ces deux pres-
soirs; entre les poteaux d"un pressoir et ceux du
pressoir de la seconde couple qul est sur le meme
alignement, il faut un espace de dix-huit pieds
pour les charrois. Entre ces derniers poteaux
nppartenant a la seconde couple des pressoirs et
le mur qul est derriere leurs jumelles , il y aura
vingt-deux pieds : ainsi le total de remplaccment
qu'il faut pour loger ces quatre equipages est de
soixante-six pieds de longueur sur trente-six
pieds de largeur entre murs. Aux piaces ou
vous dresserez vos juraelles, faites de bons fon-
demens, de cinq pieds de profondeur; couvrez-
en, d'une pierre dure d'un pied et derai d'epais-
scur, la superlicie, qui sera de six pieds et deaii
de longueur sur deux pieds el demi de largcur.
Vous creuserez dans eette pierre un logemcnt
pourles pieds des deux jumelles; etablissez donc
dans ce logemeut vos deux jumelles. Ce qu'il y
restera de vide entre le pied de Tune ct celui de
Tautre doit elre rempli par une piece de chene;
et s'ils'ytrouvequelquefaux joiiit, on coulera du
plomb. Les tenons supcrieurs des jumellcs au-
ront six doigts de hauleur, et elles seront coif-
fees d'un chapeau de chene. Vous ferez de meme
de bons foiidementsdecinq piedsde profondeur,
pour placer les poteaux ; vous y poserez sur son
lit de carriere , et bien de niveau , une pierre de
taille longue de deux pieds et demi , large de
deux pieds et derai , et epaisse d'un pied et derai.
Sur celte pierre vous poserez un poteau ; et sur
une pierre semhiable, et assise de ra^rae , vous
posercz Tautre poteau de cette paire. Sur les ju-
melles et les poteaux de chacuu des deux prcs-
soirs, vous poserezune poutre horizontaleraent,
large de deux pieds, grosse d'uu pied et lon-
gue de trente-sept pieds , ou deux poutres dc cette
raeme longueur et juraellees, si vous n'en avez
pas d'assez grosses. Sur ces poutres vous pose-
rez, entre les murs qui terrainent la longueur
du hangar et le passage des voitures ( c'est Tera-
placement des trapetes), vous poserez, dis-je,
une poutre de vingt-quatre pieds de longueur,
et d'un pied et demi d'equarrissage en une piece ,
s'il se peut , sinon en deux pieces jumellees. Sur
ces poutres posez des bouts d'autres poutres ,
qui s'appuieront indirectement, par le moyen du
poitrail, sur les jumelles et les poteaux; et sur
cette charpente elevez une maconnerie pour en
joindre le poids a celui des bois, et Taugraenter
jusqu'a ce qu'il y en ait assez. L'aire de chaque
pressoir sera fondee a cinq pieds de profon-
dcur; elle sera ronde, et aura six pieds de dia-
raetre; le bassin, qui sera rond aussi , n'aura que
trois pieds de diaractre, et un pied trois quarts
de profondeur. Le pave de la totalitc du han-
gar aura ete creuse de deux pieds de profon-
deur, et le fond en aura ete assure a Taide de
la hie; apres quoi Ton aura etendu une couche
de demi-pied d'epaisseur en menu ciracnt,
avccchaux et sable, et d'autrescouchessembla-
bles, jusqu'a ce qu'on ait rega^ne son premier
niveau. Mais pour les aires et les bassins, voici
la facon de les paver : lorsque vous aurez bien
Divele et aplani la surface des fondements , cou-
chez une premiere assise de gravier, sable et
chaux , et la battez. Faites une seconde assise pa-
reille, rocouvrez celle-ci d"une couche epaisse de
deux doigts, eu chaux et ciment, de tessons passes
au crible ; cette couche faite , battez-la , frottez-
pavimentum f. xx. inter binos slipites vectibus locum p.
xvm. Allerls vasis ex adveisum ab slipile extremo ad
parietem, qui pone arbores est, p. xxii. .Sumnia torculario,
yasis quadrinis longitudine p. lxvi, laliludine p. xxxvi in-
ter parietes. Arbores ubi statues, fundauienla bona facilo
alta p. V. inibi lapides silices totum forum longuiu p. v.
latum p. II. s. erassum p. l. s. Ibi foiamea pediciuis
duobus facito. Ibi arbores pedicino in lapide statuito.
Jnter duas arbores , quod loci supererit , robore ex-
pleto, eo plumljum iiifundito, siiperioiem partem arbo-
rum digitos sex allam facito siet, cocapitulum robustum
indito. Uli siet stipites ubi stendamenta p. v. facit, fuiilo;
ibi silicem longum p. ii. s. latum p. ii. s. ciassum r. ii.
6. planum statuito, ibi stiplles statuito. Item alle-
rum stipitem slatuilo. Insuper arbores slipilesque Ira-
bein planam imponito, latain p. ii. crassam p. i.
longam p. xxxvii. vcl duplices indito , si solidas non ba-
bebis. Subeas tiabes inter canales, et parietes extremos,
ubi Irapeti stent, Irabeculam pedum xxiii. s. imponilo
sesquipedalem, aut biuas pro singulis eo supponito In iis
trabeculis tiabes, qua; insuper arbores stipites slant, col-
Iiicato. In iis tignis paiietes extruito.jungitoque mate-
riiE, utioneris satis liabeat. Aream ubi facies, p. v. fun-
damenta alta facilo , lata p. vi. aream, et canalem rotuii.
dain facito latam p. iv. s. ~ — Ca^terum pavimentum
lotum fundamenta pedum diiorum facito. Fundauienta
priumm listucato , poslea cementis minutis, et calce are-
nato seniipedem unumquodque corium struilo. Pavimen-
la ad bunc inodum facito , ubi libraveris , de glarea, et
calce arenato primum coiium facito; id pilis siibigito,
item alterum corium facito. eo calcem cribro succrelam
indito alte digilos duo. Ibi de testa arida pavimeiiliim
struito. Ubi structum erit, pavito, fricatoqiie oleo, iili pa-
vimentum bonum siet. Arbores, .stipitesque robustas
facito, aut pineas. Si trabes miuores facere voles, canales
extra columnam expolito. Siita feceiis, trabes pedumxxii.
long.T! opus erunt. Orbem olearium latum pedibus iy.
puuicanis coagmenlis facito, crassum digitos vi. facilo,
ECONOMIE RURALE
la et polissez-la n riuiile , et vous aurez de bonnes
aires de pressoirs et de bons bassins. Vous eboi-
sirez entre leeheneou le pinpour faire vosjuraei-
les et vos poteaux. Si vous voulez vous dispenser
dVmployer des poutrcs aussi longues que le porte
la (Ixation preeedente, entez-les par entailles; et
des iors il sufflra d'avoir des poutres de vingt-
cinq pieds. La table qui couvrira les tas a pres-
surer aura quatre pieds de diametre ; les pieces en
seront jointes et assemblees par clefs a la car-
thaginoise; elles auront six doigts d'epaisseur,
elles seront liees exterieureraent par clefs a
queue d'aronde de bois d'yeuse, maintenues en
place par des chevilles de cornouiller. Ellesse-
ront encore affermies daus leur assemblage par
trois barres lixees par des clous dc fer. Cette
table sera d'orrae , ou de cornouiller. Si vous
avez de Tun et de Tautre bois, entremelez-les.
XIX
coure precisement avec le milieu de rentre-ju-
melle. Vous laisserez un travers de pouce de
jeu entre cette piece et les juraelles. Les plus
longs leviers dont on puisse faire usage ont
dix-huit pieds, les seconds seize , les troisiemes
quatorze ; ceux dont on use le plus commune-
ment sont de douze, de dix , et de huit pieds
seulemeut.
Usttmsiles pniir la falirii-alion du viji : poteaux ,
et leur liisposition.
Si ces equipages sont destines au pressurage
du raisin , les juraelles etles poteaux aurontdeux
pieds de hauteur de pkis; on terrainera les en-
tr'ouvertures des jumelles a un pied au-dessous
du chnpeau, par un logement ouvert d'un denii-
pied en hauteur comme en largeur, pour rece-
voir une aiguille particuliere. Chaque tete du
treuil sera percee de trois trous de part en pait ,
ce qui produira six orifices pour recevoir les
barres; le premier trou sera perce a un deml-
pied dutourillon, les autres seront distribues
avec egalite sur la longueur de la tete. Le croc
sera sur le point railieu de la longueur totale
du treuil , et le milieu de rintervalle qui se trou-
veraentre les poteaux doit etre marque par ce
croe. Pour que Tarbre soit bien etabli dans sa
juste direction, vous anrez soin, en tnillantle
pied, de vous jauger fideleraent sur le milieu de
la largeur de Tarbre , a Teffet que ce milieu con-
subseudes iligneas aijinditn. Eas ubi confixeris , clavis cor-
neis occUidito. In eum oibem tris caienas indito. Eas ca-
tenas cum nrbibiisclavis ferreis coriisito. Orbem ex ulmn,
aiilexcorylofacito. Si utrumqiie liabebis, allernas inditn.
XIX. — Quot vasa vinaria, quibus stipitibus et qualiter
facias.
In vasa viuaria stipites arboresque binis pedibus altin-
res lacito, supra foramina arborum pedem iiuaqiie uti
absient. Unas fibulae locum facito semi pedera qiioquovcr-
sum. In suculam sena foramiua indilo. Forameu, quod
priinum facies , semipedem ali cardine facito, cjetera
dividito qiiam lectissime. Porculum in inedia sucula faci-
to. Inter aibores medium quod erit , id ad mediam colli-
brato, ubi porculiim ligeie oportebit. Uti in medio pre-
luin lecte sitiim siet. Lingiilam cuin facies , de medin
pielo collibraln, ul iuterarbores beneconvcniat. Digituiii
polliceni laxamenti facitn. Vectes Iniigissimospediim wiii.
siMiindos pediiin xvi. lertios peduiii xiv. reuiissarios pe-
dumxii. altcros pedum x. lertios pedum viii.
XX. — Ajiistage dii pilier ponr le piessoir.
Comraent il fautajuster le trapete. II faut que
la petite colonne dc fer qui s'eleve siir le mi-
liaire soit fixee invariablenient , et bien verti-
calement : pour cet effet, enfoncez des eoins de
bois de saule tout autour, dans la boite ou elle
est engagee; gardez-vous d'y couler du plorab,
pour Tafferrair : si elle vacille, arrachez-la plu-
t6t, et posez-!a de nouveau avec des coins de
bois de saule , jusqu'a ce que vous soyez parvenu
a la rendre stable et bien d'aploml). Faites les
raoyeux des raeules d'olivier orchite , et assurez-
les dans la pierre, a Taide du plomb que vous
coiilerez entre la pierre et le bois; ayez soia
d'eviter qu'ils ne ballottent : s"ils viennent a va-
ciller a Tessieu, remboitez les boiies d'une seule
piece epaisses d'un travers de pouee, et faites
en sorte que lcs deux orifices de chaeune s'ef-
(leurent cxacternent de ehaque eote , et puis^ent
tous deux etre fixes par clous, craiute que la boite
ne se derauge.
XXI. — Commissiire de la cuve avec le pressoir.
Donnezdix pieds de longueur a ressieu : qu"il
soit de la grosseur que demandent les moyeux
des meules : donnez a la partie qui en forraera le
milieu, et separera les raeules lune de rautre ,
toute la grosseur que deraandera la colonne de
IVr pour y etre recue : faites dans cette meme
pnrtie le logement du somraet de la colonne ; gar-
nissez-le interieureraent d'une boite de fer ajus-
XX. — Trapeli columnella quo sit concinnanda modo.
Tiapetum quomodo concinnare oporteat. Coliiniellani
ferream , qua; in miliario stat, eam reclam staie oportet
iu medio ad peipendiculum, cuneis salignis circiimligi
oportet bene. lio pliimbuui erfundeie caveto, ne labet co-
lumella. Si inovelnliir, exiiuito, denuo eodem modo facito,
iie se moveat. Modiolus iu orbis olcaginos ex orcliite nlea
facito, et eos circumpluinbatu, caveto ne laxi sient. Si
auteui labent in cunam , eo indito lunicas solidas et latas
digitiim pollicem. Facitn labeam, bifariam liabeant, quas
ligas clavis duplicibus, iie cadanl.
XXI. — Cupa trapeti qunmwlo fabrelial.
Cupam facito p. x. tam ciassam iiiiain iiiodinli [instula^
bunt, niediani inter orbis qu;c conveniat, tiiii cras.saiu
quam columella ferrea erit. Eam mediain perlunditn, uti
columellaui indeie pnssis. Eo lisliilaiii feiream indito, (|UiB
in cnliiiiiell.iui iiniveiiiat , fl iiii ii|i,iiii. Iiiterciipam dextia
.sinistra pertundito kite digilos primoris iv. alte digitos
j2 M. P.
t^e au diametre de la colonne et a eelui de Ves-
sieii. Vers le railieu de eet cssieu, tant a droite
qu'a gauche, faites des trous larges de quatre
pointes de doigts, et profonds de trois; attachez
sous cette piece , qui est suffisamment large dans
cetteparlie, une platine de fer percee, pour livrer
passage a la colonne; garnissez de lames de fer
les quatre parois jatcrales de chacun des trous
que vous aurez pratiques de droite et de gauche
dans la face interieure de Tessieu. Repliez sur
cette surface chacune de ces quatre lames intro-
duites daus cha([ue trou. Sur les parties rcpliees
de toutes les lames inscrees dans les trous de
droite et de gauche , appliquez-en d'autres plus
minces, que vous cloucrez ensemble, pour con-
tenir les premieres, dont la destiiiation est d"em-
pecher que les trous ne s'elargisseut; quant a h
destination de ees trous , elle est de recevoir les
pieds-pendants. Armez les parties de cet essieu
qui doivent etre engagees dans les moyeux , cha-
cune de quatre pieces de fer cn forme de goutie-
res, que vous entaillerez dans le bols de toute
leur epaisseur, et pcrcerez dans le milieu , poiir
les fixer a laijle de petits clous. Vous percerez
chaquefusee de Tcssieu a sa sortie de la meule,
et en meme temps dcux des pleces de rarma-
ture pour placer !".<, quis'opposeraa ceque la meule
ne s'eloigne trop de repaulement. Pour assurer
micux ces armatures, embrassez-en les bouts
exterieurs au moyen d'nne frette du poids d"une
livre,et large de six doigts, percee dessuset des-
sous au droit du trou de \'s ; tout cela est neces-
saire pour empecher que ressieu ne soit maehe
par la pierre. Mettezentre i'epaulemcnt decha-
que fusee et la meule , ainsi qu"cntre la meule et
l'*, des rondelles de fer bien lissees, crainte que
cettepartiederessipu ct l"A'nesoientpromptement
usecs. Le corps de cct essieu peut etre d'orme ou
CATON.
pose par le merae ouvrier, soixante nnmmi ; pour
le plomb , quatre ; pour le saiaire de l'ouvrier
qui aura ajuste l'tssieu et les raoyeux dans la
pierre, huit; pour ie maitre ouvrier s'entend.
II faut que le raeme ouvrier ajuste aussi le tra-
pete : la somme totale de ia depense sera de
soixante-douze nummi, sans compter le salaire
des aides dont on aura eu besoin.
XXII. — Comment rouvrier doit disposer le pressoir.
Voici a quoi ii faut prendre garde, quand on
ajuste ces sortes de maehines : que le bassin soit
bien de niveau ; que ies meules en roulant soient
constammcnt eloignees du rebord d"un travers
de petit doigt ; qu'elles ne touchent point au
ehamp du bassin, de peur qu'elles ne ie meur-
trissent : qu'il y ait entre la meule et le miliaire
un doigt de jeu ; s"il y en a trop , on le revetira
d'une corde dont la grosseur sera egale a ce qu"il
y a de trop au jeu ; on roulera cette corde autour
du miliaire , en le serrant fortement , et en pres-
sant le plus qu'on pourra ies rcvolutiops de la
corde ies unes aupres des autres. Si les meules
portent sur le champ du bassin, rehaussez le
railiaire a Taide de tourteaux de bois perces pour
etre enliles par la colonne, et dont l'epaisseur
soit telle, que les meules se trouveut suspendues
a la hauteur convenable ; de mfirae, pour ajuster
les meules relativement aux rayous du bassin,
ayez rccours aux rondelles de bois ou de fer de
diverses epaisseurs , que vous mettrez entre Tc-
paulemcnt et la meule , ou entre la meule et i".« ,
suivant rexigence du cas, a l'effet que les raeu-
les suivent exactenient ieur chemin , sans trop
s'approcher ni s"ecarter du rebord ou du miliaire.
Uue de ces machines a ete vendue, aux environs
de Suessa, quatre cents nurami et uue livre
d'huile ; ii en a eoiite soixante nummi pour Ta-
juster en place, soixante-deux taut pour le
de hetre. 11 ea coutera, pour le fer faconne ct I transportquienaetefait par iesboeufs.quepour
primoris tres, siib cupa tabulam ferroani lata ciipa niedia
erit, pertusam ligito, qusein columellani convenial. Dextra
sinistra foramina ubi feceris, laminis circumplectito , re-
plicato in inleriorem partem cupae omnis rpiatuor laminis :
dextra sinistra foraniiiia ntrinque secns laminas. Subla-
miDas polulas minutas supponilo, eas inter sese configilo,
ne foramina majora fiant, quo copuliie minusciilae indeiitur.
Cupam,qiia fini in modiolos erit, utiinque seciis iinbri-
cibus ferieis quatuor desues, ibl utrinqiie .secus facito,
qiii figas. Imbiicesmcdias clavulis fisito. Supia imbiiccs
extiinsecus cupam peiliindito, qua claviis eat qui orbem
cludat. Insuper foranieii litirarium ferreum digitos se\
latum indito, pertusum iitrunqne secus qua claviis eat.
Haec omnia ejusrei causa fiunt, uti ne cnpa in lapidecon-
teratiir. Armillas iv. facito, quas circuin orbem iiidas,
ne cupa et cJ,avus conteiantur intiinsocus. Ciipam materia
iilmea aut faginea facito. I"erium factiim, qiind opns ciil,
iiti idcm faber figat. hs. l\. opiis siint, cum plumbiim
cupam emilo hs iv. cupam qni concinnet, et modiolos
qui indai, Pl plumbet, operas fabri duntaxat hs. viii.
Jdera tiapeluni oporlet accommodet. Sunima sumpti ds.
Lxxii. piu>ter adjuloies.
XXII. — Quomodo faber Irapelum accommodet.
Trapctiim boc modo accommodare oportet : libraloruti
statuatur pariter. Ab labrisdigitum miiiimuin oibem abesse
oportet. Ab snlo mortarii orbes cavere oportet, ne qiiid
mortariiim terant. Intor orbeni, el miliarium unum di-
gifiim interesse oportet. Si plns intereril, atque orbes
nimium aberunt, fumi ciicuuligato miliarium aicte cre-
bio, uti expleas quod nimiuni interest. Si orbes altiores
erunt, atque nimium mortariumdeorsum teret, orbicuios
ligneos perliisos in miliarium, in columellam supponito,
eo altitudinem teniBerato. Eodem modo lalitudinem orbi-
culis ligneis, aut armillis feireis temperato, usque dum
recte temperabitur. Trapetiis emptiis est in Suessano
ns. cccc. et olei p. 1. compo.sturae hs. lx. vectura bouni ,
operas sex iioniincs vi. cum Imbulcis ns. LXii cupaii) <ir-
ECONOMIE RURALE.
les journees de si.x hommes, y compris les bnu-
viers. L'essieu tout appareille a eoute soi.xante-
douze numrai en argent, et vingt-cinq pour
Ihuile : ainsi le tout se monte a si.v cent di.x-
neuf nummi. II en a etevtndu une tout appa-
reillee a Pompci, qui a coute trois cent quatre-
\ini;t-qualre nurami d'achat, et deu.x cent qua-
tre-vinpts pour le transport. II est toujours iudis-
pensable de faire ajuster ces machines chez soi
eii les y mettant en place , et pour cela il en
coute soixaiite uurami pour ies frais ; ainsi toutes
monlees elles revieiment a sept cent vingt-
quatre numrai. Si vous voulez remonter de vieux
trapetes avec de moyennes raeules, qui n'aient
qu'un pied et trois doigts d'epaisseur sur un
pied de diametre, et dont rouvertureaituudemi-
pied de diametre de part en part, il faudra , lors-
que vous les aurcz fait apporter chez vous, les
faire ajuster relativement aux rayons des bassius
de vos trapetes. On trou\e de ces moyennes
meules pres des murs de Rufrus , pour cent qua-
tre-vmgts nunmii , et il cn coute trente pour les
faire ajuster : on les achete le meme prix a
Pompei.
X.XllI. — Pieparatifs |)our h vendange.
Au momcnt de la vendange, faifes toutes lcs
dispositioiis necessaires; faites laver les vases,
raccommoder lespaniers,enduire depoix lesfuts
et autres ustcnsiles; pendant les jours pluvicux
on prepareraet on raccommodera les corheilles :
achetez des charrettes, salez les olives quise de-
tachent. Coupez les raisins demi-murs pour
faire du vin precoce,,qui servira de boisson aux
ouvriers loisque le moment en sera venu. Distri-
hucz dans lcs futailles tout le raisin intactetsec
que vous aurcz coui)e chaque jour. Si ccla est
uecessaire , meltcz dans le moiit duvin cuitpro-
natam hs. lxxu. pro oleo bb. xxv. s. s. hs. dcwix.
Pompeiis emplus ornatiis hs. cccxxcivvecturans. ccxxc.
Douii melius conciniialur, et accommodatui-. Eo sumpti
opusest ns. L\. Suiiiini »3. Dccxxiv. Si orbes iii veleics
trapelos parabis medius crassos p. i. dlgitos iii. altos i'. i.
foramen .semipedem (pioquoversum ; eos cum advexcris,
ex liapeto tcmperalo. 11 emiinlur ad Rufri macerias iis.
cxxc. tempeiaiitur us. xxx. tanlidcm Pompciis cniitur.
XXIII. — Quc-e aJ vinJeinimam in tciupore par.iii opus sit
Faee ad Tindemiam, qu.ie opns snnt, iili parenlnr, vasa
laventnr : corbute sarciautur ; picentur dolia : qux opiis
sunt, picentiir, ciim pluet; quala parcntnr, sarciantur
Far molatur. Men» einauliir. Oleai cadiicac saliantur. L'vas
miscellas ad vinum piiieliganeiim, qund operarii bibant,
ubi tempuseiit, legito. Siiccum puriter omiiium dieruni
pariler in dolia dividilo. Si opns eril, defrntuin indilo in
muslnm.cineiis lixivicorli partemqnidra^esimam addito
defriilo, vel salis sesquilihrani in cullciim. Marnior si
indes, iii cnlleuin librani indito. Id indilo in uriiam , mis-
ceto cuin musto. Id indilo iu dolium. Resinam si indcs, in
venant de mcre-goutte a la dose d'une partie
sur quarante, ou uiie livre et demie de sel par
culleus. Si vous le traitez avec du marbre pulve-
rise , n'eu mcttez qu'une livre , que vous delayerez
prealablement dans une urne avec du mout, et
que vous introduircz ensuite dans le fiit. Si on y
mct de la rcsinc, on la pulverisera soigneusement,
et on remploiera a raison de troislivres par cul-
leus; on la mettra dans uue clisse en jonc qu'oa
suspendra dans le tonneau : on ragitcra de
temps a autre, pour en hiUer la dissolution. Du
reste, quelle que soit la naturedu raelange, viu
cuit, craie ou resine, il faut le remuer frequem-
raent pendaut vingt jours, et le mainteuir conti-
nuellement eu mouvement. II faut aussi ajouter
dans chaque futaille et par portions egalcs le
vin de second pressurage.
X.\1V. — l'abrication du vin grec et du vin de paille.
Recelte pour faire du vin giec : Prenez dcs
raisins apicius a leur complete maturite ; melcz
au moCit deux quadrantals de vieille eau du
mer ou un boisseau de sel. Suspendez-ledans un
sac, et le laissez foudre dans le mout. Si vous
voulez avoir un vin paillet, prenez moilie de vin
apicius et moitie de vin gris, et ajouttz-y un
trentieme de vin vieux cuit. Regle geuerale : dans
foute espece de vin arliiiciel mettez-y uu tren-
ticrae de vin cuit.
.\XV, — Fab)iealion du vin cuit.
Lorsquc le raisin sera mtjret la vendange ar-
rivee, gardez le preinier pour votre maison et
vos gcns; ayez soiu de ne falre la cueillette que
parun teraps sec et lorsque le fruit estbicn miir,
de peur que le viu ne mente a sa rcputatiou.
Etendez tous les juurs les marcs nouveaux sur
un litde sangle, qiii servira de crible; foulez-lcs
culleum musti p. iii. bene comminuito, indito in fiscellam
et facilo uti in dolio musti pendeat. Eam quassato crebio ,
uli resina condeliquescat. Si indideris defrutuin , aiit n)ar-
mor, anl resiiiani, dies xx. perinisceto crebro , tribnlato
qnotiJie. Tortiviiiu mustnm circumcidaneum suo cuique
dolio dividito, additoque pariter.
XXIV. — Vinum gra-cura et helveolum quo iiat modo.
Vinuiii grjccum lim; modo fieri oporlet : Uvas Apieias
peicoclas beiie legilo. Ubi delegeris, in ejus musti culleum
aipine mariu* veteiis quadrantalia ii. vel salis piiri mo-
iliiiin. Eiim in fiscella suspendito, siuitoqne cum miisto
distabeseat. Si lielveolum vinum faecre voles, dimidiiiin
helveoli, diniidiiim apicii vini indito, defriiti veteris par-
lein Irigesimam aildito. Quicquid vini delriilabis parteni
trigesimam defruti addito.
XXV. — Vinum coclum quo (iat modo.
Quuin vinnm coctnni eril, et qiium lcgetnr, fiicilo uli
seivelur faiuili:e prininm. Sicqne facilo studeat beiic per-
coctum siccumqne legere,ne vinum noinen perdat. Vi-
naceos quolidie recentes succemito , lccto- coestibus suh-
M. P. CATON.
dans des futailles ou dans des cuves enduites de
poix , couvertes ensuite ermetiquement avec un
lut , et pendaiit riiiver vous les ferez donner aux
boeufs : ou bien trempez-les dans de l'eau , et
dans peu vous en aurez une piquette pour vos
eselaves.
XXVI. — Metfie les vases en ordie apr^s la vendaiige.
Apres la vendange mettez en place tous les
vasesdupressoir, les paniers, les cabas, les ca-
bles, les barres et les aiguilles; faites nettoyer
deux fois par jour les futailles remplies. Qu'a
chaque tonneaii soit affecte un bulai pour en
frotter rexterieur. Trente jours apres Tenton-
naye, lorsque les futailles ont rejete toutes les
pellicules , placez les bondes, si vous voulez ti-
rer au clair; cest iei le moraent le plus conve-
nable.
XXVI r. — Semailles.
Semez pourla nourrituredes boeufs rocimum,
la vesce, le fenugrec, la feverolle, Ters. Scmez
ces fourrages a trois reprises differentes. Vous
songerez ensuite a la semaille des autresrecoltes.
En meme temps creusez dans une terre rcposee
des fosses pour les oliviers , les orraes , la vigne ,
et les figuiers. Si le terrain nest pas humide ,
plantez dcs oliviers pendant la seraaille, bour-
geonnez les jeunes pousses de ceux qui ont ete
plantes auparavant, et dechaussez les arbres.
XXVIIl. — Coninienl 11 fant planter rolivier, lavigne, le
liguier et les autres arbres.
Quand vous transplanterez des oliviers, des
orracs,des figuiers, des arbres fruitiers, des pins
et des cypres , enlevez-les avec leurs racines et
le plus de terre possible, entourez-les de liga-
tento cribrumillito, vel rei paralo.eos conculcato in dolia
picata , vel in lacuni vinaiiuin picatum. Id bene operilo,
jubeto oblini , qnod des bnbiis per biemem. Indidem , si
voles, lavito paulalim. Eiit loiea familiae, quod bibat.
XXVI. — Quod, vindemiafacta, vasa reponantur.
Vindemia facta vasa toicula, corbulas fiscinas, tunes,
palibula, fibulas jubeto suo quid.juid loco condi. Dolia
ciim vino bis in die face exteigeantur. Privasqne sropulas
in dolia tacito liabeas illi rei , qui labra doliorum circuni-
frices, ubi erit lectum dies trlginta ; si bene deacinata
erunt dolia, oblinito. Si volesde fiiecedemere vinum, lum
crit ei rei optimuin tempus.
XXVII. — Semcutim, uti facias.
Sementim facito, ocinum, viciam, foenum Graicum ,
fabam, ervum, pabuluin bubus. Alteiam , et tertiam pa-
buli salionem facilo. Deinde alias friiges serito. Scrobis
in vervactooleis, ulinis, vitibus, ficis, simul cum semine
serito. Si erit locus siccus, tum oleas persementim serito,
et quse ante satae crunt, teneras tnm suppiitato, et arbores
nblaqiieato.
XXVIII. — Oleas, vites,ficos, ceterasque arbores cum se-
res , quoinodo seras.
Oleas , nlmos, ficos, poma, Vites , pinns, cnpressos ciim
eeres, bene cum radicihus eximito cum terra sua quam
inents , afin de pouvoir les transporter. Cralgnez
surtout de les arracher ou de les transporter
lorsqu'il venteou qu'il pleut. Une fois placesdans
la fosse , couvrez-les avec la terre de la surface :
couvrez toutes les racines avec de la terre , que
vous foulerez soigneuseraent sous vos pieds , et
qu'enfin vous passerez de votre mieux avec des
dames et des battes ; vous couperez la fleehe des
arbres qui auront plus de cinq pieds de bauteur,
vous placerez a li cicatrice un lut que vous as-
surerez avec des feuilles.
XXIX. — R^parlition du fumier entre les acbres cultives.
Enfouissez-en la moitie dans la terre destinee
aux plantes fourrageres; si cette terre est deja
cmplautee d'oliviers, dechaussez les pieds et
mettez-y de rengrais; semez vos graiues, mettez
un quart de furaier sur les oliviers deehausses , la
ou ils en auront un pressant besoin, et enterrez-le.
Reservez 1'autre quart pour les prairies, surtout
pour les parties qui sontexposees au vent Favo-
nius ; charriez vos engrais lorsqu'il n'y a pas de
lune.
XXX. — Des feuillards comme nourrilure des bcEtifs et
des moutons.
Donnez a vos bceufs des feuilles d'orme, de
peuplier, dechene, de figuier, autant que vous
en aurez. Distribuezaux bi-ebis toutes vos feuil-
les vertes. Jusqu'a ce que les autres fourrages
soient rai^u-s, distribuez votre feuillage aux bre-
bis dans des parcs etablis sur les terres que vous
devez ensemencer. Si vous reflechissez combien
nos hivers sont longs, vous conserverez autant
que possible les fourrages secs amasses pour la
froidesaison.
plurima, circumligatoqiie iili fcrre possis. In alveo aut in
corbiila ferri jubeto. Caveto cum venlus siet aut imber,
effodias, aut seras. Nam id niaxime cavendum est. In scrobe
cum pones , summam terram subdilo. Postea operito terra
radicibus fini, deinde calcato pedibiisbene, deinde fistu-
cis vectibusque calcato quamoptime poteiis. Id erit ei rei
primum. Arbores crassiores digitis v. qnae eriint. eas prae-
cisas serito, oblinifoque fimo sunimas, et foliis alligato.
XXIX. — Stercus ad arbores colendas uli dividas.
Stercus dividito sic. Parlem dimidlam in segelem , ubi
pabuluni seras, inveliito. Et si ibi olea erit, simul abla-
queato,storcu.squeaddilo. Postea pabiiliim serito, partem
qiiai tain circnni oleas ablaqiiealas , qua maxime opus erit ,
addilo , tcrraque steicus operito. Alteram quartam parteni
in pratum reservatu , idiiue liim maxime opus eril, ubi
favouius llabit. Evehito luna silenti.
XXX. — Quoraodo bubus des et o\iliiis frondera.
Bubus frondeni ulmeam, popnlncain, querneam, ficul-
neam , iisquediim bahebis , dato. Ovibus fiondem viridem ,
Hsquedum liabcbis, pra^beto. Ubi semcnlim facturus eris,
ibi oves delcctato , et frondem usque ad pabula malura
dafo. Pabulum arldum quod condidcris iii hieme, quani
maxime conservalo, cogitatoque biems quain longa siel.
ECONOMIE ntRALE.
XXXI. — Chiises n<!cessaiiTS pom la rfeille des olives.
PrepaiTz tout ce qui est necessaire pour la re-
colte des olives : ies osiers bien aoiites , dos sau-
les coupes en un temps opportun pour tresser les
paiiiers, raccommoder les vieux, et pour faire des
aiguilles. Faites enfouir dans les fumiers ou
plonger dans les marcs les fascines trop seches
d'yeuse, d'orme, de noyer ct de figuier, afln de
lcs en tirer au besoin pour faire les aiguilles.
Taillezdes leviers d'yeuse, d'olivier, de laurier et
d'orine , afin qu'ils soieut prcts a teraps. I,e charme
noir est le nicilleur bois pour les arbres du pres-
soir. Abattez les troncs d'ormes, de pins, de
noyers et d'autres especes au dernier quartier de
la lune, apres midi, lorsque le vent du sud ne
souflle pas. La meilleure cpoque est celle de la
raaturite dessemenees. II ne fautui lescouperni
les faconner lorsque la pluie vient de tomber.
Les essences quiue fructilient point sont bonncs
h couper quand Tecorce se detache. Quaud le
vcnt du sud souffle, netoucbez pas saus neces-
site ni aux bois, ni aux vins.
XXXII. — fipoquc conveuable k fdagage des aibres.
Commeneez de bonne heure la taille des vi-
gnes et des arbres. Multiplicz la vigneau moyen
detranchees,etautantque possible elevez-la ver-
ticalementau-dessusderouverture. Dans lataille
des arbres, faites en sorte que les rameaux epar-
gnes s'etalent, qu'ils soient coupes convcnable-
ment et pas trop multiplies, que les sarraents
soient bienaccoles a toutes lesbranehes.Craignez
surtout que la vigne ne pende en festons ou ne
soit etranglee sur les noeuds ; que les sarments
soient egalement repartis sur les arbres et en
nombre suflisant : et si vous le jugez necessaire ,
XXXI. — Ad oleain cogendam quse opus sint.
Ad oleam cogendam qua; opus erunt, parenlur. Vimina
matura, salix per lempus legatur, uli siet unde corbute
fiant, el veleres sareianlur. Fibulae unde fiant, aiidse ili-
gnes, ulmeiE, nuceae , ficulnere, face uli in stercus , aut
ia aquam conjiciantnr. Inde ubi opu3 erit, fibulas facito.
Yectes iligneos , aquifolias, liHireos, ulmeos facilo, uti
sient parali. 1'relum de carpino atra potissiraum facilo;
nlnieam , pineam , nuceam , lianc alqne aliam materiem
omnem cum effodies, luna decrescente, eximito, post
meridlem , sine ventoanslro. Tum erit tempestiva, cum
semen suum maturum erit. Caveloque per rorem tralias,
aut doles, Quae materies semen non habebit, cum glubet ,
tempestiva erit. Vento austro cavelo , ne quam materiem,
neve vinum tractes, nisi necessario.
XXXII. — Uti mature arbores putentur.
Vineas , arboresque mature face ut incipias putare. Vites
propagessulcos, sursnmvorsum.quoadejnsfacerepoteri.s,
vitis facito uti ducas. Arbore'; hoc modo putentur, rami
nti divaricentur, qnos relinqnes, et uti recte caedanlur, et
ne niminm crebri relinquantur. Vites bene nodentur per
onmes ramos. Diligenter caveto ne vilem prsecipites, et ne
nimium praestriogas. Arbores facito oti bene marite sint ,
detachez-en quelqucs-uns, mettez-les en terre, et
deux ans apres vous les separerez de la mere-
souche.
X.XXIII. — Soins a donncr h la vigne et 4 son rajeunis-
scment.
Deliez soigneuseraent la vigne qui aura cte
bien attachce; et afin que les sarments ne sejet-
tent point de ciite , conduisez-la toujours en ligne
verticale,si rien ne rempeche; et rcservez d'es-
paee en espacc des branches a fruit et de reservc.
Elancez-la le plus haut possible, liez-Ia forte-
ment, raais pourtant sans Tetrangler. Voici
les soins que vous lui donnerez ensuitc. A Ve-
poquedcs semaillcsdecouvrez lesracines. Quand
elle est taillee , travaillez a la beche tout le cir-
cuit, labourez laterre des intervalles, et prome-
nez-y le soc en long et en large. Plantez les jeu-
nes vignesleplustot possible, rabattez ies ancien-
nes, et taillez-les le moins que vous pourrez :
vous ferez mieux neanmoins , si vous en avez
besoin, de les coucher en terre , et de separer de
la souche les rejetons qui en proviendront. Cest
alors le raoraent favorable pour tailler lesjeunes
vignes bien portanfes. Si les ceps sont rares
dans votre vigne, creusez des fosses, mettez-y
du vif , plant que vous aurez soin d'aerer en abat-
tant tout ce qui rombragerait, et en le binant
frequemment Semezde la drageedansles vignes
au rctourd'age ; si laterreest cpuisee, n'y laissez
miirir aucune plante ; enfouissez pres des sou-
chesdu furaler, de la paille , des marcs , ou tout
autre engraisqui en ranime la vegetation. Quand
la vigne se couvrira de feuilles, epamprez-Ia.
.\uvjeunes vignes multipliez les ligatures, alin
que lcs pousses ne se brisentpoint. Quant a celle
Tilesque uti safis multoe asserantur, et sicubi opus erit,
de arbore dejiciantur, et in terram deprimantnr, et bien-
nio post praccidito veteres.
XXXIII. — Vinea quomodo curetur, et vetus renovelur.
Vineam ,sic facito, nti curetur : Viteni beue enodalam
deligato recte, llexuosa nti ne siet, snrsnm vorsum semper
dncito, quoad ejnspoteris, vinarios, custodesque recte
relinqnito. Quam altissimam vineam facito, alligatoque
recte , dum ne nimiuni constringas. Hoc modo eam cnrato.
Capita vitinm per sementim ablaqueato. Vineam putatam
circumlbdito. Arare incipito , ultro citroque sulcos perpe-
tuos ducilo. Vites teneras quamprimum propagato, sic
occato, veteres quam minimum castrato; potius, si opns
eril, dejicito, biennioque post prsecidito. Vitem novellam
resecari tum erit tempus , ubi valebit. Si vinea a vite calva
erit, sulcos interponilo , ibique viviradicem serito, um-
bram ab sulcis removeto crebroque fodilo. In vinea vetere
serilo ocimupi , si inacra erit ; quod granum capiat ne
serito , et circum capita addito stercus, paleas, vinaceas,
ali(|uid hornm, quo rcctius valeat. Ubi vinea frondere
ccrperit , pampinato. Vineas novellas alligato crebro, ne
caules pra-fringantur. Et qnae jam in perticam ibit, eju»
pampinos leneros aliigato leviter, corrigitoque , uti recle
M. P. CATON.
qui eommencera deja a courir sur la perelie ,
vous lierez lepierement ses jeunes bourgeons,
vous les redresserez afin qu')lss'elancent droits.
Quandenfin le raisin se eolore, reievez les sar-
ments, depouiliez-les de leurs feuilles, de-nuez
les grappcs, etsarclez au p;ed dessouches. Cou-
pez et denudez les saules a temps opportun,
puis vous les mettrez en paquets ; conservez Te-
eorce, et quand vous en aurez besoin pour la
vigne, faites la macerer dans Teau , pour en faire
des liens. Vous couserverez egalemeiit Tosier a
panier.
XXXIV. — Ex^ciilion des semaiUes : tenains oii oii les
fait.
Je revieus ii la semaille; semez d'abord les
tei-rains froids et marecageux : vous senierez
ensuite les terres plus seches. Gardez-vous de
remuer une terre boueuse. Le lupin prospere
dans un sol ferrugineux , friable, consistant, cail-
louteux et sablonneux , pourvu quil ne soit pas
humide. Semez de preference le froment epeau-
tre dans iin terrain crayeux, uligineux, ferru-
gincux et humide. Partout ou la terre sera seche ,
sans mauvaises herbes, decouverte, il faudra
preferer le froment ordinaire.
XXXV. — Tciiains proiiics aux ft;ves, aii seigle ct a
l'cige.
Semezles feveroles dans les terres compactes,
a Tabri des intemperies; le fenugrec et la vesce
dans les terres les plus piopres; le seigle, le
fromcnt,dans les lieux decouverts, eleves, ex-
poses a de longues iusolatioos; la leutille dans
un sol rocailleux et ferrugineux ; l'orge dans les
defrichements nouveaux , ou sur un chainp in-
dcliniment productif ; les plantes estivales daus
specteiit. l)l)i uva varia fieri cojperit, vites suliligato,
'pampinato, uvasque expellito, circum capita saiito. Sa-
lictum suo tempore ca?ilito, slubito, aicteque alligato.
Librum conservato, ciiin opus eiit in vinea, ex eo in
aquam conjicito, alligalo. Vimina unde corbula; (iant,
tonservalo.
XXXIV. — De sementi faciunda, et quo loco.
Redeo ad sementim. Ubi qnisque locus fiigidissimns ,
aquosissimusque erit , ibi piinmm serito. In calidissimis
locis sementim postiemum lieri oporlet. Terram caveca-
riosam tiactes. Ager rubricosns et terra puUa , materina ,
rudecla , arenosa : item qnae aquosa non erit , ibi lupinum
bonum liet. In cieta, et uligine, et rubrica, et agio qui
aqiiosus erit, seinen adoreum polissimnm seiilo ; quic loi-a
sicca et non lierbosa erunl , aperta ab umbra , ibi irilicum
serito.
XXXV. — Quis locis falia , siligo et hordeum seri defaeat.
Fabam in locis validis non calamitosis seiito. Viciam et
faMuim GriECum quam minime lieibosislocis serito. Sili-
giuein , triticum In looo aperto , celso , ubi sol qiiam diii-
lissime siet, seri oportel. Lentiin in rudecto et rubricoso
loco, qui herbosus nou siet, seiito. Hordeum qui locus
novus erit, aut qiii resl.bilis fieri poterit, scrito. Trime-
les pieces qui n'ont pu etre emblavees assez tdt ,
et qui sont assez fertiles pour ne pas demeurer
improductives. Lesnavets,lescolraves,dans un
terrain naturellement riche ou bien fume.
XXXVI. — Quel est le meilleurfumier pour les c^r^ales.
Repandez lacolombinesur lespres, lesjardios
ou les moissous. EntassezjudicieusemeQt le fu-
mier de chevres , de moutons , de bosufs , et tous
les engrais analogues. Repandez ou versez Ta-
mourque au pied des arbres, a la dose d'une
amphore sur les pieds les plus forts, et d'une
nrne sur les individus les moins deveioppes,
apres y avoir ajonte la moitio de son poids d'eau,
et apres avoir dechaiisse modereraent les ra-
cines.
XXXVn. — Ennemis des c^jeales.
Cequi nuit au sol, c'est de le labourer quand
il est mouille, d'y semer du pois chiche qu'on
arraehe , et qui est sale. L'orge, le fenugrec,
Ters, epuisentla terre , ainsi quetoutes les recol-
tes qu'on arrache. ]Ne plantez pas de fruits a
noyau dans les terres destinees aux raoissons.
Le lupin, lafeve, la vesce, servent d'engrais. II
en est de meme des chaumes, des tiges de lu-
ii, des pailles de cereales, des feverolles, des
balles, des feuilles d'yeuses et de chene. Detrui-
sez dans vos recoltes rieble ct la cigue; dans les
saussaies, lesherbes elevees et les glaieuls. Comme
ces plantes ontune odeurdesagreahle , faites-en
de lalitierepour les brebis et les boeufs. Detachez
le brou des fruits a noyaux , jetez-le dans un
reservoir; ajoutez-y de Teau, et melangez
exactement letout ensemble avec un roible. Vous
mettez cettc p;Jte, ainsi que les noyaux torrefies ;
au pied des oliviers que vous aurez prealableinent
slicm quo in loco sementim maturam facere non potiieris ,
et qui locus reslibilis crassitudine lieri poteril,.seri oporlet.
Rapiuam (et) coles rapicii nnde (iant, el lapbanum in loco
stercorato beue aut in loco crasso serito.
XXXVI. — Quod stercus prtestanlius ad segetem.
(QiiiK segctem slcjcorant.) Slercus columbinum spargere
oporlet in praliim, vel iu liDituin, vcl iii segetem. Capri-
num, ovilluin, bubulum, item ca>tcruin stercus omne
sediilo conservato. Amurcam spargiis , vel irriges ad ar-
boies , circuin capila majora amplioras, ad minora urnas
cum aqnje dimidio addito, ablaqueato prius non alte.
XXXVII. — Qua mala in segete sint.
Si cariosam teriam tractes , cicer quoii vellitur, et qnod
.salsum est, eo malum est. Hordenm , foenum Gra'cum,
eivum, lisec oninia segetem exsugunl, et omnia quaj
vclluiitur. Nucleos in segetem ne indideris. QuiE segetcm
stercorant fruges, lupinum, faba, vicia. Stercus undc
facias, stramenla, Inpinum, paleas, fabalia, acus, fion-
dem illgneam, queineam. E\ segcte vellito ebulnm, ci-
cutam, et circum salicta berbani altam, iilvamque. Eaui
substernito ovibus, bubusque frondem pnlidam. Parlein
de nucleis succtruilo et in lacum conjicilo : co a(|ijanj .»!■
ECONOMIE RURALE.
dechausses. Si vous avez uiie vigne souffrante,
coupez-en des sarraents en troneons, que vous
enfouirez dans le sillon de la charrue ou dans
une trauchee. Travaux a faire pendant les veil-
lees d'hiver. Faconnez en pieux et en echalas
les lx)is que vous aurez mis a couvert pour les
fairesecher; liez lesfagots; sortez les fumiers.
Ne touchcz pas au buis tant que la lune n'est pas
visible, ou qu'elle n'est pas arrivee a sa derniere
phase. La meilleure epoque pour couper et de-
raciner lcs arbres , c'est pendant les sept Jours
qui suivent la pleine lune. Attachez-vous princi-
palement a ne couper, a ne charpenter, et
meme, autant quepossible, a ne pas toucher de
bois qui soit humide, gele oa couvert de rosee.
Sarclez et binez deux fois le froment , hersez Ta-
voine. Les branches provenant de la taillede la
vigne et des arbres seront rassemblees et tres-
sees en panicr ; le bois de figuier scra mis au fcu ;
et on meltra les autres bois en monceaux pour
Tusage du proprietaire.
.WXVIII. — I"oui- a cliatix.
Donnez au four a chaux dix picds de largeur,
vingt pieds de hauteur, et diminuez la largeur
jusqu'au sommet , qui ne doit avoir que trois
pieds. Si vons a'avez qu'un seul foyer, mcnagez
a rinterieur un espace suflisant pour contenir la
cendre,arm de n'etre pas contraint de la tirer
au-dehors; niettez beaucoupde soin a cette cons-
truction; donnez au mur d'appui desdimensions
assez grandes pour embrasser tout le contour de
!a partie inftrieure. Si vous avez deux fojers ,
le cendrierdevient superllu. Siona besoind'enle-
ver delacendre,on faitlefeudaus un foyer, pen-
dant qu'ondechargerautre. ChaulTezsans cesse,
et entretenez le feu pendant la nuit et h toute
heure. Ne chargez la fournaise que de bonnes
pierres, trcs-blanches, et sans marbrures. Lors-
quevous creuserez le four,faitesrouverture vcrti-
cale. Une Ibis le dcblai fiui, disposez remplace-
ment du four daus la region la phis basse et la
moins exposce aux vcnts. Si votre four est peu
eleve, menagez une assise pour rcxhausser avec
des briques, ou des moellons que vous relierez
exterieuremcnt avec du mortier. Quand ie feu
sera introduit,si la Ilamine s'echappe ailleurs
qu'au cralere par quelque (issure , vous ferme-
rez le passage avec du mortier. Prenez blen
garde que le vent ne s"engouffre dans le foyer.
Abrilez-vous surtuut contre le veut du midi. La
calcination des fragments voisins du cratere
vous annoneera que toute la masse est calcinee :
alors aussi les pierres infcrieures s'affaissent, et
la flamme ne sort plus avec des tourbillons de
funiee. Si vous ne trouvez pas de debouche pour
vos bois et vos bourrees, et que vous n'ayez pas
non plus de pierres ii chaux, convertissez vos
bois en charbons, et brulez sur vos champs les
broussailles et les sarments auxquels vous ne
trouverez pas d'emploi. La combustion terini-
nee, semez des pavots.
XXXIX. — Travaux a faire pendanl le mauvais temps.
Lorsque les temps serout mauvais, et le tra-
vail des champs impnssible, amoncelez les en-
grais sur le tas a fumier. Netloycz les etables ,
les bergeries, la basse-cour et toute la ferme.
Entourez les futailles de cercles en plomb, en
bois de chene, ou avec des tresses de sarments.
Yous pourrez vous servir de toute espece de
vaisselle vinaire, si vous avez soin dc la raccom-
dito , permiscelo riitio benc. Inde Uitiini circum oleas abla-
queatas addilo, nuclcos combnslos item addito. Vitis si
macra eril, sarmenta sua concidito minute, et ibidem
inarato, aut infodito. Per liiemem lucubratione lia-c fa-
cito. Ridicas et palos qnos pridie in leclo posueras , siccos
dolato, laculas facito, stercus egerito, nisi iutermestri,
lunaque dimidiata. Tum ne tangas materiem, quam effo-
dies aut pra;cides abs terra : diebus septem proximis , qui-
bus luna plena fuerit, optime eximelur. Omnino caveto,
ne quam materiam doles , neu ca;das , neu tangas si potes ,
nisi siccam , neu gelidam , neu rorulentam. Frumenta face
bis sarias runcesque, avenamque distriugas. De vinea et
arboribus putalis sarmenta degere, et fascinam face, et
vitis , el ligna in camiuum liculua , et codicillos domino
in acervum con)|ioueto.
XXXVIll. — De fornace calcaria
Fornacem calcaiiam pedes latam x. facilo , altam pedcs
XX. usque ad pedes iii. summam latani redigito. Si uno
priefuruio coques, lacunam intus magnam facito, uti satis
siet, ubi cinerem concipiat, he foras sit educendus. Foi-
naceraque bene struilo. Facito foi tax lotam rornacem in-
limani compledatur. Si diiobus praifuruiis coques , lacuna
niliil 0|)us erit. Cum ciuere eruto opus erit, allero piK-
furnio eruilo, in altero ignis eril. Ignem cavelo ne inter-
mittas , quin semper siet , neve noctu , neve ullo tcmpore
inlermittatur, caveto. Lapidem bonum in lornacem qn,Tm
candissimum, quam minime varium indito. Cum fornacem
facies, fauces pr.iecipites deorsum facito. Ubi satis foderi.s,
tum fornaci locum facito , uti quam altissiraa el quam mi-
iiime ventosa siet. Si parum altam fornacem liabebis,
ubi facies, laleribus summam struito, aul cementis cuni
liito summain extrinsecus oblinito. Cmn ignem subdi-
deiis, si qua llamma exibit, nisi per orbem summum,
liito oblinito. Ventus ad piaefurniuni caveto ne accedal-
Inibi austrum caveto maxiine. Hoc sigui eiit, nbi calx
coc.ta erit, summos lapides coctos esse oportebit. Ilem
inlimi lapides cocti cadent, el llamma minus fumosa exibil.
Si ligna et virgas iion poteris vendere, neque lapidem
lialiebis niide calcem coquas , de lignis carbones riiquito,
virgas et sarmenta, qua' tibi iisioni supererunt, in segele
combiirito. Ubi eas combusseris , ibi papaver serito.
XXXIX. — Quid conlici per teuipcstalem debcat.
Ubi tempestales malfe erunt, cum opus fieri non pote-
rit, stercus in sterquiliiiium egerito. Bubile, ovile, cor-
tem, villam bene purgato. Uolia plumbo vincito, vel ma-
terie quernea, vili sicca alligato. Si b<>iie sarseris, aut beiio
M. P. CATOIN.
moder, de la cercfer, de ferraer les fentes avee
du lut, de lesenduire e.xactement avec de lapoi.x.
Volci la formule du lutpour les tonneaux : une
livre de cire , une de resine, et deux fois moins de
soufre. On dispose toutes ces substanees dans un
vase nouveau, on y ajoule du gypse pulverise,
et on amalgame le tout jusqu a consistance d'un
piatre pour raccomnioder les futailles. Des que
vous aurez applique le lut , preuez deux parties
decraiebrute et une deehaux, faitesun melange
que vous moulerez en forme de petites briques,
que vous cuirez au four, et qui, apres avoir tte
pulverisees, seront appliquees sur le lut,pour
en masquer la couleur. Peudant la pluie clier-
chez quels travaux resteut a faire dans rinte-
rieur ; curez les reservoirs , plutot que de de-
meurer inoccupe : songez que roisivete n'arrete
pas le cours des depenses.
XL. — Travaiix dn piinlemps.
Creusez les tranchees et les sillons des pepi-
nieres. Changez de place lcs plants de vigne :
provignez les vignes ; plantez dans les lieux fer-
tiles et humides des orracs, des figuiers, des
aibrcs fruitiers, desoliviers. Apres niidi, quand
le vent du sud ne souffle pas et qu'il n'y a point
de lune, greffez lesfiguiers, les oliviers, les poi-
riers, les pommiers et les vignes. Greffez de la
raaniere suivante les oliviers, les figuiers, les
poirlers et les poramiers. Coapez le scion par
nne section un peu oblique, afin que Teau trouve
un ecoulement. Quand vous le coupez, prc-
nez bien garde de leser le liber. Munissez-vous
d'un baton de bois dur et bien effile, ainsi que
d'osier grec fendu en deux , prenez encore de
Targile ou de la craie, un peu de sable et de la
fiente de bStes a cornes. Petrissez le tout jusqu'^
consistance gluante. Prencz Tosier fendu , ron-
lez-le sur la souche coupce , afln que Tecorce ne
se laccre point. Cela fait, vous insererez le bSton
sec et efflle jusqu'a la profondeur de deux pou-
ces eutre 1'ecorce et le bois : saisissant le scion de
Tarbre que vous voulez propager, vous lui faites
obliqucraent une entaille de deux pouces, vous
retirez le baton sec que vous aviez enfonce , et
voiis iuserez a sa place la branchc que vous vou-
lez greffer. Appliquez recorce contre Tecorce,
et enfoncez jusqu'a la partie ou commenee Ten-
faiile. Operez de meme pour une seeonde , une
troisieme, une quatrieme, ou pour tel nombre
de greffes que vous voudrez multiplier. Serrez
plus forteraent la branche avec rosier grec, en-
duisez la tige avec le lut que vous avez petri
jusqu'a repaisseur de trois bons doigts : couvrez
le tout d'une etoffe spongieuse que vous liez au-
tour de Tccorce , afln qu'elle ne tombe point.
Entourez le sujet de paille bien ficelee, afln que
la gelee ne puisse lui nuire.
XLI. — Manifere de gieffei- la vigne, le poirier et le pom-
niier.
La vigne se greffe au printeraps ou pendant la
fieur; cette derniere epoque est la plus favorable.
On greffe les poiriers et les pomraiers au prin-
temps , pendant ciuquante jours , au solstice et a
la vendange ; la greffc de rolivier et dn figuier
se pratique au printemps. Voici comment on
greffe la vigne : coupez la tige que vous voulez
greffer, et fendez-la par le milieu de la cavite
medullaire ; inserez dans la fente les scions que
vous aureztailles en biset, en appliquant moelle
contre moelle. II v a encore une autre methode.
alllgaveris , ct in rimas medicamentum indideris , beneqne
plcaveris, qiiodvis dolium vinarium facere poteris. Medi-
tamentum in dolium lioc modo facito : Ceroe p. i. resinse
V. 1. sulfuris p,','. Hax omnia incaliceni novuni Indito. Eo
addito gypsum contriluni, utl crassitudo fiat quasi cm-
plastrum, eo dolia .sarcito. Ubi .sarseris, qui colorriii
eundein faclas, creta; crud;e partes duas , calcis tcrtla
commlsceto : inde laterculos facito , coqiiito in fornacem ,
tumconterlto, idque inducito. Per inibrem in villam quio-
rito quld lieri posslt. Ne cessetur, munditias faclto. Cogi-
tato, si niliil llet, nilillo mluus sumtum futurum.
XL. — Quirt veris tenipore liat.
Per ver liaec fieri opurtet. Siilcos et scrobes fieii semi-
narils. Vilii:rlls locum vertl. Vlles propagarl. In locis cias-
sis et liumectis ulmos , (icos , poma , oleas sci i oportet.
Ficos, oleas, mala, pira, vltes Inseri oportet luiia silentl
post nieridiem, sinevento austro. Oleas, ficos,plra,mala
hoc modo Inserito : Quem ramuni insitums eiis, pra^cldl.
to, Inclinato aliquantuni, ut aqua delluat. Curo praecides,
cavelo ne librum convellas. Sumito ilbi surculum durom ,
eum praeacuito, sallcem gr;ecam discindito. Arglllam,
vel cretam coaddlto , arena; paiiliilum , el llnium bubulum.
Hscc una beue condepsllo, quam maxime utl lentum fial.
Capito tibi scissam salicem, ea stirpem prKcisum circuni-
ligato, ne liber frangatur. Ubi id feceris, surculum ari-
dum ])!a^acutum iuler librum et stlrpem aitito primores
dlgitos duos. Postea capito tibi surculum, qnod genus
inseieie voles, eum piiinorem prfeaciiito obllquum pri-
mores digitos duos. Surculum aridum quem artiveras exi-
mito, eo arlito surcnlum, quem inserere voles. Libruin
ad libnim vorsum facito, artito usque adeo qiio piacacue-
ris. Idem alterum surculum , terlium , quartuiu facito.
Qiiot genera voles, tot indito. Salicem gicEcam ampliiis
ciicumligalo, luto depsto stirpem oblinito, digitos cras-
siim III. Insuper lliigna bubula obleglto, si pluat, ne aqua
in libnim permanet. Eani llnguam Insuper librum alligalo
iie cadal. Postea stramentis circundato, alligatoque, ne
gelus noceat.
XLI. — Vilis insitio , pirorumquc et malorum , quali modo
liat.
Vitls insitlo una est per ver, allera esl cum uva floret,
ea optlnia est. Pirorum ac nialorum insitio per ver, et p<T
solsliliuni dies quinquaginta, et per vliidemiam. Oleae et
ficoruni Insitlo est pcr ver. Vitem sic inserito. Praecldito
quam inseres. Eam mediam diffinditu per racdullam. Eo
surculos pracaciitos arlito, quos inseres, medullam ciini
ECONOMIE RUUALE.
19
Si les deux cops sont contigus, on prend de cha-
cun une jeune branche qii'on taille obliquement,
et qiron tient collecs Tune contie Tautre avec
une lauiere d'ccorce. Troisieme mcthode. Per-
forez avec une tariere la souche que vous voulez
y greffer; in.serez dans la cavite deus scions de
l'espcce que vous voulez multiplier, apves lcs
avoir tailles obliquement jusqu a la moelle. Fai-
tes en sorte que les moclles soient en contact , et
qu'en lesenfoncant les faces obliques des scions
coincident Tune sur Tautre dans le trou qui a
ete perfore. Donuez a cliaque scion une longueur
de deux pieds , couchez-les dans la terre, relevez-
en rextremite vers !a souche , en les maintenant
dans cette position au moyen de crossettes fixees
au milieu de leur longueur, et en les couvrant de
terre. Enduisez toutes les parlies de lut bien pe-
tri , liez-les et les recouvrez comme pour les oli-
viers.
XLII. — Autre mani^re de greffer rolivier et le figiiicr.
Enlevez avec Tecussonnier recorce du figuier
ou de rolivier sur lequel vous vous proposez de
greffer. Enlevez pareillenient un morceau d'ecorce
avec un oeil a Tarbre que vous voulez propager;
mettez a la place du premier celui que vous avez
enlevc en dernier lieu, el faites qu'il recouvre par-
faitement la portion denudee, qui devra avoir
troisdoigts ct demi delongsur trois de large; en-
duisez-Ie de lut , ct couvrez comme pour les au-
tres greffes.
XLIII. — Planlation de la vi^ne et de rolivier.
Dans !es terrains aquatiques , i! faudra creuser
des fosses trapezoides, larges de trois pieds de
gueule, profondsde quatrepieds; le fond uaura
de largeur qu'un pied et une palme. Vous les
comblerez avec des pierrailles , et si vous n'avez
pas de pierres , avcc des perches de saules placees
longitudinalement et transversalement par lits
alternalils ; ou bien , a defaut de percbes, avec
des fagots de sarment. Vous ferez ensuite des
tranchees de trois pieds de gueule, de quatre
pieds de profondeur, et dirigeesdetelle sorte que
Teau s"en ecoule dans les fosses : c'est la qu'on
plante rolivier. Aux tranehees et aux fosses pour
les vigncs on ne donnera pas moins de deux pieds
et demi en tout sens. Si Ton veut que la vigne et
rolivier prennent un developpement rapide, il
faut becher une fois par niois les tranchees ou on
les aura plantes , ainsi qu'autour des pieds d'o-
liviers , jusqu'a ce qu'ils soicnt arrives a T^ge de
trois ans. Adoptez aussi cette pratique pour les
autres arbres.
XLIV. — Epoiiiie de Velagage de rolivier.
Commcncez la taille des oliviers quinze jours
avant requinoxe du printeraps; on pourra encore
tailler avantageusement quaraute-cinq jours
apres cette epoque. Voici la maniere de proceder,
si le sol cst fertile : retranchez les rameaux secs
ettous ceux que le vent aura biises. Si la tcrre
est ingratc, coupez des branches vives, labou-
rez, elaguez, afin de decharger les souches.
XIjV. — Longueur des boutures d'olivier.
Donnez trois pieds de long aux boutu?'es
d'olivier destinees a etre plantees dans des fos-
ses, et, en les coupant et les habillant, prenez
bien garde d'offenser Tecorce. Ne donnez qu'un
pied de long a celles que vousmettrez en pepi-
niere, et plantez-les de cette maniere. Le terrain
devra etre meuble , remue avec le bideut et bien
meduUa eomponito. Allera insitio esl : Si vitis vitem con-
linget, vitcni utiinque leneram prMcuilo oblique, inler
sese mediillam cuin niediilla libio colligato. Tertia insitio
est ; Teicliia vilcm quam Inseres, perlundito, eo duos
surrulos vilisiiicns, quod genus esse vules , insectos obli-
quos aitilo ad meilullam. Facito iis medullam cum medulla
conjungas, arliloque ea qiia terebraveiis, altenim ex al-
tera parle. Hos suiculos facito sint longi pedes binos : eos
in terrani dimiUilo, leplicatoquead vitis caput , medias
vilis vinclis in terrain defigito, tenaque operito. H;ec omnia
luto depsto oblinitn, alhgalo, inlcgiloijiie ."d ciindcm
modum, tanquam oleas.
XLII. — Ficorum ct olearum insitio alio modo.
Ficos el olcas allcro modo. Quod gpniis aut ficiiin, aut
oleam esse volcs,inde librum sralpro eximilo, nlterum
librum ciim gemma de eo fico, quod genus csse voles,
eximito; apponito in euin lociiin, iinde execaveris in alte-
rumgenus, faciloqueiiticonveniat. Librumlongum facito
digilosiii.s. lalum digitos tres. Ad euudcm modum oblinilo,
integilo, uli caeteia.
XLIII. — \llc5 et olcK quomodo infodianlui-.
Suleos, si locus aquosus crit, alveatos esse oportet la-
los summos pedes iii. allos pcdes iv. infimum laliim pe-
dcm uniim , et palmum , eos lapide consternito. Si lapis
non erit, perticis saligneis viridibus controversis collalis
consternito : si pertica non erit, .sarnienlis colligalis. Po.st-
ea sciobes faeito allos r. iii. s. latos pedes iv. et facilo
de scrobe aqua in sulcuni delluat, ita oleas seiito. Vitibiis
sulcos et propagines, ne minus pedibus ii. s. qiioquo-
versus facito. Si voles vinea cito crescat, et olea quain se-
veris , seinel in mense sulcos sarrito , et circum capita olca-
gina quot raensibus usque donec trima; erunl, fodere
oporlet. Eodem modo caeteras arboies procurato.
XHV. — Olivetum quo tempore putelur.
Olivetuni dichus xv. ante oequinoctium vernum incipilo
putare. K.x eo die dies xi.v. recte piitabis. Id hoc modo
piilalo. Qua lociis lecte ferax erit, qu:\s arida eruot, cl
siquid ventus inlerfregerit , ea oninia eximito. Qua Incus
ferax non erit, id plus concidito, aratoque. Bene enoda-
to, stiipesque leveis facilo.
XLV. — Quantam taleain oleaginam decidas.
Taleas olcaginas , qnas in scrobe Scituriis eris , tripcda-
neas decidilo, diligenlerque traclalo, nc libcr iaborat ,
cuni dolabis aut secabis. Quas in scminario salurns eiis.
20
M. P. CATON.
iiivele. Puui- planter la bouture, ou renfoncera
avec le pied. Si elie ne dcscend pas assez prolbn-
dement , 11 faiit la faiie entrer de force avec un
maillet ou la tete de la houe , en faisant attention
de ne pas dechirer rccorce. Ne faites jamais de
trou avec un pied pour y placer la bouture : en
plantant ainsi , le scion reprendra mieux , si on le
place dans la position qu'il avait sur Tarbre. Les
boutures sont assez fortes a la troisieme amiee,
lorsque leur ecorce commence a changer. Soit
que Ton transplante dans dcs fosses ou dans des
sillons , 11 faut mettre trois boutures a In fois, en
lesdistancaut quelque peu. II ne convient pas que
les scionsaient plus de trols pouces ou de trois
yeux hors de terrc.
XLVl. — Foinialioii de la pi?piiiii're.
Cholsissez le terrain le mieux compose, le plus
decouvert et le plus abondamment fume, dont la
nature se rapprochedecelledusol ou lesplantsse-
ront transportcs, et qui ne soit pas eloigiie de ee-
lui-ci. Cultlvez-le au bident, epierrez le, entourez-
ledebonncscl6tures;plantezcnli{;nesdetcllesorte
que les boutures soient espacees d'un pied et deral
en tout sens ; cnfonccz les boutures avec le pied;
si vous ne pouvez le faire penctrer assez, aidez-
vous du maillet ou de la tete du bident. Dispo-
sez vos plants de maniere qu'ils ne sortent de
terre que de la hauteur du doigt. Couvrez de
lieute de vache la section superieure de la bou-
ture; placez une niarque a chaque pied ; sarclcz
frequemmeut , sl vous voulez activer la vcgeta-
tlon. Sulvez le meme procede pour les autres se-
mailles.
XLVII. — Pepiniire de roseanv pt de vigiie
Plantez lesoeilletonsatrois pieds les uus des au-
tres. Sulvez la meme methode et la raeme dlsposi-
tlon pour les plants de vigne. Rabattez la vigne a
sa deuxieme annee, transplantez a la troisierac
anuee, si les troupeaux y out acces. Quand vous
sercz dispose a planter la vigne , ayez soiu qu'elle
ait etc reccpee trois fois avant de l'accoler aiix
arbres. Quand elle aura cinqceils sur vieuxbols,
mariez-la : seraez-y tous les ans des poireaux , afin
d'en tirer quelque produit.
XLVIH. — E\(5culion et entielien des seniis de cypres,
de poirier, de noyer, de pin et d'auties arbies.
Etablisssz les pepinieres d'arbres fruitiers
comme celles d'olivier. Plantez separement
chaque espece de bouture. Cuitivez au bi-
dent le terrain reserve aux cypres, et semez au
commcncementdu priutemps. Elevez vosbillons
a la hauteur de cinq pieds , ajoutcz-y un engrals
bien divlse, sardcz, et brisez lcs raottes. Apla-
nissez Tarete du billon, et menagez-y une faible
deprcssioa. Semcz aiors aussi dru que pour le
lin, et criblez au-dessus de la terre a Tepaisseur
d'un travers de doigt. Vous aplaulrez la surface
avec vos pieds ou avec des semelles eu planches,
vous entourerez le earre avec des crosses, sur les-
quelles vous placerez des perches, qui elles-me-
mes porteront une couverture dc sarments ou
dcs claies de figuier, pour abriter les semls con-
tre le frold et le soleil. Elles seront assez elevees
pour perraettre a un homme de cheminer des-
sous. Sarclez souvent , et arrachez les raauvai-
ses herbes aussitot qu'elles se hasardent a poin-
dre : car en enlevant une herbe dcja bien enra-
pedalis facito , eas sic inserito. Locus bipallo siibaclus
siet, beneqne terra leneia siet beneque gliitus siet. Ciim
taleam deniittes, pede laleam oppi iniito. Si parani descen-
det, nialleolo ant mateola adiglto, caveloque ne llbium
scindas cum adiges. Palo piius locnm ne fecei is , qiio ta-
leam demittas : si ita severis nti stet lalea melius vivet.
TaleiB ubi triin» sunt, tum deuiqiie matnrre sunt.ubi
liber sese vertet. Si in scrobibus aut in sulcis seres, teriias
taleas ponito, easque divaricalo. Supra teriam, ne plus
IV. digitos transversos emineant , vel oculos scrilo.
XLVl. — Seminarium quo liul modo.
Seminarium ad bunc modum facilo ; Locum qiiaiu op-
tinium et apeitissimum et stercorosissimum poteris, et
qiiain simlllimum genus terras ea;, ubi semina positurus
eris , et uti ne nlmis longe seniina ex seniinario feranlur,
eum locum bipalio vorlito, delapidato, circumque sepilo
bene, et in ordine serito, in sesqnipedeni quoqiiovorsuiii
taleani demitllto, opprimitoque pede. Si parura deprinieie
poteris, malleo anl maleola adigito. Digilum supra ler-
rani facito semina cmincaut, nmoque bnbulo siimmam
taleam oblinito, signumque apud taleam apponito, cie-
broque sarilo, si voles cito semina crescant. Ad eundem
iiiodum alia semina serito.
XLVII. — Arundinelum et vitiarium uli seratur.
(Haruudlnemsic serilo. Ternos pedes oculos dlsponilo.)
Vitiarium eodem modo facito, seritoque. Ubi vitis bima
erit, resecato. Ubi trima erit, eximilo. Si pecus pascetnr,
ubi vilem serere voles, ler prius resecalo, qiiam ad ar-
boreni ponas. Ubi v uodos veteres liabebit, luin ad arbo-
reni poiilto. Quotaunis porrinam inserito , quotannis lia-
bebis quod eximas.
XLVIII. — Seinina cupressi, piri, nucis, et pini, cetera-
runique arborum qualiter serantur ac foveantur.
Pomarium seminarium ad eundem modum, atque olea-
ginum facito. Suum qiiidquid genus talearum serilo. Se-
men cupiessi ubi seies, bipalio vorlilo. Veic piimo serllo.
Porcas pedes quinos lalas facito. Eo steicus minutiim ad-
dito, consarito, giebasqne comminuilo. Porcam planam
facilo, paulum concavam. Tum semen seiito crebrnm
tanqnani linum , eo teiram cribro incernilo , altani digltuin
transversum. Eam terram tahula autpeilibuscomplanato,
furcas (-ircum ofligilo. Eo perticas iuleudilo. Eo sarmeuta
aut ciates licarias iniponlto, quae frigiis defendanl, ct
solem. Uti subtus bonio ambulare possit, facilo. Crcbro
runcato. Slmul herha' inceperint nasci , eximito. Nam si
herbam duram velles, cupressos simul evelles. Ad eun-
cince, vous arraclierez en nieine temps les cypres.
Suivez le meme procede pour la semaille et la
couverture de la semence des poiriers et des
pommiers. Semez de meme le pin pignon, comme
etaut de la meme famille.
XLIX. — Transplanlation (rune vieille vigne.
Si vous voiilez transporter ailleurs une vi-
gne deja vieille, il faut que les sarments en
soient vigoureux. Taillez-la d'aboi-d, et ne lui
laissez pas plus de dcux yeux. Deehaussez-la
jusqu'au.\ racines , et prencz garde de leser lcs ra-
dicules. Cela ctant, disposez le plant dans une
fosse ou une tranchee ; couvrez la terre que
vous foulez aux pieds. Traitez comme a Tordi-
naire cette nouvelle vigne, liez-la, donnez-lui
uue bonne direetion, et bechez-la souvent.
L. — ManitMe de semer les pres.
Furaez vos pres au commencement du prin-
temps, lors(iue la lune n'cst pas visible ; ceux
qui sont arrosables, aussitotque le vent de Touest
souftlera. Des que vous aurez mis vos prairies
en defense, vous les nettoierez des mauvaises
herbes, que vous arrachcrez jusqu'a la racine.
Des que vous aurez taille la vigne, mettez en
nionceaux les souches et les sarraents. Elaguez
les llguicrs, tenez elevee la tete de ces arbres,
afin que la vigne ne les domine point. Etablis-
sez des pepinieres; sarclez les anciennes. Toutes
les operations seront terminees avant qu'on ne
eommcnce ia culture de la vigne. AussitOt que
le festin saere aura ete beni et consorame, ou-
vrez les travaux deculturc, mettez la charrue
dans les terrains les plus secs, et labourez en
dernier lieu les plus tenaces et les plus humides,
pourvu qu'ils ne se durcissent point auparavant.
dem modiim semen pirorum , malorum , serito , tejsltnqiie.
Kuces pineasadeundem moilum.nisi tanquauiatiuniserilo.
XLIX. — LUi \inea vetus de loco tfansferatur.
Vineam velereni si iu atium loeum transfene voles,
dunlaxat bractiinm crassani licebit. Primnm deputato,
binas gemmas ne auiplins relinquito. Ex railicibus bene ef-
fodito, usque radices persequitor, et caveto ne radices
saucies. Ila uti fuerit, ponilo in scrobe, aut in sulco, ope-
riloque, et bene occnlcato. Eodem raodo vineamstatnito,
alligato, ftexaloque uti fuerat, crebroqne fodito.
L. — Prata qtio modo serantur.
Prata primo vcre slercorato luna silenti, qua- irrigua
non erunl, ubi favonius llare cfrperit. Cnm prata delen-
des, (lepnrgato, lierbasque malas omneis radicitns elfo-
dilo. Lbi vineani deputaveris, acervum lignoruni virga-
rumque lacilo. Ficos inlerputato , et in vinea licos subra-
dito atte, ne eas vitis scandal. Seminaria farito, et vetera
resarcito. Hoc facilo antequam vineam fodere incipias.
Lbi daps profanata comeslaque erit, verno arare incipito,
et loca prinium arato quae siccissima erunt : et qua; cras-
sissiniaet aquosissima erunt, ea postremum arato, dum
IH prins obdmescant.
LL — Propagalio oIo.T pomoruraque.
Propagatio pomorum, aliarum arborum. Ab arborc abs
ECONOMIE RURALE. ;i
LL — .Mullipticalion de tolivicr et Ju pommier.
Vous coucherez en terre les drageoos qui
sortent du sol ; vous mettrez la fleche a fair, afin
qu'ils puissent s'enraciner; arrachez et plantez-
les deux ans apres. II faut multiplier de la merae
maniere en plantant des bourgeons, le figuier,
rolivier, le grenadicr, le cognassier, et les autres
pommiers, le laurier, le rayrte, le noyer de Pre-
neste et lc platane.
LII. — Procedt; ptus compliqug de muttiplication.
Si vous voulez mettre plus de soin dans
vos procedes de inultiplication, il faudra depo-
ser vos plants dans des pots ou des paniers troues,
et les enterrer ainsi daiis les fosses. Afin que les
boufures s'enracinent sur Tarbre meme, percez
le fond du panier ou le pot, et inserez-y le ra-
meau ((ue vous avez dessein de faire enraciner.
Remplissfz de terre le pot ou le panier, foulez-
ie, et laissez-le sur Tarbre. Quatid la bouture
a pris raeine, coupez la branche au-dessus du
vase. Coupez le panier de haut en bas ; si cest
un pot, cassez-le, etplacez dans la terre la bou-
ture avec le vase ou le panier. Faites la m^me
chose pour la vigne; coupez la bouture a la
deuxieme annce, et planlez avec le vase. Ce pro-
cede s'emploie pour la multiplication de toute
espece de vegetal.
Ltlt. — Fenaisou.
Coupez le foin a tcmps, et n'altendez pas trop
tard. Fauehez avuut la maturiti? des semeu-
ees, et mettezi» part le meillcur, que vous donne-
rez aux boeufs a Tepoque des lubours de prin-
temps, avant que la diagee ue soit miire.
lerra pulli qui nascentnr, eos in lerram deprimifo, extol-
liloque prininr(Mn parleni , uti ladicem capiat : inde I)ien-
nio post effodito, seritoque. Ficum, oteam, rnaliim Pnni-
ciim, cotoneum, aliaqne niala omnia, laiinini, myrtum,
nuces PriiMiestinas, plalanum. Haec omnia a capite propa-
gari eximique, serique eodem inodo oportet.
LII. — Qua; diligenllus propagari voles.
Quse diligenlius propagari votes,in aulas, autinqualos
pertusos piopagari oportet, et cnm iis in scrobeni deferri
oportet. In arlioribns, ut)i ladices capiant, caticem per-
tiindilo per lunduni, aut qnatnm. Rainum, quem r.idicem
caperc volcs , trajicito. Funi qiiatiim, aut calicem terra
inipli>to, calcaloqiie IxMie, in arborem retinquito. l"bi ita
fuerit ramnm sub qiiato praccidito. Qnalum incidito e\
una paite perimum. .Si vero calix crit, conquassato. Cum
eo ipiato, anl catice in scrobcm ponito. Eodem modo vi-
tem lacilo, eani aniio post pra!cidilo , seritoque cum qualo.
lloc inodo qiiod genus vis piopagabis.
Llli. — De firnisicio.
Fieniim, ubi tempiis crit, secato, caveloque ne sero
seces. Priusquam senien maturuin siet, secalo : et qnod
oplimnm IVennin erit, seorsuni condilo. Per vcr ciim aia-
bilnr, antequ.am ociniim nascatur, ries quod edanl bubus.
M. l'. CATON.
LIV. — Nouniliiie des bceufs.
Voiei commeut il convient de preparei' le four-
rage des boeufs. Une fois les semailles terrainees ,
cueillez, serrez, et faites macerer les glands. II
fatit donner a chaque tete un demi-boisseau par
jour;et, s'ilsne sont pas occupes, il seraprefera-
ble de les envoyer eux-meraes a la glaodee, ou
bieu on leur dounera des marcs de raisin qu'on
aura entasses dans des futailles. Pendant le jour
ilsserontau p.lturage, et pcndant la nuit ils rece-
vront chacun vingt-cinq livres de foin : si Ton n'en
apas,onysuppleera pardcs feuiliards d'yeuseet
delierreterrestre. Conservezlespaillesdefroraent
etd"orge, lesgoussesde feves, delupin, les vesces,
et les tiges des autres vegetaux. On abritera
sous le toit celles de ces pailles qui out le fanage
le plusabondant; on les saupoudrera de sel, et
on les administrera en guise de foin. Quand on
conimencera au printemps a leur en faire la
distribution, on y ajoutera un boisseau de glands,
ou de marcs ou de kipins maceres, avec quinze
livres de foin. La dragee est le premier fourrage
a donner aussitot qu'il estmur. Recoltez-le a la
main, afinqu'i! repcusse; car elle ne monte plus
apres lafaux. Vous donnerez de la drageejus-
qu'a ce qu"elle seseche, puis la vesce, le pa-
nis, et aprescelui-ci les feuilles d'orme; melez-y
des feuillards de peuplier, sivous en avez , afin
quela feuille d'orme dure plus longteraps. A de-
faut de feuillcs d'orrae, affourragez avec celles de
chene et de figuier. II n'y a rieu de plus lucratif
que les soins qne lou prodigue aux boeufs. Oa
ne doit les laisser en pature que pendant Thiver
lorsquils ne labourent plus; car, lorsqu'ils ont
une fois consomme du vert, ils en esperent
tonjours; et lorsqu'ilssont au travail , il faut les
rauseler avecdes paniers, afln qu'ilsne puissent
brouter rherbe.
LV. — Bois pour le mailre.
Serrez dans la bucherie le bois destine au pro-
prietaire ; laissez au grand air les troncs d'oli-
viers, et les racines disposees en monceaux.
LVL — Quaiitite de nourrilure pour les gens.
Les travailleurs recevrout pour Thiver quatre
boisseaux de froraent, et quatre et derai pour
rete ; rintendant et son epouse, Tagent etlebou-
vier, chacun trois boisseaux ; les esclaves entra-
ves, quatre livres de pain pendant Thiver, cinq
livres depuis rinstant oii ils commenceut a be-
cher jusqu'a la raaturite des figues: pour le reste
du temps la ratioa sera reduite a quatre livres.
LVIL — Quantil(5 de vln pour les gens.
Apres la vendange, ils ont de la piquette pour
boisson pendaut trois mois. Au quatrierae mois,
ils aurout par jour une heraine de vin, c'est-a-
dire deuxcongesetdemi parmois; au cinquierae,
sixieme, septieme, huitierae mois, ils eu auront
uu setier par jour, c'est-a-dire cinq conges par
mois, enfiu pour le neuvierac, dixieme et on-
zierae raois, ils en recevront trois hemines par
jour, c^est-cl-dire une amphore par mois. En
outre on donnera un conge a chaque individu
pour les Saturuales ct les Compitales. T elle est
la quantite de vin que chaque bomrae cousomrae
dans raunee. On y ajoutei'a pour les esclavcs
entraves une ration proportiounee a la somine
des travaux : le chiffre de dix quadrantals par
annee n'est pas trop eleve.
LIV. — Babus pabulum.
Pabnlum lioc modo parari dariqiie oportet. Ubi se-
nientim patraveiis , glandem paiari legique oportet, et
in aqnam coiijici. Inde scmodios singulis bubus in dies
dari oporlet; el si non laborabnnt, pascanlur, satius ciit.
Aiit inodinm vinaciornm quos in dnlinm condideris. In-
lerdiii pascito, noclu feni pondo xxv. uni bovi dato. Si
ra-nuni noii eiit, Irondem iligneam et ederaceani dalo.
Paleas triliceas, et ordeaceas, acns fabaginum, viciam,
vel dc lupino : item de ca^teiis frugibus omnia condito.
Cum stiamenta conilcs, quai lieibosissima erunt, in tecfo
condito, et sale spargito : deinde eapio denodato. Ubi veino
daie cceperis, modium glandis aut vinaciornm dato, aut
inodium liipini maceiati , et fteni pondo xv. Ubi ocinuni
tempestivum eiit, dalo primnm. Manibus caipito, id re-
nascetur. Quod lalcula secueris, non lenascetur. U.sque
ocinum dato , douec ai escat , ita temperato , postea viciam
dato, postea panicum riato, secundum panicnm liondera
nlmeam dalo. Si populneam babebis , admisceto , ut ulmea
satis siet. Ubi ulmeam non liabebis, queineam ct ficulueam
dato. Niliil cst qnod magis expediat, quani boves bene
cuiaie. lioves uisi per biemem, cumnon aiabunt, pasci
iioii opoitet. iXara viride cum edunt, id semper expec-
tant. Et liscellas haberc oportet, ne herbam sectentur rxim
arabunt.
LV. — De lignis domini.
Ligna domino in labnlato condito, codicillos oleaginos,
radices in acervo sub dio metas facito.
LVI. — Familiae cibaria quauta dentur.
Familiae cibaria qui opus facient per hieniera , tritici
modios IV. per ivstatem modios iv. s. vilico, vilica;,
epistatae, opilioni modios iii. compeditis per biemem
panis r. iv. Ubi vineam fodere cieperint, panis v. v. usque-
adeo dum iicus esse cocperint, deinde ad p. iv. redito.
LVII. — Vinum familis quaulum delur.
Vinum familia^. Ubi vindemia facta erit, loram bibaiit
menses iii. Mense quarto heminas in dies, id est , in mense
congios II. s. Mense qiiiuto, sexto, septiiuo, octavo, in
dies .'■extarios, id est, in mense congios quinque. Nono,
deciino, iindecimoetduodccimo, in dies beniinas teinas :
id est amphoram. Hoc amplius Saturnalibus, et Compi-
talibiis in singulos homines congios. Siimma vini in homi-
nes singulos inter anniim (Q. vin) compeditis uli quicqiiid
opeiis facient pro portione addito : eos non est niinium lii
annos singulos vini quadrantalia x. ebibere.
fiCONOMIE RURALE.
LVIII. — Boniiecliire puur les gens.
Conservez la plus granile masse que vous
pounez crolives tombeesspontanement, pour la
cuisine des domestiques. Serrez egaleraent les
olives recoltees a propos, et dont on ne peut ti-
rer qu'une faible quantite d"huile, et menagez-
les, alin que la provision s'epuise le moins qu'il
sera possible. Quand lcs olives serant consom-
mees, donuez de la saumure et du vinaigi-e.
Distribuez a chaque personne un setier d'huile
par niois. Un boisseau de sel sufflra aux besoins
anuuels de chaque consommateur.
LIX. — Veieiiienls iles gens.
On leur donnera tous les deuxans une tunique
de trois pieds etdemi de loiiget dessaies. Toutes
les fois qu'on lcur fournira une tunie|ue ou une
saieneuve, on reprendra la vieille pour eu faire
des casaques. On leur fournira aussi tous les dcux
ans une bonne paire de forts souliers.
L.\. — Aliinents des bu?ufs.
La consommation annuelle de chaque paire
de boeufs s'eleve a cent vingt niuids de lupins,
ou deux cent quarante de glands, cinq cent
quatre-vingts livres de foin et autant de dragee,
vingt muids de feverolles, trente muids de ves-
ces. Semez donc nssez de vesces poiir pouvoir
en laisser monter en graines. Pour le fourrage,
scmez-le a plusieurs rcprises differentes.
LXI. — jfani(>re de culliver les cliamps.
Quel est le premier principe d'une bonne agri-
ture? c'estde bien labourer. Quel est le secoud?
c'est de lahourer. Quel est le troisicme? c'cst de
fumer. Celui qui remuera freuuemment et pro-
fondemeut la terre couverte d'oliviers, detruira
.jusqu'aux moiudres chevelus dcs racines; celui qui
labourera superficicllement, forcera lcsracincs a
rampcra la surface, a prendre un developperaent
exagere, qui absorbera la force vegetative de
l'olivier. (Quand vous labourerez pour du fro-
ment, faites-le convenablemeut, a temps oppor-
tuu , et non lorsque la terre est a moitie trem-
pee). Les autres soins de culture consistent a
beaucoup planter, a enlever soigneusement les
jeunes sujets , et a les replacer a propos, en
laissant beaucoup de terre autour de leurs uom-
brcuses racines. Une fois les racines bien cou-
vertes, pietinez la terre, aliu d'empecher Teau de
leur nuire. Si Ton veut savoir a quelle epoque il
convientdc planter les oliviers, je repondraique
c'est pendaut la seraaille si le terrain est sec , ct
au printemps s'il est gras.
LXII. — >ombie de cliars.
Vous aurcz autant de chars que de paircs de
bocufs , de mulets , et d'dnes.
LXIII. ■ — Longueur des courroies.
Le cSble de pressoir aura cinquante-ciuq pieds
de long; la courroie des chars aura soixante
pieds, les guides vingt-six pieds; les courroies de
jougspour les charsdix-huitpieds;la petitecorde
quinze pieds;lescourroies dejougspour les char-
rues auront seize pieds, et la courroiehuit pieds.
L.KIV. — Cueilletle de rollve.
Cueillez rolive aussitdt qu'elle est mure, et
ne la laissez c[ue le moins possible sur la terre et
sur lc plancher, car elle y pourrit. Ceux qui font
la recolte desirent qu'il y ait beaucoup d'olivcs
torabees , afin d'aller plus vite ea besogne. Les
• LVIII. — Pulmenlaiium farailiK quantum detur.
Piilmeularium familiie, olene cadiicje quam plurimum
rondito. Poslea oleas lempesUvas, unde minimum olei
fieri poterit , eas condito, parcito, uli quam diiitissime
durent. Lbi ole» comesae erunl, balecem et acelum dalo.
Oleum dato iii menses unicuique sexlariumi. Salis unicui-
que in auno modium satis est.
LIX. — VesUmenta familioe.
Vcstinienta familia; lunicam p. lii. s. saga alteinis an-
nis. Quoties cuique tunicam aul sagum dabis, piius vete-
rem accipilo , unde centones fianl. Sculponeas bonas al-
ternis annis dare oportet.
LX. — Bubus cibaria.
Biibus cibaria anniia in juga singula Iiipini niodios cxx.
aut glandis modios ccxi,. fu-ni poudo, ijxxa ocini, fab.e
modios XX. vicia; modios xxx. Piaeteiea granaliii (genera-
tim)videlo uli satis viciae seias. Pabulumcum seres, mul-
las saliones facilo.
l.XI. — Quomodo oser colatur.
Quid est agriim liene colire? beiie arare. Quid spcun-
dHmi'Arare; tertio, Sleicoraie. Qui oletum saspissime el
alli-^sime miscchit, is teuuissiiuas i adices cxarabit. Si niale
aiabit, radices sursuni adibunt, crassiores fient, et in ra-
dices vires oleae abibunt. (.Agrum friimentariuin cuni ares,
bene et tempestive ares , sulco vario ue ares. ) Ceclera
ciillura est mullum serere, el diligenter eximere semiiia,
et per tempus radices plurimas cum terra ferre. Ubi radi-
ces bene opcrueris , calcarc bene, ne aqua noceat. Siquis
qua'rat, quod tempiis olea; serenda; siel, agro sicco per
seiiientiii) , agio laeto per ver.
LXII. — Quol plostra habere oportcat.
Quol juga boverum, nuilorum, asinorum liabebis, lo-
tidem pluslra esse oportet.
I.XIII. — Funem quam longum cssi' oporlcat.
rimpiii torculiiin csse oportet exlentiiiii. i>. ev. I'unPTn
loreiini iii plostrum e. i.x. lorca relmaciila lo^iija i: x\n.
sulijugia in plostrura i: xviii. funiculum i'. xv. iii aratniin
subjugia loruin i>. xvi. funiculuin p. viii.
LXIV. — De olea legenda.
Oleaubi maturaerit, quain primuni cogi oiiortet, qiinin
iniiiiiiiiim iii lerra et in labulato esse oporli^l. In lerra ot
iii talmlalo putescit. Legiili voluiil , uti oleacadiica (piaiii-
piuriina sit, qiio phu lcgalur. Factures, ut in labulatu diii
M. P. CATON.
pressiireurs souhaitent qu"elles sejourneut long-
tenips sur le plancher, afin qu^elles bletissent et
s'exprimeut avec plus de facilite. Ne croyez pas
que rolive prenne de raccroisseraent surle plau-
cher. Plus vous raettrez de promptitude dans
le travail, raieux vous vous en trouverez, soit
pour laquantite, soit pour la quaiite de Thuile
que vous obticndrez du merae nombre de bois-
seaux d"olives recoitees. L'olive qui a sejourue
lougtemps sur la terre ou sur le plaucher donne
une huile moins aboadante et moins delicate.
Transvasez Ihuile deux fois par jour, si vous le
pouvez; car Thuile qui demeure longtemps en
contact avec les marcs et les lies devient tres-
mauvaise.
LXV. — Manicre ile faire riuiilc verte.
On ue laisse rollve quele moinsde tempspos-
sible sur la terre. Si elle est sale, lavez-la, sepa-
rez-la des feuilles et des impuretes ; travaillez-la
le surlendemain ou le troisieme jour. Cueillez
rolive des qu'elle est uoire. L"huile sera d'autant
plus estimee que rolive sera plus aeerbe : nean-
moius le proprietaire trouvera uu tres-grand
avantage a ne travail ler que des fruits bien mu rs.
Si lors de la recolte les olives sont fiappees par
la gelee , il ne faut les pressurer que le troisieme
ou le quatrieme jour. Si vous le jugez conveua-
ble, vous les saupoudrerez de sel. Ayez soin que
lcs celliers et les pressoirs soient portes a uue
chaleur tres-elevee.
LXYI. — Devoirs du surveillant et du livreur.
II aura un oeil vigilant sur le pressoir et sur le
cellier. Autant que possible il n'y laissera peue-
trer aucun etranger. II fera apporter dans toute ,
ies manipulations la plus severe proprete et les
soins lcs plus minutieux ; il aurasoin qu'ou ne se
serve que de vases eu cuivre, et que les noyaux
n'entrent pas dans la coraposition de rhuile; s'il
en etait autrcmeut, rhuile aurait une saveur de-
sagreable. Revetez de plomb la fosse oii doit
couler Ihuile. Aussitot que les pressureurs ont
donne une pression avec le levier, le somraellier
saisit son bassin , et enieve rhuile rapidemeut et
soigneusement, et sansinterruption. Qu'il prenne
garde de ne pasenlever ramourque. On deposera
dabord rhuile dans une cuve, puis dans une
jatte. On sortira toujours de ces vases les lies et
raraourquc. Sitot que rhuile sera sortie de la
fosse, on enlevera tous les depots.
L.XVII. — Devoirs du surveillant au pressoir.
Les ouvriers occupes au pressoir tiendront
toujours leurs vases propres, et s'cfforcerout de
bien pressurer les olivesjusc|u'a cequ'elles soient
epuisees. Ils ne devront pas charpenter de bois
dans le pressoir, raais eulever souvent Thuile
fabriquee. Pour ehaque paiu pressure ou donnera
aux ouvriers un setier d'huile, etde plus cequi
est necessaire pour alimenter la lampe. Tous les
jours on emportera les lies , et on euleve'-a \'a-
mourque qui s'est deposee jusqu'a , ce que Ihuile
ait ete transvasee dans la derniere tonne qui se
trouve dans le cellier. On passera reponge dans
lcs cabacs. Tous lesjours on transvasera rhuile
jusqu'a ce qu'elle soit entonnee. On surveillera
severemeQt au pressoir et au cellier, afin qu'on
ne derobe aucune poriion d'huile fabriquee.
LXVIII. — Suspendre les ustensiles eniploy^s a la fabri-
calion de 1'liuile et du viu.
Apres la recolte du vin et de Tolive, relevez
lesarbresdes pressoirs, serrez dans legarde-man-
sit, Ht fracida sit, quo facilius efticiant. Nolito credere
oleum in tabulalo posse cicscere. Quam cilissime confi-
cies, tam maxinie expediet, et totidem niodiis coUect»! '
plusolei enicient, el nielius Olea quaediu fuerit in terra,
aut in tabulalo, inde olei niinus fiet et deteiius. Oleuni si
poteris, bis in die depleto. Nam oleiim quam diutissime in ;
aniuita et in fracibus erit, tam deterrirauni erit. i
LXV. — Oleum viride quomodo liat.
Oleum viride sic facito : Oleam quam primum ex terra
tollito. Si inqiiinata erit, lavito, a foliis el slercore pur-
gato. Postridie aut post diem terliiim, quam lecta erit,
facito. Oleam nbi nigra erit, slringilo. Quam aceibissima
olea oleum fades , tam oleum optimum ei it. Domino de
matiira olea oleiim fieii maxinie expediet. Si gelicidiaerunt,
cum oleamcoges, triduum,autquaUiduum post oleuni fa-
cito. Eam oleam, si voles, sale iuspergito. Quam calidis-
simum torcularium et cellam liabeto.
LXVl. — Custodis et capulatoris otlJcia.
Cuslodis et capiilatoris oflicia. Servet diligenler cellam
el torciilaiinin. Caveat quam minimum in torcularium et
)n cellam introeatur. Qiiam mundissimc purissinieque liat.
vase alieneo, neque nucleis ad oleum ne utatur. Nani si
ntelur, oleum male sapiet. Cortinam plumbeam in lacum
ponito, quo oleum lluat. Ubi factores vectibus prement,
continuo capulator concba oleum, quam diligentissime
poterit, tollal nec cesset. Amurcam caveat ne tollat. Oleiim
in labrum primnm indilo. Inde in alteTum dolium indilo.
De iis labris fraces amurcamque semper subtrabito. Cum
oleum sustulcris de cortina, amurcam deliorito.
LXVn. — Custodis in torculari officia,
Qiii in torculaiio eruiit , vasa piira babeant, curentque
uti olea bene perficialur, beneque siccetur. Ligna in for-
ciilario ne cadaiit. Olciim fieqiienter capiant. Factoribus
del in singulos factus,olei sextarios, et in lucernam quod
opus siet. Fraces quotldie rejiciat. Amurcam commulet
usqueadeo, donecin lacum, qni in c*Ila est, postiemum
perveneril. Fiscinas spoiigia eflingat. Quotidie oleo lacum
commutet, donec in dolium pervenerit. In lorculario et in
cella caveat diligenter, iie quid olei suiripiatur.
LXVUI. — Vasa olearia et vlnaria cxtollere.
Ubi vindemia etoleitas facta erit , prela extollito, fuiies
torculos, medipontos, subductarios in carnaiio, aut io
ftCONOlMIE RURALE.
ger ou siu- les arbres eux-ra6mes , les cables et
les cordages ; remettez a leur plaee les poulies ,
les aiguilles, les leviers, les rouleaux de fcois,
les cabacs, les paniers, les corbeilles, les pres-
soirs, les eehelles, et toutes les barres qu'on aura
enii)loyees.
LXIX. — ManlJre (renduire les fulnillos.
Laissez-lespendantseptjours remplies d'amur-
que, mouillez tous les jours, soutirez eiisuite Ta-
murque, et lai-isez secher les futailles. Lors-
qu'elles seront nsscchecs, enduisez-les avec une
dissolutibn de ijomme preparee deux jours aupa-
ravant. ChaulTez les futailles un peu moins que
pour lesenduiredepoix; delegers copeaux suffi-
ront. Lorsqu'elles seront moderement echauf-
fees, on les aspergera d'eau de gomme eton fric-
tiouneia. Quatre livres de gomme sufliront pour
un fut de cinquante sefiers , si Fon a soiu de bien
frotter.
LXX. — Recette contre les maladies des bneiifs.
Si vous redoutez linvasion d'une maladie ,
administrez-leur une potion formee de trois
grains de sel , de trois feuilles de laurier , de trois
feuilles de poireaux, trois gouttes de rocambo-
1 es , trois d'ail , trois grains d'encens , trois tiges
desabine, trois feuilles de rue, (rois tiges de
bryonne, trois feves blanches, trois charbons
ardents et trois setiers de vin. On se tiendra de-
bout pendant qu'on recoltera , qu'on broiera et
qu'on admin.strera cetle potion; on devra aussi
etre a jeun. On la fera avaler a chaque boeuf
pcndant trois jours en trois fois , et on aura soin
de fractionner la dose de maniere qu'il ne reste
plus rien apres en avoir administre trois fois a
chaiun. Recommandez que lebffiuf qu'on medi-
prclo siispendito. Orbes, fibulas, vecles, scululas, fiscinas,
c.oibulas, quala,scalas, patibula, ouinia,qiicis usus eril,
in suo quidque loco reponilo.
LXIX. — Dolia quomodo imbuantur.
Dolia olcaria nova sic iinl)nilo. Aniurca inipleto dies
vn. Facito nt annircam quotidie suppleas. Postea amur-
cam eximito et arfacito. Ubi arebil, cunimim pridie in
aqiiani infnndito. Ka postridie diluilo. Postea dolium cal-
facito. Minus quam si picaie velis tepeat, salis esf. Leni-
bus lisnis faiito calescat. flii teinpcrate tepebit, Inui
cuniniim indito, postea linilo. Si reile liveris, in duliiini
quinquai^eiiaiiiiiii cuiuniiin v. iv. salis erit.
LXX. Bubus medicamentuin.
i;ubus medicamentuni. Si niorbnm metnes, sanis dato
salis inicas iii, folia laiirea iii, poiri fihias iii, ulpici spi-
cas III, alii spicas iii, lliuris grana iii, berbse sabinae
plaiilasiii, rnta; folia iii, vitis albio .caiiles iii, fabnlos
albos III , carbones vivos iii, vini s. iu Il.ec omnia siibli-
initer legi, teri, darlqno oporlet. lejiiniis siet qui dabil.
Ter tridiium de ea polione unicuiqne bovi dato. Ita di\i-
dito, ciim ter imicuique dederis, omnem absumas. Bos-
qiie ip.sns , it qiii dabit, facilo ul iilerqne subliiniter stent.
Y;\se ligneo dalo.
camente et celui qui le sert soient debout, et
qu'on emploie un vase en bois.
LXXI. — Traitement des biuufs au debut d'iine maladie.
Si les animaux sont deia souffrants, donnez-
leur immediatement un muf cru de poule, qu'ils
avalerontsans le briser. Le lendemain faites-leur
prendre une tete d'oignon broyee dans une he-
minede vin. Le boeuf et Toperateur seront de-
bout et a jeun pendant roperation.
LXXII. — Manit;re de prt'venir les fissnres des sabots.
Arin que les boeufs ne degradent poiiit leurs
sabots, enduisez de poix fluide le dessous de la
corne avant qu"ils n'eutreprennent quelque voy age
que ce soit.
LXXIII. — I\Ianii>re d'administrer lcs medicamenls aux
boeufs.
Tous les ans, aussitfit que les raisins commen-
ceront a noircir, administrez aux boeufs un mii-
dicamentqui les preservedemaladie.Quandvous
verrez ladepouilIed'un serpent, prenez-laetmet-
tez-la en reserve, pour ne pas la chercher au mo-
ment du besoin. Broyez cette peau avec de la fa-
riue, du sel,etdu serpoIet;deIayez dansdu vin, et
vous donnerez a boire cette potiou a tous vos
bceufs. Veillez a ce que pendant 1'ete vos bceufs
recoivent uue eau salubre et linipide; leur sante
est a ce prix.
LXXIV. — Recelte pour faire le pain ilcp.sificut.
Faites ainsi le pain depsiticus. Lavez propre-
ment vos mains et le mortier. INIettez la farine,
ajoutez-y de Teau peu a peu , et melangez bien
letout. Une fois la ptlte faitc, moulez-la, et faites
cuire sous la tuile.
LXXV. — Dii libum.
Maniere de faire le pain de saerifice. Broyez
LXXI. — Bos si icgrotare coeperil.
Bos si spgrotare cocperit, dato continuo ei imnm ovum
gallinaceum crudnin, integrnni facilo devoret. Postridie
capnt ulpiciconterito, cum bemina vini, facitoquecbibat.
Siiblimiler lerat et vase lignen det. Bosque ipsus, et qui
dabit, subliiuiter stet. Jejumis jejuno bovi dato.
LXXII- — Boves ne pedes subterant.
Roves ne pedes subterant, priusqiiam in viain quoquam
ages, pice liquidacornua inliina ungnito.
LXXIIL — Quomodo bubus medicamenlum delur.
l'bi uv,'c variae creperint fieri , bubus medicamenlum
daloquolannis, uli valeant. Pellem anguiuam nbi videris,
tdllito el condito, nc qua,>ras cum opus siet. Eam pellem,
et lar, et salem , et serpnllum , ba;c omiiia una conli;rito ,
cuni viuo dato bubns bibaut omnibus. Per cestatem boves
aipiam bonain ct liquidam bibant seinper curato. Ut va-
leant refert.
LXXIV. — Panem depsiticum -sic facito.
Panenidepsilicumsicfacito. Manus, niortariuniqnebone
lavalo. Farinain in mortariiim indito, aqiia; panlatim
addito, subigitoqne pulcbre. Ubi bene subegeris, deliiigito,
coqiiitoqiie sub testu.
26
M. P. CATON
Lieu deiix livres de fromagc dans le mortier ;
quand il y sera, melez-y une livre de farine de
froment, ou seuleraent unc demi-livre de fleur
de farine , si vous le desirez raoins compact, et
incorporez le tout avec soin. Moulez vospains,
placez-les-sur des feuilles, et laissez les cuire len-
tement sous la tuile et sur une piaque chaude.
LXXVI. — De la placcnta.
Prenez dcux livres de farine de seigle pour
faire Tassise des boulettes , et quatre livres de
gruaux de premiere sorte que vous faites mace-
rer daus l'eau. Aussitot quils se seront amollis,
placez-les daas uq petrin bien propre, et iaissez-
les se rcssuycr. Petrisscz ensuilc a la main.
Quand vous les aurez bien travaiiles,. ajoutez-
y peu a peu quatrc livres de farine , etliiitcs vos
boulettes avec lc melauge. On lcs arrange dans
une corbeille pour lcs faire secher, et on polit
Jes contours aussitot qu'elles sont ressuyecs ; ce
travailse faitsur chaque bol en particulier. Ccttc
besogne termiuce , cflleurez et frottez avec unc
etoffe imbibee d'huilc toutc la surface des bou-
lettes et Tassise ou elles seront phicees. Chauffez
le foycr et le surtout qui serviront a la cuisson.
Ilumeetez ensuite et melangez les deux livres de
farine de seiglc, qui serviront a faire Tassisc, apres
les avoir mclees ix quatorze livres dc fromage de
brebis. 11 faut que ce froraage ne soit ni acide ,
ni vieux. Laissez macerer le melange, et chan-
gez-le trois fois dans de nouvelle eau. Retirez-
le ensuite, et exprimez-en Teau avec vos raains ;
et une fois hien egouttc, placez-le dans un petrin
bien propre, sans laisser de grumeaux. Prcncz
ensuite un tamis k farine, et tamiscz lc fromage
sur le petrin. Ajoutez quatre livrcs de miel liu ,
LXXV. — Libum lioc modo facito.
Libunilioc modofacito. Casei p. ii. bene dlsleiat iii mor-
larlo. Ubi bene distriveril , farinae siligineiie librara , aut si
voles tenerius esse, selibiara similaginis solum eodcm
indito, permiscetoque cum caseo bene. Ovumi. addilo,
et una peimisceto bene. Inde panem tacito. Folia subdito.
In foco caldo subtestu coquito leniter.
LXXVI. — Placentam sic facito.
Placentam sic facilo. Faiinae siliginea; l. ii. unde soliiin
facias, in tracta| farinae l. iv. et alica; primae l. ii. ali-
cam in aquani infundito. Ubi bene mollis eiit , in niorta-
riuin purum indito , siccatoque bcne. Deinde manibus de.
psito. Ubi benesubactum erit,farin£E L. iv. paulatim ad-
dito. Id ulrunipie tracta facito. In qualo, ubi arescant,
componito. Ubi arebunt , coinponito puriter. Tum facies
iii singula tracta. Ubi depsueris, panno oleo uncto tangito,
et tirciimtergcto , unguitoque , ubi tracta erunt , focum ,
nbi coquas; calfacito bene et testum. Poslea farina; L. ii.
conspergito , condepsitoque. Inde facito solum tenue. Ca-
sei ovilli p. xiv. ne acidum siet et bene lecens , iu aquam
indito. Ibi macerato, aquam ter mutato. Inde exiinito,
Riccatoque bene paulatim [manibus,] siccum bene iii
mortarium Imponito. Ubi omne caseum bene siccaveris ,
in mortariiim purum manibus condepsito, comminiiiloqiie
quani maxinie. Dciudecribriim faiinariunipurumsiimilo,
et incorporez-le soigneusement avec le fromage.
Placez sur unetabie propre, d'un pied carre, le
pave de la placenta, que vous aromatiserez avec
des fcuilles delaurier trempees dans rhuile. P!a-
cez un premier lit de boulettes sur tout le fond du
pave, et saupoudrcz lcs avec le raelange de raiel
et de froraage que vous prendrez dans le petrin ;
ajoutez une seconde couche de boulettes que vous
snupoudrerez avec ce qui vous restera de miel et
de fromage mclanges. Mettez encore une rangee
de boulettes sur le rebord que vous replierez ea-
suite vers I'interieur, etprcparez lc foyer. Aus-
sitfit qu'il a acquis une chaleur moderee , placez-y
votre placenta, couvrez d'un couvercle chaud
sur lequel vous mettrez de la braise, ainsi que
tout autour. Prenez votre temps pour operer la
cuisson ; soulevez deux ou trois foisle couvercle,
pour voir comraent elle marche ; aussit6t qu'elle
sera a sonterrae, enlevez laplaceuta, enduisez-
la dc miel : telle est la placenta d'un semodius.
LXXVII. — De la spira.
Disposez tout dans les meraes proportions que
pour la placenta , si ee n'est quc vous rangez au-
trement les boulettes sur Tassisc : enduiscz-les
bien de miel ; tressez-les ensuite corarae une
corde que vous plaeez sur Tassisc, eu mettant
soigneuseraent des boulettes simples daus les in-
terstices. Dans tout le reste agissez et cuisez
comme pour la placenta.
LXXVIII. — De la scriblita.
On met sur le moule les boulettes qu'on sau-
poudre de fromage, comrae une placenta faite
sans miel.
caseumque per cribrum facito transeat in mortariiim.
Postea indito niellis boni p. iv. s. id una bene commis-
ccto cum caseo. Poslea in talnila pura , qua; pateat p. i.
ibi balteum ponito, folia laurea uncta supponito, placen-
tam (iiigito. Tracta singula in totum solum piimum po-
nilfi , deiiide de moitaiio tiacta linilo, Iracla addito sin-
giilalim , item linito usqiie adeo , donec oiiine caseum cum
iiiclle adusus eris. Iii summum tracta singula indlto, posl-
ea soliiiii coiitraliito oinatoque fociiiu. * De ve primo, tem-
peiatoqne, tunc placentam imponito testo caldo, operilo
pruna insnper, etcircum opeiito. Videto ut bene, et otiose
percoquas. Apeiito , dum inspicias, bisaut ter. Ubi cocta
erit, eximito, et melle unguito : haec erit placenta semo-
dialis.
LXXVII. — Spiram sic facito.
Spiram sic facilo. Quantum voles pro ratione, ita uli
placeiita fit, eadem omnia facito , nisi alio modo fmgito
in solo tracta. Ciim melle oblinito bene. Inde taraqiiani
restiin tiactes facito , ita imponilo in solo , dein plitis
completo beneaicte.Caetera omniaquasiplacentamfacias,
facito , coquitoque.
LXXVIII.— Scriblilam sic facilo.
Sciilililam sic facito. In balteo tracla ex caseo, ad eun-
ilcm niuduni r.acilo,uli placentam sine melle.
ECONOMIE RURALE.
Melangez parcillemiMit du fromage avcc du
gruau ; faites-cn autant de beisnctsque vous juf;e-
rez a propos. Versez de rhuile dans une chau-
diere bien chaude; ne cuiscz a la fois qu'un ou
deux beignets : retournez-ies frequemraeut avec
deux baguettes; lorsqu'ils sont cuits, retirez-les
et enduisez-les de niiel , saupoudrezlcs de pavots
et servez ainsi.
LXXX.— De rencjlus.
Faites Tencytus de la nifime maniere que les
beignets , si ce n'est que vous \ ous servez d'un
vase creux et perce ; vous raettez cgalement dans
de rhuile chaude, et vous donnez une forme
elegante. Retournez-le a diftcrentes reprises avec
deux baguettes, frottez-le d"huile, dorezle; et
quand il ue sera plustrop chaud, servcz-le avec
du miel ou du vin raielle.
LXXXl. — IX' reiiuHuii.
L'erneum se fait comme la placenta , et avec
les memes ingredients. Apres les avoir bien m6-
les dans une auge , ou les introduit dans le moule
de terre appele hirnea, qu'on plonge dans une
marmite en cuivre remplie d'eau cliaude. Ou fait
cuire a la (lamme. Apres la cuisson on brise
rhirnea, et ou sert.
LXXXIt. — De la poiile.
Faites la spcerifa comme la spira, si ce D'est
que vous n'empIoycz ni fromageni miel , ct que
les bouiettes sout grosses comme Ic poing. Place;;-
les sur Tassise, aussi epaisse que pour la spire,
et faites cuire de mfirae.
LXXXIII. — Vnhx- pour les lifeufs.
Maniere de faire des voeux pour la sante des
boeufs. Au milieu du jour trans|)ortcz-vousdans
une foret, offrez a Mars Silvanus pour cliacun
de vos hcBufs trois livres de farine de froraent,
quatrelivresetdemidelard,quatrelivrcsetdemi
de viandes succulentes, et trois setiers de vin.
Vous ferez deposcr le viu daiis un vase, et les
autres offrandes dans un autre. Peu importe que
cette bcsogne soit faite par uu csclnve ou par un
homrae libre. La cereraonie tcrminee, vous
consommerez Toffrande sur le lieu menie. Ecar-
tez du lieu du sacrifice la presence ct lcs rcgards
des femmcs. Vous pourrez faire cette offrande
uue fois tous les ans, si vous le jugez a propos.
LXXXIV. — I)u saviUuin.
Maniere de le faire. Melangcz cxactcment unc
demi-livre de farine , deux livres et demi de fro-
raages, trois onces de miel, comme pour le li-
bum, ct ajoutez un ceuf Frottez d'huile un plat
de tcrre, daos lequcl vous diposerez tous vos
ingrcdieiits prcalablement melanges. Fermcz le
vase avec son couvercle, et tachez que la cuisson
penetrejusquau centre du gtlteau; c'estla qu'il
a le plus d'cpaisscur. Aussilot qu'il est cuit reti-
rez-le du plat, enduisez-le d'huile, saupoudrez-
le de pavots , remettcz-lc quelque temps sous le
couvercle, retirez-le sur le plat avec des cuil-
lers.
LXXXV. — Pofage i la crtrlhaginoUe.
Sa cuissou. Faitcs bien digerer daiis Teau une
livre de gruau, placez-lc ensuito dans une auge
LXXIX. — Globos sic facllo.
Globossic facilo. Caseunicuiu alica ad eundem modum
niisceto. Iiule quantos voles facere facito. In alieuuin cal-
duin uusueniiidiln. Singulo.saul binos coquito, versatoiiiio
ciebro duabns nidibus ; coctos exiinito. Kos melle ungui-
to, papavcr inlViato, ita ponito.
LXXX. — Encytum uli facias.
Encytum ad eundeni niodum fasilo, iili slobos.nisi
calirj-in peitusum caviim liabeas. Ita in ungiieu caldum
fnndilo. Hoc in reslim quasi spiram facilo. Idque diiabos
rudibusvorsato, procstatoque. Itein unsiiitn,coloraloque,
caldiini ne niniium. Id cuin nielle, aut cum muLsoappo-
nilo.
LXXXI. — Erneum sic facilo.
Erneum tanquam placcntam facilo, eadem omnia indito
quii' iii placciilain. Id peimisceto in alvco. Iiidito iii liir-
ueain lictilem , eam demillilo in aulam aheneam aipia!
calidcTe plenam. Ila coquito ad ignem. Lbi coctuin ciit,
liirneain confiingito, ita ponito.
LXXXII. — Spaeritam qiiomodo facies.
Spaeritam sic facilo, ita uli spiiani , nisi sic fingito. De
Iractis, caseo, nielli', spbier.as pugmiiii altas facito. Kas
in solo componito , densas codeni inodo cflmponilo alque
spiram, itemqiie coqiiilo.
LXXXIII.— Votum pro bidjus.
Volum pro bubus, nt valcant, sic facilo. Marti Silvano
in silva inlerdius, in capila siiigula bouni votum facito
fanisadonii libias iii. etlardi i'. iv. s. et pulpa; p. iv. s.
vini sextaiios ties. Id in unuui vas liceto conjir*re, et vi-
num item iu uniim vas liceto conjicere. Eam reni divinam
vel serviis , vel liber licebit faciat. Ubi res divina facta erit,
statiin ibidein consumilo. Mulier ad eam rem divinam ne
adsit, neve videat qiioinodo fiat. Hoc voluin in annos sin-
ynlos, si voles , licebit vovere.
LXXXIV. — Savillum sic facilo.
Savillnm liocmodo facito. Faiinic selibram, ca'.sei p. ii.
s iinacomniiscetoquasi libum,niellis.p~— elovum iinum
Catinnin liclile oleo uiiguito. Ubi omnia hene commiscue-
ris in catinum , indilo catinum testo , operito. Videto ut
bene peicoqnas mediuni , iibi altissiinum est. Uhi coclum
eiit, catinuni eximito, inelle unguito, papaver infriafo ,
sub festuin subde paulisper, poslea eximito. Ita pone cuin
catillo, ct liiigiilis.
LXXXV. — Pultcm Punicam sic facito.
Pultein Puiiicam sic coquilo. Libram alica' in aquam
iiidito, facito iiti beiie madeat. Id infundito in alveuin pii-
runi, eo casei recenlis p. iii. niellis. p. s. ovuin unuui.
28
M. P. CATON.
propre, incorporez-ytroislivresdefromage nou-
veau , une dcmi-livre de miel , et faites euire dans
iine marmiteneuve.
LXXXVI. — Bouillie de froment.
Maniere de la preparer. On met une demi-li-
vre de pur froment dans un mortier propre, on
le lave bien , on eu detaclie 1'ecorce , et on le ta-
niise; apres Tavoir mis dans uue marmite, on
le fait cuire dans dc Teau pure. Apres la cuisson
ou y ajoute du lait peu, a peu jusqu'a ce qu'il s'y
forrae une creme epaisse.
LXXXVII. — Amyllum.
Maniere de le preparer. Nettoyez votre sei;j;le,
mettez-le dans un cuvier, et ajoutez-y de Peau
deux fois par jour. Decantez dix jours apres; et
quand le grain sera gonfle , broyez-le dans un cu-
vier propre , et laissez-le deposcr comme des lics.
Placcz le depotdansun linge,exprimez-cn la fe-
culedans unecasseroleneuve, ou dans un petrin.
Operez de meme sur la totalite, et faites mace-
rer dans reau ce nouveau produit. Exposez la
casserole au soleil, afm de faire secher la feeulc.
Apres la dessiccation on la serredans un second
cuvier, et on la fait cuire avec du lait.
LXXXVIII. — Blancliiment dii sel.
Reniplissez d'eau pure une amphore dont le
goulot soitcassc , et exposez-!e au soleil ; suspen-
dez-y un sachet de sel comiriun, que vous aurez
soin d'agiter et de remplacer a mesure qu'il se
fondra. Repetez cette operation jikisieursfois par
jour, jusqu'a ce que pendant deux jours le sel
refuse de se foudre. Vous reconnaltrez le point
dc saturation a ce signe. Si vous projctez dans
Peau un mann sec ou un oeuf , et qu'il surnage ,
vous obtiendrez une saumure convenable pour i
omnia una permisceto liene. Itainsipilo in anlam novam.
LXXXVI. — Grancam triliccani sic facilo.
Graneam triticeam sic facito. Selibram tritici puri in
mortarium purum indat, lavet bene, corlicemque deterat
bene, elnatqne bene. Postea in aulam indal, et aquam
puram, coquatqne. Obi coctum erit, lacte addat paulatim
usque udeo, donec cremor crassus erit factus.
LXXXVII. — .4myllum slc facito.
Amyllum sic faciio. Siliginem purgafo bene, postea in
alveum iinlal , co .'Hldal aquam bis in die. Die decimo
aquam oNsirciiln, cMHgcto bene, in alveo puro miscelo
liene, facilo laiiquam iiv\ fiat. Id inlinteum novum indilo,
cxprimito cremoiem in |iatiiiam novam, aiit in mortariiim.
Id omne ita facito, et refricato denuo. Eam paliiiam in
sole ponito, arescat. Ubi arcbit, in aulam novam indito,
inde facilo cum lacte coquat.
LXXXVIII.— Salem candidum sic facito.
Salem candidum sic facito. Amphoram defiaclo collo
puiam impleto aqiiae pura^, in sole ponito : ibi liscellam
cum sale popiilari suspendito, et qnassato, suppleloqne
identidcm. Icl aliipiolies in die [qnolidie] facilo, nsqiie
adeo doiiec sal desiverit labescere biduiim. Id signi eiit,
ifiscnam aridam , vel ovum demillito : si natabit, ea mii-
assaisonncr la viande, le fromage ct la mar^e.
Cette saumure placee dans des plats demeurera
exposee au soleil, jusqu'a ce qu'elle se solidifie
et donne la fleur de sel. Quand le ciel se cou-
vrira de nuages et pendant la nuit vous mettrez
les vases a couvert ; vous ne les abandonnerez
a Tair que lorsque le soleil luira.
LXX.XIX. — Engraissement des poules et des oies.
Ou enferme les jeunes poulesqui commencent
a pondre, et on leur prepare uue patee de folle
farine ou de farined'oige. On en fera des boulet-
tes, qu'on trempera dans Teau avant de les leur
glisser dans !e gosier. Tous les jours on augmen-
tera la dose, et leur ration n'aura d'autre limite
que leur appetit. On les servira deux fois par
jour, et a midi on leur donnera a boire en nc lais-
sant Teau a leur disposition que pendant une heure.
On engraissera les oics de la rneme manii're, si
ce n'est qu'avant tout on les fera boire, et que
tous les jours on leur servira deux fois de la bois-
son et de la nourriture.
XC. — Engraissement des pigeonneaux.
Aussitot que vousaurez pris un jeune rami er,
donnez-lui des feves torriiiees par la cuisson ; in-
sufflez-lui de Tcau dans le bec , et cela pendant
sept jours. Triturez cnsuite des feves et du fro-
ment ,et faites bouillir cn mettant les fe.ves dans
la proportion d'un tiers. Lorsque la farine cst
dans le vase, manipulez-la et faites-la cuire pro-
prement. La cuisson achevee, travaillez la ptite
apres avoir trempe vos mains dans fhuile. Au
commcncement vous petrirez grossierement , et
vous ferez ensuite une pate plus homogene en
trempant toujours vos mains dans rhuile, jus-
qu'aceque vouspuissiezfaire des boulettes. Vous
ries erit , qua vel carnem , vel caseos , vel salsamenta con-
dias. Eam muriam in labclla , vel in patinas in sole ponilo.
Usque adeo in sole liabeto, donec concreveiit. Inde llos
salis fiet. Ubi nnbilabitur, et noctu sub tccto ponito. Quo-
tidie , cum sol erit , in sole ponito.
LXXXIX. — Gallinas et anseres sic farcito.
Gallinas et anseres sic farcito. Gallinas teneras, quiB
primnm parient, concludat, polline, vel farina ordeacea
conspersa tnrimdas faciat. Eas in aquain intinguat, in os
iiidat. Panlatim quotidie addat. Ex giila consideret, quod
salis siet. IJis in die farciat, et meridie bibere dalo, nec
liliis aqiia sita siet borain unam. Eodem modo ansereni
alito, iiisi prius dalo bibere, et bis in die, bis escam.
XC. — Palumbum recentemsic fareilo.
Palumbum recentem sic farcito. Uti prensus erit, ei fa-
Dam coctam tcistam piimum dalo. E\ ore iu ejus os inllato
item acpiain. Hoc dies vn. facilo. Postea fabam fiesain pii-
ram,et far purum facito, et tabae tertia pars nt inler.
\csc,al. Cum farinsipiat, puriter facito, et coquilo bene.
Icl ubi excoxeiis depsilo bene , oleo manum ungiiito. Pii-
miim pusillum, postea magis depses, oleo tangito de-
psiloque,dum poteris facere turundas, ex aqua dato,
cscam tempcrato.
tiCONOMlE RURALE.
donne^ de 1'eau et de la uouiriUire sans la pro-
diguer.
XCI. — Coiistiiiclion ile Taiie.
Bechez la place destinee a Tairc, arrosez-la
d^amurque jusqua saturation. Ensuite pulveriscz
les niottes; nivelez et frappez avec ia batte. Ar-
rosez encored'ainurque, et laissez secher. Avec
ces precautionsYOUsn'avcza redouterni lesrava-
gesdes fourmis ni reiivahissemeut des herbes.
XOf. — PnSseivatif conlre le cliaran(;,on.
Pour prevcnirles attaques du charaucon et les
degats des eampagnols, faites uu lut avec de Ta-
murque et de la paille haehee, que vous laissez
detremper et que vous gdchezconvenablement :
vous en etendez une couche epaisse sur tout le
grenier, vous ajoutez par-dessus une couche d"a-
murque. Lorsque le lutserascc, vous pourrez
deposer dans votrc grenier du froment non echauf-
fe sans avoir a redouter le charancon.
XCIII. — Tiaitemenl des oliviers steiiles.
Deehaussez les oliviers steriles et entourez-les
depaille. Arrosez ensuitele pied de rarbre avee
un melange composedepartiesegalesd'eauetd'a-
murque. Une urne suffit aux plus grands arbres ;
on proportionneladoseaux pluspetits. Cetteope
ration augmente encore le produit des arbres qui
ne sont pas steriies , mais il ue faut pas les en-
velopper de paille.
XCIV. — Traitemeut ilu figuier qiii ne tient pas ses fruits.
Operez de meme sur les figuiers afin que leur
fruits ne tombent pas prcmatureraent; de plus a
l'approche du priutemps battez leurs pieds. Avec
2:>
cette preeaution les figues tiendront, les arbres
nese couvrirontpoiatdechaucres et seront beau-
coup plus productifs.
XCV. — Moyen d'cloigiier je ver coquin de la vigne.
Pour soustraire la vigne aux ravages du ver
coquin, laissez deposer les feces de ramurquc,
mettez-en deux conges dans un vase d'airaiii , et
faites cuire a une douce chaleur, en remuant avec
une spatuie jusqu'a la consistanee du miel. Pul-
verisez ensuite separement dans un mortier uii
tiers de bitume et un quart de soufre , et pendant
que ramurque est chaudeencore, versez-y cette
poudre par petites portions; remuez avec la spa-
tule , et faites cuire derechef en plein air ; car dans
un appartement le melange s'enflammerait au
moment ou ron ajouterait le soufre et le bitume.
Laissez refroidir des que la preparation a acquis
la consistance de laglu. Etendez une couclie du
melange sur le cep et sous les branches, et le ver-
coquin ne paraitra pas.
XCVI. — Pj<5servatif contre la gale des moutons.
Le meilleurpreservatif coutrelagale desmou-
tons consiste a prendre et epurer de ramur-
que, qu'on melange avec dcs lies de bon vin e t du
Teau dans laquelle on a fait macerer des graines
de lupin. Apres la tonte on enduit de cette com-
position tout le corps des moutons, qu'on tieiit
cnsuite en moiteur pendant deux ou trois jours.
Lavez-les ensuite dans de Tcau de mer, ou si vous
n'en avez pas a proximite, employez de Teau te-
nant du sel en dissolution. Ce traitement pre-
vieut nQn-seulement la gale, mais il favorise en-
XCI. — Aream sic facito.
.iVieani sic (;icito. Locum ubi facies confodilo, posfea
aiiiurca conspeigilo beiie, sinitoque combibat. Poslea com-
niiniiito gleljas bene. Deinde coa^qiiato, et paviculis ver-
berato. Postca denuo amiirca conspergito, sinitoque are-
scat. Si ita feceris , neque formica; nocebunt, neque heibas
nascentur.
XCII. — Frumento ne noceat curculio.
Frumentone noceat curculio, neu muieslanganl, lutum
de amnrca facilo, palearum paulum addilo, sinito niac«-
rescant bene , et subigito bene , eo granariiim totuni obli-
nilo crasso luto, postea conspeigilo amuica onine quod
lutaveris. Ubi aruerit, eo frumeutum lefrigeratum coudito,
ciirculio non nocebit.
XCIII. — Oleasi fruclum non feral.
Olea si fructum non feret , ablaqueato. Poslea slianienla
ciicumponito. Postea anuiicaiii cum aqua coniniiscelo
fPquas pailes. Ueinde ad oleam circumfundito, ad arlio-
rein maxiinam amplioram unani commixli sat est. Ad mi-
uoies aibores pro ralione indilo. Et ideni lioc si facies ad
ai bores feraces, e* quo(|uemcliores lient. Ad eas slramcnla
ne addideris.
XCIV. — Fici uli grossos leneant.
1'ici uli grossos leneant , facito oninia , quo modo ole?e ,
el lioc amplius. Cuni ver adpctet, terram adaggerato bene.
Si ila feceris , et grossi non cadent , el (ici scabr.f non ficnl,
et multo leraciores erunt.
XCV.— Convolvulus in vinea ne liat.
Convolvulusin vinea ne siet, amnrcam condilo, puram
benc facilo, in vas alienmn indilo congios ii. Postea igni
lcni coquilo , rudicula agitalo ci ebro usque adeo , duin fiat
tamcrassum, quain mel. Poslea sumito biUiminis terfia-
liuni , ct suKiiris quarlariiim. Conterito in mortario seor-
sum utrunque. Postea infriato quam minutissime in amiir-
caiii caldam , et simul rudiciila niiscelo , cl denuo coquilo
sub dio. Nani si in tecto coquas, cum bitumen et sullur
additum est, excandescet. Ubi erit tam crassum, quaiii
viscum, siiiilo frigescat. Hoc vileni circum caput, et snb
biacliia unguito, convolvulusnon nascetur.
XCVI. — Oves ne scabrse liant.
Oves ne scabise fiant, arauicam condilo, piiiam benc
facito, aqiiam, ubi lupinus deferverit, et facem de vino
bono intcr se oninia comniisceto paiiter. Postea cum de-
tondcris , unguito lotas , sinilo biduum aut triduuni con-
siidcnt. Ueinde lavito in mari : si aquarn marinam non
babebis , facito aquam salsain , ea lavito. Si liaec sic (ece-
ris, neque scabra; fient, et lana; plus, el meliorem liabe-
bunt , et ricini non eriint niolesti. Eodcm in omncs qua-
drupedes ulito, si scabrx crunt.
30
M. P. CATON.
core la production d'une laine pius abondante et
meilleure, et empeche les piqiires des tiques. Ein-
ployez egaleraent le remede contrc la gale de
tous les qnadrupedes.
XCVII. — Application de ramurqne.
Frottez damurque bouillie les-essieux, le.s
courroies, les souliers et les cuirs, vous en aug-
menterez la duree.
XCVIII. — Recetle contre la teigne des liabits.
Les artisons ne rongeront point les veteraents
que vous serrerez dans un buffet dont rinterieur,
les pieds , le fond et les coins auront ete frottes
d'amurque reduite a moitie de son volurae par
la cuisson. Lorsque cet enduit sera sec , mettez
vos habits dans le buffet : les artisons ne s'en ap-
procheront point. Si vous enduisez de eette ma-
riiere tous vos meubles en bois, ils seront preser-
ves de la pourriture , et ils deviendront brillants
quand vous les nettoierez. Donnez aussi une cou-
chea votrevaisselledairainapresravoirnettoyee.
Une foisqu'eiie sera eiiduite, frottez-la de nou-
veau avant de vous en servir; elle deviendra bril-
lante, et la rouille n'en ternira point reclat.
XCI.\. — Conserv.ilion des figues siiclics.
On conserve saines les figues seches qu'on met
dans un vase en terre dont on a enduit les parois
interieurs d'amurque bouillie.
C. — Precaution ponr rempllr une jalte d'liuile.
Quand vous voudrez emplir d'huile une jatte
nouvelle, lavez-la soigneusement auparavant
nvec de ramurque non epuree ; remuez jusqu'a
ce qu'elle soit bien irahibee. Par ce moyen Thuile
n'est pas absorbee par le vase , elle devient phis
delicate, et ce vase lui-meme est moins fragile.
CI. — Conservation des brancliesde rayrle et autres.
Pour conserver des hranches de rayrte avec
leurs baies , des rameaux de figuiers avec leurs
fruits, ou telle autre espece de IVuit qu'il vous
plaira, rassemblezet liez-Iesen petitspaquets, que
vous piongerez dans raraurque de maniere que
celle-ci deborde. Vous prendrez un peu sur le
vert les fruits que vous voudrez ainsi conserver.
Fermez hermetiquement le vase qui les contient.
Cll. — D^lruire les eflets de la morsure des serpents sur
les bocufs et autres auimaux.
Quand un boeuf ou un autre quadrupede a ete
mordu par un serpent, prenez un verrede cette
semence de cumin que les medecins nomment
smyrncum, et broyez-ladans une hemine debon
vin. Injectez-la par les narines, et appliquez sur la
morsure de la fiente de porc. Employez le meme
reraede pour rhomrae , si le meme cas arrive.
CIII. — HjgicMie des boeuls.
Aspergez d'amurque la nourrilure des boeufs
qtie vous desirez voir frais et vigoureux , et de
ceux qui refusent de manger, afin de reveiller
leur appetit. Pour qu"ils s'y accoulument vous
eu donnerez peu d'abord , et vous augmenterez
graduellement la dose. Plus rarement chaque
cinquii^me ou sixieme jour vous en mettrez dans
leur boisson, coraposee de parties egales d"eau
et d"amurque. Ce traitement maintiendra vos
boeufs en raeillcur etat, et a 1'abri des maladies.
CIV. — Vin des gens pour riiiver.
Mettez dansune fulailledixquadrantalsde vin
doux , etdeux quadrantals de fort vinaigre. Ver-
sez-y egaleinent deux quadrantals de vin cuit.
XCVII. — Amurca^ UDguentum.
Aniurca decoctaa\em unguito, et lora, elcalcianiciila,
et coria : oninia meliora facies.
XCVIII. — Veslimenta ne tinefe tangant.
Vestinienta ne tineae taugant , amurcam decoquito ad
dimidiuni; ea unguilo fMnduin aicae, et extrinsecus, et
pedes, et angulos. Ubi ea adaiuerit, vestimenta condito.
Si ita feceris, linea; non nocebunt. Et item ligneam sup-
pellectilem omnem si ungues, non pulescet : et cum ea
lerseris, splendidior fiet. Item alienea omnia unguito, .scd
prius exteigeto bene. Postea cum uuxeris, cuni, uti voks,
extergeto, spendidior erit, et acrugo non erit molesta.
XCIX. — Fici aridiE ut intcgrae sint.
Fici aridae si voles ut integrae sint, in vas liclile condilo.
Id aniurca decocta unguito.
C. — Oleum sic in metretam indos.
Oleiim sic in nietretam novam inditurus eri.s : amuica
ita uti est cruda prius colluito , oppilato ; agitatofiue diu ,
ut bene combibat. Id si feceris , metreta oleum non bibet,
et oleum melius faciet, el ipsa metrela firmior eril.
CI. — Virgas myrteas uli serves; ilem aliud gcnus.
Virgas nmrleas si voles cum bacis servare, (el) ilem aliud
genus quod vis,et si ramulos ficulneos voles cum foliis,
inler se alligato, fiiscicuios facilo, eos in auiurcam demil-
tito, suprastel aniurcafacito. Sed eaquwdemissuruseris,
sumilo paulo acerbiora. Vas, quo condideris, oblinilo
plane.
CII. — Si bovem aliamve quadrupedem serpens mcjmor-
derit.
Si boveni , aut aliam quamvis quadrupedem serpens
momorderit, Melantliii acetabuliim, et, quod medici vo-
cant smynieiim , conterito in vini veleris bemina. Id per
nares indito, et ad ipsum morsum stercus suillum apponito.
Et idem boc (si usus venerit) lioniini facilo.
CIII. — Boves uti valeant.
Boves uti valeanl , et curati bene sient, et qni fastidient
cibum, uti magis cupide appetant, pahulum, quod dabis,
amuica spargito ; primo paululum , dum consucscant ,
postea magis ; et dato rarenler bihere commixtam cum
aqua, aequahiliter quarto quintoque die. Hoc si feceris ila ,
boves et coipore curatiores erunt, et morhus aberit.
CIV. — Vinum familiae per hiemem.
Vinum familia; per hiemem qui iitatur. Musti quadran-
laliax. in dolium indito, aceti acrisquadrantaliaii. Eodem
infundilo sapa- quadrantalia duo, aqua; dulcis quadranla-
ECONOMIE RURALE.
et cinquante d'eau douee. Avec un baton brassez
lenielange trois fois parjour etpendant einqjours
consecutifs. Ajoutcz-y soixante-quatre setiers
deau de mer puisee depuis quelque temps. Pla-
ccz le couvercle sur le tonneau, et tenez-le fer-
rae pendant dix jours. Ce vin se consommera jus-
qu'au solstice; s'il en reste apres cette cpoque,
ce sera un vinaigre tres-fort et tres-limpide.
CV. — Proc^de pour faire du vin grec sur un terroir ^loi-
gne de la nier.
Sivotredomaineesteloignedelamer,preparez
du vin grec de la maniere suivante : versez vingt
quadrantals de moiit dansunechaudiere d'airain
ou de plomb , et mettezsur le feu , que vous etein-
drez aussitot que le vin bouillonnera. Apres le re-
froidissement vous le transvaserez dans un fut
de la contenance de quarantc setiers. Vousfercz
dissoudre dans un vasc a part un boisseau de
sel dans un quadrantal d"eau douce ; cette sau-
raure faite , vous lintroduircz dans le tonneau.
Droyez dans un mortier du souchetodorant et du
calamus, et vous cn i-ntroduirez un selier dans
le liquide pour raromatiser. Trente jours apres
vous placerez la bonde , et au priutemps vous le
mettrez dans des araphores. Apres Tavoir laissc
pendant deux ans expose au soleil vous le met-
trez a couvert. Ce viu rivalisera avec celui de
Tilede Cos.
CVI. — Confection de Tenu de mer.
Prenez un quadrantal d'eau eu pleine mer dans
un endroit ou Teau douce n"a pas d'acces, ajou-
tez-y une demi livre de sel egruge, agitez ie mc-
lange avec un bSton , et ne ccssez que lorsqu'un
ocuf de poule cuit surnage. Versez dans le liquidc
deux couges de vinvieux, soit d'Aminee, soitde
vin blanc mele, et brassez soigneuseraent le me-
lange. Mettez ie tout dans un vase enduitdepoix
que vous boucherez. Quand on veut preparer
une plus grande quantite d'eau de mer, on aug-
mente les doses a proportion.
CVII. — Composition pour enduire les futailles aDn qu^el-
les parfument et ronservent le vin.
Mettez six conges de vin cuit dans une chau-
diere de cuivre ou de piomb. Prenez une hemine
de racines d'iris en poudre et cinq livres de me-
lilot odorant, que vous broierez le plus exacte-
raent possible' avec Tiris; tamisez et faites cuire
avec le vin deja rapproche a un feu clair de sar-
raent. Rerauez afin qu'il ne se forme pas d'em-
patement. Lorsque le liquide est reduit a moitie,
laissez-le refroidir, versez-le dansun vase enduit
dc poix et parfume, que vous boucherez. Frottez
dc cette composition les bords de vos futailles.
CVlll. — Manii^re de determiner si uu vin sera de gardo
ou non.
Pour essayer si votre vin est de garde ou non ,
raettezdans une coupeneuve la moitie d'un acc-
tabulurade fin gruau etun setierdevin nouveau
sourais a Tessai ; mettez le tout sur des charbons
ardentsjusqu'a ce qu'il donne deux ou trois bouil-
lons; filtrez, etenlevez le gruau. Apres avoirex-
pose le liquide a Tair , goutez-le le lendemain ma-
tin. S'il parait bon, le \in renferrae dans la
futaille sera de duree; s'il est aigretet, ilnesera
I pas de garde.
lia i. H«c rude misceto ter in die dies v. continuos. Eo
addito aqua^marina! veteris sextarios lxiv. et operculum
in doliuni iniponito, et oljlinilo dies x. Hoc sinum dura-
bit tibi usque ad solslilium. Si quid superfuei it post solsti-
tiuni , acetuni acerrimum et pulcliei rimnm eril.
CV. — Si ager a mari longe aberlt, vinum gracum sic facito.
Qui ager longe a mari aberit, ibi vinnm Gioecum sic fa-
cito. Mnsti qnadrantalia xx. in aheneum, aut plumbeum
infundito , i?nem subdito. Ubi bullabit vinum , ignem bub-
ducito. Ubiid vinuni refiixeril, in dolium quadiagenarium
infundito; seorsum in vas aqu;e liulcisqiiadrantal i. infun-
dilo. Salis mod. i. sinito muriam fieri. IJbi iiiuria facta eiit,
eodem in doliuminfiindilo. Scboenum, et calamum in pila
contundito , qnod siet sextarium unura eodem in dolium
iufundito, ut odoraluin siet. Post dies xxx. dolium obli-
nito. Ai ver diffuudito in ampboras. Bienniuni in sole si-
nito posiluni esse. Deinde in tectum conferlo. Hoc vinum
d eteiius non eril quam Coum.
CVI. — .\quaE marina! concinnatio.
AquBC marina' quadrantal I. e\ alto sumito, qiio aqua
dulcis non accedit, sesquilibiani salis frigito, eodem in-
dito, et rude misceto usque adeo , donec ovum gallinaceum
coctuni natabit , desinito miscere. Eodem vini vcteris, vel
aminei, vel miscelli albi congios ii. infiindilo, misceto
probe. Poslea in vas picalum confundito , et oblinito. Si-
quis plus voles aqua; marina! concinnare, pio portione ea
oninia facilo.
CVII. — Quomodo labra doliorom circumlinias, odorata
ut sint, el ne quid vilii in vinum aecedat.
Quo labia doliorum circunlinas, ut bene odorata sient,
et nequid vitii in vinura accedal. Sapse congios vi. quani
optimae infundito in alieneum, aut in plumbeum et iris
aridae conlusa; lieminam, et serlam Canipanicam p. v.
bene odoi atani , una cum iri contiindas qiiam minutissime,
per cribrum cernas , et una cum sapa coquas sarmentis, et
levi flamma. Conimoveto, videto, ne aduras. Usque co-
quito , dHin dimidiiim excoquas. Ubi refiixerit, confundito
iii vas picatuui bene odoratum , et oblinito, et utito in ia-
bia dolioruni.
CVIII. — Vinum si voles experiri duraturam sil, ncc ne
Vinum si voles experiri diiraliirnm .sit, nec ne, polen-
tam grandeni dimidium acelabuli in caliciiliini novum in-
dito , cl viiii sextarium de eo vino quod voles experiri ,
eodem infundilo, ct imponilo in carbones, facito his, aut
ter inferveat. Tum id peicolato , polenlam abjicilo. Yinum
ponito sub dio. Postridie mane giistato. Si id sapict , quod
in dolio est, scito duratiirnm. Si subacidum erit, non do-
raliit.
M. P. CATON.
CIX. — Maniere de rcndie doux nn vin dnr.
Preparez quatre livres de farinede lentille, et
faites-les digerer dans quatre eyathus de vin
cuit : faites eusuite des massepaius, et laissez-les
macerer un jour et une nuit. Jetez le tout daus
votre vio en futaille , et tenez ferm^pendant deux
mois. Ce vin sera distingue par sa douceur et
par son bouquet, autaut que par sa belle colora-
tion et son aroma
CX. — Proc^dii pour enlever au vin sa mauvaise odeur.
Si vous voulez eniever au vin une odeur de-
sagruable , faites rougir au feu un fragment de
tuile neuve, euduisez-leensuite de poix, suspen-
dez-le a une petite corde, et laissez-le seulemeut
plongerjusqu'au fond du tonneau, que vous tien-
drez bouche pendnnt deux jours. L'operation a
tres-bien reussi lorsqu"une seule fois la niauvaise
odeur a disparu : si ellepersiste, repetez Topera-
tion jusqu'a ce qu'elle disparaisse totalement.
CXI. — Maniere de decouvrir si on a mi\i ou non de Teau
au vin.
Voulez-vous savoir si on a mele ou non de
l'eau a votre vin? preparez un vase en bois de
lierre, et emplissez-leavec le vin que vous soup-
connez avoir ete sophistique. Quand il contient
de Teau , le vin filtre au travers des parois du
vase et Teau reste , car le bois de lierre laisse
passer le vin.
CXII. — Fabricalion du vin de Cos.
Si vous voulez faire du vin de Cos , prenez de
Teau de mer loiu des rivages, lorsque les flots
ne sont point agites, lorsqu'aucun vent ne les sou-
leve, et dans uu endroit ou elle ne soit point al-
teree par une eau douce. Aprfes Tavoir puisee
trente jours avantla vendange, on la verse dans
un tonneau sans leremplir, en laissant sur sa
contenance un espaee vide de einq quadrantals.
Placez la bonde, en raenageaut toutefois un ac-
ces a Tair. Apres un espace de trente jours, tirez
au clair et transvasez doucement dans une autre
futaille , en laissant au fond les matieres depo-
sees. Vingt jours apres, transvasez encore Teau
de mer dans un autre tonneau oii elle sejournera
jusqu'a la vendange. Laissez bien murir sur ti-
ges le raisin que vous destinez a la fabrication
du vin de Cos. Lorsqu'une fois il aura ete alter-
nativementexpose a la pluie et a la secheresse, rc-
coltez-ie, et exposez-le au soleil pendant deux
jours, ou a Tair pendant trois jours, si le tcmps
n'est pas pluvieux : mais s'il vient a plcuvoir,
etendez-ie sur des claies a i'abri , et retrancliez
les grappes qui pourriraient. Cest alors que
dans une futaille de cinquante setiers on met
dix quadrantals d'eau de mer. Egrappez a la
main les graiues de raisins noirs , et mettez-les
dans le tonneau jusqu"a ce qu'il soit plein, alin
qu'elles s'impregnent d'eau de mer. Le tonueau
rempli, vous plaeez la bonde sans intercepter
tout a fait racees a rair. Au bout de trois jours
retirez lcs graines, foulez-les sur le pressoir, ct
serrez votre vin dans des futailles bienseches,
saines et propres.
CXIII. — Recelle pour commnniquer au vin une odcnr
agreable.
Pour donner au vin un arome delicat, em-
ployez le procede suivant. Prenez une bricpie
euduite de poix , couvrez-la de braise doucemeut
CIX. — Vinum asperum lene lieri.
Vinum aspernm quod erit, lene et suave si voles face-
re, sic facito. De ervo farinani facito lib. iv. et vini cya-
tlios IV. conspergilo sa[ia. Postea facito latcrculos. Sinito
combibant noctemetdiem. Posteacommisceto cum eovino
indolio, et oblinilodies lx. Id vinnm erit lene, et suave,
et bono colore , ct bene odoratnm.
CX. — Odorem delerioreni vino demere.
Odorem deleriorem demeie vino si voles , tcstam de te-
gula crassam puram calfacito in igni bene. Ubi caleblt,
eam picato, resticula alligato, testam demiltito in dolium
inlimum leniter.sinitobidnnmoblitumdolium : sidemptus
eritodurdelerior, id optime; si non, sa;pius facito, usque
duni odorem malum dempseiis.
CXI. — Si voles scireiu vinumaqua addita sit, nec ne.
Si voles scire in vinum aqua addilasit, nec ne, vascu-
lum facito dc materia ederacea. Yinum id, qiiod putabis
aquani habere, codem mittito. Si liabebit aquam, vinum
eflluet, aqua manebit. Nam non conlinet vinuni vas ede-
raceuiu.
CXII. — Vinum Coum si facere voles.
Vinum Coum si voles facere, aqiiam ex alto marinam
suniito, mari tranquillo, cum venlus non erit, dies i.\\.
ante vindemiam , quo aqiia dultis nnn perveniet. Ubi bau-
seiis demari, in dolium fundito, nolitoimplere, quadian-
talibus v miuiis sit, quam plenum. Operculum imponito,
relinquito qua interspiret. Ubi dies xxx pra;terierint,
Iransfundito in alterum dolium puriler, et leviter. Reliii-
quito in imo quod desederit. Post dies xx in allerum do-
lium item tiansfundito, ita relinquito usquead vindemiani.
Undcvinum Coum facere voles, uvas relinquito in vinea,
sinito bene coqiiantur. Et ubi pliierit, et siccaveiit, liim
deligito. Et ponito in sole biduum, aut triduum siib
dio, si pluviajnon eriint,si pluviaerit.in tecto incratibus
componito.et siquaacinacorrupta erunt, depurgato. Tum
sumito aquam marinam q. s. s. E. in dolium quinqiiage-
narium infundito aquee mariii.T q. x. Tum acina de uvis
miscellis decerpilo de scopione, iu idem dolium usque
dum impleveris, nianu comprimito, iit combibant aquam
njarinam. Ubi impleveris dolium, operculo operilo, relin-
quito qiia interspii et. Ubi triduum privterierit , eximito de
dolio, calcato in torculaiio, et id vinum condito in dolia
lauta, et puia, et sicca.
CXIII. — Ut odoratum benesit.
Ut odoratum bene siet, sic facito : sumito testam pica
tam : eo prunam lcnem indito, suffito serta, et schmno,
etpalma,quam babent iinguenlarii, ponito in dolio, el
ECONOMIE RUBALE.
cliauffee, parfumez-la de mililot, de jonc, et de
cette espece de baume que ron trouve chez les
marchaiids de cosrattiques. Placez-la dans un
tonneau et fermez, afm que Todeur nedisparaisse
pas avant de remplir. Ces prclimiuaires termi-
nes uu jour avant le piessurage, entoniiez le
\m aussitot qu'il passera du pressoir dans le bas-
sin , couvrez la futaille pendaut quiuze jours, en
menageant une entree a Tair, et placez la bonde.
Quarante jours apres vous transvaserez dans des
araphores en ajoutant dans chacune uii setierde
vin euit, et en prcnant laprecaution de ne remplir
que jusqu'a Torigine des anses. E.xposez vos am-
phores au soleil sur le sol nu , de pcur que Thu-
midite ne s'y introduise , et abandonnez-les ainsi
pendaut quatre jours seulement. Apres ce temps
transportez et eutassez les au eellier.
CXIV. — Viii pour les maiix ii'eslomac.
Si vous voulez obtenir un viu qui fasse uu
bon estomac, aussiiot apres la vcndange, aumo-
ment oii Ton dechausse les vigues, decouvrez
les raeines des ceps en nombre suffisant pour
faire laquantite devinque vous jugez necessaire,
et faites-leur une marque. Isolez et debarbez les
racines. Repandez au pourtourdu cep de la ra-
cine d'ellebore, que vous aurez prealablement
broyce dans un mortier. Repaudez-y egalemeut
du fumier fait, de lacendre vieillcet deux par-
ties de terre , et rechaussez. Recoltcz a part les
raisins de ces ceps. Ce vin conscrve pendaut long-
temps est laxatif, pourvu qu'ou ne le melange pas
a rautre. Buvez avant vos repas un verre de ee
vin trempe d'eau : 11 vous relachcra sans suite
facheuse.
operito , ne odor exeat , anfe quam vinum indas. Hoc facito
pridiequam vinum infundere voles; de lacu qnam piimum
vinum iu dolia indito, sinito dies xv. operta atite quam
oblinas , relinquito qua inierspiret vinuni. Postea oblinito.
Post dies XL. diCfuudilo in amplioras, etaddito in singulas
aniphoras sapsesextariumununi. Amphorasnolito implere
nimium, ansarum inlimanmi lini. Et amplioras uolilo im-
plerenimium, ansarum infimarum fiui. Et amphoras in
sole ponito, ubi lierba non siet ; el amphoras operito, ne
aqua accedat, et ue pliis quadriduum in sole siveris. Post
quatiiduum in culleum componito, el instipato.
CXIV. — Vinum si voles concinnare ad alvum.
Vinum si voles concinnare, ut alvum bonum facial,
secundum viudemiam , uhi vites ablaqueantur, quantiim
putabis ei rei satis esse vini, tot viles ablaqueato, el signato.
Earum radices ciicunsecato, et puigato. Veratri radices
contundito in pila, eas radices dato circum vitem. Et ster-
cus vetus, et cinerem veterem, et duas partes terric cir-
cundato radices vitis. Terram insuper iiijicito. Hoc vinum
seorsiim legito. Si voles servare in vetustatem , ad alviim
movendam servalo , nec commisceas ciim c*leio vino. De
eo vino cyatbum suniito , et misceto aqiia , et tiiliilo ante
aenam. Sine periciilo alvum movebil.
CXV. — Vin contre les obstructions.
Introduisez encore dans une amphore de vin
doux uue poignee d'ellebore noire que vous
retirez du vase apres la fermentation ; gai'dcz ce
vin pour reudre rcstomac plus libre. Si vous d^-
sirez preparer un vin purgatif, a l'epoque desde-
chaussnges marquez de craie rouge les ceps que
vous reservez a cet usage, pour ne pas les con-
fondrc avec les autres. Disposez au tour des ra-
eines trois petits paquets d'ellebore noire , et
recouvrez-les de terre. Mettez h part la recolte
de ces ceps, mclez-en un cyatbus dans votre
boisson ordiuaire : ce sera un relachant et un
purgatif iunocent.
CXVI. — Conservation des lentilles.
Faites infuserdu laser dans du vinaigre, met-
tcz vos ientilles dans ce vinaigre ainsi prepare,
et exposez au soleil. Faites-les ensuite tremper
dans de {'huile, et quand elles auront ete sechees,
elles se eonserveront bien saines.
CXVII. — Mani^re de confire les olives Llanclies.
II f&ut les abattre avant qu'elles se colorent,
et les faire raacerer dans une eau qu'on change
souvent. Uue fois bien macerees , il faut les
faire egnutter, les mettre dans du vinaigre;
ajoutez de Thuile et une demi-livre de sel par
boisseau d'olives. On aura prepare separement
un viuaigre aromatise avec du fenouil et des leu-
tisques; si vous voulez y mettre vos olives, ser-
vez-vous-en de suite, foulez-les avec vos mains
bien seches dans un vase de terre , et ne les en-
levez qu'au nioment de servir.
CXV. — Vinum ad alvum movendam.
Iii vinum mustiim veratri atri nianipulum conjicito in
amphoiam.tJbisatiseffei'verit,de vino manipuliim ejicito,
id vinum servato ad alvum movendam. Vinum ad alvum
movendam concinnare si voles : Vites cum ablaqueabun-
tiir, signato rubrica , ne admisceas cum caetero vino. Tieis
fasdciilos veralri atri ciicuniponito circum radices, et ter-
lain insuper iiijicito. Per vindemiam de iis vitibus, quod
delegeris, seorsiim servato, cyalhumin caeteram potionem
indito,alvum movebit, ct postridie perpurgabit sine peri-
culo.
CXVI. — Lentim (|uomodo servari oporleat.
Lentim quomodo servari oporteat. Laserpitium aceto
diliiito, permisceto leutim aceto laserpitiato.et ponito in
sole. Poslea lentiin oleo peiiVicato, sinilo arescat, ita inte
gra servabitur lecte.
CXVII. — Ole:e alb» quomodo condiantur.
Olea; albae quemadmodiim condiantur. .\nte quam nigra;
liaut contundantiir, et iu aquam dejiciantur. Crebro aquam
iiiiiles, deinde iibi salis inaceralae erunl, expriinas , eliii
aretiinicoiijicias, et oleum addas, salisselibram in modiuni
oleariim. Fccniculum, el lentisciim seorsum condas in ace-
tiiiii. Si una admiscere voles . cito ulitor, in orculam cal-
cato,manibussiccis, wini uti voles, sumito.
M. P. CATON.
("IXVIU. — Manii^re ilc confire les niivcs blanches, pour
les consommer aussiWt apris la vendange.
Prenez parties egales de vin dou.x et de vinai-
gve. Traitez-les ensuite de la maniere que nous
venons de decrire.
CXi.\.
■ Maniere de faire 1'epityrum bUuic , nijir et lii-
garr^.
Recette pour faire l'epityrurn , soit blanc , soit
noir, soit inarbre. Assaisonnez de la manieresui-
vante des olives blanches, noires et bigarrt!^es,
apres en avoir ote les noyaux. Coupez-les, met-
tez-Ies dans un assaisonneraent d'luiile, de vi-
naigre, de coriandre , de cumin , de fenonil, de
rueetde menlhe. Faites-les confiredansun vase
de terre , laissezles baigner dans Thuile, et servez
ainsi.
CXX. — Proced(5 pour avoir du vin doux toule Tannfe.
Si vous voulez conserver au vin sa douceur
pendant toute une annee, mettez-le dans une
amphore dont les parois auront ete enduites de
poix, et descendez-ledans un puits; apres qu'il
y aurasejourne pendant trente jours, relirez-le; 11
sera doux pendaut toute rannee.
CXXI. — Gaieau au vin donx.
Arrosez de moiit un boisseau de farine de sei-
c;le, ajoutez-y de rauis, du cumin, deux livres
de graisse, une livre de froraage et de la sciure
dc bois de laurier ; moulez le gateau , mettez-y des
feuilles de laurier en lefaisant cuire.
CXXU. — Vin conlre les retentions d'urine.
Broyez dans un mortier du chevrefeuille ou
du genevrier, mettez-en unelivre dans deux cou-
CXVIII.- Oleam albam secunduni viiRlemiara qua utaris.
Oleam albam quam secundum vindemiam uti voles,
sic condito. Musti tanlundem addito, quantnm aeeti.
C.Ttora item condito ita , uti supra scriptum est.
CXIX. — Epityrum album , nigrum , et varium.
Epityrum album , nigrum , variumque sic facito. ILx oleis
albis, nigris variisque nucleos ejicito. Sic condito. Con-
cidito ipsas ; addito oleum , acctnm, coriandrum , cumi-
num, lumiculum, lutam, mentani. In orciilam coudito,
oleuni suprasiet, ita utitor.
CXX. — Mustum si voles totum annum habeTC.
Mustiim si voles totnm annum habere , in amplioram
niustum indito, et corticem oppicato, demittitoin piscinam.
Post XXX. diem eximilo. Totum annum mustum eril.
CXXI. — Muslaceos sic facito.
Mustaceos sic facilo. Farina; siliginea; modium unum
inusto conspergito. Anisum , cuminum , adipis p. ii. casei
libram, et de virga lauri deradito, eodem addito. Et ubi
defmxeris, lauri folia subtus addito, cum coques.
CXXII. — Vinumconcinnare ad loUum .
Vinum concinnare, si lotiuni difficilius transibit. Ca-
preidam , vel juniperum contundito in pila , librani iiidito
ges de vin vieux , et faites-les boulllir dans un
vase d'airain ou de plomb. Apres le refroidisse-
ment , mettez-le dans une lagceua , et prenez-ea
un verre le matln a jeun : cela vous fera du bien.
CXXIII. — Vin pour les sciatiques.
Mettez en copeaux un raorceau de bois dc ge-
nevrier de la grosseur d'un demi-pied. Faites
bouillir dans une conge de vin vieux;apres le
refroidissement, versezdans uiielaga?na,ct daus
la suite vous en prendrez un verre tous les ma-
tins a jeun : cela vous fera du bien.
CXXIV. Renfermer les chiens pcndant le joiir.
Eenferraez vos ehiens pendant lejour, afin
que pendant la nuit ils soient plus ardents et plus
vigilants.
CXXV. — Vin de inyrlc.
Faites secher ii rombre des branches de myr-
tenoir, et couvrez-lesainsi jusqu'a lavendauge.
Broyez-eu alors un demi-boisseau dans uuc urne
de vin, ct bouchez le vase. Aussitdt quc la fer
mentation se calme, enlevez le bois de rayrte.
Cettepotionestexcellente quand ou est resscrre,
contre les maux dc coteset contre les coliques.
CXXVI. — Pri^servatif contre la colique, la dyssente-
rie , les teignes et les vers.
Si vous souffrez d'une indigestion, de la dys-
senterie, si lesteignes et les vers vous tourmen-
tent, prenez trente grenades sures, broyez-les,
mettez-les dans un vase avec trois conges d'un
vin noir et dur, et bouchez. Trente jours apres
vous pouvez lc deboucher et vous cn servir, en le
prenant a jeuu a la dose d'une hemine.
in duobus congiis vini veteris in vasc aheneo , vel iii pliim-
beo defervcfacito. Ul)i refiixerit , in lagffiuam iiidito. Id
mane jejunus cyalhuni sumito : proderit.
CXXIII. — Yinum ad ischiacos.
Vinum ad iscliiacos sic facito. De junipero materiam
semipedem crassain concidito rainutim. Eam infervefacito
cum congio vini veteris. Ubi relrixerit, in lagoenam ron-
fundito, etpostea id iitito vini cyalhum mane jejunus:
proderit.
CXXIV. — Ut interdiu canes clausos habeas.
Canes interdiu clausos esseoportet, ut noctu acriores
et vigilantiores sint.
CXXV. — Vinum myrlcum sic facito.
Viniim murteum sic facito : Murtam nigram arfacito
in umbra. Ubi jam passa erit, servato ad vindemiam : m
urnam miisti contundito murtie semodium, id oblinito.
Ubi desivcrit ferverc mustum , miii tain eximito. Id est aa
alvmii crudam , et ad lateris dolorem , el ad coeliacum.
CXXVI. — Ad tormina , et si alvus non consUtat, et si Une.-e
ac lumbvici molesti cxsistant.
Ad tormina, et si alvus non consistet , et si teniae, ct
lumbriii inolesti eriiiit, xxx mala Pnnicaacerba sumito,
contundito, indito in urceum, et vini nigriausteri cong.os
trcA, vas oblinito. Post dies xxx. aperito, et utito ■. jejuniis
heminam bibito.
ECONOMIE RURALE.
CXX Vri. — RcmMc contre lcs indigeslious ct les retcu.
tions (i'uiiue.
Cucillez dcs fleurs de grenadier lorsqu'elles
s'epanouiroiit , mettez-en trois raiiies daus une
amphore, ajoutez-y un quadrantal de vln vieux
et une miue de racine de fenouil. Ijouchez
ramphoi-e, ne l'ouvrez qu'apres un mois, et ser-
vez-vous de la liqueur. Quand vous voudrez
digei'er ou uriner, vous pourrez en boire a vo-
lontesans aucun danger. Le vinprepare de celtc
maniere est cgalement un preservatif eontrc !a
teigne et les vcrs..Qaand un enfant en cst loiir-
mente, ne le laissez pas souper. Le lcndcmain
prcncz une drachme d'eiicens, une drachms de
micl cuit, ct un sctier de vin d"origan, admi-
nistrcz-lui le rcmede a jeun a la dose de trois obo-
les, suivant sonage, ct une hemine de vin. Fai-
tes-lc montcr dix fois siir la pierre a moudre ct
sautcr cn bas ; ordonuezlui la promeuade.
CXXVIII. — Crepissage dcs liabitations.
Si vous voulez crepir votre habitation , choi-
sissez une terre oii domine soit la craie, soit Tocre ;
melez-y dc ramurque ct de la paille hachce.
Laissez fermenter le tout pcndant quatre jours.
Apr6s quoi vous le travaillerez avec le rable, et
vous vous en scrvirez pour crep.ir. Cet enduit
cloignera rhumidite nuisibie , ne se laissera pas
entamerpar les rats, empechera riierbe dc croi-
trc et lcs murs de se lezarder.
CXXIX. ~ .Wre i liattre lc bM.
Bechez la terre en la pulverisant, arrosez-la
d'amurque cn telle abondauce, qu'elle en soit
saturcc autant que possible, pulverisez-la de
nouveau , et nivelezla k Taide du cylindre ou
de la batte. Cenivellement empechera les four-
misde la soulevcr, et les pluies de la detrcm-
pcr.
C.VXX. — licpandre de ranmrqiie au pied des arbres.
Arrosez d'araurque crue les troncs d'olivier
et les autres bois; exposez-les au soleil pour fa-
voriser rimbibition. Cela lesempecheradefumer,
et en facilitera la combustion.
CXXXI. — Offraude pour les bccufs.
Faites aux dieux une offrande pour la sante
de vos bocufs. Commencez a labourer au prin-
temps : debutez par les sols pierreux et sablon-
ncux, et terminez par ceux qui sont les plus
compactes et les plus humides.
CXXXII. — Jlanif^re de la faire.
Voiei comment il faut faire cette offrande : prc-
sentez a Jupiter Dapalisunecoupe dequelquc vin
que ee soit. Ce jour sera chomepar les boeufs, par
les bouviers, et par ceux qui feront le sacriiice.
Au moinent du saerifice vous ferez cette pricre :
" .Tupiter Dapalis , je remplis mon devoir en t'ol'-
frant eettc coupe de vin daas ma niaison et au
sein de ma famille; a cette cause daigne Tavoir
pouragrcuble. >> Lavez eusuite vos mains,prenez
io vin, etdites : « Jupiter Dapalis, agree ce festin
que je dois t'offrir. Recoisce vin place devant toi. >■
Si vous le trouvez bon , presentez une offrande a
Vesta. Le festin preseiite a Jupiter eonsiste en
un morccau de porc roti, et en unecoupede vin
intacte. Faites cetfe offrandesans y toueher; le
festiu termine , seniez le millet, le panis , Tail et
la lentille.
CXXVII. — Ad dyspep.siani et stranguriam.
Ad dyspepsiam et straiiguriam [niederi]. Maluni Puni-
cuni ubi florebil, coliiglto. Tris niinas in anipliorani in-
fnndito. Vini q. i. veteris addito, cl fcrnicnli radiceni puiam
contu.sam niinam. Obiinito amphoram, et post dies xxx
aperito et utitor. Ubi voies cibum concoquere, et loliuni
facere, hinc bibilo quantum volcs siue periculo. Idcni
viiiuni teiiias perpurgal, et lumbiicos, si sic concinnes.
Incoeuatum jube esse, postridie tliuris dracbniam i ; con-
lerito, et niel coclumdraclimam UDam,et vini sextaiiuni
origanili, dalo jejuno, et puero pro astale triobolum, et
vini beminam. Supra pilam inscendat, et saliat decies, el
deauibulcl.
CXXVIII. — Habitationcm dclutare.
Si habitationem delutarc vis, tcrram quam maxime
cretosam , vel rubi icosaui sumito , eo amurcaiu infnndilo ,
paleas iiidito. Sinito qnaliiduum Iracescat. Ubi bene Ira-
euerit, rulro contidito; ubi concideris, delutato. tla neqne
aspergo nocebit, neque mniescava facicnt, ncque licrba
nascetur, nequc Intamcnla scindcnt se.
CXXIX. — Arca fruineularia quomodo liat.
Aieam ulii Irumcnlum teratur, sic facito : Confodiatur
iuinutc terra, amurca bene conspergalur, ut combibat
quaui plurimum. Comminuito teriam , et cylindro ant |ia-
vicula coa;quato. Ubi coicqnalacrit, neque formica! mo-
lesla; erunt, et cum plueiit, lutum non erit.
CXXX. — Ligna aniurca aspargantur.
Codieillos oleaginos , et caelera ligna amurcanuila pcr-
spergito, et iii sole pnnito, perbibant bene. Ita ncque fii-
niosa erunt, et ardebunt bene.
CXXXI. — Dapeni pro bubus.
Dapcm pro biibus piro llorente facito. Postea venn)
arare inclpilo. Ea loca prinnim arato qua' rudecta aicno-
sa(pie erunt. Postca nti quaeque gravi»sinia atcpie aquosis-
siuia erunt, ila postremo arato.
CXXXII. — Dapem quomodo facias.
Uapem lioc niodo ticri opoitet. Jovi dapali culignani
viniquantuni vis polluceto. Eodie fcri* bubuset bnliolcis,
ot qui dapciii facient. Cuiu pollucere opoitebil, sic facics.
Jupiler dapalis, quod tibi (ieri oportet, in domo familia
nica culignam vini dapi , ejiis rei ergo macte hac illate dape
pulliicenda esto. Jlanus interluito. Postea v inum siiiuito.
Jnpiler dapalis, (niactc istace dape pollucenda esto.) Macle
viiio inferio cslo. Vesta; si voles dalo. Da|is Jovi assaria
pecnina, nrna vini Jovi castc. Profanato siue contagione.
1'ostea (jape facta seiito milluni, paniciini, aliiiin, lenlim.
= 6 M. P. GATON
CXXXJII. — .Mulliplicatioii ilos arbres fruiliers et autres.
Les drageons que poussent les racines des ar-
bres sei-ont couches en terre , et leur soQiraet re-
leve, afin qu'ilspuissent prendre racines. Levez-
les entemps propiee etpiantex-lessoigncusemeut.
Leflgiiier, rolivier, le grenadier, lecognassier,
!epoirier-coin,tous !espommiers,le laurierdeCy-
pre, celiii de Delphes, le myrtf ('pithalame, le
myrte blanc et le noir, le noyei' d'Avelino, celui
de Preneste, le platane, se propagent de boutures
enlevees a la souche principale. Les arbres qu^on
affectionne seront plantes soigneuseraent dans
des pots- Pour leur faire prendre raciues sur Tar-
bre meme, on se mnnit d'un pot troue ou d'un
petit panicr. On y fait passer la branche , on les
reraplit de terre quon a soiu de tasser, et on !es
laisse sur Tarbre. Deux ans apres on coupe la
branche au-dessous du point d'inscrtiou , et on
la plaute avec le panier. On pourra ainsi faire
prendre des racines vigoureuses a toute espeee
d'arbres. Pour multiplier la vigne on emploie
aussices pauicrs, qu'on remplit bien de terre; on
sevre Tauuee suivante, et ou plante un pieu
CXXXIV. — AYantlamoissoniinmolerlatniie precidanf5e.
Avant !a moisson , faites de la maniere suivante
lesacrificede la truie precidauee : immolcza Ceres
la truie precidanee, femelle du porc, avant de
couper repeautre, le ble, rorge, la feve, et la
seraence de raves Le. vin et rcucens nous ren-
dront propicesJanus, Jupiter et Junon. Avantdc
sacrifier la truie, presentez un gciteau ci Janus
cn iui faisant eette priere : « Janus, notre pere, au
nora de raon bumble offrande , je te presente mes
supplications alin que tu m'aecordes ta protection
pour raoi ,' pour mes enfants , pour ma maison et
mes gens : > Offrez anssi a Jupitcr un gdteau et
cette priere ; « Jupiter, au nora de ce g^teau , je
teconjure d'ecouter mcs priercs, et de uous ac-
corder ta protection, a moi, a mes enfants , a ma
maison, et a me.sgens. >> Presentez ensuite levin
h Janus en lui disant : « Janus, notre pere , avec
un g^teau je t'ai adresSe ma priere suppliante :
recois de memeavec bonte ce viu que je t'offre. »
Adressez-vous ensuite a Jupiter : « Jupiter, recois
ce gateau, recois ce vin place devant toi. » Alors
imraolez la truie precidanee. Aussitot que les en-
trailles aurontete divisees, onpresentera a Janus
son gateau,eton l'adoreracommeprecedemment.
On offrira de meme a Jupiter des prieres et le
gateau, corame on Ta deja fait. On presentei^a
du vin a Janus et a Jupiter, corame lorsqu'on
leur offrait les gSteaux. Ensuite on cousacre a
Ceres les entrailles de la victimo, et du viu.
C.XXXV. — Lieux oii il faut acheter Ie« luniques, les
casaques, les uslensiles de fi-r et aulres.
On se pourvoira a Rorae de tuniques, de to-
ges , de saies , de casaques ct de sabots ; a Calvi
et a Minturue, decapuchons, d'ustensiles en fer,
de fauXjdepelles, de houes, deliaches, de har-
iiais, de chausse-trapes, de chahieltes ; a Vena-
fre, depeIles;aSuesseeten Lueanie, de chars;
a Albe, de traineaux ; a Rorae, de futailles et de
bassins; de luiles a Venafre. Pour lesterres eom-
pactes les araires devront etre tires de Rome, et
de la Campauie pour les terres poreuses : les meil-
leurs jougs se tirent de Rome; on y trouvera
CXXXIII. — Propagalio pomorum, c:Pleraruinque arJjorum.
Propagatio pomorum , cccteiarumque arboriim. Arbo-
ribus ab terra pulli qui nati eruut , cos in terrain deprimito,
cxtollito uli radicem capere possint. Inde ubi tempus erit,
cflodito, serttoque recte. Ficum, oleam, nialum 1'uni-
cnm, miJa strutbea , cotonea, aliaque malaonmia, laii-
rum Cypriam , Delphicam, piuniint , myrtum conjiigulum ,
et myi tum album et iiignini, nui cs ivellanas, Prajuestinas,
platanum ; litec omnia genera a capilibus propagari exlmi-
que ad liunc modmu oporlebit. Qua; diligentiiis seri vole; ,
in Cttlic.ibus seii oporlet. In arboribiis ladircs uti ca|iiant,
«ijliceni portuoiim sumito libi, aut quasillum, per emu
ramiilum Iranserito , eum quasillum terra iinplclo calca-
toque, in aitiorem lelinqiiito. Ubi bienniiini eril, ramum
teneruin inlra prajcidilo, ciim quasillo ajiito. Eo niodo
quod vis genus arborum facere poleris, uti radices bciie
babeant. Ilem vilcm inquasilliim propagato lcrraque bcne
operilo, anuo posl prajcidilo, cuin qualo seiito.
CiXXIV. — Antequam messem incipias, uti porcum
preecidaneuni fad;is.
Priusquam messini facies , [HirtMm prrecidnM-tim luic
inodo fieri oportet. Cereii porca piav;idanea , porco fce-
inina, priusquain liasce fruges coiidantur, lar, triticum ,
ordeum, fabara, semen rapicium; tliure, vino, Jaiio,
Jovi, Juuoni proefato. Priusquam porcum foeminain im-
molabis, Jano slruem commoveto sic : Jane pater, te li?c
strue commuvenda bonas preces precor, uti sies volens
propitius mihi, liberisque nieis, domo familiaeque mea'.
Ferctum Jovi moveto et mactato sic : Jupiter te lioc
fercto obmovendo bonas preces precor, uli sies volens
propitius mibi liberisque meis, domo familiaei(ue inea».
Factus liocfercto. Poslea Janovinum dato sic : Jaiiepater,
uti le strue commovenda bonas preces bene precatus suiii ,
ejiisdem rei ergo macte vino inferio esto. Poslea Jovi sic ;
Jupiter macte fecfo esto. Macte vino inferio eslo. Poste.i
porcain pra;cidaneam immolalo. Ubi exta prosecta erunt ,
Jano struem cominoveto, niaclatoque item uti priiis obmo-
veris. Jovi ferctiim obmoveto , macLatoque itein uli priiis
feceris. Item Jano viuum dato, et Jovi vinum dato , ita
uti prius datum ob striiem obmovejidam , et ferctum liban-
dum. 1'ostea Cereri exta et vinum dato.
CXXXV. — Tuuicie etcentones, fcrramenta et reliqua uten-
silia ubi emantur.
Romas tunicas, togas, saga, cenfeone^ , sculponeaa : Ca-
libuset Jlinliiruis cuculliones, ferramenta , falces, palas,
ligones, secures, ornamenla, murices, catellas : Veuafro,
palas. Suessa;, et in Lucanis plostra, treblce Alb« ; Ronia;
dolia, labra ^tegul.-e ex Venafro. Aratra in terram validam
Romanica bona erunt , in teiram pullain Cumpanica , juga
Romaiiica optima erunt. Vomis indutilis optimus erit.
ECO\OMIE RURALE.
aussi les socs Ics plus aceres. On tircra los tra-
petes de Pompeia ; les clous, de Nole, pres dc^
niurs de Rufrus; les serrures, de Rome. Oii trmi-
vera a Capouu des st'au.\ , des jattes a huile, des
vases pour Teau , des urnes pour le vin , ct tous
les auti-es ustensiles en cuivre. On trouvera a
Nole les corljcilles de Campanie, et ce sont les
meilleures. Lts cordes de poulies et toute ia
eorderie se tirent de Capoue. Les corbeilles
romaines viennent de Suesse et de Casinum :
mais celles de Rome sont preferables. Celui qui
fait faire a Casinum des cables de pressoir les
payera cinquante ecus chez Tunnius; a Venafre,
C. Mennius les fait payer ccnt tcus. Huit hons
cuii-s ne sont pas de trop pour ccs eables. Les
notrcs ne devront etre ni vicux, ni manies, ni
impregnes d'une trop grande quantitede sel.On
les tannera et on les huilera , puis on les fera se-
cher. On devra couper le cable sur une longueur
de soixante-douze pieds, et Ini donncrtrois tou-
rons, dont chacun aura neuf courroics de deux
doigts de large. Quand il sera cable, il ne nie.ni-
reraplusquequarante-neufpiedsen longueur. La
jonction sur les coutures aura une course de trois
picds ; ii ne restera ainsi que quaraute-si.x pieds.
Eq le violentaut par rexteusion, il s'ailongera dc
cinqpiedsetauraunelongueurtotaledccinquantc
(t un pieds. Pour les plus grands prcssoirs il fiint
que letableait cin(iuante-cini( picds ; tinquante-
iin sufiisent pour les petits. La longucur la plus
convenable dc la courroie pour les charrettcs est
de soixante pieds; la petite corde aura quarante-
cinq pieds : les guides pnnr la charrette auront
trente-six pieds; les guides ponr Faraire vingt-
six, ies traits vingt-sept et demi; lcs cuirs qui
(ixent le timon aux jougs auront di:i-neuf picds;
la pctite cordcquinze pieds. Pour la charrue les i
premiers auront douze pieds, et la seconde huit '
picds. Les pressoirs lcs plus grands auront quatre
piedsctdemi, les nicules aurunt trois picds et
demi de diametre, sur im pied et une palmed'e-
paisscur par le milieu , ausortir de la carriere; il
y auradeux doigts de ()istance entre le miliaire
et le rebord du bassin; cerehordauracinqdoigts
d't'paisseur. Ceux du seeond ordre auront quatre
piedset une palme de largeur; il y aura un pied
un doigt entre le iniliaire et le rebord du bassin ;
ce rebord aura cinq doigts d'(^paisseur ; leurs meu-
les auronttrois pieds et cinq doigts d'epaisseur.
Vous ferez dans les meiiies un trou rond qui les
traversera de part en pr\rt , en conservant d'un
cijte a Tautre le meme rayon de six pouce.s. Ccux
du troisieme ordre auront quatre pieds de lar-
gcur. II y aura un pied cntre le miliaire et le
rehord du bassin; ce rebord nura cinq doigts
d'(3paisseur; la meule auratrois piedsdeux doigts
de diam(:'tre et un pied etdeux doigtsd'('paisseur.
Lorsque le trapete aura cte amene a Tendroit oii
vous voudrez le placer, vous le monterez et
rajusterez sur le lieu miime.
CX.XXVI. — Ooii(tilions a iinposer ai! coloii pai tiaire.
Dans le territoire de Cassinum et de Vt^nafrc
on donnera au meiayer le huitii>me du produit
dans un bon sol , le septieme dans un sol ordi-
naire, le sixieme dans un sol mediocre si le par-
tage se fait au panier, et le cinquicme s'il se
fait au boisseau. Daiis les meilleurs terrains d(^
V\>uafre on ne donne au colon que la neuvieme
partie mesuriie avant le depicage. Si ron fait
raoudre en commun, le metayer pnyera son
droit de niouture proportionnellement ;i la part
qui lui est attribu('e. II aura la cinquieme par-
tie du produit de Torge et des fevis aprcs le
battase.
Trapeti Pompeiis. Nolse ad Rufii maceriain claves. Clostra
lioiiiic. Hania^, urn.T olcaiia^, nicci aqnaiii, urna! viiiariae,
alia vasa aiienea Capua;. Noloe liscinjc Campanic». Hae
liama; uliles sunt. l'unis snbductarius , spailum omne
Capua;. Fiscinas Romaiiicas Suessa- , Casino. E;e optinia:
erunt Roma'. Funcm toiculum si qiiis facictCasini L. Tun-
iiius. Venafii C. Mennius L. V. eo iudeie opoitet coria
l)(>na viu, Nostialia recentia quae depsta sient, qiiam mi-
uimum salis liaheant , ca depsere et iingiiere unsuuie pi ius
opoitet, lum siccaie. Funem cxoidiii oporlet lontjum
pedhs Lxxii. loros iii. liabeat, loia in tofos singulos ix.
lata digitos ii. Cum lorlus eril longus pedes xli\. In com-
inissuia abibunt pedes iii, leliipiuin eiit pcdes XLvi. Ubi
exlenlus erit, accedent p. v. lungus oiil p. li. Fuiiem
torculnm ixtenluin longiim esse oportef pcdes lv, maximis
vasis : minoribus pedes n. Fuiiem loieiim iu plo.stnim
jusluin pedes lx. Semifiinium pedi'S xlv. Lorca rctiiiacula
in plostrum pcd. xxxvi , ad aratriiin pcd. wvi loia pia^-
ductoria ped. xxvii. s. subjugia in idostium lora p. xrx. fmii-
culum pcd. XV , in aratrumsubjugia loia p. xn. Funiculum
ped. vm. Trapetos lalos maxinios pcd. iv. s. orbis altos
pcd. iii. s. orbis medios (ox lapicidinis cum cximcl) crassos
pedem, ct palnium. Inter miliaiium el labrum ped. i. digi-
tos n. labra crassa digitos v. Secuiidarium trapelum lalum
ped. IV. et palmum. Inter miliarium ct lahrum pedem
unum, digitiim unum, labra crassa digilos v. orbes altoo
ped. III. etdigitos v. cras.sos ped. i , et digitos iii. Fnramcn
in orbes semipad. quoquoversnm facito. rertiiim tiapetum
latiim ped. IV. inler miliarum et labnun pe<l. i. labnun
dig. v. orbis altus ped. iii. digilos iii. crassos ped. I. digi-
tos 11. Trapctum ulii arvcclum eril, ubi statues, ibi et
commodato , concinnatoqiie.
CXXXVI. -^ Pollinlioiiem quo pacto dari oppnrtent.
Politionem qiio pacto dari oporteal. Iii agro Casinate
et Veiialro in loi^o iiono parle octava corbi dividat , salis
bono .septima, tertio loco scxla; si graniim moilio dividel ,
parli ipiinta. In Venafro ageroptimus ix parti corbi divi-
dat. Si coinniuniter pisiinl , qua ex parte politori pars est ,
cam parlem iii pistriuum politor. Ordciim qninta modio,
labain quiuta niodiu di>idat.
38 M. P. C
CXXXVH. — ConditiiJns it inip«ser au vigneion paitiaire. i
Que le propriutaiie surveille d'une maniere
severe les vignes, les terres, les arbres et les
eultures qu'il laisse en metayage. II abandonnera
au colon le ibin et les fourrages neccssaires a
Tentretien des bciufs que reclaraent les travaux.
Tout le reste sera partage saus distinction.
CXXXYIII. — Tiavaux ])fmiis aux bceufs Iob jours de
f«e.
II est permis d'atteler les bocufs pendaut les
jours feries, pourvu que ce soit pour le trausport
du bois , des pailles et du ble qu'on ne donne
point. Lesmulets, lescbevaux, les Sues nech6-
ment jamais que les fetes de famille.
CXXXIX. — Manifere d'^agtier un bois.
Preliminaires usites a Rome avant d'elaguer
un bois. Offrez un porc en expiation, et prononcez
ces paroles : <■ Qui que tu sois , dieu ou deesse ,
divinite aquice boisaete consacre, accepte Tof-
frande queje tefais avant deTelaguer. Eumemoi-
re de ce sacrifice pardonne cet elagage que nous
ferons , moi ou les niiens sous mes ordres. Cest
dans ce but qu'en foffrant ce porc en expiation,
je te conjure d'aecorder ta protection a moi , a
ma maison , a mes gens et a mes enfants. Agree
roftVande expiatoire de ce porc que je vais te
sacrifier. "
CXL. — Sacrifice expiatoire a offrir en cas de defricliement.
Si Yous voulez defricher , faites un autre sa-
crifice expiatoire de !a meme maniere , si ce n'est
que vous y ajoutez ces paroles : « En cas qu'on
vienne ay travailler. » Unefois la besogne com-
CXXXVIl. — Vineam redemtori partiario quomodo des.
Vinejni curandani partiario beiie curet; funduni, ar-
bustuni, agruni frumenlarinm. Parliario fa;num el pabu-
lum, quod bubus satissiet, qui illicsient. Caiteraomnia
pro indiviso.
CXXXVIU. — Boves quomodo feriis conjungere licet.'
Boves feriis conjungere licet. Hoc licet facere , aivc-
bant ligna , fabalia , trumcntuni , qnod non daturus eril.
Mulis, equis, asiuis feriiE nuUse, nisi si in familia sunt.
CXXXIX. — Quemadmodum lucum collucare debeas.
Lucum conlucare liomano more sic oportet. Porco pia-
culo facito. Sic verba concipito : Si deus , si dea es , <pio-
jum illud sacrum esl, uli libi jus siet porco piaculo facere,
illiusce sacri ooercendi ergo. Harumce rerum ergo sive ego
sive qnis jussu meo fecerit, uli id recte fuclumsiet. Ejus
lei ergote lioc porco piainlo immolando bonas preces pre-
cor, uli sies volens propitius niibi, donio familiseque mete ,
liberisque meis. Harunice rerum crgo macte lioc porco
piaculo inuiiolando eslo.
CXL. — Si fodere velis altero piaculo quid facere debeas.
Si fodere velis , altero piaculo , eodem modo facito ; lioc
jniplius dicilo, operis faciundi causa ; tum opus quotidie
\TON.
mencee, travaillez tous les jours sur quelque
partie; car s'il y a interruption a cause des fetes
publiques ou de famille, il faut rccommeucer le
sacrifice.
CXLI. — Purificalion des terras.
Faites circuler autour de la terre la victime
suovitaurilienne. Je fordonne, Mauius, de pro-
mener cette triste victime autour de mon do-
maine et de ma terre , soit en totalite , soit seule-
ment sur la partie que tu jugeras a propos de pu-
rifier, afin qu'a Taide des dieux le succes cou-
ronne raes entreprises. Auparavant offrez du vin
a Janus et a Jupiter, et dites : Mars iiotre pere,
je te conjure d'etre propice a moi , a ma maisou
et a mes gens ; c'est dans cette intentiou que j'ai
fait promener une triple victime autour de mes
champs , de mes terres et de raes biens, afin que
tu cu ccartes, eloigne et detourne les maladies vi-
sibles et invisibles, la sterilite, la devastation, les
calamites et les intemperies : afin que tu fasscs
graiidir et prosperer mes fruits, mes grains,
mes vignes et mes arbres : afiu que tu conserves
la vigueur a mes bergers et a mes troupeaux , et
que tu accordes sante et prosperite a moi , a ma
raaison et a mes gens. Aussi, pour puriiier mes
charaps, mes terres etmes biens, ct pour faire
un sacrifice expiatoire, daigne agreer ces trois
victimesa la mamellequeje vais imraoler. Mars
iiotre pere, agreez dans cc but ces trois jeunes
victimes. Saisissez le couteau pour empiler les
galettes et le gateau,etoffrez-les. A mesurequ'on
imraolerale porc, Tagneau et le veau, on dira :
Sois glorifle par cette victime suovitaurilienne.
per partcs facito ; si intermisei is, aul feriae publicse aut fa-
miliares intercesserint, altero piaculo facilo.
CXLt. — Si agrum lustraveris, quid tunc tacere debeas.
Agriim lustraresicoportet. Inipera suovitaurilia circum-
agi. Cuin divis voleutibus, qiiodque beue eveniat, mando
tibi Mani, uti illace suovitaurilia fiinduiu, agrum, terramque
meam quota ex parle sive circuniagi , sive circiimlerenda
censeas, ulicuresliistrare. Janum, Jovemquevinopra^fami-
no, (sic dicito : ) Mars palerte prccor, qusesoque uti sies
voleiis propitius milii, domo, familiaique nostra;, quojiis
rei ergo agrum , lerrain , fundumque meum suovitauralia
circuniagi jussi. Ut tu morbos visos, iuvisosqiie, viduer
latem, vastitudinemqiie, calamitates, intenqieriasque
proliibessis , defendas, averruucesque. Uliquetu fruges,
frumeiita, vineta, virgultaque grandire, beneque eveniie
siiias. Pastores , pecuaque salva servassis, quisque bonam
Siilulem valetudinem(|ue mibi, domo, familiaeque nostra:.
Hanimce rerum ergo fundi , lerrae agrique mei lustraiidi ,
liistiique faciendi eigo sicuti dixi macte liisce suovituari-
libus lactentibus immolandis esto. Mars pater ejusdem rei
ergo, macte hisce suovitaurilibus lactentibus esto. Item
ciiltro facilo sUuem, et fertum uti adsiet. Inde obmoveto.
Ubi poi cum immolabis , agnum , viliilumque , sic oportet,
Ejusqiie rei ergo macte liisce suovitaurillbus imniolandis
esto. Nominare velat matrem.neque agnum, viluliimque.
Si minus in omnes lilabit, sic vei ba concipito : Mars palerj
fiCONOMIE RURALE.
II n'tst point perniis de prononciM' lcs raots pore ,
agneau, \eau.Sices victimes n"ont point apaise
ladivinite, on lait cette priere : Mars notre pere ,
si queique chose t'a deplu dans ce sacrifice des
trois jcunes viclimes, accepte en expiation ces
trois autres. Si on presume que l'une ou deux
des victimes n'a pas eteagrcee, on fait cette priere :
Mars uotre pere, puisque le saerifiee de ce porc
nc t'a pas ele agreable , aecepte ce porcen expia-
lion.
CXLII. — Devoirs Je rinteiuiant.
II fera ce que le maitre commande, executera
ies travauxque reclame iaterre. II fera ies acbats
et les prcparalifs convenables ; il se procurera et
soignera les provisions de bouche et des vete-
ments pour les gens de la ferme; il ecoutera
surtout attentivcment lesordresdu maitre. II faut
de plus qu'il se niette en rapport avec la mena-
gere,etqu'il sacbe lui donner scs ordres pour
que le maitre, a son arrivee, trouve prepare et
bien en ordrece dont il a besoiu.
CX.LIII. — Dcvoirs de la prenii^re servante.
II surveillera la menagere, afni qu'elle rem-
plisse ses devoirs. Si lemaitre te radonnee pour
epouse, n'en cherche point d'autres. Inspire-lui
de la crainte , et fais en sorte qu'elle ne soit point
prodigue; quelle voie le moins possible ses voi-
sinesou d'autres femmes ; qu'eUe ne recoive per-
sonne ni a la ferme, nichezelle ; qu'elle ne mange
point ailleurs ct ne soit pas coureuse : qn'elie
ne fasse point de sacrifice ; qu'elle ne charge per-
sonne d'en faire pour elle ; sans Tordre du nialtre
ou de la maitresse; qu'elle se souvienne que le
proprietaire offre des sacrifiees pourtous ses geus.
Amie de la proprete, qu'elle tienne toujours la
ferme propre et balayee;que touslesjoursavant
si quid tibi in illisce siiOTilamilibus lactenlibns, neqiie
satisfactuin est, te liisce snovitauiilibus piaculo. Si uno,
duobusve dubilaveiit, sic verba concipito : llais pater,
quod tibi illoce porco, neque salisfactuin est, te lioce
porco piaculo.
CXLn. — Xilliciofficia.
Vilici officia qua' sunt , qii;e dominiis pi'a?cepit , ca om-
iiia qua; in fundo lieri oportet, qu.x-que emi pararique
oiiortel, quoinodoipie cibaria, vestiinenta familiac dari
oportet, cadem uti cnret, faciatque moneo, dominoque
dicto audiens sit. Hoc amplius, quomodo vilicam uti opor-
ttt, ct quomodo eac imperari oportet, uti advent» d(T-
niini, qua; opus sunt , paientur, cuiTiituique diligenter.
CXLIII. — VilliCiEoflicia.
Vilica; quac sunt pflicia, curato fac.iat. Si eam tibi de-
dcrit dominiis u\oiem, ea esto conlentus. Ea fe metiiat.
Facito ne niniiiim Uixuiiosa sict. Vicinas aliasque innlieres
quam niinimum utaliir. Seve doniiim , neve ad sese reci-
piat. Ad ca-uam nequo eat, ncve ambulatri.x siet. Rem
diviuam ni faciat,iicvc inandet, qiii prucafaciat,injiissu
doinini, aut duiuin»:. Scito doiiiinum pro tola faiiiilia rcm
de prendreson repos TAtre soit propro et halaye.
A l'arrivee des kalciides, dcs ides, des nones et
des joursde fete, elle suspendra au foyerune cou-
ronne de fleurs. Dansces jours elle consacrera tous
ses loisirs a prier les lares de la maison. Que tou-
jours elle ait des aliments prcpares pour toi et
pour les gens ; qu'elle ait un poulailler bien peu-
pleetdes ceufs en abondance; qu'elle fasse une
ample provisionde poires seches, de sorbes,de
figues, de raisins cuits au soleil , de sorhes confi-
tes dans du vin cuit, des poires et des raisins en
caisse, et dcs coings. Qu'elle enfouisse dans la
terre dcs potscontenantdes raisins stratifies avcc
des marcs. Qu'elle tienne egalement sous la
tcrre des ncix fraiches de Preneste enfermees dans
des potsde terre. Qu'elleait en reservedescoiogs
de Scantium,des coings sauvagcs, et tous les au-
tres fruits de garde. Celte provision doit se re-
nouvelcr avec soin toutes les annees. Elle saura
se procurer de boane farine et du gruau fiu.
CXLIII. — Coiiditions pour la recolte des olives.
Voiei a quelles eonditions il convient de don-
ner a forfait la recolte des olives. Que toutes les
olives soient diligemment recollees a la guise
du proprietaire , ou de son remplacant, ou de
celui a qui lcs fruits ont ete vendus. On ne les
pincera point, on ne les gaulera pas non plus sans
rordre du raaitre. Si quelqu'un enfreint la loi,
son travail ne sera paye ni a lui , ni a i'cutrepre-
neur de la cueillette. Ceux qui sout occupes a la
recolte jnrerontdevant le maitrc, ou dcvant son
prepose, quils n'ont soustrait, ni eux ni leurs ca-
marades, aucuae portion de la reeolte d'oli-
ves faitesur le domaine de L. Manlius. Si quel-
qu'un refuse le sermeut, ni le proprictaire ni
1'entrepreaeur ne lui payeront poiat sa part pro-
divinam facere. Muiida siet. Villain conversam mundam-
que liabeat. Fociiin punim ciicumversiim quolidie, |iriirs-
quam cubituin eat, liabeat. Kalendis, Idibus, Noiiis, lesliis
dies cum eril, coionam in fociim iudat. Per eosdemqiio
diesLari familiari pro copia suppliicl. Cibiim libi et faiiii-
liic curct uti cuctuui liabeat. Galliiias multas, ct ova iili
babeat. Pira arida, sorba, ficos, uvas passas , soiba iii
sapa, et piia , ct iivas in doliis , et inala strutliea. Uvas in
vinaceis, et in uiceis,in terra obrulas.EtnucesPraencsli-
nasieeentes in urceo in terra obrutas babeat. Mala Scan-
tiana in doliis, el alia, quae condi .Sdlpiit, et silvatica. Hac
omnia qiiotannis diligenter uli condita liabcat. Farinaiii
bonam , et far subtile sciat facere.
CXLIV. — Lex olese legendic.
Oleara legendam lioc nindo locare oportet. Oleam cogito
recte omnein arbritralii domini, aut qiiem custodem fe-
cerit, autciiiolea venierit. Oleam iie stringito, ncvevcr-
berato injussu doniini aut ciislodis. Si adversiis ea qiiis
fecerit, qiiod ipse eo die delegerit, pro eo nemo solvet,
neqiie dcbcbiliir. Oleain qiii Ifgciint, omnes juranto ad
dominum , aut ad custodcm , sese oleam non surripuissc ,
nequc quemquam suo dolo inalo, ca oleitate ex fundo L.
40 M. P.
portionnelle , et il ne lui sera rien du. 1! presen-
tera une eaution pourlabcnnerecolte desolives,
tt cette caution devra etre agreee par L. Man-
lius. Les echelles seront rendues dans le meme
etat qu'elles aurout ete pretees, excepte eelles qui
auraient ete brisees par suite de vetuste. Si elles
sont deteriorees, on en rendra de pareilles, ou bien
le prix en sera deduit par experts. Si par la faute
deTentrepreneur leproprietaireeprouve quelque
dommage, ilfautei)trerencomposition. On pren-
dra pourarbitre un homme bien fame. L"entre-
preneur est tenu d'avoir assez de monde pour
cueilliretpouramasserlesolives; s'ilnelefait pas,
on diminue sur le prix la valeur du travail qu'il
a cede ou sous-loue. II ne s'appropriera ni fruit,
ni bois provenant de la plantation. Si quelquun
de ses ouvriersen emporte, ondeduira sur le prix
convenu quarantesestertii pour chaque soustrac-
tion, et 1'entrepreneur ne donnerapas eette sorame
aTouvrier. Toutcs les olives seront mesurees bien
proprcs dans le boisseau a olives. II occupera
constammeut einquante personnes . dont les deux
tiers pour faire la reeolte a la main. II ne faut
pas permettre qu'un ouvrier employc a la re-
eolte ou au pressurage des olives soit paye plus
chcr que de coutume, a moins que rentrepre-
neur n'afnrme qu'il se Test associe pour ce mo-
ment. Si cela a lieu,le maitre ou son prepose
peut exiger le serment de tous les associes. S'ils
refusent de jurer, personne ne paye ni ne doit
payer le travail qu'exigent la recolteet la mani-
pulatiou des olives. La bonne main pour une
recolte de douze cents muids sera de cinq muids
d'olives salees, neuf livres d'huile epuree, ciuq
sestertii et cinq quadrantals de \inaigre pour
toute la recolte; si Ton ne donne point d'olives
CATOM.
salees , on payera chaque muid a raison de cinq
sestertii.
CXLV. — Conditions pour la fabricatioii de I'huile.
Marchea forfait pour le pressurage de rolive.
Travaillez consciencieusement au gre du pro-
prietaire ou de rhomrae a qui il a confie la sur-
veillance de la fabrication. Employez, si cela est
nccessaire, desseriesd'ustensiles. Choisissez pour
ouvriers des hommes agreables ausurveillant ou
a celui qui a Qchete Ihuile. Servez-vous du tra-
pete. Si le proprietaire a ete foree de louer des
ouvriers supplementaires, ou de faire marche
avec un aulre, entrez encompositiou, ou le prix
convenu vous sera forcement dirainue. Ne de-
tournez aucune portion de rhuile , ni pour vous
en servir ni pour la derober, et n'employez que
cellequi vous aura ete donnee par le surveillant
ou par le proprietaire. Si on a vole de rhuile,
chaque soustraction sera punie d'une amende de
quarante sestertii, ou d'uneegalediminution sur
le prix. Ceux qui fabriqueut rhuile jurerontde-
vaatleproprietaiie oudevantson inteudant qu'ils
n'ont soustrait, eux nipersonne, ni huileni olive
de laprovenance dudomaine de L. Manlius. Ceux
qui ne preteront poiut ce serment ne recevront
pas de rentrepreneur le prix de leur travail , et
le proprietaire ne le devra pas a rentrepreneur.
Ne vous associez personue sans ragrement du
proprietaire ou du surveillant. Si par la faute de
rentreprcneur le proprietaire a eprouve quelque
dommage, onfera uue deduction sur restimatiou
d'un homine d'uue probite reconnue. S'il de-
mande de rhuile verte , le proprietaire donnera
de rhuile et du sel pour prix supplementaire et
deux vicloires.
Manlii. Qui eornm non itajuraverit,quod is legerit omne,
pro eo argenlum nemo dabit, ueque debebitur. Oleam
cogi recte , satisdato ai bitralu L. Manlii. Scate ila uti
data! erunl, ila reddito, nisi quse vetuslate (racla! erunt.
Si non erunt, reddet aequas, aut arbitratu deducetur. Si
qiiid redemloiis opera domino danini datuni erit, rcsol-
vito. Id viri boni arbiliatu deducetur. Legulos quot opus
erunl, praibelo, et strictoies. Si non pijcbiierit , qiianli
conductum erit, aut locatum erit, dediicelur, tanto mi-
nus debebitur. De fundo ligna et oleain ne deportato.
Qui oleain legerit, qui deportarit, in sin'4iilas dcporta-
tiones ss. n. u. deducentur, neqne id debebitur. Oni-
nem oleam piirain metietur modio oleario. Assiduos
boiuines quinquaginta ])ia;beto, duas partes strictorum
pia;belo. Ne qnis concedat, quo olea leguuda ct faciunda
carius locelur. Extiaquam si quem socium impraesentia-
ruin dixerit. Si quis advcrsum ea fecerit, si dominus aut
custos volenl, jurent omnes socii. Si non ita juraverint,
pro ea olea legunda , et faciimda nemo dabit , neque de-
bebitur ei, qui non ita jiiraverit. Accessiones in mod. la. cc.
acceditoleicsalsa! mod. v. olei piiri p. ix. In totaoleitate ss.
V. aceti quadrantalia v. Qiiod olea; salsne non acceperint,
d.uin oleam leygut, in modios singulos ss. s. s. dabunlur.
CXLV. — Lex olea; faciundae.
Oleam faciundain liao lege oportet locare. Facito recfe
arbitralu domini, aut cnstodis, qui id negotium curabit.
Si sexjugis vasis opns erit, facito. Homines eos dato , qni
placebunt aut custodi, aut qui eam oleain emerit. Tiapeti
facilo. Si operarii condiicti erunt , aiit facienda locata
erit, pro eo resolvito, ant dedncetur. Oleum ne tangilo
utendi causa , neque furandi causa , nisi quod ciistos de-
derit, aut dominus. Si sumpserit, in singnlas sumpsiones
ss. N. XL. deducentiir, ncque debebitur. Factores, qui
oleum IVcciiiit, onnics juranto aut ad dominum, aut ad
custodeni , scse de fcindo L. Manlii , neque aliiiin queiu-
quani siio dolo nialo.oleum, neque oleam siirripuisse.
Qiii eorum non ita juiaveiit, quie ejiis pais eiit, onine
deduceUir, nequedebebiuir. Sociiim nequcm liabeto, nisi
quem dominus jusserit, aut custos. Si qiiid redemtoris
opeia domino damni datum crit , viri boni aibitratu dc.
dnceliir. Si viride oleum opussiet, facito. Accedet olcum,
et sal su;e usioni, qiiod salis siet, vasaiiuni vict. u.
ECONOMIE RURALE.
CXLVI. — Vente des olives siir pied.
Olives a vendre sur pied dans le territoire de
Venafre. L'acheteur ajoutera an prix d'adjudi-
cation le centierae pour frauc-vingt. L'encheie ac-
tuelle est a cinquantescstertii, quinze ceuts iivres
d'huile poidsdc Rome, dcnx ceiits livres d'huile
verte , cinquante muids d'olivcs tombees, dix
muids d'olivf s cueillics a la main , le tout mesure
avec le muid a olives, dix livres dhuilea grais-
ser. Pourrusagedes poids etdes muidson aban-
donneraaumaitredcuxcotyladelapreraierehuile
qui coulera. L'adjudicatairc,quandmemeilaurait
sous-loue, payera lesoHvcsrecolteeset pressurees
dans Tespace de dix mois a partir des calendes
de novembre, sans reculerle payement apres les
ides. Ces fourniturcs scront livrces de bonne foi
etsans rctenue soit au maitre, soit a son piepose,
et on sera tenu de presentcr une cautiou. .lusqu'a
ce que racheteur se soit libere en totalite ou du
moins en grande partie, les ustcnsiles qu"il aura
apportessur lc fonds servirontde aantissement, et
on ne pourra en emporterquoi que ce soit. Si Ton
en emporte , ils appartiendront au maitre. Les
pressoirs , les cflbles , lcs cchelages , les trapetes ,
et tous ies objets qui auront cte pretcs par le mal-
tre seront remis en bon ctat, a rexception de
ceux qui auront etc brises par vctuste. Si Tadju-
dicataire m paye pas ce qu'il doit aux ouvriers
employes a la recolte et au pressurage, le pro-
prietaire payera, s'il lejuge a propos; mais Tad-
judicataire devra et remboursera cetie somme au
proprietaire , et scs ustensiles cautionnerout cette
somme, corame il a ete dit ci-dessus.
CXLVII. — Vente des raislns pcndants.
L'acheteur laissera sur place les lieset les marcs
CXLVI. — Lex oletE pcmlenlis.
Oleam pendenlem liac lege venire opnrtet. Olea pendens
in fundoVenafro vcniljit. Qni oleaniemerit, aniplius.quam
quanti emerit, omnis pecuni.T centesinia acccdet. Pr.Tco-
nium prsesens ss. l. etoleum, Ronianici pondo m. d. viri<lis
p. cc. oleoe caduca' nmd. i.. striclivae mod. x. niodio oleario
mensnnidalii. l ii'.;iiini> poiidox.Ponderibnsmodiisquedo-
mini dalo* iri |ii iiii;i' i'(.liil;i^ dnas. Dies argento ex K. Nov.
mensinm x. olr.c Irpnnl.r f;iciund:c (iu;i'(pie locata cst,
ct si eintor locaril Idibus solvilo. ricclc lia'C dari, fieriijiic,
satisquc dari domino , ant ciii jnsserit , proiiiitlito , salis-
que dato arliitratn doniini. Rouicum soluliim crit , aut
ita satis datum erit,qu<ie in fundo illata eriint, pisneii
sunto. Ne quid eoiuni dc fundo deportato. Si quid deiior-
tavcrit , doniiui esto. Vasa torciila , fiines , scalas , traiic-
tos, si qnid etaliud dalum crit, salva rec.le reddito, nisi
qnue vetiistate fracta ernnt. Si non reddet, irquum .solvito.
Si enifor legulis el factoribus qwi illic opus fecerint, non
solverit, cni dari oportcbit, .si dominus volet, solvat.
Emlor domino debeto, cl id salis duto, proqueca le ita,
uti s. s. E. item pi'-'neri sunto.
CXLVII. — Lex vini pendcnlis.
tlac lcge vinum pcndens vcnire oportct. Vinaceos illii-
de raisin , sans les epuiser. II emportera son vin
aux premieres calcndes d'octobre ; s'il nest pas
emportc, lc mnitrc cn disposcra a s^in grc ; lcs au-
tres conditions sont les memcs quc pour les olivcs
sur pied.
CXLVIII. — Vente du vin en cerdcs.
Chaque culleus livre a racheteur se mesurera
sur le picd de quarante-une nrnes de vin qui ne
sera iii acide ni graisseux. On le fera dcguster
trois jours avant la vente par un gourmet ex-
pert. Si l'achetcur ne le fait pas, le vin sera tenu
poiir dcguste. Si par le fait du proprietaire la
dcgusfationn'a pu ctre effectuce sous troisjours,
il sera laissc a racheteur un delai proportionnel
au retard. Le vinsera mesurc avant les calendes
de janvier qui suivront la vente; sinon, il scra
mesure aux risques du proprictaire, en lui comp-
tant neaimioins ce qui aura ete mesure aupara-
vant. Si racheteur Texige, le proprietaire jurera
qu'il Ta fait en conscieuee. L'acheteur enlevera le
vin aux calendes d'octobre. Sil ne le fait pas, le
proprictaireeu disposera; lcs autrcscharges sont
lcs meraes que pour rolive sur pied.
CXLIX. — Location d'un pJtuiage.
Conditions de louage pour un pitturage d'hi-
ver. Dcterrainez les limites du paturage, et per-
raettcz-en la depaissance aux calendes de sep-
tembre; si rherbage est sec, dt'fcudez-ei) rentree
lorsquc les poiricrs commenceront a fleurir; si la
prairie est arrosce , la depaisjance cessera aussi-
tot que les voisins de chaque c6te le permettront,
ou bien prenez avec eux un jour fixe d'avance.
Daus tout autre cas, le piiturage cessera aux ca-
lendes de mars. Le maitrese reservera le droit,
tos , et fa>cem rclinquilo. Locus vinis ad K. Octob. primas
dabilur. Si nonante ea exportaveris , dominus viuo, quod
volet , faciet. Ca-tera lex quae oleoe pendenti.
CXLVIII. — Lex vino In doliis.
Vinum in doliis lioc modo venire oporlet. Vini in cul-
leos.siniiulos qiiadrasenae et siiigul» urna; dabuntur ; quod
neipie aceat, neque muceat , id dahitur. In Iriduo proximo,
viri boni arbitratu, degiislato. Si non ita feccrit, vinum
pro deguslato erit Onot dies per dcminum mora fuerit,
qiio niiiiiis viuum degiistct, lotidemdiesemtori procedent.
Viiiuni aicipiti) ante K. Jan. prinias. Si non aiite accepc-
rit.doniinus viiiiini adnietietur. Quod admensuiii eiit,
pro eo douiinus resolvilo. Si emtor postularit , diiniiiiiis
jiisjiuandiini daliit, verum fecisse. Locus viiiis ad K. Or-
lobres priinas dabitur. Si ante non deportaverit, doiniiius
V iuo qiiiid volet faciet. CMtera lex qua; olcffi peudeuti.
CXLIX. — Lex pabulo.
Qua lege pabuliim biberniim venire oportcat. Qiia ven-
das lini, dicito. Pabuliim Oni occiiiito ex Kalend. Septcm-
bribus. Prato sicco decedat , nbi piriis florere crepeiil :
piito irrigno , nbl super inferqne vicinus pcrniillet tuin
decedilo, vel dieni ccrtani utrique facito. C.-etero pabiili)
Kalend. Martiis ccdito. Bubns domitis binis, canterio nni.
M. P. CATON.
peudant toute la duree du pacage, de mettre sur
son terrain une paire de bceufs domptes etun che-
\al de somme : il se reservera egalement Tusage
des legumes , des asperges , des bois , de Teau , et
le droit de passage. Si riierbager ou les gardiens
font eprouver quelque dommage au proprietaire ,
on s'en referera a la deeisioii d'ua homme juste :
il en sera de meme si le locataire a ete lese soit
par le proprietaire , soit par ses gens , soit par ses
troupeaux. .Tusqu'a ce que le prix de iocation ait
cte paye en numeraire ou par hypotheque, les
troupeaux et ceux qui lcs soignent servent de
nantissement au proprietaire ; s'il s'eleve des
coutestations sur diffcrents points, elles serout
portees au tribunal deRome.
CL. — Cession du revenu d'un tioupeau.
Conditions pour la cession du rendemeut d'un
troupeau de brebis. L'usufruitier donnera au pro-
prietaire pour chaque tete une livre et demi de
fromage rai-sec, la moilie du lait qu'ou traira les
jours de fetes , et de plus une urne de lait. A ces
conditions on coraptera comme faisant partie de
rusufruit tout agneau qui aura vecu uu jour et
une nuit, et rusufruit fmira aux calendes de
juin ; ce sera a celles de mai si rannee est interca-
laire. Le preneur ne promettra pas plus de trente
agneaux. I.es hrtbis non fecondes seront comp-
tees sur le pied de deux pour une, relativeraent
a la rente. Les agneaux et la laine ne se vendront
qu'en plein jour. La caution ne sera leviie qu'a-
pres dix niois. Le petit-lait dc dix brebis servira
a rengraissement d'un porc. Le preneur foumira
aussi pendant deux mois uu berger qui servira
de gage jusqu'a ce que le proprietaire soit paye
ou soide en hvpotheques.
CLI. — Manitre de senier le cypife.
Je dois a M. Percennius Nolanus la mauiere
de recueillir et de semer la semence de eypres ,
de multiplier cet arbre et de le disposer en bos-
quets. La semcjice du cypi'es de Tarente se re-
coite au printemps, tandisque le bois ne s'abat
qu'au momentou rorgejaunit. On expose au so-
leil la semence ainsi recoltee; on la nettoie , et on
la serre bien seche dans un endroit cliaud. On
serae au priutemps dans cette terre tres-legere
que nous nommons friable, et dans un endroit
peu eloigne de Teau. Ou commenee par dis-
tribuer sur le terrain une bonne couehe de fu-
mier de chevre ou de moutons. Vous retournerez
le terrain avec le bident , vous iucorporerez ren-
grais avec lesol, que vous debarrassez des plantes
adv.entices et des gramens. Apres avoir exacte-
ment pulvcrise la terre , disposez-la par planches
de quatre pieds de large , et legerement eoucaves
a(in qu'elles puissent retenir Teau , et entre cha-
cune desquelles vous menagerez un sentier, afm
de pouvoir arracher les mauvaises herbcs; sur
les planches ainsi arrangees vous repandrez la se-
mence de eypres , aussi drue que pour le lin.
Vous la recouvrirez, a repaisseur d'uu derai-tra-
versde doigt, avec de la terreque voas ferez pas-
ser par le crible. Vous aplanirez la surface soit
avec une planche, soit avec vos maius, soit avee
vos pieds. Si les pluies se font attendre au point
que la terre se desseche , introduisez sm- les
planches une legere lame d'eau. Si vous n'a-
vez pas un cours d'eau, transportez-en sur vos
planches, et arrosez doucement. II faut arroser
chaque fois que le besoin s'en fait sentir. Arra-
chcz les mauvaises berbes aussitot qu'elles pa-
raissent, et si faibles qu'elles soient; arrachez-les
cum emlor pascet, domino pascere recipilur. Olciis, as.
paiagis, lignis, acpia.itinere, actu domini lisioni recipi-
lur. Si quld emtor, autpastores aut pecus emtoris domino
damni dederit,. boni viri arbilraiu resolvat. Si quid domi.
nus, aut familia, aut pecus emtori damni dcderit, viri
boni arhitiatu rcsolvetur. Dunicum pecuniam satisfecerit,
ant delegarit , pecus et familia , qua) illic erit , pigneri
sunlo. Si quid de iis rebus controversia; erit , Rom.e judi-
cium liat.
CL . - Fruclus ovium qu.i lege venierit.
Fructum ovium liac lcge veniie oportet. In singulas
rasci v. i. s. dimidium addum, lacte feriis quod mulserit
dimidium, et pra'terea lactis urnani i. llisce lcgibus agnus
diem et noctem qui vixerit , iu fruclum , et Kal. Jun. em-
lor fruclu decedal. Si inleiKalatum eril, K. iMaiis. Agnos
XXX, ne amplius promittat. Oves qua; non pepererint,
bina; pio singulis in fructu ccdent. Die lauam et agnos
vendal. Menses x ab coactore rele/et. 1'orcos seiarios in
ovesdenassingulos pascat. Conduclor ii. menses pastorem
(irsebeat. Donec domino satisfecerit , aut solverit, pigneri
cslo.
CL. — Quo pacto cupresseta serl oporleat.
Semen cupressi quando legi, seri, propagarique opor-
teat, et quo pacto ciipresseta seri oporteat, Manlus Per-
cennius Nolanus ad liunc modum monstravit. Semen cii-
piessi Tarentina; per ver legi oportet, maturum, ulii
bordeum llavescit. Id iibi legeris, in solepouito, senien
piirgato. Id ariduni condito : uti aridum exposituni sict.
Per ver serilo in loco ubi tena tenerrimaerit, quainpul-
liuii vocant, ubi aqua propter siet. Eura locum stercorato
lirimum bene stercore caprino , aut ovillo. Tiiin voi tito bi-
palio, terram cum stercorebenepermisceto, depiirgatoab
lierba graminibusque. Bene terram comminuito. Areas
f;icito pedes latas quaternos : subcavas facilo, uti aquam
continere possint. Infer eas sulros facito, qua lierbas de
areis purgare possis. Ubi ai ea; facta; eriint , semeu serito
ciebrum , ita uti linum seri solet. Eo cribro terram incer-
nito , dimidiatum digiliim terram allam succernito. Id bew!
tabula, aut manibus, aut pedibus complanato Si quando
non pluet, uti terra sitiat , aquam irrigato leniter in areas.
Si non habebis unde irriges, gerito, indiloque leniter.
Quoticscunque opus erit , facito iiti aquam addas. Si ber-
ba; nata: erunt, facilo uti ab lierbis purges. Quam tcuerri.
fiCONOMIE RURALE.
surtout pendant l'et6 , et toutes les fois que vous
en sentircz la neeessite. Ces precautions sont de
rigueur; et des que la semaille est faite il faut
couvrir la terre d'un paillis , qu'on enleve des
que les cypres commenccnt a germer. .
CLII. — IJalais suivant la nii5tl)0(ie dc Jlemius et de Jlan-
lius.
Procedes des Manlius pour fnire les balais de
branchages. Pendant les trente jours qui suivent
la vendange, il faut fairc des balais avec des ra-
milles seches prises sur un orme, et liees autour
d'un bciton. On s'en sert pourfrottcr les fluncs in-
terieurs desfutailles, afin que les lies ne s'atta-
chent pas a leurs parois.
CLIll. — Vinde lies.
Aycz pour cela deux cabacs aolives de Cam-
panie, remplissez-les de lies, placez-les sous le
pressoir, et exprimez-en le viu.
CLIV. — Maniire dc mesurer ie vin aux .icneteurs.
Maniere comniodede delivrer le vin aux ache-
teurs. Ayez pourcela uiic cuve de la contcnnnce
d'un culleus , nniniesur ses bords de quatre an-
ses qui eu faciliteront le deplacement. Pereez-
la au fond d'un trou exnctenient ferme par un
robinet.Percez-la cgalement d'un trou affleurant
la contenance d'un cidieus. Placez-la au milieu
des futailles sur une elevation, afin que le vin
qui y est contenu puisse s'ecoiilerdniis le culleus
de racheteur : quand celui-ci sera rcmpli, fer-
mez votre cuve.
CLV. — Pendant riiivcr procurer un ^coulement h Teau
des cliainps.
II faut dessecher les terres arables pendant
l'hiver. Sur les hauteurs'on tiendra bien evidees
les rigoles d'ecoulenient. Cest siirtout a rentrec
de rnutomno , quand la terre est pulverulcnte,
qu'il faut redouter la prcsence de Teau. Lorsque
la pluie s'annoncera, on cmmcneratous ses gens
avcc des fourches et des sarcloirs, pour ouvrir
lescanaux d'ccoiilement etconduire Teau sur les
chemins, afin qu'elle ne sejourne pas sur les re-
coltes. Qiiand il pleuvra sur la ferme , on explo-
rera tous les b^timents ; et si rcnu filtre quelque
part, on indiquera avec du charbon les endroits
oii ies tuiles demandent a etre remplacees. Pen-
dant la moisson, si feau demeure stagnante, soit
sur les javelles, soit sur les bles en tige, soit
dans les rigoles, il faut eearter et dctounier les
ob.stacles quis'opposenta son ecoulement.
CL\I. — Remfedcs pr^pares avec les clioux.
Le chou est le premier de tous nos legnmes.
On le mange cru ou cuit. Si on veut le raaoger
cru , on le fait macererdansdu vinaigre. II se di-
gere a merveille, relache le ventre et les voies
urinaires; c'est, dans tous les cas, une nourriture
saine. Si dans un repas vous desirez boire large-
ment et manger avec appetit, mangez auparavant
des ehoux coiifits dans du vinaigre , et autant
que bon vous sembleia; et de menie apresle repas
niangez-en cinq feuilles environ, vous serez
eomme si vous n'aviez ni bu ni mange, et vous
pourrez de nouveau boire a votre aise. Si vous
mis lierbis, etquotics opus cril |iurges per a'slatera. Ila
uli dictum est, fieri oporlet, ct ubi .senicn satum siet,
stiamenlis operiri oportct , ubi scrmen nasceie ccrpeiit,
tum deini.
CLII. — Quffi Memius et M. Manlius di; ^ino emtoribus
admetieudo monstraveriiit.
l)e scopis viigcis y. a. m. IManlii monstravenint. In die-
bus XXX, quibus viiiuni Icgcris, aliijuollcs lacilo .scopas
virgeas ulmeas aridas , iu asserculo allignlo, ealius lateia
doliisintrinsecususque beiie peifiicato, ne fa;xin lateribus
adliaerescal.
CLIII. — Devinofxcato. i
Vinum faM:atum sic facito. Fiscinasolearias Campanicas
duas illae rei liabeto. Kas tecis impleto, sub prelumiiuc
subdito, cxpriinitoque.
CLIV. — Vinuin emlorilius (juoinojo admcliaris
Viuum cnitoribus siiic moleslia ipiomodo admetiaiis.
Labrum culleare illae rei facilo. Id liabeat ad summuui
ausas IV. uli tiansferrl possilur. Id imum pertundito. Ea
iistulam siibdito iili obtuiarier lecte posslt. Et ad sum-
mum, qua lini cullcum lapiit, iieitundilo. Id in sug-
gestn.inter dolia |iosirumbabel<), iiti iu (•ulleiuu, de dolio
\ihum saliic pos^it. Id iinplelo. l'oslea obturato.
CLV. — Per hiemen de agro aquam pellere.
Per liiemem aquam de agro depelli oportel. In inonte
(ossas inciles puras liabere oportet. Piiina auluninitate
cum pluviusest, tum maxiine ab aqua periculuni est.
Ciim pliiere iiicipiet familiam cum ferreis sarculis exire
uiiorlel, incilia aperire, aquam dcducere in vias, et se-
getein cuiaieopoitet, uli lluat. la villa cum pluet, circum-
ire oportet, sicubi perpluat, et signare caiboiK;, cuin
desierit plucre, uti tegula mutetur. Per segetein iu fru-
inentis, aut in segete, aut in fossis sicubi aqua constat ,
autaliquid aqua; obslat, id einittere, patelicri, removeri-
(lue opoi ict.
CLVI. — Medicamenta brassica;.
[ l)e biassica quod conitoipiit.] Brassica est, quse omni-
busoleiibus anlistat. Kam esto vel coctain, vcl crudaiii.
(.'riidainsi edcs, in acclum intinguito. Mirifice concoquit.
,\lvuni bonam facit, loliumque ad omnes les salulire csL
Si voles in convivio inultuin bibcre, c(rnareque libenter,
aiite cirnain esto crudam quantuin voles e\ aceto. Et
iliui, ubi (■iruaveris , comesto aliqua v. fulia, reddeut
U: quasi niliil edcris, (bibeiisque,) bibcsque qiuuitum
voles. Alvum si voles dejicere superioiem, sumilo bias-
sica; qua; levissima crit, P. iv. Inde facito manipulos
«"(liialcs tres, colligatoque. Pftstea ollam slaliiito cuiii
aipia l'bi nicipiet fcrveie paulisper, dcinittilo iiuum luu-
M. P. CATON.
nvez l'epip:astreembarrass^, prenez quatre livres
d'iine espece tle chou tres-legere, faites en trois
bouqiiets csauN ; fieelez-les. Mettez ensuite siir
lefeu uiie niaimite pleine rreau, et jetezy un des
bouquets des que le premier bouillon paraitra.
Lorsqu'ensuiteelle recommeDceraa bouillir, en-
foneez-le un peu, et laissez-le pendant que vous
compterez jusqua vingt-cinq : retirez-le alors.
Procfdez de meme pour le second et pour le troi-
sieme bouquet; mettez-les ensuite ensemble et
pilez-les. Apres les avoir retires, exprimcz-en le
bouillir; apres quoi on versera sur un plat pour
laisser rcfroidir, On lesmelera, pour les manger,
avec tel autre aliment qu'on voudra : mais on
fera mieux de manser les choux senls, si on le
peut. Si Ton n'a point de fievre, on les prendra
avecun vin noir et dur, et on ne boiraque le moins
d'caupossible, maiss'il y afievre, il faudra adop-
ter feau. On en fera prendre tous ies matins,
mais peu a la fois , afin de ne pas provoquer le
dei;out , et qu'on les trouve toujours agreables.
On les administrera de la meme maniere aux
suc a travers nn linge dans une petite coupe en hommes , aux femmes et aux enfants. .T'arrive
terre, a la quantite d'une hemine. Jetcz y un
grain de sel gros eomme une lentille , du cumin
grille seulement pour lui en donncr fodeur : ex-
posez ensuite la coupe a fair pendant une nuit
sereine. Celui qui voudra boire dc cctte liqueur
prcndra auparavant un bain chaud, boira de
rcaumicllce, etsecouchrra^Jeun. Le lenderaain
il prendra la poticn , se promenera pendant qua-
Ire heures , ct vaqucra a ses affaires s'il en a a
soigner. AussitAt que 1'envie de vomir le saisira,
il se couchera et se purgera. II evacuera une si
raaiutenant a ceux qui ont les voies urinaires
trop resserreeset embarrassees. Prenezdeschoux
et jetez-les dans Teau bouillante, faites-les cuire
m peu, pour leur enlever leur crudite : ensuite
decantez presque toute Teau ; ajoutez-y beau-
coup d'huil3, du sel , et un peu de curain ; fai-
tes bouillir. On en avalera le bouillon froid et
on raangera les choux, et celatous les jours, afin
que le remede soit plus prompt.
CLVII. — Yarictfe et qiialil& des clioux.
Avant tout il convient de connaltre le carac-
grandequantitedebileetdepituite,que!ui-meme tere et lcs proprietes des diverses especes de
se deinandera avec surprise d'ou elle pcut pro
venir. Lorstpfensuite il ira a la selle, il boira
une hemine d'eau, ou ua peu plus. S'il continue
a etre relSche, il preiulra deux conges de fine fa-
rine , qu"il jettera dans Teau ; il en boira un peu ,
et ne sera plus tourmenle. Si on esttravaille par
la colique, on fera macerer des choux dans de
Teau ; apres la maceration on les jettera dans de
Teau chaude, et on les fera cuire jusqu"a ce qu"ils
samollissent. Apres avoir decante feau , on as-
saisonnera avecdu sel , un peu de cumin et de fiu
gruau. On y ajoutera aussi de rhuile, et on fera
choux. II entretient lasante, et s'allie merveil-
leusement avec le chaud, le sec, rhumide, le
doux, Tamer et racre: il reunit a lui seul lespro-
prictes de ce remede compose qu'on appelle des
sept vertus. Abordons maintenant Tetude dcses-
peces. La premiere est nomniee lisse; elle est
grande , k feuillage etale , la tige haute. Elle est
robuste et possede une grande vertu. La seconde
espece est crispee et se nomme apiacon ; le port
de cette especcen revele lcsproprietes mediciua-
les ; elle est plus energique que la precedente. La
troisieme, que fou appelle douce, a une tige
nipulmti , fervere desislol. Postea iibi occipiet feivere,
paulisper demittito usqiie ailinoduin dum quiiiqiiies quin-
que numeres. Tiim eximilo. Iteni facilo allerum manipu-
lum, ilem tertium, posica cuujicito et coiilundilo. Item
iximilo , in linteuin cxii^clo siicum , quasi lieniiuani , in
pocillum fictilc. I^o inrtito salis micaui quasi civuin,et
cumiui Iricti tanliiiii quod oleat. Postea ponito pocilluin
in seicno noctu. (jjiii potnriis crit, lavet calida , biliat
aquain inulsai'ii, ciihet incoenatns. Postea mane bibat su-
cum, dcaiiibulelqiie lioras iv. Agat, negotii si quid babe-
bit. Ubi libido veniet nauscjc , cunique appieliendet, de-
cumbat, purgetquc sese. Tantiiiii liilis, pitiiila-queejiciet,
uli ipse miretur, iinJe tantuin sict. Postea nbi deorsum
versus ibit, lieminain, ant paulo |ilus liiliat. Si amplius
ibit, suniilo farinae ininutic conclias duas, infrie.t in aquam,
pauluin bibal, consistel. Vcrnm quibus lorinina molcsla
erunt , brassiram in aquam niacorare oportet. Ubi niace-
lata elit, coiijicito in aqiiam calidam , coqiiilo nsqiie do-
nccea cominadebit bene. .\qiiam dcfuudito. Poslea .salem
addilo, et cumini pauhilum, el pollincm polent.x'. Eodein
addilo et oleum , postea fcrveracitO. Infundilo in catiuum,
uti rrigcscat. Eo interito, quod volet, cibi postea ediU
Sed si poterit solam brassicam esse, edit. Et si sine febre
crit, dato vini atri duri. Aquatiim bibal quam minimum.
Si fcbriserit, aquam. Id facitoquotidie mane. Nolitomul-
tiim dare, ne pertsedescat, iili possit ]ioiro lihenler esse.
Ad enndem modum viio ct inulieri , et piiero dato. Nunc
de illis quihus a^gie lotiuin it, quibusqiie substillum est.
Sumito hrassicam, conjicito in aiiiiam ferventein , co-
quito paulispcr, iiti subcriida siel. Postea aqiiam defun-
dito non omnem. Eo addilo oleiim hene , el salem , et cu-
miiii paiilulum iiifervelacito pinili^ncr, postea inde jiiscu-
lum irigidum sorbere,el iii.^^niii bi.i.s.-.icam esse oportet.
Uti quain primum excoqiiat.qimlidic id lacito.
CLVII. — Quot brassicae genera, et quae nalura.
Piincipium te cognoscere opoitet, quse genera brassica;
sint, et cujusmodi naturam babeant. Oniuia ad salutein
teinperat, cominutattpie sese seinper ciim calore, ( el ri-
goro) arjdo, simul linmido, et dulci, et aniaro, ct
acri. Sed (pia.- vocalur * septein boiia in coniinixtuiam ,
natura oinnia li.TC liabet biassica. Nunc uti cognoscas
naturain cinum, primaest, levis quaj nominatur. Ea est
grandis, lalis Ibliis , caiilc inagno : validiim liabet natu-
ram , ct viin magnain liabct. Altera est crispa , apiacoa
vocalur. Ileec est aspcra et iiatura boaa ad curationem.
ECONOMIE RURALR.
courte; sa feuilte est tendre, mais la plus amere
de toutes, et son siic peu abondant a un effet
violent. Sacliez d"abord qu'eile possede plus de
proprietes mediciiiales que les autres espccesde
ehou.x. On Tapplique pilce sur toutes les piaies et
sur toutcs les tumeurs. Ce topique nettoiera
tous les ulceres,et les guerira sans diiuleurs. Elle
travaille les abces et les ouvre. Elle nettoie et
guerit les plaies infectes, et les caucers qui re-
sislent aux autres remedes. Mais avant de l'ap-
pliquer, passez-la a Teau chaude, et faitcs-eu
deux cataplasmes par jour : vous eiileverez aiusi
toute rinfcction. Le cancer noir sent mauvais, et
jette une sanie degoutante. Le caucer blane est
aussi purulent; niais le cancer llstuleux ne s'e-
pure que sous la cbair a rintcrieur. Pilez du
chou sur toutes ces sortes de maux, et vous les
guerirez : c'est ce qu'il y a de mieux pour ces
affections. Vous guerirez pareillement ics luxa-
tions en les lavant deux fois par jour avec de
Teau cliaude, et en y appliquant du chou pile.
Si vous en mettez deux fois par jour, vouscou-
perez la douleur, et s'il y a eontusion vous lare-
soudrez et la guerirez. Le chou broye guerit
aussi les ulceres et les chaucres qui naissent aux
niamelles. Si Tulcere ne peut supporter Tacrimo-
nie du ehou , melez a celui-ci de la farine d'orge,
et appliquez-le ensuite : il guerira tous les ulce-
res de cette nature , tandis qu'aucua autre re-
mede n'eut pu ui les guerir ni les nettoyer. Pour
guerir les ulceres des eufauts et des jeunes fdles ,
melez au chou de la farine d'orge. Si vous vou-
lez couper, laver et faire secher des feuillcs de
chou que vous faites digerer dans du sel et du
viuaigre, vous obtiendrez un aliment des plus
sains. Pour le rendre plus agreable, vous larro-
serez de vinaigre mielle, vous raromatiserez de
mcnthe seche,de rue , de coriandre pilee, et vous
y meltrez du sel. Cet aliment est excellent, de-
truitla source de toutes les maladies ; il a des pro-
prietes laxatives, et guerit les maux dout le corps
contiendrait dcja le germe. Maux de tete , maux
d'yeux, il chasse lout, ii guerit tout. II faut le
prendreajeun lematin. II guerit la mclancolie,
le spleen , les palpitatious de coeur, les maladies
dufoie, des poumons, lestiraillements des entnul-
les, et toutes les douleurs interucs. Ratissez des-
sus du laser, et vous !e rendrez meiUeur. Lors
que tous les visceres gorges de nourriture ne peu-
vent s'insinuer dans toute la masse du corps,
il en resulte toujours quelque maladie. Lorsquc
votre estomac sureharge par un exces d'alimeuts
ne peut evacuer, maugez du cb.ou prepare
comme il a ete dit, et en proportlon de la consom-
raation que vous avez faite; et vous n'aurez a
redouter aucune maladie. Rien n'est si eflleace
contre la goutte que le chou cru, si on le mange
associe a la rue et a la coriandre , ou bien assai-
sonne de laser ratisse , d'oxy mel et de sel. Ce re-
mede reudra le mouvement a toutes les phalan-
ges vegetales ; il n'est pas dispendieux; et dail-
leurs, le ftit-il, il faudrait cn essayer pour sa
saute. Cest a jeun qu'il faut le preudre. On gue-
rira par le meme moyen les personnes sujettes
aux insomnies, en leur administrant du chou
grille, frotte d'huile !orsqu'il estchaud, et legere-
ment sale. PIus elles enmangeront, plus prompte
sera leur guerison. Ordonnez le traitement sui-
vant a ceux qui ont des tranch^es : Faire biea
macerer des feuilles de chou, les mettre dans
Valiilior est , quam quae supra scripta est. Iteni est ter-
lia , quie lenis vocalur , minutis caulibus , lcneia , et acer-
rimaomnium estistaruni, tenui sueco veliementissinia.
El primum scilo, de omnibus brassicis nuUa est illius-
nioili meilicamentosior. Ad omnia vuhiera, tuniures eani
coiilrilam imponilo. HiEC omnia ulcera purgabit, sana-
que faciet sine ilolore. Eadem tumida concoquit , eadeni
erumpit. Eadeni vulnera putida, canceresque purgabit,
sanosque faciet, quod medicamentuni aliud faceie non
polest. Verum priusquam id imponas , aqua calida mulla
lavato. Postea bis in die contritam imponito. Ea omnem
putorem adiraet. Cancerater, isolel, ct saniem spnrcam
mittit. Albus purulentus est. Sed fistulosus subtus sup-
puratsubcarne. Ineavulnerabujuscp.moditcrasbrassicam,
sanum faciet. Optima est ad luijuscemodi vulniis. Et luxa-
tum si quod est, bis die aquacalida foveto, brassicam
tritam opponito , cito sanum facict. Si bis die apponitiir,
dolorcs aiiferet. Et si quid contusum esl, erumpet. Si
brassicam Iritam apposiieris, et sanum faciet : et si qiiid
in niammis ulceris natum, et carcinoma, brassicam tri-
tam opponito , sanum faciet. El si ulcus acrimoniam cjus
ferre non polerit,farinam liordeaceam misccto, ita oppo-
nito. Hujiiscemodi ulcera oninia Ijkc sana faciet : quod
aliiid medicanienlnm faceie non potest, neqiie piirg.iie.
El puero, et puella; si ulcus erit bujuscemodi , fariuam
liordeaceam addito. Et si voles eam consectam , lautam .
( .siccam ,) sale , aceto sparsam esse, salubrius nibil erit
Quo libentius edas, aceto mulso spargito, menlani sic-
cam, et rutani, coriandrum sectam, sale spaisam paiiloj
Libentius edes. Id bene faciet , et mali niliil siiict in cor-
pore consislere, et alvum bonam faciet. Si quid antea
niali intus eiit, omnia sana faciet. De capite, et de ociilis
onmia deilucet.et .sanum faciet. Ilanc mane esse oportet
jejunum. Et si bilis atra est, et si lienes tiirgent, et si
cor dolet, et si jeciir, aut pulmones, aut pru^coidia, uno
verbo omnia saiia faciet, iutro qu.Te dolilabunl. Eodem
silpliium inradito , bonum cst. iVam vena; omnes, iibi
sufllataj siiiit ex cibo, non possunt perspirare in loto cor-
pore , iiide aliqui inorbus nascitur. Ubi cx multo cibo
alvus non it, proportioue brassicasi uteris, (id iit te mo-
ueo) niliil istorum usu veniet morbis. Verum morbum
articularium nulla res tautum purgat , quantum brassica
criida , si eam edes cum ruta ct coriandro conrisam. Sic
et laserpilium inrasumcum brassiea ex (aceto) oxjmelli,
cl sale sparsa. Ilac si uteris, omnes articulos poterisex-
periri. Nullus sumptus est : et si sumptus essel, tamen
valetudinis causa experirer. Ilanc oportet maiie jejunum
esse. Oinnis qui insomniosiis esl, liac eadem curalione
sanum facies. Verum assam brassicam , et unctaiti cal-
dam , salis paulum dato liomini jejuno. Quam plurimum
M. P. CATON.
une marmite, et les laisser bouillir; deeanter
Teau apres la cuisson , ajouter beaucoiip criuiile,
unpeu de sel, du cumin et du fln gruau; faire
bouillir de nouveau, puis dresser sur un plat.
On mangera le ehou sauspain, s'il est possi-
ble ; siuou on y fera tremper un peu de pain :
s'il n'y a pas de fievre, on donnera du vin bien
colore. La guerison sera prompte. Si une per-
sonne debile fait usage du chou ainsi apprete,
elle reprendra bientot ses forces. Voici qui est
plus surprenant : Conservez Turine d'une per-
sonne qui aura mange des choux , faites-la chauf-
fer, preparez-en un bainaune personue malade :
elle sera guerie. Cela est sanctionne par Texpe-
rience. Si vous lavez de cette uiine les enfauts
d'uneconstitutiondebiie,ilsdeviendront robustes
pour toujours , et ceux dont la vue sera affaibiie
verront plus ciair en frottant leurs yeux de ce li-
quide. Les maux de tete et de cerveau disparai-
tront , si on lave ces parties avec cette urine. .la-
mais la femme ne manifestera d'exlialaisons spe-
cialesa certaines regions quand elles auront ete
lavees avec cette urine; et voici comraent elle de-
vra s'y prendre. Aussitot que Turine aurabouilli
daus un vase en cuivre, on placera celui-ci sous
uue chaise percee sur iaquelle la femme s'asseoira,
et ou Tenveloppera de scs vetements. Le chou
sauvage possede les proprietes les plus energi-
ques. ilfautle faire secher, et le broyer bien
menu. Si Tou veutpurgerquelqu'un, on lui defend
de souper ia veille, et le lendemain matiu on
lui administre a jeun le chou broye, a la dose
de quatre cyathus d'eau. Ce purgatif, superieur
a 1'ellebore et a la sammonee , n'a pas de suite
f^cheuse, et fortilie le eorps : il operera meme
ederit, tam fiUssirae sanus fiet ex eo morbo. Torniina
quibus molcsta erunt, sic facito : brassicam niaccralo
bene, postea in aulam conjicito, defervefacito bene. Ubi
cocta erit bene , aquam detundilo. Eo addito oleum bene,
et salis panlulum , et cuminum , et pollinem polentae,
Postea ferve bene facito. Ubi ferverit, in catinum indito.
Datoedit,si polerit, sine pane;si iwn, dalo pauem pu-
rum. Ibidem madefaciat. Et si iebrim non liabebit, dato
viimm atrura bibat. Cito sanus fiet. Et hoc , si qivando
usus venerit , qui debilis eril , liEec res sanum fawre po-
test. Brassicam edilita, uti s. s. e. Et hoc amplius. Lo-
tium consei vato ejus, qui brassicara esilarit. Id calfacito.
Eohomineni dbmittito, cito sanum facies hac cura. l",x-
pertum lioc est. ilem pueros pusillos, si laves eo lolio ,
nunquam debiles (ient. Et quibns oculi paruni dari stint,
eo lotio inungito, piiis videbunt. Si caput aut cervices
dolent, co lotio caldo lavito, desinent doleie. Et si nui-
lier co lotio locos fovebit, nunquam ii virosi fient. Et
fovere sic oportet : iibi in scutra fervefeceris , fcet,-» siib
sellam supponito pertusam. Eo mulier assidat, (opi^iilo, )
circum vestimenta cam dato. Brassica erralica maxiniani
vini liabet. Eam arfacere, et conteieie oporlet liene mi-
nulam. Si quidem purgare voles , pridie ne ctcnet, inane
jejuno dato brassicae trila; decoctaeqne aqu.ie cyatlios iv.
^ulla res tam bene purgabit , neqiie clleboruin , iicque
' sur les malades desesperes. Voici comraent il
convient de traiter eelui qui prend le reraede.
Administrez-le sous forme liquide pendant sept
i jours : si le malade veut manger , dounez-lui du
roti; si cette nourriture lui repugne, donnez-lui
] du chou cuit etdu pain, du vin trempe : defen-
dez le bain et preserivez les frictions huileuses.
Celui qui se sera ainsi purge jouira longtemps
' d"une honne saiite, et neserajamaismalade que
par sa faute. Si quelqu'un est afflige d'un ulcere
: recent ou invetere, appliquez-lui de ce chou
; sauvage, sur lequel vous aurez verse de Teau, et
j il sera gueri. Si c'est une fistule, introduisez a
j Tinterieur une tente de ce diou ; si la fistule
{ ne peut recevoir la tente, delayez le chou, in-
j troduisez-le daus itne vessie a laquelie vous adap-
! terez un tuyau; pressez les flancs de la vessie, afm
que la preparationentredansla flstule. Ce remede
sera infaillible. Lechou broyeavec dumielguerit
aussi les uiceratious recentes et inveterees sur les-
quelles il a ete applique. S'il vous est venu un
polype dans le nez, mettez dans le creux de la
raain du chou sauvage broye, et approchez-le des
fOsses nasales : aspirez fortement. Au bout de
I troisjours le poiype disparaitra. Aussit6t qu'il
I seratombe, continuez eneore le reraede pendant
; quelques jours, afln de detruire les raciues me-
j mes du polype. Si vous etes quelque peusourd,
broyez des feuilles de chou avec du via , expri-
i raez le suc, que vous instillerez tiede dans votre
oreille ; et vous sentirrz aussit6t que vous enten-
dez plusclairement. Applique a faible dose surles
dartres , le chou les fait disparaltre sans deter-
minerd'ulceration.
scamoneum, et sine periculo ; ct scito salubrem esse
corpuri. Quos diriidas saiiosfacere , facies. Qiii liar. piirga-
tione purgandus erit , sic eum curato : soi"bitione li^iiiida
boc per diesvii. dalo. Ubi esse volet, carnem assam dato.
Siessenonvolet, datobra.ssicamcoctam, etpanem, etbibat
vinnm leue dilutnm, lavet raio, utatur unctione. Qui sic
purgatiis erit, liiutiua valetudine utetur, neque iillus mor-
bus veniel nisi sua culpa. (Et) si qiiis ulcus tetrum, vel
recens liabebit, haiic brassicam eiTatieaui aqua spargito,
opponito, sanuni facies. Et si (istnla eiit, turundam intro
trudito. Si luiundam non recipiet, dilnito, indilo in vasi-
cam, eo calamum alligalo. Ita preinito, in listulam introeat.
Ea les saniim faciet cito. Et ad omnia ulcera vetera et
iiova oontritam cum melle oppouitu, saiuim faciet. Et si
polypus in naso introierit, brassicam erraticam aridam
Iritam in nwlum conjicito , et ad nasum admoveto. Ila
subducitosusum'animamqiiampluiimumi>oteris. In Iridiio
polypus excidet. Etubi excidei'it, tainen aliquot dies iicm
facito, ut radices polj-pi persanas facias. Auribiis si pariim
andies, lerito cum vino brassicam, sucum exprimito, in
aiirem iiitro tepidum inslillalo. Cito te intelliges plus
audire. Depetigini spurcK braissicam opponito , sanain
faciet, et ulciis non faciet.
llCO^OMIE RURALE.
CLVIII. — Pr^paralions laxalives.
Si vmis voulez qiie le canal digestif demeurc
libre,mettezdans une marniite si,\ setiers d'eau ,
et rextremite osseuse d"un jambon. A defaut
de cette derniere partie eraployez un morceau
de janibon d'une demi-livre , et coupe dans la
pnrtie la moins grasse. Lorsque la cuisson tou-
che a son ternie, ajoutez-y deux pctites tetcs
de choux, deux bettes avec leurs racines, «n
peu de polypode, de mereuriale, deux livres de
muscles, un tetard , un scorpion, six escargots,
et une poignee de lentilles. Faites reduire toutes
ces substances jusqu'a Irois setiers, sans y met-
tre d'huile. Prenez un setier de ce breuvage lors-
qu'il sera tiede; ajoutez-y un cyathus de vin de
Cos; buvez et reposez-vous. Prenez de raeme la
secoude et la troisieme portion,et vous serez
purge. Si vous voulez boire par-dessus du vin de
Cos, vous en avez la liberte. De toutes les subs-
tances que je viensd'indiquer, uueseuie suftiralt
pour relticher ; mais leur reunion constitue un
breuvage aussi efflcace qu'agreable.
CLIX. — ReniMes contre les ^corcliures.
Quand on voyage , on previendra les ecorchu-
res en portant sous Tauus un petit ramcau de
grande absynthe.
CLX. — Cljarnie conlre les Inxations.
Le charrae suivant guerit les luxations : Pre-
nez un roseau vert de quatre ou cinq pieds de
long; coupez-le par le milieu, et que deux
hommes le ticnnentsur vos cuisses; commencez
a chanter : in alio. s. f. motas yjF.rx , dakics
DABDABIES ASTATAniES DISSUNAPITER , Ct COn-
tinucz le charme jusqu';i ce que les deux mor-
cenux soient reunis ; agitez ua fer au-dessus ;
lorsque les deux parties seront reunies et se tou-
cheront, saisissez-les, etcoupez-lesen tous sens :
vous eu ferez une ligature sur le membre casse
oufracture, et il scra giierj. Cependant pour
unmembredemis oucasse, repetez tous lesjours
le meme charme ; ou le suivant, pour une frac-
ture : Huat hanat iuiat ista pistasista, do-
JIIABODAMNAUSTKA^OU bieU CUCOre ; Hu.\TH\UT
HAUTISTASISTARSlSARDANMABONDU^NAUSTnA.
CLXI. — Mani6re de cultiver les asperges.
II faut defoncer un sol convenableraent hu-
raide, ou un terrain bien engraisse. Apres le de-
foncement, on le disposera en planehes , arin
qu'on puissesarcler et nettoyer a droite et a gau-
che sans pietiner la terre. Dans la formation des
planches, on menagera autour de chacune d'elles
un sentier d'un demi-pied de largeur; on seme
ensuite en ligne, en mettantdeux ou trois semen-
ces dans un trou fait au plantoir, etqu'on recou-
vre ensuite de terre. L'ensemencement terraine ,
on eparpille du fumier sur la surfnce des planches
vers Tequinoxe du printeraps ; lorsque le germe
poussera,on sarelera frequemment, en faisantat-
tention de ne pas arracher les asperges avec les
raau^ aises herbes. La premiere aunee de la plan-
tation, on couvrira le semis de paillis pendant
rbiver, pour le preserver dcs gelees. Au prin-
temps ou le decouvrira , on le sarclera ct ou le
nettoiera.
CLVIII. — Alvum dejicere lioc modo oportct.
Alvum dejicere Iioc niodo oportet. Si vis bene libi de-
jicere, sume tibiollam , addito eo aquae seslarios vi. el po
addito ungulamdeperna. Si ungulam non habebis, addito
de perna fiustum. r. s. qiiara niinime pingue. Ubi jam
coctum incipit esse, eo addito brassicos coliculos ii. betK
coliciilos II. cum radice sua lelicula? pauluni , herbae mer-
curiahs noii multum. Mutulorum l. ii. piscein capilonem,
et scorpioncm i. coclileas vi. et leiilis pugillum. H;ec om-
iiia decoquilo usque ad sestarios tres juris. Oleuin ne ad-
dideiis. Indidem sume tibi.sestaiiuniunumtepidum. Adde
vini Coi cyatluiin unum. liibe, inlerquie.sce. Deinde ite-
runi eodeni raodo, deinde lertinni. Purgabis le bene. Et
si volesinsuper vinum Couin raixlum bibere, licebit bi-
bas. Ex iis tot rebiis , quot .scriptum est, unum, quod
coruni vis, alvuni dejicere potesl. Verum ea re lot res
sunt , iili lieiie dejicias , et suave est.
CLIX. Ad inlertriginem remedia.
Iiiterlrigini rcmedium in viam cum iliis , absinlhii Pon.
tici surculum siib anulo habeto.
CLX. — Luxum ul excantcs
Liixum si quodest, liac canlione r.aiium liel. Hariindi-
neni prcude libi viridem p. iv. aut v, loligam. Mediam
diHinde, et diio homines teneant ad coxendices. Incipe
canlaie, in auo. s, f, biot.vs v£tx , dauies n\RDARiES
ASTATARiES DissuNAPiTER , usquc dum coeant Ferrum in-
super jactalo, Ubi coierint , et allera alteiam tetigeiit; id
mauu piende, et dextra sinistra praecide. Ad luxum, aut
ad Iracturam alliga , saniiin liet, Et lamcn quotidie can-
tato in alio, s, f. vel luxalo. Vel lioc modo,iitAT ha-
NAT nU.XT ISTA PISTA SISTA, DOJIIAEO DAMNAUSTRA , et
luxato. Vel boc modo, iiuat haut balt ista sis tar sis
ARDAISNAEON DLN.NAISTRA.
CLXI. — Asparagus quomodo seralur.
■Asparagus quomodo seralur. Locum subigeie oportet
liene , qiii liabeal bumorem , aut loco crasso ; iibi erit sii-
baclus, areas facito, ut possis dexlra sinistiai|ue sarire,
runcarc, iie calcelur. Cum areas deformal)is, intervallum
facitoiuter eas semipedeiu latiim in omiies parles, Deiiide
serito, Ad lineam palo grana bina aut terna demiltito, Et
eodem palo cavum terra; operilo. Deinde supra areas ster-
cus spargito, bene serito. Secundiim aiqiiinocliuin vrr-
niim , ubi erit natum , herbas crcbro purgalo, caveloiiue
ne asparagus uiia cum berba vellalur. Quo anno severis ,
siibstramenlis per biemem opeiito, ue peruraliir. Deinde
prinio vere apeiito, saiito, ruiicaloqiie, Po.sl aimum ter-
lium , quam severis, incendito vere primo, Deinde ne
anle sarueris, quam asparagiis natu.s eiit, iie in sariendo
radices ladas, Tertio, aul (iuarto aiiuo aspaiagnm vellilo
M. P. CATON.
Apres la troisieme annee qui suit rensemen-
cementson bruie les tiges au printemps. Gardez-
vous bien de sauler avant ia poussee des tiges ,
car le saulage pourrait offenser les racines. A la
troisieme ou a la quatrieme annee, vous coupe-
rezlesasperges surlesracines;carsi vous les cas-
sez, il se formera de nouvellcs soiiches qui s'e-
toufferont. Vous pourrez les couper jusqu'a ee
qu'ils montent en graine. Les scmtnccs mu-
rissent a Tautomne; lorsqu'elles auront ete re-
coltees, on raettra ie feu aux tiges et on recom-
mencera a sarcler et a fumer des que Tasperge
poussera. L'asperge est deja au declin vers la
huitiemeou laneuviemeannee;on larrachealors,
pour la transporter dans un autre terrain bien
defonce et bien fume. On fait des tranchces des-
tinees a recevoir les pattes d'asperge. On ne
doit pas laisser entre cellesci un intervalle de
moins d'un pied. En les arrachant creusez tout
taille ou dans un saloir. Lorsque vos jambons
serontachetes, retranchez-en rextremiteosseuse.
Emplo_yez pour chacun un niuid de sel romain
triture. Mettez-en un lit au fond de la tonne ou
du .saloir : stratifiez vos jambons en placant la
peau en bas, et mettez une seeonde couche de sel.
Faitesun second lit dejambons, que vous cou-
vrez de la menie maniere. Prcnez bien garde qne
les chairs ne soient en contact, et couvrez-les
tousdesel. Lorsque tous les jambons seront en-
tonnes, mettez au-dessus une eouche deselqui
les couvrira et que vous egaliserez. Apres qu'ils
auront sejourne dans le sel pendant ciiiq jours , cn-
levez-les avec le sel. Rcplacez au fond du saloir
lesjambonsqui etaient ii lasurface , couvrez-les et
stratifiez-les comme precedemment. Apres l'in-
tervalle de douze jours retirez definitivement
lesjambons, secouez-en le sel, et mettez-les a
un eourant d'air pendant deux jours. Essuyez-les
autour, afin que Tcxtraction ne presente pns de j gvec une eponge le troisieraejour, et frottcz-les
difficultes ; prenez garde surtout de les dechirer. j (]'huile; suspendez-les a la fumee pendant deux
Entourez-les d'une bonne dose de fumier de I jours, apies quoi vous les retirerez. Frottez-les
mouton , c'est le meilleur pour cet objet : tout j ci'hi,i|e et de vinaigre meles ensemble, suspen-
autre engrais favorise la multiplication des raau- 1 dez-Ies au garde-raanger : ils ne sei-out attaques
vaises herbes. 1 ni par les teignes ui par les vers.
CLXU. — Salage des jambons , fiiramleaux de Pouzzoles. !
Procede pour saler les jamhons dans une fu- I
ab raclice. Nam si defiinf;es , stirpes fient, et inlermorien-
tur. Usque licebit vellas , donicum in semen \ideris ire.
Semen malurum fit ad aulunmura. Ita cum sumpseris se-
men , incendito, el cum coeperil asparagus nasci , sarito ,
el sleicojato. Posl annos viii. aut ix. cum jam est vetus ,
digerito, el in quo loco posilurus eris, terram bene subi-
gito, et stercorato. Deinde fossulas facito, qua radicesas-
paragi deinitlas. Intervallum sit ne minus pedes singulos
inter radices asparagi. Vellilo, sic ciicunifodito, ut lacile
evellere possis. Caveto ne fraugalur. Stercus oxillum
quam pluiinuim fac ingeras : id est optimuiu ad eam rem.
Aliud slercus lieibas creat.
CLXII. Salsura pernarum ct offolla! Puteolan<c.
Pernas sallire sic opuitft, in dolio, aut in seria. Cum
pernas emeris , ungulas earum praecidito. Salis Romanien-
sis moliti in singulas seniodius. In fundo dolii, aut seri.c
salem sleriiito. Deinde periiam ponilo. Cutis deorsum spe-
ctet. Sale obiuito lolam. Deinde alterani insuper ponito:
Eodem modo 'obruito. Cavcto, ne caro carnera tangat.
Ua oimifts obruito. Ubi jain omnes composueris, sale
insuper obrue, ne caro appaieat. .liqualem facito. Ubi
iam dies v. in sale fueriiit, eximilo omnes cum suo sale.
Qux tum suninia; fuerint, imas facilo. Kodemque niodo
obruito, ct componito. Post diem omnino duodeciinum
periias eximito, et salem omneni detergeto, et suspeudito
in vento biduum.Die tertio exlergeto spongia bene, pe-
runguito oleo. Suspendito in fuino biduum. Tertio die de-
milo. Periinguito oleo et aceto conimixto. Suspendilo ia
cariiario. ISec tinea , iiec verines tangent.
NOTES
SOR LECONOMIE RURALE DE CATON.
iNTRODicTioN. Wo/or8« cnim noslH lioc sic habtCentnl,
cl ila in lcgibus posucruiit, furent dupli , fccnera-
tnrcm i/uiiilniiili. Oii a lieu de siiiiposer que Calon
lail alliiMiiii aii\ lois (les Doiize Tables. Tacile nous ap-
piiiiil ijiir ii's liils ilelVndaieiit Tusure; niais ni lui ni
ilautres ne font iiiention de la peine qu'elles pionon-
( aieut conlre les usuriei s. POur ce qui concerne les voleurs,
il nous leste un fragment de ccs lois, ou nous Ifsons :
" Si adorat furto, quod nec nianifeslum escit, duplionem
luito. " L'aversion que nolre auteur avait d'ailleuis pour
Tusure elait lelie, que lorsqu'on Ini deman(ftiit un jour
le i|ue c'(;laitque faire Tusure, il ne lepondft qu'en de-
nKindant i son tour ce que c'(5tait qile tiier ut liOir.ine.
Cn\p. I. De omnibus agris, oplimoque, cic... Nous
yoyons par ce passage qu'une r^jcolte d'usier «itait regar-
dee coinnie une cliose si interessante, que Caton nut
une oseraie inuiK^diatenient apriis la vigne et le jardiu,
pour la valeur dc son produil.
Chap. II- Ccnlones, cuculiones familiam oporluisse
sibi sarcire... Le ceiito itail riiabillemeut des gens de la
cainpagne qui leur couvrait tout le corps , tandis que le
cuculio leur enveloppait seulement la tSte et les (ipaulcs.
Cu\p. III. Les Romains, comnie noirs rapprend Co-
himelle, 1,6, (Hvisaient leurs inetalries en tiois parties :
ruue, qu'ils appclaienl !'iMa rustica, (?lait destini5^ au\
nperations rnstiques^et comprenait riialiitalion du nie-
laver et de tous ceux qui (?laient eiiiployies sous ses or-
ilips, les basscs-coars , les etablos, les liangars ponr
meltre a couvert les voilures et les instrimients de cnl-
liire; rautre, qu'ils diSsigiiaient sous le iiom de villa
II uctuaria, ser^ait de reserve au\ prodiiclions de la terre.
( .lle parlie de la metairie se coniposait des greniers, des
iTlliers, des pressoirs, etc. La Iroisifenie partie, appeto
rilla urbana, ^lail reserv^e a rhabitation du pro|)ri(;-
tjire.
CniP. V. Itein dioinnm , riisi compilalibus in cniix-
pilo aul in foco nc facial. Les cninpilaHa eiaieny iks.
lOlPsqui sec(;lebraient dans lus carrefoiirs en riionneur
(les dieux lares. Varron nous explique tres-bien 1'^tjnio-
iogie de cc inot, qu'il fait di^river de compitus, carrefouf,
(iibi vi.ie compeluiit), oii deu\ cbemins se lencontient.
^ oici ses expressions : «^ CoinpilaHa , deis attribulus lai i-
hiis — ubi viae competunt, tiim in compitis sacrificatur :
qiiotanuis is dies concipilur. >>
Chap. IX. Si aqunm non habebis , sicca q^tam pluri-
mafacito. Uoc cstprcedium quodubi viscxpeditfaccre.
Le pi^ci^ple renfermg dans ces paroles est lacons(;quuiii:e
nalurelle de la manifcie de voir de Caton. D'apii's lui ,
le piodnit le plus srtr est celui qu'on retire de Teducation
des bestiaiix. Quelqu'un lui demandant iin jour (|iiel
etait lc meilleur mojen de s'enricliir prompteincnt , il
rc-pondit que c'(5tait de s'appliquer a noiirrir des bestiaux.
La miSme peisonne insistant cncore ponr savoir qnel (^tait
le moyen (jui approcliait le plus de celui-lii, il ri^pondit
qne c'(itait encoie de nourrir des bestiaux, mais d'une iiia-
niere nioins parfaitc. Cic6ron, cn rappurlant celte aiiec-
dote dans ses Offices, II , 25 , lui fait mCme ajontcr quc Ic
CVTON.
troisi^me moVen serait de nourrirdesliesliaiix , quoiqn'on
le fit mal. Mais on suppose avec raison qiie ces dcrnii^res
paroles sont de rinvciitiiiu de roiateur nmiain, pnisqiie
Pline, en c.it;iiit li- iiieiiie Lniit, .XVIII, 5, n'en faitaucnue
mention. Cohimclle miMiu', liv. VI, daiis la pnjface, assure
qii'il cst inipossible qu'uii lioiiwne aussi exp^riinente qin'
Caton ait donne cetle troisieme reponse, puisqii'on p.i-
drail plus a mal nouirir deS besliaux qu'on ne peut ga-
gner a le bien faire.
CuAp. XX.KVI. .ku sujet de ce cliapitre, Dictson (Ti:ii-
16 de ragriculture des anciens) nous fait ohserverque Tii-
sage(5tablien Angleterre de semer quelqueliiis du sarrasiii,
dii Iroment, dutrelle, des pois etiraulHes leguines, pmu
fitie retourn^s comme engiais, nons a (ite transmis par
les anciens , qui avaient souvent recours a cet cxp^dient.
Les Grccs employaient ordinaiiement les feves a cet eiret;
et Tli(?opliraste nous apprend que dans la iMac(5doine et
011 Tliessalie les cultivateurs les retournaient en lleur.
Au lieu de fives, les Romains eniployaieiit giSnt^ralemciit
des lupins. Aarron, liv. I , cli. 23, nous dit : « II y a des
" plantes qu'oii cullive moins pour en tirer du prolit daiis
n le moinent pi&ent,que poiir aiigmenter celui de rau-
a ni^e suivante : ce sont celles qui, laissees sur la terre
.1 apite avoir eti; coupiies, contribiient a la rendre d'un
« meilleur rapport. Cest par oette raison ipie , lorsqu'une
1. terre est tiop maigre, on emploie en guise de fumier le
.1 lupin qui n'est pas encore nionti; en graine,oii bien mftme
« la tige des ffeves dont les cosses ne sont pas encore
.1 assez forinees , pour qu'il y ait plus de piolit k rdcolter
11 la feve ellemfime. »
Coliimelle, en parlant de ce genre d'engrais, nous dit
aiis.si : « Je piMi.se qiie lorsqiie le cullivaleiir nianquc de
« fumicr, il nc doit pas oublier d'avoir lecoiirs aux lii-
« pins;car si on les s6me dans un cUaiiip slerile ver*
« le 18 de septembre, et qu'on les retourne a la cliarn.i'
« ou a la bficlie, ils produiront reflet des meillenis
« engrais. II faiit les retouruer lorsqu'il3 sout en flci^r
.1 poiir la seconde fois , daiis les terraiiis sablonneux ; el
" a leur Iroisiiinie lloraison dans le-s tcrrps fortes. Dan» 'e
« piemier cas,oii les enlerre |i)isqu'ils sont lendre» eii-
« core, alin (iu'ils pourrissent pliis promptement , et se
« nn>lpiit avec le snl franc. Oaiis le secoiid , on les lais>«
« dpvenir durs et rniiles, alin qu'ils pnisspntsnutenir pliis
« loiigtemps les mottcs solides dans un (jtat de divisinn .
.1 jiisqira ce qiie les vappiirs qne les clialeurs de T^^le
« font exlialcr aux plaiites i|ui Se piitrfificnt puissentlis
« pen(!li'er et les dissoudre. »
Noiis voyons par la que les Romains (■laient tri^s-atten-
tifs a la maniere de rctouriicr des veg^^laux pour seivir
d'engrais ; el peut-fitiee.st-ce ledefaul dii ni^ine .soin ipii
a fait nianquer lant de fois unc exp^rience dont le
siic(te ne saiirait Ctre douteux. Les lerres l(>geips d'ltalit^
oiil bcaucoiip a soufliir de raction du soleil pendanl
la saison cbaiide ; pnur cette rai.snn , lorsqu'on y semail
dps lupins pour les fertiliser, on les ictonrnail pendaiit
qu'ils (^taient lendrcs, afin(|u'ils pusscutse ntfler proin[i.
tement a la lerre, ct avant qiie le snlpil en eiit fait (*\a-
porer Ics sncs. II n'en est pas dc nicme des tcrres forles ;
50
NOTES
clles onl licsoit) iVtlrc divis^es , ce qui ne se fait pas sans
ililHcult^ : aussi, loisqu'on y seniaitdcs lupins pour cn-
giais, on ne lcs letournait que lorsquMls avaicnt acquis
une consistancc qui les rendait capablcs de suppoiter la
terre et de la tenir ouverte. Par la, lcs rayons du soleil
s'y introduisaient, ct faisaient exlialcr, des planles cn piilr(5-
faction , des vapcuis qni liumeclaient et dissolvaienl cctte
teire dure et conipacle.
Pline conseille de faire laboiiier iinniedialenient un
cliainp de lupins qui a il6 mange en vcrl. Ccst ici iine
ciiconstance a laquelle les anciens paraissent avoir donn^
licaucoup plus d'atlentio)i qiie les niodernes. lin effet,
robjet parail assez impoilant. Lorsqii'iine plante est coii-
pi^e verte, coinme le fourrage, il y a certaineinent une
grande quantilc de s6ve dans la portioii de la lige qui esl
laisst^e sur pied , aiiisi qiie dans la racine. Or , si cette
partie de la plaiile cst abandonnee dans celle situation k
la clialeur da soleil , il est probable que non-seiilcment
toute cette sfeve scra evaporce , mais encore qu'aussi long-
leinps (tiie la plantc coiiservera cette puissance de succion
par laquelleelle tire sa iiouiriture de la terre, elle conli-
nuerade la ponipcr en pure perte, puisqii'el1e ^puisera
ainsi la terre d'ime s^ve que le soleil fera evaporer. Mais
lorsqiie ces racincs encore pleines de suc sont labonr^es
ct eiifouies, ellcs se pourrissent et rendent tous ces sucs
4 la terre , en nieme tenips qu'clles y cxcilcnt nne fci men-
tation utile. Noiis coiipons aussi quelquefois rivraie et les
l^gumes verts poiir foiiriage; rious devrions, dans ce cas,
siiivre le conseil des anciens, d'aiitant plus que, qiid que
Boit rellet de la racine de Tivraie sur la terre lorsqiron
la laisse se fleliir d'ellemiime, il esl certain quc plus Iflt
uiie terre , apres avoir 6l6 licoMe , est labour^e , et plus
tot clle se repai e.
CiiAP. XXXVIll. La description que nous fail Calon
de la mani^re de conslruire les fours et de cuire la cliaux
est trte-importaulc. Nous voyons par lci qiie la cliaux
(!lait bien connue des Romains, qiioique avaiitle tenips de
t>Iine ils ne paraissent pas Tavoir eiuployee coniine en-
grais. Le proc(id(Sdontnous nous servonsaiijourd"liiii pour
cuire notie cbuux est Irfcs-diffijrent de celui que nous
donne Caton. Kn Angleterre , noiis dit Dickson, on mfile
les mati^res cdinbuslibles avec la pieiTe destin^e S faire
h cliaux, au lieu que les anciens les s^paraienl. II est
uatiirel de penser quc les premiers essais pour ciiire la
cliaiix furent de placer la pierre dans le feu , ou de infiler
los niatiires calcaires et combustibles. Dans cette suppo-
sitinn, leur si^paralion , suivant la m^tbode lomaine,
im\l un degrii de perfecliou.
I)u tenipsde Pline, on se servail dechaux ians quei-
qiies parties des Gaules pour funier les terres a bl(5, et on
ravait reconirtie trbs-bonne en Ilalie pour la vigneet To-
iivier. Ce mfime auteur cile (5galenient la chaux comine
tit^s-favorable aux cerisiers : « Cerasos praecoces facit, co-
giique maturescere calx admota radicibus. " (En cou-
vrant de cliaiix la racine des cerisieis , on liAte la crois-
sance de cet arbie, et on avance la maluiitS de ses Iruits.)
Ce passage iious montre donc que l'usage de cette
siibstance (5tait connue des Roinains coinnie engrais. Les
cerises ne furcnt connues en llalie qu'apres les vicloircs
de Lucullus sur Mitliridate; or, co Roinain les apporta
Tau 080 de la r^piiblique, ou environ deux cenls ans
avant Pline. Nous pouvons supposcr que puisque de son
tcnipsl'onavait reconnu refficacit^ de la cliaux pour les
cerisiers, on avait fait plusieurs lenlalives de ce genre;
et il est probable qu'a cette ^poque son usage comine
engraisauiait (!l6 aussi r^pandu en Ilalie qii'il fest parmi
uous, s'ileill autanl convenu 4 son climatqu'il convient
aii nfltre.
CuAS. LX.KIV Panls dcpilicius, que porle !o tcxte
dc Gessncr, signilie foiit siinptenient un pain p(5tii. II csJ
plus probableqiie Caton enlcnd parler du panis lestitius
(ou testnatius), pain cuit sous la cloche, qui se distiii-
guait du pain oidinaire, appel^ /wrnacens (cuit dans le
four),parson excellente qualit(5. iNous lisons eu etfet
dans Varron, liv. IV : " Testuatium, quod in teslu caldo
coi]uebatur, ut cliain nunc id faciiint matronae. »
CnAP. LXXV. Siir le /iftitm, hplacenfa, ]estracta
el Yalica. Le libum itait, ainsi que son origine rindique
( liharc), une esptee de giteau olfert aiix dieux dans les li-
iialions usit^es dans les s^iifices. Ces giUeaiix ilaient
faits de fariue, de miel et dli uile. Les placenla ( du mot
TtXaS, 7t),axo;,croilte) sembIentavoir6t(5 des giteaux plus
compactes. D'autres font d^river le inot placenta de ce-
liii de placare, conime pour indiquer qu'ils servaient k
apaiserles dieux auxquels on les offrait eu sacrifice.
Les Iracta sont uuc csp6ce d« gaiifres, ou pluirtt di!
masse-pains d'une p4te cioquante, puisqiie les Romaii.s
s'en servaient poiir lipaissir les sauces , comme nous noits
servons de cliapelure de pain. Tracta provient sans doiile
de tractare qui veiitdire manier, parce qu'il fallait bcaii-
coup p^trir cetle p4te pour la lendie I6g6ie : on priStend
que notre raot tarle a la m6me origiiie.
Valica , selon Pline , XVIII, 11, (itait une compositioi>
faile dc grains d"(Speaulre concasses, auxquelson ajoutait,
pour les atlendrir et pour les blancliir, une esp6ce de
craie particu!i6requise troHvaitcntrePulcoli (aujourd'bii!
Poiizzoles) et Naples, sur le mont Leiicogce (aujouid'Iiur
la Liiniera ). Cctte craie 6tait si esseulielle k la coiiiposi-
tiondera?«ca, etra//cn el!e-m6me si pi<^ieuse,qirAiiguste
fit payeruncsoiniue considerable par an surson tr6sor Mr,
Napolilains, pour qu'i!s eii approvisionnassent une colonie
qiril avait 6tabliea Capoue. Pliue assure en effet qiiecettc
coinposilion 6tait ti^ssalne, et il lui doiine la paluie sur
toutes les esp6ces de ragoOts qiie Pon faisait avec les
grains. Quand les giaiiis d'6peautre concass6s n'avaient
616 que d6pouill6s de leur enveloppe, comineici , c'6tait
de Valica prima ; ensuitc on les concassait de nouveau ,
on les faisail passer par un crible : ceux qiii 6taienl Irop
grospour passerdonnaientra/ieasecwnrfa, etles plus raf-
iines Valica terlia.
Chap. LXXVII. La .s;»ra ((jreT;a) 6tait, ainsi que le
mot rindique, un gSleau d'une fonne spirale.
CuAP. LXXVIII. Les scriblito! (du xmt scribillare,
scribo ) 6taient des pi6ces de p;ltissei ie sur lesquelles il y
avait toutes sortes de dessins ou d'iuscriplions : Circum-
latadiM mensis scriblita sectmdis. (Martial., lib. 111.)
Dum scriblitcB scriblitae cestuant occurrite. (Plaiit.
PlfU.)
Chap. LXX.V. Les encijta sontdes especes de beignets.
II parait que ce niot piovient de EyxuTeOeiv (verser dans ),
parce qiie ccs pi6ces de p4tisserie 6taienl tremp6es dans
l'liuile : apr6s quoi on les faisait passer k tiavers iin
moule.
Chap. LXXXI. Verneum 6tait encore une piece de
p4lisseriequi,d'apr6sTuinebus,tirait sonnoinde/iir, ///)•
nea (petit vase plat ), et d'apr6s Scaliger, de ojiveov.
Chap. LXXXII. La spltcerita ou spterita doit son nom
aux pi6ces de p4tisserie sph6riqucs qui entraieiit daiis sa
composition.
Chap. LXXXrV. Savillum , pi6ce de patisserie appeI('o
ainsi k cause de sa doucenr el de sa siiavit6 {Savinr el sa-
viata se disaient autrefois pour siiavioret suavitas). D"a»
pr6s la recette que nous donneCaton poiir pr6parer ceg4-
teaii , il n'est gu6re probable qu"il serait encore du gofll
de nos joiirs , au point de mdriter le litre tiesnrillum.
CuAP. LXXXVII. Quant ara»M(/)()H,Plinenousdit(pie
celle pite 6tait appel6eainsi, parceque pour la fabriiiiier
SUR CATON.
ou einployail lc giain saiis le moiulio : Ajiitdlatum ab co
quoil siiie mola (a piivatifet mola)JUit.
Chap. CXXXIl. Jovi dapali cuitgnam et... Jiipiter
^tait appeM Dapalis, parce qifon liii cloniiail iin lepas
splendide a roccasion de ces lites ; et on le pla^ait eutre
Minerve et Junon.
Cinp. CXXXIV. Priusquam messim facies , porcam
pra-cidaneam hoc mndojicn o/mrtct. On appelait pr(E-
cidaiiia Ipra; ccedo ) toute victime iju^on immolait avant
les aiitres; mais la Unle pr(ECidanea ^tail en particiilier
celle qiroii olTiait a C^ies avant dc couper le bl6. CMIait
un sacrilice impos^ a celui qui n'avait pas rendii les der-
niers devoirs a ()uelqirun de sa faniillo.
CuAP.CXXXVI et C.XXXVII. Relativement aii parlase
<le la rdcolle, donl nous parle Calon dans ces deux cliapi-
trcs , Dickson noiis faitobserver que les premiers fermiers
qiii aicnt exisli5 cliez les Romaiiis se trouvaient placi%
sous d'auties conditions qiie cliez noiis. U appartenait aii
propiielairc de ponrvoir la fernie de tous lcs instrumenls
neccssaires, et le fermier recevait en ^cliange une cerlaine
portion des produits potir les tiavaux de culture. II s'ap-
pelaillantrtt poii/or, par rapport h roccupationi laquelle
ilse UvTiilHpolire terram) iUaM partuarius par rap-
ports a sa posilion vis-Ji-vis du propri^laire dont il (itait
en qnelquesorte rassocieen recevant unc partie du pro-
duit de la ferme pour prix de son tiavail.
Qiiant a la portion niSme de la r^colle qui revenait au
politor,) elle etait, ainsi que nous le voyons dans le cha-
pilie cxxxvi , exli^niemejit faible; cequi nousfaitsup-
poser que le lermier ite laisait aucune dcpense poiir la
cullure, et qiie cetlc portion liii (5tait livree exempte de
loulo deduction. En l^^gypte , le roi , coinme proprielaire ,
ne recevait quc la cinqiiieme partie. i\Iais cetle conven-
lion avait ile elablie par Josepli pendant la grande famine,
ct elle n'avaitdu souffrir aiicune dillicultti : d'ailleiirs le
roi n'avait aucuiie depense a laire, et recevail le cinquiiime
du prodiiit comme lente du fond. En Angleterre, quel-
queibis oii afferir.e sur le mfiuie pied que le politor ro-
raain , poiir ce <pii concerne le mode <le payement- Mais
au lieu du sixit!ine, qui etait le maximum dii droit du
politor , le fcrmii-r anglais recoit six dixii>mes ou tiols
cin(|ni6mes, la lente payee au propri^lairo litant un tiers;
ce qiii avec la dime fait quatre dixiO^me.s ou deux cinqni^-
mes. Lorsqu'une terre est affcrmi^e siir ce pied, non-seii-
lement le lermier cultive, mais il fournit le b(5lail, les us-
tensiles et la semence ; et excepli; le transport a la grange ,
le ballagc et le vannage, le proprii^laire a scs deux cinquit-
mescxemptsde loulecliarge. llestlmpossibledesupposer
que le politor dilt fournir lout ce que fonrnil le fermier
anglais ; la portion dans la recolte i^lait trop faible pour
cela. Caton ne dit pas par qui !a semence tHait fournie.
£lait-ellc pielevee sur la lecolte avanl le parlage, ou
6taitce le propriiilaire qiii la donnait? II cst (!vident qiie
ce ne pouvait Ctre le politor , car cela lui eOl eniev^ la
raoitiiS de sa purtion ; il est probable inCme qu'elle u'(ilait
pas foiirnie en commun , et que c'(itait le propriijtaire
seul (pii la prenait sur sa part.
I.cs ciiloni dont parle Columelle paraissent avoir ile
sur iin aiitre pied que lcs politorcs ou partuurii. Ils
payaient iinc rento poiir leur foiinc , comnie lont nos foi-
miers actuels. Columello lesappelle feriniers libres (*•«*//■
beris colonis) pour lesdislingui;rdes/)o<(<or(?soupm7«(j-
rii. Ceux-ci ^taient .sous la direclion absoliicdes propiiiv
taires dans toute la conduite de la fernie, tandis que los
fermiers libres n'etaienl tenus qu'aux condilions de leiir
bail.
II parait, d'aprfes Caton et Coliimelle, qiie le? fermiers ro
mains t^taient aslreints ,1 certaines ciilturessur leiirs fer-
mes ; de sorte qu'ils ^taient soiimis nnn-seulement 5 iin
plan (Stabli pour la succession des ri^coltes , mais eucnie
ils (ilaient (lans robligation de cultiver d'une manii^re di^-
lcrniiiit''^ les diff^renles produclions. Cette circnnslance
s'o\|)liiiuepar le haut degri^ depeifeclion auquol r.igiiciil-
liiro olait parvenue en Italie. Les optirationstitaionl biou
entondiies, la ciiltureiStait riigMe suivant la natiire dii snl
el des productions , ct rordre des saisons perniollait do.
fixer avec plus de picci.sion les lemps convenahlos poiir
les difftirenls tiavaux. Ces lestrictions d'ailleurs imposoos
aux fermiers pouvaienl Hre trfeavantageuses <i ragiiciil-
tiire; et Colunielle conseillo meme anx propri^taires diMro
pliis exacts i exiger la ciilture qiie le payemeut, parce qiio
le fermier, recueillant de bonnes riScoltes, oserait moiiis
solliciter rindulgence du maitre pour le payement de la
rcnle.
CnAp. CXLT. Les suoi^itnnrilia (itaient le plus grand
et le plus consid^rable sacrilice que Ton olfrait au dioii
Mars. Cesacrifice se laisait pour la lustration ou Texpia-
tion des champs , des fonds de lerre , des arm^es , des
villes et poiir atliier la protcction des dieux par cet acte
dc loligion. Lcssuovitaurilia t^laientdistinguesengrands
otpetils: les pofitsC'laient ceux oii Ton immolait dejcu-
nos aniiiiaux,un jcune coclion, un agneau, iin veau; lcs
grands (itaient ceux oii Ton immolait des animaux par-
faits , qiii avaient toule leur laille, comme le verrat , le bii-
lier, le tauieau. Avant les sacrifices on faisait faire h ccs
animaux Irois fois le toiir de la chosedont on voulaitfaire
rexpiation,commele ditVirgile : « Que la victimequidoit
" 6tre offerle soit promeni^e trois fois autour des mois-
« sons. »Le verrat^taittoujoursimnioltjlepremier, comme
ranimal qui niiit le pliis aux semonces ct aux moissons,
et successivement le biilier et le taureau. Les suovitau-
rilia (^taient chez les Romains , comme nous Tavons dit ,
un sacrilice offert ."i Mars ; mais chez les Grecs le mi^nie
sacrilice se faisait en riionneur d'aulres dieux encorp;
conimc, par exemplc, en riioiineur de Neptune, dans Ho-
nviic, et cn celui d'Esciilape dans Pausanias.
CH.'.r. C.XLHI Kalcndis, idibus, nonis , festus dic-
cum erit ,coronain infocum indat. Cetle coiironne de
flcurs itait mise dans PAtre en riionneur des dieiix lares,
dont le sitige principal ^tait dans le foyer. Elle iHait d'une
grandeurextracrdinaire;et Festusnoiisdit: 11 Dunalic.i! ro-
roii.T dicta>, quod liis vicloies in ludis doiiahaiiliir , qua;
poslea niagniiicenli.'e causa inslilulEC sunt super moduin
aplarum capilibus, quali amplitudine liunt, ciini lares
ornantur. >> Su^tone nous apprend qiie cette coutunie (!tanl
tombee dans roubli, Aiigusle la riStablit, en ordonnant
qu'on d(ipos4t ces couronnes dans 1'atiedeiix loisran,
au printomps et i Tottt : « Compitaliliis lares ornari hi ;
anno instituit , vcrnis lloribus et acstivis.
VARRON.
)'j<i^'»i^s&'»<&s^'->^<»^^<3<^^^i<^'9-&'i<^-»<^<»<Si'aiS^'S<s>n«^^
SUR VARRON '•
iM Tereutius Varroii , le plus savant des Ro-
maiiis , au jutiement de Ciceron, s'etait rendu ce-
lebre par uu grand nonibre d'ouvrages , dont la plu-
part ne sout pas paiTenus jusqu'a nous. Parmi ces
derniers , on doit citer riiistoire de sa vie : le gram-
niairien Cliarisius faisait un graud eloge de ce mor-
ceau, dont la perte est si regrettahle. On sait douc
fnrt peu de cliose sur Varron, et le peu qu'on sait
ne repose que sur des conjectures tirees soit des
auteurs anciens , soit de ses propres ecrits. Nous ne
laisserons pas de rapporter ici tous les passages qui
peuvent jeter quelque luniiere sur sa vie et ses
travaux, en indiquant autantqu'il nous sera possihle
la date de ses principaux ouvrages ct la ualure de
ceux qui ont ete perdus.
Nous trouvons d'abord dans Plina , I. vii , § 53 ,
un passage oii il est questiou de ses parents. C"est
Varron lui-meme qui parle , citant comme un dou-
ble exemple de niort subite celle du mari de sa
tante niaternelle Corfidius et celle du frere de ce
Cortidius. Tous deux etaient chevaliers romains.
Krnesti pense que c'est le Corfidius dont Ciceron
a fait niention dans sa liarangue pour Ligarius : on
voit meme dans une de ses lettres {ad .-Itt. .\in , 44)
qu'il voulait supprimer son noni , parce que Corfi-
ditis etait niort quand la liarangue fut prononcee.
Varron parle encore daus sou traite De re rustica
(liv. II) de Caius Fundanius son beau-pere, et de
Fundania , femine de celui-ci. Nous supposons que
c'est ce Fundanius qui avait ecrit un ouvrage sur les
phcnomenes de la natiire, iinite de celiii d'.Aris-
tote , et qui a ete fort loue par les grainmairiens.
\'arron ajoute ( liv. iil De re rust.) que le fouds de
terre appartenant a sa taute etait sitiie daus la Sa-
bine. II etait lui-meme de Reatiue , et Sidoine Apol-
linaire lui donne toujours le surnoin de Heatiniis ,
pour le distiuguer de Pubbus Terentius Varron .\ta-
cinus. Symmaque le designe aussi parce surnom.
On iguore quelles charges il brigua , et quclles
sontcelles doiit il fut revetu. Suivant Fahricius, il
aiirait ele tiibuu, et cet honueur n'est pas le seul
qu'il aurait obtenu. Cette coujecture nous parait
fondiie , en ce qui concerne le tribunat , sur un pas-
sage des .■tntiquilis de Varron 'apud Cellium) qui
sc trouve place parmi les fragments , a la suite de ses
ouvrages.
Nous voyons dans Pline (liv. xxxv, § 49) un autre
(I) Celle noticc esl un i&iini(i dii savanl liavaii iluiil
Scliiieiiler a fait pr^i-der son i^dition <le Vurron , daiis Ui
lollecliiin qiril a ilonnee des Scriptores rci rnsticce.
passage qui semblerait prouver que \ arron cxerca
redilite. « On irouva , dit-il , dans une maison de
« Lacedemone un plafond remarquable par Texcel-
« lence du travail et la heaute des peintures. Ce
« plafond ayant cte dctaclie de la muraille, ct niis
K dans une caisse , fut trausporte a Rome par les
<i coins des cdiles Murena et Varron , qui en orne-
« rent la salle des comices. » i\Iais on peut doutec
que ce Varron soit !e savant ccrivain qui nous oc-
cupe. Le nieme Pline ( liv. ii ) noinnie Vitruve
a la piace de Varron. Ernesti , s'appuyant sur
une lettre de Ciceron (xiii, 10), fait de Varron
le questeur de i\L Brutus lorsque celui-ci partit
pour la Gaule. Mais il cst certain que le M. Teren-
tius Varron qui acconipagua Rrutus dans la Gaule
n"avait rien de commun que le noni avec le Varron
de Reatine. Ernesti aurait pu s'en assurer par
la lettre mcine de Ciceron dont nous rcproduisons
ici les termes {h:p. 1, 13-10) :
" Lorsque Jl. Terentius Varron, dit Ciceron,
« vint au Foruni , il rechercha nion amitie. Cctte
« amitie s'est accrue avec le lemps. II se plait aux
« menies etudes que moi ; il .s"en occupe avec ar-
« deur, ainsi que j"ai pu le voir souvent , et nienie
" avecsucces. Iletaiten relations tres-assidues avec
" les fermiers de la repuhlique, ce qui nelaissait
« pas de me faire quelque peiue. II eprouva dc
n grandes pertes, ot se jeta dans la carriere du bar-
« reau, avant les ehangeiiients survenus dans la
« repuhlique. II s"y distingua par sa probite autant
« que par ses talents , rcgardant coinme trcs-hono-
« rable et tres-lcgitimement acquis le gain qu'il
« retirait de sa profession. »
Ciceron parlc encore {ad Dic. xiii , 21 d'un A.
Terentius Varron Murena qui faisait le cominercc en
Acbaie, etlui recommande sonaffranchiTiron,alor.s
dans cette province , et inalade ; mais on ne sait qucl
est ce T. Varron ISIurena . Ou ne sait pas non plus q ue
conclure de ce passage de Ciecron (arf Div. ix, tO) ,
oii Decimus Brutus lui dit : « Je ne pourrais sutlGrc
« a la depense, eussc-je a ma disposition les trcsors
« de Varron. » Corradus pense que c'est une allu-
sion au Iraite de Varron sur Ifs richesscs. Manu-
tius n'est pas de cet avis : il preteud qu'il s'agit d'.Vn-
toiue, et qu'a la place de farroiiis il faut mettre
Jlaronis, terine de mepris dont Brutus se serait servi
pour fletrir son ennenii. Quant au pocte Tcrentius
Varron Atacinus, aiusi appelcdu nom d'un lleuve
ou d'un village de la proviiice dc Narbonue, it
vivait dans le ineme temps. Horace et Ovide out
celebrc ses louanecs. 'VVcniBdorff a donn^ la liste
NOTICE SUR VARRON.
^e sesouvrages dans son Epitre critique sur les poe-
fes latins du seeond ordre , adressee a Rulinlienius.
Sidoine Apollinaire (liv. vi, 32) cite les deux Var-
ron, mais sans savoir comuient on doit les distin-
guer. n De quel Varron veut-on parler.' dit-il ; est-ce
11 de Varrou Atacinus , ou Lien de Tcrentius Varron .' >>
Aquoi Uuluikenius repond tres-justement, en s"ap-
puyant surun passagedeSynuuaque (£';;«/. ix-32) :
« Tu sais bien que ce n'est pas deTerentius le Co-
« inique qu'il s'a.!;it , mais de Varron de Reatine , le
<i pere de Terudition latine. »
Varron s'etait acquis les bonnes grjices de Pom -
pee, dont il emhrassa le parti contre Cesar. II lui
resta fidele jusqu' au moment oii sa cause fut perdue
sans ressources. Pompee Tavait employe (lans la
guerre contre les pirates et contre Mitliridate. Ap-
pien , De bfll. Milhridn.t., dit que Cneus Statius
\'arus conlia a Varron la garde des mers d'Ionie
et deSicile, jusqu'a TAcarnanie; d'ou fon peut
cnnclure qu'il fut preteur. En effet, Appien ajoute
que Jes prcteurs avaient et6 envoyes pour garder
ces deux mers. A^arron , dans son traife De re riist.,
(!. ll)a fixed'iine maniere tresprecise les limites de
son commandement maritlme. « Je n'ai ricn avance,
« dit-il, qui ne m'ait ete assure parceux qui posse-
« dent les plus beaux paturages en Epire, lorsque
.. je commandais la flotte entre la Sicile et Tile de
" Delos, pendant la guerre contre les pirates. ■> On
peut rapporter a cette epoque ce que dit Varron de
certains poissons {De re rust., liv. iii, clio 17, §4).
II supppse quec'e.st Accius qui parle : " Ces poissons,
<■ dit-il , nesQut-ils pas encore plus sacres que ceux
1. que tu as vus en I.ydie, qui, accourant par trou-
» pes au son de la iiiite grecque, vinrent jusqu'a
1. l'extremite du rivage , et meme pres de rautel
1' ou tu s.acrifiajs : personne tfosait les toucher. »
Piine parle aussi du comniandement exerce par
Varron, comme chef de la flotte, dans la mer de
Sicile(l. ni,§ 16) : « Pyrrhus, roid'Epire, eut, dit-
i> il, le projet d'unir ces deux rivages au moyen
" d'un pout jete sur le detroit (le detroit qui separe
" r.Adriatique de la mer lonienne, entre .'Vpollo-
" nie et Hydronte, et qui a cinquante mille pas
•1 de largeur). Varron avait eu le meme dessein
11 lor5qu'il commandait la flotte de Pompee, pen-
« danf la gqerre coptre les pirates; mais d'autres
11 soinsrenempecherent. » OnvoitencoredansPline
(1. \i, § 19) un passage oti jl est question de Var-
ron; c'cst au sujet de la mer Caspienne. II rapporte
une observatioD faite par Varron sur la qualite des
eaux de celte mer : « L'eau de cette mer, dit-il , est
11 doucp, an rapport de Varron, qui en fit porter a
n Pompee , pendant la guerre contre les pirates.
1. C'est sans doute 1'enorme masse d'eau apportee
« par les fl.euves qui s'y jettent, qui rempcche
" d"etre salee. Varron ajoute qu'il fut rcconnu
.1 alors qu'on pouvait en sept jours transporter
« les marchandises indieunes de Tlnde a la Bac-
<• triaue et au fleuve Icare, lequel vient se per-
" ilie dans TOxus pour passer a la mer Caspienne,
<■■ dans les caux du Cyrus , et , au bout d'un voyage
n par terre de cinq jouTS au plus , debouchet dnns
« le Pont par le Phase. » Cest encore d'apres Var-
ron qu'il parle des Ophiogenes, habitants des
bords de rHellespont, dont la salive guerissait la
niorsure des serpents. Enfin, s'il faut rencroire,
Varron aurait ecrit que le roi Ptolemee , lors de
rexpeditiou de .ludee , avait fourni a Pompee uu
corps de huit mille cavaliers entretenus a ses frais,
et qu'il lui avait donne un festin oii se trouvaient
mille convives, ayant chacundevant eux un vase d'or
qu'on changeait a mesure que les services se succer
daient. Ce fait semble remontcr a Tau 091 de la
fondation de Rome.
Varron merita dans cette guerre la couronne nar
vale quilui ftit decernee au retour(Plin., vii, § 31 ;
XVI, § 3). On y ajouta deTargent. Pline donne le
chiffre de la somme (I. xxxvii, § 6) : « On accorda,
« dit-il , a larepubliqueet aux questeurs qui avaient
« defendu les cotes , une somme de niille talents :
« chaquesoldat eutsix mille sesterces. » On trouve
une lecon differente dans une ancienne edition de
Pline. Suivant cette lecjon, on n'aurait donne que
deux mille sesterces a chacun des soldats. Appien,
dc 5on cote, dit quinze cents drachmes. Quoi qu'il
en soit , nous croyons qu'on a eu tort de joindre ici
la republique aux questeurs.
Nous avons dit que Varron embrassa le parti de
Pompee dans la guerre civile. II commandait les
troupes que ce dernier avait en Espagne. Ciceron en
parle dans une de ses lettres a Dolabella {Fam. ix,
13): « Caius Suberinus Calenus, voulant rester
« neutre, dit-il, s'etait retire en Espagne avecVar-
« ron, avajit le commencement des hostilites. Per-
« sonne ne pouvait supposer, aprcsla defaite d'A-
« frauius, que la guerre dut s'etendre jusque dans
n cette province. Maisapeine arrive, iltombadans
« le maiheur qu'il voulait eviter : en effet, Pompee le
« supplia si instamment de prendre les arnies, que,
11 sous aucun pretexte , il ne put s'y refuser. » Cesar
fit la guerre b Afranius et a Petreius en Espagne, Tan
70.5 de Rome. Varron avecses legious defendait TEs-
pagne inferieure (Bell. civ., 1. i-xxxviii); et Cesar
(id., xvii-xx) ne laissepas de luidonner de grands
eloges. Plus tard, lorsquil n'y eut plus d'espoir, Var-
ron lui livra ses troupes, et vint au-devant de lui jus-
qu'a Cordoue, ou il lui rendit un compte fidele de Te-
tatde la province, et lui remit Targent qu'il en avait
tire. II tenait encore pour Pompee a Tepoque oii fut
livree la bataillede Pharsale (Cic, De div. ,x,S2).Ci-
ccron raconte qu'etant a Dyrrachium, oii il comniau-
dait la fiotte des Rhodiens, un des partisans de
Pompee vint le trouver, et dit qu'un des rameurs, qui
avait le don de divination , lui avait annonce qu'a-
vant trente jours la Grece nagerait dans le sang ; que
Dyrrachium serait livre au pillage, toute la flotte
brillee et mise en fuite. Ciceron ajoute que cette
prediction lui causa une grande terreur, ainsi qu'a
Marcus Varron et a M. Caton, qui etaient avec lui.
Peu de jours apres on vit arriver Labienus , echapp6
du desastre de Pliarsale. Ces evenements se passe-
rent en l'an 706 de Rome, et Varrou a paru y faire
allusion dans un passagede ses Agronomiqucs (l, 4,
§6).
NOTICE SUR VARROiN.
Aprcs avoir dfpose losnniips, il s'etait retire 51
Cuines et a Tusculiim, 011 il cultivait en paix les bel-
les-lettres , quoiqu^ii ne fiit pas sans inquietude sur
)es dispositions du dictateur a son egard. Mais Ce-
sar, lui ayant pardonne, le cliargea, sur sa demande,
d'organiser les bibliotlieques grecques et latines
qu"il avait rintention de fonder, et qui furent ou-
vertes jieu de temps apres, vers ran707 de la fon-
dation de Rome.
Les premieres bibliotlieques grecques et latines
etablies a Rome avaient ete fondees par Pollion,
qui lit placer dans 1'atrium les bustes des ecrivains
les plus celcbres. II Tavait eu outre decore des de-
pouilles prises sur les Dalmates. Tous les anciens
auteurs sont d'accord pour celelirer la magniticeuce
de cette partie du nionumeut. II est a croire que
c''est cette galerie de bustes qui donua a Varron
ridee de son traite sur les Imaycs, designe par les
grammairiens sous le titre A^IIcbdomades. Aulu-
Gelle parle aveceloge des deux livres d'Homere et
d'Ilesiodequi faisaient partie de cet ouvrage.
Quant aux livres sur les Bibliothcques , cites par
le grammairieu Sosipater, nous ignorons s'ils fu-
rent con]po.ses en memetempsque les Ilebdoma-
des, ou si Varron les y reunit plus tard. Suivant
Nonius, Varron disait, dans le prcmier livre aes
Ilebdomades, qu'il avait divise son traite en sept par-
ties, pouriniiter lesalcyous,quiuietteut septjours a
faireleur uid sur la mer. Aulu-Gelle (I. iii, cii. U)
rapporte encore quelques lignes de Varron tirees du
livre des Juurs, et qui s'appliquent a la statue de
Demetrius. Cest une inscriptiou placee au-dessous
de cette statue, et dont voici le sens :
« Celui-ci est Demetrius, qui ena eu autaut que
" Tannce a de jours. »
Cest du moins ce que porte la premiere ^dition
de ISIercurius. .Scaliger, daus Ses Catatecies , coni-
plete Tidee :
<i Celui-ci est Demelrius , a qui on eleva autant
« de statues en airaiu qu'il y a de jours dans lan-
,« uee, i> ce qui a ete entendu de Demetriusde Pha-
lere. Ce passage de Pline (I. xxxiv, § 12) parait
autoriser rexplication de Scaliger : « Je pense, dit-il ,
» qu'il n"y a point d'iiomme a qui ou ait eleve au-
« tant de statues qu'a Demetrius de Pbalere. On
<> lui en avait erigii trois cent soixaute, d'apres le
■' nombre des jours qu'on donnait alors a rannee.
« Ces statues furent bientot renversees. » A propos
du livre !'■'■, Aulu-Gelle (liii, ch. 11) dit que i\l.
^ arron avait niis sous le portraitd'Homere une ius-
criptionconcue en ces termes : « Cette cbevre blan-
« che indique la place oii repose Homere; car une
« clievre blanclie est la victime que les liabitants
" d'los offrent en sacrifice a sa m^moire. »
On voit dans le poenie d'.\usone sur la Jloselle
(y. 30G) que le dixieme livre des llebdomades etait
fonsacreauxarchitectes; etSymmaque (I. 11, Epist.
2) dit que ce livre contenait Teloge de plusieurs
p.ersonnages celebres.
Le passage suivant iious fait connaitre quel etait
r.ige de Varron lors(|u'il termiua les Hebdomades.
Cest Aulu Gelle qui parle (1. 111, ch. 10) ; « Varron
« dit, a la lin des /lebdomades, qu"il est sur le point
« d"avoir parcouru sept fois douze anntes (il avait
o alors 78 ans) , et qu'il a ecrit sept fois soixante-dix
« livres, dont il a perdu un assez grand uonibre
« lorsquil etait proscrit, et que sa bibliotheque fut
« pillee. » On verra plus bas que samaison deCasi-
nate fut occupee ct detruite par Antoine pendant
la guerre civile.
11 avait quatre-vingts ans lorsqu'il ecrivit ses
.■t(j'onomiques , ainsi qu'il le dit lui-meme dans sa
prcface; d'ou Fon peut conclure que cet ouvrage
fut compose vers Tan 717 de Rome. Les Ileb-
domades, ou livres sur tes Imacjes, durent etre
composes deux ans auparavant. Aulu-Gelle a tire
de cette preface les observations qu'il a faites sur la
vcrtu du nonibre sept, et dout quelques-unes te-
moignent d'une rare sagacite. Pour les autres , il
est permis de douter de leur exactitude.
Les Questions epistolaires , adressees par Varron
a Appianus, furent composees apres la mort de
Cesar. Aulu-Gelle (I. xiv, ch. 7) cite plusieurs pas-
sages du livre iv, oii il est question de la curie
Ilostilia, de la curie Pompcia, et de la nouvelle
coutume qui s'^tait iutroduite danslesenat, pour
demander l'avis des senateurs. On ne lira pas sans
interetle passage d'Aulu-Gelle : « Cn. Pompee,dit-
« il , fut nomine consul pour la premiere fois avec
« M. Crassus. Occupe jusquici des soins de la guerre,
« il ignorait, au nioment d'eutrer en cliarge, de
« queile maniere on doit convoquer le seuat, et eii
« general tout c« qui concerne radministration
" interieure. II pria son auii Varrou de lui faire un
" memoire sur le ceremonial a observer, oii il pdt
« apprendre ce qu'il devait faire et dire en consul-
« tant le senat. Varron fit le menioire; niais, dans
« le quatrieme livre des Questions epistotaires , il
« nous apprend lui-nicme que cet ouvrage a peri.
« Pour reparer cette perte, il donne dans ses lettres
" de nombreuses instructions sur le nieme sujet. »
Outre ce niemoire, Varrou avait compose pour
Pompte un traite des regles de la navigation , au
moment 011 celui-ci ailait partir pour la guerre
d'Kspagne. Ce traite, auquel Tauteur avait donne le
noni A^liphemerides , a etc perdu. Suivant toute
qpparence, il aurait ete ecrit en Tan 677 de Ronie,
epoque de 1'expedition de Ponipee en Espagne.
II n'y 3 point d'ouvrage 011 Ton trouve de meilleurs
renseignements sur les ecrits de Varrou , sur lcs
epoques ou ils ont ete composes, et la mauicre
dout on doit les classer, que le livre qui nous est reste
desAcademiques de Ciceron. Cicerouavait dediece
livre ainsi que les trois autres , aujourd'huiperdus,
ii T. Varron , d'apres le conseil de son anii Atticus,
dont Ips instances avaient pu seules Ty decider. En
cftet, il y avaitde la repugnance, acausedu caractere
deVarron,qu'iI n"a pasQattedansunedeseslettrcs a
Atticus (I. XIII, 25) oii illedepeintcommeun esprit
cliagrin, difficile, et trcs-jaloux de sa supcriorite dans
les lettres. « Tu sais comme il est , dit-il a son ami :
« Son espilt souproiineux arcuse rinnocenl (1).
(I) Tiaduit d"uii \cis gieccilciiarCicerou.
NOTICE SUR VARRON.
« II me seiiible que je renteuds se plaindre de ce
" que je defends mieiix ma cause que lui la siemie.»
Toutefois nous le voyons, dans ses Academiques,
prier Varron de vouloir bien prendre le parti d'Au-
tiochus contre Pbilon, dans laquerelle qui s'tiait
^levee entre ces deux philosophes surdiverses ques-
lions de morale et de metaphysiqiie. II se charge a
son tour de faire valoir les raisons.de Philon. En
outre, ilrappelle aVarron une promesse qu'Atticus,
leur ami commun, lui a faite de sa part. II s'agissait
d'un livre que Varron devait soumettre a son juge-
ment. II lui annonce qu'il est impatient de le voir,
et d'annoter rouvroge d'uu ecrivaiu itau-ypj.tporaTw,
aiusi qu'il Fappelle dans ses lettres a Atticus. Voici
cequillui fait direa cette occasion [Jcademiq., ch.
1); c'est Varron qui parle : « J'ai, dit-il, entre les
« mains un graud ouvrage que je veux soumettre a
« notre ami (designaut ainsi Cicerou) , mais je m'oc-
i> cupe en ce moment de le revoir et de le polir. » Ci-
ceron repond que Libon, leur ami commuu, lui a dit
qu'il counaissait deja cet ouvrage : etVarrou, deson
cote , ajoute qu'il y travaille sans relache, et ne le
quittera point quil ne Tait terraiue. Ce que dit At-
ticus , a la suite de cette conversalion , prouve qu'il
etait question du Traite sur la langue latine , que Var-
ron adressa depuis a Ciceron, et qui demanda beau-
coup de tempsa sonauteur. « Lesmuses deVarron,
« dit-il , se taisentbien plus longtemps qu"a Tordi-
« naire. Je ne crois pourtant pas qu'il demeure
<> oisif : je crois plutot qu'il ne veut pas nous mettre
o dans la conOdence. «
Varron possedait, a cette epoque, une maisondans
la terre de Cumes, pres celle de Ciceron. IMais il
s'en defit bientot, a cause de la guerre qui desolait ces
campagnes , et alla se fixer dans une des provinces
les plus eloignees de ritalie, a Casinate. Ciceron
Ten felicite dans une de ses lettres. « Je desire, lui
« ecrit-il, que vous soyez satisfait dc votre nouvelle
« acquisition; je ne puis qu'approuver la resolu-
« tion que vous avez prise de vousretirer auloin. >-
Mais il n'y avait pas lieu de le feliciter. En effet,
c'est cette maisou de Casinate qui fut pillee environ
un an apres par Autoine, lorsque Cesar etait oc-
cupe au siege d^Alexandrie; ce qui ft-rait reraon-
ter cet evenement a Tan 708 de la fondatiou de
Rome.
Nous avons dit que Varron travailla pendant long-
tenipsa sontraitesur la langue latiue. Onpeutdeter-
niiuer d'une raaniere assez precise le teuips qu'il ap-
porta a la composition de cet ouvrage. Ciceron {ad
Jtt. ,\.iLiii, 12)dit: «VoiladeuxansqueVarronra'a
« promis de me dedier son ouvrage; raais depuis
« ce temps, il n'a pas avance d'un pas. >> II uous
apprend dans uue autre lettre quil a lini les Acade-
niiques. Or cette lettre, (I. xni,2;5) ainsi que toutes
les autres du merae livre, appartient a Tannee 708.
II est naturel de supposer qu'il envoya son ouvrage
a Varrou peu de temps apres Tavoir terraiue ; et l'on
sait que Varron repoudit a ce present par un autre,
c'esl-a-dire eu envoyant a Cicerou le Traite sur
lalangue latine. Ceserait doncenTan 708 de Rome,
ou tMit au plus rannee suivanle, que Varron aurait
mis la derniere main a ce traite, qui Taurait ainsi
occupe pendant pres de trois ans.
Quant aux .■Igroiiomiqiies, on croit que cet ouvra-
ge suivit de tres-pres le Traite siir la langue latine.
Ce n'est pas Fopinion de certains commentateurs,
qui le supposent ecrit huit ans apres, en Tau 716 de
Kome. Mais si Tou veut faire attention que Varron
avait quatre-vingts ans lorsqu'il publia le Traite sur
la langue laline, on adniettra difficileraeut qu"il
ait coraraence un autre ouvrage a quatre-vingt-huit
ans , presque a la veille de sa niort , pour ainsi dire ;
car il mourut a quatre-vingt-dix ans. II parait iin-
possible de rieu affiriner a ce sujet.
Apres avoir indique, autantquil ctaiten nous, a
quelle epoque ont ete coinposes les ouvrages qui
uous sont parvenus, nous allous essaycr de retrou-
ver la date de ceux qui ont ete perdus, eu nous
guidant sur les Acaderaiques de Ciccron, Tun des
inouuments de rantiquite qui reuferment le plus
de details sur la personne etles ecrits de Varron.
Ciceron {Jcadcm., liv. i , cb. i) lui fait tenir ces
paroles : « Quant aux choses que personne n'avait
n eucore enseignees, et que les amis de la science ne
» pouvaient trouvir nulie part, j'ai tacheautant que
" je Tai pu (car je n'ai pas une grande admiration
« pour mes ouvrages) de les faire connaitre a nies
« concitoyens. Ce sont des recherches qu'on ne pou-
« vaitdeinander aux Grecs, ni meme aux Latins,
'• depuis ia inort de notre ami /Elius. »
Ciceron lui repond (ch. 3) : « Oui, Varron, vous
« avez reussi. ttrangers daus notre ville, nous er-
« rions comnie des voyageurs; vos ouvrages nous
« ont pour aiusi dire conduits par la maiii au sein
« de nos foyers , et, grace a vous, nous pouvons eu-
« fin reconuaitre qui nous soinmes et ou nous vi-
« vons. Cest vous qui nous avez revele Tage de no-
« tre patrie, la succession destemps, les droitsde
« la rcligion et du sacerdoce; vous nous avez fait
« counaitreradministrationintcrieure, la discipliue
« militaire, reinplaceraentdesquartierset deslieux
« les plus remarquablcs : vous nous avez devoile
« les choses divines et humaines, les noras, les espe-
« ces , les fonctions et les causes. »
II est evident que ce passage s'applique a Tou-
vrage connu sous le nom A'Jiitiquites. Les an-
ciens auteurs Tout tous designe ainsi, et rappellent
mcme le titre de chacun des livres qui le compo-
saient. Saint Augustin [C. Div.,\i, 3) dit que Varron
avait consacre vingt-cinq livres aux autiquites bu'
inaines, et seize livres aux autiquites divines. II
ajoute qu'il dedia Touvrage a Cesar, lorsque celui-ci
etait grand pontife. Lactance , qui s'accorde sur ce
point avec saint Augustin , rapporte les preraieres
ligues du traite sur les chosesdivines. « J'ai parle, dit
« Varron, des choses huinaines : je vais parler des
« choses divines , qui ont ete instituees par les honi-
« nies. » II se decida a ecrire cet ouvrage sur les
exhortatioiis d'yElius Siilo, son ami, qui Taida de
ses couseils. Cet /Elius, dont le nom a et6 cite plus
liaul, etait de la classe deschevaliers. Ciceron a fait
connaitre son mcrite dans le Brutus (p. 56). « C'e-
« tail,dit-il, un hoinmeeminent,aussi remarquable
ISOriCE SUR VARRON.
0 par la purete de ses mcnurs que par son savoir.
<< II etait egalement vers6 dans les lettres greoques
« et latines , et connaissait a fond tout ce qui se rap-
« porte a notre histoire, soit dans les temps an-
« ciens , soit daus les temps modernes. ISul ne de-
« ciiitTrait plus habilement les anciens manuscrits.
n Cesl lui qui a forme notre Varrou , » etc.
Ce passage, ou il est question des .Iniicjiii/es, fut
eorit en 707 , ceqiii prouve que Tou^Tage avait paru
avant cette epoque. II resulte d'un autre passage
cit6 par Aulu-Gelle O- xiii, cii. 13), que Varron
avait exerce les fonctious de tribun. <> Lorsque
«j"etais triumvir, dit-il, je fus cite par le tril)un
a Porcius ; je pris Tavis des principaux magistrats,
» me couformant au droit nncien. Quand j'ai vlti
« /ribun dii peuple, je n'ai fait citer persoune, et
« j'ai laisse libres ceu.x que mes collegues citaient. »
II dedia toule la partie dcs .Intiqidtes qui regarde
les choses diviues a J. Cesar, aupres duquei il etait
rentre en grace vers Tan 700 , aiusi que nous Tavons
(lit plus haut. Le traite des Choses dicines parait Ta-
voir occupe pendant deux ans.
On voit encore dans Ciceron que Varron avait
compose des satires dans sa jeunesse. Ces satires,
iinitees de Menippe , et doni on a recueilli quelques
iragments, etaieut ecrites en vers de six pieds. 11 les
avait appelees les jMenippees , du nom du poete grec
qu'il avait pris pour niodele. D'autres les ont desi-
tinees sous le titre d.e Cyniques. Cest le nom que
leur donne Aulu-Geile daas lcs citations qu"il en
lait. 11 y en avait une qui faisait allusion a ceqiion
.ippelait la conspiration de C. Pompee, de Cesar et
(le Crassus (an C94 de Rome) ; et Appien Uielt. cii\
u , 9) dit que Tauteur Tavait publiee sous le titre
de z-^i/.iz7.m. On en peut voir la raison duns ui;
passage de Varrou [Dp cit a poputi romani , ad .\o-
iiium), oii Ton ivncoutre cette [ibrase a proposdu
mot biceps : « Et 11 lit deux villes d"une scule : c'est
" la le principe de nos discordes civiles. "
Ciceron {Episi ad. .4it., xni. 48) cile eneore un
ouvrage de Varron; c'estun eloge de Porcia, sttHir
de Caton, et femnie de Domiiius -Cnobarbus. On
voit par la date de la lettre que cet eloge fut .onipose
par Varron vers Tan 709 de la fondation de Roiiie
On ue trouvc rieu de plus dans Ciceron qui ait
rapport a Varron, et nous u"avons plus pour nour
guiderqucdesimplesfragments.Nousailousessayer.
a !'aide de ces fragnients , de retrouver !a date des
ouvrages dont nous avous encore a nous occuper.
Dans le traite De lingua latina , Varron parle de
son livre de /Estuariis, d'ou il faut conclure que ce
livre a ete compose avant Tac 708, le traite De
lingua latina ayantete publi6 acette^poquo.
Danslememetraite (pagel6), il cite sou livre sur
lorganisation du peuple romain en tribus. ISotre
observation sapplicjue egalement a cetouvrage.
Vitruve, dans la preface de son liv. vn, parle des
dix-neuf livres de Varron connus sous le titre de
i.ibri disciplinarum, dedies a i^l. C. Riifus. Aulii-
Oelle (1. X, 101) cite un fragment. duliv. v : « Kt
" Pompce se montra tiniide, lorsque, pour ue niettre
ai tertium . ni //••)7/f; consul . il supprima les der-
« uicres lettres. >' Cette piirasc se rapporte evidem-
inent a rerection du tlie;itre de Ponipee. Cn. Poni-
pee, qui avait ete elu le troisieme , se trouva , par
le fait , etre le seul coiisul , les deux autres ayant
etii condamnes pour cause de briguc. Cette elecliou
eut lieuenran de UomeG!)9. D'un autrecote.on
voit dans les Comnientaires de Cesar {Bell. civ.)
que M. Rufus, partisau de Poinpeo , et Tuu des
hoinmes les plus instruits de son temps daus tout
ce qui concernait rantiquite, fut tue eu 70G ;
d'ou il resulte que les 19 livres Disciplinaruiii ,
adresses a ce M. Rufus, furent coiuposes entrc
les annees 699 et 706 de la fondation de Ronie.
Arnobius, en parlaut de Touvrage Degente populi
romani, dit que. Varron avait emhrasse un espace
de deux mille aunees, depuis le deluge de Deuca-
lion et Pyrrha , jiisqu'au consulat d'Hirtius et de
Pansa ; ce qui Oil supposer que cet ouvrage avait
deja cte publie en i'au 710 de Rome.
Les livres Siir la vie ei les usage^ du peuple ro-
main, dedies a Poniponius Atticus, paraissentavoir
ete ecrits en Fau 704 , epoque de la mort de Tora-
teur Hortensius. Pline (1. xiv, 17) fait parler ainsi
Varron : « Hortensius laisse a son lieritier plus de
« dix niille amphores de viu. » Nonius dit que ee
passage est extrait du livre iii. II en cite uu autre
diiliv. IV, a Poccasiou du \erbeobstrigiltare. « Lors-
« queCurion imita cetexeinple, il disait a ses amis,
« pour les empecher d"iusister, qu'il s'opposerait a
« ce qu'on lui decernat le triomphe, et qu"il aiinait
« mieux u'etre pns consul uiie seconde fois. »
Ceci se rapporte a Tauuee 703 de Pionie. Nouius
cite encore un passage tire du liv. iv, oti il est
(|uestioc du mot coerum, a Toccasion des ordres
secrets donncs par les consuls a T. Ampius, et
auxquels Cic(;ron fait aUusion daus ?a lettre a Atti-
cus (VIII, 2). Or cette lettie a ete ecrite en Tan 704
deRome. Enfin nous trouvonsdans Kouiusuneder-
nierecitatiouextraite duuKjine livre,oiiil estditque
Cesar, ne voulant pas laisser en Espagne le corps de
troupes qui formait sa ri^serve, revint sur ses pns
pour envelopper Pompee, et le presser des deiix
c6t<5s. n est evident que ca fait remonte a l'an "05.
Les livres Sur la vie et les usages du peuple romain
ont douc ete compos(?s entre les annees 703 et 70.5,
comme nous veuonsde le dire tout a riieure.
Appien (BcU. cii\, iv, 47) parle d'un Varron qui
fut niis au nombrc des citoyens proscrits par les
triumvirs, apres la mort de Cesar. llaurait mcme
ete massacre eu preseuce d'Autoiue. Mais on ne peut
rien affirmer a ce sujet. II y avait plusieurs Varron
a Rome du temps des proscriptions ; el peut-t"tre
le passage d'Appien, et celui de Velli^ius Pntercu-
lus, qui rapporte le meine fait, s'appliqucnt-ils ij
un deceux-la plulot qu"a uotre Varron.
Pliue (I. XXXV, 46) dit quelques inots dela mort
de Varron. « Varron, dit-il, voulut etre euseveli a
« la maniere pytliagoricienne, e'est-a-dire dans des
" feuilles de inyrte et d'olivJer uoir. » Valere Maxi-
me en parle aussi a propos dc ses uombreux ouvra-
ges. « "r. Varron , dit-il , peut etre cite comnie exem-
« ple d'uDe vie aussi lougue que bieu reuiplie. 1'
NOTICE SUR VARRON.
« vteut pres d'un siecle, sans cesser un instant de
<i produire; et ron peut dire que la maladie qui mit
" fin a son existence arrfita en meme tempslecours
II de sa vie et celui de ses travaux. » Cest le seul
renseignement qu'on ait sur la niort d'un homme
dont la vie, nialgre les citations assez nombrcuses a
Taide desquelles nous en avons cherciie les traces,
restera toujours a peu pr^s incoonue. Ce qui nous
reste de ses ouvrages u'est pas d'ailleurs marqu^ de
ces qualites qui permettent de deviner le caractere
de rhomme d"apres le style de recrivain, et qui
suppleent au nianque de renseignemenls authen-
tiques.
M. T. VARIION.
DE LAGRICULTURE.
LIVRE I.
L Si j'nvais du loisir, Fundania, je donnerais
une meilieure forme a cet ouvrage. Tu l'auras
tei que peut le faire un liomme qui se depeche :
car si Ton peut dire que l'existence n'est qu'une
bulle d'air, c'est encore plus vrai quand on est
■vieux. J'ai quatre-viugts ans; c'est rannonce
de plier bagage et de se tenir pret a partir. Tu
viens d'aclieler un fonds de terre, dont tu vou-
drais, par une culture bien entendue, tirer le
meilleur parti possible; et tu reclames a ce sujet
ines soins et mes conseils. J'y ferai de mon
mieux : je tScherai meme que mes instriictions te
profitentetpendantmavieet aprcs ma mort. Les
parolesdelaSibylleont bien puetre Toracle non-
seulement de ses contemporains tant qu'elle a
v^cu, mais, apres sa mort, de generations auxquel-
Kselle ne pensait guere. Ses livres, aprcs taut de
siecles, sontencore solennellementconsultescha-
que fois qu'il y a parti a prendre par suite d'eve-
1 ementssurnaturels.Xepourrais-je pas, moi, de
mon vivant, donner quelques avis utiles a ceux
qui rae touchent de si pres? Je vais donc compo-
ser pour toi trois livres qui te serviront de guide,
ct auxquels tu pourras recourir au besoin pour
toutes les indications relatives a la culture. Et
puisque les dieux, dit-on, viennent en aide a
M. TERENTII VARRONIS
KERUM RUSTICARUM
DE ACTniCULTURA.
I.IBER I.
I. Otium si essetn consecufus, Fundania, commoilius
libi Ivapc scribertm , quae niinc , ut [lotero , exponam , co-
gitans, esse properandum , quod [ut dicitur] si est liomo
bulla, eo magis senex. Annus enim octogesimus admo-
nct me , ul sarciuas culligani ante quam proficiscar e vila.
Quare , quoniam eniisli fundum quem benc colendo,
fiuctnosnm cuin facere velis , meqiie ut id milii liabe.am
curaie roges, experiar. El r.oii sol :m, ut ipsc quoad vi-
vain, quid fieri oporleat nl leinoneam, sed ctiam post
inorlem. Neque patiar Sibyllam non solum cecinisse , qu;e,
dum viveret, prodessenl liominibus, sed eliam qii.T cuni
perisset ipsa, el id etiam ignotissimisqiioquc liominibus;
ad cujus libros tot annis post publice sulemus redire , ciim
qui s'adresse a eux, je commencerai par invo-
quer, non pas les Muses, a Texemple d'Homeie
et d'Ennius, mais bien les douze grands dieux
qui composent le conseil celeste. Je n'entends
pas ces divinites citadines, six d'un sexe et six
de Tautre, dont les statues dorecs se dressent
au Forucn; mais bien les douze intelligences qui
president aux travaux des laboureurs. Je com-
menccrai donc par invoquer Jupiter et Tellus,
dont la puissance embrasse le ciel, la terre, et
tout ce que produit Tun et Tautre; parce que
ce sont les generateurs de rhumanite, et que
nous leur donoons les noms de pere et de niere.
J'iavoquerai en second lieu le Soldl et la Lunc
dont nous observons lecoursquand il s'agitd'en-
semencer oude reeolter; entroisieme lieu, Ceres
et Bacchus, puisque les fruits qu'ils nous don-
nent sont indispeusables a la vie. Cest par eux
que la terre nous fburnit aliments et boisson.
En quatrieme lieu , j'invoquerai le dieu Robi-
gus et la deesse Flore, puisque Tun preserve
de la rouille les bles et les arbres , et que Tautre
les fait flcurir a temps : d'ou les fc/cs robigalex
cn Thonneur de Robigus, et \es jcii.rJloraux en
riionneur de Flore. J'invoquerai encore Minerve
et Venus, dont Fune veille sur lcs plantsd'oli-
viers , et Tautre preside aujardinage. Cest en
leur honneur qu'on instilua les fctes appelees
desideramusquid faciendum sit nobis ex aliquo portento :
me, ne dum vivo quidem, necessariis meis quod prosit
facere. Quo circa .scribam tibi tres libros indices , ad quos
reveilaie, si qua in le quaeres, qiieinadinodum qiiidquc
te in colendo oporteat facere. Et quoniam [ut aiunl] dei
facientes adjuvanl, prius invocabo eos; nec, ut llomeius
etEnnius, Musas, sed xii deos consenlis : neque tameii
eos iirbaiios , quoruiu imagines ad foi um aiiratie staiit ,
sex niares.et fo,>inin8e totidem , sed illos xik Deos, qiii
maxime agricolarum duces sunt. Primum, qui omnes
fructus agricultur;e cajlo et terra contiueut , lovem , et
Tellurem. Il;ique quod ii parentes magni dicuntur, lup-
piter, pater appellatur, Tellus., terra mater. Sccundo So-
lem et l.unani , quorum lempora observantur, ciini qua;-
daii) .serunturct condiinfur. Terlio Cererem et Liberum,
(p;od liorum fructii.» maxinie necessarii ad victum. Ab liis
enim cibus et polio venit e fundo. Quarto Robigum ac
Floram , quibus propilils, neque robigo frumenta atqiie
aibores corrumpit, neque non teinpestive florent. Itaqin'
publicae Robigo feria! robigaria; Flor» ludi floralia insli-
tiiti. Itein adveneror Minervam et Venerem, quaruiii
uiiins procuiatlo oliveti allerius liortorum ; qiio nomiiie
VAl\RO-\.
rusdca vinalia. Enfln j'aclrcss{?rai nies pricres a
]a.deesse Lijmpiia etaudieu Bonus Eventws : cm-
de meme que sans Teau toute vegetation cst che-
tive et miserable, de menie sans le bon siic-
ces point de ciiiture qui vienue a bien. Maintenant
que j"ai iuvoque toutcs ces divinites , je vais te
faire part d'entretiens quej'eus dernierement sur
i'ai!;riculture, et qui contienncnt tout l"enseigne-
ment pratique dont tu peux avoir besoin. En
cas d'insuffisance, jindiquerai lesouvrages taut
grecs que latins auxquels tu pourrais avoir re-
cours. Les auteurs grecs qui out traite incidem-
ment de diverses parties de Tagriculture sont au
r.ombre de plus de einquante. Voiei ceux que tu
pourras, dans roccasion, consulter avec fruit :
llieron de Sicile et Attalus Philometor; parmi
les philosophes, nemocrite le physicien , Xeno-
phon, disciple dc Socrate, et les pci-ipateticiens
Aristote et Theophraste; Architas |e pythago-
ricien; ainsi qu'Ampliilochus d'Athenes, Anaxi-
polis de Thase, Apoliodorus de Lemnos, Aris-
tophane de Mallus, Antigonus de Cyme, Aga-
thocle de Cbio, Apollonius de Pcrgame,
Aristandre d'Athenes, Bacchius de Milet, Bion
de Solos, Chereste et Chereas d"Athenes, Dio-
dore de Prieune, Dion de Coloplion, Deophanc
deNicee,Epigene de Rhodes, Evagon de Thase;
les deux Euphronius, celui d'Athenes et celui
d'Amphipolis, Hcgesias de Maronea , deux Me-
nandre, Tun de Brienne et Tautre d'H<?raclce;
NicesiusdeMarouea, Pythion dcRhodes. Parmi
les autres dont la patrie m"est inconnue, Je
citerai Androtion, /Eschrion, Aristomene, Athe-
nagoras , Crates , Dadis , Denys , Euphiton , Eu-
phorion, Eubolus, Lisimaque, Mnaseas, Mc-
rustica vinalia inslituta. Nec non etiam precor Lympliain.,
ac Bonum Eventnm , quoniam sine aijua oninis arida ac
niisera agricultura , sine sur.cessu ac bono evenlu , frus-
tratio est, non cultnra. lis igitur deis ad venerationeni
ailvocatis , ego referam sermones eos, quos deagricultura
Iiabuimus nuper, cx quibus quid tcTaccre oporteal ani-
niadvei tere poleris, in queis quoe non inerunt et qu^res,
hidicalio a quibus scriptoribus rcperius et grsecis, elnos-
tiis. Qni grsece scripserunt dispersim, alius de alia re,
sunt plus quinquaginta. Hi suut, quos Ui lialierc in con-
silio poteris , cum quid consuleie volcs , Hieron Siciilus
et Attalus Philometor : de pliilosopliis , Democritus phy-
sicns, Xenoplion Socialicus, Aristoleles et Tlieopliiastus
pciipatetici , Arcbytas pytliagoreus, item Anipbilocliiis
Aflioniensis, Anaxipolis Tliasins, ApoIIodorus Leninius,
Aristopliaues Jtallotcs, Antigonus Cym,i-ns, Agatliocles
Cliius, Apolloniiis Pergamenns, Aristandrus Allioniensis,
Baccbius Milesins, Bion Soleiis, Cliaeresteus et CliaTcas
Albenienses, Diodorus Prienreus, Dion CoUipboniiis,
Diopbanes Sica!ensis, Epigenes Rbodius, Evagon Tba-
sius, Eupbronii diio, unus Atlienieiisis, alter Ainpbipoli-
tes, Hegesias Maronites, Menandii duo, unus PrienaHis,
alter Heracleotes, Niresiiis Maroniles, Pytbion Fibodius.
De reliquis, quoruin qure fuerit patria non accepi , siint
Andiotion, ^.scbiion, Aristomenes , Atbenagoias, Cia-
nestrate, Plcutiphane, Persis, et Thdophile.
Tous les auteurs que je viens de nommer ont
ecrit en prose; d'autres ont ecrit en vers sur le
raerae sujet : tels sont Hesiode d'Ascra et M c-
necrate d"Ephese. Le plus en reputation de
tous est Magon de Carthage, qui a ecrit en langue
punique, et renfcrme dans vingt-huit livres tout
ce qui se trouvait avant lui epnrs ca et la dans
differents ouvrages. Plus tard Cassius Denys
d"Utique en fit unc traduetiou greeque en vingt
livres, qu'il dcdia au preteur Sextilius, et dans
laquclle, nonobstant ce retrancheraent de huit
livres sur roeuvre de Magon, il sut fondre de
nombreux emprunts faits aux auteurs grees de-
nommes ci-dessus. Vint ensuite Diophane de
Bithynie, qui fit de ces vingt livres un bon
abrege en six, offert par lui au roi Dejotarus.
.Te veux encberir encore sur sa brievete, et res-
serrer en trois livres la substance de son ou vrage.
Le premicr traitera de ragricuiture, le second
du regime des troupeaux , et lc troisicme en ge-
neral de rengrais des animaux dans une metai-
rie. J'elaguerai des le premier tout eequi, selon
moi, n'a pasun rapport direct avecragriculture.
Ainsi je commencerai parcirconscrire la matiere ;
puis je la traiterai suivant ses divisions nnturel-
lcs. Mes observations seront puisees ci trois sour-
ces : ma propre pratique, raes lectures, et ce que
j'airecueilli de vive voix de respcrienced'autrui.
If. Jeni'etaisrenduau templede Tellusle jour
de la fete dcs seniailles, sur Tinvitation du gar-
dien, que nous appelous avec nos ancetres mdi-
ti/mis, et dont nos puristcs ont change le nom en
celai d'(editiius. 3y trouvai C. Fundanius mon
beau-pere, G. Agrius, chevalier romain, de la
tes, Dadis, Dionysius, Eupbifon, Eupborion, Eiibolus,
Lysimaclius, Mnaseas, Menestratiis, Pleutbiphanes, Per-
sis, Tbeopbilus. li, quosdixi, omnes soliita oratione scri-
pserunt. Easdein res etiam quidam versibus , ut Hcsiodus
Ascra;us , Meneciates Ephesius. Hos nobilitate Mago Car-
tbaginiensis pra'teriit pcenica lingua, quod res dispersas
compiebcndit libiisxxiix. Qiios Cassius Dionysius Uticen-
sis verlit libris xx. Ac giceca lingua Sextilio pra-tori ini-
sit : in qii« volumina de giEccis libris eorum , quos dixi,
adjccit non pauca , etdc Magonis dempsit instar librorum
VIII. Hosce ipsos utlliter aJ vi. libios redegit Diophanes
in Bitbjiiia, el misit Dejotaro regi. Quo brevius de ea
re conor tribiis libris e\poiieie, uno de agricultura, altero
de';c pecuaria, tertio de villaticis paslionibiis; hoc libro
ciicuiiuisis rebus , ipiw non arbitror perlinere ad agrieul-
tuiam. Uaque prius oslcndam, qux secerni oporteatab
ea, tum de bis rebus dicam, sequcns naluiales riivisio-
nes. Ea erunt ex radicibus trinis, et qua; ipse in ineis
fundis colendo animadverti, et qua; legi, et quae a peri-
tis audii.
U. Sementivis feriis in aedem Telhiris venerara rogatus
ab ffiditimo, iit dicerc didiciinus a patribus noslris : iit
corrigimur a iccentibus urbaiiis, ab a^dituo. Offcndi ibi
C. Fundanium .soceriim meum , el C. .\grium cquitcm B.
Socralicum, el P. Agrasium publicanum, spectautes in
DF. rAGRICIILTtlRE, LIV. f.
(loetiino dc Snrratc, et le partisan P. Agcasiiss.
Tous trois rcgardaient une cartc dTtalie traeoe
sur la muraille. — Que faites-vous ici? leur dis-
je. Est-cc la fete dcssemailles qui vnus amene,
pour employcr vos vacanccs comnie faisaient
nos pcres et nos aneetres? Notre presenee, dit
Asriiis, a, j'imap;ine , la meme cause qiie la v6-
trc, rinvitation du gardien. Et si j'ai rencontre
juste, attendez avec nous son retour. II a dii
comparaitrc devant i'edile , a qui appartient la
surintendance de ce temple,etnous afaitprierde
l'attendreici.Ehbien, leurdi5-je,fnisnns, cn Tat-
tcndant, application du vieux proverbe : LeRo- !
main triomplic assis. Tres-vnlonticrs , dit Agrius ;
et eomme il est de ceux ([ui pensent que le plus
long d"un voyage c'est de franchir le scuil, 11
prit sans facon place sur un bane , et nous rimi-
tSmes. Quand nous fumes assis, Agrasius, prenant
la parole, nous dit : Vous autres qui avez par-
conni tant de pays, en,avcz-vous vu de mieux
cultives qne rstalie? Pour raoi, dit Agrius, je ne
pense pas qu'il y en ait un seul oii le so! soit
comme chez nous, universellement en rapport.
Par une division tres-naturelle, Eratosthene a
faitde notre globe deux parties, dont Tune s'e-
tend versle midi , etTautre vers lenord. Incon-
testablemcnt !a pnrtie septentrionale est la phis
sainedesdeux, etconsequemment la pliis fertile.
II faut done reconnaltre celte partie, et ritalie
notamment, comme plus propre a la culture que
rAsie. L'Italie d'abord est en Europe ; en second
lieu, on y trouve une temp('rature pkis douce
qu'en penetrant dans l'intcrieur de cette partie
du monde, on regne un biver permanent. Ce qul
est tout simple, puisqu'elle a des rt-gions situt^es
enlre le cercle polaire et Taxe raeme du ciel ,
pniielc piclam Ilali.im. Qiiiil tos liic, inqvam, mim fc-
ri.'»^ someiiliv,T) oliosiiR lnic.idiliixeriint , iit palies, et avos
soleliaiit nostios ? iVos vero (in(|iiit .■Sgniis) iit aibitior,
<'H(lem caiisa, niia? le, rosatio .Tililimi. Itafiue si ila esl,
iit anniiis , moioie oportet noliisciim , (hini ille revertalnr.
Nam accorsitiis ab iivlile, ciijns piociiialio liujns leinpli
esl, nondtim leiliit, cl nos, ut expectaienius se, reliipiit
qui rosaret. Viiltis igilur inteiea velusproveibium, quo.l
cst, Roiniinns scdenilo vincit , usurpeinus, dum ille ve-
rtitrSane, inipiil Agriiis, ct.simHl cogilans, portam ilinuri
(iici longissimam esse, ad suliscllia seqiienlibus nobis
procedit. Ciim con.sedissemiis, Agrasius, Vos, qni niul-
tas peiambuUistis- terras , e.ciiuam culliorem Ilalia vidis-
li.H, inqiiit ? Kgo veio , .•\griu9, niillam arbitror esse, qu.x'
lam lota sil culla. Primum ciim orbis terrie divisus .sit
in duas partesab liratostbene, iiKixime sccnndum naln-
ram ad meiidiem versiis, et ad septenlriones, etsine du-
bio qiioniam saliibrior pars seplentrionalis esl, quam
inerijiana; et q»x sahibiior, illa fnicluosior : dicendum
nuigis eam fuisse opporlunam ad colendiim quam Asiam,
ibique Italiain. Piimum qiiod est iii F.uropa : secundo,
quod h.TC ti'niperatior pars esl , quam inlerior. Nam in-
lus pene sempiternre liyemes. Neqiie iriirum, quod .sunt
rsijiones inler circulum «epter.liionalem, et inter cardi-
ou le soleil est Invisible six mois de rannce. Oii
dit meme que des glaces eternelles cou\rent la
mer dans ces parages,ety rcndent la navigation
impnssible. Eh bicii ! dit Fundanius, croycz-vous
un tcl sol capable de produire, ou ses productioiis
suseeptibles de culture? Pacuvius Ta dit : Sous
un soleil ou sous unc nuit sans fin , toute vegr'-
tatioii periraitpar le chaud ou par lefioid. M('me
danscepays, oiilejouret lanuitnoussontmesurcs
couvenablement par altcrnatlve, jene puisvivre
pendant \'eX6 a moins de couper, par un somme,
la journte en deux parties. Comment donc faire,
I.a 011 Tannee n'a qu'un jour et une nuit de six
mois chaeun, pour scmer, cultiver et recueillirV
En Italle au contraire, quelle est la production
utile ti la viequi ne croisse et ne prospere? Quel
froment comparable au fromeut de Campanie?
qucl ble, au ble d'Apulie? quel vin, au vin de
Falei'ne?quellehuile,arhuiledeVenafre?Acette
multitude d'arbres qui couvre le sol de notre
pnys, ne dirait-on pa.s d'une vaste fruiterie"?
Esl-elle plus peuplee de vignes, cette Pbrygic
a[j:7rsXd£(7<ia (viuicole), comme rappelle Horaere?
ou cette Argos que le meme poete appelle rcXu-
Tiijpo?, (frugifere) est-elle plus abondante en blii?
Dans quel pays du monde un arpent de terre pro-
duit-il dix et meme quinze cullei de vin, comme
certaines contrees de ritalie? M. Caton n'a-t-
11 pas ecritees mots dans son livre des Origiues :
« On appelle gallo-romaines les terres comprises
<c entre Riminum et le Pieentin , et qul furent
<i distribuces a rarmi'e des Gaules. La on recolte
" quelquefols dix cullel par cbaque arpent de
« terre. » D'allleurs, ne voyons-nous pas a Faenza
(Faventia) des vignobles rapporter, par arpeiit,
trois cents amphores; ce qui leur a fait donner
nem car'li, ubi sol eliam scx niensibus continuis nnn vi-
(ietiir. Ilaiiue in oceano in ea parle iie uavigari (piideui
posse dicunt proptcr maie congelaluin. Fundaniiis. Em
ibi tii quicquam nasci pulas posse, aut coli naliiin? Ve-
rum enini est ilhid Paciivii, Sol si perpetuo sil, aut
nox , nammeo vapoie,aut fiigore terrae frucius oinncs
inteiiie. Ego bic, ubi nox el dies modice redit, et abit,
lanien oeslivo diem si non dillinderem meo insititio somno
meridie, vivere non pusseni. Illic in .semestii die, aut
noclc, quemadmodum i|iiicqiiain seri, aiit alescere, aiit
meli po.ssit? Contra qiiid in Italia uten.sile non modo non
nasciliir, sed etiam non egregiiim fit? quod far confeiaii'.
Ciimpano? qiiod triliciim Appulo? quod vinum Falerno?
quod oleum Venafro? Non arboribiis con«ita Italia est,
nt tota pomarium videatiir? An Phiygia magis vilibus
coopcita, (piain Homeiiis appellalaiiTCsXoEatjav, qiiam liscc?
aiil Aigns, quod idem poela TtoXuTtupov ? In qua lerra jii-
geriim uiiiiin delros et qiiinos denos culleos fert vini , quo'
ipi;rdam in llalia regiones? An non M. Cato scribitin li-
bro Ori.inum sic? ager gallicus romaniB vocatiir, qiii
\iiilinicis Ariniinum (latus est ultra agriim Picenliuni.
Iii co agro aliquotfariam in singiila jugera dena cullea vii.i
liiinl. Noniie ilem in agroI'"avenlino; aquo ibi Irecen.irin»
aiipellantur vi les, qiiod jugeruin trcccnas amplioras teU-
C4
VARRON.
le nom de trecennaires? Votre ami L. Martius,
ajouta-t-il en me regardant , qui est prepose a la
surveillance des arsenaux, m'a certainement dit
que ses vignes de Faenza lui rendaieut tout au-
tant. Lecultivateur en Italie considereavanttout
deux clioses : D'abord, la recolte donnera-t-elle
l'equivalent des avances et de la peine? Puis,
Tair du pays est-il salubre? Quiconque nejj,lige
au prealable un de cesdeux points est un fou.
Qu'on lui cherche des tuteursdans ses parents de
Tuneou de Fautre branche. Nul liorame s-nsene
peut vouloir se mettre a decouvertdes frais de
culture, si d'avance il voit qu'il n'a pas de reeolte
a attendre, ou qu'il risque de la pcrdre par Tin-
salubrite du pays. Mais voiei , jepense, des hom-
mes plus competents que moi sur cette matiere ;
car je vois venir C. Lieinius Stolon et Cn. Tre-
meliius Scrofa. Le premier compte parmi ses an-
eetres les auteurs de nos lois sur la mesure dcs
terreo. Cette loi, qui defend a tout citoyen ro-
main de posseder plus dc ciuq cents arpents, est
d'un Liciuius qui acquit le surnom de Stoion par
les Eoius qu'il donnait a la cuiture; soins qu'i!
portait a ce degre de minutie qu'on n'aurait p«
trouver le moiudre rejeton {stolu») inutile dans
toutes ses proprietes. II fouillaitautourdesarbres
pour arracher cettc vegetation parasite qu'on
appelie stolon, Cest encore de cette meme race
que tire son origine , cet autre C. Lieiuius qui ,
etant tribun du peuple 365 ans apres re^pul=
sion des rois, conduisit le preraEer le peuple ro-
maiu du lieu des coraices dans le Forum , et y fit
accepterla loi quiassignait a chaque citoyen sept
arpents de terre. L'autre est Cu. Tremellius Scro-
fa,votre collegue dans la commission des vingt
distributeurs des terres de la Campanie. Cest
i]al?Simul aspicitme , Cerle, inqiiit, L. Marlius pr.Tfec-
tus fabrum luus iii fundo suo 1'avenlia! lianc nuilliludi-
nem dicebat suas leddere \iles. L'uo in primis spectasse
videntur Italici liomines colendo, possentne fructus pro
impeusa ac labore redire, elulrum saiulier locus essel
an non? quorum si alterulrum decollat, et niliilomiims
quis vult colere, mente esl cuptus, atque ad agnatos
et genliles est deducendus. Nemo cnim sanus debet velle
inipensam ac sumptum faceie in Culturam, si videt non
posse relici : nec , si potest relicere fructus, si videt eos
fore , ut pcstilentia disporeant. Sed opinor qui haec com^
modius ostendere possint, adsunt. Nam C. Liciuium Sto-
lonem, et Cn. Tremellium Scrofam video venire. Unum
cujus majores de niodo agri legem tulerunt. Nam Stolonis
illa lex, qua; ^-jtat plus D. jugera liabere civcm K., et
qui propter diligentiam cultuiae Stolunum coiifirmavit
cognomen , quod nullus in ejus fundo reperiri poteral
stolo, quod ellodiebat circum arbores, c radicibus, qua;
nascerentur esolo, quos stolones appellabant. Kjusdem
gentis C. Licinius, tribunus pleb. cum csset, post leges
exactos annis ccclw. primus populum ad leges accipiun-
das in septem jugera forensia , e comilio eiluxit. Alterum
coUegamtuum, xx virqui fuit ad agros dividundos Cam-
jianos, video liuc venire, Cn. 'rremellium Scrolam, vi-
un homme rempli de qualites , et qui passe pour
le Romain le plus verse dans la science de Ta-
griculture. Et ce n'est pas sanseause, repartis-
je; car ses terres doivent a scs soins un aspect
que bien des gens preferent a celui des royales
constructions de tant d'autres. J'entends ceu\
qui visitent une maison de campagne non poury
chercher, comme dans eelles de Lucullus, de.s
galeries de tableaux , raais des greniers bien gar-
nis. D'ailleurs, ajoutaije, ses fruiteries ont Ta-
vantage d'etre situees au bout de la voie Sacree
011 les fruits se vendent au poids de Tor. Lii-
dessus les deux nouveaux venus nous rejoi-
gnent, et Stolon nous dit : Arrivons-nous ti-op
tard? le diner est-il deja mange? Ou est donc
L. Fundilius, notre l^te? Rassui'ez-vous, re-
prit Agrius; on n'a pas encore ote reeuf
qui, dans lesjeux du Cirque, amionce la cl6-
ture des courses. IVous n'avons mtoe pas vu
encore celui qui est le sit;nal des pompes du
banquet. En attendant qu'il apparaisse , et que
notre hote soit de retour, parlcz-nous de rutilile.
de ragricultuie,ou de ses jouissances, oudes deux
choses a la fois. Car c'est dans vos maius qu'est
aujoui'd'hui le sceptre de eette science, comme
autrefois dans cellesdeStolon. 11 y a, dit Scrofa ,
une distinction a faire. Bornons-nous Tagri-
culture a cequiest relatif a rensemencementdes
terres? ou faut-il comprendre daiis cette de-
nomination ce qui touche a la population ani-
male des campagnes , les troupeaux , le gros be-
tail? Je vois que tous ceux qui ont ecrit sur cette
seience en langue punique, en grec ou en latin,
ont depasse les limites de leur sujet. Cest en
quoi je peuse qu'il ne faut pas les imiter, reprit
Stolon. Je suis de Tavis de ceux qui ont resserre
rum oninibus virtutibus politum, qui de agricultnia Ro-
manus peritissimus existimatur. An non jure? inquain.
Fundi eniin ejus piopter culturam jiicundiore speclaculo
sunt mullis , quam regie polita jedilicia aliorum , cum hu-
jus spcctaUim veniant villas, non ut apud Lucultum, ut
videanf pinacothecas, sed oporotbecas. Hiijusce, inquam,
pomaria suinma sacra via, ubi poma veneunt, contra au-
ream imagiiicm. Illi intereattl nos. EtSlolo, Num coena
comesainquitvenimus? nam nonL. videmus Fundilium,
qui nos advocavit. Bono animo este, inquit Agrius. Nam
nun modo ovum illudsublatum est, quod ludis circensi-
biis novissimi curriculi linem facit quadrlgis, sed ne illud
quidem ovum vidimus, quod in ceriali poinpa solet esse
primum. Itaquedum id nobiscum una videatis, ac venit
ieditimus, doccte nos, agricultura q.uamsummain liabeat
utilitatemne an voluptatem, an ulrunique. Ad le enim
rudeni csse agricuUura; nunc , oliin ad Slolonem fuisse di-
cunt. Scrofa, 1'rius, iiiquit, discerneHdum, ulriim quae
serantur in agro, ea sola siut in cultura, an ellam quae
inducanlur in rura , ut oves, et aimonta. Video euim qui
de agricultura scripserunt, ct po-niee, et gra;ce,et la-
line, lalius vagafos, quam oportuerit. Ego vero, iuquit
Stolo, cos non in omni re imitandos arbitror, et eo me-
lius fecisse qiiosdani, qui miuore pomerio liuieriint, ex-
DE LAGRICULTURI':, LIV. 1.
U- (lomaiiH' ilu l.iscicncc, cn cciutnnt tout cc (lui
ira pas avecello iine relatiou immcdiate. Ainsi le
soin des ti'ou[)eaux, que nombre d'auteurs ont
rattache a ra^riculture, meparaitapparfenirpUi
tdtaureginiepastornlqu'aurc'gimeagricole.Aussi
avonsnous dcs noms diflVMeuts pour les prepo-
ses en chef a Tun et raulre oflice. Nousappe-
lons les uns villici, les autres nmgisiri pcco-
rum (maitres des troupeaux). Le villiciis est
celui qui est specialement charge de la eulturc
de la tcrre. (Le nom lui vicnt de vitla (exploitation
rurale),parce que c'est lui que regarde le soin de
la rentree des recoltesa la villa et de leur sortie
pour la vente. Cest ainsi qu'aujourd'hui eneore
les paysans, au lieu de dire via (route), disent vca,
derivede vechiru (transport); de merae qu'ils
disent vella au lieu de villa, derive de vcho (je
transporte), coraprenant par i'c//o le lieuoii Ton
porte , et d'ou Poa transporte. Cest par la mcme
analogie que le rnelier de voiturer [vectura] se dit
vellaluramfacere. Assurcment, dit Fundanius,
ragriculture est une cliose, et le aourrissage
une autre ; mais ces ehoses se touchent. La flute
de droite et la fliite de gauehe sout distinctes,
inais connexes. L'une est la pour le chant, Tau-
tre pour raccompagnement. Ajoutez, repris-je,
qu'a la vie pastorale appartient la premiere
partie ; a la vie agricolc la seconde. Celait la du
raoinslesentiraentdusavantDiccarqup,qui,dans
sontableaudesniacursprimitivesdelaGrcce,nous
apprend qu'en ces temps reculcs les hommes
raenaient la vie des pasteurs; quils nesavaient
ni labourer la terre, ni planter, ni tailler les
arbres; et qu'il faut rapporter a une periode plus
recenteles premiersessais de laculture. Ainsi co
dernier art est subordonne au premier, comme la
65
(lutcdegauclicri'st;ilani'i(cd;'droiic. .\vcc volic
musique, dit Agriiis.iion-seulement vous cnlcvcz
au mnitre les troupeaux {iu'il posscde, et a Tes-
clave le pccule quc lc inaitrehiiabandonne, inais
encore vous aunulc/, l;i loi ruialc qui delcnd de
mener paitrc , sur un lcri;iiii de nouvelle planta-
tion cette race d'animaux que Tastrologie a placcc
dans le ciel pres du Taurcau, je veux dirc les
chevrcs. Prenez gardede citer exaetement, inter-
rompit Fundnnius. La loi dit eneore : Et autres
especcs de betail. Car il y a ccrtainement des nni-
iiiaux qui sont le fleau de la culture, iiotaiiiment
les chcvres, dont voiis venez de parler. Elles ont l;i
dent venimcuse, et detruisent, en broutant, tou-
tes les jeunes plantcs, et surtout les vigneset lcs
oliviers. Aussi est-il reeu parmi nous qu'a telic,
diviniteonsncriiic unbouc, tandis que tclleautr!'
en repousse Toffrande; svmbole d'aveision pour
raninial chez toutes dcux. L'une veut sa mort;
Tautre neveut pas memelc voir. Ccstainsi qu'()ii
immole lcs boucs ;i Tlacchus, pere de la vigitc ,
corame pour leur faire payer de leur tcte les
tortsqu'ils lui font : tandis qu'au contraire nous
ne voyons jamais immolcr a Miuerve auciui in-
dividu de cette rnce, piecisiJment parcc quoii
prt-teud que rolivier devient sterile du nioment
que la dent cVuu bouc y a touch(5, rien que la
salivc de ranimal t'tant un poison pour cette
planic. Cest cncore pour la memc raison qiril
ircntre de ehevrcs pour victimcs qu'uue seule
fois par an dans le tcmplc d'Athenes. Et encore
n'est-ce lA qu"un sacrifice qu'on a juge neces-
snire poiirempeeher eetterace denuirea rolivier,
qu'on dit avoir pris naissauee dans eette ville. II
n'y a, repris-je, de bestiaux uliles a ragriculture
(fue ceux dont le travail contribue a rendre lcs
cliisis iiarlibus, quae noii perlinent ad lianc rem. Quare
tota pastio, quse conjungitur a pleiisque cum agricultura,
ni;igi.s ad pastorcm , qiiani ad agricolam pcrtinere videliir.
Quocirca principes , qni utrique rei pi;iponunlur, voca-
bnlis quoqne sunl diveisi,quod uuus vocatur vilicus,
aller magister pecoris. Vilicus agii colendi cansa consli-
lutus , alque appellaUis a villa quod ali eo in eam conve-
liuiiliir fructus,ct evehnntin, ciim veneunt. Aquo rustici
etiam nnnc quoque Tiam,veani appellant , propter vectu-
ras; ct vellain non villam, (|no veliunt, et unde vcliunt.
Itcni diciintiir, qui vecturis vivniit, vellaturam facere.
Certe, inquit Ifundaniiis , aliiid pastjo , et aliud agricultuia,
sed affinls. Et nt dextera tihia alia quam sinistra , ila nt
tamen sit quodani modo conjuncta, quod est allera ejus-
dem carniinis modoriim incentlva , allera succentiva. Et
qiiidem licet adjicias, inquam, paslorum vitain esse in-
eentivam , agricolarum succcntivam, auctore doctissimo
homine Dic;rarcho ,qni GnTCi.ie vila qnalis fueiit ab inilio ,
nobis ostendit, ut supcrioiihus teinporibiis fuissedoccal,
ciim homines pasloriciam vitam agerent, neque scircnt
etiam arare torram , aut serei c arboics , ant putare ; ab his
inferiore gradn aptatis susceptam agrirnlluram. Quocircacf
«uccinil pastoiali, qiiod esl infci ior, iit tibia siiiislia a dc\-
>AI1110.\.
trai furaniiniliiis. Agiius, Tu , iiiqiiit, liiiicen noii soliiiii
adimis doinino pecus, sed ctiam servis peculiiiin.qiiilni;.
doniiui (lanl, nt pascant, atqiie eliain leges colonii as lollis,
in qiiibiis scribimiis, Colonns lu agro surciilario ne capra
iiatum pascat : quas eliam aslrologia in ca;lum recepit,
nou longe ab Tauro.Cui Fundanius, Vide, inquit, Agri ,
ne istuc sil ab lioc, cnm in legibiis ctiam scribatiir, pecns
qiioddam. Qiiaedam enim peciides cultura> suhI iiiiniica' .
ac veneno, ut istit, quas dixisti,capra!. Ex enini iiiiinia
novclla sala carpendo corriinipiint, iiuii mininium vilcs,
alqiie oleas. Itaque proplerea iii.^lilMliMiiilivirsadecausa,
nt ex caprino geneie ad alii dci aiain liostia addiicerelnr.
ail alii nim sacrificaretur, cuin ab eodeni odio alter vidcn'
nnlli.l, alter eliam videre pcreuntem vellet. Sic faclnm ,
ut IJbcro palri lepeiiori vilis liirci immolarentur, pi oinde
ut capile (iaient p()cn;(s; contra, nt Minerva; ra|iriiii gc-
ncris niliil immolarent , proiiter oleam , qiiod eani , qiiain
j.iseiit, lleri dicunt slerilem : ejiis enim salivam csse
fiiictuis venenum. Iloc noinine etiam Atlienis in aicem
non inigi, praiterquani scmelad necessariiimsacrificinm,
ne ailior olea, qua:" priinum dicitiir ibi nala, a rapra
tangi possit. \ec iilla', inyifH/H, pcciides agriculliiia-
siinl priipri;p, nisi qiia' agrum opere, (p'0 rnllior sil, ad.
6C
YAr.aoN
champs fcililes; et ce sont ceux qifon attelle d. la
chaiTue. S'il en est ainsi , dit Asrasius, conmieiit
une terre se passerait-elle dc bestinux , puisi|ue
rengrais, cct clement si esseutiel de tonte ciiltu-
re , ce sont les bestiaux qui le produisent? Alors,
ilit Agrius, il faut admcttre aussi qu'un troupeau
d'esclaves fait particde rexploitation agricoie. si
)'on juge a propos d'en entretenir un jiour ie
meme motif. Vous errez en ce que vous dites :
Ccs troupcaux peuvent etre ntiles; clone il faut
avoirdestroupeaux.Cen'estpasunecoiisw|uence.
Avecee raisonnement ou arriverait a encombrer
une metairie des professions les plus etrangeres
au travail deschamps, de tisserands, d'ouvriers
en draps, et autres. Kii bien, dit Sciofa, sepa-
lons de ragriculture proprement dile le noiinis-
sage des bestiaux. Quelle distinction faut-il faire
encore? Irons-nous, repris-je alors,imiter les deux
Saserna, etdiscuter, commeils Tont fait dans leurs
livies, si rartdupotier n'apaspiusd'analogit' que
ia science des mines avec ragrieulture? Sans
contredit la mati^re vient dii sol, mais n'est pas
pluspourccladu ressort dei'agriculture (|uc iiele
sont les carriereset les sablonniores. Cen'estpas
que si tel fonds de culture peut admettre concur-
rcmraent ce genre d'e\pIoitation , je pri-tende
qu'il faille rexelure, et negliger le profit qu'on
peut en tirer. Sans doute si , dans un fonds qui
avoisine une grande route, il se trouve un em-
placement propiee a la receptinn des \oyagcurs,
on fera bien d'y construire une nuberge. Mais
ce genre d'entreprise, qucls (iu'en soient les
benefices, ne saurait etre considere comme du
domalne de Tagriculture. Car, dans les profits
qu'on peut tirer directementou indirectemeut de
saterre, il n'y a de vraiment agricole que ce
qui est proriuit d'cnsemencemciit. Stolon m'in-
terrompit. Vous(*tes jaloux de ce grand auteur,
dit-il. Cc n'cst <|uc par esprit de eritique que vous
rattaqupz a reiidroit dcs poteries. II a dit ail-
leurs(i'pxcellentes choses qui reiitrent certaine-
raent dans notre sujet, et dont vous ne parlez pas,
afin de n'(^tre pas obligt' d'en faire Teloge. Cettc
saillie fit sourire Serofa, qui connaissalt fouvra^ie
et ne restimnit guere; raais Agrasius, qui enju-
genit diffi^remracnf , croyant aussi le connaltre ,
demanda a Stolon ce qu'il en pcnsait. Voici,dit
Stolon , la recette que donne cet auteur pour dc-
truire les punaises : « Faites infuserdans de Teau
" un coneombre sauvage. Partout oii vous repan-
« drez de cette eau, ies punaises n'approcheront
'• point. » Ou bien cncore : « Frottez votre lit avec du
« fielde bceufd(ilay(idans du vinaigre. » Fbbien ,
dit alors Fuiidanius s'adressant a Scrofa, voila
pourtantqui toucheji ragriculture. Oui, dit Scro-
fa, autant que son onguent epilatoire : '■ Prenez
« une grenouillejaune; faites-Iabouillir dans l'eau
<< jusqu'a rt^duction des deu\ tiers, et frottez-vous
« avec le residu. » Moi, repris-je, je citerais plus
volontiers le passage qui traite de 1'incommodite
dont est allligii Fundanius. II souffre dcs picds
au poiiit que la douleur lui fait rider le front.
Vite la citation, s'(;criaFundanius. Jaimc mieux
apprendre a gu(?rir mes pieds qu'a planter dcs
pieds de poiiTC. Quant a cela , dit Stolon en sou-
riant, je me fais fort de vous communiquer la
fornuile telle que rauteur fa depos^^e daus son
livre, et que je Tai entendue lire par Torquenna.
II faut d'abord que le malade, sitot qu'il com-
mence a sentir des douleurs aux picds, pense a
celui qui doit operer sa guerison. Eb bien, reprit
Fundanius, je pense h vous; guerissez nica
juvare , ut eai, qna; junrlt-c aiaic possnnl. Asrasius, si
istuc itaesl, inqiiit, qnomodo peo.us lemoveri potesl ab
agro, cum sferc.us, qnod iilniimum piodest, giefies pe-
comm ministrenl? Sic, inqnit A^rius , venalinm gieges
(liceinus agticultniam esse, si piopter islam rera liaben-
(Jum statuerimus. Sed erior ln'iic, quod pecus in agro
esse potesl , et fi licfus in agio fc.iie. Quod iion sequen-
diim. Nam sic etiani les alia; di\ ers;E ab agro eriint assii-
nienilffi ; nt si liabeas plnres in fnndo lexfores , alqiio ins-
tilulos liisfonas, sic alios aifiliccs. Sciofa, Dijnnsamus
igitur, iiKinit, pastionem a ciilfnia, el si qiiis qiiid vnlt
aliud. Anne ego, inquam, seqiiar Sasernarum palris et
lilii libros? ac niagis pnfein pcrlineie, figlinas queinad-
jnodnm exeiccri opoiteat, quam aigenti fodinas, anl alia
tt alia metalla, qute sine dubio in aliqno agio fiuiil.' Sed
ut neque lapieidina;, neque aienarice ad agriculliiram
pertinenl, sic figlinse. Neqiie idco non iu quo a^ro ido-
ne^c possunt esse, [non] exercendic , atque ex eis capinndi
fruclus : ut etiam si ager secuiidum viam, et opporlu-
jius viatoribiis locus, sedificandae tabernai diversoria;,
qua; tainen quanivis sinl frucluosa;, niliilo nia!;is siint
agricnlturx partes. Non enim si qiiis pioplcr asnmi aiit
etiam in agro profeclus domino, agiicultura; an cplifm
referre debot, sed id niodo, qiiod ex salione ferra sit na-
tnm ad friiendum. Snscipit Sfolo,Tu, inquit, invides
fanto scriptori, et obstriglllandi causa figlinas reprehen-
dis, cum pra'clara qua;dam , ne laudes, pia;termillas,
qna; ad agricultuiam vehementer perlineant. Cum subii-
sisset Scrofa, quod non ignorabat libros, et despiciebal ,
et Agrasius se scire inodo pntaiel, ac Sfolonem logassel ,
ut diceiet, coppil : Scribit cimices quemadmodum interlici
oporleat liis verbis. CHCumeiem anguinum condito lii
aquam , eamque infiindifo qiio voles, nulli accedent. Vcl
fel bubulnm cum aceto niixtum , ungnito lectum. Funda-
nius aspicit ad Scrofam, El, tamen veriim dicit, inqiiit,
hic, nt lioc scripserit in agricultura? Ille, Tam iiercle
quam lioc si quemglabrum facere velis, quod jiibet la-
nam luridam conjicere in aipiam, usqne qiio ad terliam
partem decoxeris, eoque ungiiere corpns. Ego qnod magis,
inquam, pertineat ad Fundanii valetudinem, et in eu lihro
est, salius dicam : nain hnjusre pedes solent doleie, ct iii
fronte conlrahere rugas. Dic sodes, inquit Fiindanius ■
nani malo de mcis pedibus audire, qnam queniadniodnm
pedes betaceos seri oporteat. Stolo subridens, Dicam, iii-
qult,eisdem, qnibusille verhis scripsil, vel Tar<|ncni!iu!i
audivi. Cum Uomini pedesdolereca'pissent, qui lui iiie-
DK LAGRICULTUiin:, LIV. \.
pieds. Ecouteziioiic, contiiiua Stulou : « Quo la
terre garde la nialadie , et que la saiite leste ici ! »
II nous recommaude de dire a jeun ces paroles
trois fois ncuf fois , dc touclicr la tcrre , et de era-
cher en mcme temps. Vous trouvercz encore , re-
prisje, daus le li vrc des Saserua beaucou p d'autrcs
secrcts miraculeu.x egalcincnt etrangers a Tagri-
eulture , et qu'il faut laisser oii iis sont. D'ailleurs,
ajoutai-je, de semblables digressions se ren-
contrent dans beaucoup dautcurs. Lc tiaitc d'a-
griculture deCaton lui-meme cn fouimiUe. On y
trouve entreautresdcs procedespour faire lapla-
centa, pour nppreter le libum, pour saler les
jnmbons. Vous oubliez, dit Agrius, un article
important : ■• Voulezvous, dit Caton, boiiebcau-
« coup et manger encore davantage ? A valez avant
" de vous mettreatableduchoucru, niaccic daiis
'■ du vinaigre, et prencz-cnciiiq fcuilles ciicore
« apres le repas. «
III. Nousvenons, dit Agrius, d'ccarter de Ta-
griculture tout ee qui lui est ctrauger : il nous
reste a parler de ee qui forme le domaine dc la
scieuee. Qu'cst-ce (|ue Tagriculturc ? Est-ce un
art? et si c'est un art , quel est son principe et
sa fin? Stolon se touriiaut vers Scrofa, Ccst a
vous, notre supericur atous en rang, en agc et
en lumieres, a nousresoudre ees diver.ses qiics-
tions. Scrofa, saus se faire prier, s'exprima aiiisi :
L'agriculture est un art, ct un artaussi grand qu'ii
est necessaire. II nous apprcnd qucl sol est pro-
pice a telle semence, qucls travaux sa culture
exige , et quelles qualitcs de tcrroir promettent
des recoltes abondantes et continucs.
IV. Les elcments de cet art sont les memes dont
Ennius a dit qu'ils eonstituent le monde : Teau,
ininisset , e\ mederi posse. Ego tiii meniini , medere meis
pedlbllS. TEKUA l'ESTCM TENETO. S.\U S 1110. r.lANr.TO [ilt
meis pedibus.] Uoc. ter novies canlan! jiibet , tenain tan-
geie, despuere, jeiunum caiitare. Multa, !)i(/HO»i, ilem
alia miiaciila apud Saseinas invenies, qiicC omiiia sunt
diversa ab agiicullura, et ideo lepudianda. Quasi veio,
inqxium, non apiid casteros quoque sciiplores talia repe-
riantui'. An non in magni illiiis Calonis lihio , qui de agri-
culliira est editiis , scripla siiiil peruiulta similia ? ut lisc ,
qiiemadmodum placentam lacere opoiteat , qiio pacto li-
liuni, qua ratione pernas salire. llliid non dicis, inquit
.Agrius. Quod sciibit, Si velis in convivio miillum bibeie,
cu^iiareqiie libenler, anle esse opoi tet brassitam crudam
cx acelo, et post aliqua folia.
III. Igitiir, inqiiil .\grasiiis , qiioe dijungenda essent a
ciillura ciijusmodi siiit, qiioniam discretnin, de iis rebus
dicendiim, quic in scienli.i sint. Ecquis in colendo nos
doret aissit an quid aliud,et aquibus caiceiibusdeciirrat
ad metas. Stolo cum aspexissel Sciofam, Tu , inqiiit, et
a>tatH , et lionore, et scientia qiiod prnostas, dicere debes.
Ille iwn gravaUis , Primum, inquit, non modo est ais,
sed eliain nece.ssaria ac magna. Eaqiie est scieniia, quae
docet, qu.-e sint in (pioquo agin seruiida ac faciiinda,
qiireque lena niaximos per|ietuo leddat friictiis.
IV. Ejiisprincipiasunt cadeni, qiis inundi esse Enniiis
ia terrc, l"air, ct le fcii. Avant donc dc condcr
vos semeuces a la terre, il importe d'etudier ccs
differents elemcnts, source premiere de toutc.
production. Cest de cette connaissance que de-
vront partir les agrieulteurs pour conduire lcurs
travaux au double but d'elre utile et de plaire :
rnnsolide, fautreagreribie. M:iis ausolideestdur
laprefcrcuee sur ce qui est de pur agremeut. II
peut resulter toutefois de la meme disposition,
qu'unetcrregagnea ia fois on aspectet en produit ;
qu'elle soifde meillcure defaite et augmeutc dc
valcujTcelle. Del)clleslignesd'oliviers,parexcm-
ple, oud'autres arbres a fruit, auront cct avan-
tage. A cgalite de valcurentre dcux objets, qni
n'aime mieux payer plus chcr celui qui flatte la
vue? Sous lerapport d'utilite, prefercz le fonds dc
terre lc plus salubre;car, sanssalubrite, pnint dc
recoiteassuree. Daus un sol malsain, si fcilile
qu'ilsoit, lefruit du travail,achaqueinstant,poiit
clrc detruit par des flcaux de tout genre. La ou
Ton a sans cesse tn coiiiptcr avee le trepas , il s'a-
git , pour le cultivateur, non de recucillir, niai.';
de vivre. Aiusi, dans toute eontree malsaiue la
culture n'est en quelque sorte qu'un jcu de ha-
sard, aiiqucl le proprietaire risque sa vieetsa
fortune.
La science toutcfois pcut attcnuer lc nial ; car,
snns avoir d'action directesur rinsalubrite, doiil
lcseonditionsresidentdanslesol et 1'almospbcrc,
et proeedent de la natiire , nous y pouvoiis beau-
coup cepeiidant. On parvient par uneattention
iutelligcnte a en allcnuer leseffcts. Les infUien-
ccs malignes ou du sol ou des eaux, les miasmes
fetides qui s'exhalent encertaines localites, Tex-
position a uu solcil trop ardent ou a des vents
sciibit, aqua,teria,anima,et sol. Htccenim cognosciiiida
prius, qiiam jacias Eemiua , quod initium fructuuiii oritur.
Ilinc prorecli agricola? ad diias nietas diiigeie debent, ad
utilitatem el voinplatem. Ulilitas qu;riit IVucliim, voluptas
delectalionem. Piioies partcs agit,quod utile est , quani
quod delectal. Nec non ea quiE faciuut [oultura] lionestio-
rem agruni , pleraque non solum fiuctuosiorem eiindem
laciunt; iit cuui in ordinem sunt cousita arbusla atque
olivela, sed eliam vendibilloreni , atqueadjiciuutad fundi
pi etium. Neuio enim eadein utilitatc non farmosius quotl
est, emeie niavnlt pluiis, quam si est friictuosus turpis.
Ulilissimusaulem is ager qiii saliibrior est, qnani alii,
quod ibi fructiis certns. Contia quod in pe.stilenli qiiamvis
in feraci agrocalamilas coloiium ad fructusperveniie nou
palitur. Etenim ubi latio ciim orco babetur, ibi non modn
fiiictus esl inceitus, sed eliain colentium vita. Quaie iibi
salubritasnonest, cullura nonalind esl, alquealeadomi-
ni vita?, ac rei familiaris. Nec li.tc non deminiiitiir scien-
lia. Ila eiiiin salubrifas, quie duclliir e cielo ac terra, non
est in nostra potestale , .sed in naluia; , ut tamen iniilliim
sit in nobis ; quod graviora quic sunl , ea diligentia leviora
facere possumiis. Elenim si propter teirain anl aquam ,
odoiemve, qiiem aliqiio loco eruclal, peslilenlinr est
fuiidiis, ant piopter ca"!! regionem ajjer calidior sit, aiit
venl:i.<; non bonus (let : hacc vitia emendari solont doiiiiin
68
VARRON.
conlraiics, tous ces inconvenients se corrigent
p;ir des depenses bien entenduos. On \'oit de
quelle importance est la iiosition topogr;ipiilqiie
des bStiments d'expIoitalion , leur etendue, et
rexpositiou de leurs ouvertiues, portes, porti-
ques et fcnetres. N'a-t-on pas vii la science
dHippocrate, dans un temps de peste , preserver
de la conlagion non-seulement une raaison, des
cliamps, mais des villes entieres? Mais ou vais-je
chercher le temoignage d'Hippoi'rate? N"avons-
nous pas ici notre ami Vairou, qui, lorsqiie Tar-
nice et la flotte se trouvaieiit a Corcyre , et que
toutes les maisons regorgeaient de malades et
de morts, (it percer de nouvelles fenetres pour
donner passage au vent du uord, murcr les an-
ciennes qui laissaientpeiietrer i'air infecte, pra-
tiquer de nouvelles portes, et qui, par mille autres
soins de ce genre, parviut i\ raraener ses compa-
gnons sainset saufs dans leur patrie?
V. Wous avoiis determine les principes de Ta-
griculture et son but : il nous rcste a exarainer
les differentes parties dont sa science se compose.
Quanta moi, dit Agrius, je suppose que lenombre
doiten etre infini, quandje voiscette multitudede
livrcsque Theophraste a composes sous les titres
iVhistoire des planie.s etdescauses de \nvegcta-
tion en ^e^em/. Amonavis,repritStolou, ces li-
vresconvienneutbienmoinsaux hommesqui cul-
tivent la terre qn'a ceux qui fiequentent les eco-
les des philosophes. Ce qui ne vevit pas dire que
les uns et les autresue pnissent y rencontrer des
enseignements utiles. Quoi qu'il ensoit, veuillez
nousexpliquer vous-meme les differeutes parties
de ragriculture. Elle en comprend, ditSciofa,
quatre principales. Elles consistent a bien con-
naitre : la preraierc, le fonds a exploiter, la na-
ture du sol et ses elements constitulifs; la se-
conde, le personnel et le materiel necessaircs a
son exploitation ; la troisieme, les facons quc le
terr;\in exige ; la qnatrieme enfin , quelles epo-
qucs de rannee conviennent a chaeune d'elles.
Chaeune de cesquntre parties se subdivise elle-
raeme aumoins en deux autres. Les deux subdi-
visions de la premiere ont pour objet, Tune la
terre elle-raeme , et Tautre les b;Uiments et jes
etables. La seconde partie principale, quiembrasse
tout Teffectif d'un fonds de culture, a egalement
deux subdivisions, dont la premiere comprend les
travaillenrs, et la seconde les instrumeiits aratoi-
res. La troisieme partie principale, qui a pourob-
jet la direetion des travaux, renferme d'une part
lesoperationspreparaloires, et,derautre, lechoix
des lieux ou Ton doit les executer. La quatrieme
partie, qui traite desdifferentes epoquesde Tan-
nee, comprend, dans sa premiere subdivision,
fout ce qui a rapport & la revolution annuelle du
soleil et au cours mensuel de la lune. Je com-
roenccrai par parler de ces quatre partiesprinci-
pales; puis je traiterai avec plus de detait les
huit subdivisions.
VL En considerant un fonds sous le rapport du
sol, nous avousaexaminer quatrepoints piinci-
paux, savoir la configuration duterrain, sa qua-
lite, retenduede lapropriete.etquHlleschancesde
securiteelle offre par elle-raeme. Un terrain doit
sa configuratiou a la nature , qui fa bien ou mal
dispose , ou a la main de rhorame , qui Ta trans-
f6rme, pour la culture en bieu ou en mal. Parlons
d'abord de la configuration naturelle. Nous recon-
naissons rrois genres de terrains simples : celui
des plaines, celui des eollines, et cclui des mon-
tagnes; des mixles, qui se combinent de deux
deces genresoudcs trois ensemble. Onen trouve
de frequents excmples. 11 y a pour ehacun des
scienlia ac siimplu; qiioJ permagni interest, ubi sinl
positae villa;, qiianta! sint, quo speclentporticibus , ostiis
ac feneslris. An non ilie Hippocrates meclicus in magna
pestilenlia non ununi agrum seil muUa oppida scienlia
servavit? Sed quid ego illiim voco ad testimonium? Non
hic Varro nosler, cum Corcyrce esset exercitus ac classis,
et omnes doinus lepleloe esseiit a^grotis ac funeribus,
inimisso fenestris iiovis aquilone , et obstructis pestilenti-
bus, januaqiie permutata, ca^teraque ejns generis dili-
gentia, suos comitesac familiam incolumes reduxit?
V. Sed qiiuniam agriciiltiirse, quod esset initium et (inis
dixi , relinqiiitur quot parles ea disfiplina liabeal , ut sit
videndum. Equidem innumerabiles niilii videntur, inqiiit
Agrius.cum legolibros Thcoplirasticoniplures, quiinscri-
biintur, "IiuTiov Idropia;, et alteri <I'uTty.wv aixiMv. Stolo,
Isti, inquit, libri non tam idonei iis, qni agruni colere
voluul, qiiaiti qui scliolas pliilosophorum. Neque eo dico,
quod non balieant et ulilia, et communla qnxdam. Qiia-
propter tu potius agricultura: paites nobis expone. Scro-
fa, Agricultura!, inquil , quatuorsunt partes snmmae :
e queis priina cognitio fiindi ; solum partesrpie ejus quales
bint ; secimrla , qu;p in eo fundo opus sinl ac debeant esse
cuUiuiP causa; terlia, (ju.'e iu co piiTdio culendi cansa
sint faciiinila; quarta, quo quidquid lempore in eo fundo
fieri convoniat. De his quatnor generihus slnguhe ininr.
mnm in binas dividuntur species. Quod haliel prima ea,
qu* ad solum pertinent teria;, et quai ad villas, et sta-
bula. Secunda pars , qiia; movenlur, alque in fuudo debent
esse cuttune caiisa, estitem biparlita : de honiinibus, pcr
quos colcndum, et de leUquo inslruineiito. Terlia pars,
quae de rebiis , dividitur; qua ad qiiamque reni sint pra»-
paranda, et ubi qu.-cque faciunda. Quarta pars de lempo-
libus, qiiae ad solis circiiinilum aiinuiim sint refereiida, ct
qiia; ad Lnna; menstiuum cursiim. De primis qualnnr
partibus prius dicain , deiiide siilililins de octo secimdis.
VI. Igitiir primumdesolo (nndi vidondum h.iecquatuor.
Qnre sit (orma, quo in genere terrse, quantus, quam per
se tiilus. Formae cuin duo genera sint, una quani nalura
dat, altera quam sationes imponnnt • prior, qiind alius
ager bene nalus, aliusmale; posterior, qnod alius fundus
bene consilns est , alius male : dicam piius de naturali.
Igiliir ciim Iria geneia sinl a sppcie simplicia agiorum ,
canipeslre, colliniini, et monlaniiin, esl ex iis Iribiis
qiiartiim, iil in co fiiiido, in qiio li;<'c diio vel liiasunl,
DE LAGRICULTURE, LIV. l.
trois £,'cnros simples des systemes de cultiu-e dif-
ferents.Sanseoiitrcditceluiquiconvientaux plai-
iies ne peut s"appliquer, soit aux montagnes oii
la temperature est bien nioins elevce, soit aux
collines, ou elle est plus IVoide que dans les pre-
mieres localites, et plus cliaude que dans les
secondcs. Cette difference entre lcs fonds de ter-
rain-simpleest d'autanlplussensible qu"ils occu-
pent respectiveraent plus de superfieie. Plus le
sol est decouvert , plus la chaleur a d'intensite.
Cest ce qui fait qu'en certains cantons ratmos-
phere cst si ardcnte et si lourde, et que dans les
regionselevees, sur le Vesuve, par exempie, lair
est plus leger, et par consequent plus saiu. Ceux
((ui cultivent des terrains bas souffrent pendant
Petc, au lieu que ceux qui ciiltivent des terrains
eleves souffrmt davantagependantrhiver. L'hi-
vercstlasaisonpropiccpourceu.ic qui cultiventdes
plaines, parce qualors les pres sont en herbe,
ct les arbres en etat d'etre tailles. L'ete au con-
traire est favorable a ccux qui cultivcnt les hau-
teurs, parce que durant rctte saison les p^turages
y abondent, taudis quils sont brulcs dans les
plaines. Dailleurs Tair alors n'y est que frais ;
ce qui convicnt aux operations forestieres. Pour
le sol des plaincs, le plan incline vaut mieux que
rabsolu niveau ; car le defaut de pente tend a
forraer des marecages, les eaux ne trouvantpas
d'ecouleraent. Aussi le terrain estil d'autant
plus defectueux qu'il est plus inegal; ce qui mul-
tiplie lcs bas fonds ou Teau scjourne. L'epoquc
des semaillcs arrive plus tot dans les plaines
quesur les hauteurs, oulonest obligede gagner
de vitesse, et dattendre plus tard les recoltes.
Certainsarbres, comnie rerahle et lesapin, n'at-
teignent toute leur hauteur , tout leur devclop-
pement , que sur lcs montagnes, gr;lee a Tair vif
qui y domine. D'autres, tels que les peuplicrs
et les saulcs , ne prosperent que dans lcs tempcra-
tures moyennes , comme la n6tre. II en cst qui
nereussissentquedans lesterrainsclevcs, comme
Tarbousier et le chene. D'autres enlin n'aiment
que les terrains bas,comme ramandicr et le
figuier. Les productions des collincs, suivant leur
degre d'(51evation, se rapprochent plus ou moins
de celles des plaincs el des raontagncs. La cul-
ture varie suivant ces trois conditions du sol : on
prcfere les plaines pour le blc, lescoteaux pour la
vigne, et, pour les forets, les montagnes. Toutes
cesconsiderationsdoiventetre respectivement pe-
sees pour la culture de chaque ordre de terrain.
VH. En ce qui coucerne la coufiguration na-
turclle , dit Stolon , je suis osscz de lavis de Ca-
ton, que le raeilleur fonds de terre est celui qui
se trouve place au pied d'une inontagne, etexpose
au midi. Mais je souticns, repond Scrofa , qu'en
fait de culture, le produit est en raison de ce
que Taspcct plait plus a rceil. C"est Teffet de la
plantalion en quinconcc, et de rubservation des
distances pour les pcpinicres. Aussi nos peres,
avec ieurs mcthodes vicieuses, ne tiraient-ils,
d'une ^gale superlicie de terrain, que des bies et
des vins inferieurs nux uotres en quautitc comme
en qualite. C"cst qu'avec la syraetrie on menage
niieux Tespace, ctque, par suite,chaqueplantcst
raoins exposc a se voir intercepter par son voi-
sin rinfluence du solcil, de la lune ou de Tair. Un
exeraple va rendre ccci plus scnsible. La meme
quantite de noix, qui se tasse parfaiteraent dans
un boisseau avcc lcs coqucs entieres, va difficile-
ment entrer daus une mesure d'un boisseau et
demi, quand vous Taurez concassee. Vos plauts,
iit mullis locis licct viderl. E quibiis tribiis fastigiis siiii-
lilicibus, sine duljio iiifiinis alia cultuia aptior, quani
summis, quoii liarc calidiora quain sumina : sic collinis,
qiiod ea tepidioia qiiam inrima, aiit siimma. Haecappa-
rent niagis itaesse in latioribiis resionibus, simplicia cum
sunl. Uaque ubi lati campi , ibi magis a-stus. Et eo in Apu-
lia loca calidioia ac graviora. Et ulii montana, ut in
Vcsuvlo, quod levlora, et ideo salubriora. Qiii colunt
deorsiiin , magis .-lestale laborant : qiii siirsum , magis
liieme : verno teinpore in campestribus maturius eadem
llla seruntur, quam in snperioribus -. ct celerlus liic,
qiiani illic cogunlur. Nec non sursum', quam deorsum,
Urdius serunlur ac nietuntiir. Qurrdain In niontanis
prollxiora nascunturac firmiora,piopler frlgus,utabietes
acsappini. Uic, quodlepidiora,populi acsallces : suisum
ferllllora , iit arliulus ac qiiercus : deorsum , iit nuces
gracca ac niarlsca; fici. In collibus Immllibus societas ma-
jor ciim campcstri fructu , qiiain cum montano -. in allis
conlra. Propter li.iec Irla lasllgia formse , discrimina qua>-
dain liiiiit satioiiiim , quod segetes meliores exlstlinantiir
esse campestres, vineoecollina:, silv.e monlana' : plcrun-
qiiebilierna iis es.si' meliora , qiii colunl eampestrla , qiiod
tiinc prata ibi lieibosa, putalio arliorum loleraltilior.
Contra aestlva montana bis loiis commodiora, quod llii
lum elpaluiliiiii multiiin, qiiod iii campls aret : ac cultiira
arboriim aptior, qiiod lum illic filgidior aer. Campester
locus is nielior, qiii lotus «■quabiliter in unam paiteni
vergil, quam Is qui est ad libellamsequus, quod is, cum
aqua; non liabeal dc^lapsimi , ficri solel uliginosus. lio ina-
gis sl quls est Ina^ipiabilis, o.o deterior, qiiod (it propler
lacunas aquosiis. Iliec atqiic bujuscemoditria fastigiaagri
ad colendum disparlllter liabent momentiim.
VII. Slolo , Quod ad liauc formam naturalem pertinet ,
de co nou incommode Cato videtur diccre, ciim scribil
optimum agrum esse, qul snbradlce montis sltus slt, et
spcclet ad merldianam c.Tli partem. Siibjicit Scrofa , De
formae cultura lioc dic.o, quae specle flant venusllora, sc-
qiil , iit inajore quoque fructu siut : ul qiii babent arbiista,
si sala sunt in quinciincem propler ordines , atqiie intei-
valla modica. Ilaquc majores nostri ex arvo a^qiie magiio,
sed male consilo, et minus multiim,el miiiiis liomiiu
facicbaiit vinum ct frumentum, quod qiia; siio qiiidque
Idio snnl posita , ea miuus loci oci up.iiil , et mlnus oflicit
alliid alli ab solc ac luna, et veiilo. Hoc llcel conjpcliira
vidcre cx aliquot rebns, ul niiccs Inlcgras, qnas iino mi-
dio coinprchendcre possis , quod piitamina siio loco qii.i-
VARr.o:v.
(lument aligiies, eii scront plus accessibles ii
l'action du soleil et de la lune , vous donneront
plusde raisins ou d'olives, qui viendront nncux
a maturite; doul)le resultat entrainnnt ccs dcux
i-onsequences, meilleure recolte d'huile et de
\in, augmentation de profit. ISous voici arrives
a la seconde partie, quitraite desindicationsau.x-
quelles on reconnait qu^une terre cst bonne ott
mnuvaise. Ccst en effet de In qualitc de la terre
que depend le choix des fruits qu'on peut y se-
raer et recueillir, et le «ienre de cuUure qui lui
est appliquable. Le meme sol ne convient point
egalement a toutes sortes de productions. Celui-
ci est spccialement propre a la \iune; celui-la
au ble;et tel, atellcautre production. Cest ce
qui fait sans doute qu"il y a dans Tile de Crete ,
pres de Cortynia, un platane qui, meme en hiver,
ne se dcpouillepoint de ses fcuilles. Thcophraste
en mentionne un pareil dans rile dc Cypre. II y
a aussi devant la ville de Sybaris, que Ton ap-
pelle aujourd'hui Thurium, un chene qui offre
le meme phcnomene. IXous voyons eniin , dans
lescampagnes d'Elephantine, des figuiers etdes
vignes qui ne s'cffcuillent jamnis. Cest encore
par la nifime raison que beaucoup d'arbres por-
fent dcs fruits deux lois pnr an , comme les vi-
gnes de Smyrne pres la mcr, et lcs pommiers
dans les cbamps de Consentinum. Autre preuve
de cette observation. La cultuie donne en meil-
leure qualite les fruits que la natiire snuvage
produit en plus grandc abondance. On peut citcr
encore les plantes qui ne pcuvcnt vivre que dans
un terrnin aqueux, oumeme au milieu de rcau.
Encore nevicnnent-ellespas indistinctementdans
toute espece d'enu, puiscjue les unes rcussissent
mieux dans les laes, comme ies roseaux daos le
pays de Reate; les nutres en eau courante, eommc
les aunes d'Epirc; d"autres enfm dans la mcr ,
comme les S([uilles et les palmiers, au dire de
Theophraste. Quand j"ctnis a la tetc de rnrmee,
j'ai vu dans lintcricur de la Gaule Transalpine,
pres du Rhin , dcs contrccs ou il ne croit ni vi-
gnes , ni olivicrs, ni pommiers; ou Foii em-
ploie une sorte dc craie blanche pour fumer la
terre; et oiz les habitants, au lieu de sel marin
ou fossile, se servaicnt de chnrbons sales, qu'ils
obtenaient de la combustion de certains bois.
Stolon pritnlors la pnrolc, ctdit : Caton, cn exa-
ininant rune apres lautre les differentcs espe-
ces de terres , les echelonne suivant lcur qualitc ,
ct les divise en neuf elasscs. Dans la preniicre , il
met les terres a vignes, qui rnpportent avec
abondance uu vin de bonne qunlite ; dnns la
Geconde , ies terres de jnrdin d'unc irrigation
facile ; dans la troisieme, les terrains propres
aux saules; dans la quatricme, les terrcs qui
conviennent aux plants d'oIivieis. Dans la cin-
quieme classe siint les prairies; daiis la sixieme,
les terres a ble ; dans la septieme , les bois eii
eoupe reglee; dnns la huitieme, les vergers ; daiis
la ncuvieme enlin , les terres ou Ton recolte le
gland. Je sals bien, dit Scrofa , que Caton a
ccrit eela; niais ce n"est pas Fnvis de tout le
monde. II en cst qui mettent les bonnes prniries
en premi6re ligne ; et je suis de ce nombre. Nos
peres les appclnient parata, et non prata a cause
de leur production spontance. Cesar Vopiscus ,
en plaidant un jour devant les ccnseurs, cita la
campagnc de Rosea comniela nourriciere de 1"!-
talie. L"cchalas qu'on y oubliait la vcille , di-
snitil.nese retrouvait pkis le lendemain; [lar-
ce que rherbe Tavait recouvert entiereraent.
VIII. Les vignobles ont des adversaires qui
pretendent que 'es frais de culture absorbent le
qiie liabct natiira composita, ciini eastlcni si fregeris, vi\
sesqiiiniodio concipere possis. Piaeteiea ipia; arbores in
ordinenVsalae sunt, cas aeqnaliililer ex oninibiis parlibns
sol ac luna coquiiiit. Qno fit , iit iiva; et olea; plures nascan-
tur, et ut celerius coqiiaistur; quas les duas sequuntur
alteia illa diio, ut pliis reddant raiisti ct olei , et pretii
pluris. Sequitur secundum illud, quali leria soluiii sit
fundi, a qua parte vel maxiine bonus aut non bonus
appellatnr. Itefert enim, qua,' les in eo seii nascique,
et ciijusmodi possint. Non enim eadcm omnia in eodem
asro recle possunt. Nam ut alius estad vilemapposilus,
alius ad frunientum, sic de cfftciis aliiis ad ali;im rcm.
Itaqne Crefa; .ad Coityniam dicilur platanus esse, quae
folia hienie non aniittat. Iteinqiie in Cypro, ut Tbeopliia-
stus ait , una. Itcm .Sybari, qui niinc Tliurii dicuulnr,
quercus .siniili esse natiira, qua? est in o[)pidi consiwctu.
Item contia atqiic apiid nos fieri ad Elepbantinen , ut nc-
que liciis neqiie vitcs amittant folia. Piopler eandeni
causani niiilta sunt bifera, ut vites apud maie Sniyrn?e :
niahis bifeia, ut in agro Consentino. Idem osleiidit,quod
in locis feris plura ferunt: in iis qna; suntculla, lucliora.
Eadem de causa sunl , (|na! iiun possunt vivere iiisi iii
loco aquoso, aut etiam aqua. £t id discriniinalim , iit alia
iu lacubus, ut arundines in Reatino; alia in lUimiiiibus,
iit in Epeiro aibores aliii; alia in inaii, ut scribit Tbeo-
phrastus, palmas et squillas. In Gallia transalpina inlus
ad Rlienum, cum cxercitum duceiem, aliquot regiones
accessi , ubi ncc vitis nec olea necponia nascercntiir; ubi
agros stercoraient candida fossicia crcta : sibi salem nec
fossicium , nec marilinium baberenl , sed cx quibnsdara 11-
gnis combustis carbonibiis salsis pro eo utcienlnr. Stolo,
Calo quidein , inquit , giadatini pia^iionens , alium alio
agi um melioreni dicit es.se in novein discriminibus , quod
sit piimus, iibi vinca? possint esse bono vino et inullo;
scciindus, ubi liortus irriguus; tertius, ubi salicta; qiiar-
tus, iibi oliveta; qiiintiis,ubi pratum; sextus, ubi campus
(rumentarius ; sepliraus, ubi caedua silva ; oclavus , ubi
aibustum; nonus, ubi glandaiia silva. Scrofa, Sclo, in-
quit, scribere illuin. Scd de lioc non consentiimt oinnes,
qiiod alii dant iiriinatum bonis pratis, ut ego (juoqiie : a
qiio antiqui prata parata appellarunt. C«sar Vopiscus
.ledilicius, caiisam cum ageret apnd ceusores, cainpos
Roseae Ualia; dixit csse siimen, in quo relicla pciUca |X>s-
tiidie non appareiet proptcr herbani.
DK L'AGRICULTURE, LIV. I.
produit. Lts vignoblesdeqirjlleespece dis-je? cnr
il j'eii a plusieiirs. LVspeee rampante, qui n'a pas
besoin deehnlns, et qu'on reiicontre en Espagne ; et
I'esp6ce t^i baute tige, si commune en Italie, et
dont les ceps sont isoles et maiiitonus en direc-
tioii verticnlepnr des tvbnlas, ou assujettisensem-
l)Io par le baut a raidc de traverses. Cest ce
qu'ouappellemarier lavignc. On cmploie comme
traverses, ou des perches, ou des rosenux, ou des
cordes, ou la vigne elle meme. Le premier de ces
moyens est en usage a Falerne ; le second a Arpi-
num; le troisierae a Brindes, ct le quatrieme
dans la campagne de Milnn. On procede a cctte
operation dedeux manieres, par lignes directes,
ou par lignes croisees. Cest la plus ordinaire cn
Itnlie. Si le maitre de la vigne tire de son proprc
fondslamntierequ"il emploiecomma soutien, il
n'a plus a redouter la depense. Elle n'est meme
qu'insensible, au cns ouilpeut s'approvisionner
dans le voisinage. Pour qu'il ait cette matiere a
sa disposition, ilsuflit, daus Tun des trois pre-
miers cas,quesaproprieteproduise,soitdusaule,
soit des roseaux, soit du jonc ou quelque plnnte
analogue. Dans lc quatrieme, il fnut des aibustes
propres a. servir aux ceps deconducteurs. Dniis la
campagne de Milanon sesert a eetefiVt des era
bles ; a Canusium, on emploieles figuiers, dont on
entrelace les brancbes aux vignes, Quant aux
echalas, 11 y en a quatre especes. D'abord ceux
([u'on tire ducoeurde cbene ou de genevrier; ce
sont les plus solides et ceux qui servent le mieux.
Puis ceux qui proviennent de brancbes faconnccs
cn picux ou pcrcbes, qu"ii fnut cboisir de bois com-
pact, pour piusdeduree, etqu'on retourne quand
rbumiditcde laterreles aponrrisd'un bout,pour
lcsenfouirparrautre.il s^enfabriquesubsidiaire-
ment d'une troisicme espece avec des roseau^ ,
quand on manque de materiaux pour jes deux
premieres. On prend plusieurs tiges de roseaux ,
qu"on assujettit ensemble avee un lien d'(5corce
d'arbre et qu'on introduit dansdes tubes de terre
cuite, pour faire (^couler rbumiditt;. Laquatrieme
espece pourrait i!'tre qualifiee d'echalas naturels.
Cesontlesarbresquien rontroffiee. Lesrameaux
de la vigne, qui selancent de Tun a 1'autre, sont
appelesparlesuns traduces^eX pnr les nutre ?■«?«-
pi. Ilfeutque lavigne s'elevea hauteurd'hommc,
et que les (Jchnlas soient espacijs de maniere a ee
qu'un attelage de boeufs puisse labourer dans les
intervalles. Cestun vignoblepeu couteux que ce-
lui qui , sans exigerdesoutiens , rend Incontenanee
d'un acratopbore.Ondistinguedeux sortes de vi-
gnes. Lcsgrappesde Tune rampentsurlesol. Cette
espece est commune dnns eertains cantons d'Asie ,
et ies renards y vendnngent autaat que les bom-
mes. Lapresenee dessouris est encore unecause
de d^chet ; a moins qu'on n'ait le soin de multi-
plier lessouricieresdansles vignobles, ainsi que
cela se pratique dans rile de Pandataire. Quant
a Tautre espece de vignes , on ^loigne de la terre ,
en lcselevant, les pousscsqui promettcntdu rni-
sin. On place a ceteffet,audessousdeces pousscs,
a Tendroit oii se 1'orment les grappes, dc pctites
branches cu fourcbe de deux pieds de longueur en -
viron. Par ce moyen, lessnrinentsainsisoutenus
deviennent insensiblement, pour les vendanges a
venir,des brancbesnfruit, queTon attacheen con-
sequenceauoepnvecunepetiteeorde, ouectautre
lien que nos ancetres appelnient cesfus. Dnns les
pnys qui produisent cetteespeee de vignes, quand
le dernier vendnngeurnmoiitresestalons, lemat-
trc prendsoin defaire rentrerchez lui toutesces
Vill. Conlia vineam siiiU qui piilent siimptii fruclimi
(!i'V()iai(;. Refert, inquain, quod genus vineae sit, qiiod
siiiil inulta! species ejus. Alia; enim liumiles ac sine riili-
(•is, ul in Hispania : alioe sublimes, ut qure appcllanlur
jiigate, ut plerseqiie in Ilalia. Quarum nominaduo, pe-
(lamenlaet juga. Quibus slat recta vinea, dicunlur peda-
inenla. Qua; transversa juiiguntur, juga : ab eo quoque
vincie jugala>. Jugorum genera feie qualiior, perlica,
aniiido, resles, viles. Pertica, ul in Falerno; arundo, «t
in Aipino; resles , ul in Brnndisino; viles , ul in Mediola-
neiisi. Jugationis species dax, una directa, iit in agio
Caiiiisino : alteia conipluviata, in longitiidinem el lalilii-
dinomjugata, ut in Italia plerjeque. Hsec ubi domo nas-
ciinlur,vineanoniuetuitsumplum;ubimullaexpropinqua
villa, non valde. Frimum geniis qiiod divi, maxime
qusrilsalicta. Sccundum, arundineta. Teitiiim juncela,
aiit ejus generis rem aliquam. Quartum arbusta, iibi
liaduces po.ssint fieri vitiuni, ut Mediolanenscs faciunt in
arbuiibus, quas vocant opulos; Canusini in liarundula-
lione in licis. Pedamenlum item fere quatuor gencruin.
Ijnum robustum , qiiod optinnim solet afferri iii viiieam e
(lucicii ac junipero, et vocaliir ridica. Alterum paliise
pcrlica, roclior e diira, quod diulurnior : qiieni ciini inli-
miim tcna voluit, putcr evertitur, el fil solum snnuiiiim.
Tertiiim quod borum inopia; subsidio misit arunilineliim.
Inde enim aliquot colligatas libris demiltuut iu tubulos
fictiles cimi fundo pertuso, quos cuspides appellant, (pia
liiimor advputicius tiansire possit. Quartum est pedanien-
tum nativiim ejiis generis , ubi cx aiboi ibus iii aibores
traduclis vitibiis vinea sit : quos tiaduces, qiiidain lum-
pos appellant. Vinea; alliludinis modus, longitiido iiomi-
nis. Intervalla pedamentorum, qua boves jiincti ararc
possint. Ea niiniis sumpluosa vinea , quoe sine jugo mini-
strat acratoplioro vinuin. IIiijus generaduo, miinii , iii
qiio tcrracubiliapra-bet uvis, ut iii Asia raiiltislocis, qii;p
s.Tpe vulpibiis et lioimnibiis fitcommunis. Nec non , si pa-
rit liumus miires, luinor fit vindemia : nisi totas viiu-as op-
plerismuscipulis.quod in iiisula Paiidataria faciiint. Alle-
riimgeniisvineli,iilji ea niodoremovelur a terra vitis, qim^
o.slendit .se alTerre iivain. Sub eam, ubi nascituriiva, siihji.
ciiintur circifer bipedales e surculis furcilla; , ne vindemia
pereat, ct vindemia facta denique discat pendere in pal-
iiiam aut finiiciilo ant viuctu, qiiod aiitiqui vocabant
(esliim. Ibi i'i)iiiiiiiir. simiil ac vidit occipilium vindcmia-
lorisfiircillas rcdiicil liibernntimi in tecta.ut sine siimptii
earum opera aller» niiiio ii'i possit. Hac ronsiK-tiiiliii', iii
VARRON.
fourchcs, afinde les remettre en ceuvre, sans nou-
veaux frais, ranneesuivante. AReateon n'y man-
quejamais. Du reste, le mode de culture applique
a la vigne depend surtout de la nature du sol. En
effet, dans lcs terrains humides il importe d'elever
davantage la vigne ; car le jus de la treille, lors-
que la grappe se forme et grossit, ce n"est pas de
Teau qu'il demande, comme lorsqu'il est dans la
coupe, mais dusoleil; et c"cst pour cela que les
ceps tendent contiuuellement a grimper apres les
arbres.
IX. II importe donc,commeje viens dc le
dire, de bien connaitre la qualite de la terre , et
a quel genrede productionelle est proprcou im-
propre. Lemotterreatroisacceptions differentes.
uasens general, un seus propre, et un sens mixtc.
II esl pris dans le sens general, lorsqu'on dit le
globe de la terre, la terre d'ltalie, ou de toute
aulre contree ; car alors on comprend dans cettc
denomination lapierre, le sable, et les elements
divers dont ia terre est composee. Le mot
est prisdansle senspropre, lorsqu'on ditla terre
d'une maniere absolue, sans qualitication ni epi-
thete. Enfln il estpris dans le sens raixte, lors-
qu'on parle de la terre comme propi-e a recevoir
lessemenees et a les developper. Cest ainsi qu'on
dit : une terre argilleuse, une terre pierreuse,
ete. Le mot terre, pris dans ce dernier sens , pre-
sente une idee non moins complexe que dans le
sens geueral, et suppose un meme compose de
diverses su'ostances. En effet, tout cet amalgame
decorps etrangers que la terre, prise dans le sens
general, renfcrme daus son sein, suivant les va-
rietes de sa puissance generatrice, pierre, raarbre,
raoellon, silex, sable, argile, rubrique, pous-
siere , craie , gravier, cliarbon (residu de la com-
bustion des racines quand la terre est chauffee
par le soleil jusqu'a rincandescence), tout cet
amalgame, disje, se retrouve daus ce qu'onap-
pelle terre pris dans le sens propre, et la fait
qualifierd"argileuse, desablonneuse, etc.,suivant
Telement qui domine. Ces differeutes especes de
substances conslituent donc autant d'especes de
terre, dont chacune comporte au moinstrois de-
gres dans son essence. Uu terrain pierreux, par
exemple,ou fest excessivement, ou restm6dio-
crement, ou nefest presque poiut. Memes dis-
tinctionsa faire dans chacune desautresespcces.
De plus, chacun de ccs degres de relation est lui-
m^mesubdivisibleen trois,puisqu"ony rencontre
ou Textreme secheresse, ou Textreme humidit6
ou rhabitude intermediaire, toutes modilica-
tions qui n'ont pas une mediocre influencs sur le
revenu. Aussi le cullivateur experimente semera
plutot du froment que du ble commun dans un
terrainhuimide, donnera, sisonterrainest sec, la
preference h Torge sur le blc , et confiera indif-
ftremraent ["un ou Tautre a un terrain mixte.
II est d'autres distinctions a faire, plus subti-
les encore que les precedentes. Pour un terraia
sablonneux, par excmple, il importe desavoirsi
le sable est blanc ou rouge; car le sable blanc ne
couvient pas aux pepinieres, qui reussisseut par-
faitement dans le sable rouge. II importe encore
bcaucoup de classer les terres selon qu'cHes sont
grasses ou maigres, ou entre les deux. Autant les
grassessontfertiles,autantlcsmaigres les:)nt peu.
Dans cesdernieres poiutd"arbres touffus,pointde
vignes de rapport, point de paille fournie, point
de grosses (igues. Tcmoin les champs de l'upi-
nia : onu'y voitqu'arbrescbetifs, que pres arides,
et envahis par la raousse. Daus les cantons, au
contraire, ou la terre est grasse, comme en Etru-
rie, partout de belles recoltes, et belles tous les
ans ; des arbres a feuillage ^pais, et de la mousse
nuIlepart.Lepartiqu'ontired'une terremoyenne
Italia tittinUir Reatini. \ixc ideo vaiielas maxinie , qtiod
terra cujusmbdi sit, refeit. XJbi enim natiira Immiita, ibi
altlus vitis tollcniia , quod in partu ot allmonio vlnnra
non , nt in ealico , quaerit aquam , sed solein. Ilaque i(!eo,
ut arbitior, primiim e vinea in arbores ascendit vitis.
l.\. Teria, inguam, ciijusmodi sit refert, et ad quain
rcin bona, aul non bona sit. La tribus modis dicitur, com-
mtini, proprlo, et inixto. Communi, utcuin dicinius or-
beni teira!, el terrani Italiam , aut (|iiain aliam. In ea eiiim
cl lapis et arena et coctera ejus fjeneiis siint in nominando
compreliensa. Altero inododicitur teira proprio noniine,
quae nullo alio vocabuK) neque cognomine adjeclo appel-
lafur. Tertio modo dicilur tena, qu2e est mixla, in qua
seri potest quid et nasci; ut argillosa, aut lapidosa, sic
alia; ; cuin in hac species non ininus sint mulla; , quam in
illa communi, propter admixlioues, in illa enim, cum sit
dissiuiili vi ac potestatc, partes permiilta; , iii qiieis lapis,
marinor, rudus, aiena, sabiilo, aigilla, rubiiea, pulvis,
rreta, glarea, carbunciilus : [id est, ipia; solc perferve ita
lil, iit r.idico'; s.ilnrum combnral] ab iis, quce propiio
lioniiiie diiiliu tcii.i, kuui «.'^l adiiiixt<i ex liis generibiis
aliqua re , tiiiu dicitiir aut cretosa , aut glareosa , et sic ab
aliis generimi disciimlnibus mixta. Et iiti boriim varicta-
tes , ita gencra liitc , iit praeterea subtiliora sint alia. Nam
minimuiii in singiila lacies terna , quod alia terra est valdo
lapido.sa, alia mt'diocriter,alia prope pura.Sicdealiisgene-
libusrcliqiiisadmixlajterraetresgradusascendunteosdcin.
Piaiterea lia; ipsue terna; species teinas in se liabent alias,
quod partim sunt biiniidiores, partim aiidiores, partim nie-
diocics. Neqiicnon liaec discrimina pertinent ad fructus
veliementer. Itaqiio perili in loco Iniinidiore far adoieum
potiusserunt, qiiam triticum; contra in ai idiore hordeum
potiiis, quam far, in mediocri utrunqiie. Pia-teiea eliani
discrimina omnium borum generuin snbtiliora alia , ut iii
sahulosa terra, qiiod ibi lefeit, sabulo albiis sit, an lubi-
cundiis : qiiod subalbiis ad serendos surculos alienus , con-
tra rubiciindior appositus. Sic magna tiiadisciitninaterr.-e,
quod refert utium sit macra, an pingnis, an inediocris.
Quod (ad culturain) pinguis ficcundior ad mulla , macia
contra. Itaque in iis, ut in Pupinia, neque arbores pro-
lixas, neqiie vites feraces, neque stramenta vidcre crassa
possis, netpic (icimi iimii.scain , ct arbores plcrasqiie, ac
DE L'AGRICULTURE, LIV. I
commc culle ik's ciuirons do Tihur,csteii ini-
soii de sa plus grande aflinite avec les grasscs
(jiravec lcs maigres. Diophane de Bithjnie, re-
piit alors Stolon, dilravec assez de.raison qu"on
pcut juger de la qualite d'uiie terre par induction
tirce de son apparence exteiieure, ou de cc qu'elle
produit naturellement. On exaraine, dans le pre-
miereas, si sa couleur est claire ou foiicee, si
elle est legere, facile a remuer, friahlc ou com-
pacte; dans le second cas, si sa vcgctatioii spon-
tance est abondante et promet maturitc. Mais
eontinuez, parlez-uous maintenaiit de la troi-
sieme partie, qui a pour objet les differentcs mc-
sures etabliesdans chaque pays.
X. Scrofa reprit en ces termes : Chaque pays a
sa mesure particuliere. Dans TEspagne ultcrieurc,
on raesure les terres ]iViV jiu/um; eu Campanic,
par versus; et, dans la campngne romaiiie ,
ainsi que dans tout le Latium , nous procedons
\)nr Jnrjcrum. On appeWe. jiiijutii retendue que
deux boeufs attcles ensemble peuvent labourer en
un jour ; rersus , uue superticie de cent pieds car-
rcs. Lejuger2im contient dmxuclus quadralits;
ct un aclus quadrutus est de cent vingt picds
carres. IJactus quadralus est appele en hitin
ucnua. La moindre des fraetions d'un jugerum
s'appelle scrupulum, et a dix pieds en longueur
ct autant en largeur. D'apres ces bases, les ar-
penteurs comptcut habituellemeut rexcedant du
jugerum [)ar onces , sextant , ou quelque autre
partie aliquotc de Tas, puisque le jugerum se
compose de deux ceiit.quatrc-vingt-huit scrupu-
les, ce qui fornie precisement le meme nombre
guerrc puniqiie. T)v{\\ jui/rra rcunis , du tcni|)s
de Romulus, formaiciitun firritai/c. Cetait, dit-
on , la part qiie Romulus avait affectce .i cha-
que citoycn, comme transmissible a ses hcritiers.
Dans la suite, cent hcrilaijes prircut le nom de
centurie. La centurie est une surface carree ,
dont cliacun des cotes a deux miile qualre cpiits
picds de lougueur. Quatre de ces centiiriesjoiii-
tesensemble, de maniere a ce qu'il y eii ait dciix
dc chaque cote , s'appellent sullus dans les par-
tages publicsdesterres.
XL II est arrive souventque, faute de rncsure
exacte de la propriete, on a donne aux batiaicius
plus ou moins d'etendue qu'il ne fallait : dcux
erreurs tres-prejudiciables a la bonne gestion du
bien etason revenu. En effet, lorsque les bati-
ments sont plus grands que la terrc ne comporte,
les frais de construction et d'entretien sont rcla-
tivement trop considerables aussi. Quand ils sont
tiop pelits pour la grandeur du fonds, la recolte
peutse perdre. Qui doute en effct qu'il ncfaille
donner plus dedevcloppement aux celliers quand
on a des vignobles, aux grcniers quand oii a des
tcrresa grain? Quand vousconstruirez iinemetai-
ric, ayez soin de vousmcnager une prise d'eau
dnnsson enceinte, ou !e pluspossiblc a proximite.
Le mieux est d'avoir clicz soi la source ; sinon ,
qu'elle aitdu moins un cours constant. A defaut
d"eau vive , etablissez des citernes interieures , et
di s abreuvoirs a ciel ouvert; les unes pour vos
gcns, les autres pour votre betail.
XIL Pour vosconstructions, choisissez depre-
euce le pied d'un coteau boise , riche en piitu-
d'unites qu'en conteuait notre ancien as avant la rages, et rexposition la plus saine. La meilleure
prala retorrida, et iniiscosa. Coulia in agro pingni , iit in
Iletinria, licct viiieie segetes fruclujsas, ac reslibilcs, et
arbores prolixas , et omnia sine niiisco. In meiiiocii aulem
teria, ut in Tibnrli, ciuo piopius acceilit, ut non slt
macia, qnam ut sil jejnna, eo ad omnes res commodior,
quam si iiiclinavit ad itliid quod delerius. Slolo; iNon
inalc, inquit, quae sit idonea teiraad colenduni, aut non,
niopliancs Billijniiis scribit, signa sumi posse aiit e\
ip.sa , aiit e\ iis qua! nascuntur cx ea. Ex ipsa , si sit teri a
alba, si nigra, si levis, qiia; cum fodialur, facile frietur,
naluiaqne non sit cineritia neve vehenienter deiisa. E\ iis
aulem , qua' cnata sunt fera , si sunt prolixa, at(|iie ea qua;
e\ iis nascidebent, caruni rerum feracia. Sed quod sequi-
tiir, tertiuni illiid de niodis dice.
X. Itle, Modos, quibus meliientur rnra, nlius alios
constituit. Nam in Hispania ulteiiore metiuntur jugis, in
Campania versibus, apiid nos in agro romano ac lalino
jugeiis. Jugnm vocanl, qiiodjuncti Ijovesuno die e\arare
possinl. Vei suni diciint ci^nlnm pedes qnoiiuoversiim qiia-
diatum. Jngeriim, qinid qiiadiatos diios actus liabcat.
Aclus quadratus , qui ct latus e.st pedes c\.\ , ct longus
tolideni. Is niodiis acniia latine appellatur. Jugeri pars
niinima dicitur scripulum , id est decein pedes in loiigitu-
dincm ct lalitudincni quadratuin. Ab lioc principio inen-
turcs nonniinquani dicuiit in siibsicivnm csse uiiriain agi i ,
aut sexlaiitein , ant qiiid aliud , ciiin ad ju^erum pcrveue-
runt : id liabet seiipula ccLwxviii. qiiantum as antiquus
noster ante bellum Punicuni pondebat. Binajugera qiiod
a Romulo primum divisa[dicebaiitui]viritini, qu;e [qtiod]
liaiiedein sequerentur, ba^iediinn appellarunt. Ha;c postea
centum Ccnturia dicta. Ceiituria est quadrala in omnes
qiiatiior partes, ut liabcat lateia longa peduin » co c. B.
Woi porio qiiatuor cenluria; conjunctoe, ut sint in iilram-
qiie paitem bina;, appellanlur in agris divisis virilim pu-
blice saltus.
XI. In niodo fundi non animadverso lapsi sunt niiilli,
qiiod alii villam ininus inagnam fecenint quam niodus
poslulavit, alii majorem, cum utiumquesit contra reiii
familiarem ac fructum. Majora eiiim teeta et a^lilicaimis
pluris, ct tiiemur , sumptu niajoie. Minora cum suiit (luain
postulal lundus, iructus soleiil dispeiire. Diibiuin enim
non est , quin cella vinaria major sit laciuuda in eo agro ,
ubi vineta sunt anipiiuia : ut liorrea , .''.i IViinieiilarius ager
cst. Villain aedilicandiiin polissiiniiin , ut intra scpta (villn')
babeat aquam : si non , quam proxime. Priinuin , (pia; ibi
sil nata ; secundum , qiia! inlluat pereunis. Si oinnino aqiia
non est viva, cislernae faciunda; sub leclis, el lacus sub
dio, c\ altero loco ut homines, ex altero ut pecus uli
possit.
XII. Dandum operam , ut potissiimum sub radicilms
niontis silvestris villain ponas, ubi pasliones sint Iata%
ita ut conli a veiilns , iiiii saluberrimi in a^io nabiint. Qiioe
VARRON.
de toutes est le levant d'«iiiinoxe; car on y a de
lombre eii ete et dti so!eiI en hiver. Etes-vous
loree de batir au bord d*uii lleuve? ouvrcz vos
jours de Tautre cote, sans quoi les habitations se-
r;;ient froides pendant l'lnver et peu saines pendant
rete. U faut eviter avec un soin egal le voisi-
nagedes lieux marecageux : d'abord, parce que les
n;eraes inconvenients s'y trouveut; et puis, parce
que les marais veuant a se dessecher engendrent
une multitude d'insectes Imperceptiblesqui s'in-
troduisent par la bouche et les narines avec Tair
que rou respire, et occasionncnt ainsi des niala-
dies graves. Mais , dit Fundanius, si j'heritais
d'une terre dans cette condition, qu'aurais-je a
faire pour me preserver de ses malignes influen-
ces? A cette question, dit Agrius, la reponse est
facile. Vendre le plus chcr, et, si Ton u« trouve
acheteur, deguerpir le plus tot possible. Scrofa
eontinua en ces termes : II faut encore eviler que
la facade ne se trouve dans la direction d'un vent
pernicieux; et ne point batir daiis le crcux d'un
vallon. Une assiette elevee est preferable, le
nioindre souffle suflisant pour dissiper les 6ma-
nations inferieures, s'il y en a. IJn biitiment ou
le soleil donne tout le jour est daus la condilion
la plus saine. II ne craint pas rinvasion des in-
sectes : le vent les emporte, ou la secheresse Ics
tue. Les inoudations, les debordements sont a
craindre pour ceux qui habitent les lieux bas et
les gorges profondes. Ajoutez que les voleurs
|ieuvent plus facilement les y surprendre. Dou-
ble danger, dont on se preserve en se placant
sur les lieux eleves.
XIII. Dans ladistribution desetablcs, reservez
aux bocufslapartie quiest lapluschaudeenhiver.
Pour les liquides, teis que !e vin et rhuiie, ayez
positii pst ad exorlus aequinoclinles , aptissima, quod ses-
lale liabet umbram , hieme solem. Sin cogare secunitum
lluinen cedificare, curandum ne adversum enm ponas.
Ilieme enini fiet veliementer frigida , et aestale non salu-
liris. Adverlendum etiam si qua erunl loca palustria , et
proptereasdemcausas, etquodarcscunt, crescuntanimalia
quxdam minuta , quae non possunt oculi consequi , et per
lersi inlus in corpus per os ac nares perveniunt, atque
pfTiciunt difficiles morbos. Fundanius, Quiil potero, in-
(|uit, lacere , si istiusmodi mi fundus lupredilale obvene-
rit, qno niinus peslilentia noceat? istuc vel ego possum
respondere, inquit Agrius. Vendas quot assibus possis :
aut si nequeas, relinquas. At Scrofa, Vitandum, inquit ,
ne in eas partes spectet villa, ex quibus vcutiis gravior
afllare soleat; neve in convalli cava. Et ut potius in su-
blimi loco Bedifices. Qui quod perllalur, si quod esl quod
adversarium inferatur, facilius discutitur. PrKterea, quod
ab sole toto die illustratnr, salubrior est, quod et bestiolaj
si quEc prope nascuulur aut inlerunlur, aut elllantur, aut
aritudinecito pereunt, Kimbi repentini , ac lorrentes flnvii
periculosi illis, qui in liumilibus ac cavis locis aidificia
Iiabenl , et repentinae pri»'donum nianus , quod iniprovi-
sos facllius opprimere possunt. Ab boc ntroiiue superiora
luca lutiora.
descellicrs au nivcau du sol. Les vases destinrs
a les contenir devronl cgalement etre places
a ras de terre. Pour les denrees seches, tels que
lesfeves, les lentilles, Torge et le ble,oueta-
blira des especes de planehers. Mi^nagez a vos
domestiques un lieu de reunion oii, lorsqu'ils souf-
frentde la fatigue, de la chaleur, ou du froid, ils
puissent se reposer et se remettre. Logez le vil-
licus pres de la ported'entree, afin qu'il ait roeil
sur cequi entre et sort pendant la nuit, honimes
et choses. Precaution indispensable, quand 11
n'y a pas de porlier surtout. La cuisine encore
devra etre placie a proxiraite de sasurveillance.
En teinps d'hivcr ony vaqueadivers soinsavant
le jour : on y prepare , on y fait un preniier re-
pas. On devra menager dans la basse-cour des
reinises spacieuses pour les charretteset les autres
ustensiles, afln qu'ils soient a couvert de la pluie.
En les laissant en plein air, on s'exposea les volr
euleverparles voleurs, ou endoramagerparlesiu-
jures du tcmps. Dans les grandes exploitations
il est bon d'avoir deux basses-cours, Tune inte-
rieure, Tautre exlerieure. Dansla basse-cour in-
terieure on devra raenager un bassin destine a
recevoir lcs eaux pluviales, qui en passant prcs
des stylobates, et coulant sur un plan inclind,
formeront un abrcuvoir, oii les bosufs, revenant
des champs, pourront boire etse baigner pendant
Tete, ainsi queles oies, et les porcslorsqu'ils re-
vieudront des paturages. II en faut un egalement
dans la eour exterieure , pour faire trempcr les
lupins, et autres graines dont remploi exige un
scjour sous Teau. Cette cour, etant continuelle-
ment jonchee de liticMe et de paille que les bes-
tiaux foulent sous leurs pieds , devient comme
une fabrique d'engrais pour leschamps. Chaqne
.XIII. In villa faciunda stabula , ita ut bubilia sintilil,
bieme quae po.ssint esse caldiora, Fructibus (Iiumidis,) ut
est vinum ct oleum , loco plaiio potiiis cellas faciundiyii ,
iteni ubi vasa vinaria ct olearia (stent ;) aridis ut est faba ,
lens bordeum far (et triticnni) in tabulalis. Familia ubi
vcisetur providendum, si fessi opere , aut frigore, aut
calore, et nbi commodissime possintse quiete reciperaie,
Vilici proxime januam cellam esse oportet , eumqiie scire,
qui introeat aut exeat noctu , quidve feral : praeseilim si
ostiarius est nemo, In primis culina videnda , ut sit ad-
mota , quod ibi Iiieme antelucanis temporibus ali<iuot re,s
conficiiinlur, cibus paratnr, ac capitur. Faciundum etiam
plauslris ac cactcro instrumento omni , quibiis ca-liini plii-
vium inimicum , in cohorte ut satis inagna suit lccl.i, !ia'c
enim si intia clausum in conseplo, et sub dio, liirfm non
modo metuunt, sed adversus tempeslatem nocenlem non
lesistunt. Cobortes in lundo magno duiB aptiores, Una,
nt intcrius compluvium Iiabeat lacum, ubi aqua salial,
qiiiB intra slylobalas cnni venit, sil semipiscina. Bovos
enim exarvo aeslate reductihicbibunl, liic peifundunliir.
Nec miiius e pabiilo cum redierunt anseres, sucs, porci.
Iii cohorte exteiiore lacum esse oportel , ubi inacerelur
lupinnm , item alia, qu,x> demissa in aquam ad usum ap-
tior.i ftunt, Cohors exterior erebro operta stramentis ac
DE LAGRICULTURE, LIV. I.
fcrrae doit avoir deiix fosses h fumier, ou une
fosseuniquedivisce endeu.xcompartiments. L'un
des cotes est destine a reeevoir le funiier nou-
veau que Ton apportera des etables ; et c'est dans
fautrc que ron prendra Tancien fumier, pour le
porter dans les champs. Plus le fumier est recent,
moins jl est bon ; et plus il est macere , meilleur
il est pour engraisserles terres. II faudra surtout
le garantir du soleil, en rentourant de tous cotes
de branches et de feuillages, afin d'empecher
que lc soieil n'en retirele suc, qui est le principe
de renirrais. Aussi les agriculteurs experimcntes
ne negiigent-ils jamais de menager recoulement
des eaux, de faeon a entretenir Ihumidite dans
ces reserves. II en est meme qui y font deposer
lavidange des lieux d'aisance. II faut , en outre,
construire un vaste batiment, ou Ton puisse
mettre a couvert toute la recoite. Ce iocal , qn'on
appelle 7iuhilarium , doit etre voisin de Taire
oii Tonbat leble. U doitetred'unedimensionpro-
portionnee a reteuduede lapropriete, etnes'ou-
vrir que d'un seul cote , qui est celuide Taire. Le
deplacement des gerbes de Tun a Tautre en de-
vient plus facileet plus prompt en tcmiisde pluie.
Les fenetres du nubilnrium devront etre percees
rie maniere a laisser Tair y circuler aisement.
Lesconstructions, dit Fundanius, influent sans
contredit beaucoup sur le rapfiort, quand elles
sont coueues suivant rintelligente simpiieite de
tios aneetres, plutol que suivant ies idees de luxe
d'aujourd'hui. On travaillait aiorsen vue de rutile;
on ne songe maintenantqu'asatisfaireauxfantai-
sies les plus extravagantes. Alors le proprietaire
avait de grands batiments de ferme, et se logeait
envillea Tetroit. Ccst generalement le contraire
nujourd'hui. A celteepoque, une metairie etait
citee quand eile avait de vastes etables,unbon of-
fiee,descelliers a vinet a huileproportionnes ala
grandeurdufond,avecunplancherinclinevenant
aboutir a un reservoir; preeaution d'autant plns
necessaire, que la fermentation du vin nouveau
brisant souvent les tonneaux d'Espague et meme
les futailles d'Italie, le vin se trouvait recueilli
dans cette espece de recipient. Cest ainsi que
nos ancetres avaient soiii de pourvoir une rae-
tairie de tout ce qui repondait aux besoins de la
culture. Aujourd'hui,au contraire,on nevisequ'a
rendre rbabitation du maitre aussi vaste et
aussi elegante que possible. Onrivalise de luxe
avec ces villa que les Metellus et les Lucullus
ont elevees pour le raalbeur de la republiriuc.
De nos jours, le point essentiel est d'exposer au
vent frais de rorient les snlles oii Ton prend les
repas pendant Tete, et au couchant cellcs ou se
tiennent les festins pendnnt Thiver. Nul nesonue
a donuer une exposiiion conveuable aux fenetres
des celliers a vin et a huile, ainsi que le faisnient
nos ancetres; cequi est fort importaut, puisquc
levin, rcnferraedans les tonneaux, a besoin de
fraicheur, tnndisque rhuiledemande un air plus
ehaud. Ajoutons qu'une eollineest, sauf empe-
chement , remplacement le plus convenable a
retablissement d'une ferme.
XIV. Je vais parler niaintenant des clotures
qu"il faut eiablir pour lasurete generale ou par-
tiellederetnblissement. II yenaquatreespeces: la
cloture naturelle, la cloture ehampetre, la cloture
militaire, etenfin la eloture artilicielle. Chacune
de ces especes peut se subdiviser en plusicurs
autres.La premiere espece , fnite de haies vives,
s'appelle clflture nnturelle , parce qu'el!e est for-
mced'epiucs etde broussailles, et qu'elle a ra-
|ialea, occiilcata ipcilibus peciKliini, (itniiiiislra funilo, ex
ca qiiod cvelialiir. Secnniliini vlllani duo liabcie oporlet
steiquilinia , aiil ununi blfai iani divisum. AUerani eiiini in
pailcni fcni oportct e villa novnni fimnm , ex alleia vete-
lem tolli iii agruni. Quoil cnim infci tur lecens , miuns bo-
num. Id ciiin flacuit, niclius. Nccnon stcrquiliniiim me-
linsillud, cnjuslatciactsummum viigisac flonde vindica-
Uimab sole. iVon cuini siicum qiiem quarit leria, solem
antc cxugere oporlct. Il.ique pcriti qui possinl nteo aqua
infliiat, co noniinc Caciunt. Sic cnim maxime reliuetur
siicus; in eoquc qiiidam sellas fauMliaricas ponniit. .■Edi-
ficium racere oporlet, sub qiiod lci liim tolam fundi sub-
jiccrc po.ssis nicsscm, quod vocanl quiilam nnbilarinin. Id
seciiDdum arcam raciuiidum , iibi triturus sis fruniciitnin,
Diagniludine pro modo fuudi ex uua parti aperliim, et id
al) area, quo et in triluiam prorueie facile possis, et .si
nnbilare cieperit, inde ut nirsus celeriler rejiccie. Fenes-
Iras babere oportel ex ea parli , unde commodissime pcr-
llari possit. Fiindauius, Knicluosior, inquit, csl certe
fiindus propler a;dilicia , si |iotius ad antiqiioruin diligcn-
tiam , quani ad bni nin bixiiriain dirigas .-Edificatiuneni. Illi
enim racicbant ad fructuum raliuiiein, lii faciiint ad libi-
dinesindomilas. Ilaqiic illoiuni villa'ruslica,'Ciant inajoris
quam uibana!, qure nunc sunt pler.Tqiieconlra. lllic laii-
dabatiir villa, si babebal culinam rnsticani -bonaui , pia-
.sepias laxas, cellam vinariam ct oleariani ad modiini agii
aptaut , ct pavimento proclivi in lacnm. Qiiod saqic, iibi
con<lilum novum vinum, orcai ut in Hispania lervore
musti rupta;, necnon dolia ul in Italia, ne viiiiim porlnc-
ret. Ilem CECIera nt cssent in villa bujnsccmodi , qiia; cnl-
tura qua>ieiet, providebanl. Nunc contra villam iirbanaui
qnam maximam ac polilissimam babeant , dant opeiani :
accum Metclli ac Luculli villis pessimo publi(;o;edi(icalis
ccrlant. Qiio lii laboiant , ul spcctent sua icsliva Iricliuaria
ad fiigiis oricnlis, Iilbcrna ad siilcin occidenlcni, piitius
(piam , ut antiqui , in qu.am partein cella vlnarla aut olca-
rla fcncslras liaberet, cuiii fiuclus in ea vinariiis qiiaMat
.ad doliaaiia frigidiorem, Ifa olearia caldioreni. [Iteui vldcie
oporlct, si cstcollis, uisiquid impedit, ul ibi polissimum
poiiatur villa.]
XIV. Nunc deseplis,qiia; tutandi causafundi, aut par-
tis liant , dicam. Earum tutelarum genera iv. uuum natii-
lale, alterum agreste, teitiiim mililarc, quartiim fabrile.
Ilorum unumquodqnespecies babel plures. 1'rlmum iialn-
rale sepimentnm viv;E scpls , quod obscri solet virgullis
aiil spiiiis, quod lidbct radiccs , ac viatoris pra;lereuntis
VARRON.
eine cii tcrre. Cest cellc qui rcJoiile le moius
que les passauts , par imprudence , n'y raetteut le
feu. La seeonde espece est faite de hois coupe.
On emploie, a cet effet, des pieux que l'on entre-
lace de broussailies, ou que i'on perce de deu\
ou trois trous dans leur epaisseur, pour y fnire pas-
ser transversaleraent autant de longues perches.
Ou peut egalement construire eette cloture avec
des trones d'arbres horizoutaleraent superposes,
et assujettis Tun a Tautre. La troisieme espece ,
appeleeeloture milliaire, consistc eu un fosse avec
remblais en terrasse. Le fosse, pour avoir les con-
ditious voulues, doit etre assez profond pour con-
tenir toutes leseaux des pUiies, ou recevoir celles
provenant de la propriete. Le remblai ne forme
bonne cloture qu'autant qu'il est pratique en
deca du fosse, ou qu'il s'eleve assez haut pour
ne pouvoir etre ais^ment franehi. Cette cl6ture
cst principalement adaptee aux proprietes rive-
raines d'uue grandc route , ou de quelque cours
d'eau. On peiit voir dans les environsde Crustu-
miiim, non loin de la voie qui conduit aux sali-
nes , plus d'un exemple de Temploi du fosse con-
jointement avcc le remblai , comrae precaution
contre lesdebordements. On appelle murs les reni-
blais saus fosses , qui sout cn usagedans la cam-
pagne deReate. Laquatrieme et derniere espece,
la cloture artifieielle, est en maconnerie, et
de quatre sortes de raateiiaux : savoir, de pierres
detaille, commea Tusculura; de briques cuites,
comrae dans la Gaule; de briques crues, comme
dans les champs sabins; enfin de blocs composes
de terre et de cailloux jetfe cn raoule, comine en
Espagne et daus la plaine de Tarente.
XV. A defautde cloturcs, on marqueencore les
limitisd'une proprietepar despieds d'arbres; ce
qnieviteles querelles dc voisinage , et pre\ ienl lcs
proces. Quelques-uns planteut des pins tout au-
tour, comme Ta fait ma femme dans une terre
qu'elle possede au pays des Sabins. D'autres se
servent de cy pres, comme j'ai fait moi-merae dans
une propriete pres du Vesuve; d'autres encore
emploient les orraes, corame plus d'un proprie-
taire de Crustumiura. Kten effet, il n'y a pas d'ar-
bre preferablea cclui-la danstout pays de plai-
uescomraeceluidout nous venonsde parler. iNul
n'est plus profitable comme soutien dcs haies
et des vigues , comme abri le plus recherche par
le gros betail et les troupeaux , et comme pour-
voyeur de menu bois pour la haie , riitre et le
four. Voilabien, dit Scrofa,mes quatre points
principaux d'observation pour les agriculteurs :
configuration de la propriete , qunlite du sol ,
dimension,et cloture.
XVI. II nous reste aconsiderer ce qui est en
dehors de la propriete; car la propriete est sln-
gulierement interessee aux conditious d'entou-
rage. Ces conditions sont encore au nombre de
quatre : Le pays est-il siir? Offre-t-il debouches
et ressources? A-t-on a proxiraite les voies de
coraraunication , routes ou rivieres navigables?
Enfin y a-t-il avantage a esperer, ou prejudice a
eraindre du voisinage? D'abord, en ce qui con-
cerne lasurete, il est tel fonds d'une cxcellente
nature que je ne couseillerais pas d'ei;ploitcr, a
cause des depredations auxquellcs sa situation
Tcxpose. II en cst plus d'un qui ont cet ineon-
venient, pres de Celie en Sardaigne, et, en Espa-
gne, sur les confins de la Lusitanie. En ce qui
touche au second point, les terres les plusavan-
tageuses sont celles qui offrent le plus de facilites
pour la vente de ce qu'elles produisent, et racqui-
lascivi non metuit facem ardentcm. Secunda sepes cstex
agresti ligno , sed non vivil. Fit aut palls statulis crebris ,
ac virgultis implicalis; aut latis pei loralis , et per ea fora-
niina trajectis longuiiis fere biuis aut ternis : aut ex aibo-
ribus truncis deniissis in teirain deinceps conslilulis.
'fertiiim militare sepimentum cst fossa et terreus agger.
Sed fossa ita idonea , si omnem aquain , quae e caelo venit ,
lecipere polest, aut fasligimn liabet, ut exeat e fundo.
Agger is honus , qui inlrinsecus junctus fossa , aiit ita ar-
duus, ut eum transcendeie non sitfacile. Hoc genussepes
(ieii secundum vias piiblicas solent, et secundum amnes.
Ad viam salariam , in agio Crustuiniuo , vldere licet locis
aliquot conjunctos aggeres cum fossis, ne flumen agris
noceat. Aggeres qiii faciunt sine fossa , eos quidam vocant
muros, ut in agio Reatino. Quarlum fabiile sepinienlum
est novissimum, maceria. Hiijus fere species quatuor :
qiiod fiunt e lapide , ut in agro Tusculano : qiiod e lateri-
biis coctilibus , ut in agro gallico : qiuid e laleribus cru-
dis, iit in agio Sabino t qiiod e\ tena et lapillis compo.si-
lis in foiinis, ut in Hispania et agio Taienlino.
XV. 1'iaeterea sine seplis fines pradii, sationis, nolis
aiborum lutioies fiunt, nc familiaj rixeulincum vicinis,
ec liinitcs cx litibus judiccm quaTant. SsmuiI alii ciicuiii
pinos, nt babel uxor in Sabinis. Alii cupressos, iit ego
iiabiii in Vcsuvio. Alii ulmos, ut miilli babenl in Crustii-
mino : qiiod ubi id pote, ut ibi, quod est campus, nulla
polior arbor seiunda, quod inaxiine friicluosa, quod el
sustinet sepem , ac colit aliquot coi bulas iivarum , el fron-
dem jucundissimain ministiat ovibus acbubus, ac viigas
praibet sepibus et foco ac furno. Scrofa, igitur primuin
ha'C, quae dixi, quatiior videnda agricolae, de liindi forma,
teiTse natura, de niodo agii, de finibus tuendis.
XVI. Relinquilur altera pais, quae est extra fundiira.
Cujiis appendices veheinenter pertinent ad culturam pio-
pter affinitatem- lCjus species totidein : Si vicina regio est
infesla. Si quo neque fructus nostros exportare expediat,
neque inde qufc opus sunt, appoitare. Tertium, si viae
aut fiuvii qua poitentiir, aut non sunt, aut idonei non
sunt. Quai tum , si qiiid ita est in confinibus fundis , ut
noslris agris prosit aut noceat, E queis quatuor, quod est
primum, refert, infesta regio ,sit necne. Multos cnim
agios egregios colere non expedit pi opter latrocinia vici-
noruni, ut in Sardinia quosdam qui sunt prope Celiem,
ct in Hispania prope Liisitaniam. Quae vicinitatis evectos
liabenl idoneos, qua3 ibi nascuntur ubi vendant, et illinc
evectos opporliiiios ad ea quae in (undo opus sunt , quud
1)E l/AGRICULTURE. LIV. L
siii!^n <lc tout ec. (n.rcAi<^etil les bfsoiiis de l'e.\-
))loit;Uion. 11 cst des tbnds ile terre, en eftet, oii
le bie et le viii numquent, et doivtnt etre tires
d'iulk'iirs. En d'aiitrcs, aueontraire, onestobiigea
trafiqucr d'un excedaiit de ces memes denrces.
Ainsi, dans le voisinage des villes, on cultive
avantageusenicnt dans les jardins les violettes,
les i'oses , et autres (leurs qui sont recherchees
sur leurs grands marehes ; tandis que le meme
genre de culture ne convieiidrait point a une
ferme eloignee de tout pareil ccntre de dcbit. ^'a-
joute qu'avec la proximile (['une ville, d'un
bourg, ou sculemeiit d'uiic maisoa de campngne
ou terre opulente, ou l'on trouve, d'une part, a
ficheter a baspri\ ce qui raanque, et, de Tautre,
a placer son supcrlki , comme cchalas, perches ,
roseaux, un fonds est place dans une condition
phis avantageuse non-sculement que celui oii
Ton a de grandes distances a franchir, mais que
souvcnt oii Ton aurnit tout sous la main. Aussi,
bcaucoup de proprictaircs preferent-ils louer a
rannee, de leurs voisins, les mcdccins,lesfoulons
et les ouvriers dont ils pourraient avoir bcsoin ,
que d'entretenir ces professions en permanence
dans leurs domaincs. La raort d'un seul ouvrier,
dansle preraicr cas, entrafne les plus graves pve-
judices. Les riehes seuls, exploitantsurune gran-
de (^chelle, peuventse pcrmettrc cette coniplica-
tion de leur personnel domestii|ue.
II se peut cependant quc la n(iccssile en fasse
une loia d'autresque les riches. En casd'eloigne-
mcnt de toute ville ou bourg, par exemple, il est
bon d"avoirdes forgeroiis, ou gens d'nutres rae-
tiers, a demeure. On (5vite par la que lcs doincsti-
(jues de la ferme ne suspendent leur travail , et
iie perdent en allees et venues un temps qui se-
rait raieux employe au profit de Ttitablissement.
Iirnplerpa sunt frucUiosa. Miilli Piiiiii liabenl in praMliis,
(|uil)iis frumcntnm aut vinuni aliudve (|iii(l ilesit inipor-
taniluni. Contia noii pauci,quihus aiiqiiid sit exportan-
dnni. tlaque sub uibe coleie liortos late expedit, sic vio-
laria, ac losaria, item niulta, quac urbs lecipit, ciiin ea-
dem in longinquo piaedio, ubi non sit quo delerri possit
venale, non expediat colere. Ilem, si ea oppida aiit vici-
niac aut etiain divilnm copiosi asi i ac vilhu , uiide non
care emere possis, quac opus sunt in runduni, quibusque
qii.e supersint venire possint ; ul quibusdam pedamenla,
aiit peilica!, aut aruiido; Iructuosior sit fundus, quani
si longe siiit inipoitanda, nonniiiiqiiam etiain, qiiani si
rolendo in tuoea parare possis. Itaque in bocKfinus coloni
potiiis amiiversaiios babent vicinos , iiuibus imperanl me-
(licos, fullones, fabros, quaminvillasuosbabeanl : qiio-
riini nonminipiani unius arliticis mors tollit fnndi fructum.
Qiiam partcm latifundii diviles domeslicoe copias mandare
solent. Si enim ab fnndo longiiis absunt oppida aut vici,
fabros parant , (iiios liabeant in villa : sic ca;teros necess;i-
rios arlifices, ne de fiindo familia ab opere disccdal, ac
pnilcstis diebiis ainbulet feiiata potius, quam opcre fa-
ciuiido agiiim fnictiiosiorem leddat. Ilaqiie ideo Sascrna;
Cest cn ce sens quo Sascrna dcfeiid dansson li-
vrc que pcrsonne nc sortc dc la ferine, exccptc
le villicusou iiiten(!aiit,ouceluiqu'ilaura lui-me-
me diisigne. La di^fcnse scrait encore mieux con-
cue en ees tcrmcs : ^ul domcstii|ue sans rordre
du m(;tayer, ni le metayer lui-meme sans Tordre
du raaitre. Saserna veut de plus qu'aucune ab-
sence n'excede uu jour de duriie, ou ne se rc^petc
plus fivquemment que le servicc nerexige. En
troisieme lieu , le voisinage de routes praticables
pour les voitures, ou de Heuves navigablcs, aug-
mynte beaucoup la valeur d'une terrc; car ce
sout lii, commeon sait , lesdeux grands moycns
de communication. Eniin resscuce mcjme dcs
plantations limitrophes doit encorc etre prise en
consideration. Si c'est une chenaic, pp.r exemplc,
qui vous avoisine, vous auricz tort de mcttre
des oliviers aupres ; carce bois leurest antipatlii-
que au point que vous verriez vos arbres, non-
seulement diminuer de produit, inais (jviter le
conlact des chenes, en sercjetant cn arricre. Ccst
ce que faif la vigne, lorsqu'elle se trouvc plac('c
aupres des plantes potagcres. Par une proprici(3
semblable a celle des clicnes, la prcsenee d'un
gros noyer ou d'un certain nombre dc plants du
meme arbre suffit pour frappcr dc sterilit(i tout
rentourage.
XVI!. .Cai trait(5 spf^culativcment des quatrc
conditionsintrinsequesdelaculture, et de quatic
ordres de considtirations e.xtcricurcs qui s'y raf-
tachent. Je vais parler maiDtennnt de la prati-
que , oii quelques-uns veulent fairc la distinction
de deux parties, ii savoir lesbrns qui travaillent ,
et les instruments sans lesquels ils ne peuvcnt
travailler; cesont les iustruments que d'auli'e3
veulent diviser en trois genres , savoir, le genre
parlnnt, qui comprend les esclaves; le genrc
liber pi.Tcipit, ne qiiis de fundo exeat pr,Tlcr viliciim e
promuiu,et unum, qiieni vilicus lesal. Si quis contra
exieril, ne impiiiie abeat. Si abicrit, iit in vilicum aiiimad-
vcrlatur. Quodpoliiisila pi.K i|ii,iidiiiiiluit,iii'qiiisiiijii.ssu
vilici exieril, neque vilii n^ uiin-vn ilniiiiii !(iii;;iiis, (|iiam
ul eodem die lediret, iin|ii.' id i i.^liiius, ipiaui opus esset
fundo. Teilio eiindeni fiiiidum frucluosiorein faciunl ve-
cturae, si via' sunt, qna plaustra a^i facile possint : anl
fluniiiia propinqiia, qua navij^ari pos.sit. Qiiibus utri.sque
rcbiis cvclii atqiie invelii ad niulta piaedia scimus. Quarto
referl etiam ad fructus, quemadinodiiin vicinus in conli-
nio consitum ayruin liabeat. Si enim ad limilem qiierqiie-
tum Iiabet , non possis recte secundum cani silvam serei e
oleain , quod iisqiie eo est contrarinin natiira , ul arbores
non solum minus ferant , sed etiam fugianl, iil inlrorsum
in fiindum se reclinent , nt vitis adsita ad oliis facere so-
let. Ut qiierciis , sic jiislaudes niasna! et crebia; fiiiilima; ,
fundi orain facinnl slerilem.
XVII. De riiiidi IV parlibus, qua; cum solo li.Tient ,
ct alteris iv, quic extia fundum siiiit, ct ad cultiiram
pertiiicnt, dixi. Niinc dicam agri quibus rebus colanlur.
Qiias ics alii dividunl in duas partos , in bomines ct admi-
VARRON.
a ■voix inarticulec, ([ui compreiul les boeufs;
le genre muet , qui comprend les vehicules. La
culture s'exerce, ou par des eselaves , ou par des
liomraes libres, ou par un melange des uns et
desautres. Les hommes libres, qui cultivent eux-
memes laterre, sont poiir la plupart de pauvres
gens, aides de leur famille, ou dcs journaliers qui
se chargent, moyennant salaire, detravaux, tels
que les vendanges et la fenaison. II y a eneore
luie troisieme classe de geus employes au\ tra-
vaux de la terre. Ce sont ceux que nos ancetres
designaient sous le nom A'obcerarii (travail-
leurs a forfait), qu'on rencontre en grand nombre
eaAsie,en Egypte etdans rillyrie. J"ai a dire
des unset des autres que, dans les terrains insa-
lubres, il vaut mieux employer des gens a gages ;
et que, meme dans les lieux sains, on fait bien
de leur donner cncore de preference lcs gros ou-
vrages , tels que la rentree des vendanges et
des moissnns. Voici ce que recommande Cassius,
a proposde ces mana?uvres Choisissez des sujets
propresa lafatigue, au-dessus de vingt-deux aus,
et qui montrent des dispositions pour ragricul-
ture. On juge de Icur aptitude par des travaux
d'essai, ou en les questionnant sur ce qu'ils fai-
saient ehez leur preccdent maitre. Prenez pour
les dirigcr des esclaves qui ne soient ni insolcnts ,
nitimides; qui aient une teintnre d'instruetion,
de bonnes manieres, de la probite.et qui soient
plus agcs queceux qu'ils surveillent : ils en seront
raieux ecoutcs. Cette position , par-desMis tout,
exige rintelligence des travaux rustiques : ear
i'esclave n'est pas la seulemeut pour donner des
ordres : il doit mettre la main a Tceuvre ; mon-
trer par Texempie ce qu'il fautfaire, afin que
nicula liomlnnm , sine qnibus rebiis coleie non possiint.
Alii in ties parles instrumenti genus vocale , et .seniivo-
cjile, et mntiim. Vocale, in quo sunt servi. Semivocale,
• in qno sunl boves. Mulum, in quo suut plaustra. Onines
agii coluntur hoininibus servis aut liberis aut utrisiiiic.
Liberis , aut ciim ipsi colunt , ut plciique pauperculi cum
sua piogenie : aut mercenarlis, cum conducticiis libero-
rum operis res majores, ut vimlemias, ac ficnisicia acl-
ministrant : iique quos oba?rarios noslri vocitai unt , et
etiam nunc sunl in Asia, alque .iigypto, et in lllyiico
eompluies. De quibus universis boc dico : Gravia loca
iililius esse mercenariis colere, quam servis , et in salubri-
bus quoque locis opera ruslica majora , ut suiit in conden-
dis fruclibiis vindemia; aut messis. De liis cujiismodi esse
oporteat , Cassius scribit ha;c : Operaiios parandos esse,
qui laborem ferie possinl, ne minores annorum xxii, et
ad agriculturam docilcs. Eam conjecturam lieri posse ex
aliarum reruin iniperatis, el uno eorum e noviliis requi-
sito, ad prioreni dominum quid factilaient. Mancipia esse
oportere neque formidolosa, neque animosa. Qui piaesint
esse oportere, qiii literis et aliqua sint humanitate im-
buli, frugi, setale majore, quain opeiarios, quos di\i.
Facihus enim liis , quam minore natu sunt dicto audien-
tes. Praiterea putissimuin eos pra^esse oporlet, qui periti
sint reruni rusticaruin. Non solura enim debeic imneiaic >
ses subordonnes comprennent que ce sont ses
talents et son experience qui le plaeent au-dessus
d'eux. II ne faut pas perniettre au chef d'em-
ployerles coupspoiir se faire obeir, quand il peut
arriverau meme but par de simples rcmontran-
ces. Evitez egalement d'avoir plusieurs esclaves
de la meme nation ; car c'est une souree con-
tinuelle de querellss dome.stiqnes. II est bon de
stimuler, pardesrecompeuses, lezeledes chefs;
de leur former un pecule, do leur faire preadre
des femmcsparrai leurseampagnes de servitude.
Les enfants qiii naisseut de cesunions attachent
les peres au sol ; et c'est par suite de ces maria-
ges que lcsesclaves d'Epire sont si rt^putes et se
vendent si cher. Quant aux ehefs, on fera bicn de
flatier leur air.our-propre, en leur donuant de
temps , a autre quelque inarque de eonsidera-
tion. II est bon cgalemcnt quand un ouvrier se
distingue, de le consulter sur ladirection desou-
vrages. Cette deference le rele\e a ses propres
yeux , en lui prouvantqu'on fait cas de lui , qu'oii
le coiupte pour quelque chose. Stimulez en-
core son zele par de meilleurs traitements, tme
nourriture plus choisie , des vetements moiiis
grossiers^ rexemption de certains travaux ; ou
bien encore par la permission de faire paitre a
son proiit quelques besliaux sur la propriet6 du
maitrc. Cest ainsiqu'on tempere Teffet d'un or-
dre un peu dar, d'une punition un peu severe ,
et qu'on leur inspire le bon vouloir, etraffection
que le domestique doit toujours avoir pour soa
maitre.
XVIII. Pourlimiterle personnel d'une exploi-
tation rurale , Caton prend pour base Tetendue
et le genre de culture. Cestsur celle des oliviers
sed etiam farcrc, ut facientem imitentur, et ut animad-
vcrtant eum cum causa sibi piiieesse, quod scientia pra;-
stet et usu. Neipie illi coucedendum ita imperare , ut ver-
bciibuscoerccal potius quam verbis, si inodo idem effi-
ceie possis. Ne(|ue ejiisdeiu natiunis plures parandos esse.
Ex eo cnim potissimiiin solere olfensiones domesticas
fieri. Pra>l'cctos alaciioies faciiinduni prsemiis : dandaque
opera, ut babcant peculiiim, ct conjunctas conservas,
e quibus liabeaiit lilios. Vm enim fiunt rnmiores , ac con-
junctiores fuiido. Itaque propter has cognationes Epiroti-
c» familia; sunl illuslrioics ac cariores. Ad injicienduiv)
voliiptatera his praefectura! , honore aliquo habendi suiit :
et de operariis, qui pra^stabunt alios, communicandiiin
quoque cum iis, quaj faciuuda sunt opera. Quod ita cum
(it, minus se pulant dcspici, atque aliquo numero haberi
a domino. Studiosiores ad opus lieii liberalius tractando,
aut cibariis , aut vestitu largiore , aut remissione operis ,
concessioueve, ut peculiare aliquid in fuudo pascere li-
ceat , aut luijuscemodi rerum aliis , ut quibus quid gravius
sit imperatum , aut animadversum , qiii consolando eoruin
restituat voluntatem , ac benevolentiam in dominum.
XVIII. De familia : Calo dirigit ad duas metas, ad cer-
fuin modum agii, et genus sationis, scribens de olivelis,
et vinetis, iit duas foimulas. Unain in qua praecipit (]w.-
modo olivelum agii jugerum ccxl instrucre oporteal. i^i
DE L'AC.l\ICUI.TURE, LIV. L
!t(]ts vigiicsquil lalsonne. M.iis lesdeux formu-
les ((u'il nous a donncjes sonl d'une applieatiou ge-
iKfrule. La premiere suppose uu plant d'oliviers
ie deux eent (juarante jui,'era , et il poite a treize
le nombre des eseln\ es ; a savoir, un villieus et sa
remme, cin(j ouvriers, trois bouviers, un chiier,
jn porcher, un berfier. L'autre formule est ba-
iee sur un lot de cent jugera de vignes, pour le-
]uel il faut avoir quinze esclaves; savoir, un
killieus et sa femme, di.v ouvriers, un bouvier,
un linier, un porchcr. En traitant du m(!'me su-
iet, Saserna nous dlt dans son livre qiVun seul
liomme suffit pour labourer hmljuf/rm de terre
ra quarantc-cinq jours. Car, bien qiie quatre jour-
iiees suffiseut rigoureusement pour chaque ju-
lerum, rautcur alloue treize jours de plus pour
iialadies, mauvais temps, n(?gligence du servi-
;eur, ou exces d'indulgence ehez le maitre. Li-
cinius prenant alors la parole : Ni Tun ni !'autre
Je cesauteurs, dit-il, iie s'est raontre fort clair
ians son systeme. Si Caton a voulu faire enten-
ire (comme c'etait sans doute son intention)
[|ue Ton doit augmenter ou diminuer le nombre
:ies esclaves en raison de relendue de la propriete,
il n'aurait du comprendre, dans cette cat(?gorie,
ui le \illicus ni sa femme. Et , en effet, dans le
cas meme oii une plautation d'oliviers aurait
moins de deux cent quarante jugera, on ne peul
toujours avoir moins d'un villicus. Et dans le
cas ou retendue serait donble ou triple de celte
mesure, il ne faudrait pas prcndre deuxou trois
villicus pour cela. Cest donc le nombre des ou -
vriers, ou simpleraent bouviers, qu'on augmente
ou restreint, suivant retendue du fonds de ferre.
Encore faut-il que toutle terrain soit d'une meme
iialure. S'il est assez in{?gal, cipre et montagneux
pour ne pouvoiretre laboure dans toutes scs par-
ties,il s'ensnit naturellement qu'un moindre uom-
bre de bocufs, et par conseqiient de bouviers, de-
vient neecssaire. Je n'insisle pas sur un autre in-
conv(inient du calcul de Caton. Cest qu'il a pris
pour exemplc u ne superficie de deux cent quarante
jtif/rra, qui n'est pas unite de mesure. II eut du
compter par centurie, ou contenauce de deux cents
jugeia. Or, comme pour arriver a ce chiffre il
faut retranclier, des deux eent quarante jugera
dc Caton, quarante, c'est-a-dire le sixieme de
deux eent quaranfe , comnaent s'y prendra-t-on ,
voulant etre eonsequent, pour retrancher des
treize eselaves la sixiemepartie? L'embarras ue
serait pas moindre a prendre le sixierae de onze,
chiffre des esclaves, non compris le villieus vt
sa femrae. Veut-on admettre avec Caton que ,
pour cultiver cent jugera de vignes, il faut uu
personnel de quinze esclaves? Alors, pour une
centurie de terre plantc'e moitieen vignes, moi-
t\e en oliviers, il faudrait avoir deux villicus avec
leurs femmes, ce qui serait absurde. 11 nous faut
douc chei'cher uue autre base pour determiner
proporfionneliement le nombre d'individus m-
eessaires. Et Saserna en indique une prefs-rable
a celle de Caton, quand 11 dit qu'il faut pour le
Inbour de chacjue ju(/crinn quatre journees du
travail d'un horame. Maintenant, pour convenir
aux domainesde Saserna, qui etaientsituesdaiis
la Gaule, ce chiffre n'est pas n(3cessairement ap-
plicable, comme consequence, auxterrains mon-
tagneuxde Ligurie. En resumi?, Ton arrive plus
facilement a determiner rimportance , tant du
personnel quedu inateriel, necessaire a Texploi-
tation , en portant son attention sur trois cho^es
principales; savoir, la nature des propri(3fes en-
vironuantes; leuretendue; le nombre d'indi\i-
dus employ(?s a leur culture; et enfin les modili-
cations en plus ou en moius que ce nombre peut
subir avec avantnLje. La nature nous a monti(3
clt (Miini iii eo niodo lia'c r. ;inci|iia xui lialienila , vilirinn ,
\ilicam, operarios v, biibukos iii , asinaiimu i , .sulinlcuni
I , opilionem i. AUeram formulam sciibit de vinearuin
iugeiibus centum , nl dicat liaberi oportere b»c xv niaii-
cipia, viliciiin, vilicain, opeiarios x, biibulcuni, asiiia-
rium , subulcum. Saserna scribit, salis csse ad jugeia viii
liominem uiium : ea deliere eum confodeie diebus xlv,
tametsi quaternis opeiis singulajugera possit. Sed leliu-
quere se operas xiii , valetudiiii , tempestati , inertiie , in-
dulgenti». Liciuius, Horiim neuler satisdilucide modnlos
reliquit nobis. Quod Cato si voluit (nt debnit) uti pio
porlione ad majorem fundum vel minorein adderemus ,
vel demeiemus, extra familiam debuit dicere vilicum et
vilicam. Neqiie cnim, si minii.s ccxl jiigeia olivcti colas,
non po.ssis inimis uno vilico liabeie : iiec si l)is tanto am-
pliorem fundum aut eo plus (olas, ideo diio vilici aut
tres babendi luei e. Opei arii inodo , ct bnbulci pro portione
deniendi, vel addciiili, ad iniuoies, majoiesve modos
fnndonini. Hi qnoque si siinilis est ager. Sin est ita dissi-
mills, ut Idtiis araii njii possit, ut si sit confiagosus,
alque avdnus clivis, minus niulti opus sunt boves cl
liiilinlci. IMilfo illud , qnod madiim, nequc iinum nec
modicum proposiiit cc\i. jngeruni. Modicus eiiiui cenfii-
ria, et ea cc jugeriim, e qno quum sexta pais sit ea xi. ,
quae de ccxL dcinuntur, non videoqnemadmodum ex ejiis
pia'ceplo deinam .sexlam parfem (ef) de xiii mancipiis :
niliilo niagis , si vilicum ef vilicam lemovero, quemad-
modiim ex xi sexlani parlein deinam. Quod aulem ait iii
c jngeribiis \incaruni opiis esse xv mancipia, si quis lia-
bebit centiniain , iiuai sil dimidinin vineti, dimidinm oli-
veli, seqiieliir, nt diio vilicos, et duas vilicas liabeal :
quod est deridicnluni. Quaie alia ralione modus mauci
pionim geneiatiin est aniuiadvertendus, el inagis in boc
Saserna piobandus, qui ait siiigula jugera quaternis ope-
ris uiio opeiario ad coiilicienduni salis esse. Sed si lioc
in Sascrna: lundo in Gallia satis fuit, non conliniio idein
in agro Ligiislico monfano. Itaque de fainilia: magniindine
et reliquo instrumento conimodissime scies, quantum
pares, si tiia aniinadverteris diligeiiter. In vicinitafe pnv-
dia cnjusmodi .siiit, el (|iiaiita, et quot qua'qiie lioininiliiis
colantur; et quot addifis operis aiit deinlis meliiis, anl
deterius liabeas cultuin. Ili\iuin euiin nobls ad cnUniaiu
VARRON.
deiix voics a siiivre pour la culliire de la terre ;
les experiences, et rimitation. Cest en tdton-
nant que les premiers agricuiteurs ont etabli les
principes : leurs enfants n'ont guere fait qu'imi-
ter. Nous devons, nous, proceder par les deux
voies : imiter d'unepartnospredecesseurs, et,sur
qiielqucs points, essaycr d'innover; tout en pre-
nant toujours, non le hasard, mais le raisoiine-
ment pour guide. Si , par exemple , nous nous
decidons a donner, au second labour de nos vi-
gnes , plus ou moins de profondeur que ne font
les autres; que ce ne soit jamais par simple ca-
priee. Cest en vue d'un resultat positif qu'ont
agi ceux qui les prenniers sarclerent deux fois
ou trois fois la terre , ceux qui tenterent la greffe
des figuiers en ete , ce qu'on n'avait coutume de
faire qu'au printemps.
XIX. En ce qui conccrne les instrumentsdits
avoix inarticulee,Sasernapretend que deux at-
telages de boeufs suffisent pour deux jugera de
terre; tandis que Caton exigetroisatleliigespour
iHiplant d'o!iviersdedeux cent quarante_/f(/7em.
l)e sorte que , si nous en croyons Saserna, il ne
faut qu'un attelage pour cent jugera ; et si nous
iious cn rapportons a Caton , un attelago ne suf-
fit que pour quatre-vingts. Quant a moi, je pense
que ni le calcul de Caton , ni ceiui de Saserna ,
ne s'appliquent universellement a toutes especes
de terre ; mais que Tun ou Tautre peut se trou-
ver juste pour quelques fouds de terre cn parti-
culier. Les terrains sont plusou inoins difflciles
k labourer. II en est que les breufs ne parvien-
nent a ouvrir qu'avec dcs efforts iuouis, et tels
que souvent la eharrue se brise , laissaut son soc
dans le sillon. D'ou il suit que tant que la nature
du sol a cuitiver ne nous est pas parfaitement
connue, le plus sur est de prendre pour regle la
coutume du proprietaire qui nous a precedes.
ou ccllo dcs propriclaires voisins; etde ne seper-
nuttre d'abord qiie de rares experiences. Caton
dit plus loin que, dans un plan d'oliviersde deux
cent quarante jugera , il faut trois iines pour
porter le fumier, et uii quatrieme pour tourner
la meule. II ajoute que daus une vigne de cent
jiKjera on a besoin d'un attelage de bocufs, d'un
attelage d'anes, et enfm d'un ane qui tourne la
meule. Eu parlant de ces instrunaents a voix
inartieulee, Catonn'aurait-iI pas diiajouter, tou-
chant le betail, qu"il faut en resteindre le nom-
bre au strict necessaire, afin de simplifier le service
dcs instruments qui se soignent eux-raemes;
c"est-a-dire les esclaves. En fait d'especes , les
brebis sont toujours preferables aux cochons; non
pas seuleraent pour ceux qui ont des pres, mais
pour ceux meme qui n'en ont pas; car, en ele-
vant des nioutons, on ne songe pas seulement a
tirer parti de son fourrage , on veut encore se pro-
curer un engrais.
XX. Touchant les quadrupedes, il faut s'assu-
rer en premier lieu des qualites requises pour les
btcufsde labour. Ceux qu'on achete avantqu'ils
n'aient tiavaille ne doiveut pas avoir raoins de
trois aiis , ni plus dequatre. II les faut robustes et
bien appareilles,sans quoi le plus fort,autravail,
epuiserait le plus faible ; qu"ils soient larges de
front,avec les cornes ecartees et noires autant
que possible, le poitrail large et les cuisses ehar-
nups. Si les animauxont deja servi, iferaployez
pas cn pays rudes et montagneux ceux qui
n"auraient laboure ([u'en pays de plaines, et rc-
ciproqueraent. Si ce sout de jeunes boeufs n'ayant
poiut encore senti le joug, il faudra leur enga-
gerlecou dans des fourches,etne les laisser man-
ger qu'en cette posture. Quelques jours de cette
pratique les rendront maniables et faci les a domp-
ter. Eusuite on les accoutumera insensiblement
dedlt natiira , ex|ieiii'iiflam ct imiliilioneni. Anliiiuissimi
agiicola; tentanilo pleraqne constitnciunl, lihcri corum
niagnaiM partem imitando. Nos nlrumque lacere debemus,
et imitari alios, et aliter ut faciamus expericntia tenlare
qmedam; seqnentcs non aleam,sed rationem aliquam :
ut si altlus repastinaverimus, aut minus, qiiam alii ,
quod niomenlum ea res habeat. Ut fecerunt ii in sariendo
iterum et terlio, et qui insitiones ficulnasex verno lem-
pore in Kstivum contulerunt.
XIX. De reliqua parte inslrumenti, quod seinivocale
appellatur, Saserna ad jugera c.c arvi boum juga diio satis
esse scribit ; Cato in olivetis ccxl jugerum boves trinos.
Ita si Saserna dicit vcrum, ad ceiitum jugera jugum opiis
est, si Cato, ad octogena. Sed cgo neutrum modum bo-
rum ad omnem agrum convenire pulo, et utrumqne ad
aliqnem. Alia eniiii terra facilior aut diflicilior est. Aliam
terram boves proscindere nisi magnis viribus non possunt,
et saepe fracta bura relinqnunt vomeres in arvo. Quo se-
quendum iiobis in singulis fundis, dum sumiis novicii,
triplicem legulam , superioris domini institutiim , et vici-
norum, ct experienliam quandam. Quod addit asinos,
qui sfercus vectent, treis , asinuiii molarium, in vinea
jiigeium c jiigum bouin, asinoriim j|igum,asinum mola-
rium ; in hoc genere semivocalium , adjicienduni de pe-
core, easola, quae agii colendi causa erunt, (ut solenl
esse pecuaria ,) pauca habenda, quo facilius mancipia,
qua! solent se tueri , et assidua esse possint. In eo numero
non luodoqui prala liabent, iit potius oves quara sues
liabeanl, curant, sed etiain qui prata non liabent, quia
non solum pratorum causa liabere debent, sed etiam
piopter stercus.
XX. Igilur de omnibus qiiadrupedibns prima cst pro-
batio, qui idonei sint hoves,qiri aiaiidicausa emuntur,
quosrudis, neque minoris triinos, neque majoris qua-
drimos parandum , ut viiibus niagnis sint ac pares , ue iu
opere firinior imhecilliorem conficiat : amplis cornihus ,
et nigris polius quam aliter : ul sint lala fronte, uaribiis
simis, lato pectore, crassis coxendicibus. Hos veteranos
ex campeslribus locis non cmeiidum in dura ac montana :
nec iion, ita si incidil ut sit, vilandiim. Novellos cum
quis eineril juvencos, si eorum colla in fuicas destitutas
iiicUiseiit, ac dcderit cibum, diebus paucis erunt inan-
DE LAGRTCULTURE, LiV. I.
aii joui; , eu attelant toujours un jenne boeuf avee
un bceuf dejii 1'ompu au service, doiit rexemple
riiabitue dabord a la soumission. On eommen-
ccra par ies faire marehersur un sol uni , sans ieur
faire encore tirer de charrue ; puis on les atteliera
aunecliarrue iegere, qu'ils ne tireront d"abord
que dans du sable, ou dans une terre qui cede
aiscment. Quant aux bceufs destines aux cliarrois,
on comraencera egalement parlesfaire tirer d'a-
bord des voitures sanscbarge, en les conduisant
de preference au milieu des villes ou des bourgs.
I!s sc familiarisent ainsi avec les bruits et le raou-
vement des lieux babites; ce qui est un grand
pas de fait pour leur education. Lorsqu'on aura
coramence par mettre un bocufa la droite, il ne
faut poiut l'y remettre toujours : cest lui meua-
ger une espece de repos dans le travail, que de
le cbanger de cotc de temps a autre. Dans ics
contrees ou la terre est peu compacte, comme
dans les cbamps de Campanie, on remplace les
boeufs par des vaelies ou des Anes, qu"il sera d'au-
tant plus facile d'accouturaer a tirer une charrue
legere. Pour tourner la meule, et pour faire les
transports necessaires dans la proprlete merae ,
les nnsse servent d'3nons, les autres de vaches;
d'autres encore emploieutdes raulets, selon que
le fourrage estplus ou raoins abondant. II est, par
excmple, plus aise de nourrir un anon qu'une
vache ; mais la vache est d'un plus grand rap-
porl. Dans le choix de ses animnux dc trait, le
cultivateur aura toujours cgard a la nature du
sol. S'il est montueux ct difficilp a labourer, il
faut des betes plus robustcs, ct dont on puisse
lirerautant de travail ct plus de profit.
XXL Ilestbon d'avoir dfs chiens,en petit nom-
bre, et de bonne garde. On les drcsse a vciller la
nuit et adormir le jour, reufermes etala chatne ;
quand ils sout laches , leur activit^ eu redouble.
Voila tout ce que nous avons a dire des quadru-
pedes que fou ne sonmet pointau joug, ainsique
des troupeaux. Un proprietaire de pres, qui n'a
pas de bestiaux a lui lorsqu'il a \endu scs four-
rages,doit se procurer des troupeaux etrangers,
pour les faire paitre et parquer dans ses prairies.
XXII. Quant aux instruments dits muets,
comme paniers, futailles,ete., voici les principa-
les recomraandations que nous avons a faire. Kn
preraier lieu , ne rien acheter de ce qu'ou pcut re-
eueillir ou confectionner sur les lieux ; ce qui com-
prend toute espece d'ustensile qui se fahrique eu
osier, ou dont on a sous !a raain la matiere pre-
miere;telsquepaniers,corbeilles, traineaux,mall-
lets, rateaux. II en est de meraede toutcequ'oii
fait de chanvre, lin, jonc, geuet, feuilles de pal-
micr; comme les cables , les cordes, et les natfes.
Quant aux divers ustensiles qu'on ne peut point
tirerde son fonds, ii faut, en lesachetaut, regar-
dermoinsa Tapparenoe qu'al'utilite; car on paye
moins eher, et le revcnu s'en trouve mieux. Proxi-
mite, qualite et bon raarche; voila les conditions
essentielles pour les aequisitions de ce genre. Le
choix et le nombre des differenls instruments est
subordonnea rimportanee derexploitation, et se
multiplie en raison de son etendue. Ccst ce qui
fait sans doute, dit Stolon, que Catnn raisonne
sur une superficie donnee, quand il dit que celui
qui cultive un plant d'oliviers dedeux ccnt qua-
rante jugera doit avoir,au norabre decinq, cha-
que espece de vases nccessaires a la confection
de l'huile, dont il donneainsi renumeration : chau-
dieres, pots, vases a tnVisanses, etc, le touten
cuivre. En fait d'ustensiles en bois et fer, il veut
siieti , ct art (loiiianduni proni. Tuni ila snbigenflnm , iit
nilnulaliiu assnefaciant, et nt tironcm cnm velerano ad-
jiingant. Imitanilo enim facilins domatnr. Et priinum iii
aequo loco , et sine aralro , tum ro leTi siniul gradi faciant,
ut principio per arenam aiit niolliorem lerram leniter
procedant. Qiios ad vectmas item iiistiliiendiini , nl inania
prinmm ducant plaustra , el si possis , per vicnm aut
oppidum. Creber crepttiis , ac vaiietas leriiin ronsiietu-
dine celerrlma ad utilitalem adducit. Neqiie pcrlinaciter,
qucni fcceris dextcriim , in eo nianendum. Qiiod si alternis
fit siiiister, fit laborauti in alterutra partc reqnies. libi
terra levis, ut in Campania, ibi uon bubiis giavihiis, sed
vaccis aiit asiiiis quoit arant , eo facilius ad aratinm levc
adduci possunt. Ai\ molas, et ad ea, si qii<e sunt, quse
in fundo conveliinitur, [in qna rc] alii asellis, alii vaccis
ac mulis iituntur, exinde irt pabuli facnltas est. ^'am fa-
cilius aselliis , qnain vacca alitur; sed fructiiosior hoec.
In 60 agrirola" boc spectandnni, qno fastigio sit fiindus.
In confiagoso eiiini ac diflicili h;ec valentioia parandum ,
et potius ea , qu;c plus Iructum leddere possint, cnm
idem operis faciant.
XXI. Canes potius cuin dignilate et acres paiicos lia-
bendum, quam miiltos Oiios consucfacias potins noctu
VAHKON.
vigilare, et interdiii clansos dormire catcna vincios, iit
soluti acriores fiant. De iiidomitis quadrupedibus, ac pe-
core [faciundiini.] Si prata sunt in fundo.neque pecus
dominus habet, ilanda opcia ut pabulo vendito, alienum
pcciis in siio IihkIo pascat, ac slahulet.
XXII. 1)0 leliquo instnimenlo muto, in quo suitt cor-
hiibe , et dolia etalia, hxc. pia-cipienda. Qu;c nasci in
fiindo ac fieii :i domesticis poterunt, eoriim ncquitl ema-
liir, iit fere snnt, qiue ex viminihus et maleria rustica
fiunt, ut corbes, fiscinse, tribula, mallei, rastelli. Sic
qu;e fiunt de cannabi, lino,juneo, palma, scirpo, iit fii-
nes, re.sles, legeles. Quae c fundo surai non poterunt,
ea si empla erunt potiiis ad utilitatem , quam ob speciem ,
suniptu fnictum non extenuabiinl. Eo magis , si inde
enipta eriint potissimiim , iibi ea et bona, et proxime , ct
vilissimo emi polerunt. Cujus instrumenti varia discri-
mina ac multilndo agri magnitudine finitur, qiiod plura
opiis sunt, si fines distant late. It,iqiie, Stolo inquit,
proposita magnitudine fiindi , de eo genere Cato scribit.
Oliveti jiigera ccxL qui coleret, eum instriiere ita oporterc
iit faccret vasa olearia juga v, qua" niemhratim cniimcrat.
Ut ex aere ahenea, urceos, nasiternam, item alia Sic e
ligno et ferro, nt ploslra majora tria, aiatra ciiin vonie-
VARRON.
(| u'on ai t ti-ois g raiides charrettes, si.x charrues avec
leurssocs,qiiatrecivieresafumier,ete. Passanten-
siiiteaux differents instruments de fer seulement,
huit fourches, autant de sarcloirs, quatre beches,
etc. Quant au mobilier d"exploitationd'un vigiio-
ble, Catonradeterminecommeilsuit,enealculant
sur une superficie decent jiujera: trois pressoirs
eomplets , des futailles garnies de leur cou vercle ,
en nombre suffisant pour contenir huit cents cul-
!ci; vingt vaisseaux atransporter le raisin pendant
les vendanges ; vingt autres reserves pour le ble ,
etc. Si Caton, contrairemeut h d'autres auteurs,
exige un sigrandnombre de cullei, c"est, je erois,
pour qu'on ne soit pas force de faire argent, chaque
aDDee, du produit de ses vignes; car le vin se
vend plus cher quand il est vieux , et la meme
qualite se place avec plus ou moins d'avautage,
suivant le cours du moment. Caton entre ensuite
dans de grauds details touchant les quantites et
especes dlnstruments de fer, tcls que serpes, be-
ches, rSteaux. II descend meme jusqu'aux subdi-
visions de quelques especes. Ainsi, sous le nom
g6nerique de faus, il distingue differentes sous-
especes, dont voici les quantites pour chacunc :
six serpes a tailler la vigne; cinq a couper lcs
liens desceps ; pareil nombre de serpes k faire du
bois; trois 'a emondage, et dix propres a couper
les ronces. Scrofa prenant alors la parolc, nous
dit : Tout proprietaire devra faire un inventaire
detaille detoiit ee mobilier rustique, et en empor-
ter une copie a la ville. Le villicus , de son cote ,
aura soin que tous ces ustensiles soient dispos^s
avec ordre, chacuu a la place qui lui a ete assignee.
II devrasurtout avoir autantquepossible sousses
yeux tous les objets qu'il ne pourra gardcr sous
clef,Dotammentceux d"un usagemoiushffbituel;
commeles paniers et les vases, dont on n'a be-
soiu qu"au tcraps des vendanges, etc. Car plus fes
objets sonten vue, moinsils sontexposes aux de-
prcdations des voleurs.
XXIII. Agrasius prit alors la parole, et dit :
Vous nous avez parle jusqu'a present du fonds de
terre en general, et des divers instruments neces-
sairesa saculture : desorteque, desquatreparties
de ragriculture, vous avez epuise les deux pre-
mieres. J'attends maintenant la troisieme partie.
Comme je n'enteuds par revenu , dit Scrofa, que
ce que la terre produit quand elle a cte ensemen-
cee, nous u'avons reellement que deux points a
examiner ; savoir, laqualite de la semenee et celle
dusol.Telle terreconviendrapartieulierementau
foin, telle autre au ble; celle-ci a rolive, celle-la
au raisin. II en est de meme de tout ce qui appartient
a la denomiuation generique de fourrage, comme
le basilic,lescerealescoupeesenvert, lavesce, le
sainfoin, le cytise, le lupin. Cest une erreur de
croire qu'une terre grasse puisse recevoir indiffe-
remment toute semence, et qu'en une terre maigre
on ne pulsse rien semer. On fera bien au cnntraire
de choisir une terre raaigre pour tout ce qui ne de-
mande pas beaucoup de suc, comme le cytise et
les legumes; a re.xccption toutefois des pois chi-
ches, qu'il fautcependant considerer comme le-
gume, si roncomprend sous ce nom toutce quise
recolte par extraction de la tige, par opposition a
ce qui se cucille seulement; car lcgume vient de
legcre, cueillir. Daus les terres grasses on pourra
semer tout ce qui demande plus de uourriture;
comme les rnciues potageres, le froment , le sei-
gle, le lin. Certaines plantes sont cultivees, noo
pas tant pour le produit immediat qu'on en retire,
que pour ramelioration d"une recolte a venir; par-
cequeleurs faues coupees etlaissees sur la terre
y servent d'engrais. Cest par celte raison que
libus sex, crates stercorarias (nialiior, item alia. Sic He
feiiamentis quoe sintet quot opus ad multitucliium, ut
lurcas fericas octo, sarcula totidem, dimidio minus pa-
las , item alia. Ilem alteiam formulam instrumenti fundi
vinarii fecil, in qua sciibit : Si sit centum jugerum, lia-
bere oporteie vasa toiculaiia instructa liina , dolia cum
opeiculis culleorum octingenlorum , acinaria xx , liumen-
taiia XX. Item ejusmodi alia. Quse minus multa quidem
alii, sed lanlum numerum culleorum scripsissc pulo, ne
cogeretur quolannis vendeie vinum. Veleia eniin quam
nova, et eadem alio tempore quain alio pluiis. Item sic
de ferramenlorum varietate scribit peimulta, el genere,
etmuititudinequa sint.ut falces, palas, rastros. Sic alia,
quoruni nonnulla genera species habent pluies , ut falces.
Nam dicunturabeodem sciiptore vinealicae opusesse se\,
sirpiculcB v, silvatice v, arborariai iii , et niscariae x. Hic
lisec. At Scrolit, instrumentnm et supellectilein rusticam
omnem oporlet liabere scriptaiii in ui be et rure dominum.
Vilicuni contra ea ruii omnia cerfo suo quscque loco ad
villam [debent esse] iMsila. Quse iion possunt esse siib
clavi , quam maxime facere ut sint in coiispcclu oportet.
Co magis ea, qux in rarjore suat usu, ul niiibus in viu-
demia uluntur, ut corbula', et sic alia. Qu:e cnim re»
quotidie videiilur, minus metiiunt furem.
XXIII. Suscipit Agiasius : Et qiioaiam habemus illa
duo prima ex divisione quadripaitita, de fundo, et i!e
instrumento, quo coli solet ; de tertia parte expecto. Scrofa :
Quoniain fructum, inquit, arbitior esse fnndi eum, qiii
ex eo satus nascitur utilis ad aliquam rem : duo conside-
randa reslant, quae, el qiio quidque loco maxime expedial
serere. Alia enim loca apposita sunt ad fa?num, alia a<l
fruinentum, alia ad vimim , alia ad oleiim. Sic ad pahii-.
lum quse perlinent, in qiio est ocimum, farrago, vicia,
Medica, cytisum, lupinum. iNeque in pingui terra omnia-
seriinlur recte, neque iii niacia nibil. Reclius enim iu
tenuiore terra ca qu.e nnn iniilto indigent suco, ut cytisiini
et legumina, pra;ter cicer : hoc enim quoque legumon,
ut caetera, quae velluntur e terra, non siibsecantiir ■
quae quod italeguntur, legumina dicta. In pingui recliu-s
quae cibi snnt majoris , iit bolus , trilicum , siligo , linuin.
Qiia^dain etiam serunda iion tam propter pi ajsentem fruc-
tum, quam in aiinum prospicientein , qiiod ibi subsecta.
atque rclicta terram faciunt meliorcm. Itaque lupinum
cumnecdumsiliculam cepit, ct nonnunquam fabalia,si
i
DE LAGRICULTURE, LIV. I.
dansunc tenetrop maigreonemploie, enguisede
fumier, des ti{,'cs de iupin non encore raonte en
graine , ou l)icii raeme cciles dcs feves, avaut que
la eosse n'ait atteint le degre de formntion oii elle
est bonne a cueillir. Mettons a part les plantcs
dont le prodtiitcst de pur agrement, et ((ui peu-
plent nosjaidins et nos parterres, aussi bien que
cellcsqui, sans contribucra ralimentation , sont
cependant indispensables a reconomie rurale ; tels
que les saules et les roseaux, et autres vegeta-
tionsquicxigent unsol humide.Cerlaines plantes
seplairontdansunterrainsec;d'autresprefereront
des lieux ombragcs, eomme Tasperge sauvage et
raspei'ge domestique; d'autres enlin ne devront
etre semees que dans des licux exposes au soleil ,
dont lachaleur estindispensnble a leur croissan-
ce ; telles sont , parexeraple, les violettes et lesau-
tres plantes des jardins. INIais Tosier, dont ou fait
des paniers, des claies et des vans, demande un
autre sol et une autre culture. Les bois en coupe
reglee, et ccux qu'on laissecroitre pour les chasses,
veulent aussi des terroirs et des regiraes difi'e-
rcnts. U faudra cgnlcment reserver des endroits
convcnablcs au cbnnvre, au liii,aii jonc, au
sparte, d'ou ron tire les mnteriaux emplovcs a bot-
teler la paille des bceufs, a faire des ticelles , des
cordcs et dcs c^bles. D'autres terrains recoivent
indifferemment diverses especes de plnntes. Cest
ainsi que nous voyons souvent iniroduire des plan-
tesde jardinetnutresdnnslcs verger'i de formntion
nouvelle,dontlesarbres,recemmcntaligiies,n'ont
pas encore eu le temps d'etendre leo''s racines;
pratique dont on s'abstient soigneusement quand
les arbres oiit pris du developpement , de crainte
de leur nuire. Ceci, reprit Stolon, se coucilie as-
sez bien avec ce qu'a ecrit Catou , a propos des
semnilles,qu'une terregrasse, bienfumee,o« Toii
ne voit aucuii nrbre , est ce qu'il faut au fromcnt ;
et qu'un sol orabrnge convient aux raves, au
raifort, au milletet au panais.
X.^^IV. Les especes d'olives qui prosperent en
terre grasse et chaude sont , Tolive a confirc, le ra-
dius major de Salente, ['orchis, hiposea, la ser-
giane, la colminienne et Valbici-re (blane de
cire). Entre toutes ccs varietes, cultivez de prefe-
rence cellequi flatte le pluslegoiit locnl. L'ex-
position au ventd'ouest, et en plein solcil, est la
plus favorable a cet arbre. Le sol est-il quelque
peu froid et maigre? plantez-yrolive licinienne.
Dans un terrain de qualites contraires, cette es-
pece nerend jamais Vhoslus coraplet , raalgre uri
luxe de fruits qui repuise; et Tarbre est bientot
ronge d'une mousse rouge.itre. L7wstus est ce qu i
s'exprime dhuile a chnqwe. faclus ; et Ton appelle
factus un tour de pressoir. La eontenance d'un fac-
tus est, suivant les uns, de cent soixante modius
d'huile; d'autres le font descendre a eeut vingt
seulement, et reduisent en proportion le nombre
etlaconteuancedcsraesures fractionnaires. Caton
conseille plus loin de former un rideau d'ormes
et de pcupliers autour de son domniue ; on en
tiredas feuillcs pour la nourriture des boeufs ct
brebis , et du bois pour son usage. Mais nous
pensons, quant a nous, que cette prescription nest
ricnraoins que generale; et que laou elle cst uti-
lement appliquee, ce n'est pas en vue seulement
du feuillage, qu'on se procure par ce raoyen. Un
peuld'ailleurs,sansinconvenient,borderd'arbres
snproprietedu cotedu nord; car, ainsi placcs, ils
n'interccptent pas lesrayons dusoleil.Sileterrain
est bumide, ajoiitnStolou, tou jours d'apri;s la me-
me autorite, choisisscz de prefcrenceles peupliers
ad slliquas non ila pcrvenil iit fabam lcgere expedial, si
ager niacrior est , pio slprcoie inaiare solent. Nec iTiinus
ea discriminanda in conseiundo, qu.ie sunt frucluosa,
piopter voliiplalem, iit qiia; pomaria ac lloralia appellan-
tur. Item illa quse ad liominum victiim ac sensum deiec-
tationenique non pertinent , neque ali ai;ri iilililate sunl
dijunrla. Idoneus locus eligendus ubi facias salictuni et
arundinetum, sic alia, qiia; Iniuiidiim locum qiiaerunt.
Contra ubi segetes frumentarias , ilii fabam potissinium
seias. Uem alia, qua' arida loca sequuntur ; sic ut um-
brosis locis alia seras, ut corrudam, quod ita pelit aspa-
ragus : et apricis, ut ibi seras violam et liortos facias,
quod ea sole nutricanlur. Sic alia el atio loco serunda, ut
liabeas vimina, unde viendo qiiid facias, ut sirpeas, val-
los, crates. Alio loco ut seras ac colas silvam ca^duam,
alio ubi .aucupare. Sic ubi cannabim , linum, juncuni ,
spartum , unde nectas l)ubus paleas , liiieas , restes , funes.
Qufedam loca eadem alia ad seriindnni idonea. Nain et in
recenlihus pomariis dcsilis seminlbiis , in oidincmque ar-
busculis posilis priuiis aiinis ante qnam radlces longius
proccdere possint, alii conserunt liurlos, alil quid aliud.
Neqiie cum convalueriint arbores, ideni faciunt, ne vio-
lent radices. Stolo ad liaec : Qiiod ad ha?c pertinel , Calo
non male, qiiod scribit dc salionibus, ager ciassus et Iw-
tus, si sitsiiie arboribus, euin agium frumenlarium fieri
oporlere. Idem ager si nebulosus sil, rapa, raphanos,
inilium, panicum.
XXIV. In agro crasao et calido oleam conditaneam,
radium inajorcm, Sallentinam , orcbitem , poseam , sergia-
nam , colminiam, albice.rem : quain earum in liis locis
optimam dicent esse, eain maxime serere. Agriira oliveto
conserundo , iiisi qiii in ventum favoniiim spectet , et soli
oslentiis sil, aliiim l)onuin niillum esse. Qiii .iger frigidior
et niacrior sit, ibi oleam Licinianam seri oportere. Si in
loco crasso aiit calido posueris , Iiostum nequam lieri , et
ferendo arborem perire , et miisciim rubruin molestuin
csse. Ilostuni vocant , quod ex iino facto olei relicitur.
F.icliim dicunt, quod uno tempore conliciunt. Quem alii
ci,\ aiiint p.sse modiorum, alii ita ininus niagnum, ut ad
r\x descciKlat et exinde , ut vasa olearia qiiot et qiianla
liabcaiit, qiiibus conticiunt illud. Qiiod Cato ail ciiciini
ruiidum uimos et populos, unde frons ovjbiis et bubus
sil , et niateries , ,scri oporlere. Sed lioc neque iii oninibus
fiinilis opiis est, neque in quibus estopus, propter fron-
dem maxime. Sine detrimento ponunlur ah .spptentiioiiali
plaga , qiiod non officiunt soli. Illc adjicit ab eodem stnp
VARRON.
etles roseaux. A cet effet,on retoui-ner;» laterre
avecuiie houe, puis oii mettra les boutiires rte
roseaux a froispieds i'unde l'autre, enleseiilre-
melant d'asperf;es sauvages, qiii en produiront
de bonnes a mane;er ; car roseaux et asperi^es
exigent a peu pres nieme eulture. On cntourera
ees plantations d'osler franc , dont on p.)urra se
scrvir plus tard pour lier les vigncs.
X\V. Ce que doit observer, quant au ehoixdu
terrain,celuiquiplantedetavigne, le voici : L'ex-
position la plus chande et consequemmen t la plus
vineuse doit etre reservee au petit amincen , au
rnisin double dit fortune, et au petit raisin gris.
Oii Ic terrain est gras et le ciel nebuleux , il faut
meltre le gros amineen, le murgantin, rapieius
et le lucanien. Les autres especes, et surtout les
raisiiis noirs, se plaisent indifferemment partout.
XXVI. Les vignerons apportent un soinparti-
Gulier a placer riichalas de telle sorte que la vi-
gne en soitabriteedu cotedu septentrion. Lors-
qu'on se sert de cypres vif cu guise d"eohalas ,
on plante alternativement une rang('c de eeps
et une rangee de cypres, en empechant toute-
fois ces dernicrs de depasser la hauteur d'un
echalas ordinaire. II ne faut pas noii plus que
la vigne soittrop rapprochee des clioux et autres
Jegunies; ce voisinage lui est antipathique. Je
crainsbien, ditAgrius, se tournant vers Fun-
danius, «ue le gardicn du temple ne revienne
avant que nous soyons arrives a la quatrieme
partie , c'est-a-dire aux vendanges, que ('attends
avec impatience. Eassurez-vous , dit Scrofa , il va
lui-memc appreter les paniers et les urnes.
XXVII. Nous avons deux divisions dutemps:
!'annee, ou la revolution complctc du soleil; et le
mois qui suit cellc de la lune. Je parlerai d'a-
bord du cours annuel du soleil. Cet espace de
temps, considere par rapport aux fruits de la
terre, estdivise enquatre parties, chacune apeu
presde trois mois; ou, plus exactement encore,
en huit, dont chacune est d'un mois ct derai en-
viron. La premiere division estcelle dessaisoos:
Icprintemps,retc, rautomne et rhiver. Le prin-
teinpsest Tepoque de certaines semailles, et celle
du premier labour donne a la tcrre , afin d'en
extirper toutes les mauvaises herbes avant qu'el-
Ics aient jete leurgraine. Lesol, soulevc en glebe
par le labour, de\ ient alors plus accessible a
Tactioa du soleil et des pluies, et plus maniable
pour les facous ulterieures. II faut a la terre deux
labours au moins; et trois valent encore mieux.
On fera la moisson en ete ; et c'cst eu automnc, et
par un temps bien sec, qu'il faudra faire la vcn-
dange et proceder aux coupes des bois. On ahat
rarbre a ras de terre ; raais il ue faut deterrer la
souche qu'apres les premieres pluies, afin d'empe-
cher la pousse de nouveaux rejetous. Cesten hi-
verqu'on fera ta tailledes arbres, en choisissant
toulefois le moment oii il n'y a sur Icur ccorcc ni
frimas, ni pluie, ni glacons.
XXVill. Le piiiitemps commence lorsque Ic
soleil est dans leVerseau; Tete, lorsqu'iI entrc
dans leTaureau ; rautomne, lorsqu'il passe dans
le Lion ; et rhiver, lorsqu'il atteint le Scorpion.
Mais comme le premier jour de chaque sai-
son est le 23" de rentree suecessive du soleil
dans chaque signe , 11 s'ensuit que le printemps
est de 9 1 jours ; Tete, de 94 ; Tautorane, de 9 1 ; et
rhiver, de 89.CecaIculctant misen rapportavcc
les divisionsdc notreaunce civile, le premierjour
loie : Si locus liumecUis sil, ibi c^icumina pnpuloruin sc-
rmidael arunilineluni. Iil piius bipalio verti, il>i oculos
aruiKlmis petlcs leinos alium ab alioseii, ibi quoquecoi-
luJam, unile aspaiagi liaiit; aptam csse utiique eanilcm
reie (ultuiam. Salicem Kia^cini oirciim aruiidinetum seri
upoilere, iiti sit, qui vitis alligari possil.
XXV. Vinea , quo in agio seruuda sit , sic observanJum.
Qui locus optimus viuo .sit, et osteutus soli, Ainineura
miuusc.nlum, ct geininuin eugeneum, belveolum miniis-
o.ulnni seri oporteie. Qiii luciis crassior sit, aut ncbulo-
sus, ibi Aniiiieuin majus,aHt Muigenlinum , Apicium,
Lucanum seri. Cieteras viles, et de bis miscellas maxime,
in omiie genus agri convenire.
XXVI. In onnii vinea dlligenter observant, ut ridica
vitis al) septenlrione veisus tegatiir. Et si cupressos vivas
pro ridicis inscrunt , alternos ordines imponiint : neque eas
crcscere allius, quam lidicas patiuntur; ncque propter
olus adseruut vitcs, quod inlcr se Ii.tc inimica. Agrius
Fnndanio, vcreor, inquit, ne anlc Kditinius veniat liuc,
qiiam binc ad quartum acluin accednmiis. Vinderaiam
enim expecto. I!ono animo es, iiuiuit Scrofa -. iiscinas
cxpediet ac uriiain.
XXVII. Et qnoniam tempora ilunnini gcncruin siinl,
unumannalc, qiioil siil ciiciiilo siin liiiil ■ .iHcriiui iiicns-
truum, quod hma circumicnscomprebpndit : prius dicam
de sule. Ejus cursiis aiinalis prininin lere ciiciter ternbi
mensibus ad fructus est divisiis in iv parles, et idein
subtilius sesquunen.sibus in viii. In qnaluor, quod divi-
ditur in ver, et aeslatem , et autiimnum , et liiemein. Vere
sationes quajdam liuiit, terrain rudem proscindcre opoi-
tet, qua; sunt ex ea enata, prius quam ex iis quid semi-
nis cadat , ut siiit exradicala ; et simul glajbas ab sole per-
calcfactas aptiures faceiead accipiuudiim imbrcm, et ad
opus faciliores , rela\atas. INeque eam minus bis aranduin,
ter melius. ^Estate lieri messes opoitere. Autumno siccis
tempeslatibus vindemias , ac silvas excoli commodissime :
tunc pra!cidi arboies oportere sccundiim terrani. Radi-
ces autem prioribus inibribus iit effodiantur, ne quid
ex liis nasci pussit. IJieine putari arborcs duntaxat liis
temporibus cum gelu cortices et imbribus careaut, el
glacie.
XXVIII. Dies primus cst veris in Aquario, a;statis in
Tauro, autumui iu Leone, hiemis in Scorpione. Cura
uniiiscnjiisque liorum quatuor signorum dics iL-rtius et vi-
cesimns ipiatuor temporum sit primus; ellicitur, ut vef
dies liabeat xci, «'slas xciv, autumnns xci, biems xcnu
Qua', rcdacla ad dics civilcs nostros, qiii nuiic suiit, primi
vcrul lcmpoiis c\ a. d. vii IJ. Fcb. a;stivi c\ a. d vii M.
i\
DE LAGRICULTURE, LIV
I» priateraps correspondra au s' des idcs Ao fc-
/rier; le premier de l'ete-, avec le S'' des idrs ile
nai; le premier de rautomne, avec ie 4^^^ d;^s
des d'aout;etlepremierderhiver, avec le 5" des
;des de noverabre. 11 est plus exaet encore de
larlager rannee entiere en huit periodes distlnc-
es. La premierc, de i!» jours, commencc lorsijiie
e soleil se couehe au point d'ou s'eleve le vent
favonius, et dure jusqu'a requinoxe du prin-
enips. Laseconde,de46jours,durcdel'equino\e
lu printemps jusqu'a rasecnsion des Pleiades. La
troisiem6,de48 jours, du lcverdes Pleiadesausol-
itice; laquatrieme, de24 jours, dusolsticea Tar-
riveedelaCanicule. Lacinquieme,de6Sjours, de
i'arriveedelaCaniculeal'equinoxed'automne. La
sixieme, de 4.5 jours, de requinoxe d'autorane a la
iisparitiondes Pleiades. Laseptieme, de44 jours,
;le la disparition des Pleiades au solstiee d'hi-
ver; et la huitieme enfiii, de 4.5 jours, corameu-
cant ausolsticed'hiver, et durant jusqu'au temps
oii le soleil se couch-eau poiut d'ous'e!eve le vent
Favonius.
XXIX. La premiere periode est le temps d'eta-
blir des pepinieres de toute espece, de tailler la vi-
gne et de la dcchausser, de couper les racines qui
sortent de terre, d'echardonner les pres, de plan-
terdes saussaies,de sarelerlesterres quisontdeja
labourees et eusemencees , et qu"ou appelle se-
getes, pour les distinguer des arva, qui sont des
terres labourees, mais non encore ensemeneees.
Quant aux terres appelees novales, on coraprend
sous ce nora toutes eelles qui ne sout ensemen-
cees et renouvelees, pour ainsi dire, que tous les
deux ans. Remarquons encore que, douner le
premier labour, s'exprime par lc mot prosciii-
dcrc (fendre), tandis qu'on designe le second par
le mot offrin(jere (briser >, paree que cette der-
niere facon a pour but de briser la glebe que la
S.S
premii-re n'aura fait que soulever. On eraploie le
mot lirare (sillonner) pour designer racte par
lequcl on donne le troisieme labour, au terrain
ds\ja ensemence. Cette operatioii se fait au
moyen de deux planches attaeheesau soc, etdis-
posees de telle sorte que, tout cn recouvrant les
semences jetees sur ies arretes, on creuse en
meme temps des sillons qui donoent un ecoule-
ment facile aux eaux pluviales. Ceux qui n'ont a
cultivcr qu'une propriete de mcdiocre etendue,
comme on eu trouve beaucoup en Apulie, font
d'ordinaire passer la herse snr leurs terres, aliii
de micux atteindre les mottes qui pourraient ctre
resfees sur les aretes. La trace profonde que
laisse en terre le soc de la charrue s'appellc sul-
r!(s(sillon),etlasaillie quise forme cntre deux sil-
lons s'appelle ;)o/ra (arete) , (\<iporricerc (mettre
a distancc, eleve), parce que la semence se trouve
pour ainsi dire exhaussee au-dessus du sol. Cest
encore dans le meme sens qu'on sc sert du mot
yforncpre poursignifierraction d'offriraux dieux
les cntrailles des victimes.
XXX. Dans la seconde periode, comprisc entre
requinoxe de printemps et le lever des Pleiades,
on vaquera aux tiavaux que voici : sarclcr les
terres labourees, ou leur donner le premier la-
bour; couper les saulcs et enclore les pres; met-
tre la derniere main a ce qui resterait imparfait
des travaux de la periode precedcnte; planler
les arbres avaat la gerraination et la Horaison ;
car tout arbrc qui ne garde ses feuilles
qu'une partie de rannee nest plus propre a etre
plante, lorsqu'il en a pris de nouvel!es. II y a
encore le travail de plantation et de taiile des oli-
viers.
XXXI. Duraat la troisicme periode, comprise
entre le lever des Pleiades et lc solstice , on de-
vra becher ou labourer les jeunes vignes, et les
Maii; aulumnales ex a. A. m Iii. Sext. ; liiberni e\ a. d. iv
Id. Novenib. Subtilius diseretis leni|ioiibus observanda
qiia^dam sunt , eaque in pai tcs viu dividuntiir. Piinuira
a favonio ad a;quinoctiiim vernum dies xlv. Hinc ad Ver-
giliarum exortum dies :ilvi. Ab lioc ad solstilium dies
xLviii. Inde ad CanicuUe signum dies xxiv. Dein ad a-qui-
notliniii autumnale dies lxviii. Exin ad Veigiliarum oc-
ciiMMn dies \LV. Ab hoc ad brumam dies xliv. Inde ad fa-
viiiiium dios xi.v.
X.VIX. Iii piimo intervallo, inter favonium et sequino-
clium veinum , ha'c liei i oporlet. Seminaria oinne genus
ul seiantur, pulari in primis, circum vites ablaqueari , ra-
dices, qua; in snmmaterra suiit, pra^cidi, prala puigari,
salicta seri , segetes sariri. Seges dicitur, qnod araliim sa-
tum est : arvum , quod aratum , nec diiin salum esl. No-
valis, ubi satum fuil ante quam secunda pjatione reno-
vctur. Rursum terram cum primum araiit, proscindere
ni.pdlant ; cum iterum , olfringere dicunt ; quod piimaara-
1 1 iiii' gla'b:e grandes solenl excitari , [cuiii ileraliir, offrin-
-II 1 \ ucaiit.] Terlio cum araul jaclo semine, [bovesj lirare
dicuulur : id esl . cniii tabdlis udditis ail voiiicrcm simul
et saUim fiumentum operiunt in porcis, el snlcantfossag,
quo pluvia aqua delabatur. Nonnulli poslca, qui scgetes
non tam latas liabent (ut in Appnlia) id genus prsedii per
saritores ocrarc solent , si quae in poicis lelicfa? grandiores
3unt gla^b.ie. Qiia ai atrum vomere lacunam sti iam facit ,
sulcus vocatur. Quod est inter diios sulcos,e!ata terra,
dicilur porca, quod ea seges fnimenlum poiricit. Sic quo-
que exla deis ruin dabant, porricere dicebant.
X.XX. Secundo inlervallo inler vernuni acqniiioctium ,
elVeigiliarum exorlum liaec lieri debent. Segetes runcari,
bovcs terram proscindere , salicem ciedi , prafa defcndi.
Qna; supeiiore lempore lieri oportueiit, et non siiiftabso-
liita; aiite quani gemmas agant ac llorescere incipiant,
seii. Quod si , qua: fblia mittere soleiit, anle IVondem
noicrc inceperint, statim ad sereudiim idonea; nou suiit.
Olcani seri interputarique opoitet.
XXXI. Tertio intervallo, inter Vergiliariim exoilum ct
solstitium, 1i<t:c fieri debent. Vineas novellas fodcrc, aut
arare , et postea occare, id est comminiicre, ne sil glajba.
Quod ita occidunl, occare dictiim. Vites pnmpiiiari, .sed
a sciciitc. Nam id qiiain piitaic niajus; iieqiie in arbusto,
86
VARRON.
Lerser; c'est-a-dire briser les mottes sans en lais-
ser une seule. On designe cette derniere opera-
tion par le mot occare, derive lui-meme A'occi-
dere (detruire); comraepourfnire entendrc qu"on
aneantit les mottes de terre. Cest encore le rao-
ment d'epamprer les vignes, soin qiril ne faut
conli<.'rqu'ades mainsiutelligentes; car cetleope-
ration, exclusivement propre a la vigne, est d'une
pliisgrandeimportanceencorequecelle delataille
desarbres a fruits. Epamprer c'est ne laisser sur
un sarraent que les deux ou meme les trois pre-
niiers brins que vous aurez reconnus comme
les plus forts, et retrancher tous les autres, de
craiute que le cep ne soit pas en etat de fournir
a tous une nourriture suflisante. Cest dans cette
vue qu'on commence par couper les picds de vi-
gne au raoraent oii ils sortent de terre, afin qu'a
la seconde pousse on ait un sarment plus vigou-
reux , et qui donne des bourgeons mieux nour-
ris. Quand le cep sort de terre raince et cffile
corame un jonc, cette faiblesse le rend impuis-
sant a pousser des rameaux productifs; on Tap-
prlle ?i\o\-sJIngelliim. Mais le cep vigoureux, et
qui promet des grappes, s^appellepa/wo. Flagel-
bim vient dejlatus (souffle) , en changeant une
lettre; raotquisignifie objetde peude consistance.
Lepalma (cepa porter frnit) tire sonnom proba-
blement du motparilema, derive de parire (pro-
duire), dont, parune suppression de lettreasscz
commune dansnotre langue, on aura fnilpalma.
II y a aussi les pousses appelees capreoli (vril-
Ics de la vigne), espece de filament en forme de
spirale, ou de boucles de cheveux.Cette vege-
tatiou de la \igne s'enroule comme autant de
serpents autour de ce qui crolt pres d'elle ; d'ou
le nom de capreoli, dont la racine est capere ,
prendre.
Toute especede fourrage, basilic des champs
(ocimtim), dragee, vesce, etc, se coupea la raeme
cpoque. Le foin proprement dit se fauche en der-
sed in vinea fieri. Pampinriie est ex sarmento coles qui
nal!sunt,de iis, qui iilurimuni valent, piimum ac se-
cundum, nonnunquam eliam lertium relinqueie, leliquos
decerpei;e , ne relictis colilius sarnienlum nequeat minis-
trare sucum. Ideo in vitiario primitus, eum exil vilis, tota
resecari solet , utfirmiore sarmentoe lerraexcat, atque in
paiiendis colil)us vircs liabeat niajores. Ejuncidum eniiii
sarmer.iumpropter infirniilatem slerile, neque ex sepotest
pjicere viteni. Quam vocant minorem flasellum, majorem
etiam unde uva> nascuntur, palmam. Prior, lilera una rau-
lata.declinataa venlinalu, simililcrllaljelluni acllagellum.
Posterinr quo ea vitis iinniittilur ad uvas pariundas.dicta
primo videtura pariendo parilema : exiu niiilatis lileris,
iit in mullis, dicicn?ptapalma. Ex alteraparte parit ca-
preolum. Is cst coliculus vileus intortus, ut cincinnus. Is
enim vitcs ut feneat, serpit ad locurn capiundiim. Ex quo
a capiendo capreolus dictiis. Omiie pabulum, primum
orimum, faira{;inem , viciam, novissime temira secari.
Ociiiuni dlctuni a gra-co verbo wy.O;, quod vcnit cito. Si-
nier. Ocmhmot vientdu grecwxuc(hStif).Son lio-
monyme des jardins a la meme propriete. Ce nom
vient peut-etre aussi de ce que cette plante ISche le
ventrc aux bocufs, a qui on en donne, comme
purgation,parce raotif. Cest une especede feve
que Ton recolte en vert, avaut quela cosse ne soit
forraee. Le farrago (dragee) est un raelange
d'oige, de vesce et autres plantes leguraineuses,
qui se s6me a la fois, et se coupe egaleraent en
vert pour nourrir les bestiaux. Le uom de fer-
rago lui vient, ou de rinstrument de fer avec le-
quel on le coupe, ou de ce que, primitivement,
c'ctait les terres, ayant produit du ble [farracios
segetes ) ; qu'on choisissait pour cette culture. Ce
melange se donne, au printemps, aux chevaux et
bstes de somme. 11 commence par les purger, et
ensuite il les engraisse. Vicia (la vesce) tire son
nora de vincere (lier), parce que cette plante a,
comine la vigne, des vrilles (caprcoli) avec les-
quelles elle s'accroche aux tigesdes lupinsou au-
tres plantes voisines, qu'elle enveloppe de ses
etreintes.Si vosprairiessout arrosables, il faudra
proceder a leur irrigation aussitfit que vous en
aurcz enleve le foin. Nemanquezpas, surtout en
tempsde secheresse, d'arroserchaque soir lesar-
Iwes fruitiers , dont le nom poma vient proba-
blementdeleur besoin continuel de ho\te.(polare,
polits.)
XXXIL La plupart des cultivateurs font la
moisson pendant laquatrieme periode, du sols-
tlce d'ete a la canicule; parce qu'ils pretendent
que le ble, pour acquerir la consistance de la ma-
turite, doit rester quinze jours dans sa balle ,
quinze jours en fleur , et quinze jours en grai-
ne. Cest aussi le moment d'achever ce qui reste
de labours a faire , et qtii sont alors d'autant plus
profitables que la terre est plus echauffee. Un
premier labour etant donne a la terre, faites y .
repnsser la cliarrue, afin d'ecraser les mottes
que le premier n'aura fait que soulever. Cest eu-
militer quo ocinium in horto. Hoc aniplius dictum oci-
num , qnod citat alvum bubus, et idco iis datiir nt pur-
gentur. Id ex fabuli segete viiide seclum ante quain ge-
nat siliquas. Contra, ex segete, ubi sala admixla ordeum
et vicia et legumina pabuli causa , viridia quod lei ro csesa,
fcrrago dicla , aut nisi quod priraum in fairacia segete
seri cu^ptum. Ea equi et jiimenta csetera verno tempore
purgantur, ac saginantiir. Vicia ditta a vinciendo , quod
item capieolos babel utvitis, quibuscumsursum vorsum
serpit ad scapum lupini, aliumve quem, ut baireat, id
solet vincire. Si prata irrigua habebis, simulac foenum
sustuleris, irrigare. In poma, qua; insita erunt , siccita-
tibiis aquam addi qiiolidie vesperi. A quo, qiiod indigent
potu, poma dicta esse possnnt.
XXXII. Quaitointervallo inter solstitiumet caniculam
plcrique messem faeiunt, quod frumentum dicunt qiiin-
decim diebus esse in vaginis, quindecim florere, quinde-
cim exarescere, cum sit maturum. Arationesabsolvi,qUte
co friictiiosii)rcs riiiiil, quo calidiore terra aratur. Ciiu!
4
DE L'AGRICULTURE , LIV. \.
core repoque des semailies pour la vesce, les
lentilles, les pois cliiches, la cicerole, et autres
plantes comprises sous le nom generique, soit de
leginnina , soit de lef/aria fquon leur donne dans
quelques contrees de la Gaule). Ces deux raots
ont une origine commune, legere (cueillir), parce
qu'enrecoltaut oneueilieaulieude couper. Reste-
t-il encore des raottes dans vos vignes, apres le
second labour? passez y la lierse deux fois, si ie
plant est vieux; trois fois, sil est nouveau.
XXXIIL Pendant In cinquieme periode, c'est-
a-dire depuis la canicule jusqu'a i'equinoxe d'au-
tomne, il fautcoupcr iapaille, la botteler, achever
les labours, emonder lesarbres, etfaire laseconde
coupe des prairies arrosables.
XXXIV. Des le commencement de la sixi^me
periode , c'est-a-dire, a partir de requinoxe d"au-
tomne, il faut{suiv:uitnosauteurs)procederaux
semaiiles,y consacrer les quatre-vingt-onzejours
qui suivent , et ne semer, une fois venu ie solstice
d'hiver, que dans le cas de necessite absolue. L'ob-
servationest importante; car cequ'on seme avant
leve en sept jours, et tout ce qui se seme apres
se montre a peine au bout de quarante. II ne
faut cependant pas, d'aprcs les memes auteurs,
semer avant requinoxe, paree que la semence
est exposee a pounir, si le teinps devient
contraire. L'epoque du coucberdes Pleiades doit
Stre choisie pour semer la feve; mais c'est
entre requinoxe d"automue et^ le coucber des
Pleiades qu"il faut cueillir le raisin et faire les
vendanues. [mmediatemeutapres , oncommeuce
a tailler la vigne, a provigner, et a planter les ar-
bres a fruit. Dans les contrees oii le froid se fait
sentir de bonne heure, il vaut raieux ajourner
ces travaux au printemps de Tautre annee.
XXXV. Pendant la septiemeperiode, c'e£t-a-
dire depuis le coucher des Pleiadcs jusqu'au
soIsticed'hiver, ilfaut(toujours d'apreslesmdmes
autorites) planter les lis et le safran. Pour faire un
plant de rosiers , on choisit des pieds qui aient deja
pris racine ; on en fend la tige , dans sa longueur,
en brins d'une palme environ, qu'on couvre de
terre,et qu'on transplaute apres, lorsqu'ilsont pris
raeinealeurtour.Quantauxviolettes, leurculture
a le grave incon venient d'exiger des planehes sur-
elevees. A cet effet, on ramasse la terre a Ten-
tour. Or, cctteterreest entrainee etbalayee par les
arrosements ou les pluies, et le sol de la propriete
sappaiivrit d'autant. Quand le soleil s'cst couehe
aupoint derhorizond'ous'eIeveFavonius, e'est le
temps , jus(;u'au lever de TArcture, detransplau-
terleserpolet venudegraine. Cetteherbe doitsi)M
nom a ses habitudes rampantes (qmdserpil). On
peut encore creuser de nouveaux fosses,.nettoyer
lesanciens, tailler la vigueet les arbres auxqucls
elle est mariee; mais il faut suspendre tout tra-
vail durant les quinze jours qui precedent et les
quinze jours qui suivent le solstice d'hiver. Cer-
tains arbres ccpendant, les ormes, par exeraple,
peuvent encore etre plantesdans cet intervalle.
XXXVI. Dans la huitieme periode, c'est-a-dire
depuis le solslice d'hiver jusqu'au lever du Fa-
vonius , il faut faire ecouler du sol les eaux qui y
sejournent , et le sarcler, si la saison a ete seche el
que la terre soit friable. II faut encore tailler les
vigneset lesarbres fruitiers; et quand on ne peut
piustravaiilerauxchamps,expedier,auIogis,tout
ce qui peut se faire sous un toit pendant les veil-
lees dhiver. Toutes ces regles doivent etre consi-
gnees par ecrit , et la copie doit en etre placee eu
vue dans la ferrae, afin que tous, et notamment
le villicus, puissent biensen penetrer.
XXXVII. Les jours lunaires doivent encore
prosclderis, ofTiingi oportet, id est iterare, ul fraugautiu'
glaebae. Prima enim aralione grandes glaebae e\ terra sciu-
dinitur. Serendum viciam,lentem, cicerculam, erviliam,
caiteraqne , quse alii legumina , alii (ut Gallicani quidam)
legaria appellant , utraque dicla a legendo , quod ea noo
secantur, sed vellendo legunlur. Yirieas veleres iteruiu
occare , novellas eliam lertio, si sunt eliam tum gla;b;e.
.\XX1II. Quiiilo intoivallo inter caninilam et a^quino-
clium autiiuiiiale oportet slramenta desecaii , et accivos
coustrui, ai alro olTiingi , frondem ca;di, piata irrigua ile-
luin secari.
X.VXIV. Scxto iulervallo ab aequinoclio autiimnali iuci-
piie (scribuiit) oporlere serere, usque ad diem xci post
lii urnam , nisi qiia; neoessaria causa coegerit , non serere :
quod tantum iiilcisit, ut ante brumam sata seplirao die;
quae a brunia sala , xl die vix exislaut. >'eque anle a^pii-
noctium incipi oporlere putant, quod si minus idonerc
tempestates sint consecuta;, putescfiie semina soleant.
Fabam optime seri in Vergiliarum occasu. Uvas aiilem
legere et Vindemiani faceie iiiter aHjuinoctium aulumnale
et vergiliarum occasum. Dcin vites iiutare tncipere, et
propagare , et serere poma. Ila;c aliqnut legionibus, ubi
maturius frigora liuiit asperiora, ineliiis verno lempore.
XXXV. Septimo intervallo inter Vergiliarum occasum ,
etbrumani, liaec fieri oportere[dicunt.] Seiere liliuni, et
crocum; quod jam egit ladicenl, rosetum conciditur
radicitus in virgnlas palmares, et obruilur. Haec eadem
postea transfertur facta viviradix. Violariain fundo facerc
non est utile, ideo quod necesse est lerra adrueuda pul-
vinos fieri, quos irrigationes , et pluvia; tempeslates
abluunt , et agrum faciunt macriorem. Ab favonio usuoe
ad Aicturi exortuin i ecte serpulluiu e seminario liansferri ;
quod dictum ab eo quod serpil. Fossas novas fodere, ve-
leres lergere, viueas arbustumque pulare, dumin xv die-
bus ante et post bruniam ut pleraque ne facias : nec nou
lum aliquid lecte scritur, ut ulmi.
X.XXVI. Oclavo intervallo inter briimam et favoniuni
lia"c lieii oporlel. De segetibus, si quaest aqiia, deduci :
siu siccilales suiit , et terra teneritudinem babet, sarire.
^ineas , ai bustaque pulare. Cuin in agris opus fieri non
potest, quse sub tecto pos.sunt, tunc conficienda anlelu-
cano tempore liiberno. Qu.edixi, .scripta, etproposila ba-
bere in villa oportet, niaxiine ut vilicus norit.
XXXVll. Uies lunares quoque obscrvandi , qiii quodam-
VARRON.
etre robjet d"unc attenliou toute spcciale. Ils se
partagent c!i deux series : Tune , oii la lune nou vel le
va toujourscroissant jusqu'ace qu'ellesoit pleine;
et Tautre, oii elle decroltsuccessivement jusqu'au
jour intermediaire de rancienne et nouvelle lune.
Cejour, ucrnierd'uaelunaisouetpremierd'uneau-
tre, s'appelle^ AthenesiV/i r.ou vta (ancien etnou-
veau), et, dans le reste de la Grece, Tpiccxii; (le tren-
tiiime). II y a des travaux qu"il vaut mieux faire
pendant la croissance de la lune que sur son declin,
ct reciproquement. Lamoissondesblesparexem-
ple, et les coupes de bois, sont dans cette deruiere
categorie. Pour moi, dit Agrasius, je tiens de
nion pere, et j'ai pour principe de ne jamaisfaire
tondre mes brebis quaud la lune decroit. Je ne me
ferais pas meme couper les cheveux , de peur de
devenlr chauve. Qu'est-ce, demanda Agrius,que
lesquartiersde la lune, et quelleestleurinlluence
relative sur ragricuUure? Comment, dit Tremel-
lius, n'avez-vous donc jamais entendu parler a la
campagne du troisieme jour avant que la lune ne
croisse, et du huitieme avant qu'elle uedecline?
Rt ne savez-\ ous pas qu'en fait des travaux qui
ne se font qu'en croissanee il en est qu'il vaut
mieux entrepreitdre avant qu'apres ce huilieme
jour? et qu'en fait de travaux a faire en decrois-
sanee, le moment qu'il faut choisir est celui ou
Tastre jette le moins de lumiere? Cest la tout ce
que je puis vous dire touchant les quartiers de la
lune, et leur influence sur les travaux rustiques.
Oa pourrait, dit Stolon, diviser encore Tannee
en six parties, en faisant acception a la fois du
cours de la liine et de celui du soleil. En effet,
tous les biens de la terrc passent successivement
par cinq phases, dont la derniere est leur entree
dans le modiusou lafutaille, en ctat de maturite.
Ils en sortent ensuite pour les besoins de la vie.
Cest la sixierae et dernierede leursphases, dout
voici renumeration : savoirpremiere phase , pr6-
paration; deuxieme phase, ensemencement ou
plantation; troisieme, nutrition; quatrieme, re-
colte; cinquieme, emmagasinement; sixierac,
consommation.
Lessoinsde preparatioa varient suivant Tes-
pece de culture : creuser des fosses , biner, ali-
gner, voila pour les vignobles ou le verger; la-
bnurer, becher, voila pour les cereales et plantes
potageres. Certains arbres veulent que le terraia
soit remue plus ou raoins profonderaent avec le
hoyau, suivant le plusou le moins d'extension de
leur^ raciues. Cellcsducypres, par exemple,en ont
fort peu ; tandis que les racines d'un platane sont
susceptibles d'un developpement extraordinaire.
Cestau point qu'audiredeTheophraste,onvoyait
a Athenes, dans le Lycee, unplataueencore jeune,
dont les racines n'avaient pas en longueur moins
de trente-trois coudees. Telle culture exige un
double labour a la charrue, avantque la semence
ne soit conliee a la terre. Quant auxprairies,
il ne leur faut aucua travail preparatoire , si ce
n"estd'en ferraer rentreeaux bestiaux des que le
poirier est en fleur, et de les arroser cn temps
opportun, quandou a des moyens d'irrigatiou.
XXXVIII. Examinons maintenant comment
il faut engraisser leschamps, et quelle especc de
fumier est preferable. Cette distinction u'est rieu
moins qu'indifferente. Suivant Cassius, il n"y a
pasde meilleurengraisquelaliente des volati-
les eu general , les oiseaux acjuatiques exeep-
tes. Mais celle des pigeons a la superiorite, a cause
de cctte chaleur qui lui est propre, et qui excite
puissamraent la fermentation dans la terre. II
faut reparpiller daus les champs corarae de la
graine, et noiirymettre en tascorame lefuraier
des bcsliaux. Quant a raoi, je pense que la fiente
provenant des volieres de griveset de merles me-
modo biparliti. Quod a nova luna crescit ad plenara , et
indc niisus ad novam lunam decrescit, quoad veniat ad
inteiinenstrinini, quo die dicitur luna esse exliema et
prima; a quo eum diem Atlienis appellanl £vy)v xal vsav,
TpiaxaSa alii. QHaeda.n faciunda in agris potius cresceute
luna quam senescenle- Quaedam conlra, quae raetas, ut
liumenla , et caeduam silvam. Ego ista etiam , inquit Agra-
sius , non solum in ovibus tondendis , sed in meo capillo
a patre acceptum servo, ut decrescente luna tondens
cidvus (iam. Agrius : Quemadmodum, inquit , lunaqua-
<iripartita.» et quid ea divisio ad agios pollet? Tremellius :
Nunqimm rure audisti, inquit, octavo Janam [lunam] et
crescentem , et contra senescentem ; et qua; crescente luna
licri oporteret, [et] tamen quaedam inelius fieri postoctavo
janara [lunam ,] quani ante? et si quB senescente lieri
conveniret , raelius quanto niinus hal)cret ignis id astrura ?
Dixi de quadriparlita forraa cultura: agri. Stolo : Est alte-
ra , inqiiit , temporum divisio conjuncta quodainmodo cum
sole et luna, qua; in sex partita, quod omnis (erc friictus
quinto deniquegradu pervenit ad peiiectum, ac videt in
villa dolium ac inodinm; unde sfixlo prodil ad usum.
Primo praeparandum , secundo serendum , tertio nutiican-
dum, quarlo legendum, qninto condendum , sexto pro-
inendum. Ad alia in pra-paiando faciendi scrobes, aut
repastinandum , aut sulcandum, ut si arbuslum aut po-
marium facere velis. Ad alia aranduin, aut lodiendum,
ut S! segetes instituas. Ad qua?dara bipalio vertenda terra,
plus aul minus. Alioe enim radices angustius diffunduut,
ut ciipressi, alias latius, ut platani, usque eo, iit Tlieo-
pbrastus sciibat, Afhenis in LycKO, cum etiam lunc
plalanus novella csset, radices Iriuni et triginta cubitoruni
cgisse. Qiiffidam si bubus et aratro proscideris, et ite-
randiim aute, quam semen jactes. Ilem praiparatio si
Hax fit iu pratis, id est, ut delendanlur a pastione,
quod fere observant a piro florente : si irrigua sunt, ul
tempcstive irrigentur.
XXXVIII. Qua; loca in agro stercoranda videndum,
et qui, et qiio genere potissimum facias : nara discrimina
ejus aliquot. Stercus optimum scribil csse Cassius volu-
criuin, praeterpaluslrium ac nantium. Deliiscepraest;ireco-
Itinibinum, quod sit calidissimum, ac fermentare possit ler-
lam. Id iit semen aspergi oportere in agro, non iit de pe-
DE UAGRICULTURE, LIV. L
rlte la piefeience , parce qifelle forme non-seu-
lement un bou engraispour lesterres, maisencore
unenourriturepourlesboeufsetlescochous^quelle
rend pius gras. Aussi les prix debaux de ces vo-
lieres sont-ils moins elevcs quand le proprie-
taire s'eu reservelesordures. Gassius placecomme
fumier apres la fiente des pigeons, les excrements
humains ; et, en troisieme ligne, ceux des chevres,
brebis et ^nes. Le fumicr de cheval est moins
bon pour la eulturedcs cereales, tandisqu"il con-
vient parfaitement aux prairies; comme en ge-
neral tout fumier provenant de la litiere des
betes de somme ; car Torge dont on les nourrit
active singuliercnient la pousse de Iherbe. Pour
menager les bras, la fosse a fumier doit etre a
proximite de la ferrae. Voulez-vous empecher
que les serpents n'y pullulent? enfoncez an rai-
lieu un morceau de bois de chene.
XXXIX. Pour la seconde. phase ( enscmence-
raent ou plautation), tout depend de saisir le mo-
ment propice. Autant que rexposition des lieux,
il importe d'observer la saison favorable a la
semence ou plant qu'on va conller a la terre.
Ne voyons-nous pas en effet telleplantefleurir au
printemps,ettelle aiitre en ete?ce ne sout pasles
memes non plus qui ileurissent eu automne et en
hivcr. On les seme, greffe et recolte plus tot ou
piustard, suivantleurnature. En general,le prln-
temps, pour greffer, estpreferablea rautomue; ce
qui n'empcche pas d'attendre le solstice pour le fi-
guier, ct meme les jours d'hiver pour le cerisier.
Les vegetaux se propagent de quatre mauieres
differentes : savoir, par la voie de nature d'abord ;
ea second lieu, par moyens artificiels, tcls que
transplantation d'une racine louteformeed'un ter-
corc acervatlm poni. Ego arbitror praeslare ex aviariis
turdonim ac inerulariiiu , qiiod non solum ad agrum
utile, sed etiam aU cibum ita bubus ac subus , ut fiant
pingues. Itiiquequiavlaria conducunt,si caveal domlnus,
stercus ut in fuudo maneat, miuoris conduCunt quain 11,
. qnibus id accedit. Cassius secundum columbinum scribit
esse boinlnls. Terlio caprinum, et ovlllum, etaslninum.
Minlme bonum equinum , sed in segetes. In prala enim
veloptlmumut ca^terarum veterinanim, quae ordeo pas-
cuntur, quod muitani facit berbam. Sterqulllnium secun-
dura vlUam facere oportet , ut quani pauclsslniis opei Is
egeratur. In eo si in inedlo robusta ailqua materia slt de-
pacta , negant serpentem nasci.
XXXIX. Satiouis autem gradus secundus banc babel
naturam, ad quod tempus ciijusque seminis apta sit ad
sercndum. Nam referl in agio ad quam partem c.X'li(iuis-
qiie locus speclct , sic ad quod qua-qne tempus res facil-
llnie crescat. Nouiie videuius alia llorere verno temporc,
alia xstivo : nequc cadcin aiitiimuali, qiia; liiberiior Ita-
que alia seruntur, atqueinsenintur, et metuutur ante, aiit
post, quani alia, ct ciim plcraque ver^ mellus, quam
autumno inserantiir, circiter solstitium inseri ficos, nec
non brumallbns diebus cerasos. Quarc cum semina fere
(|iialuor slnt gcncrum , qua; per se liunl a iiatura , alla cx
iiidustria, quic Iransferuntur eterrain lcnam, ii! fariunt
raiu dans un autre; enfouissement par un bout
d'un i-araeau detache d"une plante, et qui devient
plante lui-meme; enfin, insertion sur un arbi'e
dune branche empruntee a uu autre arbre. Exa-
minous raaintenant lesconditions de lieux et de
temps qu'exige chacune de ces operations.
XL. La semence, principe de toute vegftation,
est ou visible ou invisible. Elle est invisible lors-
qu'elleest repanduedansTair, comrae le pretend
le physieien Anaxagore; et apportee sur le;i
ehamps par la pluie qui tombe , suivant i'opinion
de Theophraste. Les semences visibles meritent la
plus grande attention du cultivateur. II cn est
de tellemcnt menues que roeil ne peut les saisir;
celles de cypres, par exemple. Car les noix i'oii-
des comme des balles, a ccorce mince , que pro-
duit cet arbre, ne sont pas sa semence; elles
n'en sont que renveloppe. La natui'e nous a
donne les germes ; c'est a rexperience a faire le
reste. II est une vegetation spontanee qui uait
sans (£116 persoune s'en mele ; et une production
artificielle procedant de la premiere, et qu'il
faut la main de rhomme pour feconder. Quand
on eniploie la semencenaturelle, il faut prendre
garde qu'elle soit passce ou melangee, et surtout
ue pas prendrepar ressemblanceuue graine pour
une autre. L'action duteraps sur certaines semen-
cesvajusqu'aen changerlanature. Ainsilagraine
de chou produit des raves, et celle des raves des
choux, sironalaisse vieillirruneetrautre. Quant
au second mode de propager les plantes au
moyen de racines tputes forraees, ayez soin que
la transplantation ne s'opere ni trop tot ni trop
tard. Les epoques favorables, selonTheophraste,
sont le printemps, rautomne, et le lever de laCa-
viviiadices; quie cx arboribus dempta demiltuntiir iii
bumuin; qiia^ inseruntur ex arboribus in arhorcs ; de
singulis rebus videndum , qua: quoque tempoie locoque
faclas.
XL. Piimum semen quod est prlncipiiim genendi , id
duplex; unum, quod latet nostrum sensum ; alterum,
qiiod apertuni. Latet , sl sunt seniina in aere , ut ait pliysi-
ciis Anaxagoras; et sl aqua qua; induit in agium inferre
solet , nt scribit Theopbrastiis. lllud quod apparet ad agrl-
colas , id videndum diligenter. Quajdam enim ad cenien-
diiui iisiiuo adeo parva, ut sint obscura, ut cupressi.
Non enini galbuli,qul nascuntur, id est lanquam piiaj
parva- coi ticiae id semeii ; sed in ils inlus. Primigenia se-
iniiia dedit natura, rellqua invenlt experientia coloni.
Nain prlina, qua; sine colono, prlusquam .sata, nata; se-
(iiiida, qiKcex iiscollccti, neque piiusquam s.ata nata.
1'riina seniina videre opoitet, ne vctustate siiit exsiicta,
aut ne sint admixta aut ne propter similitudlnem slut
aduUerlna. Semen vetiis tantuni valet in quibusdani re-
biis, iit naturam connnutet. Nam eK seminc brassicae ve-
lerc salo nasci aiunt rapa, et contra ex raporum bras.ii-
cam. Sccunda seinina vldere oportet , ne nndetollas, ni-
mium cito, aut tarde tollas. Tempiisenim idoneum, quod
scribit Tlicophrastus, vcre ctautumno et Canicnla! e\or-
lu : ncquc onmibus locis ac gencribus idem. lii sicco el
VARRON.
nicule. Mais 11 y a des distinctions a faire, sui-
vant laqualitedusolet respecedelaplaute. Ainsi
lorsque le sol est aride , maigre , argileux , et dc-
pourvu consequerament d'humidite naturelle, il
faut choisir le printemps. Ce sera rautomne, si
la terre est bonne et grasse , au contraire ; car elle
serait trop humide au printemps. Quelques-uns
fixent a trente jours la periode d^exccution de ces
travaux. Le troisieme mode, oii Ton procede par
bouturc, c'est-a-dire en detaehant d'unarbre des
branehes qu'on met provisoirement en terre, exige
une attention toute particuliere a bien choisir le
moment de la transplantation ; ce qui doit avoir
lieu avant que les boutures aient pousse lleursou
bourgeons. Avant tout, il aura fallu les separer de
licatement de Tarbre, et non les enarracher; car
plus on leur a laisse de pied, plus elles ont de
consistance,et plus vite elles prennent racine. II
faut aussi se depecher de les raettre eii terre
avant que la seve ne se desseche. Pour se pro-
eurer des bouturcs d'oliviers, il suflitde couper
une jeune branche de grosseuregale auxdeuxex-
trerailes, et d'un pied environ de longueur ; c'est
ce que les uns appellent clavol.a, et les autres
talea. Quant au quatrieme mode de propngation ,
(|ui consiste a prendre une branche sur un arbre
pour linserer dans un autre, Tarbre sur lequel
on prend la greffe, celui sur lequel on ente, le
rf omenl oii ron fait cette operation , et le procede
qu'on eraploie, sont autant d'objels de serieuse
consideration. On ne saurait grelfer le poirier sur
lecheneparexemple; nisur le pommiernonplus.
Cest ce qu'observe religieusemeut quiconquea foi
dans lesaugures : car autant de greffes differentes
sur un arbre, nous diseut-ils, autant de coups de
foudre qui doivent le frapper. Si Ton greffe sur uu
poirier sauvage un autre poirier, si bonne d'ail-
leurs qu'en soit Tespece, bn obtient un fruit moins
savoureux qu'en operant sur un poirier cultive.
Regle geuerale : quand on greffe uu arbre sur un
autre de memeesseace, pommier sur pommier,
par exemple, il fautque Tarbre donton emprunte
la greffe soit d'une espece meiileure que celui sur
lequel on Tapplique. On aderniereraent imagine
unenouvelle mauiere de greffer, qui exige deux
arbres voisins. Au moyeu d'uue ouverture prati-
quee dans Tarbre qu'on desire greffer, on intro-
duit une petite branehe attiree de Tarbre dont on
veut avoir le fruit. Cette branchedoitetre entail-
lee des deux eotes , au point de contact , avec une
serpette ; de sorte qu'a rendroit ou elle ressort
son ecorce s'adapte parfaitement a recorce dela
branehe qu'elle traverse. On aura soin encore que
Textreraite de la branclie entee se dresse vers le
ciel. L'annee suivante, lorsque la greffe a bieu
pris , on opere sa separation de l'arbre auquel ellc
a d'abord appartenu.
XLI. A quelle epoque faut-il greffer chaque
espece? c'est lapreraiere cousideration. Nousde-
vons reraarquer a ce sujctque nombre d'essences
d'arbresqui etaient greffees jadis au printemps,
le sont aujourd'hui pendant le solstice d'ete :
tels sont les figuiers, dont le bois apeu de den-
site, et consequemment besoin de chaleur. Aussi
cette culture ue peut-ellc reussir dans les pays
froids; rhuraiditeest encore nuisiblea leursgref-
fes recenles. Ce bois pourrit vite quand il est
jeune; on pense doncavec raison que le meilleur
moment pour le grelfer est Tepoque de la ca-
nicule. Quant aux plantes moins delicates de
leur nature, on attache au-dessus de leurs greffes
uu vase rempli d'eau, dout on laisse tomber le
niacro Inco, ctargilloso, vernum tempus idnnoiim , qiio
minus liabet luimoiis. la lena bona ac |)iugui, autnmno,
quod veie mullns liumor; quam salionem quidam me-
liuntur fere diebus xxx. Teitium genus semiuis , quod e.\
arliore per surculos dcfeitur in teriani, [sic in liumnm
demillilur, iu quibnsdam lamen] esl videndum , ut eo
lempoie sit deplantalum quo oportet. Id enim fit ante
quam geramare aul lloreie quid incipit ; et qiiaj de aibore
transferas , ut ea deplantes potius quam defringas : quod
plantae solum staliilius, quo laUus, nt radices facilius
mittal. Ea eeleriter antequam sncus exaiescat, in teriam
demittendum. In oleagineis semiuibus [arboresj videndum,
ut sit de tenero ramo ex utraque parle a'qnabiliter pra;-
cisum, quas alii clavolas , alii taleasappellaul, ac faciunt
circiter pedales. Quartum genus seminis, qiiod transitex
arbore in aliam , videndum , qua ex arbore in quain trans-
feratur, et ipio tempore, et quemadinodum obligetur. Non
eniin pirum recipit quercus; neque enim si maluspiruni.
Hoc sequuntur multi , qui aruspices audiunl multum.a
quibiis prodilum, in singiilis aiboribus quotgeneia insila
sint, uno ictu tot fulmina fieri illud, quoil fulmen con-
cepit. Si in pirum silvalicam inseveris piriim qnamvis
bonam, iion forc lam jucundum, quain si iu eam, qiise
silvestris non sit. In quamcunque arborem inseras, si
ejusdem generis ost dunlaxat, ut si ntraque inalus, ita
inserere oportet refeientem adfruclum, meliori genere
ut sit surculus, quain est, quo venial, arbor. Est altera
species ex arbore in arborem inserendi nuper animadversa
in aiboribus propinquis. Ex aibore, e qua quis vult ba-
bere surculuin, in eani, quam inserere vult, ramulum
traducit, et in ejus ramo praiciso, ac difisso implicat.
Eum locum qui contingit, ex utraque parle , quod intro
est, falce extenuatur, ita ut e\ una parti , quod ca;lum
visurum est, corticem cum cortice exaequatum habeat.
Ejus ramuli, quam inseiet, cacumen ut directum sit ad
c<eluin , eurat. 1'ostero anno cum comprebcndit, unde
propagatum cst ab altera arbore prsecidit.
XLI. Quo temporc qu«que transferas, b.iec in primis
videnda , quod qua» prius verno tempore inserebantur,
uuncetiam solstitiali,ut ficus,quod densanialerianone-sl,
et ideo sequitur caldorem. A quo fit , ul in Incis frigidis
ficeta fieri non possint. Aqua receuti insito inimica. Te-
nellum enim cito facit putie. Itaqiie quod inseritur Cani-
culaj signo, commodissime existimatur inseri. Quae au-
tem natura minus siint mollia , vas aliquod siipia alliganl ,
unde stillet lentc aqua , nc prius oxarescat suiculus , quari
DE L'AGRICULTURE, LIV. L
contenu goutte a goutte, afin que le raraeau iii-
sere ne se desseche point avant son incorpora-
tion a l'arbre. 11 faut eonserver intacte Tecorce
des greffes, et se garder, lorsqu'on les apprete,
d'en raettre laraoellea nu. llest bou naeme qu'el-
les soientenduites dargile, et assujettiesavee uue
laniered'ecorce, pour les garautir au dehors de
la pluie ou de la chaleur. Par une precaution du
mt^me genre, on fait rincision de la vigne trois
joursavant delagreffer, alin de debarrasserlecep
de son humidite suraboudante ; ou bien si on a
comnience par greffer, on place lincision uu peu
au-dessus de la greffc , pour menager un ecoule-
ment a rhumidite encas de besoin. Les (igiiiers ,
les grenadiers,et engeneral touslesarbres d'une
nature moins aqueuse, se greffent sans exiger ces
precautions. Quelques boutures, par exception
celles defiguier, sont de ce nombre, etne se traus-
planteut que lorsqu'elles sout en bourgeons.
Des niodes de propagation, la greffe est celui
qu'on applique de preference aux plantes qui
sont, comme les figuicrs, trop lardives pour veuir
de semence. La semence naturelle de cet arbre
est cette graine qu'on trouve dans la figue quand
onla raange, et qui est si menue qu'a peine elle
pourrait produire quelques ehetifs rejetous. En
general, toute semcuce seche et compacte est lente
a pousser. Plussa substanceest rehlchee, plus sod
developpement est hatif. Cest le merae rapp.Tt qui
existe, dans leregne auimal du mule, alafemelle.
Aiusi le figuier, le grenadier, et la vigne, dont
la nature est analogue a la raollesse ferainine,
croissent-ils plus rapideraent que le palraier, le
cypres, et rolivier, qui sont d'une cousistance
plutot seche qu'humide. Aussi, pour avoir des
figuiers, vaut-il mieux recourir aux boutures
que d'attendre a v#ir lever la graine ; a moins tou-
tefois qu'on ne puisse fairc autrement , ct qu'ii
y ait necessite de recevoir son plant d'outre-mer,
ou d'en expediera cette destination. Dans ce cas,
on attache en coliiers, au moyen de petites cordes,
des figues bonues a manger; et quand elles sont
bien seches, onpeutlesempaqueteretlesenvoyer
ou Ton veut. On n'a plus qu'a les mettre en tcrre
pour obtenir uue pepiniere de figuiers. Cest ainsi
que les fi gues de Chio, de Chalcis, de Ly die, d' A fri-
que, et d'autrescontrees d'outre-mer, ont emigre en
Itulie. La merae observations'appliquea rolivier,
dont la semence est un noyau. Le germe etant
bien plus lent a se developper par le mnyen de
ce noyau mis en terre que par Tusage du Inlea
dontnousavons parle, c'est leta/eaqu^on emploie
pourforraer les pepinieres.
XLll. Pour le sainfoin il faut une terre qui
n'ait ni trop de stcheresse ni trop d'humidite, et
soit d'une nature intermediaire. Les auteurs pre-
tendent qu'un sol dans cetfe condition n'e\ige
eommeseraence qu'un modius etdemi de sain-
foin parjuf/erum. On seme cette plante comme
le ble et le foin c'est-a-dire en jetant la graine
sur la terre.
XLllI. On scme la graiue de cytise, comme
celle de chou, dans une terre bien labouree.
Lorsqu'ensuite le cytise est venu , on le trans-
plante, en mettant entrechaque plant un piedet
demi de distance;ou bien on prend d'uu cytisc
vigoureux de petites boutures que Ton mit en
terre, en les espacantde m^rae que les tiges qui
viennent de graine.
XLIV. Lasemeuce d'\iujugerum est,en feves,
dequatre»iof/»';enblc,de cinq;eu orge, dedix;
en froraent, dedix. Cette proportion cependant
varie selon la qualite du sol ; en plus, s- ia terre
estgrasse; en moins, si elle est maigre. Pour
coalescat. Cujiis siirriili corticcm intejjium servandum,
cl eum sic exaiiieniliim, nl nou ileniules niedullam. Ne
entrinseciis inibres nuceaut , aut niinius calor, argilla
oblinendum , ac libro obliganduin. Ilaqiie vitem friduo
anle quam inserunt, descranl, ut qui in ea nimius est
huraur didluat ante, qiiam inseiaUir. .Aul iu qua inserunt ,
in ea paullu iufra , quam iiisitum est , incidunt : uude liu-
inor adventicius eniuere [mssit. Conlra in lico et malo
punica, et si quaeliam liorum natuia aiidiora , continuo.
In aliis iranslationibus videiidum , ut qiiod tran^fertur ca-
cumen, liabcat semmam , ul iu licis. De liis [priuiis] qua-
tuor gcneiibus seminum , qua'dam quod laidiora, surcu-
lls polius ntendum , ut iu licelis faciunl. Fici enim se-
nien naliirale inlus in ea licu , quam ediimis. Quae sunt
DiiDUla grana, e quibus parvis, quod enasci coliculi vix
queunt. Omnlaenim niiiiiita etaridaadcrescendumtarda;
ea qua; laxiora, et focnndiora; ut fuuiina, quain mas.
Et proporlioue in virgullis ilem. llaque licus malus pu-
nica el vilis propler f^mincam niollitiain ad crcscendum
prona. Contra palma et cupressus et olca iu crescendo
Jaida. In lioc eniin liumidlpra qiiam arldiora. Quare ex
lcrra polius in scminiuiis .surculos de (icelo, quani ;;rana
de fico expedit obriiere : pia^ler si aliter neqiieas : ut si
quando quis Irans mare seiniua mittere , aut inde petere
vull. Tum enini lesliculas per (icos, quas edimus , nialii-
ras persettint , et eas ciim inaruerunl, complicant, ac
quo volunt mittunt , ubi obruta» in seminario pariant. Sic
geaera ficorum , Cbia; , ac Clialcidica^' , et Lydiiie , et A(ri-
Ciina! : item ca^teia tiansinarina in Ilaliam perlata. Siinili
de causa olea; semen ciim sit niicleus , quod cx eo tardius
enasrebalur colis, qiiam e laleis, ideo putius iu eemina-
riis taleas, quas dixi , serimus.
XLU. Ue Medica in priniis observes , ne in lerram ni-
mium ai idam aut variam , sed leinperataui si nieii deiiiit-
tas. In jugerum unum, si cst natura lemperata terra, scri-
buut opus esse .Medica; sesqiiiinudiuni. Id serilur ila, ut
semen jactatur qiicmadinuduin scilicet cuin pabulum et
frumentuin serilur.
XLIIl. Cjtisum seritur in lerra bene subaiia lanquam
semen brassica; : inde diflerliir, et in sesqiii|>edem ponl.
tur. Aut etiam de cytiso durioie virgula; deplanlaiilur, ct
ila pangitur in serendo.
XLIV. Seruntur faba; modii iv in jugero, tiitici v, ur-
dci VI, fanisx. Scd iionnullis locis paullo ampliiis aiit
92
VAP.RON.
cette appr^ciation on fera bien d'observer les ha-
bitudes locales, et , avec dautant pliis de raisou ,
que la meme quantite de semence rend en cer-
tains endroitsdix pourun, etquiiize en d'autrcs;
commeen Etrurie par exemple, et en quelques
cantons d'Italie. A Sybaris, dit-cn, le rendement
ordinaire est du centuple. II en est de meme a
Garada en Syrie, eta Bysacium en Afrique. II
importe encorebeaueoup de distinguer pour Ten-
semencement, entre les terres neuves, celles qu'on
appelle restibiles etqui rapportenttous lesans ,
et les jacheres, oii la production n'est qu'alterna-
tive. A Olynthe, dit alors Agrius, on moissonne
tous lesans ; mais on ditque dc trois ans entrois
ans la recolte est plus abondante. Apres chaque
recolte , dit Licinius , il faudrait toujours laisscr
nn an de repos a la terre, ou au moins, de deux
anndes Tune , ne lui conlier que des semences as-
sez legeres pour ne point Tepuiser.
Parloz-nous maintenant , dit Agrius, de la troi-
sieme phase, des productions de la terre, c'est-
a-dire de la nutrilion. Toute plante , reprit Li-
einius, recoit de la terre sa uourritiire et son
accroissemeut. Devenue adulte, elle concoit; et,
apresavoir porte le temps necessaire, elle eufante
des fruits ou desepis : en sorte qu'elle reprodiiit
un gerrae en tout semblable a celui dont elle est
nee. Si voas arrachez une fleur de poirier ou de
tout autrearbre, si vousencueillez le fruitencore
vert, il ne pousse plus rien de toute Tannee a
rendroit de cette mutiiation ; car les plantes ne
peuvent avoir deux portees eu un aa. Elles pro-
duisent comme les femmes accouchent, a ieilr
epoque.
XLV. L'orge leve habitueilement le septieme
jour; lc ble ie sult de pr6s. Les legumes sortent-
presquetousde terre au bout de quatre ou cinq
jours; a rexception cependant de la feve, qui
pousse un peu plus tard. La germination pour
le raillet, le scsaine, et les graines analogues, est
a peu pres de la merae duree, k mnins de retard
proveuant de la teraperature ou de la condi-
tion du sol. Les plantes ^levees en pepinieres
sont d"une delicatesse extreme. Si le pays est
froid , il faut daus la saison d"hiver les couvrir
de feuilles ou de paille. [1 1'aut encore, quand ie
froid est suivi de pluie, prendre garde que Teau
ne sejourne aupres; car la gelee est uu poisoo
pour leurs tendres racines aussi bien que ponr
leurs jeunes pousses, qui mSme en sont arretees
davantrige dans leur developpement. Les plan-
tes cn automue et en hiver profitent plus dans
la partie qui est sous terre, et quicouserve tou-
jours nn certain degre de chaleur vivifiante, quc
daus la partie qui est au-dessus, et que le froid de
l'air frappe detous cotes. Cest cequ'on voit dans
toute vegetationde natureque la main de rhomrae
n'apas encoretouchee. La croissancedans les ra-
cines est bienplus rapide que dans la partie su-
perieure de la tige , sanstoutcfois depasser le point
oii s'arrete rinfluence des rayonsdu soleil. L'ex-
tensionqueprenuent les raciues est subordonnee.
a deux causes ditiereutes, a leur essence d'abord,
ensuite ci la uaturedu sol, oii elless'ouvrentplus
aisement passage les unes que les autres.
XLVI.Nous voyons parfois des effets surpre-
nnnts de ces memes eauses. Ainsi les feuilles de
ccrtaines plantes indiqueiit, par leur seule posi-
tion , repoque de Tannee oii i'on se trouve. Oncst
sur par exemple quele solsticed'ete est passe, si-
minus. Si enim locus crassus, plus : si macer, minus.
Quare observabis, quantuni in ea regione consuetudo
erit serendi : ut tantum facias, quautum valet rcgio ac
genus terr<e; ut ex eodera seniine aliubi cuni decimo re-
deat, aliubi cum quintodecimo , nt in Helruria, et locis
aliqnot in Italia. In Sybaritano dicunt etiani cum cente-
simo redire solitnm. In Syria ad Garada, et in Africa ad
Byzacium itcm ex modio nasci centum. lllud quoqne mul-
tum interest in rudi teri-a, an in ea seias, qii.ie qiiotannis
obsila sit, quae vocaturiestibilis : an invervacto, qus
interdum leqnierit. Cni Agrius : In Olyntliia qnolannis
restibilia esse dicunt , sed ita ut terlio quoque anno ub6-
rioies ferant frnctns. Licinius : Agrum alternis annis re-
linqni oportet, aut paullo levioribus salionibus serere,
id cst , qii.Tc minus sugunt terram. DiceUir, inqiiit Agrius ,
de tertio gradu, De nutiicationibus, alque alimoniis eo-
rnm. Licinius : Qua; nata sunt, inquit, in fundo ales-
cuut, adulta concipiunt, praegnantia, ciun sunt nialura,
pariunt ponia , aut spicani : sic alia simile ei, a qiio pio-
fecliim, reddunt semcu. Itaque si noieni , acerbumve pi-
nim , alindve quid decerpseris , in eodem loro eodem
aniio niliil renascitnr, (juod piiegnationis dicin idem bis
liabcre non potest. Ut enira mulieres babeul ad partum
(iics ccrtos , sic arboies ac fruges.
XLV. Primum plcrumque e lerra exit ordeum diebus
vii, uec mnlto post trilicum. Legumina fere quatriduo
aut quinque diebus, praeterquam faba. £a eiiim serius
aliquanto proditseges. Ostendit idem milium, ctsesama,
et caHera similiter a^quis fere diebus , prasterquam si qnid
regio aut tempcstas vilii altulit, quo minus ita fiat. Qua;
in seminario nata, si loca erunt frigidioia, quije inolli na-
tuia sunt , per lirnmalia tempora tegere opoi tet fronde
aut stiamentis : si crunl imbies secuti, videndum necubi
aqiia consistat. Veneuum cnim gelum radicibus lenellis
snbterra,et supia virgultis , qiiae nec endem tempore
aeque crescunt. Nam radices autumno aut liieme magis
sub terra , qnam quae supra adolescunt, quod tectai terraj
tepore propagaulur, supra terram aeie frigidiore cinguutur.
Idque ita esse docent silvestria, ad quae salor non acces-
sit. Nam prius ladices, quani ea qua; ex iis solent nasci,
crescunt. Neque radices longius procedunt, nisi quo te-
por vcnit solis. Duplex causa radicum , quod et radices
matci ia alia , quam alia longius projicit natura : et quod
alia tena alia faciliiis viam dat.
XLVI. Propter cjusmodi rcsadmirandadiscriminasnnt
natuialia , qnod ex quibusdam foliis pioptcr corum ver-
siuam , quod sit anui tcmpus , dici possit , ut olea et po-
pulus alba ct salix. Horum enini folia ciiiu converlerunt
DE l.AGBICULTURE, LIV. I.
Wt qiie lcs fcuillesile i'olivicr, du peuplicr blanc
ct Ju saule sc sor.t rctouniccs. Un phcnomene non
nioins singuliei- est celui qu'olTre la llcur appelee
touruesol , que uous voyonsse tourner le matin
vers le soleil lcvant, ct le suivre daus sa course
jusqu'a son coucher, le caliee toujoursouvertde
son c6le.
XLVIF. Les plantes elevees et greffees dans
dcs pepinieres, conime le liguicr et rolivier, etant,
ainsi que nous ravons dit, dune dclicatcsse ex-
trcme , il faudra avoir soin de leur former un
abri de deux planchcs , attachecs de gauche et
de droite. On dcvra egalement arracher toutes
les hcrhcs autour de leur pied, et s'y prcndrc
pour cela de honue heurc, car si on laisse fortilier
cette vcgetation parasite, elle resistc et serouipt,
plut6t que de ceder a la main. Quant a Therbe
des prairies, qui croit pour la fenaison seule-
ment, il ne faut pas Tarracher quand eilc se forme,
mais il faut craiudre de marcher dessus, eten eloi-
gner lcs troupeaux et toute espece de betail. Les
hommes cux-memcs doiveut s'interdire d'y pas-
ser. L'herbe disparait sous les pas , et la trace dc-
vient sentier.
XLVIIL On appelle epi dans le blc le point
culminant de la tige. Lorsquc repi d'orge ou
de froment est entier, il se compose de trois
parties adherentcs Tune a Tautre , savoir le grain,
la balle ct les barbes , sans compter la gaine
qui enveloppc le grain au commencement de sa
formation. On appelie graiu le corps solide
qui se trouvedans rinterieur de Tepi; balle, la
pcllicule qui renferme le grain; et barbes , ces
sortesd'aiguilles longuesetfines dout la balle est
comme defendue. La balle est donc Tetui du
grain , ct les barbcs en forment la palissade. Les
barbes ct le grain sont choses assez conuues;
mais peu de gens savcnt cc quc c'esc quc lu
balle. Aucun auteur, a ma cunnaissance , n'eu
aparle,excepte Eunius dans sa traduction des
livres d'Evhenicrus. L'etymologie dumot (jluma
(balle) parait etre (jlubcre (ecorcer, peler), parce
qu'en cffct il faut depouiller le grain de cette pel-
licuie qui lc couvre. On donne par lamemcrai-
son le nomdeglumaa lapeau qui couvre lapulpe
de nos figues. Arista (barbe) vient du mot ares-
cere, secher, parce que c'est la partie de Tepi qui
se seche la premiore. Grnnuin (grain) vient dc
gererfi, porter; cnr c'est pour le grain que Tepi
doit porter, et noupourla balle oules barbes, que
Ton seme le ble; dc merae qu'on plante la vigne
afm qu"elle porte non pas des pampres, mais dcs
grappes. Spica, Tepi que les paysans par tradi-
tion appellent encore speca, paralt etre derivc
de spes (esperanee) , parce qu'on seme avec Tes-
poirderecueillir.On appelle mtUicus (ecorne) Tepi
qui n'a point de barbes, parce qu'elles font aux
cpisrnfucedecornes. Lorsque Tepi coramenceasc
former, llest reuferme dans une petiteenveloppe
verte qui le derobe entierement; c'est ce qu'ou
appelle vcujina, gaine, nom qu'on donne egale-
meutau fourreau qui contient repce. L'extrcmite
superieure de l"cpi mur, et qui est d'Hn volume
moindre que le grain , est ce qu'on appelle fritj
rextremite inferieureau poiutde sa jonction avec
la tige, etqui estegalementmoindre que le grain,
s'appelle urrunciim.
XLIX. Stolon avait fiui de parler; et personne
ne le questioimant, il pensa qu'on ne desirait pas
en savoirdavantage sur la nutrition des plantes.
.4lors 11 annonca rintention de passcr aux recol-
tes. Dans les prairies basses, dit-il, rherbe doit
etre fauchee au moment oii elle commence a se
seclicr. On la relourne avec ia fourche jusqu'a
sc, solstltiiim ilicitm- fiiisse. Ncc niinns a(lniiran(iiim ,
qnod (it in noiiiiiis qnos vocant liclioliopia , ab eo quoil
ad solis oilmn inain! s|)C(tant, el ejiis iter ita sequuiUur
ad occasiim, nt ad ciini sempcr spectcnt.
XI.VIl. In seniinniio qiia' suvculis consila, et eoriiin
mollioia criiut iialin.i ( ,;iii,ii:i;, ut olea ac ficns, ea
suniina iiitcijiTila liii; I ■■ 1 ;; -Ira el siiiistraddigalis,
hcrb.Tque cli.ncnd.r : i .. ; iin I i; i.i' sunt vcllenda;. 1'iius
cnim arida! lacUc ii\.ii:tiir, ;ic ci-Iciins rumpunlur, qiiam
seqiiiintur. Conlra licrba iii piatis ad spem ficiiisicia: nata
noii niodo non cvcllenda in nulricatn, sed etiam non cal-
canila. Qiio pecns a prato ablegandnm , cl omiie jnineii-
tnni , (ac) eliam boniines. Solum eniin bomiiiis cxiliiim
lierba?, et semita; fundamentum.
XLVllI. Inseg('tibns autein frumenlnm, in qno ciil-
miis cxtiilit spicam : ea qu.ie mntilata non esl, in ordco
ct tritico tria babct conlinentia, graniiin, glumam, aris-
tam : ct eliam priniitus spica cum oriliir, vaginam. Gia-
nnm dictum, quod esl intimum solidum. Gluma, qni c,st
foUicnlus cJHS. Arista , qua; iit acus leniiis longa eminet
e glunia. Pioinde iit grani tbeca sitgluma, et apcx arista.
Arisla cl grannm omiiibus fcre noliim : gluma paucis.
Ilaqne id apnd Ennium solnm scriptum scio cssc in Evbe-
meri libiis versis. Videtur vocabulum clymon liabere
a glnbendo, quod eo folliculo deglubitur graniim. Ilaqno
eodem vocabnlo appellant (ici cjiis, quam cdimiis, folli-
cnluni. Aiista dicta, quod arcscit prinia. Grannni a ge-
reiido. Id enim ut gerat spica, seritiir frumentum, non
ul glumani aut arislam gerat : iit vilis seritur, non ut
pampinnm fcrat, sed uvam. .'Jpica antem, quam rustici.
iit acceperunt aiiti(piilus , vocanl specam , a spe videliir
nominata. Eam enim qiiod sperant fore, serunl. Spica
niiilica dicitur, qua; non Iiabet aristam : ea; enim qiiasi
coriina snnt spicarum , qnpe primitus cum oriuntur, ne-
qiie plaiie appaient, qna sub lateiit lierba, ea vocatnr
vagina, nt in qua latct conditnin gladium. Illiid anteni
siimma in .spica jam m.itura, qnod esl miniis qnani gra-
nnm, vocatur frit. Qiiiid iii inlinia spica, ad cnlninni
slramenli sninmuni, itein minus quam gianum cst, ap-
pellatur urrnrcum.
XLl.K. Cnni couticnisset ncc intcrrogarclnr, dc iintri-
catu ciedens niliii desiderari : Dicam, iiiqnit, de Iriicti-
biis maturis capiendis. El ille , primnm de pratis suinmis-
sis, lierba cum crcsccrc dcsiit, et ;cstu arescit, subscc-iri
VARRON.
complete dessiccatioii. I! faut alors la botteler
avant de la transporter a la ferme ; puis on passe
le rSteau sur le pre pour ramasser riierbe qui sera
resteea terre, que lon ajoute aux nieules de foin.
La fenaison terrainee, viennent les regains; ope-
vation qni consiste a passer une seconde fois la
fanx avec plus de soin , afin d'atteindre les herbes
qui ont echappe a la premiere coupe, etqui for-
ment de petites touffes a la superficie du pie;
c'est, je crois, du mot sectio (coupe) qu"est veuu
celui de sicilire, faire le regain.
L. 3lessis, moisson, dont meto est la racine, se
dit proprement de tout ce qu"on nioissonne, et
notamment du ble. On moissonne les graius de
trois manieres. La premiere, usitee dans l'Om-
brie , consiste acouper le tuyau ii ras de terre , et
a lier sur place au fur et a mesure. Quand on
a forme un certain nombre de javelles, on les
reprend une a une pour separer Tepi de sa tige.
On reunit tous les cpis dans un panier qu'on
porte a Taire. La pailie qu'on a laissee se met en-
suite en tas. Pour la seconde maniere, en usage
dans le Picenum, on se sert dun instrument de
bois recourbe, k 1'extremite duquel est adaptee
une petitescie de fer. Cet instrunient reunit en
faisceau les epis qu'il hache sur pied, laissant
la paiUe debout, pour etre sciee plus tard. La
troisieme maniere, qui se pratique aux environs
de Rome, et dans beaucoup d'autres contrees,
est eelle-ci. Ou coupe la paille par le milieu, en
tenant la tige par le bout de la main gauche; et
c'est la, je pense, forigine du mot mcssis
(moisson), qui viendraitalorsde;«r(/i«w (milieu).
On cnupe ensuite le ehauine ou la partie qui se
trouvait au-dessous de la main, et qui tient en-
core a la terre par sa racine. Quant a la paille
adh6rente a fepi, on la met dans des paniers, et
on la porte a faire. La on la separe pour laserrer
dans un lieudecouvert, palam; ce qui peut bien
etre 1'etymologie AejJalea (paille) : quelques-uns
derivent son autre nom stramentum du verbe
stare (etre debout), et de stamen son substantif.
D'autres le font venir de stratus (etendu) , parce
qu'on etend la paille quand el!e sert de li.tiereaux
troupeaux. La moisson se fait des que le ble est mur.
Dans les conditions ordinaires, un homme peut,
dit-on, expedier son arpent en un jour, ramasser
les epis dans une corbeille, et les porter a!'aire.
LL L'aire doit etre en plein champ et placce sur
une eminence, afin que le vent y souffle de tous
cotes. Donnez-lui une dimension proportionnee
a l'importance de la recolte; que sa surface soit
circulaire de preference, et legerement e.xhans-
see aucentre, pourmenageraux eaux un prompt
ecouiement en cas de pluie ; ear du centre a la
cireonference rien de plus court que le rayon.
Formezen le sol de terre bien battue, de glaise
s'il est possible : autrement la cbaleur y opere
des gercures 011 !'eau sejourne, ou qui servent
de retraite aux rats et aux fourmis. On pre-
vient ces inconvenients en enduisant !'aire de
marc d'huile. Rien n'empeche mieux l'herbe de
pousser, et c"est la mort aux fourmis et aux
taupes. Quelques-uns, pour plus desolidite, ont
des aires pavees ou meme carrelces. D'autres ,
comme lesBagiennis,poussent rattentiou jusqu'(i
les couvrir, pour les mettre a Tabri desorages,
tres-1'requents dans cette contree vers l'epoque do
la moisson. En pays chaud, quand raireest sans
toit, il faut menager dans le voisinage des especes
falcibns ilebet, et qiio.id pciarcsrat , fiircillis vcrsari.
Cuni peraiuil , de liis manipulos ficii ac vclii ail villam.
Tnm (te pralis stipiilam rastellis eradi , atqne addere fnc-
nisiciae cumulum. Quo facto sicilienda prata, id est, fal-
cibns consectanda, qiur fa-niscces pia'terierunt,acqnasi
herha tuberosum rcliqiicrunt campum. A qua sectione
arbitror dictum sieilirc pratnm.
L. Messis proprionomine dicitur in iis, qnfc nietiintiir,
maxime in frumento, et ab eo est vocabnlo declinata.
Frumenti tria geiiera sunt messionis, unum, ut in L'm-
bria, ubi falce secundum terram siiccldunt slramentiini ;
«t manipulum, iil quemque subsccucruiit, ponunt in
terra. Tlbi eos fecerunt mnltos, ilcrnm eos percensent,
ac de singnlis secant inter spicas et stramentiim : spicas
«"onjiciunt in corbem , atque in arcam miUunt. .Slramenta
rclinquunt in segele, niide tollanlur in acervum. Allero
modo nietunt, nt in Piceno, ubi ligneum habent incur-
tiini batilUim, in quo sit extremo serrula fcrrea. Hax
fum comprebendit fascem spicarnm, desecat, et stra-
nicnta slantia in .segele relinquit, ut postea siibsecentur.
Tertio modo melitur, ut sub uibc Roma, et locis pleris-
que, ut stramentum mediuni suhsecent, quod manu si-
nistra summuni prehendunt : a qiio medio messem dictam
yuto, Infra maiium stiamcntum, quod teiTse lieerct.
postea subsecatur. Contra quod cnm spici stramentmn
luierct, corbihus inarcam dcfcrtur. Ubi disccdit in aperto
loco palam : a quo potest nominata esse palea. Alii slra-
mentum a slando, ut stamen dictnm putant. Alii ab
stiatu , quod id substernatur pecori. Cum est matura se-
ges, metenduin, cuni in ca jugerum feie nna opcra pro-
peniodum iii facili agro satis esse dicatur : niessas spicas
corhihus in areani deferredehent.
LL Aream esse oporlet in agio siiblimioii loco, quam
peiflare possit ventiis. Hanc esse modicam pio magnilu-
dine*scgetis, polissinnim rotnndam , et niediam paullo
extiiniidam, (iit si pluerit, non consislat aqua, et qiiani
brevis.simo itinere extia aream deflucre possil. Omne
porro lirevissimum in rolundo e medio ad cxtremum) so-
lidam lerrapavita, niaxime si est argilla, ne ffistu pa:-
minosa in rimis cjus giana ohlitescant, et recipiant aquam,
ct ostia aperianl muribus ac formicis. Ilaqne aniurca so-
Icnt perfnndcre. Ea cnim beibaium esl inimica, et for-
micarum, et talparum venenum Quidani areain ut ha-
beant solidam , muniunt lapide, aut etiam facinnt pavi-
nientum. Nonnulli etiam tegunt areas, ut in Cagiennis,
quod ibi saepe id tcmporis anni oriuntur nimbi. Ubi ea
relecla, et loca calida, piope arcam facinndum umbra-
cula, qiio SHccedant homines in eestii tempore meridiaiio.
DE L'AGRICULTURE , LIV. I
cVabris, oii lcs ouvricrs puisscnt se mcttre a rom-
brc pendaiit {'ardeur du jour.
Lll. La plus belle pnrtie dc ia reeolte ct la
plus forte en episdoitetre raisea part pour se-
mences. Cest dans 1'alre qu'on separe le grain de
repi ; ee qui s'opere au raoyen d'un traineau
qu'on fail tirer par des bctes de sommc. Le trai-
neau est formed'uno planche fiarnie cn dessous
de fer ou de pierres pointues, laqucllc supporte
leconducteur ou quelque poidsequivalent. Ceite
machine, qui se promene sur les epis, en deta-
ehe le grain qu'ils contiennent. Le traineau eon-
sisle quelquefoisen une rcunion de soliveaux gar-
nis de dents et de roulcl tes. Cest alors ce qu'on ap-
peile le chariot a la carthaginoise. Cette forme
comportedc mcmeunconducteur assis, et un at-
t!'l,iL:e de bcfes dc somme. Elle est usitce dans
TKspagne citerieure, et autres lieux. Quelques-
uns se contentent de faire fouler les epis par leurs
bctcs , qu'ils poussent a coups de gaule , et dont
le trepignement i-eniplit le raeme office. Quand
le ble est bien battu , on le vanne avec un ins-
trument appele vaUum ou vallabnna^ en ayant
soin de choisir pour cette operation un moment
ou le vent n'ait qu"assez de force pour emporter
lcs |)arties legeres qu'on appelle urux, en sorte
qu;' le froment resfe par reffet de son poids, et
anive a la corbeillecpure.
I.III. La moisEon faite, on vend le droit de
-l:in('r, ou bien Ton arraehe le chaume pour le
I ortcr a la nietairic. S'il rcste trop peu d'epis,
ct que la main-d'a>uvre soit chere, il vaut mieux
y faire paitre les troupeaux. Car la considera-
tion dominaute est que le bencliee ne soit pas
ahsorbe par les frais.
I.IV. Lorsque le raisin est mur, on proeede
au >> vendanges. II faut examiner d'aI)ord par
quelleespece de raisin, et dans quelle partic (bi
vignoble, la recolte doit conunencer. Car le rai-
sin precoce, ainsi que le miseella (raelange),
qu'on appelle vulgairement raisin noir, muris-
sent longtemps avant les autres espeecs. II faut
done les cueillir les premiers. On doit aussi de-
buter par le cflte du vignoble le plus expose
au soleil. On fait ensuife un triage du raisin a
manger en grappe, et de eelui dont on fait du
vin. Le premier clioix vadroit au pressoir, ef de
lii au tonueau. Le raisin de table est mis a part
dans des paniers, puis renferrae. dans des va-
ses de terre, qu'on depose au fond d'une futaille
oii le marc est reste. On le garde aussi dans des
amphores enduitcs de poix , que Ton descnd au
fond d'un reservoir d'eau ; ou bien on le fait sc-
eher dans Taire, avant qu"il n'entre au garde-
manger. Quand le raisin estfoule , remettez sotis
lepressoirlespediculeset lespeaux;onenexprime
ainsi ce qui peut y rester de viu doux , et roii
augmcnle d'autant la cuve. Lorsque le mai-e
ne rend plus, on coupe tout ce qui debordc le
pressoir, pour le presserde nouveau. Le resultat
de ce dernier tourdu pressoir sappelle circumri-
situhi (vinde rognurc); maison le rnet a part, par-
ce qu'il seut le fcr. Quaml le marc a ete bien
pressure , on le jttte dans des tonneaux qu'oM
remplit d'eau. On obtient par la une boisson du
nom de lota (piquelte) , contraction de lota aci-
na (lavure de marc) , et qui se donne aux ou-
vriers en guise de vin pendant Thiver.
LV. Nous arrivons maintenant a ia recolte des
olives. Tant que le fruit se trouve a portee ,
ou qu'on peut y atteindre avec le seeours d'une
eebelle, ii vaut mieux le cueilllr que le gauler;
i'olive froissee se desseche, et rend moins d'hui-
le. II vaut mieux encore la cueillir a la main
r.II. Qujcsege.s graiidissima .Tlipie oplima fiierit, st>nr-
III in aream spcerni oportcl spicas, iit semen optimiim
liral. E spicis in area exc.iiti !;rana. Qiiod (it apiiil alios
iiiriitis junctis ac tiibnlo. Id lil e taliiila lapidibiis ant
1" asperala, qiio iniposito aniiga aut poiideic giandi
iliiliir jumentJs jniiclis, ut disculiat p spica graua : aut
;i>>ibus dentatis cnm orbitulis, qnod vocant ploslel-
III piKnicnm. In co quis sedeat alqne agitet, quic tia-
iit, jnmenta, ut in Ilis|iam'a citeriore, el aliis locis fa-
iiit. .\piid alios exteritur grege jumeiilonim inacto, et
I i^iiato perticis , qiiod ungiilis e spica exteninlur grana.
~ iiUis, oporlct eterrasnbjaclari vallis aut ventilabris,
1111 ventus spirat lenis : ita lit, ut qiiod levissimuni est
rci, atqne appellatur acns, evannatur foras extia
■ ini, ac Irumentum quod est ponderosuin, purum ve-
il ad corbem.
I.lll. Messi facla spicilcginm venire oporlel, aut domi
:;rie stipulani : ant si sunt spica; rara' , et operacarae,
'iii|iasci. Summa uuim spectanda, ne in ea re suinlus
11' iiiin superet.
1.1 V. In vinetis uva cnm cril matura, vindemiam ita
iii oportct, ut vidcas a quo gcnerc uvanim, el a qiio
Inco vineli incipias legere. Nam el praicox et miscella ,
qiiam vocant nigram , nmllo ante coquitur; quo piior lc-
genda : et qiiae pars arbusti ac vineiE magis apiica , piius
debct descendere de vite. In vindemia diiigentiiis nva
non soUim legiliir ad bibendiini , sed eligilnr ad edeiidum.
Itaqiie lectins defertur in Ibiuiu vinailum , iinde in do-
lium inane veniat : electa in secretam coibiilam , iinde
in olliilas addalur, el in dolia plena vinaceornmcontnida-
lur; alia, qinc iii piscinam in amplioiam picatam dcsccii-
dat; alia, qiue in areain , ut in carnaiium ascendal. Qiiae
calcalai uv.e enint, eanmi scopi ciim folliculis subji<;icndi
snb picluiii, iit si qiiid icliipii liabeanl miisli evpiimaliir
in eundeni laciim. Ciim desiit sub pielo lliiciv, ipndanv
circuncidunt extiema,et luisiis prcmunt :et ruisus ciim
pxpressiim, circuncisitiiin appellant , ac .seoisum, qiiod
e\pressiini est, servant, qiiod rcsipit ferrum. Expressi
aciiiorum rolliciili in dolia conjiciunliir, coqiie aqiia addi-
lur : ea vocatiir lora, quod lota acina, ac pro vino opc-
raiiis datur liieme.
LV. De olivelo. Olcam qiiam mann tangere possis o-
terraac scalis, lcgere oporlet poliiis qiiam qnatire; qiioil
ea,qna! vapulavit, macescit.ncc dat tantuin olci. Qua;
96
VARRON.
nuc qn'avec lcdoigticr, dont la durcic meiirtrit
!a baie et meine ecorce les branches de Tarbre ,
qui en sont plus exposces a Taction du froid.
Quand le fruit se trouve hors de portee, on doit
se servir plutot de roseaux que de perches pour
l'abattre ; car de deux inconvenients, il faut choi-
sir le moindre. II faut surtout avoir soin de ne
point gauler a rebours, afin que le fruit en tora-
bant n'entratne pas avec lui le bourgeon ; sans
quoi Tarbre serait frappe de sterilite Tannce
suivante.On ditcomraunementque les oliviersne
donuent de recolte, de pleine reeolte au moins,
que de deux annees Tune. L'habitude de gauler
ii'en est pas certaincment la moindre cause. Comme
le fruit de la vigne, rolive quand elle est rentree
sert a deux flns : ou on la mange en nature, ou
Ton la convertit en un liquide onctueux que le
corps humain s'applique concurremraent en de-
dans et en dessus ; car il nous suit au bain et au
gymnase. L'oIive a faire de riiuile est jour par
jour mise en tas sur des planches, oii on la
laisse quelque tcmps macerer. Eusuite chaque
tas , par ordre de forraation , se transporte au
trapeze. Cest ainsi qu'on appelle un apparcil
compose de deux nicules, d'une pierre dnre et
rocailleuse. L'olive qu'on laisse en tas trop long-
temps fermente, et donne de Thuile ranco.
Aussi , dans le cas oii Ton ne pourrait !'emploj'er
dans le teraps voulu, il estbou deremuer les tas
pour faire prendre i'air au fruit. On tire de I'olive
deux produits differents,savoir, Fhuile que tout
le raoude connait, et le marc, dont rutilite est
trop ignoree; earon le voit gcneralement couler
sans profit des pressoirs dans les charaps, oii il
iaifse de larges places noires, el parfois stcriles,
quandluirrreactrprofondsmentimbibi^e.Orcette
substancea, pourquisaiten faire usage, une sorte
d'application utile , principalement cn matiero
d'agriculture. Repandue au pied d'un arhre, d"un
olivier uotamment , partout oii on remploie , clle
detruit toute vegetation nuisiblc.
LVL Agrius s'adrcssant alors a Slolon. Me
voila, dit-il, assis depuis longteraps dans la
ferme , les clefs a la main, et attendant toujours
que vous y fassiez entrer la recolte. Eh bien,
ditStolon, me voila;jesuis sur le seuil, ouvrez
la porte. En ce qui concerne le foiii , il vaut
mieux le rentrer directement que !e laisser en
meules a decouvert : les bestiaux du moins
raimentmieux ainsi, comraconpeut s'enassurer
en leur donnaat le choix de Tun et de lautre.
LVIL Pour le blc, il faut le serrer dans de
hauts grenicrs, oii les vents soufllent du nord et
de Test, et oii rhumidite nepuissepenetrerd'au-
cun cote. Que les murailles et le sol en soient re-
vetus d"un tnastic compos;^ de marbre pile, ou du
moins de glaise melee a de la paille de froment
et du marc d'huile. Cet enduit prcserve les gre-
nicrs des rats ou dcs vers, et contribue en meme
temps a donner au grain de la consistance et de la
fermcte.Quelques personneshumecteut leurgrain
de marc d'hui!e, dans la proportion d'un quadran-
tal par mille modii environ ; d'autres repandent
ou plutdt egrugent au-dessus de la craie de Chal-
cis oude Carie, de rabsinthe, et autres substances
analogues. Certains cultivateurs ont des greniers
souterrains ou caveaux appelees dsipoi, corarae
on cn voit en Cappadoce et en Thrace; ail-
lcurson se sert de puits, corame dansTEspagne ci-
terieure, et aux environs d'Osca et de Garthage.
ni.inu stricta, melinrea, qiirc digilis Diulislcgilnr. quam
illa quoe cum dlgitalibus. Duricies euim corum non solum
.stringit bacam, sed etiam ramos glubil , ac rellnquit ad
gclicidium retectos. Quae manu tangi non poleiunt, ita qiiati
debeut, ut aiuudine potius quani pcrtica feriantur. Gra-
vior enim plaga medicum quserit Qui quatief , ne adver-
sani cicdat. Sa!pe eulni ita percussa olea secum defert
de lamulo plantam. Quod facto, friictum amitlnnt pos-
teri anni. Ut haec non minima causa, quod oliveta dicaut
alternis annls non feire fruclus,aut non aeqne magnos.
Olea uf uva per idem biviiini redit In villani, atla ad ci-
bnm eligitur, alia ut cliquescal , ac non solum corpus
intus unguat, sed eliam exlrinsecus : itaque dominum
et in balneas, et gvmnasium scquitur. Hrt>c, de qua fit
oleum, congeri solet acervatim per diessiugulos in tabu-
lata, nti ibi mediocriler fraccscat, ac primus quisque
acervus demitlatur per serias ac vasaolearia ad tiapefas ,
qua? rcs molK olearia; e dnro et aspero lapidc. Olea lecta
si nimiumdiu fuit inacervis, caldore fracescit, et oleum
f(Btidum fit. Itaque sinequcas mature conlicere, in acer-
vis jactando ventllare oporfet. Ex olea fructus duplex;
oleum,quod oranibus notiini , et aniurca, ciijus utilila-
tem qiiod ignorant plci ique , licet videre e torcnlis olea-
riis fluere in agros, ac non soluni denigraie terrani , sed
mnltiludine facere sterilem : cum is bumor modicus ,
cum ad multas res, tum ad agriculluram perlineat velie-
nienter, quod circuin arborum radiccs infundl solet,
maxime ad oleam , et ubicunque in agro bei ba nocet.
LVI. Agrius : Jam dudum, inquit, in villa sedens ex-
pecto cum clavi le Stolo, dum fructus in villam refera^.
Ille: iim quinadsum. Venio,inqult,adIimen, foresaperi.
Primum fajuisicia,- condunfnr melius sub terto, quam in
acervis, quod ita fit jucundius paljulum. E\ eo intelligi-
tur, quod pecus utroque posito libentius est.
LVII. At triticum condi opoitet in granaria sublimia,
qn.T perflenf ur vento ab exortu ac septentrionum regione,
ad quiB nulla aura bumida ex piopinquis locis adspiret.
Parieles et soliim opere teclorio maimorato loricandi : si
minus, ex argilla mixto aceree frumentoetamurca, quod
muiem et vermem non patitiir esse , et graua facU soli-
diora ac (irmiora. Quidani Ipsum triticum conspergunt,
cum addant in circiter mille modium quadrantal amurca;.
Ilem alius aliud adfiiat, aut aspergit, ut Clialcldicam aut
Caricam cretam, aut absintlilum. Ilem bujus gcneris
alia. Quidam grauaria Iiabent siib teriis, speluncas , quas
vocant aeipoi? , ut in Cappadocia, ac Tbracia. Alii , ut in
Hispania citeriore , puteos , ut in agro Carthaginiensi ,
et Oscensi. Horum solum palcis substernunt : et curaut
DE L'AGRICULTURE, LIV. I.
Le sol au fond de ces piiils est couveitde paille ;
aucunc Inimidite n'y penctre, ear on ne les ouvre
jamais; ni nieme un souflle d'air, si ce n'est lors-
i]u'il y a iiecessiti' de reeourir a la reserve. L'air
cn etant exclu , il n'est pas a eraindre que le cha-
raneon s'y mette. Le ble dans les puits se con-
serve cinquante ans, et le millet pourrait meme
s V u:arder plus d'un siecle. I)'autresenfin cons-
tiiiisent dans leurs chanips inemes des greniers
qui sont corame suspeiidus. On en voit de ce mo-
dele dans PEspafjne eitericure , et dans certaines
contrees de rApulie. Ces greniers sont eventes
iion-seuiement des cotes par les eourants qui
viennent des fenetres, raais encore par l'air qui
frappe dessous en leur planeher.
I.Vin. Les feves et autres leguraes se conser-
vent tres-longteraps, sansse gater, dansdes vais-
seaux a huile que Ton reeouvre de cendre. Ca-
ton ditaussi que le petit et le gros amineen, ainsi
quele raisindit apicius, segardenltres-bieu daus
des pots de terre ; niais qu'ou les conser\ e egale-
ment ou dans du viu cuit jusqu'a la diminution
desdeux tiers, ou tout simplement dans du vin
doux. II ajoute que le lucarina ( raisiu ferrae)
et 1'aniiDeen scantien sont de toutes les especes
de raisins ceux qui se conservent le mieux sus-
pendus.
I.IX. Quantauxautres fruits, comme lespoi-
ns, eoings, les scantiennes, les quirintennes, les
jximmes rondes , les pomraes appelees autrefois
viitsfca (douces corarae le mout), et qu'oa ap-
pille aujourd'hui inclimela (douees comme le
iiiiel , tous se conservent tres-bien sur la paille
011 lieu sec et frais. Aussi quand on fait cons-
tiuiie un fruitier, il faut avoir soin d'en ouvrir
les fen^tres au nord , et de laisser un libre aeces
aux vents qui soultlent de ce e6te. II iniportetou-
tefois de lcs garnir de volets; car le vent continu
finit par oteraux fruits leursuc, et les rendre in-
sipides. Pour plus de fraieheur encore , on recou-
vre en stue les voutes , les imirailles et meme les
planchers de ees fruileries. On voit meme eertai-
iies personiies y faire dresser des lits pour pren-
dreleursrepas. Eten effet quandonestassezriche
pour foreer Tart k faire d'une salle a raanger nne
galerie de peiiitures, pourquoi serefuserait-on la
jouissanee toute naturelle de contempler en di-
nant une variete de beaux fruits ranges daus
une agreable symetrie? N'imitons pas toutcfois
ceuxqni, donnantun dinera lacampagne, etalent
somptueusement dans leur fruiterie la depouille
detousles marcbesde Rome. Quant a lamaniere
de conserver les pommes, les uns les posent sur
des planches ou tablettes de marbre ; d'autres pre-
ferent les mettre sur de la paille ou des ear-
des de laine. On eonserve ies grenades eu les
mettant avecla branche dans des futailles rem-
plies de sable. Les poires aniciennes , ainsi que
cellesqui miirissentautempsdessemailles,seeon-
servent mieux confites dans du vin cuit jusqu'a
la diminution desdeux tiers. Quant aux cormes
et aux poires, on les coupe ordinairement par
moreeauxqu'on faitdessecherau soleil.On pourra
raeme coaserver les cormes saus les couper,
pourvu(iu'on les place dausquelque lieu sec et
frais. Les raves sont eoupees par morceaux, el
conscrvees dans la graine de moutarde. Les noix
se gardentmieux dansdusable. II en estdemerae
des grenades qu'on cueille a leur point de matu-
rite. Pour les grenades qui ne sont pas eneore
mureset quitiennent ala branebe, il faudra les
mettre dans uu pol sans fond qu'on enfoneera
daiis la terre, apres avoir enduit la branche de
poix, pour la soustraire a rinlluence de Tair exte-
liiiinor, ant aer langere possil, nisi euni promilnr ad
iin. Qiio enim spiritns non peivenit, ibi non oritnr
I iilio. Sicconditnm liiticum manet velannos quinqua-
l;i : inilium vero plus annos centum. Snpra teiTain
iiaila in a^ro qnidam snblimia faciunt, ut in Hispania
iinie, ct in Appuliaqiiidam, qiise non solum a lateri-
. |iiT fenestras, sed eliamsnbtus a solo venlus lefrige-
■ pMSsit.
\ 111. Faba et legnmina in oleaiiis vasis oblita cinere
liii incolnmia .seivantur. Cato ait unam Amineam mi-
riilani cl majoiem ct Apiciam in ollis commodissime
ili. Kadeni in sapa et musto in lora, recte. Quas sus-
iihis opportunissiinas esse duiacinas el.\mineas Scan-
1.1\. De pomis, conditiva inala slrutliea, colonea,
Si .inliana, Quiriniana, oibiculala, el qiice anlea mustea
Miiabant , nunc nielimeia appellant, liac omiiia iii loco
arido et frigido supra paleas posila servari recte putanl.
i:t ideo oporotliecas qui faciunt, ad aquiloncm nt fencs-
lias babeant, atque ul cae perflentur, ciiranl. INeque ta-
III. II sinc foriculis : ne cum bumorem amiserint , perti-
II. li i \eiilo vielafiant. Ideoqnc in iis, camarasraarmoiato,
et parietes, pavinicnlaqiie ficiunl, quo frigidius sit : in
(|uo eliain quidani tiidiniiiin steinere solent cienandi
cansa. Eleniin in qiiibiis liiMiiia conoesseiit, ut in pina-
cothece faciant , qiiinl speclacnlum datiir ab arle , ciir
non quod nalura datiim iitaiilur in venustate disposila
pomornin.' pra>scrtim quidcni, cum id non sit faciendiini ,
i|Uod quiilam fecernnt, nt Romae coemla poina riis intu-
leriul in opoiotbecen inslriiendam convivii causa. Jn opo-
i otbcce mala niancie pulant satis commode alii in tabulis ,
iit in operc marmoialo, alii snli.strata palea , vcl eliam
lloccis : niala piinica deiiii>sis Miis mih nlls in (lnlio are-
n,'c : malacotonea, strntlira iii |irii,ililius inn.ils : conlra
in sapa condita manere piia .\iiii i.ma ,rl siiiiniii^a. Soiba
quidam dissecta, el in sole niaccrata, utpira; et sorba
per sc ubicunqne sinl posila in arido facilc durare. Scr-
vare rapa consecla in sinape, nuccs juglandcs inarena,
pniiica mala et in aicna jani decerpta, ac inalura, (iit
dixi,) et cllani imnialiiia cuin ba;renl in suavirga, si
dcmiseris in ollam sine fundo, caini|iie si conjeccris in
lcrram , cl oliteris cii ciim ramiim , nc e\lrinsecus spii i-
tiis afllel, ca iion iiiodo integra e\imi , sed etiam majora,
qiiani in arbore uriqnam pepcnderint.
?s
VARRON.
ricur : quaiul vous le retirez ensuite, le froit se
presente non-seulement intact , mais d'une gros-
seur qu'il n'eut jamais acquise sur Tarbre.
LX. A Tegard des olives de tabie, Caton nous
dit que l'on conserve tres-bien les orchites et les
posra tant sechesque vertes daus de ia saumure,
ou dansde rhuile de lentisque, si elles sont nieur-
trics. II ajoute que si Pon veut que l'ori'hite
conserve son beau noir, il faut la uiettre dans
du sel , dont on la laisse s'impregncr pendant
cinq jours; puis on jette le sel, et on expose le
fruit pendant deux joursau soleil. On peut aussi
confire la meme espece sans sel , en la faisant
irjfuser dnns du vin doux cuit jusc|u'a reduction
de moitie.
LXI. Les agriculteurs experimentes ont bien
raison de conserver le mare dhuile en tonneaux
avec autant de soin que rhuile et le vin : voici
comme il faut s'y prendre.Ou le fait bouillir aus-
sitot qu'il sort du pressoir, et on le verse dans
des vaisseaux, apresTavoir laisse refroidir. II y
a encore d'autres raanieres d'appretcr ie marc
dhuile ; on lemelangeavec du raout parexeraple.
LXII. Comme on ne met ies friiits eu serre
qu'en vue de les en tirer plus tard , il nous reste
encore a faire quelques observations sur ce qui
constitue la sixieme et derniere phase des pro-
ductions de la tcrre. On retire les fruits de Ten-
droit oiiron les a serres, soit pour les consom-
mer,soit pour les vendre, ou bien eneore pour
les raieux garder. Quant a Tepoque a laquelle il
faudra lesretirer, eile dependde lanature meme
des fruits qu'on veut livrer a la coasornmation ,
ou preeerverde tout accident.
LXIII. II faut tirer le ble du grenier sit(5t que
!e charancon commence a le ronger. Ou Texpo-
sera alors au soleil , en placant a proximite des
LX. Deolivitate,oleas esui opliiiie condi scribit Calo,
orcliiles, et pauseas aridas, \el virides in niuria, vcl in
y Icntisco contusas. Ordiites niKras, sale si sint confriatae
dies quinque , et tum sale excusso , bidunm si in sole po-
sitse luerint, manere idoneas solere : easdem sine sale in
delVutnm condi.
LXI. Recte amnrcam peiili aijricolae tam in doliis con-
duut, quam oleum, anl vinniii. Ejns condilio, cum ex-
pressaolea, quod slatim efiluxevit de ea, decoquuntur
dnspartes, el refrigeratum coudilur in vasa. Sunt item
aliae conditiones, ul ea , in qua adjjcilur inusluni.
LXII. Quod nenio fiuctus condit, nisi ut promat, de eo
quoque vel sexto gradu animadveitenda panca. Pronuint
condila ant proplerea, quod sint tuenda, anl quod
utenda, aut quod vendenda. Ea qu;e dissimilia sunt in-
ter se , aliud alio tem|ioie tiiendum el utendum.
LXIII. Tuendi causa pioniendum id fiunHnlum, qnod
ciiiculiones exesse incipiunt. Id enim cum promptuni
est, in sole poneie oportet , atque aquae catinof, quod
eo conveniuul, ut ipsi se necent , cuiculioues. Sub tcira
qiii liabent frumenlum in iis, quosvocant treipoJc, quod
cum periculo introilur recenti apertlone, ila ut quibus-
bassins pleins d'eau, oii ces insectes ne tarderoni
pas a venir se noyer. Ceux qui ont leur ble sous
terre, dans descaveauxappeles (7£tpo'i, nedevront
y entrerqu'apres les avoir laissesouverts pendant
quelque temps. Carsi Tou voulait s'y introduirc
immediateraent apresleur ouverture, on courrait
risque de suffoquer, comme il en est des exem-
ples. Le ble que vous aurez conserve en epis
pour le faire servir a votre consomraation doit
etre retire pendant Thiver; on le fait moudre et
ensuite on le torrefie.
LXIV. Le marc d'huile est un residu de subs-
tanceaqueuse, meleaux matieresque rhuile de-
pose au fond des vaisseaux de terre ou on la ren-
ferme. Voiei comme on s'y prend d"ordinaire
pour !e conserver : on degage le marc en soufllant
dessus du liquide qui surnage au bout de quinze
jours de dep6t : on le transvase ensuite. Et
la raeme operatioii se repete jusqu'a douze
fois pendant six raois coasecutifs, de quinze
jours en quinze jours , de facon que la derniere
ait lieu dans le declin de la luue. Oa fait ensuite
bouillir le raarc dans des chaudieres a uu feu
doux jusqu'areduction de raoitie, puis on le met
cn reserve pour s'en servir au besoin.
LXV. Quand le moijt est rais cn tonneau pour
faire du vin , on doit s'abstenir de tirer tant que
dure rebullition, meme lorsqu'elle est assez avan-
cce pour que le vin puisse etre regarde comme
fait. Si Ton veutboiredu vinvieux, il nefaudra
le tirer qu'au bout d'une annee ; car le vin n'est re-
putci vieux qu'apres un an d'existence. Si le cru
tourne a Taigre, il faut consommer de suite, ou
vendre le raisin en grappe. II y a des vins dont
laqnalite augmente par la duree; tels sonl ceux
de Falerne par exemple.
LXVI. Les olives blauches, quand on les em-
dam sil infeiclusa aiiinia, aliqnanlo post piomere, qiiam
aperuerint, oporlet. Far, quod in spicis condideiis per
messem , ct ad nsns cibalus expedire velis , promendum
hieme, ut in pisliino pinsatur ac loireatnr.
LXIV. Amurca cum ex olea cxpressa, qui est luimor
aquatilis ac retiimenlum, condilumin vas fictile, id qui-
dam sic solent tiieii , diebus xv ex eo, qiiod est levissimum
ac sunimum, dellatum ut tiajiciant in alia vasa, et boc
iisdem inlervallis, duodecies sex mensibus proximis,
item faciant. Cum id novissime.potissimnm trajiciant,
cum scnescit luna. Tunc decoqunnt in ahenis levi igni
duas partes quoad i egerunt , tum denique ad usuni i ecte
promitur.
LXV. Quod ninstiim conditur in dolium, ut habea-
mus vinum, non promcndum dum fejvet, neque eliain-
dum piocessit ita, ut sit vinum factnm. Si vetiis bibeie
velis, quod non fit ante, quam accesserit annus, tuni,
cnm fueiit anniculum, promito. Si veio est ex eogencre
nva>,qnod matiire coacescat, ante vindemiain consumi,
autveuire oportet. Genera sunt vini , in quo Falerna,
quae quanto pluies annos condila babucrnnt, tanto ciim
. prompla siint frurtuosioia.
DE L'AGRICUL
ploie avant qirdles ne soient parfaitement eonfi-
tes, out un gout amer qui rebute le palais. II en
est de meme des noires, a moins qa'ou ne les
trerhpe dans le sel avant de s'en servir. Cette
pTecaution les rend tres-mangeables.
LXVIL Moiusou conserve les noi.x , les dattes
et les fijjues, et plus elles sontsavoureuses; si la
gardfse prolonge, les ligues perdent luurgout, les
dattes moisisstnt et les noi.\ sc dessechent.
LX VIII . Quant au.x fruits qu'ou suspend pour
les faire sccher, raisins, pommes et eormes, les
yeux seuls indiquent le moment de les livrer a la
cousommation. En effet, ou voit aisemeut, par le
degre d'altcratiou de leur couieur et le point de
leur dcssication, quand il 1'aut les manger, pour
ne pas attendre qu'ils ne soient plus bons qu'a
jeter. Les corraes rentrees tout a fait miires
doivent etre mangees promptement ; vertes, elles
sont plus de gardc ; ear il leur faut le temps d'ac-
querir lamaturite qu'on ue leur a pas laisse preu-
dre sur Tarbre.
L.KIX. Cestpendant rhivcr qu'on tire du gre-
nier le ble destine a la consommation domesti-
que, qu'on doit torrefier pour le rendre propre a
la panification. Le ble de semenee y reste jus-
qu'au moment oii la terre est preparee pour le re-
cevoir : il en est de meinc en general de toute espece
de graine. II ne faut leur faire voir le jour qu'au
inoment de les employer. Pour ce qu'on destine
au marehe, il faut attendro le moment de ven-
TURE, LIV. I. n3
dre avec avantage. Telle produetion ne peut se
conscrver sanss'alterer; il fautse presser de s'en
defaire. Cette autrc est plus de garde, attendez
que son prix s'eleve. Quisait attendre, non-seu-
lement retire rinteret de sa marchandise , mais en
obtient quclquefois un prix double. Stolon par-
lait encore, lorsqu'un affranehi du gardien entre
touten pleurs, en noussuppliant d'excuser si fon
nous a fait si longtemps attendre; et en meme
tcmps il nous invitc aux funeraiUes de son
maitre pour le lendemain. Nous nous levons tous
CLi nous ecriant : Quoi ! a ses funerailles? Quelles
funerailles? Alors resclavenousraconte, toujours
plcurant, que son raaitre vient d'etre frapped'un
coup de couteau , et (|ue le meurtrier s'est pcrdu
dans la foule. Seiilement, par uneexclamation qu'il
avait faite, oi! jugeait que le crime etait feffet
d'une meprise. L'esclave ajoutait que, tout oc-
cupe dc reconduire son maitre au logis, d'en-
voyer chercher promptemcnt un medecin, il
n'avait pas eu le temps de nous avertir plus tot, et
que nous serions sans doute disposes a trouver
sa conduite naturelie. Son empressement, il est
vrai , n'av,iit pas empeche son patron de rendre
fame peu de temps apres; mais il croyait nean-
nioins n'avoir fait en cela que sou devoir. Nous
ne le trouvAmes que tropexcuse, et nous descen-
dimes ious du teraple pour retourner che/, nous ,
plus emiisde 1'accidcnt, parrapport a rhumanitc,
que surpris de ce que Rorae en etait le theatre.
LXA^. Oloasalbas, qiias conilideiis, novas si cclcriinr
piomas.nisi conilieris, propler amaritijdinem illas les-
puit i>alatnm. Itein nigras, nisi prius eas sale maccraiis ,
iit libenter iii os recipiantur.
LXVII. Xuceni jiiglandein , et palmnlam , et riciim Sa-
binam quanto citius promas , jnciindiore ulare , qiiod ve-
tuslate licus fit jiallidior, palmula rariosior, nux aridior.
LXVIII. Pcnsilia, ul iivae, mala, et sorba, ipsa osten-
diint, quando ad usiiiu oporteat promi : qiiod colore mu-
tato et coiiliactii acinonim , si noii dcinsei is ad edcndiini ,
ad alijiricndum dcsccnsunim se niinilantiir. .Sorbum ma-
turiim niite coiidilnm dlius promi opoitet : aceibum
enim siispcnsiim lcutins est. Qiiod priiis domi niatiirila-
tein a.sseqiii viilt, qiiani iicqiiil in arliore, qnain mile.scat.
LXIX. Messuin far |iroiiiiMiiliiMi liieme in pistrino ad
torrendum, qiiod ad cilialiim cvpcditiini esse velis. Qiiod
ad salionem , liini proincnduui , ciini scfietes matiir.t sunt
ad accipicndnm. Itcui qiiai pertinent ad sationcni, siio
quoquc tempore iiiomcnda. Qiise vendenda, vidcniliini,
qnae quoiiue lcnipoic oporlcat piomi. Alia eiiiui, qiuv
nianerc iioii pnssimt, ante quam se comniulent, ut cele-
ritcr pionias , ac veiidas : alia qute servari possnnt , ut
luni vcndas, cuni carilas est. Saepe enim diutius servala
noii inodo usuiam adjioiunt; sed etiam fiuctum dupli-
cant, si tempore pronias. Cuni hicc diceret .Stolo, venit
liberlns a'ditiinii ad iios llens, el rogat nt ignoscainus
quod sinuis retcnti, et ut ei in liinus postridie piodea-
miis. Oinnes coiisuisiiniis, ac siniul exclamanius, qiiid.'
in funiis? qnod funus? qiiid est factum? llle flens iiarrat
ab uescio quo perciissiim cultello concidisse, qnein qui
esset , aniniadvcrtcre in turba non potiiisse, sed lantum-
iiiodo cxaiidissc vocciii , pcrperam fecisse. lpse,cum pa-
Ironiim doinum sustiilisset, et piieros diniisisset ut me-
diciim requircreiil, ac mature aililiiicrrnl ; (|iiud potiiis
illiid adminislrasset , quam ad no^ M'iiK-ri , a^ipiuin esse
sibi iKnosci. Necsieum servaic iinn pnluivMl, qiiiu non
uiulto postauiiiiain ctdaret, laiiien putarese fecisse recte.
Kon mole.^te fercnles descendimus de a^de^etde casu
biimauo ma^is qncrentes, quam admiraiites id RomKfac-
tiiiii , disccdiiiiiis onincs.
VARRON.
LIVRE II.
DE l'education des bestuux.
Nos grands aieux avaient bien raison de mettre
rhomme des champs aii-dessus de 1'homme des
villes. En effet autaut les habitudes d'une mai-
son de plaisance semblent oiseuses a nos campa-
gnards , s'ils les comparent a la laborieuse agi-
tation d'une ferme, autant cette premiere exis-
tence paraissait-elle active k nos ancetres au-
pres de la paresse des citadins. Aussi avaient-ils
partage leur tcmps de facon a ne douner aux
affaires de la ville que deux jours sur neuf , con-
sacrant les sepl autres exclusivement aux occu-
pations rurales. Tant qu'iis sont restes fideles
i cette couturae , ils y ont gagne sous deux rap-
ports : d'abord leurs champs rapportaientdavan-
tage, et eux-meraesse portaient mieux. En second
lieu , ils pouvaient se passer de ces gymnases de
toute espece dont le raffinement des Grecs a
rempli leurs maisons devilles, el qu'il nous faut
avoir, nous, maintenant dans nos demeures, de-
puis le premier jusqu'au dernier. On ne croirait
pas avoir de maison de campagne , si Ton ne
pouvaitsedonner le plaisir d'en decorer de noms
grecs toutes les distributions. IIpoxoiTwv (anti-
chambre) ■naXalGTpa (palestre), aito^uTvipiov (ves-
tiaire), TrEpicTuXov (colonnade),dpvi6tov (voliere)
TrspnjTepaov (colombier) diTwpoOyixv) (fruiterie).
Comme de nos jours il n'est guere de ehefs de fa-
mille qui , laissant la faux et charrue, n'ait emi-
gre dans Tenceinte de Rome , et ne consacre a
applaudir au cirque et au thcfltre les mains jadis
occupees aux champs et aux vignobles, il en re-
sultequ'aujourd'hui nou« payons pour qu'on nous
apporte d'Afrique et de Sardaigne le ble qui
nous nourrlt, et que nous allons par mer falre
vendange a Cos et a Chio. Les fondateurs de
cetteville,quin'etaienteuxquedespatres, avaient
voulu que leurs deseendants fussentdes cultiva-
teurs; et,au mepris de leurs lois, rambition
de leurs descendants a converti les champs en
prairie, sans raeme faire dedifference entre pal-
tre des troupeaux et labourer la tcrre. Autre
cliose cependant est le laboureur et le pdtre.
Pour se nourrir aussi des champs, le boeuf de
labour n'en differe pas moins du boeuf de p^tu-
rage. Le boeuf entroupeaune produit pas; il con-
sommc. Le hoeuf sous lejoug, au contraire, con-
tribue a la productioii du ble dans les guerets
et du fourrage dans les jacheres. Je le repete, la
science du cultivateur differe essentiellement de
celle du patre. Le but du cultivateur est de tour-
ner a son profit toiit ce qu"il fait produire a ia
terre ; celui du patie , de retirer tout le parti pos-
sible de son troupeau. Mais comme il y a un
rapport intime ciitre ces deux choses, puisque
d'un cote le profit peut etre pUis grand k faire
consommcr le fourrage sur place qu'a le vendre;
et que de Tautre rengrais , relement de feconda-
tion le plus indispensablea laterre, est cssentiel-
lement une provenance du betail , il s'ensuit que
tout possesseur de biens fonds doit embrasser les
deux sciences, etre a la fois agriculteuret eleveur
de troupeaux , et porter ses soins nieme sur toute
espece animale qui peut se trouver dans une
ferme et ses dependances. Car les volieres , les
garennes, les viviers, sont toutes industries dont
le proflt n'est rien raoios que meprisable. J'ai
traite de ragriculture dans un premier livre de-
die a raa ferame Fuiidania, qui fait elle-raeme
valoir une terre. Celui-ci, mon cher Niger Tur-
DE RE PECDAKI\.
Viri magni nostri majores nonsine caiisa prseponebant
ruslicos Romanos iirbauis. Ut ruri eiiim, qui in villa
vivunt ignaviores, quam qui in agro versanlur in aliquo
opere faciundo : sic qui in oppido sederent , quam qui
rura colerent, desidiosiores pulabant. Ilaqne annum ila
diviseruut, ut nonis modo diebus urbanas res nsurpa-
rent, reliquis vii ul rura colerent. Quod duni servaverunt
institutum , ulrumque sunt conscculi , ut et cullura agros
fopcundissimos baberenl , et ipsi valpludine firmiores es-
sent : ac ne Gra'Corum nrbana desideraient gymnasia,
quae nunc vix satis singula sunt : nec putant se tiabeie
villam.si non multis vocabulis relineant Grarcis, quum
vocent parlicuialim loca, Ttpoxoi-ciSva , naXaiatpav, lijio-
J-jrA,()iov, iiepioTuXov, 6pvi9wva , TtcpKiTEpiwva, 67i(i)po9-flxriv.
Igiturquod nunc inlra niurum fere patres faniili» correp-
serunl relictis falceet aralro, et nianusmovere malucrunt
in theatro ac ciico , quara in segetibus ac vinelis , fru-
menlum locamus , qui nobis advetiat, qui saturi fiainus
t\ Africa , et Sardinia : et navibus viademiam condimus
ex insula Coa , etCliia. Ilaque inquaterra culluram agri
docuerunt paslores progeuiem suam , qui condiderunt
urbem , ibi contia progenics eorum, piopler avaritiam
contra leges ex segetibus fecit prata , ignorantes non idem
esse agi iculluram et pastionera. Alius eiiim opilio , et ara-
lor : ncc si possit in agro p^ci, armenlarius non aliud
ac bubulcus. Armcnuim enim id , quod in agro nalum
non creat , sed tollit dentibus. Conlra , bos doniitus caiisa
fil, utcommodius iiascatur frumentum in segete, et pa-
bulum in novali. Alia, inquam , ralio ac scienlia coloni,
alia pastoris; coloni, ut ea qua; in agiicultura nascantur
e lerra fruclum facianl. Conlra pasloris, ut ea qu.Te nata
ex pecore. Qiiarum quoniam socielas inler se magna,
proplerea quod pabulum iii fiindo rompascere , quam
vendere plerumque magis expedit domiuo fundi ; et ster-
coratio ad fructus terreslres aptissima , et niaxime ad id
pecus apposilum : qui liabet praedium, liabere ulramqua
debet disciplinam, et agriculluise, et pecoris pascendi,
etetiam villaticae pastionis. Ex ea enim quoque fructus
lolli possunl non mediocres, ex ornithonibus , ac lepora-
riis, ct piscinis. E queis qiioniam de agricultura librum
1'undania; uxori propler ejus fundura feci : tibi Niger
Tui rani nosler, qui vehemenler delectaris pecore , prop-
DE L'AGRICULTURE , LIV. II
ranlus, je iVcris pour vous, amatcur passionD^
de tout ce qui touche au regime pastoral ; vous ,
que ce povit conduitsi souvent aux foires de Ma-
cra , et qui trouvez daus ce genre de speculation
de quoi satisfaire a de tres-couteuses exigences.
La tadie ne sera pas difficile pour moi, possesseur
autrefoisde betail sur une grandeechelle; car |"ai
eu de nomhreux troupeaux de Tesp^ce ovine en
Apulie, et a Reate, des haras considerables. .)e
ne traiterai toutefois que sommairement la ma-
tiere, me bornnnt a recueillir ici dcs entretiens
que j'ai eus avec quelques amis , grands proprie-
taires de bestiaux en Epire, a Tepoque de la
guerre des pirates, lorsque je coinmandais les
llottes de la Grece, entre la Cilicie et l'ile de
Delos.
I. Menas venait de se retirer;et Cossiniusse
tournant vers moi. INous ne vous laisserons pas
parlir, me dit-il, que vous n'ayez acheve de nous
expliquer ces trois parties dont vous aviez deja
commence a nous entretenir, iorsque vous avez
ete interrompu, Qu'est-ce que ces trois parties?
dit Murrius ; ne serait-ce point celles dont vous
me parliez hicr, et qui concernentreducation des
bcstiaux? — Precisement, reprit Cassinius. Nous
elions allcs voir Pctus qui etait indlspose ; et la,
Varron avait commence une dissertation sur To-
rigine de cette seience, sur la haute eonsidera-
tion qu'elle merite, et sur toutes les conditionsde
sa pratique. II a lite interrompu par rarrivee du
medecin. Je neveux me cliarger. repris-je alors,
quc des deux premieres parties composantrhisto-
rique (laTopijcov) de la science. .Te vousdiraiee que
jesais;(|uelleestsonorigine, et combien d'estime
lui est due. Quant a la troisieme, qui est la partie
pratique, c'est a Scrofa de s'en tirer... osrio .u.ou
TzoXkov aaEivwv (lui qui s'y entend bien mieux que
moi). On peut bien parler grec ^ des gens qui sont
Grecs a moitie. Sciofa, en effet , n'en a-t-il pa»
remontre a C. Lucilius Hirpus, votre gendre,si
celebre par les beaux troupeaux qu'il possede au
pays desBrutiens? — Tres-volontiers, ditScrofa ;
mais a la coudition qu'en retour vous autres
Epirotes et pdtres par excellence , vous nous fe-
rez part de tout ce que vous savez sur ce sujet,
pour mc recompenser de ma complaisance ; car ou
a toujours quelque chose a apprendre. Je m'etais
donc ainsi renferme, de mon choix, dans la par-
tie purementtheorique de lascience : cen'estpas
queje ne fusse aussi proprietairede troupeaux eii
Italie; mais n'est pas joueur de cithare quieon-
que a rinstrumcnt en main, et je pris la parole
aiiisi : L'homme et les animaux doivent avoir eti-
de tout temps dans rordre de la nature. Soit
que Ton admette un principe generateur, avec
Thales de Milet et Zenon de Cittium; soit
qu'avec Pythagore de Samos et Aristote de Sta-
gire, on eirveuille nier rexistence, il faut con-
venir avec Dicearque que la vie humaine , en re-
montaiit jusqu'a sa condition le plus ancieune -
ment coiinue, a successivement passe par bien
des transformations, avant d'arriver a sa forme
aetiielle; et que, dans cette condition primitive,
rhomme se nourrissait des productions spuutanees
de la terre, vierge de tout ensemencement. A Te-
tat de nature a suecede la vie pastorale ; seconde
periode,ou rhomme, au lieu dese repaitre ex-
clusivement de glands, d'arbouses, de mureset
autres fruits sau\ages, enleves aux forcts et aux
buissons, choisit parmi les animaux , h6tes des
bois comme lui , lesespeees dontil peut s'appro-
prier lasub^tance, lcs emprisonne, et les appri-
voise. On suppose avec assezde raisoii qu'il s'em-
para d'al)ord des brebis, commeetantla conquete
tciea quod te emturienlem in rampos Macros ad merra-
tiim adiliicunt creliro pedes , qiio facilius sumlibiis multa
poscentilius niinistres , quod eo racilius ruciam , qiiod et
ipsepecuaiias liabui giandes, in Appnlia oviarias, i^l in
Realino eqiiarias : [qnaj de re pecuaiia breviler ac siim-
malim percuriam , ex sermoniiius nostris collatiscimi iis,
qui pecuarias liabuenint in E|>eiio magiias , tiiin cum pi-
ratico beilo inter Ueliim et Ciliciam Graecia; classibus
prseessem, incipiam liinc.
C*P. I. Ciini Mcnas discessis.set, Cossinius mibi, Nos
te non dimittcniiis, impiil, ante cpiam tria illa expiicj-
ris, quiTe cirpcias nupcr diccre, cuin sumiis iiiterpel-
lali. Qu.T! tiia? inqiiit Muniiis. An ea, qure mibi beri
dixisti de p.isloricia re? Isla, iji^Min^/c , qua; coeperat
bic disserere, qu;c essel origo , qua; dignilas , <\ux ars :
cum petam lcssuni viscie venissemus, ni medici adven-
tus nos inlctiiipissct. Ego vero, inrjuam, dicam diin-
laxal, quud csl w-tofiv.ov , de duabiis rebiis priinis , qu.-e
accepi , de origine , ct digiiitate. De tcrtia parle , ubi esl
de arte, Scrola .siiscipiel : ut .semigra-cis pasloribus di-
cam graece, oiitip avj iroXXiv i\uiw/. Nani is inagislcr
C. Lucilii Hirpi generi lui , ciijus nol)iles pecuaria- in Brii-
tiis habentur. Sed liaec Ha a nohisaccipietis, inquit Scrofa
ul vos, qui eslis Epirolici, pecuarii alhlet.T, remuneie-
mininos, ae qiiae scilis, proferatis in mcdiiim. Neina
eiiim omnia piilest scire. Cum accepLssem conditionem ,
tU nieae parteses9entprima>, nonquo iion ego pecuarias in
tlalia liabeani , sed non oranes qiii habent cilharam , sunl
citliarncdi : igitiir, viqunm, et bomines el pecua cuni
semper fuisse sil necesse naliira. Sive eiiim aliqiiod l'uit
priucipiura generandi animahum , ut piilavit Tliale.s Mile-
sius,('t ZenoCittieus : sivecxiulia piiiicipium liorum cx-
titit nulliim, ut crcdidit Pjthagoias Samius, et Aristo-
teles Stageiiles; necesse est buman,-K vila; a sumina me-
moria gradaliin dcscendisse .vl hanc a>tatem , ut scribit
Dic^earcbus : et sunimum gr.iduni fiiissc naliiialcni, nim
viverent boraines ex iis lebus, (pi.c iiuiokita ultro lcriel
lerra : ex liac vita in secundam dcMxinllssc pii<loii(juin,
e fcris atqueagrestibus, iit ex aiboribus .ic viigultis de-
ccipcndo glandcm, arbutum, moia , poma()ue colli^crcnt
ad usum; sic ex animalibus, cuin proplcr oandein utili-
talcni qua; po.s,sent silvestria depichendeiejil, ac conclii-
dcrent, elmansuc^c(vciil. liKpieis prinium iion sinec^usa
putant oves assumtas, et proptcr ulilitatem, el pioptor
VARRON.
la plvis facile et la plus profitable. Ces animaux
en elTet , d'un naturcl si doux , convenaient par-
faitcment a la couditlon primitivedc rhomme, a
qui ilsfournissaient dii lait et du froraap^e pour sa
uourriture , des peaux et de la laine pour couvrir
son corps. Apres la vie pastorale vint la vie agri-
cole, troisieme periode de riiumanite, qui garda
longtemps plus d'un trait des deux precedentes.
De nos jours eneore on retrouve plusieurs espe-
ces de betail a l'etat sauvage dans certainescou-
trees. Les brebis par exemple en Phrvgie, ou on
les voit errer par troupeaux, et les ehevres dans
rile de Samothrace. Ces dernieres, dont Fespece
s'appelle en latin rota, abondent en Italie, sur
les raontsFiscellum etTetrica. Qiiant aux porcs,
tout le monde sait qu'il y en a de sauvages, a
raoins qu'on ne veuiile regarder lesanglier comme
un autre aniraal. Les boeufs se trouvent egale-
ment a Tetat le plus sauvage en Dardanie, en
Medie, et en Thrac«. Les flnes sauvages (onagres)
ne sont pas rares daus la Phrygie et la Lycao-
nie; il y a des chevaux sauvages dans quel-
ques contrees de TEspagne citerieure. Voila pour
rorigine de la science , je passe a restime qui lui
est due. Les plus illustres personuages de Tanti-
quite etaient tous des p;Ures; ies langues grecque
et latine en portent toutes deiix temoignage.
Voyez les anciens poetes qui appellent !eur he-
ros tant6t«7toAuapvoc (riuhe enagneaux), tantot
ra)>uar|>>oi; (riche enbrebis), tantot enfin ttoXu-
(jouTyi; (riche eu troupeaux de boeufs.) Ces memes
poijtes nous parlent de brebis dont la toison
etait d'or, par alUision sans doute a leur ex-
tr^me cherte. Telle etait la brebis d'Atree a
Argos, dont ce prince se pl.iint d'avoir ete de-
pouille par Thyeste; et le belier qu'Eetes posse-
dait en Colchide , but de rexpedition de ces flls
de rois connus sous le nom d'Argonautes. Enfln
telles etaient , en Libye, celles qu"enfermait le jar-
din desHesperides, d'ouHerculeravitlespommes
A'or{7nala); c'est-a-dire, suivant la tradition,des
troupeauxdechevresetdebrehis,qu'iltransporta
d'AfriqueeuGrece. Eten effetlesGrecs, pourrap-
peler par le sou le cri de ces animaux, leur ont
donne ienom de ix.r^Xa , onomatopee que les Latins
ont rendue plusexpressive en changeant une seule
lettre, bela. Car on entend plutot bce que me
quand uue brebis crie. De ce mot on a fait ensuite
le verbe belare, en retranchant une lettre, comrae
dans beaucoup d'autres derives. Si le betail n'eut
pas ete en bonneur chez les anciens, les astro-
nomes ne lui auraient certes pas emprunte plu-
sieurs noms de signes, dansladescription qu'ils ont
faite du ciel. Loiu d'avoir la moindre hesitation
a placer ces noms au zodiaque, plus d'un au-
tcur, en enumerant les douze signes, commence
par ceux qui porteut des noms d'animaux , et
donne ninsi le pas au Relier et au Taureau sur
Apollon et sur Hercule, qui, tout dieux qu'ils
sont , ne viennent qu'en troisieme lieu, sous le nom
de Geraeaux. Et , peu contents de u'avoir en noms
de betail qu'un sixieme du nombre des signes,
ils y ont introduit le Capricorne pour completer
le quart.
Les noms de chevre, de houc et de chien , que
portent differentes constellations, sont egalement
empruntes aubetail. Desterres, qui plus est, et
des mers ue tirent-elles pas leurs noms de la
nieme source, temoin la mcrEgee, qui doit le
sien a Tespece chevre (oiiyeioi;), le mont Taurus en
Syrie, lemontCanteriusdansle paysdesSahins,
!e Bnsphore deThrace et le Bospliore cimmerien.
nyadesvillesdontlesnomsn'ontpasd'autre ori-
gine : parexemple, la ville grecque qu'on nomme
placiditatem.Maximeenimliaenaturaquietoe, et aptissima;
ad vitam liomiuum. Ad cibum euim lacleet caseum adliibi-
lum , ad (corpus) veslilum et pelles (et lanam) attulerunt.
Terlio denique gradu a vila paslorali ad agriculturam des-
cenderunt. In qua ex duobus gradibus superioribus reti-
nuerunt mulla. Et quo desceuderant, ib; processerunt
longe, dum ad nos perveniret. Etiam nunc in locis mullis
genera pecudum feraium sunt aliqiiot, ul iii Plirygia ex
ovibiis , ubi greges videntur compliires ; ut in Samothrace
capiarum, qiias latine rotas appellant. Sunlenimin Italia
circum Fiscellum et f etiicam montes multae. De suibus
nemini ignotum , nisi qui apros non putat sues vocari.
Boves perferi etiam mmc sunt multi in Dardania , et Me-
dica , et Tbracia. Asini feiiin Plirygia, et I^ycaonia. Equi
feri in Hispaniae citerioris regionibusaliqiiol. Origo, quani
di\i : dignitas, quam dicam. De antiquis ilhislrissimus
quisque pastor erat, ut oslendit gra-ca et latina lingua,
et veleres poetic , qui alios vocaut TioXuapva; , alios tioXu-
|ir|AO'j;, alios noXuSouToe; , qui ipsas pecudes propter cari-
lem aureas babuisse pelles tradiderunt, ut Argis Alieus,
quam sibi Tliyestem subduxe queritur : ut in Colcbide
.'Eela , ad cujus arietis pellem profeeli regio genere di-
cnntur Argonaiita! : iit in Libya (ad) Hesperidas , iinde
aurea mala, id est, secundum antiquam consueludinem,
capias et oves, [quas] Herciiles ex Aliica in Graeciam ex-
portavit. Ea enim (a) sua voce Gra'ci appellarunt fiJjXa.
Nec multo secus uostri ab eadem voce, sed alia litera
bela vocaiunt. Non euim rae,sed bee sonare videnlur
oves vocem efferenles : a quo belare dicunl, extiila li-
lera, ut in multis. Quod si apud anliquos non magii.c di-
gnitalis pecus esset, in ca^lo describendo aslrologi non
appellassent eoriim voeabulis signa, quae non modo non
dubitaruut ponere , sed eliaui ab Uis principibus xii signa -
multi numerant : ut ab ariete et tauro'., cuni ea piirpone-
reut Apollini , et Heiculi. li enim dii ea sequuutiir, sed
appellautur Gemini. Nec satis pularuut de xii signis .sex-
tam partem obtinere pecudiim nomina, nisi adjecissenl,
ut quarlam teuercnt, capiicornum. Pra^terea a pecuariis
addiderunt capram , boedos , canes. \u non ilem in mari
terraqiie ab liis regionnm uol.'c? [a pecore] in mari,
quod nouiinaveiunt aeapiis Ageum pelagus : adSyriam
monteiii Tauium : in S;ibinis Canlerium montem : Bos-
pliorum unuui Thracium, allerum Cimmerinm. Nonne in
terrismulta, iit oppiduiti in Crajcia EnTf.ov 'ApYoc? Deui-
DE L'AGRICULTURE, LIV. IL
iTtTtiov 'ApYoi;. EiiCiQ ritalie ne doit-elle pas elle-
memc son nom aux veaux {vituli) , eomme le
pii-teiul Pison? Qui oserait nier que le peuple
roinaii! n'ait eu des pfllres pour aneetres? Qui ne
sait (jue Faustulus , pere nourrieier de Romulus
et Renuis, et Tinstructeur de leur jeuiiesse, etait
un siinple p^tre? N'etaient-ils pas des patreseu\-
memes ces fondateurs de notre ville , comme le
prouve leur choix pour la fonder, du jour meme
des Parilia? JNe dit-on pas encore aujourd'lnii ,
suivant ranciennecoutume, tant de bcei/fs, tunt
de brebis , pour exprimer la valeur de certaiiies
choses? INotre plus ancienne monnaie n'a-t-elle
pas une (igurede betail pour effigie? Et n'ctait-ce
pas avec une charrue attelee d'un boeuf et duue
vache qu'autrefois on traeait renceinte d'une
ville, et qu'on inarquait remplacement de ses
portes? Enfin lcs smvilaurilia, c'est-a-dire les
victimes solennelles que Ton promene autour
du peuple romaiii pour le purifier, ([u'est-ce au-
tre ehoseqa'un verrat, un faelier, et un taurcau?
Combien n'avons-nous pas dc noms propres ein-
prunt(?s soit au gros, soit au petit betail? au pe-
titbi^tail, comrae ceux de Porcius, d'Oviuius,
de Caprilius; au gros b(^tail, comme ceux de
Taurius, d'Equitius. Enfin les Annius n'ont-ils pas
recu le surnom de Capra, les Statilius celui de
Taurus, et les Pomponius celui de Vitulus? Et
eombien on en citerait d'autres! Reste a dire en
quoi consiste la scieiice meme du nourrissage;
cJest ce dont notre ami Scrofa, a qui la palrae est
decernee par le sicele en fait d'(3conomi8 nirale,
va s'acquitter beaucoup raieux que moi. Tout le
moude alors tournales yeux vers Scioi'a,qui
commenca en ees terines : Cette scieiiee consiste
a se procurer du b(^'tail et a le nourrir, afin de
tirer le plus d'argent possible de la eliose ineme
d'ou vient le iiiot argcnt. Cur pccunia (argent
monnaye) est d^Miv^? de pevus; le betail i'tant
regarde coinme la base de toute richesse. Cette
science se divise en iieuf parSies , ou , si Ton
veut, en trois, qui se suhilivisent (^haeune en
trois autres. La premiere do ees trois parties
compreud le petit betail , dont on eompte trois
especes, savoir : les brebis, les ehevres, et les
porcs ; la seconde comprend le gros betail , qui
se forme egaleraent de trois espcees, savoir, les
boeufs, les anes et les chevaux; la troisieme et
derniere partie, qui n'est qu'accessoire ct non
d'un produit iininediat, mais qui cependant est
inherenteala matiere, comprend les mulets, les
chiens et les bergers. Chacuiie de ecs ncuf par-
ties en reuferme neufautres relatives, savoir,
quatrearacquisitiondub(;tail,quatreasonentre-
tien , et une derniere qui se rapporte a ces deux
objcts a la fois ; ce qui ne fait pns moins de qiia-
tre-viugt-une p.irties , toutcs indispensables, et
d'une importance majeure. D'abord , pour se pro-
curerde bon biitail , il importe avant tout de sa-
voir a quel (ige on doit prendre chaque espeee.
Les bceufs , par exemple, se payent moins chcreu
deea d'un au et passe dix , parce que le boeuf ne
eommence a servir qu'a sa secoiide ou a sa troi-
sieme annee, et ne sert plus ripres sa dixieme.
En geiu^ial, la premiere et les dernicrcs annees
des bestiaux sont toujours stcM'iles. La seconde
des quatre parties qiii se rattachent a Tacquisi-
tion a pour objet la formeexti^rieuredu biitail, con-
sid(?rationqui inlUie heaueoupsur laqualiti}. Pour
racheteur, un hceuf aux cornes noiriitrcs vaut
mieux qu'uu b(»uf aux cornes blanekes; une
elievre de graude taille, qu'une petite chevre.
Quaut aa porc, il doit (3tre long de corps et
court de t(5!e. La troisierae partie consiste a s'as-
(ine Ilaliaa vitiilis, ut scribit Piso. Romaiioriiin vfio po-
iniiiim a pastoriliiis esse oiiiim qiiis non (lirit.^ ()uis
Faustuliim nescil paslorom liiisse nutiiciuni, qiii Pioinii-
lum el Itemnm ediicavil.' non ipsos quoqiie fiiisse paslo-
res oliliucbit, qiiod Paiilibiis polissiiiuim (ondideie iii--
bem?non ilcm.ipiod muKa eliaiii iiuncex vetereiiistitulo
l)ubus et ovibiis dicitiirPet quod les anli^iiiissimum,
quod est flaUim, pecoie cst notatum.' Et quod urvo ui-
bis , cum condila est , tauro , et vacca (jiinctis) , qni esscnt
iniiii et porta! defiiiiluin? Et qiiod populus Roui. cuin lu-
stralur, suovilaurilibiis circumaguntur verres, aries ,
taurus? Et qiiod nouiina multa babemus ab utroquc pe-
coie, a niajoieet aminorc? A minore, Porcius, Oviniiis,
Caprilius : sic a niajore Equitins, Taurius... cogiioiniiia
adsignilicari , quod dicuDtur ut Aiinii Caprsc , Statilii
Tauri, Pomponii Viluli : sic a pecudibus alii mulli. Reli-
qiuim est de si ieulia pastorali , de qiia quod cst diceii-
dum , Sciofa uosler, rui liKc a>las defert leriiin ruslica-
rum oninium palmam , qiio melius potcst, dicel. Cuin
convertissenl in cum oraomnes, Scrofa : iKilur, inquil,
est scienlia pecoiis parandi, ac pasceudi, ut friictus
quani possunt niaxiuii capiantur cx ca,a quihus ipsa
pecunia nominata est. Nam omnis pecunia! pcciis funda-
nientum. Ea parlcs liabet novcni discietas, lcrtcrnas; ul
sit una dc minoribus pecudibus :cujns genera tria,ovis,
capra,sus. Altfia de pecore majoro, iu quo suut item
ad trcs spetics natura discrcli, boves, asini, eqiii. Terlia
pars csl iii pecilaria, qu;c nim paratur, ut e\ iiscapiatur
fructus , sed proplcr ca , iil ex ca siiit , luuli , caues , pasto-
res. Ilarum uuaquac^pie iu scgenerales partes liabetnovc-
nas, qiiarum in pecore parando necessariai qualuor; al-
lercie in pasceiido totidem; pneteiea coinmiinis uiia. Ila
liimt omnes partes miniimimocloginta et una , et quidein
neccssariic, nec parvaj. Priinum ut bouum paies pcius,
unum scire oportet, qua a;tatc quamque pecudem pa-
lare , babereiiue expediat. Itaqiie in bubulo petore miuD-
ris cmitis anuicuiam el supra deceui aniiorum , quod a
bima , aul triina frucluui ferre iucipit, neque longius
post deciinnm auiiimi prucedit. Nani |u ima xtas omiiis
peiotis et extrenia slcrilis. E qiialunr altera pars cst co-
gnitio formxuuiusciijusipie pucudis, qualis sit. Magni eiiiin
inlerest, ciijusmodi qiiieque sit, ad friiclum. Ita poliua
bovcm euiunl coruibiisnigrantibiis, quain albis : caprain
I amplam, qiiani parvam : sues procero coi puie , capilibui
10-1
VARRON.
snro r de la race. Celle des cines d'Areadle est ce-
lebre dans laGrece comme en Italie celle des
^nes delleate. Cest au point que j'ai vu un ane se
vendre soixante niille sesterces , et deux paires
dechevaux. a Rome, aller jusqu'a quatre cent
mille. La quatrieme partie se rapporte aux formes
de droit qui regissent Tacquisition du betail , et
aux precautions legales dont cette propriete s'en-
toure. Pour qu'elle passe surement d'une main a
uneautre, 11 faut blen faire intervenir quelques
formalites. Ce n'est pas tout, en falt de transaction ,
qu'on soit convenu d'un prixet qu'on le paye. L'e-
tat sanitaire, bon , mauvais ou dnuteux, amene
autant destipulationsdifferentesdans un marclie
de b^tail. Vieiment apresrachatquatre orJres de
considerationsd'uneautrenature.Ils'asitdenour-
vir son betail, de le faire multiplier, d'eleverles
petits , de le conserver sain. Touehant la nourri-
ture, qui est le preraier de ces quatre ordres, il
y a troischoses a observer relalivemeut aux espe-
ces : les conditions de lieux deparcours, Tepo-
que de Tannee oii le betail y doit etre conduit, et
ce qu'il faut qu'il y trouve a paitre. Ainsi des
localitcs montueuses et du feuillage a brouter,
voila ce qui convient aux chevres, plutot que de
gras pAturages.
Cest le contraire pour les cavales. Ilyaen-
core,suivantles localites,pacage d'ete et pacage
d'hiver. Ainsi lcs troupeaux de brebis de TA-
pulie vont passcr la campagne d'tte dans le
Samnium, apres que la declaration ena ^te faite
aux fermiers de larepublique, qui renregistrent ;
car il ne faut pas encourir les peines portees par
la loi des censeurs. Ainsi , pcndant la merae sai-
son , les mulets quittent lcs plaines de Rosea pour
les hautes montagnes de Gurgur. II faut eu der-
nier !ieu faire acception des aliments partlculie-
renient propres a chaque espece de betail , ce qui
ne se borne pas a donner du foin aux chevaux
et aux bcEufs, et du gland aux porcs, a qui le
foin ne saurait convenir. II faut encore savoir
a propos ajouter de Torge et des feves h la pro-
vende, et faire manger aux bo^ufs du lupin ; du
cytise et du sain-foin aux betes laitleres. Un mois
avant la saillie,on augniente la ration des beliers
et des taureaux , pour leur donner des forces , tan-
dis qu'on diminue celle des vaches etdes brebis;
car on pretend, avec raison, que les femelles
concolvent mieux qiiand ellessont maigres. La
gcneration cst robjet de la seconde partie; et
j'appel'le generation la periode intermediaire
entre la conception et Tiustant oii la hete met
bas; car c'est le comraencement et le but de la
generation. II faut s'occuppr avant tout de Taccou-
plementetderepoque oii lafemelle admetlemale.
Pour la race portant soie , c'est depuis le lever
de Favonius jusqu'a fequinoxe du printemps;
pour la race oviiie, du coucher de TArcture a
celui de rAigle. I! faut en outre observer preala-
blement un temps de separation necessaire entre
les miiles et les femelles , lequel est ordinairement
de deux mois pour toutc cspece de ti'oupeaux.
La gestation a aussi des soins partieuliers, la
delivrauce arrivant plus tot ou plus tard,suivant
les espeees. La jument par exemple porte un an ,
la vache dix raois, la truie quatre, la brebis
cinq, et lachevre autant. IJn phenomene de ge-
neration qui passe toute croyance , et qui est ce-
pendant de toute verite, se voit sur les cotes de
Lusitanie enEspai;ne, presde laville d'01ysippe,
sur le mont Tagro. La les cavales concoivent du
vent, comme il arrive assez souveut chez nous
iit sint parvis. Tertia pars est, quo sint semlnio quteren-
(lnni. Hoc nnmine enim asini Arcailici jn Gr.Tcia noliili-
ti4ti , in Ilalia Reatinl , iisqne eo, nt nica niemoiia asinus
venleHt sexteitii.s millilius l\ , et un;e quadrigae Romae
constiterint quadrinjjentis niilliljus. Qnarta pars est de
jure In paramlo , qnemailmodnm quamque pecudem enii
oporteat elvlli jure. Qiiod enim alterins luit , id ut fiat
meum,necesseest allquid Inlercedere. Neipie In omnlbus
salis est sllpulatlo, aiit .solutlo numorum ad mutatlonem
dominl. In emtlone alias stipulandiim stalim, esse e va-
leludinario, allas e sano pecore , allas e neiilro. Aller.i;
parlesquatuor siiiit, cum jam enieiis, obseivandi» , de
pastione , de fo^tura , de nulricatu , de sanitate. Pascendi
prlmus locus qiil esl, ejus ratlo trlplex. In qua reglone
quamque potissimum pascas, et quando, etqneis? iit ca-
pras in montuosis pollus locis et fruticlbus, qiiam In her-
bidls campis; equas contra. Neqne eadeni loca, ;csliva et
lilberna idonea omnibus ad pasccndum. Itaque greges
ovlum longe abignntur ex Appulia in Samnlum aestlva-
tum , atque ad piiblicanum prolitentur, ne , sl Inscriptuin
pecus paverinl, lege censoiia commlttant. Miili e Kosea
campeotri aeslate exiguntur in Guigures altos niontes.
Qni polissimum quseqiie pecudum pascatur, liabenda ra-
f\n. i\'ec solum , quod fieno lit salura equa , aut bos, cum
sues lioc vitent, et quapiant glamlem : sed qnodordeum,
et faba Interdum sit qnlbnsdam objlciendum, et dandum
bubus lupinum , et lactarlls Medlca , et cjlisum. Prifterea
quudaute admissuram diebus xxx arietlbus, ac taurls
datur plus cibl , ut vlres habeant : fteminls bubus demi-
tiir, quod macescentes melins concipere dicuiitur. Se-
cunda pars est de fietnra. Nunc appello foeturam a con-
ceptu ad pai tum : hi enim praegnationis primi et extiemi
fines. Quare primum videndum de admlsslone, quo quse-
que lempore ut Ineant facere oporteat.Nam, ut suillo pe-
cori a favonio ad aequlnoctium vernum putant aptum , slc
ovillo ab Arcturi occasu, usque ad Aquilae occasum. Prae-
terea liabeiida ratlo, quanto ante quam incipiat admlssura
fieri , inares a foemliiis secretos habeant : quod fere in
omnibus binis mensibus ante faciunt et armenlarii, et
opiliones. Altera pars esl in fcclura, qua; slnt observanda,
quod alla alio tempore parere solet. Equa enlm veiitrem
fert XII nienses , vacca decem , ovis el capia qiiinque , sus
quatuor. In foeliira res incredibilis esl in Hispaiila , sed
est vera, quod in Lusltanla ad oceanum in ea leglone,
nbl est oppidum Olyslppo, nionte Tagro, quaedam e
ventocerto tempore concipiuntequ», ul hie gallinie 'W""
DE UAGRICULTURi:, LIV. II.
aiix poules dont les oeufs sont nppeles uiri-,v£;j.o<;
(poncus (lu vent) ; mais les poulains coneus de
cette maniere ne vivent pas plus de trois ans.
Quant aiix petits (|ui viennent a terme , ou apres ,
il faut les nettover et lcs faire lever avec pr(?cau-
tioii, de craiute (iu'ils nesoient (pendant lanuit)
ccrases sous la mere. Les aiitneaux qiu naiss^-nt
aprijs terme, etqui ont consequemmeut sejourne
plus que le temps normal dans les flancs de la
mere, s'appellent ('/(o/y//, mot d(?riv('de ydsiov
(nrriere-faix). La troisieme partie, la formation
des cleves consiste a examinercombien durera,
a (pielles heures, et en quel lieu se fera rallai-
tciiunt dcs petits; et si la mcre manque de lait,
a lcur donner une nonrrice. Les (jleves qu'on fait
(lc cctte facon sont appeles subrumi, ce qui veut
dire, sniis la maraelle. Ruinis etait, a ce que je
orois, rancien mot usit(i pour expriraer mnmelle.
On sevre ordinairement les aiineaux au bout de
quatre mois, les boucs au bout de trois, et les
porcs au bout de deu.x mois. Comme a cet age
ces derniers sont assez purs pour pouvoir ^tre
olTcrts en sacrifice, oq les appelait autrefois ««-
cri's (saer(is) ; c'est aeux que Plaute fait allusion,
lois(iu'il dit : Combien eoiitent les pores sacri's?
On appclle dans le meme sens opimi les boeufs
d"ciii;rais(iuc Ton destine aux sacrifices publics.
La (iuatricme partie concerne lc r(?gime sanitaire,
niaticre aussi importante que complexe; car
(inc ^("'16 malade peut vicier tout un troupeau,
ct ii'iin mal individucl faire un dt?sastregen(?ral.
JI l.iutdistinguer dcux sortcsde maladies :celles
(lui, dc nK-ine qiie Ics maladies des hommcs,
nclament In pr('sence du m(?decin ; et celles qui ,
lnnH' leur guerison, ne demnndent que les soins
dii patre. Cette partie en rcnferme trois autres:
savoir, les causes des maladies, lessympt6mes qui
les annoncent, et le traitement qu'il faut appli-
qucr a chncuuc. En gen(iral , les raaladies du hv-
tnil ont pour cause rcxces du chaud ou du froid ;
quckiuefois Texces de travail ou son contraire,
le Mianqiie d'exercice , ou bien encore Tinobser-
vation d'un tcmps de repos, quand on les fait
boire ou manger imm(?diatemeutapres le travail.
La presence d'une maladie se manifoste par des
sympt6raes. Ceux de la fievre occasionnee par
Texccs de chnleur ou de froid sont : la bouehe
beante, la respiration entrecoupee : et le corps
briilant. Voici letraitenient qu'il faut suivre dans
ee cas : On baigne ranimal , on le frotte avec de
Ihuile et du vin tiede ; on le met a la dicte, on
le couvre bien pour que le froid ne puisse Tat-
teindre, et on ne lui donne a boire que de Teau
qu"on a fait tiedir. Si ce traitement ne fait point
d'cffct, pratiquez une saignee; des veines de la
tcte surtout. Les autres maladies ont egalemeat
des causes et des signes particuliers. Le pasteur
en chef doit en avoir par ecrit le detail circous-
tancie, Reste la question du nombre; neuvieme
subdi vision, commune, ainsi que nous ravons dit,
aux deux prcniieres. Loi-squ'on veut elever des
besfiaux, il importe avant tout d'en fixer les
quantitiis, d'examiner combien de troupeaux le
fonds comporte, et de combien de tfites chacua
doit so coraposer, afin de n'avoir en terrains ni
deficit ni superllu ; car il y a perte dans les dcux
cas. II faudra de plus, pour chaque troupeau,
avoir des notes exactes du nombre des brebis ea
ctat de porter, de celui des b(?liers , de leurs pe-
tits miiles et femelles, et eufin des hcics de re-
but, dont il faut se d(;faire. Quand une mere a
trop de nourrissons, certains patres lui eu reti-
(|ii( ^dlcnl, (|iii\riim ova wrivjij.ii appcllant. Sed cx liis
(•(|iu>, (iiii iwti piilli, nnii pliis triennium vivunt. Qua;
ii,il:i siint niatiiia, et (lioKla, nt pure et molliler slcnt,
Mdiiidum, et ne obtcrantur. Diciintur agni cjiordi, qui
posi lcmpiis nascuntur, ac lemanscjiint in volvis inlimis.
Viiianl ■/tjifio^, a iiiio cliordi appellati. Tcrlia res est, de
niitniatn quid observaji oporteat , inquo, quot diebus
miilns sngant mamniam, et id qiio tempure, ct ubi : et si
p:ii\uii lialict lactLs matcr, iit sulijiciat siib allcrius niain-
III, iin, ipii appclUiiliirsiibiiimi, id csl Mib mamma. Anli-
({un iMiim viiialmlu iiiamiiia riimis , iit opinor. Fere ad
(liKiliior menscs a mamuKi non dijun;;unlur a^^ii, licrdi
IM ^, porci duo; e qucLs, quom puri sunt adsacrilicjnm.ut
iiiiiiinlcntur, olim appcllati saci'es,quos appellat Plautus,
( iim ait : Quanli sunt porci sacres? sic twves ailUi^s , ad
s.ii liliiia publica sagin.iti , dicuntur opimi. Quarta pars
eit dc saniUitc : res multiplex, a<; necessaria; quod inor-
bosiun pccus, et vitiosum, ct quando non valet, sa^pc
ningna (;rc:,jcm aflicit calainitate. Ciijiis sc.iejitia; scnera
dnu : unum ul in bnmincm , ad quem adliibeiidi medici ;
altcnmi.quo ip.sc cliam paslor dilif-ens mederi possit.
Kjus parlcs siint lios; iKuli aniinadvertendum, qu.-e cu-
]u>qiie Diorlii siiit causa, quzeqiie signa carum causarum
siiit, ctqua; quemque niorbum ratio cuiandi sequi de-
lieat. I^eie moiborum causa; ermit, quod laboraiit pro-
ptcra;stHs, aut propler frigora, nec non ctiam propter
nimiuni laboicm, aut cnntra, piopter nullam exer-
cilalinncm, aut si ciim exerciieris, stalim sine inter-
vallo (ibum aut potionem dederis. Signa aut£in sunt,
utenrum,(pii siveex.rstu, sive e labore febrem ha-
hent , adapei tuni os , humido spirilu ciehro , et corpore
calido. Cuiatio aiilcin , ciim liic est morbus , haec. Per-
fiinditur aqua, ct p(:ruii;;;iitiM olco ct vino tepefacto, el
ilem cibosustinctui, ct injuitiir ali(|uid ne frigus ca;dat ,
siticnti aqua tepida datur. Si lioc gcmis rehus Don proli-
ciliir, demitiir sangiiis, maxime e capite. Item ad alios
moibos alia; causa;, etiam aliasignain omni pecore , (|ua;
scripla liabcre oportet magislrum pecoris. Rcliiupiitur
noniim, qiiod dlxi, de numero, ulriusque parlis cuiii-
niimc. Nam et qui paratpecus, necesse est constiliiat ini-
nierum, quotgrcges, et qiianlos sit pasturus , ne aiit sal-
tiis desint, aut supersint , ct idco friictus dispereant.
Pra;terca scire oportet in grcge qiiot fteininas haheat ,
qua- paicre possiint, (|Uot aiiete.s, quot utriiis^iue generis
soholcs , quot rejiculii; sint alienanda;. In alimonils , si
sunt plures nati, ut quidain faciunt, sequendum, nt
lOC
VARRON.
rent. Imitez-les. Ce qui reste profite niieiix.
Prene2-y parde, dit Attieus. II y a dans vos
categories quelque chose qui cloche, qui cadre
mal avec vos definitions de gros et petit betail.
Essayez, par e.xemple, d'appliquer vos neuf divi-
sions aux chapitres des pasteurs et des muiets :
■vos principes sur raccouplement et la gestation
y feraient une belle figure ! Passe pour les chiens,
a qui ces notions sout du moins applicables. .le
vous coneede meme les pasteurs , parce qu'on leur
permet dans les fermes, et meme dans leurssta-
tions d'ete, d'avoir des femmes avec eux. L'on
gagne a eela de les attacher davantage a leui-s
troupcaux, et d'obtenir des naissances un ac-
croi.ssement de son domestique; cequi fait fruc-
tifier rexploitation. Cette multiplication de neuf
par neuf, repris-je, peut bien n'etre pas tout a
fait rigoureuse. Cest une facon de parler, comme
on dit les mille vaisseaux de rexpedition de
Troie, le tribuual des centuinvirs (des cent Ju-
ges) ('i Rome. II n'y a qu'a retraiicher, en ce qui
coneerne les mulets, les deux parties relalives a
la conceptionet a la gestation. Du mulet? s'ecria
Vaccius. Est-ce qu'on n'a pas vu a Ronie des
mules porter ct mettre bas? Je m'empressa! de
chanter sur le menie ton , en eitant un passage
de Magon et un de Dionysius , oii il est dit que la
gestation estd'unan chez les juments et lesnui-
les. Or, si e'est un prodige en Italie, ajoutai-je,
comment aillturs lacliose est-elle trouvee toute
iiaturelie? Westil pas vrai que les hiiondel-
les et les cigognes, qui produisenten Italie,ne
pondent point en d'autrescontrees? Ignorez-vous
encore quelcpaliiiier-dalte, qui donne dcs frnits
en Syrie et en Judee, ne rapporte pas en Italie?
Allons, dit alors Scrofa, si vous tenez abso-
lument a avoir nos qiiatre-vhigt-une divisioDS
completes, abstraetion faite de la faeulte repro-
ductive desmulets, nous avonsdequoi reraplir
la double laeune. II est en effet deux especes de
produits qu'on tire parsurcroit des troupeaux,
et qui conslituent deux nouveaux sujcLs de con-
siderations supplementaires. L'un de ces produits
provient de la tonte qu'on fait aux brcbis et aux
chevres, en coupant ou arrachant leur toison.
L'autre, plus generalement pratique, consiste
dans le lait et le fromage. Les Grees ont honore
cette matiere d'un nom particulier, TupoTroiio
(fabrieation des froraages) et leurs auteurs en ont
beaucoup parle.
II. Voila ma t^che accomplie; j'ai pose les
questions et leurs limites : a votre tour, celebres
Epirotes. Developpez devant nous chaque divi-
sion de la raatiere , et voyons uu peu quelle est
la portee des pasteurs de Pergame et de Malede.
Alors Atticus, dont le nom de famille etait en-
core T. Pomponius, et qui s'appelle, Cecilius
Atticus auiourd'hui, prit la paroleet dit : Je vois
bien que c'est a moi de parler le premier, puis-
que vous semblez me designer des yeux. Je trai-
terai donc des troupeaux que j'appelle, d'apres
vous, primitifs. Vous venez de nousdire en efiet
que , parmi ces animaux sauvages , les brebis fu-
rcnt les premieres dont 1'horame sesoit empare,
qu'il ait apprivoisees. II faut avant tout n'aeheter
quede bonnes brebis : elles sont reputees telles
quant a Tage, lorsqu'elles ne sont ni trop vieil-
les, ni trop jeunes. Les unes ne sont pas actuelle-
ment , les autres ne sont plus de rapport. Prefii-
rez cependant rage oii le produit est en expecta-
tive,a cehii qui ii'a d'avenir que la mort. Voici
les conditions quant aux furmes exterieures des
qiiosdam subdiicas. Qiix res fiiicre solct, ut reliqui me-
lius crescaiit. Vide , iiiquit Alticiis , ue te fallal, et iiovciuc
isla> partes non exeant extia pecoris miuoris ac niajoris
nomen. Quo pacto eiiim erunl iu mulls et pastoribus no-
venre parles, ubincc ailniissura', nec fieturae observan-
lur.' In canibus enim video pos.se dici. Sed do etiam in
lioininibus posse novenarium relineri nuiiierum, quoil in
liilieiiiis lialjent in villis niulieres, quidam etiam in jestivis,
et id |iertiiiere putanl, quo facilius ad greges pastorcs ve-
tincaiit, ct puerperio familiain faciaut majorem, et reni
peiiiMiiam fructuosiorem. Si , infjuam, numerus non est,
iit sit ad amiissim, iit non est, cum dicimus niille naves
iisse ad Xroiam, ccntumvirale esse judicimn Uomic ;
deine (si vis) duas res de niulis, admissuram et partu-
ram. Vaccius : Parturam, inquit.' proinde iit non aliquo-
tiesdicatur Romas pcperi.ssemulam. Cui ejo ut suociue-
iein, subjicio, Magonem et Dionysium scnbeie, inulaiii
etequam,cum conceperint, diiodecimo mense pareie.
Quarenon, sihicin Italia cuni pcperit nuila sit ixirteu-
liini, adsenliri omnes tenas. Keijiie euim luriindincs et
ciconia;, quH> iu Itulia pariunl, in omnibus lerris pariunt.
Non scitis palmulas caryolas in Syria parere in Judiea , in
Italia iion posse? Sed Scrofa : Si exigere mavis sine mu-
laruni lu'tuia etuutiicatii niimerum o^tosinta et uiiiiui,
est qui expleas dupliceiu istam laciinam : quud e.xtraoidi-
uarias' fructuum species duae accednnt magna!. Quarum
una est tousuia , quod oves ac capras detoudenf, autvel-
liiut : altera, qu<B lalius patet, est de lacte et caseu,
quam scriptores grffici sepai-atiniTjpojiotSavappellaveruut
ac scripserunt de ca re permulla.
II. Sed quoniam iios nostriim pensuin ab.solvimii3, ac
liiiiitata esl pecuaria qua'stio : nunc rursus vus reddite
iiobis, o Kpeiiotii?, de Hua quaque re,ut videamus, quid
pastores a 1'eigamide , Slaledove potis siut. Atticus , qui
tunc T. Pompouiiis, nuuc Q. Caecilius cogdomineeodein ;
Eyo opiiior, inquit, incipiam primus, quoniam inme vi-
dereconjecis.se oculos : et dicani de piimigenia pecuaria.
E feris eiiim pecudibiis primum di';is oves comprelieusas
ab lioiuiuibus, ac mensuefactas. Has priinuin oportet bo-
iias cmere. Quae ila (cognoscuntur) ab aelate, si neque
vetuloi suiit , iieque meia! agnK ; quod alterae jani uon-
duni, alteraj jani non possuut daie fructum. Sed ea nie-
lior setas, qiiaui sequitur spes, quaui ea qiiani niors. De
foinia,oveni esseoportel corpore aiiiplo, quie laiiamulta sil
el niolli, viliis altis, el densis toto corpore, maxiiiie cir-
cuni ccrvicem el collum , vciitrem qiioqiie ut habeat pilo-
DE L'AGR1CULTURE, LIV. IL
biebis:grandetaille,Iaine abondante et soyeiise ,
et touffue par tout ie corps , raais principaleraent
vers la tcte et autour du cou ; le dessous du ven-
Ire bien fourni. Nos aneetres nommaient apicw
les brebis au ventre degarni , et lcs mettaient au
rebut. Aycz soin qu'elles soient basses sur jam-
bes, et a queue longue, si elles sont de raceita-
licnne; a queue courte, sieliessont originaires
(le Syrie. Le premier point a constater, c'est la
qualite de la raec ; il y a deux moyens d'en juger.
Kn premier lieu, le belier a-t-il le front bien gar-
ni, les cornes torses tendant a se rcunir vers le
museau, l'o;i! roux , les oreilles fournies, beau-
loup d'ampleur de poitrine, d'epaules et de
croupe, une longue et large queue'? En seeond
lieu , les agneaux issus dc lui sont-ils de belie ve-
nue? II faut voir encore si ie belier a la langue
noire ou mouchelce, car les ngneaux qu'il pro-
duira scront rcspectivement de laine noire ou
mouclietee. Quant a raehat , les formes cn sont
regkes par la loi , dont les dispositions sont plus
ou nioins modifiees par la couturae des lieux.
Qnelques-uns, en fixant un prix par tete, stipu-
lentque deux agneau\ choisis (venus apres ter-
me) , on deux brebis eventces, ne scront eomptes
i|ue pour un. On se sert d'ailleui's pour cette es-
pece de transaction d'une forme traditionnelle,
que voici : L'achcteur dit au vendeur : « Me lcs
vendez-vous pour tanf? » et, apres reponse af-
lirmative et engagcment de racheteur d'en
payer le prix , ce dernier ajoute, suivant la te-
neur de la formule : « Me garantisscz-vous loya-
« lement que ces brebis sont saines, selon ies
« conditions requises pour cette especede betail,
« qu'il n'en cst aucune de borgne, sourde, ni
'■ de pclee sous le veutre, ou qui provicnne de
« troupeau malade; et que j'en serai bien dA-
'< mcnt proprietaire'?» Cesformalitcs accomplics,
le troupeau n'est encore considcre corame
ayant change de maitre, qu'apres le rccense-
ment; inaisellessufliseiit, d"apres la lcgislation,
de contrats pour qu'acheteur ou vendeur puis-
seiit etrejudiciairementcoutraints, le premier a
livrer memeavantd'avoirreeu le prix ; lesecond,
a payer lcdit prix. Je vais trailer maintenant
dcs quatre nutres parties : dc ralimentation, de
la propagation, de Teducation des Jeunes , et de
i'ctat sanitaire. Le preiniersoin cst debien pour-
voir ti la nourriture des brebis, autant au dcdans
qu'au dehors. Les etables devront etre bien si-
tnees, a l'abri du vent , et tournees au lcvant
plul6tqu'au midi. Le sol en devra ctre uni, et
de p!an inclinc , alln d'eti'c facilement balaye ct
tenu proprc; ear, dans rhumiditc, la lainc dcs
brebiss"altere, lacorne deleurs piedsse pourrit,ct
inevitablcment les bctcs deviennent galeuses. Le
feuillage de leur litiere doit etre renouvele au
bout de quelques jours, pour leur procurer un
coucher plus doux et plus propre : elles n'eii
mangent que micux. II faut encore separer du
reste par des cloisons les brebis malades, ou
pretes demettre bas : cetteprecaution n'est gucre
praticable qu'auxtroupeaux qui sejournent dans
les fermes. Mais dans Ics bois et loin des habita-
tionsonaurasoindesepremunirdecIaies,filcts,et
autres ustensiles propres a eonstruire des parcs
d'isolement. Le pacage des troupeaux exige des
exeursions tellement lointaines, qu'il y a qucl-
quefois plusieurs millcs entrc les stations d'cte
et celles d'hiver. Qui le sait mieux qne moi? dis-
je; car j'ai des troupcaux qni paissent riiiver
cu Apulie, et Tete sur la montague de Reate. Le
sum. Itaqiie qua> \A non haberenl, majores nostri apiras ap-
pellabant, acrejiclebant. Esse oportetcniribiis Iniinilibiis,
caiidis observare nt sint in llalia piolivis , in Sjria bre-
vibns. In primis viilendum , iit boni seminis pecns lialieas.
Id fcrc ex diiabus rebiis potest aniniadveiti, ex forma,
et piogcnie. Ex fornia , sl arieles sint fioiite lana veslili
bene, torlis corniliiis pronis ad roslrum, ravis oculis,
lana opcrtis auiibiis, aniplo pectoie, scapiilis et clunihus
lalis, caiida lata cl lon);a. Aniinadverlendum qiioqne lin-
Buanc iiigra, aiit varia sit, quod feie qui eam liabeiit,
nigios aiit varios procieanl agnos. Ex pros^enie aiitem ani-
madverlitiir, si agnos procieant formosos. In emlionilius
jnre ulimnreo, qiiod lex pra\scripsit. Ineaenimaliiplura,
alii pauciora excipiunt. Quidain enim pietio faclo in siu-
giilas oves, ut agiii cbordi diio pro nna ove aiinumeien-
lur, et si cui velnslate dentcs ahsunt , itein bin;e pio sin-
gulisul procedant.Dereliqiioantiquafereformulauluntur.
Ciim emlor dixil : Tanti suul nii emla:? el ille respondit:
Sunt, et expioniisit nunios : emtor slipulatiir prisca foi-
mula sic : Illasce oves, qiia de re agilur, sanas lecle esse,
uli pecusovilluin, quod recle sanuni esl, extra Inscam,
surdam, niinam, (id est, venlre glabro,) ncquc dc pc-
coie 11101 bo.so essc , liabercqiie rectc liccic, li<ec sic recle
fieri .spondesne .' Cuin id factumesl, tamen grex dominmn
non nuitavit, nisi si est aduiimei-atiim. Nec non emptor
poleex emto vendito ill'im damnaic, si iion tiadi'1, i|iiam-
vis iion solveiil numos : ut ille enitorcm siniili jiidicio,
si non reddil pictium. De alleiis qiiatnor iclius deinceps
dicam, de pastione, fintuia, nutricatu, sanilale. 1'rimuin
providcndum, ut totnm annum recte pascantur intus, et
foris. Slabula idoneo loco ut siut : ne ventosa : qu.T> .spe-
ctcut magis ad oiieulem , qiiain ad meiidianuni (leinpiis.)
iibi stent, soliim oportet esse eruderalnni , et proclivimi,
ut everri facile possit, ac ficri |)nriim. Son cniin soliim ca
uli;;o lauam coiTumpit ovium, sed etiiim unguias , ac sca-
bras lieri rogil. Ciini aliqiiot dies steteriint, siibjicere
opoilet virgulla alia , quo molliiis requiescant, piiriores-
que siul. Libentiiis cnim ila pasciinlur. lacicudiim qiioipie
scpta sccretaab aliis, quo iiicieiiles sccludcn' pus^is, itciii
qiio corporc c^c^io. Ha'c nia^is ad vilKdicos grcgcsaiiiinad-
vertenda. Conlra illi in sallibus qiii pascunliir, cl a tectis
absiint longe, portaul secuni crales, aut ictia, quibus
coliortes in soliludine faciaiit, Cicleraqiie utciisiiia. Loiigc
enini ct late jn diversis locis pasci solent, ut miilla millia
absinl saipe liiberna! pasliones ab iBSlivis. Ego vcioscio,
inquam, nani mihi gregcs in Appnlia hibcriiabant, qui
103
VARUON.
sentier, calles puhlica, chemin r^serve aux
troupeaux, qui relie ces deux stations eiiscml)le,
pourrait etre assimile a un joug, aux extremi-
tes duquel sout assujettis deux paniers qu'on
veut porter ensemble.
Quand on fait paltre les brebis sans changer
decontrce, il y a, suivant les saisons, des distinc-
tions a faire dans les heures de la journee. L'ete ,
c"est au point du jour qu'on mene le troupsau
au paturage. L'herbe, alors humide de rosee, est
bien plus savoureuse qu'a riieure de midi , ou la
chaleur Ta dessechee. Quand le soleil a paru ,
c'est le raoment de leconduire a rabreuvoir : il
retourne, apres, plus gaillard a la piiture. Vers
midi on le met a rombre sous des rochers ou
des arbies touffus, en attendant que la grande
ardeur soit passee. Puis aux approches de la soi-
ree, quand l'air est rafraichi, on le fait paitre
de nouveau jusqu'au coucher du soleil. Ou aura
soin qu'il aie tou jours les rayons a dos , car les
moutons ont la tete d"une sensibilite extreme. Le
soleil couchc, apres un intervalle de repos, on
fait encore boire ses betes, et paltre de nouveau
jusqu'a nuit ferraee, parce qu"alors rherbe aura
repris la saveiu' da matin. Cette pratique doit
s'observer scrupuleusement depuis le lever des
Pleiades jusqu'a requinoxe de rautomnc. Dans
uu champ reeemment moissonne, la prescnce
d'un troupeau est doublement avantageuse. II
s'engraisse dcs epis tonibes; et, par le fumier
qu'il y depose, mele a la paille broyee sous ses
pieds , la terre se trouve tout amendee pour une
rccoltea venir. Le regime de pacage pour rhiver
et le printemps offre les differences que voici. On
mene au paturage les bi-ebis a riieure oii les fri-
mats de la nuit ont disparu , et on les y laisse
tout le jour, ne les faisant boire qu'une fois vers
rheure de midi. Cest a peu pres la tout ce qu'on
peut dire touchaut ralimentation dcs brebis. Je
passe a la propagation de respece. II faut , deux
mois a Tavance , separer le belier etalon du reste
du troupeau , et le nourrir plus largement que
decoutume. Le soir,au retourdupSturage, met-
tez devant lui une ration d'orge : il en aura plus
de force , et supportera mieux les fatigues de son
role. Le veiitable moment de la monte est depuis
le coucher de TArcture jusqu'a celui de TAigle :
tout agneau concu plus tard est chctif et grele.
La brebis porte cent cinquante jours , et conse-
quemment mettra bas a la fm de rautomne ,
epoque oii la temperature est assez douoe, et
ou rherbe, renouvelee par les premierespluies,
comraence a sortir de la terre. Pendant tout le
temps de la monte les brebis ne doivent boire
qu"a la merae souree ; un changement d'eau ne
manquerait pas d'alterer leur laineetde nuire a
leur fruit. Sit6t que toutes les brebis sont plei-
nes, de nouveau on les separe des beliers , dont
rimportunite ne leur est plus que nuisible. Ne
souffrez Jamais qu'elles subissent le mSle avant
riige de deux ans : plus tot, ellos ne donnent que
des agneaux imparfaits, et elles-raeraes s'epui-
sent. L'iige de trois ans va eneore mieux pour
produire. Pour empecher les approches du belier,
on enferrae aux brebis lesparties sexuelles dans
de petits paniers de jones , ou de toute autre ma-
tiere ; mais le meilleur preservatif , c'est de faire
paitreseparementmalesetferaeIles.J'arrivemain-
teuant a reducation. Quand les brebis sont pre-
tes a mettre bas , on les fait entrer dans des eta-
bles reservees a cet effet. La on ticnt les nouveau-
nes pres du feu deux ou trois jours , au bout des-
in Realinis nioiitiliiis .Tsfivabant. Cum inler lisec bina
loca, ul jngiim continel siipiculos, sic calles publicse Ji-
slantes pastiones; easqnc ibi, ubi pascuntnr in eaJem re-
gione, tamenlemporjbusdistingunt, ut aestate, quod cum
prima luce exeunt pastum , propterea qnod tunc herba
roscida meridianam, qii» est aridior, jucunditate priEstat :
sole e\nrto potum piopelUint, nt redintegrantes rursus ad
pasliim alacriores faciant. Circiter meridianos lEstus , dum
defervescant, sub umbriferas rupes , e,t arbores patulas
subjiciunl, quoad refiigeratur aer, et vespertino rursus
pascuiit ad solis occasum. Ita pascere pecus oportet, ut
averso sole agat. Caput enim maxime ovis molle est. Ab
occasH parvo inteivallo interposito ad bibendnm apppj-
lunt,etrnisnspa.scunt,quoadcontenebravit. Iteriim enim
lumjucunditas in lierba redintegrabit. Ha>c ab vergiliarum
exortu ad a!quinoctium autumnale niaxime observant.
Quibus in locis messes snnt factie, inigere est ulile du-
plici de causa, quod et caduca spica saturantiir, et obtrilis
stramentis , et stercorfitione faciunt in annum segetes
meliores. Reliquiie pasliones bibeino ac verno tempore
lioc mutant, quod pruina jam exhalata, piopellunt in pa-
lniluin , et pascunt dieni totum , ac meridiano tempore
semelagere potumsalis liabent. Quod ad pastiones atlinet,
liiBC fere snnt : quod ad foluram, qnae dicam. Arietes,
quibus sis usurus ad foeturam, bimestri lenipore ante
secernendnm, et largius pabulo explendum. Cum ledie-
riint ad stabula e pastu, ordeum si est datiim, lirmiores
tiunt ad laborem sustinendum. Tempus optimiim ad ad.
miltendum ab Arcturl occasu ad Aquilie occasum, quod
quae posteaconcipiuntur, finnt vegrande^s, atque imbe-
ciJliE. Ovis pra?gnans est diebiis cl. Itaque lit partus exitu
autnmnali, cum aer est modice temperatus, et primitus
oritur lierba imbribus primoribus evocata. Quamdiu ad-
missura lit, eadem aqua uti oportet, quodcouimutatio et
lanam facit variara.et corrumpit nterum. Cum omnes
conceperunt, rursus arieles secernendi : ita factis pree-
gnantibus quod (si) sunt molesti, obsunt. INeque pali
oportet minores, quam biinas saliri, qiiod ncque nalum
ex his idoneum est, neque non ipsai liunt (etiam) detcrio-
res : et non meliores, quam trimae admissa>. Deterrent ab
saliendo fiscellis e junco , aliave qua re , quod alligant ad
naluram. Commodius servantur, si secretas pascunt. In
nutricalu cum paiere coeperunt, inigunt in stabula ea,
quie habent ad eam rem seclusa , ibique nala recentia ad
igiiem piopeponunt, quoad convaluemnt, biduum aut
Iriduumrelinent; itum agnoscant matrem agni , etpabiilo
DE L'AGRICULTURE, LIV. IL
quelsilssont ea 6tat de reeonnattre leur merc,
et de manyerseuls. Lesmeres brebissout en etat
dailer paitre avec le reste du troupeau : on re-
tient les petits a Tetable, pour les faire teter le
soir, au retour. Puis on les met de nouveau a
part , de crainte qu'ils ne soient fouies aux pieds
pendant la nuit. Le matin , avant de conduire
les meres au piJturage,on fait encore teter les
ajiueaux, afin qu'ils soient allaites pour toute la
journee. Au bout de dix jours euviron , on les
attaehe, avecdesecorces darbresou quelques au-
tres lieus legers, a des pieux plantesaquelqiie dis-
tanceles uns des autres, decrainte qu'en courant
^aetla tout le jour,ils nefassentinjurei leursfai-
bles menibres. S'ilsnecherchentpas lepisd'eux-
raeraes, il faut les en approcher, en leur frottant
les levres de beurre ou de saindoux , et en leur
faisantensuitetlairer le laitquelquetemps. Apres
on meltra devant eux de la vesce moulue , ou
de l'heibe tendre, le matin avant le piiturage,
et le soir au retour. On eontiuuera ce regirae jus-
qu'au quatrieme mois inclusivement : quelques-
UDS s'abstiennent de tirer leurs hrebis penJant ce
temps, mais ii vaut mleux ne point discontinuer
de les traire : les laines n'en sont que plus bel-
ies ct les betes que plus fecondes. Lorsqu'on se-
vre les agncaux , il y a des soins a prendre pour
les empecher de deperir par envie de teter. 11
faut les affriander par un choix de nourriture,
et reiller a cequ'ils ne souffrent jamais du froid
ou du chaud. Quand ce besoin a cesse de se faii'e
sentir, alors laissez-les se meler avec le reste du
troupeau. On ne ehutre les agneaux qu'a Tage de
cinq mois, en choisissant, pourcetteoperation,
une temperatuie moyenne. En fait de belier, il
fautchoisirde prefercnce, pour elever, ceux dont
les meres font habituellement deux agneaux d'une
seule portee. Les recommandations sont pour la
plupartapplieables a respece qu'on appelle ;;?>/-
lita, a cause des peaux donton Tenveloppe ; pre-
cautionque Ton prend pour les brebisd'Attique et
de Tarente , afin de mieux conserver la finesse de
leur laine , et faire qu'elle se tonde , lave et teigne
mieux. Les etables et mangeoiies exigent egale-
ment plus de soin, de proprete que celles des
brebis a grosse laine. Le sol en doit etre pave ,
afin que furine n'y sejourne point. Lcs brebis
ne refusent aucune nourriture; paille, feuilles
de figuiers, feuilles de vigne. On peut aussi leur
donner du son , mais par mesure reglee , pour
qu'elles n'en aient ni trop ni trop peu; ear fun
ou Tautre exces en fait un aliment contraire. [..e
cytise et la cyzeine sont ce qui leur convient le
mieux. Cette nourriture les engraisse, et leur
donne du lait en abondance. Quant a fetat sa-
nitaire, il y aurait beaueoup a dlre; mais, je le
repete, celui qui a charge de troupeau devra
avoir par ecrit, dans un livre, tout ce qui con-
cerne ce sujet, et porter avec lui sa pharmacie.
Reste a determiner le nombre de tetes d'un trou-
peau : c'est tantot plus, tantotmoins. II n'y a pas
la-dessus de regle positive. En Epire, on confie
d'ordinaire cent brebis a grosses laines a un
seul berger ; et fon a deux bergers pour le mcme
nombre dc chevres.
IIL Cossiniusprenant alorsla parole : Allons,
mon cher Fanstulus, dit-il, assez bele comnie
cela. Cest a mon tour; permettez-nioi de vous
parlerdes ehcvres avecle Melanthius dHomere,
et prenez en niSme temps une lecon de brievete.
Pour forraer un troupeau de chevres , il faut les
choisir avant tout d'age a produire, et a pro-
se satiirent. Deimle dum niatres cum grege pastnm |iro-
deunl , retinent agnos , ad quos cum reduota; ad vesperum ,
aluntur laclc, el rursus discernunlur, ue noctu a malriljus
conculcenlur. Hoc iteni faciunt maue anle quain malres
in pabuluni exeant, ut agni satulli (iant lacte. Circiter
decem dies cum pra>terierunt, palos ofligunt, et ad eos
alljgant libro , aut qua alia re levi distautes , ne toto die
cursautes iuter se teneri dellbent aliquid membrorum.
Si ad niatris maminam non accedet , admoveie oportet , et
labra agni unguere butjro aut adipe suilla, et olfacere
labra lacte. Diehus post paucis objicere bis viciam moli-
tam , aul lierbani teneram , anle quam exeunt paslnm , et
cnm reverteiunt. F.t sic nutricantur quoad facti sunt qua-
drimcstres. Intcrca matres corum liis temporibus non
nnilgent quidam , melius qui omiiino perpetuo, qiiod et
Ian<-e plus feruiit, et agnos plures. Cum depulsi sunt agni
a matribus, diligentia adbibenda est, ne desiderio sene-
scant. Itaque deliiiienduni in nulricatu pabuli bonilale :
et a frigore et aslu ne quid laborent, curandum. Ciim
oblivione jaui laclis non desiderant matrem, tuin denique
compellendum in gregem ovium. Castrare oportet aguiim
non minoreni quiuque mensium, neque ante quam calorcs
aut frigora se fregerunl. Quos arietes subuiiltere volunl,
potissimiim eligunt ex matribus , qua; geminos parere so-
ient. Pleraque siniiliter liiciendum in ovibus pellitis, qune
prnpter lanie bonitalem , ut sunt Tarentina^ et Alticje,
pellibiis integuntiir, ne lana inquinetur, qiio miiius vel
inlici lecte possit vellus, vel lavari ac putari. Harum
praesepia ac stabula ut siiil pura, majnrem adliibeut dili-
gcntiam, qiiam birtis.Itaqnefaciunllapidestrala, iil uriiia
necubi in slalmlo consistat. His quaecnnque jubenlur,
veseuutur, ut lolia liculiiea, et palea,et vinaceae. Finluies
objiciuntur modice, ne paruin, aiit niniium saturentur.
Utriimque enim ad corfius alendiim inimicum. .\t maxiina
amicum cjtisum, et Medica. Nani et piiigues facit facil-
lime, et gcnit lac. Uesanitate sunt multa, sed ea (ul dixi)
in libro scripta niagister [lecoris babet : et quas opiis ad
niedendum , portat seciim. Relinquitur denumero , qnem
faciiint alii majoiem , alii minoiem. Niilli enim hujus mo-
duli natnrales. Ulud fi>re omnesin Kpeiro facimus, iie mi-
niis liabeamus in ccutenas oves liirtas singulos liomines :
in capras binos.
III. Cui Cossinius : Quoniam satis halasti, inquit, O
Faustule noster, accipe a mc cum llomerico Melantbio
cliordo de capellis, ct quemadmodiim oporteat bievitei
dicerc, disce. Quicaprinum gregem consliluere vult, in
110
VARRON.
duire le plus longteraps possible. II les faut doiic
plutot jeunes que vieilles. Quant aux condi-
tions exteiieures , prenez des betes grandes et
fortcs, qui aient ia tailieeffilee et la toisou epaisse,
a moins que ce ne soit de Tespece a poil ras ; car
Tune et I autre existe. Elles devront en outre
avoir sous le museau deux excroissances de chair :
c'est un signe de fecoudite. Plus la chevre a les
mamelles gro.sses, plus elle a de lait, et plus son
lait a de consistance. Les indieesdequnlitesupe-
rieure chez !e boucsont lepoil blanc, la teteet ie
eou raraasses, et i'epiglotte allongee. On forme uu
meilleur troupeau par achat eu bloc d'animaux
habitues a etre ensemble, qu'en allant los recru-
ter de c6te et d'autre. .Tem'en refere, quant a la
race, a ce qu'Atticus vient de dire toucbant
celle desbrebis : avec cette difference toutefois
que la premiere espece est dans ses habitudes
aussi calme que Tautre est remuante. Voici ce
quedit Caton, dans sesOrigines, de sasinguliere
agilite : " Sur les monts de Soracte et Fiscella
on voit des chevres sauvages sauter de rochers
en rocbers, f ranchissant un intervalle de soixaute
pieds et plus. » INos brebis et nos chevres do-
mestiques ont une origiiie sauvage. Cestdeces
deruieres queriledeCapree,sur lescotesd'italie,
tire son nom. Comme les chevres qui donnent
deux petits <x la fois sont sans contredit d'une
raeilleure race que les autres, les mSles qui en
proviennent doivent etre destines de preferenee
a la propagatiou de respece. Quelques personnes
tienneut ii se procurer des chevres de Tile de
Media, qui passe pour fournir les plus beaux
sujets de lespece. En ce qui concerne les achats ,
on devrait, selon moi, s'ecarter un peu de la
formule ordinaire; car affirmer que des chevres
sont saines , c'est ce que nulle persoune d"esprit
sain ne peut faire entendre , puisque cet animal
«'e.^^t jamais sansfievre.il yadonc quelques mots
a retrancher aux termes generaux du contrat, et
e'est le sens de la redaction que Manilius nous
en donne dans ses livres : « Me repondez-vous
que ces chevres sont aujourd'hui en bon etat,
qu'elles boivent, et qu'elles sont bien et dument
ma pvopriete? « De subtils physioloa^stes preten-
dent , ct c'est un fait consigne dans les ecrits d'Ar-
chelaiis , que les chevres nerespirent pas, comme
lc reste des animaux , par les narines , et que
ehez elles cette fonctioa se fait par roreille.
Quant a rentretien , ce qui forme la premi^re
partie du seconJ ordre de considerations , voiei
ce que j'ai il en dire : L'exposition convenable
pour les etables a chevres est le levaut d'hiver;
car ces animaux sont tres-sensibles au froid.
Comme pour le betail en general, le sol de ces
etables sera pave de pierres ou de briques, afin
qu'elles soient plus exemptes d'humidite et plus
facilement tenucs propres. On choisira la meme
expositionpourlesparcsoiileschevresstatiounent
la nuitdans les lointains paturages, et le sol en
devra etre couvert d'une litiere de feuillage. Du
reste, ce qu'on vient de dire sur le regime ali-
mentaire de la race ovine est egalement applica-
bleauxchevres, si ce n'estqu'elles aiment mieux
gravir des hauteurs boisees que paitre de plain
pied dans les prairies. Elles broutent avec unepre-
dilection marquee les pousses d'arbrisseaux sau-
vages, et s'attaquent volonticrs aux plans culti-
ves : d'ou est venu le nom de capra (eh^vre) ,
derive de carpere ( cueillir). Aussi, dans les
baux de location, stipule-t-on d'oi'dinaire rinter-
dictiou de faire paitre Iesch6vres, dont la dent
est fatale aux plantations. Et les astronomes
nadraettent cet animal dans le ciel qu'en dehors
eligendo aniniadvertat opoitet, primuni a^tatem, nt eani
parct, qna; jam lerre possit Iructum, ct de iis eam po-
tius, qnae diulius : novella enim quam vetus utilior. De
forma videndum, nt sinl firmae, magnae, corpus lene ut
liabcant, crehro pilo, nisi si glabrae sunt. Dno enim ge-
ncra earum. Sub rostra dnas ut mammulas pensiles
Uabeant : qnod e<c frrcundiorcs snnt. Ubcre sint gian-
diore , ut et lac mnUum , et pingue habeant pro portione.
Hircus nielior is et polissimum pilo albo , ac cervice et
coUo brevi, gurgnlione longiore. Melior fit gre.'i, si non
est ex collectis oomparatus, sed ex consuetis una. De se-
minio dico eadeni, qu.T Atticus in ovibns. Hoc aliler,
oviurn scmen fardius csse , quo lia> ,sunt placidiores ; con-
tra caprile mobilius esse. De quaruni velocilate in Origi-
num libro Calo scribit li.nec : In .Sanracti, Fiscello capr.Te
ferae sunt, quajsaliunt e saxo pedcs plus sexagenos. Oves
enim, qnas pascimus, ort.ie sunt ab ovibus feris, .sic ca-
pra;, quas alinins, a caprisfeiis sunt ortae, aqueisprop-
ter Italiam Caprasia insnla est nominata. De capris quod
meliore senfine ex', qua; bis pariant, ex bis potissimnm
mares solent subniitti ad admissuras. Quidam etiain daut
operarn, ut ex ijisnla Rledia capr^a-s liabeant, qiiod ibi
maximi ac pulilierrimi exislimantnr fieri bredi. De emtione
alitcr dico atqne fit, quod capras sanas sanus ncrno pio-
mitUl. Nunqnam enim sine lebri sunt. Itaque stipulantur
paucis cxceplis verbis : ac Mamilius scriptum reliqiiit sic:
Illascaprasbodiere<',teesse, et bibeie posse, babereque
recte licere, lia-c spoiiile.sue.' De qiiibiis admirandum illud ,
quod etiam Arcbelaus scribit , non ut leliqua animalia na-
ribiis, sed auribus spiritum duceie solere paslor-es ciirio
siores aliquot dicunt. De alteiis qiiatuor, qnod est de
pa.stu boc dico. Stabulalur pecus melius ad bibernoscxor-
lus si spectat, quod est alsiosnm. Id ut plcraiiue lapide,
aut testa substeini o|)ortet, caprile qrio minus sit uligino-
sum, ac lululentnm. Foris cum est peruoctandiim, item
in eandem partem acii qnse spectent , septa oportet siib-
steini virgnltis, ne oblinantur. Nec multo aliter tuendiim
lioc pecns in pastu ,atque ovillum, quod lamen babet sua
pr opria quaedam , quod potius silvestiibus saltibus dele-
ctantnr, quam pratis. Studiose enim de agrestibiis Irutici-
bus pascuntur, atque iu locis cullis virgulla carpunt : itaque
a carpendo capra; nominata;. Ob lioc in lege locationis frindi
excipi solct , ne colonus capra natum iii frindo pascat. Harum
enim dentes inimici sationi:; , qnas etiam astrologi ita rcce-
m LAGRICULTURE, LIV. U.
du cercle aux douze signcs (lcsdeux Clievreaux
ct la Ch(!;vre ne sont pas loin du Taureau). En ce qui
concerne la propagation , les boucs destines k
la montc sont, comrae les beliers, separes quel-
que temps du troupeau , et on les presente aux
chevres a la fin de rautorane ; ies femelles cou-
vertes a cette epoque raettent bas au bout de
quatre mois, c'est-a-dire dans la saison du prin-
tenips. Touchant reducation dcs jeuncs boucs,
nous nous boi^nerons a fairc remarquer qu'a
rSge de trois mois ils peuvent deja faire partie
du troupeau. Que pourrais-je dire de ia sante de
ce betail, qui, cn quelque sorte, irest jamais
sain? Toutefois celui i;ui a la charge du troupeau
devrait avoir par ccrit, dans son livre, des re-
cettes pour certaines de leurs maladies, ainsi
que pour guerir les blessures quVlles se font
en se battant, ou en paissaiit dans les buissons
epineux. Reste a determincr la force d'un trou-
peau. Elle doit elre moindrc pour les chevres
que pour les brebis. L'instinct des unes est de se
disperser capricieuseraent et d'errer a l'aven-
ture ; celui des autres est de se reunir et de sc mas-
ser en quelque sorte sur un nieme poir.t. Aussi,
dans la Gaule , pref6re-t-on diviser les troupeaux
de cii^vres. Les grands troupeaux sont trop su-
jets a la contagion, et exercent de trop grands
ravages; cinquante tetes sont censees surfire
pour en former un. Et raccident arrive dernie-
rement a Galerius vient a Tappui de cette opi-
nion : ce chevalierromain possedc environ mille
jiif/cra de terrc dans les environs de Ronie. II
cnteud dire un jour a un berger qui amenait
dix cbevres a la ville, qu'el!es lui rapportaicnt
cbacune un denier par jour. Galerius aussitot
de se former un troupeau de raille chevres ,
periint incaeliim, ut extra limlmm \n signorum excluse-
rint. [SiintduoHoedi,etCa|ira iioii longeaTauro.] Quodad
foeturam pertlnet, desislenle antumuo exigunla giege in
campos , liircos in caprilia , item utinaiietibusdictum. Qnx
concepit,postquarlum menseni icddit tempoie verno. In
nutricatu licrdi, trimestres cum sunE facti.lum submit-
tuntur, et in grege incipiunt es.se. Quid dicam de earum
sanitate,(pia>nunquamsunt sanu;?nisi tamen illud uouin,
quEedam scripta lial)ere magisti-os pecorls , f|iiibus reme-
diis utantur ad nioibos quosdam earum, ac Tulneraluni
corpus, quod usu venit iis siiepe, qund inter secornibus
piignant, alque in spinosis locis pascuiitnr. rielinqnltur de
nuniero . qul in gregibiis est minor caprino , quani in ovillo,
quod capra; lascivii!,et qua; dlspergant se. Cnntra ovcs,
quac se congrcganl et condensant in locuni unum. Ita-
que in agro galllco greges pUires potius faclunt, quam
inagnos,quod In magniscito existat pi!stllenfia, qua; ad
pefnicicm eos perducat. Salis magnum Kregem putant esee
circiler quiuquagenas. Quibiis asscntlri putant id , qiiod
nsu TcnitGaberio equiti R. Is enlm, ciim in suburbano
mille jugerum liaberet, et a caprailo qiiodam, qui ad-
diixit capellas ad urbem x, sibi ni dles singulos denarios
(slngiilos) dare audisset, cocgit inille caprarum, sperans
se capturum de prsedio in dies singulos ilenarium mllle.
espcrant ainsi retircr chaque jour mille deniers
de son fonds. Mais il lui fallut en rahattre; car
une maladie vint peu apres enlever tout son trou-
peau.CependantducotedeSallenceetdeCasinuni
on a dcs troupeaux de cent tetes. La meme diver-
gence d"opinion se rencontre touchant le nonibrc
des femeiies que Ton peut faire couvrir par nn
meme racile. Quel<iues personnes, ctje suis de
ce nombre , comptenl dix chevres pour un bouc ;
d'autres, corame Menus, en compteiit quiiize;
d'autres, vingt, comme Murrius.
IV. Maintenant qu'un de nos porchers italiens
entre en scene , et nous expose la theorie de son
etat : mais qui peut en parler plus pertineminent:
que l"hommequi aScrofa truic) poursurnoni?.Alin
que vous le sachiez, dit alors Tremellius, voiis
ettous ceux qui m'ceodte»t, ce surnom u'est pas
originairedausraa famille, et je nesuisrien inoins
qu'un descendant d'!£umee. Le premier de nous
qui Tait porte est mon grand-pere. II etait ques-
teur de Licinius Nerva, preteur de Macedoine,
et se trouvaitcoramander rariiiee en Tabsence de
ce dernier. Lescnneaiis, croyaut roccasion favo-
rable pour un coup de maiu, entreprirent dc for-
cer son camp. Mon grand-pere, en exiiortaut les
siens a courir aux armes et a faire une sortie
contre les assaillants, se vanta de les repousser
comme la truie chasse ses pctits d'aupres delle.
Tl tint parole : rennerai fut battu et disperse; si
bien que le preteuren recueiliit le titre d'lmpe-
rator, et mon grand-pereeut lcsurnom de Scrofa.
Jlais ni mon bisaieul , ni aucun des Tremellius,
ne l'ont porte anterieurcment; et je ne suis
pas moins que le septieme preteur de raa fainille.
Ce n'est pas que Je refuse de vous dire ce que
je sais du betail portant soies. Je me suis toujours
Tantnm cnim fefellit, ut brevl omnes anilserit niorbo.
Contra in Sallentinis el in Caslnati ad centenas pascunt.
De marlbus et fuMiiiuis idem fere dlscrimen , nt alli ad de-
nas capras singulos paient blrcos, ut ego : alii etiam ad
XV, ut Menas : nonnulli etiam, iit Murrius, ad viglnti.
IV. Sed quls e porculatoribus ilallcls piudit , ac de
suillo pccore expedit .•■ tanietsi Scrofam potissliniim dc ea
le dlcere oporteie, coguomen cjus slguilicat. Cul Tremel-
Ilus : I;;norare, inquit, videre, cur appeller Sciofa. lla-
que ut etlani bi proptcr te sclant, cognosce meam gcntem
sullluiii cognomen iioii liabeie , nec me csse ab Kunia^o
orliiin. .Wus meus prlmum appcllatus est Sciofa, qiii
quaeslor cuin esset Licinio NerviC prxtori in .Maccdonia
piovincia rclictus, qui praeessct exercitui, dum pialor
rcdirct, Iio.stes arbitrati occaslonem se babeie victoria;,
imprcsslonein faccre ccperunt in castra. Wus, cum
coborlaretur mllites, ut caperent arnia, atipic cxircnt
conlra, dlxlt, celeritcr se lllos ut Scrola porcos disjectu-
runi. Id qiiod fecit. Nain co prfflio bostes Ita fudlt, ac
fugavit, ut eo >'crva piKtor Imperator sit appellalus,
aviis cognomen invenerlt , ut dlccrtlur Scrofa. Il^ique pro-
avus , ac siiperiores, dc Tremelllis ncmo appellatus Scrofa ;
nec mlniis seplimus siim deinceps pra:toriiis iii gente nos-
tra. Ncc tainen defu^in. quin dicain qux scio de siiillo
VARRON.
beaucoup oceup^ d'agriculture , et consequem-
ment je ne puis etre etranger a ce sujet , non
plus que vous autres grands nourrisseurs de bes-
tiaux. Quel cultivateur en cffet n'a pas de porcs
chez iui?et qui deiiousn'apasenteudu dire ason
pere : « Bien insouciantoubien peueconome, est
celui qui tire de la boucherie et non de son fonds
le lard de son garde-manger ! » Pour avoir un
troupeau de porcs dans une bonne condition, il
faut que chaque bete qui le compose soit d'age
et de forme convenables. Par formes convena-
bles ou entend ampleur de membres , tete et
pieds compris, et robe unicolore plutot que bi-
garree. Le verrat , avec ces memes qualites , doit
avoir la tete particulierement grosse. Les presom-
ptions touchant la qualite de la race se forment
sur Taspect des animaux , leur progenilure et
leurorigine. SurTaspect, sont-ils verratou truie,
la beaute reiativede respece; surla progemture,
font-ils beaucoup de petits? snr rorigine; ieur
pnys natal est-il repute pour en produire de gros
plutot que de petits? Pour Tachat on se sert de
la formule suivante :« Me repondcz-vousqueces
truics sont saines , que la propriete m"en est bien
et diiment acquise , franche de toute repetitiou;
et qu^enfm elles ne proviennent point de troupeau
malade? Quelques personnes y ajoutent : « Et
qu'clles ne sont pas atteintes de la iievre ni de la
diarrhce? » En fait de pSturages, ce sont les cn-
droits marecageux quiconviennent a cette espeee
debetail, qui se plaitdansTeau etmemc dans la
faiige. On dit que les loups, lorsqu'ils ont trouve
un porc, traincnt cette proie jusqu'a ce qu'ils
trouvent de Teau, leurs dents ne pouvant suppor-
ter rextreme chaleur de sa chair. Les porcs se
repaissent surtout de glands, mais aussi de feves ,
d'orge, et de toute autre espfece de grain. Cette
nourriture non-seulement les engraisse, mais
donne a leur chair un gout tres-agreable. En ete ,
on les mene paitre le matin , et a midi on les
fait stationner quelque part, oii il y ait de Tom-
brage et surtout de reau. Dans Tapres-midi oa
les fait paitre de nouveau lorsque la chaleur est
tombee. Dans Thiver le pSturage ne leurconvieut
que lorsque la gelee blanclie a disparu , et que
la glace est fondue entierement. On enferrae deux
mois a Tavancc les veirats qu'on destine a la monte.
L'epoque la plus favorabie pour raecouplement
est depuis Favonius jusqu'a Tequinoxe du prin-
temps; car comme les truies portent quatre
mois, elles mettront bas au moment oii la terre
abonde en pSturages. II faut qu'elles aientun an
avaut d'etie couvertes; et mieux serait d'atten-
dre vingt niois, afin qu'ellcs aient deux ans a l'e-
poque de mettre bas. La periode de leur fecon-
dite dure, dit-on, sept ans apres la premieie por-
tee. Pour lesdisposer a etre saillies, on les mene
dansdesendroits humideset mareeageux, oii elles
puissent se vautrer dans la fange, ee qui produit
sur elles Teffet d'un bain pour Ihomme. Quand
toutes les truies sontpleines , on les separe encore
des verrats. Ces derniers commencent a saillir a
huit mois, et cette faculte leur dure un an dans
sa plenitude ct va ensuite deciinant jusqu'a ce
qu'ilsnesoientp!usbonsqu'aenvoyerauboucher,
par qui leur chair est distribuee au peuple. Les
Grecsappellent le pore 0?; ilsrappelaient autre-
fois Gu;, derive du verbe Oueiv, immoler, comme
pour faire enfendre que ces animaux onteteles
premieres victimesimmoleesauxautels desdieux.
La coutume en a subsiste dans les mysteres de
Cerfes , dans les solennites qui accompagnent la
p ecore. Agri enim culturae ab initio fui sludiosus : nec
de pecore suillo milii et vobis , magnis pecuariis , ea res
non est comniunis. Quis enim fundum colit nostnim,
quin sues lial)eat, el qui non audieiit patres nostros di-
cere, ignavum, et sunipluosum esse, qui succidiam in
carnario suspenderit polius ab laniario, quani ex domes-
tico fundo ? Ergo qui suiim gregcni vnlt liabere idoneum ,
eligere oportet priinum bona a?tate , secuiido bona forma.
Eaest, cum amplitudine membrorum, praelerquani pe-
dibus et capile, unicoloris potius quani varias. Cum
haec eadeni iit liabeant verres videndum , tiim iilique sint
cervicibus aniplis. Boni seminis sues animadverluntur
a facie, et progenie, et legione (caeli.) A facie, si formosi
snnt verres, et sciofa. A progenie, si porcos multos pa-
riunl. A regione, si polius ex bis locis, ubi nascuntur,
amplas quam cxilis pararis. Emi solent sic : lllasce sues
sanas esse, babereque recte licere, noxisqiie praestari,
neque de pecore morboso esse, spondesue.' Quidam adji-
ciunt peiiunctas esse a febri, et a foria. In pastu locus
huic pecori aptiis uliginosus, quod delectatur non soliim
aqua, sed eliam luto. Itaque ob eam rem aiunt lupos cum
sint nacli sues, Iraliere usque adaqiiam, quod dentes
fcrvoicm carnis ferre nequeanl. Hoc pecus alitiirmaxime
glande, deinde faba, et ordeo, et csetero frumento. Quse
res non modo pinguitudinem efliciunt, sed etiam carnis
jiicundum saporem. Pastum exigunt sestate mane, et
antequam aestus incipiat, (nieridie) subigunt in umbrosum
locum, maxime ubi aqua sit. Post meridiem rursuslenito
fervore pascimt. Hibeino tenipore non priiis exigunt pas-
tum, quam pniina evanuit, ac colliquefacta est glacies.
Ad fa'turam verres diiobus mensibus ante secernendi.
Optimum ad admissurani tempus a favonio ad aequinoc-
tiimi vernum : ita enim cuntingit, utaestale pariat. Quatuor
enim menses est praegnans. Et tunc parit, cum pabulo
abundat teira. Neque rainores admitlendae quam anni-
ciilae. Meliiis xx nienses cxpectare , ut bimae pariant.
Cum ccrperunt, id faccre dicuntur usque ad septimunj
annuin lecte. Admissuras cuni faciunt, prodigunt in
lutosos limites ac lustia, ut voliitentur in luto, quae est
ilfonim requies , ut lavatio bominis. Cum omnes conce-
perunt, ruisus segregant veries. Verris octo mensium
incipit salire : permanet, ut id recte facere possit, ad
prinium. Deinde it letio , quoad perveniat ad lanium. Hic
enim conciliatur suillae carnis datus populo.Sus graece
diciturujoliin 60; dictus, ab illo verbo qiiod diciint 9ueiv,
quod est immolare. Ab suillo enim genere pecorjs im-
])E L'AGK1CTJLTURE, LIV. II
lonchision d"uii trnilc de pai.x ; et la traditiou
i nous en fait retrouverdes vestiges dans les cere-
monies de niariage dts anciens rois et des hauts
personnagesd'Etrurie,dont le saerificed'un pore
pour les nouveaux inaries , chacun de leur cote,
etait la eereraonieprealable. Le mesiie usagcexis-
tait chez les habitants du Latium, et dans les co-
lonies grecques d"Italie. Le nom de porciis ehez
nous et celui de/olpo; chez les Grecs est merae
encore employe par les femmes, les nourriees
principaleraent, pourdesignerlespartiessexuelles
d'une fille nubile. Cest une expressiou figuree
de Taptitude aux rites de fhymen. On a dit que
le porc etait predestine par la uature ii paraitre
sur nostablcs, et qu'elle avait auimesasiibstance,
comme i'homme la sale, dans ce scul but de con-
servation. La eharcuterie des Gaules a toujours
ete renommee pour rexcellence et la quantite
de ses produits. L'exportatiou consider.iiiie de
jambons , de saucissons et autres coufections de
ce genre, qui se fait annuelleraent de ce pays
a Rome, temoigne de leur superiorite comme
gout. Voici en quelstermes parle Caton de leur
quautite : On voit en Italie des fosses a eonserver
le lard, qui conliennent jusqu'a trois et quatre
mille pieces de lard gaulois. Le porc arrive quel-
quefois .iuntel degre d'embonpoiiit qu'il nepeut
plus niarcher ni raeme se tenir sur ses pattes , et
qu'il faut le transporter eu cbarrette. Attilius, Es-
paiznol aussi instruit que digne de foi, parled"un
pore tueen Lusitanie dans TEspague citerieure,
doiit le senateur L. Yolumnius recut deux
cotes avec une tiespetite partie de filet, le tout
pesant vingt-trois livres. Le groin de rauiraal,
depuis le cou jusqu'au houtoir, avait, disait-il, un
pied et trois doigts de longueur. Voici, dis-je.
un fait qui n'est pas inoins cuiieux , et dont j'ai
ete temoin oculaire. En Areadie une truie avait
tellementengraisse, qu'elle nc pouvait plus se le-
ver;si bien qu'une sourisavait fait un trou dans
sa chair et s'y etait mise en gesine. La meme
chose, dit-on, est arrivee chez les Venetes. La
premiere portee d'une truie donoe la mesure de
sa feconditeulterieure, carles suivantes n'en dif-
fcrent pas beaucoup. En ce qui concerne l'alimen-
tationdespourceaux,autrementdite/jo7-(i(A(/io/i,
on laisse les petits pendant deux mois avec leur
m6re , et on ue les en separe que lorsqu'ils sont
en etat de manger seuls. Les pourceaux nes en
hiver sont toujours chetifs : la cause eu est d'a-
bord dans la rigueur de la saison; puis dans le
peu de lait que peut leur fournir a cette epoque
la mere, dont ils mordillent quelquefois les tettes
au point de la blesser avcc leurs dents. II faut
donner a chaque truie une cahute a part, ou elle
puisse elever ses petits separement : autrement
ceux-ci s'attacheraient a des truies etrangeres,
et il en resultcrait un melange qui finirait par
deteriorer la race.
L'annee setrouve naturcllementdi visee en deux
pour les truies. Elles mettent bas deux fois raii ,
ont quatre mois de gestation a chaque portee ,
nourrissent pendant les deux autres. Les cahutes
ou elles sont enfermees doivent avoir trois pieds
en hauteur, et un peu plus en largeur ; le degre
d'elevation au-dessus du sol y doit etre caleule
de maniere a empecher de la part de la truie les
mouveraents qui la feraient avorter; raais il
doit ctre suffisant pourque le porcher puisse ai-
sement voir dans !'interieur quand il y a risquo
pour les petits d'etre ecrases par la mere. Pour
la facilite dn nettoiement , on y racnagera une
molandl inilium primum siimptiim videtiii-, cujiis vestigia,
quod iniliis Cereris poiti ininiolantiir, elqiiod initlis pacis
fipdns cuni leritur, porcns occidiliir, el (itiod niiptiarum
initio anliqui leges ac siiblimcsviriin lleli ui ia in conjiinc-
tione nnpliali nova niipla et novns maritus prininm por-
cum iu.molanl. Prisci quoque latini,et etiam Grapciin
Italia i<iem factitasse videntur. Nam et nostias mulieres,
ma^inie niitiices, naluram , qua fteraina; snnt, in virgiui-
hus appellant porcnm , el gra-cae z^'P^''> signilicantes esse
digniim iiisigiii nupliarum. Suillum pecus donatum al)
natura dicnnt ad epulandum. llaiiue iis aiiimam dalam
esse proiiide ac salem, qine servaret carnem. E queis suc-
cidias Galli optimas el maximas facerc consueverunt.
Optimarum signiiiii, quod ctiam nnnc qnoUinnis e Gal-
.lia apportanlur Romam pernjc tomacina;, et taniacie,ct
petasiones. Dc magnitudine Gallic^rum siiccidiarum Calo
scriliil liis verliis : In llalia in scrobcs terna alque qua-
terna millia aulia succiilia. Veie sus usqueadco piuguilu-
diue crescere solet , iit se ipsa stans sustinere non possit ,
neqne progicdi usquam. Itaqiic eas si qiiis quo trajicere
vnlt, in plostrum imponil. In Hispania ulleriorc, in Lusi-
tania, sus cumesset occisus, Allllius Hispanicii.sis mininie
uicndax , et miiUarum reriim pcrilus in docti ina , diccbal
VAllKON.
L. Volumnio seiiatnri missam csse oflulam cum diiabus
costis qux- penderet iii et xx pondo : ejiisqne snls a ciile
ad os pedem et m digltos fuisse. Cui cgo : iion minus les
admirauda, quiiui mi esset dicta, in Aicadia sc.io me
csse spectalum .«ueni , quai pra; pinguitudine carnis nou
niodo surgere non pos.set, sed etiam ut in ejus corpore
siirex exe.sa caine nidum fecisset, el peperlsset ninres.
Hoc eliam in viuela factum accepi. Sus ad foeturam qua;
sil focnnda, aniinadvertunt lere ex primo parlu, qiiod
iion mullum in leliqiiis niutat. In nutricatu quam porcii-
lalionem appellabant, binis mensibus porcos sinuut cuni
matribus. .Secuudum ea cum jam pasci possnnt, secer-
niint. Porci qui nali bienie, liunt exiles propter IVigora,
et quod malies aspcrnantur, propter exiguitatcin lactis,
et quod denlibus saucianlur propterea mamma'. Sciofa iii
siia qnrcque liara siios alat oporlet porcos, quia alienos
nun aspernantur : ct ideo si conturbati sunt iu fielnra , (it
deterius. Natuia divisiis earuin annus bilariam, quoU
bis paritin aniio, qnalernis mensibns fert ventrem, binis
nulricat. Haiam faceie oporlet circller trium pcdum al-
tam, et latain amplins paulo, ca allitudine abs lerra ne
dum exitiru velit pra'gnaus, aburtet. Altiluilinis mudiis
sil nt subulcus facile circumspicerc possit, ne qiii poi-
VARP.ON.
portedansle seuil, qujseraelev!'ed'iiii picd ct iine
palrae de liauteur; ce qui empeche les pour-
ceaux de sortir avec leur mere. Le porcher,
chaque fois qu'il nettoiera les cahutes, devra y
repandre du sahle , ou toute autre maliere propre
a dessccher rhumidite. II faut donner aux truies
qui ont mis bas une nourriture plus abondante,
afin qu'ellespuissentfournirdu laitsuffisammeut
a leurs petits. On y mettra chaque jour environ
deux livres d'orge detrempee, et la ration est
doublee, c'cst-a-dire repeteesoir et niatin,qiiand
on n"a pas autre chose a leur donner. Ou appelle
les petits laclentes (cochons de lait) tant qu'ils
tettent ; et quelquefois delici [de lacle) apres le
sevrage. Dix jours apres leur uuissance, ils sont
regardcs comme purs; et nos ancelres les appe-
laient alors sacres, c'est-a-dire propres a servir
de vietimes. Et nous trouvons ici le commen-
taire d'un passage des Menechraes de Plaute.
L'un des pcrsonnages de la piece , dout la scene
est a Epidamue, croyant qu'un autreestfou,
et u bcsoln d'un sacrifice expiatoire, deraande :
« Combien coiitent iei les porcs sacres "?Ceux
qui ont des vignes donnent a leurs porcs le marc
ct les epluchures de raisin. Des que les pourceaux
ne sont plus laclcntes (cochons de lait) , ils de-
viennent nefrendes, c'est-a-direqui ne peuvent
vncore frendere (casser la feve).
Porcvs est un vieux mot grec torai)e en de-
suetude, qu'on a remplace daos ce pays par celui
de /oTpov. II faut faire boirc deux fois par join-
les truics pendant leur nourriture : elles en out
plus de lait. La truie doit faire autant de petits
qu'elle d de maraelles. Si clle en fait raoins,
on la regarde comme n"etant point de bon rap-
port ; si elle eu fait davantage, on crie au prodige.
Noiis avous ence genre la vieille tradition delaf
truie d'Enee, qui mit bas a Lavinium trente pour-
ceaux blancs. Et le miracle se trouva confirrac,
quand trente ans plus tardAlbe fut fondee par
les habitants de Lavinium. On voit encore dans
cette derniere ville des monuments publics de
eette truie et de ses pourceaux. Leur effigie y
est coulee en bronze, et les pr^tres nous montrent
le corps de la mere conserve dans la saumure
Dans lcs premiers joure les truics peuvent nour-
rir jusqu'a huit pourceaux. Passe ce moment,
les eleveurs entendus ne manquent pas d'en sous-
traire la moitie , a mesure qu'ils grandissent ; car
la raere ne peutavoir assez de lait pour que toute
laportee reussisse. Peudantlesdix premiersjours,
les truies ne devront point quitter leurs cahu-
tes,sicen'est pour allerboireaux abreuvoirs. Au
bout de ce tenvps on peut les mener paitre , raais
seulement dnns le voisinage, afin qu'elles puis-
sent revenirsouventallaiterleurspetits. Ceux-ci,
quand ilsont pris une certaine crcHssanee, sui vent
volontiers la raere au paturage : alors on les en-
ferme apart ou onlcs faitpaitresepareraent,poup
les aecoufuraer asupporter facileraentcette priva-
tion : ils y sont faits au bout de dix jours. Le por-
cherdevra ainsi babituer les porcsa obcir au son
du coruet. Pour y parvenir il aura soin de fairc
reteutir une fois cet instrument avantd'ouvrir la
porle, et de leur faire trouver en sortant de Torge
n^pandue en tralnees. On en perd moins de cette
maMere qu'en leur presentant le grain eu las , et
tous peuvent en approchcr plus aisemeut; on les
habitue ainsi a se rcunirau son du cornet, et Ton
n'a plus a craindre qu'ils ne s'egarent lorsqu'ils
sont disperses dansles bois. Un an est le bon ^ge
pour chAtrcr les verrats ; au moins faut-il qu'ils
tellusamalieoppriniatur;et ut facilepurgarepossitcubile,
in liarls oslium esse oportet, el limen inlerius allum pal-
mipe(lale,ne porci ex liara, cum maler prodil, Iransilire
pnssint. Quoliescunque liaras subulcus purgat, tolies in
.'.iusnlas arenam injicere oportet, aut quid aliud quod
<'\iiL;.it liumorcm ; i'lcuujpi-'|i('rerit, largiore cibatu suslen-
1.11 r , i|iici r,iciliiis lai- siiii|irilil;ire possit. In quibus bordei
ciniiiT liiiias liliras aqua madcractas dare solent, et boc
quotiue condiiplicant , ut sit niane et vesperi , si alia quse
objiciant non babuerint. Cum porci depulsi sunt a niam-
ma, aquibusdam delici appellanlur, neque jam lactente^
dicuntur. Qui a partu decinio die babentur puri , et ab
eo appellantur ab antiquis sacres, quod tum ad sacrifi-
cium idonei dicunlur prinium. Itaque apud Plautum in
MenKcbmis, cum insanum quem putal, ut pietur in op-
pidoEpidamno, interrogat : Quauti bicporci sunt sacres?
Siluntlus niinistrat,dari solcnt vinacea,acscopii e\ uvis.
Amisso nomine lactentis , dicunlur nefrendes , ab co quod
nondum fabam frendere possunt,id est,frangere. Porcus
gracuni est nomcu antiqunm, scd obscuratum, quod
nunceum vocant xoipov. In corum foetu scrofae bi.s die ut
bibant, curant, lactis cau.sa. Parere lot oportet porcos,
quot maiunu^s babeat. Si miuus parial, fructuariaui ido-
neam non esse. Si plures pariat, esse portentum. In quo
illud antiquissimum fuisse scribilur, quod sus jEneae La-
vinii xx\ porcos pepererit albos. Itaque quod portende-
rit, factum xxx annis, ut Laiinienses condiderint oppi-
dum Albani. Hujus suis, ac porcorum etiani nunc vesti-
gia apparent Lavinii : quod et simulacra coruni alienea
etiam nunc in publico posita, et corpus niatris ab sacer-
dotibus, (piod in salsura fuerit, demonstratur. Nutricari
oclonos porcos parvulos primo possunt : incremento
faclo, a peritis diniidia pars rcmoveri solet, quod nec
nialer potest sufferre lac, neque congencrati alescendo
roboiari. A partu deceui diebus proximis non producunt
ex liaris matreni pra?terquam potum. Prajleritis decem
diebus sinunt exire pastum in propinquum locum villae,
ut crebro reditu lacte alere possit porcos. Cum creverunt,
cupiunt sequi matrein pastuin : domique secernunt a ma-
tribiis, ac seiirsuni pascunt, ut desiderium feire possinl
paieiitis, quod decem diebus assequuntur. Nutrices su-
bulcus debet consuefacere , omnia ut faciant ad bucinam.
Prinio ciun incluserunt , cum bucinatum est , aperiuiit,
ut exire possint in eum locum, ubi ordeum fusuni sit in
longiludine. Sic enim minus disperit, qiiam si in acervos
jiosilum , et iilures facilius accedunl. Idoo ad bucinaia
DE UAGRICULTURE, LIV. IL
n'aient pas moins de six mois. Ils qiiittent ie nom
de \eiTat apres cette operation, pour prendrc
celui de maiales. Touehant le regime sanitaire,
je me borne a une observation. Si le lait de la
mere vient a manquer aux petits, donnez-leur
jusqua l'agede trois mois du fromeut roti (eru ,
il relaclie trop le ventre). Resteencore la question
duchiffre.Generalenientoncomptedi.\verratspar
eenttruies;d'autres en veulent moins de dix. On
n'est pas fi.xcnon plus sur la force du troupeau :
je regarde, nioi, cent tetes comme un nombre con-
venable. Quelques uns le font plus grand, et vont
a cent cinquantc. 1 1 en est qui doublent le premier
iiombre; d'autres vout merae encore plus loin.
En general, plus un troupeau est restreint, raoins il
est coiiteu.x, et moiiis le porcher a besoin d'aides.
Or la question pour cliacun est celle des pkis
grands prolits, et non du plus ou moins grand
nombre de teles : c'est donc par les circonstances
qu"ilfautse determiner. Ainsi parla Scrofa.
V. En ce moment survient le senateur Q. Lu-
cicnus, rhomme du raonde le plus aimable et ie
plus enjouc, et notre ami comraun a tous. Salut,
chers Co-Epirotcs, dit-il en entraut; salut aussi a
Varron,-oiij.£va A3(cov(pasteur despeuples).Quant
aScrofa, je lui ai deja doiine lebonjour ce matin :
on lui rend des saluts , non sans le gronder d'ar-
river si tard au rendez-vous. Patience, dit-il,
mauvais sujet que vous etes, voici mon dos et un
fouet; vous , Murrius, venez ca, et voyez-moi
payer rancon a la deesse Pales, afui d'eu pouvoir
temoigner, au cas oii ces gens-la voudrnient me
faire payer deux fois. Atticus se tournant alois
vers Murrius, Veuillez, lul dil-il, metti-e Lucic-
nus au fait, tant de ee qtii a ete dit que de cf
([ui reste adire, afin qu'il puisse prendre r6le
dans lentrctien. En attendant nous allons pas-
ser au second acte , c"est-a-dire raettre en scene
le gros betail. Ceci cst raon role, dit Vaccius ,
puisqu'il est (|uestion de boeufs et de vaehes. .le
vous ferai pnrt de mes notions sur eette raatiere :
ceux qui y sont (Jtrangers pourront s'instruire;
les autres nie releveront, si je me trompe. Vai'-
cius , lui dis-je , prenez-y garde. Cest un sujet
capital que le bcEuf en fait de betail ; en Italie
surtout, pays qui luidoit le nom qu'il porte. Car
en Grece autrefois, si Ton en croit Timt'e, un
taureau s'appelait iTaXb;; de la le nom d'Italie,
contrce ou bosufs et veaux ivi(uli) abondent, et
sont d'une beaute extraordinaire. Selond'autres,
ritalie doit son nom au faraeux taurcau Italus,
qu'Hercuie poursuivit depuis la Sicile jusqu'en
ce pays. Le banif est le ministre de Ceres , et Tas-
soci(i de rhomine dans les travaux rustiques.
l.es anciens le regardaient comme inviolable, et
ils punissaient de mortquiconque tuait un dc ces
animaux : tcmoin leslois de TAttique et du Pelo-
ponnese. Cestencoreau taureau que Buzuges d'A-
thenes et Onogure d'Argos doivent leurcelebriie,
Je sais, dit Vaccins, que le taureau a quelque
chose de majestueux ; que son noin (3oui;), en com-
position, est signilicatif de grandeur; exemples :
poujuxo?|grossefigue), Sou-:<i;(enfant d'uiie bel'e
venue), pouXiaoi; (grande famiiie), Powtth; (qui a
de grands yeux ;) et que de plus on appelle bn-
mamma (pis de vache) le raisin a gros grains. .le
sais cncore que c'est sous la forme d'un taureau
que Jupiter, amoureux d'Europe, euleva de son
convcnire dirnntnr, iit silvestri loco dispersi ne dispe-
reant. Castranlur verres commodissime anniculi, ulique
ne ininores, qiiam scmestres : quo facto iiomeii mulant,
atquee verribnsdicunturmaiales. De sanilalesiiuni unum
modo exempli causa dicini. Porcis laclentibns si scrofa
lac iion pi)le.«.t siippedilaie, triticiim fridum darioportet,
(crudum enim solvit alvuin) vel ordcum objici ex aqua ,
quoad liaiit ti inicstres. L)e numero , in cenlum siies decem
verres sali.sc>se putant. (Jiiidam etiam liinc demunt. Gre-
ge.s niajorum inn-quahiles liabenl. Sed e^o modicuni puto
cenlenariiim. Aliqiiot majores faciiint, ifa iit ler quinqiia-
geiios liabeant. 1'oicorum Riegem alii duplicant, alii etiani
niajorem faciiinl. Minor (;rcx , quam major, niiiius sunip-
luosus , quod comiles subiilcus |)aucioies quaerit. Itaque
gregis nnmerum paslor ab sua ulilifateconstituif , iion ut
qiiot verics liabcat : Id enini a iiatura sumendiim. Hax
liic.
V. At Q. Lucienus senatitr, liomo quamTis humanus,
ac jocosus, infroiens, familiaris omnium noslrum , (rjvr,-
TiEipoiTat, inquil, xaifSTc, et Varionem noslriim, iiiqiill,
«oi|j.£va Xawv. Scrofam enim manc salutavi. Cuin aliiis
eum salul;isset, aliiis ronviciatus essel , qui tani .sero ve-
nissct ad consfilufum : Yidebojam vos, inquit, balafro-
iies, et huc afferam ■meuiii coriuui, ct flagra. Tu vero,
Muiri, \em mi advocatus, dum asscs solvo Palilibus, si
po.slea a nie repelanl , ut leslimoiiiiim perbiliere possis.
Allicus Jlunio: .\arra isli , inquit, eadem , qui seiinones
sint liabiti, et quid reliqui sit, ut ad parles parafiis ve-
niat : nos interea secundum actiim de niajoiibiis adtexa-
nius. In qiio quidem, inquit Vaccius, nie.e narles, qiio-
niam boves ibi. Quare dicam, de buhulo pecore, quam
accepeiim scienliam : ut si quis quid ignoral, discat; si
quisscit, nuncnbi labar ohservet. Vide quid agas, inquani,
Vacci. Nam hos in pecuaria maxima debet esse aiictori-
lafe ; priTseilim in Italia, qiije a bnhus nomen liabere sit,
exisliinata. Gi.Tcia eniin antiqua (ut scribil Tim.ius) tau-
los vocahanl haXouc , a qiiorum miilliludine, el pnlchri-
tiidine, et firlii vitulorum, ILiliam dixerunt. Alii scripse-
runt, quod e Sicilia Herciiles pe.rsccntus sit eo nohilem
tauruin , qiii diceretur Ilaliis. Hic socius bominum in nis-
lico opeie, et Ceieris minisler. Abboc antiqui mamisita
abstineri voluerunt, ut capitc sanxerint, si qnisoccidis-
sel. Qiia in rc teslis Attice, teslis Peloponne.sos. Xam ab
boc pecore .•Vtlienis Buziiges nohilifalus, Ar.;is 'OvoTupo;-
Novi, inqttil ille, majcstatom boiim, et ab liis dici ple-
raque magna , uf poutTjxov , [?ou7rai5a , poO).iu.ov, pouTciv;
uvain quoque biiniammam. Praeterea scio hunc es.se, in
qiicm polissimum Jiippiler se convertit, ciiin exporlavit
per maie e l'li(rnice ;iiiians r.uropam; liunc esse, qiii
filios Nepfiini e Meiialippa servaril, ne in stahulo infan-
VARRON.
pnys cctte bcHc riiiniicienne, ct trnversa la mer
avec elle. Je n'ignore pas non plus que c'est un
taureau quiempecha les cnfantsdeNeptune etde
Menalippe d'etre ecrases dans une etable par nn
troupeau de bceufs. Jesais enfin que les abeillcs
qui nous donnent le miel le pkis doux naissent
du cadavre d'un boeuf en putrefaction ; ce qui fait
que les Grecs les appellent pouyova? (nees d'un
boeuf), expression que Plautius a latiaisee, lors-
qu'il disait au preteur Illyrius, accuse d'avoirecrit
contre le senat : Soyez tranquille, je vous ren-
drai aussi innocent que celui qui a ecrit la Ihigo-
7iia (naissanee des abeilles).
II y a quatre ^ges pour la race bovine. Au pre-
mier 3ge , l'animal s'appelle'veau ; au deuxieme,
juvencvs (bouvillon); au troisieme, taureau
jeune ; au quatrieme , taureau fait. La femelle
prend successivement, suivant !';ige, les deno-
minations de genisse, de jeune vacbe, et de va-
cbe. Taura est le nom qu"on donne a une vache
sterile. Uue vacbe pleine se nomrae horda; d'ou
le mot hordicalia, fetes ou ron immnle des va-
ches pleines. Quand on veut aehetcr un trou-
peau de gros betail, il faut d'abord s'assurer
que les betes ont atteiut Tage de generation , et
sont encore en etat de produire. On les choisira
saines et bien prises dans leurs membres, de
grandetailleetde formc allongee, noires par les
corues, larges du front,avee les yeux grands
et noirs, les oreilles velues, les joues raplaties ,
Tepine dorsale plutot concave que convexe, les
naseaux ouverls, les levres noiratres, lecou long
et musculeux, le fanon pendant, le coffre de-
veloppe, les cotes bien attacbees , les epanles
larges, le fessier charnu, une queue qui balaye
leurs sabots etsetermine en bouquet depoils le-
gereraent frises, lesjambes courtes et droite.':,
legeremeut renflees au genou , et tournees en de-
bors, les pieds etroits, etqui ne s'entrechoquent
point dans la marche; les ongles lisses, serres
et bien egaux ; le poil uni et doux au toucher.
En fait de couleur, le noir a le premier raug; le
poil rouge fonce, le secoiid ; le rouge pale, le
troisieme; le blanc ne vient que le quatrieme : ee
pelage leur iudique donc le dernier, et le noir,
le premier degre dans rechelle de force des
animaux. Des deux intermediaires, le second
vaut mieux que le troisieme ; et tous sout pre-
ferables en pelage pie (tacbete de noir et de
blanc). II ne faut prendre les niiilcsque de bonne
race ; ce dont on juge par leurs formesexterieu-
res, etpar celles desveaux issus d'eux , qui doi-
vent leur ressembler en tout. Leur provenance
est aussi un poiiit essentiel. La race gauloise est
generalement la meilleure que nous ayons en
Italie, et laplus propreau travail; lebocuf ligurien
est paresseux. Ceux d'Epire sont les meilleurs
de toute la Greee, et 1'emportent meme sur
ceux d"Italie; quelques personnes cependant ae-
cordent a ces derniers, comme victimes a olfrir
dans les sacrifiees et les prieres publiques, une
preferenee meritee, parleurs formes colossales et
leur pelage eclatant. Cest ce qui fait que les
bocufs de poil blanc sont moins communs en Ita-
lie que dans la Thrace, notamment vers le golfe
iMelas, oii Ton n'en reiicontre guered'une autre
couleur. Voici les terraes de marehe usites pour
ce genre de betail, lorsqu'il a deja subi le
joug : « Me repondez-vous que ces bneufs sont
sains, et qu'en les prenant je snis a Tahri de
toute repetition ulterieure?S'ils ne sontpasdom-
ptes, on stipulecomme ilsuit ; Merepondez-vous
tes giex boiim obtereret. Denique ex hoc pufrefacto nasci
(lulcissimas apes raellis maties, a quo eas Gra^ci povjyo-
va; appellant, et hinc Plautium locutum esse latiue,
cuni Hirrium pracloieni renunciatum Romam in Senatuni
scriptum habere. Sed bono animo es, non minus satisfa-
ciam tibi.quara quiiBugoniam scripsit. Prinium in bu-
bulo gonere Ktatis gradus dicuntur qualuor. Prima vi-
tulorum, secunda juvencorum, tertia l)ouni novellorum ,
quarta vetulorum. Discernuntur in prima vilulus et vi-
tula; in secunda juvencus etjuvenra; in tertia et quarta,
laurus et vacca. Qufp sterilis est vacca, taura appellata;
quai piEPgnans, borda. Ab eo in faslis dies hordicalia no-
minaiitur, quod lunc liordDe boves iinmolantur. Qui gre-
gem armentorum emere vult, observare debet priinum,
ut sint hae pecudes aelate potius ad fruclus ferendos inle-
gra-, quani jam expartse; ut sint bene compositiE, ut inte-
gris memhris, oblongse, amplse, nigrantibus cornibus, latis
fiontihus, oeulismaguiselnigris, pilosisaiiribus, compre.s-
sis malis, subsimi, negibberi, sed spina leviler reniissa,
apertis naribus, labris subnigris, cervicibus crassis ac lon-
gis, a collo palearibus demissis, corpore aniplo, bene
costatos, latis humeris , Iwnis cluiiibus , codam profusam
usque ad calces ul habeant, inferiorem partem frequen-
tibus pilis siibcri.spam, cruribuspotius minoribus, rectis,
genibus cminuiis, distantibus inler se , pedibus non la-
lis, ncque ingredientihus qui displodaiilur, nec cujus uu-
giiliB divaricent, et cujus ungues sinl leves et pares , co-
rium atlactu non asperum acdurum, colore polissimmn
nigro, dein robeo, terlio lielvo, quarlo albo. Mollissi-
miis enim bic, nl duiissimus prinius. De mediis duohus
prior quam posterior melior; utrique pluris quam nigri,
et albi. Neque non pra^terea , nt mares .seminis boni sint,
quorum et forma est spectanda, et qui ex his oiii sunt,
ut respondeant ad parentiim speciem : et praeterea qui-
bus icgionibus nali sunt, refert. Boni eiiim generis iu
llalia pleriqiieGallici ad opus : contia nugatorii Liguslici.
Transmarini Epirolici noii soliim melioresloliusGiaicia;,
sed etiam Itali.ie. Tametsi quidamde Italicis, quos prop-
ter amplitudinem praestare dicunt,ad victinias faciunl,
alqiie ad deorum servanl supplicia. Qiii sine dubio ad
res divinas propter digiiilatem ampliliidinis el coloris
priieponendi : qiiod eo magis fit, qiiod olbi in Italia non
lain fiequentes, qiiam qui in Thracia ad [lO.c.va x6).7cov,
ulii alio colore pauci. Eos ciim cmimus domitos, slipula-
miii, sic : Illosce boves sanos esse, noxisqiie prapslarii"
ciim eniimiis indoinilos, sio : lllosce juvencos sanos recte,
DK I;AGRTCULTURE, LIV. II.
qiie ops liouvilloiissont sains, qu'ils proviennent
d"un troupeau sain, et qu'en les preiiantje suis
a l'abi-i de toute repelition ulterieure?'. Les for-
mulessont moins coneises,si Ton suit les prescrip-
tioiis (le iManilius. L'on retranclie la clause de
snnte, quand lesanimaux sont achetes pour la
boueherie ou pour Ics autels. Les forets ou les
Ijoeufs trouvent ahondainnicnt de jeunes pousses
et du feuillape a leur portee sont les lieux de
paturagequileur eonvienneiUle niicux. Aussi on
les tieut Tbiver au bord de la nicr, et Tete sur
les hauteurs boisees. Quant a la propaization de
respece, voici les rcgles que j'observe. Un mois
avant raccouplement , j'erQpeche mcs vaehes de
segorger de nourriture , parce que, maigres, elles
concoivent plus faeilement. Meslaureaux, au cou»
traire, sont engraisses deuxmois a ravance, avec
force paille et foin, et fourrage vcrt; et pendant
tout ce tempsjem'attaeheales scparer des ferael-
les, comnie .4tticus. Je prends pour soixante-dix
vachesdeux taurcaux, l'un d'un an, rautre de
deux; j'altends pour leur livrer la femelle, le
leverde Tastre que les Grecsappellcnt Ai.'paet les
Romains Fidcs, et je reunis ensuite mes taureaux
au reste du troupuau. On tien.t conime indicatif
de sexe, pour le fruitconcu, lecote par oii ie tau-
reau serelireapres racte consomme, prenantla
droite de la vache, si c'est un male ; ct la gau-
che, si c'est unefemelle. A vous, lecteursd'Aris-
tote, ajouta-t-il en se fournant vers moi, d'ex-
pliquercettecirconstance. Nefaitespas saillir une
vaehe avant deux ans, afinqu'ellc en ait trois
lorsqu'cIle veie pour la premiere fois. Mieux se-
rait encore qu'elle en eiit quatre. Les vaches
sont fccondes dix ans , et quelquefois plus.
L'epoque de conception la plus favorahle pour
elles est la periode de quaraute jours que suit le
levcr du Dauphin , un peu npres. Car une vache
qui aura concu a cctte epnque velera dans
la saison la plus tempcree de rannee, le temps
de sa gestation etant dc dix mois. .Uai trouvc.
dans un livre a ce sujet, une assertion bien sin-
guliere : c'est qu'un taureau chAtre est encore
prolifique quand on le nicne saillir imraediate-
ment apres ropcration. On ehoisira pour faire
paitre les vaches des lieux bas, abondants cn herbe,
et assez spacieux pour qu'e!lcs ne se genent , ne
se heurtent, ni ne se battent. Quelques-uns, pour
eviter la piqure des taons, et de certains insectes
qui les attaqucnt sous la queue et les rendent fu-
ricuses, les tiennent enfermces pendant rardeur
dujour, et mollcment couchees sur une litiere
de feuiiles ou de verdure. En ete on doit les me-
ner boire deux fois par jour, et une seule fois en
hiver. Lors.prelles sont pretes a veler, il faudra
mcttrc du fourrage frais pres des etables, pour
les nffrianderquand elles sortent; car en cetetat
elles sont sujettes a ctredegoutees. Les lieux ou
elles se retirent doivent etrc preserves du
froid , qui lcs maigrit nutant que la faim. Durnnt
rnllaiteraent il faut separer a retable les pclits
de leurs nicres,de crainte qu'ils ne soicnt ccra-
scs pcndant la nuit. On ne les laisscrn approcher
d'elles qu'une foisle matin, etune fois au rctour
des pfiturages. Amesure que les venux grnndis-
sent, il faut soulnger les meres, en leurmcttant
du fourrnge vert daus In creche. Le soI,dans
les ctablcs a vachcs comrae dans toutes autres,
doit etre construit cn pierre ou materiaux equi-
valents , afin de conserver saine la corne de leurs
picds. A partir de requinoxe d'automne , les
veaux paissentavec leurs meres. U ne faut pas les
chatrer avant rage de deux ans. Si roperntion
a lieu plus tol, ils ont peine n s'en remeltre pkis
ileqiie pccnre sano fisse , noxisfine pr.vstari sponJesne?
Panio veiljnsiiis Ii.tc, qiii Maniilii actiones sequiintur.
Lanii,qui atl cultrum bovem emunt, et qui ad allaiia,
liosti.T sanitatem non solenl slipnlari. Pascunlnr armenla
coniniciilissimc in nenioribus, ulji virgulla, el fions miilta :
liicine |Ciiiii liilicinant] secnndnni niarc, .TStu abiguntiir
iii iiioiilcs fniniiosos. l'roplcr fcpturam Iktc servare soleo.
Ante admissniain incnsem nnum, ne cibo et potinne .se
impleanl, qiiod cNislimanlnr facilius inacia> concipere.
Cnnlia, taurns duolius niensibus anle adinissuiam lieiba
et [lalca ac fa-no facio pienioies , ct a ficminis seceino.
Habeo laiiros tolidem , qiiot Atticiis , ad maliices lxx duo ,
unum anuiciiliim , alicrum bimnin. Iloc sccundum astri
eMirtiim facio, rpiod r.ipcei vocant A-Jpav, l"idcm no.slri.
Tuni dcniqiic taiiios in gregem redigo. llas an firmina
sit concepla, signilicat dcscensn tanins cum iniit. Siqni-
dcm , si mas cst , in dexteriorem parlem abit : si foemina ,
in .sinisterioiem. Cur lioc liat, vos vidcritis, inqnit
inilii. qiii Aristolclcm legilis. Non minoics oportcl iiiiie
bimas, iit Irima' pariaiil ; co inelius si quadiiniiB. Plera;-
que paiiiiiit in deccm annos, qn.Tdain etiain in pliircs.
Maxiine idonciiin lcinpus ad conripiciidiim a Dclpliini
cxoilu iisqiic ad dics \i,, aiit paiilo plns. Qii.t ciiim ita
concepcriiul , lcmperatissimo aiiiii tcnipore paiiiiiit. Vac-
cx enini niensibus decem sunt piacgiiaiilcs. I)i' qiiilma
adinirandnin sciipluin iiivcni, excniplis tostic iilis, si sla-
lim admiseris faurnm, concipcre. F.as pasci oportet in lo-
cis viiidibus, ct aquosis. Cavcrcoportet, ne aiit anguslins
stcnt, aut fcriantnr, aut coucurrant. Itaqiie qiiod eas aos-
tate tabani concilaic solent, ct bcstioj.T qna^dam minnta;
sub cauda, ne coiicilentur, aliqiii solciit inclndere seplis.
lis snbslcrui oportet fiondcin, aliiidve qiiid iii cnbilia ,
<Hio mnlliiisconqiiicscant. .Ustate ad aqnam appcllciidiim
bis, liicme seniel. Ciiin paicie ccvpcriint, seciiiidiiiii sta-
biila paliiiliini servari opoiict intcgium, qnod c;;i'cdiciilcs
dcgn.^ilaie possint : fastidiosa; ciiim liunt. Et providiiidiiin ,
(liio iccipinnt se, ne frigidus lociis .sit. Algor ciiiiii cas ct
famis macrcscerc r.ogit. Inaliinouiis armculiciuin pcciis
sic contuendiim , lai tciitcs ciim inatribiis nc ciibcnt : ob-
leruntur enim. Adcas maiie jidigi oporlet, ct cuni icdie-
rnntc pastu. Cnm crevcruivt viliili, lcvanda' matrcs pa-
bulo viiidi olijicieudo in praiscpiis. Itcin liis, nt fcic In
oinnibus stabulis, lapidcs snbslcrncndi, aut quid ilciii,
iic iiiigiil.T pulresrant. Ab a'qiiino'clio aiitumuali iiiia pab-
118
VARROiN'.
tai'd; ils deviennent indociles, et impropres au
travail. Chaqueannee, suivaiit la pratique adop-
tee pour toute espeee de betail , on fait un triage
des betes derebut, que l'on retranche du trou-
peau ; car elles y tiennent inutilement la place
qu"occuperaient des sujets productifs. Lors-
qu'une vache a perdu son veau, remplacez-le
par une autre dout la mere n'a pas assez de lait
pour le nourrir. Aux veaux de six mois on donne
du son de froment, de la farine d'orge, de
rherbe bien tendre , et on les fait boire matin et
soir. Les precautions sanitaires sont multipliees.
J"ai extrait des livres de Magon toutes les pres-
criptions qui s'y rapportent, et je lcs fais lire
souvent a mon bouvier. J'ai deja dit que le rap-
port du nombre des taureaux a celui des vaches
estde deux pour soixante, etqu'ilfaut un mflle
d"un an et un dedeux. Certaines personnes ce-
pendant veuient que la proportion soit plus ou
moins forte. Kotre Atticus, par exemple, n'a que
deux laureaux pour soixante-dix vaches. La
force du troupeau varie egalemeiit. Moi, je suis
de Tavis de ceux qui regardent cent tetes comme
\in norabre suflisant. Atticus et Lucienus, ont
des troupeaux de ccntvingt tetes chacun. Ainsi
parla Vaccius.
VL Murrius, qui etait revenu avec Lucienus,
pendaiitqueVacciuspaiiait, ditalors:Moi, je me
jiiopose detraiterles anes; carjesuis de Reate ,
c'est-a-dire d'un pays d'ou viennent les meilleurs
ct lcs plus grands. J'y ai fait des sujets que j'ai
vendus meme a des Arcadiens. Celui qui veut
former un beau troupeau d'Anes doit avant tout
prendre lcs males etles feinelles a r;ige oii Ton
peut en tirer lignee le plus longtemps possible.
II les choisira robustes, debelle forme, de bonue
tailleetde bonnerace,c'est-a-direoriginairesd'un
pays repute pour cette production. Cestcequi fait
que TArcadie est le marche aux anes pour le Pe-
loixinnese, etReate pourritalie; carde ce queles
murenes ont si bou gout sur les cotes de Sicile,
et les esturgeous sur celles de Rhodes , il ne s'en-
suit pas qu'on trouve ees poissons de meme qua-
lite dans toutes les mers. U y a deux especes d'&-
nes : lcs flnes sauvagcs qu'on appelle onagres, ct
quiabondent en Phrygie et Lycaonie, et les anes
privcs, comme ils sont tous en Italie. L'ane sau-
vage est propre a la propagation de Tespece ,
car sa progeniture s'apprivoise facilement ; taiidis
que celle d"un iiiie prive n'est jamais sauvage.
Les petits ressemblent toiijoui's a leurs pere et
mere. II faut donc bien choisir ceux-ci sous le
rapport des formes exterieures. Les couditions de
vente et de livraison sout a peu pres les memes
que pour tout autre betail, et contiennent egale-
meiit des clauses de garautie sanitaire, et contre
toute repetition ulteiieure.
La farine et le son d'orge conviennent parfai-
tementauxanes pour nourriture. Les Snesscsdoi-
vcQt etre couvertesavant le soistice, pour mettre
bas au solstice de Tannee suivante ; car elles
portent une annee entiere. On fera bien de ne
point les faire travaillcr pendant la durce de la
gestation, car la fatigue nuit a lcur fruit. Quant
au mdle, il faut continuer a remployer, car pour
lui ce sont les intermittences de travail qui sont
uuisibles. Pour nourrir les pelits, on suit les
memes regles que pour les poulains. La premiere
annee , ou les laisse avec leur mere. A partir de
la seconde, on ne les en separe pas sauf, la nuit,
ayant toutefois soin de les attacher avec un li-
cou un peu laclie, ou quelque lien analogue. La
cnntur ciim mali ibus. Cnstrare non oportet ante blmatum ;
quoil (lifliculter, si aliter feceris , se reciplunt. Qui autem
postea castrantur, duri et inutiles fiunt. Item ut in reli-
quis i^regibus pecuaviis, dplectus quotanuis habendus,
et rejicnlae rejicluiid.TC , qiiod lociiin nccnpant earumqua!
ferre possunt fruclns. Si qua' aniisil vjlulum,ei suppo-
nereoportet eos, qiiilius non satis laclis prccbent matres.
Scnicslribus vitnlis objiciunt furfures triticeos , et farinam
ordiai iMin , el tcnerain herbam : et ul bibant mane et
vesperi, curant. De sanilate snnt compluia, qua; e\-
scripta de Magonis libris, armeutarium meuin crebro ut
aliquid lcgat, curo. Numerusdetauriset vaccis sic hahen-
dus, ut in sexaginta unus sit anniculus, alter hinius.
Qiiidam b.ibent aut minorein, aut majorem nunierum
[grcgiiin]. Nam apud euni duo tauri in septiiaginta niatri-
bus siint. Nunicrum gieguni alius facil alium. Quidam
ccntcnariuni modiciim putant esse , iil ego. Atticus cen-
tumviginti liabet, iit Ijucienus. Ha;c ille.
VI. At Murrius, qui, dum loquitiir Vaccius, cum Lu-
cieno rediisset, l!go, inquit,de asinis potissimnni dicain,
quod sum Realiniis, nhi optimi el maximi liunt, e quo
seminio ego bio procreavi pullos , el ipsis Arcadihns ven-
didi aliquoties. Igitur asinorum gregem qui facere vult
bonnm,primum videndum, ut mares ficminasque bon^
aetate sumat, utique ul quam diutissinie fructuni ferre
possiot : firmos, omnihus partibus honestos, corpore
amplo , seminio bono : e\ his locis, undeoptimi exeunl,
quod faciunt Peloponnesii, ciim potissimum eos ex Arca-
dia emant; in Italia ex agro Reatino. Non cnim si inur.'»-
n» optimae nut;c siint in Sicilia, et ellops ad Rhodon,
continiio lii pisces in omni niari similes nascuntur. Horuiii
genera diio. Uiiuni fenim , qiios vocant onagros, in Phry-
gia ct Lycannia sunt gieges multi. Alteriiin mansnetum,
nt siint in Italia onmes. Ad seminationem onagrus ido-
neus , quod e fero fit niansiietiis facile , et e mansueto fe-
riis nunquani. Quod siiniles parentum geuiintur, eligen-
di ct mas et fopmiua, cum dignitale ut sint. In mcrcandq
ilcm ul ca-tera; pecudes emtionibus, et traditionibus do-
niiniim mutant, et de sanilate acnoxa solet caveri. Com-
mode pascuntur farre, et lurfnribus ordeaceis. Admittun-
tur anle solstitium, iit eodem lempore alterius anni pa-
riant. niiodccimo eniin menseconceptum semen reddunt
Pra^gnantes opere levant. Vcnler enim laborc nalionem
redditdeteriorem. Marem non dijungunl abopeie, qiiod
remissione laboris lit deterior. In paslii eadem ferc obser-
vant, ipiae iu equis. Seciindum paitiun pullos anno nnn
DE L'AGSICULTimE, LIV. IL
troisiemeannee, ou commenee a ifs dresscr pour
Tespeee de travail a laquelie on les dcstine. Tou-
chant la quantite, on n'a pas ordinaireraent
d'anes en t;rande reunion , si ce u'est pour le
transpoit des mareliandises. Leur oceupation
la plus ordiuaireest de trainer la meule, de por-
ter aux champs, de labourer raerae, daus les
terres legeres, comrae celles de Campanie. On
ne les voit guere en nombre que dans lcs con-
vois organises pour amener a dos d'Ane de Brin-
des ou d'Apulie a la cote, leshuiles, les vius,
les bles, et autres denrees.
VII. A nion tour, dit alors Lucienus, d'ou-
vrir la barriere, et de laucer raes chevaux. Et
je ne prends pas seulement pour texte lescoiir-
siers males dont , corame Atticus, je ue veux
comrae etalon qu'un pour dix juments; je vais
aussi parler des eavales, que le vaillant Q. iMo-
dius Equiculus n'estimait pas moins pour la
guerre. Veut-on former des troupeaux dc che-
vaux et de cavalcs , tels qu'oa en voit dans le
Peloponnese et dans TApulie? Avant tout il faut
s'assurer de rage des individus, qui, dit-on ,
ne doit pas etre au-dessous de trois aus ni au-
dessus de dix. Cest aux dents qu'ou recounait
l'iige du cheval , ainsi que de tout auimal qui a
le pied feudu, et mcme eelui des betes a coines.
A deux aus et dcmi le cheval commence a pcr-
dre les qualre dents du railieu , deux d'en haut,
et deux d'en bas. En eutrant daus sa quatrierae
annee, il lui torabe eneore, a chaque raiiehoire,
les deux voisines de celles qu'il a deja perdues ;
et les grosses dents appelees molaiies com-
mencent alors a pousser. Quaud il attcint sa cin-
quieme annee, il eu perd encore deux autres de
la mcme maniere. II en repousse en plaee, qui ,
creuses d'abord, commencent a se remplir dans
la sixicme annee; de sorte qu'a sept ans !e che-
val a son rfltelier eomplet. K partir de cctte
epoque, il n'y a plus de signe certain de son
iigc; seulement lorsque la bete a les dents sail-
lantcs hors de la bouche , les sourcils blanes , et
que ses saliercs se creusent au dcssous des
sourcils, on suppose qu'elle a seize ans. II faut
aux eavales uue tailie moyenne, c'est-a-dire ni
giMiide ni petite; ia croupe et les flancs larges.
L'ctalon , au contraire , doit etre choisi de hnute
taille, d'une belle structure, et toutes scs propor-
tions doiventetre en harmonie. Un poulain pro-
metde devenir beaucheval, s'il a la tetepetite,
les membresbien attaehcs, les yeuxnoirs, les na-
scaux ouverts, les oreilles bien plantees, le cou
large et souple, la criniere fournie, brune , frisce,
d'un crin soyeux , et qui rclombe du cote dioit;
le poitrail plcin et dcveloppe , les epaules fortes ,
le ventre ei'l'ace,les rcins serres par ie bas, le
dos large, repine douhle, et le moins possible
en saillie ; la queue ample et legerement frisee ,
les jamhcs droites, egales et plutot longues ; les
genoux arrondis,etroitsetsurtout point cagncux;
la conie dure, ct le corps parseme de pctites
veiiies qui s'apercoivent au tiavers de la pcnu;
circonstanee qui rend son traitement beaueoup
plus facile en eas de maladie. L'origine du clie-
val est un point de la derniere importance , car
il y a des races sans nombie. Les plus estimees
prennent le nom des contrces dont elles sont
origlnnires; ainsi on dit en Grcce la lace thes-
salicunc ou de Thessnlie , et ehcz nous les rnecs
apulicune, roseanicnne, dApulie, de Rosea.
rpniovent a matre. Pro!(imo anno noclibiis paliiintnr esse
cum liis, et leniler capisliis, aliave qna re liabent vin-
ctos. Terlio aniio doinare incipiiint ad eas res, ail quas
qnisque eos vull lialiere in nsu. Relini]uitnr dc iiiiinero,
quoruni gregesnon sane riunl,nisi ii, qui oneraporlent :
ideo qiiod plerique dedncunliir ad molas , aul ad agriciil-
turam, ubi quid veliendiim cst; aut eliam ad arantiiim,
iihi levis est lerra, ut in Campania. Greges fiunt feie nier-
calorum , ut eoriini qni e Biundisino, aut .\ppulia ascllis
<l()ssuariis comportaiil ad mare oleum aut vinum, iteiu-
que rrumentum, aut quid aliud.
VII. Lucienus : E;;o quoque adveniens aperiam carre-
res, inquit,et equosemittere incipiam, nec solum inaics,
qiios admissaiios babco, ut Atlicus singulos iu loeminas
(ienas , e queis foeminas Q. Modiiis Equiculus vir loitis.si-
iiiiis etiam patrc mililaii jiixla ac mares liabere solebut.
Horumc(|uoruin, et equariimgregesqui babere voliierint,
ut babent aliqiii in 1'eloponneso, ct in Appulia, primum spe-
ctareoportet aclatem, qiiain pra^cipiunt videndum nesint
miiiores triin.ie , majorcs decem annornm. .Elas cognosci-
tur eqniHuni , el fere oiniiium qiiic ungulas indivisas lia-
bent , et etiam corniiloriim , quod equus triginta mensiuin
primum dcntes medios dicitiir amilteic, duo .superioics,
tolidein inferiores. Inripicntcs (|uartuin agere aiiniim
iiidcm ejiciunt, ct totidem proximos eoruin quos amise-
nint , et iiici|tiiint iiasci (juos vocaiil coliinicllares. Qiiinlo
aniio iiicipienti ilcm eodcm niodo ainiltere binos. Qiios
cavos liabent tum renascentcs eis, scxto anno implcre,
seplimo omnes babcre solcnt renatos, et complelos. Ilis
majores qui sunt , intelligi negant posse. I'ia?tcrqiiam ciiin
dentcs .sint facti brocchi , et supercilia caiia, et siib ea la-
cuna;,exobservaludicunteum equiim habcreannos .sede-
cim. Forma esse oportet magnitudine media, quod ncc
vaslas nec minulas dec.cl esse equas : cliinibus ac Tcntri-
hiis latis. Eqiios ad admissuram quos velis habeie, lcgiTc
oporlet amplo corpore, formosns, nulla parte corpiiris
inler se non congriieiiti. Qualis fiiturus sit equiis , e piillo
coiijcclari potesl, si caput liabet non magnum, nec mcni-
bris confusis : si est oculis nigris , narihus non angustis ,
auribiis applicatis^, ((^crvice niolli,) non aiigusla, jiiha
crebra, fiisca, subctispa, snbleniiihus setis, implicata iii
dcxtiMiorem parteni ccrvicis, pectns latum ct plciiiim,
bumeris latis , Tenlre modico, lumbis deorsuiii versiini
pressis, scapulis latis , spina maximc duplici;sin minus,
nnn cxtaiiti , coda ampla subcrispa, criiribus lectis aequa-
libus, potius figuraallis, genihiis lotiindis, nec maguis,
iiec iiilroveisus spcctanlibus, Hngiill.s diiiis : toto corpora
ut liahcat venas, qu.x animadverli possint, quod qui liii-
jnsceniodi sil , cl ciini cst agcr, ad medenduiii est app<isi-
tus: corpore miillo. De sUrpc iii.igiii inlerest quasint,
VARP.ON.
U!i bon augure rlans un jeune elieval, c'est io;s-
qu"en paissnnt avec les autres, il se montre em-
pressc a disputcr la superiorite a la coursc ou
dans toufe nutre circonstance; ou bien encore
lorsquVn traversant un fleuve il devaiicc tous
les autres a la tete dutroupeau, sans rciiarder
derriere lui. L'achat dcs chevaux se f;iit a peu
pres de la raeme maniere que celui des boeufs
et des ^nes ; et la propriete en change de mains,
a peu pres dans les formes qu'on trouve consi-
gnees dans le livre de Manilins. II n'y a pas de
meilleure nourriture pour les chevaux que
rherbe dans les prcs, le foin sce a rccuric. Lors-
qu"une cavalc a pouline , il faut ajouter de Torge
a sa provende, et la faire boire deux fois par
jour. Quant a la propagation, Tepoque de la
monte est de rcquinoxe du printemps au sols-
tice, afin que les juments puissent mettre bas en
temps propice pour le poulain, qui vient au
moude le dixieme jour du douzieme mois apres
I'aecoupIement. Les chevaux qui provienncnt
d'une conception postcrieure a repoque mar-
quee sont en general defectueux , et plus ou
moins impropres a Tusage qu'on se propose d'eu
faire. Ainsi, des quc le printemps sera venu, le
peroriga devra presenter Tetalon a la jument
deux foispar jour. OnappeIle^)fro/v"i7«eelui qui
estcharge de faire accoraplir aux chevaux ractc
gen^rateur. Sa presence est neL'essaire pour te-
nir les cavales o. Tattache, afln qu'elles soient
saillies plus promptement, et que Tetalon ne
perde point sa sempiice par exces d'ardeur.
Quand les juments se defendenl de i'approche
du mflle , c'est un averiisseraent qu'clles ont ete
suffisamment saillics. Si Tetalon montre quelque
repugnance ponr lajument, ou frotle lesparties
naturelles de celte deriiiei'e, au moment de ses
pertes annuelles , aveede la moelle d"oignou ma-
rio pilce dans Teau jusqu'i'( ce qu'eHeait acquis
la densite du miel ; puis ou les fera flairer a Vi,-
talon. Je citerai a ce propos un fait incroyable,
mais qui n'en est pas moins reel. Un etalon se
refusait obstinement asaillir sa mere. he pero-
?7V/rt s'avisa de luicouvrir latcte, le ramenaen
cct etataupres d'clle, et racconpleraent eut lieu.
Mais on n'eut pas plut6t cnleve le bandeau qui
cachait les yeux de ranimal, qu"il se jeta sur
\e jieiv?iffa , et le dechira a belles dents. Quand
les cavales sont pleines , il faut les mcnager au
travail , et ne pas les exposer au froid , ce qui
leur serait fatal pendant la gestation. Par ce
motif, il faut preserver de toute humidite le
sol de leurs ecuries, et tenir closes portes et
fenetres. On adaptera aussi dc longues harres
aux mangeojres pour separer les cavales, et les
empccher de se battre entre elles. Pendant tout
letemps de leur portee, il ne faut pas quelles
soicnt poussees dc nourriture, ni qu'elles souf-
frent de la faim. II y a dcs personnes qui ne
font saillir les cavales que de deux annees Tune :
lcs mercs, disentils, s'en conservent plus long-
temps , et les poulains en sont plus forts. Sui-
vant eux, il en est des cavales comme des terres
qu'on ne laisse pas rcposer : eette production con-
tinue lescpuise. Les poulainsde dix jours vont
paitre avec leur mere. Evitez qu'ils stalionnent
dans l"etable, dont le fumier brule leurs sabots
delicats. Acinq mois, on leur doune, chaque fois
qu'ils rentrent a rccurie, de la farine d'orge
avec du sou , ou toute autre production vegetale
de leur gout, A Tage d'un an, on leur doune de
rorge en nature ct du son , jusqu'a ce qu'ils ne
tettent plus ; ce n'est qu'apies deux ans revolus
qu"on lcs sevrc. De temps a autre il faut lcs
flattcr de la main pendant qu'ils sont avec la
mere, afin que plus tard ils ne s"effarouchent
quoil genera sunt nniUa. Itaque ad lioc nobiles a regioni-
bus dicuntur, in Gracia Tliessalici equi, a terra Appuli, ab
Rosea Roseani. Equi lioni futuri signa sunt, si cum grega-
libus in pabulocontendit in cuirendo, aliave qua re, quo
potior sit: .«i, cum ilumen Irajiciendum est, gregi in |)ri-
mis prcPgreditur, ac non respectat alios. Emlio equina si-
milis lere ac boum , et asinorum , quod eisdem rebus in
emtione dominum mulant , ut in Manilii actionibus sunt
perscripta. Eqninam pecus pascenduni in pralis potissi-
mum berba; in stabulis acpraesepibus, arido fmio. Cum
pepererunt, ordeo adjecto bis die danda aqua. Horum foe-
turae initium adjiiissionis facere oportet ab .'cquinoctio
vernoad solsUUum, ul partus iduneo tempore fial. Duo-
decimo enim mense, die decinio, aiunt nasci. Quai post
tenipus nascuntur, fere viliosa, alque inuUIia existunt.
Admittere oporlet, cum tempus anni venerlt, bis in die,
mane et vesperi per origam. Is ita appellalur, quiqui ad-
miltit. Eo enim adjutanle equae alligata; celerius admit-
tuntur, neque equi frustra cupiditale impulsi senien eji-
?iunt. Quoad saUs sit admitU, ipsa; siguilicaut, quod se
i^erendunt. Si (aslidium salieudl csl , scilla> mediuin con-
terunl cum aqiia ad mellis cra.ssitudinem : tum ea re na-
tiiram eiiua;, cum nienses feiunt, tangunt; contra, ab
locis equae nares eqiii langunt. Tametsi incredibile, quod
usu venit, memoriae mandandum. Cum equus matrem iit
salireladduci non posset.et eum capiteobvoiuto peroriga
adduxisset, et coegisset niatrem inire, cuni descendenti
demsisset ab oculis, ille impetum fecit in eum, ac niordi-
cus interfecit. Cum coiicepernnt eqine, videndum neaut
laborent plusciilum, aut ne frigidis locis sint, quod algor
niaxime prEegnantibus obest. Itaque in stabulis ab Iiumore
proliibere oportet liiimuni, clausa habere osUa, ac fene-
stras , et inler singiilas a prajsepibus in terjicere longiirius ,
qiii eas discernant, ne inler se piignare possint. Piveguan-
tem neque impleri ciho , neque esurire oportet. Alteriiis
qui admiltant, diutiiriiioresequas, et meliores pullos lieri
dicunt, itaque ut resUbiles segetes essent exuctiores, sic
quotannis quae piaegnantes liant. In decem diebus secun-
dum partum cuin malribus in pabulum prodigendum. Ke
ungiilas comburat steicus cavendum lenelias. Quinquc-
mestribus pullis factis, cum redacU sunt in slabulum,
olijiciendiim farinam ordeaceam iiiolitam ciim fiirfuribus ;
DE L'AGRICULTURE, LIB. IL
121
pas d'eti'etouclies.ParIe m^memotif,on siispend
des mords dans leurs ecuries, pour qu'ils s'accoa-
tument, des le jeune iige a en supporter la vue
et a en euteudie le cliquetis. Lorsque les pou-
lains auront pris rhabitude d'approcher quand
on leur tend la main , il faudra de temps a au-
tre leur mettre sur le dos un enfant, qui d"abord
s'y couehe a plat ventre, et ensuite s"y tient
assis. Pourcemauege, il faut que le cheval ait
trois ans. Cest l"age ou sa croissance est faite et
ou il commence a avoir des nniscles. 11 en est
qui pretendent qu'un eheval pcut iHre drcsse a
un an et demi ; mais le plus sur est d'attendre
qu'il ait trois aus : a partir de ce moment , on lui
donne du fourrage compose de cereales de toute
espececoupeesen vert;cequiestpourranimal une
purgation tres-salutaire. il faut pendant dixjours
le niettre a ce regime pourtoute noui'riture. Le
onzieme jour on lui donnera dn Torge, dont on
augmentcra graduellpraent la mesure jusqu'au
quatorzieme. La ration de ce jour scrvira de bise
pour les dix suivants. II faut lui faire prendre
ensuite un exercice modere , le frotter d'huile
qiiand il sera en sueur, et, si le temps cst froid,
alhimer dii feu dans recurie. Parmi les jeunes
chevaux, Ics uns sont plus propres pour la
guerre et les autres pour les transports, ceux-
ci pour la monte et ceux-la pour la course, ou a
la voiture. II s'ensuit qu'il faut varier entre eux
les soins de redueation. Lhomme de guerre
choisit et dresse les ehevaux suivant descondi-
tions tout nutres que recuyer ou le conducteur
des chais du cirque. On comprendra egalement
que le cheval qu'on destine au transport a dos
doit etre dresse d'autre facon que le cheval de
selle ou de trait. Ou veut sur le champ de ba-
et si f]uiil aliuil tena natuin libenter edent. Aiiniciilis jam
faetis lianduni ordeimi ct finfiiies, usque qiioad eiunt
laclenfes. Neque prius bicnnio conrecto a lacte lemoven-
diim. r:o,si]Meiiiiii slenl cum iiiatiihiis, intcidiim traclan-
diini , ne ciiiu siiil ilijuiuli , exlen'eantur. Eadeuvi]iie causa
ibi frenos snj.|ii'nilendnni, ut equuli consnescant et videre
eoriim faciem , et e motu audire crepitiis. Cum jam ad nia-
nus accedere consuerint , interdum iiiiponeie iis puerum ,
bis autter proniiinin ventrem, poslea jamsedentem. H;ec
facere cuni sil trinius ; tura enim maxiinc ciesceie , ac la-
certosum fieri Sunt qui dicanl postannum elsex menses
equuliim domaii posse, sed melius post trimum.aquo
tempore fariago daii solet. Hicc eniin purgatio maxinie
necessaria eqniuopecori. Quud diebus dccem facere opor-
tel, nec pati aiium nllum cibum gustare. Ab undecinio
die iisi|ue ad quartiim decimum dandum oideum , quoti-
die adjirientem minntatim. Quod quarto die fereris, in eo
decein diebus proximis manendum; ab co tempore nie-
diocriter exercendiim : et cum sndarit, pernnguendum
oleo. Si frigus erit, in cquili facicndiis igni.s. Equi quod
alii sunt ad rem militarem idonei, alii ad vectiiiam, alii
ad admissuram, alil ad cursuram, alii ad rliedain, non
iteni siint spectandi atque babendi. Itaque peritus belli
fllios eligit, atqnealil, ac docel : alitcr qiiadrigariii.s, ac
taille un coursier plein de feu. Pour faire roiite,
on prefere un cheval paisihle. Cest alin de fr-
pondre a cette diversite de vues que Ton a ima-
gine de chatrer les chevaux. Prlve de ses testicu-
les, et consequemment de liqueur seminale , Ta-
nimal devient plusmaniable. On appelle canterii
les chevaux chatres , de meine que inaiales Ics
porcs, et capi les coqs rendus, par cette opera-
tion,inipropresalapropagatioude respece. Quant
a la medeciiie des chevaux, la multitude dcs
raaladies et la diversite des symptomes en ren-
dent la science tres-compliquee; et il est indis-
pensable que le chef d'un haras en ait les diffe-
rentes prescriptions couchees par ecrit. Cest ce
qui nous explique pourqiioi les Grees appelleiit
iTrTTioiTpot (medecins des chevaux) ceux qui trai-
tent les maladies du betail en general.
Vill. Pendant ce discours, un affranchi de
Meuate vint nous avertir, de la partde son mai-
tre, que les iiba etaient acheves, et que tout
ctait pret pour le sacrilice : ceux qui voudraient
y prendre part n'avaient done qu'a venir. Quant
a moi, m't;criai-je, je ne vous laisse point partir
que vous ne m'ayez donne le troisieme acte dans
lequel figurent les mulets, leschiens et les paties.
Eii ce qui touchc les mulets, dit Murrius, il y a
pcu a dire. Les mulets et les bardeaux sont des
batards engendres de deux especes differentes,
et entes pour ainsi dire sur une soucbe hetero-
gene , puisque le mulet provient d'une cavale et
d"uniine, et que le bardeau est le produit d"un
clieval et d'une anesse. Tous deux sont de bon
usage, niais uuls pour la propagation. On fait nour-
rir un anon nouveau-ne par une jument ; il en de-
vient plus fort , car le laitde jumeut est meilleur
que celui d'anesse , et , dit-on , que tout autre lait.
desuUor. IVeque itcm, qui vectarios faceie vult; neque
eodeni modo parantiii- ad epliippium, ant ad liiedam :
qiiod iit [ad leni militaivm, qiiudj ibi ad castra babere
voliint ac.ies, sic contra in viis habere maluut placidos.
Propter quod disciimen maxinie institntuin , nt castien-
tur equi. Demptis enim teslicnlis fiunt quietioies, (et)
ideo quod seinine carent; ii canlorii appellaiitur, ut in su-
bns maiales; in gallis gallinaceis capi. De medicina, vel
plininia sunt in equis el signa nioiborum, et ^enera cu-
ralioniim, qunc pastorem scripta liabeie oportet. Itaque
ob lioc in Givccia potissimum medici pecorum iTtMiaTpoi
appellati.
VIII. Cum li.TC loquercmiir, venitaMcnate lihertns,
qui dicat iibaabsoluta esse, et rem divinam paratam ;
si velleut , veniicnl illuc , et ipsi pro se sacrilicarenliir. Ego
vcro, inquam, vos ire non paliarante, quam niilii rcd-
dideritis tertiumactum de niiilis, de canibiis, de pasto-
ribiis. lirevis oralio de i.stis, inqnit Murrius. iVam miili
ct liiuni bigeneri, alqiie insiticii, non suopte geuere ab
radicibus. £x equa cnim et a.-:ino fit muliis. Contra e\
eqiio et asina liinnus. Uteique eornm ad iisum utili.s, par-
tus fructu neuter. Pullum asininuin a parlu recenlem snb-
jiciimt eqii.T, ciijus l.icte ampliores liuiit, quod id I.icte
quam asininiiin, ac alia omnia dicunt csse mcliiis. Prio-
VAr.FxON.
Plus tard ou lui donne pouruourritiiie de la paille.
La nourriee , nou plus , ne doit pas etre negligee :
caril faut qu'elle allaitc concurremmentson pro-
prc poulain. L'ane, eleve de cette manierejusqu'a
riige de trois ans, peut etre employe a saillir les
cavaies, et ne les dedaignera point, habitue quil
est de vivre toujours au railieu d'elles. L'employer
plusjeuue serait le faire vieillir plus tot; et il ne
donneraitque de faibles produits. Au dL-fautd'a-
nes eleves par des cavales, on choisit, pour
etalon, le plus grand et le plus fort qu'on peut
trouver. II fautsurtout qu'il soitde boniie race,
de celle d'Arcadie, par exemple, si Ton s'en rap-
porte auxanciens, ou, suivantnotre propre ex-
perience, de celle de Reate, oii Ton vient les cher-
cher de trois cents et raeme de quatre cents mil-
les de distance. On achete les &nes absolument
comme les chevaux. Ce sont les raemes stipula-
tions et les memes garanties. On les nourrit prin-
cipalement d'orge et de foia, dont on augmente
la mesure quelque temps avant la raonte, pour
leur donner plus de vigueur. Quant a Pepoqne oii
le peroriga devra donner les anes aux juments,
elle est absolument laraeme pour les etalons des
deux especes. Le mulet ou la mule, produit de
raccouplement , devra etre eleve avec soiu. Les
mulets nes en pays humides et marecageux ont
la corne du pied molle ; mais quand on a soin
de leur faire passer rete sur les montagncs,
comme c'est la coutume daus le Rentc, clle ac-
quiert un degre de durete sans pareille. L'tige et la
forme sont a cousiderer, pour qui veut former
un troupeau de mulets. L'Sge, afin qu'ils soient
de force a porter une charge ; la forme, afin que
l'oeil trouve plaisir a les contempler. Un couple
de mulets atteles peut tirer toute espece de voi-
ture. Ilomme de R6ate, contiuua Murrius en s'a-
dressant a moi , je pourrais donner mon opiniou
comme autoritesurcettc matiere; raais vousavez
eu vous-meme des troupeaux de cavales dans
vos domaines, et vous vousetes fait uu revenu
des mulets que vous en avez tirc. Le bardeau
(/liniius) est le produit d'un cheval et d'une anesse ;
il est moins graud et plus roux que le mulet,
ressemble au cheval par les oreilles, et a r;ine
parla criniereetlaqueue. Ilest,comme le eheval,
un au dans le ventre de sa mere ; et c'est aussi
aux dents qu'on reconnait son ^ge.
IX. Mnintenant, dit Atticus, il ne nous reste
plus a parler que des chiens, race interessante,
pour nous autres surtout qui elevons des ani-
maux ii laine. Le chien est le gardien du betail
eu g^neraj ; mais il est le defenseur uaturel des
brebis et des chevres. Le loup est la saus cesse
qui les guette, et nous lui opposons les chiens.
Quant aux animaux portant soie, verrats, porcs
ch^tres et truies, ils tiennent du sanglier, dont la
dent est si meurtriere a nos chiens dans les
chasses, et ont tous de quoi se defendre. Que di-
rai-je? l!n loup ayant un jour paru au railieu d'un
troupeau de mulets au paturage, ceux-ei aussi-
tot, par un mouvement instinctif, forraerent uu
cercle autour de lui, et le tuercnt a coup de
pieds. Quant aux taureaux , ils se serrent eroupe
contre eroupe, presentaut au loup |ps cornes de
touscotes. Pour en revenir a raon sujet, il y a
deux especes de chiens : d'abord les chiens de
chasse qui sout dresses pour la bete fauve etle
gibier, et les chiens de garde qui sont de la de-
pcndance du berger. Je me borne a traiter de
ces derniers, en suivant les neuf divisions me-
thodiques que vous avez indiquees pour le re-
teiea ediicant euin paleis foeno, ordeo. Matii siippositicia!
qnoque inserviiint, quo equa ad ministeiium lactis cibum
pullo pivTbere possit. Hic ita eductus atrimo, potest ad-
mitti. Neque enim aspernatur, piopter consuetiidinem
equinani. Hunc minorem si admiseris , et ipse citius sene-
scit, et quK e\ eo concipiuntur liunt deteriora. Qiii non
habent euin asinum quem supposueruntequa> ,et asinum
admissarium babere voliuit, deasinis quam aniplissimum
formosissimumque possunt, eligunt. Quique seminio na-
lus sit bono , Arcadico , ut antiqui dicebant , ut iios experti
sumus, Reatino : ubi tiecenis ac quadrigenis millibus ad-
missarii aliqiiot venierunt. Quos einimus item ut equos,
stipiilamurque in emendo , ac facinms in accipiendo idem ,
quod dictum est in eqiiis. Hos pascimus piaecipue foeno
atque ordeo, et id anlj! admissuiam largius facimus, ut
cibo suffundamus vires ad foeturam. Eodem lempore,
quo equos adducentes, iidemque ul ineant equas perori-
gas curamiis. Cuin peperit equa mulum, autniulam, nu-
tiicantes edur^miis. Hi, si in palustribus locis atqiie uli-
ginosis nati, liabent ungulas molles : iidcm si exacti sunt
pcstivo tempore iii montes, quod fit iii agro Iteatino, du-
rissimis ungiilis fiunt. Ingiege mulorum parando speclanda
(Clas el foi ina. Altei uni , iil vectuiis siilTei rc laborcs pos-
sint; alterum ut oculos aspeclu delectare qneant. Hisce
euini binis conjunctis omnia vcliicula in viis ducuntur.
Haec me Rcatiiio auctore probares, inilii inquit, nisi tu
ipse donii equarum gieges baberes, ac mulorum giegcs
vendidisses. Hinnus qui appellatur, est ex equo et asina,
minor quani mulus corpore, plerumque rubicimdior, au-
ribus ut eqiiinis, jubam et caudam siuiilemasini. Item in
ventre est (iit cquus) menses duodecim. Hosce item iit
equulos et educunt, et alunt, et a-tafeni eoium ex deiili-
bus coguoscunt.
IX. Relinquitur, inquit .Mlicus, de quadrupedibus,
quod adcanesattinet, maxime ad nos, qui pecus pasci-
mus lanare. Canis cnim ita custos pecoris, ul ejiis, quod
eo comite iiidiget ad se ilelendendum. In quo geneic sunt
maxiiueoves, deinde capraj. Hasenim lupus captare so-
let, cui opponimus canes defensoies. In suillo pecore
tamen .Sunt, qua; se vindicent, sues, verres, maiales,
scrofa;. Prope enim baec apris, qui insilvis sa>pe dentibiis
canes occideiunt. Quid dicam de pecore majore? cum
sciam mulorum gregem cum pasceretur, eoque veiiisset
lupus, ultro inulos circumlluxisse, et ungulis cajdeudo
eum oci idisse ? et tauros solere diversos assistere cluni-
bus continualos , et cbrnibus facile p ropulsarc liipos ? quare
DE UAGRICULTIRE, LIV. \l.
gime g^nei-al des bestiaux. II faut d'aboi-d choi-
sir des chicns d'age convenable. Tiop jeuiies ou
trop vieux, loin de defendre les biebis, ils ne
peuvent se defendre eux-memes, et deviennent
In proie des animaux feroces. Quanta rexterieur,
prenez-les de belle forme , de grande taille , avec
les yeux noirs 011 roux, les narines de meme
couleiir, les levres rouges en tirant siir le noir,
ni trop retroussees , ni trop pendantes. Oii exa-
minera encore s'ils ont les mrtchoires allongees ct
garnies de qnatre dents,deux en bas, et deux
en haut; celles d'en bas saillantes en deliors de
la gueulc ; celles d'en haut droites, perpendicu-
laires, moinsapparentcs, raaiscgalementaignes,
et recouvertes en parties pnr les levres. II est
essentiel eneore que les chiens aient ia tete forte,
les oreilles longues et souples, le cou gros et
bien attache, les joiutures des ergots ecartees les
unes des autres, les cuisses droites, et tournees
plus en dedans qu'en dehors ; les pattes larges
et le pas broyant , les doigts ecartes , les ongles
durset recourbes , la plante du pled molle, et
pour ainsi dire dilatable comme du levain , et
non pas dure comme de la corne; le corps eflile
au point de jonction des cuisses, repine du dos
ni saillante ni convcxe, la queue epa/sse, la
voix sonore, la gueule bien fendue, et le poil blanc
de prefcrence, afin qu"on puisse facilement les
distinguer des betes fauves dans l'obscurite de
la nuit. On veut aux chiennes de grosses tettes
de dimension egale. La race des chiens est
encore uue cliose a considerer. II y a cclle de
Laconic, celle d'Epire, celle de Salente, ainsi
deslgnees des pays d'ou clles tirent leur origine.
Voulez-vous acheter des cliicns, ne vous adres-
sez ni aux bouchers , ni aux chasseurs de pro-
fession. Les chiens dc boiicher ne sont point
dresses a suivre le betail ; et les chiens de chasse
laissent lii les brebis pour courir apres le pre-
mier lievre ou ccrf qui vient a passer. Les meil-
lcurs chiens sont ceux qu'on achete a des ber-
gers, et qui sont deja drcsses a suivre les trou-
piaux, ou ccux dont rcducalion irest point
encore faite. Le chien |ireiid facilcment touto
habitude qu'on veut lui donncr, et s'attache plus
au bergcr qu'au troupeau. P. Aufidius Pontianus
d'Amiternum avaitachete des troupeaux de bre-
bisau fondde rOmbric. Les chiens etaient compris
dans le marche, et les bergers devaient accoin-
pagner les troupeaux jusqu'a la foire d'Heraclee
et aux bois de Mctaponte. En consequence, arri-
ves au lieu convenu , mes gens retournerent
chez eux sans les chiens. Mais , peu de jours
apres, ceu\-ci, regrettant sans doute leurs ao-
ciens maitres, vinrent d'eux-memes les rejoindre
en Ombrie, a plusieurs journees de distance et,
sans s'etre nourris autrement que de ce qu'ils
trouverent dans les champs. Notez bien quau-
cun de ces bergers sans doutc n'avait fait usage
de la recette recommandee par le livre de Sa-
serna. <■ Pour se faire suivre d'un chien, on n'a
qu'a lui dounernne grenouille cuite dans Teau. «
II importe d'avoir ses chiens tous de mcme race;
car cette espece d'afliuite fait qu'ils se soutien-
neut. Quant a Tachat , qui est le quatrieme dans
Tordre des considerations, memeforme de trans-
mission de la propriete; et memes stipulations
de garantie, cn cas de rcpetition ou de maladie
de fanimal , pour les chiens que pour tout au-
tre betail , sauf les exceptions qui peuvent etre
de ranihtis, qiioniam seneia diio, unum veiiaticum, el
perlinet ad feias beslias, ac silvesties : alterum, quod
cuslodia^ caiisa paratur, et pertinet ad pasforem : dicam
deeo ad formam arlis dispnsilam in novem partes. Prinium
ietate idonea parandi, quod catuli et vetuli neqiie sibi,
neque ovibus sunt praesidio , et feris bestiis nonnunquam
pra'dae. Facie delient es.se formosi , magiiitudine ampla ,
oculis nlgrantibus aut lavis , naribus congriientibus, labris
subnigris aut rubicundis, neque resiniis superioribiis, nec
pendulis subtus, mento suppresso, et exeocnatis duobus
deutibus dextia et sinistra, paulo eminulis, superioribus
directis potius, quain broccliis : acutos, quos liabeant,
lahro tectos : capitibus et auriciilis magnis , ac flari is :
crassis cervicibus, accollo : intcrnodiis aiticulorum lon-
gis : cruribus reclis, et polius varis, ipiam vatiis : pedibiis
magnis, et altis, qui ingredienti ei displodantur : digilis
discretis : iinguibus duris , ac curvis : .solo nec ut coineo,
pec nimium duro, sed ut fermeiitato, ac molli : a feuii-
nibus siimmis corpore siippresso : spina neque eminula ,
neqiic curva : cauda crgssa, latratu gravj , hiatu magno ;
colure putissimum albo, qiiod in tenebris specie leonina.
Pia'teiea fumiiias voluiit esse mammosas a-qiialilnis pa-
pillis. llein videudum, uf lioni seminiisint. Itaqiie aregio-
pihiis appellantur Lacones, Epirotici, Sallentini. Videii-
diini nea venstnribus, aiit laniis canes emas. Alteri , qiind
ad pecus sequendum iiiertes. Alteri, si viderint iepnrem,
aut cervum, [quod] eiim polius, quam oves spqneutiir.
Quare aut a pastoiibiis emta melior, qua; oves se^pii c«u-
siievit : aut sine nlla consuetudine qu;e fuerit. Caiiis eiiim
facilius quid assiiescit, eaque cnnsuetudn lirmior, qua; sit
ad pasfores, quam qiiiEad pecudes. P. Aulidiiis Poiilianus
Amiterninus, cum greges ovium emisset in Umbria ul-
tima, qiiihus gregibus sine pasforibus caiies accessisseiit ;
paslores iit deducerent in Metapontiiios saltus, et Hera-
cleai empnrium : inde eum dnmiim redissenl, qui ad lo-
cuin deduxeraut, e desiderio liominum diebus paiicis
poslea caiies siia sponte , ciim dierum multorum vla inter-
esset, sibi cx agiis cibaria praebuerunt, afqiie in Umbriam
ad pastores redieriint. Neque eoriiin qiiisquam fecerat
qiiod in agrioultura Sasenia pra^eepit : Qui vellet se a
caiie sectari, uli lanani nhjirial cnclam. Magiii iiilerest ex
semiiie es.se caneseodem, (piotl cngnati niaxime iiiter se
siint pra-sidio. Seqiiitur i|uartiim de emtioiie : lit allerius,
ciiin a prinie domino secuiido tiaditum est. De sanifalo
t't iioxa stipulatiunes liiint easdem, qna» iu pecore, nisi
quoil bic ufiliter exceptum est. Alii pretium faciunt in sin-
gula capifa caniim; alii iit caluli seipiaiifiir malreni; alii
ut blni catuli unius cauis numcruni obfincant, iit suleiit
VARRON,
utiles. Qaclques-unsfixent le prix k tant par tete;
d"autres introduisent la condition que les pefits
suivront leur mere; d'autres enfin stipulentque
deux petits ne comptent que ponr un adulte , de
meme que deux agneaux pour une brebis. En
general on comprend dans le marche toiis les
chiens qui ont coutume d'etreensemble. La nour-
riture du chien a plus de rapport avec la nourri-
ture de Thomme qu'avec celle de la brebis,
puisqu'on lui donne des os et des rcstes de table ,
et non des herbes ou des feuilles. II faut avoir grand
soin de lui donner ^ manger ; autrement la faim
lui fait deserter le troupeau et chercher sa vie
ailleurs. Parfois aussi, pousse par le besoio, il
pourrait dementir rancien proverbe, et commen-
ter la fable d'Acteon , en tournant ses dents con-
tre son niaitre. On fera bien de leur donncr du
pain d'orge detremp6 dans dulait; une fois ha-
bitues a cette nourriture, ils ne s"eloignent pas
facilement. Quand il meurt une brebis, gardez-
vous de leur eu laisser raanger la chair, de peur
qu'ils n'y prennent gout, et ne veuillent pkis s'en
passer ensuite. On donne du bouillon fait avec
des os , ou les os eux-memes, apres les avoir
casses. Ils se fortifient les dents a rongcr; et Ta-
"vidite avec laquelle ils cherchent la moelle leur
elargit la gueule , en donnant du jeu a leurs ma-
choires. Habituez-Ies de bonne heure a prendre
leur repas de Jour dans les lieux memes ou pait
le troupeau, et celui du soir dansTetable. Quant
a la propagation de Tespece, on fait couvrir les
chiennes aux premiers Jours du printemps. Cest
repoqueoii elles sontenchaleur (catitliuni). Une
chienne, fecondee alors, niet bas vers le solstice ;
car cette espece porte ordinairement trois mois.
II faut dans rintervaiie ia nourrir de pain d'orge
de pr^ference a celui de froment, parce qu'il est
plus nourrissant et donne plus de lait. Quaut
aux petits, il faut tout d'abord choisir dansune
portee ceux qu'on veut elever, et jeter les autres.
Plus on en iite a la mere, plus ceux qui restent
devicnnent forts, le lait etant moins partage. On
leur fait un lit de paille, ou de quelque substance
analogue; car, mollement couches, ils prolitcnt
mieux. Les petits chiens commencent a voir clair
au bout de vingt jours. On lcs laisse avec lcur
mere pendant les deux premiers mois , et peu a
peu ils s'en deshabituentd'eux-mcmes. On dresso
lescbiensen en reunissaut plusieursqu'on excite
k se battre ensemble : cet exercice les degourdit.
Mais il ne faut pas le pousser au point de les
fatiguer et de les affaiblir. Pour les accoutumer a
rattache , on commence par un lien leger, en
les battant chaque fois qu'ils font mine de le ron-
ger, jusqu"a ce qu"ils en perdent rhabitude. Quand
il pleut, on garnit leur loge d'herbes et de feuil-
lagc, afin de les tenir propres et de les preserver
du froid. Quelques-uns croient, en les chfltrant,
leur oter lenvie de s'eloiguer du troupeau. D'au-
tres s'abstiennent dc cette operation, qui, selon
cux, lesenervfi. II en est encore qui leur frottent
les oreiiles et rentre-deux des ergots avee des
amandcs pilees dans de Teau, pour les garantir
des moijches, des liques et des puces, dont la
piqure engendre des ulceres dans ces parties. On
empeche les chiens d'etre blesses par les betes
feroces, au moyen d'une espece de collier qu'on
appelle »«?//«;« ;c'estunelargezone decuir bien
epais, qui leur cntoure le cou. On a soin de la
berisser de clous ^ tele, de la garnir, en dcs-
sous, d'un autre cuir plus douillet, qui recou-
vre la tete de ces clous , et empeche le fer d'en-
bini agniovl.s. Pleiique iit accedant canes, qui consueiunt
esseuna. Cibatus canis piopior liominis, quam ovis. Pas-
citur enim e culinael ossibus, non lierliis aul fiondibus.
Diligenter ut liabeant ciliaiia providendum. Fanies enim
lios ad quffiiendiini cibum ducet, si non pisebebitur, eta
pecore abducet. Nisi si (ut quidam piifaiit) etiam illuc
perveneiiiit , pioverbiiiin ut tollant anliquum : vel etiam
iit nieov aperiant de Acfa!one, atqiie indominninafferant
dentes. Nec non ita panem ordeaceum dandum , ut noii
potius eum in lacte des infrilum, quod eo consueti cibo
uti, apecore non cito desciscunt. Morticinae ovis non pa-
tiunturvesci caine, ne ducti sapoie minus se abstineanf.
Dant ef iani jus ex ossibus , ct ca ipsa ossa contusa. Denles
enim facit lirmiores , et os magis pafulum : propferea
quod vehemenfius diducuntur inala?, aciioresque liunt
proptcr medullarum saporem. Cibiim capere consuescunt
inferdiu, ubi pascuntur: vesperi, ubi stabulautnr. De fce-
tuia, principium admitfendi faciunt veris piincipio : tunc
enim dicuntur catulire , id est , ostendere vclle se maritari.
Qiia? cum admissK, pariunt circifer solslitio. Pragnantes
cnim solenf esse ternos menscs. In fcetura dandum pofiiis
ordeaceos qiiam triticeos panes. Magis enim eo aluntur, et
lactis prsebent majorom faculfalem. In nutricatu seciin-
dum partum si plures sunt , slatim eligere oportet quos
habeievelis, reliquos abjicere. Qiiam paucissimos relique-
ris, tain optimi in alendo liiint propfer copiain laclis.
Substernilur eis acus.aufqnid [ltem]aliud, quod mol-
liore cubili facilius educantur. Catuli diebus xx videre
incipiunt. Duoliiis mensibus primisa partu non dijungnntur
a riiafre, sed minutatim desuefiiint. Educiint eos plures
in uniim locuni et irrifantad pugnaudum , quo fiant acrio-
res, neque defatigari patiunfur, quo lianf segniores. Con-
sue quoque faciunt ut alligari possint, primum levibus
viiiclis : quae si abrodere conantur, ne id consuescant fa-
cere, verberibus eos deterreie solent. Phiviis diebus cii-
bilia subsfernenda fronde aut pabulo, duabus de causis,
ut ne olillnanlur, aut perfrigescanf. Quldam eoscastrant,
qiiod eo minus putant reliiiqueie gregem. Qiiidam non
faciunf, quod eoscredunt niinusacres fieri. Quidamnuci-
bus giKcis in aqua tiitis perungimt aurcs , ct inter digi-
tos ; quod iiiuseae , et ricini , et pulices soleant (si boc <in-
guine noii sis usus) ca cxulcerare. Ne viiliierenlur a besfiis,
imponunlur bis collaria, quse vorantur niellum, id est
cingulum ciicum collum ex corio firmo ciim clavulis ca-
pitafis, quse intia capita insiiitur pellis niollis, ne noceal
collo duiitia fcrri. Quod si lupus, aliusvc quis bis viilne-
DE L'AGRICULTUI\E, LIV. H.
tamer la peau du ehicn. Du nioment quHine bete
feroce, loup ou auti-c,a senti les clous qui '^'m--
nissent le collier, tous lcs chiens du troupcau,
avec ou sans collier, sonta Tabri de ses atlaques.
Le nombre des chiens doit etre en raisoii de la
force du troupeau. D"ordinaire on en eompte
un parberger; maiscette proportion peut varier
dans certains cas. Si, par exemple , les betes
ferocesaboiident dans le pays, il faut multiplier
les chiens. Cest unenecessite quand l'on conduit
un troupeau aquelque lointaine station d'hiver
ou d'ete, et qu'on a des forets a traverser ; a un
troupeau sedentaire uu couple do chiens suffit.
II est bon que ce soit m<11e et femelle : ils en sont
plus attaches, et , par cnuilation, plus hardis.
D'ailleurs, si Tun des deux est malade, le trou-
peau ne chdrae pas. Ici Atticus reyarda autour
de lui, comme pour dire : Ai-je oublie quelque
chose? Voila uu silence, m'eeriai-je, qui appelle
en scene un autre intcrlocuteur.
X. Va\ cffet, Tacte ne sera fini que lorsqu*on
uous aura instruit de tout ee qui concerne le per-
sonnel des piitres; proportions numeriques et
conditions individuelles. Cossinius dit alors :
Pour le gros betail il faut des hommes faits ; pour
le menu , des enfants suffisent. Mais il faut plus
de foree physique chez les patres nomades, qui
passeut leur vie par voie et par chemin , que chez
ceux qui paissent leurs troupeaux dans les envi-
rons d'une ferme et rentrent choque soir au logis.
Aussi ne voit-on remplir cetoffice au milieu des
bois que par des hommes dans la \ igueur de Tage,
ct bien armes ; tandis que pour le pacage seden-
taire, il ne faut qu'un petit garcon, de meme
qu'unepetite fille, pourtout surveillant. Dans les
paturages eloignes les bergers doivent pendant
lc jour rcunir ct faire paJtre en commun leurs
troupeaux,et pendant !a nuit rester separeracnt
ehacun aupres du sien. Ils scront tous placcs sous
les ordres d'un seul intendant , de plus d'age et
d'e.\perience que ses subalternes ; car on obeit
assez volontiers a plus vieux et plus instruitque
soi. II ne faut pas cependant qu'il soit vieux au
pointde moins supporter les fatigucs de sa con-
ditioi) ; car les vicillards non plus que les enfants
ue soiit propres ti franchir des sentiers difficiles,
ct h gravir des montagnes a pied ; fatigues aux-
quelles sont journellement exposes ceux qui me-
ncnt paitre au loin le gros betail , notamment
les troupeaux de chcvres, qui se plaiscnt sur les
rochers ou dans lesforets montagneuses. II faut
donc se procurcr des piltres robustes , alcrtes et
agiles , pourvus de mcmbres bien dispos , et capa-
bles noii-sculement de suivre les troupeaux, mais
encore de les defendre contre les betes feroces
et les brigands ; des hommcs en ctat de soulever
ies fardeaux pour charger les bctes de somme ,
de courir si le cas Texige, et de lancer des
traits. Tout peiiple n'est pas apte indiffcremment
auxfonctionsde p;itres ; un Basculien, ua Turdu-
licn ne saurait s'eu tirer. Lcs Gaulois y sont
cminemmentpropres, surtout s'il s'agit duservice
des betes de sonime. En ce qui concerne racqui-
sition, il y a six manieres d'obtenir la propriete
d'un pStre : i" par droit d'heredite; 2" par voie
de mancipiition , c'est-adireen les rccevant d'une
personne qui cst en condition legale d'ea trans-
mettre la possession ; .3° par cession , operee , ou ,
et a qui de droit; 4° par iuvestiture A'iixucapion;
5° par adjudication. Le pecule du patre passe
ordinairement a racheteur par droit d'accessioD,
a moins qu'on ne s'eu reserve la propriete par
ratiis est, lellqiias quoque canes facit , qiire id non habent,
iit sint in tiito. Niimerus caniim pro pecoris nuillituiline
soIhI parail. l"ere modlcum esse putant, ut slnguli se-
qiiantur slngulos oplliones : de quo nnmero alius aliuin
modiim constituil. Quod si sunt legiones ubi hestiiE siut
multa;, debent esse plures. Quod accidltils , qui per calles
sllvcsties longiiiquos solentcomitaii in aestiva ct liibeina.
Villatico vero giegi in fundum salis esse duo, et id ma-
lem cX fu"miiiam. Ita eniin siint assidulores, quod cum
allci 0 idem fit acrior, et sl alter indesinenter aeger est , iie
sine cane grex sit. Cum ciicumspiceiet Atticus ne qiiid piai-
teiisset : Hoc silentium, inquam, vocat aliiim ad pailes.
X. Reli(iuum eiiim in liocaclu, quot, et quod geniis
sint liabeiidi pastoics. Cossiniiis, ad niajoies pecudes
atate siiperlorcs , ad niinores ellam piieros, et ulioque
liorum liiiniores, quiiu callibiis versentiir, qiiaiu eos, qui
in fundo ipiotidie ad villamicdeant. Itaque in sallibiis li-
cet videre juventutim , ct eaiii feie armatam ; cum In fun-
dis non modo piipii , sed eliain piiellae pascant. Qui pas-
cunl,co3 coi;i'ic oiiorlet , iii paslione diem tolum[essc,|
pascere coinniunltcr; coiitra, pcnioclare ad siiiiin qiieui-
que gregem. Es.se omnessubiino maglstro pccoiis : eiini,
esse majorem natu potius quani alios , el pcriliorem quam
reliquos : quod iis, qui .letale et scicnlia prffistant, animo
ajquiore reliqul parcnt. Ita tamen oporlet aetale praeslare,
ut ne propter seneclutem minus sustinere posslt labores.
Neque enim senes, neque pueri callium dinicuUatem, ac
montium arduitatem , atqiie asperitatem facile ferunt :
quod patlenduni illls, qul greges sequuntur, praesertim
armenticios ac caprinos, quibiis rupes ac silvic ad pa-
bulandum coidi. Forniae bominum lcgend;e, ut sint fir-
m^B , ac veloces, mobiles, expedltis membrls : qui non
solum pcciis scqui possint, sed etiam a bestlis ac pric-
donibus delVnderc : qul oncra extollere iu jiimenla pos-
siiil, qiii pxciurere, qiii jarulari. Nim omnis apta natio
ad pecuariam, quod neque liasculus, neque Tiirdiilus
Idoiici. Galli apposilissimi, maxime ad jiimeiita. lu em-
lionibus doiiiluiiin legltinuim sex fere res piMliciiiut : si
liaTcditatcm justam adiit : sl , ut debuit, niaiicipio ab eo
aicepit, a quo jiire clvili poliiit : aiit si iii jiire cessit,
cui potuit cedcie, et id iilii oporluil : aut si nsn cepit :
aut si e praeda sub coroiia piiiit : tumve ciiin in bonls sec-
tloneve cujus publlce venil. In bonini enillone solel acce-
dcre peculiurn , aut excipi , it slipiilatlo intercedcre , sa-
iiiim cum psse , furtisnoxisqup .soliituni : ant si manclplo
UOD datur, dupla promittl : aiit si ita pacti , sinipla. Cibus
126
iiue clause particuliere. On stipule en ontre que
resciave qu'on acliete est sain , et que l"acque-
reur est garant de toute repetition eu raison de
vols qu'il pourrait avoir commis , ou des dom-
mages qu'il pourrait avoir causes. Suivant les
conventions faites entre les deux parties , le ven-
deur s'engage a payer, en cas d'eviction, le dou-
ble du prix , ou a rendre simplcment la somme
qu'il a recue. Les piltres devront prendre leurs
repas separement, chacuu aupres de son trou-
peau ; mais le soir on fera souper en commun
tous ceux qiii obeissent au meme intendant.
L'intendant en chef devra pourvoir a tout ce qui
est neeessaire aux hommes et au troupenu pen-
dant les voyages. Ce soin doit surtout s'etendre
a rentretieu des pStres, et au traitement des bes-
tiaux en cas de maladies. Les maltres doivent
avoir a cet effet des betes de charge, jumenls ou
autres , propres a porter a dos tout ce qui est
neeessaire. Quant a la propagation de Tespece,
les patres occupes sur le fond merae peuvent
facilemeut y trou ver uuecampagne ; Venus pasto-
rale n'en demande pas plus. Quant a ceux qiii
sejournent continuellemeut daus les bois et les
montagnes, etn'ont d'autreabri contre les injures
du temps que des cabanes construites a la luite,
beaucoup sont d'avis qu'on fait bien de lcur
associer des femmcs qui suivent les troupeaux ,
preparent les repas des patres, et sont pour eux
un lien qui les attaehe au devoir. Ces femmes
devront etre robustes sans etre difformes, et
non moins capables de travai! que les hommes.
Le type s'en rencontre en beaucoup de contrces,
notamment en Illyrie; on les voit mener paitre
elles-memes le betail . apporter le bois pour faire
du feu, et prepnrer les repas, en gnrdant nvec
soin les differents usteusiles dans les cabanes.
VARRON.
Quant a rallaite.ment, je me borne k dire que
les meres sont elles-memes nourrices. lei, Tre-
mellius,setournant vers moi ; Cest precisement,
dit-il, ce que vousm'avez dit vous-meme avoir
vu en Liburnie, des meres de famille avec une
charge de bois sur les epaules , et en meme temps
un ou deux nourrissons sur les bras. Que vous en
semble aupres de nos languissantes accouchees,
etendues sur des lits de repos pendant plusieurs
jours? n'cst-ce pas une pitie? Lefait est vrai, lui
dis-je, niais voici qui est plus fort : on voit en
lllyriedes femmes grosses qui, sentant qu'elles
vout accoucher, quittent uu moment leur ouvra-
ge, vont a quelques pas se delivrer, et ri vicn-
nent, portant un enfant qu'elles semblent plutot
avoir trouve que mis au monde. Autre particu-
larite: lesfillesde viogt ans, qu'onappelle vierges
en ce pays, peuvent, sans blesser la coutume,
s'abandonner au premiervenu avant le mariage ;
aller seules oii bon leur semble, et avoir des eii-
fants. Touchant la questionmedicale, rintendant
doit avoir par ccrit tout ce qui concerne les ma-
ladies nuxquelles hommes et bestiaux sont su-
jets, afin d'etre eu etnt de les guerir sans avoir
recours au medecin. On voit que rintendant doit
avoir une teiuture des lettres, pour remplir
co» vennblement ses devoirs ; sans quoi il ne pour-
rait meme rendre compte a son mnitre de sa
gestiou. Quant au chiffre relatif du nombre des
bergers, ou le hausse, on le baisse suivant les cas :
j'ni, moi, un berger pour quatre-vingts brebis a
grosse laine, et Atticus pour eent. On peut en
simplifier le nombre en faisant les troupeaux
plus considerables; de mille tetes pnr exemple,
ce qui ne sernit pns sans inconvenient avec des
troupeaux moindres, comme ceux d'Atticus et
les miens ue sont en effet qiie de sept cents betes ;
eoriim debet esse interdiiis sopaialim iiniiisf.njusiiiie Rre-
gis. Vesperllnus in cirna, qiii sunt sub uno masislio,
conimiinis. Magistrum provideie oporlet.ut omnia se-
qiiantiir instrumenta , qua.' pecori et pastoribiis opus snnt,
maxiine ad victnm lioniinum, et ad medicinam pecu-
dum : ad quam rem halient jumenla dossuaria doniini,
alii eqiias, alii pro bis quid aliud, qiiod onus doiso lerre
possit. Qiiod ad fceturam liumanam pertinet pastorum ,
qul in lundo perpetiio manent , lacile est , quod liabeaiit
conservam in villa. Nec bac Venus pastoralis lonsius qnid
quaerit. Qui aulcm sunt in saltibus, et silvestribus locis
pascunt, et non villa, sed casis repentinis imbies vitant :
his miilieres adjiinfjere , qiue sequanlur greges , ac cibaria
pasloribus expediaiit, ei^que assiduiores laciant, utile
arbitrati multi. sed eas inulieres esse oportet firmas , non
tnrpes, quae inopere, ut in niullis rcgionibus, non ce-
dant viris, ut in lllyrico passim videie licet, quod vel
pascere peciis, vel ad focum afierre ]igiia,ac cibum co-
quere, velad casasinstrumentum servare possiint. Ue iiu-
tiicatu hoc dico, easdeni fere et nutrices, et matrcs. Trc-
mellius simul aspicit ad nie, et , Ut te audii dicere , inquit,
cnm in Liburniam venisses, te vidisse malres familias co-
riiin aflerre ligna , et simul pueros , qiios alerenl , alias sin-
gnlos.alias binos,qna; oslendorent ftrlas noslras, qiiae
in conopeis jacent dies aliquot, esse ejuncidas, ac con-
temiiendas. Cui ego : Certe, inquam ; iiam in Illyrico lioc
ampliiis, prsegnantem 9a;pe,cum venit pariendi tempus,
uon longe ab opere discedeie , ibiqiie cnixam piierum re-
ferre, quem non peperisse, sed invenisse putes. Nec non
etiam lioc, quas virgines ibi apprllant, nonnunqiiam
annorum xx , quibus moseorum non denegavit, antenup-
tias ut succnmbercnt quibiis vellent, et incomitatis ut
vagari liceret, et lilios babere. Qime ad valeludinem per-
tinent lioniiniim ac pccoris , iit siue medico cnrari possint ,
magistrum scripla liabeie oporlet. Is enim sine literis
idoneus non est , qiiod rationes dominicas peciiarias con-
licerc neqiiidquam recte potest. De niimero pastorum alii
angnstius , alii laxius con.stituere solent. Ego in octogenas
hirtas oves singulos paslores conslitui, Atticus in cente-
nns, In gregibus ovium,sed niagnis, qnos milliarios fa-
cinnt quidam, faciliiis de suinma bominum delrabere pos-
suiit , quam de minoribus , ut sunt et AUici et mei. Septin-
genarii enim mei : tu opinor, octingenarios liabuisli. Nec
tamen non ut nos arietum dcciiuam partem. Ad eqiiaruni
DE LAGRICULTURE, LIV. II.
vous cn avez eu , je crois , de liuit eents , ou ce-
pendant les m^ies ne se trouvaient qu"en meme
proportion , c"est-a-dire un bciier sur dix brebis.
Pour un troupeau de cinquante cavales il faudra
deux hommes,chacund'euxayantasa disposition
unejiiment dressee, pour lui servir de moiiture
lorsqu"il conduira ses cavalesdans les paturages
d"hiver ou d"ete, soit en Apulie, soitdans le pavs
des Lucaniens.
XI. Maintenant que nous avons rempli notre
tdche, dit Cossinius, allons-nous-en. Pas encore,
m'ecriai-je; il faut au prealable qu"on aittraite,
comme nous en sommes convenus , des dcux pro-
duits supplementaires qu"on tire des troupeaux ,
savoir, lelaitou froraage, et la laine des brebis.
Cossinius alors reprit en ces tcrmes : Le lait de
brebis, en effet , et apres lui le lait de chevre,
sont de lous les alimeuts liquidescelui qui contient
le plus de substance nutritive. Comme purgatif ,
le laitdecavale se place le premier ; puis viennent
successivement le lait d'anesse, le lait de vache,
et enfin le lait de chevre. En outro , les proprie-
t<'sdu laitvarient, suivant laqualitede la nourri-
ture , la condilioa du betail , et Tepoque oii Ton
trait.
De la quaiite de la nourriture: Torge, la paille,
et en general tout fourrage sec, mais de nature
substantielle, donne un lait nourrissant. Le lait
est purgatif s'il provient d'un betail mis au vert,
surtout quand le vertcontient de ces herbes qui
ont un effet laxatif sur le corps luimain. De la
condition du betail : le lait d"uue betesaiue et de
bon iige vaut sans doute mieux que celui d'une
Iwte malade ou vieille. De Tepoque ou Ton trait :
le meilleur lait est celui qu'on prend sortant du
pis , et qui n'a pas ete tire trop tot apres que la
bete a mis bas. Les fromages de vache sont les
plus agreablfs au goiit, mais les plus difficiles a
digerer.Ceux de brebisviennentapres. Lesmoins
appetissants, mais les plus digestifs,sontceux de
lait de chevre. II faut encore distinguer entre
fromage mou et de facon recente , et fromage
vieux et sec. Lc fromage mou est plus delicat
comme alinienf, et tient moins a restomac. Cest
le contraire quand il est sec et vieux, La confec-
tion des fromages dure du leverdes Pleiades de
printempsau leverdes Pleiades d'ete. On trait
les animaux le matin pendant la duree du prin-
temps, et a midi dans les autres saisons : ee n'est
point toujours une regle fixe ; elle est subordon-
nee aux circonstanees de paturage etde localite.
Pour faire caiiler deux confiii de lait , on prend
groscomme une olivede presure. Celledu lievre
et du chevreau est meilleureque cellederagneau :
quelquespersonnesseservent pourceladu laitqui
sort du figuier, mele de vinaigre. Ou emploie
encore d'autres substances. Les Grecs appellent
le lait de figuieroTro?, >uc),tantdt oaxpuoi; (larme).
.le serais porte a croire , dis-je, que le figuier que
Ton voit aupres de la chapelle Ruminale y fut
plante par des bergers; car c'est la qu'ou fait,
pour les enfants a la mamelle, des sacrilices
oii l'on offre du lait au lieu de vin. On disait
&\\'.\-eib\srumiso\\ruma pourraamelle; etencore
aujourd'hui on appelle subriimi lesagneaux qui
tettent, comme ondit lacle/iCea, de lac. Cossiuius
continua , et dit : II faut aussi saupoudrer de sel
les fromages, de sel fossile preferablement au sel
marin. Quant a la toiite des brebis, je coramence
toujours par m'assuicr si elles ne sont point ga-
leuses ou affectees d'ulceres,afinde commencer,
dans ce cas , par les guerir. L'epoque de la tonte
gregem qiiinquagenariiim bini liomines. Utiqiie iiterqiie
honim iit seciini liabeat eqiias domitas singulas in iis re-
jionibiis , in quibus stabulaii solenl equas abigeie, ut in
A|)|>ulia, et in Liicanis accidil s<epe.
XI. Qiioniaiii promissa absolvinius, inqtcit, eamiis.
Siquideni, jnr/Mnm, adjeceiilis de extraordinario pecii-
diim fiuctu , iit pia>dictuni est, (de) lacte , caseo , et ton-
sura lana'. Esl eiiim lac omniuni lerum , qiias cibi causa
capimus, liquentium maxime alibile, et id ovillum , inde
caprinum. Quod aiitem niaxime pcipurget, eslequinum,
tum asiiiinuni , dein bubulum , lum capiinum. Sed liorum
sunt discrimina qiiajdam , eta pastlonibus, el apecudum
iialura, el a mulclii. \ pasliunibus, qiiod tit ab onleo,
et slipiiia, et oiimino aiido et tiiiiio cibo peciide pasta, id
alibile. Ad |ierpiiigaiiduni id, quod ab viiidi pascuo , et
eo magis si iisa est ea lierba, qua; ipsa sumta perpiiigaie
corpora nostia solet. A peciidum natura , (piod lac nieliiis
est a valentibus, et ab iis qua; nondum veteres sunt ,
quani si csl conlra. A mulgendo, atquc oitu optimiiin
esl id qiiod neque emunctum longe atiesl a mulso , neipie
a parlu coutinuo est suintum. V,\ hoc lacle casei qiii
liunt, maximi cibi sunl biibuli, et qui diriicillime tians-
eant sumli; seciindo ovilli; niiuimi cibi, et qui facillinie
dpjiciantur, caprini. Esl etiam di.scrimen, Htriini (-asei
UKjlles ac iccenles sint, aii aridi el veteres. Ciiiii mollps
suiit, magis alibiles, in corpoie non resides : veteres el
aiidi contia. Caseuin facere incipiunt a veigiliis vernis
exorlis ad a?stivas vergilias. Mulgent vere ad caseum ta-
ciundum mane, aliis tempoiibiis nieiidianis boris ; ta-
metsi propter loca , et pabiilum disparile non usquequa-
qiie ideni lit. In lactis dnos congios addunt coagulum ma-
gniludineolea', ut coeat. Quod melius leporinum, et Imv
diiium quam agninum. Alii pro coagiilo addunt de lici
ramo lac, et acetuin. Aspeiguut itein aliis aliquot rebus,
qiiod GiaTi appellaiit alii OTtov, alii ooxpuov. Non negaiim ,
inqiuim, ideo apud diva; Itumina! sacelluni a pasloiiluis
satam (iciiiii. Ibi enim solent sacrilicari lacte pio \\xw,
et pio laclcntibus. Manima' eiiim rumis, sive runi,-B, iit
imU'. (liceliiint, a riinii; et inde diciinlur snbrumi agiii :
lacteiites, a lacle. Quiii aspeigi solent sales : melior fos-
silis (juam niariniis. Uetonstira ovium, priniuni aniniad-
Mito ante (piani incipiam faceie, numscabiem aut ulcera
baiicaiit, nl,si opnsest, aiite curenlur, quani londean-
liir. Tousiiia; lempus inter a^quinocUum vernum, el sol-
sUtiiim, ciim sudaie inceperunl oves. .\ quo sudoie re-
cciis lana tonsa sucida appellata est. Tonsas recentes po-
138
VARRON.
pstVespace de temps compris entre requinoxe du
printemps et ie solstice , c'est-a-dire lorsque les
brebis commencent a transpirer. Cest ce qui
fait qu'on nomme la laine nouvellement coupee
sM('/f/fl(laine avec lesuint). Immediatementapres
la tonte on frotte les brebis d'un nielange de vin
et d'huile. Quelques-uns ajoutent de la clre blan-
che etdu saindoux. Si on ies couvre de peaux,
ilfaut, avantde lesenvelopper,enduirerinterieur
de la meme substance. Quand on blesse une bre-
bis en la tondant, on applique a la plaie un
emplatre"de poix fondue. Ici on tond les hrebis
a grosse laine au temps oii se fait la moisson de
l'orge, ailleurs , c'est avant la fenaison. A rexem-
ple des habitants de rEspagne citerieure, quel-
ques personnes tondent leurs brebis deux fois par
an,desixmoisensixmois. Ellessedonnentdouhle
tSehe dans respolr d'obtenir plus de laine; de
meme qu'on fauche deux fois les prairies, pour
en tirerplusde foin. Les gens soigneux etendent
sous les brebis de petites nattes , pour qu'aucun
floconnese perde. II faut pour la tonte untemps
serein, et le moment le plus favorable est de la
quatrieme heure a la dixieme ; car la grande cha-
leur, qui metensueur lesbrebis, donne a lalaine
plus depoids, demoelleux, et d'eclat. La laine
fraichenient coupee s'appelle vcllus ou vehtmen
(ce qui s'arrache) ; d'ou Ton voit clairemeut que
la coutume d'arracher la laine a precede celle
de la tondre. Ceux qui procedent encore sui-
vant rancienne methode font jeuner les brebis
trois jours a favance, parce que fanimal etant
affaibli, la laine cede plus facilement a la main.
On dit que les premiers barbiers sont venus de
Cilicie vers la 454' annee de la fondation de Rome
(c'est ce qui resulte du nom de rinscription d'Ar-
dee), et qu'ils ont ete introduits en Italie par
ilem die penmgunt vino , et oleo : non nemo admixta
cera alba, et adipe suilla. Et si ea tecta solet esse, quam
liabult pelleni injectam,eam inliinsecus eadeni re peri-
nungunt , et legunt lursns. Si qua in tonsura plagam ac-
cepit, eum locuni oblinunt pice liquida. Oves liirlas ton-
dent circiler oideaceam niessem : in aliis locis ante foeni-
sicia. Quidam bas in anno bis tondent, ut in Hispania
citeriore, ac semeslres faciunt tonsuras. Duplicem im-
pendunt operam , quod sic plus pntant lieri lana^. Quo
noniine quidam bis secant prala. Diligentiorcs tegeticulis
subjectis oves tondere solcut, nequi (locci intereant. Dies ad
eani rem sumuntur screni , et iis id faciuntfere a quarla ad
itecimam lioram : quoniam sole Ciilidiore lonsa ex sudore
cjns lana lit n)ollior,et pondeiosior, et colore meliore.
Qua^ii deniptam ac conglobalam , alii vellera, alii velu-
mina appeliant. Ex quorum vocabulo animadverti licet,
priiis lanffi vulsuram quam lnnsuram iiivenlam. Qui
ctiam nunc vellunt, ante tridiio liabent jejiinas, quod
languidiB minus radices lan» retiiieiit Oniniiio tonsores
in Italia priinum venisse e\ Cilicia dicunt post ii. c. a.
cccciiv; ut scriptum in publico Ardeae in lileris extat,
cosque adduxisse P. Ticinium Mcnani. Oliin tonsores non
P. Licinius Mena. La prolixite de la chevelure
et de la harbe , dans les statues antiques , tt^moi-
gne encore d'un temps oii Ton ne coupait ni
ruue ni Tautre. Si la brebis , reprit Cossinius, nous
fournit la laine dont nous nous habillons , le poil
de la chevre s'emploie diversement pour la ma-
rine, la construction des machines de guerre, et
les procedes de rindustrie. Certains peuples se
couvreut le corps de la peau raeme des hrebis,
comme les Getules et les Sardes. Cet usage pa-
rait meme avoir existe chez les Grecs d'autrefois,
comme on le voit par la deuomination de Si-i-
eepiai;, donnee dans leurs tragedies a certaius
vieillards , et sur notre thcStre, aux personnages
d'habitudes rustiques; pour temoins, le jeune
homme dans rHypobolimee de Cecilius, et le
pere dans rHcautontimorumenos de Terence.
La tonte des chevres est en usage en Phrygie,
oii respece ii longs poiis est cominune. Cest de
eette contree que nous viennent les tissus de poil
que nous appelons cilices, aiusi nommes parce
que e'est en Cilicie qu'a commence rhabjtude
de tondre les chevres. Ainsi parla Cossinius,
sans trouver de contradicteurs. En ce moment
vint a nous un affranehi de Vitulus, sortant des
jardins de ville de son patrou. Mon raaitre , nous
dit-il , in'envoie vous pricr de moiiis entamer son
jour de fete, et de venir le trouver le plus tot pos-
sible. Nous acccptames 1'invitation, mon cher
Niger, Turranius, Scrofa et moi , nous alld-
mes rejoindre Vitulusdans sesjardins. Lereste de
la socicte s'en retourna les uns chez eux , les
autres chez Menas.
fuisse adsignilicant antiquoriim statu», quod pleraeque
liabent capillum , et barbam magnani. Suscipit Cossinius :
Ut fructum ovis e lana ad vestimentum, sic capia pilos
ministrat ad usum uaiiticum, et ad bellica tormenta, et
fabrilia vasa. Neque non quaedam nationes barum pelli-
bus sunt vestitae, ut in Getulia et in Sardinia. Cujus
usum apud antiquos quoque Grajcos fuisse appaiet, quod
in tragn'diis senes ab liac pelle vocantur Si^OEpiai, et iii
comirdiis ; qiii in riistico opeie nioranlur, ut apud Capci-
lium iii llypdliujiiiiico liabet adolescens, apud 'rerentiuni
in lleaiitdntinioriiiiieno senex. Tondentur, quod maguis
villis suiit, in magna parte Pbrygia; ; unde cilicia et caetera
ejus generis fieri solenl. Sed ipiod primuin ea tonsura in
Cilicia sit inslituta, nomen id Cilicas adjecisse dicunl.
llli lioc. Neque ab boc, qiiod niutaiet Cossinius. Et si-
miil Vituli libeitus in urbcm venicns ex borlis divertitur
ad nos : Et ego ad te niissus , inquit, ibam doiniim roga-
tuni , ne diem fesliim facercs brevioiem , et niatuie veni-
ics. Itaquediscedimusegoet Sciofa in bortosad Vitulum,
Niger Turrani noster. Alii parlim domuin, paitiiii ad Me-
nalem.
DE L'AGR1CULTURE, LIV. IH.
LIVRE III.
L L'existence huiiiaine a deux modes, Q.
Pinnus, maiiifestement aussi distiiicts de theii-
tre que d'origine, ia vie des ehamps et celle des
cites. La vie ehampetre est de beaucoup la plus
aucienue. Longtcmps avant qu'il y eut des villes,
lescampagnesavaientdeshabitants. Pour la Gre-
ce, suivant la tradition, la plus anciennedes cites
est Thebes, fondee en Bcotie par ie roi Ogyges.
Pour la campagne romaiue, c"est Rome, crea-
tion du roi Ronnilus, ( car c"est tiiaintenant
qu'on peut dire, avec plus verite qu'on ne pou-
vait faire a Tepoque ou ecrivait Enoius: « quil
y a environ sept cents ans, plus ou nioins, que
la celebre ville de Rome a ete b^tie sous les
auspices les plus augustes") Or, en admettant
que Texistence de Thebes soit anterieure au ca-
taclysme d'Ogyges, on ne saurait cependant faire
remontera plusde deuxmille ans la fondationde
cette ville. Mainteuant rapprochcz cette date de
celle ou Ton a commence k cultiver les champs,
oii les hommcs n"avaient d"autres demeures
que des cabanes et des chaumieres , ne sachant
ce que c'etait que portcs ni que raurailles : il
s'etablit une anteriorite presque immeaioriale
de Ihabitation agricole sur rhabitatiou urbaiue.
Et il n'y a pas la de quoi surpreudre : la nature
nous a donne les campagnes, c'est Tart qui a
coustruit les villes. Or rinvention des arts en
Grece ne reraonte , dit-on, qu'a mille ans, tan-
dis que de tous temps la terre a ete susceptible
de culture. Mais la vie agTieole n'est pas seule-
ment la plus ancienne, elle est eneore la plus
recommaudable. Ce n'etait pas sans raison que
nos ancetres constarament reportaient la po-
pulation de la ville dans la campagne. Rorae, en
faisant do scs citoyensdes paysans, assurait sa
subsistanee pendant la paix, et son integrite
cn cas de guene. II y avait uue signification
dans tous ces noms de mere et de Ceres donnes
indistinctement a la Terre; dans cette croj'ance
de la saintete, de rutilite de la profession de
cultivateur, qui faisait honorer ceux qui rexer-
caient comme les seuls restes de Tantique race
de Saturne. Cest dans le raeme esprit qu'on a
nomme l/iifia (initiation) les ceremonies parti-
eulieres du culte de Ceres. Une autre preuve de
['anteriorite de la vie charapetre sur la vie des
cites,c'e3t le noni menie dela ville de Thebes,
nom qu'elle a recu de la nature de son sol , et
non de son fondateur. Car, dans raneienue lan-
gue de la Grece, comme encore aujourd'hui chez
les Eolieus, peuple originaire de la Beotie, un
raonticule s'appelait Tebasans aspiration ; et le mot
est encore usite parmi les Pelasges, venus de la
Grece dans la cainpagne sabine. II en existe
meme un monument dans le pays ; car ou voit
sur la voie Salaria, non loin de Reate, une butte
milliaire qui s'appe!le Teba;. L'exiguite des pos-
sessions dans rorigine ne comportait pas de dis-
tinction entre ragricultuie et Teducation des
bestiaux. Issus de bergers , les hommes de ce
temps semaient et faisaient paitie ieurs trou-
peaux dans lememe champ; mais plus tard,quand
qnelques-uns se furent agrandis , les troupeaux
furent mis a pait, et Ton vit surgir lesdenomi-
nations speciales de piitre et de cultivateur.
L'occupation du premier est elle-raeme divi-
sibie en deux parties,que Ton n'a point jus-
quici distinguees suffisnmment. Autre en effet
est le regime des animaux nourris dans Tinte-
rieur d'une ferme, et de ceux quon mene paitre
au dehors : celui-ci constitue une prolVssiou bien
LIBER TERTIUS.
I. Cum diioe vite traditae sint liominiini , nislica, et ui-
naba , Q. Pinni , dnbium non est, quin lia; non solum loco
discret» sinl, sed eliani tenipore diversani originem liabeaiit.
Antiquior enim multorustica, quod fuitt empus, cuni rura
colerent Immines, neque mbein haberent. Etenim vetus-
tissinmm oppidum ciim sit traditum Gia^cum, Booeti;e
TlieliiE, quod lex Ogyges a'dificarit; in agro Romano
Roma, quam Romnlus rex : (nam in lioc nunc denique
est, iit dici possit, noncumEnnius scripsit, Septingcnti
siinl paiiln pliis aul mimts annl , avjusto auijurio
poslquam inclita condita lioma est.) Tlieba;, qua; aiile
cataclysmon Ogygi condita; dicuntur, ea; tamen circiter
duo niillia annoium et centuni sunt. Quod tempus si le-
fcras ad illiid principiimi , quo agri coli sunt ccrpti, atque
in ca;>is et luguriis habitabanl , nec murus nec porla quid
esset sciebant : immani numcro annorum urbanos agri-
colae praistant. Ncc mirum, quod divina natuia dedit
agros, ars humana aHiificavit urbes. Cuin artes omncs di-
cantnr in Gr;ecia inlra mille annorum reperta", agri nun-
quain non luerintiu terris, qni coli possint. Nei^ue .solnm
auliquior cultura agr: sed etiam niclior. Haque non sine
\AKKO.S.
causa majores nostri ex urbe in agris redigebant siios
cives, quod ct in pace a ruslicis Romanis alebautur, et
in bello ab bis tuebantur. Nec sine causa Terrani eandein
appellabant matieni.et Cererem , et qui eam colerent,
piam et ulilem agere vitam credeb;mt, alque eos solos
leliquos esse ex stirpe Saturni regis. Cui consentaneum
est , quod Initia vocantur potissimum ea, qu.ie Cereri fiunt
sacra. Nec minus oppidi quoqiie nomen Thebae indicant
antiquiorem esse agrum, quod ab agri generc, non a
conditore nomen ei est imposilum. Kam lingiia prisca et
in Grujcia yEoleis Rceotii sine arHatu vocanl collis TelKis :
et iu Sabinis , quo e Gra^cia venerunt Pelasgi, etiam nunc
ila dicunt. Ciijus vestigium in agro Sabino via S;daria iion
longe a Reate milliarius cliviis appellatur Teba>. Cum
agriculturam primo propter paupeilatem maxiine indis-
eretani habereut, qiiod a pastoribus qni erant orti in eo-
dem agro ct sercbaiit et pasceliant : ipii poslea crevernnt ,
peciilia diviserunt , ac facliim , ut dicerentur alii agricolae ,
alii pastores. Qu.e ipsa pars duplex est , taraetii ab niillo
satisdiscrela.quod alteracstvillalicapaslio, altciaagres-
tis. HffiC nota et nobilis, qnod et pecuaria appellaliir, et
niultum bomiucs locuplelat , et ob eani rem aiit coiidiic-
VARRON.
connue et tiesconsideree , desisnee particuliere-
mentpar le mot Aepecuaria. Elle enrichit ceux
qiii la professent, qu'elie oblige a aclieter ou a
louer un parcours etendu : Tautre est la basse-
conr, occupation raoins relevee, dont oa a fait
une sorte d'aunexe de ragriculture, et que nuile
pcrsoune n'a, que je saehe, traitee specialement
dans toute son etendue. Moi , j'ai toiijours eru
que i"ecouoraie rurale, embrassant indistincte-
ment tout ce qui donne produit, devait se di-
viseren trois parties : laculture, reducation des
bestiaux, et rentretien de la bassecour. J'ai
donc songe a traiter la matiere en trois livres,
dont deux sont deja ecrits; j"ai adresse le pre-
mier, qui est sur ragriculture , ix ma femme Fun-
dania, et Tautre, de Teducation des bestiaux ,
a Turranius Niger. Restedone letroisieme, eon-
cernaut les produits de la basse-cour; et c'est a
-vous, mon voisin et bon ami, queje veux 1'offrir.
Votre villa, si reraarquable par relegance de
sa eonstruction tantexterieure qu'iuterieure, et
par la richesse de ses mosaiques , ne vous parai-
trait pas digne de vous, si les niurs, au dedans,
n'etaientgarnisde livres,l'ornemer.tauqueI vous
teuez le pius. Mon desir est de contribuer, au-
tant qu'il est en moi, ii ce que, dans cette belle
propriete, le produit repondea la main-d'ceuvie.
Je vous envoie donc ce livre , resume d'un en-
tretien sur ce qui eonstitue la perfectiou en fait
de maison de campagne; et je comraence ainsi :
II. Cetait durant les comiccs pour l'(5diiite,
ft par la plus graude chaleur du jour. Axius,
mon camarade de tribu , et moi , nous ve-
nions de sortir, mais nous voulions rester a
portee d"accompagner notre caudidat quand il
retournerait chez lui. Axius me dit : Si nous al-
lions nous mettre a rombre dans la villa publi-
que pendant qu'on fera le relev^ des suffrages ,
au lieu de nous entasser dans la nioitie de tente
que notre candidat peut nous offrir? En fait de
mauvais conseil , lui repondis-je, si le proverbe
dit vrai , tant pis pour qui le demaude. Quaud il
est bon, tant mieux pour qui le donne et pour qul
le recoit. Nous eutrons donc dans la villa publi-
que,et nous y trouvons 1'augure Appius Clnu-
dius, se levant sur un banc, prct a repondre au
cousul s'il le consultait. II avait asa gauche Cor-
nelius Merula(merle), de famille consuiaire, et
Fircellius Pavo (paon), de Rcate; et a sa droite
Minutius Pica (pie) , et M. Petrouius Pas.-^er (moi-
neau). Nous allSmes a lui; et Axius lui dit en
souriaut : Ne voulez-vous pas nous ad.ueltre dans
votre voliere, parmi les oiseaux que voici"? Cer-
tcs, repondit-il; vous surtout,qui dernierement
m'avez fait manger des oiseaux de passage, dont
Teau me vient eneore a la bouche. Nous dinions,
je m'en souviens, dans votre villa de Reate, pres
du lac Vclin ; et j'etaisappele dy cc cotc pour un dif-
ferend survenu cntre les habitants d'hiteramne
et ceux de Reate. Au reste, aionta-t-il,neconve-
nez-vous pasquecettevilla oii nous sommes, telle
que Tont construite nos aucetres, est a la fois plus
simple et de meilleur gout que votre elcgante
maisoude Reate. Est ccqu'on trouve ici de cesin-
erustationscnorouencitronnier'?y voit-on briller
razuret le vermillou? y marche t-on sur lamar-
queterie et les mosaiques? toutes magnilicences
etalces avec profusion dans ia votre. Cependant
celle-ci est coramune a tout le peuplc romain , et
la v6tre ne sert qu'a vous; celle-ci est une rctraito
pour les citoyens au soitir des comices, et pour
le premicr venu ; c'est pourdes juments et des
.'incs que la volrc est faile. Ajoutez que cet eta-
blit^sement est d'une grandc utilite pour radmi-
tos, aiit cmlos habcnl saltus. Altcra villaUca, quod lui-
mills videtur , a quibusdain adjecta ad agricultuiani cuni
essetpaslio, nequeexplicala tota sepaiatim, quod sciam,
ab ullo. Uaque cum putaicm essc rerum nisticaruin ,
qure constiluta sunt fructus causa, tria gencia, uniim de
agricultura, alterum de re pecuaria, terlium de villulicis
pastionibus: tres libros institui, c qucis duo scripsi ; pri-
iiium ad Fundaniam uxorem de agricultura, secimdum
de pecuariaad TurraniumNigrum ;quireliqnusestterUus
de villaticis fiuctibus , iu lioc ad le mitlo , quod visus
sum debere pro noslra vicinitate el amoie scribei e potis-
simum ad te. Ciim enim villam liaberes opere tectorio el
inteslino ac pavimentis nobililnis lithostrolis spectandam ,
parum putasses esse, ni tuis qiioqne lileris exornati pa-
rietes e.ssent. Ego quoque, quo oinatior ea esse posset
fructu qnam faclu,quoad faceie possem, baecadte misi,
recordalus de ea re sermones , quos de villa perfecta lia-
buissemus. De quibus exponendis initiiim capiam hinc.
II. Coniiliis cediliciis, cum sole catdo ego et Q. Axiiis
senator tril)ulis suffragium tulisscmus, et candidato ,
cuisludebanms, vellemus esse pia-sto, ciim donuim re-
direl, Axius mihi : Dum diriinenlur, iiiqi:it, suffragia, vis
potiiis villa! publica? ulamur umbia , quam privali can-
didati tabella dimidiata «dilicemiis nobis? Opinor, in-
(juam, non solum quod dicitur, malum consilium , con-
sulloii cst pessimiim: sed etiam bonuin consilium , qui
consulit, et qui consulitur, bonum liabendum. Itaqiie
iuiiis, venimus in villam. Ibi AppiumClaudium augnrem
sedentem invenimus in snbselliis, ut eonsuli , si quid
ususpoposcisset, esi;et pra-sto. Sedebat ad sinistiam ei
Cornelius Merula consiilari familia ortus , ct Fiicellius
Pavo Reatinus. Ad dextram Minutius Pica , et M. Petro-
nius Passer. Ad quem cuni accessiiniis, Axius Appio su-
bridens : P.ccipis nos, inquit, in tuum oniitbona, iibi
sedesinter avcs.' Ille : Ego vero,inquit, te piicserlim,
cujus aves liospitales etiani niinc ructor , quas nnlii appo-
suisli paiicis ante diebus in villa Fiealiua ad lacum Ve-
lini, cunti decontroversiislnteramnatiumet Pieatinorum.
Sed non liac , inquit , villa quam .Tdilicarunt majores
noslri, frugalior , ac meliorest, quam tua illa peipolita
in Kealino ? iNuncubi liic vides citrum , aut aurum ? num
miuiuin, aut Armenium? nuni quod einblema aut litbos-
trotuiii? «jua^ illic omnia contra. Et cum liaec sil coni-
iniiiiis universi populi , illa solius tua. llaiT qiio succedant
DE LAGP.ICULTURE, LIV. III.
nistration de la repiiblique; c'est ici que lcs consuls
passent lcs eoliorles en revue , que se fait la vi-
site des armes, etque icscenseurs convoquent le
peuplepouriedenombrement.iMais, repritAxius,
laquelle regardez-vous douc comme plus utile,
ou de votre villa de rextremite du cliamp de
Mars, qui reunit k ellc seule plus de maunili-
cence que celle de Reale ensemble, avec son
splendide etalage de peinture et de statues ; ou
de la mienne, ou ne se voittrace de la main de
Lysippeou d'Antiphile, mais ou le semeur et le
pStre laissent frequemment les leurs en revan-
che? Et comment se fait-il d'ailleurs, puisque Ti-
deede villaimplique rexploitatiou rurale surune
grande echelle, comment se fait-il, disje, que
dans la v6tre il n'y ait pas un pouce de terre , pas
ua boeuf, pas une jument? Qu'a de commun enfin
votre villa avec celles que possedaient votre aieul
et bisaieul? Ou n'y voit iii foiu sechant sur les
planchers, ni vendauges dans les celiiers, ni
grains dans les greuiers. Car eufiu, pour etre
situee hors de la ville , une maison n'eu est pas
plus villa que ne le sont toutes les habitations
qu'on a construites au dela de la porte Flu-
mentane, ou dans lefaubourg Emilien. Comme
Jecoufessemon iguorauceen cetle matiere, dit en
souriant Appius , je vous prie de vniiloir bien
m'apprendre ce que c'est qu'une villa ; car jo suis
sur le poiiit d'en aclieter une de M. Sejus a
Ostie, et je ne voudrais pas faire une ecole. Si
effectivement uue maison n'est villa qu'a la con-
dition de contenir un ane comme celui que vous
ra'avez montre chez vous , ct qui vous a coiite
quarante mille sesterces, je crains bien, au lieu
d'une villaque je veu.x acbeter, de m"en tenira une
siraplehabitation situeesur la c6te d'Ostie. Cest
cependant L. Mernla que voic! qui m'avait mis
en goiit de cette aequisltion. II y avait passi"
(piel([uesjourscl;e7. Sejus, ct Jamais villa, nra-t-il
dit, ne lui avait tant plu. Cepciidaul il n'y avait
apercu , je ne dis pas des tableaux , des sSatues
de brouze ou de marbrc , mais non pas miime
un trapeze, uu pressoir, un vaisseau a huile.
Axius se tournaiit aiors vers Merula : Qu'est-ce
qu'une villa, lui dit-il , oii ron ne trouve ni la de-
coration d'une maison de ville, ni lattirail des
travaux de la campagne? Mais, rcjpondit Mi-ruia,
est-ce que votre villa de Velinum , ou jamais ar-
chitectc ni peintre n'a mis le pied, merite moins
ce nom que votre villa de Rosea , ou tous les arts
se sont donne rendez-vous, et dont vous avez
la jouissanec en commun avee votre fine? Ici
Axius expiima par un signe de tete que la pre-
miere, bien que simpleraent rustiquc, (^tait aussi
bien villa pour lui quecelle qui piTsentait ledou-
blccaracteredhabitationde villeetdecampagne;
et il lui demanda quelie iuductiou il pr^itendait
en tirer. Quelle induction? dit Merula. Si le
merite de votre fonds de Rosea consiste dans les
nourritures que vous y faites; si le nom de villa
lui cstdu cn raison des troupeaux quierrcnt dans
ses palurages et s'abritent dans scs etables; on
doit(''galementappeler villa tout etablissemeiit ou
des animaux qu'ou nourrit rapportent des bew-
fices considerahles. Qu'importe en effet que ces
benelices proviennent des brebis ou des volaliles?
Trouveriez-vous plusdoux le produit de vos bt'les
a cornes, dont lasubstanceeugendie les abeillcs,
que celui des abeilles elles-memes, qu'on voit a
rouvrage dans les ruches de la vjllade Sejus?
Et rendrez-vous les porcs i-leves dans votre mt'-
tairie plus chers que Sejus ne vend ses sangliers
c campo cives , ct icliqui onine.>, illa (]uo ecjiisc etasini:
prwterea ciim ad reinpiiblicam adiiiinisliandam hx^c. sil
ulilis, nbi cohorles ad delectii m consuli adduclsconsidant ,
ubi arma o,slen(lant , iibi censores censii adniiUant popn-
Inm. Tiia, inquit, hxc. in campo Marlio extremo ulilis,
ct non deliciis snnipluosior, (piam omnes omniuni Reali-
ii.ie.^ tam et oblila laiiulis piclis, nec minus signis ornata:
an mea?vesligium nbisil nnlluniLysippi aiit.-\ntipliili,sed
crelira satoris et pastoris. lit ciiin villa mui sit sine fuudo
masuo, et eo polito cuUura , tna ista netiue asrum habet
ullum, nec bovein , nec eipiani. Denique quiil tua habet
simile villrc illiiis , qiiam tuns aviis et proavus habebat;
necenim,ut illa, roenisicia videt arida in tabnlato , nec
vindeniiam in rella , neqiie in j^ranario messim. Nam (pifid
extra mbem est .Tdiriciiiui , niliilo niagis [ideo] est villa,
quani eoruni a-dilicia , qiii habitanl c\lra portam numen-
tanam,aut in .Emiliaiiis. .\ppius siibridens : Qnoniam cgo
i^noro, inquit , qiiid sit villa, velini me doceas , iie laliar
imprudenlia, qiiod vulo emere a M. Sejo in Ostiensi vil-
lain. Qiiud si ea irdiliiia vilLie non simt, qux asiniiin
tuuin, qiiem milii qiiadiaginta millibus enitum ostendc-
basapud te.non babent, inetuo ne pro villa emam Ostia»
in litore Sejanas sedes. (.Juodredificium liic ine L. Mcndi
impulit nt cnpeiem habere, cum diceret nullam se ac-
cepisse villain , qua magis delcclatiis esset, cum apud
eiinidies ali(piol fuisset. Nec fameu ibi se vidisse tahuiam
pi.l.iiii, 111'ipiesiguum aheneuni, aut marnroieiim ulluni :
niliilo iiiii^is loKula vasa vindemiatoria, aul serias olea-
rias , aut trapetas. Axiusaspicit Mcndam : Et (piid igitiir,
inquit, est ista villa, si nec urbanahabet ornamenla, ne-
que rustica menibra? cui ille : Non miuus villa tiiaerit ad
augiilum Velini , qiiam iieqiie pictor, neque tcctor vidit
imquani , qnam iu Rosea, qiia: est polita opere teclorio
elegauler, quam domiuus habes comuiunem cum asino.
Cum significasset niitu, niliilo miniis csse villain eam ,
qu;c essetsimplex ruslica, quameam inqiiaesset utrum-
qiie, et ea et nihana, et rogasset qiiid cx his rcbiis colli-
geiet : Qnid? inquit , si propter pastiones tuus fuudus iii
Rosea piobandiis sit; ct qiiod ibi pascitur pecus ac sla-
biilatur , rcde villa nppellatur : li;cc quoque siniili de causa
debet vocari villa, in qna prnpter paslioues fructus ca-
piunlur magui. Quidcnim rclert, ulrum proplerovcs, an
piopler aves fructus capias? anne dulcinrcst fructiisapiid
te ex bubiilo pecore, iinde apcs na.scuntur, quam cx api-'
biiSjqiia' ad villain Seji in alveariis opus faciunt?et niiiu
pliiris uuiic lii (■ villa illic nrilos verreslanio vendis, qiiani
VARRON.
aux bouchcrs de la \il!e? Mais qui m'empeche,
dit Axius, d'avoir des abeilles daus ma villa?
Est-ce que le miel de Sicile ne se fait que chez
Scjus , et ne peut-on obtenir a Reate que du miel
coise? serait-ce que le giand que Sejus aeliete
a la vertu d'cngraisser lcs sangliers, tandis que
mon gland, qui iie me coiite rien , les ferait mai-
grir? Mais, reprit Appius, Merula n'a point dit
que vous ne puissiez faire chez vous les memes
eleves que Sejus; seulement j'ai vu de mes pro-
pres yeux que vous ne le failes pas. Car il y a
deux especes de uourriture : Tuue que j'appelle-
rai champetre, et quicoraprend le betail ; Tautre,
sedentaire, et qui embrasse pigeons, poules,
mouches a miel , et en general tout ce qu'on veut
elever dans renceinte d'une villa. Magon de Car-
thage, Cassius Dionysius, et quelques autres,
ont traitc cette matiere specialemeut en differents
endroits de leurs ouvrages, dont Sejus parait etre
imbu. Aussi tire-t-il plus de prolit de sa seule
vilia par les nourritures qu'il y fait, que d'autres
n'en savent recueillir de la culture d'un londs
tout entier. En effet, dit Mcrula, j'ai vu chez lui
des bandes immenses d'oies, de poules, de pl-
geons , de grues , de paons , ainsi qu'une multi-
tude de loirs, poissons , sangliers, et autres gi-
hiers de chasse. L'affranchi qui tient ses livres,
et que Varron a vu , m'a assure, qiiand il me fai-
sait les hoimeurs en rabsence de Sejus , que son
nialtre tirait de sa villa plus de ciuquaute mille
scsterces par an. Comme Axius paralssait tout
etonne, je lui demandai s'il conuaissait le fonds
de matante maternelle , sur la voie Salaria , dans
le pays sabiu, a vingt-quatre milles de Rome.
Assurement, dit-il, puisque c'est la que je m'ar-
rete a midi , lorsque, pendaut r^te, je me rends
de Rome a Reate; et que je passe la nuit, lors-
hic apros raacellario Scjus ? Qiii miiins cgo, iiiquit Axius ,
islas liabere possum in Reatina villa? nisi si apud Sejum
Siculum fil mel, Corsicuin in Reatino : et liic aprum glaiis
cum pascit enUicia, liscit pinsiiem; illic giatuita e\ilpm.
Appius, posse aci te fieii, inquit, Sejanas pastiones nnn
negavit Meiuia-. ego, nonesse, ipse vidi. Diio cnim genera
cum sint pastionum : unum agreste , in quo pecuarise sunl ,
alterum villaticum , iu quo suiit galliurt,' ac columba; et
apes et c;ctcia , quce in villa solent pasci,: de quibus el
Poenus Mago et Cassius Dionysius et alii quid sepaialim
ac dispersim in libris reliqnerunt, quos Sejiis legisse vi-
detur, el ideo ex liis pastionihus ex una villa majoies
fructus capeie , qiiam aiii faciunt ex toto fuudo. Certe ,
inqiiit iMenil.i. Kam ibi vidi greges mugnos anserum,
gallinarum, (iiliinihariim, gruiim , pavonum , nec non gli-
rium, pi.sciuni, aproioni, et ca'tera venalionis. Exqiiibu'5
rebus .sciiba lihrarius libertns ejiis, qui apparuit Varroni ,
et me abscnle patrono bospitio acciplebat, in annos sin-
gutos plus quinqnagena niillia [e villa] capere dicebat.
Axio admiianti : Cerle nosti , inquam , materteioe meEe
fundum in Sabinis , qui est ad qiiarlum et vicesimnm la-
pidem via salaria a Roma. ()mAm, inquil ? ubi restate
iliem meridie dividere soleam, cum oo licate e\ uibe,
que j'en reviens pendaut rhivcr. Eh bien, repris-
je , i! y a dans eette villa une voliere , dont il est
sorti a ma connaissance , dans uue seule annee,
jusqu'a cinq mille grives, qui ont ete vendues
trois deniers piece; de sorte que ce seul produit
a donne cette annee-la soixante mille sesterces,
le douhle du i'eveuu de votre metairie de Reate,
hien qu'e!!e n'ait pas moins de deux cents_;w-
//f /-ff . Quoi ! soixante milles sesterces, s'ecria Axius;
soixante mille! vous plaisantez, saus doute. Non,
je dissoixante mille. Soit. Mais vous conviendrez
que pour arriver a ce chiffre i! faut la coinci-
dence d'un festin public, ou d'un triomphe ex-
traordinaire, tel que celui de Metellus Scipiou ;
ou bien encore de ces repas de corps , dont le
grand nombre a fait, a certaines spoques, lenche-
rir les vivres de nosmarcbes. Mais, aunee cora-
mune, vous serez longtemps a realiser un benc-
fice aussi considerable. Soj'ez persuade au con-
traire qu'une voliere ne vous fait jamais faux
bond, et que, par le temps qui court , on n'a pas
a rabattre des esperances qu'on y a fondees. Car
oii est fannee oii vous ne voyiez un festin de
triomplie , ou de ces rcpas de corps qui affluent
au point defairerencherirlcs vivres? Vous pour-
riez dire, ajouta Merula, que, dans ce temps de
profusiou , ces publiques bombances sont quo-
tidiennes a Rome. L. Albutius, homme fort sa-
vant, comme vous le savez tous , et dout nous
avons des satires dans le goiit de celles de Luci-
lius, ne disait-il pas que sou fonds du pays al-
bain rapportait bien moins que sa villa? que le
reveuuderuuetait au-dessous de dix raillesestcr-
ces,etceluide Tautre au-dessusde viugt? Lememe
auteur pretendait qu'avec une villa pres de la mer,
dans une localite de son choix, il se serait fait par
an plus de cent mille sesterces. Deruierement
aut cum inde venio hieme , noctu poneie caslra. Alque
inbac vlllaqui esl ornithon,ex eouno quinque milliascio
venisse turdorum denariis ternis, ut sexaginta millia ea
pars reddideiiteo anno vlll<e , bis tanlum qiiam tuus fun-
dus ducentum jugerum Reale leddit. Quid? sexaginta,
inquit Axius? i.x? LX?derides. Sexaginta, inqtiam. Scd
ut ad hunc bolum pervenias, opus erit libi aut epiiluni
aul triumphus alicujiis, iit tunc fnit Scipionis Metelli,
aul collegiorum' cffin», qua; tunc innumerabiles exc.an-
defaciebant annonam macoUi. Reliquis annis omnibus et
lianc expectabis siimmam. Spero non tibi decoqiiet [ non)
oinithon. Neque hoc accidit bis moribus, nisi raro, ut
decipiaris. Qnotus quisque enim est annus, quo non vi-
deas epiiliini, aut trinmphiim , aut collegia [non] epu-
lari, qiia; iiiinc inniimerahiles incendunt annonain? Scd
pioplcr hiMiriain, inqtOt , quodammodo epuhim qUoti-
dianiim est intra januas Roma!. Nonne item L. Albutius
liomo (iit scitis) apprime doctus, cujus Luciliano charac-
tere siint libelli , dicebat in Albano fundum siium pastio-
nibus sempcr vinci a villa? agrufti enim minusdena millia
reddere , villam pliis vicena. Idem secundiiin mare qiio
locovellet, si parasset villam , se siipra centiiin millia
e villa receplurum. Age non M. Culo iiiipur cnin Lnc-^Ii.
DE L'AGRICULTURE, LIV. IIL
eiifore, M. Catoii ii"a-t-il pas vendu pour qna-
rantc mille scsterces de poissons pmvenant des
viviers de Luculius, dont il venait d'aecepter la
tiitelle? Mon elicr Merula, dit Axius, veuillez
rn'accepter pour cle ve dans l"ai't de faire des eieves
dans une villa. Je ne dis pas non, reprit Merula;
mais il faut iTiepayerd'avance par un diiicr. Vous
Taurcz des aujourdhui ; et a lavcnir, je vous fe-
rai tiiter souvent des elcves que vous m'aurez
appris a faire. J'ai peur, dit Appius, que vous ne
me fassiez manger quelque oie ou paon raort dans
votre basse-cour. Qu'impoi-te, rcprit Axius, que
lesoiseaux ou poissons que Ton vous sert soient
morts de leur belie raort ou dautre maniere ? vous
ne pouvez les manger vivants. Mais je vous en
prie, Merula, initiez-mol a cette science dc la
basse-cour; veuillez iious eu exposer les principes
et les rcssourees. Merula accepta la tache de
bon coeur.
ili. Lu proprietaire doit avant tout connaitre
les especes animalcs qu'<>n nourrit dans une
villa ou dans scs dependauces, en vue de profit
ou d'agreraent. II y a pour cela trois regiraes
dlftVrents a etudier : celui de voliere, celui de la
garenne, celuidu vivier. J'cntends par voliere le
lieu oii lon renferme toutcs especes d'oiseaux;
par gareune, non pas ce que le mot signifiait pour
nos ancetresala troisiemegeneration, c'est-a-dii'e
un parc exclusivement peuple de lievres, mais
un enclos attenant a la villa, oii Ton peut nour-
rir dugibierdetoutes sortes. J"enteDdsenfiu par
vivier toute reserve de poisson d'eau douce ou sa-
lee, dcpendant d'une villa. Chacun de ces trois
rcgimes cst au moins douolc. Ainsi la theorie de
la voliere eoraprend eu deux parties les especcs
volatilcs aiixquelles la tcire suffit, telles que les
paoas, les tourterellcs, les gi'ive>; et celles a
qui il faut la terreet Teau, comiiie les oies, les
sarcelles, les canards. La theoric de la garenne
distingue egalement cntre les sangliers, che-
vreuils et lievies, d'un c6te,et les abeilles, escar-
gotset loirs, de rautre. Eniinla thcorie du vivier
sedivise aussi cn deuxdasses, celle des poissons
de mer, et ceile des poissons deau douce. L'at-
tention doit donc se porter sur six parties dif-
fercntes. On commeucera par s'entourer degcns
de trois professions , des oiseleurs , chasseurs et
pechcurs; ou du moins on aura respectivement
rccours a leur entremise pour se procurer des
meres pleines, dont les csclaves, sous lasurveil-
lance du maitre, soignent la progeuiture, rele-
vent, rengraissent jusqu'ace qu'ellesoit bonne a
envoyer au marche. Certaines cspeces, comme les
loirs, les escargots et les poules , s'obtiennciit
sans qu'il soit besoin pourcela de faire interve-
nir oiseleurs, chasseurs ou pecheurs; et ce genre
de spcculation a coraraencc sans doute pars'exer-
cer sur celles qui sont les hotes ordinaires de
toute villa. Les poulets, dans rorigine, ne se sont
pas multiplies seulcraent par les soins des au-
gurcs, et pour lc besoindes auspiccs; plus d'un
chef defamilleaussi, dansnos campagnes, donna
des soinsa leurpropagation. Ou s'avisa, dans la
suite, de formerdans le voisinage de la villa de.s
enclos cntoures de murailles , taiit pour s'y livrcr
a la chasse quc pour y etablir des ruchcs pour
lcsabeillcs, qui d'abord n'avaieiit d"autre ahri
que rcntableinent dun toit. Plustard on creusa
des viviers remplis d'eau douce, et dans lesquels
on emprisonna les poissons peches seuleinent
dans lcs rivieres. On voit que chacune des trois
parties de rindustrie de la basse-cour a passc
par dcux degres, marques, le premier, du carac-
teredela frugalitaaniiquc, le sccond, de la ten-
dance aux raffinements dcs sieclcs posterieur.-;.
Dans la preraiere periode, en effet, nos ancctres
acccpit tiitelam , e pisninis pjus qna(lraj;iiifa niillilnis sex-
lertiis vemlidit pisces? Axiiis ; Mernla nii, inqnit, re-
cipenie qn.xso discipuliim villaticae pastionis. Ille : Quin
siniulac proniiseris minerval , id est cipnani, iucipiam , in-
quit. Axivs : Ego vero non recuso vel liodie , ct cx isla
pastione crebro. Appius : Credo simulac priniuni ex isto
villatico pecore mortiii erunt anseres aut pavones. Cui
ille : Qnid enim inleiesl nlruni niorticinas edilis volucrcs
an pisces , quos nisi niortuos estis nunquam ? Sed oro te,
inquit, induce me in viam disciplinn» villatica; pastionis ,
ac vim fonnamque ejus expone. i\Ienila non gravale :
111. 1'rimum, inquit, dominum scientem esse oportel
earum rernm qna; in villa circumve eam ali ac pasci pos-
sint, ita ut doniiuosint fructui ac delectationi. Ejus disci-
plinffi genera sunl tria, ornilliones, leporaria, piscina;.
Nuuc ornitlionas dicoomnium alitum, qua; inlra pariefes
villa; solent pasci. Leporaria te accipere volo , non ea qiia;
tiitavi nostii dictbant, ubi soliti lcporcs sint, scd omnia
septa , aflicta vilhc qii;c sinit , ct liabcnl inclusa animalia ,
qiiae pascantur. .Siniiliter piscinas dico eas , quse in aqua
julci aut salsa inclusos liabcnt pisces ad villain. Ilarum
singiila genera niiuinuim in binas species dividi possiinl ;
in piima parte ul sint , r\»x teira niodo siint conlenta , ut
suntpavones, turtuies, tnidi. Allera species suut,qua!
non siint conlenla terra soIum,sed etiam aquam reqiii-
runt, iil siint anseros , queiqucdula;, anatcs. Sic alternni
genus illud vcnaticuin diias liabet diveisas species : nuaiii,
in qna est aper, caprea, lepiis. Alteia item extra villain
qnicsiint, utapes, cocIe;«, glircs. Tertii generis aquati-
lis item spccies dua> , partim quod liabent pisces in aqiiu
dulci , partim quod in maiina Dc liis sex partibus : ail
ista Iria genera arlificiim paranda, aucupes, veuatores,
piscatorcs, aiit ab hisemenda, qiia; luoruni servoruin
diligcntia tucaris in r.Ttura ad partus, et nata nntricere
saginesqnc , in macelliiin iit perveiiiant. Neque iion cliam
qiia'dam assnnienda in villani smc retibus aucupis, vena-
toris, piscatoris, nt glires , cocleo; et gallina;. Eariim rc-
riim cnitura instiliita prinia, ea quiic in villa balientur.
Non enim .solum aiigmes Romani ad auspicia prininm pa-
rarunt piillos, sed eliani patres familiae rure. Secunda,
quat macerie ad villam vcnalionis eansa cludnntur, et
propter alvearia. Apcs eniiu subtcr subgruudas ab iuilio
J34 VARRON.
u'avaieiit daiis leurs villas que deux places re-
serveesalavolaille {aviaria),et consistaiit, Tune,
en uneeour basse, ou ils nourrissaient les poules,
dont les cEufs et les poulets etaient tout le produit.
L'autre estune tourclle servant de colombier, et
situee dans la partie superieure du biltiment. On a
chanfte ce nom A'aviaria, et nous avous au-
jourd'bui des ornithones (volieres), creation de
la sensualit6 niodorne , dont la construction oc-
cupe plus de place que toute une villa d'autre-
fois. On en peut dire autant des garennes. Celle
de votre pere , Axius, n'a jamais pour hotes que
des lievres. On ne voyait point alors de ces im-
menses emplaccments ou Ton enferme de murs
plusieurs ji'i</7er« de terre, pour entretcnir une
multitude de sangliers et de cbevreuils. Alors
se tournant vers moi : Lorsque M. Pison, dit-
il , vous vendit son fonds de Tusculanum, com-
bien y avnit-il de sangliers daiis le parc ? Alors,
je vous le demande, connaissaiton d'autres vi-
viers que dcs viviers d'eau douce, et d'autres
poissons que des ehiens de mer et des mulets?
Aujourd'hui il n'y a pas un Rliinlon (;ui ne dise
que, pour ne nourrir que cette sorte de poissons,
autaut vaudrait un etang rempli de grenouilles.
Pbilippe se trouvant un joura Casinum, Umnii-
dius, son hote, lui servit un beau loup mruin
peche dans votre riviere, Varron. Apcine Phi-
lippe eu eut-il goute, qu'il le cracha en s'ecriant :
.ie veux mourir, si js n'ai pas cru que c'etait du
poisson. Vous voyez , dis-je, comme le luxede
notre siecle aetendu les garennes et prolonge les
viviers jusqu'a la nier, eu y faisant entrer en
inasse les poissons inarins. N'est-ce point de ces
derniers que Sergius et Licinius ont tire Tua
son nom d'Orata, et Tautre celui de Murena?
Qui ne connait les fameux viviers des Phiiippes,
des Hortensius et des Lucullus? Eh bien, reprit
Merula, dites-moimaintenaut, Axius, de quelle
cpoque je dois prendre mon sujet.
IV. Pour moi, repondit Axius, j'ai toujours
aime, comme dit le proverbe, a me tenir au
camp derriere ies principia (quartier general).
Commencez donc par le sieele present; j'aime
mieux cela que de vous voir remonter au temps
passe; car, apres tout, les paons rapportent
plus que les poules. Je ne vous cacberai meme pas
mondesirde vousentendreparler enpremier lieu
des volieres (or«27/iOftei) : les grives ont donne
bienduprisacenom,etlessoixantcmillese.sterces
que ces oiseaux rapportenta Fircellina m'ontcora-
niunique une etrange demangeaison d'en pos-
seder aussi. Eh bien donc, reprit Merula, il y
a deux especes de volieres : Tune d'agrement,
comme celle de notre ami Varron a Casinum , et
qui a trouv6 beaucoup d"admirateurs; Tautre de
rapport , et dont on fait commerce. On consacre
a Rome des enclos fermes de murs a ce genre de
speculation; on les loue meme a la campagne,
notamment dans le payssabiu, naturellement
tres-frequente pour les grives. Lucullus a ima-
gine de se douner une voliere a deux lins. II a
fait construire a cet effet , dans rinterieur de la
sienneaTusculum,une espece desalle amanger,
ou il pouvait prendre le plaisir de la bonne chere,
et jouir doublemeut du spectacle de ses grives,
ici roties etetalees sur un plat , la voltigeant pri-
sonnieres autour des fenetres : combinaison assez
villalico usa; ter.to. Tortia? piscina; dulces fieii ca>pta;, et
e lliimiiiibiis captos recopere ad se pisces. Oninibua tribus
liis seneribus sunt bini jiradus : siiperiores, qiios fruga-
litas antiqiia; inleriores, quos luxuria posterior adjecit.
Prinius enim ille Kradiis anliqiuis majoriim nostrum erat ,
in (pio essent aviaria, duo duntaxat : in plano cobors, in
qna pascebantiir galliii;o, el earum fructus erant ova et
pulli. Alter subliniis, in qiio erant columbae in tnrribus,
aut siimma \illa. Contia , nunc aviaria sunt nomine mii-
talo , qiiod vocanfur oi nitliones, quae palatum suave do-
njiui paravit, ut tecta majora liabeant, quam tnm babe-
banl tolas vjllas, in qnibiis stabiileutiir lurdi ac pavones.
Sic in secnnda parti iic le|iorario pater luus, Axi, pra^ler-
qnamlepusculume vcii ilioiie \idil niinquam. Nequeeniin
erat magnum id sepliiin, quwl iiiinc, ut babcant ninltos
apros ac capreas, cinDiiluia jiigeia niaceriis concludunl.
INoii tum, inquil milii, cum emisti rundiini Tiiscnlaniim
a M. Pisone, in lcpoiaiio apri fuerunt multi? In leitia
parti quis liabebat pisciiiain , nisi dulcein , et in ea dunta-
xat squalos ac mugiles pisces.' Qiiisc.ontra nunc Rbinton
iion dicit sua nibil inleresse , utrum iis piscibiis stagnum
liabeal pleniini an raiiis.' Non Pliillppiis cum .<id Ummi-
(liiim hospitem Casiiii divertisset , et ei e tuo nuinine lu-
piim piscem formosum apposuisset, atque ille gustasset
et expuisset, dixit : Peream, ni pisccm putavi esse? Sic
iioslra ieln^ , inqvam , luxiiria propagavit leporaria,ac
piscinas protulit ad mare, et in eas pelagios gieges pis-
cium revocavit. Non propter bos appellati Sergius Orata,
et Liciiiiiis Murena? Qiiis enim propler nobililalem igno-
ratpiscinas Pbilippj, llortensii, Lucullorum? Quareuude
vclis me incipere, Axi , dic.
IV. Ille: Egovero, inquit, (ul aiunt) post principia in
castris, id est, ab liis polius temporibus, qiiam superio-
ribus : quod ex pavonibus fructus capiuntiir majoies,
qiiam e gallinis. Atque adeo non dissiinulabo , qiiod volo ,
de ornitlione primuin, quod lucri fecerunt lioc nomen
turdi; sexaginta enim millia Fircellina excande me fece-
iiiiitcupidit^te. Meriila : Duo sunt, inqiiit, ornitboms ge-
neia : unum delectationis caiisa, ut Varro hic fecit noster
sub Casino, ipiod amaloies invenit mullos : alterum fruc-
tus causa, quo genere macellarii et in urbe quidam ha-
bent locaclausa, el rure maxime conducta in Sabinis,
quod jbi propter agri natiiram fiequenles apparent turdi.
Ex his terlii generis voluit esse Lucullus conjunctum
aviarium , qiiod fecit ia Tusculano , ut in eodem tecto or-
nilhonis inclusiim triclinium liaberet, ubi delicate coeni-
taret, et alios videret in mazonomo posilos coctos, alios
volitai e circum fenestras captos. Quoil inutile inveneriinl.
DE LAGRICULTURE, LIV. III.
nial eiitcndue, car les ebats de ees oiseaiix ne
lejouissent pas tant la vue que leur odeur desa-
greable n'olTense {'odorat.
V. Or, comme je pense , Axius, que vous te-
ncz priucipaleinent anx volieres, dont on tire
proilt, je parlerai, non pas de celles oit Toii
mangedcsgrives, inais de ceP.es ou on les eu-
graisse , pour les manser. On eleve a cet elfet un
peristyle, ou un batiment en forme de dome,
ferme par le haut d'un toit ou de lilets, et qui
puisse contenir quelques milliers de grives et de
merles. Quelques-uns y ajouteiit d'autres espe-
ces qui se vendent esialement clicr, lorsque les
oiseaux sont engraisses; des cailles par exemple ,
et des miliuria (oiseaux qui se nourrissent de
millet). On y lait arriver Teau par le moyen d'un
couduit ; ou, ce qui vaut encore mieux, on Ty
fait serpenter dans de petits canaux assez etroits
pour etie d'un nettoiement facile. Trop de lar-
geur fait qu'ils se salissent trop vite, et oeea-
sionne uiie deperdition d'eau. 11 faut que l'ecou-
lenienten soit mennaedefacon qu'elle nesejourne
iii ne depose, ce cpii est pernicieux pour les oi-
seaux. La porte de la volicre doit etre basst.',
etroite, et avoir la fornie de ce qu'on appelle cu-
chlca dans les anipliitheatres de.stines aux cora-
bats de tauieaux. Les fenetres y seront rares, et
disposees de maniere a ne laisscr apercevoir au
dehors iii arbres ni oiseaux; car cette vue etles
regvets (iirelle reveiile font maiiirir lcs oiseaux
prisonniers. IS'y laissez penetrer de jour que ce
qu'il cn faut niix grives pour lecounaitre ou est
le perchoir, le mani;er et Teau. On enduira por-
tes et fenetres d'une couehe bien lisse de inas-
tic, pour empecherles rats et autres eniiemis de
s'introduire dans la volicie. L^interieur des murs
sera garni tout autour de balons a perclier , et
Ton y appuiera d'iin boiit des perches enfoncees
de l'autreen terre, et croiseesde distanceendis-
tance par d'autres perclies traiisversales, a l'ins-
tar des cuncclU du theatre. On aura soin de
mettre a portee de Teau ^^i boire, et des boulet-
tes faites de pate petrie avec des (Igues. Quaiid
on voudra faire une levee de grives, il faudia,
vingt jours a ravance, augmenter la nourriture,
et n'y plus employer que de la farine superieure.
(Dans cette espece de cage devront egaleraent se
trouver des planches sur lesquelles les oiseaux
puissent se poser par voie de supplement ou de
diversionaux perches.) Atlcnante a la voliere doit
s'en trouver une autre pkis petite , dans laquelle
on dc^pose les oiseaux Irouves morts dans la gran-
de ; car il faut que riiitendant puisse toujours ren-
dre compte a son maitie du nombre exact confie a
ses soins. Les oiseaux qu'on juge en ctat d'etre
retircs devront etrc chasses de la grande vo-
liere dans la pstite , pourvue a cet effet d'une
pkis large porte, et qui a plus de jour qiie la pre-
niieie, avec laquflle elle comraunique. Quand on
a le nombre de grives que Ton veut dans cet en-
droit appele seclnsoriiim, on les y tue bors de
la vue des autres , que ce speetacle pourrait at-
trister et faire perir elles-memes, plus t6tqu'ilne
faut pour celui qui speeule sur leur mort. Les
grivesne rcssemblent pns aux aiitres oiseaux de
passage qui vi-; dcposeiit leurs cpufs que dans
les ehamps, comme lcseicognes, ou quesous lcs
tolts, commc les hiiondelles; ellcs poiident par-
tout. Malgre le nom masculin (tia-dus) de cet
oiseau , il y a des grives femelles, de meme qu'il
y a des merles males, bien que le nom qu'on
leur donue {merula) soit dugenre feminin. II y
Nam noii tantiiiii in po oculos ilelectant iiilra IViicshas
aves volitautes, qiiauluniolleudil, quod alieiius oilor op-
plet naies.
V. Sed quod te nialle arbilror, Axi , dlcam de lioc orni-
ttione, quod fructus causa facinnt, nnde, non nlii, su-
muntur pingues Uirdi. Igilur tesludo, aut |ieristylnin tec-
tum tegulisaut rete, lit magna, in qua uiillia aliquol lur-
dorum ac merularuni includere possint. Qiiidam cuiii eo
adjicinnt prai^terea aves alias quoque , q\Kv piiigiies ve-
neunl care, ut miliariai ac coturnices. In lioc tectuni
aquam venire oporlet per (istulam , et eam potius per
caiiales aiigiistas serpere, qna; facile extergeri possint ; si
enim late ilii diffusa aqua , et inquinatur facilius, el lii-
bilur inutiliiis; et ex eis caduca, qu;e ahnndat, per (istii-
lam exirc, ne luto aves laborent. Ostiuin lialiere 111111111^
el angiistum , ct potissimum cjus geueris , quod cocbleam
appellant, ut solet esse in cavea, in qtia tauri pugnare
solent. Fenestras raias , per quas iion videantur extrinse-
cus arliores aiil aves ; (piod earnin aspectus ac desiderium
maciescerp facit voluciesinclusas. Tantum liiminis lociim
lialieie oportet , ut aves videre po.ssint ubi assidaiit , iihi
cibiis , ubi aqua sit. 'f ectorio tacta esse levi circiim ostia
oc fene.slras , ne qua iutrare mus aliavc qua; bestia pos-
sit. Circiini liiijus osdilicii parietes intrinsccus multos
esse palos , nbi aves assidere possint ; praeterea et perti-
cas iuclinatas cx humo ad parietem, etin eis transversas
gradatim niodicis intervallis perticas annexas ad spe-
ciein cancellorum scenicorum (deorsiim in terrani esse
aqiiam, quani bibere pussiiit; ) cibatni offas positas. Ex
niaxinie gloinerantiir ex (ieis et farre inixlo. Diebus
viiiiili antequain quis (nllere vult liirdos, laigiiis dat,
cibuinque pbis iimdt, el fane subliliore iucipilalere. In
lioc tecto caveaipie tabiilata babeant aliquot ad pertica;
supplemeiituni. Contra lioc aviariuui est aliud iniuiis, iu
qiio qua; miirtu.e ibi sunt aves , iit dnmiuo niimerum red-
dat , cuiator seivarc solet. Cum opus siint , cx boc avia-
rio nt sumantur, idone.-e excludiiiitur in niiuusculuin
aviariuin, qiiod esl conjiinctum cuin inajore, oslio et lu-
niiiie illustrioie, qiiiid seclusoiium appcllaiit. Ibi ciini euni
uunieruin lialiet exclusuin, qiiein simiere vnlt, omnes
occidil. IIoc ideo in sccjiiso clain, ue reliqui, si videant,
despoiideaut aninium, alqiie alieiio leiiipDie venditoris
moriantur. Non ut advciiie volucies piillos faciuiil , in agro
cicouia; , iu tecto birundiues , sio aiit bic aut illic tuidi ,
qui cuin sunt uomine mares, re vera faMnina; quoque
sunt : ueque id non secutuin ut essct m luerulis, quai
VASRON.
a des oiscaux de passage , comme les hii-ondelles
et les grues, et des oiseaux doraestiquas, tels
que ies pigeons et les poules. Les grives appar-
tiennent a la premiere classe. Elles traversent
chaque annee la mer, pour venir en Ilalie vers
requinoxe d'autorane et s'en retourner vcrs l'e-
quinoxe de printemps. A une autre epoque arri-
vent dans nos contrees une quantite prodigieuse
de tourterelles et de cailles, dont on peut obser-
ver le passage dans les Iles voisines de Ponti , de
Palmaria et de Pandataria; car ces oiseaux y
font iine pause de quelques jours h leur arrivee
en Italie, et uneautre quandilsrepassent la mer
au retour. — Eh bien , dit Appius a Axius , vous
n'avezqu'a jeterla cinqraillesesterces; etvienne
un triompheou un festinpublic,vous voilaenpos-
session des soixante mille ou vous voulez arri-
ver. Puis se tournant vers moi : A vous appar-
tieut, me dit-il, de nous parlcr de rautreespece
de voliere , vous qui en avez une aupres de Ca-
sinum pour votre plaisir seulement , et qui, non
content davoir daus cette construction surpasse
la voliere de M. Laenius Strabo, notre hote a
Brundusium , le premier qui se soit avise de ren-
fermer des oiseaux dans un cal)inet en peristyle
et couvertd'un filet, avez encore laissii ioin der-
riere vous la splendide volicre de Lucullus a
Tusculum. — Vous savez, lui repondis-je, que
j'ai dans ma villa de Casinura un ruisseau pro-
fond et limpide , qui la traverse entre deux quais
en pierre. Sa iargeurest de cinquante-sept pieds;
et ii faut passer sur des ponts pour coramuniquer
d'nne partie de ma propriete a Tautre. Mon cabi-
net de travail est situe a Tendroit oii le ruisseau
prend sa source; et de ce point, jusquii une ile
form^e par sa jonetion a un auire cours d'eau,
il y a une distance de huit cent cinquante pieds.
Le long de ses bords regne, sur unelargein- de dix
pieds, unepromenade a ciel decouvei t ; entre cette
promenadeet la campagne se trouve Templace-
ment de mavoliere, fermcedegauciieetdedroitc
par des raurs pleins et eluvcs. Les lignes e\te-
rieuresde redifice lui donncnt quelque ressera-
blance avec des fablettes aecrire, surmontees
d'un chapiteau. Dans la parlie rectangulaire , sa
largeurest de quarante-huit pieds, et sa longueur
de soixante-douze, non corapris le chapiteau demi-
circulaire, qui est d'un rayonde vingt-septpieds.
Entre la voliere et la promenade qui figure la
marge inferieure des tablettes, s'ouvre un pas-
sage voute aboutissaut a une espianade. De cha-
que cote un portique regulier soutenu par des
coionnes en pierre, dont les intervalles sont occu-
pes par des arbusies nains. Un filet de chanvre
s'etend du haut du mur exterieur jusqu'a Tar-
chitrave; et un serablable filet joint l'archi-
trave au stylobate. L'interieur est rempli d'oi-
seaux de toutes especes, qui recoivent la nourri-
ture au travers des filets. Un petit ruisseau leur
porte ses eaux. Eq deca du sfylobate , rcgnent
a gaucheet adroite, le long des portiques, deux
viviers assez etroits, et qui , scparcs par un petit
sentier, s'etendent jusqu'a l'e.\tremiledel'espla-
nade. Ce sentier conduit iiun (ho/us, espece de
salon en rotonde, entoure de deux rangs de co-
lonnes isolees. II en existe un semblable dans la
raaison de Catulus, si ce n'est que des murs
pleins remplaceiit la colonnade. Au dela est un
bocage de haute futaie enferme de murailles, et
dont repaiscouvertnc laisse penetrer le jour que
nomine fominino raai-fis qucqne sinl. Praeterea volncres
cum paitim advenn» sint, ut liiinndines et grnes; pailim
vernacnlse, ut gallinoe ac columbre : de illo geneie sunt
turdi advenlicio, ac qnotannis in Ilaliam trans mare ad-
volaul circiler aequinoctium autumnale , et eodein revolant
ad aequinoctium veinum. Et alio lempore turtmes ac
cotuinices immaninumero. Hoc ita (ieri apparet ininsulis
propinquis Pontiis, Palmariae, Pandataria:. Ibi enim in
priraa volalura cum vcniunt, moiantur dies paucos re-
quiescendi causa. Idemqiie faciunt cum ex llalia trans
mare remeant. Appius A\in : Si qnlnque millia liiic con-
jeceris, inquit, et erit epulum ac triumplius , sexaginta
millia qua; vis s'tatim in fienus des licebit. Tum irdhl :
Tu dic illud alternm genus ornitlionis, qui animi causa
constilutus a te siib Casino ferlur, in quo diceris longe
vicissenon niodo ardietjpon inventoris nostri opviOotpo-
(PEitov M. La^nii Stiabonis, qni Brundusii liospes nosler
primus in pciisiylo liabiiit exedia conclusas aves, quas
pasccret oljjecto icte , sed etiam in Tusculano magno tt-di-
firio Lnculli. Cni crjo : Cum liabeam sub oppido Casirno
Hiimen, quod per viliam lluat liqiiidum et altum, margi-
Bibiislapideis,latumpedesj,vii, el evillainvillampontibus
transealur, longnm p. 850, diiectum ab insula ad Mu-
l^uiu , qiiiie est ab imo iluvio, ubi conilLiit alfcra amnis
ad summum (lumen^ubi est Mnseum. Circnm liiijus ri-
jias ambulatio snb dio, pedes lata deiios. Ab hac ambula-
(ione in agrum versus ornitlionis locus ex duabiis parlibus
dextra el sinistra niaceriisallis conclusus. Inler qiias Iot
ciis, qni est ornitlionis , deCormatus ad labiilBe liteiariae
spcciem cnm capitulo, (ornia qua est qiiadrata, patet in
lallludinera p. xlviii , in longitudinem p. lxxh; qua ad
capitnlum rolundus est, p. xxvii. Ad lia;c, ita nt in niar-
gine quasi infimo labula! descripta sil ambulatio, ab or-
nitlione plumula , in qua media snnt caveae , qua intror-
siis iter in aream est. In liniine, in lateribus dextia et si-
nistra porticus sunt primoribuscobminis lapideis, intor-
mediis arbusculis bumilibus ordinat^, cum a summa
macerie ad epistylium tecta porticus sit rete cannabina,
et ab epistylio ad slylobaten. Haj sunt avibus omne ge-
nusoppletas, quibus cibus administratur per retem,et
aqua rivnlo tenui affluit. Secundum stylobatis interiorem
parteni, dextra et sinistra, ad summam aream qiiadra-
tam, e niedio diversae du« non lat», sed oblongae sunt
piscina; ad porticus versus. Intcr eas piscinas tantum-
niodo accessus semita in tboliim, qiii est ultra rotnndus
coluinnatus, ut est in aede Catiili , si pio parielibus fece-
ris coluninas. Exlra eas coliimnas est silva manu .sata,
grandibus aiboribiis tect?, ul innina pci liioeat lotu, sepl^
DE L-AGRICIJLTDRE, LIV. III.
parenbns; Tespace est dceinqpiedseHtre lesco-
lonnes exterleures, qui sont de pierre , et les co-
lonnes interieures , qui sont de sapin , et tres-
minces de fiit. L'eutre-colouueracnt interieur
est rcmpli, au lieudc niurs, par un liietdecordes
a boyaux; espece de cloture a jour, qui laissc
la Yue du bocage , sans que les oiseaux puis-
sent s'echapper. Un autreitilet remplitegalement
rentre-deux des colonnesinterieures. L'cspace in-
termediaire des deux colonnades est garni de
perchoirs formes par des bStons enfonces dans
chaque colonne, et regulierenient etages commc
les gradins d'un thcatre. Cette partie de la vo-
liere est principalement reservce aux oiseaux a
voix harmonieuse , comrae merlcs et rossignols.
Un petit tuyau ieur fournit de Teau , et on leur
donneamangerparlesmaillesdu filet. Aupieddu
stylobate regne une assise eu pierres d'uri pied
neuf pouces d'elevation a partirde la base du so-
cle. Le socle lui-meme a deux pieds de hauteur
au-dessus du niveau d'un bassin , et cinq picds
de largeur ; ce qui donne aux convives la fa-
cilite de eirculer entre les culonnes et les lits.
Le bassin est entoure d'une espece de trottoir
large d'un pied ; une petite ile en occupe le cen-
tre. On a creuse le socle dans tout son pour-
tour, pour y faire des niches a canards. Au mi-
lieu derile s'eleve une petite coloiine, dans la-
quelle est scellee un axe, qui au lieu de table
porle une roue avec ses raies; mais ces raies
soutiennent , en guise dejantes, une table creusee
en tambour, large de deux picds et demi , et
profonde d'une palme. Cette table n'est servie
que par un jeune esclave, qui, par un simple
raouvement de rotation, fait passer successive-
meut , a portee de chaque convive , les coupes et
les plats. Les lits sont dresses sur !e socle, du
scin duquel sortcnt les canards pour nager dans
le bassin, lequel communique par un petit ruis-
seau avec les deux viviers ; dc sorte qu'on voit
les petits poissons passant lihrement de Tun a
rautre. J'oubliais de vousdire quc , de la table
qui se trouve a l'exlremite des raies de la roue,
coulc, a la volontc de chaque eonvive, de Tcau
chaudc ou de Teau froide , seloii le rohinct qu'il
veutouvrir.Onvoit, danslacoupolequiconvrece
salon , i'etoile Lucifer pendant le jour, et Tetoile
Hesperus pendant la nuit; elles en suivent le
bord, et marqucntles heures. Dans le haut de
cette coupole est peinte autour d'un tourillon
la rose des huit vents, comme dans Thorloge
que fit Tartiste de Cyrrhus pour la ville d'Athe-
ncs; et uneaiguille, supportee par le tourillon,
se raeut de facon a indiquer quel vent souffle au
dehors. Peudant que je parlais, une grande ru-
mcur s'eleve du champ de Mars. II n'y avait pas
de quoi surprendre de vieux athletes des comi-
ees, dans ce paroxysme de fievre elcctorate; no-
tre curiosite s"en emut cependant. Sur ce point
arrive Pantulejus Parra, qui nous dit que, pendant
qu'on faisait le relevedessuffrages, un individu
avait ete surpris jetant furtivement de nouveaux
Inilletins dans l'une des bourses, et que les adver-
sairesdu candidatainsi favorise avaienttraine le
dclinquant devant le consul. Pavo se levc aussi-
tot : le bruit courait que lautcur de la fraude
etait le gardien du caudidat pour lequel il avait
vote.
VI. Axius prit alors la parole, et dit : Voila
Fircellius parti ; on peut maintenant parler des
paons tout a son aise. Lui present, un raot de
travers eut pu , a raison de la parente , vous atti.
macerils allis. Intra tlioli columnas extcrioics lapideas rt
totidem inleriores ex abietetenues, locns est P. V. laUis.
Tnter colnmnas exteriorcs pro pariete relicnli e nervis
sunt, nt prospici in silvapossit, et qnae ibi sunt, neqne
avis ea transire. Inler interiores coluninas pro parietc rote
aviarium esf objectum. liiter lias et extcriores gradalini
substructum ut OsKxficiov avium. Muliili crebri oinnibus
colnmnisimpositi, scdilia avium. Intra letem aves snnt
omne genus , maxinie caiilrices , ul lusciniol.ic ac merul.T ,
qnibus aqua ininislralnr per canaliculani , cihns objiciliir
sub lelem. Subter columnariim stylobalem cst lapis a
falere pcdcm el dndranteni alla , ipsnm falere ad dno pe-
des altum a slagno, lalnm ad'quinqne, ul in cnlcilas et
columellas conviva; pedilnis circumire possint. Inlimo in-
tra faleiecst slagnum cum niargine pedali , ct insula in
mcdio parva. CiTium faleie el navalia snnt cxcavala ana-
tiuin stabula. In insula cst colnmella , in qiia intus a\is ,
qiii pro niensa suslinct rotam ladialani, ita ut ad extre-
mum , ubi oibile solet esse aculiim , tabnla cavata sit, nl
tvmpaumn in lalitudincm duo pcdcs ct scmipedem,in
altitndincmpalmnm. Hicc ab nno pncro, qni ministiat,
ila veiUtur, iit omnia nna ponanlur ct ad bibeiuliim , et
adedenduin, el admovcantnr ad omnes convivas. li\
suggesto faleris , nbi solent esse ntrii-Kz-irn!.^-:^ , prodcunl
anates in stagnum, ac nant, equo rivus pervenil in iluas,
quas dixi, piscinas, ac pisciculi ultro ac citio cnmmeant :
cnm et aqna calida el IVigiila ex orbi ligneo mensaque,
quam dixi in primis radiis esse , cpitoniis versis ad nnuni-
qncinqiiefactum .sitntllnatconvivam. Intrinseeiissubtliolo
stella Lucifer interdiu, uoctu Ilesperiis ila ciiTnmcnnt ad
inrinuiin Iiemis|ilinriiiin, ac movcnliir, iit indiceiit quot
sint IioiVT. Ineodem licmisplio?rio nicdiocircum cardineni
est oibis ventorum octo, iil .Mlienis in liorologio, quod
fccit Cyrilicstes. Ibiqiie cmincns radius a cardine ad or-
bcm ila movetur, ut eiim langat vcntiim, qni flct, ut in-
tiis scire possis. Ciim Iiaec loqneremnr clamo^ lit in
campo. Nos atblefae comitiorum nna, cnm id licri non
miraiemur propter studia siiffragalorum, et tainen scire
vcllenius, qnid esset, venit ad nos Pantulrcjiis Parra.
Narial ad fabulam, cuni diriinercnt, quendain dcpicben-
sum lcsserulas coiijicicntem in lociiIum,cum ad coiisu-
leni Iracfum a fantoribus compctitorum. Pavo surgit,
ipiod ejus candidali cnstos dicebalur deprcbensus.
VI. .\xius. Dcpavoiie , inqiiif, libcre liiet dicas, qiioniam
discc.ssit rirccllius, ipii seciis si ipiid diceies de iis, gen-
lililatis causa fortassc an lccum (luccrcl scrrain. Cui Me-
138
VARnON.
rerune prise de bec nvec lui, Merula reprit donc
en ees lcrnies : J'ai vu introduire l'liabitude de
fonmer des troupeaux de paons qui se vendent si
cber. On dit que M. Aufidius Lurco tire des siens
plus de soixante raille sesterces par an. Si l'on en
veut faire un revenu , il faut avoirun peu moins
de mSies que de femelles; c"est le contraire si
ron n'a en vueque ragrement, car le male Tem-
poite au coup d'ceil. On pretend qu'on rencontre
des troupesde paons sauvages a Saraos dans le
bois sacre de Junon , et dans ceux que Pison
piissede dans rile de Planasia. Pour former uu
troupeau, prenez des sujets de bon age et de belles
formes ; car en fait d'oiseaux, c'est a celui-la que
a uature a donne la palme de la beaute. Les fe-
i>!i'lles ne sont pas propres ii la raultiplication
avantdeux ans, ni apres cet age. On nourrit les
paous de grain , d'orge surtout. Lurco donne a
si\ paons un modius dorgepar mois. II augmente
a mcsure au temps de la ponte, et meme un peu
avant qu'ils ne commencent a accoupler. Son in-
tendant doit lui rendre par chaque paonne trois
petits , qui , deveuus grands , se vendent cinq de-
nieis la pieee ; prix que Ton ne tire guere du
plus beau mouton. 11 achete en outre des oeufs
de paons, qu'il fait couver a des poules. Quaud
les petits sont eclos, il les fait passer dans une
( spece de voute servant de loge aux autres. 11
faut que ces loges soient assez spacieuses pour
que cbaque oiseau y trouve sou gite a.part, et
que rinterieur en soit crepi avec suin , de sorte
1 ue ni serpent ni bete malfaisnnte ne puisse s'y
iutroduire par aucune ouverture ni crevasse. On
menagera devant rentree un espace oii les paons
puissent aller prcndre leur nourriture, lesjouis
ou le soleil doune. L'un et rautie emplacemeut a
bfsoin d'etre toujours propremeut tenu. Le gar-
dien les visitera souvent la pelle a la main , pour
enlever la fiente, qu'il doit conserver avec soin;
car elle est d'uue grande utilite pour la culture
deschamps, et peut en outre servir de litiere
aux jeunes paons. Q. Hortensius fit le premier,
dit-on, servir cette espece de volatiles dans le
festiu d'iustallation de son augurat; prodigalite
qui eut l'approbation des voluptueux, plutot que
desgens honnetes etdhabitudes rigides L'exem-
ple neanmoins fut contagieux , et le prix de ces
oiseaux a depuis monte a tel point, qu'un oeuf de
paon se vend maintenantcinq deniers, et Toiscau
lui-memefacilement cinquante. Uu troupeau de
cent paons rapporte sans peine quarante mille
sestcrces, et meme soixante mille,si, comme
fait Albutius, on exige trois petits par cbaque
mere.
Vll. A ce moment un appariteur vint, de la
part du consul, avertir Appius que les augiires
etaient mandes : celui-ci quitta aussitot la villa
publique. A peine fut-il parti, qu'une volee de
pigeons vint s'y abattre. Si par basard, dit
alors Merula a Axius, vous aviez monte un co-
lombier (•n:cp'.iiT£poTpo-i£io;), vousvous imagineriez
que ces pigeons sont a vous, tout sauvages qu'ils
sout; car un colombier a d'ordinair8 des botes
de deux cspeces. Les pigeons sauvagcs d'abord,
que d'autres appellent saxnliles , et qui habi-
tent les tours et le faite (columen) des metairies.
Aussi est-ce du mot columen, que leur est veuu
le nom de columbce. Eu effet, leur timidite natu-
relle lcur fait toujours rechercher lcs points les
plus eleves des batiments. Cette espece hante
donc principalement les touis; c'est la qu'ils di-
rigent leur vol au retour des champs , et c'est de
• iiila : De pavonibiis nostra niemoria , inqiiit, gieges lia-
' beri ccepti , et venire niagno. Ex iis M. Aulidins Lurco se-
steiliOln) sexagena millia nuniflm in anno dicitur capere.
)i aliquanlo pauciores esse liebent niares quam fueminae,
si ad frnclum spectes; si ad delectalionem , contra : for-
mosior enini mas. Pavoniim gieges agrestes transmarini
esse dicuntur in insulis, Sami in luco Junonis, ilem in
Planasia insula JH. Pisonis. Hi ad greges constiluendos
paianlur bona a;lale et bona forma. Huicenim natura for-
mae e volncribus dedit palniam. Ad admissuram lia! nii-
nores biniae non idoneae, nec jam niajores natii. Pascun-
tur omiie genus objeclo frumento , maxime ordeo. Itaque
senis his dat in menses singnlos ordei singiilos modios,
ita ut in fo;tiira det iibeiius, et ante quam salireincipiant.
Is a procuralore ternos pullos exigit, eosque cum creve-
runl, quinqnagenis denaiiis vendit, ut nulla ovis liunc
assequatiir Iriictum. Praeteiea ova emit ac supponit galli-
uis, ex quibus cx iis excusos pullos refert in lesludinem
cani, in qua pavones liabet. Quod tectum pro multitudine
pavoniini lieri deliet, et habere cubllia (li.scieta, tectorio
jevata, qiio neque serpens, neque bestia acccdire idia
ix)ssit. Piacterca liabere locum ante se, quo |ias['.ini exeaiit
(iiclsus apricis. Utrumque locuni purum esse volunt li;i!
voliicres. Itaque paslorem eariim cum batillo circumire
oportet, ac stercus tollere ac conservare; qiiod et ad agri-
culturam idoneum est , et ad substramen pullorum. Pri-
mus hoc Q. Hortensius augurali aditiali coena posuisse di-
citur. Quod potius factuin tuui luxuiiosi, quam severi
boni viri laudabant. Quem cito secuti multi extulerunt
eorum pretia, ita ut ova eorum denariis veneant quiiiis,
ipsi facile quinquagenis, grex centenarius facile qiiadra-
gena niillia sextertia utreddat, ut quidem Alhutius aie-
bat, si insingulos ternos exigeret pullos, perfici sexagena
posse.
■VII. Interea venitappaiilor Appii aconsule, etaugures
ait cilari. llle foras exit e villa. At in villani intro involant
columba!. De quibus .Merula Axio : Si unquam itEpKjrepo-
ipo^eTov coiistituisses, has luas esse putares, quamvis
ferae essent. Duo enim gcnera earuni in TOpioTEpoTpo^eiiii
esse solent. Unum agresle, ut alii dicuut saxatile, qiiod
habelurin turribusaccohmiinibus villa!, aquo appellatae
columbae , quae propter timorem natui alein suninia loca
in teclis captant. Quo fit, ut agrestes maxime sequantur
turres, in qiias ex agroevolant suapte spoiite ac renieant.
Alterum genus illud coliiinliarum est clciiicntius, qiiod
cibo domeslico contentum iutra limina januac solet pasci.
DE LAGRICULTURE , LIV. lU.
la qu'ils revolent aux champs. La seeonde espeee
est plus soeiable, et vient voionliei-s cherelier sa
nourritui-e sur le seuil des maisons. Son plumage
est piesque toujours blanc, tandls que celui
de la piemiere est bigarre, mais sans aneun
melange de blanc. De rnniou de cesdeux espcces
on en forme une troisieme, de couleur melani^ee.
Cest principalemcnt sur celie-la qu"on specule.
Elie vit en comniun dans nn local appcle par les
uus ir£ptcT£p£wv , (colomhier), et, par les antres
7r£pi(7T£poTpo^£iov (licu ou l'on uourrit des colom-
bes) , et qui en conticnt quelquefois jusqu'a cinq
iDille. Un eolorahier doitelre construit en voute
et se terminer en forme de dome , avec uue porte
etroite et desfenetres ii la cnrthaginoise, ou plus
larges meme, <;arnies de treillis au dedans et au
dehors, de maniere a laisser entrer le jour, tout
en fermant le passnue anxserpentset autres ani-
niaux danpercux. Les parois interieures sonten-
duites de stue, et la meme application est faite
autour des fenetres en dehors, atin qne ni rat ni
lezard ne puisse s'y introduire; car rien u'est
timide comrae la cdlombe. On disposera pour
chaque couple de pigeons des houlius de forrae
circulaire , distribues avec ordre et serres les uns
contre les autrcs, pourqu'il en tienne davantage,
et de facon a remplir tont Tespace compris entre
le sol ct la voute. Chaquc houlin aura une oii-
verture qui permette au pigeon d'entrer et de
sortir librement, et 1'interieur en sera de trois
palmes en toussens. Achaque rang de houlins Ee-
rontadapteesdes tahlettes dedeux palmes de lar-
geur, qui serviront de vestihule aux pigeons, ct
surlesquelles ils pourrontse reposer avant d'en-
trer. L'on ne condnira an colomhier que de leau
iimpideetpure, alin que les pigeons puissent a la
fois y boire et se baigner; car leur proprete est
proverhiale : aussi le gardien doit-il balayer le
colomhicr plusieurs fois par mois ; la fiente , qui
le salirait en s'y amassant, est d'ailleurs d'une
grande utilite pour la culture de laterre, au point
que quelques auteurs la regardent eomme le
meilleur de tous les engrais. Le gardien doit aussi
donncr ses soins aux pigeons raalades, retirer
les morts du colorabier, ainsi que les petits qui
sont hons a etre vendus. Les femelles couveuses
seront placees dans un lieu particulier, oii elles
se trouveront separees des autres par un filet, en
conservant cependant la faculte de sortir. II y a
deux raisons pnur en agir ainsi. Au cas ou les
meres viendraient Jl languir, et a se rebuter d'une
reclusion trop prolongee , elles peuvent se refaire
par une excursion en plein air. D'un autre cote,
rattachement a leurcouvee garantit leur retonr,
a moins qne lecorheau ou rcpervier ue soient la
pour rintercepter. Pour detruire ces ennerais,
les gardiens enfoncent en terre deux baguettes
couvertes de glu , et recourbees l'une sur Tautre.
L'epervier fond sur le pigeon attache corame
appiit entre ces baguettes , et se tronve pris au
piege, en s'erap6trant dans la glu. Une conse-
(luence bien couuue de finstinct qui raniene
toujours le pigeon au colomhier, e'est rhabitnde
qu'ont priseeertaines personnes d'en apporter dans
leur sein au theatre, pour leur y donner la volee ;
ce qn'elles ne feraient pas , si elles n'avaient la
certitude de voir Ips pigcons revenirau logis. On
place la nourriture dans des mangeoires adossees
aux murs du colombier, et qui se remplissent a
rexterieur au nioyen de tuyaux. Les pigeons
aiment le millet, le ble, Torge, les pois, les ha-
ricots, et Tcrs. On fera bien d'altirer autant que
Hoc Renns maxime est colore albo. llhid allerum agieste
sine alljo, vario. Ex liis iluabiis stirpibus lil miscelliim
tertium genus fructus caiisa, atque incedunt in locum
unum, qiiod alli vocant KEpiiTEfeMva , alii ■i;epi<jT£poTpo-
ipeTov. In quo uno saepe vel quinque millia sunt incluao.
IlEpicTEpEMv lit, nt testudo magna, camara teclus, uno
oslio angusto , fenestris Punicanis, aut lalioribus leticula-
tis, uliinqiie ul lociis omnis sit illiistris, neve quae ser-
pens, aliiidve quid animal malelicum intioire queat. In-
trinseciis qnam levissimo marmorato toti parietes ac ca-
niarse oblinuntur, et extiinsecus circum fenestras, ne
miis aut lacerta qua adrcpere ad colunibaiia possif. Niliil
enini timidiiis columba. Singulis paribus columbaria liuiit
rolimda in ordinem crebra. Ordiues quam plurimi esse pos
sunt a liTra iisi|iii' ad camaram. Coliimbaria singula e.sse
oportet, ut o^ lialii.iut, qiio inlroiie et exire possint; in-
tus ternoriiui paliiioiiini ex omnilms partibus. Sub ordines
singnloslabiibr lirl;r> ut sint bipalmes, quo utantnr vesti-
bulo, ac prodeant. Aquam piiiam esse oportet, qure in-
lluat,unde etbibere, et iibi lavari possint. Permnndic
enim siint lia" volucies. Itaqiie pasloicin colnmbarium
qnotquot mensibiis crebro oporlet everreie. Est eniin quod
cani iiiqninat lucimi apjiositiim ad agrlculturain, ila iit
bnc optinium esse scripserint aliqui. Sive quae coliimba
qiiid offenderit , ut medeatur. Si qiia peiierit, ul efleratnr.
Si qiii pulliidonei suntad vendendum, promat. Item qua;
(ii-ta; siint, ut certum locum disclusum ab aliis lete Iia-
beant , quo Iransferantur, el quo foras evocare possint
matres. Quod faciiint duabus decansis. Una,si fastidiiint
ant inclusic consenescunt , qiio libeio aere ciim exieriul in
agros, rediiitegieutur. Altera de caiisa propter pulliciem.
Ipsa- cnim piopter pullos, qiios liabent, utique ledeunt,
iiisi a rorvo occisiB aut ab accipilre interreptEe. Quos co-
liiinli.iiii intciricere solent, duabus virgis viscatis delixis
iiiteirain iiiter .se cinvalis , ciim inter eas posueiint obli-
giiliini animal.quod impeleie soleantaccipilres, qniila de-
cipiimliir, ciini .se oblevenint visco. Colunibas lediie
soleie ad locum licet animadverteic, qnod niiilli in tliea-
tro e sinu missas faciunt, [atqiie ad locum redeuiil] quip.
nisi reverterentur, iion emitteienlur. Cibus apponilur
ciiciim parictes in caiiiilibus , ipias extrinsecus per listu-
las supplent. Deleclanlur niilio, tiitico, ordeo, piso , fa-
seolis,ervo. Item feias biis in tiiiTibus ac suir.mis villis
qiii liabent, agrestescolnnilias, qiioad possiinl, immitteu.
iluiu iniiEpKjTspEwva?. /Ktate bonaparandum , neipie piil-
los. neqiie vctulas, tolidem maies quot fuiniinas. Nibil
VARRDN.
possible dans le colombier les pigeons sauvages ,
qui s^journent sur les tours et les combles des
m^tairies voisines. Quand on aclicte des pigeons,
il faut les prendre de bon Sge, ni trop jeunes ni
trop vieux , et qu'il y ait autaiit de males que de
femtlles. Rien qui pallule comme les pigeons;
en quarante jours la raere concoit, pond, couve
et eleve ses petits; et c'est a recommencer tout
le long de Tannee, sans autre intermittence que
laperiode de solstice d'biver a Tequinoxe du prin-
temps. Ellesne font que deux petits a la fois,
qui , a peine arrives a leur croissanee et ;\ leur
force, fecondeut la mere dout ils sont sortis. Les
personncs qui engraissent les petits pour les
vendre plus cher les renferment a part, ils ont
deja leurs plumes; puis les gorgent avec du pain
blane m^cbe, qu"elles ieur donnent deux fois par
jour en biver, et trois fois en ete; le matin , a
midi, et le soir; la ration de midiest retranchee
Thiver. On laisse dans le uid ceux qui eommen-
cent seulement as'emplumer, apres leur avoir
casse les pattes, et on donne a maiigeraux meres
en consequence. Les eleves qu'ou fait par ce pro-
ced6 engraissent plus promptemeat et sont tou-
jours plus blancs que les autres. Une paire de
pigeons d'une belle couleur, d'une bonne race, et
qui n'a point de dcfaut , se vend ordinairemcnt a
Rome dcux cents nummi, et quelquefois mille,
si elle est d'une beaute remarquable. Le cheva-
Jier romain L. Axius avait meme refuse cette
somme pour une seule paire de pigeons , qu'il ne
voulaitpas donuera moinsdequatrecentsdeniers.
Si je pouvais me procurer, s'ecria alors notre
Axius , un colombicr corame je le desire , j'irais
vite acheter des boulins de terre cuite, etjc les
enverrais a ma villa. Comment, dit Pica, est-ce
que nombre de personnes n'ont pas des boulins
columbis fwcundius. Itaque (lielins quadragenis conclpit,
ct parit, et incubat, et educat. Et lioc fere totum annum
lacinnt : tanlumniodo iutorvallum faciunf a bruma ad
icquinocUum vernum. Pnlli nascuntur bini, qui simulac
creverunt et liabent robur, cum malribus pariunl. Qui
.solent saginarc pullus colunibinos, quo pluris vendant,
secludunt eos , CLim jam pluuia siint tocti. Deinde mandu-
cato candido farciunt pane : hicme boc bis , ^state ter,
mane, meridie, vesperi. Hieme demiint cibum meiliiiiu.
Qui jam pinnas incipiunt babere, rcHuquimt in nido illisis
crurlbus, et matribiis iiberius ut cibo uti possint obji-
ciunt; co enim totum dieni se, et pullos pascunt. Qiii ita
educantur, celerius iiiugiiiores fiunt quam alii , et candi-
diorcs. Parentes eoruin Rouiai, si sunt forniosi, bono co-
lore, inlegri, boni seminis, paria singula viilgo veneunt
duceuis numis, nec non eximia smgulis millibus nuinum ,
quas niiper cum mercalor tanti emere vellcta L. Axio
equile Rom. minoris quadringcntis denariis daturum ne-
gavitiAxius: Si possememere, inquit, -spnTTcpsiova fac-
liim, quemadmodum in a'dibus euin babere vellem , licli-
lia columbaria jam iissem emtum, etmisisseni ad villain.
Qnasi veio, iiii|uit Pica, non in nibe qiioque sinl miilti,
columbaria qiii iu legulis babcnl. An libi noii vidcntur
sur le toit meme de leur maison? Avec cet appa-
reil, dont lavaleur va jusqu'a cent mille sesterces,
peut-on dire qu'ils n'out pas de colorabiers? Je
vous conseille moi , de vousen douner un a Rorae
en cmployant lc meme raoyen et d'attendre que
vous ayez appris a en tirer un as et demi par
jour, avant de vous lancer dans des constructions
plus dispendleuses a la catnpagne.
Vin. Continuez, dit alors Axius a Merula ; et
Merula reprit en ces termes : Dememo que pour
les pigeons, on doit pour les tourtcrelles dis-
poser un local proportionne a la quantite qu'on
en veut avoir. II y faut, comme dans les colom-
biers,eau pure, porte, fenetres, et des murs
bien crepis; raais au lieu de boulinson attachera
aux murailles des batons ou juchoirs reguliere-
ment etages , et couverts de petites nattes de
chauvre. II faut que le rang d'en bas soit eleve
de trois pieds au moins au-dessus du sol ; qu'il
y ait un intervalle de neuf pouces entre tous les
autres, et que le plus eleve soit a un demi-pied
de distancede la voute. Les batons d jucherdoi-
ventavoir memelongueur apartirdela muraille.
Les tourterelles u'cn doivent sortir ni jour ni
nuit. Ou leur donne pouruourriture du fronient
sec, daus la proportion d'un demi-modius
pour cent vingt tourterelles. La place doit etre
balayee tous les jours, pour que la ficnte qui
s'y amasse n'iucommode point les oiseaux. Elle
a d'aillcurs son emploi en agriculture. L'epoqiic
de la moisson convient plus que toute autre pour
engraisser les tourterelles. En aucun temps de
rannee lcs meres nesonten si bon etat, nefont
autant de petits , propres a engraisser a leur tour.
Cest donc ce moment que la speculallon doit
surtout saisir.
IX. Je voudrais bien , dit alors ,\xius , savoir
liabere jTLptcrTEfewva;, cum aliquot supra centum millium
sextertium babeant instrumeutum? e qneis alicujus toluiu
emas censeo, et anle quam Eedilicas rure magnum, con-
discas bis in urbe quotidie lucrum assera semissem condere
in loculos.
VIII. Tum Merula : Perge deinceps. Ulf. : Turturibiis
iteni, iuquit, locum constituendum proinde magniim, ac
miiKiliiilinem alere velis; eumque item, nt de coliinibis
(lictiiiii rs! , iit babeat ostium ac fcneslras et aquam pii-
laiii, ac paiiries, ac camaras muuitas lectorio. Sed pro
colunibaiiis iu pariete mutnlos, aut palos in ordinem, sii-
pra quos tegeticula; cannabina; sint imposifae. Infinium
ordinem oportet abesse a terra non miuus tres pedes , in-
ler reliqnos dodrantes, a summo ad camaram ad seinipc-
dem, .Tipie lalum.ac mululus a pariete extare potesl, in
quibus riies noclesque pascuulur. Cibatui quod sit,obii-
ciunt triticum siccum in centenos viccnos turtuies fere
semodium , quotidie everrentes eonim st.ibula , a stcrcoi c
ne orfciidanliir, (piod item servatur ad agrum colendmn.
Ad sa;;iiiaiiiliini appositissimum fempus circiter me.ssen).
Elciiiui iiKilies eorum lunc optimae sunt; tunc piilli plii-
rinii gii;uiintiir, ipii ad fartHiam nicliores. Itaquu corum
fructus id temporis maxime cunsislil
BE L'AGR1CULTURE, LIV. IIF.
corameut on eiigraisse les poules et les pigeons
laniieis. Si Menila voulait bien encore nous Tap-
pieudie , nous completerions alors ce qui reste
a dire des autres auimaux. Merula reprit en ces
termes : U y atrois especes dc poules ; les poules
de basses-cours, les poules sauvages, etles pou-
les dVVtriipie. Les poules de basse-cour se voieut
partoute iacampagne etdans les fermes. Les per-
sonnes qui se proposent detablir uu pouiailler
(opviGogoCTXEioi;) , et qui veulent, comrae les habi-
tants de Dclos, en tirer tout le parti possible,
ont cinq chosesprincipalesaconsiderer : 1° L'a-
chat. De quel nombre de poules faut-il former son
poulailler, et dans quelles conditions individuel-
les? 2° La multiplication de Tespece ; qiiels soius
exigent raccouplement et la ponte? 3" Les oeufs;
comment on fait couvcr ct cclore? 4° Les pous-
sins ; de quelle facon ; et par qui doit-on les fairc
elever? 5° Et cette question u'est qu'un appen-
dicedes quatre autres : comraents'engraissecettc
volaille? Poule est le noin generique de la fe-
melle; coq, celui du male; on appelle chapons
eeu\ que lacastrationa privcsd'unepaitiedeleur
niasculiuitc. On chiitre les coqs, pour cn faire
des chapons, en leur brlilant avec un fer rouge
les ergots a rextremite des pattes, jusqu"a ce
que la peau .s'en dctaehe; puis on enduit la plaie
avec de la terre a potier. Celui qui se propose de
former uii poulailler-raodele doit le peupler des
trois especes, raais surtoutde la poule oidinnire.
Dans Taehat de cette derniere espeee ii faut re-
chercher les plus feeondes. On les reconnait au
plumage roux, aux ailes noires, aux ergots de
grandeurs inegales, a la grosse tete, a la erete
large et elevee. Choisissez des coqs lascifs. Lcs
iudices de cette qualite sont des formes mem-
IX. Axius: Ego quae reqiiiro farsuije (assurae) membra
dc palunibis, et gallinis dic sodes Merula : tum de reli-
<|uis, si quid idoneum fueiit,racemari iicebit. Igilur sunt
gallina; qu.i! vocantur, generum tiluii), villaticK, etrusti-
CiP, et africanse. Gallina; villaticiie sunt, quas dcinceps
riire liabent in villis. Ue his qui ofjv.OoSotjy.iilov institueie
votunt, iidemadliibitascientiaaccura, utcapiant magnos
Huctus (ut niaxime lactilaveiunt Dciiaci) liaic qiiiiique
maxime animadvertantoportet : deenitione, cujiisniodi,
ct quam nuiltas paient,de fuptura, qnemadinodum ad-
mittant et paiiant; de ovis, queinadmudum incubenl et
excudant ; de pullis, quemadmodum et a qiiibus cdiiccn-
tur. Hisce appendix adjicitur pars qiiinta, queniadmodiim
saginentur. li queis tiibus generibus pioprio niimine vo.
cautur lirmiihx quu! siiiil villaticoe , gallina! ; niares gulli ;
capi seminiares , quod suiit caslrati. Galios casliant, nt
sint capi, candenti fcrro inurentes calcaria ad iiiiiina
crura, usquc dum rumpantur. At quod extal ulcus, obli-
nuut figliiia creta. Qui spectat ut opviOooorTxilov perfectiim
babeat, sint licet geneia tria paranda, maxime villalicas
galliiias. E queis in parandoeligat oporlet foecundas; plc-
runiqne riibicunda pluma, uigiis piniiis, impaiibiis digi-
lis, inagnis capitibus, crista ei'ccla,-amplas. Hac enim ad
,i.utiones sunt aptiorcs. Gallos salaccs; qiii aniinadver-
brues, la crfite d'un rouge cclatant, le beccourt,
fort et aigu, rosil fauve ou noir, le jabot d'un
nnige tirant sur le blanc, lc cou bigarre, ou uuan-
cc d'or, les cuisses vclues, lcs pattes courtes,
les ergotsallonges, la quetie dcvcloppee, etbieu
fournie. Remarquez encore si vos coqs se redres-
sent avec fierte; s'ils chanteut frequemmcnt;
s'ils se montrcnt acharncs au combat; si , loin
de craindre pour eux-memes , ils sont disposes
a proteger leurs poules. II y a cependant une ex-
ceptiou a faire pour ies coqs de Medie, de Tana-
gra et de Chalcis, qui, tout beaux et tout belli-
queux qu'ilssont, n'oiitqu'unemediocreaptitude
a la propagation. Pour deux ccnts poules, il faut
un lieu clos, dans lequel on dispose deux caiw-
nes rune a cote de Tautie, toutes deux au soleil
levant. Chacunc aura dix pieds de longueur, cinq
picds de largeur, et a peu presautanten hautcur.
Lcs fenetres auroiit trois pieds de large sur qua-
tre de haut, et seront tissuesa claires voies, de fa-
con a laisser entrer beaucoup de jour, saus livrer
passage a aucune bete nuisible. On menagera de
plus entre ces cabanes un passage pour le gar-
dien du poulailler. Dans chaque cabane setrou-
veront des perehes eii nombre suflisant pour
servir de juchoir a toutes les poules. Vis-a-vis
de chaque perche on ereusera dans le mur des
trous qui servirout de nids; on menagera ea
outie une espece de cour fermee, oii les poules
puissent rester pendant le jour et s'ebattrc dans
la poussiere, et oii se trouvera aussi unegrande
cellule servant d'habitation au gardien. Tout le
tour du poulailler scra garni de nids, creusesou
attachcs forteraent aux murs ; car le moindre
dcrangement pendant rincubatiou peut nuire
aux oeufs. Quand les poules corameucent a pou-
tuntur, .si siint lacerlosi, rubenticrista, rostro brevi, pleno,
aciito, ociilis ravis, aiit nigris, palea rubra subalbicanti ,
collo vario , aul auienlo , feminibus pilosis , crmibus bre-
vibus, ungiiibiis longis, caudis m.ignis, frequentibus
pinuis. Item qui elali suiit, ac vociferanl .s;ppe, in certa-
miiie pertiiiaces, et qui animalia, qiiae nocent gallinis,
non modo iion pertiniescant, sed etiam pio gallinis propu.
gnent. Nec tameii sequendiim in seininio legendo Tan<igri-
cos, ac iMedicos, ct Clialcidicos, qui siiie dubio siint pul-
clii i , et ad piicliandun) iiiter se maxinie idonei , sed ad
partus siiiit .slcriliores. Si ducentas alere velis, Iqcus sep-
tus aUribiicndus, in quo (10.1! cavca; conjunctac magnae
constitiieiida;, quM spcclcnt ad rxorientein versus, utrae-
qiic in longitiidjiicm ciicilcr dccciii pcduni, latitudine
dimidiominores, in alliluilinc paullo humiliores. Utrisque
fenestrae lalitiidiue Iripedali , uiio pede altiores e viiiiinibiis
factae raris, itaut luinen prudieant multum, neque pi^
eas quidquara ire intro possit, quae nocere solent gallinis.
Inter duas ostium sit, qua gallinarius curator earum ire
possit. In caveis crebriB pcrticai trajectae sint , ul oinncs
sustincre possint gallinas. Contra singulas pcrticas in pa-
riete (exsculpta) sint cubilia earum. Ante sit (ut dixi) ve-
slibiiium septum, in qiio diiirno teinpoce esse possinl,
alquc in piilvcie volulari. I'ia'tcica sit cella grandis, in
VARRON.
dre , il faut rtendre dans leurs nids de la paille ,
qu'oii enieve lorfqu'elles eommencent a couver,
pour en remettre de nouvelle; car la vieille
pailie engendre des puces , et d'autres vermines
qui tourmentent et inquietent les poules ; ce qui
fait que les oeufs sont couves inegalement, ou
ineme se g^tent. On pretend qu"il ne faut pas
donner a une poule plus de vingt-cinq oeufs a
couver, lors meme qu'elle est assez feconde pour
en pondre davantage. L'epoque la plus favora-
ble a rincubation est depnis l'equinoxe du prin-
temps jusqu'a celui d"automne. On ne fera donc
point couver les oeufs pondus avant ou apres
cette epoque, non plus que ceu.x qui proviennent
de poules pondant pour la premiere fois. En
general on choisira pour eouver de vieilles pou-
les plutot que des jeunes, et, de preference,
celles qui n'ont ui le bec ni les ongles pointus ;
les autres sont plus propres a pondre qu'a cou-
ver. L'age le plus convenable est celui d'un an
ou deux. Si Ton faitcouver a une poule, descEufs
depnon, il faut laisser passer dix jours avant
d'ajouter des oeufs de poule afm que tous puis-
sent eclore en meme temps; car on a des poulets
au bout de vingt jours , tandis qu'il en faut trente
pour obtcnir des paonneaux. On tient les poules
qui couvent renfermecs nuit etjour; ce n'estque
le soir et le matin qu'on les laisse sortir un ins-
tant, pour leur donner leur nourriture. Le gar-
dien doit de temps a autre visiter les nids et re-
tourner les ceufs, pour que la chaleur puisseles
penetrer de toutes parts. Pour s'assurer si un oeuf
est plein ou vide, on le plonge dans rcau. S'il
est vide, il surnage ; s'il est plein, il va a fond.
Ceux qui secouent les oeufs dans ce but ont tort ;
car ils risquent de brouiller le germe, qui est ie
qua curalor liabilet, ila ut in parielibus ciicuni onini
posila sinl cubilia gallinarum, ant exsculpta, aut allicta
firmiter. Molus enim cum incubant nocet. In cubililius,
cum parturienl, acus substernendnni. Cum pepererunt,
tollere substiamen, et recens aliiid subjicere, quod piili-
ces et caetera nasci solent, quae gallinam conqiiiesceie non
patiuntur ; ob quam rem ova aul injiequahiliter maliire-
scunt, aut consenescunt. Qna;velis incubet, negantpliis
XXV oportere ova incubare , quamvis propter foecundila-
tem pepererit plura. Oplimuni esse parlum a-quinoclin
verno, ad anlumnale. Ilaqiie qua,' anle ant post nata sunt,
et etiam prima eo lenipore, non siipponenda : et ea qu»
subjicias potius velulis, quam pull;i.--lris, el qii;e loslra
aut ungues nou lial)eantacutos,qu.T (iilicnl poliiis in con-
cipiendooccupalai esse, quam inciibaiido. Appo^ilissima!
ad partum sunt annicul.-c, aut bima'. Si ovagallinis pa-
vonina subjicies, cum jam deceiii dies pavonina fovere
eoepit, tum deniqne gallinaceasubjiceie, iit unacxcudant.
Gallinaceis eiiim pullis bis deni dies opns sunt , pavoninis
ter deni. Eas includere oportet, nt diem et noctein iiicu-
bent, prttter quam maiie et vespeie, dum cibus ac polio
eis datnr. Curator oporiet circumeat diebus interpositis
aliquol, ac vertat ova, uti aequabijiter concaleliant. Ova
plena sint, alqne utilia, necne.' aniinadverli aiunt posse,
principe de vie. On dit encore qu'un sijisie ccr-
tain qu'un ccuf est videest sa transparence lors-
qu'on Tinterpose a la lumiere. Pourconserver les
oeufs, on les frotte avec du scl egruge, oii bien
on les trempe dans la saumure peiidant trois ou
quati'e heures; puis on les niet, apres les avoir
bien essuyes , dans du son ou de la paille. Les
oeufs ne doivent etre couves qu'en nombre im-
pair. Le gardien du poulailler peut, dcs le qua-
trieme jour de rincubation , connaitre les oeufs
qui ont ete fecondesou non : il suflitde les tenir
devant !e jour. II jette alors eeux qui ne mon-
trent aucun changement, pour en mettre d'au-
tres a leur place.
11 faut tirer de chaque nid les poulets a me-
sure qu'ils naissent, et les donner a elever a une
mire qui n'en aura pas beaucoup. S'il reste
moins d'a,'ufsque de poussins eclos, il faudra re-
tirer les premiers pour lcs donner a d'autres
poules qui n'en oiit pas encore d'eclos, en obser-
vant toutefois de ne jamais laisser a une poule
plus de trente poussins a conduire. Dans les 15
premiers jours on donne aux poulets tous les
jours de la farine d'orge bien detrempee dans
Teau et melee avcc de la graine de cresson. De
cettemaniere on n'aurapas acraindre queTorge
ne se gonfle dans Testomac des poulets. On
placera cette nourriture sur de la poussiere, et
non sur la terre seehe et dure , qui blesserait leur
bec delicat. Ne leur donnez point d'eau dans les
premiers jours. Quand la queue commence a
leur pousser, il faut enlever souventde la tete et
ducou la vermine qui lesfcrait deperir. On bru-
lera autour du poulailler de la corne de eerf,
pour en ecarter les serpents, dout Todeur seule
suffit pour faire perir les poulets. II faut les
si liemiseris in aquani. Quod inane, nalat; plenum, desi-
dit. Qui, ut boc inlelliganl, concutiant, errare, qiiod in
eis vitales venas confiindant. In iisdeni ainnt, cum ad
lumen sustuleris, quod perlnceat , id esse ob inane. Qui
bfec volunt diutius servare, perfricant sale niinulo, aut
muria, tres aut qualuor lioras; eaqne abliila condunt in
furfures, aiitacns. In snpponendo ova observant, ut sint
nuniero imparia. Ova, qua; incubantur, babeantne semen
pulli, curator quatriduo, postquam incubari coepil, in-
telligere polest, si contra lunien tenuit, et purum nniiis-
niodiesse animadvertit, pnlant ejiciendum, el aliud suh-
jiciendum. Excusos pullos siibducendum ex singulis ni-
dis, et subiiciendnni ei, qu;e haheat paucos. Ab eaque,
si reliqiiasinl ova pauciora , tollenda, et suhjicienda aliis,
quae nondum excuderunl, et iiiinus hahent xxx pullos.
Hoc enim gregem majorem non fasienduni. Objicieiidum
pullis diebiis xv piimis niane sulijecto pulvere (ne rostris
noceat lerradura) polentani mixlam cum naslurtil scinine,
et aqiia aliquanto ante facla inlrila , ne tum deniqiie in
eoruiii corpore tnrgescat. Aqua probibendum. Quando de
clunihus cceperinl habere pinnas, e capite et e collo eo-
riiin crebro eligendi pedes. Saepe enini propter eos conse-
nescunt. Circum caveas eorum incendendiim cornum cer-
viuum , ne quae serpeus acc^dat : qiiarum hesliarum ex
DE L'AGRICULTURE , LIV. IIL
coiiduire souvcnt au solcil ct sur des tas de fu-
mier, ou iis puissent s'ebattre a leur aise , ils en
sont nieilleurs. On fera bien raeme d'y mener
tout le poulailler en ete, et tant que la tempera-
ture est douce et que le soleil donne. On aura
la precaution d'etendre au-dessus du clos un
filet,(iui les empeche de s'envo!er, et les pre-
serve en meme temps desoiseaux de proie. Epar-
gnez-ieur rexces du chaud aussi bien que Tex-
ees du froid : {'un est aussi nuisible que Tautre.
Quand les poulets commenceront a avoir des
plumes, ilfnutles habituer a ne suivre qu'une
poule ou deux, afin que les autres ne soient oc-
cupees qu'a pondre. L'incubation ne doit com-
mencer qu'apres le renouvellement de la lune.
Lesoeufsqu'onfait couver plus tot ne reussissent
presque jamais. II ne leur faut que \ingt jours
environ pour eelore. J"ai parle trop longuement
peut-etre des poules ordinaires : pour compen-
sation je ne dirai qu'un mot des autres espe-
ces. Les poules sauvagessont fort rares a Rome,
et l'on n'en voit guere d'npprivoisees, si ce n'est
en cage; elles resserablent d"aspect, non de plu-
mage , aux poules d'AfrJqiie, plutot qu'n eelles
de ferme , quand on n'a rlen fait pour les de-
guiser. On les deposc souvent en parade dans les
pompes publiques, avec des perroqiiets, des
merles blancs, et comme objets rareset curieux.
Elles ne pondent et couvent volontiers que dans
les bois, et ne produisent guere a l'etat domes-
tique. Ce sont elles qui ont fait appeler Gallina-
ria Tile que Ton voit dans la raer de Toscane,
pres d'Italie, vis-a-vis d'Intemelium , d'Albium
ingaunum, et des montagnes deLigurie.Suivant
d'aufres, ce nom vicnt des poules ordinaires,
transportees la originairemeiit par des matelots.
et dont la raee s'y est perpdtuee ix Fetat sauvage.
Les poules d^Afrique sontgrandes, bigarrees, et
ont le dos en saillie. Les Grecs les appellent iiie-
lecif/rides. Ce sont les dernieres que Tart euli-
naire a imagine d'offrir aux pilais blases de no-
tre epoque : leur rarete les fait pnyer tres-cher.
Les poules ordinaires sont celles qu'on engraisse
le plus souvent. On les enferme a cet effet dans
un lieu chauffe doucement, ou elles aient peu
d'espace et dejour. Le mouvement et la luraiere
nuiseut a leur embonpoint. On les ehoisit a la
tnille, enexceptanttoutefois cellesqu'onappel!e a
tort melires, puisque leur veritable nom est iMe-
lica;; de meme que nos ancetres disaient Thelis
au lieu de Thctis , le nom domestique doiine
originairement aux poulesqu'on faisait venir de
Medie a cause de leurgrandeur, est reste desor-
niais a cette race, qui s'est perpetuee dans notre
pays, et aconserve avec son type une grande res-
semblance. Pour les engraisser, on leur arraehe
les plumes des ailes et de la queue , et on leur
donne en abondancedes boulettes faites avec de
la forine d'orge, a Inquelle on peut ajouteraussi
de la fnrine d'ivraie, ou de la graine de lin pc-
trie dans de Tenu tiede. On leur donne a man-
ger deux fois par joiir; mais il faut s'assurer
avant le second repas si le premier est digere.
Apres , quand elles ont mange, on leur pnrge la
tete de verraine , et on les renferme de nouveau ;
ce regime se continue pendant vingt-cinq jours,
et au bout de ce temps les poules sont en-
graissees. Quelques-uns, dans le meme but,
leur donnent du pain de froment emiette dans
de Teau , et y melent du vin genereux et qui ait
du bouquet. On prelend par ce moyen rendre
les poules grasses et tendres en vingt jours.
odore solenl interire. Prodigendl in solem et in sterquili-
niuii), ut se volulare possint, quod ita alibiliores fiunl.
Neque pullos tanluni , sed omne ofviOoSotjxsTov, cum festale,
tuni utique cum tempestas est niollis..^.... atque in apri-
cuni, intento supra rcte, quod prohibeat eas extia scpla
evolare , el in eas involare extrinsecus accipitrem , aut quid
aliud ; evitare item caldoiem et frigus , quod utrumqiie
bis adversum. Cnm jam pinnas babebunt, consuefacien-
dum , ut uiiam aut duas sectentur gallinas , cetera; ut po-
tius ad paiieudum siiit expedilae, quam in nutricatu oc-
ciipata". Incubare oportet incipere secundum novam
lunam, quod fere qu3e anle , pleraque non succedunt.
Diebus fere xx excudunt. T)e, quibiis villalicis, quouiani
vel nimium dictuin, brevitate reli(pia compensabo. Gal-
lina; ruslicje sunt in ui be rata" , iiec fere mansiiet.e sine
cavea videntur Romac, siinilcs facie non liis villalicis gal-
linis nostris, sed Africanis, aspeclu ac facie incontami-
nata. In ornatibus piiblicis solent poni cum psiltacis ac
merulis albis, item abis id genus rebus inusitatis. Neqiie
fere in villis ova ac pullos faciunt, sed in silvis. .\b liis
gallinis dicilur insula Gallinaria appellata , qna; est in inari
Tliuscfl secunduni Italiam conlra montes Ligusticos,
Intemelium , Albium Ingauuum. .\Iii ab bis villaticis in-
vectis a nautis ibi fcris factis procreatis. Gallinaj Africauce
sunt grandes, variaj, gibbera;, quas [isXeaYptSa: appellant
Cr.Tci. Ilae iiovi3sim<ie in tiieliniuniganeaiium introierunt
eculina, propter lastidinm bomiuum. Veneunt propter
pcniiriam niagno. De trijjus generibus gallin;e saginantur
maxiine villatira'. Eas includunt in locum tepiduin et an-
gustum et tenebricosuin , quod motus earuni et liix pin-
guitudini iniinica, ad lianc rem electis inaximis gallinis,
nec continuo bis, quas Melicas appellant falso, qiiod anli-
qiii iit Tbetin Thelini dicebant, sic Medicam Melicam vo-
cabaiit. II.Te priino dicebantiir, quia ex Media propter
inagniludiiienierantallaliie.qiiaeque exiisgeneialae postea
propter siinililudincm ampl.Te omnes. Ex iis cvulsisex alis
pinnis et e caiida farciunt turundis oideaceis; partiin ad-
mixtis cx farina loli.icea, aut seinine lini ex aqua dulci.
Bis die cibum daiit , observantes ex quibusrlam siguis , ut
prior .sit concoctus, quam sec.undum dciit. Dato cibo,
ipiiiin perpiirgarunt capiit, ne quos babeaiit pedes, rursiis
eas concliidunt. Hoc faciiiiit usqiie ad dies xxv. Tunc
denique pinguos fiunt. Quidam et tiiticco pane intrito ii)
aqiiam mixto vino boiio et odorato faiciunl, ita ut diebiis
,vx pingues reddant ac teneras. .Si in farciendo nimio cibo
fastidinnt, remittendum in dalione pro portione, sicut
VARRON.
Si ron s"apercoit que l'exces de nom-citure !es
rebute, ii fauten diminuer laquantite de jour en
jour jusqu'au dixieme , suivant ia progression
que l'on a observee en l'augmentant, de sorte
que la ration soit egale le vingtieme jour et le
premier. Les 'pigeons ramiers s'engraissent de
la meme maniere que les poules.
X. Passcz a preseut, dit Axius , a ces hotes de
villa, que vous autres Philhelleues appelez am-
phibies (aa.pi6ta), espeees auxquelles la terre ne
suffit pas , et dont rentretien exige encore de ces
bassins pleinsd'eau (;<;-/ivoSo(;x£iov), ainsi nommcs
quand vous y eievez speciaiemcnt des oies.
Scipion Metellus et M. Seius out quantite d'cle-
ves de cette derniere espece. Merula reprit :
Quand Seius a forme ses troupeaux d'oies ,
il a porte ses soins sur les ciuq points priiici-
paux dont j'ai parle eu traitant des poules : at-
tention a bienchoisir, multiplieation de Tespece,
poute, naissance des petits, et engraissement.
L'esclave qui les aclietait avait ordre de n'en
prendre que de grande taiile et de plumageblanc ;
car leur progeniture est presque toujours a leur
ressemblance. Cest qu'il y a une autre espece
qu'on appelle oiessauvages, au plumage bigarre ,
qui n'aime polnt a se joindre aux oies domesti-
ques et s"apprivoise difficilement. L'epoque la
plus favorable a l'accouplement est celie du sols-
tice d'hiver. Les oics pourront alors pondre et
eouver depuis les eaiendes de mars jusqu'au
solstice. Ges oiseaux s'accoup!ent ordinairemeut
dans l'eau ;et, Tacte consomme, iis piongent dnns
Jariviereou le bassin. lls ne fout pas plus de
trois poutes par an. On disposera pour chaque oie
une cabane de deux pieds et demi de tour, oii la
femelle puisse deposer ses oeufs; et on y eten-
dra de la paille pour litiere. On marque les
oeufs de maniere a les reconnattre, ear une oie
ne fait eclore que les siens. On lui en donne
ordinairement neuf ou ouze a couver; jaraais
plus de quinze, ni moins de sept. Elle couve
trente jours si la tempcrature cst froide , et vingt-
cinq quand la temps est doux. Lorsque les oi-
sons sont eclos, on les laisse les ciuq premiers
jours avec leur mere. II faut ensuite, si le temps
est beau, !es conduire tous lesjours a la prairie,
au maraisou aux bassins. Ou leur dispose des eel-
lules au-dessous ou au-dessus du sol, lesquelles
n'en doivent pas contenir plus de vingt. 11 faut
en exclure soigneusement toute humidite, et ta-
pisser !e so! de paille ou de quelque chose d'a-
nalogue. On doit egalement veiller avec soin a
ce qu'aucun animal nuisible, tel que la belette,
ne puisse y penetrer. On fera paitre lcs oies dans
dcs lieuxhumides oii Ton semeexpresdesherbes
a graines, celle notamment qu'on appelle .<em,
qui reverdit par !e seulcontact de Teau, quelque
dessechee qu'elle puisse etre. II ne fautpas leur
laisser paitre cette herbe a la tige; on Tarrache
pour la leur offrir. Sans cette precaution, i! est a
craindre qu'ils ne delruiscnt le plant sous leurs
pieds, ou qu'ils ne creveut a force d'en manger.
En effet,cesoiseauxsout tellement gloutons, que
si Ton ne modere pas leur avidite , ils font des
efforts a se tordre le cou pour deraciner quelque
plante. Cette partie, ainsi que la tete, cst chez
eux le cote faible. A defaut de cette herbe, on
leur donnera de lorge ou toute autre espece de
grains. On peut aussi, suivant la saison, les
nourrir de toute espece de fourrage, avec les
memes precautious que j'ai indiquees pour la
seris. Lorsqu'!ls couvent, on met devant eux de
Torge broyee dans de reau.Quant a leurs petits,
on les nourrira les deux premiers jours avcc de
(lecem primis processit , in postcrioi ilms ut (iirainuanl ca-
dem ratione , ut vigesimus dies et priuius sil par. Eodem
modo palumbes farciunt , ac redduiit pingues.
X. Transi , inquit Axius , nunc iu illuil gcnHS, quod vos
pliilogriiH;! vocatis ajicpipiov, quod non est ulla villa ac
terra conlentum , sed rcquirit piscinas , in quibns ubi
anseres aluntur, nomine xovolJocxeiov appellatis. Horum
greges Scipio Metellus , et iVI. Sejus haheut magnos ali-
quot. Merula : Sejus, inqiiit, ita gicges comparavit an-
senim,ut liosquinquegradus observaiet, quos in gallinis
dixi. Hi sunt de genere, de fuetura, de ovis, de pullis,
de sagina. Primumjubebat servum in legendo observare,
ut essent ampli et albi : quod plerumque pullos similes
sui faciunt. Est enira alteium genus vaiium, quodlerum
vocatur, nec cum iis libenler congregatur nec ;eque (it
mansuetum. Anseribus ad admitiendum tempus est ap-
lissimum a bi uma -. ad pariendum et incubandiim a lial.
Martii usque ad solslitium. Saliunt fere in aqua , dcin
merguntur in numine aut piscina. Singute non pliis qiiam
ter in anno pariunt. Singulis ubi [laiiant , faciundiim lia-
ras qiiadiatascircum binospedes, et semipedem eassiib-
steruendum palea. Notanduin earum ova ahquo sigiio,
quod aliena non excudunt. Ad iiicubandum siipponunt
plerumque ix aut xi ; qui lioc niinus , vii : qiii lioc plus ,
XV. Incubat tempestatibus dies xxx, lepidioribus xxv.
Cuni excudit , qiiinque diebus priniis paliuntur esse cum
nialre. Deinde quotidie screnuiii cnm est , producuntin
piata, iteni pisciiuis, aut paludss : iisque faciunt liaras su-
pia tcrram aut siibtus , in quas nou inducant plus vicenos
pullos. Easqiie cellas provident , iie babeant in solo bumo-
rein, etut molle babeant substramen e palea, aliave qiia
re,neve qua eo accedere possint mustelae, aliEcve bestia",
qiia; noceant. Anseies pascunt in liumidis locis, ubi pa-
hiiliim scrunt , quod aliquem fi uctum ferat seruntque liis
lierham, quae vocatiir seiis, quod ea aqua tacta etiam
ciim est arida , fit viridis. Folia ejiis deceipentes dant , ne
si eo inegerint uhi nascitur, aut ohteiendo perdant,
aut ipsi ciuditale pereant. Voraces enini siinl natura. Quo
temperandum iis, qui propter cupiditalem sacpe iu pas-
ccnilo, si radicein prenderunt, quam educere velint e
terra, abruinpunt collum. Perimhecillum ;enim id,ut
caput inolle. Si liaic berba non est, danduni ordciiin,
aut frumentum aliud. Cuin esl tenipus farraginis, dan-
duin ut in seri dixi. Ciim iiicubant, ordeuni iis iutiiliiiii
1)E L'AGUICULTUaE, LiV,
!H.
ia p5te ou dt! rort;e eii nature ; puis, les trois jours
suivnnts, 011 ieur doiincra dans un vase du eresson
sortant de i'eau, et hache tres-lui. Lorsqtiils
sont en i"ige d'etre renfermes dans les cabanes
dont j'ai parle plus haut, leur nourriturc sera
de la pate de farine d^orpe , du fourrage, oii toute
espece d'herl)e tendre hachee menu. Les oisons
qu'on veut enjiraisser doivent nvoir de quatre a
six mois. II faut alors les enfermer a part, et lcs
iiourrir avec de la pate de lleur de farine de-
trempee, donton leur donneratantqvnls voudroiit
trois fois par jour. Apres chaque rcpas on les
fera boire copieusement; en suivant ce regime
pendaut deux mois, ils seront engraisses sulTisam-
raent. A chaque repas il faut nettoyer les lieux oii
ils prennent leur nourriture; car ils se plaisent
dans laproprete, mais ils ne quittent jamaisune
place sans Tavoir salie.
XL Vcut-on elever des troupeaux de ca-
nards, et former ce qa'ou appelle un vr-.cidOTp-jcpEiov
( lif u oii l'on uourrit des canards) , il faut avant
tout choisir, si l"on peut, un terrain de mareeage ;
c"est celui qui leur convient le mieux. A defaut
de cela , ayez un cmplacemcnt ou se trouve un
lac naturel, uuetang ou un bassiu fait de main
dhomme, avec des dcgres par lesquels les ca-
nai'ds puissent descendre. Le clos qui leur
sert d"habitation doit etre entoure d"un mur de
quinze pieds de hauteur, comrae celui que vous
avez vu dans la ferme de Seius, et n'avoir
qu'une seule porte. Le long du mur regnera
une suite dc petites loges couvertcs de toits,
construites uniformement et d"une largeur con-
venable. Chacune aura un vcstibule pave dc
briques danstouteson etendue. Leclos lui-meme
sera traverse dans toute sa longucur d'un canal
toujours plein. Cest la qu"on depose ce qu'ils
mangent, c'est laqu'ils trouventdc quoi boire.
Les canards sc noun-issent aiiisi. Lesraurs seroiit
recoiiverts d"un enduit hieu poli , pour empecluT
les chats et autresanimaux nuisibies de s'y in-
f roduire. On etendra cn outre sur le clos un (i-
leta larges mailles, dans le double but d'empe-
clicr Taigle dc fondre sur ks canards et Ics
canardsde s"envolerau dehors. Leur nourriture
se compose de ble, orge, marc du raisin, ct
quelquefois aussi d"ecrevisses et autres petils aui-
maux aquatiques de cette espece. II faut une
large prise d"cau pour que les bassins soient ali-
mentcs constamment et rcnouveles sans cesse.
Quelques especcs sont encore elevees comme les
canards: cesont les sarcelles et \es phalerides. II
en estde meme des perdrix, qui, au rapport
d'Archelaus, concoivcnt, rien que d"eutendre le
raale. On n'eleve pas ces dernieres especes
comme les autres, cn raisou de leur fecondite et
de la delicatesse de leur chair; raais on les en-
graisse, si Toa veut, par les memes moyens.
Voila,je crois, le premier acte de la basse-cour
termine. Je n"ai plus rien a dire.
XII. Cependant Appius etait de retour; et
aprcs lcs questions reciproques sur ce qui s"etait
dit et fait de part et d'.iutre, Nous en sommi's
donc, dit-il, au sccond acte, c'est-a-dire a ces
parcs annexes de nos villas, qu'on appelle eiicorc
leporaria, d'apres leur ancienne destination
speciale. Aujourd"hui il nes'agit plus d'uu arpent
ou deux, oii roii rcuuit quclques lievres; mais de
vastes espaces, de forets entieres, oii Ton rcn-
ferme par haudes lescerfset les chevreuils. On
dit que Q. Fulvius Lupinus a dans les environs
de Tarquinla uii encios de quarante arpents, oii,
in aciiia apponendiim. Pullis priinum bidiio polenla, aut
ordeum apponiliir, trilnis proximis nastiiitium viijde
couseclum minulatim ex aqiia in vas aliquod. Cnm au-
lem sunt iiiclusi in liaias, aut speluncas , ut dixi, victui
objiciunt liis polentani oideaceam , aut farraginein , lier-
bamvetenerain aliipiam concisam. Ad saginandum eljgunt
pullos quatuor sexvc niensesqui suntnali. lios iiicludimt
in saginario iliiquc polentam , et polliiiem aqua madelacla
dant cibum,ita ut ler die saturcnt. Secundiim cibiim
large ut bibant faciunt potestatem. Sic curati ciiciter duo-
bus niensibus fiiint pingues. Quotiescunque siimseriint,
locus solet purgari : qiiod ipsi ainant lociim piiruni , iieque
ipsi ullum , ubi fuerint, relinquunt puriini.
XI. Qui aiitem volunt greges anatiuin liabere, accons-
tiliiere vTicccTpo^Elov, primuni locum , cui est faciiltas,
cligere oporlet paluslrem, qiiod eo maxinie deleclantiir. Si
id non, potissimnni ibi , ubi sit naturalis aiit lacus, aiit
stagniim , aiil inaniifacta piscina, quo giadalim descendeie
possint. SepUiin altiim esseoportet ubi veiseiilur, ad pe-
(lesxv, ut vidistis ad villaiu Sei, quod uno ostio clauda-
tiir. Circiim totum parietein inlrinsecus crepido lala , in
i|ua sectindum parietem sint tecta cubilia ; ante eas ves-
libnlumearum exrrqiKilum leclorio opeie leslacco. In eo
VAIIKUN.
perpetuacanalis, in quam et cihus ponitur iis, et immit-
titnr aqua. Sicenim clbum capiunt. Omnes parietes te.c-
torio leviganliir, ne fieles, aliave quaj beslia intioire ad
nocendum possit, id(iiie septum totuni rete grandiliiis
maculis integiliir, iie eo involareaquila possit, neve ex ea
evolaie anas. Pabiiluiniis dalur triticum, ordeiim, \inacei
uva>. Noiiniinquain eliam ex aqua camniari , el qiiaedani
ejiismodi aqnalilia. Qua; in eo seplo erunt piscina; , in eas
acpiam largc inllueie oportet, ut seinper reccnssit. Siiut
ilem iion dissimilia aliagenera, nt qiierquedula;, pbale-
rides. Sic perdices, qiiie, ut Arclielaiis scribit, voin
iviaris audila, concipiunt. Quae, iit siiperiores, neqiie
propter Oeciindilatem, neque propter suavitatem sagi-
nantiir, sed .mc pascendo liunt pingues. Quod ad villa-
ticarum pasliouiiiii priininn acUim pertinere suni ralns,
dixi.
XII. Interearedit Appiiis, et percunctati nosabillo, et
illea nobis, quidesset dictumac factum, Appius: Seqiii-
tiir, iiiquit, aclus seciindi generi.s, aflicticins ad villam qiii
solctesse, ac nomlnc antiqtio a paife quadam , lepoia-
rinm appellatum. Nam niKiue .soluin lepoies eo incltnlun-
tur silva,nt oliin injiigeru agelli, aut diiobus, sed etiani
cervi aiil capre.-e in jiigeribiis mullis. Q. FiiWiiis Liipiiius
VARRON.
indepcndammcrjt dcs animaux dont nousvcnons
de. parler, on trouve des moutons sauvages. Des
parcs plus spacicux eiicore se rencontreiit sur ie
territoire de Statonia , et en beaucoup d'autres
cndroits. T. Pompeius a dans ia.Gauie transal-
liineunparcconsacrealaciiasse, quin'apasniolns
(ie quarante mille pas carrcs. Dans ces enclos
sont cn outredesenceintesparticulicres reservees
aux escargots ct aux abeilles , et des tonneaux oii
on eleve des loirs. Rien de plusfaciieque Ja pirde,
l'entretien ct la multiplication de ces animaux,
lesabcilles exccptees. Tout le monde sait cn elTet
qu'nn parcdoit etre environne de muraillcs bicn
crepies, pourempecher les ciiats,lesfouines, ctc,
d'y penetrer, et asscz elevees pour que les loups
ne puisscnt les franchir. On sait qu'il faut esale-
nient qu'un parc abonde en gitesou les lievres
puissent se rendre invisijjles pendant le jour, et
se tapir dans les broussailles ct sous les berhcs ;
et que les arbrcs y doivent fornierune voute as-
sez epaisse pour empecher Taigle de s'y abattre.
Personne eurin n'if;nore qu'il suflit de quelques
lievres et hases pour que ce gihier pullule aus-
sltOt. Deux couples vont peupler tout un parc.
La race est prolilique au point que si vous ou vrez
une mere qui vient a peinede mettre bas , vous
allezla trouver dcja pleine. Archelaiis nous ap-
prend quepour connaitre Tuge d'une haseonn'a
qu'aexaminer combiend'oriiices elleaau ventre;
car le uombre en differe dans ces animaux selon
lcuriige. On aun procede nouveau pourengrais-
.serlesllevres: c'cstdele,sprendre dans le parc, et
de lesplacer dans descages etroites et fermees. On
compte trois especcs de lievrcs. La premiere cst
notre lievre d'Italie, qui a les paltes courtes par
devantettres-longues par derriere, lepoilfauve
sur le dos,blanc sous le ventre, de longues
oreillcs. On dit que, pleines, les hases sont en
etat de concevoir de nouveau. Les lievres de-
viennent tres-grands dans la Gaule transalpine
etdans laMacedoinc ; ilsrestent de taillemoyenne
dans TEspagne et en Italie. La seconde espeee,
que ronrencontre dans la partie de la Gaule voi-
sine des Alpes, ne differe de la premiere qnc
par le pelage, qui cst tout blanc. Oa en apporte
rarement a Romc. La troisiijme cspece, qu'on
appelle aussi cuuivuli (lapins), est originaire
d'l']spagne , et rcssemble beaucoup auxuotres;
sauf pour leur taille,qui est plus pelite. L. j^ilius
a cru que lepus (lievrc) venait de lev/pes (au
pied icger), a cause de la vitesse de cet animal.
J'imagine, moi, que lepiis vient d'un ancien mot
grec ; car les Eolicns de Beotie appelaient un
lievre )i£'^cipi?. Les lapins [cuniculi] doivent leur
nom auxterriers((?f7)R'M//) qu'ilsi'ont sous terre
pour se eacher. Les trois especes doivent, autant
que Ton peut, etrc reunies dans lcs parcs. Quant
aux deux premieres, continua Appius en s'adrcs-
sant i\ "moi, je iie doute pas que vous ne lcs ayez
daus le votre; niais vous, qui etes reste si long-
temps en Espagne, peut-etre vous etes-vous aussi
procure des lapins.
XIII. S'adressant ensuite a Axius : Vous n'etes
pas sans savoir, luidit-il, que le sanglier est
aussi gibier de pare, et qu'on engraisse sans trop
de peine ranimal qui y entre sauvage aussi bien
que celui qui y est ue dans la domesticile. Vous
avez vu vous-meme, dans cette propritHe que
Varron a achetee de M. Pupius Pison , aux en-
virons deTusculum, Ics sangliers et les chevreuils
dicitiir liabere in Tnrqniniensi septa jngera xl , in quo
sunt inclusa non solnm ea , quic clJNi , sed eliam oves
fera;, etiam liocmajnsliicin Slatoniensi, et quidamln locis
aliis. InGalliavero transalpina T. Pompeius tantum oep-
tuni venationis, utcirciter oo oo co oopassnumlo-
cum inclusum liabeat. Piaelerea in eoitem consepto feie
liabere solent [ de animalibus] coclearia , atque alvearia,
atquc etiam dolia, ulii liahcant conclusos glires. Sed lio-
rum omnium custodia, incremenlum, et pastio aperta,
praelerquam deapibus. Quisenlm ignorat septa e maceriis
ifaesse oportere in leporario, iit toctoriotacla sint, et .sint
alla? alterum ne firlis , aut ma^lis, aliave qufe bestia
inlroire possit, allerum ne liipus transilire : ibiqueesse
latebras, ulii lepores interdiu delite.scant in virgultis,
atque lierbis : el arbores patulis ramis, quoe aquila; im-
pediant conatns. Qiiis iteni nescit paucos si lepores,
maies nt leeminasintromiserit, brevi tempore fore ut im-
plcalnr? lanla fivciinditas bujns qnadrupedis. (Quatuor
ciiiin I lo inhiriiiissis in lcporariiim, brevisolet repleri.)
I'it ciiiin s.ipe ciiin liabent catnlos recentes , alios ut in
vciilre liaberereperi:;nliir. Itaqiie deliis Arclielausscribit,
^innorum quot sint si qnis velit sclre, Inspicere oportere,
/■oramiiia nalura;, qua; sine diitiio alius alio babet plura.
Huc qiiooue nuiier inslitutum ut saginarenlur leporcs,
cuni excepfose leporario condiint in raveis, etloco clauso
faciniit iiingncs. lioriim ergo li ia t;ciicra fcrc sunt. Unnm
Ilaliciim lioc nostrum pedibus piimis liumilibiis, posterlo-
ribns altis, superiore parle piilla, venlre albo, auribus
longis. Qul lepusdicilur, cum piEpgnanssit, lamenconci-
pere. In Gallia transalpina et .Macedonia fiunt permagni :
in lli^;iaiiia ct iii Italia mcdiocres. Alterius generis est,
quoil iii (iallii iiaMiliirad Alpes,qiii lioc fere mutant,
quod liili (aiiilidi siiiil. lli laro perfernntnr Romam. Tertii
gencris est, quod in Ilispania uascilur, slmilis noslro le-
porl ex (piadam parte , sed liimiile , quem cuniculiim ap-
pellant. I... .'Elluspntabat ab eo dictum leporem, [acelcrl-
tudine,] quodlevlpesesset. Kgo arbilrora gra!co vocabiilo
antiqno, quod eumyEoles Boe.olii Mnopiv appellabant. Cii-
niculi dicli ab eo, quod sub lerra cuniculos Ipsi facere so-
lcant, ubi lateant in agris. Horum omnlum Iria genera, si
possis , In leporarlo babcre oportel. Dno quldem uliqne
te liabere piito, et qiiod In Ilispania anuis ita fuisfi miil-
tis , nt Inde le cuniciilos persecutos credam.
XIII. Apros quidem posse babere In leporario, ncc
magno negotio ibi et captlvos , et cicures , qui ibi nali .sinl,
pingues solere fierl, scis, inqiiil, Axl. Nam qiiem liindnm
In Tusenlano emit liic Varro a W. Piipio Pisone , vidistl ac
bucciiiam inllalam ccrlo temjiore apros ct capreas conve-
DE L'AGRICULTUPvE, LIV. III.
se rassemblcr aii son dii cor, a heure fixc, pour
prcndre leur iiourriture; tandis que d'un tertre
reserve aux exercices gymnastiques , on jetait
au\ uns du gland et aux autrcs de la vesce , ou
quelqu'autre serahlable pature. Quau^t a cette
scene, repondit Axius, j'en ai vu la representa-
tion chez Q. Hortensius, etsur une hicn plus
grande echelle. II a sur le territoirc de Lauvente
un bois de plus de cinquante arpents, entoure
de inurailles qu'il appelle non pas son lepora-
rium , mais son Or|pio-:po-i£iov. Au milieu du bois
estuneespece d'elevation, ou Tou avait dispose
trois lits, et oii Ton nous servit a souper. Quin-
tus fit venir Orphee, qui arrive en robe longue
la cithare a la raain , et qui , sur Tordre qu'il en
recoit, se met a sonner d'une trorapette. Au pre-
raier son de rinstrument nous uous voyons eu-
toures d'une multitude de cerfs, de sangliers et
autres betes fauves;si bien que le speetacle ne
nous parut pas au-dessous des ehasses sans betes
feroces, dont les ediies nous donuent quelquefois
le plaisirau grand cirque.
XIV. ApostrophantalorsMcrula: Appius, dit-
il , vous a bien facilile votre r6!e. Ce qui eoncerne
la chasse, et c'eiait le second acte, vient d'etre
expedie cn un tour de main. Quant aux escar-
gots et aux loirs, je vous en tiens quitte; et ce
n'etnit pas uue affaire. La ehose est pourtnnt
nioins simple que \ous ne semhlez le croire,
niou cher Axius , reprit Appius. Iincore faut-il
aux escargots un lieu qui leur convicnne ; et pour
cela il le faut en plein air, et entoure d'eau de
toutcs parts; sinou vous risquez de eourirapres
Ics petits , et meme apres les gros que vous aurcz
mis la pour y multiplier. L'eau vous lient lieu de
fuf/iUrariiis si le soleil n'y doune pas trop, et
si la 1'osee y aboude : c'est ce qu'on peut trou-
nlre atl paliiilum, ciim e siiperiore looo e paI<Tstra apris
efluiuleretnr glaiis, capreis vicia autipiid aliud. E;;o vero,
iiif/uit ille , n]md Q. Uortensium cuni in agro Laurenti
esseni, ibi istiic magis Tfafxw; fieii vidi. Kam silva eiat
(ut (liceliat) siipra quinquaginta jugernm maceria sepla,
((uoiluon leporariiim seil Or,pioTpojEiov appellabat. Ibi erat
lociis excelsus, iibi triclinio posito cicnabaraus. Quintiis
Orpliea vocari jussit. Qui cum eo venisset cum stola el ci-
lliara, et cantaie esset jussHs,biiccinaminllavit, ubilanta
circuinlluxit noscervoruin,apiorumetca-tei'arum(pia(lru-
pedum miilliluilo , ut non minus formosum niilii visum
sit spcctaciilum , (piam in ciico maximo a;dilium sine Alii-
canis bestiis cuni liunt venationes.
XIV. Axius : Tuas partes (inquil) sublevavit Appius,
o Meriila iioster. Qiiod ad venationem pc.itinct , bieviler
secundus transactus cst actus. Nec de cocleis , ac gliiibus
(piaero, quod rcliquum cst. Ncqiie enim magnuin emolu-
mentum esse polest. Non istiic tara simplex est , inqiiil .Ap-
pius, quam tu putas, o Axi noster. Nam et idoneus sub
dio siimendus locus cocleariis, queni circum tolum aqua
elavidas, nequasibi posueris ad partum , non liberos eaium,
sed ipsas quacras. Aqiia, inquam, linienda^,ne fugitivaiius
sit parandus. Locus is raelior, quem ct non coipiit sol , ct
ver de mieux a defaut de rosee naturelle, incon-
venieut propre aux licux trop exposes; ou si le
lieu, memc couvcrt, est dc-pourvu de ces ro-
chers ou lertres dont reaubaigue le pied, alors il
faut produire arli!ieiellement la rosee ; et voici
par quelprocede. Au moyen d'un tuyau qui se
termine par un certain liombre de petits mame-
lons, on lance avec force de Teau, (jui, n,'tombnnt
sur une pierre, rejaillit en gouttes de tous C(')tes.
L'eseargot vit de peu, et Ton est dispensij dc
pourvoir a sa nourriture; il In trouve lui-meme
en rampant sur la terre, ou sur les parois des ro-
chers, a moins que quclque ruisseau interposti
ne lui fasse obstacle. On cn voit etales dans les
raarches, vivre assez longtemps de leur propre
substauce. 1! suffit de leur jeler de tcmps a au-
tre quelques feuilles de laurier avec un peu de
sou. Les cuisiuiers, en les preparant, ne savent
jins toujours s'ils sont morts ou en vie. II y a
plusieurs especes d'escnrgots : respece petite et
blancluitre ((ui vieut dc Rente, la grosse que nous
tirons de rillyrie, et la moyenne qui nous est
apport(:'C d'Afrique. Ce ii'est pas que cette difl'(5-
rence de grosseur tienne precisemeut aux pays :
FAfrique, par exemple, nous cuvoie des escargots
quenous nommons.w///o;?(i', et qui sont si gros
que leur coquille peut contenir jusqu";i quatre-
vingts (luafirantesAc, liquide. Etles provcnnnces
de deux autres pays offrent aussi respectivement
desdimensionsexceptionnelles. Cesauimaux pon-
dent une prodigieuse quantit(! d'ceufs tres-petits,
ct dont la coque, tres-tendre dans Torigine, s'en-
durcit avec le temps. Ils les d(?posent dnns des
moncenux de terre en forrae d'ilots, dans lesquels
ils ouvrent un Inrge pnssnge a Tair. Pour les en-
graisser,on leseuferme dansunpot deterrc perce
de plusieurs trous, que Ton frotte a rint(:'rieurde
tangit ros. Qui si natuialis non est (ut fere non siint in
apiico loco) neque liabeas in opaco, ut facias , iit siiiit siib
rupibus ac moiitibus , quoium alliiaiit radices laciis ac
lliivii, manu facere opoitet roscidum. Qiii fit, si eiluxeris
listulam,et iii eam mammillas imposuciis lenues, qua;
eriulent aquain , ita ut in aliquem lapidein incidat ac late
dissipeliir. l'arviis iis cibus opus est, et is sine ministia-
lore. Et linnc, dum seipit, nim solum in area reperit,
scd eliam .'■i riviis non probibet, in parietes stantes inve-
nit. Ocniqiie ipsa; ex se ruminantes ad propolam vitam
diii prodiiciint, cum adeam rem pauca laurea foliainter-
jiciant, et aspeigant furfuies non miillos. Itaque cocns
bas vivas aii moiluas coqiiat, plerumque nescit. Genera
cdclcarumsunt plura, ut miniiia> albula', qiia> affenmlur
c riealino,elma\im», qua> de Ulyrico apportantiir, etrae-
diocies, ipia! ex Africa alTcruntur. Non quo non iii bis
rcgionibus quibusdam lociscaj magnitudinibus quaedam
siiil dispaiiles : nam et valde ampl.c sunt ex AlVica, qua;
vocantur solilansc, ila nt (Mium calices quadrantes octo-
ginlacapcre possint, ct sir, in aliis regionibus ca-dcm in-
ter se collata; el minores siint , ac majores. Ha; in llrtiira
pariiint innimicrabilia. Karum seinen minutum ac tesla
mnlli, diutuiiiitate obdiiiescit. Magnis iiisulis in arcis
lu.
>.4d
VARRON,
iariiie delnyee daiis du vin cuit, jusqu'fi reduction
des deux tiers. Les trous sont la pour laisser
penetrcr i'air. On voit que cette espece a la vie
dure.
XV. L'enceinte oii Ton eieve des loirs ne
ressemble en rien a ceile qui est reservee aux
escnrgots , puisqu'au iieu d'cau ce sont des inu-
railles qui l'environnent. Ces murailles doivent
("tre de pierre lisse ou bien crepies en dedans ,
pour que les loirs ne puissent trouver jour ii s'e-
chapper. On plantera dans cette enceinte de
jeunes cbenos qui portent du gland; et qnand il
ne s'en trouve pointsur les nrbres, il faudrn cn
jeter aux loiis, ninsi que des chataignes, pour
leur servir de nourriture. 11 y sern pratique des
trous assez larges pour qu'ils puissent y faire
leurs petils. Ne leur prodiguez pas Teau. Lcs
loirs boivent peu,etilsainient etrea see. On les
engraisse daus des vaisseaux tels qu'on en volt
dans beaucoup de fermes, et qui ne ressem-
blent point aux vaissenux ordinaires. Les potiers
qui les fabriquent ont soin d'y pratiquer sur les
cotes des rainures et un cnfoncement servant a
passer k ces auiraaux la nourriture qui leur
convient, et qui consistc en glands, noix ou
chataignes; on pose par-dessus un couvercle , et
prives de jour, ces loirs engraissent prompte-
nient.
XVL II ne nous reste plus a traiter que le
troisieme ncte de la bassc-cour , c'est-a-dire les
viviers. Comment, le troisifime? s'ecria Axius;
parce que, dans votre jeunesse, vous vous etes
hnbitue, par motifd'(^conomie, a vouspasserde vin
au miel, est-ee une raison pour quenous soynns
prives de miel aussi , nous autres? Le fnit est
vrai, dit Appius. Rles parents m'avaieRt laisse
sans fortune, avec ia chnrge de deux freres et de
deux soeurs. J'ai marie sans dot !'une de mes
soeursa Lucullus, qui m"a depuis institue son
herilier. Cc n'est qu'alors que j'ai moi-meme
corameuce a boire du vin au raiel; mais, a ma
tnble , il y en a toujours eu pour mes convives.
A cela pres , il appartient a moi, bien plus qu'a
vous, de connaltre k fond les habitudes de cette
rnce ailee, a qui la nature a si singulierenient de-
parti le don d'industrie. J'ai plus quevousetu-
die son merveilleux instinct; et je vais leprou-
ver. Ecoutez-moi. Je laisse a Merula le soin
d'exposer, avec cette methode dont il vient de
nous donner des preuves, les prntiquesobservees
pnrtous les meli/uir/es (geus qui font du miel).
Les abeilles sont cngendrees par d'autrcs abeil-
les, ou naissent spontancment du corps d'un
bceuf en putrefaction. Cest ce qui a fait dire a
Arclielaiis, dans une de ses epigrammes , « que
les mouches a miel sont la geueration ailee d'uu
bttuf mort. » Le meme auteur dit encore que les
guepes sont engendrees par des chevaux, etles
abcilles par des veaux. Los abeilles ne vivent
pointsolitaires commelesaigles. A Texeraple de
riiomme, ellesaiment a se reunir. Les geais ea
font autnnt, mnis non dans !e meme but. Les
abeilles s'associent pour trnvailler, pour edi-
fier; chez les geais, rien de sembiable. On ne
voit point chez eux ces combinaisons d'intelli-
gence , cctte adresse d'execution qui se remar-
queut danslesconstructions des abeilles, et dans
lcur prevoyance a remplir leurs magasins. II y a
pour !esal)eilles trois ordresd'occupation: lasub-
sistance, redification , et le graud ocuvre. Autres
soinsdemandent la preparation du repas et celie
de la cire, celle de la cire etcelle du miel, la cont
fection du mlel et celle de ralveole. Chaque cel-
luled'un rayon asix angles, ce qui faitautantde
raclis, niagiinin bolnni defrinnt acris. Ilas quoqnc sagi-
nare solent ita, ulollani cuui foraininibus incinslenl sapa
el farie, ubi pascanliir; qua> roraiiiina babeat, ut inliaie
aer possit. Vivax eniiii liaec natiira.
XV. Gliiarinm aiiteni cli.ssimili ratione babelnr, qnod
noii aciua , sed maceria locns sepitur. Tola levi lapide , aut
tpclorio inlriusecus incinstalur, ne ex ea erepere possit.
Iii eo arbusculas esse oportet, quae feriint glanJem. Quie ,
cnm fruclum non feruut, inlra macciiam jacerc oportet
nlandem el castaneam , unde saturi iiant. Faceie liis cavos
ojiortet laxiores, iibi pnllos pareie possint. Aqnam esse
tenuem, qiiod ea nou utuntur multum, el aridum locum
quterunt. Hi saijluaulur in doliis, quae etiam in villis ba-
bent multi, quae liguli facinnt niulto alile.r atqiie alia;
quod in lateribus eoium semilas fariiint, et cavum , ubi
nibum consTituant. In boc dollum addiiut glandem , aut
nuces juglandes , aut castaneani. Qiilhus iu leuct)iis , cum
cumulatim positum eSI in doliis, fiuut piiigiies.
XVI. Appins : Igitur lelinquilur, inquit , de pastioiie
^illatica tertins actus de piscinis. Quid terliiis? inquit
Axius. An quia tu solitus es in adolescentia tua domi nuil-
r.uni non bibere propter parsimoniam , iios mol neglige-
nius? Appius : Nobis verum dlcil, iuqiiit. iXam cuin pauper
cnin diiobus fratribns et dnabus sororibiis essem relictus;
[qiiaium] alteram slne dote dedi Lucnllo, a quo lia,'iedi-
tate nie ccssa primum , et primiis miilsum donii me« bi-
bere cocpi ipse,cnin inlerea niliilo minus pcue ipmlidie iii
convivio omnibus darem mulsum. Pnetcica niciini eral
nou tuuin, eas novisse volucres, quibus pluriiiuim na-
tma ingcnii atque arlis fiibuit : itaque eas meliiis mn
nosse qiiain te, ut scias, de incredibiii earum avium na-
tiira andi. Mernla, ut caetera fecit, OXixw;, qua; seqiri
melittiiigi soleant , demonstiabit. Primum apes nascuuliir
parlim ex apibns, partim ex biibulo corpore putiefacto.
Itaque Arclielaus in epigrammate ait eas esse . . . pe)6;89i-
p,evyiq 7t£7tOTri!J.£'va TEXva. Idem : "Iitirwv (J.EV oqjyixei; yiivEi ,
n6cr/o)v Se [xiliatjm. Hae apes iion sunt solilaria iialura,
ut aquila^, sed ut Iiomines. Quod si lioc faciunt eliaiu
graculi, at non idein : quod bic societas operis et ,Tdili-
cioriim, qiiod illic non est. llic ralio alqiie ars; ab bis
opus faceie discunt, ab liis aedilicare, ab bis cibariacon-
dere. Tiia cnini baruni, cibus, donius, opus : neque
idem qiiod cibus cera , iiec quod ca mol , ncc qiiod mel
domus; (non) in favo sex angulis cella, tutidcm, quol lia-
DE LAGRICULTURE, LIV
e^tesque rabeillea de pattes. Remarquons qu'il
est demoDtre par les georaetres qu'un hcxagoiie
inscrlt dans un ecrcle y occupe plus de surface
qu'un polygone de moins de cotes. Les abeilles
vontpatureraudehors ; maisc'cst dans rinlerieur
de la rucheques'elaborecedou.\ produitsiagrea-
ble aux dieux et aux hommcs. Le miel trouve
place sur les autels aussi bien que sur nos tabics,
tant au debut d'uu repas qu'au second service.
Lesabeillesontdesinstitutionscomme lesnotres
une royaute, un gouverncment, une societe
organisce. La proprete est de leur essence. Ja-
mais on ne lcs voit se poser dans le voisinage
d'immondices ou d'e\halaisous fetides. Ce n'est
pas qu'elles rechercbent les parfums : on les voit
punir, au contraire, de lenr aiguillon quiconque
s'approche parfumede leurscellules. Elles n'ont
point rindifferente avidite des mouches ; aussi
ne vont-elles jamals s'abattre , comme celles-ci,
sur la viande, le sang,ou la graisse. Les ali-
raents d'une saveur douee peuvcnt seuls les at-
tirer. Incapablesdenuire, elles ne gatcnt ricn de
ee qu'elles effleurent en butiuant. Tiraides par
nature, elles n'en resisteut pas moins a outrance,
si Ton essaie de les troubler dans leurtravail.
Elles ont pourtant le sentiment de leur extreme
faiblcsse. On les appelle favorites des Muses ,
paree que s'il arrive qu'un essaim se disperse, on
n'a qu'a IVapper sur des cymbales, ou les mains
Tune contre Tautre, pour les reunir. Et de meme
que lcs hommes ont assigne a ces dcesses TO-
lympe et rilelicon pour leur sejonr, de racme
la nature a abandonne a ces insectes les monta-
gnes incultes et Ileuries. Elles suivent leur roi
partout , lc soutiennent quand il cst fatigue , et
le portcnt sur leur dos quand il ne peut plus vo-
lcr, tantellesattacbcnt de prix asa conservation.
111.
H!>
Ellcs aiment le travail et detcstent les paressenx ;
aussi les voit-on constamment faire laguerre aux
bourdons , et les expulsor de leur societe ; car ils
dcvorent le miel sans aider a le faire. Souvent
meme on voit un gros de bourdous fuir devant
quelquesabeilles qui ies poursuivent en murrau-
rant de courroux. Ellcs bouehent, avec une nia-
tiere que les Grecs appellent EpiOax/), tous les
trous au travers desquels Tair pourrait pene-
trer dans leurs rayons. Les abeilles observent la
discipline d'une armee, dorment a tour de role,
repartissent entre elles la besogne, et envoient
au loiu des especes de colonies. Elles obeissent
a la voix de leur chcf , corame lcs soldatsau son
de la trorapette, et, comme eux , elles ont leur.s
signes de guerre et de paix. Mais j'ai peur que
toute cette pbysiologie des abeilles ne fatiguc
notre cher Axius, qui aimerait mieux entendre
parler de ce qu'elles rapportent. Je passe done
la lampe a Mcrula : a son tour d'entrer en lice.
Jene sais,dit Merula, si mes notions sur ce
point pourront vous satisfaire; raais j'aurai
pour antorite un homme que vous connaissez
tous, et qui tire tons lesans cinq mille livrcs de
miel de ruches qu'il a louees. J'ai encore notre
ami Varron qui m'a dit avoir eu sous ses ordres
en Espagne deux freres veiecs , tous deux du
canton de Falisque, lesquels sont devenus fort
riches, bien que lcur pere ne lenr eiit laisse
qu'une petite fcrme d'un arpeut au plus; et
voici coraraent. Tout alentour du batiment ils
ont place des ruches, transforme une partie de
leur eharap en jardin , et plante le reste en tbym ,
cylise et melisse, cette plante que les uns ap-
pellent ui£)ii'<fiu)vXov (feuille a miel), Ics autres jxe-
'KiatJo-fiAov (feuille aux abeillesl, et d"autres en-
core fjiEXivov. Grflee a ces dispositions, ils ue
bel ipsa podcs. Quod geometras e?ai-wvov (lcri in orlii ro-
tiiiulo oslendunt , ut plurimuni loci iucliidatur. Foiis pas-
cwitur, intus opus faciunt : quod, dulcissimum quod
est, ct diiset honiinihus est acceptum. Quod favns venit
in altaiia, et mel ad principia convivji , el in secundam
niensam administratur. H.-e ut hominiim tivitales, quod
hic est et rex et imperium et societHS , ipiod sequiinUir
omnia puia. Ila(pie nulla liai um assidit in loco inqiiinalo,
a»tco,qui male oleat, ncipie eliam iii cd , ipii lioiiaolct
«nsuenla. llaquc liis imclus qiii accessil, punsimt. Non
ul musca' liguriunt. Quod ueiiio lias videt, ut illas, in
carneaut sansuine aut adipe. Ideo modo considiint in <pio
estsapor dulcis. Minimc malefica, quod nulliiisopiis vel-
licans facit delerius : neqiie ignava, iil iion , qiii ejiis
opus conetur distuibaic, lesislat. Neque tanien nescia
surc imhccillitalis; quas ciim cau.sa musaruin csse di-
cantur voliicies, ipiod ot siipiando displicaloe sunt, cym-
balis et plausihus numero reducunt in locum uniim. Kt
ut liis diis llclicona atque Olympon altrihueninl liomines,
aic his (loridos et inciiltos natiira altrihuit montes. Rc-
gini siium sequuntur qiiocnnque il , cl fessiim siihlevant;
el, si ncqiiit volarc, succollanl, (piod emu scivaie vo-
luut. Neque ipsai sunt iuficienfes, nec non odcriinl incr-
tes. Itaque impetentes a se cjiciunt fucos, qiind hi ne(|ue
adjuvant , et mel cnnsiimunt : quos vocilicantes plures
persequuntur etiam panca'. Eslra ostiiim alvei ohtuiant
omnia, qua venit inter favos spiiiliis, (|iiam jpifJiy.r.v ap-
pcllant Gia'ci. Omncs iil in o\cicilii vivuiit, atqne allci-
nis donniunt , et opus racinnt paiiter , et ut colonias mil-
liint. lliqiie diircs c(iiiliiiiiiit (|iia'ilam ad vocem ut imita-
lioiic tuha'. liim id faiiiiiit, ciiin inler se signa pacis ac
hclli liahcaiit. .Scd o Menila, Axiiis nosteriic, diim lia'c
audit physica, faliscat, qiiod de fructu nihil dixi, iiiiiic
cuisii laiiipaila tihi Irailo. Meriila : t)e fniclii, iiiipii!,
Iioc dico , qiiod forlassc an lihi satis sit .4,):( , in qiio
aiiclorcm halico niiii siiliim , (|iii alvearia sualocala lijjliet
(piotaiiiiis (piiiiis millihiis piiiido inellis, .scil cliain liiinc
Vanoncin iioslnim , qucm aiidivi ilicciilem, diio niilitcs
sc liahiiissc iii Ilispaiiia (latrcs Vcjaiiios c\ agio l-'ali.sco
lo(upli'lcs, ipiihus cum a patre rclicla csscl parva villa,
ct agclliisnoii sani; niajor jiigcro uno, lios circum villani
totam alvearium lccissc , et liorlum liahnissc, ac rcliqnuiii
lliymo ot cytisoohsevissc, cl apiastro, qiioil alii |i:)'9-j)-
Aov, alii |).:).i75(iyj>).ov, quiAiin i;.:),ivov appellanl. IIo;
VARRON.
retirnicnt jamais moins de dix railie sesterces par
an de leur miei. Remarquez cependant qr.'ils
attendaient pour ie vendre un moment favorable,
et n'etaient jamais pressesde s'endefaire coiite
que coiite. Eli l)ien ! s"ecria Axius, enseijinez-
moi ou je dois placer des ruclies, et quels soins
il faut ieur donner pour cn tircr d"aussi bcaux
produits. Merula repondit : Quant au^c ruclies
(u.s)aTTcov£;), que les uns appelient aEXiTTOTpo-isTa,
les autres mcllaria, elles doiveut etrc plaeees
pres de la nietairie, dans nn lieu sans echo; car
ropinion generale est que cet effet du son effa-
roucbe les abeilles. II leur faut un lieu assez
eleve, qui ne soit ni briile pendant l'ete, ni
prive de soleil pendant l"hiver; pature abon-
dante dans le voisinage , et de Teau pure. Si la
nature n'y a pourvu , le pioprietaire aura soin de
faire vcnir a proxiraite des ruehes les plantes
que les abeilles recherchent le plus, comme la
rose, le serpolet , la melisse, le pavot, lcs feves ,
les lentilles, les pois, la dragee, le sauchet, le
sainfoin, et surtout le cytise, qui convicot tant
aux abeilles malades. Cette plante a encore l'a-
vantage de fleurir depnis requinoxe du prin-
temps jusqu";i cclui d'automne. Autant le cytise
leurest prccieux sousle rapport sanitaire, autant
le thyni Test pour la preparation du miel. Si le
miel de Sicile a la palme, il la doit ii rabondance
et a rexcellente qualite du thym que produit
eette ile. Aussi quelques pcrsonnes vont-clles
jusqu'a arroser les pepinieres plantees a Tusage
des abeilles , de thym broye et detrempe dans
de Teau tiede. Quant a remplacement des ru-
ches, ilfaut le choisir le plus rapprochc possible
de la villa. Quclqucs-uus, pour plus desurete,
les mettentsous le portique meme. Les ruehes sont
nunniiam ininus, ut pemiiie (liicprent, liena millia ses-
terlia ex melle reiipere esse solllos. Tum eos et velle
expectare, ut siio potius tenipore meicatorem aduiilterenl,
quam celerius alieiio. Dic igitur , inquil, ubi cl cujusmodi
me facere oportcat alve.irium, ut masnos capiam friic-
tus. Ille : JlE>>iTT(iva; ila faceic oporlet, (|uos alii fji£).tTTO-
TpofEiot appellant, cauilcinicm quidaiii mellaiia. riinnim
se.cunclum villani, putis.siiiuim ubi iion icsonent iniagincs.
Hic eiiim soniis liarum fiig.ie [ causa J cxistimalur esse.
Procerum esse opoilct acre tenipeiato , neque ocstate fei-
viilo, neque liieme non apiico, ut speclet poticsimum
ad liibernos oilus, qiian piopc se loca liabeat ca , ubi pa-
bulum sit froipiens ct uqua pura. Si pabuliiin niilurale iion
est, ea oportet (loininum serere, quoc inaxime sequuntiir
apcs. Ka sunl, losa, serpjlliim , apiastrum , papaver,
faba, lens, pisuui, ocinuni, cypcruui, Weiiiui, ot iiiaxime
cytisum, qu»il miiius valentilius iitilissiiniiin csl. Elenim
ab .Ti|iiinoclio venio (loiere inclpit, ct permaiiet aii alle-
111111 icqiiiuoctiiim aiitiiimii. Scil iit lioc apli.ssiinum ad
sanikitem apimn, sic ad niellilicium lliymum. Piopter
liocsiculuin mel fcrt palmam, qiioj ibi tliymuni bonum
ct freqiiens est. Itaqiie quiiiam tliymiim coulundunt in
pila , ct ililuiint in aqiia topida : co couspcrgiiiit omnia se-
iiiiiiariaioiisila aiiiiiiii causa. Qiiod ad locuiu pci tiiicl, lioc
de forme circulaire. On en fait d'osier quand on
en a, de bois,d'eeorce, de trones d'arbres creuses,
ou de poterie; d'autres les font carrees avee de
la ferule, et leur donncnt environ trois pieds
de long sur un pied de large. II faut toutefois en
restreindre les dimcnsions , si fon n'a pas assez
d'abcilles pour les reraplir ; car trop d'espace vide
!es decourage. On a donne aux ruches le nom
d^alims (ventre), du mot alimonium (nourri-
ture ) ; c'est pourquoi on les fait etroites par le
milieu,et renflees par le bas pour figurer nn ven-
tre. Les ruches d'osier doivent etre enduites en
dedans et en dehors avec de la bouse de vachc,
pour faire disparaitre leurs asperites,qui rebutc-
raient les abeilles. On les assujettit par rangs le
long des murs , de facon qu'il n'y ait pas d'ad-
herence entre elles, et qu'ellcs soient a Tabri
de toute secousse. La msime distance qui sc-
pare lepremier rangdu second doit regner entre
le second et le troisierae. Au lieu d'en ajoutcr un
quatrieme, (sn fera mieux, dit-on, de s'en tenir
aux deux preiniers. On pratique au milieu de
chaqne ruche de petits trous dc droite et dti
ganche, pour que les abeilles puissent cntrer et
sortir ; et on y pose un eouvercle qu'on pcut
lever avolonte, lorsqu'on vcut en retirer le
miel. Les ruehes en eeorccs sont les meilleures.
Celles en terre euite sont les moins bonnes ,
parce qu'clles sont plus accessibles au froid cn
hiver eta la chaleur en ete. Le mcllarius, e'cst-
a-dire celui qui est charge du soin des ruehes,
doit les visiter trois fois parmois, au printeinps
et en ete, y pratiquer de legeres furaigations,
les purger d'immondiccs , et cn chasser les ver-
misseaux. II veillera soigneusement a ce qu'il
n'y ait pas piusieurs rois dans une meme ruehe ;
gcuus potissimum cligendum jiixta viiiam; non quo noii
in villiie porticu quoque qiiidam (qiio tutiiis cssciil)
alvcaria collocaiint. Alvos, ubisint, alii faciunt ex vimi-
nibiis lotundas, alii e ligno ac corlicibus, alii ex arbore
cava, alii fictiles, a!ii etiam ex ferulis quadrafas longas
circilcr pedes lernos , lalas pedem , scd ita uli eum pai iim
sitqua coinpleant, eas coangu.stcut, ne iii vasto loco ct
iiiaiii despondcanl aniniiim. Ilanc omnia vocant a nicllis
aliinoiiioalvos : quas ideo vidcntiir niedias facere angiis-
tissimas , ut iiauram imileutur caniin. A^ililes liuio bubiilo
olilinimt intus ct exlra, nc asperilate absterrcautur. Kas-
qiie alvos ita collocaiit in mutulis parictis, ut ue agilcii-
tiir, neve inter se contingant, cum inoidinem siiitposila\
Sic iulervalio inteiposifo, alterum et tertium ordinem iiifia
faciiiul, et aiimt potius biiic dcini oporteic, quain aiWi
qiiarliim. Media alvo, (in) qiia inlioeanl apcs, faiiiiiit
foraniina paiva dextra ac sinistra. Ad exliema, qua uicl-
larii favmn cximere possint , opercula impouiint alvis.
Optiin.TC liuntcorlice,ie,delerrima!lictiles, qiiod el fiigme
liicnic et a=slale calore veliementissiine comnioveiiliir.
Venio lempore ct a^slivo fere ter in mense mcllarius iii-
siiiceie debct fumigans leviler cas, et a spurcitiis purgarc
alvuni, ctvcrmicuios cjicere. Prictcrca iit aniniailveilal,
uc rcsiili plurcs existant : inulilcs cuim liiiiit proplcr
DE L'AGRICULTUr,E, LIV. IfL
cai- cctte pkiralite cause des seditions, et le tra-
vail languit. Sclon qiielques auteurs, les chefs
sont de trois couleurs, noire, rouge et raielaiigee ;
Meneerate n'en adraet que deux, le noir et le
melange. Gomme le melange est sous tous les
rapports preferable au noir, il faut que le mel-
larius tue celui-ci toutes les fois qu'il se rencon-
tre avec Tautre dans une meme ruche. Cette
royaute double, source de factions, est la pertc
d'uneruche; car il en resuite rexpnlsion ou
remigration d'une partie des abeilles, lorsquuu
pretendant triomplie ou se voit chasse. Parmi
les abeilles , on regarde corarae les meilleurcs
celles qui sont petites, rondes et bigarrees. Le
bourdon (fiir) qu"on nppelle aussi fucus est
noir, et large de ventrc. II y aune autreespece
d'abeille qui ressemble a la guepe ; elle ne s'as-
socic point aux travaux des abeillcsordinaires,
et lcur nuit au contraire par ses morsures; aussi
celles-ci rexpulsent-elles toujours de leur com-
munaule. II faut distinguer les abeilles sauvagcs
des abeilles privecs. Les premieres sejournent
dans les bois et les lieux incultes, les autres
dans lcs cliamps cultives. Les abeilles sauvages
sont velues ct pctites, mnis plus laborieuses que
les abeilles privees. En acbctant de ces insectes,
on doit s'assurer s'i!s ne sont point malades.
Cest un signe de bonne sante lorsque les essaims
sont denses , les mouches lu isantes, et qu"il y a dans
leur travail precision et nettetc. Cest ua si-
gne de maladie lorsque les abeilies sont velues ,
herissees, poudrcuses, a moins toutefois quelles
nesoient alors prcssecs de travail, ce qui peut
leur donner cette apparence negligeeet malin-
gre. Qunud ou juge a propos de transferer les
ruchcs, il fautmellre une grandecirconspectiou
dans le choix du liou et du moment. Tour le
moment, le printemps cst preferable a rhiver:
car daus la saison froide les abeilles ont peine a
s'habitueraux changcments de demeure, et sont
disposecs a deserter. Cest ce qui arrivc ccrtai-
nement, si d'un lieu qui leur couvient vous lcs
transportez dansuu autre moins propice a leur
pature.
Le changement de ruche sans changcmcnt
de place e.xige encore certaines precautions. On
frotte parexemplc lesnouvelles ruches de mclisse,
ce qui cst pour les abcilles un grand appat, et
dans chacuneon place pres de rouverture quel-
ques rayons de micl ; cette provision toute faite
leur donne le change sur lcur trauslatiun. La
nourriture qu'elles trouvcut au commencement
du printemps, dans les fleurs d'amandicr et ds
cornouiller , les rend presquc toujours mr.lades :
on les guerit avec dc rurine. On appcllc piv-
polis la matiere dont se servent les abeilles , sur-
tout en cte , pour boucher rouverture dc icur
ruche. Cest la mcme substance que les mede-
cins emploient pour les erapltUres. Aussi se vend-
elle dans la rue Sacree plus chcr que lc miul
meme. On appellc erUhace celle qui colle les
rayons ensemble , et qui cst essentiellement dis-
tincte du miel et dc la propoiis ; on lui suppose
une vcrtu attractivc. Quaud on veut , par exera-
ple , qu'un essaim sc lixe sur unc branche d'ar-
bre ou ailleurs, on n'a qu'a frotter la place avec
de rerithace mclce de melisse. Les rayons sont
iin corapose decire, a plusieurs compartiments,
dont chaeun a autaut de coles que la nature
a donne dc pattes a rabeille , c'cst-a-dire six.
scdilioiics. Et, ut qiiidam Oicunt , liia genera cum sint
ducnni in apibus, niger, rulier, v.iiin.s,!!! iMenccrates scii-
bitdiio, niscr, el variiis: qiiiila, niclior; iit expediat mel-
lario, cuiii dr.o sint eadem alvo, interlicere nigrum, quem
■S(it cum alteio rege esse seditiosiim, et coirumpeic
alvum , quod fu!;et, .aut cum multitiidinc fiigctur. Uc
rcliqiiis apibus optima cst parva, varia, lotunda. Fur,
qui vocatur ab aliis fuc^ns, ater est, lalo ventie. Yesp.-B
qu;c simililudiiiein liabet apis, neque socia est operis, et
noccre solcl niorsii, qtiam apcs a sc secernunt. Eae diffe-
runt inter sc , qnx ferae et ciciues sunt. Nunc feras dico ,
qiia' in silvestribus locis pascitaut; cicurcs, quas in cul-
lis. Silvcsties minoies sunt magnitudine et pilos.-e , sed
opilices nia;;is. In cniendo cnitorem vidcie oportot , va-
lciuit au sint a'!;ra;. Sanitatis signa, si siiilI fniiiiciitos iu
examine.etsin itiila';ctsiopus, quod laciiiiil.csl ;np;a!)ilc
acleve. Mimis valcntiumsigna, si sunt iiilosa' cl Imnidai,
aut piilvcrulenta^, nisi opilicii eas urget tcnipiis. Tiim eiiiui
propter laliorcin asperantur, ac macescunl. Si transfeicn-
«la^ suiil alvi in alium locuni, id faccie diligentcroporlct,
et lcmpoia, qiiibus id polissimuin facias, animadvcrten-
duni ; ct loca , qiio transfeias , idonca provideuilum. Tem-
poia , ut vcrno potiiis qiiam hiberuo, quod liicme diinciil-
tcr consucscmil, quo sunt translala', mancie : itaque fu-
fiinnt plcrnmque. Si e bono loco tianstiilcris eo, ubi ido-
nea pjibulalio non est, fu^iliva! liiint. Kec si ex alvo in
alvuiu iu eodem loco ti.ijicias, ncgligeutcr facienduiu. Sed
etalvus, in quam tiansituiic siiiit apcs, apiaslro peifri-
cauda, quod illicium Iioc illis : ct fa\i mellili intus po-
nciidi , a lancibus non longe , ne ciim .ani.iiadvertei iut, aut
inopiam escic liabuisse dicaiilur, aut cum sunt apcs inor-
bidic pioptcr primores vernos pastns , qiii ex lloiibus iiii-
cis gr.xc;c et cornu fiuiit. Codiiicas (ieri , atipic urina pota
refici. l)c liis pnipoliui vocant, e quo faciuut ad forameu
introitnsprolecUim in ;dvum niaxime .x.slale. Qiiaiu rcui
cliiim uouiine codem mcdici iitnnlnr in emplasliis. 1'rop-
ter quam riMU etiam cariiis iii Sacra via , qiiam mcl vcnil .
Erilli.acen vocant, quo favos cvticiiios iiiter se cungliili-
uaiit, ipiod csl aliud mclle , jiropnli : ilaque in lioc viin csse
illii ieiicli. Quo circa cNamcn iilii voluiit considcre, euiii
ramiiiu aliauive qnam leiu obliiiniit Iiiic, admixlo apiastro.
Favus cst, qucm lingimt miiilica\aluiu e ceia , cuiii sin-
gula cava scna latcia liabcaiit , qiiot singulis pedcs iledil
natura. Keque qua; afrcriinliir ;iil (pialiior rcs faciendiis,
propolim, eritliacen, faviim, mcl, ex iisdem omnibiis re-
lius carperc dicnnlur. Simplcx ministcrium , quod e ni.ilo
piinico ct asparago cibum carpaiitsoltim, ex olea arbort
ccrani, c lico mcl , scd iioii boiiuui. Diiplcx uimislcriur.
132
VARUOX.
Ce n'est pasindistinctementde toutes piiintes que
les abeilles recueillent de quoi composer ces quatre
differentes substances, propQlis, eritliace, rayon
et miel. Telie ne fournit, comme la grenade et
Tasperge, que la nourriture ; ou, comrae rolivier,
que la cire ; ou, comme le flguier, que du miel , le-
quel est assez mediocre. Telle autre, comme les fe-
ves , la melisse , la eourge et le chou, contiennent
deux elements , nourriture et eire ; ou , corame le
pomraier et le poirier sauvages , miel et nourri-
ture ; ou, comme ie pavot , cire et miel. D'autres
cnfin reunissent les trois principes elementaires ,
de la cire, du miel et de la nourriture, eomme
famandier et le chou sauvage. II y a aussi un
grand combre de flcurs sur lesquelles elles re-
cueillent tantot une seule, tantot plusieurs de ees
substances. On doit i5tablir une distinction entre
les plantes dont elles font un miel liquide,
comrae la bruyere, ct celles dont elles font un
raiel epais, corame le roraarin. Le miel du fi-
guier est insipide; le miel du cytise vaut raieux ;
mais le raeilleur de tous provient du thym.
Comme elies ne se desalterent que dans Teau
la plus pure, 11 faut qu'elles trouveut dans le
voisinage de leurs ruchesun petit courantou un
reservoir, oii l'eau n'ait pas plus de deux ou trois
doigtsde profondeur. On y jettera de petits cail-
loux ou des briques, formant au-dessus de Teau des
pointsoiiles abeilles puissentse poser pourboire.
On doit veiller avee soin a ee que Teau soit tou-
jours tres-claire , ce qui influe singulierement
sur la qualite du miel. Comrae ressaim ne peut
sortirpartous lesteraps pour butiner, il faut qu'il
trouve dans ce casla nourriture tout a portee, de
peur que, reduites a ne vivre que de leurmiel, les
abeilles ne mettent a sec la ruche. A eet effeton
fait bouillir dans six congii d'eau dix livres de fi-
gues ; et de la pate qui en resulte on petrit des es-
peces de gateaux qu'on place aupres des ruubes.
Certaines personnes y mettent aussi de pctits vases
remplisd'eauemmiellee,surchacun desquels sur-
nage un morceau de laine de la plus grande pro-
prete : par ce moyen les abeilles peuvent en quel-
que sorte sueer Teau , et ne risquent ni d'en trop
boire, ni de se noyer. II doit y avoir un vase
pour chaque ruche, et on les remplit a mesure
qu'ils se vident. D'autres broient dans uu morticr
des raisins secs et des figues , et versent du vin
reduit aux deux tiers par la cuisson. Du residu ils
font ensuite de petits pates qu'ils jettent non loin
des ruches, de facon iice que les abeilles !es trou-
vent surleur passage dans leursexcursions au de-
hors. Quand uneeraigration se prepare (ee qui ar-
rive quandun grand nombre de naissances etant
venuesabien,les anciennesdela rucheveulenten-
voyerla generationnouvelle encolonie, ainsique
les Sabins par raccroissement de leur population
furent souvent obliges de le faire), cette resolu-
tion s'annonce par deux signes precurseurs. D'a-
bord, quelques jours avant, on voit surtout le soir,
pres de rouverture de la ruche , des groupes d'a-
beilles aecrochces les unes aux autres par pe-
lotons, et formant corame autant de grappes; ou
bien encore, sur le point de s"envoler, et quand
a deja coramence le roouvement deretraite, elles
fontentendreune ruraeur extraordinaire, comme
d'unearmee qui leve le camp. Les plus promptes
voltigent autour de la ruche, attendant que les
autres, qui ne se sont pas encore rassemblees, les
rejoignent. Quand le mellariiis apergoit ce symp-
tome, il n'a qu'a jeter sur les abeilles de la pous-
siere, et a frapper en meme temps sur quelque
instrument de cuivre, pour repaudre Teffroi
parmi clles. II pourra ensuite les conduire oii
bon lui serablera , en ayant soin de placer aux
lieux de leur dcstination nouvelle une branche
praeberi, ut e fal)a, apiastro, cuciirbila, biassica, ceiam
et cibum. Nec non aliler duplex , quod fit e nialo et pi-
ris silvesliibus, cibum et niel. Item aliter duplex , quod
e papaveie , ceiam et niel. Triplex ministeiiuin quoque
lieri , uti ex nuce grseca , et e lapsana , cibum , mel , cei am.
Item ex aliis floribus ila caipeie, ut alia ad singulas res
sumant, alia ad plures. Nec non etiam alind discrimen se-
quuntur in carptuia, (aut eas sequatur,) ut in melle quod
ex alia re faciunt liquidum niel , ut cx sisera; flore : ex alia
contra, spissum, ut e roie maiino. Sic ex alia re, ut e
fico mel insuave, e cyti.so bonuin, e thymo optimum.
Cibi pais, quod potio, et ca iis aqna liquida; unde bi-
bant, esse oporlet, eamque propiuquam, qua; piaeter-
fluat,aut in aliquem locum iufluat, ila ut ne altitudine
asccndatduo auttres digitos : in quaaqiiajaceanl lestseaut
lapilli , ita ut cxtent paulum , ubi assidere et bibere pos-
sint. In qua diligenlcr liabenda ciira, ut aqua sit pura,
quod ad mcllilicium boniiin veliementer prodcst. Quod
non omnis tempestas ad pastum prodiie longiiis patitur ,
praeparandus bis <;ibus, ne tum inelle coganliir solo vi-
veie, aut rclinqucre exiaanilas alvos. Igilur licorum pin-
guium circiler decem pondo decoquunt in aqii.-e congiis
sex , quas coaclas in offas pio[ie apponunt. Alii aquara
mulsam in vasculis piope ut sit curant; in qua; addunt
lanam perpuiam , per quam sugant : iino tempoie ne [lotu
nimium implcantur, aut ne incidant in aqiiam. Singula
vasa ponunt ad alvos singulas, et liac supplentur. Alii
uvam passam , et ficum , cuin pinserunl , affundunt sa-
pam , atque ex eo factas offas apponunt ibi , quo foias
( liieme ) in pabulum procedere tainen possint. Cum exa-
men exitnrum est, quod fieri solet cinn adnalae prospere
sunt multae , ac progeniem veteres emittere voluut in co-
loniam, ut olim crebro Sabini factitaveriint proptcr multi-
tudinem liberornm; liujiis quod duo solent praeire signa
scitur. Unuin , quod superioiibus diebns, niaxime ves-
pertinis , multae ante foiamen ut uvae alia; ex aliis pen-
dent conglobatae. Alteium, quod cum jam evolaturae siint,
aut ctiain inceperunt , consoiiant veliemenler, pioinde ut
mililes faciunl, cumcaslra niovent. Quae priino tiim exie-
riint, in conspectu volitant, reliquas quae nonduni con.
grcgatae sunt respectantes, duin convcuiaiit. Cuni a niel-
iaiio id lecissc sniit animadvcrsie , jaciiindo iu cas pul-
DK L-AC.RICULTUrxE, LIV. IIL
d'ai-!)rc ou toutnutre objet frotte d"('rithaee, de
nielisse, el eufin de tout ce qui atiire lcs alicillcs.
Quaud 11 a reussi a les arreter, il y plaee une
ruche frottee interieurement des niemes subs-
tanees, et, entourant les abeilles d"une legere
fumisation , il les oblige a y entrer. Une fois
qu'elle y a pris pied, la nouvelle colonie y fixe
si bien son domieile, qu'en vain fon rapproeherait
d'elldlla ruche qu'elle vient de quitler, c'est
la nouvelle qu'ell8 preff re. Voila tout ce que je
erois avoir i\ dire de reducatioa des nbeilles. Pas-
sons au but principal de leur entretien , qui est
le profit qu'on en rctire. Ou enleve les rayons
lorsque les ruches sout pleines. Les abeilles font
elles-memes connaitre ce moment. On a lieu de
presumer qu'il cst venu lorsqu'on entcud uu
bourdounemeut dans les ruches, ct qu'on voit les
abeillesse tremousser eu entrant et en sortant;
ou bien eucore lorsqu'en otant leeouvercle, on
voit les cellules couvertescomme d'une pellicule
i!e iniel , signe qu"elles sont enlierement remplies.
II y en a qui pretcndent qu'en enlevant le niiel
on doiten laisserdans In ruche la dixieme partie,
et que si Ton enleve tout, les abeiiles dcsertent.
Quelques-uns meme en laissent davantage. II en
estdes abeillescomme desterres : on augmente le
rapport duu charap en le laissant se reposer de
teras a autre ; on augmeute celui des abeilles , et
enmemetempson les attachedavantagealeur ru-
ehe, en y laissant la totalite ou du moins la plus
'j.Tande partie du raiel. On enleve les rayons pour
la premiere fois au lever des Pleiades ; pour !a se-
conde fois, a la fin de l'ete, avant que TArcture
.soit entierement levee; et pour la troisieme,
apr^slecoucherdesPleiades. Acette derniere epo-
que ou ne doit jamais 6ter plus du tiers du raiel,
vereiii elcircuinlinniendo aire perteirilasqiiovoliieiit per-
(lucet. Non longe inde ramum vel quid aliud oblinunt
erithace alqiie apiastro, ca^terisque rebus, quibus delec-
tantur. Ubi consederiint , allerunt alvum prope eisdeni
illiciis illitani intusret prope apposila, fuino leni ciicinii-
eundo cogiint eas inlrare : ut qu.-c in novam coloniam cum
introierunt.perinanent adeo libenter, iit ctiani si proximain
posueris illain alvum, unde exieiunt, tamen novo doini-
cilio potius sinl coiUeuta'. Quod ad pastioncs pertineie
sum ratus, quoniani dixi , iiunc jam, ciijus causa adliilie-
liir ea cuia, de fiuctu dicam. Eximendoruin lavorum si-
gnum sumiinl ex ipsis , cum plenas alvos Iiabent , el ciiin
illos geminaveiint. Ex apibus conjecturani capiunt, si in-
lus faciunt boinbum , et cum intio eunt ac foras, trepi-
dant , et si opercula alvi cum favorum foiamina removeris,
obdiicta videntur (mellis) membianis, qiioniam lunc
sunt rcpleli inelle. lii exiineiido quidam diciint opoilerc
novem parles tollere, dcciinam relinquere. Quod si oinne
eximas , fore ut discedant. Alii hoc plus relinqiiiint , quam
dixi. Ut in aratis, qiii faciunt non restibiles segetcs, plus
tolluut friiineuti ex inlervallis : sic in alvis , si non qiio-
tannis cximas.aut non quoque multum, ct niagis (liis)
a.ssiduas babeas apps, ct inagis fiuctiio.sas. (■Aimendorum
favoruin priiiMiui putaiil essc leinpus vci^ill.iniui cxorlii,
quaiid meme la ruchc scrait plcine ; les dcu\
autres tiers y resteroiit comme provision dhiver.
Quandla ruche n"est que mcdiocrement fournic,
laleveedu raiel ne doit se fairc ni d"un seul coup ,
ni en presence des abeilles, afin de ne pas les de-
courager. Si dans les rayons qu"ou enleve il sc
trouve une portion qui soit vide de mie! , ou
tant soit peu endommngce , il fnudra la re-
trancher avec le couteau. II faut veiller avee
soin a cc que parmi les abeilles les plus fortes
n'oppriment les plus faibles, ce qui amcnerait uue
diminutionnotable daus lerapport des ruchcs. Ou
choisit en consequence les moins vigoureuses,
pour les soumettre a un autre roi. Lorsqu'ou
s'apercoit qu'ellessebattent souvent entre elles,
il faut les asperger avuc de l'eau melee de miel r
Aussitot tout cessc, et les eorabattauts se pies-
sent les uns contre les autres pour sucer le li-
quide. L'effet de ee moyen est encore plus scn-
siblequand, au lieu d'eau, c'est du vin mele de
miel que vous repandez sur les abeilles. Attirces
alors par rodeur du vin , elles se recherchent
avec plus d'eaipressement, et s'enivrent en le
sucant. Quandles abeilles semoutrent paresseu-
ses a sortir, et resteiit daus les ruches cn tn)|)
grand uombre, il fnut avoir recours aux funii-
gations, et placer dans leur voisinage quelques
herbcs odoriferantes, surtoutde la melisse ct du
thym. Lesplusgrands soinssont iudispensnbles
pour les empecher de perir de 1'e.xces du froid ou
de lachaleur. Lorsqu'en butinantellesvienneut a
etre surprises par unc averse ou par uu froid
subit,cequi est rare toutefois, et qu'abattues pnr
les grosses gouttes d'cau, elles sont jetees a terre
privees de force et de mouveraent , il fnut les
rnmasser , et les mettre, daus un vase qu'on
secundiun Kslale acta, anle quam totus exoriatur aiclii-
riis. Tertium post vergiliarum occasiim, et ita si fiecunda
sitalvus, ul ne plus lertia pais eximatur mellis, reliquum
hiemationi relinquatur. Si vero alvus non sit ferlilis,
ubi quid cximalur , exemtio cuin est niajor, neque univcr-
sam, neque palam facere oporlel, ne deliciaut animum.
Favi qui exiinunlur, siqiia pais nibil babet, aiit habct
inqiiinatum , cultello prifsecatur. Piovidcndum ne iiilir-
miores a valeutioribus opprimantiir. iio enim minuilur
fructus. Itai[ue iiulirrilliurrs si'irelas siihjiciuut sub alte-
ruin regein. Qua' (■iihiiiis iiilir sc pugiiabunt,as|ieigi cas
oportet aqua iniilsa ; qiin linlo imn mudo desistiint piigua,
sed ctiain conferciunt se lingenlcs , co niagis , si mulso
sunt aspers.e, quo propter odorem avidius applicaiit se,
atqiicohstupescunt potanlcs. Si e\ alvo uiinus fieqnenles
evaihinl , ac siibsidit aliqiia pars, sulfiimigaiHluui, cl
prope apponendiiin aliquid Iicne olenliiiui heili:uiini,
maxiine apiaslrum etthymum. Providendiim veheuientcr
ne propter a-stiini , aut propler fi igiis dispercant. Si
qiiando subito imbri in pastu sunt oppressoc , aiit fi igore
suhilo, auteqiiain ip.s.ic providcrint id fore, (quod accidil
raio, ut dccipiantur) ct iinbris gutlis uberibus oflcnsiB
jacent prostratiie et aftlicta- , colligcndiim cas iii vas ali
quod, ct leponcndum in tcfto loco, ac lepido. Proiuenihim
VARRON.
placera daiis un lieu couvert ou regne une cha-
leur douce, et les y tenir jusqu'a ce que le
temps soit bien assurii. On repand alors sur elles
de la ccndre de hois defiguier, chaude plutot
que tiede ; puis on secoue legerement le vase ,
sans toueher ies abeilles, et on Texpose au soleil.
Lorsqu'elles sentent la chaleur , elles se remet-
tent et reprennent vie, commedes mouches qui
ont ete suhmergces. II faut leur appliquer ce
trnitement non loin des ruches, pour qu'elles
puissent y retourner des quelles seront reve-
nues a elles , et reprendre leur ouvrage avec une
foree nouvelle.
XVII. Nous voyons alors revenir Pavo. Si vous
voulez lever rancre , dit-il, on proccde en ce mo-
ment au ^crutin ; et ^ejircco (crieur) a deja com-
mence a proclamer l'edile nomme par chaque
trihu. Aussit6t Appius se leve pour aller feliciter
son candidat sur lelieu mcme, et s'en retourner
ensuite dans ses jardius. Merula s'adressant alors
a A.xius : A un autrejour , dit-il , le troisieme acte
dela basse-cour. Tous se leverent, et je restai seul
avec Axius. Nousnous regardiimes un instant en
silence, comme pour nous dire : Notre eandidat a
roHS viendra bien lui-meme nous trouver. Enfin
Axius me dit : Ledepart de iMerula ne mefait pas
autremeiit faute; car le reste du sujet ne m'est
rieu moins qu'etranger. On distingue deux es-
peces de viviers , les viviers d'eau douce , et
ceux d'eau salee. Les premiers, formant chez lcs
gens du peuple et dans les fermes ordinaires
une indiistrie assez lucrative , ue sont alimeutes
que par Teau qu'y fournissent les nymphes. Les
viviers d"eau salee, au contraire, sout crees par les
nobles pour le faste plus que pour rutilite. Cest
Neptuue qui y apporte de Teau et des poissons.
lls contribuent a viderlaboursedumaitre plutot
qu'u la remplir. On les C(nistruita grands frais.
et c'est a grands frais qu'on les peuple et qu'on
lescntretient. Hirtius retirait douze mille sesterces
des batiments dependant de ses viviers; mais le
seul entretien de ses poissons eugloutissait tout le
prolit. Et rien n'est moins surprenant. Je me rap-
pelle qu"un jour il preta a Cesar six mille mu-
renes, a condition qu'elles lui seraient rendues au
poids : c'est la quantite prodigieuse de ces poissons
qui fit monter sa villa au prix de quatre millions
de sesterces. On a bien raison d'appeler nos vi-
viers d'interieur et de petites gens des viviers
doux, et ceux des nobles, des viviers araers. Parrai
nous autres, en effet, on se contente d'un seul vi-
vier d'eau douee : et quel amateur de viviers nia-
ritimes n'en veut avoir plusieurs communiquaiit
de fun a Tautre , a rimitation de Pausias et des
peintres de son eeole, qui out de grandes boites
divisees en autant de cases qu'ils emploient de
nuaneesdecire? Nosnoblesont des viviersacora-
partiments, servant ii parquer en qaelque sorte
lespoissons par espece; eijamais cuisinier ne fera
sommation a ceux-ci de comparaitre sur table :
ils sont sacres , Varrou , plus sacres que ceux que
vous vites en Lydie, pendaut un sacri.Qce que
vousfaisiezpresdeIamer,s'attroupersurlerivage
au son de la flute d'un Grec , et venir presque
sur rautel sans que personne osiit y toueher.
Cest daus ce meme pays que vous avez vu des
iles danser eu rond. Notre ami Hortensius, au
temps oii il possedait encore a Bauli ces viviers
qui lui avaient cuute si cher , envoyait (je le sais
pour Tavoir vu de mes yeux dans les visiles fre-
quentes que je lui ai faites a sa villa), envoyait
acheter a Puteoli (Pouzzoles) le poisson qu'onser-
dclnde qiiam maxime tempeslale bona , et cincre fac.to
c liciilneis lignis inlriandum paulo plus caldo quam tepi-
dioie; deinde concutienduni leviler ipsas vase, nt nianu
non tangas , et ponendum in sole. Quk enim sic concaluc.
ruiit, restiUiunt se, ac reviviscunt, ut solet simililcr lieri
inmuscis aquanecalis. IIoc faciundum secundunialvos, ut
rcconciliatse ad snum qu.Tque opus et (lomicilium redcant.
XVII. Interea redit ad nos Pavo : Et, si vultis, in^piit,
ancoras tollere, latis tabulis sortilio fit tribuum , ac c(rpti
sunl a pr.TCone renunliari , quem quaeque Iribus fccerint
Eedilem. Appius confestira suigit, ut ibidem cindidalo sno
giatularetnr, ac di.scedcret in lioitos. Merula : Tertinm
actum de pastionibus villaticis postea, inquit, tibi led-
dani, Axi. Consurgentibus illis, Axins milii, respeclantibus
nobis , quod et candidatum nostrum vcnturum sciebamus ,
Non laboro, inqiiit, boc loco discessisse Meriilam. Heliqua
oniin feie milii sunt nota. Quod cum piscinarum geneia
sint duo, dnlcium et salsarum : alternm apiid plebem, et
ct [non] sine fructii,ubi lymplia' aquam piscinis nostris
villaticis ministrant, illae autem mariliniiie piscinae iiobi-
lium , quibus Neptunus ut aqnam sic et pisces ministrat ,
magis ad ociilos perlinent quam ad vesicam , ct polius
marsiipiiim doniiiii cxinaiiiunt quam iinplent. riinium
enim adilicantur niagno, secnndo iinplenfur magno,
tcilio aluntur niagno. Hirriiis ciicum piscinas suas e\
sedificiis diiodena millia sextcrtia capiebat. liam omnem
meicedem escis, quas dabal piscibus, consumebal. Kon
niiium. Uno tempore enim memini liunc Ca^sari sex mil-
lia murionarum mutua dedisse in pondus, et piopter pis-
cium multiludinem quadragies sextertio villam venisse.
Quare nostia piscina ac mediterranea plebeia recle dicitur
dulcis, et illa amara. Quis enim nostrum nou una conten-
tus est bac piscina ? quis contra marilimas non cx piscinis
singulis plurcs conjunctas babet .' [ Pluris. ] Nam ut Paii-
sias et ca'l(ui pictores ejusdem gcneris loculatas magnas
liabent arculas, ubi di.scoloies sint cerae, sic bi loculatas
babent piscinas, nbi dispaies disclusos liabeant pisces,
quos, pioiude nt sacii sint, ac sanctiores quam illi in
Lydia , qiios saci ificanti tibi , Vario , ad tibicinem graecum
gicgatim venisse dicebas ad cxlrcmum lilus atque arain,
quod cos capere aiideret nemo, ciim eodem tempoie insulas
Liidinorum ibi clioreviisas vidisses, sic bos pisccs nemq
cocus injns vocaro audet. Q. Ilortensius familiaiis noster
cum piscinas lialieret magna pccunia acdilicatas ad Banlos ,
ita sa:pe cum co ad villam lui, ut illumsciam seniper in
ca>nam pisccs Puteolos miltcre eintum solitum. Keqiie
DE i;agriculture, liv. tfl
vait sur sa tal)le. Et c'ctait peu qu'il s'intei-dit de
mangerdusienjilfallaitqu'!! luidonnataraanger
lui-raeme, monti-ant autant et plusdcsollicitude
pour Tappctit de ses surmulets que je u'eu puis
avoir pour celui de mcs anes de Rosca. Et ce
n'etait pas certes a aussi peu de frais qu'il leur
fournissait eau et ptiturc. Car a quoi se reduit
rentretien de mes anes, qui sont d'un si beau
produit? Un pctit palcfrenicr , quelque pcu
d'oi'gc et Teau de mes sourccs, voiia tout ce qu"il
faut ; tandisqu'Hortensiusavait a son service une
arinee de peclieuis continucllement occupce a lui
fournir dcs niasses dc petits poissons, pour les
repas dcs gros. l-^t quand la mer etait grossc,
et que tous lcs filcts du nionde n"auraient pas
amcnc un scul poisson, il fallait , pour remplaccr
cette nourriture vivante, epuiser le marche
a la marce des salaisons qui sont la riourriture
dupeuple. Ilortensius vous aurait laisse preudre
tous les mulets de voiture de son ecurie , plu-
tot qu'un seul mulet barbu de scs viviers. Et
quels soins il donnait u ses poissons quand ils
ctaient malades ! il n'en avait pas plus pour scs
esclaves. I! eut plutot laisse un dc ccs dcrniers
boire de Vcaufroidc en maladie, qu'un de ses
chers poissons. II faisait peu de cas dcs viviers
<!e M. Lucullus, riiomme, disait-il, le plus indif-
ferent au bien-6tre de ses poissons : chez ce der-
r.ier, les pauvres betes n'avaient point de bas-
salis crat ciim non pasci piscinis, nisi cos ipse' pasrcrct
ultio; ac niojorem curam sibi luiberet, ne cjiis esurirent
niuUi, qiiam cgo habeo, nc mci in liosea esuriant asini.
litquideni utraquc rc, ct cibo et poUonc, cum nou paulo
sumpluosius, quam pgo liis, ministrarct viclum. Ego
cuim uno scrvulo, ordeo non nnillo, aqua (lonieslica ,
mcos multinumos alo asinos • Hortcnsius prinumi qiii
ministrarent piscatores habeliat cQmplures , et ii pisciciilos
miuulos angereliant frcquculcr, nt a majoribus absiinic-
icntur. PrDelerca sal.sauicnla in eas pisciiias cmtilia conji-
ciebal, cum mare turbaret, uli per tcmpcslatem suis pis-
cibus e mac.cUo cctarioriiiu , uli c mari , obsoniura pr.cbe-
ret, cum ucqiie evcrriculo illi in litus cdiiccre possent
vivain saginam , |ilcbci.ie cfrn.'P pisces. Celerius voluiitatc
Hortcnsii cx cqiiili ecluccrcs rbedarios, ut tibi liabercs,
mnlos, qiiam c piscina barlialnm mullum. Atqne illi non
luinor cura (cjiis) crat dc a>grotis piscibiis, qiiam de nii-
nns valcutibus servis. Ilaquc minus laborabnl, ne s<'rviis
!>'ger, quam aqiiam Irigidam hibcient siii pisccs. Ktcniin
liac inciiria laborarc aicbat M. Liicnllum , et piscinas cjus
sinsd'ctc; leur cau n'ctait pas rcnouvclcc ; on
lcs y laissait croupir. Parlez-moi de L. Lucul-
lus, qui avait fait ouvrir une montagncpres de
Naples, dans le scul but d'intioduire dans ses
vivicrs Teau de la mer, quc chaque maree y
apportait ct rcmportait. Pour les poissons c'etait
un autre iXcptune. II avait mcnagc ii ses chcrs
nourrissons uii plus frais scjour pour Tctc, imi-
tant en cela la sollicitude dcs pnsteurs apu-
licns , qui, au temps dcs grandcs chaleurs , con-
duisentleurstroupeau.\sur les montagncs du pays
sabin. Sa pftssion pour ses vivicrs de Baies etait
portce a ee point, qu'il avaitdonnc carte blanche
a son architectc pour la construction d'un ca-
nal soutcrrain, coramuniquant de ses viviers
avcc la mer, alin que la maree, aumoycn d'une
ccluse, put deu.x fois parjour, depuis le prcmier
quartier jusqu'a la uouvcllc lune , y entrcr ct cn
rcssortir aprcs les avoir rafraichis. Pendant quc
nous parlions ainsi , un bruit de pas se fait cn-
tendre a notre droite, et nous voyons entrer no-
tre candidat avec les insignes de sa nouvelle di-
gnitc. Nous allons au-devant de lui; et aprcs Ta-
voir felicite , nous Tescortons au Capitolc. Puis
nous nous scparons, pour rcntrcr chacun chez
noiis. Voila, mon cher Pinnius , le resumc suc-
cinct des conversations quc nous avoas cucs sur
rentretien de la basse-cour.
dcspiciebat, quod .'cstivaria idonca non li.aheret, ac rcsi-
dem aquam , el locis pestilcnlibiis liabitarent pisocs ejiis.
Coutra ad Neapolim L. Luculliis posteaqiiain pcrfcdi.ssct
mnnteni, ac marilima ilumina iinnusis.set in piscinae,
quie leciproce lluerent, ipsi Septuno non cedercde pis-
calu. F.iclum esse enim, ut amalos pisces siios videaiiir
pioplcr .T.stus eduxisse in loca frigidiora, iit Appuli solcut
pecuarii facere, quod propter caloies in nioules Saliiuos
pec-us diiciinl. lu liaiano aulem lanta ardebat ciira, nt
arcliilcclopcnniserit, vel ut suam peciiniam consumcret ,
duinmodo penliiceret speciis e piscinis iu marc, olijccta-
ciilo quo .Tsliis bis quotidic ab cxorta luna ad piovimaui
novani inlroire, ac rediie lursus ia niaic posset, ac re-
frigerare piscinas. Nos liaac. At strcpilus a dcxtia , et ciim
lata candidatiis nostcr desigiiatus a'dilis sc iii villani. Cui
nos occidimus et gratiilali in Capitolium proscqiiiniiir.
Ille inde cuiido suam domiim , nos noslram. O I'iiini nos-
ter, scinioncm depastione villatica summatim liunc, qiicm
cxpusui , bahcto.
ee®esv%i«-aa>u>s@®s:@d3@©®@®3®^»®3@'@#«>@3@'S:SSJ9&^'-9;'^a^'S939d®s»si»a'^ -nntit
SUR ryVGRICULTURE DE VARRON.
LIVRE I.
II. I'iti/trrr/iiam ad ncccaxarium .•jacri/iciaiii, Allii-
siiiii aii siicrilice de trois ociits clievrcs qu'ijn olTrait ii
Diaiic iiiic lijis p;ii' an, k Alli^nes, d'ii|)rfe ie vani de Mil-
tliide. .Klicn, V. II., ii, 25.
Juhet tcrram tangere, dc.ipuere. I-es anciens ne pro-
non<;aient jamais lc nom de Tellits sans touclier la terre;
ou celuide Jupilfr, sans lever les jenx ■vers le ciel. Pour
delriiire les cliannes, ils cractiaient trois fois, et se frot-
taient le front de la salive {Ter cane, tudictis dcspv.e
carminiOtis. Til)ulle. ) Cetle coutnms de craclier parait
avoir 6li egalement en nsage daiis la ini5decine magique.
Qucnmdmoduiii plncenlain /ticere oporteat, etc...
l'oiir la pri^paration de la placenta, dii lihum et des jani-
lions , voir rEconomie rurale de Caton, cli. Lxxiv, Lxxv.
ft CLXll.
Vll. De/ormce culiitra. Qa'esl-ce que la culturede la
forme? On aura beau lire.avec Uisinus : De ciitturn;
/ornia ; il sera toiijours dilTicil'; de latlacher celte pensee
a celle qui precede. Noiis regardons ccs mots comme Tad-
dition d'un copiste qui aura voulu dclaircir une phrase deja
suflisamment claire par elle-niiime, et n'a fait que robs-
ciircir.
Itaque Cretcv. ad Cortijniain dicitur plniantts p.t.sc.
Pline , XII , rapporle le mSme lait , et se moque a ce sujet
<le la crfSduIitd desGrecs, qui s'imaginaient que c'(Stait
sous cet arbre que Jupiter s'^tait uni ii Europe.
Itcin ^ijliari , qure nttnc Thuris. Pline dit a ce sujet
(picIcchiMiedontil estici failmention,n'entrant eii poiisse
iprau niilicii de rde, gardait par consequent ses feuilles
plus longtemps i|ue les autres , et qiie c't^tait la tout le
miiacle.
Candida /ossicia creta Sclieider remarqiie avec
raisoii quil ne s'agit pas ici de la ciaic qui s'eniploie
comine couleur ainsi qiie le dit a toit Sab. de la Ronne-
terie, mais bien de cette matieie fossile qiie les Gaulois
appelaient marga, et qui, soiis le nom de marne s'eniploie
encore friSquemment en France en place de funiier,
Carbonibus .wlsis, etc... Ce sont, suivant Pline, des
charbousdechenequ'on6teignait enjetantdessus de Teau
sal(5c.
Ex quo anliqui prata parata appcllnrunt. Les
anciens Roniains accordaient anx prairies la pref^rence siir
toiite aiitre eulture; et le nom qu'ils leur avaient doiinii
sigiiifiait qu'elles (5taient toujours prtites i rapporler, sans
exiger des travaux preparatoires.
Vlll. In harundulatione in/icis. Gessner cxplique ce
passage en disant que les branchcs des liguiers avaient
iiesoin d'(5trc Ii(Ses ensemble par des roseaiix, poiir leur
iliinner plus de consistance. Cette explicaliou, qiradopte
egalement Saboureux de la Bonneterie, est dc.sapiuouviie
par Sclineider, qui propose de lire : arundtnatio. Le
passage qu'il cite k I appui de celle lecou : Torta per
obliquos it vitis in orbe cori/mbos, Yerberat et palinn;
enlamosjluilnntejlagetlo : Yincapampincos subarun-
dinnt ehrin cainpos , nous fait penscr qir/((;r!(H(/«/aHo
a ici la signilication i' anmdinatio , et que Tun cst mis <i
la place de raulrc.
Acratophoros , espiwe de vase dont parle tjgalement
Ciceron, de Finihus, iii, 4.
X. Id habct scripiila cclxxxviii quanlum as antiquus
noster anle beUum punicmn. Vas lomain contenait,
avant la premiereguerre punique,deux cent quatie-vingt-
liiiit scripula, allenUu qu'il pesait une livre ou douze
onces , et que cliaqiie once (itailde 24 scripula.
XIII. Fundanius/ructuosior, etc. ValiMC Maxime, vii i,
1 , 7, raconte a ce siijet qiie M. fimiliiis 1'orcina s'altira
rindignation dii peiiple romain, et fut nienic mis eii aceusa.
tion pour avoir fait constriiire dans ses doinaincs niie villa
tropsomptueuse.Ce fait remonte a Tan 016 de la fondation
de Uoine.
XIV. Primum nnturale sepimenlum rivcesepis, quod
obserl solet virgultis aul spinis, qiml hubctradtces, uc
viatoris... Allusion a la coulume qu'avaient les Roinains de
porter des flambcaux allumes dans leurs voyages , ou leurs
[ironienades nocturnes.
Ad viain salariam in agro Cruslumino. Cest cette
nieme voie dont parle Cic(5ron , I)e natura deor., iii, 5,
et qiii condiiisait de laporte Colline au pays sabin.
Qitod ex tcrra etlapillis composilis in/ormis, utin
Hispania... Cesesptees de clOtures .sont aiijourd'hui ea.
core en usage daiis pliisieurs parties de la France, oii elles
sont connues sous le nom de yi'isi. Goilfon , dans son
trait(5 de VArt dumacon piseur, entrc dans de grands Ai-
tails sur ce raode de cl(5ture.
XVII. Alii in tres partes instruinenti genus : vocale,
in (juo sunt scrvi , semivocale in quo sunt boves, mu-
taiain quo suntplaustra. Cetle assimilation de resclave
afinstrumentpassif etinerte,cette gradation de la cliosei
la bfile etde la bcUe a r6tre bumain, (pii ne consiste que
dans la voix , ou dans la voix plus ou moinsarticul^je, est
rexpression la plus naive de Texcfes d'insensibiIit(S oii Tan-
tiquite (5tait tonib^e k T^gard de toute une classe d'honimes
qui ne devait originairement cetle condition qu'au mal-
lieur d'itre vaincus.
lique quas obcr.rarios nostri vocitarunt. Nous avons
trada'\tobcerariosfi!ivl'e\press'maengag6sii/or/ait.Celle
interpr(Station ne s'(;Ioigne pas de la racine , et s'accorde
niieux (\a'c.ndett(i oii obiiri'. avec le sens g(5n^ral du pas-
sage , oii il est fail distinction dcs diverses conditions de
salaire. Nous n'ignorons pas cependant que Varron, dans
ses Origines, en giineral fort douteuses, mais qui pour-
laient avoir raison sur ce point, dit que le mot obrernrii
expiime le conlrat par lequel le diibiteur s'acqiiitte , en
loiiant soii travail pour nn lemps donni;.
XVIH. Cato dirigit ad ditas metas.... (Voir le trait^
d'agriculture de Caton, cli. x el xi).
Optlo. Scaliger lait veiiir le iiiot opilo du grec otiTfb-
V.o'i.
XXI. Clousas (lorinlre... Ce passage parait appartenir
au livre II ; saiis doule Tordre des chapities aiira (5t(Sin-
teiverti parqiielquc eopistepeu intcUigent.
AOTES SUR i;AGRICL!l.nu{I<:.
XXVI. Proplercas flf/ienHi/....NoiisaTonsciu(Ievoii-,
avi'C Ponledein , clianger dans la tiadiiction eax en oliis ,
le?oii <|ni se trouve d'ailleurs justifiiSe par le passage du
cliap. 16, 011 nous lisons : Vt vitis adsit ad olus fnrere,
solet. .Scali;jer, qui d^fenil eas, a tort de cruire (iu'il j avait
antipatliie entie la vigne et le cypr^s.
XXIX. Dicltur porca quodea, seges frumcntnm por-
ricit. Varron se montre prodi^ue , et n'esl pas toiijom s
heureux en ('Ijmologies. Ilsuflitdes nombieuses cnulia-
(lictions 011 il loinbe i\ cet ^gaid pour prouvcr couiliicu
.>es conjeclures sonl liasard(ies. .Ainsi , par exeniplc , le mot
messis, ditil dans un endroit , ne s'entend piopicnicnt
(pie des clioses qui se inoissonneiit (rpiw melunlur); et
plus bas , en parlant des differentes manii!res de nioisson-
!icr, il fait dijiiver le mfime mot de medius, parce iiuc ,
cn coupaut le ble, onle tenail par lo niilieu.
XX.XI. Quod ila occidunt, occare diciint. .\iitie
preuve delamanie deVarron ponr les (5tymologies. En e(-
fi't, conime Tacle qn'exprime le mot occare impli(]ne Ti-
d^e de destritclion, iiotre auteurn'a point liijsile ii faire
d^river ce mot de occidere , d^truire ; bien qu'il soit
prouv(> que occalion pour racine le verbe oeccecare. Ici
Ton peut opposer a Varion rautorite de CictTon liii-nii>ine
( de Sencclute, cap. 13).
.VL. l'l sint obscura. Voici ce qiie dit Pline, wii ,
H , de la senieuce du cyprcs : Miiiiniis id rjranis cnns-
tiil, tit ri.r jiirspici qucedam possinl ; non omillendo
nalurce miraculo ctiam parvo rjirjni arbores. Un na-
turalisle moderne a fait remarquer qu'il y avait ipiel-
ipie exag(;ration dans ce que disent les ancieus dc l'c\i-
Riiite dcs seniences du cypres.
Qaas alii clavnlas, alii taleas appellant. Tliiio-
pliraste appelle en effet la cime d'uu arbre icO.zi.a. IJe ce
luot lesLatiiis ontfait talea-
Hoc sequunlur muW.... Voici ce qiie riiae dit, 15,
17, a ce iiK^nie sujet : <i Au reste, la religion ne perini^t pas
qu'on grefle les arbres indifft'reminent les uiis siir les au-
li es ; elle ^('fend ifentcr sur Tt^piiie , | arce ^\\i il scrait dif-
licile d'en ddtuuiner la fouilre. »
Ex arliure , e qua qtcis vult liabere surculum , in
eatn , qunm inserere vult , ramuluin traducit , et in
ejus ramo pra'ciso ac dijisso implical. Ce passage
est presque impossible a construire graiiimaticalenient,
i moins d'adinetlre avcc Pontedera que rordie primilif
des mots a H6 entiiiiement interverli par les copislcs;
de sorte qu'il faudrait constniiie la plirase de la manieie
suivante : Traducit lumramulum ex iilrnque parle,
qicce fissuram inlrnt ,falce exlenunlum in cjusramn
praciso ac difis.w iinplicat , qvi conlinrjit ilrc , nt
ex una pnrte, qun cullum visurus est , etc. Coliiiiiclle
parle du mfnie pi oci^di; , v, 1 1 ; Pline cn fait aussi menlion
aii livre xvii , 30.
XLl. In crcseendo tarda , in lioc enim humidiora
quam aridinra. A quoi faiie rappoilcr in lioc? Les
commentateurss'^puisent en vaines coiiject'iies. G(ssncr
avoue francliementque ces paioles .sont des plus ob.scii-
les ; mais il ajoiile que cette raison ne lui avail pas pai ii
snflisante pour lcs clfacer.
XLIV. Serunlurfabre modii IV in jugero , triliri
V , ordei VI, elc... On troiive dans les auleuis ilrs
niilioDS tris curieuses sur la fertiliti" de cerlaius siils diiiis
les temps anciens. Ce que dit Varron siir celle di^s en-
virons de Sybaris ctde liysacium est c/mfirm^ sur tous
lespoints par Pline, qui s'clend plus longueinent sur ce
sujet. D'apiis cet auleiir, on y recueillaitdans celtc der-
iii(Te loraliti! jiisqii'a cenl cinqiianle fois la semeiice;le
ni()nie aiilcur ajoiile , xviii, IO,(pie le gouverneur de ce
I.'i7
pays envoya a Aiiguste pris de qiiatre cents tiges piudiii-
tes par nn seiil grain. Ou euvoya (Sgalement une toiilTe
de trois cent qiiarante tigcs a Xeroii.
XLV. .Ercfrigorecingunlur, etc. Entre les dilKren-
tes lccons, qui porlent lcs uues lingunlur, les autics
languntur, et d'aulres encore stringunlur, ou reslrin-
gunhcr, nous avoiis cru devoir nous (k^cider poiir cinguii-
lur, a cause du passage de 'rii(!oplii;isle dont cette pliiasi;
parait avoir 6li lk6c : oti t» ii.i-i avM -/.mWstii Sti t6v
TispiS ispa '{"JXP^'' tivTa.
Nisi qicn lepor vcnil snlis. Celte Ii>i;j):i, que iious
avons retablie dans le lexleavec Scliueidcr, est parfaitc-
luent jiistilKiepar ce passagede Pliue, xvi, sn : Quidnm
non nllius descendcrc radices, qicam sulis cnlur lcpe-
faciat.
XLVIII. Ea qtcce mutilala non esl , in nrdeu cl Iri-
tico. Ce passage rappelle ccliii dc Ciciirnn, De srne-
ctule, l:"i : Qiiir nira fibns slirpiuiii sensinc adule-
scit, eulmnqnc erccta geniculalo vaginis janiqiinsi
pubescens includtlur; e quibus qiiuiu cmerserit , fuii-
dit, etc.
L. Batillum. l.'usage du baliUuin rc^sulte claiieiucul
(Viiii passagede Pline, XVIII, 72 : GalliarumlatifttniHis
vnlli prregrandcs dentibusin margineinfcslis diceibns
rolis per segetem impelluntur, etc... Sclineider pense
que le balillum irest aulre cliose qiie le vallum doiil
iious parle Pline, xviii,72.
LV. Qici qunlicl, )ie «(?iw,?K)», elc... Pline dit,xv,
2: Qui eaulissiiiif arjunt, arundine levi ictii , nec
adver.ws percutiunl ramos; sic qunqtce, etc...
Pcr serias ac vasa ulearia et.... Qtcre res.... Cetle
plirase porle rempreinte des diff(5rcntes corrections teii-
ties par les nonibreux comnienlateurs. Nous noiis borne-
rons a faire reniarqiier ipren lisant per semi vasa aii
lieu de perserias, et eu faisant lapporter .sc;i« aux .six
pressoirs dont parle Varron, i, 22, on ferait disuaraitre
toote diflicull^.
LIX. ElqtccB antea nncstea vocahant, nunc mcli-
mela appetlanl. Pline parle ^galeincnt de ces pomnics
dites muslea ct mcliniiia, \v, 15 ; Miislea a c-iieri-
tale milescendii quia nuiie melimcla dicunlur a sa-
pore mcllco.
Mala eolonea, strulken in pensilibus jtcnclis. Ccde
plirase a 616 certainenient falsirK^e. II a 6U iiiiiin^silile
de lalier avec ce qiii pietiide, et de rexpliqucr sullisaiii-
ment.
LX. Patcsens aridns. Le mot riridaji ne sc iroiive
point dans le tcste de Catou cilii par Varrou. Pline, qiii
rapporte le infime texte, Ta retranclKi ('galemenl ; Poiile<le-
ra le reinplace iiar albas. Ce qu'il y a de certain , c'est
que le mot albas est aussi d(iplac(5 que celui iVaridas , et
qii'il scrait peul-ctre plus raisonnable de lire virides.
LXI. Qtcod slatim.... Tout ce cliapilre est eiitacli(i
d'iiK:orreclii)n , ct iioiis sommcs portiis a croire qu'il iie
formait qu'un avec celui qui piiicede; de sorte qu'il faii-
drait peul-eire r^tablir le texte dc cctte nianiere : Ctim
eslolea crprcssa, quod slalim effluxerit de ea, qui
cst /iiiinor riqtcalilis ac relrimcnlum, condittcin in vns
firliletdquidcm sicsulcnl tueri, etc; ... tunc dccnguunt
in n/icnts leni irjni duasparles,el refrigeratuineundunt
in vasn ; litm dintquc ndusum rcclc promilur. Stcnt
ilein nliir cundiliunes.... musluin. Ce qiii nous conliriiie
encoiedans cetlc conjecluie, c'est le passage ;ie Pline,
XV, 4 : OlivcE condiuntur amurca sapave....
LXIII. In sole ponere oporlel aqtcre calinos. II ost
indispensable d'inlcrcaler eiitre oporlet et aqurv la par-
l\c»\ealqice, qui se trouve d'ailleurs dans lcs ancieniics
''Jitions.
NOTES
LIVRE II.
INTRODUCTION. llaque anmim ila dirismtnt ,iit no-
nisinodo dicbus iiibanas res vsiirpai^ent, re.liijuis vii
ul rura colerenl. Tous les neul j uirs , il y avaita Rome
ua inaicli(S public appelo mtndina: . Comme les habilants
de la campagne s'y rcndaient en foiile , on prolitail de ces
jours pour faiie passer des loisqui toulcfois ne pouvaient
fitre piibliees qu'apri!s avoir et(! proposiSes ainsi pendant
trois jours de niarcli(5s cons&utifs, alin qiic les citoycns
fussciit a mSinc d'en prendre comiaissance.
.Si nonmullisvocabitlisretinneantgrcBcis. npoxoiTtiv
(Slait la pi^ce qui pr(5c(!dait la cliambre i coiicber, et dans
laquelle setenaient les esclaves ; ■itocXaiu-pa, lelieu reserv(5
aiix cxercices; airoSuTTipiov Stait la picce oii Ton se desha-
billait avant d'entrer aux. baiiis; opviOiuv <;tait le nom
donne aux voli6res en g(;ii(5ial ; TtipitiTcpJwv (itait un co-
lombier; et oTt(opo9T,x-/), en giin^iral, une serre.
I. Citm Menas disccssissel Dijn Scaliger et Ursi-
nus s'(5laient apeT(;iis qiie ce comnienccnient de cliapilre
itait Ironqui^, et ipril devait ni^cessairement y avoir exist^
quelque autre pr(5ambule. Cest cc qni parait surtout re-
sulter du chapitre 8 , oii nous lisons : Vcnit a Me-
nate libertus, cjui dicat , liba absoluta esse ; ct puis
du cliapiire 5 , qui porle : Cum Q. Licienum alnts salit-
tassct, aliits conviciatus cs.set, qui tani sero venisscl
adconstitutitm.
Cossinius. Cest sansdoute L. Cossiniiis doiitparle Ci-
ciion in Orat.pro Bulbo, c. 23, ainsique le fait obscrvcr
Ernesti dans soii index Ciceroniamts.
Thales Milesius, Tun dessept sages de la Grfece. II fiit
le premier des pliilosoplies qiii s'occupa d'astronoRiie, ct
qui prtSdit une (iclipse de soleil. II mourut dans un Sge
Iris-avanc^ , en assistant ii un combat de liitlenrs.
Zeno Cittius, cbef dela secte des stoiciens, ct lclle-
ment respect^S a Albtnes , que c'(!tait cliez lui qu'on diS-
posait les clelS de la ville.
Dicearchus , cbef d'une secle dc pliilosophes qui por-
tent son noni. Fils d'un siniple coiiimeirant, il voyagea
pour s'instruiie. 11 mourut h iMiilaponte en Ifalie. La \6-
iKJration qu'on avait ponr lui (■tail si grande, qu'on iil de
sa maisoii nn temple , oii on Tadora comme uii dieu.
Latincrotas... Ce passage a donne lieu ade nombreuses
conjectures. On se demandait avec raison comment les
cli(!vres de la Samolbrace pouvaient 6tre appel(>es en latin
rotce. Ursiniis et Scaliger ont projios^ de liie jilatyccro-
tus. Scbneider aime mieux lire strepsicerotas ; c'est
oette espece de cbevreuil qiii a le bois droit ct canneliS, et
dont parle Pline, xi, 45. Cette dernifere vaiiante nous parait
meiiter la pieferciice.
Qui ipsas pecudes propter caritnteni aitreas ha-
bitisse pelles tradiderunt. La tradition d'un b(SIierd'or,
conserv^ dans la famille des IVlopides comme une esp6ce
de palladium de la royaut^, se tiouve rappeliie daiis le
Thijcste de S^nfeqiie. Le vol de ce biilicr est Tun des prin-
cipaux griefs articulijs par kUia coiitre son friire...
Quod nominaverunt a c.apris j-yjcum pclarjus. Les
clievres s'appellent en grec aiYe;,
In Sabinis Canterium montem. Cantcrius est le noni
que les Romains donnaient a un clieval liongre.
Qitod Parilibiis potissimum condidcre tirbem. Les
Pnrilia litaieiit les fiHes que les p;\tres c{!l(ibraient en
rhonneur de la d^esse ct du dieu Pales, le 11 des kalen-
des de mai.
l'rvo urbis... Voici ce que nous dit Servius dans ses
comniciitaires do Yirgilo : ■■ Loriique lesancieiis voulaicnt
biilir une villc, ils allclaient un taiireau ct une \aclie i
une cbarrue, en prenant le soin de mettre la vaclie du
c(Hi5 de remplacemeiit de la ville. Piiis, retroiis.saiit leur
rohc et s'en couvrant la tete (ce qu'onappclait se ceindre
9 la maniere des Sabins) , ils conduisaicnt cette cliarrue,
le inanche courb^, du cdte de reniplacement de la ville,
pour faire tomber les mottes de terre de ce cfltd, et tra-
^aient un sillon de toute la longiienr des inurs qu'ils
devaient donner a la ville, eii relevant le soc aux endroits
deslin& k remplacemeiit des portes. Quantau motM)'tiim
luimfime, voici ce que nous dit Varron dans son trait^
des Origines , iv, 32 : Iinburuin fictuin ab urbo , quod
itaflexum, ut redcat sitrsum verstis, ut iii aratro
qitod est ttrbum; puis plus loin : Btira a bubus ; alii hoc
a curvo urmim appcllanl.
Cum lustratur, suovitatlrilibus... Les suovitauri-
lin (Staient le plus consid^rable sacrifice que Ton offrait an
dieu Jlars. Ce sacrilice se faisait pour la purilication ou
rcxpiation deschamps, des fonds de terre, des armijes,
des villes. Lcs suovitaurilia (itaient distingufe en grantls
et petits; lespetits (jtaientceux oiiron immolaitdejeunes
animaux, un jeune cocbon, iin agneau, un veau; les
grands etaient ceux qiii se faisaient avec les mfinies ani-
mauxadultes, verrat, belier , et taureau. Avant lessacri-
fices on promenait trois fois ces animaux autour de la
ctiose inipure. On immolaitloiijours leverrat le premier,
comme ranimal qiii niiit le plus aux semences et aux
moissons, et successivement le WVier et le taureau. Cliez
les Grecs le miiine sncrilice avait lieu en rhonncur d'au-
tres dieux; par exemple, de Neptune (voir Homere) , ou
d'Esculape (voir Pausanias).
Monte Tagro, qiKvdam e vcnto certo iempore oon-
cipiunt cqucv. Pliiie, x , 60 , nous dit : Quidam e
ve.nto pulant ea generari, qua da cnusa etiam ze-
phyrica appellantur. Servius, dans ses commcntaiies
de Virgile, G(k)r., m, 278, fait (igalenirait alliision a ce
passage: Hoe etiam Varro dicit: In Hispania ulteriore
verno tempore cquns, nimioardcrre commotas, contra
rigidiorcs vent.os ora patefaccre ad sedandttni calo-
reni, ct eas exinde concipere etedere pitllos, licetve-
loce.s, dici tamcn miniine duraturos ; nam brevis ad-
modiim vita; sunt.
Chordi. Pline, viii, 47 : Chordos vocabant anliqui
posl itl temptts natos.
If. Vcntrem qitoque ut habeat pilosum. Itaque qu/r.
id non habcrent , majares nostri apicas appclhibant ,
ac rcjiciebant. Pline parle egalemcnt de ces brebis apica\
et noi>3 dit : quibits venter nudus essct, apicas appcl-
labaiit damnabantqtte.
Item bince pro singulis ut procedant. Xous fai-
sons remarquer avec Scbneider que le mot procedunt a
dans ce passage la signilication de valeant, ducanhtr,
numerentttr; cette lociition a 616 d'aUleurs parfailement
expliqnije dans Gronovius ad Livium, v, 48, p. 213,
toin. II.
Cum inter htec binaloca, ut jugitm continet sir-
piculos, sic callcs piihtictr disluutes pastiones. Los
calles 6ia.\eni des chi.'i:i;ii> r.'srivis aux troupeaux dans
les foiiJts qu'il fallait liaMiMi, liiisi|iron les condiiisait
des piturages d'6t(i a ccux dliiver. Schneider pense au
coiitraire qu'il y avait dans lcs lori>ls, de distance eii dis-
taiice, desplaces enlifcresqui (itaient abandoraieesaiix Iroii-
pcaux lorsqu'ils (itaient conduils aux pitiirages d'liiver
011 d'(!l(!, et que cutait la co qiie Ton appelait ciilUs jnt-
blicw.
lia pascere pecus oportet, ut averso sole agat. Voiri
ce que noiis dit Columelie a cc niii:iic siijet : Si quidein
plurimum referi ut nc pa^iccntiuiii ciipila sint cdver-
sa soli, qtti pleruinque iiacct animalibus orienle pra: ■
SUR LAGRICULTURE.
«.-.0
(lido sidrrc. Plino fait lumrimo rccommaiiJatioii, viii, 73.
Quumdiu udmissura fit , eadem aqua ulioporlct,
i/iiod commutatio el lanamfacit variam, et corruni-
III f ulerum. Les Gdoponiques noiis lecmiimandent (Jga-
iiiiient de prendre cette preiMution : toi; aOrot; Se xal |xv^
-:r.'trjm'i OSai'. xplsTEOv. Pline (lit an meme siijet , viii ,
'' : Malalio aquarum potusque variat lanicinium.
Dclcrrenl ab saliendo fisccUis c junco, aliave qua
rr ijuodalligant adnaturam.Lash^mtioiliuaiiefiscclla
I. --iilte suflisammcnt du passage de Calon, 54, oii il esl
• lii : II iinporte que lcs lioMils aieiit la bouclie garnie de
|n lits paniers, pour qu'ils ne hrouttent pas riieibe en la-
liiiiiranl. lioves fisccllas /labcre oporlcl, nc hcrbam
siclrnlur, cum arabunt.
Dum arjnoscant malres agni , el pabulo se salu-
II nl. lei nous avons piis pour gnide Creseoiiliiis, qiii
^.•neralement nous a etii d'une grande utilite poiir l'iii-
lilligence du texte de Varron. Cet auleur a ec.rit en latin
iiii liaite d'agricultureextrait en partie dcs agroiiomes ro-
niiiins, ct cela i une e|)oqii(; oii Varron (5tait cerles moiiis
iliiKitur6 par les (■ommentateiirs qu'il nc r(!st aiijoiinriuii.
\ oici cc qii'il dit snrce point ; Cum parere iucipiunt
nifs, paslores eas injiciunt inea.ilabula, qua; ad ettm
nm habciU scclusa , ibique agnos , rcccnler nalos ,
iil! iijnem apponunt , et per biduum retinent cum
iiiiilribus, dum cognoscant matrem ct pabulo se salu-
rnil.
Sed ea (ut dixi ) in libro scripla magislcr pecn-
lis habel. Vairon s'oublie ea ce nioment.ou pliitotne
iriisc plns ii .ses interloculciirs ; car c'est Allicus qiii
paile , el c'est Sciofa seul (pii pouvait dire ut dixi.
iU. 0 Fausiule noster. Allusion au nom du palie
qiii avait noiirri Romulus et R(;iniis pendant leur cn-
l.oiie. Mc^lanlliins etait legardicn des clifevies d'L'l>sse a
llliaque.
yunquam enim sine febri .mnt. Oessner laconle a
iv piopos lc fait siiivant ; Vn enfant ni; a iSimes pendant
1 1 peste de 1029 avait perdu sa noiiirice a la snite de la
1 'iitagion. Elev^ par une cb^vre, il fiil des son enlance
ni pioiea uneespece de (ievre , (pii iie le quitla point
Ir restede ses jours.
Quod capra.<: sanas sanus nemo promiltil. Jeii de
inols riisultant de Toppositiou du seiis [iropre aii sens li-
■^ini dans le inot sanus.
I)e quibvs admirandum illud; quod eliam Ar-
I hilaus scribit, ntm, %it reiitjua animulia, naribus,
■•-'il auribus spiritum ducere. Celte absurde uotion
Mi liouve (?galement cliez 1'line, liv. VIII; Auribus eas
.^pirare, non naribus. Aristole, en rapportant celte ob-
M I valioii , la traite de fable.
IV. Sed quis e porculaloribus. L'origine qne donne
Ticmellius de son surnoiii de Scrofa est bien diffeieiile
de celle rapporl(;e par Maciobe : « Les csclaves d'nn
certain Treniellius avaieiit vol(! iine truic a un de si^s
voisiHS,ctravaicnl tuce. Celiii-ci,averti dece vol, litcei-
ner la maison de 'l'iemellius de fai.-ou que ricn iren pilt
sortir, et lc soinina de lui rendre la tiuie. Treinellius ca-
clie ranimal soiis les couvertiires du lit oii reposait sa
femmc, ct permet ensuile au i(*clamaiit de faire toiites les
peniuisitions qiril voiidra. On anive aii lit, et ■rremellius
aflirme par senneiit qu'il n'a cbcz liii d'auti'e triiie ipie
celle qui est conclK-e l.i. Cette plaisanterie lui valiit le
surnora de Scrofa. »
Aec me es.te ab Eumn'o orlum. F.um(<c HM lc gar-
«licn des pnrcs dlHysise; llomcre en fail Teloge dans le
*' livrc de rOd)s.s(;c.
Qui quccslor cum csscl Licinio I\'ervcu.... TileLive
noiis apinend que Licinius Nerva avait d'abord (Stdenvoy^;
en HLKodoiiie pour faire rinspection dcs troiipes , et qu'il
fut fait priiteur Tan 587 de la fondation de Rome.
Ilaque iis animam dalam esse proinde ac salcm,
qute servaret carne.m. Les anciens aflectionnaient sin-
gulicrcnuMit celle id(je, car ils Tonl souvTnt rcproduitc.
Leur csprit iiliilnsopbiquese plaisait a maf(>rialiscrl'aine,
en r.issiiiiilanl aii sel qui vivilie. Cicijron , de Aat. Dcor.,
II , M , cn lait boiineur a Clirysippe.
Pliiic, viii, 77 , nous dit aussi : Animnlium hnc niti.rime
brulum, animtunque ci pro sale dalam non illcpidc
c.rislimabatur.
V. Et Varronem noslrnm, inquil , 7:oi|j.iva /awv.
Allusion plaisainment familiiire k la qualilicatioii boiniiri-
que des rois ct des princes.
In quo quidcm, inquit Vaccius, mete partes , quo-
niam boves ibi el vaccte. Jeu de mols sur ranalogie de
vaccius et de vacca.
Ah hoc (n bove) antiqui. mtinns ila abslincri vo-
Juerunl, ul capile sanxerint, si quis occidi.i.ict. Ovide
fait dire ;\ Pytbagore , dans son livrc contre l'usage de se
nourrir de la cliair de ces animaux :
Quid mcruerc boves, animal sinefraude dolisquc ,
Innocuum, simplcx, natum tolerare labores ?
Ov., Mi't.,\\, 120.
Pline noiis npiirend (?galpmpnt qiie le ba>uf qui ciiltivait
la lerre etait telleinent respectii des aucieiis Romains,
qii'il y eut un citoyen accus(5 et coiiilainni; poiir avoir liii;
iin (leccs animaux; ce crime (5galant ii leurs ycux ciMui
dn meuclre d'un laboureur. Le iiifiuie fait est rapjmrti; par
Valirc Maxime, viii , 8.
Nam ab hoc pecore Alhcnis Buzugcs nobilitalus ,
Argis Qnogijros.
Pline, VII , 57 , pi^tcnd qnMI y cnt un AtlK^^nien dii nom
de Bn7.ug6s qui fut rinventeur de la maniire d'atleler
des ba-ufs a la cb;irrue; d'aulies auteiirs penseut qiie ce
nom n'est jias un nom propie, mais iine epitlifele doniii<e
a rinventeur, ct formee des deux mots pou; , boeiif , et
joug , ^ovo; , et donn(';e ii rinventenr.
Quant ii Onogyios, nous ii'en trouvons trace dans aucun
auleur ancien.
Aon minus salisfacinm iibi quani gui Bugoniam
scripsil. Ce qiii resulte des differents commentaircs
dec« passage est que bugonia (.'lait une locntion iisit^^e
poiir expi imer ce qu'il y a de plus agieable. Scaligcr, api(;s
avoir compar^ au texte les e\plic;itions de Tiirncbe, ajoute
asscz plaisaniuient : Si quid voluerit Varro ncscio; quitl
noluerit scio.
ISe gibbcri, scd .ipina leviler remissa. Le niot
gibberi ne se rapporte nullement k ntires , comme le pense
9. tort Gessner, mais bien ii 5;)i)ia , comnie le fait observer
Dickson.
I.anii qui ad cnllrum hnveni rmunl , cl qui ad iil-
tariti , husliiv sanilatem noii solciit slipulari. Celle
plirase pai;ilt tUe en contradiction avec toutce qiie nous
savous dcs sacrificcs de rantiqnit^S , puisqnc les victi-
mes (pi'on immolait devaient ;ivant lout (Stre sans dcf;uils.
Gessner dit ii ce siijct qiruii aniinal peut Ctie eveiiipt dc
diHauts , sansfitre sain; de sortc qiron aurait pii iiiimoler
iiii ba'uf al'fect(! de la fifevre, pourvu qu'il iie liit ni borgnc
iii boilenx. Sclineiucr, aii conlrairc, fail obscrver qiie
celle claiisc dc la saiiliS (ilait retr;iiicli(5e , par la seulc
raison (pic lcs prrlics eiiv-incoiis avaicnt contumc dc s'as-
surer dc rcl:il s.iiiilairc ilr^ licli s, sans avoir besoiu
d'en dcmaiidcr dcs wiraiilicsaii vciideur.
IfiO
NOTES
* ffoc sccundum astri exorium facio , quod Grceci
vocant Av^jm, Ficlem nostri.CeHe conslellation se lcvc,
(1'apres rline , le jour des nones de janvier, Plin., viii , 20.
Yl. :<niiciiiiii .V. murcence optimce flutai snnt in Si-
ciliii , ' ' (V/17K iicl Kfiodon , conlinuo hi pisccs in
oinni inaii sniulcs nasctmtur. Les murmnce /lulw
sont ce (;H'on appelle en giec rXtBtai. Maciobe Jious ap-
pieiid (|ne ces poissoiis ^taient appeles flutce, paice que,
a rdrcf de floller a la supeiticie des eaux, ils ^laient en
qneliiiie soite i;rilli5s par rardeur du soleil, au point que
jierdant toiite leiir souplesse, ils ne pouvaieiit plus se
plonger dans la mer, et qn'il etait lacile de les prendre a
la main.
yil. Jltas cognoscilur equorum, et fere omniuni
qtciunyulas indii>isas liabent. C'e passage, relatif a
rage du elieval el aii\ nioyeiis de le reconnaitre a ses dents,
est tr^s-obscur, et puralt avoir subi de noiiibreiises al-
terations. Sclineider a recours , pour l'expliquer,aii\ Geo-
poniques; et voici comnienl il letablit le texte : Quinlo
anno incipiente, ilem eodem niodo amiltcrc binos
(scilicel utrinque) tum quos airos habcnt renascen-
les, eis scxlo anno impleri ijncipiunt). Ce qui pa-
rait du reste conliriiier celle interpriitation, c'est le II"'
livre de l'line, cli. C4 , oii noiis lisons : Aniitlil Iricesimo
■mcn.sc pri)norcs nlrinque binus. Scquenti anno toti-
dciii pnijiiHDs, ciiiii subeuiit dicli columellares. Quinto
unnii iiiripini/c Jiiiios ainitlit , qui sexlo annorenas-
cuiiliir. Srpliinu annuuinncs liabct et renalos ct im-
muliiliiles.
Curpore mullo. Ces deux mots paraissent avoir ap-
parteiiu a une pliiase enti6re, dont ils ont ^ld detaclies
inal a propos. Dans risolement ou nous les trouvuns ici ,
noHS avons pensd qu'il fallalt les seiiarer du reste du texte
cu les mettaut entre parentliises.
Cum menses ferunt, signifie lill^ralement : lors des
pertes mensuelles. Deja les Gtopuniques avaient leleve
celte erreur en substituant aHHMcWc? a mcnsuellcs , ce
qiii est aussi plus conforme a riiisloire naUirelle ; car on
pietend que ce pli6nom{!ne cliez lcs juiucnls ne se re-
piodiiit que tous les ans. llparait au surplus que cette
loculion, cum menses .ferunt , ne doit poiiit Ctre prise
daiis le sens absolu que lui donnenl les commentateurs ,
et ipie menscs s'eiitend de toule pcrte periodiqne ; coninie
le inot menslrualion ne comporte pas pr(5cis6ment pour
limite rintervalle d'un mois.
Eademque causa ibi frcenos suspendendum. Vir-
gile dit aussi : Primus eqtii labor est stubulo frcsnos
audire sonantes. Ovide s'est servi de la miJiue expres-
•sion -.frcena sonantia.
Quod quarlo die feccris. II parait que le mot dic,
que nous trouvons dans le texte de Schneider, esl Tal-
liratiou de decimo; de sorte qiie dans le principe on li-
sait quarto decimo feceris, ce qui esl d'ailleurs plus
couforme au sens de la phrase.
VIII. Nam muli et hinni birjencri , atque insilicii,
non stiopte gencre ab radicibus. Pline ct Coliimelle
iious parlent (^galement de ces hinni. Le premier nous
ditau livreviii, cliap. 44 : Equo ct asina genilos marcs
hinnos antiqui vucabant , conlraqucmulos qiios asini
et equic gencrarcnt. L'autre, vi, 37, sV\priine aiiisi :
Qui cx cquo et asina concepti gcncranlar , quumvis a
palre nomenlraxcrinl, quod lanni rucanlar, nialri
peromnki magis similes sunt.
IX. Proverbium ut tollant antiquuni : vcl ctiam
ut (j.if)ov aperianl de Actceone, atqiic in dominum
afferant dentes. Xous les commentateurs se sont mt5-
pris siir le sens dc cclte plnase, cn supposant ipie Varron
avait voulu faire allusion a Tanclen proverbe : totscrvi,
tot hostes , et par extension tot cancs , tot hostcs. Celte
eireiir lcs eiitiaine ii denaturer la signilicaliun viiritable
dc. lolliinl , et a la tradiiire |iar ruj>iicler. Nous croyoiis,
aii conliaiie, qiie Varron ;iar le mot provrrbinm ii'en-
lcnd aiiLrc eliose quc la lidtilile pioverbiale dcs clilcns ; et
en laissant au mot totlant sa signilitation de dclruire,
dler, nous sommes naturellement amen6«a traduire/Ji-o-
vcrbium tollere par dimentir lc proverbe. Quant a la
fable d'Acteon, toiit le monde sait qu'il a ^1(5 diivoie de ses
propies cliiens.
Catuli diebus A'.V videre incipitmt. Ce chiffre pa-
rait etre contredit par Texpiirience. l)e]k Aiistote a fait
obseiver que le noinbre de jours pendant lesquels ils soiit
privfe de la vue diipcnd de rcpoqiie de Tannee uii ils •
sontveuns au iiionde. U'ailleurs 1'line nous dit, viii, 40,
queplusla m6re a de lalt, |ihis la vue tarde a leur venir;
(le sorte cependant que ce n'est jamais aprcs le 21" ni
avaiil le ~' jour de leur naissance.
X. In cmtionibus dominum lcgitimum scx fere rcs
pcrficiunt : si hcereditatem jtcstam adiit : si, ul de-
buit, mancipio ab co acccpit,a (juojure civili po-
tuit: aut siinjure cessit , citi potuit cedcrc , et id
ubi oportuit : aut si usu cepil La maneipation
de ceilains fonds privil^giiis se laisail avec beaiicoup
de solennit^ , et en prisence de cinq tcnioins. Ce que les
Itomains appclaient ccssio in jurc (itait un iiiode u'ac-
quisitiou bien plus simple que la mancipatiun; li sufli.sait
puur cet acle judiciaire de trois personnes; lacipi(!ieur,
• le propiictaire et le priiteiir. Vusucapion etait 1 acquisi-
tion du droit de proprieK; a tilre de possession |)aisihle ,
apres un temps piescrit par les lois.
Atcl si eprceda siib corona emil. Les esclaves se ven-
daieut chez les Roinains comme se vendent chez nous
les aoimaux. Varron niet les pcilres daus la dasse des
mulets et des cliiens : on leur luettait une couronne sur
la tcte , comine iious atlaclions de la paillc a la croupo
des clievaux qiii soiit ii veiidre.
XI. Kon ncgarini, inquam, ideo apuct divce Ru-
mince sacellum a pastoribus satam ficuni. Itelative-
iiient ate figuier dont parle Varron, ou bt daiisPline, \x,
20 : Colitur fictts arbor inforu ipso ac coniilio liumai
nata, sacro fulguribus ibi eondilis , magisque ub me-
moriayn ejtcs, quw nutrix fuit liomuli ct llemi con-
ditoris appellala; quoniam sicb ca inrenta c.sl lupa ,
infantibus prcvbcns rumcn.
LIVRE IJI.
1. Elcnim velustissimumoppidum cumsd tradi-
tum groecum, Lieotice, Theba;, quod rex Ogyges
wdificarit. Ogygiis est le plus ancien roi dont parle
l'liibtoiie; t'est pour cela que les Grecs se servaienl du
raot wf ij-fiov pour d^siguer uue chose lorte anciennc.
A'am in hoc nunc dcnique csl, ut dici possit, non
cum Ennius scripsit, septingenti stmt paulo pltts
aul iitinus anni, anguslo aitgtirio postquam inclila
cundilu j:oma cst. Le poele l'".Hnius mouriit Tan 58»
dc la foudatiou de r.onie, sous le consiilat de Marcius lJ|ii-
lippus ctdeServilius Ciipion; aiusi le computcitii, et quise
tiouve dans ses Annales, ecritesen!)55, (itaitdeson vivant
un auaclironisme. II n'(!n etaitpas ainsi du temps de Var-
ron; car c'etait en 717 de la fondation de Ronie qu'il
composait son livre, etc'esten 727,suivant Eus^bc,qu'il
iniMirut , a ragede 90 ans.
SUR UAGRICULTURE.
161
Kmn lingjta prisca ct in Gracia woleis liirotii
sitie. afflatu vocant collis Tebas. ScaliRer s'alta(lie
4 proiiver qiie rorisine qiic Varron lioniie a la ville ile
TliMies est lui mol plnSnioienqiii signifiait navicida , peUt
vaisseau : ce qui vient ii l'appuidecette c\plication, c'esl
qu'on appellc en lidbreu une arclie a)ca (tlieibe).
II. Milii dum dirimenttir, inquit, siiffragia, vis
potiiis villm ptiblicw ulanmr ■umbra. Lorsqne le
peuple romain t'tait assemt)l(5 dans le cliamp de Mars
pour donner son siiffrage, une partie se retirait dans la
villa publiqiie penilant qu'ou depouillait le .scrutin, et le
resle se mettait a ronibre sous des tentes qiie lescandidats
faisaienl dresser daiis le cliamp de Jlarspour eux el leurs
partisans. Corame ces tentes (Staicnt mal construites.mal
couvertes,et souventdop petitespour le noinbrc de per-
sonnes qu'elles avaient 4 recevoir, Varron les appelle di-
midiatie. On voit dans Ovide qu'elles (Staient couvertes
de fenillages et de toges : Suntguibus e ramis frondca
faeta casa est. Parssibi pro riyidis calamos slatucre
columnis, Dcsupcr extcntas imposuere togas.
Sedebat ad sinistram ei Cornelius Mcnda consu-
lari familia ortus, et FirccUius Paro Reatinus, ad
dextram Minulius Pica, et M. Pctronius Passcr.
Tous ccsnoms sont des noms d'oLseaux , ce qui niotivc la
})laisauterie d'Axius.
J\'w)ic uH hic vidcs citrum aut aurxim.' On juge,
par plusieurs (Spigrammes de Blartial, qiie cc bois ^tait
plus prfoieux i Ronie que l'or mfime. Mcnsa citrea. Ac-
cipe, felices, atlantica munera, silvas : Aurea qui de-
derit dona , minora dabil. Pline dit t'galenient que si
les liouimes reprocliaieut Ji leurs femmes leur luxe en
pierres priScieuses , celles-ci reprocliaient a leurs maris
leursfolles d^peiises pour des tables eu citrounier.
Vestigium ttbi sit ntdlttm Lijsippi aut Antiphili,
sed crebra saloris et pastoris. Lysippe , fameux sculp-
teur, qu'AleNandre, regardait conime le seul djgne dc faire
sa statne, i^laitdeSicyone. Pline, xxxvii , 7, nous dit qiril
avait fait 1500statues, et quc cliacune d'elle< auraitsulfi
pour fairc .sa riSpiitalion comnie sculpteur. Cc nombre est
calcul^ d'apres la qiiantiti; de pieces d'or quc Ton trouva
apres sa mort dans unc cassette oii il avait coutume d'en
mettrc une en r(!serve cliaque tois qu'il toucliait le prix
d'une statue. Quant i Antipliile, Pline nous dit qu'il (!lait
itgypticu, et peinlre mediocrc : Varron le met k cCil6 d'im
fameux sculpteur , pour faire ressortir lc mauvais goilt de
son temps, qui consistait i avoir des tableaux leprescn-
lant des persomiagcs dans le genre bouffon connu le nom
de grtjllus.
Kisi si apud Se.ium Sicttlumftt mel, Corsieum in
Reatino. Le miel de Sicile etait un miel doiix , provenant
d'Hybla,ou lc lliym abondait; tandis quc lc miel de
Corse avait mi goCit anier, parce qu'il etail exlrait do
rabsintlie.
L. Albutius, homo upprime docltts, cujus Lticiliano
charactcre sunt libelli. Ce n'esl point ce mi5me Albu-
tius , comme le dit i tort .S. de la Conneteric, q\ii pcndant
son cxil a Atliines s'occii|)ait de sciences, et dout parle
Cic^ron dans son trait^ De finibus, liv. i, cli. ;i; rAlbn-
lius (lont parle Varroii aecrit des satires dans le style de
Lucilius, premier pocte satiriqiic des Latins.
Mincrval. On appclait .Mincrval le piCscnt que les
6coliers faisaicut a leur maitre lc jour de la f(!te de Mi-
nerve.
III. Quis habcliat piscinam , nisi dttlcem, et in ea
dttmtaxat sqttalos ac mugiles pisccs. Squalus signilie
uu poisson doiit les (:railles sont tr^raboteuses. Plinc ,
VAKRON.
i\ , 24 , met ce^ sortes dc poissons dans la dasse de ceux
ipii au licu d'arftt>s iront quc dcs cartilagcs; avec cette
diriiMiMKc (piils uc sont point plats.comme les autres
poissonscarliliigincu);. Quant aux mugilcs , le m6me au-
teur nous dit, ix, 18, queccs poissons sont si souples et
si k^gers qu'ils saulent par-dessus nn vaisseau; il ajoute
plus loin quc lors(prils sont effray(5s , ils se caclient la lile
dans reau, et s'imagiueiit dcs lors que le reste de lciir
corps cst ^galcmeul caclid. Suivant rinterpretation des
traductcurs de Pline, nous avnns rendu mtigiles par
mulets. Ccpendant le passage de Yarron que nous avons
citi; au commencement (le cettenotea fait demanderi plu-
sieurs commentateurs commcnt lcs mulcts, poissons de
mcr, pouvaient se conserver dans Teau douce ; objection
qui, tombe d'elle-mfime , puisque tout le mondc sail qiie
les niulcts vivcnt tSgalement dans les riviferes et dans reau
sal&.
Quis contra nunc Rhinton. Gessner pr(5tend que
sous c.e noin cmpnmt^ Varron veiit d^signer lcs com(S-
diens l5sope piire ct fils , tous deux connus nar leiir gour-
mandisc et leur prodigalitii ; comme on peut le voir dans
Pline, X, 51 et 72. Ce passage de Varron peint d'ail-
leurs on nc peut mieux le luxe des Romains de cette
(Spo([iic; et Columelle, vin, IC, 4, le rcpioduit de la ma-
nicrcsuivante : Itaquc Terenlius Varro, Nullus est,
in//uil , hoc scctilo nebulo ac RJiinton, qtti jam non
dicat nihil stia inlcresse, utrum cjusmodi piscibus,
an ranis frequens habeat vivarium.
IV. Illc ego vero, inquit, (ut aiunt) post prin-
cipia in castris. On appelait /«'inci/im castrorum Ten-
droit oii iUil la tente du g^Sneral, cclle des Iribuns raili-
taires et des premiers oflicicrs. Cest li aussi que se
gardaient les aigles des lijgions ct Icsdrapeaiix des coliortcs.
Oii liii donnait le nom de principia, parce que c'etait la
tt^le dn canip [prineipium) . DelAcesIocutions: esse apud
principia, inprincipiis, post principia.
V. Vt miliaria: ct coturniccs. Rclativement k mi-
liario', VaiTon dit dans son TrailiS de la languc latine,
livre 4" : Ficedulce etmiliariai diclCB a cibo : qttod alte-
rce fico, altercB milio ftant pingues. Nous avons en
fran(;ais le mot becfigiie qui correspond iificeduliv; mais
celiii de miliaria (oiseau qiii se nourrit de millet) n'a
pas d'(5quivalent dans lalangue.
Osliuni habere htimlle, et angustum, el potissi-
vium ejus generis, qtiod cochleam appellant. Ces
esptecs d'eiilr(k> s (Staient, d'apres Gessner, cintrees, et
ouvcrtes dans une .seule parlie; de sorte quc, toumantsur
cllcs-m(5ines au moycn d'une vis, ellcs iic livraient k
ranimal d'autre passage que cclui qirou voulait bien lui
donncr.
Ad spcciem cancellorum sccnicorum. Les cancelli
^laient des places reserv^es aiix speclateurs dans lcs
tliiiitrcs. Elles consislaient dans des planclies parallfeles
aux gradins, et garnies dc barres perpendiculaires pour
soulenirle dosdc ceux qui (^taicnt assis sur lcgradin in-
fiiripiir, afin qu'ils ne pussent pas se jeter en arriire sur
ccux du gradin supijrieur.
Inr/uo diceres longe vicisse non modo Archetijpon
invcnloris nostri 6pvi0o-:po;;:{uv M. lAclii Strabonis.
Pliiic , \ , ')0 , nous [larlc aussi de cette invention : Avia-
ria primus instituit incltisis omnium gencris avi-
bus, M. LccUtcs Strabo, equestris ordinis Briindi-
sii. La dcsciiption qiie Varron nous donne ici de sa vo-
liftre est un des morccaux les pliis intiiic.ssants ct cn inCnie
temps Tun dcs plus ob.scurs dc toul rouvrage. II a de toiit
tem|is fait le sujct dcs rccliciclics les plus actives de la
part dcs .savants, qui se soiit attaclids siirtoiit a r^tabJir
1G2
NOTES
un tcxlc niutiliS, co!Toni|Hi et d^ilgiir(S de niille iiianitjres
par les anciens copistes et par les grammairicns. II cst
vraiment ti legrelter que de nos jours aucun arcliitecte
anliijuaire n'ait apporlc daas retude de ce nionument ses
notions speciales et pratiques au secours de la pliilologie.
llenscrait rfeultc sans doute de nouvolles Uimi^res sur
rcconornie de ce singulier specimeii ilr I';uili(piilc, qui ,
dans la rclation confuse et presqni' i'iiii;iiiiiliiiiii' qin: iiinis
cuonttransniiselesmanuscrits, piTscnlrciicuiv iiiiiiiriciix
a|ioiTii do l'iHat de Tart, du hixe ct des nia-ins aii teuips
oii i'(ii\;iit l'auleur. Parmi les pliilosoplies nous devons
plaiir aii pieiuier rang Turnfebe, qui dansses Animadvcr-
sioncs, liv. xM, ch. 18, a discut^ ce passage avec une
profonde erudition , et essay(i, sur les seuls (^Ii5nients que
lui louruissail le texte , de reconstruire la voli^ie en enlier.
S. A. de Scgner a ^galemcnt decrit une partie de cette vo-
lii^re {de Ornithnne Yarronis minore el rolundo.;
Lipsice, 1773). Goiffon, de r£cole royalo viStiSrinairc ,
uous a donne iine traduclion de ce chapitre, avec des iiotes
excg^liques. Cest cc travail que Sab. de la Bonneterie a
cntit:reinent reproduit dans sa Iraduction, sans indiqiier
la source oii il avait puis^; et hitons-nous (i'a]onfcr que
c'est la iin des nieilleurs cliapilres de son ouvrago. C'c-
pciidaiit le travail de Goilfon est loiii d'ftlre complet : la
siliialioii des parties qui composent la voliiirc n'cst pas
tdiijdiiis indiqu(5e avec exactilude; il a gliss(5 sur lcs dif-
lidillcs gianimaticales, et n'a pris conseil qiie de son inia-
giii.ilidii pour interpreter des passages obscurs que la cri-
iKluc clait seule en droit d'(iclaircir.
Ab insula nd Miisceum qum est ab imofluvio. Cetlc
topographie du cabinet de travail de Varron rappelle
celuideCiciVon. Venlian in insii/ain csf, dit-il,A,cr/. , ii, 1 ;
hncvcroiii/iil csf iimrriiiiis;r/rnnii /iiirijiiiisi i ii.s/ nijin-
ditur Filirriiiis r/, ilinsiii /niiiiili/rr iii iliiiis iiiirfrii,ln-
lerahwcdlhiit, rupidci/iic diliipsus, cilu in iiiuiin con-
fluit, ct tantum complcctitur, quod snlis sil mcdicie
palastrce toci. Quo ef/ecto, tanr/uam id lialnierit o/ie-
ris ac 7nuneris, %it hanc nobis e/Jiccret scdcm ad dispu-
tandum , statim prwcipitat in Lirem.
Deformatus ad tabulce littcrarice speciem cum
capitttlo. Scaliger fait remarquer qiie la Ibrme des ta-
blcttes au moyen desquelles les enfanls apprcnaient a lire
et a ^crire ^tait celle d'un carre long, ctsuimonl^ d'nne
espiice de chapiteau trouS, qui servait ii Ics suspeiidre.
Ad hcec, ita ut in margine qua.ii in/imo tabulce
descripta sit ambulalio, ab nrnithone plumuln , in
qua media sunt cavcce , qua introrsus iler in iirrinii
est. Tous les comnientatcurs regardent nnaniiiiciuciit lc
mot plumtila coninie ayant 616 vicie dans son oiigine.
Gessner suppose qu'il y avait eu primitivement P. occcc
via, c'est-a-dire, via pedumnonrjentorum. Goiffoii tradiiit
ainsi : « De sorte cependant qu'il y a cntre cette promc-
« nade et nia voliere iiiie esplanade de 58 pieds de long,
« au niilieu de laquelle lepond la principale porte par
« laquelleon y entre. » Cetle nianicie de traduire fcrail
croire qiril avait ainsi corrig(5 le texte : Ab hac inter
ornilhonem area est P. longa, in gua mcdia sunt
II riinarqii dans une note quc cavea a ici la
signilication , de porte, passage. Schneider rSfute cette
interpriitatiou en ajoulant que cavece doit plutdt appar-
tenir a la phrasc suivante : Hcec sunt (cavece) avibus
omne genus. Quaiit au luot plumuta, il n'est guere
possihlc d'y trouver rindication priniitive d'un chiffie ,
les diff(5renles propoi tioiis de la volicre ayant 6i6 asse/.
delermin^Ses pour que rauteiir n'ait pas besoiii d'y reve-
iiir. Avec Schneider il faut lirc : " Ambulatio ab orni-
ihone disjuncta, in qua media inlroitus in aream
cst, et restituer cnsuite a la pliiase ha'c sunt le niol
cavete.
Secundnm stijlobatis intcriorem partem, dextra
ctsinistra, ad summam aream rjiiadratam, e medio
diversce duce non latce, sed oblonqce siint piseince ad
porticus vcrsus. Goiffon tradiiil ces mots de la manifcre
suivante : « A quelque distance de la face int^rieure du
" stylobate, tant de celle qiii regne depuis rentr(ie princi-
•' pale jiisqu'au niur h droile , que de celle qui r^giie de-
« puis cette nifime entide jusqiraii iiiiir a gaiidic, com-
<• iiiencent deux viviers pcu larges ctc. » II ajoute dans
iine note qiie le premier lilet formait le ciel de la pliis
giande parlie de la voli^re, et qu'il n'y avait que les por-
tiipies qui fussent couverts, de fagon ii garanlir de la
pluie. Les oiseaux n'avaient aucun accfes soiis ce couverf,
piiisque le second rdet descendait de rarcliitrave au sly-
lohalc, et qne run comme rautre ^taienl le terme int^-
rieur de la paitie quadrangulaire dc la voliere, oii les
oiseaux (jlaieut renferm^s.
Or, d'apii's GoiiTon, tout Tespacecarr^ aurait 616 tendu
dc lilcts, et les porliques occuperaient la m6me place qne
Vnrron avait assigniie a la proiiienade. S'il en lilait ainsi,
le pctit rnisscau qiii portc scs caiix aiix grives devenait
iniilile, piusqu'cllcs aiiiaiciil im sc ilc,..,illi'Mcr aiix viviers.
D'ailleurs les mots sccundiiin s/ijliilnifis in/eriorcm par-
lem , ne permetlcnt point dc supposer qiie les portiques
se troiivaient pres de la piomcnade, puisque, comme
Gcssner le reniarqiie ti i^s-hien. c"est la partie quce aream
interiorem, non maceriem, exteriorcm respicit. Enlrai-
nii parcelte premi(!re erreur, Goiffon devait naturellement
se mijprenilre sur le sens des niots ad porticus versus,
qu'il tiaduit en disant : ■< en sens oppos6 a celui du por-
" tiqiie. "
Inter eas piscinas tanlum modo accessics semita in
thoiuin, qui est ultra rolundiis cobimnalus , ut esl in
cede Catuti, sipro parieiibus /ereris columnas. Cat»-
lusestle coII6gue de Marius aii consulat, ([ui d^tit les
Cimhres, et que ce nit'nie Maiius condamna ensuite a
inourir, malgri les instances de plusieurs citoyens qui
deniandaient sa grilce. Catulus s'enferma dans sa chambre
ii coHcher, et s'asphyxia par la vapeur du cliarbon alluni^.
Qiiant au tholus, Vitiuve, i,7l, nous dit : Tholos in-
telligimus erectiorcs testudines, templis addi solitas
quas Ilait tribunas vocant. Ce miime auteur dit eii-
coie, iv, 7 : Tholitm Galli laternam appcllant. De li
rorigine du uiot lanterne d'un ddme, dont nous uous
servoiis eiicore aiijourd'liui.
Infcr has et exteriores gradatim substructum
ut (izan:pioi.o^ avium ; mululi crebri omnibus eolumnis
iiii/msiti, sedilia avitim. L'expIication de ce passage
I csuUe tout simplenient de celle que nous avons donnee
plus haut, lelativement au niot cancelli. Nous noiu
bornerons i remarquer que dans notre traduction nous
avons mis h profit la correction propos^e par Sclineider
{sunt slructa, ut Osdtpi^iov, muttilis crebris impositis
scdilia avium), sans pourtant oser la recevoir dans le
texlc.
De Segner proposait de lire : intcr culcitas ctcolumel-
las; conjecture heureuse , que nous avons suivie avec
Goiffonen traduisant.
Ex suggesto /aleris, ubi solent esse. Scbneider a
raison de dire que tout ce passage serait mieux plac^
plus haut apriis la phrase : circum/alereuti navalia
sunt excavata anatium de sorle que la plirase
suivante comniencerait par : Tum et aqua, etc... Nous
comprenons en effet que Varron devait d'abord finir la
dcscription du socle avant de commencer celle de la
tahle , pour l'interrompre ensuite et revenir au socle.
Intrinsecus sub tholo stella Luci/er interdiu, nn-
ctu /lesperus ita clrcumcunt ad in/imum hemispha;-
riuin, ac movcntur, utindiccni quot sinthorce. Go'.f-
SUR L'AGRICULTURS.
fon fait olispivcr qiic lcsanciens, maiivais a.slrDiinines,
faisaient ilciix (5toiles de cette planite (lue nous cunnais-
sons soiis lc nom de Vdnus, et qui, comme dit l'liue,
mieux instruit qiie VaiTon , priSvient le joiir le nialin ,
comme nn antie soleil , et en prolonge sa lumicrc le soir,
conime uiie aiitre luiie. Nous croyons plutOt que rarctii-
tecte a cmpruntii les images Lucifer et Hesperus pour
distingiier les lieures du jour et celles de la nuit.
In eodem /temi.iphwrio mcdio circum cardincm est
orbix ven/ornm oc/n , tit A/lieni.i in horologio, quod
ferit Ci/rrhex/cs. Aitrnve , i , parle aussi de cette horloge :
Sed qui diliricn/iun perrjuisicrun/, tradiderun/ cosesse
oc/o : maaime qiudem Andrnnicus Cyrrhestes, qui
e/iam ejcemptum collocavit Athenis, turrim marmo-
ream, octmjonon, ct in sinrjidis la/cribus oc/oqoni
singulorum ven/orum imagims cxsculptas con/ra suos
ciijusque Jla/us designavit... On voit que le mot de
Cijrrhestes signifie citoyen de Cyrrhus , ville de Syrie , et
que le nom dc raitiste ^tait Andionicus. II faut siipposer
qii'il avait eu nne grande c^lebril(5 , pour qiie Varron se
contenlit de Tappeler ici tout court le citoyen de Cyrrhus.
F.es anciens n'avaient d'abord distingue que 4 venls ,
piiis S , et enfin 12; mais ils aim6rent mieux s'en tenir ii
Tancienne division en huit, ainsi que nous Tappiend
l'line, 2, 47.
Aarrat ad fabulam, aim dirimerent, quenr!.am
deprehen.mm tesserutas conjicientem in loctilum.
Voici la nianiire dont se laisait rdiHlion d(;s magis-
trats. Cliacun apportait un bulletin, ?(7ft«/a, siir lcipiid
«^tait ecrit lc nom de son candidat; on pluloton donnait
dans le champ de Mars mfime un biillctin blanc i cliaque
citoyen , alin qiril le remplit du nom qu'il jugerait ii pro-
pos. Cliacun deposait son bulletin (lans une iirne; et
quand il s'ngis.sait eusuite de dL^poniller le scrnlin , diri-
mere (diriberc), on (^crivait sur des tablctles le nombre
<lc votes oblenu par chaque candidat; ou bien encore on
prcnait dans rurne les bulletins porlant lemi5nienom,
liour les reunirdansunenrneoubourse particuliere, locu-
lus. II y avait autant de ces bourses que de candidats.
Comme cetle operation rendait la fraiide tris-lacile , il
avait 6te n(5cessaiie d'instituer des gardiens, n(.s^(/c.5,
charg^s de la pr(5venir, et qiii se surveillaient r(iciproque-
menf. La fraude la plus commune consislait daiis Tinser-
tion par nne seule personne de plusienrs biilletins por-
tant le m^nie noin dans Turne g^n^rale ou dans la bonr.se
particulicre. Plutarque, dans la vie de Caton (rutique,
rapporle un fait de ce genre. Caton s^iStant apercu,
dans descomices tenus pour relection dcs (-diles,, qu'il y
avait un grand riombie de bnlletins qui (^laient toiis ^crils
de la mSme niiiin , diicouvrit la fiaude , ct lit annuller tont
lescrutin.
XI. Axius, de pavone , inquit , libcre licet dicere ,
quoniam discessit Firccllius. Axiiis plaisante sur le
luotpara, paon, qui (;taitlcsurnom de Fircellius.
Ex iis M. Aufidius I.urcn. Pline, x, 23,constate
ce fait en disant : Pavonem cibi gratia Komce primus
occidil oralor llnrtensius aditiali cccna saccrrlolii. Sa-
ginare primus instiluit circa novissimum piraticum
bcltum M. jiujidius I.urco, exqueeo gucestu reditus se-
slertium sexagena miltia habuit.
VII. Fencstris punicanis. Ce sont sans doule des
fcnC-lres grilli-es. Les Cartliaginois paraissent avoir Hi en
(•(MKJral d'liabilcs charpentiers; Caton vante beaucoup lcs
piinica coagmenta (joiuts, jointiircs); Cic(>ion, lcs puni-
canos lectos;cl Pline cile plns d'une fois les pi(;iicoji /cc-
los et le lorculare puniaim.
IX. VI maxitne ./'actilaverunl Deliaci.
Pline, X, 50, nous dit qiie cc pouple est le piomicr
qui ail cngraisst: lcs ponles ; ai t qiril porla si luin , qu'il y
avait, du temps de Cic^-ron, des pcr.sonnes i Udlos qui, a la
.seule inspection d'un ocuf, poiivaicnt iudiquer lapoule qui
Pavait pondu, et dounaient ainsi iin d(!meuti au proverhe
se ressemblcr comme deuxaufs. Columelie, VIII, 2, parle
(igalemcntdecelte industriedcsliabitantsde D(>los : Ilu-
jus igitur villatici generis non spernendus est redilus,
si adhibeatur educandi scienlia; quam plerique Crrc-
corum, et prrecipue coluerunt Dcliaci.
Similes facie non his villaticis gallinis tiostris,
sed africanis. Scaliger remarque qiie les gallina; afri-
cnnre soiit les mfiines que lcs Kram.ais appellcnt poules
rlc Guinc'e.
GalHnce africanre sunt grande.s, varias, gibbcrre,
quasfi.i>.E.a.ffiioaiappetlanlGrwci.Phne,iO, 26, nous
apprend que ces ponles porlent le nom de ]iikza-(f,{oai ,
parceqn'ellesvenaient, ficertaines^poqiies de ranniie, se
battre sur le fombcau de MiiliSagre eii liiiolie. Cest par
iine raison analogiie quc celles qui venaient tons les ans 4
Troie se batlre sur le tombeau de Memnoir (jtaient appe-
lees Mcmnonida'.
X. CumexciuUt, quinque diehus primis pafmntiir
esse cummatre. Coliimellc failla iniime recomniandation ;
niais il veut que la mkre. soit ciircrnK^e, et qirou ne lais.se
sortir nitre et petits, aprte le cinqiiiiinie jonr, qiie si Ic
temps cst beau.
XII. Lupinus dicitur hrihcre in Tarquiniensi sepla
jiigera xl, in quosunt inclwta nnn snlum ea qure di.ri,
sed etiam oves ferw. Pline parle (Sgalcment de ce Fnl-
vius.viii, 78: Vivaria aprorum cteterorumqiie sit-
vestriuin primiis tiigati generis invenit Fulciiis I.n-
pinus, qtii in Tarquinensi fcras jxrscerc insliliiif. Le
r.;4me £ulei!r rappelle, ix,82, Hirpinus. Fcstns noiis ap-
precd i C3 propos qiie Lupinus & la mftnie etyiuologio
ipie Mirpini'.'! , {luistjue les Ssmiiites appelaient un loiip
irpus, a» lieu lie lupus.
Alfcrum nc felis aut m/rlis aliave hestia. La plu-
part des commentateurs expliquent mrelis par taxus,
iilaireau , et Sab. de la Bonneterie partage cette opinion.
Saumaise pense qiie ces aiiimaux sont les mc^nies
qu'on appelle vnlgairement martes. Mais la marte , rc-
cherchee pour sa fouiTure, habite ordinairement les con-
trees septentrionales. Nous avons cru devoir traduire
mrelis par foiiine, aulre esp^ce de longeur, hicn connue
par les ravages qu'elle exerce dans les basses-cours.
Fit enim sa;pe cum habent catiilns recentes , alios tit
iti ve.ntre habere reperiantur. Pline exprinie par su-
perfcetare la f^icondil^ extraordinaire de ces animanx :
Solus prcefer dasijpodem supcrfrctat , aliurl educans ,
aliudinutero pilisvestitum, aliud imptume , atiurl
inclioatumgcrens pariter.
Ilaque de his Archelaiis scribit, annnrum qunt
sint si quis vctit scire , inspicerc oportet Joramina
nafiirre , qiia; sine diibio atitis alio habct plura.
VoiciconinicntCrcscentius s'c\prinie4 cet (igard : Itaqiie
qui sctre volet masculum aficmina discnrncre, ut
Arcadius srrit)it , naturrr fnramina rlebct insj^iccrc;
nam sine dubio masculus ununi , frcmina dun inrc-
niunfur habcrc, si caute ct suhhlitcr inspicialur. U
parait que cet auteur a cru dcvuir cxpliqiHT aiiisi lcs p,i-
roles de Varron , dont lc sens lui paraissait alisindc. II
rest en effet; mais robservation de Crescentins ncst pas
applicable a riiase plus particuliferemcnt qu'a foutc aiitre
fcmclle; ct il n'cstpas besoin d'y regarder de Irte-nrte.
Altcrius gcncris csf, quud in Giillia nascitur ad
164
NOTES SliR LAGRICULTURE.
Alpes , qui hoc fcrc mntnnt , qii.ad toli candidi stint.
Pline, (MiiiailaiUilecettcespt^ccdelievies, ditavecnaivete:
Jn AlpiOuscnndidi, r/iiihus hibcrnis mcnsibus pro ci-
balu nivcmcrcduiil cfsc.
Cuniculi dicli iili co , qiiod sul) terrn cuniculos ipsi
faccresolciint, ulii Inlcnnlin ojyc/s.l^lineclitaiimimesu-
jet : Lcporiim gencris sunt ct quos Hispania cuniculos
nppelliil, elc. En effet, le moicuniculi paralt, d'a|ni's ce
<|ne noiis (lit Polybe, lircr son origine d'une peuplade es-
liaynoleappelfc Kouvsov.
nuo quidem lUique te habere puln, et qiiod in
Hispania unnis ita fiiisli iiiiillis, til indc te cuniciUos
pcrscculn^i-rrdii in. Yairoii a\ail liiit la suerre en Espa-
Kiie soiis li's ilra|iiMii\ ilii parli ilr l'uiiip(;e , et ne revint
eii Italie (prapres la bataille de Muuda.
XIII. Quod non leporariuni , sed GripioTpo^eiov appel-
labat. Lcporarium (de lepus) est un parc i li^vres, tan-
dis que 6r)piOTpoip£rov (de Ovjpio?, bfttoetTpcqjetvnourrir) est
un endroit ou ronenfcrnie toules sortes de bfites fauves.
Vt non minus formosum milti visum sitspectacu-
2nm,quamin Circo maximo cedilittm, sinc nfrica-
nis. II se pourrait que Varron, en ajoutant siiifi «/Vi-
rnnis, ait voulu faire allusion k un sf^natus-consulte qui
delendait d'importer pour les jeux d'^(liles des bfites fau-
ves d'AlriqHe.
XIV. Aqua, inqunm, finiendce, ne fugitlvarius
sit parnndits. On appi'lait,/'Hr;(7(iYrr(((,s celul qni , nioyen-
iiant rteompense , conrait ii la reclierclie des csclaves
fugitifs, ct qui les ramenait cliez leur mailre.
FA htinc, dum serpit, non solum in area reperit ,
.icd etiam si rivus non prohibet, in parietcs stantes
invenit. Parietes, litteralement mur verlical. Cette
rondition, qui est celle de tons les ranrs aussi bien, que
rinterpositiou dii ruisseau dont 11 est qiicstiun dans le
lexte, nous a fait penser qne Varron avait ici employ^ le
niol parietes pour exprimer les flancs d'un roclier.
XV. Gliarium autem dissimiti ratione liabettir,
quod non aqua, sed maceria locussepitur. LesRomains
niangeaient les loirs, ainsi qiie nous Tapprend Apicius, Art.
coqu., 8, 9; il y eut ni6me des lois purtees par les cen-
seurs ponr niettre un liein a ce ralTinenient deluxe , qui
lecliercliait dans les mets la raret(5 plulilt ([ue la d^lica-
tesse.
Quibus in tenebris, ctim ctmulatim positum est in
doliis,fiunt pingues. Letexte est ici visiblement alter^i. La
traduction a suivi lc sens de la le(;on donnee pai' Scaliger :
cum aular positumesl in tencbris.
XVI. Prceterea mettm erat non tiium, eas novisse
volucres. Appius fait sans donte allusion a son nom.qui
vient de upis , abeille. INous avons vu plus hautque Vac-
f.ius a pielendu , par une i aison analugiic , i|ue c'(;tait ii lui
de parier dcs vacliesetdes bieufs.
Qiiod si lioc faciunt ctiam gractili , at non idcm.
Varron, dans soii lrail(! de la langiie latine, fait di^river le
mot gracuius dc grcgatim volarc, voler cn Iroupe. II
est plus probable que Ton doil cn clierclier rorigine dans
xpapid , qul exprime lecri de cesoiseam ; grnculus , cn ce
cas , ne serait qu'nn dimiiiutif de grnciis.
Quod favtis venit inaltaria, et mcl ad principia
convivii, et in scctindam mensam administratur. Les
Romains commeni^aient leur repas par boire un liquide
mielliS qu'ils appelaient mulstim; c'est de ce niot qu'on
a form^ celui de proitiulsis , pour d(5signer le coinmence-
ment d'un repas.
Et uf quidain dicunt, tria genera cum sint du-
cum in apibus, niger, ruber, varitts. Nous ne connais-
suns dansranli(piit(5 aucun autenr qui ait ^tabli cette triple
distinction; mais tous admctlent deux clicfs de couleur
diffiSrente
Ecc diffenmt inter se, quce fcrn: ct cicures sttitt
Pline, qui traite du mfime snjet, appelle ces abeilles .<:ilves-
Ires ou rustica! ; ponr le leste , il est tout a fait d'accord.
avec Varron.
XVII. Interearedil ad nos Pavo, Et, si vultis, inquit,
ancoras toltere, latis tabulis sortitiofit tribuum. Ci-
cerun fail mention de deux e.sp6ces de tirages an sort :
dans le premier cas il s'agissait d'etablir Tordre dans le-
qnel les tribus devaient donner leurs suffrages; dans le
second, lorsque les suffrages (;taientd(ijidonn6s,etqu'iIs se
troiivaient partagcSs cn noinhre tigal sur plusieurs candi-
(iats , on tirait encore au sort pour savoir celui qni se
rait nomm^ (5dile. Ce dernier tirage ne se faisait que la-
tis labulis, comine dit Varron ; et il est constant qu'il ne
s'agil dans notre passage que de cette seconde esptee.
I\'am ut Pausias,et celeri pictores ejtcsdem generis
loculata magitas habent arcutas , ubi discolores sint
ccra\ sic hi luviiliilns, clc... Ce peintre, iiatif de Sicyone,
elail, ilf iiiiiiir i|irApcllo, (lisciple de Pampliile; son genre
(jtait la pi'iiiliiii'a|ipflre iitcaustum (encaustique) ,parce
qu'on y employait le feu. Quant 4 celle dont parle ici Var-
ron , elle est moins connue : il paratt qu'on gravait d'a-
bord des tablettes de hois, et qu'on remplissait ensuite les
traces laiss(5es par le burin de cire fondiie et de dificjrentes
couleurs, suivant robjet qu'on voulait reproduiie. Lors-
qu'on ^chaiiffait ensuite ces tablettes , la cire s'iniprimait
davantage dans ces sillons, et dounait aii tableau la con-
sistance n^cessaire.
Sic hos pisces nemo coctis injtis vocare attdet. II y a
ici un jeu de mots resiiltaut de la double signilication de
jtis , et qui n'a pas d'(.'quivalent dans nolie langue. Var-
ron parle d'une espece de poissons trfes-estinKie , qu'an-
cun cuisinier n'ose vocare in jus c'est-a-dire, appeler, eii
justice dansunsens,oumettreiaucune sauce,dausrautre.
Cum eodem tempore insulas Ludinorum ibi cho-
reuusas vidisscs; sic hos pisces. Cette phrase trouve
son cxplicatiun dans lepassagedc Pline, oii onlit : hl Lij-
dia, i/uir vocntilur Calnininir, non ventis solum, sed
etiain ciinlis i/iio tihcnt iinpulsa' , multorum civiinn
Milliridnlico bcllo salus. Saitl ct in Aijmpha-oparvce
salluares diclce, quuniam sijmphoniie cantu ad icius
modulantium pedum moventur.
juli»
e3@3e$&Q@3@990@0@93@3&0@@93&@3@@0&e@3®$J@3®0e39@3@3d@e@e9009
NOTICE SUR COLUMELLE.
Lucius-Junius-Moderatus Columelle noquit a
Gadcs (Cadix), sousle regne (l'Auguste ou de Tibere.
Sonpere, IMarcus Columelle , avait des posses-
sions dans la province de lietique. Le lils se
rendit ;i llome , oii il passa savie, a l'exception de
quelques voyages qu"il lit en Syrie et en Cilicie. On
iguore s'il alla daus ces pays en simple voyageur
ou avec quelque missiondu gouvernement, caron
ne sait rien des circonstances de sa vie. II parle de
Cornelius Celsus et de Seueque comme de ses con-
temporains. II uous reste de Columelle deux ou-
vra<!es, Tuu intitule De rc riisticd, en douze livres ;
Pautre Ue arborihus. Ce dernier faisait peut-etre
partie d"un ouvrage sur ragricullure , en quatre
livres,queColumelle avait publie comme preniiere
editiou de celui que nous avons eu douze livres.
I)e cette nianiere Cassiodore avait raison de dire
que Columelle avait compose seize livres sur Teco-
uomie rurale. Des douze livres du De re rustica, le
premier traite de rutilite et de ragrement de Teco-
nomie rurale , et de ce qu"il faut pour etablir une
bonue eeononiie; le second, des champs, de la
mauiere de les enseniencer, et de la moisson ; le
troisieme, des vignes et desvergers; le quatrieme
termine la matiere de la culture des vignobles ;
dans le cinquieme, Columelle enseigne la maniere
de diviscr et de mesurer le temps ; il y parle aussi
des arbres ; le sixieme traite des bestiaux et de leurs
nialadies; le septieme , du petit betail , tel que les
brebis , les chevres et les porcs ; le builieme , de la
bassecour; leneuvicme, des abeilles; le dixieme,
ecrit en hexamt;tres, traite des jardins ; le onzieme
fait connaitre les devoirs d"un fermier, et trnite
ensuile du jardinage; le douzicme , qui est le |)lus
long , donne toutes sortes d'iustructions et de
recettes uecessaires a ceu.x qui s'occupent d'eco-
uomie rurale.
Dans les premieres editions, le traite Des trbres
etait donne comnie le troisieme livre du grand ou-
vrage, qui ainsi etait compose de treize livres. Ce
petit traiie a ete tres-utile aux critiques pour reta-
blir le textedu cinqnieme livre.qui est fort incor-
rect dans le petit nombre de manuscrils qui nous
restent de Columelle. Cet auteur parait avoir ete
peu lu. Parmi les anciens, Servius, Cassiodore et
Isidore sont les seuls qui le citent. II tomba pres-
que dans roubli apres que Palladius en eut fait un
abrege; aussiVincent de r>eauvais,et Pierre de
Crescentiis, que Scbneider appelle dilifjentissi-
mum veterum rei rusticx scriptorum lectorcm,
ne le connaissaient pas.
Le slyle de Columelle est pur et elegant ; si on
peut lui faire un reprocbe, c'estd'etre trop recher-
chepour la matiere qu'il traite. La lecture de son
ouvrage est peut-etre plus agreable pour riionune
de lettres qu'elle u'est utile au cultivaieur.
(Evtrail ieSchocll. )
L. J. MODERATUS COLUMELLE.
DE L'AGRICULTURE.
LIVRE PREMIER.
pr£face.
A PUBLIUS SILVINUS.
J'ai souvent entendu les hommes les pliis il-
lustres de l'Etat se piaiudre de la sterilite du
sol et de rinclemence de la temperature , qui
depuis longtemps auraieut diminue les produc-
tions de la terre. D'autres, pour atteuuer par
quelque raison la gravite de leurs plaintes , as-
signent ii ces effets uue cnuse determinte, en
disant que la terre, fatiguee et epuisee par sa
trop grande fertilite , ne peut plus fournir aux
besoins dcs hommes avec la meme liberalite
qu'autrefois. Pourmoi, mon cher Publius Silvi-
nus, jc pense qu'ils ont tort de parler aiusi. En
effet,comment s'imagincr que lanature, douce
par le createur du monde d"une fecondite tou-
jours nouvclle , ait et6 frappiie tout a coup de ste-
rilite? On ne saurait persuader a un homme de
bon sens que laterre vieillisse commerhomme,
elle qui, <'i Texemple de la Divinite, a recu en par-
tagc une jeunessc eternelle; cette terre que nous
appelons la mere commune de toutes choscs ,
puisquelleaenfante tout cequi est, etqu'elleen-
fantera tout ee qui doit etre dans les temps a
L. JUINII MODER.\TI COLUMELL/E
DE UE RUSTICA.
LIBfiR PRIMUS.
,\D PUn. SILVIStU PRXFATIO.
S.Ti)ciiiini('ro civitatis nostrao principcs auclio culpantcs
modo agronim inf(vcun(jitatera , modo ca^li per niiilta
jam tcmpora noxiam frugibus intcmperiem : qiiosdam
ctiam piscdictas querimonias velut ratione certa mitigan-
tcs, qnod existirnent, uberlate nimia prioris a;vi de-
faligalum ct effcctuni solum nequire prislina beni-
gnitate pr:cbere mortalibus alimenta. Quas ego causas,
Publi Silvinc, procul a Teiitate abesse cerUim liabeo,
quod neque fas exislimare, rcrum natiiram, qiiam pri-
nius illc inundi genitor pcrpelua fiecunditate donavil,
quasi quodain inorlio sterilil;ile affcclam : ncqiie prudiii-
tis credcre, tcllurem, qua; divinani et selernam juventam
venir. Loin d'attribuer h rinstabilite de ratmos-
phere les maux dont nous nous plnignons, Je
pense qu'il en faudrait chercher la cause dans
notre insouciance. Nous avons abandonne la
culture de nos terres au dernier dc nos esclaves ,
qui les traite eu vcritable bourreau ; tandis que
les hommes les plus (5mincntsparmi nos ancetrcs
n'out point dedaigne d'en faire leur principale
occupation. Chose ctrange! tous ccux qui veu-
lent apprendre Tart de bien dire choisisseut
parmi les orateurs celui dont reloqueuce pourra
leur scrvir demodele; ceux qui veulentappren-
dre les rcgles du calcul et de rarpcntage oiit
soin de ehoisir le maitre le plus capable de les
cn instruire. II en cst de meme de ccux qui ap-
prcnuent la musiqueou ladanse. S'agit-il deb.1-
tir"? on a recours aux macons et auxarcliitectes;
de confier un vaisseau a la mer?on le met sous la
conduitedupiloteleplushabile;defairelaguerre?
on invoque le secours des hommes de guerre
les plus cxperimentes. EnOn , pour ne point en-
trer dans plus de diitails, quel que soit le gcnre
d'etude auquel on .s'applique, on s'adresse tou-
jours au guide le plus sur. A plus forte laisoii,
si Fon veut prendre des lecons de sagesse et de
vertu, faudra-t-il ehoisirson precepteur dans la
classedes sages. Eh bienl lasciencequiserappro-
ehe le plus de la sagesse, et qui est m^me iuti-
sorlita, comniuiiis omnium parens dicta sil, quia ct
cuncta pcpcrit sempcr, ct deinceps paritura sit, velut lio.
minem consenuisse. Nec post lia;c reor intemperantia ca;li
nobis ista, sed nostro polius accidere vitio, qui rem rus-
ticam pessimo cuique servorum, velut cainifici, noxio
dedinnis, qiiam majorum noslrorum optimiis quisque el
optime traclaverit. Atque ego satis miiari non possum ,
i]iiid il.i dicciiili cu|iiili seligantoratorem, cnjusimitentur
cloquciiti.iiii; iiiiiisiirarum et numcrorum inodum rinian-
tos, plaritii' ilisciplinre conscctiMitur in;igistrum; vocis ct
cantiis modulatorem , ncc miniis corporis gesticiilatorem ,
scriipiilosissime lequirant saltatioiiis ac music.x' rationis
stiidio.si ; jam qui a'dificarc veliiit, fabroset arcliitectosad-
voceiit ;qiii navigia mari concredere, gubernandi peritos,
qui bella moliri, armorum et militia; gnaios; el ne singula
persequar, ci studio, quod quis agere velit, consultissinium
rcctorem adliibcat ; denique animi sibi quisque formatorem
praweptoiemiiuevirlutiseccetu sapieutumarcessat : sola
res ruslica, quoe sine dubitatione proximaet quasi c.oiis.in-
giiinca sapienti.f est, lam discentibus egeal qii.im niagis-
tris. Adliuc cnini scliolas ilieloruni, et, ut dixi, gconie-
columI':lle.
mement liee aveeelle, reconomie rurale enfm ,
cette science est la seule qui n'ait ni disciplcs
qui rappreunent, ni maitres qui renseii^nent.
Nous avons des ecoles de rheteurs , de geome-
tres, de musiciens; j'en ai meme vu oii ron
enseignait les professions les plus viles, comme
Tart d'appveter les mets, de les reiidre plus
friands, d'ordonner un repas somptueux, de
parer les cheveux, la tete : ce n'est qu'eu fait
d'agriculture que je n'ai jamais connu ni pro-
fesseur ni eleve. £t cependant qui peut dire que
cesoientla des arts necessaires?Quand nous n'au-
rions personne pour nous enseiguer ccs futilites,
la rcpubliquey perdrait-ellebeaucoup? enserait-
elle moins florissante que du temps de nos an-
cetres"? Nos cites ont ete heureuses, sans avoir
connu ni avocnts, ni jeux publics; et lcs cites
a vcnir n'en seraient pas plus mnlheureuses,
pour ne les connaitre jamais. Mais les hommes
ne sauraient vivre ni subsister sans ragriculture.
Ce qui n'est pas moins etrange, c'est que Tart
qui est le plus utile a la conservation de notre
corps et a rentretien de notre vie , est celui qu'on
a le moins perfectionnede nosjours. Onrejette
avec dedain le moyen le plus iunocent d'aug-
nienter son patrimoine, et on a recours a tous
ceux qui sont contraires aux lois de la Justice.
Oserait-on regarder comme legitimes les riches-
ses que nous procure la guerre ? richesses tou-
jours teintes de sang, fortune souvent fondte sur
le raalheur d'autrui. Ou bien les basards de la
mer et les cbances du coramerce sontils prefe-
rables aux dangers de la guerre? et Tbomme,
attacheessentiellement a la terre, doit-il bra^er
toutes les lois de la nature pour se coufier aux
flots, s'exposer a la fureur des venlsetdes va-
gues, et parcourir comme un oiseau de passage
des coutrees eloign^eset inconnues? Quellepro-
fession est enfinplus honorable que celle du cul-
tivateur? Estce le metier de rusurier, odieux
raeme a ccux qu'il serable secourir pour un rao-
ment? Ou bienest-cecetteautre profession que nos
ancetres qualifiaient de c««/h« (de cbienne), parce
qu'clle consiste a aboyercontre les pcrsonnes les
plusriches, et a sacrifier rinnocent au coiipa-
ble? brigaudage infarae, justement raeprise de
nos ancetres, mais tolere de nos jours dans
renceinte de nos murs, et iustalle eu plein
forum. Eegarderez vous comme une ressource
honnete cette importunite interessee d'un client
qui, rodant aux portes des bomraes puissants
de 1'^poque , se tient aux ecoutes dans rantl-
cbambre , pour s'assurer si son maitre est encore
endormi, n'osant point s'adresser aux valets, qui
ne daigneraient peut-etre pas lui repondre ? Est-
ce donc un sort si beureux que de s'exposer aux
rebuts d'un esclave attacbe par des chalnes a la
gaide d'une porte, de se morfondre la nuit de-
vant cette merae porte qui restesourde aux ins-
tauces les plus vives ; et tout cela pour acheter
par toutes les miseres de la servitude rbonneur
des faisceaux et le pouvoir, paye quelquefois de
la perte du patrimoiue? car les honneurs ne
s'obtiennent qu'en echange de services onereux
et a force de presents. Or, si les bons citoyens
doivent repousser tous ces moyens d'accroitre
lcur fortune, il n'en reste plus qu'un seul qui
puisse elreregardecomme uobleet honnete,c'est
laculturede la terre. Si leserrements de nos an-
cetrcs sur ce point etaieut suivis raeme par des
personnes peu instruites de la theorie, pourvu
qu'elles fussentproprietairesdes terres acultiver,
les biens de campagne auraient a souffrir moins
de pertes , car le travail desmaitres compenserait
Iranim musicorumque , vel quod magis mirandum esl,
coutemptissimorum vitiorumoflicinas , gulosiuscoudlendi
ciliiis, el hixujiosius fercula struendi, capitumque et ca-
pjlliiruni coneiiiuatores non soluni esse audivi , sed et ipse
vidi. Agricolationis neque doctores qui se profilerenlur,
neque discipulos cognovi. Cum eliam si pia'dictarum ar-
liuin professoribus egeiet civilas, tamen, sicut apud pris-
cos, ilorere jxjsset respublica. Nam sine ludicris artibus
atque cliam sine causidicis olini satis felices fucie, fiitu-
ra^qiie sunt urbes : at sine agri ciiltoribus nec consistere
mortales , ncc ali posse nianifeslum est. Quo niagls prodi-
gii simile est, quod accidit, ut res corporibus nostris
vitocque ulilitati maxime conveniens minime usque in lioc
tcinpiis consummationem habeiet ; idque sperneretur ge-
uus amplificandi relinquendique patrimonii, quod omni
crimiiie (raret. Nam Kctera diversa et quasi rcpugnanlia
(lissideiila justilia, nisi sequius e\istimanius cepisse prae-
dam ex milltia, quae nobis niliil sine sanguiiie et cladibus
alienis affert. An bellum perosis, niaris et negolialionis
alea sit optabilior, iit rupto natura; foedere tcrrestre ani-
inal liomo ventonmi et maiis oljjectus irac se fliiclibus
Hiideat ercdeie, seinpeique, ritu Vdliicrum, loiiginqui
liltoris peiegrinus ignotum pererret orbera? An firneratio
probabilior sit , etiam Iiis invisa, qiiibus succuriere vide-
tur?Sedne caninum quidem, sicut dixere veteres, stu-
dium praestantiiis lociipletissimuni quemque adlatrandi
et contra innocenfes ac pro nocenlibus, neglectum a ma-
joribus , a nobis etiam concessum inlra miEnia et in ipso
foro latrocinliini? An honestius duxeiim nieicenarii salu-
tatoris mendacissimun» aucupium circumvolitanlis limina
potentiorum, soinnunique regis siii rumoribus augurantis?
neqiie enim roganti, quid agatur intus, respondere servi
dignantur. An putem fortunatius a catenato lepulsum
janitore srepe nocte sera foribus ingiatis adjacere , miser-
rlmoi|iie faniulatu per dedecus, fascium decuset iinperiiiin,
profuso tainen patriinonio, mercari? nam nec gratuila
servitule, sed donis rependitur bonor. QuK si et ipsa et
coruin similia honis fugienda suut : superest (ut dixi)
uniini genusllberaleet ingenuiim rei familiarisaugendae,
quod e\ agricolatione contingit. Cujus praecepta si vel
teniere ab indoclls, duni tamen agiorum possessoiibus,
antiquo more adininistiarentur, niinus jaclurs! paterentur
res rusticu;. Nam iiidustria dominoruni ciim ignoranti»;
detrimentis uiulta pcusaict : ncc qiiorum coinmoduni
DE L'AGR1CULTURE, LIV. 1.
lesineonviMiicntsderignoraiice; oulre quc ccux
dont IMuterct y sei-ait engage nc \oudraient
point ctretaxes toute leiir vie de negligencc pour
leurs propres affaires , et que le desir de s"ins-
truire les conduirait bientota la connaissance de
ragriculture. Maisdans lesieele oii nousvivons,
on dedaigne de cultiver ses champs soi-meme;
on ne prcnd meme pas lapeine de ehoisir un me-
tayerhabile, ou du raoins un liorame qui ait
rinteliigenee de Tesprit, et la vigueurnecessaire
pour apprcndre en peu de teraps ce qu"il ignore.
Un homme riche achcte-t-il un fonds de terre?
i! y relegue, pour en avoir soin, le plus enerve
de scs vaiets ou de scs porteuvs, et !e pUis
casse par les anuccs; sans souger que les tra-
vaux auxquels il le destinc demandent dans
la personne qui en est chargee, non-seulement
de la scicnce , mais encore la force du corps et
lavigueurdc Tage. Siaucontrairec'estunhorarac
d"une fortune mcdiocre qui fasse cct achat , ii
raet a la tete des travaux quelque mercenairc
qui n'est pius en etat de gagncr sa vie par ses
journces, qui ne pourra lui apporter aucun pro-
(it, et qui n"a pas mCrae les premieres notions
d"agriculture. Lorsque je reflechis a cela , et que
je clierche a dceouvrir lcscauses de cet ahandon
et de cette insouciance , je me prends a craindre
qu"on n'en soit venu au point de regarder Tagri-
culture comme une prol'essinn criminelle , igno-
niinieuse, et indigne d"un homme libre. Cepen-
dant nous voyons , par le temoignage de tous
nos auteurs, que nos ancftres se faisaient une
gloire de eultiver leur champ. Quintius Cincin-
natus , qui avait sauve vn consul assiege avec
son armee , fut arrache a la charrue pour pren-
dre la dictature. Vainqueur, ii deposa les insi-
gnes de cette magistrature avcc plus d'cmpresse-
ment qu'il n'en avait montre pour les aceepter ;
et s"en rctourna a sa cliarrue pour reprcndre la
eulture dc son petit patrimoine de quatre arpents
de terre. C. Fabricius ct Curius Dentatus, l'un
apres avoir chasse Pyrrhus dcs frontieres de \'\-
talie, Tautre apresavoir subjugue les Sabins, la-
bourerent cux-raemes les sept arpents qui leur
etaient echus dans lepartagedes terresprisessur
1'ennemi, et les cultiverent avec autant dc soin
et d'industrie qu"ils avaient mis de valeur a les
conquerir. Enlin, pour ne pas pousser plus
loin mes citations, lorsque je considere que
tant de citoycns romains, celebres par leurs
victoircs, se sont distingues , soit en dcfendant,
soit en cultivant les terres qu'ils avaient ou
conquises ou reeues en heritage, je ne puis at-
tribuer qu'a la mollcsse et au luxe de notre
sieele le degout qu"on affccte aujourd"hui puur
les ancicnncs coutumcs et les sculs travaux
qui soient dignes de rhomrae. Nous avons aban-
donne la faux et la charrue; pour aller nous
etablir dans rcnceinte des villes, et (ce que
Varron rcprochait dcja a nos aieux) les mains
qui applaudissent dans Ics tlieStres ct Ics cir-
ques laissent reposer les guerets et les \ igiio-
bies. r\'ous admirons les gcstcs de ces ^tres el'i'e-
mincs qui,sur lasccne, empruntcnt a la femme
tous scs raouvements, et qui, pour tromper Ics
yeux des spectateurs, imitent un sexe qui n'est
pas le leur. Ne songeant qu'a la debauche, et
aux moyens d'cn supporter les fatigues, nous
prenous des bains lciconienx, pournous dclivrcr
de nos indigestions journaliercs ; nous pvovo-
quons des sueurs abondantes , pourexciter notre
soif ; les nuits se passcnt dans la debauche et dans
rivrcssc; lcs jours sont eonsacres aux jeux etau
sommeil, et nous nous estimons heureux de nc
aseiolnr, tota vila vcllenl imprnOentcs negolli sui con-
Bpici ; oiMpic (lisroiirli cupidiorcs a(;ricolalioncm pcrnosce-
rcnt. Niinc ct ipsi pra'ilia liostra colere dedignamnr, et
nnllins niomcnti dncimus peritissimnniqncmqnevillicuni
faccre : vel si nescium, certe vigoris experrecti, qno ce-
lcrins, qnod ignoral, addiscat. Sed sivc fundum locnplcs
mcrcatus esl, e tmba pedisequoruni lecticariorumque
dcfcclissimnm annis ct viribus in .ngrum rclegat; cnm
islud opns non solum scientiam, scd et viridem a;talem
cnm roliorecorporisad labores suffereiidos desideret : sive
mediarmn faciiltatum dominus, ex mercenariis aliiiucm,
jamrecusantemquolidianum illiid tribntuni,[qni vectigalis
esse non possit] ignarnm rci, cni pracfuturus est, niagis-
triim lieiijiilicl. Qii.i" cuin aniinadvcitam, s.Tpe niecum
rctractans ac rccogitans, qnam tnrpi consensudesertaexo-
levcrit disciplina ruris, vercor ncdagitiosa ctqiiodammodo
pndenda , aiil iiilionesta virleatur ingenuis. Verum ciim
pluribusmonumcntis.seriptoruniadmoiiMr, apudantiqnos
nostios fiiisse glori.T. curam riislirationis ; ex (|ua Qiiinliiis
Ciiicinnalus olisessi consulis ct exercitus liberator, ab
nr.itro vocatus ad dictalnrani vcncrit, ac riirsus fascibiis
dcposilis, quus fcstinanlius >iclor leddidcral , quam
smnpser.it iinpcrator, ad eosdcni juvencos ct qualuor
jiigenim avilmii licicdiolum redierit : itemquc C. I''aliii-
ciiis, etCnrius Dcnlaliis.allcr Pynlio finibus Italiajpulso,
domilisallcr Saliiiiis, ;ic<c|i|a , qux viritiin dividclianliir,
capti\i agri scptcm jugcra iion ininiis induslrie colucril,
quainloililcr armisqu;esierat: et ne siiigiilos iiilcmpcsli\c
nniic pcrsccpiar, cum fot aliosRomani gcncris inlucar mc-
moialiilcs duccs lioc sempcr diiplici studio noruisse, vel
dclcndciidi, M'\ colcndi paliios (pKcsitosve iines: inlelligo
luxuria' et dcliciis nostris pristiniim morem virilcmiiue
vitam displicuisse. Omnes enim (sicut .M. Varro jam tcm-
poriliiis avorum coii(]uestus cst) patresfamilia! falcc et
aratio rcliclis intra miiriim correpsimus , et in ciicis po-
tius ac tbeatiis, qiiam in sttgeliliiis ct vinctis manus ino-
vciiius : attonitiipie mii aniur gestus efru^ininalorum ,
ipioil a natura sexiim viiis denegatum niuliebri inotu
niciitianlur, (lecipiantqueoculos speclantiuni. Mox deinde
iit apti vemaimis ad ganeas, quolidianam cruditateni L«-
conicis excoquimus, ct exsiicto sudore sitirn qii.i;iimiis,
norlesquelibidinibus etebriclatibiis, dics ludo vel somno
consumimiis; ac nosmclipsos ducimiis fmtuiiatos, qiiod
nec oricntcm solcni vidimns iicc occidcntcm. Uiiqiic istam
COLUMELLE.
voir le soleil ni au moraent de son lever, ui lors-
qu'il se eouehe.
Aussi cette vie iaclie, effeminee, ne produit-
elle que la faiblesse et la nialadie ; et nos jeuncs
gens sout si debiles , si extenues , que la mort ne
trouve presque plus rien a dctruire. Ce ne sont
plus lesvrais descendants deRomulus, dont la
vie se passait presque tout entiere dans les
exercices de la chasse ou les travaux de Tagri-
culture. Endurcis d'avance a toutes les fatigues,
la guerre n'etait qu'un jeu pour eux. Aussi pre-
ferait-on les habitauts de la cainpague k ceux
de la ville. Et, par la meme raisou quon regar-
dait les cultivateurs renferraes dans l'enclos des
metairies comme plus paresseux que ceux qui
travaillaient au dehors, on considerait les ha-
bitants des villes comme plus Idcheset plus indo-
lentsque ceux qui cultivaient leurschamps ou di-
rigeaieut les travaux des laboureurs. Tout le
monde sait que les assemblees ue se tenaient que
lesjoursde marche (nundincB), c'est-a-diretous
les neuf jours. On avait etabli cet usage, afin
de ne s'occuper des affaires de la ville qu'une
seule fois tous les neuf jours , et de pouvoir se li-
vrer le reste du temps aux soins du labourage.
Cestque les hommes les plus eminents de la re-
publique habitaieut alorsla campague; ettoutes
les fois qu'ou jugeait a propos de teuir un con-
seil pour les affaires publiques , on les faisait ve-
nir de leurs metairies pour lcs appeler au senat;
de la le nom de viatores donneaceux qui etaient
charges de les convoquer. Tant que subsista cet
usage de cultiver les terres, les auciens Sabius
Quirites , aiusi que lesRomains uos ancetres, re-
coltereut h travcrs le feu et le fer, et malgre les
devastations continuelles des euuemis, de plus
riches moissons que nous n'en recoltous de nos
vilam socordem per.^equitur valeludo. Nani sic juveniim
corpora lUixa et resoluta sunt, ut niliil mors nuilatura
videatur. At meheiculcs vera illa Romuli proles assiduis
venatibus nec niinus agreslihus operibus exercitata, lir-
uiissimis pracvaluit corporihus, ac militiani belli , cuni
res postulavit, lacile sustinuit durata pacis laboribus,
semperque rusticam plebem priieposuit urbanae. Ut enim
qui in villis intra conscpta morarenlur, quam qui foris
terram molirentur, ignaviores liabitos; sic eos , qui sub
umbra civitatis intra ma>nia desides cunctarentur, quani
qui rura colerent [adniinistiareiitve opera colonoruni ,]
segniores visos. Nundinarum etiani conventus manifestum
esl propterea usurpatos , iit nonis lamtummodo diebus
urbance res agerentur, reliquis administraientur rusticae.
illis enim temporibus, ut ante jam diximus, proceres ci-
vitalis in agris raorabantiir : et cum consilium publicum
ilcsiderabatur, e villis arcessebantur in senatum. Ex quo,
qiii eos evocabant, viatores nominali siint. Isqiie mos
dum servatus cst perseverantissimo colendorum agrorum
studio, veteres illi Sabini Quirites atavique Komani
ipiamquam interferrum et ignes lioslicisque hiciiisionibus
vastalas fniges largiiis tamen condideri'. , qiiam nos, qiii-
bus diulurna permittcnte pace prolatare licuit reni lusli.
jours , bien qu'une longue paix nous alt permis
d'apporter de grnnds perfectionnementsdans Ta-
griculture. Cest cc qui fait que dans le Latium,
cette terre de Saturue, ou les dieux eux-rae-
mes avaieut pris la peine d'enseiguer ragricul-
ture ^ leurs eufants, nous en sorames reduits,
pour eviter la faraine, citirer le ble de pays si-
tues au delades iners; et le vin,des llesCyclades,
de la Betique et de la Gaule. Cela uc doit d'ail-
leurs point nous etonner , puisque de nos jours
e'est une opinion generalemeut accreditee, qiruu
metieraussi vil que Tagriculture n'a besoin d'au-
cuu apprentissage. Pour moi, lorsque j'envisage
eette scieuce daus toute sou etendue, et que je
repasse dans mou esprit les diverses parties qui
composent, comme autant de niembres, ce vaste
corps, je craius bien de voir arriver la fin de mes
jours avant d'avoir penetre dans toutes les bran-
ches de cette doctriue uuiverselle. Quiconque en
effet veut se douner pour avoir atteint la perfee-
tion de cet art, doit avoir approfondi la nature
des ehoses , observe la difference dcs elimats,
couuaitre les productious qui convienneut aux
differentes coutrees , avoir preseut a resprit l'e-
poque du lever dcs astres et celle de leur coucher,
pour ne pas eommencer ses travaux dans un
temps oii il sera mcnace de pluies ou de veuts ,
et s*exposer a en perdre tout le fruit. II doit
aussi observer Tetat de ratinosphere et la mar-
che des saisous, quine suivcntpointtoujoursune
regle fixe et invariable , puisque Tete et rhiver ue
se pr6seuteut pas toutes lcsaunees sous les memes
formes. Leprintempsnestpastoujours pluvieux,
ni rautomue humide. Or, personne ue saurait,
a mon avis , prevoir toutes ces circonstanees ,
sans etre doue d'une grande sagacite et pourvu
des couuaissances les plus variees. II n'est point
cani. Itaqiie in hoc Lalio ct Salurnia terra, ubi dii cul-
tus agrorum progenieni suam docuerant, ibi nunc ad
liastam locamus, iit nohis ex transmarinis provinciis ad-
vehatur (rumentum , ne fame laboremus : ct vlndemias
condimus ex insulis Cycladibus ac regionibus Bajticis
Gallicisque. Nec mirum; cum sit piihlice concepta, ct
confirmata jam vulgaris existimatio , lem lusticam sordi-
dum opus , ct id esse negotium , qiiod nullius egeat nia-
gisterio pr.xceptoris. At ego , cum aut magnitudineni
totius rei, quasi quandam vastitatem corporis , aut par-
tium ejus velut singulorum niembroruin numerum recen-
seo, vereor ne supremus ante me dies occupet, quam
universam disciplinam ruris possim cognoscere. Nam qui
se in hac scientia perfectum volet profiteri , sit oportct
rerum naturae sagacissimus, declinationum mundi non
ignarus : ut exploratum liabeal, quid cuique plagae con-
veniat, quid repugnet : siderum ortus et occasus memoria
repelat , ne imbribus ventisque imminentibus opera in-
choet, laboremque frustretur. Ca;li ct anni prBcsentis mo-
res intueatur. Neque enim semper eundem veliit ex prae-
scriplo babitum gerunt : nec omnibus anniscodcm Tiiltii
venit .'eslas auf hiems : nec pluvium semper cst vcr, aul
humidus autumnus. Qiur pia'Uosccre sinc lumiue auinii
DE L'AGUICULTURE, LIV. I.
doiine a toiit le monde de bien jugor la qualite
d"une terre , de discerner la nature des terrains et
de determiner les penres de productions, et de
savoir ce (]u'on peutatteudre ou non des proprie-
tes du sol. Qui est celui qui a jamais erabrasse
toutes lcs parties de reconomie rurale au point
de savoir toujours bien distribuer ses terres,
pratiquer les labours, et distingner les differen-
tes especes du sol qui peuvent , les unes par leur
couleur, les autres par leur qualite, tromper ie
regard le plus exerce? II y a des contrees oii la
terre noire estla meillcure, conime parexeinple
dans la Campanie; il y en a d"autres oii la terre
rouge et grasse merite la preference sur toutes
les autres. Dans la iNumidie, en Afrique, une
terre friable Temporte par sa fecondite sur le
sol le plus fort, taudis quen Asie et en Mysie
uue terre compacte ct visqueuse est la plus fer-
tile. II faut savoir, a la simple inspection d'un
terrain, dcterminer le genredecultureapplicabie
auxcollines, aux plaines, aux jacheres, a la
terre humide etfertile en herbes, et au sol sec
ct aride. On ne doit point non plus ignorer tout
ce qui concerne la plantationetl'entretien dcs pe-
pinieres et des vignes, doiit on compte un nom-
bre iniini d'cspeces diffcrentes. Enlin il fautquil
ait aussi les connaissanccs necessaires concer-
nant racquisition et rentrctien des troupeaux ;
car nous pensons qiie Teducation des bestiaux
doit faire partie de reconomie rurale, bien que ,
par sa nature, elle en soit csseutiellement dis-
tincte. L'education dcs bestiaux , considciee en
elle-memc,n'cstpointnon plus une science sim-
ple; elle renfermeautantdepartiesqu'ellecompte
de sujets differents : les ehevaux, les boeufs et
les brebis demandent tous des soins particuliers.
A ne considerer que les brebis , on fait une dis-
173
tinction entre ccllcs de Tarcnte ot cclles dont
la laine est moins fme. II en est de menu, des
chtjvres : celles qui sont |)rivccs de cornes, ou qui
n'ont prcsque pas de poil , demandent a ctre ele-
vees autrement ([ue celles qui ont bcaucoup de
poil et descorncs, comrae les clievres de Cilicie.
L'entretien des truies et celui des verrats sont
aussi deux choses tres-difft-rcntes. En outre , les
truies pelees demandent uii autre climat et d'au-
tres soins que celles qui ont beaueoup de soies;
enfin, pour nepoint nousbornera Fiidueationdes
animaux au nombrc dcsquels sont compriscs les
differentes especes de volailles et les abeilles,
qui est celui quieonnait tous les genrcs de greffe
etdetaille, et les diverses cultures applicablcs
aux fruits et aux legumes?Qui sait seulement
distinguer lcs mille esp(?ces de liguiers et de ro-
siers qui exigent, chacune, des soins particu-
liers? Ne voyons-nous pas mi-raele plus souvent
negllgerdcsobjetsbeaucoup plusimportants? Ce-
pendant beaucoup de personues ont dgja com-
mence a retirer des b(jn(inces consid(irables dcs
plantations de cette derniere espece. Je ne par-
lorai ni des geni*ts ni des saussaies; je ne diral
lien iion plus ni des prt^s, ni des roscaux, plan-
tations qui , sans demander de grands soins , ont
besoin ccpendant d'une eertaine culture. Je sais
bien qu'en exigeant de celui qui se livre aux
travaux rustiquestant de connaissances diverses
pour devenir un agriculteur parfait , je ralen-
tirais peut-etre le zcle des coramencants, qui,
justementeffrayc-sde la vari(it(; et du grand nom-
bre des scicnces qui se rattachent aragriculture,
ne voudront pas tenter une entreprise dans la-
quellc ilsd(;sesperent dc rcHissir. Cependant il est
bon, ainsiqucM.Tullius ledit tres-bien dans son
traitii de lorateur, il est bon de tout essayer
et sine exqnisilissiiiiis (tisci[iliiiis noii quemqnam posse
credidcrim. Jam ipsa lcrra; varicl.is, et cnjusqne soli lia-
bitus, quid nobis neget, quid promiltat, paucornm est
disceinere. Conteniplalio voro ciuularnm in ea disciplina
paitiuin qnanlo cuique contigit , ut et segetum aialio-
numque perciperet usum, ct varias dissimillimas([ue
terrarum species pernoscerel? ([iiaium nonnullae culoie
nonnulkc qnalilate fallunt : atque in aliis rcgionibus
nigra terra , ([uam pullam vocanl , ut in Campaiiia , est
laudabilis, in aliis pinfjuis rnbrica melius respondet ; qui-
biisdam tiicut in Africa Numidia! piitrcs arena; foecundi-
late vel robustlssimum solum vincnnt ; in .\sia Mjsiaqne
«lensa et glnlinosa terra maxime cxuberat; atque in liis
ipsis babcret cognilnm, quid (feiret aul) recnsaret collis,
(luid campcstris posilio, quid ciiltus , qiiid silvesler ager,
quid bumidus et graminosus, quid sicciis et spurcus;
ralioncm (iiioquc dispicerct in arboribus vineisquc, qua-
rnm inlinita sunt gentra , conscrendis ac tuendis; cl in
pecoribus paiandis conseivandisqiie : quoniam et baiic
adscivimusquasi agricultuia! iiarlem, cum separata sit ab
agricolatione pasluialis scieiitia , ncc ea lamen simplex.
Qui|>pe aliial cxigil ci|uiuum, atque aliud bubulum ar-
mciitum, aliud periis ovilUiin; et in co ipso dissimilem
lationem posUilat X aienlinum atque liirlum : aliud ca-
priniiin; etid ipsum alitcrcuratur nintiluin et rari[)iliim,
alilcr cornulum ct setosiim , qiialc est iu Cilicia. Poicula-
torisvero et sulmli i divci ~a iirorcssio, diversa? [lastiones :
nec eimdem ^l.in.r mh-. (lcnsaeque casli statum, nec
eandem cducaliiiiiciii (iilliHnve quicrunt. l£t uta pecori-
biis reccdam, ijiioium in partc avium cobortalium et
apium ciira positaest; quis tanti studii (uit, nt super
isla, qiia;cnunicravimiis, totnosset spccies insitioniim,
tot putationuiii ? tot pomoruin olcrnmqiic cultus exerce-
rcl? tot generibus licornm, sicut rosariis impenderet cu-
rani? cum a plerisque ctiam majora negliganlur; qiiam-
(|uani ct isla jam non minima vecligalia iiiultis csse
Di'[ierunt. Nam prata et salicta, gcnisla;quc et arundines
([uamvis tenuem nibilomiuus aliiiuam dcsidcrant indiis-
triain. Post hanc lam mnltarum lamquc niultipliciiim
lerura pra;dicalioncm non nie pra^terit, si, queiu dcsidc-
laniiisagricolam, quemque describimus, exegero a [lar
ticipibiis agrestiuin operum , tardatum iri .stiidia disceiv
tium , qui lam varia; , tanique vaslae scientisedesperatione
couterrili, uolent experiri , quod se consoqui posse difl>
174
COLUMELLE.
quaud il s'agit, ou de rechercher ce qui peut 6tre
Qtile au geure humain, ou de couserver et de
transmettre ii la posterite ce qui a ete trouve et
reeonnu comme tel par nos predecesseurs. Quand
meme nous ne l'emporterions pas sur eux par le
geuie, et fussious-nous privesdes ressources que
nous presentent lesarts etles sciences, nous ne
devons pas pour cela uous abandonuer a loisi-
\ete : il faudrait, au contraire, poursuivre avec
perseverance des travaux que nous avons re-
connus etre le plus utiles a Thomme et le plus
conformes a la sagesse. Aspirons toujours au
premier rang ; nous recueillerons encore assez
d'honneur si nous n'arrivons qu'a la seconde
place. Les muses du Latium n'ontpas seulement
admis dans leur sanctuaire Accius et Virgile ;
elles ontaussi honorablement accueilli dans leur
temple les potites du second et du troisieme or-
dre. La merveilleuseeloquence deCieeron decou-
ragea-t-ellelesBrutus, lesCelius, lesPollion, les
Messala, et les Calvus? Ciceron lui-meme nc s'est
pas laisse effrayer par les foudres que laneaient
Demosthene et Platon. Enlin le vieil Homcre,
ce pere de touteeloquence, a-t-il arrete, par les
ilots inepuisables de sa divine poesie, le zele
et Tardeur de ceux qui voulaient marcher sur
ses traces? Est-ce que depuis tant de sieeles des
artistes moins eelebres qu"un Protogene , qu'un
Apelle, qu'un Parrhasius ont, daus leur ad-
miration pour ces grands maitres , renonce a
leurs propres travaux? La beaute du .lupiter
Olympien et de la Minerve de Phidias, tout
en ravlssant les artistes tels qne Bryaxis, Lysip-
pe, Praxilele et Polyclete, no les a pourtant
pas empeches dc faire tous leurs efi'orls pour
arri ver a la perfection . Si eu toute chose les grands
maitres sont admirfe et honores, ceux qul bril-
lent au second rang n'en sont pas moins ap-
precies comme ils doivent retre. Kn admettant
donc que le cultivateur natteigne point au modele
que nous venons de tracer; qu'il ne soit -v^rita-
blement superieur dans aucune des sciences
qu'exige ragriculture; qu'il n'ait pas penetre
dans lanature iutime des choses avec lasagacite
d'un Democrite ou d'ua Pythagore; qu'il ne
sache pas calculer le mouvement des astres ou
les effets des vents avec la perspicacite d'un
Medon et d'un Eudoxe ; qu'il ne possede ni la
science de Chiron ou de Melampode dans Te-
ducaticn des bestiaux, ni rexperience de Trip-
toleme ou d'Aristee dans le labourage dcs
terres, il aura deja fait beaucoup s'il egale
dans la pratique nos Tremellius, nos Sasernas
et nos Stolons. Mais si Tagriculture n'exige
point un genie superieur , on ne saurait y
reussir sans etre doue d'un certain jugement.
On a cu tort de s'imaginer que c'est la science la
plus facile, et qui demnnde le moins de discer-
nement. II est inutile de m'6tendre davantage
sur Tagriculture en general. Toutefois, avant de
traiter en detail etavecordre les differentes par-
tiesqui la composcnt, je dois faire preceder ces
livres de quelques considerations, queje cruisap-
partenir essentiellemeut a rensemble de cette
science.
I. Quiconque veut s'appliqucr a ragriciilture
doit reuuir les trois conditions fondamentales, la
connaissance de Tart, les ressourees neccssaires
pour faire face aux depenses, et la volonte de Texe-
cution. Car, comme dit Tremelliiis, celui-laaura
seul des terres bien cultivees, qui saura, pourra et
voudra leur donner les soins qu'elles demandent.
dent. A'erumtamen (|uotI in oralore jam M. Tullins lectis-
sinie (llxit, par esl eos qiii generi lium?.no res ulilissimas
conquiriMe, el perpensas eNploiatasquc memoriiE tradere
CDncupiveiint, cnncla lciilair. Nrr ,si \cl illa praslantis
ingenii vis, vel inclylanim ai liiiui ilrlcciiil instrumentum,
conlestim (lebemns ait otium et incrtiam devolvi : sed
quod sapienter speravimns, pcrseveranter conscctari.
Summnni enim culnien affeclantcs satis lioneste vel in
secundo fastigio conspicieniur. Kam Laliae musie non so-
los adylis suis Accium el Virgilium recepere, sed eorum
et proximis et procid a secmidis sacras concessere sedes.
Nec Brnlum aut Ca?lium Pollionemve cum Messala et
Calvo delerruere ali eloquentiae slnilio fulmina illa Cice-
ronis. Nam neque (ille) ipse Ciccro lcrrilns ccsserat to-
nantibus Demoslbeni Platonique : ncc parens eloquenti^,
<leiis ille Maeonins, vastissimis numinibus facunrtini suoe
posteritatis studia reslinxeral. Ac ne minoris quidem fa-
niie opilices per lot jam secula videnius laboreni snum
deslituisse , qni Prologenem Apellemqne ciim Parrliasio
niiiali sunt. Necpulcbritudinc Jovis Olympii Mincrvaeque
Pbidiacje se(inenlis setatis attonitos piguit experiri
Brya\ini, Lysippum, Praxltelem, Polycletum, quid
eflicerc, ant (iui.msquc progredi possenl? Sed in onmi ge-
nere scientiie et summis admiratio veneratioque et infe-
rioribus merita laus contigit. Accedit buc, quod ille, quem
nos perfeclum esse volumus agricolam, si quidem artis
consummafae non sit, nec in universa rerum natnra sa-
gacitatem Demociili vel Pytbagorffi fuerit conseculus , et
in niotibiis astroruni ventornmque Metonis providentiaui
vel Eudoxi, ct in pecoris cnllu doctrinam Cliironis ac,
Melampodis, et in agrorum soliqiie molitinncTriptolcmi
aut Aristei prudcntiam : multum lanicn profecerit, si usn
Tremcllios Sasernasque et Slolones nostros fequaverit.
Potest enim nec sublilissima, nec rursus, quod aiunt,
piiigui Minerva res agiestis adniinislrari. Nam illnd prociil
vcro est, quod plerique credidcrunt , facillimam esse nec
ulliiis acnminis rusticationem. Decujus universitate nibil
attinel plura nnncdisserere: quandoqnidemeunctaepartes
cjiis destinati:; aliquot voluminibus explicand.-e snnt,
quas ordine siio tiinc denium persequar, cum pr.-efalus
liiei-o, qua; reor ad universani discipliham maxime pe.r-
linere.
1. Qui studium agiicolationi dederil, antiquissiniasciat
h^c sibi advocanda, prudentiam rei, facultatem inipen-
dendi, voliintatem agendi. Nain isdemiim cultis^iimim riis
babebit, ut iiitTremellius, qui et colercsciet ct potcrit et vo-
T)K LAGRICULTUHE, LIV. l.
Lasciencectlavoloutune sufrirontjamaissnnsles
depensesque necessitent naturellement lesdiffe-
reuts travaux agricoles ; de meme que la voloute,
jointe aux ressources necessaires, serait impuis-
saate si elle n'etait point dirigee par la science. Eu
Toute chose,ct principalement quand il s'agitd"a-
gricuiture, le point essentiel estde savoir ce qu"il
faut faire; carla volonte et lesmoyeus dexeeu-
tion ne sont rien sans les connaissanees neces-
saires, et il nen peut resulter que des dommages
pour le cultivatcur. En effet, des travaux legere-
raent entrepris cntrainent dans des depensesqui
ne produisent rien.Ainsi tout ehef defamillequi,
veritahlement attachea sesinterets, tient a aug-
menter son patrimoine, et i\ le faire valoir d'a-
pres les prineipes d'uue honne agriculture, doit
avant toutconsulter surchaque chose Tavisdes
cultivateurs les pluscxperimeutes de son epoque,
etudier avec soin les ouvrages des anciens, pe-
ser miirement leurs opinions et leurs principes,
pour etre a meme de juger si les regles quils
nous ont laissees peuvent encore trouver leur
applieation dans Tetat actiiel de ragriculture.
Je saisbien que quelques auteurs, tres-distingues
d'ailleurs, oiit pense queletemps avaitapporte
des ehangements notables dans la disposition du
climat et des saisons. Hipparchus, celebre pro-
fesseur d'astronoraie, annonce dans ses ouvrages,
qu'unjour les polesdu monde changeront depo-
sition ; et Sasernas, auteur estime d'uu traite d'e-
conomie rurale, paraitavoiradopte cette opinion.
Daus le livre qu'il nous a laisse sur.ragricul-
ture, il pretend que certaines eontrees, ou la ri-
gueur excessive de Thiver ne permcttait pas au-
trefois de couserver des plautations d'oliviers et
de vignes, sont aujourd'hui tres-fertilesen olives
et cn raisin,ee qui lui fait supposerque le froid
qui regnait auparavant dans ces contrees s'est
considerablement radouci. Que cette raison suit
fausse ou vraie, c'est a rastrologue seul a Texa-
miner. Quant aux autres traites d'agriculture,
ecritspresque tousen langue pnuique par desau-
teursafricains, le cultivateur ne doit pas lcs igno-
rcr, bien qu'il s'en trouve pUisieurs dont les
priucipes oiitete reconnus faux dans la pratique
par nos fermiers. 'Iremellius aussi a signale un
grand nombred"erreursdansces traites; il lesex-
plique par la difference qui existe entre le sol, la
tcmperature et les productions de ritalie et de
rAfrique. Toutefois, si les principes d'agriculture
de nos jours s'ecartent des regles suivies dans
les temps passes, on ne doit pas pour eela ncgli-
ger la lecture des anciens ouvrages. On y trouve
beaucoup plus de chosesa approuver qu"arejeter.
Nous avons encore unefoule d"auteurs grecs qui
ontecritsur ragriculture; nous citeroiis en pre-
miere ligne rillustre poete llesiode de Beotie, qui
a beaucoupeontribue auprogresde notre science.
Viennent ensuiteDemocrited'Abdere, Xenophon
le disciple de Socrate, Archytas de Tarente,
Aristote et Theophraste , Tun le maitre, Tautre
le principal disciple des peripateticiens, qui
ont tous prete n ragriculture Tappui de leurs lu-
mieres. Parrai les Siciliens, Hieroa , son diseiple
Epicharmus, ainsi que Philometor et Attalus,
ont egaleraent contribue nu progres de cette
science. Athenes aussi a produit une foule d'au-
tcurs qui ont traite de ragricullure. Les princi-
paux d'entre eux sout : Chereas, Aristaudros,
Amphilochus , Euphronius, fils d"Euphrou , na-
let. Ncfine enim scire aut vellc cniquani salis fuerlt sine
sumptibus,quos exigunlopeia : necruisusfaciemli aul iui-
pendendi Toluntas (facultasque) profueiit sine arte, quia
caputesl in omni negolio.nosse quid agendum sit, maxi-
mequc in agiiciilUira, in qua voluntas facultasque cilra
scientiam srtpe magnam doininis affemnt jacluiain , ciim
imprudenler (acla opera finslranlnr impensas. Itaquedi-
ligens palcrfamilias, ciii (.mli i ^t cv agri cultu cerlam se-
qui rationem rci faniili.u i, aii^;rnil;i% maxime curabit, ut
actatis suiE prudenli^.siiiHis ;i^ii(olas de quaque re consu-
lat, et commentarios aiiliquornm sedulo scrulelur, atque
a!slimet, quid eoium quisiiiie senserit, quid priccepeiit :
an univeisa , quie majores piodiderunt, liiijus temporis
culluras respondeant, an aliqua dissonent? Multos enim
jam memorabiles auclores comperi persuasiim habere,
longo a!Vi silu qualitalem c<Eli slatumque mutari , eorum-
que consultissiiuum astrologise pinfessorem llipparcbuin
prodidisse, tempus fore, qiio cardines mundi loco movc-
rentur : idiiue ctiam non Rpemendus auctor rei rustica^
Saserna videtur adcrcdidissc. ?<'am eo libro, quem de
agricultura scriptuin reliquit, mutatum cseli situni sic
colligit, quod qna^regioncs anlea proptcrhicmisassiduam
violenliam millam stirpem vitis aut ole» depositam , cu-
stodire poluciint, nunc mitigato [jam] ct iutcpescenle
piistino fiigorelargissimis olivitalibiis Liberique vindemiis
cxubeient. Sed bicc sive falsa seu vera ralio est, lileris
asliologia; concedatur. Ca^tera non dissiiiuilanda crunt
agioruin cullori piacopta rusticationis, quae cum pluiima
tradiderint Poeni ex .'Vfrica sciiptoies , lunlta tauien ab bis
falso prodita coarguunt uostri cotoni ; sicut Tremellius ,
qui qucrens id ipsum tamen excusat, quod Italia; el .^frica;
solum ca>lumipie diversa' natuiae , ncqneat eosdeni pro-
venlus li;iberc. Qua'cunque antem propler disi iplinain
ruris iKistrorum lemporuin ciim priscis discic|iant, iiou
deterieie dcbent a lectione discentem. Nam miilto pliira
reperiuntnr apud veleres, qua-nobispiobanda sinl, quani
qua; repudianda. Magna |iorro et Gra^corum turba est,
(le rusticis rclius pia'! ipiciis ; lujiis princeps celeberrimns
vatcs non ininiiiinin pnilissidni nostia; contulit Hesiddiis
Bicotius. Magis dcinilc i';ini jnveie funtibus orti sapicntiaj
Democritus Abdcritcs , Sociaticns Xenoiibon, Tarenliniis
Aiclijtas, peripatetici inagisler ac discipulns .\iistotelcs
cnin Tbeophrasto. Sicnli quoque non mediocri cura ne-
gotium istud prosecuti sunl Hieron el Epicbarmus disci-
jiulus , Philometor ct Attalus. Alhenrc vero scriptoruin
frequentiam pepcrerunt , e qiieis probatissimi auclores
Cbajreas, Aristandros, Ampbiloclius, Euphronius ; Clirc-
stus Euphronis, non , ut multi putant, Anipliipolites, qui
COLUMELLE.
tif d'Athenes et non pas d'Amphipolis, bien
qu'Euphroninsd'Araphipolis, avec lcquel ii a ete
souventconfondu,passe lui-meme pour un bon
agriculteur. Dans les Iles, {'asriculture n'a point
ete negligee : temoin Epigenede Rhodes, Aga-
thoclede Chio, Evagonet AnaxipolisdeThasus.
MenandreetDiodore,compatriotesde Bias, Tun
des scpt sages de la Grcce, se sont fait reniarquer
surtout par leurs connaissauces agricolcs. Bac-
chius et Mnaseas de Milet , Antigonus de Cymee ,
Apollonius de Pergame, Dion de Colophou, He-
gesias de Maronia, ne le cederenten rien aux au-
teurs que nous venons de citer. Diophane de
Bithynie a resurae et reuni eu six livres les vo-
lumes nombreux de Dionysius d'Utique , inter-
prete et comraentateur de Magon le Carthagi-
nois. II y a encore unefoulc d'auteurs dontnous
ignorons la patrie, raais qui out pourtant apporte
leur tribut au progres de cette science : ce sont
Androtion, jilschrion, Aristomene, Athenago-
ras, Grates, Dadis, Dionysius, Euphyton, Eu-
phorion. Nous avonsencore, pour notre traite,
mis a contribution avec autant de confiance Ly-
simaque et Clcobule, Mencstrate, Pleutiphane,
PersisetTheophile. Enfin, pour accorder ledroit
de bourgeoisie romaiue a ragriculture, qui avait
ete jusqu'alors une science grecque , puisque les
auteurs qui la traiterent ctaient Grecs eux-me-
mes,citons d'abord M. Caton le Censeur, qui le
premier a ecrit en latin sur reconomie rurale ;
puis lesdeux Saserna, pere et fils,qui ont cher-
che a approfondir davantagc; Scrol'a Tremellius,
qui lui a prete le secours de son eloquence ; M.
Tcrentius, qui lui a doune une forme plus ele-
gante ; et enfin \irgile , qui Ta embellie par le
charme de ses vers. Woublions pas non plus les
et ipse laudaliilis liabetiir agricola, scrt indigena soli Al-
tici. Insulre quoque cuiam istam celebraverunt, ut lestis
est Rliodius Epigenes , Cliins Agatliocles, Evagon,et
Anaxipolis Tbasii. Unius quoque de septem Biantis illius
populaies Menauder et Diodorus in priniis sibi vindicave-
riinl agiicolalionis prudentiani. Nec liis cessere Milesii
Uaccliius et Mnaseas, Anligonus Cyma^us, Pergamcnus
Apollonius, Dion Coloplionius, Hegesias Maronites. Nam
quidem Dioplianes Bitliynius Uticensem totum Diony-
sium, Pa'ni Magonis Inlerpretem , per mulla dilfusum
volumina , sex epitomis ciicumscripsit. Et alii tamen ob-
scurioies, quorum patrias nou accepimus, aliquod sti-
pendium nostro studio contulerunt. Hi sunt Andiolion,
jlischrion, Aristomenes, Alhenagoras, Ciates, Dadis,
Diouysius , Eupbyton , Eupliorion. Nec niinori fide pro
virili parte tribiitura nobis intulcrunt Lysimachus, et
Cleobulus, Menestiatus,Pleutiplianes, Persis et Tbeopbi-
lus. Et ul agricolationem Roniana tandem civitate done-
mus, (nam adliuc istis auctoribus Grfficae genlis fuit)
jam nunc M. Catonem Censorium illuni memoremus,
qui eam latine loqui primus instituit. Post liunc duos
Sasernas, pafrem et filium, qui eam diligenlius eru-
dierunl; ac deinde Scrofara Tremellium , qui etiam elo-
quentem reddidil; et M. Terenlium , qiii expolivit; mox
elements d'agriculture que nous devons a Julius
Hyginus. Mais le plus grand honneur revient k
Magou,le pere de reconomie rurale, et dont
Touvrage remarquable, divise en vingt-huit
livres, a cte traduit par Tordre du senat.
Rendons encore hommage aux hommes de no-
tre epoque, Cornelius Celsus et Julius Atticus,
dont lun nous a donne un traite complet d'agri-
cultureen cinq livres, et Tautre une monographie
sur le genre de culture applicable aux vignes, en
uu seul livre. Julius Grccinus, que Ton peut re-
garder comrae Ic disciple d'Atticus, a egalement
Icgue a la posterite deux livres relatifs a la cul-
turedes vignes. Son ouvrage, bienqu'il traitedu
meme sujet, est plusagreable et enmerae temps
plus profond que celui de son maitre. Ainsi, mon
cher Silvinus, consultez avec soiu tous ces au-
teurs, avant d'aborder l'etude de ragriculture.
Mais ne croyez pas que les preceptes qu'ils vous
donnent vous rendent de suite un cultivateur
parfait : ces sortes de livres sontbien moins pro-
pres a former un maitre qu'a instruire celui qui
lest deja. La pratique et rexperience, voilace
qui est le point principaldans les arts. En toute
chose on peut puiser un enseignement ulile dans
ses propresfautes; car lorsque une expcrience,
pour avoir ete mal faite, ne rcussit point, nous
evitons de retomber dans les erreurs que nous
avons commises ; et rinstruction du maitreeclaire
ledisciple sur le chemin qu'il doit suivre dore-
navant. On ne doit donc point s'attendre h ce
que les preceptes que nous allons donner con-
duisent seuls a la perfection de cet art ; tout ce
qu'on peut en espcrer, c'est qu'ils aideront a y
parvenir. Celui qui les aura lus scra loin d'^tre
un cullivateur parfait ; il lui faudra eucore la vo-
Virgilium, qui carminum quoque potentem fecit. Nec
postremo quasi pffidagogi ejus meminisse dedignemur,
Jiilii Hygini : veruntamen ut Cartbaginensein Magonem
rusticationis parentem maxime veiieremur : nam liujus
octo et viginti memorabilia illa volumina ex senatuscon-
sulto in Latinum sermonem conversa sunt. Non minorem
tamen laudem mcruerunt nostrorum temporum viri , Cor-
nelius Celsus ct Julius Atticus; qiiippe Cornelius totum
corpus disciplinaj quinque libris coniplexus est;liic de
una specie culturae pertincntis ad vites singularem librum
edidit. Cujiis velut discipulus duo volumina similium
praeceptorum de vineis Julius Graecinus composita face-
tius et eruditius posterilati tradenda curavit. Hos igitur,
Publi Silvine, priiis quam cum agricolatione contrabas,
advocato in coiisilium : nec tanien sicmente dispositus,
velut summam totius rei sententiis eorum consecuturiis :
qiiippe ejusmodi scriptorum monumenta magis instiiiiint,
quam faciunt , artificem. Usus et cxperiejitia domiiiantur
in artibus : neque e^t iilla disciplina , in qiia non peccando
discatur. Nam ubi qiiid perperam adniiiiistralum cessit
improspere, vitatur quod felellerat : illumiuatque rectam
viam docentis magisterium. Quare nostra pr:Ecepta non
consummare scientiam,sedadjuvare promittunt. Nec sta-
lim quisquam compos agricolationis erit liis perlectis ra-
DE LAGRICULTL'
ionte et les ressourees necessaires pour les mct-
tre a ex6cution. Cc sont dcs appiiis qiie nons
offrons a ceux qiii voiidront s'en servir, maisqui
ne peuventrien par cux-memes. II faut cncore
se trouver dans les condilions ([uc noiis vcnons
dMndiquer. II y a plus : toutes ccs conditions
reunies, c'est-a-dire un travail assidu, rexpe-
rience du mcta.ver, la volonte de dcpenser, et la
facultede le faire, ne valcnt pas, abcaucoup pres,
laseule preseucedu maitre. Si le maitre ne sur-
veilie pas activement les travaux, 11 arrivera
ce qui arrive dans une armee lorsque le general
est absent : tout sera ueglige, personne ne fera
son devoir. Je pense que c'est la le veritable
sens des paroies que Magon a placees en tete de
son ouvrage.n Qiiiconque veutaeheter une terre,
dit-il , doit vendre sa niaison , de peur qu'il ne
se plaise plus a la viile qu'a la campagne; celui
qui fait beaucoup de cas d'une niaison n'a pas
besoin de ferme. » .le m'en tiendrais ineme a ce
preeepte, s'il pouvait etre observe dans ce tenips-
ci. Mais puisqu'aujourdhui rambition nous ap-
peile souvent a la ville, etqu'ellenous y retient
encoreplus souvent , je pense qu'il est plus com-
mode d"avoir un bien de campagne qui eu soit
proche, afiu qu'on puisse s'echapper tous les
soirs, si occupe qu'on soit, pour y aller apres les
affaires du barreau terminees. Car pour ceux qui
achetent desproprietes eloignees, presqueau dela
des mers pour ainsi dire , ceux-la abandonnent
de leur vivaiit leur patrimoine a leurs heritiers, et,
qui pis est, a leurs esclaves, avant la niort de
leur maitre. En effet, rassurcs par reloignement
du proprietaire, ils se iivreut a tous les vices ; et,
enattendant que de nouveaux maitres vieunent
prendre possession du domaine,ils songent plus
a le piller qu"a lecultiver.
lionlbus , nisi et obire cas voluerit, et per facuUates po-
iiierit. Ideoqiie liaec velut adminicula studlosis promitti-
mus, non profutura per se sola, sed cum aliis. Acne ista
(piidem prajsidia, ut diximus, non assiduus labor el ex-
peiienlia villlri , non facuUates ac voluntas impendendi
tantuni pollcnt, quantum vel una pia;senlia domini :
quae nisi liequens operibus intervencrit, ut in exercitu
cum abest imperalor, cuncta cessant officia. Maximeqlie
reor lioc sisnilicantem Peentim Magoiiem , suorum scrip-
torum primordium lalibiis auspicatum sententiis : <i Qui
agriim paravit donium vendat, ne nialit urbaniim, quam
rusticum lareni colere; cui ma^is roidi tucrit urbanum
domicilium, rustico priiedio non erit opiis. " Quod ego
praccptum, si posset bis temporibiis observari , non iin-
miitarem. Nuiic qiioniani plerosque nostrum civilis am-
bitio siepe evocal, ac sa'pius detinet evocalos, sequitur
ul suburbauiim pia-diiim rommodissimum c.ssc puteni ,
quo vel occupalo qiiotidianus cxcursus liicilc post nego-
tia fori contiugat. Nam qiii longiiiqua iie dicam transma-
rina rura nierrautur, velut ba^iedibus patrinionio siio,
vcl quod giavius est, vivi cedunl servis suis : quoniam
qiiidem ct illi tam longa dominoriim distanlia con umpun-
liir, rt rcrrupti post flagitia, qu.e commiseruiit , sub
\\E, LIV. l. ' '^
II. i! inipcrtedonc que le fonds de tcrrc qu'on
voudra aeheter ne soit pas eloigne de la ville,
alin que le maitre puisse souvent le visiter. II
suffira d'annoncer son arrivee prochaine, pour
que cette crainte contienne le metayer et ses
gens dans les limites du devoir. Le maitre se-
journc;a donc a la eampagne le plus de temps
qu'il lui scra possible; et ce temps ne doit etre
consacre ni a ragremcut ni a roibivcle. Un chef
de famille, veritablement attache a scs interets,
doit visiter toutes les parties de ses possessions ,
et a toutcs les cpoques de Tannee. II examinera
avee soin la nature du sol , aussi bien dans le
temps oii les fruits sont encore en herhe et en
feuilles, que dans celui ou ils sont arrives a
leur point dematurite. II se rendra bien compte
des differents travaux qui doivent etre executes
dans les diffcrentes parties de son domaine. Un
ancien provcrbe, deja cite par Caton, nous dlt
que leplus grandfleau d"une terre , c'est d"avoir
un maitre qui, au lieu d'ordonner lui-meme les
travaux qu'elleexlge, est force de prendre con-
seil de son metayer.
Qu'on ait acquis une propriete par heritage ou
par transaction , II importe avant tout de eonnai-
tre la nature d« sol ou elie se trouve. Dans le
cas ou elle seralt placee dans des condltlons
defavorables , 11 faudralt s'en defaire, pour en
aehcter une autre. Si la fortune exaucait mes
vceux , je lul demanderais une terre situee dans
un climatsaln etfertile, partieen plaine, partie
en colliQes legeremeut incllnees du cote du mldi
ou de rorient: elle se composerait de terrains la-
bourables, de bois et de terrains incultes; elle
setrouverait pres de la raer, cu d'uu (leuve navi-
gable qui faciliteralt Texportation de ses dlf-
ferents prodults, tt rimportatlon des denrees ne-
exppctatioiie surccssoruni, rapinis magis quani cuUuris
studeiil.
II. Ccnseo igitur in propinquo agruni mercari, quo et
fieqiienter dominus vcniat, et frequenliiis se venturuni ,
quam sit venturus, denunciet. Siili boc cuim inctu cum
familia viilicus crit in oflicio. Qiiicquid vero dabitur oc-
casionis, niri moretiir. Oiw non .sitmora scgnis, nec um-
Irralilis. Nain diligentem patrenifamilias decet agri sni
particulasoninesetomni tcmporcannifrequentiusciicnni-
ire, qiio piudontiiis naturani soli sive in fiondibus ct
lierbis, sive jain inaturis friigilms conlempletiir : nec
ignorct qiiidquid in co recle (ieii poterit. N;im illud vetus
est [et] Calonis , agrum pessinie mullari , cujiis doniinus
qiiid ineo fariiindum sit, nonilccet, sed audit villicum.
Oiiapropter vel a inajoribiis triiditiiin possidenti vel cinp-
tuio fiindiim praecipua cura sit scire, quod inaxinie re-
gionis genus prolietur : ut vel careat inutili, vel nieicctur
laudabileni. Quod si voto fortiina subsci ipserit, agruni liabe-
bimus -salubri caelo , uberi gliieba, partc campestri , parte
alia collibus vel ad orientem vel ad meridieni molliter de-
vcxis; terienisqiic alns ac cultii, atqiie aliis silvrs-
tribus et aspeiis, ncc piorul a inari anl navigiibili !lu-
mine, quo deportari friirtus, et per qiiod meices invelii
COLUMELLE.
cessairps h son exploitation. Les plnines qiil en-
touieiaient les batiments de la nietairie seraient
distribviees en prairies, en terres labourees, en
saussaies, ct en pia-ntatlons de roseaux. Quant
aux colliiies, la partie qui ne sera pointplantee
d"arbres sera rcservee exclusivement au ble,
bien qiril viennemieux dans des plaines medio-
crement seclies et grasses, que dans des ter-
rnins en pentc. Par cette raison, les terres a
ble , meme les pius elevees , devront etre apla-
nies autnnt que possible, et presenter une pente
tres-douee, c'est-a-dire ressembler autant que
possible aux piaines. Pour les autres collines,
elles seront plantees d'oliviers, de vignes et
d'arbres, dont on tirera les eclialas necessaires
pour soutenir les premiers. II y aura d'autres
collincs qui fourniront le bois et les pierres pour
les diiferentes constructions, et d'autres encore
qui serviront de paturages aux troupeaux. L'eaH
qui decoulera des montagnes (dans cette ferme
modele) se repandra en ruissenu dans les prairies,
les jardins et les saussaies, et arrivera, au moyen
de canaux , jusque dans renceinte de ia metai-
rie. Des troupeaux de gros betail et d'autrcs
quadrupedes paitront en foule dnns les champs
ct les bois. Mals une situatjon telle que nous la
desirons est rare et diflieile a trouver : la meil-
leuresera toujours celle qui reunira le plus grand
nombre de ces avantages;une propriete quin'en
aurait quc quelques-uns n'est poiut encore a
dedaigner.
IIL Porcius Caton ditqu'en achctant une pro-
priete , il faut envisager avant tout deux choses :
la salubritii du climat, et la fecondite du sol.
Celui qui voudrait cultiverune terre qui ne satis-
ferait point a ces deux conditions ne peut etre
qirun fou, qu'il faudra placer sous latuteile de
posslnt. Campiis , iii prata et arva salic.laque et aruiidi-
iieta digeslus, a^dilicio subjaceat. Colles alii vacui ailio-
ribus, ut solis segetibus serviant; quic lamen modice
siccis ac iiingiiibus eanipis melius quam praicipilibuslocis
pioveniunt. Ideoqne etiam celsiores agri rriimpntarii pla-
nicies liabcre, et quam mollissime deveNJ, .» hiinilliini
debent esse campestri posilioni. Alii dciinlr ciillrs dlivc-
tis vinetisque et earum futuris pedamenlis vcstianlnr,
niateriam lapidemque, si necessitas a?dilicaudi coegerit,
nec minus pecudibus pascua proebere possint. Tum livos
tlccun eiiles in piata et lioi tos et salicta , villirque aqiias
salientesdciniltant. Nec absinl grege.s arinenlorum, ca^te-
roiunuiue qiiadrupedum culta et dumela pascenlium.
Sed liacc posiUo, quam desideranins , diriicilis et rara
paucis contingit. Pioxiina est liuic, qua; plurima ex liis
habet : tolerabilis , qme non paucissima.
III. 1'orcius qiiidem Calo censebat in emcndo in-
spiciendoque agro pr.eci|iui' dno esse consideranda, sa-
lubritatem cadi e( uberlalein loci : qiiorum si alternm
deessel, ac nibilo minusquis vellet incoleie, inenle esse
«aptuni, alque eum ad agnalos el genlilcs di^iliK cndum.
JSemmem cniinsanum debere faceie sumplus incullurasle-
ses parenfs paternels. Ouel homme de bon sens
voudraiten effet se inettrecn frais pourcultiver
un terrain ingrat? De meme, si le terrain ost bon
et fertile, mais le climat malsain , il est rare
que le niaitre puisse jouir des fruits dc snn fni-
vail. En effct,dans une contree oii il faut liitter
constamment avec la mort, non-seulement la
reeolte , inais la vie mcme du proprietaire ne sont
pointcn surete ; ou, pour mieux dire, la mort y
est plus certaine que les lienelices qu'il se pro-
mettait. Caton ajoute a ces deux points princi-
paux trois autres qu'il n importe pas moins de
prendre en consideration : ce sont les routes,
Tcau et lcs environs. Lcs bonnes routes sont
d'une grande utilite pour une terre ; d'abord et
principalement par rapport aux voyages du
maitre, qui se rendra toujours avec d'autant plus
de plaisir a sa terre , qu'il n'iiura point a crain-
dre les incommodites d'une route difficile ; se-
condement par rapport a Pexportation et rim-
portation , puisfpie les bonnes routes augmentent
le prix des fruits qu'on emporte , ct diminuent
celui des denrees qu'on veut faire rentrer a la
metairie. Car plus la conimunication est facile,
moins il y a de frais de transport. De plus : les
frais de voyage seront moins considerables,
surtout, si l'on fait la route sur des be.tes de
louage, ce qui est toujours moins couteux que
d'avoir a entretenir des attelnges a soi. Enfin les
esclaves qui doivent aecompagner le maitre nu-
ront plus de facilite pour le suivre a pied. Quant
a laqualite de Teau , c'est la un piiint dout Tim-
portance saute tellement aux yeux qu'il est inu-
tile de la demontrer davantage. Qui oserait en
effet douter de la necessitc d'uiie enu de bonne
qualitc, sans laquelle personne, quellc que soit
d'ailleurs sa eoustitution , ue saurait prolonger
rilis soli : nec rursus |)estilenli quamvis feracissimo pin-
guique agro dominum ad fructus pervenire. Nain iibi sit
cumorco latio ponenda, ibi nou niodo perceptionem fiuc-
tuum , sed et vitam colonoruin esse dubiam , vel poliiis
niortem qiK-cstii certiorem. Post liaec duo principalia
sn^jungcbat illa non minus intuenda, viam et aquam
et viciiiimi. Multum conferre agris iler commodum : pii-
inum, quod est maximum, ipsani piaesenliam domini,
qui libentius commealurus sit , si vexationeni vice non
reformidet. Deinde ad invelienda et exporlanda utensilia;
(lu.-e res fiugibus conditis auget preliura, et minuit im-
pensas rerum invectarum : qui minoris appoilentur eo,
quo facili nisu perveniatur. Nec nibil esse etiam parvo
velii, si conduclis jnmentis iter facias, quod magis expe-
dit, quam tueii propria. Servos quoque qui seciituii pa-
tremfamilias sint, non a?grc iter pedibus ingiedi. De
bnnitale aquce ita omnibus clarum est, ut pluiibus non
sit disserenduni. Quis enim dubilet, eam maxime proba-
tam haberi , sine qua nemo iiostrum vel prospeia; vel
adversa' valetudinis vitam prorogat? De vicini commodo
non csl qiiidem certum , quem nonuunquam uiors aliKque
nobiscum (diversa;) causa; miitant. Et ideo quidain re-
DE L'AGRICULTURE, LIV. L
t7!)
la vie? Qunnt a l'avantap;c qu'on peut rctircr de
ses voisins, c'est un point snr Ic(1ir"I on nc pcut
riendccider d"avance, puisque ia niort pcut nous
les ravir, et d'autrcscirconstances peuvent en ame-
ner de uouveaux. Lcs personncs qui n'admettent
point a ce sujct lcs opinions de Caton nous pa-
raissent etre dans une grande erreur. En effet,
s'il est d'un homme sage de savoir supporfcr
radversite , il r 'y a que rinsense qui puisse vou-
loir conjurer le malheur. Or, c'est prccisemcnt
ce queferait celui qui donnernitson argent pour
acquerir un mauvais voisin. D'aillcins, tout
horame nc de parents libres a du entendre dire
des sa premiei-e jcunesse qu'on ne perdrait ja-
mais de bceuf, s'il n'y avait pas de mauvais
voisins. Ce proverbe peut s'appliquer non-seule-
ment nux bestiaux , mais a toutcs sortes de va-
leur, qnel!cqu'ensoit la nature. Ijcnuconpdeper-
sonncs ont mieux aimc abandonner leurs pcnatcs
et fuir lcur domieile, que de rester exposecs aux
vexntions de leurs voisins. Des peuples tont
entiers, nepouvant supporter In meclinncete de
leurs voisins, ont quitte le sol de leur pntrie, et
sont venus cherchcr un refuge dnns dcs pnys
etrnngers : temoin les .Acheens, les Hiberiens,
les Albaiiiens, ainsi que lcs pcuples nuxquels
nous devons notre origine, lcs Pdasgiens, les
Aborigenes et )es Areadiens. Enfin, pour ne pas
nous borner a cescnlamites publiqucs qui frap-
perent dcs nations entieres, rhistoire ne nom-
me-t-elle pas une foule d'hommes prives qui se
sont signales, soit dans la Grece , soit dans notre
Hcspcrie, comme des voisins intolerables? Le
fanieux Autolycus nctaif certes pas un voisin
bien accommodnut, cf rdunedif pns que Cncus,
efabli sur le mont Aventin, ait fait lc bonheur
de ceux qui habitaient le raout Palatin. Si je
prrnds mes exemples dans lepasse, etnon dans
le prcsent, c'est parce que je ne veux point nom-
mer un de mcs propres voisins qui n'cpargne ni
arbretout vcnu, ni nrbrisseaux plnntcs cn pepi-
niere, qui arrache reehnlns, npptii de la vigne,
et qui ne laisse point pnitre frniiquillement les
froupeaux dans les prnirics. Cest donc avec rai-
son , a mon nvis , que Porcius nous conseille de
fnir un pnrcil llcnu, et qu'il nvertit le futur
agronome de se mettre en garde coutre un tel
malheur. Nons ajouterons aux preceptes de Caton
celui qu'un dcs sept sagcs a Inissc a la poslcri-
fe : c'cst de garder un milicu et uuc juste mesure
en toute chose ; et cela doit s'nppliquer a rncquisi-
tion des biens fonds aussi bien (iu'a toute autre
affnire. D'apres ce principc, gardons-nous avant
tout d"acheter plus de terrcs que nos moycns ue
nous pcrmettent d'en cultiver; e'cst du moius
le veritable scns de la bclle sentcnce de notre
poete, Iorsqu'iI nous dit : Admircz, si vous vou-
lez , une grande ferme , mais n'en cultivez quune
petite. Le snvnnt poetea, ce me semble, voulu
cousigner dans ces vers un ancien proverbe que
nous devons a In nation la plus industrielle du
moude, aux Cnrthagiuois. La terre, discut-ils, ne
doit pns ctre plus forte que le lahoureur. Cest
qu'en cffet lorsque la terre ct le labonrcnr sont
aux priscs , si la ferme reraporte, lc fermier
srrn ruine. D'unautrecotc, uu petit chnmp bien
cultive rapporte plus qu'un grnnd qui le serait
mnl..\ussinos ancetrcs tirereut-ils plus de profit
dcs scpt nrpents de terre que le tribun Licinius,
apres l'cxpulsion des rois, nvait assignes a ehnque
citoyen, que nous n'cn tirons aujourd'hui des
pucrets les plus eteudus. Curius, dont nous
a\()ns parlc! plus hauf , pensait que cetait la une
fortuue plus que suflisante meme pour uu con-
f puunl Catonis sentenliani : qni tMwon miilluni videnliir
ciTurc. Sani qiieniadiiioduni .siqiienlis est, foil.iiilo.s casiis
maj;no aiiimo sustinere , ila (icnieiitis cst i|isuin silii iiia-
lam (aceie CorUinani : quod facit , qiii nequani vidnimi
suis numis [)aiat,cuma inimis cunalinljs, sl inodo li-
Lcris paienlibus estoriiiudus, audisse potiierit, Ou5' av
p!.-jc a7to/,o'.-', £1 jir) ■^s.i-tai naxor v.r,. Qiiod noii solum do
l)ovc dieitur, sed etiani de oninilnis piililnis rei nostra
l.tmiliaris : adeo quidein ut miilti pra liili^iiht carere pc-
iiatibns, cl propter injurias viciiioriiin sides siias piofu-
geiint. iSisi aliler cxistiinamus diveisiini orbem gcnles
univeisas petiisse leliclo ])aliio solo , .Vclix-os dico et Hi-
beros, Allianos quoipie, nec minus Siculos, et, iit pri-
niordia iiosira eoiilinoam , Pclasgos, .4borigines , .\rcadas,
qiiam qnia iiialos vicinos ferre non potueraiit. Ac nc taii-
tuiii dc piiblicis calamitatibus loipiar, privatos quoque
nieiuoi ia tradidil cl iii regionibus Gra-cia; et in liac ipsa
IIesp.'iia delcslabiles fnis.se vicinos; nisi si Aulolycns ille
cuiquaiu potuit tolfciabilis esse contermiiius; aut.Wcnlini
niiMitis incola Palatinis ullnm gaudium (inilimis siiis Cacus
slliilit. Malo enim praelerilorum , quani pr.Tsentiuin ine-
Uiiiil5*c, iie vicinum meiim nomincm, ipii necarborcm
proliviorem slare nostra; regionis, nec inviohliim semi-
narinni , nec pedanieutum adnexum vinea; , nec eliam pe-
cudes negligentius pasci sinit. Jure igitur, quanlum mea
fert opinio, M. Porcius talcm pcstem vitare ccnsuil,el in
priniis futurum agricolam priemonnit, ne sua sponle ail
eam perveniiet. Nos ad caHcra piaecepta illinl ailjicimiis,
quod sapiens unus de seplem in perpelmmi postciilali
pronmiciavit, adtiibcndum moduin mcnsiiramqiie rebiis;
idqiie, nt noii solum aliudacturis, .sedet agruiii paratniis
diclnni iutclllgaliir, nc majorem, qnam ralio calciilornni
patiatiir, emere vclint. Kani liuc pcrlinet pra!clara nostri
poela; sentenlia : Lnudato ingcnliu rura, exiijmtm co-
/(/«. Qnod vircrudissimiis, iil mea ferlopinio, tiaditum
velus pia^ccptum numeris signavit. Quippe acutissimam
genleui Picnos dixisse convcnit , imbecilliorem agrum
qnani a.ricolam csse dcbcie : (iiioniam, ciim sil colliic-
ta:idiim cumco, si fundiis pr.rvaie^it, allidi domlnnin.
Nec dubiiim ipiin niinus rcddat la\us agcr non recte cul"
liis, qiiam aiigiistus exiniie. Ideoqiie post reges exactos
I.iciniana illa septena jugera, qiia; plelji tribiiiiiis viiitini
diviserat, majoics (luicstus autiqiiis rctuleie, qiiam nniic
nobis pra'bciit amplissima velereta. Tanta i]iii(leiii Cmiiu
COLUMELLE.
su! et un triomphateur. En effet , lorsque le peu-
ple lui offrait ciuquaiite arpents a titre de reeom-
ponse apres la victoire qu"il venait de rempor-
ter, et qni etait due a son habilete et a son
coiirage, i! rcfusa ce present, et se contentn de
la portion du dernier des citoyens. Plus tard ,
lorsque nos vietoires et l'extermination de nos
cnnemis eurciit laisse beaucoup de terres vacan-
tcs , on regarda eomme un crime chez un sena-
teur de posseder plus de cinq cents arpents. C.
Liciuius fut cnndamne, pouravoiroutre-passe par
cupidite la mesure (ixee pour chaque citoyen par
la loi qu'!l avait portee lui-mOme pendant son
tribunat. Et ce n'ctait pas seulement pour le pu-
nir de son orgueil qu'on ie condamnait, mais
parce qu'on regardait comme un crime de laisser
incultes des cliamps deja ravascs par les enne-
mis , ce qul ne pouvait raanquer d'arriver iors-
qu'un citoyen roraain en possedait plns quc sa
fortune ne liii permettait d'en cultiver. Comme
cntoutes choses. on gardera dans!'acquisitiondes
terresunejuste mesure;eton n'en auraqu'autant
qu'il en faut pour paraitre les avoir achetees a
leffet d'en jouir, et non pas pour en etre sur-
charge soi-meme, ni pourenlever a d'autres le
droitd'en user : a rexcmpie de ces gens immen-
sement i-iehes qui posscdent des pays tout entiei's,
dont ils ne pourraient meme pas faire lc tour a
eheval. lls sont forces de les abandonner aux bes-
tiaux et aux betes feroces qui les ravagent; ou
bien i!s ics peuplent de citoycns emprisonnes
pour dettes, ou d'esclaves attaches a la chaine.
L'etendue meme des fermcs doit donc depeudre
non-seulement de la volonte , mais encore des
vcssources de chacun ; car il nesuffit pas, comme
je Tai dit plus haut, de vouloir posseder, il faut
encore pouvoir cultiver.
IV. Nousarrivonsmaintenantau precepte que
Ceson nous a donne le premier, et que Calon a
egalement adopte : c'est de visiter souvent la
terre qu'on se propose d'achetcr. Une premiere
inspection ne suffit point pour nous faire decou-
vrir ses avantages ou ses defauts caehes; ce
n'est qu'en la visitant souvent que nous pouvons
lajuger. l\os ancetresnousont indique le raoyen
d'examiner une terre , et de discerner si elle est
grasse et fertile. Nous en parlerons en son lieu,
lorsqu'il sera question des differentes especes
deterre. Mais sansentrer icidans cedetail, jere-
viendrai encore sur cet axiome qu'on ne saurait
citer trop souvent , et qui est attribue a M. Atti-
lius Regulus, fameux genera! du temps de la pre-
raiere guerre punique ; c'est que, de meme qu'il
ne faut pas acquerir un fonds de terre , si fcrtile
qu'il soit , lorsque le climat en est insalubre,
de meme il ne fautpas non plus acheter une pro-
priete dont le sol est sterile , si salubre que soit
le climat. Or, ce conseil qu'Attilius donnait aux
cultivateurs dc son epoque avait d'autant plus
de poids dans sa bouche, qu'il parlait d'apres sa
propre exp(^rience. Eu effet, rhistoire nous ap-
prend qu'il cultivait une terre ingrate et pesti-
lentielle dans le territoire de Pnpinia. De merac
qu'un hommc iutelligent ne doit point acheter
une propriete dans toutes sortes d'endroits, ni
se laisser tromper par les avantages d'un so! fer-
tile ou d'une situatiou agreable, de meme un
bon chef de fnmille doit chercher a faire fructi-
fier et tirer un bon pi'oduit des biens qu'il aac-
quis soit par trai\saction soit par heritage, quelle
qu'en soit la nature. Dans cette vue nos devan-
ciers nous ont laisse beaucoup de preceptes qui
ont pour but d'ameliorcr uu climat rnalsain ,
d'altcnuer des exhalaisons pestilentielles, et de
Denlalns, qiiom paiiln oiile rnhillmiis, prosppro uiiclii
parta vicloiia, oii eximiam virtiitem (lclVreiitB popiilo
prsemii nomine quiHquaginla soli jugera, supra consula-
rem Uiumplialenupie forlunam putavit satis esse : repu-
(liatoque piiblico muiieie populari ac plebeia mensuia
contentus fiiit. Mox eliam cuni agrorum vastilatem vic-
toiia; noslrae et interniciones hostiiim fecissent, ciiHiiiio-
sum tainen senatori fnitsu|ira quingenta jngeia posse-
disse, snaqne loge C. Liciniiis (lamiiatus est, quod agri
nlodnni, quem in iiKigistraln rogalione tribunicia piomiil-
gaverat, immodica possideiidi libidine transcendisset : nec
inagis qnia superbum videbatur lantum loci detinerc.
qnam quia llasiitiosum , quos hoslis prolugiendo desolas-
set agros, novo more civem Ronianuin supia vires palii-
monii possidendo deserere. Moduseigo, qui in omnibus
lebus, etiam parandis agris adliibcbitnr. Tantum enim
obtinendnm est, quanto estopus, ut emisse videamur,
quo potiieniur, non qao one.raiemnr ipsi , atque aliis
IVuendimi eiiperemus; nioie pia-potentinm, qui possi-
deiit lines gcnliiira , quos ne circumire equis qiiidem va-
lent ; sed proculcandos pecudibus , et vastandos ( ac popu-
landos) leris derelinqimnt, antocciipatos nexu (■iv!iim,et
ergastnlis tencnt. JIo.lus autem erit sua ciiique [ mode-
rata J voluntas facnltasqiie. Neqiie eiiim salis est , ut jam
prius dixi , possideie velle , si colere noii possis.
IV. Seqiiitur deinceps Caisonianuin pia3C«plnni , qno
fertnr usus etiani Cato Marcus, agrum esse reviseiidiim
sa'piiis eum, quem velis mercari. Kam prima inspeclione
neque vitia ncque virlutes abditas ostendit, quae mox le-
tiactantibus facilins apparent. liispectionis quoqua veliit
formula nobis a majoribus tradita est agri pinguis ac la^ti :
de cujus (]nalitale dicemus suo loco, cum de geneiibus
terra; disseiemns. In universnm tainen quasi lestilican-
dum atque sa'piiis pincdicandum liabeo, quod piimo jani
Punico bellodux incliitissimusM. AttiliusRegiilusdixisse
memoratur, rniidum siculi ne fuccundissimi quidein suli,
cum sit insalubiis; ila nec effreti , si vel saluberriinus sit,
parandiim : quoil Attilius aetatis suee agricolis majoie cum
auctoritate suadebat poritus usu. iNam Pupinia; pestilentis
simnl etexilis agii cnltorem fiiisse eum ioqiiuntur bisto-
ri*. Quapiopter ciiin sil .sapienlis non ubique emeie, nec
aut ubertalls illecebiis aiit deliciarum concinnilale decipi :
sic vere induslrii jiatiisfaiiiilias est qiiicquid aut emerit
aut accepciit, facere frucluosuiu alqne ulile : qnoniam et
ijH LAGIUCLLTURE, LIV. 1.
vaincre a force dc travail et de soin 1'ingratitude
du sol daiis une contree sterile. Or, vous attein-
drez ce but, si vinis sulvez, corame ceux d'un
oracle, les conseils du plus veridique des pro-
phetes : <• Cherchez a bien connaitre d"avance les
vents et les elimats, le modc de culture pratique
par vos predecesseurs , et la nature du sol, alin
que vous sachiez ce que chaque contree peut
rapporter, et ce qu"clle refuse au cultivateur. >• Ge-
peudant , quelle que soit rautorite des anciens
cultivateurs , elle ne doit point nous faire renou-
cei" a nos propres experiences nouvelles. Si ces
sortes d'essais ne sont pas sans incooveuient ,
il en resulte toujours du moius un avantage reel
pour la feiTne; parce qu'en general on ne cul-
tive jamais de lerre sans ea retirei un profit
quelconque , et que le maitre , en essayant, par-
viect a connaitre lc genre de culture qui eonvient
le mieux a sa ferme. Les essais augmentent le
produit des champs les plus fertiles ; c'est pour-
quoi il nc faut jamais craindrc de les tenter, sur-
tout dans les terres grasscs, ou Ton pcut etrc sur
que le produit dedommagera toujours de la
peine qu'on aura prisc et des depenses qu'il aura
fallu faire. Mais de meme qu'il est important de
connaitre la qualite d'un ionds,et la manicre de
le cultiver, il ne Test pas moins de savoir com-
ment la reetairie doit etre batie , et quelle doit etre
sa disposition pour en tirer un bon parti. Sousce
rapporl, les hommes les plus illustres ne sout pas
toujoursexemptsd'erreur : teraoin L. LucuUuset
Q. Scevola. La villade Lueullus etait plusgrande
que ne le comportait la ferme, tandis que celle de
Scevola avait le defaut contraire. L'un et Tautre
defaut sont egalement nuisibles aux interets du
proprietaire. Si les batimentssont trop vastes, ils
necessitent de grands frais de construction et
d'entretien; s'ils sont petits par rapportau fonds
de terre , on est expose a perdre une grande par-
tiede la reeolte.Eu cffet, toutes les productious
de la terre, celles qui sontscches aussi bien que
celles qui sout liiiuides, se giitent facilement, si
Ton n'a pas d'endroits couverts, spacieux et cora-
modes , ou !'ou puisse les resserrer. L'habitation
du maitre doit etre aussi elegante que sa fortune
le lui permet, afin qu'il vienue avec plaisir a
sa carapagne, et que le sejour qu'il y fera lui
paraisse agreable. S'il se fait accompagncr de
sa femme, dont le sexe et le gout sout plus de-
lieats , ces sortes d'embellissements seront d'au-
tant plus necessaires qu'ellecouseutiraplusfacile-
ment a rester avec son epoux. Qu'un agriculteur
batisse donc elegamment, sans se laisser entrai-
uer d'ailleurs a des depeuses excessives. Vos
batiments, nous dit Caton, devront etre pro-
porlionnes a Tetendue de vos terres , de crainte
que votre vilia ne eoure apres votre ferme , ou
votre ferme apres votre villa. IVous allons expli-
quer maiutenant queile est la nieilleure situation
d'uiie villa. II ne sufllt point de la placer daus
une contree salubre , il faut encore choisir pour
son emplacement la partie la plus saine de la
ferme tout entiere. Lorsque Tair qui envirnnne
le batiment est corrompu , la sante est expnsee
a mille influenccs nuisibles. II y a des endroils
qui aux solstices souffrent moins de la chaleur
que les autres , mais ou le froid est insupporta-
bledaus rhiver, comme, par exemple, Thebes en
Beotie. II y en a d'autres ou Thiver est doux ,
mais 011 la chaleur est pesanle en ete, comme
Chalcis dans rEubee. II faut donc chercher un air
tempere, qui ne soit ni trop chaud ni tropfroid.
gravioris c<Teli niulta rcraeilia priores tradiderunt , qiiibns
initigetur pestlfeia lues; et in exili lerra culloiis piu-
dentia ac diligentia macieni soli vinccre potest. II.i^c
autem consequeinur, si verissimo vati veUit oraculo cre-
diderimiisdicenti : ycnlos etproprium crvli prcrdisccre
morem citra sif nc patrion cnllusfptc linbilusquc toco-
ruin, el quid qumqttefcral rerjio ct quid qna'quc rc-
cuset : nec conlenti lamen aucloritate vel prioriini vel
prajsenliuni colonorum iioslra praetenniserimus exempla ,
novaque tentaveriinus experimenla. Quod elsi per partes
nonnunquara damnosumest; in summa tamen fit com-
pendiosum, qiiia nullus ager sine profectu colitur, simul
ac tentando possessor eflicit, ut in id formelur, quod ma-
xime praeslari possit. Ea res etiam feracissimos agros iiti-
liores reddit. Itaqiie niisqnam experimenlornm variet.is
ouiiltenila est ; longeqne etiam in pingui solo magis aiidcn.
duni, qiioniam neclalioiem necsumptum frustratur cffec-
tus. Sed ciim refert, qualis fundus et quo niodo colatur;
tum villa qualitcr a^dilicetur, et quam utiliter disponatur.
Multos eniin deeirasse, memoria prodidit, siculpraestan-
tissimos viros L. Lncnllum et Q. Sc«voIam, qiiorun) alter
ni.ijores alter minus ainplas, quum postulavit inodus
agvi, villas cxtruxit, cuin utrumquc sil contia icm fanii-
liarem. Diffusiora enim consepta non solum pluris a'di-
ricainus,sed etiamimpensisniajoribiis tuenuir : atiiiinora
cum si]nt,<piam postulat fundus, dilabitur fructus. Nam
et liiimida; res et sicca;, qiias terra progenerat, facile
vitlantur, si aut non sunt. aut prn|iter angustias incoiii-
moda sunt tecta, quibns inferantur. Pio porlione eliain
facult.atiim , qiiani oplinie palerfainilias debel liabitare , ut
et libeutius rus veniat, el degat in eo jucundius; ulique
veio, si etiam matrona cnmitabilur, ciijus iit sexus ita
animus est delicatior : quainobrem amcrnitate aliqua de-
meienda erit , quo palicnlius niorclur ciim viro. Eleganter
igitiir a?dilicet agricola : nec sit tamen aedilicator; atque
area; pedem tantuni complectatiir, qiiod ait Calo, (juaii-
tnni iie villa funduni qnarat , iieve fiindus villam : ciijiis
iiniversum situm qualem oporteat csse, nunc explicabi-
niiis. Quod incboatur a'dili('iiim, siciit salubri regionc ita
saliiberiima parte regionis debel coiislitiii. Nam circumfu-
siis aer corruptus plurimas affert corporibus noslris causas
olfensanim. Sunt qua-dam loca, qiia" solsliliis niiniis coii-
cale.scunt , sed frigoiibus bicniis intolerabiliter borrent,
sicut Tbebas ferunt Itootias. Siintqnae tepenl liieme, scd
.Tstale saevissimc candent, iil aflirmant Euboicam Clialci-
dem. Petatur igitur aer calore et frigore tcmpcratus, qui
COLUMELLE.
tel qu'il est coramunement vers le milieu des
collines ; par la raison que cette partie n'est ni
assez enfoncee pour etre engourdie par les gclees
de rhiver ou brulee parles chaleurs de rete , ni
assez clevee pour avoir rien a rcdouter soit des
veuts, qui sont toujours furieux sur le haut des
montagnes, soitdespiuies, qui tombent avec plus
de violence dans les endroits clevcs que partout
ailleurs. La situation la plus favorable pour une
villa sera donc au milieu d'une colline; on aura
soin toutefois d'y choisir un endroit plus eleve
que le reste du tcrrain, decrainte que les torrents
formes par les phiies ne vicnnent a entrainer
les fondements de rcdifice, lorsqu'ils se prccipi-
tent dans la plaine.
V^. 11 faut qu'il y nit des eaux vives qui cou-
lent a travcrs la metairie, soit qu'elles y prcn-
nent lcur source, soit qu'elles la prennent au
dehors; qu'il y ait dans le voisinage un licu
d'ou Ton puisse tirer sa provision de bois, et qui
piesente dcs pAlurages. S'il ne s'y trouve point
d'eau courante, on cherche dans les environs
un puits qui ne soit pas profond, et dont Teau ne
soit ni amere ni salce. Si Ton manque absolument
d'eau courante, et qu'on ne trouve mcme pas
d'cau de puits, on construira dc vastcs citernes a
Tusage des hommes, et des abreuvoirs pour les
bestiaux. On y recueillera dans les uns corame
dans les autres Teau des pluies, qui est tres-bonne,
surtout lorsqu'on la fait passcr a travers des
tuyaux de terre cuite qui la conduisentdansunc
citerue couverte. Apres Teau des pluies la meil-
leureestcellequi, prenantsasourcedans lesmon-
tagnes, s'y precipiteatravers desrochers, comme
par exemple Teau du mont Guarcenus en Cam-
panie. On place au troisieme rang Tcau qu'on
tirc des puits creuses sur des collines, ou du
moins dans des valieesd'une certaine eldvation. '
La pire de toutes c'est I'eau mareeageuse, dont le
mouvement est lent et presquc imperceptible.
Quant a celle qui croupit dans lcs marais, sans
jamais s'ecouler, elle est veritablement pestilen-
tielle; et ccpcndant, si nnisible qu'elle soit, elle
se corrige par Teau des pluies qui tombent dans
rhiver. On voit par U combien reau des pkiies
doit etre salutaire, puisqu'clle a la vertu de pu-
rifier Teau des raarais. Aussi , comme nous Ta-
vons dit, c'est la meilleure qu'on puisse employer
pour servir de boisson. En outre, les ruisseaux
contribuent heaucoup a moderer les chaleurs de
rete, et a reiidre le pays plus agreable. Si leur
eau est douce, et que la position le permette, il
faudra les faire passer a travers la villa ; mais s'il
y a une riviere tres-eeartee des collines, et que
relevation dc ses rives ainsi que la salubrite du
pays ne s'opposeut point aplacer la villa surses
hords, il faut toujours faire en sorte que la villa
ait Teau derriere, etnon par devant. De cette ma-
niere la facade de redifice sera garantie des vents
nuisihles, et se trouvera exposee a ceux qui sont
regardes comme favorables. En effet, la plupart
des rivieres sont couvertes en ete de vapeurs mal-
falsantes, et en hiver de brouillards, qui peu-
vent,s'ils ne sont dissipes par la violence des
vcnts, devenir funestes aux hommes etaux bes-
tiaux. Dans les endroits saluhres, la villa doit,
comme je Tai dit, regarder Testou le sud, tandis
que dans les climats uebuleux elle doit avoir
rexposition du nord. Une villa est toujours
convenahlcmcnt placee au pied de la nicr, lors-
qu'elle en est asscz proche pour que les vagues
hattent le pied du biitiraent, et viennent s'y bri-
ser ; au lieu qu'elle serait mal sur la plage ou a
quelque distancedes flots. En effet, lorsqu'on fait
tant que de s'ecarterdela mer, il faut s'en ecarter
beaucoup, toute la plage etant, jusqu'aune cer-
fere medios olilim-t collcs, qiiod neqiie tlopressus liieme
pruiiiis torpel, aiit lonfUir aestate vaporibus, neque ela-
lus in suiniiia nioiiliiiin perexiguis ventornm niotibusaut
pliiviis onini tenipore anni sa^vit. Hacc igitur est medii
collis optinia positio, loco tainen ipsopaululum intuines-
c?nte; ne cum a vcrliio lorieus imbribus conceptus ad-
fluxerit, fiindaincnla loiivellat.
V. Sit autem vel iiil;a vilbm vel extrinsecus induclus
fcins perennis; liyialio, pahuliimque vicinum. Si deeiit
tluensunda, putealis qninatiiv in vicino, quae non sit
liaustus piofundi, iioii aiiKui saporis aut salsi. IIa?c quo-
que si deficiet, et S[)es aiclioi aquse manantis coegerit,
vast.TC cisternco liominibiis piscin;eque pccoribus instruan-
lur, colligenda' aquie laiulem pluviali , qu<B salubritali cor-
poiisest acconimodatissiina. Sed ea sic liabetur exiinia, si
liclilibiis tubis in contcclam cisternani deducatur. Huic
pioxinia lluens aqua e monlibus oriunda, si pei- saxa prw-
ceps devolvitur, ut est in f.iiarcpno Campania;. Tertia pu-
tealis collina, vel quae non inrniia \all.' repeiitur. Deter-
linia paliistris, qua; pigro lapNii iipil. 1'cslilens, quaj in
pahide senipercoiisistit. Hic ideia lainon liiimur, qiianivis
nocentis iiaturae, temporibus [tamen] liiemis edomitus
imbribus mitescit; ex quo cxleslis aqua maxime salubiis
intelligitur, quod etiam venenati liquoiis eliiit peiniciem.
Sed lianc potiii probatissimam diximus. Ceteinm ad .rsta-
tum teinperandos caloies et amcenitatem iocoriim pluri-
nium conferunt salientes rivi, qiios, sicondilio loci palie-
tur, qiialescunque dummodo dulces utiqiie perdiicendos
in villam censeo. Sin summotus longius a collibus crit
amnis, et loci salubritas editiorque sitns rip.ie pcrmittet
superponere villam prolIuenti,cavendum lamen erit, nta
teigo potiiis, quam pras se llumen liabeat, et ut a^dilicii
froiis avcrsa sit ab inlestis ejus regionis ventis, et amicis-
simis adversa ; cuni plcrique anines astate vaporatis liicine
frigidis nebnlis caligent. Quae nisi vi inajore inspirantium
ventorum submoventur, pecudibus bominibusque coiife-
runt pestem. Opliinc autein salubribus, ut dixi, locis ad
oiientem vel [ad] meiidiem, gravibus ad septentrionein
villa convertitur. Eademque scmper maie recte conspicit,
c.nm pulsatur, aclluctu respeigitur; nunquam ex ripa, seJ
liaud panliini submota a littore. Nam pr.ijstat a mari longo
poliiis intcrvallo, qiiain brevi refugisse; quia nicdia suul
hE L"AGillCULTL'RE, LIV. l.
tainedislanee, rempliedevapcursettrexhalaisons
(langereiiscs. Unefermenc iloit pas etre iion pliis
situee pres tVun niarais ou d'une route niilitaire.
Lesmarais developpent pcndant les chalcurs de
rete des vapcurs nuisiblcs, et eiigendrent des
iiisectes arnies (1'aiguillons, et dout les essaims
nombreux assaillcnt riiomme. Lcs marais four-
inilleutencore dcserpents ct d'autres rcptiles qui,
prives de rhuniidite de rt).iver, sortent de cctte
faiiije, misc cn fermentation par les ardcurs du
soleil. Toutcelaoecasioime souvcut dcs maladies,
dont lcs causes sont tellement caehees que les
m(.'decins eux-mcimcs ne peuvent pas toujours
les dt'couvrir. II regne, cn outre, dans eeseon-
tr(?es uue sorte de remujile et une huraidit(i (jui
ronge lcs iiistruments do culture, pourrit les
mcubles, et giite les fruits serres dansles greniers
aussi bien (]uc eeux ((ui sout laisses a decouvcrt.
Le voisinage d'une grande route n'est pas non
plus favorablea remplaeementd'une ferme, tant
a cause des dtiguls que les voyageurs peuveiit
faireaux recoltes, qu'acauscdes visitcsfr('quentes
dont on est incommodc. Pour (iviter tous ccs
iiiconveiiients, il ne faudra balir la metairie ni
sur un lirand clicmin, ni dans uii endroit pesti-
leiitiel,, mais dans une situation clevee de sorte
([ue la fa(?ade des batiments soit touriKie vers lc
point du ciel oii le soleil se leve a rtk(uinoxe.
Cette position , tout en exposant riiabitation aux
vents d't'te, la defend de ccux dhiver. Plus le
terrain s'abaisse a Test, plus il re(^oit facilement
lcs vents iVili:, et moins il donne acces aux tem-
(letes d'hiver; la chaleur du solcil lcvant y re-
sout plus promptemeiit les rosees glacces. Ces
avantages sont d'unc graiide importanee, parce
qu'eu gcntral tous les licux qui ne sont poiut
exposc^s au soleil et aux vents sccs sont regardts
comme malsains. Eu cffet, daus toute la nalure
il n'y a point d'autre force ((ui puisse aussi fa-
cilemeutsecher ou balayer lcs vapeurs dela nuit,
la rouille, et eette iiumiditt'. sale ((ui s'attaclie a
tout, et qui cst aussi dangereuse pour lcs lioin-
mes que pnur les trnupeaux, les [)lantes et les
fruits. Quand oa veut eoustruire siir un terrain
en peiitc, il faut eommenccr a batir sur la [lartie
la plus basse du coteau. Non-seulcnicnt les fon-
dations qui auront ete jet(ies dans ce reni"onee-
ment soutieiidront le pnids deredifice, maiseiles
scrviront de eontrefurt ct d'appui aux construe-
tionsqu'on voudraajouterdans la suite, lorsqiril
faudra agrandirla metairie. Les aueiennescons-
truetions formeront alors un coiitrepoids asscz
puissant pour soiitenir les ninivelles. Si ron com-
meneait au eoutraire par jeter siir la [Mrtie su-
perieure du coteau les fondations de.-.tinees a
porter toute la masse dcs batimcnts, !cs construe-
tions qn'ou ajouterait dans la suite forraeraient
des faux-poiuts et dcs crcvasses. En effet, toutes
les fois qu'une nouvelle construction est ajout(ie
a un aneien batiment qui menaee ruiiie, le vieil
ediliee, a forcede soutenir la masse qui s'ele\e
aupres de lui, fiuit par ciider; ct le nouvcl t'difiee
venant a pencher du cot(; de Faneien a mesure
que eelui ei s'affaisse, succombe peu a peu sous
sa propre masse, jusqu'a cequ'ilait ete eulraine
dans la ruine du premier. Cest ce vice de cons-
truetion qu'il faudra (5viler, en jetaut les pre-
mieres foudations.
VI. La distribulion d'une m lairie doit rt'pon-
dre a rcusemble de la ferme. Elle secomposera
de trois partics : rhabitatiou du maitre, les ba-
timcnts rustiques, et les greniers. L'habitation
siiatia gravioii.^ Iialitus. Kec paludem quiOem TKiiiam 1
csse oporlpt ;ie(lifn'iis; iiecjiinctam niililarem viam, qiiod
illa caloribiis novium virns eructat, ct iiifestis aculeis
annata gignit animalia, quffi in nos dcnsissimis examini-
liiis involant ; tiini etiam nantium scrpenliuinque pestes,
liilieina destituta uliginc, cdnoetlermentalacolluvie veie
iialas emittit, ex qnibus sirpe contraliuntiir ca;ci moilii,
(liiorum caiisas ne medici qiiidem perspicere qneiiut;
seil et aniii toto tempore siUis alque linmor instinmen-
liim lusticiim siipellectileniqiie et inconditos (onditosque
fMKtiis (oiiuinpit : hax aulein pra^leiennlium viatnrum
popnUitionilHis, ct assiduis devertentiiim liospitiis in-
lislat leiii fciniiliorem. 1'iopter qua; censeo ejiiMnodi
vilaie iiKOinmoda, villamque nec in via nee pesti-
lenti loco, sed procul ct edilioic sitii coiideie, sic, nt
Irons ejiis .id orienlem a^ipiiiioclialeni direcla sit. Nam
ejiismodi posilio medium tempcratunique libramenlimi
veiitorum liiemalium et a.'Slivoniiii teuet : qnantoqiie fi.e-
ril axlilitii soliiiu pronius orienti, tanlo ct a-state lilieiius
<a|iere perllatns, et liicmis proccllis minus infestari , et
maliiliiio legeiari ortu poterit, ut concreti rores litpics-
canl : (pioniam fere peflilens liahetur, quod est rcmoliini
ac sinislniin soli ct apricis flatibus; quibussi caiet, niilla
aliavis potest uocturuas pruinas,et quodciinqiie rnbiginis
aut spuicilia» resedit ,siccare atquedetergere. lla'cauleni
cuni liominibus afrerant pcrniciem, Inm el aiincnlis ct
viieiililius eornmque fruclibus. Sed quisqiiis a^dilicia volet
in declivibns areis extrneie, semperab inferioie parte aii-
spicelnr : qnia ciini e\ depressiore loco fiierint or.sa fuii-
dainenta , iioii snliim sniierlicien) suam facile siistinebiint,
sed et [HO lulliira el siilislructione fungenliii, adversus
ea, qu.T nio\ , sl forle villani |)iolalare libnerit, ab snpe-
rioie parle applicabuntnr : qiiippe ab imo praestnicta va-
lenter rcsistent coiitra ea , (pi.T postmodiim snperposila
iiicnmlienl. At si snniina pais cli\i fdiidata [iropriam mo-
lem snsccpeiit, (iiiidipiid ab inleriore nio\ ap|iosneris,
lissnmeiil rimosiiiiKpie. .Xaiii ciiin vetcriadslniitnrieceiis
adiliciiiiu , qiiasi snrgeuli icliiclans (iiicri cedil; et (|nud
priiis evtriictuui iiinninebit cedcnli, paiilatiiu degiava-
Inm pondcre sno pia'ccps altralielnr. Igiliir id striictiiia'
viliiiin ciiiu |iriiniiiu slatiin liiiKlamcnta jacinulnr, cvilan-
diiincvl.
\1. Modiis aiilcm mcnibrorumque numerus aptetiir
univcrsoconscplo, et dividalnr in ties [lartes, nrbanam ,
rusticam ct IVnctiiaiiain. liliana rursiis in bibeina ei
U'Sliva sic di^.craliii, iit siicclcnt bicnialis lempoiis tuli;-
COLUiVlELLE.
du maitre sera divisee en appartenicnts cVete et
en apparteraents d'hiver. Les chamlires a cou-
cher des app.irtements d*hiver aurout l'e.\position
du soleil lcvaut d'hiver, et les salles a manger,
ceile du soleil couchant equinoxiah Les ciiam-
bres a coucher des appartements d'ete seront
e.xposees au midi equinoxial , et les salles a man-
ger, au soiii! levant d'hiver. Les bains seront
tournes vers le soleil couchant d'ete, afin d"elre
bien eclaires depuis midi jusqu*au soir. Les pro-
menoirs seront sous le niidi equinnxial, afin
qu'ils aient beaucoup de soleil en hiver et peu
en ete. Les bfltiments dits rusliques se conipose-
roDt d'abord d"un office vaste et bien exhausse,
alln que la charpente soit a l'abri du feu , et que
les gens de la maison puissent s'.y tenir commo-
dement dans toutes les saisons de l*aunee. Les
chambres des esclaves libres auront l'exposition
du midi equinoxial. Quant auxesclavesenchal-
nes, on leur ferasous terre une prison aussi saine
que possibie, et eclairee par des fenetres nom-
breuses,etroites, et assez exhaussees pour qu'ils
ne puisseat y atteindre avec la main. Les eta-
blesdestineesaux bestiaux ne devront etre ui trop
chaudes ni trop froides. Les animaux soumis au
joug auront des etables d'ete et desetables d'lH-
ver. Pour lesautresespeces d'animaux qu'on en-
tretient egalement daus Tin terieur d'une ferme, on
leur menagera pour rhiver des retraites couver-
tcs, et pour Tete des enceintes a decouvert, mais
cntoureesdehautes murailles,pourqu'ilsy soient
en surete ct n'aient poiut a craindre les attaques
des betes feroces. Toutes ces sortes d'etables se-
ront conslruites de maniere a ce que Teau ne
puisse y penetrer du dehors , et que celle prove-
nant des animaux s'en ecoule le plus prompte-
ment possible , aliu que la pourriture ne gagne
ni les fondations desmurs, ni ia corne des pieds
dcs bestiaux. Les etables destinees aux boeufs
auront neufou meme dixpiedsde largeur, pour
donner a ranimal la facilite de se coucher, et
laisser au bouvier la liberte dc tourner autour
delui. Lesmangeoires devront etrea une hauteur
conveuable, afin que les boeufs et les autres bes-
tiaux, etant debout, puissent y raanger com-
modement. Le metayer aura sa cliamhre pres
de la porte principale, pour qu'il soit a merae
de surveiller ceux qui sortent ou qui enlrent.
Par la meme raison lintendant aura la sienne
au-dessus de la porte meme, de sorte qu'il
pourra en meme temps surveiller'de pres le me-
tayer. Kon loiu de 14 on etablira le magasia
destine a recevoir les iustruments aratoires. Dans
ce magasin , on menagera un cabinet ou Pou
puisse fermer a clef les ustensiles de fer. Les bou-
viers et les bergers auront leurs cabanes presdes
etables, afin qu'ils soieut a merae de donner
aux bestiaux les soins qu'i!s demandent. Tous
ces gens seront loges le plus pres possible les
uns des autres, atia que le metayer ne perde
point de temps en visitant les differentes parties
de Iaferme,etqu'eux-m6mes puissent se surveil-
ler mutuellemetit, et rendre compte du plus ou
du moius de zele qu'!ls mettent dans leurs fonc-
tions respectives. Les bcttiments a provision se
composeront du cellier a huile, du pressoir,
du cellier a vin , du cellier a vin cuit, du grenier
a foin, du grenier a paille, des resserres, et du
grenier a ble. Les pieces a fleur de terre serout
reservees a la garde dcs liquides destines a la
vente, comme le vin et rbuile. On plaeera ^ur
des especes de plauchers ou d'etages les fruits
secs, tels que leble, le foin, les feuillages, la
paille, et toutes les autres especes de fourrages.
cula briimalcni orientem : ccenationes , eequinoclialem oc-
cidentem. Rursus aativa cubicula spectent meridiem
aequinoctialem , sed coenaliones ejusdem temporis pro-
spectent liibernuni orienlem. Balnearia occidenli aeslivo
advertantur, nt sint postmeridiem et usque in vesperum
illustria. Anibulaliones nieridiano Bequinocliali subjectie
slnt, ut bieme pluriraum solis et aestate minimum reci-
piant. At in rustica parle magna et alla cullna poncfur, ut
etconlignatio careat incendii periculo, et in ea coramode
familiares onmi tempore anni morari queant. Optime so-
lutis servis cellse meridiem oequinoctialem spectanles
(iiMit : vinctis quam saluberrimum subterraneum ergas-
tulum, plurimis idque angustisillustratum fenestris , al-
que a terra sic editis , ne manu contingi possint. Pecudi-
bus fient stabula, quae neque frigore neque falore infes-
tentur. Domitis armentis duplicia bnbilia siut,hiberna
atquc aestiva. Ca^teris autem pccoribus, qua: intra villam
esse convenit , cx parlo tecta loca, ex parte sub dio paric-
tibus altis circumsepta, ut illic per hiemcm, hic per
aestatera sine violentia ferarum couquiescaut. .Sed orania
stabiilasic ordinenlur, nequis liumor induere possit : et
ut quisque ibi conceplus nierit,quam celerrime dilaba-
tur, ut nec fundamenta parietum corrunipantur, nec un-
gulae pecudum. Lata bubilia esse oportebit pedes decem
vel niinime novera : quse mensura et ad procumbendum
pecoriet jugario ad circumeundum laxa ministeria prae-
beal. Non altius edita esse praesepia convenit, quam ut
bos aut jumentum sine incommodo stans vesfi possit.
Villico juxla januam fiat habitatio , ut intrantium exeun-
tiumqufi conspectum liabeat. Procuralori supra januam
ob easdem causas : et is tamen villicum observet ex vi-
cino : sitque utrique proximum horreum , quo conferalur
orane rusticum instruraenlum ; et iulra id ipsum clausus
locus, quo ferramenta condantur. Bubulcis pastoribusque
cellac ponantur juxta sua pecora, nt ad eorum curam sit
opportnnusexcursus. Omnestamen quara proxinie alter
abalterodebent liabilare, ne villicidiversas parles circ um-
euntis sedulitas dislendatur, et ut inter se diligentiie el
negligentia? cujusque testes sint. Pars autem friictuaria
dividitur in cellam oleariam, torculariam, cellam vina-
riam , defrulariam , foenilia paleariaque et apotliecas et
lionea , ut ex iis quae suut in plauo, custodiam recipiaiit
bumidariim rerura tanqiiam vini aut olei venaliura ; siccao
aiilem res congerantur tabulalis, ut Irumenfa, fcjcnum,
DE L'AGRICULTURE, LIV. L
Lcs piciiicrs, auxquels conduira un escalier,
auront de petites fenetres croisees, liviant pas-
sage nux aquilons. Cette posilion, etant la plus
fraiclie et la moins liumide , est tres-favorable a
la conr.ervation des grains. Le cellier a vin , si-
tue en pkine terre, aura la raeme exposition;
mais il devra se trouver tres-eloigne des bains,
du four, du trou a fumier, de toutes les immon-
dices d'ou s'echappent des emanations fetides,
ainsi (pie des citernes ou des caux saillantes,
dont les evaporations gateut le vin. Beaucoup
de cultivateurs pensent que le lieu le plus fa-
vorable pour serrer legrain estune grangeavee
nii comble arque, et dont le sol en terre, d'abord
rcmue ct luimecteavec de ramurquenouvelleet
non salee, a ete ensuite battu et consolide avec
des battes, comme les paves connus sous le
nom de Sitjninum opux. Puis, lorsque Touvrage
est sec, on le recouvre avec uu enduit dur, de-
trempe a\ec ramurque au lieu d'eau, et mele
avec de !a chaux et du sable. On enfonce ensuite
ce mortier dur; a force de le battre avec les bat-
tes les plus pesantes , on le polit , eton en remplit
soigncuscment tous les joints etanglesformes par
le pave ct les murs ; car les fentes qui se formcnt
ordinairementdans ces parties offrent des retrr.i-
tes assMreesaux aniraaux qui viennent de des-
sous terre. Lcs greniers se composeront de plu-
sieurscompartiments,dontchacun renferraera les
differtntes sortcs de legumes et de fruits. Les
murs f.eront revetus d'une couche de mortier
delavee dans Tamurque; mais au lieu de paille
on mctti a dans cette composition des feuilles des-
sechees d'olivier sauvage , ou, a leur defaut, de
toute autre espeeed'olivier. Lorsque cette cou-
che sera bieu seclie, on larrosera de nouveau avee
de Tamurque, qu'on laissera entierement seeher
avant de rentrer le ble dans le gronier. Cette
precaution est excellente , surtout pourpreservcr
leble des charanconset d'autres animaux, qui ne
tarderaient point a le rongcr si on la negligeait.
iNcanmoins si le grenier iTest pas expose d'une
maniere assez favorable, le grain le plus choisi
ne tarde pas a s'y moisir. Lorsqu'on u'a rien
a craindre de rhumidite, le ble peut se conscrver
dans desfosses creuseesen terre, ainsi quecelase
pratique dansquelquesprovinces d'outre-mer. En
dcposant les graius dans ces cspeces de puits ap-
peles siros, on rend en quelque sortcune scconde
fois a la terre les productions qui soiit sortics de
son sein. Pour nos contrees , qui ne sont que
trop sujettes a rhumidite, nous prcferons des
greniers eleves au-dessus du sol, et construits de
la maniere que nous venons d"iudiqucr. Cest du
moinslemoyen leplussCirpour garantirle ble des
charancons. Lorsque cemalheurest arrive, beau-
coup de personnes pensent qu'il suffirait, pour
en arreter les progres, de renouveler Tair dans
lestasdegrains par laventilation : c'est uneerreur
manifeste ; car loin de chasser les charancons, on
les disperse ainsi sur la totalite des monceaux. Si
au contraire on ne touche point au grain , les
eouches superieuresseront seules rongces par ces
insectes, qui ne pcnetrent pas dans le ble a plus
d'une palme de profondeur. Or, il vaut mieux
pcrdre eequi est deja gatc, que d'e\poser toute
la rccolte. Lorsque plus tard on voudra livrer le
ble a la consommation , on n"aura qu'a mcttre a
part lescouches superieures, pour neprendre que
celles qui sont restees intactes. Quoiqueces ob-
froii(ies, paleae. celeiaquc pabula. SecJ granaria, ut
dixi , scalis adeantur, el niodicis feneslellis aquilonibus
inspiientur. Nam ea ca;li posilio maxliiic filgida et nii-
ninie liuniida est; quai utiaque perennitateni conditis
fruinentis afferunt. Eadem ratio est (qua;) in plano sita;
vinaria; cella! , quoe subniota procul esse debet a balineis ,
furno , sterquilinio,reliquisquc immunditiis tetrum odo-
lein spiiaiilibus : nec minus a cisternis aquisve salienti-
hus, (piilius extraliilur liumur, qui vinum conumpit.
Neque me pi.Teteril, sedcm truinenfis opliniam quibus-
dam vidcri lioneum camai a contectum , cujus solum ter-
lenum piins quam cunsternatiir, peirossum et ainurca
lecenfi iian salsa madefactuni , velut Signinum opus pilis
condensalur. Tum deinde cum ex;irait, siniili modopavi-
menta lestacea, qua; proaqua receperint amuicani niixta
ciilci et aiena!, superslernuntur, et magna vi paviciiMs in-
(ulcantiiratque expoliuntur, o!nnest)iie pariefum et soli
jiiiictura; teslaceis pulvinis libulantur : quoniain fere
cnm iii bis partibus a^dificia linias ef^enint, cava pijebent
et latebras snbterraneis animalibus. Scd et lacnbiisdis-
tiu^uunlur f;iaiiaria, ut sepaialim qua>qiie legumina po-
nantur. 1'aricles oblinuntiir ainiiica subaclo lulo, ciii
pro paleis admista sunt arida dleastri , vel si ea non sunt ,
oleie folia. Oeinde cum piadjctiiin tectoriiim inariiit ,
rarsnsamuica lespcrijitur, (jua siccata fiumeiitum infer-
tur. Ea res ab noxa curculionum et similium animalium
commodissime videtur conditas fruges defendere; qiia;
nisi diligenter reposilfe sint , celerilcr ab eis consumun-
lur. Sed id genus liorrei, quod scripsimus, nisi [sit in]
sicca positione villas qiiamvisgianum robustissimumcor-
runipit situ : qui si nuliiis adsit, possunt etiam defcssa
frumenla servari, sicut traiismarinis quibusdam provin-
ciis , uhi puteonim in modiim , quosappellant siros, ex-
liaiista bunius , editos a se fruclus recipit. Sed nos in no-
stiis icgionibus, qiiie ledunriant uligine, magis illam po-
silioneni pensilis lioi rei , et lianc curam pavimentoruin el
paiietuni piobamus : quoniam, ut reliili , sic emunita sola
eHateia boireoruin proliibent curculionem. Quod genus
exilii ciiin incidit , mulli opiiianlur arceri posse , si exesa;
fniges in liorreo veiUileiitur, et quasi refrigeientur. Id
autein falsissimum est : neqneeniin bocfacto expelluiitiir
aiiiinalia, sed immisccular tolis acervis : qui si maneant
innnoti, summis lanlnin parlibns infestantiir, (pioniam
infra inensuram iialmi non nasciUir Curculio : longeqiie
pi'a'Slat id solum , quod jam vitialiim est, qiiam totum
periculo subjiceie. >am ciim exiget usus, facile est, eo
sublato,qHod viliatum erit, integro infiMiore nli. [Sed]
lia>c,elsi extriiisccns, non tainen intempesfive videor
lioc loco relulissc. Torriilaria pra;cipue cella;que olearia;
calida; esse debcnt , (luia commodius omnis liquor vaporc
186
C0LU?,1ELLE.
«ervations soientetraugeresau sujetque je traite,
|fi ne ies orois pourtant pas deplacees ici. Lescel-
liers a liuile doivent etre chauds , et !es pressoirs
eucore plus, parce qu'eu general les liquides se
dissolvent par l'effet de laclialeur et se contrac-
tent par le froid ; et que si Thuile , !orsqu'elle
sort en petite quantite , vient a se condeuser, elle
ne tarde p.isa devenir rance. Mais il faut que
!a chaleur soit naturelle, et resulte du climat , et
de l'expositionmeme du cellier. On evitera avec
soin remploi dn feu, car la fumee et la suie enle-
veraientalhuilesasaveur. Cestpourcette raison
que lespressoirs doiventrecevoir le jour du midi ,
pourqu'onpuisse se passer de feu et de lumiere
lorsqu'on presserarolive. Le lieu oii Ton fera bouil-
lir le vin ne sera ni ctroit ni obscur, alin que celui
qiii est charge de ce soiu y soit a son aise. Le lieu
oii Ton seche le bois nouvellemeut coupe sera
place egalement daus la partie reservee aux tra-
vcaux rustiques de !a metairie, aupres des
bains destines aux gens de la raaison. Quant a
cesbains,qui ne doiveut point manquer dans
une ferme , on n'en permettra !'usage aux escla-
ves que les jours de fete; car ils affaiblissent le
corps quand ils sont trop frequents. Les celliers
a vin seront places au-dessus des endroits d'oii
i! sorthabituellement de la fumee, parce que les
vins y vicilliront plus vite, et que la contiuuite
de la funiee les fera parveuir de bonue lieure a
leur maturite. Toutefois , on menagera un autre
' cellier pour y deposer les ^ ins vieux ; car ils se
gateraient par suite d'une fumigation trop pro-
longee. Nous en avons asscz dit sur la situation
de la metairie, et la distribution de ses differentes
parties. Les dependances d'uue ferme se compo-
sent d'un four, d'un moulin d'une graudeur pro-
portionnee au nombre de colons qui doiveut Tha-
biter, etenfin dedeux reservoirs d'cau , dont Tun
sera destine aux oies et aux bestiaux , et dont
!'autre servira pour tiemper les lupins, rosier,
les verges , et d'autres objets de cette nature
d'un usage journalier. On menagera en outre
deux trous a fumier, !'uu pour recevoir lefu-
mier nouveau qui doit y sejournertoule l'annee ,
Tautre pour le fumier ancien, qui de la est conduit
aux champs. Ces deux fosses doivent, aiusi que
les reservoirs, etre legerement inclines, mures et
pavcs , pour que !'bumidite du fuinier ue puisse
s'cchapper. Ce n'cst qu'eu conservant ses sucs
que le fumier conservera toutes ses forces. U
faudra meme !'humecter continuellement , afin
que les seraenccs de ronces et de mauvaises her-
bes qui se trouvent raelees a l^ paille et ii la li-
tii-re y pourrissent , et n' aillent pas germcr dans
les cbamps ou lon doit transporter le fumier.
Les cultivateursexperimeutes couvrent avec des
claies ou des branchages tout Tcngrais qu'i!s re-
lirent des bergeries et des etables, de crainte que
le vent ne ledesseche, ou que l'action du soleil
ne le cousume. L'aire se trouvera placee , autant
que possible , sous les yeux du maitre ou de son
intendant ; le mieux est de la pa ver en pierres du-
res. Lorsque le sol opposeuneforte resistance aux
pieds des Ijestiaux et au poids des tralneaux, le
grain se detache plus vite de Tepi ; et quand le
ble est vanne, il estplus propre et moins rempli
de petits cailloux ct de terre que s'il a ete battu
sur le sol nu. Pres de Taire on menagera un lieu
couvert , oii Ton puisse transporter les gerbes a
demi battues, pour les mettre ;i Tabri, daus le
cas oii une pluie imprevue viendrait interrom-
pre les travaux. Cetteprecaution, que rincons-
tance du teraps rend indispensable en Italie , de-
vicnt inutile dans beaucoup de contrees d'outre-
Kolvitiir, ac frigoribus niagis conslringllur. Oleiira, quod
miniis iiiovenit, si congelaUir, fiacescel. Sed ut calore
iKitiirali cst opiis, ipii coiilinsit |iositione civli et declina-
tione, ita non cst (iinis i!;inl)iis anl nammis : quoniain
fumo et luligiiie sapor olei corrumpitur. 1'ropler qnod
torcular debet a meridiana parte illustrari, ne necesse lia-
beamus ignes liicernamque adliibere , cum premitur olea.
Coitinale ubi defrutum fiat, nec angustiim nec obscuriim
sit, ut sine incomniodo minister, qni sapam decoquet,
veisaripossit. I'uniarinmquoque , quoniateria-,sinon sit
janipridem i;i'mi , lesliiiulo siccetur, in parte rusticas villa;
lini polest jiiinluiii iii>liiis balneis. INani eas quoquere-
reitesse, iii qiiilnis l.iiinlia, sed tantiim feriis, lavelur.
Ncque enim coipoiis rolioii convenit frequens usus ea-
riini. ApotliecaM-ecle superpolientur liis locis, unde ple-
rumaue fumus exoritur ; quoniam vina cclerius vetusles-
ciinl,qua; luini quodam tenoie pr.TCoquein malurilatcm
trahunt. Propter quod et aliud tabulatuni esse debebit,
quo amovcautur ne rursiis nimia sullitione niedicata
sint. Quod ad villiie pertinet situmpartiiimqueejusdi.spo.
sitionem , satis dictum est. Ciica villani deinceps lia;c
esse oportebit : fumum el pistriuum quantum futurus
numerus colonorum postulaverit : piscinas minimum
duas : alteram, quM auseribus ac pccoribus serviat; aU
teiaiu, in qua liipinum, vimina et viigas alquealia, quae
suiit usibus nostris apta, niaceremus. Sterquilinia quoque
duo sint: unum , qiiod nova purgamcnta recipiat, et in
annum conservet; altcriim, ex quo vetera vebantur : sed
utrunique more piscinarum devexura leniclivo.et cx-
tiuctum pavitumque solum babeat; ue bumorem trans-
inittant : plurimum enim refert , non adsiccato succo fl.
mum vires continere, et assiduo macerari liquore, ut si
qiia interjecta sinl stramentis aut paleis spinarum vel gra-
minum seniina, inlereant,nec iu agrum exporlata segetes
lierbidas reddant. tdooque periti ruslici, quidquid ovili-
biis stabulisque convcrsum progesserunt , superpositis
virgeis cratibus tegunt , nec arescere ventis siiiunt , aut
solis incursupaliiiiiliir exuri. Area, sl competit,ita con-
stiluenda est , ut mI a (loniino vel certe a procuratore de-
spici possit. Eaqiii' ()|iliiiia cst silice constrata, quod et
celeriter frumcnla dclci iintur, non cedente solo pulsibus
ungularum tritiiilaniinque, eteadem eventilata mundiora
siint, la[)illisquc caient et glsebulis, quas per triturara
fcre teriena reniittit area. Huic autem nubilariuio ap-
DE L'AGRICULTURE, LIV. L
mer, oii il ne pleut jamais en ete. Les vergei's et
lcs potagers devront etre entoures de haies, et
se troiiver a peu de dislauce de la metairie, et
piaces de telle sorte qu'ils puisseut reeevolr le-
coulement desegouts de lacour, des bains, ainsi
quc la lie d"huiie qui s'echappe du pressoir; car
ccs substances sont cgalemeut prolitablesaux ar-
bres etaux leguraes.
YII. La metairie se trouvant ainsi disposee ,
rattention du maitre devra se porter sur tous
lcs autres objets, et principalement sur ies gens
de la raaisou : ceux-ci se divisent en deux classes,
les fermiers et les esclaves. Les esclaves sont
libres ou enchaines. II se montrera facile, ac-
eommodantpourses ferraiers; il sera plus severe
pour Touvrage que pour le pajeracnt de la rente.
Cette conduite leur est plus agreable, et tourne
a notre profit. En effct , lorsqu'une terre est bieu
cultivee, il en rcsulte presque toujours du be-
nefice, et rarement de la perte, a moins que
la rccolte ne soit ravagee par les pillages , ou
detruite par rintemperie de la saison ; de sorte
que le fermier n"osera pas demander de remise.
De son cote, le proprictaire ne doit pas non plus
tenir rigoureusemcnt a rexactitude dans Tac-
complisseraent des cngagements que le fermier
a contracles; par exemple, Tepoque du paye-
ment, ia livraison du bois, et miile autres choses
qui causent plus d'erabarras que de depcnse.
En geueral, il ne faut pas etre trop exigeaut
pour certaines choses qu'ou aurait droit de re-
clamer. Xos ancetres disaient avec raison que
rextreme rigueur est souvent la plus grandc Jes
oppressions. Toutefois gardons-uous de pousser
trop loin l'indulgence; car, ainsi que lusurier
)ilicari debet , maximeque in Ilalia, propler inconstan-
tiam cajli, quo collalasemitiita frumenla proteganlur, si
5^iitiitaneus imber incesserit. Nam in transmarinis quibus-
«iam regionlhus, ul)i lestas pluvla carct, supervacuuni
est. fouiaria quoqueet Imrfos oportet septo circumdarl,
el esse in propimiuo, atque in ea parle, quo possitomnis
stcrcorata colluvics cortis balineorumque et olels expressa
amurct sanies iiilluere : nam ejusmodi quoque la,'fatur
aliiiientis el olus et arlior.
VII. His omuibus ifa vel accpptis vel composilis ,
piaicipua cura domlui requiritiir , cum in cajteris rebus ,
luin maxime in liomliiibus. Atque bi vcl colonl vel servi
suut, soluti aut vinctl. Comiter agat cum colonis, faci-
lemque se pncbeat. Avariiis opus exlgat, qiiam penslo-
nes : quonlamet minus idolfendit.ef lauien iuuniversun)
magis prodest. Xam ubi sedulo colltur ager , iilei iinique
compendlum , nuuquam ( nisl si c^-eli major vis aut prnedo-
nis Incessit) deliiraentum affert, eoque remissioneiu co-
lonus pelere non audet. Sed nec domlnus in unaquaqiic
re, cum colonum obligaverif, fenax e.sse juiis sui debet,
slcut In diibiis peclinlaium, uf ligiiiset caelerls parvis ac-
te.ssionlbus e.\igendis, quarum cura niajorein mole.sliam
quam impensam rusticis aflert. Necsane esf viiidicandiim
nobis quidquid licet. Nam siimmum jus anliipii siimni.im
pulabaot crucein. Nec rursus iu totum rcmitfeudum : qiio-
Alphius avait coutumede le dire, lcs meilleurcs
cicances deviennent mauvaises, si Ton n'en sol-
licite point le payement. .l'ai entendu dire a
L. Volusius, ancien consulaire, homme puis-
samment riche , que le fonds le plus avantageux
pour un chef de famille etait celui qui serait
cultive par des fermiers nes sur la propricte
meme. .\ttaches .i la ferme depuis le bcrceau ,
ils la regardent comme leur patrimoiiie. Je suis
egalement convaincu que Ton ne gagne pas a
changer souvent de fcrmier. Mais il serait en-
core moius avantageux d'aftermer sa tene a un
hahitant de la ville, qui cultive parses gens plutot
que par lui-racme. Un fermierde cettesorte, dit
Saserna, vousdonncunproci'senplacedelarenle.
II vaut donc micux prciidre nos fenniersdans les
paysans ncs sur nos terres, et choisir celui
d'entre eux qui sera le plus assidu au travail ,
toutes les fois que nous ne pouvons cultiver
nous-meines, ou qu'il u'est pas avaiitagcu.x de
faire cullivcr par nos esclaves. Cest ce qui
arrive dans les contrees malsaines et stcriles.
Mais pour peu que le climat soit sain et la con-
tree fcconde, un bien exploitc par un fcnnier
rapporte toujours moins que celui qui aurait ctc
cultive par le maitre lui-meme ou par son mc-
tayer, s. raoins toutefois que celui-ci ne soit uii
esclave indolent ou rapace : ce qui narriveor-
dinairement que par la faute du maitie ct par
sa negligence. II dcpendait dc lui de nc point
conljer a un tel homme la gestion de ses alTaires ,
ou de la lui retirer l.orsqu'un fonds est assez
eloig.ie pour que le chcf de famille ne puisse
s'y rendre souvent , il vaut micux le confier a des
fermiers lib.res qu'a dcs melayersesclaves,sur-
niam vel optiina nomina non appellando fieri mala f<rne-
lafor Alpbius dixlsse verissime ferlur. Sed ef ipse nostia
meinoila vefeiem consiilarem vlrumque opuleiilissiiiium
L. Volusium asseveianlem audivi, [patri.slaniilias ] leli-
cissimum lunduin es,se,{pii colonos iudigenas liabeiet, et
tanquam in paleina possesslone natos jam inde acuuabu-
lis longa familiaritate retlneret. Ita certe mea lert opinio,
rem n)alain esse Irequentem locafionera fuiidi : pejorem
fainen iirbanum colonum , qui per farailiam mavult agrum
quain |ier se colere. Saserna dicebaf ab ejiisinudi liomiiie
leie pio nrercede litem reddi. 1'ropfer quod operani dan-
dam esse, ut et ru.sflcos et eosdem asslduos colonos reti-
neamus, cum aiif nobismetipsis aon licuerit, aut per do-
meslicos colere non expedierit : quod tamen nou evenit,
nisi in liis rcgionibus , qua* gravitate c«li solique stcrilKale
vasfantur. Caiterum cum mediocris adestet saliibritas cl
leria! bonitas, niuKpiam non cx agio pliis siia cuique
ciira reddidit qnam coloni : non nunquam etiaiii villiei,
iiisi sl niaxima vel negllgentia servi vel rapai-itas Inlervo-
iiif. Qu.e ufraque peccata |ilpiumque vitlo doiiiiiii vel
commllli vel foveri nllill dublum esf : cuni lii eal aiit i a-
vere.ne lalls prajllclalur negolio; aiit jam pra^positiis iit
siibmoveatiir curare. Iii liiii^iii.piis laineii fundis,in quiKS
ii.pn est facilis exciirsii.s p.iliisl.iinili.is, cum omne geiins
a:;ii tolerabilius sit siib libciis culoiiis, qiiam sub v.llicis
COLUMELLt;.
tout quand ce sont des teiTcs k ble , que le fer-
niier r.e peut aussi facileraent degrader que des
vignes ou d'autres plantations. Les esclaves en
general font beaucoup de tort a leur maitre. Ils
louent ies bceufs a des etraniiers , les nourrissent
mal,ainsi que les autres bestiaux, et labourent
la terre sans exactitude. Outre cela, ils conip-
tent plus de semences quMis n'en emploient, ne
prennent pas assez de soin des terres enscnien-
cees ponr les faire venir a bien,et diininuent
cbaquejour par leur fraude ou leur negligence
le grain que Ton a transporte dans Taire pour le
battre, ou ils le volent eux-nieines, ou ils le lais-
sent voler,faute de surveillanee. Le ble, une
fois serre dans les greniers, n'est point porte
avec fidelite sur leurs eoraptes ; de sorte que, par
le fait du regisseurautant que par cekii des gcus
de la maison, la propriete sera degradce et de-
prcciee en peu de temps. Je pense donc que si le
maitrc ne peut luimeme surveiller sa tcrre, il
fera mieux de raffermer.
VIIL Apres lcs fermiers , ce sout lesesclaves
qui doivent occuper Tattention du nialtie. II
examinera avec soin les fonctions auxquelles
il les destine, et les travaux qu'il juge a propos
de leur conlicr. Avant tout, je conseillerai de ne
point prendre un metayer parmi les esclavcs qui
se seiont rendus agrcables par la beaute de leur
corps, ou par rexercice de ces arts frivoles qui
tiennent du luxe des villes. Ces esclaves sont
icicbes, paresseux, accoutumes a passer leur
temps aux promenades, au cirque et aux Xhc&-
tres, a hanter les tavernes et les inauvais lieux.
Si ce gout vient a les suivre au milieu des tra-
vaux de la campagne, le maitre en ressentira
les suites funestes , moins dans la pertc de sou
servis liabere, lum praecipne fruiiieiUarium , quem et mi-
nirae (sicutvineas aut arbustnm)coloiius everlerepotest,
et maxiine vexant servi, qiii boves elocant, eosdeiiiqueet
(■a,'tera pccora malepascunt, nec Industrie tenam ver-
lunl, longeque plus impulant seniiiiis jaeti, quimi quod
seveiint : sed nec quod tense mandaverint sic adjiivaiit,
ut lecte piovenial : idque cum inaieaiii coiitulerunt, per
trilurain quotidie minuuntvel fiaude vel negligentia. Nam
et ipsi dhipiunt, et ab allis furibus non custodiiinl. Sed
nec condltum cum llde lationibus Infernnt. Ita (it, iit et
acfor et fainlliapeccent, et ager saepius infametur. Qnaie
talisgenerisprKdium, si, utdlxi, dominl praesentia cari-
turum est, censeo locandum.
Vlll. Proxima est cuia de servls , cui quemqiie oflicio
pneponere couveniat, quosqne et qualibus operibus des-
tinare. Igitur pr.Tmoneo nevillicum ex eo geneie servo-
iiim, qiii coipoie placuerunt, instituamus : ne ex eo qul-
deni ordine, qui uibanas ac delicatas arteis exeicuerit.
Socois et soniniculosiim genus id mancipiorum, otiis,
campo, circo, tlieatris, aleae, poplnae, lupanaribus con-
suetuin, nunquam non easdem Ineptias somniat, quas
cunl iu agriculturam transtulit, non taiitnm in ipso servo,
quantum in unlversa redetrlmentl dominus capit. Eligen-
lins tsl ruslicis opeiibiis ab infiiiitc duiatus, et inspectus
esclave que dans celie de tout son patrimoine.
Ou choisira done pour metayer un homme ex-
perimente. ct endurci aux travaux des champs
des son enfance : et si ron n'en trouve pas, on
le prendra parmi les esclaves dont la vie a ete
entierement consacree au travail. Un jcuoe
homme n'est pas plusapte a ces fonctionsqu'un
vieillard; le premier n'aura point rautorite
nccessaire pour se fah-e obeir de ceux qui sont
plus agesque lui, et Tautre succombera sous le
poids des travaux. On choisira donc un homme
dans ia force de l^iige, robuste et vigoureux,
connaissant bien ragricutture , ou dii moins as-
sez attentif pour pouvoir se raettre promptement
au fait de cette science; car il ne faut pas que
ceux dont le devoir est d'obeir instruisent celui
qui leur commande. II est impossible d'ailleurs
qu'un homme puisse bien faire executer les tra-
vaux, s"il a besoin de demander d'abord des
instructions a ceux qui lui sout subordonnes.
Un regisseur pourra tres-bien administrer une
fernie sans savoir ecrire, pourvu quil ait la
meinoire sure. Un tel regisseur, nous dit Corne-
lius Celsus, apportera plus souvent a son maitre
de rargent que des livres de compte, paree que
son ignorance ne lui permettrait pas de les fal-
sifier, et qu'il n'oserait non plus les faire falsifier
par d'autres, de crainte qu'on ne decouvrit la
fraude. Ondonuera au metayer pour compagne
une femme prise dans lesesclaves, qui Tatta-
chera davantage a la ferrae, et Taidera dans sa
besogne. On defendra expressement aumetayer
ou au regisseur de prendre scs repas avee les au-
tres gens de la maison , et bien moins encore avec
les etrangers. Cependant il lui sera permis d'ad-
mettre a sa table de tempsa autre, et surtout les
experlmentis. Si tamen is iion erit, de lis praeficialur,
qui servitutem laboilosam toleraverunt. Jamque is tians-
cendeiil aelatem piimac juventae , nec diim senectulis alli-
geiit : illa, ne (et) auctorltatem detrahat ad imperiuni,
cum majores dedignentur jwrere adolescentiilo : hxc, iie
laboriosissimosuccumbat operi. Medla? igitiir sit actatls et
firml roboris, peritiis lerum rusticarum, aul certe maxi-
mae curae, quo celerius addiscat. Nani non est nostii ne-
gotil alteium imperaie et alterum doceie. Neqiie enlm
lecte opus exigere valet , qui , quid aut qualiter racleiidiim
•sit, ab subjectodiscit. Potest etlam illiteratus, dummodo
tenaclssima^ sit memoriae, rem satis coinmode admlnls-
trare. Ejiismodi vllliciim Cornelius Celsus ait s.Tpius
numosdomino quam libium afferre, qula nesclus llleia-
rum vel ipse minus possil rationes confingere, vel per
alium propter conscientiam fiaudis tlmeat. Sed quallcun-
que villico contubernalis niuller assignanda est , qiiae con-
tiueat eum, et in quibusdam rebus tamen adjuvet. Ei-
denique aclori pro?cipiendum est, ne convictum cum do-
mestlco, niultoqne minus cum extero liabeat. Nonniin-
quam famen eum , qiiem assldue sedulum et fortem in ope-
ribus administrandis cognoverlt, lionoris causa mensae
suse die festo dlgnelur adtiibere. Saciillcia nisi ex prae-
ceptodoinini nefeccrit. Aruspices sagas<]ue,qua; utraqiie
DE LAGiUCULTURE, LIV. I.
Jours de ffite, celui qui aiira montre ie plus cVas-
siduiteau travail,et de luidonner ainsi une mar-
que de distinetion. II ne fera point de sacrifices
sans en reeevoir iordre de son mailre. II ne re-
eevra cliez lui ni devins ni masiciens, qui , profi-
tant de la superstition des hommes, les entrai-
nent aux depenses et les plonjzent ensuite dans le
erime. II ne frequentera pas non plus la ville , ni
les marehes et les foires , si ce u'est pour acheter
ou vendre tout ce qui sera de son ressort. Un
metayer, nous dit Caton , n'est point un coureur
de pave; il ne doit point dcpasser les limites de
sa ferme, si ee n'est pour apprendre quelque
nouveau procede relatif a la culture : encore ne
faut-il pas dans ce cas qu'il s'eloi;^ne trop, pour
qu'ilpuisse etrede retour en peu de temps. II ne
souffrira point qu'on fasse dans ses domaines
de sentiers nouveaux, ou qu'on j' pose d'autres
bornes que celles qui s'y trouvent deja. II ne re-
cevra point d'li6te chez lui , a moins que ce ne
soit un ami ou parent de son maitre. De meme
qu'on doit kii fnire toutes ccs defenses, on doit
aussi rexhorter a prendre soin des instruments
de culture et des ustensilesde fer. II est neces-
saire qu'il yen ait dsux fois autant qu'il en faut
pour le nonihre des esclaves qu'il occupera. 11
mettra en reserve lcs instruraents de rechanpe,
apres s"etre assure qu'ils sont en bon etat,pour
n'etre jamais coutraint de recourir ;i ses voisins,
parce que le temps que perdeut les esclaves pour
en allerchercher d'emprunta plus de valeurque
Targent qu'on depenserait pour en acheter. U
tiendra scs i;ens velus avec plus de commodlte
que de delicatesse, et il aura soin qu'ils soient
garanlis du froid , du vent et de la pluie. Des
fourrures garnies de manches rempliront par-
faitement ce but, ainsi que d'anciens citones ,
ou mantcaux a capuchon. Les ouvriers aiusi
vetus ponrront travailler en plein air, meme
par le temps le plosorageux. U ne suffit pas que
le metayer soit propre aux travaux rustiques ; il
faut encore qu'il aitdes qualites raorales , autant
que le comporte Tetat rie servitude dans le-
quel ilestne, afiu qu'il n'exeree pas son pouvoir
sans rlgueur comme sans mollesse. II encoura-
gera les esclaves qui se distingueront parmi les
autres, et usera d'indulgence envers les moins
laborieux , afin que tout en craignant sa sev6rite
ils n'aieiit point a se plaindre de sa rigueur. En
consequenee , il mettra plus d'activite a les sur-
veiUer et a les preserver d'une faute, que d'em-
pressement a les punir, lorsqu'iIs en auront
comrais par sa propre negligence. Or, la sur-
veillance la plus efficace quon puisse exerccr
sur rhomme le plus pervers, c"est d"exiger de
lui avec rigueur la tSche qu'on lui aura prescrite,
en ayant constamment roeil sur lui. Par ce
nioyen , ceux qui ont la conduite des differents
travaux rempliront exaeteraent leurs devoii's:
et les autres esclaves, apr6s la fatigue de la jour-
nee, gouteront volontiers le repos et le sommeil,
au lieu de s'abandoiiner aux plaisirs et k la de-
bauche. Plut aux dieux que les bonnes et an-
eiennes coutumes, ([ui de nos jours sont tout a
fait tombees en oubli, fussent remises en vi-
gueur! Si le metayer les saivait, il n'exigerait
de service de la part des esclaves que dans Tin-
teret du raaitre; il ne prendrait ses repas qu'en
presence des gens de la maison , et sa nourriture
serait serablable a la leur. Par ce moyen , il
veilleralt avec soin a ce que le pain dont il
mangerait lui-meme fut bien fait, et que les
autres aliments fussent appretes sainement. II ue
laisserait sortir personne de la ferme, a moins
quil ne jugCiit a propos de renvoyer lui-m^me'
quelque"^ part ; ce qu'il ne doit faire d'ail!eurs que
genera Tana Riiprrstitione riulois aninios ad impensas , ac
deincppsad nagitiacompellunt , ne admiserit : neque ur-
beni neque ullas nundinas noverit, nisi emendM venden-
daeve perlinentis ad se rei causa. Villicus enim , quod ait
Cato, ambulator csse non debet, nec egredi terminos ,
iiisi ut addiscat aliquam culturam : et hoc si ita in viciuo
est, ut cito remeare po.ssif. Semitas novosque llmites in
agro fieii ne patiatur : neve liospitem nisi amicum familia-
remque domini necessarium receperit. Ut ab liis arcendus,
ila cKhortdndus est ad inslrumenti ferramentoi umque cii-
:..m : iit duplicia quam numerus servorum exigit refecla
i't rcposita cuslodiat, ne quid a vicino pelenduin sit :
(|iiia plus in operis servorum (avor^ndis,) qnamin prelio
lernin ejusmodi consumitur. Cnltam vcslllamque famlliani
nuigis ulililer qnam delicate liabeat, munilamipie diligen-
ter a vento, frigore pluviaqne; qune cnncla pioliihciitiir
pellihus manicafis, ceutonibus confectis, vel sagis ciictil-
lis. Id.si liat, nulliis dies lam iiitolerabilis est, quo non
,iib divomoliii aliquid possit. Scc lantum operis agrestis
sit artifex , sed et aninii , quantum servile patitur inge-
niuni , virliilibus iuslructus , ut neqiie remisse ncque cru-
deliler imperet ; .semperi[ue aliquos e.\ melioribus foveat,
parcat lamen eliain minns bouis : ita ut potiiis timeanl
ejus severitatem , quam crudeliliifeni deleslcnlnr. Id con-
lingere poterit, si maluerit Ciisl.i m. ;(!■ > !'iS nepeccent,
ipiam negligentia .sua commili. : , i,. , :; i n liniiiientes.
Nnlla est autem major vel iirqui- '111; h iiunis custodia,
qiiam operis exactio, ut jusla redilaiitnr, ut villiciis sem-
pcr se repra^sentet. Sic eniin et magistri singulorum ofli-
cioriim sedulo niunia sua exequentiir, et caeteri post defa-
tigatiouem operis quieti ac somno potius , qiiam deliciis
opeiam dabuiit. Jam illa vetera, sed optimi moris,qnse
niiuc exoleverunt, ntinam possiiit obtineri : ne conseivo
iniuistro qnoquara nisi in re domini iitatur ; ne cibuin nisi
in couspectu familioe capiat, neve alium , quam qui caele-
ris pnebetiir. Sic enim curabit , iit et panis diligeuter con-
liat, et reliqiia salubriter apparenlur. Ne extra tines nisi
a se niissum progredi siiiat : sed nec ipse mittat, nisi ma-
gna necessitate cogenfe. Neve negotielur sihi, pecuniamve
doniini aut animalibns aut rehns aliis promercalibiis
occupet. Hsec cnim negotiatio curam villici avocat , nec
unipiam |i.ilitiir euni cuni raliouibiis domini paiia faceie;
COLUMELLE.
fort rarement , et lorsqu"il aura cte contraint par
une necessite imperieuse. Le metayer ne doit
point traliquer pour son compte, ni employer
Targent de son maitre pour acheter du betail
ou d'autres denrees. Ce commerce , en detour-
nant son attention des affaires de son maitre,
rempeclierait de mettre dans les comptes l'exae-
titude neeessaire; et quand on lui demanderait
de l"argent, il ne pourrait donaer que des
raarchaudises. II est encore un point fort essen-
tiel : c'est que lo metayer, loin de simaginer
savoir les choses qu'il ignore reellement , soit
loujours dispose a apprendre celles qLi'ii ne sait
pas encore. On ne tire jamais d'une operation
agricole, quelque bien faite qu'elie soit, un profit
egal a la perte qui en resultera si elle a ete mal
executee. 11 n'y a qu'un seul principe fondamen-
tal en agriculture, c'est de ne jamais revenir
plusieurs foisaux differents travaux des champs:
lorsqu'il faut retoucher a ce qui a ete mal fait par
imprudence ou par negligence , le dommage qui
en resuite est irreparable ; et quel que soit le pro-
fit que ron en tire dans la suite, i! ne saurait
jamais compenser les avantages queiit presentes
Tentreprise meiiee a bieu des Tabord. Pour les
autres esclaves, voici les regles de conduite que
j'ai toujours fidelement observees, saus avoir
jamnis eu sujet de m'en repeutir. Je prends un
ton plus familier avec ies esclaves de la campa-
gne surtout quand leur conduite est irreprocha-
ble, qu'avec eeux de la ville. Coramela douceur
d'un maitre apporte quelques soulageraents a
leurstravaux longs et penibles, jc pousse quel-
quefois la farailiarite jusqu'a badineravec eux,
et leur permettre de rire et de plaisanter avcc
moi. Souveiit aussi, surfoutquand il s'agitd'une
nouvelle entreprise , je les consulte comme s'ils
en savaieut plus que moi ; et c'est ce qui me
meten etat dejuger de i'esprit etdesdispositions
de chacun d'eux. D'ailleurs, j"ai toujours cru
remarquer qu'ils abordent avec un courage
tout particulier les travaux sur lesquels ils ont
ete consultes, s'imaginant sans doute que Je ue
les avais entrepris que par leur conseil. Outre
cela, c'est un devoir pour tout proprietaire pru-
dent de visiter souvent les esclaves qui sont
en prison, afin de s'assurer s'iis sont bien
enchaiues, si laprison elie-merae est assez sure
ct solide, si le metayer n'en a enchaine ni
dechaine quelques-uns a finsu de son maitre ;
car il y a deux points principaux auxquels le
metayer doit se couformer : d'abord , de ne ja-
mais oter les chaines, sans la perinission du
chefde faraille, aceux qu"il aura condaranes a
cette peine; ensuite, de ne point mettre en li-
berte ceux qui auront etc enchaiues de son au-
torite privee, avant d'en avoir instruit son raai-
tre. En general , les esclaves enchaines doivent
etre, de la part du maitre, fobjet d'uue surveil-
lance particuliere. 11 s'assurera par lui-meme
s'ils ne sont privds ni de veteraents, ni des autres
choses qui leur sont necessaires. 11 doit y veiller
d'autant plus scrupuleusement que ccs malheu-
reux etaut soumis a plusieurs superieurs, au rae-
tayer, aux chefs d'atelier et aux geoiiers, sont
plus que les autres exposes a souffrir toutes sor-
tes d'injustices, et n'en sontque plus redoutables
dans les cas ou la cruaute et la cupidite de ceux-
ci les reduisent au desespoir. Aussi , un proprie-
talre veritablement attache ii ses interets doit s'in-
former, soit aupres il'eux, soit auprtedesouvriers
llbres qui raeritent le plus de conliance, si l'oa
donue aux esclaves enchaines ce qui leurrevient
dedroit,conforraementase3ordres; ilgoiitera lui-
meraeleur pain etleur boisson. liexamiuera 1'etat
de leurs vetements, de leurs manches et de ieurs
chaussures. Souvent aussi il leur accordera la
permission de lui porter les plaiutes qu'ils peuveut
.sed ubimmieralio cxigetiir, lem pio niiiiiis osleiulit. In
imivcisiim lanien lioc maxime olitiiieniliini ali eo esl, ne-
quid se putel scire quod nesciat, quaMaliinc scmpei' ad-
disceie, quod ignoiat. Nam cum niulliim pioilest peiile
quid facere , tum plus obest perperam fecisse. Umim enim
acsolum dominatur in ruslicalione, quicquid exigitiatio
cultuiae seme) facere : quippe cum emendatur vel impni-
«lenlia vel negligenUa, jam res ipsa decoxit, nec in tantum
postmodum exubeiat, ut el se amissam lestituat, ct
quKstum temponim praeteiitorum lesarciat. In ca>fei'is
servis liaecfeie praccepta servandasunt, quK nie custo-
disse non poenitet , ut rHslicos,qui modo non incoinmode
segessissent, saepius quam urbanos familiariu.sqiie allo-
qnerer; et cum liac comitate domini levari perpetuum
laborem eoriim inlclligerem , nonnunquam eliam jocarer,
et plus ipsis jocaii permitterem. Jam illiid sa>pe facio, ut
qnasi cum pcritioriljus de aliquibnsopeiibusnovis delibe-
rem, et pcr lioc cognoscam ciijusque ingenium, quale
qiiamqiic sit pruvlcns. Tum etiam libentius eos id opus
aggredi video , de qiio secum deliberatiim , ct consiliuin
ipsoriim susceplum putant. Nam illa solenniasunt omni-
bus circumspecfis , ut ergastuli mancipia recognoscanl;
iilexplorent, an diligenter vincta sint; an ipsa; sedes
custodi.T salis tutae munifajqiie sint : num villicus aut
alligaverit qiiempiam domino nescieute, aiit revinxerit.
Nam ulrumqiiemaximc servare debet, ul et qucm pater-
familias tali picna multaverit, villicus iiisi ejusdem per-
niissii compedibus non eximal : el quem ipse sua sponle
vinxerit, ante quam sciat dominus, non resolvat: tanto-
quecuriosior inquisilio patrisfamilias del)et esse pro tali
geuere servoriim , ne aut iii vestiariis aut iu caeteris prae-
bitis injuriose tractentur, quanloet pluribus sulijecti , ut
villicis , ul operum magistris , ut ergaslulariis , magis ol)-
noxii perpelicndis injuriis , et rursus saevilia atquc avaritia
I laesi magistimcndi suut. Itaque diligens dominus , ciim et
ab ipsis, lum et ab solntis , quibus major est fides,
qua!rat, an ex sua constitiitionc justa percipiant. Atque
ipsepanis potionsque bonitatem gnstu suo explorcf ; ves-
DE L'AGRlCULTURIi:, LIV. l.
avoir a faire conti-e pcux qui lcs tiaitent avec
trop tlecruautc cl lcs IVustrent tleschoses neces-
saires. l'ournioi, autaiitje m'empresse de falre
droit aceux dont les plaintes sont justes, autant
je sevis contre ccux. qui cherchent a exciter
des seditions dans la maisou , ou a calomnier
leurs supcricurs. D'un aulre eote, je me plais
toujours a recompenser ceux dout ia conduite
aura ete irreprochable. Quant aux femmes es-
claves, nous avons toujours dispense de tout
trnvail et meme rendu a la liberte celles qui
avaient eieve plusleurs enfants; une esclave
qui avaitmisau monde trois garcons n'etait pius
assujcttie a faire aucun ouvrage; celle qui en
avait davantage etait entiereraent libre. Une
conduite equitable et sage de la part d"un ch^f de
familleeontribue beaucoup a raccroissement de
son patrimoine. De retour a la cnmpagne, le
proprietairc n'oubliera jamais d'invoquer les
dieux penatcs; ce devoir rempli, 11 ira a Tins-
tant meme , ou , s'il est trop tard , le lendemain,
visiter ses terres, et inspecter toutes les parties
de la ferme ; il s'assurera si son absence n'a pas
apporte du rehichement dans la surveillance ou
dans Tordre etabli, si Ton n'a point depouille
sesvignes, ou ses arbres fruitlers. Ensuite il
comptera ses bestiaux, ses esclaves ; il passera en
revue les instruments de culture et lcs meubles
du mennge. En suivant tous ces conseilspendant
plusieurs annees, il parviendra a etablir une
babitude d'ordredont il jouira dans sa vieillesse ;
et alors, quelque affaibli qu'il soit par \'&ge,
il n'aura point a craindre de devenir le jouet ou
la dupe de ses gens.
L\. II nous reste encore a parler des qualites
pliysiques et morales que uous devons rechercher
dans les esclaves, d'apres la nature du travail
auquel ils sont destines. Ceux qu'ou voudra niettre
a la tete des travaux devront se distingucr par
leur intelligence et leur zele : deux qualites plus
essentielles dans leurs fonetionsque la statureet
la vigueur du corps, parce que ce service demande
une surveillance active, et une connnissance par-
faite de ragriculture. Qunnt a celui qui conduit
lesbrcufs, ces qualites seraient insulTisnntes , s'il
n'etnit en etat de se fnire craindre de ses bes-
tiaux pnr une voix forte et une taille imposante.
Mais il doit temperer la force par la douceur, et
chercher plutot a inspirer de la frayeur qu"a sc
montrer brutal. De cette maniere les hceufs lul
obciront plus volontiers, et supporteront mleux
et plus loogtemps les fatigues, que s'il les acca-
blait de trnvnil ct de coups. Je pnrlerni en son
lieu avec plus de detail des devoirs des ehefs des
travaux et de ceux des laboureurs. II suffit de
faire remarquer, pour le present, que la hnute
stature et la foree physiqueindispensables pour
le laboureur ne sont d'aucune utilite aux chefs
des travaux. II faudra par consequent choisir tou-
jours les premiers parmi les esclaves d'une tnille
elevee, et pour les rnisons que je viens d'indiquer,
et parce que, des dlfferents travaux rustlques, il
n'en est aucun qui fntigue moins un homme grand
que le Inbourage; ce qui se eomprend parfalte-
ment quand on considere qu'en labourant il
marche presque droit, et qu'il peut s'appuyer sur
le mnnche de la charrue. Quant aux ouvriers or-
dinnires, appeles mediastini, il n'est pns neces-
saire qu"lls solent d'une grande taille, pourvu
qu'ils aient la force neeessnire pour supporler les
travaux. II importe peu que les gens qui tra-
vaillent la vigne soientpetits , pourvu qu'ilsaient
tiin, niaiiicas, podiimqne tegmina recosnoscat. Sxpe
etiam (]nprcncli poteslatein faclat de iis , qui aut crudeliter
eos ant ('iaiiiluli'iilci' infeslent. Nosquidcin alii|iiaii(lii jusle
dolenlcs l^ini \iiiilic,iiinis, quam anini.iilvcriiiiius iii e.is,
qui .sedilidiiibus lainiliam concitant, qui (■aliiiiiiiiaiiliir nia
gisfios siios ; ac rursus piaemio piosequiniur eos, qui
strenue atque industiiesegeruiit. Fomiinis quoque ffecnn-
dioribus, quaruni in sobole certus nuinerns lionorari
debel, oliiim nonnunquam et liberlatein dedimus, ciim
plures natos ediicassent. Nam cui ties erant filii , vacatio;
cui pluies, liberlasquoque contingebat. Ha!cet justilia et
ciira patrisfamilias niultum confert auRendo patrimonio.
Sed et illa mcminerit, cuin e civilate remea\erit, deos
penates adorare : deinde si tempestivum erit, confeslim ,
si minus, poslero die (inesoculis peilustraie, et onines
parles agri revisere atque a;stimare , num quid absentia
sua dedisciplina et custodia reiniserit; num aliquavitis,
niim arlior, num fruges absint : tuin etiani pecus et faini-
liain recenscat, fundiqiie instrumeiitiim , et supellectilein :
qiia; cuncta si per plures annos facere instituerif, bene
nioratam disciplinam , cum .senectus advcnerit, oblinebit.
Nec crit nlla ejus ffitas annis ita confecla, ut spernatar a
seivis.
I.X. Dicendum etiam est, quibus operibus quemque
liabitum corpoiis aut animi contribuenduni pufemiis.
Manislros operibus oportet praeponere sedulos, ac friisa-
lissiiiios. Ea res utraque plus quam corpoiis slatura ro-
biiiqiie confert liuic negotio : quoniam id ministeriiim
custodia; diligentis et artis olficium est. Bubiilco quainvis
necessaria , non lamen satis est indoles mentis , iiisi eiirn
vastitas vocis et liabitus metuendum pecudibiis eflic.it.
Sed lemperet vires clementia : quoniam terribilior debet
esse qiiam sa!vior, ut et ol)sequantur ejiis imperiis, et
diiitius perennent boves non confecli vexatione simul ope-
rum verberumque. Scd quai sint magistrorum niunia
qua>que bubulcorum, siio loco repetam. Nunc adiiio-
nuisse satis est, niliil in liis, in illis plurimiim referre
vires et proccritatem. Nam longissimum queinque arato-
rein, sicut dixi, facieraiis, et propter id , qiiod paiillo
ante rctuli , et qnod in rc rustica nullo miniis opere latiga-
lur prolixior, quia in arando stivae pene rectus innititur.
Mediastinus qiialiscunqiie statiis potest esse , dunimodo
pfipetiendo labori sit idonciis. Vine.T non sic altosquem-
adinodiim latos ct laccrtosos viros cxigunt. Nam is Iia-
bilus fossuris et putationibus cn^tcrisqiie carnm rultiiris
inai'is aptus. Minus in lioc oilicio quani in acteris agiico-
COLUMELLE.
les epaules larges et les museles developpes. Ils
seront plus propres a becher et taiiler la vigne,
et a lui donner toutes les faconsqu'elle demande.
La bonne conduite est moins importante pour
les vignerons, qui travaillent toujours en compa-
gnie et sous les yeux d'un chef, que pour les
autres ou vriers. Corame generalement les hommes
vicieux ont resprit plus vif , et que la culture de
la vigne exige non-seulement des geus robustes
mais encore intelligents, on donne ordinairement
ces travaux a eeux qui sont a la chaiue. Hfltons-
nous d'ajouter que, quel que soit le genre d'ou-
vrage,un homme honnete, et doue de la raeme
aptitude , s'en acquittera toujours mieux qu'un
mauvais sujet : ceci soit dit en passant, et pour
ne point donner a penser que j'aime mieux faire
cultiver mes terres par des miserables que par
des gens honnetes et probes. Toutefois, on con-
viendra qu'il est neeessaire d'etablir une cer-
taine distinction dans les differents travaux d'a-
griculture, c'est-a-dire qu'on ne doit point les
faire executer iudifferemment par toutes sortes
de gens. Du moins ce ne serait pas la une pra-
tique bien avantageuse pour le proprietaire; car
lorsquechaque ouvrier n'a pas sa besogne fixe et
determinee, il craiut toujours cn avancant son
propre ouvrage d'avaucer celui de ses compa-
gnons , et il cherche a se soustraire au travail par
tous les moyens possibles. En outre, quand plu-
sieurs sont occupes au meme ouvrage, on ne peut
recounaitre quel est celui qui s'est mal acquitte
de sa tiiche. II importe donc d't'tablir d'abord une
distinction entre les laboureurs, les vignerons,
et les ouvriers ordinaires, et de les diviser, les
uns comme les aulres, en plusieurs classes, dont
chacune ne se coraposera pasde plus de dix hom-
mes. Les anciens, qui appelaientcesclasscsdecu-
ries, approuvaient fort cette institution. En effet,
dix hommes sont faciles a surveiller, tandis que
rattention du chef serait distraite si ce nombre
etait depasse. Lorsque la ferme est d'une grande
etendue, on repartira les decuries sur les diffe-
rentes parties qui la composent. En distribuant
la besogne, on fera toujours en sorte de ne ja-
mais laisser un ouvrier seul, et meme deux en-
semble, parce que quand ils sont disperses en
petit nombre, lls ne peuvent etre suflisamment
surveilles; d'un autre cote il ne faut pas qu'ils
soient oceupes plus de dixaumemeouvrage; car
etanten trop grand nombre, ilsse reposent Tun
sur Tautre pour la tache qui leur est imposee en
commun. Cette division de travail aura Tavantage
d'exciter uiie louable emulation parmi les ouvriers,
et de nous faireconnaitre les paresseux. Une fois
cette espeee de lutte etablie, la punition qui frap-
pera les retardataires sera trouvee juste par les
autres et supportee sans murmure. Nous venons
d'exposer les differents details qui doivent eu
premier lieu occupor rattention de celui qui se
destine ^ ragriculture : la salubrite, les routes,
les voisins, Teau, la situation ct la distribution
d'nne ferme, les metayers et les esclaves : nous
voici arrivesa la culture ellememe ; nous en trai-
terons dans le livre suivant , avec Tetendue que
demande rimportance du sujet.
LIVRE II.
1. Vous mo demandez , mon clicr Publius Sil-
vinus (et je ne ferai point attendre ma reponse)
pourquoi j'ai commence, des le premier livre de
mon ouvrage, par refuter presque tous les an-
ciens auteurs qui ont ecrit sur ragricultore , et
laUo fiugalitatem requirit, qiila et in turba et siib moni-
toie viiiitor opus facere debet. Ac plerumque velocior
animus est improborum |hominum,] quem deslderat Ini-
jusoperiscondltio. Non solumenlm fortem, sed el acii-
mlnis strenui minlsti um postulat. Ideoque vineta pluri-
mum per alllgalos excolunlur. Sitill tamen ejusdem aglli-
talls liomo frugi non melius, quam nequam faclet. Hoc
interposul, ne quls existimet, In ea me opinione versari,
qua mallm per noxios quani pcr innocentes rura colere.
Sed etillud censeo, ne confundantur opera famlllae, sic
nt omnes oninla exequantur. Nam id minlme conducit
agricola;, seu quia nemo suum proprlum allquod esse
opus credit : seu quia cum enisiis ftst, non suo sed com-
muni officio prQficit, ideoque labori multum se subtra-
liit ; nec lamen viritim malefactum dcprehenditur , (piod
lit a multis. Propter quod separandi sunt aratores a vini-
torlbus , ( et vlnltores ab aratorlbus , ) ilque a medlastinls.
Classesetlamnon majores quam denum liomlnum faciun-
A-e , quas decurlas appellaverunt antlqui et maxlme pro-
baverunt, quod is numerl modus In opere cominodisslme
custodlretur, nec praieuntis monltoris dlllgentlam mul-
litudo confunderet. Itaque si latior est agcr, In reglo-
nes dlducend.T sunt eae ( iasses, clividundumque ila opns,
ut neque slngull binive slnt , quonlam dispersi non facile
custodliintur : nec tamen supra decem , ne rursus ubl ni-
rala turba sit, id opus ad sc pertlnere singuli non exisli-
ment. Haec ordinatio nnn solum concilat ■-emulationera,
sed et deprcliendlt Igiiavos. Nani cum ceitamlne opus
excltetur, tum In cessantes anlmadversio justa el sine
querela videtiir adliiberi. Sed nlmlrum dum qua; maxime
providenda sunt agricola; futuio praxipimus, de salubri-
tale , de via , de viclno , de aqua , sltu vlll.Te , fundi modo,
colonorum etservorum geueribus,ot'ficloriim operumqiie
distrlbutione , tempestlve per haec ad ipsum jam terra;
cultiim pervenimus, de quo plurlbus Ilbro insequente
mox dlsscrinius.
LlBEll SECUNDL'S.
I QuKiisex me, Publi Sllvlne, qiiod ego sine cuii-
ctallone non recuso docere, cur prlore Iiliro veterem
opinionem fere omnium, qui de cultu agiorum locuU
sunt a principio confesllm rcpulerim, falsamque senten-
DE I/AGRICULTURE, IJV. H.
pai rijetcr comme faussc ropiuioii qu'ils ont
qiiu la terre, fatigu^c, epuisee par l'actioii du
temps et le travail dcs hommes, est accablee
maintenant sous le poids de la vieiilesse. Je n'i-
g!;ore point que vous respcctez beaueoup l'aulo-
rite des auteurs illustres, et surtout eelle de Trc-
mellius, qui a laisse a la posterite un ouvrage ccrit
avcc autant d'crudition que d'elegauce, et ren-
fermant la plupart des rcglcs relatives a recono-
mierurale. Eutrainc sans doute par rcstime qu'il
avait voueeaux anciens qui ont ecritsur la meme
matiere , Treraellius s'etait imagine que la terre,
mere commune de toutes clioses , aetuellement
dans la dccrepitude, ressemblait a ees vieilles
femmcs qui ont cesse d'enfantcr. Jc serais as-
sez dispose a partager cette opinion , si Ton ne
voj ait plus de fruits sur la terre. Mais, pour me
servir de la meme comparaison , une ferame cst
regardee corame sterile , non pas quand eile n'a
plus deux ou trois eufants a la fois , mais lors-
qu'elle a tout a fait cesse d'en mettre au monde.
Une fois qu'une femme n'est plusjeune, elle a
beau vivre longtcmps par dcla, la fccondite que
les annces lui refusent ne lui est jamais rendue.
Au lieu que la terre , qu'elle ait cte laissce en
1'riclie par un accident ou volontairement, re-
pond au soin du laboureur, et compte avcc unirc
le repos qu'ou lui a laisse , des qu'on la culti\ e
denouveau. Ce n'est donc pas la vieillesse qui
peut a\oir diraiuuela ftcondite de la terre : car
une fois la vieillesse veuuc, il n'y a plus de re-
tour, et nous nc pouvons ni rajeuuir, ni repreu-
dre notre premiere vigucur. D'un autre coti', ce
ne pcut etre la fatigue du terrain qui diminue
la rccolte du cultivatcur; car il y aurait de la
folic a peuser que la fatigue soit unc suite de la
culture et de ragitatioii des tcrrcs, comme elle
est dans les horaiiies uu rcsultat d'un e,\erciir
violent, oud'un fardeau trop considcrable. Vous
m'objccterei, peutetre rassertion de Trcmellius,
qui aflirme que toute terre sauvage ct vicrge
produit avcc abondancc aprcs unc prcmicre cul-
turc , tandis ([ue les annees suivantcs clle ne rc ■
poud plus a\cc la meme aboudauce au soiii tlii
cultivateur. Le fait que Tremcllius avauec est
exact ; mais il n'a pas cberche a en appiofoiidir la
cause. Si une bruyere transformec cn champs
cstplus fcconde que toutautre sol, ce n'cst point
parce quc la terre est plus jeune, plus neuve,
raais parce quayant cte sufiisammeut eiigraissee
par le feuillage dcs arbres et les herbes qui y
croissaient sans culture, dle se prete avec plus
dc facilite a la nutrition des plautes. Mais des
qu'une fois lcs raciues de ccs herbes ont ete ar-
rachees par les herses et les charrues, et que lcs
arbres ayant etc coupcs ont cesse de nourrir de
leur feuillage la tcrre qui les produisait ; que les
feuilles qui torabaicnt dcs arbres et arbrisscaux,
au lieu dc restercouchees sur lc sol eomme aupa-
ravant , sont retounices par le soc de la charrue ,
entcrrees et incorporces aux couches iuferieurcs ct
moiusfertilcsdcIaterrc;ilarriverauecessaiiemei;t
que leterraiu lui-meme, privii de soii auciennc
nourriture , maigiiia prompteraent. Si donc lcs
charaps rcpoudcnt aujourd'bui moius largemciit
a nos espcrauccs, il ne faut eii aecuser ni l'e-
puiseraeut du sol, aiusi que roiit fait ia plupait
de nos auteurs, ni la vieillcsse de la terre,
inais uotre propre negligence. Car les recoltes sc-
raicnt toujours ahoudantes, si nous voulious en
quclque sorte renouveler la terre par dcs eu-
grais fiequents , opportuns, et sagenieut distri-
liam repudiaveiim censcntium longo avi situ longiqiie
jam tempoiis evercitalione fatigatam ct erriiUam liimium
consenuisse. Nec te igiioro cuiii et alioriim illustriiim
scriptoium tum piiccipuc Tremclliiaiictorilatein reveieri,
qui cum pluriraa ruslicarum leiiim praece[)la simiil ele-
ganter ct scite memoria; prodiJerit, videlicel illectus
iiimio ravore priscorum dc simili niateria disserentium
falso ciedidit, parenteiiiomniiim lerram, sicul muliebrem
sexuin aetatc anlli jam conrectam, piogciierandis esse
rirtibus inliabilcm. Quod ipse quoque coiilitercr, si in
lotuin niilla! rruges piovenircnt. Nam el liominis tum
demum declaiatur slerile seiiiuin , noii cumdcsinit miilier
tiigeminos aut geminos pareie, sed cuin omnino iiullum
«oiiceptum cdere valet. Itaque traiisaclis juveiitse tempo-
ribus,etiam si longa vita superest, partus lanien aunis
denegatiis nou restituitur. At c contrario scu spontc seu
quolibet casu destilula liumiis, cum est lepetita cullii,
magiio ta-nore cessationis coloiio respondcl. Non crgo cst
cxigiiarum trugiim causa lerra; vctiislas, si modo ciim
seniel invasit senectus , icgrcssum iion liabct, nec levi-
lescere aut repubescere potest; sed ne lassitudo quidem
siili ininiiil agricola; fruclum. Kcque enim priidenlis est
adduc.i tanquaniiiiliQminibus nimia^corporiscxcrcilalioni,
aut oneris aliciijus ponderi , slc cultibus el agilationibus
agrorum fatigationem siiccedere. Qiiid ergo esl , inquis,
quod asseverat Tiemellius inUicla et silvestria loca, cum
prinium cceperint ciiltum cxiiberaie, inox deinde iion ita
icspondere labori coloiiorum? videl sinedubio quid eve
niat, sed cur id accidal, noii peividet. Neqne enim idcircu
rudis et inodo cx silvestri habitii in arvum transducta
rflecundior Iiaberi lerra debet, quod sit requietiorel juaior;
sed <|uod luultorum aniiorum riondibiis ct Iierbis , quas
suaple nalura iirogenerabat, veliit saginala largioiibus pa-
bulis, racilius edendis educandisqm rrugibus sufiicit. At
lum perruptae lastris et arali is radices lici barum, rei roqiie
succisa iieniora irondibus suis dcsicrunt alere matrem ,
qiiaiqiie teniporibus autunini trutctis etaiburibus delapsa
tblia superjaciebantur, inox conversa voineribus , et iiile-
riori solo, quod plerumque est exilius, permista, atque
absuinta sunl : seqiiitur, ut destitiita prislijiis alimciitis
macrescat buinus. Non igitur ratigatione , iphMiindniiidiim
plurimi crcdiderunt, ncc senio, sed nostri .-i ilicit inerli.i
ininus benigiie nobis arva rcspondenl. I.iiel eiiini iiiajo-
rem rructum percipeicsi riequenti et tcmpcslivaet nni-
dica stercoratione lerra rcrovealur. Uc ciijus cultu diclu-
ros nos priori voliiinlnc pollicili jam iiiiiic disscrcmus.
194
COLUMELLE.
buos. J'airive maintenantala cuiturede laterre,
ninsi qnc je l'ai promis ilans le premier livre.
II. Lcs cultivateurs les plus estimes comptent
trois espeoes deterrain : la plaine, les collincs, et
lcs montagues. Dans les plaincs, le mcilleur
terrain cst celui qui n'est point exactemcnt de
niveau, maisunpeu en pente; dans lescollines,
celui qui s'el'>ve en pente douee; dans les mon-
tap;nes,ecluiqui,snns etre trop eleve ni tropi^pre,
est cependant couvert d'licrbes et de bois. Ces
trois especcs de terrnins se divisent en six
nutres especcs, d'apr^s les differentes qualites
du so! , suivant qu'il est gras ou raaigre, meuble
ou fort, humide ou sec; et toutes ces qualites
^tnnt melnngees entre elles forment des varietes
infinics. Nous ne croyons pas qu'il soit utile
de lcs enumerer. En cffet, la science ne doit
point se pcrdre dans le detail desespeces, qui
sont innombrables; elle doit proceder avec me-
thode, et se borner k ces classifications prin-
cipales, que rintelligence saisit aisementet que
la Inngue peut definir avec exactitude. 11 suffit
pour cela de reunir les qualitcs les plus dispara-
tes. Cest ce que les Grecs appellent «Tw^uyia? Evav-
■rtoTriTtov, et ce que nous appellerions discordan-
tium comparationes. Remarquons , en general,
iiu'entre les differents vegetaux il y en a beau-
eoup plus qui se plaisent dans la plaine quc sur
dcs collines, et bien plus encore qui viennent
sur un sol gras que sur un sol maigre. Je ne
puis decider si les terrains hnmides remportent
sur les terrnins secs pour le nombre et la variite
de leurs productions, puisqu'il y a une infinite de
plantes qui reussissent egalemeut sur ccs deux
terrains ; mais ce qu'il y a de certain , c'est que la
terre forte ne convient pas aussi bien aux pro-
ductions agricoles qu'un sol franc et meuble;
II. Callidissimi lusticarum rcrum, Silvine, genera ter-
reni triae5se ilixernnt, campestre, collinum, montanum.
Campum non a^quissinia silum planicie nec perlibrata,
seil exigue prona ; colleni clemeiiter et molliter assurgen-
lcm ; montem non sul)limem el aspeium, sed nemorosum
ct lierbidum max.inie probaveiunt. Ilis autem generibus
singulis senae species contribuuntur, soli pinguis vel nia-
cri, soluti vel spissi, liumidi vel sicci : quse qnalitates
inter se mistai vicibus et allernata> pUirimas efliciunt
agrorum varielates : eas enumerare non est artificis agi i-
colae. Neque enim artis oflicium est, per species,qua;
sunt innumerabiles , evagari; sed ingredi per genera,
qua; possunt cogitalione mentis et ambita verboium facile
copiilari. Recurrendum est igitur ad qualitatum inter se
dissidentium quasi qiiasdam conjunctiones, quas Gr»ci
ouXuYia? EvavTioTTTiTMv, nos discoidanl ium comparafio-
ncs , tolerabilitcr dixerimus. Atque cliam signilicandum
est, ex omnibus,quae terra progeneret, pluracampo ma-
gis quam colle, plura pingui solo quain macro lajtari.
Ue siccaneis ct riguis non comperimus, nlra niimero
vinoant, quoniani utiinque pene inlinita snnt, quai siccis
quseqne humidis locis gaudent ; sed ex liis nibil non me-
!ius resolula liunio quain densa provenit. Quod noster
aussi Virgilc, en faisant Teloge d'un chnmp fcrl ile,
a-t-il ajoute : Et donl la terre. est friable el ili-
visee; car c'est pour la rendre telle qiionla
laboure. En effct, cultiver n'est autre chose
que diviser la terre, et yexciterune sortede fer-
mentation; c'est ce qui fait qu'un terrain natu-
rcllement gras et mcuble rapportcra toujours
plus qu'un autre, parce qu'en donnant de mcil-
leures rccoltes il exigera le moins de culture , et
que la culture cn sera moins dispcndieuse. Ainsi
donc un sol qui rcunirait ces deux qualites
devrait ctre regardii comme le plus fertile. Celui
qui vient apres est le sol gras et ferme ; il re-
compense avec usure le cultivatcur de sa de-
pense et de ses peines. Le troisieme est le .«ol na-
turellement arrose; le fruit y vient pour aiiisi
dire delui-meme, et sans que le proprietaire soit
oblige de rien dcbourser. Caton voulait memo
que ce terrain fCit le premicr, preferant de
bcaucoup le revenu des pres a tout autre revenu.
Mais cette question est etrangere a notre sujct,
puisque nous avons a traiter ici des fncons qu'ii
faut donner a la terrc, et non pas desa quantite.
II n'y a point de plus mauvaise espece de terre
que cellequiest seche et dure, tant parce qu'elle
est diflicile a labourer que parce qu'elle ne d6-
dommage point le cultivateur de ses peines.
D'unautrec6te, si on rabandonne, elle ne produit
sutfisamment ni pres ni paturages. Ainsi, soit
qu'il y travaille, soit qu'il la laisseen friche, le
proprietaire regrettern toujours de Tnvoir ac-
quise , et Ton doit ia fuir comme on fuirait un
lieu pestilentiel. Eneffet, si une coatree pestilen-
tielle porte la mort avec clle , une terre sterile
amene la faim , qui est la compagne affreuse de
la mort. Cest du moins le sentiment du poete
grec, lorsqu'il nous dit qu'il n'y a point de sort
quoque Virgilius cum et alias fcecundi arvi laudes retu-
lisset, adjecit : Et cui jmtre solum : namque hoc imi-
tamttr arando. Neque enim aliud est colere, quani re-
solvere et fermentaie terram. Ideoque maximos quaestus
ager pr.ncbet idem pinguis ac putris , (|uia cum plurimum
reddat, minimum poscit : etquod postiilat , exiguo labore
atque impensa conficitur. Piiiestantissimum igitur tale so-
lum juie dicatur. Proxiinum deinde buic pinguiter den-
sum, qiiod impensam coloni laboremque niagno foelu
remuneralnr. Tertia est ralio loci rigui, quia sine im-
pensa fiiictum reddcre polesl. Hanc primam Cato esso-
dicebat, (pii maxime reditum pratoinm ca-teris antepone-
bat : scd nos de agilatione terrse niinc loquimur, non de
silii. Nulliim detcrius babetur genus, quam quod esl
siccum pariter eldensuin etmacrum; qiiia cuin difficulter
tracletur, lum ne tractalum quidem gratiam referl : nec
reliclum pratis vcl pascuis abunde sufficit. Itaque liic ager
sive exercetnr seu cessat , colnno est pcenilendus, ac
lanquam pestilens reftigiendiis. Nam ille mortem fadt,
hic teterrimam comitem inorlis famem : si lanien Gr.Tcis
camoMiis babemus fidem clamitantibiis : Aijjko oixtkttov ^
SavEEiv. Sed nunc potius uberioris soli meminerimiis,
cujusdcmonstranda esl duplcxtractatio, cuUi et silvestris.
DE I.'AGUICULTURE, LIV. II
!9h,
pius miseiable qiie do mourir de faim. Oecu-
pon.s nous d'abord du terrain feitile : on peut
le considerer sous deux faces, comrae cultive ou
comme inculte. Nons parlerons en premier lieu
des procedis a employer pour faire d"un terrain
inciilte une terre labourablc. En cffet, avant de
cultiver un champ, il faut coramencer par lui
donner re.xistence; on devra donc examincr si ce
terrain est sec ou humide, s'il est couvert d'ar-
bres ou de pierres , de joncs ou d'herbes , de fou-
geres ou de broussailles. S'il est humidc, il fau-
dra fairedesfosses pour le dessecher, ct donncr
de recoulement aux eaux. Nous connaissons
dcux especes de fosses, ceox c(ui sont caches,
etceuxqui sont larges et ouverts. Ces dernicrs
convicnnent mieux aux terrains epais et remplls
d"argile; mais dans les terrains plus friablcs
on en fait quelques-uns de cachcs et quclques-
uns d'ouverts, en sorte que Teau qui se trouve
dans les premicrs ait son ccoulement dans lcs
autrcs. II faut aussi que lcs fosscs ouvcrts soient
plus largcs par !e haut (lue par lc has, et qu'ils
prescntent deux talus, en se resscrrant jusqu'au
fond , comme une tuile creuse posee sur le dos
en forme de gouttiere. En effet , si les parois de
ces fosses sont droites, ils sont bientot min6s
par les eaux, et comblcs par les terres qui s'e-
boulent d'en haut. D'un autre cote, on fera pour
lcs fosscs cacbes des tranchees dc trois pieds de
profondeur, que l'on remplira jusqu'a moitie de
petites pierres ou de siravier pur , et Ton rccou-
vrira le tout avec la terre tiree du fosse. Si Ton
n'a ni pierre ni gravier, on formcra, au moyen
de branches liees ensemble, des cubles auxquels
on domiera la grosseur de la capacite du fond du
canal, et qu'on disposera de maniere a remplir
exactement ce vide. Lorsque ies ciibles serout
bien enfonces dans le fond du canal , oa les re-
couvrira dc fcuillcs de cypr6s, de piu ou de tout
autre arbre, qu'on comprimera fortement, apres
avoir couvert le lout avcc la terre tirce du fosse :
aux deux extremites on posera en forme de con-
treforts, comme cela se pratiiiue pour les pctits
ponts, deux grosses pierres qui en portcront
une troisieme, le tout pour consolider Ips hoids
du fosse, etfavoriser rentreeet l'ecoulcmcht dcs
eaux. Quant aux terrains couverts d'arbres et de
buissons, il y adeux manieres de lesdefrichcr :
on arrache, pour netloyer le terrain , les arbres
avec les racines; ou si les arbres sont rarcs, on
Ics coupe sur pied , on briile ce qui en rcste, ou
en melange la cendre avec la terre , en In labou-
rant. Quant aux tcrrains pierreux, ou Ics rcnd
propres a la culture cn ayant soiu d'en retircr
les pierres. S'il y en a une grande quantitc, on
les rassembleraeu tas d ms une partic du champ,
alin dc pouvoir en dcbarrasser le reste du ter-
rain; ou hicn encore on les enterrera daiis uiie
tranchcc profonde ; ce qu'il ne faudra fairc que
dans lc cas ou la main-d'ccuvre ne sera pas liop
chere. Les joncs ct Ics hcrbes sont enleves par
le defonceinent du sol. La fougere doit ctre ar-
rachee a plusieurs reprises : ce qui pcut se fairc
egalement avec la charruc; car cctle plante,
lorsqu'elle est souvent arrachce, disparait dans
Tespace de deux ans , surtout quand on a soin de
fumer la teire , et d'y planter des lupins ou dcs
feves. De cette maniere on tire mcmc quelque
profit du rcmede qu'on a crnploye. On compren-
dra aiscment que la fougere doit disparaltre dcs
qu"on a fume et couvert de nouvelles plantes le
terrain qui la portait. Souvent mfime ou n'a qu'a
renlever successivement avec la faux, cequ'un
enfant peut faire sans peine : cela suffit pour la
detruire au bout du teraps c{ue nous avons indi-
qud. Apres avoir fait connaltre le mode de de-
I)e silveslri rcsione in arvorum formam redisenda pi iiis
«licemus , quoniani est anliiiiiius facere agruni quam co-
lere. Incultum igilur locum consideiemus, siccus an hu-
midiis; nemoiosus arboribiis, an lapidibus confragosus ;
juncone sil, an giamine vestitus, ac filictis aliisve fniletis
inipeditus. Si bumidus eril, abiindantia uliginis anle sic-
cetiir fossis. Eaium duo genera cognovimus, c.iecaruin et
palpiilium. Spissis alqne cretosis regionibus aperUT relin-
qiuiuliir : at ubi solutior humus est , aliqua" fiiint palentcs,
<pia>dam etiam obcTccantur, ita iit in patentes ora bian-
tia ca'carum competaiil : sed patentes latius aperlas
summa parte declivesque; et ad solum coarctatas , im.
biicilius supinis similes facere conveniet. Nam quarum
recta suntlatcra, celeriler aquis vitiantur, ot superioris
soli lapsibus replentur. Opertae rursus obcn^caii debebiint,
sulcis in altitudinem tripedancam deprcssis : qiii ciim
parte diniidia lapides miiuitos vcl niidam glaream lece-
p£iint, aequentur siiperject.i terra , qua; fuerat effossa.
Vel si nec lapis erit nec glarea,sarmentis connexus vclut
funis informabitur in eam crassitiidinem, quaoi .solum
foss.T possit angu.ste qiiasi accommodalain coaictatainqiie
capeie. Tum per imum conlendeliir, ut super calcatis cii-
prcssinis yel pineis , aut, si eie non erunt, aliis froiidibus
terra contegatiir; in piiucipio atqiie exitu fossa; more
pontieulorum binis saxis taiilunimodo pilarum vice roiisli-
tulis, el singulis superpositis, ut ejusmodi constructio
ripaiu sustineat, ne pra;cludatur liumoris illapsiis atquo
exitiis. Nemorosi frutelosique tractus diiplex ciira est,
vel extirpaiidis radicitus arlioribus ot rcuiovendis; vel,
si rar<-e sinl, lanliim succidciidis incendcndisque et ina-
randis. At saxosum facilc cst expedire lcclione lapidiim,
quonim si magna est abundantia , veliil qiiibusdam siib-
striictionilius partes agri sunt occupanda;, ul leliqua:
emiindentiir : vel in allitudiiiem sulco deprcsso lapidcs
obriicndi. Qiiod lameu ita faciciidum erit, si suadcliit
operarum vilitas. Junci et graminis pernides repaslinalio
esl ; filicis , freqiiens extirpatio : qiia; vel aratro lieri po-
tesl, qiioniam intra bienniiim sa^piiis couvulsa iiKiritur :
celerius etiam, si eodem tempoie .stcrcores, et lu|iiiio vcl
faba conseras, ut cum aliquo reditu medearis agii vitio.
Namque conslat, (ilieem sationibus ct stcrcoralione faci-
Iiii5 iiilrrimi. Verum ct si subindc nascciitem falce deci-
COLUMELLE.
friclieaient des terres incnltes , nous voiei arri-
ves aiix solns a donner aux jacheres. Mais avant
duborder ce sujet il est bon de douner quel-
ques pri^ceptes generaux a ceux qui se livrent a
l'etude de reconomie rurale. Je nie rappelle que
beaucoup de nos anciens auteurs qui out ecrit
sur ragriculture ont regarde comme les signes
infaillibles d'un sol gras et fertile en grain , une
eertaine douceur de laterre, rabondance des
arbres et des herbes, et une coulcur noire et
cendree. De ces trois signes , H y en a deux sur la
certitude desquels je ne voudrais pas prononcer.
Slais pourla couleur,je ne puis assez mV-tonner
que tous lesauteurs, et surtout Coruelius Celsus,
doDt ies counaissances ne s'eteudent pas seule-
ment h ragriculture, mais a la nature entiere,
se soit trorape au point de u'avoir pas apercu
tant de maruis el de terres a salines qui sont
egalement noires et cendrecs. En general , c'est
la couleur de tous les terrains oii Tcau n'a pas
d'ecoulement. Cest une retnarquc que j'ai tou-
jonrs faite, a moins que je ne rae sois trompe
en pensant que des marais fangeux , une
terre aigre et huraide, ne pouvaient pas plus
produire de gi^ains que les terres u salines si-
tuees sur le bord de la mer. Rlais Terrcur des
anciens est trop manifestc, pour que nous in-
sibtions davanlage. Nous disons donc que la
couleur de la terrc n'cst point une marque cer-
taine de saboiite; on doit en chercher daii-
tres qui soient plus propres a faire connaitre une
terrca grains, c'est-a-dire une terre dont le sol
est gras. Car de nieme que la nature a donne aux
bestiaux les pius robustes descouleurs dlfferen-
tes et variees a rinfmi, elle a donne aux terres
lcs plus fortesune plus grande diversite de eou-
<las, quod vel puerile opus esl, fntia praedictum tempus
vivadlas ejus absumitur. Sed jain expcdiendi riidis agii
ralionem sequiliir ciiltoium uovuliom cura , de qua niox
quid censeam profilebor, si quae ante disceuda sunt.arvoT um
studiosis prsecepero. Pluiimos antiquorum, quidc nisti-
- cis rebus scripseiunt, memoria lepeto qiiasi conlessa nec
dubia sigiia pinguis ac frumentorum feililis agri piodi-
disse , dulcedinem soli propiiam, lieibarum et arliorum
proventum , nigrum colorem vel cinereum. Nihil de twle-
ris ainbigo ; de coloi e satis admirari non possum, cum alios
lum ctiani Coinelium Celsum , non solum agricolationis
sed univeisae natura; prudentem viium, sic et seutenfia
et visu deeirasse , ut oculis ejus lot paludes , tot eliam
campi salinarum non occuncient, quibus fere coiitii-
buuutur priedicli colores. Kullum enim temere videinus
lucnin , qui modopigrum contineat liuinoiem, uon eundein
vcl iiigri vel ciueiei coloris, i;isi forte in eo lalloripse,
(luod non putem aut in solo limosa^ paludis et uliginis
ainaini, aut in maritimis areis salinaium gigui posse
J;eta rnimeula. Sed est manifestior liic anliquoi imi crior,
<|uam ut pluiibus argumentis conviucendus sit. Non eigo
/olor lanquamccitus auctor, lesliscst bonilatisarvoruui.
K.t ideo Irumcntarius ager, id cst pinguis, magis aliis
qiiulilatibus ocstimaiidus Cst. Nam ut fortissima- pecudes
leurs. II ne nous leste donc qu'a nous assurer que
la terre que nous voulous cultiver est grasse; et
cela meine importerait peu, si le sol manquait
d'une certaine douceur. IVous pouvoiis nous as-
surer de la presence de ces deux qualitcs au
moyen d'une experience assez facile. II suffitde
verser uu peu d'eau sur une motte de terre, et
de la broyer ensuite entre ses mains: si la terre
cst gluante, s'il en reste aux doigts pour peu
quon la touche, c'est-a-dire si, d'apres Texpres-
siou de Virgile, elle colle aux doigltt comme de
/a poix ; eufin, si elle ne s'eparpille point lors-
qu"on la jette par terre, nous pouvons conclure
qu'clle cst naturellemeut remplie de suc ct de
graisse. De meme , si vous remettez dans une
tranchee ia terre que vous venez d'en cxtraire,
et qu"cn la rcfoulant il s'en trouve trop pour la
remplir, de faeon que cette terre serable avoir
fermente et s'ctre gonflee, vous pouvez encoie
ctre sur que c'est une tcrre grasse; si au con-
traire il eu manque pour combler le fosse, la
terre estraaigre; si elle le rcn>plit juste, elle est
mediocre. Toutefois ccs experiences ne sont pas
toujours certaines, a raoins qu'elles n'aient (it6
pratiquees snr Tespece de terre appelee pullula
(terre foncee), et qui est ordinairement tres-fa-
vorable aux grains. On coiinait aussi la bont6
d"une terre a son goiit; on prend a cet effet
quelqucs niottes de terre dans la partie du champ
qui parait la phis mauvaise, ct on les delaye
dans un vase de terre renipli d'eau douce ; on fll-
tre ensuite reaucomrae oniiltre le vinqui cst sur
la lie, et on la goiite. INous connaitrons ainsi le
gout de la terre du champ tout eiitier, puisqu'il
sera le meme que celui que les mottes aurout
communiqu6 a Teau. ludepeudammeut de ces
diversos ac pene innumeiabiles, sic eliam robustissimae
tei iu> pluriinos et varios colore^ sortitae sunt. Itaque con-
sidcrandiim ciit, ut solum, quod excolere destioamus,
pingue sit. I'er se lamen id parum cst, si duIccdiHC caiet;
quod utnimque satis expcdita nobis ratione contingit
disa'ie. Nam perexigua conspeigitiir aqua gla>ba , manu-
que subigitur, ac si gliitinosa est, quamvis levissimo tactu
piCssa inlncrestit , Et picis in morem adJigitus lenles-
cit liabcndo, ut ait Virgilius, cademque illisabumo non
dissipalur ; qu;e res admonet nos, inesse tali mateiiiB
natuialemsuccum et pinguiUidinem. Sed si velis scroliibuii
egestam Iiiimum recondere et recalcare , cuin aliquo quasi
fermenlo abundaverit, certum eiit, esse eam pinguem ;
cum defueiit, exilem ; cuin acipiaverit, mediocrem. Qnan-
quam ista quae nunc retuli , uon tam veia possiint videri,
quam si sit pullula terra, quae mclius proventu frugum
appiobatur. Sapore quoque diguoscemus, si ex ea parte
agii , qua; maxiine displii.ebil, elTossoe glebre, et in (ictili
vase madefactai dulci aqua permisceantur, ac morc fa.--
culenli vini diligeiiler colala; guslu exploreutur. Nam
qualem tiaditum ab eis relulciit bumor sapciiem, talem
esse dicemus ejus soli. Sed citia bocexperimentum mulla
sunt, qua; ct dulcem lenamel frumentis liabilem sigui-
licent, iit juncus, ut calainus, ulgianien, ul liifoliom.
DE L'AGRICULTUHE, LIV. IL
c\perienees, il y a d'autrcs moyens propres ti
noiis faire connaitre si iine terre est tlouce et fa-
vorable aux tirains. Par exemple, la grande quan-
titedejoncs, deroseaux, dlierbes, detrelle,
d"hieble, de ronccs, de prunelles, et de beaucoup
d'autres plantes bien connues de ceu\ qui clicr-
chent des sources, nous indiquent que !es veines
de terre qui les produisent sont douces. JSous ne
devons point nous eu tenir a la surface du sol ;
il faut explorer les couchcs inferieures, pour
nous assurer qu'elles sont egalement terreuscs.
Pour le ble, il suffit qu'il y ait de la bonne
terre jusqu'a deux pieds de profondeur; pour
les arbres, il en faudra quatre : eet examen
fait, on prepare le champ pour rensemeneement.
Plus un champ aura ete prcpare avec soin et
intelligenee, plus il sera fertile. Les plus an-
ciens autems ont expose dans leurs livres cer-
taines maximes que les cultivateurs auront i
suivre comme unc loi pour le labourage de la
terre. D'abord les boeufs seront accouples au
joug, etroiteraent serres, afin qu'ils marebent
d'un pas grave et imposant, le corps droit, la
tete levce, que leur cou soit raoins fatigue, et qne
le |oug se trouve blen pose sur leurs epaules.
Ce mode dattelage est celiil qui est le plus ge-
ncralfraent adopte. Qnant a celui qui est usite
dans quelques provinccs, et qui consiste a atta-
eher les boeufs au joug par les cornes , il est avec
raison condamne par tous ceux qui ont ccrit
sur ragricultiire. Car la force dc ccs animaux
reside dans la poitrine et le cou, et non dans
lescornes: dans la premiere position, ils pniis-
sent de tout le poids de leur corps; au lieu que
dans Tautre ils sont toiirmentcs et souffrent
beaucoup , ayant leur tcte constamment ramenee
en arrit^re. Ou se sert aussi pour cette dernicre
pnsi;ion de eliarriies bien phis petites, qui ne
ppuvent pas faire de sillons profonds ; ce qui
pst cependant neeessaire pour activer la vegeta-
tion, car plus ia terre est labouree a fond , plus
les grnins et lcs arbres y prennent d'accroisse«
ment. En eeci je ne suis point de Tavis de Cel-
sus, qui , pour dlrainuer lcs frais de culture,
voulait qu'on labourat la terre avec de petits
socs cnclavcs dans de petits bois, qui pourraient
etre traines par des bfcufs egalement faibles
et petits. Sans doute les dcpenses s'augmentent
a proportion que les bctes de sorame employees
au labour sont fortes et robustes ; mais notre
auteur n'a pointpense qu'il yeijt plus a gagner
par la recolte des fruits qu'a perdre par rachat
desbestiaux, surtout en Italie, ou les champs
plantes d'oiiviers et de vignes veulent etre sil-
lonnes plus profondement qu'ailleui's. Ce n'est
qu'ainsi que les racines exuberantes, toujours nui-
sibles aux vignes et aux olives, peuvent etre
coupees par le soc de la charrue, tandis que
eelles qui sont dans la terre meme en tirent
plus facilement le suc dont elles se nourrissent.
Ajoulons toutefois que la methode de Celsus
peut etre d'une application utileen INumidie et
en Egypte, oii ks terres plantees de grains ne
portent presque pas d'arbres. D'aillcurs, dans ce
pays le soc le plus leger peut sans diftieulte rc-
tourner le sol, qui n"est qu'un sable gras ei; fin
comme de la cendre. L'liomme qui laboure doit
marcher sur la terre deja ouverte ; il dirigera
la charrue de manii>re a faire altcrnalivement
un sillon oblique ct un sillon plein et droit ,
sans laisser nulle part ce que les agriculteurs
appellent des scamna (veaux), c"est-a-dire des
portions de terre solides et dures. II aura soin de
retenir les boeufs dans leur marche, lorsqu'ils
fibiilum, riibi.pruni sikestres, et alia coinpliira, (lua;
etiain indagatoribiis aquaruni nota , non nisi dulcibiis tcr-
la' venis ediicaiitur. Nec contentos esse nos oportet priraa
specie summisoli, sed diligenter exploranda est inferio-
ris materia; qualitas, terrena necne sit. Frumentis autem
sat erit, siseque bona suberit bipedanea humus : arbori-
bus altiludo quatuor pedum abunde est. Haec cum ita
exploraverimus,agrum salionibus faciundis expodiemus.
Isautem non miuimum exuberat, si curioseet scite subi-
gilur. Quare antiquissimum est formam liujus operis
conscribere, quam velut sectam tegemque in proscinden-
dis agris sequanlur agricolae. Igitiir iii opere boves aictc
junctos babere convenil, quo speciosius ingrediantur
siiblimes etelatis capitibiis, ac minus colla eorum labe-
factcnlur, jugiimqiii" molius aptum cervicibus insiiiat.
IIoc chiin !;ii]iis jiiiictiiije maxime probatum esl. ?iam
illiiil , t|unil III i|iiiliiisil,iiii proviiiciis iisurpatiir, ut corni-
liii-. ini.:rliii jiuuiii, lcic rcpiiili.ilum cst al) omiiibiis^ qiii
piaicpia iii>iiiis conscripscruiit; iicqiie immcrilo. Pliis
cniiu qiieunt pcciides collo el pectoi e couaii , qiiain corni-
liiis. .\tque lioc modo tota molfl corporis toloqiie pondcre
uiluulur : at illo, retractis el resupinis capitibus cxcru-
cianliir, «'greque terr.T' sunimnm partem levi admodum
vomere sauciant. Et iilcu niinoribiis aratris moliiiutiir,
qui non valent aite perfossa novaliiim terga rescindere :
qiiod cum lit , omnibus virentibus pliirimiim coulert. Nani
penitus arvis sulcatis majore incicmento segelum arbo-
rumque fietus granilescunt. Kt in boc igitur a Celso dis-
sentio, qui reformidans impensani, quae scilicel largiot
est in amplioribus armentis , censet exiguis vomeribiis et
dentalibiis terram subigerc, quo minoris form.e liubiis
administiari id possit; ignorans, plus esse redilus in
iibcrlale fiugum, quain impendii, simajora mcrctmiir ar-
nienta , pi^rsertim in Italia, ubi arbiistis atque oleis con-
siliis agcr allius resolvi ac subigi desidcrat , iit el summae
radiccs\iliiiiniilcar;iiiii|ucvi)ir..iiliii^ riM iinlanlur; qiiiesi
raancaiil , lrii:;iliii>iilisiiil; ct luii i hiK s |ii iiiiiissiiliaclosolo
faciliiiscapiaiit luiiiiiiris .iliiuciiliiin l'uir-t l.iiiicn illaCelsi
ralio Nimiidiae et /!•;;;> |ilu i uii\, nur, nlii iilrriiiiupic arbo-
ribus viiluum solum liiiiicuii, vriiuiiuliir. At.pic cjiismodi
terrani pinguibus arcm^ |iiili.iii vcliili lincrcin snlutam
quamvislevissimodentcniuvcrisatiscst. Biibulciimaiitcm
per proscissuni ingredi oporlet , allernisqiie versibiis obli-
quiim lenere aratrum, ct alteruis recto plsnoque sulcar» :
COLUMELLE.
approchent d'un arbre , de crainte que si le soc
de lacharrue vient a heurter contre cet obstacle ,
les boeufs n'en eprouvent une forte commotion
aucou, ou quils ne donnent de leurs cornes
trop violemment contre le tronc , ou qu'ils ne
l'entament avec rextremite du joug, et n'en
detachent quelques branches. Le laboureur les
gouvernera plut6t par la voix que par des coups,
qui ne doivent etre que sa derniere ressource,
et lorsque les boeufs refusent opini^trcment
d'obeir. II ne se servira jaraais d'un aiguil-
lon, ce qui rendrait ranimal retif et le ferait
ruer ; il pourra cependaut avoir recours de temps
<\ autre au fouet. II n'arr6tera jamais ses boeufs
au milieu d'une ligne; ce n'est qu'au bout du
sillon qu'il les laissera se reposer, pour qu'ils
aient plus d'ardeur au travail , et qu'ils parcou-
rent plus vite la longueur du sillon. II est dange-
reux pour les bestiaux d"ouvrir un sillon de
plus de cent vingts pieds de longueur; ear ils se
fatiguent trop lorsqu'on depassecette longucur.
Quand ilsseront arrives au detour, le laboureur
les arretera etportera le joug cnavant, afin de
leur rafraichir le cou;car s'il ne prenaitpoint
regulierement cette precaution , cette partie de
leur corps s'enflammerait, enflerait, et finirait
par se couvrir d'ulceres. Le bouvier ne se servira
pas moins de sa haehe que du soc , afln dc couper
les souchcs deja brisees par la charrue, et d'en-
lever les racines exuberantes qui poussent tou-
jours en abondance daus un terrain plante d'ar-
bres.
111. Lorsquelelaboureur auradeteleet detache
ses boeufs , il les frottera, leur pressera le dos avec
la main , en soulevant la peau , pour rempecher
de s'attacher au corps, ce qui leur causerait
sed itanccubicriidiini soluni el immotum rcliuquat, quod
agricolae sCamnum voeant. Bnves cum ad arliorein vene-
rint , forliler retinere ac retardare , ne in radicem majore
nisu vomis impactiis colla commoveat, neve aul comu
bosad stipitem veliementius offendat , aule\lremo jugo
trunciiin delibel ramumque deplanlet. Voce polius quam
verberibus terrent, ullimaque sint opus recusantibus re-
media plagae. Nunquam slimulo lacessat iuvenciiin,
quod relrectanteni calcilrosumque eum reddit. Nonnun-
quam tamen admoneat flagello. Sed neC in media parle
versuise consistat , detque lequiem iu sumina , ut spe
cessandi totum spatium iios agilius enitalur. Sulciiin au-
tem ducere longiorem, quain pedum centumviginti, con-
trarium pecori est; quoniam pliis aequo fatigatiir, ubi
tiunc modum exccssit. Cum venlum erit ad versuram,
in priorem partem jugum propellat, et boves iuliibeat,
ut colla eorum refrigescant, quas celeriler counagrant,
nisi assidue refiigercntiir et ex co tumor ac deinde ulcera in-
vadunt. Necminusdolabra, quamvomerebubulcusulatur;
et praefraclas stirpes summasque radices , quibus ager ar-
buslo consilus implicaliir, omnesrefodiat ac per.seqiiatur.
III. Boves cuin ab opere disjunxerit, siibslrictos con-
fricel, manibusque compiimat dorsum, el pellem revel-
lal , nec patiatur corpori adhcerere , quia et genus inorbi
unemaladietres-dangereuse. II leur frotteraega-
lement le cou , et leur fera avaler du vin, s'ils
sont trop echauffes : deux sectarii suffiront pour
chaqueanimal. Mais il ne faut pas les attachera
la mangeoire avant qu'ils aient cesse d'etre en
sueur,et repris haleine; et lorsqu'il sera teinps
de les faire manger, il ne faudra pas leur don-
ner d'abord une grande quantite de nourriture ,
ni la leur donner tout a la fois ; mais peu a peu
par parties. On les menera ensuite a rabreuvoir,
et on les excitera a boire en sifflant; quand ils
auront bu suffisamment , on les rcconduira k Ve-
table ; ct c'est alors seulement qu'on aclievcra dc
leur donner la quantite de fourrage qu'on ju-
gera necessaire pour les rassasier. Nous croyons
en avoir assez dit sur les devoirs du laboureur;
nous allons traiter maintenant des temps des la-
bours.
IV. L'eausejournantlongtempsdansles terres
grasses avant qu'elles aient ete labourees, on
doit leur donuer lepremier labour a repoque oii
eommencent les chaleurs , et lorsque toutes les
mauvaises herbes, sorties de la terre, ne sont
point encore montees en graine. On fera alors un
graiidnombredesillous,siserresles unscontre les
autres, qu'on puisse a peine distinguerles traces
du soc. De eette maniere toutes les mauvaises
herbesseront arrachcesetdetruites. II fautqu'une
jachere soit si bicn reduile par des labours rei-
teres, qu'elle n'ait presquc plus b8soind'(?treher-
see apr^s avoir ete ensemencee. Les anciens Ro-
mains pretendaient qu'une terre qui a besoin
d'etre hersee apres les seraailles a tHe mal la-
bouree. Le maitre s'assurera par lui-meme que
les labours ont ete bien faits. II ne doit pas s'en
rapporter a sa vue, qui pourraitle tromper en lui
maxime estarmenlis noxium. Colla subigat, merumque
faucibiis, si sesluaverint, iufundat. Salis autem est sin-
gulis binos sextarios pr.^"l)ere : sed ante ad praesepia bo-
ves religari non expedit, qiiam sudare atque anlielare
desierint. Cuui deiude tempestive potuerint vcsci , non
mullum nec universum cibum, sed partibus et paulatim
praebere convenit. Quem cum absumpserint, ad aquam
duci oportet, sibiloque alleclaii, quo libentiiis bibant :
tiim demuin reductos largiori pabulo satiari. Hactenus
de oflicio bubulcidixisse abunde est. Sequitur ut tcmpora
quoque subigendi arvi praecipianius.
IV. Pingues campi, qiii diutius continent Squam, pio-
scindendi suiit anni ten)porejamincalescente,cum omneis
lierbas edidciiiit , neque adliuc earum seinina maturue-
riiit : sed tam liequeulibus densisque sulcis arandi suiit,
ul vix dignoscatur, in utram partemvomer actus sil : quo-
niain sic omnes radices lierbarum perruploe necantur.
Sed et compluiibus iterationibiis sic resolvalur vervactuffi
iii pulverem , iit vel nullam vel cxiguam desideret occatio-
neni , cum seminaverimus. Nam veleres Roinani dixerunt
malc subactum agrum , qui satis frugibus «ccandus sit.
Eum porro an recte aretur, freqiienter exploiaie debet
agricola. Nec tanlum visii , qui fallitur noniiunqiiam super-
usa terra latentibus scamnis, verum etiam tactu, qui mi-
DE L'AGR1CULTURE, LIV. II.
cacliaiit les gmsses motles coiivcrtes d'une lenx
pulverisee; il s'en assurera ei,'alement par le tou-
cher, qui le trompera moins. A cet effet, il en-
foncera une forte perciic au travers des sillons :
si elle penetre partout sans rencontrer de re-
sistance, il est evident que tout le sol a ete bien
remue; mais si elie rencontre qudquecorps dur
qui s'oppose a son passage, c"estunepreuveque
la terre n'a point ete suffisamnient retournee.
Les laboureurs sachant que le maitre nes'en rap-
portera pas a eux sur ce point, y apporterout
une plus grande attention. Les terres humides
doivent donc recevoir le prcmicr labour
apresies ides du mois d'avril; le second, viiigt
jours apres le solstice, c'est-a-dire vers le S ou
le 9 des calcndes de juillet; enlin, le troisicmc
vers les calendes de septembre. Lcs cultivateurs
expcrimenlcs pretendent qu'on ne doit pas la-
bourerdepuis le solstice d'cte jusqu'a Tcpoque
quenous venons d'indiquer, a moinsque la terro,
comrae il arrive souvent, n'ait cte trempee par
des pluiesiraprevues semblablcs a celles d'hiver,
nuquel cas ricn n'empeche de labourer au mois
de juillet; mais en aucune cpoque de Tannee il
iie faut touchcr a une terre bourbeuse, ou a un
champ qui n'aurait ctii qu"a moitie mouille par
despluies legeres ; c'est ce que lesgensdelacara-
pagne appellent une tcrre ^aria ct cariosa. La
terre cst dans ce cas Iorsqu'aprcs une longue se-
cheresse il survient de petitcs pluies qui ne font
que niouiller la surface, sans penctrcr dans le
sol. Pour peu qu'on ait touchc a une terre raouil-
lee et bourbeuse, elle devicnt pour toute rannce
Impropre ci la culture; elle ne pourra plus fitre
ensemencee,ni hersee, ni sarclce. D'unautre ciitc,
uoe terre qui a ete labource dans le temps oii ellc
n'etait qu'a dcmi humectce devient sterile pour
f rois annees de suite. Prenons donc un juste mi-
licu pour le labouragc, ct choisissons rc^pmjiie
ou lesterres ne sont ni trop huraides, ni absolu-
ment depourvues de suc; car le trop d'humidltc
les rend, commc j'ai dit, bourbeuses et fangeuses.
Pour celles que la chaleur a dessechees, ellc.'! ne
pcuvcntjaniais etre labourees comme il faut. Eu
effet, leur durete empcche le soc de la charrue
d'y mordre ; ou si dle ne va pas jusqu'.-! rempi'-
cher d'ypenetrerparquelqueendroit, iluelespul-
verise pas assez, mais il enleve de grosscsmottes
qui ne font qu'embarrasser le.sol sur lequcl el-
Ics rcstent etenducs, ct qui s'opposcnt acc qu'il
soit bien bine, la resistance qu'elles apportent
au second labour faisnnt sauter le soc liors du
siilon, comme s'il venait a rcncontrer dcs fonda-
tionsqui s'opposent ason passage ; d'ou il arrive
qu'il se formede nouveau.x amas de tcrre qui fa-
tiguent extrcmemcnt les bceufs quand on vient
labourcr le champ. Ajoutez a cela que toutes les
terres, ni6me les plus fertiles, etant plus mai-
gres dans le fond qu'a la surface , ces grosse.»
mottes qui viennent a se lever entrainent avec
ellcs les partics iiifcrieures de la terre, lesqucl-
Icsse trouvent aloisa la superficie. 11 en rcsulte
que lapartie lamoiiis feconde de la terre se trou-
vnnt ainsi melec a la partie la plus grasse, le
cliamp donno toujours uni; recolte moins abon-
dante. Lelaboureurlui-meme n'avance que lente-
meut dans sa besogne, et il ne peut Tachevcr dans
Ic temps voulu, a cause de la durete du soi. Cest
pourquoi je pense qu'il ne faut pas binerpcndant
la secheresse les tcrres qui ont d6ja recu un pre-
mier labour : il faut attendre la pluie, afin que la
tcrre 6tant suffisamment amollie soit plusfacilc
a cultiver. Unarpent deterre bienhumectc peut
(5tre expedie en quatre journees de travail; car
il faut dcux jours pour lui douner le picraier
labour, un r.utrc jour pour Iesccond,troisquarts
nus decipitur : cuiti solidi rigoris admota pertica transvci-
»is sulcis inseritur. Ea si squaliter ac sine offensioiie
penetravit, manifestum est, lotum solum deinceps esse
inotum : siii autem subeunli duiioraliqua pars obstitit,
crudum vervactum esse demonstrat. Hoc cuin saepius bu-
bulci lieri vident , non cominitlunt scimna facere. Igitiir
ulisinosi campi proscindi del)enl post idiis mensis .\piilis.
Quo tempore cum aiati fuerint vigiiiti diebiis inteipositis
circa solsliliiim , quod cst nonum vel octavum calend.
Julias, iteralos esse oportebit , ac deinde circa Septeinbiis
calendas teitiatos : quoniam in id tcmpus ab a;-stivo sol-
slilioconvcnitinler peiitos lei rustica' noii esse aianduni,
nisi .si magnis , ut lit nonnunquam , ac siibitaiieis imbribus
qnasi liibernis pluviis lcrra permadiierit- Quod cum acci-
dit, niliil prohibet, quo minus nieiise julio vervacta subi-
gantur. Sed qunndoque arabitur, obseivabimus, ne luto-
sus ager tractetiir, neve exiguis niinbis semimadidus,
qiiam lerram nistici variam cariosaiiKpie appellant. Ea
esl cum post loiigas sircitate.i levis pliivia superiorcni
partem glxbaruin madefccit , iureriorcm non atligit. Naiii
qii.T limosa vcrsantur arva , tolo aniio dcsiiiiiiil [wsse tiac-
laii, nec sunt liabilia sementi autoccationiaut sarritioni.
At rursus, quai vuria subacta sunt, continuo trieniiioste-
rilitate afficiuntur. Medium igiturteinperaraentum niaxime
sequamur in aiandis agris, ul neque succo careant, nec
abundent uligine. Quippenimius liuinor, ut dixi , limosos
lutososque reddit. At qui siccilalibiis ariierunt, expediii
probe non possuiit. Nam vel lespuitur durilia soli dens
aiatri, vel si qua parle penelravit, non miniite diffundil
biinuim , sed vastos ca-spites convcllit; quibus objacenti-
biis impedilum arvuin niinus lecle potesl iterari ; quia
ponderibus gla'barum sicut aliquibiis obstantibus funda-
nienlis vnmis a siilco rcpellitiir : quo cvenit, ut in itera-
lioiie qucKpiescaniiia li iiit, ct boves iiiiiiuitale opciis pi's-
sime Ilciiliir. Anc.iil Ijiir , iiiinil ipniiiis liiinius ipiaiiivis
l.vtissiiiia, laiiicn inrfiiDrnii p:irtiMii jfjiinioreiii lialiet,
caniqiie altialiiinl excitata- m.ij.ircs ghrli^e. Qiio evenit,
iit iiiliccnndior mattria iiiist.i piiii;iiiori .scgclem ininus
iilicicinreddat, tiim cliain latio nislici aggravatiir exigiio
profcctu operis. .Iiisla cniiii lieri ncqiieuQt, cum iiiduruit
ager. Ilaipic siccitiilibiis cciiseo quod jam proscissiim est
ilcrai e , plin iamipie opiiei in qua; madefacta tena , facileu»
COLUMELLE.
pour lc troisieme, el uu quai-t pour disperser la
semciipe sur les rales [lira;]. Les cultivatcurs
dounent le nom de porca ix ces raies, qui , for-
mees par !e labour, et se trouvant entre deux
rayons assez eioignes lun de Tautre, presentent
une eouclie seche et elevee pour la semence. Les
collines dont le sol est gras doivent recevoir le
premier labour apres ies semailles trimestrielles,
c'est-a-dire au mois de mars, ou bien des le niois
de fevrier, si la douceur de la temperature et b.
seeheresse de la contree ie nermettent. On les bi-
nera depuis lemilieu davriljusquau solstice,et
on les tiercera en septembre , vers requinoxe.
Pour cultiver un jugerum de terre dc cette der-
nicre espece , il faut autantdejournecs que pour
les terres humides. Lesterrains en pentedoivent
toujoursetre laboures en travers (du talus), pour
(5viter la difficulte que presente la montee roide
(le talus) , et pour diminuer les fatigues des hora-
mes et des betcs. Mais quand on donnera a ces
terrains le seeond labour, ii faudra faire le sillon
un peu obliquemeut, c'est-a-dire le diriger tan-
tdt du cote le plus eleve, tantot du cotc le plus
bas du versant , afin que la tcrre soit egalcment
amcublie des deux c6tes , et que le fort de To-
peration ne suive pas toujours la meme trace.
Un terrnin pauvre dans uue plaine huniide ne
doit etre labourc pour la premiere fois que vers
la fin du mols d"avril ; la terresera binec en scp-
tembre , et prete a recevoir !a semence vcrs Tc-
quinoxe. Un terrain de cette nature exige moins
de travail , et cst expedie eu moins de temps que
toutautre ; trois jours suffisent pour un jugerura.
II ne faut pas non plus labourer en ete les terres
situees dans une dcscente; cc n'est que yers lcs
calendes deseptembre qu'on pourra leurdonner
le premier labour. Si on les ouvrait plus tot, le s(v
leil d'ete consumerait leursuc, et leur 6terau
toute leur force de vegetalion. Cest pourquoi on
fera bien de les labourer entre les calendes et les
idesdeseptembre, et de les bineriramcdiateraent
apres, afin qu'elles puissent etre enscmencees
aux premieres pluies d'equinoxe. Remarquons
encore que dans les terrcs de cette nature il
faut semer non sur les aretes, maisdans les sil-
lons.
V. Avantdebineruneterre pauvre,on ferabien
de la furaer ;car le fumier est pour le sol unees-
p6ce de nourriture qui rengraisse. On disposera
a cet effet des tas de fumier, chacun de cinq mo-
dii, environ dans les plaines ; on les placera a une
distance plus graude les uns des autres que
dans les terrains en pente; c'est-a-dire on lais-
seradansles uneshuit etdansles autressix pieds
d'intervalle entre chaque tas. On doit engraisser
les terres au deelin de la lune , ce qui est tres-im-
portaut pour les preserver des mauvaises herbes.
Pour un jugerum il faut vingt-quatre charretees
d'engrais quand on approehe davantage les ta^
les uns aupres des autres,etdix-huit, quand on
lcs eloigne davantage. Dcs que le fumier sera
eparpille sur la terre, on lahourera pour Ten-
fouir, afin que le hale du soleil ne lui fasse pas
perdre sa force , et que la terre incorporec avec
cctaliment puisse s'en engraisser. Ccst pour-
quoi , lorsque les tas seront disposes dans un
champ, il ne faudra poiut en eparpiller plus quo
le laboureur n'en pourra couvrir de terre dans
unejournce detravail.
VI. Apresavoir montre la maniere de preparer
laterre pourrecevoir les semences , parlons raain-
tenant des semeuces elles-memes, et de leurs dif-
nobis cullurani pra^bcat. Sed jugerum talis agri qnalunr
operis expeditur : nam commode proscinditiirduabus, \ui:>
ileratur, tertialur dodrante, in lirani satum rcdij^itur,
quadranle oper,Te. Liras autem rustici vocant easdem por-
cas, cum sic aralum est, ut inter duos latjus distantes
sulcos medius cumulus siccam sedem frumentis prDebeat.
CoUes ptnguis soli peracta satione trimeslri mense Mai'-
tio, si vero tepor cfeli sir.citasque regionis suadebit, l''e.
bruario statim proscindendi sunt. Deinde ab Aprili mcdio
usque in solstitium iterandi, tertjandique .Seplenibri circa
a-quinoctium. Ac totidem operis, quot uliginosi campi,
cxcolitur jugerum. Sed tali agro in arando maxime est
ob,servandum, semper ut transver^us mons sulcetur. Nam
liac ratione dilficultas acclivitatis infringitur, laborque
pecudum el hominum commodissime sic minuitur. Pau-
lum famen quotiescunque iVerabitur, modo in clatiora
niodo in depressiora clivi obliquum agi sulcum oportel)it,
ut in ulramque partem rescindamns, nec codem vesligio
lerrani moliamur. Exilis ager planus, qui aqnis abundat,
primum aretur, ultima parle mcnsis Angusti , subinde Sep-
lenibri ,sit iteralns, paratusque sementicircaa'quinoctium.
Kxpedilior antem labor ejnsmodi solo est, eo quod pau-
ciores impenduntur oper<e : nani tres uni jugcro sufficiunt.
Ileni graciles clivi non sunt cestate arandi, sed circa Sep-
leuibrcs calendas : qnoniam si ante boc tempus proscin-
dilnr, efToela et sine succo bumus restivo sole peruritur,
nuilasque virium reliquias babet. Ilaquc optime inter ca-
lendas et idus Septembris aratur, ac subinde iteratur, ut
primis pluviis aequinoctialibus conseri possit : neque in
lira, sed sub sulco talis agor .seminandus est.
V, l'rius tameu quaui exilemterram iteremus, sterco-
rare conveniet : nani co quasi pabnlo gliscit. In campo
rarius, in colle spissius acervi slercoris inslar quinque
modiorum dispouenlnr, atqne in plano pedes inlervalli
qiioquo versus octo, in elivo diiobus miniis relinqui sat
erit. Sed id nobis decresccnte luna ficri placet : nam ea
res Iierbis libeiat segetes. Jugerum autem ilesiderat , quod
spissiusstercoratnr, vebesquatuor et viginti; qiiod rariiis,
duodovisinli. Disjectum deindc prolinus fimum inarari et
obriii convenit, ne solis balilii vires aniitlat,et ut per-
mi.sla bumus prajdicto alimento pinguescat. Itaque cum
in agio (lisponentnr acervi stercoiis, non debel major
modus eorum dissipari , quam qnera bubulci eodcm dia
possint obiuere.
Yl. Quoniam semcnli terram docuimus pr.xpararc,
nniic scminum geuora pcrseqnemur. Prima ct ntitissima
DE LAGRICULTURE, LIV. II.
ferentcs espcccs. Les premieres et les plus utilcs
a rhoinme sont le fromcnt et le grnin adoreum
i repenutre). Nous connaissons plusieurs especes
de fromcnt; mais celui qu'il faut semcrde prcfc-
rcnce , c"est le fronient appflc robus, parcc
qu'il remporte sur lesautrcs espcces par son poids
et sa blancheur : il faut nicttre dans la seconde
classele siliga, qui nous donne un pain lcger. On
mettra dans la troisieme classe les trcmois, qui
sont une espece desiliga : ce grain est d'une ex-
cellenteressourcepour les cultivateurs , lorsqu'ils
n'ont pu faire leurs semailles en tenips opportun a
cause des pluies, ou pour toute autre raison. Les au-
tres esp^ces de fromentne sontd'aueuneutilite, et
ne peuvent iutercsserque lespersonnes qui cher-
chent la vaine gloire d'en posscder la plus grande
varictc. Quant au grain appelc adorcum (epeau-
tre) , on cn compte pour Tusage ordinaire qua-
tre especes differentes. Cekii qu'on appelle clu-
sinum est d'une coulcur blanche et brillante;
le vennuculum, divise en deux cspcces, lune
rouge, Tautre blanche , est pluspesaut que le clu-
sinura ; Tcpeautre trimerien, appele aussi ha-
licastrum , remporte sur les autrcs cspeces par
sa qualitc et son poids. Le cultivateur doit soi-
gneusementconscrver les semenccs de toutes ces
espcces de fromcnt et d'cpeautre, parce qu'il
arrive rarement que la situatiou d'un chnmp
soitassez heureuse pour qu'on puisse se conten-
ter d'une seule espcce , et qu'une terre se trouve
toujours melangee de parties humides et de par-
ties sechcs. Or le froment vient mieux dans une
terre scche , tandis que Tepeautre supporte sans
iiiconvenient rhumidite.
VII. Quoiqu'iI y ait bien des espcces de legu-
mes, lcs plus agreables et les plus utiles a rhomme
sont la feve, la lentille, lepois, leharicot, le pois
sunt liominibus frumenta, triticiim et senien adoreum.
Triticisenera compluracognovimus. Vernm ex liis maxime
screnilum est , quoil rolius dicitur : quoniam et pondere
cl iiiloie pra^stal. Secundaconditio cst liabenda siliginis,
rnjiis species in pane pra;cipua pondeie delicitur. Tei tium
ciit trimestre , cujus usus agricolis s^ralissimus. Kam ubi
jiropter aqiias aliamve causain malura satio estomissa,
pisesidiuiu ab lioc pelitur. Id genus esl siliginis. Reliquse
iritici species , nisi si quos multiplex varielas frugum et
iiianis delectat gloria, supervacuae sunt. Adorei autem
plerumqiie videmiis in usu genera quatuor. Far, quod ap-
pellalur Clusinnm candoris nitidi; far, quod vocatur ven-
nniulum, rutilum, atque alterum candidiim, sed utrum-
qne majorisponderis quam Clusinum. Senien triniestre ,
qiiod dicitur lialicastrum , idque pondcre et bonitate esl
pr.Tcipuiim. Sed Iikc genera ti ilici et adorei , propterea
cuslodienda siint agricolis, quod raro quisquani ager ita
situs est , ut uno semine contenti es.se possiinus , inlervc-
nicnle parle aliqna vel iiliginosa vel arida. Triticum autem
sicco loco nielius coalcscit. Adoreuni niinus iiifestatur liu-
more.
A'IT. Leguminiim Koneia ciim sint complura, maxime
gralaetin usulioiniMiim vidcntur faba, leuticiila, pisum,
chichc, lechanvrc,le millet , le panis, lc sc-
snme, le lupin , lc lin ct rorgc, dont on fnit dcs
tisnncs. Lcs mcillcurs fomrngcs sont d'abord la
luzerne, le fcnugrce et la vescc; puis la cice-
rolc, Tcrs, et les blcs coupcscn lierbe. INous par-
lerons d'abord des plantcs servant a notre usage,
et nous commeucerons par rnppeler un vienx
precepte denosancctres : c'est d'cnsemenccr d'a-
bord les terrains froids, ensuite ceux qui sont
temperes, et enfin lesterrains chauds. Les rcgles
que nous nllons etablir s'nppliquciit principale-
nicnt aux contrces tcmpcrccs.
VIII. iVotre poete nous recommnndc dc ne
point senicr du froment ni de rcpenulre axnnt
lecoucherdes Pleiades: carvoicicequ'il ditdniis
ses vers : Si vous labourcz une terre jxmr y re-
colter du froment et de Vcpeautre, et que vous
vouliez avoir des epis bicn remplis, allendcz
que lesfdles d'Atlas se couchent le matin. Or
les lllles d'AtIns se couchent le trente-unicme jour
apres requinoxe d'automne, c'est-a-dirc vers le
0 des calendes d'octobre. On pcut voir par la que
les semaillesdu fromcnt durent quarantc-six jours,
depuis le coucher des Pleiades , qui tombe au
ncuviemejour des calendes de novembre , jus-
qu'au solstice d'hiver. Les cultivateurs lcs plus
experimentes observent cette regle pendant
les quinze jours qui prccedcnt et lcs quinze
qui suivent lc solstice d"hiver; ils s'ab>tien-
neut de labourer la terre , de tailler In vigne,
ct d'emonder les arbres. Snns doute cctte pra-
tique est bonne a suivre qunnd le climat est
tempere et que le sol n'est point humidc. Mais
daus les terres naturellement moites et mai-
grcs , froidcs ou racme ombragees , il faudra faire
les semailles avant les calendes d"oetobre, pen-
dant que la secheresse de la terre le permet et
phaselus, cicer, cannabis, milium, panicuni, sesama,
lupinum, linuin eliam, et ordeuni, quia ex eo plisnna est.
Item pabuloriim oplinia sunt Medica et foenuin Gr.Tcum ,
nec niinus vicia. Proxima deinde cicera et erviim et far-
rago , qiia; est ex ordeo. Sed de liis prius disseremiis , qua;
nostracausa seminantur, meniores antiquissimi piavepti ,
quo monemur, ut locis frigidis occissime , tepidis celerius ,
calidis novissime seramus. iNunc aiitem pioiiide ac si tem-
perata! regioni praecepta dabimus.
Vlll. Placet nostro poi-ta; adorcum atquoetiam Iriticum
non anle seminare, quam occiderint Vergiliii;. Qiiod
i|)siim nnmeris sic edisserit : At tTificcam in messevi,
robustaquc farra Exerccbis liumum, solisque instabis
aristis, Anle tibi Eoce Atlantidcs abscondantur. Abs-
condiintnr aulem altero el Irigesimo die post autumnale
irtpiiiioctium, qiiod fere conficitiir iioiio calend. Octobris :
propler quod inlelligi debet trilici satio dieriim sex et qua-
diagiiita aboccasu Vergilianim, qiii lit anle diem ix ca-
leiid. JNovemb. ad bruiiiiie tempora. Sic enim ser\!int
priidentes agricoKT!, ut quindecim diebus [irius, ipiain
coiiliciatur brunia, tolidemipie post ram conlectam iieqiie
arent, neque vitem aut arboicm piitent. Nos quoqne imn
abnuimus in agro tcmperalu el mininie liumido sementeiii
202
COLUMELLE.
que les nuages sont encore suspecdus ea Vair ,
afin que les racines des bles puissent preudre as-
sez de force pour resister aux frimas , aux ge-
lees et aux pluies d'hiver. Dans tous les cas , et
alors meme que les semailles auraient etefaitesa
temps , nous ne devons point nons dispenser de
faire de larges branch6es et un grand norabre
de sillons d'c'coulement, appeles elices, afin de
reunir toutes les eanx dans des saignees et de les
conduire hors des champs. Je sais bien que quel-
ques auteurs dcfendent expressement d'ensemen-
cer les terres avant qu'elles aient ete suffisam-
ment huraectees par la pluie ; et je ne doute pas
cn effet qu'il n'en resulteun grandavantiige pour
la culture racme, si la pluie tombe en teraps op-
portun; raais si elle se fait attendre, comme
cela arrive souveut, les semailles n'en doivent
pas raoinsetre executeea , quelle qne soit d'ail-
leurs la secheresse du sol. Ccst la du raoins la
pratiquequ'on suit dans certaines provinces oii,
par la nature nieme du climat, les pluies sont
fort tardives. En effet , le grain seme et hersc
dans uu sol sec ne s'y corrompt pas plus que
dans un grenier; et Iorsqu"iI survient une ondcc
de pluie , les scmailles de plusieurs journees lc-
\ent en une seule. Tremellius aussi affirme (ct
moi-raeme j'ai pu ni'en assurcr par nies propres
experiences) que le ble seme dans une terre des-
sechee par le soleil, et que les pluies u'ont point
encorehuraectee, n'aura rien a souffrir des four-
niis ou des oiseaux. Dans tous les cas , on fera
bien de mettre dans un tcrrain de cctte nature
de rt^^pcautre en place dii froraent , parce que le
grain de repeautre est renferrae dans une cap-
sule forte et solide, qui peut resister longtemps a
rhuraidite.
sic fieri ilebere. Caelenim locis iiliginosis atqiie cxilibus
niit frigiclis aut eliain opacis plerumque citra calendas
Octobris seminare convenire, dum skca tellure liccl,
(lum nubila pendcnt, ut prius couvalcscant radices fru-
mentorum , quam bibernis inibribus aut gelicidiis pnii-
nisve infestentiir. Sed quamvis tempeslive sementis con-
fecla erit, cavebitur tamen, ut pateutes liras crebrosque
sulcos aquarios, quos nonnulli elices vocant, faciamus,
el omnem liumorem in colliquias , alque inde cxtra segeles
deiivemus. Nec ignoro quosdam veteres auctores prajce-
pisse, ne seminarentur agri,nisicum terra pluviis por-
niaduisset. Quod ego, si tempestive competat, magis
conducere agricolae non dubito. Sed si, quod eveuit noii-
nunquam, seri sunt imbres, qnamvis sitienti solo recte
semeu committitur : idque etiam iu quibusdam provinciis ,
ubi status talis ca^li est, usurpatur. Nain quod sicco solo in-
gestum et inoccatum est , perinde ac si repositum in liorreo
non corrumpitur, atque ubi venit imber, mullorum die-
rum sementis uiio die surgit. Tremellius quidem asseve-
ral, piius quam impluerit, ab avibusaut formicis sala
non iiilestari, dum aestivis sereiiitatibus agcr aret. Idqiie
cllain sa-pius nos experli verum adhuc esse non compe-
rimus. Magisapte lanien in ejusmodiagris adoreiimqiiam
triticum scritiir : quoniani folliculuni, quo coutineliii-,
L\. II faut ordinalrement pour un arpcnt de
tcrre quatre mesures de froment si la tcrre est
bonne, et cinq, sielleest mcdiocre. Neuf mesures
d'cpeautre suffisent pour un bon terrain , mais il
en faut dix pour un tcrrain de qualite moyenne.
liien que les auteurs ne soient point d'accord sur
cette quantite, e'est pourtant celle que nous ju-
geons la plus conveuable, d'apre3 notre propre
experieuce. Si pourtant quelquun ne veut poiut
s'y conformer, il pourra suivre les preceptes de
ceux qui pretcndcnt qu'un terraiu fertile est
bien ensemence avcc cinq mesures de froraent
et huit d'epeautre, et qu'ou doit observer les
raemes proportions pour les terres raediocres.
IVous sommes bicn loin nous-raerae de nous
conforraer toujours aux chiffres que nous venons
d'indiquer, puisqu'ils doivcnt necessairement
varier suivant les lieux , les saisons et le climat.
Quant a la diffcrencc des lieux , il y a des
plainesetdes terrains en peute, des terresgras-
ses , des terrcs raoyennes et des terres pauvres.
Pour ce qui est de la diffcrence des saisons , il y
a les seraaillcs d'automne et celles qui se font a
Tapproche de rhiver. En autorane on s6rae plus
clair qu'en hiver. Quant au climat, il est tant6t
pluvieux, tantot sec; s'il est pluvieux , on seme
clair, comme pour les seraailles d'automne;
s'il cst sec, on seme plus epais, comme pour les
semailles d'hiver. Toutes les especes dc grains
reussissentbien dansune plaioeouverte, chaude,
exposee au soleil, et dont le sol est meuble.
Quoique les collines donnent ordinairement un
grain plus gras, les recoltes du froraeut y sont
pourtant raoins abondantes. Les terres fortes ,
craycuses et fraiches sont bonnes pour le siligo
et le far. L'oige ne rcussit bien que dans une
(irmum et durabilem adversus longioris temporis bumo-
rem liabet.
IX. Jugerum agri pinguis plerumque modios tiitici
qiiatiior, mediocris quinque postulat : adorei niodios no-
veu) , si est lictum solum; si mediocre, decein desiderat.
iSam quamvis de mensura uiiniis auctoribus convenit,
liauc tamen videri commodissimam docuit noster usus;
quem si quis sequi lecusat, utatur praeceptis eorum, qiii
bene uberem cainpum in singula jugera tritici quinque , et
adorei octo modiis obserere praecipiiinl , atquc liac por-
tioiie niediocribus agris seinina praebeiida censent. Nobis
iie istam quidem, quani pr«diximus, mensuram semper
placet servari, quod eam variat aut loci aut temporis aut
caeli conditio. Loci , cnin vel in campis vel collibus fru-
mentum seiitur, atqiie liis vel piiigiiibus vel mediocribus
vel macris. Temporis , cum autumno aut etiain ingruen-
te liieme frumenta jacimus. Nam piima sementis rarius
sercre pcrmitlit, novissiuia spissius postulat. Cadi, cum
aiit pliivium aut siccum est. Nam illud idem qiiod prima
sementis , hoc quod iilliina desiderat. Onine autem fi u-
meiitiim maxiine campo pateute et ad .solem piono apii-
io(iue et solulo helatiir. Collis eniin quamvis giaiium
robustiiis aliipianto, miiiiis tamen liitici reddit. Densa
cretosaque et iiligiuosa humus siliginem et far adoreuiii
DE L'AGRICULTURE, LIV. IL
terre si'che ct meiiblc. Tous les autres ^rains
dont nous veiions de parler veuleiit une terre
fertile, qu"on laissera reposer une auuee sur
deux.
L'orge au contraire n'adraet point de miiieu,
et exige un sol ou ties-gras ou tres-pauvre. Les
autrcs grains se soutieniient, nieme quand on
a cte obligt^ de les scmer dans un sol limoneux
ct niouiilepar des pluies continuclles : Torge au
Civntraire, jctee dans une terre boueuse, ne tarde
point a pcrir. Lorsqu'une terreest passablement
craycuse ou fraiche, il fauty semer un pcu plus
que cinq racsures de siligo : quantite qucj'ai
indiquce plus haut pour les terrains de cettc na-
ture. Si au eontraire une terre est seche ct nieu-
b!e, grasse ou maigre , quatre mcsures suffiront.
En effct, par la loi des contraires, une terre
maigredcmande autant de senicnce qu'une terre
grasse. Le grain , a moins d'ctre semc trcs clair
sur ies terres pauvres, produit dcs epis petits et
\ides, tandis que dans lcs terrcs riehcs le grnnd
nombre de tiges qui partcut d'une meme ra-
cine fait que la recolte est aussi epaissc , aiors
mcme que le ble y est scme clair. Reraarquons
encore qu'un champ plante d'arbres demande
un ciuquieme desemenccs de plus qu'un terrain
vide et decouvert. Nous n'avons parle jusqu'a
prcsent que des semaillcs d'automne, qui sont
en effet lcs principales. II y en a d'autres que la
necessite nous force de faire : ce sont celles que
lcs cultivateurs appcllent semailles trimestriel-
lcs. Elles se pratiquent avec succes dans les con-
trees froides et exposees aux neiges , ou Tcte est
humideet sans grandes chaleurs; elles reussis-
scnt rarcraent ailleurs. Ces semailles doivent etre
faitcs proraptement, et toujours avant Tcqui-
noxe du prinleraps. Si lc climat et l'ctat de la
temperature pcrmcttcnt de les f:iire plus t5t, elles
n'en reussiront que mieux. On a tort du penscr
qu'il y a une espcee particulicre de blii qui puisse
pousser en trois mois, puisque le racme grain
scmc enautomne vient bcaucoup mieux. Cepen-
dant il y a quclques especcs qui reussissent
mieux que d'autres aux sccondes semailles, par-
ce qu'elles supportent sans inconvenient la cha-
leur moderee du printemps; tels sont le siligo,
Torge de Galatie, ralicastrum, et la fcve de
Marsie : quant aux autrcs grains qui sont plus
forts, il faudra toujours les semer avant Ihiver
dans les contrecs tcmperees. Quelquefois la tcrre
jelte une maticrc liquide, salcc et amcre, vcri-
table poison qui detruit les semencesdeja miires,
et rase en quelque sorte toute une portioii du
champ. Sitot qu"ou aura apercu dans une terre
de ccs places nues et dcpouillces, il faudra les
marquer, afin de bien les reconuailre et du rc-
mcdicr a cemalentcmps convcnable. On sc sert
a cct cffet de ficnte de pigcon (de la colombiiic),
ou a son defaut de fcuillcs de cyprcs, qu'on re-
pand partout oii rhumiditc ou toute autre eraa-
nation pestilentielle ont fait perir la semence,
et qu'on mcle avec hiterre, en la labourant avec
la eliarrue. Mais le souverain remede, ct sans le-
quel les autrcs ue sauraient etre d'aucune utilite,
c'est de faire ccouler rhumidite au moyen dune
saignee. II y a des personnes qui prenncnt un
panier a semer, le garnissent d'une peau dhycnc ,
et y laissent sejouruer quclquf teraps le grain
avant de le semer, convaincus que cette precau-
tion leur fera obtenir une recolte abondante. II
arrive souvcnt que des animaux qui habitcnt
sous terre font perir le graio qui a dcja mis une
non incommode alit. Oriieum nisi solutum et siccum lo-
cum non patilur. Alque illa vicibus annorum requietum
agilalumque alleniis et quaiu laetissimum votunl arvum.
Hoc Dullam mediociitatem iiostulat : nam vel pinguissima
vel macerrima liunio jacitur. llla post coutinuos iiulires ,
sinecessitas exigat, quamvis adliuc linioso et madenle
solo sparseris , injuriam sustinent. Hoc si lutoso commi-
seiis, enioritur. Siliginis autem vel trilici, si mediocriter
cretosus uligiiiosusTe ager est, etiaiii paulo plus, quain,
ut priusjam dixi, quinque modiisad saliouem opus est.
At si siccus et rcsolutus locus, idemque vel pinguis, vel
exilis est, quaUior; quoniam e contrario niacer tantun-
dem seminis poscit. Kain nisi rare conseritur, vanam et
minulani spicam facit. Al uhi ex uno seniine pluiibus
ciilmis frulicavit, etiam ex rara segele densam facit. Inter
cwleia quoque non ignoiare debemus, qiiinta parle semi-
nis amplius occupari agrum consituin arbuslo, quam va-
cuum et aperUim. Atque adluic de satione autumnali lo-
quimur : hanc cniin potissimam ducimus. Sed est et
iilteia, cum cogit necessilas : trimestrein vocant agri-
coKt. Ea locis pr.Tgelidls ac nivosis, ubi a-stas est lui-
midaetsine vaporibus, recte oommiltiUir. C.Tteris,-idmo-
lUim raro respondet:quanilameu ipoain cclcrilcr el utiquc
anle ifquinoctiuni venuim conveniet peragere. Si vero lo-
coiuui el cifli condilio patietur, quanto maturius seveii-
mus, tanto commodius proveniet-Nequeenim est ullnni,
sicut multi crediderunl, natura triniestre semen : quippe
idem jactum autumno melius respondet. Suut nihilomi-
nus quifidam aliis poliora, qunc susliuent veris te|)ores , ut
siligo et oideuin Galalicum, et liaiicastrum , gianuinqne
faba' Marsira?. Nam cictera rohusta fiiimeuta semper ante
liiemem seri debcut in regiouibus teinperatis. Solet autem
salsani nonnunquam et amaram uliginem voniere lerra,
quic quamvis matuia jain satii manantc noxio humoie
currnmpit, et loiis caleulibus sine ulla stirpe seminuni
areas reddit. V.,\ ul.ilnil.i vi-:iiis adhibitls notari convcnil ,
ut suo teniport' vilii^ iiii-iiii.li medeamur. Nam iilii vcl
uligo, vcl aliqiia |ir^li^ >r,-' Iriu enecal, ihl coliiniliiiuiin
sleicus, vel si id non est, folia cupres.si convciiit spargi
et iuaiari. Sed anliquissimum csl, omnem iiide liiimoiem
facto sulco dedncere : aliter vaiia eriint priKdicla rcmcdia.
Nonuulli pelle liyicniE satoriain trimodiain vesliunl, at-
que itd cx ea , cum paiilum imniorala sunl semina , j.iciiinl ,
non dubitantes pioventnia, qiia; sic sata sint. Qu.Tdain
etiainsublcrranea'peslesiuliiltassegelcs liidicilius suhscc-
tis euccant. Id nc fiat, rcmcdio cst aquae mislus siiccus
2.0-J
COLUMELLE.
(■citaine croissanec en ravageant les racines. On
vemedie a ce nia! cn laissant tremper les semen-
ces, avant de les confier a la terre, dans de reau,
ft laquelle on a mele de rextrait de Therbe qiie
les paysans appellent joubarbe. Quelques per-
sonnes prenncnt de Textrait ds concombre sau-
vage, et la racine pilce de cette plante, qu'ils
melent ensemble; ils delajent ensiiite ee melange
dans Teau, et y laissent tremper le grain avant
de le semer. D"autres encore, lorsqu'ils s"apercoi-
vent que lcs Sfmaillcs sont en danger, arroscnt
les sillons avec cette meme preparation , ou avec
de ["amurque non salee, et parviennent ainsi a
chasser les animaux nuisibles. J'ai encore un
conseil a donner : c'est de choisir pour seraence,
apres la moisson, le meilleur grain qiii se trouve
dans Taire. C"est ce que nous recomniande cga-
lement Celse, lorsqu'il dit de recueillir lesraeil-
leurg epis quand la rccolte a ete mediocre, et de
les mettre a part pour en tirer le grain qui doit
servir de semence. Quand la recolte a ete plus
nbondante, le grain battu doit ctre nettoye au
crlble ; et celui qui tombe au fond, a cause de sa
grosseur et de son poids, doit toi.ijours etre conscr-
ve pour semence. Cest la une precaution utile,
quelle que soit d"ailleurs la nature du terrain. En
effet, si a la verite les grains degenerent pius
promptementdans lesterreshuraides, lesterrains
secs ne sont pas toujours exempts de cet incon-
yenient, <'i nioins qiron ne choisisse bien les se-
mences. Sans doute le grain pesant n'est pas
toujours produit par une semence pesante, niais
il est evident qu'une semence pauvre et legere ne
saiiraitproduire ungiain fort et lourd. Aussi Vir-
gile, entre autres bonnes choses sur les scmences,
dit : J'en ai vu des m/ciix choisies ei dcs niiciix
prepai'ecs qid degencraient, siFon n'avait soin
herboe, quam nislici sediim appellanl; nam hoc medica-
mine una nocte semina macerala jaciuntur. Quidam cn-
cunieris anguini liuniorem expressum, et ejusdem tritam
radicem diluiint aqua, similique ratione madefacla se-
niina terrae mandant. Alii liac eadem aqua vel amuica
insulsa,cum ctrpit infcstari seges, perfundunt sulcos, et
ita noxia animalia submovent. Illu<j deinceps pniccipien-
dum liabeo, ut demessis segetibusjam in area futuro se-
niini consulamus. Nam quod ait Celsus, ubi niediocvis est
fructus , optiniam quamque spicani legere opoi tet , separa-
tiniqiie ex ea semen reponere ; cum riirsus amplior messis
provenerit, quidquid exleretur, capisterio expiirgandum
erit,et semper quod proplei- ma^nlliidiucm ac poiidus in
imosiibsederit,ad semen leservaiKhjin. .\.ini id pluriniiim
prodest, quia quamvis celerius lotis biiiiiidis, tamen
etiam siccis frumenta degenerant, nisi cura taiis adliibca-
tur. Neque cnim dubium est , ex robusto semine posse
fieri non robusfiim. Quod vero piotinusex lovi natiim
sit, nunquam robur accipere manifcstum cst. Ideoqiie
Virgiliiis ciim et alia tiim et boc de seminibiis pra>claie
sic disscruit : ViJi cgo lccta diu c/ mul/o HDec/n/a laborc
Dcgcnrrnrc /amcn , ni ris humann quotaiinis mnxiina
quaquc manu Irgcrc/ ; sic omniafa/is In pcjits rucrc.
chaque cainve de lcs Irier, et de reserver les plus
grosses : tant les choses vont en deciinant, taiU
le destin precipite lafin des etres!
Si le grain rouge, coupe en deux, est cgale-
ment rouge en de lans, il n"y a pas de doute qu"il
ne soit sain; mais lorsque cette espece est blau-
chStre en dehors et blanclie en dedans, eile doit
etre regardee comme legere et fausse. INe nous
laissons point tromper par le siligo, que les cul-
tivateurs reeherchent tant; ce n'est qu"un fro-
ment dcgenere ; et quoiqu"il remporte par la
blancheur, 11 lui est inferieur en poids. II reussit
dans un climat huraide, et convient par conse-
qnent aux contrees oii il y a des eaux courantes.
Nous n'avons pas besoin d'aller chereher ee grain
bien loin , ni de nous donner beaucoup de peine
pour nous en procurer, puisque toute espece de
froment , semee dans une terre humide , se tnuis-
forme en siligo a la quatrieme recolte. Le meil-
leur grain apres le froment, c"est Torge, que les
paysans appellent tantot hercasticum, tantot
eantherinum; elleest meilleure pour le betail, et
plus saine pour la nourriture des Kommes que le
mauvais froment. II n'y a pas de grain qui sauvc
plus de la misere dans les cas de disette. On la
seme dans une terre franehe et seehe, et dans
un sol tresbon ou tres-pauvre. Eneffet, Torge
etant le grain le plus fatigant pour la terre, on
la met dans un terrain riche, dont la fertilite
ne saurait etre epuisee, ou dans un sol si pau-
vre qu"il ue peut produire autre chose. On la
semera sur le second lahour, apres rcquinoxe
si !a terre est en vigueur, et avant requinoxe
si elle est pauvre, ayant toutefois soin d'obser-
ver dans Tun et Tautre cas la proportion de cinq
mesures par jugcrum. On la moissonne plus tut
que toutautre grain, et avaut raeme qu'elle soit
ac rc.lro suhlapsa rcferri. Graniim autem rutilum si,
cum diffissum est, ciindem coloiem interiorem babet,
integrum esse non dubitamiis. Quod extrinsecus albidum,
intus etiam conspicilur candidum , leve ac vanum intelligi
debet. Nec nos lanqiiam optabilis agricolis fallat siligo.
Nam boc trilici vitiiim est, et quamvis candoie prfpslet,
pondere tanien vincilur. Veium in bumido statu caeli recte
provenit; et ideo locis mauantibus magis apla est. Nec
lamen ea longe nnbis aiit magna difficullate requirenda
est. Nam omnc triticum .solo uliginoso post tertiam satio-
nem converlilur in siliginem. Proximus est liis frumentis
usiis ordei , qiiod ruslici bpxasticbum , quidam etiara can-
tberinum appellant : quoniam et ouiiiia aniinalia, qiia;
ruri sunt, meliiis quam trilicum, et liominem .salubrius
qiiam malum tiiticum pascit. Nec aliud in egenis rebus
magis inopiam defendit. Seritur soluta siccaque terra, et
vel prajvalida vel exili, quia constat arva segetibus ejus
mace.^cpie : propterquod pinguissimo agro, cujiis niinis
viribiis noicri non pnssit, aut macio.cui niliil aliud,
coiniiiillilur. Alleio sulco seminari debet post a>quinoc-
tiiiiii , media feie semeuti , si laeto .solo : si gracili , m;itii-
riiis. .(ugerum (luinque modii occupabunt. Idqiie ubi paii-
lum maturucril, festinantiusquam ulliim aliud (i umeiiliiiu
DE L-AGRICULTURE, LIV. IT.
arrivce a sa paifiiite matuiitii ; cai- ayant une Vv^a
tres-faible , et n'etant point reeouverte de balle
ijui cnveloppe son grain , elle est aisement deta-
eliec de Tepi , ct par la meme raison se bat plus
aisement que les autres especes. Apres la re-
colte , la terre qiii Ta portee doit etre mise en
jachere, a moins qu'on ne la fume avec soin,
pour dissiper les mauvaises infkicnces (qualites)
qu'il lui acommuniquees. L'autre espece d'ori;e,
que les uns appellent disticluim, les autres ga-
laticum, est fort pcsante et blanchc; melee avcc
le froracnt, elle fait un e.\ce(lent paiu de me-
nage. On la seme veis le mois de mars, dans un
sol gras mais frais. Si la douceur de !'hiver per-
met de la semer aux ides de janvier, elle n'en
viendraque mieux. Si\ mcsures d'orge suffisent
pour un arpent. l.e panis ct le millet, que j'ai
rangcS plus haut dans la classe des legumineux,
doivent egalement etre comptes au nombre
des graius , paive quVn plusieurs contrees on
eu fait du pain. Comme ils demandent un sol
lcger et meuble, ils reussissent non-seuleraent
dans un terrain sablonueiix, mais meine dans le
sable, pour peu que le eliraat soitmoite et hu-
mide; car ils redoutent un sol sec et argileux.
II nefaudrapas les semer avrait le priutemps,
parce qu'une ehaleur moderee est la tempera-
ture qui leur eonvient le pliis. Aussi la lin de
mars est repoque la plus propre pour les confier
ii la terre. Leur culture est peu dispendieuse
pour le laboureur, puisqu'il iren faut quequatre
setiers pour ensemencer un arpent. II faut les
sarcler souvent, puur le debarras^icr des niauvai-
ses herbes qui generaient leur croissanee. Lors-
qu'ils sont en epis, on les cueille a la main ,
avant que la chaleur ne les entr"ouvre; puis on
lcs suspend pour les fairesecherau soleil.Quand
ona pris ces prccautionsavant de les serrer, ils
se conservent mieux et plus longtemps que les
autres grains. Le millet nous donne un pain d'as-
sez bon gout, surtout quand il est mangc chaud.
Le panis et meme le niiliet, pilesdans un mor-
ticr, et debarrasses du son, fournisseut un po-
tage au lait qui n'est point a dedaigner.
X. INous avons tiaite avec assez d'etendue
des diffcrcntes especes de ble; passons mainfe-
nant aux legumes. Le lupin cst celui qui doit d'a-
bord fixer notre atteution, parce qu'il demande
ie moins de culture , qu'il coute tres-peu , et que
de toutes les semences c'est la plus utile pour le
fonds. En effet, le lupin fournit un exeellent en-
grais pour les vignes maigres et epuisees , aiiisi
que pour les terres en general. II reussit dans le
sol le plus ingrat, et, mis en rescrve, il peut se
conserverdes siecles entiers. Cuit, ou seulement
trempe dans Teau , il sert de nourriture au.x
boeufs pcndaut Thiver, et peut meme, dans uii
tenips de detresse, apaiser la faim des bomnies.
II se seme au sortir de Taire, et c'est par couse-
quent de tous les legumes le seul qui n'a pas
besoin de sejouruer prcalablemeut dans un gre-
nier. On peut le semer au mois deseptembre,
avaut requinoxe, ou bien immrdiatement apres
les calendes d'oetobre, dans des jaeheres non la-
bourees. La negligenee du laboureur, eu le cul-
tivant, ne saurait point lui porter prejudice.
Tout ce qu'il demande , c'est la chaleur moderce
de rautomne , pour prendie promptemeut sa
croissance; car s'il n"a point assezde consistance
avant rhiver, lcs froidspeuvent luidevenirdan-
gereux. On fera bien de placer ce qui restera
de semence de lupin sur un planeher, a la
portee de la fumee; car si on le laissait ex-
pose a riiumidite, les vers ne manqueraient pas
(iCTnefeinluin eril. Nam et fragili culmo , ct niilla vestiUiin
intlea giaiuim ejus celeiiler (leciilit, iisdemque ile causis
ladliu.s teiiliir, quam cjeteia. Sed cum ejus me.ssem siis.
luleris, o|ilimuni est novaHa pali auno ee.ssare : si ininus,
steicoic satuiare, ct omue viius, quoil .iilhuc inestteinv,
piopulsaie. Alteium quo<iue genus ordei est, quod alii
ilisticlium , Galalicura noniiulli vocant, pondciis et caii-
(loris eximii , adeo ut Iritico mislum egiesia cibaiia fami.
lia; pi,x-l)eat. Serilur quam pinguissimis sed frlgidis locis
circa Marlium mensem. Slclius tamen respondet, si cle-
mentia liiemis permittit , cum seuiiuatiir circa idus Ja-
nuaiias. JiigerumsexniodiusposUilat. Interfnimentaetiaru
panicum et niiiiiiin ponenda sniit, qiiamvis jam legmnini-
i)us ca conli ilMiei im. Nain mullis regionibus cil)ariis eo-
lum cofoiii sustincntur. Levem solutamqiie liumuin
ilesiderant. Nec in sabulo.so solo, sed in areiia qiioque
proveniunt, modo liuniido cielo vcl liguo solo. Nam sic-
tumcretosunique rerormidaiit. .\iilcverseri uon possiint,
quoniam teporibus maxime luilantur. UHima lamen parte
Martii mensis commodissime lcriaj conimittiintiir. Ncc
inipensa giavi lationem cultorisoncrant; quip|ie scxtariis
(eic qualuor jiigerum implent; fiequcntem lamen exigunt
.sauitiunci:: cl ruiKatiunem, iit lierbis lilifieiiliii. I'i i-iiiii
spicas edidcrunt , priiis quam semina Iiient aestfbiis , nianii
carpunlur, ct suspensa in sole cuni assiccata fucrint, re-
conduntur, atque ita repnsita peiciuiant diutius quani
Cittera. fanis cx milio coiilicitur, qiii aiitCiiuam rcrriges-
eat, sine lastidio potest assiiiiii. 1'aiili'niii piiisitum et evo-
lutum furfurc, scd et miliiim qimque piiltcm quavis iii
copia niaximc cum lacte noii faslidiendam piaebet.
X. ijuouiam de fiunienlisabunde pr;ecepiinus, de legn-
minibus deinccps disscranius. Lupini priuia ralio est,
quod et minimiim opeiarum absumit, ct vilissime einitur,
et maxime ex iis qux scruntur, jiivat agriim. INam vincis
[ jam ] cmacialis, et arvis iipliimiiu stcicus pnebel, ac vcl
clloclo .solo provenit, vel irposiliim iii giaiiario patitur
aivuni. Boves per liiemcm coctum niaceraliimquc probe
alil. Kamcra quoque, si sterilitas annorum iiice.ssit lionii-
iiibiis, comniode piopiilsat. Spargitur staliin ex arca.
Alqucidsoluraomniuin legiiminum non desideiat requiem
in iioneo, sivc Septeinbri mense ante .TEquinoctium, seu
protinus a calcndis Octobribus crudisnovalibus ingeras.
lCt qualiterciinque obruas, sustinet coloni ncgligentiam.
Tcporein tamen autnmni desidcrat, ut ci^leiiler conlir-
niclur. Nara si non anle Iiiemem convdliierit, fiigoiit>ii3
aniigitur Itcliquiun quod scniini siipciest, inlabulaljm,
COLIJMELLE.
de s' V mettrc et d'cn ronger le germe ; dc sorte
qu'il ne pourrait pliis pousser. Ainsi que je viens
de le dire, le kipin se plait dans une terre mai-
gre, et surtoutdans une tcrrerouc;e; cequ"il rc-
doute le plus, c'est Targilc et le liraon. Dix me-
sures suffisentpourensemencernnarpent. Apres
le lupin vient le faseole, qu'on seme ou dans une
terrc qu'on aura laissee reposer, ou mieux encore
dansune terre grasseet labourec ehaque anuee.
11 n'en faut que quatre mesures pourun arpent.
II en est de mcme du pois; seulement il de-
niande uue terre legcre etmeuble, une exposition
chaude etun ciel pluvieux. On le serae au com-
menccmcnt des semailles, des requinoxe d'au-
tomne, dans la memc proportion <[ue le faseole;
ou bien en prenant une mesure de moins pour
chaque arpent. Pour les fcves , il faut leur re-
server unc terre naturellement riche , ou bien
fumee. Si le terrain , apres s'etre repose une
annee , est situe dans une vallee o« il puisse rc-
cevoir rhumidite des terrains superieurs, la sc-
mence doit ctre repandue d"abord sur la tcrre
solide,puis enterree par un premier labour, cn-
suite mise en sillon, et enfin hersee, pour qu'elle
soitenterree plus profondement encorc ; car il est
n6cessaire que la racine de eette plante soit cntie-
rement recouverte. ISlais si vous voulez semcr la
ffeve dans un champ qui ne s'est pas rcpose aupa-
ravant,et qui vicntde produire unerecolte, il i'au-
dracouperlapaille, ctrcpandre vingt-quatrccluir-
retees de fumier par arpent. De meme , lorsque
vousaurezseme dansun terrainnon cultive, voiis
commencerez par rctourner la semence par un
prcmier labour; puis vous sillonnercz, et vous
herserez ensuitc. II y ades personnes qui s'imagi-
nent que dans les pays froids les feves n'ont pas
bcsoin d'6tre hersces, parce que les mottes dcfen-
dent les jeunes plantes des gelees blanches et les
abritent du froid , cn les entretenant dans une
douce chaleur. D'autres croient qu'une recolte
de feves peut tenir lieu d'engrais : ce qui revient
a dire, ceme semble, non que cette recolte en-
richit la terre comme ferait le fumier, mais qu'elle
Tepuise moins que toute autre plantalion. Quant
a moi , je suis convaincu qu'un champ cst bicn
mieux disposc pour le ble lorsqiril n'a rien rap-
porte du tout, que lursqu'on lui aura fait por-
ter une rccolte de feves. Suivant Tremcllius,
quatre mesures de semence suffisent par arpent ;
moi jc pcnse qu'il cn fautsix si le sol est riche, et
un peu plus s'il est pauvre. Les feves ne souf-
frent point de terrains maigres ou couverts de
brouillards; ellcs rcussissent souvent assez bien
dans un sol dur et compact. Une partie des se-
nienees doit etre jetee vers le milieu dii temps des
scmailles, ct une autre partie a la fin : ce se-
cond ensemencement cst appcle.seffi«//^(?.s septi-
monliaks. En general, les feves se sement de
bonne heure : quelquefois pourtant les semailles
tardives rcussisscnt mieux. Le solstice d'hiver
passc, il n'cst plus temps de semer la feve. Le
printcmps est repo(iue la moins favorable a son en-
scmciicemcnt. II y accpendantune/ei'e dcprin-
Innps qu'on doit semercnfevrier, enaugmentant
d'un cinquicme la quantite de semence qu'on em-
ploie, cn la semant a temp?. Elle ade petites tiges et
pcu dc gousses : aussi lcs vieux cultivateurs pre-
fcrent-ils la paille dcs premicres semees a la reeol te
cntiere des dernicres. .Mais, en quelque temps
de fnnnee qu'on seme la feve, il faudra faire
en sorte que la totalite de la semcnce soit jeteo
en terreauqulnzieme jour de la lune, si toutefois
quo fiimus perveiiit, optime repoiiis. Qiioniam si lniiiior
invasit, vermes gignil; qul simiilatque oscillii liipinoium
adederunt, reliqua pars enasci non potest. Id, ut dixi,
exilem ainat terram , et rHbricam praecipue. Nam cielam
reformidat, liinosoque non exit agro. Jugeriim decem
modii occupant. Ab hoc recte pliaselus terric mandabitur,
vel in veteieto , vel melius pingiii et reslibili agro. Nec
ainpUusqualuor modiis jugerum obseretur. .Similis quoque
ratio est pisi,quod tameu facilein et solutain terram de-
siderat lepidumque locuni et ca^lum fiequentis humoris.
Eadem mensura jugerum vel modio minus quain phaselum
licet obserere piimo tempore sementis ab .Tquinoctio
aulumnali. Fab» piiiguissimuslocus vel stercoratus des-
tiDatur, et si veteretum erit in valle situm , qiiod a supe-
rioreparte succum accipit; prius autemjaciemus semina,
deinde proscindemus terram , proscissamque iii liram
revocabimus occabimusqiie, qiio altius laigiore liumo
contegatur. Nam id plurimum rcrert, ut radiccs enatorum
seminuin penitus demersae sint. Sin autem pidxima? mcs-
sis occupandum erit restibile, desectis straineutis qnatuor
et viginti vches storcoiis in jugeriimdisponemus (lissi|ia-
bimusque. lit siiiiilitcr cum semeii criido solo ingessei i-
Bius, inarabiinu.«, iinporcatiimque occabimiis : qiiaiinis
sint , qui negent locis frigidis oportere occari faliain , quia
extantes glsebae agelicidiis adliuceam teneram vindicent,
et aliquem teporem frigore laboranti piaibeant. Sunt etiam
qui putent in arvis hanc eanilem vice stercoris fungi.
Qiiod sie ego interprelor , nt existimem, non sationibus
ejus pinguescere huiniim, sed ininus lianc quain cajtera
semina vim terra; consumere. Nam certum liabeo , fru-
inentis utiliorein agrum esse, qui nihil, qnam qni istam
siliquam proximo aniio tulerit. Jugerum agri, ut Tremel-
lio, quatiior; ut nobis videtiir, faba; sex occupant inodii,
si solum pingue sit : si mediocre , paulo amplius. £aque
nec macriim nec uebulosum locum patitiir. Densa lanien
bumo SKpecommoderespondet. Mediasementi pars seri,
et pars iillima debet, qua; septimontialis satio dicitur.
Tempestiva fiequentius, nonnunquam tamen sera melior
est. Post brumain paruin recte seritur , pessiine vere :
qiiamvis sit eliam trimestris faba , quse mense Februario
seiatur, quinta parte ampliiis quaiii inatura. Sed exiguas
paleas, nec multam siliquam facil. Veteres itaque riisti-
cos pleriimque dicentes audio , malle se maturae fabalia
qiiam fructum trimestris. Sed qnocunque lempore anni
serelur, opera danda erit, ut qiiantum destinaveriinus in
sationem, lautum quint.adeciina luna, si tamcn ea non
DE UAGRICULTURE, LIV. IL
cette planote n'cst pas encore ce joiirla clerriirc
les rayons du soleil, ce que les Grecs appcllent
ai:6-(irj<jcii; siiion , ou In jeftera en terre des le
quatorzierae jour, pcndant ([ue la lune croit en-
core, nlorsqu"on nc pourrait pas recouvrir dans
la meme journee tout ce qu'on aura seme. Car
alorsni les rosees delanuit, ni d'autresaccidents,
ne pourront nuire a la semence, pourvu qu'elle
soit defendue confre lesbestiaux et les oiseaux.
Les anciens agriculteurs, et Virgile lui-raeme,
voulaientqu'on tremp^t la feve dans lalied'huile
ou dans du nitre , nlin que « Lcs r/rains dcvins-
sent pius gros duns leurs cosses souvent trom-
penscs, ct quc 1'aclion d'u7ifeu lcfjerles ramoUit
et en hdtdt lu gcrminalion.
Nous avons fait robservation nous-meme que
eetfe preparntion rend In fevemoins sujette a etre
endommagce par le eharancon. Voici encore un
autre procede, dont nous avons egalement re-
connu rutilite par notre propre expcrience. On
eueille lcs feves nvant le jour, et pendant que la
lune decroit; puis on lcs fait secher dans Taire,
on les bat, on les vanne, et on les porte dans le
grenier avant que la lune commence a croitre.
Avee ces prccautions, les fe\es seront a rabri
des charancons. La feve legnme peut etre bat-
tue en peu de temps sans le sccours des bestiaux,
et nettoyee dememe, sans celui du vent. II suf-
(ira de mettre quelques bottes deliees a rextrc-
niitede Taire; trois ou quatre hommes les pous-
serontdevant eux avcc le pied, en traversant le
milieu de raire , et les battront en nieme temps
avee des fourches ou des biitons. Lorsqu'ils se-
ront arrives a rautre extremite de Taire, ils
entasseront la paille cu laissant le grain sur
Taire , pour recommencer aballre d'autres bot-
tcs de la mfimo maniire. La partie la plus gros-
siere de la paille est effcctivement dctachee du
reste par cc battage ; mais, pour separer du grain
la partie legere qui torabe des gousses , on a rc-
coursa un autre procede. Quand on rassemble
un tas dc grain entremelc de ces petites pailles,
on le jette u quelque distance avee des vestilabres
(pelles a vanner); la pnille, comme etant la
partie lcgcrc , tombe presque aussitot , tandis que
la graine plus pesante vole plus loin, et va refom-
ber, sans melange de corps etraugers, a rendroit
ou le vanncur avnit rintention de la jeter. Lcs
lentilles se sement pendant le temps des semail-
les, depuis la croissnnce de la lune jusqu'au
douzieme jour apres la nouvelle lune. Ou leur
ehoisitordinairementun sol maigre et nieuble,ou
bien un terrain riche, mais sec ; car les lentilles, a
repoque de leur lloraison, perissent aussi bien pnr
Texces d'humidite que pnr une surabondnnce dc
suc nutritif. Pour qu'elles se levent plusprorapte-
mant, et qu'elles grossissent davantage, on fera
bien de les raeler avec du fumier sec avant de les
semer, ct de les laisser dans cet etat pendant qua'
tre ou cinq jonrs. On les seme a deux epoques
differentes. Lc premicrensemencement se fait de
bonne heure, nu milieu du temps des semnilles;
ct le secoiid plus tard, au mois de fevrier. Un mo-
dius suffil poiir un jugerum. Si Ton veut preserver
In lenfillc des charancons, qui la mangent memo
pendant qu'ellc est en cosse, il fnut lajeterdnns
Tenu au snrtir de Taire, alinde separer le bon grain
de celui qui est vide et qui surnage. On la fait en-
suitesecher au solcil, on la frotte avec du vinaigre
et de la racine de laser pilee; puis on Tessuie
bien, et on Texpose de nouveau au soleil pour la
fairc scchcr. Lorsqu'elle sera bien rafraichie , on
Iranscurret eo dic solis radios, qiiod Gr.-eci auoxpouotv
vocant, si niiiius, (|uartadecima utique adliuc lunae
crescente luniine .spaij^alur , etiam si confeslim totum se-
menoperiri non polirit. Niliilenim nocebitur einocturnis
roribus aliisvc (>v caiisis , dum a pecore et avibus vindice-
tur. l'ri^( isaiiliin iii^lii i> hi'c miiihi^ V imiliopriusamurca
vel nilniiiiarriMi i raiii rt ila m'| i |il,iriiil. i.nuidiorutfmtus
siliquisjdlhii ihns r'.sif, r'i/iiiiiiiii.'. i,ji\i cxiguo pro-
peralu madcrciit. Nus ciiioipic ^ic niedicalam compcri.
inus.cumad inaturitaliin pcnliirla sit, ininus a tiircu-
lione infestari. Sed el illud , ipicid dcinceps dicluri sumiis,
cxperti praicipimus. Silente luna faliam vellito ante Iricem.
Deinde cum in aiea exarucril, confeslini, prius qriain
luna increnienluni capiat, excnssam refrigeratamque in
granarium coiifeito. Sic comJita a ciirculionibus erit inno-
xia. Maximeque ex legiiminibns ea et sine junrentis leri
el sinc vento purgari cxpedilissime sic potciit. Modicus
fa.scicuIoruin niimcrus rcsolutus in cxlrcma parle aiea;
coUocctur, qnem per longissimuin ejus mcdiiimqiic spa-
tium trcs vel quatuor homincs promoveant pcdibiis, ct
baculis lurcillisvc conliindant : deiiide ciini ad alteiam
partem area? pcrvenerint, in acervuui ciilmos regerant.
Nam semina cxcussa in area jacebunt . supcnpie ca paiila-
tim codeni modo reliqiii fasciculi exculientur. Ac duri.s-
sim;e quidem aciis icjecta; separatieque eiunt a cudcnti-
bus : minutse vcro , <|ua> de siliqriis cum faba resederint,
aliter secerneutur. INam cum acervus paleis granis(|rie
mistus in iinum fiierit congestiis, paulatim ex eo ventila-
bris per longiiis spatium jactetur. Quo faclo palea, qii.ne
levior est, citra decidet : faba,quiu longius emitlitur,
pura eo perveniet, quo ventilalor eani jaciilabitur. Lentini
nioilo a dimidiala luna usqiie in driodecimam solo tcnui
et lesoluto vet pingiiiet sicco maximc toco seri conveuit :
nam in llore facile luxiiria et liumore corrumpilur. Qiia^
irl cclciiter prodcat et ingrandescat , anteqiiam scraliir
liino arido permisceri dehet , et ciim ita quatriduo aut
quinque dielius requieverit, spargi. Saliones ejiis duas
.servamiis, alteram maturam per mediam sementim, se-
riorein altcram meiise Fchruario. Jugeium agri paulo plu.*
quain modius occupat. Ea ne curciilionibus absiimalur
(nam eliani dum est in siliqna, cxestur) curandum crit,
iit cum cxtrita sit , in aquam dcmittatur , et ab inani ,
qua; protinus innalat, separelur solida: lum in sole sic-
cetur , ct radicc silpliii Irila cum accto aspergatur, defri-
celurquc (olco), atque ita rursus in sole sicc;ita et niox
rcfriBCrala recondatiir, si niajor csl modus, in liorreo; si
COLUMELLE.
la serrcra dans un grenier, si on en a une grande
quautittS sinon , dans des vaisseaux qul servent
a |:;arder l'!iuiie ou des viandes salees. Les vais-
seaux remplis, ou les boueliera sur-lee!iamp
avec du p'^trc. Eu retirant ensuite la lentille
pour !a consomrnation , on la trouvcra saine et
intacte. Elle se conserve cgalement, lorsque
pour tout appret on la mele avec de la cendre.
line faut scnier la graiue de lin que dans lcs
pays 011 le prix du lin est assez eleve; car rien
u'est plus nuisible a la terre que cette graine :
elle deniandc un sol tres rictieetpassableraent hu-
mide. Letcnips de son ensemencementest depuis
les calendes d'octobi'e jusqu'au lever de l'Aigle ,
qui arrive le 7 des ides de decerabre. Huit mi)-
dii sufdsent pour uu jugerura. D'aprcs l'avis dc
beaucoup de personnes, i! faut la senier le plus
clair possible, quand le terrain est maigre, afin
que !e lin qu'on en tirera n'en soit que plus
fm. On dit cucore que lorsqu'e!le est semce dans
un terrain gras au mois de fevrier, il en faut six
niodii pour un jugerum. Le sesame dcmande a
etre serae de bonne heure , si !e terrain est hu-
niide; s'il est sec, on pourra le seraer depuis !'e-
quiuoxe d'automne jusqu'aux ides d'octobre.
II demande en oulre un sol raeuble , friablo, et
de la nature de eelui que les paysaus appellent
pullum. II rcussit aussi dans uu terrain sablon-
neux et gras, ou meme dans une terre de ramas.
On le seme dans la raeme proporlion que le mil-
let et le panis, cn prenant quelquefois deux
sextarii de plus par jugerum. J'ai vu moi-meme
dans les plaines de la Cilicie et de la Syrie semer
ce !t'gume au mois de juin el de juillet, et le
recolter en automne en etat de parfaite maturite.
hsi ciceixula , qui ressemble beaucoup au pois,
doit etre semee au raois de jauvier ou de fe-
iuinor, iii vasis olcarils, salsamenlariisque. Qna; lepleta
cuni confeslim gjpsatasunt,quandoquein usus prompse-
rimus, integram lenteni repericmns. Potcst tanicn eiiam
citra islam medicatiGnem cineri mista commode servari.
Lini semen , uisi si niagnus cst ejus in ea rcgionc , quam
colis,pr()ventus, et prelium proritat, serendunl non est.
Agris cnim priiccipue noxium esl. Ilaque pinguissimum
locum ct modice liumidum poscit. Seritur a calendis Octo-
bribus in ortum Aquilae, qui est vii idus Decemb. Jnge-
lum agri octo modiis> obseiitur. Nonnullis plaeet macio
solo et quam spississimiim semen ejus comniitli , qun te-
iiuius linum provcniat. Idem ctiaiii si lncto solo seiatiir
incnse Februario,x modios in jugerumjaci opoitere di-
cunt. Sesania, qna^ riganlur, matuiius ; qiia! carcnt liu-
more, ab a^quiuuctio autiimuali seienda siint iii idiis Oc-
lob. Putresolum, quod Campani pullum vocaut, plc-
lunique desiderant. Non deteiius tauien cliam piugiiiljus
barenis vel congesticia liumo pioveniunt : tantumqiic se-
niinis, quantum niilium paniciimque, iuterdiim cliain
iluiibus scxtariis aniplius in jugeruni spargitur. Sed lioc
idem !,cuien CUicia; Syiia^que rcgionibiis ipse vidi mcnse
Juiiio Juliuque conseii, et pcr autumnum cum pernialu-
luerit, toUi. Cicercula qua' piso est siiuilis, nicnsc Ja-
vrier, dans un sol gras et sous un cliniat huraide ;
on !a seme cependant , daus quelques contrees
de !'lta!ie, avant les calendes de novcmbre. Trois
modii de ce legurae suffisent pour un jugerum.
Cest de toutes les plantes lcguraineuscs cellequi
cpuise le nioins la terre. Ccpendant i! est assez
rare de la voir bien reussir, car a !'epoque de sa
floraison elle est tres-sensible aux vents du
midi et a la seclieresse : deux inconvenients
qui sont presque toujours a craindre a l'epoque
de !'annce ou elle perdsafleur. Le pois arietinus
(debelier) et !e pois carthaginois doiveut etre
semes eu temps de pluie, pcndarit tout le niois
de mars, dans un so! tres-riche et fertile. Ce !e-
gume fatigue beaucoup la terre , et quelqucs cul-
tivateurs experimentes defeudent meme de !e
semer. Pour le faire lever plus tot , i! est a propos
de laisser tremper la graiue dans !"eau la veille
de rensemencement. On prcnd trois modii par
jugerum. Lechanvre exige un terrain gras, fume
et arrose, ou bien une terre basse, liuraide, et
profondement labouree. On en seme six graius
dans !'espace d'un pied carre, au iever de rArc-
ture, qui tombe a la fin du mois de fcvrier, vers
le cinq ou le six des calcndes de mars. Si le temps
cst ii la pluie, on peut le semcr sans danger ii
requinoxe duprintemps. On doitcomprendre au
nombre de ces leguraes lcs navets et les raves ,
puisquils servent de nourriture aux paysans.
La rave presente plus d'avantagRS que les na-
vets, d'a!)ord parce qu'elle devient plus grosse, et
parcequ'elle uourrit non-sculeracnt lesliorames,
mais les bestiaux, surtout dans la Gaule , ou
on ladonneaux aniraaux pendant tout rhiver.
Les deux especes exigent une terrc 1'ranche et
racuble, et ne reussissent pointdans uusol dur et
epais. II y a toutefois cette differcnce , que les
niiario aut Fcbruario seri debet la!to loco, ca^lo humido.
Quibusdam tameu llalire locis aiite caleud. Novcmb. se-
riliir. Tres modii jngcriiiii iiii|ili'nt. Nec ullum legumen
ininus agro nocet. Sed r,ii o respiiiidet : qiioniam nec siC'
citates nec austrOs in nurc siisliiiel ; qu* utraque inconi-
moda lere eo tempore aniii suiit, quo dellorescit. Cicer
qiiud arietinum vocatur, ilemque altcrius generis, quod
Puiiicum, seri mense Martio tolo potest ca^lo buniido,
loco quani lajlissimo. Nam eliani id terram la'dil : atqnc
ideo improbatur a callldiorilius agricolis. Quodlamensi
seri dcbcat, pridie maceraudiim erit, ut celerius enasca-
tur. Jugeio iiiodii tres abunde sunt. Cannabis solum pin-
guestercoiatumqueelriguuin vcl plauuuialque luiinidum
et alte subactuni deposcit. luquadiatum pedeni seriinlur
grana sex ejus semiiiis Aicturo cxoriente, quod esl iil-
timo mense Februario ciria sevliim aut quintum calend.
Mait. Ncc lamen usqiie in a^quiuuctium veiuum, si sit
pUnius ca'li statiis , improbe seictur. Ab liis leguminibus
ralio est babenda uaporum raporunique : iiam ulraqiie
ruslicos implent. Magis lanien utilia rapa sunt, quia et
majoic incremenlo proveniunt, ct noii homincin soluni,
vcruni eliam boves pascunt, pra;cipue in Gallia, ubi bi-
bcrna cibaiia praidiclis peciidibus id olus prajbcl. Solum
DK I.AGRiCULTURE, I.IV. II.
raves sc plaisent ilaiis les tcrrcs basses et liunii-
des, au lieuque lesnavets prefereut les terraius
eleves , sees el lef;ers ; aussi ceux-ci reussissent-
ils meme dans le gravier et le sable. Au reste,
la quaiite du sol peut completement changer
leur nature, puisque dans tel ou tel sol les ra-
ves se changent en navets au bout de deux ans ,
ou les navets en raves. On les seme tres-bien
Tun et l'autre dans les terrains arroses depuis le
solstice; et dans les terrains secs, a la lin du mois
daoiit, ou au commenccment de scptembre. La
terre qui les recoit doit etre rompue par des
labours et des hersages muitiplies, fumee abon-
damnicnt, ce qui est dautant plus iniportant,
que non-seulement elles y viennent mieux, mais
qu'une terre ainsi travaillee donue encore de
belles moissons apres qu'on les y a recueillis.
11 ue faut pas plus de quatre sextarii de graines
de raves pour easemencer un jugerura. II eu faut
nn quart de pius pour les navets, parce que le
na\ et ne grossit pas tant, et que ses racines sont
menues et perpendiculaires. Voila donc les plan-
tes qu'on doit semer pour rusage dcs homraes.
Voici maintenant celles qui sont destinecs aux
bestiaux. D'abord les differentes especes de four-
rages, la luzerne, la vesce, rherbage d'orge, le fe-
nugrec, Terse, et la cicerole. Cesont la les princi-
paies plantes fourrageres, car nous necroyons pas
devoir les nommer toutes. Celles-ei sont les seu-
les quil soit necessaire de semcr, a rexception
toutefois du eytise, dont nous parlcrons plus bas,
dans les livres qui traitent des dilTerentes espe-
ces d'arbrisseaux. De toutes les espcces de four-
rages, la luzerne est sans contredit la meilleure ,
parce qu'une fois semee, elle dure dix ans, et
fournit quatrcet mCmv six coupes dans rann^e.
En outre elle bonilie laterre, engraisse toute
espece de betail maigre, et sert de remede aux
animaux malades. Un jugerum est plus que
suflisant pour nourrir trois chevaux pendant
toutc une annee. Voici la manicre de la cultiver.
Lcs terres qu'on veut semer en luzerne , au prin-
temps, doivent etre labourees au commenceTnent
d'octobre, alin qu'elles iniissent se resoudre et
s'adoucir pendant tout rhiver. Vers les premiers
jours de fevrier , ou les laboure une secoude
fois, ou en enleve toutcs les pierres, et on brise
les mottes. En mars on leur donne un troisieme
labour, et on lcs herse. La terre ctantainsi bien
reduite, on la forme en planches semblables a
cellcs d'un jardin , de dix pieds de large sur cin-
<juante de loug, afm de pouvoir les arroser par
les sentiers, et qu'il y ait des passages des deux
cotes pour la commodite des sarcleurs. On les
couvre ensuite de vieux fumier, ct ou les ense-
mcnce vers la fiu d'avril : la proportion est d'un
cyathus pnur u., espace de dlx pieds de long sur
cinq de large. Sitot que la graine est semee ,
elle doit etre recouverte avec des rateaux de bois,
precaution trcs-essenticlle, et sans laquelle la
semence serait bieutot brulee par le soleil. Une
fois daus la terre, la luzerne ne doit plus etre
touehee par des instruments de fer; ou la net-
toiera, comme je Tai dit, avec des rateaux de
bois, ct on la sarclera frequenniient, pour que
rherbe parasite ne retouffe pas (juaud elle est
encore faible. On la laisse sur pied, jusqu'a ce
que la graine ait commence ix toniber. iMais
lorsqu'elle est bien venue, on peut la couper
aussi tendre qu^on le veut, pour la donmr aux
piilre et solntiim los iitraqiie ilesiilerat, nec densa nas-
litur Imino. Seil rapa campis et loeis lininiilis Ixtantiir;
iiapns ilevexam ainat et siccain tcniiique piopioiem tei-
lain. llaqiie glaieosis sabiilosisiine arvis melior exit , loci-
(|iie proprietas iitriusqne semen commutat. Naniqne iii
aliosolorapa bienniosataconverlunlnr in iiapiiin, in alio
iiapus laporum accipit spccieni. Rignis loiis ntinmqiie
lecte ab solstitio seritur : siccis, ultima paite mensis Au-
gusti vel prinia Septembiis. Subactuiii soluin plniibus
iteralionibus aratii vel rastri largoque steicore satiatnni
postulant. Nani id plurimum refeit, noii soliim quod
inelius ea provcniunt , sed quod eliam post Iriictnin eo-
lum sic tractatum solum segctcs opinias lacit. Jiigeriim
agri non amplius quatuor sextaiiis lapornm seminis obse-
renduni est ; quarta paite amplius napi spai gendiim , quia
non in vcnliem lalescit, .sed teniiem radic^m deorsum
agit. Atque boec lioniiuuni caiisa sereiida censemus, illa
pecuduin. Pabulorum genera compliira , sicut Medi-
cam, et viciam, fariagiiieiii quoque ordeaceain, etave-
iiam, f(vnum Gra-cum, iiec miiius ervum, et ciceram.
Nam c.tlera nequc enumcrarc ac mrnus seiere digna-
inur : excepta tamen cytiso, de qna dicemus in iis
libiis, qiios de generibus siirculorum conscripsinius. S(>d
ex iis, qiiae placcnl, eximia cst lierbaMedica; quod cum
COLIMKI.II;
soniol .soritur, dccem aniiis iluiat ; qiioil per anniim deinili'
recte qiiater, intcidum etiani sexies deiiiellliir ; qiiod
agrum stercorat; quod onme cmaciatum arinentuni ex ea
pinguescit, quod aegrotaiiti pecori remciiiiiin esl; qiiod
jugerum ejus loto anno tribus equis aliiiinlc sullicit. Sc-
ritur, utdcinceps prscipiemns. Locuin , in inio .Medicam
proxiino veie sattirus es, proscindito circa calciidas Oclo-
bris, et enm tota hieme piiliescere sinito. Ueiinle calendis
I"ebruariis diligenter iterato, et lapidcs omiies eligito,
glasbasque offringilo. Postea ciica Mai tiuin mciisem ter-
tiato et occato. Cunv sic terraiii siibegeris, iii inoicm horti
aieas lat-is peduin denuni , longas peduiii quinqiiagenuni
facito, ut per scmitas aqiia miiiistiari possit, adilusque
ntraqiie partc runcaiitibus pateat. Dciiide velus stercus
iiijicito. Atque ita nieiise nllimo Aprili serito tantum,
qiianliim iit .singuli cyatliiseminis l(«um occupent dccem
pciliiin loiigiiin et quiiiquc latiini. Qiiod ubi feceiis, li-
giieis lastris, iil cniiii iiiiiltiiiii coiifcit, slatim jacta se-
iniiia obniantur ; nam cclerriiiic soleaduriintur. Post sa-
lioncin feiro langilocus noii debet. Atque, utdixi, ligneis
raslris sarriendus el klentidem runcandus est , nc allerius
gencris lierba invalidam Mcdicam pcriinal. Tardius mes-
sem priinain ciuslacerc opoilebit, cum jam seminuin ali-
<]uam parlem ejccerit. Postea qiiain voles teiieram, tum
COI.UMELLE.
betes de sonime; mais avec mcnagement les
premieres Ibis, et jusqu'a ce qu'elles y soient
1'aites, de peur que cette espeee de fourrage nc
leur soit prcjudieiable dans sa nouveaute, soit cn
les gonflant , soit en leur faisant faire trop de
sang. Apres avoir cte coupee, la luzerne doit
etre arrosee frequemment ; et au bout de qtiel-
ques jours, lorsque les rejetons commeucent
a pousser, ii faut la debarrasser de toutes les
herbes etrangi'res. Cultivee ainsi, elle fournira
si.x coupes par annee , et durera six ans. La
tesce a deux semailles : Tune pourfourrage vers
!'equinoxe d'automne ( il en faut sept modii
par jugerum); Tautre pour monter en graine au
mois de janvier ou meme plus tard : on n'cn
emploiequesixmodii Cesdeux cusemencements
peuvent etre faits daus une terre crue; mais si
!c terrain a rccu un premier labour, eela n'eu
vaudraquemieux. Cettesemence n'airae pointla
rosee; c'est pourquoi il ne faut la jefer cn tcrrc
qu'apres la seconde ou latroisieme henredu jour
(huitou neufheures dumatiu), lorsquetoute hn-
midite a ete dissipeepar le soleiloupar le veiif. II
ne faut scmer que ce qui peut etre rceouvert dans
lajournee; car si !a nuit survenait avant que
cefte operation fut terminee, la raoindre humidite
suftirait pour gater la semence. II faut egalement
avoir soin de ne point semer la vesee avant ie
vingt-cinquieme jour de la luue, pour que les
limacons ne puissent pas lui nuire. Quaut aux
fourrages de grains, on les seme dans des terres
qui ue se reposcnt jamais , et qui ont ete bien
fumces, et labourees deux fois. Ces fourrages
sont tres-bons lorsqu'on ensemence un jugerum
avec dix mudii d'orge cantherinum, vers Tequi-
Boxe d'automne, immediatement avant les
pkiies; de sortc qu'arrosce aussit6t que fumee,
lorge puisse lever de suite , et devenir asse '.
forte pour resister aux rigueurs de rhiver. Ei;
effet, lorsque les autres fourragesviennenta man-
quer a cause du froid, celui-ci fournit, etant
eoupe, une tres-bounenourriture pour les boeufs
et les autres bestiaux. Frequemment pature , il
durejusqu'au mois de mai. Si Tou veuttirerde
la graine de ces herbages, il faudra des les ea-
lendes de mars enipeeher les bestiaux d'en ap-
procher, et en general les preserver de tout cc
qui pourrait les empecher de monter en graine.
11 en est de meme de Tavoine, que Ton doit
semer en aufomne , et dont on fauche une parlie.
soit pour en faire du foiu, soit pour en faire
manger tandis qu'elle est en vert. Le fenugree,
que les pajsans appellent siligua, a deux se-
raailles : Tune pour fourrage au commencement
du moisde septerabre, vers requinoxe, comme
la vesce; Tautre , pour moissonner, a la fin dc
janvier et au eommencement de fevrier. On
prend sept modii dc semence par jugerum dans
le premier cns , et six dans le secoud. De quel-
que facon qu'on le scme, il reussit tres-bien dans
uu sol eru, pourvu qu'oii enterre la semence par
un labour peu profond,dont lcs sillons soient
etroifs. En effet, si la semence est couverte de
plus de trois pouces de terre, elle ne leve que
tres-difficilemeut. Aussi beaucoup de personnes,
pour obviera cetincouvenient,lahourentd'abord
avcc de petites charrues, sement ensuite, et
eouvrent la semence avec des sarcloirs. L'ers se
plait dans un terrain raaigre et sec : rabondance
du sucqu'il trouverait dans un sol riche et fer-
tile le ferait perir. On le s6me en automne ou
bienapres lesolstice de rbiver, a la findejan-
prosilneril, descces licet, et jiimenlis prtcbeas; sed inter
initia parcios, dunn consuescaiit , ne novitas paliiili noceal.
Inrtat eniin , et multum creat sanguinem. Cum secueris
aiitcm , srepius cam rigato. Paucos deinde posl dies , ut
cu'perit frulicarc , oniues alterius generis tierbas enincato.
Sic cuUa sexies in aiino demeU poteiit, et pernianebit
aniiis decem. Viciaeautem duiie sationes sunt. 1'rima, qua
pabulicausacirca.Tquinoctiiimautumnale serimusseplem
modioscjus in ununi jiigeruin. Sccunda.qua sex modios
mcnse Januaiio vel etiam serius jacimus semiiii progene-
rando. Utraque satio polest cruda leria (ieri , sed nielius
proscissa -. idque j^enus prircipue iion amat roics, cnm
seritur. Itaque post secumlam diei boiam vel tertiam spar-
gciidumest, cum jam omiiis liumorsole ventovc dctersus
e-st : neque ampliiis projici debct , qiiani quod eodem die
po!-sit operiri. iNam si nox incessit, qnantulocunqne liu-
niore prius.quam obruatur, corrumpitur. OI)Servandum
erit, ne antequintam et vigesimam Innam terra; man-
detur. Aliter sala' feie timacem norere compeiiiniis. Far-
ra£;inem in lestibilistercoratissimo loco et allero snlco se-
rere convenit. Ea fit optima , cum cantlierini oi dci decem
niodiis jngerum oliseritur circa apqninoctinni antumiialc,
3i'd inipcndciilibus pluiiis, ulconsita rigataque imbribiis
ccleriter piodeat, et confirmetnr ante bieniis violentiam
Nain fiigoiibus cnm alia pabnla defecerunt, ea bubus CBe-
tei isque pecudilius opliine desecta pra^betnr , et si depas-
rere SEepius voles, usque in mciisem Maium snflicit.
Quod si etiam semen voles cx ea peicipere, a caleiid.
Martiis pecora depellenda, et ab omni uoxa defendenda
est, ut sit idonea frugibus. Similis ratio avena; est. Ci6-
ditiir in fwnnm vel pabulum, duin adbucviret, quae
autnmnosata; partim semiiii cnstoditur. FwnumGra^cum,
qiiod siliquaiu vocant riislici, duo teinpoia sationuin lia-
bet ■■ quoriim alteruni est Septembris mensis, cum pabuli
cansa seritur , iisdem diebus qnibus vicia circa aequinoc-
tium : alterum autem mensis Januaiii ultimi, vel prinii
Febinarii, cum in niesseiu seminatur. Sed hac satiune
jugeruni sex modiis, illa septem occupamus : utraque
ciudaterra non incommode (it : dalurqueopera.utspisse
aietur, nec tamen alle. iSam si plus quatuor digitis ado-
briitum estsemen ejns, nou facile piodit. Propler qiiod
nonnulli prins qnam serant , mininiisaralrisproscinduiU.
alque itajacinnt semina, et sarcnlis adobrnunt. Eivuni
antein la'tatur loco macro nec bnniido, quia luxnria ple
rimiqne corrumpitnr. Potest (et) autuinno seri, nc<;
rainus post bruinam, Januariiparte novissima, vel toto
DE I;AGRICULTUI\R, I.IV. II.
vier, 011 bicn cncoic pendant tout le mois de fo-
viier, pourvu que ce soit avant lcs calcndes de
inars. Les atiriculteurs pretendent que ce mois
est peu lavorablc a cette plante; et une recolte
d'ers provenant des semailles de mars, nuit aux
btstiaux et surtout aux bceuis,qui deviennent
rctifs lorsqu'ils en mangcnt. II en faut cinq
modii par jugerum. Les eiceroles ecrasees se
donnent aux bocufs en plaee d'ers, dans la
Beotie et cn Espagne. On les broie avec une
meule suspcndue, on les fait detremper dans
Tcau jusqu'a ce qu'ellcs soient araollies; puison
les mele avec de la paillc, pour les donner aux
bcstiaux. II faut douze livres d'ers pour un juge-
rum , et (juinze de cicerole. La cicerole convient
egalement a rhomme, .puisqu'elle n'est point
desasreable a manger; elle a le memegout que
le pois, dont elle ne differe d'ailleurs que par sa
couleur moins fraiclie, et tirant davantage sur
le noir. On la seme au mois de mars , apres un
labour ou deux , selou le plus ou moins de fer-
tilite du sol qu'on lui riserve. Cestde cette der-
niere consideration que depend ^galement la
quantite de semenco, puisque pour un jugerum
il en faut tantdt quatre modii, tantot trois, et
quelc[uefois mcme deiix et demi.
XI. Nous avons parle jusqu'a present des se-
mences en general, et de repoque des semailles;
nous allons indiquer quel est le geiire de culture
qui convient a cl>a((ue plante, et combien elles
exigcnt de journi'es de travail. Les seraailles
finies, 011 procede au sarelage. Les auteurs
ne sont pas d'accord sur ropportunite: de cette
opt'ration. Selon les uns, elle n'est d'aucune uti-
lite, puisque les racinesdu grain seraient di^-cou-
veites ou coupt'es par le sarcloir, et que si les
froids venaient apres, la geliie ferait perir les
cereales. Lcs nicmes auteui's ajoutent qu'il vaut
mieux attendre que les mauvaises herbes soient
toutes venues, pour les extirper et berser le chainp.
Selon les autres, le sarclage est une opcration
trcs-utile, pourvu qu'elle ne soit pas faite partout
de la meme manicre et a la meraeepoque. Pour
les so!s chauds etsecs, lorsque les grains sontcn
etat d't'tre sarclcs, it faut remuer la terre do
maniere a les couviir et a les faire epaissir : ce
premier sarelage fait avant Thiver doit Hre suivi
d'un second. !)ans les pays froids et mareeageux,
il ne faudra sarclcr qu'aprcs l'hiver ; raais au iie«
de couvrir les grains, on se borne a rerauer la
terre par un sarclage a plat. Notre propre expi-
rience noiis a prouve cependant que le sarclagc
pendant riiiver cst bon dans beaucoup de con-
trees, pourvu que le temps soit sec et doux. Jc
ne pretends pas niiannioins que cela doive se
faire dans tous les pays; ou fera bien en gtineral
de suivre la pratiqueiitablie dans les diffiirentcs
contrees. Dans rEgypteet rAfrique, parexemple,
quijouissent d'avantages particuliers, lecultiva-
teur ne touclie plus a la terre depuis les semail-
les jusqu'a la moisson , parce que Tetat de
ratmosphere et la bont(J du sol sont tels,quc
rarement on y voit lever d'autres heibes qiic
celles produitcs par les semenees. Ce phiinomene
s'explique soit par la raretii des pluies , soit par
la nature toute particuliere du sol. Mais dans les
pays ou le sarclage est necessaire , on iie doit
point toueher lcschamps avant que les plantes ne
couvrcnt les sillons , quelque favorable que soit
daiflcurs la temperature. Le froment et repeautre
peuvent i}tre sarcles des qu'ils commencent a
pousser leur qiiatrieme feuille, Torge lorsqu'elle
pousse sa cinquieme , les feves et les autres It'-
giimcs lorsqu'iIs sont eieves de quatre doigts
Febriiario , ilum ante calcndas Maitlas : (inem nicnscm
nnlversiini ncgant agrlcolac liuic legumini conveniie,
quod eo tempore satum pecori sit noxium et preecipue
bulnis, quos pabulo .liuo cerebrosos rediJat. Qulnque mo-
dii^ jugcrum oliseritur. Cic.era bubus ervi loco fresa datur
in Hls|ianla Ba^llca : (]uii' cnm suspensa mola divisa e.st,
paiiluin aqna inaccratur, duni lentescat , atque ila mista
pali is snlilritls pccnri priebelur. Sed ervi dnodecim libra!
sallsfaciiint uni.iugo, circra' .sexdecim. Eadcin liominll)ns
non liMilills nciiiii' injiicnnda est. Sapore certe nihilodil-
fert a clcercula, colore lantum discernilur ; nam est oliso-
letior, et nigro propior. Scrluir primo vcl allcro snlco,
niense Marlio ita ul postulat soli Irctitia ; quoil eadem qua-
liior modiis, nonnunquam ct trilnis, Interdum etiam
duobus ac semodio jugernin occupat.
XI. Quoniam quando quiiUpie serendum sit perse-
ciili sumus , nunc ()ucni<adniodum qnotque operis sin-
gula corum qu:e reUillmuscolenda sinl,denionstrabiiuus.
Peracta semenli , scqucns cura est sarrilionls ; de qua nou
convenit intcr auctorcs. Quidam neganl eam f|uidquam
prolicere , quod frumcnti ladiccs sarciilo detegantur, all-
(juac eli.uii succidautur, ic, si frigora inccsserinl post sar-
lilioiicm, gclu fruir.enta cnecentnr : satius autem ea esse
tciupcstivc inncari et purgari. PUuibus tanien sarriii pla-
cet : sed nc(iue codem modo neqnc iisdem temporibus
usqiie ()ua(iue lieri. Nain in agiis siccis et apiicis , siinulac
priniiim sariitioncm pali qucant segetes , debcre eas per-
mola lcrra adolirui , iil fruticarc (lossiut : (luod ipsum ante
liicmcm licii o|iiirlcre, dciiide posl liieinem iterari. Iii
locls autcm Iriglilis et paluslrlbus plernmque Iran.sacta
hlcnie sarriri nec adobrui , sed plana sarritione terrani per-
niovcri. MuUis tamen niis rcgionibus aptani csse hieina-
tein sarritionem compeiimus , .duntaxat uhi et siccilas
ctH et tcporcs permiltunl. Scd nec i.stud nlvlqueficri cen-
seinus : vcruni incolarum consuetudinc uli. Sunt enim
regionum propriamunera,sicut .'Egyptiet AfriCEC^qnibus
agricnla post scmentcni ante messein segetcin non altin-
glt ; qunniam c<p|i conditio et terra; bonitaseae.st, utviv
iilla herba e\eat , nisi ev seinine jaclo , slvc quia rari sunl
inihres, scii qnla qualltas humi sic se cnltoribus praebcl.
In iis aulem locis , ubi desidcralur sarritio , non ante sunt
.atlingcndai segeles, eliain si celi slatus permillit, quam
cum .sata sulcos contcxerinl. Triticiimiiue (Hadoieuni,
cnni qiiatuor fibras habere cirperint, ordsum cuni qnin-
2f:
COLUMELLE.
aii-dessus dii sol. II faut cependant en excepter
lelupin, qu'il est danpereux de sarcler, parce
qu'il n'a qu'une seule raeinc; si elle est eoupee
ou seulement blessee par le fer , toute la tige
ineurt. Mais alors niemequ'il n'y aurait pas cet
iuconvenienl a craindre, il serait tout afaitinu-
tile de sarcler le lupin, parce que de toutes les
plantes c'est la seule qui , loin d'etre etouffee
par les mauvaises herbes , les fait perir elles-
memes. Quant aux autres semences, elles pour-
raient,a la rigueur, etre sarclees, bien qu'elles
soient mouillees par la pluie; mais si on veut les
preserver de la rouille, il ne faudra faire cette
operation que lorsque la terre sera bien seclie.
l/orge surtout ne doit etre touched que dans Te-
tat de secheresse complete. Beaucoup de per-
sonnes dcfendent de snrder les fc?ves, parce
qu'clles pensent qu'on peut les arracher A la
main lorsqu'clles sont murcs, et les separer des
autres berbes qui ont ete laissees pour cn faire
la recolte en foin. Cornelius Celsus est lui-meme
de cet avis, puisqu'il compte parmi les qualites
de ce legume celle de produire du foin dans.le
clianip ou il a ete recolte lui-meme. Celui qui
voudrait fasoriser ainsi la vegetation des mau-
vaiscs berbes me parait un cultivateur bien
ignorant; car c'est diminuer de beaiicoup le pro-
duit de la feve elle-merae, que de lalsser aupres
d'elle des hcrbesqu'on aurait du arrachcr. D'ail-
leurs il serait peu prudent de donner plus de soin
a la nourriture des bestiaux qu"a celle des hom-
mes, surtout lorsqu'on peutsc procurer du four-
rage par la culture des prairies. Je suis tellement
convaincu que le louage (sarcUige) est favorable
aux feves , que je pense qu'on doit faire cette
opcration a trois reprises diflerentes. Ku effet,
j ai remarque que ce legume, ainsi cullive, non-
seulement rapporte plus de fruit, raais quc
les gousses sont tellcment minces, que si
apres avoir rempli un modius de feves vous les
d^pouillezde leursgousses, etque vous les mesu-
riez de nouveau , le boisseau sera presque aussi
plein ; de sorte que la cossequi en est retranchee
diminue peu de leur volume. J'ai deja dit que le
sarclage d'hiver se fait tres-avantageusement
apres lesolstice, au mois de janvicr, lorsque le
temps est serein et sec , et qu'il u'y a poiut d«
gelees. Dans rexecution de ce travail , la seule
precaution qu'on aura a prendre, c'estde ne pas
attaquer lcs racines, maisde les recouvrir et d'y
amonceler la terre, de maniere que les plantes
puissent 8'etendie par-dessus. II est avantageux
de viser a ce but des le premier sarclage ; mais il
serait nuisible de se eonduire de meme, en sar-
clant pour la seconde fois ; car le ble, ayant
cesse d'etendre ses raeines, pourrit promptc-
ment s'il est couvert de terre. Aussine faudra-
t-il au second sarclage que rerauer bien egale-
ment le sol , ce qui doit etre fait a peu pres vingt
jours apres le solstice d'hiver , avant que le ble
commenee a se nouer ; plus tard , les chaleurs dc
Tcteet la secheiesse, succedant au sarclage, fe-
raient pcrir lcs plautes. Apres avoir sarcle, il
faut arracher les inauvaises herbes, en prenant
garde toutefois de toucher aux bles lorsqu'ils
sont en fleur. Ainsi on fera celte operation ,
soit avant la floraison , soit immcdiatement apres
que la fleur sera tombee. Toutes les especes de
ble et d'orge, eten gcneral toutes les graines qui
ne sont point partagees en deux lobes , jettent
leur epi entre le troisieme et lequatrieme noeud:
lorsque Tepi est sorti, elles perdent leur fleur
en huit jours, et grandissent eneore pendant
quarante autres jours, avant d'arriver a leur
<]ne , Hiba et cTtera Ipsiimiii^ fii'" f|iiatiior drgilis a tci la
exlilerinl, lecte sarrieiilfir, ext:e|)to lanieii luiiino, cujus
semiiii inntiaria est sarrllio, qiioiiiain unani ladiceiii lia-
liet, qila! sive ferro siiccisa esl seii Tulneiala, lolus frutex
emoiitur. Quod ctiam si non lieret, snpervacims tamen
esset cultus , cnin sola linec res adeo non iitfe.sletur herbis ,
ut ipsa lierbas perimat. Afqiie aline segetes vel ImmidiE
moveri possunt , meliiis lamen siica' saniunUir, qiioniam
sic tractat» non Inrcstantur rnbisine. Hoideum vero nisi
siccissimum tani;! iion deliet. Fabam mnlti ne sarricndam
quidemputant, quod et manibus, cuin maluriterif , ducta
secernatur a ciclera riincalione, et internatiE herbiie foeno
reserveiitur. Ciijus opinionis eliam Cornelius Celsnsest,
qiii inter cseler.is dotes ejus leguminis lianc qiioque enu-
niei at , quod sublata faba fcenuin e\ eodeni loco secari
posse dicat. Sed milil videtiir pessimi agiicolae, commit-
lere , nt satis lierba proveniaf. iMiisibus cnim plurimuin
delrahitur, si reHiiqiiiturrnncalio. Neque [enim] est riisfici
priidentis magis pabulis studcre pecuduin , quani cibis lio-
minum ; cuin prwseitim liceat illa quoque cultu piaforum
«onsequi : adeoqiie fabam sarriendam censeo , ul existi-
uiem debeie eliamter sarriri Nam iic cultam compeiimus
non solum mulliplicare frucfuiu , sed et exiguam poi tio-
nein in valvulis liabere, fresa'que [ejus et expurgalicj mo-
diuni penetamplenum esse, qiiam intcgiie, cum vix nii-
nnatur mensura detractis piit.aminibiis. Alque in totuni,
siciit ante jam diximiis, hiberna sarritio phirimum juval
diebus serenis ac siccis post biumani confectam mense
Jannario, si gelicidia non sint. Ea |)orio sic debet fieri,
iie radices satorum liedantur, et «t potius adobriiantiir,
cuniiilisque exaggerentur, iit latiiis se fiulex hiimi difruii-
dat. Id prima sarritione fecisse proderit, secunda oberit;
qnia cum pullulare desiit frumentum , |>utiestit si adobru-
tiim esf. Nihil itaque aniplius in iferalioiie, quam lemol-
liri terra debet seqnaliler : eamqiie tiansaclo seqiiinocli-J
veriio statim peiagi oportet intra dies viginti, aiile qiiain
seges in ai ticulum eat, quoniam serius sarrita corrumpi-
tiir inseqHentibus aestivis siccitalibus et caloribus. Sub-
jiiiigenda deinde est sarritioni runcatio , curandumque
ne llorenlem segetem tangainus : sed aut antea', aiit mox
cuni delloruerit. Omne aiitem fiumcntum et liordeiiin,
ipiicqnid denique non duplici seminecst, spiiain a lertio
,ad quartum nodum emittit, ct cum totam edidit, octo
diehiis deflorescit , ac deindo grandescit liiebus quadra-
DE L'AGRICULTURE, LIV. IL
maturitc fonipletc. Ctlles au conliaire qui sonl
paila?;ees en deux lobes, coninie la feve, le pois,
la leiitille, (leurisscnt en quanuite jours, et
i;ran(iisseut en meme tenips.
XH. Calculoiismaintenant leuombre dc jour-
iiees qu'il fautemployer pour conduire les grains
jusqua Taire , a parlir du jour ou nous les avons
semes. II faut pour quatre ou cinq modii de fro-
nicnt quatre journees de laboureur, une de her-
seur, deux jourueesde sarcleur pour laprcmiere
fois, et une pour la scconde; une journec de ce-
lui qui arracbera les mauvaises herbes, et une
et demie du moissonneur ; ce qui forme un total
de dix journecs et dcmie. II en faut autant pour
cinq raodii de silisi>- >eufou dix modiidVpcnutre
deraandent autant de journces de travail que
cinq modii de froment. Pour cinq modii dorge
II faut trois journees de laboureur , une de her-
sinir, une demie de sarcleur, une de moissonneur;
total , six et demie. Quatre ou six modii de feves
demandent quatre journces dc laboureur dans
des jacheres, et une dans un terrain qui rapporte
sans se reposer. II faut une jouruee et demie
pour les herser, une et demie pour les sarcler la
premiere fois, une journee pour les sarcler la
secoude fois, une autre journee pour lcs sar-
cler la troisieme fois, et enfin une derniere .jour-
nee pour les moissonner; ce qui fait un total de
sept ou huit journecs de travail. Six ou scpt mo-
dii de vesce demandent dans des jacheres deux
journecs de laboureur, et une journee dans une
terre ou Ton recolte toutes les annees. Ajoutez a
cela une journee pour le hersage et une autre
pour la moisson, el-.vous aurez en total trois ou
quatre journees de travail. Cinq modii d'orge
exigent autant de journees de laboureur que
cinq modii de vcscc. 11 faul cgalcmcnt unc jouf-
nee pour lcs herser, une autre pour les siircler ,
une autre cncore pour arracher les mauvaises
herbes, et une dcrniere pour les moissoimer ; ce
qui fait en tout six journces. 11 faiit le meme
nombre de journces pour niettre eo terre slx ou
sept modii de fenugrec; la rceolte se fait en uiie
journce. 11 faut egalenient six journcfs pour qua-
tre modii de faseole ; le liersage et la moisson no
demandcnt Tun et Tautie qu"une journee. Six
journees suffisent pour quatre modii de ciccrole
ou de pois , troisjournces pour le labour, et Irois
autres journees pour les herser, les sarcler ct lcs
rccucillir. Un sesquimodius de lentille demande
trois jnurnecs de laboureur, une de herseur, deux
de sarclcur, une pour arracher les mauvaises
herbes, unecnfiu pour recueillirla grainc;en tout
luiitjouruces.il faut un jour pourracttre en tcrre
di\ modii de lupin, un autre pour lcs lierser, et
un autre encore pour les moissonner. Quatre
sextarii de millet et la mcme quantite de panis
dcinandent quatre journees de laboureur, trois
de herseur, ct trois de sarcleur ( le uombre de
journees necessaires pour les cutillir n'est point
dctermine). Trois modii de pois chichcs sont se-
mcs dans trois journees, herscs daus deux , sar-
cles en une seule; il en faut une autre pour la
debarrasser des mauvaises herbes, et trois pour
les cucillir; au total , dix journ<''es. lluit ou dix
modii de lin se sement en quatre journccs et se
herscnt eu trois; se sarclent en uue seule ct se
cueillent en trois : ce qui fait en tout onze jour-
nees. Six scxtarii de sesame ont besoiu de trois
journees pour etre laboures, de quatre pour
etre herscs, de quatre autres pour etre sarcles
la premiere fois , dc deux pour la seeonde , et de
ginta, qiiibns posl florem ad maliiritatem devcnit. P.nrsns
(Hia' duplici scniine sunt, ut lalia, pisuin, lenticnla, (iio-
Inis \L ilorent, siniiilqiie grandescunt.
XII. lil ul jain percenseamus , quot operis in aieam
perdncanlnr ea, qn;e terra; creiliilimus : tritici modii
qualuor vel qninque bnbulcorum operas occupant
iliiatuor, occatoiis iinam , sarritoris duas priinum , et unam
I iim iterum sarrinntur, runcatoris uiiam : messoris unam
eldimidiam, in totum .suniinam operarnm decem et di-
niidiam. Siligiuis modii quinque tolidem operas desideiant.
Seininis modii novein vel decem totidcni opcras quot tri-
tici inodii quinque postnjant. Hordci modii quinque liii-
liulci operas tres exigunt, occatoriam unam, sarritoriam
nnam et dimidiam , racssoriam unam , sninDiam operarum
sex et dimidiam. Faba' modli qiiatiior vcl sex in vctereto
dnas oprraS bubiilcorum detinent, at in restibili unam.
Occanliir sesqiiiopera , sarriuiitur sesquiopera , iterum sar-
rinntur una opera, et tcrtio una, meluntur una. Summa
fit operarum octo vel septcin. \idx niodii scx vcl septem
in vetereto bubulcorum duas opcras volunt, in lestibili
nnam : itcm , occautnr una opera, metiiiitur una. Summa
lil operarum qnatuor vel trinni. Kni niiidii quinque toti-
demopeiis ronscinntni, occanlur uiia : ilein singnlls sar-
riuntnr, runcanliir, metuntur : qua; cuncla sex operas
occupanl. Siliipia; mo<lli sex vel septem tolidem operis
obruuntur, metuntur una. Phaseoli niodiiquatuor obriinn-
Inr totidem operis , occantur una, metuntur nna. Ciceraj
vel eicerculai moilii quatuor operas bubulcorum tres pos-
tulant, occantur npera una, runcanlur una , vellunlur
una. Sumnia fit sex operarum. Lentis sesqiiimodiiis toli-
dein opeias desideral, occalur una,sarritur duabus, ruii-
calnr iina, vellitur iina, Summa litoperarum octo. Lupiui
inodii dccem obruuntur iina , occanlur una , metuntur
iina. Milii sextarii quatuor, tolideinque panici bubiilcurum
operas occupant qiiatuor, occanlur operis tribus , sarriiin-
tiir Iribiis : qiiot operis carpantur, incertuni est. Ciceris
inodii Ires operis totidem seminantiir, occantur duabus,
sarriuulur una, rnncantiir iina, velluntur tribiis. Summa
lit iindecim operarum. Lini decem modii vel octo quatuor
jugis conseruntur, occ;intnr operis tribiis, runcantur una,
velluntur tribiis. Siimma lit iindecim operarnm. Sesami
.scxtarii sex tribnsjugis a pioscissione coluntur, occautnr
operis tribus , sarrinntur qiialuor, et sarriuntur iterum
duabus , runcantur nna , velliinUirduabns. Siimma fit ope-
rariim quiiidecim. Cannabisscritur, ut supra docuimii.s :
^cd inccrtum c.-:t , ipianlaiii imjicusaiu curamque deside-
COLUMELLE.
deux autres eucore pour etre eueillis, ce qui
1'ait en tout quinze journees. Pour leclianvre,
nous avons indique plus haut comment on le
scme; mais il nous est impossiljle de deterrainer
d'une maniere prccise le tenips et les dcpeuses
qu'exige sa cuiture. La semence de luzeine est
recouverte, non pas avec la charrue, raais,
corarne nous Tavons dit plus haut , avec des rii-
teaux de bois. Un jugerum de terre , ensemence
de luzerne, est herse en deux journees, sarcle
en une, et moissonne en une autre. 11 resulte de
cet apcrcu qu'un domaine de deux cents jugera
peut etre cultive avec deux altelages de bffiufs,
deux laboureurs et six ouvriers ordinaires,
puurvu qu'il n'y ait pas d'arbres sur le fonds. Si
c'est au contraire un terrain plante d'arbres , Sa-
serna nous apprend que le meme nombre de ju-
gera pcut tres-bien etre cultive avec trois ou-
Vriers do plus. Nous voyons en outre, par ce
detaii que nous venons de donner, qu"un joug
de booufs suflit pour seiner cent vingt-cinq modii
de froment, et pour la meme quautite de legu-
mes; de sorte que les semailles d'automne se
moutent a deux ceut cinquante modii, auxqiiels
il faut ajouter encore soixante-quinze moilii pro-
venaut des semailles des tremois. En voiei la
preuve: lessemences qui veulent quatre lai)oui's
exigentccntquinzejourneesdetravail pour vingt-
cinq jugera. En effet, vingt-cinq jugera de terre,
fut-elle de respece la plus forte, se labourent
pour la premierefois enciuquante journees, pour
la seconde en vingt-cinq, pour la troisieme en
quarante, y compris le recouvrement de la se-
nieuee. Les autres plantes legumineuses prennent
soixante jours, ce qui fait deux mois. On peut
porter a quarante-cinq le nombre de jours plu-
vieux ou feries pendaut lesquels on ue trasaille
poiut. Les seraailles finies, il y a encore trente
let. .^l Medica obruitur iion aiafio, sed , ut dixl , lifiiicis
raslellis. Jugeium agiiejusoccant diio, sairit unus, luclit
unus. Hac consunimatlone operaruni colligiliir posse asiiim
«llicentorum jugerum subigi duobus jugis Iwiiin tnliilemqiio
biibulciset sex mcdiastinis , si tamen vacet aihoriljiis : .d ,1
slt arbustum, ciindem moduni Saseriia Iribiis lioiniiiil)iis
adjectis assevcrat probe satis excoli. Quai nos ralio doicl ,
surnccre posse jiigum boum tntici centiiin viginti quiiii|i;e
niodiis, totidenique leguminum, ut sit inasse aulnmnalis
salio modiorum ducentorum qiiinquagiula : et post banc
niliilo minus conserat trimestrium modios quinque etsep-
tuaginla. Hoc deinde sic probatur. Semina, qiiae quarlo
sulco seiuntur in jugeribus viginti qiiinque, desiderant
bubulcoiiim opcras cxv. Nam proscindilur is agri modiis
qiiamvis durissimi quinquagiuta operis, jteralur quinipie
et viginti, tertiatur et coUseritur xl. Legumina occupant
operas l\ , id est menses duos. Pluviales qiioque et feria-
rum computanUir, quibus non aratur, dies quinque et \l.
Item peiacla sementi, quibus requiescunt, dies xxx. Sic
in asse riuiil octo menses et dies x. Supersunt tamen de
«nno tres reliqui menses et dics v cl xx , quos absumamiis
jours de rcpos : ce qui fait entout huit mois et
dix jours. II restera douc sur l'annee trois mois
et vingt-einq jours, qui sont eraployes a seraer du
grain de trimestre, ou a charrier du foin, du
fourrage, du fumier, et d'autres objets neces-
saires.
Xlll. De ces differentes productions dont je
viens de parler, les unes, nous ditencore Saserna ,
fument etbonifient la terre , et les autres ramai-
grissentet repuisent. II ajoute que les lupins, les
feves, la vesce, la lentille, Ters, la cicerole,
le pois, servent d'eugrais. Quantaulupio, jen'en
faisaucundoute, nonplusque pourlavesce que
Ton emploie en fourrage, pourvu qu'on ait fait
passer la charrue par-dessus, apres Tavoir fau-
chee lorsqu'elle etait encore verte, et que le soc
ait brise et couvert de terre, avant qu'elles fus-
sentsechees, les racinesoubliees par lafaux. La
vesce peut alors servir de fuinier. Mais si , apres
avoirenleve le fourrage, ou laisse les racines se
fietrir, elles epuisent la terre en lui enlevant
toute sa seve, et enla privantde sa force. Cest
ce qui arrive a Tegard de la feve et des autres
legunifs, qui paraissent engraisser la terre. Mais
il f.iut avoir soin de labourer apres avoir recolte,
sinon ces legumes ne seraient d'aucune utilite
pour lesrecoltes suivantes. Tremellius nous ap-
prend que de toutes les planles dites lcgumi-
neuses, le pois chiche ct le lin sont celles qui nui-
sent le plus a la terre par le poison qu'elles y di-
posent; Tun parce qu'il est d'une nature salee,
et rautic parce qu'il est d'uuenature trop echauf-
fante. Cest ce que Virgilea voulu fairecnteudre,
lorsqu'ila dit : Une rccoltede lin brtile lechamp,
de meme que 1'avoine ct les pavots, qui nms
plongent dans le som^ncil de la mort. En effct,
ou ne saurait douter que lcs plantes dont parle
le poete n'epuisent beaucoup laterre ; il en est de
aiit in satione tiimeslrium , aut in vecliiris foeni ct pabu-
loriim et steicoiis aliorumque utensilium.
XIII. Sed ex iis, qua; retuli , seminibus, idem Sa-
serna putat aliis stercorari etjuvaii agros, aliis rursus
|ieriiri et emaciari. Stercorari lupino , taba, vicia, ervilia,
leiite, ciceicula, piso. De lupinoniliil dubito, alqueetiam
(le pabulari vida , si tamen eam vii idem de.sectain confes-
lim aralrum subsequatur, et quod falx reliquerit, prius-
qii:im inarescat, voniis rescindat alque obruat : id enim
ccdit pio sleicore. Nam si ladices ejiis desecto pabulo re-
licte inaruerint, sHccum omnem solo auferent, vimque
tcrracabsument, quod eliam in faba ceterisque legumiui-
biis, quibus lerra gliscere videtur, verisiniileest accidere :
nt nisi protinus siiblala messe eorum proscindatur, niliil
iis segetibus, qii» deioceps in eo loco seminari debciit,
piofuturum sil. Acde iis quoque leguminibus , quae vel.
luntur, Trcmellius obesse niaxime ail solo viriis ciceris
cl liui : alterum quia sit sal.sae, alterum quia (sit) fervida)
natuiae : quod etiam Virgilius significat dicendo : Vril
cnim lini campum seges, urit avence, Vrunt lclliceo
prrfusa pajiavera somno- Nequecniin dubium, qiiin el
DE LAGRICULTURE, LIV. II.
nu^mc du niillet et du iianis. Mais tout ten-ain
^puise par ccs sortes de plantations trouvera un
reniedc prompt et efficace dans iefumier, qui en
l'en^'raissant lui rendra ses forces perdues. II
faut donc fumer la terre non-seulemcnt pour les
senicnces deposces dans les sillons, mais a cause
dcs arbres et des arbrisseaux , qui profitent de
cette uourriture. Cestpouiquoi si le fumierest,
comme il nie semble, d'une si fj;rande utilite
pour les cultivateurs, je pense qu'il faut en traitcr
avec beaucoup de soin , d'autant que les anciens
auteurs , sans avoir passe cet objct sous si-
lcnce, n'en ont cependant parlc que tres-iegc-
rement.
XIV. Ily atroisesp6cesprincipaIesde funiier :
celui que nous foumissent les oiseaux, celui
qui provientdeshommes,et celuique nousdonne
le betail. Le fumier qui provicnt des oiseaux
passe pour le meilleur de tous;encore met-on au
premier rang la fiente que Ton tire des colom-
biers; ensuite celle des poules ct des autrcs oi-
seaux , excepte les oiseaux qui sejournent dans
Teauoudans lesraarais, tels queleseanards etles
oiesdontlefumiermemeesttres-nuisiblealaterre.
La fiente de pigeon est aussi eelle qui nous parait
devoir etre preferee, parce quc nous avons remar-
que que, rcpandueavec modcration sur la tene,
elle la fait fermenter. Je mets au second ranp; les
excrements humains, pourvu ((u'ils soient melan-
gcs avec ks immondices de la cour ; ear cette espece
dcfumierestparelle-memed'unenaturesichaude,
qu'cmployee seule, elle brulerait le sol. L'in-iiie,
si on la garde six mois , est tres-bonne pour les
arbres et les vigues; il n'y a pas d'enii;rais qui
leur soit aussi favorable : elle ajoute de plus au
f;outet au parfum des fruits, surtout de la pomrae
iis scmiiiibus iiifeslelur ager, slcut etiam milio et panico.
Soil o;nni solo, quod iira'iUctorum leguminum segelihus
fatiscit, una praesens meilicina esl , ut stercore adjuves,
el abs\implas vires lioc vehit pabulo refoveas. IN'ec tantum
propler semina , quae sulcis aiatri committuntur, veruui
eliam pioptcr arbores acvirgulla, qua; majoiern iii mo-
(lum b'laiitiir ejusmodi alimenlo. Qnaie siest,ut videlin,
agiicolis ntilissimum , diligenlius de eodiccndum existimo,
tum priscis aucloribus quamvis non omissares, levi ta-
iiien admodum cuia sit prodita.
XIV. Tria igitur steicoiisgoncia sunt pra^cipue , qiiod
ex avlbus, quod ex liominibus, quod ex pccudibus
f.onlil. Aviiim primum lialietur, qiiod ex columbaiiis ege-
liliir. Ueinde quod gallina; ca^lcra-qiie volucics eduiit ;
excepli^ Uimeii paluslribus ac nanlibus, iit anatis et an-
seris : nani id noxiiini quoqne est. Maxiine taiiien colimi-
liiiium proliaiiius , quod inodice sparsuiii lcrram fermeiilare
(onipeiimus : secundum deiiide, qiiod Immines racimit,
si et aliis villa- purgaiiicnlis immiscealiir, qiioni.iin fervcn-
lioiis nalura; est, ct idcirco teriam peruiit. Aptior est
lamen surculis lioininis urina , quain scx mensibiis passus
velerascere si vitibusaut pomorum arboribus adbibcas,
iiullo alio magis friictiis exuberat : nec solum ca res ma-
jiirem facit proventuni , sed ctiani saporem cl odorcm vini
ct du raisin. On peut aussi sc servir de vieiile lie
d'huile sans sel, pour arroser lcsarbres a fruits et
surtout les oliviers, cn la coupant avec celte
urine,qiioiqu'emp!oyeeseule, elle leursoit aussi
tres-bonne. On se sert de ces deux substances
pendant rhiver, ou mi^rae au printcmps avant !es
chalcurs, pourvu qu'on ait preaiablement de-
chausse les vignes ct lesarbres. On metau troi-
sieme rang le funiier qui provient dn betail, et
cncoreadmet-on desdifl'erences:celuidesiinescst
regarde comme lemeilleur;eneffet, cesanimaux
maelient tres-lentement, leur nourriliire est
mieux digeree, de sorteque leur fiente est assez
pulrefieepour qu'elle puisse immedi.itement etre
repandue sur lcs tenes : vient ensuite le crotin de
moiitou , puis celui de chevre, et en dernier licu
le furaier de bestiaux et des autres betes de
somme. Le pire da tous les engrais est celui des
pourceaux. tnclependamment deces differentes es-
peces dc fumier, les cendreset les charbons sont
encore duii emploi tres-utile. La tige de lupin
coupee tientaussi lieu d'un excellent fumier. Je
sais bien qu"il y a des fermes oii ron ne peut a voir
ni betail ui oiseaux ; mais dans ces fermes memcs
celui qui manquerait d'engrais ne serait qu'uii
cultivateur paresscux. iNe pcut-il pas recueillir
tuutes soites de feuilles,couper les buissous, et
ralisser !cs grands chemins'? Ne peut-il pas aussi
cnlever les fougeres qui croisseut sur les terres
de ses voisins, sans leur faire le moindre tort,
puisqu'au coutraire c'est leur rendre service?
II melera le tout avec les immondiees de la cour
de la ferme. II fera egalement une fosse , et, ninsi
quenous ravousconscille pour le trou a fumier,
il jettera dans cette fosse les cendres, ie curage
des fosses et des egouts , le chaume , et en general
pomorumqiie leddit meliorem. Potest et vetus amurca ,
(ju» salem noii liabet , permista liuic commode , frugileias
aibores et pra:cipue oleas rigaie. Nam per se (iiioqiie ad-
lilblla multum juvat. Sed usus utriusque maxiiiie i'or lile-
memest, et adliucveie ante a;stivos vapores , dimi ellani
vites et arborcs oblaqiieatae suiit. Tertium locum obtinet
pecudum stercus , atipie in eo qnoipie discrimen est :
nam oplimum exisliinatur, quodasiiuis facll; qiioniam id
aiiimal lenlissime niandit, Ideoi|iie lacilius cmicoqiiit, ct
bcne coiifcctum alqiic idoiioum protiniisarvo fiinnin led-
dit. fost lia=c quie diximus, ovillum, ct ab lioc capiiniim
est, iiiox ca;teioiuin iuiiieutoruni armciiloniiiupic. IJclci-
iliiium ex omulbns suilliim liabelur. Quin ellaiii salis pio-
fuit ciiieris nsus ct favilla; Frutex vero lupini siiccisus
optinii sleicoris viui pra'bet. Nec ignoro, quoddam esse
riiris ;iciiiis , in quo nciiue pecora , iieqiie aves liabei i pos
sint : alUiincn iuciiis c^l iiislicl eo qiioque loco dclicister-
core. Licct euiiii (iiiamlilicl Irondem , licet e vepribns et e
viiscoiiipitisiitic c.uiigota ((illigeii;; licet filicem siiie in-
jiirla viciiii etiam cuin ollicio decidcre, et pcrmiscere cum
pnrgamenlis corlls; llcct depressa lossa, qualem steicu-
li reponeiido primo voluminc lieii pra;cepinius, cineicui
cteiiiimipie doacarum el ciiliiios ccteraque qua; everrun-
tur, iii unum congercrc. Scd codcni inedio loco lobuslam
2(0
COLUMELLE.
tout ce qu'ou balaye desbStimeuts. La senie pre-
caution qu'il aura a prendre , c'est d'enfoncerau
niilieudecette fosscun morceaudeboisderobre,
ce qui empecliera les serpents venimeux d'y ve-
nir eherclier une retraite. Voila ce qu'il faut faire
dans les campagnes oii il n'y a pas de bestiaux ;
quant a celles oii il y en a, on tire le fumier des
endroits qii'on balaye tous les jours , tels que la
cuisineet la laiterie, ou de ceux qui nesont net-
toyesquelesjours de pluie, tels queles etableset
les bergeries. Si le terrain ne doit rapporter que
du ble, il n'est point necessaire de separer les dif-
ferentes especes de fumier lcs unes des autres;
mais s'il est egalement couvert d'arbrcs et de
prairies, les engraisdoivent etre separes suivant
leurs especes : ainsi |e crotin de chevres , et la
fiente des oiseaux, auront chacun leur place par-
ticuliere. Toutes lesautres immondices qui tien-
nent lieu de fumier doivent etre ramassees dans
la fosse dont nous vcnons de parler, et entrete-
nues dans un etat dhumidite continuelle, afin
que les graines d'herbes qui s'y trouveront me-
lees avec la paille et les autres ordures puissent
y pourrir. Pendant les mois d'cte, le fumierdoit
etre remue souvent , et en quelque sorte repetii
avec une fourche en fer, afm de favoriser la pu-
trefaction et de le rendre meilleur. Je regarde
eomme de mauvais cultivateurs tous ceux qui ne
tirent pas par mois une charretee de fumier de
chaque espece depetit betail , dix charretees du
gros , et autant des hommes qui peuveut rassem-
liier leurs propres excrements journaliers, ainsi
qiie les immondices de la cour et dcs batiments.
,ie remarquerai encore que le fumier qui a se-
journe un an en tas est le meilleur pour les ce-
rcales, car il a acquis toute sa force, et ne pro-
duit point de mauvaises herbes ; tandis qu'il perd
de sa qiialit6 h mesure qu'il vieillit. Alais, pour
les prairies, le fumier doit etre aussi nouveau
que possible; car plus il est frais, plus il produit
d'herbes. On lc repandra particuliirement au
moisde fevrier, a la lune croissante, circonstanee
qui contribue a augmenter le revenu du foin.
Nous reviendrons d'ailleurs a ce sujet, quand il
sera question des diffcrentes especes de graine en
particulier.
XV. Quieonque veut preparer ses terres a re-
eevoir du grain doit y distribuer de petits tas
de fumier au raois de septembre, pendant que
la lune est dans son declin; il doit faire les se-
mailles en automne, ou en tel temps de Thiver
qu'il voudra, s'il doit les faire au printemps. II
faut dix-huit eharges de fumier par jugerura
danslaplaine, etvingt-quatreen paysmoutueux.
Mais, corame je l'ai dit plus haut, il ne fera la
stratification du fumier, que lorsqu"il sera pres
de semer. Si, par une causequelconque, on n'a
pas pu furaer eu temps convenable, il faudra,
avant de sarcler, repandre ou plutot semer sur
les champs a grains de la fiente tiree des volie-
res, et reduite en poudre. A defaut de cette flente,
on y jettera k la main le crotin de chevres, en le
miMant a la terre avec le sarcloir. Ce procede
contribue beauconp a bonifler et a enrichir les
terres. Que les cultivateurs n'oubIieat point qu'une
terre qui n'est pas fumee se refroidit, que celle
qui Test trop se consurae, et qu'on gagne plus a
furaer souvent et avec moderation, que de le
faire avec exces. Une terre aqueuse demande
plus de fumier qu'un terrain sec. La premiere,
toujours froideet mouillee, se rechauffepar 1'effet
de fengrais, tandis quefautre, deja ecliauffee
iiiiilcriam dcfigere convenit. Namqiie ea res serpenteni
iio\iam latere in stercore proliibet. Ha'c ubi vidniis pecu-
ilibus ager. Nam ubi greges qiiailiupedum versantur, qiise-
dam quotidie, ut culina el capiile, quaedam pluviis die-
liiis, ut biibilia et ovilia debent emundari. Ac si tantuni
liiinientaiiiis ager est : niliil refert geneia stereoris sepa-
i.iri : sin aulem surculo et segetibus alqne etiam pialis
fiindus est dispositus, generalim quodque reponendum
est , sicut capiaium et avium. Reliqua dcinde in piaedi-
ttuni locnm concavum congerenda, et assiduo bumore
salianda sunt, iit lierbarum semina culmis caeterisque le-
bus immisla putrescant. jEstivis deinde mensibus nonali-
lir, ac si repastines, totiim sterquilinium rasfris permis-
ceri oportet, quo faciiiiis putiescat, et sit aivis idoneum.
l'anim autem diligcntes existimo esse agricolas, apiid
quos minoies singulae pecudestricenis diebus minus quam
siii^ulas itemque majoies denas velies stercoris efficiunt ,
lotidemque singuli bomines, qui non solum ea pnrga-
nienta , qu.ie ipsi corporibus edunt , sed ct qu.-e colliivies
coilis el fedificii quotidie gignit, contraliere et congereie
possiint. Illud quoqiie praecipicndum habeo, stcrcus omne
i|iiod tempeslive repositum anno requieverit , segelibns
«sse iwaxime iitile; nain et vires adliuc solidas babet, et
herlias nonrreat : quantoaiitem vetiislius sit, minuspro-
desse; quoniam minus valeat. Itaque piatis qiiani recen-i
tissimum debere injici, quod plus lieibaium progeneret :
idqiie mense Fcbruario luna crescente ficri opoi terc. Nam
eaquoque res aliquantiim foeni fructum adjuvat. Decie-
teio usus stercoris qualis in quaque re debeat esse, lum
dircmus , cum singula persequemur.
XV. Iiiterini qui frumentis arva prseparare volet, si
autumno semcntem facturus esl , inense 8eptembri : si
vere, qiialibet hieniis parte niodicos acervos luna decres-
ceiile disponat, ila ut plani loci jugerum duodeviginti ,
clivoai qiiatuor et viginli velies stercoris teneant : et, ut
paulo prius dixi, non antea dissipet cumulos, quam erit
aratunis. Si tainen aliqua causa tempestivam stercoratio-
nem facere proliibuerit, secunda ratio est, ante quani
seras more seminantis ex aviaiiis pulverem stercoris per
segetem spargere. Sietis nonerit,caprinum manu jacere,
atqiie ita terrain safculis penniscere. Ea res laelas segetes
reddit. Nec ignoiarc colonos oporlet , sicuti refrigescere
agrum, qui non steicoretur, itaperuri, si nimium sterco-
reliir : magisqucconduceie agricolae, frequenter id potius,
quam immodice facere. Nec dubium.qnin aquosus aget
iiiaioiem ejiis copiam, sicciis niinorein desideret. .\ller,
DE LAGRICULTURE, LIV II.
par ellc mfinic h caiise dc sa scclicrcsse, fiuirnit
par se consumer, si Toii y mettait trop dengrais.
Or, si un terrain see ne pcut sc passer de fumier,
il nc faut pourtant pas qu'ily en ait trop. Si par
Iiasard un cultivateur se trouvait absolumerft
depourvu de fumier, il lui sera tres-avantageux
de faire ce que je me rappelle avoir vu pratiquer
avec succes par mon oncle paternel , M. Colu-
melle, liomme fort savant, et agriculteur tres-
habile. Ilmelait de Targileaux terressablonneu-
ses, ou du sable aux terres argileuses ct dures :
par ce moyen il fcrtilisait non-seulcment les
champs ;i grains, mais il se procurait les plus
belles vignes. II ne voulait pointqu"on mlt du fu-
mier dans les vignes, de crainte d'enlever au vin
son goiit et sa saveur. II pensait au contraireque
la vendange serait bien plus abondnnte si Ton
apportaitdansles vignes de laterre de ramas, re-
cueillie dans les buissons, ou toute autrc terre
prise ailleurs. Quantamoi,jc suis convaincu
que lorsqu'un cultivateur manque de fumier, il
a toujours une excelleute ressource dans les
lupins, qui , semcs dans un cbamp sterilc vers les
idcs de septcmbre, eoupcs ct retourncs en temps
convenable a la charrue ou a la houe , pindiiiront
lcffet des meilleurs engrais. Or il n'y a pas de
tenips plus favorable ponr couper le lupin dans
lcs licux sablonneux que le moment de sn scconde
fIeur,ctdelairoisiemcdanslestcrresrouges.Dans
lo premier cas, on reiiterre lorsqu'il est encore
tendre, afin qu'il pourrisse plus aisement et se
mcle avec le sol frane. Dans le second , ou le
kiissedurcir,pourqu"ilpuisscsupporter pliis long-
tcmps le poids des mottcs, etles teiiiren quelque
sorte suspendues, jusqu'a ce que, peucirees et
dissoutes par lcs chalcurs de retc, clles soient
reduilcs cn poussicrc.
XVI. Lc laboureur pourra exeeuter tous les
prcceptes que nous avonsdonncs sur la eulture,
s'il a soin dcse pourvoir non-seulement des espe-
cesde fourrages dontnous avonsparlc, maisen-
cored'unegrande quf.ntitc defoiii,a(in de pou-
voirentreteniraisemcntdcsbetcs dcsomnie, sans
lesquellcs il lui serait diflicile de bien cultiver la
terre. Cest pourquoi il faut qu"il s"adonne aussi
a la culture dcs prcs, auxqucls les ancicns Ro-
mains doanaicnt la palme sur tous les autres ob-
jets decultuie : aussi leur avaicnt-ils donne le
nom i\Qprafa, pour faire entendrequ"ils ctaient
toujours prSts [parata) a rapporter sans exiger
de grands soins. M. l'orcius lesa aussi vantes, par
la raison que lcs mauvais temps ne leurfont point
de tort comme aux autres parties de la campa-
gne , ct que, sans exigcr de frais, ils produisent
toutes les annces un rcvcnu assure, qui meme est
divisc en deux branchcs, pu!squ'ils ne rendent pas
moins en paturages qu'en foin. INous observerons
donc qu'il y en a de deux especes : lcs pres secs
et les presarroses. Lorsque le tcrrain est fertile et
gras, il n'est pasbesoin qu'il soit arrose d'un ruis-
seau ; et on regarde conirae meilleur le foin qui
vientde luimemedans unterrain plein desucs,
quecelui queTon n'obtientqu'aforced'eau, quoi-
que ccpendant Teau soit necessaire lorsque la
maigreur de la terre Texige. Car on peut faire
des prairics daiis une terre quelconque , soit
qu'cllc soit compacte , soit qu'elle soit reduite en
poussicre; etccla quoiqu'eIlesoit maigrc, pourvu
cependant qu'on ait la faculte de Tarroscr. Mais
il faut que ce ne soit ni une campagnc trop en-
qnod a.ssiduis liiinioribus rigens hoc adliibito rpgelaliir :
aller, (iiiod per sc tepciis siccitallbiis, hoc assiimplo lar-
giorelorietur; propterquod iiecdcesse ci laleni matcriam,
iiic superesse oportet. Si lamen nullum genus stercoris
f ii[ipi;let , ei niullum prodei it fecisse , quod M. Columel-
lani palruiim nienin doclissimum ct diligentissimuni agri-
colam sa'penumero usuipasse memoria repeto, ut sabu-
losis locis cietam ingereiet : cielosis ac nimium densis
sabuliini : atque ita non solum segetes la'tas excitaret ,
verum etiam piilclierriinas vineas ellic^ret. Nam idem ne-
gabat stercus > ilibiis iugerenduin , qiiod saiiorem vini cor-
riinipcret : melioremque censebal esse matcriam vindemiis
cxiiberaiidis, congesticiam vel de vepribus vel deniqiie
Hliain cpiainliliet arcessitam ct adveclam buinum. Jain
vcro ct cgo rcor, si delicialur oinnibiis rebus agricola, lu-
piiii ccrlc cxpcdili^sinium pra'sidiuin non deesse : quod
ciini cxili solo ciica idiis .Septembris sparserilet inaravc-
lil, idqiie tempcslive vomere vcl ligoiie succiderit, vim
(iptiina' slercoraliiiiiis cxljibcbit. Siiccidi autem Inpinuni
.sabulosis locis o|)orlct , cum scciindiim llorein ; rubricosis.
cum lcrtiiim egcrit. Ulic dum leneruin cst convcrtilur, iit
cplciiter ipsum pnliescat, permisceaturqiic gracili solo :
liic jaui robuslius, qiiod solidiorcs gla-bas diulius susti
ncat el suspendat , ut ea; solibus .Tstivis vaporata; resol-
vantiir.
XVI. Atque Iktc arator exequi polerit , si non so-
luni , qiia; retuli genera pabiiloruin providerit, verum
ctiani copiani fn>ui, quo melius arinenta tueatur, sine
quibiis lerram commode niiiliii diflirile est : et idco iieces-
sarius oi cultuscst etiani piali, ciii \cteres Romaui pri-
mas iii agricolationctribuci iiiit. Noiiicn quoque indidcruiit
abeo, qiiod prolinus essct paratiiin , ncc magiiiim labo
rcin desiderarct. M. quidem I'orciiis ct illa commcnioravit ,
qiiod nec tempestatibus aflligeretin, ut alia; partcs ruris,
iniiiiniiqiie sumptiis egens,per omiics aunos piaberct rc-
ditum, ncque eum simplicem, ciiin ctiam iii palmlo iioii
minus rcddcret , qu.am in foMio. ICjus igitur animadvcrli-
nius dno genera, qiiorura altcrum est siciancmii , nllcniiii
riguuni. Licto pinguique cainpo iion dcsidcialiir iiilliicns
riviis, meliusque babetiir liciiiiin, quoil siiaiitc iiatiira
succoso gignitur solo , qiiam qnod iirigatuni aqiiis cli( itiir,
qii.T tnnien sunt neceSsariae , si maci(>s teira poslulat, Naiii
ct in dcnsa et resolula liiiino quainvis exili piatuin lieri
l>ntcsl , cuin facultas irrigandi datiir. .\c nec campiis cun-
( ava' |iositiiinis esse neque collis prairupta; dcbct : illc, ne
Cdllcclaindinliiiscontineataquam; liic, neslatim pra'cipi-
COLUMELLE.
foncee daus une vallee , ni unc colluie trop roide :
Tun , pour eviter que Teau qui s'y aniasse n'y
sejourne trop longtemps , Tautre, pour evilcr
qu'elle ne s'en eeoule trop precipitamment. On
pourra neanraoins mettre en prairies uue colline
dont la pente sera douce , si elle est srasse ou
arrosee. Mais ce sont les plaines surtout qui soiit
bonnes pour cet objet, lorsqu"etant lcgerement
declives , elles ue permetteut pas aux pluies ou
aux ruisseaux qui lesarrosent, d'y sejourner trop
longtemps , et qu'au contraire Teau dont elles
sont couvertes y trouve un ecoulement lent. Cest
pourquoi , s'il s'y trouve en quelques parties des
mares qui soient stagnantes , il faut les detour-
ner par des trauchees ; car raboudance ainsi que
le defaut d'eau sont egalement funestes aux
herbes.
XVn. La cuiture des prairies demande plus
d'attention que de travail. Cette attention con-
siste d'abord a n"y laisser ni souches, ni epines,
ni herbes qui prenneut trop d"accroissement,
mais a les arracher toutes , les unes avant rhiver
et peudant rautomne, comme les ronces , lcs
broussailles, les joncs ; les autres pendant le prin-
temps, comme la chicoree et les epines, qui pa-
raissent au solstice ; a n'y laisser paitre ni porcs,
parce qu"ils fouillent dessous la terre avec leur
groin et qu"ils eul6vent le gazou , ni grauds
bestiaux , si ce n'est lorsque le sol est tressec ,
parce qu'ils y plongcnt la corne de leurs pieds ,
qu'ils foulent rherbe et qu"ils en coupent les ra-
cines. Ensuite il faut aider de fumier au mois
de fevrier, peudant que la lune crolt , les ter-
rains maigres et qui vont en pente. II fauty ra-
masser, pour les porter plus loin , toutes les
pierres et tout ce qui pourrait nuire a la faux ,
et eu interdire l'entree aux bcstiaux plus tot ou
plus tard, suivant la nature des lieux. II se trouve
aussi des prairies qui , par trop de vetuste , sont
couvertes d'une mousse ancienne ou epaisse. Les
agriculteurs sont dans Tusage d"y remedier en y
semant de nouvelles graines, qu"ils prennent
dans des meules de foin , ou en y repandant du
fumier; mais ui Tun ni Tautre deces remedes ne
fait autant d'effet que si Ton y jetait souvent
de la cendre, parce que c'est le vrai moyen de
detruirc cette mousse. II faut cependant conve-
nir que tous ces remedes et meme le dernier
sont trop lents, et que le plus efiicacc est de re-
commencer a labourer en cntier la place. Mais
les soins que nous veuons de detailler ne sont
que pour les prairies qui etaient toutes formees,
avant de venir en notre possession. Si au cou-
traire il nous eu fallait former de nouvelles, ou
en renouveler d'anciennes (car il y en a beau-
coup, comme je l'ai dit, qui vieillissent et qui
devieuneut steriles faute desoins ), il laudrait la-
bourer le terrain , quelquefois meme dans Tin-
tention d'y semer du ble , parce que ces sorles
de terraius , negliges depuis longtemps , dounent
de belles moissons. Ainsi, apres avoir donue uu
premier labour, pendant Tete, au terrain que
nous destinons a mettre en prairics, et favoir
biue plusieurs fois pendaut Tautomue , nous y
semerons des raves ou des navets,ou meme des
feves , ensuite du ble rannee d'apres ; la troisienie
annee, nous le labourerons encore avec soin , et
nous arracherons jusqu'aux racines toutes les
herbes trop fortes , les ronces et les arbres qui
s'y trouveront, a moinsque nous n"ayons interfit
d'en conserver les fruits; apres quoi nous y se-
merons de la vesce melee avec de la graine de
foin; ensuite nous briserons les mottes de tcrre
avcc des sarcloirs , nous unirons le sol en y fai-
lcni fundat. Potest tamen raediocriter acclivis, siaut pinguis
est aut riguus agei-, pratum fieii. At planities maxime talis
probatur, quae exigue prona non palilur diuliusimbres aut
influentes rivos immorari , sed ut quis eam superveuit liu-
mor, lente prorepit. tlaque si palus in aliqua parte subsi-
•lens restagnat, sulcis derivanda cst. Quippe aquarum
abundantia atque penuria graminibus aeque est exilio.
XVII. Cultus aulem pratorum magis cur« quam
iaboiis est. Primum, ne stirpes aut spinas validiorisque
incrementi berbas iBCSse paliaraur : alque alias ante
liiemem,et per autumnum exlirperaus, ut rubos, vir-
gulta,juncos : alias per ver evellamus, ut inluba ac sols-
Utiales spiuas : acneque suera veliraus irapasci, quoniam
roslro suftodiat et cespiles excitet; neque pecora majora ,
nisi cura siccissiraum solum est, quia udo demeigunt
ungulas et atterunt, scinduntque radices bcrbarura. 'f uni
deiude niacriora et pendula loca niense Februario luna
crescenteifimo juvanda sunt. Omnesque lapides et siqua
<il)jacent falcibus noxia , colligi debent, ac longius expor-
tari , submittique pro natura locorum, aut temporius aut
serius. Sunt etiam quaedam prata situ vetustatis obducta,
quibus mederi solent agricobc veleri eraso musco seniini-
busque de tabulalo superjectis , vel ingesto stercore. Quo-
rum neutrum lantum prodest, quantum si cinerem sa;pius
ingeias. Ea res inuscum enecat. Attamen pigriora sunt isla
rcmedia , cum sit eflicacissiuiura de integro locum exarare.
Sed Iioc , si prata accepimus , facere debenms. Sin autem
nova luerint instiluenda, vel antiqua lenovanda, (nam
raulla sunt, ut dixi , quoe negligenlia exolescant, et liant
steiilia ) ea expedit interdum etiam frumenti causa exa-
rare, qiiia talisager post longam desidiam Inetas segetes
afierl. Igitur eimi locum , quem pratn destinaverimus ,
aestaie proscissum subactunique saepiiis per autuninum
rapis vel napo vel etiam faba conseremus; insequente
deinde anno, fruraento : tertio diligenler arabimus, om-
uesque validiores berbas et rubos et arboies , quoe inler-
veniunt radicibus, extirpabimus, nisi si Iructus arbiisli id
facere nos probibueril. Deinde viciam permistam serainibus
fccni seremus. Tuni glaebassarculisresolveinus, cl inductit
crate cooequabiinus , grumosqne, quos ad versiiram ple-
I)E L'AGRICULTUr.!:, LIV. IL
saut passei- la hci'sc, et noiis cparpilleroiis les ^n\-
raeaux de tcrre que lc tirage des hersesaccumule
coramunemcnt au\ detours, de facon c(u'il ne
reste nuile part d"obstacle qui puisse ofleDser la
faux. II ne faudra pas couper cetie vesce qu'elle
ne soit tres-raure, et qu'elle n';\it commence a
laisser tomber sa graine sur tcrre. Cest alors
qu'il faut y envoyer le faueheur, et mettre en
bottes riierbe qu'il aura fauchce, pour Tenlever :
ensuite il faudra arroser ce terrain, si Ton a de
Teau a sa disposition, pourvu cepcndaiit que la
terre en soit compaete. Car si elle est reduite en
poudre, il ue sera pas bon d'y f;\ire couler de
grands ruisseaus d'eau nvant que le terrain
soit bien affermi et consolide par rherhe, parce
<jue rimpetuosite de Tcau delayerait la terre, et
ne laisserait pas aux herbes dont elle aurait
decouvert les racines le temps de bien prendre.
Par la meme raison, il ne faut pas non plus en-
voyer les bestiaux dans les prairies lorsqu'elIes
sont encore jcunes et que le pied y cnfonce,
mais il faut y faucber Iherbe a mesure qu'ellc
levera; car les bcstiaux, comme je Tai deja dit,
enfoncent la corne de leurs pieds dans le sol
lorsqu'il est trop mou ; et venant a couper les la-
cinesdes herbes, ils ne leurdonnent pasletemps
de setendre et dc s'cpaissir. Cependant nous per-
raettrons, la seconde annee, au petit hetail d'y
entrer apres la fenaison, pourvu que la seclie-
resse et la nr>ture du lieu ne s'y opposent point.
Latroisieraeannce, lorsque lespresseront solides
et fermes, ils pourront aussi admettre les grauds
bestiaux : raais il faudra surtout avoir soin de
fumer les terrains maigres, etencore plus lors-
qu'ils seront eleves, vers le temps ou le soleil se
couche au point d'ou soufUe le vent Favonnis ,
c'est-a-dire vers les ides du raois de fevrier, cn
nielant avec le fumier de la graine de foin. Car
lorsque les tcrrains superieurs reeoivent cette
nourriture, ils la eommuniquent enmeme temps
aux terrains inferieurs, parce que la pluie qui
survient, ou les ruisseaux qu'on y fait couler dc
main d'homme, entrainent avec eiix le suc du fu-
micr dans les parties basses : aussi les agrieul-
tcurs prudenls fumeut-ils ordinairement davau-
tage les colliues que les vallees, meme dans les
terres iabourees, parce que, comme je Tai dit,
les pluits entraineiif toujours dans les bas-fouds
tout le suc le plus gras.
XVIII. Le meilleur tcmps pour eouper le foin
est avant qu'il soit desseehe , parce qu'il foi-
sonne davautage, et fournit une nourrilure plus
agreable aux bestiaux. Or il y a un milieu ;i
garder en le faisant secher, pour eviter de le
raraasser ou trop see, ou trop vert : Tuu, paree
que, lorsqu'il a perdu tout sou suc, il ne ticnt
plus lieu que delitiere; Tautre, parce quc, s'il
en a trop conserve, il pourrit sur les plauchcrs ,
ct quc souvent, en s'y echauffant, il prcnd fcu
et occasionne des inceudies. II arrive aussi qucl-
quefois que, lorsque le foin est coupe, la pluie
vient a r;iecabler; anquel eas , s'il est abso-
luraent trerape , il sera inutile de rcmporter
tant qu'il sera humide, et Ton fera mieux pour
lors d'cn laisser secher la superflcie ausulcil;
aprcs quoi on le retournera, et lor?qu'il sera
sec des deux cotes, on ramassera par rangccs,
pour le lier ensuite eu bottes. On ne tardera
pas surtout a eutasser le foin dans la metairie
et a Ty mettre a Tabri ; ou sl Tou n'est pas a
meme de Vy porter ou de ie mettre cu bottes,
au moins faudra-t-il arranger en meules tout ce
qui en aura ete seche couveuableraent, et fairc
cn sorte que les combles de ces raeules soient
rumque tractJB faciiiiilcrates, dissipaliimus ila, [ul] neciibi
reiramenlum foeiiisecis possit offeiidere. Sed eam viciam
noiicoiivcnit aiite desecare, quam permaluruerit, etaliqua
seniina subjacenli solo jecerit. Xum foMiisecas oportel in-
ducere et desectain lierbam religare et espoi taie : deinde
locum ligare , si fuerit facultas aqua; : si lamen lerra deii-
sior est; iiam iii resohila humo uon expedil induceie ma-
joiem vim rivoriim , prius quani conspissaUim et herbis
colli^atuin sit solum : quoniam impelus aquarum proluit
terram, nudatisque radicibus gramina uon patiturcoalos-
cere. 1'ropterquodiie pccoraquidem oporlet teneiis adliiic
cl sutisidentibus pratis immiltere, scd quoties Ijeiba pio-
silucrit lalciliiis doseoare. Nam pocudes, ul antejam di\i,
iiKilli solo iiiliiiiiiil iMmiil.N, alqiio iTiliriiiplas non sinuiil
horbaniiii ladii r-, Mip.n i I i (niilriisaii. Allorotamen aiino
miiioia poLui.i [ins[ i.rjiisi. i.i p. 1 inilliiiiiis .i.linitli, si iiioilo
siccitas ot coinliliii loci patiolnr. Toi tio doiiido ouni pia-
tiim solidius ac diiriiis erit, polorit cliam majores leoipore
pocudes. Sed in loliini f uranilum est, iit siecundiim I'avo-
iiii CNorluiii.nieiise fobruario, circaidus, immistissoniiiii-
bus fceni macriora loca et utique celsiora stercoienliir. Nain
editior cliviis prielietctiam subjectis alimenliim, cum su-
perveniens imber aut manii rivus peiduclus snccum ster-
coris in inferiorem pai tem secum traliit. Atque ideo fere
prudentes a^ricolse etiam in aratis collem magis , (piani
vallein stercoranl : quoiiiam, ut dixi, pluvise seinper om-
nem pingiiiorem materiam in ima deducunt.
XVIll. l-'oi;num aiitem demelitur optime anle qiiaiii
inarcscat; nam et laigius porcipitur, et jucundioreiii ci-
bnni peciidibus prsebet. Est autem inodus in siocando,
ut iieque pcraridnm neque ruisus viride colligatnr ; alle-
niin , qiiod omnem siiccum si ainisit, stramenli viccin ob-
tinol, alleriim, (ipiod,) si nimiuin relinuerit, in tabiilato
putiescit; ac s.mqii; cum concaluit, igiiein cioal et iiiocn-
dium. Noiiiiunqiiam etiam cuin fionuin c^edinins, imbor
opprossit : quod si permaduit, inntile cst iidiiin niovere;
inoliiisipie patioiniir supeiiorem paitem sole siocari. Tunc
dcmum converlomiis, ot ntrinquc siccatnin ooartabiinus
in strigain, atcpie ita maiiipnlos viuciemus. Kcc omnino
cniRlahiiiitir, (|iii) ininiis sub tooluui ooiigcratur, vol si
COLUMELLE.
tres-fmement aiguises en pointe : c'est le moyen
(le bien pieserver lefoin desaccidents delapluie;
et quand ii n'eu surviendrait point, il neserait
pas moins a piopos de faire ces meulcs , afin
que s'il reste quelque humidite dans Iherbe,
elle se ressuie et se purifie au tas. Cest pour cela
que lorsque le foin a ete mis en tas au hasard
et sans precaution , les cultivateurs prudents ne
larrangent pas, apres qu'il a ete porte a la mai-
son, sans favoir laisse quelques jours se digerer
lui-m(5meet se ralentir. Mais deja le foin de la
moissou touche a la feuaison. Pour labien faire,
il faut prealablement preparer les instruments
necessaires a la reeolte des grains.
XIX. Quant a Taire, si la terre doit en servir,
il faut , pour qu'on y puisse battrc le grain com-
modement, qu'elle ait ete ratissce d'abord , en-
suite laboureeet arrosee de lied'huile sans sel ,
dans laquelle on aura mele de la paille, parce
quecette preparatiou garantira le ble eontre les
ravages des rats et des fourmis ; ensuitc on Ta-
planira a la hie, ou bien on raffermira avec une
meule; puis on y remettra de la paille et on la
battra de nouveau , pour la laisserensuite secher
au soleil. 11 y en a cependant qui aimeiit mieux,
pour former uneaire,choisir une portion de terraiu
plantee en feves , sur laquelle ils battent ces f6-
ves; et, apres les avoir ramassees, ils polissent
ia place en continuant d'y battre les favarts, parce
(jue les animaux, en les foulant aux pieds , bri-
sent en meme temps toutes les herbes avec la
coruede leurs pieds; moyennant quoi l'aire, etant
digarnie d'herbes, devieutassezuniepour qu'on
y puissebattre le grain.
XX. Pour ce qui coucerne la moisson , des
qu'elle sera miire, il faudra la faire prompte-
ment, et avaut qu'elle soitbrulee par les chaleurs
du soleil d^t-te, qui sout extri'mes au lever de la
Canicule : car le moindre retard est prejudiciable,
d'abord parce qu'il donne iieu au pillage des oi-
seaux et desautres animaux ; en second lieu, parce
que les tiges et les tuyaux venant a sedessecher,
les grains et les epis nKJiiie ne tardent pas a tom-
ber, ou que s'il survient des mauvais temps ou
des tourbillons de vent , les bliis sont verses pour
la plus grande partie. Cest pourquoi il ne faut
pas remettre au lendemain a raoissonner, mais il
laut le faire des que les bles sont uniformeraent
jaunis, et avant que les grains en soieut absolu-
ment durs , mais des qu'ils commencent a tirer
sur lerouge, afin qu'ils grossissent dans Taire
et au tas, plutot que sur terre ; car il est constant
que lorsqu'ils sont recolti^s a temps , ils prennent
de raccroissement par la suite. Oril y aplusieurs
fa^^^ous de moissonner : bien des personnes cou-
penl la tige par le milieu avec des faux armees
d'un tres-long manche , dont les unes sont a bec,
les autres a dents : d'auties enlevent Tepi meme,
soit avec des fourches, soit avec des r^teaux; ee
qui est tres-aisc ii pratiquerdans une moisson peu
abondaute, mais tr(L's-difficile dans une moisson
bieufouruie. Si Fona moissonn(? avec des faux,et
que ron ait par const'quent coupii une partiedes
tiges, il faut sur-le-champ mettre la moissou en
tas, ou la porter dans le lieu oii les batteurs trans-
portent le ble lorsquils sont surpris de la pluie,
cnsuite la battre apres qu'elle aura ete couvena-
biement essoreepar la chaleur: au lieu quesi l'on
n'a coupe que les epis , ou peut les mettre en re-
serve dans un grenier eu attendant rhiver, pour
les hattre eusuite a coups de baton, ou les faire
fouler aux pieds des bestiaux. Mais si le cas
iion coiiipelil ul in villani frenum porlcUn, al in inanipulos
colligatuin certe quicquid ad eum niodum , quo debel , sic-
catuin eiit in metas exstrui Cionveniet , easque ipsas in
angustissimos vertices exacul. Sic enim commodissime
foenum defenditiir a pluviis , quae etiam si nou sint , non
alienum tamen est pra^dictas metas facere ; ut si quis lin-
mor lieibis inest, exudet, atque excoquatur in acervis.
Propter quod prudentes agricolae quamvis jam illatum tecto
non ante componnnt, quam per paucos dies ali(]i!os temere
congestum in se coucoqui et defervescere paliantur. Seil
jam fcenisicia seqiiilur cura niessis , quam ut recte possi-
inuspercipeie, priiis instrumenta pra-paranda sunl, qui-
bus Iniges coguntur.
XIX. Aiea qiioque si leriena eiit , nl sit ad trituram
satis liabilis , primum radatur, deinde confodiatiir, per-
niislisque paleis cum amurca,qua2 saiem non accepit,
<'\lergatur, nain ea res a populatione murium formicarum.
(pie frunienta defendil. Tiim aequata paviculis vel molari
lapidecondeusetur, etrursus superjiictis paleis inciilcelur,
iilqiie ila solibus siccanda relinqiiatur. Sunt famen , qui
]iiati ohjacp.ntem favonio tritur.-e destinant , ai eamqne de-
tncisa faba et injecta cxpoliunt : nam duni a pccudihus
lcgumina proculcantur, heiba; ctiam ungulis atteruntur,
atqiie ita glabrescit et fit idonea tiituris area.
XX. Sed cum malura fuerit seges, ante quam lor-
reatur vaporibus sestivi sideris, qui sunl vastissimi per
oilnm Cauicul.ie, celeiiter demetatur. Nam dispendiosa
iKt cunctatio. Primum , quod avibus pra^dam caeterisque
animalibus piicbet : deiniie quod grana el ipsae spicoe cul-
mis arentibus et aristis celeriter decidunt. Si vero procel-
\x ventorum aut turbines incesserint, major pars ad ter-
rani delluit : propler qax recrastinari non dehet , sei
requaliter ilaventibus jam satis, ante quam ex toto grana
indiirescant, ciiin rubicundum colorem traxerunt, messis
facienda est, ut potins in area et in acervo, qiiam in agio
grandescant frumenta. Constat enim , si tempestive decisa
sint, postea capere incremcnlum. Sunt autem melendi
genera complura. Multi falcibus veruculatis, atque iis vel
rostratis vel denticulatis mediiim culmuin secant : mulli
mergis , alii peclinibus spicam ipsam legunt, idque in rara
segete facillimum , in densa difficillimum est. Quod si fal-
cibiis seges ciim pai te ciilmi demessa sit, protiniis in accr-
viim vel in nubilarium congeritur, et subiude opportunis
solilms torrefacta proteritur. Siii aiiteui spicjp lantumiuudo
DK L'AGRICULTUKK, LIV. L
22(
.^clu^ait qiie l'()n baite dans raire le ble muni de
sa tige, il n'y a |joiut de doute que hs elievaux
ne soient prefei-abies pour cctte operation aux
boeufs, el si Ton n'a pasun nombre suffisant d'at-
telages, on pourra y joindre des rouleaux ou des
traineaux : car, avec ces deux espeees de maclii-
ncs, on vient tres aisement a bout de briser ics
tiges. Si au contraire les epissont seuls, on fait
rnieux de les battre a coups de baton et de les
vanner. Mais lorsque le grain est pele-nieie avec
la paille, on vient a bout de les separer Tun de
Tautre par le secours du vent. Le vent Faconius
passe pour le meilleur en cette occasion , parce
qu'il souftle douccment et uniformementdans lcs
mois d'etc. 11 n'y a cepeudant qu'un agrieultcur
negligent qui puisse se r^soudre a rattendre,
parceque, tandisque nous rattendons, la rinueur
de rhiver peut nous surprendre. Cest pourquoi,
lorsque les bles ont ete battus dans Taire, il faut
les y mcttre en tns, de facon qu'ils puissent etre
nettoyes par toutes sortes de vents ; et s'il arrive
meme que le vent ne souftle d'aucun e6te pendant
plusieurs jours, il faudra les vanner, de peur
qu'a la suite d'un trop long calme il ne sur-
vienne de fortes tempetes, qui fassent perdre le
travail de toute l'annee. Quand le grain aura ete
bien nettoye, il faudra eneore le nettoyer une
secondc fois avant de le scrrer, si Ton est dans
rintention de le gardcr pliisieurs annces; ear
plus il est nettoye, moins il est snjct a etre ronge
par le eharancon : mais si on le destine a etre
consommesur-le-champ, il ne sera pas neeessaire
de le purgcr de nouveau , et il sutfira de le fairc
rafralehir a Tombre, et de le porter ensuite au
grenier. On ne s'y prend pas autrement pour les
legumes que pour les autres grains, parce que,
de raeme qu'eux, ou on les consomme sur-le-
champ, ou on les scrrc pour les garder. Voila le
profit auquel aboutit enfin le Iravail du labou-
reur, et qui consiste a recueillir lessemencesqu'il
avait confiees a la terre.
XXI. Mais comme nos ancelrcs ont pense
qu'on devait autant rendre compte de .son loisir
que de ses occupations, nous croyons aussi de-
voir prevenir les eultivateurs de ce qu'ils ont
droit de faire les jours de fete, et de ce qui leur
est intcrdit ees jours-la. Car il y a des ehoses,
eomme dit le poete, qu'// est pcrmis de faire les
jours dcfete : il n'y a point de religion qui ait
defendu de donner un liltre ecouleiiirnt aux
ruisseuiix, dc plantcrunchaie dcrantune Irrre
cnsemoncee , de tendre dcspicges aiix oiscaux,
dc mettre le feu aitx buissons, ou de plongcr
dans unfleuve un troupeati de brebis ponr lui
procurer la santc , quoique les pontifes prcteu-
dent qu'on ne doit point fermer de haies une
terre enscmencee les jours de fetes; connne ils
delVntlent aussi de baigner lcs brebis pour em-
bellir leur laine , et ne permetteut de le faire que
ponr leur proeurer lasaute. Aussi Virgile, pour
monlrer comment il etait permis de baigner uu
troupeau dans une riviere ies jours de fetes , a-t-
il ajonte, De le plonger duns tm flcui^epour lui
procurcr la sante, parce qu'en effet il y a des
maladies pour lesquelles il est bon de baigner les
bestiaux. Voici encore dcs travaux que les ritcs
de nos ancelrcs permettent de faire les jours de
fetes : broyer le ble, couper du bois a bruler,
faire de la chandelle de suif , cultiver une vigne
aflerm^e, nettoyer et curer les reservoirs, les
mares, lesaneiens fosses ; repasser les pres, epar-
piller le fumier sur les terres, arranger le foin
sur les planchers, recolter les fruits des plaas
d'oliviers qu'on a pris aferrae, etendre les pom-
iPcistE siinl, possiinl in horieiim conreiii, el deinde per
liiiTiicm vel baciilis exculi vel exteri pecuiiibus. At si coiii-
|)i'lit , iit in aiea teratur IVnmenluni , iiilill dubium est,
i|uiii equis melius quain bubus ea res conliciatur : et si
|iaucajuga suiit, adjicere tiibulamet tiaham possis; qiiiE
ics ulraqiie culmos facillime comminuit. Ipsa> autem spi-
ca' melius fiistibus cuduntur, vannisque expurgantur. At
iibi paleis imiiiista sunt frumenta , veiilo sepaientur. Ad
eam rem Favoniiis babetiir eximius , qui lenis a-qualisque
sestivis mensibus peillal : qucm tamen opperiri lenti est
a^ricohr : quia sa>pe diim expectatur, sa?va iios hiems de-
preliendit. Itaqiie iu area detrita frumenta sic sunl agj;e-
raiida, ut omni llatu possint exccrni .\t si compliiribus
diebus undique silcbit aura, vaiinis expurgentiir, ne pnst
niniiam venlorum segnitiem vasta temiieslas ii litiini ficial
lolius anni laborem. I'ura deinde frumciila, si in aniios
11'coiidiintii'', rcpurgari debenl. .Nam qiia:ilo sunt expoli-
lioia, miiiiis a curculionibus cxediintiir. .Sin prolinns usui
destinanlur, niliil altinct repoliii, satisque est in iinil)ra
refrigerari, elilagranario inferri. Legiiininnni quoqiie non
alia ciira est, quam reliquoriim frnmentorum : nam ea
quoque vel statim ahsumuiitiir, vcl icconduntur. Atque
boc suprenium est araloris emoliimenluni percipiendoruin
semiiium , quse tei ra; credideiat.
XXI. .Sed ciiin tam olii quani nejiotii rationeiii red-
dere majores nostri ccnsuerint; nos quocpie monendos
essB agi icolas existimamus, qua; feriis facere, qua!i|iie non
facere debeant. Siint enim , ut ait poeta , qua- fcslis excr-
cere dichus t'as, ct jura sinunt. Iticos dcdiurrc nuUa
relliijiovcluil, scricfi pra^lendcrcscpem, Insidias arihus
moliri, inccndere vc/ircs, Halrinlumijue grcgiinfluvio
mersare salubri. Qiianiipiaiii ponlilices ncgaiit segeleni
lcriis sepiri deheie. Velant quoque lanarum caiisa lavari
oves, iiisi propter medicinain. Virgilius quod liceat feriis
llumine ahluere gregem prierepit, el idcirco adjecit,_/ZHwio
nicrsarc salubri. .Sunl enim vitia,quorum ciusa pecus
ulile sit lavare. Feriis autem rilus majorum ctiain illa per-
niitlit, far pinsere , faces iucideie, candelas sebare , vi-
neam conductam colere; piscinas, l.acus, fossas veteres
leigerc el purgare, prala sicilire, stercora a-qiiari', fii'niiiii
COLUMELLF,
ines,lcspoircs, icsfigi!cs;fnii'cdiifi'oniaj;e,portei'
sur son dos oii chargcr sur un mulet de b^t des
nrbrcs pour lcs planter : mais il n'est pas permis
de se servir pour lcs porter d"un niulct attele a
iine voiture, ni de planter ceiix qui auraient ete
portes ainsi , ni de labourer la tcrre , ni dVlaguer
les arbrcs, pas meme de s'occuper des semailles,
!\ moins que Ton n'ait prealablement immole un
petit chien, ni de couper le foin, le lier ou le por-
ter. II u'est pas meme permis, suivant les obser-
vances prescrites par les pontifes, de faire ia
vendange ies jours de fetes, ni de tondre les
brebis, a moius que Ton n"ait encore immole
un petit chicn. II est aussi pcrmis de faire du
vin cuit, et d'en meler dans le vin : il cst pcrniis
de cueiilir le raisin , ainsi que les olivcs que ron
destine a confire. II n'cst pas permis de couvrir
de peaux lcsbrebis. Tout travail relutif aux l^-
gumes qui sont dans un jardia cst permis. II
ii'est pas permis d'ensevelir un morl les jours de
letes publiciues. M. Porcius Caton a dit ((u"il n'y
avait point de fetes pour les mulels, pour les
chevaux , ni pour les Aues. II permet aussi d'atte-
ler les bocufs pour apporter du bois et du ble
chez soi. Nous avons lu dans les ouvrages des
pontifes que ce n'cst qu'aux fetes denicales qu'il
n"est pas permis d"atteler les mulets, mais qu'on
peut le faire lesautres fetes. .le suis sur que quel-
ques personnes, voyant que je vicns d'cntrer
dans le detail de ce qui ci)nc( riie la solennitc^,
des f(ites , dt'sireront que je leur enscgnc aussi
les rites usites par h s aneiens dans les saeriRees
d'expiation , et dans tous les autres sacrificcs que
Ton fait pour les biens de la terre; aussi je ne
refusc pas de prendre cette pcine, mais je reinets
a le faire dans un livre a part que j'ai dessein de
composer, lorsque j"aurai donne tous les precep-
tes de ragriciilture. En aitendant, je terminerai
ici ce traitt^ me reservant a douner dans le sui-
vant ce que je tiens des aneiens auteurs sur les
vignobles, et sur les plants d"arbres maries a des
vignes , comme ce que j"ai dtJcouvcrt moi-meme
depuiseux.
LIVRE TROISIEME.
I. J'ai (lonnejuarpCici la cxdture des guerets,
comme dit le prcmier des poetes. Car, puisque
j"ai a traiter les mt^mes objets que lui , rien ne
m'empcche, P. Silvinus, d'entrer en matifere par
les premieies paroles de son poeme c(>l^bre. INous
voiei donc a priisent venus au soin des arbres,
et c'est meme la partie la plus letcndue de ragri-
eulture. II y a des arbres de difft-rentes especes,
qui tous se montrent sous des formes variees :
il y en a de bien des especes qui, comme dit le
meme poete, viennent d'cux-memes etsans rj
ctre forces iiar aucun homme, eomme il y en
a beaucoup qui ne viennent qu'apr('s avoir cte
plant(is de main d'homme. Mais ceux qui ne
viennent pas par le secours des hommes, tels
que ceux des forets et les sauvageons, portent
chacun des fruits ou des semences d'un caractere
qui leur est propre ; au lieu que ceux qui ont e.t6
cultivt^s sont les plus propres a rapporter des
fruits pour notre usage. II IV.utdonc parler d'a-
bord de respcce darbres qui nous fouruit des
aliments. On la divise en trois parties : car un
rejetou quelconque produit ou un arbre tel que
rolivier, ou un arbrisseau t«l que le palnner dcs
champs, ou un troisieme genre de production
que je ne voudrais appeler proprement ni arbre
in labnlala compnnere, frucfus oliveli condnctos cogere,
inala , ()iia, ficos pandcie , casenin facere , arbores seiendi
causa collo vcl iinilo clltellario afferre ; scd junclo adve-
here noii piTniitllliir, iht apporlota seiere, neque terram
aperire, iieipie arbinciii colliicarc : scil ne semenlcm qiii-
dem adniinistrare , nisi prius calulo f ceris : ncc foenuni
secaic aut viiicire aut vehere : ar nc vindcmiam qiiidem
cogi per religiones pontiliciini feriis licet : nec oves ton-
dcre , nisi si catulo fcccris. DefiHtiim quoque f.icere, et
defrutarc vlniim licet.-Uvas ilemque olivas conditiii legeie
licet. Pellibiis oves vestiri non lirel. In liorto quicquid ole-
rum caiisa facias, omne licct. Fcriis piiWicis bominem
iiiortuum sepelirenon licet. M. PoiciiisCato miilis,coiiis,
asinis nullas e&se ferias di\it. Iilennpie hoves permiltit
conjungerelignorumel frumrntnniiiiaiUclicniloriimcausa.
Nos apud pontilices lcgimiis , liMiis l.inlnin ilcnicalilnis
niulos jungere non liccre, ca.'leiis licerc. Iloc luco certum
liabeo quosdam cum solennia festorum percensuerim,
desideraturos luslralionum caeleioiumqiie sacrilicioruiii,
qiuK pro frugibus (iimt , morcm priscis usiupaliiui. Ncc
egii abnuo docendi cur:im : sed diffeio in euin lihruin ,
quem componere in animo est, cum agricolalionis totam
disciplinam perscripsero. Finem interim pracsentis dispn-
lalioiiis faciam, dicturus exoidio seqiiente, quK de vlneis
aibiistisque prodideie veteres auclores , qusqiie ipse mox
comperi.
LIBER TERTIUS.
I. Haclenus arvorum cultus, ut ail pr.Tslantissimus poela.
Niliil enim piobibet nos, P. Silviue,de iisdeni rebus di-
ctiiros celeben imi carmiiiis auspicari piincipio. .Sequilor
arbornm cura, quae pars rei ruslic-e vel maxima esl. Ea-
iiim species diversae el multiformes sunt. Qiiippe vaiii
generis (fticiit aiictor idem refert) nullis hominum coijen-
tihus ipscv spontcsuaveninnt : mullaeetiamnostra manu
sala; procedunt. Scd quaj non ope liiimana gignuntur, sil-
vestres ac fera? sui ciiju.sque ingenii poma vel semina ge-
riinl : al quibiis lahor adhibetur, niagis apt» simt fri gi-
biis. De eo igitur prius genere dicendiim est, qiiod noHj
alimentapra!bet;idquelripartitodividitur. Nam ex suicu.
DE L'AGRIGULTURK, LIV. Ml.
22n
iii nrhiissoaii, tel (nrcsl la visne. Nmis \:\ prtfe-
rons justenien! aux autres pluiites, noii-seulement
a cause de la douceur de son fruit, niais cncorea
cause de la faeilite avec laquellc elle repond aux
soius de riionime, dans presqiie toutes les con-
trecs et sous tous les climats du monde, si Ton en
excepte les elimats glaees ou brulaiils, et paree
qu'elle vient aussi heureusenient dans les plaines
que sur lescollines, dans les terres epaisses que
dans cellesqui sont en poussiere, souvent memfi
dans lcs terres maijires que dans les grasses , et
(lans les seclies que daus celles qui sont humides.
Klle est surtout la seule plnnte qui reussisse sous
diversestemp(;'i'atures,soitqu'cllesoilsousunp6lc
froid, soit qu'elle soit sous un \w\e chaud ou
sujet aux teinp(?tes. II est cependnnt intcMessant
dedistinguer quelles especes de vignes ou culti-
vera, et quel fienre de culture on leur doniiera,
suivant les diriVrentes positions des pays : car
la eulture de la vigne n'est pas la meme pour
tous les elimats ni pour tous les terroirs; et
non-siulement cette plaiite n'cst pas d'une seule
espece, mais il n'est pas aise de prononcer quelle
est la meilleure espece de toutes, parce qu'il n'y
a que fcxpt^rience (|ui puisse apprendre quclle
est celle en particulier qui sera plus ou moins
propre a tel ou tel pnys. Ccpcndant un cultiva-
tcur eclaire regurdern coinme certain que le genre
de vignes qui suppoitera, saus en (■tre incom-
modt?, les neiges et les friinas, sera propre aux
plaines; que celui qui supportera la sticheresse
et les vents, sera propre aux collines : il d(.'par-
lira a un champ gras et fertile une vigne maigre,
et qui ne soit pas naturellement trop fecondc; a
un terrain inaigre une vignc leeoiuie; ii un ter-
rain t^pais une vigue forte et qui ait beaucoupde
bois ; a uii tcrraiii r^iduit en poussiere et fertile,
une vigne qui ait peu de liois. II .siurn qu'il ne
fnut pas plunter des lieux humides en vignes
dont le raisin uit un grain tcndre et gros, mais
en vignes dont le raisiii aura le grain dur, petit,
et fourni de beaiicoup de pepiiis; et qu'il faut,
d'un autre c6te, mettre dans uii terrain scc des
vignes d'une nature differente. Mais, outre cela ,
le propri(?taire du tcrrain saurn eucorc que les
difft-rcntes temperaturcs de rnir influent plus
quc le terrain mcme sur les vignes, comine le
froid ou le chaud, la sticheressc ou rhumiditc, In
giele et le vent ou le calme, le lemps serein ou
le temps nt^huleux : ainsi il mettra sous un climat
froid ou nebulcux deux especes de vigiies, ou
les lifllives dont lcs fruits previeudront Thiver
par leur maturite, ou cellcs dont le grain sera
ferme et dur, pnrce qu'elles dclleuriront au mi-
lieu des brouillnrds, ct que leur fruit muriia
ensuite aux gelees et aux friinas, comme les au-
tres murissentaux chaleurs. II mettracgalcinent
avec hardiesse les vignes fermes, et dont le graiii
sera dur, sous un climat sujet aux vents et aux
orages; d'un autre ctUt' , il mettra dans un climut
chaud les vignes les plus tendres, et cclles dont
!e raisiii sera lc plus serre : il destinera a un
terrain sec celles que dcs pluies et des rosees con-
tinuclles pourriraicnt ; a un tcrrain huinide, cel-
les qui souffriraient de la secheresse; a un ter-
rain sujet a la givle, cellcs dont les feuilles scront
dures et larges, afm que leur fruit soit plus a
couvert : ear pour les contrees ou le teinps est
calme et serein, il u'y a pas de vignes qui ne
leur conviennent, quoique les meilleures seront
celles dont les gruins et les grappes tomberont le
plus ais(?ment. Mais s'il faut choisir a souhnit un
terrnin et un climnt pour les vigiies, le meilleur
terraiu (d'aprt^s ropiuiou de Celsus, ((ui est tres-
lo vel ailior pnircilil , ut nloa : vpI fnilox , iit palma ram-
pestris: tcI lertiiim (|iiiililaiii , (pioil ncc aibuieiii iiec
friicticeni proprie dixerimiis, iit est vilis. H.inc nos ciete-
ris stlrpil)us jnie pia^poniinns, iion tanlnm fructus dulce-
(line , sed (^liam facilitate , per qnaiii omni pene lesione et
omni (lecliiiatione miincli , nisi tamen slaciali vel pr.Tfer-
viila, cuiae morlalinm respondet, taiiupie felix eampis,
qnam coUihus provenit, et in densa non minus qnam in
resolnla, ssepe etiam gracili; atqiie pingiii et macia, sic-
caque et uli^inosa. Tum sola mavime utctmque ])atiliir
intemperiein caidi vcl -sul) a\e frigido , vel a'Sluoso piocel-
losoque. Rcfert lamen , cujus generis aul qun haliitii vilcni
pro regionis .slatii colerc censcas. Necpie enim omni caelo
solovc ciiltus idem ; neqne esl nnnm slirpis ejiis gcnus ;
«pindquc pr.Tecipnuni eslex omnibns, non faciledictu est ,
cnm suuni.cui(|uc regioni m.igis aiit minus aptuiii esse
doccat USU.5. Exploralum tanien habehil prudens agricola
genus vilis hahile cainpo , (luod nebulas pruinamqne sine
DOxapertert; colii, quod siccitatein vcnlosqiie patilnr
Pingiii el nhcri dabit agro gr.acilem vilem , nec nalura ni-
luis Ifsfundam , macro feraceiii , lerra^ dens.T vcliementciii ,
mnltaqno matiTia frondentem; resnliito et l.eto solo, raii
sarnienti, huinido loco sciet nonrocte mandari frnctns te-
neri et amplioris acini, sed callo.si et angusti freqiienlisquc
vinacei ; sicco recte contribui diversap [quoque] natura;
scmina. Sed et post lioec non ignorabit dominus loci ,
plns posse qualitatein ciBli frigidam vel calidam , siccam
vel roscidani , grandinosani venlosamqiie vel placidani ,
sercnam vcl nohnlosam : frigidffique ant nehulosac diin-
iiim generuni vites aplahit, seii proecoqiies, qnariini
matmilas friigum pr.Tcurril hienieiii ; seu /irmi (luriqiic
acini, qnarum inter caligines uv;c dellorescunt, et mo\
gclicidiis ac pruinis, ut aliarnni calnrihiis, milcscunl.
Venloso quoque et tumultiioso slatu ctH fidenter easdeni
tenaccs ac diiri aciiii ( iiinniiltel. Rursiis calidi) teneriorcs
niierioresqne cnncicdil. sicci) distinabit eas, qiiai pluviis
ant continuis rorilnis pnliiMinil: roscido, qn;c siccilali-
lins lahorant; graMiliiiosn t\niv. foliis dnris lali.sque sunl,
i]iiomeliusprnl('ganl fincliim. Nani jilacida etscieiia regiu
niillani non recipit : coniniodissime tamen cam, cujiis vil
iiv.e vel acini ccleritcr decidunl. At sj voto cst cligi ii-
(liis vineis locus ct status ca'li, situt censcl verissiini!
COLUMEr.LE.
coiiforme a la veiite) sera celiii qui, saiis etre
trop tpais ui reduit en poussiere, approchera le
plus de cctte derniere qualite; celui qui , sans
etre maigre ni fertile, approchera cependant le
plus de la fertilite ; celui qui , sans etre en plaine
ni escarpe, tiendia cependant d'une plaiiie ele-
vee; celui qui , sans etre sec ni humide , sera
cependant modereaient arrose; celui qui , sans
avoir beaucoup de sources d'eau sur sa surface
ni dans ses entrailles , fournira neanmoins aux
racines de la vigne une humidite suffisante, qu'il
tirera des lieux circonvoisins ; humidite qui ne
devra etre ui amere ni salee, pour qu'elle ne
corrompe point le goutdu vin, et qu'clle n'arrete
point raccroisseraent des plantes par respece
de rouille dont elle les couvrirait, s'il en faut
croire Virglle, qui s'exprime ainsi : Mais les ter-
res salees , et celles qui passent poitrcmeres,
sont nuisibles aux fruits; les lahours ne les
adoiicissent pas, et elles ne conservent ni la
gualite du vin ni la reputation des fruits. La
vigae, commeje Tai dit ci-dessus , ne veut ni
une temperature gl;iciale, ni une tcmperature
brulaute : elle se plait eependant plus dans les
climats chauds que dans les climats froids; la
pluie lui faitplus de tort que le beau tcmps, et
elle aime mieux une contree seche qu"une con-
tree trop pluvieuse; comme elle aime un vent
modere et dou\ , tandisque les tempetes lui sont
pcrnicieuses. Telles sont les qualites du climat
et du sol qui sont le plus a rechercher.
IL On plante dcs vignes soit pour en manger le
raisin , soit pour en faire du vin. II n'y a pasde
protita faireun vignoble pour en destiner lerai-
sin a etre raange, i raoins que le terrain ou on le
formera ne soit si voisin des villes, que Ton puisse
trouver sou compte a vendre le raisin aux raar-
chands, fans avoir la peine de le garder , comine
on vend tous les autres fruits. Lorsque Ton sera
dans ce cas, 11 faudra surtout avoir des vignes
hatives et du maroquin , en unmot du raisin
pourpre, de celui agrosgrains, de celuia longs
grains, de celui de Rhodes, de celui de Libye
et de celuides monts Cerauniens : il faut planter
alors non-seuleraent les vignes qui sont recom-
raandables par le gout agreable de leur fruit, mais
aussi celles qui le sont par leur belle apparence,
corame cellesdont les grappes ont la forrae d'une
couronne , celles dont les grappes ont trois pieds ,
celles dont le grain pese une uncia, celles qui
ressemblentauxcoings, de merae quecellesdont
on serre le raisin dans des vascs , pour ie garder
pendant Thiver , comme les ven.vculw et celles
de Numidie qu'ou a reeounues depuis peu etre
bonnes pour cet objet. Mais lorsquon veut faire
du vin , on choisit la vigne qui est forte en
fruit et en bois, parce que Tun contribue beau-
coup aux revenus du cultixateur, et Tautre a la
longue duree de la plante; mais il faut pre-
ferer celle qui, ne se couvrant pas trop tot de
feuilles et quittant sa fleur de boune heuie , sans
murir trop tard, se defend en meine temps aise-
ment coutre lesgelees , le brouillard et la brulure,
saus que la pluie la pourrisse, ou que les seche-
resses la reduisent a ricn. Voila comme il faut la
choisir, ue fut-elle que mediocrcment feconde,
pourvu que Ton ait un terroir oii elle puisse ren-
dre un vin d'un gout fin et recherche. Car
si le terroir donne au vin un gout decideraent
mauvais ou commun , il vaudra mieux planter
la vigne qui sera la plus abondante, ann a'aug-
raenterson revenu par la multiplicite du produit.
II arrivepresquetoujours, eu quelque terroir que
ce soit, que les viguobles desplaines donnent du
Cetsiis, optimum esl solum nec densiim nimis ncc
resoluliim, solulo lamen piopiiis : nec exile ncc laHis-
simum, proximiim tameii ubeii : nec campestre iiec
prarceps , simile tamen edilo campo : nec siccum nec iill-
ginosum, mndice lameu roscidum : quod Ibnlibus noii iu
summo, non in piotundo Imx scatuiiat; sed ut vicinum
ladicibus humorem subministrel : eumque nec amaruin
nec salsum, ne sapoiem vini corrumpat, et incrementa
virenlium veluli quadam scabra rubigine coeiceat : si modo
ciedimus Virgilio dicenti : Sulsa autcni lelliis , el i/iice
pcrfiibctur amara, Frugibus in/etlx; ea ncc mansue-
scit arando, Nec Bacdio gcntis atil promis siia nomina
servat. Cadum pono neque glaciale vinea , siciit pii-dixi ,
nec rursus «sluosum desiderat. Calido tainen polius
quam Irigido hietatur ; imbribus magis qiiam serenitatibus
offcnditur; el .solo sicco quam nimis piuvio est amicior;
perllalu inodico lenique gnndet, procellis obnoxia e.st.
Atqiie lijoc maxiine probabilis est caMi et soli (]ualitas.
II. Vilis aiitem vel ad escam vcl ad defusionem depo-
iiitur. .\d escam non expedit instituei-e vlnela, nisi cum
tam subuibaniis esl ager, ut ralio postulel incondKuiu
fructum niercautibus velut pomnm vendere. Qua; cum talis
estcondilio, maxime pritcoques et diiiacina^, tum deui-
que piirpureae el bumasti, dactjlique et Rliodioe, Libjcse
qiioqueet ceraunia;. Nec solum qua; jucunditate saporis,
veriim etiam qua; specie comniendari possinl , conseri de-
bent : ut steplianitae , ut tripedane» , utnnciariae, ut cy-
douita!. Itein quarum uva; temporibus biemis durabiles
vasis condunlur, ut venuculae , ut nupcr in lios usus ex-
plorata; Numisianse. At ubi vino consuliinus , vitis eligt-
tur, qUiTeet in fructu valet et in materia : quod alterum ad
reditus coloni, alteruin ad diuturnitatem stirpis plurimum
confeii. Sed ea tura piajcipua est, si nec nimis celeriter
trondet, et prinio quoque lempoic dellorescit, iiec nimid
taide mitescit : quin etiam pruinas et caliginem et carbun-
culumfacile propuIsal,eademque necimbribus pulrescit,
nec siccitatibus abolescit. Talis nobis eligatur vel medio-
criler fiBcunda, si modo is locus babclur, in quo gustus
nobilis pretiosusque fluit. Nain si sordidus aut vilis est,
feracissimam quainque serereconducit, utmultiplicatione
friigum reditus augeatur. Fere autem oinni statu locoruin
campestria largius vinum sed jucundius alTcrunt collina :
DE LAGRICUL
■vln cn plus grande qiiantUe que ceux des eolli-
nes, et que ceux-ci le donnent plus agreable,
quoique entre ces dernicrs merne , quand le cli-
mat en est niodere, ceux qui snnt cxposes aux
aquilons en donnent plus aboiidamnicnt , et que
ceux qui le sont au vent du midi lc donncnt plus
excellent. Car il n'y a point de doute que certai-
nes vignes ne soient de nature a etre tantot supe-
rieures , tantot inferieures a elles-mSnics par la
qualite de leur vin, suivant laposition des lieux.
II n"y a que les vignes Aminees qui passcnt
pour preferables a toutes les autres par le gout du
leur, sous queique ciimat qu'elles soient placees ,
pourvu qu'il nesoit pas trop froid ; et cela quand
meme elles seraient degeucrees, quoique, si on
les compare entre elles, ellcs donncnt un viu
tant^t meilleur , tantot moins bon. Ces vignes,
quoique portanttoutes le memenom , ne sont pas
eependant resserrees dans les bornesd'une seule
espece. ^^ous avous connu lcs deux esireces de
vraies Aminees, dont la plus petite dedeurit plus
lot ct mieux que la plus grande : aussi est-elle
propre a etre mariee aux arbres, ainsi qu'a etre
attacheeau joug; sicen'estque dans le premier
cas il lui faut une terrc grasse , au lieu que dans
le second cas une terre medioere lui suffit. Klle
estaussibien meilleureque la plus grandeespeco,
parce qu'ellc a plus de force pour supportcr les
pluics et les vents ; au lieu que cette derniere se
corrompt promptement lorsqu'elle est en lleur,
inconvenient quiarrive encore pUitotquand elle
est attachee au joug que quand elle est mariee
aux arbres. Aussi u'est-elle pas propre a former
des vignobles, pHisqu'elle Pest a peine a garnir
des plants d'arbres , si ce n'est dans une terre
fres-grasse et huinide ; car pour une terrc me-
diocre , elle n'y vaut rien; elle vaut nioins en-
core dans unc terre maigre. On la reconnait a
la multitude de ses longs sarments , a la grandeur
flii.-c taiiien ipsa niodico slalii ca>li magis exiibciant Aqui-
loiii pioiia; scd sunt generosioiasnbAiistio. Nccdiibiiiin,
quin sit ea iionnullarum vitinm nalura, ut pro loconiin
sitn bonilate vini niodo vincant, modo supeicntiir. Solae
tradnntnr Ainincc excepto cadi statn nimis frisido, ubi-
runqiie sint.pliain si descnerent, sibi comparala^ masis
aut mimis piobi gustus viiia pra^bere, et ca'teias omneis
sapoie praecedeie. Ex- cuni sint niiiiis noniinis, non
Hiiam speciein gerunt. Duas gernianas cognoviinns, qiia-
riiin niiiior ocins et melius dellorescit, liabilis arbori ncc
non jiigo : illlc pinguem teriam , liic inediociem desiderat ,
longeqne pracedit majoiem, quia et inibies el ventos
fortius patitnr. Nam major ccleriter in doie corrumpiliir,
ct magis in jugis, quam in aiboribiis. Ideoque non
cst vinci.? apta, vix etiam arbuslo, nisi pr;c;iiiigiii ct
uvida terra : nam nec mediocri valet, multoipie iiiinus in
exili. Piolixanim freqncntia maleriarum folioruinqiic ct
uvarum et acinorum magnitndine dignoscitur, inlernodiis
qiioqiie larior. Largis fructibus a minore siiperatnr, gustu
non vincitnr. Et ba; quidem iitricqiie Anrine<T. Veriim el
l^OI.I >ll 1 l.i._.
TURE, LIV. III. 22.5
de ses feuillcs et a la grosscur de ses grains :
elle a aussi moius de nccuds que la petite es-
pece , et produit des fruits en moindre quan-
tite; maiselle ne lui eede pas pour Ic gout. Ces
deux cspeces de vignes sont toutes deux Ami-
nees; mais il y en a encore deu.\ aulres espe-
ccs , qui sont les Aminees douhles : on les ap-
pelle jumelles , parce qu'elles produisent des
grappes douhles ; le vin en est plus dur, maisil
segarde aussi longtempsque celui des deux pre-
mieres. Tout le monde connait tres-bien la plus
petite de ces deux cspeccs , parce qiie Ics colli-
ues renoramees du Vesuvium daiis la Campanie ,
et celles du Surrentum, en sont couvertes. Elle
aime le soufllc du vent Favonius cu cte ; celui
du Midi la tourmente : aussi dans les autrescon-
trees de lltalie est-elle moins propre a. faire des
vigtiobles qu'a garnir des plaiils d'arhres, au
lieu que, dans les pays que nous venons de nom-
mer , les jougs soulienneut eommodement son
bois et son fruit. Sa grappe ne differe pas beau-
coup de celledela petite Arainee vraie, si ce n'est
qu'elie est douhle; de raeme que la grappc de la
grandedouhleressemble asseza cellede lagrande
Aminee vraie, avec cette difference qu'elle
vaut mieux quc la petite douhle, en ce qu'ellc
cst plus fecondc mcmc dans un terraiu mediocre ;
au lieu que nnus avous deja dit que la grandc
Aminee vraiene reussissait bien que dans un ter-
rain tres-gras. II y a quclques personnes qui font
aussi un grand cas de l'Aminee lanala , que
Ton appelle ainsi , rion pas qu'elle soit la seule
de toutes les vignes Aminees dont lcs feuillcs
soient blanchies de duvet, raais parce que c'cst
celle dont les fcuiUes sont le plus dans ce cas.
Cettc Amince donno a la verite do bon vin ,
mais il est plus leger que celui des prcccdeutes.
Elle jette aussi beaucoup de bois : e'est ce qui
fait souvcnt qu'elle ue defleurit pas comnie il
alia; dnoe geminoe ab eo qiiod diiplices nvas exigunt,co-
gnomen trabiint aiisterioris vini , sed a?que peiennis. Ea-
riim niinor vulgo notissima : (fuip|H! Campaniip celeberri-
mos Vesnvii colles Snrrentinosque vestit. Ililaris inter
aestivos Favonii llatus, Austris aflligitur. Caeteris itaque
partibiis Italia^ non tam vineis qii^in arbiislo est idonea ,
cum pr.fdictis regionibus comniodissimejugum sustineat.
Malcriam fructumque , nisi quod dnplicem , noii absimilcm
niinori german.T. gcrit, sicnt inajor gciuiua majori german.ie :
qua; tamen (minor) lioc melior e.st, qiiod fecundior eliani
inediocri solo : nam illam nisi prapingui non rcspondcre
jam dlctum esl. Lanatain qiioipie Ainincamqnidam niaxime
probant, qii<ie lioc vocabulum non ideo usuipat, qnod sola
ex omnibus Amineis, vcium quod pr.-ccipue canescit lanii-
gine. Sane boni vini, sed lenioris, quam superioies, crc-
bram quoque materiam fundit ; atqiie ideo propler pampini
densitatem swpc parum recle dellorcscit , eademqiie ina-
turo fructu celeriler putiescil. Supcr liuiic numeruni,
quem retulimns, singularis habetiir Aminea majori ge-
miiuc iion dissimilis , prima spccie pampini ct trunci, sm.I
COLUMELLE.
faut, ii caiise de la multitude de ses pampres,
etque lorsque son iVuitest mur,il pourritpromp-
lement. Outre toutts les Aminees que nous ve-
nons de detailler, il y a encore une Aminee
particuliere, qui , au premier coup d'oeil , res-
serable assez a la grande double par 1'exterieur
de ses pampres et de son cep , mais qui lui cst un
peu inferieure par le gout de son viu , quoiqu'il
soit de tres-bonne qualitc : elle est cependant pre-
ferable a cette derniere pnr les proprietes sui-
\antes : d'etre plus fertile , de quitter mieux sa
fleur , d"avoir les grappes bien fouruies et blan-
chatres , el le grain tres-gros , et de ne point dege-
nerer dans un terrain mediocre ; aussi la met-on
dans la classe des vignes les plus fecondes. Les
vignes de Nomentum ne tiennent que le second
lang apres les Aminees par la qualite de leur
viU; mais elles lenr sont supcrieures par lcur
feeondite, paree que souventelles ont autant de
fruit qu'ellesen peuvent porter ,et qu'clles lede-
fendent trcs-bien. Mais la pluspetite de ces vi-
gncs est la plus fertile; sa feuille est raoins de-
coupee et son bois moins ronge que dans ies Ami-
nees : c'est cette couleur qui leur a fait donncr
le nora de ruheUianw; on les appelle encoreyrc-
vinim, parce que leur vin rend plus de lie que
d'autres. Mais elles dedoinmagentde cet incon-
venient par lamultitude de leursgrappes , qu'el-
les produisent egalement sur le joug corame sur
rnrbre, quoique mieux eiicore sur rarbre. Elles
supportent bravcment les vents et les pluies ; el-
les quittent promptement leur fleur , et en con-
sequence murissent plus tot et resistent a toutes
les incommodites, si cen'est a la chaleur : car,
comme elles ont des grappes dont le grain est deja
menuetlapeaudurc,lachaleurlerendencoreplus
coriaee :ellesse plaisent suilout dans un terrain
gras, quisoiteu etat de pnicurer queliiue feeondite
a leurs grappes , natureliement gieles et pe-
tites. Les cxigcnia' s'aceommodent Ires-bien
d'un sol ainsi que d'un climatfroid ct couvert de
rosce, tant qu'elles sont sur la colliue d'Albe;
car desqu'elles cbangeut de climat , elles repon-
dent a peine a leur reputation ; de merae que l8
raisin des Allobroges, qui donne un vin bien in-
ferieur lorsqu'on Ta cbange de pays. II y a trois
especes de raisin muscat, qui sont aussi re com-
mandables par leurs grandes qualites : toutes les
trois sont fertiles, et s'aceommodeiit assez bien
du Joug et des arbres : il y en a cependant une
meilleure que les deux autres, et dont les feuil-
les ne sont point couvertes de duvet; pour les
deux especes dont les feuilles cn sont cou-
vertes, quoiqu'elles soient semblables entre elles
par les feuilles et pnr les brancbes a fruit, elles
montrent cependant une dif.ference sensible dans
la qualite de leur vin, puisque le ^in dc Tune
des deux acquiert plus tard que Tautre ce goiit
fait que la vetuste donne en general au vin.
Elles sont tres-fertiles dnns un terrain grns , et
ne laissent pas de retre dans un terrain rae-
diocre : leur fruit est hStif , ce qui fait qu'el-
les conviennent tres-fort aux lieux froids: leur
vin est doux , mais il est pernicieux a la tete ,
aux nerfs, et aux autres vaisseaux du corps. Si
on ne vendange pas promptement , les pluies et
les vents les devastent,ainsi que les abeilles ; ce qui
leur a fait donner le uom de ces animaux {apiancc).
r^lles sont tres-celebres par rexcellence de leur
gout. II y a cepcndant des vignes, meme de la
seconde elasse, qui peuventetre recommandables
par leur produit et leur fecondite, telles que la
Biturica et la basilica, qiii se divise cn deu\ es-
peces , a la plus petite desquelles les Espagnols
donnent le nom de cocoluhis. Ces deux vignes
sont celles qui approchent le plus des prcmieres
doiit nous avons parle; elles laissent toutes les
autrcsa une graude distance apres elles , car leur
«inl sapore aliqiianto iiifcrior, qiianivis gciierosissimis sil
pioxima, praefeieiida etiaiii piopriis \irtiilibus : iiam et
feraciorcsl, et nore nieliiis exiiiini-, spi-^sasipio el albidas
uvas ac tiimidioris .irini f;eiit, ;;iarili .irvu nun deseiscit ,
atniie ideo iiiter ubeirimas vites iiniurr.ilin. .^rinentana!
vini nobilitate snbseqnuntur Aniinuas, fircundiUte vero
etiam pr^veniunt : quippe ciim se fiequpnler iinpleanl,
et id, quod ediderunt, optinie tueanlnr. Sed earuin qiio-
qiie feracior est niinor, cujus et folium parcius scinditur,
et materia non ita rubet ut inajoris , a qiio coloie rubel-
lianie nunciipantur : e.iedemque fa-ciniK, qno plns quam
caelerae faxis alfernnt. Id tamen incommodum repensant
uvarnm multitudine, quas et in jugo sed [et] in arlrore
ineliiis exhibent. Ventos et imbrcs valenter sufferunt, et
celeritcr defloresciinl , el ideo citius milescunt , omnis in-
commodi patienles practer caloris. Nain quia uiinuli acini
ct dur3e cutis uvas liabent, oestibus conlialinntiir. Pingui
arvo maxinie gaudent, qiiod uberlatem aliqiiam natura
feracilibus cl] evilibus uvis pra-bete valet. Krii^idnm ac
roscidnm solum et ca^lum commodissime sustiiient euge-
ni.e , dum sunt in Albano colle. I>)am mutalo loco vix no-
mini suo respondent. Nec niinus Allol)rogiciie, quarura vini
jncundilas cnm legione mulatur. Magnis etiani dotibus
tiesapianaecommendantnr, onuies feraces jugoque et arbo-
ribns salis idoncK : geiierosior tamen nua, quai nudis
fuliis esl. Nam duae lanata;quamvisfrondibus etpalmilum
pari facie lluxuiaj qualilate sunt dispariles, cum tardius
altera recipiat eariem vetustatis. Pingiii solo feracissimae ,
mediocri quoqne fcecunda; , praecoqiiis fructus : ideoque
frigidislocis aptissima;, vini dulcis, sed capili nervisque,
[veuisque]non apta;. Nisi maturelectaepluviisventisque et
apibiis alferunt piacdam.quarum vocabulo propter banc
populationem cognominanlur. Alquelia; pretiosi gostus
celebeirimse. 1'ossiint tamen etiam secundae not<e vites
proventu et ubertate coinmendari, qualis est Biturica,
qualis basilica, quaruni minorem cocolubem vocant His-
pani, longe omnium primis utraeque proxima!. Nanj et
vclustatem vinuni earum patilur, et ad bouitatemaliquam
DE LAGRICDLTURE, LIV. 1!!.
vin segaicio loni^Uiiips sans segSter, et ncquiert
ineme uii certaiii dcgie de bonte apres quelques
annees. Ellessiirpassent nienie par leurfecondite
toulescellesquejai nommees d'abord , ainsi que
par leur force, car elles supportent tres-brave-
ment les tempfitcs et les pluies : ellcs rendent
beaucoup de vin , et ne dejienerent poiiit dans
un terrain maigre; elles souffrent plutot lc froid
que rean , et Teau que la seehcresse, sans ce-
pendantque leschaleursles incomraodent. Apres
cclles-ei viennent la visula et la petite vigne
d'Argos, qui se plaisent tontes deux dans une
terre mediocre : car, lorsqu"elles sont dans une
terre grasse, ellesprennenttropdeforce, etdans
une niaigrc au contraire elles sont de petite ve-
nue, etn'oiit pas du fruit : elles aiment mieux le
joug que les arbres ; mais crpendant celle d'Ai'-
gos esl egalement fcrtile lorsqu'elle est grimpee
liaut , et elle y produitde grands bois et de gros-
ses giappes. Pour la visula , a qui les planchers
les plus bas convicnnent davnntage, elle donne
des sarments courls et des feuilles larges, qui
servent des lorsagarantir ses fruits de la grele :
si cependant on ne ks cuellle pas au premier
moment qu'ils sont miirs, ils tombent h terre ,
et rbumidite les pourrit meme avaiit qu'ils
soient toinbes. Oii cite encore les vjgnes he/roln',
(|ue quelques pcrsonnes appellent ('«W(C .■ le rai-
sin n'en est ni pourpre, ni uoir; ct c'est sa cou-
leiir entre rouge et blanc qui leur a fait donner,
si je ne me trompe, le nom iT/irlrohr (paillet;.
Le plus noir est meilleur, eu egard a la quantile
de vin qu'il rend ; mais le plus blanc est le plus
recherche pour le goiitdusien, ctnirunni l'au-
tre ne conserve egalement sa coulcur : ces deux
vignes produiseut Tune comme rautre du vin
blanc, dont la quantite est alternativement plus
ou moius grande dedeuxannees Tune. Elles cou-
vrentmieuxlesarbres , maisellesne lai^scnt pas
que de bicn couvrir le joug : elles sont fertile.'*
meme dans un terrain mediocre , de ineme que
la grande et la petite prrlia ; mais ces deriiieres
sont plusrccommandables par laqualite de leur
vin : elles ontbeaucoup de bois et de feuilles, ct
mnrisscnt promptement. Ualhuelis vaut micux,
comme dit Celsus, sur les collines que d:!iis les
plaines , sur lcs arbres que sur le joug, au haut
des arbres qu'au bas; et elle est abondante tant
en bois qu'en fruits. Quant aux pelites vigncs
qui viennent dc la Grece, tellesquecellcs de Ma-
reotide, celles de Tharse, celles de Psithia et
les Sophortia , elles sont a la verite d'un gout
agreable, mais elles rendent peu de vin dans nos
pavs , vu la petile quantite de grappes qu'elles
portent et lapelitesse de leurs giains. Cependant
Viiiertirula noire , que quelques Grecs appel-
lent ametinjslon, peut elre rangce presciue dans
la seconde classe , parce qu'elle produit de bon
vin , et qu'il n'incnmmodc point ; c'est meme cc
qui a fait donner ces noms a cette vigne , parce
que ce viu n'a pas la force d'attaquer les nerfs,
quoiqu'il ne laisse pas de piquer le gout. Celsus
fait une troisieme classe des vignes qui ne sont
recommandablesque par leur fertilite , telles que
les trois lielvenacia; , doiit les deux plus graiides
sont regardees comnie pareilles cntre elles , parce
que leur viii n'estni de moiudre quaiite ni moins
abondant dans Tune que daiis rautre. L'une des
deux,que les habitants des Gaulesappellent ririar-
cuin, nerendqu'un vin mc'diocre;et rautre,qu"ils
appellent lonmie ou avare , douue du grosvin,
et non pas aussi abondainment que semble le pro-
mettre lc nombre de ses grappes, lovsqirelles
commenceut a paraitre. Laplus petitc, qui esten
meme temps la meilleure de ces trois vigncs, se
distiugue tres-bicn a sa feuille , qui cst plus ronde
per annos venit. Jam vero ipsae frcciuiditate praestant
omnibns, qnas ante retuli, tuin etiam palientia: quippe
tiirljiiics imbresqiie [fortissiine] suslinent, ct conimode
lUinnl, nec dcliciunt rriacro solo. Krigoia melins quam
liMinores sustincnt, Inimores commodius quam siccitales,
nec calnribus lamen contristantur. Visula deinde ab bis
cl minor aisitis lenac mediocritate laetantur ; nara in pin-
gui nimiis viribns bixuriant; in macra teiines et vacu»
fructu veiiiunt : amidores juso qiiam arboribus, sed ar-
Ritis etiani in snblimibus fertiiis vaslis inateriis et uvis
eNuberat. Humilliinis labulatis aptior visula brevem ma-
teriam, durnni ct laliim foUuin e\isit, cujus amplitudine
fructus suos optime adversus grandinem tuetur : qiii ta-
men nisi primo qiioque lempore maturi leganUir, ad ler-
ram decidnnt ; bumoiibus eliani prius, quani delluanl , pu-
trescunl. Siiul et belvolac , quas nonnulli varias appcllanl,
ncq.ie purpnreae ncque nigrse , ab helvo (nisi fallor) colorc
vocilalae. Melior est nigrior abundantia vini , sed bax sa-
pore preliosior. Color acinorum in iieulia couspicilur
a>qiialis :utraquc randidi musli allerna vice annormn plus
aul niinus afferunt. Melins aiborem, sed et jugum com-
mode vestiunt : niediocri quoipie ,solo ficcnnda!, sicut
pietia; minor el inajor. Sed eae geneiosilale vini magis
commcndanlur, et frequeulibus niateriis frondent, et cito
maturescunt. Albuelis utilior, ut ait Celsus, in colle quam
in campo; in arboreqiiani injugo; in sumnia arbore quam
in ima : ferax et nialeria; frequenlis et uva;. Nam qiis"
Grseculae vites sunt, ut Mareolica!, Tliasia;, Psilbias, So-
pbortiai , sicul liabent piobabilem gustum , ita noslris re-
gionibus el raiilate uvarum et acinorum exiguitale minus
fluuut. Inerticula tamen nigra, quam quidain Gr.xci ame-
tbvslon appcllant , potesl in seciinda quasi tribu csse , quod
et boiii vini estet iiiuoxia, undeeliam nomen Iraxit, quod
iiicrs halii'lur in leiilandis nervis, quamvis gustii non sil lie-
lies. Tcrtium gradum f.icit eariim Celsus , quse fiiecunditale
sola commendantur : ul tres Helvenaciae , quaruni dusB
majoies nequaquam niinori bonilateet abundantia musti
pares babentiir : eariim altera, qiiani Galliarum incolae
emarcuin vocant , mediocris vini : et allera , quam longam
appellant , eandemque avaram , sordidi vini , nec tam largi
COLUMKLLE.
qne celle des deux nutres : elle a son merite,
tatit parce (|u'elle supporte tres-bien la secheresse
ainsi quelefroid, pourvu qu'il nesoit pas aecom-
pagnede pluie ,que parce queson viu se conserve
(■11 quelques pays meme jusqu'a la vetuste, et
prineipalement pnree qu'elle est laseulequi fasse
lionneur au terioir raeme le plus maigre par sa
Certilite. Mais la spionia est plutot magnifique
par l*abondance du vin qu'elle rend et par la
grosseur de ses grappes , qu'elie n'est ferlile par
leur quantite ; il en est de meine de Voleayinia ,
de la Murgentine qui est la meme que la Pom-
peenne , de la Numidienne , de la venucuJa qui
est la meme que la xcripula et la slicula, de !a
noire de Fregelle , de la merica , de celle de Rhe-
tie^etdelagrandeoree/ftfrt, qui estlaplusabon-
dante de toutes celles que nous ayons counues,
et ((ue beaucoup de personnes ont confondue a
tort avec celle d'Argos. Car je ne dirnis pas aise-
ment avec assuraiice daiis quelle classe on doit
mettre les suivantes, quiuesont venuesamacon-
iiaissance quedepuis peu de temps; je veux dire
la pergulana , Virtiola et la jercola , parce
que,quoique Je les connaisse pour etre assez ie-
condes , je n'ai pas cependant eneore (ite a meme
de jugerde la qualitede leur vin. Nous avonsen-
core fait la deeouverte d"une vigne htitive, que
nous n'avions pas connue auparavant: cette vi-
gne, appel(^e par les Grecs dracontion, peut
etre compar(ie par sa fecondite et par la douceur
de son gout a 1'arcelaca , a la hasilica et a la
Biturica, et par la qualite de son vin a \'A-
minee. II y a encore bien d'autres espcces de
vignes, dont nous ne pouvons ni fixer le nom-
bre , ni dire les noms avec quelque certitude :
car, comme dit le poete : // n'est pas important
d'en detailler le nombre: etvouloirles connai-
tre toutes, c'est vouloir savoir comlricn le Ze-
ylnjrc agite de (jrains de sable dans lu mer de
Libije. En effet, chaquecontr(Je et presque chaque
partie desdifferentes contrees ont des espeees de
vignes qui leur sont particulieres, et auxquelles
elles donnent chacune un nom a sa guise : il se
trouve m(5rae telles vignes qui ont chang(i denom
en changeant de terroir; d'autres qui, en chan-
geant de terroir , ont aussi cbang(5 de qualite ,
comme nous Tavons dit ci-dessus , de faeon a ne
pouvoir plus etre recounues. Aussi , dans notre
Italie meme , sans parler de toute ^(^'Undue du
globe , des pcuples, quoique voisins les uns des
autres, nes'accordent-iIs pas sur les noms qu'ils
donuent aux vignes ; et souvent il arrive qu'ils
leurendonnent chacunde diff(>reuts. Cestpour-
quoi un maitre prudent ue doit pas retaider ses
disciplcs par la recherehe de cette nomenclature,
h laquelle il nc pourra jamais les faire parvenir;
mais il leur doit donner en genieral ce precepte
qu'ont donne Celsus ct Caton avant lui : savoir,
qii'il ne faut pas planter d'autres especes de vi-
gnes que celles qui ont une r(^putation etablie,
ni en garder longtemps d'autres que eelles dont
Texp^irience aura confume la bonte : et , comme
dit .lulius Grajcinus, loisque nous trouverons
daus uu pays beaucoup de facilit(?s qui nous en-
gagcront d y plauter des vignes de renom , il
faudra choisir les meilleurcs; au lieu que s'il
n'y a ricn ou peu de chosc qui nous y excite ,
nous donnerons plulot dans les vignes les plus fer-
tiles , parce que le merite de celles-ci ne sera ja-
mais inferieur a celui des premieres dans la
meme proportiouque leur abondance sera supe-
rieure a la lcur. Mais je dirai par la suite en son
lieu ce que je pense au fond de cet avis, quoi-
que je Taie di^ja approuve moi-meme plus haut;
quam ex niimeio uvariini prima specie promittit. Minima
et oplima e trihus f.iciliiiiie folio ilignoscitur, nam rolun-
dissimum omniuiii id goiil: alque est laudabilis, quod
siccitates ma\ime jK'ir;it, quoil friijoi-a sustiuet , diim fa-
nien sine imLiribus sil ; (|uoil iKiiiiiullis locis eliam viiium
ejus in vetustatem iliffiinilitiir; ipiod prtfcipue sola ma-
cerrimum quoqiie Sobim fcrlilitale sua commeinlat. Ut
spioiiia dapsilis musto et ampliliidine magis uvaruni , quam
nuniero fcrtilis, ut oleayinia, ut Mnrgentina, eailemqiie
Pompeiana, nt Nuinisiana, ut venucula eademqiie scir-
pula atque sticiila, ut nigia Fregellana, ut merica, ut
Rliaetica, ut omnium qiias cognoviinus copiosissima arce-
laca major, a miillis aigilis falso existimata. Nani lias nu-
per milii cogiiilas, peigulanam dico et irtiolam tVreolam-
que , non fitcile asseverem , quo gradu liabenil* siiit : qiiod
elsi salis fcPCUDdas scio, nondum lamen de boniute vini ,
quod afferunl, judicare polui. Unam eliam prfecoqiiem vi-
tem nobis ante hoc tempus incoguitam (in) Gra>ca consue-
tudine dracontion vocitari comperiniiis, qu.-e fiecunditate
jucundilateve arcelaae basiliceque el Biluricre comparari
possit, generositate vini Aminea'. Multa pr.ieterea sunt
genera vitiuni , quariim nec mimerum nec appellationes
cnm certa fide referre possumus. Neque enim, ut ait
poeta, nuinero comprendere refert; Quem qui scire
velit, Libijcl velil wquoris idcm Discere quam multce
zephyro versvnfur harnxc. Quippe uiiivcrssn regiones
regionuinque [leiie singiil.T partes habent propHa vitium
geneia, qiiae consuetiidine sua uominant; qua;dam eliam
stii pes cum locis vocahula miitaverimt ; quaedam propter
mutalionem locorum, siciit siipia diximus, ctiam quali-
tate sua decesseriint, ita iil dignosci non possint. Idcoqiie
in hac ipsa Italia , ne dicain in tam dilfuso tenarum orhe,
vicin.ie etiam naliones nominibus earnm discrepant, va-
riantque vocahiila. Quarc prudentis magistri est ejiismodi
nomenclationis aucupio, qno potiri nequeant, sludiosos
non demorari ; sed illud in totum prrecipere , quod et Cel-
siis ait el ante eiim M. Cato, nnlluin geniis vilinm eonse-
icndum csse nisi fania, iiullum diutius conserv,inrium
nisi experiinento piobatnm : alque ubi multa invilabunt
regionis commoda, ut nohilcm vitem conseianuis , gene-
rosam reqiiiiemus, inquit .luliiis Graecinus : uiii niliil erit
aiit non multum , quod proritet, feraeitatem potius seque-
miir, qii.tMion eadem porlione vincitur pretio, qua vincit
abuudantia. Sed de hac senlentia , qiiamquam et ipse paulo
DE L'AGlUCULTURt:, LIV. IIL
car mou but est de montrer comraent on peut
former des vigncs qui soient abondantes , et dont
le vin soit precieux en nieme temps.
III. Maintcnant , avant de disserter sur la plan-
talion des vignes , je crois qu'il ne sera pas hors
de propos d'c.\aminer et de nous assurer si la
culture des vignes est dans le cas d'enrichir uu
chef de famille. En effet , cet examen doit ser-
vir comme de fonderaent a notre dissertation ,
puisqu'il serait presque inutile de donner des
precepte^ sur la facon de planter les v ignes , tant
que Ton ne scrait point d'accord avec nous sur
laquestion prealable, s'il en faut avoir ; d'autant
que le doute sur celte qucstion est si general ,
qu'li y a nicme plusicurs particuliers quicviteut
et qui redoutcnt une tcrre disposee en vigno-
bles, estimantqu'il faut plutot desirer d'avoir eu
sa possession dcs pres, des pdturages ou des bois
taillis. Gar pour les vignes marices a des plans
d'arbres, il y a de grands debats a ieur sujet
meme parmi lesauteurs,Saseruadcsapprouvant
cette espcce de culture , et Tremellius Tapprou-
vaut au contraire tres-fort. Mais nous pcserons
aussi ces diffcrentes opiuions en icur lieu. En
attendant, il fautcommencer par montrer a ceux
qui veulent s'adonner a Tagriculture , que le re-
venudesvignes esttres-coiisiderable. Je pourrais
citer a cette oecasion cette ancieuue fertilite des
terres , qui, comme Tavait auparavantdit M. Ga-
ton, et corame Ta repete ensuite Terentius Var-
ron, rapportaicnt ^m- jugerum plante en vigno-
bles six cents Krnce de vin; car Varron assure
positivement ce fait dans le premier livre de
son Economie rurale,ou ilditmemequece revenu
etait comraun, uon pas dans une contree seule-
ment, mais cncore dans le canton de Faventia et
dans les terres gauloises, qui sout aujourd'hui in-
corporees au Picenum : ainsi on ne peut pas doutcr
de la V($rite de ce faitpour ces temps-la. Mais,
sans parler de cetteancienne fertilite, la contree de
Nomentum n'est-elle pas encore aujourd'hui ce-
lebre par la plus haute reputation en ce genre,
surtout dans la partie qui cn appartient a Sene-
que , puisqu'il est de fait que les terrains en vi-
gnobles qu'y possede cet homme d'un genie et
d'une erudition rare, lui rapportcnt ordinaire-
ment huit ndlei de vin par jugerum? Car on a
regarde comme un prodige ce qui est arrive a
nos terres dans la Geretania, savoir, qu'uu cep
ait porte chez vous plus de deux mille grappes,
que quatrevingts ceps aient rapporte chez moi ,
la secondeauuee depuis leurgreffe, sept cullcide
vin , et que de nouvelles vignes en aicnt rapporte
pour lapremierefoiscentaw^5/io;a;par7»r/(>n<77i.
Quand on compare a ce produit celui des pr es , des
paturages et des bois , qui passent pour etre d'un
grand proflt a leur maftre lorsqu'ils lui rappor-
tent cent sesterlii parjuf/erum (car je ne parle
pas du ble, puisqu'a peine pou vons-nous nous rap-
peler un teraps oii il ait produit quatorze pour
uudanslaplusgrande partiede ritalie), on sede-
manderait volontiers pourquoi lcs \ignes sont si
decriees. Ce n'est pas non plus, dit Gra;cinus ,
par rapport a quelque vice qui leur soit inherent,
mais bien- par celui des cultivateurs. Ce vice
cousiste preraiiirenient en ce que personne n'ap-
porte d'attention dans ie choix du plant, d'ou
il arrive que presque tout lc monde forme dcs
vignobles oii il ne se trouve que des ceps de la
pire espece ; en secoud lieu , en ce qu'on ne donne
pas au plant une education convenable pour lui
faire prendre des forces , et lui faire jeter dcs ti-
ges avaut qu'il soit desseche; et enfin eu ce que,
si par hasard le plant parvient a sa graudeur, on
ante idem censuerim , qiiid tamen arcanius judicem , suo
lo(o mox dicam. 1'ropositum cstenim docere, qua ralione
vinea; pariter fciaces et pretiosffi Uuxuraj possint constitui.
III. Nunc prius quam de satione vllium disseram , non
alienum puto , velut quoddam fundamenlum jacerc di-
sputationi (utuia;, ut ante peipensum et exploratum lia-
bearaus, an locupletet patiemfamilias vinearum cultiis.
Est enim pcne adiiuc supervacuum de liis conseiendis
priieciperc, dum qiiod prius esl , nondum concedatur, an
omnino sint habenda;? Idque adeo plurimi diibileut, ut
miilti refugiant et reforniident talem positionom nnis ,
atque optabiliorem pratorum possessionem pascuorumque
vel silvie ca^duae judicent. Nam de aibusto cliam inter
auctores noii exisua pugna fiiit , abnuente Saserna genns
id ruris, Tiemellio maxime probaute. Sed et liani- senlen-
tlam suo loco ;estimabimus. Inleiim studiusi at^i icolatio-
nls hoc prinmm docendi sunt, ubcrrinuim esse leditum
vlnearum. Alque nt oiuitlam veteiem lllani fclicitatein
arvoiuiti , quibus et ante jam M. Cato, et mox Teiontius
Vario prodidit, singula jugera vlnearuni sexcenas urnas
viiiiprxbuisse; id cnim inaxlme asseverat In primo libio
K.-rum ruslicarum Yarro ; ncc una reslone piovenire soli-
tiiin, verum et In Faventlno agro ct in Gallioo, qui nunc
Piceno contribnitur -. Iiis certe tempuribus Nomentan.i
regio celebeirlma fama est illustris, et praecipue qiiam
possidet Seneca, vir excellentis Ingenii atque doctiinae,
cujus in prxdlis vinearum jugera singula culleos octonos
roddldisse plerunique, comperlum est. Nam llia videutur
pioiligialiter In nostris Ceietanis accidlsse, ut aliqua vitis
apiid te excederet uvainm numenim duorum inillluni , et
apud me octogena; stlrpes insita; iiitra biennlum septenos
culleos pera-quarent, ut prima' vinea; centenas amphoras
jugcratim priBberent, cum prata et pascua et silv,x,6l
centenos sestertios in slngula jugeraeniciant, optime do-
mino consulere videantiir. Nani Irumenta majoro (|ui<Iem
parte Italis quando ciim quarto responderlnt, vi\ nienii-
nisse possumus. Cur ergo res Infamis est.' non quideni
siio, sed hominum inqult vitio Graxlnus. Prlmum, qupd
in exploiandis scmlnlhns nemo adhlbet dlllgentiam, et
ideo pesslmi generis plerique vineta consoiunt : deinde
sata non ita nulriunt , nl anle convalescant ac prosiliant ,
qiiam retorrescant : sod et si forte adoleverint , negligentcr
coliint. Jani ilhid a principio nihil r( forre censenl , quom
locum conseianl ; immo etiam seligunt deterr ijiiam patteiii
230
COLUMELLE.
le cultivc neglinemincnt. D'abord on iie croit pas
qu'il soit important, des !e prineipe, de choisir
le lieu oii Ton veut planter des vignes : on ehoisit
au contraire pour cet objet la plus mauvaise par-
tie de ses terres, corame si les terraiiis qui ne
peuvent servir a autre chose etaient ceux dont
la vignedutle mieux s'accommoder : on ne re-
marque pas meme quelle est la vraie faeon de la
planter, ou (juand on Ta remarquee , on ne s"y
eonforme point : ensuite il est rare qu'on assigne
ime dot a ses vignes , c'est-a-dire qu'on tieune
pret tout ce qui est necessaire pour les cultiver,
quoique romissiou de ce seul poi nt occasionue tou-
jours un nombre de journees employees a faux,
et epuise d'autant le eoffre-fort du proprietaire.
La plupart visent aussi a avoirdans le nioment
present le plus de fruit qu'ils peuvent , sans s'em-
barrasser de ravenir , et , comme s'ils ne vi vaieut
qu'au jourla jouruee, ilsfontla loia leursvignes,
et ies chargent de beaucoup de branches a fruit,
sans avoir egard a leur posterite. Lorsqu'i!s
ont commis toutes ces fautes, ou tout au moins
1e plus grand nombre , il n'y a rien quils n'ai-
massent mieux au mondc que d'avouer leurs
torts;ct ils se plaignent que leurs vignobles
ne repondent pas aux soins qu'ils y donnent ,
quand c'est eux-memes qui les ont perdus par
lenravarice , par leur ignorance ou par leur ne-
gligence. Mais s'il est certain au contraire que
« eux qui joignent rattention aux counaissances
retirent de chaquojugenim de vignes, je ne dis
pas quaranteou au mnimtTeMeamp/iorce de vin ,
quoique je le pense, mais vlngt, suivant le calcul
de Grfficinus qui va neanmoinsau rabais, n'est-il
pas vrai qu'ils viendront aisement a bout d'ac-
croitreleurpatrimoine, plusque tousccux qui sont
si attaches a leur foin et k leurs lcguraes? Cet au-
teur au reste est bieu loin de se tromper, puis-
qu'il voit au contraire clairement et en bon cal-
culateur que , de compte fait, cette espece de cul-
ture est celle qui est la plus avantageuse pour
augmenter sa fortune. Car quoique les vignes
exigent de tres-grandes d^penses, il ne faut ce-
pendant pas avoir pour sepijugera plus d'un vi-
gneron : encore le vuigaire croit-il bien faire eu
raequeraut a basprix, ou en lechoisissant parmi
les esclaves criraiuels que ron vend a rencan ; au
lieuqueje pense, contre Tavis du plus graod
norabre, qu'un vigneron de prix est un article
tres-essentiel. Quoi qu'il en soit, quand on Tau-
rait aehete huit mille seslcrtii, quaud le fonds
lui-mcme de sepljtigera en aurait cout(5 sept
raille,et qu'il en couteraitencore deux mille pour
les ceps de chaqnejugerum avec leur dot, c'est-
a-dire , avee lcurs appuis et leurs ligatures, il se
trouverait donc qu'on n'aurait dcpense au total
que vingt-neuf millei'e.ster<M : ajoutez^celatrois
mille quatre cent quatre-vingts nummi pour Tin-
teret a six pour cent par an des deux premieres
annees, oii ces vignes ne rapportent pas encore
de fruits, pareequ'el!essont,pourainsi dire, dans
leur enfance ; cela fera au tota! , le principal et les
interets compris, la somme de trentedeux mille
quatrecent quatre-viugtswi<M?«i. Or si unpro-
pri(itaire voulait placer cette somme sur desvi-
gnes,dem(}me queceux qui pretent a usure pla-
eent leur argent sur leurs debiteurs, a condition
que le vigneron serait tenu de lui en payer en
rcnte perpeluclle rint(?ret a six pour cent dont
nous venons de parler , il ne recevrait par an que
milleueufcent cinquante.se.s-fc/-;;/. Mais, d'apr6s
ce caleul merae, le revenu des sepljugera de vi-
gnes Temportera eneore, suivant ropinion de
Graeciuus, sur rintei^et de ces treute-deux mille
agronim, tanqiiam sola .sit liiiic slirpi maxiiiic tpria ido-
nea, quae nilill aliinl feire possit. SeJ ne ponendi qiiideni
ratioiiem aut peispiciiinl , aut perspectani exequuntur :
tiim etiam dotem , id cst instrumentum , laio vineis pi.ne-
paiant; ciiin ca les, si oniissa sil, pluiimas operas ncc
iniiius aicain palii.s familias semper exliaiiridt. Fiiictura
vero pleiique i|iiam uberrimum pra'scnlcm tonseclaiitur,
uec pioviilcnt fuluro tempori, scil qiiasi pluue iii diem
vivant , sic impeiant vilibus , et cas ila mullis palinitibus
onerant, iit posteritati non consuiant. Itec omnia vel
ceite pluiima ex liis cum cominiseiint, quidvis malunt
quam'siiam culpam conliteii; qiieiunlurqiie non respon-
(lere sibi viiieta, quaj vel per avaiiliam vel insciliam vel
per ncgligentiam perdiderunl. At si, qui cum scientia so-
ciaverint diligenliam, uon, iit cgoexisliino, qiiadragenas
vel ceite tricenas, sed ut Gia^cinus niiniinum compiitans
licet, inquit , amplioras vicenas percipient ex singulis ju-
geribus : omneis islos, qui foenum suum et olera ample-
xantur, iiiciemento patrimonii facile superabiint. Ncc in
lioc crrat : qiiippe ut diligens laliocinator calculo posilo
videt, id geniis agricolationis maxinie rei familiari condii-
cere. Kani ul amplissimas impensas viuca; poscant, non
lamen excedunt septem jugera unius operam vinitoris,
quem vulgus quidem parvi aeris, vel de lapide noxiiim
posse comparari putat ; sed ego plurimorum opinioni dis-
sentiens preliosum viiiitorem in primis esse censeo : isque
licct sit emptus [sex , vel polins] sesteitiis octo millibus,
cum ipsom solum septem jugerum totidem millibus nu-
moium parliim , vineas(|ue cum sua dote , id est cum pe-
damcntis et vimlnibiis, binis millibus iii singula jugcra
positas duco : lit tum in assem consiimmatum pietium
sestcrtioriim xxix millium. Hiic acccdunt semisses usiira-
riim sestertia tria mdlia, el quadringenti octoginta niimi
bienuii lemporis, quo velut infantia vinearum ces.sat a
fructii. Fit in assem sunima sortis et usurarum xxxii inil-
lium quadringenloium l\xx numorum. Quod quasi no-
men, si nt fn>nerator cum debilore, ita rusticus ciim vineis
siiis fecerit, ejus summa; ut in perpetuum prsedictam usu-
lani semissium dominus constituat , peicipere debet in
aniios singulos niille nongentos quinquaginta sesterties
numos; qua computatione vincit tamen reditus vii juge-
riim , secundum opiuionem Graecini , usuram triginta duo-
riim mniiumquadringentorum octogintanumoium. Quippe
ut dcterrimi geiieris sint vineae, tamen si cnlta;, singuios
DE LAGRlCUJ/rURE, LIV. IIL
quatre ceiit qiiatre-vi!]gts ««/«?Mi. Car , si maii-
vaises que soieiit ces vigncs, pour peu cependnnt
qu'ellessoient euitivccs, elles riippoiteront , sans
contredit, uncM//c«.v(]evinpai7W7fi)-;»rt;etquand
on ne vendrait les quarante unicc que trois cent
nuinmi, qui est le raoindre prix du marche, les
seiA':ullei ae laissernient pas de faire une sorame
de deux mille sesterlii et cent numiiii , sorame
qui serait au-dessus de Tinteret a six pour cent.
Mais le calcul que nous faisons n'est que d'apres
la supposition de Gra;cinus : ear, pour nous , nous
croyonsqu'il faut arracher les vigaesquand elles
rapportent raoins de trois cullci de vin favjicye-
rum. Encore supposons-nous dans notre calcul
qu'il n'y aura point de profit ii faire sur les mar-
cottes du champque ron cultivera au pastiiium,
quoiqiie cet objet soit scul capable d'acquitter
tout le prix qu'aura coute le terrain , pourvu que
ce soit un terrain d'ltnlie et non de provioce.
Cestun point sur lequel il ne peut rester aucuii
doute a quiconqiie examinera avec alteutiou ma
methode et celle d'.\tticus : en effet, jc plante
vingt raille marcottes imr ji/f/enim de siL^nes,
dans les rangees des ceps. Alticusen plante, a
la verite, quatie mille de raoins que moi; mais
quand sa methode serait preferable a la mienne,
il n'y aurait pas de terrain , si raechant qu'il fut ,
qui ne rendit plus qu"il n'aurait coiite. Car, met-
tons qu'il perisse six mille de ces marcottes par
la negligence du cultivateur , un acheteur payera
neanmoins volontiers trois mille numini les dix
mille qui resteront , et Irouvera encore son profit
a ce marche; or cette somine n'est-elle pas d'un
tiers plus forte que les deux mille sestertii , que
nous avons dit ci-dessusetreleprixde ces vignes
parJwc/ertiw^Mais il y a pkis, puisque, par nies
soins, j'en suis venu au point que les paysans
rae payent, sans difficulte, six cents numini !e
millier de marcottes. II est vrai que tout autre
aurait de la peine a faire un commerce aussi lu-
cratif : car il est tres-diffieile de s'imaginer com-
bien mes champs , tout petits qu'ils sont, rap-
portent de vin, ainsi que vous Tavez vu, Silvi-
nus , par vos propres yeux ; et Ton m'en croirait
a peine sur ma parole. Je n'ai donc suppose a la
mnrcotte qu'un prix raediocre et commun , afiu
de pouvoir amener plus proniptement a mou
sentiraent, et sans ni'exposer a aucune contra-
dietion, ceux qui , par ignorance, redoutent
cetleespecede culture. Concluonsdonc que, soit
le produit des marcottes venues dans le terraiii
laboure au pastinuin, soit resperaDce des ven-
danges futures, tout nous doit engager a plnu-
ter des vignes. Apres nvoir raontre quil est rai-
sonnable de le faire , nous allons donner les pre-
ceples relatifs a leur education.
IV. Celui dont le projet est de former des vi-
gnobles doit surtout prendre garde de s'en rnp-
porter aux soins dis autres plutot qu'aux siens
propres, relativemcntauxmarcottes, en lesache-
tant : il doitau contraire planterchez lui rcspece
de vignes qu'il aura le plus eprouvee, et faire une
pepiuiere dont il puisse tirer ce qui lui en sera
necessaire pour garnir sa terre de ccps. Cnr du
plant etranger, qui se trouve transplante chcz
uous d'une contree differente, s'habitue moins
bien a notre sol que celui qui en est natif ; et il
apprehende, corame tout homme etranger dans
un pays, le chnngement de climntet de terrain.
On ne peut meme jamnis etre assure de sa boiite,
pnrce qu'il est toujours inccrtain si celui qui Ta
plaiite en a examine avec soin respece, et s'il l'a
bien eprouv^ auparavant. Cest pourquoi il ne
faut pas croire que ce soit trop d'attendre deux
ans pour juger si du plnnt cst dans le cas d'etre
tiansplante , parce qu'il sera toujours tres-inte-
iitiquecnlleos vini singula earum jugera perDequabuut : ul-
que Ireceulis numls quadragense urnae veneant , quod mini-
muni prctium estaniiuna;; consumnianltamen septenicul-
lei seslerlia duo niillia et centum numos -. ea porio summa
cxcedit usuramsemissium. Atqueliicc.ilculusquemposui-
mus , Grsecini ratlonem toutinet. Sed nos exlirpanda vineta
censemus, quorum singula jugeraminusquam ternoscul-
leos praibent. Et adliiic tamen sic computavimus , quasi
hullae sint viviradices,qua3 de pastinato exiinantur : cuin
sola ea lesomnem impensam terreni pretio suo liberet ; si
modo noii provincialis , sed llalictis ager est. Neque id cui-
quam dubiiim esse debet, cum et nostram et Julii Attici
rationem dispunxerit. Nos [jam] enini vicena millia malleo-
loriim per vinese jiigeriim intei; ordines pangimus. Ille mi-
Mus quatuor millibus deponit :'cujusutvincatratio,nulliis
tamen vel iniqiiissimus lociis non majorem quaestum red-
det , qiiam acceperit impensam : siqiiidem , ut cultoris ne-
gligenlia sex millia seniinum inlereant, rcliqua lamen de-
cem niillia lilbiis millibus niimorum libentcr el cum lucro
Jedeniptoiuin enint. Qu;i; suinma tcrtia parte siiperat duo
niillia scstertiorum, quanli constai e jugerum vineanim pr.T-
diximus : quauquam nostia cuia in tantum jam processit ,
ut non inviti sestcrtiis sexcentis numis singiila millia vi-
viradicis a me rustici meicentur. Sed vix islud alius
pra;stilerit. Nam nec quisquam nobis facile ciedideiit, tan.
tam in agellis esse nostris abundantiam vini, quantam tu
Silviiie novisti. Mediocre itaque vulgatumque pietium vi-
viradicis posui, quo celerius nullo dissenlieiite perduci
possentin nostiani sententiam, qui piopler ignorantiam
geuus boc agricolationis reformi<ianl. Sive eigo pastinalio-
nis reditiis seu fiiturarum spes vindemiarum coliortari
nos debetad positionem vinearum. Qiiasquoniam docui-
mus I ationis esse conseiere , uunc institutionis earum pra^
cepta dabiinus.
IV. Cui vineta facere cordi est, praecipue caveat, ne
alienae potius cura; quam suae credere velil, neve merce-
tur viviiadicem. Sed genus surculi probatissimiim domi
conserat, faciatqiie vitiarium , ex quo possit agrum vineis
vesliie. Nam qiiae peregriiia cx diversa rcgione semiiia
transferunlur, niinus sunt laniiliaria nostro solo,quam
vernacula : eoqim velut alienigena leformidaiit miititaiu
ca-Ii lociipie positioncm. Hed nec cerlam generosilatis
S33
COLUMELLE.
ressant, ainsi que je rai dit , cravoir plaiit^ des
cspeces recherchees. Ensuite on se souviendra
de choisir avec attention le terrain que l"on se
proposera de planter en vignes. Quand on aura
juge qu'il est tel qu"il doit etre, il faudra le tra-
vailler an pastiruim avee le plus grand soin;
lorsque cette operation sera faite , il nc faudra
pas moins d"attention pour planter la vigne, et
quand elle sera plantee on sattachera a la cul-
tiver avcc le plus grand soin : car ce n'cst que
d'apres tous ces procedes qu'on pourra es-
tiraer siun chefde faraillea bien ou mal fait de
confier son argent a sa terre , pUit6t que de le
faire valoir dans roisivete. Je vais douc traiter
h prcsent de chacuu des devoirs que je viens de
prescrire.
V. II ne faut point fairede p^piniere de vignes
dans une terre maigre, ni dans une terre hurai-
de : eomme il faut cependanl que cette terre ne
soit pas totalement depourvue de sucs , on la
choisira plutot mediocre que grasse. Quoique
presque tous les auteurs aient designe pour cet
objet le terrain le plus gras, je ne erois pas que
leursysteme soit avantageux au cultivateur; ear
quoique les plantes deposees dans un terrein ro-
buste y prenneut avec facilite et y poussent
promptement, si cependant, lorsquelles seront
devenues dcs marcottes formces, on vient a les
transplanter dans un terrain plus mauvais, elles
86 dessecherout , et ne pourront plus y croitre.
(.)r un cultivateur prudent doit plutot transplan-
tcr de la raauvaise terre dans une meilleure , que
de la honne dans une plus raauvaise. Cest pour-
quoi la mediocrite estla qualite que j'approuve
le plus dans le choi.\ du terrain , parce que c'est
celle qui participe le plus du hon et du mauvais
a la fois : car, soit que par la suite on soitoblige,
lorsque le plant sera venu , de le transferer dans
un terrain maigre , il s'apercevra a peiue de la
differenee de sa position , en ne quittant qu'une
terre qui etait mediocre pour une qui sera mai-
gre; soit que le terrain ou on le plantera soit
plus gras, il y viendra bicn plustot et y sera plus
fertile. D'un autre cote, il n'est pas raisonnable
de former une pepiniere daiis un terrain tres-
maigre , parce que la plus grande partie des
marcottes y deperit, et que celles que Toa peut
sauver n'arrivent que tres-tard au point ueces-
saire pour etre transplantees. Ainsi un terrain
medioere et legcreraent sec est le plus propre a
forraerune pepiniere. II faudra commencer par
le retocrner a la houe , apres quoi ou laissera ,
entre les rangces sur lesquelles sera aligne le
plant, des espaces de trois pieds que Toncultlvera ;
et Ton raettra quatre-vingts mailletons (crocettes)
dans chacune des rangees, qui aurout deux cent
quarante pieds de longueur. Ce nomhre demauT
derapour un jiigcrum eutier trois mille deux cents
mailletons. Mais, avant d'en veuir la, il faut exa-
miner et choisir les mailletous ; car, comme je
Tai souvent dit, le point que Ton doit regarder
comrae la base de cette operation, c'est de ne
planter que les especes dont on sera le plus siir.
VL II y a deux clioses a observer dans le choix
du plant; car il ne suffit pas d'examiner en ge-
neral si la raere dont on le tire est feconde , mais
il faut encore examiner plus particuliereraent
s'il a ete tire des parties du tronc qui ont la
vertu productrice et qui sont les plus fertiles. Or
oa ne doit pas juger de la fecondite d'une vigne
fidem poUiconlur, cnm sil incerlum, an is, qui Cimserue-
rit ca, diligenter exploralum probalumque geniis surculi
deposuerit. Quamobrem biennii spatium longum esse nii-
nime e.vistimaqdum est , intra quod utique lempestivitas
seminum respondet; cum semper, ut dixi, plurimum re-
tulerit exquisiii generis stirpem deposuisse. Post liaec
deindc meminerit , accurate locum vineis eligere : de quo
cnm jiulicaverit, maximam diligentiam sciat adhibendam
paslinationi : quam cum peregerit, non minore cura vi-
lem conserat : et cum posueiil, summa sedulitatecultur»
serviat : id eiiim quasi caput et coluinen est impensarum ;
quoniara in eo consistit, melius aii sequius terrae manda-
verit palerlamilias pecnniam , quam in olio Iractare. Igi-
lur unum quodque eorum quas proposui, suo jam perse-
quar ordine.
V. Vitiarium ncque jejuna lerra ,neque uliginosa facien-
dum est : succosa lamen ac mediocri potius , quam pin-
gui; tamelsi lere omnes auctorcs liuic rei Itetissimum lo-
cum destinaverunt. Quod ego miniine reor esse pro agii-
cola. Nam dcposita! stirpes validosolo, quamvis celeiiter
comprehendant atque prosiliant, tainen cum siint vivira-
dices factee, si in pejus tiansferantur, retorrescunt, nec
adolesccre queunt. Prudenlis autem coloni cst , cx dele-
riori tena polius in mcliorem , qtiam ex melioie iu dete-
rioicm transfcrre. Propter qiiod mediocritas in eleclione
loci maxime probalur, quoniam in coufinio boni malique
posila cst. Sive cnim postmodum necessitas poslulaverit
tempestiva semina jejuno solo conimittere, non magnam
sentieut dilferenliam, cum ex mediocii terra in exilcm
translala sunt : sive ItCtior ager conserendus est , longe
celerius in ubertale coalescunt. Rursus tenuissimo solo
vitiaiium facere minime rationis est, qiioniam malleolo-
rum pars n.ajor deperit , et quae superest , tarde fit ido-
nea traiislalioni. Ergo mediocris et modice siccus ager
vitiai io est aptissimus , isque bipalio prius subigi debet ,
quse csl altitudo pastinationis, cnm in diios pedes et se-
missem converlitur humus , ac deindc tripedaneis relictis
spatiis, quae per semina cxcolantur, in singulisordinibus,
qiii ducenos quadragenos pedes obtinent , octogeni malleoli
pangendi sunt. Is numerus consiimmat per totum juge-
rum seminum niillia tiia et ducenta. Verum liauc curam
piaevenit inquisitio et electio malleoloruin. Nam ut sa^pe
jam retuli , quasi fundam.entum est praedicla rci , proba-
tissimum genus stirpis deponere.
VI. Sedclectio dupliciler facienda est : non enim solum
fnecundam esse matrein satis est , ex qua semina petuntur,
sed adhibenda ratio est subtilior, ut ex Iiis partibus trunci
siimantur, qua; cl genitales suiit et inaxime fertiles. Vitis
DE LWGRICULTUUK, LIV. ill.
dont on cluM-chc u avoir dc la raee, d'aprcs le scul
motif quVllc portc bcaucoup de grappes, d'au-
tant que cctte nuiltiplicite de grappes peut pro-
veuir de la graudeur du cep et de la multitude de
ses branches a fruit , et que quoiqu'une vigae
soit chargec de beaucoupde grappes, on ne pourra
pas dire neanmoins qu'cl!e soit fertile, si elle
n'en a qu'une seule sur chaque branche : mais
8'il y a un grand nombre de grappes sur chaque
pampre de cette vigne , si elle jette beaucoup de
branches a fruits de chacun de ses boutons, si
entin les branches qui sortent de son bois dur,
ou les rejetons des pampres eux-memes, produi-
sent quelques raisins, une telle vigne etant .sans
difficulte feconde, c'est sur elle que Ton doit
choisir dcs maiiletons. Or un mailleton est une
(erocette) jeune branche a fruit, nee surun fouet
de l'annee preeedente : ce nom lui vientdesa res-
serablance avcc un petit niaillct, puisqu'il de-
borde de droite ct de gauche dans la partie par
laquelle on Ta separe de i'ancien sarment. Nous
pensons qu'il faut choisir les mailletons sur les
ceps les plus feconds, dans tous les temps indif-
feremment oii Ton taille la vigne, et les mettre
en terre avec attention dans un lieu raedioere-
ment humide, mais non marccageux , en leur
laissant Irois on quatre boutons hors de terre,
pourvu eependant que Pon regarde comme un
point tres-essentiel d'exaniiner si la vigne
dont on les a tires n'est point sujette i^i perdre
sa fleur, si sou raisin n'a point de difficulte a
grossir, et s'il ne murit pastrop tot ni trop tard,
parce que, dans ie premicr cas, il est moleste
par les oiscaux, comme il Test dans le second
par les mauvais temps de Thiver. Maisune seule
\ eudange ne siiffit pas pour nous mettre a meme
aiitcm facunila, cujus progpiiiem fjndcnuis sulimillere,
non tautum debct co ■"cstiuiari , quod uvas coui|iluics cxi-
Rit. Potesl cnini trujici vaslitate id acciilere el frequeiitia
palinilum : nec taiiicii caiii feiaceni dixeriin , ciijus singu-
lae uvaj in singnlis SBiinentis conspiciuiitur; sert si per
imuiiiqneniqae panipinuiii niajor niiiuerus uvarum depen-
dct; si ex singulis gcnimis couipluiibus maleriis cuni
fnictu gerniiiiat; si denique ctiam e duro virgam ciini ali-
cpiiljus i'accii)i$ citat ; .si eliam nepotum fiuclu gravi<la
cst : ea sine dnbilatione ferax destiiiaii deiiet legendo
iiialleolo. Malleolns aulcni novelhis est palmes innatus
piioris anni llagello, cognoiniiiatus(|ue ad similitndiiieiii ,
qnod in ea paite, (pia deciditur ex veleie sarnienlo, pio-
niinens iiliinque mallei speciem piaelict. Iliinc ex ficcun-
dissima stirpe legendura ceuscmus oinni tempoie, (pio
vinese piitantiir, ac super terram gcniiiiis tribus vcl <pia-
tuor exlanlibus diligenter obnienduiii loco modice liii-
mido, non uliginoso : duin lameii antiquissinium sit con-
siderarc, ne vitis, ex (pia is siimitiir, iiiicipitem floris lia-
bcat eventum , iie dilTicultcr acinus ingraii<lesc;it , ne aiit
piBecoqucm aiil sciu! maturitutis friiclum aflcial. Nam illa
\olnclil)us, liBCc etiain fcmpcslalibus liicmis iiifeslaliir.
!:ilc poirogenus noii una comprobalur viiidcmia. I>otest
de reconuaitre si unc \ igne jouit de ces avanta-
ges, puisquMI peut arriver,soit par lafertilite de
Tannce, soit pard'autres raisons, qu'une vigne,
quoique natnrellcment steriie , produise une fois
par hasard avcc abondance. Mais lorsqu'ou scra
assure de ia bonte d'un cep apres plusieurs an-
nees de service, pour m'exprimer ainsi, on ne
doit point douter de sa feeondit<3. Cependant il
n'est pas uecessaire de pousser ses recherches
sur ce point au delii de quatre ans : c'est ordi-
nairementla letemps requis pour niettre en evi-
dence la bontci des plantes, parce que c'cst celui
qu'il faut au soleil, en suivant rordre des signes
depuis ic commencement de sa course, poiir re-
veiiir au point du zodiaque dont il etait parti.
Ccux qui s'occHpent de rastronomie donncnt a
cette pcriodc, qui comprend mille quatre ecnt
hoixante ct un jours cntiers, le nom d^iTToxaxa-
VIL Mais je suis certain , P. Silvinus, qn'il y
a longtemps que vous demaudez tout bas de
quellc espece doit etre cette vigiie feconde que
nous decrivons avcc tant de soin , et si nous en-
tendons parlcr de que!qu'une de celles qui
passeut commuuement pour etre les plus fe-
condes ; car le plus gr.md nombre vante la Bitu-
rica, beaucoup la s^nonia, quelques-uns la
basilica, et d'autres r«rcc/aea. JNous ne refu-
sons pas effectivement nos eloges a ces esp6ces
de vignes, puisqu'ellesrendent beaucoupde vin.
Mais la regle que nous nous proposons de don-
ner est dc planter des vignes d'une telle espece,
qu"en ne rapportant pas de fruits moins abon-
dants que les prijcedentes , elles soient ea oulre
d'un gout distingue , tel que celui des Ami-
nees, oii tout au moins duu gout approchant.
eftim vel anni proventu vel aliis de causis etiani iiatura-
litcr inricciinda vilis semel exubcrare. Sed ubi pliiriiim
velut cmeritis annoium slipendiis lides snrculo constilit,
niliil dubilauiliim est de fcccunditate. Nec tamen ultra qua-
driennium talis cxtenditiir iuquisilio : id enim teiiipus
fere virentinm generosilatem declarat, quo sol in eandem
partem signiferi per eosdem niiiiieros re<iil, per quoscur-
sus sni principiiim ceperat. Quem circuituni mcalus die-
rum inlcgroriiin inille quadrigentorum sexaginta unius
ii7ioxaTii5Ta(jiv vocant studiosi reruin caelestinm.
VII. Sed certum liabco,I>. Silvine, jamdudum te taci-
tiim requircrc, ciijus generis sit ista fiEcunda vitis , quam
nos U\m atcurate describimiis, anne de iis aliqua signili-
ictiir, qu.-c vulgo nunc babentur fera<:issima3. Plurimi
nauKpie Hiluricam , mulli spioniam , quidam basilicam,
nonnulli arcelacam laudibus efferunt. Nos quoque liecc
gencia noii fraudamus teslimonio nostro : siiut eiiim lar-
gissimi viiii : sed prnposuiiniis docere vineas ejusmodi
conserere, quae iicc miuus uberes friictus pracdictis ge-
neribus afferant , et sinl preliosi saporis , velut Ainiiiei ,
vel cerle iion procul al> co giistu. Cui noslrse sententiiB
scio peneximnium agricolarnm divcrsam cssc opinionem,
qua; de Amincis iniclerata longujam lempuit: convaliiit,
COLUMELLK.
Jo sais que presque tous les agriculteurs sont
en cela d'un avis different du mien, et qu'iis
tiennent i ropinion ancienne qui a prevalu sur
lecompte des vignes Aminees, par laquelle on
croit depuis longtemps qu'elles sont afleetees
d'une sterilite natureile dans ces pays-ci. Ceei
nous force donc a reprendre ies choses de plus
h.iut, et a confirmer par une multitude d'exem-
ples notre methode, qui se trouve condamnee
par la negiigence autaut que par rimprudence
descuitivateurs, afin de la tirer des tenehres de
l"ignorance qui Tont obscarcie, et de repandre
sur elle le jour pur de la verite. Cest pourquoi
il ne sera pas hors de propos de nous oceuper
avant tout de ce qui parait pouvoir fairo revenir
de cette erreur, devenue publique.
VI IL Si nous voulons donc, P. Silvinus, pe-
netrer par les yeu.x percants de Pesprit jusqu'a
la nature deschoses, nous trouverons qu'elle
T)'a ctabli, relativement a lafecondite, {|u'une
loi unique ct egale pour lcs plantes, comme
pour les hommes et les autres animaux, et
qu'elle n'apoint partagescs faveursparticulieres
a certaines nations ni a certaines contrees, com-
me si elle tut voulu en privcr totalement les
antres. II y a des nations a qui elle a donne a la
verile la faculte d'engendrer une posterite nom-
breuse, comme , par exemple, les Egyptiens
et les Africains, chez qui Ton voit tres-fre-
quemraentet presque habituellement les femmes
accoucher de deux enfants a la fois; mais elle a
voulu en meme tcmps qu'il se trouvSt aussi en
Italie des exemples d'une fecondite singulii're :
temoin ces deux femmes d"Albe, de la famille
des Curiaces, meres chaeune de trois enfanls
h la fois. Elle a donne de reclat a la Germanie
par ses arm;'es composces d'hommes tres-grands;
mais clie n'a pas absolument prive les autres
uations d'hommes de la plus haute taille, puis-
que M. Tullius Ciceron assure qu'il s'est trouve
un citoyen romain, nomm6 Najvius Pollion,
qui avait un pied au-dessus des plus grands
hommes , et que nous avons ete nous-memes
tout recemment a portee de voir, danslapompe
des jeux du cirque , un Juif de nation , qui etait
d'une taille plushauteque celle du Germain le
plus grand. Je passe aux bestiaux. La ville de
Mevnnia est celebre par la taille et la force de
ses betes de somme, comme la Ligurie Test
par la petitesse des siennes : cependant on voit
a Mevania de petils ba?ufs, commc oii voit
quclquefois dans la Ligurio des taureaux d'une
force remarquable. L'Inde pass? pour surpre-
nanle par la grosseur de ses betes feroces : qui
est ce qui contestera cependant qu'il y en ait
ici d'aussi grosses, puisque nous vo3'ons des
elepbants nes dans renccinte meme de notre
ville? Je reviens aux productions de la tcrre. On
prctend que la Mysie et la Libye sont fertilesen
ble, sans cependant que les campagnes de \'A-
pulie ct de la Campanie manquent de riches re-
coltes ; que le Tmole et le Coryce sont fameux par
leurs fleurs de safran , comme la Judee et TAra-
bie le sont par rexcellenee de ieurs plantes odi-
ferantes, quoique notre ville elle-meme ne man-
que pas de ces sortes de plantes, puisque nous
voyons dcja venir en feuilles, dans plusieurs de
ses quartiers, la cannelle et 1'arbrisseau qui prortuit
Tencens , ainsi que nous y voyons des jardins
fleuris de niyrrhe et de safran. Ces excmples
nous prouvent donc que ritalie repond tres-bien
aux soins de ses habitants, puisqu'elle s'est ha-
bituee, moyennant rapplication des cultivateurs,
a porter les produclions de presque tout l'uni-
vers ; de facon qu'il doit nous rester encore moins
do doute a cet egard par rapport h un fruit qni
(aiHinam natali el insenila steiilitale labnranlilins : qno
inanis nobis ex alto lepelila compliMilius exemplis fir-
iiianda ratio est, r\iue desiiiia nec niinus imprudentia co-
lonoruni danniata , et velut ignorantia; tcnehris olicEccata
luce verifatis carnit. Qnare nonintempcslivum estnos ad
ea prEBverti , quae videnlur hunc publicum errorem corri-
gere posse.
■VUI. Ifjitur si rerum naturani , P. Silvine.velutacrio-
ribns mentis ocnlis inlucri velinius, reperiemus parem
legem foecundilatis eani dixisse virentihns, atqne bonii-
nibus ca;terisque auimalihus : nec sic aliis nalionibus le-
gionibusve proprias tribuisse doles, ul aliis in totum si-
milia munera denpsaret. Quibusdam gentihus numerosam
progenerandi soboiem dedit, ut jEgypliis ef Afris , quibus
gemini partus familiares, ac pene solennes sunt : sed et
llalici generis esse voluit eximicB frecundilalis All)auas
Curialia' familia! Iriseminorum niatres. Germaniam deco-
ravit allissijuorum hnminum exercitihus; sed et alias
genles non in toliim fraudavit praecipuw slaluric viiis.
N'am ct M. Tullius Cicero testis est Bomanum fuisse ci-
yein Nwvium rollioncm pcde longioiem quam qucmquam
longissimum : et nuper ipsi videre potuimus in apparatu
pompa,' Circensium liidflrum Jud.Ta; gentis hominem
proceriorcm celsissimo Germano. Transeo ad pecudes.
Armentis sublimilins insi^iiis Mevania esl, Liguria parvis :
sed et Mrvaiii;»' lios litiiiiilis it Liiiuria; nonnunquam lau-
riis Piiiiiiriilii >lalnin' riHi.spii'i!iir. Iiidia perbibetur moli-
bus fpiariiu] miialjilis : pares tamcn in hac fcrra vaslitate
beluas progeneraii quis negef? cum intra mrenia noslra
natosanimadvertamus elepbantos. Sed ad genera frugum
redeo. Mysiam Lihyamque largis aiunt abundare frumen-
tis ; nec tamen Apulns Campanosque agros opimis defici
scgetibus. Tmolon et Corycon llorere croco ; Judieam ct
Arabiam preliosis odoribiis illuslrem baberi ; sed nec no-
stram civitafem praedictis egere stirpibiis : quippe com-
pluribus locis urbis jam casiam frondentem conspici-
nius, jam tuream plantam, florentesque liorlos myrrlu
etcroco. His tamen exemplisniminim admonemur, cura-
mortalium obsequentissimam esse Ilaliam, quae pene to-
tius orbis fruges adliibito studio colonorum ferre didice-
rit. Qiio minusdubitemus deeofructu, quiveliit indigena
peculiarisque et vernaculus cst hujus soli. Neque enim
DE LAGIUCULTURE, LIV. 111.
est conime iialif ile ce pays , ct qiie ron peut i-e-
garder comme etant propre a notre sol, et
eomme y ayant pris naissance. Car il est cons-
tant que lcs vignes des cantons de Cecube , de
Massique, de Surrentum ct d"Albe sont, par
rexcellence de lcur vin, les preraieres de toutes
celles qui sont sur la terre.
IX. Peut-ctre nos vignes n'ont-el!es pas toute
la feconditc qu'on pourrait desirer; raais Tin-
dustrie d'un cultivateur peut les aider a Tacque-
rir. Car si lanaturc, cette mere si bienfaisante
de toutes les productions en tout genre , a enri-
chi , comme je vicns de le dire, chaque na-
tionetchaquecontreedesdonsparticuliersqu'elle
leur a faits, sans cependant en avoir prive abso-
lnment les autres, pourquoi douterions-nous
qu'elle eiit suivi aussi la raenie regle par rapport
aux vignes? Pourquoi (en voulant que certaines
especes d'entre ellcs, comme la Bilurica ou la
fiasiYiert , fusscnt plus particulierement fecon-
des que d'autres) aurait-elle rendu les Ami-
nces steriles, au point que sur plusieiirs mil-
liers de ceps il ne s'cn put pas trouver, merae
en tres-petit nombre, qui fussent feeondes,
comnie il s'est trouve parmi les habitants de
ritalie des fenimes fecondes, telles que ces soeurs
d'Albe dont nous avons parle? iXon-seulemeut
le contraire est vraisemblahle, raais raeme Tex-
perience nous en ademontre la verite, puisque
nous avons eu en notre possession des vignes
Aminees qui avaient ce caractere de feeon-
dite, tant dans le canton d'Ardee, qui nous a
appartenujadis pendantunlongcspacedeteraps,
que dans celui de Carseole et dans celui d'A!he.
Nous n'en comptions a la verite qu'un tres-petit
nombre dans ce cas ; niais aussi leur fertilite
etait telle, que ehaquc cep rappnrtait trois uriiai
de vin quand il ctait attache au joug, et dix
amp/wrw quand il etait cn treilles. Au sur-
diibiiim esl Slassici SiiiTenliniqtie ct Altiaui alqne Cse-
cubi agri viles oninium , quas lena susliuet, in nobilitate
vini principes esse.
IX. Ftt-cunditas ab bis forsitan dcsideretur : sed et
liaec adjnvaii potest cnltoris industria. Nani si, ut paullo
ante reluli, benjgnissima rerum oninium parens notura
(juasque genteis atque tcrras ita mnneribus propriis di-
tavit, ut tanien (seteras non iu universnm similibus do-
tibus fraudarct : cur cam dnbileinns ctiam in vilibns prae-
dictamlegem servassc? ut quamvis earum genns aliquod
pr.Tcipne fcrcundum esse Tolueril, tanquam Bituricum
aut basilicum; non tamen sic Amineum stirile reddide-
ril, ut e\ mnlli.s niillibus ejus ne pan( issimx- qnidem vi-
les fd-cunda; lanquam in Italii is bominibus Albanae illa;
sorores rcperiri possint. Id auteiu cum sit verisimile , tum
ctiam veium csse nos docuit experimentum , cuin et in
Ardeatini) agro, i|iiem multis temporibus ipsi.tntc posse-
dinins, et in Carseolano itemque in Albano generis Ami-
nei viles bnjusmndi notii' balincriniiis, numero quideni
peqianras, vcrum ila liililes, iil in jugo singnla; lernas
plus, cette fecondite que nous attribuons aux vi-
gnes Aminees ne doit pas paraitre incroya-
ble : car eorament Terentius Varron , et avant
lui M. Caton, auraient-ils pu assurer que les
anciens cultivateurs retiraient de chaquc ^/wiyc-
riiM de vignes six cent urnce de vin , si les Anii-
nees, qui etaient presque les seules qne l'oii
conni^it alors , n'eussent pas ete fecondes? a raoins
que nous ne pensions qu'ils aient cultive dcs
Bituricce ou des basilicw, quoique nous nc
connaissions que depuis tres-peu de teraps ces
dernieres, quc nous avons meme tirees incon-
testahlement des provinces eloignees, et quoiqu'il
soit reconnu corameun fait certain, memeaujour-
d'hui, que les vignes Aminees sont les plus
anciennes de toutes. Si quelqu'un donc , apres
avoir eprouve par plusieurs vendanges des vignes
Aminees, en trouvait de tellesqueles miennes,
dont je parlais tout a rheure, et qu"il les distin-
guiit des autres pour en tirer des mailletons qui
seraient tres-foconds, il pourrait parvenir par
ce moyen a faire des vignobles aussi bons quc
fertiles : car il n'est point douteux que la nature
ellc-mcme n'ait voulu que les enfants ressem-
blassent a leur raere; ce quiafaitdire ace berger
dans les Bucoliques : De meme que je savais
(juc les petils chicns et les chevreaiix ressem-
blaient a leurs vieres. Cest pour cela que ceux
qui s'adonncut aux comhats sacres conservent
avec le plus grand soin la race des chevaux
d'attelage !es plus legers, parcequ'i!sse flattent
de resperance de remnorter des victoires,en
multipliant la progeniture des plus excellents
aniraaux. Ainsi , fondons resperance d'une ven-
dange abondante sur le choix du plant tire des
vignes Aminces les plus fertiles , de nieme que
l'on fonde Tespcrance de la victoire sur le choix
dcs races issues de jumenls qui ont ete victorieuses
dans les jeux olyrapiques ; et ne nous desis-
nrnas pr.Tberent, in pcrgnlisautem singnla^ denas am-
pboras iieneqnarent. Nec iiicredibilis debet iii Amineis
baec fa?cunditiis videii. Nain quemadmodum Terentius
Varro et ante eiim M. Cato possent affirmare, scvcen-
tenas urnas priscis cultoribus singula vincarum jugera
fudisse , si fu'cunditas Amineis defuisset , quas plerumque
solas antii|Mi iinMi;iiil ' nl^i >i pulamus ea qua; nuper ac
modo plaiieliiiiui^'|iii' n mi>iiiliiisarcessita notitia; nostra;
sunttradila, Ililiiini j^inriisaiit basilici vineta cos co-
luisse, cuin vetustissiinas quasquevineas adliucexislime-
mus Amineas. Si qiiis ergotales, quales panlo ante pos-
.sedisse me retuli , Amineas plnribus vindeiniis exploratas
nolet, ut ex bis malleolos fcracissimos eiigat, possit is
pai iter generosas vineas et ubeies efficere. Niliil enim du-
biiim est, quin ipsa natura sobolem matri similem esse
voluerit. Undeeliam pastor ille in Bucolicis ait : Sic cani-
bus catulos similes, sic mathlius hccdos noram. Undc
sacroriim certaniinum slndiosi pcrnicissimarnn) qnailri-
garuin semina diligcntiobservatione custodiunt, et spein
fulurariini vicluriarum concipiiint propagata sobole geue-
236 COLUMELLE
tons pas de ce projet sous le pretexte que son
exeeution deniandera un tenips eonsiderable ,
puisqu'elle ne souffrira pas d'autrc retard que
celui qu'entrainera necessairement rcpreuved'un
cep, et que, des qu'on se seraassure de sa fecon-
dite, ou Taura bientot multiplie par la voie de
la greffe. Cest un fait certain , et dont vous pou-
vez rendre temoignage, vous surtout, P. Sil-
vinus, qui devez vous rappeler tres-bien que
j'ai pcuple deux jurjcra entiers de vignes cn
deux aus, avec les greffes que m'avait fournies
une seule vigne hiitive que vous possediez dans
la Ceretania. Combien en effet vous iraaginez-
vous que Ton aurait pu enter de vignes dans le
memeespacedetemps, avec les mailletonsqu'au-
raient pu fournir ces deaxjugera, puisqu'ils
n'etaient eux-memes que le r^sultat d'un seul
cep? Si donc, ainsi que je l'ai dit, nous voulons
y apporter du soin , et ne point menager notre
peine , nous formerons aisement , par la voie que
je viensde prescrire, des vignes Aminees aussi
fertiles que le peuveut etre les Bituricm ou les
basiliccB : il suffira pour cela d'avoir Fatten-
tion, en transferant le plant, de ne le point
mettre sous uu cliraat differtnt de celui oii il
etait auparavant , ni dans un terraiu d'une aulre
uature, et de le mainteuir dans riiabitude a la-
quelle il etait fait , parce qu'ordinairement un
cep degenfere , lorsque !a situation du terrain ou
la temperalure de Tair lui sont contraires, de
raeme que si on le tire d'aupres d'un arbre pour
fattacher au joug. Cest pourquoi nous le trans-
fererons d'un lieu froid daiis un lieu froid, d'un
lieu chaud dans un qui le soit pareillement, et
d'un plaut de vigoe dans un autre de la nieme
nature. Cependant les ceps de raisin Aminee
sont plus cn etat de supporter un climat chaud
au sortir d'un froid, que d'eu soutenir un froid
au sortir d'un chaud , parce (lue toutes les espe-
ces de vigues, et surtout celle-la, aiment natu-
rellement mieux la chaleur que le froid. Mais la
qualite du sol est aussi tres-interessante, et il
fuut toujours transferer le plant d'un sol maigre
ou mediocre dans un meilleur. Car une plante
aecoutumee a un terrain grus ne peut absolu-
ment se faire a la maigreur d'un autre, a moins
qu'on ne !e fume frequemmeut. Voila les preceptes
genernux quenous avions adonuer, relativement
a l'attention avec laquelle on doit choisir les
mailletous. Mainteuaut voici un precepte parti-
culier pour les cboisir non-seulement sur uoe
vigne tres-feconde, raais eucore sur la partie la
plusfeconds de cette vigne.
X. Le plant le plus fertile n"est pas, corame
les ancieus auteurs l'ont dit, rextremite de ee
qu'on appelle la tete de la vignc, c'est-a-dire,
ses derniers fouets, et les plus allonges : car c'est
encore un point sur lequel les agriculteurs se
trompent. La premiere cause dc leur crreur est la
beaute et la multitude des grappes que Tou voit
ordinairement sur les sarmeuts les plus allonges
d'une vigne, quoiqu'on ne doive pass'y laisser
tromper, puisque cela ne provieut poiut d'une
fertilite qui soit naturellement inherente a cette
branche, maisde Tavantage de sa position, parce
que tout le suc et toute la nourriture ne font
que glisser legerement sur les autres parties du
tronc, jusqu'a ce qu'ils soient parvenus a son
extremite. En effet,tous les aliments des plantes
sont attires comme une espece d'ame vegetaule
vers leurs parties superieurcs, par reffet d"une
aspiration natureile qui se fait a travers !a
losi aimcnti. Nos quoque pari lalione veUit clymiiionica-
rum eiiuarum , ita leracissimarum Amineaium seminibus
eleetis , largse vindemiae spem capiamus. Neque est quod
temporis tardilas qupmquam deterreat : nani quidipiid
mora! est , in explorafione surculi absuniitur. Cielcinm
cum foecnndilas vHis coniprobata est, celcirimc insilio-
nibus ad ni.ixiiiiuin nnineiuui perdin;ilur. Ejus rei l.i'sti-
UKUiiuni !u praTipu.e, Piibli Silvine, pcMbiijpie nobis po-
l.ps, ciiin piilciirp mpiniupris, a nip duo iiigcia vinearuin
ihlra Ipnipiis l)ipnnii p\ una pra>coipie vite , quain in Ce-
letano tuo possLiies, insilione lacla consunniiala. Quem-
nain igiliir exislimas vitium numeruui intra tantnndem
temporis inlerseii possp ilnorum jugerum malleolis, cnm
sint ipsa dno jngeia nnins vilis progenies? Quare si, ul
dixi , laboiein et cuiam velimiis adhibere , facile piucdicla
ratione tam feraces Aminei generis vineas eonstiluemus,
quam Bituriciant basilici : tantum retuleril, ul in trans-
lerendis scminibus similem statum celi lociqne elipsius
vitis liabitnm obseivemus : quoniam plerumquedegenerat
snrcnlus, si aiit sitns agri aut aerisqualilas repugnal, ant
cliain si ex arboie in jugum delcrlur. Itaipie de fiigidis iu
fiigida, de calidis in similia,de vineis in vineas liansrere-
jniiG. iSIaais tamen ex fiigido statu stiips Aminea potest
calidum sustinere , quam cx calido frigidnm : quoniam
cum omne vilis genus tuin maxime proedictiim naturali-
tci- Isetalnr tepore polius quam frigoie. Sed ct qualitas
soli plurimiim jiivat, ut ex macro aut mediocri transdu-
catur in nielius. Nam qnod assuetum est pingui, nuUo
modo macieni tenne patitur, nisi sa;pius stercores. At-
qiic ba'c de cura eligendi malleoli generatim pr.TCcepimus;
iiiiiic illnd (Mopric spccialiter, nl non solum ex lu!cunT
di.ssima vile.sed etiam e vitis parte feracissima semina
eligantur.
X. Feracissinia autem semina sunt , non nt veleres au-
clores tradiderunt, extiema pars ejus, quod caput vitis
appellant, id est, ultimum et productissimum llagelluin :
nam ineo quoque fallnnlur agiicobv. Seii erioris estcausa
prima species , elnumerus uvaium, qui plcrumque cons-
picitur in produclissimo sarmeiilo. QuiC res nos deciiiere
iion debel. Id enim accidit non palmitis ingenila fertililale,
sed loci opportunitate, quia leliquas trunci parles bumor
omnisetalimenlum, qiiodasolo minisliatur, transcurrit,
diim ad uUimum perveniat. Natmali cnim spiritu oinne
alimenliim virenlis quasi qua;dam anima per medullam
trunci veluti per siplionem, quem diabelen vocant me-
cbaniri, trabitur in summnm : qiio cum pervencrit, ibj
DE LAGRICULTIJRK, LIV. IIL
ninclle ilii troiic, omiiie a travers un de ces si-
IjluiMsque les machinistes appellent diabetes; et
U)rsqu'i!sy sont paivenus, ils s'y arretent et s'y
cousument. Cest pour ccla que les sarments ies
plus forts d'un cep sont ceux qui sortent ou de
sa tete, ou de la partie de son pied ia plus voi-
sine de ses racines. Les sarments qui sortent
du bois dur sont egalement steriles , quoiqu'ils
soient tres-robustes ; et cela par deux rai-
sons : parce qu'i!s n'ont point defruit, et parce
qu'i!s sont nourris du suc le plus voisin de la
terre, et par consequent !e plus entieret le plus
p«r. On approuve au contraire ceux de Tex-
tremite superieure, comme etant fertiles et
robustes, par la raison qu'ils sorteut d'une par-
tie tendre de la vigne, et qu'ainsi que je le di-
sais a Tinstant, toute la nourrihire qui est par-
venue jusqu'a eux ne se dijtribue plus ailleurs;
. u linu qn'on regarde comme les plus maigres
ccux qui se trouvent eiitre les uns et les au-
tres, parce que le suc ne fait que les effleurer,
etant intercepte en partie par les sarments de
dessous, et attire en partie par ceux dc dessus.
II nefaut doncpas regarder comme intrinseque-
ment feconds lcs fouets des extremites soit su-
perieures, soit inferieures, quand meme ils
rapporteraient beaucoup de fruits, puisqu'ilsne
le feraient que parce qu"ils y seraient forces par
leur position; et les sarments qui doivent passer
pour tels sout bien plutot ceux qui , elant au
milieu de ia vigne, ne sont point ncanraoins
steriles, quoique dans une mauvaisc position,
et qui font preuve de leur bontepar !'abondance
de leurs fruits. Le plant pris de celte partie de-
g^nere rarcraent apres qu'il esttransfere, parce
qu"il trouve infailliblement alors uiie meilleure
position au sortir d'unemauvaisp. Encffet,ouon
le deposc dans uiie terre labouree au paxtinum,
ou on Ic greffe sur un troiiC dc vignes ; et dans
les deux cas il trouve toujours une nourriture
plus abondaule que celle qu'il avait par le passe,
puisqu'il en raauquait absoiument. Ainsi nous
observerous de prendre le plan: dans les partics
que nous venonsdede.signer,auxqueIles ies pay-
sans donnent le nom d'hiemerosi, pourvu cepeii-
dant que nous ayons vu preeedemment ces par-
ties porterdu fruit. Car s'il arrivait qu'clles n'i si
eussent point porte, quoiqu'elles soient a la ve-
rite celles que Ton doive recherclier dans la vi-
g!ie , nous ne croj'ons pas neanmnins que ce fut
une raison suflisante pour assurer la fcrtilite du
mailleton qu'on y prendrait. Cest pourquoi rieii
n'e.st plus faux que ropinionde ces agriculteurs,
qui pensent qu'il n'est pas importaiit d'examini r
combien de grappes a porte un sarraent, pourvu
qu'il soit pris sur une vigne fertile , et qu'il ne
soit point de ceux qui sortent du bois dur, et
que l'onappclle dessarments pcunpinaria. Cettc
opinion , qui provient de rignoiance dans le choix
du plant, estcausc que les vignescommencent
par etre psu fecondes , et qu'elles linissent par
devenir absolument steriles. Qui cst-ce en effet
qui,depuis la longue suite d'annees qui se sont
ecouilefcs jusqu'a nous, s"est avise de donner a
un agriculteur un ordre conforrae a ce que nous
venons de dire, en renvoyantchoisir des maille-
to.is? II y a plus: qui est-ce qui ne commet pas
ce soin preciseraent aux gens Ics plus ignorants,
et a ccux qui sont incapables dc faire toute aii-
tre besogne'? Aussi cet usage est-il cause quc
cette operation , qui est cependant une des plus
importantes, cst toujours faite par les plus im-
prudeuts et les plusnouchalantsde tousles hom-
nies, parce qu^ainsi que je le disais tout a rheure,
on depute a cette fonction Thomme le plus inu-
tile que Ton puisse trouver, et celui qui est iii-
capable de supportcr tout autre travail ; d'ou 11
arriveque quaud un te! homme aurait quelques
connaissances sur le choix des mailletons, il Us
deguise ou ue les niet point en usage par noucha-
consistil alqufi coiisiiniiliii-. Umie eliam italerko velie-
menlissima! reperiimlur aut in capite vitls aul in crure
viciiio nuliciliiis. Scil et tiae steiiles, qii.Tie duio cilanlur,
aciluplici. cx causa rotmsUe sunt : quod a fii'tu vacant ,
«liiodque ex proximo lerirc intej;io alque illibato siicco
aliintur : el ilUe fertiles acfiriiii^e, quiae lenero prore-
piint, pt quidquid, ut supia dixi , ad eas aliuienli perve-
iiit, individuiiin eat. Media; smil maccniiiia;, ipiia lians-
curiit hinc parle aliqiia inleiccptus, illincad .se Iraclus
liiimor. Non debet igitur iiltimiiin llagelliim qiiasi fn^cun-
dum observari , eliaiii si pluriraum affeiat; siquidemloci
nberlate in fructum cogitur : sed id sarmenliim quod nie-
dia vite silum , nec iinpoilnna quideni paite dclicil , ac
niiinernso fietii beuignilalem siiam oslendit. Hic surculus
tianslatiis rarius degenerat, quoniam ex deteriore slalu
meliorem sortitiir. Sive eiiim paslinalo deponitiir, sive
trunco insoritur, laipuribiis .salialur alimentis, quam
priiis, cum cssct in egeno. Ilaijiie ciistodicmiis, ut ex
pr.tdictis locis, qnos liunioros rii.slici vocant, seniina
legainiis, eataraen, quoe altulissc fructuni antea aniinad-
vcrtcrimus. JXam si foetu vacua sint, quamvis laiidabi-
lein partem vitis niliil censcmus ad fcracitatcin conferie
iiialliolo. Qiiare vitlosissima esl eonim agiicolaruni opi-
nio , <iui miiiimum refenc credunt , qiiot uvas sarmentiim
liabiiciit, diimex vite fertili legatiir et nonexduio truiico
enaluiii, qund pampinarium vocant. Ila^c autem opinio,
qiia! oi ta est ex inscitia seminum cligendoiiiin , primiim
jiaiiiin ficciindas vincas, deinde eliam nimis sleriles red-
dit. Quis eniin oiniiino jam per tam longam seiiem aiino-
riim agricola malleolum legeutibus pra,'cepit ea , qii» paiilo
aiilerctulimusPImmo quis non iinprudenlissimnm qucin-
quc, et eum qui niliil aliiiJ operis faccrc valeat, liuic nc-
gntio delegal .' Itaqiic ex liac consueludine veniiint impni-
dentissiini ad rem maximc neccssariam; deindc ctiaiii iii-
firmissimus et inntilissinuisipiisqiic, ut dixi, qui nnllnni
. aliiun lalMrem ferre qucat , liuic oflicio applicatur. Is poi ro
COLUMELLE.
lance ; quil ne se pique d'aucune atteotion ni
d'aucuii scrupule, pourvu qu'il vienne a bout
dc complcter la quantite des mailletons que le
metayer lui aura ordonne de choisir; et qu'enfin
il n'a en vuc que de remplir la triche qui lui est
imposee : ce a quoi il parvient d'autant plus ai-
semcnt, que, quand il s'estagide rinstruire, ses
niaitres , pour lui donner la faciiite de suivre
leurs preceptes, se sont bornes a hii prescrire
de ue point arracher les sarnients sortis du bois
dur, mais de prendre le plant dans tout le reste
du ccp. Pour nous, nous suivons un usage que
la raison nous avait dicte, et que rexperience
n confnme depuis, c'est-a-dire que nous ne
choisissons pas d'autre plant, et que nous ne
pensons pas meme qu'il y en ait d'autre Iructi-
fiant que celui qui , place dans la partie de la
\igne destinee a sa reproduction , y a porte du
fruit. Carcclui qui,place dans une partie sterile,
s'cst niontre ou fertile ou robuste quoique sans
fruits, n'a qu'une apparence trompeuse de fecon-
dite, sans avoir reellement la faculte de se re-
produirc. La raison nous demonlre la verite in-
eontestable de cette proposition, si nous admet-
tons une fois que toutcs les parties des plantes
qui produisent des fruits ont chacune des fonc-
tions qui letu' sont speciaiement affectees, de la
meme raaniere que chaque membre de notre
corps a scs fonctions particuiicres. Nous voyons
en effet que l'ame a etc soufnee dans fhomme,
comme pour conduire et diriger ses membres;
que ses sens lui ont ete departis pour discerner
les objets par le toucher, l'odorat, rouie et
la vue; que les pieds ont ete rais a. la place qu'i!s
occupent pour marcher, comme les bras a la
leur pour embrasser ; que, sans m'ctendre ici
rien fairc de ce qui cst du district des yeux,
comme eeux-ci ne peuvent rien faire de ce qui
est du district des oreilles ; que de meme la fa-
culte d'engendrern'a pas ete donnee aux mains
ni aux pieds, maisque lepere de funivers, vou-
lant que cette faculte fut hors de la portee des
hommes, fa cachee dans rintcrieur du ventre,
afm que ce fiit comme en sccret et a couvert
que cet cternel Createur des etres, doue d'une
raison divine, put s'occuper, pour ainsi dire, a
melanger, dans cerlains lieux caches du corps,
les elements sacres de Tesprit qui nousanime,
avec les principes lerrestres de notre constitution ,
pourformerpar lacettemaehineanimee. II a suivi
la mfime loi pour la formation des bestiaux et des
plantes, comme pour celle des differentes espe-
ces de vignes. En* effet, lanature, qui est la mere
de toutes ces differentes especes de vignes,a
commence par jeter en terre leurs racines, pour
servir, pour ainsi dire, de fondements sur les-
quels elles se tiendraient comme sur des pieds;
ensuite elleapose leurtronc par-dessus, corarae
pour leur former une eertaine stature de eorps
et une certaine contenance : apres quoi elle a
etendu leurs branches de c6te et d'autre , comme
autant de bras , dont elle a fait sortir en guise
de mains des tiges et des pampres, en donnant
aux uns la vertu de porter des fruits , et en se
contcntant de couvrir les autres de feuilles , qui
servissent a prot^ger et <'i defendre ces fruits.
Si donc parmi tous ces membres nous ne choi-
sissons pas, ainsi que nous 1'avons dit ci-dessus,
ceuxqui, etant destines a la generation, sont
charges de fruits et de semence , mais que nous
nous en tenions a ceux qui ne servent, pour
ainsi dire , qu'& lcs couvrir et a les ombrager,
plus que de raison dans les details des fonctions et qui sont sans fruit, nous ne travailleronsqu'^
de tous nos raembres, les oreillcs ne peuvent I nousprocurer de l'ombrage , et non pas a parve-
etiam si quam scientiam eligenili malleoli liabet, eam
propter infirmilatem dissimulat, ac superponit : el ut nu-
merum, quem villicus imperavit, explere possit, nihil
curiose,niliilreligiose, administral: unumqueestei pro-
positum, peragere laboris suipensum -. cnm tamen, uf et
sciat, et quod scit esequalur, hoc solum prseceptum a
magistris acceperit, ne pampinariam virgam depl.nnlet,
cffitera omnia ut seminibus contribuat. Nos auteni iirimuni
rationem secuti , nunc eliam longi temporis experimen-
tum , non aliud semen eligimus , nec frugiferum esse du-
cinius, nisi quod in parte genitali fructum attulerif. Nam
illudquidem, quod loco sterili loctum robustumque suie
ffftu processit, fallacem foecundilatis imaginem prai^fert,
nec ullam generandi vim possidet. Id procul dubio verum
esse ratio nos admonet, si modo ut in corpoiibus nostiis
propria sulit oflicia cujusque menibri , sic et frugiferariim
stirpium partibus propria munia. Videmus hominibus
iiispiratam velut aurigam reclricemque membrornm ani-
mani , sensusque injectos ad ea discei nenda , qure tactu ,
qumpie naribus auribusqiie et oculis indaganlur; pcdes
ad gressuin composilos, liracbia ad complexum : ac ne per
oniiies vices minislerioram vagelur insoleiifer oratio , niliil
aures agere valent, quod est oculorum, niliil oculi , quod
aurium; nec generandi quidem data est faciiltas manibus
aut planlis : sed quod hominibus ignotiim voluit esse geni-
tor univeisi, ventre protexit; iit divina praedita ratione
reriim aeternus opifex, quasi quibusdam secrelis corporis
in arcano atque operto sacra illa spiiitus elementa cura
lerrcnis primordiis misceret, atque lianc animantis ma-
chin.Te speciem effingerct. Hac lege pecudes ac virgulta pro-
genuit, hac vitium genera figuravit, quibus eadem ipsa
inater ac parens prinium radices veliit fundamenta quse-
dam jecit, ut iisquasi pedibusinsistereut : Iriincum deinde
superposuit velut quandam staluram corporis et liabitiis :
mox ramis diffodit quasi brachiis : tumcaulesef pampinos
elicuit vclut palmas. Eorumque alios Iruclu donavit, alios
fronde sola vestivit ad protegeiidos tutandosque partus.
Ex his igitiir, ut supra diximus , si non ipsa membra geni-
talia conceptu alque fo-tu gravida, sed tanquam tegmina et
umbracula eorum, quse fruclibus vidua sunt, legcrimus
DU L'AGR1CULTURE, LIV. IIL
nir;i ia vfn(i:i!ige. En ce cas-la, on me ilonian-
dera pourqiioi, si ma comparaison est juste, jc
condamiic un pampre, quoiqu'il ne soite pas du
boisdur, mais d'unc braiiclie tendre, par la rai-
son qu"i! i^a pas de 1'ruit , comme s'il n'en de-
vait jamais avoir meme par la suite"? puisqu'ou
pcut conclurc,du raisonnemcnt que je faisais
tout a l'heure, quc de meme que chaque partlcdu
corps a une 1'onetion particulierequi ne convieiit
pointauxautres, un mailleton nedans une parlie
favorabledela vigne doitdemerneavoirla facultc
d'engendrer, quoique quelquefois 11 ne monlre
point de fruits. Je ne desavoue pas que tout mon
raisonneracnt n'ait ete fonde sur cetle comparai-
son ; mais, malgre cet aveu, jc dcclarehautement
que lorsqu'une branche ne rapporte point de
fruits, quoiqu'elle soit nee dans une partie de la
vigne destince a en rapporter, elle n"a pas raeme
la puissance de se reproduire : et ccla ne con-
tredit pas ma comparaison. Car 11 est cvident
qu'il se trouve egaleraent des hommes qui n'ont
pas la puissancc d'engcndrer, quoi(|uil ne leur
manque aucun membre; de sorte qu'il cst tres-
croyable qu'une branche qui n"a pas de fruits
n"en produira jamais, quoiqu"elle soit sortie
d'une partie de la vigue destinee a sa reproduc-
tion. C"est pour cela que les agriculteurs, pour
eu revenir a leur u.sage, dounent , a ces bran-
ches qui n"ont rien produit , le nom de spadoncs ;
ce qu'ils ncfcraicnt pas,s'ilsne les soup(?ounaient
pas d'ctre incapablcs d"cn produire. C"est meine
celte denomination qui m"a suggere la methode
de ne pas choijir des mailletons qui n'auraient
pas produit de fruits, quoiqu"ils fussent sortis
d'une partie louable de la vigne Ce n'cst pas
que j'ignore que de parcils mailletons ne soiit
pas absolument sterilcs , puisquc j'avoue que
ies pampres mC-mc , qui sont sortis du hois dur,
acquicrcnt la fccoiulitc la sccondc annc^e, et
que c'cst pour ccla qu'on lcs laille en eouisons,
afiR qu'ils puisscnt reproduire. Mais aussi j'ai
remarqut' que lcs fruits qu'ils donnent ne sont
pas tant leur ouvrage quc cchii dc lcur nicre :
car, comme ils ticnncnt a une l)ranclie qui
est naturcllcment fcrtile, ils nc s'habitucnt pcu
a pcu a portcr du fruit qu'en partagcant les
alimeiits et la semence feconde de leur mcre,
et en tenaut, pour ainsi dire, au sein qui les
nourrit : au lieu qu'une branche qui aura cte.
arrachee avant d'ctre a sonpoint etavantd'avoir
atteint, pour ra'exprimfr ainsi , T^ge de puberte
fixc par la nature, n'est pas propre , vu qu'ellc
est comme cn enfance, je ne dis pas a la cou-
ccption , niais miirae au coit, soit qu'on rinscrc
sur un trouc ou dans une autre branche fendue
a cct effet, soit qu'on la mctte en terre; et des
la clle perd totalcment la faculte d'engendrer, ou
du moins cctte facultc s'allere chez elle. Cest
pour(iuoi jc suis fort d'avis que Ton s'attache , eii
choisissant le plant, h prcndre, sur uiie partie
f{'conde (lc lavigne. dcs branclics, qui rcpon-
dcnt d"avance dc leur feconditii future par les
pleins fruits q^rdles auront eus. Ne nous conten-
tons pas cependant de celles qui auront rapport(5
cbacune lcur grappe, raais preferons surtout
celles qui se seront fait distinguer par la plus
grandc abondance de fruits. Ne louerions-nous
pas un bcrgcr qui s"attacherait a avoir de la
race des betcs qui auraicut mis bas deux pe-
tits a la fois , comine un pasteur qui donnerait a
ses chevres des boucs nes de meres qui se seraient
rendues recommandablcs , pour avoir mis bas
trois petits a la fois? Or nos eloges ne pourraient
(?tre fondes que sur ce que les petits sont presu-
nies dcvoir toujours rcpondre a la fecondite de
leurs pareiits. Suivons donc aussi ccttemethode
iimljr,T> scilicet , iiim vlii(li'niiii' l.iliciiaveiimus. Qiiiii eiRO
est? ciir (]iiainvis nnn sit e (luio panipinus, sed e tenero
natiis, si tamen orbiis esl, eliain iii riitiinini quasi steiilis
dainnaliir anoljis-' MiKloeiiim ilispulalio nostia folli^ebat
uniciiiciue corporis parti piopriuin esse altriliuluni ofli-
ciuin, ipiod scilicct ei convenit; ul nialleolo qiio(pie, qiii
oppoiliino loco natus est, feciinditatis visadsit, eliam si
interim ccssel a partu. Nec ego abiiiieiini lioc ine insti-
tuisse argumentari. Sedel illinl maxiiiie prolileor, palini-
tem qiiamvis fruKilera parteenalum, si fructum nnn allu-
lerit, ne vim quidem fcPcuiuIitalisliabeic.Neclioc illi sen-
tenli.T rcpugiiat. Nam et Iiomines quosdain non possc gc-
rerare , quainvis omniuni meinbrorum numeio conslante,
manirestum est; nc sil inciedibile, si genitali loco vlrga
nata rructii careat, raritiiram qiioqiiccs.se firlu. Itaipic nt
ad consnetudincm agricolarnm revertar, ojiisinodi surcii-
los, qui niliil allulcrint, spadones appellant : quod non
facerent, nisi eos snspiraientiir inliablles liiigibus. Qua; et
ipsa appellatio ralionem niilii siilijecil non eligendi malleo-
los ((uamvis pnibabili parte vilis cnatos, si rrucluin nun
tiilisseDt : qiianqiiam et Iios ipsos sciam non in totnm stc-
rilitate afrectns. Nam confileor panipiiiaiios qiioqiie, ciim
e duio prorepserint, tempoie anni sequeiilis acquirere
rirc.iinditalem , ct ideo in resecem siibmitli , iit progencraro
possit. Veriini ejiismodi partiiin comperinius non tam
ipsius rcsecis, qnam maleini esse miineris. Nain qnia
inliffirel stirpe sikt, qu.ie est natuia ferax , niistus adhuc
paientis aliiiKyilis, et riecundi parlus seminibiis ac veliit
alliicis ubeiibus eductus, paullatim friictiim rerie condi-
scit. Al qii.ie citra natura! quandain pubertatem, imnialiira
atqne infempestiva planta diiepta Iriinco vel terrae vcl
eliam slirpi iecis,-c inseritur, quasi puerilisaetas, ne ad coi-
lum qiiidein, ncdiimad conceptum habilis vim generandt
vel in toliim perdit, vel cerle miiiuit. Quare magnopere
ccnseo in eligendis seminibus adliibeie ciiram , iit e rrii-
tluosa parte vitis palmitcs legamiis eos, qiii (uturam Up-
ciinditalem jam dato fnictii promiltunt. Nec tamen con-
tciili simiis singnlis nvis , ma\imeqiie probenms eos , qiii
nnnierosissiinis f(Etibiis conspiciiinlur. An non opilionem
laudidiimus e\ ea inatre sobolcin piopaganlem, quacgeini-
nos eiiixa sit; et capraiiiim snbiiiillenlem fn^tns eaiiiiii
l>erudum , quse trigemino partu comnieudanlur? vidclicct
•210
COLUMELLK.
dans lcs \igaes, d';uitant pliis qiie nous som-
mes assures, par rexperieuce, que les semences
eprouvees avec ie plus grand soiu ont nean-
moins quelquefois de la disposition a dcgenerer,
par une malignite qui leur est comrae natuielle :
c"t'st ce que le poete cherche a nous inculquer,
eonime sl nous etions sourdsa la verite, lorsquMI
dit : J'ai, vu que dcs semences ckoisies depicis
longtemps, et eprouvecs avec le plus c/rmtd
soin , finissaient par degenerer, a moins que la
prudence humaine ne fit un choix toutcs les
annces des plus fortes d'enlre elles , tantitest
ccrit dans le dcstin que tout empirc ilcrlinc
en rctrogradant : car ou doit siipposer qu'ii n'a
pasentendu parlcr seulement des graincs et des
legumes, ninis des semenees de toutesles autres
parties de ragriculture. Si des observatious,
suivies pendaut un long espace de teraps, iious
ont fait decouvrir, comme cela est certaiu, que
des mailletous qui avaieut etc charges de quatre
grappes de raisiu lorsqu'ils tenaient ^ leur mere,
avaient degenere de cette fecondite apres en
avoir ete separes pour etre deposes en terre,
au point d'en rapporter quelquefois uue et sou-
vent dcux de moins ; combien , a plus forte raison,
devons-nouscroire qiie ceux qui n'auront porte
que deux grappes ou peutetre une seule , lors-
qu'ils etaient attaehes a leur mere, seront dans le
cas de degencrtr, puisque k s plus fertiies redou-
tcut souvent eux-memes cette separation? Aussi
avouerai-jc franchement que je suis plutot le
demonstrateur de la methode que je propose ici
que je n'en suis. linventeur, afin que personne
iiG s'imagine que je veuille derober a nos ance-
tres leseloges qui leur sont dus. Caril est cons-
tant quils ont ete dans les memes sentiments
que moi sur cet objet, quoiqu'on n"en trouve au- I
cun vcstige dans d'aulrcs ecrits , si ce n'est dans
les vers de Virgile que nous venons de citer; et
qu'encore ce poete ne semble les appliquer qu'aux
graiiiesdes leguraes. En effct, corament auraient-
ilsrejete la branchesortie du boisdur, ou meme
la fleelie d'un maillcton fecond, quoiqu'ils eus-
sent approuve le mailleton lui-meme, s'ils eus-
sent cru que la partie de la vigne dans laquelle
on devait choisir le plant etait uue chose indif.
ferente. Mnis le vrai de la chose est quils u'ont
condamue tres-prudemment les branches sorties
du bois dur, ainsi que les llechcs des mailletons,
comme iuutiles a la plantation , que parce qu'ils
etaient convaincus que la facuite de se reproduire
etait inherente a certains membres, pour ainsi
dire , de la vignc. Si ce!a est ainsi , il n' y a point
de dnutc qu'ils naieut encore beaucoup plus
desapprouve les branches qui , quoique nees
dans une pailie fructifiante de lavigne, n'avaient
pointde iVuit. En effet, s'ils croyaient ne dcvoir
faire aueun cas de la fleche, c'est-a-dire, de
rextremite superieure du raaillcton, quoiqu'elle
fit elle-meme partie d'une branehe fructi-
fiante, a plus forte raison devons-nous con-
clure, par une suite de raisonnements , qu'ils de-
sapprouvaient un fouet, fut-il sur la raeilleure
partie de la vigne, lorsqu'il etait sterile : i\ raoins
cependant qu'ils ne se fussent iniagine (cequi'
serait absurde) qu'nn fouet, qui n'aurait rien
valu dans le temps qu'il tenait a sa mere , deve-
nait fertile quand il en etait separe pour etre
transporte ailleurs, et qu'il se trouvait prive de
la nourriture de sa raere. Nous avons traite cet
article peut-etre en plus de paroles que n'en
exigeait la necessite de defendre la eause de la
verite ; raais cependant nous en avous encore
moins dit qu'il n'en fallait pour d6truire ropinion
qiiia sperat parentiim fircunditati piolom lespoiisiiram. Et
nos sequemur iii vitilms liaiic ipsam lationem , tanlo qui-
dem magis , qiiod compeitum hal)cmus , naturali quadam
maligniiate descisceie inlerdiim qiiamvis diligeuler pro-
bala sertiina : idcpie nobis poela velut snrdisveritatis in-
CHlcet diccndo , Vidi Inia diii , el iiinl/n specliila lalmre
Degenerare laiiicii, iii vis liiiiiiaiiai/uoliiiiiiis MajiiiM
guceque vianu Uijcrcl. Sic uinnia Jaiis In peju.srwrc,
ac relro sublapsa referri. Qwuii nun lanlum de senii-
nibas legiiminum , sed [in] lota agricolalionis ratione
dictum esse inlelligendum est : si modo longi temporis
observatione comperimus, qiiod ceiteconiperimus, eum
malleoluin, quiqualiior uvas tuleiit,dppututura et in ter-
ram deposifum , a foeeunditate materna sic degenerare , ut
interdum singulis, non nunquam etiam liinis uvis minus
afferat. In quantum autem censemus defecluros eos , qui
binos aut fere singulos foetus in matre tuleiint , cuin etiam
feiaclssimi translalionem saepe reformident.» Itaque bujus
rationis demonstratorem magis esse ine quam invento-
rcm, bbenter profiteor : ne qnis existimet, fiaudaii ma-
joies noslros laude mcrita. Nam id ipsum sensisse eos non
dubium est, quamvis nullo alio sit sciipto prodilnm, ex-
ccplisquos relulimns nnmeros Yirgilii, sic taraen ut de se-
miuibus leguminum prajcipiatur. Cur enim aut e duro
natam virgam , aul etiam ex fueciindo malleolo , quem ipsi
probassent, decisara sagillam repndiabant, si nibil inter.
esse ducebant , ex quo loco semina legerentur? Num quia
vim fo^cunditalis cei tis quasi membris iiiesse iion dubita-
bant, idciico pampinarium et sagittam veliit inuliles ad
deponendum prudcntissime damnaverunt.' Qiiod si ila
est , iiiliil dubium cst , raulto magis ab bis improbatum
esse eliam illura palmitem, qui frugifero loco natus fru-
ctum non attnlisset. Nam si sagittam , id est siiperiorem
partem malleoli , vituperandam censebant , ciim esset ea-
dem pars surculi frugiferi, quanto magis vel ex optima
vilis parte natum llagellum, si est sterile, impiobatum
ab bis ratio ipsa declarat ? Nisi lamen , quod est absnrdum,
crediderunt id translatum et abscissum a sua stirpe, de-
stitnlnmque materno alimento, frugiferum, qiiod in ipsa
matic nequam fnissel. Atque hac [el] forsitau plmibus
dicla siiiit, quam exigebat ratio veritatis : minus lamen
multis , qiiam postulabat prave delorla et inveterata opi-
nio rusticoiuin.
XI. Niinc ad leliquura ordinem proposita; dispiilalionis
DE L'AGRTCULTURE, LIV. Iir.
2)1
fausse et inveteree des paysans siircette matierc.
XI. Mnintenant, pour suivre l'ordre que j'ai
annonpi' , je passe aux autres artlcles de ce traite.
Apres l'attention que je viens de prescrire dans
le clioi.x des mailletons, vient l'operation qui
consiste b. retourner la terre au pastiiium ,
pourvu cependant qu'on ait eu soin de s'assurcr
de sa qualite : car il est certain que la qualite de
la tcrre contribue beaucoup elle-mcme a la bon-
te ainsi qu'a rabondance des fruits. Ainsi , avant
d'examiner ce genre de culture, uous croyons
qu'il est tres-importaut de choisir, si on est a
merae de le faire , une terre en friche , preferable-
ment a celle qui aurait deja porte dcs moissons,
ou nourri des arbres marics a des vignes. Car
quant aux vi<xnobles qui sont detruits par le laps
de temps, tous les auteurs conviennent que si on
recommencait a les planter en vigncs , ils ne reus-
siraient jamais, parce que Tinterieur de leursol
se trouve comme empetre dans dcs illets formcs
par la multitude deracines qui rembarrassent,
outre qu'il est impregne de ce venin et de cette
moisissure qu'imprimela vieillesse, dont Tespece
de poison emousse la terre et rengourdit. Cest
pour cela qu'il fautplutot choisir un terrainsau-
vage; et quand meme il serait embarrasse par
des broussaillesou par des arbres, il serait tou-
jours aise de Ten debarrasser, parce que toute
production (jui vient de soi-memc ne jette pas
de racines bien profondes, raais qu'elle les epar-
pille sur la superficie de la terre : de sorte que,
pour peu quon les coupe avec le fer ou qu'on les
arrache a la main , il sera aise dc retourner avec
le hoyau le peu qui en sera reste dans rinterieur
du sol , et dc ramasser en fas pour servir a faire
fermenter la terre. Si cependant Ton n'a point de
terrain en frichc , le meilleur dont on pourra se
scrvir ensuite sera un terrain degarni d'arbres :
au defiuit de ce dcrnicr, on destinera aux vignes
un verger oii les arbrcs soient rarcs, et un plant
doliviers auxquels il n'y ait point eu de vignes
mariees. !.e plus mauvais, coramc je Tai dit,
estcclui qui etait habitue precederament a poT-
tcrdesvignes. Si neanmoins ronestcontraint par
la necessite d'en employer un de cette natnre, il
faut auparavant en extirper tous les ccps sansen
laisser un scul , puis le fumer en entier avec du
furaier sce , ou , si Ton n'en a point , avec toute
autre e.spcce de funiier, pourvu qu'il soit le plus
nouveau que faire se pourra, etensuite le retour-
ncr, et amassersur la supcrfieic de ce terraintou-
les les racines que Ton aura arrachees avec soin,
pour les y briilcr : enfin le recouvrir avec profu-
sion , apres Tavoir laboure au pastimim , solt de
vieux fumier,parcequ'il n'engendre pointd'her-
bes, soit deterre rapportee , prise dansdes buis-
sons. Mais lorsqu'on a des terresen friche degar-
nies d'arbres, il faut examiner, avant de les
labourerau ;jfls/m!/w(,siellessontpropres apro-
duire des arbrisseaux ou nou : c'est ce qu'on re-
connaitra trcs-aisement a la seule inspection des
plantcs qui y seront venues d'elles-meraes , pui.s-
qu'il n'y a point de sol , si degarni de plantes
qu'on le suppose depuis longtemps, qui ne pro-
duise quelques arbrisseaux , tels que des poiriers
sauvages, des prnniersou au moins des ronces :
car, quoiqueces plautes soient desespecesd'epi-
nes, elles sont cependant ordinairement fortes,
d'une belle venue, et couvertes defruits. Cest
pourquoi, si Fon s'apercoit que ces plantes ne
soient pointdessechees ni galeuses, mais qu'elles
soiciit au contraire lisses, propres et hautes, on
jugcra quelaterre(|ui lesporteserapropreanour-
rir des arbrisseaux. \u surplus , ces obscrvafious
redeo. Sequitiir lianc eligendi nialleoli cnram pastinalio-
nis officium : si tamen anle de qnalitate soli consliterit.
Nam eam qnoijue plurimum et bonitati et larsiitali fruKum
conferre, nitiildubiumest. Xc priiis , quam ipsum solum
perspiciamus, illud antiquissimum censemus, rudem po-
tius eligeudum agrum , si sit facultas , quam ubi fueiit
seges aularbustum. Nam de vinetis,quK longositu exo-
levenmt, inter omnes auctores coustitit , pessima esse si
reserere velimus. Quod et inferius solum pluribus radici-
bus sit impeditum ac velut inetitum, et adbucnon ami-
seritvirusel cariemillamvelustatis,quibushebetataqiiasi
aliquibus venenis humus torpeat. Quam ob causam sil-
veslris ager prircipue est eligendus , qui eliam si fruletis
aut arboribus obsessus est , facile extricatur, quod suapte
natura quajcunque gignuntur, nonpcnitus nec in prolun-
duni radices agunt , sed per snmmum terrae dispergunt
atque deducunt, quibus ferro recisis atque extlrpatis,
punnn quiid supcrest infcrioris soli , rastris licet effoderc,
et iu fermcntum congerere alque coraponere : si tamcn
rudisterra non sit. Proximum est vacuum arboribns ar-
vum. Si nec lioc pst, raiissimum arbustiim vel olivotum;
melius tamen vctns olivetiim qiiod non fueril maritum,
(.01.1 V.I LI.E.
\ineis destinatur. Cltima est, nt dixi, conditio restibilis
vine.-e. Nam si necessilas facere coglt, prius quicqiiid est
residua; vitis extiipaii debel i deinde totum soluin sicco
limo, aut si id non sit , alterius generis quam recentis-
simo stercoiaii , atque ita coiiverti, et diligenlissime re-
fossa; omnes radices iii summum legori afque comburi :
lunc rursus vel steicoie vetusto , ipiia non gignit licrbas,
vel de vepribus egesta bumo pa,slinatum laige contegi. At
iibi piira iiovalia et ab arboribus sunt libeia, con.sideran-
diim est ante, qiiam paslinemus, surculaiis necne .sit
tcjTa : idque facillime exploratur per slirpes, qua; sua
spmite pi oveniunt. Ncque enim est ullum tam viduum so-
liim virgullis, iit noii aliquos surculos progeneret, tan-
<piam piios silveslres el pruiios, vel rubos certe. Nam
hac qiianivis genera spinarum sint, sofent tamcn fortia et
la-ta et gravida fructu consurgere. Igitur si non relorrida
iii'c .scabra , sed levia et nitida , et prolixa foecundaqiie vi-
derimus, eam intelligemus esse terram surcularem. Sed
hoc in totiiin : at illud , qiiod vineis praecipue esl ido-
neum, proprie consideraiidum , iil priiis retiili , si facilis
pst humus et inodice resoluta , quam diximiis puHam
vocilari : ner qiiia .sola ea, sed qiiia sit habilis maxime
16
COLUMELLE.
soiit gencralescts^appliquenta touteespccecl'ar-
brisseau , au lieu que voici ce qu'il fautexaminer,
comnie je Tai dit ci-dessus , pour juger si un ter-
rain est bon specialement pour les vignes : c'cst
si laterre en est molie et raediocrement friable,
tclle que celle qne uous avons dit que !'on appe-
lait puUn; non pas que cette terre soit absolu-
ment la scule qui soit propre aux vignoliles , mais
parce (jue c'est eelle qui Testle plus. Qucl est en
effct l'agriculteur, ftit-il des pkis minces, qui
ignore que le tuf le plus dur et le charbon , pour
peu qa'ils aient ctebroyes et entasses sur la su-
perfieie du sol, s'amolIissent el se rcduisent en
poussiere par les mauvais temps et les gelees,
ainsique par les chaleurs de re!e, etqu'ils ra-
fraichissent tres-bien les raeinesde la vigne pen-
dant Tete, en meme temps qu'ils ne laisseut point
evaporer lesuede la terre?deux points tres-es-
sentiels pour nourrir les arbrisseaux . Par la raeme
raison on approuve aussi !e gravier bien menu
et les champs pleins de gros sable et de pierres
mouvantes, pourvu cependant quil s'y trouve
ds !a terre grasse raelfe parmi , autrement on les
rejette absolument. Le eaillou mcms (suivant
mon opinion) u'est pas moius ami de !a vignc ,
pourvu qu'i! soit un peu recouvert de terre , parce
qu'ctant frais et conservant bien l'!uimidite, il
n'en laisse pas dessccher les racines au lever de
la Caniciile. Hyginus assure aussi d'apres Tre-
mellius, et jen'en disconviens pointmoi-meme,
que le pied des montagnes couvert de la terre qui
s'est ecroulee du haut, de meme que les vallces
cxhaussees par les terres qne les fleuves et les
inoudations y ont apportees, sont des terrains
particuliercment bons pour les vignes. La terre
remplie d'argilepasse pour etre bonne a la vigne :
ear pour Targile pure dont se servent les potiers,
ct que quelques personnes appellent urgilla,
elle leur est tres-contrnire, ainsi que lc snl>le quJ
n'est mele d'aucune bonne terre, et en general,
comme dit Julius Atticus , tout ce qui est capa-
ble de dessecher les arbrisseaux, c'est-a-dire les
terrains tres-humides , sales, amers , secs et bru-
les. Cependant les anciens ont approuve le sable
iioir ct rouge, qui sont melcs d'une terre hu-
mide ; mais pour lcs terres oii i! se trouve du
charbon, ils out declnre qu'elles maigrissaient
la vigne , n moins qu'on ne les aidat avec du fu-
mier. Laterre rouge, comme dit !e meme Atticus,
est epaisse,et peu propre a laisser un passage li-
bre aux racints; mais uue fois qu'e!le leur a li-
vre passage, elle nourrit tres-bicn la vigne : il
est vrai qu'el!eest plus difficilea cultiver qu'une
autre, puisqu'on ne pout la labourer, ni quand
elle est humide, parcc qu'clle est trop gluante,
ni quand elle cst trop seche , parce qu'el!e est
alors exeessivement durs.
XIL Mais, pour nc pas nous jeter ici dans le
detail de touteslessortcsde tcrrainsdontlenom-
bre est infini, il ne sera pas hors de propos de
rapportrrune espece de formule qna donnee Ju-
lius Grsciuus, et d'apres laquelle se trouvent
fixees les limites entre lesquellcs sont comprises
les terres qui sont bonnes pour lcs vignes. Car
voici ce que dit cet auteur : qu'il y a des terrea
chaudes ou froides, humides ou seches, dilatees
ou epaisses , legeres ou pesautes , grasses ou mai-
gres ; mais qu'un terrain trop chaud ne peut pas
soufflirdevignes, parce qu"il lesbrule; nonplus
qu'uu terrain tres-froid, parce qu'il ne laisse
point aux racines, qui sont gelees et comme en-
gourdies par le trop grand froid , la faculte de s'e-
tendre ; ni un terrain humide, parceque, des
que les vignes viennent h. pousser, la moindre
chaleur leur fait tirer de terre plus d'!iuraidite
qu'il ne leur en faut, et que cette humidite les
vinelis. Quis enim vel mediocris agiicola nesciat , etiani
tlurissimum loptium vel carbuncuUim, simulalque suiit
confracti , et in summo rogesti , tenipeslatibus et gelu iiec
miiuis leslivis putrescere caloi ibus ac resolvi ; eosque
pulrlicrrime ra<lices vilium per a>statem refrigerare, suc-
eumipje reiint're? quffi res aleniio surculo sunt accommo-
dalissinKL'. Simjli quoque de causa probari solutam gla-
ream cafculosumque agrum et mobilem lapidem : si tamen
lisec pingni glebae permista simt; nam eadem jejuna ma-
xime culpantur. Est aulem , ut mea quoque fcrt opinio, vi-
iieis amicus ctiam silex, cui superpositum est modicum
terrenum , qiiia frigidus et tenax humoris per ortuni Ca-
niculse non patitur sitire radices. Hygiuus quidem secutus
rremellium pra^cipue montium ima, qua; a verlicibus
ilelluenteni bumum leceperjnt, vel etiam valles, quao
.luminum alluvie et inundationibus concreverint, aplas
esse vineis asseverat , me non dissenliente. Cretosa bumus
ulilis habelur viti ; nam per se ipsa creta , qiia ntuntur
figuli , quanique nonnulli argillam vocant, inimicissinia
est : nec niinus jcjunus sabulo, etquicquid , ut ait Julius
Atlicus, relorriduin surculum facit, id auteni solum vel
uliginnsum est, vel salsum ; amariim etiam , vcl siticuio-
sum ct peraiidum. Kigrum tamen et nitiUim sabulouem,
qui sit vividai teriae permistus, probaverunt anliqui.
Nam carbunculosum agriim, nisi stercore adjuves, ma-
cras vincas cfficere dixermil. Gravis esl rubrica, ut idem
Alticus ait, et ad comprebcndendnm radicibus iniqua. Sed
alit eadem vitem, cum tenuit; verum est in opere diffici-
lior ; quod neque humentem (odere possis , quod sit glu-
tinosissima, nec nimium siccam , quia ultra modum pra:-
dura.
XII. Sed ne nunc per infinitas terreni species evagemur,
non iiitempestive commemorabimus .Iiilii GrKcini cons-
criptam velut foi mulam , ad quam posita est limitatio ter-
vx vinealis. Idem enim Giaecinus sic ait : Esse aliquana
terram calidam vel frigidam , humidam vel siccam , larani
vcl deiisam , levem aut Sravem , pinguem aut macram :
scd neqiie nimiuni calidum soluni posse tolerare vitein,
quia inural; neque pra'geliduni , qiioniam vcliit slupentes
et coiigclatas radices nimio frigore moveri non sinat : qu»
(uin demum se proniunt, cum modico tepore evocantur.
Iliimorem terraejusto majorem putrefacere dcposita se-
DE L'AGRICULTURE, LIV. IIL
pourrit. II dit encore qiie cVun autre c'6te la trop
firande siieheresse laisse manquer les plantes de
leur nourriture naturelle , ou qu'elle les fait ab-
solumentperir, ou enfin qu'elle les rendgaleuses
et dess^ehecs; que la terre tropcpaisse ne boit
pasla pluieetne reCoit pas facilement lesinlluen-
ces de Tair ; qu'elle se fend tres-aisement et donne
lieu par la a des erevasses, a travers lesquelles le
soleil pcnetre jusqu"aux raeines des plantes ;
qu'enfin elle comprime et etrangle, par la meme
raison , les plantes qui y sont comme en prison
et resserrees; que celle qui est dilatee outreme-
sure laisse passer les pluies eomme a travers un
eiitonnoir, outre que le soleil et le vent la taris-
sent ct la dessechent entierement; que la terre
^paisse ne cede presque a aucune culfure , et que
la legerene peut etre affcrmie presque par aucune;
que celle qui est tres-grasse et tres-abondante
peche par son trop de fertilite, comme la maigre
et la mince par son peu de suc. II faut, ajoute-t-
il,qu'il se trouve un grand temperanient entre
toutes ces especes de terres , variees comrae ellcs
le sont, et que cc. teraperament soit tel que ce-
lui qui n'est pas moins a desirer pour nos corps ,
dont la bonne santc ne se soutient que par une.
racsure compasscc, pourainsi dire, de chaud et
de froid, d'humide et de sec, d'epais et de di-
late. Ilconvient ccpendant que ce temperament
ne doit pas etre au meme point d'equiiibre dans
la terre destinee aux vignes, qu'elle doit retre
dansnos corps; mais il vcutque la balance pen-
ehe plus d'un cote quc dc rautre, comme, par
exemple , que cctte terre soit plus chaude que
froide, plus seche qu'luimide, phis dilatee qu'^-
paisse, et ainsi des autrcs qualites scmblables,
vers lesquelles celui qui forme des vignobles
doitdirigersonatteution : toutesqualitesqui,se-
lon mon avis, seront pUis profitahles encorc, si
cllcs sontaidees de la tcmperaturedu clivnat. !t
s'est elevc a cette occasion une dispute panni
les anciens, snr le eote du ciel vers lequel doi-
vent etre tournees les vignes : Saserna approuve
en preraler lieu le cotc du lever du solcil, ensuite
le midi, puis lecouchant. Trcmellius Scrofa pre-
tend que la position du midi est la meilleure.
Virgilerejcttepositivementeelledu couchant ,en
ces termes ; Quc vos vif//iol)lfs ne soirnl point
exposes au soleil couchant. Democrite et Ma-
gon approu vent le septentrion , parce qu'ils pen
sent que les vignes qui sont tournees de ce cote
du ciel sont les plus fertiles, quoique a la verite
leur vin ne soit pas lc meilleur. Pour nous, il
uous asemblequ'il serait mieux de prescrire
en general que les vignobles fussent exposes au
midi dans leslieux froids, et a rorient dans les
lieux chauds, pourvu cependant que ces lieux
ne fussent pas infestes par les vents du midi ou
par ceux du sud-est , comrae le sont les cotes
maritimes de la Betique : ear, dans le cas oii le
paysserait sujet a ces vents, il vaudrait mieux
lestourner au point du ciel d'oii souffle le vent
Aquilonou le vent Favonius. Quantaux provin-
ces brulantes , telles que TEgypte et la Numldic,
on iicpeut y exposerIesvignesqa'au septentrion.
Lorsqueces points aurontete tous bien exami-
nes , nous en viendrons enfin a labourer la terre
au pastinvm.
XIII. 11 faut donner la mcthode dc cette cul-
turc , tant aux agriculteurs qui se proposent de
cultiver la vigne a la mode d'Italie , qu'a ceux
qui se proposent de la cultiver <^ la mode des
provinces ; car pour ee qui est des contrees eloi-
gnees , on n'y connait pas cette facon de retour-
ner ie terrain en le labourant , mais on y plante
niina : rursus nimiani siccilatem ilcsliluere plantas nalu-
rall aliuienlo, aut in totum necare ,aut scabras et reloni-
(ias facerc : perdensam liunium ca;lesleis aquas non sor-
bere , ncc facile perQari , facillime perrumpi , et prsebere
rimas , quibus sol ad radiccs slirpium penetrct ; eandem-
que velut conclausa el coarclata semina comprimere at-
que strangulare : raram supra moduni velut per infundi-
bulum Iransmiltere imbres, et sole ac vento pcnitus sic-
cari atque cxolescere : gravem terram vix ulla cultura
vinci ; levem vix ulla suslineri : |>inguissimam et la?tissi-
mam luxuria, macram ac tcnucin jejunio laborare. Opus
est, inquil, inter lias laui diversas in.-cqiialilates magno
tempcramento, quod in corporibusquoque nostris desi-
deratur, quorum boiia valeludo calidi et frisidi, hnmidi
et aiidi, densi et rari cerlo et (juasi exaniinalo modo con-
tinctur. Ncc lamcn lioc tcniperamelitum in lerra, qua; vi-
ncis dcslinelur, paiimoinento libratum esse debereait,
sed in alteram partein propcnsius ; ut calidior terra sit
quam frigidior, siccior qiiam liumidior, rarior quam den-
sior, et si qiia sunt bis similia, ad quo; contemplationeni
siiam dirigat, qui vincas insfituet. Quic euncta, siciil cgo
reor, niagisprusnnl, cum suffragatur eliam status ca;li :
riijus qiiam regionem specfcire debeant vinese , velus est
djsseusio , Saserna maNirae probante solis orliim, mo\
deinde meiidiem, tnm occasum : Tiemellio Scrofa prae-
cipuam positionem meridianam censente : Virgilio de in-
diistria occasum sic repudiaiite : Neve tibi adsolcm ver-
gantvineta carfen to» : Democrito et Magone laudanli-
bus ca;li plagam scptentrionalem , qnia existiment ei
subjectas feracissimas fieri vineas, quae lamen bonilale
vini siiperentur. iSobis in univcisum pra^cipcre oiitimum
visum cst, iit in locis frigidis meridiano vineta snbiiciau-
tur ; lcpidis orienti advertanlur : si tamen non infcstabun-
lur Austiis Enrisque, velut orae maritimae in l!a;lica. .Sin
aiitcni rcgioncs pr.rdiclis veiilis fueriut obnoxia; , melius
Aquiloni vel Favonio committciilui . .Nani fervcnti!)us pro-
vinciis, ut .Cgyplo el Numidia, uni scplenlrioni rectius
opponcntnr. Qiiibus omnibiis diligcnlci' exploratis, tum
demum pastinationem suscipiemus.
-Xill. Ejnsautem ratio cnm llalici gcneris fuluris agri-
cfllis, liim etiam proyincialibiis Iradenda est : quoniani i.n
longinquis el rcmotis fere, rcgi()nibus istud genus verlcuili
et subigendi agri miniine nsiirpatur, scd aut scrobibus aiit
sulcisplerumque vincscconscrunlur. [Sciobibus wnela sic
24 1
COLUMELLE.
communement les vignes dans des fossesou dans
des tranchees. Voicicomme on les plante daiis
des fosses. Ceux qui sont dans i"usage de plantei'
lcurs vignes dans des fosses commencent par
fouiller le terraiu a deux pieds de profondeur, sur
une longueur d'eDviron trois picds, et sur la lar-
geur determinee par celle de rinstrument dont
ils se servent; apres quoi ils etendentde eote et
d'autre des mailletons, de facon que les racines
en soient vers le milieu de la fosse et que les
extremites , apresavoir fait un coude, se relevent
ix ses deux bouts : easuite ils recouvrent le tout
de terre , a Texception de deux yeux qu'ils lais-
sent hors de terre ; et enfm ils apianissent le
terrain. Ils recommencent la raeme operation ,
en laissant entre la seconde fosse et la premiere
uu iDtervalle de la meme loogueur que la fosse
nieme, sans le labourer, et continuent toiijours
sur la meme ligne , jusqu'a ce qu'ils aient lini une
mngee. Ensuite ils laissent , entre cette rangee et
celle d'a cote , un intervalle tel que le requiert
Tusagc ou clincun est de cultiver les vignes , soit
alacharrue, soit auhoyau, et recommencent
uneseconde rangee,qu'ils achevent de la meme
facon. Si Tusage est de becher simplement la terre,
lemoindre intervalle qu'il faut laisserentre cha-
que rangce doit etre de cinq pieds, et le plus
grand, de sept ; mais Si Ton se sertde boeufs et de
charrues, le moindre sera de sept pieds , et il
sera suffisamment grand a dix. II y en a cepen-
dant qui disposent le plan eu quincouce de dix
pieds d'intervalle en tout sens , afin de pouvoir
labourer la terre comme on laboure les novales ,
tant en lignedroite qu'en travers. Cette derniere
facon de disposer un vignoble ne fait pas le pro-
fit du cultivatcur, si ce n'est dans les paysoii,
le sol etant tres-fertile , la vigne prend beaucoup
d'accroissement en tout sens. Mais ceux qui re-
doutent les frais de la cUlture au pastinum, et
qui veulent cepeudant s'en rapprocher en quel-
ponuntur.] Qiiibiis vitem mos est sciobibus deponere , fere
per treslongitudinis, perque duospedes in allitudinenica-
vato solo,quantumlalitudo feriamenfi patitur, nialleolos
utrinquejuxta lateia fossarum cnnsternnntet adveisisscro-
bium fiontibuscurvatos erigunt -. duabusque gemmis supra
terram eminere passi reposita luiino csetera coaequant :
quae faciiint in eadem liuea inlerinissis tolidem pedum
scamnis, dum peiagant ordinem. Tum deinde relicto
spatio, prout cuique mos est vineas colendi vel aratro
vel bidente, sequentem ordineni instituunt. Et .si fossore
tantum lena versetur, miuimum est quinque [lednm in-
terordinium , septein maximum : sin bubus cl aratio,
rainimum est septem pedum, salis ampbim decem. Non-
iiulli tamenomnem vilem per denos pedes in quincuncem
disponunt , nt moie novalium terra liansversis adversis-
qiie sulcis proscindalur. Id genus vineti non conducit agri-
cola;, nisi ubi lietissimo solo vitis aniplo incremento con-
surgit. At qui pastinationis impensam reformidanl, sed
xliqiia tamen parte pastinationcm imilari sliident , paiibus
que partie , forment destranchces de six picds de
largeur, en laissant entre chacune des espaces de
nieine largeur sans les labourer; et apres les
avoir fouiliees ii trois pieds de profondeur, ils en
relevent la terre sur Ics bords a la meme hauteur,
et arrangent leurs ceps ou leurs mailletons a dos
de ces tranchees. II y en a qui vont au menage
par rapport aux dimeiisions de ces tranchees, en
ne leur donnant que deux pieds neuf pouces de
profondeur et cinq pieds de largeur. Quand la
preraiere rangee est finie , ils laissent un espace
trois fois plus grand que la largeur de la tranchee
sans le cultiver, et fouillent cnsuile la tranchee
de la rangee suivante; et quand ils ont acheve
cette operation dans tout le terrain qu'ils destinent
a leur vignoble, ils relevent a dos des tranJiees
les marcottes ou les jeunes branches qu'ils ont
coupees tout nouvellement, et plaulent une mul-
titude de mailletous entre le plant qui est range
par ordre. Lorsque ces mailletons se sont forti-
fies par la suite , ils les propagent dans des fosses
qu'ils font en sens contraire des premieres, sur
le terrain qu'ils avaient laisse sansle labourer, et
arrangent ainsi leurs vignobles par intcrvalles
egaux. Au reste, ces facons de plauter la vigne,
que nous venons de rapporter, sont dans le cas
d'etre tantot adoptees, tantot rejetees, selon la
nature ou la bonte de chaque contrce. A present
je me propose de donner la methode de labourer
un terrain nu jmstinum. B'nhon\, soit que le
terrain que nousaurons destine a des vignes soit
garnid'arbresmariesades vignes, soit que ce soit
un tcrrain sauvage , il faut en arracher toutes les
broussaillesettous lesarbresquis'y trouveront,et
les mettre de c6(e, de peur que celui qui le la-
bourera au ;;«.?//«)»« ne soit rctarde dansson
travail , ou qu'apres que le terrain aura etc la-
boure, il ne soit affaisse par le poids des arbres
qui y seront etendus , et expose a etre foulc aux
pieds par ceux qui iront enlever les branches et
allernis spaliis omissis senum pediim latitudinis sulcos
dirigunt, fodiuntqiie et cxaltant in ties pedes, ac per la-
tera fossariim vitem vel malleolum disponunt. Avarius
qiiidam dupondio el dodranle altum sulcum, latum pe-
dum qiiinqiie faciunt : deinde ter lanto amplius spatium
crudiim relinquunt : alipie ila seqiientcm siilcum info-
diuiit. Quod cura per deliniliim vinelis lociim fecerunt, in
lateribus siilcorum viviradices vel decisos quani recenlis-
simos palmiles novelloserigunt, consitiscompluribus inler
ordinaria semina malleolis, qiios, postea quam conva-
Iiierint, crudo solo, quod emissuni esl, tiansversis scro-
bibus propagent , atqiie ordinent vineam paribus intcrval-
lis. Sed ea', quas relulimus, viuearum sationes, pro na-
tura et benignitate cujusque regionis aut nsurpandae aut
iepudianda;sunt nobis. Nunc pastinandi agri proposilum
est rationem tradere. Ac primum omnium iit sive arbus-
tum sive silvestreni lociim vineis destinaverimus , omnis
frutex atque arbor erui et submoveri debet, ne postea
fossorein morelur, nc-vc j:im pasiinatumsolum jacenlibus
DK L'AGRICULTURE, LIV. IIL
les troneS darbics qifon y aura laissM. Car il
n'est paspeu important que la terre que ron aurn
labouree au pastinum soit tres-gonflee, et
qu'on n'y voie, si fairese pent, aucune trace de
pieds sur la superficie , afin qu^ctant remiice
egalement danstoutcs ses pnrtics , ellc cede avcc
flexibilite aux racines du jeune plant , de quel-
que cote qiie ces racines vcuillent y pcnctrer,
et qu'elle ne repousse point lcur tendance a
croitre par sa duretc; mais que ieurservant,
pour ainsi dire, de nourrice, elle les reeoive
dans son tendre sein , qu"elle se laisse imbiber
des eaux du ciel pour les distribncr au plant
qu'elle aurn a iioiirrir, et coneoure, dans toutes
ses parlies , a elc\er sa nouvelle progeniture.
II faut fouilierlcs plaincsa la profundeurdedeux
piedsetdemi, les terrains en pente a celle de
trois pieds , ct lcs collines plus escarpcesjusqu"a
ceile de quatrc, parce que, si Ton n'y faisait
pointun lit de terre labouree au pastiiiui» beaii-
coup plus profond que cel ui quc Ton fait dans une
plaine , la tcrre venant a s"ebouler de haut en
bas, il resterait a peine la quantite suflisante de
terre gonflce par le iabour au pastinum. D'un
autre c6te , il ne faut pas mettre la vigne a moins
de deux pieds de profondcur, meme dans le bas
des vallees; car il vaut mieux n'en pas plantcr,
que de la laisser comme suspendue sur la super-
ficie de la terre, a moins ccpendant que la ren-
contre d'une source d'eau mareeageuse , telle
qu'il s'en trouve dans le canton de Ravenne,
n'empecbe de creuser au dela d'un pied et dcmi
de profondeur. II ne faut pas commencer cette
operation , comme font ia plupart des culti\a-
teursde nos jours, par fouiller peu a peu une
tranchce, pour ne parvenir ainsi que par deux
ou trois deirrcs succcssifs a la profondeur que
ron veut donner a son labour au pastinuin ;
mais il faut la fouillcr sans interruption jusqu'.1
la profondeur cntiere (iu'elle doit avoir, en se
rcglant sur un cordeau , pour que les cotcs en
soient droits, et ei>. arrangeant par derriere soi
la terre au fur et a mesure qu'on la fouillera ,
.jiisqu'a ce qu'on soit parvcnu ix la profondeur or-
donncc : on promenera ensuite le cordcau, en le
tenant bien droit, danstoutela profondciir de la
fouille, eton fcra en sorte que la laigeur du fond
soit la rcpctition de celle d'en haut , pnr laquelle
011 aura commence. II faut qu'il y ait un inspec-
teur adroit et vigilant, qui fasse dresser les
bords de la trancbee a angles droits, qui cn
fasse bicn reraucr la tcrre en dcdans,etqui
veille iice qiie la terre qui tient a la tranehee,
et qui n'est point encore labouree, soitconfon-
due avcc eelle dela tranchce lorsqu'on viendra
a la labourer parlasuite, conformcment a cc
que j'ai prcscrit dans le livreprccedent, cn don-
iiant la nianiere de labourer les guerets, lorsque
j'ai averti de prcndre garde qu'on n'y laissat en
aucun endroitdes bosses de terre qiii ne seraicnt
pas remuees, et qu'on ne cachat dcsparties de
terrains dures sous des mottes de terrc. Nos an-
cetrcs avaicnt imagine une espeee de inachine,
dont ils se servaient pour se faire rendre compte
deeetouvrage : c'etait une regle faite cxprcs,
au milieude laquellectaitune pctite verge, dont
la longucur etait modelce sur la profondeur qne
devait avoir le fosse, et dont le point dc contiii-
gcncc sur la regle se trouvait vis-a-vis le haut
de ses bords. Les paysans donnent a cette espece
de mesure lenom dc ciconia, mais elle est su-
jette elle-meme a erreur, parccqu'elledonne des
resultats differents , selon qu'elle est perpendicu-
laire ou inclinee. piJous avons donc ajoute quel-
ques parlies a cette niachine pour terniiner lcs
contestations et les disputes que Ton peutavoir
inolibus imprimatiir, et exporlanliiini ramos atqiie tnincos
ingressu proculteliir. Xeqiie enini parum lelert snspen-
sissimum es.se pasliiiatimi , el, sj lieri possit, vesligioquo-
que inviolalum : ut mola .equaliler liumus novelli semi-
nis railicibus, qiiamcunque iii partem prorepserint, mol-
lilercedat, nec incremenla durilia siia reverberet, sed
tenero velut in nulrifio sinu recipiat, et cjelestes admit-
t.it iiiibres, eosqiie alendls semiiiihus dispenset, ac .siiis
oinnibus parlibns ad educandam prolem novaili conspi-
ret. Campestris locus alte diios pedes et semissem info-
diendnsest; acdivis legio tieis, pr.Tniptior verocollis vel
in qiialuor pedesverlendus, quia cum a superiore parle in
inferiorem detraliitur luimus, vix jiistum paslinaUoni
prffbet regestum : nisi niiilto ediliorem ripam, quam in
plano feceris. Rursus depressis vallibus minus alle duo-
hiis pedihus deponi vincain non placct. Nam pi<i>slat iion
conscrcie, quain in summa teria siispenderc , nisi sisla-
tim uligo palustris obvia, sicul in agro Ravennate, plus
quam sesquipedem pioliibeat infodere. 1'rimiim aulcm
prsedicti operis exordium est, non iit bujiis temporis ple
rique faciunt agricoloe , .sulciini paulatim e.valtare , ct ita
secundo vel terfio gradu pervenire ad destinatam pastina-
tionis altitudinem : scd protinus sequaliter linea posila rec-
tis lateribiis perpeluam fossain educere, et post tergum
niotani hiimum componere; atque in tanlum deprimere,
donec alliludinis mensurain datam ceperit. Tum per omne
spatium giadiis .vqualiter[movenda linea est : obtinendiim-
que, ut eadem lalitndo in imo leddalur, qua; aepla est
in siimmo. Opus esl autem perito ac vigilanle exactore ,
qui I ipam erigi juhiat , sulcumque vacuaii , ac loluni spa-
linm crudi soli cum emota jain terra commitli, sicut pne-
cepi siipcriore libro, cum arandi rationem Iraderein ,
monendo , necubi scamna omitlantiir, el quod e.st diiriiin ,
summis gl.X'bis obtegalur. Sed hiiic opeii exigendo quasi
qiiandaiu machinain commenti majores nostri regulam fa-
liricaveriint, in ciijus laterc virgiila promincns ad eaiii
allitudmem, qua depiimi sulcuni oportct, conlingit sum-
inam ripiB partem. Id geniis mensiir;c ciconiam vocant
rustici. Sed ea quoque fraudem recipit , quoniani pluri-
nuim interest , iitriim eam pronam aii reclain ponas. Kos
itaque huic machin.T quasdam parles adjeciiiiiis, qiiat
contcndenliuni litcni disputatioiiemqtie diriincrent. Nant
t>-t(i COLUMELLE.
avec les oiivriers. Car nous avons eroise deux re-
gles l'une sur Tautre dans la forme de la lettre
grccque X , de facon que les deux extrcmites de
ces regles sontecartees Tune de rautre a la dis-
tance de la largeur que le laboureur au pnsli-
num doit donner a sa tranchee ; apres quoi nous
avons attache cette ancienne ciconia au milieu
de rX , qui est le point de contingence de ces
deux regles , de facon qu"elle se trouve fixee
comme sur une base sur laquelle elle est dres-
see perpendieulnirement; ensuite nous avons mis
nu-dessus de la petite verge qui est au milieu
de la regle transversale un niveau d'artisan.
Lorsqu'on enfonce dans la tranchee cet instru-
ment ainsi dispose , il termine de part et d'au-
tre toutes les contestations qui pourraient sur-
venir entre le proprietaire et rentrepreneur, sans
porter prejudice ni a Tun ni a Tautre. Car les
rayons de retoile,que nousavons dit ressembler
^ la lettre grecque, mesurent et nivellent avec
exactitude le fond du fosse, puisque Ton s'a-
pereoit par la position meme de la machine si
elle est inclinee en devant ou en arriere, attendu
que le niveau qui est au-dessus de la petite
verge dont nous avons parle donne la preuve
de Tune ou de 1'autre position , et met Tinspec-
teur de Touvrage a Tabri d'etre trompe. L'ou-
vrage raesure et nivele de cetle maniere va
toujours en avant, comme un gueret que Ton
laboure ; et a mesure que Tonfait marcher le cor-
deau, on lui fait coraprendre autant d'espace de
terrain que la fouille de la tranchee doit a^oir
de longueur et de largeur. Voila la maniere la
plus approuvee de preparer le terrain.
XIV. Vient apres cela la plautation de la vi-
gne , qu'il est temps de faire ou au printemps
oudans rautomne : auprintempspreferablement,
si le climat est pluvieux ou froid, si le terrain
est gras ou que ce soit une carapagne plate et
humide ; dans Tautomne au contraire , si le climat
est sec ou chaud , si c'est une carapagne de petite
qualiteet aride, ou que ce soit uneeoliinemaigre
ou escarpee. La plantation du printemps se fait
pendant quarante jours a peu pres , depuis les
ides de fevrier jusqu'a requinoxe; et celled'au-
tomne depuis les ides d'octobre jusqu'aux calen-
des de decerabre. II y a deux facons de planter
la vigne, toutes deux egaleraent usitees par les
cultivateurs; savoir, par raailletons ou par mar-
cottes. Les mailletons sont plus d'usage dans
les provinees, parce qu'on ne s'y attaehe pss a
avoir des p^pinieres, et qu'on n'yestpas dans
Tusage de faire venir des marcottes ; au lieu que
la plupart des cultivateurs d'Italie ont desap-
prouve avee raison cette methode de planter par
raailletons, parce que la marcotte a bieu des
avantagessurleraailleton:eneffet, elleest raoins
sujette a perir que le raailleton, vuqu'ellea
plus de force pour soutenir le chaud, le froid et
les autres mauvais temps ; de plus , elle croit plus
promptement, d'ou il resulte qu'elle estplus t6t
en etat de donner des fruits; et d'ailleurs il n'y
a aucuii danger a eourir en la transplantant sou-
vent. On peut neanmoins planter tres-bien des
mailletons en guise de marcottes dans des ter-
res poudreuses et faciles , au lieu que des terres
epaisses et dures exigent absolument de la vigne
toute faite.
XV. On plaiite donc la vigne dans une terre
labouree au ;;«,?//»«»?, prealablement nettoyee,
hersee et aplanie , en laissant cinq pieds d'inter-
valle entre chaque rangee si le terrain est mai-
gre, et six s'il est mediocre : mais il en faut
laisser sept dans une terre grasse , afin que le bois
de la vigne, qui sera infailliblement diffus et haut
dans une pareille terre, trouve un espace suffl-
duas regulas ejiis latitudinis , qua pastinator sulcum (ac-
turus est, in speciem GraecEe literse X decussaviuius,
atque ila mediie parti , qua regulo! commiltuntur, anti-
quam illani ciconiam infix4nius, ut tanquam suppositai
basi ad peipendiculum normala insisteret : deinde tians-
versa>, quai est in latere, virgula; fabrilem libellam snper-
posniiiVis. Sic compositum organum cuin in sulcnm de-
missum est, litein domini et conductoris sine injuria di-
ducit. Kam slella , quam diximus Grsecae literac faciem ob-
tinere, pariter imce fossae solum metitur, alque perlibrat;
quia sive pronum seu resupinum est, posilione macliin.-c
deprelienditur. Quippe praediclse virguloe superposita li-
beila aUeiutrum ostendit, nec patitur exactorem operis
decipi. Sic pei inensum et perlibratum opiis in similitudi-
nein vervacti semper procedit : tantumipie spatii linea pro-
mota occupatur, quanlum effossus siilcus longitudinis ac
latitudinis obtiuct. Atque id genus prffiparandi soli pioba-
tissiiuum est.
XIV. Seqiiitnr opus vinese con.seienda! , quse vel vere
Tel auluiniio tempestive deponitur. Vere melius , si aut
pluvius aut frigidus status caeli est, aut ager pinguis, [ aut
campestris, J et iiliginosa plaiiilies : riirsus autumno, si
sicca, si calida est aeris qualitas : si exilis atque aridus
campus, si macer praeruptusve collis ; verna^qiie positionia
dies fere quadiaginta siint ab idibus Februariis usqiie in
.Tnquinoctium : rursus autuninalis ab idibus Octob. in cal.
Decembres. Sationis autem diio genera , malleoli vel vivi.
radicis, qiiod utrumqiie ab agricolis usurpatur, et in pro-!
vinciis magis malleoli. Neqiie enim seniinarlis studenl, nec
usiini Iiabent faciendae vi\iradicis. Hanc sationem cultores
Ilaliac plerique jiire improbaverunt, quoniam plurimis do-
tibus pr.Tcstat viviradix. Nani minus interit, cum et ealo-
rem et frigiis ceterasqiie tempestates propter firmitalem
facilius sustineat ; deinde adolescil maturius. Ex qno eve-
iiit, ut celerius qiioque sit tempestiva eilendis friiclibus :
lum eliam niliil dubium esl, saepius translalum. Potest
lamen malleolus piotinus in vicem viviradicis conseri so-
Uita el facili terra. Caiterum densa et gravis utique vitem
desiderat.
XV. Seritur crgo piius [in] emundata inoccataque et
aequala pastinatione , inacio solo , quinis pedibus inter or-
I dinesomissis; luediocri, seiiis. Iii pingui vcro septcniiiu
DE L'AGl\ICULTURE, LIV. IH.
sant oii i! puisse s'eteuda>. II sera aise de faire
de la sorte un plau de vignes en quinconce. II
faudra.pour cet effet coudre sur un cordcan des
niorceaux de pourpre ou de toutautre drap d'une
couleur eclatante, d"espaces eu espaccs niesures
cliaeun par un nombre de pieds egal a la mesure
de riiitervalle d'entre lcs rangees; et lorsque ce
cordeau sera ainsi marque, on le lendra a tra-
vers le terraia laboure au pastinum , et fon
lichera en terre des roseaux vis-a-vis chacuu dcs
endroits oii se rencontreront ces morceaux de
pourpre , raoyennant quoi on fera ses rangees
egalement espacees. Quand cela sera fait, celui
qui doit faire les fosses se mettra a Touvrage,
et, sautant alternativement un dcsespaces mar-
ques surlarangee, il fouillera , depuis un roseau
jusqu'a celui qui lesuit, une fosse qui u'ait pas
moins de deux pieds et derai de profondeur dans
les terrains plats, de deux pieds neuf pouces
daus ceux qui vout en pente, et meme de Irois
pieds dans ceux qui sont escarpes : ces fosses
etant fouillees a cette profondeur, on y depo-
sera les marcottes , de facon qu'elles soient cou-
cbees ix ropposite Tune deTautre depuis le milieu
de la fosse, elrelevees a ses deux cotes opposes
presdesroseaux. Lufouction deccluiciui plantera
consisterad'abord aenleverdeterre les raarcottes
avec soiu et sans les g;Uer, a les transporter des
pepinieres dans le moins de temps possible apres les
avoirenlevees de terre, et meme, si fairese peut, a
rinstant precis oii il voudra les planter; eusuite a
les rogner enentier conimede vieilles vignes, en
les reduisant ii un seul bois tres-fort, et en unis-
sant les uoeuds et les cicatrices qui s'y trouve-
ront, a en eouper meme les racines , s'il s'cn
trouve d'endommngees (accideut auqucl il faut
bien prendre garde Iorsqu*on lcs enlevedeterre) ;
Iictiiim spatia danda sunt, qiio largiora vacpnt intervalla,
peii|iia' Ireqiientes pinlixajqiie nialeria) diffundantiii'. Ha'C
in i|uiii(uncem vjncarum metalio expeditissima ratione
conficilur. Qiiippe linea per totidem pedes , qiiol destina-
veris inleroidiniorum spatiis, pnrpura vel qiiolibet alio
conspicuo colore insuitur. Eaque sic deuotafa per repasti-
natum intenditur, et juxla purpuiam calamus defigitur.
AUpie ila paiibus spatiis ordines diiiguntiir. Quod deinde
1 luii esl factum, fo.ssor insequitur, sciobemque alternis
onii-^sis in ordiiiem spatiis a calamo ad proximum calamum
nim miniis altum quam diios pedes et semissem planis lo-
cis relbdit : acclivibus in dupondium et dodrantem : prav
cipitibiis etiam in tres pedes. In lianc meiisiiram scrobibus
depressis viviiadices ita depouiintur, ul a media sciobe
singulae in diversum sternantur, el conlrariis frontibus
fossarumad c;ilamos erigantur. Satoris autem oflicium est,
primum quam recenli.ssimam, et si fieri possil, eodem
moinento, quo serere velit, de seminario translerre plan-
tdm , diligenter exemptam et integram : deinde eam veliit
veleranain vitem totam exputare , et ad unam materiam
firmissimam redigere , nodosque ct cicalriccs allevare : si
muc etiam radiccs , quod maxiinc cavenduni cst , ne Qat
enfin a les arranger, en les courbant de facon
que les raciues desdeux marcotfesqui sontdans
lamemefossene s'entrelacentpasmutuellement,
ce qu'il sera facile d'erapecher, en disposant au
fond des fosses, transversalement et par !e mi-
lieu, quelques pierres,dont chacune n'excede
pas le poids de cinq livres. Ces pierres parais-
sentservir (ainsi quc Magon Ta ecrit) a ccarter
Teau des racines pendant Thiver, et a les pre-
server du chaud pendant Tete. Virgile, d'apres
cet auteur , prcscrit de protegcr et de fortifler le
plant , en ces termes : Mo/lcz au foiid dc lu
fosse dcs plerrrs qiii puissent boirc l'cau, ou
drs coquillages inutiles ; et peu apres il ajoute ;
// s'est Irouve des (jens qui chargeaient lcs ra-
cines du poids cVune grosse pierre ou de celui
d'une grande brique , poitrleur servir de rem-
part contre les pluies et contre Vardeurdela
Canicule , lorsque cctte constellation vieiit a
jaire gerser lcs campagncs altcrees. L'auleur
carthaginois que uous veuons de citer prouve
que le marc de raisiu meleaveedu fumier donne
de la vigueur au plaut qui est depose dans des
fosscs, parce que le marc le provoque et Texcite
a jeter de nouvelles racines , et que le fumier
est bon tant pour entretenir la chalcur dans les
fosses pendant les hivers froids et humides , que
pour donner de la nourriture et de rhuraidit6
aux plantes pendant Tete. Rlais si le terrain dans
lequel on plante la vigne parait de petite qua-
lite, il croit qu'il faut aller chercher au loin de
la terre grasse pour la raettre dans les fosses :
au reste , c'est la cherte des vivres dans uu pays,
et le pi'ix des journecs , qui nous apprendront si
cette operalion sera avantageuse ou non .
XVI. Une terre,labouree au pastinuin et rac-
diocrement humide, sera bonne pour recevoir
in eximendo , laboraverinf , eas amputare : sic deinde cur-
vatam deponere, ne duarum vitiuin radices iiiiplicenliir.
Id enim vitare facile est per imum solum juxta diversa
latera fcssarum dispositis paucis lapidibus, qui sioguU
Don excedant quinqiielibrale pondus. Hi videntiir, iit Mago
piodit, et aquas liiemis et vapores a;statis propiilsare ra-
dicilius : quem secutiis Virgiliiis tutaii semiiia ct inuniri
sicpi:ec\[iil : Aul lapidcm bihvluiiuiut sqiuilr/itcs iiifode
conclws. lit paulo post : Jamqur rrpcrli Qui saxn super
ati/ue inijentispondcre tcstm rrrjcrcnt : linc cfiiisos mu-
nimcnadiinbrcs, Uocubiliiulcasitifindil Canisccsti/cr
arva. Idciiique Poenus auctor probat viiiacea permisla
stercori depositis seminibus in scrobe admovere, quod illa
pro\oceut et eliciant novas ladiculas : boc per biemcin
IVigentem et liumidam scrobibus inferre caloiem tempps-
tiviim , ac per <Tstatem virentibus alimentum et liumorem
prii-bere. Si vejo soliim , cui vilis commitlitur, videliir
cxile, longiusaicessitam pinguem liumumscrobibnsinferre
censet : qiiod an expediat, rcgioriis annona operarumque
ratio nos docebit.
XVI. Exigue humidum pa.stinatum sationi convenit ;
melius tamen vel arido qiiam luloso scmen committilur :
COLllMELLE.
le plant ; il vaudra cepcndant mieux le mettie
(lans un tenain sec que dans un terrain bour-
beux ; et lorsque la partie du planl qui excede la
fosse en dchors se trouvera avoir un tropgrand
nombre de uceuds , on coupera ce qu'il y en aura
de trop par en haut, en ne laissant que deux
boutons hors terre, et on comblera la fosse de
terre; eusuite, Iorsqu'on aura aplani tout le
terrain laboure nu pastinum, on plantera des
mailletons entre les marcottes qui sont dans les
rangees : 11 suffira d'ea mettre dans l"espace va-
cantentre les vigues et sur la nieme ligne. En
suivant eette methode , les mailletons eroitront
raieux eux-memes,et il restera suffisamment de
terraiu libre pour pouvoir cultiver le plant qui
est dans les raugees : c'estencore pour servir de
ressource qu'on placera ces mailletons sur la
mcme ligne que les marcottes, parce qu'on
pourra eu prendre dans le nombre pour rempla-
cerles marcottesqui viendront aperir. II faudra
mettre cinq mailletons dans respacc d'un pied :
mais on laisseraun pied de vide sur rintervalle
qui est entre les marcottes, de facon que les mail-
letous lesplus voisins des marcottes en soient a
une distauce egale de part et d'autre. Julius Atti-
cus croitqueseizemille mailletous sout suflisants
pour une plantation de cctte nature; cependant
nous en plantons quatre miUc de plus que, lui,
parce qu'il en perit toujours une grande piirtie
par la negligence des cultivateurs, et que plus
ou met de plant dans un terrain , plus les autres
berbes inutiles dcviennent clair-semees.
XVII. II s'est eleve d'assez grandes discus-
sioDS entre les auteurs sur la facon de planter le
mailleton. Quelques-uns ont cru que le fouet
etait bon a elre plante en entier et tel qu'ou \'a-
vait detache de sa mere , de facon qu'ils le par-
tageaient en plusieurs morceaux dc cinq bou-
tonsou nieme de six, et qu'un fouet donnait k
lui seul une multitude de boutures qu"ils met-
taient toutes en terre. Mais je n'approuvo pas
cette methode, et je suisplutotde Tavis desau-
teurs qui ont nie que Textremite superieure du
bois fiit propre a porter du fruit, et qui n'en
ontadmisque le cote par lequelil tenaitau vieux
sarment, enrejetant d"ailleurs toutes lesfleches.
Les paysans donnent le nom de fleche a Textre-
mite superieure du raailleton, soit parce que
cette partie est la plus eloignee de lamere, et
qu'elle serableelancee loin d'elle,soitparcequ'e-
tanteffdee par le haut, elle a quelque ressem-
blance avec Pespece de dard qui porte ce nom.
Les agriculteurs les plus avises ont donc declare
qu'il ne fallait point planter cette fleche, sans
nous donner a la verite la raison de leur senti-
ment, sansdoute parce qu'etant tres-versesdans
Tagriculture , cette raison leur paraissait evidente,
etqu'elle sautait aux yeux detout le monde. Enef-
fet, comme tout pampre, pour peu qu'il soit fe-
cond, produit beaucoup de fruit jusqu'au cin-
quifemeou jusqu'ausixieme bouton , et que passe
cette distance , tel long qu'il soit, il ri'en produit
plus, ou ne produit tout au plus que de tres-petit
raisin, les auciens ont eu raison d'imputer la
sterilitea rextreraite superieure du mailleton. Ils
laissaientaussi aunouveau sarment une partiedu
vieux , lorsqu'ils plantaient le mailleton : mais
rexperieuce a condamne cette methode , parce
que tout ce qui restait de rancien bois pourris-
sait bient6t par rhumidite d^s qu'il etait en
terre , et que sa corruption entrainait la perte
desracines tendrcs qui ravoisinaient, auraoment
quelles commencaient asortir; apres quoi la
partie superieure du raailleton se dessechaitaussi.
Mais, dans la suite, Julius Atticus et Cornelius
Celsus, les plus celebres auteurs de uotre siecle,
itlc|ue ciim supia summam scrobem compluiibus interno-
diis pioducUim est, quod de cacumiiie superest, duabus
gemmis tantum supra terram relictis amputatur, et ingesta
Immo scrobis completus cocPqualur; deinceps paslinato
malleolus ordinariis vitlbus interserendus est : eumque .sat
erit medio spallo , quod vacatinter vites, perunam liiieam
depangere. Sic enim melius el ipse convaloscet, et oidina-
riis seminibiis modice vacuum solum ad culturam pi;ebe-
bitur. In eadera deinde tinea, in qua viviradix obtinebit
ordinem suum, prjesidil causa, quoriim ex numero pro-
pagari possit in locum demortuse vitis, quinqiie malleoli
pangendi sunt per spatium |iedale : isque pes ita medio in-
lerordinio sumitur, ut ab utraque vite paribus intervallis
distent. Tali consitioni Jiilius Atticus abunde pufat esse
malleolof um sexdecim millia. Nos tamen plus quatuor mil-
libus con.seiimus, qiiia negligentia cultorum magua pars
deperit, el inleritu seminum coctera, qua; virent, rares-
cunt.
XVII. De positione surculi non minima disputatio fuit
ioter auctores. Quidam totum llagellum , sicut erat matri
detiactum, ciediderunt sationi convenire : idque per
gcnimas quinas vel etiam senas partiti , complures taloolas
terrie mandaverunt. Qiiod ego miiiime probo; magisque
asscntior his auctoribus, qui negaverunt esse iduneain
frugibus siiperiorem partem materiae , solamque eam ,
qii.-e est juncta cum vetere sarmento probaverunt, cffitc
rum omiiem sagittam repudiaverunt. Sagitlam ruslici vo-
cant novissimam partem surciili , sive quia longius recessit
a inatre, et quasi emicuit atque prosiluit : sive quia cacu-
mine attenuata proedicti leli speciem gerit. Hanc ergo pru-
dentissiini agricolae negavei unt conseri debere : nec famen
seiitentiae suffi rationem noliis prodidcrunt; videlicet quia
ipsis in re rustica multum callentibus prompta erat et
ante oculos pene cxposita. Omnis enim frecundus pampi-
nus intra quintam aut .sextam gemniam fructu exuberat,
leliqua parte quamvis longissima vel cessat, vel perexi-
guos ostendit racemos. Quam ob causam sterilitas cacu-
miuis jure ab antiquis incusata est. Matleolus autem sie
al) iisdem pangebatur, ut novcllo sarmento pars aliqua
veteris birreret. Sed hanc positionem damnavit iisus. Nain
quicquid ex vetere maleria relictum eral, depiessuio
atque obrulum celeriter liumore piitrcscebat , proximasque
DE UAGRICULTURE, LIV. III.
Fc eoiiformaiit en cela aux Saserna pere et fils ,
couperent tout ce qui elait reste de Tancienne
bianclie a travers lencrud meme dout etait sorti
le nouveau bois, et ne niirent ainsi en terre que
le mailleton uniqueraeut, avec sa partie qui de-
borde par en bas.
XVIII. Mais Julius Atticus n'enfoneait en
terre ces mailletons qu'apres en avoir pile et re-
courbe la tetc, afin qu'ils n'echappassent pas au
pasliiiKin. Cest le nom que les agriculteurs
donifeiit a l'instrument de fer h deux cornes
aveclequelils enfoueent enterre leplant, etc"est
de ce mot qu'est venu celui de repusUnatm , ap-
pliqueaux anciennes viguesqu'ouavaitarrachees
pour les replauter : cnr c'etait le terme propre
dont on se scrvait pour designer un vignoble an-
cien qu'onavait remis denouveau en vigu"oble,
au lieu qu'aujouid'hui, par un usage qui prouve
rignoiance oit rou est de Tantiquite, on appelle
repastinatus tout terrain que Ton prepare par
le labour a recevoir des vignes. Mais revenons a
notre but. La facon de planter de Julius Atticus
est vicieuse a mon avis , en ce qu'elle admet un
mailletondont la tete est tortillee; et il y aplu-
sieurs raisons (lui doiveut determiner a Teviter.
Premierement, toute plante qui a ete tourmentee
et brisee, avantd'6tre deposee eu terre, nevient
pas si bien que si elle y eijt ete deposee entiere,
et sans avoir souffert aucune alteratiou ; en se-
cond lieu, une plante que Tona recourbee et re-
levee vers le haut de la terre en Ty deposant,
s'oppose, comme pourrait faire un croc, aux ef-
forts du fossoyeur, lorsque le temps est venu de
lenlever; et il semble que ce soit un crochct fiche
en terre, qui se casse plutot que de se laisser ar-
rncber. En effet , le bois est facile a se rompre du
cote par lequel on Ta tordu et recourbe eu le met-
taut en terre , atteuilu que c'cst le cote par lequel
il a soufferf : c'est aussi cequi fait qu'il perd la
plus grande partie de ses racines , qui se biisent.
Mais quand je passcrais sous silence ces incon-
venients, en voici au moins un que je ue puis dis-
slmuler, ct quis'oppose le plus a cette methode :
en parlauttoutarheurederextrcmitesuperieure
dusarmeut, queje disais qu'on appelait la flc-
che, j'avais tire cette consequence-ci, savoir,
quc le fruit ne paraissait guere qu'eutre les cinq
ou six boutons les plus voisinsduvieuxsarmcnt.
Or, en reployant le mailleton, ou en pcrd pre-
ciscmeut cette partie, qui est cependaiit la par-
tie fecondc, parce que le cOte qui est reploye
emporte a lui seul trois ou quntre boufoiis, et
que les deux ou trois autres yeux qui peuvcnt
eueore rapportei; du fruit sont cntiereraent
enfonces sous terre, oii, restant eusevelis, ils
ne donnent point de bois , niais seulement des
racines : par oii il arrive qu'en plantaut des
mailletons, nous tombons dans le meme incon-
venient que nous cherchions a eviter, en defen-
dant de planter la partie du mailleton appelce la
fitiche. Nous nous trouvons des lors forces de les
faire plus longs, si nous voulons les ployer en
les plantant : or il est certain qu"en lcs faisant
plus Iongs,on y laisse les boutons les plus voi-
sins de lcxtremitc superieure, tout steriles qu'ils
snnt ; inoycnnant quoi il n'eu provicnt quede ces
pamprcs steriles , ou au moins pcu fertilcs, que
les paysansappellent racemiirii. Que vous dirai-
jecncore? qu'il cst tres-interessaut que le mail-
leton que Ton met en terre prenne racine a Fen-
droit meme par lequel il tenait ;i sa mere, et qu'il
se cicatrise promptcment? Eu effet, s'il ne se
cicatrise pas promptement, il atlire trop d'eau a
travers la moellequi se trouve a jour, commea
railices leneras et vixdum prorepenles vitio suo enecabat :
qiiod cum accideial , superior pais seminis retorrescebat.
Mox Julius Atticus et Conipliiis Celsus, selaUs noslra;
celeberrlmi auctores , patrem atque tilium Sasernam se-
cuti , quicqiiid residui fuit ex vclere palma per ipsam com-
missnram , qua nascitur malcria nova , resecuerunt , atque
ila cum suo rapitiilo sarmcntiiin df|iiessiTunt.
XVlll. Scd Julius Atticus piTctorto capite ct rccurvalo,
ne paslinum effuijiat , praidictum scuumi ilciinTsit. Pa.sti-
numautem vocant a^i icola; fcrramciitnui liiriircuni, quo
semina panguntur. Unde eliam repaslinari ilii la' sunt vi-
nc:c veteres, qua' refodiebantur. Haceiiim pro(iiia appel-
lalio reslibilis vineti erat ; nunc aiiliqiiitatis imprudens
consueludo quicquid emoti soli vinels piaqiaratur, rcpasli-
nntum vocat. Scd [ rcdcamiis ] ad proposiliim. Viliosa est ,
Ht mea ferlopinio, .lulij Atlici salio , qiia; contorlis cjpili-
liiis mallcolum rccipit; cjusquc rci vitandsD noii una ralio
csl. Primumquodnullaslirpsanteqiiamdcponaturvfixala
et infracta melius provenit , qiiam quae inte^ra ct inviolata
sine injuria dcposita csl : deinde (piicqiiid recurvum et
snrsiim vcrsiisspcclans dcincrsum cst, cuni lcinpcstivum
i'>:imilur, in moduin liami rcpiignat obluclanti fossoii, et
velut uncus infixus solo, aiite quam extralialur, pra»rum-
pitur. Nam fi agilis esl ea parte maleria , qiia lorla et re-
curvata, cum deponerelur, ceperal vilium. Propter quod
praifractam majorem partcm radicnm amittil. Sed ut in-
commoda ista privteieani , cerle illiid , quod est inlmicissi-
mum , dissimulaie nequeo ; nam paulo ante , ciim de
siimma parte sarmenti dispiitarcm , qiiam sagittam dixe-
lam vocitari, collisebam fereintra quinlam vel sextam
Scmmaui , quae sinl [iioxima! velcri sarmento , fnictiim
edi. Hanc eigo fiecundam partem consuinil, qui coulor-
quet mallcolum; qiioniam et ea pars,qua;duplicatur, Ires
gemmas vcl quatuor oblinet, el reliqiii duo vei Ires fruc-
liiarii ociili penitiis in lerram dcprimuntur, mersique non
malcrias setl radices creanl. Ila evenit, ul qund iii sagitta
non serenda vitavcriinus , id seqiiamur in ejusmodi mal-
lcolo, qucm neccsse est faccre loiigiorem, si volumus de-
lortiim depangcre. Sec dubium, qiiiii gcmmai caciimini
proxima;, qiKK simt inficcunda;, in eo rcliuquanliir, ex
qiiibus pampini pulliilant vet steriles vel certc luiuus fe-
races, qiios rustioi vocant racemarios. Quid? quud pluii-
mum intcrest, iit niallcolus, qiii dcponitiir, ea parle qiia
est a matre dccisus, coalescat, et celeritcr cicalricem du-
COLUMELLE.
travers un tuyau ; eusuite de quoi cetle eau creuse
le tronc , et forme par ces creux des retraites aux
fourmis et aux autres animaux qui font pourrir
le pied des \ignes : or c'est precisement ce qui
arrive au plant qu'on a ploye en le mettant en
terre;car, comrae on Va entierement brise dans
sa partie inferieuie iorsqu'on Ta arraclie de la
mere, il a la moelle a jour au raoment qu'on le
met en terre ; et les eaux venant a s'y insinuer,
ainsi que les animaux dont je viens de parler, ii
vieillit promptcment. Ainsi la meilleure facon
dc planter un mailleton est de leplanter droit :
aussi bien, des que sa tete est inseree entre les
cornes du pastinnm , il est aise de la retenir dans
la gorge etroite de cet instrument et de Tenfon-
cerenterre; et ce sarment ainsi plante prend
bien plus tot racine , attendu quecette manceuvre
ne rempeche pas d'en Jeter par satete, qui est
le cote par lequel il a ete coupe , et que, lorsque
ces racines sont crues, elles aident a cicatriser
la plaie;d'ailleHrs cetteplaiememe, quisetrouve
tournee vers le bas de la terre , ne recoit pas tant
d'eau que si elle etait recourbee et relevee en
haut,etqu'ellelaissSt flltreratraversla moelle du
mailleton, comme a travers un entonnoir, toufe
Teau de la pluie qui viendrait a tomber sur elle.
XIX. La longucur qu'il faiitdonner a un mail-
leton n'est point fixe, parce qu'il doit etre plus
court quand il a beaucoup de boutons, et plus
long quand il en a moins. Cependant il ne doit
pas avoir plus d'nn pied de longueur, ni moins
de neufpouces; plus petit, il nc scrait qu"afleur
detcrre, et par consequent soultVirait de la soif
pendant Tete; plns long, il serait trop profonde-
raent en terre,et des lors on auiait trop de dif-
llculte a renlever par la suite, lorsqu'il aurait
prissacroissance : encoreceite methode est-elle
pour lesplats pays, car ron peut en planterd'un
pied et une palrae de longueur dans les terrains
montueux , oii la tcrre est sujette a s'ebouler.
Nous en plantons au contraire dans les vallees
et dans les plaines humides qui n'out que trois
bonrgeons, c'cst a-dire un peu moins de neuf
pouces, raaiscependant plus d'un demi-pied. On
les appelle Irifjemmes ; non pas qu'ils n'aient
strietement que trois bonrgeons, puisqu'ils en
fourmillent ordinairement aux environs de Tin-
cision qu'on leur a faite pour les separer de leur
mere, mais parce qu'il ne leur reste que trois
jointnres etautant debourgcons, en necomptant
point ceux qui foisonnent sur leur tete. J'ajou-
terai a tous ces preceptes qu'il faut que tout
horame qui plante des inailletons ou des marcot-
tes evite le trop grand vent, comme le soleil,
s'il ne veut pas que ces plantes se dessechent. On
pourra les preserver avec quelque succes de cc
donble danger, en raettant au devant un raor-
ceau d'ctoffe ou tout autre genre de couverture
assez cpaisse pour les en garantir ; mais il vaut
encore raieux choisir, pour faire ces plantations,
un jour qui soit sans aucun hale de vent, ou du
moins oii le vent soit leger : car, pour le soleil ,
il estaise de les en garantir en leur procurant de
rombre. Voici encore quelques objets dont uous
n'avons point parle, et sur lesquels il est a pro-
pos de dire un mot avaiit de terniiner ce traite :
ces objets consistcnta savoir s'il y a de rutilite
a avoir de plusieurs especes de vignes ; s'il faut,
dans le cas ou Ton en aura plusieurs, lesseparer
et les distinguer rune de !'autre, ou les confon-
dre et Ics meler ensembie. Nous allons commen-
cerpar resoudre la preraicrede ces questions.
XX. Pour repondre a cette question , un
agriculteur avise doit planterla vignequ'iIcroira
c.it? Nam si id lacluni non est, velut pcr fistiilam , ita per
apertam vilis niedullam iiimius hiimor traliitur, idemipie
truncum caval : unde formicis aliisque animalibus , qua;
putrefaciunt cruia vitiiim , latebrae piacbentur. Hoc autem
evenit retorlis seminibus. Cum enim per exemptionem imse
partes eorura pi^fracta; sunt, apeila; medullae deponnn-
tur atque irrepentibns aquis pradictisque aiiimalibus ce-
leiiter senescunt. Quaie pangendi oplima est ratio recti
malleoli, cujns imum caput , ciim coiiscrtum est bifurco
^astini , angustis fancibns feriamenti facile continetur ac
ileprimitur : idque sarmentiim sic depressuui citius coales-
cit. Nam et radices e capite , qua recisiim cst , eniittit ,
ca^quecum accreverunt, cicatricem obducunt, et alioqiiin
|ila{!a ipsa deorsum spectans non tantnm recipit bumorem ,
quantum illa,qua; lellexa et resupina moie infundibuli
per mcduUam transmittit quicqiiid aquarum ccelestium
supeilluxit.
XIX. Longitudo, qiia; debeal esse malleoli , parnmc^rta
cst, quoniam sive crebias gemmas liabet, brevior facien-
dus cst : seu laras, longior. Atlamen ncc major pede nec
dodrante minorCsse debet : bic ne per summa lerra? siliat
astatibus ; ille ne depressus allius cuni adoleverit , c.xemp-
tionem difficilem pr.nebeat. Sed Ii.tc in plano. Nam in clivo-
sis, ubi tena decuirit, polest palmipedalis deponi. Vallis
et uiiginosi canipi situs patitur etiam tiigemmem, qui esl
paullo minor dodianle, longior ntique semipede. Isque
non ab eo tiigoniiiiis dictus est, qiiod omnino trium ocu-
loium est, cum feie circa plagam , qua matri abscisus est,
plenus sit gemmarum; sed quod bis exceptis, quibus est
fiequens in ipso capite, Ires deinceps aiticulos totidemque
gemmas habet. Siiper c<etera illud quoque sive malleolnra
sive viviradicem serenlem praemoneo, ne semina exares-
cant, immodicum ventum solemque vitare, qui uterque
non incommode arcetur olijectu vestis aut cujuslibet densi
tegminis. Veruntamen pisestat eligere sationi silentis vel
certe placidi spiritus dieni. Nam sol iimbraciilis facile de-
pellitur. Sed illnd eliam, quod nondum tradidimns, anle
quam dispntationi clausulam imponanius, dicendum cst;
uniusne an plurium generum vites habendae sint, ea-que
separatoc ac distinctae specialiter, an confiisae et mista; ca-
tervatim. Prius disseremus de eo, quod primuni prop"-
siiimus.
XX. Prudentis igitur agricolac est vitem, quam pi;c-
cipue inobaverit, nulla intervenienle alterius notac stirp»
])E L'AGRICULTURE LIV. IIL
la meilleure, sans la melanger d'aueuiie autre '
espeee, et en augmenter toujours la quantite le
plus qu'il pourra ; mais uu agriculteur prevoynnt
doit en plantcr de differentes especes, parcequ'il
u'\ a janiais d'annee assez douce ni assez tem-
peree , pour qu'il ne se trouve aucune espece de
vignes qui soit dans le cas de souffrir : car si
rannceest seche, la vignequi a besoiii d'humi-
dite souffre; si elle est pluvieuse, c'est celle a
qui il faut de la seclieresse qui souffre; si elle
est froide et sujette aux brouiilards , e'est celle
qui ne peut supporter les vents brulants; et si
elle est chaude, c'est celle a qui la chaleur ne
vautrieu. ]\Iais,sans entrer ici dans le ditail des
doramages que peuvent causer aux vignes tous
les temps differeuts qui sont a Tinlini, on peut
dire en general qu'il y a toujours quelque chose
qui leur nuit : d'ou il nrriveque, si nous n'en
avons piaute que d'une seule espece , et que le
temps qui est funeste a cette espece se fasse sen-
tir, nous scrons alisoluraent prives de vendange,
puisque, faute d'avoirdiffereutesespecesdeceps,
nousn'en aurons poiut qui nous servent de res-
source ; au litu((ue, si nous avons fornie des
vignoblesdedifferentesespecesde vigncs, il s'en
trouvera iufailiiblement qiielques-unes, dans le
Dombre, qui , n'ayant poiut souffert, porteront
du fruit. Cependant ce motif ne doit point nous
faire multiplier a rinfini les differentes espfe-
cesde vignes; et il suffira que nous en ayons le
plus que nous pourrons de celles que uous aurons
jugees les meilleures, ensuite de cellcs qui en
approcheront le plus,et enfin d"une troisieme ou
meme d'une quatrierae espece : de facon que nous
nous en fenions a une bande, pour mexprimor
ainsi, de quatre vignes de choix, parce qu'il
suffit de tenter la fortune par la voie de quatre
sortesdevendanges,oudeeinqtoutaupIus.Quant
a la seconde question que jai proposiie, je ne
consercre, numeriimque quam maximum ejus seraper au-
gere. Sed cl |iiovidentis est diversa quoqtie genera depo-
nere. Neque enim uuquam sic milis ac temperatus cst
annus, ut nullo inrommodo vexet aliquod vitis genus.
Sive enim siccus csl ; id quod Inimore proficit , contrista-
tur : scu pluvius; quodsiccilatibusgaudet : seu frigidus el
pruisosus; quod non esl patiens urediuis : seu ferveus;
quod vaporom non sustinet. .4c ne nunc mille tempesta-
tiiui injurias pcrscquar, seuiper est aliquid , quod vincas
oirciidid. Igitur si unum genus severimus, cum id accide-
rit quod ci noxium cst, tota vindemia privabimur. Ncqiio
enira ullumeiil siil)sidium, cui divcrsarum notarum slir-
pes non fuerint. Qiiod si vaiii gcncris vinela feceriiuus,
iliquid ex iis inviDlatiini erit,qHod fruclum perferat. Ncc
lamen ea causa nos debct compellere ad miiUas viliiim
varietates : scd qiiod judiraverimus cximiiim genus, id
qiianta; possumus niullitiidiiiis cfliciamus; deinde qiiod
proximum a primo : luin qiiod cst tci lia? notEE vcl qiiart.T
quoqiie : catcniis vclul allilctariim quodam contcnli siiuiis
{etradio. Satiscsl eniin pcr quatuor vel summum qiiinqiic
doute point qu'il ne faille distribuer les vignes
parclasses, et en nrranger chaque espece dans
des carres partieuliers, separes les uns des au-
tres , ainsi que lcs differentes classes, par des
sentiers et des chemins plus ou moins larges. Si
je suis convaincu de la necessite de cette me-
thode, ce n'est pas que j'aie pu gagner sur mes
gens de s'y conformer, ni qu'avant moi elle ait
jamais ete suivie par aucun de ceux qui Tont
le plus approuvee. Cnr il faut convenir que c'est
la plus difiicile de toutes les operntions rustiques,
paree qu'elle demnndc une tres-grnnde atten-
tiou dans le choix du plant, et quelque connais-
sance dans le discernement des especes ; deux
choses qui supposent ordinairement un tres-
graud bonheur et une prudence consommee.
^eanmoius , quoiqu'il arrive quelquefois (eomme
dit le divin Plnton) que nous nous laissions se-
duire pnr la beaute d'une chose qui nous a frap-
pes , et que nous nous decidions a courir apres
elle, sans que rinfirmite de la nature bumaine
nous permette de fatteindre , nous pourrons
parvenir n ee que nous proposons ici , sans de
grandes diflieultes, pour peu que nous vivions
assez Ion!4tenips, et que nous reunissions la
seience et les fncultes avec la bonne volonte.
II faut, a la verite, perseverer dans !e raeme
projet pendant une portion assez considcrable
de notre vie , si nous voulons parvenir a discer-
ner au bout de quelques annees un grand nom-
bre de vigncs, d'autaut que tous les temps ne
sont point fnvornbles pour soccuper de ce dis-
cernemeut : car il y a des vignes que Ton ne
peut disliuguerni a leur couleur, ni a leur tronc,
ni a Icui1> fouets, parce qu'il ne s'y trouve au-
cune difference; au lieu qu'on les distingue tres-
bien a leur fruit quand il est mur, et a leurs
feuilles. Je n'osern!S cependant pns assurer que
tout autre que le chef de famille lui-meme puisse
genera vindemiae fortuuam oppcriri. De altero, quod mov
proposueram, niliil dubito, quin per species diserendae
vites dispnucnda-quc sint in proprios liortos , semitis ac de-
cumanis dislinguendje : non quod aut ipse potueriin a meis
familiaribus lioc obtinere , aut ante me quisquam eorum,
(piiquammaximeidprobavcrit,cffccei'it. Estenimomuiiim
rii.sticnruni operum dinicilliimim.quiactsummam diligcn-
tiam lcgcndis desidcrat siMuinibns , el in liis discerncndis
maximaplcrumquc fclicitate ct prudcntiaopiis cst;.sed iu-
tcrdum (quod aitdiviniis auclor Plalo) rciiios pulcliriluda
traliit vcl ca consectandi , qiiiP propter infirmitalem coiu-
mortalis natura.' conscqui neqiieamus. Istud taiucii, si
a'tas suppetat el scicnlia facultasqiie cum vulimtalu con-
gruant , non «Tgcrrime perliriemus : qiiamvis non mininio
a'latis spatio piMscver.-indum sit, ut magniis niinicrus per
aliqnol aiiiios ili^rcinatur. Xeque cnim omne tcmpus per-
mitlil tjiis ici jiiilicium; nam vites,qnse propter similitu-
dincm coloris aut trunci ll,igi'Ilorumvedigiiosci nequeunt,
maliirofriictu foliisqiic dci hiiantiir. Qiiam tamen diligcn-
tiam nisi per ipsum palrcm familias exliibcri posse non
COLUMELLE.
apporter toute rattention necessaire pour cela :
en effet, il n'y a qu'un homme negligent qiii
puisse s'en rapporter a son metayer, ou meme
a son vigneron ; d'autant qu'il y a encore aiijour-
d'hui tres-peu d'agriculteurs qui sachent faire
le discernemeut des cepsde raisiii noir, qiioique
ce discernement depende sans contredit de la
plus simple des operations, puisque Thomme ie
moins attentif peut aisement distinguer la cou-
leur dcsgrappes.
XXI. .T'ai cependant un moyen a donner pour
parvenir en tres-peu de temps a ce que je viens
de proposer, au cas que Ton ait deja d'anciens
vignobles : il consiste a planterdans des carres
separes des niailletons de toutes les differentes
especes de vignes dont ils auront ete tires ;
moyennant quoi je ne doute point qu'on ne re-
tire en peu d'annees plusieurs milliers de mail-
letons de ces pepinieres, et que Ton ne soit a
meme par la de faire des plants de vignes dif-
ferentes, et distrihuees par cantons. II y a plu-
sieurs molifs d'utilite qui peuvent nous dctermi-
ner a prcndre ce parti : le premier, pour com-
meneer par les pkis legers, consiste en ce que
dans toutes les operations de la vie , je ne dis
pas seulement par rapport a ragriculture , mais
eneore par rapport a tout autre art, les choses
qui sont distinguees p,ir leurs especes particu-
lieres charment hien plus un connaisseur que
eelles qui sont comme jetees au hasard ca et la,
et confondues , pour aiusi dire , en tas : le second
consiste en ce qu'un homme, venant a jeter les
yeux sur une terre plantee comme il faut, ue
pourra s'empecher, si peu verse qu'il soit dans
la vie rustique , d'admirer avec uu plaisir ex-
treme la honte de la nature, lorsqu'il verra d'ua
c6te des vignes Bitiiricce chargees de fruits , de
Tautre des helvuke qui ne leur cederont en rien ,
ici des arcelacm, la des spionice ou des basi-
affirmaveiim. Nam credidisse villico vel etiam Tinitori,
.socordis est, ciira, quod longe sit facilius, adliuc perpau-
cissimis agricolis coijligerit, ut iiigii vini stirpe careant,
quamvis color uvae possit vel ab imprudenlissiino depre-
liendi.
XXI. llla tamen una mihi ratio suppelit, celeirime quod
proposuimus eiriciendi, si sinl veteranai vinea;, ul sepa-
latim surculiscujusque generis singulos liortos inseramus :
sic paucis annis multa nos millia malleolorum ex insitis
percepturos, alque ita discreta semina per regiones consi.
turos iiiliil dubito. Ejiis porro faciendEe rei nos ulilitas
multis de causis compellere potest : et ut a levioribus in-
cipiam, primum, quod in omni ratione vil^e non soluui
agi icolalionis sed ciijusque disciplinEe prudenlem deleclant
impensiusea,quae piopriis generibusdistinguuntur, qiiani
qua' passim velut abjecla etquodam acervo confusa sunt.
Ueinde quod vel alienissimus ruslica; vitae, si in agrum
lempestive [consitum] veniat, summa cum voluptate na-
tuia! benignitalem miretur, cum istinc Biturica; fruclibus
opima;, hinc paiesiis helvolse respondeant : illiuc arcela-
licw, qui feront leur pendant; et que laterre qul
portera toutes les annees ces fertiles productions,
scmbiable a une mere perp^tuellement grosse ,
presentera aux mortels son sein rempli de mout
pour les nourrir. Au milieu de ce spectacle, il
verra briller rautomne charge de tous cotes de
fruitsde toutes les couleurs, et secondeparBac-
ehus portant ses pampres courbes sous le raisin
hlanc, jaune,rouge, et brillant par son eclat
pourpre.Mais,quelqueplaisirquecesobjetssoient
capables de causer, rutilite Temportera encore
sur Tagrement. En effet , le chef de famiile trou-
vera d'autant plus de plaisir a venir a sa terre,
pour assister au spectacle que lui presentera son
propre bien , que ce spectacle sera plus riche ;
et ce que le poete dit de Bacchus , qiie ioitt de-
vient beau partout oii. il porte ses regards,
pourra s'appliquer a lui-meme , puisque les fruits
foisonnent toujours en plus grande quantite
quandlemaltre est present, et dans tousleslieux
ou ses regards se portent souvent. Mais je ne
m'en tiens pas a cet avantage , qui peut avoir
egalement lieu a Toccasion des vignes meme qui
ne sont pas separees par especes ; et je passe a
d'autres avantages plus essentiels, qui resulte-
ront de leur distribution par classes. Toutes
les differentes especes de vignes ne detleurissent
pas egalement, et ne parviennent pas dans le
meme temps a leur maturite. Cest pourquoi il
devient absolument necessaire que ceux dont les
vignobles ne sont pas distribues par differentes
especes e^suient de deux inconv6nients Tun, ou
qu'iis recueillentle fruit tardif avee lefruit hatif,
ce qui fera tourner leur vin a Taigre, ou que
s'ils attendent que le raisin tardif soit miir, ils
perdent la vendange du raisin hatif, qui, etant
expose aux ravages occasionnes par les oiseaux,
par les pluies et par les vents, finiracommune-
ment par etre devaste. S'ils veulent au contraire
cae,rursus illinc spionia» basilicaeve conveniant, quibus
alnia telius anniia vice velut aeterno quodam piierperio
heta niorlallbus distenla musto demittit ubera. luter quae
patre tavente Lihero foelis palmitibus vel generis alhi vel
llavenlis ac rutili vel purpureo nitore micantis, undiqiie
versicoloribus pomis gravidus collucet autumnus. Sed haec
quamvis plurimum deleclent, utililas tamen vincit volu-
ptatem. Nam et paler familias libentins ad spectaculum
rei siiae, quantoest ea luculentior, descendit; et, quod de
sacio numiiie poeta dicit, Et quocunque dcus circum
caput egit ftonestum, verum quocunque domini praesen-
tis oculi frequenler accessere, in ea parte majoreiii in mo-
dum friictus exuberat. Sed oiuitto illud, quod indescri-
ptis eliam vitibus conlingere polest : illa quae sunt maxiine
speclanda, persequar. DiversK nola; slirpes nec pariter
dillorescunt , nec ad malui itatein simul perveniunt. Quam
oh caiisam , qui separala geiieribus vineta non babet,
palialur alterum iucommodum necesse est, ut aulserum
fructum cuni praecoqiie elevet, quae res mox acorem facil;
aiil si maturilalem serolini expeclet, amitlal vindeiniaui
DE L'AGRICULTURE LIV. III.
recucillir lc friiit de eliaque espeee de vignes a
part, et ehacun dans leurtemps, il faut d^abord
qu'ils sVxposent au hasard d'("tre trompes par
les vendangeurs, pareequ'ils ne pourront pas
leur donner a ehaeun un chef pour les observer,
ct pour leur ordonner de ne pas cueillir le raisin
vert avee le mur. II arrivera en outre que le
raisin , quoiqu'a son point de maturite, se trou-
vant melange de differentes especes, ne pourra
jaraais se conserver longtemps , parce que le gout
du meilleurseracorrompuparceluidu plusmau-
vais, et que le pout de plusieurs se trouvera
reunien un seul. Des lors, Tagriculteur sera con-
traint par la neeessite de presser la vente de son
vin; au lieu quil gagnerait beaucoup plus s'il
pouvait la differer jusqu'a rannec expiree , ou du
moins jusqu'a lete. Cette separation des vignes
par classes a encore d"autres eommodites consi-
derables, qui consistent en ee que le vigneron
fera plus aisement la taille de ehacune, quand
il saura de quelle especc de vignes sera eouvert
le earre qu'il aura a tailler; au lieu que cette
operation est d'une execution tres-diflicile dans
ks vignobles dedifferents plants, parce que la
taille se fait le plus souvent dans un temps ou les
vignes n'ont pas meme defeuilles sensibles, aux-
quelles on puisse les reconnaitre. II importe en-
core beaucoup que le vigneron laisse plus ou
moins de bois aux vignes, suivant la nature de
chaque espece differente , et qu'il les exciieen
leur laissantdelongs fouets, ou qu'il les reprinie
en les taillant de court. Bien plus, le cote du ciei
vers lequel sera tournee chaque espeee de vigues
n'est pas ua point moins important : ear toutes
les vignes ne se plaisent point dans une position
chaude, non plusque dans une position froide ;
et chaque eep a, au contraire, sa vertu parti-
culiere, qui fait c|uc les uns se fortifient au midi
parce que le froid les fatigue, que les autres
eherchent le cote du septcntrion paree qu'ils
souffrentduchaud,etquequelques-unsseplaisent
dans la temperature moderee soit de Forient,
soit du couchant. Or, quieonqne met a part les
differentes especes de vigncs dans des carres
differents, observe toutes ees varictes d'apres
la situation et Tassiette des lieux. II en retire
eneore un autrc avantage qui n'est pas peu con-
siderable , et qui consiste en ce qu'il a moins de
peine a vendanger, et qu'il lui en coute moins
de frais. Eii effet, on eueille a temps, dans ce
cas-la, le raisin qui murit le premier, et on dif-
fere, sans aucun inconvenient, de cueillir celui
qui n'est pas encore mur ; de sorte que le raisin
qui est niur depuis longtemps ne se joint pas
avee eelui qui n'est qu"a son point, pour faire
precipiter la vendange , et pour forcer de louer
ungrandnombredejournaliersaquelqueprixque
ee soit. Voici encore un avantage considerable
qui en resulte : c'est que Ton peut serrer et met-
tre a part le vin de chaque gout different , sans
le melanger ct dans toute sa purcte, soit qu'ii
soitfait avcc du raisin Biluricus, soit qu'il soit
fait avec du basilicus ou du spio?iicus; et que
ees differents vins etant ainsi serres, comme il
ne s'v' trouve point de qualites disparates qui les
empt^chent de se conserver, ils acquierent du
renom en vieillissant , leur gout cessant d'avoir
rien d'ignoble apres quinze ans ou un peu plus,
puisque c'est le temps apres lequel presque tous
les vins sont au point de ne plus acqucrir que de
la bonte, a mesure qu'ils vieillissent. Ilestdonc
tres-utile, eomme nous nous sorames propose
de !e prouver, de separer les unes des autres les
differentes espeees de vignes. Si on ne peut pas
pr^coquem, quae plcriinique populationibus volucrum
pluviisque aul venlis lacessila dilabilur. Si vero inteije-
clionibus capere cujusqiie geiieris (riictum aveat , prinium
necesse est, nt negligenliae vindemiatorum aleam subcat:
iieque enim singiilis totidem antislites dare potest, qui ob-
servent, quique praecipiant, ne aceib<E uv,-e [cum matu-
ris] demetantur : deinde etiam quarum vitium maturitas
competit, cum diversae nots sint, melioris giistus ab de-
liTioie corrumpitur, confususque iii unum mullarum sa-
por vetuslatis impatiens fit. Atque ideo nccessitas cogit
Mgricolam niusti annonam expeiiri : cuin plurimum pretio
;iccedal, si venditio vel in aniiuin vel in a>statem certe
liiffeiri possit. Jam illa generuni separatio summam com-
inoditalem liabet, quod vinitur suam cuiipie facilius piita-
lionem reddet, cuni scit cujiis nolae sit borlus, quem de-
putat : idqiie iii vineis consemineis observari diflicile est;
quia major pnrs putationis per id teinpus administratur,
quo vilis ueque foliiim notabile gerit. At niultum interest ,
pluresne an paiiciores inateiias pio natiira cujiisiiue stir-
|iis vinitor summitlat, prolivisne llagellis incitet, aii aii-
gnsta putatione vilcm coen-eat. Quin etiam quain c.Tli
parteni speclet genus quodque vineti pluriroum refert.
Keqiie enim omne calido statu, necrursus frigido l.-vlatur;
sed est proprietas in siiiculis, ut alii ineiidiano a\e con-
valescant, quia ligore viliantur; alil Septentiionem desi-
derent, quia conlristautur sestu; qiiidam teinperamento
liTtenlur Orientis vcl Occidentis. Has differenlias seivat
prositu et positione locorum, qui genera per liortos sepa-
rat. Illam quoque non exiguam seqiiilur utililatem , quoct
et laboiein vindemiie ininorem patitur et sumptuin. Nam
ul qua;quc matiirescere incipiunt , tempeslive lcguntur, ct
qu« nondum maturitatein ceperunt uv», sine dispendio
differiinlur. Nef pariter vietus atque tempestivus (ructns
piiccipitat vindeniiam, cogitqiie plureis operas quanto-
cunque pretio condiicere. Jam et illud magna; dotis est ,
posse gu.stum ciijusque generis non mistuin.sed vere me-
riimcondeie ac separatim reponere, sive cst ille Bituri-
cus seu basilicus, seu s|iionii'us. Qiia" genera cuin sic dif-
fusa sunt, quia nihil inlervenil divers.^e natura^ quod re.
pugnet perpetuilati, nnbilitaiilur. Ncquc enim post annos
quiiidecim vel paulo pluies deprHiendi potcst iguobilitas
in gustu : qiioniam fere omne vinum eam qualitatem sor-
tiUim est, utveluslate acqiiiiat bonilalem. Quare, ut di-
cere iDstituiinus, utilissima esl generum dispusitio; quani
254
COLUMELLE.
cependant y parvenir, il y a un second procede
a suivre , qui consiste a ne planter ensemble de
differentes especes de vignes que celles qui pro-
duiront du raisin d'un tneme goiit , et qui mu-
rira dans le merae temps. On peut aussi, si Ton
a du gout pour les fruits, planter des tetes de
figuiers , de pommiers et de poiriers a 1'extiemite
des rangees, pourvu qu'on n'en mette que sur
les lisieres du vignoble qui sont exposees au sep-
tentrion , de peur que quand ees arbres seront
venus, ils n"ombragent trop les vignes : on les
greffera lorsqu'ils auront deux ans, ou bien on
les transportera quand ils seront deja forts, pourvu
qu'ils soieiit de bonne qualite. Voii;\ pour ce qui
concerne la piantation des vignes. Rcste la partie
la plus importante, je veux dire celle qui con-
ccrne leurculture : partie quenoustraitcronsau
long dans le volume suivant.
LIVRE QUATRIEME.
Vous dites, P. Silvinus, que lorsque vous
eutes fait a plusieurs amateurs d'agriculture la
lecture du livre que j'ai compose sur la planta-
tion des vignes , il s'en trouva quelques-uns qui ,
en approuvant tous les autres preceptes que j'ai
donnes, en releverent un ou deux : premiorement,
celui par iequel j'ai voulu que Ton donndt trop
de profondeur aux fosses destinees a recevoir des
plans de vignes, puisque j^ajoute ncuf pouces a
la profondeur de deux pieds fixee par Celsus et
par Atticus; secondement, celui par iequel je
veux que chaque raarcotte n'ait qu'un seul
appui ; ce qui leur parait peu prudent, parce
que ces deux auteurs ont diminue les frais , en
permettantd'ecarter une raarcotte en deux bran-
ches, pourlui taire couvrir deux appuis sur la
meme ligned'unerangee. Au reste, ces deux ob-
jections sont plutot foudees sur une equivoque
quesurun calculcertain. En effet pourcommen-
cer par repondre alapremiere, Pourquoi, dans
la supposition que nous devions nous contenter
d'une fosse de deux pieds , pensons-nous nean-
moins qu'il failie labourer la terre au pastinum
plus profondement que nous ne devons planter
lavlgue? Quelqu'un dira que c'est afin qu'i! se
trouve sous le pied de la vigne de la terre tcndre,
et dont !a durete n'ecarte pas et ne repousse
pas les racines qui chercheront a s'y introduire :
mais lorsqu'on aura fouille le terrain a !a beche,
a feffet d'y faire des fosses a la profondeur de
deux pieds et demi , et que l'on aura enfonce
les plantes dans cette terre ainsi remuce, je
demande s'il ne se trouvera pas encore de la
terre tendre sous leurs racines, puisque la terre
de ces fosses sera reellement gonilee a plus de
deux pieds et denii de hauteur, attendu que la
terre d'un terrain plal est infailliblement plus
gonflee lorsqu'e!Ie est fouillee que lorsqu'elle ne
Test pas. D'ailleurs la plantation de quelque plante
que ce soit n'exige siirement pas, gen^rale-
ment parlant, qu'il se trouve sous elle un lit
de terre ameublie bien profond ; et 11 suffit , si
ce sont des vignes, d'en etendre sous leurs raci-
nes un demi-pied , afin qu'c!les y trouvent pour
ainsi dire rhospitalite , et qu'e!!es y prennent
leiir accroissement, comme des enfants dans le
sein de leur mere. Confirmons eeci par rexem-
ple dcs vignes mariees a des arbies : n'est-il pas
vrai que , lorsque nous couchons les marcottes
dans les fosses creusees pour ces sortes de vignes,
nous ne raettons que tres-peu de terre pulverisee
sous elles? La meilleure methode est donc de la-
si tanien obtinere non possis , secunda est ratio , ul diver-
s» notae non alias conseias vites , quam quae sapoicm con-
similem , fructumque matuiitatis ejusilem praebeant. Potes
jam, sl te cura pomonim langit, ultimis ordinibus in ea
vineti fine, qua subjacet septentrionibus , ne ciim incieve-
rintohumbrent, cacumina ficorum pirorumve et malonim
depanscre,qu8e vel inseras inlerposilo biennii spatio, vel
si generosa sint , adulta transferas. llactenus de positione
vinearum. Superest pars antiquissima , ut prKcipiamus
etiam cultus earuin, dequibussequeuti volumine pluribus
disseremus.
LTBEP. QUARTU-S.
I. Cum de vineis conserendis librum a me scriptum, Pu-
bli Silvine , compluribus agricolationis studiosis relegisses ,
quosdam repertos esse ais , qui cactera quidi ni nostia prrc-
cepta laudassent , uniim tamen atque alterum repreliendis-
sent : quippe seminibus vineaticis nimiuni me profundos
censuisse fieri scrobes adjecto dodrante siiper altitudinem
bipedaueam, quara Celsus et Atticus prodidcrant ; singu-
lasque viviradices singulis adminiculis parum prudenter
conlribuisse, cum permiserint iidem illi anclores minore
siimptu geminis maleriis unius seminis diductis duo con-
tinua per ordinein vestire pedameiita : quaj utraqiie re-
preliensio avaram magis babet sestimationem , qiiani veram.
Eteiiim (ut quod prius proposui , prius refellam) si contenti
bipedanea scrobe futuri sumus, quid ita censemus altius
pastinare tam liumili mensura vitem posituri? Dicet ali-
quis, ut sit inferior tenera subjacens terra, qiia; non ar-
ceat, nec duricie sua repellat novas irrepentes radiculas.
Istiid quidem contingere potest etiam, si ager bipalio mo-
vealur, et deprimatur scrobis in regesto, quod est fermcn-
tatum, plus dupoiidio semisse. Nam semper in plano relii-
sius egesta luimiis tumidior est, qiiam gradus soli crudi.
Nec sanc positio seminum prEealtnm sibi cubile sulisterni
desiderat : veruin abiinde est semipedaneam consitis re-
soliitam vitibiis ten ain subjicere , quae velut bospitali afque
etiam materno sinu reoipiat incrementa vircntium. Exem-
pliim pjus rei capiamus in arbiisto, iibi cum scrobes defo-
dimus, admodumexiguum polveris viviradici subjicimus.
Verior igitur causa est depressius paslinandi, quoniam
jugata vineta melius consurgunt altioribus demissa sciobi-
bus. Nam bipedanei vix etiam provincialibus agricolis ao-
DK L'AGRIGULTURE LIV. IV.
bourer la tcrrc au pnslhiviti bieii profonde-
ment, parce que les vignes destinees aux jouss
sVMevent dnvantage a proportion de ce qu'e1les
sont piantees dans dcs fosses plus profondes. En
effet, les fosses de dcux pieds de profondeur sont
a peine dans le cas d'etre adoptees , meme par
les cultivateurs de province, quoique ceux-ci
arretent communemcnt leurs vignes tres-bas , et
pres de terre : car , pour les vigues qui sont desti-
nees au joug , elles doivcnt etre assurees sur des
fondements plus profonds , parce qu'elles ont be-
soin de plus de seeours et de plus de terre, des
la meme qu'elles doivent montcr plus baut ; et
c'est pour cela que Iorsqu'il s'agit de marier la
vigne a des arbres , personne ne s'avise de lui
faire des fossesqui aicnt moins de deux pieds de
profondeur. Au reste, lesagriculteurstirent peu
de profit des principaux avantages resultants
d'une plantation peu profonde : en effet , ces avan-
tages consistent en ce que le plant se fortifie en
inoiDS de temps, parce qu'il n'est pas fntigue par
une trop grnnde cbarge de terre qu'il ait a porter,
et en ce qu'il est plus fertile, par la raison qu'il
est plus a la superficie de la terre. Or ces deux
raisons, sur lesquelles s'oppuie Julius Atticus,
sont refotees par rexemple des vignes mariecs
aux arbres, puisque celles-ci donuent liaiiscon-
tredit des ceps beaucoup plus forts et plus feiti-
les que les autres, ce qu'elies ue feraieut pas, si
leplant enterre profondement etait dans le cas de
souffrir. Que ne pourrais-je pas ajouter a ces ob-
servatious'? Que si d'un cote une terre labou-
ree m pasli/uim. seroble se gonfler, comme si
elle ctait eu ferraentation, au moment quelle
est ameublie et dilatce , d'un autre cote, peu
de temps apres le labour , elle s'al'faisse en se
condensnut , et se detache des racines de la vi-
gne, qui des lors semblent nager sur la super-
ficie du sol : or cet-accident arrivemoins souvent
dans notre fncon de planter la vigne, puisque
uous renfoncons davantage en terre. Car qunnt
a ce qu'on dit que le plaut souffre du froid au
fond de la terre, a la verite nous n'en disconve-
nonspas; mais ce uesera pas une profondeurde
deux pieds neuf pouces qui sera capable depro-
duire cet effet, lors surtout qu'ainsi que nous
venons de le dire , nous voyons les vignes ma-
riees aux arbres se garantir de cette incorarao-
dite, quoiqu'elIes soient plantees plus profoude-
meut.
IL L'autre oplnion dans laqaelle ils sont, que
fon epai'gne desfrais en attncbant les fouetsd'un
seul pied deplaut a deux ecbalas differents, est
fausse. Eu effet , ou le cep de la vigne vient a pe-
rir, auquelcas il setrouve deux echalas sans vi-
gnes, et des lors il faut le remplacer par deux mar-
cottes, et ce nombre excedentsera a la charge du
cuIlivateur;ouce cep vit, auquel cass'ilne porte
que du raisin noir , ou qu'il ne soit pns fertile ,
comme il arrive souvent, le fruit manquera non
pas sur un seul echalas, mais sur plusieurs. Les
personnes meme les plus avisees en agriculture
croieut qu'une vigneserait peu fertile, fut-elle de
la meilleure espece, si elle etnit ainsi divisee sur
deux echalas , par la raison que le suc nourricier
formerait alors une espece de claie. Cest pour
cela qu'Atticus lui-raeme ordonue de propager
les anciennes vignes pnr sautelle, plutot que de
les coticher tout a fait en terre , parce que les
sautelles prcnncnt aisement racine en peu de
temps , de fncon que chacune se trouve avoir ses
racines particulieres, sur lesquelles elle eststable
corame sur ses fondements ; au lieii que lorsque
la vigne a ete couchee tnut de son long en terre,
son suc nourricier a plus de chemina paicourir,
une fois qu'elle a embarrasse et comme ferme
de claies le terrain qui se trouve sous elle ; ou-
tre qu'elle est tourmentee par une trop grnnde
probari possunt, apud quos liumili statu vitis plerumque
juxla teriam coercetur, ciimquiejugo ilestinalur, allioie
fundaniento slabilienda sil :ct, si rnodoscandil excelsius,
plus alimenli tenaeque desideret. El ideo in maritandis
arboribus nemomiuoreni tripcdanca scrobem vilibus coni-
parat. Caeterum illa parum prosunt agricolarum studio
prapcipua comnioda liumilis posilionis, quod et celeriter
adolescant semina, qua; non fatigenlur mullo soli pressa
pondere, fiantque uberiora, qua; leviler suspensa sint.
Nam utraque isla Julii Allici ralio couvincitur exemplo
arhusliva; positiouis, qua; scilicel multo validiorem ferU-
lioremque stirpem reddit ; quod non faccrcnl , si laborarenl
altius demersa semiiia. Quid, quod repaslinala liunius,
diim est recens soluta laxataqiie , veliit ferniento quodani
iDtumescit ? cum deinde non longissimam ccpit vetustatem,
condensaU subsidit, ac veiut innatantes radiccs vitium
sunimo solo destituit? lloc aulem minus accidil iiostra;
salioni, in qua majore mensura vilis demittitur. Kain quod
in profiindo semina frigorc laborarc dicuntur, nos quoque
non diffitcmur. Sed non cstdupondii etdodrantis altitudo,
qiiaa istud eUlcere possit; cum praeseilim , quod paulo
ante letulimus, depressior arbustiva; vilis satio tainen
elfugiat pra'clictum incommodura.
II. AUeriim illud, quod miuori impensa duos palos
unius scminis flagellis censenlmaiilaii, falsissitnum esl.
Sive enim caput ipsum demortuum est, duo viduanlur
slatuniina , et mox viviradices totidein substiluend* suut ,
qurc numero suo rationein eultoris onerant : sive vivit, et
utsa'pe cvenil, vel nigri cst gencris vel parum ferUlis,
non in uno scd in pluribus pedamentis fructus claiidicat;
(piampiain etiam geiieros» stirpis vitem sic in diios palos
divisani rcrum rusticai iim prudenliores existimant iniiius
feitilem fore, quia cratem factura sit. Et idcirco veteres
viueas incrgis propagarc polius , quam lotas sternere , idem
ipse Atlicus pra;cipil : quoniam mergi mox facile radican-
tur, ila nt qiixque vitis suis radicibus tanquain projiriis
fuiidamentis innit^itur. Ha'c aiitem , qua; toto est prostrat;:
corpure, cum inferius solum qiiasi caacellavit atqiie iricti'
256
COLUMELLE.
multitude de raciues , qui sout enchevetrees Tune
avec Tautre , et souslesqucllesellesuccombe, de
merae que si elle etait chargee de beaucoup de
branchesafruit. Ainsije prefereraisentoutpoint,
risque pour risque, la methode de planter deux
raarcottes a celie de n'en planter qu'une seule,
etj'aimerais mieux ne pas regarder corame un
avantage qu'on doive preferer a tout , ce qui peut
occasionner de bien plus grands doramages dans
tous les cas. Mais robjet que nous avons traite
dans lelivrepreeedent exige que nousentaraions
celui que nous avons prorais de traiter dans
celui-ci.
III. Enquelque genre dedepenses quecesoit,
la piupart des hommes, comme dit Gra?cinus,
montrent plus de eourage h coramencer une nou-
velle entreprise, qu'a la suivre quand elle est
achevee. Quelques-uns, ajoute-t-il, bEitissent
des maisons entieres a commcncer par les fonde-
ments ; et lorsque la b;Uisse en est achevee , ils
ne lesembellissent pas. D'autres fabriquent avec
soin des vaisseaux ; et lors([u'ils sont faits, ils ne-
gligent de meme de les equiper et de les fournir
d'hommes. Ceux-ci ont la passion d"acheter des
bestiaux, ceux-lti celle d'acheter des esclaves,
et ni les uns ni les autres ne sont sensibles au
soin de les entretenir ; de raerae qu'il s'en trouve
beaucoup qui detruisent par leur inconstance les
bienfaitsqu'ilsont versessur leursarais. Au reste,
ne soyons pas surpris de ces exemples, Silvinus,
puisqu'il y a bien des gens qui nourrissent avec
lesine des enfants nes d'un legitirae mariage ,
qui avaient fait tout robjet de leurs voeux avant
qu'ils les eussent,et qui negligent de leur donner
aucune education soit du cote de Tesprit , soit
du cote du corps. Que doit-on conclure de
lci? que comrauneraent les cultivateurs tombent
aussi dans la raenie faute, lorsquayant fait de
tres-belles plantations de vignes, ils lesabandon-
nent par differentsmotifs avant qu'elles aient pris
leur accroissement. Les uns ne veulent pas entrer
dans des depenses qui reviennent toutes les an-
nees , et se persuadent que le preraier revenu , et
celui qui est le plus assure, est de ne rien d^pen-
ser, comme s'ils eusseut ete contraints de plan-
ter des vignes, pour les abandonner ensuite par
avarice. II y en a quelques-uns qui s'imaginent
qu'ilestplusbeaud'avoirde grands vignobles que
d'en avoir de bien cultives. J'en ai meme connu
un tres-grand nombre qui etaient persuades qu'il
faliait cultiver une terro, mais qu'il importait
peu qu'on la cultiv^t bien ou mal. Pour moi, je
suis convaincu qu'il n'y a pas de bien de cam-
pagne, dequelque nature qu'il soit, qui puisse ja-
raais etre profitable, a moins qu'on ne le cultive
avec heaucoup de soin et de capacile; et que cela
est encore plus vrai des vignes que des autres
natures de biens. Car la vigue est une plante de-
licate, faible, qui ne peut souffrir rien de ce qui
peut lui nuire, qui comraunement se consume
par trop de travail et de fertilite , et que sa fe-
condite fait perir, si elle n'est pas moderee. Ce
n'est pas que lorsqu'eIle est une fois devenue
forte a un certain point , et quelle a comme ac-
quis la vigueur de la jeunesse , elle ne supporte
alors la negligence du cultivateur. Mais si , lors-
qu'elle est jeune, on ne lui fournit pas tout ce
qui lui est necessaire jusqu'a ce qu'elle ait pris
sa croissance, elle maigrit excessivement, et
tombe dans une langueurdont aucunes depenses
nepeuvent plusensuite la relever. Cest pourquoi
il fautd'abord poser, pour ainsi dire, ses fonde-
ments avec le plus grand soin , et arranger ses
memhres des le premier jour qu'clle est plantee,
comme on arrange ceux des enfants qui viennent
de naitre ; faute de quoi toute la depense qu'ou
a faite pour elle tombe en pure perte, et quand
on aura laisse passer le temps propre a chaque
vit, cratem facit, et pluribus radicibus inler se connexis
angilur, nec aliter quam si mullis palmitibus giavata de-
(icit. Quare per omnia praetuleiim duobus polius semini-
bus depositis, quam unico periclilari, nec id velut com-
pendimn consectari, quod in utramque partem longe ma-
jus alTerre possit dispendium. Sed jam prioris libri dispu-
latio repetit a nobis promissum sequentis exordium.
III. ia omni genere impensarum , sicut ait GrePCinus ,
plerique nova opera forlius auspicantur, quam luentur
perfecta. Quidam, inquit, ab inclioato dofnos extvuunl,
nec prdedilicatis cultum adliibent. Nonnulli strenue fabricant
navigia, nec consummata perinde inslruunt armamentis
ministrisque. Quosdam ematitas in armentis, quosdam
exercet in comparandis mancipiis : de tuendis nulla eura
taiigit. Multi etiam beneficia quae in amicos contulerunt ,
levitate destrunnt. Ac neista, Silvine, miremur, liberos
siios nonnulli nuptiis Totisque queesitos avare nutriunt ,
nec disciplinis aut ca^teris corporis excolunt instrumentis.
Quld iis colligilur? scilicet plerumque simili genere pec-
Ciiii eliam ab agricolis , qui pulclieiiime positas vineas.
anteqnam piibescant, variis ex causis destiluunt : ali
sumptum annuuni lefugientes, et liunc piinuim leditnm
certissimum existimantes, impendeie nihll; quasi plane
fuerit necesse vineas facere , qiias mox avarilia •desererent.
Nonnulli magna potiusquam culta vineta possidere pulclu um
esse ducunl. Cognovi jam plurimos, qui persuasum liabe-
rent, agrum bonis ac malis rationibus colendum. At ego,
cum omne genus ruris, nisi diligenti cura, sciteque exer-
ceatur, fructuosum esse non posse judicem , tiim vel ma-
xime vineas. Res enim est tenera, inlirma, injuriK ma-
xime impatiens, quae plerumque niinia laboret uberlate ;
consumitur enim , si modum non adbibeas, (oecunditate
sua. Cum lamen aliquatenus sc confirmavit , et veluli ju-
venile robur accepit, negligentiain sustinet. Novella vero,
dum adolescit, nisi omnia justa peiceperit, ad ultimani
redigilur niaciem , et sic intcibescit , ut nullis deinceps ira-
pensis recreari possit. Igitur summa ciiia ponenda suni
qiiasi fundamenta, et ut meinbia infantium a primo sla-
lim die consitionis formanda : quod nisl fecerimus, omnis
imiiensa in cassum recidat, nec pr;ctcrmissa cujusque rei
DE LAGRTCULTURE, LIV. IV.
operation sans la faire, on ne pourra plus le re-
troiiver. Croycz-ni"cn, Silviniis , d'aprcs mon c\-
pcricncc : uiie visjne bicn plantee, qui est de
bonne espeee et cultivee par nn bon a£;ricuiteur,
recompense toujours avec le pliis grand interet
de Targent qu'on a depense pour elle. Cest ce
que ce menie Gra!einus nous demontre non-
seulement par la raison, mais encore par les
excmples, dans le livre qu'il a composc sur les
vignes , iorsquil raconte qu'il a souvent entendu
dire a son pere qu'un ccrtain Parrldius de Ve-
tera, son voisin, avait pour tout bien deux filies
et un terrain plante en vignes; qu'apres avoir
doune le tiers de ee terrain en dot a sa fiile ainee
en la mariant , lcs deux tiers qu'il s'etait rescr-
ves ne lui prodnisaientpasunemoindre quantite
de fruit que lc tout auparavant; qu'ensuite ii avait
marie sa fille eadette avec la moitie de ce qui lui
etait reste de ce fonds, et que ce sccond partage
n'avait pas encore diminue le revenu qu'il tirait
du fonds entier dans le prineipe. Quelle conjec-
ture cet auteur pretend-il tirer de ce fait, si ce
ii'est que la dcruiere portion du fonds qui resta
ensapossession fut mieux cultivee par la suite,
que le fonds entier ne favait ete d'abord 'l
IV. P. Silvinus, plantons de^ vigncs avec
beaucoup d'ardeur, ct appliquons-nous encore
davantage a lcs cultivcr. La seule facon de les
planter qui soit tres-avantageuse , est celle que
nous avons donnee dans le premier livre, et qui
consiste a !es couchcr en terre dans des fosses
creusees sur un terrain laboure au pastinu?n ,
a peu pres depuis le railieu de la fossc jusqu'a
ses extremites , ou elles seront ensuitc relevees
perpendiculairement, et attachees a des roseaux.
II faut surtout prendre gardequeces fosses n'aient
!aformed'uneauge, et avoirsoinau contraireque
leurs bords soientbien perpendiculaircs, et que
2-, 7
les anglcsen soient bien prononces. Car si la vi-
gne n'cst que pcnchee, ct comme appuyee sur !cs
bords d'une auge, cUe est cn l)utte aux blessures
qu'on peut lui faire lors((u'on !a dechaussera :
en effct, pour pcu que le fossoyeur, en !a dcehaus-
sant, veuille fouiller prol'ondement autour de
son pied, il l'endommage infailliblcraent, si ellc
presente sous son instrument une surface incli-
nee, etsouvent meme il la coupe tout a fait. Sou-
venons-nous donc de donner au sarment une di-
rection droite depuis le fond de la fosse jusqu'en
haut, pour ensuite l'attacherason appui : suivons
apres cela le reste de la mcthodeque nous avons
prescrite dans le premier livre, e'est-a-dire,
aplanissons la terre autour de ce sarment, en
laissant sortir deux de ses bourgeons en dcliors;
ensuite , apres avoir plante des mailletons dans
les rangees dcs ceps, ameublissons et pulvcri-
sons bien, par de frequents labours, !e terrain
qui aura deja cte retourne au pastinum. En
effet, pour que les mailletons, les marcottes et
les autres especes de plants que nous aurons
mis en terre se fortifient, i! faut que !a terre soit
bien attendrie et bien douce, qu'e!le fournisse
ses sues nourriciers aux ceps sans !es communi-
quer a dcs herbes inutiles, ct que sa durete ne
comprime pas, comme il arrive dans des terrcs
plombees, les plantes encore trop nouvelles.
V. Pour dire le vrai, on ne doit point fixer !e
nombre de fois qu'i! faudra retourncr le so! au
hoyau , parce qu'il est constant que plus on re-
petera cette operation, plus les plantes profite-
ront. I\Iais eommc, eu cgard a la depensc dans
laquclle elle jeltera, il faut se borner a un ccr-
tain nombre de fois, la plupart ont cru qu'il
suffisait debeeher les nouvcaus plants de vigncs
une fois par mois, depuis les calendcs de
marsjusqua eclles d'octobrc, et d'en e.xtirier
tcmpestivitas revocari qiieat. Esperto niilii credc , Silvine,
bcnc positam vineam bonique geueiis et bono cultoie nun-
quam non cum masno ((cnore gratiam red(3idisse. Uique
iiou soluui ralione sed cliaui exeniplo nobis ideni Gi;cci-
nus dfclarat eo iibro, quoui de vineis scripsit, cum refert
ex palre suo ssepe se audire solilum, Paridiuui quendam
Veterensem vicinuni suum duas lilias ct vineis consiluin
1ial)uisse fundum; cujus partem teitiam nul)cnti majori
fili.T dedisse in dotem , ac niliilo ininus .T^pie magnos frii-
ctnscx duabus partibus ejusdem fuudi percipere solitum.
Minorem deinde filiaui nuptum collocassc iii dimidia partc
reliqui agri, nec sic ex pristino redilu dctraxisse. Quod
quid convincit .' nielius scilicct postea cultam esse tertiam
illam fuiidi partcm , quani antca universam.
IV. El nos igitur, Publi Silvine, niagno animo vineas
ponamus, ac majore studio colamus. Quarum consitionis
sola illa commodissima ratio cst , qiiaiii priorc tradldimns
exordio, ul facla in pasliiiato scrobc, vills a mcdia fcre
parle sulci proslernatur, cl ad (rontcni cjiis ab imo usque
iccla materies cxi.catur, calamoque applicetur. Id ciiiui
pnrcipue observandum ol , no similis sit alvco sciobis,
r.OLCaEl.LK.
sed ut cxpressis angnlis vcliit ad perpendiciiliini froiitcs
ejiis dirigantiir. Nam vilis supina, ct vcliit iccuniliciis in
alveo dcposila, postea qiium ablaqiicatur, vulncribiis nb-
noxia est. Nani diim exaltarc lorlius orbeni ablaqiicatio-
nis fossor studct , obliquam vitem plerunique saiiiiat.ct
non nimqiiani pra^cidit. Memincrimus ergo usqiic ab iiiio
scrobis siilo rcctum adminiculo sarmentum applicare, et
ita in summum perdiiccrc. Tiim cffitera, ut prioie libro
pia!ccpimus. Ac dei;i(lc dnabiis gemmis supcr cxlantibiis
tcrram cn.vquare.- Delnde mallcolo inter ordincs posllo
crcbris rossionibus pastlnatiiin resolvere atqnc in pulve-
rcm icdigcre. Sic enini optinie et viviiadices et rcliqiia
semlna , (|U.Te deposuerimiis, convalesccnt , simul actcncra
bumiis nullis hcrbis irrcpcntibus humorem stirpibiis pra;-
buciit : nec diirilia soli novcllas adliuc planlas vclut arcto
vinciilo compresseiit.
V. Xumcrus autem verlcndi soli bidentibus, ut verum
fatcar, definicndus non csl, cum quanto crebrior.sit, plus
prodessc fossionem convcniat. Scil quoniam impcnsariim
latio modum posliilat, salis plcrisquc visnm cst, cx la-
Icndis Marliis iisqiie iii Oclobres Irlgesimo quoqiic die
COLUMELLE.
toutes les lierbes et surtoutle granien, paree (lue
si on n'arrache pas eutieremeut ees herbes a ia
maln , et qu'on ne les jette pas sur la superfieie
du sol, si peu qu'il en reste qul soient couvertes
de terre,elles revivront, et finiront par briiler le
piant de vignes, au point de le rendre en peu de
temps galleux et desseche.
VI. Soitque !a vigne ait ete plantee parmail-
letons , soit qu"elle Tait ete par marcottes , il est
bon de la facoinier des le principe et d'en snppri-
mer toutes !es pnrties superflues, en repamprant
souvent , pour empeciier que ses forces et toute
sa nourriture ne s'eparpillent en plus d'uDe tige.
Cependant on !ui laisse dans le comraeneement
deux pampres, atin qu'i! y en ait un qui serve
de ressource, au cas que l'autre ne vienne a perir;
mais lorsquils aurout par la suite pris un peu
de foree , on en retrancliera le plus mauvais ; et
pour empecher que celui que !'on aura laisse ne
puisse etre abattu par les vents orageux, i! sera
bon de !'attaelier, a mesure qu"il s"elevera, avec
des liens tendres etlaches, jusqu'a ce qu'i! soit
enctatde saisir !'appui qui lui est destine, avec
les vriilcs qui lui (ieuneut lieu de mains. Quoi-
queuous pensions qu'il ne faut pas moins epam-
prer les mailletons que les ceps qui soot dans les
rangees , on peut ncanmoins se dispenser de leur
faire cette operation , quand la rarete des journa-
iiers empeehera de la fuire ; au lieu qu'on ne s"en
dispensera jamais a l'egard des ceps qui sont dans
les rangees, a moins qu'ou ne pense k se pourvoir
de provius pour la suite , parce que cette opera-
tion ieur est necessaire pour empecher que la trop
grande multitude de fouels ne les maigrisse, et
afin qu'ils n"aient chacun quune tige a nour-
rir. On aura soin de provoquer l"aceroisseraent
de cette tige en y appliquant un appui suffisam-
ment elcve, pour qu'en se glissant le long de
cet appui, elle puisse passer par-dessus lejoug
auquel on !'attachera la seconde aunee de sa
plautation, et en descendre en se courbant de
Tautre cote pour porter du fruit. Lorsque les vi-
gnes auront atteint cette hauteur, il faudra rora-
pre leur cime afin qu'elles prennent du corps,
et qu'elles ne s"affaiblissent pas en se jetant dans
nne longueursuperflue. INousepampreronscepen-
dant !e sarment meme que nous laisserons mon-
ter eu tige , depuis son pied jusqu"a la hauteur de
trois pieds et demi , et nous arracherons souvent
tous les rejetons qu"il pourra avoir jetes sur ses
e6tes dans ce premier temps. Mais il ne faudra
toucher a rien de ce qui sera pousse sur sa partie
superieure ; et il sera plus a propos d'attendre
rautomne pour letailler avec la serpette, que
de !'epamprer en ete, parce que sitot qu'on Ta
epampre, il parait toujours un rejeton a Ten-
droit meme d"ou on en a 6te un , et que ce uou-
veau rejeton venant a pousser , i! ne reste plus
d'oei! sur la tige qui puisse donner du fruit Pan-
nee suivante.
VII. Le temps propre h epamprer, en tel cas
qu'on le ftisse, c'est lorsque les pampressont as-
sez tendres pour se laisser abattre au moindre
toucher; ear, pour peu qu'i!s soient devenus
tropdurs, il faut alors ou faire de plus grands
efforts pour les arrachcr, ou les tailler a la ser-
pette. Or ce sont deux choses qu'il faut egale-
ment eviter : Tune, parce que les efforts ne-
cessaires pour les arracher dechirent la mere;
!"autre, parce que la taille lui fait une bles-
sure qui est toujours pernicieuse dans une plante
encore verte , et qui n"cst pas encore parve-
nue a son degre de maturite. En effet , la plaie
qui en resulten"est pas eirconscrite par les tra-
novella vineta confodere, oninesque lierbas et prajcipue
gramina extirpare, qua; nisi manu eliguntur, et in sum-
mum rpjiciuntur, quautuiacunque parte adobruta sunl,
reviviscHut, et vitium seniina ita perurunt, ut scabra
atque retovrida erticiant.
VI. Ea porro sive nialleolos seii viviradices deposui-
mus, oplimura est ab initio sic formare, ut frequenti
pampinalione supervacua detraliamus; nec patiamur plus
quam in unain materiam viies etomnealiinentum couferre.
Primo tanien biui pampini submittuntur, ut sit alter sub-
sidio, si aller forte deciderit. Cuni deinde paulum indu-
ruerevirgae, tuin deleriores singula; detraliuntur. Ac ne
qua? relittae sunt procellis ventorum deculiantur, molli et
laxo viiiculo adsurgenles subsequi conveniet, dum clavi-
culis suis quasi quibusdam manibus adminicula compre-
liendant. Hoc si operai um penuria faceie proliibet in mal-
leolo, quem et ipsum pampinaie censemus : at cerle in
ordinariis vitibus utique obtiuendum est, ne pluribus (la-
geilis eniacienlur, nisi si piopaginibus fuluils prospicie-
n.us : sed iit siiigulis maleiiis scrviant , quarum incrementa
eliceie debemus, applicato longiorc adminlculo, per quod
piurepaut in tanlum , ut sequentis anni jugum exsupe-
rent, et in friictum ciirvari possint. .^d quam mensuram
cum increveiiiit, cacumina infiingenda sunt, ut poliu*
crassiludinc convalescant, quam supervaciia longiludine
at Ipnuenlur. Idem tamen sarmentiim quod in materiam sub-
mitlimus, ab imo usque in tres pedes et semissem pam-
piuabimiis , et omues ejus inlra id spatium nepoles enatos
sa?pius decerpemus. Quidquid deinde supia germinaverit,
inldclum relinqui oporlebit. Magis enim convenit proximo
autumno falce depiitari superiorem paitem, quam a?slivo
lcmpore panipinari , quoniam ex eo loeo , unde nepotem
ademeris, conresliin alterum fundit : qiio enato, niillus
relinquitur oculus in ipsa niateria, qui sequenti anuo cum
fructu germinet.
VII. Omnis autem pampinalionis [ea] est tempestivitas,
dum adeo leiieri palmiles siint, ut levi lactu digiti decutian-
tur. Nam si vebenicnlius iuduruerint, aut majore nisu
convelleudi suut, ant falce depulandi; quod utrumque
vitanduni est. Alterum , quia lacerat matrem , si revellere
coneris : alleium, quia sauciat, quod in viridi et adliuc
stirpe immaliira fieri noxium est. Neque enim eatenus
plaga consistit, qua vestigiiiiu fecit acios : scd astivis ca-
loribus (alce vulnus penitus impressum laliusinarescil ila,
DE L'AriRICULTURE, TIV. IV.
ces de rinstrument ; mais la blessiire, qui se
trouve iraprimee trop profondement , desseche
beaucoup plus loin la plante pendant leschaleurs
de retc, au point meme quune tres-grande par-
tie du corps de la mere eii meurt. Cest pourquoi ,
si Ton est forcc d"avoir recours a la serpette ,
parce que les parapres scront deja trop durs , il
ne faudra pas les separer de la mere en enticr,
mais il faudra en laisser iine partie , comme on
le pratique a rcgard des coursons, afin que le
dommage que la chaleur occasiounera ne tombe
que sur cctte parlie. On en laissera jusquau pre-
mieruoeud d"ou il doitsortir des rejetons sur le
c6te du parapre , parce qiic la violence de la cha-
leur ne penetre pas au deia de cclte distance.
Quaut aux mailletons , on suit la meme methode
pour les epamprer , comme pour exciter ieur tige
a s'allonger au cas qiie Ton veuille les employer
des la premiere annce, comme j'ai souvent Jait.
Mais si Ton se propose de les couper absolument,
pourne lesemployer que la secondeannee, il fan-
dra eteter la tige unique a laquelle on les aura rc-
duits, des que cette tige aura plus d'un pied de
long , aiin qu'ils s'affermisscnt plus du cyte de la
tete, et qu"ils deviennent plus robustes. Voila la
premiere facon que demandent les vigncs depuis
leur plantatiou.
VIIL Les temps suivants demandent des soins
plus eteiidus, aiiisi que Tont ecrit Celsus et Atti-
cus , qui soiit les auteurs que iiotre siecle a le
plus approuvesen matiere d'agriculture : car il
faut dechausser la vigue apres les ides d'octo-
bre, etavaut queles froids nesurviennent. Cette
opcration sert ii mettre a jour les petilcs lacines
qui ont pousse peudaut iete : et l'agriculteur
sense les tranche avec le fer, parce que s'il les
laissait se fortifier, celies d'au-dessous s'affaibli-
raient, et il en resulterail que ia vigne jetterait
ut non iniiiiiiiain parlcm Ue ipso niatris corpore euecel.
Alque ideo si jam caulibus duris lalcem adliibcri necesse
est , [ii] pauluui ab ipsa matie lecidtiuduin est, et velut re-
seces reliuqucndi ,snnt, qui caloiis excipiant injuriam ,
eatenus qua nasc.iinliir a latere palinites. Ultra enim non
serpit vaporis violentia. In malleolo similis ralio est pain-
pinaiidi , et in longitudinein elicieiidi mateiiam , si eo ve-
liiniis anniciilo iiti , qiiod ego saepe rec.i. Sed si propositum
i est utiquc lecidiie, ut bimo potiiis iitaniiir, cum ad unum
panipiniun jain redejjeris, et is ipse excesseiit pedalem
ioni;iludiniui,decacumi»are conveniet, ut in cerviccm po-
tius eonfirmctur, et sit robuslior. Atque lia;c positoruiii
seininum priuia cultura est.
Vlll. ScquiMis deinde tempus, ut prodidit Celsiis et
Atticus , quos jiire niaxinie nostra netas pi obavit , post idiis
Octobris ainpliorem curain deposcit. Nam piiiis quain (ri-
gora invaduut, vitis ablaqueanda est. Qirod opus adaper-
tas ostendit a^slivas radiculas, easqiie prudens agiicola
fcrro decidit. Nani si passus e.^t convalescere, infeiiores
Uericiunl, atqiie evenit ut vinea summa parte leireni ladi-
ces agat, qu.x et frigore iDrestenlur et caloribus iiiajorem
sur la superficie du terrain des racines exposecs
k etre devastees par le froid ou echauffecs par
leschalcurs, au point que la mere serait infailli-
blement trop alterec au levcr de la Canicule. Cest
pourquoi, lorsqu'on aura deehausse lcs vigiies,
il faudra en couper toutes les racines qui auront
pousse en dcca d'un pied et demi de profondeur;
maisonne s'y prendra pas pourcetteamputation
de la meme faeou que pour celles que ron fait aux
parties supcrieures de la vigne. C;n- il ne faudra
ni unir In plaie, ni appliquer le fer a la mere elle-
nieme, paiccquesi Ton coupaitune laciiie trop
prcs du tronc , ou il en rcnaitrait plusieurs autres
de la cicntrice qui aurait ete faite , ou Teau des
pluies d'hiver, qui sejourncdans les iacs formes
autour de la plante par la fouille faite a son pied ,
vcnant a se geler au solstice d'hiver, brulerait
ccs blessures encorc nouvelles, et penetrerait a
la moelle. Pour evitcrccsiuconvenients, il faudra
s'ecarter a peu pres d'un doigt du tronc, pour ne
couper les petites inciiies ([u'a cette distance.
Lorsqu'on a 6te ces raeines avec ces precautions,
elles ne se raultiplicnt plus , et leur separation du
tronc le preserve de tout accident. Quand cela
cst fait, si l'on est dans un pays oii rhiver soit
doux , il faut laisser la vigue , ainsi dechaussee ,
a Tair; au lieu ques'il est trnprude, il faut re-
eouvrir, avant les idcsde decembre, lcs petites
fosses que l"on a faitis au pied de la vigne en
la dechaussant. Si raeme Ton est dans un pays
0« Ton ait les plus grands froids a craindre, il
faudra repandre sur lcs racines de la vigne,
avant de la recouvrir, un peu de fumier ou de
fiente de pigeon , si on le trouve plus commode ,
ou verser dessus six xcxlnrii de vieille urine ,
que Ton aura gardee a cette intention. 11 faudra
dechausser les vignesachaqueauiomne pendant
!cs cinq premicres annces , jusqu'a ce qu'elles
in inodum aesluent, ac veliemeiiter silire matrein in orlu
Canicul» cogant. Quareqiiicquid intra sesquipedcm na-
lumest, cuin ablaijueavcris, recideiidum est. Sed bujus
non cadein ratio cst ainputaiidi, qux tradilur iii superiori
parte vitis. Nam ininimc adlevanda plagaest, mininieqne
applicaiidiim rerranientiim ipsi niatri : quoniani si juxla
triiiu.iim radicem piiccideris , aiit ex cicalrice plures ena-
sccnliir, aut liieinalis, qua; ex pluviisconsistitiu lacuscu-
lis ablaqiicatiunis aipia , bruiua; congelalionibiis no\ a vul-
nera peruret, et ad mfidullam peiietrabit, quod iie lial.
rcccdcre ab ipfo exnik.e inslar uuiiis digiti spalio convo-
iiiit , atque ila radiculaspra;cidere; qua; sic adenipla; noii
auipliiis pullulant, et a caitera no.\a truDciim dercuduiit.
Iloc o|icrc coiisimiiiialo, si cst biems in ea regloiic (ilacida,
palciis vitis relinquciida cst : siii violenlior, id faccre no.s
probibel, ante idiis IJccenibris pr;cdicti lacusciili coa;-
qiiaiidi sunt. Si vero ctiam pra'gelida Irigora regionis ejiis
suspecla erunt, aliquid fimi, vel , qiiod est coininudius,
columbini stercoiis, aut in biinc usiiin pra'paraUc vcleris
urina;senos sestarios, antcquani vitcm adobruas, radici-
bus superlundes. Scd ablaqiieare omnibus aulumnis opui-
2b0
COLUMELLE.
solent dans toute leur force; mais une fois que
leur trone aura pris sa croissance , on pourra
ne faire eette operation quVnviron tous les trois
ans, tant parce qu"en suivant cette methode le
pied des vignes se trouvera moins souvcut endom-
mage par le fer, que parce qu'il faut plus de
temps aux vignes pour jeter dc ces petites racines,
lorsque leur tronc a pris de la consistance.
IX. Apres ie dechaussement des vignes vient
latailie, qui, suivantles preceptesdes anciensau-
teurs, doit etre faite de facon que la vigne soit
reduitea une seule petlte tige, qui ne poife que
deux bourgeons pres de terre. On ne doit pas
tailler la vigne aupres de lajointure d'un noeud,
pour ne pas en intimidcr roeil ; mais on la taille
apeu pres vers le milieu de Tespace qui est entre
deux noeuds , en tenant la serpette obliquement,
de peurque, si la cicatrice etait horizontale, la
pluie qui viendrait a tomber ne sarretat dessus.
11 ne faut pas nou plus que la plaie soit inclinee
du cote oii sC trouve le bouton, mais du cote
oppose, afin qu'e!le verse ses pleurs a terre plu-
t6t que sur le bourgeon. Car autrement Teau qui
endecoulerait aveuglerait TcEil, et rempeeherait
de se developper en feuilles.
X. 11 y a deux temps pour tailler la vigne;
mais le meilleur (commc dit Magon) estde la tail-
ler au printemps avantqu'elle bourgeonne, parce
qu'etant alors pleine de sucs, il est plus faeile
de iui faire une plaie et d'uiiir cette plaie dans
toute sa surface, outre quelle resiste raoins a la
serpette. Celsus et Attieus ont suivi cet auteur.
Pour nous, nous eroyons qu'il ne faut ni trop ar-
reter raccroissement des plantes en les taillant
de trop court, a raoins qu'elles ne soient de la
derniere faiblesse , ni les tailler toujours au prin-
teraps. Mais lapremiere annee qu'ellessont plan-
tees, il faut lesaider a venir en les bechant fre-
quemment, c'est-&-dire, tous les mois peTidant
lesquels ellessonten feuilles,et en les epamprant
souvent, afin qu'elles acquierent des forces, et
qu'ellesn'aient pas plus d'un sarment a entrete-
nir. Lorsqu'elles aurout eleve ce sarment , nons
eroyons qu'il sera neeessaire de replucher en au-
tomne, ou au printemps si on le trouve plus con-
venable, et de le delivrer dcs rejetons que celui
qui aura epampre pourra lui avoirlaisses danssa
partie superieure , pour !e mettre ensuite sur le
joug, parce que !a vigne qui peut s'elever au-
dessus du joug avec le fouet de la premiere an-
nee, est lisse , droite et sans cicatrice. II est vrai
que c'est ce que Ton voit arriver rarement , et
chez peu dagricnlteurs; aussi est-ce pour cela
que les auteurs que je viens de eiter ont ete
d'avis (jue Ton coupat absfilument les premiees
de la vigne. l)'un autre cote, !a taille du prin-
temps n'est pas certainement la meilleure pour
tous les pays : effecliveraent il n'y a pas dedoute
qu'i! ne faiile la pieferer dans les pays froids;
mais pourceux qui sont exposes au grand soleil,
et oii rhiver est doux , la raeilleure et la plusna-
turelle est celle de rautomne, puisque c'est le
temps auqucl les plantes se depouillent de leurs
fruits et de leurs feuilles, en vertu d'une loi eter-
nelle prescrite, pour ainsi dire, par la Divinite.
XI. Je pense que voila ce qu'on doit faire a la
vigne, soit qu'on Tait plantee en marcottes, soit
qu'on Tait plantee en mailletons : car Texpe-
rience acondamne ropiniou dans laquelle etaient
les aneieus, qu'il ne fallait point approelier le
fer des mailletons d'un an, commc s'ils eussent
redoute son tranchant; crainte vaine qu'ont eue
Virgile, Saserna, les Stolons et les Catons. Au
reste , ces auteurs n'etaient pas seulement dans
rerreur, en ce qu'ilsne touehaient point a lache-
velure que jetaient les plantes !a premiere an-
tebit prinioqiiinquennio, dumvitis convalescat : nhi vero
truncus adoleveiit, fere tiiennio intermitlcndus est [cjiis
operis] labor. Nam et minus ferio crura viliuni liwlunlnr,
nec tam celeriter iadicul;e inveterato jam codice enasciin-
tur.
IX. Ablaqueationem deinde sequitur talis putalio, ut ex
praecepto veteium aiictorum vitis ad unam virgnlam re-
vocetur, diiabus genimis juxta terram reliclis. Qnae pnta-
tio non debet secundum aiticulum fieri, ne reformidet
oculus, sed medio fere internodio ea plaga obliqua falce
fil; ne si tiansversa fueiil cicalrix, caelestem superinci-
dentcm aquam contineat Sed nec ad eani parteni, quaest
gemma, verum ad posteriorem declinatur, ut in terram
potiiis devexa , quam in germen delacrumcl. Namque de-
pluens humorciBcat ooulum, nec palitur fiondescere.
X. Putandi autem duo sunt tempora : raelius aiilem , ut
aitMago, vernum,antequam snrculus progerminet, qiio-
niam liumoris plenus lacileni plagam et levem et .Tqualem
accipil,nec falci repugnal. Huncautem secnti snnt Celsns
et Alticus. Nobis neque angiista putatione coercenda se-
Biinavidentur, nisi si admoduminvalida sunt;nequeutique
verno recidenda. Sed primoqnidemanno,quosuntposila,
fiequcntibus fossionibus omnjbiis mensibus diim frondent
ac pampinationibus adjnvanda siint, ut robiir accipianl,
nec plus qiiam uni inateri;e serviant. Quain ut educaverint,
autumno vel vere, si magis competit , adradenda , et ne-
potibus, qiios pampinator in superiore parte omiserat,
libeianda cenbeinus, alque ita in jiigum imponenda. Ea
eniin levis et recta sine cicatrice vinea cst , qna; se primi
anni llagello supra jugum extulit , quod tamen apud pau-
cos asricolas et raro contingit. Ideoque praedicti aiictores
primitias vitis lesecare censnerunt Sed nec utique veiiia
nmnibus regionibus melior pulatio esl. Nam ubi ca'lum
frigidum e.st, ea sine dubio eligenda est. Ubi vero aprica
loca sunt , mollesque liiemes , optima et maxiine naluralis
est autiimnalls : qiio tempore divina quadam lege et
ivlenia fiuctum cum fronde slirpes deponunt.
XI. Hoc facere, sive viviradiceni sivenialleolumcon.se-
veris, censeo. Nam illam velerem opinionem damnavit
iisus , non esse ferro tangendos anniculos malleolos , quo-
niain reforniident. Qiiod frustra ¥115111118 et SasernaStolo-
nesqucetCatones timncriint : qiii iion soluni in co errabar.t,
DE i;agriculture, LIV. IV.
nee , niais cncoic en ce que , lorsquMis en venaient
&couper la mareotte au bout de deux ans, iis
la coupaieiit tout eiitiere, k ras terre et pres de
la Jointure du tronc , nrtn qu'elle rcpoussat sur
le bois diir. En effet , Texperience, cette raailresse
des arts, nous a appris, au contraire, a faconner
les accroissements dcs maillelons des la premiere
annee, ct a empeeher que la vigne, fertile en
feuillages superllus, ne devienne trop touffne;
de m^rae qu'elle nous a appris & ne pas la conte-
nir autant quc les anciens Tordonnaient, en la
coupant tout entiere. En effet, cette raethode
lui est contraire, tant paree que, lorsqu'on a
coupe le plaiit a r;is de terre , la plupart des ceps
meurent eomme s'ils etaient frappes d'un coiip
au-dessus de leurs forces , que parce que ceux
qui resistent ii cette blessure, et qui n'en meurent
point, portent pour la plus grande partie dessar-
mentsmoins feconds, puisque ,de Caveu de tout
le raonde, les pampres qui sortent du bois <lur
sont le plus souveiit sans friiit. U faut donc preii-
dre un milieu, et ne pas couper le maiileton a
rasde terre, ni l'exciternon plus a donner un bois
trop long, mais remarquer le coursoiide Tannee
precedente, pour laisser, au-dessiis de lacommis-
sure meme de rancien sarment , un ou deux bour-
geons , dont il sortira du bois.
XII. Apres la taille vient le soin d'echalas8er
la vigne : raais cette premi6re aunee ne demande
pas encore de pieux ni de forts eehalas; car jai
remarque qu'une jeune vigne s'accoramodait
comrauneraent inieux d'un petit appui que d'uu
fort pieu. Ccst pourquoi, ou nous mettrons au-
presdecha((ue vignedeux vieux roseaux (depeur
qu'etnnt nouveaux ils ne prennent racine) , ou ,
si la situation de la contree nous le perraet , nous
enfonccrons cn terre de vieux echalas abandon-
nes, auxquels nous attacherons des perehes,
qui traverseront la filc des ceps par en bas. IjCS
paysans appellent cette espece de joug un cati-
tcrius. II est en effet trtis-iraportant que ie pam-
pre de la vigne trouvequelque ehose qu'il puisse
saisir des qu'il commence a s'alIonger et avant
de se eourber, afin qu'il ait la facilite de s'cten-
dre plutot horizontalement que perpendiculaire-
ment, et qu'il soutienne plus aisement rirapetuo-
sitii des vents , a Taide de ce canterhis qui le sou-
tieiidra. II sera a propos que ce joug n'aille oas
jusqu'a quatre pieds de hauteur, jusqu'a ce que
la vigne se soit fortiliee.
XIII. Quand la vigne aura 6t6 echalassee, il
faudra la lier. La fonction de celui qui la liera
consistera a la bien attirer en ligne droite sur le
joug : si le pieu est place tout aupres d'elle,
comme il a plu a quelques auteurs de le placer,
celui qui la liera observera en rattachant de ne
pas se rcgler sur les Siiniosites du pieu , si par ha-
sard il e^t tortu, paree que cette methode la
rendrait crochue ; mais si on a laissc un intervalle
entre le ccp et le pieu (comme Atticusetquelque.s
autres agrieulteurs ont pretendu qu'on dcvait
faire, et comme je suis assez d'avis qu'on fassel ,
il faut joindre le cep a un roseau droit, et ly at-
tacher a Taide de plusieurs ligatures, pour le
conduire ainsi au joug. La nature des liens dont
on se servira pour attacher le plant , n'est point
une chose indifferente : en effet, tant que la vigne
est jeune, il faut rattacher avcc des liens tres-
doux, parce que, si ron se servait de branehes
de saule ou d'orrae, elle se couperait a raesure
qu'elle grossirait. Lesmeilleurs liens seront donc
de genet , de jonc coupe dans les maiais , ou de
quodprimi amii (aiiillamiMita seminum intaofa palicljan-
tur, sed el post liicniiiiiiii, (.11111 vivirailix recidinida erat,
omiieni supeilicicni anipiilabant solo tenus juxta ipsum
arliculimi, uteduio pnllulaiet. Nosauteiii magisterarlium
docuit usus, primi anni malleolorum forniare incrementa,
necpali viteiii supervaciiis frondibns luxurianlem silve-
scere; nec ruisus in laiitum coercere, qiianlum antiqiii
priEcipi(;'bant, ut tolam siiperriciem amputenius. Nam id
quidem rationl niaxiiiie coiilrarium est. Primum qiiod cum
ad terraiii decideris, semina, veliit intnlerabili ariccfa
vuliiere, plciaque inlereunt, nonnulla eliam, qua; perti-
nacitor vixenml , iiiiiius fuxundas materias afteruiit : si-
quideme duro qua; pullulant, omnium confessione pam-
pinaria sajpissimc fructu careiil. .Media igitur ratio sequenda
est, ul neipie solo tenus malleuliim recidamiis, uec rursiis
iu longiorem materiain provocemus : sed adnodato supe-
tioris anni pollice, supra ipsani cominissurain veteris sar-
menti unam vcl duas geinmas relinqucmus, ex quibus
gcrminet.
Xll. Pulationem sequiliir jam pedanda! vinea; ciira :
veruin liicanniisnondum vehemenleiu paliini aut ridicain
desiderat : nutatuin est ciiim a ine pleriimque teneraiii
viucam melius admiuiculu mudico (p;aiii vcliemcnti palo
adqniefrere. Itaqueaiit veteres, ne novs rariiceni agant,
aiundines singulis viliculis applicabimus binas, aut si
regionis condilio permitlit,de vepiibus liastilia, quibus
adnectaiitiir singulic transversiE perticaejn unani parlem
ordinis : qiiiid iicnusjugi canterium vocant rustici : plu-
rimnm id rcfcrt e.sse, quod pauluni infra curvalioiiem vilis
prorepcns [laiiipiiius stalini apprebcndat, et iii traiisversa
polius se liiiiil.it, (|iiain iii eilila, vcntosque racilius susti-
neatsiibiiixiis caiitcrio. Idque jugum intia quartum pedem
couvcnit allevari, dumse viuea curioboret.
XIII. Iinpedalionem deinde seqiiitur alligator, cujiis
ofliciuui est, ut rectam vitem pioducat in jugum. Quae
sivejuxta paliim est posita, ut quibusdam placiiit aucto-
ribus, oliservaic debebit, qui adiiectit, ne in alliganda
niateria flexuin pali, si forte curvusest, sequenduin pu-
tet ; nam ca res uncam vilem facil:sive, ul .\ttico et
nonnullisaliis agricolis visum est, intcr vitem et palum
spatium lelinquitur, quod nec milii displicel, recta arundo
adjiiiigeuda stirpi est, et ita per ciebra retiiiacula in ju-
gum pciducenda. Vinculi genus qualc sit, quoreliganlur
seiuina, plui iiniiin refert. Nam diini novella vinea cst, quam
niollissimo nectenda cst : quia .si viminibus .salicis aut
ulmi ligavcris, iiiciescens vitis se ipsa praccidit. Optiuiii
262
GOLUMELLE.
glaieuls. .Cependant les feuilles ratoe de roseaux,
secheesa rombre, ne sont point d'un mauvais
usage en cette occasion.
XIV. 11 faiit avoir les memes attentions pour
les mailletons, c'est-a-dire , quapres les avoir
reduits par la taille a un ou deux boutons pendaut
rautomnu, ou au printemps avant qu"ils bour-
geonnent, i! faudra les attacher au joug. La per-
che que j'ai appelee canterius sera plus pres de
terre pour les maiiletons que pour les ceps qui
sont dans les rangees : car elle ne doit pas etre
elevee a plus d'un pied , afin quc lcs pampres en-
core tendres tronveut quelque chose a quoi ils
puissent s"accrocher avec leurs vriiles , et que les
ventsneles deracinent point. Ensuitele fossoyeur
retournera, par de frequentes fouilles faites au
hoyau, la superficie du terrain, et le pulverisera
bien egalement. Nous approuvons tres-fort cette
espece de fouille faite a plat; car pour celle que
Ton appelle en Espagne fouille d'hiver, et que
Ton emploie pour enlever la terre dii pierl des
vignes, et la rassembler dans lesailees quisont
entre les rangees, elle nous parait inutile, parce
que les vignes ont deja ele dechaussees eu au-
tomne, etque cetteopcration, qui en adecouvert
ies racinessuperieures, s'est fait sentirjusqu"aux
racines les plus profondes, eu leur trausmettant
ies pluies d'hiver. On doit faire ces sortes de
fouilles autant de fois que la premiere annee,
ou une fois de moins. Car il faut surtout avoir
soin de remuer souveut le terrain , jusqu'a ce
que les vignes aient pris assez d^accroissemeni
pour le eouvrir de lcurombre, et pour empecher
les herbes d'y croitre a leur pied. On doit aussi
epamprer les vigncs cetteannee comme la prece-
dente, parce qu'il faut encore contenir, pour ainsi
dire, renfancedu plant, etne luipas laisser plus
d'un fouet ; d'autaut plus qu"a un flge aussi tendre
il ne resisterait pas a la charge du fruit et h celle
du bois tout ci la fois.
XV. Mais lorsque la vigne est parvenue , au
bout d'un an et six mois, a etre vendangee, il
faut la pcupler sitot apres en avoir cueilli le fruit,
et propager les mailletons qu'on a mis en terre a
ceteffet; ou si Ton n'eu a pas, il faut attirer des
sautelles des ceps qui sont daiis les rangees , et les
conduire a un pieu different de celui qui soutient
cesceps; car il est tres-interessant de bien garnir
encore tous les appuis de la vigne par de nouvel-
les plantations. On ne la garnira pas neanmoins
par-dessous, dans le moment qu"on sera pret a la
vendauger. On appelle sautelieune branche d'un
cep courbee en terre pres de son appui , et dont
on conduit rextremite a un pieu qui n'est point
garni, apres Tavoir recouverte de terre dans une
fosse suffisamment profonde. Cette branche donne
par la suite beaucoup de bois , qui sort de toute
ia partie qui est arquee , et que Ton applique a
son appui des qu'il est venu, pour le faire parve-
nir au joug. L'annee suivante, on coupe jusqu'^
la moelle du cep la partie superieure de la sau-
telle, arcndroitmfime oii on Ta courbee,depeur
que le fouet qui en sera sorti n'attire a lui toutes
les forces de sa raere, et afin qu"il s"habituepeu
a peu a tirer sa nourriture de ses propres raci-
nes. A l'5ge de deux ans, on coupe la sautelle
tres-pres de la branche qu'on a laiss(5 venirsur la
partie arquee; ensuiteon beche profondcraent au
pied de cette nouvelle plante ainsi separee de sa
mere, et on laisse une petite fosse autour d'elle;
apres quoi on lacoupe jusqu'a ras terre dufond
de cettefosse, et on la recouvre de terre, afia
qu'elle pousse des racines par en bas , parce que
si on la coupait sans tant de precautious sur la
supcrficie du sol, elle pourrait gerraer par le bout
qui avoisinerait la terre, ce qu"il faut prevenir.
est ergo gcnisla , vel paludibiis desectiis juncus , aiil ulva.
Non pessime tamen in iimbia siccafa faciunt in biinc nsum
aiunOinuui quoque folia.
XIV. Sed et iiialleolorum similis cura agenda est, ut ad
unam aut duas gemmas deputati anlumno vel vere, prius
quani germinent , jugentur. lis , iit dixi , canterius propius
a terra, quam vitibusordinnriis siihiiiidiMidus est : neque
enim edilior esse debet peiliiji iilliliiiliru», iit sit qiiem
teneri adlinc pampini capieolis illigriil siiis, no venlis
explantentur. Insequilur dfimie lussor, qiii creliris bi-
dentibns aHpialiter et iiiiniilim soli terga comniinnat. Hanc
planam rossurani niaxinie nos probjmus. Nam illa, quam
in Hispania hibernam appcllanl, cnni lerra vitibus detra-
liitur, et in media spalia inlerordinioriim confertnr, su-
pervacua nobis videl"ir ; quia jam piwcessil aulumnalis
alilaqucatio , qua; nudavit siimmas, et ad inferiores ra-
dicnlns liibcrnos transmisit inibres. Niinioriis aiitem fossio-
nis aut idein esse debet qui primi anni, aiit nna niinns. Nani
ulique freiincnter soluni exercendnni esl, dum itl iiicie-
ineiito suo vites inumbrent, nec patiantur luTliam sub-
crescere. Pampinationis eadein debet esse latio liiijns anni,
atque prioris. Adhuc enini compescenda quasi pueritia
seminuni est , nec plus quam in unum flagellnm est sub-
miltenda : taiito quidem magis, quod tencra ejiis a;'tas
uon suslinet et fnetu et materiis onerari.
XV. Sed cum annicula mensiumque sex ad vindeiiiiain
perducta est, sulilalo fructu protinus fieqiieiilaiida est,
et praesidiariinialleoli propagandi sunt, qui in liunc iisiim
fuerant depo.siti , vet, si ne bi quidem snnt. ex ordinaria
vile in alteruni paliim mergiis est altrahendiis. Nani [ilu-
limiuii interest adliuc nova consitione pedameii onine ve-,
sliri; nec mox vinoani tum subseri, ciim fructus capien-
dns est. IMergi genus est, ubisupra terram juxta suum
adminiciiluni vjtis curvatnr, atqiie ex alto scrobe sub-
nicrsa pcrducitiir ad vacantem paluin : tiiiii ex arcu vehe-
iiientcr cilat materiam , qiia' protiniis applicata siio peda-
nienlo ad juguni evocatnr. Sequenle deiude anno inseca-
liir supoiior pars curvatuire usque ad modiillam, ne tolas
vircs niatris propagatiim llagclliim in .-^e Iraliat, ot ut paii-
latini condisoat suis radicibus ali. Biina doinde pr.TOoidiliir
proxime palniani, qna; ex arcu submissa cst. V.l id qiiod
a malre abscissuii) iccessit, confeslim alte circnmroilitur.
DE LAGRICULTURE, LIV. IV.
II n'y a pas de temps plus favorable pour eouper
k'S sautelles que depuis les ides d'octobre jus-
qu'acelles dc novembre, afin que leurs racines
puissent se fortifier pendant riiivcr. Kn effet, si
on faisait eetteoperation au priutemps, qui est le
temps auquel les branches commencent a se char-
gerde boutons , elles tomberaient en langueur,
en se trouvant privees tout a coup de leur mere.
XVL On suit la meme methode pour transferer
les mailletons. Car ou est atemps, aprcs les ides
d'octobre du second autorane , de les enlever
pourles planter, si le climat et la nature du ter-
rain le permettent : mais si la rigueur du climat
et la mauvaise disposition du terrain s'y oppo-
sent, il ne sera terapsde le fairequ'au printemps
d'ensuite. II ne faut pas laisser trop longtemps
ies niailletons dans les vigaes , de peur qu'ils n'e-
puisent la foree du terrain , et qu'ils neuuisent
aux plantes qui sont dans les rangees , et qui se
fortifieront d'autaiit plus aisement, qu'elles se-
ront plus promptemenl delivrees de la corapa-
g^&ie des marcottes : on peut au contraire garder
dans des pepinieres des vignes de trois ou mf me
de quatre ans, pourvu qu'on les coupe entii?re-
ment ou qu'on les taille de court, parce qu'on ne
destiuepasces pepinieresa la venJange. Des que
la vigne que Ton a plantee a passe deux ans et
demi, c'est-a-dire , sou troisierae aulomne, il
faut rattaeher a des appuis plus forts que ceux
qu'elle a, et ne pas faire cette operatiou de ca-
price, niauhasard. Car ou on ficlie le pieu au-
pres du cep ; auquel eas on Ten eloignera cepen-
dant d'un pied , tant afm d'eviter qu'il ne presse
ou n'endommage ses raciues , qu'afin que le fos-
soyeur puisse fouiller de tout cote autour du
plant, et on le posera de facou qu'il protege la \i-
el sciobiculo facto ad imum solnm prjeciditiir, adnbrui-
turque, ut et radices deorsum agat, iiec ex propinquo
iiegligenler in summa teira resectum progerminet. Tem-
pusauteni non alind magis idoneum est hunc mergum
amputandi , quani ab idib. Octob. in idus Novemb. ut
liibernis mensibus siias radices confirmet. Nara si vere id
feceriniHS, quo gemmare palinites incipiunt, matris ali-
mentis subilo destitutus langucscit.
XVI. Eadem rafio est in liansferendo malleolo. Nam
[in] secundo autuinno, si CTeli et loci qualitas palitur,
commodi.ssime post idus Oclobris c\emptus conseritur :
sin autem aliquatena^ vel aeris repugnat injuria, lempesli-
vitas ejus in proximum ver difTertur. Neque diutiiis in
vineis relinqueudiis est, nc soli vires absuniat, et ordiiia-
ria seniina infestet : qua; quanto cclerius liberala sunt
consortio viviiadicum, t.anlo facilius convalescunl. Al in
seminario licct trimam atque eliam quadrimam vitem re-
sectam vel anguste pulatam custodire : quoniam non con-
eulitur vindemi;e. Ciim mensein trigcsimuin cxcessil posila
vinea, id esl terlio autiimno, veliementioribus .statumini-
bus slatim inipedanda cst, idqiie non ut libel aut fortuito
faciendum. Nain sive prope Irunciim defigitur palus, pe-
■iali tamen spatio lecedcnduin esl, nc aut prcinal radiccm
gne , en recevant sur lui toute la violence du
froid et rimpctuosite des aquilons : ou on le li-
che dans rentre-deux des rangees ; auquel cas,
atin qu'il ait plus de stabilite pour porter le joug
et les fruits, il faut le bicn cnfoncer, ou merae
faire prealableraent un trou dans la terre avec
un piquet, pour qu'il soit enfonce pliis profon-
dement. Car plus rcchalas est pose pres du cep,
plus il est stable, sans meme etre bien enfonce ,
parcc que le cep et lui, se toiichant mutuelle-
ment runrautre,sesoutiennent reciproquement.
II fautensuite attacherauxappuisde forts jougs ,
quiseront faits ou de perches dc saules, ou de
plusieurs rosenux joints pour aiusi dire en bot-
tes, pour qu'ils aient uue certaine resistaiice, et
qu'ils ne s'affaissent pas sous le poids des fruits.
Car on pourra deja laisser deux sarments acha-
que cep du plant , a raoins cepcndant qu'il ne se
trouve qaelqucs ceps dont la petitesse exigc
qu'on los taille de pluscourt ; auquel cas on ne
leur laissera qu'une branche a fruit , et meme
garnie de tres-peu d'j"eux.
XVII. Les perches donnent un joug plus so-
lide , et qui coute moins de peine a fabriquer
qu'un joug de roseaux, qui demande plus de
journees de travail avant que les vignes y soient
attachees, parce qu'il faut lierensemble ces ro-
seaux en differeuts endroits, apres avoir renverse
la tetedes uns vis-a-vis le pied des autrcs, afin
que cejoug soit egalement grosdans toule sa lon-
gueur. En effet, si toutes les tetes des roseaux
etaieut reunies d'un seul cote, ia faiblesse de ce
cute cedant a son poids, les fruits seraient ren-
verses par terre dans le temps de leur maturite ,
et expo.ses aux chiens et aux betes fauves ; au
lieu que lorsqu'un joug sera forme de plusieurs
aut vulnerel , et ut fossor tamen ab onini parle semina cir-
cumrodial ; isquepalus sic ponendusest, ut frigoium el.\qui-
lonum excipiat violentiam vitemque protegat : sive mcdio
inteiordinio pangeliir, vel defodiciidus est , vel prius paxillo
perforato solo, allius adigendus, qiio facilius et jugum et
fructum sustinea!. Nam quanto propius liuncum ridica
statuilur, eliam leviter delixa stabilior est : quoniam cou-
tingens vitem nnilna vice siistinetur et sustinet. Statii-
miuibus deinde firmiora juga sunt alliganda , eaque vel
saligucis perticis vel compluribut quasi fasciculis anindi-
num connectuntur, ut ligorem liaheant, nec pandentur
onere friicfuun). Nam bina>jani malcriaesiugulis seminibus
submitlenda; crunl : nisi si tameii gracilitas vitis alicujus
angiistiorem putationoui desideialiit, cujus uniis palmes
atque idcin paucorum oculorum erit relinquendus.
XVll. Peitica: juguinlirminsfaciunt, minusque opero-
siim. .iriindines pluribus opcris jiigantur, quoniam et plu-
ribiis locis necluntur. li:,Bque inler sc convcrsis cacumini-
bus vincicndae sunt , iit icipialis crassitiido toliiis jiigi sit.
N.im si cacumina in iiniim compelunt, inibecillitasejiis pai tis
gravala pondere jam niatiirom fnictum prosternit, ct ca-
nibus rerisquc reddit obnoxiiiin. At cum jugum in ra.srem
1 pluribus arundinibus altcrna cacuminmn vice ordinatum
COLUMELLE.
roseaux lies eu boltes, de facon que les tetes en
seront alternativeraent tournees de differents
cotes, il pourra communement etre de bon usage
pendantcinqans. Pour ce quiestdelataille etdes
autres facons, il n'y a pas d'autre methode a
suivre que celle qu'on aura suivie pour lesdeux
premieres annees ; c'est-a-dire, qu'il faut dechaus-
ser avee soin les ceps pendant i'automne, et ap-
pliquer de nieme des provins aux pieux qui ne
seront pas garnis. Car il ne fautjamais laisser
passer une seule anneesans renouveler cette der-
uiere operation , d'autant que si les choses que
nous plantons ne peuvent pas etre immortelles,
nous avons cependant un nioyen de pourvoir a
leur perpetuite, en substituant d'autre plant au
lieu et place de celui qui meurt , et en ne laissant
pas perir toute respeee par une negligence con-
tiiiuee pendant plusieurs annees. II faut aussi
donncr alors aux viguesplusieurs fouilles, quoi-
qu'ou puisse s'en tenir a une de raoins que la
preraiere annee ; conime il faut aussi les eparaprer
souveut , et ne pas se contenter d"eu oter les
feuilles superflues une ou deux fois pendant le
courant de Tete. On doit surtout mettre k bas
tout ce qui sera pousse au-dessous de la tete du
tronc : de meme, lorsque chaque oeil aura jete
sous le joug deux pampres a la fois, quoique ces
pampres montrent une belle apparence de fruits
abondants , il faudra en retrancher un , afin que
l"autre profitedavantage , etqu'il soit plus en etat
de uourrir le fruit qu'on lui aura laisse. A trois
ans et cinq mois , lorsque la vendange sera finie,
II laudra tailler la vigne dc facon a lui laisser
plusieurs 1'ouets , qui la partageront en forme d'e-
toile. Mais le devoir principal du vigneron con-
siste a la ravalerpar latailleenviroa aun piedde
distance au-dessous du joug , afio que toutes les
parties tendres qui viendront a pousser au-des-
sus de sa tete a travers ses bras soient animee» ,
et qu'en se recourbant par-dessus le joug, elles
seprecipitentvers la terre, sans cependant y at-
teindre. II faut neauraoins proportionner lenom-
bre de ces branclies tendres a la force du tronc,
et ne pas cn laisset plus que la vigne n'en peut
nourrir. Communemeut a cet 3ge , lorsquele ter-
raia et le tronc sout bons, la vigne u'en peutsup-
porter que trois, et rarement quatre. Celui qui
les liera aura soin de les distribuerchacuued'un
cote different , parce qu'il ue servirait de rien
que le joug fut woise et divise en etoile, si on n'y
attachait pas les branches a fruit dans la raerae
fornie. 11 est vrai que tous les agriculteurs u'ont
pas adopte cette forme , et que plusieurs se sout
contentes , au contraire , d"arrauger ces branches
d"uuefaeon plus simple. Cependant la vignea plus
de cousistauce pour souteuir le poids de ses sar-
mentset celuide sonfruit, lorsqu'etant attachee
de deux cotes au joug , elle est retcnue par un
contrepoidsegalcomraepardes especes d'ancres :
de plus, lorsqu'elle est soutenue par tous les c6-
tes, elle etend son bois eu plus de bras, et le de-
veloppe plus aisement qu'elle ne le fait lors-
qu'elle a une multitude de branches entassees
saus ordre sous un simple canterius. ISeanraoins
quand la vigne ne s'eteudra pas beaucoupen lar-
geur, ou qu'elle sera peu fertile, et que d'ail-
leurs le climat ne sera point sujet aux orages ni
aux tempetes, elle pourra se conteuter d'un seul
joug. Carpour les pays oii les pluiesserontabou-
dantes et les tempetes impetueuses, et oii la vi-
gne, etant ebranlee par rabondance des eaux ou
comme suspeudue sur des colliues escarpees,
aura besoin de beaucoup de soutiens , il faudra
la fortifier de toutes parts, et lasoutenir, pour
est, feie quinriuennii piaebet usum. Neque enim cst alia
ratio pulationis aut cKteivK culturae , quam qiise piimi
bieunii. Nam et autumnalis ablaqueatio sedulo facienda ,
nec miniis vacantibus palis piopagines applicanda!. Hoc
enim opus nunquam intermittendum est, quin omnibus
instauielur anuis. Neque enim ea, quie seiuntur a nobis,
immorlalia esse possunt. .Attamen a'ternitati eorum sic
consulimus, iil demortuis seminibus alia subslituamus :
nec ad occidionem universum genus perduci palimur
complurium annorum negligentia. Quiii etiam crebrae fos-
siones dand* , quamvis una possit detralii cultura! prioris
anni. Pampinationes quoque saepe adbibeijdcT. Neqiic cnim
satis estsemel aut iterum tota aestate vili delrabere fron-
dem supervacuam. Piaicipue auleni deculienda sunt
omnia, quae infra trunci caput egeiminaveiint. Iteni si
oculi .singuli sub jugo binos pampinos emiserint, quamvis
largos fructus ostendant, detrahendi sunt singuli palmites,
quo lielior, qiiae superest materia, consiirgat , el reliquum
niclius educet fnictum. Post quadragesimmn et alterum
mensem peicepta vindeniia sic instiluenda est putatio,
ut submissis pluribus flagellis vllls in stellani dividatur.
Sed putatoris oflicium est pedali fere spatio citra jugiim
vileni conipescere, ut ecapile, quicquid teneri est, per
biacbia emissum provocetur, et per jugum inllexum prae-
cipitetur ad eain mensuram , quae terram non possit con-
tingere. Sed modus pio viiibus trunci servandus est, ne
pluj-es palmites submitlantur, quam quilius vitis suflicere
queal. Feie aulem picedicla a;tas Iffito solo tiuncoqiie tres
materias, raroquatuor desiderat, qii» per totidom parles
ab alligalore dividi debent. Niliil enim refert jugum in stel-
lam decussari alque diduci, nisi et paliniles adjugentur.
Quam lamen formam non omnes agricolrc probaveruiit :
nam niiilti simplici ordine fiieie conleiiti. Verum stabilior
est vinea et oneri sarmenlorum el fructui fercndo , quae ex
iilraque parte jugo devincta pari libramento velut aiicoris
quibusdam distinetur. Tuni etiam per plura bracliia raa.
terias dilTundil, et lacilius eas explicat undique subnixa,
quam qu:e in simplici canlerio frequeiitibus palmilibus
stipalur. Potest tamen, si vel parum late disposila vinea
vel paruin IVucluosa caelumque nou tuibidum ucc procel-
losiim liabeal, uno jugo conteula esse. Nam ubi miigiia
vis elincuisuse.stpluviarum procellarumque, ubi freqiieii-
tibus aquis vitis labefaclatur, ubi praecipilibusclivis velut-
pendens plurima pra;sidia desiderat; ibi quasi quadrato
DE L'AGRICULTURE, LIV. IV.
aiusi dire , avec un bataiilon earre. Quant aux
terrains chauds etsecs , il faudra y etendre ie joug
de tous c6tes, afm que lespampres, qui viendront
entout sens, se reuuissent ensemble, et qu'en
s'epaississaut en forrae de voute, ils couvrent de
leur ombre la terre qui sera alteree; au lieu que
dans les pays froids et sujets aux gelees , on se
contenterade ranger les pampres sur une seule
ligne , parce que de cette facon la terre se sechera
plus facilement, et que le fruit raurira mieux et
jouiradavantaged'unair salutaire. D'ailleurs les
fossoyeurs auront alors plus de liberte et de com-
modite pour iancer le hoyau, le fruit sera plus
sous les yeux des gardiens, et les veudangeurs
le cueilleront plus cornraoderaent.
XVIII. Quand on voudra disposer ses vigno-
bles en ordre , il faudra faire des carres separes
entre eux pardes sentiers, qu'on remplira chacun
de cent ceps, ou , comme d'autres aimeut mieux
faire, distribuer tout son terrain par semi-ju-
(jera. En distribuant ainsi ses vignobles, outre
Tavantage qu'on leur procure d'etre plus expo-
ses au soleil et au vent, il devient aussi plus fa-
cile au proprietaire d'y fixer ses regards et d'y
porter ses pas, deux cboscs tres-salutaires au
fond. Dailleurs cette distribution le met a por-
tee d'estiraer avec eertitude le norabre de jour-
nees qu'il aura a exiger , parce qu'on ne peut pas
se tromper , lorsque les juijera sont partages en
portions egales. Bien plus, la distribution faite
par carres diminue , pour ainsi dire, la fatigue
dutravail , a proijortion de ce que cespartiessont
plus petites, ct exeite en consequence les travail-
leurs ii depecher leur ouvrage : car l'imraensite
d'un travail urgent decourage comrauncment les
ouvriers. II est encore tres-utile de counaitre les
forces de ses vigues et ie produit de chacune en
particulier, pour pouvoir juger quelles sont cel-
les qui outbesoin de plus ou raoins de culture.
En outre ,ces sentierslivrent non-seulemcnt aux
vendangeursmais encore a ceux qui vont raccora-
modcr les jougs et les appuis de la vigne , un pas-
sage libre et facile, a travers lequel les uns et
lesautrespeuvent porter lcs Iruifsou les echalas.
XIX. Quant a la hauteur dont le joug doit
etre eleve de terre, il suflira de dire quesa plus
petite elevation est de quatre pieds, et sa plus
grande de sept. II faut cependant eviter cette
deruiere dans lesjeunes plants; car on ne doit
pas coramencer par elever d'abord les vignes a
une si grandehauteur, et il ne faut lesy conduire
qu'apres une longue suite d'annees. Au reste ,
plus le sol et le climat sont humides et les vents
doux, plus il faut elever le joug : car pour lors
lafertiiite des vignes permet de les laisser mon-
ter plus haut , et le fruit etant ecarte de terre
est moins sujet a se pourrir; outre que c'est la
seule facon dont il puissejouirdes effets salutai-
res du vent, qui seche en peu de temps les
brouillards et les rosees pestilentielles, et qui
confribue beaucoup tant a faire dcfleurir la vi-
gne qu'a en ameliorer le vin. Les terrains mai-
gres au contraire ou ceux qui vont enpente,
ainsi que ceux qui sont brules par In chaleur, ou
trop exposes a la violence destempetes , deman-
dent des jougs plusbas. Mais sitout setrouve eon-
forrae a nos desirs, nous ferons monter nos vi-
gues aciuq pieds de hauteur, ni plus ni moins;
quoiqu'il n'y a point de doute que plus elles se-
ront montees sur des jougs eleves, plus le vin
qu'elles donneroutsera d'un gout delicat.
XX. Quand la vigoe a et6 ecbalassee et mise
au joug, elle a besoiu dessoins de celui qui doit
la licr. Ce qu'ii aura le plus a coeur, aiusi que je
circumfirmanda est agmine. Caliiiisveroetsiccioribus locis
iuomnem parlem juguni porrigendum est, ut prorepen-
tes undique pampiui jungantur, et condensati cameric
more, ferrani sitieutem obunibrent. Contra pluviis et Iri-
gidis el pruiuosis regionibus siniplices ordiues instiluendi :
nam et sic facilius insolalur liuinus, el fructus percoquitur,
perllatnnique salubriori;m babet : fossores quoque lilierius
el uptius jaclant bideutes , meliusque peispicitur a cuslo-
dibus fructus, etconnnodius legilur a vin<lemiatore.
XVIII. Sed quoquo vinela plaiuerit ordiuare, cenfena;
.stirpes pi-r singulos liorlos seiiiilis distingiianlnr : vef , nt
<piibusilaiii pl,i<-.i't, iii sciiiijugiMa oiunis nioilus diriiiiatur.
QiKC ilisliiiclio |Ma'ii'r illiid Loiiiinodum, quod plus solis
et venti vilibii-, pinli''!, lum etiam oculos el vi'>tigia do-
inini, res a^ni ^:dulirniiiias, lacilius admillit, iiMlaiiiipii!
JEStimatioiieiii iii i'\ii;iMidis operibus pricbet. Neque eiiiin
lalli possiimus per paria intervatlajugiiribusdivlsis. Qiiiii-
etiain ipsa bortnforuin descriplio <pianto est miuoribus
nioduiis concisa , fatigiitioneni velntl minuit, c\stimulat-
que eos qiii opera nioliuntur, et ad reslinandiim invitat.
Nam fere vastitas instautis laborls aiiimos debililat. !Non
niliif etiam prodest vires et provcutum cujusiiue partis vi-
ni^arum nosse, ut «stimemus, qua^ niagis aut niinus co-
fenda sint. Vindemiiitoribns quoque liije semitin el jugum
pedamentaque sarcientibus opportunam laxitatem prae-
bent, per quam vel fructus vel slatumina portentiir.
XI.K. De positione jugi, quateuus a terra levandum sit,
fioc dixisse abiinde est : bumillimam esse quatuor peduin ,
celsissiinam septein. Qui» tamen in uovellis seminibus vi-
landa est. Neque eiiiin biuc jirima constifutio vinearum
csse itebet, seil per anuorum longam seiicin ad fianc afti-
tndincin vilis perducenda est. Cicterum quanto liumidiiis
est soliiin ct castuin , placidioresque ventl , lanto est allius
atlollenduin jiigiim. Nam lietilia vitiuin patitur cefsius
evocari , fnictusqiie submotus a terra ininus putrescit : et
fioc niio modo pcrlfiitur veiitis, qiii iii'biilam et roreni
]icstirerum celeritcr iidsiccant , iiiiiltiniiipii' ;id delloresccu-
dum ct ad bonitatem vini coiilVruiil. KiirMis exilis terra
ct acclivis torrensque iestu, vd i]im' veluMiieiililius pro-
cellis ubuoxia est, liumifius jiigiiiii poscil. .\t si ciiucta
competunt voto, jusla est altitiido viiii',i' ]ii'dniii qiiinijue :
nec tiiiiirii diibiuin, qiiiii viles tiinlii iiirhoris siiporis (irav
beant iiiiisliiiii , iiiiiiiito iii eililiora jiiga iiiiisiir^iiiil.
XX. fcdatani >iiicani jugalamquc scquilur alligatoris
COLUMELLE.
Tai dit ci-dessus , esl de conserver la tige dans
une direction droite, et de ne pas se regler sur
les tortuosites de l"echaias, de peur qiie sa
mauvaise tournure ne fasse contracter a !a vigne
les memcs dcfauts. Ce point est non-seulement
interessant pour donner un bel aspect k ia vigne,
mais encore pour iui procurerde la fecondite, de
la force et de la durec. Car quand le tronc cst
droit, il portesa moelledans la meme direction;
moyennant quoi le suc de la terre, qui Uu doit
servir de nourriture, passe plus facilement a
travers cette moelle, et parvient au liaut de la
plante, eu suivant, pour ainsi dire, un cherain
qui ne se trouve barre par aucuu detour ni par
aucun obstacle ; au lieu que les vignes , qui sont
courbees et torses, ne sont pas egalemeut abreu-
v6es de ce suc dans toutes leurs parties, tant
a cause des obstacles qiie les ncEuds apportent a
son passage , qu'a cause de leur tortuosite, qui
retarde la iiltration des eaux de la terre , en leur
opposant, pour ainsi dire, des mauvais pas.
Cest pourquoi, lorsque la vigne cst montce en
ligne droite jusqu'au haut du pieu, on Vy atta-
che avec un lien, de peur que le poids de scs
fruits ne Taffaisse et ne la courbe. Ensuite , a
partir de rendroit qui a ete lie le plus pres du
joug, on arrange ses bras de cote et d'autre,
ct on recourbe en tcrre a Taide d'un autre lien
les branches a fruit, apres les avoir fait passer
sur le joug. Moyennant cela , il arrive quc d'un
cote ce qui pend du joug se charge de fruit, et
que d'un autic cole la courbure occasionne de
nouvelles pousses aux environs du lien qui la
retient au joug. II y en a qui etendent au-dessus
du joug les paities que nous precipitons pnr
en bas, et qui les y retienuent en les liant a
diversesreprises; mais je ne crois pas leur mi-
thode bonne. Eu effet, lorsque les branches a
fruit sont peudantes, les pluics, lcs brouillards
et les greles ne leur nuisent pas autant qu'elles
leur nuisent, lorsqu'etant liecs ensemble elles
serablent se presenter en face aux raauvais
temps. Cependant ces memes branches a fruits,
que ron aura laisse perdre, doivent etre liees
avant que le fruit miirisse , e; quand les grappes
coramenceront a tourner et qu'clles seront encore
en verjus, aiin que les pluies puissent moins les
pourrir, et que les vents et les betes ne les de-
vastent pas. II faut, le long des chemins et des
sentiers, tourner les branches a fruit en dedans
du plan, pour que les passants n'y cau.sent au-
cun dommage. Voila la maniere de conduire au
joug la vigne , quand il est tcmps de Ty meltre.
Car si elle est faible ou courte, il faut la couper
a lahanteurde deux bourgeons, aiin qu'ellejette
un bois plus fort, et qui puissemontertout d'un
trait au joug.
XXI. Quand la vigne a cinq ans, on ne la
taille pas autrement que pour lui continuer la
forme que nous avons designee ci-dessus, et
pour rempecher de s'etendre par en haut, en
faisant en sorte que sa tete reste toujours a cn-
viron un picd au-dessous du joug, et qu'elle se
distribue en quatre parties , c'est-a-dirc , en au-
tantde partiesqu'ellea de brasou dediiramenla,
suivant Texpression de quelques personnes. II
suffira de laisser a chacun de ces bras une bran-
che a fruit, Jusqu'a ce que les vignes aient toute
leur force. Mais lorsque, quelques annees apres,
ellcs seront parvenues, pour ainsi dire,a la vi-
gueur de la Jeuncsse, le nombre des branches
ii fruit qu'on leur laissera ue sera plus fixe. Eu
effct, la fcrtilitedu terrain en exigcra davantage,
et sa maigreur en comportera moins; d'autant
que si ou ne rt^prirae pas une vigne trop abon-
dante eu fruit, elle quitte mal sa fleur, et ne
cura, cuiaiUiquissinnimosse (ieliet, ut supradixi, rectain
conscrvare slirpem , ijcc llcxiira liciica; persequi , ne pra-
vitas statuminuni ad siiiiilitiuliiicm sui vitem configuret.
Id non solum ad specimn iiluiiinnm lefert, sed ad uberla-
tem et firmilalem , perpeliiilalemtpie. Nam rectus triiiicus
similem sui nieduliaui gerit, per quam velut quodam iti-
nere siiie. llexu atque impediuiento facilius terra' nialris
alimenta meant, et ad summum perveuiunt. At qu»!
curvoe sunt et distoilaj, non ffiqnaliter alliduiitur iiilii-
lientibus tiodis, et ipso llexu cursiim lerreni Immoris ve-
luti salebris retardante. Quaie cuin ad summuin paltim
rccta vilis extenta est, tapistro constringitur, ne failu
gravata subsidat curveturque. Tum ex. eo lot« qiiod
proximum jugo ligatum est, biacliia disponunt«r iii di-
versas parles , palmajque siiperpositiE deorsum versus
curvanlur vinculo. llaque id quod jugo deiiendet, fruclii
impletur : rursusque turvatuia ju.\ta vinculum materiam
exprimil. Qiiidam cain partem, qnam iios p>-secipitamus ,
supra jugum porrigunt, et crebris viimnibiis inncxis coii-
liuent; quos ego miiiime probandos puto. Nam dependenti-
bus |Kilmilibu,s neque pluviae neque pruiua; grandinesve
lanlum norenl, quanlum religatis, etquasitempestalibus
opposilis. lidem tamen palniites piius qiiam friictiis mitcs-
cant, variar.libus adhuc et acerbis uvis, religari debent,
quo minus roribus queant pulre.scere, aut ventis ferisve
vastentur. Juxta decumanum ntque somit.is paimilcs in-
trinsetiis flcctendi sunt, ne proilereiinliiiiii iiiciirsii lifdan-
tiir. Et liac quidem ratione tempestiva \ilis perdiiciliir ad
juguin. iNam quae vel iiifirma vel brevis est, ad diias gem-
mas recidenda est , quo veliemeutiorcm lundat materiam ,
qua; proliniis eraicet in jugiim.
XXI. Qiiinqueniiis vineai non alia est piilatio , qiiani iil
figuretur, qiiemadmodum institui dicere supra neve siiper-
vagetiir; sed utcaput trunci pedali fere spatio sit inferius
jugo, quaternisqiie bracliiis, quaj duramenta quidam vo-
cant, dividalur in totidem partes. Hoec bracliia sat erit
interiin singulis palmitibus in friictiim submitti, donec
vineae justi sint roboiis. Ciim aliqiiot deinde annis, quasi
juvenilem ajlatem ceperint, quot palinites relinqui de
beant, incerlum est. ISain loci lajtitia plurcs , exilitas pau-
ciores desiderat. Siqtiidem liixnriosa vitis nisi fructu com.
pescitur, male deflorescit, et In materiam frondemque
DE L'AGRICULTTJRF., LIV. IV.
doniie que du bois ct des fcuilles ; comme , d'un
autre cflte, quand elle est faible, elle souffre,
pour pcu quViie en soit trop chargee. Cest poiir-
quoi,dans un terrain gras, on pourra laisser
deux fouets a chaque bras, sans cependant
clianger le cep au point d"avoir plus de huit
l)i-anehes a fruit a nourrir, a nioins que la ferti-
litedu terrain n"encxii;e absolument davantage.
!>l'fectivement, un cep qui a plus de branehes
ijue nous ne veiions de dire a plutot Tair d'une
vii;ne en treillc qu'en vit;noble. On ne doit pas
iion plus souffiir que les bras d'une vigne devien-
nent pius gros que son tronc : mais toutes les
fois que l'on pourra laisser croitre des fouets sur
leurs cotes , il faudra les couper eux-memes par
eu haut, alin c[u'ils ne moutent pas au dela du
joug ; de facon que la \ igne soit toujours renou-
velee par de Jeunes branches, que l'on niettra
au joug lorsqu'elles serontdevenues assez longues
pour y atleindre. Mais s'il s'eu trouve quelques-
unes de rompues,ou qui ne soient pas assez
longues, pourpeu qu'elles soient dans une partie
qui puisse servir a renouveler la vigne Tannee
suivante, il faudra les tailler en courson d'un
pouce, que les uns appellent custos, les autres
rescx, et d'[mircs pncsidinrius. Cecourson n"est
autre chose qu'un sarment de deux ou trois bou-
tons , que Ton conserve a dessein de renouvcler
la vigue par sou moyen, parceque, des qu'il a
produit des branches a fruit, on coupe tout Tex-
cedent de raneien bras, qui est au-dessus de
rojil dont ces branches sont sorties. Cette me-
thode, par laquelle les vignes auront ete miscs en
bonetat, sera celle qu'il faudra toujours suivre
par la suite.
X.XII. Mais si nous avons acquis des vignes
qui aient ete conduites d'uneautre facou, et que,
pouravoiretenegligeespendantplusieursannees,
elles soient montees au dela du joug, il faudra
examiner de quelle longucur sont les bras qui
excedent la mesure que nous venons defixer;
car s'ils n'ont que deux pieds ou un peu plus ,
on pourra encore remettre toute la vigne au joug,
pourvu que son picu soit app!ique au tronc
memc. En effet, il suffira pour lors d'ecarter le
pieu du tronc, et de renfonccr en f erre sur la ligne
ou est la vigne, vis-a-vis le vide que forment
deux de ses bras entre eux ; apres quoi on pcn-
chera la vigne pour la conduire a cet appui, et
raoyennant cela elle se trouvera jT la portce du
joug. Mais si ses bras sont beaucoup plus allon-
ges, ou qu'ils soient dans le cas d'atteindre
jusqu'a un quatrienie ou meme jusqu'a un cin-
quieme echalns, oii pourra a la veritc les reta-
blir, mais a plus graiids frais, en eourbant en
tcrre des sautelles; ct a Taide de ccs sautelles,
dont nous approuvons fort Tusage, !a vigne se
propagera trcs-piomptement. Cependant si elle
est vieille, et que la superlicie de son tronc soit
rongee, cette operation deraandcra une grande
attention; au lieu qu'il cn faudramoins, sielle
cst dans toute sa vigueur et son integrite. En
effet, il suffira pour lors, apres Tavoir dechaus-
see, de la fumer largement en hiver, et de la
tailler de court ; aprcs quoi on ['ouvrira avec la
pointe dun instrument de fer, dans !a partiela
plus verte de son ecorce , entre trois ct quatre
picas de terre; ensuite on donnera de frcquen-
tcs fouilles ad terraiii, afin qu'elle puisse s'ani-
mer et jeter tles pampres, surtout de rendroit
ou on Taura ouverte : coramunement il sort un
germe de cette cicatrice , et si le produit en de-
vient tres-long, on le laisse croitre comme un
fouet; au lieu que s'il est moius long, on le taille
clTiinilitiir ; infirnia niisus, cum onerala ost, afnisitni'.
Jtaqne pingui teiia singulis biacliiis litebit bina injiingeie
ilagella, nec tamennuiiierosiusonerare, quam iil uila vitis
oclo serviat palniitibns; nisi sl ailmoduin nimia ubertas
plureis postulabit. Illa cniiii pergula! magis, quain vine.T
figuratn oblinet ; qune supia hunc mndum materils disteii-
ditur. Secdebemus commiltere, iit brachia pleniora tiunco
sint : vcrum assidiie, cum modo e lateriliiis corum llagella
licueiit submilteie , nmpiilanda erunt superioia duia-
menta, iie jugum excedant : sed iiovellis palinis scmper
vilis renovetur. Qua; si salis e\cievcrint , jiigo superpo-
nantiir : sin aliqua eariim vel pra^fracta, vel pariim proiera
liieril, locumque idonimm obliiiebit, unde vitis anno se-
qiienti renovari debeat, in pollicem tondeafiir, quem qui-
dam custodem, alii resecem, nonnulli pra>sidiarium ap-
pcllant, id est, sarmenlum gemmaruniduarum vel frium,
ex quo cuin processere friigifenc maleri;p. , qniccpiid esl
supra vefiisti brai hii ampulatiir, et ita cx novello palinile
vilis pullulascil. Alqiie Ii.tc ratio bene inslitiitanim viiiea-
ruin in perpcluuni custodicnda erit.
XXII. Si veio aliter foimalas acceperimus vincas, et
inuitorutn annoruin negligenlia snpcrvciierint jiiguin , con-
sideniuduin eiit, ciijiis longilndinis sinl duramina, qiin;
cxcedunt pr,i'diolam mensuram. Nam si duorum pedum
aul paulo ampliiis fiierint, poterit adbuc univeisa vinea
suhjiigum mitli, si lamen pahis trniico est apidicitus. Is
cuim a vile submovetur, et in mcdio spalio duorum or-
diniim ad liiieam pangitur : li,insversa deiiide vilis ad
.stalumen piMduciliir, atque ila jugo subjicitur. At si du-
lameuta ejiis longiiis excesserint, iit in quartum aut eliam
In quinlum slatumon prorepserint , inajore siinqitu lesti-
tuetur. Mergis namque, qui nobis niaxime placent, pro-
pagata cclerrime proviMiit. lloc tamcii si vclus et exi^sa
e.st siiperlicies trnnci; at si iobusl;i et iiitcgia, minoreifi
opciam desiderat. Quippe hiberno tcnipore ablaqiicata
fimo .saliatur, angiisleque diqiutaliir, et inter quartum ac
lerliiim pcdem a ferraviridissima parte cort cis ,acufomu-
crone feriamenli vnliieratur. Frcquentibus deiiide fo.ssiiris
leira permiscetur, ut incilari vilis possit , el ab ea niaxime
parte, qiiae vulnerala esl, pampiiiiim fundere. Plerumquc
aiitem gcrmen de ciiafrice procedit, qiiod sive longius
prosihieiit , in nagelliim subniitlilin ■. sive brevius, in pol-
licem : sive admodum cxigunm , in furnncnlnm : i.S cx
iiuolibct vcl iiiiiiimo capillamcnfo licri polesf. Nam iibi
COLUMELLE.
en courson, et s'il est absoUimcnt court, on le
taille en forme de verrue ; car le moindre petit
filanient peut etre taille de cette derniere faeon.
Or, des qu'un pampre est sorti du bois dur avec
une ou deux feuilles, pourvu que ce pampre
vienne amaturite, sans avoir ele ni coupe ni
epluche, 11 donncra, le printemps suivaut, un bois
considerable; et lorsque ce bois sera consolide,
et qu'il aura forme une espece de_bras, on pourra
des lors couper la partie du bras qui montait
au-dessus du joug , et par consequent laisser le
reste au joug. Plusieurs personnes , pour avoir
plus tot fait, coupent les vignes qui sont dans ce
cas a plus de quatre pieds de terre, sans rien re-
douter de cette amputation , parce qu'ordinaJre-
inent la piupart des ceps se pretent naturelle-
ment a jeter de nouvelles pousses aupres de la
cicatrice. Mais nous n'approuvous pas cette me-
thode, parce que communement une tropgrande
plaie, quand elle n'est pas surmontee d'unepar-
tiedebois bienporlante, avec laquelle elle puisse
se consolider, est bientot dessechee par Tardeur
du soleil , ou pourrie par les pluies et les rosees
qui succedent a ce premier accident.Cependant,
lorsqu'on sera force de couper absolument un
cep, il faudra d'abord le dechausser, puis le
couper un peu au-dessous de la superficie du sol ,
afin que la terre dont on le reeouvrira puisse le
mettre a Tabri dc Tardeur du soleil , sans cepen-
dant empecher le passage des nouvelles branches
qui sortiront de ses racines , afin qu'elles puis-
sent se marier a leurs echalas , ou couvrir de
leurs provins les eehalas du voisinage qui ne se-
ront point garnis. Cette espcce d'operation ne
pourra neanmoins se faire quc lorsque les vi-
gnes seront plantces assez profondement pour
que leurs racines ne vaciilent pns sur la superQ-
cie du sol , et qu'elk's serontd'une bonne espece.
Autrement ce serail peine perdue : parce que
si ce sont des vignes degenerees, on aura beau
les renouveler, elles conserveront toujours ce
premier vice, et que si eiies tiennent a peine
sur la superficie de la terre, elles periront avant
que d'avoir pris une certaine force. Ainsi, dans
lepremier cas, on fera raieux de les greffer avec
des entes fructueuses; et dans le second, il
faudra les extirper entierement et en replanter
de nouvelles, pourvn cependant qu'on y soit de-
termine par la bonle du sol. Car si c'est par le
vice du sol qu'elles sont devenues steriles avant
meme que d'etre vieillies , nous ne croyons pas
qu'on doive les retablir en aucune facoa. Or les
vices de terrain qui fiuissent presque toujours
par detruire les viguobles sont la maigreur et la
sterilite, un gout sale ou amer inherent a la
terre, rhumidite, une position trop inclinee et
escarpee, une terre trop ombragee et privee des
rayons du soleil , des vallees sablonneuses, de
meme qu'un tuf sablonneux , un sable plus niai-
gre qu'il ne faut , et dans lequel il u'y a pas
plus de terre que dans du gravier pur, et toute
autre circonstance pareille, qui met la terre
bors d'etat de fournir a la vigne sa nourriture.
Au reste, lorsqu'un terrain n'a aucun de ces
desavantages ni d'autres semblables, on peut en
faire un vignoble qui rapportera toutes les an-
nees sans se reposer, en se conformant a la
methode que nous avons donnee dans le pre-
mier livre. Mais pour les vignobles d'uue espece
mauvaise, et qui, tout robustes qu'ils sont, ne
rapportent pas de fruit a cause de leur sterilite,
on les corrigera, comme nous avons dit, par le
moyen de la greffe, dont nous traiterons eu son
lieu , lorsque nous eu serons veuus a cette raa-
tiere.
XXin. Commeil sembleque nous avons peu
iiniusaut alteriiis folii panipiuus prorepsit e duro , iluin-
iiiodo ad maturitatem perveniat, sequente vere, si non
adnodatus neque adiasus est , veliementem fundit iiiale..
riam : quK cum convaluit el quasi bracliium fecit, licet
tunc supervagalam pailem duramenti recidere , et ita re-
liquam jugo subjicere. Multi sequentes compendiuni tem-
poiis, lales vineas supra quartum pedem delruncant, niliil
reforniidantes ejusniodi lesectionem : quoniam fere plu-
rimarum stirpium natnra sic se comiiKidat, nt juxla ci-
catricem novellis frondibus lepullescant. Sed lia^c qiiidem
ratio minime nobis placet. Siquidem vastior jilaga nisi
liabeat siiperposilain valentem maleiiam, qua possit ino-
lescere, solis lialitu lonetur : mox deinde loribus ct im-
bribus putrescil. Attamen cum esl utique vinea recidenda,
prius ablaqueaie, deinde pauluiii inlVa teiram convenit
ampulare, ut siiiieijcda liimiiis vim .solis aiceat, et e ra-
dicibus novellos proiiiiiipeiitcs caules liansmittal, qui
possint vel sua maritaic sl.ilumina , vet si qua sunl vidua
in propinquo, piopa};inibus vestiie. H.fc aulem ila lieri
debebuiit, si vinea; altius positae nec in siimmo labanles
radices habebunt, et si boiii generis eruiit. Namque alilBr
incassum dependitur opeia. Quoniam degeneies etiam re-
novalM prislinum servabiint ingenium ; at qua? summa
paite lerra; vix adlia;iebunt, et deficient ante quani con-
valescant. .Mtera ergo vinea fryctuosis potlus surculis in-
serenda erit, altera funditus extirpanda et reserenda , si
modosoli bonilas suadebil. Cujus cum vitio consenuit,
nullo niodo restiluendamceusemns. Loci porrovilia sunt,
qua; fere ad internicioiiem vineta perducunt, niacics et
sterilitas lerra.', salsa vel amara uligo, pra>ceps et prae-
riipta posilio-, nimium opaca et soli aveisa vallis , are-
nnsus etiam tofus , vel pliis justojejunus sabulo, nec mi-
nus lerreno careiis ac iiuda glarea, et siqiia est propiie-
tas similis, qua; vilem non alit. Ca-lerum si vacat liis ct
horum siinilibus incomniodis; potest ca ralione fieri
lestibilis viiiea, quam piiorc libro pia-c^pinuis. Jlla rur-
siis mali generis vineta , quae quamvis lobusla sint, pro-
pter sterilitatem fructu carent, nt diximus, emendantur
insitione facta, de qua siio loco disseremus, cum ad eain
dispuUiliniiem pervenerinius.
XXIII. rsunc qiioniani paium videmur de putalione vi-
nearum loculi , inaxime uecessariam partem propositi ope-
DE UAGRICULTURE, LIV. IV.
parle de la taille, nous nlloiis a present traiter
avec plus de soia eette facon , qui est la plus
essentielle de toutes celles que nous proposons
de donner aux vignes. II faut donc, lorsque la
temperature douce etmoderee de la eontree ou
nous cultiverons le permettra, commencer la
taille apres la vendange, vers les ides d'octo-
bre, pourvu ccpendantque lcs pluies d'automne
soient prealablcment lonibees, et que les sarments
aient acquis la force qu'ils doivent avoir : car la
seiheresse oblij;e de la remettre a uu tenips plus
rloigne. Maissiunetcmperature froide etsujette
aux gelees blanches nienacait d'un liiver rude,
nous remettrions cette operation aux ides de
fevrier. On pourrait aussi user du memedelai,
dans le eas ou Ton n'aurait que des possessions
de vigncs peu etendues : car lorsque retendue de
nos possessions nous empechera de choisir notre
teraps, il faudra tailler les parties de nos vigno-
bles les plus vigoureu.ses pendant les froids, les
plus maigres au printempsou peudant rautomne,
celles (|ui seront sous le midi, en hiver et meme
pendant le solsticc ; et celles qui seront exposees
a raquilon, au printemps et pcndant rautomiic.
II est incontcstnble quc telle est la nalure de cet
arbrisseau, que plus on le tnille de boune heure,
plus il donne de bois , de meme que plus on le
laille tard, plus il doime de fruit.
X.XIV^ Au surplus, en tel temps quc le vigne-
ron taille lavigne, il a trois choses principales
.•lobserver : lapremicre estd'avoir le plus qu'il
pourra les Iruits en vue ; la seconde, de prendre ses
precautions des le moment de la taillc, pour rcser-
vcr pour ranuee suivante le bois qui promettra
le plus; eufin d'assurera ia vigne la plus longue
duree;car la negligence surun seul decespoints,
quel qu'il soit, est capable de porter un grand pre-
judice au proprietaire. Comme une vigne est dr-
visee enquatre parties,ellecst aussitournee vcrs
quatre aspccts duciel differents; etcomme cha-
cun de ces aspects a ses proprietes differentes ,
ils demandent aussi des variefes dans Tarran-
gement des vignes, a raison de la difference de
leur exposition. Cest pourquoi les bras exposes
au septentrion sont ccux qui doivent souffrir le
moins de taillo, surtout si on 1p,s taille lors-
qu'ils sont deja menaces du froid , qui ne man-
querait pas debruler lcs cicatricesde roperation.
On ne leur laissera donc qu'un sarmcnt le plus
presdu jougque fairesepourra,avec un courson
au-dessous, qui servira a renouveler la vigne Tan-
nee suivantc. Au midi, au contraire , ou laissera
un plus grand nombre debranches a fruit, qui
serviront d'ombrage a la merc , lorsqu'elle sera
tourmentce par ies chalcuis de Tete, et qui era-
pecheront que le fruit ne sc desseche avant sa
maturite. Pourle levant ct le couchant, ils ad-
mctteut tousdeux trespeu dcdifferencedans la
taille, parce qne la vigne ne voit pas le soleil
pcndant moins d'heures sous Tune de ces posi-
tions que sous rautre. II faudra donc laisscr du
bois :\ proportion de la bontc du terrain et de
cclledu cep. Voila les principes gcneraux de ia
taille;en voici de particuliers auxqucls il faudra
se conformer dans le detail. Car, pour commenccr
par le basde la vignccomme par sesfondements,
pour m'exprimer ainsi, il faut toujours ecarter
nvec la doloire la terre dont son pied est envi-
roniK'; et s"il setrouvedeces rejetons qui tiennent
a scs lacincs, nommes par les paj^sans siiffrago,
il faut les arraeher avec soin, et unir la plaie
nvcc le fer, pourempecher que les eaux de Thi-
vcr n'y scjournent. En general il vaut toujours
micux arracher les rejetons qui poussent d'un
ris dilJKiMitiiis prrsei(iiemiir. Pl.iect eigo, si mitis ac [em-
perala peimillil in ea re^imie, qiiain colimus, Cfeli cle-
iiienlia, tacla vindemia seciiiuliim iiUis Oclobiis auspicaii
piitationein r ciini tamen .equinnctiales pliivia; pra'cesse-
rint, et sarnienta juslam inatmitalem ceperint. Nam sic-
citas seriorem piitalionem facit. Sin autein caeli staliis
frigldus et pruinosus liiemis violentiam (leniintiat, in idiis
Febr. liancciiram differemus. Atipie id licebit facere, si
eril exisuiis pnssessionis modus. Nam ubi rnris vastilas
eleclionem nohis tempoiis nef;at, valeutissimani quamipie
partem vineli frij;oribus , m.icerrimam veie , vel antumno ,
ciiiiii iliain per hrnmam ineridiano axi opposilas viles,
aqiiiloiii per ver et antumnnm depulari cnnveniet. Nec
diibiiim , cpiin sit lioruin virgultorum natura lalis, ut
quaiito matiiriiis detonsa sint , plus materia!, quanlo se-
rius , pliis Iruclus afferant.
X.MV. Qiiandoque isitiir vinitor lioc opus obibit, tria
pr.Tcipiie cusloclial. Primiiin ut cpiain maxime friictui cnn-
siilat. Deiiicle iit in aniiiim seqiieiitem quam la lis.sinias
j.ain liinc. elisat materias ; tiim eliaiii, iil qiiam lougissi-
niani perennilatem stirpi acquiiat. .Nam qiiiccpiid cv liis
omilliiur, magnum alYert domino dispendiiini. Vilis au
tem cum sit pcr qu.atiinr divisa parfeis, tolidem c.tII le-
giones aspicit. Quae declinaliones cum coiilrarias iiiler.se
qualilales babe,ant, variani quoqueiwstulant ordinationem
pro conditione sUcB iwsitionis in parlibus vitiiim. Igitiir
ea bracliia, qii.T, septenlrionibiis nbjeclasiinf, paucissi-
mas plagas accipeie debent, et masis si [iiitabiinlur in
grnentibus fjam] frigoribiis , quiliiis cicatric es iniiruntur.
Ilaiiiie nna tanliimmodo maferia .jiigo pio\ima, et unus
infra eam ciistos erit siibmiltcndus, qui vitein niox in
;iiinum lenovet. A't e conlrario per meridieni pliires pal-
miles submittantui', qni laborantem matrein fervoribiis
.estivis opacent, nec patiantiir ante matmitatem fnictiim
inarescere. Orienlis alqiie occidentis haiid sane inagna
est in |iulalinne diffeienli.i, ipioniam solem pari borariin.
niimeio sub iitrnque a\e vitis .•iccipit. Modus itaqiie ma-
teriarum is erit, qiiem diclaliit liiiini atqiie ipsius stirpis
la-tilia. Ilirc in iiniversum; illa per parteis custodienda
sunt. Nam iit ah ima vite qiiasi aquibiisdam fundamenfis
inclpiam, semper circa criis dolabella dimovenda tena
esf. Kt si solwles, quam nistici siiflraginem vocant, radi-
cibus adhaerct, diligeiiter explaiifanda fciToque allcvanda
csf, nt liibernas aquas rcspnat. >am pr.rstat ex viilnere
COLUMELLE.
endroit quia etetaille, quede laisser uiie cica-
trice pleine de ncrudset rude ; parce que , dans ie
premier cas, la plaie ue tarde pas a se cicatriser,
au lieu que , dans le second cns , elle se cave et se
pourrit. Apres avoir ainsi soigne le pied de la vi-
gne, il faut exaniiner ses cuisses etson troiic,
pour n'y laisser ni pampres sortis du bois dur, ni
turaeur semblable a une verrue , a moins que la
vignene soit montee plus haut que lejoup;, et
qu'elle ne demande a etre ravalee. JMais s'il ai-
rive qu'une partie du tronc qui aura ete coupe
Boit desseehee par Tardeur du soleil , ou que la
vigne ait ete creusee soit par les eaux , soit par
les aniraaux nuisibles qui se seront insiuues dans
sa moelle, il faudra se servir de ladoloire pour
la delivrer de tout le bois mort, et ensuite la ra-
tisser avec la serpe jusquau vif, afm qu'elle jse
cicatrise dans une partie vertc. II ne sera pas
difflcile d'enduire ees plaies, aussitot qu'elles
seront unies, avec de la terre detrempee preala-
blement dans de la lied'huile, parce que cette
espece d'enduit ccarte de la vigne les vers et les
fourmis, et la preserve dusoleil et de la pluie;
ce qui fait qu'elle reprend plus tot, et qu'elle con-
serve son tronc toujours vert. II fautencore eplu-
cher le corps de la vigne en arrachant recorcc
seche et gerseequi peudra du haut dutronc, parce
que la vigne delivree de ces especes d'imraondi-
ces ne s'en porte que mieux , etque levin qu'elle
donne est moins sujet a la lie. II faut aussi eear-
ter et ratisser avec le fer la mousse qui tieut le
pied de la vigne resserre comme entre dcs entra-
ves, etqui la maigrit par sa salete, et par la le-
thargiedansiaquelleelle laplonge. Voila cequ'il
y a a faire dans le bas de la vigne. Je vais pres-
crire egalement ce qu'il faut lui faire au corps.
Les plaies que ron fait a la vigne dans le dur de
son boisdoiventctre obliqucset bien unies,. parce
qu'etant faites de cette maniere , elles se gueris-
sentpluspromptement,etlaissentplus facilement
ecouler reaujusqu'a cequ'eIlessoientcieatrisees;
au lieu que les plaies qui sont faites horizonta-
lement recoivent plus d'cau sur lcur surface,et
la gardent plus longtemps. Cest donc une faute
que le vigneron doit surtout eviter. II faut cou-
per les sarments gourmands, ainsi que les vieux;
ceuxqui sont nes dans ime mauvaise place, lcs
tortus et ceux qui sont tournes vers la terre ;
et laisser ies jeunes et ceux qui promettent du
fruit, pourvu qu'ilssoient droits. II faut couper
avec la serpe ceux qui sont secs et vieux , ainsi
que les ergots des eoursons de ratinee, etcon-
server les bras tendres et verts. Quand la vigue
sera montee a environ quatre pieds de liauteur,
il faudra lui former quatre bras, dont chacun
sera tourne vis-a-vis les quatre pointes de re-
toile formee par le joug. Mais il faudra prendre
garde de laisserdeux sarments ou davantagesur
la meme ligne et du meme cote d'un bras, parce
que la vigne souffre beaucoup quand toutes les
parties de ses bras ne travaillent pas egalement,
et qu'au lieu de distribuer de la nourriture a ses
enfants par portion egale, ellen'cstteteeque d'un
seul cote ; parce qu'il arrive de la que celui de ses
vaisseaux dont tout le suc est epuise seche com-
me s'il ctait frappe de la foudre. On appelle /o-
caneiis la branche a fruit qui sort commuue-
mententre deux fourchons : les paysans lui ont
donne ce nom , parce que , naissant entre deux
des hras daus lesquels la vigne se partage, elle
tieut ce passageassiege, etintercepte lanourri-
ture de ees deux bras. On a donc bien soin de la
sobolem repullescentem vellere , quam iiodosam etscabram
plagam leliiiquere. Hoc enim modo celeriter cicaliicem
ducit , illo cavalur atque puliescit. Percuratis deindc quasi
pedibus crura ipsa truncique eircumspiciendi sunt, ne
aul pampinarins palmes internatus aut veruca; siuiilis fu-
runculus relinqii.ihir : iii.i si jiigo superjecla vilis deside-
rabil abinleridic Mailr irvncari. Si vero Irunci pars secla
solis arnalii peniniii , .iut ai]uis noxiisve animalibus , quae
per niedullas irrepuut, cavata vitis est, dolabella con-
veuiel expurgare quicquid emorluum esl ; deinde falce
eradi vivo tenus, ut a viridi cortice ducat cicatricem. iVeque
cst difiicile mox allevalas plagas terra , quam prius amurca
madeleceris , linere. iXam et teredinem (brniicamqiie pro-
bibet , solem etiam ct pluviam arcel ejusmodi litura,
propter qu£c celerius coalescit , el frucluin viridem con.
serval. Corlex quoque aridus fissusque per summa Irunci
dependens, corpore tenus delibrandus est. Quod el raelius
vitis quasi sordibus liberata convalescit, et miniis vino
faecis affert. Jam vero muscus , qui more coinpedis crura
vilium devincla comprimit, siluque et veterno macerat,
feno destringendus et eradendus est. Atque baec iu ima
parle vitis. Nec minus ea , quiE in capite servanda sint ,
deinccps pra;cipiantur. Plagae, quas iu duro vitis accipil,
obliqua; rntundirque fieri debenl. Nam ciliiis coalescunt,
et quamdiu cicali icem non obduxerunt, commodius aquam
fundunt : transversa! plus bumoris et recipiunl et conti-
nent. Eain culpam maxime, vinitor, fugito. Sarmenta lata,
vetcra, male nala, contorla, deoisum spectanlia recidito;
novella et fructuaria [recta] submillito. Bracliia lenera
et viridia servato; arida et vetera falce ampulato. Un-
gues custodum annotinos resecato. In quatuor ferme pe-
des siipra teriani vilem elatam totidcm bracliiis coinpo-
nito, quorum singiila speclent decussati jugi partes. Tum
siugulis vcl unum llagellum, si macrior vitis erit; vel
duo, si pinguior, bracbio cuique submillilo, eaque jugo
superposita praecipitato. Sed meminisse oportebil , ne in
eadem linea uuoqiie latere bracbii esseduas malerias plii-
resve patiamur. jNamque id maxime vitem infestat, ubi
non omnis pars bracbii pari vice laborat, neqiie aequa
portione succiim proli sua; dispensat : sed ab uno lalere
exsugitur. Quo lit ut ea vena, cujus omnis bumor absu-
niilur, velut icta fulgure arescat. Vocatur etiam focaneus
palmes, qui solet in bifurco medius prorepere, et idcirco
eum prajdicto vucabulo rnstici appellant, quod inler diio
bracbia , qua se dividil vitis, enatus veliit fances obsi-
det,atque utriusqueduiamenlitrahensaliinentapra-ripil.
DE L'AGRICULTURE, LIV. IV.
retranelier aussi , et de l'anacher comme une
espeee de rivnle , avant qu"eile se soit ibrtifiee. Si
cependant elle a deja assezpris deforce pour que
l'un des deux braseu aitsouffert, on retranclie
le plus faible des deux, et on la lui substitue;
car Tuu des bras etant aiusi coupe , la mere
n'aura pas plus de peine a enlretenir les deux
autres parties qui resteront. Ainsi il faut mettre
a uu pied de distance au-dessous du joug la tete
dc la vigne,douts'ecarteront,ainsi queje Tai dit,
ses quatre bras, sur lesquels oji renouvellera !a
vigne chaque annce , tant en coupant d'anciennes
brauches a 1'ruit qu'en en laissant croitre de nou-
velles, quil faudra ehoisir a cet effet avec intel-
ligence. Car lorsque la vigne abonde en bois , le
vigneron doit prendre garde en ia taillant de ne
pas lui laisser les branches qui seront les pkis
voisinesdu bois dur, c'est-a-dire, du tronc et de
la tete de la vigne, non plus que celles qui en se-
ront les pius eloiguees. En effet, si les premieres
ne sont d'aucune utilite pour la vendange , parce
qu'elles rapportent peu de fruit, attendu((u'elles
sont semblables a celles qui sortent du tronc a
son pied, les secondes epuisent la vigne, parce
qu'elles sont chargccs de trop de fruit , et quelles
s'etendent jusqu'a un second et un trsisieme pieu,
ce que nous avons dit etre \ icieux. II sera donc
bon de laisser les branches qui setrouvcront dnns
le milieu des bras, parce qu'on peut en esperer
du fruit, cl qu'il n'y a pas a craindre qu'elles
maigrissent le cep. II y a dis personnes qui mon-
trent plus d'avidite a se procurer une graude
quantite de fruit , en laissant les fouets des cxtre-
mites avec ceuxdu milieu , ct en tailiant en outre
en courson le sarment le plus proche du boisdur.
Mais je ne erois pas qu'on doive suivre cette me-
ibode, a moius que la vigueur, tant du sol quedu
tronc, ne lepermelte : car ces fouets se couvrcnt
d"une si grande qnantite de grappes, qu'clles ne
peuvent plus parvenir a leur raaturite, a raoins
que la bonte de la terre ou la fertilite du tronc
ne s'y pretent. On ue doit pas taiUer de branches
en courson, lorsque celles dont on attcnd les
fruits les plus prochains sont situees dans un lieu
convenable, parce qu'il suffit de lier ces bran-
chcs etde les courber vers la terre, ponr cxciter
le boisa en sortir au-dessousde laligature. Mais
si la vigne s'etend plus loin que la methode des
agrieultcurs ne lui permet de le faire, et qu'en
s'elancant du c6te de sa tete elle jette scs bras
sur les toitsdes jougs voisins quiue lui sont point
destines, on laissera aupres du tronc un courson
vigoureux et trt^s-long, garni de deux ou trois
noeuds : cecourson jettera Tannee suivante du
bois, dont on formera un nouveau bras qui pa-
raitra comme sortir du pouce ; apres quoi on cou-
pera les autres bras , et la vigne se trouvera re-
nouvelee et pourra etre contenue dans les bor-
nesdeson joug. Mais en laissant cecourson,
voici ce qu'il faudra surtout observer : premie-
rement, que la plaie n'en soit pas horizontale ni
tournee en face du ciel , mais oblique et penchee
vcrs la terre , moyennaut quoi elle se defcndra
d'elle-menie contre la gelee, et se garantira du
soleil; secondement, que la taille n'eu soit point
allongee en forme de fleche , mais courte et ar-
rondie comme les ongles , parce que dans le pre-
mier cas la partie blessee se dessecbe plus tot , et
que la plaie se fait sentir dans une plus grande
etendue ; au lieu que dans le second cas elle se
reraet plus tot de sa blessure , laquelle d'ailleurs
s'etend moins au loin. II faut aussi se garder tres-
particuliereraent dune raethode fort vicieuse,
que je vois neanmoins etre usitee par plusieurs
Hunc Pis» lHii(]iKim aMiiiiliim dilisenter iiJcm ainpiUant,
et ailnoilanl, priiisqiiani coinilKPieliir. Si lamen ita piae-
valiiit nt alleriitriim lnai liiiiiii all1i\ent,id quod iinbecil-
lius est, tollitiir, et ip>c lofanciis snhinittitur. Rcciso enim
bracliio , Mqiialiter ntriiine paiti viies mater snbministrat.
Igilnr capnt vilis pede inlVa jiisimi constituilo, nnde se
pandant quatuor (iit di\i) biacliia, in iiuibus qiiolannis
vitis renovetiir, ampiilatis veteribns, ct submissis novis
palmis, quariiin delectus scite faciciidus esl. Nani nbi
mas^na matcriarum facultas cst, putator custodire deliet,
iie aut proximas duro , id esl a trunco et capile vitis re-
linquat, aut rursus extremas. Nain illa; minimum vinde-
nilae cohferunt, quoniam exlguuni liuctum pivcbcnt, si-
miles scilicet painpinariis : ba; vitctn e\bauriimt , qiiia ni-
inio toetu onerant , et usqiie in altcnim ac tertinm pabim ,
quod vitiosum csse dlximus , se extendiinl. Quarc medio
in bracbio comniodissime palmo; subniitlcntur, quo; ncc
spem vindcniiac dcstituant, ncc einacicnt stirpcm siiam.
Monnulli fruclus avidius cliciiint , extrcma cl media (la-
gella submittendo , ncc minns pioxiinum duro sarmeiiluin
in custodem resccando : quod raciendiim, nisi permitten-
tibus soli ct Iruiici viribns, niiuime cciiseo. Nain ita se
induiint uvis, nl iicqiioaiit matiiiitatem capere , si beni-
gnitas lerra^ atqne ipsius Irunci hictitia non adsit. Snbsi-
diarius idemquc custos in polliiein resecari non dcbet,
cum palina!, ex qiiibus pioximi IVuctus speraiitiir, iiioneo
Inco sita' suiit. Nain uhi ligaveiis eas, et in terram spec-
tanles deflexeris, infra vinculnin materias expriines. At
si longius , qiiam ritus agricotarum permittit, a capite vilis
emiciierit, ct bracbiis in alicna jiigorum compluvia per-
repscrit, custodcm validnm et quam maxiinum jiixla
truncuin diiorum articulorum vel Irium relinqucmiis, cx
qiio qiiasi pnllicc proximo anno citata inatcria formcliir
iii bracbiiim : nt sic recisa vilis ac renovata inlra jiii;um
contineatur. Scd in snbmittendo custode lia->c niaxime
siint observanda. Primiim ne resupina ca-liim scil prona
potiiis plaga teriam spcctet : sic ciiim et yelicidiis ipsa
sc protegit el ab sole obumbralur. Dcinde iie sagitla! sed
nec iingulacqiiidem siinilis liat resectio : nam illa cclerius
et latius enioritnr, ba>c tardius et angiistius reformidaf.
Qiiodque cliain nsiirpari vitiosissime animadvcrto, ma-
xime vitandum est. Nam dum serviunt decori, qno sit
brevior custos, et similis pollici, juxla articulum .sarmen-
tiiin recidunt. Id autem pliirimum oflicit, quoniain sc-
COLUMELLE.
personnes, qiii, lorsqu'elles taillentun sarraeut
en courson , n"ont egard qu"a la beaute du coup
d'oeil , et le coupeut a eet effet pres de la join-
ture, afin qu'il soit plus court, et qu"il ressenfi-
ble plus parfaitement au pouce ; mais cette me-
thode est tres-pernicieuse, parce qu'il arrive
de la que Tceil v.oisin de la plaie souffre dans les
commencements du froid et dela gelee, et, par la
suite, de la chaleur. Le meilleurest donc de cou-
per le courson vers le milieu de rentre-nccuds ,
et d'incliner la plaie du cote oppose a Toeil , afin
qu'elle ne r^pandepas ses pleurs sur lui ,ainsi que
nous Tavons deja ditci-dessus, et qu'elle ne Ta-
veugle pas lorsqu'il sera pret a bourgeonner.
Mais si ron n'a pas de quoi faire un courson , il
faudrachercherdequoi faireunetumeur, laquelle,
pour etre coupee de trescourt a peu pres dans
la forme d'une verrue, n'en donnera pas moins
le printemps suivant du bois, qui servira a rem-
placer des bras ou des branches a fruit. Si Ton ne
trouve pas mfime de ces sortes de tumeurs, il
faudra faire uue ouverture a la vigne, en y ap-
pliquant le fer k rendroit d'ou Von voudra faire
sortir dcs pampres. Je suisencore tres-fort d'avis
que Ton delivre de leurs vrilles et de leurs reje-
tons les branches a fruit que Ton destine a la
vendange. Mais il faut s'y prendre autrement
pour lescouper, que pour couper les pampresqui
sortent du tronc : car on applique rudement la
serpe pour couper ras ce qui sort du bois dur,
aliu que la plaie se cicatrise plus promptement;
au lieu qu'on s"y preud plus doucementquand il
s'agit de couper ce qui sort du bois teudre , com-
me, parexemple, lesrejelons, parcequ'ordinai-
reraent ils sont garnis sur le cote d'un ccil qu"il
faut menager, saus roffeuser avec la serpe. Or si
ron y appliquait le fer trop rudement , on enle-
verait absolument roeil , ou tout au moins on Ten-
dommagerait du memc coup; d'ou il arriverait
que le pampre qui est pret a germer serait fai-
bleet peu fertile, outre qu'il serait plussensible
aux injures des vents, parce qu'il seraitsorti de
la cieatrice sans aueune vigueur. II est difficile
de dtMerminer la longueur que ron doit donner
au bois qu'on laisseraala vigne. La plupnrtce-
pendant ne lui donnent que la longueur suffisante
pour pouvoir passer sur le joug et se recourber
de Tautre c6te , sans neanmoins aller jusqu'a
terre. Pour nous , nous croyons qu'il faut entrer
dans un plus grand detail sur cet objet, et exa-
miner en premier lieu quelle est la nature de la
vigne, parce que si elle est robuste, elle pourra
porter de plus long bois ; en sccond lieu, si le sol
est gras, parce que s'il ne Test pas, quelque i obuste
que soit la vigne, nous la ferionsbienlotperiren
Tamaigrissant par de trop longs fouets. Au reste,
on n'estimepas lalongueur d'une branehe afruit
d'apres sa mesure intrinseque , mnis d'apres le
nombre de ses bourgeons : car lorsque ses nceuds
sonttres-eloignes runderautre, ou peut lui lais-
ser asscz de longueur pour aller presque jusqu'a
terre , attendu que malgre cette longueur elle jet-
tera peu de pnmpres. Mais lorsque les noeuds
d'une brnnche a fruitsont drus, et qu'elle mon-
tre beaucoupd'yeux , quoique courte, elle donne
neanmoins un grand nombre d'autres branches
a fruit, et produit des grappes en abondance,
raison pour laquelle il faut de toute neccssite
menager dans ce cas-la sa longueur, pour que la
vigne ne soit point chargeede branches a fruit
trop hautes. II faut encore que le vigneron exa-
mine si la vendange de rannee precedente i ete
abondante ou non , parce qu'il doit epargner les
vignes apres une forte recolte, et par consequent
les tailler alorspluscourt; au lieu qu'apres une
raoindre recolte, il doit leurfaire la loi. Par-des-
cundum plagain po.sila semma piniiiis et fVigore tum
deinde aestu laboiat. Oplimum esl igilur inedio fere in-
ternodio sub.sidiarium toiidere palmitem, devexamque
resectionem facere post gemniam , ne , ut [jam] antea dixi-
mus, sujjeilaci ymet et gemmantem cacet ocijliiin. Si rc-
secis facultas non eiit, ciicuraspieiendiis est furunculus,
qui , qusnnvis anguslissime praic isus in modum verru-
cae, proximo vere materiam exigat , (luam vel in bracliiiim
vel in fiuctiiariuin remitlamus. Si ncque is repeiiatur,
saucianda ferio est alque exulceianda vitis in eaparte,
qua pampinum studemus eliceie. Jam vero ipsos palmi-
tes, quos vindemia; praeparamus , claviculis ac nepotibus
liberandos magnopeie censeo. Sed in iis recidendis alia
conditio est , atque alia in iis , quae proceduiil e trunco.
Nam quicquid est, qiiod e duro prominet, veliementius
applicata falce adnodatur et eraditur, quo celerius ofcdu-
cat cicatiicem. Rursus quicquid e tenero processit, sicut
nepos , parcius detondetur : quoniani fere conjunctam ge-
rit ab latere gemmam,-cui consulendum est, ne falce
deslrinoalur. ['lessius enim si adnodcs applicato ferro,
aut totatollitur, autconvulneratiir. ■Propterquod paliues.
qiieni mox in gerininatioiie citaveiil, imbecillis ac minus
fructuosus erit , lum etiain magis obnoxius ventis ; scili-
cet qiii inliiiniis de cicatiice prorepseiit. Ipsius aiitem
materiae.quam suhinittemiis, longiUidini raodum diflicile
est imponere. Pleriqiie tamen in tantiim provocant, ut
ciirvata et picecipitata per jugum nequeat teiram contin-
geie. Nos siibtilius dispicienda illa censemiis. Primuni
vitis liabitum; nam si robusta est, ampliores materias
sustinet : deinde soli quoque pinguitudinem ; qiire nisi ad-
cst, quamvis validissimam vitem celeriter necabimus
procerioribus emaciatam flagellis. Sed longi palmites non
mensura, verum gemmariim numero .Tstiniantur. Nam ubl
majora sunt spaliainter articulos, licet eoiisque nialeriam
pioducere, dum penc terram contingat : niliiio minus
enim paucis frondescet pampinis. At ubi spissa internodia
frpquentesqiie oculi sunt, quamvis breve sarmentum
miillis palmitibus viiescit, et numeioso ftetu exubcrat.
Quaie niodus talis generis necessaiio maxime est adbi-
bendus, ne procerioribiis fiuctuaiiis onerelur. Et ulcon-
sideret vinitor, proximi anni magna necne fueril vinde-
niia. Nam pust l;irgos fructus parcendum cst vilibus, el
DE L'AGRICUI.
siis tout cela , nous pensons encorc que toute la
besogne doiit nous parlons doit etrc fnitc avcc
des instrumeuts dc lcr qui soient forls, minces
et bien tranchauts : car une scrpc emoussce ,
epaisse et de peu deresistance retardc celui qui
taillela vijjne, et dcs lorsil fait raoinsd'ouvrase,
quoiquil ait plus dc peine. Eu cffct , soit que
rinstrument plie, commc il arrive quand il n'cst
pas ferrae, soitqu'il pcnetrediffieilemeut, coinme
il arrive quand il est emousscct cpais, celuiqui
taille trouve alors de pkis grauds obstacles a
vaincre, outre que les plaics, qui sont raboteuses
et inegales quand Topcration n'a pas ete faitc en
un seul coup mais en plusieurs, dcchirent la vi-
gne : d"ou il arrive souvent qu'on est obligc de
rompre cequ'on auraitdu coupcr, et que rhumi-
dite pourrit la vigne qui est ainsi dcchiree et ra-
boteuse, sansqueles plaiesqu'on lui a faites puis-
seut se guerir. Cest pourquoi il fautbicn avcrtir
celui qui doit tailler la vigne qu'il ait a aiguiscr
la lame de son iustrument, pour le reudre , au-
tant qu'il pourra, aussi tranchant qu'un rasoir.
II faut aussi qu'il sache de quelle partie de la
serpe il doit se servir pourchaque operation dif-
ferentc ; car j'ai souvent rcncontrcplusieurs per-
sonncs qui devastaient lcs vignobles, faute d'avoir
cette connaissance.
XXV. Or tclle est Tordonnance et la figure de
la serpe du vigneron. La partie laplus voisiue du
manche, qui prcsente la lame dans une direction
droite, s'appelle(i///e;-acausede sa rcssemblance
avec un couteau ; ccllc qui est rccourbee s'appelle
sinus; celle qui descend de la courbure s'appellc
scalprum , celle qui la suit et qui est erochue
s"appellc rostrum; cille qui surmonte cette der-
iiiere dans la forme d'une moitie de lunes'appel)e
sentris; eufin celle qiii part de re.xtremite de la
serpe , et qui est penchee sur le devant en forme
ideo anguste pulaiuluni •. [lost exiguos , im|icianJum. Su-
per cjetera illud eUamcensemus, ut durislcnuissimisque
et aculissimis ferramenlis totnm istud opus exequamur.
Oblnsa enini et liebes et mollis falx |iulalorem mnralur,
eo(iue minus operis eflicit, et plus laboris affert viuilori.
Kam sive curvalnr acies.quod accidit niolli; sive tardius
penetral, quod cvenit in reluso et crasso ferramenlo;
majore nisu est opus. Tum eliam plaga; asperac atque iu;e-
' iiualcs vites lacerant. Neque enim uiio »ed s^epius icpe-
tito iclu res Iransigilur. Quo plciunnini' lit, iit (piod piie-
cidi dcl>eat pra'(Viiigaliir, ct >ic \ilis laiiiata scabrataiiiifi
pnlrcscal liiimoribiis, iicc plaga' ransaiicntiir. Quare ma-
gnopeie moncndus putator cst, ul proli\et aciem feria-
I mcnii , et quantnm possit novacnl.c similem reddat. iNec
ignoret in qiiaquc re qua parte falcis nteudum sit. iSani
I plurimos per lianc insciUam vaslare viiiela comperi.
■ XXV. Est autem sic disposita vinitori.i! falcis ligura ,
I ut capulo pars pioxima , quse rectani gerit aciem, culter
ob siiHililudinem nominetur; qua; flectitur, .sinus; qua; a
i Uexu procurrit, scalprnm ; quse deiiide adunca est, ros-
tiuni appellatiir; cui snperposiia scniirorniis luiia; specics
«.'OLl.llLl.l.l..
TURE, LIV. IV. 273
de pointe, s'appclle viucro. Chacunedcces par-
ties a sa fonction pnrticulii'rc, pourvu que le
vigneron soit habilo a nianicr cct instrument.
Car, lorsqu'il vcut coupcr quclque chosc en ap-
puyant la main devant lui, ii se sert du cullcr;
lorsqu'il vcut tircr la main a lui, 11 se sert du
sinus; lorsqu'il vcut unir la plaie, il se sert du
scalpruin; lorsqu'il veut crcuser, il sc sert du
rostrum; lorsqu'il veut donncr un coup, il se
scrt de la securis ; ct lorsqu'il veut nettoyer un
endroit dont !'ouverturc cst etroite , il se sert du
mucro. La plus grande partie dc Touvragc que
fon fait sur lcs vignes doit etre faite eu tirant a
soi plutot qu'cn frappant, parce qu'une plaie
faite de ccttc maniere s'unit du mcmc trait, at-
tcndu que lc vigneron commcnce par raesurer
son coup avantd'appliqucr le fcr pour couper ce
qu'il a enyie de couper; au lieu qu'en frappant la
vignc, il blessc le cep de plusieurs coups, pour
peuqu"il vienne a raanquer le premier (comme
il arrive souvcnt). Ainsi la meilleure taille et la
plus siire est celle que Ton fait en conduisant la
serpe (ainsi quejc ralditl, et noa pasen donnant
un coup.
XXVI. Toutes les operations prccedentes fi-
nies, le soin de soutenir la vigne et de la mcttre
au joug pour lui donner de la stabilite , lcur sue-
cede, commc nous Tavons deja dit ci-dessus.
L'echalas cst prcfcrable au pieu en cette occasion,
cncore y a-t-il du choix a faire : car le raeilleur
echalas est celui qui est fait dc hois d'olivler, de
chi-ne , et de licge, ainsi que de toute uutre cspece
de chene fendu avee des coius ; viennent ensuite
les appuis rouds et longs, dont les plus approu-
vcs sont ccu.x de bois dc genevrier, de laurier et
de cypres. Les pins sauvages sontegaiement bous
a cct usage, et le sureau meme n'est pas mauvais.
Au reste, quelque bons que soient ces appuiset
secnris dicilnr. lijiisque velut apex pionus iiiiiiiincus mu-
cro vocalur. llarum partium ipiieque suis niiiiicrilius fiin-
gitnr, si niodo viiiilor gnanis est iis iiteudi. N.iiii ciiin iii
adversuin pressa iiianu desecaie q:i d dehct.culUo utilur :
cum retialicie, sinu : cum allevare, scalpro : cuni inca-
vaie, rostio : ciira ictu ciBdere, securi : cum in angusto
aliquid expiirgarc, mucrone. Major auteni pais operis in
vinca diicliiii polius quam caesim facienda est. N"ani ea plaga
qua; sic cfliciliir, iino vesligio allevatur. l'i jus cnim puta-
tor a]ipli(al fi^rrum, atque ila (piiR destinavit pra^cidit.
Qui casini vitcin pclit, si frusliatus cst , qiiod sa'pe evi;-
nit, pluribiis ictibus sUrpem viiliierat. Tutior igitur, et
ulilinr putatio csl, qua;, ut retiili, diictu falcis nun iclu
conlicilur.
XXVI. Ilac peracta, scquilur, ut ante jam diximus,
adminiciilaiida; jugandaeque vinea; ciiia , cui slabiliendae
inelior est ridica palo , neipic ca quadibel : nam est prae-
cipua cuneis lissa olea, queicus et siiber, ac si qua sunt
similia robora : terUum oblinet locuui pedamen teres ,
idque maxime probatur e.\ juuipcro, lum e\ lanru cl cu-
pre.ssu. Recte etiam faciunt aJ eam rein silveslrcs piinis ,
COLUMELLE.
tous los aiitrcs semblables , il faut neanmoins les
retoucher apres !a taille , les unlr avec la doloire
daus les parties qui en seront pourries, changer
de eoteceux qui seront siins, relirer ceux (|ui
seront ou caries ou plus courts qu"il ue faudra,
et en rcmettre de raeilleurs a leur plaee; relever
ceux qui seront couehes par terre, et redresser
ceux qui peiicheront. On mettra de nouveaux
liens aux joufis, au cas qu'ils n'aient pas besoiii
d'etre refaits a neuf ; raais s'i!s paraissaient etre
daiis le cas d'etre refaits, il faudrait attacher dcs
perchesou desroseaux a lavi^ne avantd'y appli-
qwr les pieux ; et ce ue sera qu'apres que le jouj;
sera fait ainsi, que Ton rassemblera, par le
moyen de rechaias , tout le cep vis-a-vis de son
pied et sous ses bras, aiusi que nous ravons
prescrit pour lcs jeunes vignes , en evitant d'at-
tacher les vignes toutes les annces a un seul et
meme eudroit , de peur que les ligatures repetees
iie finissent par couper le tronc et par retrangler.
Eiisuite on distribuera les bras en quatre parties
sous retoile formee par le joug, et Ton attacheia
les jeunes branehes a fruit sur le joug, sans foi-
cer nature, mais en les courbnnt legerement
pour les laisser aller comme elles voudront, de
. peur de les rompre si on les pliait, et d'en faire
tomber des bourgeons deja gros. Lorsqu^il arri-
vera quedeux sarments prendront leur direction
d'un meme c6te du joug, on mettra une perche
entre deux, afin que les branches a fruit, se cou-
lant sur cette perche , forment le toit du joug,
pour en descendie ensuite et prendre leur diree-
tion vers la terre , comme s'ils se plongeaient du
faite de ce toit. Pour que cela soit habilement
execute, celui qui liera les branches se souvien-
dra denepnsen tordrele sarmenten rattachant,
mais de courber simplement tout le bois qu'il
mettra sur le joug et qui pourra en etre precipite ,
de facon que ce bois paraisse plutfit appiiye sur
la perche, que suspendu a la ligature qui lere-
ticnt. Car j'ai souvent remarque que les paysans,
en attachant sans precnution les branches a
fruit au joug, les y meltaient de facon qu'il
semblait qu'elles ne faisaieut que pendre de la
ligature qui les rctenait, quoique les branches
ainsi attachees se rompent Iorsqu'elles viennent
a etre chargees du poids des painpres et des
grappes.
XXVII. Lorsque les vignobles auront ^te or-
donnes de la maniere que nous avous prescrite,
nous uous baterons de les nelto\er, et d'en re-
tirer les sarmeuts et les bouts d'echalas. II ne
faudra cependaut les enlever que dans un temps
oii le terrain sera sec, de peur que celiii qui doit
fouiller la terrene trouve trop de difficulte a le
faire, dansle cas oii elleaurait ete trop pietinee
pendaut qu'elle etait bourbeuse. On doit euvoyer
tout aussitot cet ouvrier dans les vignes, sans
attendre qu'elles disent mot; parce que, si on ne
Ty envoyait qirapres qu'ellesaurnient comraence
a bourgeonner, il feraittomber une grande par-
tiede la vendange. Cest pourquoi il faut les be-
cher tres-profondement avant qu'elles bourgeon-
nent, entre rhiver et le printemps , afin qu'elles
pulluient pkis gniement et plus abondamraent;
ensuite lorsqu'elles seront couvertes de feuilles
et de grappes , il faudra diminuer le norabre de
leuis sarments pendnnt qu'ils seront encore ten-
dres et jeunes. iMais le vigneron , qui s'etait au-
paravant servi du fer pour les decharger, ne se
servira plus alors que de la mniii , pour reprimer
Tombrage et faire tomber les pnnipres superflus.
Car il importe tres-fort que eeltc operation soit
faite habilement, puisque les vignes gagnent en-
core plus a etre eparaprees qu'a etre taillees. En
effet, quoique la taille leur soit utile, cette opc-
atqne etiam sambuci piobabiles iisu statuminis. Ila^c
eorumqiie similla iiedameiila posl putalionem retractanila
sunt, partesque eorum piities deiiolandae acuendajque ;
atque alia converleiida, quae proceritalem habent : alia
submovenda , qu.ie vel cai iosa vel justo bieviora sunl ,
eorumque in vicem idonea icpiinenda, jacentia statueiida,
<lecli:]ala corrlKenda. Jiigo , si non orit opus novo , sar-
tuiu' recontia viiiriila Inseranliir : si reslitiiendum videbi-
tur, anle quaui \ilis palo appli:iiMr, pcrticis vel ariindi-
nibiis connPcUiliir, ac tum dciniim, siciit iiuiovfila |ir;cci.
pimus, vilein jiixla capiil, iiiiiaiiiie liiacliia coIliyiMniis
cum ridica : idipie facere non oportebit omiiibus aiuiis
eodem loco , ne vinculiim incidal , ci truncum stiangiilet.
Biacbia deinde sub slclla qiiailiipartilo locabimus, teiie-
ri:sqne palmitcs super jiigum lii,abimus niliil repugnanlcs
iiatuiie, sed ut quisqiiis obseq.ielur, leviler curvabitur,
ne dedexiis liangaliir, neve jain liinienles gcmiiia» deler-
geantur. Atque ulji duic nialcria' \u-y iiiiani piirlcin jii^i
mitlenlur, media prrlica iiitci vc li it , iliinii|il:r'jMi' p mmi;!'
jierjugoruin cimipliula dcciiiriiit, ct vr-liil ]u'-.-..r (acii-
Hiinibus in (errani desjiiciant. Id ut scilclial, inciiiineiil
alligator, ne torqneat sarmenlum, sed tantum inflexum
devinciat, et iit onmis materia, quiie nondum potest pi<e-
cipitari, jugo superponatur, ut potiiis iniiixa perticae, quam
e vincuio dependeat. Sa-pe enim nolavi per imprudenliam
lusticos subjicere jugo palmam, et ita colligare, ut solo
vimine suspendant. Quaj vinea cum accipit pampini et
uvarum pondus, iufringitnr.
XXVII. Sic deinde ordinafa vineta festinabimus emun-
dare, sarmenlisquc et calaincnlis lihriare. Quse sicco ta-
nien solo lcgenda siint , ne liilM.a liiiiinis iiiculcata majo-
reni tbs.sori laborem priclieat, i|iii priiliiiiisadluicsilentibus
viiieis inducendus esl. Nam si palmls incieutibus progem-
maiitibusque fossorem immiseris , magnam partem vinde-
miie decus.seril. Igilur iuite qiiani germinenf , per divorlium
veris atque bieinis quam alli.ssime fodiendaj vineae sunt,
quo laetiiisatqne liilarins pullulent, eieque uhise frondibus
[et uvis] vcstierint, teneris caulibus nec diim adiilfis mo-
diis adliihendiis csf. Idcmque vinifor, qui ante ferro , nunc
iiiaiiii deculiet, imibr.isqiie compesccl, ac supervacuos
[lainpiiirts dcliirliaiiil. Kain id plnriinum refert non inscile
faccre, siqiiidcm vcl inagis painpinafio, quani pufatio vi-
DE UAGRICULTURE, LIV. IV.
ration les blesse par la merae qu'clle les coupc;
au lieu que roperation par laquelle on les epam-
pre ies guerit plus doucement et sans ies blesser,
ontre fju'elle prepare la tallle de rarince suivante,
cn !a rendant plus faeile. Elle laisse aussl moins
de eieatrices a la vigne, parce que la partie du
cep,dont on n"a retrauche qiie du vert ct du
tendre, se guerit toujours promptement. Oiitre
cela, lesbranches qui sontchargees de fruit pren-
nent plus de force, et le raisin, trouvant pliis de
facilite a se cuii'e au soleil, niurit mieux. Cest
pourquoi un vigiieron prudent et habile doit e.\a-
rainer ct juger quels sont les endroits de la vi^ne
oii il laissera croitre le bois de Tannee suivante , et
ne pas seuleraent oter les branches qui n"ont point
de grappes, raais encore cellesqni ontdu friiit,
si leur nombre est excessif; car il arrive quel-
qr.efois a certains yeux de jeter trois pam])res a
la fois, auquelcasil en faut retrancher deu.x,
afin que ces yeu\ aient plus de facilite a nourrir
Je seul qui restera. Un paysan sage doit donc
supputer si la vigne ne s'est pas chargee de pkis
de fruit qu'elle n'en peut porter. Cest pourquoi
non-seuleraent il doit arracher les feuillcs super-
flues, ce qu"il iie fautjaraais nianquerde faire,
niais il doit encore faire tomber quelquefois une
partie du fruit , pour soulager la vigne trop char-
gee du poids de ses mamelles. 11 y a meme
des cas particuliers oii celui qui cpampre doit,
s'il est habile, faire tomber le fruit, quoiqu'il
n'y en ait pas plus qu'il n'en pourrait murir. En
effet, si la vigue se trouve fatiguee par les recol-
tesabondanles d'une suite d'anuees precedentes ,
il est juste de la laisser se reposer et se refaire , et
de poiirvoir par la au bois des anneessuivantes.
Pour ce qui est de rompre rextremite des sar-
raents, pour reprimer la trop grande fertiiiie de
la vigne , de retrnnchcr tous les pampres qui sor-
tent <!es parties diires ou du tionc, a rexccptioa
d'un ou de deux que Ton seia oblige de garder
pour renouvcler la vigne , comme encore d'arra-
chcr tout ce qui pousse sur la te(e de la viune
entre scs bras , d'6tcr !es bianches qui , eiant sur
les bras memes, occnpent inutilement la mere,
toutes steriles qu'elles sont, ce sont des ouvrages
a la porlee du premier venu, ct mcme d"un en-
fant.
XXVIIL Le teraps qu'i! faut clioisir de prefe-
rence pour cpamprcr la vigne, c'est avant qirelle
monlre sa ileur; mais on pourra encore rcpcter
cette operation quand elle Tanra quitlee. Pour
ce qui cst du temps interraediaire, e'est-n-dire ,
des jours pendaiit lesquels le raisin se formera ,
il ne faut pas entrer pour lors dans les vignes,
parce qn'i! estdangereux d'agiter lefruit pendant
qu'il est cn flcur; niais des qu'il est sorti de Tcn-
fance, pour ra'cxprimer ainsi, et qu'il e.st dans
radolescence, i! faut l'attacher, le depouiller de
toutes scs feuilles , et le faire grossir a l'aide de
fouilles frequentes : car plus on pulverisera la
terre, plus 11 deviendragros. Je nedisconviendrai
pas que la plupart de ceux qui ont donne des pre-
ceptesd"agricu!turcavant moi s'etaieiit contentcs
de trois fouilles : de ce nombre est Gra;cinus, qui
dit qu'on peut regarder commc sulTisant de becher
trois fois !a vigne , quand elle est en etat. Celsus
et Atticus convieuncut aussi qu'il y a trois mou-
veraents naturels dans la vigne, ou plutot dans
toute espece d"arbres : run qa\ les fait gerraer,
le second qui les fait lleurir, et le troisiemc qui
les fait murir. Ils peusent donc que les louilles
servcut a animer ces niouvements, parce quc
la nature ne parvient a robjet de ses disirs
qu'autaut quelle esl aidee par le travail juint a
tibiis consulil. Nani illa qnamvis iiuiltum juvat, saiiciat
tanicn et resecat : liajc clcmenlius sine vulnero. niedetur,
ct anni sequeutis eNpeditior em putationem faclt. Tuui etiam
viteniniiiiuscieatiicosamreddit :quonian) idcx qiio viiide
ct tenerum decerptum esl, celerileicoiisancscit. Supei' li.TC
materia;, qu;e rnictnin liabent, nielius convalescunt, ct
iivx" commodius insolat.Tc percoquuntur. Quaie pnidentis
est , ac maxime callciitis vinitoris ;eslin)are ac dispicere ,
quibus locis iii anniiin debeat niateiias submitteie ; nec
01 bos tanttiin delralieie palniiles , veruin eliani frngileros ,
si supra modum se numeriis coruni piofuderit. Siquiilem
evciiit, iit qiiidam oculi trigeminis p;dmis egerniineiit,
quibiis binosdelrabere oportet, quo cou)iiiodiiis sinyiilos
aliiiiinos educeiil. list enim sapientis rustici lepiilaie,
uum m.ijoic linclu vitis se induerit, quain ul perleiie
eumpossit. Itaquenon solum frondem supervaciiaii) debct
decerpere , quod seiuper faciendum cst , vernni iulerduiii
partem aliquam firliis decuteie, ut ulierc suo gravalam
viteni levet. Idquefaciet variis de causis painpinalor in-
dustrius, etiam si non eiit in.ijor fructus* qiiam ut inatu-
resccre queat. Si aiiteni routinuis superioribus annis dap-
. silj proveiitu fatigata vilis fuei il , requiescci e ac refu i par
eiil , el sic futura^ nialeria; lonsuleiidum. iNam cariimina
llai;e!loruni couiiiiigeie lii\uri;e coniprimeuda; caiisa , vel
duia parte trunci sitos pampiiios submovoe, nisi ad re-
novandam vitem unus atque alter servandns cst, tuni e
capite quiiquid iiiter bracbia viicl explant.iie, alque cus,
qui per ip.^a duianicuta steriles, nequicquani malrein opa-
caiit, paliniles detiTsere cujuslibet vel pueii est oriiciiim.
XXVIU. Tempus aulem panipinationis aute, quam llo-
leni vitis ostendat , niaxinie esl el)geiidum : sed et postea
licet e;iuJem lepetere. Mediuni igitur eoium dierum spa-
liuin , quo acini 1'irmantur, viuearum nobis adituin negal.
Quippe llorcntein fi uctiim nioveie noii cxpedit : pubesceu-
leiii vero, ct quasi .ndolesccnlcin convenil religare, foliis-
que oninibus uiidaie , tiiin et ciebris fossionibus iinplero :
ii;im lit uberior puiverationibiis. Nec inlitior pleiosqiie anfe
iiie rusticarum leruui niagistrus tribus fossuiis coiitenlos
fiiisse. Kx qiiibus Gr<i>ciiius, qiii sic refert : polest videri
salis esse coustitutani vincani ter fodere. Celsus quoqiie
et Atticus conseiitiunt , tres esse luutiis in vite seu potius
in oiiini surculo natuialcs : unum , quo gei minet ; altertiin ,
qtio lloreat; terliuin, qiio uiaturescat. llos cigo inolus
censenl fossionibus concitari. Son cnim natura quod vult
276
COLUMELLE.
retude. Tfile est la ciilture des vignes, laquclle
aboutit a la vendangc.
XXIX. Je reviens a present a la partie de ce
traite, danslaqnelle je mesuis cngage a doniicr
les prcceptes qui conccrnent les greffcs dc la vi-
gne ctle soin de lcs cntretenir. Julius Attieus a
dit que le tcmps propre a greffcr ctait dcpuis lcs
calcndesde novembrejusqu'a celles dejuin, qui
csttout letemps pendant lequcl il assure qu"on
pcut conservcr les greffes sans qu'clles bourgeon-
nent; d'ou nousdevons conclurcquil n'yapoint
do tempsde rannce d'exccptc , selon lui, pourvu
(luc Ton puisse avoir du sarmcnt , dont la sevc
ne dise niot. J'accorderais volontiers cette pro-
position dans lcs autres especcs de plantcs, dont
rccorce cst plus fcrme ctplus pleine de suc quc
celle de la vigne. Mais je ne serais pas siuccre, si
je degiiisais qu'il y a de riraprudeuce, en fait
dc vigncs,apermettre aux paysans delesgreffcr
dans le cours d'un aussi grand nombre dc mois.
Ce n'est pas qne j'ignore que la grcffe faite a la
vigne au solstice d'hiver prendquelquefois; mais
i! est dc notre dcvoir de preserirc, non pas ce
qui resulte parhasardd'uneou dedeuxexpcrien-
ccs, mais ce qui arrive communemcnt ct par dcs
raisons certaincs. Je pourrais tout au plus eon-
scntir, jusqu'aunccrtain point, acette methode,
s"il nc s'agissait d'en courir les risques que sur
un petit nombre de ceps, parce qu'on pourrait
alors remcdieracctte temerite pardeplus grands
soins qu'on y apporterait. Mais il cst necessaire
d'eeartcr tous les doutes relativement aux cas
oii rimmensite de rouvragequ'il y aurait a faire
partagerait les soins de ragricultcur, meme le
plus cxact. Ce que prescrit Atticus est donc ab-
solument contraire aux vigncs. Effectivement le
meme auteur convient qu'il n"est pas a propos
de tailler les vignes pendant le solstiee (i'hiver
{en quoi il a raison, parce que, quoique cette
opc^-ration leur fasse moins de tort que la greffe,
ccpendant lous les arbres sont eugourdis dans
les temps froids , et la gelec erapeche qu'il ne
se fasse dans lcur (jcorce aucun mouvement
qui puisse guerir la plaie) : et ccpendant il per-
met dc les greffer dans le raemc tcmps , quoique
la maniere dont il veut qu'on le fasse consiste
a trouquer le cep en entier , et a le fendre a Ten-
droit oii il aura ete tronque. La meillcure me-
thode est donc de greffer lorsque Ic temps com-
mencera a se radoucir apres riiiver, et lorsque
la nature donneradumouveraent aux bourgeons
et a r(?corce , et qu'on ne sera plus menace du
froid , qui pourrait bruler la greffe ou la plaie oc-
casionnecpar la scission du cep. Je permeltrais
ccpendant \olontiers de greffer la vigne en au-
torane , dans le cas oii on serait presse , parce que
la temperature de Tair est asscz scmblable dans
cctte saison a cclle du printemps. Mais cn quel-
que temps que Ton veuille greffcr, on saura qu'il
n'y a pas d'autrcs soins a sc donncr pour lc choix
des greffes, que ceux que nous avons prescrits
dans le premier livre , cu donnanl dcs pr(iceptes
sur le choix des mailletons. LorsdoDcqu'onaura
choisi sur une vigne de bonne qualit^" les maille-
tons Ics plus feconds et les plus murs , et qu'on
les en aura s(;pares, on prendra, pour faire Tope-
ration dc la greffe, ud jour oii le temps soit doux,
et 011 il ne fasse pas de vent. Ensuite on exami-
nera si la grefle, est bien roude dans toute sa lon-
gueur, et bien ferme; si la moelle n'en est pas
spongieuse , et si elle a beaucoup de bourgeons
et dcs cntre-nosuds tres-courts. Car il est tr6s-
salis efficil , nisi eam labore ciim studio juveris. Alque
liiiT, colentlaium vinearum cnra finilur vindemia.
XXl.X. Reileo minc ad eam partem disputationis, qua
«.niU professus vilium inserendarum liiendarunique insi-
lionum prEecepla.TeinpnsinserendiJulius Atticns tradidit
ex calend. iNovemb. in calendas Junias, qiioad posse
custodiri surculum sine germine affirmat. Eoqne debemus
inleilispie nnllam partein anni excipi , si sit sarmenti si-
liMilis lacnltas. Id porro in aliis slirpiurn generibus, quae
linnioris et succosioris libri sunl, posse lieii sane conces-
serim. In vitibns nimis temere tot niensium rusticis insi-
tioncm permissani dissimulare non est fidei mese : non
quod i^norem, brumae teniporibus aliquando insilam viteni
rnmpreliendere ;sed non qiiid in uno vel altero expeiimento
lasii liat, vcrnm quid certa raMone plerumque proveniat,
ilisceiitibus pr.tcipere debemus. Etenim si e\ii;uo numero
periclitandum sit, in quo major cnra temerilati niedetiir,
possnm aliquateniis connivere. Cnm vero vaslitas operis
ctiim diligentissimi agricolse curara distendit , omnem
siiiipiilum submovere debemus. Est enim contrarium ,
tpiod Atliciis pra^cipit. Nam idem per brumam negal recte
piil.iri vineam. QuiKres quamvis minus l.-iedat vilcin, me-
1 ilo laincn lieri pnitiibetur, quod nigoribns omnis suiculiis
rigore torpet : nec piopter gelicidia corticein movet,iit
cicatrioem consanct. Atque idem Allicus non prohibet
codem ipso tempore inserere , quod tum et totius obtrun-
catione vitis et cum ejiisdem lesectionis lissura praecipil
fieri. Verior itaque ralio est inserendi tepentibus jam die-
biis post hiemem, cnm et gemma se et coi tex naturaliter
movet, nec frigiis ingruit, quod possit aut surculum insi-
tiini aut fissur.ifi plagain inurere. Permiserim tamen festi-
nantibus antumno vitcm inserere : quia non dissimilis est
ejus aeris qualitas vernfe. Sed quocunque qnis lempore desti-
naverit insereie, non aliam sciat essecuram surculisexplo-
randis quam quietradita est priorelibro, cum de malleolis
eligendis praeoepimus. Qnos ubi generosos et fcecundos et
quam malurissimos viti detraxerit, diem quoque tepidum
sileutemque aventiseligat. Tuin consideret suiculiim tere-
tem solidiquecorporis, nec fungos* medulte , crebris etiam
geminis et brevibus internodiis. Nam plurimum inlerest
non esse Inngum sarmentum, quod inseralur; et rursus
plures oculos, qnibns egerminet , inesse. Itaque si sunt
longa internodia, necesse esl ad unam vel snnimum duas
gemnias recidere surculum , [ ne proceriorem faciamus ,
qnam] ut tempestates [et] ventos, et imbres ininiobilis
pati possit. Inseritiir aiUem vitis vel recisa vel iutegra per-
Di^ L'AGR1CULTURE, LIV. IV.
intcressant (inc le sarment qiie ron vcut inserer
ait, saiis itre long, bcaiieoup d'ycux par oii il
puissegermcr. II est visible que s'il a dcs cntre-
noeuds bien loncs, on se trouvera dans la neces-
site de ne lui laisser qu'un bourgeon ou deux
tout au plus, alln de lc reduire k une longueur
telle,qu'il puissesoutenir les orages, lesveiitset
les pluies saus branler. On grefle la vignc , ou en
la coupant , ou eu la pereant de part en part avec
une tariere. Mais la prcmierc facou est la plus
usitee, etcelle quepresquc tous les agrieulteurs
connaissent; au lieu quc la seconde cst plus rare,
etque pcud"agricuiteurs remploicnt. Je parlerai
d'aborddecellcquiest le pluse;uisage. On coupe
communcmeiit la vigne hors de la terre; quel-
quefois cependaiit on la coupe dans la terre meme,
a l'endroit oii elie montre le plus de solidite et
le moins de nceuds. l>orsqu'on la greffe pres de
terre, on enterre la greffe jusqu'a la cime; au
lieu que lorsque la greffe est inseree au-dessus
ile la terre, on cnduit cxactement la plaie avec
un lut petri expres, que Ton recouvrc de mousse,
lc tout blen attache, a(in qu"ellc puisse ctrega-
rantie des chaleurs et des pkiies. On taille la
greffe a peu pres dans la forme d'une lliite , de
Cacon qu"ellepuissejoindreleslcvres de la fente.
II fautqu'il se trouve un noeud dans la vigneau-
dessous de cetle fcnte , qui paraisse la bander ,
pourainsi dire, alin de l'empeeherde faire des
progres plus etendus. Quand ce noeud scrait a la
distance de quatre duigts de l'cndroit ou Ton
aura coupe le cep, il ne faudrait pas moins lier
la vigne avant de la fendre, de peur que le tran-
chet de la serpe, eu ouvraut un chemiu a la
greffe, ne fasse uueplaie qui biiille plusquede
raison. La greffe que Tou inscrera ne doit pas
etre aiguisee sur une hautcur de plus de trois
doigts ; mais on Taiguisera de facon qu'elle soit
bieu uiiie daus les parties qui auront ete ratis-
si^es, c'est-;\-dire, jusqu'a la moelle d'un cAtc,
et du c6te oppose jusque passe recorce seule-
ment; de sorte qu'clle ait la figiu-e d'un coin,
dont Tun des cotes aiguises sera plus mince, et
rautre plus cpais, afin qu'on puisse rinscrcr par
le cote le plus mince, et la serrer par le cote le
plus epais, jusqu'a ce qu'clie joigne des dcux
cotcs les levrcs de la fcntc; car a moins que Tc-
eorcc de la greffe ne soit appli^iuee a cellc de lu
vigne de facon q'j'ii n'y ait aucun jour cnUc
elles deux, la greffe ne pouria jamais croilre
avec le cep. On peut sc .servir de plusieurs sor-
tes de liens pour la greffe dontnousparloiis. Les
unsse serventd'osier, d'autrescntourent la fento
avec de recoice , la plus grande partie l'attnchent
avee du jonc; et c'est uue tres-bonne mcthode,
parce qu'autreraent , des que rosier vient a se sc-
cher, il penetre dans Tceorce et la coupe. Cest
pour cviter ccla que uous adoptons phitot une
ligature peu serree, pourvu que Iorsqu'elle aura
cntoure le troiic,on ia resserre, en inserantdans
les vidcs de pctits coiiis de roscaux. Mals le soin
le plus important qull y alt a prendre consiste
a dcchausser la vigne avant roperation, a cn
couper les racines qui sont a la superfieie de la
terre ou lesrejetons, et a rccouvrir de terre le
tronc apres lopcratioi:. Des que la greffe aura
pris, la vigne demandera encore de nouveaux
soins : car il faudra rcpamiirer souvent lors-
<iu'elle commencera a germcr, et arracher en-
core plus souvent !es rcjetons qui sortlront de
ses llancs et de ses racines; ensuite il faudra
lier le pampre qui sera sorti de la greffe, de
peur quela greffe elle-meme ne soit cbranlee par
les secousses du vent, ou que ce pampre encoie
tendre ne soit abattu. Lorsqu'il aura pris de
raccroissement, il faudra Ic dclivrer dc ses rc-
jctous, a moins qu"on iie les laisse croltre pour
propager la vigne, dans le cas ou la place serail
forata lcrcbra. Sed illa frequenlior et pene omnilins asi ii "■
lis cosnila insitlo; haec rarior et paucis usur|uila. l^i.- ea
igilur prius disseram, quae magis iu consuetudiue esl. I!e-
ciditur vitis plenimqne supra leriam, noununquain tamen
et infia , quo loco niagis solida est atqiie enodis. Cuin supra
terrain iusita est , surculus adobruitur cacuminc tenus : at
cum edilior a terra est , fissura diligenter suliacto luto li-
nitni, alque siiperposito musco ligalur, quod et calores et
pluvias aiccat. Tcmperatur ita siirculus, ut calamo non
al)similis coagmenlet fissuram, siib qiia nodus iii vite de-
sideraliir, qui quasi alliget eam (issuiam , nec rim;mi pa-
tiatiir ultia procedcre. Is nodus etiam si quatuor digitis a
rescclione ahfiierit , illigari fanien eum priiis , qnaiii vilis
fuidatur, coiiveniet, ne, cum s(alpio faclum (ueril iler
siirculo, pliis juslii plagaliiel. Calamiisadradi non auipliiis
tiibus digitis debet : [ adevari ] atque is ali ca pailc, qiia
ladilur, utsit levis. Eaque rasura ita dediicitur, nl mediil-
lam contingat imo lateie, atque allero paiilo ullra corti-
cem desli ingaliiv, ligiiietiirque iii spcciem cunei , sic iit iib
iiiia pai le iu.'iitus surculus , latere altcro sit tcniiior, atquc
alteroplenior : perqiie tenuioicm parlein insertus co latere
arcletiir qiio est plenior, ct iitiinqiie lontingat lissuram.
iSam nisi corlex cortici sic applicetiir, ut nullo loco trans-
luceal , iuMpiil coalescere. Vinculi geiiiis ad insitionem non
iiiunnesl. Aiii viminibusobstringunt; nonnutlioircumdanl
libio lissiirain; plurimi ligantjunco, quod est aptissimum.
Naui viinen,cnmiuaruit, penetratetinsecalcorticem. Piop-
ler quod niolliora vincula magis probamiis , qune cum cir-
cuiiiveiierc truncum , adactisariindiiieiscuneolisarctantur.
Sed anliqiiissimum est, et aiite lia« ablaqueaii vilem ,
radiccsqiie sumitias vel sobules amputari ; ct post b.x-c
adobrui truiicum; isquecum coniprelicndit, aliam rursiis
exigil curam. Nam srepius pampinaiidus est, cum gcrnii-
nat, freqiicntinsque detraliend.p siinl soboles, (piae a la-
leribiis r.uiicibusqne prniepiiiit. iiiiii quod ex insito pro-
fiinditsubligaiidiim, ni^ ^ciilosnri iiliis [ niolus] jalicfactc-
lur, aut explantetiir lener p.iiiipiiiiis. Qiii cum excrevit,
nepotibiH orbaiidiis est , iiisi si pnipler penuriam «•f calvi-
tiiim loci siilimitliliir iii piopaniiies. .\iiluinniisdeinde lal-
ccnimalniispaliiiidbiisadmovel. ScilpiilationisciistuililHr
COLUMELLE.
(legarnie de ceps. Ensuite, lorsque les branches
n friiit seront en etat d'etre taillees , on y appli-
([uera la serpe en automne. Mais voici la me-
tliode que l'on observera en taillant ia greffe :
dans les endroits oii Ton n'aura pas besoin de
mareottes, on n'attirera qu'une tige au joug, et
Ton coupera toutes les autres, en observant de
faire la plaie a ras du tronc, sans cependant
ecorclier le dur du bois. II n'y a pas d"auire fa-
con d'epamprer la vigne greff(5e, que celleque
Ton suit a Tt^gard des nouvelles marcottes; mais
il faut ia tailler de facon k lui laisser peu de bois
jusqu'a la quatrieme annee, temps auquel la
plaie du tronc sera cicatrisee. Voiia comme on
s'y prend pour la greffe en fente. Quant a celle
qui se fait en percant la vigne avec une taiiere ,
il faut, apres avoir exaraine quel est le cep le plus
fertile dans le voisinage de celui que Ton vcut
greffer, en attirer une branche ii fruit semblable
a ces branches que Ton fait passer d'arbres cn
arbres , sans les separer de la mere qui les nour-
rit, et rintroduire par le trou qu'on aura fait au
oep. Cette facon de greffer cst la plus sure et la
plus certaine, parce que, quand mcme cette
branclie ne prendrait pas des le premier prin-
temps, ellesetrouveraitindubitablementrorceede
prendre au second, sit6tqu'elle serait suflisam-
nient grossie. Lorsque cette greffe a pris , on la
separe de sa mere ; apres quoi on coupe la partie
sup(.'rieure de la vigne que Ton n greffee , jusqu'a
Tendroit oii la greffey a eXe ins^ir^^e. Si Ton n'est
pas a meme defaire venir ainsi du voisinage une
longue branebe, on prend le sarment le plus
nouveau quc Ton peut trouver; et apies Tavoir
nrraohii du cep, on le ratisse legerement, et seu-
lement au point de recorctr; puis on Tajuste au
trou; ensuite on enduit cVun lut la vigne apres
Tavoir coupce, afin quc le troncentier soit em-
plovL' a nourrir cette vigne etrangere : ce qui
ii'est pas uecessaire a T^igard de ces longs sar-
raents dont nous venons de parler, puisquMIs sont
nourris dans le sein de leur mere, jusqu'a cc
qu'ils comraencent a croitre avec la nouvelle
vigne.Mais rinstrunient de fer dont se servaient
les anciens pour percer les vignes est diff(!ient
de celui que rexperience m'a fait d(^couvrir, et
qui est plus convenable a eette operation, parce
que raneienne tariere, qui etait runique que
les nnciens ngriculteurs connussent , formait de
la sciure, et brulait la partie qu'on perforait;
d'oii il arrivait quequand cctte partie avait une
fois cte brid('e, elle reverdissait rarement, ou
qu'clle ne reprenait pas avec les autres parties,
etque lagveffc que Ton y avait inserc^e ne raor-
dait pas. D'ailleurs on ne pouvait jamnis assez
retirer la sciure du trou , pourqu'il n'en restSt
pas une certaine quantite, qui emp(5cbait que le
corps de la grcffe iie s"appliquiit immediatement
a celui de la vigne. Nous avons donc imagine
pour cette espece de greffe nne tariere que
nous appelons gauloise, et que nous avons re-
connue pour etre plus convenable et plus utile
que rautre, parce qu'elle pcrce le tronc sans le
briilera Tendroit du trou. En effct, cette tariere
ne forme point de sciure, mnis simplement des
copeaux qu'il cst facile d^otor; de sorte que la
plaie est unie, etqu'clle embrasse plus aist'raent
dans toute sa superficie la branche qui y est in-
seree, \u qu'il ne s'y rcncoiiti-e point deduvet,
tel que celui qui etait oecasionnc par rancienne
tariere. Que vos vigues solent donc entierement
greffecs apres ^('quinoxe du printemps : greffcz-
les en raisin noirdans lcs licux secs et arides,
et cn raisin blanc dans les licux humides. lln'y ,
a pas de nt'cessite de multiplier les greffes sur
un merae trone, pourvu qu'il soit assez raenu
pour qu'une seule greffe puisse recouvrir toute
la plaie lorsqu'ell8 viendra ii croitre, et que la
place soit d'ailleurs assez gnrnie de ceps pour
ne pas exiger qu'on en substitue de nouveaux a
ea ratio , ut ubi nulla (tesideialur proiwgo , imus surculus
evocelur in jugnni ; allcr ita rcciilalur, ut ad.TiiueUir plaga
Iruiico, sic tauien, ne qiiid railatur e duro. Pamiiinauduin
non aliler cst, (luani in novella viviradicc; putaniluni vero
sic, ut usqne in quaiium aniium parcius iinperetur, duni
plagatruncidncal eicatriceni. Atiiueliaec per tissnram insi-
tarum est ordinatio. In illa autem, qua; lit per terebrationeni,
primumex vicino fructuosissimain oportet considerare vi-
tem, ex qua veluttraduceminliaerentein matri palmitem
altralias, etperforamentiansmittas.Haecenimtutioretcer-
tior est insitio, qnoniam, etsi proximo vere non comprelien-
dil, sequente certe , cum incievit, conjuugi cogitur, et
mo.x. a matre reciditur, alque ipsa superficies insilaj vilis
usqiie ad rereplum surculum oblrnncatur. llujus tradncis
si imn est facultas , tum detractum viti quain lecentissi-
luiiui eligitur sarmentum, et leviter circumrasum , ut cor-
lr\ tanlum detraliatur, aptatur forainini , atque ita lulo
circiimliiiitur rebecla vilis, ut totus triincus alienigenis
siuculis serviat. CJuod quidoni non fit in traduce,(iui a
malerno siislineliir nbere.dum inolescat. Sed alind est
ferrii::i''iiiiii!i , i|!iii prioies vilcin iierrorabant , aliiid quod
ipsc iiMi iiaH!' in.misaptiun compcri. Nani anliqua lcrcbra,
qiiaiu s!vi:n veteres agricola; noveraut , scobem faciebat,
peiuiebalque eam partein, quam perforaverat. Deusla
porio raio revirescebat, vel cum priore coalescebat, [iii
eaque] ni-c insilus surculus comprebendebat. Timi cliam
scoliis ini:ii|ii,i!ii sii- exiiuebatur, nt nmi inli.Tereret fora-
mini i;,t piirio iiilrrvenlu suo probibebat corpus surculi
coipoii vilis appliiari. Nos terebram, quam Gallicam dici-
inus, ad banc insitioncm cominenti longe liabiliorein uti-
lioremque conipcrimns; nam sic excavat Iruncum, ue
foramen iiiniat. Quippe non scobem sed ramenta lacit,
qnibiis exemptis plaga levis reliuquitnr, qua; faciliiis orani
parte sedentem surculum contiiigat, nulla intervenieiilc
lanugine,quain excitabat antiqua terebia. [Igitur secun-
dum vernum .xquinoctium perfectam vitiuni insitionein
4iaheto, locisque aridis et siccis nigram vitein in.serito, liii'
iiiidis albaui.] Ncqiie est ulla ejus propagaudi nccessitas,
D!': L'AGRICULTUP.E, LIV. IV.
la pl.nce de ceux qui pourraient etre morts. Si
cepend;iiit le cas arrivait, on insererait, tlans le
trou pratique a lavi^ne, deux sarments, Tun
qu'on enterrerait en fornie de sautelle, et Tau-
tre qu"on laisseraitmonter au joue, pour rappor-
ter des fruits. II ne sera pas inutile non plus
d'clcver les pampres qui viendront sur Tarc
d'une sautelle ainsi enterree, et l'oa pourra en
peu de tenips, si le cas se preserte, ou lcs propa-
ger, ou leurlaisser rapporter du fruit.
XXX. Comme nous avons doniie lcs preceptes
qui nous ont paru les plus utiles, tant pour for-
merdes vis^noblcs que pour les cultiver, il faut
a present donner la faeon de se pourvoir d'appuis,
de jougs et de liens, attendu que ce sont des
especes de dots que Ton doit toujours tenir pretes
pour les vignes; et que, dans le cas oii un a<:;ri-
eulteur n'en serait pas pourvu , il n'aurait aneun
motif de former des vi";nobles, paree qu'il fau-
drait quMI alliit chercher hors de son fonds toutes
les choses qui lui seraient necessaires, et que
non-seulement le prix qu'il mettraita les acheter
augmenterait les dcpenses de ses vi^nes , comme
dit Atticus, mais quccetteacquisition meme kii
serait trcs-onereuse qnand il Taurait faite, en
ce qu'il ne pourrait les importer dans son fonds
que dans un temps tres-peu commode, qui cst
celui de rhiver. Cest pourquoi il faut commeu-
cer par avoir une oseraie, uu plaut de roseaux,
des forets comraunes, ou des bois plantes expres
en chataigniers. Atticus pense qu'il suffit d'un
jugerum d'oseraie pour attaeher les ccps de
vingt-cinq jin/cra de \ignes; d^unjuc/erum de
roseaux pour fournir de jougs vingt jiKjcra de
vignes; et qu'un jugcruni de chataigneraies
fournira de pieux un aussi grand nombre die.ju-
gera de vignes, qu'un juyerum de rosenux en
fournira de jougs. Le saule vient trcs-bien daus
un terrain arrose ou marecageux, quoiqn'il ne
vienne pas absolume nt mal dans \\n terralii plat
et gras. II faut retourncr ces terrains au hoyau
(suivant le precepte des anciens) a la profon-
deur de deux pieds et demi : nimporte quelle
espeee d'osier on plautera , pourvu qu'il soit tres-
flexible.On estime eependant qu'il y a trois espe-
ces principales de saule : le saulegrec, le saule
gaulois, et celui du pays des Sabins, que pln-
sieurs appcllent saule d"Ameria. Le saule grec
est jaune, le gaulois est d'une couleur de pour-
pre passe, et ses baguettes sont tres-minces ; ee-
lui d'Amcrie les a greles et rouges. On les plante
ou par cimes, ou par boutures. Les perches
des cimes sout bonnes a planter, quoiqu'el!es
soicnt d'une certaine grosseur, pourvu cependant
qu'clles n'excedent pas la grosseur du poids <'e
deux livres : on pcut tres-bien les enterrer abso-
lument, de facon que leur extremite soit a la
supcrficiedu sol. On eouvre legerement de lerre
les boutures apres les y avoir enfoneees, et clles
doivent avoir un pied et demi de long. Quand le
tcrraiu est arrose, il fautecarter ces plantes da-
vantage; aussi laisset-on alorsentre chaeune uu
intervalle desix piedsen quinconce, au lieu que
les terrains secs exigent qu'ellessoient plus res-
serrees : mnis il faut cependant qu'il y nit assez
d'espace entrc elles pour que ceux qui les culti-
veront puissent en approeher faeilement. II suflira
pour cela de donner cinq pieds d'espace aux ran-
gees , quoique dans ccs memes rangees les plantes
ne soient espacces qiie de deux pieds. II faut les
plauter avant qu'elles germent : tout le temps que
leur seve n'est poiut en mouvement eonvient a
cetteoperation. II faut aussi nc lcstirer desarbres,
que lorsquelles seront ressuyees, parce que si on
les eoupe quand elles sont couvertcsde rosee, ellcs
reussisscut ma! : c'est pourquoi on evite en general
!>i motlo tam mcdiocris cst crassitiKlo trinici, iit incrcmcn-
tiiiu iiisitl iilagani iio.wit contingere ; [c.l] nisi laiiicn v:i-
ciius lociis ileniniliii capitis vitein reposcit Quod cuui ila
Kst,allere\ duobus surculis nieigilur, aller educliis ad
jnguin in fiuclum submittitur. Neqiie inutile est ex ea
vife , quam meiseiis , enasceiilcji in arcu pro[)aginis pani-
pinos cducare, qiios possis mo\ , si ita coinpetet, vel pio-
pagare vel ad rructuui icliiiquere.
X.XX. Quonlam cousliluendis colendisque Tinels,qiia'
vidcbantur ulilller pia-cipi posse, disscruimns; pcdaiui-
num jugoruinqiie et viuiiaiim prospiclendoi um tradciula
ralio est. Ilicc eniiii qiiasi quaedain doles viiicis antc \i\,v-
parantur. Qiiibus si dellcitur agricula, causani lacicndl
viuela n«n liabct, cum ouiula , qua'. suut ueccssarla , cvlia
fundum qua^reuda slnt : nec euipliouis tantuin {sicul alt
Atlicus) pietlum oiicral vllis ratlonem', scd est ctlain cuni-
paralio niolestissinia. Coiivclienda sunt eniui lempoic iiii-
qulssimo lilticrno. Quarc salices vlminalcs atqiie aiuiidl-
ncta Mil;;,u, ^iiii!' ^ilva', vcl lonsiilto consita^ [e] caslaiicis,
priii-. I u irii : I 1,1,1. Salicuiii Miiiiualiuni (ul AUicusputal)
siii^ul.i j:i.,. 1,1 -«illiLeie iiossiinl quiiiiset vigcul» jugeribiis
l:gand,ie vlncnp, anindinell siiigula jugcra Tigenis jiigan-
dis : caslaiieti jiigcruni totidcm palaiidis, qiiot aruudincti
jiigaiidls. Saliceni vel rignus ager vo! iiligiiiosiis opliiiie,
ncc iiiconiniodo tameiiallt plaaus el piugiiis. Atque is de-
lict couvcrli blpalio; lla eniin piwcipiiuit vcleres, In diios
l)i'des etseinissem pasliiiare salicto dcstinaliini solum. Nec
iflert ciijus generis vlmen seias, diim sll lciilisslmiim.
1'utanl taiiien Iria esse gcnera praecipue .sallcis, Gr.Tc.a>,
C.dlicie , SabliicC, qiiaui pluriml vocant Amerinain. Gi.Tca
lla\i coloris cst; Gallica ub.soletl purpurel et tenuissiiiii;
Amcriua sall\ gracllcm virgam et rulilam gerit. AUpie liae
vcl caciinilnlbus vcl laleis dcponuiitur. 1'ertica; cacumi-
niiui modlcae plenitiidinls, qux tamcndipondlarii orblciili
('rassiluiliuem n«n exc?dal, opliiiie panguntur eoiisquc
duiii ad sulldiim dcniillaiilur. Taleac sesquipedales lcireuo
iuiincrsie pauliilum uliruuiiliir. niguus lociis spatia laxloia
dcsidi')at, caqucseuum pediim pcr quiiicuucem recle fa-
ciuul; sicc;incus spissiora, sic ut sit facilis accessus co-
leiillbiisca. Qulnum pcilinn inler rdinia esse abiinde cst,
iit tanien in ipsa liuca cunsilionisallcrua vacuis intermis.
I sis bipcdauci.; spaliis toiisistaul semina. Satio est eorum
COLUMELLE.
lesjoiirsdepluie, lorsqu'on veut taillerles saules.
II faut becher les saussaies peiidant les trois prc-
niieres annees, aussi souvent que les jeunes plants
de vignes : mais lorsque les saules sont dcvenus
forts , ils se contentent dc trois fouilies. Faute de
les eultiver aiusi, ils manquent proraptement,
puisqu'il arrive, meme en les cultivant ainsi,
qu'il en perit beaucoup, malgre les soins que Ton
prend. Pour remplacer ceux qui periront, il
faudra avoir recours aux sautelles que ron
prendra sur les saules voisins , dont on courbera
les tfites pour les enterrer, afin quelles servent
a suppleer par la suite tout ce qui sera niort.
Lorsque la sautelle aura un an , on la sevrera
de sa mere , afin qu'elle puisse , corame la vigue,
tirersa nourriture de ses propres racines.
XXXL II faut planter du genet dans les lieux
tropsecs, qui ne s^accomraoderont pas d'autres
especes d'arbrisseaux. Lesliens qu'onen faitsont
tres-souples, outre qu'ils sont assez fermes. On
le serae en graine; et lorsqu'iI est venu on le
transporte ailleurs en barbue de deux ans, ou
bien on le laisse h rendroit meme ou il a ete
seme ; auquel cas on peut le couper ensuite tou-
tes les annees pres de terre, corame les mois-
sons. Lcs autres especesde liens, tcls qne les ron-
ces, demandeut un plus grand travail ; mais on
ue peut pas cependaut s'en dispcnser au defaut
des preraiers. Le saule doiit on tire les per-
ehes deraande a peu pres la meme terre quc
celui dont on tire des branches pliables. II vient
ccpendant mieiix dans un terrain arrose que dnns
tout autre endroit. On le plante par boutures,
auxquelles ou ne laisse qu'une seule perche ,
lorsqu'elles sont germees. On le beche souvent ,
on arraehe les herbes qui croissent a ses pieds ,
et on rebourgeonne comme la vigne, afin de
rexciter a donner des branches qui soient plu-
tot longues que grosses : cultivi', ainsi , on ne le
coupe que la quatrieme annee; au lieu que ce-
lui dont on veut faire des liens peut ^tre coupe
des la premiere annee a deux pieds et demi de
terre, afin que le tronc produise des rejetons,
et puisse etre arrange en bras, comme les vignes
basses. Sicependant le terrain est trop sec, oa
feramieuxde necoupercedernier qu'adeuxans.
XXXII. On laboure la terre au pasfinum
pour le roseau, mais, a la verite, peu profoade-
ment; neanmoins il est mieux de le planter au
hoyau. Quoique cette plante soit tres-vivace,
et qu'elle s'accommodedetoute sorte de terrains,
elle reussit cependant mieux dans un terrain
ameubli que dans un terrain compacte ; dans
une terre humide que dans une terre seehe;
dans les vallees que sur les hauteurs; et il y a
plus d^avantage a la mettre sur les bords des (leu-
ves , sur lcs lisieres des sentiers , et dans les lieux
couverts d'epines, qu'en plein champ. On plante
soit un caieu de la racine du roseau, soit une
bouture de sa canne, ou bien on le couche tout
entier en terre. Les caieux mis en terre , a trois
pieds dedistance les uns des autres , donnent en
moins d'un an des perches en etat d'etre em-
ployees. La bouture, ainsi que le roseau entier,
demandent un temps plus long. Mais, soit qu'on
plante unebouturede la longueur dedeux pieds
et demi , soit qu'on raette en terre un roseau
CDtier , il faut que la tetcde Tun corame de Tau-
tre plant soit toujours hors de terre, parce que
si on les couvrait entierement, ils pourriraient
tout a fait. Lestrois premifcres annees , on ne les
cultive pas autrement que les autres arbrisseaux
dont nous venons de parler : lorsque par la suite
ils sont vieillis , il faut leur donuer une seconde
iniiisquani f;crminer.t , dum silent virga;, qiias arlioiibiis
iletralii siccas convenlt. Nam roscidas si lecideiis, param
prospere proveniunt. Ideo pluvii dies in exputanda salice
vitantiir. Fodienda sunt primo triennio salicta crebrius,
ut novella vineta. Cum deinde convaluerint, tribus fossu.
vis cor.tcnta sunt; aliler culla celeriter deticiunt. Nain
quanivis adiiibeatur cura, plurimae salices intereunt.
Qiiaruin in locnm e\ propinquo mergi propagari debent,
curvatis el defossis cacuininibus, quibus restituatur
quicquid intercidit. Anniculiis deinde mergus decidalur a
stirpe , ut suis radicibus tanqiiam vilis ali possit.
.\XXI. Perarida loca, qu;e geiius id virgultorum non
ivcipiniit.genistam postulant. Ejus cumsitsatis rirmum,
tiim etiaiu lentissimum est vinculum. Seritur aiifem se-
niine, quod cum est natum, vel defertur liima viviradix ,
vel I elicla ciim id tempus excessit , omnibus annis moie
se^elis jiiNla terram demeti polest : cajtera vincula, qua-
lia sunl ex rulio, majorem opeiam, sed in cj;cno tamcn
iiecessai iam exigunt. Peiticalis fere salix eundem agrum ,
quem viminalis, desideiat; raelior tanien rigiio provenit;
atque ea taleis conseritur, et cum germinavit, ad nnam
pciticam sulmiittitiir, crebroque foditur atqiic cxliei liaUir,
nec minusqiiam vinea pampinatur, ut in longitudinem [ra-
inorum] potius quam in latitudinem evocetur. Sic culla
qiiarlo demum anno ca^ditur. Nam qufe vinculis praeparalur,
potest anniciila praecidi ad seniissem supra duos pedes, ute
trunco fructicet, et in bracbia velut liumilis vinea dispo-
natur; si tamen siccior fuerit ager, bima potius reseca.
biliir.
XXXII. Arundo minus alte pastinato, melius tamen
bipalio seritur. Ea cum sit vivacissima, nec recuset ullum
locum , prosperius resolulo, quam deiiso ; humido, quam
sicco; vallibiis, quam clivis; fluminum lipis, el limili
biis ac veprelis commodius quam mediis agris deponitur.
Scritur bulbus radicis, [seritur] et talea calami , nec minus
totoprosterniturcorpore. Biilbus tripedaneis intervacanti-
biis spatiis obriitus anno celerius niaturam perticam prae-
bet. Xalca,et tota arundo serius praediclo tempoic evenit,
Sed sive recisa in dupondium et seinissem tulea, sive
totae arundines prostratae deponantur, exstent eariim ca-
cumina oporlet : qiiod si obruta sunt, totae putiescunt.
Sed cultus aiundinetis primo triennio non alius est , qiiam
crcteris. Ciim deinde consenuit, iepa.stinandnm est. Ea
cst autcni sencctiis , cum vcl cxaruit situ rl inerlia piu-
DE UAGRICULTURE, LIV. IV.
facon au paslimm. Ils sont censes \ieux , lors-
que le duvet dont ils sont couverts les a des-
seclus, et qu'ils u'ont rien produit pendant plu-
sieurs annees, ou lorsqu'ils sont si epaissis,
qu'ils ne donnent plus que des roseaux greles,
et semblablesa des flageolets. Mais, dans le pre-
iniercas, il faut les extirper entierement; au
lleu que, dans le second cas, on peut se conten-
ter d'en couper quelques-uns de distance en dis-
tance pour les eclaircir : les paysans appellent
cette operation castratio. Neannioins on ne peut
jamais les couper qu'a raveugle , puisqu'il n'y
a rien sur terre a quoi Ton puisse distinguer
ceux qu'il faut oter de ceux qu'il faut laisser. 11
vaut toujours mieux chStrer le roseau avaut
!e temps de sa coupe , parce que les cannes in-
diquent alors ciairement ce qu'il en faut arra-
cher. Le temps favorable pour donner aux ro-
seaux une seconde facon au pastinum , de
memeque pourles planter, c'est avant que leurs
yeux soient germes : on les coupe ensuite apres
le solstiee d'hiver, attenduqu'iis profitent jusque
la; apres quoi ils s'arretent, parce que les froids
de rhiver les roidissent. II faut les becher aussi
frcquemment que les vignobles. II faut aussi ,
quand ils sont niaigres, les aider avec delacen-
dre, ou avec toute autre espece de fumier ; c'est
dans cette vue que la plupart mettent le feu dans
les plants de roseaux apri^s la coupe.
XXXIII. Le ch^taignier approche de la nature
des robres : c'est pour cela qu'il est tres-bon
pour fournir les vignes d'appuis. La chiitaigne
seraee dans un terrain laboure pour la seconde
fois au pastiiiui/i leve promptement; et si
Ton en coupe la productionau bout decinq ans,
elle se ranime comme le saule, et les pieux que
Ton en a faits durent prcsque jusqu'a la coupe
suivante. Le chataignier veut une terre douce et
ameublie , sans neaumoins se deplaire dans un
sable humide , ni dans un tuf pulverise : il re-
eherche les hauteurs ombragees et septentriona-
les , et craint les terrains compactes , ainsi que
ceuxqui sontpleins de terre rouge. On seme les
chataignes depuis le mois de novembre jusqu'i
la liu de rhiver, dans une terre seche et facon-
meanpastiitum pour la seeoude fois, a la pro-
fondeur de deux pieds et dcmi ; on les separe
l'une de Tautre d'un demi-pied dans les rangees ,
eton laisse un intervalledecinq pieds entre cha-
que rangee. On lesenfonce dans dessillouscreuses
a neuf pouces de profoudeur; et lorsqueces sillons
sout enseraences, on y fiche , avant de les apla-
nir, un petit roseau k cote de chaque chutai-
gne , afin que ces roseaux servant de signaux
pour faire connaitre les endroits oii les chatai-
gnes sont semees , on puisse becher la terre et
en arracher les mauvaises herbes avec plus de
pr^caution. Des qu'elles ont des tiges qu"on peut
transferer, ce qui arrive auboutde deuxans,
on en arrachequelques-uncs d'espaceen espace,
en laissant deux pieds de vide entre chaque
arbrisseau , de peur qu'elles ne viennent a mai-
grir, pour etre trop drues. Si on les avait semees
plus drues dans le principe , ce n'etait que pour
ob vier aux differentsaccidents qui pouvaient sur-
venir. En effet, il arrive quelquefois que le de-
faut de pluie les desseche , ou que la trop grande
abondauce d'eau les pourritavantqu'elles soient
germees; d'autres fois, qu'elles sont devastces
par lcs animaux qui vivent sous terre , tels que
les rats et les taupes : et c'cst la raison pour la-
quelle on voit souvent les nouvellcs chataigne-
raies se degarnir. Lorsqa'il estbesoiu de les re-
peupler, il vaut mieux , si fon est a meme de le
faire,abaisser des perches desarbres voisins en
facon de sautelle pourlespropager, que d'en ar-
racher pour les planter. Eu effet , ces perches,
restant comme immobiles a leur place, produisent
lium annorum , vel ita (leasatiim est , ut giacilis et cannie
ftimilis ariimio prodeat. Sed illud de inlegio refodi debet;
liocpotest inteicidi et disraiaii, qiiod opus rustici stipa-
lionem vocant : qiiK lamen resectio arundineti caecaesl,
quia non apparet in terra , quid aut tollendum .sit aut rclin-
quendum : toleiabilius tamen ariMuIo castratur ante quam
caeditur -. qiiatenus calami velul indices demonstrant, quid
eruendum sit. Tempus repastinaudi et conseieiidi est prius
«liiam flculi arundiniini egerminent. Caeditur deinde post
lii umam : nam iisque in id tempiis incrementuni capit.
Ac tuni compescitur, cuin obrigiiit iiiherno frigore. l"o-
iliendiim qiioties et vineta. Sed [ett macics ejiis ciiiere vel
;dio sleicore juvanda esl, propter quod csesum plerique
■iicendunt arundinetum.
XXXIIl. Castanea roboribus proxima csf , et ideo stabi-
liendis vincis liabilis. Tiim in repastinato niix posita celc-
liter emicat, et jiost quinqiiennium cipsa more salicti re-
crealiir, neque in palum formata fere iisqiic in alteram
cjcsionem peiennat. Ka piillam terram et resolntam desi-
•icrat; sabiiloncm liHiliiduiii vel refrartuiii lifum noii
respuit; opaco et septentrionali clivo laefaliir; spissum
solum et rubricosum reformidat. Seritur ab Novembri
mense per lotam liiemem sicca terra et repastintata in alti-
tudineindupondii el semissis. Nuces in oidinem semipe-
dabbus ; ordines autem quinnm pedum spatiis dirimuntur.
In altitudiiiem dodrantis castanea depiessis sulcis com-
niiUitur. Qui ubi nucibus sunt consili, priiisquam com-
planentur, brevesarundines ab lateiecastanearum pangun-
liir, iit per lius sationis indlces tutiiis fodi et runcari pos-
.-.iiil. .Siiiiiilatque semina stilaveiint, etiam biina transferri
qiieunl, iiitervelliintiir, ac bini peiles arbusculis vacui
relinipiuiitiii, ne densitas plaiitas emaciet. Spissiiis autem
seuicii propler varios casiis deponitur. Nam interdum
prius quam enascatur, aiit siccitatibiis nux inare.scit, aul
aquariim abundanlia pulrcscit : interdum subterranei.s
animalibus sicuti muribus et talpis infestatur. 1'ropler
(pia; sa;pe novella castanela calvescunt : alque ubii^requen-
tanda siint, melius exviciiio, si competit, mergi more
pertica declinata propagatur, quam exenipfa reseritiir.
Il.er ciiim vclut inimota sua scde vcliementcr gerniiual.
2,S2 GOLUMELLE.
beaucoiip de boutons; au lieu que celles qui ont
cte mises cq teiTe apres avoir ete arrachees avcc
leurs racines soiit deux ans a se reniettre. Cest
pour cela qu"on a remarque qu'il etait plusavau-
tageux de faire des Ibrets de chataigniers en
semant la chataigne elle-meine , qu'en lu plan-
tant en barbues. Si Ton se regle, en semant des
chStaignes, sur les distances que nous venons de
(ixer ci-dessus , un terrain d'un jugerum con-
tiendradeux millehuit centquatre-vingtschatai-
gniers, qui donneront aisement (comme dit Atti-
cus) douzemilleechalas. En elTet, on fend ordinai-
rement les brunches voisines de la souche en (jua-
tre, et les autres qiii sout pluspetites que eelk-s-
ia, en deux. Ces espeees d'appuis , ainsi fendus,
se conservent pluslongtemps que les pieux ronds
dans toute leur longueur. Quant aux fouilles que
ccs plantes exigent, et k la facon de les arran-
ger, c'est la meme culture que pour la vigne.On
doit les eclaireir un peu a deux ans, et meme a
trois ans, independamrBent de ce qu'il 1'aut y
appliquer deux fois le fer au commencement du
printemps, si on veut les excitera monter haut.
On peut aussi semer le gland du chene de la
meme facon, mais on coupe cet arbre deux ans
plus tard que le chataiguier; c'est pourquoi le
bon sens veut que ron cherche a gagner dutemps
cn semant preferablement des chataignes , a
moins que Ton n'ait en sa possession des mon-
tagiHS pleiiies de buissotis et de graviers, ou
dcs terres de la i.ature de celles que nous avons
designecs ci-dessus, qui demandent plutot du
gland que de ia chataigne. J'ai traite jusqu'iei
assez au loiig, et non sans quelque utilile, au-
tantque je piiis m'en flatter , des vignobles d'l-
talie et de tous leiirs accessoires; je vais donner
h present la culture des vignes telle qu'elle est
en usage chez les agricultcurs de province, ainsi
que celle dcs plants d'arbres maries aux vignes,
tant ceux de uotre pays que ceux de la Gaule.
LIVRE V.
L Vous m'avez dit , Silvinus, qu'il manquait,
dans les premiers livres que je vous ai adresses
sur la formation et la culture des vignobles , bien
deschosesque lesamateursdes travaux rustiques
voudraient y trouver ; et je nu disconviendrai pas
que je n'en aLe omis quelques-unes , cjuoique
j'aie neanmoins fait une recherche exacte de tout
ce que les agriculteurs de notre siecle et ceux
des siecles preccdents ont laisse par ecrit : mais
en prometlant de donner des preceptes d'econo-
mie rurale , je ne m'etais pas cngage , si je ne
me trompe, a donner tout cequi pouvait appar-
teuir a cet art immeiise; et il me semble au con-
truire queje ne m'etais engage qu'a en donner
la plus grande partie. En effet, un ouvrage de
cctte etendue aurait depasse la portee d'un seul
homme, puisqu'il n'y a aucune science ni aucun
art que le genie d'un seul homme ait conduit a
sa pcrfection. Aussi ,.de meine qu'il suflit a un
bon chasseur qui court apres des betes fauves
dans une foret immense, d'en prendre le plus
qu'il peut, et qu'on n'a jamais fait un crime a
personne de n'avoir point pris toutes celles qui
s'y trouvent; 11 doit egalement nons suffire d'a-
voir donne la plus grande portion d'une matiere
aussi etendue que celle que nous avons entre-
pris de traiter, d'autant que lcs choses qu'ou nous
accuse d'avoir omises dans notre ouvrage,et que
l'on aurait voulu y trouver, sont des choses etran-
geres a notre profession. Dernierement, par
exemple, notre ami M. Trcbeilius pretendait que
j'aurais du donner des r^gles |iour mesurer les
terres, dans la persuasion ou il etait que la me-
Al qua; radicibus exempta ct dcposila est, biennio refor-
midat. 1'iopter iiuod compertuni est c.ommodius nucilius
quam vivjnidicilius i'jiisoiodi silvas inslitiii. Spalia lip-
jusce saliiiiiis, i|ii:;' s;i| i.i ^rii|il.i snnl, capila castanearum
lecipiunt npi;H n.iAw , < njns miiiuiut, siciit ait Atticus,
ex faciti jiificia sliij;ula piailieljiiiit slatuminum duoilcna
millia. Etenini taleie propius stiipem recisae qiladiilidas
plernmqne, ac deinde secunda; lalea; ejiisdem arboiis
bifidas ridicas subm:nistrant : qiiod geiiiis fissilis adini-
iiiculi manet diiiUus quani teics paliis. Ciitliis ideni ost
[fossionis posilionisqne] qiii vinea". Snppiilari debet bima ,
qiiin etiani I; iiiia : iiani liis ferro repeleinta est veris piiii-
cipio , iil iiuileuir cjiLs iiruciTiliis. Polesl eliam queicus
siniijl laliiini' si ri ; \eiiiiii tiieiiiiio lardiiis qnam tastanea
deciditiir. Piiiplcr qiiod ratio piislulat tenipiis poliiis lu-
trari , iiisi si duino.si jjlarcosiqiie inonles , atqiie ea genera
teriie, qu:i;su|iia diviinus, glaiiilem magis, quain casla-
neani po.sliilabiiut. llyc de viiieis llalicis viiiearunique
instrumriilis, qiianliini reor, noii inutiliter etabundedisse-
rui ; iiiox agriculai uin provincialium vinealicos nec minus
oostratis et Gallici urliiisti cullus traditurus.
LIBER QUINTUS.
I. Supcrioriluis liliris, qnos ad tedecon,stilnendiscolen-
disqiie vincis, Silvine, scripseram, iionnulla defnisse dixisli,
qiiiic agresliiim opcrnm sliidiosi desiderarent; neque ego
inlilior aliqna me prirteriisse, qnamvis inqnirentem sc-
diilo , qua' noslri seciili cultores ipiaeque veteres lilerarum \
inoiiiinientis prodiderunt : sed cum sim profcssus rustic%
rei pr.TcepIa, nisi fallor assevcravcram , qiia; vastitas cjus
scicnlix coiitiueret , noii ciincta me dicUnum , sed (iliirima.
Nam illud in iiiiius bominis prndentiam cadere uon pote-
rat. Neqiic euim esl nlla discipliiia aiit ars, qute singnlaii
consummata sit iiigenio. Qiiapropler ut in magua silva boni
vcnatoris est indagantem fCrasqnampliiriinas capcre; nec
cuiqiiain ciilpiie fiiit non omnes cepisse: ita nobisabnnde
esl, lam diffusse niateria;, quam suscepimus, inaxiiiiani
partem tradidissc. Qnippc cum ea velut oinissa desideicn-
tiir, quse non sunt projiria nostrie professionis, ut pro-
xime, cuin dc coinmeliendis agris rationcm M. Trebcllius
noster requiieret a me, vicinuni adeo atqiic c<iiijnncluin
csse censebat denioiistranti, quemadmodum agriini pasli-
DE L"AGRICULTURE, LIV. V.
ihuclc do labourer un terrain au pnstinum, ct
celle de le mesurer lorsquMI etait ainsi laboure,
etaient deux choses qui se tenaieut cnsemble , ct
qui n"en faisaient qu'une seule ; mais je lui rcpon-
dis ([ue ce n'ctait point la la fonction d'un agri-
cultcur, maiscelle d'uu arpenteur ; d'autant que
k'S architcctes, qui sout cependant ccux qui doi-
veul conuaitre mieux que personne la methode
des mesures, ne daiLinent point examiner par
eux-memcs celledes biUiments dont ils ontdoune
les plans, aprts qu'ils sont aeheves, ct qu'ils
croient qu'il y a bien de la difference entre les
objets qui sont de leur profession et de leur res-
sort, etlesobjets dependant de la professiou des
personnes dont la fonction est de mesurer les
cdifices lorsqu'ils sont acheves , et de supputer
la depense a iaqueile ils doivent monter. Cet
exemple est unc raison de plus pour me faire
croire qu"ou doit pardonner a notre scieuce si
clle se conteote d'enseigner comment ehaque
chose doit etre faite, sans aller jusqu'a calculer
la mesure des ouvrages faits. Neannioins, com-
me vous me demandez aussi vous-mfime, Silvi-
nus, a titre d'arai , lespreceptes relatifs aux me-
surcs,jeveux bien merendreavosdesirs, pourvu
que vous demeuriez convaincu que c'est plutot
raffaire des geometres que des gens de la cam-
pagne, et que vous m'excusiez, au cas que je
tombe dans quelque erreur suruue matii^re dont
jene m'attribue pas la connaissance. Ainsi, pour
cntrer en matiere , toutes les mesures d"une sur-
face quelcouque se rcduisent a celle du pied,
qui est compose deseize doigts. La multiplieation
du pied donne graduellement le pas, ['aclus, le
cliiita, \e jiKjcnim ^ \e stadiuiii , la ccntiiria,
ct d"autres especes de raesure enciu-e plusconsi-
derables. Le pas est de cinq pleds. Uactus ini-
niiiius i^eoranie dit M. Varron) est de quatre
pieds de largeur sur cent vingt lie longueur. Le
cliina est de soixante pieds en tous sens. L'«c-
tus <jnadralus est uu carre dont chaque c6te
a cent vingt pieds. Lc double de cet actus donne
\ejugeruin, qui a tire son nom ilujungcrc, join-
dre, reunir, parce que \ii juffcruin se compose
de deux actus reunis (junctum). Mais les
paysans de la province de Betique dounent le
nom d'ac7iua k cet actus, comme ils donnent
celui de porca a une largeur de trentc pieds sur
une longueur de cent quatre-vingts. Les tiaulois
donnent aussi le nora de candctuin a une surface
decentpieds mesure de ville, ou a une surface
de cent cinquante pieds mesure de campagne :
ils appelient encore arepennis un semi-Jur/c-
runi. Aiusi deux actus forment, comme je rai
dt''ja dit, un Jufferum, qui comprend deux cont
quarante pieds de loug sur cent viiiiit pieds de
large, lesquels, multiplies Tuu par Tautre, dou-
nent un produit de \ingt-huit mille huit ceiits
pieds carres. Vient ensuite le stadium, qui est
de cent vingt-cinq pas, c'est-a-dire, de six eeut
vingt-cinq pieds , lesquels cent vingt-cinq pas,
multiplies parhuit, font mille pas,et par couse-
quent cinq mille pieds. Nous appelons aujour-
d'\m\centuriii, une mesure dedeux cenls Jut/cra
(comme dit le mi^me Varron) , au lieu qu'autre-
fois cetle mesure nVtait que de cent Jur/era ;
aussi etait ce de ce nombre qu'elle tlrait sou nom.
Mais quoiqu'on Tait portee au double par lasui-
te, elle a conserve son ancien nom ; de meme que
lcs tribus ainsi noramees, dans rorigim', du nom-
bre des trois classes dans lesquelles !e peuple ro-
main fut divise, conservent eucore aujourd"!uii
leur ancienne denomination , quoiqu'el!es soient
en plus grand nombre. II uousa fallu commencer
par expliquer brievenient tous ces mois , conunc
etant iuseparables des calculs que nous donne-
iiMniis, pra'cipere pfiam pasliiiatiinKniemadmodum meliri
(lel)oamiis. (^luoil ego iion agricolaj sed mensoris oflicium
csse dicebam; cum piaeserlim nearcliilec.ti qwidem, cini-
hiis necesse esl nieiisiirarum nosse rationem , digiienUir
coiisnmmatorum xdiliciorum, qiKT ipsi disposneiiiit, mo-
diimcomprcliendere, sed aliiul e^iisliment proressioni siiio
convenire, aliud eoriim, qui jam evlnicta meliuiitur, ct
iniposito calculo perlecli operis rationem CDmiuiiant. Quo
masis veniam Iribiieiidam esse no.slr.e di^cipliuie censeo,
si ealcniis proj;reilitur, iit diriit, ipi;i iiiiidiicie ralioiie la-
cieiidiim, non ipiantuin icl sit cpiod iHec eiil. Veruin ipio-
niani 1'miiliariler a niibis lu qiiocpie , Silvine, iiia'eepta
niensiirariiiii desideras, olisequar vciliinlali tiiir, cuni eo,
ne diilHles idopus f;eomctrarum inagis esse qiiam riistieo-
iiim, desc|iie veiiiam , si quid in eo fiieril erraliini, ciijus
scientiam milii non vindico. .Sed ut ad rem r(!dcain, mo-
diis oinnis arene pedali inensiira comprelienditur, qiii di-
gitoriim est xvi. l*es multipliealiis in passiis et actus et
climata et jiigera el stadia centiiriasque mox ctiam in ma-
joia spalia procedil. Passus pedes liabet v. Aclus mini-
mus (ul ait M. Varro) latiludinis pedes quatuor, Ioiij;itu-
dinis habel pedes cxx. Ctimn qiioquo versus pedum est
Lx. .•lclus f/undraUis undicpie liiiilur pedibiis cx\. IIoc
dHplicalum (■jnitjurjerum, et ab eo , quod erat jiinctuin ,
nomen jugeri usnrpavit : seil hiiuc actum provinciae non-
tieie riistici ncnunui vocant : iidemqiie liisinla pedum
laliludiiiem et ci.wx loiisitiidinem pnrcnm clicunt. At
Galli candclum apiicllant iu areis iirbanis spatiiim ceutiim
pediim, in asreslibus aiitcm pediim CL. [quod araloii»
candclum nominaiit ] Semijusenim qnoqiie nrcpcnnrm
yocant. Krgo ( ut dixi ) duii ai tiis jiiserum efliciunt lon;;i-
liidine pcdum ccxi., lalitiidiiic peclnm cxx. Qiiie ntrivcpie
snmmn' iii sc miiltiplicalie ipiadralorum faciinit peiliim
visinli octo millia et ocliugentos. Stadium deiiide liabet
passns cxxv, id esl pedes nc.xxv, qiiai mensiira orlies
nnilliplicala eflicit inille passus, sic veniunt cpiiiupie mil-
lia pedum. Ccnhirinin iiuiic dicimiis (nt idem Varroail)
diicentonim jiit;eriim moiliim. Olim aiitem ab eeuliim ju-
gerihn.s vocabaliir cenlinia, sed iiiox duplicata nonien re-
liniiit: siciiti tribiis dicla! primiiiii a pailibus pcipiili Iri-
partito divisi , cpia' tamen iiiiiic' mnlliplicala? pristiiiiim
nomen pos.sidciit. Ilxc non aliena, nec procul a latiociuio,
284
COLUMELLE.
rons par la suite. Venonsmaintenant a notre but.
On ne trouvera pas ici toutes les parties dans
lesquelles \ejugeru'ii peut se diviser, et nous ne
donneronsque le nom de celles qui entrent dans
restimation desouvrages t regler, parcequ'il eut
et6 inutile de nous perdre dans le detail des plus
petites parcelles qui n"entrent point en compte.
Lejugerum est donc (comme nous Tavons dit)
de vingt-huit mille huit cents pieds carr^s, les-
quels font deux cent quatre-vingt-huit scripu-
la. Or, pour commencer par ia plus petite paitie,
c'est-a-dire, par la raoitie du scripulum , la cinq
cent soixante et seizieme partie du jugerum est
de cinquante pieds ; c'est la moitie de son scri-
pulum : la deux cent quatre-vingt-luiitieme par-
tie est de cent pieds ; c'est le scripulum entier : la
cent quarante-quatrieme partie est de deux cents
pieds; ce sont deux scripula : la soixante et
douzit^me partie est de quatre cents pieds ; c'est la
sextula , qui equivaut a quatre scripula : la qua-
rante-huitieme partie est de six cents pieds ; c'est
le sicilicus, qui equivaut a six scripula : la
vingt-quatrieme partie est de miile deux cents
pieds; c'est la semuncia, qui equivaut a douze
scripvla : la douzieme partie est de deux mille
quatre ccnts pieds ; c'est Yuncia, qui equivaut a
vingt-quatre scripula : la sixieme parlie est de
quatre mille huit ceuts pieds;c'est \esca:tans,
qui equivaut a quarante-huit scripula : la qua-
trieme partie est de sept mille deux cents pieds ;
c'esl le quadrans, qui equivaut a soixante et
douze scripula : la troisierae partie est de neuf
mille six cents pieds; c'est le triens, qui equi-
vaut a quatre-vingt-seize scripula : la troisieme
partie, pius la douzierae, sont de douze mille
pieds ; c'est le quincunx, qui equivaut a cent vingt
quort tradituri sumus, breviter pr.rfari oportuit. Niinc ve-
niamus ad propositum. Jugeri partes non omnes posuimus ,
sedeas, qua; cadunt in aestimalionem facli opeiis. Nani
niinores persequi supervacuum fuit , pro quibus nulla mer-
ces dependitur. Igitur ( ut diximus ) jugerum liabetquadra-
torum peilum viginti oclo millia et octingentos : qui pedes
efficiunt scripula ccLwxvm. Ut autem a niinima parte , id
estab dimidio scripulo incipiam, pars quingentesima sep-
tuagesima sexta pedeseflicitquinquaginta; idestjugeri di-
midiuin scripulum. Pars ducentesima octogesima octava
pedes centuni ; lioc esl scripuluni. Pars cxliv pedes cc , lioc
est scripula duo. Pars septuagesima et secunda pedes cccc ,
hoceslsextula,inquasuntscripulaquatuor. Parsquadrage-
simaoctava pedes dc, hoc estsicdicus, inquosuntscripula
sex. Pars vigesima quarta pedes mille ducentos, hoc est
semuncia, in qua scripula xii. Pars duodecinia duo niillia
et quadringentos, hoc est uncia , in qua sunt scripula xxiv.
Pars sexta pedes quatuor niillia et oclingentos, hoc est
sextans , in quo sunt scripula xlviii. Pars qiiarta pedes
septem millia et ducentos, hoc est quadrans , in quo sunt
scripula lxxii. Pars tertia pedes novem millia, ct sexcen-
tos, hoe est triens, in quo sunt scripula xcvi. Pais terlia
ct Hua diiodecinia pedcs duodecim millia, lioc «it qiiin-
cunx , in quo simt sn ipula c\x. Pais diinidia pedes qua-
scripula : la moitie est de qualorze mille quatre
cents pieds; c'est le semis, qui equivaut a ceut
quarante-quatre scripula : la moitie, plus la
douzieme partie, sont de seize mille huit cents
pieds ; cest le septunx, qui equivaut a cent
soixante et huit scripvla : les deux tiers sont
de dix-neuf mille deux cents pieds; c'est le hes,
qui equivaut a cent quatre-viugt-douze scripu-
la : les trois quarts sont de vingt et un mille six
cents pieds ; cest \edodrans, qui equivaut a deux
cent seize scripula : la moitie , plus le tiers , sont
de vingt-quatre mille pieds ; c'est le dextans,
qui equivaut a deux eent quarante scripula : les
deux tiers, plus le quart, sontde vingt-six mille
quatre cents pieds ; c'est \edeunx, qui equivaut a
deux cent soixante et quatre scripula : \e juge-
nim eutier est de vingt-huit mille cent pieds;
c'est \'us, quiequivaut a deux cent quatre-vingt-
huit scripula. Si la surfaced'unjMr/t7»w forraait
toujours un rectangle, et qu'eu la mesurant oa
lui trouvat toujours deux cent quarante pieds en
longueur et cent vingt pieds en largeur, il scrait
tres-facile d'en faire le calcul : mais corame la
difference dans la forme des terres est matiere a
difliculte, nousallons indiquer ci-dessous toutes
les figures generiques qui nous serviront comrae
de formules applicables ^toutes lesautres especes
de ligures.
n. Tout terrain a la forme d'un carre par-
fait, ou d"un rectangle, ou d'un coin, ou d'uu
triangle , ou d'un cercle ; quelquefois merae il a
la forrae d'un demi-cercle, ou d'un arc de cercle,
et souvent il presente la figure d'un polygone.
La raesure dun carre parfait est tres-facile a
trouver. En effet, comme cette figure presente
le raeme nombre de pieds de tous les c6tes , on
luordecim millia et quadringentos, hoc esl semis, in quo
sunt scripula cxLiv. Pars dimidia et una duodecima, pe-
des sexdeciin millia el oclingentos , lioc est seplunx , in
qiio sun'1 scripula clxviii. Partes duae terliiB pedes decem
iiovemmillia etducenlos, hocest bes, in quosuntsciipula
cxcii. Partes tres quartai pedes uuiim el viginli millia et
sexcentos, hoc est dodrans, in quo sunt scripula ccxvi.
l'ars dimidia et tertia ped. viginti qualuor millia , hoc esl
dextans, in qiio sunt sciipula ccxl. Parles dua- tertise et
una quarla pedes viginli sex millia el quadriiigentos , hoc
est deunx, in quo sunl scripula cclxiv. Jugerum pcdes
viginli oeto millia et oclingentos, hoc esl as , in quo snnt
scripula cclxxxviii. Jugeri aulem modus .si semper qua-
draiel, et iu agendis mensuris in longiludinem haberet pe-
des ccxL , in lalitudinem pedes cxx , expeditissimum esset
ejus ratiocinium. Sed quoniam diversae agroruni formae
veniunt in dispulationem , cujusque generis species siibji-
cieinus , quibus qiiasi formulis utemur.
II. Omnis agcr aul quadralus, aut longus, aul cunea-
tus, aut Iriquelrus, aut rotundus, aut etiam semicirculi,
vel arcus , nonnunquara eliam plurium aiigulorum formam
exhibel. Qiiadrati niensura facillima est. iVam cum sil iin-
di(iue pcdum lolidein, multiplicanlur in se duo latera, <l
qu.T bumina ex niultiplicatioiie effccta est , cam diceiniis
DE LAGRlCUi
en mulliplie les deiix ccV.cs ruii pai- rautre, ct
rou dit que le produit de cette niultipiieatioii
donne la somme totale des pieds cai-res qu'elle
oontieiit. Parexemple, si c'est un terrain de eent
pieds en tous sens , nous disons : Cent fois cent
font dix mille. Nous en conclurons donc que ce
terrain contient dix miile piedscarres, qui foiit
un tnc/is, plus une sextnla ihijugerum; et. ce
sera surce pied-laqu'il faudracalculer Touvrage
qui aura ^te fait. Mais si le terrain est un rectan-
Rle qui ait, par exempie, la fiyure du jiif/c-
rum, c'est-ii-dire deux cent quarante pieds de
long sur cent vingt de large, corame je viens de
le dire ci-dessus, on muitipliera les pieds de la
largeur par ceux dela longueur, decette facon :
Cent vingt fois deux cent quarante font vingt-
huitmillehuit cents. Nousdironsdonc queee sera
lenombre de pieds carres que contlendra im Ju-
geruni de terre . et il en sera de meme de tous
les terrains rectangles. Mais si le terrain a la
forme d'uu coiu, par exem|)le, qu'il ait cent pieds
de long, et vingt pieds de large par un cote sur
dix parrautre, pour lors nous additionneroiis
ensemble lesdeux largeurs : ia somme totale sera
trente, dont la moitie est quinze , que nous inul-
tiplierons par la longueur, ce qui produira milie
cinq cents pieds. Nous dirons donc que e'est le
nonibre de pieds carres que contient ce coiii ,
nombre qui equivaudra a une semiincia duju-
gerum , plus trois scripula. Mais sl vous avez a
mesurer un triangle equilateral , voici comme
vous vous y prendrez : Soit un terrain triangu-
laire dont chaque cote ait trois cents pieds ;
multipliez ce nombre par lui-meme : le produit
est de quatre-vingt-dix mille pieds : prenez le
tiers de ce produit, c'est-a-dire trente niille;
csse quadralonini pedum. Tanqiiam est lociis quoquo versus
c pediiin : duciinus centies cenlenos, liunl decem millia.
Dicemua igitur eiim locuin Iiabere deccm millia pedum qua-
ilratoruin , qu<c efliciuiit jiigeri trientem , et sextiilam , pio
qua portione operis effecti numeralionem facere opoi lebit.
At si longiur fuerit.qiiam latior, ul exempli cau.sa jugeri
forma pedes liabeal longitudinis ccxl, latitudiuis pedes
c\x, ita ut paulo anle di\i : latitudinis pedes cnm longitu-
dinis pedibiis sic mulliplicabis. Centies vicies duceni qua-
drageni liunt viginli ocio inillia et ocliiigeuli. Dicemus jii-
gerum agri lot pedes qiiadralos liabere. Similitei qiie fiet de
omnibus agris, quonim longitudo niajor sil lalitudine. Sin
autemcuneatus ager fuerit, ut pula longiis pcdes centum,
latus ex una parte pedes xx , el ex altera pedes x : tunc
iluas laliludines componemus, liet nlraque Summa pedes
XXX. llujus pars dimidia est qiiindecim , quani cum longi-
ludiiie niulli|ilicando efliciemus pedes mille et quingeutos.
Hos igitiir In eo cuneo quadiatos pedes esse dicemus , qnae
pars erit jiigeri semuncia et scripula Iria. At si tribiis pa-
ribus lateribus triqiielrum inetiri debiieiis, hanc formaui
seipieris. Esto ager trianguliis pedlim qiioquo versus triceii-
toruni. lluiic nuincrum in se multiplicato. Fiunt pcdiim
nouaginta inillia. IIiijus suiiiinx parlem terliam sumilo, id
e&l tii^iiita uiillia. IteiiiMiu ito decuinam, id est noveiii
,TUI\E, LIV. V. '^^^
prenez cneore le dixiemc, c'est-i-dire neuf
mille, et additionnez ees deux sommes : le total
sera de trente-neuf mille pieds. Nous dirons que
c'est le nombre de pieds carres que contient ce
triangle equilateral, mesure qui donne nn ju-
gervm, plus un triens, plus un sicHicus. Mais
si le terrain est un triangle rectanglc, comme
dans la figure ci-dessous, qui presente un an-
gle droit, il faudra calculer autrement : Soit la
ligne d'un des C("ites qui forme rangle droit, de
cinquante pieds , et eelle de lautre cote (|ui forme
le ni(l'meangle, de cent pieds; multipliez ainsi ces
deux somines Tune par Tautre : cinquante fois
cent font cinq mille, dont la moitie est deux
mille cinq cents , ce qui fait une vncia, plus un
scripulum Ag jugerum. Si le terrain est rond,
de faeon qu'il prt'senteun cercle parfait, prenez
ainsi les pieds : Soit une surface ronde doiit le
diametre ait soixante-dix pieds ; multipliez ainsi
ce nombre par iui-mt^me : Soixanfe-dix fois
soi.\ante-dix font quatre mille neuf cent; mul-
tipliez cette somme par onze, vous aurez cin-
quante-trois mille neuf eenfs pieds. Je preiids la
quatorzieme partie de cette somme, savoir, trois
mille huit cent cinquante pieds, et je dis que
c'est le nombre de pieds caries qui se trouvent
dans ce cercle, laquelle somme donne une sex-
cunciu, plus deux scripula et demi dejugerum.
Si le terrain est un demi-cerole , dont la base ait
cent quarante pieds et le rayon soixante et dix,
i! faudra mulfiplier ainsi le rayon par la base :
Soixaute et dix fois cent quaranie font neuf
mille huit cents, qui, multipliijs paronze, don-
nent cent sept mille huit eents, dont le qiiator-
zieme est sept mille sept cents. Cest le uombie de
pieds que nous dirons etre dans ce demi-cercle,
millia. Utramqiie siimmam componito. Fiunt pedes tiiginta
iiovem millia. Uiceinus banc summaui pedum quadratorutn
esse in eo triquetro, quie mensma etficit jugerum, ettrien-
tem , et sicilicum. Sed si liianguliis disparibus fiierit late-
ribiis ager, tanquam in subjecta forma , qua^ habet i ecliim
angulum , aliter ratiocinium ordinabiliir. Esto iinins late-
I is linea , quae facit angulum rectum , peduni quinquaginta ,
el allerius pediim centum. Has duas sumnias in se mulli-
plicato, quinquagies renleni liunt qiiinque millia. Horum
parsdimidiaduo iiiillia (piiiigeni, qu;e parsjugeri unciam,
et scripuluni elliiil. si idliinilus ager erit, ut circiili speciem
Iiabeat,bitpedessuiiiito. Estoarea rotunda,cujusdiainetro3
liabeat pedes lxx. lloc in se miiUipIicato, septuagies sep-
tuageni liunt quatuor millia et noningenti. Hanc summam
iiiidecies inuItiplicato,liunl pedes quinquagintatriamillia
nongenti. Hiijus suinmai quartam (lecimam subduco , sci
li(-(t podes tria millia oclingenti, etquinquaginta. Hos esse
qiiadratos in eo ciiculo dico, qiia; summa eflitit jugeri
sexcunciam , scripula duo ct diinidiuni. Si seniiiiiculus
liicrit ager, cujus basis babeat pedes clx , curvalurse autem
laliludo pedes lxx : oportebit uiiiltipliiare lalitiidineni
ciiiii basi. Septuagies centeni quadrageiii liiint iiu\ein mil-
lia ct octingenti. lla'c undecies iiiulti|ilicata ruiiit ceiilum
scplem inillia et oclingonti. Hiijns siimma; quarta deciiiid
286
COLUiVlELLE.
ct (jui font un qiiadrans, plus cinq scripiiln
de jucjerum. Mais s'il se trouve raoins d'un
dcmi-cercle, voici commenousmesurerons !'arc:
Soii un arc dont la base ait seize pieds ct la lar-
geurquatre pieds , j"ajoute la largeur a la base;
la somme totale est de vingt pieds , que je muiti-
plie par quatre; le produit est quatre-vingts ,
dout la moitie est quarante : de meme la nioitie
des seize pieds de la base, c'est luiit picds, qui,
multiplies pareux-memes, font soixante-quatre ;
j'cu prends la quatorzieme partie, c'cst quatre
pieds et un peu pliis ; ajoutez ccla a quarante , la
somme totale sera quarante-quatre pieds. Je dis
donc que c'est le nombre de pieds carres que
contient Tarc, et qui foat ia moilie d'un scrijra-
luin de ji/fjerum, moins un vingt-einquieme de
scripulum.. Si le terrain est un hexagone, voici
comme on le reduira en pieds carres : Soit, par
exemple, un hexagone dont ciiacun dcs cotes
ait trente pieds; je multiplie ainsi un cote par
lui-meme : Trente fois trentefont neuf cents; je
prends le tiers de cette somme, qui est trois
cents; j'y ajoute le dixieme, qui est quatre-
vingt-dix ; somme totale, trois cent quatre-vingt-
dix, qu'il fautmultiplier par six , parce qu'il y
a six cotes : le produit sera de deux mille trois
cent quarante. Nous dirous douc que c'est le
nombre de pieds carres que contient cet hexa-
gone. Aiusi il aura une nncia dejugennii, moins
un demi-scripulum et un dixieme de scripu-
lum.
IIL Si Tou a bien concu les principes de ce
raisonnement, il ne sera pasdiflicile de mesurer
les terres ; mais il serait trop long et trop epi-
neux d'entrer ici dans le detail de toutes les dif-
ferentes formes qu'eiles peuvent avoir. Je vais a
est septem millia et septiiigenti. Hos pedes essc dicemus in
semiciiculo, qiii efliciimt jiigeri qiiailranlem sci-ipiila
quinqiie. Si aiitnn niiniis qn.im somicirciilns erit, arciim
sic meliemiir. I^loaidi^, i iijus hasis liabiMt peiles xvi ,
latitudoauliaii iic.lcs iv. I.alilinliiiciii ciiiii basi pono. Fit
iilrumque peiles xx. lioe iliico qualfr. Fiunt lxxx. Ilornm
pars diinidla est XL. Ilem sexdecini pedum , qui siiiil lia-
sls, parsdimidiavHi. Hi viii in se mulliplicati, fiiint lxiv.
tjuarlam declmam partem duco, ea ellicit pedes iv paulo
amplius. Hoc adjicies ad qiiadraginta. Fit ntraque siimma
pedesxLiv. Hos in arcu quadralos csse dico, qui laciuiil
jugeii dimidium scripukmi, quiula et vigesima partc mi-
nus. Si fiieiit sex angulorum, in quadratos pedes sic redi-
gilur. Esto liexagonimi quoquo versus lineis pedum xxx.
Latus iiiium in se multiplico. Tricies triceni liunt dcccc.
HujussunnnEe lertiam partemstatiio ccc, ejiisdem partem
decumain xc. Fiunt cccxc. Hoc scxies ducendiiin esl,
qiioniam sex latera sunt, quae consiimniala erficiiinl duo
millia trecenteni et quadraginla. Tot igiliir peiles qiiadra-
tos esse dicemus. Itaque erit jugeri uucia dimidio scripulo
ct decima partc sciipiili minus.
III. Hisigitur velul primnrdiis talis ratiocinii percpptis
non diflicililer mensnras iniliimus agrorum, «pioriim niinc
omneis peisniiii sii;'cies et loiigum ct aidiiii-.;i est. Dii.is
present ajouter a ce que j'ai dit deux forraules
dont se servent souvent les agriculteurs lors-
qu'ils sont dans le cas darrauger des plantes.
Soit un terrain de douze cents pieds de long sur
cent vingt de large, dans lequel on veuille ar-
ranger des vigues de f leon qu'il y ait ciuq pieds
d'intervalle entre chaque rangee : je demande
combien il faudra de plautes, en laissant une
distance de cinq pieds entre chacune. Je prends
le cinquieme de la longueur, c'est deux cent
quarante, et le cinquicme de la largeur , c'est
vingt-quatre ; j'ajoute toujours a chacune de ces
sommes une unite pour la piante de rextremite
des rangees que l'on appelle angularis .• j'ai donc
une premiere somme de deux cent quarante et
un, et une seeondede vingt cinq. Je muliiplie
ainsi ces sommes : Vingt ciuq fois deux cent
quarante et un font six mille vingt-einq. Vous
direz que c'est le nombre de plantes qui seront
necessaires. De raemc, si on veut les raettre a
six pieds de distance lcs unes des autres, on
prend lasixieme partie de la longueur de douze
cents, quiestdeux ccnts, et la sixieme partiede
la largeur de cent vingt.qui est vingt; on njoute
a chacune de ces sommes Tunite que j'ai men-
tionnce aux plantes aiujulares, ce qui fera deux
cent un, et vingt et un; on multiplie ainsi cfs
somraes Pune par Tautre : Vingt et une fois
deux ceut un c'est quatre mille deux cent vingt
et un, quiest lenombre des plantes que Ton dira
etrenecessaires. De meme, si oo veut les raeltre
a sept pieds Tune de Tautre, on prend la septieme
partie de la longueur et de la largeur, ct Ton ajoute
les unites pour les plantes angulares, et par ce
raoyen, etcn procedantde meme, ou trouve le nom-
bre des plautes necessaires. Enfin quelque nombre
eliam nunc forniulas praeposilis adjiciam, quibus frequen-
ter utuntur agricola' in disponeiidis seininibus. H^slo ager
longus pedes millr diinnilos. latiis pedes cxx. In eo vites
disponendiie sunl ila, iil qiiiiii pedes inter oidincs relin-
quantiir. QnaTii ipiol sriiiiiiibiis opus sit, cum quinuin
pedum spatia inler semiiia desiderantur. Duco qiiinlain
parlem longiludinis, fnintccxL; etqiiintam paitem latitu-
dinis, Iioc est xxiv. His utrisque summis seniper siugulos
asses adjicio, qiii efficinnt extiemos ordines, qnos vocant
aiigulares. Fit ergo altera summa ducentoram qiiadraginta
unius, altera viginti quinqiie. Has summas sic miiltipli-
calo. Quinquies et vicies diiceni quailrageni singiili, liunt
sex millia et viginti qiiinque. Totidem dices opus esse se-
minibus. Similiter inler seiios pedes si volos ponere , diices
sextam parlem longiliiiliiiis li.il!.' .liiiciilorum, liiiiit cc.
el .sexlam latitudinis i:\\ . ii .' I \ .. Ilis suniinis singnlos
asses adjicies quos Av\ aa^iil.ii.s cm'. Fiiinl cci, et xm.
Ilas siimmas iiiter se miiltiiilicabis , vicies et scmel duceii-
tos et uiiiim, alqiie ita eflicies quatuor millia duceulos et
viginti inium. Tolidem seininibus opus esse dices. Simili-
ter si inter septenos peiles ponere voles , seplimam pai leui
longifudinis et laliliidinis diices , et adjicies asses angiila-
res , eodem modo eodemqiie ordine consummabis nume-
rani scmir.iim. Denique qiiolcimque pedum spalia facienda
DE L'AGBICULTURE, LIV. V.
de pieds d'intervalle qu'on veuille mettrc entre
cliaque plnntc, on dlvise la ioni^ueur et la lar-
geur en autant de parlies qu'il y a de pieds d'in-
tervalie, et on y ajoute les deux unites dont nous
avons parie. Cela etant ainsi, ii s'ensuit qu'un
jugertua de terrain qui a deux cent quarante
pieds de loni; sur cent vingt de large aura be-
soin , si on dispose les plantes a trois pieds d'in-
tervalle entre les rangees (qui est le raoindre
intervalle que ron doive laisser en plantnnt des
vignesi, de quatre-vingt-une plantes pour la lon-
gueur, et de vingt-einq pour ia Inrgeur, sur la-
quelle elles seront alignees a ciiiq pieds de dis-
tance l'uue de Tautre; lesquels nombres, multi-
plies Tun par Tautre, donneront deux raille
vingt-cinq plantes. Mais si l'on arrange les vi-
gnes a quatre pieds de distance Tune de Tau-
tre en tous sens , la rangee en long contien-
dra soixante et uneplantes, et celie en large
en contiendra trente et une, lcsquels nonibres
donneront pour le jiKjcrum mille huit cent
quatre-vingt-onze ceps de vignes. Si on les ar-
range a quatre pieds de distance dans la lon-
gueur et a cinq pieds dans la largeur, la rangee
contiendra en long soixaiite et une plantes, et
vingt-cinq en large; au lieu que si on les plante
a cin(i pieds de distance Tuiie de l'autre sur !a
longueur, la rangee comprendra sur cotte lon-
gueur quarante-neuf plantes, et la largeur en
contiendratoujours vingt-cinq : cesdeux nombres
multiplies \\\n pnr Tautre font mille deux cent
vingt-cinq. ^Liis si Ton veut arranger les vignes
dans un terraiu de meme surface a six pieds de
distance Tune de lautre , il n'y a point de diffi-
culte qu'il ue fnille donner qunrante et un ceps
de vignes a la rangee en longueur, et vingt et
un a ceile en largcur, qui, nuiltiplies Fun par
Tautre , donneront le nombre de huit cent
«ensiieris, totam partom longilnJinls et latitudinis duces,
et pra'ilictos asses adjicios. llac cum ita sint, sequitur
uti juseium a^ri, qiii lialiet pedes ccnl lonsiludinis, et la-
tiluiiinis pedes cxx , iciipi^it iiilci- pcilcs ternos ( lioc enim
spatiuin ininiiiiuniessr pl.icrl \ililiiis pnucndis) per longi-
tudinom soniinaLxxxi , per lalihnliiiiMii iiiliM(]iiinos pedes
semina xxv. Qui uumeri iater se mulli|iliiali liuut semi-
num duo millia et viginli quiuqiie. Ycl si qiiiH|iio versus
interquaternospedesvineaetitdisposita, loiii(itiidiiiisordo
habebit semina lx! , latitudinis xxxi , qui nuineii efliciunt
injugeiovitcs milleocliunenlas etnonaginlaunam. Velsi in
longitudinem perqualeinos pedes, in lalitudinem per quinos
pedes fuerit disposila, ordo longiludinis liabebit semina
Lxi, latitudinis xxv. Quud si inter quinos pcdes consitio
fuerit, per longitudinem oldinis habebil stiiuiiia xlix , ct
ruisus per latitudiiiein seinina xxv. Qui uumeri duo inler
se inulliplicati efficiunl mille ducentum et vigiiili qiiinque.
At si per senos pedes eundem vitibiis locum iilacucrit or-
dinare, niliil dubiiim cst quin longitudini dandic sint nli
viles, lalitudiiii aiitem viginti una. Quic inter se inultipli-
catae efliciunt iiunieruiii ncccLxi. Sin aulem inter .septenos
(ledes vinca fiicrit constituciida, oido per longiludineiu rc-
soixante et un. Si Ton veut arranger les ceps
de vignes a sept picds de distnnce Tuu de Tau-
tre, la rangce contiendra sur la longueur trente-
einq ceps, et dix-huit sur la largeur, les(|ucls
nonibres, multiplies Tun par rautre, font six
cent trente : nous dirons donc que c'est le nombre
de plantes qu'il faudra prc-pnrer. Si on plnnte
les ceps de vignes a huit pieds de distance les
uns desautres, la rangijeen long preiidra trente
et une plantcs, et celle en large en prendiascize,
lesquels noml)res, muUipli^^s Tun par rautrc, font
qnatre ccnt quatre-vingt-seize. Si on lespianle
a neuf picds de distance, la rangt'e en long prcn-
dra vingt-sept plantes , et celle en large cn pren-
dra quatorze, lesquels nombres, raultiplics Tun
par i'nutre, font trois cent soixante et dix-huit.
Si on les plante h dix pieds de distance , la rnn-
geeen long prcndra vingt-cioq plantes, etcelle
en large en prcndratreize, lesquelsnombres, niul-
tiplies run par 1'autre, donnent trois cent vingt-
cinq;et pour ne paspoussernotrecalcui arinfini,
on mettra les plantes dans la meme proportion ,
selon qu'il plaira a chacun de faire les inter-
valles plus ou moins larges. Ce que nous avons
dit des mesures desterres, et du nombre des
plantes qu'il y faut employer pour les garnir,
doit suftire. Je reviens a Tordre que je m'(5tais
prescrit.
IV. J'ai observe qu'il y avait plusieurs sortes
de vignes en province : mais de toutes cclles que
j'ai connues par moi-meme, iln'y en a pas quc
j'approuve plus que cellesqui, semblables a dc
petits arbrisseaux, ont la jambe courte,etsi'
tiennent toutes seules et sans appuis; etaprcs
ellcs, cellcs quc les paysans appellent cante-
rialcp, ct qui sont soulenues sur des appuis,ct
attach(.'es chacune a dcs jougs separes. Viennent
cnsuite celles (jui sont environnces de rose<aux
cipiet capita triginfa quinque, per lalitudinem xviii. Qui
numeri inter.se multiplicati efliciunt dcxxx. Totidom dice-
mus semina pr.Tparanda. At si inter octonos podes vinea
conseretur, ordo per longitudinem recipiet seminaxxxi,
per latitudinem autem xvi. Qui numeii inter se inultipli-
cali efliciunt ccccxcvi. At si inter novenos pedes, ordo iii
longitudini™ recipiet semiiia vigiuti septem, et in latitu-
dinem quatuordecim. Hi luimeri inler se multi|ilicati fa-
ciuntcccLxxviii. At si Inlerdenos pedes, ordo longitudi-
nis rocipiot semiiia xxv , latitudinis xiii. Hi numeri iiiti i-
semiilli|ilicati faciunt cccxxv. Etnein infinituni piocedat
dispntatio nostia, eadem portione, ut cuiqiie placneriut
laxiora spatia, seinina facieinus. Ac de mensuiis agrornm
numerisipie seniiuuin dixisscabunde sit. Nuncad orUiuciri
redeo.
IV. Vincariim provincialiiim plura gencra csse coni-
peri. Sed ex iis, quas ipse tognovi, maxime piobanliir
veliitarbu.scnla' brevi cruresineadininiciilopersestantes :
deinde qua; pedaminibus adnix;e singulis jugis imponun-
tur : eas rustici canteiiatas aiipeltant. Mox qufc deiixis
arundiiiibus circummuiiita; per stalumina calamoruiii
inateriis ligatis in urbiculos gvrosque tlectuutur : eas nou
COLUMELLE.
flches en tcrre , et dont le bois , attache a ces ro-
seaux qui leur servent de soutiens , est arrondi
en forme de cercle. 11 y en a qui appelient ces
vifines chamcatcp. Les vignes de la pire condi-
tion sont celles qui sont rcnversees, et qiii a ia
sortie du cep tombent a terre et y restent eten-
dues. On les piante toutes a peu pres de la raeme
facon , c'est-a-dire qu'on met le plant ou dans
des fosses ou dans des sillons : car les agricul-
teurs des pays etrangers ne sont point au fait de
notre labour au pastinmn; et d'aiileurs il est
presque inutile dans les pays ou le sol est natu-
rellement ameubli et reduiten poussiere, puisque
c'est cc que Von cherche d imiler par /e labour
d la charrue (corame le dit Virgile), de raeme que
par celui au pastimim. Aussl la Campanie ,
quoique dans notre voisinage et par consequent
a portee de prendre exeraple sur nous , n'est pas
dans Tusage de donner eette facon a laterre,
parce que la facilite avec laquelle son sol se prete
n'exige pas qu'on prenne tanl de peine. Quant
aux provinces dont lc terrain tropcompact exige
de grandes depenses, le paysan parvient, par
le moyen des sillons, a ce que nous ne pouvons
obtenir qu'en labourant la terre au pastirmm ;
je veux dire a placer sou plant dans un sol bieu
amolli , et des lors en etat de lui preter un pas-
sage facile.
V. Mais je vais reprendre l'une apres Tautre
toutes les vignes que je viens de nommer, pour
traiter de chacune a part, suivant Tordre dans le-
qucl je les ai annoncees. Celle qui se tient toute
seule et snns appui doit fitre raise dans une fosse
!ri leterrain est leger, etdans unetranchee s'il est
epais : mais ces fosses etcestranchees seront bien
])lus avantageuses lorsque, dans les pays tempe-
res et oii Tete n'est pas brulant, elles auront ete
faites dans Tannee qui prccedera la planfation
des vigncs. II faut ccpendaut s'assurer aupara-
vant de la boute du terrain , parce que si le
terrain auquel on destine le plant est raaigre et
leger, il faut faire ces fosseset ces tranchees vers
le teraps raerae de la plantation des vignes. Si
on fait les fosses dans Tannee qui precedera la
plantation des vignes , il suffira de leur donner
trois pieds de longueur sur autant de profon-
deur, et deux pieds seulcment delargeur; ou
bien , si Ton doit ecarter les rangees de quatre
pieds les unes des autres , il sera plus commode
de faire ces fosses en carrcs parfaits de quatre
picds , sans cependant leur donner plus de trois
piedsdeprofondeur. Au reste, ondeposera le plaut
aux quatre coins de ces fosses, en mettant des-
sous de la terre bien anieublie; apres quoi on les
corablera. Quantaux intervalles quiseroutentre
les rangees, nous n'avons rien autre chose a
prescrire , si ce n'est que les agriculteurs fassent
attention a leur donner plus de largeur, s'ils doi-
vent labourer leurs vigncs a la charrue,eta
leur cn donner moins, s'ils doivent les labourer au
hoyau', pourvu cependant qu'ils nc leur donnent
jamais plus de dix pieds, ni raoins de quatre. II
y a neaumoins bien des personnes qui , en faisant
leurs rangees, n'y laissent que deux ou tout au
plus trois pieds de distance entre chaque plante ,
tandis qu'ils laissent au contraire uu plus grand
intervalle entre les rangees, afin de faciliterda-
vantage le passage a ceux qui bechcront ou qui
laboureront la vigne. Pour les soins qu'exige la
plantation, ce sont absolument lcs memes que
ceux que j'ai prescrits dans le troisii^me volurae.
Cependant Magon le Carthaginois ajoute a cette
methode un precepte, qu'il fait consister ane pas
remplir entierement la fosse de terre au moment
imlli cliaiacatas vocant. Ullima est conilitio stralarum vi-
lium , qiiaj ab enata slirpe coufeslim velut projectte por
liiimum porrisunlur. Oniniuni autem salionis feie cadeni
est conililio. Nam vei scrobe vel sulco seniinadeponunfur.
Qiinniam pastinationis expertes sunt exterarum Kentiiiin
agricola: : iiua' tanien ipsa pene supervacua est lis locis,
quibus soluin putre, et per se resolutum esl : namqtcc
hoc imilamur arando, ut ait Viigilius, id est etiani
paslinaiido. Ilaque Campaiiia, cum vicinum ex iiobis ca-
pere possit exemplum, non ntitur bac molitione terra!,
quia facilitas ejus soli niinorein operam desideral. Sicubi
aulem deusior ager provincialis rustici majorem poscit
impensam , quod nos pastinando effrcimus , ille sulco lacto
consequilur, ut laxius subacto solo deponat seinina.
V. Sed utsingula earum quae proposui vinearum gcnera
lieiscqnar, pia.>dictum ordinem re[)etain. Vitis qua; sine
adniiniculo snis viribns consistit, solutiore terra, sciobe;
densiore , sulco poiienda esl. [Sed et] sciobes et snlci pln-
rlmum prosunt, si in locis teinperalis, iu quibus ajstas
iion est pra^fervida, ante annum fiant, qiiam vineta con^
.serantur. Soli tanicn ante bonitas exploranda est. Nam si
jejiino atqiie exili agro semina deponentur, sub ipsum
teinpns sationis scrobis aut sulcus faciendus cst. Si ante
annuin fiant, qiiam vinea conseratur, scrobis in longitudi-
nem altitndinenique defossiis tripedaneiis abunde est; la-
titndine tanien bipedanea : vel si quatorna pedum spalia
iiiler ordines lelicturi sumus, commodius habetur ean-
deni quoqiio versus dare mensuram scrobibus , non
ainplius lamen quam in tres pedes altitudinis depressis.
Cffiiterum quatnor angulis seniina applicabuntur subjecta
minuta terra, et ita scrobes adobruentur. Sed de spatiis
ordinum eatenus prascipiendum babemiis , ut intelligant
agricolas, sive aratro vineas culturi sint, laxiora interordi-
nia relinquenda, sive bidentibus, angiistiora : sed neque
spaliosiora quani decem pedum , neque contractiora quam
quatiior. Mulli lamen ordines ila disponunt , iit per rectani
lineambinos pedes,aut [ul] plurimum lernos inter semina
lelinqiiant : transversa rursus laxiora spatia faciant , per
qihie vel fossorvel arator incedat. Sationis aiitem cura noii
alia debel esse, quam quae tradila est a me lcrtio volumine.
Unum tamen liuicconsitioniMagoCarthaginiensisadjic.it,
ut scmina ita deponantur, ne prolinus tolus scrobis terra
com|ileatur, sed diinidia fere pars ejus sequente biennio
paulatiin adajquetur. Sic enim piital vitem cogi deorsum
DE LAGRICULTURE, LIV. V.
qiron y niet le plant, raais a en laisscr a peii
pres hi nioitiii de vide, de facon qu'elle ue soit
comblee que par dcgres deux ans aprcs : il ima-
gine que c"est uu nioyeu sui' poui- contiaindre la
vigne a jeter ses racines par en bas. Je ne dis-
couviendi'ai point qu'on ue puisse tirer quelque
utilite de cette methode dans les terrains secs ,
mais je ne crois pas qu'on doive la suivre dans
les pays marecageux , nou plus que dans eeux ou
le cie! est pluvieux, parce que Teau qui sejourne
en trop grande abondance uans ces fosses a demi
vides tue le plant avaut iiu'il se soit fortilic.
Cest pourquoi je crois qu'il vaut mieux com-
bler les fosses aussitot qu'ou y a depose le plant;
raais quand une fois il aura pris, il faudra,
apres requiuoxe d'automne, le dcchaui!SL'r exac-
tement et profondenient, et, aprcs avoir coupe
les petites racines qu"il pourra avoir jetees sur
la supcrlieie du sol , le recouvrir de tcrre au bout
de quelqiic^ jours. Cest le moycn de parer a deux
inconveuienls eu meme temps, en erapOcbant que
leplant nejette ses racines par en haut, et que
les pluies immoderces ne l'endommagent tant
que ces racines seront eucore faihles. Mais il n'y
a pointde doute quedes quellcs auroot pris des
forces, les eaux du ciel ne leurfassent beaucoup
debien. Cest aussi pourquoi il serabou delaisser
les vignes decouvcrtes et dechaussecs peudaut
tout riiiver, daus les pays ou la douceur de cette
saisou s'y pretera. Pour ce qui regarde la nature
du plant qu'il faut employer, e'est uu point sur
lequel lcs auteurs ne sont point d'aceord. Les
iMispensent qu'il vaut micux planter toutdesuite
des vignes par crossettes ; les autrcs, qu'il les faut
planter par marcottes : j'ai dejii declare dans les
volumes preccdents ma facon de penser sur cet
objet. J'ajouterai neanmoins ici qu"il y a des tcr-
res dans lesquclles !e plant qui a cte transfcrc
d'un licu a uu autre ne reussit pas aussi bien
que celui qu'ou n'a point remue de sa place , quoi-
que ce cas arrive trcs-rarenicnt. II faut done
reraarquer avec soin et examiuer ve quc chaque.
paijs rompoiie, comme co qullrefuse. Quand
la plante sera en tcrre, je veux dire la crossctic
ou la raarcotte , on la faconnera de manierequ'elle
donne uu ccp qui puisse se soutenir sans appui.
Or c'est a quoi on ne pourra pas parveuir sur-le-
cliamp : en effct', si Ton ue commence pas par
donncr des appuis a la vjgne lorsqu'clle est
tcndre et faible, les parapres se renverseront a
terre ii mesure qu'ils pousseront. Cest pourquoi
on nttache la plaute, cn la mettant en terre, a
un roseau qui sert a proteger et a former pour
aiusi dire son enfanee, jusqu'a ce qu'e!le soit
parvcnuea la hauteurque veut lui donner l'agri-
eulteur; hauteur qui ne doit pas ctre considera-
ble , puisqu'il ne faut pas la laisser monter a plus
d'un pied et demi. Lorsqu'ensuite elle aura pris
des forees, et qu'elle pourra se soatenir sans ap-
pui , ou lui laissera prendre sa croissance ou du
cote du picd , ou du cutc des bias. Car il y a
deux faeons de cultiver ces vignes : les uns ai-
mentmieux qu"elles soient reduites a leur picd,
les autrcs aimcnt mieux qu'elles soient distri-
buees eu bras. Ceux qui cnt a cceur de distri-
buer leur vigne en bras doivent conserver tout
le bois qui sera pousse autour de la cicatrice
qu'ils lui auront faite cn la coupant toute jeune
par le haut, et !e distribueren quatre bras cha-
cun de la longucur d'un pied , de facon qu'il y
cn ait uu qui soit tourne vcrs chaque partie du
monde. Cependaut on ne laisse pas des la prc-
micreanneea ces brastoute la longueur que nous
venons de lixer, de peur que la vigne ne soit
trop chargee pendaut qu'elle est encore frele,
niais on ne lcs y fait parvcnir qu"a la suite dc plu-
ageie radiccs. Hoc cgo siccis locis fieri uliliter noa nesa-
veilm; sed ubi aut uliginosa regio est, aut eM\ status ini-
biifer, inininie faciunduni censeo. Nani consislciis in se-
mi|ileiii.s sciobibns niraius liumor, anteqnam convalcsranl,
semlna nccal. Quare utilius existimo, repleii quidem
Miobes stirpe deposila, seii cum .scmina compreliendc-
rinl, statini post aequinoctium autumnale debere diligen-
ler atqne alle ablaqueaii, et iccisis ladiciilis , si quas in
siimniu solo cilaveiint, posl paucus diesadobnii. Siccnim
utnimque incummodum vilabitur, iit nec radices iu siipe-
rioiem partem evocenlur , neque immodicis pluviis paium
valida vcxenter seniina. Cbi vero jam corroborata fueriut ,
niliil dubinin est, quin caelestibns aquis plurimuin juvcu-
tur. Itaque locis, quibusclementia liiemis periniltit,ada-
pertas vites relinquere et tota liieme ablaqneatas liabere
eas couvcnicl. De qualitate autem seminura inter auctores
non coiivenit. .\lii malleolo proXinus rx)nseii vineani me-
lius exisliniaiil, alii viviradice : dc qua rc quid sentiam,
jain superioribus volumii^bus prafessiis siini. £t niinc
t \inen boc adjicio , csse qiiosdam aaros, in quibus noii x-
que bcne translata sciiiina iiiiani iiniiiota rc^pondcant : sed
COI.l lir.LI.E
i.stud rarissimeacciderc. Notandnm item diligenter evplo-
randum esse, quid quwquc fcral rcgio, quid qua-quc
recusel. Depositam ergostirpcm, id est, inalleolum vel
vivii adicem , formare sic convenit , ut viiis sine pedamine
consistat. Hoc antem protinns efrici non potest. Nam nisi
adminiculum tenerae [viti] atque inririiuE contribueris,
piorepcns pampiuus terra; se applicabit. Ilaqiie posito se-
iniiii arnniio adnectitnr, qua? veliil iiitantiam ejus tueatnr
atqiie cdiiccl, proilucatqne ia tautani staturam , qiiaulam
permittit agiicola. Ka porro non debel essc snblimis : nani
usque in sesquipedem cocicenda esf. Cum deinds robur
accipit, ct jam sine adjumento coiisistere valet, aul capi-
lis aut bracliiorum incremenlis adolescit. Nam diiiB spe-
cies liiijusquoque cutlur.i! snnt. .\lii capitatas vineas, aiii
bracliiatas magis probant. Quibiis cordi est in bracbia vi-
tem componcre , convcuil a summa paile, qiia decisa no-
vclla vitis cst, quicqiiiil juxta cicatricem citavcrit , conser-
vari, ct iii quatuor br.icliia pcdalis mensura! dividcre, ita
ut omnem partcm c:cli singiila aspiciant. Sed lia;c biacliia
non statim piimo aiuio lam proiiiasubmiltuntiir, ncouc-
letur e\i!itas vitis; scd i;oiii;i'iiii!)us pulationibus in pr.ie-
COLUMELLE
sieurs tailles. II fautde plus laisser des especesde
coniesen saillie sur les bras, ct etendre ninsi la
\iL'iie cntiere cn tous sens, en rarrondissant. La
nictliode usitee pour tailler ces \isnes est la
nieme que celle ((ue l'on suit en taillant ies vi-
gnes qui sont atlachees au jouj;; avec cette dii-
icrenee neaumuins qu'on laisse au\ coursons
qui doivent doQuer le plus long bois quatre ou
cinq bourgeons, au lieu qu'ou n'en laisse que
deu.K a ceux qui sont destines a rcnouveler la
vigne. Pour ce qui est de la vigne que nous
avons dit etre reduite a son pied , on ote tout le
sarment qui environne le eep jusqu'au corps
meiiiedu tronc, et on ne laisse qu'uu ou deux
bourgeous adhercnts au tronc. On peut suivre
liardiment cette methode dans les terrains nr-
rost^s ou tres-gras, qui ont assez de force pour
suflire tout a la fois au fruit et au bois. Ccux qui
doiinent eelte forme a leurs vignes les cullivent
priucipalement a la charrue : aussi est-ce pour
cela qu'ils leur otent tous leurs bras, afin que
les troncs, nayant point de parties saillantes, ne
soient pas cn risque d'etre endommages par la
charrue ou par les boeufs. Car il arrive comniu-
nemeut que lorsque !es vignes sont distribuees
cn brns, les boeufsen arrachent de petites bran-
ches, soit avee le pied, soit avec la corue : sou-
vent rueme cet accident est occasionne par le
/uanehe de la charrue, pour peu que le labou-
leur s'attache a raser les rangees avec le soc, et
a labourer le plus pres qu'il peut de la vigne.
Telles sont les facoiis que Ton donne soit aux
vignes reduites a leur pied , soit a celles qui
sont distnhuees en brns, avant qu'elles bour-
f;eonnent. Mais lorsqu"elles fiont germees, lc
fossoyeur vient a son tour, et remue avec le
hoyau les parties du terrain auxquelles le bou-
vier n'a pas pu ntteindre. Ensuite, des que 1«
vigne doune du bois, arrive celui qui doit Te-
pamprer : ce dernier en retranche ies panipres
superflus, et laisse les branches a fruit, qu'oua
soiu dc lier en forme de couronne lorsqu'elles
ont pris une certaine consistanee; ce qu'onfnit
pour deux raisons : la premiere, de peur que si
on laissait les pampres en liberte, ils ne s'eten-
dissent trop, et n'attirassent a eux toute la nour-
riture ; la seconde, afin que In vigne etant ainsi
liee , laisse encore un passage libre au bouvier
et au fossoyeur pour la cultiver. Voici la ma-
niere dont on epamprera : Dans les lieux cou-
verts, humides et froids, on depouillera entiere-
ment la vigne en ete , c'est-a-dire qu'on otera
toutes les feuilles des branches a fruit , afin que
le fruit puis.se nnirir, et que rhumidite ne le fasse
pas pourrir; au lieu que dans les iieux secs,
chauds, et exposes au soieil, on aura soiu au con-
traire de laisser quelques pampresqui serviront
a couvrir les grappcs ; et s'il s'en trouve trop
peu , on gaiantira le fruit de la chaleur avec des
feuilles, et quelquefois avec de la paille, qu'on
y apportera d'ailleurs a cet effet. M. Coluraelle,
mou onele paternel , qui etait un homme tres-
instruit dans les beaux arts,et rngriculteur le
plus attentif de la provinoe de Be,tique,couvrait
les vignes de nattes de paimier vers le lever de la
Canicule, paree qu'ordinairement, au temps ou
cetle constellation parait , certaines contrees de
cette provinee sont si vexees par le vcnt du sud-
est, appele VuUurnus par les bahitants, que si
on n'y prenait pas le soin de couvrir les vignes ,
le fruit se consumerait comme si la flamme eut
passe dessus. Telleest la culture dc la vigne qui
est distribuee en bras, et de ceilequi est rediiite
a son pied. Car pour celle que fon attache a un
clicfam monsiiram eiliicuntnr. Dcindc ox biacliiis qnasl
ipunlain cornua pioniincnlia rclnnini nportet, atqiic ila
lotani vitem omni parte in oilicni ililliindi. Putatioiiis au-
lcm ritio eailem cst, qna' in jn^.itis vililins -. iino tanien
(lifliMt , liiioil pro inalriiis Inimiiirihiis pnlliics qiiatcrnnm
aiU qniinim geinmariim icliiupiiinliir : pro ciisloilihiis
antcm bigeinmcs icscccs (innt. In ca deinile vinca quam
capilalamJixiinns, jiixtaipsam maliem usqne ad corpiis
sarinentumdetraliitnr, nnaantalleralantuminodo gemma
relicta, qnne ipsi trunco adlincrct. Hoc autcm rij^uis aut
pinguissiniis locis lieri tiito polcsl, ciini vircs terrae et
fruclum et materias valont pr.Tbcre. Maxime autem ara-
tris exeolunt, qiii sic lorniatas vineas babent, ct eam ra-
lionem seqnnntur delraliendi vililnis biactiia, quod ipsa
capita sine ulla exlanlia ncque aralro ncqne bubiis ob-
i\'i\\jl siinl. Sani in brachiatis plcrnniqnc lit, iil anl ciiuc
ant cornibns boiim ramiili viliiiin ilcriiii;4antiir ; s;cpc
etiam stiva, dum sedulns arahu vomcrc pcrslriii^cie
ordinem, ct qiiam proxiinam pailcni vitium excolcre
slndet. Atqiie liocc quideni cnlliiia vcl bracbialis vel capi-
■t.itis^vitibiis,] aiitcquamgcirinicnt, adhibctur. Cnm dciiide
4;cimiiiavcriiil , fossor insequitur, ac bidcntibuscas pavlcs
snbigit , quas bnbnlciis non potuit perlingere. Mox iibi
materias vitis exigit, insequitnr pampinator, et superva-
cuos deferget , frnctuo.sosquc palmiles siibmittit, qui
cum indnrucrunl, velutin coronam religanlnr. Hoc dua-
bus ex causis fit : una, nc lihcro cvciusii iii liixnriam
properent, oniniaqne aliincnla p:iiii;iiiii .ihsiiinaiit ; allera,
ut rcligala vitis rursiis adiliim hulmlco rossoiiqne in ex-
colenda se prtebeat. Pampinandi autem modiisis erit, ul
opacis locis linmidisque et frigidis oestate vitis nudctiir,
foliaque palmitibus detraliantur, ut niaturilatem fructus
capere possit, ctne sitn pntrescat : loc.is autem siccis ca-
lidisqucetapricise conlrariopalmitibnsiivfecontegantHr;
et si paruni panipinosa vitis est, advectis frondibus et in-
lerduin stramentis l'i uiliis muniatnr. JI. quidem Columella
palrnns meus, vir illiisfrihns disciplinis erndifus, ac dili-
gcnlissiiniis imriinla i;,clir;i' |uiivinria>, siiboi tu Caniculae
p;iliiicis fcL^rlihiis 1 iih.i-. ;riiii;il I .iliiit , i|iiiiniam plcrnmque
ilicli sidrris tenipinr iiii;"ii;iiii |i;irlcs cjus regioilis sic in-
festantiir Euro, qiicin inrol* Vulturuuni appeJlanl, ut
nisi lcgminibus viles opacentur, velul balitu llamineo
friictns uratiir. Alqne brec capitatie bracliiativqiie vitis cul-
tura esf. Nam illa, qn;c uni jiigo snpciponitnr, aiil qnse
DE L'AGRICULTURE , LIV. V.
201
senl jous, ainsi que ceiledont on laisse croitre le
bois pour 1'attaeher a des roseaux qui lui servent
d'appui en Parrondissant en forme de cercle, elles
demandent a peu pres Tune et Tautre la meme
culture que les vignes attachees au joug. .rai ce-
pendant vu des gens qui cnterraient sur la su-
perficie du sol, en forme de provins, de longs
sarments devignese/jflf aeato', surtoutquand c'e-
tait du raisin lirlvenacua , et qui ensuite redres-
saient aupres d'Hn roseau ces sarments que nos
agriculteurs appellent mergi et les Gaulois ccui-
dosocci , et les laissaient croitre, dans la vue
d'en tirer dufruit. S'ils les couvrent de terre, c"est
qu'ils s'iniaginent que parce moyen la terre four-
nira plus de nourriture a ces branches a fruit.
Aussi lcs coupeut-ils apres la vendange comme
des sarments inutiles, pour leur oter toute com-
munication avec le cep. Pour nous, nous con-
scillons de s'en servirJorsqu'on les aura separes
de leur mere, enguise de marcottes, pour remplir
les vides des rangees, au cas quil s'y trouve
des ceps morts, ou pour former de nouveaux
plants; d'autant que la partiede ccssarracnts qui
a ete enterree est toujours fonrnic d"une assez
grande quantite de racines qui , des qu"elles sont
deposees dans les fosses,. y prennent tres-bien.
Enfin, reste a parlerdelaculture des vignescou-
chees a terre. On ne doit entreprendre cette cul-
ture que dans les climats les phis siijets aux
vents , parce qu'elle est d'un travail difficile pour
les agriculteurs, etque les vignes de cetteespece
ne donnent jamais de vin de hon gout. II faudra,
dans les pays qui n"admettront par leur consti-
tution que ce genre de culture, deposer les cro-
settes dans des fosses de dcux pieds; et lors-
qu"elles seront germees, on les reduira a un seul
bois, que fon eontiendra la premiere anuee dans
les bornes de deux bourgeons; ensuite quaiid
elles auront produit rannecsuivantcdes branchea
afruits, on en Inissera croitre une seule, et on
supprimern toutes les autres : eufui, apres que
celle que l'on aura laisse croitre aura donne du
fruit, on la taillera d'asscz court, pour qu'etant
couehee a terre clle ne s'ctende pas au dela
de rintervalle qui est entre lcs rangees. II n'y
a pas non plus beaucoup de difference, quant a
la taille, entre la vigne couchce a terre et celle
qui sc tient debout , si ce n'est que le bois qu'on
laisse a celle qui est couchce a terre doit etre
moins long ([ue celui qu'on laisse a fautre. II
en est de mcine de ses coursons, que lon taille
aussi courts que ceux qui ont la forme d"une
verrue; mais apres la taille, qu'il faut indispen-
sablement faire cn automne a ces sortes de vi-
gnes, on les renverse tout entieres sur un in-
tervalle d'entre les rangees different de celui ou
elles etaient couchees auparavant, afin que la
partie du terrain qu'elles avaient preeedemment
oecupee puisse ctre fouillee ou labouree, et
qu'aprcs qu'on lui aura donne ces facons, on
puisse les y remettre, et cultiver de mi^mc rautre
partie. Les autenrs sont peu d'accord sur la facou
d'epamprcr ces vignes : les uns pictendeut qu'il
ne faut pas du tout les epamprer, sfin qu"elles
soient en etat de protcger leurs fruits contre la
violenee des veuts et contre riucursion des be-
tes; d"autres jeulent qu"on lcs cpampre avec
moderation , afin que , sans etre surehargees de
feuilles totalement inutiles, elles puissent nean-
moius couvrir et proteger leur fruit : eette me-
thode me paraft aussi la plus convcnable.
YI. Mais c'est assez nous etre occupes des vi-
gnes : passoos aux preccptcs qui concernent les
arbres. Quiconque voudra avoir un plant d'arbrts
maiics a des vigncs, qui soit non-seulement hien
garni ct arrange avec syraetrie , raais eiicore de
nialoriis siil)inis.sis arundinum statuminilMis per oil)cm
cniineclilur, fere eandem curam exigit, quam jiigala. Xon
iiiillos tanien in viiieis cliaracatis animadverti, et niaxiinc
clveniici geiieiis, piolixns palraites quasi propagines suni-
Hii) solo adoliruere, deinde rursus ad ariindines erigere,
el in frucluni submiltere, quos nostii agricolre mergos,
Galli candosoccos vocaiil, eosque adoliruiint simplici ex
causa, qiiod exislimcnt, pliis aiimenli leriam piirbere
Iructiiaril.s (lagcliis. Itaque post viudemiam veliit inutilla
saniieiila ilecidiinl, el a stirpe sulimovent. Nos aiileni
pivvripimus ('asilcm virgas, ciiin a matre fueriiil praxi.sre,
siciilii demorluis vitibiis ordines vacent, aut si iiovell.am
qiiis vi:i''am instiluere velit, pro viviradire ponere. Qiio-
iiiani (piideni parles sarmentoriim , qu>"e fiieiant obrutic,
salis miillas liabent r.idices, qua; deposila? scrobibiis con-
(estlin Kimpreliendaut. Siipcrcst rdiqiia illa cultunipro-
slialio viiKsr, <lii:e nisi violcutrssimocaili statnsusci|)i non
d('bet. Nain el (lillicilinii tilMncm colouisexliibfct, iiec. iiu-
qiiam generosi s.i|i(iiis viiiiiin pra'bct. Atqiie ubi regionis
condiliusolamcanicuiliir.iin lei ipit, bipediiiieisscrobibiis
mallcoliis dcponlliir. Qiil i iiiii c^ermiuavil, ad uiiaiii ini'.-
teriam revocatiir : eaque primo anno compescitiir in duas
genimas : seqiiente deiiide , ciini palniites priifiidil, unus
siibniittitur, ca'leri dcculiuntur. At ille qui siibinissus cst,
ciim frncliiin ediilit, in eam longitndineni depulatur, uti
jacens non excedat interordlnli spalium. Nec magua est
pulationis dlfferenlia ciibanlis, etslantis rectic vjneaj :
nisi qiiod jaceiili viti breviores mateiiai siibmitti del)ent,
lescccs ipioipic angustiiis in modiim fiirunculorimi lelin-
qiii. ,Sc(l post pntalionem, qiiani utiqiie autuiiino in ejiis-
inodi viiica lieri oportct, vilis lota dellcclitnr iii allerum
inteiordiniiim ; atqiic ila pafs ea (piic fuerat occiipiila , vel
foilitiir vel aratiir, et cum excnlta est, eandem vitcm re-
cipll, iit aIteraquoi|ueparsevcoIi possit. De pampinalione
talis viiie.-G pariim iiiter aiiclores convcnit. Alii ncgaiit cssc
nuilaiidiini vitem, quo meliiis coiitra iiijnrlani vciiliiriim
feraruinque nictuniabscoudiit : aliis pUicel [larciiis pampi-
nari, iitct vitis non in totuni siipcrvaciils Irondiliiis (luc-
rctur, ettainen Irucluin vesliic aiil protegeiepossit : qiia;
lalio niibi qiioiiue commodior videtur.
VI. Sed jam de vineis .satis divimus. Nuncdearlinribiis
pi;ecipicnduni est. Qiii volet freqiicnset disposiliiin arbu-
COl.UMELLE.
J)oa rappoit , vciilera ix co qiie ia mort qui cUi-
truira ces arbres ne le degarnisse pas, en prcnant
le soin d"en retirer au fur et a mesnre ceux qui
seront ou epuises par la vicillesse, ou fatigues
par les niauvais temps , et de leur substituer de
jeunes rcjetons; ce a quoi ii pourra niscment par-
vcnir, s'il a une pepiniere d'ormes toute pretc. .le
vais esi cunscquence m'attachcr a prescrire com-
raent il faudra faire cette pcpiniere, et de quelle
espece d'ormes il faudra la pcupler. On convient
qu'il y a deux especes d'ornies , ceux des Gaules,
qu'on appelle ormes d'Atinia, et ceux de notre
pays , qu'on nppelle ormes d'ltalie. Tremellius
Scrofu s'itait imagine, sans aueun foudement,
que rorme d'Atinia ne produisait point de sa-
incra (c'est le nom qu'on donne a la graine de cet
arbre) : il est vrai qu'il n"en produit qu'une tres-
petite quantite , ce qui fait raeme que quelques
personnes le repardent comme sterile, et (|ue le
peu qu'il en a est cache entre les feuillcs de la
premiere pousse; aussi personne aujourd'hui ne
s'avise-t-il de lc semer en graine, mais tout le
monde le plante par rejetons. Cet orrae est plus
beau et plus haut que cclui de notre pays , et ses
feuilles sont plus du goiit dcs boeufs, puisque
lorsqu'ils en ont raange babituellement , et qu'on
veut ensuite lcur en donncr de ccllcs de rautre
(>spece, ils en parnissent d(?gofites. Cest pour-
([uoi, tantqu'oa le pourrn, on ne plantera dans
tout son terrain que de Torme d'Atinia, ou au
moins l'on fera en sorte de raettre dans les ran-
g(5es, alternativemeMt et en nombre egal, des or-
mes d'Atinia et de ceux d'ltalie. Moyennant ccla
on aura toujours un melange de feuillcs de Tun et
de Tautre arbrc, et les bestiaux, ragoutts par cette
espece d'assaisonnement , consommeront plus vi-
goureusement !a qunntit(' de nourriture qui ieur
^tiini parilMis sp:itiis rriir.liiosiniKjiic Ii.iIutb, oiHMani A,\-
l.it, iic eniortiiis^iilioiiliiis r-ircscal, ac piimam (|iianii]ne
Sfniii aiit trai|ii'^i ili' Mllliclam snlinioveal , et in viceni no-
vel!;im siiliolciii siilislilual. Iii .iiilem facile conse,(|ni po-
lerit, si nlmornm seminarinm paratnm habuerit : qiiod
qiionio(]o et qu.alis seneris laciendum sit, nnn piv;eliit
(ieinceps praicipere. Ulmornm dnn esse gcnera coiivcnil,
Gallicnm et vernaculinn : ilhid Alinia, hoc nosiias dici-
lur. Atiniam ulmiim Tremelliiis Scrofa iion rciie saiiic-
rani , ipiod e.st semen ejus arhoris , falso e.sl opinalus. Naiii
rariorem siiie diibiocreat, ct idcirco plerisque et slerilis
videliir, seminihns inter frondem, qnain prima gernnna-
tioueedit, latentibus. Ilaque ncmojam serit.e!i s.imeia,
sed ex sobolibiis. Est autem ulnius longe Iselior et proce-
rior, quam nostras, frondemqiie jucundioreni biihns priL'-
liet : qua cuin assidue peciis paveris , et poslea .geneiis
alteriiis fiondem dare iiistitueris, fastidium huhus anert.
llaquesi lieri poterit, totum .agrnm geiieie niio Atinia!
nlnii conseremus : si nifnus, dabiniiis operain, ut in or-
dinibus disponendis pari nnnieio vernacnlas et Atinias
olternemns. Ita seinper misla fiondc ulcinur, et qnasi hoc
^'Oiidimenlo illecta> perudes fortiiis jiisla cilKuioiiim con-
liticnt. Sed vilem nia\imc po[iii|ijs videliir alere, dciinlo
sera n(''cessaire. Les arbres aupres dosqnels la vi-
gne vient le raieux sont d'abord le peuplicr, pre-
ferableraent a tout autre ; ensuite Torme , et m(?me
en troisieme lieu le firue. Beaucoup de persounes
ont rejete le peuplicr, parce {|u'il produit peu de
feiiillages , et qu'il n'est pas utile aux bestiaux. On
plnnte avec raison , dans les licux escnrpcs et mon-
tagneux ou Torme ne se plalt pas, le fr(ine , qui
est un arbre tres-agr(jable aux ehevres et aux bre-
bis , et qui n'est pns sans utilit(i pour les boeufs.
I/orme est prtff^irc' par le plus grand nombre,
parce qu'il s'aceommode tres-bien de la vigne,
qu'il fournitun paturagetres-agreableauxbceufs,
et qu'il r(fussit dans pUisieurs especes de terrains
diff(?rents. Ainsi , si l'on se propose de crecr un
plant d'arbres mari(>s a des vignes, on pr^^parera
d'avance des pepinieres d'ormes oii de frenes,
d'apres le proe(ideque nousdonneroiiscidessous;
car pour les peupliers, on fern mieux de mettn!
tout de suite dans le plan des branches prises sur
la cime de ccs ai brcs. On labourera done la terre
au pastimim, dans un terrain gras et mcdioere-
ment humide ; et apres ravoir bers(ie et ameublie
avec soin, on la distribuera au printemps par
planehes. On jettera ensuite sur ces planchcs de
la graine d'orme , qui commencera a rougir, et
que Ton aura fait s(?cher au soleil pendant plu-
sieurs jours, sans cepeudant lui avoir laisse le
temps depcrdre son suc, ou de trop s'endurcir :
011 la rtpandra tres-drue pour en couvrir entiere-
ment ccs planches, apres quoi on la recouvrira
de la hauteur de deux doigts avec de la tcrre
bien ameublie , que Ton passera a cet effet au cri-
ble, et on ranosera legereraent : on linira par
eouvrir ces planches de pnille , afm que lesoiseaux
ne becquetent pas la pointc des tiges quand la
giaine sera germ(ie. Lorsqu'ensuite ces plantcs
ulmns, post eliam fraxinus. Populus. quia raram, m^quc
idoneam fiondem pecori prsebet, a pleii^qiie repuiliata
est. Fraxinus, quia capris et ovihus gralissima est, nec
inntilis bubus , locis asperis et iiiontosis , quibus niiniis
la-tatur ulmns, rccte seritiir. Ulnins, qnod et viteni com-
niodissime patitnr, let jiicundissimum pabulum buhiis af-
fert , variisqiie generihiis soli provenit , a plerisiiue pra'-
lertiir. Ilaque cui arbustiim novum inslituere cordi est,
seminaria ulniornm vel fraxinorum parentur ca ralione,
quani deinceps subscripsinius. Nam populi melius cacu-
iniiiihus in arhiisto protinus deponuntur. Tgitur pingui
solo et modice humido bipalio terram pastinabinins , ac
dilifsenler occatam et lesolutam verno lempore in are.is
componemns. Sameiam dcinde, qnae jam ruhicundi colo-
riserit, et compluiihns diebiis insolata jacuerit, ut ali-
qucni tamen siiccuni et leiitorein Iiabeiit , iiijicicmus areis ,
eteas totas seniinibus spisse contegenuis , atqiie ita crihio
piitrem teriam duos alte digitos iiiccrnemus, et mndice
ligahimus, stramentisiiiie area.s coopi^rieiiins, iie prodeun-
tia caciimina .seminum ah aviliiis pr.Tiodanlur. Uhi dcinde
prorepserint plantce, slramenta collii^emus, et niaiiihiis
herhas caipemus : idqiie levitcr et curiose facienduni est,
ne adliuc teiicr;e bievesque raiiiculie iilmormii convcll.iii-
DE LAGRICULTURE, L!V. V.
auronl pris racine , on ramnssera !a paille de des-
sus les planclies, et on en arrachera les herbcs i\
la main; il laut laire cettc operalion legerement
et avee attention , pour ne pas arracher en meme
temps les racines des ormes, qui serout encore
tendres et courtes. On aura soin que les plancbes
ne soient pas plus larges qn'il ne faut, pour que
ceux qui en arracheront les herbes puissent la-
eilemeut en atteindre ie milieu avec la main ; car
si on leur donnait plus de largeur, les plantes
seraient exposees a etre loulees aux pieds. 11 faut
ensuite jeter de Teau plutot qu"eu faire couler
sur ces pepiuieres pendaut rete, avaut le lever
du soleil ou sur le soir ; et lorsqne les planles au-
ront trois pieds de hauteur, il faudra les ti ansferer
dans une autre pepiniere; raais, de peurqu'elles
n'yjettent des racines trop profondes (ce qui par
la suite causerait beaucoup d'embarras, lorsqu'il
s'agira de les eulever poiir les transporter dans
nne autre pepiuiere), il faudra ne ieur faire que
de petites fosses , qui ne seront cloignees les uues
dcs autres que d'un pied et demi. Ou nouera en-
semble les raeints, si elles sont courtes; ou si
elles sont plus longues, on les tortillera daus la
forme d'unc couronne, ct, apres les avoir enduites
de bouse de vache, on !es deposera dans ses fos-
ses; enfin on foulera la terre a leurs picds dans
tout leur circuit avec giand soin. On peut aussi
uscr de la meme methode a regaid des plan-
tes que lon aura enlevees en tiges, corame il est
uccessaire de faire pour les ormes d'Atinia, que
Ton ne seme pas en graine. Mais les ormes de cette
derniere espeee se plantent mieux pendant Tau-
tomne qu'au printemps : on en rompt tres-dou-
ceraent les petites branches avec la main, parce
que ies deux premieres annees ils craignent de
sentir le fer. Ce n'est que la troisieme annee qu'on
se sert de la serpettc pour les tailler. Des qu'i!s
sont eu etat d'etre transplantes , on peut tres-bien
les planter depuis le moment de rautomne oii la
terre nura ete trempee par les pluies, jusqn'au
printcmps, avaut c[ue leurs raeines commeneent
a se peler !orsqu'on les detcrre. II fandra prepa-
rer des fosses de trois pieds en tous sens pour rc-
cevoir ces arbres, si la terre est legere; et si elle
est epaissc , y faire des tranchees de la meme
profondeur. On aura soin eu outre, eu les plan-
taLit dans les terrains couverts de rosee et sujets
aux brouillards, d'exposer liurs branehes an
cote du levant et a cehii du couchaut, afin que
le milieu de l'arbre, ([ui est rendroit ou la vigue
est liee et contre lequel elle s'appuie , reeoi\e
plus de soleil. Si Ton veut en meme temps faire
venir du grain dans ce terrain, on mettra ccs
arbres a quarante pieds de distance les uns des
autres, pourvu que !e terraiu soit fertile; au lieu
qu'on ne les separcra que dc vingt [^ieds dnns
un terrain maigre , et daus leqiiel on ne seinern
rien. Lorsqu'ensuite ilseommeneeront a grandir,
il faudra les faconncr avec la serpette, et y former
des labuiala (etagcs d'arbres.) Cest le nom que
les agiiculteurs sont daus rusag^; de douner aux
branchcs et aux troncs qui sont en saillie , ct
qu"ils raccourcisseut ou aliongent plus ou raoins
par la taille, selon quils veulent donner plusou
moins de liberte aux vig.nes. Au reste, il vaut
mieux leur donner plus de liberte daus un lerrain
gras, et les gener davantage dans un terrain
maigre. Ces sortes d'etages ne doivent pas etre a
nioins de trois pieds de distance les uus dcs au-
trcs, et ils doivent ctrc faits de facon que ieurs
branehes superieures ne soient pas sur uue seule
et nieme ligne avec les iuferieures, parce qu'au-
tremcnt l'infcrieure oceasionnerait un frottement
coutinuel a la branche a fruit qui descendrait de
la superieure, a mesnre qu'elle germerait, ct
qu'e!le iinirait par en faire tomber le fruit. i\Iais
quelque espece d'arbres que Ton ait plantee, il ne
liir. Alque ipsas quidem areas ita augusle, conipositas lia-
heliimus, ut qui runcaluri .sunt, medi.is partes eaniin
facilc manii contiiisant : nam si latiores fuerinl, ipsa se-
mina proculcata iioNam capieut. ^state tleiiule priiis qiiam
sol oiiatur, aut ad vespenmi, seminaria conspergi sa'i)iiis
(piani rigari delient : et cum lenirtni pedum planla; fuerint,
in aliud semiuarium Iransfcrii, ar. ne radiccs altius a!;rint
(qii.-e res poslmodum iu exiincndo niagniim lalmrem aflcil,
cuni plantas iii aliud scminarium traiisfeiTe volumus)
oportcbit iion maximos scrobiciilos sesquipede iiiter se
distantcs fodere : deinde radiccs in noduin , si brevcs , vcl
in oibemcoron.iisimilem, si longiores erunt, inllec i, et
oblitas limo biibulo scrobiculis <le|ioni , ac diligeDter cir-
cnmcalcari. Possunt eliam coIlccl.c ciim stirpibus planta;
cadeni ratione disponi : quod in Alinia ulmo (ieri neccsse
est, qiiae non seriliir c saincra. Scd lixc iilmiis autumni
tcmpore melius (piain verc disponilur ; paulatimque ramuli
ejus inanii dctonpienlur, qiioniam prinio biennio ferri re-
formidal iclnm. Tertio dcmnmanno acuta falccabraditnr,
alqiic iibi lianslalioiii jam iJonca csl , cx co tenipoi-e au-
tnmni,qiio lcrra imbrihns permaduerit, usque in vcriinm
tcmpus, aiiteqiiam ladix uluii in csiinendo delibrelur,
rccte serilur. Igitur in rcsoluta terra tcrnOm iiedum qiio-
<\w) veisiis faciendi scrobcs. At iii densa, sulci cjusdi'm
alliliidinis cl latitiidinis, qiiiarborcsrecipiant, prffiparandi.
.Scd deiiide in solo n)scido et nebuloso consercndiK sunt
ulini, utcaniin raini ad iirieulcnl et [in] ociidentcm diri-
ganliir, (pio plus solis medi.Te aiboics, iiuibus vitisappli-
cala ct icli:;ala innililiir, accipiant. Qiiod si etiani fruinen-
tis (oiisiileiiius, uberi solo intcr (|iiadi"iginla pedcs, exili,
iibi iiiliil scrilur, intcr vigiiiti, arbores (Jisponanlur. Cuni
(leiiide adolescere incipicnt, falcc formandie,cl tabiilala
iiisliliimida siint. Iloc eiiim noiniiie iisnr|)ant agricola;
rainos tniiicosqne pioniinentes , eosque vcl propiiis fcrro
citmpc.^^cunt, vel loiigiiis proinittuul, ut viles laxiiis dif-
londanliir : lioc iu solo pingui melius, illnd iii gracili.
Tabulal;! iiiter se ne niiiins lcrnis pcdiiius absint, alque
ila formentur, nc supcrior lamus in eiuiem linea .sil,q;iii
inferior. Nam dcmissiim cx co |ialiiiilcin germinanlem iii-
ferior alleicl, etfructum dcciitii.i. Scd ipiiinicunqiic aibo-
234
COLUMELLE.
fiiudia pas les taiiler les deux premieres annees. | jeune orme dans un terrain gras. On lui laissera
Si par la suite rorme ne prend qu'un faible ac-
croissement, il faudra au printemps, et avant
([u'il quilto facilement son ocorce, Tcteter aupres
de la branche qui en paraitra la plus brillante,
en laissant eependant sur le tronc , au-dessus de
cette branche, une tige de la hauteur de neuf pou-
ces, a laquelle on attachera cette branche, en
Tappuyant aupres et en lui faisant prendre sa
direction , afin qa'etantbien redressce , elle puisse
donncr une cime a Tarbre. Ensuite il faudra cou-
per au bout d'un an cette tige qu'on avait laissee
au tronc, et ragreer la plaie. Si rarbrc n'a point
de branche dont on puisse tirer ce parti, il suf-
flra de le reduire a la hauteur de neuf pieds, en
kii coupant toute la partie superieure, afin que
les nouvelles branches qu'il poussera, soient a
Tabri des bestiaux. II faudra le couper d'un se.ul
coup, si Ton peut en venir ti bout; sinon il fau-
dra ie scicr, et ensuite ragrcer la plaie avec la
serpette , et la recouvrir d'un lut dans lcquel on
aura mele de la paille, pour que le soleil ou la
pluie ne rendoramagent point. Vn an ou deux
apres, lorsque lesnouvelles branches auront pris
des forces, il faudra retrancher celles qui sei'oiU
inutiles, et laisser celles qui se preteront a etre
flrrangees. Quand un orme aura toujours cte
d'une belle venue depuis le moment de sa plan-
tation, il faudra lui couper avec la serpe les
branches superieures j«squ'au noeud qui les joint
au tronc. Mais si ses branches sont deja fortes , on
leur laissera en lcs coupant un petit bout de bois
cn saillie sur le tronc. Lorsqu'ensuite Tarhre aura
pris toute sa force , il faudra en rogner tout ce
que Ton pourra atteindre avec la serpe , et ragreer
les plaies , sans ceiiendant toucher au corps nieme
de la mere. Voici comment il faudra faconner un
huit pieds sur terre saus branches , ou sept , quand
le terrain sera moins gras; au-dessus de cet es-
pace on le distribuera en trois parties prises sur
sa eirconference , a chacune desquelles on laissera
une branche pour former le premier tabulatum.
Ensuite, apres avoir laisse trois pieds vacants par-
dessus , on arrangera d'autres branches de facon
qu'elles ne se trouvent pas sur la mcme ligne
que celles du tabulalum dont je viens de parler;
et il faudra continuer d'arranger de la meme fa-
con Tarbre dans son entier jusqu'a sa cime. Au
reste , on prendra garde en Temondant de ne pas
donner trop de longueur aux ergots qu'on lui
laissera en coupant ses branches, corame, au
contraire, on prendra garde de ne pas lcs couper
assez pres pour que le tronc soit Iui-meme blesse
ou ccorch(5 , parce que le tronc de Torme une
fois ecorche reussit nial. II faut aussi eviter que
deux plaies difCerentes ne se reunissent en une
seule, parce que recorcc aurait de la peine a se
cicatriser a la suite d'un tcl maltraitement. On
cultivera aussi cet arbre sans discontinuation , et
on ne se contentera pas de l'avoir arrange avee
soin dans le principe , mais on bechera encore au-
tour de son tronc, et on coupcra avcc le fer, de
deux annees Tune, soiten entier, soit en grande
partie, le feuillage qu'il aura donne, de pcur
que Tepaisseur de son ombre ne nuise a la vigne.
Lorsqu'ensuite cet arhre scra devenu vieux, on
le percera pres de terrejusqu'a la moelle, pour
douner une issue a rhumidite qui se sera amassee
dans sa partie superieure. II faut aussi planter
'la vigne aupres de lui, avant qu'il ait pris toute
sa force. Au surplus, si Ton marie a un jeune
orme une Jeune vigne, il ne lui fera pas de tort;
au lieu que si on lui eu raarie une vieille, il fera
rem severi3,ean(i bieiinio proximo pntare non oporlet.
Post (luinde .si uimus e\igniim inciemenlnm reeipii , verno
tenipore, anteiinain librnni demiltat, (lecaciiiuinanila esl
jiixta ramnlum , qui vidcbitur esse nilidissimus , ila tamcn,
uU supra eum trunco stirpem dodraiitalcm relinqiias, ad
(piam ductus et applicalus laiiuis allisetiir, et correctns
«acnnien arbori pra,'beat. Deinde slirpem post anmmi pra?-
lidi et allevaii opurtel. Qiiod si nnlinm ramiilnni arbor
iiloiiciim babueiit, sat eiit novem pedes a terra relinipii,
et Mi|ieriiircni parleni detriincaii, ut iiova' ^irffe, i|uas
emiserit, abiiijiiria pecoris tiitre sint. Sed si fieri polerit,
uno iclu arboreni prajcidi; si miniis, serra (ie.secari, et
plagam falce ailevari oportebit, eamqne plagam liito pa-
lealocontegi,nesoleant,plaviis inlesleliir. l^ost:uinum aut
liienniuiu, cnnieiiati ramuli recte convaluerint, .snperva-
cuosdepulaii , idoneos iiiordinein submilli conveniet. Qiiie
ulinusa positionebeneproveiierit,ejussnnim.'e viii^ae lalce
(lcbentenodari. At si robu.sti lamuli crunl, itaferro anipu-
lentnr, utexiguaiTi slirpem promiuenlem triineo lelinquas.
Ciini deinde arbor couvaluerit , quicquid lalce contingi po-
lerit, expiitandum est, allevantiumque ealenns,ue plaga
coipori maliis applicetur. Ulniumantemnovellam lormare
;;ic couveniel. Loco pingiii octo pcdes a tena siiie raino rc-
linqnendi, vel in arvo gracili septem pedes : snpra qnnd
spatiumdeinde percirciiitum in tresparte.sarbordividenda
e.st, ac tribus lateribns singuli ramuli snbmitlendi priino
tabulatoassignentur.jMoxde teruispedibussuperposilisalii
lami submittendi sunt, itaneiisdem fineis, quibusin iiife-
riorepositi sint. Eademque ratione usqueiu cacumenordi-
nanda erit arbor. Atque in frondalioue cavendum , ne aut
piolixiores pollices liant, qiii cx anipiitatis virgis relin-
qiiiinliir, autrursusifa allevenfnr, nt ipsetruncus liedafur,
aiit delibrelur : iiam parum gaudet ulmus, quiB in corpiis
uudatur. Vitandumque ne de dualnis pfagis uua liat,
ciim talem cicatiiccm non facile cortex compreliendat.
Arboris autera perpetna cultuia est, nou solum diligeiiter
eandein disponere, sed etiam truncum circumfodere,
ct quicquid tionilis enaluin 1'uerit, alternis annis aut ferro
amputaie aut astiiugere , ne iiiinia uinbi a viti nuceal. Cuiii
deiiide arbor vetustafem fiieiit adepta, propter lerrain
vulueiabitnr ifa, ut e\cavi;tur usqiie iu iuedullain, detur-
que exitus buinori, queni ex superioie parte conceperit.
Vileni quoque, autequam ex loto arbor pranalcscat,
conseieie couvenif., At si fenerain ulnium niarilaveris,
oiuis jam nou surieret : si vetusla! vileni appliiuieris,
coujiigem necabit. Ita suppares esse a;tate et viiJbHs ar-
nv. LAGRICULTUP.E, LIV. V.
niourir sa eompngne. Ainsi, il faut qu'il y ait
foiivcnnnec (Vtige et de vinucur entre ees arbres
et li's vigiics qu^on marie avcc cux. Mais lors-
qu'on veut marier unc viirne a un arbrc , il faut
preparcr, pour les niarcottes qu'on doit nicltrc
aupres de lui, un fosse dedcux pieds de largeur
sur deux picds de profondeur si la terre est lcgere,
ou dcux picds neuf pouces si elle est epaisse, ct
ile six pieds de longueur oii tout au moins de
cinq. II faut que ce fossc soit au moiiis a un picd
et denii de distnnee de rarbre , paree quc s'il Joi-
gnait les racines de rorme, la vii;ne prendrait
mal , et que quand mcme ellc preudrait, Tarbre
ne pourrait manquer de relouffcr des qu'il vien-
drait k eroitrc. On fera ce fosse en automne , si on
en a la liberte, aliD que la terre s'en ramollisse aux
pluies et aux gelees. Knsuite, vers rcquinoxe du
printemps, on y dcposera deux eeps a la fois a un
pied de distance Tun deTautre, afin qu'ils cou-
vrent plus tot rorme, et on prendra garde de ne
pas les planter pendant que les vents du septcn-
trion soufUeront, ni pendant qu'ils seront eou-
verts de rosee , mais on attendra qu'ils soient res-
suyes : c'est uue attention (|ue j'ordonne cravoir,
non-seulement en plantant des vignes, mais
encore en plantant des ormes ct toute autre es-
pece d'arbrcs; conime j'ordonne eneore , loi's-
(]u'ou lestire de la pcpiniere, de les marquer dun
cote avec de la sanguine, pour se rappeler la
position ou ils ctiucnt dans la pepiniere, afiii dc
lcs mettre dans la meme position , parce qu'il est
tics-intercssant qu'ils regardent le ctlte du ciel
<\uquel ils sont aecouturaes des leur enfance. Le
iemps le pkis favorable pour planter lcs arbrcs
et les vii;ucs dans lcs cantons qui sont exposcs
au soleil , ct ou la tenii)crature n'est ni trop froide
ni trop phivicuse, c'est en automiie apres Ti^qui-
noxe. Mais ilfaut, en les plantant, t'tcndre dans
le fossc jusqu';i la prof()ndeur d'un demi-pied la
superneie de la tcrrc, que Ton aura laljouree a
la eliarrue; d(^vclopper loutcs leurs raciiies, en-
suite les funier, selon mon opinion , apres les
avoir plantt-s; sinon les reeouvrir au nioius de
cette terre labouiTC, que Ton foulera aux pleds
dans le circuit du tronc. U faut mettre les vifines
a rextrcmit(j du fosse la plus (!'loiuncc dc Tnrbre,
et en ('tcndre le bois dans la largenr du fosse, pour
lcs rclever ensuite aupres de Tarbrc ; et eiinn les
entourer de hnies, poiir les mcttre a Tabri dcs
bcstiaux. Au surplus , il faut accotcr le plari de vi-
gucs aux arbrcs du cC>\C: du scpteulrion daiis les
pays cbauds, du c^^it^- du midi dans les pays
froids, et du co\e de Torient ou de eelui de Toc-
cident soiis vn climat temper(i, afin quil ne soit
pas incommode pendant toute la journce, soit par
le soleil , s-oit par rombre. Celsus pense qu'il ne
faut pas approcber le fer dc la vigne a la prciniere
taille qui suivra sa plantation , mais qu'il sera
micux d'cntourer l'arbre avec les tiges de cette
plante, qu'on tortillcra a cct effet en fa(?on de
couronne, a(in qu'elles jeltcnt du bois cn abon-
dance de toute leur pnrlie qui sera coiirbce, et
qu'on puisse cmploycr !e plus furt de ce bois a
former, ranniJe d'aprcs, la tcHc de la vigne. Mais
une longue exp(^rience m'a convnincu qu'il est
bien plus utiic de faire sentir la serpette aux vi-
gnes des les premiers temps , et de ne pas les lais-
ser se couvrir de sariinents inutiles. Je pense
m("'me qu'il faut coupcr jusqu'au second ou au
troisieme bourgcon lc premier bois qu'on leur
laissera , afin qu'il donne des branches a fruit plus
robustes : des que ccs branchcs nuront atteint le
premier (^tage, on les tnillera ; chaque annee on
les fait monter d'un etage, laissant toujoiirs sur
retage preecdent une vieille branche qiie l'on
appliquera au tronc de Tarbre, alin qu'cllc se di-
borps vitosqiie convcnit. Sed arboris niarilandoe caiisa
.■ieiobis vivirarlici lieri (icliet latus pediim cliioriim, allus
levi lerra totidem pediiin ; giavi, duponilio el dodraiile :
longiis pedum sex aut niinlmum quimjue. Absit aiitem
blc ab arboie ne minus sesqiiipedali spatlo. Kam si radi-
cibus ulmi junveiis , male vitis comprcliendet , et cum
leniierit, incremento arboiis oppiimetur. Hiinc .sciobem,
si res permittit, autumno facllo, ut pluviis et gelicidiis
macerelur. Ciica veinnm deiiide a:quinOL-tium bina; vites,
qiio celeiiiis ulmuni vc.sliant, pedem inler se dislantes
sciobibus deponcnda! : cavendumque ne aut septenlito-
nalibus venlis aut roruleiitiE .sed siccse .scrantur. Ilaiic
observationem non solum in viliiim positione, sed in ul-
monim (OTlerarnmque arborum pia'cipio : el uli cum dc
seminario cxiimmlur, rubiica nolctnr una pars, (pia! nns
admoneat, ne aliter arbons cun.slituamiis, qiiam (piein-
admodum in seminario sleterinl. 1'luriiniim enim icfert,
iil cam paitiMn ('<iii specteiit, ciii ab lenero consnevcruiit.
Miiiiisaulemlocisapricis,iil)ic.Tli iiatnsnequepraigelidiis
iieque nimininpliivius est, autiimni lempoie ct arliores ct
vUcs posl u.-(iuinoclium dcponuntiir. Sed e;c ila conscrcnda;
sunl, ut sunmiam lcriam , qii.Taratio subacla sit , semi-
pedem alle siibstcinamiis , radicesqiie omnes e\plicemiis ,
ct deposilas slcicoiata, ut ego exislimo, si miiius, certe
subacfa operiamns , et circumcalcemiis ipsum scminis co-
dicem. Viles in ultimo sciobe deponi oporlet, maleriaSque
eaium per scrobcm porri^i, deinde ad aiborem eri^i;
atqne ab injuria pecoris caveis emuniii. Locis aulein pia-
fervidis semina septentrionali paile aiboii applicaiida
sunt: locis frisidis a meridie, lempeialo slatii caii, aiil ab
oriente aiit ab occidente, ne toto die solem vel iimbram
palianlur. Pioxiina dciiide pnlalione inclinsexistimat Ce|.
siis ferro abstiiieri, ipsosqiiecoles iii niodum corona^ con-
tortos ailMiri circumdari , nl llcxma malerias profundal ,
qilariim validissimam seqnentcaimo rapiit vilis faciamus.
Me aiilem lon;;!!» dociiit nsiis, miillo iitiliuscsse priiiio
(pioqiic lempore falcem vilibiis adinoverc, nec supcrva.
ciiissarmentis palisilvcsceie. Sed eam(pio(pie, (pne primo
siibiniltcliir, materiam ferio cocrccndam ceiiseo iisqiie in
alleram vel lertiam geinmam, qiio lobnsliorcs palmiles
agat : ipii ciini primum tabulaliim appiebenderint, pni-
\ima pulatione dispouenliir oimiibiisipie anuis aliipiis in
296
COLUMELLE.
i-ige vers sa cime. Une fois que la vigne est nia- ]
riee a l'arbre, les agricuiteurs lui imposent des
lois cocstantes : la plupart garnissent les etages
iuferieurs de beaucoup de sarments, pour avoir
une plus grande quantjfe de fruits et trouver plus
d'aisance daus la culture. Mais ceux qui reclier-
chent la qualite du vin excitent la vigne a nion-
ter au plus liaut des arbres, et, a mesure qu'elle
jette de nouveau bois, ils attireut ce bois vers la
brauche de l'arbre la plus elevee , de faeon que
le plus haut de la vigne gagne toujours le plus
haut de Tarbre; c'est-a-dire que les deux bran-
ches a fruit les plus elevees de la vigne s"unissent
au tronc de Tarbre vers sa cime , a laquelie tend
leur direction ; de sorte qu'a mesore qu'uue bran-
ehe de Tarbre se fortilic , elle recoit la vigue entre
ses bras. On mettra sur les plus fortes branchcs
de Tarbre un pius grand nombre de branches ii
fruit de la vigne, qui seront toutes separees les
unes des autres; au lieu qu'on en mettra moins
sur les plus petites. On attachera la jenne vigne
a Tarbre avectrois tourons : Tun qui scra lie a la
cuisse de Tarbre a quatre pieds de distance de la
terre , rautre qui arretera la vigne par le haut, et
le troisieme qui rembrassera par le milieu. II n'en
taut pas mettre par le bas, parce que ce!a dimi-
nuerait les forces de la vigne : on le regarde cepen-
(iantquelquefoiscomme necessaire, lorsque Tar-
bre ayant etc tronque n"a point de branches , ou
que la vigne a trop de vigueur et qu'elle s"etend
trop. Lesautres points a observer dans la taille
sontde couper toutes les anciennes branches qui
auront rapporte du fruit rannee precedente, et
de laisser les nouvelles en les debarrassant par-
tout de leurs vrilles, ct en coupant les rejetons
qu'elles peuvent avoir produits; corame aussi de
laisser tomber par la pointe des ramcaux de Tar-
bre les branches les plus eloignees de la vigne
preferablement aux autres si elle cst abondante,
les plus voisines du cep si clleest maigre, etcellcs
du milieu si elle est d'une qualitc moyenne, parce
que les branches les plus eloignees sont cellesqui
rapportent le plus de fruit, et que les plus voisi-
ues du tronc sontcellesqui repuisentetqui Texte-
nuent le moins. II est aussi fort utile aux vignes
d'etre deliees toutes les annees , parce qu'on les
eclaircit alors plus commodement, et qu'elles se
rafralchissent lorsqu'elles sont liees a une autre
place , outre qu'elles sont moins blessees et qu'cl-
les s'en portent mieux. II faut encore mettre les
branches a fruit sur les etages, de facon qu'elles
y soient liees au-dessus du troisieme ou du qua-
trierae bourgcon avant d'en descendre , ct ne
point serrer la ligature , de crainte qu'elle ne
coupe le sarment. Mais si Tetage est si eloigne
qu'on ne puisse pas y conduire commodement la
branche de la vigne , on rattaehera sur la vigne
merac, en la liant au-dessus du troisierae bour-
geon. Nous prescrivons ceci, parce que la partiede
la branche qui deseend de Tetage est celle qui se
eharge de fruits ; au lieu que cellcqui est attachce
avec un lien tend a raonter plus haut , et fournit
du bois pour rannce suivante. Au reste, les
branches elles-memes sont de deux sortcs : les
unes sortcnt du bois dur, et , comme elles ne
rapportent communement la premierc annee que
des feuilles sans fruit , on les appclle pampinarii;
les autres sortent d'une branche qui a un an, et
on les appelle/? Mc^M«n'i, parce qu'el les produisent
des fruits. Pour avoir toujours dans une vigne
une grande quantite de ces dernicres, on lie les
branches au troisieme bourgeon , alin que tout ce
snpcriiis labiihitiim excitaliitur, rellcta semper una male-
ria.qnas appllcata trunco cacumen arboris si^ectet. Jani-
(jue viti constituttB cerla lex ab asricolis iniponitur : pleri-
que ima labulata maleriisfrequenlant, uberiorem fruclum
(it niagis facilem cuUum sequentes. At qui bonitati vlni
slndent, in summas arbores vitem promovent : ut quic-
(jiie maleria sedebit, ita in celsissinium quemque ramum
exlendunt, sic,ut summa vitis suniniam arborem seqiia-
tur, id est, ut duo palmites extremi trunco arboris appli-
cenlur, qui cacumen ejiis spectent , et prout qnisqne raiuiis
convaluit, vitein accipiat. Plenioiibus ramis plures palnii-
tes alius ab alio separati imponantur, gracilioiibus pau-
dores; vilisiiue novella tribus toris ad arborem relige'
tiir, uno, qui est in crure arboris a terra qiiatuor pedibiis
dlslans; altcro, qui summa parle vitem capil; tertio, qiii
mediani vilem complectitur. Torum imum impoiii nou
oporlet, quoniam vires vitis adimit. [nleidum tamen nc-
tessarius babetur, cnm aut arbor sine ramis trnncata est,
aut vitis piBSvalens in luxuriam evagalur. C.Ttera pulalio-
uis ralio lalis est, ut veteres palmiles, qiiibiis pioxinii
anni fruitiis pe|)ondit, omnes rocldantiir : novi, circiim-
cisis undiqiie capreolis ct iiepulibus, qui ex liis iiati sunt,
amputalis, subiniltantiir : et si l.vta ^ilisest, iiltlmi po-
tius palmifes per cacumina ramorum praecipitentur; si
gracilis, Irunco proximi, si mediocris , medil ; quonl.ini
ultimiis palmes plurimum frnctum affert, proximiis mini-
muiii vitom exlianrit atque atteniiat. IMaxime aulein pro-
dest vilibiis, omnibiis annis resolvi. Naui et commodius
enodantiir, et lefrigerantur, cuin alio Inco alligal.T.' siint,
niiniisque I.Tduntur, ac nieliiis convalesciuit. Alqiie ipsos
palniites ita labnlatis superponi convenil, iil a terlia
gemma vel quarta rellgati dependeant, eosque non con-
stiingi , ne sarmentum vimiiie proccldatur. Qiiud si ita
longe tabulatura est, uli materia parnm coramode in id
peiduci possit, palmilem jpsiim viti alllgatnm siipra ler-
liam gemmam religabimus. Hoc ideo (ieri pra^cipimus,
quia quffi pars palmilis praecipitata est, ea fructu induilur :
at qiia; vinculo adnexa siirsiira tendit , ea malciias sequenli
anno pifebet. Sed ipsorum palmitum diio genera sunt :
alteium, quod ex duro proveuit, quod qiiia piinio anno
ploruniqne fiondem sine fructu arferl, pampinaiium vo-
cant; allerum, quod ex amiiculo palmilc piocrealur :
quod qiiia prolinus creat, friictuarium appcllaiit. Ciijiis ut
scinper liabeamiis copiam [in vinea,] palmilum parles ad
Ires gcmmas religandre sunl , iit quicquid inlra vinculiim
esl nialeiias exig;il. Ciim deindeannis el lobore vitis coii-
DE LAGRIGULTURK, LIV. V.
qui est au-dessous de la ligatnre donne du bois.
Lors([u't'nsuite la vigne aura augmente en force
en prenant des annees, il faudra faire aller, sur
les arbres qui se trouveront dans son voisinage ,
de longs sarments que Tod coupera ncanmoins
.'lu bout de deux ans pour eufairepasser de plus
tendres a leur plaee, parce que lcs vieux sarmcnts
fatiguent la vigne. Ou est aussi quclquefois dans
Tusage, quand la vigne ne peut pas embrasscr
Tarbre dans son entier, d'cn eouclier une pnrtic en
terre pour en faire venir deux ou trois provins ,
qu'on fera monter n Tarhre, afin qu'il soit plus lot
couvcrt , en se trouvant environne d'une grande
quantite de ceps. On ne doit pas laisseraune jeune
vignedesarraents/;aw/j/'nrtm, a moins qu'ils ne
sortcnt d'un endroit oii i! sera neccssaire de lcs
laisser, pour les maricr par lasuite a une bran-
che de Tarbre qui aura pcrdu ceux qui la garnis-
saient. Poureequi cst des vieilles vignes , les sar-
ments u fcuilles dits pampinari!, qui y sont nes
dansune placeconvcnaljle, leur sont utiles;et on
fait bien de les y laisscr pour la plus grande par-
tie, en lcs taillant au troisieme bourgeon, parce
qu'ils donnent du bois rannee suivante. Tout
panipre ne dans une place convcnable, qui aura
ete rompu , soit lorsqu'on taillait la \igne , soit
lorsqu'ou la liait , no doit pas etre retrancbe
pour peu qu'il lui reste un bourgeon, parce que
l"aunce d"cnsuite il donnera infailliblemeut des
pampres , qui scroul d'autant plus forts que ee
bourgeon sera unique. On appclle prcpcipites
; braucbcs preeipitees) les branchcs a fruit qui
sont sorties de celles de rannee , et que Ton atta-
che au bois dur. Ces sortes de pamprcs rappoitent
a la vcrite beaucoup de fruit, mais aussi ils font
bien du tort a la mere. C'est pourquoi il ne faut
pas en prccipiter, si ce n'est de rextrcmitc des
branchcs de Tarbre , ou dans le eas oii la \igne
serait moutee plus haut que la eime de farbre.
Si cependant quelqu'un voulait laisser lcs hivui-
ches de eette espece, dans la vue d"avoir beau-
coup de fruit , il l'audrait (iu'ii comment-ftt par
les tortiller, ensuile qu'il lcs liat, ct eufin qiril
les preeipitat. En cffet, ellcs jcltcront pour lors
une quantitc de sarments dcrrit^re Tendroit ou
on lesaura tordues, et, toutcs pri^-cipitc^es (iu"ellcs
seront, elles attireront moins a ellcs les forccs
de la \igne, quoiqu'en donnant du fruit avec,
abondanee. II ne faut pas laisser plus dunc an-
nt'e lcs branchcs prt'cipitees. 11 y aune autre es-
pcce de branche ;'i fruit qui .sort d'une jcunc
branche, et que !'on nttaehe daus le tciKlrc de
cette branche pour la laisser pendre : nous Tap-
pelons 6o!.? tout court (Ma/e/'/a), et elle donr.e
du fruit et de nouveaux sarments en abondancc.
On donne encore a deux pampres venus d'une
raeme tige, qu'on a laisst'S a la vigne, lc nom
de uiaferia : J"ai monlre plus haut quclle etait ia
nature des sarments a fcuilles A\tspampiiiarii.
Lepampre uommepampre fourciieron ijocaneus)
est celui qui vient dans rentre-deux des bras ,
comme au milieu d'une fourcbe {furca). .Tai ob-
serv(5 que e'est la pire de toutes les tigcs , parce
qu"elle ne rapporte point de fruits , ct qu"elle
ext(?nue les deux bras entre lcsquels elle cst ncc ;
c"est pourquoi il fnut la rcti'aucber. Biendcsgeiis
se sont tromp(;s en s"iniaginant cjue lor.sqn'une
\igne etait forte et bieu fcrtile , elle devenait en-
core plus fertile si on la surchargeait et qu'on
lui laissat beaucoupde branchesa fruit , puisqu"il
arrive au contraire que plus uue vigne a de
branches , plus elle doune de pampres, et qiie
par consequent, etant couverte de bcnucoup de
feuilles, elle quitte plus mal sa tleur, retient plus
longtemps le brouillard et la rosee, et perd tou-
tes ses grappes. .Te pense donc que lorsqifune
vigne est forte, on fera hieu de la distribucr sur
/es branches de rarbre, de disperser ses lougs
valull, tr.i<iures in proximam quamque aiborem mitten(]je,
casque post bienuium amputare [siuiul] alque alias teiie-
liores Iransmitlereconvenit. jNain vetustatevilem fatigant.
Konnuiiqiiara etiam cum arborem totam \iti.s compre-
hendere nequit, ex usu tuit parteni aliqiiam ejus dellevam
terra; immergere, et luisus a<i eandem ailHirem duas vel
ties propasiiics excitaie, quopluribiu viUtms circumventji
celeiius veslialur. Viti novelbe pampiiiaiiuiniiiimilti noii
oportet, nisi necessario loco iiatus est, ut viduum rafniim
inaritel. Velciibus vitibus loco naU palmites painpinarii
uliles sunt, et plcriqiie ad lertiam gemmam resecli o|)time
submitlimUir. Nam insequcnli anno malerias fuudunl.
Qiiisquis autem panipinus loco natus in cxputando vcl
.illigando Iractus esl , inodo ut aliquam gemmani liabiierit ,
^x toto tolli non oporlet ; quoniam proximo auno vel va-
liiliorem materiam ex una creabit. l'r;ecipites palmites di-
. iintiir, qui de liornolinis viigis cnati in <luro alligantur.
Ili pliiiiniiim fruclusafferunt, sed plurimum matri nocenl.
Itiqiic nisi extremis raniis,aul si vitis arboris Ciicumen
.^apcravciit, praxipilari palaiitcm non opoitct. Qiiod si
tamen id gcniis colis piopter friiclum submittere qnis
velit, palmilpin intorqueat. Deinde ita alligelet pra'cipitet.
iN'.im et pdsl r Incum quem iiitorscris, l;ctani malcriam
citabit, rl |);,rM|)U,ila miniis viriiim iu se tralict, ipi;iinvis
fructu (■viiIjitcI. I'i,i(ipi(ciii vero |ilus aiino pali noii opoi-
let. Altcruni cst j^fiiiis paliiiilis, qnod de novello na.sci-
tiir, el in tencro alli^atiiiu dcpcndet : maleriam vocamus;
ea el fructum et nova llagella bene procreat : et jam si ex
uno capite duiie viig;e submiUantur, taraen utraiiile ma-
leria dicitur; nam pampinarius quam vim babeat, siipia
docui. Focaneus esl, qiii inter duo biacbia velut in fuica
de medio nascitur. Euni colciii dcterrimuin esse compcri ,
quod neque fructum feiat, ct utiaque biacliia, inter qii.i!
natns est, altenuet. ll.aqiie lollcndus est. Plerique vitein
validam et luMiriosam lalso credideruut feracioieni licri,
si multis palmitibus submissis oneietur. Nani ex pliiribiis
virgis plurcs pampinos creat , et cura se mulla lioiide co-
operit, pcjus delloret, nebiilasciiie cl rores diiitius (iinli-
net, omnemqiie iivam perdil. Validam ergo vitem in la-
mos didiiccre ccnsco , et liadiicilius (bspergere atque disi.i-
COLUMELLE.
sarmeiits sur les arbres voisins , ct dc rodaircir,
cn precipitant une partie des hvanches a fruit ;
si eile est moins fertile, ii faudrait abandonner
ses matcrim en liberte. Au surpliis , autant un
plnnt d'arbres mariesades vignes est recomman-
dable par ses fruits et par la beautc de son as-
peet lorsqu'il est bien ti;arni, autant il est in-
fructueux et sans grace lorsque la viedlesse Ta
(lej^arni. Pour empecher que cet acciilent n'ar-
rive , un chef de famille attentif doit oter !e pre-
niier arbre qui se trouvera accable de vieillesse,
pour lui en substituer un autre plus jeune : au-
quel cas il evitera de se servir de marcottes,
quoiqu'il en ait la faculto; mais il preferera des
provius pris dans le voisinage. Au reste, tel de
ces deux partis qu'il prenne , il suivra la methode
que nous avons deja donnee. Ccst assez de pre-
ccptes pour les plants d"arbres marics aux vi-
gnes a la facon d'ltalie.
VII. II y a une autre espece de plants d'arbres
maries aux vignes , qui est d'usage dans la Gaule :
on rappelle rumpotinum. II faut pour cette es-
pece de plant des arbres bas et peu charges de
feuilles. L'aubier parait y etre tres-convenable :
c'est un arbre serablable au cornouiller. II y a
bien des personnes qui disposent encore pour ce
plant des charmes, des cornouillers et des frenes
sauvages , et quelquefois meme des saules. Mais
il ne faut employer le saule que dans les terrains
humides , oii les autres arbresviendraient diffi-
cileraent, parce quecet arbre corrompt le gout du
■vin. On pourraaussi y mettre des ormes en les
etetant dans leur jeunesse, et en les soignant de
facon qu'ils ne montent pas a plusde quinze pieds
de hauteur. Car j'ai remarque quordinairement
ces rumputina sont faits de facon que leurs 6ta-
ges ne vout qu"a huit pieds dans les lieux secs et
montagneux, et a douze dans les lieux platset
humides. Communement on divise ces arbres en
trois branehes , a ehacune desquelles on laisse
de deux cotes plusicurs bras; apres quoi on re-
tranche presque tonles les autres bianehes dans
le temps qu'on taille la vigne, de peur qn'elks
ne kii donnent trop d'ombre. Si roii iie seme pas
de ble sous les arbres des ritmpoti.na , on les es-
paee a vingt pieds de distanee des deux e6tes;
mais si Ton s'adonne ay mettre du grain, on
laisse entre eux quarante pieds dc distance d'un
cotc, etvingt de Tautre. Le reste de la eulture
est la raeme que pour les plants d'arl)res mnries
a dcs vignes a la faeon d'ltalie, c'est-a-dire
qu'on depose les vignes dans de loiigs fosses,
qu'on les cultive avec autant de soin , qu'on les
distribue sur lesbranches des arbres ; enfin qu'on
fait passer d'arhie en arhre de nouveaux sar-
ments longs que Ton attache ensemble, et que
l'on renouvelle toutes les annees en coupant les
anciens. Si un de c.es longs sarments, qui pas-
sent d'arbre en arbre, ne peut pas atteindre son
\oisin , on lcs reunit par le moyen d"une baguette
que lon attacbe en travers. Lorsqu'ensuite le
poids du fruit ies fait courber, on les soutient
avec des appuis qu'on met par-dessous. Au reste,
plus on labouie profondement et plus on beche
au pied des plants darbres de cette espeee raa-
ries ii des vignes, ainsi qu"au«pied de toute au-
tre espece d"arbres, plus ils rapportent de fruits :
on voit par ce que nous avons dit plus haut s'il
est de rutilite du chef de fainillc de viser ii cette
abondance de fruits.
VIII. La culture de tous les autres arbres est
a la verite beaucoup plus simple que celle de
la vigne; mais lolivier estcelui de tous qui en-
tralne le raoius de depenses, quoiqu'il tienne le
rare, cerlosque vinearios coles pv.Tciiiilare, el si minns
luxuriabilur, solulas malerias relinqiiere; ea ralio vilem
feraciorem faciet. Sed nt deiisuni arbnslum commenda-
bile frucln et decnre e^t, sic nhi vcliislale raresrit, pa-
riler inulilc <■! iiivciiiivliiiu csf. Qiiod iir lial , diliRenlis
patrisfiunili.is i':.l , iiniji.i.ii iiiiaiiii|iir ai binrin .senio dcfe-
ctam tollere, et in ejtis Incuni nnvrllam restituere, [vitem
queat ,] iie<'. eam viviradice frcqiicnlare, ea elsi sit faeul-
tas, sed, quod est longe mclins, e\ proximo propagare.
Cnjus utriusquc ralio consimilis esl ei qnam tradidimus.
Atipie liBGC de Ilalico arbiisto salis pra?cepiniiis.
Vil. Kst et alterum genus aibusli Gallici , quod vo-
oatur rumpotinum. Id desiderat arborem liiiinilem nec
frondosam. Cni rei maxime videtiir esse idnnea opulu.s :
ea est ai bor corno similis. Quin ef iam cornus ct carpinus
i'l ornns non nunquam , et salix a pleiisque in linc ip,sum
(lisponitur. Sed salix nisi in aqnosis locis , ubi alia; arbo-
rcs dillicililer comprcliendunt, ponenda non esl, quia vini
saporem infestat. Polest etiam ulmus sic disponi , nt ad-
linc tenera decacumineliir, ne altihidincm quiiiderini pe-
duin cxredat. Nam lere ila conslitulum rnnipotinelum aui-
m.idverti, iil ad oclo podcs locis siccis et clivosis , ad duo-
dccim locis planis el uliginosis tabulala disponanlur. Ple-
runique aulem ea arbor in tres ramos dividilnr, quibus
.singulis ab iilraque parteconiplura brachia snbmiltuntur,
tiim onines pene virg.ii , nc unilirenf , eo lempnre quo vi-
lis piilalnr, aliradunliir. .ArliiiiilHis rniiqiiiliiiis , si frumen-
Inm non inscrilur,in iilraiiii|iii' parlcni \i;;iiili pcdiim spa-
tia inlerveniiiul : at si sc,:5etilins induli;eliir, in alteraui
partem quadraginta pedes, in alteram vigiuli relinqiinn-
tur. Crclera simili ralione atqiic in arbusto Italico adnii-
nislranlur, nl viles longis scrobibus deponantur , ut eadem
diligenlia cuienlur, atqiie in ramos diducantur, ut novi
Iradures oninibus annis iiiler se ex arboribus proximis
conneclanliir , ct veteres decidaulur. Si fradux tradiircm
nonconlingil, mediavirgainfer easdeligetur. Cuin deindc
tiuctus pondcre urgebit, subjcctis adniiuiculis suslinea-
Inr. IIoc anlem genus arbusti ca»ler,i(>qiie omnes arbores
qiianlo allius aranfur et circunilodiiinlur, niaiore friietu
exuberant; quod an expediat patriliiniilias facere, reditns
docct.
VIII. Omnis tamen ailioris cnllus siniplicior quam vi-
nearum est, longeqnecx omnibus stirpibus minorem ini-
peiisam desideiaf olea , quie prima omniiini arborum est.
DE L'AGRICULTUKE, LIV. V.
prcmiei* rang entre eux. En effet, quoiqu'il ne
rapportc pas de fruits toutes les annees de suite,
niais scnioment de deuxauneesl'une a peu pres,
cependant il merite le plus grand e;;ard, tant
parce qu'il se soutient sans une grande culture,
et que, lorsqu"il n'a ni fleurs ni fruits, il ne de-
maude presque aucune depense, ou que, pour
peu qu'ou en fasse, ses fruits se multiplient a pro-
portion de cette depense , que parce que , lors-
qu'il est neglige pendant une suite d'annees, il
ne manque point conime la \igne , niais qu'il
rapporte dans ce tempsla raenie qiielque profit
aii chef de famille, et qu'il ne lui faut qu'un an
pour se corriger, pour peu qu'on le cultive de
nouveau. Cest aussi pour cela que nous avons
crn devoir donner avec soin des preceptes parti-
culiers sur cette espece d'arbre. Je crois qu'il y
a bien des sortes d'olives auisi que de raisins,
mais il n"en est venu que di.x a nia connaissance ;
savoir, Tollve Paiisiu, Wllr/iana, celle de Lici-
nius, celle deSergia, la Nevia, la Cutminia,
VOrchis, laTJfl^m (royale), la Cercitcs [Moa^ie)
et la Murtca (de myrte). De toutes ces olives, la
plus ngreable est la Pausia, comme la Regia
(royale) est la plus belle : ces deux espcees sont
plutot bonnes a manger que propres a faire de
riiuile. Si riuiile que Ton tire de la Pausia est
dun gout excellent taut qu'ellc cst verte, il faui
convenir qu"elle se gate en vieillissant. De meme
VOrcIiis et la Cercites sontmeilleures a manger
qu'a faire de rhuile. Celle de Licinius donne la
meilleure huile, celle de Sergia cn donne le plus
nbondamment; et communement les plus grnu-
des olives sont les meilleures a nianger, eomme
les plus petites sont les raeilleurcs dont on puisse
tirer de riiuile. Aucune de ces espeees ne peut
snuffrir une temperature brulnnte, non plus
qu'unc temperature glaciale : c'est pourquoi el-
les se plaisent sur les coUines septentrionales
dans les pays treschauds , et sur les meridiona-
les dans les pays froids. Elles n'aiment pas en-
core les terrains bas, ainsi que les terrains trop
cleves; raais elles preferent les pentes douces,
telles que celles que nous voyons chez les Sabins
daus rilalie, ou par toute la provinee de Beli-
que. Bien des geus sont dans ropinion que cet
arbre ne peut pas vivre , ou qu'au raoius il n'cst
pas fertile, a une distance de plus de soixaute
milles de la mer, quoiqu'il reussisse dans des
climats qui en sont plus eloignes. La Pavsia
souffre tres-bien le ehaud , et rolive de Sergia
le froid. Le meilleur terrain pour les olives est
celui dont le fond est de gravier, pourvu qu'il
s'y trouve au-dessus de rargile meiee au sable.
Celui dont le sable estgras ne leur est pas moius
favorable; les terres compaetes meme s'accom-
raodent tres-bien de cet arbre, pour peu qirelles
soient moites et grasses. I\Iais ii no veut point
d'un terraiu ou il n'y ait que de Targile, sur-
tout si les eaux y sourdent , et qu'elles y sejour-
nent toujours en grande quantite. Les terres qui
ne renferment qu"un sable maigre et du grnvier
pur lui sont aussi contraires; en effet, quoique
rolivier n'y perisse pas, il n'y profite neanmoins
jamais. Ou peut cependant le planter dans une
terre a ble, ou dans des lieux qui auront porte
auparavant des arbousiers ou des yeuses. Pour
ce qui est du chene , il laisse dans la terre ,
meme apres qu'il est abattu , des raciufs qui
sont nuisibles aux plants d'oliviers, et dont le
poison tue ces arbres. Voila ceque j'avais a vous
dire de cet arbre en general. Je vais actuelle-
ment passer au detail de sa cu'ture.
L\. On preparera la pepiniere destineea meu-
bler lesplantsd'oliviers dans un lieu bieu aere,
dont le terraiu soit mediocremcnt fort, mais
iSiini qnamvis non continuis annis , seil fpie altei o f|uoqiie
fniclum affeiat, eximia lamcn ejus ratio est, quoJ levi
oiiltu snsUnelur, el cnm se noii iniluit , vi\ ullam impen-
sain posiit. Scd et si qnam lecipit, suljiinle Iruclus mnl-
liplicat : ncglecta compluriliiis aimis non iit vinea delicit,
eoque ipso lempoie aliquiil cliani inleiim patrilaniilias
pia.-stal , cl cnm adliibita ciiltura csl, nno anno einenda-
lur. Quare etiani nos in lioc genere arboiis diligenter
pra>cipcre ccnsuimus. Olearuni, sicnt viliuni, plura ge-
iicra csse arbitror , sed in meam notiliain deccin omnino
perveneruiit : Pausia, Algiana, Liciniana, .Seigia, Nevia,
Cnlminia, Oichis, Regia, Ceicitis , Murlea. Kx quibus
bacca jucniidissinia est 1'ausia;, spcciosissima liegia", scd
ulraqiic poliiis escse, quam olco est idonea. Pansiie taincii
olenm saporis egregii, duni virideest; veluslate corriiin-
liiliir. Orcliis quo(|iic et Itadius nielius ad escam quam in
liquoicm slringitur. Oleniu optinium Licinia dat, pluri-
iiiiim Sergia : oiniiisqne olea niajor fere ad escam, minor
olco est aptior. Xulla ex liis gcnci ibn« , aut pra;fervidum ,
aul gclidum statuiu c^li patitur. Itaque icsliiosis lucis
scplentrioiiali colle, frigidis nieridiano g.iiidet. Scd ncquc
dcpic.ssaloca ncqneardiia, niagisqiie niiiilicoscli\osainat,
qiiales iii IlaliaSabinoruin vel tota proviuiia liiclica viile-
miis. Haiic arboiem pleriqne existimant ullra milliariinn
sexagcsiiiiiiiii a iiiari aiit iion vivei e aiit iion cs.se lcraceni.
Sed iiiipiibnMlain locisrecte valet.OpUme vaporessiisliiifl
Piuisia , lii.^iis Scrgia. .^ptissimum gcnus lerrtc est olcis,
cui glaiea subesl, si siiperposita crcla sabulo admista est.
Non iiiiiins probabile est .solum, ubi pinguis sabulo esl.
Sedet dcnsiorterra, si uvidaet lii:taest,conimodc rccipil
liaiic arborcm. Crela ex toto repndiaiida est; inagis etiaiii
scaturiginosa , et in qna senipcr uligo consistil. Iniiiiicus esl
ctiam ager sabiilo inaccr , el iiuda glarea. Nani etsi non
enioritur iii ejusmndi solo, niinqnaiii tanien couvalcscit.
i'olesl lainen in agro rriimeiilario seri , vel ubi arbutus ,
aiit ilcx stcteranl. Naiii qneri:us etiiiin cxcisa radices noxiii.s
olivcto leliiiqiiit, quarnni viiii.s cnecat olcain. Har, in
univeisuin de toto genere hnjusarburis liabui dicere. Niinc
jier parles cultiiram ejiis exseqnar.
IX. Seminarium olivelo pr;cparctiir cslo libero , terreno
modice valido , scdsnccoso, ncque deuso iieque soliilo
solo, poliiis tanicn rcsoluto ; id gcuus ferc lcrra? uigrie
COLUMELLE.
plcin c!e siic, et d'un grnin qiii ne soit ni eom-
pacte ni ti-op meuble, mais cependant plntotde
cutte derniere qualite qiie de la premiere. Ces
sortes de terres sont presque noires. Lorsqu'on
:iura laboure ee terrain au pastinnm a trois
|)ieds de profoudeur, et qifon l'aura environne
d'un fosseprofoud pouren interdire rcntree aux
bestiaux , on ie laissera fermenter. Cela fait, on
prendra sur !es arbres les plus fertiles de jeuues
brauches longues, bien brillautes et faciles a em-
poigner, c'tst-a-dirc, de la grosseur d'un manclie
d'iiistruraent; on les coupera sur-le-champ pour
avoir des boutures tr^s-fraiches, on prinant
t;arde d'endommager recorce, ou une partie de
la bouture autre que celle a laquelle on anra ap-
pllque la scie. On 6vitera facilement cet acci-
dent, eu mcttant un etai en formc de fourche
sous la branehe que Ton sera pret ii couper, et en
raatelassant de foin ou de paille la partie de cet
itai sur laquelle posera cette branehe, afin que
les bouturesy soient couebees molleraent, ctque
leur ecorce ne coure aucuu risque quand on les
coupera. On les sciera ensuitede la longueur d'un
pied et derai , et on ragreera des deux cotes avcc
la serpette rcndroit de la plaie. On y fera aussi
une raarque avec de la sanguine, afin de les
mettre en terre dans la raeme positiou ou elies
etaient sur l'arbre, et de facon qu'elles soient
dirigees de meme par leur extreraite inferieure
vers latene, et par leur cime vcrs le ciel. Car
si on renversait la bouture en la raettaut en
terre, elle prendrait difficilement et seraiteter-
nelleraentsterile , meme apres avoir acquis la plus
grande vigueur. II faudra euduire la t«ite et le
pied des l)outurcs de fumier raele avec de la
cendrc, et les enterrer entieremcnt, et de facon
qu'elles soient recouvertes de terre ameublie a
la hautcur de quatre doigts. On niet a cause de
cela, a une petitc distance auprcs d'elles, deux
signaux d'un bois quelconque, un de chaquc
cc)te, rnais attaches ensemble a Taide d'un lien
qui les uuit par en haut , de peur qu'etant isoles,
ils ne soient facilement renverses. L'objet de ces
signaux est de prevenir Tignorance des labou-
reurs, et d'empecber que les boutures qui au-
ront ete plantees ne soient lesees iorsqu'on
voudra cultlver la pepiniere au hoyau ou au
sarcloir. 11 y a des personnes qui croient que le
mieux est de transplanter daus des pepinieres
les bouquets des oliviers sauvages, en lesarran-
gcaut de meme : mais qu'on les plante de Tune
on de rautre facon , on doit toujours le faire apres
requinoxe du printemps , comme on doit aussi
les sarcler le plus souvent que Ton pourra la pre-
miere annee, et les cultiver au rateau la seconde
annce et les suivantes , aussitot que les petites
raeines de ces plantes aurnnt commence a pren-
dre des forces. Mais il laudra s'abstenir pendaut
deux aus de les tailler ; et la troislcme annee on
leur laissera a chacune deux branchcs, en sar-
clant freciueraraeut la pepiniere. La quatrieme
annee, on coupera la plus faible dc ces deux bran-
ches. Au bout de ciuq ans de cette culture, ce
seront depetits arbres bous a etre transferes. On
les transfere a propos dans le plaut des oliviers
pendant rautorane, si le terrain est sec et qu'il ne
soit point marecageux, ou au printemps un peu
avant qu'ils germent, s'il est gras et huraide. On
leur prepare un an d'avance des fosses de cpia-
tre pieds de profondeur, et meme , si le temps
n'a pas ete favorable, on brule de la paille dans
ees fosses avant de lesy mettre, afin que le feu
ramollisse la terre, couime le soleil ou la gelee
auraient du ie faire. L'intervalle entre les rangees
doit etreau moins de soixante pieds d'un ciJte et
de cjuarante de Tautre , si le terrain est gras
esl. Qiiam cimi in tres pedes pastinaveris , et a\la fo^sa
circuimlederis, ne aililiis pecori detiir, fermentari sinito.
Tiim lanios novellos proceios et nitiilos, quos conipie-
licnsos maniis possit circiimveiilie , Imc, cst iiiannl)iii cras-
sitiidine, feraeissimis arliorilms adinillo, et [ex lils] quam
recentissimas taleas recidito, ita ut ne cortlcem aut iil-
lam aliam parteni, quam qua seiia praeciderit , la>das.
Hoc antem facilecontlngit, si [iiius vaiain feceris, ct eain
parteni, siipra quam ramuni secaturus es , ftrno aut stra-
inenlls texei is , ut moliiter et sine noxa corlicis taleEe
su|ier|iosila! secentur. Talea! deinde sesquipedales serra
pioecidantur, atque carum |ilag:c ntraque parte falce le-
veiitur, et rubrica notciitiir, ut sic queniadnioduin in ar-
bore steleiat ramus , ita parle ima leri ain et cacumine cse-
Uim spcclans deponalur. Nam si inversa mergatur, dlffi-
c uller coni|iiehendet, et cum validius convalueiit, sleri-
lis in pcriieluum erit. .Sed oportebit talearum capita ct
iinas parles misto linio ciiin cineie obllnlre, et ita totas
cas immeigeri, ut |iutris tena digitis quatiior alle super-
venial. Sed liinis indicitiiis e\ iiliaiiuc parte iniiniantur :
hisunt de quallbet aitioie bievl spatio ju\la eas poslti.
et [in summa parte] inter se vinculo connexi, ne faclle
singuli dejlciantur. Hoc faceie utlle est propter fossoruin
ignorantiam , ut cum bideiitibus aut sarculis seminaiiuui
colerc inslilueris, depositaj talcK non laodantur. Qiildani
mellus existimant ladicum ocuiis silvestrium olearuni
liortulos excolere, ct simili ratione disponere : sed utrum-
qiie debet post vernum ifqiiinoctium seri, ct quani fre-
quentissime seminsriuni piinio anno sarriri : postero et
sequentibus, cum jam radicula^ semiiiiim convaluerinf ,
rastris cxcoli. Sed liienuio a putatioiie abstiiieri, tertio
anno singiills seminibus binos ramulos relinqui, et fre-
quenter sarriri seniinarium convenit. Quarto anno cx
duobus ramis infirmior amputandus est. Sic excultae quin-
quennioaibiiscula.^ Iiabilestranslatlonisunt. Planl;e autem
in oliveto disponuntur optlme siccis niluiineqiii' iillginosis
agris per autuninum, la>lls et liumidls venio tciiipni-e,
paulo ante, qiiain geiminent. Atque ip.-.is scrolw-. i|iiate.r-
num pediim pra'parantur anno ante : vel si tenipus non
largitur, priiis quam deponantur arborcs , stramentis atqiie
virgis injectis incendantiir scrobes , ut eos ignis piitres
faciat, quos sol cl pruina faceie debuerat. Spathini iiiler
DE LAGRIGULTURK, LIV. V.
fi dcstine a porter du lile, ou de vingt-cinq s'il
est miiisiT i't ([ini ne soit point convenabie aiix
grains. Mais il faiit qiie la faee d« ran^eessoit
tournee vers le point d'ou sonffle le vent Faro-
niiis, afin que ee vent les rafraichisse en ite.
Voiei comment on sy prcnd pour transferer ces
petits arbres : avant de les deplanter, on marqiie
avec de la sansuine la partie qui etait tournte
au midi, afin de les planter de la mememaniere
qu'ils rctaientdans la pepiniere. Ensuite on fait
eu sorte de laisser de la terre autour de Tarbre
environ Fespace d'un pied , afin de rarracheravec
cette mottc. Pour empecher que cette niotte
ne se brise lorsqu'on deplantera Tarbre, il faut
prcparer de petites baguettes de branches d'ar-
bres liees ensemble, que Ton appliquera a la
motfe de terre avant de renlever, et que Ton liera
sur ses eotes avec de rosier, de facon que la terre
etant resserree par ces baguettes soit retenue
comme dans une prison. L'arbre ttant ensuite
deracine, on travaiilera legcrenient la motte de
terre avec uue beche, et ou attachera par-des-
sous des branches d'arbres sur lesquelles on le
Iransportera. Avant de le dcposer dans la fosse
qui lui est destinee, il faudi'a en fouiller le fond
avec le hoyau, cnsuite jeter dedans la terre qui
aura cte labouree a la charrue (si cependant la
superficie de cette terre est grasse), et niettre des-
sous un lit d'orge. S'il y a de Teau dans les fos-
ses, il faudra latarir entiereraent avant d'y d(5-
poser les arbres, ensuite y jeterde petites pier-
res, ou du gravier niele avec de la terre grasse;
enfin quand lcs arbres seront dc'poses , il faudra
cchancrer alentour les c6t(!'s de la fosse, et y
melcr un peu de fumicr avec la terre. Si Ton ne
trouve pas a propos de planter Tarhre avec sa
motte,il sera tre^bon alors d'en dt^pouiller letrouc
de toutes ses branches , et de le dt'poser dans une
fosse ou dans une tranch(;e aprcs avoir ragr(ie ces
plaies, ct lesavoircnduitcsdc fumicr etde ccndre.
Le tronc le plus propre a ('tre transfere est celui qui
cst de la grosseur du bras : on pourra n(»anmoins
en transferer de beaucoup plus gros et de plus
robustes; auquel eas il faudra les d(^poscr de
fa(;on (ju'ils u'exccdent que de tres-peu le niveau
de la fosse, pourvu qu'il n'y ait point de risque
a courir de la part des bestiaux , parco que c'est
le nioyen qu'ils donnent plus dc fcuillagcs. Si
ce[iendant on n'a pas d'autre moyen de les ga-
rantir dcs bestiaux, il faudra les (ilever da-
vantage de terre, afin ([u'i!s soient a Tabri de
ee danger. Jl faut encore les arroser daus les
temps de s(icheresse , et ne leur faire sentir le
fer qu'au bout de deux ans ; la premiere annee
on en retranchera les rejetons, en ne leur lais-
sant qu'une seule tige qui sera plus haute que le
phis grand boeuf, de peur que par la suite cet
aniraal en labourant ne se blesse la cuisse ou
qnelque autre partic du corps contre ces arbres.
II est aussi tres-bon de les munir de haies alen-
tour apres qu'ils sont plantes, et de distribuer
le plant (quand il cst form(J et en etat de pro-
dniredes fruits) en deux portions qui porteront
du fruit chacune leur annee, parce que l'olivier
n'est [las fertile deux annees de suite; mais
conime il donne des tiges dans Tannee pendant
laquelle le terrain n'est pas ensemence sous
lui , et qu'il produit des fruits dans celle oii
il est enseraenc(j, il arrive de la que le plant
ctant ainsi distrii)U(3, est d'un rapport cgal
toutes les annees. Du reste , il faut labourer le
plant a la charri;e au moins deux fois par an ,
et fouilier profondement au pied des arbrcs avec
le hoyau. Lorsque la terre vient a se fendre apres
oiitin(>s minimum esse debet pinijui et fninientario solo
sexagennm peilum in alleram |iartem, alque in alteram
quailragenum : raacro nec idoneo sesetibus , (luinum et
vicenmn pedum. Setl in Favouium (lirif;i ordines conve-
nil, ut a'Slivo pernalu refrigerentur. Ipsa; aulem aibus-
cute hoe modo possunt transferri : aritequam esplantes
iirbuscnlain , nibrica notato partem ejus, qua; meridiera
i:;>5Ctat, nl (■(ulem modo, quo iu seminario erat, depona-
Inr. Deiiide iit aibiiscute spalium pedale in circuitn leliii-
quatur, atque ila ciim suo csi-spite jilanta eruatur. Qui
crespos iu cximendo ne resolvatiir, modicos surculos vir-
garum inler se connexos faccrc oporlet, eosiiue pala , qiia
etimitur, applicare , et viininibus ita innecterc , nt cons-
tiicla terra velul inclusa tenealur. Tum subnUa parte
ima leviler pala commovcre, et suppositis viigis alligare,
atipie plantam transferre. Quiie antequam dcponaliir, opor-
tebil soliim scrobis imum fodere bidentibus : deinde tcr-
ram aralro subaclam , si tamen piiiguior erit summa liu-
mus, immilterc, et ilii ordei scmiiia siibst(>rneie, et si
consislet in scrobibus a(pia, ea nmnis baiirienda est, an-
tequain demittanliir arbores. Deinde ingerendi minuti la-
pides vel slarca niista piiigui solo, depositisqiie seinini-
bus latcra scrobis circumcidenda , et aliquid stei coris in-
terponendum. Qnod si cum sua terra planta non convenil ,
tum optinium est omiii fionde privare tiuncum, atque
levalis plagis, limoqne et cinere oblilis, in scrobem vel
sulenm deponeie. Tnmcus auteni aptiortranslalioni est,
qni bracliii crassiludinem Iiabet. Poteril eliam Ion^(! ma-
joris incrementi et lobustioris transferri. Quem it.i couve-
iiit poni, ut si non periculuin a picore Iiabeat, e\iguuni
admodnm supra scrobem emineat : laHius enim frondet.
Si lamen incursus pecoris alitcr vitari non poteril , celsior
trunrus coustituetiir, ut sit innoxlus ab injuria pecornm.
Atqiie etiain rigandic sunt planta; ,.cuin siccitates inces-
senint, iiec nisi pnst bieiiuium ferru tangendit;. .\c priino
surculari (icbcnt, ila ut simplex slitus altitudinem inaxiini
bovis cxcedat; deinde arando iie coxam bos, aliamve
parlein cnrporis olTendat, oplimum cst etiani constilutas
planlas circummunire cavcis. Ueinde constitutumjam et
niiiturum olivctiim in duas partes dividere , qua; altemis
aiinis fruclu induantur. Neque enim olea continuo liieiinio
nberat. Cum snbjectus ager (ousitiis non est, arbor co-
liculum agit : cuni .seminibns replelnr, fructuin aHcrl ;
ila sic divisum olivetiim omnibus aniiis ieipialem redilum
COLUMELLE.
le solstice, par la force de la chaleur, II faut
veiller a ce que !e soleil ne penetre pas par ces
crevasses jusqu'aux racines des arbres. Oii les
dechaussera apres requinoxe d'autoiiine, et
s'ils sont sur une hauteur, on disposera dans la
partie superieure de cette eminence des tran-
chees qiii serviront a eonduire Teau bourheuse
jusqu'a leur souche. Ensuite il faudra arracher
chaque annee tous les scions qui viennent au
pied de ces arbres , et les fumer de trois en trois
ans , ou lcs arroser de lie d"huile. En fumant un
plant d'oliviers de la fncon que j'ai proposee dans
le second livre, on fera du bien par la meme
occasion aux grains qui y seront semes ; mais si
on ne veut chercher que Tavantage des arbres
qui y seront plantes, il faudra leur donner a
chacun en automne six livres de crottes de che-
vres , ou un iiiodius de cendre , ou un conr/ius
de lie d'huile, afin que ces fumiers, s'incorpo-
rant a la terre pendant Thiver, maintiennent
leurs racines dans un certain degre de chaleur. II
faut, quand ils se portent moius bien, les arro-
ser de lied'huile, parceque, s'il survient des vers
ou d'autres animaux pendant rhiver, cette li-
queur les fera mourir. 11 arrive encore souvent,
tant dans les terrains secs que dans les terrains
humides, que les arbres sont molestes par la
mousse ; auquel cas , si on ne les en delivre point
avec le fer, ils ne se chargent ni de fruit , ni raeme
de bcaucoup de feuilles. II faut aussi tailler un
plant d'oliviers au bout d'un certain nombre
d'annees, car on ne doit pas oublier un aneien
proverbe qui dit qu'eu labourant un plant d'o-
liYiers,on lepriede rapporter du fruit; qu'en le
fumant on Ten supplie, mais qu'en le taillant
on Ty contraint. II suffira neanmoinsde le faire
tous les huit ans, de peur de couper trop souveut
les branches a frnit. II arriveencore souvent que
cesarbres, quoique tres-touffus, ne rapportent
aucun fruit. II faut alors les percer avec une ta-
riere gauloise, et faire passer par le trou qu'on
y aura fait une bouture verte d'olivier sauvage :
moyennant quoi rarbre etant comme initie a une
semence feconde deviendra plus fertile. Mais il
faut aussi quelquefois le pousser, en lui donnaut,
sans le dechausser, de la lie d'huile dans laquelle
11 n'entre point de sel, avec de vieille urine de
porc ou d'horame, Tune et Pautre dans une cer-
taine quantite proportionnee a sa grandeur; car
il n'eu faudra qu'une urne pour les plus grands
arbres , a moius qu'on n'y ajoute de Teau ix dose
cgale. Quelquefois aussi c'est le vice du tcrrain
qui empeche les ollviers de donuer du fruit.
Voici comment on y remediera : on les dechaus-
sera en creusant ^ leur pied des lacs bien pro-
fonds ; ensuite on y versera de la chaux en plus
ou moins grande quantite, suivant la grandeur
de rarbre, de facon neanmoins qu'il en faudra
toujours un modius pour ies plus pelits. Si ce
remede n'y fait rien , on aura recours en der-
niere ressourcea la greffe. Or nous dirons par la
suite comment on doit s'y prendre pour greffer
rblivier. II arriveaussiquelquefoisqu'il se trouve
dans rolivier une branehe un peu plus belle que
les autres, auquel cas Tarbre tout entier tourne
a mal, si on ne la coupe point. Ce que nous
avons dit |usqu'ici sur les plants d'oliviers est suf-
fisant. Eestent les arbres fruitiers, sur lesquels
nous allons donner des preceptes.
X. Avant de deposer en terre les semences de
vos arbres fruitiers, il faut entourer soit de mu-
railles ou de haies, soit d'un fosse escarpe, Vem-
placement que vousdestinez a votre verger, pour
en interdire reutree non-seuleraent aux bestiaux,
ailfert. Scd id minime bis aniio arari dcbet • ct l)identil)us
alte circumfodiri. Nam postsolstuium cnm tcrra ocstilius
hiat, curandum est, ne per rimas sol ad radices arljonim
pcnelret. Post a^quinoctium autumnale ila sunl arbores
ablaqueandee, nt a superiore parle, si olea in clivo sit,
incilia excitentur, qua; limosarn aquam ad codicem de-
ducant. Omnis deinde soboles, qua> ev imo stirpe nata
est, quotannis extirpanda est, ac terfio quoqiie (inio pa-
bulandie suiit olcae. Atque eadera ratione stercorabitur
olivelum , qnam in secundo libro proposui , si tamen se-
getibns prospieietur. At si ipsis tantummodo arboribiis,
satis facient singulis.slercoris caprini sex libra', (vel)
slercoris sicci modii singuli, vel ainurca' insuls« consius
(suflicicnt). Stercus autuinno debet injiei , ut permistuin
liienie radlces olciP calcfaciat. Amurca minus valentibus
iiifiindi'iHla est. Nani per hiemem, si veimes atque alia
siilieihut animalia, hoc medicamento necanlur. Plenim-
<pie etiiiin locis siccis et liiimidis arbores musco infestan-
tur. Qiicm nisi (erranienlo raseris, nec fructiim ncc ■«'(am
froiidem olea induet. Qiiin etiam compluribus interposilis
aiinis olivetum putaudiim est : nam vetcris provcrbii nie-
minisse convenil, euiii qiii areto!ivetiiin.ior-aie fructiiin;
qui stercoret, exorare, qui ca^dat, cogere. Quud tamen
satis eiit octavo anno fecisse , ne fructuarii rami subinde
amputentur. Solent etiam quamvls la;tie arbores frudum
non afferre. Eas lerebrari gallica terehia convenit, alqiie
ila in foramen viridem taleam oleastri arcte iimnitli. Sic.
velut inita arbor foecundo seinine (ertilior extal Sed sic
ba>c ablaqueatione adjuvanda est infusa amurca insulsa
cum snilla vel nostra uiina velere, ciijus utriusquc ino-
dus servatiir. Nam maximse arbori, nt tantundeia aquae
misceatur, urnaabuude ciit. Si)leiit eliain vilio soli fiuc-
lum olea; negare. Cui i ei sic ivKMlfbiiniir. Altis gyris abla-
queabiinus eas, deiiide calcis pii) magiiiludiue arboris plus
minusve ciicumdabimus : sed minima arbor niodium po-
stulat. Hoc remedio si nibil fuerit effectiim ,ad praisidiiim
insiUonis confugiendum erit. Qiieinadmodum aiitcm olea
inserenda sil, postinodo dicenuis. iSon nimquam eliam
in olea; uuus ranms cseteris aliquanto est belior. Qiiem
nisi rccidej^s, tolaarbor contristabitur. Ac de olivetis liac-
tcnus dixisse salis esl. Superest ralio pomiferarum arbo-
rum , ciii rei deinceps pra'cepta dabiinus.
X. iNlodimi pomarii , priusquam seinina seras circuin-
miiiiii e maceriis oporlel vcl sepe vel fossa piKcipiti , ul
DE UAGRICULTURE, LIV. V.
mais mfime aux hommes , parce que si les ci-
nies des plantes se trouvaient souvent toiicliees
pai- les hommes ou rongecs par les bestiaux ,
ellcs ne pourraient plus jamais prendre d'accrois-
seraent. II est bon d'arranger les arbres par clas-
.ses, et cela pour plusieurs raisons, mais surtout
alin nuc les plus faibles ne soient pas opprimes
par les plus forts ; d'aiitant quc tous les arbres
ne sont pas egau.v entre eux, ni du cole de lu
force,ni du cote delastature; et qu'ils grandis-
sent dans dcs intervalles de temps differents les
uns des autres. La terre qui est convenable aux
■vigues Test egalement aux arbres. Faites des
fosses un an avant de les planter : moyen-
Daut cela le tcrrain se ramollira au soleil et a la
pluie , et ce que vous y mettrez viendra plus tot.
Mais si vous voulez faire vos fosses la meme
annee que vous planterez vos arbres, faites-les
au moins deux mois d'avance ; cnsuite echauffez-
lesen y brulant de la paille : plus vous les ferez
larges et ouvertes, plus les fruits que vous re-
cucillerez scront beaux et abondants. On fera
ces fosses semblables a dcs fours , dont le foud est
plns ouvert que la gueule, tant afin que les raci-
nestrouvent plus d'espace pours'ctendre, et que
rouverture ctant etroite, le froid et le chaud y
penetrent raoins en hiver ou en ete, qu'a!iu que
la tecre dout ou les aura comblees ne soit point
cutrainee par les pluies, si le terrain va en pente.
Eloignez les arbres les uns des autres en les
plantant, afin que lorsqu'ils seront grandis, ils
trouvent un espace suflisant pour etendre leurs
branches. En effet , si vous les plantez trop pres
les uns desautres, vous ne pourrez rien semer
par-dessous, et ils ne produiront pas beaucoup
de fruits, a moins que vous n'cn arrachiez quel-
I 011 soliim pocori , sed et lioniliii transiUiiin negare vaieal ;
quoniani si sa'[iiiis cacumina manii pia'liacla aiit a jie-
coribus piKiosa sunt, iii peipctiiuni seniina incienien-
lum capcre nequeuiit. Geneialini aiitem (lisponeieailnues
utile est, nmxinie iieetiam imliecilla a valeiitioie pienia-
tur, quia nec viribiis nec magiiiludiiie par est, impaiiiiue
spatio temporis adolescit. Tena, qux vitibus apta est,
etiam arboribiis cst ulilis. Aiile annum, qiiein seniinare
voles, sciobem fodilo. Ita sole pliiviisve niaceiabitur, et
quod positum es[, cito criiiiprclicinlet. At si eodem anno
et scrobcm faceie, el aibnrcs scu re voles, miniiijunianlc
duos nicnses sciobcs loililo, pn^lca sliamcntis incensis
calefacito : quos si laliorcs |iati'ntiorcsqiie feceiis, la'lio-
les iibeiioiesqiic fiuctus pcicipics. Sed sciobis cliliano
siniilis sit, inius summo patculior, utlaxius radices va-
gentur, ac ininus frigoris liicme, ininiisqueaslalevaporis
per angiistum os penetiet, etiain iit clivosis locistcria,
quie in eum congcsta est , a pluviis jion abluatur. ..Vibores
raris inlcrvallis scrito, nl cum cicveriiit, spalium lia-
beant, quo ramos exteiidanl. Nam si .spisse posucris, nec
infra screre quid poleris, iiec ipsa; frucluosa; erunl, nisi
iiitervulscris : ilaqiie inler ordines qiiadragcnos pedes mi-
niiniimque tiiccnos rcliiif|uere coiivcnit. Scniina legc
crassa non miniis qiiani iiianuluiiim bidenlis , rccla , lcvia ,
ques-uns par-ci par-la : c'est pourquoi il l"aut
laisser quarante pieds d'intcrvalle , ou au moiiis
trente, entre les rangees. Choisissez du plant
dont la grosseur ne suit pas moindre que eelle
d'un manche de hoyau qui soit droit, haiit,
sans ulceres, et dont recorce soit entiiu-e : avec
ces qualites il prendra bien et sous peii de temps.
En prenant ces brancbes sur les arbrcs, ayez
soin de choisir celles qui sont le plus exposees au
soleil. Avant de transplautcr de petits arbres,
remarquez a quels vents ils etaieiit exposes au-
paravant, ct nc les dcplantezque pour lestrans-
ferer d'un lieu eleve et sec dans un terrain hu-
mide : ayez surtout soin qu'ils aient trois cnrnes
et au moiustrois pieds de hauteur. Si vous vou-
lez mettre deux ou trois petits arbres daiis la
meme fosse , preiiez garde qu'ils ne se louchent
entre cux, parce que s'ils se touehaicnt, il est
constant qu'ils pourriraient, ou que les vers les
feraient mourir. Lorsque vous mettrez vos plan-
tes en terre, enfoncez dc droite et de gaucbe
jnsqu'au foud de la fosse des poignees de sar-
ment de la grosseur du bras, de facon qu'elles
en debordent un peu le niveau : cette preoau-
tion vous donnera la faeilite de faire parvenir
Teau en ete jusqu'a leurs racines. Vous mettrez
en terre la graiiie des arbres ainsi que le plant
garni de racines en automne, c'est-a-dire vers
les ealendes et les ides d'octobre : pour les au-
tres natures de plant, vous les y mettrez au
commencement du printemps, avant que la
pousse commence. Pour einpi'cher que les tei-
gnes n'iiicommodent les plants de figuiers, vous
mcttrcz, au foud des fosses oii seront ces arbres,
une bouture de lcntisque, la cime renversee. Ae
plantez pas le figuicr quand il fait froid : il
proccra, sine ulceribiis, inlegio libro. Ea bene, et ccleii-
ter compreliendenl. Si cx arboribus ranios sunies , de iis
qii.T qiiolaunis bonos et iibercs frnctus afreiiint , cligito
ab liiiiiicris qiii sunt coiilra solem [orienlcni. Si ciim radice
plantam posueris incienieiitum citiiis luerit quain CBcteris
(liias seveiis. Arbor ii:sila rriicluosior esl qiiaiii qiia' iii.>,ila
iion cst, idest,quam] qiirc laiiiis aut plaulis poncliir. Sed
aiile quam arbiisciilas lianslcias, nota, qiiibiis vcnlis antea
fueiant conslituto, postea manus admovelo, ut de clivo et
sicco iu liiimidiiiii aiSiiini tiansfeias. Trifureammaxime po-
iiito. lCa c\li'l niiiiiiKcliiliuspcdibus. Sicodem scrobcdiias
aiit Ircs ai biisciilis vnlcs constitucre, cuiato, ne inter scse
couliiiuaiit : qiioniam imitiio ('onlactii aut coni|iiilicsccnt ,
aut vciiiiibiis iiitcriliiiiil. Ciiin scminadeponcs, dexlera si-
nislraque iisque in imiim sciiiheni fasciculossarniciiloniui
biacliii crassiludinis ilcmillilo, ila utsiipra terram pauliim
exlent,4)erquos a'sl:ile par'.o lalioieaqiiam radicibus sub-
ministrare possis. Arlioi cs ac scmina cum radicibiis aiitiiniiio
sciito, lioc cst circa calciid:is ct idus Octob. 1'iiiiio vere
antcquam germinentarl)ores,(leponilo:acnelineamolesta
sit seminibus (iculneis, in iniiiin scrobem lenlisci (aleam
inversocacuminedeniittito. l'"icumfrigoribusneseiilo. Loca
apricii, CJilcuIosa, glarcosa, interdum et saxeta amal.
tjusinoili aiborcilo convalescit, si scrobes amplos pateu-
COLIJMELLE.
iiime les lieux e.vposes au soleil , pleins de cail-
loux ou de gi-avier, et meme quelquefois de ro-
cheis; etil granditpromptemeut, sion lui fait des
fossesgrandes et larges. Les figuiers de toutes les
especes, quoique differents entre eux par le gout
de leurs Iruits et par Taspect qu'ils presentent
a rocil , se plantent d'une seule et meme facon ;
mais on a egard a la varicte des terrains, en ce
que , lorsque le terrain est froid en automne et
:iqueux, on y met des figues hcitives, afin d'en
rccueillir lefruit avant les pkiies, et que, lors-
qu'il est chaud, on y met des ligues d'hiver.
Mais si vous voulez rendre uu figuier tardif,
quoiqu'il ne le soit pas de sa nature,arraehez-cu
les petites figues qu'il donnera les preraieres ,
avaiit qu'elles soient mures; apres quoi 11 cn
reviendra d'autres qui se conserveront sur far-
bre jusquii rhivcr. II est encore souvent utile
de couper le bout des cimes du figuier lorsqu'il
commence adonner desfeuilles;e'est lemoyende
reiidre rarbre plus fort et plus feitile. II sera aussi
toujours a propos, des que les figuiers auront
comnienceasecouvrirdefeuilles,dedetremperde
latcrre rouge dansde!alied"huile, etde rcpandre
cette composition sur leurs rai-ines avec des
excrementshumains. Cette operation augmente
rabondance du fruit, et fait qu'il estplus plein
et que sa chair est meilleure. 11 faut surtout avoir
des figuiers de Livie, d'Afrique, de Chalcidie,
des figuiers .tif/ca?, des figuiers de Lydie, des
figuiers caUistruthiw , des figuiers topiw, des
figuiers de Rhodes et de Libye, et des figuiers
d'hiver, ainsi que de tous ceux qui promettent
de donner du fruit deux ou tiois fois par an.
Plantez vers les calendes de fevrier ramandier,
qui bourgeonne avant tout autre arhre : il veut
une terre durc, chaude et seche, puisque, si
vous le mettcz dansdesterrainsd'uueautre qua-
lite, il pourrit tres-communement. Avant dc sp-
mer ramande , il faut la faire tremper dans de
feau melee de miel, qui ne soit pas trop douce :
moyennant cela, lorsque 1'arbre sera grand, il
donnera du fruit dc meillaur goiit, et en atten-
dantil secouvriramieux defeuilleset pluspromp-
tement. Vous mettrez trois amandes en triangle,
de faeon qu'elles soient eloignees fune de 1'autre
d'un imlmus tout au moins, et que cclle qui
forme lesommetdu trianglesoit tournce au point
du ciel d'ou souffle le xent Favonius. Chacune
des trois ne donnera qu'une seule racine et une
seule tige ; raais lorsque chacune de ces racines
aura gagne le fond de la fossc, la durete de la
tcrre venant a s'opposer a son passage la fera
recourber, et pour lors elle jettera d'autres raci-
nes nombreuses, qui sembleiont former autaut
dc hranches. Voici la faeon dont vous pourrez
faire des amandes et des avelines de Tarente.
Vous mettrez dans la fosse que vous leur des-
tincrez de la terre bien pulverisee a la hnuteur
d'un demi-pied , et vous y semerez de la graine
de ferule. Lorsque cette grainesera venue, vous
cacherez une amande ou une aveline depouillee
de son ecorce dans la nioelle de la ferule,que
vous aurcz fendue en deux a cet effet , et vous
les niettrez ainsi en terre. Vous ferez cette ope-
ration avant les calendcs de mars, ou racme en-
tre les nones et les ides de ce mois. II faut seraer
dans le meme temps les noix , les pignons et les
chataignes. II est a propos de planter le grena-
dier depuis le temps que nous venons d'indiquer
jusqu'aux calendes d'avril. Si son fruit est aigre
ou peu doux , voici commc on le corrigera : on
repandrasur ses racines de la fiente de porc ,des
excrcments humains et de vieille urinc. Cette pre-
caution, cn rcndant farbre fertile, feraqueson
fruit sera vineux les premieres annees, et doux
Ipsqiie fcceiis. Flc.orum genera, etsi sapore alqiie lialiilu
<list:uit, uno modo, sed pio differenlia agri soruntur.
Locis frigidis, et auUimni tenipoiitnis iii|iiosis priiMoqiics
ponilo, ut ante pluviam friictum ilrli.;i, : ImiN r,ilii]is hi-
hernas .scrito. At si volcs licuni qiiaim is ikui iialiiia Ma.iiii
facere, tum grossulos, prioremve friicliiiii ilci nliln, ila
alterum edet.quem in lilemem dificrct. Nnn iiiiiii|iiam
ctiam, cum trondere ca^perunt arbores, laciiinina lici
ferro summa prodest amputare -. sic lirmiorcs ariinics ct
feiacioresrnmt;acsemperconveniel,simulal.quefoliaagere
co>perit ficus, riibricaui amurca diluere, el cum stercoie
liumano ad radicem infundcre. Ea res eflicit uberiorem
fructum, et farctuni fici plenioremac meliorem. Screndic
sunt auteiu prsccipue Livianae, Africam^e, Clialcidici;,
sulcffi, Lydia!, callistriitliire, lopi.T , Rliodi.-c, Libycae,
liiliernae, omnesetiam bifcne et Irilcr.T (losculi. INucem
(Jraecam seiito circa cal. ]'\'!jr. quia prima gemmascit :
agruni durui^i, calidum, siccum desideial. Nam in locis
diversis nucem si deposueris, plerumque putrescit. An-
teqiiain nncem deponas, iu aqua mulsa ncc uimis diilci
iiiaceralo. Ita jucundioris saporls fructum, cum adoleve-
rit , pra'bebit , et interim nielius atque ceierius frondebit.
Ternas nuces in trigoniim statuito, ut niix a nuce minime
palino alisit, et anccps ad Favonium spectel. Omnisau-
1.111 iiii\ iiiiani railiii'iii millil , ct siniplici stilo prorepit.
( iiiii ail Mii.las siiliiiii radix piivrnil, duritia bumi coer-
cila leciii \aliir, ct cx se iii miidiim ramorum alias radices
emillit. Nucem Grsecam et Avellanam Tarentinam faccre
lioc modo poleris. In quo scrobc destinaveris nuces serere ,
in eo terram minulam pro modo seimpedis ponito , ibiqiie
semen fcriila^ rcpangito. Cum fernla (nerit enata, eam
findilo, ct iu medulla cjus sine putaminc nucem Gra»cam
aiitAveli.inamabscondilo, et ita adobruilo. Hocanle ca-
leiid. Jlartias facito, vel eliam inter nonas et idns Mart.
Fodeui tempore juglandem et pineam ct castaneam serere
oportet. Jlalum Punicum ab eodem tempore usque in
cal. Aprilis recte seiitur. Quod si acidum aut minus dul-
cem fructum feret , lioc modo emendabitur. Stercore suillo
et luimano uriiiaque vetere radices rigato. Ea res et ferti-
lem arborem reddet , et primis aniiis fruclum vinosum ,
[el] post quinquenniiim diilecm , et apyrenum facit. Nos
exiguum admodum laseris vino dlliiimus , el ita cacumiu?
DE L'AGRICULTURE, LIV. V.
aii bout de cinq ans, et que les grains n'en seront
point durs. Pour nous, nous nous sommes avi-
se de delayer tant soit peu de iaser dans da vin ,
et d'cn frolter le bout des cimes de cos arbres, et
nous avons corrige par la Taigreur de leur fruit.
On empeche les grenades de se fendre sur Tar-
bre, en enterrant trois pierres aupres de sa ra-
cine lorsqu'on le plante. Mais si Tarbreest dcja
tout plante quand on s'apercoit de ce defaut ,
on scme de la scille aupres de sa racine. Lorsque
les greuades d"un arbre sujet a ce viee sont deja
raures, on emploie une autre methode, qui con-
siste a tordre, avant qu'elles se crevent , la queue
par laquelle ellcs pendent a Tarbre On se sert
aussi du meme moyen pour les garder toute
rannee sans qu'elles se gAtent. On plante les
poiriers cn automne avant le solstice d'hiver, de
facon qu'il y ait au raoins vingt-cinq jours d'in-
terstice cntre leur plantation ct le solstice. Pour
les rendre fertiles, il faut, lorsqu'ils sont gran-
dJs , les dechausscr profondement , en fendre le
tronc pres de la racine meme, et inserer dans
cette fente un coin fait de bois gommeux de pin,
qu'on y laissera : ensuite, lorsqu'on aura re-
chausse Tarbre , oa repandra dc la cendrc sur la
terre. II faudra avoir soin de planter dans les
vergers les poires de la meilleure espece, c'est-cV
dire, celles de Crustumium, les poires royales,
celles deSignia, cellesdeTarente, cellesqueron
appelle poircs de Syrie, les pourprees, les or-
gueilleuses, ks ordeaccce , les Anieieunes, les
Nwviaiup , celles de Favonius , celles de Lateran,
celles de Dolabella, celles de Turannius, la
grosse poire , la poire miellee , la poire hci-
tive, celle de Venus, et d'autres encore, dont
il serait trop long de faire iei reoumeration.
En outre, il faut, entre les differentes especes de
pommes, s'attacher principaiement a la poramc
de Scandius, a celle de Matius, a la pomme
ronde , a celle de Se.xtius , a celle de Pelusiura,
a celle d'Ameria , a la pomme rouge , a la pomrae
de miel, aux coiugs, qui sont de trois especes ,
savoir, lcs poires-coings, les coings d'or, et ceux
qui murissent promptement : tous fruits non-
seulement bons au gout, mais encore tres-salu-
taires. Les cormes d'.\rmenie et de Perse sont
aussi engraude faveur. On plante les ponimicrs,
les cormiers et les pruniers dcpuis le tenips ou
la moisson est a moitie faite , jusqu'au.\. ides dc
fevrier. On plante les muriers depuis les ides de
fevrier, jusqua requinoxe du printemps. Plantez
lecarrougier, que quelques persounes appellent
xspaTiov, ainsi que le pechcr, pendant rautomne,
avant le solstice d'hiver. Si ramandier est peu
fertile, percez-en le tronc, et enfoncez-y une
pierreque vous laisserez se rccouvrirdesou ecorce.
II faut, apres avoir laboureet fumii la terre dans
les jardins vers les calende„s de raars, arranger
des boutures de toutes les especes d'arbre5 sur des
couehes faites en planches. II faut aussi prendrc
le soin , quand les plantcs coramencent a avoir de
jeunes branches, de les epamprer, pour ainsi
dire, et de lcs reduire a une seule tige la pic-
miere annee. II faut encorc, lorsque rautomne
approchc, ct avant que le froid brule leurs ci-
mes, en arracher toutes lesfeuillcs, et, apres
qu'elles seront ainsi dcpouillees, les couvrir
avec dcs roseau.x t^pais auxquels on aura lai.ssci
d'uu cflte leur nceud , afin qu'il serve comme dc
chapeau a ces jeunes tiges , et quil les defende
par consequent du froid et de la gelce. Deux ans
apres, vous pourrezen toute surete les transfercr
et lcs etablir dans des rangees, ou les greffer,
seion ce que vous voudrez en faire.
M. Ou peut greffer tel rejelon (jue Ton veutsur
quelquc arbre quece soit, pourvu que recorce de
arboris siinima olilevimus. ta res emcndavil acoiem nia-
liinini. Mala Piinica ne in arbore liient, renieilio sunt la-
pides lies, si , cum seres arborem , ad radlcem ipsam col.
locaveris. At si jam arborem satam liabueiis, scillam
secundum radicem arboris serito. Alio modo, cuin jam
matnra mala fuerint, antequam runipanlur, ramulos,
quibus dciiendcut , intorqueto. Eodem modo servabuntur
inrorru|)t;i eliam toto aiino. Pyrum auliimiio ante brumam
serito, ita utminime dies xxv adbrumam supersint-Qua;
ut sit ferax , ciiin adoleverit, alte eam ablaqueato, et juxta
ipsani radiccm trnnciim nudito, et in flssiiram cuncum
leda? piiiea; adigito , et ibi reliuquito : deinde adobnita
ablaquealione cinerem supra terram injicito. Ciiraiidum
esl aiitem, ul qiiam geneiosissimis pyris pomaria conse-
ramus. Ea sunt Crustumina, regia, Sigiiina, Tarcntiiia,
qua' Syria dicuntur, purpurea, siipeiba, ordeacea, .Ani-
ciaiia,>'aeviana, ravoniana,lateritana,Dolabelliana, Turra-
niana,¥oIema, iiiulsa, pia'Cocia, venerea, etqusedamalia,
ouoium enumeratio niinc longaest. Prcflcrea malorum ge-
nera exquirenda inaxime Scandiana , Matiana , orbiciilata ,
Sextiana, Pelusiana, Amerina, Syrica,niclimcla, cydoiiia ;
C0Ll;51Kll.l.
qiiorum geiicra Iria siiiit, strutliia, clirysonielina , mustca.
Qii.T omiiia non soliim voluptatem, sed etiam saliibrita-
tem affeiiint. Sorbi qiioque el Armeniaci atque Peisici noii
minimacst gratia. Et mala, sorba, pnina, posl mediam
liicmem usqiie in idus l'eb. serilo. Mororum ab idib.
Feb. usquc ad a^quinoctiuin vernum satio est. Siliquani
Griecam, quain quidam ztpaTiov vocaiil, et Pcrsicum
ante bnimam per autiimntim serito. Amygdala , si paruin
ferax crit, forala ailxne lapidein adigilo, et ita librum
arlxiris iuolesccrc sinilu. Oiiinium autem gcneriim rainos
circa cal. Martias in liortis subacta el stercorata lena su-
pra piilvinos arcarum disponere convenit. Daiida est opera,
iit dum tenero6 ramulos lnibeiit, vcluti paiiipinentiir, el
ad iinum slilum primo anno semiiia rcdigautur. F.t ciiin
autiiiniiiis incesserit, ante qiiam fligus cacumina adiiral,
oninia folia decerpere cxpejQt , et ilacrassis arundiiiibiis,
qua- ab iina parte nodos integros liabcant, vclut pileis in-
duere , alqiie sic a frigorc et gelicidiis leneras adliiic vir.
gas tueri. Post viginti qualuor dcinde inenses sive traiis.
(erre ct disponcre in ordineiu volco, oive iuserere, satis luls
uliumquc facerc polcris
soc.
COLUMELLE.
la greffe ne soit pasdifferente de celle de i'arbre
sur iequcl ou ia grelTe : on peutgrefferadmirable-
meut et sans scrupule une greffe prise sur un
jrbre qui produit des fruits pareils a cclui que
Ton grelTe, et qui les produit dans le menae temps.
Les anciens out fait meution de trois especes de
greffe : l'une par laqueiie Tarbre, etant coupe et
fendu, admct dans l'inti'rieur de son corps dcs
scions coupes sur un autre arbre ; la seconde, par
laquelle Tarbre que Ton greffe recoit une ente
coupee sur un autrearbre entrc sonecorceetsoa
bois : ccs deux sortes de greffes se font dans le
priutemps. La troisieme est celle par laquelle
farbre a greffer recoit des boutons memes avec un
peu d'ecorce , sur une partie de sou corps qu'on a
ecorcee : c'estcequequelques agriculteursappel-
lent emplaslralio (greffe eu ccusson), etd'autres
imculatio (greffe par gemmesl ; cette derc.iere fa-
cou peut etre employee a propos en 6tc. Apres
avolr donue ki maniere de meitre ccs greffes en
usage , nous donncrons aussi une autre methode
que nous avons trouvee nous-mcme. 11 faut
greffer tous les arbres des qu'ils auront com-
mence a montrer des houtons, et dans le tenips
que la lune sera daus son croissant ; mais il faut
greffer rolivier vers rcquinoxe du printemps jus-
qu'aux ides d'avril. Prenez garde que Tarbresur
lequel vous voudrez prendredes greffes, pourcn
cnter d'autres, soit jeune et fertile, ct qu'il ait
beaucoup de noeuds. Lorsque ses boutons com-
menceront a grossir, prenez vos greffes , cpaisses
d'uu petit doigt et garnies de deux ou trois cor-
nes, sur de petites branchcs d'un an, qui soient
sur le c6te de Tarbre tourne au lever du soleil et
bien inlactes. Coupez,non sans prceaution, avec
une scie, Tarbre que vous voudrez greffer, a ren-
droit ou il est le plus brillant etsans cicatriee , et
faites en sorte de ne point endomraager son^cor-
ce. Lorsqu'il sera coupe , ragreez la plaie avec un
instrument de fcr hien tranchant ; cnfoncez eti-
suite un coin de fer ou d'os hien aiguise entre Te-
corce et le bois, au moins jusqua trois doigts,
mais avec beaucoup de precaution , pour ne pas
endommagerou romprerecorce. Ensuite ratissez
d'un seul c6te, avec une serpette bien tran-
chante, les greffes que vous voulez cnter, sur une
longueur egale a celle de rouverture formee par
le coin fiche dans Tarbre , et de fa^on que \ms,
n'endommagiez pas la moelledeces greffesni leur
(icorce, du cote que vous ne les aurez poiut ra-
tissees. Quand vos greffes seront preparees, vous
arracherez le eoin , et vous les enfoncerez sur-le-
champ dans louverture que vous aurcz faite
sur larbre par rintroduction du coin eutre son
ecorce et son bois. Inserez-les par le cote que
vous aurez ratissc, de facon (fu'elles debordent
Tarbre au moins d'un demi-picd en dehors. Vous
ferez bien d'iuserer dans le meine arhre dcux
greffes ci la fois ou uu plus grand nombre, si sou
tronc est plus gros , en laissant un intervalle de
quatredoigtsentrechacuue. II faudra vous regler
pour cela sur la grandeur de Tarbre et sur la bonte
deson ecorce. Lorsquevous aurez introduit dans
uii arbre toutes les grelTes qu'il pourra recevoii-,
vous les lierez soit avec de Tecorce d'orraes,
soit avcc du jonc ou de Tosier : apres quoi vous
endiiirez avec un lut mele de paille, que vous
aurez bien petri , toute ia plaie ainsi que rinter-
valie qui est entre lcs greffes, de facon pour-
tant qu'il leur reste au moins quatredoigls en-
tiers de dccouverts : vous mettrez eusuite par-
dessus de la raousse, que vous attacherez de facon
que la pluie ue puisse pas les penetrer. II y a ce-
pendant des personnes qui aimeut mieux faire une
Xr. Omnis siirnihis omjii arhoii insori pofest, si non
ost ei, ciii inseriliir, rorlice dis.siniilis. Si vero eliam si-
niileni fructiun et eoilem fempore affert, sine scrupnlo
(.a,,.<;ii. ii|.;i>rilnr. Tria lienera porro insitionnni antiqui fra-
(liiUMiiiil. Uijiim, (pio rcsecla et fissa arlior reseelos sur-
culus accipit. .•Vllcnnn, (juo resecla inter libi-um et male-
riam semiiia adniittiC. Qu;c ntraque geneia verni temporis
sunt. Tertium, quo ipsas gcmmas cum exiguo corlice in
parlein sui delibiatam recipif, quam vocant agricola'
emplasfrationem; vel, ul (piidam , inoculationeni. Hoc
genusinsilionis a^slivo temporeoptilneusuipatur. Qiiarum
insitionum ratiouem cnm tradiderinnis, a nobis repertam
quoqne doccbimus. Omncs aibores simnlalque geinmas
agere coeperint, liina cresceule inserilo ; olivam autcm
circa ajquinoclium veinum nsquc in itlns Aprilis. Ex qiia
aibore inseiere voles,el surcuios ad insilionem sumptnius
es , videtu nl sit teiiera et ferax nodisque crebris : et cum
priniiim gendina Inmebunt, de ramulis anniculis, qui
solis ortuin spectabunt , el infcgri erunf , eos lcgito cias-
situdine digili minimi. Surcnli sint hifurci vel Irifinci.
Arboicm, qiiain insefere voles, seira diligenter exsecato
■ca partc, ([ua maxime nilida el sine cicalrice cst; dabis-
qne operam , ne librum lajdas. Cum deinde tinncum re-
cideiis, aciito ferianiento plagam levato. Deinde qnasi
cuneum tenuem feneiim vel osseiim inler corticem c$ ina.
teriein ne minus digitos fics, sed cousiderate, demittito,
ne la'das aul rnmpas corticeni. Poslca surculos , quos
insereie volcs , falce acuta ex ima parle deradito fantura ,
quantum cuneus demissus spatii dabit, atqne ila, ne
mediillas ueve alterius partis corticem la!das. Ubi sur-
culos paratos liabneris, cuiieum vellito, slatimque surculos
in ea foramina, qua; cuneo adaclo intcr corticeni et ma-
tcriam feceris , demitlito. Ea auleni line, qua adiaseris,
surculos sic inserito, nt seinipede vel amplius de arlwre
c\lent. In una arbore dnos, vel si fruncus vastiorcst,
pluies calanios recte inseres, dum ne miniis quatiior
digitorum intereos sit spatium. Pro arboris magnitudine
et corticis bonitate Iiac facito. Cnin omnes surculos, qiios
aibor ea paliclur, demiseris, libro ulmi vel juucoaiitvi-
mine arhorem constringito ; poslea paleato Inlo benc
subaclo ohlinilo tolam plagam , et spalium , quod est iii-
ter surculos, u.sque co diini minime qiialuor digitis insila
cxtent. Siipra deinde muscum imponito, et ita ligalo, iic
pluvia dilabafur. Quosdam lamen magis delectat intrnnco
DE L'AGRICULTURE, LIV. V.
ouverture avec la «•ie sur le tronc de Tarbre ,
pour y introduire ies greffcs, et qui raijreent
avec un bistouri bien aiguise ia partie qu^ils ont
ainsi seiee, pour y ajuster eusuite les greffcs. Si
vous voulez greffer un petit arbre, coupez-ie par
en bas, de facon qu'il n'en reste qu'un pied et
demi sur terre; apres l'avoir coupe, ragreez la
plaie avec soin , et fcndez tres-legerement le tronc
parson milieu avec uu bistouri bieu tranchant,
de facon que la fente n'ait que trois doigts de
longueur : cnsuite Insercz un coin dans cette feute
pour en ecarter les levres , et enfoncez-y des gref-
fes ratissees des deux cotes, de facon que leur
ecorce soit au uivcau de celle de rarbre. Lorsque
vous aurez ajuste ces greffes avec soin, vous re-
tirercz le coin, et vous lierez Tarbre, commej'ai
ditci-dessus; ensuite vous entasserez de la terre
autour de lui jusqu'a la greffe : cela contribuera
a la defendre parfaitement contre les vents et la
chaleur. La troisieme espcce de greffe dont je
vais parler, etant Ires-delicate, ne va pas d. toute
sortc d'arbres ; et il n'y a guere quc ceux dont
recorce est humide , pleine de seve et forte, tels
que les figuiers, qui s'en accomraodeut. Eu effet,
ces arbres rendant beaucoup de lait, et ayant
recorce forte, on peut tres-bien les grefferde la
maniere suivante. On choisit sur Tarbre dont on
veut tirer la gretle de jeunes brancbes qui soient
bien uuies , et on y remarque le bonton le plus
apparent , et qui promet le plus surement de
germer. On traee autour de ce bouton une mar-
que de deux doigts en carre, de facon quc le
bouton etant au centre de ce earre , ou coupe
l'ecorce tout autour de lui avec un bistouri bien
tranchant, et on rcnleve avec attention dedessus
Tarhre, en prenant garde de i'endomraager. On
choisit ensuite pareillement uue branche tres-
lisse de Tautre arhre que Ton doit cnter en ecus-
son , et on la depouille en lui coupant un morceau
d'ecorce de meme grandeur que le premier; apres
quoi on applique recusson qu'ou avait prepare
sur cette partie depouiliee, de facon qu'il y re-
pondc cxactcment. Quand cela est fait, on lie
bien le tout autour du bouton, en prenantgarde
de roffcnser lui-meme. Ensuite on enduit d'uu
lut les joints et les ligatures, en laissant un iuter-
valle jusqu'au bouton, alin qu'il soiten liberte,
et qu'ii ne soit pas presse par la iigature. On ro-
gne les rejetons du pied de Tarbre greffe, ainsi
quesesbranches superieures , pour qu'il u'y reste
rien qui piiisse en attirer a soi la seve , et qu'il
n'ait pas d'autres parties a nourrir pre!'erable-
ment a la greffe, et au bout de vingt et un jours
on delie recusson : on greffe aussi parfaitement
rolivier de cette facon. Nous avons deja montre
laquatriemefaconde greffer, lorsque nousavons
traite des vignes : c'est pourquoi il est inutile du
repeter ici la methode que nous avons donnen
alors, et qui consiste a percer i'aibre avec une
tariere. Mais corame les anciens ont pretendu
qu'on ne pouvait pas entcr loute sorte de scions
sur toute sorte d'arbres, et qn'ils ont donne,
eomme une loi invarialile, le terme que nous
avons lixe nous-meme tout a Theure, en disant
qu'il n'y avait pas d'aulres entes qui pussent
reussir sur un arhre, quc celles qui etaientprises
sur un arbre semblable au premier, tant par son
ecorce exterieure et interieure que par son frnit;
nous avons cru qu'il fallait disslper Terreur qul
suitde cctte opinion, et donner k la posterite un
moyen d'enter telle espece de grelfe que Ton vou-
dra, sur quelque arbre que ce soit. Jlais pour epar-
gner au lecteur toutpreambule, nous allons don-
ner un exeraple d'apres lequel on pourra enter
arboris lociini seminibiis serra facere, insectasque partps
leiuii scalpello levare, aUiiie ita surculos aptaie. Si pusil-
lam arborem inseiere voles, imani ahscin<iilo, ita ut ses-
qiiipede e terra extet. Cum deinde pra'cideris , plagam
diligenter levato : et ir.ediuni truncum acuto scalpello
permodice lindilo, ila ut (issuradigitorum trium sitin ea.
Deinde cunciim, quo diducatur, inserilo, et surculos ex
iitraque parte derasos demittilo, sic iit libruin seminis
libro arboris a'qualein facias. Ciiiii surculos diligeiiter
aptaveris, cuneum exiniito, ct arborem , ut supra di\i ,
alligato ; deiiide tcrrara circa arboiem adaggerato usque
ad ipsum insituni. Ea les a vento et calore maxime tuobi-
tur. Nos lcrlium gcniis insilionis invenimus, qiiod cum
sit subtilis^iiniini, luin omui generi arborum idoneuni cst,
sed fere recipiiint laleni insitionein, qua' bumidiimsuc-
cosumqile ct validiim libriim liabent , sicut liciis. Nam et
lactis pbiriniiini mittit, ct corticem robuslum babet. Op-
lime ilaque inseritur caprilici ramus. lix arbore, de qiia
iiuerere voles, novcllos et nilidos ranios eligito, in iisdeiii-
que observato gciiiiiiain , qii.T bciie apparebit , cerlaniqiie
speiu gorminis lialieliit : cam duolnis digilis quadralis cir-
cumsigiiato, ut genima media sit ; et ila aciilo scal|iello
circumcidilo dolibraloqne diligcnter, no geiiimam Iwdas.
1'ostoa itoni allerius arboris, quani euipiaslratiirus es ,
nitiilissimum rainum eligito, et ejusdom spatii corticeni
ciicumcidilo, ct mateiiam delibrato. Deinde in eain par-
teni, quam nudaveris, pra^paratiim emplastriini aptalo,
ita ut alteia; delibrata; parti conveiiiat. Tjbi ita ba-c focorLs,
circa gominam bene alligato , cavetoque nc todas ipsiim
germen. Deiude comniissiiras et vincula liito oblinito,
spatio relicto, ut geninia libera vinculo noii uigeatur. Ar-
boi is aiitcm insila; sobolcm et ranios superiores prKcidito,
ne quid .sit, quo poiisit succiis cvocaii, aut ne cui magis
qiiam iiisilo scrviat. Post xxi diem solvilo emplastium.
Kt Iioc geuere optime ctiam oloa inseiilur. Quartiim illiid
goiiiis insilionis jam dociiimiis , ciim de vitibus dispiilavi-
miis. Ilaque supcrvacuum e.st Iioc loco repetere Iradilam
ralionom leicbrationis. .Sed ciini antiipii iiegaverint posse
oiiine genus surciilorum iii oiimem arborcm insori, ct
illam quasi finitionom , qua nos paulo aute usi sunius,
veluli quandam legem sanxeriut, oos tantum siirculos
posse coalescere, qui sint onilice ac libroet fructa consi-
iiiilos iis arboribiis, quibus inseruntur; exislimaviniii.s
(•rroreiii liujiis opinioiiis discutieiidum, trademlanKpie
308
COLUMELLE.
telle espece de greffe que Ton voudra sur toiite
sorte d'arbres. On creusera d'abord une fos<e de
quatre pieds en tous sens aupres d"un olivier, a
teiie distance que les branches les plus ailongees
de cet arbre y puissent atteiiulre. Ensuite on de-
poscra dans celte fosse un petit figuier, en faisant
attention a ce qu'il scit fort et brillant. Trois ans
apres, lorsquecefiguieraura deja pris assezd'ac-
croissement, on abaissera ia branche d'olivier qui
paraitra la plus brillante, et on l'attachera au
picd du figuier ; apres quoi on coupera les autves
petites brauches qui dependent de celle-la, en ne
lui laissant que Ics cimes que fon voudra em-
ployer corame greffes. Ensuite on coupera le fi-
guier, on ragreera la plaie, et on le fendra par
!c milieu avec un coin , puis on ratissera des deux
cut(^s les cimes de rolivier, sans les deranger de
la position dans laquelie elles tiennent a leur me-
re , apres quoi ou les inserera dans la fcnte du
figuier ; puis ou retirera le coin , et on liera avec
soin ces cimes, de facon qu"aucune force ne soit
capable de les arracher. Moyennant cela le fi-
guier se fortifiera avce 1'olivier en trois ans, et
ce ne sera que la quatrieme annee, et iorsquMls
seront bien mari^s ensemble , (|ue I'on sevrera les
hranchcs de rolivier, comme on sevre les pro-
\ins : on peutentcrdecette facon telle greffeque
fon voudra sur quelquc arbre que ce soit. Mais
comme nous avons parl(' a peu pri;s de toutes les
espeees d'arbrisseaux dans les livres precedents,
il est temps, avant de linir celuici , de parler du
cytise.
XII. II sera tres-important d'avoir dans sa
-terre la plus grande quantit(i dc eytises que l'on
pourra, parce que cet arbrisseau est tres-utile
aux poules, au.v abeilles, aux brebis et aux che-
posterls ratlonem , qtia possil omne genus surculi onini
geneii arJMiis inseii. Quod ne longiore exoidio legentein
fatigemus, unum quasj exempluiii subjiciemus, quo possit
omne geniis surculi omnilius aiboiibus inseri. Scroliem
iiuoquoversus pednm qualuor ab arbore oiiv* tam longii
fodito, ut extrcmi rami ole.Te possint eam (iintinfjeie. In
scrobem deinde (ici arbu.sciilam deponito, dilii;i'iiti:inii|iie
adhibeto, ut lobusta et nllida /iat. Post Iriciiniiini, (inn
jam satis anipluni incrementum ceperit, raniiim oliva;,
qni videtur nitidissimus, dellecte, ct ad c.rus aiboris ficul-
iiea? religa : atqueita ampnlatis (;icteris ramulis, ea lantuin
cacumina, quseinserere voles, relinque; lum arborem lici
detrunca , plagamiiue leva , et inediam ciineo linde. Ca-
cumina dcinde oiivre, siculi rnatri cobicrent, ex utraque
parte adrade, et ita fissura; lici insere, cuneumque exime,
diligenterque ramulos colliga , ne qua vi revellantiir. Sic
interposito triennio coalescet licus cum olea, et tuin de-
mum quarto aiino, cuiii beiie coieiint, vdut propagines,
ramiilos oliva; a matre resecabis. Hoc modo omne genus
in omnem arborem inseres. At prius quam linem libri fa-
ciamus, quoniam fere species surculoruni omnium perse-
cuti sumus prioribus libris, de cytiso dicere nunc tcm-
,pestivuin est.
XU. Cjtisum in agro esse qnam plurimum maxinie
vres, ainsi qu'aux bceufs et i toutes sortcs de
bestiaux , tant parce qu'il les engraisse en peude
temps, et qu'il donne beaucoup de lait aux bre-
bis, que parce qu'ou peut remployer huit mois
en fourrage vert,et, passe cetemps, en fourrage
sec : d'ailleurs il prend tres-promptement daiis
toutes sortes de terres , mt^rae dans les plus mai-
gres, et rien de ce qui nuit au\ autres plarites
ne lui fait tort. Si les femmes meme mauquent
de lait, il faut d(itreniper dans l'eau du cytise
sec; et Iorsqu"il y aura passe toute la nuit, onen
exprimera le suc le leudemaiu, et on leur ea
donnera trois hemince a boire, en le coupant
avec un peu de vin : c'est le moyen qu'elles se
portent bien , et que leurs enfants se fortifient par
rabondance du lait qu'elles seront en etat de leur
fournir. On peut planter le cytise ou en automne
vers les idesd'octobre, ou au printemps. Loisquu
fou aura bien laboure la terre , on fera de petites
planches, sur lesquelles on semera cn automne
\a graine du cytise , cornme on seme la dragee ;
ensuiteon arrangeracesplantes au printemps, de
fncon ((u'il y ait eutre chacune quatre pieds
d"intervalle eu tous sens. Si vous n'avez pas de
gralne, vous mettrez en tcrre au printemps des
cimes de cyti.Kc, aupres desquelles vous entasse-
rczde la terre que vous aurez fumtie auparavant.
S"il ne vientpoint de pluie, vousles arroserez les
quinze premiersjours , vous les sarclerez des qu'el-
Ics commenceront a montrer les prcmieres feuil-
les, et trois ans apres vous les couperez pour les
donner anx bestiaux. II suffit de quinze livres do
cytise vert pour le cheval , et de vingt livres pour
!e ba?uf : on eu donne aux autres bestiaux a pro-
portion de leurs forces. On peut aussi pianteras-
sez commodiiment le cytise eu bouture sur les
rofert, quod gallinis, apibus, ovibus, capris, bubus quo-
que et omni generi peciidum utilissimus est : quod ex eo
cilo (linguescit, et laclis plurimum pia^bet ovibus,lum
etlaiii iiiiod octo mensibus viiidi eo pabiilo uti et postea
ai idi) [lossis. Pra;terea in qiiolibet agro quamvis macerrimo
(ilcrilir comprebendit : omiicm injiiriam sine noxa pa-
liliH. Miilieres quidem si laclisinopia premuntur, cytisiim
iu iilmn in aqua maccrare oportet , et cuin tota nocte pcr-
iiuiduerit, posteio die expressi succi ternas beininas
permiscere modico vino, atqiie ita potandum dare : sic et
ip.sa; valebunt, et piieri abundantia lactis conlirmabnntur.
Satio aiilem cytisi vel autuinno circa idus Oclobris, vel
veie lieri potest. Cum tcrram bene subcgeris, arcolas
facito, ibique veliit ociini semen cytisi autumno serito.
Plantas deinde vere disponito : ila ut inter se quoquover-
sus quatiior pedum spatio distent. Si senien noii liahueris,
cacumina cytisorum vcredeponito , et stercoratam terram
circnmaggerato. Si pluvia non incesserit, rigato quindeciDi
proximis diebus : sinmlatqiie novam frondein agere ca;pe-
rit, sarrito, ct post triennium deiiide caedito, et pecori
pr.iebeto. Equo abunde est viridis pondo xv, bnbiis pondo
vlcena , caiterisque pecoribus pro portione virium. Potest
etiam circa scpem agri satis coinmode ramis cytisus seri,
quoniamracilecomprcliendit.etinjuriamsustinet.Aridum
DE UAGniCULTUUK, LIV. VI.
lisieres desclianips, parce qu'il pretid faeileraent
et que rieii ne iui fait tort. Si vous le donnez sec
aux aniinaux, il faut le lcur cpar^ner plus que
s'il etait vert , parce qu'il a alors plus de vertu ;
il faut meme le faire tremper auparavant daus
Teau, et le raeler avec de la paiile, apres Ta-
voir retire de l'eau. Quand vous voudrez faire
secher du cytise, coupezie vers ie mois de sep-
tembre, lorsque sa graine commenccra a grossir,
et mettez-le au soleil pendant quclqucs lieures
jusqu'a ce qu'il se fane; faites-le ensuite secher
arombre, et serrez-le apres. Cest avoir assez
donQe jusqu'ici de preceptcs relatifs aux arbres;
j'exposerai dans le voiume suivant ce qui cou-
cerne reutretien et les remedes des besliaux.
LIVRE VI.
PRfiFACE.
Je n'ignore pas, Publius Silvinus, que quel-
ques savants agriculteurs ont desapprouvc l'en-
tretiendes bestiaux , et qu'ils ont rejete cons-
tamment la profession dcs p3tres et des bergers,
corame contraire a la leur. Je ne nierai pas
meme qu"ils naient euquelque raison de regar-
der le but que se propose un piitre conime con-
traire a celui de ragriculteur, puisque celui-ci
ne recherche que les terrains les mieux lahoures
et les plus degarnis d'herhes , au lieu que Tautre
court apres les terres en friehe qui en sont cou-
vertes , et que rnn fonde toutes ses esperanees
sur les fruits de la terre, et Tautre sur ceux du
betail ; d"ovi il arrive que la crue des herbes , qui
est le point que le laboureur deteste !e plus, est
le principal olyet des va?ux du patre. Mais ,
quoique les vceux des uns et des autres soicnt
dissemhlables, il y a cependaut une certaine
union ct une espfece de societe entre eux , tant
parce qu'il est communement d"usage que nous
fassioiis brouter les paturages de notre fonds par
des bestiaux qui nous appartiennent, plutot que
par des bestiaux etraiigers, que paree que le
fumier ahondant que produisent les troupeaux
contribue a multiplier ies fruits de la terre.
Aussi n'y a-t-il point de pays , poiir peu qu'il
rapporte du hle, qui n'ait autaut hcsoiu du se-
cours des bestiaux que de celui des hommes.
Nous appeions lesbestiaux lnn\.6\. Jumoita, du
mot jurare, aider, parce qu'ils nous aident dans
notre travaii , en portaut des fardeaux ; tantot
armenta , du mot ararc, lahourer, parce qu'ils
nous sout utiles a lahourer la terre. Ccst pour-
quoije pense (ju^il iie faut pas moins parfaite-
ment connaitre l'entreticn des hestiaux que la
eulture des ehamps, ainsi que Tont preserit les
anciens Romains. Je dirai meme que Tusage
d'avoir des bestiaux est lc plus aucienncment
lecu dans ragriculture, en meme temps qu'il
est le plus lucratif. Aussi est-capour eela que les
mots de pecuniaet, de peculiuvi paraissenttirer
leur origine du raot^;ec?«s (betaii) , parce que le
betail ctait la seule espece de rieiiesses(iue pos-
sedassent les anciens, et qu"eneore aujourd^hui
non-sculement il y a des nations qui n"ea pos-
sedent pas d"autres, mais que nos cultivateurs
nu-me n'ont point dohjet qui leur rapporte d:i-
vantage. Cetait aussi ropinioa de M. Catoii ,
lorsqu'ii ne se eoiitenta pas de repondre a quel-
quuii qui le consultait pour sa^oir a quelle
partie de T^ieonomie rurale il devait s'appliquer
pour s'enrichir prompteraent, que c'etait a hien
nourrir des bestiaux ; inais que , la ni(eme per-
sonne lui demandant de nouveau quel etait le
second moyen par lequel elle pourrait recueillir
si dahis, parcius praebeto, qiioniani vir(>s majores liabet,
priusque aqua iiiaceialo, et exemptuni palcis perniisccto.
Cytisiiin cum aridiiin facere voles, circa inensein Seplein-
brem, ubi scmen cjus grandescere incipiel, ca;dilo, pau-
cisque lioris , duni naccescat , in sole iiabeto -. deinde in
umbra cxsiccalo, et ila condilo. Haclcnus de ailioiibus
praecepisse abunde est, rcddituro pecoiis curam et remc-
dia sequenti volumiue.
ui5e:ii se.ktus.
PRtFATIO.
Scio quosdani, Publi Silviiie, prudentcs agricolas pe-
coris abnuisse curain, gregariorumque pastorum vcliit
intinicani suu> professionis disciplinain constanlissimc
repudiasse. Neqiie inlilior id eos aliqua rationc fecissc,
quasi sit agricote conlrarium pastoris propositum : cnni
illeqiiam niaxiinc siibaclo ct piiro solii gaiideat, liic novali
gramiiKisoquc; ille fruttiini c lcria spciel, liic c pciorc;
iileoque aiator alKHuiiiclur, at coulra paslor oplct lierba-
riim proventiim. Sed in liis tam discordanlibiis volis esl
tamen quDcdani societas alqiie conjuiiclio : quoniam et
pabuluin e fundo plcrumquedomcsticis pecudibus magis
quam alienis dcpascere ex usu est, et copiosa stercoia-
tione, qn;e conlingit e grepibus, terresties fructus c\ti-
beiant. Nec tanicn ulla rejio est, in qua modo frumenla
gignanlur, qnaj non iit lioinlniim ita armentoi uni adjulorio
colalur. Unde cliani jumenla et arnienta nomen a rc traxcre,
qiioii nostriim laborem , vel oncra siibvcctando vd arando
juvarcnl. Itaqiie sicut vetcres Roinani piwcepcniiit, ipse
quoque censeo taiii pecoriiin quam agrorum ciilliim pcr-
iiosccre. Nam iii rnsticalione vd antiquissima cst ratio
pasccndieadem(|ucqu;pstuoslssiina. Propterqiiod nomina
quoquc pccuni;e et peciilii tracla vid(Hiliir a pecore : qiio-
niam id solum vetercs pos.seilcninl, et adliuc apiid quas-
dam gentes iinum lioc iisuipattir (Ifvitiarum gciius : sed
nc apud nostros qiiidcm cohiiiosaliaies ubcrior. llt eliam
M. Calo piodidit, iiiii cnnsnlciili, qiiain pailem ici ruslica;
cxerciiido cclciltci- lociiplclaii pos,sel .' respondit : Sl
bciie pascercl; nirsiisqiic inlerroganli, qiiid deindc fa-
ciciido salis iibcrcs frucliis pcrccpluriis csset.' aflirmavil :
Si incdiociiter pasceiet. Cacteriim de (aiH bapiontn viro
COLUMELLE.
des fruits au moins m^diocres, il l^a^sura que
c'etaiten iioiiri-issant dcs bestiaux medlocrement
bien. Quelques auteurs racontent meme que
cette personnc lui dcmandant encore qucl etait
ie ti-oisicme objet qui fut iucratif enagriculture,
il assura que c'etait le nourrissape des bestianx ,
qnand meme ilserait mal fait : maisje rougirais
d"attribuer cette troisicme reponse a un homme
aussi sa£;e,d"autautqu'il est constautqu^un patre
iiegligcnt et ignorant cause pius de dommage
qu'un patre entcudu c t diligent ne fait de profit.
Quant a la seconde reponse , il u'est point dou-
teux que les fruits que produitle betail ue soieut
toujours superieurs a la negligence du proprie-
taire , quand eile n'est que legere. Ces raisons
nous ont determine, Silvinus, a douner a la
posterite cette pavtie de reconomie rurale avec
tout le soin dont nous avonsete capablc, en sui-
vant les preceptes de nos aucetres. Ain^-i , comrae
il y a de deux especes de quadrupedes, lcs uus
que nous no-us procurons pour partager avec
iious nos travaux , comme le boeuf , la mule , le
cheval et rtine, et les autres que nous nourris-
sons soit poiir notre agrcment, soit pour cn tirer
du revenu, ou pour i'emplOj'er a la garde dcs au-
tres bestiaux, comme la brcbis, la chevre, ie
porc et lc chien ; uous traiterons d'abord de Tes-
pecc de ceux que nous associons a nos travaux.
Or, il n'j' a point de doute, aiusi que Varron l'a
dit, que le bocuf ne doive tenir le premier racg
entrc tous les autres bestiaux de cette espece , par
la cousideration que merite cet animal, surtout
eu Italie, puisque i'on croit qu'il a donne son
nom u ce pays, et qu"iTaXo; est le nom que les
Grecs douiiaient autrefois au taureau; mais eu-
core plus daus cctte viile oii l'on s'est servi, en
la batissant, de cet animal tantraale que femelle
pour en traccr, avec la charrue, lesmurs ct lcs
portes. Le premier ranglui est encore dii , parce
qu'il passe a Atbenes pour avoir ete le ministrc
de Ceres et de Triptoleme, parce qu'il tient une
place dans le eiei parmi les constellations les
plus brillautes, et qu'il estencore aujourd'hui le
plus laborieiix compaguou de rhomme daus Ta-
griculture. Aussi les anciens ont-ils toujours eu
un si grand respect pour cet animal , que c'etait
un crime aussi eapital chez eux d'avoir tue un
boeuf quc d'avoir tue un citoyen. Cest donc p;u'
le bfieuf que nous commencerous notre traitc
sur rentretien des bestiaux.
I. Ce n'est point une chose aisee que de flxer
les reglcs auxquelles on doit se conformer, et
les ecarts que Ton doit eviter dans le choix des
bosufs que Fou veut acheter, d'autant que ces
animaux varient de taille, de caractcre ct de
couleur, suivant ladiffcrcnce des payset des cli-
mats. Ceux de l'Asie, des Gaules ou de l'Epire
different tous entre eux par la forme; et ce n'est
passeulemcnt dans les pays differents que Ton
trouveces varietes, mais on les rencontre mcme
dans les diverses parties de ritalie. La Campanie
donne communement des ba;ufs qui sont blancs
et de petite taille, mais ncanmoins propres au
travail et au genre decultureqii'cxige lesol dans
lequel ils sont ncs. Ceux de rUmbrie sont grands
et blanes : cette province en doune aussi de rou-
ges, et qui nesont pas moins estimes pour leur
courage que pour leurtaille. L'Etruriect le La-
tium en donnent detrapus, mais qui sout tres-
forts a l'ouvrage. L'Apennin en donnc de trcs-
robustes, et qui supportent tout ce qu'il y a de
plus diflicile, mais qui ne sont poiutde bellcap-
pareuce. Au reste, malgre toutes ces varietes,'
il y a cependant des preceptes que Ton peut re-
garder comme generaiement coiistants, et aux-
qnels le labourcur doit se conformer dans le choix
plget (licere , qiiod eum nuidam auclores racmoianl eidcm
(liurrenti, quodnam leitinm in asiicolationeqii.iestnosiim
csseiP asseverassc, si qnis vel male pasccrel; ciiiii pi;c-
seilim majn.s (iisjicnilinm seqiiaUir inerlem il iiiMinm
pnsloieni, qnam iiiiidentem dilisenlcm(|iie roiii|icndiiiiii.
De secundo lamen lesponso duliium non est, qnin ineilio-
ciemnegligenliam domini fruCtuspecorisexsii|ieiel.(}iiam
ob cansani nos lianc quoqiie parlein rei ruslica', Silvine,
(|uanla valnimns induslria, majorQm secnti piaxcpla
piisterilali iii;uiilaviiiiiis. Isitur cnm siiitdiio genera qua-
(liiipfduni, i|iii)riim allerum paiair.ns in consorliiim ope-
nim, sicut tiovem , mnlain, equuin, asinum; alternni
voluptatis ac reditns et cnslodia; can.sa, nt ovcm, capel-
lam , suem , caiiem : de eo genere primum dicenuis, cnjns
Hsiis noslii laboris est paiticeps. Nec dnbium, quin, ut
ait Varro, coeteras pecndes bos lionore superaie del)eat,
pi.cseilim [aulem] in Italia, qiuie ab lioc nuncnpationem
lia^isse creditiir, quod olim Grseci tauios Uai.oui voca-
lent; el in ea iirbe, cujiis moenibus con(icndis mas et
riemina liovesaralro terminum signaverunt, velnt pecus :
ipiod ilcm .\tlicis ..Mlicnis Cereris el Tiiplolenii leilnr
minisler : quod inter fulgentissima sidera parliceps cseli :
qiiod deiude laboriosissimus adlinc liominis socius in
a^ricnltnra : cujns tanla fuit apud antiquos veneratio, nt
l:uii lapilal csspl liovem neciiisse, qiiam civem. Ab lioc
iniliu prniiiissi operis capiamns exoidium.
I. (Ju:i' iii emendis bnbus .seqiienda qineqne vitanda
sinl , iion ex facili dixerim ; cum pecudes pro rei^ionis cK'li-
qnc slatii ct liabilum corporis et inpeninm aniini el pili
colorcm gerant. Aliai formae sunt Asiaticis, aliiie Gallicis,
F.iiirolii is alia;. Nec lantiim diversitas piovinciarum , sed
ipsa quoque Italia partibns suis discrepat. Campania
plcrumqiiebnves progenerat alboset exiles, labori lanien
et culluia! palrii soli non inbabiles. Umbria vaslos et al-
lios;eademqne robios, necminusprobabiles aniniisqaam
corporibus. Hctrnriaet Latinin compactos, sed ad opera
f.irtes. Apenninus dnrissimos omueinqne dillicnllateni
tok'ranl(\s, nec ab aspectn decoros. Qnio cnm lam varia
et divcisasint, lamen qU''»'!'"" qnasi communia et ccrla
piTCcpta in emondis juvencis aralor sequidebet; eaqiie
Maso Carlbaginiensis ita prodidil, nl nos dcinceps memo-
tabimns. Parandi sniit boves novelli , ipiadrali , grandibns
fles jeiines bcciifs qiril veiit achetcr : noiis nllons
les detailler tels qiie Ma^on le Cartlui£?inois les
a deja donnes. 11 faut aequeiii- des boeufs qui
soient jeunes et carres, qui aient les membres
Srands, les cornes lonsues, noirAtres et fortes,
ie front large et crepu , les yeux et le musenu
iioirs, les oreilles herissees, les narines camuses
etouvertes, le chignon long et charnu , le fanon
ample et descendant presque jusqu'aux genoux,
la poitrine large, les epaules vnstes, le ventre
gros et semblable a celui d'une betc pleine , les
cotes allongees, les reins larges, le dos droit et
plat ou meme un peu nffaisse, les fesses rondes,
lesjambesepaisses etdroifes, raais plutotcourtes
que longues, les genoux bons et bien tournes', la
corne des pieds grandc , la queue trauiante et bien
gnrnie, un poil dru et eourt pnr tout le eorps,
dont la couleur soit rousse oa brune, et qui soit
doux au toucher.
II. En supposant des veaux ainsi conformes,
il faut, pendant qu'ils sont encore jeuncs, les
accoulumer a se laisser manier, et a souffrir
qu'on les attnehe a leurs mangeoires, afin qu'on
ait moinsde peine a les dompter pnrla suite, et
qu'il y aitmoins de dnnger a le fnire. Au surplus,
je suis d'avis que Ton ne dompte pas les bouvil-
lons avant Tage de trois ans, ni passe celui de
ciuq, parce que dans le premier de ces ages ils
sontencore tropdelicats, ct quedans le dernierils
resistenttrop : or voici comrae il faut s'y prcndre
pour doniptcr ceux quc Von aura pris dans un
troupeau de bceufs sauvages. On commencern par
leur preparer une etable spacieuse , ou celui ([ui
sera employe a les dompter puisse tourncr avec
aisance , et d'oii il puisse sortir sans courir aucun
danger. La place qui sera devant retable nc doit
1)K L'AGRICULTUni!:, LIV. Vf. 31 1
que lorsijue les bouvillons viendront a en sor-
tir, ils aient toute liberte de courir, et que la
peur ne les cxpose pns a s'eml)nrrasser, au risque
de se blesser, dans dcs arbrcs ou dans d'autres
obstacles quise rencontreraient sur leur passage.
II y aurn dans eette etable d'amples mangeoires,
au-dessus desquelles seront posces horizontalc-
ment en forme de jougs, a la bauteur de scpl
pieds deterre, des solives auxquclles on ()uisse
attacber les bouvillons. On cboisirn ensuite, pour
essnyerde les dompter, la matinco d'unJour se-
rein, qui ne soit pas fete , et on leur nttnchera
aux coines des cordes de ehanvre. Quant aux
courroies qu'on jelte sur ces animaux quand on
veut les prendre, elles doivent etre emmaillot-
tecs de peaux avec leur laine, alin qu'elles ne les
blessent point au-dessous des cornes, partie de
leur front la plus delieate. Lorsqu'on aura pris
des bouvillons, on les conduiraaussitot a retable,
ou on les attneheraa des poteaux , de facon qi!'ils
aient une eertaine liberte autour d'eux , et qu'ils
soicnt sepnres les uns des autres a quelque dis-
tance , de peur qu'iis ne se blessent mutuelle-
ment parles efforts([u'iIs feront pourse dt>taeher.
S'ils sont trop rev(5ches, on les laissera jeter
toute leur furie pendant vingt-quatre heures; et
dcs qu"elle .sera un peu ralentie, on les fera
sortir le matin, en ayant soin toutefois qu'il y ait
une pcrsonne qui aille devant eux, plusicurs au-
tres qui les retiennent jiar derriere avec des cor-
des, et une ([ui les suive pas n pns, et qui vc-
prime de tem[5S cn temps leurs efforts, en les
frnppant ^('gcrement avee unc massue de bois de
saule. Mais si ce sont des ba;ufs doux et tran-
quilles, on pourra les faire sortir de re-table lc
jour meme qu'on les y aura mis a rattaehe ,
pas etre resserr^ie, ranis il faut qucce soit une
campagne ou un grand chemin bien large , afin
avant le soir, et les accoutumer a franehir a pas
cornptiSs, et sans s'effraycr, respacc de mille pas.
membris, coniibii.^iprorerisacni^TanlihusctrobusliSifronle.
lala et ciispa, l]iitis auribus, oculis et lal)ris ni^iis , naii-
bus re.siiiiis palulisiiue , cervice longa et torosa , palearihus
auiplis el pene ad genua proniissis , pectore niagno , arniis
vastis, capaci et tanipiani implente utcro, laleiihiis |)oi-
reclis, himhis latis, ilot.so recto plaiioqiie vel eliam sub-
sidente , clunibus lotundis, crurihus coni|)actis ac reclis,
sed brevioiibiis potius (luain loiigis, nec genibus iinpio-
bis, ungnlis inaguis, caudis longi.ssiniis ct selosis, pilotpie
corpoiis deiiso l)revi(iue , coloris lobii vel liisci , tactu cor-
poris mollissiino.
II. Talis iiolai vilulos oportet, cuni adbuc teneii sunt,
consuesceic nianii Iractari, ad pra^sepia religari, ut e\i-
gnus in domiluralaboreorumet ininussitpciiculi. Veriiin
nec ante lertiiiin ue(|iic post qulnliini anniiin jnvencus do-
mari placet, qiioniam illa .netas adiiiic teiiera csl , li.ec jain
pi.-cUura. Eos aulein, qui de grt'ge feii comprelienduiitiir,
8ic .siibigi convenil. Primnni ninnium spatiusiiin stahnliini
praeparelnr, iihi domilor lacile versari , et iinde degiedi
siiieiiericulo po.ssit. Ante slabulum null.e angiisli.c sint,
sed aut cauipus aul via lale [latens ; nl ciiin piodiicentur
juvenci , lihcruni babe.anl evcursnm ; ne pavidi aut arbo-
rihiis aut obiaceiiti cuilihet rei sc iiiipliceut noxainqiie ca-
piaiit. In slahiilo sint anipla pra"se|iia , supraqiie trans-
versi asseies in niodum jiigornm a terra .septeiii pedihus
elati conligantiir , ad quos religari possinl juveiici. L)icin
deinde , quo domitnram aiispiceris , liberum a tcmpesta-
lihus et a n^ligionihiis nialiiliiium eligito : cannahiiiisquo
(iiiiihus corniia jiiviMicoiiiiii ligalo. Scd laquei, quibiis co-
pulantur, lauatis prllihiis iiivoliiti sint,ne leneiiefronles
Mib corniia hrdautur. Cuin deinde Imciilosconipiehendiv
ris, peiihicilo ad slahiiliim , et ad slipites religalo ila, iil
c\igiiumla\aineiiU habeant, distciitqiie iuter se allqiianto
spatio , iie in colluctationealtcr alteri noceat. Si niniis as.
perieiunt,palcreuiiumdieinnoclcrnqiiedesaevianl. Simiil-
alque iias conludeiint, maiie producantiir, ita iit el ali-
quis antc et a tergo coniplures, qui seqiinntnr, retinacu-
lis cos coiitineaul , ct iiniis ciini clava salignea piocedens
modicisictibiissubiudeimpetuseoriini coeic«at. Sinanteni
placidi et quieti boves criint, vel eodem dic, qno alliga-
veris , aiite vesperum licehit prodiiceie, et docere per niille
passiis couipusite ac siue pavoic amhiilaie : ciini doniiiui
COLUMELLE.
Lorsqu'on les aura ramenes n la mnison , on !ps at-
tachera a des poteaux de tres-pres , et de facon
qu'ils nepuissentpasrerauerla tete. Quand ilsse-
ront attaehes, il faudra les flatter, pour ainsi dire,
par le ton de la voix , en s'approchnnt douceraent
d'eux, Don pas par derriere ni par les cotes,
mais en face, afin qu'ils s'nccoutument a envisa-
ger celui qui les abordera. Ensuite on leur frot-
tcra les narines, nfin qu'ils s'habituent a connni-
tre rhomme a rodorat. II faudrn nussi leur ma-
nier tout le dos quelque temps apres , et verser
dessus du vin pur, pour qu'ils se familiarisent
avec le bouvier; comme il faudranussi leur pas-
scr la raain sous le ventre et entre les euisses ,
nlin que par la suite ee genre d'attouchement
ne les effraye pas lorsqu'on sera oblige d'y avoir
i-ecours pour leur oter les tiques , qui s'attachent
ordinairement a leurs cuisses. Celui qui les dom-
pte doit, en fnisant ces differentes operations, se
tenir sur leurs c6tes, de peur d'attraper des
eoups de pied. Ensuite on leur ccartera les md-
choirespour lcur tirer la langue de la gueule, et
on lcur frottera de sel tout le pnlnis; npres quoi
on leur fourrera dans la gueule des boules de
pate d'une livre pesant trempees dans de la
graissefondue bien salee, et on leur versera dans
la gorge avec une corne un sexiarius de vin par
tete. Avec ces especes de caresses, il ne faudra
guere que trois jours pour les apprivoiser, et ils
Kccvront le joug le quntrieme. On attachera a
cp joug une branclie d'arbre que Ton tirern a soi
en guise de timon , et meme on y joindra de temps
en temps quelques poids, poureprouver leur pa-
tience dans le travnil , en lcur faisant faire de
plus grands efforts. Apres ces premiers essais,
il faut les nttncher a une charrette vide, et la
leur faire tralner d'abord peu de temps, ensuite
dans un plus long espace de chemin , en la char-
geant peu a peu dc quelques poids. Quand ils se-
ront ainsi domptes, il faudra les mettre aussit6t
a la charrue, raaisdans un champ deja laboure,
de peur qu'ils ne se rebutent dans ces commen-
cements par la difficulte de rouvrage, ou qu'ils
ne meurtrissent leurs cous encore tendres, en
eprouvant trop de resistance de la part de la terre.
Au surplus j'ai enseigne dans le premier volume
comment le bouvierdoit gouvernerses boeufsdans
le labourage. II faut prendre garde que le boeuf
ne s'habitue a donnerdu pied ou de la corne dans
le teraps qu'on le dompte, parce que si on n'y
met pas ordre des le commencement, jamais on
ne pourra le corrlger par la suite de ce defaut,
raeme lorsqu'il sera dorapte. Au surplns, !a rae-
thode que nous venons de prescrire pour domp-
ter les boeufs n'aura lieu que dans le cas oii ron
n'en aura point chez soi qui aieut deja servi :
car si on en n de domptes, la methode la pkis
courte et la plus sure sera celle-ci, quenous sui-
vons dans noscampagnes. Lorsque nousvoulons
accoutumer un houvillon a la clinrrette , nous y
nttelons avec lui le plus robusfc et en raeme
temps le plustranquille des boeufs domptes que
nousayons, pour le retenir qunnd ii ira trop
vite, et le faire avnncer qunnd il s'arrc!era; et
meme, si nous ne plaignons point nos peines,
nous fabriquons un joug ou i'on puisse en atte-
ler trois a la fois. Par ce moyen nous forcons
les boeufs, si retifs qu'ils soient, a se plier au.i
travaux les plus forts, parce que, des qu'un
bouvillon paresseux est attele entredeux boeufs
accoutumes a servir, et qu'il est contraint,
lorsqu'il est attache ainsi a la charrue , de travail-
ler a la terre, il lui est impossible de refuser le
service. Eo effet, s'il s'emporte et qu'il vienne a
sauter, il est aussitot contenu par les deux nutres
a leur gre ; s'il s'arrete , il est oblige de les suivre
peiduxeris, arcte ad stipites religalo, ita ne capite moveri
possint. Tum demum ad alligatos lioves «eque a posleiiore
parte iieque a lalere , sed adversus , placide et cum qua-
dam vocis adulalione venito, ut accedentem consuescant
aspicere. Deinde nares perfricato , ut homincm discant
odorari. I\Iox etiam convenit tota lcigora et tractare et
respeigere mero, quo familiariores bubulco fianl : ven-
tri quoque el sub femina manuni subjjcere, ne ad ejus-
luodi tarlum postmodum pavescant , et ut ricini qui ple-
rumque feminibus inbacrent, eximantur. Idque cum lil,
a latere domilor stare debel , ne calce conlingi possit. Post
lia^c diduclis malis cducito linguam , totumque eorum pa-
latum sale defricato, libralesque offas in prasidsae adipis
liquamine tiuctas in gulani demittito , ac viui singulos
se\taiios p M coi uu faucibus infundito : nam per liaec blan-
dimenla triduo fere mansnescunt, jugunique quarlo die
arcipiunl , rui ramus illigatus temonis vice trajicitur : in-
terdum et pondus aliquod injungilur, ut majore nisu laho-
ris explorelur palicutia. Post ejusmodi experimenta vacuo
plostio subjungendi, et paulatim longius cura oneribus
producendi sunt. Sic perdomili mox ad aialrnm ins-
titnantur, sed in subacto agro, ne statim difficuUalem
operis reformident , neve adbiic tenera colla dura pros-
cissione terr.ie conlundant. Queniadmodum auleni bubul-
cus in arando bovem inslituat, primo pr.Tcepi volumine.
Curandum nc in domilura bos calce aut cornu quemquam
contingat. Nam nisi Iwc caveanlnr, nunquam ejusmodi
vitiaquamvissubacto eximi polerunt. Verum istasicagen-
da prajcipimus, si veleranum pecus non adeiit. Nam si
aderit, expeditior tutiorque ratio douiandi est, quam nus
in nosUis agris .sequimur. Nam ubi plostro aut aralro ju-
vencuni consuescimus, ex domitis bubus valeulissimura
eundcmque placidissimuni cum iudomito jungiinus. Is et
procnrientem retraliit, et cunctantem producit. Si vero
noii pigeat jugum fabricare, quo tres jimgaiitur , bac ma-
cbinatione consequemur , ut eliam contiimaces boves gra-
vissima opera non recusent. Nam iibi piger juvenciis me-
dius inter diios veteranos jungitur, aratroque injuncto
teiram moliri cogiUir, nulla est impcrium respuendi fa-
cultas. Sive enim efferatus prosilit, duorum arbitrio inhi-
betur : seu consislit , duobus gradientibus etiam invitus
obseqiiitur: seu cunalur decumbcre, a valcutioribus sub-
DE LAGRICULTURE, LIV. VL
quand ils avancent; enfin s'il fait des efforts
pour se coucher d terre , il est reievc et enlraine
par scs camarades qui sont plus forts que lui,
et des la i! se trouve necessairemcnt contraiiit
dans toutes lcs circonstances a se defaire de son
opinicltrete ; de sorte qu"il ne lui faut donner
([iie tres-peu de eoups pour le faire parvenlr a
supporter le travail. II y a aussi des boeufs d'une
certaine espeee qui sont toujours kiches, mcrae
apres avoir ete domptcs, et qui se couehent a
terre dans les siilons. Je crois qu"il faut s'y
prendre d'une mauiere particuiiere pour les cor-
riger, sans recourir aux voies de la durete. Car
ceux qui s'imaginent que ce vice cedera plutot a
raiguillon , au feu ou a d'autres genres de tortu-
res, qu"a tout autre moyen, ne connaissent pas
quel est le veritable auquel il faut avoir recours,
puisqu'il est certain qu'une opiniStrete inebran-
lable de la part du bouvier fatigue ranimal et le
rend furieux. Cest pourquoi le meilleur est de
corriger un boeuf qui est dans rhabitude de se
couchcr aterre, en lui faisant souffrir la faim
et la soif, sans lui tourmenter le corps, parce
qu'ilestplussensible aux besoins naturelsqu^anx
coups. Ainsi , lorsqu'un bccuf se couchera a terre ,
il sera tres utile dc lui gnrrotter les jambcs, de
facon qu'il ne puisse ni sc tcnir debout, ni mar-
cber, ni paitre; moyennant quoi la diete et la
soiflecontraindrontasedcfairedesanonchalance.
Cependant il faut avouer que ce defaut est tres-
rare dans les boeufs natifs du pays oii Ton se
trouve , d'autant qu'en gencral tout ba?uf ne dans
le pays oii il travaille est bicn meilleur qu'un
bocuf etranger, parce quil n'est poiut expose a
changcr d'eau, ni de fourrageou de climat, et
qu'il n"est point moleste par la nature de la con-
tree , comme ie serait ceiui qui aurait ^te cnimene
d'un pays plat et champctre dans des lieux mon-
tagneux et sauvages, ou d"un pays montagneux
dnns un pays piat. Cest aussi pour cela que
lorsque nous sommes forccs de faire venir des
boeufs d"une contree eloignce, nous dcvons avoir
soin de ne les faire vcnir que d'une contree qui
soit semblable a la nfllre. II fnut aussi preudre
garde d'en attclcr deux enscmhie, dont Tuu
soit moins gros que Tautrc , pnrce que la dis-
proportion dans la stature et dans la foree en-
traine bientot la perte du plus faible des deux.
On estime cet animal lorsque son tempcrament
est phis pacifique que vif, pourvu qu"il ne soit
point paresseux ; Iorsqu"il craint les conps et la
voix de son mnitre, mais que, se conlinnt dans
sesforces, il ne se laisse point intimider d'ail-
leurs par les sons qui peuvent frapper son oreil-
le , ni par les objets qui se presentent a sa vue ,
et qu"il passe sans frayeur a travers des fleuves
ou sur des ponts; enlinlorsqu'il consonime beau-
coup de nourriture , et qu'il est lent a la miicher.
En effet, ccux qui mnchent a lcur aise digcrent
mieux que ceux qui le font precipitamment, et
des lors ils se mnintlennent plus que ces derniers
dans la fnrce du corps, sans devenir maigres. Au
surplus, le bouvier pccheautant cn rendantses
broufs gras qn'en les rendnnt maigrcs, parce
que la tnille des animaux dcstines a fravaillcr
doit etre commode ct mediocre , et qu'il doit piU'
tflt etre robuste en nerfs et en muscles quecharge
de graisse, afin qu"il ne soit point opprimetout
a la fois tant par lc poids de son dos que par la
fntigue de rouvrage. Mais comme nous avons
donne les preceptes qu'il y a a suivre lorsque
Ton veut acheter ou dompter des bocufs, pas-
sons a ce qui conccrne leur cntretien.
III. II faut laisser les bocufs a Tair pendant la
chaleiu', et les mettrea couvertpendnnt lefroid :
c'est pourquoi on leur preparera , pour le sejour
qu'ils feront a retable pendant rhiver, de la
paille que Ton aura soin de couper et de mettre
levalus traliitur : propter qiMO undifiiie necessitatc con-
tumaciam deponit, et ad patientiam laboris paucissimis
vertieribns perducilur. Est etiam post domiluram inollio-
ris generis bos, qiii decumbit in sulco : eiim non sa-vilia, sed
rationecenseoeniendandum. Nam qiii stiniulisaut ignibus
aliisqiie tormenlis id vitiuni eximi nielius jiidicant , ver.T
rationis ignari sunt : quoniam pervicax conliimacia ple-
ruinqiic .sa;vientem fatigat. Proplcr qiiod ulilius estcitia
corpuiis vexationem faiue polius et sili cubilorem bovem
emendare. Nameuni vebementinsafliciiiiit naturalia de.~i-
deria, quam plagne. Itaque si bos decnbuit, ulilissimiim
esl pedes ejus sic vincnlis obligari , nc ant insistcie aiit
progredi aiit pasci possil. Quo facto inedia et sili compiil-
sus deponit ignaviam ; ipiii! tamen rarissima e.^t iii pecore
vernaculo : longeque oiiinis bos iiidigcifii nielior eslquam
peregrinus. Nara iieqneaquse nec pabuJi nec r^eli miita-
lione lentatiir , neqiic infeslatiir condilionc regiouis , siriit
ille, qui ex planis et ranipcstribus locis in moiitana el ns-
(lera perduclus est , vcl ex inontanis in rampestria. Itaqiic
rtiaui , cuni cogimui ex longinquo Iwves arcessci e, ciiran-
dum est,iit in siniilia patriislocis tradiirantnr. Item cus-
todiendiini est, ne in coinparatione vcl staUiia vel viiibus
inipar ciini valcntidic jungatur. INain ulraque rcs inliTloii
celcriler aHerl exiliiiin. Jlores liujiis pcciidis probabiles
liabcntur, ipii siint propiores placidis qiiaiii concilatis,
sed non iuertes : i|ui siint vercnles plagarum el acclaina-
tiuiiuni;sed liducia viiium nec auditii ncc visu pavidi,
nec ad ingredienda lliimina aul pontes formidolosi : iniilli
cibi [edaces;] verum iii eu conlicicndo lenti. Nani Iii me-
lius cflncoqnunt, ideoqiie robora corporiim cilra niaciem
conscrvant, qui cx commodo , qnani qui festiiianter man-
diiiil. .Scd tam vitiiim est biibiilci pinguem quain exilem
bovein reddere : liabilis eniin et niodica corporatiira pc-
coris operarii dcbet essc , nervisqiie et musculis robnsta ,
iion adipibusobesa, iit ncc siii tergoris iiiole nec labore
operis dcgravetiir. Sed qiioni.im qiia: seqiicnda snnt in
eineiidis dumandisqnc bubus tradidiinus , tutelani eoriini
piacipicmus.
III. lioves calorc snb divo frii;oribiis inlra terlum ma-
neic oportct. Itaquc liiberii;c slabulalioni eoriim prapa-
314
COLUMELLE.
par tas en aoiit , un mois apres la moisson. La
coupe de cettepaille ne sera pas nioiiis utile aux
cliamps qu'aux besliaux, parce que les campa-
anes se trouveront debarrassees par la des ron-
ces , qui ne manquent pas ordinaireraent de mou-
rir jusqu"aux raeines lorsqu'elles ont cte coupees
eu ete au lever de la Canicule , et que ccs ronces
etant mises sous la litiere du betail, augraeute-
ront la quantitc du fumier. Apres cette opera-
tion prealable , nous nous pourvoirons de four-
vage de toute espeee , el nous ferons en sorte que
ce betail ne soit pas expose ii ma^grir fnute de
nourriture. Or, il y a pliisieurs methudes pour
bien nourrir les boeufs; car si le pays oii l"on
cst donne du fourrage vert en aboudanee , per-
sonne ne doule que ce genre de nourriture ne
doive etre prefere a tout autre ; mais c"est ce
qui «'arrive que dans les lieux qui sont arroses
par des ruisseaux ou couverts de rosee. Aussi
trouve-t-on dans les lieux decette nature un tres-
grand avantage, qui consiste en ce que ia jour-
iiee d'un seul homme suffit a deux paires de
boeufs a la fois , attendu qu"ils labourent ou
qu'ils paissent alternalivemeut dans le meme
jour. Daus les pays plus secs, on donne de la nour-
riture aux bccufsdans leurs mangeoircs , et eette
Dourriture varie suivant la nature differente de
ces pays. Personne ne doute que la meilleure ne
soit de la vesce liee eu biittes et de la gesse , ainsi
que du foin de pre. Ou entretient ce betail moins
avantageuseraent avec de la paille, quoique ce
genre de nourriture fasse ressource partout , et
que Ton n'en trouve pas m^me d"aulie dans cer-
taines contrees. La paille que Ton estime le plus
estcelle demiilet , ensuitecelle d'orge, et meme
en troisieme lieu celle de froment. Mais, inde-
pendamment de la paille, on dunne eucore de
l'orgeaux boeufs qui ont fait leur journee. Au sur-
phis, on reglediffercmment la raesure du iourrage
qu'on leur donue suivant les differents temps
de rannee. Au mois de janvier il faut leur don-
ner achaeun quatre scxtarn ders moulu et de-
trempe dans de Teau avec de la paille , ou bien un
modiiis de lupins detrempes, ou enfiu un semo-
(Uus de gesse detrerapee, indepeudamraent de
la paille qu'on leur donnera e.n abondanee. On
peut aussi , si Ton raanque de legumes , nieler
avec dela paille du marc de raisin,que Ton aura
lave pour en exprimcr de la piquctte , et le ieur
doniier apres qu'il sera scehe ; quoiqu'il u'est
point douteux qu"il n"y ait plus d"avantage a le
leur donner avec la peau des raisins et avaiit do
Favoir lave, parce que ce marc, leur tenant lieu
de nourriture et de viu en merae temps, a la vertu
de les rendre gais et brillants,et d'augraenter
leur embonpoint. Si nous ne leur donnons pas de
grains, il suflira deremplir de feuilles seehes un
pnnicr dont ou se sert pour mesurer leur nour-
riture , dont la contenance soit de vingt modii;
ou de leur donner trente livres de foin , ou bien
eneore des fcuilles vertes soit de laurier soit
d'yeuse, en grande quantite; raais on y ajoutera
du gland , pourvu que le pays cn produise assez
ponr permcttre de le faire, quoique cette der-
niere nourriture leur occasionnerait la^'ale, si
on leur en donnait jusqu'a les en rassasier. On
pent encore leur donner un semodins de feves
moulues, pourvu que la recolte en ait ete abon-
dante. Communeraent la raeme pitance leur suffit
au mois defevrier. On doit ajouter quclque chose
a la quantite de fuin qu"on leur donnera en mars
et en avril , parce que c'est le temps oii ils travail-
lentaux premiers laboursde laterre. II suflirace-
pendant de leur cn donner a chacuu quaraute li
vres. On fera bicn ncnnmoins de couper pour
eux dufourrage vert,depuis lesides d"avril jus-
landa siint stramenta , quee niense Angiisto intra dies lii-
ginta siil)lal;6 mcssis praocisa in acerviim exliui debeut.
Horum desectio cum pecori tuni agro esl ulilis : lilieian-
lur aiva sentibus, qui aestivo lempore per Caniculic or-
tum lecisi plerumque radicitus intercuiit , et stranieuta
pecori sulijecla pluiiniuni slercoris efliciunt. H.tc cuni
ila ciiiaveiimus , tum elomuesenus pabuli piaepaiabi-
mus , dahimusqiie operani , ne fieuirria cibi macrescal pe-
cus. I5oves aulcm recte pascendi iion una ratio est. Nam
si ubertas regionis viride pabulum siibministral, nemo du-
bilatquiu id genus cibi caeteris prsepouendiim sit : quod
tamen nisi rigiiis aut loscidis locis iion conlingit. Itaqiie
iu iis ipsis vel maximum commodum est , quod sufiiiit
uuaoperaduolnis jugis, quie eodeni die alternateniporuin
vice vel aiaiit vel pascunlur. Siccioiibus agris ad piacsc-
pia boves alendi sunt , quibus pro cunditione regionnni
cibi pi;cbentur : eosque nemo diibilat, quin oplimi sint
vicia in fascem ligala, et cicercula ilcmque pratense fic-
niini. Miiius commode tneinur armcntuin paleis, qiwB
ubiqiie et qiiibusdam regionibus sol;e pr.xsidio siint. Ex
lirobaiitiir niaxiuie exmilio.tnm c\ordeo,niox cli;i!U
cx Iritico. Sed jumentis justaoperumreddenlibiisoideum
pra;ter lias prsebetiir. liubiis aiitcm pio teniporibiis anni
pabula dispeu.santur. Jaiinario meiise [ siiigulis ] fresi et
aqiia macerati eivi qualernos sextarios niistos paleis dare
conveuit, vel liipini macerali modios, vel ciceiciilae ma-
ceral.Te semodios, et snper baec aflatim paleas. Licet «liam,
si sit leguininum iiiopia, et eluta et siccala vinacia , qiiw
de loia exiniuulur , ciim paleis misccre. Nec diibiuni
[est,] qiiin ea longe raelius eum suis follicnlis, ante
quam eluantur, pr.Tlieri possint. Nani et cibi etvini vi-
res Ii.ibent, niliduiiKpie et bilare et corpiilentum pccus
faciunt. Si grano abstincmus, frondis arida; coibis pabu-
lalorius modioruui viginti sufficit, vel fceni pondetrigiiita,
vel siue modo viiidis lauiea et ilignea fiondes. Et bis, si
legionis copia permillat, glans adjicitur : qn.ie nisi ad sa-
lietatem detiir , scabiem parit. Potest etiam si proventus
vilitatem facil, semodiiis fabaj fres;E pra;beri. Jlense Fe-
bruario plerunique eadcm sunt cibaria. Blarlio et Apiili
debet ad fani pondus adjici, quia teria pioscinditiir : sat
autein erit pondo quadragena singulis dari. Ab idibus
taiuen mensis A|uilis iisqiie in idiis Juui.is viridc pabu-
DE L'AGRICDLTURE, LIV. YL
315
qira ccIIps de juiii : on poiirrn nieme continner
de ieur cn donner dans les lieux plus froids , jus-
(]u'nux ealendes de juil!et. A pnrtir de cette epo-
que on les rassasicrn de fcuillaiies pendant tont
Tcte , ninsi qu'en nutomne jusi[u"nnx ealendes de
noveinbre , quoique ces feuiiln^es neleur seront
bons que lorsqu'ils auront ctc muris par !es
pluies ou par les i'osees eontinuelles : les plus
estimes sont d'abord ceux d"orme , ensuite ceux
de frene, puis enlin ceux de peuplier. Les pires
sont eeux d'yeuse, de eliene ct de laurier , quoi-
qu'n la finde Tete ou soit foree d"y recourir, a de-
fautd'nutrcs. On peutaussi fort bien leur donner
des feuilles de figuier, si Ton en a abondnrament ,
ou qu"il y ait de rutilitea claguerces arbres. Cel-
lcs d"yeuse sont eucore meillcures que celles de
chene, pourvu que ce soitde l'espece d'yeuse qui
n'a point de piquants , parce que le boeuf ne veut
point de ces dernicres, non plus que de celies de
genevrier, aeausede ccs piquants. II faut, dansles
mois de novembre et de ducerabrc , donner aux
bocufs a manger tnnt quils voudront pendnnt ies
semailles;cependantilsuflitordinairementdeleur
donner a chacun un modius do gland , avec au-
tnnt de pnille qu'ils en voudront , ou bien un mo-
dius de lupins detrempes, ou sept sextarii d"ers
arrosc d'euu et mele de paille , ou AoMzt sexla-
rii de gesse arrosee de meme et melee de paille ,
ou un modius de marc de raisin, pourvu qu'on
yajoute de la pnille en abondanee , commeje
l'ai dit ci-dessus; ou enfin, si Ton n'a aucun de
ces fourrages, quarante livies de foiu sans aucuu
autrc niclnuge.
IV. Mais Ll ne servira de rieu de rassasier ce
betail de nourriture , si Lon n'apporte point
toute rattentioaneeessnire pour i'aider a sebieu
portcr , ct a conserver sps forces : or on parvien-
dra a ces deux points en donnant aux bociufs
trois jours de suite uno medecine copieuse, com-
posce de lupins et de eypres broyes ensemble par
portionsegales, et infuses dans Teau ; on laissera
cctte raedceinc se reposcr a l'air pcndant une
nuit entiere , et on la leur fera preudre quntre
fois par an , a savoir, k la fin du printeraps, de
rote, de rautomne et de riiiver. Sonvent meme
on vient a bout de chasser leur langueur et lcnr
dcgout en leur mettant dans la gorge, quand
ils sont a jeun , un oeuf de poule ci'u tout en-
ticr , et en leur versnnt le lendcmain dans les
narinesdu vin , dnnsleqnel onnura |)il(' dcs gous-
ses d'nil ou d'oignon de Cypre. Au surplus, ces rc-
medes nesont pns lesseuls qui les maintienncnt
en bonne sante : il y a bien des gens qui mettent
dans la raeme vue une grnnde quantite de sel
dnns leurs fourrages; quelques-uns leur ont
donne avec succes du marrube blnnc avec de
rhuile ct du vin ; d'autres font infuscr dnns (Ui
vin pnr des fenilles de poireaux ; d'autres, dcs
grnins d'encens; dnutres enlin, de la saviniere et
de la rue, et leur donnentces rae-dicaments ;i
boire. Plusieurslestrnitentavcedes tigesdecou-
levree blanche et descosses d'ers ; qnelques-uns
font infuser dans du vin une peau de serpent
broyee. Le serpolet pilij dans du vin legcr , et
la scille hachee et miic(iree dnns Tenu, leui' ser-
vent aussi de remedes. Toutcs ces potions don-
nees a ladose detrois /ifi?«iwa'pnr jour , pendnnt
trois jours cons(;culifs , leur purgent le ventre,
et r(3tablissent leurs forces en chassant leurs ma-
ladies : cependaut In lie d'huile pnsse pour le re-
mede qui leur est !c plussalutaire ,pourvu qu"on
In m(!'le avec pnreille quantitti denu , et qu'on y
accoutume ces bestiaux peu a peu. En cffet, on
ne peut pas leuren donner tout d'nbord , mais on
comnience par cn arroser leur nourriture; cn-
suite on cn mel dans leur eau en petite dosc , et
lum rt'cl« spcatdp : polest etiam in ralciul. Julias frigiilin-
ribus locis idem pr;rstari : a (|no tciDpoic iii calond.
Novcnil). tola astale et deinde unluiniio salientur IVoiiJe ;
qiKc taiiieii iion anle cst ulills, (piain cum maluineilt vel
iinl>i'il)us vel nssiduis loribiis : probaluiqne niaxime ul-
niea, pust fraxinea, et ab Iiac populnea. UIlini;e suiit ili-
gnea el^iiieriieaet laiirea : sed ca» post .Tstatem necessaiia;
deficientibus ccleris. Possunl eliani tolia ficiilnca piobe
dari, si siteoriiin copia, aiit .stiingere aibores expedial.
lligii('a lamen [vel] nielior csl qnernca, scd ejiis g(>ne-
ris, qnod spinas non liabel; nani id quoque, uli junipe-
rus, respiiiliir a pccore propler aculeos. JNovembri mense
ac Dcccmbri per sementcm ipianlum appetitbos, laiitiim
prscbindum cst : plci iimquc tainen sullicinnt siiigulis nio-
dii slandis el paloie ad saliclalem datic , vel liipini mace-
rali inodii , vel ervi aqiia coiispersi sexlarii vii pcrinisti
paliMS , vel ciceicnlaesimililcr cx)nspersae sextaiii xiiniisli
palcis.vel sin^nli niodii vinaccornm, si iis, ut siipra dixi,
iarse pale.T adjiciaiitiir; vel si niliil horum est, pcr se
fteui pondo qnadraj;iula.
IV. Sed non piuderil cibis saliari pecora , nisi oinnis
adliilKMliir dili};entia, iil saliibri sinl corpore , vircsqiie
conscrvoiil : qii.ie ntraipie cn.studinntur larj^c dalo per tri-
diiiim inediciimenlo , qiiod coniponitnr pari pondere Irili
lupini, cuprcssique, et cum ,iqna nocle una siib ilivo lia-
belur; idqne qiialer anno fieri debet ultimis lempoiibns
veris, iP.statis, aulumni, bieniis. Sicpe etiani langnor ct
iiausea di.scnlilur, si inlegrum Ralliniicenm crudiiin ovum
jejuni faucibus inser.as , .ac postero die spicas ulpici vcl allii
cnm vinocontcras, el in narilius iuliiudas : iieque ba^c laii-
tiim remedia salubrilatem laciuiit. Vliilli el largo sale niis-
ceiil pabiila; qnidam niiu riiliiniu dctcrunl cum olco el \ luo;
quidani porri llbras, alii ^rana lliurls, alii sabiiiain berbani
riilaniqiic cnm inero diluunl ; eiii|iie medicamenta pnlauda
pra'I)cnt. Miilli caiilibns vilis albic ct valvulis ervi biibus
meilenlur : nonnulli pellein serpenlis oblrilam cnm vino
n)i.scent. Esl eliam renicdio cuni duki vlno Irihim serpyl-
liim , ct concisa el in aipia niaceiala scilla. Qu.i; oniiies
piirdicUe potiones Irinm beininarum slngiilis diebiis per
triduum data; alvum purgant, depiilsisque viliis recreant
vires. IMaxime tamcn liabelur salutaiis amurca , si lauluu-
dcin .i'pi;e niisceas, cl ea pcciis insucscas; qua; piuliniis
31G
COLUMELLE.
simplement pour lacorriger ; enfln peu de temps
apres on la mele aveeleur eau par egale portion,
ct on leur en donne tant qu'ils en veulent.
V. II ne faut pas exciter les bccufs a courir en
aucun temps de rannee , mais encore moins eu
ete, parce que cela leur lache le ventre ou leur
donne la fievre. II faut aussi prendregarde qu'une
truie ou une poule ne vieune a se glisser du cote
(le leurs mangeoires, parce que les excrements
de ces animaux , veuant a se meler avec le four-
i'age des bceufs, leur cause la mort : ceux d'une
t ruie malade sont particulierement capablcs d'oc-
casionner une contagiou dans lc troupeau. Si ce
malheur arrive,ilfaut sur-le-champ lefairechan-
ger de climat, et apres l'avoir distribue en plu-
sieurspelotons, renvoyerdans des pays eloignes,
etseparersibien les auimaux malades deceux (jui
seront sains, qu'il ue s'en trouve aucun parmi
ces derniers que la contagion puisse exposer a
quelque danger. Cest pourquoi , lorsqu"on sera
oblige de les eloigner , il faudra les conduire
dans les lieux ou aucun betail n'aille paitre, de
peur qu'en arrivant ils n'apportent aussi la peste
aux autres bestiaux qu'ils y trouveraient. Au
surplus, si pestilentielles que soient leurs mala-
dies , il faut travailler h les vaincre et a les chas-
serpardes remedesspecifiques. On nielera donc a
cet cffet des racines d'herbe d'or et de panicaut
a\ec de la semence de fenouil, de la farine de
froment nToulu et du vin cuit jusqu'a diminution
des deux tiers ; et apres avoir versede Teau bouil-
lante sur ce melange , on le fera prendre aux
animaux qui seront malades. On peut encore
faire une potion avec de la cannelle , de la myr-
rhe, de rencens et dusang de tortue marine, in-
fuses chacun par poids egal dans trois scxtarii
de vin vieux , et la leur verser dans les narines.
Maison partagera ce remede par portions egales
cbaeune du poids d'une sexcmcia , et il suffira
de leur en donner avec du vin pendant trois jours.
Nous avons encore reconnu que cette espece de
racine que les patres appellent consiligo (de la
pommelee), est un rcmede tres-efficace en pa-
reil cas. Cette plante vient dans les montagnes
des Marses en tres-grande quantite, et esttres-
salutaire a tous les bestiaux. On farrache de
terre de la main gauche avant le lever du soleil,
parce qu'on croit quc , lorsqu'eIle a ete cueillie
de cette facon , elle a plus de vertu. Voici la raa-
niere dont on pretend qu'il faut Temployer. On
grave en rond la partie la plus large de roreille
de ranimal avec une alene de cuivre, de facon
que le saugqui vient a coulerdecetteplaie sem-
bletracer un petit cercle qui a la forme de la let-
tre 0- Lorsque cette operation est faite , tant dans
la parlie intericure de l"oreille que dans sa par-
tie exterieure, on perce d'outre en outre, avec
la meme alene , le centre du petit cercle que fon
a deerit, et fon insere cette racine dans ce trou.
Des que les lcvres de la plaie encore recente oiit
saisi cctte racine, elles la serrent si bien qu'elle
ne peut plus s'echapper, et des lors tout le tra-
vail de la maladie et le virus pcstilentiel se por-
tcnt vers cette oreille, jusqu'a ce que sa partie
circonscrite avec TalCne tombe morte, et que la
tete se trouvc sauvee par la aux depens de cette
petite partie d'ellc-meme. Cornelius Celsus or-
donne encore de leur verser dans les narines du
viu , dans lequel on aura broye des feuilles de
gui. Voila ce qu'il faut faire si tout un troupeau
est malade : voici ce que fou fera s'il n'y a que
quelques betes qui le soient en particulier.
VI. Les rots frequents , les murmurcs dans le
ventre , le dcgout pour la nourriture , la contrae-
dai i non potest , scd prirao cibi aspcrguntur ; deinde exigiia
portione medlcatur aqua, mox paii mensura mista dalur
ad saturilatem.
V. Nullo autem teraporc et rainlme asstale utile est bo-
■ves in cursiim concilarl : nam ea res aut cit alvum , aut
movet febreiii. Cavendum qiioque est, ne ad praesepla sus
aiit gallina perrepat. Nam boc quod decidlt, immislum
pabulo, bubus affert necem : et id prajcipue , qiiod egerit
sus acgra, pestilentiam facere valet. Qua; ciim in gregem
incidit, conlestim rautandus est crell status, et In pluies
parlesdistributopecore longlnquae regiones petendae sunt,
atque Ita segregandl a sanis morbldi, ne quls interveniat,
<(ui contagionecaeteioslabefaciat. Itaque cum ablegabun-
tur, in ealocaperducendi sunt, quibus nullnm impascitur
pecus , ne adventu suo etiara llll tabem alierant. livlncendi
sunt autein quamvls pestiferl morbl , et exquisltis remediis
propulsandi. Tunc panacls et eryngli radices fcenlculi se-
mlulbiis miscend», et cum fricti ac molitl trltici farina
candenti aqua conspergendae, coque medlcamine salivan-
duin aegroluni pecus. Tuuc parlbus caslae myrrlia>que et
tburis ponderibus , ac tantundem saugulnls marinre testii-
dinis miscetur potio cum vinl velerls scxtarils tril)us, et
ita per nares iiifunditur. Sed ipsum medicamentum pon-
deris sescuncla; dlvisum, portloiie aequa per trlduum cum
vino dedlsse sat eril. Praesens etiain remedium cognovi-
mus radicuI.-B , quam paslores conslliginem vocant. Ea ia
Marsis monllbus plurima nascitur, omujque pecori maxime
esl salutaris. Laeva inanu effoditur ante solls ortum. Sic
enim lccla majorem vlm credltur liabere. Usus ejus tra-
ditur lalls. iEnea fibula pars auricula; latissiraa circum-
scribilur, Itaiit manante sanguine tanqiiam O Ilter» ductu»
appareat orbiculus. Hoc et intrlnsecus ct ex supeiiora
parle aurlciila; cum facfiim esl , niedia pars descripti or-
biciill eadem (ibula transuitur, et facto forarainl praedlcla
radiculaluseritur; quara cum recens plagacompreliendlt,
lla conllnet, ut elabl non possit : in eam deinde aurlculam
oHinis vis morbi peslllensque virus ellcltur, donec pars,
qua; fibula circumscripta est, deraortua excidlt, et mini-
inae partis jactuia caput eonservalur. Cornelius Celsug
etlani vlscl folla cum vlno trlla per nares liifundere jiibet.
Ha;c faclenda, sl gregatira pecoia laboraut : illa deinceps,
si slngula.
VI. Crudltatis signa sunt crebri riuliis ac ventris soni-
tiis, fastldia cibi, nervorum intenllo, bebetes ociili. Prop-
DE LAGRICULTURE, LIV. VL
tion des iierfs, la faiblesse des yeiix , soiU des si-
gnes d'indigestiou qui empeclient le bfriif de ru-
inine.' et de se lecher. On y lemedicra en lui don-
nant deux corujii d'eau chaude , et trente fcuillcs
de ehou lcgerement cuitcs dans du vinai^re;
mais il fnut qu'il s'absticiiiie un jour enticr de
toute autre espcee de nourriture. QucUjucs-uns
le retiennent h la maison pour rcmpeclicr de
paitre; apres quoi ils font infuscr dans un ron-
ffius d'eau quatre livres dc cimcs de lentisque et
d'olivier sauvage avec une livre de miel, le tout
pile enscmblc; et apres avoir laissti reposercette
iulusion pendaut une nuit en plein air, ils la kii
versent dans la gorgc. Quand ils luiont fait pren-
dre cette potion , ils lui donuent au bout d'unc
heurequatre livres d'ers dctrempc, etlui retran-
chent toute autrc boisson. On doit r(?peter cctte
operation trois jours de suitc , jusqu'a ce que tou-
tes les causes de la maladie soient dissipces. Mais
si on neglige Tindigestion, elleest bientot suivie
de renflure dii ventre et d'une douleur eonside-
rablc dans les intestiiis, qui empcche !'aninial de
prendre sa nourriture, excite ses mugissements ,
ne lui pcrmet pas de se tenir en place, et le force
de se coucher souvent ii terre , d'agiter sa tete , et
de remuer cimtinucllcment sa qucuc. Cest un
remede infaillible en pareil cas, de scrrer forte-
mcnt la partie de la queue !a pUis voisine des
fesses par le moyen d'uue ligature , de verser dans
la gorge de l'anima! un scxlarius de vin avec
une hemiiia dhuile, ct dc lui faiic faire promp-
tement quinzc cents pas. Si !a douleur continue,
i! faut liii couper la corne alentour du pied, lui
retirer lesexcrements par !'anus, en y inserant la
main aprcs !'avoir graissce , et le fairc courirde
Douveau. Si ccla ne reussit pascncorc, ou broie
une eertaine quantite de figuier sauvage scc ,
qu'on !ui doiinc dans trois fois plus d'eau chaude.
Si ce dernier remede ne fait pas d'cffet non plus,
on pulvcrise deux livres de feuillages de rayrto
sauvage, et apres les avoir jetees dans deux
scxtarii d'eau chaudc, on verse cette eau dans
sa gorge avec un vase de bois, apres quoi on lui
tire du sang sousla queue; et lorsqu'i! cn a coulc
une quantite suffisaute, on !'arrete par le moyen
d'une ligature de papier ; ensuite on le fait
raarcher vite, jusqu'a ee qu'il soit hors d'lialeine.
Voici encore dcs remedes auxquels il faut avoir
rccours avant de lui tircr du sang : On jcttera
dans trois /irmiiio' de vin trois viiciir d'ail
moulu, ctapres luiavoir fait boire ce vin, on le
forcera de courir ; ou bien on pilcra un srxlaiis
de se! avec dix oignons, eii y ajoutant du raicl
bouilli , et on en fcra iin on^uent qu'on lui four-
rera dans !e ventre ; apres quoi on rexcitera a
marcher vite.
VII. La vue des oiseaux de riviere, et surtout
dcs canards, peut aussi apaiscr la donleur du
ventre et dcs intestins. Kn effet, des que lcs
bcEufs qui sentcnt du mal aux intcstins voicnt
un canaid , ils sont proraptement dclivrcs de lcurs
tourments. La vue dc cet aninial gucrit encore
avec plus de succes les mulcts ct lcs clicvaux. II
arrive quclquefois que tous ces remedcs sont inu-
filcs, et que ces maux sont suivis d'une dysscntc-
rie que Ton reconnait a un flux de vrntre san-
guinolent ct glaireux. Pour y rcmedicr, il fau-
dia broyer quinze pommes de cypres, avcc !e
nicme nombre de noix de galle et parei! poids dc
fromage tres-vieux, ctjetcr !e tout dans qiiatre
sexlarii de vin dur, qu'on leur donnera en dosc'
cgale pendant quatrc jours, sans !cs Ifiisscr man-
querdecimesdc lentisque, de myrte , «td'oIivicr
sauvnge vcrt. Le flux de ventre, en leur affai-
ter qua! Iins ni'(|iie rnminal npiiiic lingcw se detorKCt.
Remeilio erunl aqua; calid:e duo i()nf;ii, el iuox tiiginta
lirassicae caules nioilice cocli el e\ aceto dali. Sed iino die
abstinendnm cst alio cibo. Qiiidaiii clausum inlia tecta
continent, ncpasci possil. Tiiin lenti.scioleastnquecaciimi-
num pondo iv, et liliram niellis una trita perniisc^nt aqua;
connio, (|iiam nocte una siib dio liabent, atipie ita laiicibiis
inlimdiint. Deindc intcrposita lioia niacerati ei\i qiialuor
libras objiciunt , alia<|ue potione proliilicnt. Hoc per tii-
uuum lieri debet , dum oninis causa languoris disciiliatur.
Nam si neglectii crudilas est, et inllalio ventris et intesti-
Doriim niajor dolor inscquitiir, qiii nec capcre cibos sinit ,
gemitus evpriniit , locuquc slaie iioii palitiir, saipe decuiii-
bere, cl agitarc caput, caiidaniqiic cieliiius agere cogit.
Manirestiini rcnicdiiim cst pro\ iiiiain cluiiihus parlcm cauda;
vinciilo VulicinccliT obsliingcie, vinique sextarium cuni
olci liciiiiici r.iiK iici3 inrundere atque ita citatuin per mille
et quingfiiliis p.issus agerc. Si dolor permanet, nngulas
circumsecaie, ct iincta manii pcr anuin inserta limuin
extrabere , rursiisque ageie cunentem. Si nec lioc profuit,
ties caprifici aridi contcrunUir, et cum dodrante aqiia; ca-
lidce danliir. Ibi ncc lia;c mcdicina piocessit , m\rli sjl-
vestris foIioiiimdii;ielibi,Ttevigantiir, lotideinque scxlarii
calidaH aqua;misti per vas ligneiim faiicilms inlunduntur.
Alqiie ita sub canda sangiiis emittitiir. Qui cmn s.itis pro-
lluxil, inliibetur papyri ligamine. Tiini concitate agitur
peciis eousqne, diim anbelet. Sunt ct ante d,'tiactioneiii
sanguinis illa rc.mcilia : Tribus lieminis vini trcsi iincise pin-
siti allii pcrmiscenlur, et post eam polionem curierc cogi-
tur. Vel salis scxtanscnm cepis deceni conteritiir, et ad-
niisto melle decocto collyria imniittuntur alvo , atque ila
citatiis bos agitur.
Yll. Vciitris quoque et intestinonim dolor scdatiir visii
nanliuin ct inaxime analis. Qiiam si conspexerit , cui in-
testinuiii ilolcl, cclcrilcr tormcnto libcratiir. Kadcin anas
niajorc priifcclii niiilos et eqiiiuum genns c.oiispciiii siio
sanat. Scd iiitci diini iiulla prodcst medicina. Scipiitiir loi-
minum \itiuiii, qiiorum signiini cst crucnla ct iniicosa
ventris pniliivics. liciiicilio siint ciipiessini qiiindecim
coni, toUdciiKpic gillii', ct iilroniiiiqiic poiideris vetuslis-
simiis caseus. Qiiibus in uniiiii liinsis ailniisccntiir ausleri
vini quatuor sextarii, qui pari niiiisina pcr qiiatridiiuiii
dispensali dantur : ncc dcsint lciilisci inyrtiipie el oleastri
cacuniina viridis. Alvus corpiis ac viics carpit , opcriqiie
318
COLUMELLE.
blissant le corps et leur abattant lesforccs, les
rind inutilisau travail. Lorsqu'ilsen sont atta-
qncs , il faut leur interdire la boisson pendant
trois jours, ct la nourriture pendaut le premier
de cestrois jours : passe ce temps, on Icnr don-
iiera dcs cinics d'olivier sauvage et de roseaux ,
ainsi que des baies de lentisqiie et dc niyrte,
elonnc leur laissera la liberte de boire qu'avec
beaucoup de discretiou. II y a des persounes qui
leur donnent une livre de feuilles de jeuue laurier
avec la memequantited'aurone sauvage, le tout
jete dans dcux scxtarii d'eau chaude, qu"on
leur verse dans la gorge, en leur prcsentant les
memes especes de fourrages que nous venons de
prescrire. D'autres grillent deux livres de marc
de raisin, et, apres les avoir broyees, en font
une potlon medicinale, qu'ils leur dounent dans
deux sextarii de vin dur, en leur interdisant
touteautre boisson, sans cesser de leur presen-
ter deseiniesdes arbresque nous venousdenom-
mei'. JMais si le flux de ventre ne devient pas moins
frequent, si les douleursdu ventre et des intestins
118 cessent point,si Tanimal refuse de manger,
qu"il ait la tete lourde, que les larmes lui tom-
bent des yeux , et que la pituite couie des narines
plussouvent que de eoutume, on lui brulera le
milieu du front jusqu'aux os, et on Ini inciscra
Icsoreilles avecun fer. Au surplus, il faut laver
avec de rurine de boeuf les blessures que le feu
lui aura faites jusqu'-a ee qu'elles soient gueries;
au lieii que les parties que le fer aura touehees se
gu^riiont plus aisement avec de la poix et de
rhuMe.
VIII. Le dcgoiit dela nourriture est aussi oc-
casionnc sonvent par desexcroissances vicieuses
de la langue, que les medecins veterinaircs ap-
pellent ranw (grenouillettes). On les coupe avec
le fer, et on frotte la plaie de sel et d'ail piles en-
inulilcm ledilil. QiiiB cnm acciilent, proliibendiis eiil bos
potionc per tiiJuum, piimoipie (iie riho abstinendus. Sed
iiiox cucnniina oleastri et ai iindinis , ileni t)acca; lenlisci et
myiti dandac; nec poteslas aqiise nisi quani paicissiine fa-
tieiula est. Sunt qui teneronim laiiii fulioium et abiotaniim
eiraticum libram, paii portione deteiant ciim aquiE calidse
duobus sextariis , alqiie ila rancihiis infiindant, eademque
pabula, ut supra ili\inins , olijii iant. Quidam vinaceoium
«luas librastorrefaciniit, et itacoiiteiimt cuin totidem sex-
tariis vini austcri, potandumque niedicamentiim picEbent,
oiilniqne alio humore pioliibent, nec minus cacumina piae-
^lictarum arbnnim nlijiriiint. Qiiod si ncqiie vcntris resti-
teritcilata pii.ln\ir^, ii;'!|iic iiilc^linnrnin ;ii' \ciiliis dolor,
«ibosque i('S|iurl , ct |ii,r^ra\.ilii i:i]iil.' ^.i'|inis, i|iianicon-
suevit, laciyma' ai) ociilis ct piluila a ii.iriiins prolliient :
usque ail ossa IVons meiiia uratur, anresqne ferro scindan-
tiir. Scd viilnera facla igne duin sanescunt, (lefricaie Imbula
urina convenit. Ac ferro rescissa nieliiis pice ct oleo cu-
rantur.
VIII. Solcnteliam fastidia ciborum afferre vitiosa incre-
nienla lingu.-ie, quas ranas veterinaiii vocant. Ha!C ferro
retiduntur, et sale cum allio pariter Irito vulnera defri-
semble par parties egales, ,jusqu'a ce que la pi-
tuite provoquee par cette friction vicnne a cou-
ler. Ensuite on lcur nettoie la gueule avec du vin ,
et aunebeurededistaneeonleur donnede rhcrbe
ou des feuilles vertes , sans changer cette nonrri-
ture, jusqu'a ce que les ulceres causes par cette
opi^ratiou soient cieatrises. Si, sans avoir de
grenouillettes ni de llux de ventre, ils ne font
voir aucun appetit, 11 sera bon de leur infuser
dans les narines de rhuile dans laquelle on aura
broye de rnil,ou de leur frotter la gorge avec
du sel ou de lasarriette, ou enfin d'oinJre la
raeme partie avcc de Tail pile et de la saumure.
Mais ces remedes ne doivent etre employes que
dans le cas oii ils n'auront qu'un simple degout,
sans aucune complication de maux.
IX. Quand uii boeuf a !a fKJvre, il convient de
rerapecher de manger respace d'un jour, de lui
tirer le lendemain, avant qu'i! ait mange, un
peu de sang sous laqucue, etde lui faire avaler
une heure apres, en forme de pate, trente
tigesde chou moyennes, cuites dansde rbuileet
du (jaruin. On continnera de lui donner cetle
nourriture peudaut cinq jours a jeun, en lui prc}-
sentnnt en outre des ciraes de lentisque ou d'o-
livier, ou de toute nutre espece de feuillages tres-
tendrcs , ou des pampres de vigne : on lui essuiera
d'ailleurs les levres avcc une eponge, ct on lui
fera boire de renu froide trois fois par jour. Ce
tiaitement doit (ilre fnita la ra-iison , eton nedoit
pas laisser sortir ranimal avant sa guerison. Les
signes de la iievre sont quand les larmes lui cou-
lent desycux, qu'il a la tete lourde, queses yeux
sont fermi^s.que lasalive lui tombe de lagueule,
que sa respiration cst plus longue qu'a Tordi-
naire, etqu'elle semble embnrrassee, ouquelque-
fois raeme accorapagnee de mugissements.
X. II est aise de chasser la toux, quaud elleest
cantiir, dnnec lacessita pituita decedit. Tum vino prolui-
tiir os , et interposito uiiius boia.- spatio virjdes berh»
vel frondes danlur, duin facta ulcera cicatrices diitant. Si
neqiie ranK fuerint, neqiie alvus citata, et niliilo minus
cibos non appetet, prodeiitalliiim pinsitum cum oleo per
nares infundere, vel sale, vel cnnila dcfricare laiices,
vel eandem partem allio tunso et balecula liniie. Sed Iiseo
si solum fastidium est.
l.K. Febiicitanti bovi convenit il slineri cibn uno die,
postero deinde exiguum sangiiinem jejiino sub cauda
emitti, atquft interposita Iiora modicoe magnitudinis coc-
los brassicae coliciilos triginta ex oleo et garo salivati
niore demitti, camque e.scam per quinque dies jejuno
dari. Prajterea caciimina lenti.sci aiit olea-, vel teneni-
mam qiiamque frondem, aut pampinos vifis objici; tuin
etiam spongia labra delergeri, et aquam frigidam ler die
pr.eberi potandam. Quiie medicina sub tecto fieri debet,
necanle saiiilatem bos cmilti. Signa febiicitantis manan-
tes lacrinia; , gravatum capiil, ociili compressi, lliiidiim
salivis os , loiigior et cum quodam impedimento Iracliis
spiritus, interdum et ciim geniitu.
X. Recens lussis optime salivalo farinse ordeacea" dis-
DK L-AGRICULTURE, LIV. VI.
riouvelle, par une pAte failc avec de la faiine
d'orn;e : quelquefois dc rberbe hachee avec tles
fevcs raoulues fera un mcilleui- effet. Oa jctte
eneore dans de Feau chaude deux spxlarii de
lentilles ecossees et moulues en farine bien fine,
pour en faire un bouillon qu'on leur fait prendre
avce unc eorne. Uue toux inveteree cede a deu.\
livres d'liysope iiifusee dans trois sexturii d'eau.
En effct, on hroie cette plante pour la leur don-
ner en forme de p3te, avcc quatre scxlarii
de lentillcs moulues en farine trcs fine, comme
je viens de dire : ensuite on leur fait prendre avec
une corne l'cau dans laquelle riiysppe a ete in-
fusee. Le jus de poireau dans de l'huile, ou la
feuille nieme de cette plante pilee avec de la fa-
rine d'orge , la gucrit encore : ses racines lavces
avec soin, et moulues avec de la fariue de fro-
ment, puis doiuiees a un hceuf k jeuii, enlevcnt
la toux la plus inveteree, aussi bicu que de Ters
ecosse et de Torge rotie, moiilus cnsemble par
parties egales, et introduits dans sa gorge en
1'orme de piite.
XL Les apostumes disparaissent plutot par
rapplication du fer que par des mcdicaments.
Lorsqu'aprcs Toperation oii aura presse la poche
qui contenait le pus, on la lavcra avec de rurine
de boeufchaude, eton la baiidcra avec dulinge
trempe dans de la poix fondueet de Thuile; ou
si rapostumc se trouvc dans uue partiedu corps
qui iie puisse etre bandce , on y fera tomber goutte
a goutte, par le moyen d'unc lame de ferrouge,
du suif de chevre ou de bu?uf. Quelques-uns ,
apres avoir briilc la partie nialade, la lavent d'a-
bord avec de vicilleurine, et la frottent ensuite
.■vvec de la poix fondue ct du vieux oing, cuits
ensemble par parties egales.
XIL Si le sang descend dans les pieds de
ranimal,il le fait hoiter. Quand cela arrivc, on
cominence par lui visiter la eorne du pied : cn
latouchant, on s'assurera s'il y a de la chalcur
dans cette partie; et d'ailleurs le bceuf ne soul'-
fre pascpie Ton comprime trop fort la parlieaf-
lligee. Si le sangn'est encore quc danslesjanibes
et au-dessus de la corne du picd , on le fait
cvaporer pardes frictions continuclles, ou bien,
lorsqu'elles n'avancentde rien, on a rccours aux
scarilications pour le faire sortir. Mais s'il est
deja descendu dans la corne du pied , on l"ait une
lcgere incision avec un couteau entre les deux
cornes; ensuite on yappliquedc lacharpie im-
bibee de vinaigre et desel, et Ton enveloppc le
pied de Tanimal avcc uue bottine degenet d'Es-
pagne ; mais surtout on rempeche de trcmper son
pied dans Teau, et lon asoinde le tenir sechc-
ment a retable. Si ron ne faisait pas sortir ce
sang, il se corromprait, ct .s'il s'etablissait une
suppuration, la guerison serait tres-longue :
pour robtcnir il faudrait d'abord couper tout le
contour de Tulcere avec le fcr, et le nettoyer
ensuitc; apres quoi on parviendrait a le guerir
en y fourrantde la charpic imbibee de vinaigrc,
dc sel et d'huile, ct cn mcttaut par-dessus du
vieux oing et du suif de bouc, bouillis ensemble
par portions egalcs. Si le sang se trouve dans
rcxtreraite inferieure de la corne du pied , on la
coupe au vif , et on le fait sortir par cette ouver-
ture; apres quoi ou enveloppe le pied de char-
pie, eton lui fait uncholtinede genctd'Kspagnc.
11 ne faut pas ouvrir la corne en deux par Tex-
trcmitc inferieure, a moinsqu'il n'y ait dcja une
suppuration etablie en cet cndroit. Si c'est unc
doulcur de nerfs qui fait boiter le bosuf, il faut
lui frotter les geiiuux, les jarrets et lcsjambes
avec de rhuile et du sel , jusqu'a parfaite gucri-
fulitiir. Tiilcnliim nia;;is piosiint f;raniiiia concisa, cl liis
admi.sla licsa liiba. Lentis qiioqiio valvulis cxcniplie, ct
ininnte niolitit;, miscentnr aquae calidie sextarii dno, fac-
taque sorbllio per coinii infiinditiir. Vetciem tussiin sa-
nant diix- liliiBe livssopi inaccrati sextai iis aquce tribus.
Kain id meilicamcntuni terilur, ct cuni lcntis minute, iit
dixi , molilic sexlariis qiiatuor moie .salivati dalur, ac
postea acpia liyssopi per eornu infiinditur. Porrienim suc-
cus oleo , vel ipsa (ilira cum ordeacea farina conti ita re-
mcdio cst. Kjusdem iadi(-es ditigenter lotae, etcum farre
Uiticeo pihvila- jcjiiiioque data; veluslissiniam tnssim dis-
cutiuiil. racil idcm pari mcnsura erviim sine valvuliscum
lomf.uto oiileo molilum, cl salivali moreiu faiices demis-
sum.
XI. Siippiiratio melius ferio rescinditur, qiiain inedi
cainenlo. Lxpressa deinde sanie .sinus ipse, (pii e.iin con-
tinehal, calida bubiila iirina eliiitiir, alque ita lliiameiitis
pice liqiiida el oleo imbiilis culli^iiUir : vel si colligari i^a
pars noii potest, lainina (.andeiiti seviim caprimim aiit
buhnluin instillatur. Qiiidani, cum vitiosam parlem inus-
senint, miiia veieie clinml, atipie ita .rquis poiideribus
incocta pice liquidacimi vclere axungialiuunt.
XII. Sanguis demissiis in pedes claudicatiiincm afiert.
Quod cuni accedit, slaliin imgula inspicitur. Tiietus auleiii
fervorcm demonstiat : nec bos vitiatain parlcm veliemeii-
lius preini patitiir. Sed si sangiiis adbuc siipra ungulas in
crurihus est, fiicatione assidiia discutitiir; vel cuni ea ni-
liil proliiit, scaiilicaliiine iliMuitur. Atsi jam in ungiilis
esl , iiiter duos iingiics ciiltillo leviter ajieries. Postea li-
namenla .sale atipie arcto imliuta applicantur, ac solea
spartea spes induilur, miiximeipic daliir opera, ne bos iii
aquam pedein niittat, ct iit sicce slahiileliir. Ilic idein
saiiguis iiisi cmissus fiieiit, fainicem creabit, qiii si siip-
piiiaverit, tarde percuriihilur : ac piimum ferio ciiciim-
cisus et expurgatus, deinde paniiis iicelo et sale el oleo
niailcntibus inciilcatis, mox aximgia vetereet .sevo bircino
paii pondeie decoctis, ad sanitatem peidiH^itiir. Si san-
giiis iii iiiferioic parte ungiihie est, extreina pars ipsiiis
uiiguis ad vivum re.secatiir, ct ita eniitlitur, ac linamentis
pes involuliis spart a mmilliir. iMediam ungulam ab infe-
riiirc parte iioii expedil aperii c , iiisi eo loco jam siippura-
(io lacta csl. Si iloiore nervorum claudical, oleo et sale
geniia poplilesque ct crma coiifricanda sunl, donec sa-
netur. Si gcnua intumuciiiil , calido aceto fovciida suiit.
COLUMELLE.
son. S'il a les genoux enfles, on les bassinera
avec du vinaigre chaud , et on niettra dessus de
la graine de lin ou du raillet broye, qu'on arro-
sera d'hydromel : il sera encore bon de lui ap-
pliquer sur les genoux des eponges trempees
dans de Teau bouiiiante et frottees de miel , en
les pressant, et de les lui envelopper avec des
bandages. S'il y a quelque humeur eachee sous
renllure, on appliquera dessus du levain ou de
la farine d'orge cuite, soit dans du vin fait avec
des raisins seches au soieil, soitdans de Phydro-
mel ; ensuite Ton attendra que l'apostume soit
mur, pour y appliquer le fcr ; et lorsqu'on en
aura fait sortir le pus , on le panscra avec de la
charpie, ainsi que nous Tavons dit plus haut.
Toule ouverture faite avec le fer peut egalement
dlre guerie (suivant Tordonnance de Cornelius
Celsus) avec de laracine de lis, ou de la scille et
du sel , ou de la renouee que les Grecs appellent
•jToXuYivov, ou du marrube blanc. Mais presque
toutes les douleurs du corps qui ne sont ni oc-
casionnecs par une blessure, ni inveterees, se
dissipent mienx par les fomentations : quand
eiles sont anciennes, on y applique le feu , et
Ton fait distiller sur la partie brulee du beurre ou
de la graisse de clievre.
Xin. La gale perd de sa malignit(5, lors-
qu'elle est frollee d'ail broye : le meme remkle
guerit les morsures des chiens enrages ou celles
des loups. Cependant cet accident se guerit
aussi bien avec de vieilles salaisons appliqiiees
sur laplaie. II y aencore unautreremedeplus ef-
ficace pour la gale : on broie ensemble de Tori-
gan et du soufre, et on lcs cuit avec deriuiile,
deTeau et du vinaigre, en y ajoutant de la lie
d'huile; apres quoi, lorsque cette composition
est eucore chaude, on la saupoudre d'alun de
plume broye. Ce medicament reussit tres-bien
lorsque Ton en frotte les boeufs <i Tardeur du
soleil. Des noix de galle broyees remedient
aux ulceres, de meme que du jus de marrube
blanc avecde la suie. II y a encore une maladie
dangereuse pour les boeufs, que les paysansap-
pellent coriago : cette raaladie consiste en ce que
leur peau tient si fort a leurdos, qu'en laprenant
avec la main , on ne peut pas la separer des eo-
tes. Cet accident ne leur arrive jamais que lors-
qu'ils sont tombes dans la maigreur a la suite
de quelque maladie, ou que le froid a suec6de
ehez eux a la sueur excitee par le travail , ou en-
fin lorsqu'ils ont ete mouilles par la pluie dans
le temps qu'ils etaient charges. Comme il n'y a
rien de plus dangereux que cette maladie, il
faut avoir soin, pour la prevenir, de verser du
vin sur lesboeufs lorsqu'ils sont revenus de Tou-
vrage, et qu'ilssontencore eehauffeset haletants,
et de leur jeter dans la gorge' des boulettes de
graisse. Mais si cette maladic les tient deja, il
sera bon de faire bouillir du laurier dans de Teau,
de leur bassiner le dos avec cette decoctiou
quand elle sera chaude , de le prcsser aussitoten
versant dessus une graude quantite d'huile et
de vin , et de le raanier partout, en tirant la peau
a soi. Cette operation se fait tresbien a Tair et a
Tardeur du soleil. II y a des personnes qui mNent
ensemble du marc d'oiives, du vin et de la
graisse, et qui se servent de ce medicament
apres les fomeutations que nous venons de pres-
crire.
XIV. Cest encore une maladie tres-grave que
rulceration des poumons : elle produit la toux, la
maigreur, et fmit pardegenereren phthisie. Pour
eviler que la raort ne s'ensuive, on leur intro-
duit dans roreille , apres Tavoir pereee de la ma-
niere que nous avons enseignee plus haut, de la
racine de pommelee ; apres quoi on mele la va-
et lini scmen aul milium detritum conspersumque aqua
inulsa im|ioncnilum ■ siiongia quoque ferventi aqua im-
liuta ctcNprcssa litaque melle lecte Rcnibus applicatur, ac
fasciis circuiniiatiir. Quod si tumori subest aliquis humor,
fermcnlum vcl laiina ordeacea ex passo aut aqua mulsa
decocla imponitnr : et cmn maluruerit f.uppuralio , rescin-
dilur ferro, eaquoemissa, ut supra docuimus, linamen-
tis curatur. Possunt etiam, ut Cornelnis Celsuspiaecipit,
lilii radix aut scilla cum sale , vcl sanguinalis herba , quam
■noTiufovov Gra'ci appellant,vcl marrubium ferro reclusa
sanaie. Fere autem omnis dolor corporis, si .sine vulnere
est.recens melius fomentis discutitur; vetus uritnr, et
siipra ustum butyrum vel caprina instillatur adeps.
XIII. Scabies extenuatur trito allio defricta; eodemque
remedio curatur rabiosae canis vel lupi morsus , qui tamen
et ipse imposito vulneri vetere salsamento aeque bene sa-
natur. Et ad scabiem praesentior alia medicina est. Cunila
biibula, et sulpliur conteruntur, admistaque amiirca cum
oleo atque aceto incoquunlur; deinde tepefactis scissnm
almuen tritum spaigitur. Id medicamentum candente sole
iUitum maxime prodest. Ulceribus gallae fiila> remedio
sunt; nec minus succus marmbii cum fiiligine. Est et in-
fcsta pestis bubulo pecori, coiiagincm riistici appellant,
cuin pellis ita tergori adha^rct, ut apprcbensa manibns
deduci a costis non possit. Ea res non alilcr accidil , ipiam
si bos autex languore aliquo ad maciein |icnlucliis est;
aut sudans in opere faciendo refrixil, aut si sub onere
pluvia madefactiis est. Qu» quoniam perniciosa sunt,
custodicndum est, ut cum abopere boves redierint adhiic
a^stuantes anhelantesque, vino aspergantur, et offic adi-
pis faucibus eorum inserantur. Quod si pr^-edictum vitiuin
inhacserit , pioderit decoquerc laurum , et ea calda fovere
terga, multoquc oleo et vino confestim subigere, ac per
omncs partes apprehendcre et attraherc pellem. Idqiie
oplime lit sub dio , sole fervenle. Quidam frace^ vino et
adipi commiscent, eoque medicamento post fomenta pra:-
dicla utuntur.
XIV. Est ctiam illa gravis pcinicics, cum pulmones
exulceiantur. Inde tussis et mac.ies , et ad ultimum phthi-
sis invadit. Qua; ne mortem afferant , radix consiliginis
ita,Ht supia docuimus, peiforatx- auricula; inseritur,
tum poni succiis instar heminae pari olei mensura; mls-
DE LAGRICULTORE , LIV. VI.
3?!
leur d'une /lemina de jus de poiieauavec pareille
mesure d'huile, et on leur donne cette potion
pendant plusieurs jours avec un sextrinu.^ dc
vin. Quelquefois le boeuf , a cause d'une enilure
qui se trouve dans sotl palais, refuse la nourri-
ture, jette de frequents soupirs, ct semble indecis
sur le c6te par lequel il tombera. II fautalors lui
deehirer le palais avec le fer pour en faire ruisse-
ler le sang, et ne lui donner jusqua sa guerison
que de Ters ecosseet detrempe, du fcuillage vert,
ou de tout autre fourrage mollet. S'il a eu le cou
meurtri dans le travail , le remede le plas eflicace
sera de lui tirer du sang de roreille; ou si on ne
Va pas fait a temps, d'y appliquer de Therbe
qu'on appelle avia, broyee avcc du scl. S'il a eu
la nuque ebranlee, et que cetto partie se soit de-
jetee , on e.xaminera de quel cote le cou peiKhera,
et on luitirera dn sangde roreilleopposee; mais
il faut auparavant battre k coups de sarments la
veine decette oreille qui paraitra la plussaillante;
ensuite, lorsque les coups Tauront fait gontler,
on rouvriraavec un petitcouteau : le lendemain,
on lui tirera encore du sang du meme endroit,
et on le dispensera de travailler pendant deux
jours- Le troisierae jonr, on iui donnera une t&-
che legere , et peu a peii on ramenera a satache
ordinaire. Mais si la nuque, sans etre dejetee
d'aucun cote, est enflee dans le niilieu, on lui
tireradu sangdesdeux oreilles. Si on negligeait
de lui en tirer sous les deux jours qui suivront
cet accident , le cou s'enllerait , les nerfs se ten-
draient , et il se formerait une durete qui Tem-
pecherait de souffrir le joug. Nous avons de-
couvert un remede excellent pour cette maladie,
qui est contpose de poix fondue, de moelle de
bocuf , dc suif de bouc et de vieille huile , le tout
cuit ensemble a doses egales. Voici comment ou
se servirade cette compnsition : Lorsqu'on nura
dctele le boeufnpres son truvail, on baignera la
tumeur de sa nuque dans l'al)reuvoir ou il ira
boire; et avant qu'elle soit cnti6remcnt s^chee,
on la frottera et on roindra avec ce medicament.
Si ranimal refusc absolument lejoug acause de
cette tumeur, il fant le laisser rcposer pendant
quelques jours sans lc mettre au travail , apres
quoi on lui frottera le cou avec de Teau froide,
et on Toindra avec de recume d'argent. Celsus
se contenfe d'ordonner de mettre sur lecou,
quand il est enfle , de rherbe que Ton appelle
civia broyee , conime je Tai dit ci-dessus. Les
cloiis qni infectcnt souvent le eou du boeuf sont
moins difficilesa guerir : car il est aise de faire
couler dcssus goutte a goutte de rhuile d'une
lampe allumce ; il sera cependantmieux d'empe-
cher que ces clous ne se forment, ou que le cou
des bccufs ne devienne chauve, ce qui n'arrive
jamais que lorsquils lont eu mouille pendant le
travail , soit par la sueur, soit par la pluie. Mais
lorsqueeet accident seraarrive, on leursaupou-
drera le cou de limaille de tuile a\'ant de les
deteler; ensuite, lorsque leur cou sera sec, on
le mouillera de temps en temps avec de rhuile.
XV. Si le soc de la charrue a blesse un bocuf
au talon ou a la corne du pied, faitcs fondre
sur la blessure, par le moyen d'un ferchaud, de
lapoixdureet de la graisse de porc, envelop-
pees dans de la lainc cncore grasse avec du
soufre. Le racme remede est encore excellcnt a
employer lorsq«"uu bceuf aura raarche par ha-
sard sur un chicot d'arbre, pourvu que roi»
commcnce par retirer reclat qui lui sera entr6
dans lepied, ou Iorsqu'il aura donnedelaeorne
du pied contre une tuile aigue , ou contre une
pierre. Si cependant la blessure est profonde ,
rctiir, et ciiin vini sextarlo polamlns daliir dii'biis romphi-
ribus. Inlerdum et tumor palati cibos respnit, crebrum-
que suspiiium faclt, et hanc speciem pr;Fbet, ut bns in
latus pendere videatnr. Ferro palalum opiis est sauciare ,
ut sanguis prothiat, et exemptum valvnliservuni macera-
lum, viridemque frondem, vet arnid molle pabulum,
dum sanelur praelrere. Si in opere coHum conluderit, prae-
sentissimum est remedium sanguis de aure emi.ssus : aut
si id lactnm non eril , herba, quse vocatur avia , cum sale
trita et imposita. Si cervix mola et dejerta est, conside-
rabimus quam in partem decliiiet, el e\ diveisa auricula
saiiHuiiiem detrahemus. Ea porro vena, qiKT in aure vi-
detiir esse araplissima , sarinento prius verberatur. Dein-
de cnm ad iclum intumuit, cultello solvitur; et postero
die iterum ex eodem loco sanguis emitlitur, ac biduo ab
operedatur vacatio. Terlio deinde die levis injiingitiir la-
bor, et paulatim ad justa perducitur. Quod si cervix in
neutram pai tem dejecta esf, mediaque intumnit , ey utra-
que auricula sanjiuis emittitur. Qui cum intra triihiiim,
cum bos vitium cepit , emissus non esl, intume.scit col-
liim, nervique tenduntur, et indc nata durities ju;;uin
ii'in patitur. Tali vitio comperimiis aureiim esse mrdi-
camentnrti e\ pire liqiiiila et biibiila mediilla et hfrcino
sevo et vetere oleo aeqiiis ponderilius compositum atque
incocfum. Hac compositione sic uteudum est. Cum disjun-
gitur ab opere, iii ea piscina, ex qila bibit, turtioi^cervi-
cis aqiia madefactus sUbi^itur, pr.nsdicloque medicanientn
defiicatur ct illinitur. Sf ex toto propter cervicis tuinorem
jugum recusel, paucl!> diebus requies abopere danda est.
fum cervix aqua fiigida defricanda, et spuma argenti
illinenda est. Celsus quidem tumenti cervici herbam , quae
vocatur .Avia , ut supra dixi, conliindi ct imponi jubet.
Clavorum,qui leic cervicem infcstant, minor molestia
est : nam facile nleo per ardenteni luccrnam instillato cu-
rantur. Potior taineii ratio cst ciistodiendi , ne nascantiir,
neve colla calvescant, qiiae non aliter glabra fiuiit, nisi
cum sudorc aut pluvia ccrvix in opere madcfacta est. Ita-
qiic cum id accidit, lateritio Iritn prius, quam disjungan-
tur, colla conspergi (iportet : deimle cum jd siccura crit,
subinde oleo imbiii.
XV. Si falum aut ungiilam vomer toserit, picem du-
ram et axiingiam cum sulfure et lana siiccida involiifam
candente ferrosupra vulnus inurito. Qiiod idem remedium
oplimc facit excmpta stirpe, si forle surciiluin calcaverit.
COLUMELLE.
on la ceriie a queltiue distanee avec le fer ; apres
quoion y applique le feu, conimeje Tai prescrit
cidessus. Ensuiteon la pansependanl troisjours
eu y versant du vinaigre , et en chaussant le
pied de Tanimal d'unebottine de peuet d'Espa-
gne. Si le soc de la charrue lui a de meme blesse
la jambe , on raet sur la plaie de la laitue de mer,
que les Grecs appelleut TiOujjiaXov, avec du sel.
Lorsque les boeufs ont les pieds nses par-dessous,
on les lave dans de Turine de boeuf que Toa a
soin de faire chauffer, ensuite on allume une
polgnee de sarments ; et lorsque le feu eu est
eteint, et qu'il ne reste plus que de la cendre
chaude, on lcs force de marcher dessus, et on
leur frotte la corne du pied avee de la poix fon-
due etderhuile,ou de la graisse deporc. (Jepen-
dant les bceufs seront moins exposes a boiter, si ,
npres les avoir deteles au sortir du travail , on
leur lave les pieds dans une grande quantite
d'eau froide , et qu'on leur frotte avcc du vieux
oing les paturons, la couronne, et la separation
meme qui est entre les deux cornes du pied.
XVL II avrive encore souvent au boeuf de se
debolter Tepaule, soit par la fatigue que lui
aura oecasionnee uu trop long travail, soitpour
avoir fait de violents efforts en fendant un ter-
rain trop dur, ou en rencontrant une raciue sur
sou passage. II faut alors lui tirer du sang des
jambes de devant, savoir, de la gauehe s'il s'est
blesse Tepaule droite,et de la droite s'il s'est
blesse Tepaule gauche, ou meme s'il s'est gric-
vement blesse les deux epaules ; il faut de plus lui
ouvrir les veines des jarabes de derriere. Lors-
qu'il a les cornes brisees , on les euveloppe de
linges trempes dans de rhuile, du vinaigre et du
sel , dont on les imbi!)e pendant trois jours cou-
secutifs sans les developper ; le quatrieme jour.
on y met de la graisse de porc avec de la poix
fondue en parties egales , et de l'ecorce de pin
puiverisee ; et enfin lorsqu'elles commencent k
se cicatriser, on les saupoudre de suie. Les ul-
ceres negliges engendrent aussi souvent des
vers : il suffitde vcrser le niatiu de Teau froide
sur ces vers, nfin que la fraicheur de cette eau
les resserre et les fasse mourir. Si on ne peut
pas les faire perir par ce moycn , on y applique
du marrube blanc, ou du poireau broye avee
du sel ; c'est un poison qui les tue tres-prompte-
ment. Mais des que les utceres sont nettoyes, il
faut tout de suite y mettre de la charpie avec de
la poix, de Thuile el du vieux oing, ct frotter
meme de ce medicament les parties circonvoisi-
nes, de peur quelles ne soient tourmentees par
les mouches, qui engendrent des vers pour peu
qu'elles se posent sur les ulceres.
XVIL La morsure d'un serpent est aussi mor-
telle aux boeufs, de nieme que le venin empoi-
sonne d'animaux plus petits, puisqu'il arrive
souvent, lorsqu'un boeuf est couchc imprudera-
ment au milieu des piiturages sur des viperes et
sur des orvets, que ces animaux , fatigues de s*
masse, lemordent. La musaraigne elle-memeque '
les Grecs appellent [xuYaX/;, quoiqu'elle ne soit
armee que depctites dents, ne laisse pas que de
leur donner une maladie dangereuse. On dissipe
le venin de la vipere en scariliant avec le fer la
partle qui en est imprcgnee , et en mettant sur la
partie scarifiee de rhcrbe que Ton appelle perso-
nata (de la bardane ) pilce avec du sel. Sa raeiue
broyee est encore plus utile, ainsi que le seseli
de montagne. Letrefle que Ton trouve dans les
lieux pierreux passe pour tres-efficace. II a To-
deurforte, etassez semblablea celle du bitume,
ce qui fait que les Grecs rappellent liscpaXTiov ;
aiit aciita testa vel lapide ungulam peituderit; qurc tamen
si allius vulnerata est,lalius ferro circumciditur, el ita
iiiuritur, ut supra piaecepi : deinde spartea calceata per
triduum sulfuso aceto curatur. Itein si vomer crus sau.
ciarit, maiina lactiica, quam Giseci Tt6ij|iaXov vocant,
admisto sale imponitur. Siibtriti pedes eluunlur calefacta
bubula uriiia : deinde fasce sainientorum incenso.cum
jam ignis in favillam recidit, ferveiitibus cineribiis cogi-
lur insistere , ac pice liquida ciim oleo vel axungia cornua
cjus bnuntur. Minus lanien chiudieabunt arraenta, si ope-
re disjunctis multa frigida laventur pedes; et deiiide suf-
fragiues, corona;, ac discrimen ipsura, quo divisa est
bovis ungula , vetere axungia defiicentur.
XVI. Sa^pe etiam vel gravitate lougi laboris, vel [cum]
in proscindendo , aut duriori solo, aul obviai radici ob-
luctatus, convellit armos. Quod cuni accidit, e prioribus
cruribus sangiiis mittendus est : si dexlrum armiim la^sil ,
in siuistro; si la?vuni, in dextio; si velieinenlius utruii»-
qiie vitiavit, item in posterioribus eruiibus vena; solven-
tur. Praefiactis cornibus linteula sale alque aceto el oleo
imbuta superponuntur, ligatisqiie per triduum eadem in-
fuudimtur. Quarto demum aMingia paii poiidere cum
pice liquida, et cortice pineo, levigata imponitiir. Et
ad ultimum cum jam cicalriceni ducunt, fuligo infrica-
tur. Solent etiam neglecta ulceia scatere verminibus : qui
si mane perfunduntiir aqua fiigida, rigore contracti deci-
dunt. Vel si liacralione non possunt eximi, marrubium
ant porrum conterilur, el admisto sale imponitur. Idce-
lerrime necat pra'dicta animalia. Sed expurgatis ujceribus
contestim adliibenda simt linamenta cum pice et oleo ve-
teieque axungia, et extia vuloera eodem medicamento
circiimlinienda ; ne infesteiitur a muscis , quse ubi ulceribus
insederiint , vernies cieanf .
XVII. Est etiain morlifeius serpentis ictus, est el mi-
nornm animaliuin noxium virus. Nani etvipera etctcilia
sa-pe ciim in pascuo bos improvide supercubuit, lacessita
oneie morsum impiimit. Mu.sque araneus , quem Graeci
^M-^aXrfi appellanl, qiiamvisexiguisdentibus non exiguaui
pestein molitur. Veiiena viperae depellit super scaiillca.
lionem ferro factain lierha, quam vocaut personatam,
tiita et cuin sale imposila. Plus etiam ejusdem radix coii-
tusa piodest, vel si inonlanum trifolium inveiiilur, quoil
confiagosis locis efficacissimiim nascitur, odoris giavis,
neque absimilis bilumini, et idcirco Graeci eam iuyciXTiov
OK LAGRICULTURi:, LIV. VI.
32S
mais les liabilanls de uotrc pajs lui doniicnt
le nom de tretle aigu a eause de sa ligure, parce
qu'il a les fcuilles longues et hcrissees ; mais
sa tige est plus robuste quc celle du trelle des
pres. On mcle du jus de cette herbe avec du
vin, et on en verse dans la gorge des boeufs :
on [ ile aussi ses feuilles avec du sel , et on
les etcndsurla partie scarifice en tbrme d'em-
platreemollient. Si Ton cst dans un temps de
lannee ou Ton ue puisse pas trouver de eette
herbe qui soit verte, on leur donne a boire
du \in dans lequel on aura fait infuser de la
graine de cette nieme herbe puiverisee, et on
en niet sur la partie scarifiee les racines broyees
avec la ti^'e , ct melees de farine et de sel delayes
dans de I hydromel. II y a encore iin remede
efficace, qui consiste a broyer cinq livres de ci-
mcs tendrcs de frene avec cinq scxtarii de vin
et deux d'huile, et a leur verser daus la gorge
le jus que Ton en aura e.xprira^, en mettant en
raeme temps sur la partie blessee des cimes de
cet arbre broyees avec du sel. La morsure de
Torvet oceasionne une tumeur et une suppura-
tion, de memeque celle de la musaraigne; mais
on guerit la premiere avcc le secours d'une alcnc
de cuivre dont on pique la pnrtie blessee, apres
quoi on reuduit d'argile de cimolos deiayee dans
du vinaigre; au lieu que la musaraigne paye de
son corps merae le mal qu'elle a fait. En effet on
la fait mourir cn la noyant dans de riiuile, et
lorsqu'elle est maceree,on lapile, et Ton s'en
sert comme d'nn medieament pour oindre la
partie qu'elle a mordue; si Ton n'en a point
sous sa main au moment que la tumeur annonce
que le bceuf a ete mordu, on broie du cumin, au-
quel on ajoute un peu de poix fondue et de
graissedeporc,afin de lui donner la consistance
n(5cessaire pour en fairc un cmpl^tre, que Ton
elend sur la plaie ct qui en chasse tout le veuin.
Si la turaeur, avant de .se dissoudre, se tourne
en suppuration, il est tres-bon de Touvrir avec
une larae de ferrouge, dans le temps que la sup-
puration s'etablit, et dn bruler tout ce qu'il y
aurade corrompu, cn lefrottautensuiteavecde la
poix fondue et de rhuile.Ouestaus.sidansl'usage
d'cnsevelir ranimal tout vivant dans de la terre a
potier; etlorsquc cette terreest sechee, on la sus-
pend au cou des boeufs. Ce traitement empOche que
la morsure de la musaraigne ne leur cause aucun
domraage. On guerit comrauneraent les mala-
dies des yeux avec du miel , puisque s'ils snnt
enfles, on raetdessus de rhydromel, dans lequel
on aura jete de la farine de froment : si Ton y
apercoit une taie, on la fera presque entiere-
ment disparaitre avec du sel de montagne, du
sel d'Espagne ou du sel ammoniac, ou merae
avec du sel de Cappadoee broye bien menu, et
mele avec du miel. Un os de seche broye, dont
on soufflcra trois fois par jour dans Tceil avec un
tuyau , fera le meme effet, ainsi que la racine
que les Grecs appcllent ciXii-jv, et que le vul-
gaire nomme dans notre langue lascrpitium
( laser). On en broie egaleraent tant et si peu qne
Ton veut, en y ajoutant dix fois autant de scl
ammoniac , et on en souffiede meme dans rceil ;
ou bien on ecrase cette raeine, et on Tappliqiie
sur rreil apres Tavoir trerapce dans de riniile
de lentisque, et elle cliasse cette raaladie On
guerira les lluxions cn metlant sur lcs sourcils et
sur les joues du gruau, sur lequel on aura verse
de rhydromel. La graine de panais sauvage, ainsi
quc lejusde cram , applique sur les yeux aves
du raiel , en apaisera aussi la douleur. Mais tou-
tes les fois qu'il entrera du miel ou d'autres sucs
a{)|icllaiLt; iioslri aiiteni propler flsiiram vocaiit aciitiiiu
triloliiim : iiam loiiRis et liiisutis toliis viret, caiileinqiie
lobiisfiorern facit, quam pratense. Hujiis herbae succus
vlno niistus infunilitur faucibus, atque ipsa folia ciim
sale liita malagniatis more, scarificationi intenditur : vcl
si lianc herbani vjiideni tenipus anni nesat, semina cjus
collecta et levigala cum viiio dantur potanda , radicesquc
cum suo caule trita" , atque tioideaceae farina! et sali com-
mistae cx aqua mulsa scsrificalioni siiperponunlur. Kst
etiain praesens reniedium , si conlcras fraxiiii lenera ca-
cumlna qninque libiarum, cum lolidcm vinietduobiis
.scxtariis olei , expressumque succuin fancibns inlundas;
iteniquc cacnmina ejusdem arboris cum sale trila laesne
parti siiperponas. Ca^cilia» morsiis tuniorem , siippiiralio-
ncmqiie molitur. Idem facit ctiani niuiis aranei. Sed illiiis
sanatur no\a subula senea, si locum Ixsum compungas,
cretaque cimolia cx aceto linas. Mns pernicieni, qiiam
intulit , siio corpore luit : nani aiiimal ipsum oleo niersiini
nccatur, et ciim inipiitruit, coiiteritur, eoquc medicamine
morsus muris aranci linilnr. Vel si id non adest, tunioi-
que ostendit injuriam dentium, cuminiim contcrilur,
eique adjicilur cxignuin picis li<iuirl;c et axungia^ , iit
leutoroni nialagnuitis babeat. Id impositum perniciem
ciimmovct. Vcl si antequamtuinor discutiatur, in siippu-
rationem convertilur, optimum esl ignea laniina coiiver-
sionem rcsecare, et quicqiiid vitiosi est, inurere, atque
ita liquida pice cuni oleo liniie. Solet etiain ipsum animal
vivum crela tigulari circumdari; qiiae cum siccata est,
collo boiini snspcnditur. Ea ics iiinoxium pecus a morsu
muris aranei piabet. Oculorum vitia plerumqiie melle
sanantnr. Nani sImi intnmucrunt, aqua mulsa triticea
farina conspergitnr et iinponilur : sive albuni in oculo
est, monlanus sal Hispauus vel Ammoniacus vel eliam
Cappadocus, niinute tritiis cl ininiistus inelli vitium extc-
niiat. l-acil idcm trilxi sepi^e testa, ct per listulain tei die
ocnlo inspirata. Facit et radix, quam Gra'ci oiXpov vocant,
vulgus autcni nostra consuctudinc laserpitium appeliant.
Hiijiis quantociinqiie ponderi dcciina pars salisamniuniaci
adjiciliir, eaqiie pariter trita oculo similitcr infunduntur,
vel cadem radix contusa ct ciiin oleo lcntisci inuiicta vi-
tium expuigat. kpipboram supprimit polenta conspersa
niulsa aqua.etin supercilia genasquc imposita, pastinacse
(jiioquc agrestis semina , ct suc^tis armoracea; , cum inclle
laevigata oculorum sedant dolorem. Sed quotiescuiique.
S34
COLUMELLE.
dans les remedes qu'on emploiera, il faudra
olndre les parties circonvoisines de roeil avec de
la poixfondue et de Thuile, pour empecher qu'il
ne soit moleste par les mouches, qui ne sont pas
les seules que la douceur du miel et des autres
mMicaraentsyattirerait, puisque les abeilles y
viendraient egalement.
XVin. II arrive encore souvent qu'un boeuf
avale unesangsue cachee dans Teau qu'il boit,
ce qui lui occasionne une raaladie grave , parce
que cet insecte s'attachant a sa gorge lui suce le
sang , et que, venant a grossir, il finit par boueher
tout passage a la nourriture. Si cette sangsue est
dans un endroit assez difficile pour qu'on ne
puisse pas la retirer avee la maiu, on y inserera
un tuyau ou un roseau, a travers lequel on fera
coulerde Thuile chaude, qui feramounr cet in-
secte dfes qu'il en sera atteint. On peutaussi faire
parvenir jusque la a travers un tuyau Todeur de
la funiee de punaises brulees. En effet, des que
cette vermine est sur le feu , elle jette une fumee
qui , venant a remplir le tuyau de son odeur, fait
parvenir cette odeur jusqu'a la sangstie, ct la
chasse de TeDdroit auquel elle est adherente.
Mais si elie se trouvait collee aux parois de l'es-
toraac ou aux iutestins, on la ferait mourir en
faisant avaler au boeuf du vinaigre chaud par le
moyen d'une corne. Quoique ce soit a Tusage des
boeufs que nous ayons prescrit tous les remedes
dont nous venons de donner ledetail, il n'est
point douteux neanmoins que la plus grande par-
tiedeces remedesne puisse egalement convenir
^ tous les autres bestiaux.
XIX. Mais il faut aussi fabriquer une machine,
dans laquelle on enfermera les betes de somme
et les boeufs pour les panser, afin que lesmedecins
veterinaires puissent approcher d'eux en securite,
et que ces quadrupfedes ne puissent pas, pendant
le pansement resister aux remfedes eu se d6bat-
tant. Or, voici la forme de cette maehine. On
plancheie en bois de robreun espace de terraia
longde neuf pieds, et large de deux et demi sur
le devant et de quatre sur le derriere. On plante
sur la longueur de ce terrain quatre poteaux de
droite et de gauche, chacun de sept pieds de
haut, de faeon qu'il y en ait un de fixe a chaque
angle du terrain. Tous ces poteaux sont joints en-
fre eux eu forme de vacerrm (espece de treillis)
par six traverses, de facon que le quadrupede
puisse etre infroduit par le eote de derriere, qui
est le plus large, dans cette enceinte, corame
dans une cage dont il ne pourra pas sortir par
Tautre cote, a cause des barres qui seront vis-a-
vis pour Ten enipecher. On attache en outreun
joug aux deux pofeaux de devant, et c'est a ce
joug qu'on assujettit les betes de somme, ou
qu"on lie les bcEufs par les cornes. On peut aussi
y fabriquer des carcans dans lesquels on inst^rera
leur tete, de sorte qu'en faisant descendre des
chevillesdans destrousque Ton y aura menages ,
leur chignon soit tenu en respeef. Le reste du
corps sera bien etendu , et lie avec des cordes qui
le retiendront aux traverses , de maniere que Ta-
niraal restant immobile ne pourra pas resister k
la volonte de eelui qui le pansera. Cette machine
servira pour tous les grands quadrupedes.
XX. Comme nous avons donne assez de pre-
ceptes sur les boeufs, il est tempsque nous par-
lions des taureaux et des vaches. J'estime qu'il
faut preferer aux autres les taureaux dont les
membres sont tres-amples et les moeurs pacifi-
ques, et qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieux.
Quant au surplus, on observera a peu pres, en
les choisissant , toufes les regles que t'on observe
dans le choix des bocufs. Car un bon taureau ne
differe pas autrement de celui qui est chAtre, si
inel aliiisve succus rpmediis adhibelur, circumllniendus
erit oculus pice liquida cum oleo, ne a muscis infestetur.
Nam et ad dulcedineni mellis aliorumque medicamento-
rum non hae solae , sed et apes advolant.
XVIII. Magnani etiam perniciem sa;pe affert liirudo
hausta cum aqua. Eaadhxrens faucibus sanguinem ducit,
et incremento suo transitum cibis prajcludit. Si tam dilfi-
cili loco est, ut manu trahi non possil, fistulam vel aiun-
dinem inseiito, et ita calidum oleum infnndito : nam eo
contactum animal confestim decidit. Potest etiam pcr
fistulam deusti cimicis nidor immitti : qui ubi superponi-
tur igni, funium emittit, et conceptum nidorem fistula
usque ad hirudinem pei fert ; isque nidor depellit h^rentem.
Si tamen vel stomaclium vel intestinum teuet , calido aceto
per cornu infuso necatur. Has medicinas quamvis bubus
adhibendas pra;ceperim , posse lanien e\ liis plurima etiam
omni majori pecori conveuire nihil dubiuni est.
XIX. Sed et machina fabricanda esl, qua clausa, ju-
menta bovesque curentur, ut et tutus accessus ad pecudem
medenli sit, nec in ipsa curatioue quadrnpcs reluclando
lemedia respuat. Eslautemtalis machina'forma. Roiioreis
axihus compingitur solum , qiiod liabet in longitudinem
pedes novem, et in latitudinem pars prior dupondium
semissem, pars posterior qualuor pedes. Hiiic solo septe-
num pedum stipites recti ab utroque latere quaterni ap-
plicantur. li autem in ipsis qiiatuor angulis affivi sunt,
omnesque transversis sex lemonibus quasi vacerrae inter
se ligantur, ila ut a posteriore (larte , quse latior est , velut
in caveam quadrupes possit iiiduci, nec exire alia parte
pruhibentibus adversis axiculis. Primis autem duobus
statiiminibus imponitur firmum jugum, ad quodjumenta
capistrantur, vel boum coinua religautur. Ubi potest etiam
numella fabricari, ut insertu capile descendentibus per
foramina regulis cervix catenetur. Caiterum corpus la-
queatum et distenlum temonibas obligalur, iinmotumque
medentis arbitiio est expositum. Hiiec ipsa niachina com-
munis eiit omnium majorum quadrupedimi.
XX. Qiioniam de bubus satis praecepimus, opportune
de tauris vaccisque dicemus. Taiiros maxiine membris
amplissimis, moribus placidis, inedia setate probandos
censeo. Caetera fere omnia eadem in his observabimus,
qux in bubus eligendis. Ncque eiiini alio distat bnnus
DE UAGRICULTURE, LIV. VI.
ce n'est qu'il a le regard de travers, Tair plus
vigoureux , les cornes plus courtes, le chignon
plus cliarnu, et assez gros pour quc cette partie
fasse a elle seule la p!us considerable partie de
son corps; enfin le ventre un peu serre, defaeon
qu'ctant dresse sur ses pieds, il soit plus propre
a couvrir les vaches.
XXI. On approuve aussi les vaches qui sont
d"une taille tres-haute et allongee, et qui ont le
ventre tres-grand , le front tres-large, les yeux
noirsetouverts, lescornes belles, lisseset noirA-
tres, les oreilles velues, les mcichoires serrees,
lefanon tres-long ainsi que la queue, la corne
dupiedet lesjambcs de moyenne grandeur. On
desire aussi pour le surplus a peu pres les rafimes
qualites dans les femellcs que dans les m^les,
et surtout qu'elles soient jeunes, parceque, lors-
qu'elles ont passe dix ans, elles ne sont plus pro-
pres a la generation; d'un autre c6te, il ne faut
pas les faire couvrir avant V&^c de deux ans. Si
cependant il arrive qu'elles soient pleines avant
cetdge, il faut leur enlever leur veau, et leur
presser le pis pendant trois jours , de peur qu'elles
ne tombent malades, et ensuite eesser de les
traire.
XXn. On doitaussiavoir soindefaireunchoix
toutes les annces dans ce betail, ainsi qu'on le
pratique a Tegard de toutes les autres especes de
troupeaux. Car il faut retirer du troupeau celles
qui, etant epuisees ou vieilles, ne peuvent pius
coneevoir, et encore plus cellesqui, cfantnatu-
rellement steriles, y tiennent la place d'autres
qui seraient feeondes, jl moins qu"on ne dompfe
ces dernieres pour les mettre a la charrue, parce
qu'nttendu leur sferilite, elles ne souffrent pas
moins letravail et rouvrnge que les jeunes bojufs.
Ces sortes de bestiaux aiment pendant rhiver
825
les pSturages maritimes et qui sont expostfs au
soleil; mais en efe ils preferent ceux des forefs
les plus couvertes ef des montagnes les plus ele-
vees a ceux des plaines. En effet, les jeunes va-
ches vivent plus longtemps dans des forfits plei-
nes d'hcrbages, dans des taillis et dans des lieux
plantes de glaieuls,que parfout ailleurs. Ln corne
de leurs pieds se conserve mieux dans des lieux
sccs et pleins de pierres. Elles n'aiment pas au-
tant lcs fleuves et les ruisseaux que les reservoirs
d"eau arfificiels, parce que Teau desflcuves, qui
communement cst tres-fralche, les fait avorter,
nu lieu que celle du ciel leur est plus agreable.
Cependant les vaehes souffrent plus aiscment
que les chevaux le froid du dehors;aussi pas-
sent-elles aiseraent rhiver en plein air.
XXIIl. Mais il faut leur faire des enclos d'une
vasfe etendue , dc peur qu'etant renfermees dans
un espace trop resserre, elles ue detruisent leur
fruit mutuellement, et afin que les plus faibles
puissent se derober aux coups des plus fortes.
Les meilleures etables sont celles qui sont pavees
ou couvertes de gravier, quoique celles qui sont
sablces ne soicnl pas mnuvaises , les uues parce
qu'elles n'admettent point Teau de la piuie, les
aiitres parce qu'elles s'en imbibent trop prompfe-
nient ; mais il faut que les unes et les autres soient
en pcnte pour donner de rccoulement a riiurai-
dite, et tourncps au midi, nfin de se secher faci-
lement, et de n'etre point incommodees par les
venfs froids. Les pacages de ce betail ne deman-
dent pas de grnnds soins, puisque, pour que
rherbe y leve avec plus d'nhondance , on se con-
tente ordinairement d'y mettre le feu a la fin de
rete; parce que cette methode fait repousser des
piiturages plus tendres, et que d'ailleurs, en
briilant les ronces, elle empeche les broussailles de
laurus a castralo, nisi qiioei liuic lorva facies est, vege-
tior aspectus, breviora cornua, torosior cervix , et ila
vasta , ut sil niaxima portio corporis , venter paulo sub-
strictior, qui niagis rectus ct ad ineundas teminas liabilis
sit.
XXI. Vaccae quoque probantur altissim.Te fortnse longir-
que, maximis uteris, frontibus latissimis, oculis nigris
et patentibus,cornibus venustiset levibus et nigrantibus,
pilosis auribus, compressis nialis, palcaribus et caudis
amplissimis, ungulis moilicis , et modicis ci uiibus. Caetera
quoque fere eadem in foeminis, quae et in maribus, de-
sideranlur, et pra>c.ipue ut sint novella» : quoniam, cum
excesserunt annos decem, fiplibus inutiles sunt. Rursus
roinores biniis Iniri non oportet. Si ante tamen concepe-
rint, partum earum removeri placet, ac per triduum, ne
laborent, ubera exprimi, postea mnlclra proliiberi.
XXII. Sed et curandum est omnibus annis [in boc] ae-
que atque in reliquis gresibiis pecoris , ut delectus babea-
lur. Nam el enixai el veliist.ite quse gignere desierunt,
summovendie siinl, et iiliqiie taurae, quae lociiin («■cuii-
daniin nccupaiil, ablegandai vel aratro domanda:; quo-
m.jii Inbnriset opcris iiiin iiiliiiis qiiam jinrnri, propter
uteri sterilitalem palientcs sunt. Ejusmodiarmentum ma-
ritima el apiica liiberna desiderat ; aestate opacissima ne-
moruin, ac nioiitiuni alta inagis quam plana pascua.
Nam melius iicinoribus herliidis et Irutetis et carectis...
quouiain siccis ac lapidosis locis durantur ungiil.-c. Nec
tam (luvios livosque desiderat, quain lacus manu fac-
tos; quoniam et lluvialis aqiia, qua; fere frigidior est, par-
tum abigit , et CTleslis jucundior est. Omnis lainen externi
frigoris tolerantior equino armento vacca est, ideoque fa-
cile siib dio bibernal.
XXIII. Sed laxo spatio consepla facienda sunt, ne in
angustiis conceptum altera alterius elidat , et ut invalida
forlioris ictiis eflugiat. Stabula sunt optima saxo aut gla-
rea strata, non incomninda tamen etiam sabnlosa. Illa,
quod inibres le.spuant; hacc, quod celeriter exsorbeant,
transmittantque. Sed utraque devexa sint, ul liumoiem
efliind.inl ; spectentque ad meridiem , ut facile siccentur,
et frigidis ventis nonsintobnoxia. Levis aiitem rura pasciii
esl. Nani iit I.Ttior lierha con.surgat, fere ultimo tempor»
aslalis incenditur. Earcs et leneriora pabula recieat, et
senlibus iislis (riilicem snrrecturiim in allitiidinem compes-
cit Ipsis veio rorporibiis afferl saliibrilalem juxlacnnsep.
COLUMliLLK.
monter trop haut, eomrae elles le feraient sans
cette precaution. Mais une chose qui contribue
beaucoup a ia sante de leur corps, c'est de niet-
tre du sel aupres de leur enclos sur des pierres
ct dans des auges, dont elles s'approchent vo-
lontiers lorsqu'elles sont rassasiecs de piiture,
et que Ton sonne, pour ainsi dire, la retraite
avec le signal usite parmi les putres. Car il faut
toujours avoirsoin d'aceoutumer cellesqui pour-
raient etre restees dans les forets, a regagner
leur enclos vers rentree de la nuit, au son du cor.
De cette maniere on pourra faire la revue du
troupeau et le compter, pour sassurer, ainsi
qu'on le pratique daus ladiscipline militaire, si
toutes les betes sont dans l'etable. On n'exerce
pas neanmoins le merae empire sur les taureaux,
qui,se fiant sur leurs propres forces, errent a
leur gre dans les forets, et auxquels on laisse
la liberte d'aller et de revenir corarae bon leur
semble, sans les rappeler jamais, si ce n'est
quand il s'agit de leur faire couvrir les vaehes.
XXIV. On ne fait point saillir les taureaux qui
ont moins de quatre ans, non plus que ceux qui
cn ont plus de douze : ceux-la parce qu"etant,
pourainsi dire, dans Teufance, ils sont regardes
comme peu propres a peupler le troupeau ; ceux-
ci parce qu'ils sout epuiscs par la \ieillesse. On
permet ordinaireraent aux males d'approcher des
femellesau mois de juillet, afin que celles-ci etant
rcmplies en ce temps-la, velent au printemps
siiivant, lorsque les paturages serontdeja dans
leur force, puisque leur portee est de dix mois.
Elles ne souffrent pas Tapproche du m;ile qui
leur aura ete imposepar un maitre, raais elles le
recherchent d'elles-memes : or c"est a peu pres
au temps que je viens de fixer que se rapportent
chez elles les desirs naturels, parce qu'etant
egayees par rabondance des p^turages que leur
a fournis le printeraps, elles coraraeucent alors
a devenir laseives. Si la femelle refuse le mSle,
ou que le taureau n'eprouve pas de desirs pour
elle,on excite leur ardeur de la meme maniere
qu"on excite celle des chevaux qui temoignent
du dcgoiit pour les cavales, c"est a-dire, en por-
tant a leurs nariues Todeur des parties genitales.
Mais on a soin aussi de dirainuer la nourriture
des feraelles vers le temps oii elles doivent etre
couvertes, de peur que le trop grand erabonpoint
ne les rende steriles, comme on a soin au con-
traire d'augmenter la ration des taureaux , afin
qu'ils montrent plus de vigueur dans Tacte. Un
niale suffit a quinze vaehes ; et lorsqu'il a sailli une
g6nisse, on peut reconnaitre a certains signes de
quel sexe sera le produit qui en resultera. Nons
disons qu'il a engendre un mSle, s'il s'est retire
par le cote droit au sortir de raccouplement, et
une feraelle, s'il s'est retire par le c6te gauche;
quoiqu'on ne puisse compter sur rinfaillibilite de
ces signes que dans le cas oii la vache , etant
remplie au premier acte de cop\ilation , ne se
laissera plus approcher ensuite par letaureau;
ce qui arrive rarement, parce que quelque pleine
quellesoit, elle n'est pas encore rassasiee de
plaisir : tant il est vrai que les attraits flatteurs
de la volupte etendent coraraunement leur empire
sur les bestiaux eux-raemes, au dela des termes
prescrits par la nature. II n'est point douteux
que, dans les paysou les pSturages sontabondants,
on ne puisse elever chaque annee un veau de la
merae vache, au lieu que, dans ceux ou il en
mauque, on ne doit faire couvrir les vaches que
de deux annees Tune; ce qu'il faut surtout ob-
server a Tegard de celles qui sont employees a
travailler, tant afiu que lcs veaux puissent se
rassasierde lait pendant une annee entiere,qu'afm
que la vaehe, etant pleine, ne se trouve pas sur-
ehargeedans le merae temps par le poids de Tou-
vrage et cclui de sou vesitre. Lorsqu'uue vache
tiim saxis et canalibus sal superjectus , ail quem saturBe
pabulo libenter recHiiunl, cum paslorali signo quasi le-
ceptui canitur. Nam id quoque semper cie|)uscnlo fieri
debet, ut ad sonum buccin» pecus, si quod in silvis sub-
stilerit, sepla rcpetere consuescat Sic enini recopnosci
grox poterit, numerusque conslare si vcUit o\ niililari
disciplina intra stabulorum castra nianseriiit. Seil non
eadem in lauros exerccntur impcria, qui freti viiibus per
nemora vagantur, liberosque egressus et leditus liabent,
nec revocantur nisi ad coitus foeininarum.
XXIV. Ex his , qui qnadr imis minores sunt , niajoresquc
quam duodecim annorum , prohibentur admissura -. illi,
quoniam quasi puerili aelale seminandis armentis parum
idonei halientur; hi, quia senio suut effteti. Mense lulio
foMniiia; maribus plei umque permittenda> , ut eo tempore
conceptos proximo vere adultis jam pabulis edaut. Nam
decem mensibus ventrem perferunt , neque ex imperio
inagistri, sed sua sponte marem paliuntur. Atque in id
fcic quod di\i tempus, naturalia congruuul desideria,
ipimiiam satictale verni pabuli pecudes exliilarat.-c lasci-
viuut in venerem, qiiam si aiit foemina recusat, aut non
appetit taurus, eadem ratione, qua fastidientibus eqnis
mox pra'cipiemus , elicitiir cupiditas odoie genitalium
admoto naribus. Sed et pabulum circa tempus admissurae
suhtrahitur fijeminis, ne eas sterilesreddat nimia corporis
oljesitas; et tauris adjicitur, quo fortius ineanl. Unumque
marem quindecini vaccis suflicere abunde est. Qui ubi
juvencam supervenit, ceiiis signis conipreliendere licet ,
quem sexum generaverit : quoniam si parte dexlra desi -
lnit, marem seininasse manifestum est ; si laeva, foeminam.
Id taiiien verum esse non aWter apparet, quam si post
iinum coitum forda non admittit taurum : qnod et ipsum
raioaccidit, Namquamvisplenafoetunonexpletur libidine:
adeo ultra natura" lerminos etiam in pecudibus plurimiim
pollent blanda; voluptatis illecebrae. Sed^ non dubiuin
est, ubi pabuli sit Isetitia, posse omnibus annis partuin
educari; at ubi penniia est, alternis submitti : qiiod
maxime in operariis vaccis fieri placet , ut et vitiili aiinui
tempoiis spalio lacte satientur, nec lorda simul opcris et
uteri gravetur onere. Qu» ciim partum cdidit , iiisi cibis
DE L'AGRICULTURE, LIV. VL
a mis bas, quelque bonue uourriee quelle soit,
elle laissera manqiier son veau daliments, si on
ne la soutient pas par une nourriture abondante,
\u la fatigue que lui oceasionncra son etat de
souffrance. Cest pourquoi on lui donnera, apres
qu"elle aura vele, du cytise vert, de rorije grillee
et ile Ters detrerape, ou bieu uue pate faite avec
des herbes potageres tendres, auxquelles on ajou-
t.ra de la farine de millet grillee, et infus(Se pen-
(iant une nuit dans du lait. Ou prefere aux autres
vaches, pour ce qui concerne la nourritnre de
leurs veaux, celles des Alpes, queles habitauts
de ces contrces appellent Ccvce : elles sont de
petite taille et abondantes en lait, raison pour
laquelle on leur retire leurs veaux, pour leur
faire nourrir de tres-bon betail qu'elles n'ont
point porte. Si Ton n"a pas cette ressource pour
|a nourriture des veaux, on les nourrira de feves
broyees : on peut aussi tres-bien leur donner du
vin, et on doit meme ie faire particulierement
dans les troupeaux nombreux.
XXV. Les veaux sont souvent incommodcs
des vers, qui se forment communement a la suite
d'une indigestion. Cest pourquoi il faut les regler
dans leurs repas, afin qu'iis digerent bien ; ou
s'ils sontdeja attaques de cette maladie, on broie
des lupins a demi-crus, comme pour un sa/ivu-
ttim, et on en fait des boulettes qu'on leur fourre
dans la gorge. On peut aussi broyer de la santo-
iine avec une flgue seche et de Ters , comme pour
un salivatum; et apres en avoir fait des bouiet-
tes,on les leur fait avaler. Un quart de graisse de
porc, mele avee trois quarts d'hysope, fait le
meme effet. Le jus du marrube blanc et le poi-
reau peuveut causer egaleraent la mort a ccs
iuseetes.
XXVL Magon est d'avis que i'on doit clia-
trer les veaux quand ils sont encore jeunes, et
qu'il ne faut pas iaire alors cette opcration aveo
ie fer, mais qu'il faut comprimer leurs testicules
avec uu morceau de ferule fendu, et lcs ecraser
ainsi peu a peu ; parce qu'il pense que la castra-
tion ainsi faite a ranimal dans un age tendre et
sansplaiecst la meilleure de toutes. Maissi Ton
veut attendre qu"il ait pris des forces pour la
faire, il vaudra mieux le chatrer a Tage de deux
ans que dans sa premiere annee. II ordonne en-
core dc faire cette operation au printcraps ou
pcndant rautorane, quand la lune est dans son
decliu. Lorsqu'on doit employer le fcr, il vcut quc
Ton comraence par attacher le veau a la machine
que nous avons decrite plus haut; ensuite qu"a-
vant d'approeher le fer, on saisisseavec deux lat-
tes de bois ctroitcs, qui servent conime de tenail-
les, les nerfs des testicules, que lcs Crecs appel-
lent /pEaxcTTv-paq (/pcaaw suspendre), parce que les
parties genitales y sont suspendues ; qu"apres les
avoir saisis , on ouvre sur-le-ehamp {'euveloppe
des testicules avec le fer, et qu'ap!es les avoir
corapriraes pour les faire sortir de cctte enve-
loppe, on les coupe de facon qu'on en laisse Tex-
tremite par laquelle ils tiennent a ces nerfs.
En suivantcette mcthode, le bouvillon n"a point
de danger a courir par reruption du sang : outre
qu'il u'est point si effemine qu'il le serait si
on le privait de toute masculiuite, quoiqu'en
conscrvantrapparencedusexemasculin, ilperdo
reellement la puissance d'engendrer. Ce n'est
pas neanraoins qu"il la perde des le premierins-
tant, puisque si on lui laisse couvrir une feraelle
aussit6t apres ce traitement, 11 est certaiu qu'il
en pourra resulter un produit ; raais c'est un essai
qu'il ne faut pas lui laisser faire , de peurqu'il
ne perisse d"un flux de sang. An surplus, il faut
oindre la plaie avec de la ceudre de sarment et
de recurae d"argeut, empecher ranimal deboire
liilta cst, quamvis bona uutilx, lalmie tatl^ala nato sub-
tialiit alimeiituni. Itaqne et kclBe cytisus viiiJis ct torie-
iactiim ordeum , maceratiinique crviim pra-bctur, et teiier
vitulus torrido molitoque milio, ct peiniixto cum lacte
salivatur. Melius ctiani in lius usus Altiux vaccs paraii-
tur, qiias ejus regionis iiicola; Cevas appellant. Ea; sunt
luiniilis statuise, lactis abnndantes, piopterquod lemotis
carum fcetibus, generosum pecus alienis educatur iiberi-
l)us : vel si boc prEcsidium non adest, faba fiesa et vi-
nuin recte tolerat, idque prfficipue in magnis giegibiis
liei i oportet.
XX V. Solent auteni vitulis nocere lumbiici, qui fere
nasciintur ciuditatibus. Itaque nioderaiidum cst , ut bene
roncoquant : aut si jaui tali vitio laborant, lupini senii-
crudiconteruntur, et offa; salivati moie faucibns ingerun-
tiir. Potesl etiam cuni arida lico et ervo conleri berha
■Santonica, et forinata iii offam , sicut salivatum dcniitti.
rar.it idem axungio; pars uiia tribus partibus byssopi per-
uiista. Marrubii quoqiic succiis et porri valet cjusniodi
iiiTare animalia.
.\XVI. Castiare vilulos Magoccnsel , dum adliiic tcneri
sunt; neque id feno facere , sed fissa ferula coinprimere
testiculos , et paulatim confiingere. Idqne optimuni geiui»
castrationuni pulat , quod adliibetur «tali tencra; sine vul-
nere. Kamiibijaininduruit, meliusbimusquam anniciiliis
castiatur. Idqiie facere vere vel autuinno luna deciescenle
pra;cipit, vitulumquead macliinam deligare : deindepriiis
quam ferrum admoveas, duabus anguslis Ijgneis regulis
veluli forcipibus appreliendere testium nervos, ipios
Grffici xpE[ia5T7ipa; ab eo appellant,quod ex illis genitales
partes dependent. Comprehensos deinde testes ferro rese-
rare , et expressos ita recidere , ul cxlrema pars eoriim
adh.xi'cns prxdictis ncrvis relinqiiatur. Nam lioc modo
nec eruptione sangninis periclitatur juvencus, iiec iu to-
tum elTirininaturademptaomui virilitate; formamqiieser-
vat raariscum generaudivim deposuit,quani tameiiipsam
non prolinus amitlit. Nam si patiaris euin a recenli cura-
tione fieminam inire, constat ex co posse geneiari. Sed
miniine id permilteudum , nc prolluvio sanguinis intereal.
Verum vulnera ejiis sarmentitio cinerc cum argcnti spuma
linendasunt, abslinendusquceodie ab humore , et exiguo
cilio alcndus. Sequeiili liiduo vehil «■ger cacuiuiiiibiis ai-
COLUMELLE.
ce jour-la,et lui donner ties-peu de nouiriture.
Les trois jours suivants on le ragoutera a titre de
malade, en lui donnant des cimes d'arbres et du
fourrage vert coupe par morceaux , et on rempe-
chera de beaucoup boire. II faut encore oindre la
plaie pendant ces trois joursavec de la poix fon-
due, de la cendreet un peud'huile, afinqu'elie
se cicatrise plus promptement, et qu'elle ne soit
point niolestee par les mouches. Cest assez avoir
parle jusqu'ici des bceufs.
XXVU. Ceux qui out a coeur d'elever des che-
vaux doivent surtout se pourvoir d'un esclave
entendu , et d'une grande quantite de fourrage ;
car si ces deux points peuvent etre negliges jus-
qu'a un certain point a Tegard des autres bes-
tiaux , le cheval deraande qu'on y apporte ia plus
grande attention k son egard, de meme qu'il veut
la nourriture la plus abondante. Ce betail se di-
vise en trois especes deraces : la race la plus no-
ble , qui fournit des chevaux au cirque et aux
combats sacres; celle desmules, que Ton peut
comparer a la preraiere par le prix de ce qu'elle
produit ; et enfin la race coniraune , qui ue donne
que des males et des femelles mediocres. Plus
chacune de ces races est distinguee, plus il lui
faut d'abondants p^turages. On choisit pour les
troupeaux de ce betail des pdturages etendus ,
marecageuxet non montagneux, qui soient tou-
jours arroses, et plutot libres qu'embarrasses par
des arbres , et qui produisent souvent des her-
bes plus remarquables par leur mollesse que par
leur hauteur. En fait de chevaux communs , on
laisse paftre indifferemment ensemble les mSles
etlesfemelles, et onn'ohserve pasde terapsmar-
ques pour les faire saillir. A Tegard des races no-
bles , on fera saillir les raales vers requinoxe du
printemps, afin que les cavales puissent elever
leur poulain sans beaucoup de peiue, attendu
borum et deseclo viridi pabulo oblectandus , proliibendus-
que niulta polione. Placet etiam pice liquida et cinere cum
exiguo oleo ulcera ipsa post triduum linere, quo et cele-
rius cicatricem ducant, nec a muscis inlestentur. Hacte-
nus de bubus dixisse abunde est.
XXVII. Quibus cordi est educatio generis equini,
maxime cqnvenit providere auctorem industiium, et pa-
buli copiani : quae utraque vel mediocria possunt aliis pe-
conbus adliiberi , summam sedulilatem et largam satie-
tatem desiderat equitium. Quod ipsum tripartito dividitur.
Esl enim generpsa inateries , qua> circo saciisque certa-
minibus equos praebet- Est mularis, qua; pretio Hetus sui
comparalur generosq. Est et vulgaris, qiiaj mediocres fce-
minas maresque progeneiat. Ut quaeque est pra^stantior,
ita ubere campo pascitur. Gregibus autem spatiosa et pa-
lustria, nec[nQn] montana pascua eligenda suut, rigua,
nec unquam slccauea , vacuaque magis quam stirpibus
impedita, frequenler mollibus potius qiiam piocerisher-
bis abundantla. Vulgaribus equis passim maribus ac foemi-
his pasci permittitiir, nec admissurae cei ta tempora ser-
vuntur. Generosis circa vernuni aquinocliiim mares
qu'il viendra au monde dans un temps pareil k
celui dans lequel elles Tauront concu, c'est-a-dire,
quand lescampagnes se trouveront gaies et bien
fournies d'herbes au bout de onze mois passes ;
car elles mettent bas dans le courant du douzieme.
II faut donc surtout avoir soin que les feraelles
et les etalons qui voudront s'accoupler soient
a portee de le faire dans le temps de Tana^e que
je viens de marquer parce que sl on les en em-
pechait , leur passion les ferait entrer en fureur
plus que tout autre animal : c'est meme de l^
qu'on a donn6 ie nom de lTnro[j.av£i; a ce philtre,
qui allume dans les horames un amour aussi for-
ceue que Test la passion des chevaux. Effective-
ment il n'est point douteux qu'il n'y ait des pays
ou les femelles brtilent d"une si grande ardeur de
s'accoupler, que, quoiqu'elles soient privees de
mSles , elles se remplissent sans cesse l'imagina-
tiondedesirs effrenes,et se crfentaeiles-memes
des plaisirs sous levent, comme font les oiseaux
de basse-cour. Cestaussice qu'exprime le poete
assez licencieusement en ces termes : Mais les
cavales se foni remarguer enlre tous les autres
animaux par kur fureur ; et c'est Vcmis elle-
meme qui les a animees de cette ardeur , au
temps que les chevaux d'attelage de Glaucus
de Potnia dechirerent le corps de leur mattre
a belles dents. En effet, Vamourles conduit jmr-
dela le haut du mont Ida , et leur fait traver-
ser le bruijant Ascanius : elles grimpent les
montagnes et passent les fleuves a la nage; et
des que lefeu de l'amours'empare de leur cwur
passionne (ce qui arrive plutot au printemps
c^ue dans toute autre saison , parce que c'est
le temps oii la chaleur recommence apenetrer
la moelle de leurs os), elles se tiennent toutes
surdes rochers eleves, la tete tournee vis-a-vis
le zephire, pour recevoir avidement son souffle
jungentur, iit eodem tempore, quo conceperint, jam laetis
et lierbidis campis post anni niessem parvo cum labore
fretum educent. !Mam mense duodecimo partiim edunt.
Maxime ilaque ciirandum est praedicto tempore anni , ut
tam fijemiuis quam admissariis desiderantibus coeundi
fiat poleslas , qnoniam id praecipue armenlum si prolii-
beas, iibidinis extimulatur furiis, unde etiam veneno in-
ditumestnomen l7tncm«vE;,quodequinaecupidini simileni
mortalibus amoreni accendit. Nec dubiiim, quin aliqiiot
regionibiis tauto (lagrent ardore coeiindi fcemina;, ut etiam
si niarem non liabeant, assidua et nimia cupidilate figu-
rantes sibi ipsa; venerem cohortalium niore aviiiin vento
concipiant. Neque enim poeta licentius dicit : ScUicet
anteomnes furor est insignis equarum, Et mentein
Venus ipsa dedit, quo tempore Glunci Piiliiiadcsma/is
membra absumsere qtiadrigce. lllas ducil amnr trans
Gargara,transquesonantemAscanium;superanl mon-
les et/lumina tranant, Continuoque avidis nbi subdita
Jlamma mcduliis, Veremagis,quia verccalor redit os-
sibus,ill(FOrc(imnesvers(BinZep/iyrum,stantrupihus
allis, Exccptunlque leveis aitras, et scrpe ullis Conju-
feger; iouvent nieme , lorsquelles ont rlc
fecondecs par lc vent et sans aucun accouple-
ment (effet mervcillcAtx d raconter), ellcs cou-
rent d travers les rochers , les ecueils et les valr
lees lcs plus profondcs ; non paspour gagner,
Eunis , les contrecs oU vous vous levez , non
plus quc celles oii se leve le solcil, mais bien
celles oii se levent Boree et Caurus , ou le vent
du tnidi, qui porte avcc lui les nuages les plus
noirs, et quiattriste le temps par le froid plu-
vieux qu'il amene. Cest raeme un fait tres-
connu quVn Espagne, sur le mont Sacer, qui s'e-
tend vers roceident aupi-es de l'Oc(^an, il est
souvent arrive que des cavales ont ete fecondees
sans avoir ete couvertes , et qu'elles ont eleve
des poulains qu'elles avaientainsi niis au monde ,
quoiquon ne retirat aucune utilite de ces pou-
lains, parce qu'ils mouraient dans Tespace de
trois ans, avant de s'etre fortifies. Nous ferons
donc en sorte, ainsi que je Tai dit, que les cava-
les ne soient pas tourmeutees vers requinoxe du
printemps par les appetits nalurels de la voinpte.
Mais il faudra si'parer pendant tout le reste de
Tannee leschevaiix de prix d'avec les femelles,
de peur qu'ilsne les siiillent quand bon lcur sem-
blera , ou que, si on veut les empecher de le
faire, la vivacitc de lcur pnssion n'octasionne
quelque accident. Cest pourquoi il faut ou rele-
guer le mule dans despaturages eioignes de ceux
des femelles, ou le retenir a Tetable : mais daus
Je temps ou les fcmelies le demanderont , on le
fortifiera par une nourriture aboiidaute, et on
Tengraissera a Fapproche du printeraps avec de
rorge et de Ters , afin qu'il soit en etat de sufflre
a leur passion , et de donner des le principe, a
la race qui doit sortir de lui , une vigueur d'au-
tant plus grande , qu'il aura ete lui-meme plus
vigoureux dans le moment de raccouplement. II
y aquelques auteurs qui ordonnent de reugrais-
DE L'AGR1GULTURK , LIV. VI. S-".>
ser de la maniere dont on engraisse les mulets,
afiuqueson emboupoiut lui donne la gaiet6 ne-
cessaire poursatisfaire uii plus grand nombrede
femelles. Neanmoins , si on ne doit pas donncr
moins de quinze cavales a un etalon , on ne doit
pas non pius lui en donner plus de vingt. On
peut remployer a la generation dcpuis rflgc de
trois ans jiisqu'a celui de vingt. Si l'etalon est
mou dans le plaisir, on le reveille par Todorat,
en lui mettnnt sous le uez uiie cponge avec la-
quelleon fiotte auparavant les parties de la fe-
melle. D'un autre c6t^ , s'il se trouve quelque ca-
valequi ne veuille pas souffrir le male , on vient
a bout d'en(lammer ses desirs en lui froitant
les parties avec de la scille broyee. Quelquefois
raemeon se sert d'un etalon ignoble et commiin ,
pour exciter en elle le desir du coit. En effet ,
des que cet etalon s'est approche d'elle , et qu il
a, pourainsi dire, sollicite sa complaisance, on
le retire pour la faire saillir par un etalon plus
noble, au moment ou elle est devenue plus pa-
tiente. Quand les cavales sont pleines , elles exi-
gent plus de soins que dans d'autres temps , et il
faut les fortifier par une ample pature. Si pen-
dant les froids de rhiver les herbes vicnuent a
manquer, on les retiendra a retable, et ou ue lonr
fera pas prendre trop d'exercice , soit par le tra-
vail , soit par la course ; comme on ne les exposera
pas au froid, ni daus un lieu etroit et renferm6 ,
de peur qu'elles ne detruisent respectivcment
leur fruit : toutes choses qui les font a\orter.
Si malgre ces pri^cautions une cavale vient i
tomber malade, soit en poulinant, soit en
avortant, on la guerira avec de la filicula
broyte et infusee daus de Teau tiede, qu'on lui
fera prendre avec une corne. Mais sielleaau con-
traire pouline heureuseraent, on se donnera de
garde de toucher a son poulain avec la niain ,
parce que le moiudre contact avec un corps etran-
gits,x^entograv\dce{miraMUd\ctu)Saxaperetscopulos
el depressas convalte^ Di/fugiunt, non Eure tuos neque
solis ad ortus ; In Boream Caurumque, autundeniger-
rimus Auster Nascitur, et pluvio contristat frigore cw-
lum. Cum sit notissimum etiam in Sacro monte Hispani<e,
qui procurrit in occideulem juxla Oceanum , frequenter
equas sine coitu ventrem pertulisse, fuetumque educasse,
quitamen inutilis e.st, quod (riennio, prius quam adoles-
cal, niorte absumitur. Quare, ut dl\i, dabimus operam, ne
circa sequinoctium vernum equae desideriis naturalibus
angautur. Equos autem pretiosos reliquo fempore anni
removere oportet a fcemiiiis, ne aut cum voleiit, ineant,
aut si id facerc proliilienntur, cupidine solicitati noxam
contraliant. Itaque vel iii longinqua pascua niarem placet
ablegari , vel ad prssepia conlinei i : eoque teiiipore , quo
Tocatur a fueminis, roburaiidiis est largo cibo, et appro-
pinqiiante vere ordeo crvoque Siiniiiandiis, iit veneri sii-
persit , quanloque rtu tior iiiiei it , liriiiiora semina pra>beat
futurx slirpi. Quidain ctiain pr;ecipiuut eodein ritu, quo
inulos, adinl.ssariuin saf;inare,ul liac sa^ina lijlarispliirilius
fu-minis sufficiat. Verum tamen nec minus qiiam qniiide-
cim , nec rursiis pliires qiiam viginti , unus debet iinplere,
isqiie adniissura> post tiimatuin usque in annos viginti
pleniinque idoneus esl. Quod si admissarius iners in ve-
nei ein est , odore proritatur, detersis spongia foeminae locis,
et adiiiota naribus equi. Rursus si equa niarem non pati-
tiir, (letrita scilla naturalia ejiis linuntur, qu<e les acccndit
libidinem. Nonnunquam ignobilis quoqueacvulgaris elicit
ciipidinem cu!uiuli. Nam ubi admotus fere tentavit obse-
quium ffeminiE, abdiicitur, el jam patientiori generosior
eqiius imponitur. Inde major pra-giiantlbus adbilienda
cuia est, largoqiie pascuo lirmanda'. Quod si frigore liie-
mis lierba; defecerint, tecto oontineantur, ac neque upere
neqiie cursu exerceaiitur, ncque frigori commitlaiitiir, nec
in angiisto clauso, ne ali.T aliarum coiiceptus clidant :
nain lia>c omnia incommoda fu'tuni abigunt. Quod sl taiiieu
aiit parlu aut abortu equa laboravil , remedio erit felicula
trita, et aqua tepida permista, dalaipie per coriius Siii
autem prospere cessit , minime maiiu toiilingendie pulhis
cril. Nani l.ediliii etlani levissimo coulactu. Taiitiini (iiia
330
COLUMELLE.
ger suffit pour le blesser. On aura seulement soin
de le niettre avec sa mere dans un lieu qui
soit a la fois et vaste et ehaud, de peur que le
froid ne lui nuise dans Tetat de faiblesse oii il
sera, ou que sa raere ne Tecrase si le lieu est trop
resserre. Ensuite il faudra lefairesortirdetemps
en temps, pour empecher que le fumier ne lui
brule la corne des pieds. Quelque temps apres ,
lorsqu'il sera devenu plus fort, on le laissera
aller avec sa raere dans les memes p^turages ,
de peur que le chagrin de s'en voir privee ne
la fasse tomber malade. Car rattacheraent que
ce betail a pour ses petits lui cause plus de dom-
mage qu'a tout aulre, au cas qu'il n'ait pas la
liberte de les voir. Les cavales vulgaires sont
dans rbabitude de pouliner toutes les annees ;
mais une cavale de race noble ue doit etre sail-
Ile que de deux annees Tune, afin que le laitde
la mere, donnaut plus de force au poulain,
le prepare a bien supporter la fatigue des com-
bats.
XXVIII. Ou estime qu'un etalon n'est pas pro-
pre a saillir les cavales avant Tage de trois ans,
mais qu'il peut engendrer jusqu'a vingt ans; au
lieu qu'une cavale concoit tres-bien , pourvu
qu'elle ait deux ans passes, afiu de pouvoir elc-
ver le poulain qu'elle aura mis bas apres sa troi-
sieme annee, et que, passc la dixieme annee de
son Sge , elle n'est plus bonne a ce service, parce
que le poulain d'une meie agee est paresseux et
lache. D^mocrite assurequ"il est en notre pouvoir
de faire concevoir a une cavale un m^le ou une
femellc, h notre volonte : il ordonne a cet effet de
lier, avec une ficelle de lin ou ds lelle autre raa-
tiere que ce soit, le testicule gauche de Tetalon
si Fon veut avoir un male,et le droit si lon
veut avoir une femelie : il pense meme que fou
peul suivre le meme procede k Tegard de pres-
que tous les bestiaux.
XXIX. On peut juger de la bonte naturelle
d'un poulain des sa naissance. Eu effet, s'il
est gai, s'il est intrepide, s'il n"est effraye ni
par les objets qui se prcsentent a sa vue , ni par
les sons qui frappent son oreille pour la premiere
fois, s'il court toujours a la tete d'un troupeau,
s'il surpasse ses camarades par sa gaiete et par sa
vivacite, et qu'il femporte merae quelquefois sur
eux a lacourse, s'il saute un fosse sans balancer,
et qu'il passe un pont et traverse un fleuve de
mi'me , ce seront toutes raarques d'un naturel
diitingue. Pour la forrae du eorps,elleconsistera
a avoir la tete petite, les yeux noirs , les narines
ouvertes, les oreilles courtes et redressees, le
chignon flexible et epais sans 6tre alionge, la
criniere bien fourniect pendante sur le c6te droit,
la poitrine large et parsemee d'une multitude
de rauscles bien moules, les epaules grandes et
droites , les cfitesarquees, repine du dos double,
le ventre etroit, les testicules petits ct bien ap-
pareilles, les reius larges et ravales, la queue
trainante et garnie de poils longs, rudes et on-
doyants, les jambes egales, hautes et droites, le
genou cyliudrique etpetit, sans etre tourne en
dedans , les fesses rondes , les cuisses pleines de
museles etbien fournies, la cornedes piedsdure,
haute, concave, ronde, et surmontee d'une cou-
ronne legerement saillante; rordonnance geoe-
rale du corps grande, elevee, droite, qui pa-
raisse agile au coup d'oeil, et ronde sur la longueur
autant que sa flgure le comporte. Quant au ca-
ractere de ces animaux , on les estirae lorsque,
sans etre eraportes, ils ont de fardeur, et qu'a-
vcc de fardeur ils sont tres-doux, parce que ce
sont laceuxquisontlcsplus portes a robeissance,
adliibebitur, iil et amplo et calido loco ciini iiiatre verse-
tur ; ne aut fiigus adliuc infirmo noceat , aut mater in an-
gustiis eum obteral. Paulatim deinde producendus erit,
providendumque, ne stercore ungnlas adurat. Mox cum
(irniior fuerit, in eadeni pascua, ia quibus raaler est , di-
niittendus , ne desiderio parlus sui laboret equa. Nani id
pra'cipue genus pecudis aniore natorum , nisi fiat potestas ,
noxam traliit. Vulgari foeminse solenne est omnibus annis
parere, generosam convenit altcrnis continere, quo (ir-
niior pullus lacte malerno laboribus certaminum prcepa-
retur.
XXVIII. Mareni putant minoiem trinio non esse ido-
neum admissurae , posse vero uscpie ad vigesimum annum
progenerare ; foeminam bimam recte concipere , ut post
lertiuni annum enixa foetum educet : eandemque post de-
cinuim non csse utileni, quod ex annosa matre tarda sit
Htque iners proles. Qua? sive ut fffminasive ul masculus
concipiatur, nostri aibitrii fore Democrilus aflirmat, qui
praM:ipit, ut, cum progenerari marem velimus, sinistrum
testiculum admissarii lineo funiculo aliove quolibet obli-
geinus; cum foeminam, dextrum. Idcmque in omnibus
pene pecudibus faciendum censet .
XXIX. Cum vero natus est pullus, c.onfestini llcet in-
doleni Kstimare, si hilaris, si inlrepidus, si neque con-
s|)ectu novEC lei neque auditu terretur, si ante gregeui
procurrit , si lascivia et alacritate interdum et cuisu cei^
lans aeqiiales e\uperat, sifossam sine ciinclatione transi-
lit, pontem (lumenqiie transcendit. Haec eriint lionesli
aiiimi documenta. Corporis vero foima constabit exigiio
capite, nigris oculis, naribus apertis, brevibiis auiiculis
et arrectis, cervice molli lalaque nec longa , densa juba el
per dextram partem profiisa, lato et musculorum toiis
numeroso pectore, grandibus armis et leclis, lateribiis
inllexis, spina duplici, ventre substricto, testibus paribus
et exigiiis , latis lumbis ct subsi Jentibus , cauda longa et se-
tosa crispaque, cequalibus atquealtis rectisquecruiibus,
teieti genu parvoque neque introrsus speclanti , lotundis
cliinibus, feminibus toiosis ac numerosis, duris ungulis
et altis et concavis rotundisque , quibus coronie mediocres
siipeipositae sunt. Sic universim corpus compositum , ut
sit grande, sublime, eiectuin, ab aspeclu quoque agile,
et ex longo, (piantum (igura permittit, loliindum. Mores
aulem laudantur, qui sunt ex placidoconcilati, etcx con'
citato mitissimi. Nani lii et ad obsequia leperiiintur hahi-
DE L'AGRICULTUKE, LIV. VI.
€t les plus patietits dans les travaux des conibats.
Un cheval de deiix ans est bon a etre dompte
pour lcs usages domestiques , mais quand on le
destine aux combats il faut qu'il ait trois ans
passes; de facon quon ne \'y expose pas avant
la quatrienie annee expiree. Les marques aux-
quelles on distingue le nombre des annees d'un
cheval changentavec son corps. Eneffet, jusqu'a
ce qu'il ait deux ans et demi, les dents du milieu
luitombent, tant lessupcrieuresque ies inferieu-
res : il lui enrepousse d'autres dans la quatrierae
annee, apres que celles que Ton appelle canini
(dents canines ou oeilleres) sont tombees; ensuite
les grosses dents superieures tombent avant la
sixieme : dans le courant de la sixieme annee
celles qui ont remplace les preraieres rasent, et
la septienie auuee elles rasent toutes egaleraent :
ensuite elles se creuseut, et on ne peut plus con-
naitre son Age avec certitude. Cependant a la
dixieme annee ses tempes commencent a caver,
souvent ses sourcils se biancbissent, et les dents
lui sortent de la boucbe. Cest cn avoir dit assez
sur ce qu! concerne le naturel , le caractere et le
corps, ainsi que Tagedu cheval. Passons a pre-
sent aux soins quii faut prendre de cet animai ,
soit quand il se porte bien, soit quand il est ma-
lade.
XXX. Si , sans etre malade , un cheval devicnt
maigre, on vient plus promptement a bout de le
retablir avec du froment grillequ'avec de l'orge;
mais il faut aussi lui faire boire du viu dans le
mfime temps, et ensuite lui changerpeu a peuce
genre de nourriture , en melant d'abord du son
dans son orge, jusqu'a ee qu'on Tait accouturae
aux feves et a Torge pure. II faut que le corps des
chevaux soit nettoye tous lcs jours avec autant
d'exactitude que celui de rbomrae; et il est sou-
les , et ad certaminuni labores palientlssiml. Equiis bimus
ad usum domesticnni lecte domatur; certaminibus autem
expleto triennio : sic tamen ut post quarlum deninm an-
num labori committatur. Annorum nola^ cum corpore
mutantur. Nani duin bimus et se\ mensium est, medii
dentes superiores el iiiferiores cadunt. Cum quartum agit
annum, iis, qui canini appellantur, dejcitis, alios affeit.
Intrasextum deindeannum, molares supeiiores cadunt.
Sexto anno , quos primos mutavlt, exa?qual. Septimo om-
nes explentur a'qualiter, et ex eo cavalos f;erit. Nec poslea
quol annorum sit, manifeslo compreliendi potest. Deciino
tamen anno tempora cavari incipiunt , et supercilia non-
nunquam cancscere , et dentes prominere. IIa'C,qna'ad
animum et mores corpusque et a^tatem perlinenl , dixisse
satis liabeo. Nimc sequitur curam recte el miiius valen-
tium demonstrare.
XX.V. Si sanis est macies, celerius torrefacto tritico,
quani ordeo reficitur. Sed et viiii polio danda est, ac
deindc paulatim ejusmoili cibi sublraliendi immistis ordeo
fbrfuribus, dum consuescat faba et puro ordeo ali. Nec
minus quotidie corpora pixudum quam liomiuuui dcfri-
canda sunt : ac sa;pe plus prodest pressa nianu subegisse
terga, quam si largissime cibos pia;lieas Palea' veio equis
vcnt plus utile de leur ninnier le dos etde le pres-
ser avec la main , qne de leur donner la nourri-
ture la plus abondante. II cst eneore tres-inte-
ressant de les mdintenir dans la vigueurdu corps
et dans celle des pieds : on y parviendra en les
menant a propos a retable, a rtuu et a leurs
exercices , et en veillant a ce qu'ils soicnt tenus
seehemeut a Tetable, et a ce quc la corne de
leurs pieds ue pourrisse point dans Ihuraidilc.
Cest ce que Ton evitera aisement, si leurs eta-
bles sont plancheiees d'ais de robre , ou que Ton
ait soin de les nettoyer de tempsen temps et d'y
etendre de lapaille, si elles ne le sont point.
Coramuuement ce qui oceasiounelesmaladiesde
ces aniraaux, c'est la lassitude, le chaud, etsou-
vent le froid ; c'est encore de n'avoir pas urine au
momentqu'ils en avaient besoin, d'avoir bu a la
suite de rexercice qu'ils auront pris, et pendant
qu'ils etaient encore en sueur, ou d'avon' ete exci-
tesa courir apres un long repos etsans interstice.
Le repos est le seul remede de la lassitude, en y
ajoutant cependant la precaution de leur verser
dans la gorge de rhuile ou de la graisse avec du
vin. On remedie au froid par les foraentations,
ainsi qu'en leur frottant la tete et repine du dos
avec de la graisse cbaude ou du vin. S'ils ne pis-
sent pas, on a recours a peu pres aux memes re-
medes, puisqu'on leur verse sur les flancs et sur
les reins de rhuile et du vin; mais si ce remede
n'opere rien , on introduit par rorifice de leur
membre une bougie mince faite avec du miel
bouilli et du sel , ou bien on leur insere dans les
parties soit une mouche vivante , soit un grain
d'encens , ou un onguent de biturae. On eraploie
les memes remedes lorsque Turine leur brule
les parties. La douleur de la tete se manifeste par
les larmes qui leur coulent des yeux, par les
slantibus substernenda;. Multum autem refert robur cor-
poris ac pcdum servare. Qiiod iitrumque custodiemus,
si idoneis temporibiis ad praesepia, ad aquam, ad exerci-
tationem pecus duxerimus; cuiaique fiieritut stabiilentur
sicco loco, ne liumore madescant iiiiyula'. CJuod facila
cvitabimus, si aut .stabula robiireis axibiis coiistrata, aiit
dilisenter sublnde eniundata tueiit liumiis, et palea; su-
pei jeclae. Plerumqiie jumentanioi bos concipiuiit lassitiidlnc
et a'stu, nonnuiiqiiam et IVIjjore, et ciini siiii teinporo
uriiiam iion fecerint ; vel sl siidaut , et a conc.llatione coii-
fesllm liiberint; velsl cuin dlu stcterlnt, subitoadcuisuiii
extlmulata sunt. Lassitiidinl qulcs reinedio est, ila ut in
fauces oleum vel adeps vino mlsla Infiindatnr. Frljiori fo-
inenla adbibentur, ct calclacto oleo liinibi rigaotiir, capul-
que et spina tepenti adlpc vcl vino llniuntur. Sl ininam
non facit, eadem fere remcdla suiit. Nam oleiim immistum
vlno supra ilia et icnes infunditiir : et si lioc pariiin pro-
fuit, mcllcdecocto et salccnllyriiim tenueindllurfuranilni,
qiio manat urlna, vel musca viva, vel lliurls mica, vel
de bitumlne collyrlum inserlfur natiiralibus Ha'c cadeni
lemedia adhlbentur, sl iirlna genilalia decusserit. Capitis
dolorem indicant lacryma; , qiia' prollHunt , aure.sque llac-
cidre; et cervix runi capile agi;ravata, ct In terrani sinn
COLUMELLE.
oreilles qui devieunent pendantes, et par le chi-
gnon qui s'appesantit ainsi que la tfite , au point
que sa pesanteur Tentralne a terre. Dans ce cas-
la, on leur ouvre la veine sous I'cEiI , on leur fo-
mente la bouche avec de feau chaude , et on les
met a la diete pendantunejournee: lelendemaln
on leur donne a jeun une potion d'eau chaude et
de rherbe verte; ensuite on etend sous eux du
vieux foin ou de la paille molle , et on leur donne
une seconde fois de Teau a Tentree de la nuit,
avec un peu d'orge et deux livres et demie de
vesce; apresquoi on ne leur donne que tres-peu
de nourriture, jusqu'a ce qu'ils soient en etat de
remplir leur tache ordinaire. Si les machoires leur
font mal , il faut les foraenter avec du vinaigre
chaud , et les frottcr avec du vieux oing : on era-
ploiera aussi le meme remede Iorsqu'elles seront
gonflees. Si un cheval s'est blesse les epaules , ou
qOe son sang se soit extravase dans cette partie,
on lui ouvrira les veines aux deux jambes a peu
pres vers le railieu de la jambe, et on melera de
la manne d'encens avec le sang qu'on lui aura tire,
pour lui en frotter les epaules ; mais afin de ne pas
1'epuiser outre mesure en lui tirant trop de sang,
on appliquera sur les veines qui auront ete pi-
quees de son crottin , que Ton y assujetth-a en
1'enveloppant avec des bandes. Le lendemain on
lui tirera du sang des memes veines , et on le pan-
sera de meme; mais on lui retranchera Torge
pour ne lui donner qu'un peu de foin. Depuis le
troisieme jour jusqu'au sixieme, on lui versera
dans la gorge avec la corne la valeur de trois
ryathi de jus de poireau, meles avec une hemina
d'huile. Passe le sixieme jour, on le fera marcher
lentement, et au retour de la proraenade on le
fera nager dans l'abreuvoir; apres quoi on le
fortifiera peu a peu par une nourriture plus suc-
culente , jusqu'a ce qu'il soit en etat de rempiir
sa tSche ordinaire. Lorsque la bile vient incom-
moder cet aniraal , son ventte se gonfle , et il ne
peut plus rendre ses vents. On lui fourre alors la
maln dans le ventre apres Tavoir graissee,
pour ouvrir les conduits naturels qui sont obs-
tru^s, et en retirer le crottin ; ensuite de quoi
on broie de Torigan et de Fherbe aux poux avec
du sel, et, apres avoir fait bouillir cette composi-
tion avec du miel, on en fait des suppositoires ,
qu'on lui introduit dans le ventre pour rexeiter a
se vider et pour faire couler sa bi!e. II y a quel-
ques personnes qui lui versent dans la gorge un
quadrans de myrrhe broyee dans une hemina
de vin , et qui lui frottent Tanus avec de la poix
fondue. II y eu a d'autres qui lui lavent le ventre
avec de Teau de mer, et d'autres avec de la sau-
mure frafche. II arrive encore souvent que des
vers semblables a ceux de terre s'attachent aux
intestins de ces animaux : on s'apercoit de cette
maladielorsque ladouleurlesfaitcoucher souvent
a terre, quils portent la tete a leur ventre, et
qu'ils rerauent souvent la queue. Le reraede le
plus efficace est de leur fourrer la main dans le
ventre pour en retirer le crottin, comme il a ete
dit ci-dessus; ensnile de le leur laver avec de
Teau de mer ou de la saumure forte ; enfin de
leur verser dans la gorge un sextarius de vin,
dans lequel on aura broye dc la racine de c^prier.
Cest le moyen de faire perir ces vers.
XXXI. II faut raettre beaucoup de liticre sous
les chevaux toutes les fois qu'ils sont raalades,
alin qu'ils soient plus mollement couches. On
guerit proraptement la toux de ces animaux dans
son principe, en pilant dans un mortier des len-
tilles ecossees, dont on fait infuser un sextarivs,
lorsqu'elles sont reduites a une farine tres-flne,
dans pareille mesure d'eau chaude, et en leur ver-
saut cette potion dans la gorge. On continue ce
niissa. Tum rescinilitiir vena, quse sub oculo est, et os
calda fovetur, ciboque abslinetur |)rinio die. In iioslero
autem potio jejuuo tepidae aqua" pra>betur ac viride gramen,
tum vetus feenum vel molle stramentum substernitur, cre-
pusculoque aqua iterunl datur, parumque ordei cum
vicialibus , ut per exiguas potiones cibi ad justa perduca-
tur. Si equo maxilla; dolent, calido aceto lovendae, et
a\ungia vetere confricandai sunt , eademque medicina
lumentibus adliibenda est. Si arr.ios lacserit , aut sangui-
nem demiserit, medio ferein utroque crura vena; solvan-
tur, ct tliuris polline cum eo quiprolluit, sanguine im-
iiiislo , armi linanlur, et ne plus justo exinaniatur, stercus
ipsius jumenti fluentibus venisadmotum fasciis obligetur.
Postero quoque die ex iisdem locis sanguis detraliatur,
eodemque modo curetur, ordeoque abslineatur exiguo
fttMio dato. Post triduum deinde usque in diem sextum
porri succus instar trium cyathorum -mistus cum olei
liemina faucibus per cornu infundatur. Posl sextum diem
lente ingredi cogalur, et cum ambulaverit, in piscinara
<leniilti eum conveniet, ita ut natet : sic paulalim (irmio-
ribus cibisadjutus adjusta perducelur. At si bilis niole^ta
est jumento , venter intumescit , nec emittit ventos. Ma-
nus uncta iDSeritur alvo, et obsessi naturales exitus ada-
periuntur, exemptoque stercore postea cunila bubula et
lierba pedicularis cum sale trita et decocta melli niiscen-
tur, atque ita facta collyria subjiduntur, qua; ventrem
inovent , bilenique omnem deducunt. Quidam myrrhaf
trita; quadranf«m cum hemina vini faucibus infundunt,
et anum liquida pice oblinunt. Alii marina aqua lavant
alvum , alii recenti iiiuria. Solent etiam vermes quasl
lumbrici nocere inlestinis ; quoriim sigiia sunt, si jumenta
cum dolore crebro volutantur, si admovent caput utero,
si caudam saepius jactant. Prassens medicina est , ila ut
supra scriptum est , inserere maiium , et fimum eximere;
deinde alvum marina aqua vel muria dura lavare , postea
radicem capparis trilam cum sestarlo ac«ti faucibus infun-
deie; nam hoc modo prsedicla intereunl animalia.
XXXI. Omni autem imbecillo pccori alte subslernen-
duin est, quo moUius cubet. Recens tussis celeriter sana-
tiir, pinsita lente et a valvulis separata minutcque molita.
Qua; cum ita facta sunt, sextarius aquaecjUida; iu eandem
mcnsuram lcntis miscetur, et faucibiis infunditur; similis-
DE L'AGRICULTURE, LIV. VL
SS3
traitement pendant trois jours, en les ragoutant .'i ■
titre de malaiies, avee des herbes \ertes et des
cimes d'arbres. On ne peut au contraire dissiper
laie toux inveteree qu'en leur versant dans la
gorge trois cnathi de jus de poireau avec \mehr-
mina d"huile, et en leur donnant la nourriture
que nous venons de prescrire. On frotte les dar-
trcs et toutes les parties aflectees de gale avec
du vinaigre et de falun. Quelquefois, lorsque
ces rnaladies sont opinidtres , on les frotte avec
du nitre et de Talun de plume meles ensemble a
dose egale dans du vinaigre. On gratte les bou-
tons jusqu'au sang avec une etrille au soleil le
plusardent; apres quoi on mele par portions ega-
les des racines de chiendent, du soufre et de la
poix fondue avec de Calun, et on les panse avec
ce medicament.
XXXIL On lave les cntretaillures deux fois
par jour avec de Teau ehaude; ensuite on les
frottc de sel egrugc et bouilli avee de la graisse,
jusqu'a ce que le sang corronipu en sorte avec
abondance. La gale est une maladie mortelle a
ce quadrupede, si on n'a pas ie soin d'y reme-
dier promptement : lorsqu'elle n'est pas encore
forte , on la frotte a Tardeur du soleil , soit avec
de la gomme de cedre ou de rhuile de lentisque,
soit avec de la graine d'orlies et de Thuile bat-
tues ensemble, soit avee de Ihuile de baleine,
ou avec cctte liqueur que dcpose le thou saie
dans les plats ; quoique la graisse de veau marin
soit le remede le plus souverain eontre cette raa-
ladie. Mais lorsqu'elle est deja inveteree, il faut
avoir recours a des remedes plus energiques ; c'est
pourquoi on fait alors cuire dans de Teau du bi-
tume, du soufre ct de reliebore blanc , le tout en
dose egale, avec de la poix fondue et du vieux
oing, et on se sert de cette composition pour la
panser, apres Tavoir grattee prealablement avcc
un fer et Tavoir lavce avec de rurine. On est en-
core parvenu souvent a la gucrir, en la coupant
jusqu'au vif avee un bistouri, et en pnnsant les
plaies qui suceedaient a eette operafion avec de
la poix fonduc et de rhuile. En effet , ce remede
nettoie ces plaies et fait reprendre les chairs ;
lorsqu'elles sont reprises, il est tres-bon de sau-
poudrcrruleere avec de la suie prise aucul d'uiie
chaudicre, afin qu'il se cicatrise plus tot et que le
poil y renaisse.
XXXIII. L'on ecartera aussi les mouches qui
s'attachent aux plaies, en versant dessus de la
poix melce avec de rhuile ou de la graisse. On
fait disparaitre les taies des yeux , soit en les
frottantavec delasalived'unhomme ajeunetdu
sel, oubien avec un os de seehe broye avec dusel
gemme, soit en exprimant sur roeil, a travers un
linge, de la graine de carotte sauvage moulue. En
general on soulage promptement toutes les dou-
leurs des yeux en y appliquant une composition
de jusde plantaiu et de miel dont la fumee n'ait
point approche, ou tout au moins de mlel de
thym, adefaut d'autres. II est encore arrive sou-
vent que le saignement denez a rais ees animaux
en danger ; mais on TarrMe en leur versant dans
les narines du jusde coriandre verte.
XXXIV. Quelquefois cet animal languit, faute
d'appetit. On y remedie avec respece de graine
connuesous le nomde (jit (nielle),que Ton broio
pour en faire infuser deux cijathi dans trois
d'huile et un sexlarius de vin , et les lui verser
dans la gorge. On dissipe aussi Tenvie de vomir,
en lui faisant boire souvent une heniina de vin,
I dans laquelle on aura broye une tete d'ail. II
iiuc mcdicina tridiio adliibetnr, ac viridibus herbis cacu-
niiiiibusque aibnnini letieatur a^siotum pecus. Vctiis
aulem lussisdiscutilnr |iorii siicco Iriiim cyalliorum cuin
olei liemiua faucibus inliiMi, iiadcnniue, ut supia monui-
mus, cibis praebilis. Impelisines, el quicquid scabies
occupal , acelo el aluniine defiicantur. Nonnunquam , si
( hajc ) permaneut , paribus ponderibus permislis nitro et
scisso alumine, cum aceto linunlur. Papulae ferventissimo
sole usque eo sti igile laduntur, quoad eliciatur sanguis.
Tura ex aequo niiscentiir radices agieslis hederze, sullUr-
que et pix liquida cum alumine , [et] eo mcdicamine prae-
dicta vitia curantur.
XXXll. Interlrigo bis in die subluitur aqua calida. Mox
decoclo ac Irilo salc ciim adipe dofricalur, diim sanguis
emaiiet. Scabics moitifera liuir (piadi npedi est , nisi cele-
riter succnrritur : qua; si levis esl, inter initia candenti
sub sole vol cediia vel oleo lcnlisci linitiir, Vel urlici«
semine etoleo delritis, vel unguincccli, qiiod in lancibus
salitus thynniis remiUit. Pra-cipiie tainen liuic noxa; salu-
taiis est adeps marini viluli. Hed si jam inveteraverit,
veliemcntioi ibus opus csl lemcdiis. Piopter quod Mlunien,
ct sulfur, et veraliuin pici lii|uid.X', axungiicque vcleri
coinmisla paii pondure iiicoi|iiiiiilin, atque ea coinpiisi-
tione curanlur, ila ut prius scabies ferro erasa perluatur
uiina. Sa'pe cliam scalpello usqiie ad viviim resecare et
amputare scabieni pidrnit, atque ita factis ulceribus mc-
deri liquida pice atque oleo, qua; expuigant et replent
vulneia a?que. Quae cum explelasunt, utcelerius cicatri-
cem et pilum ducaut , maxime proderit fuligo ex alieno
utceri iufricata.
XXXIII. Muscasquoque vulnera infeslantes summove-
bimus pice et oleo vel unguinc niislis ct infusis. C«tera
ervi farina lecle curaiiliir. Cicatrices oculorum jejuna
saliva et sale defricalai extenuantur : vel cum fossili sale
trita sepia; testa, vel seniine agrestis pastinacae pinsito ,
ct per linteum super ociilos expresso. Omnisque dolor
ociilorum inunctione succi plantaginis cum melle acapno,
vel .si id non est, utique tliymino celeriler levatur. Non-
niinqiiam eliam per nares prolliivium sanguinis periciiliiin
alliilit, idque repiessum est infuso naribus viridis corian-
dri succo.
X.\XI V. Inlcrdum et fastidio ciborum languescit pecus.
Kjus remedium est geniis seminis quod git appcllaliir,
cujiis diiocyathi Iriti diluuntur olei cyathis tribiis ct\ini
scxlario , atque ila faucibus infunduntur. Et nausea dis-
ciililiir f liam, si capiit allii Iritiim cum vini bemina «cpius
334
COLUMELI.K.
vaiit niiciix pereer les apostumes avcc une laiiie
de fer rouge qu'avec uii instrument de fer fVoid :
au reste, lorsqu'on en a fait sortir lc pus, on
les pnnse avec de la charpie. H y a cncore iine
maladie pestilentielle, dont refietest de raaigrir
tout a coup les cavales en peu de jours, et de lcs
coinluire sous terre : lorsque cela arrive, il cst
l)on (le leur verser dans les nQriues quatre xr.r-
tarii de gnrvm. par tele , si cllcs sont de petite
laille : car si elles sont de la grande taille, on
leur en versera jusqu';i un congiiis. Ce remfede
attire toute la pituite par les narines, et purgc
entiiM-ement ees animaux.
XXXV. Tout le monde connait encore la rage
des cavalcs, quoiquccc soil une maladic rare :
lcl en est rcffet, que lorsquelles se sont mirces
dans Teau, elles sont saisies d'une passion
vaine qui leur fait oublier le boire et le raanger,
et qui les faitperir dans la pbthisie qui succede a
cette passion. On s'apereoit de cette folie lors-
«[u'clies courcnt ca et la au milieu des paturnges,
comme si quelqu'un les excitait, et qu'cllcs jet-
tent les ycux de temps en temps de tous ciMes ,
comme si elles chercbaient et desiraient quclquc
cbosc. On dissipe cette erreur de leur iraagina-
tion en les menant a l'cau : en cffet, des qu'elles
y ont remarque leur difformitc, elles perdent lc
souvcnir de raneicnne image qui les avait frap-
pces. Ce que nous avons dit suffit a Tegard dcs
cavalcs en general. Voici des preceptes particu-
liers pour ceux qui vcuIents'adonner a avoirdcs
troupeaux de mules.
XXXVI. Quiconque veut clever des mules
doit pnr-dessus tout avoir a eocur d'cxaminer et
de cboisir avec soin la femellc et lc miile dont
il veut avoir de la race , paree quc si Tun ou rau-
trc cst dcfcctueux , retre auquel ils doiineront
rexistenec le sera aussi. II faut prendre la ea-
vale dans les dix piemieres annees dc son Age,
polaiuUiiii pisbeas. Suiipiiiatio melius ignea lamina,
i|)iain IVisido rcrramonlo rosoialur, el expressa poslea
linanuMitiseuratur. r.sleliani illa pestileialalies, nt inlia
pancos ilies equa.' subita luaeie et ileinile inoile eorripian-
lur : quotl cuni acciiiit, qualeinos se\larios j;aii singulis
per iiai-es iiirundeie utileesl, si iiiinni i^ luiiiue snnt : iiain
si niajoiis, etiam consios. lla les (niiaein pituitani per
nares elieit, et pecudeni expuigat.
XXXV. llaia quiileai, sed et liajc cst cquarum iiola
rabies, ut cum in aqua imaginem suain viderint, ainoie
inani capianlur, ct per liuuc oblita; pabuli, tabe cupidinis
intereaiil. Kjus vesania; sisrua sunl, cuin per pascua veluti
extimulatae concursant , snbindc ul circnmspicientes re-
quirere ac desideraic aliquid videanlur. Meiitis cnor
discutitur, si deducas ad aquam. Tum demum speciilala'
deronnilatein siiam , prislina^ imaginis abolent menioiiam.
Ilae ile iiiiiverMi eqiiaruni seucre salis dicl;i suut. Illa
pniprle |ii;ei ipienila t.iiiit iis, quibusmularum gregcs cura.'
esl subiniltcre.
XXXVI. In cducando gcncre nuilanim aiitiquissimuin
attcndu que c'est le temps pendant lequel elle se
maintient dans une forme tres-ample et tres-
belle ; il faut eneore qu'elle ait les membres forts,
ct qu'elle soit en etat de supporter le travail, afin
qu'elle puis.se s'accommodcr aisement du genre
ctranger qn'on doit, pour ainsi dire, enter en
elle, et s'babituer a porter un petit dont respece
ne s'accorde pas avec la uature de son ventre,
pour lui transmettre non-seulement les dons de
son corps, mais cneore lesqualitesde son esprit.
Car non-seulement la scmence qu'elle reeoit alors
dans sa matrice a dc la peine asanimer, raais il
lui faut meme du temps pour la faire parvenir au
degr6 de perfection necessaire apres la concep-
tion pour etre mise au jour, puisqu'a peine les
produits qui en resultent viennent-ils au monde
au bout d'un an , et dans le treizieme mois a da-
ter de raccouplement ; eneore tiennent-ils tou-
jours plus de la IScbcte de leur pere que de la
vigucurde lcur mere. Neanmoins, si Ton a de
la peine a trouver des eavales qui soient propres
a cet usage, on en a eneoie plus a cboisir le mAle,
parcequ'il arrivesouveutque rexperiencetrompe
sur lejugementquonenavait porte. En effet, bien
des mflles superbesen apparence donnent dcs races
tres-meprisables, soit du cote de lafigurc, soit du
cAte du sexe , et ne font aucun proCit au ehef de
famillc , ou paree qu'ils donnent des femelles de
pctite corpulence, ou parce qu'en Ics donnaut
de belle corpulence , ils cn donnent moins qiie
de mrilcs; au licu que d'aulres, meprisables en
apparence, sont souvent une source abondante
de semences tres prccieuses. II s'en trouve quel-
qucfois qui transmettent a la verite lcur noblesse
a leurs enfants, mais qui , se trouvant emousses
par le plaisir, sont tres-difficilement excitcs a
Tamour. Les maitres de haras doivent faire ap-
procbcr de pareils mSIes aupres de femelles qui
soient d'un caractere semblable , parce que la
ost diligcntcr cxquirsre alque explorare parenlcm futin.T
piiilis ruuninam et marem : quoium si altcr alteii non cst
idoncns, labat etiam quod ex duobiis lingilur. Ei|uani
convcnil quadrimam usque in annos decem amplissim.ie
alipic pulclierrimai formae , membris fortilnis, palienlis-
siiuam lalioris eligere, ut discoi-danlem utcro suo generis
alieni stiipeni insitam lacile lecipiat ac perfcrat, ct ad
(iclum non solum corpoi is liona, sed ct iiii;eniuin coiiferat.
Nam cum difliculler injeita geiiitalibiis loeis animentnr
semina, tum eUam concepla iliiilins in partuin adolcs-
cunt, atque (peracto anno) mense lertiodecimo vix cduii.
tur, iialisqucintia;retplussoi<irili,e paleina', quamvigo-
ris malerni. Veruntamen (ut) eipi.c dielos in iisus niinore
cura rcperiuntur, (ita) major est laboi elit;enili inaris ;
quoniani saipe jndicium probanlis rnislr;iliir ivpeiiinen-
tum. Multi admissaiii specie lcnus luirabiles pe.ssiniam
sobolem forma vel sexu piogenerant. INani sive parvi cor-
poris fieminas rmguut, sive eliam speciosi plures maies ,
(inam foeminte reditiini patrisfamilia; minuunt. At quidani
contemti ab aspeclu pretiosissimorum scminnm fcraccs
DE LAGRICULTURE, LIV. VL
natnre a mis plusdMntimile cntre les chosesqui
se ressemblcnt ([u entre celles qui sont dissem-
blables. Ainsi on obtient par ce manege qu'un
m;ile, apres avoir ete gas;ne par lcs caresses de
la femelle qu"on kii ad'abord prescntee, etqu'on
lui a menie fait saillir, est comme enllamine ct
aveugle par la passion qu"elle a fait naitre en
lui, et qu'il se jctte a corps perdu sur celle dout
il ctait auparavant de^oiitc , lorsqu'on vient a
lui oter eelte prcmicre avcc laqucllc il se plaisait.
XXXVII. II y a encore uiie cspece de male
tout diffcrent de celui-la, puisqu'il est furicux
dans sa passion et qu'il cause du ravage dans le
troupeau, si on n'use pasd'adresse pour lc con-
tenir. En effet, il brise souvcnt scs licns ct tour-
mente les cavalcs qui sont plcincs, ou mord au
chignon ct au dos cellcs qu'on lui fait couvrir.
Pour Ten cnipcchcr, on rattache a la meule,
parcc que , pour pcu qu'il Tait tournce, le
travail modere la brutalitL' de sa passion, et on
ne lui permct dc la satisfaire quc lorsqu'il est
plus modt-rc. II est mcme bon de ne pas faire
saillir sans cette prccaution ceux dont 1« pas-
sions sont plusdouces, parecqu'il est tres-im-
portant que lc tempcrament de ce bctail,
lorsqu'il cst naturcllcincut assoupi, soit secouc
ct reveille par un excrcice modere, ct que le
niAle ne couvre les fcmcllcs que lorsqu'il scra
devenu plus vif, afin quc par uneccrtainc vertu
occulte qui se comraunique a la semcnce mcmc,
clle se tiouve formce de principcs plus actifs.
Au surplus, unc inulc pcut ctre engendree non-
sculcmcnt par une cavale ct par nn flne, mais
encorc par une iiucsse ct un clicval, de mcme
que par un &ne sauvagc ct une cavale. Qudques
auteurs mcme qu'on ne doit pas passer sous si-
lence, tels que .^larcus Varroii, et avant lui Dio-
uv sius et Magon , ont assurc que la portce des
mules passaitsi peu pour une chose prodigieusa
dans les contrees derAfriqiie, que lcs habitants
etaient habitucsa lcs voir metlrc bas autaut que
nous pouvons Tctrc a voir poMliiicr les cavales.
II faut cependant convciiii- ([u'il n'y a rien , tant
du C(')t(': (lu caracterc que du ctM de la iigure,
dc supcrieur a ce quc produit un ^iie , quoiqu'oii
puisse lui comparer a eertaius t-gards la creaturc
qu'engcndre un iiue sauvage, si ce n'cst que
cette crcature est indomptable ct rcbclle a Tes-
clavagc, suivant l'habitude dcs animaux sauva-
gcs, et qu'ellc a la corpulence dt-charncc de soii;
pcre. Aussi un ane de cette espcceest-il plusulilc
pour donner des petits-lils que pour doniicr drs
cnfiints. En cffet, si Ton donue a une cavale 1 ■
fils d'une iinesse et d'un flue sauvage , commc !,•
naturcl sauvage se trouvera alors rompu pou'.-
avoir pass6par differeuts dc^tes , le produit ih'
cet accouplement sera pourvu de la figurc ct d,'
la modfirationde son pere,en meme tempsqu'il le
serade la force ct de l'agilit(! de son grand-pc^re.
Les mulets engeudres par un cheval et unc
anesse rcsscmblent pius univcr.sellemeut a leur
inere,bienqueIenomde/(/«?H<s(de/»'ft«(7(/,v, hen-
nisscment) qu'on leur a donnc semblc fairc croirc
le contraire. (''cst pourquoi il cst trcs-avanta-
geux dc ne destiuer a donncr dcs mulcs quc
des anes dont rcxpi^ricucc aura fait connaitrc
respece pour etre tres-bellc, ainsi que je Tai
dt^ja dit. Ccpcndant on ne doit pas en choisir
qui n'aient d(\ja a la prcmicre vuc , le corpstres-
ample, lc cou fort, lcs cijtcs robustes et larges,
la poitrine bicn fournie dc musclcs et etenduc,
lcs cuisses ncrveuses, les jainbes epaisscs, ct
le poil noir ou mouchet('' : car dc nu-me que la
couleur de souris n'est pas une couleur (listin-
gui^cdans un iine, elle iie reussit pas nou plus
parfaitement daus une mule. Au restc, il nc faut
sunt. Nonminqtiani alitiuisgcnerositateni suam naliscvlii-
bct, scd liel)es in voluptalc, raiissinie solicilatur ail venc-
reni. Ilujnsce scnsuni inagistii laccssunt adniota t;ciicris
ejusdem IVeniina , quonlain siinilia siinilibus rainiliariora
fccit nalura. Uaque olijectae asiiuo cum supeijectii eblan-
diti suDt, vclut incensuin et obccccatnm cupidine, sub-
tracta quain petierat , fastidita; imponunt cqux.
XXXVII. Est ct alterum geniis adniissarii furentis in
libidincm, quod iiisi astu inliibcatiir, artcrt grcgi pernicieni.
Kam et siepe vinciilis abruptis gravidas inquietat, ct cuni
admittitur, cervicibus dorsisqiie fu^ininaruin iinprimit
morsus. Quod iie faciat, paulis|ier ad niulain vinctus
amoris su.'vitiam labore temperat, et sic vcncri modcstior
adiiiittitur. Kec tamen alitcr adniitlcndtis cst cliani clc-
inentioris libidinis, quuiiiani niulluin lefeit natuialiter
sopitum pecudis iiigenium inodica cMicilalioue conciili
atque excilaii, \egctiorcinqiie facliim marem fnMniiia!
injungi, ut tnilta i|iiadaiii \i seniina ipsa principiis agllio-
ribus ligurciiliir. iMiila aiiti^in nun suluin e\ cqua ct asiiiu,
sed cx asliia ct cipio, itcinqne oiiagro el equa genciatur.
Quidaiu veronon dissiniulaiidi auttores, ntMartus Vario,
ct ante eimi Dlonysius ac Mago prodiderunt, mulanini
ra>tiis regionlbtis Africa- adeo non piodlglosos lialicii, iil
tain famlliarcs sliit incolis partus canim , quain sunt iio-
bis cquarum. Neqnc tanien ulliini cst In lioc pecore aut
animoaut forina priestantius , quani quud seminavit asi-
I1U3. Posset liuic aliqualenus coniparari , qiiod progenerat
onager, nisl cl indomitum, ct servitio conlumax siivestrls
iiiorc, slrigosum patris pra-ferrel liabitum. Itaque ejus-
inodi admissai ius nepotibus [inagi.s] quara (iliis uliiior cst.
Nam ubi asliia ct onagro natiis adinittilur cquae, per gra-
dus iiifiacla feritate quicqiiid cx co provenit, patcrnanr
formam ct modestlam, forlltudinem a,'leritatem(iue avitain
lefert. Qui ex equo et asinacoiiccptigenerantur, quamvls
a palre nomen traxeTinl , (|uiid liiniii vocanlin, matri pcr
oinnia iiia^is siinili^ miiiI, Il,ii|iir iinnmodissinium est
asiiiuni ilr^hiMir jiiiil.iiiiui u' iini Mihiiiaudo, cujus, ut
dlxi, spri ii-s r\|Miiiihiil" I -I |ii.iiH,inr. Verunlamcn ab
aspcctii non aliler proiiaii ililn'! , qii:iiii iit sil aiiipllsslnit
corporls, cervice vailda, i(.liii>ll> ac l.ilis ni^lis, pfitoie
mustuloso et vaslo , fcniiiiiljiis latfrlo,sis, triirllins tiim-
pactls, colorisnigii vel maculosl. Nain niuiiiiiis ciini sit
35«
COLUMELLE.
pas nous laisser tromper par Tensemble de la
ligure de ce quadrupede , quoique nous la trou-
vlons lelle que nous venons de la deraander.
Car comme les taclies qui sont sur la langue ou
dans le palais des beliers se fbnt communemeut
remarquer sur la toison des agneaux qu'ils pro-
duisent, ilarrive de meme que lorsqu'un ^ne a
des poils aux paupieres ou aux oreilles qui sont
d'une couleur differente de celie des autres
poils de son corps , souvent il donne une race
d'une couleur qui differe de la sienne , et qu'il
trompesonraaitre, quelque attention quecelui-ci
ait apportee dans rexaraen de sa couleur; puis-
que quelquefois meme, sans avoir les signes
particuliers que je viens d'assigner, il lui arrive
de donner des mules qui ne iui ressemblent pas.
Pour expliquer ce phenom6ne , il faut admettre
que la couleur du grand-pere revient a ses pe-
tits-fds par le raelange de la seraence du pere.
Ainsi des qu'un ^non, tel que je Tai depeint,
vient de naitre , il faut Tenlever a sa mere , et
le niettre sous Une cavale sans quelle s'en aper-
coive. Or il sera tres-aise de la troraper dans
les tenebres , parce que , pour peu qu'on lui ait
retire son poulain dans Tobscurite, elle nourrira
cet dnou de meme que si elle lui avait donne le
jour, et que, des qu'eile se sera habituee a lui
pendant 1'espacede dixjours, elle lui presenlera
toujours par la suite ses mamelles. toutes les
fois qu'il les cherchera. Un ane ainsi nourri s'ac-
coutumera a airaer les cavales. Quelquefois
meme, quoiqu'il ait ete eleve par sa propre
mere, ii pourra desirer leur Commcrce, s'il a
vecu familierement avec nlles des son enfance.
Mais on ne le laissefa pas saillir avant riige de
troisans; et lorsqu'on lui permettra de le faire,
il conviendra que ce soit au printemps, d'autant
qu'il faudra le fortifier avec du fourrage vert
coupe par morceaux et de l'orge en abondance , et
meme quelquefois lui donner des pStes medici-
nales. Ou ne le donnera pas cependant a une
jeune femelle qui n'ait point encore eu affaire au
mSle , parce qu'elle le repousserait a cuups de
pieds lorsqu'il s'approcherait pour la saillir, et
que Toffense qu'il en aurait reeue lui ferait con-
cevoir de Taversion meme pour quelque autre
cavale que ce fiU. Pour que cela n'arrive pas,
on approche de la cavale uu iinon degenere et
comraun qui sollicite sa complaisance, mais au-
quel on ne permet pas de consommer Tacte , et
lorsqu'unefoiselleest disposee arecevoir patiem-
ment les preuves de sa passion, on chasse sur-le-
champ le raale trop vil pour elle, et on la fait
saillir par un autre plus preeieux. Oii a un era-
placement dispose a cet effet , que les paysans
appellent niachina : cet emplaceraent est ferrae
par deuxmurs lateraux bAtis le long d'unepetite
eminence, et peu distants Tun de Tautre, afln
que la femelle ne puisse pas se debattre ou se
detourner du mdle, qui se met en devoir de la
saillir. U y a deux issues a cet emplacement,
une dechaquec6te; maiscelle d'en basest mu-
nie de barreaux auxquels on attache la cavale,
en la bridant au bas du talus, afin qu'etant
baissee en devant, elle rccoive mieux la semence
de r^ne qui la couvrira, et qu'elle doune plus
d'aisance a ce quadrupede , qui est plus petit
qu'elle, pour lui grimper sur le dos par le cote
le plus eleve. Lorsque la cavale a mis bas le
produit de T^ne, on le lui laisse nourrir durant
toute Tannee suivante, qu'ellen'est pas pleine :
et cette methode Vaut mieux que celle de quel-
ques personnes, qui la font remplir par un che-
val dans Tannee mcme qu'elle a mis bas. Lors-
qu'une mule aura atteint sa seconde annee, on
fera bien de la retirer d'aupres de sa mere ; et
in asino vulsaris, tum eliani non optlme respondet in
mula. Neque nos iiniversa quadrupedis species decipiat ,
si qualem probamiis, conspicimus. Nam queniadniodum
arietum quie sunt in linguis et palatis maculcB, pleiuni-
que in velleribus agnorum deprelienduntuf : ita si disco-
lores pilos asinus in palpebiis autauiibus gerit, sobolem
qiioque frequenter facit diversi coioiis, qui et ipse, eliam
sl diligentissime in admissario exploratus est, ssepe tamen
domini spem decipit. Nam interdum etiam citra preedicta
signa dissimiles sui mulas fmgit. Quod accidere non aliler
reor, quain ut avitus color primordiis seminum mixtus
leddatiir nepotibus. Igitur qualeni desciipsi asellum, cum
cst a partu statim genitus, oportel matri statim subtrahi,
et ignoranti equoe subjici. EaopUme tenebris fallitiir. Nam
obsciiro loco partu ejus amoto , pisedictus quasi ex ea na-
tus alitur. Cui deinde cum decem diebus insuevit cqua ,
semper postea desideranti piaebet ubera. Sic nutritus ad-
missariusequasdiligerecondiscit. Interdum etiam, quani-
vis materno lacte sit educatus, potest a tenero conver-
satus equis familiariter earum consuetudinem appetere.
Sed non oportet minorem trimo nec majorem decenni
admitti. Alque idipsum si concedatur, vere fieri conveniet,
cum et deseclo viridi pabiilo, et largo ordeo firmandus,
nonnunquam etiam salivandus eiit. Nec tamen tenerae
fff-minae committetiir. Nam nisi piius ea marem cognovit,
adsilientem admissarium calcibus pioturbat, et injuria
depulsum eliam caeteris eqnis reddit inimicum. Id ne (iat,
degener et vulgaris asellus adtnovetur, qui solicitet obse-
qiiia foeminae : neque is tamen inire sinilur. Scd, si jam
est equa veneris patiens, confestiin abacto viliore, pretioso
mari jungitur. Locus esl ad hos usus extructus (machi-
natn vocant rustici), qui duos parietes adverso clivulo
inaedilicalos habet , el angusto intervallo sic inter se dis-
tantes , ne temina conluctari , aut admissario ascendenti
avertere se possit. Adltiis est ex utraque parte, sed ab
inferiore clatrls munitus : ad quae capistrafa in imo clivo
constituitur equa, ut et prona melius ineuntis semina
recipiat, et facilem sui tergoris ascensum ab ediliore parte
minori quadrupedi praibeat. Qua;ciim ex asino conccptum
edidit, partum sequenti anno vacua nutrit. Id enim utilius
est, quam quod quidam faciuut, utet foctam nihilominus
admisso eqiio impleant. Annicula mula recte a matre re-
DE L'AGR1CULTUP.E, LIV. V!l.
quan J on Ten aura rctiree , on la mcuera paitre
sur des montagiics ou dans des lieux sauvnges ,
afin quc la eorne de ses pieds se durcisse, ct
qu'clle soit propre a fournir par la suite de gran-
des routes : car ie mulet est plus propre a porler
le bilt que lamule; au lieu que celle-ci est plus
agile que lui. Ce n'est pas que Tun et Tautre ne
puissent trc^s-bicn ctre emploxcsafaire des con-
duites sur les chemins et a labourer commode-
mcnt la terre, a raoins que la cherte de ces quo-
drupedes ne surctiarge la dcpense du paysan ,
ou que la tcrrc ne soit d'un grain epais, qui con-
traigne d'nvoir recours a la force des boeufs.
XXXVIIL Quoique j'aie deja moutre presque
tous les remedes qui convienuent a ce bctail en
traitant des autres bestiaux , je n'omettrai ce-
pendant point quelques maladies qui lui sont
particuliercs , et dont je vais donuer les reme-
des. Lorsqu'une mule a la lievre, on lui donne
du chou cru ; lorsqu'elle estasthmatique , on lui
tire du sang, eton lui \erse la vnleur d'une lie-
mina de jus de mnrrube blane, mclce avec un
seztarius de vin et une semuncia d'huile d'en-
cens; si elle ades eparvins , on y applique de la
farine d'orge , apres quoi on ouvre rapostume
avec le fer et on la panse nvcc de la charpie,
ou bieu on lui fait coulcr dans In narine gauche
xtnscxlaiiux d'excellent (jarum avec une livre
d'huile , en ajoulant a ce mcdieament le blanc
de trois ou quntre oeufs , dont on a mis les jau-
nesa part. (>n est aussi dans Tusage de lui ou-
vrir les cuisses, et quelqucfois d'y appliquer le
feu. Lorsque le sang est dcsccndu dans les jam-
bes de ccs animaux , on leur en tire ainsi qu'aux
chevaux; ou si lon a de rherbe que les paysans
appellent vcratrum (rellebore blanc), on leur
en doune en guisc de fourrage. La grnine de
jusqniame broyce , ct prise dans du vin , remedie
aussi a ectte mnladie. On chnsse lcur maigreur
et leurlangueur eu leurdonnnnta differentesre-
prises une potion composec d'une scinuncia de
soufre, d'un oeuf eru , et d'un ilcniirius ^esant
de myrrhe. On mele ces trois drogucs dans du
vin , qu'on leur verse dans la gorge. Ccs remcdes
guerissentcgalemeut la toux et les douleurs de
ventrc. Rien n'cst plus souverain contre In mai-
greur que la luzerne : cette herbe donnee aux
juments au licu de foin , lorsqu'elIe est encore
verte, mais prete a se sccher, les cngraisse;
quoiqu'il faut leur en donner modercment , de
pcur que la trop grnnde qunntite de sangqu'elle
occasionne ne les suffoque. Lorsqu'une mule
est lasse et en sueur, on lui jette de la grnisse
dnns la gorge , et on lui verse du vin pur dnns
In bouche. On suivra, pour le surplus de ce qui
concerne ccs nnimaux , lcs methodes que nous
avons donnees daus lcs premicres partics de ce
volume, qui ctaient relatives aux soins que Tou
doit prendre des bocufs etdes chevaus.
LIVRE VII,
L Aynnt a parler du petit betail, Silvinus, nous
commencerons pnr ranou d'Arcadie, cet aujmal
vil et commun, auqucl la plupart des autcurs
d'economie rurale veulent qn'on ait principale-
mcnt egard dans Tachat et rentretien des befcs
de somme, et avcc raison : en effet, ou peut se
le procurcr mcnie dnus les campagnes qui man-
qucnt de paturage , parce qu'il se contente de
pcu de fourrage, ct qu'il u'cst pas difficile sur le
choix , puisqu'cm le nourrit ou dc feuilles et d'c-
piucs , ou de buissons , ou de bottes de sarmeiit.
On peut meme rengraisscr avec de la paille, que
IKililiir, ft amnla monliliiis aiit f.-ris locis pascitnr, nt
iingnlas ilniet, silqne postmuilnm l<ini;is iUneril)us liabi-
lis. Nam clilcllis aplior mnlus. Illa qiiiilcm ai^iliur : sed
Hlerqne sexns et viam recle sraiiilur, el teriam commode
proscindil ; nisi si prctiiim qiiadrupedis rationcm rustici
oncrat, aut campns pravi .stcba roliora lioiim deposcit.
XXXVIII. Mcdicinas liiijns pecoris plerninque jam in
aliis geneiibus edocni : propria tamen qn.Tdani vitia non
omittam, quornm icmedia subscripsi. Febrienli miilo3
crnda brassica datiir. Si«piriosse sanguis detraliitiir, et
ciim sexlario vini atque olei Ihiiris semuncia, marrubii
suecus instar beminae inistus inlundilur. Suffraginosac or-
jlcacea farina iniponiliir, mox siippuratio ferro reclusa
linamenlis curatur : vel garl oplimi scxtariiis cum libra
olei pernarem sinistrani dcmittiliir, admiscctiirqiic huic
medicamlni triuni vcl quatiior ovornm atbiis liqiior sepa-
ratis vilellis. Fcmina secari, ct interdum inuri solcnt.
Sanf;uis demissus in pedes, ila nl in cquis cmittilur : vel
si est berba , quam veratrum vocant rustici , pro pabnlo
cedit. Est et \iOGy.\jci.\i.oi, cujus scmcn detritum et cum
vino datuiii pra'dicto vilio medetiir. Macies et languor
submovetur sspius data imtione , qinr rccipit semunciam
COLl MKI.I I-..
siilphiiris oTumqiie crudiim, el myrrlia; pnndiis denarii.
Ha'C trita vino admiscenliir, ali|ne ita fancibus infiinduit-
tur. Sed et tussi doloiique ventris eadem isla a"(|ne me-
dentiir. Ad mariem milla res tantuin qnaotum M«lica po-
tcst. Ea berba viridiseelerius, nec tardetamenarida foeni
vice saginat jnmenta : vernm modice danda , iie nimio
sanpuine slianguletiir pecus. Lassa; et a^stiranti miila;
.ideps in faiiccs deniitlitur, mernniqiie in os snffiinditnr.
CVrlera e\ei)nciiiur in mnlis sic, nl prioribiis biijiis volii-
niiiiis partibiis liadidimus,qua,'curam boum equarumqiic
continent.
LIBER VII.
I.Dcminorepecore dicturis, P. Silvine, principiumtene-
bit minor Arcadico vilis hic vulgarisqiie asetlus , ciijus
pleriqiie ruslicariim rerum auclores to cmcndis tuendisque
jumentis prrrcipuam rationem Toliiut csse ; nec injuria.
Nam ctiam eo rure, quod pascuo caret, contineri potesl,
exiguoetqualicunque pahulocontentus. Quippe vel foliis
spinisqueTepratjcis alitur, velobjecto fascesarmenlornm.
Paleis vero, quoc pene oranibus regionibus abundaut .
»38
COLUMELLE.
Ton trou ve aboiKlamment dans presque tout pays.
D'ailleurs il soufiVe tres-bravemciit la ii^giigence
d"un surveillant ignorant, ainsi que les coups et
la disette ; aussi peut-on en tirer du service plus
longtemps que de toute autre bute de somme,
parce que, corame il supporte tres-bicn le tra-
vail et la faim, il est rare qu'il soit attaque de
quelque maladie. Cet animal, si faeile a en-
tretenir, rend neanmoins plus de services, et
miime de services necessaires , qu'il n"est grnnd ,
puisqu'il laboure les terrcs avec des charrues le-
geres, pour peu qu'elles soient aisees au labour,
telles que celles de la Betique et de toute la Li-
bye , et qu'il tire des voitures , pourvu qu'elles ne
fioient pas trop pesantes. Souvcnt meme, aiusi
que le raeonte le plus celebre des poetes, lc con-
ducteur (Tun imon lent dans sa marclie lui
ehargc le dos de fruits vits, et liii fail rappor-
ter, G.u retoiir de lavitle, une nieule ou une
charye depoix noire. Mais letravail de cet ani-
mal le plus usite presque partout consisie a tour-
ner la meule et a moudre !e ble. Cest pourquoi
il n'y a point de campague qui puisse se passer
('.'un Snon, cet animal etant tres-necessaire, ainsi
que je viens de le dire, tant pour porter a la
ville que pour en rapporter commodement, sur
son cou ou sur son dos , la plupart dcs choses qui
servent a notre usage. Or nous avons suffisam-
ment explique quelleetait respece de cet aniraal
la plus recherchee, et quels soins il fallait en
avoir , lorsque nous avons donne des preceptes
sur les anes de pri.x dans le livre precedent.
IL Le second objet de nos soins apres les
grands quadrupedes, ee sont lcs brebis, qui de-
vralent meme tenir le premier rang, si on avait
cgard <\ la grande utilite qu'on en retire, puisque
ce sont elles qui nous defendent le plus particu-
lierement coutre la violence du froid , et qui
nous fouruissent des vetementsavrc le plusde li-
beralite. D'ailleurs non-seulement elles rassasient
la faim du paysan par le fromage et le lait qu'el-
les lui fournissent avec profusion, mais elles gar-
nissent encore les tables des gcns du beau mondc
d'une grande quantite de mets agreables. Elles
servent meme a nourrir des nations entieres qui
manquent de ble, et c'est de la que presquetous
les Nomades et les Getes sont appeles yiiX^x.m-Ki-
Tai. Ce betail, quoique tres-faible, comme Tob-
serve prudcmment Celsus , est d'une sante tres-
sure, et n'est point sujet aux maladies pestilen-
tielles. Cependant il faut le choisir d'une nature
qui s'accoramode avec celle du pays oii Ton est.
C'est une attention que Virgile ordonne d'avoir
en toute occasion, non-seulement par rapport a
ce betail , mais encore par rapport ii toutes les
parties de reeonomie rurale, lorsqu'il dit que
toutes les ierrcs ne peuventpas s'aecommoder
egalement de toutes sortes dechoses. Les ter-
roirs gras et les pays plats s'accommodent de
brebis hautes; les maigres et ceu.x oii il y a des
coUines s'accommodt'nt de celles qui sont tra-
pues; les forets et les lieux montagneux n'cn
veulcnt que de petites , et les brebis que Ton eou-
vre de peaux paissent a leur aise dans les pres et
dans les plaines en jacheres. INon-seulement rrs-
pece de ce belail est un point essentiel a observer,
mais sa couleur ne Tcst pas moins. Les habitants
de notre pays regardaient autrefois les brebis de
Milet, ainsi que celles de la Calabria et de TA-
pulia , comme les brebis de Tespece la plus dis-
tinguee, et cclles de Tarentum comme les meil-
leures de toutes. Aujourd'hui celles des Gaules
passent pour avoir le plus de renom, et notam-
ment celles d'Altinura , ainsi que celles qui sont
etablees dans les campagnes de la Macra, aux en-
virons de Parme et de Mutina. Outre que la cou-
etiam gliscit. Tiim imprudeiilis cnslodis ncgliyentiam for-
tissime snslinet : plaganim et penuii* toleianti.ssimus :
propter q»x tarilius deHcit , quam nlliim aliud armentuni.
Nam laboris et famis maximc patiens, raro morbis afficitur.
Hnjus animalis tam exiguae tuteloe pUirima et necessaria
opera snpra portionem respondent, cum et facilem terram
qualis in Ba-tica totaque Libye, (sit) lcvibus aralris pro-
scindat.et non minima pondera vebiculo trabat. Sajpe
eliam, ut celetjerrinius pocla nieniorat : tardi coslas
agitator aselli Vilibus ant oncrat pomis, lapidemque
reverlens Incusum aut ali-te massam picis tirbe repor-
tat. Jani vero molanim el conllciendi frumenli pciie
solennisest bujnspecorislabor. Quaie omne rus tanquam
mavime nccessarium instrumentum desiclerat asellinii ,
qui, ut dixi, pleraque utensilia et velieie in urbem, ct re-
porlarc collo vel dorso commnde potest. Qnalis auteni
ipecies ejus vel cnia piol)atissima sit, superiore libro,
cum de prctioso praeciperetur, salis dictum est.
H. Post majores quadrupedes ovilli pecoris secunda
ratio est, qua! piimafit, si ad ulilitatis magnitudinem
icferas, Nam id pra.'cipue nos contia fiigoris viotentiam
protegil, corporibusque nostiis liberaliora prsebet vela-
mina. Tum etiani casei laclisque abundanlia non soliini
agiestes saturat, sed etlam elegantium mensas jucundis
etnnmerosisdapibus exornat. Quibusdam vero naliouibiis
frumenti expertibus victnin commodat, ex quo Nomaduni
Getarunique plurimi YaJ.axTOnototi dicuntnr. Igitur id pc-
cus.quainvis molli.ssimum sit, utaitprudentissinie Celsus,
valetndinis tutissimae est, minimeque pestilentia laborat.
Verum tamen eligendum est ad naturam loci : quod sein-
per observari non solum in boc, sed eliam in tota rurisdis-
ciplina Virgilius priecipit, cum ait : A'cc vero terrce/erre
onuies omnia possimt. 1'iuguis et cainpestris situs pro-
ceras oves tolerat ; gracilis et colliiius quadratas ; silvestris
et montosus exignas . pralis planisqne novalibus tectnm
pecus commodissinie pascitur. Idque non solum generi-
bus, sed eliam coloribns pUiiimiini reteit. Generis e.\iniii
Calabras Apiilasque et Milcsias noslri exisliniabaiil,
earumqne oplinias Tarentinas. Nnnc Gallica; pretiosinres
liabentur, earumque prsecipue Altinales. Ilem quaj ciica
Pannam et Mutinain Macris slaljulantnr raiiipis. Color
albus cum sit oplinius, tum etiani est iitilissimiis, quml
ni-: LAfiRrcuLTiir.E, liv. vh.
liHii' biaiiolie cst ia imillcurc dnns ce bctail , clle
est ciicore de la plus grnnde ressource, pnrce
qu'avec eette eouleur on peut se procurer beau-
coup d'autres couleurs, au lieu (|u'on nc peuten
avoirde blanche avec ancune autrc. Les coukurs
bruues et noires , telles qu^on en trouve a Pol-
lentia en Italie et a Corduba dans la Betique, sont
anssi par leur nature d'nn prix recommandable.
L'Asie donne meme des brebis rouges,que ron
appclle erylhnpce (rouges). Mais re.xperienee a
fait trouver des moyens de multipiier lesvaric-
tes decouleur dans ce bctail. En efret, comme
on avait ameiie d'Afrique, a dcs gensqui don-
naient en speetaeie dcs betes rares daus la ville
municipale de Gades, cntrc plusieurs autres be-
tes feroces , des belicrs sauvages et farouches
d'une couleur admirable, M. Columelle, mon
oncle paternel, homme d'un genie pcuetrant et
celebre agricultenr, en acheta quelques-uns,
qu'il transportadansses terres, etqu'il titaccou-
pler avec ses brebis couvertes de peaux , aprcs
les avoir apprivoises. Lcs premiers resultats fu-
rent des agneaux dont la toison ctait a la verite
grossicre , quoique de la meme coideur que celle
du pere; mais ces agneaux ayant par ia suite
couvert des brebis de Tarentum , donnerent dcs
beliers dont la toison fut plus fine. Les agneaux
engendres de ceux-ci enrent la toison deliee et
moelleuse de la mere , et la couleur du pere et du
grand-pere. Columelle pretendait que de cette
facon l'espeee d'nne bete sauvage , quelle qu'elle
fut, se retrouvait toujours dans ses petits-fils,
apres que le naturel sauvage s'etait Irouve adonci
en passant par diffcrents degrcs. .Te rcviens a
mon sujet. II y a donc dc deux sortes de brebis;
celles qui ont la laine douce, et celles qni font
grossiere : mais quoiqu'il yait, par rapport k
func et Tautre espece , des ol)servations cora-
munes, auxquellcs il faut avoir egard soit d;in-;
Tachat soit dans 1'cntretien decesanimaux , il y
eii a ccpendant quelqnes-unes de particulieres a
respece la plus distiiiguce. Voici a pen pres les
obscrvations communcs auxqnellcs il faut nvoir
cgard dnns fachat des troupeaux. Puisque In
blancheur de la laine est cc que Ton rechcrche
le plus,il faudratoujourschoisir lesplus blnues ,
parce que souvent il vient un agneau noiratre
d'un belier blanc. et quejamais des beliers rougcs
ou gris n'en produisent de blancs.
IIL Ainsi, quoiqu'un belierait la toison blan-
ehe, ce n'est pas un motif suffisant pour Tap-
prouver, a moinsqu'il n'ait le palais et la lauguc
de la memecoulcurque la laine, puisqu'il donne
des agneaux gris ou mcme bigarres, lorsqu'il a
ccs parties du corps noires ou tachees. Cest ce
que le poete qne j'ai deja cite cl-dessus a tres-
bien exprime entre autres choses par ces vers :
" Mais rpjetez im belicr qvi, tout blanc qiiil
cst, cache sous son pa/ais humide mie lanr/ve
noire , de pcur qiCilne teigne de taches noird-
tres la ioison de ses cnfants. II en est de mt^me
des beliers roux ou noirs, dont le palais et la lan-
gue ne doivent pas non plus etre d'une eoulcur
differente de eelle de lenr laine (ainsi que je Tai
dcjadit);ils doivent encore moins etre taehes
surle corps, et particulierement sur le dos. II ne
faut pas par consequent acheter de brebis qu'e!-
les n'aient leur laine au moment de 1'achat, afin
que fon puisse mieux voir si elles sout d'une
seule couleur, parce que si runile de couleur
nese retrouve pas dans les beliers, lestachcs du
pere se transmcttent ordinairement aux enfants.
On estime surtout le bclier lorsqu'iI est haut et
long, ([u'ila le vcntre ravaleet couvert de laine,
la queue tres-longue, la toison cpaisse, le front
large , les testicules gros et les cornes torses : uon
e\ eo plnrimi fiiint , nequc liic ex alio. Siint eliam siiapte
naluia pretio conimendaiiiles piillns alqne fflscus , quos
prrchent in llalia Pollentia, in Bietica Cordul^a. Nec iui-
mis Asia riililos, quos vocant erythr;eos. Sed et alias va-
rietates in lioc pecoris geiiere dociiit nsiis exprimere. Nain
eum in municipium Gaditaniim ex vicino Al^iic.T! miri co-
loris silTestres ac feri arifttes, sicut ali.T beslia!, niunera-
riis (leportarcntur, M. Coliimella patruns meiis acris vir
ingenii, atqiie illiislris agiicola, quosdam mcrcaliis in
agros transliilit, et mansucractos tcctis ovibiis .admisit.
Ea' primum hiitos,sed paterni coloris agiios cdiderunt,
qui deiiide ct ipsi Tareiitinis ovihus impflsiti, leiuiioris
velleris arietes progcncraverunt. iix his rursus qiiicqiiid
conceptum esl, malern.im nKjlliliem, palerniim et avilnm
retnlit colorcm. lloc modo Coluuiella dicebat, qnalem-
cunqiie speciem, qiioe fueril in besliis, per nepolum gra-
dus mitigala ferilate rediisse. Sed m\ propn.siliim reverlar.
Ergo duo geiiera siint ovilli pecoris, niolle et hirsiitimi.
Se(i in utnique vel eniendo plura comniuuia, qu,Tdam
lanien siint projiria geneiosi , qure olisiervari conveniat.
Comnuinia in emendis gregihus fcie illa : si candor Kan.T
maximeplacet, nunqiiam nlsicandidissimosniareslegeris :
(liioniam ex alho soepe fusciis editiir partus; ex erjlhraeo
vel pullo nunquam geueralur albus.
III. Itaqiie nnn solum ca ratio est probandi arietis, si
vellere tandido vestitur, sed etiam si palatum ati|iie lin-
gua concolor lanac est. Nam cum ba; corporis parlcs nigra;
aut maculosEe sunt, pulla vel etiam varia nascitur pi olcs ;
idqiie inter cctera eximie talibus nnmeris sigiiiliiavit
ideiiiiiiii siipra: Iltumiiutnn, ijuamvis ariesjilcandi-
cliis i/isc, .\igra suhcst iidn lonlnm cui linr/na palato,
Hcjicc , ncnHiculi.i in/iisccl vcltcra pullis .\asccn!um.
l jia eademque lalio est in erythracis et nigiis arictiliiis,
qiiorum simililer, iit jani dixi, neutra pars essc dchet
(!is(oli)r lan.T, multo(|ue miniis ipsa universitas tcr^roris
maculis variet. Ideo nisi lanatas oves emi non opoitet ,
(|uo meliiis unitas coloris appareat : qua; nisi piircipua
est in arielibus, patermc notae plerumque natis inha'-
rent. Ilabltus autem niaxime piohatiir, cum est altus
atqiie procerus, venlre promisso at<pie lauato , cauda loii-
gissima, densique velleris , frontelata, ttslibiis ainpli?,
intoitis coiiiihus : noii quia niagis liic sil iitilis, ;ikiii.
COLUMELLE.
pas qu'il sflit alors (riine pliis grande utilile , piiis-
qu'un beliersans cornes vaut eneore mieux, mais
parce que les cornes ne lui nuisent pas autant
lorsqu'ellcs sont torses que lorsqu'ellcssontdroi-
teset bien ouvertes. Nous prefererions eependant
danscertaincscontrces, oii latempeiaturede Tair
c»t humide et venteuse, les boucs et les beliers
qiii auraicnt mcme de tres-grandes cornes , parce
([u^etant droitcs et hautes , elles raettraient la
plus grande partie de leur tete a Tabri des tem-
petes. Ainsi , si nous sommes dans uii pays oii
l'hiver est le plus communement rude , nous
choisirons cette espece de beliers a grandescor-
nes; au lieu que si Thiver est doux, nous pre-
fererons un mflle sans cornes , parce qu'il y a cet
inconvenicnta craindre danscekii qui a des cor-
nes, que, se sentant la tete armee avec uue es-
pece de dard naturel , il cherche plus souvent les
occasions desebaltre, et qu'il importune trop les
femelles. En efl'ct, il poursuit avec beaucoup de
violenceses rivaux (quoi(iu'il ne suffi-e passeul
a couvrirletroupeau),etil nepermet pas a d'au-
trcs de s'aecoupler avec les brebis qui sont cn
chaleur, a nioins qu'il ncsoit harasse par leplai-
sir : au lieu que celui qui n'a point de cornes, se
sentant pour aiiisi dirc desarnKi , n'est pas enclin
ii chercher dispute, en meme tcmps qu'il est plus
modiJ^ni dans ses plaisirs. .\ussi les p^tres em-
ploicnt-ils la ruse que voici pour rcprimer la
brutalite d'un bouc ou duii bclier qui donne des
coups de cornes : ils lichent dcs pointes dans
nne plancbe de robre d'un pied dc long, qu'ils
attachent a ses cornes en touriiant ccs pointes
du c6t(> de son front. Cette prijcaution cmpeche
ranimal, tout fcroce qi^il est, de chercher dis-
pute aux autres, parce qu'il ne peut pas donner
uncoup sans se blesser lui-meme en se piquant
du meme coup. Mais Epieharmus de Syra-
cuse, qui a traitc' avec beaucoup de so';n des re-
mMes des bestiaux , assure qu'on vient i bout
d'adoucir un belier qui est ciiclin a se battre, eii
lui percant lescorncs avec une tarit're arendrolt
de leur courbure le plus voisin des oreilles. Le
meilleur dge de ce quadrupede pour la genera-
tion cst Tage de trois ans : il ne cesse pas cepen-
daut d'y etre propre jusqu'a buit. 11 faut faire
couvrir la femelle apres sa seconde annee : elle
passe pour etre daus le bon 5ge a cinq ans, et
cesse de povter passe la seplieme annee. Vous
aeheterez donc , comme je Tai ^(^'ja dit , des bre-
bisqui ne soient pas nouvellement tondues : vous
ne prendrez poiiit celles dont la laine sera tacliee
et grise, parce qiie cesont dcscouleurspeusures.
Vous rejetterez aussi comme steriles celles qui,
pass(5 trois ans, auront les dentssaillantes hors
de la bouche ; mais vous cboisircz celles de deux
ans qui auront le corps ample , le cou garni dc
longue laine, la toison douce, et le veiitre ega-
lcmcnt couvertde laineet ainple, parcequ'il faut
evitcr les ventres pctits et pelcs. Ce sont a peu
pres la les observations auxquelles on aura egard
dans raehat de quelque espece de brebis que ce .
soit. Voici celles qui sont relatives ii lcur entretien.
II faut fairedes('tablesbasscs et spaeieuses, mais
plus longues que larges , arm qu'elles soient et
chaudes en hiver, et suflisammeut larges pour
qu'il n'y ait point de risque que lesbrebis pleines
se blessent le ventie. On lcs exposera au midi,
parceque ccbetail, quoique le pliis vetn detous
lesanimanx, est cependant celui qui s'habitue
le moins au froid, aiusi qu'aux grandes chaleurs
de Viie. Cestpourquoi ondoitavoir devant l'en-
tree de ces ctables une cour close par de hautes
murailles, danslaquelle ces animaux pourront
aller avcc smclc pendant les chaleurs de Tete.
On fait aussi en sorte qu'il ne s(^journe aucune
humidite dans leurs etables, et (iu'clle9 soient
toujours couvertes de fougere tres-secbe ou de
rst melior muliliis aries) seJ qiiia minime noccnt intorta
|ioliiis, qiiam surrecta et patula cornua. Quibusdam
tamen regioiiibus, ubi cscli status uvidus venlosusque est ,
capios ct aiictes optaverimus vel amplissimis comibus,
qiiod ea porrecta allaque maximam paiteni capitis a lem-
pestate (iefendant. llaque si plerumque est atrociur
iiifms, lioc genus eligemus : si clementior, mulilum pro-
liabimus niarem : quoniain esl illiid incommodum in
cornuto, quod cum senliat se velnl qiiodam nalurali telo
capilis armatuni .fiequenlcr in pugnam procurrit, ct fit
in foeminas quoque procacior. Kam rivalem (quamvis
eoliis admissuiir non sufficit) violentissime persequitui',
necabalio lempestive patilur iniri gregem, nisi cum est
fatigatiis libidine. Mutilus autem, cum se tanquam evar-
matum intelligat, nec ad lixam pioniplus est , et in venere
niilior. Ilaquerapri vel arietis petiilci sa'vitiam pastores
Iwc astutia repelbint. Mensuia' pedalis robusfam labulain
contigunt aculei«,et adversam fionli cornibiis religanl.
Ea les fmim pioliibet a rixa, quoniam slimulatum siio
iclu ip^uni se .saiicial. F.picli.irmiis autein .Sjracusanii.s,
qui pccudum medicinas diligentissime conscripsit , affir-
mat piignacem arietcm mitigaii terebra seciindum auri-
culas foralis cornibus, qua ciuvantur in flexum. Ejiis
qiiadiupedis retas ad progenerandnm oplima est trima:
nec lamen inbabilisusque in annos oclo. Foemiiia post
bimatiiin maiitari debet, juvenisqiie babetur quinqiiennis :
fatiscit post annum septiinum. Igitur, ut dixi, niercabe-
ris oveis intonsas : variam canamque improbabis, qiioil
sitincerti coloris. Majorem tiimadcnte niinacem sleiiltm
repudial)is. Eliges biinam vasti corporis , cervice prolixi
villi , nec aspcri , lanosi et ampli iitei i. iVam vilandos esl
glaber et exiguus. Alqiie bnec feie coiumunia sunt in com-
parandis ovibiis. Illa etiam tuendis : humilia facere sla-
l)ula, sed in longitudinem polius, quam in latitudiiiem
porrccta, ut siinul et bieme calida sint, nec angustiae
fietus oblidant. Ea pom debent contra inediiim diem :
namqiieid pecus, qiiamvis ex omnibnsanimalibus sit ves-
titissiinum, fiigoristamenimpatientissimume.st, necminiis
aeslivi vaporis. Itaque cobois claiisa sublimi maccrie prae-
poni vestibulodcbet, iil .sil in eam luUisexitiis a-slivandi;
DE L'AGR1CULTURE, LIV. VIL
34 1
ohautne, afin queles bvebis soient couehees pliis
proprenieiit et plus mollomcnt lorsqu'elles auront
agneie. II faut encore que les bergeries soicnt
tres-propres, de sorte que la sante des brebis,
a la conservation de laquelle il faut principale-
meiit veiller, n'ait point a souffVirde riiumidite.
Engencralilfautdonneraqueliiueespccedebetail
quecesoitune nourrituie abondante : en cffet, un
troupeau, nienie pcu nombrcux, qiii scia bien
lassasie de fourrage, sera d'un plus j;rand prolit
a son raaitre que ne le serait un plus nombreux
qui aurait souffert de la disette. II faut recher-
cher lesjachcres, non-seulement parce qu'elles
sont bien fournies d'herbes, niais encore paree
qu'elles ne sont poiiit ordinaireincnt embar-
rassees par dcs epines : car, pour nous appuyer
youveut de Tautorite du poete divin, Si la laine
est volre ohjrt, commencez par fuir les fo-
rets piquantes, ainsi que la bardane ct le char-
don, parce que ces planles rendent les brebis
galeuses, comme dit le meme poete, au cus
quaprcs la lonte, etavant qu'on ail lavclasueur
qui tient d leur peaii, leur corps ait cte dcchire
par des epines piquantes; et que d'ailleurs cet
accident diminue tous les jours la quantite de
ieur laine. Eu cffct , plus la laine de ce betail est
epaisse et longue , plus elle est sujette d'un autre
cote a etre arrachee de son dos pendant qu'il
pait , par les ronces qui raccroehent comme au-
tant de hamecons. Quant a cellcs qui sout cou-
vcrtes de peaux, elles perdent aussi par la leur
couverture, dont la reparation jette dans de graa-
des depenses. Presque tous les auteurs convicn-
nentque letempsouron peut fairecouvrirleplus
tot les brebis est le printemps, vers la fcte des
Parilia, quandellcs n'ont pointagnele pourlors,
et vers lemois de juillet , quand ellcs ont a^ncle
dans cctte saison. Cepcndaut le premicr de ees
deux temps doit, sans contrcdit, ctrc prefcre a
Pautre, afin que, par une coiitinuit^ d'opcra-
tions successives, la naissance dcs agneaux suc-
ccdeala vendange, coinmelavendangeaurasuc-
eede a la moisson , ct que ces animaux puissent
mieux supporter les froidsct le jeiine dont ils sont
menaccs pendant rhivcr, par lcs forces qu'ils
auront acquiscs en se rassasiantde fourrage pea-
dant toute rautomne. En effct, ragneau d'au-
tomue vaut inieux que celui du printemps,
comme dit Cclsus avec beaucoup de raison , parcii
qu'il cst plus essentiel que cet animal soit for-
tilie a\ant le solstice d'ete, ([u'!! n'est essenticl
qu'il le soit avant celui d'hiver, d'autant que
c'est le seul de tous les animaux qui puisse nal-
Ire sans risque au solsticed'hiver. Si lecas exige
qu'on se procure plus de males quede femelles,
Aristote, le plus grand connaisseur des phcno-
menes de la nature, ordonne d'observer, en fai-
sant couvrir les brcbis, le vent de septentrion
peiulant les jours secs, afin de faire paitre lo
troupeau vis-;'i vis ce vent , pour que les brcbis
Taient en face peudaat Tacte de la generation :
si Ton veut se procurer desfemelles, il faut au
contraire cbercbcr les vents du midi , et faire
couvrir les brcbis dans la mfime position respce-
tivement ^ ces vents. Car la raethode que nous
avons enseignee dans le premier livre, qui con-
siste A serrcr avcc une ligature le testicule droit
du mSle ou le gauche, au moment de la genera-
tion , est d"une execution difficile dans des trou-
pcaux nombrcux. Quand lcs brebis auront niis
bas, le berger qui couduit ses troupeaux dans
des contrees eloignees ^levera presque tous les
agneaux dans les paturages oii il se trouvera ,
taudis que le metayer qui hahite dans les envi-
rons d'une ville livrera au boucher Ics jeunes
agneaux avant qu'ils aient tatc de rherbe,
parce qu'il en coutcra pcu pour Ics mcncr ii la
ville,etqiic Iorsqu'on les aurasesres, lc lait
deliirqiip opera, nc qiiis hnmor consistal, ut seniper (jiiam
ariilisslmis lliicibiis vel ciilmis stabula coiistiata sint, (jiio
piirlus elmolllus Inrubent fiielir ; (sint qiiala muniiissiuia)
neqiie eanim valetinio , qiioe pia-cliuie ciisloilienila cst ,
infestetiir uligliie. Omnla autein pecudl larga pr.X'benda
sunt alimenta. Nain vel exl^iius numerus , cum pabulo sa-
llatur, plus domlno reddit, quainma\imusgrcx, siseiiseiit
penuiiam. Scquerls autem novalla non soliim herblda,
sedipKTpleinmque vlduasuntspinls; ntannirenim sa'plus
anctorltate diviui (armlnls : Sl tibi lani/iu7n curw est ,
primum oxpcra .lilva Luppaeque tribulique nbsint;
quoniam ea res, ut ait ideni, scabras oves reddlt, c»m tnnsis
illotus url/ta'sit Sudor, e.t liir.iu/i sccuernnt corpora ve-
pres : tiini cliam quotidie minultnr l.iii;c fnictus.qiia;
quanlo piolisior in pecoie coiiciescit , tanto iiiagi,s ob-
nnxia esl niliis , qiiihus veliit liamis inuncata p.a.scentiiim
teigoribiis avellitiir. Molle vero pecus etiaiu velainen,
qiio prolegiliir, ainilllt, alqiie id iioii parvo suinlu repa-
ratiir. liiler aiiclores lerc constat , prlnium essc admissur;e
tciiipus veiniim 1'arjlibus, si sit ovis niatuia; sin veru
firla, circa Jiiliuni inensem. rrhis tamen liand dubie
proliabilius, iit iiirsscin viiidriiiia, fructnm deiiidc viiiea-
ticiiin fietura prcniis i'\ii|)i,il , et tolius autiimiil pahulu
satiatus agnns aulc iiiirsliliaiii Irigoriini atque hleniis jcjii-
nium conlirmetur. Nani inclior cst autuninalis veriio,
slcut alt verlsslnie Celsus; qula niagis ad rem perllnet,
iit ante .lestivum (piain hibcinnm solstltliiin convalescat :
solusquo ex omnlhus brunia ciinimode nascitur. Acsi rcs
exiglt, iit pluriiiii niaies progeiierandi siut, Arlsloteles vlr
callidlssimus rerum naluiic pra'C.iplt adinissur.T! tempore
observare siccis dicbus halltus seplemtrionales , iit lonlra
ventum gregem pascanins, et euiii spectans ;idiiiillaliir
pecus : at sl rceniin;i; geiierand.c sunt, austi'iiio> flaliis
caplare , ut eaileni ratioiie mati iccs Incanlur. Naiii lllud ,
qiiod prlore libro docnlmns , ul admissarii dexler vel
ctl;im sinlstcr vinculo testiciilus obligetiir, in magiiis gro-
gihus operosum esl. Post lirtiirani dcinde longinqua! re-
giouis opilio fere omnem sobolcm pastionl reservat : sul>-
urhan.ne [villiciis eiilm ) leiicros agiins,dun) .adliucherb.i»
siint experlcs, lanio tradit, ipKiiiiam cl p;uvo siiniptu
34S
COLUMELLE.
de leurs meres rcndra im prolit aussi consid^ra-
bie que celui qu'il rendait lorsqu'elles nourris-
saient. 11 fnudra cependant en laisser croitre quel-
ques-uns meme dans le voisinage de la ville,
parce que quaiid ce betail est ne dans le pays
mfime ou Ton est, on en retire bien plus de
profit que lorsquil est tire d'un pays etranj;er.
D'aillcurs il ne faut pasrisquer que le troupeau
vienne a mnnquer tout cntier a lafois a son mai-
tre , lorsque toutes les tetes dont il est compose
seront epuisees par la vieillesse, d'autantque le
premier soin d'uu pStre, surtout quand il est
attentif ason devoir, est de substituer toutes les
annees dans le troupeau autant ou mcme plus de
tetes qu'il n'y en a de mortes ou de malades ,
parce qu'il arrive souvent que la rigucur des
froids le surprend, etque rhiver fait mourir les
brebis qu'il avait laissees dans le troupeau pen-
dant rautomne, dans la pcrsuaslon oii il etait
qu'elles pourrnient aussi supporter Thiver. Ces
accidents sontencoreun motif qui doit le porter
a ne completer le troupeau qu'avec de jeunes
agneaux , et qui soient dqk assez forts pour n'e-
tre pas surpris par Thiver. II joindra a cctte at-
tention celle de ne pas le completer avec les
agneaux qui seront nes de brebis iJgeesde raoins
de quatre ans ou de plus de huit, parce quc dans
aucun de ces deux ages une brebis n'est propre
a elever un agneau : outrc que le produit d'une
vieille bete tient comrauni^ment de la vieillcsse
de son origine , et qu'il est toujours ou sterile ou
chetif. On doit garder la ventree d'une brebis,
pendant qu'elle est pleine , a peu pres avec autant
de circonspeetion que les sages-femmes gardent
le fruit d'une femme grosse. Ou ne diilivre pas
non plus autrement cet animal que les femmes ,
et souvent raenie son travail est plus penible a
proportion de ce qu'il est priv6 de toute raison.
Cest pourquoi le maitre du troupeau doit etre un
homrae iustruit dans la medecine veterinaire,
afin que, selou le besoia, il soit en ctat, lorsqua
le foetus sera attache eu travers daus la matrice
de la mere, de Ten tircr soit en cntier soit par
parties , sans mettre la mere en danger en le dis-
scquant avec le fer, ce que les Grecs appellent
Ei/.£puou)./.ETv. Des que Tagneau cst venu au
raonde, il faut le mettrcsur ses jarabcs, et Tap-
procher du pis de sa mere ; ensuite meme lui ou-
vrir lagueule, pour rhumecter du lait qu'on y
fera degoutter en pressant le bout du pis, afui
qu'il apprenne a tlrcr rallment que lui doit
fournir sa ra6re. Mais avant d'cn venir la, on
traira auparavaut lcs premieres gouttes de ce
Iait,queles p^tres appellent co/o^^z-aj parceque
si on n'avait pas soin de les lirer, elles feraient
mal a Tagneau. Deux jours apres sa naissance,
on renferme avec sa mere, afin qu'elle rechauffe
etqu'il apprenne a la reconnaitre : apres quoi,
tant qu'il n'est pas en etat de bondir, on le garde
dans un enclos obscur et cbaud; mais lorsqu'il
commencera a bondir, il faudra renfermer dans
un parc d'osier avee ceux de son 5ge, de peur
qu'il ne maigrisse comme les enfants par trop de
petulancc. 11 faut aussi avoirsoin que les plus
jeunes agneaux soient s^pares dcs plus forts,
parce que ceux qui sont deja robustes tourmen-
teut ceux qui sont encore faibles : mais il suffit
de faire cette separation le matin avant que le
troupeau sorte pour aller paitre; car on pourra ii
rentree de la nuit, et lorsque les brebis seront
de retour apres s'etre bien rassasiees, mettre
les agneaux pele-mcle avec elles. Lorsqu'ils cora-
menceront a etre forts , on les nourrira dans Te-
table avec du cytise ou de la luzerne, et racme
develiuntur, et iis submotls, fructus lactis ex niatribus
non niinor percipilur. Submitli lamen etiam in vicinia
urbisquintum quemqueoportebit. Nam vernaculum pecus
peregrino longe est utilius : nec commitU debet, ut lolus
grex effistus senectute dominum destituat : cum praiserlim
boni pastoris vel prima cura sit anuis omnibus in demor-
luarum viliosaiumque ovium locum totidem vel eliam
plura capita substituere : quoniam sajpe frigorum atque
iiiemis saevitia pastorem decipil, et eas oves inlerimit,
quas ille tempore autumni ratns adbuc esse tolerabiles,
non submoverat. Quo magis etiam propter bos casus , nisi
quai validissima non compieliendalur bieme, novaqiie
progenie repleatur numerus. Quod qui faciet, servare de-
bebit, ne minori quadrima;, neve ei , quae excessit annos
octo, prolem subinittat. Neulia enimajtas ad educandiim
est idonea : tum etiam quod ex vetere materia nascitur,
plerumque congeneratum parentis senium refert. Nani
vel sterile vel imbecillum est. Partus veio incientis pecoris
non secus quam obsletricum niore custodiri debet. Neque
cnim aliler boc animal quam muliebris sexus enititur,
s<Tpiusque etiani , quando est oninis rationis igiiariini , la-
boratin partu. Qiiaie vetcrinari.i' medicin;cpiudcns esse
debet pecoris magisler, ut, si res exigat, vel infegrum
coneeptum , cum Iransveisus bairet locis geuitalibus,
estraliat , vel ferro divisum citra niatris perniciem parti-
buseducal, quod Graici vocant e[i(3pbou).xerv. Agnus au-
tein, cum est editus, erigi debet, atqiie uberibus admoveri,
tuni etiani ejus diductum os pressis humectare papillis,
ut condistat maternum traliei e alimentum. Sed prius quain
hoc fiat, exiguum lactis emulgendum est, quod pastores
colostram vocant : ea iiisi aliquatenus emitlitur, nocet
agno qui biduo quo natus est, cum matre claudatur, ut
et eaparlumsuumfoveat, etille luatrem agnoscere condis-
cat. Mox deiiide quamdiu non lascivit, obscuro et calido
septo custodiatur; postea luxuriantem virgea cum coin-
paribus area claudi oportebit , ne velut piierili nimia exul-
tatione macescat : cavendumque est , ul tenerior separelui
a validioiibus, quia robustus angit imbecillum. Satisquo
esl mane priiis quam grex procedat in pascua ; deinde
etiam crepusculo redeuntibus saturis ovibus admiscere
agnos. Qui dum firmi esse cceperint, pascendi sunt intra
stabulum cytiso, vel medica, tum etiani furfiiribus, aiit,
si permittat annona, faiina ordei vel ervi : deiiide, iibi
coiivaluerint , tirta meridiem pralis aut novalibus vili;i,'
DE LAGUiCULTURE, LIV. VII.
343
avec du son par la siiile, ou de la farine d'orge
ct d'ers, si la clierto de ces praiiis n'y met point
d'ol)Slacle : aprcs quoi , lorsqu'ils auroDt pris
toutc Icur force , il faudra mener les meres vers
le midi dans des prcs ou sur d^ jachcres conti-
i;ues a la nictairie , et faire sortir les agneaux de
leur cnclos, afin qu'ils appreuneut a paitre au
dehors. Quant au penre de fourrage qui leur con-
vient, nous obscrverons, soit en rappelaut ce
que nous avons dit preccdemment , soit eu y ajou-
tant les choses que nous pouvons avoir omises
alors, que !cs hcrhcs qui leur sont le plus agrea-
hles sont celles qui viennent dans les campagnes
qui out recu le preniicr lahour a la eharrue ; qu'a-
prcs elles, ce sout cclles des pres qui ne sont pas
tiop humidcs ; et qu'ennn celles des marais et des
furcts passciit pour ctre lcs moiiis honnes. Iln'y
apascepeiulant defourrages ui meme depacages,
si agreables qu'ils puisscnt etre, qui ne cesscut
k la longue de plalie aux brebis, a moins que le
ptltre iie prCvienne le dcgout qu'el lcs cn prennent
en leur douuant du sel : on met ce sel dans des
augesde hois peudant Tete, afin qu'elles aillent
lc lechcr au rctour de la pature , et qu'il serve
comrae d'assaisouneracnt A lcur fourrage, pour
cxciteren elles une ardeur egale tant pourhoire
que pour paitre. On subvient d'un autre c6te a la
disette derhivcren rcmplissant les creches des
hergeries de nourriture : car on peut y mettre tres
a propos soitdcs fcuilles d'orme ou de fr^ne,
soit du foin d'automne que Ton appelle conlum ,
parce que ce foin cst plus mollet et des la mcme
plus agrcahle que celui qui est cueilli dans son
temps. On les nourrit aussi tres-bien de cytise
et de vesce cultivcc. II faut cependant etre aussi
pourvu de paille de legumes, pour leseas ou tuu-
tcs les autres nourritures viendront a manquer.
Car si Ton voulait s'eu tenir a ue ieur douncr qiie
de Torge , ou des fcves hroyecs avee lcur cosse ,
ou du pois chiche, ce serait une trop graude
dcpense pour pouvoir y subvenir dans ie voi-
sinage des villes sans qu'il en coutat enormement,
quoique ces graines seront sans contreditce qu'il
y aura dc mieux a leur doiiner, dans le cas ou
leur bon marche lc pcrmettra. Quant aux tcmps
auxquels il faut lcsmenerpaitre ou hoire , je suis
du scntiment de Maron, lorsqu'il dit : Au lc-
ver de la constellulion de Lucifer, menons lc
matin les troupeaux brouterles campagnes en-
core frniches, dans !e tempsque lesherOessorit
blanchies pnr laf/elee, et qiie la rosee, qui est
trcs-arjrcable au betail, couvre 1'herbe tendre.
EnsuHe, lorsquc la quatrieme heure du jour
leur fera sentir la soif, condttisons-les d des
puits 011 vers des etangs profonds ; racnons-les
au inilieudu jour soit dans des vallees, comme
dit le m^me poete, oii des ehenes eleves, dont
lc bois sera consacre depuis longtemps d Jupiter,
itciulront au loin leurs branches; soit dans dcs
forets qu'une quantite d'yeuses, dont fombre
sacrce invite d se reposer, rend iinpenetrables
d la lumiere. Lorsqu'ensuite la chaleur scra
tombee , raenous-les boireuue seconde fois , poui
les faire paitre de nouveau ve?-s le coucher du
soleil, lorsque lu Jraicheur du vesper aura
leinpcre Vair, et que la nuit en ainenant la rosce
commencera d refdre les forets. Mais il faut
observer en ete, pendant le lever de la Cani-
culc , de conduire lc Iroupeau avant midi la tetc
touruee a roccident, en le faisaut avancer vers
ce point du monde , ct l'apres-midi vcrs rorient :
car il est tres-importaut que la tetedes hrebis ne
soit poiut alors en faee du soleil pendant qu'elles
bioutcnt, parce que cette constellation est ordi-
nairement pernicieuse aux animauxa son lcvcr.
On Ics reliciKlra peudant les matinees d'liiver ct
rontlunis inalres nrtmoveiKla; smit, et a septo emitteiuli
agni, ut condiscant foris pasci. De genere pabuli jain el
anle diximus, ut nunc eoriiin , ijua; oinissa sunt, memi-
neilmns, jucmi^lissiinas licrbas esse, qua; aratro proscissis
arvis nascantin-; (lcin<lri|iia'pratisuliginecarentibus; pa-
liislres silvcslicsi|iic miiilme idoueas liaberi. Nec tamen
ulla snnt lam blanda pabiila, ant etiaiii pascua, (iiioruin
gratia iion t^xolcscat usii coutinuo, iii.si pocudnm laslidlo
p.astor occurrerit pra;bilo sale, ijuod velut ad pabuli con-
dimeDtum per xstaleni canalibus iigneis imposituin , ciim
c paslu redierint oves , lambunt, atque eosapore ciipidi-
nem bibendi pascendique concipiuut. Alcontra pcnuri.io
biemis succnrritur ohjcclis inUa tectiim per prajscpia
cibis. AluntiM' autem coinmodissime reposilis uliueis vcl
ex fraxino ftondibus, velauluinuali ficuo.quod cordiiin
vocatur. Nam id mollius et ob boc jiicundius est, quam
maluruin. Cytisoqiioqiic et sativa vicia pulcberriine pas-
cunlur. Ncccssaria; tamen , ubi caetcia dcfcccrnnt, ctiam
cx leguniinibns pale;c. Nainperse oidcuin, velfresa cum
[suis valviilisj laba [vcl] ciccrcnla siiinpliiosior esl,
quumiit subuibanis regioiiibns salubri pretio possil pra>
bcri ■. sed siculii \ilitas pennilti, liaud dubie sunt oplima.
Dc temporibiis aiitem pascendi , ct ad aquain dncendi per
icstalem iiun aliter sentio, quani ut prodidit Maro : Z?«-
ci/vrt priiHo niiii xidvrc friijida rura Carpamus, dum
muiic iwviiiii, diiiii ijraiiiina caiicnt, Et ros in tcnerapc-
cori ijralis.siiiiiis liirba. Indeubi quartasitiin cmti col-
legerit /lora, Ad puteos, aut alLa gregcsadslaijna per-
ducamus,mcdioquedie,ut idem,ad,vallem,.S««6iH(«yH«
Joris antii/uo robore i/ucrcus lngcntcis tendit ramus ,
aut sicubi niijruni Uicibus crebris sacra neinus ac-
cahal uinbra, Uiiisus deinde jain niitigato vapore com-
pellainus ad aquain, ct iteriim ad pasciia producamus.
Sotis ad occasuin, cuinfriijidus aera vesper Temperat,
et sattus rejicit jaiH roscida tuna. Sed observandiim
est sidus aislalis per eincrsum Canicute, ul anle meridicni
grex iii occidentem spcclans agatur, et in eam partcni
prngrediatiir, post meridicm iii oricnlcm. Sitpiidem pliiri-
nium rcferl,ut nc pasccntium capita sinl advcrsa soli,
qiii plcrumqne iiocet animalibus oriciitc praediclo sidcrc.
Ilieme ct veie matulinis lcmporibus intra septa conti-
ncantur, duiii dics arvis gdicidia dctraliat. Nam pruiuosa
U4
COLUMELLE.
de priiitemps dans leur enelos, jiisqu'a ce que Ic
soleil ait ressuye la gelee blanche des campa-
pnes, parce que riierbe couverte de rosee occa-
sionne danscessaisonsdcslluxionsaux bestiaux,
ct leur lache le ventre. Cest pour cela aussi qu'il
ue faut les laisser boire qu'une seule fois dans les
temps de Tannee froids et humides. Outre ceia,
celui qui suit le troupeau doit avoir Tceil de tous
c6tes, etre vi;j;ilant (preccpte applicabie en ge-
neral ^ tous ceux qui gardcnt des bestiaux , de
quelqueespecequ'ils soient;,et legouverncr avec
beaucoup de douceur, car ces animaux sont tres
pacifiques, et souffrent tout en silence. Le con-
ducteur secontentera de menacer les brebis avec
!a voix et la houlette , quand il s'agit de les ras-
serabler et de ies faire rentrer, sans jamais lancer
de traits contre elles , sans s'ecarter a une trop
grande distance d'eiles, et sans se coucher ni
s'asseoir a terre. II doit au contraire, lorsqu'il
ne marche pas, se tenirdebout, parce que le de-
voir d'uu gardicn est d"avoir les yeux postes,
pourainsidire, surune guerite tres-elevee, pour
empecher de s'ecarter des autres ou celies qni
sont parcsseuses et pleines, lorsqu'elIes sarrelent,
ou celles qui sont agilesetqui ont mis bas, lors-
quelles vont trop vite, dc peur qu'un voleur ou
une bete feroce ne vienne a le tromper et a lui
faire prendre Ic change. Mais tous ccs preceptes
sont generaux , et conviennent presque a toutes
les especes de brebis ; au lieu que nous en allons
donner de particuliers pour les especes le plus
estimces.
IV. II est rarement avantagenx d'avoir des bre-
bis grecques, que l'on appelle communement bre-
bis de Tareute, a moins que le proprietairene soit
dans le cas d'avoir continuellement roeil sur el-
lcs , paree que ce betail demande de plus grands
soins et plus de nourriture que les autres. Car si
les bestiaux qui portent laiue sont en general
plus delicats que les autrcs, celui de Tarente
Test encore plus particulierenicnt , parce qu'il ne
pent supporter aucune sorte de negligenceeten.
core moins de lesine, soitde la part du proprio-
taire,soitde la partderintendant du troupeau,
comrae il ne peut pas non plus se faire au chaud
ni au froid. II preud le plus souvent sa nourri-
ture a Tetable et rarement au dehors , et il lui en
faut une tres-grande quantite ; de sorte que si le
raetayer lui en soustrait une portion par fraude,
le desastre se met bientfit dans le troupeau. II
suftit de mettre dans les creches de ces animaux,
pendant fhiver, trois sextar/i d'orge pourcha-
que tete, ou quatre sextarii soit de feves broyees
avec leur cosse , soit de pois chieiies, en leur
donnant par-dessus du feuillage sec , ou de la lu-
zerne tant seche que verte , ou du cytise , ou
meme sept livrcs de regain, ou de la paille de
legumes eu abondance. II ne peut y avoir qu'un
fres-petit prolit a retirerdece bctail sur la vente
des agneaux , et il n'y en a aucun a faire sur le
lait, parce qa'on tue communement les agneaux
que Ton ue doit pas garder, tres-peu de jours
aprcs leur naissance , sans attendre qu'ils soient
faits, et que fon en donne d'autres a allaiter aux
meres qu'on a privees des leurs propies. Mais on
ne donne qu'un agneau a deux nourrices, sans le
frustrer de la moindre portion de leur lait, afm
que s'en rassasiant davantage, il se fortifie promp-
tement, et que la brebis qui aura agnele, ayant
une nourrice associee avec elle, ait moins de
peine a elever son agneau. Aussi faut-il observer
avec tres-grande attention de presenter tous les
jours a ces agneaux le pis de leurs raeres, ainsi
que celui de ces ra^res etrangeres ([ui , n'ayant
point pour eux raffection maternelle, ne cher-
cheraient point a le leur presenter. II faut elever
pius de m^les dans ces sortes de troupeaux que
dans ceux de brebis a laiue grossiere , parce
[iis diehiis] lierba pcciuli graveilinem creal, venlremqiie
proliiit. Quare etiam frigidis liumiiiisque temporibiis aiini
semel [ lanlnm ] ei poteslas aquae facienda est. Tum qiii
eeqiiitur gregein circumspectus ac vigilans ( iJ quod om-
nibus et omnium quadrupedum custodibus praecipitur )
magna clementia moderctiir; idemque propiorquia sileut,
el in agendis recipiendisqiie ovibus adclamatione ac baculo
minetur : nec unquam telura emittat in eas : neque ab
liis longiiis recedat : nec aut recubet , aiit considat. Nam
nisi procedit , staredebet, quandoquidem custodis officiiim
sublimem celsissimamque oculorum veluti speculam de-
siderat, ut neque tardiores et gravidas, dum cunctantur,
neque agileset foetas, dum prociirrunt, sepaiari acaeteris
sinat; nefiir, autbestia hallucinantem pastoremdccipiat.
Sed liiEC communia fere sunt in omni pecore ovillo. Nuuc
quiie sunt generosi propria dicemus.
\V. Gnecura pecus, quod plerique Tarenlinuni vocant ,
nisi cum doniini praesenlia est , vix expedit liaherl : siqui-
liem et curain et cibum majorem desiderat. Nam cum sil
uuivcrsuni genus lauigcruni ca;leris pecudiliiis niollius,
lum ex omnibus Tarentinum est niollissimum , qiiod nul-
larn domini aiit magistiorura iiieptiain sustinet, iiiultoque
niinus avaritiam ; nec aestus , nec frigoris patiens. Raro
foris , plerumqiie domi alitur, et est avidissimura cibi;
ciii si quid detialiitur fraude villici, clades sequitur gre-
gem. Singiila capita per biemera recte pascuntur ad prae-
sepia tiibus oidei vel fiesa; cura suis valvulis fabae, aut
cicei cula; quatuor sextariis , ita ut et aridam frondem prse-
beat, aut siccam vel viridera medicam eytisumve, tuni
eliam cordi foeni septena poiido , aiit legiiminuin paleas
adfalim. Minimus in agnis vcndundis in liac pecude , nec
iillus lactis reditus liaberi potest. Nam et qui submoveri
debent, paucissimos post dies quam edili sunt, immaturi
fcre mactantur ; oibicque nalis suis niatres aliense soboli
|ira:bent ubera : quippe slnguli agui binis nutricibus sub-
mitluntur, nec quicquam subtralii submissis expedit, quo
satuiior lactis agnus celeriter confirmetur, et parla nuti ici
consociata miiius laboret in educatione lirtus siii. Qiiam
ob caiisam diligenti cuia servandum est, ut et siils qiioli-
die matribus et alienis non amantibus agni subruniciitut.
DE L'AGRICULTimE, LIV. VII
3-45
qu*on lcs chStre avant quMls puisscnt couviir les
femelles, des qu'ils ont deux ans passes ; et qu'on
les tue pour vendre leurs peauxa desmarchands
qui les payent beaucoup plus cher que toutes les
autres toisous, a cause de la heaute de la laine
dout elles sont couvertes; Souvenons-nous de
faire paitre les hrebis grecques dans des campa-
gnes libres, et qui ne soient erabarrussees ni par
des arbrisseaux ni par dcs huissons, de peur que
(conimeje raiditci-dessus) leur laiueou leurcou-
verture ne soit accroehee. Elies demaudent les
plus t;rands soins a la maison , mais elles n'en
demandent pas moins au dehors, quoiqu'on ne
les niene pas paitre tous les jours. Car il faut
les decouvrir souvent pour les rafraichir, leur
cplucher frequemment la laine,et Tarroser de
viu et d'huile ; quelquefois meme il faut la laver
entierement, lorsque letempsestassez beau pour
permettre cette op!''ration, qu'il suffira neannioins
de faire trois fois Tan. 11 faut encore nettoyer
souvent leurs bergeries, de faeon qa'elles soient
toujours propres , et en balayer toute rhuraidite
occasionnee par leur uriue : il sera aise de les te-
nir seches au moyen de planehes percees dont
clles seront parquetees, et sur lesquelles le trou-
pcau se couehera. II faut non-seulemeut purger
lcur habitation de la boue ou du fumier, mais
encore des serpents venimeux. A cet effet ,
snchez qu'il faut hruler dic cedre odoriferant
dans les etables , et chasser les serpcnts veni-
mevx par Vodeur du galbanuin bnVe. Souveni
des viperes dangereuses d toucherse sont trou-
vees cachces sous des creches que Von n^avait
jamais deplacees, et se sont enfuies d'effroien
voyant la lumiere ; souvent des couleuvres ont
fixe leur sejour dans une etab/c, Dans Tun et
Tautre cas, pdtre, ramasscz despierres, comme
le prescrit le meme auteur , ou prencz un bd-
ton dc robre , ct ccrasez ces animaux au mo-
ment qu'ilsvous menacent leplus, en gonflant
leurs cous et en fuisant entendre leurs siffle-
ments. Ou , pour prevenir les dangers que Ton
conrt soi-nierae lorsqu'on cst eontraint d'en ve-
nir a cette exlrcmite , biulez souvcnt des chc
veux de femme ou de la corne de cerf , doiit To-
deur est cxcellente pour chasser ces sortcs d'ani-
maux pestilentiels des ctables. On ne peut fixer
pour la toute un temps eertain , et qui soit le
merae pour toutes les contrees, parce que Tete
ncstpasegalemeuttardif niegalementhatifdans
tous les pays : ainsi la meilleure mctliode est
d'exaraiuer les temps dans lesquels lcs bicbis ne
seront exposccs a souffrir ui du froid lorsqu'on
les aura tondues, ni du chaud lorsqu'elles au-
ront encore leur laine. Au surplus, en tel tcraps
qu'une brebis aitete tondue, il faudra la frotter
avec la eoraposition suivante : On mclera ensem-
ble a doses cgales du bouillon de Itipins , de la lie
de vieux vin et de la lie d'huile ; et lorsque la
brebis scratondue, on Tarrosera de ee raclauge
de liqueurs; quaud son dos , que Ton frottera
bien pendant troisjcurs, euauraetc bien imbibe,
on la menera le quatriemejouraubord de la mer,
si elle est dans le voisinage, pour \'y plonger;
mais si la mer est eloignee, on mettra du sel dans
de Teau de pluie qu'on laissera a Tair jusqu'a ce
qu'ellecn soit bien impregnee; npres quoi on s'en
servira pour laver le troupeau. Celsus assure
qu'eu prenant toutes ces precautions, ce betail
ne i)eut pas devenir galeux de rannee; mais un
fait qui n"est point douteux , c'est que sa laine re-
viendrn plus douce et plus longue qu'elle ne Tetait
auparavnnt.
V. Comme nous avons passe en revue les soins
1'luies anlem iii ejnsmodi gregibiis quani in Iiirtis mas-
culos enutriie oportet. Naiii [iiius iiuani f(i miuas iiiire
possint inares castrati , cum bimatum e\pleverinl, ene-
cantiir, et pelles corum propter pulchritudinem lanae majqre
pretio quam alia velleia mercanlibus traduntur Liberis
autem campis et omni snrculo ruboque vacantibus ovem
Gra^cara pascere meminetiraus , ne , ut supra dixi , ct lana
cjrpatur et tegumen. ■Nec tamen ea niinus sedulam curam
foris, quianon quotidie procedit in pascua, sed niajorem
domesticani postulat. Nam soeiilus delegcnda et refi ige-
randa est : sxpius cjus lana diducenda, vinoque et oleo
insuccanda, noniumquam etiamtotaest eluenda, si diei
permittit apiicitas : idqueteranno fieri sat est Slabula
vcio fiequeutcr everrenda et purganda , linmoi que onuii»
nrina; deverrendus est, qiii commodissime siccatur peiio-
latis tabulis, quibus ovilia constcrnuntur, ut grex su-
percubet. ISec tantum ca^no aut stercore, scd cxitiosis
quoque serpentibus tecta libcrentur : qiiod iit liat , Uisce
et odoratam stabulis incciidere ccdrum, Galbiineoque
agitare graves nidore clieUjdros. Sirpe sub immolis
prwsepibus aut mala taclu Vipera d<'tiluit,ca-lumijue
exterrita fugit : Aut leclo assuetus coluber. yiiaie , ut
idem jiibet, capesaxa mann, cape rolmra pnslor, Tol-
lenlemtjue minas, et sibila coila tumeniem Dejice.
Vel ne isUid ciim periculo faceie neeesse sit, muliebrcs
capillos, aut cervina sspius ure cornua : quorum odor
maximeuon palitur stabulis prasdictain pestem consistere.
Tonsur.-c certum tempus auni per omnes rcgiones servari
non putest : quoniaiu uec ubiqiie tarde, nec celeriter
«■stas ingruit : et est modiis oplimus considerare tempes-
lates, quibus ovis nequc frigiis, si lauam detraxeris, ncque
■cstuin, si noudum detondcris, sential. Verum ea quan-
doqiie delonsa fucrit , ungi debet tali medicamine : siiccus
excocti Inpini, vcterisque vini fex, ct amurca pari raen-
sura inisrentiir, coqiie liqnamine tonsa ovis imbuitur, at
i]iii- iibi per Iridiium delibiito tergore mcdicamina perbi-
berit , quarto die , si est viciuia maris , ad littus dedncta
mei salur : si minus , caleslis aqua siib dio salibus in
liunc iisiim diirata paiilum decoipiitur, eaque grex perlui-
tur. Iloc modo ciiratum pecus tolo aniio scabrmn (ieri
non posse Cclsus affumal : nec dubium est , quiu etiani
ob eam rcm lana mollior atque prolixior rcnascatur.
V. Et quouiam recensiiimus cultiim curanique recte
valentium, niinc quemadmodum viliis aut morbo lalio-
346
COLUMELLE.
et les attentions que demandent les brebis qiii se
portent bien , nous allons prescrire a preseut la
faeon dont on doit soulager eclles qui sont defec-
tueuses ou malades , quoique presque toute cettc
derniere partie ait deja ele epuisee lorsque nous
avons donne dans ie premier livre la facon de
traiter les grands bestiaux. En effet, corame la
constitution du corps est presque la meme dans
les petits quadrupedes que dans les grands , il
y a tres-peu de differences a rcmarquer dans
leurs maladies , comme dans les reraedes qu'on
y applique; encore ces differeuces sont-elles
legeres : neanmoins , si legeres qu'elles soient ,
nous ne les passerons point sous silence. Si un
troupeau entier est raalade, il faut, conforme-
raent a ce que nous avons ordonne ci-dessus , et
que nous croyons devoir repeter de nouveau
( parce que nous pensons que cette m(5thode est
tres-salutaire) , changer dans ce cas-la les pdtu-
rages et Taiguade de toute lacontrce, et che^--
cher un autre ciimat ( car c'est le remede le plus
efticace). Mais il faudra avoir soin, en faisant cette
mutation, de choisir des carapagues couvertes
d'arbres, si la niaiadie a ete occasionnee par la
chaleuretpar Tardeurdu soleil , etdeslieux ex-
poses au solcil , si c'est le froid qui Ta occasion-
nte. On aura soin de conduire letroupeau dou-
cement et sans le trop harceler, pour ne pas
augmenter sa faiblesse par la fatlgue d'ua long
cherain, quoiqu'iIne faudra pas non plus lc con-
duire absolumentavec lenteur, nisansle presser
en aucune maniere ; paree que s"il n'est pas ex-
pedient de trop emouvoir les betes deja faliguees
par la maladie , et de leur distendre les membi-es,
il est utile d'uu autre cotede les exercer raodcre-
ment, et de les reveiiler , pour ainsi dire, de leur
assoupissement, sans permettre qu'elles torabent
dans rengourdisseraeut et meurent en lethargie.
Lorsqu'ensuite le troupcau sera arrive a sa desti-
nation, on l'y distribuera aux colons du pays par
petits pelotons : en effet, il se portera niieux etant
ainsi divisc que s'il etait entier, soit parce que
Tair de la maladie elle-meme sera moins conta-
gieux dans un plus petit nombre de betes, soit
parce qu'on trouvera plus de facilites i donner
ses soinsaun troupeau desqu'il seramoins nom-
breux. Voila done ce que Ton aura a observer,
si toutcs les hrebis generaleraent sont malades,
en y joignant les autres preceptes que nous avons
detaillcs dans le livre precedent (pour ne pas
repeter ici les mcmes cboses). Voici a present ce
qu'il faudra observer. lorsqu'il n'y aura que
quelques betes malades. Les brehis sont iufec-
tees de la gale plus souvent que tout autre ani-
mal : cette maladie leur vient corarauneraent ,
comrae dit notre poete, lorsqiCune pluie froide
les apenetreesjusqu'auxos, et qu'e/les ontetc
exposces en hiver aux gclces blanches; lors-
qu'apres la tonte on n'a pas eu recours au re-
mede que nous avons donnc; lorsqu'on n'a pas
lave daus la mer ou daus une rivicre la crasse de
leurs corps, occasionnee par les sueurs deTete;
lorsqu'apres la tonte du troupeau , on Ta exposc
a se blesser dans des buissons sauvages et dans
des epines ; enfin lorsqu'on Ta mis dans des eta-
bles qui avaient servi preeederament a des mu-
les , a des chevaux ou a des anes : mais c'est sur-
tout le defaut denourriture qui occasionne cette
maladie, en occasionnant la maigreur dont elle
est une suite. On s'apercoit que cette raaladie
commence a gagner ces animaux lorsqu'ils se
grattent et se raordcnt la partie nialade, qu'ils y
porlent la corne ou le pied , ct qu'ils la frottent
contre un arbreou coutreles murailles. Aussitot
donc que Ton voit une brebis occupee de ces pe-
tits maneges, il faut la preudre et ecarter sa
laine, pourexaminer la peau de dessous, qui doit
etre rude et couvertc d'une espcee de crasse. II
ranlibiis subveniendum sit, priecipiemus : quanquam
pars h<KC exordii pene tota jam cxliausta est, cum de me-
iliciua majoris pecoris priore libro disputaremus. Quia
cum sit fere eadem corporis natura minorum majorumque
quadrupedum , [jaucae parva^que morborum et remedio-
rum diflerentiae possunt inveniri : quae tamen qiianlulajcun-
quesint, non omittenlur anobis. Si aegrotat universum pe-
cus, utelanleprajcepimus, etnuncquiaremurcssemaxime
salutare, iterum adseveramus , in lioc casu , quod est re-
mediuni prMsentissimum , pabula niutemus et aqiiatio-
ncs, totiusque regionis aliuni quaeramus statum c;('li , cu-
remusque, si ex calorc et seslu concepta peslis invasit,
ut opaca rura : si invasit rrigore , ut eligantur apiica. Sed
niodiceac sine festinatione persequi pecus opnitebit, ne
imljecillitasejus longis itiueribus aggravetur : nec tamen
in totum pigre ac segniter agere. Nam qiiemadmodum
fessas morbo pecudes veheraenter agitare et extendere non
conveiiit , ita conducit mediocriter exercere , ct quasi tor-
pentcs excitare, nec pali veterno conseiiesccre atque ex-
iugui. Cum dcinde giex ad locum fuerit pcrduclus, in la-
cinias colonis distribuatur. Nam particulatim lacilius quam
universus convalescit, sive quia ipsius inorbi halitus mi-
nbr est in exiguo numero, seu quia expeditius cura major
adhibetur pautioribus. H;ec ergo et veliqua, ne nunc eadem
repclamus, qu.* superiore exordio percensuimus, obser-
varedebemus, si universK laborabunt : illa, si singulM.
Oves frequeniius , quarn ullum aliud animal infestantur
scabie; qui^e fcre nascitur, sicut noster memorat poela,
Cum frigidus imbcr Altius ad vivum persedil , et hor-
rida cano Bruma rjelu, vel post lonsuram , si remedium
pra'dicti medicaminis non adliibeas , si a-stivum sudoiem
mari vel lluraine non abluas, si tonsum giegem patiaiis
silvestribus rubis ac spinis sauciari , si stabiilo iitaris , in
quo miila! auteqniaut asini steterunt : prscipue lauicu
exiguitas cibi maciem, macies autem scabiem facit. Ha'e
ubi coepit irrepere , sic intelligitur : viliosum locum pe-
cudes aut morsu scalpunt, aut coruu vcl ungiila tundupt,
aut arbori adfricant, paiielibusve detergent : quod ubi
aliquani facientem videi is , comprehendere oporlcbit , ct
lanam diduccre : nam subest aspera cutis , ct vclut qu;c-
DK L'AGRICULTURE, LIV. VII.
fautallcr au-devaut de cette nialadic desqu'elle
comincnee a paraitre, de peui- qu"elle iiMnfecte
lout ie tronpeau, et iiienie promptement, d'au-
tant que Ws brcbis sont sujettes a la contagion
plus particulicrcment encore qiie les autres bes-
tiaux. Or il ya plusieurs remedes, que nous al-
lons tous donner ; non pasqu'il soit necessaiie de
les employcr tous a la fois, niais paree qu'il y eo
a dans le nombre que Ton ne peut pas trouver
sous sa main dans certaines eontrecs, et afin
que surlaquantite ou puisse au moins cn trouver
un seul dont rapplication suffise pour lesguerir.
D'abord on peut employer avec suc«es la corapo-
sition que nous avons donnee plus haut, c'est-a-
dire , un melange par portions egales de lie de
vin , de lie dliuile et de bouillon de lupins , au-
quel on ajoutcra de rellebore blane pile. Lejus
de la eigue verte peut aussi enlever cette mala-
die : on coupe a cet effct eette plante au prin-
temps, lorsqu'ellecommence aetreen tige, saus
attendre quelle soit en graine ; on la pile, et on
serre dans un vase de terre ie jus que l'on cn a
exprime, en y ajoutant i\n semodu(s de sel roti
sur deux urna^ de jus. Lorsque cela cst fait , on
enduit le vase pour le bien boucher, et on l'en-
fouit dans du fumier ; apres quoi cc medicaraent
ayant etecuit pcndanttoute rannee parla vapcur
du fumicr, on Ten tire pour rappliquer ehaud
sur la partie malade, apres Tavoir grattee prca-
lablemcut jusqu'au vif avcc une brique rude ou
avec la pierre ponee. Ou traite aussi la meme
raaladie avec de rhuile cuitc jusqu'a diminu-
tion desdeux tiers, comme avec de vieille urine
dhorame, dans laquelle on plonge des tuiles ar-
dcntes. .Mais il y a des personnes qui aiment
mieux raettre cette urine sur le feu , pour la fnire
cuirejusqu'a diminution d'un ciuquieme, avec
pareille quanlite dejus de cigue verte, ct qui y
rcpandent ensuitc de la poterie rcduite en pou-
dre, de la poix fondue, et du scl r6ti a la dose
d'un sextarivs chacun. Du soufre egruge et de
la poix fondue, epaissis ensemble par portions
egales a Taide d'un feu lent, remcdientegalement
a cette maladie. Mais le poiime des Georgiques
assure qu'il n'y a point de meilleur remcde ijne
de coiiper avec le fer re.Tlremite des levres de
c/iaque ulcere , paree (pte le rirus subsiste et
fait des progres lant qiCil n'est pas d decou-
vert. C'est pourquoi il fnut ouvrir les ulceres,
et les traitcr a vec des medicaraents , comme toute
autre plaie. II ajoutc cnsuite , avec non inoins de
prudence, que lorsque les brebis ont la ficvre,
il faut lcur tirerdu sang du talon ou d'entre les
cornes du pied , d"antant qu'il a tressouvent ete.
ittile deprevc7iir le ravac/eque peuvent caiiser
lesfcux qui s'allument dans Leur corps , et de
piquer, entre les extremites de leurs pieds,
laveine dontle battemcnt annonce une trop
fjraiide abondance de sang. 0\\ leur tire cn-
core dusang sous les yeux, ainsi que des oreillcs.
Les elous infecteut aussi les brebis dedeux raa-
nieres : soit lorsque Ton voit du pus et une cntrc-
tnilUire dans la separntinn mcmc de la corne du
pied, soit lorsqu'il vieiit a s'y former une petite
tumeur, vcrs le railieu de laquelle s'tlc\e un
poil semblable a un poil de chicn, etsous laquelie
estrenfermeun petit ver. Le pus ct rentretaillure
disparaifront, soit cn lcs frottant simplement
avec de la poix fondue, ou avec de ralun et du
soufre mcles enserable dans du vinaigre, ou avec
de ralun broye nvec une jeune grenade dont les
grains ne sont pas cncore foi'mcs, et arrose de
viiiaigre; soit eu les saupoudrant de vert-dc-gris,
soit eu appliquaut dessus unc noix de gnlle bru-
dam norrigo. Ciil priino qiioque tempore nfcnrrendiim
cst , iie lolam piiigciiiein raini]uinet, si quldem celeriler
cum et alia pecora , tuiii pr.Tcipue oves contagione vexen-
tur. Sunt autem coni|)luia niedicamina, (|ua! idcirco enu-
nieraliimus , non (piia iiiiiilis uti necesse sit , sed quoniam
iioniiullis re^ioiiilius qu.cdam rcpcriri nequcunt , ex plu-
rilius aliqiiod invcntuni reniediii sit. Facit autera comniode
piiinum e.a ciimpositio, quam paulo anle demonstravi-
iiius , si ad feccm et amurcam , succiimque decocti lupini
niisceas portione ocqua detritum alhiim cllebonim. Potcst
ctiam scibriciem tollere succus viridis cicut.ie : qiiie verno
tempore , ciim jain caulem nec adluic semina facit , decisa
tonlunditur, atque expre.ssus hunior cjus fictili vase re-
conditur, duabus urnis liquoris admisto salis torridi sc-
iiiodio. Qnod ulii ractiim cst, oblilum vas in stenpiilinio
dcfodilur, ac foto anno limi vapore concoctum niox pro-
mitur, tepcfactumque mcdicamentum illinitur scabrae
paiti, quiE timen priiis aspera lesla defri<ta vcl pumice
redulccratur. Eidcm remeilio est amuica duabus partibus
dccocla : ilcm velus Iiominis urina tcslis cjindentibus
inusla. Quidam lamen liancipsam.subjeclisj^uibusqiiinta
purtc uiiiiiiunt , .^dinisccntqiie [wri nieiisura siicciini viridis
cirutae : deinde linularis Iriti et picis liquid.T, ct fricli
salis singiilos sextarios infundunt. Facit etiam sulluris Irili
et picis liquidse modiis sequalis igne leiito roctiis. .Srd
Georgicum carmen aflirmat nullam esse pr.Tslanliorcin
medicinam , Quam si r/uis/crro /xiticit rrsrindfrc siini-
mttm 1'tccri.': os : alitur rilium, viritrjuc lcrjcndo. lt;\i\nii
reseiandiini e.st, ct iit ca^tcra vulncia niedicamciitis curan-
diim. Siilijicit dcindc ,Tque pnidcnter, febricitanlihus ovi-
biis dc l;ili) vcl iiitcr diias iinsulas sanguinem emilli opor-
lcre : nain pluriii.iiin id quidcm Prnfuil incensos astus
avcrtcrc , cl intcr Ima/erire }>cdi.s salie.ntein sanrjuine.
renam. Nos eliam suh ocnlis et dc auribiis saii};uincm
deliahimns. Clavi qiiiMpie dupliciter infestant oveiii, sive
ciim snhluvics atipic intcrtrigo in ipso discrimine iin^ula;
nascitiir : seu cum idem locus tuhcrculum liabet , cujus
mcdia rereparte canino similis exlat pilus , eiqiie siilwst
vermiculus. Subluvies, clintertiigo picc [pcrsc] liqiiida,
vcl aluminc et sulfnre atqiie accto inistis I^a; cuientiir,
vel austero punico malo, prius qiiam grana fariat, ciim
alumine pinsilo , siiperfiisoquc ai-elo vcl a'ris niliii;iiu'
iiifriata, vcl comhiisla Ralla cuni aiislcro vino levi^ala . it
siipcrpo.sila. Tiibeiculum, cui siih.sl vcrmiciiliis, liiui
COLUMELLE.
Ice, et piilv^ris^e dans du vin dur. 11 faut cerner
avec le fer la petite tumeur qui renferme un pe-
tit ver, mnls en y apportant la plus grande pre-
cautiou, de peur daller dans roperation jus-
qu'au corps meme de cet animal, parce que si
on le blessait, il jetterait un jus veuimeux sur la
plaie , qui deviendrait en cousequence si incura-
ble, qu'il faudrait eu venir par la suite a couper
le pied de la brebis. Lorsqu'on aura cerne avec
iittention cette petite tumeur, on arrosera la plaie
de suif foudu , qu'ou fera degoutter d'une torche
cnllammee. 11 faut traiterune brebis puimonique
de la meme mauierequon traite une truie en pa-
i'eilcas, c'est-a-dire qu'il faut lui inserer dans
roieille la racine que les medecins veterinaires
appelleut consiliyo ( de lapommelee) : nous en
avous deja parle, en dounant la methode de trai-
terles grandsbestiaux. Cette maladievientcom-
munement a tous les quadrupedes en ete, lors-
que reau vient a leur manquer ; c'cst pourquoi
il faut los mettre a portee de boire copieusemcnt
pendant les chaleurs. Celsus est d"avisque lors-
qu'une brebis a les poumous attaques , on lui
donne autant de vinaigre fort qu'elle en pourra
supporter, ou qu'on lui verse avec une petite
corne, dans la narine gauche , la valeur de trois
hemiiue de vieille uriue d'homme chaude , et
qu'ou lui insere dans la gorge un sextans de
graisse de porc. Le feu sacre (!a verole), que les
patres appellent ;ja.s?(/a ( feu Saiut-Antoiue) ,
est eneore une maladie iucurable : effeetive-
ment, si on ne Tarrete pas des qu'une des betes
du troupeau en sera atteinte, lacontagion qu'elle
mettra dans le troupeau le fera perir en entier,
d'autant que ni les reniedcs ni le fer ne peuvcut
cnapprocher, parcequ'elles'irriteeommuueiTieut
au moiudre contact avec un corps etranger. Les
seuls remedes qu'elle admette sont les fomrn-
tations de lait de chevre , dont tout reffel iie
consisle eucore qu'a temperer la fureur de la ma^
ladie, en differant plutot qu'eu empechant la
defaite totale du troupeau. Mais Bolus de Men-
desum, ee celebreauteur egyptien, dont les men-
songes, auxquels les Grecs oiit donne le nom
jfEipdx^Ylta , sont attribues fausscment a Demo-
crite, pense qu'il fautexaminer souvent etavec
atteution le dos des brebis, pour voir si elles ue
sont pas attaquees de cette maladie ; et que des
que Ton en trouve une par hasard qui en est at-
taquee, le moyen d'eu arreter les progres est de
faire sur-le-champ une fosse a la porle de Teta-
ble, d'y enterrer toule vivante et couchee sur
le dos celle qui sera couverte de pustules, ct de
laisser aller tout le troupeau sur elle. Ou ehasse
la bile , qui n'est pas une maladie moins perni-
cieuse aux brebis en ete , en leur faisant boire
de vieille urine d'honime ; c'est encore le remede
qu'on donne a ce betail quand il a la jaunisse.
Mais si une brebis est incommodce par la pituitc,
on lui iusere dans les narines des brins de sa-
riette ou de pouliot sauvage enveloppes dans de
la laine, eton les y remuejusqu'a ce qu'elle ait
cternue. Lorsque les brebis out lajambe rompue,
ou les guerit eu renveloppaut de laine imbibee
d'huile et de vin, et en attaehant eusuite autour
de la fracture des eclisses , comme on fait aux
hommes en pareil cas. La renouce cause eucore
une maladie grave aiL\ brebis : lorsqu'elles ont
mange de cette herbe, elles ont tout le ventre
tendu , sont resserrees , et rendent par la gueule
une cspece d^ecume legere qui est d'une trcs-
mauvaise odeur. 11 fautalors leur tirer prompte-
ment du sang sous la queue dans la partie voisiue
des fessts, ainsi que de la levre superieure. 11
qiiam caulissinie circiimsecari oporlet,ne, diim ampii-
taliir, etiam , qiiod iiifra est , aiiimal viilneicnius ■. i<l cnini
ciim sauciatur, venenafam saniem mitlil, qna icspersnm
vulnus ila iiisanaljiie Tacil , ut lotus pes ampntandiis sit :
sed ciim Inlicrciilnm dili:;cnter tlicunicidciis , candnis
sevum vnlneri pcr anlciilcm tcdam inslilUilo. Oveni pnl-
monariam simililcr iil siiem curari cijnviMiit, inscrla per
aniic.idaili , quain velcriiiarii cniisili.uuiriii ^oiant ; de ca
jaiii diviniiis , ciiin niajons pccoris niiclii in.nii li .ididiiiins.
.Sed is niorljus a^slate plerninipie conii[)ilnr, si dcliiit
aqua , piopter quod vapoiibus onnii i|uadrupedl laisiiis
hibendi potestas danda est. Cclso placel , si est in piilmo-
iiibus vilium , acils aceli tantnm darc , ipianliim ovis siis-
tiuere possil :vel bumanae veleiis uiiii:e tipclaclie Iriiim
liemiiiarum instar per slnisiiam iiaicm ciiniiculo iiilim-
deie , atipie axungi» sextautem raiicibns iiisereic. lisl
eliam insanabills sacer ignis , quani pusulam vocanl pas-
loies : ea nisi compescitur intra primain peciulem , quae
lali m.do corrcpfa est , universum grcgem contagione
lirosiciiiii : siipiidcm nec niedic.anieiitonim nec (erri re-
mcdia iiafifnr. Nain pene ad omnem laclum excaiidescit :
eola lamcn fomenfa non asiicrnatur lactis laiirini, ipiod
infiisnm tantum valet,nt cblandiafiir igneam sa^vitiani,
differens magis occidinnem gregis, quam prolilbens. Setl
jEgyptia; gcnfis auctor memorabilis Bolns Mendesius,
ciijiis comnienla, qua; appellanlnr Gi.iece xEtpoxji/ira ,
siib nomine Democrifi falso produntur, eenset propfer
liaiic pesfem sapius ac diligenter oviuin terga pcrspiccre,
nf si forle sit in aliqiia tale vifium deprebensmn, conlcsliiu
.scrobcni dcfodiainus in limine sfalinli, ef vivam pccndcm,
qna- fucrit pusulosa, resiipinam obrnainns , palianiurque
siipcr obrnfani nicaie lolinn grcgein, quod eo facto mor-
bus propulselur. P.ilis aslivo tempore non minima perili-
cies polione dcpclliliu liinnanai veteris urinae, qua; ipsa
remiHlio est ctiam pecoii aiciiato. At si molesta pituita
cst, (unelce bubiilae, vel nepelis sylvestiis surculi lanu
involuti naribus inserunlur, versanlurque donec steinuat
ovis. Fracla pecudiim non aliler quam liominum crma
sanantur, iuvoluta lanis oleo atque vino insuccalis, et mo%
circumdatis (erulis conligata. Esl eliam gravis peiiiicies
lierb<K sanguiiiariae , quam si pasla esl ovis , tolo vcntie
disfenditur,contialiiturque, et spuinam qiiaiidam tcmicui
letri odoris expuit. Celeriler sangniiicni niilti oporlet siib
cauOa in oa partc qna; proxima est cliinibns, nec luiiiui
DE i.'Ar.!\icur;ruRF., i.iv. vir.
340
('ii.t inriscravpc le fer les oreilles des brebisqiii
ontfle la peine a respircr, et les fairechnnger de
pays ; pratiqui' que nous croyons neeessaire dans
toutes les nialadies contapieuses. II faut aussi se-
courir lcs a;j;ncaux lorsqu'ils ont la fievre : on
traira a cet effet des brebis a part , ct on melera
le lait qu'on leur aura lire avee pareille quantife
d'eau de pluie, pour le faire boire aux agneaux ;
bien des gens les guerissent en ce eas avec du
lait de ehevres, qu'ils leur versent dans le gosier
avec une corne. 11 y a aussi une maladie dar-
treuse que les patres appeilcnt ostigo, qui est
mortelie auxagneaux qui tPttcnt. Elle leur vient
comraunement, de meme qu'aux boucs, lors-
que ie patre les a laisses sortir imprudemment,
et qu'iis ont mange de rherbe qui etait cou-
verte de rosee ; ce a quoi il ne faut point les
exposer. Mais lorsqu'il sera arrive qu'ils en au-
ront niange , et qu'ils auront en conscquence la
gueuie et les levres couvertcs d'ulceres sales,
comme s'ils etaient attaques de la jmxiila ( la
verole ) , on y reniediera avec de rhyssope et du
sel broyes eDsemble par portions egales, en frot-
tant de cette coraposition le palais, la langue et
toute la gueule de raninial ; ensuite apres avoir
lave les nlceres avecdu vinaigre, on lesendiiira
de poix fondue etde graissede coehon. Ouclques
personues airaent mieux melercnsemble un tiers
de vert-de-gris et deux tiers de vicux oing, pour
employer ce mcdicament chaud; d'autres net-
toieut les uleeres et le palais avec des feuillesde
cypres broyees dans de Tcau. Nous avons dej.i
donne la metliode de la castration ; car cette
operation ue sc fait pas autremcnt aux agneaux
qu'aux grauds quadrupedes.
VI. Commenous axonssuflisammeutparledes
iji labio .siiperioro vena solvcnda est. Siispirio lalioranti-
bus aiiriciil.X' ferro resciiiden Ja; , niiitaiid.neque logiones ;
quoil in onmil)iis moibis ac pcstibus lieri dcbeie cen.se-
nuis. Asnis qiinqiic siiccurrpnduni esl vel rcliiicil.intibiis,
vel Pegritudiiie alia alTectis. Qiii iilii inorbn lalioiant, a.l-
niilti iid niatres non debciit , iie iii eas periiiciem transle-
rant. Itaqiie separatini niul-enda' siinl oves , et ca?lestis
aqua pari niensnia lacti niiscinda est , alque ea potio fe-
biicitanlibiis danda. Miilti lactecaprino iisdeni niedentur,
ipiod per corniciiliini inliiiiditiir laiKiliiis. Est eti.ara men-
tigfl, qiiam pastores ostigiiieni vocaiit, mortifera lacten-
tibiis. lia plernniqnc lit, si per iinprndentiam pastoiis
eniissi agiii vcl ctiani licdi roscidas lierbas depaverinl ,
qiiod niininTe cominitti oporlet. Sed cum id factum est,
velnt igiiis saccr osatqiie lalira finlis nlcerihns obsidct.
Remedio siinl liyssopiis ctsala-qnis ponderibns contrila.
Xam ca misliira palatnm , alqiie lingua, lolumqiie os per-
fricalur. Mox iilcera lavantur accto , el tiinc picc liqiiida
ciim adipc suilla pcrlinuntnr. Quihiisdam placct rubiginis
.'cnca! tertiain partem dnabus veteris axiingifc portioiiibus
coinmi.scciR , tepefactoqiie iiti mcdicamine. Non nnlli folia
• ciipressi trila iniscent aqiiie , ct ila pcrbnint «lcera alquc
palatum. Castralioiiis aiitem ralio jam trailila cst. Neqiie
cniin alia iii a;^nis, qiiani iii iii.ijoie qiiadrupede scrvaliir.
I brebis , nous allons <^ prfeent passer aux chevres.
j Ce genre de betail recherehe plus les lieuv cnu-
j verts debronssaillesque les eampagnes, ct il s'.ie-
1 commode tres-bien des lieux sauvages et des forets
pour sa pature. En effet, il n'a pas d'eloignemeiit
I pour les buissous ; lcs epines ne lui deplaisent
I point , et il prefere meme a tout les arbrisseaux
I et les tailiis. Lesarbrisseaux qui lui plaisentsont
Tarbousier, ralaterne , le cytise sauvage , ainsi
I que les taillis d'yeuses et de ehenes qui ne sont
point hauts. Un boue passe pour excellent quand
I il a sous la maehoire deux pelites vernies qui lui,
j pendent du cou . le corps tres-grand, les jarabcs
grosses, le cou plein et conrt, les oreillcs tom-
banteset lourdes, la tetepetite, lepoil noir, dru,
brillant et trcs-long : car on ne tond jias moins
cet animal que la brebis, et on se scrl de snii
poil (Ia7is les camps , cornme pour tresser dcs
voiles d l'usaf/e des malheureux matclots. Le
bouc est assez propre a la gcnerafion a Tage de
sept mois , puisqu'il est si peu modere dans ses
desirs , qu'il viole sa mere dnns le temps meme
qu'il la tetfe : aussi vieillit-il prorapteraent el
avant d'etre parvenu a Tage de six ans, parce
qu'il se trouve cpuise par les plaisirs prematurcs
dont il a joui des les premier^ instants de sou en-
fance. Cest pourquoi, pour peu qu'il ait cinq
ans, on le regarde comme peu proprc i couvrir
les femelles. On approuve surfout les chevres
qui sont le plus ressemblantes au bouc tel qiie
nous Tavons depeint, pourvu qu'clles aient en
outre le pis tres-grand et beaucoup de lait. Nous
aequerrons ce bctail sans eornes sous un ciiraat
tempere, car il en a toujours dans les cliraats
orageux et pluvieux. Pour ceux de ces nnimaiix
qui servent ;i propager le troupeau , il faut qu'ils
VI. Et qiioniam de oviario sali^ iln lum i^t, ad capri-
niim peciis nunc revcrfar. Id anh m jmns iliiinela poliiis ,
qiiam canipestrem situm dcsidei.il : aspi'i iM]iie eliam locis
ac silvestribus optiine pascitur. >'ani nec riibos aversatnr,
nec vepribiis offenditiir, et arbnscnlis frulcli.sqiie maxiin^
gandet. Ea sunt arbutu.s, atqiie alalerniis cylisnsqiie
agrestis , ncc minus ilignei qiierneiquc frnliccs , qiii in al-
titudineni non prosilierunt. Capcr, cui siib maxillis binan
verruculac collo dcpendcnt, optimiis liabetur, amplissimi
corporis, cruribiis crassis, pleiia ct brevi cervice, llaccidis
et pr.Tgravanlibns aiiribus, cxigiio capite, [uigro] den-
soqiie, et nilido alqiie longissinio pilo. Nam ct ipse ton-
detiir Vsum in caslrorum ac miseris velamina nautis.
Est autem mensium seplem salis babilis ail progcncran-
diim : quoniam immodiciislibidinis, dum adliuc uberibiis
alitiir, matrem .sliipro supervenit, et ideo antc scx annos
celcriter consenescit , qiiod immatura vencris ciipidine
primis pucriliic tempo ibns exbaustus cst. Ilaqiie qiiin-
qiicnnis parum idnneus Iiabeliir firminis implendis. Ca-
pclla praecipue probatur simillima liirco , quera descripsi-
nius, si ctiam csl iiberis maxinii et lactis abundaiilissinii.
Ilaiic pccudcin miitilam p.aialiimns quieto cali st.ilii :
nain procclloso alque imbrifero corniita scmpcr. Naiii el
omni ic^iiine maritos grcgum mntilos essc oporlcbil :
COLUMELLE.
soient sans cornes en tout pays , paree que eeux
qui eii ont soiit comrauneracnt dani^efeux par
leur petulnnce. Mais il ne faut pas etabler ce betail
au nombre de plus de cent tetes; au lieu qa'on
peut mettre jusqua millebrebis dans une merae
etable , et qu'elles y seront aussi commodement
que si elles etaient en pUis petit nombre. Lorsque
Ton eommence a former un troupeau de ciievres ,
il vaut mieux racheter en entier que d'en pren-
dre quelques-unes par-ci par-la dans diflerents
troupeaux , afin qu'e!les ne se sepnrent poinl par
petiis pelotons lorsqu'elles iront paitre , qu"elles
se tiennent tranquillement a retable enscmble ,
et qu'il regne une plus grande union entre elles.
Le cbaud nuit a la verite a ce betail , mais le
froid lui est encore plus pernieieux, et surtout
quand les chevres sont pleines, paree que les ge-
lees de rhiver detiuisent leur fruit. Au reste, le
chaud et le froid ne sont pas les seules causes de
leur nvortement , et il est egalement a craindre
lorsqu'elles vienuent a manger du gland sans
s'en rassnsier ; aussi ne doit-on pas leur cn lais-
ser manger, a moins qu'on ne soit a portee de
leur en donner abondamment. Le temps que
nous prescrivons pour les faire couvrir , c"est
pendant rautomne, quelque temps avant le mois
de decembre, alln qu'elles meticnt bas a Tap-
proche du printemps , lorsque les arbrisseaux
commenceront a bourgeonner, et que les forets
se pareront de nouvelles feuilles. II fnut que le
sol de leur etable soit naturellement couvert de
pierres ou pave a la main, pnrce qu'on netend
point de litiere sous ces animaux : et un pfltre
attentif aura soin de la balayer tous lesjours,
pour n'y point laisser sejourner de croltes ni
d'eau , et afin d'evitprqu'il s'y forme de la fange,
toutes cboses qui sont pernicieuses aux boucs.
Qnand lcs chevres sont de bonnc racc , clles font
souvent deux petits h lafois, et quelquefois trois :
le pire qui puisse arriver, c'est lorsque deux mc-
res n'en font que trois a elles deux. Lorsque les
chevreaux sont nes , on les eleve de la meme mn-
niere que les agneaux , avec cette difference qu'il
faut reprimer davantage lcur petulance, et la
contenir dans des bornes plus etroites. En ou-
tre , pour leur procurer du lait en abondance ,
il faudra leur donner de la grnine d'orme , ou du
cytise , ou du lierre , ou meme des cimes de
lentisque, et d'autres feuiliages legers. Mnis, de
deux jumeaux, oa gnrdera, pour entretenir le
troupeau, celui qui paraltra le plus robuste, et
on vendra Tautre aux marcbands. II ne faut pas
donner le bouc a des chevres qui n'aient qu'un
an ou deux (quoiqu'elles soient en etat de fnire
des petits a Tun ou Tautre de ces ilges), parce
qu"on ne doit pas en elever dont la mijre ait moins
de trois aus : s'il arrive qu'elles en fassent a un
an, on les leur otera au moment de leur nais-
sance ; au lieu qu'on leur laissera ceux qu'elles
auront mis bas a deux ans , jusqu'a ce qu"ils soient
bons a etre vendus. II ne faut pns non plus gnr-
dcr les meres passe Tiige de huit ans, parce qHe
la fatigue qu'elles eprouvent en mettant has sou-
vent les rend steriles. Le maitre du troupeau doit
etre vif , dur, leste, tres-laborieux , alerte , hardi,
et en etat d'aller sans peine a travers les rochers ,
les deserfs et les buissons. II ne doit piis suivre
le troupeau, comme font les pJitres des autres
bestiaux , mais il doit communeraent le prece-
der ; car les chevres elles-memes sont tres-alerles
et toujours pretes a s'elancer en avant : c'est pour
cela; qu'il faut de temps en temps les arreter, de
peur qu'elles ne courent frop vife , afin qu'en
paissaut lenteraent et avec tranquilite, leurs pis
qiioniam cornuli fere perniciosi snnt propler pclnjanliam.
Sed nuniernm hnjus generis majoreni, fpiam cenlumca-
pilnm snb uno clauso non expedit liajjere, cnm lanigerae
mille pariler commode stabulentnr. ,\t(pie nlii caprae pri-
nium eompaiantur, melius est unum giegem lotum, quam
cx pluribns particulatim mercari , nt nec in pastione se-
paratim laciniiB diducantur, et in caprili niajore concordia
quietae consistant. Huic pecudi nocet ajslus , sed niagis
frigiis, et piipcipne fbelse, qiiia gelicidio liiemis conceptiim
vitiat. Nec tamen ea sola creant abortus, sed etiam glaus
cuiii citra satietatem data est. Itaqne nisi potest affalim
pra:heri, non cst gregi permittenda. Tempus admissnr.Te
per autiimnum feie ante mensern Decemhrem pra;cipi-
mus , ut propinquante vere, genimanfibus frufetis, [cum
primum silv.ie nova germinant fionde,] partus edatur.
Ipsum vero caprile vel natnrali savo, vel manu constra-
tnni eligi debet, quoniam huic pecori niliil substeruilur.
Diligeusque pastor quotidie stabulum converrit, nec pa-
tilur stercusaut humorem consistere lutumve fieri , qnre
ciincta sunt capris inimica. Parit autem, si est generosa
proles, frequenter duos, nonnunquam li igeminos. Pessima
est (tttura cum matres bina> ternos ha;dos efriciuut. Qui
iilii editi snnt,' eodem modo, quo agni edncantnr, ni:,i
qiiod niagis hiEdorum lascivia compescenda, et arctius
coliibenda est. Tum super lactis abundantiam samera ,
vel cytisus, aut edera pr£ebeuda, vel etiam cacnmiiia
lentisci , aliteqne tenues frondes objiciendse sunt. Sed e\
gemiuis singula capita, quaj videntur esse robustiora, in
siipplementiim gregis reservantur, ciietera mercanfibiis
tradiinliir. Aniiiculifi vel biniae capella; (nam utraqueaotas
parluiii edit) subniitti liaHliim non oportet. Neque enini
educaie iiisi trima debet- Sed anniculae confestim depel-
lenda suboles. Bimae tamdiu admittenda, dum possit esse
vendibilis. Nec ultra octo annos matres servandre sunt ,
quod assiduo partu fatigatae, steriles exislanf. Magister
auteui pecoris acer, durus, slreiiuus, laboris patientis-
simus, alacer atque audax esse debet , et qui per rupes ,
per solitudines, per vepres facile vadat, et non, ut alte-
rius generis pastores , sequatur, scd plerumque ulaiite-
cedat gregem. Maxinie strenuum pecus est capra , pia;-
cedens subinde , qiia; compesci debel , ne prociirrat , sed
placide ac lente pabuletur, ut et largi sit uberis , et non
strigosissimi corporis.
VII. Atqiie alia genera pecorum, cum pestilentia vexan-
DE L'AGRICULTURE, IJV. VII.
351
sc avossissi. nt , et ([ircllcs nc soient pas trop de-
cliaruccs.
VII. Lorsqirune niaiatliecontagieiise doit affli-
pcr les autresespeccs de bestiaux, on !cs \oit aupa-
ravant mai;T|ir dc lanpueur ct dc malaise; lcs
chevrcs scules tombent tout a coup , dans le mo-
iinentmemequ^cllcssonttre.s-grassesettres-gaies,
et meurent toutes par troupeaux : c"est ie plus or-
dinairement rabondancc des paturagts qui occa-
sionne cet accident. Cest pourquoi , des que la
maladie pestilentielle cn aura attaque une ou deux,
on leur tirera du sang a toutes , et on ne les lais-
sera pas paitre pendant toute la jnurnee, mais
on les renlermera dans leiir ctable pendant Tes-
pace de quatre heures vers le milicu du jour. Si
c'est , au contraire , un autre genre de maladie
qui les tourmente, on les racdicamentera avec
un breuvage compose de roseaux et de racines
d'epine blanche sauvage , qu'on broiera avee dcs
pilons de fer, et sur losquelles on versera de Teau
de pluie , la scule qu'on leur donnera a boire. Si
ces precautions ne chassent point la maladie, il
faut les vendre , ou si on ne peut pas meme par-
venir a s'cii defaire , il faut les egorger ct les
saler. Ensuite on reriiontera au bout de quelque
temps un autrc troupeau , apres avoir attendu
ncanmoins que le mauvais temps de Tannec soit
passe; c"cst-a-dire qu'il ne faudra le forraer
qu"en etc , si on est en hiver, ou au printemps ,
si ron esten autoranc. llais lorsqu'il n'y cn aura
que quclques-unes de maladcs en particulier, on
leur donnera a rctable Ics memes remedes qu'aux
brebis. Ainsi, quand Teau aura boursoufle leur
peau, maladie que les Grccs appellent uSpwl/ (hy-
drops, hjdropisie), on leur fera une ouverture le-
gcre a la pcau sous rcpaulc, pour donner un
ecoulementa riiumeur raorbilique ; apres quoion
pansera la plaie occasionuee par roperation avcc
dc lapoixfondue. Lorsqu'aprcsavoirmisbaselles
auront les parlics gonflees, ou que rarriere-faix
ne scra pas sorti hcureuscmcnt, on leur versera
dans la gorge un srxtarws de vin cuit jusqu'a di-
minution de moitie , ou, si Ton n'cn a point , unc
pareille racsure de bon vin, et on leur remplira
les parties de ccrat liquide. Mnis pour nc pascn-
trer ici dans le dctail de toutes les nialadies aux-
quellcs elles sont sujettes , nous dirons cn gene-
ral qu'il faut les traiter de la maniere que nou.-;
avons prescrite plus haut pour les brebi.s.
VIII. II ne faudra point non plus negliger de
faire du froraage, surlout dans les cautous eloi-
gn(^s de tout, ou Ton ne trouverait point son
avantage a porter le lait en nature. Si lc fromage
cst fait avec une liqueur peu cpai^se, il faudra le
vcndrc leplustot qu'ilsera possible, etavant qn'il
ait perdu le suc de la nouveaute; au lieu qucs"il
est fait avec une liqueur grasse et epaisse, on
pourra Ic gardcr plus longtemps. Au restc , on
doit le fairc avcc du lait pin' et tres-nouvcau : c;u'
lorsqu'on laisse reposer le lait ou qu"on le ine-
lange, il s'aigrit en peu de temps. On le fait com-
munement cailler avec de la presure d'agneau ot;
dechcvreau, quoiqu'on puisse egalemcnt lefaire
avec de la fleur de chardon sauvage, ou de la
graine d'une espece de chardon appele cncois,
de raeme qu'avec lc lait que rend le figuier, lors-
qu'on fait une incision a son ecorce dans lcs par-
ties oii clle cst verte. En general , le meilleur fro-
mage est celui dans la composition duquel il cn-
tre le raoins de drogues. II faut pour un sinus de
lait au moins la valcur d'un denarius d'argcnt
pesant de presurc, et il n'est point doutcux quc
le fromage que Ton fait cailler avec de petites
bi-anchcs de figuicr n'ait un gout tres-agreablc.
Lorsquc le vase dans lcquel on a tire le lait est
plein , il faut le tcnir dans un certain dcgre de
tiir, prius inorbo et langiioribus macescuiit, solae capellrc
iiuiuiivis opimu'. al(|uc liilarcs subito concldunt, velutall-
qua I iiiua gresatlin pi oslcinanUir. Id acckleie inaximc solct
uheilale |ialinll. Qiianiobreiii ciim adhuc paucas pestis
peicullt, omnlbiis sansuls detraliendus : ncc toladie pas-
ceiidiC, scd inediis quatuor lioris Intra sepla claudenda".
Sin aliiis languor inlcslat, poculo niedlcanlur arundinis,
et albift spinre radicibiis , (luas cuni ferreis pills dili.senter
conludcriiniis , adinisceiniis aquain pluvialein, solainque
polnndam pecori proebemus. Qiiod si ca rcs a;sr'tudinein
non dcpellit, vendenda sunt pecora ; vcl, si wx\m id con-
tingere potest, lerro necanda saliendaque. Mox interposilo
spatio , convenict aliuin gregein lepaiare. Nec tanien an-
tcquam peslilens leinpus aniii , sivc id fuit liiemi.s , vcr-
tiiliir iicsliite , sive aulumnl , vcrc miilelur. Ciim vero sln-
pilfc doino laborabunf , eadem rcniedia, (piic eliam ovi-
bus, adliiliebinnis; nam cum dist('ndctura(|ua culls, quod
vitium (ineci Vocanl •jSpto-a, siib aiino pellis leviler iiicisa
pernlciosum transmittal humoreni, tum factum vulniis
pice liipilda curclur. Cum cff(Ptic loca senilalia luinebunt,
iiut sccundae non responderinl, dcfruli scxlarius, vcl cum
id defiieril , boni viiii lanliindem faucibus infiiniliihir, r-t
naturalia c.crato liipiiilo repleanlur. Sed ue niiiic siii^iila
perseqiiar, sicut lu ovillo pecore prsedlctum est , caprliio
m(!dcblinur.
Vlll. Ciisei quoque faciendi non erit omittenda cura,
utiiliic lonsin(|uis re^ionibus, iibi miilctiam develiere non
cxpedlt. Is porro si tciiui llqiiore conlicilur, qiiain celer-
rlinc veiideiidiis est , dum adbuc viridls succuin rellnct :
si plnsui et opiino, l(Hi};ioreni patiturcustodiam. Sed lacln
lieii dcbet slnccro cl (piain recentissimo. Nam reqiiietnm
vel aipia mislum c«lerilei- acoreni concipit. Id plerumquo
coiji agiii aut liicdi coagiilo; quamvis possit ct agrcslis
cardui lloie conduci , ct scminibils cneci , nec miniis 11-
ciilnco lacte, quod emittit arbor, si ejus vircntcm .saucics
cortlcem. Verum optimus caseiis esl , qiii exigiiiim medi-
caminls babet. Minimum autem coagiiltim rccipit siniiiii
liiclis argentei pondus (lenarii. Nec dubiiim quin tici ra-
miilis glacialus caseus jucundissime sapiat. Scd mulclra.
cum cst replela iacle , non sine lepore aliquo debet cssc.
Ncc tamen admovenda esl flaminis , ut qiiibii.sdam placel,.
sed liaud prociil Igiie coiistituenda, et confeslim cuin coii-
COLUMELLK.
chaleur, sans copendaiit le laisser trop pros du
feu, comme font certaines personucs, mais en
Ten approchant a une certaine distance ; et des
que le lait sera caille , on le tirera de ce vase pour
le niettre soit sur de petits paniers de jones, soit
dans des corbeilles ou dans des moules, parce
qu"il esttres-iniportant de passer le petit-lait des
le premier moment , pour le separcr de la matiere
coagulee. Cest pourquoi les paysans nattendent
point qu'il se soit egoutte de lui-meme, ce qu"il
iie ferait que Icntement; mais des que le fromage
est dcvenu un peu ferme , ils le chargent de poids
pour eu exprimer le petit-Iait. Quand cela est
fait, on retire le fromage des moules ou des cor-
beilles , pour Tarrangcr aussitot dansun licu frais
etombrage sur des tablettes tres-propies, afiu
quil nepuisse passe g3ter;apres quoi on lesau-
poudre de sel egruge, afin que toute la liqueur
acide qu'il contient se seche; ct loisqu'il esl bieu
ralfeimi, on le comprime violemment pour le
rendre encoreplus compacte; puis on repanddes-
sus du sel roti , et on le charge de poids pour le
condenser de plus en plus. Lorsqu'on a fait cette
operation neuf jours de suite, on lave les fromages
dans de Teau douce, et on les arrange chacun a
rombre sur des claies, de facon qu'ils ne setou-
chent pas mutuelleraent, et qu'ils soient h portee
de se sceher tant soit peu ; apres quoi, pour qu'ils
se conservent plus tendres , on les entasse sur dif-
ferents planchers dans un lieu clos, et qui ne soit
pointe.xpose aux vents. Avec ces precautions, le
fromagenese remplit pasd'yeux, etnedevientni
tropsale ui trop dur. Le premier de ces trois de-
fauts arrive communement lorsqu'iI n'a pas ete
assez comprime; le second Iorsqu'il a ete trop
salc; et le troisieme Iorsqu'il a ete bride par le
soleil. On peut transporter le fromage fait de
cette facou nierae au dela des mers : car pour
celui qu'on veut manger frais, on le fait avpcde
moiudros apprets, puisqu'apres Tavoir retire des
paniers de joncs, on se contente de le tremper
dans du sel ou dans de la saumure , et de le faire
ensuite un peu scclier au soleil. Quelques-uns,
avant d'nssujettir lcs bcstiaux dans des carcans
pour lcs traire , incttent , au fond du vase dans le-
quel ils doivent tirer le lait, des pignons verts sur
lesquels ils le tirent, et qu'ils n^titent que lors-
qu"ils transferent sur des moules la matiere coa-
gulee. D'autres broient les eoques meme de ces
pignons verts, et les inettent dans le lail pendant
qu'il caille. II y en a qui font coaguler avec le
lait du tliym broye, et passe par un crible. On
peut par la meme raethode lui donner tel goiit
que Ton veut , en y ajoutant dcs ingredients pris
a son choix. Tout le monde connait la maniere
de faire le fromage que nous appelons mmiu
prcssum (presse par la main). Car des que le lait
est un pou caille dans le vase ou on Ta tire, on le
coupe pendant qu'il est encore tiede; et apres
avoir verse de leau bouillante par-dessus, on le
faconne a la main , ou bien on le raet daivs des
moules de buis , afin qu'il en prenne la forme. l.e
fromage bien irapregne de saumure n'est pas d'iin
mauvais gout, quand on Vn colore par la suile
avec de la fumee de bois de prunler-poinme ou
de chaume. Mais rcvenonsa presentauxanimaux
dont cette digression nous a ecartes.
1 .X . Eu quelque genre de quadru pede que ce soi t,
on choisit avee attention l'espece du male , parce
que la progeniture"est plus souvent ressemblante
au pere qu'a la mere. Cest pour cela que lorsqu'il
est question de porcs, on appiouve les mdles
quand ils sont remarquables par la grosseur ge-
nerale de leur corps, pourvu cependant qu'ils
raient plutot carie ou rondque long; quand ils
ont le ventre bas , les fesses tres-developpees, les
crevlt liqiior, in fiscellas aul in calatlios vel fornias tians-
(ciendus csl. Nam maxime lefeit prinio quoque lempore
serum percolari , et a concieta materia separari. Quain
ob causam lustici nec patiuntnr qiiidem sua sponle pi^ro
liumore delluere, sed cum paulosotidior caseusfactns cst,
poiidera superponunt, quibus exprimatur serum : deinde
ut tormis aiit calatliis exemptus est, opaco ac frigido loco,
iie possit vitiaii: quamvis mundissimis tabulis compo-
iiitur, aspergitiir tritis salibus , iit exudet acidum liquo-
rem : atque ubi diiratus est, veliementiHS premitur, ut
tonspissetur. Et riirsus torrido sale contingitur, rursus-
que ponderibus condcnsatur. Hoc ciim per dies iiovem
factiim est, aqiia diilci eluitur, et sub umbra cratibus
iii lioc (actis ila ordinatur, ne alter allerum caseus con-
tingat, etut modice siccetur : deinde, quo teneiior per-
maneat, clauso neque ventis obnoxio loco stipatur per
coinplura tabulata. .Sic neque (islulosus neque salsus ne-
que aridus provenit. Quorum vitiorum piimum solet ac-
cidere , si parum picssiis ; secundiim , si nimio sale im-
butus ; tertium, si sole exustiis est. Iloc genus casei potest
ctiam trans inaria permilti. Nam i3,qiii rcccns intra pau-
cos dies absumi debet, leviore cura conficitur. Quippe fis-
cellis exemptiis in salem iniiiiamque demittitur, et mox
in sole paulum siccatur. Nonnulli antequain pecus numel
lis inducant, virides pineas nuces in mulctram derailtunt,
et niox super eas emiilgent, nec separant, nisi cum trans-
miserinl in formas coactam materiain. Ipsos quidam viii-
dcs conterunt nucleos , et lacti permiscent, alqiie ita con-
gelant. Sunt qui tliyinum contritum cribioque colatum
cuni lacte cogant. Siiniliter qiialiscunque velis saporis ef-
(icere possis, adjecto qiiod elegeris condimento. Illa vero
nolissiina est ratio faciendi casei, quem dicimus mann
pressiim. Naraqiie is paulum gelatus in inulctra dum est
tepefacta, rescinditiir et lervente aqua perfusus vel manu
figuratur, vel biixeis formis exprimitur. Est etiam non in-
giali sapnris muria perduialus, atque ita nialini lini vel
culmi fiimo colniatus. Sed jain redeamus ad originem.
IX. In omni geneie quadrupedum species maris dili-
genler eligitur, quoniam frequentiiis palri similior cst pro-
genies, quam matri. Quare etiam in suillo pecore verres
probandi sunt totius quidem corporis amplitudine exiinii,
sed qui quadrali potius aut rotundi quam longi sint, ven-
DE LACtRICULTURE, LIV. VIL
jambes et la corne <lu pifd moins longues i pro-
portion que !e reste dueorps, le eou nmple et
pleln de glandes, le grouin court et camus. Mnis
cequi est plusessentiel pour robjet qu"on se pro-
pose, c"cst que les miiles soient tres-lascifs : ils
ensendrent tres-bien, pour peu qu'ils aient un an
et jusqu'a ce qu'ils en aicnt quatre , quoiqu'ils
puisscnt couvrir les femellcs meme a six mois.
Lcs truies sont dans le cas d'ctre approuvccs
lorsqu'elles ont la taille tres-lonsue , et qu'elles
ressembleut pour le surplus des membres aux
verrats que nous venons de dccrire. Si le pays oii
Ton est cst froid et su jet aux brouillnrds, on
choisira le troupeau dont la soie scra la plus dure,
la plusfournie et la plus noire. S'il est tempcrcet
expose au solcil, on pourra nourrir des porcs pe-
les, ou meme des pores blaucs, tels qu'en ont
ordinairement les boulangcrs. La truie passe pour
ctre en ctat de coclionner jusqu'i\ sept ans; mais
plus cllc est fcconde, plus totelle vieillit. Quand
elle a un an , elle coneoit assez bien ; mais 11 faut
qu'elle soit couverte au mois de fevrier, afin
qu'ayant porte quatre mois elle cochonne au cin-
quicme, et dans un temps ou lcs herbes seront
dejafortes, pareequelcsporcs trouveront, moyen-
nant ccla, un lait qui scra bien a son point de matu-
ritc, ctque, dcsqu'ilscesscront de tetter, ils pour-
ront se nourrir de la paille ainsi quc de la graine
qui Tiendra a tomber des legumes. Cest ainsi
qu'on le pratique dans les cantons eloignes de
tout, 011 Ton n'a point dautre utilitc en vue que
celle de peupler le troupeau ; car pour les pays
■voisins des villes, il faut y vendre les cochons de
lait , moyennant quoi les meres n'ayant point la
pcinc de IfS elever, donncront plutot de secondes
ventrecs, et cochonneront par consequent deux
fois par an. Lorsque les mAles ont commencc a
couvrir les femelles des \'&'j,e de six mois, ou
quils onl souvcnt (-li employes a la generation,
11 faut les chiitrcra trois ou quatre ans, alln de
pouvoir les engiaisser. On npplique aussi le fer
a la matrice dcs femellcs, et on cn bouchc lc
passage en laissant cicatriser la plaie , afin qu"cl-
les ne puissent pas cngcndrcr; mais je ne vois
pas la raison qui peut portcra fairecette opcra-
tion, si ce n'est la disctte de nourriture ou Ton
peut etre, puisque quand on a de la p.lture en
abondance, il est toujours plus avantageux de
se procurer des venticcs. Ce betail s'aceommode
de toute sorte de campagnes, quelle qu'en soit
la sitiiation. En effct, il profite aussi bien sur les
montagnes que dans Ics champs, et mieux ncan-
moins dans les terrcs marecagcuses que dans ccl
les qui sontsecbes. Les forcts lui sontaussi trcs-
convenables lorsqu'elles sont couvertcs de che-
nes, de lieges, de hetres, de ceiri, d'yeuses ,
d'oliviers sauvages , de terebiuthes, de coudricrs
et d'arbres a fruits sauvngcs, quelle que reriine
blanche saavage, le carongier, le gencvricr, lc
micncoulier, lepin, le cornouiller, rnrbousier, le
prunier, le paliure et les poirierssauvages,parce
que scs fruits, murissant en divers temps, sont
suffisants pour ras.sasier le troiipeau toute l'an-
nee. Mnis si i'on mauquc d'arl)res,on s'atta-
chera aux paturagcs dcs clinmps, cn donnant la
prcfcrcnce a ceux qui seront limoneux sur ccux
qui seront secs, tant nfin que ces animaux puis-
sent fouillcr dans les maraisponr y deterrer dcs
vcrs, et se vautrer dans la boue, qui est uue chosc
delicicuse pour eux , qu'afin qu"ils puissent avoir
de reau a discretion, parce qu"il est tres utile
qu'elle nc leurmanque pns, surtout pendant Tete,
et qu'ils soient a portce d'arracher do terre les
petitcs racines dcs forets marecageuses qui sont
de leur gout, telles quccelles du jonc d'eau, cel-
les du jonc ordinaire, et cclles du roseau degen^-
tie fnomisso, cUinibiis vaislis, nec proinJe cruribus aiit
imgiiiis proceiis, ampla? et glaiKluiosa; cervicis, rosliis
brevibus el resiipinis. Ma\i!neque ad rem peitinet, qiiam
salacissimos esse. .\1) anniciila wtate coniniode prosene-
rant , (ium (piadrimatum agant : possunt lam.en cliam se-
meslres implere foeininam. Sciofe probantur longissimi
sLitus , et iit sint leli/piis mombris similes descriptis ver-
ribiis. Si lopin fiigida et piuinosa e.st, quam dniissim.T
densa?que el iiij;ia> sela? gre\ eligendus esl ; si lcmperala
atipie aprica , glabnim peciis vel etiain pistrinale albuin
potest pasci. I"(vmina sus babetur ad partiis edendos ido-
nea fere HS^pie in annos seplem , qii.-e qiianto foecundior
est, coleiiiis senesoit. Annicula non iinprobe concipit, sed
iniii debet mensc Febriiario. Qiiatuor quoque incnsibus
fcrla, qiiiiitn parore , cum jam lierbae solidioies snnt, ut
el (iimataotis nialiiiilas porcis contingat, et cum desic-
rint ulieriliiis ali, slipiila pascantur, crtorisque legiiminum
cadiicis frugibiis. Hoc autem fit longinquis rcgionibus,
iibi niliil nisi subinittcre expedit. Xaui suliiirlianis lactens
porcus .Trc mulaiidus est : sic eiiim mater iion educanilo,
lalMjri sublrabiliir, ccleriusqiio ilonim concepliim partiiin
CULL.MM.Lh
edol. Idcpie bis anno faciet. Maies, vel cum primnm ineunt
.somostn-s, aut cum sa'piiis progeiier,averiinf , trimi aut
qiiadrimi ('aslrantur, iit possint pingueso.eie. Koiuiinis
quuqiic vulv,-(; ferio evulccrantur, ct cicatricibnsclaiidun-
tiir, no sint genitales. Qiiod facere non inlelligo qu.T
ratio compellat, nisi peniiria cibi. Nam ubi est uberlas
pahiili, siibmittere prolem semper expodit. Omnem porro
sitiiiii ruris pecus boc nsurpat. Nam et monlibus et cjiii-
pis ccmimode pasoitur, inelius lamen palustribus agris,
qiiani sitienlibiis. Nemora sunt conveuientissiina , qua;
vestiiinlur quercii, subere, fago, cerris, ilicibus, oleas-
Iris, teimitibiis, corylis, pomiferisque silveslribus , ut
sunt alb:e spin,i;, Gneae siliqux, juniperiis , lotus , pi-
niis, cormis, arbutus, prunus, et paliiirus, atqiie aobra-
dcs pj ri. Ilsec cnim diversi.s temporibiis milescunt, ac poue
toto anno gregem saturant. At ubi penuria est arboriiin ,
terreniim pabnlum consectabimur, e.t sicco limosiim pr%-
fercmus , ut p,aliidem rimentur, eflodiautque liimbricjis,
atipie in luto volutciiliir, qiiod est liuic pecori gralissi-
muni, qiiiu etiam aquis abiiti possinl : namqiie f ct 1 id
fecisso ina\imc pcr .Tslatem piofuit , ol diikeis eruisso
COLUMELLE.
re, que le vulcmire appelle ranva. Les truiesen- ^
graissent aussi dans lcs ehamps cullives, pour-
vu quMls soicnt couvliSs d"hu;bes et planles d'ai-
bres a fruits de diffeientes especes, afin qu'elles
puisscnt y trouverdans lesdiversterapsde lannee
des pommes, desprunes, despoires, desnoix de
toutes foniies, et des figues. Mais en quelque
abondance que soient ces fruits, 11 ne faudra pas
epargner pour cela les greniers, et oii aura soin
de leur donner de la pature a la main lorsqu'il cn
manquera au dehors. Cest pourquoi on serrera
a cet effet beaucoup de gland , (in'on ploiigera
dans des reservoirs d"eai! , ou qu'on fera secher
sur des planchei-s a la fumce. 11 faut aussl leur
(lonner la facilite de se nourrir de feves et d'au-
treslegumes semblables, lorsque le bon march(j
de ces denrecs le permettra, et prlncipalement au
printemps, pendant que les paturages verts se-
roiit eneore en lait , attendn qu'ils sont commun(i-
ment malsains pour les truies dans ce temps-la.
Cest pourquoi , avant de les mener le matin a la
pature, on les sustentera avee des nourritures
dontoD aura fait provision, de peur que si elles
mangeaient des herbes non mines, ces herbes ne
icur lachassent le ventre et ne les fissent maigrir
par leur poison. II ne faut pas non pkis les renfer-
nier toutesensemblecommeles autrestroupeaux;
niais on fera des toits le long d'une galerie, dans
lesquels on les renfermera quand elles auront
niis bas.ou memequand elles serontplcines. En
effet, si elles (^taient renferraees comme tous les
autres hestiaux par bandes et p^ilemtMe , ellesse
vautreraient plus encore que les autres animaux
les unes sur les autres, et se feraient avorter.
Cest pourquoi il faut, comme je Tai dit, cons-
truire des toits attenant les murailles, lesquelles
auront quatre pieds de hauteur, de peur que la
trnie ne puisse en franchir lacloture. On ne doit
pas noa plus faire decouverture a ce.s toits, afin
que le gardien puissefaire la revuedes pourceaux
par cn haut, et retirer de dessous les mcres ceux
qu'elles pourront avoir etouffes en se vautraiit
sur eu.x. Ce gardien doit etre vigilant, diligent,
indiistrieux, soigneiix. II faut qu'il ait presentes
a la rnemoire toutes les truies qu il a a nourrir,
tant eelles qui ont deji porte que les jeunes, afm
de discerner la vcntree de chacune. II aura tou-
fours les yeux sur celles quiseront pleines,et les
renfermera daiis leurtoit, afm qu'elles y coehon-
neut. Des qu'elles auront cochonne , il fera at-
tention au nombre et a la qualit(i des pourceaux
qui seront nes , et veillera surtout a ce qu'au-
cun ne soit eleve par une autre nourrice que sa
raerc : ear Jes que lespourcraux vienneiit a sortir
de leur toit, ils se confondent ais(iment les uns
avec les autres; et lorsque la truie est couchee,
elle pr(;'sente indifferemment son pis au pourceau
d'une autre mere comme au sien propre. Cest
pourquoi la prineipalc fonction de celui qui prend
soin de ces betes est de les renfermer chacuiie
avee leurs petits. S'il n'a pas la memoire assez
sure pour reconnaitie les petits de chaque truie,
il leur fera sur le corps avec de la poix fondue
une marque distinetive, qui sera la raeme tant
pour la mere qi;e pour les petits, alin de recon-
naitrechaque veatree, ainsi que la mere, soit a une
lettre, soit a une autre marque semblable. Car
lorsqu'on a un grand nombre de truies, 11 faiit que
le gardien emploie differentes marques, de peur
qu'il ne vienne a les confondre, faute de nnimoire.
Cependant comme cette nnjlhode pourrait etre
d'uneex(?cutiondifliciIedansdestroupeaux nom-
breuxjilserapluscommodedeconstruire les toits
detelle faeon que la porteen soitplacee a une cer-
taiue hauteur, pourquela raere puisse passer par
cette porte sans que les cochons de lait puissent
r.iilicula5 aquatilis silvoB, tanquam scirpi junciqne et de-
Kcneris arundinis, quam vulf^us cannam vocal. Nam cul-
(iis quiilem a^er opimas reddit sues, cuni est giaminosus,
et pliiiibiis ;;eneribus pomorum consitus, ut per anni di-
versa tempoia mala, pnina, pynim, miilliOu-mcs nuces
aclicum pia;beat. Nectami'ii pHiptir li.rc p:ircrlui- lioiieis.
Namsnepedemanudaniliiiii c>l, i iiin IiuimIi';ii il paliiiliim.
I>ropter quod plurinia gl.uis m'I li^lriiiis iii aipi;iiii vel
fumo tabulatis recondenda est. Fab» quoque et similium
leguminum , cum vilitas permitlit , facieuda est polcslas,
ct ulique veie, dum adliuc laclent viiidia paliiila, qiia!
suibns plerumque nocent. Itaque mane priusquam proce-
dant in pa.scua, conditivis cibis .sustiuend.Te sunt, ne iin-
maturis lierbis ciletur akus , eoque vitio pecus emacie-
tur. Ncc ut caeteri greges nniversi claudi debent , sed per
pnrticus baiae faciendae simt, quibiis aut a partu aut
etiam praegnantes includantnr. Nam piiBcipiie snes cater-
vatim atque incondite cuni sunt pariter inclusai, super
aliasaliaicubaut, et fuetus elidunt. Quaie, uldi\i, juncloe
paiietibus bara; conslruendie sunl iii allltudinem peilum
<iuatuor, ne sus trausilire stiita queat. Nam cunli ;;i non
dcbet, nt asuperiorepartecnstosnumerum porcorum re-
ccnseat, et si quem decunibens materoppresserit, cubanti
subliabat. Sit autem vigilans, impiger, industrins, navus.
Onuiium, quas pascit , et matiicum etjuniorum niemi-
nisse debet, ut uniuscujusquc partum consideret. Semper'
obscrvet eiiilentem , claiiilalque ut in bara fietum edat.
Tum denolct pioliuus qiiot et qualcs sint nati , ct curet
maxime ne quis sub uiitrice aliena ediicctur : nam facil-
lime poici, si evaseriut harani, miscent se, et scrofa cum
decubuit, a-que alieno ac suo piacbet ubcra. Itaqne por-
ciilatoris maximum oflicium cst, nt unamqnamque cum
sua prole claudat. Qui si memoiia delicilur, quo minus
agnoscat cujusque progeniem, pice liqiiida eaudem iinlam
scrofic et poiris imponat , ct sive per lileras sive pci- alias
formas unumquemquefoetum cum matre disliuguat. Nam
in majore numero diversis nolis opiis est, nc conlund.i-
tur memoria custodis. Altamen quia id facere gregibus
amplis videlur operosum ; commodissimum est liaias ita
fabiicare, ullimen carnm in tantam alliliidincni consui-
gat,quaiilam possit nutiix evadeie; lacteiis aiili-ui su-
pcigredi non possil. Sic ncc alicniis irrcpil, cl iucubili
i)K Lwr.Ricni.TiJr.K, i.i\'. \
la fV.uicliir. i\Ioyr;iii;\!Ur('ltc precaution, il m- sc
glissna pas de poiiiceaux ctrangers dans aiieim
toit , ct chaque venlrce allendra sa mere dans le
sien. Une ventree ne doit pas neanmoins exceder
le nombre dehuit tetes : non pas que j"ignore que
la lcconditc des truics pcut en donner davantage ,
niais parce que ccllcs a qui on en laisse clevcr un
plus grand nombre ccsscnt plus tot dc portcr. II
hiut aussi sustentcr avee de Torge cuite cclles
anxinicllcson laissc lcurs pctits,de pcurqu'cl!es
ne tombent d;ms une maigreur extrcme, qui
pourrait etre suivie de quelque maladie. Celui
qui prcndiasoin dcs porcs balaycra souvent leur
cour, cncore plus souvent leurs toits : car quoi-
que cet animal soit malpropre quand il est a
paitrc, il veutccpcndantque sa retraite soit tres-
proprc. Voila a pcu pres la facon de tcnir les porcs
quand ils se portent bicn.
X- I/ordre nous conduita parler dessoinsqu'il
on faut prcndre lorsquMs sont maladcs. On re-
connait que les truies out la llevrc, lorsqu'elles
portent la tcte de travers et inclince vcrs la tcrrc;
lors(iu'aprcs avoir couru un ccrtain tcmps, clles
s'arretent tout h coup au milicu des paturagcs,
et qu'etourdies p;ir une cspcee de vertige qui
lcur prend, elles tombenta terre. 1! fautremar-
quer de quel e(')te penclie leur ti-te, pour lcur
tirer du sang de roreille opposi^e. On ouvrira
aussi, a la dislancc de deux doigts des fcsscs,
une veine asscz grosse qu'ellcs oiitsous la queuc.
aprcs Tavoir ncJanmoins fouettce avec des s;ir-
mcnts , pour n'y introduire le fer que lorsque lcs
coujis dc vcrgrs Tauront suffisamment goiin(.'c :
la saigiic'e faile, on baudera la plaie avcc de \'v-
corce desaule, ou mcme d'orme. A l;i suite de
cette opi-ration, on rcticndra ranimrsl dans son
toit pendant Tcspacc d'mi ou deux joui's, et on
lui donnera de feau licdc autant qu'il en voudra,
avec un srxlariiis dc f.irinc d'orge. Lorsque les
porcs ont les (?croucllcs , on leur tire du s;ing sous
la langue ; ct aprcs cctte saigni!'e , on lcur frottc
tout le grouin avec du scl cgrug(5 et de la farine
de froment. Quclqucs personnes s'imagincnt qui^
c'cst un remcdc plus ellieace de leur f;iire prcn-
dre avcc une corne trois cijalhi de ganini, (t
de leur attacher au cou des tiges de ftrule fcii-
dues cn deux, et suspcndues avce un cordoii dc
lin.defacDU qu'ellcs portentsur lcursccrouellcs.
On regarde aussi comme un remede saliitaire,
lorsquils ont envic de vomir, la sciure d'ivoire
m('lee avcc du sel ri^ti et dcs fevcs broyecs eii
farine bien menue , ((u'on lcur donne a jeun , ct
avant de les mencr pnitrc. Quelqucfois aussi tout
nn troupcau de porcs cst mnlade a la fois , de f;i-
con qu"ils maigrissent, qu'ils ne preuuent pliis
de nourrilure, et que, lorsqu'on les mene paitrc,
ilsse vautrent au milieu de la canipagne, et pa-
raissent npprcss(?s p;ir une cspecc de Iiithargio
qui les force a s"endormir au soleil (rcfe. Lorsquo
cct accident arrivc, on rciifcrme iout le troupcau
dans nne etablc couverte, et on rcmp^^che peii-
dant toute une journi^ede boire et de manger ; le
lendemain on broie de la raciiie de coneombrc
sauvage quo Ton fait infuser dans de reau , doiit
on fait boire aux porcs a leur soif. Des qu'ils
Tont bue , rcnvie de vomir leur prend , et ils se
purgent par le vomissement. Quand ils out rcndii
toute labile qu"ils avaient dans ie corps, on leur
donne dfs pois cliiches ou dcs feves sur lesqucllcs
on versc une saumurc forle ; apres quoi on lcur
perinet de boire dc i'cau chaude (comme on fait
aux liommes). Si la soif cst pernicicuse en (te a
toute sortede qnadrupedes, elle Test encore plus
au.\ porcs qii"a tout autrc : c'est pourqiioi nous
siiam (iiiisiinc iii.ilivm iilfliis oxppct;U , qiii taiiiiiii iioii
cli'bet oclii r,i|iitiiiii iiiinicviiiii cvccdere : iioii (]iiia i^iio-
rem fn^ciiii(lil;itciii scrof;iniiii iniijoris esse iiiiiiicii ; sed
<Hii.i celeiiiiiic laliscil, quac pliires educat. Atqiie eae qiii-
biispartus siibiiiiltilur, cocto snnt oideo sustinend.-e, ne
.id ni;iciei\i suiniTiaiii peidiicanliir, et ox c.i ad aliquain
peniicicm. I)ili;;ens autein poiciilalor freqiienler snile
cmiverril, el .sa<pnis baias. Nam quamvis piaedictum aiii-
mal in pabiiliilinne spiirce vcrseti^r, mundissiniiiin lanien
cnbile desidcral. llic lcie cultus cst pecoris suiUi rccle
valeiiiis.
X. Scipiiliir ut dic.inius, qu,e sil ciira viliosi. Febiici-
lanliiiiii signa siint, cnm obslipif siies Iransversa caplta
ferunt, acper pasciia snbilo.ciim paulnluni pincuncrnnt,
consisliinl, et vertiuiiie correpl;r comidnnl. l.aruiii no-
landa sunt capita , qiiam in parlem pror.linenlnr, ut ex
iliveisa parte de auiicnla sansuinem niitlainus. Ileni sub
cauda duobus digilisa clunibiis inleiinissis veniini fcii.v
mus, (pia.' csl in eo loco .s;ilis anipla, eamque saimcnlo
priusoporlelverbciari.deindeabiclnvirgseturaentemferro
resciiidi , delr<icloqiie s.inguiiie colligai i saligneo libro \c\
eliam iilineo. Qnoj cum fccerimus, mio ant alleio di," .-iih
lecto jiccudeni continebimus, et .iqiiam niodice calidaiii
quantain volciit , farin.Tqne orde;iceie siiisulos sexlarios
pr.Tl)ebiuius. Slnimosissnb liii^ua sansiiismiltendus csl,
qiii cuni piolliiNeiil, .sale Iritociiin faiiiia Irilicea conlii-
c.ari totiiiii os convcniel. Quidam pra'sentius piilant esse
rcniediuni cum per cornii siiisnlis leriios cyalbos pari
dcniilliinl. Ociiide lissas taleas feiiiliirum lineo funiculo
leliyaiil : cl ila collo suspimdnnl, iit strnm.ii fciiilis (on-
linsantiir. Naii.siantibiis qnoque .salularis liabelnreburiica
sidbiss;ili IVjcto, el faba' miuiile ri('.s.Tii conimisla,ji'juuis-
(pic piiiis qiiani in pasciia prodcanl objcrta. Solct eli;iiii
nniveisiiiii pcciis n'giolarc ila, nt eiiiiicictur, ncc cibos
capiat, pioiliiitninipie in pascua mcdiocainpii procnnibal,
et (piodaui velerno prcssnui somnos .TSIi\o siib sole lap-
lcl. Qiiod cuin facil, lolns pex (lcclo) claiidilnr st;ihulo,
alqiieuno ilie absliiieliir polinne et pabiilo ; poslridiera-
dix ansuiiiei cucumeris trifaet comniisla cnni aqiiadalur
silientibus -. quain ciini pecudes bibeiuiil, naiisea corrept.T
voniitaiil, alque expiiiganlur, oiiiniqiie bite dep"ilsa,
cicerciila vel faba diira niiiria conspeisa, deinde, siciil
liominibu.s, aqiia calida polauda permiltiliir. Scd cuni
omni quiidriipedi per lestalem .sitis sit infcsta , Inm suilto
356
COLUMELLE.
iie prescrivons point de les mener deux fois par
jour a reau, comme ou y meue les clievres ou Its
biebis ; niais nous conseillons de les tenir conti-
nuellement, autant que faire se pourra, sur les
bords d'un fleuve ou d'un etang, au lever de la
Canicuie , parce qu'il ne suffit pas a ces animaux,
qui sont tres-chauds de leur nature, de boire Teau,
mais qu'il faut encore qu'ils y plongent leur
corps, pourrafraichir leur graisse ainsi que leur
ventre, distendu par la pature dont il est plein,
d'autant que lien ne ieur plait autant que de se
vautrer dans des ruisseauxoudansdesiacs bour-
beux. Si la situatlnn des lieux ne permet point de
leurprocurer ces facllites, il faut au raoins ieur
donner a boire de l'eau de puits, qu'on mettra
abondammcnt dans leurs auges, parce que s*il
arrivait quils n'en eussent pas a discrelion , ils
deviendraient bientot pulmoniques. On guerit
parfaiteraent cette maladieen leurinserant dans
les oreilles de la raeinedepommelee, plante dont
nous avons deja parle avec assez de detail en dif-
fcrentes occasions. Ils sout aussi tourmentes
souvent par des douleurs de rate, parce que ce
\iscere est sujet a se vicier chcz eux lorsiju'il
survient une grande secheresse, el que , pour
eraprunter unecitation aux Bucoliques, lesfniits
sont epars u terre sous rarbre qui les a pro-
duits. En effet, ce betail etaut insatiable , pour peu
que les truies sesoient livrees avec exces^a la dou-
ceur de la patnre, elles sont tourmentecs en ete
par un gonflement de rate. On y remedie en fabri-
quant des auges de tamaris et de houx frelon,
qu'on remplit d'eau, pour la leur presenter lors-
qu'elles ont soif : en effet, le sue de ces bois est
mcdicinal au pointqu'etant ainsi filtre dans leur
boisson , il arretc ce gonflement interne.
XI. On a rattention de ne ciicitrer ce betail
qu'en deux temps derannee, savoir, au prin-
temps et en automne; et il y a deux manieres de
faire cette operation. La premiere est eelle que
nous avons deja donnee, et qui consiste a faire
deux ou vertures , a Teffet de tirer un testicule par
chacune : Tautre est plusbelle, quoique plus pe-
rilleuse ; mais quelque danger qu'il y ait a la faire,
je ne la pnsserai pas sous siience. Apres avoirar-
raeh(S un destesticules et Tavoircoupe avec le fer,
ou iusere le bistouri par cette premiere ouver-
ture, et Ton incise vcrs le milieu la peau qui sert
de cloison aux deux testicules, a Teffet d'arra-
cherde merae le second testicule avec les doigts,
qu'on a soin de recourber. De cette raaniere il
n"y aura qu'une plaie , qu'on cicatrisera en y ap-
pliquant les rcraedes que nous avons enseignes
pour la premiere operation. Jo ne crois pas non
plus devoir passer sous silence un article qui in-
teresse la religion du chef de famille. II y a des
truies qui devorent leurs petits : lorsque ce cas
ari'ive, on ne doit pas le regarder comme un pro-
dige, parce que ce sont entre tous les bestiaux
ceux qui souffrcnt le raoinspatierament la faim;
de facon qu'il arrive quelquefois que lorsque
des truies manquent de pature, uon-seulement
elies devorent les pourceaux de leurs pareilles
(si on les laisse fairc;, raais encore les leurs pro-
prcs. J'ai traite avec assez d"exaclitude ( si je ne
metrompe) des betcs de somme et des autres
besliaux , ainsi que des maitres de troupeaux,
qui sont cliarges du soin de panser et d'entreteiiir
les quadrupedes , taut duiis rinterieur de la mai-
sou (|u'au dehors.
XII. .le vais parler a piesent, ainsi que je m'y
suis engagii dans la premiere partie de ce traite,
des gardiens rauets du betail, quoique ce soit a
tort que Ton donue aux chiens le titre de gardiens
maxinie est inimica. Quare iioii nt eapellam vel ovem, sic
fl lioc animal bis ad aqiiam diici piaecipimus : sed si
fieii potest,JHxla lluinen aut stagnum per oitum Canl-
cnlsD delineii : quia cum sit wstuosissimum , non est
contentiim potione aquae, nisi obesani iHgluvieni atqiie
dislentam pabiilis alvum d(!nieiseiitac lefiigeiaverit ; iiec
iilla re magis gaudet, quam rivis atque coeiioso lacu volu-
laii. (Juod si locorum situs repugnal, ne ita lieri possit,
puteis extracta et large canalibus imniissa piaebenda sunt
pncula, quibus nisi aflatim salienlur, piiluionaria; fiunt.
Isque morbusoptime sanatur auriculis inseilaconsiligine :
dequa radicula diligeiiter ac saepiiis jam locuti siimus.
Soletftiam vitiosi splenisdoloreas infestaie, quodaccidil,
cuinsiccitas magua proveuit, et, ut ISiicolicon loquitur
poema, Stralajaccnt passim sua gtuequc sub arbore
/io)«a. Nam pecus insatiabile sues.diim dulcedinem pa-
liuli consectanlur supra modum, ai^stale spleiiis inciemento
laborant. Cui succunilur, si fabricentur canales ex tama-
licis tiunco, lepleanturque aqua , el deinde sitientibus
admoveantnr; qiiippe ligiii succus medicabilis epotus in-
lesliimni tunioiem compescit.
M Castralionis autem iii lioc pecoie duo tempora ser-
vantur, veris etautumni : el ejus administrandie duplex
ratio. Prima illa , quam jam ti adidimus , cuin duobus viil-
iieribus impressis per unamquanKpie plagam siiiguli ex-
piimuntur testiculi. Alteia est speciosior, sed magis peii-
culosa, quam tamen non omittam. Cum viiilem partcin
unam ferro lesectam detiaxeiis, per impressum viilmis
.scalpellum inserito , et niediam qiiasi cuteni , quae interve-
nit diiobus membris genitalibus, rescindito, atque uncls
digitis alterum quoque tesficulum educito : sic fiet uiia
cicatrix adbibitis caeteris remediis , quse piius docuinuis.
Illudantem, quod pertinet ad leligionem patrisfaniilias ,
non reticendum piitavi. Sunt quEcdam sciofa;, qua: man-
dunt la-tus suos : quod cum lit, non Iiabetur prodigium.
Kain sues ex omnibus peciidibus impatientissimae famis
aliquando sic indigent pabuli , iit non tantum alienam , si
liceat , sobolem , sed etiani suam consumant. De ainientis
cajterisque pecudibus et magistris, perquos quadrupedum
gieges bumana soleilia domi forisqiie cuiantur alque ol)-
servantur, nisi fallor, satis accuiate disseriii.
Xir. Nunciit exordio priore suni pollicitus, de mutis
custodibus loqiiar; qiiamqiiam canis falso dicilnr niiitus
custos. Nain quis tioniinuni clarius aut taiita vociferalionc
DE LAGRICULTUlii:, LIV. VIL
j muets. Eu efiet, trouve-t-on des hommes qui
j avertissent de la preseuee d'une bete feroce , ou
! decelied'unvoleur, d'unemaniereplusintelligible
j ou avec des cris plus percants que ne le font ces
I animaux par leurs abolements? Y a-t-il des ser-
I viteurs plus attaches a leur maitre , des compa-
! gnons plus fideles, des gardlens plus incorrupti-
bles que les chiens'? Ptut-ou enfin trouver des
sentinelles plus \ igilantes, et des rengeurs ou des
(icfenseurs plus courageux? Un agriculteur doit
doiic se pourvoir d'uii chien, et rentretenir de
preference a tout autre aiiimal , parce que ce sera
lui qui gardera la metairie , les fruits, les gens
de la maison, et les bcstlaux. II y a trois diffe-
rentes methodes a suivrc dnns racquisition
comme dans Tentretien de cet animal , suivant
i les differents ol)jets auxquels ou le destine. Eu
■ effet, il y a une espece de chien que Ton ne
j choisit que pour eventer les embuscades dressees
I par les liommes, et qui sert agardcr la nietairie
avec ses dependanccs; au lieuque les chiens de
la seconde espece sont choisis pour repousser les
attaquesdes liommes ainsi que celles des betes
feroces ; de sorte que ceux de cette seconde es-
pece nedoiveiit pas moins avoir roeil sur les hes-
tiaux qui paissent au dehors, que dans rinterieur
de la maison sur les etables. U en est une troi-
sienie espeee que roii n'acquiert que pour la
cliasse, etqui non-seulement n'est d'aucune uli-
lite a un agriculteur,mais qui le dctourne nieme
de son travail ct lui faitnegliger ses occupations.
II iiDUS sufllra donc de parler du eliien des me-
tairies et de celui des piitres, puisque le chien
de chasse est uu objet absoluraent ctranger a
rart (|ue nous professons. II faut choisirpour la
garJc de la nietairie un chien d'une corporence
tres-ample, et dont raboiement soit etendu et
sonore, tant afiu qu'il puisse ("pouvanter les
malfaitcurs, d'abord par le bruit de ses hurle-
.ments et ensuite m(5me par son aspect, qu'afin
bestiam vel fiirem pra'dicat , qiiam isle latratu ? (|uis la-
niulus amautior (iomiui? quis lidelior conies? quis custos
incoirinilior ? (iiiis cxcubitor inveniii potest vigilantioi?
qiiis denique ullor aut vindex constantioi? Quaie vel in
luimis lioc animal nieicari tuerique debet agiicola, quod
«'t villain ct fiuctns familiainque et pecora custodit. Ejus
aiitem paraudi tuendique trijilcx latio est. Namqneuniim
geniis adversus lionilniim insidias cligitur, et id villain
qiiaeqne jiincta sunt villae custodit. At alterum piopellen-
<lis injuiiis linniinnm ac feiarnin; i't id obsei^at domi
stabiduni, liuis pecoia pascenlia. Tcrtium venandi gialia
compaiatur; idipie non soliim uiiiil agiicolam jiival , .sed
cl avocut dcsideiiiipic ab opcre siio reddit. De villatico
i;4itui' cl pastoiaii dii endum esl : iiam venaticus uibil pcr-
linet ad iioslrain piofessioncni. Villac ciistos eligendiis est
ainplissimi cuipoiis, vasti lalralus canoiiqiie, ul priiis
auditu nialelicuin , deiiide etiam conspectu tencat , ct ta-
meu nomiunquam no visns qiiidom horribili frcinilii siio
fHKCtinsidiaiitcui. silaulciu roloiis iiniiis; isquciii.r^is cli-
q«'il puisse mettre eu fuite ceux qui s'aviseraieiii,
de tendre des emhi"iches, quelquefois meme avant
d'en ctre apercu , et par la seule frayeur qu'iiispi-
reront ses hurlements. 11 faut qu'il soit d'uue
seule couleur : on pri^^feiera la couleur blanche
dans le chien du putre, et la noiie dans cchii de
la niiitairie ; quant aux couleurs bigarrt^es, on nc
les approuve ni daus Tun ni dans l'autre de ces
anlmaux. Le piitre donne la prijference a la cou-
leur blanche, parce qu'elle ne peut pas etre con-
fondue avec celledes betes f(3roccs. En effet, il
est quelquefois tres-essentiel , lorsqu'il s'agit de
repousser des loups pendaut robscuriti^ du niatin
ou du soir, qu'il y ait une differenee bicn mar-
quee entre la couleur du ehien et celle de ces
b(}tes, de peur que si la blancheur du chieii i^e
le faisait pas reconnaitre , le patre ne vint h le
frapper, croyant frapper un loup. Pour le chieo
de lamiitairie, que ronoppose aux attaques des
hommes , il doiti'tre noir, parce que si le voleur
vient en plein jour, Taspect de cet auimal lui
paraitra d'autdnt plus terrible; et que s'il vient
de nuit , ralTniite de cette couleur avec ies teni;-
bres l'einp(>chera meme de rapercevoir ;de sorti!
que ranimal, favoris^; parTobscurite, pourras'ap-
procher avec plus de surett; de ceux qui se tiea-
draient en emhuseade. On approuve plutfit un
chieu carrii qu'un chien long ou court , pourvu
qu'il ait la tete assez grosse pour quelie paraisse
faire la plus considerable partie de son corps ,
les oreilles renversees et pcndantes, les yeux
noirsou verdiitreset eclatants d'une lumiere vive,
la poitrine ample et bien garnie de poils, les
epaules larges , les jambes epaisses et heriss(ies ,
la queue courte , et enfln les pattes et les ongles
tres-larges, auquel cas on les appelle opa/.at.
Voila la figure extcTieure du cbien de raetairie la
plus a d(?sirer. Son naturel iie doit ctre ni trts-
doux, ni au contraire farouche et cruel , parce que
dans le premier cas il caresse tout le moiide,
gatur albus in paslorali , niger in villatico : nam variiis in
neutioest laudabilis. l^astor album piohat, qnoniamest
(env. dissiuiilis, niagnoqiie opiis inleidum discriniine esl
in piopulsaiidis liqiis snb obsruro mane vel etiani crepu-
sciilii, iie pro licstia caiicm liTiat. Villalicus, qui liomiuum
nialcliciis o|ipoiiitiir, sivc liicc claia fur adveneril, leiribi-
lior iiigcr coiispicitur : sive noctu , ne c.onspicitur quidcm
pro|ilcr iimbra' similitiidinem , quamobiem tectus tene-
biis caiiis luliorem accessum babet ad insidiantem. Pro-
batin (|uadiatus poliiis quam longus aut bievis, capite
tam magno, ut coiporis videatur pars maxiina, dejectis
et propendentibns auribus, nigris vel glaucis ocuJis acri
lumiiie radiantibiis, ainplo villosoque peclore , latis armis,
cruribus crassis el liirlis, caiida brevi, vestigioium aiti-
ciilis el ungnibiis amplissiinis, qni GiECce opotxai appel-
lantur. Ilic erit villaliiti canis status pra'cipue laudandns.
Mores autem neqiie mitissimi, neqiie rnrsns truces atque
cnididcs; qiiod illi fiiicm quoqiie adnlantnr, hi etiam do-
nicslicnsinvadiint. Sali.^e^l scvcios esse ncc blaiidos, iil
COLUMELLE.
sans en exccptei- les voleurs, et qiie dans le
seeond cas il saute jusque sur les gens de la
maison menie. 11 suffit qu'il soit severe sansetre
caressant, et que son oeil s'enflamme toujours
contre les etrancjers, et quelquefois meme contre
ses camarades de servitude. Les chiens doivent
surtout se montrer vii;ilants en tout ce qui con-
cerne !a garde a laquelle ils sont commis. II ne
faut pas qu'ils soient vagal)onds ; ils doivent au
contraire etre assidus, et pkitot circonspects que
temeraires, parce que lorsqu'ilssont circonspccts
ilsn'annoncent rien quMlsne soient certains d'a-
voir vu ; au lieu que lorsqu'ils sont tcmeraires, il
arrive souveiit qu'i!s prennent Talerte sur de
vaiiisbruits ct sur des soupcoiis mal fondes. J"ai
ciu devoir entrer dans ce detail par rapport a
leurs qualitcs , parce que, comme la nature ne
fDrmc point seule les moeurs, a moins que Teduca-
tion n'y soit jointe, il faut, lorsque nous serons
dans le cas d'en acheter, que nous les choisissions
tels que nons venons de les depeindre, et que
lursque nous cleverons ceux qui serout nes chez
iious, nons les formions d'apres ces principes.
Peu importe que les chiens de metairie soicnt
lourds de corps et peu legcrs a la course, parce
que leur ministcres'exeree ptutotde pres etdans
le lieu meme qu'ils occupent , quede loin et dans
un champ spaeieux. En effet, ils dniveut toujours
resterautourderenclosetdanslebfltimentmeme,
sans s'en ccarler jamais a trop de distance. II
leur suflit, pour bien remplir leurs foactions, de
flairer avec sagacite ceux qui viennent dans de
mauvais desseins, de les epouvnnter par leurs
aboiements, et de ne s'en pas laisser trop appro-
chcr, ou de se jeter sur eux avec fureur , au cas
qu'ilss'obstinent a avancer; d"antant quele pre-
inierdevoir d'un chien est de ne point se laisser
atta(|uer , ct le second de se venger avec courage
et pcrseverance lorsqu'on Tai^acc. Voiia pour ce
qui est des cbiens qui gardent la maison : voici
ce qui concf rne ceux des patres. Le chien destitie
a garder le betail ne doit etre ni aussi eftlanque
ni aussi lcger que celui qui est destine a courir
apres les daims, les eerfs et lcs animaux les plus
legers, eomme il ne doit pas non [)lusctre aussi
gras ni aussi lourd que celui qui est destine a
garder la metairie et les greniers. II faut nean-
moins qu'il soitl-obust:', et meme proinpt et dispos
jusqu'a un certain poiiit, parce qu'on le prend
autant pour attaquer ct pour se battre que pour
courir , puisque sa destination est de repousser
les embuchesdiessces par les loups, desuivreces
animaux lorsqu'ils s'enfuient avec leur proie, et
de la !eur faire laeher pour ia rapporter. Aussi
une taille longue et elancee est-elle plus eonve-
nable au chieu des patres qu'une taille courte ou
meme carree, parce que (comrae je Tai dit ) il
est souvent contraint par necessite de poursuivre
avec rapidite les betes feroces : au surplus, on ap-
prouve ses raembres lorsqu^ilssont semblables a
ceux du chien de la mctairie. 11 faut donnera
peu pres la mcme nourriture a ees deux especes
de chiens, c'cst-a-dire que si Ton a des posses-
sions assez ctendues pour comporter plusieurs
troupeaux de bestiaux , on pourra tres-bicn nour-
rirtous les chiens iiidistinctemeut avec de la fa-
rine d'orge trempee dans du petit-lait; au lieu
que si la terre que Ton possede est plantee en ar-
brisseaux ct sans palurages, on les nourrira de
pain de ble et de fi-oment, en y ajoutant cepeii-
dant du bouillon de feves qu'on leur donnera
tiede, parce que s'il ctait bouillaiit, il leur don-
nerait la rage. II ne faut permetlre a ce quadru-
pede, tant male que fcnuille, de s'accoupler qu'au
bout d'un an , parce que si on laissait accomplir
racte de la generation avant ce temps, le plaisir,
en lui affaiblissant le corps et en abattant ses
forces, lui enerverait le courage. On otera aux
iioiiiinnqiiani otiam ('oiiservos iiatiiis inliieantnr, soniprr
<'\caiKlescant in evliTos. iMaxiiiic aiitcin tlcboMt in i iislo-
(lia vigilanlcs coiispici, mx ominoi , soil assiilui, ot oii-
ciimspectimagisiinain loinorarii. Nainilli iiisi qiioiloorliiin
rompeierunt, iion inilicant : lii vano slirpiln o( l.iKa
siispicione concitanlur. Ihcc iiloiroo moiiini.iinl-; nr i:;ili,
ipiia non natiira lanlum, sed otiam ilisriplii.a inmr^ l,:ril,
iit ct cuni emendi poloslas liioril, ojiisnnMli prolioinus,
ol ciiin educabimiis ilonii nalos, laliliiis inslilnlis rorme-
liiiis. Nec multum loroii an vill.ilioi oorporibns graves el
parum veloces sint : plus eniin coiiiiniis ct in gradu, (piam
eminus ct in spatioso cuisu lacere delient. Nani senipcr
rirca sepla et intra aedificium coiisistere, imo ne longiiis
(piidem recedere dcbent, satisqne pnlolire fnuguntur oDi-
cin , si et advenientem sagaciter odorantur, et laliatu
coiiteirent, necpatinntur propius aocedeie, vcl coiistau-
liiisappropinquanlemviolenterinvadunt. IJriraumestenim
iion adtentaii, secundum est lacessitum fortiter et per-
soveranler vindicari. Atque lifficde doniesticiscusfodil)iis;
illa de pasloralibus. Pecuarius ranis neqiic lani slriRosiis
aiit pornii; debet esse, quani qui dainas ccrvoscpic ct vc-
looisslma soclalur animalia, noc tani obesiis aiit gravis,
quam villiie liorreique cnslos : sed ctrobustus niliilomlniis,
el aliquatonus promptus ac stienuiis, qiioniam et ad
lixam et ad piignam, nec ininus ad cursum conipaiatiir,
ciiin et lupi repellere iiisidias, et raptoreni feiuin conse-
qiii fugienlem, prfedani excutere atqiie auferre debeat.
Qiiare slatus ejus longior piodiictiorque ad lios casiis nia-
gis babilis e.st, quam bievis aut etiam qiiadratiis : quo-
niam, ut disi, nonniinquam necessitas exigit celeiilate
besiiam conseetandam. Ca^teri artiis similes membris vil-
tatici canis ■Tipie iirabanlur. Cibaria feie eadem sunt utri-
qiie generi piaebeuda. Nain si tam laxa ruia siint, ut
sustineant pecorum greges, omnes sine discrimine canes
ordeacea farina cum seio commode pascil. Sin aiitem sur-
ciilo consitus ager sine pasciio est, farreu vel trillceo pane
satiandi sunt, admisto tamen liquoie coctie fab;e, sed
tepido : nam fervens rabiem creal. Huicquadriipedi neqne
fceininse neque maii nisi post annum permittenda venus
esl ■ qua- si tcueris concedilur, carpit et coipiis et viies.
DE L'AGR1CL'LTURK, LIV. VIL
fliionnes leiir pfcmiere portce, parce qii'une
jeiiiie chienne qiie ron fait nourrir s'en acquitte
toujours innl la premiere l'ois, et que ee travail
rempeche de piendre de raccroisseraent dans sa
stature. Les malcs engendreiit vigoureuseracat
jusqu'adi.\ ans; passcce temps, ilsneparaissent
plus propres a cette fonction , paice qu'une race
issue de vicux cliiens est tonjours lache. Les fe-
raelles concoivent jusqu'a neuf ans, et ne sont
plus bonnes a rieu passe dix ans. II ne faut pas
laisser sortir les petits cliiens pendant les six pre-
raiers raois qui suivent leur naissanee , jusqua ce
qu'ils se soient fortifios, si ce n'est pour les lais-
ser aller jouer et foliStrer aupres de leur raere :
au bout de ce teraps, il faut les enchalner pen-
dant le jour, et les detacher pendant la nuit. On
ne doit jaraais souffrir que Ci.'u\ dont on veut
conserver le naturel genereux soient eleves par
uiie autre uourrice que par ceile qui leura doiine
lejour, parce que le lait qu'ils puiseronldans ie
sein mattrnei , joint au courage personnel de leur
mere, leur donnera toujours plus d'ardeur et for-
tifiera hien autrement leur corps que ne pour-
rait faire cehii d'une autrechienne. Si une chienne
qui a fait des petits vient a manquer de lait, il
conviendra de leur donner du lait de chevres
preferahlement a tout autre, jus(!u'a ce qu'ils
aient quatie mois. II faut leur doniicr des nonis
qui ne soient pas trop longs a prononcer, afm
qu'ils s'entendent plus tot appeler, quoiqu'il ne
faille pas non plus leur en donnerde tropcourts,
ni qui aient moins de deux sv llahes. Tels seront
les iDots grecs cxuXa; (pctitchien) et Xaxwv
(chien de Laconie) , et les molsiatins/'e/-ox (fierl
i't celer •' leger a la course ) : tels seront encore
pour les femelles les mofs grecs c-ou?>, iprompte),
aXzr, (forte), owj.-r, (forte), et les raots latins /iijxi
(louve), cerm (hiohe), li(/ris (tigressc). Oncoii-
pera la queue dcs petits chiens quarante jours
apres leur naissanee, de la maniere suivante. On
prend avec les dents le nerf qui traverse les
jointures de repiue du dos et qui seteiid jusqu'a
rextreraite de la queue; et apres Tavoir un peu
tire a soi , ou le rompt : moyennant cette opcra-
tion , la queue ne prend jamais une cxtensioii
desagreable , et meme (si Ton en cioit un grand
nombre de patres) on preserve par la les chiens
de !arage,qui cst une maladie mortelle a cette
espece dc hete.
XIII. il arrivecomrauneraent quo lesmouches
ulcerent pendant Tete les oreilles des cbiens, aii
point que ces animaux finissent souvent par les
perdre absolument. Four prevenir cet accident ,
il faut leur frotter les oreilles avec des amandes
ameres pilees; mais siellessontdeja infeetecs par
les ulcL-rcs, oa dislillera sur la p!aie de la poi\
fondue, cuite avec de la graisse de eochon. Les
tiques tomhcront aussi par rapplication de cc
medicament : car il ne faut pas les arracher avcc
lamain, dcpeurd'occasionnerdesulcej-es,comme
je Fai dit ci-dessus. On gueritun chien sujet au\
puces, cn le frottant soit de cumin broye avec
de rdlebore blanc a doses cgalcs et trerape dans
Teau, soit de jus de concombre sauvage, ou ,
a dcfaut de ces drogues , en lui versant de vieille
lie d'huile sur tout le corps. S'il a la gale,ou
broie du gypse et du sesarae en pareille
quantite, pour en faire avec dc la poix fondue
un onguentdont on frotte la partie malade. On
croit ce roiiede cgalement bon pour les hommes.
Lorsque celtc maladie est tres.violente, on la
dissipe avec de la resine de cedre. II fauttraiter
lesautresraaladies des chienssuivanf lcs prcceptes
que nous avons donnes pour les autres aniraaux.
animosqiie dp^cnerat. Piimns efrivt.T partiis amnvendiis
est, quoniain liruncnla nec. leclc niiliil , rt cdiitatio totiiis
liabjlus aufert incienieuluni. Maics jiiveiiiljter nsqiie in
annos decem progenerant -. posl id teinpus ineiindis foemi-
nis nou videntiir liabiles, quonlain sciiiornm pigia .so-
boles existit. Fcemina! coucipiunt usquc in aniios novetn,
nec sunt utiles post deciinum. Catulos sex luensibus pri-
rois, dum coiroborentur, einitli noii oportet, nisi ad '
niatiem lusus ac lasciviae causa. l'ostea ratenis per diem
(ontinendi, cl noctibns solvendi. Kec unqiiam eos, quo-
riim generosam volumus indolem conscrvare, patiemiir
alicnrc niitricis nbcribiis educari : quoniam seniper cl lac
el splrilus maternus longe magis ingeuii alqiie incicmenla
corporis augel. Quod si eflivla lacle delicilur, capriuiim
maxinie conveniel pra^beri catulis, iliim liaiit mensium
qualuor. Nominibus antcin non loiigisslmis appellaiidi
snnl, qiio celerius quisque vocalns e\audiat : nec tamcn
brevioiibus,qiiamqiia;duabnssvllabiseniinlicntur, siculi
Grfficiim e.st oxJ/a$, Laliniini/c/ojr, Gia-cum /oxmv, La-
tinum ccler : vcl firmina, ul sunt Gra'ca oTto-jir,, i'i.%-fi,
pti(jn) : Latiiia, lupa, cenm, ligris. Calulorum caudas
posfdiem qiiadiagesimiini, qiiaiii sinl edili. sir caslrare
conveniet. Ncrviis est, qiii per arliculos spina' prorepil
usqiie ad iiltimam pai teiu caudae : is nioidiciis < oiiipie-
bensiiscl aliqnaleniis educlus abrumpilnr ; quo racto ne-
que in loiigiliidinem caiida fflednm capit inciementiim,
et, iit pluiiini paslores affirmanl , labies aiceliir lolifer
niorbus liiiic generi.
XIII. Fere autem per aeslatem sic miiscis aures caniim
exnlteranlur, s;epe ut totas amittant : quod ne fial, amai is
nucibus contritis linieiida; snnt. Quod si ulccribus jam
pra^orcupati: fuerint, coctam picem liquidam suilla^adipi
mislain vulncribus slillari convenict. Iloc eodem mediiui-
mine conlacli licini dccidunl. >'am manu nonsunt vellendi,
iie, ut el ante pnedixeiam, facianl ukera. Pulicosa' caiii
rcmedia sunt sive cymiiiiim tritum pari pondere cuni
veialro, aquaqne mistiim ct inlilnm; seii cucumeris au-
giiiiici sHCcus : vel si lunec iion siint, vetiis amuica per
loluin corpus iufusa. Si scabies iiifeslabit, gypsiel sesami
tanlundem cnnlerilu, et cum pice liquida perinisceto,
vitiosamqne parlem iinlto : quod inedlcameiitiim piitatur
etiani liominibus essc convcniens. Eadem peslis si fuerit
veliementior, rediino liqiioie aboletnr. Reliqi;.i vitia sicut
iii cacteiis anima-ibris piiccepimus, curandasunl. Hacie-
COLUMliLLE.
Noiis tcrmiiicions ici ce qui rcgarde le petit be-
tail, et nous (lonneions dans le volume suivant
d; s preceptes sur les engrais que Ton fait dans
rinterieur des metairies; ce qui coraprendra tout
ce qui est rclatif nux soins quexigeut les oiseaux,
les poissons ot les quadrupedes des fortMs.
LIVRE VIIL
I. Nous avons donne dans les sept preraiers li-
vres, Publius Silvinus, a peu pres tout ce qu'il
fallait pour completcr Tart de faire valoir et de
cultiver les terres , ainsi que ce qui concernait
la methode de pouverner ies bestiaux. Si nous
ajoutons a ce traite lehuitieme livre que voici,
c'est moins parce que les objets dont il y sera
question sont essentiellement et immediatement
du ressort des gens de la campagne , que parce
qu'ils concernent une administration qui ne peut
avoir lieu que dans les campagnes ou dans les
metairies, et que les profits qu'elle rappoite tour-
nent plus a 1'utilite des gens de la campagne
qu'acelledeshabitants des viiles. En effet, Ten-
graisdes volailles , ainsi que eelui des gibiers et
des poissons qu'on nourrit dans lcs metairies, ne
laisse pas que de rapporter au cultivateur des
profits considerables, de meme que celui des
bestiaux, tant parceque la liente d'une partie de
ces animaux sert de remcde aux vignes qui sont
tropmaigres, ainsi qu'a tous lesarbres et aux ter-
res labourables, que parce que les eleves qu'i!
fait de la sorte fournissent non-seulement la cui-
sine de ses gens, mais encore sa table meme d'ex-
cellents mets, et qu'enlin ils rehaussent le re-
venu de lametairiepar Targent qu"ils produisent
a la ventc. Cest pour cela que jai cru devoir aussi
traiter de ces autres nourritures. Or elles se font
communement ou dans la metairie raeme, ou dans
srs environs. Celles qui se font dans la metairie
sont comprises sous ce que les Grecs appellent
dcs opviOSvEi; (volicres) et des x£pt;T£p;wv£i; ( co-
lombiers). On peut encore, lorsque fon a de l'eau
a sa disposition, y entretenir des t/OuoTpo^Etct
( des viviers) ; ce sont, pour m'exprimer plutot
en latin , comme les siahula ( les etables) des oi-
seaux de basse-cour, et de ceux que l'on enferme
dans des cabinets pour les engraisser, ou les re-
ceptacula (les retra.ites) des animaux aquati-
ques. On menage aussi autour des metairies des
|A£Xt(7(jMV£<; ( endroit pour placer des ruches ), des
/•/IvoTpocfEta (endroit ou Ton nourrit les oies) et
dcs lctyoTpo-^jTa (parc oii Ton nourrit des lievres,
garennes. ) Nous appelons encore tous ces diffe-
rents lieux des apiaria, quand ils servent de re-
traites aux abeilles; des aviaria, quand ils en
servent aux oiseaux aquatiques, qui se plaisent
dans les etangs et dans les reservoirs d'eau ; ou
enlin des vivaria, quand ils en servent aux be-
tes fauves que Ton garde dans des bois clos.
I i . Je commencerai donc par donner des pre-
ceptes de nourriture et d'education relatifs a tou-
tes ics volailles et a toutes les especes de gibier
qu'on eleve dans rinterieur des metairies. On peut
a la verite mettre en question si les gens de la
campagne doivent avoir chez eux de toutes ces
espeees d'animaux ; mais la question est resolue
par rnpport nux poules, et elles sont commune-
nicnt robjet le plus habituel des soins que doi-
veiit prendre les agriculteurs. On en compte de
trois especes : les poules de basse-cour, les pou-
les sauvages et celles d'Afrique. Les poules de
basse-coursont cellesque fon voitordinairement
dans presque toutes les metairies. Les sauvages,
qui leur ressemblent, sont celles que les oise-
leurs prcnnent a la chasse ; il s'en trouve beau-
coup dansrile de lamer de Ligurie, a laquelle
niis (Je minore pecore. Mox de villaticis paslionibus, qatf.
continent voliicinm piscinmque et silvestiinin quadiupe-
tlnin cuiam, sequenli voluniine pracipicmns.
LIBER YIII.
1. Qiia; fere consummabant, Pnbli Silvine, ruiis exer-
cendi colendiqne scientiam , qu.-cqne pecuaricC negoliationis
exigebat ratio, seplem memoiavimus libris. Hic nunc se-
quentls nnmeii titnlum possidel)it : nec qjiia proximam
propiiamqne ruslici curam desiderent ea, qu;e dicturi su-
mns, sed quia non allo loco, quam in asris aut villis de-
lieant administrari , et tamen agiestibus magis, qnam ur-
lianis prosint. Quippe villatic.i; pastiones, sicut pecnaiiae,
iion mlnimani colono stipeni conrenmt, cnm et aviuin
stercore macerrimis vineis et omni surculo atque arvo
niedeantiir; et eisdem familiaiem focum mensamqiie pre-
tiosis dapibiis opiilentent ; postiemo vendilorum anima-
liiiin pietio villae rediliim augeant. Quare de hoc qnoqiie
gencre paslionis dicendum censiii. Est autem id fere lel
in villa, vel ciica villam. In villa est, qnod appellant
GraeciopviOMva?, xaiTiEpiiTEpcuivot;; atque etiamcum datnr
liquoria faciillas ixBuoTpoyEia sedula cura exeicentnr. Ea
siint , omiiia ul Latine polius loquamur, sicut avium co-
liortaliuin stabula, nec minus earum, qua; conclavibus
septa! saginanlur, vel aquatilium animalium receptacula.
Rursus ciica villam ponuntur |j:e),i!jfftSvE; xal xivoTpooeia,
quin etiam JkaYOTpofeTa studiose administrantiir, quae nos
simililer appellamus apiim cubilia, apiaria, vel nanliuin
volucrum , qiio; stagnis piscinisqne Ixtantur, aviaria, vcl
etiam pecudum silvestrium , qua; nemoi ibus clausis cus-
todiuntur, vivaria.
II. Prius igitur de his prEecipiam , qiiae intra septa villae
pascuntur. Ac de aliis quidem forsitan ambigitur, an sint
agreslibus possidenda : gallinarum vero pleriiinque agri-
cola; cura solennis est. Earuin genera suiit vel cohorta-
liuin , vel rusticarum vel Africanaruin. Cohortalis est avis,
qu.TC vulgo per omnes fere villas conspicitur : rustica,
(luse non dissimilis villaticae per aucupem decipitur, caque
plurimaestiu insnla,qnain nauta; in Ligustico mari si-
lam prodiicto nomine alilis Gallinaiiain vocitaveiiiiil :
1)K LAGRICULTURK, LIV. Vlll.
les matelots donnent le nom de gallinaria,
forme allongee AegaUina (poule). Celles d'Afn-
que, que bien des geusappellent pouies de ^'u-
midie, lessemblent aux piiitades; avec eettedif-
fereneequ'elles ont la crete et la barberouges, au
lieu que les pintades les ont bleues. Mais entre
ces trois especes d'oiseaux , c'est proprement a
ceux de basse-cour que l'ou donnele nom de pou-
les lorsqu'ils sont femelles, celui de eoqs lors-
qu'ils sont mSles, et celui de cliapons lorsqu'ils
ne sont males qu'a demi ; carc'est lenom qiron
leurdonne lorsqu'on lesa chatres, poureteindre
absolumenten eux tout penehant a la volupte. Au
reste , on ne les reduit pas seuiemcnt a cet etat en
les privant des parties genitales , mais encore en
leurbrulant les eraiots avec un fer chaud; apres
quoi, lorsque raction du feu les a consuraes,
on frotte avec de la terre a potier la plaie qui
resulte de cette operation , jusqu'a ce qu'elle
soitparfaitement guirie. II ne faut donc pas ne-
gliger le revenu que peuvent produire ces poules
desmetairies, pour peuqu'on leseleve a^ec eette
intelligence qui a rendu celebres la plupart des
Grees et prineipalement les habitants de Delos en
eette partie. II est vrai que comme ces peuples
recherchaient ceux de ces animaux qni avaieut la
plus grande taille et qui moutraient le plus de
courage dans les combats, iis prefernient a tous
les autres ceux de Tanagra et de Rhodes, ainsi
que ceux de Chaleidie et de Medie, que le vul-
gaireappelle, parchangement d'une letlre, poules
de Melie; au lieu que nousapprouvons ceux de
noire pnys preferablcment aux autres, paiee que
nous ne faisons point cas de cette pas^ion des
Grccs,qui les portait a elever pour leseombats
les plus fiers de ces oiseaux. V.n effet, notre bul
est d'assurer un fond de revenu aux chefs de i\-
mille industrieux , et non pas aux gens qui s'a-
doniienta dresser des oiseaux pour les combats,
et qui cumpromeltent tout leur patrimoine , au
risque de s'en voir assez souvent dcpouilles a
roeeasion d'un co(i qui aura remporte la vic-
toire sur son adveisaire. Ainsi , quiconque vou-
dra suivre nos preceptes examinera d'abord le
nombie de femelles qu'il lui faudra aequerir, et
les ((ualites qu'elles devront avoir; ensuite la
maniere de les entretenir et de les engraisser ;
troisiiimement, les temps de rannee oii 11 devra
reserver leur ponte puur la faire couver et eclore
par la suite , et enlin les soins qu'il aura a pren-
dre pour que les poulets soient (■levcs conime 11
convicnt. Ccst en effet par ces soins, et par !es
occupations qu'ils entrainent apres eux , que Ton
peuttirer parti de l'eeonomie de la basse-eour,
que les Grecs appellent opviOoTpojfa. Or le nom-
bre qu'il s'eu faudra procurerest de deux cents
t(^tes; et ce nombrepartagera lessoinsd'un seul
et unique gardien, pourvu ccpendant qu'()n liii
associeune vieille femme ou unenfant, qui gar-
deront ces oiseaux quand ils s'(^loigneroiit , de
peur(iu'ils nesoient vo!c'sparleshommesqui leur
tendront des pieges , ou enlev(5s par les animaux
qui les guetteront. II n'y a pointde profita aehe-
ter des poules, a moins qu'elles ne soient tr('s-
fecnndes. II faut qu'(lles aient le plirmage rouge
ou brun , et les ailcs noires : on les elioislia meme
toutes , si faire se peut , de Tune de ces eouleurs,
ou d'une couleur qui en approche; ou du moins
on evitcra d'en avoir de lilanehes, paree qu'el-
les sont pour la plupai-t dt'licates, peu vivaces , et
rarement fecondes. D'ailleurs, comme la blauT
eheur cst uneeouleur saillantequ'ondistinguede
loin , pliis elles sont blanches , plus elles sont
exposees a etreenlevees par lesoiseauxdeproie
et par les aigles. II faut donc que cellesqui soiit
destin(Jes a pondre soient de eouleur roussatre.
ACricana cst, qiiani ploiique Jvumidlcam dicimt, Melea-
gridi siniilis, nlsi quod lutilam galeam el cristam capite
gcrit , qua» iitraque siint in Meleagrlde ciprulea. Sed ex
his Iribus generibus cobortales feminae proprie appellan-
Inr galllna!, niares aiitem galli, semimares capi, qui lioc
iiomiue vocantur, cuin sunt castrati libidinis abolendae
oausa. Nec lameii id patiuntiir amissis genitalilius, sed
ferro candentc calcaribus inuslis, (\aie cum ignea vi con-
sumpta sunt, facta ulcera dum consanescaiit , ligulari
( reta linuntur. Hiijus igilur villatii i generis non spernen-
diis esl redilus, si adhibealur ediKiindi scientia, quam
l>leiiquc Gr.Tcorum et pi.vtipne cilibiavere Ueliaci. Sed
ct ii , qiioniani procera coi pora et animos ad pialia per-
tinaces requirclianl , piiecipne Tanagricum genus et Rlio-
diim; probabant, iicc ii.inns Chalcidicum et Medicum,
qiiod ab impeiilo vulgo lilera miilala Melicuin appellalur.
.\obis nostrum veriiaculiim maxime placet : omis.so ta-
mcn illo sludio Gr.-Kcoruni, qui ferocissiinum quemquc
alitem ceitamiiiilius ct pugnae pncparabant. Nos enini
ceusemus institucre vectigal indusliii palrisfamilias, non
rixosarum avinm laiiisl:»', ciijiis plcrmnqnc loliini p.ilri-
monium , pignus alea? , victor gallinaceus pycles abstiilit.
Igitur cni placebit sequi noslra pra?cepla , consideret
oporlel piimum quam niultas, et ciijusniodi parare de-
beat inatrices , deiiide qnaliler cas tueri et pascere ; niox
qiiibus anni lemporibus earum parlns excipere; tum de-
inum iil inciibent et excludant elficere; poslremo ut
cominode pulli educeulur operam daie. His enim curis et
niinisteriis exeicetur ratio cobortalis, (juam Grseci vocanl
opv'.OoTfo:ftav. Parandi autem niodus est duccnlorum ca-
pituin , qua^ pastoris unius cuiam distendant : dum lainen
anus S('dula yel puer adhibcatur custos vaganlium, iic
obsidiis huminnm , aul insidiatoruin animalium diripian-
lur. Mercari porro nisi f(i'cundis.simas aves non expedil.
E;e sint rubicundx vel fuscic plumic, nigrisque peiinis :
acsi fKM-i poleiit, omnes biijus, (^t ab hoc proximi colo-
ris eligantur. Sin alilcr, vitcnlur albip ; quic lcre cuin
sint niolles ac minus vivaccs, luin ne foecundse quidem
facile reperiimlur : abpie cliam conspicuae propler iusigne
candoris ab accipitrilius ct aqiiilis sa;pius aliripiunlur.
Sint ergo matiices robii coloris robusli corporis, qiia-
dnila-, pcctorosiC, niiignis capitibus, rcclis rulilisqiie
302
COLUMELLE.
quVlles aient le corps robuste et carre , la poi-
trine large, la tete grande, de petites huppes
droites et rouijes, les oreilles blanelies; qu'elles
paraissent tres-amples sous cette forme , et qu'el-
les aient les ongles inegaux. Celles qui ont rinq
ongles , et dont les pattes ne sont point traver-
sees par des eperons, passent pour les meilieu-
res, paree que ceiles qui se font distinguer par
cet apanage reserve aux males ne se pretent
point aisement a la generation et dedaignent de
souffrir lecoq; outre qu'elles sont rarement fe-
condes , et qu'clles cassent meme leurs ocufs
avec la pointe de leurs ongles, l(Hsqu'el!('s vien-
nent a les couver. Rejetez tout coq qiii ne sera
pas tres-lascif, et recherchez daus ces animaux la
raeme couleur et le meme uombre d'ong!es que
dans les poules ; on lcur vcut cependant nne taille
plus haute. II faut qu'ils aient la crete haute, de
couleur de sang et bien droite ; les yeux roux ou
tirant sur le noir , le bec court et cioehu , h s
oreilles tres-grandeset tres-blanches , la cravate
d'un rouge tirantsur le blanc et pendante comme
la barbed'un vieillard; les plumes du cou bigar-
nes ou d'un jaune d'or, et qu'en tombant sur
les cpaules elles eouvrent le cou et le chignon ;
la poitrine large et pleine de musclcs , les ailes
fortes et scmblables a des bras , la queue tres-lon-
gue et partagee en deux rangs; sur le eott; de
chacun d(;borderont des plumes. II faut encore
qu'ils aientde grandes cuisses, etqu'elles soient
couvertes de plumes qui se herissent souvent;
qu'ilsaient les pattes fortes sans etre longues,
mais qu'elles soient armt^es offensivement comme
d'une espece d'epieu toujours pret a attaquer.
Quoiqu'on ne lcs destine point aux combats, ct
qu'on ne rescrve point lcs coqs pour la gloire des
vicloires, on les approuve cependant trcs-fort
quand ilssont d'une belle apparence, quils sont
fiers, vifs, eveilles, toujours prets achanter,et
qu'ils ne se laissent point aiscment effrayer. Eu
effet, ils doivent quelquefois fairetiite aux autres
animaux, et proteger la troupe de l'emelles aux-
quelles ils sont maries, en tuant m(ime les ser-
pents qui les menacent, et tous les autres animaux
pernicieux. On se pourvoit de cinq femelles pour
cliaque male de cette espcce; car pour Tespece
qui nous vient de Rhodes ou de Medie , corame
elle est lourde et pesante, et que lcs p6res n'en
sont pas bien lascifs ni les mcres bien fticondes,
on n'en donue que trois a chaque coq ; cncore
soot-elles paresseuses non-seulement a couver,
mais cncore plus a faire eclore le peu d oeufs
qu'e!les ont pondus , et rarement elevenl elles
lcurs poulets. Aussi ceux qui ont a coeur d'a-
voir de ces especes d'oiseaux a cause de leur
beaute, font couver par des poules communes
les oeufs pondus par ces poules distingu('es, et
font nourrir ensuite par ces raemes poules les
pouletsqu'elles ont fait eclove de ces aufs. Com-
munement la volaille de Tanagra es,. de la meme
taille que celle deRhodeset de Mt^die, et elleres-
serable assez du cdte des mosurs a celle de notre
pays , ainsi que celle de Chalcidie. Cependant les
bittards de toutes cesesp^^ces, procrtit^s de poules
de notre pr.ys avec des males (;trangers, sont d'ex-
cellents poulets, parce qu'ils ont la forme ext(i-
rieure de leur pere, et qu'ils conservent la lubri-
citti des poules de notre pays. Je n"approuve pns
la volaiUe naine, ni du cott; de la feconditii, ni
du cote des autres genres de prolit qu'on en peut
espiirer, a moius quc que!qu'un ne soit curicux
de sa petitesse ; et je n'en fais pas en verite plus
de cas que des raales qui airaent a se battre ou qui
ont l'humcur querellcuse, parce que commune-
ment ceux-ci raulestent les autres et les empe-
chent de coquer les poules , sans cependant pou-
cristiilis, albis auiibus, et suh liac specie quam amplissl-
nloe, nec pailbus ungulis : generosissimaeque creduntur,
quse quinos lialient digitos, se(J ila ne cruribus emineant
transversa calcaria. Nam quje boc virile geril insigne,
contuhiax a(J concubilum iledignalur admiltere maieni,
raioque fcecunda, etiam cuni incubal, calcis aculeis ova
perfiingit. Gallinaceos niaies iiisi salacissimos liabeie non
oxpedit. Atque in Ijis quoque sicut in foeminis, idem co-
lor, idemque numeius unguium, status altior quieritur :
sublimes, sanguineteque , nec obliqua' crista3 ; ravidi, vel
iiigiantes oculi : bievia et aduiica rostra : maximas can-
didissimoequeauies : paleiieex lutilo albicantes, qua; velut
incana; barbse dependent : jub,"e deinde vaiia;, vel ex auro
liava; , per colla cervicesque in liumei os diffusa; : tum lata
el mu.sculosa pectoia, laceitosaeque similes brachjis ahie,
tuni procerissimse caudx, duplici oidine, singulis utrin-
(|ue piominenlibus pinnis inttcxse : quinetiam vasta fe-
iuina et fiequenter boirentibus plumis hirla : robusta
cruia, nec longa, sed infestis velut sudibus nocenler ai-
n.ala. Mares autcm, quamvis non ad pugnaui ncque ad
yicioii.T laudeni piwparenlur, maximc lanien generosi
probanfur, ut sint elali, alacres, vigilaces, et ad siepiiis
canendum pronipti, nec qiii facile lerreanlur : nam intej--
dum resistere debent, et protegeie c^jiijugaleui giegem :
quin et atlollenlem minas .serpeulem , vel aliud noxium
animal interficere. Talibus autem maribus qiiinte singiilis
fieminai comparantur. Nara Rliodii generis aut Meiiici
piopter gravilalem neque patres nimissalaces, nec fcecun-
d,ie niatrcs : quK tamen ternne singulis marilantur. Et
cum pauca ova posuerunt, iueites ad incubandum, mul-
to(|iie magis ad excludendum, raro Ibetus suos ediicant.
Itaque quibus cordi est ea genera propter corporiim spe-
cicm possidere, cum excepenint ova generosarum, vul-
garibus gallinis subjiciunt, ut ab bisexclusi pulli nutiian-
tiir. Tanagiici plerumque Rliodiis et Medicis ampliludine
pares, non multum mnribiis a vernaculis distant, sieut et
Chalcidici. Ouinium tainen horum generum notbi siint
optimi pulli, quos conceptos ex peregrinis maribus iios-
trates ediderunt. Nam et paternam speciem gerunt, et sa-
lacilatem Itecunditatemque vernaculam retinent. 1'umilcs
aves, nisi qiiem hnmililas earum delectat, ncc proplcr
|(i:cunilitalcni, nec proplcralium icdituin nimiuui pioli(!,
DE L'AGRICULTUr.E, LIV. VIIL
voir eux-memes cii satisfaire un rrraiid iiombre.
11 faut par consequcnt reprimer leur pctulaiice
avcc un morccau de quelque vicux cuir taillc eii
rond , que ron percc par le milieu , et dans le-
quel on inscre la patte de ccsanimaux , pour cor-
riijer, a Taide de cette espece d'entrave, la ferocite
de leurs moeurs. Mais jevais donner des precep-
tes, suivant Tordre qiie je me suis preserit , sur
rentretien de toutes ces espeees de volaille.
IIF. II faut placer les poulaillcrs du cote de la
metairie qui est cn face de Torient d'hiver,atte-
nant le four ou la cuisine , afin que !a furaee eii
parvienne ;i la voiaille, parce que c'cst une chose
qui lui est tres-salutaire. Toute la basse-cour,
c'est-a dire le poulailler, sera composee de trois
cabanes construitcs l'une aupies de Tautre sur
une seule ligne, et dont la face sera tournce du
cote de rorient, comrae je Tai dit. Ensuite on
pratiquera sur cette face une seule petite entree
pour la cabane du milieu : eetteeabane , qui sera
la moins haute des trois, n'aura queseptpiedsen
toussens. II faudra percer sur les murs de cette
cabane, de droite et de fiauche , attenant lemur
faisant face a Tentree, deux portes , dont cha-
cune eoramuniquera a une des deux autres ca-
banes. On adossera a ceracme mur un foyer dont
la largeur sera tclle, qu'elle ne puisse point ge-
ner les portes dont nous vcnons de parler , et
que la fumcequ'il donnera puisse pcnetrer dans
les deux autres cabanes : celles-ei auront douzc
pieds tant de longueur que d"elevation, et leur
largeur sera la nieme que celle de la eabane du
milieu. L'elevation en sera coupee en deux eta-
ges, qui laisseront quatre pieds de libres par en
Iiaut et septpar en bas, puisquils emporteront
ehaeun un pied. Ces deux etages sont faits pour
la commoditedes poules, et ils doiventetre eclai-
res du c6te de Torient ehaeun par une petite fe-
n6tre,qui servira aussi de passage aux poules,
alin qu'elles puissent sortir le matin pour aller
dans lacour, et rentrer le soirau poulailler. Ob-
servez ncanmoins qu'il faudra a\ oir soin de les
tenir toujours rcnfermees pendant la luiit, alin
qu'elles juchent plus en surete. On percera au-
dessous des etages des fenetres plus grandes que
les precedentes, que Ton garnira de barrcaux
pour erapecher les animaux nuisibles de sc g!is-
scr dans le poulailler, sanscependant trop iuter-
eepter le jour, afin que riiabitation de ces oiseaux
soit plus agreable. Celui qui prend soin des pou-
les doit visiter de temps cn temps les (eufs de
celles qui eouvent ou de celies qui pondent. Oii
donnera a cet effet une telle epaisseur aux murs
du poulailler, qu'oupuisse y creuserdes rani;ees
de nids dans lest(uels clles pondront ou feront
eclore lcs poulets , parce nu'outie que eette me-
thode est plus belle a Taul, elle leur est aussi plus
salutaire que la pratique dc quelques pcisonnes,
qui enfoneent profondement dans les murs des
pieux, sur lesquels ils posent des paniers dosier.
Au reste , soil que les nids soient creuses dans les
murs comme nous Tavons dit, soit qu'i|s soient
formes par des pauiers d'osier, il faudra qu'ils
soient preccdes de vestibulcs par Icsquels pas-
scront les poules pour y parvenir, soit qu'elles
veuillent pondre, soit qu'elles veuillenfcouvcr,
parce qu'ihie faut pas qu'elles entrent de pleiii
vol dans leurs nids , de peur qu'en se jetant sur
leurs oeufs elles ne les eassent avec les pattes. On
donnera ensuite a ces oiscaux la faeilite de mon-
teraux etages des deux eabanes, en appliqiianta
la inuraille de petits soliveaux un peu raboteux ,
tam lieicule , qiiam nec («ignacem, nec rixosoe lihidinis
inaroin. Nam pleruniqne caeleros infeslat, et non palilnr
inire rieminas , cuin ipse plnribiis siillicere non qiieat. Ini-
pcdienda est ilaipie procacitas ejns anipullaceo corio;
quod cum in oibiciilum rormatuni est.inedia pars ejus
resciiiditur, ct per ('Ncisaiii paitem galli pes inseriliir :
caquc quasi coinpede ciiliilieiiliii ieri Uiores. Sed, ut pro-
posui, jam de tulela ijeneris nni\ersi piircipiani.
111. Gallinaria constilui debeut parte villae, qua; liilier-
iiiiin spectat oiieiilem : jniicta sint ea fuino vel culin;e,
iit ad avem pervenial fiiniiis , qiii esl liuic neneri pr;ccipue
salutaris. Tolins aiilein ollicinae, id est ornitlionis, tres
coiitinuie extruiinlur cell.-B, qnarum , sicuti dixi, perpe-
liia Iroiis orienli sit oliversa. In ea deiiide fronle e.\i!;iiiis
detur uniisoinnino adilus uiedise cella;; qua: ipsa, e Iri-
bus niiiiinia, esse debet iii altitndinein et qiiuqiioversns
pedes septem. Iii ca sinsiili dextio laevo<pic pariete aditus
ad iitiainquc ccllani faciendi sunt , juncti parieti , qiii cst
iiitranlibus adversus. Hiiic aulem focus applicetur tam
longc, ut ncc impediat praedictosaditiis, et ab eo funius
perveniat in iitramquc cellani : ea'que longiludiiiis, el
altitudinis duodenos pedcs liabeant, nec plus laliludinis,
(piaiu media. Stililiuiit;isdi\idatur tabiilalis, qnx snprase
qiiatcrnos, el infra septenos liberos pedes liaboanl , qiio-
niain ipsa siiigulos occupant. Utiaqiie tabiilala f-allmis
servire debeiit, et ea parvis ab orieiile sinyulis illiimlnari
fenestellis, qua; ct ipsce matiiliiioni exituiii pi.ebeaiit a\i-
bus ad coliorlem, iiec miiius vc.sportinimi iiitioiluiii. Scd
ciiranduui erit, iil semper iioctibiis claudaiitur, quo lu-
tiiis aves niancaiit. Infra lalnilala inajores fenestric ape-
liiintur, ct ea: clatris miiniaiilur, iie possiiit uoxia iirepere
animalia : sic laiiicn, ut illiislria sint loca, quo comuio-
diiis lialiitent. Aviariusipic snbinde debct speciilari aut
iucnbantis aut parturienlis fietiis. Nain etiam in iis ipsis
locis ita crassos pai ieles a-dilicare convenil , iit cxi is;i
pvr oidiiiein gallinarum cubilia rccipiant : in qiiibiis aut
ova edanlur, aut excbidanlur pulli : lioc enim et salii-
briuset clcganliusest, (piam illud, quod qnidam faciunt,
iit palis in parieles vcliementer aclis, vimiiieos qualos
superimponaut. Sive antem parielibus ita, nt diximiis,
cavalis, sive qiialis viiniiieis pr;epoiienda erunt veslibiila,
per qua; matriccs ad ciibilia vel paricndi vcl inciibandi
(■ausa pciveniant. Neqiie enini debcnl ipsis iiidis involiirc,
ne dum adsiliunt, pcdibiis ova confringanl. Ascensus
deinde avil)us ad labnlala per ulramipic oellam datur
junrlis parioti inndicis assc.culis, ipii paulum loriiialis
304
COLUMKLLE.
sur lesquels on pratiquera des especes de niar-
ches, afin que les poules ne glissent point cu y
montant. On appliquera aussi endehors, du cote
de la cour , aux fenetres dont nous avons parie ,
de petites echelles pareilles , sur lesquelles ces
oiseaux se traineront lorsquils iront prendre le
repos de la nuit. Mais on veillera surtout a ce
que ces poulaillers, ainsi que !es autres lieux
propres a nourrir des oiseaux , dont nous parle-
rons par la suite, soient revetus tanl en dedans
qu'en dehors d'un enduit bien poii , pour empe-
cher les chats ou les couleu vres d'en approcher , et
enecarter les autres aniraaux nuisibles. 11 n'est
pas k propos que ces oiseaux restent sur un plan-
cher plein pour dormir, de peur qu'ils ne soient
incommodes de leur propre fiente , (iui leur oc-
casionnerait la goutte, sielle venait a sejourner
autour de leurs pattes et de leurs ongles. Pour
eviter cet accident , on equarrit des perches, at-
tendu que si elles etaient unies et arrondies dans
toute leur longucur, elles ne pourraient pas rete-
nir ies oiseaux qui \iendraient a se poserdessus;
apres quoi on les enfonce par les extrerait(5s
dans les deux murs opposes, de facon qu'elles
soient elevees a la hauteur d'un pied au-dessus
du planclier plein , et distantes de deux pieds
rune de rautre, Telle sera la dispositioiidu pou-
lailler. Quant a la cour dans laquelle les poules
auront la lihertij de se promener, elle doit (itre
plut()t seche que propre ; car il est tresimpor-
tant qu'il ne s'y trouve point d'autre eau que
celle que Ton mcttra dans un endroit marque
pour leur servir de boisson , et qu'il faudra avoir
soin de tenir tres-propre , parceque , lorsqu'elle
est pleine de funiler, ellc leur donne la pepie. On
ne pourra cependant pas la conserver pure , si
on ne la tieut pas reufernK^e dans des vases fa-
briques expres pour cet usage. On aura donc,
pour confenlr leur eau ct leur mangeaiUe , des
augetsdeplorab , parce que ron a observ(i qu'ils
etaient meilleurs que des augets de bois ou de
terre cuite. Ils seront ferraes a Taide de couver-
cles poses par-dessus, et perces de petits trous
sur les c6tt'S uu peu au-dessus du milieu de leur
hauteur, de facon que cestrous, par lesciuels
les oiseaux pourront passer la tete , soient eloi-
gnes les uns des autres d'un patinus. Si ces au-
gets n^t^taient point couverls , les poules epar-
pilleraient avec leurs pattes lc peu d'eaii ou de
mangeaillequi y serait renferme. II y a des per-
sonnes qui font ces trous par en haut sur les cou-
vercles niemes; mais il faut (jviter cette pratique ,
parce que les poules, venant a se poser sur ces
augets, salissent alors leur raangeaille et leur
eau de ieurs ordures.
IV. La meilleure mangeaille que Ton puisse
donner aux poules, c'est de Torge pil(i dans un
mortier et de la vesce : on peut leur douner egn-
lement des pois chiches etm(irae du millet etdu
pauis , pourvu cependant que le bon marche de
ccs denr(;es le permette. Mais lorsqu'elles sont
trop cheres , ou peut tres-bien leur donner de
mcnues criblures de froraent; car on ferait mal
de leur donner cette espece de ble cn nature,
m(!'rae dans les endroits ou il serait a tres-bon
marche, parce qu'i! leur est nuisible. On peut
aussi leur donner de Tivraie bouillie, ainsi que
du son dont on naura guere s(^pare la farLne,
piiree que si on n'eu laissait point, il ne leur
vaudrait rien , outre qu'il leur plairait peu. On
approuve tres-fort Tusage de leur donner, quand
elles sont raaigres, des feuilles et de la graine
decytise, qu'elles aiment beaucoup, d'autant
qu'il n'y a point de pays ou Ton ne puisse se pro-
curer ces arbrisseaux en triis-grande quantite.
Quoique le marc de raisin les nourrisse passable-
jjiadibiis asperantur, ne sint advolantibiis lubiici. Sed
ab coliorle foiinsecus prsedictis fenestellis scandula; si-
inililer injungantur , quibus irrepant aves ad requiem
iiocturnam. Maxinie autem curabimus ut et liaec aviaria
ol caetera, de quibus mox dicturi suinus , intiinseciis et
extrinsecus polianlur opere tectorio , ne ad aves feles lia-
beanl aut coluber accessum , et aeque noxia; proliibeantur
pestes. Tabulatis insistere dormicnteni avem non expedit,
iiesuo 1,-edatur stercore; qnod cum pedibus uucis adhifi-
sjt, podagiam creat. Ea pernicies ut evitetur, peiticae
dolantur in quadnim , ne teres levitas earum supersilien-
lem volucreni non recipiat. Conquadratai dein(Je foratis
duohus adversis parietibus induunlur, ita ut a tabulato
pedalis allitudinis, ct inter se bipedalis laliludinis spatio
distent. Hscc erit coliortalis officina; dispositio. Caeterum
roliors ipsa, per quam vagantur, non tani stercore, quam
iiligine caieat. Nam plurimum refeit aquam non esse iu
ea uisi uno loco, quambibant, eanique mundissimam :
nam stercorosa pituitam concilat. Puram tanien servaie
non possis, nisi clausain vasis in liunc usum fabricalis.
Suiit auteni, qui aiit aqua leplcnlur aut cibo plumbei
canales, quos magisutiles esse ligneos, aut ficliles com-
pertuin est. Hi supeipositis opeiculis clauduntur, et a
lateribus super mediam parteni allitudinis per spatia pal-
niaria modicis forantur cavis, ita ut avium capita possint
admittere. Nam nisi operculis muniantiir, quantulumcun-
que aqu.^e vel ciborum inest, pedibus everritur. Sunt qui
a siiperiorepaite foramina ipsis opeiculisimponant; quod
lieii non oportet. Nam snpersiliens avis proluvie ventris
cibos et aquam conspuicat.
IV. Cibaria gallinis pra;bentur oplima, pinsitum or-
deiim et vicia, nec mlnus cicercula, tum etiam milium,
aut panicum : sed h;ec ubi vilitas annonae permitlit. Ubi
vero ea est carior, excreta tritici minuta commode dantur.
Nam per se id frumentum , etiam quibus locis vilissiinum
est, non utiliter praebetur, quia obest avibus. Potesteliam
lolium decoctum objici , nec ininus furfures modice a fa-
riua excreti : qui si nibil habent farris , non sunl idonei ,
nec tantum appetuntur jejunis. Cytisi folia semiuaque
maxiine piobantur, et sunt liuic generl gratissima : ne-
que est ulla regio, in qua non possil hiijus arbiisculae co-
pia esse vel maxima. Vinacea quamvis tolerabiliter pas.
DE LAGUiCULTURE, LIV. VIII.
mcnt bien , on ne doit cepenclantlcur en clonnei-
(Iiie dans les tcmps de l'annee ou eiles ue poiulent
point, pnrce qu'auti'cment elles pondraient ra-
rement. et ne feraicnt c|ue de petits ceufs; mais
rien n'empcche de les sustentcr avee cette espece
de nourriture apres rautomnc, lorsc|u'elles ont
absolumentcessedepondre. Au reste, c[uel(|uees-
peee de nourriture qu'ou leur donne pendant
qu'elles seront a errer dans la cour , il faudrn la
pnrtager en deux portions , dont ou lcur jellcra
lune au conimencement du jour et Tautre avant
la nuit , tant afin qu'elles ne s'eloiiincnt pns tiop
au sortir de leUrs retraites, et qu'elles y revien-
nent de meilleure heureet avant ia chute du jour
par i'esperance d'y trouver a mani;er , qu'afin
qu'on soit plus souvent a portee d'eQ faire la
revue, parceque les troupeaux de volaille eclinp-
pent aisement a la garde de celni qui les vcille.
II fautaussimettrede lapoussiere et dela cendre
le long des murs de In cour, dnns tous les en-
droits qui s'y trouveront couverts d'une yaleiia
ou d'un toit,afin que les poulcs puissent s'en
jeter sur le corps, parce que c'est ainsi qu'elles
nettoient leurs plumes et leurs ailes, si toute-
fois nous njoutons foi a ce que dit Hiirnclite
d'Ephese, que la boue sert de bain aux truies,
comme la poussiere ou la cendre en servent nux
oiseaux de basse-cour. On doit faire sortir les
poules du poulailler apres la premiere heure du
jour, ct les y renfermer avaut la onzieme. Tels
seront les soins quil en faudra prendre dans le
temps oii on leur laissera la libci't(; de courir,
quoiqu'il n'y aur.n pas d'autre diflerence daiis
ceux qu'on en |'rendra qunnd clles seront ren-
fermees dans la mue, si ce n'cst quon ne les en
Inissera point sorlir, mais qu'on leur donncia a
manger dans rinterieur du poulailler trois fois
par jour, et que In dose en sera plus forte que
ceile qu'oa lcur donne cn dehors, puisqu'on leur
donnera par jour la valeur dc quatre cyathide
mangeaiile par tete, an lieuqu'on n'en donne
que deux a celles qui sont en libcrte. II faut aussi
que celles qui sont renfermecs trouvent un am-
pie vestibule en dehors, ou elles puissent ailer
se mettre au soleil , ct que rnpproche de ce vestibule
soit defendue pnr des lilets, de peurque les ai-
gles ou les oiseaux de proie ne fondent sur elles.
Au surplus , it n'y a de profit a faire ces depenses
et a prendre ces soins que dans les lieux ou i'on
peut tirer un bon pri\ de ces oisenux. L'articie
le pius essentiel par rapport a cette espcce d^i
troupeau , comnie p;ir rnpport a tout nutre , con-
siste dans la fidelitc de celui qui est prepose a
sa garde. En effet, pour pcuqH'il manque acettc
vertu vis-a-vis de son maftre , le lucre que celni-
ci retirera du poulailler ne compensera jamais,
quelqu'iisoit, ladc^pensedanslaquelleillejettera.
Nous avons assez parle de rentretien de ces
animaux ; aiiisi nous allons passer a d'autres ob-
jets , cn suivant fordre que nous uous sommes
preserit.
V. Cette sorte de volaille pond d"habitude
apres le solstiee d'hiver; les phis teconds cora-
mencent a pondre dans les iieux temperes vers
les calendes de janvier, et dans les pays froids
apres les ides du mfime mois. Mais il faut exciter
leur f(;'eondite par des nourritures couvenabies,
pour les faire pondre de meilieure heure. On
peut tres-bien leur donner de i"orge a demi euiie
tant qu'ils en voudront , parce qu'elle leur fera
avoir de plusj;rosoeufs , et qu'elle lcs fera pondrc
plus souvent. II faut nciannaoins assnisonner,
pourainsi dirc, cctte nourriture, en leutremelant
avcc des feuilleset de la graine de cytise, parce
((ue l"une et l'autre passent pour avoir la vertu de
beaucoup augmenter leur feeondite. La dose de
la nourriture qu"on ieur donnera sera, corameje
i'ai dit, de deux cyathi d'orge pour les poulcs
rant, liaii noii debeiit, nisi tiiiibus aniii lem|)oril)us avis
foluiii nou edil : nain et parliis raios , et ova fariiint
exigua. Sed cuin plaiie post aiitunmuni cessant a fcrlu,
possnnt lioc eibo suslineri. .\llanun (lu.TCuncpic dabitur
csia per coliorlcm vagantibns, die incipicule, et jain in
\csperum declinanle, bis divideuda est, ut et mane non
prolinus a cubili latiiis evageiitnr, et ante crepusculuni
propter cibi speiii temjiorius ad oHicinam redeant , possil-
ipie numeins capituin saepius lecognosci. Nani volalile
pccus (acile cuslodiain pastoris dccipit. Siccus eliani pul-
\is et cinis ubiciinque coliortem porlicus vel tectiim pro-
tegit, juxta parietes reponendus est, iil sit quo aves se
perfiindaiil. Nam his rebns plumam pinnasipie cmnndant :
si niodo credimus Epliesio Heraclelo, qni ait sues ca'no,
coliortales aves pulvere vel cinerc lavari. Gallina post
primam emitti , et ante lioram dici undecimam claudi de-
bel : ciijus vaga; cultns hic, qneni diximus , erit : iiec ta-
men alius daus.-e, nisi quod ea iion emittitnr, sed intra
ornillioiicm terdie pascitur majore ineiisiira. Nain singn-
lis capilibiis (pialcrni lyallii diinna ( ibaiia siint , ciim
vagis [ terni , vel ] bini praebeanliir. Habeat tamen etiam
clausa oportet ampluni vestibiilnm, quo prodeat, et ubi
apricelur : idque sit retibiis muuitiim , iie aiiuila vcl acci-
piler involet. Quas impeusas et cnias, uisi locis , quibus
liaruin icruin vigent pretia , non expedit adliiberi. Anli-
(piissinia est anteni cum in oninibns pecoribus tiini in hoc
fides pustoris; qui nisi cam domiiio siTvat, niillus orui-
tlionis qii.xslus viucet impensas. Ue tiilela satis dictuni
est ; iinnc ri'li>|uiiin ordiiioni piiiscipieinur.
V. Cohlccl.i liriiiiia paicrc lcrr id griius aviiiin (■(immii'.
vit. Atque earum (pi.c siint liecuudis^iiua: , locis tepidioi i-
bus circa caleiidas Januarias ova edeie incipiunt ; fi igldis
aiitem rcgionibus codem niense post idiis. Sed cibis
idoiieis ficcunditas earuni cliciciiila est,quu matiiiiiis
partum edant. Optime pradietur ad satictatem ordeum
semicuctum : nam et majus facit nvorum incremcntuin, et
frequenliores partiis. Sed is cibus quasi condiendiis csl
interjcc.tis cytisi foliis ac semine ejusdem, qiia: ulraqiic
inaximc putaiitur augcrc riecunditatem avinm. Mixliis
autem cibariornm si( , iit di\i , vagis binornm cyatlioi iiiii
SCG
COLUMEM.E.
qiii seront en liberte , pourvu qu'on y mele quel-
que peu soit de cytise, soit de vesce ou de miliet,
a defaut de cytisc. Le gardien veillera ;i ce que
ces oiseaux aient , pour y deposer leur ponte , des
retraites garnies de paille tres-propre , qu'il aiun
soin de nettoyer de teraps en temps , en y remet-
tant de nouveile litiere et de la plus fraiclie qiie
faire se pourra, a la place de rancienne; saiis
quoi ils se trouveraient eouverls de puces et
d'autre vermine semblable, qu'ils apporlent sur
eux en rentrant dans leur retraite. Ce gardieu
doit etre assidu et guctter les poules qui voudront
pondre, et qui iie manqueroutpoint d'avertir du
moment oii elles le feront, par des hoquets fre-
quents entrecoupes de cris percants. II doit donc
avoir Toeil sur ellcs jusqu'a ce qu'ellcs aient
pondu , et visiter aussitot leurs retraites , pour rn-
raasser lesceufsqu'ellesauront faits. II raarquera
aussi jour par jour ceux qui auront ete pondus
dans la journee, afin de donner les plus frais a
celles qui veulent couver, et que les paysausde-
signeut par le nom de f/locirntes (poules qui glous-
sent). Onserrcraou Ton vendra les autres oeufs ;
mais les plus propres a etre couves sont les plus
frais, quoiqu'on puisse aussi en faire couver de
\ieux, pourvu qu'ils n'aient pas plus de dix
jours. Communement lorsque les poules oiit
acheve leur premieie ponte, elles commencent
a vouloir couver vers les ides de janvier ; mais
il ne fnut pas permettre a toutes de le faire , d'nu-
tant que les Jeunes sont plus propres a pondre
qu'a faire eclore des poulets : c'est pourquoi on
leur fait perdre renvie de couver, en leur pns'ant
une petite plume dans les narines. On permettra
au contrnire de couver a de vieilles poules qui
Tauront deja fait souvent ; et il faudra s'etre bien
assure prealablement de leur habitude, pnrce
qu'il s'en trouve' qui font tres-bien eelore des
poulets, comme il s'en trouve d'autrcs qui va-
lent mieux pour les elever quand iis sont eclos,
et qu'il y en a , au contraire, qui cassent et qui
mangent non-seulement les oeufs des autres
poules , mais les leurs propres ; auquel cas il faut
sur-Ie-champ les leuroter. Quand les pouletsqui
seront eelos sousdenx ou trois poules serout en-
core tout jeunes, il faudra les transferer sous la
garde d"une seulepoule, qui sera celle que Ton
jugera la ineilleure nourrice; rnais il fautfaire
cette operation des les premiers jours , ctavant
que la mere qu'on Icur destiuera, tiompee par
la ressemblance qui se trouvera entre ses petits
et ceux desautres poules, puisse les disceriur
les uns d'avec les autres. Cependant il y a uiic
mesuie a garder en cela, puisquil ne faut pas
donner a la merae poule plus de trente poulets,
et que ron preteud qu'elle n'en pourrait pas
nourrir un plus grand nonibie. Ou a soin de met-
tre sous les poules les oeufs que Ton veut leur faire
couver eu nombre inipnir, comme aussi d'en va-
rier le nombre suivant les temps. Eu effet , 11 faut
enmettrequinze et jamais plusau premiertemps
de rincubation, c'est-a-dire , au mois de janvier;
dix-neuf ct jamais moins au mois de mars, et
vingt et un depuis le mois d'avril et duraiit
tout Tete jusqu'aux calendes d'octobre ; aprcs
quoi il devieiit inutile de s'oceupcr de ce soin,
parce que la plupart des poulets qui vicnnent a
eclore pendant les froids ne peuvent pas vivre.
Bien des gens pensent neanmoins que la couvee
ne vaut rien raerae depuis le solstice d'ete, parce
que, quoiqu'iI soit aise d'elever les poulets venus
depuis ce tcmps-la, ils ne prennent cepeudant
jamais nn aecroissement suiTisant. Quoi qu'il ea.
soit , il faut adraettre la pratique d'en elever pen-
oidci. Allquid tanien admiscendum eiit cylisi, vcl si id
iion riieiit, vicisc aut niilii. Ciira autein debebit esse cns-
todi, cnm parluiient aves, ut habeant quam mnndissimis
paleis cinstrala cnbilia , eaque subinde convenat, ot alia
Rliamenta quam icfciilissima reponat. Nam pnlicibns,
aliisque similibus aninialibus replenlur, qua; secum affert
avis, cum ad idem cubile revorliliir. Assiduus autem
debet esse cu.stos, et speciilari iiarioiitrs, qiiod se facere
fiallinsD lestantur crebris siii^ulUbiis inlerjecta voceacuta.
Observare itaqne dum edaiit ova, et confestim circumire
oporlebit ciibilia, nt quas nata sunt recolligantiir, noten-
turquequK quoque die sint edita, utqu-im recenlissima
supponantur glocientibns : sicenim appellant rustici aves
eas qua? voliint incubare ; cajtera vel reponantnr, vel aere
nnilenlur. .Aptissima porro sunl ad excludendum recen-
tissima quaNjue. Possiint tamen efiam lequieta supponi,
duni iie vctiisliora sint, qiiam dierum decem. Fere autem
cuni prinium partum consummaverunt gallinn! , incii-
l)are cupinntab idibus Jannariis.quod facerenon omni-
bus permittendum est; quoniani qiiidem novellae magis
cdeiidis, qnain excliiilendis ovis iililiores sunt : inliibe-
turqiie ciipidilas incubandi pinniila por nares Ir.ijicia.
Veleranas igiUir aves ad banc reni eligi oporfebit, qnie
jam ssepius iil fecerint ; moresque earum maxime per-
nosci , quoniam aliae nielius cxcludunt , aliae editos pullos
commodins educant. At econlrario qnaodam ct sua et
aliena ova comminunnt alqne consumiint, qiiod facieu-
tem protinus submovere conveniet. Piilli aiitem diiaruii
aut trium aviiim exchisi , dum adbiic leneri sunt , ad
unani, quae sit nielior nutrix , Iraiisferri debent, sed
priino qnoquedie, dum mater suos et alienos propter
similitudinem dignoscerenon potest. Verumtamen servaie
oportet modum. Neqiie enim debet major csse quani
triginta capitum. Negant enim hoc ampliorem gregcin
posse ab una nutiiri. INumerus ovorum , quiKSubjiciuntur,
impar observatur, nec seraper iilem. Nam primo teinpore,
id est mense Januario, quindecim, nec nnquam plnra
snbjici debent : IMartio XIX, nec bis pauciora : unum et
viginti Aprili : tota deinde fcstate usque in calendas
Oclobiis lotidem. Postea supervacna cst biijus lei cuia,
qiiod Irigoribus exclusi pulli plerumque inteieunt. Pleri-
que lamen eUam ab aestivo solslitio non putant bonam
piillationem , qiiod ab eo lempore eliam si farilem educa-
lioncm Iiabcnl, jusliiin tanicn non capiimt incrcmenlum.
DE r;AGR'.CULTIinE, (,3V. VIll.
daiit rife daus le voisinac;e dcs villes, oii les
poiilets piis soiis raile dc leur inere se veiKlciit
tres-cher. 11 faut aussi, lors([ue ron donnc dcs
oeufs a couver, avolr tou jours ratteution de ne le
fairequequaud la lune croit, etdepuisson dixie-
me jour jusqu'a son quinzieme, parce que e'est
ordinairenient le raeilleurtemps pourles donner
a couver, et qu'il est en outre essentiel de me-
naiier cette operation de facon que la lune soit
cMcore eroissante dans le temps que les poulet.s
viendront a eclore. II faut vingt-un jouis pour
que les ocufs de poules s'aniiTieiitet qu'ils soieut
configures cn oiseaux , mais il en faut un peu plns
de vingt-sept pour ceux de paonnes et d'oies. Si
ron est dans le cas de donner de ces derniers a
eouver a des poules, on commencera par les leur
laisser couver pendant dix jours avant d'y joindre
ceux de poules, qu'on lcur donnera au nombre
de quntre ou de cinq au plus, ayantsoin de cboi-
sir lcs pkis f;ros, parce que de petits wufs ne
donnent jamais que de petite volallle. Enoutre,
quandou voudrafaireeclore un pltis srandnoni-
bre de males que de femelles , on fera couver les
plus longsauifset les plus pnintus; au lieuqu'on
fera couver les plus ronds lorsqu"on voudra avoir
plus de femelles. Voiei la metiiode de faire cou-
ver des oeufs, telle qu'elle a ete donriee par ceux
qui apportent le plus grand scrupiile dans ce
genre d'administration. Ils coramencent par
clioisir a cet effet les retraites les p.lus secietes,
afin que les mercs qui seront occupees a couver
iTy soient point inquietees par les autres poules;
cnsuite ils lcs nettoient avec soin avant de rien
etendre dessus; puis ils parfument la paille qu'ils
ont dessein d'y etendre avec du soufre et du bi-
turae, et font degouttcr dessus uue torcbe al-
lumee. Lorsque celte paille estainsi corrigee, ils
rarrani:ent dansces retraites,en ycreusautdes
niils de facon que les poules, soit en sy ren-
dant, soiten les quiltant, iie puissent pas faire
rouler ni tomber leurs OBufs. II y a mftiae un
tres-grand nombrc de per.sonncs qui meftent
sous cette paille un peu dherlK^ et de scions de
laurier, ainsiquedes gous.ses d'ail et deselous ds
fer : toutes choses qu'ils regardent commf; des
preservatifs contre le tonnerre, qni gfite lesoeufs
et tue les poulets a demi formes, avant qu'ils
aient toutcs leurs parties developpees. Ctlui qui
niet les ocufs sous la poule se garde bien de les
arranger dans le nid Tun apres lautre avec la
main; mais il les porte tous dans une petiteauge
de bois, et leseoule eiisuite tout douceraent dans
le uid qu'il a prepare pour les reeevoir. II faut
mettre de la mangeaille aupres des poules qui
couvent, afin que , nc sciuffrant point de la faim ,
elles restent dans leurs nids avee plus d'altache,
etdepeurque,siellcss'en eloignaient trop, leurs
ceufs ne vinssent a se refioidir. Quoiqu'elIes les
retournent elles-memes avec leurs pattes, il faut
cependant que celui qui est cbarge de ce soin en
fasse la reviie lorsque les meres seront sorties du
nid , et qu'il les retourne, tant afin qu'ils s'ani-
mentfaciiement, en prenant de la chaleur partous
les cotes egalement , que pour retirerceux qn'el-
les pourraient avoir endommages ou casses avec
leurs ongles. Quaud cela sera fait , il examiiiera
au bnut de dixneuf jours si les pouiets ont perce
la coquc des ceufs avec leurs petits Lees, et il
ecoutera s'ils piaulent ou glousseat, parce qu'il
arrivesouvent que repaisseur de la coque les em-
peche d'en sortir. Cest pourquoi il faudra tirer
avee la main les petits poulets qui tiendront en
dcdans des osufs, et les mettre sous la mere, afiu
qu'elle les echauffe, sans cependant continucr
Vcnun siilmr!)aiiis locis, iilii a ninlre piilli non p\i^nis
preliis veninint, piobanda vM ;esliva eilncalii). ScinpiM'
aulem,cuni snpponuntiir ova.consiilcraii debet, iit liina
cresccntc a (lccinia us(|uc ad qiiinlainilccimam id iiat.
Nam et ipsa siipposltio per lios fere dies est coinniodis-
sima ; et sic adminisliandum est, ut riirsus cuni exrlu-
dnnlnr piilli, luna riescal. Diebus (luibus auimanlurova,
cl iu specieni VDlncrnm conlormanliir, tcr scpfcni.s opus
cst galliuacco gencn. At pavoiiino et anserino, paiilo ain-
plius ter iiuvcnis. Qua! si (piando tiiciiiit siipponcnda
gallinis, prius cas inciihare deceiii dleliiis liclibiis alieni-
genis pallennir. Tiim deniiini suigeuciis (pialiiorova, nec
plura (inani <iuinque fovenda rccjpieiit. Scd ct lia'c ipiain
maxiina : nani ex pusillis avcs ininiitie iiasciintur. Cum
deinde quis vulet quam pluriinos niarcs cxclndi, longis-
.siina qiia^quc et acutissiina ova subjicicl : et riiisiis ciini
firn.lnas,qiiani lotiiiidi.ssima. Supponendi aulem coiismp-
tndo tradita cst ab iis,(pii reliiiiosins b.rc adniluislranl,
ejusraodi. l>riiiiiini qiiam sccretissiina (•nbilia eli^iint, ne
jncubanles inaliices ab aliis avlbus inquielentiir : deinde
anteqiiam consteruant ea, diliscnler einundaiit, palcas-
quc, (inas snb.iitraluri sinil, siil!:irc ct biluniiiie alqiie
ardciite leila pciliislranl, el explafas ciihililiiis jniiciunl,
ita laclis concavalis nidis, nc [ab] ailvohinlibiis, aut
[eliani] dcsilienlibus evoliita decidaut ova. Pluiiiiii cdaiii
iulia ciibilium slramenta giaminis aliquiil.ct raniiilos
laiiii, ncc uiinusallii capila cuiii davis IVricissiibjii-iiiiit :
qu.r ciincta rcmedio creduntur csse ailMTsiis loiiiliua,
qiiibiis viliantur ova, pulliqiic seniironiirs iiiliTiiiiiiiitiir
anleqiiam toli pailibiissuis consuinnicntiir. Scivat aiileiii
ipii siibjicit , iic simiila ova in ciibili inann coiiipoiial , scd
toliiin ovoruni niiiiienim In alvcoliini li<;neiiui conrcral ,
dciiidc iniivcrsiuii lciiilcr in piicpaialiim iiiduiii tiaiisfun-
dat. Inciibaiilibiis aiilein ^alliiiisjiixla ponendus esl cibns ,
nt saliiric studiosiiis nidis imuiorcntur, neve lonsiiis
cvat;al.'c rcriii^erenl ova , qii.c (piannis pedibiis ipsa> con-
vcrlaut, aviaiius latncn cuin desilierint inatrcs.ciiciimire
ricbct, ,nc manu versarc, irt aTp.ialilcr calorc conceplo
f.i( ilc aiiimentur. Quin cliam si qiia iin^uibiis la's:i vcl
fiacla siml, ul removeat. Idque ciini lcceril, die iiudcvi-
pcsimo animariverlat, an pulli roslcllis ova perliidcrint,
tl ausciilteliir, si pipiant. -Nam s.rpc propter cr.assitndi-
l;eui pulaiuiiiiini criimpcic nnu (piciint. Ilaqne lia'reulcs
piillos manu e\iniiTc opoitcbit , cl nialii fovciidos siibji-
COLUMELLE.
cette manoeuvve plus de trois jours ile suite. Car |
tout CEuf dans lequel on n'entend point de glous- j
sement au bout de vingt un jours ne renferme
point d'iJtre qui ait vie , et il faut alors le ti-
rerdedessous la poule, afin qu"elle ne soit pas
retenue trop longtemps a le couver par une vaine
espcrance de le voir eclore. 11 ne faut pas en-
levcr les poulets a leur mere a mesure qu'ils
seront eclos un a un, mais il faut les laisser un
jour avec elle dans le iiid, et les empecher de
boireetdemanger jusqu'a ce qu'ils soient eclos
tous. Le lenderaain du jour ou toute la couvee
sera eclose, voici comme on les retirera du
nid. On les mettra sur un criblo qui aura deja
servi a passer de la vesce ou meme de Tivraie;
apres quoi on les parfumera avec de la fumee de
branches de pouliot, qu'on bri^ilera a cet effet,
parce que cette plante passe pour avoir la vertu
de preseryer les jeunes poulets de la pepie , qui
les tue de tres-bonne heure; ensuiteon les renler-
mera sous une cage avec leur mere , et on les y
nourrira modercment de farine d'orge cuite dans
de Teau , ou de farine de ble acloreus qu"on de-
trempera avec du vin , parce qu'il faut surtout
eviter qu'ils ne prenr.ent quelque indigcstinn.
Cest pour eela qu'ou les reuferme au bout de
trois jours dans une cage avec leur mere , et qu'on
les tiite tous avant de les en faire sortir pour
prendre de nouvelle nourriture , afm de voir s"ils
n'en ont pas qui soit restee de la veille dans leur
gosier. En effet, s"ils n'ont pas lejabot vide,
c'est une preuve d'indigestion ; auquel cas on doit
lesempecher de manger, jusqu'a ce que leur di-
gestion soit achevee. 11 ne faut pas non phis per-
mettre auxjeunes poulets de s"ccarter trop loin;
mais il faut les retenir aupres de leur cage , en
les uourrissant de farine d'orge jusqu'a ce qu'ils
soient fortifies, et prendre garde qu'ils ne soient
atteints du souffle des serpents , dont fodeur est
si pestilentielle pour ces animaux qu'elle les fait
infaillibiementmourir. On previent cet accident
en brulant souvent aupres d'eux de la eorne de
cerf, ou du galbanum, ou des cheveux de
femme , parce qu'ordinairement la fumee de
toutes ces matieres ehasse au loin ces animanx
pestilentiels. Mais il faut aussi avoir soin qu'ils
soient toujours maintenus daus une chaleur mo-
deree , parce qu'ils ne peuvent supporter ni le
chaud ni le froid ; aussi la meilleure melhode
est-elle de les tenir enferraes avec leur mere
dans riuterieur du poulailler, et de ne leur lais-
ser la libertc de eourir qu'au bout de quarante
jours. 11 faut encore les prendre souvent entre
les mains, dans les premiersjours du tempsque
Ton peut eonsiderer eomme leur enfauee, et leur
plumer le dessous de la queue, de peur que la
flente venant a salir les plumes de cette partie,
elles ne s'endurcissent, et ne finissent par boucher
lesconduitsnaturels. Ilarrive memesouventque,
quelque precaution que fon preune a cet egard,
leur ventre n'a point d"issue pour se vider, au-
quel cas on le perce avec uue plume pour facili-
ter fexpulsion de leurs excrements. II faudra
aussi empecher que la pepie ne devienne funeste
tant aux poulets lQrsqu"ils seront devenus forts,
qu'aux meres elles-niemes. A cet cffet on leur
donnera de feau tres-pure daus des vases tres-
propres, et on parfumera tmijours les poulail-
lers, en les nettoyant de facon qu'il n'y reste
point de fiente. Si malgre ces precautions ils
sont attaques de celte raaladie , 11 y a des per-
sonnes qui leur fourrent dans le gosier des gousses
d'ail detrempees dans de Ihuile tiede. l)'autres
leur versent de 1'urine d'liomme tiede dans le
bec, qu'ils tiennent bien serre, jusqu'a ee que
ramertume de cette liqueur les force de rejeter
par les narines le resultat des nausees occasion-
necs par cette raaladie. 11 est eucore bon de leur
core, iili|ue non ainpllus tiidiio facere. Nam posl iiniiin ct
vigesininm diem silentia ova carent aninialibus : eaque
reniovenda sunt, ne incubans inani spe diulius detinca-
lureflueta. Pullos autem nonoportetsingulos, ut qnisque
natus sit, tollere, sed nno die in cubili sineiecum matie,
ct aqua ciboque abstinere, dum omnes excludantur.
Postero die , cum grex fueiit effectus , hoc niodo deponi-
tur. Cribro viciario , vel etiam loliario , qui jani fueril in
nsu, pulli superponantur, deinde pulegii sureulis funiigen-
lur. Ea res videtur prohibere pituilam, quse celeirinie
leneros interficit. Post b^c cavea cum malre claudendi
sunt, et faire ordeaceo cum aqua incocto, vel adoreo
farre , vino resperso modice alendi. Nam maxime cruditas
vitanda est : et ab liocjam tertia die cavea cum niatre
conlineudi sunt, priusque , quani emiltantur ad recentem
cibum , singuli lentandi , ne quid Jicslerni habeant in
gullurc. Nam nisi vaciia est ingluvies , cruditatem signi-
lical, abstineriqne debent, dum concoquanl. Longius
autem non est permiltendum lencris evagaii, sed circa
caveain conlinendi sunl,el farina oideacea pasifiuli iliim
coiioboienliir : caveiidumque ne a serpentibus adllentur,
qnanim odor lam peslilens est , ut interimat universos.
Id vitatur sjppiiis incenso coinu cervino , vel galbano , vcl
muliebricapillo; quorumomnium feie nidoiibus praedicla
pestis submuvetur. Sed et curandum eiit, ut tepide he-
beantur. Nam nec calorem nec frigus sustinent. Optimum-
que est intra officinam clausos liaberi cum matre , et post
qnadragesinium diem poteslatem vagandi fieri. Sed primis
qiiasi infantia; diebus pertractandi sunt, plumulaeque sub
cauda clunibus detrabenda;, ne stercoie coinquinatae du-
rescant,et naturalia praecludant. Quod quamvis caveatur,
Sispe lamen evenit, ut alvus exilum non babeat. Itaque
pinna perlunditur, el iter digestis cibis prsbetur. Sed et
jam validioribus faclis , atque ipsis maliibus eliam vi-
tanda piluitae pernicies eiit. Qua; ne fiat, mundissimis
vasis et quam puiissimam piaibebimus aquam : nec minus
gallinaiia semper fumigabimiis, et emundala stercore
liberabimus. Qiiod si tameii pestis perraanserit , sunt qiii
spicasalii tepido madefactas oleo faucibus inserant. Qni-
dam bominis uiiiia tepida liganl ora, ct tamdiii compii-
DE LAGRICULTURE, LIV VIIL
donner de cette vigne que les Grees appellent
(Jypta cTTctcpuXri , melee avec leiir nourriture , ou
broyeo et jetee dans Teau qu"ils doivent boire.
Ces remcdes ne s'ennploient neaiimoins que dans
le temps ou la maladie n'est pas eneoie forte :
car si lapepie euveloppe rocil , ct quc les poulets
refusent toutenourriture,on leur ouvic les joues
avec un fer, et on en exprime tout le pus qui est
rassemble sous lesyeux, aprcs quoi on siupou-
dre la plaie avecun pcu de sel esruge. Cette ma-
ladie leur vient communement lorsqu'ils ont
souffert du froid ou de la faim, dc niemc que
lorsqu'ils ont bu en iHe de Teau qni a eroupi daus
les cours, ouqu'ou leura laissemangerdes figues
ou des raisins verts, quoiqu'ils n'en aicnt pas
ete rassasics. Ce sont en effet toutes nourritures
qu'il faut leur refuser : or, pourlcs eu degouter,
ilsuffira de leur pr6senter, quand ilsauront faim,
une grappede raisin sauvagc vert eueiliie dans
des buissons, aprcs ravoir fait cuire avcc de la
fincfarinede froment. Effectivemeutces oiscaux,
offenses par le gout de ce fruit , fcront ensuite
peu dc cas de quelque especc de raisin quc ce ptiis-
se etre. II en sera de merae de la figue sauvage,
qui, mise dans leur mangeallle apres avoir cte
cuite, leur donnera egalement du degout pour
les tigues. II faut aussi suivre par rapport a ce
betail Tusagc qu'oti pratique parrapport aux au-
tres bestiaux , et qui eonsiste a ehoisir les meil-
leurs d'entre ces animaux et a vendrc les moins
bons, de faeon que le nombre s'en trouve di-
minue toutes les aiuices en automne, temps auquel
ils ccssent de rapporter du profit. On se defera
donc des vieillcs poules, c'est-a-dire, de celles
qui aurout trois ans passes, aiusi quc de cciics
qui seront peu fecondes ou qui ne serotit pas
bonncs nourrices, et particulierement de eclles
qui seront liabituces a mauger leurs propres ccufs
3C.';
ou ceux des autres. On se dcfcra encore de cel-
les qui auront commcnee a ebanter et meme
k gratter la ferre a la mode des miiles, et en-
fin des poulets tardifs, qui , n'etant cclos qu'a-
pres lc solstice, n'aurnnt pas pu prendre tout
lcur accroissemcnt. Quaut aux males, on ne
suivra pas la meine nictbodc , et Tou eonservera
au contraire ceux d'entre eux qui seront bons ,
tant qu'ils seront en etat de coquer les poules ,
d"autant quc Tou trouve bien peu de bons eoqs.
II faut aus';! retranchcr aux poules les nourritures
couteuses dans le temps ou nous avons dit qu'el-
les cessaient de poiidre, c'est-a-dirc, depuis les
ides de novembre. On se coutentera de leur
donner alors du marc de raisin, qui suffira pour
les nourrir cornmc i( faut, pour peu qu'on y joi-
gne de temps en temps des criblures de froment.
VL La conservation desoeufs pendant un lon«
espace de temps est encore un soin qui u'est pas
etranger a la matiere que nous traitons. On les
garde fort bien pendant rbiver en les envelop-
pant de paille, ct eu etc en les tenant daus du
son.Quelques pcrsonnes commeucentpar lescou-
vrir pendant six heures de sel egruge, de sorte
qu'elles nc les cnfonceut dans la pnille ou dans le
son qu'apres les avoir essuyes. D'autres entas-
seut par-dessus des fevcs avec leur peau, et beau-
coup memey entassent des feves moulues : d'au-
tres les couvrent de sel non egruge; d'autrcs
enfiu les font durcirdans de la saumurc chaude.
Mais si le sel , egruge ou non , preserve d'un
cote ies ceufs de la eorruption, d'un autre cote
il diminue leur grosseur, en erapechant qu'ils ne
resteut pleius, ec qui cloignc racbetenr. Aussi
ceux meme qui nc fontque les tremper dans de la
saumure ne les conservent-ils jamais dans leur
entier.
VII. Quoique rengrais des poules soit plut6t du
miint, diim eas amaritiido cogat pei naiesemoliiipiliiilae
naiisp.uu. Uva quoque, qiiaili Gra'ci aYpiav iTTi^viXfiV
vocaiil, ciiin cibo iiiista prodest; vcl eadein peitrita , et
ciim a<pia poliii dala. Atque h;ec lemedia mediociiter
laboraiitibiis adhibentur. IN.im si pituila circumvenit ocii-
los , eljam cibos avis icspiiit, lciio resiindiinliir yenoe,
el coacla sul) ocnlis sanies omnis e\priiniliir : alipie ila
pauliim friti salis vulneribus infricatur. Id |iorro villniii
maxinie nascitiir ciini frigorc e.t pemiria cilii laboiaiil
avi's : itcm ciiin pcr .'fstatcni consislens iii coliortibus
aqiia potalur ; item ciiin liciis ant iiva immatiira ncc ad
salietateni permissa est , quibns scilicet cibis ahstinenil.T
sunl aves : cosque ut faslidiant efficit uva labriisca de
vepribns immalura lecta , qua; cum farre triticco ininuto
coctaobjititur esiirientibus, ejusque sapoie offensa! aves
omiiein asperiiautiir uvam. Siinilis ratio est eliam capri-
fici, qiia; deciKlacnm cibo pr.-cbetur avibns, cl ila (ici
fastidiuni creat. Mos quoque, sicut in ca'teris peciidibus,
cligendi quamque optiniam et delcrioreni vcndendi , ser-
velur eliam in lioc ^enere, ut per autumui teinpus omni.
busanuis, ciim fni:;lii6 i=':iruni cessat , niimcrus quoqiic
minuatur. Submovebimus autcm veteres, id est, quae
(limatijm excesscniiit : itein qiia; aiit parum fceciindae,
aut paruni bona; niiliices sunt, et pra^cipne qiia; ova vel
sua vel aliena consnmuiit : nec ininiis, qua» vclut mares
canlare, atqiie eliam calcaie coepcrunt : iteni seiotini
piilli.qiii ab solslitio nati capere justum inciementuin
non potiierunt. In masculis aiitem non eadem rafio ser-
valiiliir; sed lamdiii riistodiemus genero.sos , quamdiu
firniiiias impleie potiierint. Nain rarior est in liis avibiis
inariti bonitas. ICodem qiioque lcmpore cum parere desi-
iicut aves, id est.ab idibns iNoveinbribuspreliosiorescibi
subfralicndi siint, et vliiacea piwbenda, quae safis com-
mode pascunl , adjecfis iiitcnlum tritici excrementis.
V(. Ovoiiim quoqiie lon^ioris fcmporis custodia non
alicna est liuic cuia; : qua; conimode servanlur per liic-
mem, si paleis obruas , a'state, si furfuribus. Quiilam
priiis trito sale sex horis adiiperiunt : deinde eluunt , atquc
ita paleis aiit (urluriliiis obriiiinl. ^onnulli solida, inulli
ellain fresa lalia coa;;^craiit : alii salihiis inlcgris adopc-
riiint : alii niiiria tepctacla diuaiil. Scd omnis sal, qiitm-
ailiuodiiin noii palilur putic^icic , ila ininiiit ova, nec
COLIIMELLE.
ressort d'uu volnillcf quc de celui d'iin homme de
la eampagne, j'ai cependaiit cru devoir eu don-
ner la methode, par la raison que la pralique
n'en est pas difficile. II faut avoir pour cela un
lieu trfes-chaud , et dans lequel il penetre tres-
peu de jour. On y mettra les poules renfermecs
chacune dnns des cai;es tres-etroites, ou dans des
paniers suspendus en Tair, de faeon qu'elles y
soient resserrees au point de ne pouvoir pns se
remuer. Mais il y aura une ouverture a chacun
des deux cotes opposes de cetle cage ou de ce
panier, de facon qu'elles puissent passer la tcte
par Tune de ces ouvertures , et le derriere ninsi
que la queue par Tautre, afin de pouvoir pren-
dre leur nouri'iture et en rendre le superflu lors-
qu'elle sera digeree, sanssesaliravec leur fiente.
On etendrasous elles de la paille tres-propre ou
du foinmollet, c'est-a-dire , du regnin, parce
que, si elles etaient couchees durement , elles
n'engraisseraient pas faciiement. On leur arra-
chera toutes les plumes de la tete, ainsi que celles
de dessous les ailes et celles des cuisses , tant
afiu qu"il ne s'y engendre point de vermine ,
qu'afin que la fiente ne leur occasionne pas d'ul-
cercsaux parties. On leur donne pour nourriture
de la farine d'orge , que lon paitrit apr6s Tavoir
arrosee d'eau , et dont on fait des boulettes qui
servent a les engraisser. Ou ne doit cependant
leur en donner qu'avec menagement les premiers
jours , et jusqu'a ce qu'elles soient habituees a cn
digerer une plus grande quantite, parce qu'il
faut surtout eviler les indigestions , et ne leur
donner par consequent qu'autant de nourriture
qu'elles en pourront digerer. 11 faut meme eviter
de leur en donner de nouvelle avant d'avoir tate
leur jabot, et de s'etre assure qu'il n'y en reste
point d'ancienne. Lorsqu'ensuite elles seront ras-
sasiees , on descendra la cage, ct on les en laissera
tant soit peu sortir : non pas neanmoins pour
lcur perraeltre de courir, raais plul6t pour leur
donner la liberte de ehercher avec le bec la ver-
inine qui peut les piquer ou les mordre. Voilaa
peu pres la methode que suivent communeraent
ceu\ qui cngraissent la volaille. Car pour ceux
qui 06 tiennent pas a engraisser des poules,
mais qui veulcnt encore les attendrir , ils versent
de rhydromel nouveau sur la farine que nous
avons indiquce, pour les en farcir ensuite. Quei-
ques-uns les eiigraissent avec du pain de froment
trerapedans un quartde bon vin surtrois quarts
d'eau. Une poule que Ton a commence a raettre
a rengrais le premier jour dc la lune (attention
qu'il faut aussi avoir) se trouvera parfaitement
engraissee le vingtieme. Mais s'il arrive qu'elle
se degoute de cette nourriture, il faudra lui en
diminuer la dose pendant autant de jours qu'il
y en aura d'ecoulcs dcpuis qu'on aura comraence
a rengraisser , de facon neanraoins que toute la
duree de rengraissement n'aille point jusqu'au
viugt-cinquieme jour de la liine. Au surplus,
une des preinieres attentions qu'il faudra avoir
consistera a reserver les plus grandes poules pour
les tables les plus delicates : c'est le moyen d'e-
tre bien dcdommage de sa peine et de sa de-
pense.
YIII. On emploie avec succes la mcrae rae-,
thode pour rendrc tres-gras les pigeons ramiers
ainsi que ceux de voliere , quoiqu'il n'y ait pas
autant de profit a engraisser ces sorles d'oiseaux
qu'ii les elever. En effet, c'est encore un genre
de soin (|ui n'est pas etranger a la bonne econo-
mie d'un horame de la carapagne, que celui de se
pourvoir de ces aniraaux. Au leste , il y a molns
d'embaiTas a les lilever dans des contrees eloi-
siiiit pleiia permaiiere : qua; rcs ciiienlem delerrel. Ilaque
iieiiimuiiam quldem qui demitlunt , integiitatem ovoruni
lOtiservanl.
VII. 1'iuguemquoquefaceregallinaiii ,quainvlsfarlon3,
non rusllcl sitonicliiin, tamen quia non aegre conliiigit,
piaicipieiiilum piitavi. Locus ad liaiic lem desideratur
maxime calidus, et minimiliiniiiiis,inquosingul:iec,avels
anguslioribus vel spoi tis inclusa: pendeant aves , sed ila
coaictatae, neversaii possiiit. Aeium liabeant e\ uliaque
parte foramina : unum , quo capul exeralur ; alleriim , qiio
cauda clunesquc; ul et cibos capere possint , et eos di-
geslos slc edere, ne steicore coinquinentur. Substcrnatur
.uitem miindlssiina palea , vel molle fonum , id est , cor-
ilum. Nani si durc ciibant, non facile pinguescunt. Pliima
omiils e capitc et subalisalque clunlbusdeteigetnr : illic,
ne pediculum creet ; liic , ne steicore loca natiiralia exul-
ceret. Cibus autem pisebetnr ordeacea farina, quae cum
est aqua conspersa et subacla, formanlnr offa;, quibus
aves saginantur. Ejb tamen priniis dlcbus dari parcius
dobent, dum plusconcoquere consuescant. Nam cruditas
vitanda esl niaxime , tantumque pra^bendum , quantuin
difiersre possint : iieqiie anle recens admovenda csl, quani
lentato giitliiie appanierit nibil veteiis cscae remansisse.
Cum deinde saliata est avis, paululum deposita cavea
dimiltitur, sed ita ne vagetur, sed potius , si quid est qiiod
cam stimulet aut mordeat, rostro perseqiiatiir. Hajc [enim]
feie communis estcura farcientlum. Nam illi qui volunt
non soliim oplmas , sed etlam leneias aves efficere , mul-
sea recenle aqua piKdicli generis farinam conspergunt , et
ita farciunt •. nonniilli tiibus aquae partibus unam boni
vini miscent , madefactoque ti iticeo pane obesant avem ;
qiiae prinia liina (quoniam id quoqiie custodiendum est)
saginari ccepta , vigesima pergliscit. Sed si fastidiet cibum,
tolideni diebus minuere oportebit, quot jam farturae
processerint : ita tamen , ne tempiis omne oplmandi quia-
tam et vigesimam lunam superveniat. Antiquissimum est
autem maxiraam quamque avem lautioribus epulis desti-
nare. Sic enim digna merces sequitur opeiam et impen-
sani.
Ylll. Hac eadem ratioiie paliimbos columbosque cel-
lares pinguissimos facere coiilingit : neque est tamen \n
columbis farcicndis tantus redilus, qiianlus in cducandis.
Nam ctiam borum possessio iion abliorret a cuia boni
rustici. Sed id jjenus minorc fiilcla pasciliir kmginquis
DE LAGRICULTURE, LIV. VIIL
gnees, parcequ'on lcs y laisse sortirlibrement, et
qu'ils revienncnt habitueliempnt aux lieux qu'on
leur y assigne sur le haut des tours ou dans
des bStiments tres-eleves, moyennant des fene-
tres qu'on y laisseouvertes, et a travers lesquel-
les ils passent pour aller chercher leur nouni-
ture. On leury donne a la verite pendant dcu\
ou trois mois de la nourriture qu'on a soin d'a-
voir eu reserve ; raais pendant les auties mois ils
se nourrissent eux-memes des grains qu'ils trou-
ventdansles champs; au lieu qu'ils ne pourraient
pas le faire egalement dans le voisiuagc des vil-
les, oii ils sont exposes a tomber dans les picges
de toute espece que leur teiidcnt les oiseleurs.
Cest pourquoi on doit , dans ce dernier cas , les
nourrir a la maison , eu les renfermant dans un
endroit de la metairie qui ne soit ni a fleur de
terre ni froid , c'est-a-dirB, sur un plancher eons-
truiten un lieu eleve, et expose au midi d'hiver.
On en creusera les murs , pour y disposer des
rangees de nids de la maniere que nous avoiis
deja prescrite en pariant du poulailler, et qu'il
est inutile de repeter ici. Si l'on ne juge pas a
propos de suivre cette metliode, on enfoneera
dans les raurs des eorbeaux sur lesquels on met-
tra des planches , qui porteront ou des cases dans
lesquelles ces oiseaux feront leurs nids, ou des
sebiles de terre cuite , precedees de vestibules
qu'ils auront a traverser avant de parvenir a leurs
nids. On doit revetir tout le colombier ainsi que
les nids memes despigeons d'un enduit blanc,
parce quc cette couleur est celle qui plait le plus
ii cette espeee d'oiseaux. 11 faut egalement tn
lisser les murailles en dehors, et principalement
aux environs de la fenetre , qui sera placee de
facon que le solcil reclaire peudant la plus
grande partie desjours d'hiver, et qui donnera
daus une cage assez ample et garuie de filets,
pour empgcher les oiseaux dc proie d'y cn-
trer. Ceftc cage servira d'asile aux pigeons , qui
sortiront du colombier pour semettre au soleil ,
en meme temps qu'elle donnera, aux mcres qui
couvent leurs anifs ou leurs petits , la faeulte de
prendre Tair au dehors, ee qui leur est necessairc
pour empecher quc respeee de servitude a la-
quelle les reduirait une geiie eontinuelle ne les
chagrine au poiut de toraber malades. En effet,
il leur suffit de voltiger tant soit peu autoiir des
batiments pour s'egayer et se refaire, et pour
retourner ensuite avec plus d'ardeur a leur cou-
vee, qui ne leur perraet pas de s'enfuir, ni meme
de s'ecarter trop loin. Les vases dans lesquels on
mettra leur eau doivent etre semblables a ceux
des poulcs , c"est-a-dire qu'ils doivent etre per-
ces de trous assez grands pour que les pigeons
puissent passer leurs cous a travers pour y boire ,
sans cependant pouvoir y passer le corps au cas
qu'ils veulent s'y baigner , parce (]u'il ne leur esl
pas avantageux de se baigner, par rapport aux
auk, et aux petits qu'ils sont le plus so\i\ent oc-
cupes a couver. Au reste, il faudra repandre leur
mangeaille le long du mur, parce que c'est ordi-
nairement la seulc partie du eolombier ou il n'y
a point de fieute. La vesceou Ters, ainsi que In
petite lentille, le millet et l'ivraie, et meme les
criblures de froment ou toute autre espece de le-
gumesdont on nourritegalement lespoules, pas-
sent pouretre la meilleure nourriture de ces ani-
maux. II faut balayer de temps en temps le
colombier ct le nettoyer, parce que plus il sera
propre , plus le pigeon paraitra gai , d'autant que
c'est un oiseau si difficila a contenter , que sou-
vent il prend sa demeure en aversion , et finit
mcme par la quitter quand il a la facult^ de s"en-
voler, ce qui arrive frequemment dans les pays
ou on lui laisse une liberte entiere. Voici un pre-
regionibus, ubi liber egressus avibus permiUiUir : qnn-
uiam vel summis tiiiiibus, vel edilissimis tfdificiis assi-
gnatassedeslrequentanl patenlibus lcnestris, per qiiasad re-
qiiirendos cibos evolitant. Duobiis tanien aut tribus inen-
sibus aceeplant coiiditiva cibaria , ca'teris seipsas pascunt
semiuilius asiestibus Sed bucsiiburbanis locis facere non
possunt, quouiam inteicipiuntur variis uiiciiiiiim insidiis.
llaqueclausaeintraleclum pasci del)ent , nec in planovilla;
loco, nec iii frigido : sed in edito lieri labulatum oportel ,
quod aspiciat hibernum nieiidiem. Ejusque parietos, ne
jain dicta iteiemus, ut in orniUione pra^cepinius , conlinuis
cubilibus cxcaventur : vcl si non ila couipelil, paxillis
adaclis tabula: superponantur, qiia; vel loculamenta , qui-
bus uidificcnt aves , vel lictiliacoluuibaria recipiant, piic-
posilis vcslibulis, per quic .ad cubilia pervenianl. Tolus
autein locus et ipsse columbarum cella; poliri debent albo
lectorio , qiioniam co colore prspcipiic delcclatiii' boc genus
avium. Nec miniis cxtrinsecus lcvigari parieles, niaximc
circa feneslrani : et ea sil ila posila , ut majore parte bi-
berni diei solem admillal, habeatque appositam satis
sinplam caveain retibiis emunitam , qua; evcliidat accipi-
tres, et recipiat egredientes ad apricationem coliinibas,
nec niinus iii agros cmittat niatrices , qujc ovis vel pullis
incubanl, ne quasi i;iavi perpetua; cuslodia; servilio cou-
Irislala; senescant. Nam cuin pauliim cirta adilicia volita-
vcriiit, exbilarata; recreantiir, et ad fo-lus suos vegetiores
redeunt,propterquosueloii;;iiisquicleiuevasari aiil fugere
conanlur. Vasa , quibus aqiia prif lii'liir, siiiiilia esse debeut
j;illinariis, qua; cnlla bibiiiliiiiii ailinillant, et cupientes
lavaii propter aiisiislias noii rc<ipiaut. rSam id facere eas
iiec ovis iiec piilli.>, r|iiiliiis pliTiiiiiiiiieinciibant. expedit.
Ca'terum cibos jiivla parieteiii ciiiuciuet spargi , quuiiiam
ferc pailes «c columbaiii caientstercore. Conimodissima
cibaiia piitanlur vicia, velervum, tum etiani lenticula,
miliumqiie ct lolium , nec minus cxcrela trilici , el si qua
sunt alia legiimiua, qiiibus etiam gallinse alunlur. Lociis
auteni siibinde converri et emundari debel. Nani quanlo
esl cullior, lanlo I.elior avis coiispicitiir, eaipie lain las-
tidiosa est, ul siepe sedcs siias perosa , si delur avolandi po-
lesta.s, reliuquat. Id quod frequenter iii liis regionibus , ubi
liberos liabenl egressiis , accidcrc solet. Id ne liat , velusest
Uemociilipriieceplum.Gcnusaccipitristinnuncuhmivocau»
372
COLUMELLE.
ccpte ancicn donne par Democritc, pour obvier
a cet accidcnt. II y a nnc espece d'oiseau de proie,
appelc tinnunculus (crecerelle) par les gensdcla
campagne, qui fait commuuement son nid dans
les huliments. On enferrae donc les petits de cet
oiscau tout vivant dans les pots de terre , que
l'on enduit de platre apres les avoir couverts, et
on suspcnd ces pots dans les coins du colombier;
au moyen de quoi les pigeons s'attachent si forl
nii meme lieu, qu'ils ne rabandonnent plus ja-
raais. II fautchoisir, pour en elever d'autrrs,
les pigeons qui , sans etre ni vieux ni trop jeu-
nes, sont forts de corps , et avoir rattention ,
autant que faire se peut , de ue jamais separer ,
les unsdesautrcs, les petitsd'une memecouvee,
parce qu'ordinairement, quandils sontainsi ma-
lies ensemble , iis donuent un plus grand nombre
de couvees; ou si on les separe, il faut au moins
eviter de marier ensemble des pigeons d'especes
differentes, teis que ceux d"Alexaudrie et ceux
de la Campanie, parce que ces animaux s'atta-
chent moins a ceux qui ne leur ressemblent point
qu'a ceux de leurespece, et que des lors ils s'ac-
coupleut rarement, et souvent ne pondent point.
Par rapport a leur plumage , on u'a pas approuve
dans tous les temps la memecouleur, et les avis
sont encore aujourd'hui partages la-dessus : e'est
pourquoi il n'est pas aise de diie quelle est la
meilleure. La couleur blanche, que Ton reneon-
tre coramunement partout, u'est pas trop du
gout de certaines personnes; il est vrai qu'elle
n'est pas dans le cas d'etre rejetee dans les pi-
geons que Ton tient renferraes ; raais on ne sau-
rait trop la desapprouver dans ceux qu'on laisse
en liberte, parcequ'elle se fait remarquer tres-ai-
sement des oiseaux de proie. Pour leur fccondite,
quoiqu'elle soit tresinferieure a celle des pou-
les , elle est neanmoins d'un produit encore plus
grand que la leur, puisque , quand ils sont bons,
ils elevent des petits jusqu'a huit fois par an , et
ruslicl , qiii feie in oedlficiis nidos facit. Ejus puUi singiili
ficlilibusolliscoiuUinUn', spirantlbiisque opprcula suppi po-
nunlur, ct sypso lila vasa in angnlis columbariis snspon-
«lunUir : qnoc res avibus ainorem loci sic conciliat, ne
unquani deserant. Eligenda; vero sunt ad educationera
neque vetula' , nec nimiiim novellae ; sed corporis niaximi :
curandumqiie, si fieri possit, ut pulli, quemadmodum
excUisisunl, nunquam separentur. Nam fere si sic irmri-
tata^ siint , plures educant fcetus. Sin aliter, ccrte nc alieni
!;i'neris conjnngantur, nt Alexandrina! et Campana;. Minus
enim iuipaies suas diligunt, et ideo nec multnm ineurit,
nec sa'pius fietant. Plunia; color nnn semper, nec omnibns
idem probatus est : atque ideo qui sit niilimiis, non facile
dicln est. Albus, qui ubique vulgo i uiispicitiir, a qiiibus-
dam non niniium laudatur; nec lamen vitaii debet in iis,
qua- clauso ronlineiitur. Nam in vagis maxime est iinpro-
bandiis, quod euni facillime speculatiir .accipiter. Foicun-
dilas autem , quamvis longe minor sit quam est gallina-
rnni , niajoiem tamen refert qua?6lum. Nam cl octics
que Targent qui revient de ces ^leves peut rem-
plir le coffre-fort du proprietaire , ainsi que
M. Varron, cet exccllent auteur, nous le certifie
en disant que chaque paire de pigeons se vendait
communement mille sesicrtii de son temps, quoi-
que les mceurs fussentalors plus austeres qu'elles
ne le sont a prcscnt. En effet , notre siecle nous,
forcerait a rougir pour lui si nous ajoutions foi
a ce qu'on raconte, qu'il se trouve des gens qui
paycnt une paire de pigeons jusqu'a quatre mille
nummi. Ce n'est pas au reste que ceux qui dc-
pensent ainsi un argent enorme pour avoir en
leur possession des choses de pur agrement, ne
soient encore plus excusables a mes yeux , que
ceux qui epuisent le Phase du Pont et les etangs
Scythiques des Palus-Meotides pour fatisfaii-e
lcur gloutonnerie. Aujourdhui meine on pousse
les choses jusqu'a se donner, au milieu de son
ivresse, des rapports causes par les oiseaux du
Gange et de TEgypte. On peutaussi faire des en-
grais dans un colombier, ainsi que nous Tavons dit,
puisque si Ton a des pigeons sterilesou qui soient
d'une vilaine couleur, on les engraisse comme
les poules. U cst plus aise de le faire quand ils
sont sous leurs mcrcs et tandis qu'ils sont jeu-
nes; on attend pour cela qu'ils soient devenus
un peu forls, sans ncanmoins qu'ils aient com-
raence h voler; et il suffit alors de leur oter quel-
ques plumes et de leur briser les pattcs, afin
{|u'ils se tiennent tranquilles dans le mcnie lieu ,
ct de donner a manger eopieusement a leurs me-
res , de facon qu'eilcs ne raanquent pas de noui-
riture tant pour elles que pour leurs petits.
Quelques personnes se contentent de lcur atta-r
cher legerement les pattes, parcequ'elles s'ima-
ginent qu'en les cassant elles ieur causeraient
une douleur doat la maigreur pourrai^ devenir la
suite. Mais cette methode n'esf point du tout favo-
rable a lcur cn^raisseinent, parce que, tant qu'ils
font des efforts pour detacher leurs licns , ils ne
annopullos educat, si est bona matrix ; et pretiis eoriim
doniini coniplent arcam , sicut eximius auctor M. Vairo
nobis affirmat, qiii prodidit etiam illis severioribus (suis)
temporibus paiia singula millibiis singulis seslertionim
solita veiiire. Nam nostii pudet seculi , si credere volu-
miis, inveniri qui quaternis niillibus nummum binas aves
inercentur. Quamquam vel bos magis tolerabiles putem,
qui oblcctamenta deliciarum possidendi Uabendique causa
gravi a^re et argcnlo pensenl, qiiani illos qui Ponticnm
Pliasim et Scythica stagna Mneotidis eluant. Jam nunc
Gangeticas et jEgyptias aves lemulenter eriictant. Polest
lamen etiam in lioc aviario, sicut dictum est, sagina
excrcen. Nam si quK sleriles aul sordidi coloris interve-
iiiiint, siniiliterut gallinaj farciuntnr. PnlH vero facilius
sub niatiibus pingiiescunt, si jam firniis, prius quam sub-
voleiit, paucas dctrabas pinnas, et obteras crura, ut
uno loco qHiescant, prsebeasqne copiosum cibum paren-
tibus, quo et se et eos abundantius alant. Quidam leviter
obliganl cnira , qiioniam si frangantur, dolorem, et c\ eo
DE LAGRICULTURE, LIV. VIII.
S7.'S
icstcT.t jamais en repos, et que Tespfce cVe.xer-
cice daiis lequel ils sont des lors coDtiuuellement
est bieii loin traugmenter leur corpulence; au
lieu que la fracture des pattes ne leur cause de
)a douleur que pendaut deux jours ou tout au
plus pcndaiit trois , et qu'elle leur ote toute es-
peianee de courir.
IX. II est inutilcd'eleverdes tourterelles, parce
que ectte espcce doiseaux ne pond point et ne
lait point eclore de petits dans une voliere. Ou
les destine a reugrais telles quon les prend au
vol , et des lors il en coute moins de peine pour
les engraisser que pour engraisser les autres oi-
seaux , quoiqu'on ne puisse pas le faire dans tous
les temps, puisque , lelle peine que Tou prenue,
elles engraissent difficilement en hiver. Au sur-
plus, c'cst le temps ou ees oiseaux sont k bon
marche, parce que les grives donnent alors en
tres-grande quantite. D'un autre cote , les tour-
terelles engraissent d'elles-menies en ete, pourvu
qu'ellcs ne manquent point dc nouriiture. En
effet, on n'a rien autre chose a faire qu'a leur
jeter de la mangeaille, et surtout du millct;
non pas que le froment , ou quelque autre ble que
ce soit , ue les engraisse pas aussi bien que le mil-
let, niais parce que eette graiiie est celle qui
leur fait le plus de plaisir. On les engraisse ce-
pendaut aussl en hivcr, ainsi que les pigeons ra-
miers, avec des boulettcs de pain trempees dans
du vin, plutot qu'avec toute autre nourriture.
On ne lcur fait pas , comme aux pigeons , des re-
tiaites qui soicnt distribuees par cases , ou creu-
sees dans le mur, mais on enfonce daus la niu-
raille des rangees de corbeaux , sur lesquels on
etend de petites nattes de chanvre, garnies de
filels en devant, pour lesempecher de voler, parce
que rexercice du vol les fait maigiir. Ou lcs y
nourrit journellement avcc du millet ou du fro-
ment : mais il ne faut point leur donner ccs
graiiis (iu'iis nesoient secs. La valeur d'un semo-
(liiis de mangeaille suflit par jour pour cent vingt
tourterel:es. Ou leur doune toujours de Teau
fraiche et trfes-propre, dans de petits vases scm-
hlahles a ceux dont on se sert pour les pigeoiss
et pour les poules, et on nettoie leurs nattes pour
cmpecher que la fiente ne leur briile les paltes;
il fautneanmoiusconserveravec .soin cette fiente,
qui s'empIoie a la culture des champs ct des ar-
bics, dc meme que celle de tous les oiseaux , a
rcxception de ceux qui nagent. L'age avance de
ces oiseaux n'est pas si favorable a leur eugrais
que la jeunesse : c'est pourquoi on choisit a peu
pres le temps de !a moisson , temps auquel la
couvee commence h se fortifier.
\. II faut plus de soins et de depenses pour les
grives. On peut en nourrir dans toutes sortes de
campagucs, quoiqu'iI sera avantageux de le
faire dans celles oii on les aura prises. En effet,
on les transporte difficilement dans d'autres con-
trees, parce que lorsqu'eIles sontrenfermees dans
des cages, la plupart se desesperent; la mfiiae
chose leur arrive lorsqu'ou les jette dans une
volit're au moment qu'elles ont ete prises , et a la
sortie du lilet. II faut donc, pour eviter cet ac-
cident, en meler, parmi les nouvelles captives,
d'ancieiinemcnt eniolees , qui aient ete elevces
par les oiseleurs a reffet de servir comme d'ap-
peaux pour attirer les autres : ces ancieiines adou-
ciront lcchagrin des autresen voltigeaiit autour
d'elles, et celles-ci s'accoutumeront peu a peu a
chercher a boire et a manger, des qu'clles ver-
ront celles qui sout privees le faire. Elles veu-
lent un eiidroitqiii soit expose au soleil, et dis
pose de la meme facon que celui dcs pigeons,
iiiaciLMi liiTi pntanl. Scd iiilji! isla rc3 pinguiliidinis effi-
cil. Nam (linii vincnla exereie couanlur, non conqnics-
cunt ; et liac quasi exercitatione coipori niiiil adjicinnt.
rracta crnia non plus quam bidui, aut summum liidui
doloreni affernnt, ct spcm tollunt evagandi.
IX. Turturnni edncatio supervacua est : quoniara id
£;cnns in ornillione iicc paril, nec exclndit. Volatnra ita
nl capifnr, farturae deslinatur : eoque leviorecura, qnam
caHeiffi aves saginatur : verum noii omnibus temporibus.
^ani per liiemein, quannis adbibeatur opeia, difliciilter
gliscit, et lamcn, (|uia rnajor cst tuidi copia, pretiuin
tiirturum minnilur. Rnrsus aest.ile vcl sna sponte, diim-
modo sit facullascibi.pingiicscit. Nibil eiiim aliud, quam
olijicitiir esca,sed piaecipue miliuiii : nccquia Irilicovel
;iliis riunientis minus crassescant; verum ipiod seminc
I iijns maxime <]cleclantnr. llieme t;nnen uri'<R panis vino
liiadefaclic , siciit etiam palumbos, celcriiis opimaiit,
qnam c<i-teri ribi. Rcceptacula nnn tanquaiii columbis locii-
lamenta , vel cellulffi cavaliB elliciuntur, sed ad lineam
miituli per parieteni dclixi legelicnlas cannabinas acci-
pinnt, pra^tentis retilins, qiiibus pioliibeantnrvolare: quo-
niainsi idfaciant, corporidclraiinnl. Iii bisfautenilassidiie
pascnnliir inilio, ant tritico. Sed ea semina dari nisi sicia
non opoitet. Satiatqne semodius cibi in diebus singulis
vicenos el cenlenos turtnres. Aqua sempcr recens et qiiani
iiinndissima vascnlis, qualibns colnmbis atque gallinis,
prrebetiir; legcticnteque einnndanliir, ue stercus urHt
pedes, qiiod lamen el [id] ipsum diligenter reponi debet
ad cnlliis agrornm arborumriue, sicut et omnium aviura,
pi;rlei(piain nantium. Hujus avis a'tas ad saginam non
tam vetus est idoiiea , quani novella. Itaqiie ciica messem ,
cnm jain conlirmata est pullilies, eligitur.
.\. Turdis m:ijor opera et impensa pra;betur, qui onini
qiiidem rure, sed salubrins in eo pascuntur, in quo capli
siint. Nam difliculfer in aliam icgioneiii Iransfcruiilur,
qnia caveis claiisi pUirimi despondent : quod faciunt ctiam
cnm eodein momenlo lemporis a lete in aviaria conjecti
snnt. Ilaipie iie id accidal, vcteiani debent intermisceii,
qiii ab ancnpjbus in bnnc nsnin nutrili qnasi alleclorcs
sint caplivornm, ma'stitiaiii(iiie eorum mitigent inlcrvo-
lando. Sic Qniiii consuescent et aquam ct cibos appclere
fcri, si mansiielos id facere viderint. Locum a,'que mnnitum
et apricum, qiiani coliimbi desiderant : scd iii eo tians-
vcrs;c pcrticic pcrfoialis parielibus adversis aplaiilnr,
COLUMELLE.
avec celte difference qu'il sera traverse par des
percbes plnntees dans des trous faits aux deux
murs opposes , sur lesqueiies elles se juelieront
lorsqu'elles voudront prendre du repos apres
avoir mange. Ces perclies ne doivent pas tStre
plus ciev6es de terre qu'il n'est necessaire pour
qu"un homme puisse y atteindre en se tenant de-
bout. On raet communement leur mangeailie daus
les parties de la voli^re au-dessus desquelles il
n'y a point de perches, afin qu'elle se maintienne
plus propre. Au surplus, cette mangeaille con-
sistera en ligues seches broyees avec soin et me-
lees de fleur de farine, et ou leur en donnera as-
sez copieusement pour qu'il y eu ait toujours de
reste. II y a des personnes qui macheiit ces ligues
avant de les leur donner; mais 11 n'est pas a
propos de suivre eette methode quand on a une
grande quantite de grives , parce que les gens
qu'on emploie a les miicher sont d'un loyercher,
et qu'ils en avalent eux-memes une certaine quan-
tite, vu la douceur de ce fruit. Biea des person-
nes penseot qu'il faut diversifier leur mangeaille ,
de peur qu'elles ne viennent a se degouter, si on
ne leur donne toujours que la meme chose. Cctte
variete consiste a leur donner en nieme temps
de la graine de myrte et de lentlsque, ainsi
que des baics d'olivier sauvage et de lierre, et
meme des arboux , paree que ces fruits , qui sont
ceux apres lesquels ces oiseaux courent ordi-
nairement dans les iShamps, previendront aussi
leur degoijt lors(|u"ils seront tranquilles dans des
volieres, et qu"ils exciteront leur appetit, ce qui
est tres-avantageux , d"autant que pius ils mau-
gent, plustotilsengraissent. Quoiquilen soit, ou
raettra toujours aupres d"eux de petits augets
pleins de millet, parce que c'est leur nourriture
la plus solide, et qu'on ne leur donne les autres
choses que nous venons de detailler qu'en guise
de bonue chere. Les vases dans lesquels on leur
mettra de Teau fraiche et propre ne different
en rien de ceux des poules. M. Terentius assure
qu'avec de pareils soins et de pareillesdepenses ,
on veudait souvent les grives trois denarii pieee
du temps de nos ancetres , lorsque des triora-
phateurs voulaientregalerlepeuple. Maiscomme
aujourd'hui le luxe de notre siecle a rendu ce
prix tres-eommun , les paysans eux-mc^mes ne
doivent point dedaigner ce revenu. Nous avons
parcouru a peu prcs toutes les especes d'animaux
que ron nourrit dans renelos des metairies; il
nous faut a present traiter de ceux qu'on laisse
aller paitre dans lcs champs.
XI. L'education des paons demande plut6t les
soins d'un chef de famille d'un gout delicat que
ceux d'un paysan grossier, quoiqu'elle ne soit
pnint cependant etrangere meme a un agriculteur,
pour peu qu'il cherche asc procurer desplaisirs
en tout genre, pour eharmer la solitude de la
campagne. La beaute de ccs oiseaux fait plaisir
aux etrangers eux-memes, a plus forfe raison a
ceux qui en sont proprietaires. On en garde ai-
sement dans de petites iles couvertes de bois ,
telles qu'il s'en trouve pres de ritalie. En effet,
commecet oiseau ne peut pas voler haut ni au
loin, et que d'ailleurs il n'y a point de voleurs
ni d'aniraaux nuisibies a craindre dans ces
ilcs, ilpeuty errer avec surete sans gardieu,
et trouver par lui-meme la raeilleure partie de sa
nourriture. Les femelles s'y voyant aussi comme
a Tabri de lesclavage , y nourrissent volontiers
leurs petits avec plus d'attache ; de sorte que celui
qui prend soin du troupeau n'a rien autre chose
a faire, dans ce cas-la, qu'a le rappeler a cer-
taines heures du jour aupres de la metairie par un
signal quelconque. A raesure que les paons aecour-
ront, il leur donneraun peud'orge, pourleuroter
qiiibus insiileant, cum satiati clbo requiesMre volunl. Eae
perlicae non altius a tona debent subletari , quam liominis
slatura paUtur, nt a stantecontingi possiut. Cibi ponuntur
fere parlibus his ornithonis, quae super se perticas non
habent, quo mundioies permaneant. Semper auteni arida
(icus diligenter pinsita et permista polline praeberi debet,
tani large quideni ul supersit. Hanc quidam mandunt, el
ita objiciunt. Sed istud jn majore numero facere vix espe-
dlt, quia nec parvo coiiducuntur qui mandant, et ab iis
ipsis aliquantum propter jucunditatem consuniitur. Multi
varietatem ciboruui, ne unum fastidiant, pra;bendani pu-
lant;eaest, cuni objiciunlur myili et lentisci semina;
ileni oleastri, et ederaceae baccae , ncc minus arbuti. Fere
enim etiain in agris ab ejusmodi volucribus lifec appetun-
tur, qua; in aviai ils (pioque desidenlium detei gcnt fastidia ,
faciuntqne avidioiem volaturam, quod inaxlmc expedit.
fjain largiore cibo celerius pinguesclt. Semper tamen etiam
canaliculi niilio repleti apponuntur, quse est lirmissiina
esca. Nam illa quae supra diximus, pulmentariornm vice
dantur. Vasa, qnilius lecens et munda pra^beatur aqua,
non dissimilia sjnt galliiiariis. Hac inipensa curaque M.
Terentius ternis s.Tpe denariis singulos emtilatos esse
signilicat avoruni lemporibus, qulbus qui triumpliabant,
popiilo dabant epulum. At nunc aHatis nostrae luxuries
quotidiana fecit liaec pretia : propter qu.'e ne rusticis qni-
dem contemnendus sil hic reditus. Atque ea genera, quae
intra septa vill.e cibantur, fere persecutl sumus. Nunc de
bis dicendum cst, quibus etiam e\ilus ad agrestia pabula
dantiir.
XI. Pavonum educatio magis urbani palrisfamiliaj,
quam letrici riislici curam poscil. Sed uec haec tamen
alicna esl agricolae captantis undiquevoluptates acquirere,
quibus soliludinem ruris cblaudiatur. Harum autem de-
cor avium etiam exteios nedum domiuos oblectat. Itaque
genus alitum nemorosis et parvulis insulis, qualesobja-
cent Italiae, facillime conlinetur. Nam quoniam necsubli-
miter polest, nec per longa spatia volilare, tum eliam
quia furis ac noxiorum animalium rapinic nieliis non e.st,
slne cnstode tulo vagatur, majoremque pabuli parteni
sibi acquiril. Fccmina; quidem sua sponte tanquam servi-
tio liberalae, sludiosiiis pullos eiiulriunt : nec curator
aliud facere debef, quam ul diei ccrlo lempore, signo
D£ LAGIUCULTUm:, LIV. VIIL
!a fnim, ut il les comptern toiis. Mais comme
il cst rare qu'on soit daDS ie cas d'avoir une Ile
pareille cn sa possession , il fnudia se donner plus
de soins dans les lieux situes au milieu de la terre
ferme ; et voici en quoi consisteront ces soins.
On entourera d'un(' liaute muraille unc plaiue
couverte d'lierbes ct dc IjdIs : on appliquera dcs
galeries a trois des cotcs de cette rauraille , et sur
le quatrieme on construirn deux cabanes, dont
l'une servira d'habifation au gardien des paons,
et fautre de retraite a ces oiseaux. On fera en-
suite ie long de ccs galeries des eneeintes de ro-
seaux, enforme decages pareillesacellcsquisont
au-dessus des colombiers. Ces enceintes seront
distribuees en plusicurs parties, et traversees par
des especes de treillis formes de roseaux , de
facon que chacune de ces differentes parties ait
deux entrees par chacun de ses cotes. La retraite
de ces oiseaux doit ctre exempte de (oule humi-
dite. On y plantera sur ie sol des rangees de (le-
tits pieux, dont l'extrcmite superieure sera aigui-
see en pointe , pour pouvoiretre introduite dans
des perches transversales qui seront percees a eet
effet. Les perches destinees a etre posees sur ces
pieux doivent etre carrecs, alin que roisean
puisse se jucher dessus. D'un autre cote, elles
doivent s'enlever facilement de dessus les pieux ,
afm que, lorsque le cas Texigera, on puisse lcs
en retirer, pour donner la liberte du passage a
ceux qui auront a balayer. Lorsque cet oiseau a
atteint saquatrieme aiuiee, il engendretres-bicn ;
au lieu qu'il est ou sterile ou peu fecond dans un
^ge plus tcndre. Le paon a la lubricite des coi|s,
aussi lui faut-il cinq femtlles : car s'd arrivait
que, n'en ayant qu'une ou deux, il les eoqudt
ou trop souvent ou lorsqu'elles seraient pleines ,
il endommagerait lcs oeufs ii peine formes dans
leur ventre , ct les cmpecherait de venir u bieii ,
en les faisant tomber de la matrice avant qu'ils
soient a leur terme. II faut, vers la fin de Thi-
ver, exciter rardtur de cesoiseaux, daiis Us
deux sexes, par dcs nourritures qui les [irovo-
quent au plaisir. Ce qui y contribuera le plus,
ce seront des feves grillces a une flamme lcgcre ,
qu'on leur donnera toutes ehaudes et a jeuu
tous les cinq jours, sans neanmoins cxceder la
mesure de six cijathi par tete. I! ne faut pas leur
jeter dc la mangeaille pour tous eu conimuu ,
mais il fant en mettre scparement daiis chacunc
des enceintes que j'ai dit qu'il fallnit formcr de
rosenux , en reglnnt In quantite de cette maii-
geaille sur le nonibre de einq femelles et un
mdle : il en sera de merae de leau qui leur scr-
vira de boisson. Quand cette distribution sera
faite, ou conduira les males avcc leurs fenielles,
chacun dans leurs enceintes particulieres; de
sorte que tout le troupeau se repaitra cgalcmcnt ,
sans quil survienne de diffcrcnd entre les tetes
qui le composent; car il se trouvc aussi parmi
lesoiseaux de cette espece des raales qui cher-
chent a se baltre, et qui empeclient les plus fai-
bles de mangeret de coquer, si on n'a pas soin
de les sepnrer de cette fncon. ComiiiuMciuent ,
dans les lieux exposes au soleil, les mSles sont
tourmentes du desir de coqiier les fcmelles dcs
que les vents Fuvonii ont commeuce a souffler,
c'est-a-dire, entre les ides de fiivrier et le mois
de niars. Oii reconnnit rardeur de lcur passion
en les voyant se couvrir, comme s'ils s'admi-
raient eux-memes, avec les plumes brillantcs de
leur qucue, ee qu'on appelle /o^ttre ( faire la
rouc ). Des que le temps oii les femelles ont dii
duto, jiixla villam gregem convwel, et exigimm ordei
concunentibus objiciat, ut nec avis esurial, et numerus
advenienlium recognoscatur. Sed liujus possessionis rara
conditio est. Quare medilorraneis locls major adliibenda
curaesl : caque sic administretur. Herbidus silveslrisque
ager planus sublimi clauditur maceria, cujus tribus late-
ribns poilicus applicanlur, ct in (iuarto diiaj ccllaj, ut sit
alleia custodis babilatio, alque allera stabulnm pavonum.
Sub porticibus deinde per ordinem liiint anindiiica septa
in modum cavearum , qiialiacolumbarii leclis .superponun-
tur. Ea septa distingnnntur velut clatris intercunentibus
calamis, ila ut ab ulioque latere siugnlos aditus liabcant.
Stabulnm autem carcre debet uligine, cujus in solo per
oidinem figuutur bieves paxilli , eorumque partes sumin.e
liiigulas edolatas babent , ipia; transversis Coralis perticls
inducantur. lla' porro (piadialai pertica; [csse debeiit,
qua!] paxillis siiperponunlur, nt aveiu recipiant adsilien-
tein. Sed idi irco sunt e\eni|itiles, ul cnm res cxigit, a
paxillis dediKla' iiberum aditum convcrrentibus stabulum
praebeant. Hoc genus aviuin , cuni trimatum cxplevit,
oplime progcneral. Siquidem tenerior a:las, aiit sterilis,
aut parum fiecuiidaest. Masculus pavogallinaceaiii sala-
cilalcm liabel , alcpie ideo (piin(|ue lirniiniis (lcsiderat.
Nam si unani, vel aUcram fictam sapius compiessit, vix
duin concepta in alvo vilial ova, nec ad partum sinit per-
duci : qiioniani immatura gcnitalibiis locis cxcidunt. Ultima
parte liiemis coni^itantibus libidinem cibis utriusqiie sexus
accendenda venus est. iMaviiiie facit ad banc rem, si
favilla levi loireas fabam, tepidamque des jcjunis quinto
quoipie die. Nec tarnen excedas nioduin sex cyatliorum
in siiigulas avcis. Ha:c cibaiia non oinnibus promisciic
spargcnda sunt, sed in singnlis septis, qux arundinibiiii
conti^xi opoiicre pioposnciam , portione servata quinqu«
la'miiiarum ct unius maris, poncnda snnt cibaiia, nec
miiiiis aqua, qiia; sit idiinea polni. Qiiod nbi factiini est,
maies [sine rlxa] diduciiiitiir in sua <|iiis(pic scpla cuin
fiemiiiis, ct a'qiiiilili'r uiiiversiis grex pasiitur. Naiu fiiaiii
in lioc •j.i iiiMi' |iii^ii:ii rs iiiveniiintiir masculi, (|ni et a cibo
et a coilii priiliilieiit iiiinus validos, nisi siiit liac ratioDH
separati. Vne auteni locis apricis iiiciindi cnpiditas exer-
cct mares, cuin Favonii spiraie cipperunt, id est tenipus
ab idibus Febrjiaiiis ante Martiiim meuseni. Signa ;>unl
extiiiiulalic libidinis, cuiii scuicllpsum veluti miranteni
cauda' gciiiiiiantiliii-. piniiiv piiilcgit : idqiie cuin facil,
rotarc d;iitiir. I'iii,l .uliiiissui.i' t'j;iipus ciinrcstini iiiatricet
custodienda' siinl , n« ulilii ipmni in «tKliiilii riuliw «d<iiit :
376
COLUMELLE.
etre coqnecs cst passe, il faut les garder a vue,
afin qu'elles ne pondent point ailleui-s que dans
leurs retraites : on leur tStera souvent aussi les
parties avec les doiyts, parce que leurs oeufs
s'y trouvent tout a Tentree, quand elles
sont pretes a pondre. II faut donc renfermer
celles qui seront dans ce cas-la , a(ln qu'elles ne
pondent pas hors de leur enceinte. II faut y eten-
dre beaucoup de paille , surtout dans le temps
oii elles pondront, afui ([ue leurs oeufs soient re-
cus plus surement : car elles pondent commu-
nement lorsqu'elles viennent prendre le repos de
la nuit, et qu'elless8 sont juchees sur les per-
ehes dont nous avons parle ; et par consequent
plus Tendroit oii leurs ocufs tombent est voisin
d'elles et mollet, plus ces oeufs se conservent
intacts. II faut donc visiter leurs retraites bien
exactement tous les matins, dans le temps de la
ponte, et ramasser lesccufs qui seront a terre.
Plus ils seront frais quand on les donnera a cou-
ver a des poules, plus ils ecloront facileraent;
et 11 est tres-interessant pour le profit du chef
de famille que ce soit a des poules a qui on les
doune a couver, parce que les paonncs que Ton
ne fait point couver pondent ccmmunemeut trois
fois par an , au lieu que celles que Tou fait cou-
verperdent toutle tempsde leurfeeonditeafaire
eclore leurs ceufs, comme a elever leurs petits.
La premiere ponte est communemeut de cinq
ceufs, la secoude de quatre, et la troisieme de
deux ou trois. II ne faut pas se hasarder a faire
couver des ceufs de paonnes par des poules de
Rhodes , qui ne nourrissent pas bien leurs pous-
sins meme; mais on prendra pour cela de vieil-
les poules parmi celles de notre pays , en choi-
sissant les plus grandes de celte espece; et on
leur fera couver pendant neuf jours, a commeucer
du croissant de la lune , neuf oeufs, dont il y aura
cinq de paonnes et quatre de poules : le dixieme
jour on retirera tous les oeufs dc poule, et on en
remettra autant de nouveaux de la mfime espece,
afm qu'ils puissent eelore avec ceux de paonne
le trentieme jour de la lune, qui est commune-
ment celui de la nouvelle lune. Mais il faut que
le gardien ne manque pas d'epier les moments
oii la mere sortira de la retraite, afin d'y entrer
souvent pour retourner lui-meme a la main les
oeufs de paonne , que les poules remuent plus dif-
ficilement que les leurs propres, attcndu leur
grosscur; et pour s'acquitter plus exaetement de
cette fonction , il aura soin de les marquer tous
d'un seul cdte avec une liqueur noire, afin de
reconnaftre a cette marque quand la poule Ics
aura retourneselle-meme,ou non. Du reste, sou-
venons-nous qui\ faut employer a cette opera-
tion, ainsi queje l'ai deja dit, les plus grandes
poules de basse-cour ; car si elles etaient d'une
moyenne taillc, il ne faudrait pas leur faire
couver plus de trois oeufs de paonnes avec six de
poules. Lorsque la poule aura fait eclore les
petits, il faudra donner les poussins a nourrir a
unepoule,et rassembler les paonneaux a me-
sure qa'ils seront n^s aupres d'une secoude,
jusqu'a ce qu'clle en ait un troupeau composc de
vingt-cinq tetes. II ne faudra pascependant re-
tirer de dessous la poule les paonneaux, non plus
que les poussins, des le premier jour de leur
naissance ; et ce ne sera que le lendemain qu'il
faudra lestransferer avec celle qui doit les elever
dans une cage , oii on les nourrira les premiers
jours avec de la fariiie d'orge humectee de vin,
ou bien avec une petite bouillie faite avec quelque
espece de ble que ce soit, et lefroidie. Peu de
jours apres on y ajoutera des porreaux de Taren-
Siepiiisque digitis loca fieminaium teiUaiida suut. Kaiii in
promtu gerunt ova, qullius jani paitus appiopinquat. Ita-
(|ue incliidendse sunt incientes, iie extia clausum foetum
edant : niaxjmeque temporibus iis, quibus pailuiiunl,
pluiilius stiainentis e\aggeranduni est aviaiiuin, quo
tulius iiitegii fwlus exci()iantur. Nam feie pavones, cum
ad iioclurnam lequiem veneriint, pia^diclis perticis insis-
lenles enitunlur ova, quoe quo piopius ac inollius deci-
derint, illibatam seivant inlegritatem. Quotidieergo dili-
genter mane tempoiibiis fiHura; stabula circumeuuda
erunt, et jacenlia ova colligenda. Qua; quaiito recentiora
galliiiis subjecta sunt, taiito cominodius excluduntur :
idquc lieri maxime patrisfamilias rationi conducil. iNam
ijKininae pavoiies, qu;c non incubanl, ter anuo fere pattus
edtuit : at quae fovent ova, totiim lempus fujcunditatis aut
exchidendis aul etiam educandis pullis consuraunt. Primiis
esl parlus quinqiie fere ovorum ; secundus quatiior; tertius
aiit tiium, aiit duorum. Nequc est quod commitlatur, ut
liliodifB aves pavoninis incubent, quae ne suos quidemlle-
tuscommodenulriunl. Scd veteies maximaequKquegalliniC
vernaculi geueiis eligantur : ea>que iioveui diebiis a priino
lypiP incremento, novenis ovis incubeiil , siiitque ex liis
qiiinque pavonina , (et) caefera gallinacei generis. Decimo
deiiiceps die omnia gallinacea sublratiantur, et loljdein
recentia ejiisdein geiieris suppoiiantur, ut trigesima luiia,
qiue est feie nova, ciim pavoninis excludaiilur. S^d cuslo-
dis curam non effugiat observare de.silientem inatricem,
sa'piusque ad cubile pervenire, et pavonina ova, quae
propter magnitudinem difficilius a gallina moventur, ver-
sare maiiu : idque quo diligentius faciat , una parsovorum
notanda est atramento, quod signum babebit aviaiius,
an a gallina conveisa sint. Sed, ut dixi, memineiimus
cobortales qiiam maximas ad lianc rem praeparari. Qiiae
si mediocris babitus snnt , non debent amplius qiiamterna
pavonina, et sena generis sui fovere. Cum deinde fecerit
pullos, ad aliam nulricem gallinacei dcbebuiit IransfeiTi,
et siibinde qiii nati fiierint pavonini ad uiiam congrcgari ,
donec quinque et viginti capitum grex efticialnr. Sed cuin
erunt editi pulli, simililer tit gallnacei primo die noii
inoveantur : postero die ciim educatrice transfeiantur in
caveam : primisque diebus alanlur ordeaceo faire vino
rcsperso, nec minus ex quolibel frumento cocla pulticula ,
ef refrigeiata. Post paucos deinde dies liiiic cibo adjicicn.
dum erit concisum porium 'farentmuin, et casous mollis
DE LAGRICULTURE, LIV. VIIL
tiiiTi haehes et du fromage mou bien egoutte,
paree qu"il cst eonstaiit que le petit-lait nuit aux
paonneaux. Des sauterelles , auxquelleson aar-
rache les pattes, passeiit aussi pour une nourri-
ture qui leur est bonne , et 11 faiit leur en douner
jusqu'au sixieme mois, apres quoi il suffira de
leurjeterde rorge a la main. On peut aussi les
mener trente-cinq jours apies leur uaissanee aux
champs, raemcsans avoir rien a craindre, parce
que le troupcau suit la pouie toutes les fois qu'il
Tentend glousser, comme si c'etait sa propre mere.
Le gardien porte alors aiix champs la mere ren-
fermee dans uue cage , et, apres Tavoir fait sortir,
11 la garde ii vuc en lui liant la patte avec une
longue licelle, de sorte que les paonneaux puis-
sent voltigcr autour d'clle ; apres quoi , lorsqu'ils
se sont bien repiis , on lcs ramene facilcinent
a la metairie, parcequ'ils ne s'ecartcnt point,
commv je Tai dit, de leur nourrice, qu'ils euten-
dent glousscr. Tous lcs auteurs coiiviennent assez
unanlmcment qu'il faut eviter de mener paitre,
dans rcndroit oii sera cette poule, d"autrcs
poules qui eleveiont des pousslns, parce que,
des queccllcs-ci, apercoivent les paonncaux, elles
cessent d'ctre affectiounees a lcurs petlts et les
abandounent avaut de les avoir eieves, comme
Si elles les eussent pris en aversion , par la rai-
son qu'ils ne resscmblent aux paons nl par la
taille ni par la beaute. Ces oiseaux sont sujets
aux mfimes maladies que eelles auxquelles les
poules sont ordinaircmeut sujettes ; aussi ne leur
donne-t-on pas non plus d"autres remedes que
ceux que Tou eniploie pour lcs poulcs, puisqn'on
les gucrit dc l.i pepie, de rindigestion etdequelque
autre maladie que ce soit, avec lcs remedes que
uous avons indiques. Passe le septicme mois a
compter depuis leur naissance, il faut les enfei'-
mer avec lcs aulrcs paons dans leurs retraites,
pour y prendrc le repos de la nuit ; mais on pren-
dra garde qu"ils ne se tiennent sur la terre; et
on relevcra ccux qui pourraient se coucher ainsi,
pour lcs poscr sur les perches, afln que le froid
ne les incommode pas.
XII. L'cdueation des poules de Numldic est
a peu pres la meme que celie des paons. Pour
les poules sauvages, que Ton appelle rusticm
(poules de campagnc), elles ne pondent point dans
la captivile; alnsi nous n"avons rlen a prcscrire
a leur sujet, si ce n'est qu'il faut leur donner a
mangertant qu"clleseQ veulent, pour lcs rcndre
plus propres a couvrir les tables dans un festin.
XIII. .le passe aux oiseaux que les Grecs ap-
pellent 'i;j.'iiSiot (amphibics), parce qu'ils ne se
conlentent pas de la pAture quils tiouvent sur
tcrre , et qu"ils en chcrchcnt aussi dans Teau ,
n'etant pas plus habltues a la terre qu'aux etangs.
Entre ees oiseaux , Toie est respece la plus re-
cherchce par les gens de la campagne , parce
qu'elle ne demande pas de grands soins , et qu'elle
est ile mcilleur guet que le chien meme, puis-
qu'elle trahit par son chant les gens qni suiit cn
cmbuscade, ainsi qu'il arriva au siege du Capi-
tole, suivant ce que dit rhistolre, lorsque ccs
oiseaux firent entendre leur chant a rarrivce des
Gaulois, pendant que lcs chiens etaient restes
muets. On ne peut pas neanmoins avoir d'oies
partout , d'aprcs ropiniou Ires-sensee de Celsus,
qui dit que Toie ne se soutient pas aisement sans
eau, non plusque sans une grande quantile d'her-
bes, et qu'il y a du danger a en avoir dans de
jeunes piants, parce qu'e!le arrache toutes les pro-
ductions tcndres qu'ellc peut y rencoiitrer. Mais
11 en faudra nourrir dans tout endroit oii 11 se
trouvera un lleuve ou un lac, et dans le voisi-
vehemeiiter ex|irossiis; nam seriiin uocere pullis maiiifes-
tum est. Locu.sliiM]u()(|ue pedihus ademlis uliles cibandis
pullis liabentui-, al(|ue iis pusci delient usque ad sexliiiii
mensera : postmodiim satis est ordeiini di; maiiii piaeliere.
Possunt auleni post quinliim et Irigesiinuni diem (|uam
nali sunt, etiam iii anrum salis tiilo eduei, sequilunpie
grex velut maliemgallinamsiugullienlem. Ea caveadati.sa
fertiir in agnim a pastore , et emissa ligalo pede loiiga
liiica [gallina] custodilur, ad qiiain ciicumvolant piilli.
Qui cum ad satietatem pasti sunt, rediicuntur in villam
peisequentes, ul i\\\, nutrlcis singulttis. Salis autem
convenit inler auctores, non debeic alias gallinas, qiiiL'
pullos siii generis educant, iii eodein loco pasci. Jiaui
cum conspexerunt pavoninam piolem,suos ptillosdiligeie
desinunt, et imniaturos relinquiinl, peiosa; videliccl,
quod nec niagniliidine, nec specic pavoiiiiiis paies sinl.
Vitia qtia' gallinaceo geiieri nocere solent, cadein lias
aveis infeslant : sed nec leniedia Iradiintnr alia, quam
quse galliiiaceis adliibenttir. Nam el piliiila et cruditas, el
si quae aliiesiint pestes, iisdem reuuuliis, ipia; proposui-
mus, prohihenliir. Seplimiim deinde nien.sein ciim exces-
(eiunl, iii stahulo cuin cieleris a<l iiocliurnaiii rcquiem de-
bont iiicliidi. .Sed eril curaiidiiiii , ne luimi maneant. Naiii
qiii sic cuhltant, tollendi suiit, et supia perticas impo-
iiendi, ne IVignie laborenl.
XII. Numidicarum eadem est lere, quiC pavonum cdu-
calio. Ciii-'teriim silvcstres galllnae , qiiae rusticso appellan-
tur, iii servitiite iion ftKlaiit : el ideo nihil de liis prxci-
pimiis, nisi iil cihiis ad satielatem prichcalur, quo .sjn/,
cunvivionim epiilis apliores.
.\lll. Vciiio ntinc ad eas aves, qnas Giocci vociint
(iiA3i6iciu; , ipiia non tantiim tenestria, sed aqtialilia qiio-
qiie desideraiil pahiila, iiec niagis liumo qiiam slagiio
consiieveniut. iLJiisque generis aiiser prircipue rusticis
graliis cst , ipiod iiec maximani curam poscit, ct solertio-
leni cuslodiam qiiam canis pia-hel. Jiam clangore prodit
insidiantem, sictit eliam memoria tradidit in obsidione
Capibdii, ctiin adveulu GalliMuin vociferatiis est,canibu3
silenlibiis. Is aulem iioii uliiqiie liaberi polest, ut i>xisti-
inat verissiiiic Celsus , qui sic ai(. An,ser iieque sine aqua ,
iiec siiie mtilta lierba lacile suslinetur, neque utilis est
locis consitis, quia qiiicqiiid teuerum coulingere potest,
carpil. Slcubi vero niinien aiitliicns est, lierh.ieque copia,
nec iiimis juxla sata^ IVuses , id qiioqiie sciins nulrieiiduiu
COLUMELLE.
nage duquel il y aura beaucoup d"herbi'S et peu
de terres ensemeuctes. Ce n'est pas que nous
pensions qu'on doive le faire, par la raison que
cet oiseau rapporte beaucoup de prolit; raais seu-
lement parce qH'il n'est point a charge , quoi-
qu'on retire meme un certain produit de ses pe-
tits et de ses plumes, que ron peut arracher non
pas seulement une fois Tan , comme la laine des
brebis, mais deux fois, savoir au printemps ct
en automne. II faut donc en elever au moins
une petite quantite quand la situatioti des lieux
le permet, et ne donner que trois femelles a
chaque male, parce que la pesanteur des mSies
les empeche d'en couvrir un plus grand nombre.
II faut en outre , pour les mettre a Tabri , leur
faire, dans rinterieurde !a cour etdans des coins
retires, des logettes dans lesquelles elles se cou-
cheront et fi>ront leur ponle.
XIV. Quant a ceux qui s'attachent ii avoir par
troupeaux des oiseaux qui nagent, ils doivent for-
mer des chenoboscia (des endroits oii paissent
les oies), qui ne feront honneur qu"au cas qu'ils
soient disposcs de la facon qui suit. On aura uiie
cour separee dont tous les autres bestiaux ne
pourront pas approcher, et qui sera environnee
d'une muraille de neuf pieds d'e!evation, avec
des galeries rangees de facon qu'i! y ait dans
quelque coin une cabane pour le gardien. On
construira ensuite sous ces galeries, avec du
moellon, ou meme avecdela petite brique, des
logettes carrees : il suflit que chacune de ces
logettes ait trois pieds en tout sens , et il faut que
rentree en soit munie de petites portes solides,
parce qu'on doit !es fermer exactoraent dans le
teraps de la ponte de ces oiscaux. Ensiiite s'il se
trouve liors de la metairie un itang ou un fleuve
a quelque distance des batiments , on ue cher-
chera pas a se procurer d'autre eau ; mais s'il ii'y
en a point,on ferades mares etdes reservoirs d'eau
artificiels, alin que ces oiseaux ne manquent point
d'endroits ou ils puissent se plonger, parce que
cette ressource leurestaussi necessaire pour vi-
vre que celle de la terre. On leur reservera aussi
un tcrrain marecageux bien fourni d'herbes, et
cutre autres paturages qu'on y semera , tels que
la vesce , le trefle et le fenu-grec. On n"oubliera
pas surtout d'y semer de cette espece de chico-
ree que les Grecs appellent ctEpK; (chicoree friseej.
I! faiitencore semer particulierement de la graine
de laitue, parce que c'est uu herbage tres-tendre
et fort recherche par ces oiseaux , outre que c'est
une nourriture excellente pour leurs petits. Tou-
tes ces choses ainsi preparees , il faut avoir soin
de choisir des maies ainsi que des femelles de la
piusgrande taille, et dont la couleur soit blan-
clie; car il y a une espece d'oie bigarree, qui
etait sauvage dans le principe, et qui n'est de-
venue domestique que depuis qu'oa l'a apprivoi-
sce; mais il ne faut pas en elever, parce qu'e!le
n'est pas aussi feconde ni d'un aussi grand prix
que les autres. Le temps le plus propre pour faire
accoupler les oies , c'est depuis le soistice d'hiver,
comrae !e plus propre pour les faire pondre et
couver, c'est depuis les calendes de fevrier ou
de mars jusqu'au solstice, qui arrive vers la fin
du mois de juin. Elles ne s'accoup)ent pas, commo
les premiers oiseaux dontnous avons parle, en se
tcnant sur ferre, mais elles le font commune-
ment dans des rivieres ou dans des reservoirs
d'eau. Ellcs pondent chacune trois fois par an,
pourvu qu'on !es empeche de faire eclore leurs
osufs, ce qui est plus avantageux dc faire quede
les leur donner a couvera elies-meraes, parce que
lcs poules auxquelles on les donne a couver nour-
esl. Quod etiam nos laceie censemiis, non (luia niagni sit
fiuclus, sed quia miniini oneris. Altamen piiEstat ex se
pullos alque plumam, quani non, ut in ovibus lanam ,
semel (ieinetere, seil bis anno , vere et aulunino vellere
licet. Atque ob bas quiilem causas, si perniillil locorum
conditio , vel paucos utique oportet educare , singnlisqiie
maribus ternas fiEminas destinare. Nam propter ^ravita-
tem plureis inire non possunt. Quinetiam iiitracoliurtem,
ut protecli sint , secretas singulis haras facere oportet, iu
quibus eubitent et faitus ubi edant.
XIV. Qiii vero greges nanlium possidere student, che-
nohoscia constituant, qua; tum demum vigebimt , si fuerint
ordinala ratione lali. Cohors ab omni cajlero pecore se-
cieta clauditur alta novem pedum maceria, porlicibusque
circunidata, ita ut in aliqna parte sit cella custodis. Sub
porticibus deinde quadiataj haise caemenlis vel eliam la-
terciilis exlruuntur : quas singulas satis est habere qnoquo-
vcrsiis pedes ternos, et adilns singulos firinis ostiotis
mnnilos ; qiiia per f(jeliiram diligenterdaudi debeul. Extra
viilani deinde non longe ab a;di(icio si est stagiium vel
niiiiiiMi, aliauon quiTialiir nqua : sin aliler, lacus pisci-
iiiipie manii (ianl , ut sint quibus inunnare possint aves.
Nam sine isto primordio non magis qiiam sine lerreno
rccle vivere queunl. Palustris quoque, sed herbidus ager
desllnetur , atque alia pabula conserantur, ul vicia, trifo-
liuin, fo?nnm Graecum, sed praecipuegenns inlubi, quod
(jipiv Grreci appellaut. Lactuc* quoqiie in hunc usum
seniina vel maxime serenda sunt, quoniam et mollissimum
estolus,et libenlissime ab hls avibus appetilur. Tum
eliam pullis utilissima est esca. Ha;'c cum praeparala
siinl , curandum esl , ut mares fu'mina'que quani amplis-
simi corporis, et albi coloris eligantur. iSam esl aliiid
genns varium, quod a feio mitigalum domesticiim fac-
lum est. Id neque a^qiie faecundum est, nec tani prelio-
sum : propter qiiod minime nutriendum est. Anseribus
admiltendis tempus aptissimum est a bruma ; mnx ad pa-
riendum, et ad incubandum a Calen. Fcbruariis vel Marliis
usque ad solstilium , qiiod fit ullima parle mcnsis Jiinii.
Ineuul autem non, ut prioresaves, de quibusdiximus,
insislentes humi : nam fere in llumine aut piscinis id fa-
ciunt : singuUeque ter anno pariinit, si proliibcanliir fa^lus
siios exchidere , quod magisexpedit, quam qiium ipsao
suos fuvenl. Nam el a gallinis melius enutriunlur, ct
longe major grex efficitur. l>aiiunt aulcm singulis fietibus
DE L'AGRICULTU!U:, LIV. VIII.
ri>>sent mieux les petits qui eu sont \enus , et que
le troupeau devient par la bien plus nombreux.
Elles donnent cinq oeufs a la premiere ponte ,
quatre a la suivante, et trois a la derniere :
quelqiics personnes leur laissent elever les petits
de cette derniere ponte , paree qu'elles ne doivent
pliis pondre de tout le reste de raunee. II ne faut
pas laisser pondre les femelles hors du clos qui
leurestdestine; ainsi lorsqu'elles paraitront rher-
cherun endroit pourydeposer leursceufs, on leur
tStera le ventre en le pressant pour s'assurer de
leur etat, parce que, des quelles approehentdu
moment de la ponte, on sent avec le doigt lcs
oeufs qui soutalorssur le bord de leurs parties,
eton les eonduira a leurs logettes, ou on les en-
fermera afin qu'elles y pondent. II suftira d'a-
voir observe cette pratique une seule fois vis-a-
vis de chaeune, parce qu"elles rctournent toujours
toutes a Tendroit dans lequel elles ont pondu unc
premiere fois. Mais lorsqu'on veut qu"elles cou-
vent elles-memes les a?ufs de la derniere ponte,
il faut avoir soiu de marquer ces cpufs aflu de les
reconnaitre, et de les metlre chacun sous celles
qui les auront pondus , parce qu'on pretend que
les oies ne font poiut eelore des aufs qu'elles
n'ont point pondus, a moins qu'elles n'cn cou-
vent en meme temps des leurs propres. Pour les
poules, on leur donne a couver autant d'cEufs
d'oies que d'oeufs de paonnes, c'est-a-dire cinq au
plus et trois au moins ; au lieu qu'on donne aux
oies sept au moins et qninze au plus. i\Iais on
doit avoir la precaution de mettre sous les oeufs
des racines d"orties , ce qui est une espece de re-
mede contre les orties meracs , dont la piqure est
mortelle aux oisons qui viennent d'eclore. II faut
trente jours pour que les oisons se forment et
qu'ilssorient de l'oeuf, lorsqu'il fait froid ; car lors-
qu'il fait chaud, il suflit de vingt-cinqjours, quoi-
que le plus souvent on ne les voie ceiore que le
trentieme jour. Tant qu'ils sont petits , ou les
nourrit les dix premiers jours dans la logette oii
ils sont renfermes avec leur mere ; apres quoi , lors-
que le beau temps le permct, on les mcne dans les
prcs et aux reservoirs d'eau. II faut prendre
garde qu'il ne leur arrive d'etre piques par des
ortics , et eviter de les envoyer aux paturages
sans les avoir rassasies auparavaut de chicoree
ou de fenilles de laitue hach^es. Eu effet , s'ils y
nllaicnt quand ils sont encore faibles , saiis avoir
pris de nourriture auparavant, ils s"opini5tre-
raient si fort a arracher de terre les arbrisseaux
ou les herbes, qu"ils se rorapraient le cou. On fait
bien de leur doiuicr aussi du millctou meme du
froment dans de Tcau. Lorsqu'ils sont devenus
un peu plus forts , on lcs incorpore dans la troupe
de leurs eamaradcs, et on les nourrit d"oi'ge :
il est egalement utile d'en donneraux meres. II
n'est pas a propos de mcttre plus de vingt oisons
dans la meme logette , eomme il ne faut pas non
plus en mettre de trop petits avcc de p!us grands ,
pareeque les plus forts tueraient les plus faibles.
II fant tenir tres-seches les rctraites dans les-
quelles ils se couchent babituellemcnt, ct y cten-
dre de la paille, ou, a dcfaut de paille, du foin,
qui leur estegalement agreable. Pour le surplus,
on observera les preceptes que nous avons don-
nes par rapport aux autres especes de poussins,
et qui consistent a empecher qu'ils ne sentent
rodeur d'une couleuvre ou dun furet, de merae
quc celle d'un chatou meme d'une belctte, parce
que ces animaux pestilentiels font communcraent
un carnage affreux de ces oiseaux , lorsqu'iIs sont
jeunes. II y a des personnes qui donnent aux
oies de Torge detrempee , pendant qu'elles cou-
vent , sans pcrmettre que les meres abaudonnent
souvent leurs nids : les memes personncs don-
OTa,primo quina , seqiienli qiialerna, iiovis.<imo lerna :
quem partum iionnulli peimittunt ipsis matiibus ediitare,
quia reliquo tempore anni vacatuiBe sunt a fcetu. JMiniinc
autcm concedendum est foeniiiiis exlra seplum parere, srd
cum videbunlur scdem qua'rere , coinprimenda; sunl
alque tentandcB. Nam si appiopinquant partus, digilo
tan^iintur ova , quBe sunt in prima parte locoium genila-
lium. Quamobrem pcrdiici ad barani debent, includique
ut futura edant : idque singulis semel fecissc saliscsl,
qiioniam unaqua;qiie recunil eodem , ubi priino pcpeiil.
Sed novissimo fcctu ciim volumusipsas incubarc, iiotandi
erunt uniusrujusque parlus, ut suis ir.atribiis subjician-
lur : riuoiiiam negatur anser aliena excludcre ova, nisi
sulijecta sua quoqueliabueiit. Suppaniiiitur aiilem gallinis
liiijus geiieris ova, sicul pavoiiina, pliirima quinque,
paucissima Iria : ipsis autcm anscribiis paucissima mi,
plurima xv. Scd custodiri dclict , ut ovis subjiciantm'
iicibn! uiticarum , quo quasi lemedio nicdicanliir, nc no-
ceii possil excusis anserciilis, quos eiicrant urtica;, si tc-
neros pupugciint. Pullis aiitcm formandis excudendisqiie
trigiula diebus opus est , cum sunt .frigora : nam tcpidis
XXV .«atis cst. Sa-pius laraen anser trigesimo die nascitur.
.Atque is diim exigiiiis est, decem priniis diebus pascitur
in liaia claususcum matre : postea cum serenilas permit-
tit, pioduciliir in pi'ata,et ad piscinas. Cavenduinque
est, ne aut aculeis uiiicaj compiiiigatur, aut csuriens
miltalur in pascuiim : scd anteconcisis intubis vel lac-
tuca; foliis satiiictur. Nam si esl adliuc pariim lirmus , el
indigcns ciboiiim pervenit in pascuum, fruticibus aiit
.solidioribus lierbis obluctalur ila pertiiiaciter, iit (ulliim
abiumpat. Milium qiioque aut eliam triticuin niistiiin cnm
aqua rccte prabetiir. Atque ubi se pauliim coiilirnia\it,
in grcgcm coiequaliuin compelliliir, et oideo alitiir : (luod
et matiicibus prndjere non inutile est. 1'iillos aiilciii non
expcdit plures in singulas liaias qiiaiii vicenos a(lji( i ; iicc
rursus oinnino ciim majoribus iiicludi , quoniani validior
eii(>cat inlirinum. Cellas, in quibus inciibitant , siccissimas
cssc oportet , siilistralasipic babcic palcas : vel si eie non
siinl, crassissiinuini{iii»li|iii' riciium. Catera eadcm, quae
iii aliis generibii.4 piilldi iiiii .scrvaiida suiit , nc coluber , nc
vipeia, felesque, aiit cliam muslcla possit aspirarc : rpia'
ferc pcinicics ad intcrnecioncm prostcrnunt tcncros. Siiiil
^so
COLUMELLE.
iicut aussiaux oisons, pendant lcs cinq premicrs
jours depuis quMls sont ecios, du gruau on de la
farine detrempee, comme aux paons. D'autrcs
leur donnent encore dans de Teau du crcsson
vert liaclie en petits raorceaux , et cette nourri-
turc ieur est tres-agreable. Par la suite , lorsqu"ils
ont quatre mois, on destine les pliis grands d'en-
tre eux a Tengrais, parce que la jeunesse est l"age
que !"on regarde comme le plus propre pour les
engraisser. L'engrais de ces oiseaux est facile a
faire , puisqu'il n'y a absoluraent rien autre cbose
a leur donner que du gruau et de la fleur de
farinetrois fois par jour, pourvu qu'on les mette
a portee de boire copieusement , qu'on ne leur
laissepointla libertedecourir, et qu"on lestienne
renfermes dans un lieu cbaud et obseur, toutcs
cboses qui contribuent beaucoup a former la
graisse. ?jn suivant eette metbode , on vient a
bout de lesengraisser en deux mois, et il arrive
meme souveot que la couvee la plusjeune est en-
graissee au bout de quarante jours.
XV. II faut prendre les memessoinspour for-
mcr un endroit oii ron elevera des canards ; mais
la dcpense en sera plusconsiderable, parce qu"on
y renferraera, pour les y nourrir, non-seulement
des canards, mais encore des sarcelles , des bos-
cides , des phalerides , et d'autres oiseaux sem-
blables, qui fouillent dans les etangs et dans les
marais. Ou choisit a cet effet un terrain plat que
Ton entoure d"une muraille de quinze pieds d"e-
levation; ensuite on le couvre avec un treillage
ou avec des illets a grandes mailles, alln que
ces oiseaux domestiques n'aient point la facultc
de s'envoIer, et que les aigles et les oiseaux de
proie ne puissent pas fondre sur eux. On revetira
aussi toute cctte muraille , tant en dedans qu'en
dehors, d'un enduit bien poli, de peur que les
chats ou les furets ne grimpent par-dessus. En-
suite on creusera dans le milieu de cet cnclos un
bassin de deux pieds de profondeur, et dont la
longueur, ainsi que la largeur, seront determinees
parlasituation du lieu. On pavera en ouvrage de
Signia les descentes qui conduiront a Teau^de
peurquellesneviennent aetredegradeesparrim-
petuosite de Teau , qui coulera toujours a travers
le bassin , au cas qu'elle vienne a se deborder.
II ne faut pas que ces descentes soient coupees
en forrae de degres; mais elles doivent gagnet
Teau insensiblement, de facon que Ton y des-
cende comme on descend du rivage h la raer.
II faut paver en pierres et revetird'un enduit le
sol du bassin dans tout son contour, jusqu'aux
deux tiers a peu pres de sa longueur et de sa lar
geur en tirant vers le centre , afin qu'il n"y puissc
pas croitre d"berbes , et que cette partie du sol
presente aux oiseaux, lorsqu'ils nageront, un
espace libre et bien uni : d'un autre c6te, lc
centre doit rester en terre-plein, pour qu"on
puisse y semer des feves d'Egypte et d^autre?
berbes qui viennent ordinaireraent dans l"eau,
et qui serviront a ombrager les retraites des oi-
seaux. II s"en trouve , a la verite, dans le nombre
qui se plaisent a se tenir sous de pctites forets de
tamaris, ou au milieu des plantations de joncs
d'eau; raais ce n'est pas un raotif suffisaut pour
que ces pelites forets oceupent tout !e bassin, et
le contour, au contraire, n'en doit point etre
couvert, ainsi que je Tai dit, afin que, lorsque
les oiseaux serontragaillardis par le beau temps,
ils puissent s'ebattre entre eux , en nageant rapi-
deraent, et sans rencontrer d'obstacle qui arrete
leur course. En effet , si d'un cote ils sont bien
aises de trouver des endroits oii ils puissent se
glisser, pour tendre des pieges aux betes aqua-
tiques qui s'y tiennent cacbees , ils seraient l'd-
cbes d'un autre c6te de ne point trouver d'espaces
qui ordeum maceratum inciibanlil)us apponant , nec pa-
liantur niatrices sicpius nidum reiinquere. Deinde pullis
exdusis primis quinque diebus polentam vel maceratum
lar, sicut pavonibus olijiciunt. Nonnulli etiam viride nas-
lurtium consectum minutatim cum aqua praebent, eaquc
eis est esca jucundissima. Mox ubi quatuor mensium facti
sunt, farturae maximus qiiisque deslinatur, quoniam
tenera oetas praecipue habetur ad hanc rem aptissima : et
est lacilis liaruui avium sagina : nam prKter polentam et
polliuem ter die niliil sane aliud daiji necesse est, dum-
modo large bibendi potestas fiat, nec vagandi facultas de-
tur ; sintque calido el tenebricoso loco : qua; res ad crean-
das adipes mulluniconferunt. Hoc modo duobus meusibus
pinguescunt etiam majores. ^Am tenerrima pullities sajpe
xitJiebus opima reddilur.
XV. Nessotropbii cura similis, sed major impensa esl.
Nam clausac pascuntur anates, queiquedulre, boscides ,
plialcrides, similesque volucres, qune stagna et paludes
I imantur. Locus planus eligitur, isque munitur siiblimiter
pidum quindecim niaceria : deinde clatris superpnsitis ,
\i]\ graiidi macula relibus contegitur, ne aut evolaudi sil
potestas domesticis avibus, aut aquilis vel accipitribus
involandi. Sed ea tota maceries opere lectorio levigalur
exlra inlraiiue, ne feles, aut viverra perrepat. Media
deiiide parte «essotropliii lacus deloditur in duos pedes
altitudinis, spatinmqiie longiludini dalur et latiludini
quantum loci conditio permitlit. Ora lacusnecorrumpan-
tur violenlia rcslagnantis unda;, quae semper iuniieie
deliet, opere Siguiiio cousterniintur, eaque non in giadiis
oportet erigi , sed paiilatim clivo subsidere , ul lamquam
e litoie descendatur in aquam. Solum autem slagni per
circnilum , quod sit instar modi totius duarum parlium,
lapidibus inculcalis [ac] tectorio municndum est, ne
posslt bcrbas evomere , prsebeatque nantibus aqua; puram
superficiem. Media rursus terrena pars esse debet, iil co-
locasiis conseralur, aliisqiie familiaiibus aquae viiidibus,
quaeinopacantavium receptacula. Sunt enim quibiiscordi
esl vel iii silvulis tainaricum , aut scirporum frutetis im-
morari. Kec ob haiic tamen causam lotus locus silvulis
occupetur, sed ut dixi, per circuitum vacet, ut sine 1m-
pediniento , cum apricilate diei gestiunt aves, naiidi velo-
citatc concerfent. Nain queinadinodum desideranl ess6
DE L'AGIUClILTU[lE, LIV. VFII.
vides , qu'ils puisscnt travevser en liberte. Les
bonls du bassin seront en outre tapisses dberbes
en dehors de tous eotes sur une largeurde vini;t
pieds, et rextremite de tout le terrain sera gar-
nie de lo^ettesd'un pied en carre, dans lesquei-
les les oiscau.x feront leurs nids , et qui seront
construites en pierre le iong des murailles , et rc-
\etues d"un enduit. Ces logettes seront separees
Tune de Tautre par des arbrisseaux de biiis ou
de myrte, qui lcs couvriront de leur ombrase
sans monter plus baut que les niurs. Ensuite on
creusera en terre un petit canal qui rc^nera tout
le long des logettes, et dans leqiiel on jettera
tous les jours la nourriture des oiseaux , alin
qu'elle soit entrainee par Teau qui y coulera,
parce que c"est la facon de nourrir ces sortes d'oi-
seaux. Parnii les productions que fournit la terre ,
ils aiment le plus le panis et le niillet, ainsi que
l'orge : on leur donneaussi du gland et du mare
de raisin , lorsqu'on est a portee de le faire. Quant
aux uourritures aquatiques, on leurdonnera,
si Ton est a portee d'en avoir, des ecrevisses,
des akcuhi' de ruisseaux, et toutes sortes d'au-
tres poissons de rivieres du nonibre de ceux qui
ne croissent pas beaucoup. Les temps de Tac-
couplement de ces oiseaux sont !es memes qiie
pour les autres oiseaux sauvages, c'est-a-dire ,
que e"est le niois de mars et lesuivant. II faut,
pendant ees deux niois, jeter de tous cotes daiis
leurs retraites des brins de pailleavec de petites
branehes d'arbres, alin qu'ils puissent les ra-
masser, pour les employer a la construction de
leurs nids. Mais la chose la plus importante a
faire , lorsque Ton veut former un endroit ou
Ton veut elever des eanards, c"est de raniasser
les oeufs dcs oiseaux que nous venons de nom-
mer dans les cnvirons des marais, lieux ou ils
pondenteommuniment, et de les donner acou-
ver a des poules de basse-eour, pareeque,des
quelespetitsen sonteclos sous despouleset qu'ils
ont ete eleves par elles, ils perdent leurcarac-
teresauvage, et ne manqnent point de multi-
plier quand on vient a les renlermer dans des
viviers ; au lieu que si on voulait renfermer, aus-
sit6tqu"on les aurait pris, des oiseaux habitue.s
a une vie libre, ils tarderaient a pondie dans la
captivite. Cest en avoir assez dit sur rentretien
des oiseaux qui nagent.
-\ VI. Mais en traitantdes animauxaqnatiqiies,
je suisarriveaparler des soinsque rondoit pren-
dre des poissons ; ainsi , quoique je regarde le
proiit qu"on en peut tirer comme tres-etranger
aux agriculteurs, ( que peut-on en effet imaginer
de plus oppose entre soi que la terre et Teau ? )
je ne negligerai pas d'eu parler, parce que nos
aneetres ont celebre ce gout particulier, jusqirau
point de renfermer des poissons de mer dans
de Teau douee, et de prendre, pour nourrir des
niulets et des ehiens de mer, les memes soiiis (jue
Ton prend aujourd"hui pour nourrir des murenes
et des loups marins. En effet, cesanciens deseen-
dants de Romuius et de ^uma, tout rusliques
qu'ils etaieut, avaient fort a coeur de se procurer.
dans la vie qu'ils menaient a leurs metairies ,
unesorte d'abondance en tout genre, seniblalde
acelle quiregneparmi ceu\ qui viventa la ville.
Aussi ne se eontentaient-ils pas de peupler de
poissous les viviers qu"ils avaient construits a cct
effet, mais ils portaient la prevoyance jusqu'u
remplir les lacs formes par la nature meme de se-
mences de poissons demerqu'ils yjelaient. Cest
ainsi que le lac Velinus et le Sabatinus, aiissi
bien que le Volsinensis et le Cimiuius, sont par\ e-
nus ii nous donner en abondance non-seulemeiit
fiui) inepant, et iilii (Irlitesrmitibus lluviaticis aninialibus
insiiiicntur; ita orfeii(lunlui-,sin()nsunl libeia spatia, qiia
perniecnt. Kxtia lacuin deindepcr vicenos undiqne peiles
gramine ripae vesliantur : siiitque post hunc agri modum
circa maccriani lapide fabrieala ct expolita tecloriis pedalia
in (|uadialuin cubilia, (|uibus innidiliccnt aves : eaque
conteuanlur intersitis bu\cisaiit invrteis fruliribiis, qui
non exiTdaiit altiliiilinem parielum. Statim deinde perpe-
tuiis canaliculus Iiiinii dcprcssiis constriiatiir, pcr qucm
quolidle niisti cuin aijiia cilii dcnii raiit ■. sic cuim iiabiilalur
id geniis avium. Gralissiiiia cst CMa tcncslris lcf;iiiniiiis
paiiicum ctnillinm, iicinuii ct iirilriiin : .scd iibi copia est,
otiain glans ac vinacca pncbentur. .^qiiatilis autcin cibi .si
sitlacultas, datur caminarns, et rivalis alccnla, vcl si
qua siiiit incrcmenti parvl Uuvioriiin aninialia. Tempora
coiicul)itiis cadera qiiio ca^teicie silvestrcs alitcs observant
Mai tii , seqiientisque meiisis : per quos festnca; surciili-
que in aviariis pa.ssiin spargendi sunt, nt colligcie possiiil
aves, qiiibus nidos construant. Sed antiipiissimum est,
cimi quis ncssotiophion cnuslituere volct, iit priedictaium
aviiini circa paliidcs, in (|iiibiis plcrnmqiic fictant, ova
colli^at , ct < iiliorlaliluis gallinis subjiciat. .Sic cnini excliisi
cducatique pulli deponunt iiigenia sihcslria, claiisiiiue
vivariis liauddHbitanterprogenerant. NanKsi niinlo captas
aves , quce consuevere libero victu , custodia; Iradcre
velis, parcre cunctantnr in servitule. Sed de lutela nan-
tiiim volucnim satis dictum esl.
X\'l. Verum op[iorlune, dum mcminimus aqualilium
animalium , ad ciiram pervfinimus pisciimi, quorum icdi-
tiim quainvis alicuissimum agriciiltoribus pntiMii (quid
cniin lam coiitraiiiim cst, quam tcncniiin lluido?), tanicii
non omittam : nam et Iiariim stiidia rcriim majores noslri
celebravcrunt, adeo quidem , ut ctiain dulcibus aquis ma-
riiios claiideicnt pisccs , atque cadciii ciira niugilem sca-
riimque niitrircnt , qiia nunc miincna et lupus cducautnr.
Magni enim a-slimabat velns illa Romiili et iNHina,> rustica
progcnies , si urban.Te Tita; comparetur villatica , niilla
parte copiarum delici. Qnamobrcm non solum pisciuas,
qiias ipsi construxerant, frequentabant; sed ctiain quos
reriim natnra lacus fccerat, convectis marinis scminibus
rcplebanl. Inde Velinns , indc diaui Sabatinus, itcm Vol-
1 siniensis, et Ciminius luposaiiialasquc procreavermil, ac
: si qua sunt alia pi.sciiim gcncia diilcis undre lolerantia.
i Mox islani curam scqiicns iclas abolcvit, cl lii.ililirc Ki-
COLUMELLE.
des loups marins et des auratm, mais eneore de.
toutes les aiitres especes de poissons qui oiU pu
s'habituer a Teau douce. Par la suite, ies siecles
posterieurs ont abandonne ces soins, et la nia-
gnificence des gens opulents a commence a ren-
fermer la mer et Neptune Ini-meme; cet usage
subsistait deja du teraps de nos predecesseurs;
et le propos de Marcius Phiiippus, tout spiritue
quMI est, denote cependant un raffinement de luxe
pousse a Texces. Cet homme mangeant un jour
a la tablede rhotequi le logeai t a Cassino , et ayant
goute d'un loup marin peche dans un fleuve voisin
qu'on lui avait servi, le cracha , et joignit a
cette action iraperlinente ce propos : .Te veux
mourir, si je ii'a; as cru d"abordque c'ctait un
poisson. Ce serment contribua douc a rendre la
gourmandisede bien des gens encoreplus raffmee
qu'elle ne l'avait encore ete, et apprit aux palais
les pluseonnaisseurs et les plusdelicats a dedai-
gner les loups pris dans les rivieres, pour ue
vouloir que ceux qui auraient ete fatigues en re-
montant le courant du Tibre. Aussi Terentius
Varron assiire-t-il qu'il ii'y avait pas dans son
siecle un seul fanfaron , ni un seul rhinthon, qui
iie crut qu"autant valait avoir un vivier peuple
de grenouilies, comme d'en avoir un peuple de
ces sortes de poissons. Et cependant , daus le
temps meme auquel Varronfait remonter cetrait
deluxe, on vantait beaucoup l'austeritedeCaton,
quoique celui-ci eiU vendu lui-merae, en saqua-
lite de tuteur de Lucullus, les vivieis de son
pupille, pour la sorarae enorme de quatre millions
de sesterlH. Les delices de la cuisine etaient deja
fort goutees a cette epoque , puisqu'on faisait des
viviers quicommuniquaient avec la mer, et que
Sergius Orata et Licinius Mura;na ne se plai-
saient pas moins a porter le surnom des poissons
qu'ils avaient pris, que leNumantin et l'lsaurien
s'etaient plu, avant eux, a porter celui des na-
tions qu'ils avaient conquises. Mais corame les
moeurs ont aujourd'hui pris leur pli, de faeon
que ces usagessont non-seulemeut tres-comrauns,
mais qu'ils passent raeme, au jugement de tout le
raoude pour tres-louables et treshonnetes , j'en-
seignerai aussi moi-menie la maniere dont un chef
de faraille doit s'y preudre pour tirer du profit de
sa metairie dans ce genre, afin d'eviter de me
donner, raird'etre le eenseur trop tnrdifde tant
de siecles qui ont precede celui-ei.Quiconque aura
donc achete ou des iles ou des possessions voisines
de la mer, dans lesquelles il ne pourrait retirer
aueun fruit de laterre, vu la raaigreur du sol, qui
sefaitcommuuementremarquersur le bord de la
mer, travaillera a s'etablir un fonds de revenu sur
lamerelle-merae.Maisilfaut communenient cora-
mencer par examiner a cet effet la nature du ter-
rain dans lequel on se sera determine a faire des
viviers , parce que tous les rivages ne peuvent
pas se faire a toutes sortes de poissons. On peut
elever dans les contrees limoneuses des poissons
plats, tels que la sole, le turbot, le pasaer : cl-
les sont encore tres-convenables pour les con-
chtjUa, les murex , les oslrea; et les purpurw,
ainsi que pour les coquillages des pectunculi ,
pour les balani et pour les sphondijli. Quant aux
bassins areneux, on peut ties-bien , a la verite,
y nourrir des poissons plats ; mais on y nourrira
encore mieux les poissons de haute mer, tels que
les aiiratw , les deiitices et les umbra' , tant cel-
les de Carthage que celles de notre pays ; au lieu
que ces bassins sont moins propres aux conchijlia.
D'un autrecote, une raer pleine de roehers nour-
rira tres-bien les poissons qui tirent leur nom de
sa nature, c'est-a-dire , ceux que fon appelle
saxalilcs, parce qu'ils se tiennent dans les
rochers, tels que ies merulce (les merles) les
turdi et les viclanuri. Ds meme qu'il faut con-
naitre les diffv-rences qui sont entre les riva-
cuplelimi mariaipsaNeptiinumqueclaiisernnt, uljam limi
avorum niemoria circumferretur Jlarcii Pliilippi veliit ur-
banissimum, quod erat luxurioslssimi factum atqiie dic-
tum. Nam is foi te Caslni cum apud liospltem coRnaiet ,
apposltumque e viciiio llumlne lupiim degustasset atquc
expui.sset, iinpiolium factum dicto piosecutus : Peream,
Inqnlt , nisi plscein piitavi. Hoc igltur peijurliim mullorum
suLilillorem feclt gulam, doclaque et erudlta palata fasti-
dlre docuit fluvialem lupum, nisi quem Tibeils adverso
torrente defatlgasset. Ilaque Terentlus Varro : Nullus est,
inquit, hoc seciilo nebulo, ac ililntlion, qui nonjam di-
cat, nilill sua inteiesse, utrum ejusmodi piscibus, an
raiils freqiieiis liabeat vivarlum. Ac lamen iisdem tempo-
libus, qulbus lianc memorabat Vario Uixurlem, niaxlme
laudabatur severitasCatonis, qiii nibllo miniis et ipse tu-
tor Luculll grandi a;ie sestertium milllum quadringento.
lum plsclnas pupilli sni veiidllabat. Jam enira celebres
eraiit dellciae poplnales, cum ad mare deferrenlur viva-
lia , qiiorum sludiosissiuii , velutanfe devictariim gentium
Nuniaiitlniis cl Isauricus, ita Seigius Orata, el Llclnius
Mura>na captoruni plsclum laetabantur vocabulis. Sed quo-
niam sic mores obealluere, non ut lijcc ii.sllata, verum
utmaxime laudahillaet lionesta judicarentur : nos qiioque
ne vldeamur tot (jam ) seculorum seri castlgalores, liiinn
etlam qua>stum vlllallcum patiisfamlllas ilemonstrablmus.
Qiil slve Insnlas, sive maiitlinos agros mercatus, propter
exililalem soli, qiia; pleiunique lltori vlcina est, tructus
teriie percipere noo polerit, ex mari reditiim conslituat.
Hujus aiitem icl qiiasi primordium est, naturam loci coii-
templarl, quo piscinas facere constitueris. Nou enim om-
nibus litoribiis omne genus piscium liaberi potest. Limosa
regloplanumeducat piscem, velutsoleam,iliombiim, pas-
sereiii. Eadem qiioqiie maxlme idonea est concliyliis , niu-
riclbus, et ostrels, purpurarumqiie, tuni coiicliarum pec-
tunculis , babnls, vel spbondylis. At arenosi gurgites pla-
nos quidem non pessiine, sed pelagios riielius pascuiit , ut
auratas, ac deiitlces, Punicasque et indigenas, umbras :
verum concliylils minus apti. Rursiis optime saxosum mare
nominis sul plsces nutrit , qiii scilicet , quod in petris sla.
bulentur, saxatiles dicti sunt , ut meiulae lurdlqiie , nec ml-
DE LAGRICIILTURE, LTV. VIIL
pes, il fnut niissi connaStre cclles qui sont entre
ks bras de nier, pour ne pas se laisser trorapcr
pnr des poissons ctrangers. En elYet, tous lcs
poissons ne s'accommodent pas de toutcs sortes
de mer : Vhelops , par exemple, ne vit point
dans d'autres mers que la mcr de Pamphylie ;
et le fuher, ce poisson quc les hnbitants de
Gades, raon pays natal, mettent au nombre
des meillcurs poissons , et que nous appelons ,
conforraement a rnncien usage, Zeus , ne vit
que dans la mer Atlantique; enfin le scarus ,
que ies c6tes de TAsie el de la Grece donnent
partout en abondnnce jusqu'a la Sicile, n'a ja-
mais passe dans la mer de I^igurie ni dans celle
d'Iberie par lesGaules. Ainsi quand on pieiidrait
quel(|ucs-uns de ces poissons pour jcsjeter dans
ses viviers,on ne pourrait jamais lesy conserver
longtcraps. Entre tous ies poissons de prix de
notre pnys,on ne compte que la raurene, qui,
quoique originaire de la mer de Tarse et de la
nier Carpathicnne, qui est a rextremite de celle-
ci, puisse soutenir quelques niers ctrangcres que
ce soit, dans lesquelles elle se trouve transportce.
lUais il est temps de parler de la position des vi-
viers.
XVII. Nous pensons qu'un etang est pnrfnit ,
lorsqu'ilestdisposcde facon que leflotde la mcr,
en y entrnnt, repousse celui, qui y etait entre
avant lui , et rerapcche d'y scjourncr lungtemps.
Cest en elTet Pctat qui resscrablc le plus a celui
de la mer merae, qui, perpetuelleraent agitee
pnr les vents , se renouvelle sans cesse , et ne peut
jamais s'ecliaufl'cr, par la raison que ses eaux in-
lcrieurcs , qui sont toujours lcs plus frniches, le-
niontent a sa partie superieure. Au surplus , ou
ou tnille cet etang eu plein roc , ce qu'on est trcs-
rarcraentdans la possibilite de faire, ou on le
constroit sur le rivai,'e en ouvrage de Signia.
N'importe de quelquc fncon il soit forme, pourvu
qu'ilsoit dnns le cas d'ctre continuellement ra-
fraichi par des eaux nouvelles : mais , quel qu'il
soit,il y faudra pratiqueraupresde la terre fcrme
des cavernes, dont lcs unes seront simplcs et
droites, pour servir de retraites aux poissonseou-
vcrts d"ecailles, et les autres, sansetre trop spa-
cieuses, presenteront divers contours dans les-
quels les murenes pourront se cacher, quoique
quelques personnes cvitent de melerces derniers
poissons avec d'autres, parce que s'ils viennent
a etre attaques de la rage , a laquelle ils sont
communement sujetscomme les chiens, il arrive
tres-souvent qu'ils poursuivent les poissons cou-
vcrts d'ecailles, elqu'ils les exterminent, en les
mangennt en grande partie. Si la nature du lieu
le comporte, il faut que rcnu trouve des passa-
ges qui lui soient ouverls sur tous Ics cotes du
vivier, parce ([u'ellesera plusaisi'ment repoussee
de retang oii elleaura sejourne longtemps, quand
elle trouvera une issue du c6t(; oppos(! a cclui
par lequel leflot y sera entre. Nous estimons qu'il
faut, si la situation du lieu le perraet, prati^picr
cespassages sur la partie iufijricure de la digue
qui retient la mer, de facon qu'a l'aide d'un ni-
veau plac(i sur le sol de laterrc, on soit assnrt^
que Teau de la nier est a sept pieds d'elevation
au-dessus dece sol. En effet, il suffiraaux pois-
sons qui seront dans Ttitang d'y trouver de Teau
a cette hauteur, et, d'un autre c6t(j, 11 n'y a
point de doute que plus reau viendra du fond
de la mer, plus elle scra fraichc, et par consequent
convenable aux poissons qui nageront dedans.
Mais si rendroit ou nous aurons juge a propos
de placer notre vivier est de niveau avee Teau
de la mer, il faudra creusernn bassin a la pro-
fondeur de neuf pieds, et perccr le canal, qui
servira de passage au Uot, a deux pieds au-des-
iius inelaniiii. Atque iit lilorum sic el frctoium diHeientius
nosse oporlet, ne nos alieulgence pisces decipiaut. Non enini
oumimarl |ioleslomnisesse, utlielops,qul Paniplulio pro-
lundfl nec alio pascilur : ut Atlantlco faber, qui et io nos-
lio Gadliiin miiiiicipio generosissimis piscibus adnumeia-
lur, eiimqiie prisca cousuetudine Zeum appellamus : ut
scariis, qul lolius .■Vsiae Graeciaique liloribus Sicilia leniis
fiequentissimus e\it, uunquam in Lisuslicum, nec per
Galllas enavlt ad Hibericuiii mare. ltai|ue ue si capli qui-
dem perrcrautur in noslra vivaiia, diiituini queant possi-
deri. Sola e\ pietiosis piscibus miuuMia, quamvis Tarte-
sii , Carpalliiii|iie pelagi, quod est ulliinum, vernaciila,
qnovls liospes Ireto percgriniim iiiare sustlnel. Sed jain
de sUii piscinaruin dicenduiu esl.
XVII. Slagnum censenius eximie optlmum, quod sic
posllumest, ut iusequens maiisunda priorein subrau-
veat , nec inlra conse|ituni slnat renianeie veteicm. Nam.
quc id similliiniim esl pelago, quod agilalnm veiilis assi-
due renovaliir, iiec concalescerc potest : qiioniani gelidum
ab imo fluctiim revolvlt In partem superlorem. Id aiilem
stagnum vel exciditur in pclra, ciijus rarissima cst occa-
sio, vel in litore coustruilur opere Siguino. Sed ulcunque
labricatum est, si semper inlliieute giirgite riget, babere
debet specus juxla soliim, eorumque alios simplices , et
rectos, quo secedant sqiiamo.ii greges, alios in cocbleam
retorlos, iiec iiimis spaliosos, liiqulbns muraenae delites-
canl ; quaniquam nonnullis cuinmiscerl eas cum alleiius
noloe piscibus uon placet : quia si rabie vexanlur, quod
liuic generi velut canino solet accideie , siKVissime perse-
qiiiintiir squaniflsos , plurimosque inandendu consumunt;
ilineraipie, si loci nalura permitlit, onini lateri pisciniB
darl convenit. Facilliis enlni veliis submovelur unda,
ciiui quacunque parte lluclus urget, per adversam palet
exlliis. Ilfls auteiii inealiis rieri censemus per imain con-
sepll partem, si loii siliis iia competit, ut in solo pisciuae
poslla libella sepleni pedibus siibllmius esse maris requor
ostendal : nam plscibiis stagni lii»' in alliludlnein gurgltLs
niensura abunde esl. .Xec dubliini , quiii qiianlo magls
imo luaii venit unda, tanto sil frigidiflr, qiiod esl aptis-
siuiuin naiitlbiis. Slu aiitein locus, iibi vivarlum consti-
tucre censeniHS, pari libra ciiiii aequorc maris est, in pc-
dcs novem delodiatur pisriua, cl infia duos a .summa
384
COLUMELLE.
sous de la partie siiperienre de ce bassin. H fnu-
dra aussi avoir soin que la bouehe de ce canai
soit tres-iarge , parce qu"il n'est pas possibie que
l'eau qui serastagnantedansle bassinau-dcssous
du niveau de ia mer soit assezrefouleepourmon-
ter pius haut, sans que la nouvelle eau qui s'y
rendradela mery viennea grandsflots. Bien des
gens pensent qu'il faut pratiquer sur les cotes de
ces sortes d'etangs de longues retraites pour les
poissons, ainsi que des cavernes qui ailleut en
serpentant, etdans Ipsquelles ils puissent se met-
tre a couvert lorsqu'ils auront trop chaud. Mais
a nioins queces etangs ne soient dans le eas d'etre
traverses en tout teraps par une eau nouvelle ,
qui vienne continuellement de la mer, cette me-
thode ne peut qu'etre contraire aux poissons,
parce que la nouvelle eau ne penetrant pas faci-
lementdansces sortes deretrnites , etrancienne
n'en sortant qu'avec peine , elle est plus nuisible
aux poissonsen croupissant, que l'abri ne leur est
avantageux. 11 faut cependant creuser sur les di-
gues desespcces de cases, oii les poissonspuissent
se mettre a Tabri lorsqu'ils voudront eviter Tar-
dcurdu soleil, et d'ou l'eau puisse neanmoins s'e-
couler facilement, lorsqu'elle y sera enlrce. Au
surplus , on aura rattention de mettre au-devant
descanaux par lescjuels le reservoir se dcgorgera ,
des barreauxde cuivre dont les ouvertures soient
assezpetites pourcmpecher les poissonsde passer
a travers. Et si la largeur de Tetang le permet , il
sera a propos qu'il s'y trouve renfermes par-ci
par-la des rochers du rivage, et surtoutde ceux
qui seront eouverts d'algue, afin que cet etang
represente, autant que le genie humain peut
y arriver, rimage d'uue mer veritable, et que
les poissons qui seront renfermes s'apercoi-
vent le raoins((ue faire se pourra de leur prison.
Lorsque ces etangs seront ainsi disposcs , on y
mettra le troiipeau aqnatique; et de mi^me que
pour les productions de la terre il faut egalement,
pourtoutee qui vit dans Teau , aviiir constam-
ment devant les yeux le preceptc qui ordonne
d'observer ce que comporte chaque contree. En
effet , on ne pourrait pas , quand on le voudrait,
nourrir dansun vivierune aussi grande quantite
<le surmulets qu'on en voit quelquefois dans la
mer, parce que ce poisson est tres-delicat, et que
la captivite lui est insupportable : aussi est-il
rare d'en trouver un ou deux sur plusieurs mil-
liers qui s'habituent a lenr prison ; au lieu que
nous avons souvent vu des troupeaux marins de
laches muf/ilcset de loups voraces vivre dansdes
viviers. Par la meme raison nous ferons atteu-
tion a la nature de notre rivage, et nous n'y eta-
blirons des etangs que lorsqu'il est seme de ro-
chers. INous jetterons donc dans cps etangs des
turclide touteespece, des jnerulceet des nius-
teke avides, ainsi que des loups sans tache (car
il y en a aussi de bigarrcs). Nous y joindrons des
murenes flottantes, que l'on compte entre lespois-
sons les plus recherches, et d'autres poissons de
prix choisis dans respece des saxaliles : car il
n'y a aucun profit, je ne dis pas a nourrir, mais
meme a prendre dcs poissons communs. Les es-
peces de poissons que nous venons de detailler
peuvent cgalementetrc renfermes dansdes etangs
formes sur un rivage sablonneux, eomme dans
des etangs pleinsde vase et de limon ; mais ceux-
ci sont plus eonvenables, ainsi que je Tai dit
prccedemment, aux conchylia, et anx poissons
qui se tiennent toujonrs au fond de l'eau. ]\on-
seulement remplacement d'un ctang destine a
contenir dcs poissons couches a plat doit etre
d ifferent dc celui qui cn contiendra de ceux qui
se tiennent debout, mais on ne doune pas non
plus la meme nourriture au\ uns ct aux autres.
parte cunirulis rivi ppriliicanlur; ciiraudumqnc est, ut
quam largissime veniant , quoniam modiis ille aqn.ie ja-
cenlis infra librain maris non aliter cxprimitur, (piam si
major recenlls freti vis incesseril. Mulli pulant iii cjus-
niodi stagnis lungos piscii)us rccessus , et nexiiosos in latc-
ribus specus esse fabricandos, qiio sint opacioresaesluan-
libus latebrae. Sed si recens mare iion seniper stagnum
permcat , id (acere contrariiim est. Nain ejiismodi recep-
tacula nec facile novas adniittunt aquas , et difliculter ve-
teres eniittunt : piusqiic nocet putiis unda , quam pro-
dest opacitas. Debeut lameu similes velut cella; paiietibus
excavari, ut sint, qiian piotegant refugienles ardorcm so-
lis.et nihilominus facile, quam conceperint aquam , re-
mittant. Verum meminisse oportebit, ut rivis, per quos
exundat piscina, praifigantur a;nei foraminibus exigiiis
cancelii, quibus impedialur fuga pisciiini. Si vero laxitas
permitlit, e litore scopulos, qui pra'cipue lierbis alga;
vestiuntur, non erit alicnum per stagni spalia disponere ,
ct quaiitum comminisci valet bominis ingenium , repia:-
spntare faciem [veri ] niaris , ul clausi quam minime cus-
lodiam senliant. Hac ratione stabulis ordinatis aquatile
pecus inducemus ; silqiie uobis antiquissimum meminisse
oliam in fluviatili negotio, quod in terreno pra;cipitur : Et
i/tdd quccquc /erat regio. Seque enim si velimus , ut in
niaii non uunquamconspeximus, in vivario multitudinem
iniillorum pascere queamus , cum sit mollissimiim ge-
niis, et servitutis indignantissimum. Raro itaque unus
aut alter de multis millibus claiistra patitur : at contra
irc(|iienter animadvcrtimus intra septa pelagios greges
iuerlis mugilis et rapacis lupi. Quare, ut proposueram,
qualilatem litoris nostri contemplemur; et si videmus sco-
piilosiim , probemus. Turdi complura genera, merulasque
et avidas mustelas, tuni eliam slne macula (nam siint et
varii) lupos includemus. Itcm flulas, qua; maxime pro-
bautur, mura^nas, et si qure sunt alia saxatilis nuta;,
quonim pretia vigent. Nam vile ne captarc quidem , nedum
alere couducit. Possiint isla eadeni geneia etiani litoris
aieiiosi stagnis conlineri. Nam qu<c limo coenoqiie lulos-
ciint , ut anlejam dixi,concIiyliis magiset jacentibus apta
suul animalibus. Neque est eadem lacus positio, qiia; re-
cipit cubantes : iieque eadem pivTbentur cibaria prostratis
piscibiis , qii.v crectis. Nainque soleis ac rliombis et siini-
DE L-AGRICULTURE, LIV. VIIL
En effet, on a soin de creuser un bassin a deux
picds sous terre pour les soles, les turbots
et les poissons semblables, dans une partie du
rivage qui ne manque jamais d'eau , meme pen-
dant le retlux de la nier. Ensuite on enfonce
sur les bords de ce bassin des barreaux serres les
uns aupres des autres, et qui soient toujours plus
eleves que Tcau , dans letempsmemeque le llux
de la mer se fait sentir. Apres quoi on lentoure
de digues jetees en avant, qui en referment
toute Tetendue dans leur sein , et qui sont cons-
truites dc facon qu'elles soient plus elevees que
le bassiu meme. Moyennant cela rimpetuosite
des vagues de la mer se trouve brisee par la re-
sistance du raole qui leur est oppose, et les pois-
sons qui se trouveut dans une eau caime ii'y sont
point exposes a etre chasses de la place quils
occupent; outre que le vivier lui-meme ne se
charge point de cet amas d'algue que la fureur
de la mer vomil dans lcs tempsorageux. II fau-
dra que ces moles soient eoupes par-ci par-la
par de petits passagcs tres-etroits et semblables
aux detours du Mcandre, qui puissent iaisser en-
trer dnns le bassiu les eaux de la mer pendant la
plus violente terapete , sans que ragitatioii du
llot s'y fasse sentir. La nourriture des poissons
qui sont couches a plat doit etre plus tendre que
celle des saxatiles, parce que , n'ayant point de
dents, ils la leehent ou Tavalent entiere, sans
pouvoir la maeher. Cest pourquoi , il faut leur
donner des haleculw seches , des chalcides sa-
lees et des sarHncv. pourries, ainsi que des
ouies de scarus et dcs intestins de pclamis ou
de lacertus, ou des entrailles de maquercau , de
charcharus et d'e/acala; en un mot, de toutes
les immondices dcs poissons sales que ron jette
hors des boutiques des vendeurs de maree. Si
nous avons detaille toutes ces especes de nourri-
tures , ce n'est pas qu'on les trouve sur toutes
les cotes, mais c'cst afin qu'on donne a cespois-
sonseelles d'entreeiles qu'on aura soussamain.
Dans le nombre des fruits verts, on peut leur
donner des flgues vertes et ouvertes en deux ,
ainsi que le fruit raiir de rarboisier qu'on aura
broyeentre lesdoigts, descormes molles et con-
cassees, ct toutes les autres espeees de nourritu-
res approchantes decellesque rouavale, comme
du fromage fait depuis peu de temps avec du
lait noiivellement tire, si la sitiiation du lieu ou
le bon march6 du lait le permettent. II n'y a ce-
peudant pns de pature qui leur soit plus conve-
nable que les salaisons donl nous venous de par-
ler, parce qu'elles ont de Todeur, et que tous les
poissons qui sout couches ci plat cherchent plutiit
leur nouniture avec les narines qu"avec ies yeux.
En effet, comme ils sont toujours eouches sur le
veutre, ils voieut plutot en Tair quils ne distin-
guent ce qui peut (5tre a terre de droite ou de gau-
che. Aussi lorsqu'on leur jette des salaisons, en
suivent-ils Todeur a la piste, jusqu'a ce qu'ils
soient arrives a rendroit ou est cette nourriture.
Ces salaisons suffisent aussi pour nourrir les au-
tres poissons saxaliles ou de pleine mer, quoi-
qu'on lesnourrisseencore mieux avee les memes
poissons quand ils sont frais. CarVhalecula nou-
vellement pechee, \ecammarus, le petit »700/0 ,
et en un mottous les poissons qui ne grossissent
point, servent de nourriture aux plus gros. S'il
arrive cependant que la violence des orages ne
permette point de leur donner ce genrede nour-
riture, on leurdonnera des boulettes de pain bis,
ou des fruits de la saison coupes par morceaux.
On leur jettera tous les jours des figuesseehes,
au cas qu'elles soient tres-abondantes ( coinme
dansles coutrces de la Betique etde la Numidie ).
Au reste, il ne faut pas se hasarder, comme font
libiis animaliliiis liimiills in duos pedes |iiscina deprimitnr
in ea partft liloiis, quae profluo recessu nunquam destitui-
tur. Spissi rfeinde clatii maiginibus infiguntur, qui super
aquam seniper emlneant, eliam cum maiis aestus intu-
muerit. Mox praejaciuntur in gyruni mnjes, ila ut com-
plectantur sinu siio, et tamen excedant stagni inodiim.
Slc enim et maris atrocllas objectu crepidlnis riauglliir, et
in tianquillo consistens piscis sedibus suis non exturba-
tur, neqiie Ipsiim vivarlum repletiir algarum congerie,
qiiam tcmpcstatlbus cruclat pelagi violentla. Oportebit
auteiii nonnullis locis moles iiilercidi more .Vlasandrl , pai-
vis sed anguslis itineribus , quiE quantallbet hiemls sa;-
vitla mare slne fluctu transmlttant. Esca jacentium mol-
llor esse debet , quani saxatllium. Nam qiiia denllbiis ca-
rent , aut lanibunt clbos , aut integros liaiiriiint , inanilei e
quidem non possunt. Itaquc pra^beri convenit tabentels
haleculas, et sallbus cxesam clialcidem, putremque sar-
dlnam , nec mlnus scaroruni brancliias , vel qulcquld In-
testlni pelamisaiit lacertusgerit : tiim scombrl, caicliari-
qiie et elacatae ventriculos , et ne per singiila enumci eiii ,
salsamenlornm omniuin purgamcnla, qua; cetanoruiii
coi.r-.iicii.i.: .
officinis everruntur. Nos autem plura nominavlmus ge
nera, non qula cimcta cunctls litorlbus exeunt, sed
ut ex liis allqua, quorum eiif facultas, pra;beamus.
i'"acit etlam ex pomls vliidis adaperta ficus; et mitis dlgiUs
Infiacta iinedo; nec mlnis elisum molle soibum, qiiique
sunt clbi .sorbililiiis proximl, ut e nuilctra rereiis caseus,
si loci cdiKlilio vel lacUs annona permltllt. Niilla tamen
a'ipie, ijuani piaHlicliE salsunie pabula commode dantur,
qiionlam odorala siint. Oniiiis eiiim jacens piscis niagis
naiibiis escaiii, quam oculis vesllgal. ^ani ilum siipliius
semper cubat, subllmius aspectat, et ea qux in plano
sunt dextra liEvaque non facile pervidet. Itaque cum
salsanienta objecta sunt, eorum .sequens odoiein, perve-
nit ad cilios. Cxtcri autein saxatllcs aut pelagici satis e.x
liis, seil recentibus meliiis pascuntur. Nam et balecula
inodo capta, ct canlarus exlguusquc gobio, quisquls dc-
iiiqiie est increracnti miniiti piscls , majorem allt Siqiiando
lamen blemis .saevitia non patitur ejus generis escani dari ,
vel sordidl panls offae, vel slqua sunt temporis poma con-
cisa pra'benliir. Fi<-iis quidem arida semper objicitur, exi-
micsi sit, nt Ba;Uca! Niimidiaeqiie rc^ionibus, larga. C8P«
COLUMELLE.
bien des gens, a neleur rien donuer, sous le pre-
texte qu'ils peuvent se soutenir pendant un cer-
lain tenips , loi-squ'ils sout reufennes. Car, pour
peu que le poisson n'ait pas ete engraisse par les
nourritures que lui aura donnees sou maitre, sa
niaigreur anuoncera, lorsqu"on viendra a le por-
tcr au marche, qu'il n'a pas ele pris en plciiie
mer, mais qu'il a ete tire d"un ctang oii on le gar-
dait, ec qui dirainuera beaucoup de son prix.
.Te finiini ce traite-cipar ce genre denourriture
dcpendante des mefairies, afiu que le lecteur ne
soit poiut fatigue par la longueur d'un voluine
trop considerable; et je reviendrai dans le livre
sui vant aux soins que demandent les betes fau ves,
et a rentretien des abeilles.
LIVRE IX.
PKEFACE.
Je passc a rentretien des betes fauves et ix Ve-
ducation des abeilles, que je pourrais aussi , P.
Silvinus , appeler avec raison des nourritures de
metairies, puisque c'etait ancienneinent Tusage
d"a\ oir aupies des metairies , et coramuncment
sous Ihabitation du proprietaire , des parcs reni-
plis de levrauts, de chevreuils ct de sangliers,
afin que la vue d'une chasse circonscrite dans un
enclos piit ilatter roeil du proprietaire, et qu"il
fiU 4 portee de tirer des betes de ces parcs,
comme d'un garde-manger, dans le cas oii il en
avait bcsoin pour sa table. On logeait aussi, de
notre temps meme, des abeillesdans les masures
de la metairie , ou sous desgaleries couverteset
dans des vergers. Ainsi puisque nous avons rendu
raison du titre que nous assignons a cetraite-ci,
suivons a prcseut par detail chacun des objets
que nous venons d'anuoncer.
L Lesbetesfauves, tellesque les chevreuilset ■
les dairas , ainsi que toutes les especes d'oryx , de
cerfs et de sangliers , sont tantot un objet de ma-
gnificence et de plaisir pour un proprietaire,
tantot un objet de profit et de revenu. Mais eeux
qui ne font clore un terrain que dans la vue d'y
jouir du plaisir de la chasse , sc contentent d'iii-
vestir en forme de parc le lieu le plus voisin de
leurs bdtiments qui est susceptible de eette dis-
position , et de donner continuellement a la main
de la nourriture et de feau aux betes qu'ils y
renferinent; au lieu que ceux qui tendent au
profit et au revenu ne balancent point a destiner
aux animaux que nous venons de uommer, les
forets qu'ils peuvent avoir dans le voisinage de
leur raetairie (car ii est important qu'elles ne
soient point eloignees de foeil du maitre) ; et si la
nature leur refuse de feau , ils y font venir par
le secours de fart de Peau courante , ou creusent
des mares qu'ils pavent en ouvrage de Signia,
pour contenir feau de pluie a mesure qu'elle
torabera du ciel. Chacun reserve a cette destina-
tion une etendue de forets proportionnee a ses fa-
cultes, et 1'ou cemanquepasde renvironnerd'un
mur construit en pierre, a chaux et a ciment,
pour peu que le bon marche tant de la picrre
que des journees desouvriers engage a le cons-
truire ainsi ; sinon on se coutente d'un mur de
briquecrue, et de mortier de terre. Mnis quand
le chef de famille ne trouve son compteni a !'une
ni a Tautre de ces bdtisses, laraison veut qu'il
ne fcrmc cet euclos que de vacerm : c'est le nom
que Ton donne a une espece de treillis forine de
bois de robre, de chene ou de licge; caron est
rarement daus le cas d'y employer le bois d'oli-
vier. Eu un mot, on ehoisit pour faire cettecl6-
tiire tout ce qui resiste le plus longtemps aux
Ifium illud commitli non debet, quod multi faciunt, ut
iiihil pra-l)eant, quia seinetipsos etiam clausi diu toleiare
liossiut. Naiii nisi piscis domini cibariis saginatur, cuin
ad piscatoiiuin foruin perlatus est, niacies indical enm
iion esse libero maii captum , sed de cuslodia elatnni,
piopter quod pluiimum prelio delrahitur. Alqiie hxc
villatica pastio riiiem priiesenti dispulalioui faciat, ne iin-
modico voliimine lector fatigetur. Redibimiis autem se-
quenliexordio ad curam silvestrium pecoruni, cultiimque
apuni.
LIBEU I.\.
Venio nunc ad lutelam peciulum silvestrium et apiuui
educalior.em : quas et ipsas, Publi Silvine, villaticas pas-
tiones jure dixerim ; siiiuidem mos antiquus lepusculis ca-
preisque , ac subus feris juxta villain plerumque subjecta
doniinicis habitatiouibus ponebat vivaria , ul ct conspcctu
suo clausa venatio possidentis obleclaret oculos, et ciim
excgissel usus epiilaruin , velutecella promeretur. Api-
biis quoque dabatiir sedes adhuc nostra ineinoria vel in
ipsis vijla» parieiibusexcisiSj^el inprolcclis |iorticibiis ac
pomaiiis. Quare quoniam tituli , queni pra,>sc.ii|isimus liuic
(lisputalioni , ralio reddila est, ea nunc qua; proposuimus
siiiKula persequaraur.
I. l"eia; pecudes, ulcapieoli, damfcque, nec minus
oiygum cervorHinquc genera et aproruni, modo laiitiliis
ac voluptatibus dominoi iim seiviunt , modo qiia'Slui ae
reditibus. Sed qui venationem voluptati suae claudiint,
contenti sunt, utcunque competit proximus aedificio loci si-
tvis, inunire vivarium, sempeique de manu cibos et
aqiiani pra>beie : qui vero qiia;stum rediliimque deside-
raiit, cum est vicinum villae nemus (id enim refert non
piociil esse ab oculis douiini) sine cimctatione pnEdictia
animalibus destiuant. l£t si naturalis defuit aqua, vel iii-
ducitur flueus, vel iufossi lacus Signino consternuntur,
qiii receplam pluviatilem conlineant. Modus silvae pro cii-
jiisque faciiltaUbus occupatur ; ac si lapidis et operiB vili-
las suadeat, baud dubie csementis et calce forniatus cir-
ciimdalur mui iis ; sin aliter, crudo latere ac lulo construc-
lus. Ubi veio neutrum palrifamiliseconducit, raUo postu-
lal vacerris includi : sic enim appellatur genus clatronim :
idqiie fabricalur ex robore querceo, vel subereo. Nam
DE L'AC.UICULTURE, LIV. IX.
.tAr
ravages caases par la pluie, en se reglant sur la nn-
ture du pays oii Ton cst. Au reste, soit que Ton
rmploie des troncs d'arbres dans ieur enticr, soit
quon les feiidc en autantde parties quc leurgros-
seur peut l"exiger, on lcs pcrce toujours de plu-
sieurs troussur ies c6tes ; ct apres lcs avoir ficlies
en terre pcrpendiculairement autour du parc
d'espaces en espaces, on insere des bianches d'ar-
bres en traverse dans les trous pratiques sur les
cotcs, afin de 1'enner entierement tout passage
aux bctes fauves. Or, jl sufiit, pour y parvenir,
ric ficl)er cn terre les vncrrrw, de huit picds en
huitpicdsdedistance, etde les treillisser trans-
versalemcnt avec des barreaux, de telle sortc
que les espaces vides c(ui formeront les mailles
du trcillis ne soient p<iint assez larges pour
laisser aux bctes la libertc dc s'enfuir. On peut
clore de cette facon des contrees merae tres-
etendues, ainsi que des chaines de montagnes en-
tieres , telles qu'on en voit dans le^ Gaules et
dans quelques autres provinccs ; avec d'autant
plus defacilitequ"il y croitunequantiteimmense
de bois propre a fabriquer ces vnccrrce, et que
toutes les autrcs choses nccessaircs a ce genre
d'economie s'y rencontrent heureuseraent. En
effet, non-seulement les fontaines y sont tres-
multipliees, chose trcs-salutaire aux especes de
betes dont nous avons parle , mais le sol leur
fournit cncore de la piiture de lui-meme et avec
la plus grande profusion. On cboisit surtout des
partiesdeforets(|ui soient fertilcs en prnductions
donnces soit par laterre, soit par les arbres,
parce que ces anir.iaux n"ont pas moins besoin
du fruit des robres que des hcrbes : on recherclie
particulierement les forets qui produi.sent en
abondance les glands du chene, de ryeuse et du
rernts, rarboux, et les autres fruits sauvnges
dont nous avons donnc un detail plus eircor.s-
tancie en traitant des animaux de basse-eour. En
effetjlapaturedesbctesfauvcsestpresquelameme
que celle des anlmaux domestiques. Ce ifest pas
qu'un ebef de famille atteutif puisse s'en tenir
auxnourritures que la tcrre produit d'el!e-meme ,
puisqu'il doit eneore, dans les temps de Tannee
oii Ic5 forcts ne fournissent point de pfltures,
subvenir aux besoins des animaux qu'il tient
renfermes, avcc les fruitsdes rccoltes qu"il aura
si'rrcs , en nourrissant ees animaux d'orge ou de
ble adoi-eum, ainsi quc de feves et de marc
de raisin en quantltc, et cn lcur donnant de tout
ce qui sera a tres-bon marche. Mais, afin que
les betes fauves remarqucnt que ron prend soin
de leur donner ecs sortes dc nourritures , il fau-
dra en lacher dans le parc une ou d«ix qui au-
ront ete prealablement apprivoisces a la maison,
etqui, parcourant tout le parc, ameneront avcc
elles, a fendroit oii la nourriture sera repnndue.
eellcs qui hesiteraient a s'y rendre. Ce n'esl pas
sculemcnt pendant la disette de rhiver qu"i!
est utile de suivre celte melbode, mais encoic
apres que lcs betes fauves auront mis bas, afiu
qu'elles clevent mieu.\ leurs petits. Le gardien
du parc doit donc examiner souvent si ellrs
ont mis bas , afin de Its sustenter avec du ble^
qu'il leur donnera a la raain. II ne faut pas laisser
vieillir les oryx , les sangliers ni les autres betes
fauves au dela de quatre ans, parce que , si elles
grossissent jusqu'a cettecpoqiie, la vieillesse les
fait ensuite maiiirir. Cest pourquoi on aura soin
dc Its vcndre daiis un tenips ou la vigueur de
fage soutienne la beaute de lcur corps. On peut
nL^anmoins garderlescerfs pendantunplus grand
nombre d'annees, parce que leur jeunesse dure
longtemps , attendu que la nature leur a donne
«Iph' raia est occasio. Quidiiuid (lenique .siib injuria plu-
viarum magis diuUirnum esl , pro conditione regionis ad
hunc usum eligitur. lit sive teres arhoris truncus , sive ut
cra.ssitudo postiilavit , fissilis slipes compluribus locis
pcr latiis efforalur, el in ciicuilu vivarii certisinlervenien-
tibus s|)atiis defixiis erigitur : deindc per transversa late-
rimi cava transmittuulur amiles, (pii cxitnsjerarum ob-
Serent. Satis csl autem vacerras intcr pedes octoiios deli-
gcre, serisque transversis ila clalrare, ne spatiorum laxi-
tas, quai foraminihus interveuit, pecudi pricbeat fiigam.
Hoc autem niodo licel etiam lalissimas regiones tracliisque
niontiiim claiiderc, siciiti Galliaram necnon et in aliis
qiiibiisdam proviiiciis locoriiin vaslitas palitur. Nain et
fabricandis insi^ns cst vacerris inalerifc copia, ct c.Tctcra iii
lianc rem reliciter siippetunt ; qiiippe ciehris fonlibiis
abnndal soliiin, qiiod esl niavinie pra^dictis geiieribus
salutare : tiiin cliam siia sponle pahula feris bcnij^nissime
subministiat : pri-ccipin^qiie saltus elisuntiir, qni el terre-
nis Relibus et arboribus ahiindant. Nam iit graminihiis
ita frugihus rohurncis upiis habent : maximeipie laudan-
tur, qni sunt feracissimi qiiernca! glandis et iligne.r, nec
iniuus rerrea! , tiim el arbnli, c.Tlerorumqiie ponmriim
silveslrium, qua; diligentius persecuti sumus, cuiii de
coborlalibus subus disputaremiis. Nam eadein ferc sunt
pecndum siivestriiim pabula , qu.^e dumesticarum. Con-
tentus tamen non dehet esse diligeiis paterfamilias cibis ,
qiios siiapte natura terra gignil , se(3 temporibus anni ,
fliiibus silvic pabulis carcnt, condita messe claiisis suc-
ciirrerc, ordeoque alere, vel adoreo farre aut l.iba, pliiri-
niiimque etiam vinaceis , quicquid deniqiie vilissime cons-
fiterit , dare. Idqne ut intclligant fcr;e pr.eberi , iinam vel
alteram domi inansiielactam conveniet immitteie, qiire
pervagata totiini vivariiim ciinclantcs ad objecta cibaria
pecndes pcrducat. ^w. solum isliid pcr hiemis pemiriant
lieri expedit, scd cnm ctiain firtiC partus ediderint, ipio
mcliiispiliirenlnatos. Itaque ciislos vivarii freqiicnter .spe-
ciilari debehit, si jam elTiel.e sinl, iit manii dalis siisli-
ncauliir frumcnlis. Xcc veio palicndus cst oiyx , aut aper,
aliiisve qiiis ferus ullra i|ii.idrimatutn sene.scere. >'am
iisque iu hoc tcmpus c.ipiunt incrementa, postea maces-
cuiit senectutc. Quare diim viridis a>las piilchritudineiii
corporis conserval , .Tie miitandi snnt. Cervus tanien
compluribus annis siislincri potest. Nam diu juv^ni*
possidetur, qiiod ajvi longioris vltam sortitus esf. Du r.ii-
COLTJMELLE.
pn partage une vie tres-longue. Ce que iious
avons a prescrire relativement aux animaiix de
petite taille , tels que les levrauls , c'est de semer
a leur intention , sur de petites planches disper-
s^es de c6te et d"autre dans des parcs qui seront
entoures de murailles, des melanges de ble
et d'hetbes potageres, comme chicoree sauvage
et laitue. On tirera aussi de ses greniers des pois
chiches , soit de ceux de Carthage, soit de ceux
de nolre pays , ainsi que de Torge et de la gesse,
qu'on leur donnera apres les avoir fait treraper
dans de Teau de pluie , attendu que les levrauts
ne font pas grand cas de ces sortes de grains
quandils sont secs. On coraprend aisement (quand
je ne le dirais pas) qu'il y aurait peu de prolit a
renf^rmer ces animaux ou d'autres semblables
dans des parcs entoures de rarerrw, puisqiie la
petitesse de leurcorps leur faciliterait le moyen
de se glisser a travers les mailles des treillis, et
que, troavant des passages ouverts, ils ne tarde-
raient pas a s'enfuir.
IL Je passe a rentretien des ruches A miel. II
n'est guere possible de traiter ce sujet avcc plus
de detail que n"a fait Hyginus , avec plus de
graceet d'ornement queVirgile etavec plus d'e!e-
gancequeCelsus. Eneffet, Hyginusarecueilli avec
le plus grand soin tous les preccptes des anciens
auteurs , qui etaient epars dans les monuments
les inoins connus : Virgile les a ornes des (lcurs
de sa poesie, et Celsus a pris le milieu entrc ces
deux auteurs. Aussi ii'aurions-nous pas meme
entame cette matiere, si le completement de
Tart que nous avons entrepris d'enseigner ne
reiit pas revendiquee comme une de ses parties,
et si nous n'eussions pas craint que rensemble
de rouvrage que nous avons commcncene parut
imparfait et mutile, comme si nous cn eussions
coupe , pour ainsi dire, un inembre. Au surplus ,
je scrais plus porte a rejeter sur la licence or-
dinaire des poetes les choses fabuleuses que roii
raconte sur Torigine des abeilles, et qui n'oiit
point (^te omises par Hyginus , qu'a y ajoutcr foi.
Effectivement ce n'est pas le fait d'un homrae
de la campagne de faire des recherches pour
savoir s'il y a jamais eu une femme de tres-
belle figure, nommee Melissa, que .Tupiter a chan-
gee en abeille , ou si (comme le dit le poete Evhe-
merus) ce sont des frelons qui ont engendre
les abeilles avec le soleil ; si ccs abeilles, apres
avoir ete elevees par les Nymphes IMiryxonides,
ontete les nourrices de .Tupiter dans la caverne
de Dicte , et si ce dieu , pour les en recompenser,
a voulu qu'elles n'eussent pasd'autre nourriture
que celle qu'elles lui avnient donnee dans son
enfance : car quoique de parcils faits ne soient
point deplaces dans la houche d'un poute , Vir-
gile s'est neanmoins contente de les toucher
sommairement, puisqu'il n'en dit que ce mot
unique dans un de ses vers : Elles ont nourri
le roi du cicl sous l'antre dc Dicte. II n'est
pns plus du ressort des agriculteurs de savuir
dans quel temps et dans quel pays ees insectes
ontcommence avoir le jour, sic'est dans la Thes-
salie sous Aristee, ou dans lile Cea, comme,
rccrit Evhcmerus, ou sur le mont Hymette au
temps d'Erechtheus, comme le dit Euthronius,
ou cnfin dans la Crete au temps de Saturne,
comme le pretend Nieander; non plus que de
savoir si les essaims se multiplicnt par accouple-
ment , comme nous le voyons pratique par les
autres animaux, ou si ce sont les tleurs qui don-
ncnt aux abeilles des heritieres de leur nom,
comme Tassure notre ami Maron ; enfm si c'est
par le hee ou par une autre partie du corps qu'el-
les rendent la liqueur du miel. Cest plutot aux
personncs qui travaillcnt a penetrer les secrets
noris autem incremenli aninialibus , qualis est lepus , liaec
praecipimus , iit in iis vivariis , quit maceria inunila sunt,
farraginis et oleruni fera; intnbi lactucaeque semina parvn-
lis aieolis per iliversa spatin laclis injiciantnr. Itemque
Punicnm cicer, vel lioc vernaculum , nec niinus onleum ,
et cicercula condita ex liorreo promantnr, cl aqna ca^lesti
macerata objiciantur. Nam slcca non niniis ab lepusculis
appetuntur. Haec porro animalia vel similia liis , ctiam si-
lente me, facile inlelligilur, quam iion expediat conferre
in [id] vivariuni , quod vacerris ciicumdatum est : siqui-
(teni piopter exiguilatem corporis facile clatris subrepunt,
et liberos nacta cgiessns fugam moliunlur.
JI. Venio niiiic ad alvornm curam, de quibus neque
diligentius quiilquam prsecipi potest, qnam ab Hygino
jani dictum est , nec ornatius quam Virgilio , nec elegan-
lius quam Celso. Hyginus veterum auctoriim placita se-
rretis dispersa monimenlis industiie collegit : Virgilius
poeticis floribus illuminavit : Celsus utriiisque memorali
adliibuil modum. Quarene allentanda qnidom nobis fiiit
baeo disputationis materia, nisi quod consuminalio siis-
oeplae professionis banc quoque sni partem desidcialial,
ne nniversilas incboati operis nostri , velut membro aliquo
icciso, mutila atque imperfecla conspicerelur. Atqne ea,
qux Hyginus fabulose Iradita de originibus apum non in-
termlsil, poelicae magis licentiae qnam nostra; fidei con-
cesserim. Nec sane rustico dignum est sciscitari , fiierit
no mulier pulcherrima specie Melissa , quam Jupiter in
apem convertit, an (ut Evhemerns poela dicit) crabroni-
bus et sole genitas apes , quas nympbai 1'bryxonides edu-
caverunt, mox Dicta'0 specn Jovis extitisse nulrices,
easque pabula nninere dei sorlitas quibus ipsa; parvum
educaverant alumnum. Istaenim , quamvis iion dedeceant
poelam , summalira tainen et uno tantummodo versiculo
leviter atligit Virgilius , cum sic ait : Dict(FO cmli reyem
pavere sub antro. Sed ne illud quidem pertinet ad agri-
colas, quando et in qua regione prinium nat« sint : utrum
in Tbessalia sub Aristseo , an in insula Cea, ut scribit Evhe-
merns , an Erecbthei temporibus in monte Hymetto, iit
Euthronins; an Cretffi Satnrni temporibus, nt Nicander :
non magis quam utruin examina , tanquam ca-tera vjde-
nuis animalia , concubilu sobolem pi ocreent , an ba>redein
gencris siii lloribus eligaut, qnodaffirmat nostcr Maro :
DE LAGRICULTURE, LIV. IX'
de la nature,qu'aux gensde lacampagne, afaire
iles recherches sur ces ohjets comme snr d"au-
tres semblahles ; et ces sortes de recherches sout
plns flatteuses pour des gens lettres qui ont lc
loisir necessaire pour lire, que pour des agricul-
teurs occupes , atteiulu qu'eiles ne sont d'aucunc
utilite ni pour le progrts de leur ouvrago , ni
pour reconomie domestique.
1 1 1. Nous allons par consequent nous renfernicr
dans les objets qiii sont plus convenables a ceux
qui font valoir des ruches. Le fondateur de la
sectedes peripateticiens, Aristote fait voir, dans
les livres qu'il a composes sur lcs animaux,
qu'il y a de plusieurs sortes d'abeilles ou d'es-
saims; qu'entre les differents essaims, les uns
sont composes de grandes abeilles , raais ramns-
sees,qui sont noircs et velues, et que d'autres
sont composes d'abeilles plus petites a la verite
que les preraieres, mais egalemeut rondcs, et
dontla couleur est bruueet le poil herisse; qu'il
y a des abeilles plus petites et nioins rondes que
les precedentes , quoique grasses et largcs, et
qui sont de couleur de miel; qu'enfiu 11 y eu a
de tres-petites et tres-deliees dont le ventre est
pointu , et qui sont lisses et raarquetees d"une
couleur tirant sur Tor. Virgile, qui s'appuie de
Tautorite dece philosophe,approuve aussi, en-
tre autres, les abeilles qui sont tres-petites,
oblongues, lisses, luisanteset eclutanlescomrne
ror, et dontle corps est marquetii de taches uni-
forines, et dont lcs mceurssont paisibles. En effef ,
les abeilles sont mechantes a proportion de leur
grandeur, ainsi que de leur rondeur : neanmoins
quand elles sont de bonne especc, ceux qui pren-
nent soin des ruches viennent aisemcnt a bout
d'apaiser leur colere, en les visitant souvent.
En effet, plus on les sofS;ne souvent, pius tot elles
s'apprivoisent; et lorsqu'on y met une certnine
attention , on peut icsconserver jusqu'a dix an,s :
il n'y a cependant pas d'essaim qui puisse aller
au delii de ce terme , quoiqu'on ait soin de rem-
placer toutes les annccs , par de jeunes abeilles ,
celles que la mort aura enlevees, parce qu'ordi-
nairement la peuplnde entiere d'une ruche se
trouve absolument cteinte a la dixieme annee.
Cest pouiqnoi, pour eviter qne cet accident ne
se fasse scntir au raeme teraps daus toutes les
ruches que Ton possede, il faudra continuelle-
ment propager la racedeces insectes, en prenant
le soin au printemps de recueillir les nouveaux
essaims dans le teraps qu'ils paraltront , et d"anii-
menter le norabre de ses ruches, d'aulant qu'il
arrive souvent a ccs insectes d'etre surpris par
des maladies. Nous donnerons en leur lieu les
remedes qu'il faut appliquer a ces raaladies.
IV. Des qu'on aura fait un choix d'abeilles
conformcment aux prcceptesque nous venonsde
donner, on leur dcstinera des patnrages. Ces pa-
turages doivent etre dans un canton tres-soli-
taire et ferrae aux tronpeaux, sous un climat
expose au soleil et qui ne soit point orageux,
ainsi que le prescrit notre ami Maron en ces ter-
mes : 0« les vents n'aient point d' aeces , parce
qu'ils empechent ccs insectes dc porter leurs
provisionsjusqua teurs ruches , oii les brebis
et lcs boucs ninsultent point les fleurs par lcur
petulunce el ne les detruisent point avec leurs
cornes ; oii enfin tes (jdnisses erranies dans la
plaine ne dissipentpas la rosc.e qui couvre les
herbes, et neles foulent point elles-mcmcs aux
pieds a mesure qu'elles levent de terre. II faat
aussi que la eontreeproduise beaucoup de pctites
plantes , et principalement du thym et de Tori-
gan, ainsi que de la thymbre,ou de cette sarriette
de notre pays , que les gens de la campagne ap-
pellcnt satureia. II faut encore qu'il s'y trouve
el iilnim evomant liquorcm mellis , an alia |iarlc reilJant.
H*c euim el liis siniilia magis scrntanliiim leriiin natniTC
latebias , quam vuslicornm esl inqiiireie. .StiiJiosis qiio-
que literarum Riatiora sunt ista^in olio legenliliiis, quani
negotiosis agricolis : qnoniam neque in opere ne(iue in re
lainiliari qnidquam juvanl.
111. Quare reverlamnr ad ea , qure alveoriim rnlloribns
magis apta sunt. Peripatelira' s.il;i' din.litir Arisloteles
in iis libris, quos de animalibii^ i.mim i ip^i!, a])uni sive
examinum genera complura dinionsii.it , laninique alias
vastas sed glomerosas , easdeiiKpie ni^ras et Inrsntas
apes habent : alias minores quidem , sed a^que rntundas
ct infuPCi cbloris liorridiqne piii : alias magis exiguas ,
nec tam rotundas, sed obesas tamen et latas , coloris me-
liusculi : nonnullas minimas giacilesque, et ai uti alvi,
ex aureolo varias alque leves : ejusqiic aiictoritatem se-
qiiens Virgiliiis, maxiine probat parvulas, ohlongas, le-
ves , nilidas, Ardentcs aicro, cl pariOiis lita curpora
gutlis, moribus eliam placidis. Nam qiianlo gramlior
apis, alque rotiindior, tanlo pejor. Si vero saevior,
maxiuie pcssima c»l. Sed lamei) iracuiidia nota- mclioris
apiiim fadle drlinilnr assidiio inlerventu eorum qui cii-
rant [alvearia.] Naiii cum sa>pins Iractantnr, celerins
niansuescunt, durantqne si diligenter excnltiE sunt, in
annos decem ; nec nllnm examen lianc .Tfatem polesl ex-
cedere , quamvis in demortuarum lociim quotannis pul-
los substituant. Nain feie decimo ad iuteruecioneni anno
gens universa tolius alvei consumitur. Itaque ne hoc in
toto fiat apiario , semper propaganda erit soboles , obser-
vandnmque vere cum se nova profnndent examina, iit
exripiantur, et domiciliorum numerusaiigeatiir. Mam sa^pe
moiiiis intercipiuntur, quibus qnemadmudum niederi
oportet , siio loro dicetur
IV. Interim per has nolas , quas jain diximns , prol)alis
apibus de.slinari debent |>abiilationes, eiequc sint secretis-
simrc , et ut noster piffiripil Maro, vidiiae peciidibus,
aprico cl minime procelloso c<Bli slatu : Qiio iicqtie sit
ve)i/i.i aditus; nain pahiihi ven/i Frrre domiini prn-
liibent : ncque oves luedriiie pe/u/ci Flonbus insul-
tenl, aiiterrans bucula campo Drcu/iat rorem, et sur-
gentes atleral herbas. Eademqne regio frecunda sit frii-
ticis exigui, et maxinio tliymi aut origani, luin eiiam
COLUMELLE.
unc piaude quantite d'aibrisseaux de plus haut
jet,telsque le romarin et ies deiix especes de
eytises, je veux dire celui que ron plante et
celui qui vientde lui-meme; lepin toujours vert
et la petite yeuse, attendu que la grande est de-
sapprouveepar tout le raonde. On approuve en-
core le iierre, non pas precisement a cause de
sabonte, mais parce qu'il donne beaucoiip de
miel. Quaataux arbres, ceux qu'on approuve le
pliis sont les jujubiers rouge et blane , ainsi que
le lamaris, et merae les amandiers , lcs pecliers,
les poiriers, en un raot la plupart des arbres a
fruit, pour ne pas les nommerici tous endetail.
Entre lesarbies sauvages, les robres qui portent
du glnnd soiit cxcellents, ainsi que le tcrebinthe,
lelentisque qui kii rtssemble, lecedre odoriferaut,
etlestilleuls; lesifssont lesseulsdetouslesarbres
quinuisentacesinscctes. llyaenoutreuneinfinite
de graines, soit de celles qui vcrdissent au milieu
d'un gazon non cuilive , soit de celles que renfer-
mentdans leurseiu lcsterreslabouiees,qui toutes
produisentdesfleurstres-rechercheesparlcsabeil-
les : tellessont dans les terrains arroses i'herbe
de la camomille, les tiges de racanthe, eelles de
rasphodcle, et les feuilles aigues du narcisse : tel-
les sont cncore dans les planches des jardins les
lis resplendissants par leur blancheur, et les gi-
rofliers, qui ne leur eedent point en beante, ainsi
que les roscs de Carthage, les violettcs jaunes et
pourprees, et la jacintbe decouleur bleu-celeste.
On mettra aussi en terre des bulbes de safran ,
soit de celui de Corycos , soit de celui de Sicile,
pourcolorerlemiel et luidonnerderodeur.Ilnait
encore, tant dans lesguerets quedans lcs patura-
ges, une foule d'herbes moins estimees que les
precedentes, qui font foisonner le miel dans les
rayons de cire, telles que le chou sauvage , qui
ll)ymbr<c , vel nostratis ciinite , quam saliiiciam nistici
vocanl. Post haec freqnens sit incrementi majoris surcii-
liis, ut rosinarinns , et ntraque cytisus. Est cniin saliva et
alteia siiae spontis. Itcmque semper virens pinus, etmi-
nor ilex : nam pioli\ior ab omnibus improbatur. Edeise
quoque non proptcr bonitatem lecipiuntur, sed quia piae-
bent plurimum mellis. Arboies veio sunt probatissima; ,
rutila atque alba ziziphus, nec minus tamarices, tum
ctiam aniygdalee, [cl] persici, atque pyri, denique pomi-
leraruin plciceqne , ne singulls immorcr. Ac silvestrium
commodissinie faciimt grandifei-a robora , qnin etiam te-
lebinlbus, nec dissimilis buic lenliscus, et odorata ce-
drns, ac tilia. Solfc ex omnibus nocente.s taxi repiidiantur.
Mille pneterea semina vel crudo cespite viientia, vel
suhacta sulco, flores amicissimos apibus creant, iit sunt
iii iirigiio solo fnilices amelli, caules acnnlhini, scapus
asphodell , gladiolus naicissi. At in hortensi lira consita
nilent randida lilia , nec his soididiora leucoia, tum pu-
niceae rosa; , luleoteque , et Sariance viol.-c , nec niinus
caMestis luminis hyacinthus, Corycius iteni Siculusqiie
hulbus croci deponitiir, qiii coloiet odoretque mella. Jam
vero not» vilioi is innumerabiles nasciintur herba; cnltis
alque pascuis regionibns , quse favoi um cci as exuheraiit :
est tres-commun ; le giand raifort, qui n'est pas
plusprecieux; certainesherbes potageres, comme
le rapistrum etla chicoree sauvage, les fleurs du
pavot noir, et enfin le panaissauvage et le panais
cultive, que les Grecs appellent GTa'.j(uXTvov. Mais
entre toutes les plantes , tant eclles que j'ai de-
taillees que celles que j'ai omises pour abreger
( parcc qu'elles sont innombrables) , le thym est
celle qui donne le miel du meilleur gofit; apres
le thym vient la thymbre, le serpolet etrorigan.
Le romarin et la sarriette de notre pays, que j'ai
appelee salureia, quoique toutes deux excellen-
tes, ne sontcoraptees qu'au troisieme rang. Pour
les fleurs du tamaris et du jujubier, ainsi que
toutes les autres espeees de patiuages que nous
avonsdctaillees, elles nedonnent plus qu'un raiel
d'ungout raediocre. Cependanties miels qui pas-
sent pour les pires de tous sont celui des bois,
qui est extrait du genet d'Espagne et de Tarbou-
sier, etceluidesmetairies, querendentles plantes
potageres et les herbes que Ton fait venir dans
du furaier. J'ai fait voir quelle est la sitiiation des
pafuragesconvenables auxabetlles, ainsi queles
differentes especes de nourritures qui lcur sont
propres ; je vais traiter a present des ruclies ou
maisonnettes oii elles se retirent.
V. On placera les ruches des abeilles en face
du midi d'hiver, loin du tumulte et de la com-
pagnie tant des horames que des bcstiaux, et
dans un lieu qui ne soit ni chaud ni froid , parce
que rune et 1'autre de ces temperaturesleur est
egalement nuisible. II faut aussi que ce soit au
foud d'une vallee, parce que lesabeillesqui iront
chercher leur pature trouveront plus d'aisance,
lorsqu"eIles ne seront point chargees, a s'i'lever
vers lesommet de la montagne, etqu'apiesavoir
ramasse toutcedont ellesauront besoin, ellesen
iit vulgares lapsanae, nec his pretiosior armoracia, rapis-
trique olus, et inlnbi sllveslris ac nigri papaveris llores,
tuin agrestis pastinaca, et ejnsdem nomiuis edoinila,
quam Graeci <rTa?u),ivov vocant. Veruni ex cunctis, qnae
proposui, quaeque oinisi temporis compendia seqiiens
(nam inexputahilis erat nnmerns) saporis praeclpui mella
reddit thynius. liximio deinde proxiinnm thymhia, .ser-
pylliimqne et origanuin. Tertiae notae, sed adhnc generosae,
marinus ros et noslras cnnila, qnam di\i salureiam. Me-
diocris deinde gustus tamaiiciS, acziziphi flores, ivllqiia.
que, qii»! proposuiinns, cibaria. Sed e\ sordidis deterrimae
notae mel habetiir iiemorense , quod e\ sparto atqiie aibiito
provenit : villaticiini , qnod nascitnr in oleribus ct sferco-
rosis beibi.s. Et quoniam situm paslionum atqiie etiam
genera pabiilonim exposiii , nunc de ipsis receptaculis et
domiciliis examiniiin loquar.
V. Sedcs apiliiis collocanda est contra brumalem ine-
ridiem procul a tunuiltu, etca-ln homiuum ac pecudum,
nec calido loco , nec frigido : nam iitraqne le infestantiir.
HKcantenisit ima parle vallis, nt et vacuas cum pro-
deuiit pabulatiim apes , facilius editioribiis advolent . ct
collectis iitensilibus cum onere per proclivia iion aegre de-
volent. Si villse situs itacompellt, noii est dnbilandum,
I)E LAGRiCULTURE, LIV. IX.
descendront sans peine avec leur charse, en sui-
vant la pente de la cote. Lorsque la situation de
la metairie le comporte, il nest poiut douteux
qu'il ne faille mettre les ruches dansla proximite
de ses bSliments, et dans un eudroit qui soit clos
de murailles, et a Tabri des odeurs qii'e.\halent
les latrines puantes, le fumier et le bain. Si ce-
pendant la situation de la metairiu ue permet
pas d'eviteroes odeurs, il sera cncore pUisavan-
tageux d'en courir le danger, pourvu toutefois
qu'il nen resulte pas de trop grands inconveiiients,
que de raettre Tendroit ou seront les rucheshors
de la vue du proprielaire. Mais si Ton rencontre
des iuconvenientsdetoutcole, il faudra au moins
placer les ruehes daus uue vallee voisiue , et ou
il puisse souvent descendre sans se fatiguer ; car
Fentretien desabeilles demaude une grande lide-
litedelapartdeceluiquienest charge. Or, comrae
la fidelite est une vertu tres-rare, les visitcs du
raaitre en assureront la garde, d'autant que cette
manutention n'est pas seulemcnt ennemie d'un
gardien fripon, mais qifelle Test encore d'un
gardien negligentjusqu'a la malproprete, et qu'el le
n'est pas moins rebutee par le defaut de proprete
que par la fraude. Au surplus, quel que soit ren-
droit ou seront placees les ruches , il ne faut pas
que le raur qui l'environne soit tres-cleve : si ee-
pendant la crainte des voleurs determine a le
faire plushaut qu'il ne doit fitre naturellement, il
faut qu'il soit percc a trois pieds de terre de pe-
tites fenetres rangees par ordre, pour la com-
modite des abe;lles. On y joindra une chaumiere
tant pour servir d'habitation aux gardiens, que
pour y serrer tous les ustensiles relatifs a cette
branchedereconoraierurale.il faut surtout la
garnir d"une provision de ruchcs toutes pretes
pour les nouvcaux essaims, ainsi que dherbes
raedieinales, et de toutes les autres choses dont
on peut avoir besoiu lorsque les abeilles sont
malades. Leur vestiOule sera ombrage pan des
palmiers ou par de (jrands olivicrs sauvagcs ,
afinquc lorsque les nouveauxroiscommer.ee-
ront a conduire lcs cssaims dans la saison du
printemps , qui lcur est la plus favorable , et
que la jeuncsse sortira dcs rayons pour aller
foldtrcr, le roisinaye rinvite a se rjarantir de
la chalcur, en se cachant sous les arbres qui se
presenteronl pour la recevoir sous leurs feuil-
lages. 11 fautlra aussi conduire dans le meme
eiidroit une eau de source qui y coulera continuel-
lement, si rou est a portee de le faiie; sinon, en
mettren Tusage de ces insectes dans un canal
artiliciel , paree que !'eau est indispensable pour
faconner non-seulement les rayons et le miel ,
mais eneore les petits. Soit donc que Ton y aii
conduit des eaux courantes, comrae je viens de
le dire, soit qu'on y ait amasse de Teau de pluie
dans des canaux, 11 faudra avoir soiu d'entasset
sur ces eaux des branchages, afin que les abcil-
lcs puisscnt se poser sur ces especes dc ponis
multiplies, cl deploijer lcurs ailes au soleit
cVete, au cas que le vent d'est soit venu fon-
dre sur el/es pendanl qu'ellcs se rcposaienl ,
et qv'il ics ait eparpillecs ou plongees da/is
Veau. II faut encore planter, dans tous les envi-
rons de rendroit ou sont les ruches , de petits
arbustes, et surtout de eeux qui contribuent h
entretenir lasante des abeillcs. En effet, le cytise
et apres lui Tarbre qui porte la cnsse, le pin, le
romarin ct meme la sarriette et le thym , ainsi
que les violettes ou tel!es autresplanteseon\ena-
bles que la qualite du sol permettra d'y avoir,
ne sont pas moins propres a les guerir de lcurs
maladies qu'a les nourrir. On en eloignera non-
seulement les plantes , mais encore toutes les au-
tres chiises d'une odeur forte etdesagreable, telle
queeelle de recrevisse grillee au feu , ou celle
i d'un bourbier marecageux. 11 faut egalement
qiiin sedificio jiinctnm apiarinminaceria circnnidemus, sed
in ea parte, qnoe letris latrinae sterqniliniique eta balinei
libera est odoribns. A'ernm si i)«silio repusnahil, nec
inaxima tamen inconimoda congruent , .sic quoque raagis
expediet snbocnlisdominicsseapiarium. Sin autemcuncta
fnerint inimica, rerle vicina vallis occnpeUii, quo sffipius
descendere non sit grave possidenti. Xam res ista maxi-
mam fideni desideiat; qnie qnoniam laiissima est, iutei-
veiilii domini tntiuscuslodilur. Neque ea cnratorem fiau-
dulentnm tantuni , sed eliam immunda; segnilia; peiosa
est. .Eque enim dedignatnr, si miniis pure liabita est, ac
si tractelurfiaudulenter. Sed ubicumqiie fueriut alvearia,
non cdltissimo daudantur innro. Qui si melu praedonuni
sublimiorplaciierit, tribus elatis ah bumo pcdibus, exiguis
in ordiuem feneslellis apibus sit perviiis : jungaturqnc tu-
gurium , quoil el ciistodes babiteiil , et [quo] condatur in.s-
tiumeuliiiu : silipie maxime lepletum pra'paralis alvcis
ad usum novoruinevaniiiiuiii, iiec ininus berbis salulari-
bus, etsiqna suut alia, qiiielaugneiillbus adliibenlur. Piil-
mrniue vestibuluiii aut iugeus ohastcr olniinlirc/, 11
cum prima novi ducent examina regcs, Vere suo, ludet-
que/uvis emissajuveiitus : Vicina invifel decederc ripa
calnri, Obviar/ue liospiliis ieneat /rondentilms arbos.
Tnmperennisaqua, siestfacultas, inducatur, velextracla
canali manu detnr, sine qua neque l;ivi neqiie mella nec pulli
denique figurari queunt. Sive igitur, ut dixi , prseternuen»
iinda, vel pulealis canalibns iminissa fnerit, virgis ac la-
piilibus aggeietur apiii:ii causa, Pontibus nt crebris pos-
sint consislere, et alas Pandere nd eestivum solem, si
fortemoranteisSpar.':crit,autprcEcepsSeptunoimmer-
serit Eurus. Conseri deinde circa totum apiarium de-
bent aibuscnl.ie incrcmenti parvi, maximcque propler sa-
lubrilalein (nam sunteliani remedio langueutibus) cjfisi,
tiiiii ilcinde casi;>; atque pini et rosniarimis : quin eliain
cmiiliL' et tliymi frntices , ilem violarum , vel quaxunqne
iilililer depoiii patilur qiialilas lerra;. (;ra\iset tetri odo-
ris non soliim vircntia sed el qiiadibet res prohibeanlnr,
siciili cancri nidor, ciiin esl ignibns aduslus, autodorpa-
lustris cceni. Nec niiniis vilentiir cava; rupis aut vallis
aigutia^^quasGi.icci y./m; vocant.
COLUMELLE.
pvitcr les cavitesdes roches, ou les vallees rcten-
tissantes, que lesGreesappelleut v,/oi (cchos).
VL Lorsquon aura convenablement dispose
rendroit pour rentretien des abeilles, on fabri-
quera des ruches de nianiere ou d'autre, suivant
la nature du pays. Si le pavs est fertile en liege,
on emploiera avec le plus grand succes Tecorce
de ce bois a faire de tres-bounes ruches , qui ne
seront ni trop froides en hiver ni trop chaudes
en ete; s'il est abondant en ferules, on s'en ser-
vira egalement hien pour les faire, parce que la
nature de la ferule tient de recorce. Si ron n'a
ni liege ni ferule , ou les fera avecdes tissus de
saules, ou,si l'on n'a pas meme de saules, onen
fabriquera avee des troncs darbres evides ou
scies en planches. Les ruches de terre cuite sont
lespires de toutes, p.irce qu'elles sout brulantes
pendant les chaleurs de Tete , et glaeiales pen-
dant les froids de Thiver. On corapte encore deux
especes de ruches : les unes sont faites avec de
labouse,les autres sont construites en brique.
Celsus condamne Tune de ces especes avec rai-
son, parce qu'elle est fort sujette au feu ; et quoi-
qu'il approuve Tautre , il ne dissimule pas nean-
moins le principal inconvenieut auquel elle cst
sujette , et qui consiste a ne pouvoir pas etre
transportee, si le cas Texige : aussi suisjebien
eloigne de penser comme lui , que malgre cet in-
convenient on puisse avoirdes rucbes de cette
derniere espece. En effet, non-senlement leur
immobilite repugne aux arrangements que pour-
rait avoir a prendre le proprietaire , s'il voulait
vendre sa terre ou eu garnir une autre de ruches
( raisons de convenauce qui ne regarderaient tout
au plus que le chef de famille lui-meme); mais
ellerend encore impossibles les secours que de-
mandent lesabeillesencertaines occasions. Com-
menteu effet pourrait-on les transporter dans des
contrees differentes de eeiles oii elles sont, dans le
cas ou ces iusectes seraient affliges par la mala-
die, la sterilite, ou enfin par la disette des lieux?
II faut par consequent eviter absolument cette
methode. Cestcequi fait que, quelque egard que
j'aie pourrautorite d'unpersouuageaussi savant,
je u'ai pas cru devoircacher mon sentiment, sans
neanmoins pretendre m"elever au-dessus de lui.
En effel , le motif qui touehe principalement Cel-
sus,je veux dire la crainte que les ruches des
abeillesne soient exposees aufeu ou auxvoleurs,
est de peu deconsequence, puisqu'on peut parer
a ce double accident en les revetant d'un ou-
vrage en briques qi;i lespreservera des coups de
main des voleurs, et qui les protegera contre la
violencedes flammes, sansneanraoins empecher
que, lorsqu'on sera dans le cas de les deplacer,
ou ne puisse les transferer facilement, en brisant
Tassemblage de cette constructioa.
VII. Mais corame presque tout le moiide s'ac-
corde a regarder cette construclion comme une
operation embarrassante, il suffira , quelles que
soient les ruches qu'on jugera a propos d'em-
ployer, d'elever, tout le long du lieu ou on les
placera, une assise de pierres de trois pieds de
hauteur sur une epalsseur 6gale ; et lorsque cette
maconnerie sera achevee , on la revetira avec
soin d'un enduit bien poli, pour empecher les
lezards, les serpents, ou tout autre animal nuisi-
ble , d'y monter. Apres quoi on posera sur cette
muraille, soit des ruches de briques ( suivant le
sentiment de Celsus) , soit des ruches maconnees
(suivant notre opinion) partous les cotes, a Tex-
ception de celui de derriere ; ou plutot on les ar-
rangera en file , et on les mastiquera Tune avec
Tautre, suivant Tusage de presque tous ceux qui
se livrcnt avec un certain soin a cette branche
d'economie rurale,avecde petitesbriquesouavec
VI. Igitur ordinatis sedibus,alveaiia fabricanda suiit pro
conditione regionis. Sive illa ferax est suberis , liaud du-
bitanter utilissimas alvos faciemusex corticibus, quianec
lueme rigent, neccandent ce.state; sive ferulis exuberat,
iis quoqiie , cum sint naturae corticis similes , a;que com-
niode vasa lexuntur.Si neutrum aderit,opere texlorio sali-
cibus connectentur : velsi nec hajcsuppelent, lignocaVatte
arboris aut in labnlas desectfe fabricabuntui-. Deterrima
est conditio fictilium, quae et accenduntur festalis vapori-
bus, et gelanlur luemis frigoribus. Reliqna suut alvorum
genera duo, ut vel cx liino finganlur, vel lateribus extruan-
tur -. quorum allerum jure damnavit Celsus, quoniam
maxime est ignibus obnoxium; alterum probavit, quam-
vis incommodum ejus prajcipuum non dissimulaverit,
quod, si res postulet , traiisfeni non possit. Ilaqiie non as-
sentior ei , qui putal nibilo ininus ejus geueris babendas
csse alvos : neque eiiim soluni id repugnat rationibus <lo-
mini, quod immobiles sint, cum vendere aut alios agros
instruere velit; (boc enini commodum pertiuet ad utilita-
tem solius patris familias) sed, quod ipsarum apium causa
lieii debet, cum aut laorbo aut sterilitale et penuria lo-
I corum vexatas conveniat in aliam legionem milti , nec
piopter pra-dictaui causammoveri poterunt, boc maxime
vitandum est. Itaque quamvis doctissimi viri auctorita-
lem reverebar, tamen ambitione submota , quid ipse ceii-
serem, non omisi. Kam quod maxime inovet Celsum, ne
sint slabula vel igui, vel furibus obnoxia, potest vilari
opere laleritio circumstiuctis alvis , nt impediatur lapina
pra.'donis, el contra llammariim violentiain profegantur :
easdeiiKpie, ciim fueriiit movenda;, resolutis structurse
coinpagibus, licebit transfene.
VU. Sed quoniam pleiisque videtur istud operosum,
qiialiacuuque vasa plaeuerint , collocari debebunt. Sug-
geslus lapideus exteuditur pertotum apiarium in tres pe-
des altitudinis, (totidemque crassitudinis) extructus,
isque diligenter opeie tectoiio levigatur, ita ne ascensus
lacertis, aut angiiibus, aliisve noxiis animalibiis praibea-
lur. Superponuntur deinde, sive, iit Celso placet, late-
ribus facta domicilia, sive, ut nobis, alveaiia, piffiter-
quain a tergo circumslructa : seu , ipiod pene omnium in
usu est, qui modo diligenter ista curant, pei ordinem vasa
I disposita ligantur, vel latcrculis, vel csementis , ila uj
DE LAGRICULTURE, LIV. IX.
du ciment, de facon que ehacune se trouve ren-
ferniee eiitre deux eloisons etroites , et que les
faces en soient libres tant par devant que par
dcrriere; parce qu'il faut les ouvrir quelquefois
par la face de devant qui sert de passaj^e aux
abeilles, et plus souvent encorc par celle de der-
riOre , qui est celle par laquille on soigne les cs-
saims. Si Ton ne separe point lcs ruches par des
cloisons, il faut au nioins les placer de facon
qu'elles soient a quelque distance les unes des
autres, aliuque, lorsquMI seraqucstion de lesvi-
siter, celles auxquelles on seraoblige detoucher
pour les soigner ne causent poiiit d'ebranlement
a celles du voisinage qui seront collees contre
les premieres, et n'ecrasent point les aheilles
qui pourrontse trouver dans les environs, d'au-
tant que ces insectes redoutent la moindre se-
cousse, comme devant entrainer la ruine totale
de leurs ouvrages delicats. II suffit qu'il y ait trois
raiigs de ruchcs distribues les uns au-dessus des
aulres, puisque, dans cette supposition nieme,
celui qui prendra soin des ruches ne laisscra pas
encore que d'avoir de la peine a regarder dans
celles du rang superieur. Les ouverturesdu pa-
nier,qui servent d'entree aux abcilles , seront
plus inclinees que celles de derriere , alin que la
pluie ue puissepasy penetrer, ou qu'au moins,
dans le cas ou il y cn serait entre , elle n'y puisse
pas sejourner , mals qu'elle puisse au contraire
s'en ^couler par cette issuc. II convieut , pour
la mcme raison, que rendroit oii sont les ruchcs
soit couvert comme des portiques , ou au moiiis
(ju'il soit ombrage avee des branchages enduits
d'un mortier a la carthaginoise, qui ne les mct-
tront pas moins a Tabri de la chaleur que du froid
et de la pluie. Comme neanmoins la plus vio-
lente chaleur n'est pas aussi funcste a ce genre
d'insectes que rhiver, il fautqu'il se trouve tou-
jours, dcrriere Tendroit ou sont les ruchcs, uti
bcitimeiit ((uelconque qui les garautisse dc riii-
jure de TAquilon, et qui leur proeure une chalcur
terapt'ree. II ne suflit pas mC-me que leur domicilc
soitgaranti par un batimcnt, mais il faut encore
qu'il soit expose a rorient d'hivcr, pour que les
abeillesjouissent du soleil a leur sortie du ma-
tin, afin d'etre plus(iveillces, attendu (jue le froid
les rend paresseuses. Aussi faut-il,pareetteraison
ra(5me, que les ouvertures par lesquelles les abeil-
les doivent entrer dans les nichcs ou cn sortir
soient tres-etroites , afin qu'il n'y pcnctie que le
moins de froid que faire se pourra. II siiffit qu'cl-
les aienl la largeur neccssaire pour que rabeille
puisse yintroduire son corps : moycnuantquoi
ni le lezard venimcux , ni la race impure des
hannctons ou dcs pnpillons, ni les cloportcs qui
fuientla lumiere, comme dit Maron, ne pour-
ront aller devastcr lcs rayons en se glissant a
travers les ouvertures qui serventd'entree , trop
etroites pour leur livrer passage. II est aussitres-
utile de pratiquer deux ou trois passages sur le
meme couvercle d'une ruche, a proportion de ce
qu'elle scra plusou moins peuplije; ces passagcs
seront a quelque distance les nns desautres, a
leffct de tromper le lezard qui guette, pour
aiusi dire , a la porte , et qui atteiid que les abeil-
lcs viennent a sortir pour Ics tiier. II en pc^riia
effectivement beaucoup moins quand elles pour-
ront eviter les attaqucs de ce crucl enneini , en
se sauvant par une issue diffiirente de celle par
laquelle elles seront sorties.
VIII. Nous avons suf(isamment parletant sur
lcs paturagcs des abeilles que sur les ruchcs ct
rcndioit ou Ton doit les placer. Lorsqu'on auia
pourvu aces diffcrcnts objets, il faudra penser
a se procurer des cssaims : car on pcut ou les
acheter, ou lcs ac(iu(^rir a titie gratuit. Maisil faut
singiila biuis paiictibiis angustis contineantur, libera'-
que Irontes utrinque sint. Nani et qua procedunt , non-
nunquam patefaciend.x'sunt, et niulto magis a teigo, quia
subinde curanlur examina. Siu autem nulli pai ietes alvis
inteivenienl, sic tamen collocandaj erunt, ut paulum al-
tera ah altera distet, ne, cum inspiciunlur, ea, quse in
curatione tractatur, haeienlem sibi alteram concutial, vi-
cinasque apes cunterreat , quK omnem motiim imbecillis
ut cereis scilicel operibus suis tanquam ruinam timenl.
Ordines quidem vasorum superinstruclos in altitudincm
treis csse abunde est , quoniam sumniuni sic quoque pa-
runicommodecurator inspicit. Ora cavearum , qua; pi;c-
bcnt apilius veslibula, proniora sint quam terga, iit ne
inlluant imbres, et .si forte tamen ingressi fuerint,non
imnioientur, sed per aditiiin ellluanl. 1'ropter (luos con-
venit alveaiia porlicibus supermuniri ; ,sin <ililer, lulo l'u-
nico frundibiis inlimatis aduinbrari, ipiod legnien ciim
frigora et pluvias, tum et a^stiis arcet. Nec tamen ila no-
cet huic generi caloris resUis, ut hiems. Ilaaiie semper
xdinciuni sit post apiariiim , quod Aquilonis cxcipiat in-
juriam, stabulisqiic pi;i'bcat teporein. Ncc niiiiiis ipsa
domicilia, quanivis aHlificio piotegantiir, obversa lamcn
ad hiberniini oiientem componi debebunt, ut apricum
habeant apes niatuliniim egressuui, et sint experrectio-
res. N'uu liigus ignaviam cieal; propler quod etiam fora-
mina.quibus exitus aul iutroitiis d.atur, angiistissima
esse debent , iit quam miniinum fiigoris admiltant : ea-
que salis esl ita foiari, ne possint capeieplus unins apis
incicmentum. Sic nec vencnalus stellio, nec ob,sca'num
scarabei vel papilionis geniis , luciliig;eque blalla; , ut ail
Maro , pcrlaxiora spatia jannse favos populabuntiir. Atque
ulilissimum est pio fie(|uenlia doinicilii duos vcl Ires
aditiis in eodem opercnlo distanles inler se lii^ri eontra
lall;uiam lacerti, (pii velutcustos veslibulo prodeiinlihus
inliians apibus affert exiliuin , e.Tquc pauciores inteieunt,
cuni licet vitare pestis obsidia per aliud vadcntibus effu-
glum.
VIII. Atqiie li.icc de pahulationibus , domiciliis, et se-
dibus eligendis abundc diximus : qiiibus provisis, sequi-
tiir ul examiiia desidcreniiis. Ea porro vcl tcrc parta, vel
gratiiitaconlingiint.Scd qiias pictio comparabimus, scru-
piilosius priedii tis comprohemiis notis, ct eariiin frequen-
COI.UMELLE.
s'assurer de leiir bont^ avec plus de circonspec-
tion dans le premier cas que dans le secoud , et
verifier avec plus d'attention les signes que nous
avons donnes pour les connaitre. I! faut aussi
ouvrir les ruches avant de conclure le marclie ,
pour examiner si elles sont bien peuplees , ou ,
sl Ton n'a pas la faculte de les regarder a rinte-
rieur, il faut au moius faire ses observations sur
tout ce qu'on aura la liberte d'examiner, et voir,
par exemple, si les abeilies refluent en grand
nombre a Touverture qui leur sertd"(mtree, et si
le bourdonnement est assez bruyant. S'il arri ve par
hasard qu'elles soient toutes tranquilles dans la
ruche, et que Ton n'y entendeaucun bruit, on
pourra approcher ses levres de Touverture qui
leur sert d'entree,etsouffler dans la ruche, pour
juger, au fremissement qu'elles feront aussit6t
entendre , sielles y sont en grand nombre , ou
non. On aura surtout rattention d'en faire Tem-
plette dans le voisinage du pays oii Ton sera ,
plutot que dins des eontrees eloignees, parceque
communcment le changement declimat leseffa-
rouche. Si Ton n'est pas a portee de cela , et que
ron soit au contraire dans la necessile de leur
faire faire un long voyage, on aura soin d'evi-
ter qu'elles ne soient raolestees par les mauvais
chemins : c'est pourquoi on fera tres-bien de
les apporter alorssur sa tete et pendant lanuit,
parce qu'il faut les laisser tranquilles pendant
le jour. On aura cncore soin de leur verser des
liqueurs qui leur soient agreables, pour leur ser-
vir de nourriture pendant tout le temps qu'elles
seront renfermees. Lorsque ensuite elles seront
arriveesa lamaison , sl le jour ne fait que cora-
mencera luire, on attendra le soir pour ouvrir
et placerla ruche, afin qu'elles ne sortentpour
la premiere fois que le matin, etaprftj s'etre re-
posees pendant toute une nuit. II faudra aus?i
observer, euviron troisjours de suite, si elles
ne sortent pas toutes a la fois , parce que , si cela
Otait, ce serait un signe auquel on reconnaitrait
qu'elles projetteraient de s'enfuir. Kous prescri-
rons bientot les remedes auxquels il faut avoir
recours pour les empccher de le faire. Quant aux
abeilles que Ton a recues eu present, ou que ron
a prises dans les champs, on s'en contente quelles
qu'ellessoient, sans les exarainer avec tant de
scrupule ; quoique je ne voudrais en acquerir,
fut-ce de Tune ou de rautre de ces deux ma
nieres, que d'excellentes,parce que les raauvai-
ses n"occasionnent pas moins de iVais que les
bonnes, etqu'ellesexigent aussi bien que celles-
ci les soins d'un gardien. Mais une attentlon tres-
iraportante qu'il faut avoir, c'est de ne point en
muler de mauvaises avec debonnes, de peur
quecellesci degeuerentegalementpar lecontact
avec les premieres. En effet, on retire moins de
proflt du miel, lorsque les essairas soat melanges
d"abeilles trop paresseuses. Cependant, eomme
il arrive quelquefois que , vu la nature des lieux ,
on se trouve oblige de s'en procurer de medio-
cres ( car on n'en doitjamais acquerirde mau-
vaises), nous allons donner la maniere dont oii
s'y prendra pour cliercher desessaims avec atten-
tion. Les abeilles n'ont rien de plus a cceur, dans
tous les lieux garnisde bois qui leur soiit conve-
nables et propres a rextractiou du miel , que de
s'approprier pour leur usage les sources d'eau
les plus voisines d'elles. II est donc a propos de
se tenir aupres de ces souces d'eau, conimune-
mentdepuis la seconde heuredu jour,alin d'exa-
miner s'i! y vient un giand nombre d'abeilles
pour boiie. Car si l'on n'en voit que quelques-
unes voltiger autour de Teau , on jugera des lors
qu'il n'y en a pas un grand nombre dans cet en-
droit (a moins cependant que la multiplicite
des filets d'eau courante ne les fasse paraitreplus
clair-semees a cause de leur dispersion ) ; et par
liaiii priiis quani meroemur, apertis alvearilnis considere-
nius : vel si non fuerit inspieiendi facnllas, ccrle id ipiod
contemplarl licet, notabimus : an in veslibulo januae
coinplures consistant, et veliemens sunus inlus niurinu-
rantiumexaudiatur. Atipie etium si oniiics iiilra domici-
lium silentes forte cunipiiescciil, laliris furamini a.liliis
ndmolis, et inflato spiiitii ex respundente earum siiliito
fremitu poterinnis scstimare vel inullitudinem, vel pan-
«•.itateni. Pr.'£cipue autem custodiendum est, ut ex vicinia
potius, quam ex peiegrinis resionibiis pelantur, quoniam
solent caeli novitale lacessiri. Quod si non contiugil, ac
necessc babuerimus longinqiiis ilineribus advebere, cu-
rabinius ne salebris solicitentur, optimeque noctibus collo
porlabuntur. Nam diebus requies dandaest , et infundendi
suntgrati apibus liquores, quibusintra clausum alantur.
Mox cnin perlatae domnm fuerint, si dies superveneiit,
iiec aperiri nec collocari o|)ortebit alvum, nisi vesperi,
ul apcs plarid:ie maue posltotius noctis rcquiem egredian-
liir ; speculariipie dcbcmus feie tiiduo, numquid univer-
sae se profiindant. Qnod cum faciunt, fiigarn meditantiir.
Ea remediis quibus debeat inbiberi, innx piici-ipieuius.
At qiia; dono vel aucupio contiugunt, niiiiiis scrupuluse
probantur ■. quamquam ne sic quidem vcliui nisioplimas
pussidere , cum et iinpensam et eandem operani custodis
pusliilenl boii.Te, alque iniprobie : et quod maxime refert,
iion suiit degeneres iiitermiscendae, qiia; infament gene-
rusas. Nam minor fructus mellis respondet, ciim scguiora
interveniunt examina. Vernmtamen quoniain inlerduin
propler condilionem locorum vel mediocre peciis (nam
inaliiin nullo quidem modo) paranduin est, curam vesti-
gsndis examinibus liac ralione adbibebimus. Ubiciiiique
saltiis sunt idonei , mellifici , nihil antiqnius apes , qnain ,
qnibiis utantnr, vicinos eligiint fontes. Eos itaque conve-
nit plerumque ab bora secunda obsidere , specularique
quae turba sitaquanlium. Nam si pauca; admodum cir-
cmnvolant (nisi tamen compliira capita rivorum diductas
faciuntrariores) intelligenda est eariim penuiia, propter
quain locum quoqiic non esse mellilicuni suspieabimur.
DE LAGRICULTURE, LIV. IX
consequent on conclura que rcndroit lui-mcrae
n'est [las proprc au miel ; au lieu que si elles
s'y rendent cn foule, on conccvra des lors Tcs-
perauce lamieux fondeede prendre des essaims
a la ehasse. Or, voici eomme on viendra a bout
de ies trou ver. On s'assurera d'abord si ces essaims
sont eloignes , ou non. A cet effet, on prcpa-
rera de la sanguine liquide, dans laquclle on
frempera des brins de pailie ; et pour peu qu'on
touche avec ces brins de paille le dos des abeil-
lesqui viendront boire , il sera aisc de reconnai-
tre, en restant au memeendroit, celles qui y
reparaitront pour la secoude fois; de sorte que
si eiles ne tardcnt pas a revenir, on jugera qu'el-
les sont dans le voisinage ; au lieuquesi ellcs
sont un certain temps sans reparaitre, on esti-
mera la dislance du lieu de leur sejour par la
longueurdu temps qu'elles auront mis a reve-
nir. Si l'on a remarque qu'ellcs soiit reve-
nuespromptement, on pourra, au eas que Ton
n'ait point de peine^ les suivre au vol, allerjus-
qu'au lieu memede leursejour; au lieu qu'ilfau-
dra recourira un expedient plus ingenieux a Te-
garddecellesqui sembleront pluscloignees. Voici
en quoi ces soins consisteront. On conpera une
branche de roseau garnie d'un noeud a chacune
de ses extremites, et on la percera sur le cote
avec une tariere; ensuite apres y avoir distille
par eette ouvciture un peu de miel ou de vin
cuit jusqu'a diminution de moitie,on la mettra
aupres de la fontaine ; puis aussitot que les abeil-
ies, attirees par Todenr de cette liqueurqui leur
estagreable, se seront introduites en foule dans
cette branche par son ouverture, on la prendra,
et Ton en bouchera rouvcrtnre avec lepouce,
pour nelaissersortirqu'uneseuleaheille a la fois.
Des qu'il en sera sortie une , robservateur remar-
quera le c6te par lequel elle prendra la fuite , et
la ponrsuivradans sa course aussi loin qn'il lui
sera possible. Lorsqu'ensuite il cesseia de \'a-
percevoir, il en laissera sortir une seconJe; el si
celle-ci tourne du meme c6te que la premiere, il
eontinuera sa route ; au licu que si elle tourne
d'un autrc c6te, il dccouvrira le trou pour en lais-
ser sortir une troisieme ct une quatrieme , en re-
marquant le cote vers lequel s'envolera le plus
grand nombre, afin de continuerses poursuites,
jusqu'a ce qu'il soit parvenu ;i l'endroit ou sera
cache ressaim. S'il est caclie dans une caverne,
il cn fera soitir les abeilles a Taide de la fumee ;
et des qu'elles seront sorties , il fera resonner de
Tairain pour lesarreter dans leur course. En ef-
fet, effrayees par le son de ce metal , elles s'ar-
reteront aussitot sur un arbrisseau ou sur le plus
haut de la cime des arbres; de sorte que celui
qui cherclie a les prendre pourra les enfermer
dansune rnehe, qu'il aura eu soin de preparcr
a cet effet. Mais si ress:\im est fixe dans un creux
d"arbre, soit qu'il en occupe une branche, soit
qu'il en occupe le tronc, il faudra, au cas que
la petitcsse de cette branche ou de Tarbre le
permette, en couper d'abord toute la partie su-
perieure, que les abeilles n'occuperont point,
avec une scie tres-affilee, afin d'avoir plus tot
fait ; apres quoi on en coupera la paitie infe-
rieure qui paiaitra habitee par ies abeilles. En-
suite, lorsque la branche ou le tionc de Tarbre
seront coupes tant par en haut que par en bas ,
on les enveloppera dans un morceau d'etoffe
propre , car c'est encore un point tres-important ;
et , aprcs avoir enduit les trous qui pourront se
trou\ersur renveloppe, on lcs portera au lieu
oii on veut les plaeer; enfinon les mettra au rang
des autres ruches, apresy avoir pratique de pe-
tites ouvertures, comme j'ai deja dit. Au sur-
plus, quand on cherche des essairas , il faut
s'y prcndrc dans la matiuee pour allcr a cetle
decouverte, afin d'avoir toute la journee de-
vant soi pour examiner la route que prennent
les abiilles. En effet, s'il est deja tard lorsqu'on
At si corami'ant ficiinenles , spem qiinque auciipiincli e\a-
mina majoiem faciiint; eaque sic iiiveiiiunliir. 1'iiiiiiiiii
quam longe sint eNpioraiidum est, piwpaiaiuiaqne iu lianc
reni liquida iu!)rica : qiia cum festiicis illitis contigeiis
apiumterga ronteni libantium, commoiatiis eo<iem loco fa-
ciliusiedeuntesagnoscerepotoiis; acsiiionfar(leiiil'acient,
sciaseas in viciiioconsisteie: sin automsciiiis, pio nione
tempore .Tstimaliis lUstantiam loci. Sed cuiii animadvei-
teiis celeriter redeuules , non ffgic persequens iter \o-
lantium ad sedem perduceris cxaminis. In iis auteni
quie longius mejic videbuntur, solcrlior adliibfbiliir ciua,
quic talis est. Arundiiiis internodium cum siiis ailiculis
cxciditiir, et terebratur ab lateie talea, per qiiod foramen
cxigiio melle vel defruto instillato, ponilur juxta fonteiii.
Dcindc cum ad odoreii] dulcis liqiiamiiiiscoinplnres apcs
iriepseruiit, tollitur talea, et apposifo foramini pollice
non emitlitur, nisi una, qiisc cum cvasit, fugam siiani
demonstrat observanti : alque is, dum siifficil, persequi-
lur evolantem. Oiim dcindoconspircre desiilapcm, tum
alleiani ciiiillit : et si eandoiu petit cadi pai loiu , losligjis
priuribns iiilia-rot. .Si miiius,aliam atque aliaiii roraiiiliic
adapcito palitiir egrcdi; regionemque uoiaf, in ipi:iiii plu-
lesrovolenl, ot easpersequitur, donec ad latcbraui pi^r-
uiicatiir c\aiiiinis. Qiiod sive cst ahditiim spccu, fumo
olicitur, et cimi erupit , afiis stiepitu coercetur. Nam sla-
tiui sono t('riitiim vel in fiiitice vel in editiore silvae
fionde considet, ot a vcsliL'atore pr.Toparato vasc rccon-
dilur. Siu aiilem soilom liabel aiboriscav.x, et aiit cxtat
lamiis, quom obtinent, aiit siiiil iu ipsiusaiboris truiico,
tunc, si mediocril.is pafifur, aciitissima serra, ipio cole-
rius id tiat, pricciditiir primiim siiperior pars,ipiir al)
apibus vacat;dcindcinfori«r, qiialoniisvidelur inliabitari.
Tum recisusutraipieparlc muiiilo vestimento contegitur,
quoniam liocquoque plurimiim roforf,acsi quibus rimis
liiat, illilis ad lociim perleitui : rclicfisqiie parvis, ut
jam di\i, foraminibiis, inuru ciotorarum alvoruin collo-
catiir. Scd iiidagatorem convenit mafiitina tempora vos-
ligandi cligcrc, iit spaliuni dioi liuboat, ipio c\ploio!
30G
COLUMELLE.
coTnmence b. les observer, il arrive souvent
qirelles se retirent api'es avoir fini leurtaclie,
sans revenir davantage a l'eau, quoiqu'elles
soient dans le voisinage , et que par consequent
celui qui cherchait Tessaim est dans le cas d'i-
gnorer a qnelle distanceil est de ia fontaine. II
y a des personnes qui , vers le commeneement
du printemps, lient en bottes de la citronnelle,
et, comme dit le poete, de la melisse commune
et du mclinet , herbe peu eslim.ee , avec d'au-
tres plantes semblables qui sont agreables a
cette espeee d"insectes, pour en frotter des ruches
jusqu'acequ'ellesse soientimpregnees deTodeur
et du suc de ces plautes ; apres quoi elles essuient
ces ruches et les humectent avec un peu de miel ;
puis elles les arrangent dans des forets aupres
des soureesd'eau qui s'y trouvent , pour les re-
porter par la suite chez elles quand eiles seront
remplies d'abeilles. Mais il n'y a pas de proflt a
suivre cette pratique , si ce n'est dans les lieux
oi\ les abeilles seront en tres-grande quautile,
paree qu'il arrive souvent que les passants veuant
a trouver ces ruches vides , les eraportcnt ; auquel
cas ravantaged'en avoiruneoudeux pleinesn'est
pas comparable au desagrement d'en perdre
plusieurs vidcs. Lorsqu'au contraire lesabeilles
sontentres-grand nombredansunendroit, quand
meme on viendrait a perdre plusieurs ruches, le
proflt que rendraient les abeilles que Ton aurait
trouvees dedommagerait amplement de cette
perte. Telle estlafaeou de prendre des essaims
sauvages.
IX. Voici maintenant la fa^on de retenir lcs
essaims nes chez soi. Le gardien ne doit jamais
manquer de visiter avec attention Tendroit oii
sont les ruehes. En effet, quoiquil n'y ait point
de temps oii il ne faille donner des soins aux
abeilles, elles tn exigent encore de plus assidus
lorsqu'elles senlent le printemps approcher, et
que leurs petits commencent a se multiplier,
d'autant que ceux-ei ne cherchent qu'a s'enfuir,
a raoius que celui qui est charge d'en prendre
soin ue les guette pour les prendre sur-le-champ.
Car telleest la nature des abeilles, que chaque
peuplade est engendree communement avec ses
rois , et que , des que ees rois ont la force n^ees-
saire pour voler, ils dedaignent la compagnie et
eneore plus le gouvernement de leurs auciens,
par la raison qu'il est impossible que rautorite
souffre aucun partage, je ne dis pas seulement
parmi les hommes, qui sont des etres raisonna-
bles , mais encore moins parmi les animaux , qui,
n'ayant pas la faculte de parler, manquent abso-
lument de discernement. Cest pourcela que les
nouveaux chefs marchent a la tete de leur jeu-
nesse , qui se tient en pelotons pendant Tespace
d'un ou deux jours a rentree mfime de la ruche,
et qui annonce par sa sortie qu'elle se cher-
che un domicile particulier. Au siuplus, lors-
que eelui qui prend soin des abeilles lui en as-
signe un a rinstant, elle s'en contente commesi
c'etait sa patrie; au lieu que si le gardien ne
lui en presentait pas un , elle irait chereher des
contrees eloignees,comme si elle etait chasseede
son pays par les mauvais traitements qu'elle y
aurait souffei'ts. Pour empecher que cela narrive,
un bon gardieu doitohserver les ruches au prin-
temps jusqu'a la huitieme heure du jour, passd
laquelle les nouvaux bataillons ne hasardentpas
la fuite, et lesexamineravec un oeil attentif , soit
lorsqu'ils sortent, soit lorsqu'i!s rentrent, paree
qu'il y en a quis'eloignentsans tarder, des qu'ils
soiitsortisdelaruche. llpourras'assurerd'avance
avec certitude si les abeilles meditent leur fuite,
enapprnehantroreilledechaquerucheverslesoir,
d'autant qu'il s'y eleve, environ troisjours avant
commeatus apium. S«pe enim , si seriusccepit eas deno-
tare, eliam cum inpropiiiquo sunt,justis opeiuni perac-
tis se lecipiunt , nec lemeant ad aquam : quo evenit ut
vestigator ignoret, quam longe a fonte distet examen.
Sunl qui per initia veris apiastrum , atque, ut ille vates
wi,tritamelisspliyUa et cerint/ice igiwbile granien,
aliasquecoUigant simileslierbas, quibus id genus anima-
lium deleclatur, et ita alvos perfiicenl , ul odor et succus
vasis inlisereat : quse deinde mundala exiguo nielle res-
pergant,et per neinora non longe a fontibus disponant ,
eaqiie cum repleta simt examinibns, domum referant.
SeJ boc nisi locis , quibus abundant apes , facere non ex-
pedit. Nam saepevel inania vasa nacti, qui forte pra^ler-
eunt, secum aiiferunt : neque est tanti vacua perdere
complura, ut uno velaltero potiare pleno. At in majore
copia, eliam si miilta intercipiuntur, plus est quod in
repertis apibus acquiritur. Atque liiec est ratio capiendi
silvestria examina.
I.\. Deinceps talis altera est vernacula relinendi. Semper
quidem ciistos sedule circumire debet alvearia. Neque
cniivi iilliiin tempus cst, quo non curam desiderent; sed
eani postiilant diligentiorem , cum vernant et exundant
novis IVctibus, qui nisi ciiratoris obsidio protinus excepti
sunt,diffiigiunt. Quippetalis est apiiini natura, ut pariler
qiiacque plebs generetur cum regibus ; qiii ubi evolandi
vires adepti sunt, consortia dedignanliir vetusliorum ,
multoque niagis imperia : quippe cum ralionabili generi
inortaliiini, tum magis egentibus consilii inulis animali-
biis , nulla .sit regni societas. Itaque novi duces procedunt
ciim sua jiiventute , qua; uno aut alteio die in ipso domi-
cilii veslibiilo glomerata consistens, egressu suo propiiae
desiderium sedis ostendit; eaqne velul palria contenta
est , si a procnratore protinus assignelnr. Sin aulem defiiil
ciistos, velut injuria repulsa peregrinam regionem petit.
Qiiod ne fiat, boni curatoris est vernis temporibiis obser-
vare alvos in oclavam ferc diei liorain , posl ipiam non
temere se nova proripiunt agmina ; eoruniqiie egrcssus re-
gressusqiie diligenter custodiat. Nani qua^dam solent , cuni
subito evaserunt, sine cunctatione se proiipere. Poteril
exploratam fugam prKsciscere vesperlinis lemporibus
aurem singulis alveis admnvendo. Siquidem fere aiite
triduum, quam cruptioncm factuiu' sint, velut militaria
DE rAGRlCULTUr.E, I.IV. IX.
cettf fuite , un tumulte et un bourdonnement scm-
blables a ceux que font entendre dcs soldats qui
vont decamper; et que ce tumulte, ainsi que
Virgile a tres-grande raison de le dire, donne a
connailre cVavancele projet du peuple , jmis-
qu6 le son martial et sourd dc 1'airain reproche
aux paresseuses leur lenteur, et que ton rn-
tend alors un bniit scmhlable au son brise dcs
trompettes. II ne faut donc pas perdre de vue
celles qui font enteiidre ce bourdonnement, afin
que le gardien soit pret a tout evenement , soit
qu'elles sortent pour le combat (car elles se bat-
tent ou eutre elles, corame il arrive dans les
guerres civiles, ou avec d'autres peuplades,
comme on se bat contre des nations etrangeres ),
soit qu'elles sortent dans lintention de prendre
la fuite. Au surplus , il est aise d'arreter le com-
bat d'un essaim parmi lequel regne la discorde ,
ou de deux essaims qui se battent Tun eontre
rantre , puisque,comme dit le meme poete, il
suffit, pour les apaiscr, ile jeter sur eux un
peu depoussicre, ou de les asperger avec du vin
mfile de miel , ou avec du vin fait de raisins sc-
ches au soleil , ou enlin avcc toute autre liqueur
semblable, dont la douccur leur ctant familiere ,
ne manquejamais d'apaiser leur colere, quelque
cruelle qu'elle soit. II ne faut donc pas autre
chose pour concilier a raerveille entrc eux les rois
que la discorde a desunis. Car il se trouve sou-
vent plusieurs chefs dans une seule peuplade,
auquel cas le puupie prend differents partis ,
comrae il arrive daus les seditions excitees par
les grands : il faut cependant enipecher que
cela n'arrive souvcnt, parce que la nation en-
tiere se consumerait par ces guerres intestines.
Cest pourquoi , quand les chefs sont de bon ac-
cord entre eux, la paix regne sans qu'il y ait de
sang rcpaudu : mais si Ton remarqueque les ar-
mees soient souvent en guerre, on aura soin de
tucr lcs chefs qui cxciteiit les seditions : quant
aux batailles livrees, on les terminera en y ap-
portant les remedes que nous venons de donner.
Lorsqu'en conscquence de ces remedes rarmee
se sera posee en pcloton sur la branche voisine
d'un arbrisseau vert, on examincra si ressaim
cst accrochc de faeon que toutes les abcilles
soient penducs les unes aux autres en formc de
grappes; ce qui sera la preuve ou qu'il n'y a
qu'un seul roi , ou qu'au moins, s'il y cn a plu-
sipurs , ds sont reconcilies de bonne foi entre cux ;
et on le laissera par consequent dans cette situa-
tion jusqu'a ce qu'il revole a son domieile. Mais
si ressaim est partage en deux ou mcme en plu-
sicurs raainclons , pour ni'cxprimer ainsi , on
ne di)it pas douter alors qu'il ne s'y trouve plu-
sieurs grands, et que ces grands ne soient en-
core animes les uns contre les autres. Dcs lors
il faut chercher lcs chefs dans les pelotons oii
Ton verra que les abcillcs seront le plus rassem-
blces. Apres avoir donc frotte sa main avec le
jus des hcrbcs dont nous avons parle, c"est-a-
dire , avee du jus de nielisse ou de citronelle , afin
que lcs abeilles nc s'enfuient pas lorsqu'elles se
sentlront toucher, on inserera legeremcnt les
doigts dans les pelotons pour les sonder, en ecar-
tant les abcilles jusqu'a ce que l'on ait trouve
Tautcur de la discorile, qu'il faudra ecraser.
X. Lcs rois sont un peu plus gros et plus al-
longes que les autres abcilles : ils ont aussi lcs
pattes plus droites , mais les ailes moins grandcs :
ilssont d'unecouleur agreable, propreset lisses,
et ii'ont nipoilni aiguillon,amoins qu'on nepren-
ne pour un aiguillon cette espece de gios poil qui
leur sort du ventre, quoiqu'ils ne s'en servent
jamais pour nuire. II s'en trouve aussi quclques-
uns de bruns, qui sont herisses de poils, et tels
signa movenfium liimultus ac murmur exoritur : ex quo,
ut verlssime ilicil Virgilius , corda licet vulgi prcescis-
cere. Hamqxie. morantes Martius ille crris rauci canor
increpal, et vox Audilur fraclos sonitus imitnta tu-
barum. Ilaque maxime observari deljent, quae istud
faciunt, ut sive ad piignam eruperint, nam inter se tau-
quam civilibus bellis , et cum alleris quasi tum extei is
genlibus prailiantur, sive luga; cansa Se proripuerint,
priBSto sit ad iitruinque casuni paratus custos. Pugna
quideiii vel unius inter se dissidenlis vel duorum esaiiii-
num discordantium facile compescitur : nam ut idem
ail, Putvcris exigui jactu compressa quiescit : aul
nmlso, passove, aut aliqiio liquore simili resperso, vide-
licet familiari dulredine s;i>vi(Mitium iras miligante. Nam
eadem iniie cliam dis.^id(nli's rc^ics conciliant. Siiut eiiim
ssppe plures unius p(ipnli dnrcs, ct qiia.si pioceriim scdi-
tioneplebs in parles diducilin ; (|iiiiil frciinenter lieri pro-
liiliendum est , quoniam intcj-tiiid li- llo Idl.-e gentcs consu-
ninntur. Ilaquc si conslat piiiK ipibiis gralia, maiiet pax
iiicriienta. Sin aiilem ssepiiis acie dimicanteis notavcris,
dnces sedilioniim intcilicerc curabis : dimicantium vcro
praelia praedictis remediis sedantur. Acdeindecum agmen
glomeiatum in proximo fiondentis arbuscuia^ ramo conse-
derit, aniniadvertilo, an toUini examen in speciem uniiis
uva^ dcpcnileat : idque signuni erit aut iinum regem inesse,
aiit cei le plnres boiia lide reconcilialos ; quos sic palieris,
duni iii siiiini rcvdlcnt domicilium. Sin autem duobus aiit
etiani ciiinplinibiis \eliit uberibusdidiictiim fuerit examen,
iie diibitaveris ct plures proceres et adliiic iralos esse.
Atqiie iii iis parlibus , quibus maxime videris apes glo-
nieiari, requirere duces debebis. Itaque succo praedicta-
riim licrbaruin , id est, melissopliylli vel apiastri manu
illita , ne ad tactiim diffugiant, leviter inseres digitns, et
didiictas apcs scrulaberis , doncc auctorem pugna' , i|uem
eliilcrc debes,] reperias.
.\. Sunt autem lii reges niajores paulo et oblongi magis
qiiani cffiler* apes, rcctioribiis cruribus, sed minus ain-
plis pinnis, piilcliri coloris ct nitidi, levesque ac sine
pilo , sine spiculo , nisi qiiis foi tc pleniorcm qiiasi capilliim,
qiicni in ventre gernnt, acnlenm putct, quoet ipso lanien
ad noccndum iiun nliintur. Quidam etiam infusci alqiie
liirsuti rcperiunlur, quorum pro liabilu damnabis iii^e-
COLUMELLE.
quMl suffit de les voir pour juger de la mechan-
cete de leurs raocurs. En effet, on recoiinait
deiixflgures (listinctes panni les rois, comme
parmi le rcste des aheilles : les uns se font re-
marquer par leur peau terne et mouclietee en
or; on les distingue encore tant d leurs ecail-
les rouqes qu'd leur bec , et ce sont ceux qu'ou
approuve le pliis, parce qu'ils sont fiffectivcmeiit
les meilleurs; car lcs moins bons, dont la couleur
ressemble a celle de la salive crasseuse, sont
aussi sales qu'un voijageur qui virnt de trnver-
ser un chemin couvert de poussiere, doiit la
bouche dessechee crache contre ierre; et,
comme dit le meme poete, ils aiment la paresse,
et ils trainent sans gloire leur la.rge ventre. II
faut donc condamncr d la mort tous les chefs
de la mauvaise espece , et laisser regncr sculs
dans leur cour ceux de la bonne. On arra-
cheraneanmoins lesailesaceux-ei meme,quand
ils feront trop souvent des tentatives pour pren-
dre la fuite avec leur essaim ; parce qu'un chef
vagabond qui aura perdu ses ailes, setrouvant
des lors comme retenu dans des entravcs, et se
voyant prive de !a ressource qu'il avnit aupara-
vant dans la fuite, n'osera plus sortir hors des
limites de son royaume , et ne voudra pas meme
en consequence permettre au peuple soumis a
son empire de s'ecarter trop au loin.
Xi. II faut meme quelquefoistiier lechef lors-
qu'une vieille ruche ne contient plus un nombre
suffisant d'abeilles, et qu'on est oblige de la re-
peupler avec uu nouvel essaim. Ainsi , lorsqu'au
commencement du printemps il sera ne une
nouvelle couvee dans une ruche qui se trouvera
dans ce cas-la , on en ecrasera le nouveau roi,
afln que son peuple reste avec ceux qui lui ont
donne le jour, sans que la discorde regne parml
eux. S'il n'est sorti au contraire aucune proge-
nlture des rayons de cette ruche, on pourra y
incorporer les pcuples de deux ou trois autres
ruches, en prcnant cependant prealablement le
soin de les asperger de quelque liqueur qui leur
soit agreable. On les liendra aussi renfermes
pendant Tespace d'environ trois jours dius ce
nouveau domicile , en y laissant neanmoins de
petites ouverturcs pour leur donner de Tair, et
on les y nourrira jusqu'a ce qu'ils s'y soient ac-
coutumes. II y a des personnes qui preferent
dans ce cas se defaire du plus vienx roi; mais
cette methode est tout a fait mauvaise. En effet ,
comme la troupe des vieilles abeilles, que Ton
peut considerer comme un senat , ne voudra
pas obeiraux plus jsunes , celles-ci ayant Tavan-
tage de la force , puniront et mettront a mort
toutes celles qui s'obstineront a mcpriser leur
commandement. [I faut convenir qu'en laissant
dans la ruche le roi des anciennes abeilles, il en
resulte communement un inconvenient par rnii-
port au plus jeune essaim, qui consiste en ce qiie
ce roi venant a mourir de vieillesse, on vnit
naitre la hcence et la division, comme on la
voit nailre dans une maison apres la mort dii
chef de famille : mais il est aise d'y remedier.
On choisit a cct effet un autre chef dans des ru-
ehes ou il s'en trouve plusieurs, et on le transfere
dans celles qui n'en ont point , pour Ty mettre a
la tete du gouvernement. On n'a pas non plus
beaucoup de peine a remedier au defaut de mul-
tiplicatiou desabeilles, dans les ruches qui sont
affligees de quclque maladie pcstilentielle. Eu ef-
fet, aussitot qu'on s'apereoit du desastre qui
dcpeuple une ruche, il faut en visiter les rayons,
qui contiennent la semence dont les petits doi-
vent cclore, et couper la partie des cires dans la-
quelle doit s'animer la posterite du sang royal.
Or cette partie est aisee a reconnaitre, parce
qu'ou la distingue communemeiit a rextremite
des cires, ou elle surmonte les autres parties
nium. Namque duce rcgum facle.s , duo corpora plebis.
AUercril maculis auro squalenlibus ardens, ElrulUis
clarus squumis insignis et ore. Atquc liinc maxime pro-
batur, qui est melior : iiam deterior, sordiilo spulo similis,
tam f<iedus, Quam puloere ab alto Cum venii, et sicco
ierram spuit ore vialor. Et, ut idem ait, Desidia laiam-
que irahens inglorius alvum. Omnes igitur duces iiotie
detcrioris Dedeneci, melior vacua sine regnet in aula.
Qui tameu ct ipse spoliandus est alis , ubi saepius cum
examine suo couatur eruptione facla piofugere. Nain velut
quadam cumpede relinebimus erroneni ducem detiactis
alis, i|iii luga! destitulus pitesidio, finem legni nou audet
excedere , propter qiiod ne ditionis quidem sua; pnpulo
permittil lougius evagaii.
XI. Sed uonnunquam idem necandns est, cum vetus
alveaie numeroapium destituitur, atqiie infrequeiitia ejus
aliquo exainine replenda est. Itaque cum primo vere in eo
vase nala est pullities, novus rex elidilur, ut multitudo
sine discordia cum parentibus suis converseliir. Qiiod si
nuUam progcniem liilerint favi, duas vel Ires alvoriim
plebes in unum contribuere licebit, sed prius respersas
dulci liquore : liim deinnm includeie, et posilo cibo ,
dum conversari consiiescant, exigiiis spiiaiiieiilis relictis
triduo feie clausas liabere. Sunt qui senioiem poliiis
regein subnioveant, quod est contrarium : qiiippe lurba
velustior, veliit quidam senatiis, junioribus paiere non
censent, atqueimperia validioi'umconlumaciteiS|K>rnenles
paniis ac mortibus arficiunlur. llli quidem iiuonimodo,
quod juniori examini solet accidere, cum anliquarum
apium relictus a nobis rex senectule defecit, et tnuquam
domino niortuo familia nimia licentia discordat , facile
occurritiir. Namex iis alvis, quae pliireis habent principes,
dux uuus eligilur : isque translatus ad eas, qu* sine
imperiosunt, rector constituitur. Potest aiitem niinore
molestia in iis domiciliis, qu:e aliqua pesfe vcxata sunl,
paucitas apiuni emcndari. Nam ubi cognita estchides,
Ireqiientis alvi , si ipios habet favos , oportet consirlerare :
tum deinde cer.-e cjus qiife semina pullorum continet ,
partem recideie, in qiia regii generis proles animatur. Est
autem facilis conspecln , quoniam fere in ipso finc cera-
DE L'Ar.RICULTURE, LIV. !X.
399
comme im bnut de mamclle, et que rouvcrture
en cst plus large que celle des autres alveoles,
daus lesquels sout renfermes les petits du vul-
gaire. Celsus assure que rextremite dcs rayons
est traversee par des tuyaux qui contienncnt lcs
petits du san,£:royal. Hyginusdit aussi, d'apres
i'autorite des auteurs grecs , que le chcf ne vient
point d'un petit ver ( comme les autresabeilles 1,
mais que Ton trouve , sur les bords dcs rayons ,
des alveoles couverts, qui sont un peu plus
grands que ceux qni eontiennent la semence dont
le peuple doit eclore; et que ces nlveoles sont
remplis d'une espi>ce de crnsse rouge , qtii sert n
former le roi avec des ailes, dout il estpourvu au
inoment de sa naissnnce.
XIL Voici encore des soins qu'exigent les es-
saims nes chez nous, quand par hasard ils foiit
une sortie dans le temps que noiis venonsde dire,
et que, degoutes de leur patrie , ils annoncent
qu'ils cherchent a fuir plus au loin. On s'aper-
coit que les abeilles nieditent ce projct quand
elles s'eIoignent du vestibule de leur ruche, au
point qu'on n"y en voit plus rentrer aucune , et
qu'elles s'elevent nu contraire sur-le-champ en
Tair. II faut alors effrayer le jeune essaira dans sa
fuite, soit avec dcs sonnettes de cuivre, soit en
faisant resonner des morceaux de pols de terre
casses, tels qu'on en trouve communement par-
tout a terre; et des que reffroi Taura ramene
vers la ruche qui Ta vu naitre , ct qu'il demeu-
rera suspendu en peloton aux environs de cctte
ruche, ou qu"il aura gagne des feuillages voisics,
le gardien frottera, nvec les herbes dont nous
avons parle, le dedans d'uneseconde ruehe qu'il
aura preparee a cet effct, et raspergera a rexte-
rieur de gouttes de miel ; npres quoi il Tnppro-
chera du groupe forme par les abeilles, pour les
y renfermer soit avcc la main soit encore avec
unecuiller. Ensuite, qunnd il aura pris tous ks
autres soins convenables , il laisscra cette ruehe
bienarrangee etbien enduitc dans le lieu merae
oii cette operation aurn cte faite , jusqu'a ce que
lejour tomhe ; puis il la transportera au com-
mencement du crenuscule , pour la mettre au
rang des nutres ruches. II faut aussi garnir de
ruches vides Tendroit ou Ton eleve des abeilles ,
parce (|u'il y a tels essaims qui se cherchent un
domicilednns le voisinage meme de leur ruehe,
aussit6t qu'ils en sont sortis , et qui sempnrent
de ceiui qu'ils trouvent non occupe. Voila n peu
presles soinsqu'il fautprendre tant pouracque-
rir que pour conserverdes abeilles.
XIII. Viennenta present les remedes qui leur
sont necessaires quand elles sont raalades ou
tourmentees par In peste. II est rare , a la verite ,
que des raaladies contagieusescnusent du desns-
tre parmi les nbeilles ; mnis nennmoins, si le cas
arrivait, il n'y a pas d'autre traitement a suivre
que celui que J'ai prescrit pour les nutres hes-
tiaux, c"est-a-dirc qu'il faut trausferer plus loin
les ruches. Quant a leurs maladies particulie-
res, il est plus aise d'en decouvrir ies causcs et
d'en trouver les remedes, que dans les autres
animaux. Leur plus granderaaladie esteelle qui
leur vient tous les ans au commencement du
printemps, quand la plante du tilhymale est en
tleur , et que les ormes font voir lcur graine. En
effet, comme elles ont souffert de la faim pen-
dant rhiver, ces premieres fleurs excitent leur
nppetit, comme pourrnient faire desfruits de la
primeur ; et elles se remplissent avidement de ce
genre de nourriture, qui d'ailleurs ne leur fcrait
aucun mal si ellcs )i'en prenaient qu'avec so-
briete. Lorsqu'elles s'eu sont gorgees snns raena-
rum velut iiaiiilla iilieris apparet emiiienlior, et laxioris
fislulaB , qiiani sunt relic|ua foianiina, quiluis popularis
notae pulli delinentur. Celsus quidcm aflimiat in extre-
niis favis transversas listulas esse, qiise coutjneant icsios
pnllos Ilyginus quoqiie auctoritaleui Giajcorum sequens
negat ex venniculo, ut cseteias apes , lleri dutein , sed in
eircuitu favoruni paulo niajoia , (piam sunt plebeii senii-
nis , invcniri recta fora^iniiia replcla cpiasi soide rubri co-
loiis, ex qua protinus alatus rcx ligiiietur.
XII. Estel illa veruaeuli cxaniinis cura, si fortc pra;-
dicto tempore lacta eruptione pali iam fastidiens scdem
lougiorem fugam denunliavil. Id aiitem siguilicat, cum
sic apis evadit vestibulum, ut iiiilla inlro rcvolel, scd se
confestim levet sublimius. Crepitaculis ocicis aul tesla-
riim plerumque vulgo jaceutiuin [sonilu] tcrrcatur fu-
i;icns juventus : eaque vel pavida cuin repctierit alviim
malemam, et in ejiis aditu glomerata pcpeiulerit, vel
statim .se ad proximam frondein contnlerit; proliniis cus-
tos uovum loculamentum in lioc pra^paratiim perlinat in-
trinsecus prajdictis bei bis : deiiulc guttis niellis respersiim
admoveat : tuni manibus, nut etiam triilla congregatas
apes recondat : alquc, uli debel, adliibita csctcracura,
dillgenter composilum et illitum vas intcrim palialur
in eodem loco esse, duin advesperascal. .Prinio deiiide
crepusculo transfeiat , et reponat iii ordinem reliqiiariim
alvoriim. Oportct aulem etiam vacua domicilia collocata
in apiariis liabere. Aam sunt noniiuHaexamina, qua; cum
processerint , statim sedcm slbi quarant iu proxiino,
eandcmquc occupent quain vacaiitein leperiunt. Huc fcre
acqiiircndaruin , utque ctiam retiiiciidaruiu apiuni truditur
cura.
XUI. Sequitur ut morbo vcl pestilentia laboiantibiis
rcmedia dcsideicnlur. Pcstilenliai rara in apibus per-
nicies, ncc tamen aliiid, qiiam qiiod in ca:'tei'0 pccore
pi'a'cepimiis , quid fieri possit reperio, nisi iit longiusalvi
Iranslerautiir. .Moiborum aiitcm lacilius [in liis] et causae
dispiciuntur, el inveniiiiitiir mediciua,'. Maxlnius aiilem
anuuus eariim labor esl inilio vcris, quo titbymali lloret
fi utex , et (|H0 sameram iiliiii promunt. Nain quasi novis
pamis, ita liis primilivis lloribus illccta; avide vescunlur
post liibcrnam famem, alioquin citra satictatem tali uo-
ceiile cibo : quo cum se adatim rcplevcrunt, profliivio
alvi, nisi celeriter succurriliir, inteieunt. Nam et lilhy-
nialus majoriim qnoquc animalium ventrem solvil, el
COLDMELLE.
gement, elles perissent par un flux de ventre , a
moins qu'on n'y remedie prorapteraent, paree
que le tithymnle Itiche le ventre de tous les ani-
niaux , raeme des plus grands , et que Torme pro-
duit particulierement eet effet sur les abeilles :
c"est aussi la raison pour laquelle il est rare que
des essaijns restent longtemps bien peuples dans
les contrees de ritalie, oii il se trouvc un grand
nombre de plants d'arbrcs de cette espece. On
peutdoncdonner aux abeillesau comraeneement
du printemps des nourritures medicaraentees,
tant pour empecher qu'elles ne soient surprises
par cette mnladie , que pour ies en guerir , au
cas qu'elles en soient deja attaqu^es. Car je n'o-
serais pas assurer , faute de Tavoir cprouve par
moi-meme, la vcrite d'un fait qu'avance Ilygi-
nus d'apres les plus grands auteurs, quoique si
quelqu'un veut s'en assurer, il pourra en faire
Tessai par lui-mt^me. Quoi qu'il eu soit, ilordonne
de prendre les cadavres des abeilles, que Ton
trouve en tassous les rayons quand cetle maladie
contagieuse s'est empareed'elles , et de les serrer
dans unlieu sec peudant Thiver; il veut qu'en-
suite, vers requiuoxedu priutemps, on les raette
au soleil apres la troisieme heure du jour , lorsque
la douceur du temps le permet, el qu'on les cou-
vre de cendrederiguier.Celafait, il assurequ'une
chaleur viviliante venaut a les ranimer au bout
de deux hcures , elles reprennent vie et se trainent
dans une ruche preparee a cet effet, qu'on a soin
de njettre aupres d'elles. Pour nous, nous pen-
sons qu'il faut plutot les empeeher de mourir,
endonnantaux essairas, lorsqu'ils sont malades,
les remedes que nous allons prescrire. Ces reme-
desseront ou des grains de grenade pile; et arro-
ses de vin Amine, ou des grains de raisin sechi^s
au soleil et piles dans un mortier avec pareille
quantitede sumac de Syrie , et delrempes ensuite
dans du vin dur. Si Tuu ou Tautre de ces me-
dicamenfs ne fait point d'effet a lui seul, il
faut les broyer tous enserable par poids egal ; et
apres les avoir fait bouillir dans un vase de terre
avec du vin Aniine, les servir aux aheillesdans
des augetsdebois,lorsqu'iIsseront refroidis. II y
a dcs personnes qui leur donnent a boire, dans
des tuiles creuses, de feau raiellee dans laquelle
elles out fait euire du romarin, apres Tavoir laisse
refroidir. D'autrcs mettent aupres des ruches de
rurine de boeuf , ou meme de Turine d'homme
(eorame Hyginus rassure). Elles sont encore sujet-
tes a une maladie qui les affaiblit scnsiblement,et
quifaitqueleureorpsseretrecitetdevient hideux:
on s'apercoit qu'elles en sont attaquees, quand
les unes portent souvent hors de leurs doraiciles
lcs cndavresde celles qui sont mortes, et que
les autres restent dans rinterieurde leursruehes
plongees dans un mornesilence, eomme il arrive
dans un deuil public. Lorsque cela arrive, on
met leur nourriture dans des augets de saule, et
eette nourriturc consiste principalcmcnt en raiel
, bouilli, et broye avec de la noix de galle ou avec
des roses dessccliecs. !I fautaussi hrulerdu gal-
banum, dont Podeur leur sert de raedicament,
et les soutenir, Iorsqu'eI!es sont cpuisees, avec
du vin fait de raisin sec ou avcc de vieux vin
cuit, jusqu'a diminution deraoitic. Mais le meil-
leur de tous les remcdes, c'est de la racine d'a-
nielle , planto dont la tige est d'un jaune clairct
la llenr pnurpree ; on rexprime apres Tavoir fait
bouillir avec de vicux vin Amine, et on leur
donne le jus qu'on en a tire. Hyginus dit, dans le
livre qu'il a compose sur les abeilles, qu'Aristo-
raauhus ctaitd'avis qu'il fallait, pour secourir
celles qui etaient malades, commencer par rc-
trancher tous les rayonsgAtes,ensuite substituer
de nouvelle nourriture a raneienne, et enlin les
proprie iilmiis apiiim. Eaqiie caiisa esl, cur ia regionilnis
Italine, qu* smit ejus geiieris arboribus consitae, raio
freqnentes duient apes. Itaque veiis principio si medica-
tos cibos praebeas , iisdem lemediis et provideri potest,
ne tali peste vexentur, et cuin jam laborant , sanari. Nam
illud quort Hyginus antiquos seculus autores prodidit,
ipse non expertus asseveiare non audet : volentibus ta-
inen licebit experiii. Siquidem pra?cipit apium corpora,
qua; cuin ejusmodi pestis incessit, sub favis aceivalim
enectae reperiuntur, sicco loco per liiemem reposita circa
•Tquinoctium vernum , cmii clementia diei suaseiit, post
lioram tertiam in soleni profene, ficulneoqiie cinere
obiiiere. Quo faclo, affirmat intia duas horas cum vivido
balitu caloris animalae sunt, resumpfo spiiitu, si praepa-
ratiim vas objiciatur, irrepere. Nos magis ne intereant,
quM deinceps dicturi sumus , aegris examinibus exhibenda
censemus. Nam vel grana mali funici tunsa, et vino Ami-
nco conspersa, vel uvae passae cum rore Syriaco pari
inensura pinsitaj et austcro vino insuccatae dari debeiit :
vcl si per se ista rnislrata sunt , oinnia eadem aeqiiis pon-
deiibusin uniim levigata, et fictili vase cuni Amineo vino
infervefacla , mox etiam refrigerata , ligneis canalibus ap-
poni. Nonniilli roieni maiinum aqua mulsa decoclum,
cum gelaverit , imbiicibus infusum piwbent libandum.
Qiiidam bubulam vel hominis uriqam, sicut Hyginus af-
lirmal , alvis apponiint. Nec non etiam ille moibus nia-
xime est coiispicuus , qui horridas contractasque carpit,
ciim fieqiienter aliae inortuarum corpora doniiciliis [suis]
cfferunt, aliae intra letta, ul iu publico luctu, moesto si-
lentio torpent. Id cum accidit , arundinis infusi canalibus
olferunUir cibi, maxime decocti inellis, et cum galla vel
arida losa delriti. Galbanum eliam, ut ejiis ofloie medi-
centur, incendi conveiiit, passoqne el defruto vetere
fessas suslineie. Optime tamcn facit amelli radix,cujus
esttrutex luteus, purpureiis (los : ea cnm vetere Aniineo
vino decocla exprimilur, et ita liquatus ejus succus da-
tur. Hyginusquidem in eo libro , quem de apibus sciip-
sit, Aristomachus, inquit, hoc modosuccurrendum labo-
ranlibus existiniat : primum, ut omnesviliosi favi tollaii-
tur, et cibiis ex integro recens ponatur; deinde, iit
DE LAGRICULTURE, L!V. LK.
parfumer. II croit au?si qu'il cst utile, lorsque
les abeilles sont dpgeneri^es par \icil!esse, d'in-
corporer avcc elles de nouveaux essaims; et il
peiise que , quelque danger qu'il y ait que les dis-
sensions qui resulteront de cette union ne f.^ssent
pc^rir ces nouveaux essaims, cctte recrue d'un
nouveau pcuple ne pourra que rejouir les an-
ciennes abeilles, pourvu quc, pour maintenir
runion parmi elles toutes , on ait soin d'(''carter
les rois de celles que Ton aura transfcrecs d'un
autrc domieile, comme appartenant a un peuple
etrangcr. Effectiveraent, il n'ya pasde doatequc
I'on ne doive transfererles rayons desessalms biea
peuples daus le temps ou les pefits sont formes,
pour les mettro dans les ruches moins peuplees,
afln que cel!es-ci se trouvcnt fortifiees quand
cette nouvclle progeniture s"y trouvera comme
adoptee. Muis il fnudra avoir rattention de ii'y
mettre dans ce cas-la que des rayons oii ies petits
ouvrent deja leurs cellules , et comraencent a
IKODtrer la tcte , en rongcant la cire qui les tient
renfermcs,et qui sert de couverclea leursalveoles.
Car si Ton transfere des rayonsavantque les pe-
tits en soient eclos, ces petits, cessant d'etre cou-
ves, ne peuvent manquer de perdre la vie. Les
abeilles meurent encore d'unc maiadie que les
Grecs appellent -^xyiom-Ji. Elle provient de ce que
les abeilles etant dans Tusage de commencer par
faire autantdecires qu'el!es comptcnt en pouvoir
rempiir, il arrive quelquefois que ces premiers
ouvrages etantfinis,l'essaim s'ecarteau loin pour
aller chereherdu miel , et se trouve opprimedans
les forets par des pluies iniprevues ou par des
tourbillons de vent; ce qui est cause que la plus
grande partie du peuple dont il est eompose se
perd, et qu'ensuite le peu qui en restc ne suffit
plus pour remplir ies rayons. Des lors les parties
de cire qui resteut vides fmissent par se pourrir;
apres quoi le mal faisant desprogr^s inscnsibles,
le miel se corrompt, et les abeilleselles-memcs
perissent toutes. Pour prevenir cette maladie,
il faut joindre deu.x peuplades ensemble, afin
qu'el!espuissentvenirabout de rrmplir leseires
vides; ou, si Ton n'est pas a portee d'avoir un
second essaim , il faut couper les portions vides
des rayonsmemes,avant(pi'ilspourrissent. Mais
il est important de se servir pour cette operation
d'un fer bien tranchant, de peur qu'en y em-
ployant un instrument trop emousse , !a diffieulte
de penetrer ne force de donner un coup trop vio-
lent qui derangerait les rayons de leur place , au-
que! cas les aberlles quitteraieut ieur domicile.
Cest encore une cause de mortalite pour !es
abtillcs, quand les fleurs viennent a etre trop
aboudantes pendant une suite dannces , et qu'en
consequenee ces insectes s'occupent plus a faire
du miel qu'a multiplier. II setrouvedesgens qui,
peu verses dans cette brancbe d'economie rurale,
se felicitent alors , parCe qu'ils voient abonder le
fruit,etqu'i!3nefontpasatten!ionquelesabei!les
sont menacees par cela meme de leur destruction ,
attendu qu'etant epuiseespar uu travail excessif,
elles perissent pour !a plusgrande partie, et, que
ceiles qui survivent a cet accident fluissent par
mourir egalement, faute d'etre reerutees par des
jeunes. S'i! survient donc un printemps oii les
fieui^s pnllulent exeessivement dnns les prairies
et dans les champs , il scra tres.-.bon de boueher le s
sorties des ruehes de trois jours l'un , en y lais-
sant neanmoins de petiics ouvertures par lcs-
quelles les abeilles ne puissent passoriir, afin
qu'elles ne s'occupent pas tant a faire du miel,
quand elles se verront privecs de !'esperanee de
pouvoir remplir toutes leurs eires de cette liqueur,
et qu'el!es !es remplissent au contraire de leur
progeniture. Voilii a peu pres les remedes aux-
fumisentur. Protlesse etiam putat apilius voluslatc cor-
ruplis exameu novum contribuere, quamvis periiuliim
sit, ne seililione consumanlur, verumtamen ailjecta nnil-
tilndine l.iclaturas. Sed ut conconles maneant, carum
apiuni, qua; ex alio domicilio transferimtur, quasi pere-
griiuc plebis submoveri rPKCS debere. ISec tainen dubium,
qnin Ircqucnlissiniorum cxaminum favi, <|ni jain maturos
habeiit pnllos, tiansfcrri, ct sulijici pancioribus delieant,
ut taiiquam nova> prolis adoptione domicilia confirmcntur.
Scd ct id ciim fiet, animadverlendum cst, ut eos favos
siilijiciainus, qnoruni pulii jam sedes siias adapcrinnt , et
velut opcicnla foraminum obductas ceras erodiint exc-
rentes capila. iNain si favos iinmatnro foetu transtnleii-
mus, cmorientiir pnlli, cum foveri dt^sierint. Sa^pe etiani
vilio qnod Graeci ^afEOcivav vocanl, intereunt. Siquidcni
cum sit lia?c apiuni consuetnjo, ut prius tantiim ccraruni
confingant.qnantum pntent explere sc possc : non nun-
quain evenit, nl consummalis opcribiis ccreis, dnm cxa-
inen conquirendi niellis cinsa lonsins evagatnr, snbitis
inibrilnis, aut turbinilins in silvis opprimatiir, cl m;ijo-
rem partcm plebis amitlal /inod ubi faclum cst , reliqiia
COl.l Ull i-t-
pancilas favis complcndis non .sufficit; tuncque v.acuse ce-
larnm partes conipnticscuiit, ct vitiis paulalim serpenti-
bus, corrupto niellc, ip.sa; qnoqne apes intereunt. Id ne
liat, vcl dno popnli conjnngi dcbent, qui possint adhiic
iiitegras ceras explere : vel si non cst facultas alterius
examinis, ipsos favos anle qiiam piitrescant, vacuis par
tiliiis aciitissiino ferro liberare. Kain lioc quoque refert ,
ne admodinn licbes ferramenlnm (quia non facile pene-
trct) veliemenfius imprcssum favos scdibns suis commn-
veat : qnod si factiim est, apcs domiciliuin relinquiint.
Est etilla caiisa interitns, qiiod interdnm continiiis an-
nis plurimi llores provcniiint, et apes niagis melliliciis
quam lictibiis stndent. Itaque nonnulli, qiiibus minorcst
barnm rernm scientia, maKiiis fruttibus deleclantiir, isno-
lantes cxiliiim apilius immineie , quoniam el nimio latiga-
tae operc plurim,-c percnnl, nec ullis juvenlulis supplc-
nicnlis conlrequcntat.Te novissime reliqua; intcieunt. Itaqnc
si tale ver incessit , nt et prata ct arva (loribus abuiidenl ,
utili.ssiinuin cst terlio quoque die alvonim exitus pra'-
clndi, cxiguis foraminibns rclictis per qu.-c non possint
apcs cxire, nl ab opere mcllifico avocal.e, qiioniam noii
COLUMELLE.
qiiels on a recoiirs quaiul les essaims sont attaques
de quelque maladie.
XIV. Voici a present les soins quMI faut pren-
dre des nbeilles pendant le cours de toute l'aniiee,
suivant la methode excellente prescrite p;ir ie
raeme Hyginus. Depuis le premicr equinoxe,
qui tombe au raois de mars vers le huit des ca-
lendes d'avril, quand le soleii est au huitieme
degre du Belier, jusqu'au lever des Plciades, on
a qunrante-huit jours de printemps. Ildit donc
qu"il fnut commencer a donner ses soins aux
abeilles pendant cet intervalle, en ouvrant les
ruches pouren oter toutes les imraondicesquis'y
seront amassees pendant Thiver, et en les enfu-
mant en dedans avec de la fiente de boeuf briilee,
apres avoir detruit les araignees qui eorrompent
les rayons , parce que cette fiente est tres-con-
\enable aux abeilles, vu respece d'affinite qui
setrouve entreelles et cet animal. II faut aussi
tucr les petits verraisseaux que l'on appelle (i-
neie (teignes), ainsi que les papillons: il suffit
communement, pourtuer ces animaux pestilen-
tiels qui s'attnchent aux rayons , de meler de la
moelle de boeuf avec de la fientc du meme ani-
mal , et de les briiler de faeon a leur en faire sen-
tir fodeur. Cest avec de pareils soins que l'on
forliflera les essaims pendant le temps que iious
venons de dire, et qu'on parviendra a lcur don-
ner plus de courage pour s'appliquer a leur ou-
vrage. Mais il faut surtout que celui qui prend
soin d'elever des abeilles ait ia precaution, lois-
qu'il aura a touchcraux rayons , de s'abstenir la
veilledes plaisirs de ramour, commede n'en pas
approcher Iorsqu')I sera ivre, ou sans s'etre lave
prcalablement. II s'abstiendra aussi de presque
toutes les nourritures dont 1'odeur sera forte,
lclles que les salaisons et tous les jus qu'ellcs ren-
dcnt, telles encore que facrlmonie puante de
rail ou de Toignon , ct de toutes les autrcs clio-
ses semblables. Au quarante-huitieme jour de-
puis requinoxe du printemps, c'est-a-dire, au
lever des Plciades, qui tombe vers le cinq des
ides de mai , lcs essairas commencent a prendre
dela fovce eta fourmiller beaucoup : mais aussi
ceux oii il ne se trouve que peu d'abeilles peris-
sent daus le infime temps. Ccst encore dans ce
tempsla que ron voit uaitre dans les extr^mites
des rayons des petits dont la taille est plus grande
quecelledcsautres abeilles,et que quelques per-
sonnes prenncnt pour les rois. Mais il y a des
auteurs grecs qui les appelleut oisrpot (taons),
parce qu'ils tourmentent les essaims et qu'ils ne
les laissent point tranquilles : aussi ces raemes
auteurs ordonnent-ils de Ics tuer. Les ruches
essaiment communcment depuis le lever des
Pl(5iades jusqu'au solstice qui tombe a la fin du
mois de juin, vers le temps ou le soleil est au
huitiemc degre de fEcrevisse; et il faut les gar-
der alors avec plus de soin, de peur que leurs
nouvellcs progeniturcs ue prennent la fuite. En-
suite , depuis le solsticejusqu'au lever dc laCa-
nicule, ce qui faitun intervalle d'environ trente
jours , on moissonne les rayons aussi bieu que
les bles. Mais nous nous reservons de prescrire
par la suite la maniere de les enlever, lorsque
nous traiterons de la composition du miel. Au
reste, Deraocrite et Magon , ainsi que Virgile,
ont pense que c'etait dans ce temps-ci que roQ
pouvait se procurer des abcilles en tuant uq
bouvillon. Magon vameme jusqu'a assurerqu'oD
pcut obtenir le mcmc resultat avec les entrailles
d'un boeuf : mais je pense qu'il est supcrflu de
detailler cetteraethodeavec exactitude, et je nie
range a Tavis deCelsus, qui dit tres-pruderament
sHerenl s€ posse ccias omnes liquorilHis slipare , la^ibus
exiileant. Atque li*c feie sunt exaininum vitio Uiboran-
tiuin reniedia.
XIV. Deinceps illa tolius anni cura, i)t idem Hyginus
conimodissime piodidil. Aba-qninoctio piimo quod niense
Martio circa viii calendas Aprilis in octava parle Arietis
cunlicitnr, ad exoitum Vergiliariim dies verni temporis lia-
lienlnr duodequinquaginta. Per Ims primum ait apes cu-
randasesseadapertis alveis, nl omnia purganienla, qua;
sunt liiberno tempore congesta , eximantur, et araneis,
quifavos corrumpunt, detractis fumus iinmittalur factus
incenso bubulo limo. Hic enimquasi quadam cognatioiie
generis maxime est apibus aptus. Vermiciili quoque , qiii
linea; vocantur, item papiliones enecandi sunt : quae pestes
plerumque favis adliajrentesdecidunt, si limo medullam
bubulam misceas, et his incensis nidorem admoveas.
Hac cura per id tempus, quod diximus, examina firma-
buntur, eaquefortiusoperibus inservient. Verum maxime
ciistodiendum est curatori, [qiii apes nutrit], cum alvos
tractare debebit, uti pridie castns ab rebus venereis, neve
temulentus, nec nisi lotus ad eas accedat, abstineatque
«innibiisredolcntibus esculonlis, ut snnl salsamenta, et
eorum omnia liquamina ; itemque foplentibus acrimoniis
allii vel ceparum ca-lerarumqiie rerum similium. Duode-
quinquagesimo die ab ffqiiinoctio verno, cum lit Vergilia-
rum exorlus circavidus Maias, incipiunt exainina yiiibiis
et numero aiigeii. Sed et iisdem diebiis inlereunt qua;
paucas et a;gras apes liabenl; eodemque tempore progeue-
ranliir in extremis partibus favorum amplioris magnitu-
diuis qiiam sunl caiteiK apes, eosque nonnulli putant
esse reges. Verum qiiidam Grajcorum auctoies oJcrTpout
appcllant ab eo, quod exagitent, neque patiautur exaniina
conquiescere. Itaque praecipiunt eos enecari. Ab exorf u Ver-
giliarum ad solstitiiim, quod lit ultimo mense Juliocirca
octavam partem Cancri,fereexaminant alvi: quo terapore
veliementius custodiri debent, ne novie soboles dif/ugiant.
Tumque peracto solslitio usqiie ad ortum Caniculae, qui
fere dies triginta sunt , paiiter frumenta et favi demelun-
tur. Sed ii quemadmddum tolli debeant, mox dicetur,
cum de confectura mellis prajcipiemus. Ca;terum boc eo-
dem tempore progenerari posse apes juvenco percmpto,
Democritus et Mago nec minus Virgilius prodideruiit.
Mago quide)n ventribus etiam bubiilis idem lieri allirmat,
quam ralionem diligentius prosequi siipervaciium piiln.
1)E UAGRICULTURE , LIV. IX.
qne la perte de ce genre de bi-tail n'occasionne
pas lui assez grand dommage, poiir chcrciier ('i
se le procurer par une pareille voie. 4u reste ,
une cliose qu"il faut faire dans cet intervalle et
jusqu'a i'equinoxe d'automne , c'est d'ouvrir les
ruches tous les dix jours, ct de les enfumer.
Car on convjent generalement que, quoique cette
opcration ne plaise pas aux essaims, elle leur
est neanmoins tres-salutairc. Ensuite, lorsquc
les abeilles auront ete ainsi parfumeeset echauf-
fees, il faudra les rafraichir, cn arrosant les
partles des ruches ([ui seront vides , avec de
I'eau tres-fraichement tirce , et en nettoyant celles
que Ton n'aura pas pu arroser, avec des plumes
d'ai<jle on de tout autre oiseau de prande taille,
qui aient une certaine roideur. II faut encore
balayer les teiiines que ron apercevra, et tuer
les papillons qui se tienncnt eomraunement entre
les ruehes et qui detruisent les abeilles, tant
parce qu'ils rongent les cires , que parce qu'il
s'engendre de leurs excrements certains vers qne
nous appelons les tinem (teignes) des ruches.
Aussi, lorsqu'ils'en trouve uue srande quantite,
eomiue il arrive dans le temps ou la raauve est cn
fleur, on met le soir entre les ruches un vase
d'airain semblable a ceux dont on se sert dans
ies bains ponr faire chanffer Teau ; et aussitot
qu'on y a cnfonce une lumiere, les papillons y
accourent de tous eotes, et se griilcnt cn vol-
tigeant autour de la flamme, attendu que n'ayant
ni la facilite de s'envoler par en haut, parce
que le vase est etroit , ui celle de s'eloigner
du feu , parce qu'ils sont comme resserres entre
les parois du vase, ils sont en consequence brules
par le feu, dont ils sont trop voisins. L'Arcture
se leve environ einquante jours apres la Cani-
cule : c'est alors que les abeilles font leur miel
avec les fleurs couvertes de rosee, tant celles Ju
thym quc celles de rorigaii et de la thymbre. Le
meilleur miel paraitetre celui qu'elles font i\ \'e-
qiiinoxe d'automne, qui tombe avant lcs calendes
d'octobre, quand le solcil est au huitieme degre
de la Balance. Alais il faudra veiller , entre le lever
de la Canicule et celui de TArcture, a ce que lcs
abeilles ne soient pas surprises par les assauts des
frelons, qui se tiennent communement devant
leurs ruches pour les guetter a leur sortie. Apres
lc lever de l'Areture, on moissounc pour la se-
condefoisles rayonsvers requinoxedela Balance
(comme je viens de le dire). Ensuite, depuis
l'equiuoxe, qui tombe vers le huit des calendes
d'octobre , iusqu'au coiicher des Pleiades, les
abeilles einploient quarante jours amettre en re-
scrve le miel qu'elles ont extrait des fleurs dii
tamaris et des arbustes sauvages, etqui leurdoit
servirde nourriture pendant riiiver : mais il ne
faut rien retrancher de ce miel , de peur que si
ces insectes etaient trop souvent molestes par lcs
pertes qu'on leur ferait eprouver, le descspoir
ne lcs portat a prendre la fuite. Depuis le coucher
des Pleiadesjusqu'ausolsticed'hiver, qui tombe
vers le huit des calendes de janvier, quand le
soleil est au huitieme degie du Caprieorne, lcs
essaims commencent a consommer le miel qu'ils
ont mis en reserve, et qui serta les soutenir jus-
qu'au levcr de TArcture. Je n'ignore pas la facon
de calculer d'Hipparchus, qui pretcud que les
solstices comme lesequinoxesarrivent lorsque le
soleil estau premier degredes signes, et non pas
lorsqu'il estauhuitieme : maisje m'entiens,dans
cette economie rurale, aux caleuclriers, d'Eudoxe,
de Meton et des anciens astronomes, qui sont
regles sur les fetes publiques, parce que cet an-
cien systeme est plus generalement connu des
consentiens Celso.qiii pnidentissiitieait, nonlautointeritu
pecus istuii ainitli , ut sic icquirenduin sit. Verum hoc tem-
poie, et usqne in auturani a^quinoctium decinio quoque
«iie alvi apeiiciul.ie ct furaigandae siint. Qiiod cum sit mo-
lestum examinibus, saluberrimuni tamen esse convenit.
Suflitas deinde, et iEstnantes apes lefrigerai e oporlel,
€onspersis vacuis partibus alvonini, et qnam lecenllssimi
rigoris aqua infusa : deinde si quid alilui non pulerit ,
pinnis aquila; vel etiam cujus libet vastu! alilis, qucC ri;;o-
lem liabent , emundari. Prii-lerea ut tinea\ si apparnerint,
everrantiir, papilionesque enecentur, qiii plerunique intra
alvos inorantes aplbiis exitio sunl. .Nain et ceras eioduiit,
ct stercorc suo veinies progcnerant,quosalvorum tineas
appellamus. Itacpie qiio teinpoie malv.t llorent , cuni est
earuin maxiina mullitudo, si vas a'neuni slmile miliario
vespeie ponatiir iiitcr alvos, et in funduni ejus lumen ali-
qood deinitlaliir, undique papilioncs concurruut : duuique
circa namiiiulain volitant, adiirnntur, qiiod nec facile cx
angustosursMin cvolare, iiec rursus longius ah igne pos-
suut recedere, cum l.itcribus aMieis circnmveniantur :
ideoquc propinqiio ardore consumuntur. .\ Caniciila leie
post diem quinqiiagesimum Arcturusoritur, cum irrora-
tis floribus tliymi el cunila! tliymbraeque apes mella con-
(iciunt : idque optima; notae emitescit autumni »quinoc-
tio, quod est ante calcnd. Octobris, ciim octavani
partoni Libr^ sol atligit. Sed inter Caniculoe et Arcluii
exorliim cavendum erit, ne apes intercipiantiir violentia
crabionum, qui anle alvearia plerumque obsidianfur pro-
deunjibiis. Post Arctiiri exortiim ciica ajquinoclium Ijibra-
(sieut dixi) favorum secuudaest exeniptio. .Vb fequinoctio
di^inde quod coniiciUir circa viii calend. Octobris ad Ver-
giliariim oc':asum diebus XL , e\ lloribus tainaricis et
silvestribiis friitelis apes collecta mella cibariis liiemis
repi)niint. Qiiibiis niliil est omnino detrabeudiim, in'
Siepius injnna contristatae velut desperatione reriini pro-
fugiant. Ab ncrasu Vergiliarum ad brumam, qiia; fere con-
llcitur circa viii cilend. .laniiarii in octava parte Capri-
corni , jani recondito melle utuntur examiiia, eoque usque
ad Arcturi exortum snstinonliir. Nec me fallit Hippar
cbi ralio, qiia; docel solslitia ct a,'quinoctia uon octavis
sed primis partibus siguoruin coiilici, Verum iii hac ruris
disriplina sequor nunc Kudoxi ct Melonis anliquorumqiie
fastus aslrologornm , qui sunt aplati publicis sacrificiis:
qiiia el nolior esl istavetus agriculis concepta opinio ; wc
COLUMELLE.
agriculteurs, quisont habitues a s"y conformci-;
et qu'au contraire la subtilite d'Hipparclius est
" au-dessus de rintelligenee grossiere des gens de
la campagne. Ainsi il faudra ouvrir les ruches,
les purger de toute immoiidice et les soigner avcc
beaucoup datteution, des que les Pleiailes coin-
mencerout a se coucher, parce qu'il n'est pas a
propos de les remuer ni de les ouvrir pendaut
l'hiver. Cest pourquoi , si rou a encore devant
soi un reste d'autorane, il faudra, apres avoir
uettoye les ruches dans unejournee ou il aura
fail tres-beau temps, y enfoucer des couvercles
qui parvieunint jusqu'aux rnyons memcs, sans
lalsser aucuu vide , afin que les alveoles, qui se-
ront retrecis par la, se maiutiennent plus aise-
ment chauds pendant Thiver : et c'est une ope-
ration qu'il faut toujours faire, dans les ruches
meme qui nesont habitees que par un petit nom-
bre d'abeilles. Eusuite on bouchera par dehors,
avcc de la boue et de la fieute de bceuf melees
enserabie, toutes les crevasses et tous les trous
qui pourront s"y trouver , sans laisser d'autres
ouvertures que celles qui serviront de passages
aux abeilles. Quoique les ruches soient sous uu
appentis,on nelaissera pasde lescouvrir enciire
avec du chaume et des feuilles entassees par-
dessus, pour les defendre, autant que faire se
pourra, coutre le froid et les mauvais temps.
Quelques persounes y renfermeat dans rinterieur
desoiseauxmorts, dout lesentraillessont videes,
et qui servent a procurer de la chaleur pendant
rhiver aux abeillesqui se cachent sousleurspiu-
mes, d'autant que, lorsqu"elles out consorame
leurs provisions, elles maugent fort bicn ces oi-
seaux pour a.ssouvir leur faim, sans eu rien lais-
serquelesos, quoique, lorsqu^ellesontsuffisam-
ment de rayous, elles i^y toucheut poiut. Car
Todeur de ces oiseaux ne dcplait point a ces in-
sectes,quelquedelicatsqu'i!ssoientsurrarticle de
la proprete. Kous croyons neanmoins qu'il vaut
raieux, lorsque les abeillcssont tourmentees pat
la faira peiidant Thiver, leur servir dnns de pe-
tits canaux places vers l"entree des ruehes, des
figues seches pilees, et detrempees soit dans de
Teau, soit dans du vin cuit, jusqu'a dimiuution
de moitie, ou faitavec des raisins secs;auquel
cas il faudra y treinper de la laine bien propre,
afin qu'clles se posent sur cette laine pour ti-
rer le suc de ces liqueurs, corame a travers un
siphon. On fcra aussi trcs-bien de leur donner
du raisiu scc broye, et un peu humecte d'eau. Aa
surplus , il faudra les soutenir avec ces sortesde
nourrituresnou-seulement pendant fbiver, raais
encore (ainsi que je Tai dit) dans le tenips ou le
tithymaie et rorrae seront en fleur. Elles con-
sorament,dansl'espace de quarantejoursadater
du solstice d'hiver, tout le micl quiest dans leur
ruche (a moins que celui qui en prend soin n'y en
ait laisse une tiop grande quantite); et souvent
merae, apres avoir vide les cires, elles se tien-
nent couchees aupres des rayons, sans prendrc
aucune nourriture, jusqu'au lever de TArcture
qui commence aux ides de fevrier , et y restent
engourdies a la raauiere des serpents, de facon
que le repos seul ieurconserve la vie. Pourempe-
cherneanmoins qu"unetrop longue dietene la leur
fasse perdre, il est tres-bon d"insinuer avec des
siphons dansleurs ruches, au traversderentiee,
des jus doux , qui serviiont a leur faire supporter
la disette de la saison, jusqu'a ce que le leverde
TArcture et larrivee des hirondelles leur annou-
eent des temps plus favorables. Aussi passe, ce
mauvais teraps, se hasardeut-clles a allerauxpS-
turages dcs que la gaiete de la saison le leur per-
tamen Hippaidii sublilitas pingiiioribus , nl aiiinl, rusli-
cornmliterisnecessariaest. Ergo Veigiliaruniocrasuiuiino
slalim conveniet aperire alvos, et depurgaie quidipiiil
immundi esl, diligentiusque cuiare ; quoniam per lempora
hieniis nou cxpedit moveie aut patetacere vasa. Quam ob
causam dum adbuc autumni reliquiaj sunt, apiicissimo
die purgatis domiciliis opeitula inUis usi|ue ad favps ad-
movenda sunt , omni vacua paite sedis exclusa, quo faci-
lius angusUae cavearum ]ier liiemem concalescant. Idqiie
semper faciendum cst etiam in iis alvis , quiE paucitale
lilebis infrequentes siint. Quidquid deinde liinarum est
autfoianiinum,lutoetlimobubulomistis illineinusextiin-
secus, nec nisi aditus, quibus commecnl, relinquemns.
Et quamvis porticu protecla vasa niliilo minus congestu
culmorum et frondium siipeitegemus, qnantumque res
patietur, a frigore et tempestatibus inuniemus. Quidam
cxempUs interaneis occisas aves intus includunt , qua^
tempoie biberno pluniis suis delitescenlibus apibus piae-
beul tppoiem : tum etiam si sunt absuniptacibaria.com-
niode pascuntur esurientes , ncc nisi ossa earum relin-
quunt, Sin aulem favi sufQcient , permaneiit illibatae. Nec
qnamvis amanlissimas mundiliarum olfendunt odore
suo. Meliiistamenesse nosexistimamus, tempoiebibenio
fame laborantibusad ipsos aditus in canaliculis vel coiitu-
sam et aqua madefactam ficum aiidam, vel defrutuiii
aut passum priebere. Quibus liqiioribus nuiudam lanam
imbuere oportebit,ut insistentes apesquasi persipbonem
siiccuni evocent. Uvas enim passas cum infiegeiimus,
pauliim aqua respersas probe dabimus. Atque bis cibariis
non solum liieme, sed etiain qiiibiis temporibus, ut jam
supra dixi, titbymalus, atque etiam ulmi lloiebunt, sus-
tinendse sunt. Post conlectam biumam diebus fere qiia-
draginta quidquid est repositi raellis, nisi libeialius a
curatore relictum sit, consiimunt, [et] Scepe etiam vaciia-
lis ceris usque in ortiim fere Arcliiri , qui est ab iilib.
Februariis , jejunse eliam favis acciibantes torpent more
serpentum, et quiete sua spiiilum conservant, «piem la-
men ne amiltant, si longior fames incesserit , optimum
est per aditum vestibuli siphonibus dulcia liquamina im-
mittere, et ita penuriam temporum sustinere, duin Arc-
tuii oitus et liirundinis adventus commodiores pollicean-
tur futuras tcmpcstates. Ilaque , post lioc tcmpiis , cum
diei permittit hilaiitas, procedeie audent in pascua. Nam
ab sequinoctio verno siue cunctalione jam passim vagan-
1)E LAGRICUITUR!:, UV. IX.
met. Eii effft, aiissit6t que ra|uinoxe du priu-
temps est anive, clles iic tardent point a se
repandre de c6le et d'autre, pour ramasser les
flenrs qui sont propres a ies faire multiplier , a
reffet di' les pnrter dans leurs domiciles. Telle
est la melliode qu'H}'g;nus prescrit d'observer
tres-cxaetement pendant les differentes saisons
dc raimee. Au surplus , voici ce que Cclsus r.jonte
a ces preceptes : 11 pretend que, eommc il y a pcu
de contrees assez heurcuses pour offrir au.x;
abeilles des pi\tiu'ages d'hiver difi'crcnts de ceux
d'ete, il ne faut pas laisser les essaims dans des
lieux qui ne donnent pas aprcs le priiitemps de
fleurs qui conviennent aux abeilles; mais que,
lorsque les paturapes de cette saison sont con-
sommes, il faut les transferer dans des lieux
plus avantageux , oii ellcs puissent se nourrir des
fleursiardivesdu lhym,deroriganet de la tliym-
bre. II assure que c'est ainsi quon le pratique
soit dans les contrces de r.^cliaie, d'ou on lcs
transfere dans les paturages de rAttique etdans
rEubce, soitdanstoutes lesilesCyclades, d'ou on
les transfcre dans la seule Ile de Scyros, soit
enfin daus la Sicilc, oii on les transporte des dif-
ferentes contrees dc cette ile a Hybla. Le mcme
auteur pretend encoreque les abeilles font la cire
avec les fleurs, et le miel avec la rosce du matin;
et que plus la cire est faite avec une matiere
agrcable, plus.le miel est de bonue qualite. Au
surplus , il ordonnede visiter avec attentiou rin-
terieur des ruches avaut de les transporter , et
d'en6ter les vieux rayons, ainsi que ceuxoii les
teigues se serout mises ou ceux qui seront clian-
celants, afin de n'en reserver qu'un pctit nombre
des meilleurs, etqu'en consequence la plus grande
partie dcs rayons se trouve faite avec les mcil-
leures fleurs. II ordonne encore de ne porter
que de nuit les ruches que Ton voudra chauger
405
de lien, et de ne les point agiter dans le trans-
port.
XV. Des la fin du !)rinlemps, ainsi que je Tai
deja dit, vient la recolte du miel, alaquelle abou-
tissentlestravaux de toule ranuce.On jugequ'il
est temps de la faire, lorsqu'on \oit les abeil-
leschasser et metfrc ea fuite lcs bourdons. Le
bourdon est un iiisecte tres-ressemblant a Ta-
beille, mais plus gros qu'elle; ou , comme dit
Virgile, c'est nn belail paresscuz qui se tient
aupres des rayons sans y travailler, et qui, loin
d'amasser de la nourriture,consomme celle que
les abeilles out appnrtee. Cepcndant ces insectes
paraissent cooperer en quelque facon a la mul-
tiplication des abeilles, en se tenant aupres de
la seracuco dont cllcs doivent eclore. Aussi les
abeilles vivent-elles d'intelligence avec eux tant
qu'ils leur sontuti!es pour couver et pour elever
lcur nouvelle progeniture, au lieu qu'elles lcs
chassent hors d« leurs domiciles , et que , comme
dit le m^me poete, eUes les eloignent de lcnrs
mangeoires des quc leurs petits sont eclos. Quel-
ques auteurs ordonnent de les exterminer abso-
lument; mais je suis sur cet artiele de 1'avis de
Magon , et je ne crois pas qu'on doive pousser lcs
choses a celte extremite; je pense nii contraire
qu'il faut moderer cette barbarie , parce qu'eti
fais.int un carnage universel de cette engeance,
il serait aeraindre que les abeilles ne devinssent
paresseuses;aulieuqu'en repargnant, elles n'en
deviennent que plus actives poui- reparer les
dommages que ccs insectes leur causent en con-
somraant une portion de leurs vivres. II ne faut
pas, d'un autre cote, lai.sser pulluler cette mul-
titude de voleurs, depeur qn'ils ne liuissent par
piller tout lc tresor des richesses qui ne leur ap-
particnnent point. Lors donc que Ton verra de
i'r6quentes disputes s'elever cntre les bourdons
tiir, el iiloneos ad fcptmn decerpunt llores, alqiie intra
tecta compoi lant. Hajc oljscrvainla per anni lcnipora dili-
gentissime Hjgiuiis pricceplt. CiKteriim illa Colsiis adjicit ,
p:iiii is locis cam felicilatcm siippeteie , ut apiliiis alia pa-
bii!:i liilwriia alque alia pia-lieantiir a'stiva. Ilaipie quibus
loiis piist veiis tempora llores idonei deficiiiiil, noijat
opoiliie immolaexamina relinqui, sedveinis pastionibiis
absiimplis in ca loca tiansfcrri, quaeserolinis lloi ibnstliymi
et ori;;ani thymbiKque henignius apes alere pnssinl. Quod
fieri ait et Acliai.e regionibus , iibi transferiinlnr iii Allicas
pastiones, et Kubnsa, et rursus in insnlis Cycl.iilibns,
cum ex aliis liansfciiinlur Scyiiim , nec mjniis ju Sicilia,
cum IX reliiiuis ejiis parlibus in Hyhlam conferimtur.
Idemqneait ex lloriliuscerasrici'i,ex nialulino lore mella,
qua; tanlo meliorcm qualitafem capiunt , quaiito juciin-
dioie sit niateiia cera cniifecta. Sed anle tianslationcm
diligenteralvos inspicere piaecipil, velere.sqiie et tineosos,
et lahantes favos eximere : nec nisi paiicos et opliinos
rcservaic, ul simul eliam ex mclioie llure quamplurimi
fianl : eaqiic vasa, qiin; (|iiis transfeire velil, iion nisi
nuctibns cl sine coiiciissioue pOitare.
XV. Mox verc transaclo sequitiir, ut dixi, niellis vin-
demia, propier qiiam loliiis anni lalior exeicetiir. Ejns
maturitas inliili^itur ciim auimadverlimus 1'ucos ah apibiis
cxpelli ac liif;ari. Quod est geniis amplioiis inciementi,
simillimnm api, scd , ut ait Vjrgilius, ignavum peciis,
et immune, sine indiistria favjs assidens. Nam neqne
aliiuenfa congerit, et ab aliis invecla consiimit. Veriiinfa-
men ad piociealionein soholis conferrc .iliqnid lii fuci vj-
dcutiirinsidentesseminibus,quihusapesligiirantiir. Itaqiie
ad fovendam (ct ediicandam ) novam pioleni familiarius
admiltiintur. Kxclusis dcinde pullis, extra tecta prolur-
bantur, et ut idem ail, a prwsrpihiis arcentitr. Hos qui-
dam pnwipiiiiil in toliim extcrminari oporlere. Quod ego
Jlagoiii conseiitiens faciendiim non ceiiseo, vetiim sa^viljae
modiini adhiheiidum. Nam nec ad occidionein gens interi-
menda est, nc apes inerlia laborent, qua!, cum fuci ali-
qiiam partem cihariorum ahsiimiint , sarciendo damna
liuntagiliorcs: uecrursusmullitudinein priedonumcoales-
cerc paliendum est, nc univcrsas opes alienas diiipiant.
Ergo ciini rixam fiiroriiiii et apium saepiiis commitll vide-
ris, adapertas alvos iiispicies, ul sive scniiplcni favi siiit,
40l'i
COLUMELI.E.
et lcs abeilles, on ouvriia les ruches pour Jes
visiter a riiiterieur, soit afin de differer la rccolte
du miel , si les rayons ne sont qu'a demi pleins
de cette liqueur, soit afin de la faire aussitot,
s'ils en sont remplis, et qu'ils soient recouverts
de cire par-dessus. 11 faut communement choisir
la matinee pour faire cette operation , parce qu'il
n'est pas a propos de vexer lesabeilles au milieu
de la chaleur, temps auquel elles sout deja na-
turellemeiit irritees. On sepourvoira a cet effet
de deux instruments de fer d"un pied et demi
delongueurou unpeuplus : Tun est un longcou-
teau tranchaiit par les deux cotes, dont rextre-
mite sera terminee par un bistouri crochu; Tau-
tre cst un instrument plat et tres-tranehant d'un
seul c6te, a Teffet de mieux couper les rayons;
au lieu qu'on pourra les ratisser avec rautre, et
en oter les ordures qui pourront y etre tombees.
Mais lorsque la ruche ne sera point munie d'une
cuverture par derriere, on y fera parvenir de la
fumeedegalbanum oudefumiersec. On reiiferme
h cet effet ruue ou rautre de ces matieres , avec
de la braise, dans un vase de terre garni d'an-
.ses eomme une petite marmite : ce vasedoit etre
pointu par un de ses c6tcs , qui sera perce d'un
petit trou destine a livrer passage a la fumee ; au
lieu qu'il sera plus gros par le cote oppose, et
garni d'une large embouchure a travers laquelle
on pourrasoiifaerdcdans. Quand onaura appro-
che cette marmite de la ruche , on soufflera dans
rinterieur du vase pour pousserla fumee sur les
abeilles; et alois ces insectes, qui ne peuvent pas
supportircette odeur, se retireront aussitftt sur le
devantde la ruche, eten sortirontmfimequelque-
fois, de sorte qu'on aura I a liberte de regarder a son
aiseendedans. On reraarque communeraent deux
formes particulieres de rayons dans les ruches,
quand il s'y trouve deux essaims. En effet, quoi-
que ces deux peuplades reuuies vivent ensemble
en bonne intelligerice, elles ont neanmoins cha-
cune leur methode particuliere defaconnerlacire,
en lui donnant telle ou telle forme , dont elles ne
s'ecartent jamais. Aureste, tous les rayons, de
quelquefacon qu"ilssoientfaits, sont toujourssus-
pendus au haut de la ruche et legerement adlie-
rents a ses parois, sans jamais s'etendre jusqu'au
plancher d'en bas, parce que c'est rendroit qui
sert de passage aux essaims. D'ailleurs la forme
descires est modelee surcelledela ruche, de
sorte que sa capacite sert de raoule aux rayons,
qui retracent la forraecarrce, ronde ou merae
longuede la ruche. Cestpour cela qu'on rencontre
souvent dans la nieme ruche des rayons qui ont
chacun leur forme differente. Mais, quels qu'ils
soient , il ne faut jamais les enlever tous : on aura
soin au contraire d'en laisser la cinquieme par-
tie a la premiere recolte , qui se fait dans un
temps ou les pflturages sont encore abondants
dans leschamps, et la troisieme partie a la se-
conde recolfe , qui sefait dans un temps ou Thi-
ver commence deja a se faire sentir. Cepen-
dant la proportion que nous fixons ici n'est pas
la meme pourtousles pays, parce qu'il fautdans
chacun pourvoir a rinteret des abeilles propor-
tiounellement a la multitude des fleurs et a Ta-
bondance despSturages. Siles ciressuspenduesa
la ruche sont perpendiculairement allongees, il
faut couper les rayons avcc rinstrument qui a
la forme d'un couteau, et lcs recevoir par-des-
sous entre lesdeux bras, pour les tirer de la ru-
che; maissi les rayonssontattaches horizontale-
raentau haut des ruches, il fautalors se servir
de rinstrument qui a la forme d'une serpe , afln
de lescouperd'uncoup qu'on leurportera euface.
On enleveraceux qui seront vieuxou defectueux,
eu laissant dans la rucheceux qui iie seront point
dirierantur : sive jam liqiiore compleli, et superposilis
eeris tamquam operculis obliti, demetantur. bies vero
caslrandi fere matiilinus occupandus est- Neque enim
convenit jesIu medio exasperatas apes lacessiri. Duobus
aulem feriamenlis ad bunc usum opus est, sesquipedali ,
vel paiilo ampliore mensura factis, quorum alterum sit
cuiler oblongus ex utraque paite acie iala, uno capite
aduncum baliens so^Iprum ; alterum priina froute planum
el acuti.ssimuni : qiio melius boc lavi suecidantiir, illo
eiadantur, et quidquid sordium deciderit, attrahatur. Sed
ubi a posteriore parte, qua nullum est vestibuliim, pale-
factum fuerit alveare, funium admovebiiniis factum gal-
bano vel arido fmio. Ea porro vase fictili prunis immista
conduntur : idqiie vas ansatum simile angusta; ollie ligii-
ratur, ita ut allera pais sil acutior, per quani modico
loramine fumus emanet : altera latior, et ore patiilo , per
quam possit afllari. Talis olla, cnm est alveari objecla,
Bpiritu admolo fumusadapes promovetur. Quie coiifestim
nidoris impatienles in priorein parlem domicilii , et inler-
dum cxtra veslibuluin se conlernnt. Atque utii poleslas
est liberius iu.spiciendi, fere, si duo sunt cxamina. diio
genera qiioqne favorum inveniiintiir. Nam etiam in coa-
cordia suum qusque plebs moreni liguraiidi ceras lingen-
dique sei vaut. Sed onines favi seniper cavearnin lectis et
panlulum ab lateribus adlia!ientes dependent, itane solum
rontingant : quoniam idpraebetexaminibus iler. C.Teteriim
figiira cerarum talis est, qualis et Iiabitus domicilii. Nam
el quadrata etrotunda spalia nec miniis longa suam spe-
ciem velut formae quaedam favis pra^bent. Ideoqiie non
semper ejusdem figur» reperiimtur favi. Sed lii quales-
cuiique sint, non omiies eximantur. Nam priore messe,
dum adliuc riira pastionibiis abundant, quinta pars favo-
rnm; posterioie, cuni jam metuitur liiems, tertia relin-
qiienda est. Atque liic tamen modns non est in omnibus
rcsionibus certus : quoniara pro multitudine (lorum et
ubeiiale pabuli apibus consulendum est. Ac si cera; de-
pendentes in longitudinem decurrunl, co ferramento, quod
est simile cultro, insecandi sunt favi, deinde subjeclis
duobus biacliiis excipiendi, atque ila promendi : sin au-
lem transversi leclis cavearum inliaerent, liiiic scalpralo
ferramcnloest opus, ut adveisa fronte impressi desecen-
tiir. Eximi autem debent vcteres vel viliosi, et relinqiii
DE L'AGR1CULTURE, LIV. L\.
gfltes et qui seroiit pleins de miel , de ineme qiie
ceuxijui renferuieront des petits, paicequ"ilsser-
viront a reproduire des essnims. II faudra ensuite
porter tout ce qu'on aura recolte de rayons dans
le lieu ou Ton voudra faire le mie! , et boucher
exaeteraent toutes lesfentes qui pourront se troii-
veraux mursou auxfenetresde eet endroit, afin
quelesal)eillesn\vpuissent peuetrerd'aucnncute,
pnrcequ"elles s'opiniatrent a cherclier, pourainsi
dire, les riehesses qu'elles ont perdnes, et que
lorsqu'elles parviennent ii les trouver, elles les
consomment. Cest pourquoi il faut aussi faire
des fumigations a rentree de cet endroit avec les
raatieresdont nous avons deja parle, nfin d'en
ecarter les abeilles nu cas (iu'elles fassent des
tentalives ponr y entrer. Qnand les rucbes au-
ront ete recoltees, s'il s'en trouve quelques-
vnies dont Tentree soit barree par des rayons, il
faut les retourner d'nn autre scns , arm que le
c6te de derricre y serve a son tonr d'entree.
Lorsqu'il sera alors question de les recolter,
on enlevera les anciens rayons avant les nou-
veaux , et les cires se trouveront renouvelees
par la; ce qui cst d'autnnt plus intcressaut que
plus elies sont vieilles, pires elles sont. Si pnr
hasard les ruches sont revetues d"unc mncon-
nerie,etqu'e!les soientpnr cousequent immobiles,
on aura soinde les chatrer tnntot d"un cote, tan-
t6t de i'nutre. II fnudra aussi que cette operation
soit fnite avant !a cinquieine heurc du jour; si-
non on nc lareprendra qu'apres laneuvieme, ou
le lendemain matin. Ausurplus, quelque quantite
de rayons qu"on ait recoltee, il est h propros d'en
extraire le niiel lejour nieme de la recolte, ct tan-
disqu"ilssont encore ebauds. Ou suspend a cet effet
daus un lieu obseurnn panier de saule, ou un
sacd'osiermince tissu agrandes mnilles, dont !a
forme soit semblable a eelle d"une borne renver-
see, telsque eeux a travers lesc[uels on passe \c.
vin ; npres quoi on y entasse les rayons les uns
sur les nutres, en observant neanmoins de reje-
ter de cote les portions de cire qui contiennent
des petits ou de la erasse rouge , parce qu'elles
ont un mauvaisgont, et que le sucqu"elles ren-
draient corromprait le miel. Lorsquensuite le
miel que Ton aura passesera tombc dans un bas-
sin pose en bas pour le recevoir, on le transpor-
tera daus des vascs de terre qu'on laissera ou-
verls pendant quelqnes jours , jnsqu'a ce que
cette espece de moiit nit cesse de bouillir. II fau-
dra recumersouvent avec unecuiller. Quandee
miel sera fait, on pressera entre ses mains les
morceanx de rayons qui seront restes dans le
sac , et il eu deeoulera du mie! de la seconde
qualite, que les gens les plus attentifs mettent a
part, de pcur qu'il ne deteriore par son melange
le premier, dont le gout est excellent.
."SLVL Q.ioique la cire soit une raatiere de mo-
dique valeur, corameon l'emp!oie cependant a
bien des cboses, ee genre de profit ne doit pas
etre neglige. On jette dans un vase de cuivre ce
qui reste des rayons, npres qu'ou en a exprime le
miel etqu'()n les a bieu lavesdnns de Tenu douce;
puisonverse de reaudessus, et on les fait fondre
au feu. Qunnd cela esl fait, on verse la eire, en
la passaii! , snr de la paille ou sur du jonc , et on
la fnit cuire de nouveau autant que la premiere
fois; ensuite on la verse dans tel moule que lon
juge a piopos, apres Tavoir rempli d"enu, afin
que, quaud la cire sera figee, il soit aise de la
retirerdn moule, pnrce que !'e,iu qui sera des-
sous l"empeehern de s'attaelier ases parois. iMais,
puisque nousavonsachevenotre dissertatiousur
les bestiaux et sur les nourritures que ron fait
dans les melniries, nous allons a present don-
ner en vers, pour satisfnire a rempres.semeut de
maxinie inlegri ac melle pleni, et siqiii tanliim iinllos
conlinent, nt examini piogenerando reserventui-. Oiiinis
deiiule topia favorum conCeiemla est in enm locum, in
quo mel conficere voles, lineiKlacpie sunt diligenler fora-
mina paiielum et fenestiarinn, neipiid sit apibns pervinm,
qn."e velnt aniissas opes suas perlinaciter vestiganl, et
peisecnl.t- consninunl. Uaqueex iisdem rebusfuiiiusetiam
in adilu Inri l.iciciidus est,qui propnlset intiaie teulan-
les. Castiala' deinde alvi si qna: Iransversos favos iu aditu
habebunt, convertendae enint, utaKernavice posterioies
partes vestibnla liant. Sic eniin proxime cum castrabun-
tur, veleres polius favi (|uam novi eximcntnr, ceriwiue
novabuntur, qna; tanlo deteriores sunt, quanto vetustio-
res. Qnod si forte alvearia ciicumstrncta et iinmobilia
fuerint , cura; eril nobis, ut siMnper modo a posteriore
niodo a priore parte caslrentnr. Idque fieri anle dici
qiiintam boiam debebit, deinde repeti vel post nonam, vel
poslero inanc. Sed (piotcnnqiie favi snnt demessi, eodem
die, dum tepenl, conliccre mel convenit. Sali^neiisqiialiis,
vel tenui vimine rariiis conlextiis saccns, invcrsae motie
Biniilis.qualiscslqiioviuum liqiiatur, obscuroloco siispLMi-
diliii- ; in eum deiiide carptim cou^oruutnr favi.Sed adlu-
beiida ciiia csl , ut sepaienlur ea; partes cerarnm , (jua;
vel pullos liabcnt, vel riibias sordes. Nam suiit niali sa-
poris, et siicco suo mella corrunipiiiit. Dcinde ubi liipia-
tuni mel in snbjectuiu alvciim dclliivit, Iransrcilur iu
va.sa lictilia, (piae pancis diebiis apcrla sinl, dum miisteu»
frnctns dcfcrvescal, isqiie .sa>pius ligiila purgandiis cst.
Moxdeinde fragmina favorum, qiufi in sacco leman.scriint,
reliaclala expiimunlnr : alqiie id .sccund,Te not.ie mel do-
lluil, et ab diligenlioiibns seoisum leponitur, ne qiiod
e.st piimi saporis lioc adliibito lial deteiiiis.
XVI. Cera: Iriictus quainvis a;ris exigui non taiiicn
omitlcndus est, cumsitejus usus ad multa nece.ssaiins.
lixpressae favorum reliquia-', posttviqnam diligenter aqu»
diilci perlulK suiit, iii vas aeiienm Ciinjiciuntur -. adjecta
deinde aqua liquantnr ignibns. Quod ubi factiim cst , cera
pcr slramenla vel jnncos defusa colatur, atqiie iteruni
similiterdc intcgro roquitnr, ct in quasquisvoluitforinas
aqna prins adjecla defuiiditiir : eamquc concrelam lacile
cst eximere, (pioniam qui snbesl buinornon pafilur for-
iiiis inli<\'iere. Sod jam consuHiniata disputatione in villi
COLUMELLE,
notre ami GalUou, qui Ta desire ainsi que vous,
Pubiius Silvinus, ee qui iious reste a traitei- de
reconoinie ruralc, je veux dire la cullure des
jardias.
LIVRE DIXIEME.
DE LA CULTURE DES JARDIIVS.
PREFACE.
Recevez, Silviuus, le reliquat des intcrets que
vous avez stipules a uia cliarge, et au payemeut
desquels je mesuisengage vis-a-vis de vous; reli-
quat au surplus tres-modique , puisqu'a la partie
pres que je vais acquitter en ce momeut , j'ai solde
de corapte avec vous par les neuf li vrcs prccedents.
II ne me restedonc plus qu'a traiterde laculture
des jardins, cette partie de reconomie rurnle
qui, loind"ctre negligcecomnie elleretait autre-
fois par les auciensagriculteurs, est au coutraire
celle dontonparait s'occuper le plusaujourd'hui.
En effet, quoique la frugalite de nos aucetres
allSt jusqu'a la parcimonie, les pauvres faisaient
meilleure chere de leur temps qu'ils ne la font a
present, parce que le lait le plus abondant, et la
chair des betes fauves ou des bpstiaux domesti-
ques,etaieQt, ainsi que Teau et le ble, la nourri-
ture commune des gens du plus bas aloi, comme
deceuxduplushaut rang. Maisdesque lessiecles
suivants, et particulieremeot le notre, ont vu aug-
menter le prix des mets recherches par les de-
bauches, et quc Ton n'a plus mesure la bonte
d'un repas sur Tappetit naturel , mais sur les de-
penses qu"il a occasiounees, la pauvrete du peu-
ple a neccssairement mis hors de sa portee les
mets d'un prix trop eleve, et l'a reduit par la aux
aliraents les plus coramuns.Cestpour cela meme
que nous devons donner des preceptes sur lacul-
ture des jardins avec plus de soin que ne !'ont
fait nos ancetres, parce que les fruits qui en pro-
viennent sout aujourd'hui d'un usage plus gene-
ral qu"ils ne retaient de leur teraps. J'aurais com-
pose ce traite en prose, aiusi que je me Fetais
d'abord propose, alln de le joindre par suite aux
livres precedents, si vous n'eussiez pas combattu
mon projet parvossollicitations contiuuellcs, qui
ont enriii vaincu ma resistance, et qui m'ont de-
terminea mettre en versdesparties qui mauquent
au poeme des Georgiques, et que Virgile a de-
elare lui-meme n'avoir omises que pour laisser
a la posterile le soin de les trailer apres lui.
Aussi n'aurais-je jamais eu la temerite de tenter
une pareilleentreprise, si le plus respeetable des
poetes n'avait deelare par la son intention. Cest
donc corarae par son inspiration que je rae suis
eharge, quoiqu'en hesitaut, je Tavoue, vu ladiffi-
culte de i'entreprise, mais non sans espoir de
reussite, ds traiter une raatiere delicate et presque
sans corps , tel que celle-ei , qui esteffectivement
si mince, que, soit que Ton considere rensemble
de mon ouvrage, on peut la regarder corarae n'en
faisant qu'une parcelle, soit qu'on rexaraine a
part, et qu'on la restreigne, pour ainsi dire, a
ses liraites , on ne peut en aucune maniere lui don-
ner une certaine consistauce. En effet , quoiqu'elle
soit composee, pour m'exprimer ainsi, de plu-
sieurs membres, surchacun desquels il peut ala
veritese trouver quelque chose a dire,cesraem-
bressont neanmoins aussi iraperceptibles que des
grains de sable, avee lesquels il est impossible
(comme disent les Grecs) de foimeruncordage,
vu leur petitesse incomprehensible. Loin donc
que ce fruit de nos veilles, quel qu'il soit, pre-
tendea des applaudissements partieuliers, lauteur
secroira au contraireassez favorablement traite,
pour peu qu'on ne juge point que son iravail des-
lici? peciidibus atque pastionibus, qune reliqiia uoliis riis-
ticarum rerum parssubest, de cultn bortorum, PubH Sil-
vine , deinceps ita , ul et tibi ct Gallioni uostro conipla-
cuerat, in carnien conferemus.
LTBER DECIMUS.
DE CULTU HORTOBUM.
PRF,FATIO.
Foenoris tui, Silvine, quod stipulanti spoponderam
tibi , reliquam peiisinnculam percipe. Nam superioribus
uovem libris bac minus parlc debilum, quod nuiic persol-
TO, reddideram. Supcrest ergo cultus liortoiumsegin's ac
ceglectus quondam veleribns agricolis, nunc vel celeber-
rimus. Siqiiidem cum parcior apud priscos esset frugali-
tas, largior tamen pauperibus fuitususepularum iaclisco-
pia feriiiaque ac domesticarum pccudum carne; veliil aqiia
frumenloqiie summis atqiie liumillimis victum toleranli-
bns. Mo\ cum sequens et praacipue noslra a^tas daiiibu;
libidinosa pretia c.onstitueiit, cccnacque noii naturalibus
desideiiis, sed c^^nsibus ceslimentur, plebeia paiiperlas
siibmota a preliosioribus cibis ad vnlgaies compcllilur.
Qiiare cnllus bortorum , qnoniam \vl] rrucliis magis in
usu est, diligentius nobis, qiiam tradiderunt majores ,
prascipiendus est : iscpie, sicut institueram, prosa oratione
piioribus subnecteielur cxordiis, nisi [iiopositum [meum ]
expugnasset frequens poslulatio tua, qure pervicit, ut
poeticis nimieris explerem Georgici carminis omissas par-
tes,quas tamen et ipse Virgilius signiticaverat, posteris
se niemorandas relinquere. Neque eniin aliter istud nobis
fiierat audendum , quam ex voluntate vatis maxiine vene-
randi : ciijus quasi numine instigante pigre sine dubio
piopter diniciiilatein oiieiis, veruntanien non siue spe
piosperi successus aggressi snnius tenueni adniiMliiiii et
peue viduatam corpore materiam, qute tani cxilis cst, ut
in consummationeqiiidem totins operis annumeraii vehiti
particula possit laboris nostri, per se vero et quasi suis
liiiibus terminata niillo modo conspici. Nam etsi miilta
sunt eJHS quasi membra, de quihus aliquid possumus ef-
fari, tanieu eadem tam exigua sunt, ut, quod aiunt Graeci,
ex incomprebensibili parvitate arenae funis effici non pos-
sit Quare qiiidqiiid est istud , qiiod elucubravimus , adco
DE UAGRICULTURE, LIV. X.
honorc les traites qui i'ont precede. Mais cessons
cette preface.
Je vous montrerai aussi, Silvinus, la culture
lies jardins, ainsi que les objets qiie Virgile
nousa laisse le soin de trniter apres lui , lorsquen
serenfermant daus des bornes etroites, il chan-
tait les moissons abondantes et les presents de
Bacchus , et vous , grande Pales , et le miel emane
du ciel. IVahord il faut, pour reraplacemeut d'un
jardin de bon rapport, ehoisir un champ gras qui
reniernie dans son sein des mottcs de terre bien
pulverisees et des gazqns faciles a s'ameublir,
et qui ressemble, aprcs les fouilles qu"on y aura
faites, au sable le plus fin. Un terrain sera en-
core propre a cette destination par sa nature ,
lorsqu'ilseracoutinuellementtnpissed'unegrande
quantite d'herbes, et qu'amolli par Thumidite , il
produira les baies rouges de ryeble : car on re-
jette les terrains secs, de meme queceux qui , cou-
vertsd'eau.\ marecageuses, sontsans cesse etour-
dis par les plaintes eternelles de la grenouille.
La terre y sera egalement propre , quand elle
produira spontanement sans aucune culture des
ormes charges de feuillages, quand elle sera fer-
tile en palmiers sauvages, quand elle aimera a
se voir herissee d'une forct de poiriers snuvages,
ou couverte des fruits a noyau du prunier, et
qu'elle sera chnrgee de pommes qui y croitront
naturellcment; pourvu toutefois qu'elle serefuse
a produire les hellehores, ainsi que lecarpasum
dont le suc cst peruicieux; qu'elle ne souffrepas
les ifs, et qu'elle n'e\hale point depoisons actifs.
Peu importe ((u^elle renferme dans son sein
la mandragore, cette herbe fuueste a la raison,
qui ressemble a la moitie du corps humain, et
qu'elle produise les fleurs de cette plante , ou la
ciguij allligeante, ou les fcrules cruelles anx
mains, ou les broussailles epaisses des buissons
ennemis des jambcs, ou !e paliure avec ses epi-
nes piquantes. II fnut ausbi qu'i! setrouve, dans
le voisinage, des rivieres que le cultivateur sai-
gnera sans regretter sa peiue , pour eu faire venir
les eaux au secours de ses jardins toujours alte-
res, ou qu'on ait la faculte de les arroscr avec de
Teau de source araassee dans un puits, dont la
profondeur incommode n'arrache poiut lcs en-
trnilles de ceux qui sernient forces de se compri-
raer le ventre pour la puiser. 11 fnudra clorece
terrain de muraillcs ou de haies herissees, pour
en interdire rentree tant aux besti.^ux qu"aux
voleurs. Ne courez point apres les ouvrages sortis
de la main de Dedalus, et n'ayez point recours ii
Tart de Polyclete, de Pliradmon ou d'Agelnda,
pourvous fabriqueruiilthyphallus; mais reverjz
dans le tronc d'un vieil arbre faconne au hasard
cefte divinite au niembre terrible, qui, placee au
milieu de votre jardin, effrayera sans cesse les
enfants avec cet epouvantail, et meuaeera les
voleurs de sa faux. Allons, eourage, MusesPie-
rides : racontez-nous en vers simples quelle cul-
ture il faut donner aux semences, quels sont les
temps propresa les mettre en terre, quels soins
ellescxigentquandellesy sont, quelleest Insnison
ou lcs fleurs commencent a venir, et ou Ton voit
paraitre des boutons dans les pepinieres de rosiers
de Pestum; enfin quelle est celle dans laquelle
rarbuste de Bacchus, ou tout autrearbre mitige
pnr une greffe etrangere, se courbent sous le poids
delcurs fruitsadoptifs. Lorsquele chieu auracom-
ptopiiiini sibi Ininlein iion vnulicat, nl boni consiilat, si
non sit dedecori prius editis a nie scriptoruin monimentis.
Sed jam prjcfari desinamus.
Hoitoriim quoque le cnllus , Silvine , docoho ,
.4tqiie ea , qiia? qiiondam spaliis exclusus iniquis ,
Cnin canercl hutas segetes et muneia Bacchi ,
Et le niagna 1'ales, uecnon ca?lestia niella,
Viigillus nobis post se memoranda reliquit. 5
Priiicipio seileni numeroso praoheat liorto
Piuguis ager, putiesglebasresoliilaqiie terga
Qui geiit, el fossus giacilcis imitatiir aienas,
Alqiie habilis natura soli , qua> gianiine teto
Pailiiiil,etnililas ehulicreat uvida haccas. 10
Nain neqiie sicca plactt , nec qiia: stagnata palude
Perpetilur queiuUe semperconvicia lana;.
Tuni qiia; sponte sua froiKlosas educat nlmos,
Palmitibiisquc feris telatur , et aspera silvis
Achrados , aiit prnni lapidosis obiuta poniis 1 5
Gaudel, et injussi constcrnitur iiberc mali :
Sed ncgal bcllcboios, et iioxia carpasa siicco,
Nec palitnr taxos, nec strenua foxica sudat,
Quamvis semiiiominis vesano graminc fo-ta
iMandiagorrc pariat (loies ; iiKcstamqne cicutani,
Nec manibus mitis fernlas, nec cruribus aequa
Teiga nihi, spinisque ferat paliuionaciitis.
Vicini quoqiie sint amnes , qiios iucola dunis
Altrahat auxilio seuiper silientihiis liortis :
.\ut fous illacrimet piitei iion sede profiinda,
iSe gravisliausturis tendcntibiisilia vollat.
Talis liunius vcl parietihus , vel sepibus liirtis
Clatiilatiir, ne sit pecori , iieu pervia (uri.
Kcii tibi Da'dali,e qu.-erantur ninneradexlra;,
Nec Polycletcanec Pliradmonis,aut Agclada;
Aite laboietiir : sed Iriincuni forte dolatiiin
Arlioris antiqii.-e nuinen venerare llhyplialli
Tei rihilis meniliri , incdio qiii semper in horto
Ingniiiibiis piicro, praedoni falcc ininetur.
Ergo agc iiiiiic cuUus ct teinpora (pu-rqne serendis
.Seminilius,qua; cura satis, quo sidere primiim
Nascantiir llores, Pa^sliqne rosaria gemment,
QiioRacchi genus, aut aliena stirpegravala
Mitis adoptatiscurvctur Iriigilius arhos,
Pieriiies tenui dediicile carmine Musa;.
Oc/;ani silicnscnm jam caiiis bauserit undas,
COLUMELLE.
meuce ^se desalt^rcr dans les enm de rOcean , et
que Titaii aiira rendu les jours egaux aux nuits
dansTun et rautrehemisphere ; lorsquc rAutomne
rassasie de fruits et secouant ses tempes se sera
empourpre, en exprimant le raisin ecumant de
mout, il nous faudra retourner, avec le fer d'une
beche emmanchee de robre, la terre fatiguee, qui
s'y pretera avec douceur, pour peu qu'clie ait
deja etehuraectee par les pluies. Si elle est au
contraire endurcie par la eontinuite d"un temps
serein, et que, rebelle a tous nos efforts, elle
reste en mottes , il faut faire coulcr par le secours
de I'art, le long d'iin chemin en pente, des ruisseaux
propres a la desallerer, afin qu'ellc en remplisse
sa bouche beante- Mais s'il arrive que iii le ciel
ni la terre ne lui pretentaucune humidite, etque
la nature de la contree ou Jupiter lui refusent de
lapluie, on attendra querhiver soitvenu, et que
la constellation brillante donnee par Bacchus a la
fdle de Gnosos se cache sous la raer azuree au
p6le du raonde , et que les Atlantides craignent de
voirle soleil se lever vis-a-visd'elles. Or, lorsque
Phebus commencera a ne plus se fier a rOlyrape ,
raais qu'il fuira ea trerablant la partie anterieure
du Scorpion et ses armes cruellcs, pour presser
la croupe de Crotus; peuples, qui ignorez votre
origine, n'epargnez pas la terre, que vous prenez
raal a propos pour votre mere. Elle fut a la verite
la mere deccs enfantsform^savecrargile de Pro-
inethec;maise'estuneautremerequinousadonne
lejour, dans leterapsque rimpitoyable Neptune
abima la terre sous les ondes, et qu'ebranlant le
fond des abimes , il epouvanta les eaux du Lethe.
Ce fiit alors que le Tartare vit trerabler pour la
premiere fois le roi du Styx, tandis que les radnes
F.t paribns Titan orbeni libraverit lioris ,
Cuni salur autumnus quassans sua tempora poinis ,
Soididus etmusto spumantes exprimet uvas;
Tum mibi ferrato versetur robore palae 'i5
Dulcis luim\is, si jam pluviis defessa madebit.
At si cruda manet Cctlo duiata sereno ,
Tum jussi veniant declivi traniite rivi,
Tena bibal fonles , et liiantia compleat ora.
Quod si neccajli nec campi conipetit liumor, 50
Ingeniumque loci velJupiter abnegat imbrem,
Expectfitur liiems, dum Bacclii Gnosiusardor
jEquore c,=eruleo celetur veilice mundi,
Soliset adveisos metuant Allanlides ortus.
.\lquc ubi jam lulo necdum confisus Olympo 55
Sed tiepidus profugit clielas ct spieula Pliadius
Dira Nepse, tergoque Croti festinat equino,
Nescia plebs generis malri iie paicitefalsae.
Ista Promelbeae genitrix fuit altera crelic :
Alleranos enixa paiens , quo tempore sa?vus GO
Tcllurem ponto mersit Neptunus, et iuium
Ciuu-uliens baratbrum lelbaeas terruit undas.
iumque scmel Slygium regem videre tremeiitem
Tartara, cuni pel.igi slreperent sub pondere inaiios.
faisaient retentir leurs eris sous Ic poids des eaux
de la raer.
Cest donc une main feconde qui nous a crees,
Iorsqu'iI ne restait plus aucun raortel sur ce
globe ; et ce sont des rochers arraches alors par
Deucalion sur des raontagncs elevees, auxquels
nous devons notre origine. Cest pour cela que
vous etes appeles au travail le plus dur et le
plus assidu : ainsi prenez courage , chassez au-
jourd'hui de vos yeux un sommeil lethargique;
commeneez a arracher la verte chevelure de la
terre, et a dechirer ses vetements avee la pointe
reeourbee du soc. Quc Tuu sillonne avec de lourds
rateaux sasuperficie, lente a rapporter des fruits ;
que Tautre ne farde pas a lui arracher les entrail-
les avec de larges raarres, et a les entasser avec le
gazon dont elle est couverte, tant pour lesmet-
tre a portee de recevoir les gelees blanches par
lesquelles elles ont besoin d'etre brulees, et les
exposer aux coups des vents froids et a la colere
de Caurus, qu'afin que rimpetueux Boree les
resserre et que TEurus les dilate. Lorsqu'ensuite
!e Zephire secourable aura dissipe par la chaleur
de son souffle rengourdisscment cause par les
froidsde Thiver, venus des raonts Ripheens ; lors-
que la Lyrequittcra le piileceleste pour se plonger
dans la racr, et que rhirondelle aura chante dans
son nid le retour du printcmps : rassasiez alors
la terre, qui sort d'un long jcune, de terres gras-
ses rapportees, ou de crottes d';h)on dures, ou
de fumier de bcles de soranie : que le jardinier
ne rougisse point de porter lui-raerae, pour Ten-
grais des guerets epuises, des paniers qui flechi-
rontsous lachargedes immondicesqueles latrines
auront vomies de leurs cloaques immondes.
Nos fnecunda manus viduo mortalibus oibe 65
Progenerat, nos abruptBC tum montibusaltis
Deucalioneae caules peperere. Sed ecce
Durior lElernusque vocat labor : eia age se^nes
Pellite nunc somnos , et curvi vomere dentis
Jam virides lacerate comas , jam scindite aniictus. /0
Tu gravibus rastris cunctantia perfode terga ,
Tn penitus latis eradere viscera inarris
Ne dubila, etsummo fiondenti cespite inista
Poncie , quce canisjaceant urenda pruiuis ,
Verberibus gelidis iraequc obnoxia Caiiri , 75
Alliget ut soeviis Boreas , Eurusque lesolvat.
Post ubi Ripliajae torpentia frigore brumae
Candidus aprira Zepliyrus regelaverit aura,
Sidereoque polo cedel Lyra meisaprofiindo,
Veiis et adventum nidis cantarit birundo, SO
Rudere tum pingui, solido vel stercoie aselli,
Armenlive fimo saturet jejunia tei ras ,
Ipse fercns olitor diductos pondere qualos :
Pabula nec pigeal fesso praebeie novali ,
Immuudis quaecunque vomil latrina cloacis. 85
Densaque jam pluviis, diirataque summapruiuis
.Eqiiora dulcis humi repetal inucrone bidentis.
DE L'AGRICULTURE, LIV. X.
(Ju'il reeommeuee encorc a retourner avec la
|i(iiiite du lioyau la terre qu'il avait deja prece-
ilemracnt ameublie, mais dont la superficie s'est
ooiidensee depuis par les pkiies et endurcie par
hsuelees : qu'il broie bicn cnsuite Therbe vivace
du pazon avec les moltes d« ferrc, en mordant
foitement avee la marrc ou la houe lcs mamel-
les du t( rrain dcja dissoutes par la fermciitation,
allii dc les rcduire absolument en poudre : qu'il
prennc aussi entre ses mains lcs sarcloirs dcvcnus
luisants aforce d'ctre polis par le frottemcnt de
la tcrre, ef qu"apres avoir dirige dcs silloiis etroits
perpendiculaires a de larges allees, il coupe
encore ces sillons pardc petits sentiers. Mais des
que la terre, ainsi embellie et dlstribuec en plan-
cbes, aura depose toutes ses irapurefcs, pour
briller d'un nouvel eclat, et quelle demaudera
;\ recevoir les semences qui lui convienncnt, iiar-
nissez-la alors des diffcrcntes especcs de fleurs
qui sont toutcs autant d"astres tcrrestres, telles
que la girodce blanche, le souci d'un jaune ecla-
tant, les tctcs du narcisse, la guculc beante et
terrible du lion sauvage, les lis sous reclat des-
quclsblanchissent lescoibeilles, lesjacinthcs tant
blanchcs que bleues : qu'on y voie aussi des vio-
leffcs, soit de cellcs qui rampent a terre et dont
la couleurest peu foncee, soit de celles qui s'cle-
vant sur leur tige sont teintes d'un or pourpre;
cnfin, qu"on y voie dcs roscs dont la coulcur
imite celle qu'imprime la pudeur sur les joues.
Semezalors rherbe d'or, dont lcjusest mcdicinal,
leglaucium au suc salutaire , et lcs jiavots pro-
pres a enchainer le sommeil lorsqu'il fuit dc nos
yeux : ajoutcz-y les semences qui exalfcnt la fa-
culte generalive, taut en aiguillonuant lcs hora-
raesqu'en animant lcs fillcs, c'est-^-dire, roignon
de Megare, la scille que la contree de Getulie
nourrit sur son sol , et la roquctfe que Tou seme
aupres de Priape couronne d'epis, afiu qu'elle
excife les niaris tardifs a rendre hommage a V4-
nus. Scmez le cerfcuil qui rampe a terre, la chi-
coree agicable aux palais engourdis, la petite
laifue aux fcuilles tcndics, fail cnveloppe de ses
gousses, roiguon de Cypre dout fodcur se fait
scntir au loin,et tous les ingredicufs qu'un habile
euisinier lait enlrer dans rassaisonnemeut des
fcves qui servent de nourriture aux artisans.
Semcz le chervi, et cefte raeine produite par une
giaine d'.\ssyrie que Ton sert coupce par mor-
ceaux, avec des lupins detrempes, pour exciter a
boire la hiere de Pelusium. On met aussi en terre
dans le mcme temps les plantes que fon pctit
confire a peu de frais, telles que le ciipricr, la
trisfe aunee et les ferulcs menacantes : on y met
rherbe rampantede la menthe, et les fleurs odo-
riferanfcs de ranefh : on y met la rue,dont on se
scrt pour exalfer le gout du fruit de Pallas, la
moutarde qui fait veuir les larmcs a ceux quise
joucut d'elle, la raciue du maceron, roignon
qui fait pleurer, et rherbe qu"on emploiea assai-
souner le gout du lait, et qui annouce par sou
nom grec la verfu qu'elle a de faire disparaifre
les marques impriraecs sur le froul des csclaves
fugilifs. Onsemeaussi alors ce lcgume multiplie
sur tout lc globc de la teric, qui croif autant pour
le peuple que pour lcs rois superbes, et qui donne
des tiges eu hiver et des cimvs au printcmps , je
veux dire le cbou de foute espcce; et celui qui
croitsur !e rivage fertile cu oignonsde rancieniie
villc de Cumes, et celui du pays dcs Marruciui,
Mo\ bpiic cnm glebis vivacem cespilis lierbam
Ciuiliiiulat maiTtn vel fractidenle ligonis,
Piitria inatiiii solvantur ut ubera campi.
Tunc trilura solum splenilcntia sarcala sumat ,
Angustosqne forosailverso limite ducens,
Rursus in nbliquum distint;iial tramite parvo.
Verumubi jam piiro discrimine pectila tcllus,
Deposilo squalore nilens siia semiiia poscit ,
Pangiletunc varios leirestria sideialloies,
Candida leucoia , el flavenlia luraiiia calllioc ,
>'arcissique comas , et biantis sreva leonis
Ora feri, calalliisque virenlialilia eanis,
Nec non vel iiiveos, vcl caTuleos liyacinthos.
Tnm qua; pallet hiiini.qua! fioiidenspurpuratauro,
i^imatiir viola, etniininm rosa plena piidoris.
Niinc mediia panacem lacryma , succoque salubri
Glaiicea, et profugos vinctura papavera somnos
Spargite -. qurequc viros acnunt, armanlque piiellis , 10
Jam Megaris veniantgenitalia scmina bulbi,
Et qiia- Sicca legit GeUilis obruta glebis :
Et qiy.v frugifero seriliir vicina Priapo,
Uvcilet ul Vencri tanlos eriita maritos.
90
95
100
Jam breve chserophj lum , et lorpenli grata palalo
Iiiljba , jam teneris frondens lacliirula libris ,
Alliaque infraclis spicis, ct oleiitia l.ile
t.lpica , qua?que fabis babilis fabrilia niiscet.
Jam Siscr, Assyrioque venit qu.ie seinine ladix ,
Sectaque pr.iebetur madido sociata liipino ,
t,t Pelusiaci proritet pociila Zylhi.
Tempoio non alio vili qiio<]ue salgama inerce
Capparis, ct tristes iiiula!, feriila'que min.ices,
IMantantur -. necnoii serpentia graniina menla! ,
Et beiie odoiati floies sparguntur anethi ,
Itutaque Palladi.T liacca- jutura saporcm,
Seqiie laccssenti netum factiira sinapis,
Alqiie oleris piilli radix, laciymosaque cepa
1'oiiitur, ct lactis giistHm quac condiat berba,
Delctura quidcm frontidata sigua fugarum,
Vimqiic suam idcirco prolitetur nomine Giaio.
Tiim quoqiie conseritur , toto qii.e pliirima tei ra;
Orbe virens paiiter plebi regique superbo
FriKoiibiis caules, et veri cymatamittit :
Qiia» pariunt velcres cesposo littore Cum.-p,
Qua> Marriirini , qnic Signia inontcl.epino.
COLUMELLE.
et celui de Signia qui vientsur le mont Lepinus,
et celui de la feitile Capoue, et celui des jaidins
situcs au defile de Caudium, et celui de la ■ville
de Stabie celebre par ses eaux de source , et celui
des campagnes du Vesuve, et celui de la docte
Parthenope qu'arrose feau du Sebethus , et celui
qui vient dans les marnis d'eau douce de Pompei
qui sont voisins dcs salincs d'Hercule, et celui
du Siler qui roule dcs eaux traiisparentes , et ce-
lui que cultivent les durs Sabelli, doiit la tige
rcunit plusieurs cimes, et cclui du lac de Turmis, et
celuiquicroitaupresdeTiburdans des campagnes
abondantes en fruits, et celui de la eontrce des
Brutii,etceluide la viIled'Aricia,d"ou nous vient
le poireau. Des que Toa aura coufie ces senien-
ces a une terre amcublie, on la menagera pen-
dant sa grossesse, a Taide d"une culture et de
soins assidus, dont elle rendra les interets mul-
tiplies en recoltes. Je previens d'abord qu'il faut
la raouiller abondamment, de peur que rera-
bryon qu'elle aura coiicu ne soit briile par la se-
cheresse. Mais Iorsqu'eIle approchera de ses cou-
ches, et qu'elle se dilatera en relaehant les liens
qui la resserrent, parce quuiie progeniture fleu-
rie aura pullule dans son veiitre maternel, il
faudra que le jardinier donne de Teau avec mo-
deration aux premices des plautes qu'elle portera
dans son sein, qu'il les arrose assidilmciit, qu'il
les peigne avec un instruraent de fer a deux
dents, et qu"il detruise les hcrbes qui suffoque-
ront les sillons. Si ccpendant les Jardins sont si-
tues sur des collines couvertes de buissons, et
qu'il ne tombe point de ruisseaux du haut des fo-
rets plautees sur la cime de ces collincs, il faut
faire gonfler lcs terres par le labour, et forraer
avec ces terres, eu les araoucelaut, des plaiiehes
Pinguis item Capiia, et Caudinis faucibus liorli,
Fonlibus el Slabise cclebres , et Vesuia iiira ,
Doclaque Parllienope Scbetide roscida lymplia ,
Quae dulcis Pompeia palus vicina Salinis t35
lieicnleis, viticoqne Siler qui delluitamni,
Qax duri nra'bent cymosa stirpe Sabelli ,
El Tuiis lacus , et pomosi Tjburis arva,
Brutia qua; lellns, et matcr Aricia iiorri.
HcEC ubi credidimus icsolutae semina tcrron, 140
Assiduo gravidani cultu curaque tovcnius,
Ut redeant nobis cuniulafo Itenore niesses.
Et primnm moneo largos inducere fontes,
Ne sitis exuiat concepto seniine parlnm.
At cum foeta suos nexus adaperta resolvit, Hj
Florida cuni soiioles mateiuo pullulal arvo ,
Primitiis plantic modicos tnm prajbeat imbics
Sedulus inorans olitor, ferroque bicoi iii
Pectat, et angeiitem sulcis exterminet lieibam.
Al si dumosis positi sunt collibus liorli , lio
Kec sumnlo nemoiis labuntur vertice livi,
Aggere piipposito cumulalis area glebis
Eniineat , sicco ut consuescat pulvcre planta ,
tres-elevees, afin que les plantes s'habituent a
un sol poudreux et sec, et que si Ton vient a les
transferer d'un lieu a un autre, elles n'aient point
d'horreur pour les chalcurs les plus arides. En-
suite, aussitot que ranimal qui tieut le premier
raug cntre les signes d« zodiaque comme entre
les bestiaux, et qui a fait passer ia mer a Phrixus,
fils deNephele, sans reussir a la faire passer a
Helle, aura eleve sa tcte au-dessus des eaux, la
terreouvrirason seiu a ses nourrissons, et, pres-
see par le desir de se marier avec les plantes
qu'on lui aura confiees, elle demandera qu'on
lui donne des semencesadultes. H vous faut done
etre vigilants, jardiniers, parce que le temps fuit
a pas sourds, et que rannee s'ecoule sans bruit.
Voyez la plus douce des meres qui demande ses
enfants, et qui soupire nou-seulement apres ceux
d'entre eux qui sont sortis de ses cntrailles, mais
encore apres coux qu'on peut regarder comme
ses beaux-fils. Donnez donc sans tarder ces gages
a leur mere ; le temps en est veuu : environnez-
la de sa verte progeniture, couronnez sa tete et
arrangf z sa ehevehire. Que Tache verte serve de
frisure a la terre fleurie ; qu'elle se rejouisse en
voyant llotter sa longue chevelure de tetes de
poireaux, et que la carotte ombrage son tendre
sein. Que les plantesodoriferantes, qui nous sont
venuesdes pays elrangers, descendent a present
des montagnes sieiliennes de la ville d'Hybla,
renommee par son safrau : que !a marjolaine, iiec
dans la luxurieuse Canope, arrive : qu'on mctte
aussi cu terre la myrrhed'Achaie, qui imite vos
larmes, fillede Cyuiras, et qui est preferablea la
myrrheliquideclle-raeme : enfin, quelejardinier
transfere en pied les plantes qu'il aura semees
eu graine, telles que les fleurs eaeides sorlies
Nec niufata loco sitiens exhorreat a^stus.
Mov ubi nubigenae Phrixi, nec porlitor Helles, 155
Signoium et pccorum princeps caput effenel undis, •
Alma sinum lellns jam pandet, adultaque poscens
Semina depositis cupiet se nuheie plantis :
Invigilate viri : tacilo nam tempora gressu
Diffugiunt, nulloque sono convertitur anniis. loo
Flagitat esse suos genitrix millssima foetus ,
Et quos enixa est partus jam qunerit alendos ,
Piivignasque rogat proles. Date nnnc sua inatri
Pignora , tempus adest : viridi redimite paienteni
Progenie, tu cinge comam , tu digeie crines. 165
Niinc apio viridi crispetur llorida tellus,
Nuiic capitis porri longo lesoluta capillo
Lretetur, inollemque sinnm stapliylinus inumbret.
Nunc ct odoratas peregrino inniiere plant.T
Sicaniis croceae desccndant montihus Hyhias , 1/C
Nataque jam veniant liilari sanipsuca Canopo,
Et laciymas imitata tuas, Cinyieia virgo,
Sed melior stactis ponatur Achaica myrrlia :
Et male damnati moesto qni sauguinesurguiil
.Eacii llores, immortalcsque aiiiarauti, 175
DK LAGRlCULTUnE, LIV. X.
du sang de ce heros attriste par une condamna-
tion injuste, les amarantes immortelles, et la
variele infinie de couleurs que la nature produit
si libcralement. Que le coramble vienne, tout
ennemi qu'ilest de la vue ; et que les laitucs, qui
provoquentunsommeil salutaire, se hatent d'ar-
river, pour exciter l'appetit affaibli par niie lon-
gue maladie. II y en a deux qui portent le nom
de Cecilius Metellus, dont Tune est verte et
cpaisse , et Tautre cst paree d'une chevelure
brune. II eu est une troisiemc, qui a retenu le
nom de la Cappadocc, sa patrie; elle estpale, et a
la tfite aussi bien fournie qu'ilegamment peignee.
Pour la mienne, qui croit a Gadcs sur la cote de
Tartesus, ellea le piedblanc, et la tete egalement
blanche et frisee. Enfin celle que Tile de Cypre
voi t croitrc daus Ics canipagiies grasses de Paplios
a la chevclure l'risee et rouge, mais le pied blanc.
Autant il y en a d'especes particulieres , autant
on comple de temps differents pour les plauter.
Le Yerseau met en terre la CtEcilia au commen-
cement de Tannee , et le Lufx^rcus y niet celle
de Capjiadoce daus le mois ou roii sacrifie aux
inorts. Mars, plantez ccllc de Tartesus k vos
calendes; et vous, deessede Paphos, plantez ega-
leraent aux votres celle de cctte ville : c'est le
temps auquel elle aspire a s'unir avec sa mere,
qui est pre.»see d'un desir egal ; c'est le temps
auquel cette mere bien amollie se tieut couchee
sous un gueret aise a penetrer. Que la generation
s'opere : voici lc temps prcscrit a funivers pour
engendrer; voici le tempsou 1'amour va regeoe-
rer la nature : c'esta present que Tame du monde
s'abandonne a Venus, et qu'agitee par raiguillon
de la volupte , clle chcrche avec ardeur a se reu-
nir a srs parties pour les rcraplir de sa progcnf-
ture. Cest a presentque le pere de la mer et le
maitre des caux prodiguent leurs caresses , Pun
a sa Thetys, fautrc a son Amphitrite; et dcjii
ces deux decsses ouvrent leur scin pour donner
a leur mari une posterile azuree, et peupler la
mer de poissons. Le pius grand des dieux lui-
meme, 1'artificieux Jupiter, rappelle le souvenir
de ses anciennes amoursavec la fllled'Acrisius,
eu tombant dans le sein de sa mere sous la forme
d'uue pluie violcnte ; et cette mere , de son c6te,
ne rejette pas ies carcsses de son fils , puisqu'au
contraire la terre entlnmmce de passion se livre
a ses embrassements. Ccst ce qui fait que les
mers, que les montagnes, que tout runivers enfin
cclcbre le printemps : c'est ce qui fait que lcs
desirs les plus ardents s'allument avec ramour
dans rimagination des hommes, ainsi que dnus
celle des bestiaux et des oiseaux, et que cet amour
penctre la moelle de leurs os pour y exercer sa
fureur, jusqu'a ce que Venus, rassasiee dc plai-
sirs, remplisse leurs membres fecondes , et en-
fanle miUe productions differentes, pour peupler
continuellement l'univers d'etres nouveaux, afin
qu'il ne languisse pas dans le vide des siecles.
Mais connnent ai-je faudace de permettre a mes
chevauxdcs'emporter dans une voie trop elevce,
et de traverser les aiis d'une course rapide? II
n'appartient qu"a un poete particulierement ins-
pire par le dieu de la poesie, et qui court apres
les lauriers de Dilphes, de ehanter ces objets,
ainsi que les causes des choses, ou fetre qui
donne le mouvement aux orgies sacrees de la
naturc, ou les lois secretes duciel. Que la chaste
Cybele anime un poete par les DiDdyraes; que
Et qiios niille parit dives iialura colores ,
Dlsponat planlis oiitor, (iiios semine sevll.
Kunc venlat quamvls orulis inlmica coranible ,
Jamque salutaii properel lactnca sapoie,
Tilstia <\ax relevat longi fastidia morbl.
Alleia ciebia viiet, fusro nitet altera ciine,
Ulraque Crecilii dc noinlne dicta Metelll.
Teilla, qua; splsso .sed piiro verllce pallet,
Haic sua Cappadocffi servat cogiiomina genlls.
Et mea , quam generant Tartesl littoie Gades ,
Candida vlbialo discrimine, candida Itiyrso est.
Cypros llem I'apliio quam pingui nulrit in arvo,
Punieea depexa eoma, sed laclea truie es[.
Qnol facles, totidcni sunl tempoia quamqne serendi.
Ca'clliam prlmo deponit Aquarlus anno,
CappadoKiinque prcmit ferali mense Liipercus.
Tiiqiie tuis Mavor.s Tartesida pange calendis ,
Tuqiie suis ['apliien ilerum jam pange catendls.
Duni cupit , et e upida> quaerlt sc jungere matri ,
Et mater facili inollissiina snlijacet arvo,
Ingcnera; nnnc suiit genllalla tenipora mundl :
Sunc anior nd coitus propeial, nuiic spiritns orbis
Bacchalnr Venerl, sllmiilisque cupldinls aclus
Ipse snas adamat partes , et fcEtibus implet.
Nunc pater requoreus , nunc et regnator aquarum , 200
Ille suain Telliyn lilc pelllcit Amphltriten,
lit jam ca^rnleo partus enixa niarlto
Ulraque niinc reserat poiituinque natantibns iinplet.
Jlaxliniis ipse denm poslto jani fulmlnc fallax
Acrlsioneos veteres Imltatur amores , JOj
Inqne sinus matrls violento dcflnit Imbre.
Nec geniti ix nati niinc aspernalur amorein ,
.Sed patitur nexus Hammala cupldine tellus.
llliic maria, liinc inontes, liinc toliis deniquc niundus
Veragit : liinc liominum pecndum volucriimque cupido,
Atque ainor Ignescltmenti, saevllquc mcdullls , 211
Duni satiata Venus foecundos conipleal artus,
V.l generet varlas soboles , semperqne Irequentet
Prole nova miinduiu, vacuo ne lorpeat a;vo.
Sed qiild cgo Infieno volilarc per aUliera cursn J16
Passus equos audax siibllml tramlte raptor ?
Ista canat , majore deo quem Delplilca laui us
Impulll, et rernm causas, et .sacra inoventem
Orgia natui.T, secretaque fnpdera ca;li.
COLUMELLE.
ce poete , inspir^ par le Citherou , par les inon-
tagnes de Nysa dediees a Baeclius , par celle du
Paruasse qui lui est aussi consacree, et par ie
silenee favori des Muses qui regne dans la foret
Pieria, chante a grand biuit avec sa voix bac-
ehique : Gloire a vous, dieu de Delos! gloire a
vous , Evius, Evius! Pour moi qui m'egare en
traitant d'ol)jets moins importauts que ceux-la ,
j'entends nia Calliope qui me rappeile, et qui
m'ordoune de me renfermer dans un pius petit
cercle,etde tramer avec elle un tissu de vers
dont les fils soient plus gr(5les, A qui puissent
etre chantes sur quelque air pendant le travail
du vigneron, suspendu aux arbres pour tailler
les vignes auxquellcs ils sont maries, oudujar-
dinieroccupe dans ses jardins verdoyants. Passons
donc aux operations qui doivent suivre eelles
quenous avons dejf^ detaillees. Que l'on dislribue
dans rintervalle etroit d'un sillon et le eresson
alenois, mortel aux vers qui se forment secrete-
ment dans un ventre charge de nourritures mal
digerees , et la sariette dont le gout ticnt de ceux
du thym et de la thymbre,et le concombre et la
courge, dont Tun a la tete tendre et lautre Ta
fragile. Que Tonplante Tartichaut herisse qu'lac-
chus trouve agreable lorsqu'il boit , et qui deplait
h Phebus lorsqu'il chante : tantot il s'eleve garni
de grappes pourprees, tantot il vcrdit avee une
chevelure de couleur de niyrte, tautot sa tete
se penehe et ses feuilles s'entr'ouvrcnt, tant()t il
imite la pomme de pin par le piquant de sa ijointe,
tantot il est evase par en haut en facon de cor-
beille et herissed'epines menacantes; quelquefois
il est pale, et ressemblo a la feuille torse de Ta-
canthe. Des que le grenadier, dont le fruit s'a-
doueit quand la peau de ses grains commenee &
rougir, se eouvrira de lleurs teintes de sang, il
sera temps de semer le pied de veau : e'est aussi
alors que Ton verra naitre les coriandres fameu-
ses, ainsi que la nielle semblable au eumin par
sa d(?licatesse ; c'est alors que la baie de l'asperge
s'elanceraa travers son fanage t^pineux, et que
ron verra la mauve, accoutumeie' a suivre leso-
leil dans soucours, pencher la tete du c6tede
cet astre.
On voit aussi naitre alors la couleuvree, qui a
Taudace d'imiter tes vignes , dieu de Nysa, et
qui , ne redoutant point les buissotis, se leve ef-
frontement a travers les t^pines du poirier sau-
vage, et entortille !es aunes inflexibles. Deja la
poiree' a lafeuille verte et au pied blanc, s'eu-
fonce dans un sol gras a Taide d'un pieu ferre
par la pointe, comme la seconde lettre de Tal-
phabet , qui porte en grec le meme nom que cette
plante , s'imprime sur des tablettes a Taide du
stylet d'un maitre savaut. La moisson des fleurs
odorifcrantes se prepare aussi a present ; deja le
printemps s'empourpre; deja la terre , enceinte
dcs productions bigarrt^es de rannee, se plait a
en couronner ses tempes; deja les lotiers de
Phrygie etalent kurjjlaneheur t'clatante, et les
violettes ouvrent leurs yeux clignotants ; deja le
lion baille, et la rose, dout lcs joues virginales
commencent a s"entr'ouvrir, interdite par larou-
geur ingenue qui les comre, contribue dans les
temples au culte des hahitants des cieux, en as-
sociant son odeur a celle de Saba. Maintenant
c'est vous que j'implore, Aeheloides, compagnes
des Pegasides, choeurs de Dryades du montMe-
nale, nymphes Napees, vous qui habitez les
Exlimulat vatem per Dindyma casta Cybebes ,
Perque CitbiiTonem , Nysaeaque per juaa Bacchi ,
Per sua Parnassi , per amica silentia Musis
Pierii nemoris , Baccliea voce fiementem
Delic te Pa>an , et le evie evie Pa^an.
Mc mea Calliope cura leviore vaganteni
Jani revocat, parvoqne jubet (Jecurrere gyro,
Et secuni gracili counecteie carmiua lilo,
Qua' canat inter opus musa moilulanle putalor
PcnJulus arbustis, olitor viridantibus liortis.
Quare age , quoil sequitur, parvo discrimine sulci
Spargantur ca;cis nasturcia dira colubris ,
Indomito niale sana cibo quas educat ah (is ,
Et satureia lliymi referens thymbrKque saporem,
Et teuero cucuniis, fragilique cucurbila collo.
Hispida ponatur cinara, qua; dulcis lacclio
Potanti vcniat, nec Pba::bo grata canenti.
Ha;c modo pnrpureo suigil glomerata corynibo,
Myrteolo modo crine viret, dellexaque collo,
Nnnc adaperta manet, nunc pinea vertice puugit,
Nunc similis calatlio , spinisque minaulibus horret ,
Pallida nonnunquam tortos iniilatur aianlbos.
Mox ubi sanguineis se lloribus indiiit arbos
Pniiica , qua; rutilo mitescit tegmine grani,
Tempus aris salio, famosaque tunc coriandra
Nascuntur gracilique nielanlhia grala cumino,
Et bacca asparagi spinosa prosilit herba,
Et molocbe, prouo sequitur quffi vertice solem :
Qna^qiie Uias audax imitalur Nysie viteis,
Nec metuit senteis : nani vepribus improba surgens
Achradas, indomilasque bryonias alligat alnos.
Nomine tum Graio, ceu liltera proxima prim.ie
Pangitur in cera docli mucrone magislri :
Sic el humo pingui ferratM cuspidis ictu
Deprimilur folio viridis , pede candida hela.
Qnin et odoralis messis jam lloribus instat,
Jam ver purpureum , jain versicoloribus anni
Foetibus alnia parens cingi sua tenipoia gaudet.
Jam Phrygiae loti gemmantia lumina piomuiil,
Et conniventes oculos violaria solvunt,
Oscilat et leo , et iiigenuo confusa rubore
Virgineas adaperta genas rosa praebet bouores
Caelitibus, templisque Sabffium miscet odorem.
Nunc Tos Pegasidum comiles Acbcloidas oro ,
])E L'AGRICULTURE, LIV. X.
forets de l'Amphrj'SUS , Ics plaines de Tcmpe en
Tliessalie, la montagne Cyllcne, lcs sombies
eampai^nes dii LycBEiis, lcs eaverncs dans ies-
qucilcstonibentcontinuellementdcssoultcsd'eau
de la tbutaine Castalie; je vous implore aussi,
vous qui ramassiez les lleurs qui bordaieut le
fleuve Halesus eu Sicilc, dans le temps que la
fillede Ceres, Proserpine,occupeede vos danses
et du plaisir de cueillir des lis eclatants de la
plaine d'Enna, fut enlevce pour devenir ensuite
repousedutyrandu lleuveLethe, prcferant ainsi
lestristes oiubres aux astres, lc Tartare au ciel ,
Pluton a Jupitcr et la mort a la vie, pour posscder
le royaume iufcrnal : 6 vous que j'invoque en
particulier, quittez le deuil, faites trSve a votre
tristesse et a vos craintes, et tournez ici vos pieds
delicats , a la demarche legere , pour eiitasser la
chevelure de la fcrre dans vos corhcillessacrccs.
On ne dresse point ici de picges aux Nymphes , et
clles n'y ont aucun eni^vcment a craindre, puis-
que la chaste Fides et les saints Penates sont Tuni-
que objet de notre ciilte. Tout respire ici les jeux
et les ris sans nul daiiger, tout y est plein de vin,
et Ton y faitdes festius dclicieux dans d'agrea-
bles prairics. Nous touchous au printemps qui
chasse la gelce; nous arrivons au temps do l"au-
uee le plus doux : c'est a prcseut que le jeiuie
Phebus iuvite a se coucher sur rherbe tcndre,
et que Ton peutgoiiter le plaisirde se desaltcrer
avec Teau des fontaines qui coulent eu murmu-
rant sur le gazon , sans craindre de la trouver
glacee, ni trop echaufTfe par le soleil. Dcjji les
fleursdela fillede Dionecouronnentlcsjardins :
deja Ton y voit eclore la rose plus eclatante que
la pourpre dei Sarra. Oui , les jardins charmants
paraissent plus rayouuants par les fleurs dontils
sont emailles, quc lc visage pourpre de Phebi?,
fille de Latouc, iorsque IJoiee chasse les nuees
dcvantelle ; ils brillent plus((ue lebrulaut Sirius,
que Teclatant Pyrois ct que la face lumineusedc
rWesperus, daus le tcmps que Lucifer reparalt
au leverde faurore :ilssont pliis resplendissauts
que Tarc celcstc de la fille dc Thaumas. Courage
donc! allez sur la fin dc la nuit, quand rcloile
duniatin se lcvera, ou lorsque Phcbus baignera
scs chevaux daus la mer Hibcrieune, cueillir la
marjolaine qui couvre la tcrre dc son ombre odo-
riferante, aiusi que la chevelure du narcissc et
cclle du balauste sauvage. Et vous , IVaiade pkis
bcllequ'un belenfant, si vous voulez quAlcxis
ne dedaigne pas les richessesde Corydon, portez
dcs violettes daus vos corbeilles, licz en bottcs
le baume etla cannclle avec le troene blanc ct les
houppcs du safrau, et arrosez ces fleurs avec la
liqueur purede Bacchus; ear Bacchus peutscul
assaisonner les odeurs.
Pour vous, gens de la campagnc, quicueillez
les tcndres fleurs avec vos doigts endurcis, com-
raencez a remplir de jacinthes bleues vos petits
pauiers d'osier hlanc : que les roses claigissent
le tissu du jonc tortille , et que les soucis de cou-
leur de fcu fassent rompre les corbeiiles sous leur
poids , afin que Vertumnus se voie enrichi de
ces marchandises printaniercs jusqu'a cn regor-
ger, et que le paysan qui lcs aura portees a la
ville en revienne ses poches chargees d'argent ,
en marchant d'un pas chancelant, apres avoir
ctc bien abrcuve par lacchus. Mais lorsque les
Mitnalidunique clioros Dryadum , iiympliasque Napaeas,
Qu:L'colilis neiiius .^mplirysi, qu;c Tlicssala Tenipe, 265
Qu:r juga Cyllenes, ct opaci rura Lyca»i,
Autraque Caslaliis semper roranlia gutlls,
l^t quse Sicanii flores legislis Halesi ,
Cum Cereris proles veslris intenta cliorcis
iEquoiis Enn»! vernantia lilia carpsit, 270
Kaptaque, LeUiaei conjux niox facla lyranni ,
Sidevibus tiistes umbias,et tartara ccelo
Piicposuit, ditemque Jovi, lelliunique saluti,
Et nuiic inferno potitur Pioserpiua regno :
Vos qiioque jam postlo luctu nKPSloqiie timore 27.'>
Huc facili giessu teneras advertile plantas,
Tellurisqiie conias saciis aptate canistris.
Hic nulla! insidiae nymphis, non ulla rapina ,
Casta Fides nobis colitur sancticpie Penates.
Omnia |ilciia joris , secnro plciia cacbinno , 2S0
Plena nicio, I.rlisipie vigcnt convivia pratis.
Nunc ver egelidum, nmic cst mollissimus anniis,
Dum Plioebus tener, acteiiera decumbereiii lierba
Suadet, et arguto fugientes gramine fontes
Nec rigidos polare jiivat, necsole lepcntes. 285
Jamque Dioniiis rodimitur floribus bortus ,
Jain rosa irritesrit Siuiano clarior ostro.
Xec tam nubifugo Corea Lafonia Pluebe
Pinpuieo radiiit vultu, nec Siriiis aidor
Sic iiiicat, aut rutilus Pyrois, aut oie corusco
llis|irius, Eoo lenieat cum Lucifer ortu ;
Nti lain sidereo fulgcl Tbaumantias arcu :
Quam nitidis bilaies collucent laHibus liorti.
Qiiare age vel jubare exorto jam iiocfe suprema,
Vel cum Pbaibus equos in gurgile iuersat Hibero ,
Sicuhi odoratas pra;texit amaracus unibias,
Carpite, narcissique comas, slerilisque balausli.
Et tu, neCorydoiiis opes dcspernal Alexis,
Formoso Kais puero Ibrmosior ipsa
Fcrcalatbis violiim et iiigro pcrniisla ligustro
Balsama cum casia necteus croceosque corymbos,
Spaige mero Baccbi : nain Barclius condit odores.
Kl viis agrestes, duro qiii pnllicc inolles
UciMililis llores, cano j.iiii \iiiiiiii< lcvlum
Siriiciilum ferrugineis cuiniiliilc iiyacintbis.
Jaiii rosa dislendal contorti sUimina junci ,
Pressiique flaninieola rumpatur lisciua callba,
.Mercibus ut vcrnis dives Vortnmnus abundel,
Et titubante gradu nuilto madefactiis laccbo
,'Ere sinus gerulus plcnos giavis urbe reportet.
Scd cum niiituris flavcbit niessis arisUs,
416
COLUMELLE.
epis mlirs auront jauni la moisson ; lorsque Titan
aura prolonge le jour eu entrant dans ies Ge-
meaux , et qu'il aura englouti au miiieu de ses
flammes les pattes ile l'ecrevisse de Lerne, unis-
sez. i'ail a l'oignon et le pavot de Ceres a Tanet ;
liez-les en bottes pour les aller vendre pendant
qu'ils sont verts, afin de ehanter les louanges
solennelles de Fors-Fortuna quand vous aurez
vendu cesmarciiandises,et quevous rctournerez
dans vos jarJins cliarmants. Comprimez aussi
alors avec de lourds cylindres le basilic que vous
aurcz scme daus un gueret bien laboure et ar-
rose; comprimez-le , dis-je, afin de le faire epais-
sir, et pour cmpecher que l'ardeur d'un sol trop
ameubli ne brule ses jcunes tiges , ou que la det\t
du petit puceron ne s'y attache , ou enfin que la
fourmi ravissante ne vieune a en dcvaster la
graine. Au reste, non-seulement le limacon cn-
veloppe dans sa coquille et la chenille herissee
ont la hardiesse de rongerles feuilles des plantes
Iorsqu'elles sont tendres; mais il arrive meme
souvent, lorsque la tige deja forte du chou jau-
niitre est grossie, ou que les cardes blanches de
la poiree sontgonflees , ct au moment meme que
lejardinier, croyant etre en surete, se rejouit k
la vue de ses plantes parvenues a radolescence,
et se prepare k mettre la faux dessous , parce
qu'elles sont mures, que rimpitoyable Jupiter
lanee une pluie durcie par la gelee, et detruit
ainsi par la grclc les travaux des hommeset des
ba?ufs. Souvent meme il les devaste en faisant
tombcr une pluie pestilentielle , qui donne nais-
sance tant aux liscttes ennemies de Bacchus et
des saussaies verdfitres, qu'a la chcniile, qui,
venant a se glisser dans les jardins , serpente sur
Atqiie iliem gemino Titan extendevit aslio,
Hauserit et flaramis Lernaii biacliia Cancri,
Allia cuni cepis, ceieale papaver anetlio
Jungitejilumque virent nexos delerte maniplos, 315
lit celebies foitis foitunao dicile laiides ,
Meicibus cxactis, liilaiesque recuirite in liort«s
Tum quoque proscisso riguoque inspersa novali
Ocima comprimite, et giavibus densate cjlindris,
Exuiat sata ne lesoliili pulveris aestiis, 320
Parvulus aut pulex iirepens denle lacessat,
Neu lonnica ra|iax populari seniina possit.
Nec soluni teneras audcnt erodeic frondes
Iniplicilus concba; limax, liiisutaque cani[ie :
Sed cum jani valido tuigescit luiida caule 325
Brassica, cuiiKiue tuinent pallentia roboia lieta;,
Mercibus alque olitor gaudet secuius adultis,
Et jani inatuiis qua>iil supponere fiilcein ,
Saepe ferus dnios jaculatiu- Jupiter iinbies,
Giaudine dilapidans liuininuinque boumquc laboics : 330
Sa^pe eliam gravidis irrorat pestiler undis,
lix ipiibu.'* iulestoe Baccho glaiicisque salictis
Nasciinlur volucres, serpilque crnca per bortos;
Quos iuper ingicdiens exuiit semina niorsu.
leur surface, et brule les semences par sa raor-
sure; de sorte que leur tete se depouille de ses
cheveux, et que leur cimese degarnitde feuil-
les, au point quelles lauguissent toutes, mutilees
et consumees par un poison funeste. Des expe-
rienccs nombreuses, jointes au travail, ont fait
trouver aux malheureux habitants de la campa-
gne des remedes propres a les preserver des dom-
mages qu'ils avaient a redoutcr de la part de ces
monstres ; et Tusage , cc grand maitre , a montre
aux agriculteurs les moyens d'apaiser la fureur
des vents, et de detourner les raauvaistemps par
des saerifices toscans. Cest de la quc pour em-
pecher la mechante rubigo de briilcr les herbes
quand elles sont vertcs , on Tapaise avec le sang
et les entrailles d'un chien a !a mamelle : c'est
de l;i que le Tyrrbenien Tages enterra, a ce
qu'on raeonte , sur les limites d'un chainp la
tete d'uu iinon d'Arcadie depouillee de sa peau,
et que Tarchon, pour detourner la foudre du
grand Jupiter, entoura son habitation d'une haie
de couleuvree. Dela le fils d'Amytbaon, aqui
Chiron avait enseignebieodes secrets, suspendit
a des croix des oiseaux de nuit, pour empecber
les autres oiscaux de faire entendre leur chant
lugubre sur le haut des toits. Pour empecher de
mcme que des aniraaux malfaisants ne rongeas-
sent lcsjeuncs ponsses, il a eteutile quelquefois
dc tremper les graines dans la lie grasse de la
liqueur de Pallasextraite sans sel, ou de les ras-
sasicr de la suie qui s'attache aux foyers. II a en-
core ete utile de verser sur les plantes du jus amer
de marrube , ou de les frotter sans mcnagement
avee du suc de joubarbe. Mais si aucun de ees
reraedes ue parvient a ecarter ces pestes , on aura
Qua; capitis viduata coma, spoliataque nudo 335
Verlice , Irunca jacent tristi consiimpta veueuo.
Hsec ne ruricola; paterentur monslra, salulis
Ipsa novas artes varia expeiientia rerum
Et labor ostendit niiseris, ususque magister
Tradidit agricolis , ventos sedaie furentes, 340
Et tenipestatem Tbuscis avertere saciis.
Hinc mala rubigo virideis ne torreal lierbas ,
Sanguine lactentis catuli placatuv et extis.
Hinc caput Aicadici nudum cute ferCur aselli
Tjrrbenus lixisse Tages iu limite ruris. 345
Utque Jovis magni probiberet fulmina Tai clion ,
Sa?pe suas sedes pia?cinxit vitiBus albis.
Hinc Amytliaonius , docuit quem pluiima Cliiron ,
Nocturnas crucibus volucres suspeiidit , el altis
Culminibus vetuit feialia carmina lleie. 350
Sed ne dira novas segetes animalia caipant,
1'iofuit interdiini medicantem seniiua piugui
1'alladia siiie fiuge salis conspergere amurca,
lunatave laris nigra satiare favilla.
Piufiiit et plantis latices infundere amaros 3i6
Mairiibii, multoque se'di contingere succo.
Al si nulla valet medicina repclleie pestem ,
DE i;agriculture, LIV. X.
reenurs a Tart de Dardanus, et roii conduira
trois fois autourdes planeiies de son jardin,etdo
laliaie qui l'en\ironne, unefemme quisera pieds
nus et qui aura ia gorfie decouverlc, et les cIr'-
veu\ epars a la maniere des personnes afflifnces,
dans le temps que, souraise aux lois ordinaires
de la jcunesse , elle perdra, non sans en rougir,
iin sang- impur. En effet, des que cette femnie en
aura fait le tour au pas , on verra aussitfit (chose
surprenante ! ) les clienilles, au corps entortille,
rouicr a tcrre, de la raeme maniere que Ton \oit
toniber d'un arbre qu'on secoue une nuee dc
fruitsrevetusd'uiic pcauniolle, oucouvertsd'une
ccorce. Cest ainsi qu'autrefois lolcos vit ce ser-
pent qui , apres avoir ete assoupi par des enchan-
temcnts magiques, etait torabe de la toison du
belier de Phryxus. Mais il est deja temps de
couper les tiges qui doivent disparaitre les pre-
iniercs;il est temps d'arracherparle picd les lai-
tues de Tartesus et de Paphos , et dc lier cn bottcs
Tail ainsi que le poireau, qui se coupe de temps
a autre. Deja la roquelte, qui exciie a !a volupte,
nait dans les jardins fertiles : dcja ja patience,
propre a faire coulcr Purine , verdit sans culture,
ninsi que lcs nerpruns ct la scille : deja l'on voit
croitre la haie piquante , hcrissie de houx-fre-
lons, ainsi que Tasperge sauvage, dont la tige ne
ditfi're en rien de celle de l'aspcrge cultivee :
deja le pourpier huraide del'end de la soif les hor-
durcs des planches, ct la longue cosse du hari-
eot, dont le voisiuage incommode rarroche,
commencea s'elcver : deja Ton voit le concombre
tortu suspendu sous des treilles, ou, tcl qu'un
serpent deau qui se glisse sous le> omhres frai-
chesdu gazou, pour se garantir dusoleil d'ete. ,
on le voit ramper a terre, ainsi quo la courge
Dardaniac veniant ailes , nndataqiie plantas
Fccmina, qua^ justis tnm (iemnm operata jnvenla^
LcKibns, obsciieno manal pndibunda crnore, .'!riO
Sed resolula sinns, resolnto racesla c»ipillo,
Ter circuni areolas et sepeni ducitur liorti.
Queni cum, lustravit gradiens, mirabile visn !
Non aliter qnam decussa pluit arbore nimbus
Vel lerelis mali , vel tccta! corlice glandis, M,:>
Volvitur ad terram distorto corpore canipe.
Sic quondam magicis sopilum canlibus angnoni
Vdlere Fliryxeo delapsum vidlt lolcos.
Sed jaui prototomos tcmpns decidere canles ,
EtTartcsiacos, Papliiosque rcvclleic tliyrsos, .iTO
At(|nc apio fasces et secto cingere poi ro.
Jainqnc ernca salax fuccundo piovenil liorlo.
Lubrlca jani l.apatlios, jani tliamni spontfi viiescnnt ,
El scilla, liirsuto sepes nnnc liorrida rusco
Prodil, el aspara^i conuda simillima filo, .'17 j
Huniiilaque andraclnie siticiitcs prolegit anlcs,
Elgravis alripliii con--nr;;it longa faselus,
Tum modo dependens trii Iiilis, niodo mnie clu-l>dri
Sole sub teslivo gelidas [icr graminis umliras
i:oi.i>iiil.l.E.
pleine de pcpins. Mais la forme de ccs plantcs
varic : en effet, si vous avez a cnnurd"avoir dfs
eourgcs longues, et qui soicnt suspcudues par le
sommetgrelc dc leurtete, choisissez-en lagraine
dans la partie la plus miiicc de leur col ; si vous
cii voulez avoir au contrairc de grosses, dont le
corps soit rond ct le ventre tres gonfle, vous en
tircrez ia graine du milieu du ventre, ct il en re-
sulterades productions enormes,dans lesquelles
vous pourrez renfermer la poix de INai ycium et
le niiel du mont Hymette en Atlique,ou dont
vous pourrez fairede petits seaux propresA con-
teuir Tcau , ou des flaeons a Tusage de Ijacchus :
vous pourrcz encore vous en servir pour apprcn-
dre aux enfants a nager dans les lleuves. Qiiant
au concombrc, dont la couleur est livide, qui
nait avec un ventre groset velu, et qui se tient
cache comme un serpent sous un fanage plein
denoeuds,et couche sar son ventre tortueux,
qu'il ramassetoujours en rond ; il est pernicieux,
et doniie lieu ii des maladies aigucs pendant les
etes violents, parce que son jus est fetide, et que
la graine dont il est farci est visqueuse. Pour cc-
lui qui , se trninaiit vers Teau qui coule snus une
treille, semble extcnue par la passion violcnte
que lui inspire cette cau , dont il suit le cours,
et quiest blanc et plus tremblant que le pis d'une
truie qui a inis bas, et souvent mcme plus mol-
let que du lait caille versc sur des panicrs, il
dcvicndradoux parlasuite, prendra unecoulenr
de safran et s'amollira cn murissant, pour peu
qu'il tire sa nourriture Q'un tcrrain arrose. II
pourra ineme servir un jour de ressource a
rhomme dans ses maladies. Lorsque ie chien
d'Erigonc , cnflamme par le feu d'lIypcrion , com-
meneera a faire voir les productions dcs arbres,
Intortus cucnmis pr.Tgnansqne cucuibila serpil. .'180
Una neqne est illis facies. Nam si tibi cordi
Longior est , giacili capilis qnae vei lice pendet ,
E tenui collo semen lege : sivo gloliosi
Corporis, alqne utero nimiuni qniv vasta tiinicscit ,
Ventre leges mcdio, sobolem daliit illa lapacem .'iSi
Naryciic picis, ant Acta'i niillis Ilyinctli,
.\ut liabilcm lympliis liamnlain , IJaccliine lagipiiam.
Tum pueroseadem lluviis innare doccbil.
Liviiliis at cncnmis gravida qui nascitur .ilvo ,
Elirtus, ct nt colnber nodoso gramine leclus .190
Vonlre cnbat llexo, semper colleclns in orbem ,
Noxins exacuit morbos acstatis iniquie.
Firlidus liicsucco, pingiii qnoque sciniiVi fartus.
Al qui siib Iricliila manantem lepit ad iindam ,
Labcntemqnc sequcns nimio lenualnr ainore , S9J
Candiilns, effoete trcmcbniidior nlicre poica' ,
^lollior infuso calatliis modo lacte gelalo ,
Dulcis erit, riguoipic m.idescit luleus arvo,
ICI feiet anxilium qnondam morlalibus a'gris.
Cum caiiis Erigoncs Hagians Ilyperionis .TStu 400
Arboiensapciit fcctus , cuinnlalaqiie morU
COLUiMELLE.
et qu'un jus de coulcur dcsang ruissellcra des
pctits paniers blnncs tissiis de jonc et remplis de
nviires; ce sera le momcut de faire deseendre ia
fiiiue hative de l'arbrc qui porte ce friiit deux
fois l'an, et d'entasser dnns des corbeiliivs les pru-
ues d'Armcnie, ainsi que cellcs de couleur de
cire et celles de Damas, avec lcs IVuits que la
Perse barbare nous avait envoyes (a ee qu'on ra-
conte) arnies des poisons de leurpatrie , mais qui
ont perdu aujourd'hui leur proprielemalfaisaute,
et qui donnent au contraire un jus d'ambrosie
exempt de tout danp;er de mort. Lcs plus petits
de ces fruits, que l'oa appcUe Pe;'.s/m du nom
de cette nntion meme , se hittent de murir ici
phist6t encorequedans leur pays,au lieu que les
plus gros qui viennent dans laGanle murisscnt
au meme temps : pour ceux. que prodnit TAsie,
ils sont tardifs et ne viennent qu'aux froids. On
voit paraitre cnsuite sousla constellation de Tin-
commode Arcture la figue de Tarbre de Livie qui
le dispute a celle de Chalcidie, la figue de Cau-
nus rivale de celle de Chio, la Chelidonienne
pourpree, la figue folle grasse, la Callistruthis
eclatante par sa graine de couleur de rose, la
figue bianchequi prend son nom de la cire blonde,
ainsi que celle de Libye qui est fendue, et enfln
celle de Lydie dont la pcau est peinte. En outrc,
des qu'on a celebre, suivant le lit accoutume, la
solennite du dieu boiteux , on seme pour la se-
conde fois , pendnnt que les oaux du ciel sont
encore suspendues, une qnantite de ravcs qui
nous viennent des chnmps celebres de Nursia,
ainsi que des iiavets qui nous sont apportcs des
campagnes d'Amiternum. Mais deja li^vius, que
la maturite du raisin inquicte, nous appelle, el
nous ordonne de fermer ies jardinscuUives. Nous
allonsdoncles fermer, etnousrcndreaux champs
pour obeir ii ses ordres : la, nous recolterons
joyeusementtes presents, charmnnt lacehus, au
rnilieu des Satyres iascifs ct des Pans h deux
cornes, qui secouent leurs bras affaiblis par le
vin vieux; apres quoi uous te ehanterons a ia
maison , en te donnant les noms de Pere Maua-
lius, de liaechus, de Lyicas et de Lenaius, afm
que lacuve bouillonne, et que les futaillcs, rera-
plies de Falerne jusqu'aux bords, se degorgent
en rejetant recume de leur moiit grossier.
Jusqu'ici, Silvinus, j'euseignais la culture des
guerets,cn rappelant les preeeptes de Maron,
ce pof^te divin qui, osant ouvrir les sources au-
ciennes, fit entendre le premier, daus les villcs
de rempire romnin , lcs vers du poiite d'.4scra.
LIVKE XL
L CIaudiusAugustalis,cejeuno horame forme
par la frequentntion des gens d'etude , et pnrti-
culierement par celle des agriculteurs , quin'est
pas moins rccommandnble par rhonnetete de
ses moeurs que par son erudition , a obtenu de
moi, a force de sullicitations, que je donnnsse la
culture des jardins cn prose. Ce n'est pas que,
des le moment oii j'ai entrepris d'enchniner cette
matiere dnns les liens de la poesie , je n'aie prevu
quc je serais infailliblement force d'en venir la.
Mais comme vous vous etiez acharne , Publius
Silvinus , a me demander un essai de ma versi-
fication, ilm'avaite(eimpossibledevousrefuser,
sauf a entrcprendre par la suite , si j'y trouvnis
Candiila saiiguineo nianat fiscclla cniore ,
Tunc prcCcox bileia descciulit ab aiboie ficiis
Armeniisque , et ceieolis, pninisqiie Daiviasci
Stipantnr ealatlii , el poinis , qii;« barbaia Peisis
Miserat , ul fama est, patiiis armala venenis.
At nunc exposili parvo discriinine lellii
Ambrosios pracbent snccos, oblita noceiuli.
Quin etiain ejusdeni gentis de nomine dicla
Exiguo propeiant mitcscere Peisica nialo.
Tempesliva inadent, quie maxima Gallia donat ;
Frigorihns pigro veniunt Asiatica fa'lu.
At gravis ArcUiri sub sidere parturit arbos
Livia , Cbalcidicis , et Caunis ;eniiila Cbiis ,
Purpuieaeque Clielidoniai, pinguesque Mariscac ,
Et Callislriitbis rospo qu;c semine ridet,
Albaqiie , qiia." servat llava; cognomiiia cerac,
Scissa Libyssa siiniil, piclo quoque Lydia tergo.
Quin et Tardipedi s;icris jain rile solutis
Nube nova serilur, c.tU pcndentilius uiidis ,
Gnngylis, illuslri niittit qiiam Nursia canipo,
Quccque Amiterniiiis delcrtiir bunias aivis.
Sedjam maluris nos flaijilat anxius uvis
Evius, excultosqiie jubet claudamus ul horlos.
Claudimus, imperioqiie tuo paremus agrestcs, '12.>
Ac mctinius la-ti tua raiinera dulcis lacclie,
Inter lascivos Satyros Panasque biformcs
Brachia jactaiites, vetiilomarccnlia vino.
lit tc Ma;naliuin , le Caccbum , teque Lvipum ,
Leincumque patrem canimus sub lecta vocantcs, 4:iO
Ferveat ul lacus , ct mnlto completa Faleriio
Exundenl pingui spunianlia dolia muslo.
Hiictenns borlorum cullus, Silvine, doceliain
Sidcrei vatis referens pnrccpta Maronis ,
Qui primus veteres ausus rccludere fontes 4.1;)
Asciaeum cecinit Romana per oppida carmcii.
LIBER U.NDECIMCS.
I. Claudius Angiistalis lam ingenniie natura' , qiiam erii-
ditionisadole.scens complurium stndiosoruin et pra'ci|iue
agricolarum sermonibus instigatus extudit milii, culUis
liortoruin prosa ut oratione componerem. Nec me tanien
fallebat liic evenlus rei , cum piKdictam niateriam cariiii-
nis lcgibus implicarem. Sed tibi, Publi Silviiie, pertinaci-
ter cxpclenti vcrsificationis nostiiie gusluin, negarc nou
DE L'AGUICULTURE, LIV. XI.
plarsir, !e travail que j"entrepi'ends effeo-tivemont '
aujourcVhui , etqui consiste ii joindie ies devoirs
du jnrdinier a ceux du raetnyer. En effet, quoi-
que je parusse avoir parcouru jnsqu'a uu ccrtain
point les devoirs du nietayer dans le prernier li-
vre de nion economie rwale, neanraolns, comme
le meme Augustalis, iiotre ami, nie demandait
souvent, avee un empressemcnt pareil riu v6tre,
dy joindre ceux du jardinier , il est arrive que
j'ai excede le nombre de volumes que devait eom-
prendre cet ouvrage , eu coraposant cs onzieme
livre de preeeptes relatifs a ragriculture. II faut
mettre a la tete de son bien et des gens qui Tex-
ploitent un mctayer qui ne soit ni dans le pie-
mier ni dans ie dernier age de la vie, paree que
ies esclavcs meprisent autant un jeune appren-
ti qu'uu vieillard, par la raison que l'un n'cst
pas eneore au fait des travaux de la carapagne ,
et que Tauti-e ne peut plus s'en acquitter ; outre
que la jcunesse rend le premier nc^gligent , comme
la vieillesse rcnd le second paresseux. L'age qui
tient le milicu est donc le plus propre a cet ofiice ;
ettout liommeaura sufiisamment de foices pour
s'aequitter des fonctions d'un auriculteur depuis
trenteans jusqu"u soixante, a moins qu'il ne lui
soit survenu quel(iuc maladie de corps. Quel que
soit rhomme que lon destinera a eette besogne,
il doit etre tres-savant et trcs-robuste a la fois ,
tant afinde pouvoir instruire ceux qui lui seront
subordonncs, que pour pouvoir faire aisement
lui-meme ce qu'il ordonnera; dautantplus que
rien ne peut etre bien enseigno ui bien appris,
si lemaitie iren donne poiiit rexemple et qiieie
diseiple ne le reeoive point de lui. Or il est plus
avantageux a un ractayer d'etre le maitre de ses
ouvriers (|ue d'en etre le diseiple, puisciue Caton,
que Ton peut regarder comme un modele, si Ton
se ri^fere aux anciens usages , a dit , en parlant
SHSlinebain, factiirus mox, si collibiiissct, qiiod minc as-
I grediur, iit oliloris curain subfexerein villioi officiis : quae
i quamvis piiiuo rei riistic.l! libio videbar aliqualpnus ete-
I cuUis; iiuoiiiam taineii ca siuiili dcsiderio i.Mster [idem )
I Augustalis sa'i>ius flasitabat , numeruin , queui jam quasi
I consummavei ain , voluniiiium excessi , el lioc imdeciniuin
1 pra>cc|)luiii nislicatioiiis menioria: tnididi. \illicum fuiido
1 l'annlia'que iiiiepoui convenit attalis nec prinia', nec ulli-
j niie. Kaui servitia sic tiriinculuni coiilenmmit, ut senein
' juvenes : quoniain alter iiondum novit o|icia niiis , alter
cxequi jani non potest ; alqtic liuiic adule.sceiilia negli^cn-
tem, sencctus illuin lacit pigrum. .Mcdia igiliir aetas liuic
oflicio est aptissima : poteritque ab anno trigcsinio usque
i'n sexagesiniuin, si non interveniant fortuita corpoiis vi-
tia, satis validi liiiigi muncribiis agricola;. Quisqiiis autcm
I destinabitur liuic iief;otio , sit oporlcbit idem scieiiti.s.siinus
I robuslissimusque, ut et doceat sulijectos, et ipse coinnio-
de faciat qiia; pra;eipil. Siipiidem nibil rc<te sine exemplo
I docetur, aiit discitiir, pra'statquc villiciim masislriim cssc
I operarioiuin , noii discipiiluin , cuin etiam dc palief.imiliic
i prisci moris excmpluin Calo dixerit :<iMaleaj;iturcuiudu-
419
du chef de famille lui-meme, que les affaires
d'un propriiitaire vont raal lorsque son mtitayer
Ini montre cequ'il y a a faire. Aussi lit-on dans
rEconomique de Xc^-nophon , traduiten latinpar
M. Gic(3ron, que Socrate ayant demande a Iseho-
machus rAthenien si , dans le eas oii ses af-
faires doraestiques le forcaient a prendre un me-
tayer , il etait daus Tusage de racheter comme
unartisan ous'il le formait lui-meme ,cet homme
admirable lui rcpondit : « Loin de racheter, je le
forme nioi-racme, paree qu'un homme qui est fait
ponr me remplaeer en mon absenee, et pour se-
conder ma vigilauce , doit eu savoir autant que
moi. ■> II est vrai que ccs exemples sont tiop an-
ciens pcur nous, et qu'ils appartiennent a des
temps ou ce nu-me Isehomachus priitcndait qu'il
n'y avait personne qui ne diit savoir cultiver par
lui-mtJme. Pour nous, qui ne pouvons pas nous
dissimuler notre ignoranee sureet objel , eonten-
tons-nous de mettre des jeunes gens (lui aient
la conception vive et le corps robuste sous la
direction d'agrieulteurs tres-instruits, afin qu'il
puisse s'en trouver au moins un entre plusieurs
(attendu qu'il est difficile d'instruire les autres)
qui parvienne a acqu(3rir , a Taide de leurs bons
avis, la capacite necessaire non-seulemcnt pour
cnltiver, raais encore pour commander. En effet ,
il arrivesouvent que des gensieconnns d'ailleurs
pour (5tre trt''^ au fait de rcxeeution des ouvia-
ges, n'ont point la prudence n(3cessaire pourcorn
niauder, et qu'ils nuisent en consequence aux
affaires du propri(;'taire, soit en le faisant avcc
trop de durcte, soit en y mcltant trop de dou-
ceur. II faut donc, comirie je Tai deja dit , que
rhomme que Ton destinea (^tremiitayersoit ius-
truit etendurci aux travaux rustiques desson en-
fance ; ct Ton doit s'assurer prealablement , par
des cxp(?riences multipliees , non-seulement
I mino , qiiem villicus docct.» Itaquc in OLcononiico Xeno-
plioiilis, (|Hem iM. Cicero lalino .serinoni tradidit, ( vir )
c^icKius ille Iscliomarlius Atlieniensis rogatiis a Socrale
iitriimne, .si res fannliaris desiderasset , niercari villicum
laiKpiani fabrum, an a se instituere consueverit ; « Ego vero,
iiiqult, ipse iiistitiio. Etenim qui mc absentc in ineum
liMiim siib.stitiiitur, ct vicarius mca'. diligenlia! succedit ,
is ca, qii.x' e^o , sciie debet. » Sed ba'c nimiiini prisca, et
ejus qiiidcm lemporis sunt , quo idcin IschOHiacliiis nega-
bal quemquam rusticari nescirc. Nos aiitcm inemores
ignorantia! nostra; vigentis .scusns adolesccntulos , airpo-
lisque robiisti peritissimis agricolis commcndeinus. Quo-
riim moiiilioiiibus vel iiniis ex nmltis , ( nam esl dillicilc
crudire, ) iion solum ruslicationis, sed impcraiidi conse-
quatur scicntiam. Quidain eniui qiiamvis opcriim piobalis-
siini arliliccs, imperitandi panim priidcules aut sx-viiis
aut ctiam lenius agendu rein duininoriim curruinpunt.
Qiiare, siciit di\i , doccndus, ct a piierilia riislicis operi-
biiseilurandiis, niiiUlsqiiepriiis experimentis inspirieiidiis
cril futuriis mIIIcus, iiec Snlimi aii perdidicerit discipliiiani
ruris, sed an cliam doniiiio lidein ac bencvolentlain c.vlii-
420
CULUMKLL!':.
qu'il a appris rart de ra2;rit'ultiire , mais encore
qu"il est iklele etattaeliea son maitre , aitiele
sans lequel la seience d'un metayer, si erainente
qu'on la siippose, ne sert de rien. Or le princi-
pal talent d'un niaitre, en ee cas, consistea sa-
voirapprecier quels sont lesoftices etles travaux
qu'il faudra departir a ehacun. En effet, rhomme
le plus robusfe , s'il n'a pas rintelligence de ce
qu'il fait, ou le plus habile, s'il est invalide , ne
pourront jamnis venir a bout d'executer ee qu'on
leur aura commande. II faut aussi examincr la
nature de chaque operation. II se trouve effec-
tivement tels ouvrages qui ne deraandent que de
la force , comme lorsqu'il s'ai;it de pousser des
fardeaux ou de les porter; tels qui demandent
autant d'adresse que de force, comme lorsqu'il
s'agit de becher, de labourer, de couper les mois-
sons et de faucher les pres ; quelques-uns pour
lesquels il faut plus d'adresse que de force, eonime
la taille et la greffe des vignes ; d'autres enfm
quiexigent la science eomme le point leplus ca-
pital, tels cfue la nourriture des bestiaux et leur
traiteracnt en eas de maladie. Or le metayer,
dont je parlais tout a rheure , ne peut pas etre
bon juge de ees diffcrentes operations, s'il n'a
pas rhabilete necessaire pour pouvoir corriger
ee qui se trouvera mal fait dans les uncs ou dans
les autres, parce qu'il ne suffit pas de reprendre
eeux qui font mal , si Ton ne leur montre pas les
raoyens de bien faire. .l'aime a nie repeter sur
cette matiere. II ne faut pas nioins instruire un
homme que fon destine aetre metayer , qu'il ne
faut instruire un homme que Ton destine a etre
potier ou artisan : J"oserais meme presque assu-
rer qu'a proportion de ce que ces metiers sont
moins etendus que ragrieulture, ils sont plus
aises a apprendre que cet art, dont robjet est si
complique et si etendu , que si Ton voulait passer
en revuc ses differcntes parties, il scrait a peine
possible de les corapter toutes. Aussi ne puis-je
me lasser de temoigner ma surprise sur un fait
dont je me suis deja plaint avec raison dans le
premier livre de mon ouvrage, je veux dire sur
ce qu'il s'est trouve des gens qui excellaient dans
tous les autres arts, quoique moins necessaires
a la vie que celui-ci , snns qu"il sc soit trouve de
disciples ni de maltres d'agrieulture ; a moins que
Ton ne veuille attribuerii retendue iramense de
cette science la crainte qu'il parait que chacun a
eue de Tapprendre ou de renseigner , quoique ce
ne fiit pas une raison suffisante pour la negliger
parunedefiance honteuse desoi-nieme. Eneffet,
on n'abandoune point comme elle l'art de l'elo-
quence, parce qu'il ne s'est jamais trouvc d'ora-
teur parfait ; la philosophie, parce qu'il n'y aja-
mais eu pcrsonne dont la sagesse ait ete consom-
mee ; puis((u'au contraire la plus grande partie
des hommes s'encourage a acquerir la connais-
sanceau moinsde quelques portions de ces scien-
ces, quoiqu'ils n'ignorent pas qu'ils ne pourront
jamais parvenir a les posseder en entier. Est-ce
dnne un motif sulfisant de se taire, parce qu'on
sait qu'on ne pourra pas devenir un orateur par-
fait , ou de se laisser aller a la negligence , parce
qu'on desesperera d'acquerir la sagesse ? et u'est-
ce pas unasscz grand honneur quecelui d'acque-
rir une parcelle , si petitequ'on la suppose , d'une
grande chose? Mais, dira-t-on, qui est-ce qni
pourra instruire un homme qui se dcstine a etre
miJtayer, s'il ne se trouve point de professeurs
en cegenre?.Ieeonviens moi-meme qu'il esttrcs-
diffieile d'apprendre a la fois tous les preceptes
d'agricultured'une seuleet rafime personue : nean-
moins , s"il est difficile de trouvcr quelqu"uu qui
soit instruit sur toutes les parties de cet art, ou
rcncontre au moins, pour chaque partie isolee,
lieat, sine qiiibus niliil iirodest villici sumnia scienlia. Po-
lissinuim aiiteni est in eo magisteiio sciie el seslimarc,
iquale ofliciuni el qiialis laborsit ciiique injungendus. Nani
uec valentis.simus possil exequi quud iiiiperatur, si nesciat
quid agat ; uec peritissimus , si sil invaiidus. Qualitas
ilaqiie ciijusque rei coiisideiauda «st. Quippe aliqiia sunt
opeia tanUimmodo viriuin, lanqiiam promovendi oneia
porlandique : aliqiia sociata viribus et arli, ut fodieiidi
arandique , iit segetes el piata desecaiidi : nonnullis miuus
viiium, plus artis adliibelur, sicut pulalionibiis insiliuui-
busque vineti : pluriuium eliam scieiitia pulivl in aliquibus,
utln paslione pecuiis alipie cjusdem mcdicina. Quorum
omnium onicioium viUiius, quod iaiii iiriiis dixi , a'sliina-
lor bonus csse non potesl , iiisi fuerit etiam peritus, ut
in imoipio^iiie corrigere qucat perpeiam factuin. Keque
euim satis est repi eliendisse peccaulein , si iion doceat
recli viam. Libenter igitiir eadem loquor : tam docendiis
cst fulurus villicus, <iuam liiturus ligulus aut laber. lil
liaiid facile dixerim , niim ilia lanlo eNpeditiora sint dis-
ceutibus arlificia , quanto miuiis anipla sunt. liuslicalionis
iiutem magua el diffusa niateria cst, paitesqiie si velimus
ejiis poiTenscie , vix iiumiTO compreliendamus. Quare
salis admiiari nequio, quod primo scriptorum nieoruin
exordio jure conquestus suin : CKterarum artium minus
vita' necessariarura repertos antistites; agricultur;e neqiie
discipulos neque praeceptores iuventos : iiisi magiiiludo
rei fecerit reverentiam vel discendi vel proliteudi pene im-
mensam scientiam ; cum tamcu non ideu turpi despeiatione
oportueril eam negligi. Nam nec oraloria disciplina de.se-
riliir, qiiia perfeclus orator niisquam leperlus est; nec
pliilosopliia, quia nullus consuminat.Te sapientiae : sed c
conlrario plurimi semelipsos exliortantur vel aliquas parles
earum addiscere, qiiamvis universas pcicipere non possinl.
Elenim qiitE probabilis ratio est obmutescendi , qiiia ne-
qiicas orator csse perfectus; aut in socordiam compclli,
quia desponderis sapienliam.' iMagnae rei qiianlulumcun-
que possederis, fuisse partlcipem , non minima gloria est.
Quis ergo, inquis, docebit luturum villicum, si nullus
professor esl.' El ego inlelligo dinicillimnm esse ab uno
velut aiictore cuncla lusticaliouis consequi pripcepta.
Veriimlamen iit universa; disciplina! vix aliqiiem coiisul-
tuin, sic pluiimos partiiim ejiis invenias magistios, per
DE IA\G[\[CULTURE, LIV. Xi.
1111 ^'rand nombre de niaitres, a Taide desquels
iin nii tayer peut deveuir parfait. II y n en effet
de bons iaboiueurs , d'e.\cellents ouvriers pour
foiiiller la terre ou pour fauclier le foin , comme
pour avoir soiu des arbres et de la vii^ne, ainsi
quv de Ijons niedecins veterinaires et de bons
pStres , dout cliacun ne cachera pas les procedes
deson art aquiconque voudra s'en instruire. Ce-
lui douc qui se trouvera a la tiHe d'uue metairie
aprcs avoir tHe prealableraent forme lui-meme
au.xmetiersparticuliers dcsdifferents ouvriersde
la campar;ne, eviteraentre autrescboses d'en!re-
tenir aucuii coramerce avec les eselaves dc la
raaison, ct encore moins avec les ttrangers. 11
sera tres-temperant tant sur lesommeil que sur
le vin ;ce sont eneffet deuxcliosesiQCompatibles
avec rexactitude, parce qu'un homme sujet a
s'enivrer manque a ses devoirs autant qu'il les
oublie , ct qu'un dormeur cn neglige iine grande
partie. Que peut en effet exceuter par lui-mfme
un homme qui dort contlnuellemeut , ou que
peut-il eomraander aux autres '? II faut encore
qu'il n'ait pas depenchant a Pamour, parce que
s"ilse livre une fois a cette passion , il ne pourra
plus penser a autre chose qu'a Tobjet de ses de-
sirs; car lorsqu'on a Tesprit occupe d'une
passion , on iie croit pas qu'il y ait de recom-
pense plus flalteuse que le fruit de la volupte,
ni de supplice plus dur que la privation. 11 faut
donc qu'il soit le premier eveille de tous, et qu'a-
prcs avoir fait sortir , le plus t6t que la saison le
permettra, les gens qui sont toujours lents a se
raettre a Touvrage, il aille lcstement a leur
t^te, paree qu'il est tres-intcressant que les
eolons commencent leur besogne des le matin ,
ct qu'ils la fassent diligeniment et sans interrup-
lion; d'autant que, comme le disait ce meme
Ischomachus que j'ai dcja cite, la journee bien
employce d'unscul ouvrier vaut mie;ix que celle
de dix ouvriers negligcnts et peu appli(]ues; et
que si on laisse a un ouvrier la liberte de perdre
sontempsen bagalelles, il en resulte toujours un
tres-grand mal. En efftt , de mcme que de deu.x
voyageurs qui sont partisen ineme temps, celui
qui va son chemin droit et sans s'aiTeter devance
souvent de moitie celui qui se sera amuse a cher-
cherromhre desarhres, ragrementdes ruisseaux
ou la fralcheur de Tair; de meme, en fait d'ope-
rations rustiques, il serait difflcile dedirecom-
bien un ouvrier diligent remporte sur un ouvrier
paresseux et nonehalant. 11 faiitdonc que le me-
tayer ait soin que les gens , en allant a rouvrage
des lepoint du jour, ne marchent point languis-
sarament et a pas comptes , mais qu'ils le suivent
au contraire avec ardcur,et, pour ainsi dire,
comme un general ([ui mene bravemeut et gaie-
nient son annee au eomhat. II faut aussi qu'il
les revcille au milicu du travail par des exhor-
talions multipliecs , et que de temps cn tfimps ,
lorsqu'il en remarquera qui se decourageront ,
il prenne un moment leurs outils comme pour
les aider , et quil mette lui-meme la main a leur
besogne , en les avertissant de la faire avec au-
tant de courage qu'il Taura faite lui-meine. II
faut de merae que, des que le erepuscule sera
vcnu , il n'en laisse aucuii derriere lui , ninis
qu'il les suive tous comnie un excellent pntre,
qui ne souffrcjamais qu'aucune hetedeson trou-
peau erre dans la cnmpagne. Lorsque ensuite il
serarentrea la maison,ilsecomportera de mCrae
qu'un berger vigilant, c'est-a-dire qu'il ne se
retirera pasaussitot danssa chara!)re, maisqu'il
prendrn le plus grand soin possible de chacuu
d'eux, soit eu appliquant des remedes sur les
quos enifore (pieas peifscliim villicum. >"am et oialor
reperiatur aliqiiis l)(mii,s , et optimiis fossor, aiit fieni .set-
tor, nec minus arliorator et vinitor, lum eliani veteriiia-
rius el prolnis pastor, (pii siniiuli ralioncni scieiiti;e su;e
(lesidcranli iion sulilraliant. Isilur c<iiii|ilurium a;;iestiuin
formaliis artiliiis, ipii siisccpcril oriicium villicationis, in
lirimis convicliim ilomcstici , miiltoque etiaiii niagis exleri
vilet. Sonini et vini sit alislinentissimns , ipia; utraipie
siint iniinicissima (liligcnliac. Nani et cbrioso ciira offieii
pariler cuin inemoria siililraliitur; et somniculosum plu-
riitia elfiiginnt. Quid enim pnssit anl ipse agere , aiit cni-
ipiam (lorniieiis iiiiperare ? Tum eliain sil a venereis
amorilnis avcrsiis : quibiis .si se deiliderit, non aliiid
quidquam possit cogitare, quam illud quod diligit. iSam
^iliis ejusmodi pctleclus aninins nec pr;rmiuin jncumllus
quani frnclum libidinis, iiec siipplicium grarius <piam
friistrationeni cnpiditalis cxistimal. Igitur prlnuis omnium
vigilct, fainiliamque semper ad opera cunclaulcm pro
tcinporibus aniii feslinanler prodncat, cl slreniic ipse praj-
cedat. Plurimiini cnim refcrt colonos a priiuo mane opus
.i?;?redi , nec lenlos per olinni pigr(! procederc. Siqnidem
Sotliomaclius idcni ille : M.ilo, iiiquil, uuiiis .ngikni indiis-
liiam, quain deccni liomiiniin iii'Rli;^enteni et lanlam
opciani. Quippe plnrinimn aflert mali, si opeiariotricaiidi
potestas fiat. Naiu iit in itineie conliciendo s;epc dimiilio
niatiiiins pervouit is, qiii naviler et siiie nllis concessa-
lioliilius pcnncatiit, qiiam is, qiii cuin sit iina profectus,
iiiiilii.is aiiiiiniiii liiiiticiilorumque amienilatem vel aura^
rcrriLicratiiiiicni ca|ita\it : sic in agresti nejiotio dici vix
polest , quiil naviis operarius ignavo et cessatore piscstet.
IIoc igiliir tustoilire oporlet villiciiin, iie statim a priina
liice familia ciinctautcr et l.ingiiide proccdat, sed vcliit iu
aliqiioil pricliiim ciini vigore et al.acritate animi pr;cceilcu-
tciii eiiiii lanquam diicein slreiine seqnatur, variisqiie
e\liortationil)iis in opera ipso exhilaiel laborantcs : et iii-
terdiim, l;iiHpi»m deficicnti succursnrus, ferramentiim
aiiferatparumper, et ipsefnnnaturejus officio, nionealqiie
sic liiu i dt-berc , nt al) ipso fortiter sit effec.tnm. .Mqiie ulii
crepiisculiim incesseril, neminem posl se relinqnal, seil
oiniies subsequalur more optimi pasloris , qui c grege iiul-
laiii pcciidem palitnr in agro relinqui. Tiim vero, cnm
leclum siibierit, idem faciat, (piod ille diligens opilio :
nec in domicilio [siio] statim dclite.scat, sed agat ciijusque
mavimaiii cuiam; sivc <piis, qiiud accidit plerumque,
COLHMELLE.
lilcssures c(iie quelquun d'eux aura pu se faire
eii travaillant (ce qui arrive communemeiit) ,
soit en faisant transporter sur-lo-champ a Tin-
firmerie ceux qui seronl raalades, et en ordonnant
qirou leur fasse tous les traitements convcna-
bles. II ne faudra pas qu'il ncgligedavantage ceux
qui se porteront bien; maisil veillera a ce que
les gens charges dusoin des provisionsdebouche
leurdonnent a boire eta manger sans frauue.II
aecoutumera les ouvriers dts champs a pren-
dre toujours leurs repas autour du foyer de leur
raaitre et de rutre de la maison, et il mangera
lui-raeme en leur presencc , pour leur montrer
rexemple de la frugalito, sans jamais s'ctendre
sur unlit, si ce n'est les jours de fetes, pendant
lesquels 11 s'occupera a faire quelques largesses
a ceux qui se seront moutres les plus courageux
et les plus temperants. II ies admettra merae
quelquefois a sa table , et se pretera a lcur ac-
corder quelques autres marques de dlstlnetion.
II visitera aiissi pendant cesjours-lii les Instru-
ments qui servent a tous lesouvrages de la cam-
pagne, et ceux de fer plussouvent que lesautres:
II aura soiu de !es avoir tous pardoubles, et de
les falre raccommoder de temps en teraps avant
de les serrcr^afm de n'etre pas dans la nccessity
d'en emprunter de ses voisins , pour remplacer
ceux qul pourraient avoir (^'te endommages dans
le travail , parce qu'll en coiitera tonjours pius en
journees de detourner dcs esclaves pour ces sor-
tes d'emprunts, qu'll n'en couterait pouracheter
de nonvcaux instruments. II tiendra les gens soi-
gnes et vetus plut6t a profit que delicateraent,
c'est-a-dire de facon qu'lls soicnt blen dcfendus
tant coutre le froid que contre la pluie ; ce a quoi
11 parvlendra parfaitement bien, en leur donnant
des fourrures garnies de mancbes et des saies
avec leurs capuchons : car 11 n'eu faut pasdavan-
tage ponr lesraettre en efal de supporter en tia-
vaillant la rigueurde presquetous lesjours d"hi-
vcr. II faudra eii consequence qu'l! fasse deux
fois par raois la revue des habits des esclaves,
ainsl que celle des instruments de fer , conime
je Taldit, parce que cette revue rcpetee frequem-
raent ne leur laissera nl pretcxte pour manquir
a leur devoir, nl esperance d'impunite, au cas
qu'ils vienneut a y manqucr. II appellera aussl
tous les jours par leurs no:ns les esclaves qul se-
ront a la chalnc dans la prison , ct 11 examlnera
s'iIssontscrupu'eusement enehaincs par lespleds,
et si la prison est eile-meme sure et bien gardee;
comrae il ne delivrera pas, sans Taveu du chcf
<ie fnniille, ceux qui auront ete mis a la chaine
par son ordre ou par celul de son maitre. II ne
fera point de sacrlfiees, si ce n'est avec la per-
raission de son raaitre : 11 ne liera pas , sans ue-'
cessite, connaissance avcc des aruspices ou des
sorcieres, deux sortes de gens qul Infecjent les •
ames ignorautesdu poison d'une valne superstl-
tlon. II ne frequentera nl la ville nl les raarches,
si ce n"est pour vcndre ou pour aeheter les cho-
sesquilui serontnecessalrcs; II ncd.)it pas meme
sortir des limltes de sa coloule, ni fournir aux
gens , en s'absentant , roccaslon de ccsser leur
travall ou de tomber dans quelque faute. II em-
pecheraque Ton fasse des sentlcrs au travcrs des
fonds , ct qu'on n'y pose de nouvclles bornes. II
donnera tresrarement rhospitallte, sl re n"est
aux amis de son raaitre. II ne fera pas falre par
ses camarades d"eselavage les choses qui seront
de son rainistere , et II ne permetlra a personne
de sortir hors des llmites (sauf le cas de la plus
grande nccessite). II n'empIoiera pas fargent de
son maitre en achats de bestlacix ou d'autrcs
marchandises, parce que cette liabitude detourne
un metayer de ses occupations, et qu'elle en fait
siuicialns In opeie iioxam ceperit, adliilieat foiiienta : sive
alilerlangiiidiorest, in valeludinariuni conlesUnideducat,
et convenientem ej caleiani ciiiaiionein adhiberi jiibeat.
Korum vero, qui recto valebunt, nou miiior habcnda erit
ralio, ut cibus et polio sine fraiKie a cellariis pra'bealnr.
Consuescat(|iiB rustic.os eirca laieni domiiii fociinKpic fa-
miliarem seniper epulari ; atcpie ipse iii conspectu eonim
siiniliter epnletur, siliiue tVugalitatis excmplum : nec nisi
sacris diebus acciibans co"nel , lestosque sic agat , ut fortis-
siinum quemipie el fi iigalissiinum largitionibus prosequa-
tur, nonnuiiKpiam etiam inensa! siiae adliibeat , et velit aliis
ipioque honoiibusdignaii. Tum eliam per ferias iiistrumen-
tuniru6ticnin, sine quo nulliim opus iflici potest, recog-
noscat, et sa^pius iuspiciat lerrameiita : eaque semper
de.plicia comparet , ac subinde refecta custodiat , ne si (]iiod
in opere vitiatum fiierit, a vicino petendum sil; quia plus
in operis .servorum avocaiidis, quain in pretio lerum liu-
jusinodi dependitur. Cultam vestitainque familiam ulililer
magis liabeat, qiiam delicate, id est munitam diligenter a
frigorihuset imbiibus; qu.e utraque piohihentur optime
pellibus nianicatis, et sagatis cucullis : idque si fiat, om-
nis pene hiemalis dies in opere tolerari possit. Quare tam
vestem servitiorum , ipjam , iit dixi , ferrameiita bis de-
bebit singiilis mensibus recensere. Nain freqiiens recogiii-
tio necimpunitatis spein nec peccandi locum praebet. Ita-
que niancipia [vincta quae sunt ] ergastuli per iiomina
quotidie citaie debebll atque explorare, ut siut uiligenter
compedibus iniiexa : tum etiain custodla; sede,.^ an tula cl
recte nmnila sit : nec, si qiiein doininus aut ipse vinxe-
rit, sine jiissu palrisfamilia! resolvat. Sacrilicia nisi ex
piaecepto doniini facere nesciat : ariispicem sagamqiie sua
sponte nonnoverit, quoeutraquegenera vanasuperslitiojie
rudes aniraos infestant. Non iirbem, non ullas nundiuas
nisi vendendae aut emend.ne rei necessari^ causa freqiien-
laverit. Neque enim coloni.ie su."c termiuos egredi debet,
nec absentia sna familia cessandi aut delinquendi sp.itiiiiii
dare. Semitas novoscpie limiles in agro fieri piohibeal.
Hospitem nisi ex amicitia domiui quain rarissime recipiaf.
Ad ministeria siia coiiservos non .-.dhibe.it. Nec nlli teruii-
nos egredi, nisi magna coegerit necessitas, perniittat. Pe-
cuniam doinini neqiie in pecore iiec in aliis rebus prnnier»
calibus occupct. Ila-c eniin les avocat villici cuiain , ct einii
DE LWGRlCULTUni-:, HV. XL
! plutdt uii commercant qu'un aeiiculteur; oulre
1 qu'('lie iie lui penuet jamais dVipurci- ses eomp-
I tes vis-a-vis de son niaitre, et quc quaud celui-
! ci vient a lui demander de l'argent comptant , il
I n'a que des effets a lui repi-esenter, au lieu d'ar-
gent. (rcst donc une chose qu'il doit ahsolumeiit
vviter : raaisil doitencore plus cviter lapassion
I de la chasse, soit au poil soit a la pkime, attendu
I qu'elle lui ferait perdre un nomhre de journees
! considerahle. 11 faudra aussi qu'il s'appli(|ue;i
j observer ces points-ci , qui sont d'une execution
tresdifricile meine dans les plus grands gouver-
nements , je veux dirc, a nc traiter ceux qui
lui seront sourais ni trop dureraent ui trop dou-
' cement , a accorder toujours quelques faveursa
I ceux qui se comporteront bien et qni seront ap-
i piiques iileurs devoirs , a pardonncr mcrae aux
plus mechants , ct a user euvers eux d'une mode-
1 ratiou tellequ"il les mcttedans le cas de craindre
! pluliit sa severite que de detcster sa eruaute;
ehose a laquelle il pourra parvenir, s'il a plu-
tot raltentioa d'empeeher qu'unouvrior ne eom-
raette quelque faute, que de le punir tardivcmont
apres la laute faite. Or il n'y a pas de meilitur
moyen pour empeeher Ihomme, meme le p!us
meehaut, de commettre des fautes, (jue ctlui
d'exiger de lui de rouvrage tous les jours : rien
n't?tant plus vrai que rornelede M. Caton, qiii
dit qu'en ne faisant ricn les hommcs apprenuent
u mal faire. Ainsi le nu^^tayer veiller.i a ce que
tous les ouvrages soieut faits a femps, chose
qu'il obtiendra sans peine, s'il sc fait toujours
voir aux ouvriers; parce qu'alors ceux tiui sout
prtiposes aux difftirentes foactions s'acquitteront
exaetement de leurs dcvoirs , et quc Ics gens fa-
tigutis par rcxercice qu'ils aurontprisen travail-
lant se livreront pluttJt au manger , au repos et
au sommcil , qu'ils ne s^occuperont a raal faire.
Or le point le plus a di!'sirer dans toutis lcs par-
tics de radministration d'une metairie, aiiisi que,
dans le rcste dc la vie , c'cst que cckii qui ignore
quelque chosesoit convaiiicu de soii ignorance,
etque tous ses vanix tendent a s'en instruire. En
elTet, quoiqiic la scieuee soit de la plusgrandK
utilite, rimprudcnce ou la m''gligciu'es()nt cneore
plus nuisibles qu'elle n'est utile, siirlout en ma-
tit're d'agriculture , paree que le point le plus
important de cet art est dc bieii executer du pre-
nner coup toutes les opih-aiions qu'c.\ige la me-
thode de la culture. Eu effet, c'est en vain que
Ton eorrige quelqucfois ce qui aura t''tt5 raal l'ait
par imprudence ou par lu^gliueiiee , pui!>t|ue la
chose est deja perdue pour ic m:i!lre a qui clle ap-
partient , et qu'elle ne rtnissit jamais nss<ez par
lasuite pourivparer les pertes qu'elle a eprouvces
daus le prineipe, et pour faire retrouver le luere
qu'clle aurait du produire. Qui est-ce en effet
qui ignore combieu le temps pnsstj est irri-para-
ble? Le mtjtayer, qui doit avoir continuelleraent
cetle maxime devant les yeux , prendra donu
garde de se trouver jamais pris au d('pourvu ct
snrcharsit! d'ouvrnge , parce que reconomie ru.s-
tique trorape souvent ceux qui se sont une ft)is
niisen retard : c'esteequ'un desaufeurs lcs plus
nnciens, Ht^siode, a exprime si (;nergiquenicnt par
ee vcrs : Llioiiune qtil relardc son oiivrarjc a
tuiijours d litller conlre dvs pertes. Cest pour-
quoi un metayer doit supposer que ce provcrhe
vulgaire, Ne balHtieez pointa plnnter, quc Ics
paysans n'appliqut'ntqu'a la |)lantationdcsarhres,
s'entend cgalenient de la eultuie d'unc tcrre; et
11 doit teiiir pourccrtain qu'a moinsde fairedans
le cours de chatiue jour Touvrage qu'il amcne,
on perd non pas seulemeutles douze heures dont
cst composij le jourtjue Ton aura pcrdu a ne rien
faire, maiscncore rauneecntiere. Eucfret,comme
chaque opi'iation veut etre faite jusqu'a un ccr-
tain point aux raomeuts qui hii sont (ix(;s; s'il
npsotialort^m polius facil quam agiitolani -. nfc, mif|ii.'.m
sinil [fuin J ciim rationiliiis (Jomiiii paiia laceio; scil uiii
[ iiTis ] niimenillo cxigiliir, res pio iiiiiiimjs osteiidiltir.
Itaque tani i.stuil vilaiitluiii liabebil , (iii.uii licrciile fugicii-
duiii vciiaiidi vel aiiciipandi sludimn, (piibii.s lebiis plii-
rima^ opcra' avocantur. Illa jam, tpia^ cliam in mnjoribus
inipcriis diflicultcr cu.slodiiiiilur, considcraie (lobcliit, ne
aiit ci uilcliiis aut rpmissius a^at ciim siilijci tis : scniper-
quc foMiat l)Oiio,s et scdiil.is, paicat cliaiii miiiiis probis,
et ita tcinpcrct , iit magis cjiis vcreautur sevci italem, i|iiam
ut SiTviliam dctesteiitur. 1'oleiitqiie id custodiic , .si maliic-
ril cavere nc pcccet opcrarius, qiiam ciim peccavcrit,
seio punirc. Nulla est aiitem vel ncquissimi liominis aiii-
plior cuslodia , iiuain qtiotidiana opciis exactio. Nain llliid
verum cst M. Catoiiis oraciilum, niliil agcudo lioniiiics
male agcrc disciiut. Ilaqiic curabit villiciis, ut justa rcd-
dantur. [staipie non a'gre couscquetiir, si semper se rc-
pra'.scntaverit. Siccniincl magi,stri siiigulorum oflicioriini
diligeiilcr exeqiientiir siia inunia, el familia posl opcris
cxercitalioiienifatigatatiljoqiiictiiiHcpotiusacsoiuuuipiam
malcliciis opciam dabit. In universa poi lo villicalionc, sicut
iu ca^leravila, prctlosissimiiin est inlclligcre qiicnii|ue,
ncscire se qiiod iicscial , scinperque ciipcie , (|UoU ignorct ,
addisccic. N'am ct si multum prodcst scientia, plus tamcii
obestiuipiudentiavel ncgligeiitia, maxinicinriisticatioue;
cujiis csl discipliuiR caput .semel fecisse qiiicquid excgerit
ralio cultiiiii^ .\ani (piamvis iuleidum emendala sit perpe-
riiiii facti impriidcntia vel iicgligcutia ; jes tameu ip,sa jaiu
dominodecoxil , iicc inox in lantiini exubeiat, iit ct jac-
tiiram capilis amissi rcstitiiat, ct qiKBstum lesarciat. I'ia?-
labcnlis vcri) tciuporis fuga (piam sit irreparabilis , (|uis
(liibilel ,' Kjiis igitur mcmor pnccipuc scinper caveat , iii;
impiovidusab opcre vincjitur. Rcs cst agrestis iusidiosis-
.simacimctaiili,quodipsumexprcs.sius vctustissimusauclor
llcsiodus lioc vcisii signilicavit : ,\".£l 5' ajiSuliifYo; dvop
aTaicji Tta).ai£;. Qiiare vulgari! illiid de arboriim posilione
riislicis usurpatum, Srrere iie duhi/e.i, id villicus ad agri
totiini cultiini n^fcrri judicct, crcdat(iue, pra>tcrmissas
non duodccim lioias scd aiiiium pcriissc , uisi sua qiiaquc
dic quod iiistal encccril Nam cuiii piopriis peiie monicn-
COLIIMELLE.
«rrive qiril y ea ait une qui ait ete linie plus
tard qu"ellc n'auraitdu l'etre , les autres travaux
qui la suivrontse trouveront aussi faits trop tard,
parce que le teraps dans lequel ils auraient du
Tetre sera ecoule ; ct tout Tordre des travaux se
trouvant dcrange par la , les esperanccs de Tan-
nce eutiere s"cvanouiront. Cestpourquoi il est ne-
cessaire que nous donnions des prcceptes qui ren-
fcrment ce qu'il y a a faire dans lc eours de cha-
que mois , et qui soient regles sur rinQuence des
astres , parce que , comme dit Virgile , nous ne
denonspas moins obsei-ver la saison de l'Arc-
ture , lesjours des Chevreaux et la consiella-
tion brillante du Serpent , que ne les observent
ceux qui , voguani sur des niers orageuses pour
retourner dans leur patrie , ont apasscr par le
Pont ct le delroit d'Abydos, dans lequel ubo7i-
dent les poissons a ecailles- Je conviens que j"ai
oppose bien des doutes contre ces sortes d'obser-
vations dans les livres que j'ai composes contre
les astrologues ; mais mon uuique objet dans ces
trailes ctait de demasqucr reffronterle avec la-
quelle les Chaldeens affirment que les change-
inents de tcraps repondent constamraent a des
lours fi-xcs , corame a des termes invariables; au
lieu quc dans notre art rustique nous ne don-
nons point dans des calculs aussi rigoureux , puis-
qu'il suffit a un metayer, pour son utilite , de
prevoir les temps futurs autant que son esprit
naturel le permet, pourvu qu'iltienne d'ailleurs
corarae un principe certain que rinflucnce d'une
constellatioa se fait seutir tantfit avant son le-
ver ou son coucher , tant(it apres , et quelque-
fois meme a certains jours marques de Tun ou
de Tautre : en cffct, sa prevoyance sera suffi-
sante , pour peuqu'ilpuisse se garantir quelques
jours d'avance des temps suspects.
H. Nous allons donc prescrire ce qu'il y aura
a faire dans le cours de ehaque mois, en reglaul
les travaux de la earapagne sur les differentes sai-
sons, autant que latemperature de Tair le per-
mettra ; de sorte que le metayer etant prevenu ,
parlalecturede cecommentaire, derinconstance
etdes varietes dutemps, il ne lui arrivera jamais
d'etre trompe, ou que du moins ce malheur ne
lui arrivera que tres-rarement. Et, pour ne pas
nous ecarter de ce qu'a prescrit le meilleur des
poetes, il com.wencera par donner le premier
labour a la terre au commencement du prin-
temps. II est vrai qu'un horame de la campagne
ne doit point observer ie commencement du
printemps a la maniere d'un astronome, et de
facon a attendre le jour marque auquel on dit
que commcnce cette saison ; mais qu'il peut
prendre quelques jours surrhiver, parce que,
passe lc solstice d'hiver, Tannee commence a
etre temperee, et que lesjours devenant plus
doux permettent d'entreprendre les travaux. 11
pourra donc ( pour nous rcgler sur le premier
mois de 1'annee romaine) coniraencer les travaux
de la culture aux ides de janvier. Entre ceux
auxquels il pourra mettre alors la maiu , il s'en
trouvera qui appartenaient aux temps qui au-
ront prccedecelui-ci, et d'autres qui appartien-
dront aux temps qui le suivront; il achevera
donc les premiers qui n'auront pas etefaits, et
commencera les seconds. Au re^te, il nous suffit
de distribuer ies travaux par dcmi-mois, parce
qu'un ouvrage n'est pascense fait trop tot quand
il fest quinzejoursavant le teraps que nous al-
lons lui assigner, comme il n'est pas cense fait
trop tard quand il Test quinze Jours apres. Le
jourdes idesdejanvier, temps venteux et incer-
tain. Le dix-huit des calendes de fevrier, temps
incertain. Le dix-sepl, le soleil eutrc dans le
Verseau, le Lion comraence a se coucher le matinj
tis fieri quiilque dclieat : si unum opus tardius qiiam
oporteat peraclum sit, caeteraj quoque , qua; sequuulur
culturse , postjusla teuipora seiius adliibeiUur, omuisque
turbatus operis ordo spein toliiis anni IVuslralur. Quare
necessaiia esl menstnii ciijusque oflicii monitio ea, quae
penilet e\ ratioue sidoium et zxti. Nam ut ait Virgilius ,
tam siinl Arcfitri sidcra nobis Hcedorumque dics ser-
randi el lucidun anguis, Qunyri qvibus in palriam
rcnlosa per erquora veclis Pontus e.l ostriferi fanrcs
icntantur Abijdi. Contra quaui obseivatiouem muKis
aigiinienlalionil)usdisseruissenie non inlitior in iis libiis,
i)niis adveisus astrologos composueram. Sed illis disputa-
tiiinilius c\igolialur id, quod improbissime Ciiald<Ei polli-
cinUir, ut ceilis qiiasi lerniiuis, ita ditbus stalis aeris
iiiulaliones respondeant : in liac autem ruris disciplina nnii
(lesideratiir ejusmodi scrupulositas; sed, qnod dicitiir,
pingui Minerva quantum vis uUle continget villico tenipes-
lalis futiiiiTe prassagiiim, si persuasum habuerit, modo ante,
iimdo post, inteidum etiam stato die orientis vel occidcnlis
cciiupetere viin sideris. Nam salis providiis trit, rui lice-
bit anle nniltos dies cavere suspecta tcinpoia.
II. Ilaqne prKcipiemus, quid quoque mense faciendum
sit, sic temporibus acconunodautes opera ruris, ut per-
miserit status cseli : ciijus varietatein mutationemque si
ex lioc cominentario fuerit pracmonitiis villicus, autnuii-
quam decipietur, aut certe non (reqiienler. F.t ne disce-
damus ab optiinn vate , [qui ait, illej Vere noro terram
proscinderc incipiat. Novi aiitem vcris principium non
sic observare lusticus debet, qiiemad.nodum astrologus,
ul expeclet certum illum diem, qiii veris initiuin facere di-
citur : sed aliquid etiam sumatdeparte liiemis. Quoniam
consuinla bruma , jam intepescil annus, permitlilque cle-
meiitior dies opera moliii. Possitigitnr ab idibus Januariis
( ut principem mensem Roniani anni observet) aiispicari
cultuianiin officia; qiioruin alia e\ pristinis residua con-
siimmabit, atque alia futuri temporis inclioabit. .Satis au-
lem eiit per dimidios menses exequi qiiodque iicgotium,
quia neque imefestinatum opus niiniiim immatiire videri
possitanle quindecim dies factuni, nec ruisus posl totidem
nimium larde. Idibus Januariis venlosa tenipestas et incer-
tiis staliis. xviii cal. Feb. tcinpeslas incerla. xvii cal. Fch.
sol in .\qiiarium tiansit; I.eo mane incipil occiderc; Afri-
nE L'AGRICULTUUE, LIV. \\.
vent dWfrique, ([uelquefois vent de midi avec
de lii pluie. Le seize, rEcrevisse acheve de se cou-
cher ; froid. Le quinze , le Verseau commence a
selever; le vent d'Afrique annonee le niauvais
temps. Le onze, la Lyre se couehe le soir; jonr
pluvieux. Le neuf, le coucher de la eonstcllatiou
de la Baleine annonee le mauvais temps, qucl-
quefois merae il ramene. Le six, la claire etoile
que Ton voit sur la poitriue du Lion se couche;
c'est souvent un signe que Ton touclie a la moi-
tie de Thiver. Lecinq, vent de midi ou d'Afri-
que; froid, joar pluvieux. Letrois, le Dauphin
commence ase coucher, la Lvre se couehe aiissi.
La veille des calendes , le coucher des astres
dont nous venons de parler am6ne ie raauvais
teraps ; quelquefois il ne fait que rannoueer.
Nous donuerons donc la note des differents
temps eventuels , cn parcourant les autres demi-
mois comrae nous avoiis fait a Tegard de celui-
ci, ann que le metayer puisse (ainsi que je Tai
dejadit) se conduire avec prevoyance, soit en
s'abstenant de certains ouvrages, soit en les
depechant , suivant lexigence des cas. Par cou-
sequent, si Ton a de grandes possessions en vi-
gnobles ou en arbres maries a des vignes , on
emploiera le tempsqui s'ecoulera depuis le sol-
stice d'hiver, en eommcncaut aux ides de jan-
vier jusqu'a rarrivce du veut Favonius, a re-
prendre tout cequi sera restea faire de la taille
d"automne ; en evitant neaumoins de toucher a
lavigue pendant les malinees, parce que son bois,
encore engourdi par la bruine et par les gek^es
nocturnes, redoutc alors le fer. Cest pourquoi,
en attendant le degel , on pourra , jusqua la se-
conde ou a la troisicme heure du jour, i''lagucr
les buissons pour lesempecher de croitre au point
de couvrir tout le champ, uettoyer les guerets,
faircdes fagots et entiu fcndre du bois, afMi dr
nese mettrea lataillcque lorsque la journee eoni
raenceraaStre plus supportahle. II faut aussi,
dans les cliraatsexposes au soleil et raaigres ou
secs , comraencer a nettoyer les pres et a en in-
terdirc rentree aux bestiaux , afin que le foiu y
vienne en aboiidanee. II est encore temps alors
de donner les premiers lahours aux tcrrcs seches
et grasses ; car, pour les terres humides et me-
diocres, il ne faudra les leur douner que vers
rcte; quant a celles qui seront tres-raaigres et
seches, ellcs ne devront etre labourees qu'a la
(in de rcte et au commencement de rautomne,
afin d'i}tre aussitot ensemencees. Au surplus, il
est aise de donner en deux journees le premier
liibour a vmjugcrum d'une terre grasse pendant
ce temps-ci, parce que le sol encore humecte
des pluiesd'hiver se laisse cultiver alors facile-
mcnt. Ilfautaussi pcudaut le raeme mois sarclcr,
avant les ealendes de fcvrier, les hles d"au-
tomne , soit grains adorca que quelques-uns ap-
pellent vcrnacula , soit froments. Le teraps de
les sarcler est celui oa ils commencent a jeter
quatre fanes. Ceux qui aurout des journecs de
reste devant eux pourrout aussi sarclcr dcs
lors Torge qui scra en etat de Tetre. Les fcvcs
exigenteucore le inerae genrede culture , pourvu
que leurtige ait deja quatre doigts de hauteur;
car il ne serait pas a propos de les sarcler aupa-
ravant, attendu quelles seraient encore trop
tendres. Le raieux serait de semer rers daus le
mois precedent, quoiqu'il n"y ait pas d'inconvc-
nient a le scmer dans ce mois-ci ou dans le sui-
vant; carpourcequi est du mois demars, e'cst
un temps pendant lequel les gens de la campagiie
defeudent absolumeut de le raettre en terre.
Cest a preseut le temps de becher les vignes qui
(lis, intcnlum Aiisler ciini pliivia. \n cal. Feb- Cancer
dcsinit occidere; liiemat. xv cal. Feb. Aquarius incipit
oriri; venlus Africus tempestalera significat. xi cal. Fel).
Fidicula vespere ocridil. Dies pluvius. i\ calen. Febr.
ex occasu prisliui sideris signilicat tempestatem : inter-
dum eliam lempe.stas. vi calend. Feb. Leonis qu<e est in
pcctore rlara stella occidit, nonnumquam signilicatur.
Hiems biperlilur. v calend. Febr. .\uster, aiit Africus, liie-
niat , pluvius dies. in calend. Febr. Delpliinus incipil oc-
cidere. Ileni Fidicula occidit. Pridie calen. Febniar.
eorum,quse supra siint , siderum occasus, tempestatem
lacil : iiiteidum lantummodo signillcat. lloc igilur semes-
trium , et deinceps sequentia lempeslatibus annotatis per-
censuimns, quo caulior villicus (ut jam dixi) vel absti-
nerepossit operibus, vel festinationein adliiberc. Itaque ab
idibus Januariis, quod liabetiir tempus inter bruinara et
ailventnm Favonii, si major est vineii; vel arbusti niodns,
quicquid ex antumno putationis superfuit, repelcndum
cst, sed ila ne matutinis tcmporibus vitis sancietiir : quo-
niam priiinis ct gelicidiis nocturuis adliuc rigentcs matericC
ferrnm reforniidant.ltaqHcdum ba; regelata; «icianlur, us-
qiie in lioiam ser undam vel tcitiam poterunt veprcs allc-
nuari, ne incremcnto suo agriim occupent, .segetes emiin-
dari, acervi virgarum lieri , ligna denique conlici , ut tiim
demuni tepenti jam die piitatio administretiir. A|)iicis
etiani et macris aut aridis locis prata jam purganda , et a
pecore suut deremleuda , ut lieni sit cii|iia. .Siccn.>? ipioque
et pingiies a;;riw leiii|ieslivuui esl priisi iiidere. N'am uligi-
nosi, et niiHliiirris lialiiliis sub a'sl;ileiii verva;;eiiili siiiit ;
macerrimi vero et aridi post a'slatem prinio aiiliiiniio
arandi , ct subiiide conserendi. Scd jugerum agri piiignis
boc tempnre anni commode duabus operis prosciiidilur,
qnia bibeinis pluviis adbuc niadcns terra facilem ciiltuui
sui pivfbct. todemipic mense aute cal. Feb. sarrienda;
segeles autnmnales, sive illa" scminis adorci snnt,ipiod
quidam far vcinaculum vocant , scu liilici : eaninnpie
tcrapesliva sanilio est, cuui cnata frumeuta ipialuor li-
brarum cs.se cocperunt. Oidciim quoque maturuin, qiiibiis
sii|)ercst opcra, liuiic dciiiim sarrire debebunt. Sed el (aba
eaudem culluram exigit, si jam coliculus ejus in quatuor
digilos allitudinis crcveiil. Nam priiis sarrivissc niniinm
teneram non expedil. lirvum melius quidem priore inense,
iicc tamcn improbc lioc ipso vel proxinio sereinus. Nam
Marlio nullo inod) tcrr.c eommiltcndum esserustici piis-
a)LL!iMI-:LLE.
sont cehalassees et liees. 11 faut se Mter de
greffer vers les ides les arbres qui viennent les
premierscu fleui-s, tels que !e cerisier, lejuju-
bier, l'amandier et le peelier. Cest le temps
propre a f.iire des echrilas ainsi que des pieux ;
c'est egalemcnt celui de coupar le bois de cons-
truction : mais, soit qu"il s'agisse du Tune ou de
rautre de ces destinations, le meilleur est de le
couper quand la luue est dans son declin, de-
puis son vingtiemejour jusqu'a son trentierae,
parce que Ton estime qu'etant eoupe ainsi, il ne
sepourrit jamais. On peuten unejournec eouper
cent pieux et les aiguiser, coranie on peut fendre
dans le meme espace de temps soixante echalas,
soit de chene , soit dolivier, les polir des dcux
c6tes et les aiguiser. On peut encore falrn dix
pieux et cinq echal.is peudant !a veillee du soir,
et autant pendaut cclle du matin. Si e'cst du
bois de robre que ron ait a travniiler, un seul
ouvrier doit en tailler vingt pieds de long, de
facon qu'ils soient bien equarris; ce qui fortnera
la charge d'un vehis. Si c'est du pin, il ne faut
egalement qu'un seul ouvrier pour en expedier
vingt-cinq pieds, etc"estce qu'on appellera en-
core un vclih. Trcnte pieds d'orme ainsi que de
frene , quarante pieds de cypres , et jusqu'a
soixante pieds de sapinetdepeuplier, peuveutde
meme litre tres-bien equarris en une journee,
ct on donnera egalcment le nora de velus a tou-
tes ces mesures. On doit aussi pendant ces jours-
ci marquer d'uue empreinte les agneaux qui sont
sevres, ainsi que les petits des autres bestiaux
et des grands quadrupedes qui ne Taurout pas
encore ete. Le Jour des c.:ile)ides de fevrier, la
Lyre comraence a se coucher; le vent d'orient et
quelquefois celui du midi s'cleve avec de la grele.
Le trois des noues, la lyre se couche en entier,
r.lpiiint.Vineae,fni,Tsiint palataeet !igatas,reclejam foiliiin-
tnr. Suiriili, qiii primnin floiem alTernnt, statlm clrca
iilns inserendi sunt , nt ceiasorum , luberum , amygda-
laium, |iersiconiniquo. Ridicis vel etiam palis conficien-
dis, idoiieum teinpus est. Nec minus in acdilicia succidere
aiboiem convenit. Sed iitraque melius fumt hina decre-
sceiite ab vigesima usque in trigesimam : quoniam omnis
materia sic Cicsa judicalur carie non infestari. Palos una
opeia ca'deie ct expiitalos acuere ccntuni niimero po-
test : ridicas aiiteni queineas, sive oleagineas (indeie,
et dedolatas ntiaque parte exacuere numeio sexaginta.
Iteni ad liicubralionem vespertinain palos decem vcl li-
dicas qiiinqiie coiilicere, tolideinque per antelucanain lu-
cubrationem. Mateiies si roborea est, ab uno fabro dolaii
ad unguem per qiiadrala debet pediim xx : liKC erit vehis
nna. Pinus autem v et xx pediim sque ab imo e\peditnr,
qiiap et ipsa veliis dicilur : nec minus ulmiis et fiaxinus
liediiin \xx ; ciipressus aiilem pediim xl : tuni etiam se-
xanfiiinn pedum abies atque populiis, singulis opeiisad
uiii^uein qnadrantur, atque oinnes bae mensura; siinilitei'
vebes appellantur. His etiam diebus maturi agni , ct reli-
qui foetus pccudum , nec minus majora quadriipedia cha»
racleie signari debent. Cal. Feb. Fidis incipit occidere ,
ainsi qiie la moitie du Lion; vent d'aval ou de
septentrion , quelquefois vent Favonius. Le jour
des nones, la moitie du Verseau se leve; temps
venfeux. Le sept des ides, la constellation de
Callisto se couche, lcs vents Favonii commencent
a souftler. Le six , temps venteux. Le trois, vent
d'est. Pendant cos jours ci, on nettoie les pres ou
les champs dans les climats raaritimes , chauds
et secs , et on eu lais-e cruitre rherbe pour en ti-
rer du foin. II faut alors cchalasser et lier le reste
des vignes auxquelles les frcids de rhiver au-
ront empeche de donner ces facons , de peur que,
si i'on tardait davautage a lefaire, on n'endom-
mngeSt leurs boutons qui seraient dejii gros , et
qu'on n'arrachAt leurs yenx. !I fnut aussi acho-
ver tant de hecher les vignes dans Ici? memes cli-
nials, que de tailler ou de lier les ceps maries
auK arbres, qui dcniandent tantOt plus tant6t
moins de facons. II faut ensuite faire, entre les
noues et les ides , des pepinieres d'nrbresa fruits,
et transferer des pcpinieres dans leurs fosses les
jeunes arbres qui seront bons ii elre plantes. 11
faut anssi terminer alors les fneons a.upasfimm,
que Tou aura commencees dans lc mois de de-
cembreou dejanvier, et planter les vignes. Or,
pour faeonner au paslinum uu jugeriim de ter-
rain , il faut quatre-vingts journees, si on e;i
fouille le Bol a la profondeur detrois pieds; cin-
quante, si on ne le fouille qu'fi celle dc deux
pieds et demi ; ou quarante, si on le fouille au
hoyau a deux piedsde profondeur. Au reste, cette
derniere mesure est la moindre de celles que
Ton pourra donuer au labourau pasii?ium,
quand il s'agira d'un terrain sec dans lequel on
voudra planter des arbrisseaux : car si Ton se
propose de n'y mcttre que des plantes potageres,
une profondeur d'un pied iet demi pourra fitre
veiilus Eurinns , et iiiterdura Auster cum giandine eet. m
nonas li^eb. Fidis lola,etLeo niedins occidit. Corus, aut
Septenliio, nonnunqnam Favoniiis. Nonis Febr. mediae
partes Aqiiarii oriiintur, ventosa tempesSas. vu idus Fehr.
Callisto sidiis occidlt ; I^avonii spirare incipiunt. ti idus
Fehr. ventosa tempestas. iii id. Feh. Eurus; per hosce dies
locis niaritimis vl calidis ac siccis prata vel arva purgan-
tur, et in fiEuum suhmittuntur. Reliqua; partes vinearum
propter bruinam vel frigora omissae, nunc palandaeet al-
iigandac siint, ne postea tumeutes gemmae laedaiitur, et oculi
atterantur. Itein vinearum fossio iisdein locis perageiida,
arbustorumqiie siveputatio sive alligatio linienda est, quo-
rum justa certa essc non possuut. Inler nonas deinde et
iiUis pomoriim seminaria facienda sunt, et niatnra; plantae
de serainaiiis in scrobes liansferendae. Pastinatio quoque,
(piic mense Decembri vel lanuario coepla est, jam iiunc
iiicbidenda, el vilibus coii.serenda est. Pastinaturaiilem
lerreni jugeruni ita, ul soluin iii altitudinem Iriiiin peduin i
dcfodiatur operis Lxxx : vel in altiludinem dipondii se- ''
missis, operis l : vel aj bipalium, cui est altitudo diio-
rum peduin , opeiis xl. Haec tainen in agro sicco surculis
conserendis miuiina pastinalionis inensura est Nam oleri-
bus deponendis possit vel sesquipedalis altitudo salisfacei c,
DE L'AGl\ICULTUlx!:, I.I\ . \1.
s;il'fi«aii!c; nviquelcas wnJKf/pnim ne demandcra
conimuncmcnt que fi-cntc journees de travail.
Oii doit aussi distribuer dans le meme temps
iine portion deson fumicr sur lespres, et en re-
pandre une autre portion au pied dcs olivicrs
et des autres arbrcs. II faut cueore fairc avee
soin des pepiuicres de vit;nes , et les remplir seru-
puleusement de crossettes tres-rceeniment tirees
du eep. II est bon de mcltre alors en terre lcs
peupliers, les saules et les frenes avant qu'ils
soient on fcuiiles, de nicme quc les ormcs qui
serontbons a ctre plautes, comme aussi de t;'.;l-
ler ceux de ces arbres qui auront cte plantes prc-
cedemment, de les beclierautourde lear picd, et
de coupcr les pctites racines qu'ils auront jetees
sur la supcrlieiedu sol pcndant Tete. 11 faut en-
core jeteralors, avant la fouille dcs vignes,
hors des terrcs labourees , et ranger aupres des
haies, les sarraents et les branches des arbres
maries aux vignes , alnsi que les roiices , et cu un
mot tjutcs les immondiees qui pourraient , si on
les laissait a terre, rctarder les ouvriers qui ont
a fouiller la terre ou ii lui donner toute autre fa-
^on. II faut faire de nouvelles pepinieres dc ro-
siersou soigner les anciennes, planter dcs ro-
scaux ou rneme cultiver ceux qui raurout ete
anterieurcment, faire des saussaies ou en taillcr
lesarbres, y ariacher les mauvaises heibes ct
les bcclicr, senicr le genct en graine dans unc
terre faconiice au pastinum, ou memc lc depo-
ser en pied dans dcs fosses. Lcs seraailles des
tremois ne sont pas non plus faites a contre-
tempsdansce moment-ci, quoiquMl soit micux
de les faire dans les pays tempercs peudant le
mois de janvicr. Le jour des idcs de fevrier, le
Sagittaire se couche le soir ; giand froid. Le
seize des calendes de mars , la Coupe se ieve le
soir; cliangcriieiit de ven!. Le quinze, le soUil
entre dans les Poissons; le temps est quelquc-
fois venteux. Le treize ct le douze , vent Favoniiis
ou vent de midi, a\cc greleet orages. Lc dix , le
Lion acheve de se eoueher; lcs vents septcntrio-
naux,(iue fon appclle Oniilhiw, ont coutume
de souriler pendant respaee de trente joiiis;
aprcs quoi les hirondelles arrivcnt. Le neuf,
1'Arcture se leve au commencement de la riuit ;
temps froid, vent d'aquilon ou d'aval; quelque-
fois il pleut. Lc huit, le Sagittairc commence a
sc lcver au crepusculc; temps variable , (juoiqu"oii
remarquele pliis grand calmedans la mer Atlaii-
tique. Le sept, tcmps venteiix ; on aper(joit les
hirondelles. II cst temps de faire pcndaiit ces
jours-ci, daiis les elimats froids , les operatioiis
que nous avons detaillfjes ci-dessus ; et quoiqu'il
soit tard pour !es faire dans les cliraats ehauds,
il ne faut pas ncanmoins se dispenser de les y
faire alors, si on ne les a pas faites pivccklt-m-
ment. .\n surplus, il parait que c'est le meillcur
temps pour plaiiter lescrosseltes et lesmarcottes,
quoiqu'il n'y ait pns plus d'inconv(^nient a les
planter entre les calcndes et les ides du mois sui-
vant, pourvu n('aanioins(iue lepaysne soit p;is
tres-chaud : il sera nK^ne niieux de differer a le
fairc jus(iue-la, si lc pays est plus froid que
cliaud. Ou greffera aussi tres-bieu dans cetcmps-
ci l?s arbres et les vit;iies d.nis les eiiniats tcin-
jieMVS. Le jour des calendes de mars, vent d'.\-
fri(]ue, et quelqsiefois de midi avee dc la grele.
Le six dcs nones, le Vcndangeur, que les Grecs
appeilent Tpu-/viTf,p, parait; vent scptentrional.
Le quatre, vent [•'avonius eX quelquei'ois vcnt de
midi; froid. Lejour des noncs, le Ciicval se lcvc
le niatin; vcnt d'a(inilon. Le trois des idcs, le
Poisson duc6t(3 de raquilon acheve de se iever;
qu;e plerumque iii siiisula ju;.;('ra trigiula <i|ii>iisroiin(i;iir.
Hoc eodem teinpoie sleicori.s p.iis iu prala (li^cn-.Kla ,
pais oleis et CTleris aii)orilnis insperfjenda. Quiiieliaiu vi-
tiaria diligenler lacienda, malleolnsque [quaiii ii'C,eu-
tissinius] curiosissime paii^cndus. Populos et salices cl
fraxinos, prius qnani frondcaiit, planta.S(p!e ulmorum niiiic
ponere ntile est, aul ante salas nunc expiilare, et circum-
iodere, ac snmmas eariim a;stivas radiculas ami>ulaie.
Sarmenla quoqne vineis nondum Ibssis alqne arbu.stis et
segetibiis ramos el rubos, i|nicquid denique jacciis fodieii-
tem vel alio genere lcrrani molicnlcm potest impedii e ,
nunc cgeierc et ad sepcm applicare oportel : rosarla nova
conscicie, vel anliqna cur.iie : arundinela nunc poncre,
vel ctiani pristina colere : salicta facere, vel deputata lun-
care ac fodcrc : gpnistam scuiine vcl plantis in pastiiialo
vel cliam siilco dcpoiiere. Tiimesliium quo(]ue satio non
est aliciia lniic tcmpori , quamvis tepidis ic^ioiiiliiis nii^-
liiis a(bi)iiii.str('tur pcr menscin Januarium. Idibiis 1'cbrua-
rils Sagillaiius vcspere occidit; vclieiiicnlfr liiemat. xvi
c.ilend. Marlii vcspcic Cialor orilnr; venli niiilatlo. xv
cal. .Marlii sol in l'isccs transitiim fiicit, nnmiiinipiatn vcii-
losa lciiipeslas. mii ctxii cal. .Martii favoniiis \c! .\ustir
ciim ^r.iniliii.) cl iiiciliis. \ c:d. M^iriii Lco dcsiiiit occi-
dcic; vciili .ScptciilnDiialcs, qiii vocautur Oniilbia', p.T
dics trigiiila csse .solcnt; tnin ct biruudo advenil. ix cal.
iMartii Arctnrus prinia nocte oritur, frigidiis dics A(]ui-
lone,vcl Coro, iulcrdiim jiliivia. viii cal. iMartii .Sagilla
crcpiisculo inciiiit oriri, varia^ tenqwslatcs : llalcjouci
dic.i vocHiiitiir, iii Atlaiilico quidcm niari suninia li'ani]iiil-
lilas nola esl. vii c<il. Martii vento.sa lciiqicstas, birnndo
coiispicilur. Per bos dies frigidis locis earuni rei iim, (]ii;is
siiina .scriiisimns, lempcsliva est adniinistralio. Locis aii-
tcm calidioiibus, quamvis sera, tamcn nccessaria. Ciclc-
riim nialleoli et viviradii is positio liiijus csse tcinjwiris vi-
dcliir optima. iScc tamch dclerior etiam inter cal. ct idu»
sciiuciitis mensis, iili(iuc si non sit fervcnlissima rcyio :
si vcio cliiim niagis frisida, vcl niclior [est]. Insilio quo-
iliie ai bornm alque vitiiini lepidis lo:is hoc lein[)ore coia-
mode admiiiistialiilnr. Cal. iMartii AlVicus; inlcrdnn: Aus-
lcr cuni grandine. vi nonas iMartii Vindeniialor ap])arel ,
«liiem Crjeci Tfjyr.TTipa diciint : Seplenfrionales vciHi. ir
Nonas Marlii Favoniiis , inleidum Austcr ; hicniat. Nonis
Marlii Equus niane oiilur; llatiis Aqnilonis. iii Idus Miir-
tii Piscis ai|iiiloniiis dcsinil oi iri , Sc]ilcntrionalcs vcnii.
COLUMELLE.
veiit seplentrional. La \eille des ides , le vaisseau
Argoseleve; vent Favonius on vent demidi,
c(U(!lquefois d'aquilon. On dispose a propos pen-
dant ces jours-ci les jardins : mais j"en parlerai
plus particulierement dans leur lieu, afin qu'on
ne m'impute pasd'avoirpasse tropneglicemment
sur les fonctious du jardinier, en les confondant
pour ainsi dire parmi eette bande de travaux
t(ueje suis occupii a decrire , ou d'avoir inter-
ronipu cu ce moment Tordre des autres genres
ile cuiture que j'ai commence a detailler. Ainsi, le
temps qui s'ecoule depuis le jour des calendes de
mars jusqu'au dix de ceiles d'avril est un tcmps
excellentpour taillerla vigne, pourvuneanmoins
que Ton irapercoive pas encore de mouvement
dans ses boutons. Cest aussi principalement dans
ce temps que Ton prend sur ies arbres avcc suc-
ces des branches qui n'out point encnre com-
mence a bour<!;eonner, pour etre employees eu
greffes ; comme c'est aussi alors que l'operatlon
de la greffe elle-meraeest sans coutredit la mieux
faite, tant sur les vignes que sur les arbres. On
pref^re encore ce temps-ci (jour planter la vigne
dans les elimats froids et huraides ; et il est aussi
tres a propos de deposer alors cn terre les cimes
des figuicrs qui sont deja garnies de leurs bou-
tons. On sarcle anssi les bles a mervcille pour
la sccondefois : une journee suITit pour en sar-
cler trois modii. Cest le temps de nettoyer les
pres, et d'eu interdlre rentree aux bestiaux dans
les pays chauds et secs; il faut meme coraraen-
cer ii le faire, eorame nous Pavons dit ci-dessus,
au mois de jauvier : mais dans les pays froids on
se contente de laisser croitre Ibcrbe des pres de-
puis Ics Quinqualria. II faudra preparcr dans ce
temps-ci toutes les especes de fosses dans les-
quelles on se propose de meltre du plant en
automne. Si le terraiu est commode, un seui
homme en fera en une journee quatorze de celles
que Ton nomme quaternarii , c'est-a-dire, de
celles qui ontquatre pieds tant en Iargeurqu'en
longueur, etdix-huit de cellesqui en ont trois.
Au reste , pour planter des vignes ou des arbres
de basse tige , on fera une tranchee de cent vingt
pieds de longueur sur deux pieds de largeur et
deux et demi de profondeur, et il ne faudra non
plus qu'une journce pour la faire. Cest le temps
de becheret de faconner les pepiniferes de rosiers
tardifs. II est a proposderepandre en ce temps-ci
de la lie d'huile extraite sans sel, autour dcs oli-
viers qui ne se porteront pas bien : il suffira de
six congii de cette liqueur pour les plus grands
arbres, d'une urne pour les arbres moyens, et h
prnportion pour les autres ; ceux meme qui se por-
teront bien n'en deviendront que plus fertiles si
on les en arrose. Quelques auteurs ont pretendu
quec'etait le meilleur teraps pour former dcs pepi-
nieres, de raerae qu'iIsout prescrit de seraer alors
sur des planches les baies de laurier ou de myr-
te, et la graine des autres arbustes qui sont
toujours verts. Les raemes auteurs ont aussi ete
d'avis qu'il fallait planter depuis les ides de fe-
vrier, ou memedepuis les calendes de mars, To;--
thocissiis et le lierre. Le jour des ides deniars,
le Scorpiou coraraence a se coucher; il annonce le
mauvais temps. Le dix-septdescalendes d'avril,
il seeouche; froid. Le seize, le soleil cntre dans
le Belier; yeulFavonius ou vent d'aval. Le douze,
le Cheval se couche le matin ; vent septentrional.
Le dix ,.le Belier comraence a sc lever ; jour plu-
vieux ; quelquefois il neige. Le neuf et le huit,
requinoxe du printeraps annonce le mauvais
temps. II ne faut pas manquer d'achever, depuis
les ides , les operations dont nous venons de par-
Pridie idiis Martii Argo iiavis exoritiir, Favoniiis, aut
Aiister, interdiim Aqiiilo. His diebus coiiimode inslruuii-
tur horti, de qnibus suo loco dicam setretius, ne inler
lianc qnasi turbam operum negligentiiis olitoris orncia
descrii)sisse videar, aut iiunc ordiiiein reliquarnm cultu-
raruni coeptiim iiiterrupisse. [gitur a cal. Marliis eximia
est vitiuni pntalio usque in decimiim calend. Apriles , si
tanien segemma; nondum movent. Surculi qiioqiie silen-
tes ad insitioneni nuiic prsecipue utiliter leguntur, el rpsa
insitio vitiiini atque artiorum nunc est optima. Frigidis
qiioque locis et liumidis vilium satio nunc pra;cipua est ,
sed et liculnca cacumina jain tuinentia utilissime deponun-
tur. Sarritura quoque frurnentoruin iteratiir egregie. Mo-
dios tres iina opera recte sarrit. Prata purgare, et a pecore
defendere jain tempestivum esl : locis qiiidem calidis et
siccis etiam [a] mense Januario, ut supra diximiis, id fieri
debet : nam frigidis vel a Qninquatiibus prata recle sub-
miltunlur. Scrobes omnis geneiis , quos eris autumno
sonsitunis, lioc teiniiore prsparare opoi tebit : coriim qua-
ternarii , lioc cst quoquoversus \ii'cluni iv , si est com-
moJuin tcrienum, xiv abi uuo liuiit; ternarii auteni
xviii. Caterum ad deponeudas vilos, vcl non magni in-
crementi arbores, sulcus qui sit peiliiin centuui et vigiuli,
latitudine bipedauea, iii altitiKlinein de|Miiiii (li-licl dipoii-
dio seinisse, cumqiu' siniililer una nprra eriH il. rinsariuin
serotinum perfossum et cultuin liabere jain teuipus est.
Oleislaboiautibus circumradicesamurcani, quiesnlein noii
habeat, nunc conveniet infiindere : maximis sex coiigii,
mediocribus arboribus nriice satisfaciunt , csleris a;sti-
inauda crit (lortio. Sed tamen qua; niliil vilii habuerint,
aliquanto laitiorcs fient, si amurca rigeiitur insulsa. i\oii-
iiulli hoc optiinum tenipus esse seminariis institiiendis
dixerunt. Tiim eliam baccas lauri et myrli caeteroruniqiie
viridium seinina in areolas disserere praecepeiunt. Ortlio-
cissos, et ederas ah idibus Februariis, vel eliam cal. Mar-
tiis poni oportere iidcm censuerunt. Idibus Mart. Nepa
incipit occidere; significat teinpeslateni.xvn calen. April.
Nepa occidit ; biemat. xvi cal. April. Sol iu Arietem trans-
ituni facit ; Favonius, vol Corus. xii calen. April. Equus
occidit mane; Septentrionales venti. x cal. April. Aries
incipit exoriri ; pluvius dies ; interduin ningit. ix et vm
calendaruni Aprilium, .lEquinoctiuni verniim terapesta-
lcui signilicat. Ab idibus eailcm,quie supra, utiquc per-
iigonda siinl : oplime nuteni iihginosa et pingiiia loca nunc
DE L'AGRICULTURE, LIV. XL
Icr. Oii doiine niissi pour lors a merveille les pre-
miiMs labours a laterre dans les licux humides
it i^ras , et les seeonds sur la lin de mars aux
Lueifls qui auront recu les prcmiers au mois de
Jauvicr. Si cn taillant la vipie ou a laissc dc cote
quclques treillcs de raisin distinf;uc, ou quelques
ceps particuliers niarics a dcs arhres dans les
champs ou dans Ics buissons, il faut sans con-
tredit lcs tailleravant Ics calendes d'avril , pnsse
lequel jour cctte facon leur serait infructueuse
pour etre tardive. Cest aussi nlors qu'ou com-
meuceasemer pour la prcmicre fois lc millctet
le pauis; cet eusemenccmcnt doit ctrc fmi vors
les ides d"avril. II faut cmq sejiarii de chacune
de ces graines, pour eusemeucer un Jiif/rni/i>
de terre. Kn outre , c'est eucore Ic tcmps de chn-
trer lesbetes a laiue, aiusi que les autres quadru-
pedes. On peut effectivement chntrer tres-hien
tous les hestiaux , dans les pays tcmperes , de-
pnis les idcs de fevrier jusqu'a celles d'avril ; ct
dans les pays froids, depuis cclles de mars jus-
qua cclles de mai. Le jour des calendes d'avril ,
le Seorpion se couche le matiu; il annouce le
mauvais temps. Le jour des nones, \eQt Favo-
7iiv.'! ou vent de midi avec de la grele, et quel-
([uefois des la veille. Le buit des ides, les
Pleiades se caehent le soir ; quelquefois il fait
froid. Le sept , le six et le cinq, les vents de
midi et d'Afriquc annoneent le mauvais tenips.
Le quatre , la Balance commeuce a se coucher
au lcver du soleil ; elle annonce quelquefois le
raauvais temps. La veille desides, les Hyades
se cachent; froid. II ne faut pas raanquer pen-
dant cesjours-ci de becher les vignes pour la
premiere fois dans les pays froids , et cette opc-
ration doit ctre termince avaut les ides. II faut
aussi sc hdteralors d'achever Ics operations qui
auraient du 6Ue faitcs au niois dc mars nprcs
requinoxe. On ente eneore tres-bien alors les
flgniers et les vignes. On peut arracher les mau-
vaises hcrbes des pepiuieres faites precedem-
meut , comme on peut aussi les becher com-
modemeut. II faut laver lcs hrebis de Tarente
avec dela sapouaire , pour les disposera la tonte.
Le jour des ides d'avril , la fJalance se couche ,
ainsiqueje Tai dit ci-dessus; froid. Le dix-huit
des calendes de mai, temps venteux et pluie,
quoique ce ne soit pas uue rejile infaillihle. Le
quiuze, le solcil entre daus le Taureau; ii an-
nonec la pluie. Le quatorze, lcs Hyades se ca-
cheut le soir ; elles anuoneent la pluie. Le onze ,
on cst a la moitie du printemps; pluie et quel-
quefois grele. Ledix , les Plciadesse levcntavec
lesoleil; vent d'Afriqueou dc midi, tcmps hu-
mide. Le neuf , la Lyre paralt au comuience-
ment de la nuit; elle annonce le raauvais temps.
Le quatre, commuuement vent de midi a\ec de
la pluie. Le trois , la Chevre se leve le raatin ;
vent de midi, quelquerois de la pluic. La veillc
des calendes, la Canicule se cache le soir; elle
annonce le mauvais temps. iVous coutiuuerons
pendant ces jours-ci les memes operations que
ci-dessus. On peut i;rclTer cn ecussou ou autre-
ment lesoliviers, pourvu qu'ils corameuceut a
quitter leur ecorco : on peut egalemcnt cnter en
eeusson les autres arbres a fruit. Rien n'cmpeche
qu'on n'epampre aussi la vigne pour la premiere
fois , parce que ses yeux , qui ne fout que com-
mencer a paraitre, peuveut etre abattus d'un
coup de doigt. Outre cela, si en bechant les vi-
gnes on y a deranj;e quelque chose, ou qu'on
cn ait omis quelque partie par negligence, un
vigneron attentif doil y remettre la mnin, et
cxaminerlesjougsquipourrontsetrouver rorapus
ilcnmm proscinduiitiir : ct qu.T nienso Januaiio veivacta
fecinius, nunc ultima paiteMaitii sunt ileranda -. et si-
quse pergul.e vitium generosarum , vel siquae in agris aut
vepribus singiilaies arboies maiit» a piitatoiilius reliclK
siint, ante calend. April. utique deputari debent; post
qiiem dieni sera et iufructuosa fit hujusmodi reruin cura.
Milii quoque et panici Iktc piima satio est, qua^ peragi
dcbel circa idiis ,\pril. utriusqiie seminis sextarii quini
sin^ula jugcra occupant. Quineliam pecus lanatum cie-
teia(|ue qu:idrui>eili<i tcmpiis idoneiim e.st castrandi. Locis
anlcm li'|>idis ali idibus Fcbriiariis usque in idus Apri-
li's , iii |i>( is Iriuidis al) idibiis Marliis usqui^ in idus Maias
(ininia rcclc pi( ora caslranlur. Cal. Aprilibus Nepa occi-
ditniane, tcinpcstalcm sii^nilicat. Noiiis April. Favonius
aiit .\ustcr cuin ijrandine, nonnunquam hoc idem pridic.
Octavo i>lus A|>iilis Vcr;;ilia' vcspere celantur, iatciduin
liiciii.il. SrptiiiKi i>lus Aprilis, ct scvtu , el qiiinto Austri
et Africi tciiipc>latciii si^iiilicant.
Quarto idus Aprilis, solc oricnle , Libra orridcro incipit ,
iiitcrdumlenipcstatcui si&iiilicat. 1'ridic id. .Apiilis Suciiia:
cclanliir, liicuiat. His dicbus locis frigidis priiiia vincariiin
fossio utiqnc aiite idus peragenda est : qua;>pie iii(>iise
Martio post confectuni a^quinoctinin ficri dcbucriint , nunc
denique quam primum exequenda siint. Fki vitesque ad-
liuc recte iiiseruiitur : seminaria, quae siint ante facta,
nincari, et adliuc commode fodin possuiit, Oves Taicu-
tiiia? ladice lanaria lavari debenl , iil tonsiira' pra>parenlur.
Idibiis Aprilibiis, ut supra, Libra occidit, hieniat. Deci-
niooctavo calen. Maias ventosa lempestas, et imbies, nec
hoc coiislanter. xv cal. Maias sol in Taurum transttum
facit, pluviam signiticat. xivcal. Maias .Sucula» sc vesperi
cclant; pliiviam sisnilicat. xi cal. .Maias ver hipartilur,
pliivia, ct noniiunipiam fiiando. Decimo cal. Maias Vcr-
Hilia; ciiin sole oriiintin, .Vfiicus, vd Auster, dies humi-
diis. Nono cal. Maias piinia nocte Fidiculaapparet, tem-
pestalcm significat. Qiiarto calen. Maias .\uster fere cum
pliivia. Terlio cal. Maias iiiaiic Capra exorilur, Austrimis
dics, iiiterdumjiluvia'. Piidie cal. Maias Caiiis .se vespere
cclat : tempestatem signilicat. 1'cr lios dics eadem qua' sii-
pra persequemiir, possunlqiic, si jain lihrum remitlunt,
iiiseri olere , vel emfilastrari , c.ilcricqiie pomifei <T arbores
eodem cmplastrationis };enerc iiiscri. Sed et piima pampi-
natio recte inchoatur, diini prorcpcntes oculi digito deciili
possint, Siqiia pr.Ttcrea in viiieis aut fossor disturbavit,
COLUMELLE.
pour les racconimocler, ou remeitrp A leur place
les pieux renverses , sans cepeiidant faire lomber
lesjeunes pamprcs. 11 faut marqutr d'une cm-
preinte dans le meme temps les bestiaux dc la
seeonde portce. Aiix calendcs de mai, on pre-
tend que le soleil rcste pendant dcux jours dans
)e meau' det;re de la Dodecatemorie. Le six des
noncs , rilyadc se leve avec le soleii ; vents sep-
tcntrionanx. Lecinq, le Cenlaure parait entier ;
il aiinoncu le mauvais temps. Lc trois, il annonce
la pkiie. La veille des nones, le Seorpion se
couche a moitic ; il annonce le mauvais temps.
Lejonr dcsnones , les Pleiades se leveut le matin;
xent Fuconiiis. Leseptdes ides, c'est le eom-
menccnieut de Tete; vent Favonhis ou vent d'a-
val , queiqnefois meme pluie. Le six , lcs Pleia-
des paraissent enlieres; xent favonius ou vent
d'aval, quelquefois aussi phiie. Le trois, la
Lyre se leve le matin; elleannonce le mauvais
temps. II faut pendant cesjoursci arracher les
mauvaises hcrhes des tcrres cnsemenccos, ct
commcncer la coupe du foin. Un bon ouvrier
faucheun Jin/cnnn de pre a lui seul, ct ne lie
pas moins de douze cents bottes de quatre livres
chacune. Cest aussi le temps de becher le pied
desarbres, et de recouvrir ceux qui sont de-
chausses : on peut becher en unejournce lcpicd
dequatre-vingts Jeunes arbres, celui de soixante
et cinq d'unc moyenne grosseur, tt celui de cin-
(luante grands arbres. II faudra pendant ce mois-
ci becher souvent toutes les pepinieres. En geiic-
ral, depuisles calendesde mars jusqu'aux ides de
scptembre , il faut les beclser tous les mois, aiiisi
(|ue les jcunes vigncs. On taille les olivierset on
les d(.'barrasse de leur mousse dans le cours des
memesjouis, quand le climat est tr(is-froid ct
aut negligentia omisit, diligens vinitor restitnere deljet, et
fracta juga consideiate resaicire, aut clisjeclos palos rc-
lUMiere, ila ne teneros panipinos explantet. Eodem teni-
pore secundi fetus pecudes signari oportet. Cal. Maiis , hoo
iiiduo sol unam dicilur lenere iiarliculam. vi iionas M;iias
Siicula cuni soleexorilur, Se|ilennioiialcs veiili. v nonas
Maias Centaurus toliis apparel, lcniprsliilnii si;;iiilicat.
111 iiMuas Maias idcu) sidiis plin iani si^niliiat. 1'ridie no-
iias \I,ii,is .Xi'|i,i 1111'ilins ocoidit; tempcsUitem signilical.
Kniiis Maiis Nrmilia' csoriuntur mane , Favonius. Vii idus
Mai.is avslalis iiiilinni, li^avonius, aulCorus, iulerdiim
ctiam pluvia. vi iiliis V'eij;ili;r tola^ apparent, Favonius,
aut Corus, iiilcrdnm ct pliniH'. Tertio idus Maias Fidis
iiiane oritur, signilicat li'ni|icstaleui. I'er lios dics riincan-
<te segetes sunt, lirnisicia inslitnenda. lioniis operariiis
piati jugerum desccat, ncc iiiinns inille liiicentos iiiaiiiiin-
los nniis alligat, (|iii sint .siiiguli i|ualeiiianiui lilirarnni.
..^itxues quoqiie tempus est alilatpieatas circumlodere , et
opcrire : una opera novellas circimifodict aiborcs ocliia-
ginta, mediociesLxv, magnas quinqiiaginta. lloc mcn.se
seininaria omuia crcbro fodcre oportebit. Sed a calendis
Martiis usqiie in idns Septenibrcs , omnibus mensibiis iioii
soliim seniiiiariis, sed eliara novellis vincis daniia lossio
csl. lisdemdiebus.ubi piscgelidiim cl pluvium ciclnincsl.
pluvieux. Au reste , si le pays est temperc? , il
faudra repeter cette op(?ration dans deux saisons
de Tannee , savoir, depuis lcs ides d'octobre jus-
qu'a celles de decembre , et ensuite depuis celles
de fevricrjusqu'aeelles de mars , pourvn cepen-
dant que ces arbres nequittent point alors leur
ecorce. Cest dans le meme mois qu'on peut plan-
ter pour le plus tard des boutures d'oliviers dans
une pepiniere faconnee m iKtstimmi :\\ faudra,
lorsqu'elles seront plant(5es, les enduire de fu-
mier et de cendre mel(?s enserable, et les recou-
vrir de mousse pour empt^cher que le soleil ne
les fende; mais il vaut mietix faire cette ope-
ration a la fin du mois de mars ou au coinmen-
cement d'avril , ninsi qu'aux autrestemps pcn-
dant lesquels nous avons ordonne de fournir les
ptipinieres de pieds d'arbres ou de boutures. Le
jour dcs ides de mai, la Lyre se leve lematin;
vent de midi ou de sudsudest, quelquefois
tcmps humide. Le dix-sept des calendes de juin ,
de mcme. Le seize et le qninze, vent dc sud-sud-
cst ou de midi,avec de la pluic. Le treize , le
soleil entredans lesGemeaux. Ledouze, les Hya-
des se leveiit; veut septentrional , et quelquefois
vent de midi avec de la pluie. Le onze et le dix ,
rArcturese leve lematin; il anuonce le mauvais
tcmps. Le sept et le six , la Chevre se leve le ma-
tin ; vents septentrionaux. Depuis les ides jus-
qu'aux calendcs de juin, il fautbechcr pour la
secoude fois les anciennes vignes avant qu'elles
commencent a lleurir. II faut aussi les epampier,
ainsi que toutcs les autres vignes. Si Ton a soin
de !e faire souvent, lajourneed'un enfant suftira
|iour cn (jparaprer unjiigcmm. II y a dcs pays oii
rou tond alois les brebis , et ou Ton se fait rcndre
compte du nombre des bestiaux tant nes que
ole.T pnlantiir.et emuscantur. Cateruni fepidis regionibns
diiolius leniporibus anni facere istud oporlebil. Prjnio
ab idilins Oclobribus usque iii idiis Decembres, ilernm
ab idibiis Febinariis usque in idns Maitias, si lamen ar-
bor libruni non reniillit. Hoc eodem mense in pastinali)
seminario iiovissiiiia posilio est olearis taleic, eauKpie
oportet, tnm panxeris, finio et cinere niistis olilineie, ct
superpouere nuiscum , ne sole findatur, sed lioc opus iiir.
liiis liet iiHimapaite niensis Marlii.vcl priinamcnsisApril.
etc^teris teinporibiis,qiiihiis pra-ripiiiiiis srniinaria plan-
tis vel ramis conserere. Idihus Maiis 'cidis niaiic cxoritiir.
Auster, autEuronotns,interdiiiii dics liiiiniihis. xvii calcn.
Jiinias idein ipiod siipra. xvi ct \v ca!. .Iiinias Enroiioliis
vcl Aiislcr ciim pluvia. xiv cal. Jnii. .siil iii Geniiiios in-
Iniiliiiu tacit. xii calen. Juu. Siicnlie exorinntiir; .Scpteii-
triiiiiales venti , uonniinqiiam Anster cuui plnvia. xi et
X calcii Jiuiias Arcturus niaiie occidit, tempestalem signi-
licat. VIII et VII ct vi c il. Jun. Capia mane exorilur ; Scp-
tcnlriouales vcnli. Ab idib. iisque iii calend. Junias vele-
ranam viucam priusqnam llorere incipiat, ileriim fodcre
oporlet , eandeuique et cseteras onines vineas idenliiicin
pampinare. Quod si snepiiis feceris, pnerilis iina opera ju-
gcnini viiicli pampinabit. Quibnsdam regionibiis oves iiiinc
toiiilciitiir, ct pccoris iiati aut aniissi ratio accipilur. llciii
DK LAGRICULTURE, L!V. XL
niorls. Ccux qui ont spme dcs Iiipins daiis la viie
ilo fiimer les ehnmps, les reversent aussi alors
011 terreavec laeharrue. Le jour des calendes et
le quatre des noues dc juin, TAigle se leve ;
temps venteux et quelquefois pluie. Le sept des
ides, rArcture se coui he ; vent Favonim ou vent
d'ava!. Le quatre, le Dauphin se leve lesoir;
vent Favonius, quelquefois de la rosee. Si Ton
s'est trouvt' avoir plus d'ouvra!ie qu'on n'aura
pu en faire, il faut acliever pendant ces jours-ci
les optM-ations qui appartenaient h la fni de mai.
II faut aussi reeliarjjer la terre au pied do tous
les arbres fruitiers que loii aura beehes , de sorte
que celte operation soit rniie avant ie solstiee. ()u-
tre cela, on donnera le premier ou le second la-
bour a la terre, suivant la qualite du sol ou la
temperature du climat. Si la terre est diflicile a
labourer, il faut trois journees pour le premier
labour d'un jttgorum, deux pour le seeond , et
une pour le troisierae : une journve suffit aussi
pour recouvrir de terre la semt-nce jetee dans
dc\i\ ju(/era. Mais si la terre estaisee a lahourer,
il sufiit de deux journees pour le premier labour
A\\njurji:rum, et d'unepour le seeond : unejour-
nee sulTit ,pour reeouvrir de terre la semenec
jetee dans quatre^f/r/em (ce qui se fait en for-
iTiant de larges sillons dans une terre deja la-
bource]. II suit de ce cnlcul (jis^on peut: aisement
semer peudant rautonuie, a Taide d'une seule
paire de bocufs , eent cinquante modii de fro-
mcnteteent delegumes, quels qu'ilssoient. Ilfaut
pendant les memesjours preparer Taire oii Lon
doit battre le ble , et y porter la recolte a me-
sure qu'elle aura ete faite. II faut aussi reprendre
la cultuie des vignobles, quand on en a une
grande quantile. Si Ton est a portee d'avoir du
fourrage, on en donnera aux bestiaux avant le
solslice , ou dans ce temps-ci , ou meme pendant
les quinze jours qui precederont les calendes de
juin. Mais si Pon eommenee a manquer d'hcrba-
ges verts, on lcur donnera depuis ces calcndes
jusqu'a la fin de rautomne des feuilles d'arhres
cueillies expres. Le jour des ides de juin, la eiin-
leur commence. Le treize des ealendesdejuillet, lc
soleil eutre dans rEcrevisse; ilannonee le mau-
vaistemps. Leonze, le Serpentaire, que les Grces
appellentoiioii/o^jseeouehelematin^ilannoncelc
niauvais temps. Le huit, le sept e! le six , e'est le
solstice ; vent /'V»;o«/!(.v,chaleur. Le frois, temps
venteux. On coniinuecesjours-ci les memes ope-
rations que ci-dessus. Mais il l"aut aussi couper
la vesee qui doit servir de fourrage avant que les
cosses en soient durcies, moissonner lorge,
cueillir les feves tardives, battre celles qui au-
ront ete semees les premieres et en serrer avec soin
la paille, battre Torge et serrer toutes les pailles ,
cucillir ies ruches qu'on a dfi examiner et soi-
gner de temps en temps, c'est-a-dire tous les
neuf et dix jours , depuis les calendes de mai.
On no doit neanmoins recolter les rayons dans
ce moment-ci qu'au eas qu'ils .soient pleins et re-
couverts de leurs pellicules ; car i\ la plus grande
partie s'en trouve vide, ou qu'eile ne soit point
reeouverte de eette pellieule , ce sera une preuve
qu'ils ne sont pas encore i\ leur point de nifitu-
rite, et par consiHiuent on retardera la recolte
du miel. II y a des personnes dans les provin^es
d'outre-mer qui sement le sesame ee mois-ei ou
le suivant. Le jour des calendes de juillet, vent
Favonius ou vent de midi, et ehaleur. Le qua-
tre des nones, la Couronne se couche le matin.
La veille des nones, la moitie de rEcrevisse so
couche; chaleur. Le buit des ides, la moitie du
Capricorne se eouehe. Le sept , fepheus sc leve
qiii lupinum slercorandi .Tgri causa spiit, nunc dpninni
Jiralro subvcitit. Cal. Jun. et iv non. Aquila exoiitur;
Ipinpcslas vcnlosa, el iiitcnlnni pluvia. vii iilus Jnn. Ar-
ctnnis occidit ; l'"avoiiiiis, anl Coius. iv id. Jnn. Delplii-
iMis vespcre evoritiir; Favonius; iuterduni lorat. His die-
Ims, si opere vicli sumus, cadem , qua^ cxtremo mense
Maio, facienda siint : ilcm omncs ailifins rriKlifrr.-i^ cir-
cumrossjK aggerari dclient, nt antc sol liliiiin i.l npns pcr-
actum sit. Qiiineliam pro couilitioui- nmnnis cl c ;ili terra
vel proscinditnr vel ilcralur : eaqiie, si cst dillicilis, pio-
scindilur opeiis trilnis, itcraliir dnalnis, terliatiiriina, 11-
rantiir anlem jiigcia duo opcra una. Al si facilis est tcrra,
proscinditur jug<Tum dualms operis, ileratur iina, lirantiir
«na ju;;eia quatiior, cum iu siihacla jam lerra latiorcs
porcae suiraiilur. Qua; ratio colliiiil, nl pcr Aiiliimnum fa-
rile possint iiuo jugo trilici oliscri modii ccntum quinqua-
ginta , caHciorumque lcgiimiuum modii centum. lisdem
liis dieliiis arca liiliiia^ pr.Tparamla cst : ul qna^qiie rcs
(lesccta crit , in cam conferaliir. Vinearnm (]iioqiie ciiltiis ,
qiiibus major est mndus, iteralus csse debel ante solsli-
liiim. Pabuliim, si faciiltas est , vcl nunc vel etiam siipe-
riorilHis xv dicljus, qiii fueriinl antc calcn. Junii , pccori
pr.Tberi oportet. A cal. autcm Juniis,sijam deficit viridi.s
iierba, iisqiie in iiltimiim .Viiluinnuiii Iroudem ca^sam prie-
bcbiniiis. Idibns Jiiniis calor incipit. xiii calcii. Jul. sol
inlroitiim iu Cancro facit; lempeslatem .sigiiifical. xi calen.
Jiilii Angiiifer, qiii a Griiccis diciliir o^iouxo!, nianc occidit,
tempc.slalem siguificat. Octavo el vii ct vi cal. Julii Solsli-
lium, Kavoiiiiis, ct calor. Tcrtio cal. Jul. ventosa tcmpeslas.
llisdicbiis eadem, qii.-c supra. Sed et viciam in pabnluiu
scrareoportcl, prinsqnam siliqiiffi ejusdureutiir; ordciim
meterc; faliam serotinaiii duceie; l.ibam maturam conte-
rcre, el palcam ejiisdiligiMilcr rcciindcre, ordeum tercre,
paleasqueomneis reconderc; alvos castrarc, qnassiibinde
nono quoqiie aul decimo die ad cal. Mai.is i oii-iilrr.irc cl
curare oportel. iVnnc aiitem si .siinl plcm .il |ii.- 1.|., n iil.ili
favi, dcnieteiidi siint : sin aiitcin majorc |i nlr \ii<.iiil, aiit
siiie opcrculis adapcrti sunt, nondum csse nialiims signi-
(icalur : it.aque mellatio cst dilTcreuda. Qiiidam in proviu-
riis transmarinis vel lioc vcl sequcnte mensc sesama se-
runt. Calen. Jiiliis ravoiiiiis, vcl Aiister, ct calor. Quaito
non. Jiil. Coiona occidit mane. I'ridic nonas Jul. Cancer
mcdiiis occidil; calor. Oclavo idiis Jul. Capiicornus me-
diiis occidit. Scplimoldns Jiil. Ccpbcus vcsperc exoritii.',
COLUMELLE.
le soii-; il annoncc le maiivais temps. Lc si\ , les
Prodromi commencent a souffler. On continus ces
jours-ci les menies opcrations quc ci-dessus. On
bine aussi a merveiile dans le merae tcmps les
guerets qui ont recu le premier labour, comme
on fait tres-bien de defriclier les bru\ eres , lors-
que la lune est danssoa declin. Le jour des ides
de juillet, rAvant-Chien se leve le matin; il
annonce le mauvais temps. Le treize des ealendes
d'aout, le soleil entre dans le Lion ; vent Favo-
nins. Le neuf, la claire etoile que Ton apercoit
dans la poitrine du Lion se leve ; quelquefois elle
annonce le mauvais teraps. Le huit, le Verseau
commence a se coucher sensiblement; vent Fa-
vonius ou vent du midi. Le sept , la Ganicule pa-
rait; vapeurs brulautes. Le six, TAiglese leve. Le
quatre , les claires etoiles que l'ou apercoit dans
la poitrine du Lion se levcnt ; quclquefois cUfS
annonceut le mauvais temps. Le trois, TAigle sc
eouche; elle anuonee le mauvais temps. On fait
la moisson pendant ces jours dans les pays tem-
peres et maritimes; et dans Tespace des trente
jours qu4 suivent larecolte, on ramasse, pour le
uiettre en tas, le chaumc que Ton aurait laisse
sur terre en coupant les epis. II faut une journee
pour scier un juycriim de chaume. Des qu'on
Taura enleve hors du champ , on becbera, sans
attendre que la trop grande ardeur du soleil brule
les terres qui auront ete moissonnees, le pied de
tous les arbrcs qui s'y trouveront, et on les re-
chaussera. Ceux qui se disposent k faire des semail-
les considerables doivent aussi biner alors les
terrcs. Quant a ce qui concerne la fouille et la
cultuie des jeunes vignes, j'ai deja repete souvent
qu'il ne fallait laisser passer aucun mois jusqua
!'cquinoxe d'automne, saus s'en occuper. On se
tempestatem signilicat. Sexlo id. Jul. Piodiomi llare in-
cipiiinl. His dielnis eadem qtix siipia. Sed el pioscissum
vervactum oplime nunc iteraliir, el silvestris agcr decres-
cente Lnna iitiliisiiiif e\lii [lahir. Milnis Jnliis rrocyon
exorilnr nianc, tcmpcslatcm si^niliial. Teitiodecimo cal.
Augiistas Sol iii Leoiieni transitum facit; Kavonins. [Nono
culendas Auguslas Leonis in pecloie clara stella exoritur.
Interdnm lempestatem significat.JOctavo calen. Auguslas
Aquarins incipit occidere (clare) ; Favoiiiiis, vel Auster.
Septimo caL Augnstas Canicula appaicl; caligo aestuosa.
Sexto cal. Augustas Aquila exoritnr. Quartu calendas
Augustas Leonis in pcctore claia stella exoritur ; iiiterdum
tempeslalem significat. Tertio calen. Auguslas Aquila
occidit ; significat tempestatem. His dietius locis lempe-
ratis et maritimis messis conficitur, et intra dies triginta
quam desecta est, stiamenta praecisa in acervnm conge-
runtur. Jugerum slramentornm opera nna desecat , qnibus
remotis priusquam sol acrior exurat lerram, omncs arbo-
res^qna; ruerant in segete, circumlodero et adobruere
oportel. Item qnibus magna semenlis pra>paratiir, niinc
debent iterare. Nam de fodiendis colendisve novellis vi-
neis , sapius (jam) dixi nullum esse mensem omillendum ,
donec autiimnale «Tquinoclium conlicialur. Meminisse au-
tem oportebit, ut per lios et Angusli mensis dics antelu-
rappellera dc cueiliir des feuilles pour les bestiaux
avant le lever du jour et apres sa chute, lant a
preseut que peudant le mois d'aout. 11 faut eviter
de becher les vigncs, quelles qu'elles soieut, pen-
dant la chaleur, et avoir rattention de ne le faire
que le matin iusqu'a la troisicme heure du jour,
et depuis la dixieme jusqu'au crepuscule. II y a
des pays, tels que la Cilicie et la Pamphylie, ou
ron semelesesame dansce mois-ci. Pourcequi
est des contrees humides de ITtalie, on peut Ty
senier a la lin du mois de juin. En outre, c'est le
temps de suspendre des figucs sauvages aux fi-
guiers, precaution quequelques persoDnescroient
necessaire pour empecher que leur fruit ue
tombe , el pour le faire parvenir plus tot a sa ma-
turite. Le jour des calendes d'aout, vents ele-
siens. La veille des nones , le Lion se leve c^
moitic, il annonce le mauvais temps. Le sept
des ides, la moitie du Verseau se couche; temps
brulant et nebuleux. La veille des Ides, la Lyre se
couche le matin, etrautorane commence. On con-
tinue ces jours-ci les memes operations que ci-
dessus. II y a cependant quelques <endroits oit
Ton recolte les rayons ; mais s'ils ne sont pas
pleins de miel, ni recouvcrts de leur pellicule,
il faut en differer la recolte jusqu'au mois docto-
bre. Le jour des ides d'aoiit , le coucher dii Dau-
phin annouce le mauvais temps. Le dix-neuf des
calendes de scptembre, son coucher, qui se fait
le matiu, annonce le mauvais temps. Le treize, le
soleil entre dans la Vierge; il annonce le mauvais
temps , tant pour ce jour-la que pour le suivant ;
quelqucfois aussi il tonne. Ce meme jour, la Lyre
se couche. Le dix, elle amene communement le
raauvais temps et de la pluie. Le sept, le Vendan-
geurse leve le matin, et TArcture commence a se
canis et vespertinis temporibus frondem pecudibus ca>da-
nnis. Item quascunqne vincas culluri sumiis, ne per
oestum, sed mane usque in tertiam, cl a decima iisqne in
crepiisculum fudiamus. Qnibusdam regionibns, sicut in
Cilicia el Painplijlia, lioc mense sesama serunlur : Ilalia;
autem regionibns huinidis possnnt iiltinio mense Junio
seri. Quinetiam teinpus est ficulneis arboribiis caprilicum
suspendere; qiiod quidam existimant idcirco fieii debere,
ne fructns decidat, et ut celerius ad maturitalem perve-
niat. Calen. Auguslis Elesia;. Pridie non. Augusli Leo
mediiis exoriliir, tempeslalem significat. vii id. Augusli
Aquariiis occidil medius, nebulosns cestiis. Pridie idus
Aug. Kidis occidit mane, el Autumnus incipil. His diebus
eademquajsupra. Nonnnllistamenlocisfavidemelunlur :
qui si non sunl melle repleli, necoperculati, dilTerenda
est in mensem Octob. mellalio. Idib. Augustis Oclphini
occasiis tempest,item significat. xix calen. Seplemb. ejiis-
dem sideris malutinns occasus lempestatem signilicat. xiii
cal. Septemb. sol in Viiginem transitum facit. IIoc el se-
quenli die lempestatem significat, interdum et lonat. IIoc
eodem die Fidis occidil. Ueciino cal. Seplemb. e\ eodem
sidcre lempest.as plerumque oritur, et pluvia. vi cal. Scp-
lemb. Vindemiator exorilur mane, et Arcturus incipil oc-
ciderc ; interdiiiii pluvia. iii cal. Seplemb. Iiumeri Virginis
couclicr; quclc|uefois il pleut. Le trois, icscpaules
de la Vierge se ieveiit ; les vents ctesicns cessent
de souftler.et quelquefois II fnit froiil. La vellle
des calendes, Andromede se leve lc soir; quel-
quefois il fait froid. On ente cesjours-ci lcs fi-
auicrs en ecusson : c'est ee que l'on appelle rm-
plastnilio. (^n aurait pu le f.iire cgalcment et
ineme plus coramodement dans le mois precc-
dent, apres lcs ides dejuillet , temps auquel cer-
taines personnes entent aussi en ecusson d'autres
arbres. On fait la vendange en quelques endroits,
commc, parexemple, dans les contrees niariti-
mes de la Bcti(iue etdans rAfrique. Quant aux
contrees qui sout plus froides que cellcs-la , on y
pulverise la terre par roperation que lcs paysans
appellent occalio, c'est-a-dire , en cassant dnns
les vignobles toutes les mottes de terre , pour les
reduire cn poudre. .\vant de pulveriser la terre
dans les vignobles , si les ceps en sont tres-fluets,
ouqu'ily en ait peu, on y jette dans le meme temps
trois ou quatre modii de lupins par jugerum ,
apres quoi on les lierse, et lorsqu'ils sont venus
ou lcs reverse cn terrfe a la premiiMC fouille que
ron donne aux vignes , ce qui leur procure un as-
scz bon fumier. Lorsquela tempcraturcduclimat
est pluvieuse, comme il arrive dans les terroirs de
ritalie voisins des villes, bien des personnes de-
pouillent aussi alors les ceps de leurs pampres,
alin que le fruit n'eprouve point de difficulte a
murir, et que les pluies ne le pourrisseat point.
Dans lcs coutrces plus chaudes au contraire, tel-
les que les provinces que j'ai nommces ci-dessus,
on ombrage les grappes a rapproche de la ven-
dange , soit avec de la paille, soit avee d'autres
maticrcs propres a les couvrir, pour empecher
que les vents ou la chaleur ne les dessechent.
Cest encore le temps dc faire du raisin sec, ainsi
DE L'AGRICULTURE, LIV. \1. 433
que des figues stVhes. Nous donncrons cn sou
lieu , lorsque nous parlerons des foiictions dc la
metayere, la maniere de faire sechcr !es fruits
au soleil. On fcra bien aussi d'arraclu'r au mois
d'aout la fougere et la I6che partout oii il s'en
trouvera, quoiqu'iI vaille encore mieux lc faire
vers lcs ides de juillet, avant le lever dc la Cani
culc. Lejour descalendcsdcseptembre, chaleur.
Le quatre des iioncs, le Poisson mcridional acheve
de se coucher ; chaleur. Lc jour dcs nones, l'Arc-
ture se levc; vent Favonius ou vcnt d'aval. Le
scpt des ides , le Poisson septcntrional acheve
dc sc coucher et la Chevre se leve ; elle annonce
le mauvais temps. Le Irois, vent Favoniux ou
vent d'.Vfrique; la moitie de la Vierge se levc.
Ou fait commodcment pendant ccsjours-ci la
vendange dans Ics contrees maritimes ct chaudes,
ainsi quc les autres opcrations que nous avons
dctaillces ci-dessus. Les seconds labours doivent
aussi etre acheves, aucasque les premiers nient
etc fnits tard : car s'ils ont ete faits de bonne
bcure, il faudra faire a prcsent Ics troisicmes.
Cest aussi dans ce temps-ci que ccux qui sont
dans 1'usnge de frelatcr le vin prcparent a eet
effet de lcau dc mer, en la faisanl cuire chez eux :
je donnerai la mcthode de cette prcparntion, lors-
que j'entrerai dans le detail des fonctions de la
metayerc. Le jour dcs ides de scptcmbre, le
niauvais temps cst quelquefois annoncc par la
constellntion de la Bnleine. Le quinze des calcn-
des d"octobre, r.Vrcture &e\sse\ \t\\t Favonius
ou vcnt d'Afrique ; quelquefois vcnt d'est , q«e
(luelques personnes appellent Vulturinis. Le
quatorze , ^('pi de la Vierge se leve ; vent Favo-
iiiu.s ou vcnt d'aval. Le treize, le soleil entre
dans la Balance; la Coupe parait le raatin. Le
onze, les Poissons se coucheut le matin; le Belier
exoiiiintur : Etcsia! desinunt llare.et iiitordum liiemat.
l'il(li(! cal. Septenib. Andiomeda vesperi cxoritur; inter-
duin liiemat. Ilis quideni dietius arbores licoruni inocu-
lautur; qiiod Krmi.s iusilionis emplastralio vocatur. ld(]ue
licet vcl coininodiiis faicre sii|)oriore meiise post idus Jul.
quo leiiipiue etiiim aliaium arburuiii noiinulli emplaslra-
tioiiem laciunt. Quibusdam locis.ut in Hatica inaritimis
regionibus, et in Afiica vindemia conficilur. Sed frigidio-
ribus regionibus pulverationem faciuut, quain vocant
rustici occationcm , cum omnis gleba in vliieis refringitur,
et resolvitur in pulveiem. Hoc eodem tempore prius quain
vine.-E pulveieiitur, si peiexilis est terra, vel rara ipsa
Tilis, lupini modii tics vel quatuor in singula jugera spar-
guiitiir, el ita iiiiKiviiitur; qiii, ciim rniticaverint , prima
tum liissionei onvfisi .salisbunum slemis vineis pra'benl.
Miilti eli.iui, si pliivius est status ctII, sicBt siihiirbana
regione lljjia', pauipinis vitem spoliaiit , ut pcrcoqui friic-
lus possiut , nei putrescere imbrihiis. .\t e contrario locis
calidioribus , ut modo nominatis provjnciis , circa viiide-
miain adumbranliir vcl stranientis vel aliis tegumenlis
uva; , ne ventis aut caloribus exarescant. lloc idcm tempus
est aridis nvi^t ficisque conficiendis , de qiiibiis qiicniadmo.
r.:n i'.ij-r:Li.r;.
dum pass.Tc fiant , suo loco dicemus , cuni villica; per.seqiie-
inur oflicia. Filix quoque aut carex , ubicunque nascitur,
Augusto iiicnse recte extirpatur, nielius tanien ciica idus
Julias ante Canicul.-c cxortum. Calcnd. Septemhribus ca-
lor. Quarto nonas Septemb. Piscis austrinus desinil occi-
ilere, calnr. Non. Septemb. Arcturus exoritur, Kavonius,
vel Corus. vii idus Septcnib. Pi^cis ai|iiil(iiiius desinit
occidere, et Capraexoriliir, tennifviitciii ^i^iiilicat. Tertio
idus Septembris Favonius aut Afiii iis , Vir^o niedia exo-
ritur. His diebiis locis maritimis ct calidis vindemia et
cjetera,qu,ic supia scriplasunt, comniode administrantur.
Ileialioqiioque arationispciaclaessedebet, si seriusterra
proscissa cst. Siii autem celeriiis, etiam tertiatum soliim
csseconvenit. Hoc eliam temporc qui consueverunt viua
condiie, aquam maiinam pra^parant , et advectam deco-
quuut : de qna (■onficienda , cum villicic officia exequar,
pr.Tcipiam. Id. Sept. ex prislino sidere nonnunquani tem-
pestatem significat. xv cal. Oct. Arcturus exoritur; Favo-
niiis, aut Africus, interdum Kurus, quem quidam Viil-
turiium appcllant. xiv cal. Oct. spica Virgiiiis exorilur;
Favonius, aut Coriis. xiii cal. Octob. sol in Libram trans-
iliiin f.iiil, Crater matntino temporc appaiet. xi cal.
COLIIMEU.K
commpiice Hussi a se coucher ; vent Favonius ou
ventd'a\al, et quelqaefois de midi, avec des
pluies. Le dix, le vaisseau Argo se couche; il
nnnonce le mauvais temps ; quelquefois meme la
pkiie. Le neuf, lc Centaure commence ase lever
le matin; il annoiice le mauvais temps, quelque-
fois la pluie. Le iuiit, le sept et le six, reciui-
iioxe d'automne annonce la pluie. Le cinq, les
Chevreau.x se levont; vent Favoniiis, ct quclque-
fois vent de midi avcc de la pluie. Le quatre , la
Vierge acheve de se lever ; eile annonce le mau-
vais temps. On fait pendant ces jours-ci la vcn-
dange daiis plusleiirs pnys. Jl y a differents
avis sur le tsmps a choisir pour cette operation.
Les uns ont cru qu"il eu etait temps quand
ils voyaient une jjartie dcs grappes s'amollir ;
d'autres, lorsqu'ils lcs voyaicnt color(?es et trans-
parentes; quelques-uns meme attendaicnt qu'ils
vissent tomber les pampres et lesfcuilles. Mais
tous ces signes sont trompeurs , parce que Tex-
eessive chaleur du soleil ou de rannce peut don-
iier lieu a ccs differents accidents, sans que le
raisin soit miir. Cestpourquoi quelques person-
nesse sont aviscesde gouter le raisiu, pour jugcr
a sasaveur, selon qu'elle 6tait aigre ou douce,
s'il etait temps dc faire la vendange. Mais cette
cpreuve est encore elle-meme sujette a tiomper
quelquefois, parce qu'il y a tel raisin qui ne de-
vient janinis doux , \u sa trop grande aprete. II
cst donc a propos, et c'est ce que nous pratiquons
nous-raemes, d'examiner la mnturite naturelle
du raisin mcme : or on la reeonnnit aux pcpins
(jui sont caches dans les grains de raisiu , lors-
qu'eu les l'aisant sortir au dehors on s'apercoit
qirilssont taches, etqu'il s'en trouve meme dtja
quelques-uns qui sont presque noirs. En effet.
il n'y a rien aulre chose qui puisse eolorer le pe-
pin que la maturite de la nature , puisqu'etant
eache au centre des grains , il est a Taljri tant de
Tardeur du solcil que des vents , ct que son hu-
midite rempeche de se cuire ou de se tacher, a
moins que ce ne soit naturellement. Que le me-
taycr saehe donc que des qu'il se scra assure de
ce fait, il doit fnire la vendange. Mnis avant de
comraencer a cueillir le rnisin , il fnudra qu'il ait
prcpare des le mois pi^ecedent (si faire se peut)
toutes les choscs dont il aura besoin ; sinon , qu'jl
ait au moins quinze jours d'avance enduit de
poix en partie, en pnrtie nettoye, rince soi-
gneusemeiit avec de Teau de mer ou avec de
reausalee, et bien seche les futailles ainsi que
leurs couvercles, lescouloirs et lesautresinstru-
ments saus lesqucls on ne peut pas bien faire le
mout; qu'il ait riiice et Inve avec soiu, et , si le
cas Texige, enduit de poix Ics pressoirs et les cu-
ves ; quil ait piepare , afin de Tavoir sous sa
raaiu , le bois a bruler ncccssaire pour faire cuire
le vin jusqu'a diminution de moitic ou des deux
tiers; et qu'il ait mis en r^servc longtemps d'a-
vance le sel et lcs parfums (|u'on a coutume
d'employer pour IVelater le vin. II ne faut pas
neanmoins que ces soins le detournent tout a
fait des autres parties de la culture ; car oi\ fait
encore pendant ces jours-ci dans les lieux secs
des planchcs de ravcs et de navets, comme on
seme aussi a present les herbages que Ton coupe
avant qu'ils soient murs, pour servir de ressource
aux bcsliaux pendnntrhiver,ainsique \asiliqua,
a laquelle les gens de campagne donnent le nom
de fenugrec , et la vesce destinee a servir de
fourrage. Cest encore alors qu'il faut seraer le
plus de lupins , d'autant que quelques persouncs
Oct. Piscos occiiliiiil manc, ilciii Arios occidcie inci|iil;
Favoiiiiis ant Coriis, iiilcnluin .\uster ciiin imbrilnis. x
cal. Octob. Ariio ii.ivis oicidit; lcni|ieslalcm signilicat,
inteidum ctiain |ihiviain. Nono cal, Octol). Centaunis iii-
cipil maneoriii; lempcstatcm significat , inleidnm et plu-
viam. Octavo cal. Octob. et septimo ct sexto yEquinoc-
liuni autuinnale phiviara signilicat. Quinto cal. Oct. Ha;di
exoiinnfur ; Kavonius, nonnunquam Auster cam pluvia.
Qnarlo cal. Octob. Viigo dcsinit oiiri; teinpestatein si-
gniiicat. His diebus vinilemia; pluiibus regionibus fiunt,
iliiaium maturitatem alii aliter iiiteipretati suiit. Quidam
cnm vidi.ssenl parlem aliipiam uvaruin virescere, credi-
dcinnt tempcslivam esse vindemiam : quidam cum colo-
ralas et pcilniidas u\:is animadvertissent : nonnulli etiam
cnni pampinos ac lolia ilccideie considerassent. Qnai omnia
liillacia sunt : qiioinam immalnris uvis eadem omnia pos-
sunt accideie, propter intemperiem solis aut anni. Itaque
rnmnulligustu e.\ploiarematuritalemtentaverunt,ut sive
dnlcis esset sapoi- uva>, sive acidus, proinde a;stimarent.
Sed et lia'C ipsa res babet aliqnam fallaciam. Nam qua^dam
genera uvaruni nunqii:im dulceilinem capiunt piopler aus-
ti'i'itateinnimiani. l!:iqne uptiinum est (quod nns facimus)
ilisam nalnnilem conlemiilari maturitalem. Naturalis au-
lcm maluritas cst, si cnm expicsseiis vinacea, qna^acinis
celantnr, jam infnscata , et nonnulla propemodiim iiigra
fucriiil. Nam coloicm nulla res vinaceis potest afferre,
nisi natuiic maturitas, pi'«sertim ciiin in medla parteaci-
norum sint, et a sole a'stuante, ct a vcntis protcgantur,
biiniorqne ipse non palitur ea pcrcoqni , aul infnscari , nisi
suapte iiatuia. Hoc igiliir cum exploralnm babuerit villl-
cns, sciel vindemiam sibi esse faciendam. Sed antequam
fructiiin cogcre incipiat , cuncta pra'paranda erunt snpe-
liore (si Heri possit) mense : si minus, certe ut anteqnin-
decim dies dolia partim picata , paitim defricala et diligen-
tcr lola marina, vel aqna salsa et recte siccata; lum et
opercula colaqueet cajtera, sine quibus probe confici iniis-
tiiin non potest; torcularia vcro, et fora diligenler einun-
data lotaque, et si res ita exegerit, picata; prKparalaquc
liabeat ligna, qnibus defrutum et sapam decoquat. Tura
etiain .salem atque odoramenfa, quibus condire vini con-
snevcrint , multo ante reposita esse oportet. Nec tainen
lirec ciiia totum avocet euni a c.x'tera ruris cullura. Nam
etnapiii.Tc ilemquerapinajsiccaneislocisper bosdies fiiinl.
Fariago oideacca quoque , pecori fulura per liiemcm priC-
sidio, ilemque siliqua, quod rnslici fteniim gra'cuni vo-
canl , iicc niinus in pabulum vicia niinc demum conseritur.
DE LAGRICULTURF, LIV. \I.
sont d'avis qu'il faut les portcr daus leschamps,
pour y etre semes au sortir meme del"airc. Cest
daiis le meme temps que l'oii moissonno le mil-
let et le panis, et que Ton seme les harieots des-
tines a etre mangi-s; ear il vaut micux mcttre cn
terre a la fin d'octobre, vers les calendcs de no-
vembre, ceux qu'on reserve pour ctre ernployes
aux semailles. Cest pourquoi, commeeesdernie-
res operations doivent etre faites dans les champs
par le raetayer lui-raeme, il ponrra confier a la
metayere le soin de celles qui peuvent etre faites
dans Tinterieur de la metairie,de faeon nean-
moins qu'il se reserve lesoin d'examiner par ses
propres yeux si elles auront ete bicn faites. Le
jour des calendes d'octobre et le six des nones
annoncent quelquefois le mauvais temps. Le
quatre des nones, le Charretier se couche le matin,
et la Vierge achev e de se eoueher, ce qui annonee
quelquefois le mauvais temps. Letrois, la Cou-
ronne commence a se lever; elleannonce le mau-
vais temps. La veille des nones , les Chevreaux
se levcut le soir, la moitie du Belicr se couche :
vent d'aquilon. Le huit des ides , la claire etoile
de la Couronnese leve. Le six, les Pleiades se le-
vent le soir : vent Favonius, et quelquefois vent
d'Afriqufi avee de la pluie. Le trois et la veille
des ides, la Couronne se leve eutiere le matin ;
vent de midi, froid et quelquefois pluie. On a
coutume de faire pendant ces jours-ci , dans les
pays fioids, la vendange ct les autres operations
detailiees ci-dessus. On seme aussi dans les me-
mes pays les bles des premieres sem;iilles, et
surtout Vadoreum. II est aussi tres-bon de semer
alors le froment daus les lieux ombrages. iMais
puisque nous faisons mcntion des scmalllcs, il ne
sera pashorsde propos de dcterminer la quantite
de semences en tout genre qu'il faudra pour un
jin/erum dc terre. On prendra donc quatre ou
ciuq modii de Iroment, neufou di\ iVadoreum,
cinq ou six d'orge , quatrc ou einq sexiahi de
miHet ou de panis, huit ou dix inodiide lupins,
qnatrede haricots, trois ou quatie de pois , six
de feves, un de lentillcs ou tant soit peu plus,
neuf ou dix de graines de lin , trois ou quatre de
gesse, deux ou trois de pois chiches, quatre ou
einq scxtarii de sesame, sept ou huit modii de
vesce si on la destinc a servir de fourrage, et
cinq ou sis si on la destine aux seraailles; ([ua-
tre ou cinq d'ers, scpt ou huit d'orge si on
doit le couper en hcrbe, et six de fenugrec. II
faut semcr un cyathus de graine (i'hcrbe de Mci-
<i\c\td.TJufjerum, surde petites plauches longues
de dix pieds et larges de cinq. On met six grains
de chanvre dans un picd carre de terre. Le jour
des ides d'oetobre et les denx jours suivants,
queIquel'ois mauvais temps et souventde la rosee.
Le treize des calendes de novembre , le soleil
entre dans le Scorpion ; ee jour et le suivant , les
Pleiades commeucent a se coucher au lever du
solcil ; ellcs annoncent le mauvais temps. Le onze,
la queue du Taureau secouche; vent de midi,
quelquefois pluie. Le huit, le Centaure acheve de
se lever le matin; il annonee le niauvais temps.
Le scpt, le front du Seorpion se le\e; il annonce
le mauvais temps. Leeinq, les Pltiiades se cou-
chent ; Thiver se fait sentir par le froid ct par la
gelec : le quatre, r.\reture se couehe le soir;
jour venteux. Le trois et la veille dcs calendes
Tiini etiam lupiiii liaec erit praecipua satio , qiiem (]iiiilai)i
vel al) aiea |)iolii)iis iii agrum deferri putaut opoiteie.
Milium et paiiicum lioc teinpore deinetitiir, qiio laseolus
ad escam seritur. Kani ad percipiendum seiiien ullinia
pai te Octobris ciroa calendas Kovembies meliiis obriiitur.
Qiiaie cuiii Ua;c cuncta in as;ris exeipii deheal , possit eo-
ruui cuiam , ipia; inlra villain facienda siint, villica; dele-
garc : itatamen, ut ipse cnnsiderel an lecte fai ta sint.
Ci\\. Oilobiiiiiis, et se\lo iion. iiiteidiim lempostateni
signilicat. Qiiaito non.Oitobris Aurigaotciditmaiie, Virgo
desiiiit occidere; signilicat nonnunipiam tempestateni.
Tertio non. Octobris Coioiia iiicipit cNoiiii, signilicat
lenipeslatem. Pridie non. Octobris Ha;di oriuntur ves-
pcre; .\.ries niedius occidit; .\i|iiilo. Odavo id. Octobris
Coroua; daia stella exoriliir. Se\to id. Octobris Vergiliic
cxoiiunlur vespcre; Favonlus, ct inlerdum Africus cum
pluvia.
Tei tio et pridie idus Oclobris Corona lota mane exori-
tur, .Vuster blbernus , et nonnunquam pluvia. Per lios dies
frigidis regionibus vindemia, el ca'tera, qua; supia scripta
sunt, lieri solent, iisdeiuqiie regionibiis rruiucnta inaliira
seruutur, et pra;cipue far adoreum. Locis etiam opacis
triticum uunc recle seritur. Et qiioniam scmentis nieiitio-
iiem feciinus, non intempe.stive qiianliim cujusque semi-
nis jugerum agri rccipiat referemus. Jugerum agri recipit
tiitiii modios, quatuur vel quiiiqiie, farris adorei inodios
novem vel derein, ordei modios ((iiii)qiie vol sex , inilll
vel panici scxlarios quatuor vel qiiinipie , liipini niouios
octu vel decem , faseoli niodios quatuor, pisi niodius ties
vel quatiior, faba; modios sex, lentis modium uniim vel
paulo amplius, liiii seminis inodios novem vel decem,
cicercute modios Ires vel quatuor, ciceris modios duos \tl
tres, sesami sextarios qualuor vel quinque, vicia; pahu-
laris modios septem vel octo, vicia; seminalis niodios
quinqiie vel sex , crvi niodios quatuor vcl quiuque, farra-
ginis ordeacea: inodios seplcni vel octo, siliqua; luodios
sex, niedica; siiigulos cyatlios seiere oportet in aieolis
longis pedum dciiuin, latis peduni quiuum. Cannabis
grana sex iu pede quadrato ponuntur. Idibiis Oclohi ibus
et sequeuti biduo iiiteidiim lcmpcstas, nonnunquam ro-
rat. Qiiarto ct decimo calendas Noveinbies sol in Scoi pio-
ncm tian^iliiin facit. Tcrtiodeciiuo et duodecimo caleii-
das .\iniiiil.ii> siilis cxortu Vergilia; incipiunt occidere;
tciiipi-i.iHia si;;iiilicat. Undeciino calendas Noveinbris
T.iiiii r.iiiil.i iiriidit; .\ustcr, iiiterdum pluvia. Oclavo ca-
lemlas ^uvcinbiis Centaurus exoiiri niane desiuit; tem-
pestatem .significat. Septiino caleudas Novembris Ncpae
Irous exoritur; teinpestatem signilical. Quiiito ealendas
NovembrisVergiliae occidunt; biemat cuni liigore et gcli-
cidiis. Quarto calendas Novemhris .\rctiiruft vesperc oc-
cidit; venlosus dies. Tcrlio calendas et pridic JVoveni-
bris Cassiopc incipit occidere; tempestateni sigiiiiicat. Per
-<SR
COI.HMELLK.
de iiovembre, Cnssiope commence a se coucher;
elle annonee le maiivais temps. On met tres-bien
en terre pendant ces jours-ei toutes les plantes
qui sont dans le cas d'etre transferees,ainsi que
les arbrisseaux de toutes les especos. On marie
aussi tres-bien les ormes avec la vigne, ct on pro-
pageegalementbicnleseepseux-memes, tantdans
les plants darbrcs maries a des vignes que dans
lcs vignobles. Cest le tenips darrnchcr les mau-
vaises herbes des pepiniercs et de les becher , de
dechausser lesarbresetles vignesetde lcs tailler;
enfin de tailler les ceps maries a des arbres. II
fautaussi tailler lesarbres des pepinieres qui n'au-
ront pas ete effeuilles dans le temps convcnable,
ainsi que les petits figuiers qui sont en pepinie-
res , et les reduire a un seuljet, quoiqu'il ciit
mieux valu les effeuiller pcndant leur jeunesse,
dans le tenips de la pousse. Mnis s'il est ueces-
saire en agriculture que toutes les operations
soient faites avec celerite , ccla est encore plus
iiecessaire a regarddes semailles. Aussi les agri-
culteurs ont-ils un vieux proxerbe qui dit que
les semailles faites a temps trompent souvent
leur attente, mais que celles qui sont faites trop
tard ne la trompent point,pnrec (]u"ellcs ne reus-
sissent jamais. Nous prcscrirons ilone en gcnernl
decommencer par ensemenccr les lieux iinturel-
lenient froids, et de finir par les plus chauds. On
dit que la vesce et les feves fument les terres :
pour le lupin, il ne les fume point, a moins qu'on
ne le revcrse cn terre pendant qu'il est en lleurs ;
inais, d'un autre cote, il n'y a pas de graine que
les ouvriers puissent semer ou serrer avec plus
de facilite que celle-la dans les moments ou ils
n'ont rien a faire, puisqu'on peut la semer des
!es premiers temps des semailles avant toutes les
autres, et qu'ou la peut recolter daiis les dernicrs
temps, apres que tous les fruits de la tcrre sont
recueillis. Les semailles faites, il faut herser le
grain que Ton aura jete en terre. Trois jounipes
suffiroiit tnnt pour hcrser deux jii!/rra de terre,
qiie ponr dechausscr les arbres qui s'y trouve-
ront. Quoique les anciens aieiit voulu que Ton ne
mit qu'une journee i sarcler et ii herser xmjiif/e-
nim dc terre , je n'oserais pas assurer qu'on put
en venii* aisement a bout. II faut dans le raeme
temps nettoyer les fosses et les ruisseaux, et faire
des rigoles et des tranchees pour favoriser 1'ecou-
lement des eaux. On fera bien de donner aux
bceufs, dans ces teinps-ci , des feuilles de frene si
Ton en a; sinon, des fcuilles de figuier sauvage;
et au defaut des unes et des aulres , des feuilles
d'yeuse. II n'est pas non plus inutilej de leur
douner un inodius de gland par paire de boeufs,
pourvu qu'on leur cn donne pendant treate
jours de suite, ni plus ni moins, de peur qu'ils ne
tomhent malades;d'autant que si on leureu don-
nait pendant un moindre espace de temps, ils
deviendraient galeux au printemps, coinme Tas-
sure Hyginus. Mais, avnnt de leur donner le
gland, il faut le meler avec de la paille. Cest
eiicore dans ce temps-ci que si Ton veut forraer
une foret barbarica, c'est-a-dire une foret qui
soit compo5ee d'arbres de differentes especes,
on peut trcs-bien scmer les glands, ainsi que les
autres seraenccs dont elle doit eclorc. II faut aussi
cueillir a present les olives dont on veut faire de
rhuile verte. La meilleure se fait avee celles qui
sont tournees , ct qui commencent a noircir; car
on ne doit faire de Thuile acerbe qu'avec des
olives blanches. Le jour des ealendes de novem-
breet lelenderaain, la teteduTaurcnusecouche,
ce qui annonce la pluie; le trois des nones, la
Lyre se leve le matin ; froid et pluie. Le huit des
ides, elle se leve en entier ; vent Fnronius, froid.
Le sept, la claire etoiledu Scorpion se leve; elle
tios (lies qurecunqiie semiiia diffiTri debent, aibiisciila!-
(|ui> omnis generis recte ponuntur. Ulmi quorjue vitibus
ic( te maritantur, ipsaeque vilcs in arbusUs et vineis eoni-
niiKlo propagantur. Semlnaria runcarc et foileic tempiis
('■■t , liini eliani arborcs ablaqueare, nec iiiinus viiieas ,
"■.isiliMuiiiie piitare, itenique in arliustis vitem (lepiilare.
Seininaria, qua? suo tcmpore pampinata non sunl, arbus-
< iiUeqiie licoiuni in seminariis putari , et ad singulos sti-
Ids redigi debent : qu,T tamen nielius dum tener.T! siinl ,
per germinationem panipin.intur. Sed cum omnia in agri-
cultiira strenue facicnda sint, lum maximesementis. Ve-
tiis esl agricolarum pioveibiuin, Maliiram sationem saepe
decipere solere, serani nunqiiain, quin mala sit. Itaque
in totum pra^cipimus : ut quisqiie natura locus (rigidns
erit.is primus conseratur : ut qnisque calidus, novissi-
miis. Vicia et (aba stercorare agruni dicunliir. Liipinum
iiisi in llore verteris, iilliil agriiin .stercoraveris. Sed nec
iilla res magis vacuis operariis aut seritur, aiit eonditur.
Nam et priinis temporibus ante aliam sementim potest id
olirui.et uovissimis post coactos friiitus tolli. Sementi
facta iiioccaie oportet, quod sparseris. Duo jugera tres
oper,-E commode occabunt, arboresqiie qu<Te intercnint,
ablaqueabuDt; quamvis antiqui singulis operis singula
jugcia sarriri et occari velint : quod an recte fieri possit,
alfirmare non ausim. Eodem tempore fossas rivosqiie
piir;::iie , et eliies sulcosque aqiiarios facere convenit. lis-
dein lcnipiiriliiis si sit, fraxineam; si minus, orneam; si
nec liMc sil , ilignrain fiondem bubiis leite pr.iebebimus.
Glandis qiioqiie non inutile esl singiilis jugis modios sin-
giilos daie : iiec tamen amplius, iic laboient, nec minus
dicbus XXX pra^biicris, Nam si paucioribus diebus detur,
iit ait Hjginus, perver scabiosi boves liunl. Glans autem
paleis iinniiscenda cst, atipie ila biibus apponenda. Tuni
etiam silvani si qiiis barbaricam, id est consemineani ve-
lit faceie, recte conseret glandibus et ca^leiis seminibus.
Tum et olea destiingendaest, ex qua velis viride oleum
ellicere; quod fil optimum ex vaiia oliva, cum iiicipit
iiigiescere. Nam accrbum nisi ex alba olea fieri iion debct.
Caleii. Novembribus et postiidie caput Tauri occidit; plii-
viaiii signilicat. iii non. Noveinbris Fidicula mane exo-
riliir; liicmat, et pluil. viii iilus Novembris idem sidiis
toliim cxoritur; Ausler vel Favonius; bieniat. vii idu»
DE UAGRICULTUR!:, I.IV. M.
nniionce le mauvais temps ; froid ou vent d'cst,
qiu-lqvicfois rosee. Le six, les PltMades sc cou-
chent le matin; ellesannoncent le mauvais tenips;
IVoid. Le cinq, c'est le eommencenient dc riiiver ;
vcnt de midi ou d'est, quelquefois rosce. On
peut encore, absolument parlant, finir, pendant
les jours qui s'ecouleront jusqu'au\ ides , ee que
ron n'aura pas pu achever le mois preccdent :
mais voici des operatious partieulieres qu'il y
aura a faire. II faudra jetcr sur terre en un seul
jour, lequel jour sera cclui meme dc la pleine
lune ou le preccdent, la (luantite de fcvesque Ton
voudra semer, quoiqu'on pourrait remcttre a
une autre epoque le soin de les recouvrir de terre,
pourvu ncanmoins qu'on les garantisse contre
raviditc des oiscaux et des bestiaux. On fera
aussi en sorte, pourvu que le cours de la lune
ne s'y oppose pas, qu'elles soient hersees avant
les iiles de novcnibre, apres avoir ete semees
dans uii terrain qui soit neuf ct trcs-gras, ou du
moiiis tres-funie. II suflira de se pourvoir de dix-
huit rclies de fumier \)M jugerum. Or le vehis
de fumier contenant quatre-vinsjts modii, on en
peut conclure quil faut repandrecinq modii de
funiier sur un espace de dix pieds de terrain
en tous sens. On voit par ce calcul qu'il n'en
laudra que mille quatre cent quarante inndii pour
wnjiir/rnn/i entier. !l laut aussi dechausser apre-
seut les oliviers; et s'ils sont peu fertiles, ou que
lcs feuillages de leurs ciraes soient desseches , on
repandra, au pied deceux de ces arbres qui seront
plus forts, quMtre modii de crottin de chcvre;
it dc meme au pied des autrcs , a proportion de
leur ;;raii(lcur. II faut dans le incine teinps dci-
chausscr lcs vigiies, et verser au picd de chaque
cep la valciird'un sexlarius de fiente de pigeon ,
ou un coiii/iiis d'urine d'bomme, ou enfin qua-
tre sexlarii de tclle autre espeee de funiier qiie
ce soit. Dciix jouriR'es suffiront pour d('chausser
\m jugerum de vignes, dont les ceps seront
plantes a six pieds de distance Tuu do rautic.
Le jour des ides de novembre, temps incertain,
quoique le plus souvent beau. Le dix-sept des
calendes de decembre, vent d'aquilon , quelquc-
fois de midi avec de la pluie. Le seize , la Lyre
se leve le matin ; vcnt de niidi , quelquefois d'a-
quilon ties-violent. Le quinze, vent d'aquiloii ;
quelquefois de midi avec de la pluie. Le qua-
torze, le soleil entre dans le Saiiittaire , et le.s
Hyades se levent le matin ; ce qui annonce le
mauvais temps. Le douze, les cornes dii Taureau
se couchcnt le soir; ventd'aquilon, fioid et pluie.
Le onze, THyade se couche le matin ; froid. Le
dix, le Lievre se coucbe le matin ; 11 annonce le
raauvais temps. Le sept , la Canicule se couche
au lever du soleil ; fioid. La veille des calendes,
les Hyades se couchent en enlier; vent Favonius
ou veut du midi ; quelquefois pluie. II faut con-
tinuer pendant ccs jours-ci les operalions que
Tou n'aura pas faites les jours preciidents. Et si
Ton n'a pas braucoup de semailles a faire, il sera
tres-bon de les avoir achevt-es avant les calendes
de decembre. Mais il faut aussi prendre quelque
portion sur les nuits, qui sont longues alors,
pour rajouteraux jours; d'autant qu'il y a beau-
coup d'op(iratioiis qui pcuvcnt tres-bien se faire
pendant les veillees. En effet, si Ton a des vi^no-
bles, on pourra tailler ct aiguiser les piewx et les
(^ehalas : si la contree cst fertile cn fcrules et en
ecorces, on fera des ruches pour lesabcillcs; si
Novembri.< teinpcstatem signilicat et liiemal. Rexto idiis
Noveniliiis Vei^iii^c niane orciiliint, signilicat tempesta-
lem; liieniat. Qiiinto iilns>'0Tembiis stella claia Scoipio-
iiisevoiilnr; tempestatem signilicat; vel Vnltniiius; inler-
(liiin rorat. iv iiliis Novembris liiemis iiiilium, Aiisler,
aul f;iiriis, inteidum rorat. His diebus iisque in idns,
quie siipei iore mense facere non potucris , adliuc toleiabi-
liter elliciis. Sed el proprie lioc observaliis, nt priilie,
quam pleiiiliiiiiHin .sil; si minus, certe ipso plenilimio
omnem, ipiam saturiis es, Tabam uiio die spargas ; .sid
postej licebit ab avibiis et pecore defensam obnias : eaiii-
qiie, si itacompeticrit \i\ax cursus, antc idns Noveinbris
nccalani liabeas quaiii pinguissimo et iiovo loco : si ini-
nus, ipiain steicoralissimo. Satis crit in singula jiigera
velies stercoris comparare nuinero decem et octo. Veliis
anlem .^tercoris nna baliet modios octoginta. Ex ipio colli.
gitur, oporlere in denos quoquoveisiis pedes moilios qui-
nos stercoiis spaigere. Qiia; ratio do(;et uuiverso jiigero
satisfaceie ino(lios mccccxl. Tiim etiam convciiit oleas
ahlaqiieare, etsi .sunt paruni fructuosa;, vel cacuminibiis
retorridm frondis, maguis arboribus qiiateruns modios
stercoris caprini circumspeigere , in Cieteris antciii pro
magnitiidinc i>oitioiiem seivare : cudeui lemporc viueis
ablaqiieatis coUiiubiniim stercus ad singulas vilcs, (pioil
sit iiislar imiiis sexlarii, vel iirina,' liominis congios, vel
alleiius geiieris ipialeriios sextarios steicoiis infundcie.
Jiigeinin vineanini in seiios pedes posilarum diioe operiiR
ablaqiieaiil. Idibus Novembris dies incertus, sa>pius fa-
nien placidus. (Se|itimo decimo cal. Decembris .\<piilo,
inteidum Aiister cuni pluvia. ) Sextodecimo calendas
DiM-embris lidisexoriliir mane; Auster, interduin Aqiiilo
iiiagniis. Quiutodecimo calendas Decembris .'iquilo , in-
tenlum Anster (•uiii plnvia. Qiiartodeciino calendas De-
cembris sol in Sa;^ill;uiiiiii li.iiisilum facit; Suculse mane
oriuntur, tenipeNl.ilrin M.:i]ii.i ,it. Duodccimo calendas
DecembrisTauriruiiiii.i m >|„ri (iccidnnl; Aquilofrigidus,
el pluvia. Undeciiiio calendas Decembris Siicnla inane
iiicidit, liiemat. Decimo calend. Decembris Lepus occidit
iiiaiie, tenipestatein sigiiilicat. Septimo calend. Deceni-
bi is Caniciila occidit solis ortu , liieiiial. Pridie calendas
Decembies tol.-E Suculai occiduiil; Favoniiis aut Auster.
interdum pluvia. His diebns, qu,r praslerita erunl siipp.
lioribns, opcraconsequioporteliit. i:t, si iion pliiriinuin
seiimus, oplimum est inlia cal(!iidas DeciMiibris senien-
tem confecisse. Scd etiam (de) longis uoclibus ad diur-
nnm tempus aliqiiid adjicieudum est. Nani mnlla siint,
«pi.-c iu Incnbratione recte agiintiir. Sive eiiim vinea^ |ios-
siileinus, pali el lidic.e possuiit doiiii i exacniipie : siv«
COLUMELLE.
elle \'csl cn palmiers et eti genets cVEspagne , on
fera des cabas et dcs paniers ; et si elle l'est en
arbustes qiiine portent que des verges, on fera
des corbeilles d'osier. Enfin , pour ne. pas entrer
ici dans le dctail de tous les ouvrages qui peu-
vent se faire pendant les veillees , nous nous con-
tenterons de dire qu il n'y a point de pa\ s qui
ne prouuise de quoi s'occnper. En effet, il n'y
a qu'un agriculteur negligent qui puisse regler
son travail sur ia brievete des jours, surtout
dans les contrees ou les jours ne sont que de neuf
heures, tandis que lcs nuits sont de quinze. On
peut encoreemonder, pendant les veillees, le saule
qui aura ete coupe un jour d'avanee, et en prcpa-
rerdes liens pour les vignes : s'il est peu pliant
de sa nature, il fautlra le couper quinze jours
d"avance, et, apres Tavoir emonde, lenfouir
daus du fumier afin qu'il s'y ramolUsse; mais
s'il est desscche, pour avoir cte coupe depuis
Jrop longtemps, il faut le tremper dans la raarre.
On aiguisera aussi pendant les veillces les ins-
truments de fer, et on y adaptera des manches.
Les nieilleurs sont ceux de bois d'yeusc; vien-
ncnt ensuite ceux de ciiarme, et en troisieme
lleu ceux de frene. Le jour des calcndes de de-
cembrc, temps incertain, quoiqu'il soit le plus
souvent beau. Le huit desides, le Sagittaire se
couche a moitie ; il annonce le mauvais temps.
Le sept, l'Aigle se leve le matin ; vent d'A-
frique, quctquefois de midi; rosee. Le trois,
vent d'aval ou de septeulrion , et quelquefois
de midi avec de la pluic. II faudra acliever
pendant ces jours-ci les ouvrages qui u'auront
pas ete faits dans le mois precedent ; ce qui
s'npplique neanmoins aux lieux temperes ou
chauds, car il serait trop tard pour les faire a pre-
sent dans les licux froids. Le jour des idcs de de-
cembre, leScorplonse leve entier ie matin ; froid.
Le seize des ealendes dc janvier, le soleil eutre
dans le Caprieorne; c'cst le solstiee d'hiverselon
Hipparchus, aussi annonec-til souvent le raau-
vais temps. Le quinze, cliangement de vents an-
nonce. Le dix, laChevre secouche le malin: elle
annonce lc mauvais temps. Le neuf , c'est (selon
robservation des Chaldeens) le solstice d'hiver et
ses annonces. Le six , le Dauphin coramcnce a
se lever le matin; il annonce le mauvais temps.
Le quatre, I' Aigle se couche le soir; f roid. Le trois,
la Canicule se couche le soir; elle annonce le
mauvais teraps. La veille des calendes , temps
mauvaiset venteux. Ceuxqui poussent plus loin
leurs scrupules en matiere d'econoraie rurale
pretendent qu'on ne doit poiut toucher a la terre
avec le fer pendant ces jours-ci, si ce n'est pour
la faconner au pastinum, a Teffct d'y planter des
vignes. Aussi ne se perraeftent-ils alors que des
genres de travaux diffcrents de celui-la , tels que
eeux qui consistent a cueillir les olives, a faire
de l'huile, a echalasser la vigne et a Tarreter en
la liantpar le trone, a poscr lesjougs dans les
vignobles et a lcs afferniir en les attacliant en-
sfmble. Au rcste, il ne faut point, pendaiit ce
tcmps-ci, faire ce que Ton appelle palmare ,
c'cst-a-dire lier les branches de la vigne, parce
qu'elles se rompraient pour la plus grande par-
tie, vu la roideur que le froid Icuraura fait con-
tracter. Ou peut aussi grcffer commodement ,
pendant le cours de ccs jours-ci, les cerisiers,
les jujubiers, les ahricotiers, les amandiers, et
lcs autrcs arbres qui fleurissent les preraiers.
Quclques personnes meme seraent dcs lcgumes.
Le jour des calendes de janvier, teraps infcrtain.
rPsio feiulae vol covlicis ferax cst, apibus alvoarla (ieri
debeiit : sive paliii.T sparlive faicuiida est , fiscina; spor-
ta^que : sou virgultoium, corbos ex vimine. Ac ne cirtera
nuiic peisiHpiar, nulla regiononaliqiiid alTcrt, ipioii adlii-
ciibralionom conlici possit. Nam iuertis est agiicolae ex-
peclaie diei bievitatem, praecipnc in iis regionibus., in
quibus brumales dies horarum novem sunt , noclesque
liorarum qiiindecim. Possit efiam salix decisa pridie ad
lucubrationem expiirgari, et ad vilium ligamina pra>pa-
lavi. Qu» si nalura miiiiis lenta est, ante dies quindecim
pra^cidenda, et piirgata iu stercore obruenda est, ut len-
tescat. Sin auteni jamprideui caesa exaruit, in piscina ma-
ceranda est. Tum etiani per lucubrallonem forraiuenla
acuere, et ad ea facere, vel facla uianiihria aplaie, qiio-
rum optima sunt ilignea, deinde carpinea , post ii.rc fra-
xinea. Calendis Decembribus dies incoiliis, s.-cpiiis lamon
placidus. Octavo idus Deccmhris Sagittariiis niedius occi-
dit; tempeslatem siguificat. Septimo idus Decembris
Aqiiila mane oiiliir; Afiicus, interdum Auster, irrorat.
Terlio idns Decembris Corus, vel Seplentrio , interdum
Ausler cnm pluvia. His diebns qua» pra;lerita erunt supe-
riore menseopera peragi debebiint, ulique in locis tempe.
ratis aut calidis ; nam locis fiigidis recte fieri jara non
possiint. Jdibus Deccmbris Scorpio fotus mane exorltur ;
liiemat. Sexlodecimo calendas Janiiarii sol in Capricor-
niim Iransitum facit, briimale solslitium, ut tlipparcho
placel : ilaque lempestatem siope significat. xv calend.
Januarias [ventoruin comnuilalionem signilicat. x oalen-
das Januarias] Capra occidit mane, tempestatem slgnifi.
cat. Nono calondas Januarias bnimale solstiliuni ( sicut
Clialdrei olisoivant) sigiiilioat. Sexto calend. Jaiiiiarias
Delpliinus inMpil oriii iii.uio; lempestatem signilicat.
Quarto ealcMKtis Jaiiiiarias Aqiiila vespere occidit; liie-
mat. Tertio calendas Januaiias Canicula vespere occidit;
tcmpestatem significat. Pridie caleiidas Januarias, tem-
pestas ventosa. Ilis diebus qui leligiosius rem rusticain
colunt, nisi si vinoarnm caiisa pasliiios, negant debere
terram feiro coiiiiiioveri. Jlaqiie quiilquid cilra id goiuis
cflioi iiolost, id ab liis coiiiproliondiliir, ut olea legalur,
et [olomiil iDUliciatur, ut vitis palotur, ot capite feuus al-
ligolur, iil jiiga viiiois impouaiiliir, el capistrentur. Cx-
toiiini paliii, uo, idost nialerias alligare, hoctempore non
expoilil, (p;ia |iliirima' propter rigorem qui fit ex frigore,
fransniiliii. l'.i^Mint otiam liis diebus cerasi et tuberes et
Arnioiiiac-c atqiie amygdalae ciKteraique aibores qiuc pri-
ma^ ninciif , iiiseri coinmode. Nonnulli eliam legumina sc-
I)E UAGIUCULTIIK!:, UV. XI.
Le trois des nones , I'Ecrcvisse se coueiie ; temps
variabie. La veiile des uones, cVst le milieu de
riiiver; srand vent de midi , quelqnefois pluie.
Le jour des nones, la Lyrese leve le malin ; temps
variable. Lc six des ides, vcnt de midi et quel-
quefois vent Favonius. Le cinq, vent de niidi;
quelquefois pluic. La veille des ides, temps in-
certain. Les agriculteurs scrupuleux s'abstien-
nent eneore pendant ces jours-ci de travailler a
la terre, de facon neaimioins qu'ils mettent la
main a chaque espeee de travaux le jour meme
des calendes de janvier, pour se rcndre les au-
gures favorables en remettant au surplus le labou-
rageaux ides suivantes. Maiscommeun metayer
ne doit pas non plus ignorer ce qu'il faut donner
par jour a chaque paire de bceufs, de mois en
mois, nous allons aussi donner ledetail de cette
administration. Au mois de janvier, il leur don-
uera dela pailleavecsix.<cj;^a/7i d'ersdetrempe;
ou un xemodiux de gesse moulue;ou il remplira
de feuillages un panier dont on se sert pour met-
tre leur nourriture , qui soit de la eontenanee de
vingt modii; ou il leur donnera autnnt de paille
qu'ilseu voudront, avec vingt livres de foin;ou
bien encore des feuillages verts, soit d'yeuse soit
de laurier, trescopieusement ; ou enfin des herba-
ges d'orge seches, qui leur valent mieux qiie tout
le reste. Au mois de fevrier, de nieme. Au mois
de mars, de meme; ou cinquante livres dc foin
s"ils doivent travailler. Au mois d"avril, des
feuilles de ehene ct de peuplier; mais depuis les
calendesjusqu'aux ides, de la paille ou qiiaraiite
livres de foin. Au mois de mai , du fourratre cn
abondanee. Depuis lesealendesde jnin, des feuil-
lages cn aboudanee. Au mois de juillet, de
nieme. Au mois d'aout, demenie; ou cinquante
livres de paille d'ers. Au mois de scptembre , des
feuillages en abondance. Au mois d'oetobre, dcs
feuillages et dcs feuilles de (iguier. Au mois de
novembre, la valeurd'un pauier de feuillages ou
de feuilles de figuier jusqu"aux ides; et depuis
les idis un modius de gland m(Me avec de ia
paille, et un modiiis de lupins detrempes et me-
les avec de la paille; ou des melauges d'lierba-
ges coupes a temps. Au niois de dceembrc, des
feuilles seehcs ; ou de la paille avec un scmodin.t
d'ers detrempe; ou un srmndiiis de hipiiis de-
trempes avant d'etrc mesure ; ou uii i/iodins de
gland, comme nous avons dit ei-dessus; ou des
melanges d'herbages.
]|[. Comme nous avons paieoLHU les travaux
quele metayer doit executer dans les temps de
raimee (jiii sont fixcs pour chacund'eux, noiis
ailoiis a ]'r(^seiit, en nous rappelant la promesse
par laquelle nous nous y sommes eiignges , joiii-
dre a la suite de ce detail la culture des jardins,
dont il doit esalement s'oecuper, tant pour dimi-
nuer ia depense de sa nouriiture journaliere,
que pour avoir dcs mets de cnmpagne non
acheles, eommedit lepoete, a prf^senter n son
maitre lorsqu'il y viendra. Democnte, dans le
livre auquel il a donne le titre de Gcorrjiqiies ,
est d'avis que ceux qui consti uiscnt les murailles
pour clore des jardins agissent peu prudeinment ,
pnrce qne , d'un c()\.c, si une muraille n'est cons-
triiite qu'enbriques, ellene peut pas durer iong-
temps, ntteiidu que les pluies et le mauvais temps
rfiidommagent comniuntimcnt, et que , d'uii
autre cAte, si on la coiistriiit en pierres, ce fcra
une depeiisetrop(?levee pour cegeured'(}coiinniie
riistiqiic, outre que poureuclore decette maiiiere
iin jardin d'uue graude ('tendue , il fnudiait t'tre
Irop opulent. Je donnerai donc une facon dc
mellre un jardin a rabri des incursions des hom-
runt. Calondls Jaiuiariis dics inccrliis. Tcilio non.is Ja-
nuarii Caiicer o(-ciiiit ; lciii|icslas v:iria. IMidie iinnas Ja-
liuarii niedia liieiiis; Austci- iniiltus, iiilerdum pluvia. .Noii.
Januariis l"idis exoritur mane; t(!ni|ieslas vaiia. Sexlo
idus Januaiias Auster, inlerdnni FaMiiiius. CJninto idns
Jan. Ausler, interdnm inilier. Pridie i<lns Jjn. inccrlus
stalus ca>li. Per lios qnoqne dies alistincnt tci rcnis operi-
bns reli^iosioies agiicola;, ilalanicii ul ipsis calcn. Janna-
liis auspicandi causa omnc gcniis opcris inslanront, cicte-
ninidiKeianltenenainmolilioneniusiinc iii pioviinas idus.
Sed nec ignoiarc debeliit viliicus, qnid iini jiigi) Imnm
qnoquo men.ie per .singulos dies pia'Slaii satis sil. (^nare
hnjus quoqne cuiac rationeni sulijiciinnns. Mense Jaiiua-
rio paleascnin crvi macerati S(!\Lniis sex, vel paleas iinn
ciceicnlii! fres.-e semodio, vel frondis corbcin pabulaloriuin
modionim vij;inti, vel paleas qnaiitnm veiiiit, el ((eni
poiido vi;;inli, vel alTatim viridem fioiidem ex ilice vel
iauio, vcl qiiud liis onniibns piieslat, farraKinem ordea-
tcani dabil sic(am. l'"ebniario mense idem , Mai tio idcm,
vel , si opns facturi snnt , foni poiulo qninqiiagiuta. Aprili
fiondem qiicnieain, cl piiinilueani. K\ (al. ad icins vel
paleasvel lieni pondo quadiagint;i. Maio pabiilniii allalim :
Jiinio e\ calcnd. frondciii affalini : Jiilio ideni, Anguslo
idem, vel paleas ex ervo pondo qninquaginta. Scpteuibri
Irondem alTatiin , Oclobri froinkin , et liculnea lolia. Ko-
vcinb. ad idiis fiondeinvel folia licnhica, qna^ sint corbis
iiiiius. \.\ idibiis nlandis niodinin nniini palcis inntiis-
tnin, cl iMpiiii nincciali inodinin nniiin palcis iniiiiistnin ,
vcl nialniain f.inanincm. Oecenib. fiondoiu aridani, vel
paleas cnni orvi scmodio niaceralo, vol Inpini, quod ex
semodio maccrato exiiji il vel glandis modiuin unum , ut
snpra seriptnin csl, vol fanaKiiiem.
III. tt (pioniain pcrcensniiniis opera, qiire suis quibns-
qiiott'inporil)usaniii villionni evcqni oporteret , menmios
polliciti iiostri subjniifiemns ciiltns liortoinm, qiiornm
■r(|iie cnrani susijipeie dcbebit , nt ot quolidiani violiis
sni lcvelsumplnm, eladvenieiili douiino piajbcat, (piod
ail pocta, iiiemplas ruris dapes. Oeniocritus in eo libro,
ipicm Geoigicon appellavit, paruin prndenler censet eos
laoore, qui liortis exlruant mnniinenta , qiiod neqiie latere
fabiicala maceries pcieniiare possit, pluviis ac lempeslati-
biis plenimqiic infostala, neqiie lapides supra rei dignitalom
poscat impensa. Si vcroampliini moduni ^epiicquis volit,
patrimonio csse opus. Inse isilur ostcQdam cationcni.
COLIIMICLLE.
mes et de cclle dcs bestiaux sans gvaiuls frais.
Les auteurs les plus auciens oiit pretere uiie liaie
vive a un treillis compos? de pieces de bois,
non-seulemcnt parce qu'elle entralnait nioiiis de
depense apres elle, mais encore parcequ'elle du-
rait plus longtemps que des ouvrages plus con-
siderables. En consequence , ils ont donne la me-
thode que voici pour former des buissons en
semant des epines. II faut apres requinoxe
d'autorane , et des que les pluies auront buniecte
]a terre, creuser deux tranchees, a la distauce
de trols pieds Tune de Tautre, autour du lieu
que Ton voudra clore de haies. II suffira que
ces tranchees aient deux pieds tant en largeur
qu'en profondeur: du reste, on les laissera passcr
rhiver a Tair sans y rien mettre , et Ton se con-
tentera de preparer alors les graiues que Ton se
proposera d'y semer par la suite. Cts graines
seront celles des plus grandes epines, et princi-
palement de la ronce, du paliure, et de cette
plante que lesGrecs appcllent zuvo'c!S7.tov, et que
iious nommons se^itis canis. On choisira les
graines de ces ronces les plus mi!ires , et ou les
melera avec de la farine d'ers moulu ; apres quoi
on roulera dans cette farine , prealablement
mouillee , de vieux cordages de navires , outelle
autre espece de corde que ce soit; lorsq«'en-
suite cescordes seront biens(5chees,on les serrera
sur un planehcr, pour y rester jusqu'a quarante
jours par dela le solstice d'hiver; puis, vers Tar-
rivee dcs hirondelles, et lorsque le vent Favo-
niits commenccra ii s'e!ever apres les ides de
fcvrier, on tarira Teau qui pourra s'etre amassee
dans les tranchces pendant rhiver, et on les rem-
plira, jusqu'a la moitiede lcur profondeur, de la
terre ameubliequi etaitrestee eutassee sur leurs
bords depuis rautomne. Enfin on tirera les cor-
des dont nous venons de parler des planchers
sur lesquels elles etaient serrees , et npres les
avoir developpees, on les etendra le long des
deux tranchces, en les recouvrant de terre, de
facon neanmoins que les graines d'epines adhe-
rentes aux tourons de ces cordes ne soient pas
chargees de terre au point de ne pouvoir plus
gcrmer. Ellesgermeronten effet vers le trentieme
jour; et lorsqu'elles auront commence a prendre
quelque accroissement, on leshabituera a se pen-
cherducotederintervallequiseparelestranchees.
II faudra fieher en terre au milieu de cet inter-
valle une haied'osier, sur laquelle monterontles
buissons de Tune et Tautre tranehee, ctqui leur
tiendra lieu , pour ainsi dire, d'une espece de
soutiencontre lequel ils s'appuieront , jusqu'a ce
qu'ilssoient fortifies. II est visiblequ'on ne pourra
jamais venir a bout de detruire ce buisson,a
moins qu'on ne veuille le dcterrer jusqu'aux ra-
cines : d'ailleurs personne ne doute qu'il ne soit
dans lecasde reprendre encore mieux, lorsqu'il
aura ete endommage par le feu. Voila donc la
facon d'euclore un jardin ([ui a ete le plusap-
prouvee par les aneiens. Au surplus, il faudra ,
si la situation de la tcrre ne s'y oppose point,
dioisir pour son emplacement un lieu qui soit
dans le voisinago de' la metairie : rimportant
esl que ce lieu soit gras, ct qu'il puisse etre ar-
rose par un ruisseau dont les eaux cotderont a
travers, ou, s'il ne s'y trouve pas d'eau courante,
par un puits a bonne sourcc. Mais alin d'etre as-
sure que ce puits ne manquera jamais d'eau , il
ne faudra le creuser que lorsquc le soleil sera
dans les derniers degrcs de la Vierge, c'cst-a-
dire au mois de septembre avant requinoxe
d'automne , parce que le meilleur temps pour
reconnaitre la bonte d'une source d'eau , c'est
qna iicin niagna opera lioitum ab incursu hominum pecu-
<lunKiiie niunimus. Yclustissimi auctores vivam scpem
sUuctili piBCtulenint, qiiia non solum minorem impensam
(lcsideraret, veninieliam (iiiilurnior iniincnsis tcnipoiibiis
peimanerel : ilarpie vcpiis efliciendi consitis spinis latio-
nemlalem reiWitlcriiiit. Locus, quem sepire deslinaveiis ,
ab .Tquinoctio autmnnali simulatque terra maiUicrit im-
liribiis, ciicumvallantlus est tliiobus sulcis tripedaneo
spalio inter se distantibus. Modum altitudinis (et latitu-
dinis) eorum abnnde est esse bipedaneum : sed eos va-
cuos perhiemare paliemiir pia^paratis seminibus, quibus
obserantur. Ea sint vastissiinarum spiiiariim, niaximeque
rubi, et paliuri, etcjusqiiam Graxi vocant x'jv6(jSiitov ,
iios sentem caiiis appellamus. Horuni autem ruborum se-
mina quani maturissima legi oportet, et eivi molili farin:e
imniiscere : qua; cum est aqiia conspcrsa, illinitur vel
nauticis vcleribiis funibus, vel quibuslibct aliis rcstibus.
Siccali deinde funiculi reponuntiir in tabulato : mox ubi
liiiiina confecla cst, intermissis quadraginta diebus, circa
liiniiKliiiis adventiim , cum jam Favonius cxoritiir, posl
iiliis Frlnuarias si qiia in sulcis per liicmem conslitil
aqiia, cxliauritiir. rcsolulaquc liumus, qiia' ciat auliinnio
re^esta, iisipie ad mediam siilconim allitudinpinrcponilur.
Pra'Oicti dcinde funes de tabulato prompti explicantur, el
in longitudinem per utrnmque siilcum porrccti obruunlur,
sed ita, iit non iiimium supergesla terra semiiia spinariim ,
quKinlia^rcnltorisfuniculorumjenascipossint.lCafereciira
ti igesimiiin diem prorepunt ; atipie ubi cceperuntaliquod iii-
creinentiim liabcre,sic insucsci delient, ut in id spaliuin,
quod siilcis iuterjacet.inclinentur. Oportcbilautemvirseam
sepem inlerponeie, quam superscemlant sentes utriusque
sulci, et sit quo intei dum quasi adminiculo priiisquam corro-
horcntur, acqiiiescant. Hiinc veprein manifestum est inle-
riini non po.sse,nisi ladicituseftodere velis. Cieterumetiara
post igiiis injuriani nielins lenasci, niilli dubium est. £t
iia>c quidem claudendi liorti ratio maxime est antiquis
piobata. Locum autem eligi conveniet, si perniitlit agri
situs,juxta villam, pirecipnepinguem, quiipie advenienle
rivo, vel si non sit lluens aqua, fonte puleali possit
iirigari. Sed ut certani perennitalis puteiis liabeal fidem,
tum demiim effodiendus est , ciim sol ultiiiuis paitcs A'ir-
ginisobtinebit, id est mense Septemb. ante aequinoclinm
autumnale : siquidem tunc maxinie exploianliir vires
fontium , cum ex louga siccitate /cstatis lcrra tarel Im-
DE L'AGR1CULTU1U:, IJV. \1.
iorsque les longiies seehcresses de Tete ont abso-
lument denue la terre de toute eau de pluie. 11
r.iut cneore prendre garde que remplacement du
jnrdiii ne soit au-dessous de Taire, de peur que
l.irsq«'on viendra a battre le ble, le vent iie
lasse voler sur la superficie des pailles ou de la
poussiere, foutes choses funestes aux plantes
pofai^eres. Ou distingue deux saisons dans les-
quelles on peutdisposer le terrain et le faconner
au pastinttin , parce qu'il y a de nieme deu.x sai-
sonsdans lesquelles les plantes polaijeres peuvent
etre semees , la plus grande partie d'entre elles
liouvant rctre enautomne ainsiqu'au printemps.
II vaudra raicux neanmoins preparer le terrain
au printemps dans lcs lieux arroses , taut parce
que la doueeur du temps qui se fait senfir au
commencement de rannee accueillera favora-
blemcnt les scmenees au nioment qu'elles ger-
nieront, que parce qu'on pourra renv-dier a la
i secheresse de Tete, qui succedera a cctte saison,
par des eaux de souree; au lieu que lorsque la
nature du lieu ne pcrmet point de fournir aux
semences de Teau naturelle ou artificiclle, on
n'a pas d'autre ressource que celle dcs pluies
(i'hiver. Ce n'est pas quon ne puisse faire de
bouDe besogne dans les lieux mcme les plus secs,
pourvu qu'on y laboure le sol au pastinitm plus
profondemcnt que dans les lieux arroses : il fau-
dra a cet effet le fouiller a frois pieds de profon-
deur, de f.icon que la ferre qui se frouvera gon-
flee par le labour nioute a la hauteur de quatre;
lorsqu'on aura au eontraire la faculte d'arroser,
il sutTira de retourner la ferre crue avec une houe
de petife dimension, c'est-a-dire, dont le fer
n'ait pas tout a lait deux piedsde hauteur. Quoi
qu'il en soit, on aura soin de faconner au pasli-
num pendant raufomne , vers les calendes de
novembre, le ferrain que Ton destinera a etre
ensemence au prinfemps, et de refourner au con-
traire au mois de mai cclui (jue Ton voudra
couvrir en automne, alin ([ue lcs mottes deferre
aicnt le tcmps de su dissoudrc aux froids de rhi-
ver et aux chaleurs de \'(i\.i. , et que toutes les
racines des herbcs perissent. U ne faudra pas le
fumcr longtempsd'avance ; mais lorsque lc femps
de rensemencer approchera , on en arraehera les
herbes eiuq jours avant ct on le fumcra,apres
quoi on lc binera avec raftcntion neeessaire pour
iucorporer ce funiier a la terre. .\urcste, le
meilleur fumier pour cct usage est le crottin
d'<ine, parcequec'est eeluiqui engcndre le moins
d'herbes : vient ensuite eelui des bftcs de som-
me ou des brebis, pourvu qu'il soit resfe en tas
pendant une ann(!'e. Quant aux excremenis hu-
mains, quoiqu'ils passent pour efre excellents, il
n'cst pas n^^ianmoins nccessaire dc lcs employer,
a moins ([ue le terrain ne soit d'un gra\ier piir,
ou d'un sable tres-di^li^i et sans aucune vcitii ;
auquel cas il lui faudrait des aliments de la pliis
grande substance. Ainsi, apres avoir beche le
terrain que Ton destinera a etre ensemence aii
prinfemps, ou le laissera se consumer apres Tau-
tomne par les froids du solsfice d'hiv('ret par
les hruines , parce que la violencc du froid n'af-
line pas moins la tcrre etnc ladissout pas moiii.s
en la laissant fermenter, que ne le font les cha-
leurs dfi ret(j par une raison contraire. On nc ri-
pandra done le funiiersurce terrain que lorsque
le solsfice d hiver sera passe; ensuite on le dis-
tribuera par planche, apres Tavoir bine vers les
ides dejanvier. II faufcependant avoir raftention
de ne donncr a ccs planehcs que la largcur w-
cessaire, pour que les ouvriers qui cn arrache-
ront les mauvaises herbes puissent aiscment af-
tcindre avec la main jusqu'au railieu , afin qu'en
eberchant les herhes ils ne soient pas forc(?s de
fouler aux pieds lcs semences ; mais qu"au con-
traire ils puissent arracher ces herbes des deux
moiepliiviali. Providendiim est aiiteui, np. Iiortus aieic
subjareat , neve per tritiirani venti possinl paleas aiit pul-
veieniin eiim pcrfciie: nauiiitraquesuntolerlbusinimlca.
Mox ordiiiandi iiastinandique suli diio siint tempoia :
quoniam iliur quoipie olciiim satiiiiics : nain et autumno
et Tcre plurima scriiiitiir ; niclius taincu verc riguis locis ,
qiioniam ct nasccntis aiiiii clcincntia excipil prodeiinlia
scniina; cl sitis a'Slatis rcstiii^uitur fonlibuS'. At ubi loci
naliira iicque maiiii illalam, iieque sii.t sponlis aquain
iniiiistiari patitiir, iiulliiin quiilem aliiid auvilium cst,
quam liicmalcs pliivia'. 1'otcst tamenetiani in sicclssimis
lof is opus custodiri , si dcpressius pastiiieliir solum : cjus-
qiic abuiide est graduui efruderc tribus pcdibus , ut lu
qiialuor consuii^at icseslum. Al iibi copia cst rigandi ,
satis crit noii altu bipaliu, id est, miiius qiiajn duos pe-
dcs fcrramenlu novale converti. Sed curabimiis, ut ager,
qiiem vcre conseri oportct, aiitumno circa calend. No-
vemlnes paslinetur : qucm deinde velimus autumiio in-
slilucre, inense Maio converlemus, ut aiit liicmis frigori-
bus, aut a'stivls solibus cl gleba solvatiir, ct radiccs
lierbariim nccentur : iiec iniilto aiite sfcrroraredcbcbinnis ;
et cum salionis appiopimpiabit tcmpiis, antc (piintum
dicm evlicrlpandus erit locus, stcrcoiandusqne, et ita
diliscntcr fiissiune iterandiis , utfiino tcrra ciimmisceatnr.
Opliinuni vcro stcrciis est ad liunc usum asini , quia mi-
nimum lierbarum crcat: proximnm vcl arniciiti vcl oviiini,
si sit anno maccratum : nani qiind lioiiiincs facinnt,
qiiamvis liabeatiir cxcellentissimum, non taiiicn nccesse
esl adliibcrc, nisi aul iiud.e glarciic.ant sine lUlo roborc
snlulissim.1^ arcn.T, cum major scilicet vis alimenti dcsi-
dciatur. Igilur solum , quod vere consererc dcslinavcri-
mus, post autumnum paticmur effossum jaceie bruma;
frigorilius et pruiuis iniircndum : qiiippe e contrario sicut
Ciilor a'statis , ita vis frigoris cxcoqiiit terrani, rcrmenta-
tamque solvit. Quare peiacta bruina luin denium slcrcus
injiclclur, et circa idus Jannaiias liumus refossa in arcas
dividilur ; qua; tamcn .sic informanilie sunt , ut facilc run-
cantium maniisaddimidiani parlcm lalitudiniscanini pcr-
vcniant , ne qiii proscqiiuntur licrbas, scmina proi iili aic
tcyanlur ; scd potius pcr scmilas ingr(?<lianlnr, cl altcina
COLU-MELLE.
cott^s ck's planches alternativemeiit, en passant
pai- les senliers qui les borderont. Cc que nous
venons de dire pnr rapport a ce qui concerne les
operations necessaires avant l"ensemencement
doitsuflire. Nous allons a present priscrire les
genres dc culture qu'il faut donner au terrain
suivant les differentes saisons, ct entrer dans
!e detail des semences qu'ii y faut mettre , en
commencant par traiter des graines que l'on peut
semcr dans les deux snisons, c'est-a-dire, en
nutomneetnu printemps. Cesgraiiies sontcelles
du chou et de la Initue, de rartichaut, de la
roquette, du cresson alcnois, de lacoriandre,
du cerfeuil, de Tanet, du panais, du chervi, du
pavot. En effet, on peut les semer ou vers les
calendcs de septemhre, ou eucore mieux en fe-
vrieravaut celiesde mars, quoiqu'on puisseaussi
les confier a la terre vers les ides de janvier dans
les lieux secs ou temperes, tels que sont les
contrees maritimesde laCalabrie et de rApuIie.
Les plautes au contraire qiie Ton ne doit semer
qu'en automne (pourvu memo que Ton ait a
cultiver un terraiu maritimeou exposeau soleil)
sont b. peu pres celles-ci : Tail, les oignons,
roignon de Cypre, la raoutarde. Au surplus,
nous allons aussi parcourir mois par mois les
differents temps oii chnque plnnte doit commu-
nement etre confiee a la terre. On pourra donc
semer tres-bieu le passerage aussitot apres les
calendesdejanvicr. Au mois defevrier on mettra
en terre, soit en plante, soit en graine, la rue
et 1'nsperge, ainsi que lagraine d'oignon etcelle
de poireau : on y mettra aussi la graine des ra-
cines de Syrie ct celle des rnves et des navets ,
si Ton veut en recueillir au printemps et en ete.
Quant a rail et a Toignon de Cyprc, ce temps
e»t le dcrnier de ceux oii Ton puisse les semer.
On pourraneanmoins, dans les lieux exposes au
soleil, transferer vers les calendes de mars le
poireau (s'il est deja un peu fort) , de meme que
Ton pourra transplanter le panax a la fin du
meme mois, et vers Jescalendes d'avril le poi-
reau, rauxee et la plante de la rue qui oura
ete semde tard. 11 faut aussi scnier alors le con-
comhre, la courgeet lecaprier, afin qu'ils viennent
de bonne henre; car pour ce qui est de la graine
de poiree , on ne la serae avantageusement que
lorsque le grenadier est en fleur. On peut aussi
transferer sans inconvenient les tetes de poireau
vers les ides de raai. Passe ce temps, il ne faut
plus rien raettre en terre <i 1'approche de fete , si
ce n'est la graine de celeri, pourvu neanmoins
qu'on puisse farroser, parce qu'avec le seeours
de Teau elle viendra tres-bien pendnnt rcte. Au
reste, le troisieme des temps auxquels on pourra
semer est le mois d'aout, vers les fetes de Vulcain :
c'est meme le meilleur temps pour semer les ra-
cines et les raves, ainsi que les navets, !e
chervi, et meme le maceron. Voila ce qui con-
cernc les temps propres aux cnsemencements.
.Te vais maintenant entrer dans le dotail des
plantes qui exigent des soins particuliers : celles
dont je n'aurai point parle seront censeesn'avoir
hesoin d'aueun autre soiu particulier, si ce n'est
de celui qui consiste a arracher les raauvaises
herbes ; et je dirai une fols pour toutes a ce sujet,
qu'il faut travailler en tout temps a extermiuer
les mauvaises herbcs. L'oignon de Cypre, que
quelques personnes appellent ail punique, et que
Ics Grecs appeilent d-^poaxopooov, croit beaucoup
plusque rail : il faut, avant de le racttre en terre,
en partager la tete en plusieurs parties vers les
caleudes d"octobre, parce qu'il est compose corame
Tail de plusieurs gousses adherentes : lorsqu'on
aura desuni ces gousses, on les plantera par
sillons, cn les mcttant sur les raies qui scront
vjce diniiilias areas eruncpnt. H;ec, quss ante sationem fa-
tienda siiiit, dixisseabunde cst. Nunc quid quoquc tem-
|iore vel colenduni vel serendum sit, prxcipiamns : et
primuni de liis Kcncribus loi|uepdum cit, quae possunt
duobus seritemporibus,idestautumnoetvere. Suntautem
M'niinaliriissi( ri'1'l lactucie ,cinai'a!,ernca3, nasturcii, co-
riaiKJii, cli.eii-iibylli, anelbi, pastinacT, sisci'is, papaveris :
bac fiilm vel ciicacalend. Septembres, vcl melius ante
Cnlendas ;Mai lias Februar io serunlnr. Locis vero siccis, ant
ie|iiilis, qualia sunt Calabriae et AppnliiE maritinia, pos-
sunt circa idus Januarias terrce commilti. Itursns qua;
taritum autumno conseridebent (si tamen vel marilimun),
vel apricuni asrum incolimus) ha.'C fcre suiil, allinui,
ccpa; capilula, ulpicum, sinapi. Sed jam poliusquo qriid-
(|ue tempore teii;e niandari plerumque conveniat, per
irrenses digeiamus. Erfio post calendas Januarias confes-
lini recte ponetur lepidium. Mense autem l^ebruario vel
lilanla vcl seniine ruta, atqiieasparagus, et iterum cepa;
.semen et poiri : nec minus si vernnin et a;stivuni friictnm
voU-s Irabere, Syriaca; r-.idicis el lapa' napique semina
obrucs. Naiii allii, cl iilpici ulliina cst liiijiis lcmporis
posilio. .\t circa cilendas IMartias locis apricis licel porruin
(si jam ingranduit) transferre. Item panacem iiltima parte
Martii mensis. Deinde circa calendas Apriles a'que porrum
atque inulam,el sciotinam plantam Tiilte. Ilem ut matii-
rius nascatur, ciicumis, cucurbila, cappai is serenda est. Nain
senien bela',cnmPunicuni mabnn llorebil.trrm demnmop-
timeseritur. Porri autemcaprrl ciria idrr^ .Maias tulerabili-
ter adbuc transfertur. Post Iroc, riibil ingrriente .Tstale obrui
debet, nisi semen apii , si tarnen rigalurus es. Sic enim
opliure per a-stateni provenit. Cielerum Augusto circa
Vulcanalia tertiaSitio est : eaqueoplima radicis et rapse,
itemqiie napi et siseris , nec minus oleiis atri. Alque Iktc
suiit sationum tempora. Nnnc de ils, qua> aliquam curam
desiderant, singnlis loqriar, quxque pra'teriero intelllgi
oporlebit nuUain postnlare operam nisi runcatoris : de
qua seniel lioc diccnduni est, oinni tempore consulenduin
csse, ut lierba; exlerininentur. Ulpicum quod quidam
allium Punicum vocant, Gra^ci anteni afpodxopoSov ap-
pellant, longe majoiis est incrementi qiiain alliiiiii ; idque
circa calend. Oclobris, antequam deponalnr, e\ iino
capilc in plura dividetur. Habelenim velnl alliiiiii [ilures
DE LAGRICULTUR!-:, LIV. XI.
rniic lc:; silloiis, afii) qu"i'lles soieiit moins en-
dommaufesparles eaux do riiivcr. Ces raiesres-
sembleiil aux clevatious de tcrre que lcs paysans
ont soin de pratiquer daiis les champs laboures,
pour y placcr lc grain a Tabri de rhumidite;
avcc cette differenee qu'il faut les faire moiiis
largcs daus lcs jardiiis quc dans lcs cliamps. On
arrangera doiic sur le haut, c"est-a-dlre sur lo
dosde ces raies, a un jiahiius de distancc les
unes des autres, les goiisses d'oi2;non de Cypre
ou celles dail (car on scme aussi ces dernieres
de la merae facon). Les sillons qui separeroiit
ccs raies seront a un dcmi-pied de distance les
unsdes autrcs. Lorsque ces gousses auront jctc
parla suite troisfanes, on les sarclera : car plus
cette operation sera repetee souvent , plus ces
semenccs prcndront d'accroissement. II faiidra
ensuite, avant qu'elles forment une tige, tordre
et rccourber cn terre tout leur fanage, alln que
lcurs tctes devienncnt plus grosses. Mais, dans
les pays sujcts aux bruines, il ne faut semer ni
ruiie ui lautre de ccs plautes pendant rautomne,
parce qu"clles pcriraient au solstice d'hiver :
commc ueanmoins la rigucur de cette saison s"a-
doucit comnumement au inois de janvier, le
meilleur temps pour semcr rail et roignon dj
Cypre dans los lieux froids, e'est vers les ides de
ce mois. Au surplus, cn tel temps qu"on seine
ccs plantcs, ou qu'on lcs serre sur dcs planchcrs
([uand 011 lcsaura cueillics, on aura rattention
dans ccs pays dc ne les semeret dc ne les dctcrrcr
liue lorsque la lunescra sous tcrre , parce qu"on
prelend qu'en s'y prenant de cctte fucon , ellcs
ii"ont pas le gout trop fort, et qu"ellesn'empestent
pas rhaleine de ccux qui les mangent. II y a
tepcndant bien des personnes qui les senient
au mois de decembre avant les calendes de jau-
•11:5
vier, aii milieu dii juur, lorsque !a lcmpcrature
doucc de l'air ct la naturc du terrain le permct-
tent. II faut transfirer lechou lorsqu'il aura slx
fcuilles, en ohscrvant ncanmoins de ne le mettre
en terre qu'apres cn avoir ciiduit la racine avcc
dii fumier liquide, et ravoir enveloppe de trois
pctitcs bandes d'algue, paree qu'avcc cette pre-
caution il s'amollira p!us t()t a la cnisson, ct
qu"on n"anra pas liesoin de reeourir au iiitre pour
lui fairc conscrvcr sa couleur verte. Au surplus,
le meillcur temps pour le mettre en terre, c"est
apres les ides d'avril, pour les contrccs 1'roides
ct pluvieuses. Si , lorsque son pied aura pris
racine en tene, lejardinier le sarele et le fuine
aussi souvent qu"il lui scra possible , il s"en por-
tera d'autant micux , et donnera des tiges ct dcs
cimes plus grosses. II y a des personnes qui le
mettent en terre dans dcs lieux plus exposes au
soleil, depuis les caleudes de raars; raais poiir
lors il monte presque entierement en cime, ct
quand on !'a une fois coupe, il ne donne plus
par lasuitede grandcs feuillescn hiver. On peut
aussi le transfcrer jusqu'a deux fois, lors mcme
qnc sa tigccst forti'; ct l'on pretend que de ccttc.
iacon il donne plus de graines, et que cette grainc
est plus grosse. II faut que la laitne ait autant de
feuilles quc le choux pour etre transferee. On la
raet tres-bien en terre dans les lieux exposes au
soleil ct marilimes, pendaut rautomne; mais 011
aurait tort de lc faire au milieu desterres et dans
les pays froids : il n'cst pas non plus avantageux
de Ty mettre pendant Thivcr. D'aillcurs 11 faut
aussi cnduirc sa racinedefumier, etelledemande
pliis d'eau que le chou, pour que ses feuilles
devienncnt tendres. Au reste, il y a plusieurs cs-
peces de laitues, qu'il faut semer ehaeune cn
son temps. On semc a propos au mois de janvier
coliffiionlcs spicas, r;rqiif ci;!!! sint ilivisa;, liratim sori
(lclicut, ut iii |)ul\iiiis posiNc iniiiiis iiireateiilur liicmis
iiqnis. list iiiitciiilirasiiiii!isi'i pnica', quam in sationibus
campestiilins lustici faciniit, utuligincm vilent : sed liaec
in liorlis minor esl lacienda , ct per suinniaiii partem ejiis,
iil cst in <i(irso inler paliiiaria spalia spicie ulpici velallii,
nani id cinoque siniilifcr conseritur, disponcnda! siinl.
Siilciliianmi inter se disteiit semipedali spatio. Deiiide
cum lernaslibras emiserunt spicre, .sarriantnr. Nam (ino
s.epiusid factnm esl, majus seminacupiniit iiicrenieiitiim.
Oeinde ante quam caiilem faciant , oniiicm vii nleir. supci •
liciem iiitorquere , et in terram prosterncrc coinenict, (pio
vastioia capita fiant. Regionihiis autem priiinosis neiilriiin
lioriim per aiitiimnum seri deliel : naiii liriimall lcmpore
(orruiiipnntur : qiiod fere nien.se Januario mitescit : el
idcii(ofni;i(Iis locistcmpiisoplimum cst allinm vel iilpi-
cum ponendi ciica idiis pivfdicli iiiensis. Scd (inandoipie
vel consereiiius, vel jam maliira in taliiilatnm lepdiiemns,
scivabiniusin iis loc.is,qiiibnsaiil olirupnttir.antcruenliir,
nl liinainfra lcriam sil. Nain sie sala, ct riirsus sic recoii-
ilita, e\isti!nanliirncque acerrimi saporis exislere, iieipie
inaiidentiuiu li.diliis inodoraru. Miilli lanien hax ante ca-
lend, Jannarias niediis dielms senint nicnse Dccemhri, si
c.uli teporet silus tcrrii' perinillil. Brassica, tiiin vi folio-
iiira eiit, translcrri deliet, ita ut radix ejiis liqiiido fiiuo
priiis illita, et involula Iribus algae InBniolis pangatiir.
lliec enim res cfficit, ut in cocliira celerius madescat et
viridem colorem sine nitio conservet. l';st aiilem Irigidis
ct (iliiviis regionibus positio ejiis oplima post idns Apri-
lis; ciijiis depressi» planlir ciini tenHerint.qiiantum oli-
loiis ralio patitur, sa-piiis sarrila el slercorata mellus
convalescil, pleniorisqne inciemeiiti et colicnlum lacit et
cviiiam. Nonniilli liaiic eandeni loris apricloribiis a calwid.
Marliis depoiiunt : .scd major paiscjns in cymani prosilil,
iiec poslea liihernnm caiilem amplnm lacit, ciiiii est se-
mel desecta. Possis antem vcl maximos caiiles bis traiis-
feric. Idqiic si facias, pliis seminis, et majoris incremenli
pra^bere diciintur. Lactnca lolidem fuliorum ipiot bras-
sica transferii dcbet. Locis qiiidcni apricis, el niariti-
iiiis optiiiic aiitiiinno poiiiliir, mcditerraneis et fiigidis
conlra : liieme non avpie conimode dispergilur. Sed liujus
quoque radix limo liniri debet, majoreiii(|ue copiam desi
(lerat aqiia», sicquc III tenerioris folii Sunlaiiteni conipliiia
lactucrc geiicra, quoe suo qiiidqiic lempoieseriopoilet :
COLUMKLLE.
celle donl la couleuv est brune et conime pour-
pree, ou meme la verte dont les feuillcs sont fri-
sees, de nieme que celle de Cecilius. Pour celle
de Cappadoee, dont les feuilles sont pflles, pei-
gnees et epaisses, on la seme aussi an mois de fe-
vrier : vient ensuite la blanche et dont les feuilles
sont tres-frisees, qu'oa voit dans la province de
Betique et sur les confins de Gadcs; on la seme
tres-bien nu niois de mars. Oii recomraande
cncore la laitue de Cypre, qui est d"un blanc ti-
rant sur le rouge, et dont les feuilles sont lisses
et tres-tendres : on la seme commodcment jus-
qu'aux ides d'avril. On peut neanmoins scmer
la laitue presque pendant toute rannee, dans
les climats exposes au soleil, ainsi que dans
les lieux oii Ton a de Teau en abondance. Pour
rempecber de montcr trop tot en tige , on niettra
au milieu de cette plaute, lorsqu'elle aura deja
pris quelque accroissement, une pctite brique,
dont le poids venant, pourainsi diie, a la resser-
rer, la contraindra de s'etendre en largcur. On
suit aussi la meme methode par rapport a la chi-
coree, avcc cette differenee qu'elle supporte
raieux Thiver. Cest pour cette raison qu'(in peut
la senier au commencement de rautomne nieme,
dans les pays froids. On fera bicn de transplanter
les oeilletons d'artichaut peudant re((iiinoxe
d'automue, au lieu qu'il sera mieu\ d'eii semcr
la graiue vers les calendes de mars : mais quand
on raettra les pieds d'artichaut en terie vers
les calendes de novembre, on les fumera a^ ec une
grande (juantite de cendre, parceque c'est Tes-
pece de fumier qui parait la plus convenable
a cette plante potagere. On laisse la moutarde
ct la coriandrc, ainsi que la roquette ct le ba-
silic, a rendroit m^me oii on les a sem(?s, sans
les transplanter ; et la seule culture que ces plan-
tes demandent consiste a (jtre fum(ies et debar-
rassees des raauvaises herbes : du reste , on peut
les semer non-seulement en automne, mais en-
core pendant le printemps. iN(;anmoins , si Ton
transfere la moutarde en pied au commencement
de rhiver, elledonnera plusde eime au printemps.
On seme le panax pendant les deu.x saisons dans
une terre bien lcgcre et bien labouree, et i'on a
soin de le semer le moins dru que faire se peut,
afm qu'il preune plus d'accroissement. II est
cependant mieux de le seraer pcndant le prin-
temps. Pour avoir des poireaux que l'on puisse
coupersouvent, ceux qui nous ontdevances ont
prescrit de les semer drus, et de lcs laisser dans
Tendroit oii ils auront t'te semi's, pour les cou-
jicr ensuite lorsqu'ils seront devenus grands.
Mais rusage nous a appris qu'il (3tait mieux de
les transferer, pour les planter, comme les poi-
reaux a tete, dans des intervalles modiques ,
c'est-a-dire de qualre doigts, et les couper lors-
qu'ils seront devenus forls. Qunnt aux poireau\
auxque's on vent procurer une grosse tete, il
faut avoir soin, quand on les trausplante , d*en
couper toutes les petites racines, et de tondi'e
rextremit(5 superieurede leur fane avant de les
mettre cu terre : apri's quoi on enterre de petites
briques ou des coquilles sous leurs pieds, pour
feur scrvir comme de siege , alin que leur tete
prenne plus dc Inrgeur a mesure qu'ils croitront.
La culture du poireau a large tiite consiste a etre
sarclt; et hime assidiimeut. II n'y a cepeudant
pas de culture diftt^rente pour celui que ron veut
couper souveut, si ee n'est qu'ou doit Tarroser,
le fumer et le sarder toutes les fois qu'on Ic cou-
pera. On en si'.mc la graine dans lcs lieux ehauds
au raois de janvier, et daiis les lieux froids au
raois de ftjvrier; et pour lui faire prendre plus
d'aecroissemeut , on a soin d'cn envelopper plu-
sieurs graines dansdepetits lingesclairs, avant
eariim quae fuscl, et veliiti piirpiirei, aiit ellani virldis
coloris , et crispi folii , iili Cicciliana , niense Januaiio
recte (li.sseritnr. AtCappadoiia, (lu.c pallido et poxoden-
soque folio viret, mense Feliriiuio : iiiiif deinde canilida
e.sf , et crispissimi folii, iit in pioviiu ia l!a.'tica et linibus
Gaditani inunicipii, mense Mart. rectc iiaiigitiir. T.st el
Cvpiii genciis e\ albo rnbicunda, lcvi cl leoeriimo lnlio,
qu.e iisiiue in idiis .April. conimode dispoiiiliir. Kcre la-
men aprico cseli slalu, quibus locis aqiiarum copia ett,
peiie toto anno lactiica seri potcst : qua; quo laiiliiis cau-
lem faciat, cumaliquod incrementum liabuerit, exiguiun
testam media parle accipiat, eo qiiasi onere coercita in
latitiidiiicm .se diffnndit. Eadem esl ratio etiam iiilylii,
nisi quod liiemeni ma^is siislinet : ideoque vel frigidis re-
Rionibiis primo autumno seri polest. Cinara; sobolem me-
lius per autumni Kqiiinoctium dlsponemiis; semen com-
inodius circa calendas Martias seremus; cjnsquc plantam
circa calend. Noveinb. deprimemus, et niiilto cinere sler-
corabimns. Id enim geniis stercoiis liuic oleri videtur
aplissimum. Sinapi alquc coriandruni, nec minus eruca el
ocimum, ita uti sata s.int, sua sedc imniota permancnl : nc-
que est eoruin ciillus alius, quam ut stercorala runcenliir.
Possunt aiilem noii soluin autumiio, sed el vere conseri.
Planta; quoque sinapis prima liieme translatic pliiscyma!
vereafferunt. I^inax utioque tempore levi et subacla terra
rarissiinedisseritur, qiio majus incrcmeutum capiat : me-
lior tamen ejus verna satio est. Porrum si sectiviim facere
vclis, densius satum pra^ccperunt prioies relinqui : et ita
cum increverit, secari. Sed nos docuit usus longe melius
lieri, si dilferas, et eodem moie, quo capitaliim modicls
spatiis, id est, inter quateriius digitos depangas, et cum
convalucrit, deseces. In eo autein(|uod magni capitiseffi-
cere voles, servaiidum est, ut ante qiiam tianslalum de-
ponas , omncs ladiculas ainputes , et fibrarum summas
partes intondeas. Tum testiila!, vel concbce, quasi sedes
singulis subjeclx seiQinibns adobriiuulur, ut iiaut capila
latioris incremenli.
Cultus aulem porri capitali assidua sarrilio ct stcrco-
ratio est. Nec alius tameu sectivi , iiisi qiiod loties rigari ,
et stercorari , sarririque debet, quoties demetitur. Scmeii
cjus locis calidis niense Januario, frigidis l''ebi'iiario seri-
lur : ciijiis incicmentum qiio majus fial, raris linleolis
DK LAGRICULTURK, LIV. XL
di' les cou\ lir ilo tene. .\ii resle , (niand sa graine
cst Ifvcc , il liiut, daiis les lieux ou Ton ne ppiit
|jas lui roiii-Mir d'cau , le transplaiitcr vers rciiui-
no\c dautoniiie ; au lieu qu'on pcut le transplan-
fer au mois de mai dans eeux ou ou pourra lui
donncr de Tcau. On peut aussi planter raelie en
pied comme en ^iaine, mais c'cst Teau qui lui
tait le plus de bien; aussi fait-on tres-bien de
(a iuettre aiipics dcs fontaines. Si Tou veutqu'clle
ait dcs fcuiilcs larges, on cnvcloppcra daiis un
petit liii£;c clalr cc que ron pourra pincer de sa
graine avec trois doigts ; eteii la seniant ainsi sur
des planches , clle se herissera. iMais si Ton aime
mieux qirdlc aitdes feuilles frisees, on en mettra
la graine daiis un mortier ; et apres Tavoir ecrasee
avee un pilou de bois de saule et en avoir dcta-
che les eoi[ucs , on l'eiiveloppera de meme dans
de pctits liniics avant de la couvrir de terre. On
peut aussi , sans prendre tant de precautions,
la faire friser, de quelque facon qu'clle ait cte
scinee, en reprimant les accroisseraeiits , lors-
(|u'elle sera levee, avec un cyliiulre que Ton
roulera dessus. Le nieilleur temps pour !a semer,
c'est (lepuis lcs ides de mai jusqu'au solstice,
parcc qu'ellc aime la elialeur. Cest aussi a peu
prcs dans lc mijme espace de temps que ron
scmc le basilic : lorsque sa graine est semee, on
1'oule soigneusement laterre avec unehieou avec
un eylindre, parce que, si on la laissait dans
son etat de gonflement, il arriverait commune-
ment que cette graine se pourrirait. Le panais ,
lc chervi ct raun^^-e pienncnt de la force dans un
lcriain laboure profondcment au pastinum ct
bien fumc : mais il faut semer ccs plantes trcs-
clair, si l'on veut qu'elles preniient cncore plus
(raceroisscraent. Quant a Taunc-e, il faut Tcspa-
cer de trois pieds en la scmant, parce qu'elle
donne de grandes tiges, ct quc ses racines s'e-
tendent sous terre comme lcs ycux du roseau. Au
reste, la culture dc toutes ees plantes ne consiste
qu'a les dcbarrasser dcs lierhes en lcs sarclant :
et on peut tres-bicn lcs meltre en terre au com-
raenceraent de septembre ou a la (in d'aoiit. Le
maceron, que quelques Grecs appcllent tTVTrcirrAi-
vov et d'autres cy.upviov, veut etre semc en graine
dans un terrain fa(?onne au paslimnn, et surtout
auprcs dcs muraillcs, parce qu'il se plait a Tom-
brc, et (iu'il profite dans quelque lieii que ce soit.
D'aillcurs, quand il est une fois scme, il dure
(iterncllement, pourvu qu'on ne rarrache pas
absolument par lcs racincs, mais quc Ton en
laisse successivementmonter les tii;es en graine;
et il ne demande qu'une culture lcgere, qui con-
siste a le sarcler. On le seme nonseulcinent de-
puis les fetes de Vuleain jusqu'aux calcndes de
scptembre, mais encore au mois de janvicr. La
menthe veut trouver une moiteur douee dans la
terre; c'est pourquoi il est bon de la mettre aii-
pres des fontaines au mois de mars. S'il arrive
qu'on manque de graine de menthe, on pourra
prendre dans des jacheres de la menthastre, et
la planter en renversant sa cime par en bas :
celtc mt'thode lui 6te son gout sau\ ai;e, et en fait
de la menthe eultivce. II faut transferer au mois
de mars, dans un lieu expose au soleil, la rue
dont on aura scmii la graine en automne; on
ehargcra son picd de ccndre, et on arrachera
les mauvaises hcrbes qui renvironneront, jus-
qu'a ce qu'elle soit fortilice, de peur que ees
herbes ne la suffoquent. Mais il faut avoir la
maiu gantec pour faire cette operation, parce
qu'autiement ilyvieudraitdesulceresdangereux.
Si ccpendaut , faute d'i'tre instruit de ce danger,
on a arrach(i ccs mauvaises herbes avcc la maiii
com|ilura siana illigantur, atipie ita obrunntiir. Enaliiin
aiilcni in iis locis , qiiibns aqna snliministiaii non iiolcsl,
«lilfcri i ilebet ciica a'i|nin<ictium autumni : at (iiiibus pos-
sis iuimoreni |irrcbeie, mense Maio lecte tiaiisfertiir.
• Apiuin (|iioque iiossis plaiitis sereie, nec minus .semine.
1 [Sc(]] pnKcipue aqua Isetalur, el ideo .secuntlnm lonlem
' coinmoilissimc ponilur. Quod si quis id vclit lali fulii fa-
I cerc, (luaiituni seminis possint tics digiti compreliendeie,
raro linleolo illij;ct,et ita in arcolas dispositum relesel.
Vel si ciispa! fiondis id fieri maliieiit, senien ejus indiluni
pil.r, et saliRuco pilo pinsilnm , eNpoiituniqne, siuiililcr
|iii| linlcolis li;;alum obniet. l>olest eliam cilia lianc ope-
laiii liiii ciispinii qualllercunque satiim, si, cum (;st na-
loin, iiii lejiicidiim ejus siipeivoluto rjlinilio coeiceas.
■Salio cjiis csl optiina post idus Maias usqne in solsliliuni :
iiam te|H)iein desideiat. Fcic cliam liis diebiis ociina se-
Miiiliir : qiiorum cuni scmen olinitiim e.st, dilii^enter in-
riilraliir pavii iila vel cylindro. Nam si tenani suspen.sam
: reliiiqiias, pliTiiiii(|iieconiiinpitur. Pastinacact si.ser atqiic
I intila (■oiivalcscnnl alte paslinato ct slercorato loco : sed
! (|tiain rarissimc ponenda siint , iil majora capiaiit iucre-
! uieiiln. liitilain veiu intervallo trium peduin seii conveuil,
qiioniam vastos facil fruliccs, et radicibus, iil ociilus lia-
riinilinis, serpit. Kec est aliiis ciillns liiinini omninni,
nisi iit sarritioniliiis berb.ne tiillanlnr. Coniiiioilissime aii-
tcni dcponcntiir prinia parte Seplembris , vcl nllima Aii-
f>iisli partc. Alruni oliis, qnod (;.-iecorimi quidani vocant
iTc-oTi^ivov , nonnulli fffjL-jpvtov , pastinato loco seinine dc-
bet conscri , maxime juxta maceriain : qiioniam el umbia
Raudet, et qualicunqiic convalescit loco : idqne cnm seinel
sevcris , si non tntiim radicitiis tollas , sed alternos fnilices
iii .semen submittas , aivo nianet , parvamque sarritioiiis
e\i<;it cnlturam. Seritur a Viilcanalibus usqiie in caleiidas
Seplcmbris , sed etiain mcnse Januario. Mcnla diili cni
dcsiderat nliginem; qnam ob c.aiKsam juxfa fonlem niensi!
Martio recte fponitur. Ciijiis si forte semina dcfeceninl ,
licet dc novalibus silvcstrc menlaslrum colligere, alqiie
ila invcrsis cacuminibus disponere : qua; res fcritatcni
dctraliit, at()ue edomitam rcddit : rntani autninuo sc-
minc satam mense Marlio differre oportet iu apriciim, et
ciiicrcni aggerare, runcareqiie donec convalescat, ne lici-
bis eiiecelur. Scd velala manu debebit ruucari : qnani
nisi conlexeris , pcrniciosa nascunliir ulcera. Si lamcii p,r
ignniantiam nuda manu niiicaverisct prurigo ■•itiiuc Innmr
COLUMELLE.
iiue, et qiril y soit survenu une dcmmigeaisou avec
de ['enllure, on se la froltera de teraps en temps
avec de riuiile. La tige de cette plante se conserve
intacte plusieurs annees , a moins qu'uue femme
116 vienne a la toucher dans le temps de ses re-
gles, auquel cas elle se desseelie. Ce sonl phit6t
ceux qui prennent soin des ruches, que les jar-
diniers, qui s"adonnent, comme je Tai deja dit
dans un des livres precedents, a semer du thym ,
de Torigan d'outremer et du serpolet; mais nous
pensons cependant qu'il n'cst pas bors de propos
d'enfa)reaussivenirdanslesjardinspours'enser-
vir dans la cuisine, parce que ces plantcs sont ex-
cellentes pour assaisonner quelqucs mets. Elles ne
veulent point d'un terrain gras ni fume, mais elles
demandent qu'il soit expose au soleil ; d'autant
qu"elles viennent d'elles-memes dans des lieux
tres-maigres , et communementdans les contrees
raaritimes. On les seme tant en graine qu'en pied
vcrs requinoxedu printemps : il vaut cependant
raieux planter de jeunes pieds de thym dans un
terrain bien laboure; et pour qu'ils ne tardent
pas a prendre , on fera infuser dans de Teau un
jour d'avance des tiges de tbym broyees; et
lorsque cette eau sera bien impregnee de leur
suc , on en arrosera les pieds qui seront en terre,
jusqu'a ce quils soient bien fortifies. Quaut k
la sarriette , c'est une plante trop vivace , pour
que Ton se donne beaucoup de peine a la soigner.
Lorsque \ous aurez transplante le passerage
avanl les calendes de mars, vous pourrez le cou-
])er de temps en temps comme le poireau , quoi-
que plus rarement ; car il ne faudra pas le couper
passe les calendes de novembre, parce qu'il
mourrait pour peu qu'il fut maltraite pendant le
froid ; il reudra cependant assez bieu pendaat
dcux ans, si on le sarcle ct qu'on le fume avec
soin. II y a racme plusieurs pays oii sa vigueur
se prolonge jusqu'a dix ans. On seme la graine
de poiree dans le temps que le grenadier est en
lleur, et des qu'elle a cinq feuilles, comme le
chou ; on la transplante en ete , si Ton a un jardin
arrose; mais si lc terrain est sec , il ne faudra la
transplanter qu'en autonine, quand les pluies
auront commenee a tomber. On seme le cerfeuil
et rarroche potagere, que les Grecs appellent
aTpa-i.c!;u;, vers les calendfs d'octobre, dans
un climat qui ne soit pas tres-froid ; car si )e
pays est sujet a des hivers rigoureux, il faut
transferer ces plantcs de Tendroit oii elles auront
ete mises en mas^^e apres les ides de fevrier, en
les divisant. On suit la meme methode a Tegard
du pavot et de laneth. On prepare , environ deux
ans avant de les mettre en place, les pattes de
Taspcrge cultivce, ainsi que celles de Tasperge
que les paysans appellent corniila : on en seme
la gralne apres lesidesde fevrier, dans de petites
fosses creusees sur un sol gras et fume, de facon
que chaque fosse en contienue autant que Ton
pourra en pinccr avec trois doigts. A peu pres
quarante jours apres , les racines que ces graines
auront jetces s'entrelacent ensemble, et font
comme une seule masse : les jardiniers donnent
a ces petites racines, ainsi entortillees et entre-
lacees, le nom de .ipo?if/ice. Au surplus, il faut
les transferer au bout de deux ans dans un lieu
expose au soleil , et qui soit bien bumecte et
fume. On lesarrange dans dessillons separes les
uns des autres de la largeur d'un pied, et qui
n'ont pas plus d'un dodrans de profondeur, de
i'aeon qu'tlles puissent aisement germer lors-
qu'elles seront couvertes de terre. Mais on a
incesserit ,oleo subinde peiungilo. Ejusdem frulex pliiri-
bus aiinis permanel innoxius, nisi si mulier, quaj in raens-
tniis est, contigeril eum , et ob hnc exarnerit. ■1'liymuni ,
ct transmaiina cunila, et serpyllum, sicut priore libro
jara reluli, magis alvearla curanlibus, quani oliloribus
studiose conseruiilur. Sed nos ea condimentorum causa
(nani suiit quibusdam esculentis aptissinia) non alienum
piilamus etiam in liorlis liabere. Lociim neque pingiiem
neque sleicoratum, sed apricum desiderant, ut quae ma-
cerrimo solo per se marilimis pleruniqne regionibus nas-
canlur. Ha; res et scmlne et plantis circa aiquinoctinra
vernum seruutur. Melius tanwn est lliymi novellas plan-
tas dis|ioneie ; qu.ie cum subacto solo dcpressrc fuerint ,
iie taidecouipreliendant, aridi tliymi frulicem conlundi
oportot, atqueilapinsito pridie quam voluerisuli, aqiiain
niedicaie; qu.r cum succiim ejus perceperit, deposilis
fruticihus iniundilur, donec eos recle conrirmet. Ceteium
cunila vjvacior est, qnam ut impeiisius curanda sit. Le-
pidium cum anle cal. Martias babiieris disposiliim, velut
porruin sectivum demetere polcris : rarius tamen. Nam
post cal. Novemb. secandumnonerit.quoniam frigoribus
violatum einorilur : biennio tamen suniciet, si diligcnter
sarrituni et steicoralum fuerit. Miiltis eliam locis viva-
cilatcm suam nsque in annos decem prorogat. Ecla llo-
rente Punico malo seniine obruitiir, el simtil atque quin-
que foliorum est, iit bra.ssica, differtur iBSlate, si rignus
cst bortus : ac si siccaneus, antumno, cnm jain pluvin;
incesserint , disponi debebit. CbiierepbyllHm , itemqiie olus
alriplicis, quod Graeci vocant diTpiyiz^uv, circa cal. Octob.
obrui opoitet non fiigidissimo loco. Nam si regio saevas
bieines liabet, post idus Februaiias semina disserenda
sunt , siiaque de sede partienda. Papaver et anetlium ean-
deni balient coiidilionem sationis, qnam chaerepbyllum et
(XTfif ot^uc. .Salivi asparagi , el quam corrudam ruslici vo-
canl, seniina fere biennio piiTeparanlnr. Ea cum pingui et
slerroroso solo post idiis Februaiias sic ohrueris, ut
quanlum tres digili .seminis comprehendere queunt, sin-
gulis fossulis deponas, lere post qiiadragesimum diein
inler se implicanlur, et quasi unilalem faciunt; qiias ra-
diculas sic illigatas atque connexas olitores spongias ap-
pellant. Easque post qualuor et viginti menses iii lociim
a|)iicumetbene madidum, slercoratumque transferri con-
veuit. Suici aulem inter se pedali niensnra distanles fiunt
iion amplius dodranlalis allilndinis, in quam ila spongin-
la; depriinunlur, ut facile superposila terra germinenl.
Sed in locis siciis partibus sulconim iinis disponenda sunt
!)!•: i;Ar.Ricm,TUi\E, i.iv. xi.
rallpntion dans les lieux secs de les nieltre au
Ibnd iles sillons, afin qu'elles y restcnt ininio])i-
les comnic dans de petitcs anges ; au licn ([iie
dans lcs licux humidps on les niet au eontraire
sur le dos de la raie qui esl entro les sillons , pour
eviter que la trop grande humiditene lesendom-
mase. Uu an apres qu'elles auront ete plantees
de cctte nianiere, il faudra rompre les aspcrsies
quVlies donncront; parce que si on voulait les
arracher de terre , toutc la masse de ccs petites
racincs encore jeunes et faibles viendrait en
nieme fenipsque les asperges. Lesautres annees,
on ne les rompra plus , mais on les arrachera
par les raeincs : autrement si Ton rompait les
tifics, elles suftbqueraient les yeu.x des racines,
et lcs aveugleraient, pour ainsi dire, au point de
lcsenipeeherde donner desaspertcespar la suite.
Au resfe, il nc faut pas arrachcr toutes les tises
qui scront venues les dernieres pendant Tau-
tomne; mais il en faut laisser monfer une partie
engraine. Lorsqu"ensuife celles-ci auront forme
des cpines, on en cueillera la lij-ainc, et on brulera
les ralles felles qu'elles se comporteiont, et sur le
lieu meme;apresquoionsarcleratouslessillons,et
onenarracherales heibes; ensuite onyjetteradn
fumicr ou de la cendre, dontlc suc, cfant delayci
par lcs plutes pendant tout Thivcr, pcnctrcra
jusqu'aux racines de rasperge. Eniiu on bechera
la terre au printemps , avant qu'elles com-
menccnt a c;ermer, avec des aipreoli , qui sont
des especcs d'instrurnents de fer a deux cornes,
afin que les tiges levent plus facilement , et que,
frouvant de Taisancc dans la ferre, ellcs devicn-
nent plus grosses. On stMiie trcs-bien deux fois
Tan la graine de raifort, .savoir au mois de fe-
vrier, lorsquon veut avoir de ces sorfcs de raci-
nes pendant le printcmps; et au moisd'avril vers
lcs fefes de Vulcain , lorsqu'on veut en avoir dans
le lcmps qui leur ost propre : mais le dcrnicr d '.
ces cnscmenccments pisse sans difiiculte pour
lc meillcnr. Tout le soin que cefte racine e\ig(^
consiste a (}tre niise dans unc tcrre funu^e ct la-
l)0uree,et ensuite ;i etre ehars(>e de terrc de
tcmps cn temps a mesure qu'elle prend de Tac-
eroisscment, parce que, lorsqu'clle surmonte
lasuperfieie de la tcrre, elle devient dure et spon-
gieuse. Lorsquc Ton a de l'eau a souhait, les
concombrcs ct lcs courges demandent pcu de
soin, parce que e'est reau qui les aidc le plus ;'i
venir. Mais si Ton est forc^" d'en semcr daiis dcs
lieux sccs, ou Ton n'ait point la commoditc de
faire vcnir de reati pour les arroser, il faut faire
au mois de fcivricr des sillons d'un pied et demi
de profondeur, dans lesquels on (^tendra, aprcs
les idcs de mars , jusqu'au tiers a peu prcs de
leur profondcur, de la paille sur laquelle on cn-
tassera de la terre fum(^e jusqu'a la nioitic du
sillon ; ct aprcs avoir d(Jpose les graines dans
cette tcrrc, on les arrosera jusqu'a ce qu'elles
levent. Quand elles auront eommenc(3 a se forfi-
fier, il fandra les suivredans leur accroissement,
ct confinuerde remeffre de la terredans lesillon
a mesure qu'cllcs croifront, jusqu';» ce qu'il soit
comhl('. Avcc une tclle culture ccs planfcs sa
porfeinnt asscz bien pendant toul l't;t(i, sans
avoir besoin d'(ifre arros(ies, et elles donneront
ni(eme un fruit de meilleur goutqu'il ne le serait
si elles ravaient i;\e. II faut meffie en terre !a
graine de ces planfes leplus tot qu'on le pourra
dans lcs licux aqucux, pourvu que ce ne soit
pas avant les caleiidcs de mars, de {acow qu'ou
puissc lcs fransplantcr apres l'i'quino\e. On ra-
massera la graiiie que lon voudra semcr dans le
milieu ni(^me de la courge , et on nuttra en tcrru
la cime renvers^ie, si l'on veut que les fruits
qu'elle produira soient d'uue grosseur enorme.
semina , ut tanqiiam in alveolis maneant. At uligino.sis e
contrario iii summo porce dorso collocanila, ne liumore
nimio la'danlur. IVimo deinde aiino , cum ita consita sunt ,
asparagiim quem emiscrint, inriinKi oporlet. ^'am si al)
imo velleic volueris , adliuc teiieiis mvalidisqiie ladiculis,
tota sponglola sequelur. Reliiiuis nnnis non eiit decerpeii-
dus, scd ladicitus vellendu.s. Nain nisi jla liat, sliipes
pricriart;v angunt oculos spongiaruin , el «luasi evcacaiit ,
nec paliuiitur asparagum emittere. C;elerum stilus , qiii
iiovissime autuninali lempore nascitur, noii oiiiuis [esl]
lollciidiis, sed aliqiiapars ejus in seineu sulimillciida cst.
Deiiide cum spinam fecerit , electis seminibus ipsis, sco-
piiines ita uti sunt, in suo loco peiurendi sunt, ct deindc
Milci omncs ronsarriendi , lierba>qiie eximendie ; mox vel
sleicus, vel ciiiis injiciendus, ul lota hieme siicius ejus
cuin pliiviis manans ad nidicem pervcnial. Vere deiiide
prins quam ca^perit geiminarc, capreolis, qiiod gcniis bi-
ciirnis ferramenti est , lcria conimovcaliir, iil ct f;iciliiis
slilus emicel, el relaxala liumo plenioris cra.ssiliidiiiis
liat. Rapliani radix bis anno rectc seritiir, Febriiario meiisc,
ciim veinuin frurtuin expectamus, cl Augiisto incnsc circa
Vnlcanalia, cum maturnm. Sed liaec ratio sinedubio me-
lior babetur. Cura est ejus, ut terra stercorala et siibacla
obnialiir ; pcst iilii cepeiit aliquod inciementum, subinde
aggcretiir. Nam si supeiterram emeiserit, duracl fiingosa
liel. Cuciimis et cucurbita , ciini copia est aqinr , minoreni
ciiram desiderant : iiam plurimum juvantur buiiiiijc Siii
aulciii loco sicco scri debuerinl , quo rigalioiieni niiiii^traie
non expi-dial , iiK-n.se Febriiario sesquipedali alliludinc
fossa lacieiida esl. Posl idiis deinde Marlias quasi tcrtia
pais allitudinissulci straiiienlisinditistegenda, mox ster-
coiata teira iisquc in dimidiiim sulcuin aggeianda, posi-
tisque scminibus lam diu csl iiquapraebenda, donec cnas-
caulur : iilque ubi convalescere coeperint, adjecta liuino
incremeula eorum proseqiienda suiit, donec sulcus coiE-
qiietnr. Sic exculla semina siiie rigatione lola .fslate .salis
vaUdiiint, frucluinque jiicnnilioris .saporis quani rigua
piadicbunt. Aqubsis aulein louis primo qmique lcnipore,
noii lamen ante calend. Mait. semcn pionenduiii est, iit
diflerri possil a;quinoclio confecto. Idqiie de niiilia parlc
cucurbila' seineii inverso cacumine poiiilo, ut fial incie-
nienli vastioris. Nam suntad usum vasoriiin salis idonea',
44S
COLUMKLLE.
F.n cffet, il y a des courges, telles que celies
d'Alexaiicliie , qui sont asscz grosses pour sei'vir
de \ases lorsqu^elles sout desscchees. Si on les
destine au contraire a etre vendues comrae pro-
vision de bouche, il faudra en prendre la graine
dans la tete du fruit et la semer la cime droite,
paree qu"il en viendra un fruit plus long et plus
niince que le premier, etqui se vendra commu-
nement pluscher. Mais 11 faut eviter, ie plusque
Tou pourra, que des femmes napprochent d'un
endroit semu en concombres et courges , parce
qu'il suflirait presqne quclles touchassent a ces
fruits quand ils sont le plus verts, pour les faire
languir; etque meme, sielles se trouvaient dans
le temps de leurs regles, elies les feraient mourir
par leur seul regard. Le concombre est tendre
et tres-agreable, lorsqu'on a trempe la graine
dans du lait avant dela semer : quelques person-
nes meme, pour le rendre cncore plus dnux,
trempent la grnine dans de rhydromel. Au resle,
qiiand on veut avoir des concombres hatifs, on
remplit des paniers, apres le solstice d hiver, de
terre fumee que Ton arrose legereraent; et lors-
(lue leur graine est levee dans ces panieis, on les
met de jour en plcln air dans un lieu ou il fasse
doux et ou le soleil donne, et qui soit voisin du
batiment, alin qu'ilssoienta rabri de tout vent ; et
on lesreporte ensuite a la ma-son pendant le froid
et dans le niauvais temps. Cni sint cette methode
jusqu'apres requinoxe du printemps, et ronen-
fonce alors entierement en terre ces paniers :
c'est le moyen d'avoir du fiuit hStif. On peut
meme, sl la choseen vaut la peinc, ajuster des
roulettes sous de tres-grands vascs, pour avoir
nioins de peine a les mettre a Tair et a les porter
ensuite a la maisou. Au surplus , independam-
ment deccs precautions, il faudra encore cdu-
vrir ces vases de pierrcs transparentes , afin de
pouvoir les mettrc sans danger au soleil , meme
pcudant les temps froids, quand le jour sera se-
rein. Cest par ce moyen que Ton servait a Tibere
Cesar des concombres presque pendant toute Tan-
nee. Maisnous avons lu dans Bolus de Mendeslum,
auteur egyptien, une mnniere moins penible de
parvenirau meme but. En effet, cet auteurordonne
d'avoir, dans un lieu du jardin qui soit expose au
soleil et fume, des fcrulcs et des ronces plantees
alternativement par rangees : il prescrit ensuite
de couper apres 1'equinoxe ces ronces ou ces fe-
rulcsun peu au dcssousde lasuperticiede laterre,
et d'en ouvrir la moelle avec un stylet de bois; et
enfin, apres avoir mis du fumier dans le trou qu'on
y aura ainsi pratique, d'y inserer de la graine
de concombre, afin qu'a mesure que les concora-
hres eroitront, ils s'incorporent aux ferules et
aux ronces,etqu'ils ne tirent point leurnourriture
deleurs propres racines, mais qu'ils la tirent pour
aiusi direde la racinedeleur mere. II prctendque
ces plantes, ainsi entees, donnent des concombres
meme pendaut les froids. Le second ensemence-
ment de cette plante se fidt communement aux
(Juinquatria. Le caprier vient de lui-meme dans
nombre de provinees au milieu dcs jacheres;
mais si Ton veut le semer dans des pays oii il ne
s'eu trouve point, il faut lui choisir un terrain
sec. On commeucera par enviionner ce terrain
d'un petit foss6 , que l'on comblera de pierres
et de chaux ou de mortier-a la carthaginoise,
pour former une espece de parapet impenetrable
aux tiges de cet arbrisseau , qui s'etendriiit pres-
que par tout le terrain , s'il n'etait pas arrete par
quekiue digue ; et ce n'est pas mcme le plus
grand inconvt>nienl qu'il y aurait a craindre
(puisquon pourrait arracher ces tiges de temps
sicut AlexandriniK! cucuibit.'C, cum exarneiiiit. At si escu-
lentne nierci pra^parabis, recto cacnniine tle colio cucnr-
bila; sumptuiii scnien serendum eiit, qno piolixior et
liMiuior fruoliis ejus nascatur, qui scilicel niajus c^-eleris
invenit pretiiiui. Seil custodienduni est, nt qnam minime
ad eum locuni , in quo vel cucumeres ant cucurbita; con-
silai sunt, mulier admittatiir. Nam fere contactu ej-us
languescuut incrementa viieiitium. Si vero etiam in niens-
truis fueiit, visu quoque suo novellos fwtus necabit. Cu-
cumis tener et jiicuudissinius sit, si ante qnani seras,
semen ejns lacte maceres. Nonnulli etiam quo dulcior
exislat, aqua miilsa idem faciunt. Sed qni piaeniatnrnm
liuctum cucumeris habere volet, coiile<:la bruma stoico-
lalam lerram indilam copliinis obserat, niodicnmqiie pra>-
beat liiinmrein. Dcinde cum enata semina fuerint, tepidis
diebus et insolatis juxta fpdificium siib divo ponal, ila ut
ab omni afllalu protegantur.' Celeiiim triS"i'ibiis ac tcm-
pestatibus siib lectuin referat : idqiie tamdiii faciat, diiin
aequinoctiuin vcrnuin conliat. Postea totos copliinos de-
mittat in tenam. Sic enim prsecoqiiem frucluni liabebit.
Possunt ctiam, si sil opera; pretium , vasis inajoribus ro-
luli' subjici , qiio minore labore pioducanlur, cl rnrsiis
intra tecta recipiantur. Sed niliilo ininns speculaiibus
integi debebuut, nt etiam frigoribus .seienis diebiis tiito
pioducantur ad solein. Ilac ratione fere toto anno Xibeiio
Caesari cncumis pi.ebeliatur. Nos autein leviore opera istiid
licri apud vEgypliiu gentis Boluin Mendesium legimns,
qui pra;cipit apiico et stercoioso loco alternis ordinibus
ferulas, alternis rulios in liortis consilas habere : deiiide
eas confecto a;qiiinoctio paululum infra teriam secare, et
ligneo slilo laxatis vel rulii vel ferula; mednllis slercus
immittere, atque ita seinina cucumeris inserere, qu.ne
scilicet incremento siio coeant rubis et ferulis. Nam ita
nou sua, sed quasi inaterna radice aluntnr : sicqueinsitam
slirpem frigoribiis qiioque cucuineris pr.ebere fructum.
Satio secunda ejns seminis fere Quinquatribns observalur.
Capparispluriniis provinciissuaspontcnovalibusnascilnr.
Sed quihus locis ejus inopia e.st, si serenda fuerit, siccum
locum desiderabit. Isque debebil ante circumdari fossiila,
qua; repleatur lapidibus et calce, vel Piinico luto, ut sit
quasi quaedam lorica , ne possint eam perrnmperc piaydicli
seminis frutices, qui fere per totum agrum vagantiir, nisi
munimento aliquo pioliibiti sint. Qnod lamen non tantum
iucommodum est (subinde eniin possimt cxtiipaii) quan-
LE LAGUICULTURE, LIV. \l. ■<J!>
trouventbeaucoupde roseaux en travcrse qui lcs
soutiennent, tcls a pcu prcs que ccux qui soiitien-
neut lcs vi^nes iittachees au jout; , les tii;cs d'oi-
gnonsseront abattues, et toute leur graiue sera
dispersee par le vent ; d"autant qu'i! ne faut pas
attendre pour la cueillir qu'elle ait commeiice
a noircir en murissaut. II ne faut pas, dis-je, la
laisser trop secher sur pied ni tomber tout a
fait; mais il faut au contraire cueillir lcs tiges
bien cntieres, et lesfairesccher au soleil. On seme
lesnavets et lesravesdausdeux tempsditTerents,
et leurculture est la mcme que cclie des rniforts.
Cependant le mcilieur temps pour les semcr estau
mois d'aout : il faut quatre sextarii de graines
pour en cnsemencer unjiigerum , pourvu qu'on
y joigne une hrmina de graincs de raeine de
Syrie. Quand on semera ces racincs en cte, il
faudra prendre garde que les moucherons qui
seront engendres par lasccheresse n'en mangent
pas les feuiiles toutes jcunes a mesure qu'ell6s
pousseront : pour Teviter, on prendradc la pous-
siere ramassee sur ies planches, ou meme de la
suie qui s'attache aux foyers dans les maisons ;
ct on en melcra avee la praine un jour avant de
la semer, en versant de Teau dessus, pour la lais-
ser s'imbiber du sue de ccs matiercs toute la nuit.
En effet, la graine ainsi trcmpee cst bonne a ctre
semee le ieudemain. Quelques ancieus autcurs,
et Democrite entre autres , prescrivent de me-
dicamentertoutes les graines avec lejus de rherbe
que lon appelle.wf/M)?!, et d'empIoyer ce reraede
contre Ics insectcs; mais quoique rexperjence
nous ait confirme la verite deleuropinion, comme
nous n'a\ons pas une assez grande quantite da
cette herbea notre disposition, nous prenons plus
souvent de la suie et de la poussiere dont nous
les tenir fermes , parce qu'a moins qu'elles ne ' vcnons de parler, et ucus nous en servons assez
en tcnips'; mais il y aurait encore lieu de crain-
dre que cet arbrisscau , qul renferme un polson
pernicieux , ne rendit la terre sterile en lui com-
muniquaut ses sucs. Au reste, ou il ne demande
aucune culture , ou il se contcnte de la plus le-
gere ; d'autant qu'il vient trcs-bicn , mcme dans
des terres abandonnees, sans aucun soin de la
part du paysan. On le scme aux deux equinoxes.
Les oignonncrics demandent une terre qui soit
plutot labourcc frequemment quc profondement.
Cest pourquoi on lui dounera un premier labour
aprcs les calendes de novembre , alin qu'ellc se
dissolve aux froids et aux gelees de Thiver; un
second au bout de quarante jours , et un troisieme
vingt et un jours aprcs ; puis on la fumera sur-le-
champ; ensuite on la distribucra par planches,
apres Tavoir fouillee uuiformement a la boue, et
en avoir extirpe toutes les racincs. On choisira
ensuite vers les calendcsde fcvrierun jourserein,
pour jeter la graine d'oignon sur ces planches ,
en rentremelant d'un peu dc graine de sarriette,
pour pouvoir se procurer cette derniere plante
avec les oignous, tant parce qu'elle est agreable a
mauger verte , que parce qu'elle n'cst poiut sans
utilitc pour rassaisonnement des raets Iorsqu'elIe
est scche. Au rcste, il faut sarclcr lcs oignonneries
au moins quatre fois, ou meme plus souvent. Si
l'on veut en avoir de la graine, on mettra en
terre au raois de fevrier de plus grandes tetes
de l'oignon d'Ascalon, quiest celui de la meilleure
espece , en Ics eloignaut dc quatre doigts ou
meme de ciuq ; et quand elles auront commcnce
a gcrmer, on les sardcra au raoius trois fois. En-
suite, Iorsqu'elles auront donne une tige , ou
raettra, daus les intervalles qui les separeront,
des especes de petits canterii peu eleves, pour
lum, quod noxinm virns habent, succoque suo stejile
soluin reddunt. Cultu aul nullo aut levissinio contenta
est. Quippe qure res eliara in deserlis agris citra ruslici
operam convalescit. Seritur utroque requinoclio. Cepina
magis frequenler suliactam postulat lcriam , quam allius
conversam. Itaqiie ex calendis Novembriljus pioscindi
solum debet, ut hiemis frigoribus et gelicidiis pulrescal,
inlermissisque quadraginta diebus lum aemum ilerari , el
inlerpositis uno ac viginti diebus terliari, ac protinus
slercorari : mox bidentibus Kqualiter perfossum in areas
disponi, deletis radicibus oninibus. Deinde ad calcndas
Februarias sereno die convenial semina .spargi : quibus
aliquod satuieis' seraen inlermiscendum erit, uleaniquo-
que liabeamus. Nam el viridis csui est jucunda , nec arida
inutilis ad pulmentaria condienda. Sed cepina vel Stcpius ,
certe non minus debel quam qualer sarriri. Cujus si semen
excipere voles , capita maxiina generis .\scaloiiii , quod est
«ptimiim , mense Febniario disponito , qiiaternonmi , vel
etiani quinum digitonim spatiis distantia : el cum cirpe-
riiit virere, ne miiins ter consarrito : deinde cum fecerinl
(3ulem,liuniilioribus quasi canteriolisinterpo.-iitisrigoiem
stilonim conservalo. Nam nisi arundines fiansversns in
COI.l'MEI.I.E.
modum jugat.'e vince crebras disposneris, tlialli ceparum
ventis prosterneiitiir, lotumque semen exculictur ; quod
scilicet noii ante legenduiiTesl, qiiam cum inaturesccre
cwpeiit, colorcmqiie nigruin babcre. Sed nec patieiidiiin
est , iit perarescal , aut totum decidat, veruni inlegri Ihalli
vellendi siint, cl sole siccandi. Napus ct rapa duas satio-
nes habent , cl candcm cultuiam , quam raplianus. Melior
esl lamen satio mensis Augusli. Jugerum agri qiialiior
.sexlarios .seminis eorum poscil, sed ita iit radicis Syriaca'
siiper lianc, mensuram paulo plus , quam heniiiiam scnii-
nis recipiat. Qui ffstale ista serel, caveal, ne piopler
sicritales piilex adliiic lenera folia prorepenlia consumat.
Idquc ul vitetur, pulvis [eliam ,] qui supra cameiam
invenitiir, vel etiam fuligo, qiia' supra focos leclis inli.-c-
ret , colligi dehet : deindc pridie qiiam satio fial , commis-
ceri cuni .semiiiibus, et aqua conspergi , nl tola noctesiic-
ciiiii Irahaiit. Nam sic macerata postero dic recte scriiiitiir.
Veteres qiiidam aiictores, ut Democritus, prrecipiiint,
semina oninia .succo herba;, qua; .sedum appellatiir, medi-
care, eodeniqiic rcmedio adversiis bestiolas iili : quod
veriim e.s.sc nos experientia docuit. Sed frequentius tameii ,
qiioniam hiijiis herbro minuslarga csl facullas, fuligine cl
450
COLUMKT.LE,
lieiireusement pour couscrver les plantes en bon
ctiit. Hyginus pensc qu'il faut, quand le grain
est battu, jeter de la ■^raine de raves sur la
paille nieme qui est restce ctenihie dans Tairc,
parce qn'il pretend que ces raciiies deviendront
plus grosscs , vu que la durcte du sol s'opposera
a ee qu"elles y penetrent profondemcnt. Mais
ooinme nous avons f.iit cet essai inutilcment,
nous croyons qu'il vaut micux scmcr les raves ,
les raiforts et les navcts dans un terre bien
arneublie. Au surplus, lcs agriculteurs religieux
tieimcntcncoreaujourd'huia Tusagcdes ancicns,
qui consistait a prier les dieux , cn semant ces
raciues, de les faire croUre pour eux et pour
lcurs voisins. Dans lcs licux froids , oii ron pcut
eraindrc que rensemencemenl qu'on en fera e.n
automne nc soit brule par lcs gelees de rhiver,
on fait avec des roseaux dcs cantcrii pcuclevcs,
et traverses par des baguettes posees dessus, sur
lesquelles on etend de la paille, pour mettre lcs
semences ii Tabri de la bruiuc. Dans les pays, au
contraire, exposcs au solcil, lorsqu'il survient
apres lespluies de ccs animaux peruicieux que
nous appelons erucw , et que Ton nomme en grec
xccijLiTGd, il fautou lesoter avcc la niaiuousecouer
lcs tiges dcs plantes potagrres, parcequ'une fois
qiie ces animaux, ainsi secoucs pendant qu'ils
etaicnt encore engourdis par le froid de la nuit,
scronttombes a terre , ils ne pourront plus ga-
gner en rampant la partie supcrieure de ccs tiges.
Jl est cependant inutile de prcndre ces precau-
tions lorsqu'on a trcmpc les graines, comrac je
Tai dit ci-dessus , dans du jus de joubarbc avant
dc les semer, parce quune fois qu'elles ont ete
eorrigccs de cette maniere , cllcs u'ont plus rien
a craindre des chenilles. MaisDemocriteassure,
dans le livrc qu'il a intitule rispi ivTiit^Swv, qne
cesinsectesperisscnttous, lorsqu'unefemmea fait
trois fois le tour d'unc planehc ensemencec, les
cheveux cparsct les pieds nus, dans le tcmpsde
ses regles, parce qu'apres cette-operation toutes
les especes de vcrmisseaux tombent a bas ct
perdcnt la vie. .]usqu'ici j'ai cru dcvoir donner
des preceptes sur la culture des jaidins et sur les
devoirsdu nietaycr. ^Liis quoiquej'aiepretendu,
au commcncemetit de ce traite-ci, qu'un me-
taycr devait connaitre a fond tous les travaux
rustiqucs; comme il arrive neanmoins assez cora-
muncmcnt que la memoire nouS echappe par
rapport aux choses mcmes que nous avons appri-
ses , ct qu'en consequenec nous avons souvent
bcsoin de journaux pour nous les rappeler, j'ai
joint ci-dessous lcs sommaircs detous mes livres,
alin que Ton puisse frouver aiscment, quand le
cas rcxigcra, toutes les operntions indiquees
dans chacun de ces livrcs, avcc la maniere de
!es faire.
LIVRE DOUZIEME.
L\ MfiTAYfiRE.
PREFACE.
Xenophon rAthcnien, P. Silvinus, dit, dans
son livre intitule V Economique , que le mariage
a etc institue par la nature pour former la so-
ciete de la vic non-sculemcnt la plus agreable,
raais encore la plus utilc. Giccron aussi rcmarque
a ce sujet quc le but de runion de rhomme
aveclafemme ne se borne pas a cmpecher que le
genrc humain ne pcrisse a la longue, mais qu'il
tend encorc a procurer aux mortels des secours
|ii.T(li(to pulvere ulimur, sntisque conimode tucmiir tiis
incoluiiiitatein plantainin. P.apa' seinina Hyginus piitat
post trituram jacenlibus adliuc in arca paleis inspeigi de-
bere, quoniam finnt I.Ttioia capila, cuiii subjacens soli
duritia non patitur in allnin descendere. Nos istud sa'pe
frnstra tenlavinius -. ilaquerapuni,et raplianum, et uapum
nielius existimamus subacta terra obriii. Servantque ad-
iincantiquorum consuetndinem leligiosiores agricolae , qui
cum ea serunt, piecantur, nlet slbi et vicinis nascantur.
Locis IVigidis, ubi timor est, ne autumnalis salio biemis
gelicidiis peruratur, arundlnibus buiniles canlerli fiunt,
iisque virga^ lransvers.e imponuntur, et virgis stramcnta
supra jaciuntur, et sic a piuinis seinina defenduntur. Ubi
vero apricis regionibus post pluvias noxia incesserunt ani-
inalia, qune a nobis appellantnr erucre, Gra;ce autein
/.i(i7ictt nominantur, vel manu colligi debent, vel matuli-
iiis temporibus frutices olerum concuti. Sic enim diim
adliuc torpent noclurno frigore, si deciderint, non amplius
in superiorcni partem proiepiint. Id lamen supervacnum
est facere, si anle sationem seinina, uti jam prsedixi, sncco
lierbae sedi macerata sunt. Nibil enim sic niedicatis nocent
eruca;. Sed Democritus ia eo libro, qui Gra;ce inscribitur
llsfi avTt7t5i9(ov , affirmat lias ips<is bestiolas enecaii, si
inulicf, quce iu ineustruis est, solutis crinibus et nudo
pede unamquarnque arcam ter circnnient : pnst lioc cnlui
decidcre omnes vermiculos, ct ila eiuori. Haclenus pra;-
cipicudum exislimavi de cultu liorlorum et officiis villici;
qiiem quamvis instruclura, alquc erudiluni omni opere
rustico esse oporlere prima parte liiijus exordii ceiisuerim;
qiioniam tamen plerumqne evenit, iit eorum quie didice-
rimiis, memorianos deficiat, eaque ssepius ex commenta-
liis renovanda sint , omnium libroruin nieorum argiimenta
sulijeci , ut cuni res exegisset, facile rcperiri possit, qniil
in (pioqne qu.erciidiini , et qualiter quidtpie faciendum sit.
LIBER DUODECIMUS.
VILLICA.
PR.EF.iTIO.
Xenopbon Atheniensis eo liljro, P. Silvine, qui CEco-
nomicus inscribifur, prodidit maritiile conjiigium sic com-
paratum cssenatura, ut non soliim jucundissima, verum
eliam utitissima vita> societas inirelur : nam primum ,
qnod etiam Cicero ait , ne genus liumanum temporis
longinquilate occideret, propter lioc inarem cum fce-
mina esse conjunctum : deinde ut ex bac eadem societale
i mortalibus adjutoria senectutis, nccminus propugnacula,
DE L'AGRICULTURE, LIV. XII
pour les aider dnns leur vieiilesse et pour les de-
fendre. Dc pius , comme les provisions necessaires
a la nourriture et a rentretien des hommes ne
devaicnt point ctre preparces, eomme celles dcs
betes fcroces , aux j^eux de tout le mondc et dans
des lieux sauvnges, mais dans des maisons et a
Tabri, il a ete uecessaire que Tun des dcux scxes
sortit au dehors et s'exposat aux injures de Tair,
pour se procurer ccs pro\ isions par son travail et
par son industrie , et que Tautre restat dans Tin-
tericur de la maison pour les y serrer et les gar-
der. En effet, si d'un cotc il ctait ncccssaire de
cultivcr lcs cbnmps, de voyngcr sur mer ou
niemc de se livrer a tout autre genre de commerce
pour pouvoir acqucrir des biens; de Tautre cote
il n'etait pas moios essenticl, lorsqu'une fois on
avait entasse a la maison les biens que Ton avait
acquis, qu'il y eut une seconde personne destinie
a lcs y garder, et a faire les autres ouvrages qui
ne pouvaient ctre faits que dans rinterieur. Les
productions de la tcrre et les autres substances
alimentaires avnicnt besoin d'un toit sous lequel
on put les mettre a couvert; ct il fnllait neccs-
saircment gardcr dans un lieu clos non-sculement
Ics petits et lcs fruits provenus dcs brebis et de
tous lcs autres bestiaux , mais eucore toutes les
autres choses qui servent habituellement a nour-
rir comme ii cntrctenir le genre humain. Or,
comme les objets que nous venons d'cnoncer
cxigeaient des soins et de rattention , puisqu'on
ne pouvait pas acquerir au dchors, sans beau-
coup de peine, les cboses qu'il fnllait ensuite
gnrder a la malson : c'est avec raison, conime je
riii di! , que les travaux de In maison sont reser-
ves a la femme, tandis que ccux du dcbors ap-
par.ticnncnt exclusivcment a rhonime. Aussi la
nature a-t-elle constitue lc niari de facon n pou-
voir supportcr le chaud et le froid, ainsi que les
voyages ct les travnux tant dc la paix quc de la
guerre, je veux dire ceux de ragriculture et du
service militnire; comme cile a dcparti a la
femme le soin dcs affaircs domestiqucs, cn la
rendant inhabilc a d'autres fonctions. Et comme
elle avait donne ii cc scxe la \ igilance cn par-
tage, elle Ta rendu plus timide que le sexe
viril, parce que la timidite est ce qui contri-
bue le plus a assurer la garde de quelque chose;
au lieu qu'elle a rendu le mari plus bnrdi que la
femmc, parce qu"il dcvait souvcnt etrc dans le
cas dc rcpousscr lcs injurcs, cn chcrchaut sa
nourriture au dehoi-s et cn plcin air. Mais comme,
d'un nutre cote, la mcmoire et ratteuiion ctaient
cgalemcnt nccessaires a rhomme et a la femme
aprcs rncquisition dcs biens, elle n'a pas moins
avantage Tun que Tautre du cote de ccs faculles.
Bienplus, la siraple nature n'ayant pas juge a
propos de donner a aucun ctre toute la perfec-
tion dout il etait susceptible, clle a voulu que
chacun des deux sexes eut besoin dc Tautre,
parce que eommuncment ce qui manque a Tun
dcs deux se trouve chez l'autre. Telles sont les
reflexions utilesque Xenophon avait faitcs dans
son Economique, etquc Ciceron a repetces apres
lui, lorsqu'il a traduit cet autcur en latin, en le
rapprochant des moeurs romaincs. Aussi prcsque
tous Ics travaux domestiques avaient-ils cte de-
partis aux femmes jusqu'a r^gc de nos pcres,
tant chcz les Grecs que chez les Romains, qui
s'ctaient modelcs sur ces peuples ; ct les chel's da
famille ne s'en melaicnt en aucune facon lors-
qu"ils reveiuiient aupres de leurs Pcnates , comme
pour se remettre de la fatigue quils avaient cs-
suyee au dehors. En effet , on voyait rcgncr dans
leur mcna.ge le plus grand respect joiat k la con-
cordect a rexactitude;et lesfcmmes, cncouragees
a la vigilance par ['cffet d'une craulation adrai-
prreparcntiir. Tiini otinni, cnni vic.tiis et ciillns linma-
iius non nli feris in propatnlo ac silvestribiis locis, sed
(lonii siib tecto acciiranilns eral, necc.ssariiim fuit alterii-
Irnm foiis et snb dio esse, qui labore et indnslria compa-
raret,qna! teclis reconderentnr. Siqnidem vel rnslicari ,
Tel navisare, vel etiam genere alio iiegotiari necesse crat,
nt aliqnas facnltales acqnirerenins. Cnm veio paiat;e les
snh tcitnin essenl coiim>sl,'e , aliiim csse oporlnit, qni et
illalas ( u.^lodiret, et ea cjiilicerel opera, <pi,ic domi delie-
rent adininistraii. Nani el frnges ca'teraqiie alimenta ler-
restria iiidi;;ebaiil tecto, et ovium crterai umqne pecudiim
fiptiis, atqne Iructns elaiiso cnstodiendi erant, iiec niinus
reliqua utensilia , quibus aut alilur bomiiium geniis, ant
etiam excolitnr. Quarc cum [et J operam et diligentiam ea
qua; piiiposniinns, desiderarent, ncc exisna cura foris
acquireientur, qniie domi custodiri oporleret :juie, ut dixi,
nalnra eomparata est mulieris ad dnmesticam diligenllam,
viri anleni ad exercitationem foreiisem et cxtraneam. Ita-
que viro calores el fiif^ora perpelienda, tum etiam ilinera
et laliores pacis ac belli , id est riisticalionis et militaiinm
stipendiorum deus tribiiit : muUeri dcinceps, quod oinni-
bns liis icbiis cani feccrat inlialiilem, doiiipstica nc;;otia
cnraiida tiadidit. Et quoniam linnc .sexum euslodi.e et
dilif;entia' as.signaverat : idciico limidiorem reddiilit,
(|uaiii viiilem. Nam metns plurimum confert ad dilinen-
tiam enslodiendi. Qiiod aiiteni necesse ciat foris el in
aperto victnm qnaerentilius noiiniiiKpiaiii injnriain propiil-
sare : idcirco virnm quain innlicicni lccit andaciorein.
Qnia vero partisopibns a'(pio fnit opiis inemoiia et dili-
Siiilia, iion iniiiorem fomiina: qnam viro eariim leruni
triliiiit posses.sionem. Tuni etiam (|uod siniplex natnra
noii onineis res commodas anipliicti valebat , idcirco al-
lernin alleriiis indige:e vnlnit : (pioniain quod alteri deest,
pra-slopleriimqneestallcri. ll:rc intKconimiieoXenoplion:
(el) deinde Cicero, qiii euin I,alin:e consuetndini tradidit.
noii inutililer disserueriint. Nam et apiid GraTos, et
mox apnd Romanos iisipie in patniin nostrornm me-
moriam fere domesticus lalior niatronalis fuit, tanqnani
ad requiem forensinm exercitationuin omni ciira deposila
palribnsfainilias intia domeslicos peiiales se recipien-
tibiis. Krat eniin sninma re^erenlia cum concordia et
diligentia mista, llagrabatque niulier pulcherrima [ di
COLUMELLE.
rable, iie cheichaienl qifa augmenter par leurs
soins les possessions de ieur raari. Oii ne voyait
rien de partage dans \a maison, rien quelemari
ou ia femme pretendissent avoir cn propre, et
tous deux au confraire cooperaientunanimement
a la chose comraune ; de sorte que rexactitude
de !a femme dans lcs alTaires du dedans allait de
pairavec Tindustrie du raari dans celles du de-
hors. En consequence , les metayers ni les me-
tayeres n'avaient pas de grandes occupations dans
ces temps hcureux ou les maitres veillaient jour-
nellement a leurs biens , en les gouvernant par
eux-memes. Aujourd'hui, au contraire, que la
plupart des femraes s"abandonnent au luxe et
a roisivete, au pointque, loin dedaigner prendre
le soin d"appreter la laine, elles sont dcgoutees
des veteraents qui sont faits a la maison, et qu'eu-
tralnees par leurs desirs deregles , elles en extor-
qucnt de leursmaris, a force de caresses, d'au-
tres qui sont plus precieux , puisqu'ils coutent
un argcntenorrae, etqu"ils absorbentdes reveniis
presque entiers; il n'est point etonnant que le
soin de la campagne ou des instruments rustiques
Jeur pese, ct qu'elles regardent commc la cbose
la plus ignoble une residence de quelques jours
dans leurs metairies. L'ancien usage des meres
de famille, tant Sabines que Romaines, etant
donc non-seuleraent passe de mode , mais m6me
absolument aneauti , il est devenu necessaire
quc les soins de la metayere s'eteDdissent aux
fonctions de la maftresse qu'elle a remplaeee ,
d'autant quc les metayers ont aussi succede aux
proprietaires , qui ne se coutentaient pas autrefois
de cultiver les campagues par eux-memes , puis-
qu'ilsy faisaieni encore leur residence ordinaire
tonformement aux anciens usages. Au reste,
comme je ne veux pas affecter de censurer hors
de propos lcs ma-urs de notre siecle, je vais h
prcsent detailler les devoirs de la metayere.
l. Ainsi (pour ne pas uous eearter de rordre
des matieres qiie nous avons sui vi dans le volume
precedent) une metayere doit etre jeune, c'est-a-
dire qu'elle ne doit pas etre trop petite fille,
pour les raisons que nous avons deduites en par-
lant de riVge du metayer. II faut aussi que sa
sante ne soit point altcree, et qu'elle ne soit ni
dilYorme, ni d'une tres-belle figure , parce qu'e-
tant d'un cote dans une vigueur pleine et entiere,
elle suffira aux veilles ct aux autres travaux , et
que d'un autre cote sa laideur ne degoutera point
le metayer qui doit vivre avec elle, comme sa
trop grande beaute ne le reudra pas paresseux.
Car si un metayer ne doit pas etre volage et fuir
le lit de sa compagne, il ne faut pas non plus
que, reteuu par elle a la maison, il soit toujours
dans ses bras. Mais ce ne sont pas la les seules
cboses a observer dans une metayere. En effet,
il faudra examiuer entre autres si elle n'cst point
portee au vin, a la gourmandise, a la supcrsti-
tion, au sommeil; si elle n'a point de gout pour
les hommes, ct si elle sait s'occuper du soin des
objets qu'elle doit se rappeler a la memoire , ou
dc ceu\ qu'elle doit prevoir pour la suite, afin
d'etre cn elat de suivre a peu pres les reglesque
nous avons prescrites pour le metayer; d'autant
que presque tout doit etre egal entre !'homme et
ia fcrame, et que si tous les deux doivent eviter
de mal faire, ils ne doivent pas moins s'attendre
a dcs recompenses quand ils se comporteront
bien. Elle donnera de plus tous ses soins a ce
que le metayer n'ait a Iravailler dans rintcrieur
de la maison que lc moins que faire se pourra;
articled'autant plusimportant , que celui-ci doit
sortir des le raatin avec les gens, et qu"il ne peut
liRenliie] a>»iulatione , slndeiis noKotia viri fura sna
niajora atqne meliora reiWere. Niliil i.dns|iiriel)alur in
donio diviilnum, niliil quod aut niariUis, ant lciiniua |iro-
prinm csse jiiris sui diceret : sed in coniiiiuni' loiispiia-
batur ab ulro(|uc, nt cuni lorensibus negoliis, niatronalis
induslria ralionem pareni faceret. Itaque nec villici qui-
deni aut villice niagna erat opera , ciim ipsi doniiiii quo-
tidie negolia sua reviserent atqiie adminislrarent. Nunc
\ero cinn pleraeque sic luxu et inertia diHIuanl , iit ne la-
nilicii quidem cnram suscipere dignentur, sed domi con-
(ectic vestes fasfidio .sint, perversaque cupidine niaxime
placeant, qiia! grandi pecunia et fotis pene ceiisibus ledi-
muntur -. iiihil mirum est, easdem ruris et instrumento-
riim agrestinm cura gravari , sordidissimumque ncgotium
duceiepaucornmdiernmin villamoram. Quamob cau.sani
cnm in tolum non solum exoleverit, sed etiam occideiit
vetus ille matrumfaniiliarum mns Sabinarum atquc Ronia-
narum , uecessaria irrepsit villicie cuia, qnae fueretur
olficia matrona; : qiioniam ct villici quoque successerunt
in locnm dominoi um , qiii quondam prisca consuetiidiiic
Jion soluni coluerant, .sed habitaverant rura. Vernin , ne
'videar Inttmpcstive censoiium opus ohjuigandis inurihiis
nostrorum femporum suscepisse, jam nunc oflicia villice
pfrseqiiar.
I. l';^ porro (ut institnfum ordinem teneamiis, queni
priore volumine inclioavimns) jiivenis isse debet, id est
iion nimium puella, propter easdem causas, quas de setate
villici rctulinius : iiilegra; qnoque valitudinis, nec foedi
haliitus, nec rursus piilcherrima. Nam illibatum robur et
vigiliis et aliis suliiciet laboiibus : iiedilas fastidiosum,
niniia species desidiosum facief ejus conlubernalem. Ita-
quc curandum cst, iit nec vagiim villicum et aversum a
contnbernio siio habeamus, nec rursus intra fecta desi-
dem , et complexibus adjacenteni la'mina'. Scd ncc lijec
fantum, quae diximns, in villica custodieuda siint. Nam
in priinis considcrandum erit, an a vino, ab escis, a su-
perstitionibus, a somiio, a viris remotissinia sit, et nt
ciira eam subeaf, quid meminisse, qiiid in posterum pros-
piceie debeat, ut fcre eum niorem servet, quem villico
prjecepimus : quoniam plcraqiie similia csse debent ID
viio atque fcemina, ef tam maliim vilare,quam prtTemium
recte facloriim sperare. Tiim elaborarc, uf quam minimaiu
operani villicus intra tectum impendat , cui et primo
niane cum familia prodeundum cst, et crepusculo perartis
!)!■: LAGUlCLLTUr.E, LIV. XIF.
maijquei' dVlre fatigue loi'squ'il rentre le soir k
la fin de ses travaux. Cependant, en fixant les
«ievoirs de la metav ere , nous nv pretendons point
exerapter le metayer du soin de rinterieur de la
inaison , mais siniplement le soulayer dans ce
genre de travail, en lui donnaut quelqu'uii pour
Taider. En effet , il iie faut pas s'en rapportcr
uniqucment a la femme pour les fonctions de
l'interieur, et on ne doit lcs lui conCier qu'autant
que le inetayer y aura roeil de tcmps eii teinps.
Cest le raoyen qu'elle soit plus exacte , loi'squ'elle
se rappellera a resprit qu'il y a ((ue!qu'un aupres
d'elle a qui clle doit rendrc un compte fre(iuent.
Elle demeurera aussi convaincue qu'ellc doit tou-
jours rester a la maison, ou du moins le plusque
faire sc pourra ; et qu'elle doit en fniie sortir les
csclaves que le travail appcllera aux cliamps, et
y retenir ceux qu'elle jugera ncicessaires a quel-
que ouvrage daiis la metairie. Elle prendra j^arde
que ceux-ei ne fassent manqiicr la besogne par
unc trop longue inaction, et elle cxamineia atten-
tivcmcnt si les clioses qu'on apportera a la mai-
son nc sont pas gatc^es , pour ne s'en cliarger
qu'apres s'etre bien assurce qu'elles sont eu bon
etat, et pour laisser cusuite sous sa main cellcs
qui seront dcstiiKcs ii la consommatiou, et mettre
en reserve celles qui seront dans le eas d'(?tre
gardees, afin de ne pas consommer en uu mois
ce qui doitscrvira la provision de lann^L^e eutiere.
II faut encore , si quelqu'un des gens vient a tom-
l)er malade, qu'ellc veille a ce qu"il soit soign(i le
mieux que fairc se pourra , parce quc ces sortes
d'attentions ne contribuent pas moins a gagner
leur bicuYcillance qu'a assurer leur obeissance;
outrequc, desqu'ilssont iTtablis, ilss'appliquent
Ix leurservice avecencore plus de fidelit(! qu'au-
parav;int, lorsqifon a bien pris soin d'eux peu-
dant leur maladic.
n. Apres cela, elle doit avoir prcsent ii la me-
moire ciue les cboses qui auront et(! apporte-es k
la maison doivent y etrc scrrii^cs daus les lieux
convenables et salubres, pour y restor ,'^aiis 6tre
expos(:'es a se g!*itcr. Eii efret, i! n'y a pas de soin
plus important a prendrc que celui de prcparer
les endroits ou ron doitserrercbaquechose, pour
ren tirer dans lc bcsoin. Nous avons deja parle
des couditiousrequisespources sorlesd'endroits,
tant dans le premicr volume de cet ouvrage , lors-
que nous nous oecupions de la constructioii de la
mttairic , que dans le ouzieme , lorsque nous trai-
tions des devoirs du m^itayer; mais iious ue se-
rons pas facli(>s de les relraccr ici en pcii de mot.s,
Les chambres les plus hautcs scront donc desti-
nees a la garde des ustensiles les plus prccieux et
a celle des habils: les grenlers, pourvu qu'ils
soieut secset aeres, semblent etie conveiiables a
la gardc des bliis ; les cclUers frais sont excellenls
pour cclle du vin; les endroits bien cclaiiTs sont
rcscrvesaux meubles fragilcs, et aux op^^rations
qui demandcnt beaucoupdc jour. Ainsi, lorsque
les lieux desliii(?s a recevoir chaque cliose seront
prc^pari^s, oii lcs enfcrmera toulcs en comnnin
dans rendroit qui leur sera propre , et on en met-
tra mcme qiielques-unes a part , alin de repren-
drc celles dont on pourra avoir besoin pour son
usage habitucl. Car, selon un vieux proverbe, il
n'y a pas de pauvretij plus certaine que celle de
ne pouvoir pas se servir des choses dont ou a be-
soiii , faute de savoir, quand on vient a les cher-
cher, rendroit oii on les a jett^es au hasard.
Aussi la negligence est-elle plus Inboricuse dans
1'cconomie domestique quc rexactitude meme.
operibiis fati^ato rcdfiuniliim. Ncc taniPii Inslitiicnilo vil-
licani ilonieslicarum lernni villico lemillinnis curain, sed
taiiUimmoOo laboiem ejus ailjutricc data levamiis. CaMe-
nim miiiiia, i|iin' donii cape.ssuntur, tion in totiiin mnliebi i
oflicio relini|iicuda simt, sed ita delejianda ei, iil idciiti-
dem oculis \iilici iiistodianfur. .Sic eniin diliKentior eiit
villica, si mciiiinciit ihi («.se, cni ralio fici]iienler led-
denda sil. F.a piirro pcrsuasissimnni liabere debebit, ant
'n totuni, aiit cciic pliirimiini lioiui se nioiari oporlere :
tum qiiibus aliipiid iu H^ro laiieiidiiin eril scrvis, cos Ibras
emitlcre; qiiibiis aiilcm iu \illa ipiid aiiciidimi videbiliir,
eos iulra parictcs coiitiucie, atipic animadverleie, ne
diiirna cessando fruslrentur opera : qna? domuni auleni
inrcruntnr, dili^Miler inspiccie, nc delibata sinl, el i(a
ex|iliiiala atipie iuviolata rcciperc t tum separaie, quai
consiimcnda siinl , ct qiin;' superlieri possimt, custodirc,
ne sumptiis anuuiis meiislriius lial, Tnm siipiis cx lainilia
cii'perit adversa valiliidiiie afiici, vidcndiiin eri( nt is
(piam coniniiidissime ministictiir. Nam cn biijusniodi cuia
iiascitur bcnevolentia, iicc miniis obseqiiium. Quinetiam
lidelius quani priiis scrvirc sliidcnt, qni convaliicrint ,
cuni est a'sris adhibita diliiienlja.
11, IVist ha'c iuciiiiii!r..'-c ilchebil, quic inlcranliir, iil
idoncis ct saliihi ibiis loeis rci oiidita sine noxa pernianeant,
Niliil enim magiscuiandum cst, quam pra'paraie, ubi qiiid-
que reponatiir, ut cum opus sit, promatur, Ea loca qualia
essedebcant, et in piinio voluniine, ciim villam consli.
liiercniiis, et iis «ndecimo, cum de oflicio villi(-i dispiita-
lemns, jam dicta sunl. Sed ne niiiic qnidcni ilcmonstrare
breviter pisebit. Nani quod excclsissimnm cst coiiclave,
pretiosissima vasa et vcstein dcsideial : quod denique
borrcuni siccum atqiie aridum, Iriinicnlis hahcliir ido-
nenm : quod frifiidiim, commodissime viuuni cu.slodit :
qiiod hene ilhislre , fi asiiciu siipcllcclilcm alipie ea poslii-
latopcra, ipia' iiiulli liiiiiiiiis iinli-ciil. I'ia'|iaialis ifjilur
icicplaciilis, opnrlchil suo quiilipic loco gencralim , alqiic
cliani spccialilcr noiihulla disponere : quofaciiius, ciim
quid evpostulahil usiis, rcpcriri possit. Nam vcliis est
proverhiimi, paupcrtateni ccrtis.simamcs.se, ciim aliciijus
inili^eas , iili eo non posse, qiiia i^uoreliir, iihi projccliini
jaccat quod dcsideratur, Ilaqiie in rc faiiiiliari lahmiosioi
cst negli^entia, quam dilisciitia, Qiiiscnim diihilcl iiiliil
csse pulcbriiis in onini ratione vita: dispositinne atqiie
ordiiic? qiiod ctiani linlicris spcctaciilis licel sicpe cogno-
sccre. ^.im iihi cliorus lancnliiiin non ad ccrtos inodos
iicqiic numciis |iiiccimlis uiai;islri roiiscnsit, dissoiiiun
COLUMELLE.
En effet , y a-t-il uii homme qui ne soit pas con-
vaincu qu'il u'y a rien de plus beau dans toute
la conduite de ia vie que l'oi'dre et {'arraiigement ;
et n'est-ee pas meme une remarque que l'on est
a portee de faire souvent daus les speetacles des
jeux publics ? En effet , lursqu'un choeur de chan-
teurs ne s'accorde pas sur des modes certains,
et qu'il ne suit pas la mesure du maitre qui le
diiige, il semble aux auditeurs que le cliant a
quelque chose de discordant et de tumultueux ;
au lieu que lorsque les chanteurs sont d'accord,
et qu'ils forment , pour ainsi dire , tous ensemble
une unite de cbant , dont la mesure et la prosodie
sont bien niarquees , non-seulement cet accord
de voix fait entendie quelque chose de melo-
dieux et de flatteur aux chanteurs eux-memes,
mais il charme encore les spectateurs et les audi-
teurs par l'effet d'une \olupte delicieuse. Cest
ainsi que dans une armee le soldat ni le general
ne pourraient rien demeler faute d'ordre et d'ar-
rangeraent, parce que, si tout y etait pele-mele,
les gens arines seraient confondus avcc ceux qui
seraient sans arraes , les cavaliers avec les fantas-
sins, et la cavaleiie avec les chariots. On tiie
aussi un tres-grand avantage de Tordre et des
preparatifs dans un vaisseau , p;irce que s'il est
equipe convenablement, et qu'il survienne une
tempete, les subalternes tirent, sans causer au-
cuue alarrae , les agres de rendroit ou ils sont
ranges en ordre , au moment que celui qui gou-
\erne le vaisseau les leur demande. Par conse-
quent si l'ordre et rarrangement font un si grand
effet sur les thcAtres, ou dans les armees, ou
meme sur les vaisseaux, il n'y a point de doute
qu"ils nc soient egalement necessaires dans les
fonetions de la metayere, par rapport aux choses
qu'elle doit serrer; parce que, Iorsqu'elIes sont a
leur plaee maniuce , elles frappent plus aisement
la vue, et que si Tuue se trouve egaree, ie lieu
qu'elle devait occuper se trouvant vide avertit
lui-meme des lors qu'il faut la chercher. Outre
cela, on reraarque plus facilement ce qui peut
avoir besoin d'etre soigne ou rajuste, quand on
fait la revue generale des choses qui sont en leur
place. Cest pour cela que M. Cieeron , en se
conformant a rautorite de Xenophon dans son
Economique , met ee qui suit dans la bouche d'Is-
comachus, en reponse a des questions que Socrate
lui faisait sur tous ccs objets.
IIL Nous avons comraene6 par distribuer les
ustensiles et les raeubles dans les lienx con venable-
ment prepares a cet effet ; et uous avons mis a part
d'abord les choses que nous avons coutume d'em-
ployer aux saerifices, ensuite les ajustements qui
servent aux femmes les jours de fete, puis ce
qui sert egalement h parer les homraes les jours
solennels, et enfin les chaussures de Tun et de
Tautre sexe; ripres quoi on mettait d'un c6te les
armcs et les traits, et d'un autre cote les outils
qui sont d'usage dans les ouvrages de laine. On
mettait ensuite a sa place (suivant la couturae) la
batterie de cuisine , puis les vases des bains ainsi
que ceux de la toilelte, et la vaisselle de table,
tant celle a Tusage des jours ordinaires que celle
a Tusage des grands repas. Quant aux choses
d'une consoramation journaliere, nous en avons
fait deux parts, Tune qui coraprend la provision
du mois , l'autre qui renferme celle de rannee :
moyennant quoi on est a Tabri de toute erreur par
rapport au tempsoii ces provisions doivent fmir.
Apres avoir ainsi separe toutcs ces choses fune
d'avec fautre , nous les avons encore arrangees
chacune a leur place ; apres quoi nous avons doone
les choses d'un usage babitue! a chacun des es-
claves subalternes qu'elles concernent , telles que
celles qui servent aux ouvrages de laine, ou a la
cuisson et a la preparation de la nourriture ; et nous
lui avons enseigue rendroit ou il devait les remet-
qnidilam ac tiimiiltuosiim auiiienliljns canere viiletur : at
ubi certis nnnieiis ac pedibus velut facla conspiralioue
cunsensit utqueconcinuit, ex ejusmoJi vocum concoidia
non solum ipsis canenlibps amicum quiddam et dulce le-
sonat, verum eliani spectantes audientesque l;elissima
voluplale permulcenlur. Jam vero in exercitu neque niiles
nequeiniperalor siue ordiue ac dispositione quid(|uam va-
lel explicare, cnni arnialus inermem.eqnes pedilem, plau-
strum equitem, si sinl permisti, conlundanl. Ila-c eadeni
latio |ira'paralionis atqueoidiniseliamin navigiis plurimnm
valet. Nam ubi leiij|iestas incessit, et est rite disposila
navis,suo quidque oriline locatum armamentuin sine tre-
pidatione ininister proniit, cumesl a gubernatoreposlu-
latum. Quod si lantum ba;c possunt vel iu tliealris vel in
txercitibus vcl etiam in naviyiis : niliil dnbium esl, qniii
tura villicic ordinem dispositionemque lerum, quas re-
ponit, desideret. Jiani et nnuinquod(|ue facilius conside-
ralnr, cum cst assignatum suo loco,et siquid lorte abest ,
ip.se vacniis lociis admonet, ut ipiod dcest reqiiiralnr.
Siquid vero cuiari aut coiicinnari oportel, lacilius intelli-
gitur, cum oidine suo receusetur. De quibns omnibus M.
Cicero aiictoritatem Xeno|>lionlis secutiis in (Economico
sic inducit Isciiomaciiiim sciscitanti Socrati narranteni.
III. Pra;paratis idoneis locis instrumentum et supellec-
tilem disliibuere cu>pimus : ac piimum ea secrevimus,
qnibiis ad res divinas uti solemus , postea mundum inii-
liebreni , qui ad dies feslos comparatur, inde ad (bella)
virilem , iteni diernm solennium oriiatum , nec minus cal-
eiamenta utiique sexui convenientia : tum jam seorsum
arma ac tela seponcbantur, et in altera parte instrunieiita,
quihus ad lanilicia utuntur. Post quibus ad cibum t.om-
paranduin vasis uti assolent constituebantur : deinde qiiaj
ad lavationem , (lua; ad exornationem , qua; ad nieiisain
iiuotidianam, atqneepulationem pertinent, exponebantiir.
1'ostea ex iis quibus qnotidie iitimur, quod menstriium
esset seposuimus, annnnm quoqne in dnas partes divisi-
nius : nam sic niinus fallit, qui exitus tuturus sit. Haec
postquam omnia secrevimiis, tiini suo qiia;qne loci} dis-
posniinus : deindc qiiibns quotidie .servuli utuntur, qua
ad lanilicia, qno; ad cibaria coquenda ct conliiienda per-
DE UAGRICULTUIU':, I.IV. XII.
tre , en lui prcscri vant de veiller a leur siirrte. Mais
pour celles dont nous ne nous servons que les jours
de fetes ou a larrivee des liotes et dans qui^kiues
cas rares, no\is les avons miscs cntre ies ninins
de reconome, en leurassignant a toutes leur place.
INous comptions cliaque piece, et nousen tenions
nous-meme registre. Nous avons aussi pruvcnu
reconomede rendroit ou ii trouverait touteedont
on pourrait avoir bcsoin, en l'avertissant d"nvoir
des notes partieuiicres pour se rappeler les effets
qu'il aurnit donnes , le temps oii il les aurait don-
nes,et la persoime qui les aurait recus , afin de
les remettre chncun a sa plnce , lors([u'on les au-
rait rendus. Ainsi les aneiens nous ont donne,
dans la personne d'lschomachus, les memes
preceptes d'attention et de vii;ilancc que nous
donnons aujourd^hui a la metayere. Cependant
elle ne doit pas borner ses soins a garder sous
la clef ce qu"on lui aura apportii a la maison ; mais
elle doit encore eu faire In revue de temps en
temps, et prendre garde que les meubles ou les
habits ne deperissent pour etre ensevelis dans
Tordure , ou ((ue les productions de la terre aiosi
que les autres choses crusape ne se perdent par
sa negligence et par sa paresse. II faut aussi
qu'elle ait de !a laine toute prete et cardtie, tant
arin de pouvoir tourner ses soins du coie des ou-
vrages de iaine les jours de pluie, ou lorsque le
froid ou la bruine empi}cheront les fcmmes de va-
quer en plein air aux travaux rustiques, qu'alin
que ces ouvrages puissent i-tre faits plus aistmeut
quand elle y mettra la maiu , ou qu"elle donnera
ses ordres. En effet, il ne sera pas mal que ses
habits, ainsi que ceux des inteudants et des au-
trcs esclaves distingues , soient faits a In maison ,
alin que les comples que fon rendra au chef de
faniille soient moius enlKs. Voici encore une chose
qu"elle ne manquera jnmais d'observer : c'est. dc
faire la visite daus la metairie des que les geus
en seront sortis , pour voir s'il n'cn est pas restfj
de eeux qui devraient i^tre dchors a liavailler ti la
campagne , et si quelquun d'eux n'a pastrompe
(comme il arrive quclquefois) la vifjilance de son
mari en tergiversant dnns la maison. Kn ee cas
elle lui demandera la raison de sa nc^gligenec;
elle examinera si c'esl sa mauvaise sante qui Ta
force de rester, ou si c'est par paresse qu'il s't>st
cach(3 ; et elle le conduira sans retard a rinlirmc-
rie, quand merae elle s'apereevrait qn'il s'('xcu-
serait sur une mnladie feinte; parce qu'j| vaiit
mieux laisser reposer un ou deux jours, en le
gardanta vue , un esclave fatigui? par Touvrage,
que de Texposer a. une maladie reelle, en Tac-
cahlant par un travail excessif. Enfin elle restera
le moins qiie faire se pourra dans ia mt^nie plaee ;
car son ofliee n'est point s(»dentaire, et elle doit
au contraire tant(")t prendre un nKJtier, pour mon-
trer aux autres a faire de la toile si elle est la
plus babile, sinon pour apprtndre elle-mtme a
en faire de ceux qui sout plus habiles qu"ellc ;
tantot visiter ceux qui pr(?parent le manger des
gens , et avoir soin de faire nettoyer la euisine,
les (■tables a ba-ufs et les crt^^ches. Elle doit aus.si
ouvrir de temps en temps les inllrmeries, quand
m(ime il ne s'y trouveiait point de malades, et
en balayer les ordures , afiii que , quand le eas
lexigera, les malades les trouvent bien arran-
g{?es, en bon etat et saiues. II faut encore qu'elle
soit presente toutes les fois que les pourvoyeuis
et ks depensiers peseront et mesiireront quelque
chose, ou que les patres tireront le lait dans les
etables, ou qu'ils feront tetter les agneaux ct les
petits des auties bestiaux ; eornme il faut qu'cilc
assiste a la toute, qu'elle prenne soigneusement
linent, liiEC ipsis, qiii liis iili snlpnt, tradiillinus , et nlii
expoiKJient, demonsliavimus, ct iit salva cssent, pncce-
pimiis. Quibiis aiileni ad dies festos et ad hospitum adveii-
tnin utimur otad (|iia'dam rara iiesolia, lia:c pioino tia-
didinius, et loca omniuiu demoiislravimus, et oninia
annnmeravimiis, atiiiie annunierala ipsi cxscripsiniiis,
eumque adinonuimiis, ut qiiodcunqiie opus e.sset , sciret
uiidc daret , et memiuisset atqiie annotaret , (|iiid ut (|iiando
et cui dedisset, et cum recepisset, ul quidque suo \am
leponeret. Isitiir liaec nobis antiqui per Isclininachi perso-
Dam praecepla industriie ac dlligentia! tiailidernnt , qua;
nnnc nos villiacdemonstramus. Nec tamen iina ejuscura
csse dcbebil, ulclausa cuslodiat, qna; teclis illata lece-
peiil, sed subiuile rcco!;iioscat alque cnn>iderct, ne aut
supeliex vestisvc condita silu dllabatur, aiit fniges, aliavc
iitensiliancgli'.:enila dcsidiai|nesua currumpantiir. Pluviis
vero diebus, vel cuiii ni>;nribus aut priiinls niulier siib
dio rusticum opus nbire non iioterit, ul ad lanlllclum re-
ducatur, pra'parala;sint el pcclitrc lana',i|iin racilius jiisla
lanificio per.sc<|iii atquc evlt^cre possit. .Mlill cnlni nocc-
\'\t. si sllil alqiie actoribiis ct aliis in lionore .servulls
veslis donii (oiilccta kii'ril, ipio niiniis palrlsr,inillias ra-
tinnesonerciilur. Illiid vcroeliam in pcrpetuiimcuslodieu-
diiin Ijabcbit, uteos, qni Inris ruslicdri debcbunl, cum
jani e villa lamilia processciit , reipiirat, ac siquis, ut
evcnit, cuiam contubcnialis ejus intra leclnni terglver-
saiis fefcllcril, caiisam desldiae sciscitetiir, cxplnretque
iitium adversa valeludine inliibitus lestiterit, an pigriiia
dcliluciit. Kt si conipererit, vel siinulanlcm lannuorein
siiic cunclatione in valetudinariuni dcdiicat : pra'slat
eniiii opere fati^aliim Bub custodia leqnicsceic ununi ant
altcnini dicni, qnam pressiim niiiiio labore verara iioxam
concipcre. Ueiiique iino loco ipiam niinimeopoiiebll eain
cnnsislirc, iicipic eiiim sedenlaria ejus opcra est, scd modo
ad lclaindcbcbil accedcre,acsiquld nicliussciat,doceie :
si miinis, addisccre ab co qui pliis iiitcllitiat, niodo eos
qui cibiiin ramiliic conlii iiint, inviserc : tiini etiain culiiiam
et biibllia, nec niinus piascpia mundanda ciiiaie : valc-
luilinaria qiioquc vcl si \accnlab imbccillls, Identideni
aperirc,climniuiiditilslilicrare,utcuni rcsexcgcrit, bciic
ordinala [el oniataj ct saiiibi la laii^iicntlbus pra'bcanlur :
proinis qiioque ct ccllariis alicpiid ap|)cndeiitibus aiit iTie-
llcutibiis intervenirc ; iicc ininiis intcrcsse pasloribiis in
stabulis InicUun co;;eiilibiis,aiil l'iclii.s oviiini aliariinive
46G
COLUMELLE.
la laine qui en reviendra, et qu"el!e compare le
nombre des toisons a celui des bestiaux; enfin
qu'elle force les esclaves charges du soin des meu-
bies de les tenir propres , de nettoyer et de polir
les instruraents de fer, et de donner aux artisans
ceux qui auront besoin de reparation, afm qu'ils
les mettent en efat. Quoique toutsoit ainsi regle,
je crois neanmoins que cette distribution ne sera
encore d'aueune utilite, a moins que, comme
je Tai deja dit, le metayer n'y ait souvent roeil;
sans parler du maitre et de la maitrcsse, qui doi-
vent aussi y regarder de temps en temps, et a
moius qu'il ne vcilie au maiutien de cet arrange-
raent quand il sera une fois etabli. Cest aussi ce
que Ton a toujours pratique dans les villes poli-
cees : en effet, il n'a pas paru sutTisant aux ehefs
et aux notables de ces villes de les pourvoir de
bonnes lois, s'ils u'eussent eii meme temps com-
mis la garde de ces lois a des citoyens tres-exacts,
que les Grecs appellent vo,u.o(iuAaxa;, et dont la
fonction consistait a combler d'eloges et merae
d'honneurs ceux qui obeissaient aux lois , comme
a punir ceux qui s"en ecartaient. Cest prccisement
ce que font encore aujourd'hui les magistrats ,
cjui maintieunent les loisen vigueurpar rexereice
assidu de leur juridiction. Mais il suffit de ces
preceptes pour ce qui concerne radministraliou
geuerale.
IV. PJous allons a present donner des preceptes
sur d'autres objets particuliers , dont nous n'avons
poinl parle dans les livrcs preeedents, parce que
nous nous leservions de le faire en traitant des
fonctions de la metayere. Pour suivre un certain
ordre, nous coramcncerons par le printeinps,
parce que les seiiiailles, taut celles qui sont faites
a temps que celles des tremois, se trouvant pres-
que toutes fmies dans cette saison , il reste des
moments oii ron n'a rien a faire , et oii Ton peut
par consequent s'occuper des pratiques que nous
allous enseigner. La tradition nous apprend que
les auteurs, tant carthaginois et grecs que ro-
mains, n'ont pas neglige le soin des petites elio-
ses : en effet, Rlagon le Carthaginois et Hamilcar,
dont rexemple paralt avoir ete suivi par Mnaseas
et Paxamus, auteurs grecs assez celebres, u'ont
pas dedaigne , qiiand lesguerres leuren ont laisse
le loisir, de payer une espece de tribut a la subsis-
tance des hommes. Cest ce qu'ont fait egalement
plusieurs de nos compatriotes : teraoin M. Ambi-
vius, Masnas Lieinius et C. Matius, qui se sont at-
taches a former, par les preceptes qu'ils leur ont
donnes , des boulangers , des cuisraiers et des offi-
ciers chargcs du soin des provisions de bouche. Or
tous ces auteurs ont voulu que celui qui se mele-
rait de ces emplois fut chaste et contiiient, parce
qu"il est importaut que ce qui sert a la boisson ou
a la nourriture ne soit touche que par des ira-
puberes, ou au moins pordes personnes qui s'abs-
tiennent tout a fait de racte venerien ; de sorte
que si un horame ou une femrae maries sont
dans le cas de mettie la main aux provisions de
bouche, ils pretendent qu'ils doivent prealable-
ment se baigner dans un Ueuve ou dans une eau
courante ; et que par cousequent il faut necessai-
reraent avoir recours au ministere d'un enfant ou
a celui d'une petite fille, pour tirer les choses
dont on aura besoin de rendroit ou elles seront
serrees. A la suite de ce precepte, ils ordonnent
de preparer un lieu et des vases couvenables
pour contire quelque chose que ce soit au sel et au
vinaigre : ils veulentque ce lieu ne soitpas expose
au soleil, et qu'il soit tres-frais et ties-sec, afin
que les provisions de bouche ne contractent ni
moisissure ni odeur de relent ; que les vases dont
|M'cui(lujn siibninianlibns : tonsiirls vero earuni iilique in- .
lercsse.et lanas [eliam] diligenter percipere , et vplleia I
ad numeruin pecoris rccensere : tum insistere alriensibus ,
ut supelleclilem exponant , et ferramenta delersa nitiden-
!ur, atque rubigine liberentur, cajteraque qu« relectionem
desideiant , fabris concinnanda tradautur. Poslremo liis
lebus omiiibus couslitutis, nibil lianc arliitrordistributio-
neiii profuturam, iiisi, ut jani dixi, villicus sa^pius, et
aliquando tamen dominus aut matrona considoiaveiit,
animadverleritque, iit ordinatio iustituta conservelur.
Quod etiaiu in bene moratis civitatibus semper est obser-
valiim; quarum primoribus atqufi oplimatibus non salis
visum est bonaslegesliabere, nisicustodes eaium diligen-
lissimos cives creassent, quos Graeci vo^oifuXaxa; appel-
lanl. Horum erat officiuni , eos qui legibus parerent, lau-
dibiis prosequi, iiec minus bonoribus : eos autem qni non
parerent, piKua mullare. Quod nunc scilicet laciuntma-
gistratus, assidna jurisdictione vim legum ciistodienles.
Sed lisecin univcisuni adminislranda tradidisse abiiiHie sil.
IV. Nunc de c.x'leris rebus , quseomissiE eiant prioribiis
libris, qiioniam villica; reservabantur ofliciis, prrecipie-
mns, ct ut aliquis ordo cuslodiatur, incipienins a vorno
tempoi e , quoniam feie maturis atque trimestribus cnn-
summatis satiouibus , vaciia tempora jam coutingunt ad ea
exeqiienda, quae deinceps docebimus. Parvaium lerum
curam non defnisse Pirnis Gr.Tcisqiie auetoiibns alqne
etiam Romaiiis, memoria tiadidit. Nam et Slago Cartiia-
giniensis, et Hamilcar, quos secuti videntur Griewe genlis
non obscnri scriptores Mnaseas alque Paxamus , tum de-
mnm no.stri generis, poslquam a bellis otiuni fuit, quasi
quoddam tribntum victiii liumano coulerre dedignati non
sunt, ut M. Ambivius, et M.-cnas Licinius, tum etiam C.
Matius; quibus sludiiim fuit pistoris et coci, nec minus
cellarii diligentiam siiis praiceptis instituere. His aiitem
omnibns placuit, eiim, qui rerum liarum olficium susce-
perit, castum esse coutiueiitemque oportere, qiioniani
lotum in eo sit , ne lontractentur pocula vel cibi , nisi aut
ab impubi.autcerto abstinentissimorebiis venereis. Quibus
si fuerit operalus vel vir vel fujmina, debere eos llum.t/O
aut perenni aqua, priusquam penora conlingant, ablui.
Propter quod liis necessarium esse pueri vel virginis minis-
terium , per quos promantur, qu.ie usus postulaverit. Post
liocpijpieptum lociimetva.saidoneasalgamispia>paraiiju-
beiit : locum csse debere aversum asolc, quain trigidissi-
DE L'AGR1CL1LTU1U:, LIV. \II.
011 se servira soicnt de terre cuite ou de verre;
que l'on en ait une grande quantite de petits,
piutot que d'en avoir de grands en moindre quan-
tite; ct que de ces vases les uns soieut enduits de
poix comme il faut, et les autres propres, mais
sans apprct particulier, selon que la naturc dcs
clioses que Ton doit confMC rcxigera. 11 faut faire
e.xpres ces vases , de facon qu'ils aient une grande
ouverture ct qu'ils soicnt dune nicme largeur du
haut en bas, et que par coiiscquent leur forme
ne ressemble point a celle dcs futaillcs, afin que,
lorsqu'ou en aura tirc dcs viandes conlites pour
son usagc, tout ce qu'on y aura laissc soit egale-
ment prccipitc au fond du vase, a Taide d'un
poids dont on chargcra la superlicie de ces vian-
des. Car pour conscrver les provisions de bouclie
sans qu'elles se giitcnt, il faut faire en sorte
quelles ne suruagent point, mais qu'elles soicnt
toujours recouvertes du liquide dans lcqiicl on
les conserve ; ce a quoi il serait difficile de par-
venir, si elles etaicnt dans une futaille qui n'a
point une fornie rcguliere. Les memes auteurs
ajoutent que le vinaigre et la saumure la plus
forte sont d'un usage tres-necessaire pour ces
operations. Voici comme on fait Tune et rautre.
V . Pour faire du vinaigre , racttez sur quarante-
huit scxlarii de vin cvapore ou gate une livre de
levain , trois uncim de figues scches et un sexta-
rius de sel hroyes ensemble, de facon ni^anmoins
qu'avant de jeter ces ingredients dans la mesure
de viu que nous disons , ils aient ete delayes dans
un qmrtarius de miel. Quelques pcrsonues jettent
dans une pareille mesure de vin quatre sexfarii
d'orge grillee, quarante noix allumees, et une
demi-livrederacnthe verte. D'autresfontchauffer
des barrcs de fer Jusqu'a ce qu'elles soient rouges
comme du feu, et les plongent daus une pareille
mesuredc viu; aprcsquoi ilsallumentcinq ouslx
pignonssans aniandes, et les y jettent tout en-
flammcs. II y en a qui font la mcme operation
avec des pommcs de sapin endammees.
VI. Maniere de faire de la saumuro forte. On
met dans la partie dc la nRtairie la plus exposce
au soleil une futaille dont 1'ouverture soit trcs-
grande, et on la rcmplitd'eau de pluic, qui est
la meilleure pour cette operation , ou du moiiis ,
si Ton n'a pas d'eau de pluie , on la remplit d'cau
de fontaiue qui soit tres-douce; apics quoi on
suspcnd dans cette futaille un panier de jonc ou
de gcnet d'Espague rempli de sel blanc , afin
que la saumurc soit plus blauclie. Tant que Toa
voit le sel se fondre pendant quelques jours , c'cst
unepreuveque lasaumure n'est pas encore assez
faite. Cest pourquoi Ton continuera pendant
quelque tenips d'en mettre d'autre dans ce pa-
nicr, jusqu'a ce qu'il y reste tel qu'on Ty aura
mis, et sans souffrir aucune diminution. Lors-
qu'on s'apercevra qu'il ne fond plus , on jugcra
des lors que la saumure est a son point de per-
fection ; et si ron vcut cn faire d'autre daiis le
memc vase , on versera la premicre daiis des
vaisseaux bien enduits de poix, et on la tiendra
couverte au soleil, parce que raction du solcil
en attircra toute la moisissure et lui feiva contrac-
ter unc bonnc odcur. II y a une aiitie maiiicro
de rccomiaitre si la saumure est a son point
de perfcction, qui conslste a y plongcr du fio-
mage niou : cn cffct, s'il tombe au fond, c'est
une prcuve qu'ellc n'est pas encore faite ; au licu
que lorsqu'il surnagc, on cst sur qu'cllc est a
son point de perfection.
VII. Quand on aura prepare du vinaigrc et dc
la saumure, il faudra cucillir pour son usagc
vers requiuoxe du printcmps, ct mettrcapart
mumet siccissimum, nc situ penora niucoiem conlraliant.
Vasaantem fictilia vel vilrea plura potius qiiam anipla,
et eoium alia recte pieata, nonnulla lamen puia, prout comli-
tio conditiirM exeserit. Haccvasa dedita opera lieri oportet
palcntiore, et iisque ad imum aequalia, nec in moilum
doliorum lormata, nt exemptis ad usiim salgamis quid-
quid superest xquali pondere iisque ad fnndnm deprima-
lur, cum ea res innoxla penoia conservet, iilii noii inna-
teut, sed semper .sint jiiie submersa. Quod iu utero dolii
vix fieri posse propter ina-qualitatem liguia'. Jlaxinie
autem ad lioc necessariuin esse aceti et duru; murifo usuni,
qucG utraque sic conlieri.
V. Qnemadmodum ex vino vapido acetum liat. lu se\-
tarios duodeqiiinquaginta fVrmenti liliiam , lii i arida-
pondo qiiadrantcm , salis scxlarium suliterilo, el sulilrila
cum quartario mellis aceto diluito, atqiie ita in piwdiclain
mensuram adjicito. Quidam ordei tosti sextarios qualiior,
et nnces ardentes juglandes quadraginla , et iniMila' viri-
dis pondo sclil)i'ani in eandcm mcnsuram adjiciunl. Qiii-
dam ferri massas exiirunt , ita ul ignis spccieni lialicant,
easqueineandem niensnranidemittunt. Tiini eliam cvcin-
ptis nucleis ipsas nnccs pinca.s vaciias >iunicro qiiinqiic vcl
scx inrencliiiit , ct ardi'iili's eodem demitlunt. Alii nuciliiis
sapiiicis ardcnlibus nlcm faciunt.
Vf. Miiriam diiram sic facito: doliiim qnam palentissimi
oris locato in ea parte villai , qu.ie pluiimiim solis accipit.
Id doliiim aqua ca'lesli repleto ; ea estenim luiic rci aptis-
siina; vel si non fiierit pluvialis, certe foutana diilcissimi
saporis. Tnni indito sportam junceam, vel sparteam,
qure replenda est sale candido , quo candidior niuria liat.
Ciini salein per aliquot dics videbis liquescere, ex eo iii-
tclliges nondum muriani esse maliiram. Itaque subinde
aliiim salcm tamdiu ingercs, doncc in sporla pcrmancat
inlcgcr, nccminuatur. Quod cum animadverteris, scias
liaberc imiriani maturilalem siiam. Kt si facerc aliam vo-
Incris , Iianc in vasa bciie picata dillundcs , ct opcrtam in
sole Iialiebis. Omnem eiiim inucoicin vis solis aufert, ct
oiloicm bonum pra^bcl. Kst etaliiid inuriaj niatura- expo-
rimcnliim. Nam ubi dulcem cascum demiseiis in eam , si
pcssnm ibit, .scies essc adbuc crndam : si innalabit, ma-
tiiram.
VII. His pr.Tparalis circa vernum reqiiinocliiim licili.vs
in iisnm colliKi ct icpnni iiporlchil , cyniani, c.iuIcim,
i:ippaiiin , apii culiriilos, nitam, olcris alii (iini siio colc
COLUMELLE
les bcvbes suivantes : savoir, des cimes et des
tiges de ehoii , des capres, des tiges d'acbe , de la
rue, des tiges de raaceron cueillies avont que
cette plante sorte de sa capsule , ainsi que des
tigcs de ferules cueillies avant leur devcloppe-
ment total , de la fleur nouvelle et des tiges de
panais sauvage ou cultive, de la fleur de eouleu-
vrce cueillie avant sou parfait developperaent,
de la fleur tant d'asperge que de petit houx , de
racine vierge , de digitaie, de pouliot, de eataire,
de lapsana, de la fleur et des tiges de cette bat-
tilleque Ton appelle pied de Milan, et meme
de jeunes tiges de fenouil. On confit aisement
toutes ces berbes enserable dans la meme sauce,
c'est-a-dire , dans deux tiers de vinaigre et un
tiers de saumure forte. Mais on peut aussi mettre
n part, chaeunedansleur bassin, la couleuvree,
le petit boux, la rncine vierge, Tasperge, la
lapsana, lepanis, la cataire, la battille. Apres
avoir saupoudre ces berbcs de sel, on les raet
deux jours a rombre, jusqu'a ce qu^elles rendent
leur eau; ensuite, si elles ont jete assez d'eau
pour pouvoir elre lavees dans leur propre jus,
on les y lave , sinon on les lave avec de la sau-
mure forte que Ton verse dessus, puis ou les com-
prime eu les chargeant d'un poids; apres quoion
les met chacuue dansun vase a part, puis on verse
dessus uue sauraure, qui , comme je rai dit ci-
de.ssus, sera coraposee de deux tiers de vinaigre
et d'un tiers de saumure proprement dite; et on
les reoouvre d'une bonne poignee de fenouil sec
cueilli rannce precedente pendant la vendaiige,
pour les eomprimer au pointque le liquide puisse
remonter aux bords du flacoii. Quand on aura
cueilli le maceron , la ferule et le fenouil , on
etendraces berbesala maison, jusqu'a ec qu'el-
les soient fanees ; apres quoi on en depouillera
les tiges de leurs feuilles et de toufe leur ccorce.
Si ces tiges sont plus grosses que le pouce , on
aura soin de les partager en deux morceaux , en
se servantd'un roseau pour les eouper. II faudra
aussi eparpiller les fleurs elles-meraes et les fen-
dre en deux avantde les mettre dans le» vases,
poureviter qu'elles ne soicnt trop grosses. Ensuite
on versera dessus la saumure que nous venons de
prescrire , en y ajoutant quelques petites raeines
de ce laser que les Grecs appellent ciAsiov, et
en recouvrant le tout d'une poignee de fenouil
see , de facon que la saumure renionto par-des-
sus. II faut laisser secher a la maison pendant
plusieurs jours, jusqu'a cc qu'elles soient fa-
nees, les cimes et les tiges de chou, de cSprier,
de pied de Milau, de pouliot, de digitale, et les
confire ensuite de la maniere dont on confit la
ferule , la rue , la sarriette et forigan. 11 y a des
personues qui se contentent de faire confire la
rue dans de la saumure forte, sans y ajoutcr de
vinaigre, et qui ensuite, pour s"eu sertir, la
trempent dans de Teau ou merae dans du vin ,
et rarrosent d'huile. On pourrait aisenient con-
server de la meme maniere la sarrielte verte ,
ainsi que Torigan vert.
VIII. Maniere de fairede Voxyfjala (de la jon-
chee). On prend nn pot de terre proprc, que Ton
perce vers le fond avec une tarricre ; ensuite on
bouche avec un fosset le trou que Ton a fait , et
Ton reraplit ce vase de lait de brcbis tres-frais;
puisonyajoutedepetitesbottesd'assalsonnements
verts, consistant en origan, menthe,oignon et co-
riandre. On enfonce ees berbesdans le lait, de fa-
con neanmoins que la ligature qui les retient y
suruage. Cinq jours apres, on relire le fosset qui
servaita boucher le trou, ct Ton vide le petit-lait.
Ensuite , lorsque le lait raerae coramence a cou-
floiem anlequam de folliciilo exeat : ilem feriilae ciim coli-
ciilo silenlcm qiiam tenenimum llorem : paslinacrc agrcs-
tis vel salivae eum coliculis silentem llorem : vitis albic et
asparagi et rusci et tamni et iligitelli el puleii et ne|iet<E
etlapsanai et liattis et ejus coliculum, (|ui milvinus pes
appellatur; quin ctiain lenerum coliculum ftjcniculi. Haec
oinnia uiia comlitura commode servantiir, id est aceti duas
partes.ot tertiam duise muriie si miscueiis. Sed vitis
alba, rnscus, et tamnum et asparasus , lapsana et pa.sti-
nac;i et nepeta et battis generatim in alveos componuulur,
ct sale conspersa biduo sub umbra , dum consuilent , re-
poiumtur : deinde si tantum lemiserint liumoiis, nt sno
sibiJHie ablui possint : si minns, superriisa duia miirla
lavanlur, et pondere imposito expriuiuntur : luin suo
quidque vase conditur, et jus, ut supia dixi,qnod est
inistuin diiabus parlibus acetiet una murisc, infnndiliir,
fnniculiqiie aridi , quod est per vindemiam pioximo anno
lectuin, spissamentuinimponilur,ilaut herbas deprimat,
et jus usque in summum labrnm lideliae pervenial. Olu-
salrum et ferulam et fcrniciilum cum legeris , sub tecto
cxiionilo, dum llaccescat : deinde folia et corticem
ouuicm coliculorum detrabito. Caulcs si fuerint pollicc
crassioies, arundiue secato, et in duas partes dividito.
Ipsosquoque llores,ne sint immodici , didiici et partiri
oportebit, atque ita invasa condi. Deindejns, quod supra
scriptum est, infundi, et paucas radiculas laseiis , quod
Graeci (jiX^iov vocant, adjici, tuin spissamento foeuiculi
aridi contegi , ut jus superveniat. Cymam, caulem, cap-
parim , pedemmilvi, puleium , digitellum, compluribus
diebus sub tecto siccari , dum llacccscat , el tuin eodem
modo condiri convenit , qiio feriilam , rutam , satureiani ,
cunilam. Sunt qui rutam muria tautum dura sine acelo
condiaut, deinde, cuin usus exigil, aqua vel etiam vino
abluant, el superfuso oleo utanlur. Haec condilura possit
coininode satureia viridis, et aeque viridis cunila servari.
VIII. Oxygalam sic facito. Ollain iiovain suinilo,
eaiiKpie juxla funduin terebrafo : deiude lavuin, qucin
fpcei is , surculo obturato , et lacte ovillo quani recenlissiino
vas repleto, eoque adjicito viridium condimentorum fas-
ciculos, origaui, mentae , cepiB, coriandii. Has lierba.s
ilain lacte demiltito, ut ligamina earnin extent. Po^ldiem
quintuin siirculum, quocavum obtiiraveras, eximito, el
seriim emitlitn. Ciim delnile Inc cipperit nianare, eodeni
suiculo cavum obturuto, iiilcruiis^oi|uc tridiio, ila nt su-
DE L'AGR1GULTURK, LIV. XU
lcr, on rebouche le trou nvec le m6me fosset , et
au bout de trois jovirs on vide eneore le petit-
lait de ia nieme maniere que la preniiere fois , et
Ton jette a recart les bottes d'assaisonnements.
Apres qiioi on ratisse sur le lait un peu de thvm
et d"origau secs , puis onyjette telle quantite
que Ton juge a propos de poireaux qui se eou|ient
a differentes reprises , apres les avoir haehes par
morceaux, en melant bien le tout ensenible; et
au bout de deux jourson vide encore le petit-lait
et on bouehe le trou. EnOn on y ajoute autant de
sel egruge qu'il est necessaire, en melant encore
bien le tout; puis on met un couvercle sur
le vase et on le boucho, pour ne Touvrir que
lorsqu'on en aura besoin par la suite. II y a des
personnes qui , apres avoir cueilli Therbe du
passeragesoit cultive soit memesauvage , la font
d'abord secher k rorabre; apres quoi , lorsqu"el-
les ontfa.t tremper un jour et une nuit dans la
saumure les feuilles separees deseoteset qu'elles
les ont exprimees , elles les jettent dans le lait
snus autre assaisonnement , en y ajnutant la
([uantite de sel qu'elles eroient suffisante , et en
observant pour le suiplus ee que nous avons
prescrit ci-dessus. D'autres melentdans un pot
de terre des feuilles nouvelles de passerage aveo
du lait doux, et vident le petit-lait trois jouis
apres, comme nous ravons preserit ; apres quoi
ils y ajoutent de la saiTiette verte hachee par
morceaux, et meme do lagraine seche de eorian-
dre , d'aneth, de thym et d'aehe, le tout bien
broye ensemble , et mele avec du sel bien cuit et
bien crible; apres quoi ilsobservent pourle sur-
plus ce quo nous avons dit ci-dessus.
l\. 11 faut saler dans un bassin des tiges de
laitue epluchee depuis le pied jusqu'a Tendroit
ou Ton s'apercoit que les feuilles commencent a
4i<.)
etretendres, et les y laisser unjonrctiine nuit,
jusqu'a ee qu'elles degorgent la saumiire ; ensuite
on les lavern dans celte snumure, et on les e.xpo-
sera sur des claies, apres eu avoir expriine Teau
jnsqu'a ce qu'elles soient sechees : oela fait , on
melera ensemble de raneth sec et du fcnouil, avee
un peu de rue etde poireau haclio par morceaux,
et Ton en fera un lit sur lequel on ctendra ces
tiges lorsqu'elles seront seehes , en les arrangeant
de facon qn'elles soient separees pardes haiieots
verts entiers, que Ton aura fait prenlahlement
tremper un jour et une nuit dansdc la saunnire
forte. Lorsdonc ([ue ees harieotssont seciies de
menie , on les confit avcc des bottes de Initue ,
en versant dessus une saumure composee de
deux tiers de vinaigre et d'un tiers de sanmure
propremeut dite , et en les chargennt ensuite
d'une poignee de fenouil sec qui les retienne , de
facon que la saumure remonte pnr-dessus. Pour
la forcor de remonter et empecher les lierbcs
confites de se dessecher, la personne qui sera a la
tete de cette besogne aura soin d'en verser sou-
vent de nouvelle pardessus la premiere. Elle es-
suiera uussi rexterieur des vases avec une eponge
propre, et les rafraichira avec de Teau de fon-
taine nouvellement puisee. II faut assaisonner
la chieoree et les cimes de ronces, aussi bien
quo les tiges de thym , de sarriette , d'<)iigan , et
meme celles de grands raiforts, de la nu-me ma-
ni(3re que la laitue. Au reste, e'est au printemps
que ron fait ces sortes d'operations.
-X. Nous allons au contraire donner a present
des preeeptesqui concernent leschosesqu'il fnut
cueiilir vers la moisson ou memeapres, pour les
gnrder pendant \'el{!. Choisissez de luignon de
PomptH ou d'Ascalon, ou meme de Toignon sim-
ple du paysdes Marses, que les pnysnns appel-
pra (lictiiiii cst, scium cmiltilo, cl fasciculos couJimciilo-
ruiii cxemplos abjicito : deiude exisuum aridi tliymi , ct
ciiuilo; ai iil:e supcr lac destiiiigilo , concisiqne seclivi poi li
quaulum videbitur adjicilo, el pcruiisceto : mox iiitei-
misso biduo ruisus serum emitlito , cavunnpie obliiralo ,
ct salis triti (piautum salis erit adjicito, et miscelo, deiude
operculo imposito et obliiiito, noii anle aperueris ollam,
quam usus exegeril. Suiit qni salivi vel etiain silvestris
lepidii lieibaui ciim collc^eriiiit iii uinbra siccent, deinde
foliaejiis abjecto caule die et iiocte muria maccrata ex-
pressaipie, lacU misee^int sinc coiidinienlis , et salis tpian-
Inm satis arbiliantur adjiciaut : tiim caUera, qua; .supra
pracepiniiis facianl. Sounulli recenlia lolia le|iidii cnm
dulci lacle in olla miscent, et post dieiii tertium, qncmad-
modnm pia'cepimus , seriim emiltnnt : deindecompertain
satureiam viridcm, tiiUi etiain arida semina coriaiidri
atquc anetbi et tbymi ct apii iii iiiiiim bene trita adjicinnt,
saleuKpie bene coctuin ciibralum permisccnt. C\'eteia
eadeui (|uos siipra faciiiiil.
IX. Conditura lactncic. Caules lactncAi ab imo depiir-
(;nl(is calemis, <pia lcnera fdlia videbiiiifnr, iu alveo >alire
opiirict, diciiiipio uiiuni ct iioclein siiieie, (liiiii muriaiii
leiiiitlaiit : deiiule muiia elueie, et expressos in cratibiis
pandere, duni assicccscant : tum substerneie anetbuui
aridiim et lieuiculum rulaeqiie aliquid et porri conciderc,
atqiie ita miscere : tum siccatos colirulos ita componere,
ut laseoli viriiles iutegii interpoiiantur, quos ipsos aute
diira niiiria die et nocte macerari iiportebit, .similiterque
assiccatos ciim fascicalis lactucarum coiidi , et supcrfunili
jus qiiod sit aceti duarum partium alqiie iiniiis niiiiiie :
deiiide arido spissaniento faMiicnli sic comprimi, utjiis
supcniatct. Qiiod nttial, is qni liiiic otlicio pr.Teiit, saqie
sulliiiidere jiis debebit , nec pati sitire salgama, sed extriii-
secus miiuda spongia vasa perlergeie, et aipia foiitaiiii
qnani recimtissima refiigerare. Siniili ratione iiilubiim et
ciiciiiiiina riibi , qua laclucam condire oportet, iiic niimis
tliyini el saliireia; et ori!;ani tum etiani arraoraciorum ry-
iiiam. Iliec. autem,quie siipra scripla siiiit, vcrno tempore
coniponiintur.
X. Kunc qiia! pcr ieslalcm ciica iiiessem vel ctiain
exactis jarn inessibiis colligi el reponi debeant, pr.-ecipie-
nins. Pompeianam, vel Ascalonlain cepam, vel etiam Mar-
sicam simplicem, quam vocant iiiiioiicm riislici, elif;itci :
ca cstautein, (pue noii l'riitii;a\ iJ , iicc liabuit suIkiIcs
460
COLIJMELLE.
leiit unio, c'cst-^-dire, de cclui (lui tra pas moiite 1 iluit de poix , que Ton rerapiiia soit de viu fail
en tiees et qui est sans caieu. Faites-Ie d'abord j avee des raisins seches au soleil , soit de vin cuit
. . ... .. _ .ri , '^A ■ : 'i J:_,:_.,.: ,1 it:J. J„ P„ „ ......
secher au soleil ; ensuite , aprcs qu'il aura ete
rafraichi a rombre, arrangez-Ie dans un flacon
sur un lit de thym ou d'origan ; et aprcs avoir
verse dessus une saumure composee de trois
quarts de \inaigreet d'unquart de saumure pro-
prement dite, couvrez-Ie d'une botte d'origan ,
de facon que Toignon soit bien enfonce : lorsque
Toignon se sera bien imbibe de cette saumure ,
vous reraplirez le vase du meme liquide. Cest
dans le raeme temps que Ton conlit les cormes,
les prunes de couleur d'onyx et les prunelles,
ainsique les poires et les pommes de toute espece.
[| faut cueillir les cormes dont on se sert pour
conlire les olives , ainsi que les prunelles et les
prunes d'onyx , pendant quelles sout encore du-
res et avant leur maturite parfaite, pourvu nean-
moins qu'elles ne soient pas trop vertes. En-
suite on les fait secher un jour a rombre, puis
onmele ensemble par parties egales du vinaigre
et du vin cuit jusqu'a diminution des deux tiers
ou de moitie , et on verse ce melange dessus. II
faudra aussi y ajouter un peu de sel , pour qu'il
ne s'y engendre point de vermisseaux ni d'au-
tres animaux. On les conservera cependaut plus
commodement en melant deux tiers de vin cuit
jusqu'a diminution des deux tiers, avec un
tiers de vinaigre. Lorsqu'on aura cueilli avant
leur maturite, sans cependant qu'eIlessoient ab-
solument vertes, des poires de Dolabella et de
Crustumium, des poires royales, des poires de
Venus, dcs poires volema, des poires de IVanius
et de lateritius, de Decimius, des poires /au-
rra (qui sentent le laurier) , des poires mtjra/jia
(des poires parfuim) et des prunes pour-
prees , on examinera avec attention si elles
sont saines, sans defaut et sans vers ; ensuite oa
les arrangera dans un flacon de terre cuite en-
jusqu'a diminution de moitie, de facon que tout
le fruit soit eufonce dans la liqueur; apres quoi
on mettra dessus un couvercle que Tou enduira
de platre. Je crois devoir donner comme une
raaxime generale , quil n'y a point de fruit que
l'on ne puisse conserver dans du miel. Cest
pourquoi comme les fruits qui sont confits dans
le miel sont quelquefois salutaires aux malades,
jepensequ'il eu faut conserver au moins quel-
ques-uns dc cette maniere, pourvu cependant
qu'on en mette a part les differentes especes ,
parce que si elles etaient melees toutes ensem-
ble , Tune gSlerait Tautre. Et puisquc eeci nous
a donue Toccasion de faire mention du miel,
nous ajonterons que c'est dans le raeme temps
qu'il fautchiitrer les ruchcs etfaire le miel et la
cire : raais , comme nous avons deja parle de
cette raatiere dans le neuvii^me livre, uous ne
demanderons a present rien autre chose au me-
tayer, si ce n'cst qu'il ail soind'assister a la con-
fection du miel et de la cire, et de veiller a la
conservation de ses fruits.
XL Au reste , comme c'est dans le mcme
tempsque Ton doitserrer le raiel ainsi que Thy-
dromel, dans la vue de les laisser vieillir, on se
rappellera qu'il faut casser la cire en petits raor-
ceaux des quele secondraiel aura ete extraitdes
rayons , et la faire tremper dans de Teau de fon-
taine ou de pluie; ensuite, apres en avoir ex-
prime Teau, il faudra la passer, la faire bouillir
dansun vasede plomb,et la purgerde toutes ses
immondices en recumant. Lorsqu'elle aura ac-
quis par la cuisson Tepaisseur du vin cuit jus-
qu'a diminution de moitie , on la laissera refroi-
dir, et on Tenfermera dans des llacons bien en-
duits de poix. On se sert de Teau dans laquelle
les rayons ont ete trempes , en guise d'hydromel :
adliacrenles. Hanc prius in sole siccato, deinde sub umlira
refiigeralam substiato lliymo vel cunila componito in
lidelia,et infuso jure, quod sit aceti tiium parlium et
iinius muriEe, fasciculumcunilai supeiponilo , ita ul cepa
«leprimatnr : qua^cum jus comlnberit, siniili misluravas
snpplealur. Eodem tempore corna,et piuna onycliina, et
pruna silvesUia, nec minus geiieia pirorum et maloriim
condiuntur. Coina,quibus pro olivis ulamur; item pruna
silvestria, et pruna onycbina adliuc solida nec maturissima
legenda suut , nec tamen nimiiim cruda. Deinde uno die
ninbia siccanda : tum aequis partlbus acelum et sapa vel
defi utuin misceatur et infundaliir. Opoilebit aiit«m ali-
i|iiid salis adjiceie, ne vermiculus aliudve animal iunasci
possit. Verum coinmodiiis scrvanlnr, si duie paites sapa;
iiim aceli iinaparte misceantur. Piia Uolabelliana, Crus-
lumina, legia, veneria, volema, Na.'viana, lateritiana,
Decimiana, laurea, niyrapia, [pruna] purpurea, cuin
immatnra, non tamen percruda legeris, diligenter inspi-
cito, ut sint iiilegia sine vitio aiit vermiculo : tiim in
ticlili picala fidclia com|ionilo, cl aut jpusso aul delnilo
completo, ita nt onme pomum sulimersnm sit, opercu-
liim deiude inipositum gypsato. Illud in totuni pr^cipien-
diim existimavi, nullum esse genus pomi , qiiod non possit
inelle sciTari. Itaque cuin .sit lia;c res interdnm a'grotantibiis
salutaiis, censeo vel pauca pomaiii melle custodiii, sed
sepaiata geiieratim. Nam si commisceas, altei iim ab altero
generecorrumpitur. Et qiioniam opportune mellis fecimus
mentionem, lioc eodem temporealvi castrandic, ac mel
conficiendum, cera facienda est : de quibus nono libro jam
diximus : nec nunc aliam cuiam exigimus a villica , quani
ut administrantibus intersit , frnctumque custodiat.
XI. Cater nm cum eodem tempore niolla ncc miniis aqua
mulsa in vetustatem reponi debeat , meminisse oportebit,
utcum secundarium mel de favis fueiilexemptum, cerae
statim niiniite resolvantui , et aqua fontana vel caelesti
macerentur. Expressa deinde aquacoletur, et in vas (liiiin-
beum defusa decoquatur, omnisqiie spurriliacum spuiuis
eximalur : qua; decoctu, ciiin fam cra,ssa fuerit (|uam de-
friitiiin, lefrigeretiir, et bene picatis la^iniis condaliir.
llac qiiidfliu mclla pro aqua niulsa utuutur , iionnulli
DE LAGRICULTURE, LIV. XIL
quelques personnes remploient aussi au lieu de
vin euitjusqu'a diminution de moitie pour con-
fire lis olives; et je crois meine qu'elie est plus
propre que ce vin a cettc destination , paree
qu'ellea un gout plus nourrissant. U"ailleurson
ne peut pas la donner en remede aux malades au
lieu d'hydromel , parce qu'elle engendre des
vents dans restomac et dans les intestins de
oeux qui en boivent.
XU. Cest pourquoi on mettra eette eau h
part, et on la reservera pour s'en servir a confire
lesfruits; apres quoi il faudra faire unhydromel
particulier avec d'excellent miel. ALais il y a plu-
sieursfacons de le faire. En effet, quelques per-
sonnes renferraent dans des vases , plusieurs an-
nees d'avance, de l'eau depluie, qu"elles ticn-
nent a Tair exposee au soleil : ensuite, apres Ta-
voir souvent survidee dans d*autres vases pour
l'6claircir (parce que toutes les fois qu"on la
transvase, le fit-on meme a differentes reprises
pendant un tres-lonj; temps, on trouve toujours
au fond du vase une matlere epaisse semblable a
de la lie),elles en melent unscxtai-ius avec une
livre de miel. II y a cepeudant des personnes
qui, pour donner a rhydromel un gout plusflpre,
ne delayent dans un sexlarius d'eau que neuf
uncici' de raiel : ces mfimes personnes, apres
avoir rempli un fliieon de cet hydromel ainsi
compose et ravoir enduit de pliitre , le laissent
(|uarante jours au soleil pendant le lever de la
C.anieule, ct ne lemettent qu'aa bout de cetemps
sur un planeher ou la fumee puisse parvenir.
D'autres , qui n"ont pns pris la precaution de
faire vieillir de l'eau de pluie, en prennent de
nouvelle qu'ils font bouillir jusqu'a diminution
des trois quarts; ensuite, iorsqu'elle est refroi-
die, ilsy mettent un sex/i/rius demiel surdeux
4(11
sextarii d'eau , s'ils veulent faire de rhydromel
biendoux; ou neuf uneiw de miel surun scxtn-
rius d'eau, s'ils veulent le faire plus /ipre au
gout. L'bydromel fait avee ces ingredients est
verse dans un tlacon ctexpose au soleil pendant
quarante jours, comme je viens de dire, puis
place sur ua planeher a la portee de la fumee.
XIH. Le temps le plus propre a faii'e du fro-
mage pour la consommation de la raaison, est celui
ou le fromage rend le raoius de petit-lait, ainsi
quc le temps de rarrieresaison oii il n'y a plus
guere de lait, et ou par conseciuent on iie trou-
verait pas son profit a perdre inutilement des
journees pour porter ce genre de fruit au mar-
che, puisque effectivement il arrive souvent
qu'eny portant des fromages pendant la chaleur,
ilss'aigrissent et se gStent. Aussi est-ce le temps
ou il vaut mievix en faire pour son usage. Au
reste, le soin de bicn faire le fromage concerne
le berger, auquel nous avons donnc dans le sep-
ti^me livre les preceptes qu'il doit suivre a eet
effet. II y a aussi des beibes que fon peut con-
fire a rapprocbe de la vendange, telles que le
pourpier, et la plante potagere de rarriere-saison,
a laquelle quelques personnes donnent le nom de
bassille (6(v<</s). On epluehe done avec soiii ces
herbes, et on les eteiid a rombre ; ensuite au bout
de quatre jourson les arrange chacune separe-
ment sur un lit de sel pose au fond des flaeons ;
et apres les avoir arrosees de viuaigre, on remet
une couche de sel par-dessus , attendu que la
saumiire n'est pas bonne pour les herbes decette
espcce.
XIV. Cest dans le meme teinps, ou menie
au commencement du raois d'aout , que roii
cueille les pommes et lcs poires les pkis agrea-
bles au goiit, dans le temps qu'elles ne sont en-
pliani pro defmto in conditiiias olivarnm ; qnibus qnidem
inaj^is idoneani censeo, quoil ciliarinni saporem liabet,
nec potest langiienlibus pro aqua ninlsa remedio esse :
quoniam si bibatiir, innalionem stomaclii et praecordiorum
facit. Itaqiteseposita ea et ad condiliiias destinata , per se
facienda eritoptimo melle aqua inulsa.
.\l l. Ha^c aulem non uno modo coniponitur. Nani quidain
iniiUos ante annos caelestem aquam vasis includunt, et
siib dio iii sole liabent : deinde cum ssepius eani in alia
vasa transruderunt et eliquaverunt (nam qiioties aqua
post loni>inn tempns dlfrunditni' , aliqiiod rrassamentum
in imo simile feci reperitiir) vetcris aqu.Te .sextarium cum
libra inellis niisceiit. Nonnulli tameii qui ansteriorem
volunt efliceie ^iislnm , sexlariimi aqiia: cum dodrante
pondo 1111'llis ililiniiit, et ca piirlione repletam lagoenam
gypsalainqiii' paliiiiiUir per Canii ulai ortum in sole qiia-
drasiiita ilicliii-- i-sse; tum di-iniim iii labulatnm , qiiod
fumum accipil, reponunl. Koniinlli, quibusnon fuit ciir.-e
Cilestem inveterare aquam, recentem snnuint, eamqiie
iisqne in quartam partcm dccoquunt : deinde cum refrixe-
ril, sive dulciorem mulsam facere volunt, duobus aqua!
sextariis sextarium incllis peiinisceut : sive austeriorem ,
.sexlario aqnrc dodrantem mellis adjiciiint, et liis porlio-
nibns factam in lago^nam dilTundiint : eainque, sicut snpia
dixi, qnadiaginta diebns insolalam postea in tabnlatum,
qiiod suiruniigatur, reponunt.
XIII. Caseo nsibus doinesticis prreparando hoc maximc
idonenm tempiis est, qnod et caseus seri minimum
remiltit : et iiltiino tempore, cum jam exiguum lactis
est.nontam e\|iedit operas morari ad forum fructilnis
delerciidis : et sane sa'pe deportali per aestnm acore vi-
liantiir. Itaqne pra^slat eos lioc ipso f emporc in nsiim con-
(ireie. Id antem iit qiiain oplime fiat opilionis officium est,
ciii septimo libro pnecepla dediinus, quai scqui debeal.
.Siint etiam qna^dam IutIkt, qnas appropinqnante vindemia
condire possis, nl portiilaca, et olns cordum, qnod qiii-
dam I sali\ain ) balliin vocaiit. \\a- lierlia^ dilii;i-iiler pnr-
Kanliir, el siili iiinlira expaiiiliinliir : deiiideqiiarto die sal
in fiindislideliariim siibsleniiliir, et sepaiatiin nnaqiiieqiie
caruin coniponiliir, acetuqne infnso itcruin sal superponi-
lur : nam liis bcrbis mniianon convenit.
.\1V. Hoc eodem tempore, vel eliam primo mcnse
Aiignslo, mala et piia diilcissimi saporis mediocriler
inatiira cligiuitnr , ct in duas vel Ires partes arundine vel
COLUMELLE.
core que mediocrement niiires , et qu'apres les
avoir coiipees en deiix ou trois morceaux avec un
roseau ou avec un petit couteau d'os, on les met
au soleil jusfiuVi ce qu'elles soient sechees. Si Ton
cn a une forte quantite, elles ffront en grande
partie la nourriture des paysans pendant riiiver,
en lcur tenant lieu de bonne chere : il en est de
meme des figues, qui, etant serrees lorsqu'elles
•iont seches , aident a les nourrir dans le meme
temps.
XV. II faut pour cela choisir la figue dans le
temps ou elle n'est ni trop miire ni trop verte,
et Tetendre dans un lieu oii le soleil donne toute
lajournee. On enfonee a eet effet des picux en
tcrre a la distance de qiiatre pieds les uns des
autres , et on les assemble en forme de jougs
avec des perches. On couvre ensuite ces jougs de
roseaux travailles expres, que Ton eloigne de
deux pieds de terre, afm que !es figues ne puis-
sent pas attirer rhumidite que la terre rend com-
munement pendant la nuit; apres quoi on ar-
range les figues sur ces roseaux , et l"on etend a
terre , de droite et de gauche , des claies de ber-
ger tissues de chaume , de I6che ou de fougere,
que Pon puisse relever quand le soleil se cou-
chera, afin qu'etant rabattues l'une sur Tautre
en forme dc voutecnmme les chauraieres, ellcs
preservent lesfigues, pendant qu'elles seehent,
de la rosee et quelquefois meme de la pluie, qui
gatent l'une ct Tautrc eette espeee de fruit.
Lorsqu'ensuitecesfiguesseront seches, il faudra
lcs renfermer, pcndant qu'ellcs seront encore
chaudes, dans des vaisseaux bien enduits de
poix, et les y fouler avee soin pendant les cha-
leurs du midi, en prenant neanmoins la precau-
tion d"etendre sous elles un llt de fenouil sec, et
de les recouvrir d'un pareil lit lorsque les vases
seront pleins. On couvrira sur-le-cbamp ces va-
ses et on les boucbera ; puis ou les mettra dans
un grenier tres-sec, afin que les figucs se eon-
servent mieux et plus longtemps. II y a des per-
sonnes qui arrachent la qneue des figues apres
les avoir cueillies , et qui les etendent au soleil;
ensuite, lorsqu"elles sont tant soit peu sechees,
elles les entassent dans des bassins de terre
cuite ou de pierre, avant qu'elles soient durcies;
puis apres s'etre lave les pieds , elles les foulent
comme on foule la farine,en y melant du se-
same grillc avec de Tanis d'EgYpte , et de la
graine tant de fenouil que de cumin. Quand elles
ont bien foule ces ingredients aux pieds, et qu'elles
n'en ont fait qu"une masse avec les figues dej<i
pulverisees, elles en font despruesde moyenne
grosseur qu"elles enveloppent dans des feuilles
de figuier; et apres les avoir liees avec du jonc
ou avee toute autre herbe, elles les mettent sur
des claies pour les faire secher. Enfin, lorsque
ces figuessont bien secbcs, elles les enferment
dans des vases enduits de poix D'auties renfer-
ment la pSte meme de ces figues dans des vais-
seaux sans poix, et, apres les avoir bouchcs, ils
la font secher sous une touitiere ou daiis un
four, afin que toute son humidite se ressuie plus
promptemcnt; et lorsqu'elleestseche, ils la met-
tent surun plancher. Maisquand ils veulent s'en
servir, ils sont obliges de casser le vase de lerre
cuite, attendu que lorsque la pAte des figues
est une fois durcie, ils ne pourraient pas Ten re-
tirer autrement. D'autres choisissent les figues
les plus grasses dans le temps qu'elles sont ver-
tes, et les etendent au soleil pour les faire se-
cher, apres les avoir ouvertes avec un roseau ou
avee les doigts. Lorsqu'elles sont bienseches, ils
les ramassent pendant lachaleur du midi, parce
que c'est le temps ou Tardeur du soleil les ra-
raollit; et apres les avoir arrangees les unes au-
pres des autres , ils les pressent conformement a
Tusage des Africains et des Espagnols, pour
osseo ciiUello divisa in sole ponuntur , donec arescanl.
Eorum si est tnultiludo , non mininiam pai tem cibaiioriim
pcr liiemein riisticis vindicant. Nam pro pulmentaiio cedit,
sicuti ficus, qiia; cum arida sepositaest, liiemis tempori-
biis nistkorum cibaria adjiivat.
XV. Ea porro neque njmium vieta neqiie immatuia legi
(lebet, et in eo loco expandi, qui totodie solem accipiat.
Pali aiitem quatuor pedibus inler se distantes figiinlur, et
perticis jiisantur. Factae deinde in liunc usiim canna^jiigis
supeiponuntur, ita ut duobus pedibus absint a teira, ne
aumorem, qucm feie noctibus remitlil luimus, tratieie
possint : tiinc ficus injicitur, et crates paslorales culmo vel
carice vel filice textse ex iitioqiie latere super tcrram planse
idisponuntur, ut cum sol in occasu fuerit, eri>;autur, et
inter se acclines lesludineato lecto niore tugiirioiiim vires-
centem licum a rore , et inteidnm a pluvia defendant. Nam
«tiaque res pr.Tdictum fructum corrumpit. Cum deinde
ariierit, in oic^s bene picatas mciidiano fepore calentem
(icuin coiiilere et calcare diligenter oportebit, suhjecto
tainen arido Iwniculo , et ilerum vasis repletis superposito :
qu.T vasa confestim operculare, ct oblinire convenit, et
in horrenm siccissimuni reponl, qiio meliiis ficus percn-
net. Qiiidam lectis ficis peiliciilos adimunt, et in sole eas
expandunl : cum deiiide paiiliim siccat:E sunt, antequain
indurescaiit, in labra fictilia vel lapidea congerunt Piis :
tum pedibus lotis in modum faiina! proculcanf , et admis-
cent foriefacta sesama cuin aniso ^gyptio et semine fa>
niciili et cymini. Ha;c cum bene proculcaveiint, et totam
massam comminuta! fici penniscuerint, modicas olTas fo-
liis ficulneis involvunt, ac leligatas junco vcl qiialibet
lierba offas reponunt in crales, el patiuntur siccari :
deinde ciim peraruerunt , picatis vasis eas condunt. Non-
niilli hanc ipsam farinam fici orcis sine pice incliidunt , et
oblila vasa clibano vel furno lorrefaciunt , quo celeriiis
omnisliumorexcoquatur : siccatain in tabiilatum leponiiiil,
et cum exegeril usus, testam comminuiint : nam iluralani
massam lici aliter exiinere noii possunt. Alii piiiKiiissimam
quamque vuidem ficorum eligunt, et anjndiiie vel digiiis
divisam dilatant, atque ita in sole TiescOTepaliuntiir, cpias
deinde bene siccatas meridianis teporihus, cuin calorc solis
DE LAGIUCULTURK, LIV. \II.
4f)3
leur fairp prciidre la forme cruiie etoile ou celle
d'uiic' petitc lleur, ou la figure d'un pain; apres
quoi ils les font de uouveau seeher au soleil, et les
serrent ensuile dans des vases.
XVI. Le raisin deniunde lcs memes soins. II
en faut eueillir de blanc, qui ait le gout tres-
agreable et dont les grains soient tres-gros et peu
serres, quand la lune sera dans sou deelin, et
par un temps serein et sec, aprcs la cinquieme
heure dn jour ; ensuite on Tetendra peudautquel-
quelemps sur des tableltes, de faeon que les
grappesne se froisseut poiut les uaeseontre les
autres en se comprimaut par leur propre poids;
apresquoi il faudra faire eliauffer dans une chau-
diere, ou dans une granJe marmite neuve de terre
cuite, uue lessive prepareeavee de la cendre de
sarment. Lorsqu'elle sera bouillante, on y ver-
seraun peu d"huile, de la meilleure qualile que
faire se pourra, et on melera le tout eiisemble;
aprcs cela ou jettera dans la ehaudiere bouillante
des grappes de raisin liees ensemble au nombre
de deux outrois, selon qu'elles seront plus ou
moins grosses ; et on les y laissera quelque temps
jusqu'a ce qu'elles aient chacge de couleur, sans
leur donner cependant le temps de cuire, mais
en usant de quelque moderation et en prenant
un certain milieu. Quand on les aura retirees, on
les airangera sur une claie , en les eloignant as-
sez Tune de Tautre pour qu'elles ne se touchent
point mutuellement. Trois heures apres, on 1( s
retournera rune apres Tautre, en evitantde les
remettre a la place qu'elles occupaient d'abord ,
de peur qu'elles ne se gatent en sejournaut dans
reau qu'elles auront rendue. II faut meme les
couvrir pendant la nuit eorame les figues^aHn
qu'elles soient a Tabri de la rosee et de la pluie.
LorsquVlles seront tant soit peu seehees , on les
mettra dans un licu scc, renfcrmeos dans des
vaisseaux neufs et sans poix , avec un couvercle
enduit de platre. II y a dis personnes qui enve-
loppent le raisin dans des feuilles de figuier pour
le faires^cher ; d'autres couvrent les grappcs, lors-
qu'elles sont a demiUctries, de feuilles de vigne,
et d'autres encore de feuilles de platane, avaiit
de lesserrer dans des amphores. II y ena qni bru-
leut de lapaille de feves, etquifontune lessive
avec la cendre ([ui en resulte; apres quoi ils met-
tent sur dix acxtarii de cette lessive trois rijathi
de sel et un d'huile, puis ils la font bouillii-, et
achevent ['operation de la maniere que noiis avons
indiquee. Si Ton s"apercoit qa'il y ait trop peu
d'huile dans la ehaudiere, on en ajoute de temps
en teraps ce qu'il en faut pour rendre le raisiii
plus gras et plus luisant. Mettez dans lc meine
temps des cormes cueillies a la main ct bicn
choisies dans de petites ernehcs enduites dc poix
avec des couverdes enduits de meme , et bou-
chez-les avec du plStre; ensuite enfonecz-les
dans des fosses de deux pieds creusees a la mai-
son dans un lieu sec, de facon que rnuverture
de ces cruches, qui seront par conseqiient bien
bouchees, soit renversee; enlln chargez-Ies de
terre que vous foulerez legerementaux picds. Au
reste, il vaudra mieux multiplier le nonibre des
fosses, que d'enterrer plusicurs vases a la fois
dans la meme ; ce qu"on ne fera pas sans lcs cloi-
gner les uus des autres , parce que s"il arrivait
que , pour en 6tcr uu , on en remuat d"autres ,
les cormes ne tarderaient pas a se gSter. Quelques
personnes conservent aussi tresbien ce fruit
dans du vincuit jusqu"a diminution demoitie, en
y ajoutant une bonne poignee de fenouil see pour
rcnfoncer dans les vases, de facon que le liquide
ne cesse pas de le couvrir; ce qui n'emp(iche pas
emolllt.T sunl, colligunt, et, ut (>st nios Afiisatciue llis-
panis, iiiter S(; compositas ci)in[)rimunt in figiiraiii stella-
rum nosciiloiunKiue, vcl iu formam panis rcdlgenles :
lum riiisus in sole assiccaiit, ct ita in vasis recondunt.
,\VI. Similem curam uvie desiderant, quas dulcissimi
sapoiis albas , maximis acinis, nec spissis, luua decres-
cente, sereno ct sicco ca'lo |)<)st lioram quintam legi opor-
tet , et in taluilis paiilisper porrigi , ne inler se poudere
suo pressic cnlliilaulnr : dciiule aln^no vel in olla nova
li(-tili ampla praeparatam lixiviain cincris sarmenti calelieri
convenit; quae cum feivcbit, exiguum olei qiiam optimi
adjici, et ita permisceri : deinde iivas pio niagnitiidine
binas, vel tciiias inter se colligatas in alienuiii fervens de-
mitti, et exigmim pati, dnin decolorentur; nec ruisus
coiiimitteie iil excoquantur : nam quadam moderatione
temperainenloi|iic opus est. Cum deinde exenieris , in crate
dispoiiito raiiusipiam utalteraalteram contingat. 1'ost tics
deindc boias uiiamipiaiiKiue uvam converlito , nec iii
codem vcstigio reponito, iic iii liiimoie, qiii delluxeiit,
corrunipaliir : iioctibiis aulein contegi debent qiicniad-
moduin iici, nt a nne vel pluvia lutai .siut. Ciiin dciiidc
modice arueiiut, in vasa nova sinc picc operculala el
gypsata sicco loco reponito. Qiiidani uvani passam foliis
liculneis involvunt ct assiccant : alii foliis vitigineis, iion-
nulli plataninis semivietas uvas coiitegunt, et ila iu am-
plioras reconduiit. Suiit qiii cuJmos fabae exuiant, et cx
eo, quod ciemaveiint, cinereani lixiviam faciant, deiiide
iii lixivia3 sextarios decem salis tres cyathos et olei cyathuin
adjiciant, tuni adliibilo igne calelaciant, et caeteia eodeui
inodo adininistieut. Qiiod si videbitur iii ahciio parum ine.sse
olei , s"ubinde quanliim satis erit adjicialur, quo sit pin-
giiior (>t nilidior uva passa. Kodein tempore sorba luanu
lccta ciii ios(> in iirc(»los picatos adjicito , et operciila picala
imponito, et gypso liiiito , liim Minljiliii^ bi|icdancis sicco
loco intra lectuin factis, iiiiculns il.i i nllui iin, nt oblita
ora (!Oruin deorsum spectcnt : ilciiulr lcriaiii roiigerilo, el
modice desiiper calcato. Melius est aiitem pluiibus sciobi-
biis paiiciora vasa distantia inter se disponere. Nam in
exeinptione eoruin dnin iinuin lollis, si reliqua commove-
ris, celeritcr soiba vltiantiir. (^iiiilam lioc idcin poniimi
in passo, quidam ctiain iii iIiTiiilo conimoili' scrvaul , ad-
jecto spissameiito aiiili lieiiiciili, qiiu dcpriinantnr ita sor-
ba , nt semper jus supcrnatct, ac nihiloininus picata oper-
cula diligentcr gvpso liuunt, iie possit spirilus iiitioiie.
464
COLUMKLLE.
qu'on n'cn bouche soigneusement avec du plutre
les couvercles qui seront enduits de poix, afin
que Tair ne puisse pas y peuetrer.
XVIL II y a tel pays ou ie vin manque, et ou
par consequeut on ne peut pas faire de vinaiiire.
II faut donc cueiliir au meme temps dans ces
payS-la des figues vertes tres-mures, ou meme
ramasser celles que les pluies auront fait tom-
ber, au cas que les pluies soient deja venues; ct
apres les avoir ramassees , on les serrera dans
des futailles ou dans des ampliores, oii on les
laissera fermenter; lorsqu'elles seront aigries et
qu'elles auront rendu leur eau, on passera avec
soin tout ce qui s'y trouvera de vinaigre, et on
le versera dans des vases qui sentent bien la poix
dont ils auront ete enduits. Cette liqueur tient
lieu d'un bon vinaigre de premiere qualite, qui
ne contracte jamais de relent ni de moisissure,
pourvu qu'on ne le serre pas dans un lieu liu-
mide. Quelques personnes , qui visent plus a la
quantite qu'a la qualite du vinaigre, versent de
Teau sur les iigues , et en remettent de temps en
temps de nouvelles tres-mures, qu'ils laissent se
consumer avec les autres dans le meme jus, jus-
qu"a ee que ce jus ait acquis le goiit d'un vinaigre
assez mordant; apres quoi ils le passentdans de
peti;s paniers de jone ou dans des sacs de genet
d'Espagne, et le font bouillir ensulte, jusqu'ace
qu'il nc jette plus d'ecume et qu'il ne s'y trouve
plus d'imniondices; puis ils y ajoutent un peu de
selgrille, pour rempecher d'engendrer des vers
ou d'aulres animaux.
XVIII. Quoique nous ayons deja dit dans le
livre precedent, intitule le Melaijer, ce qu"il
faut preparer pour la vendange, il n'est pas ce-
pendant hors de proposde donner aussi a la me-
tayere des preceptes sur la meme matiere, afin
qu'elle n'ignore point que toutes les choses rela-
tivesa la vendange, qui doivent se faire a la mai-
son , sontde son ressort. Si Ton possede une terre
d'une grande etendue, et que Ton ait des vigno-
bles ou des plants d'arbres maries a des vignes
considerables, il faut fabriquer continuellement,
pendant tout le courant de rannce, des vais-
seaux dont les uns contiennent dix modii , et les
autres trois, faire de petits paniers et les pois-
ser : il faut aussi preparer un tres-grand nombre
de faucilles et de serpettes , et les aiguiser, afin
que les vendangeurs n'arrachent point les grap-
pcs avee la main, ce qui ferait tomber k terre
une grande partie du fruit, attendu que les grain.s
se detacheraient alors de la grappe : il faut en-
core attacher des cordes aux paniers, et des
courroies aux vaisseaux qui contiennent trois
wo(///.Ensuiteon laverales cuves dans lesquelles
on foule le vin, les fosses oii il doit couler a la
sortie du pressoir, lcs aires des pressoirs et lous
les vases, avec de Teau de nier, si la mer n'est pas
eloignee; sinon, avec de Teau douce : puis on les
essuiera et on les fera bien secher, jusqu'a ce qu'il
n'y reste plus d"humidite. U faut encore bien ba-
layer toutes les ordures dans la cave au vin , et la
parfumer de bonnes odeurs , afin d'cn ecarter tou-
tes les mauvaises, et de rempechcr de sentir
Taigre. On fera aussi tres-pieuscmcnt et tres-chas-
teraent des sacrifices en rhonneur de Liber, de
Libera, et des instruraents du pressoir. Onne s'e-
cartera pas, dans le temps de la vendange, du
pressoir ni de la cave au vin , tant alin que ceux
qui font le moiit le fassent purement et propre-
ment, qu'afin que les voleurs ne trouvent pas
roccasion de derober le fruit dans l'un ou Tautre
de ces endroits. II faut aussi poisser les futailles,
ainsi que les vaisseaux et tous les autres vases,
quarante jours avant la vendange. Au reste.
ceux qui sont enfonces en terre se poissent
XVll. Snnt qiiseJam regiones, in qnibus vini ideoqne
ptiani aceti penuria est. Itaque hoc eoilem tempore licus
viildisquam maturissima legenda est, utique sijam plu-
via; incesserunt , et piopter imbres in terram decidit : quae
cum sublecta est, in doliuni vel in ampliorasconditur, et
il)i sinilur fermentari : deinde cum exacuit, et remisit
liquorem , quic(juid est aceti diligenter colatur, et in vasa
picata bene olida diffunditur. Hoc prim.ie notne acerrinii
aceti usum pi-aeljet, nec unquam situmaut mucoremcon-
traliit , si non humido loco positum est. Sunt qui multi-
ludini studentes aquam ficis permisceant; et subinde
matiirissimas licus lecentes adjiciant, et patiaiitur in eo
juie labescere , donec satis acris aceti sapor fiat : postea
iii junceis fiscellisvel sparteissaccispercolant, liquatumque
acetnm infervefaciunl , dum spumam et oninem spurci-
liam exiniant : tum toiridi salis aliquid adjiciunl, quae res
pniliiliet verniiculos aliave innasci animalia.
XVIU. Quainvis piiore libro, qui inscribitur YiUicus,
jam diximus qure ad vindemiam praeparanda sunt, non
tamen alienum est etiani villicae de iisdcm rcbus piieci-
pere, ut intelligat siioe curae esse dcbere, qnKciinque sub
tecto administrantur circa vindemiam. Si ager ampliis,
aiitvineta aut arbusta grandia sunt, perenne fabricand»
decemmodiae et trimodia! et liscellce texendae et picandae :
nec minus falculae , et ungues ferrei quamplurimi paraudi
et exacuendi sunt , iie vindemiator manu destringat uvas,
ct non minima fructus portio dispersis acinis in terram di-
labatur. Funiculi quoque fiscellis aptaiidi sunt, et lora
Irimodiis : tuni lacus vinarii et torciilarii et foia omnia-
que vasa, si vicinum est mare, aqua marina, si minus,
dulci eluenda sunt, el comniundanda , et diligenter assic-
canda , ne humorem habeant. Cella quoque vinaiia omni
slercore liberanda, et bonis odoribus suflienda, iie quem
redoleat foetorem acoremve. Tum sacrificia Libero Libe-
ra?que et vasis pressoriis quam sanctissime castissimeque
facicnda : nec per vindemiam ab torculari aut vinaria cella
recedendum est, utomnia, qui mustum conficiunt, pure
mundeque faciant; nec furi locus detur partem fructuum
intercipiendi. Dolia quoque et seriae caeteraque vasa antc
qiiadragesimum vindemia; diem picanda sunt , abpie aliter
ea quae demersa sunt hunii , aliter qu:e slant supra ter-
ram. Nam ea qua; demersa sunt, ferreis lampadibiis ar-
DE fAGRlCULTURK, LIV. XIL
aiitiemont quc ctnix qui sont a m tcn-c. En
etfet, on oehauffe les vases qui sont enfonces en
terre avee des lampes de fer allumecs; et quand
on a faitcouiei', a Taide d'iine de ees lampes, de
!a poi\ au fond du vase, onretirc la lanipe; api-es
quoi 011 promene dans toute la capaeite du vase
la poix qu'on y a fait distiller, en dctachant cclle
qui ticiit a ses parois avec un rable de bois et
une latissoire de fer conibee; ensuite ou neltoie
le vase avee uo torchon , et on y verse de nou-
veau de la poix bien bouillante, pour Ten eu-
duire avec un antrc rablc et un balai. Qiiant aux
vases qui sont a rez terrc , on les expose au so-
lcil plusieurs jmirs avaiit de lcs poisscr; ct qnaiid
ilsont (itc siirilsamment essorcs, on lcs rctourne
pour les placer sur leur ouverlure, de facon
neanmoins qu'ils foient suspendus en Tair a
Taide de trois petites pierres sur lesquelles ils
seront poses ; cnsuite on alliime du feu par-des-
sous, et on le laisse bruler le temps necessaire
pour que la chalcur penetre aii fond du vase,
au point de ne pouvoir pas etre supportee si ron
y niettait la main. Eiiiiii, ou renversela futaille
a ti'rre en la couehant sur le e(^te, puis oii y verse
de la poix tres bouillantc, it on finit par la rou-
ler, afin qu'clle en soit enduitc dans toutes ses par-
ties. Mais il faut fuire eette opiration uu jour oii
il ne fusse pas de vcnt, de peur que les vascs ne
viennent a se casser, au cas que lc vent donne
dcssus lorsque lc feu sera aliuMje. Au reste, il
suliit de vingt-cinq livres de poi\ dure pour en-
duire des futaillcs de la eontenance d'un cullcus
et demi ; ct il est constant qiren ajoutant au to-
tal de la poix qu'on fera cuire un cinquieme de
poix tiree du paysdes Brutii, il en rt^sultera un
tres-grandavantage pour toute la vendange qu'on
mettra par la suite (lans ecs futallles.
X I \. II faut aussi sc donner des soins pour que
le moiit qu'aura rendu le raisin soit de longue
garde , ou du moins pour quil se couserve jusqu'jk
la vente. rSous allons exposer tout de suite la
maniere dontil laut s'y prendre poury parvenir,
et nous nioutrerous les assaisonnemeiits auxquels
il faut avoiF recours a cet eftet. Quelques person-
nes iwluisent le mout, en le fais.int euiic dans
des vases de plomb, les uns aux trois qiiarts, les
autres aux deu\ ticrs; niais il est constniit qu'en
le reduisaut h moitie on aura de mcilleur viii
cuit, et que ce vin sera par conse^iuent plusutile
pour les usages auxquels il est destinc : eela est
meme si eonstant, que, pour frelater lc mout, ou
peut se servir de ee vin cuit jusqu'a diminution
demoitic,au licu de vin euit jusqu'a dimiimtioii
desdcu\ tiers, poiirvu qu'il provicnne de vigncs
anciennes. JNous regardons comme le vin de la
prcmiere quulitii celui qui n'a pas besoin d'etre
fielat(!' pour durer longtemps; et nous croyoiis
qu'il ne fautabsolument y mettre aucunemixtiou
qui puisse en alterer le gout naturel, parce que
cequi peut plaire sans le secours de Tart est supe-
rieur a tout. iMais(iuand le moiit aura quelquc mau-
vaise qualitt', soit([ue celte qualitt' provienne du
vice du terroir, soit qu'elle provienne de la jeu-
nessedes vignes, il faudrachoisir, pourenfairedii
vincuit, un eanton de vignes.^mint^es, si ron est
a portee d'cn avoir; sinon, de vignes extremcment
vieilles qui donnent un vin agri^-able, et qui ne
soient point plantees dans un terroir humide. En-
suite on obscrvera le temps du declin ou la lune
sera sous terre, et on cueillera alors par un jour
sec et serein les gruppes les plus mures de ees
vignes, et aprcs les avoir foul^ies, on puiscra
danslacuvele vinderncre-goutte,pouren remplir
les vases qui servcnt a faire le vin cuit; cnsuite
on allumera le feu uu fourneau, raais en observant
de ne le faire d'abord et de ne rcntretenir qua-
vec ces menus bois qiie les paysans appellent
creinia, aiinqiie le inoiit bouille a loisir. Celui qui
rteiitiluis cak liimt , ct ciim |ii\ imiiii) iii fnnilmn (lestillavif ,
siiblata lanipaile, nilabiilo lisiii'0 et feirea ciirvata radula
(lucitiir, qiioil ile.stillavit, aiit qiiod iii lateiibiis lijcsit :
(leinde peiiicillo ilctergitur, et ferveiitissinia [lice infusa
novo alio rulahulo et scopula picatur. Al qiiae siipra ter-
ram consistimt, compliires dies anteqiiam cureiitur in
solem piodiiiiintiir. Deinde ciim satis insolata suiit, in
labra coiivertiuilur, et subjectis parvis trilius lapidibus
siispeiiiliinliir, atiiiie ita ignis subjicitur, et tamdiu incen-
ditur, donec ad liindum calor tam vebeineus perveniat, ut
apposila maniis patiens ejns non sil : tiim dolio in terrain
deniisso, ctin latus deposito , pi\ ferventissimainfiindiliir,
ToliUaturque, ut omnes dolii partes linautiir. Sed hac die
quieio a ventis lieri debcnt, ne admoto igne cum afflaveiit
ventus vasa rumpantur. Sunt autem satis sesquicullearibus
doliis picis diiiie pondo vicenaquina. Piec dubium , quiu si
quinta pars picis bruli.T in universam cocluramadjiciatur,
utilis.simum sit omiii vindemioe.
XIX. Cuia quoipie adhibenda est, utcxpres.sum mus-
tuin percniio sit , aut rerle usqiie ad vcnditionem diirahile.
(OI.IJIVLI.B.
Quod qiiemailmoduni iieii debeat, ct quibiis condituns
adjuvari, deinceps subjiciemiis. QuiilAm partem quarlam
ejiis miisti, quod iu vasa plumhea CDUJeccrunt, nonnulli
tertiam decoquiint. Nec dubiuni , quiii ad diuiidium si quis
cxcoxerit, meliorem sapam facturussit, lioque usibus uti-
liorem, adco quidem, ut etiam vice defniti, sapa, mus-
tum , quod esi e\ veteiibiis vineis, condire possit. Quas-
cunqiie vini nota sine condiniento valet perennari, optrmam
esseeamcensemiis, necoiDiiinoquidqiiain penniscenduui,
qiio naturalis saporejus iiifiiscetiir. Id eiiim pr.Tstautissi-
nium est, (|uod siiaple natiira placere poterit. C:eteniin
cuui aiit lenionis vitio, aut novellarum vinearum musluni
laborabit, eligenda crit pars vine,T, si cst facultas, Ami-
neai, si niinus, ()iiaiii bellissimi vini, qiia;que eiitet ve-
liislissinia et minime uliginosa. Tum ohservabimiis decrc-
scentem lunam , ciim est sub terra, et sereno siccoqucdie
uvas qiiam maliirlssimas legemns, quibus proculcatis
mustum quod delliixerit, anle quam pielo pes eximaliir,
satis de lacii in vasa defnitai ia deferemiis , leniqiie primnni
i^iie et tcniiihiis ndmodiini liKuis, qii.T cremia rustici ap-
4C:G
COLUMELLE.
[1 r.iuleia a efttc cuisson aura sous sa main des
couloiies de joiic ou de penet d^Kspagne cru,
cVbt-a-dire qni n'ait pas ete battii, ainsi ((ne des
biiions garnis par le bout de poignees de feiioiiil ,
avec lesquels il puisse parvenir jusqu'au fond
des vases, a reffet de remuer toute la lie qui s'y
deposera , de la faire remonter a la superlicie des
vases, et d"6ter ensuife avec les couloires toutes
les imraondices qiii s"y presenteront sur leurs
bords; operation qiril ne cpssera pas dc fairejus-
qu'a ce qu'il s'apcrcoivc qiie le mout , a force de
s'eclaircir,estabsolumentsanslic. Alorsily met-
tra des coings, qu'il en retirera lorsqu'ils seront
bien cuits , ou des odeurs convenables qu'il choi-
sira a son gre , sans cesser de remucr le vin de
tempsen temps avec des bfltons garnis de fenouil,
de peur que quelque chosc ne s'attaehe au foiid
du vase de plonib, ce qui pourrait lefairecrever.
Lorsqu'ensuite le vase pourra supporter un feu
plus ardent, c'cst-adiie, lorsque le moiit sera
dejacuitenparticetqirilbouillirainterieurcment,
il mettra par-dcssous dcs buches et de plus gros
bois qu'auparavant, de facon neannioins que cc
bois ne touche point le cul du vase, parce qu'au-
treraent il arriveraitque le vase lui-memecreve-
rait, ce qui n'est pas sans exemple , ou qu'au moins
lc inout brulerait indubitablement, et contracte-
rait des lois une amertume qui rempecherait
d'etre d'aucune ntilitc pour les choses auxquellcs
il doit servir. Au surplus, avantde verser lc inout
dans les vases de plomb dont on se sert pour
faire cuire le vin, il faudra les irabiber eux-me-
mes iDterieuremcnt de bonne huile , et lcs cn bien
frotter. Cette precautioa empecbera le vin cuit de
bruler.
XX. Neaumoins, telle pri^^caution que Ton ait
prise cn faisant lcvincuit, il arrive souvent
qu'il s'aigrit comme le vin. Souvenons-nous en
parcil casdc !e freinter avcc du vin cuitdepuis
unan, et dont la boiitc ait dcja ete cprouvee,
parce qu'un reauvais correctif nc pouirait que
gater le fruitde la rccolte. Quant aux vases daus
lesquels on fait cuiie le vin jusqu'a diminution
dcs deux tiers ou de moitie, ils daivent plutot
etre de plorab que de cuivre, parce que le vert-
de-gris se detachc de ces derniers dans la cuisson,
et qu'ils corrompent eux-memes le goiit des dro-
guesqui cntrent dans cette composition. Au sur-
plus , les parfums que Ton fait cuire le plus com-
mun(5ment avec le vin sont Tiris, le fenugrec,
ct la racine dc jonc. II faut jeter une livre dc
chacune de ces plantesdans un vase dans lcqut I
on aura fait cuire quatre-vingt-dix ainphoies dc
moiit, apres que ce raout aura cesse d; bouillir
et qu'il scra purifie. Ensuite, si le mout cst d'iinc
nature lcgere, il faudra, lorsqu'il scra cuit jus-
qu'a diminution des dcux ticrs, rctirer le feii du
fourneau, et le rafraichir aussitdt en jetant do
Fcau dessus. II est vrai qu'en suivant cctte praii-
que , lorsque le vin cuit sera reposu , il se trosi-
vera au-dcssous du tiers meme du vase ; mais
malgre ce ddchet on y gagnera , en ce que plus il
sera cuit ( pourvu toutefois qu'il ne soit pns brule ) ,
plusil scra cxcellent et epais. En effet, il suflira,
pour frclater du vio, de raettre sur chaqucaiu-
phore un sexiarius d'un vin cuit de la sorte. Au
rcste, si Ton fait cuire daus un vase la valeur dc
quatre-vingt-dix amphores de moiit , on n'y met-
tra les drogues qu'au momentou il seia presque
euit jusqu'adiminution desdeux ticrs. Orccs dro-
gues seront ou liquides ou resineuses , c'cst-a-
dire qu^cllcs consisteront en dix sextarii de poix
pcliaiil , fornacem iiiceiiileiniis, iit ex commodo mustiiin
ieiveat. Isque qui prjeerit liuic (lecoqueiulo, cola juneea
vel sparlea sed cru Jo , iil est uoii inalleato sparlo praeparata
liabeat : iteinque (ksciculos foMiiculi fuslibus illigalos,
quos possit Hsque ail fuiidum vasorum deniitteie, iit qiiid-
quid fecis subsedeiit , exagitet et in sumniiim lediicat : tuin
colis omnem spnrcitiam, quae redundaiit, expurgel. Rec
absistat id facore, duncc videbilur cliquatum omui fece
mustiim carere. Tiiin sive inala cydonia, qiia; percocta
sublaturus sit, seu quoscunqiie voliierit convcnientes
odores adjiciat , et iiiliilo minus subinde fteniculo peragi-
tel, nequid subsederif, quod possit plumbcum pcrlorare.
Cum deinde jam aciiorem poluerit isiiem vas siisliiiere,
id est, ciim aliqua jam parte miisl.iMii eMiifhun iii se fer-
vebit, tuin codices et vaslioia ligiia siipjK iaiiliir, sed ila
ne fundum conlingaiit. Quod iiisi viiauim liiiiit, sa>pe
vas ipsum, [quod aliquando contingit,] pertundetur; vel
si id lactum nou erit , uliofue adiirelur nuislum , et amari-
tudiiie concepla co.ndituris (iet inutile. Oporlebit auleni
antequam mustum iii vasa defrutaria conjiciatur, oleo
bono pluinbea inlrinsecus imbui , et bene IVicari, atque
ita miTstum adjici. Ea res uon patilur defrulum aduri.
XK. Quinetiam diligenter factum detrutuin , sicut vi-
nuin ,solet acescere : quod cum ila sil , meniinerimus an-
niciilo dcrrulo, ciijus jam bonitas explorala est, vinuin
condire. Nam vitioso inedicamine fruclus, qui peiceptiis
est, vitiatur. Ipsa aiitem vasa, quibus sapa aut delrutiim
coquitur, plumbea potius quani a,'iiea esse debent. Kam
in coctura a^ruginem remitlunt aenea , et medicamiiiis sa-
porem viliant. Odores autem vino (ere apti suiit , qiii cnin
defruto coquuntur, iris , fcenum Gra-cum , scbcenum : lia-
rnm rernin singulae libr.u in defrulariiim, quod oeperit
musli amplioras nonaginta , cum jam delerbuerit , tt ex-
piirgatum erit , tum adjici debent. Deinde si natura lenue
muslum eiit, cuin ad terliain partem fiierit decoctum,
ignis subtraliendus est , et fornax prolinus aqiia rcfrige-
randa. Quod eliam si fecerimus, niliilo ininusdefrutum
infra tertiam partem vasis considit. Sed id quamvis aliquid
detrimenti liabeat , prodest lamen : nam qnanlo plns dero
quitur (si inodo non est adnstum) melius et spissius lit. li\
bocautem defrulo, qiiod sic erit coctum, satis est singulos
sexlarios singulis ampboris immiscere. Cum ainpbor.is
inusti nonaginta in delrutaiio decoxeris, ila ut jain exi-
guum siipersit de cocliira [ quod significat decoclum ad
lertias ] : tum demum medicaminaadjicilo, qna; sint aul
liquida.aut rcsinosa, idest, picisUquidse Ncmeliiricie,
Di-: LAGRICULTURK, LIV. XIL
liquiclc tirce da pays des Nemelurici, que ron
niii-a delayee auparavant avec soin dans de Tcau
dc niei' cuile, ou en une livre et dcmie de tece-
bentliine. En mettant ces diofiues on agilera
beaueoup le vase de plomb , de peur ([u'eik's ne
brulent. Loi'squ'ensuite le vinseni rcduitau tiers
par lacuisson, on retirera le feu de dessous, et
011 remuera de temps entemps le vase de ploinb,
afin que Ics drogues se melangent avec le viu
cuit; apres quoi , lorsque le vin paraftra un peu
ticdi, on le saiipoudrera peu a peu avec d'autres
aromates broyes et criblcs, et on le fera rcmuer
avcc uu rable de bois, jusqu'a ee qu'il soit re-
froidi. Si Ton ne brouillait pas lesaromates dc la
mnniere que nous venons de prescrirc, ils reste-
raicnt au fond du vase et briileraient. Voici quels
seront les parfuras qu'il faudra employer pour la
quantitc de mout que nous avons indiquee:une
feuille denard ; une demi-livre tant d'iris d'IIIyrie
que de nard des Gaules,decostus, de palmier, de
soucliet et de racinc de jonc , ou cinq vnciw de
myrrbe; une livre de canne; une demi-livre de
cannelle ; trois 7/wc/a?d'amomc ; ciiiq de safran ;
une livre de cette cripa qui ressemble aux pam-
pres de la vigue. II faut, comine je Tai dit , pren-
dre ces drogues seches, les broyer et les piler
avant de les eraploycr, puis y ajouter du rasis ,
c'cst-a-dire, d'uueespecc de poix cruc qui passe
pouretred'autant meilleurcqu'elleestplusvieilie,
parce que le temps Tayant endurcie, il est plus
facile de lareduire en poudreen labroyant,de
sorte qu'elle s'amalgame mieux avec les autres
drogues. Au rcste, il suffira d'cn mettre six li-
vrcs sur la quantite de drogues que nous venons
d'indiquer. On ne peut pas detcrminer quelle
scra la qnantite de vin cuit compnse de cette
niaiiiere qu'il faudra mettre dans quaraute-buit
sextarii de moiit pour le frelater, parce qiie c'est
une chose qu'on ne peut estimer que d'apres hi
qualite du vin, et (|u'i| faut prendre garde que
le goutdu vin n'aniionce qu'il cst fic!al(>, Incon-
venientqui eloigncrait les acheteurs. .le suis ce-
pendant dans rhabitude d'en mettie sur deux am-
phores de niout (c'est-a-dii;e sur quatre urnes,
rurnc (■■taut de vingt-quatre .vpxte/vi ) uu /riens
lor? que la vendange a ete humide, ct un qxiadrans
lorsqu'elle a ete seche. Je n'ignore pas que qucl-
ques agriculteursen on mis jusqu'a un quadra^is
par araphore : niais je sais aussi qu'ils ne Pont
fait que lorsqu'ils y ont (?te contraints par la
trop grande faiblesse de leur vin , (jui se serait h
peine coiiservc' pendant trente jours sans se gi;-
tcr. Au reste , si Ton ne manque pas de bois, il
sera eneore mieuxde faire bouillirle vin que Tou
aura ainsi frclat(j, et de le purger de sa lie cn
r^^cumant , parce que quoiqu'il se trouve, cn
suivant eette niethode, un dixierae dedechetsur
le total , au inoins ce qui cn reste se conserve en- .
suite eterncllement. Mais si Ton n'a pas du bois
en abondance, on se contentera de inettre sur
ehaque aniphore de vin une uncia de cette ina-
tiere connue sous Ic nom de fleur de raarbre cu
de piatre, ou deux sextarii de vin cuit jusqu'a
diminution des deux tiers; et quoique cette dcr-
niere m(;.thode ne donne pas au vin la proprielii
de se garder i'terncllcnu'nt, elle lui fait au rauius
conserver son gout jusqu'a la veudangesuivantc.
XXL On fait cuire jusqu'a dimiiuition dcs
deux tiers un moiit dout lc goCit soit tr(;s-agrca-
ble, et on lui donne le nom de defrutum lors-
qu'il a pass(3 par eette euisson de la mauiere que
j'ai detaill(;e ci-dessus : lorsqu'il est refroidi, o;i
le transvase et on le serre pour s'en servir au
bout d'un an. On peut ncaumoins'en raelerdaiis
tum cam ililisenlci- aiite aqiia niarina dccotta iiciliicris ,
dccem scxlarios : item icsinseteiebintliinae sesnuilibiam.
H:i'c cum adjicics, phimbeum pejagitaliis, nBadiiranliir.
Cumdcindeadteitiassubsederitcoctura.siibtialie igncni,
et |ilnnibeum subinde agilabis , ul defrnlum et medica-
nicnla coeant : deinde cuni videbilui' iiiediocriler calere
«leliuluni, leliqiia aiomala conlusa et cribrala panlatim
insperges, el jnbebis rutabulo ligneo asitori qnod decoxe-
ris , eousqiie diim deJrige.scat. Qnod Si iinii ita , ul pra;-
ccpimns, pcnniscncris , subsident aioniala, et adureii-
tur. .\(i prirdicliim autcm modum miisli adjici debciil ii
odores, naidi roliuin, irisillyiica, naidumgallicum , cos-
lum , palma, cypernm , schcenum , qiioruni siiiftulorum
sclibi.e salisfacient : ilem myrrlia; qninciinx, calanii pondo
libram , casiin sidibram , aniomi pondo quailraiis , croci
qniiicnnx.cripa' painpinacc<£ libram. Haec, utdixi, arida
contusa ct cribrala debeiit adjici , et Ins comniiscci i rasis ,
quod esl gcnus cruda! picis -. ca(|ue quanloest vctuslior,
tanlo melior babclur. Nam longo lempure diirior 1'acla,
cum est iMintiisa, iu piilvereni ledigitur, el bis inedicanii-
uibusadmisietiir. Satis est autem pr.fdictis pouderllins
scx libras cjiis niisccri. lix liac compnsilione, qiianlum in
sextarios musti quadragcnos octonosadjiciendiim sil, in-
certumcst, qiioniam pio natura vini ueslimari oporlel ,
([uod salis sit : cavendumque est, ne conditus sapor iii-
telligalur. Nam ea les emptorem fugat. Ego lanien , si
liumida lucrit viudemia , trienleiiij si sicca , quadranlem
mcdicaminis in binas anipboras miscere solitus suni [ita,
ut qnatuor urnarimi cssel miisli modiis . uriia autem qua-
luorel vigiuti .sextariorum ]. Nonnullos agricolas singulis
aniplioris quadiantein medicaminis indidisse scio , sed
lioc coaclos fccisse proplcr niiniain innrniitatem vini ejus-
nioili, qiiod vix liiginta dicbiisintegrum permanebat. Hoc
tanien muslum, si sit lignorum copia , satiiis est infeive-
faiTie , elomneiii spuniam cuni fecibus expuigare : qiio
laclo deciina paisdeci'dct , scd reliqua pciennis erit. At
si lignoruin peniiria cst, marmoiis vel gypsi, quod llos
appcllalur, uncias siugulas , itcni ad lertias decocli defrnli
scxtaiios binos singiilis aniplioris miscerc oportcbit. i:a
ifs cliamsi non iii loliim perennem, al cerle usque iu
alleiam vindemiam |ileriiiiiquc vini sapnreni fcrvat.
XXI. Miislum qiiam dulcissimi sapnris dccoqualur ad
lertias, et decocliim , siciit siipra dixi, defrutum vnc.n-
lur ; i[iioil ciim defrixit . Iransfertur iii vasa , et leponilur.
40« COHIMELLE.
le vin, ponrlefrelater, des le neuvieme jour qui i ii n'avait que des vignes marecageuses; mais
suivra sa cuibson; mais 11 vaut mieux le laisser
reposer un an. On en met un xe.rtarius sur deux
urnes de mout provenu de vignes piantees sur
des coteaux ; au lieu qu'on en met trois hewhiw,
si le mout provient de vigues plantees en plat
pays. Lorsque le mout est retire de la cuve, on
ie laisse bouillir et S8 purger pendant deux jours ,
et Ton n'y met le vin cuit que le troisieme. En-
suite, aii bout de dcux autres jours, lorsqu'il a
cesse de bouillir avec ce vin cuit et qu'il s'est
purge, on y ajoute encore sur deux urnes de vin
la quantite desel grille et broye que peut conte-
nir une ligula, ou une mesure de demi-?(»r/a bien
pleine. On jette a cet effet du sel tres-blanc dans
un pot de terre cuite non poisse , que Ton mas-
tique ensuite soigneusementdanstoutesa surlace
avec du mortier dans lequel il entre de la pnille,
et on le met en cet etat aupres du feu pour Ty
laissergrillertant qu'il petillera ; et desquil com-
mence a ne plus fairede bruit, il est eensecuit.
Outre cela , on fait tremperdu fenugrec dans du
vin vieux pendant trois jours ; quand on Ta retire ,
on lefait secher au soleil; lorsqu'il est sec, on
le broie, et on en met une cuilleree, c'est-a-dire
le contenu du quart d'un cyathus, sur deux ur-
nes de raout sale. Ensuite, lorsque le mout a
cesse absolument dcbouilliretqu'il esttranquille,
on y met autantde ilcur de plAtre qu'on y avait
mls de sel ; apres quoi on neltoie la futaille le
lendemain, puis ou couvre le vin apres ravoir
ainsi nourri, et on le bouehe. Telle etait la me-
tluide que suivait ordinairement Columelle , mon
LMiele paternel , qui etait un celebre agriculteur,
pour frelater son vin dans les fonds de terre oii
lorsqu'il frelatait du vin de coteaux, il y mettait
au lieu desel de Teau salee, cuitejusqu'A diminu-
tion desdcux tiers. II est ceitain que cette eau
fait foisonner le vin, et qu'elle liii fait acquerir
une meilleure odcur ; mais d'un autre c6te il y a
du danger qa'ellene !e gate , si elle est raal euite.
D'ailk'urs, on la prend, commcje Tai deja dit,
le plus loin du rivage qu'il estpossible, parce
que, pluselle est puisee en haute raer, plus elle
est claire et pure. Si on la garde tres-longtemps
(comnie faisaitColiimelle) en la transvasaut d'a-
bordau bout detroisans apres Tavoir eelaircie,
eten ne la faisant cuire jusqu'a diminution des
deux ticrs que trois autres annees apres, elle sera
bien raeillenre pourfrelater le vin, et il n'y aura
plus de risque qu'elle le gate. Au surplus, il suf-
fit de mettreun sextarius d'eau salee sur deux
urnes de moiit, quoique bien des gens y cn met-
tent denx, et d'autres jusqu'a trois; et je ne se-
rais pas eloigne moi-meme de m'en tenir a cette
quantite , si le vin se trouvaitd'assez bonne qua-
lite pour ne pas d(5voiIer par son goiit cette
mixtion d'eau salee. Cest pourquoi un chef de
famille prudent, qui aura fait une nouvelle ac-
quisition en fonds detcrre, essayera , aussit6t
apres sa premiere vendange, trois ou quatre
methodes de frelater le vin sur trois ou quatre
amphores de moiit, afin de s'assurer combien
le vin de son cru pourra supporter d'ean salee au
plus, sans offenser legotit.
XXIL Pourappreter et conserver lemont, on
peut egalement se servir de poix liquide. Mettez
une metreta de poix liquide, tiree du pays des
Nemeturici, dans un bassin ou dans un vaisseau
iit postaiimim sil in iisii. Polost taiiien efiani post flips
iioveni, quam refiixerit, adjici in vinnm : sed mellus
est, si anno requleveril. Ejus unus sextarlus in duas ur-
nas musli adjicilur, sl niustum ex vineis collinis est -. sed
si e\ campestiibus , Ires lieminnB adjiciuntiir. Patimur au-
teni, cum de lacu mustum snblalum est , biduo deferves-
cere, et purgaii. ■feitio die deinitiim adjiciinus. Deinde
interposito biduo , cuni in mustum paiiler cnm defrnto
defcrbiierit , puit;aliir, et ita eo adjicitnr in binas urnas
li^ula cnmulata , \el mensura semiincl;e bene plcnre salis
cocli et Iriti. Sal autem quam candidissimus conjicitur in
urceoficlili sine pice, quiurceus, cum reccpit salcm, di-
liKenter tolns obliniliir luto palealo, et ila igni admove-
lur, actamdiu torietnr, quamdiu strepilum edil. Cum
silere coepit , finem liabel coclurae. Praeterea foenum Gra;-
cum inaceralur in vino veteie per triduum • deinde cxi-
mitur, et in furno siccatur vel in sole -. id(]ue ciim est ari-
dum lactum, molltur, etex eo molito post saliluram mus-
ti cocblcar cumulatuni , vel siniile genus poculi ejiis , quae
e.st qiiarta pars cyatbi, adjicilur in binas urnas. Deinde
eum jam perfecte mustum defeibuit etconstitlt, tanlun-
dein gypsi ndris miscemus , qiiantum salis adjoceramiis :
atqneilaposteiodiepurgamusdolium, et nutritum vinum
opcriinus alque oblinimus. Jlac conditura Columella pa-
truiis meus, illu.stris agricola , uli .solilus est in iis fun-
dis , in quibns palustres vineas babebat. Scd ideiu, cuni
collina vina condiebat, aqnaiii salsam decoctam ad ter-
tias pro sale adjiciebat. Eaporro facit sinedubio niajorem
mensuram et odoris melioris : sed periculum babel , ne
viliWur vinum, .si male cocta sit aqua. Sumilur aulem
licfic, ut jam dixeram , quam longi.ssime a littore. Nam
Iii|iiidior et purior est , quantum altiori mari liausta est.
Eani si quis (ut Columella faciebal) reponat, ct posl
triennium in alia vasa eliquatani transfundat : deinde
post altenim trieuiiiumdecoquatusque ad parlem lertinin :
longe mcliorem babebit conditurani vini,nec ullnin peri-
culumerit, ne vina vilientur. Satis est antem sextarios
singulos adjiceresalsae aquae in biuas musli iirnas : qiiani-
vis nuilti etiam binos immisccant , nonniilli etiam teriios
sextarios : idque [ ego] facere non reciisem , si geiius viui
tanlum valeat, utaqiiae salsae iionintelligaliir sapor. lla-
que diligens palerlamilias cum paraveril fuiidiim, slalini
prima vindemia tres autquatuor nolas condiliiia' tulideiu
amplioiis musti experielur. ut exploralum liabi al , quai^
tuni plurimum sals^e vinum , quod fecerit , sine otTensa
gustus pati possit.
XXtl. Picis liqnida; alterum niedicamen , qiio mustum
c(Miilias. Picis liquidae Nemeluricie metretam adde iii la-
DE L'AGRICULTURE, LIV. XII.
quelconque , et versez dcssus deux congii de les-
sive de cendre; ensuite remuez le tout avec une
spatule de bois. Lorsquecette nii.\tion scra repo-
see, videz Teau dc lessive, ensuite remcttez-en
autant que la premiere fois, puis renniez de meme
le tout ct passez-le; enlin rcpetez la mcmc opc-
ration une troisleme fois. La cendre fait passer
Todeur dc la poix , et la purgedeses immondiccs.
Ensuite prenez cinq livres de poiv tircc du pnys
des Bruli/, sinon, de telle autre poix que ce
soit, pourvu qu'elle soit tres-nette. Pilez la bicn
menue ct melez-la avec la poix tirecdu pays des
rinneturici , puis versez dessus dcux conyii
d'eau de mcr qui soit ou trcs-vieille , si vous en
nvczdetelic, ou nouvcllc, mais cuitejiisqu'adi-
minution dcs deux ticrs. Laissezlc bassin decou-
vert au soleil pendant le lever de la Caniculo,
et remucz tres-souvent cequ'il contienl avccune
spatule dc bois, jusqu'a ce que la i)oix qne vous
aurcz ajoutee la secondc foissoit fondue dans la
premicre, et qu'clles soient amalgamees enseni-
ble. II faudra cependant couvrir le bassin pen-
daut ia nnit, de peur qu'il n'y tombe de la
rosee. Ensuite, lorsquc Tcau dc ia mcr qiie
vous y aurez mise paraitra ^vaporce au soleil,
vous ferez portcr le vase a la maison sans le vi-
der. II y aquelques personncs qui sont dans Tu-
sage de mettre sur quarante-huit scxtarii de vin
lc poids de Xtoisuncia' de cette composition, et
qui sc contentent de cette quantitc pour lc fre-
later. D'autres eu mettcnt trois cijatki sur la
quantite de scxtarii quenous vcnonsde dirc.
XXIII. Ondonne le nom de corlicala a lapoix
dont les Allobroges sc servcnt pour freiater le
vin. On la fait trcs-dure, et pluselle est ancieu-
neraeut faite, meilleure eile est pour cet usage ,
parce qu'elle pcrd tout son glnant , et qu'il est
des lors plus aise de la rcJuire en poudre et de
la cribler. II faut donc la broycr et la criblcr
avant tout ; cnsiiite , lorsque le moiitaura bouilli
pnr deux fois, ce qui se fait communcment en
quatre jours a compter du monicntou on l'a tire de
la cuve, on la nettoie avec soin cntre ses mains ,
et on cn met un sextans et une scnnuicia sur
qnnraiitcluiit scxtarii i\e. vin , puis on Ty m^le
avecun rabledc bois, apies quoi on ne toucln^
plus au vin tant qu'il bout; il ne faut cepcndant
pas le laisser bouillir plusdequatorzejours^ par-
tir du momcnt auquel il a ete frelate. II faut an
contraire le purifier au bout de quatorze jours , ei
s'il est reste de la lie aux bords ou aux parols dcs
vases, les ratisser et les fiotter, pour les eouvrir
et les boucher aussitot apres. Mais si ron veut sc
servir de cette poix pour frelater le vin dc toute
une vendange , de facon qu'on ne puis.se pas rc-
connaitre a son gont s'il est poisse, il suflira
d'cn mettre six scripula sur quarnnte-huit sex-
tarii de vln , ce qu'on ne fera qu'aprcs que le
moutaura ccsse de bonillir et qu'il anra jet^ sa
lic. II fandra ncanmoins mettre enoutrc une se-
mtincia de sel cuit ct broye sur la mcme quan-
titti de mcut. Au rcste, cc n'est pas seulement
dans le viu poisse qu'il faudra n^ettre du sel,
mais on en raettra la meme quantite , si faire se
pent , sur tclle espcce de vendange et en tel
pays que cc soit , parceque cette precaution em-
pechera le vin de conserver aucune moisissure.
XXIV. La poix du pays des Nemclurici .se
fait dans la Lignrie. Pour la rcndre propre a fre-
later le vin apres qu'elle est faite , il faut piendrc
en pleine mer ct trcs-loin du rivage de Tcau, que
Ton rcduira a moitieparla cuisson : lorsque cette
bruin, aiil in alvciim, el in mdmi infiiiulila riiicils li\i-
viae congins diios, (lcinilc pcrniisccli) s|ialli.i lisnca. Ciiiii
rcquieverit , eiiqiiato liviviain : (lciiidc ilcnini lanliindeni
lixiviae addito, eodem paclo |.crini-cclii, ctcliquato. Ter-
tio quoque idem facilo. Cinis .inlcm odorcni picis aufei t,
et eluil spnrciliam. Post eodem addilo picis I!ruti:c, si
minus, atterius nota; quam puri.ssimx quiiiqne liliras.
Ha-c miniile concidito, et adniiscelo pici Xemeluiicc.
Tum aqna> mariiiaeqiiam vetustissima^, sierit ; si miniis,
ad lerliam partem recenlis aqu.Tinariii.T decoctifi con^ios
duos injicito. .Apertnm labrnm sinito in sole per Canicula;
orlum , ct spallia li^iica permi.sceto quain Sicpissime , us-
que eo, dnin ea quic addiderls , in pice colliqiiescant , el
unitas fial. Noclibus aulem labriim operire convcniet, iie
irrorelur. Deindecum aqua marina.qiiam addideris, sole
consumpta videbitur, snb tectnm vas totum ferrc curabis.
Hiijiis auleni medicaminis qnidam pondo qnadrantem in
sextarios xi.viii miscere soliti sunt, ct bac coiulilura coii-
tciiti cssc. Aiii cvalbos tres eiiis medicamenti adjiciiiut in
tolidcm sextarios, qnot supra diximus.
XXIII. l'ix corticata appcllatur, qiia utnnturiid condl-
tnras Alloliroges. Ka sic coulicilnr, iit iliira sil, et quanlo
faclacst veluslior, eo inelior in usn csl. ^am oniiii lciilorc
nnsso, facilius iii pnlvcrcin rcsolvilur atqiic cribialur.
Hanc ergo coulcri et cribiari oporlct : dcindc ciiin bi..i
miistum deferbnerit, qnod plcruniipie cst inlra quartum
dicin, quani de lacii sublatiimest, dilii^cnlcr manlbus
expiirgatur, et liinc demum pnKdictic picis sexlans et se-
miincia in scvtaiios qiiinque et qiiinquaginl^i adjicitur, ct
riiiabulo ligneo peiiniscelur, ncc po^lca tan;;ilur, duin
confcrvescat : <piod taiiicii iion aiiipliiis dicbus (pialuor-
dccim acoiidiliira p.iliciiiluin csl. N.iin oporlcljil po^t liiiiic
niimeriim dicruin coiircslini viiiiiin cnuiinlaic, cl si (piid
fccis aiit labrls vasorum aiit lalcrlliiis inh.csil, ciiidi, iic
suffricari , et protinns operculis iniposllis olilini. At si c\
eadeni plce bjtam viudeniiam condiie volueris , ita ne j;iis-
tus pic.ali vini possit intelllKi, sat erit cjiisdcm picis sci
scripula in sexlarios quinque ct qiiadraginta Umi demiim
miscerc, ciim mustum defiM buerit , el feces cxpnrgalic f iie-
rint. Oportcbit aiitem salis dccocli contritiquc scmimciain
in cimilcin moduin musli adjicere. Nec soluin buic iioUe
vini sal adliibeiidiis est ; veriiin , si lieri po.ssit, in omnibus
rcslonibns omiie gcMins vindemi.T lioc ipso pondcrc siilicn-
duin est : nam ca rcs muiorcin vino iiicsse non piililnr.
XXIV. I'ix Kcmeiiiiica in I,i;;uriaconlicilur. l'.a dcindc
iil llal condilnris idoiica, a<pia inarina qiiain longifsime i
COLUMELLK.
eaii sera refroidie au point de ne plus Ijruier !a
main lorsqu'on l'y plongera, on en \ersera ce
qu'on jugera suffisant sur cette poix, et on ia
renniera soigiieusement avec une spatule de bois
ou avec ia main , alin de la delivrer de toutes
lt's impuretis qui pourraient y etre restees. En-
suite on laisseia la poix toniber au fond , et
on videra IVau ; apres qiioi on la lavera dcux
ou trois fois avec ce qui 'etait reste deau euite ,
et on la petrira jusqu'a ce qu'elledcvienne bril-
lante : enfin , apres Tavoir passee , on la laissera
quatorze jours au soleil , afin que toute rhumi-
dite qu'elle aura pu contractcr dans Teau se
tarisse. Mais il faudra couvrir pendaut la nuit
le vase dans lequel on Taara mise , de peur qu'il
n'y tombe de la rosee. Lorsqu"on Taura pre-
paree de cette maniere, et qu"on voudra frclater
son vin , on mettra deux cyath i do cette poix sur
quaraute-huit.sM:to;7'j demout, apresqu'il aura
bouilli deux fois. 11 faudra separer a cet effet
ieux sextarii de movit sur le total dece que ron
voudra frelater , pour los vcrser pcu a peu sur
m sextanx de poix,et la petrir eusuite a la
main , comme on le pratique h Tegard du vin
mele de raiel , afin qa'elle s"amalgame pkis aise-
ment avec le mout. Mais quand ces deux scx-
tarii serontentiercmentaraalgames avec la poix,
et qu'ils ne feront plus, pour ainsi dire, qu'une
seule substance avec elle , il faudra pour lors les
rcverser dans le vase dont on les avait tires d'a-
liord, et en remuer le mout avec un rable de
linis, afia quelle se mele bien avec cette compo-
sition.
XXV. Comme quelques Grccs, pour ne pas dire
tous , frelatcnt le mout avcc de Teau salee ou avec
de la sauraurc , je ;i'ai pas cru devoir passer sous
silence ce genre d'6eonomie. Voici comrae il fau-
dra s'y prendre dans les pays qui sont situes au
milieu dcs terres, et ou ron ne peut pas se pro-
curcr aiseraent de Teau de mer, pour faire une
snumure propre a ces sortes de mixtions. Cest
i'cnu de pluie qui est la plus convenable poup
cetteoperation, et a son defaut celle qui coule
d'une source tres-limpide. On aura donc soin de
mettre au soleil cinq ans d'avanee une tres-grande
qunntite de Tune ou Tautre de ces eaux , en la
renfermantdansd'excellents vases: ensuite, lors-
qH'elle sera pourrie, on la laissera reprendre
d'elle-meme son premier 6tat. Quand elle Taura
repris, on aura d'autres vases dans lesquels on
la passeradoucementjusqu'aeequ'on soit arrive
a la lie : car on trouvetoujours un sediment epais
au fond d'une eau qui a ete en repos. Apresees pre-
miers soins, il fnudra la faire bouillir jusqu'a di-
minution des deuxtiers, corame du vineuit : en-
suiteon mettrasur cinquante sextarii de cette eau
douce un sextarius de sel avec autant d'excellent
niiel. II faudra euire tout ce melange ensemble,
et le purger de toutes ses iramondiccs. Ensuite,
lorsqu"il sera refrnidi , on mettra ce qui en res-
tera dnns une amphore de mout. Si Ton a sa terre
pres de !a mer, il faudra, pendant qu'il ne fera
point de vcnt etque la mer sera bien calme , pui-
serde Teau en plcine mer, et la faire bouillir
jusqu'adiminu!ion desdeux tiers, en y ajoutant,
si on le juge a propos , quelques aromates pris
dans le nombre de ceux que j'ai dctailles ei-des-
sus , afin que, Iorsqu'o'i i'emiiloiera dans le vin,
elle luidonne plus d'odeur. Mnis avant de tirer
ie mout de la euve , on parfumera les vases dans
lesquels on doil le niettre, soit avec du romarin,
soit avec du laurier ou du niyrte , ct on les
liUorede pclago siimenda est, ati|no iii dimidiam partem
decoquenda: qiia; ciim iii lanfiim lefrixeiit, qiiaiUum ne
c.ontacta corpiis urat, partem aliquam ejiis, qiiae satis vi-
debitiir, proediclae pici immisceliimus, et diligenter lignca
spatlia vel etiam nianu peragitaliimiis , ut si quid inest
viUi eluatur. Deinde patiemur piceni considere , et cum
siderit, aquam eliqiiabimus : postea bisantterex reliqua
[Kirte aqiiBC dococtie taindiu lavabimus et subigemus eam ,
donec rutila (iat : tnm eliquatam in sole quatnordecim
diebus paliemiir esse, ut qiiisqiiis cx aqiia liiimor reman-
sit, ;issiccetiir. Noctibus aulem vas le!;eniliini crit, ne
irroretur. Cum boc nioiio iiicem prippaiaverimiis , et viua ,
ciim jam bis deferbuerint , condire voliierimns, in niusti
sextarlos octo ct qnadraginta cyallios diios picis pra>dicta;
sic adjicicmus. Ex ea mensura, qiiam condituii sumiis,
sexlarios diios iniisli siimere oportebit, deinde ex bis sex-
lariis in picis sexl.iiilciu paulatim muslnm infundere, et
manu lanqiiain iiiulsnm suliigere, quo facilius coeat. Scd
ubi toti duo sextarii cum pice coierint, et quasi unitatem
fecerint, tum eosdem in id vas, unde sumpseramus, per-
tundere.elut permisceatur medicamen, rnlabulo ligneo
peragitare conveniet.
XXV. Qiioniamquidam, inimocliam fereoninesGra>ci,
aqiia salsa vel marina niustum condiunt, eani quoqiie
parlem-curae non omiltendam putavi. In mediterrar.eo ,
qiio non est facilis aquai mariuse inveclio , sic eiit ad con-
ditiiras conficienda muria. Huic rei niaxime est idonca
ca'leslis aqna ; si niiniis, ex foute liquidissiino prolliiens.
Harnm ergo alterutram curabis quam pluiiinam et quam
oplimis vasis conditam ante quinquennium in sole ponerc :
deinde ciim computruerit , tamdiu pati , donec ad pristi-
nuni niodiim pervcniat. Quod cum factum fuerit, alia vasa
babclo, el in ea sensim aqiiam eliqnato, donec ad fecein
perveiiias. Semper enini in requiela aqiia crassamen aliquod
iu imo repcrilur. Sic cui ata cum fuerit , in modum defruti
ad terlias decoqiienda esl. Adjiciuntur autera in aqu» dul-
ris sextarios quinquaginta, salis candidi sexlarius, et
mellis optimi unus sexlarius. Ha-c pariler decoqui . el
omnem .spurcitiam expnrgari oportet. Deinde cum refrixe-
rit , lum quantumciintpie lnimoris est , tantum in amplio-
raiii niHsli porlionem adjici. Quod si ager marilimus esl,
silentibus venlis de aito quam quieti.ssimo mari suuienda
est aqua , et in lerliam parlem decoquenda , adjectis , si
vidcbilur, aliquibus aromalis ex iis (\ate supra retuli , iil
sit odoralior vini curalio. Mustum autem aiitequani de
Ijcu tollas , vasa rore marino vel lauro vel mjrto siiffii-
DE LAGIUCULTURE, LIV. XIL
rcmplira jusquaux bords, afin que le vin se purge
bien eii bouillaiU; ensuite on frottcra le bord des
\asesavecdes poinmes depin. II faudra IVelater
le vin le lendeiuain du jour cju'on l'aura tire de
la cuve , si on veut le rendre plus doux , et cinq
jours npres, si on veut 1'avoir plus dur ; on bou-
chera aussi !es vases apr^s lcs avoir remplis a
mesure qu'ils auront souffert du dechet. II se
trouve des personnes qui, apres avoir pnrfume
les eruches , commencent par y mcttre les com-
positions dont ils se servent pour frelater le moiit ,
avant de \'y verser lui-meme.
XXVL Dans les terroirs oii le \in a coutume
de s'aigrir , 11 faut , des qu"on aura cueilll et foule
le raisin, et avant dcn porter le marc au pres-
soir, avoir soiu de verser le mout dans un pa-
nier, et d'y ajoutcr un dixleme d'eau douce ti-
rce d'un puits creuse dans le terroir meme ; enfin
de le cuire jusqu'a ce qu'il solt diminue d'une
quantite parcille a celle de Teau qu'on y aura
ajoutee. Ensuite , lorsqu'il sera refruidi, ou le
versera dans des vases que ron couvrira et que
Toa bouchera; moyennant quoi il se conservera
plus longtemps sans s'alt6rer en aiicuDe facon.
11 sera raieux d'y mettre de vieille eau que fon
aura gardee pendant plusieurs annees, quoique
le meilleur encore sera de n'en point mettre du
tout, mais de le cuire jusqu'a diniinution d'un
dixieme, et de le transvnser lors([u'il sera froid,
commeaussi d'y ajoutcr unc hcmina de gypsur
sept sexlaril de mout , lorsqu'il sera refroidi
npres la cuisson. Quant au reste du moiit qu'aura
rendu le marc pressure , il faudra !e consommer
au preraier moment , ou le vendre.
XXVIL Maniere de faire du vin tres-doux.
Etendez au soleil pendant troisjours les grappes
de rnisin que vous aurez cueillies; le quatrieme
jour foulez-les a raidi peiulant qu'elles scroni
chaudes , et prenez-en ie vin de mere-goutte ,
e'est-a-dire, celui qui aura coule dans la cuv
avantque le raisin ait etepressure : lorsqu'ilaura
cesse de bouillir , mcttez-y iine uncia d'iris bien
broyee, mais pns davantnge , sur cinqunnte snx-
iarii de vin , et vcrsez-le dans dcs vascs aprcs
Tavoir purge de sa lie en le passanl. Ce vin ne
sera pas moins agreable que durable ct salutaire
au corps.
XXYIIL Maniere de compnser d'autres sortes
de mixtions excellentes pnur frelater le vin, et
le rendre durable. Broycz de l"iristres-l)lanche ,
faites infuser du fenugrec dans de vieux viu,
puis exposez-le au soleil ou mettez le au four, aliii
qu'il se si^che ; apres quoi vous le raniKlrez tres-
fin. Ensuite melez ensemble des parfums broyes ,
eonsistant en un qnincunx et un triens a peu
pres d'iris criblee, autant de fenugrec, et uii
quincunx de racine de jonc; puis vous mettrcz
dans le vin une uncia et huit scripula de cette
mixtion par cruehes de la contenH.nce de sept ani-
phores, avee Xrmihenuna; de gyp, sl le mout
provient de terroirs raareeageux; un sextarius^
s'il est fait avec du raisin de jeunes vignes , et
une Iicmina , s'il est fait avec du rnisin d'ancieii-
nes vignes piantecs dans des terroirs secs. II faut
mcitrecesiiigredients trois joursapresque le rai-
sln nura ete foule ; n),-us avant de faire cette ope-
ration on survidera un peu de niout d'une cru-
clie dans une autre , de peur qu'cu bouillant avee
la mixtion lorsquil sera frelate, 11 iie s'enfuie.
On melera dans un petit bassin ce qu'il faudra
de gy p et d'autics especes d'ingredients pour eha-
que eruche , et apres les y avoir delaycs avec du
mout, on les versera dans les cruches, oii on les
melera bien : des que le vin aura cesse dc bouil-
mis;;ito,ct large rci)leto, iit iii cffervesceiulo vinuni se
beiie purget. Postea vasa micibus piueis suffricato. Quoil
vinuniToluerisilulcius esse, postero die; quodausterius,
quinto die quain susluleris , condire oportebit , et ita sup-
plere, et oblinire vasa. KonnuUi etiani sufrumigalis seriis
prius condituram addunt , et ita miistum infiMulunl.
XXVI. In quo agio vinum acescerc solct, cuiandum
csl, ut cuin uvam legcris et calcaveris , piius qnam vina-
cea lorculis exprimanlur, mustum in cortinam dcfundas ,
i'l aquac dulcis putcaua; ex eodem agro partem decimam
adjicias, et coquas, doncc ea aqua, quam adjeceris , de-
i-,ncta sit. Postea cum refrixerit , in vasa dcfundas , et
operias, et oblinas : ita diutius dnrabit, ct delrimenli
iiiliil fiet. Slelius cst, si vetcrem servatam compluribiis
annis aquam addideris ; longcque mclins si aquae niliil ad-
didcris, ct dccimam musli deaixeris, fiigidumqiic in vasa
transtnleris, ct si in sextarios vii musti lieminam gypsi
miscneris, posteaqiiamdecoctumrefrixerit. Rcliquuni inu-
sliim , qiiod c vinaccis fucril cxprcssnni , primo quoquc
tiuipore absumilo , ant aere coininulato.
XXVII. Vinnm dulce sic faccrc oporlet. Uvas lcgilo , in
solc per Iridunni ixpaiigilo, quarto die ineridiano tempoie
calidas uvas proculcato, niustum lixivium, lioc cst , anle-
quam prelo pic.ssiim sit, quod in lacum musti Huxeiit
tollilo : cnm deferbuerit, in sextarios qninqnaginla irini
bene pinsitam nec plus unciae pondere addito, vinum n
fecibus eliqnatum diffnndito. Hoc vinum eril suave,fir-
muni , corpoii salubre.
X.VVIII. Alia medicaminum genera vini condituris ct
nnnitati aptissima sic lacito. Irim quam candidis^iinaiu
pinsilo , fipniim Gioecum veteie vino macerato : dcinde iii
solc cxponilo aut iii furno, ut siccescat : lum commolito
niinuli.ssiine. Item odoramenta trila, id est, iiim ciibra-
tain, quic sit iiistar pondo quincuncem et Iriuntem, fceni
Gra'ci pondo quiiicnnceiii et trienteni , .sclia;ni pondo quin-
ninccm in uniini pcriiiisccto : liini in scrias singiilas qihT
sint amplioranim ,se|)tenum, addilo mcdicaminis pondu
iinciam et scripula octo : gypsi, cum ex locis paliistribus
inuslum crit, in scrias .singulas ternas licminas; cum de
novellis vincis erit, .sexlarium; cum de vetcribus et locis
siccis, licminassingulasadjicito. Tertio dic quani calcavc-
ns, conditnram inriindilo, sed antequam condias, musti
aliquantum in seriam dc seria Iransfei io , iie in condiend»
cum medicamenlo cfrerve.sr:\t clflii.it. Sic aiilem cmalnui
COLUMELLE.
lir, on remplira les cruches et on les bouchera.
Toutes les fois que vous aurez frelate du vin,
gardez-vous de le verser aussitotdans des vases ,
mais laissez-le reposer dans les futailles; et lors-
que vous voudrez le trausvaser des futailles ou
des cruches dans d'aulres vases , ayez soin que
ceux-ei soient bien poisses et bien propres, et ne
faitescette operatiou qu'au printemps, quand les
roses seront en fleur, et que le vin sera purifie et
parftiitement clair. Si vous voulez ie garder long-
tenips, mettez sur un baril de la contenance de
deu.x urnes un sextarius d'excellent vin , ou trois
sexiarii de lie de bon vin qui soit nouvelle ; ou
si vous avez des vases dont vousayez tire recem-
meutlevin,survidez-ledansces vases. En suivant
i'une ou fautre de ces methodes , le vin sera bien
meilleur et bien plus durable : et pour peu que
vous y ajoutiez en outre de bonnes odeurs ,
vous en ecarterez toutes les mauvaises , ainsi que
toutes les sortes de mauvais gout , parce qu'il
n'y a rien qui attire plus les odeurs etrangeres
que le vin.
XXIX. Manitre dont il faut s'y prendre pour
faire que le mout soit toujours aussi doux que
dans sa nouveaute. Avant de porter le marc au
pressoir, mettez dans une amphore neuve du
mout tres-nouveau au moment que vous Taurez
tire de la cuve , bouchez cette amphore, et en-
duisez-la bien exactement de poix, afin que Teau
ne puisse pas y penetrer ; ensuite plongez-la , de
faoon qu'elIesoitentierement submergee, dansun
reservoir dont Teau soit fraiche et douce , et reti-
rez ren quarante jours apres ; vous aurez par ce
raoyen du vin qui se eonservera doux pendant
une annee entiere.
XXX. Du moment oii Ton aura couvert les
Sjpsum et mcdicanientiim in labello permiscelo, qiianliim
scriis singiilis fueiil necessaiium , idqiie meiiicamentuni
muslodiluito, etipsa adsorias addiloel pcrmiscelo : cum
dererlmerit, slatim replelo et oblinito. Omue vinum cum
condieris, nolilo slalim diftuudeie, sed siiiilo in doliis li-
«piesceie : postea cuni de doliis aut de scriis diffimdeie
voles, per ver florenle losa, dcfecalum qiiani liinpidissi-
mnm in vasa bene picata et puru tiaiisfeito. Si in veliisla-
tem seivare voles , in cado duarnm urnariim quam optiini
vini sextaiium , aut fecis generosae recentis sexlarios tres
addito : aut si vasa leceulia , ex quibus vinum exemptum
sit, babebis, in ea confundito. Si liorum qnid feceris ,
inullo melius et firmius erit vinum. Etiam si bonos odores
addiderls , onuiem maliira odorem et saporem proliibue-
lis : nam niilla res alienum odorein celerius ad se ducit,
quain vinuni.
XXIX. Mustiim nt semper dulce tanqnam recens per-
nianeat, sic facito. .\nleqnam prelo vinacea snbjicianlur,
<le lac.u quam rccentissimum addilo mustum in ampboram
iiovam, eainque oblinito, et impicalo dilisenler, ne qiiid-
quaui aqna; introire possit : tunc in piscinam frigidse et
diilcis aqua: totam ampboram mergito, ila neqiia pars
exstct; deindc post dies xl eximito : sic usque in annuiii
<lu!cc pcrmanebit.
futaiIlesjHsqu'ti requinoxeduprlntemps, i! suf-
firade soigner le vin une fois tous les trente-six
jours; au lieu que, passe l'equinoxe , il faudra
le faire deux fois ou plus souvent, si les fleurs
commencent a s'y mettre, de peur qu'elles ne
tombent au fonddes futailles, et qu'ellcs n'alte-
rent le gout du vin. Plus la chaleur sera grande,
plus il faudra soigner le vin souvent , le rafrnichir
ct lui donner de Tair, parce qu'il se conservera
toujours en bon etat tant qu'on le tiendra bien
frais. Toutes les fois que Ton soignera le vin , on
frottera les bords ou les ouvertures des futailles
avec des porames de pin. Si vous avez des vins
trop durs ou qui ne soient pas bons , soit par le
vice du terroir, soit a cause des mauvais temps
qui seront survenus, prenez de la lie de bon vin,
et faites-en des pates que vous secherez d'abord
au soleil et que vous cuirez ensuite au feu ; apres
quoi vous les broierez et vous en mettrez un qxior
drans dans chaque amphore que vous boucherez ,
et le vin se bonifiera.
XXXL Si quelque animal , tel qu'un serpent ,
un rat ou une souris , vient a tombcr dans le
mout ct qu'il y perde la ^ie; pour eviter qu'il
ne fasse contracter au viu une mauvaise odeur,
brulez son corps tel que vous Taurez trouve , et
jetez-en la cendre, quand elle sera refroidie,
dans le vase ou il sera tombe, puis m6lez-la avec
un rAble de bois : ce sera le vrai remede.
XX.XIl. Bien des personnes croieut que le vin
de marrube est bon pour toutes les maladies in-
ternes, et surtout pour la toux. Lorsque vous
ferez la vendange, cueillez de jeunes tiges de
marrube, principalement dans les terrains incul-
tes et maigres, et faites-Ies secher au soleil ; apres
quoi vous les lierez en petites bottes avec une
XXX. Ab eo fempore quo primum dolia operculaveris,
usque ad ;equinoctium vernum semel in diebus xxxvi vi-
num curare satis est, post a>quinoctium verniim bis, aut
si viniim (lorere incipiet, soepins curare oportebit : ne flos
ejus pessnm eat, et sapoiem vitiet. Quanto major aestus
erit, eo sa^pius convenit vinum nutriri refrigerariqiie, et
venlilari : nain quamdiu bene frlgidum erit, tamdiu recte
manebit. Labra vel fauces doliorum seinper suffricari nu-
cibus pineis oporlebit, quoties vinuni curabitur. Siqua
vina erunt duriora aut niinus bona, quod agri vitio aut
tcmpestate sit factum, sumito fecem vini boni, et paues
facito , et in sole arefacito , et coquito in igne : postea le-
rilo, et pondo quadrantem ampboris singulis infricato,
et oblinito , bomim fiet.
XXXI. Si quod animal in mustum ceciderit , et interie-
lit, nti serpens aut mus sorewe, ne mali odoris vinuin
faciat, ita ut repertum corpiis fuerit, id igne adoleatur,
cinisque ejus in vas , quo deciderat , frigidus infundatiir,
atqne rutabulo ligiieo perniisceatur : ea res erit remedio.
XXXII. Vinum marrut)ii multi utile putant ad omiiia
inlestioa vitia, et maxime ad tussim. Ciim vindemiaiii
facies, marrubii caules teneros maxime dc locis incultis
et macris legilo , eosquc in sole siccato : deinde fasciculos
fr.cilo, ct tomicc palmea aiit jiincea ligato, et in seriam
Dl': LAGRICULTURK, LIV. Ml.
ficelle de palniier ou de jonc, et vous lcs niettrez
dans uiie cruche de vin , de facon que la linature
ne soit pas ploni^ee dans le vin. On niet sur deux
cents scxtarii de vin doux, huit livres du niar-
rube, qu'on laisse bouillir avec le raoiit; apres
quoi on les retire, et Ton bouehe exactement ce
viu ainsi medicaraente.
XXXIll Maniere depreparer le vin de scille,
qul est bon pouraidcr la digestion, pour refaire
lc corps, ainsi que pour les toux anciennes et ppur
restomac. On cueille la scille quarante jours avant
la vendange , et oii la coiqie comrae des raci-
nes de raifort en tres-petils niorceaux, que Tou
suspend a rorabre alin qu'ils se seehent : lors-
qu'ils sont seches, on en niet une livre sur qua-
rante-huit scxt.arii de moiit Araine, et on Ty
laisse trenle jours; apres quoi on Ten retire , et
on verse ce vin , apres Tavoir cclairci, dans de
bonnes amphorcs. l)'autresauteiu's veulentqu'on
mette sur quarante-huit sextarii de mout une
livre et un quadrans de scille seche , ce que je
ne desapprouve pas moi-meme.
XXXIV. Ceux qui veulent faire du vinaigre
de scille mettent la raeme quantite de scille
que nous venons d'indiqucr, sur dcux urnes de
vinaigre, et Ty laissent pendant quarante jours.
Pour faire un embamnia ( vinaigrette), on met
sur trois amphores de mout un (•o«'//!/.s- de vi-
naigre mordant , ou deux fois aulant s'il n'est
pas mordant ; et on fait cuire ce raelange dans
uue marmite jusqu'a ce qu'il soit diminue d'un
palmus, (c'est-a-dire d'un quart, en supposant
cette marmite de la contenance de trois ampho-
res) ou d'un tiers, si c'est du moiit qui ne soit
pas doux. On a aussi suin de recumer; iiiais il
faut que ce soit du mout (le prcmiiMC scne, et
qui soit clair.
X.XXV. Mani^^^re de fairo des vins d'absyntlie,
d'hysope, d'aurone, dethym, de fenouil et de
pnuliot. Faites cuire une livre d'absyuthe du
Tont dans quatrc ,vf'.r /«/■(■« de mout, jusqu'A ce
que ce mout soit diminuc d'un qunrt, et mettez-
en le reste, quand il sera refroidi , dans une
urne de mout Amine. Observez les memes pro-
cedes pour les autres plantes que nous venons
de nommcr. On peut aussi faire cuire trois livres
de pouliot sec dans un congius de mout , jus-
qu'ice qu'il soit diminut; d'un ticrs; et lorsque
celte d(:coction cst refroidie , on en rctire lc pou-
liot, et on la verse dans une urne de mout. Hien
n'emp(5che d'en donner aussitot 4 ceux qui sont
cnrhumes pendant rhiver : cette especc de vin
s'appelle (jlechonites ( pouliot ).
XX-XVI. Le viu de taille est celui que Ton
exprime apres la premiere serre, quand on a
coup{3 alentour le tas du marc. On vcrse cette
cspece de moiit dans une araphore neuve , en la
remplissant jusqu'aux bords ; ensuite on y met
de petites branches de romarin sec li^es en bottes
avec du lin, et oa les laisse bouillir avec le vin
pendant sept jours ; apres quoi on les en retire, et
on enduit de pUltre les vases dans lesqucls on
enferme ce vln apres Tavoir bien pnrilie. Au
rcste, il sufiit de mettre uue livre et demie de
romarin sur dcux urncs de niout. On pourra
employer ce viu comme remedeau bout de deux
mois.
X.XXVIL Maniere de faire du vin semblablo
au vin grec. Cucillez des grappes de raisin liAtif
qui soient tres-nuires, ctfaites-les secher au so-
iiiiUito , ita iit viiiciiliim exstct : in iniisti diilcis si'\t. cc,
niarrubii libias viii ailjicitu, iit siinul cum miisto ilelei-
vpscat : postca eximito marrubiiim, el piirsatuni viiiuiii
dillj;;enter oblinito.
X.XXlll. Viiium scilliten ad concoqiicndum , it ad
coi iins relieiendum , item ad veterem tiissim et ad stuma-
clium hoc modo condiie oportet. Priniiim ante dies (iiia-
dra^inta qiiam viniim voles viiidemiarc , scillam legito ,
eainque secalo quam tenuissime, sicut rapbani radicem,
taleolasque sectas suspende in umbia, ut adsiccenliir :
deinde cum aridae ei unt , in mnsti Aniinei sexlarios xlviii ,
scillae aiida; addc' pondo librani, eamque inesse patere
diebus XXX, poslea eximito, et defeialnni viiinm in ain-
plioras biiiias aiijicilo. Alii si^ribniit in iniisti sextarios
xi.viii, siilla' aiida' poiulo libram et quadiantitm adjici
0|iiHtere ; qiind ct ipMim non improbo.
XX. XIV. Siillai (londiis, quod siipra dixi , in aceli diias
nriiasadjiiiiiiit, cl per xi. diesiiiesse patiiintiii. (pii scillili-
cumaceliim faccie volunl. Ad emliaminala. Iii tiesaniplio-
ras musti miltis aceli acris coii^iiini aiil ilii{>liiiii, si iion
eslacie, et iii ollnm , qiiaifeit aiiiplioias Ires , decoqiiis ad
paluium, id esl, ail qunrtas : aut si iioncstdiilce niii^liim,
Hil leilias : despiimelur. Sed iiiiistum dcsub massa cl liiii-
pidiiin sit.
XXXV. Vinum absintliiten, et Iiyssopiten, et abrotoniten,
et lliyniitpn , et maialliriten , et gleclioniten sic condiro
oportet. Pontici absintliii pondolibrani cum niiisli .sextar.
IV dodiqiie usque ad quartas : reliqiium qiiod erit, id fri-
gidiini adde in mnsli .>\miiu'i nriiain. Ideni e\ reliqnis
[ rebiis] qiiae snprascripta sunt, facito. Possunt etiam pii-
leii aiidi tres libr.T.cnm couKio inusti ad terlias d(>coqui,
et ciim refiixerit liquor, exempto puleio in urnam niusti
adjici : idque mox lussientibns per bicniem recte datur :
vocatuiquc vini nota glecbonitcs.
XXXVI. Mustnm tortivuni est , qiiod post primani pres-
snrani viiiaceorum circumciso pede exprimitiir. Id iniisluni
coiijicies iii ampboram novam, et iniplebis ad summiini.
Tiim adjicics ramnlos rorisinarini aridi lino collisatos , ct
paticris iina defcrvcscere per dies scptem : dcindc cxiines
ramuloriim fasciciilum, el piirgatiini dili^enlcr viiiuiii
Syp.sabis. Sat erit aiitem lorismariiii si'M|iiilibraiii iii diias
nrnas inii.sli adjicere. IIoc vino post diios nienscs possis
pro rcmedio iili.
XXXVII. Viiinm similcGrseco faccre. Vvas pr.rcoquas
qiiam matiirissimas les^ito, easqiie per tridiiiiin iii sole
siccalo. Qnarto dic calcalo, et iiiiislinn qiind niliil lialieal
cx toilivo, conjicito in seriam, dilit;entenpie ciiralo, iit
cnm defcrbneiit, feces expiiigcntiir : dciiidc qiiigtn dit;
COLUMELLE.
\e\\ pcndant trois jours : foulez-les le quatrieme
jour, puis versez dans une cruehe le moiit qu^ellcs
auront rendu, sans qu'il s'y trouve uue seule
goutte de vin de taille melee, et ayez bien soin
de le purger de sa !ie. Lorsqu'il aura cesse de
boiiillir, mettez-y , cinq jours apres qu'il sera pu-
rifie, deux sexlarii ou au nioins un de scl grille
et crible, sur quarante-neuf S(?a,7ari/ demout. II
y a des personnes qui y mettent aussi un sexta-
rins de vin cuit, et d'autres qui en mettent jus-
qu"a deux , quand ils croientque le vin est d'une
qualite peu durable.
XXXVllL Maniere de faire du vin de myrte
qui sera bon pour la dyssenterie , pour le tlux de
ventreet pour la faiblesse de restomac. II y a de
deux sortes de myrte, le noir et le blanc. On
cueille les baies du myrte noir lorsqu'elles sont
mures ; apres en avoir ote la graine , on les fait
sechcr au soleil , et on les serre eii un lieu sec
dnns un llacon de terre cuite. Ensuite on cueille
au temps de la vendange , pendant que le soleil
est ardent, soit dans un vieux plant de vignes
mariees adesarbres, soit dans de tres-anciens
vignobles,du raisin Amine bieu mur, dout on
met le moiit dnns une cruche. Le meme jour et
avant que le mout fermente, on broie les baies de
myrte que Ton avait serrces : npres quoi on en
pese une quantite de livres egale a la quantite
d'amphores que Ton veut remplir de \in de
myrte; ensuite on tire un peu de mout de la
cruehe, et on le saupoudre avec toute In poudre
que ces baies ont donnee, comme avec de la
farine. Apres quoi on fait de cette pateplusieurs
pctites boulettcs que Ton jette dnns la cruche , en
les laissant tombcr doucement le long des parois
du vase, de facon qu'elles ne puissent pas s'cm-
piler les uues sur les autres. Lorsqu'eiisuite le
mout a bouilli deux fois, et qu'il a ete clurifie
autant de fois , on broie encore de la meme ma-
niere qu'auparavant une quantite de baies pa-
reille a celle que nous venons de mnrquer; mais
ou n'en fait plus de meme des boulettes, et ron
se contente de verser daus un petit bnssin du
moiit tire de la meme cruche, et de le raeicr
avec In meme quantite de poudre de myrte, de
faconqu'il en resulte une espeee de bouillonepais,
qne Ton reverse dans la cruche apres ravoir
bien mele, ct que Ton y remue encore avec un
rahicdc bois. Ncufjours apres cette operation, on
purilie le vin et on frotte la cruche avec des
bnlais dc myrte sec , puis on la couvre afio qu'il
ne tombe rieu dans le vase ; apres quoi on purifie
cncore le vin au bout de sept jours, et on le verse
dnns des amphores bien poissees et de bonne
odcur, en piennnt la plus grande precaution pour
le verser clair et sans lie. Autre facon de faire
du vin de myrte. On fait boulllir trois fois du
miel nttii(ue , eton rccume nutnnt de fois, ou,
si ron n'en a point, on choisit le meilleur miel
possiblc, que ron ccume quatre ou cinq fois,
pni-ce ([ue moins le miel est de bonne qualite,
plus il est charge d'impuretcs. Lorsqu'ensuite le
miel est 1'elioidi, on cueille des baies de myrte
blniic qui soient tres-miires, ct on les ecrase, en
meiingeant ccpendant la grainec|u'elles contien-
iient; apres quoi on les met dans un petit panier
de bois pour cn extrnire le jus , dont on mele six
sexlurii avec un sexlarius de miel bouilli; et
apres avoir verse ce jus daus une petite houteille,
on la bouche. Mais il faut faire cette operation
au mois dedCcembre, temps ou la graine de
myrte est communement mure. On prendra
ciini purgaveiis niiisluni, salis cocli et cribiali duos sc\-
taiios, vel, quoii est miiiimuin, ailjicilo iiiiuni sexlaiiiim
in sextarios musti xlix. Quidani cliam dcfiuli sexlaiiuni
niisrcnt : nonnulli etiam duos adjiciiint, si existimant virii
nolani parum esse liimani.
XX.VVIII. Vinnin mjrtiten ad tormiua, et ad alvi pro-
liivicm, et ad imbecilium stomaclium sic facito. Duo
siiiit^enera myrti, quorum alteium est nigriim, alterum
allnmi. Nigri geneiis bacc<B, cuni sunt matuiDe leguntur,
ct semina earum eximuntur, atqiie ipsse sine seminibus in
sole siccantur, et in fictili lidelia sicco loco leponuntur.
Deinde per vindemiam ex vetere arbusto , vel si id non
est, ex vetustissimis vineis Amineaj bcne maturiie uvse
solc calido leguntur, et cx his miistum adjicilur in seriam ,
et statiin piimo die antequam id ferveat, baccae mjrti ,
quie liierant repositae, diligenter conteruntur, et totidem
eanim libiae contusarum appenduntur, quot ainpborse
coiidiri debent : tum exiguum musti snmilur ex ea seiia,
qiiam medicaturi sumus, ettanquam faiina conspergiliir,
qiiidquidcontusumet appensum cst. Post liaec coinplures
ex ea inassuUe liunt, etita per latera sericC iu iniistuinde-
miUuntiir, ne allcra offa super alterain pervenial. Cum
dcinde l>is mustMm dcfeibuei it, et bis curatum csl , rursus
codom niodo, cl laiiliir.dein ponileris baccae, siciit supra
di\i , CDiiliiiidilMr : iicc juiii iit [iiiiis massute liiint , sed in
lal;cllci iiiiisliiiii ilc iMilriii M'ria MiiiiiUir, pr.Tditlo ponderl
111'iiiiisii'tiir, S'X iil Ml iiisliir jiiiis ciassi : quod cum est
pciiiii^liim, iii eandein seriam confuiiditur, ct rntabulo
li^iHii |ii'ia^ilatiir. Deinde post noniiin diein quam id fac-
liiiu i'si , vinum purgafur, et scopulis aridiB nijrti seria
sulliicatnr, opeiculumque superimponitur, ne qiiid eo de-
cid.it. Hoc f.icto post scptimiim dicm ruisus viuum pur-
galur, et in aniplioras beue picatas et bene olidas dilTun-
diliir : sed cuiaiKlmn est , ut cum ditfundis, liquidum et
siiic li';e dilTuiidas. Vmum aliud myrliten sic temperato.
Mel Atticiim ter iiifervcie facito , et toties despumato : vel
si Atticum noii habueiis, quam optiinum mel eligito, et
quater vel quinquies despuniato. Nam quanto est deterius,
tanto plus babet spurcitiae : cum deinde mel refrixerit,
baccas albi generis inyrti quam maturissimas legito, et
perlriato, ita ne inleriora seinina conteras. Mox (iscello
lineo inclusas exprimito, succumque earum qui sit sex-
tarioriim sex, ciim mcllis dccocU scxlario iminisceto, et
in lagunculam difdisum obliuito. Sed hoc mense Decem-
bri fieiidcbebit , (pio feie tempore matiira sunt inyrti se-
uiina : custodiendumque erit, ut anle quam.bacca; legan-
DE L'AGR1CULTURE, L!V. XI L
garde aussi qn"il nit fait brau tcmps ponclant ies
sept 011 nu moiiis pendant les troisdeniiers jours
quiauront precediMa ciieilletledes baiesde myr-
te; en tous cas, on evitera de lcs cucillir lors-
qu'il aura plu quelques jours avant, ou qu"elles
seront couvertes de rosee. Bicn des personnes
cueillent des baies de mjrte, soit noir, soit
blanc, des qu'elles sont inures; et quand elles
les ont un peu fait secher en les laissant a Tom-
bre pendant Tespace de deux. heures, clles lcs
broient, en mennseaiit , autant quc faire se peut ,
la i,Taine qu'eUes renferment ; ensuite elles ex-
priment la quantite quVlles en ont broyee a tra-
vers un tnmis de lin , et enferraent le jus qui en
decoule tlans de petites bouteilles bien poissees,
apres ravoir passea travers unecouloire dejonc,
sans y meler ni miel ni rien autre cliose. Cette li-
queur ne dure pas a la verite aussi longtemps que
Tautre compnsition de myrte ; mais d'un autre
cote tant(|u'elle seeonserve sans s'alteier, clle est
meilleure pour la sante. D'autres font cuire jus-
(pTa diminution des deux tiers le jus m(;me qu'ils
en ont exprim(?, lorsqu'iIs en ont une grande
(piantite; et apresTavoir laiss(i refroidir, ilsTen-
ferment dans de petites bouteilies poisst'es. Ce
(lernier se conserve pUis longtcmps que cclui qui
u'a pas ete euit, quoique celiii-ci memc puisse
i.ller jusqu'a deux ans sans se gater, pourvu
qu'il nit t'te fait proprement et avee soin.
WMX. Voici la melhode que Magon prescrit
pour faire d'excellent vin avee du raisin sech^ au
soleil; procede que j'ai suivi moi-meme. II fnut
cueillir des grappcs de raisin hatif ir(^s-mures,
ct en S(!'parer les grains dess(icbes ou endomma-
ges,puis enfoncer en terre, a la distance de
quatre pieds en tous sens , des fourches ou des
pieux, ct les assembleravec des perches, afm qu'ils
puissent soutenir des roseaux. Ces roseaux poses
dessus , on y etendra lcs grappcs do raisin au so-
leil, eton les couvrirapcndant laiuiit, depeurque
la rosee nc tombo sur los grappes. Lorsqu'elles
seront S{=chees, on les t'grappera, ct on en jettcra
les grains dans une futailleou dans une cruche,
dans laqnelle on versera d"excelleiit mout, de
facon que les grains de raisin en soient enliere-
ment recouvcrts. Au sixiiime jour, lorsque ees
grains seront bien imbibes de ce mout jusqu'a
en etre gonfles, on les mettra dnns un petit ca-
bas , et on les fera pressnrtr sons rnrbre du pres-
soir. Quand on aura pris le vin qu'ils auront
rciidu , on versera sur le marc (jui restera du
moiit tres-nouvellement fait avec d'autre raisin
qui aura (iteexposte au soleil pendanttrois jours,
et on foulera ce marc. Lorsqu'il aura ct(i bien
miJltj dans ce moiit, on le reinettra sous larhre
du pressoir, et on renfcrmera aussitcit le second
vin qui i\'sultera de ces raisins secs dans des
vases bien bouoht-s, de peur qu'il ne devienne
trop dur. Enfin au houtde vingtou tieiite jours,
lorsqu'il aura ccssti de bouillir, on le survidera
dans d'autres vases , dont on endnira aiissittJt les
couvercles de pldtre,et que Ton recouvrira d'une
pcau. Si Ton veut faire du viii avec du raisin
niusoat sech^" au soleil, on cueillera des grappes
do ce raisin qui ne soient point cndommam}es,
et on les nettoiera en jetant de c6t(i lcs grains
qui soront pourris; apres quoi on les suspendra
a Tair sur des perches. U faudra avoir soin que
ces perches soicnt toujours au soleil. Quand ces
grappes seront suffiianimcnt ilctiies, on les
egrappera, et on jettera dans v.n? futaille les
grains seuls et s^ipnros de la rafle, [juis on les
foulern bien nux pieds. Lorsqu'on en aura fait un
lit en les foulaiit, on arroscra ce lit de vieux vin ;
nprt's quoi on !es foulern de nouveau , et on les
arrosera encore de vin. On les foulera de nit-inc
lur, si (ieri potpst, sepleni diebiis, siii anlem, ne niiniis
tridunm serenuin fuerit, aul cerle non plueril; ct ne ru-
rulenta; legantur cavendum. Mulli nigraiu vel alliani ir.yrti
baccani, cum jain maturuit, destiingunt, ct dualius iioiis
oani cuin paiilulum in uinbra expositani siccavenint , per-
lerunt ita, ut qiiantuni lieri potest, iulerioia semina in-
tegra pennaneant. Tnni pcr liueiini liscuin, ipiod pertri-
veranl, exprimunt, e* per colum jiinceum li(|uatuin suc-
cum lagnnculis bene picatis condiint, neqne inelle neqne
alia re iilla immista. Ilic li>|uor non lam est durabilis , sed
quamdiu sine noxa manel, iitilior est ad valctudineni
quain alterius mjrlitis nola; conipositio. Sunt qiii liunc
ipsum expressum siircum , si sit ejus copiosior facultas ,
in terliam partem decoqiiant, ol refrigeratiim pic;ilis la-
gunciilis condant. Sic confectum diutius pennanet : scd ct
qiiod Don dec^xeris, poteril innoxium duiare biennio, si
modo miinde el diligeiiter id feceris.
XXXIX. Passimi optimiim sic fieri Mago pr.Tcipil, nt
elipse fcci. Uvam pia:coi|uam liene raaturam legere , aciiia
mncida aiit viti<)S;i rejicere ; furcas vcl palos, qiii cannas
sustineaiit , intcr (pialcrnos pedes figcre , cl pcrlicis jiigarc :
fiim insnper cannas ponere, et in solc pandere nvas , et
noclibus Ipgere, ne irroicntur : cnra deinde exaruerint,
acina deccrpcre , et in dolium ant in seriam coiijiceie,
codem niusliim qiiam optimnm, sic ut grana snbinersa
sint, adjiccrc : iibi conibibciint \>\x, seque iinpleverint ,
sexto die in liscellam confcrre, et pielo premere , passnm-
que tollere : postea vinaceos ealcarc adjecto rcceiitissimo
iiiusto , qiiod ex aliis iivis factum fuerit, quas per triiluum
iiisolaveris : tiim pciiniscere, <^t suliacLam brisnm prelo
snlijiicre, passumcpie sccnndariiim slalim vasis <iblilis
incliirb re, nc liataiislcriiis : deinile post viginti vel tii;;iula
dics, cuni licferbnerit, inalia vasa deliqiiaic,etcoiifcsliiii
opcrcula gypsarc, cl pclliculari!. — Passiim si ex uva
Apiana facere vollieris, inam Apianam integram legito,
acina corrupla pnrgato et seccinito, postea in perticis
snspenililo Pcrlicc uti semper in solc sint facito , iibi satis
c.orrugata crnnt ac.ina, demito et sine scopionibus iii do-
liiim ronjicito, pedibiisi|iic benc calcato. Ubi nnum labu-
lafnm feccri.s,viniim velusspcrgito, posleaalterum snpcr-
calcato, ilem vinum con.^pergito. Kodem niodo lert''nn
calcalo, el infnsoviiio ila siipernatarc sinitodics qiiinque;
COLUMELLE.
une troisieme fois, et on versera du vin par-dcs-
siis jusqu'a ce qu'ils surnagent; apres quoi on les
laissera dans ce vin pendant eiiiq jours, ensuite
on ies foulera aux pieds et on les pressurera dans
un cabas neuf. Qileiques persounes preparent,
pour faire ce vin, de vieille eau de pluie en la fai-
sant bouillir jusqu'a diminutiou des deux tiers.
Ensuite, lorsquelles ont fait secher le raisin au
soleil de la maniere que nous venons de dire,
elles Tarrosent avec cette eau au lieu de l'arroser
avee du vin , et procedent quant au reste de la
maniere que nous avons indiquee. Cette methode
est peu dispendieuse lorsqu'on a du l)()is en abon-
dance, etmeme lc vinohtenu par le second pro-
cede est plus doux a boire que celui qui serait fait
avec du raisin seche au soleil , suivant les raetho-
des precedentes.
XL. Maniere de faire de tres-bon vin de de-
pense. Comptez le nombre de metreta' que pourra
remplir la dixii'me partie du vin que vous aurez
fait en une journee , et mettez le meme nombre
de mctretce d'eau douee sur le marc dont vous
aurez exprime le vin pendant la journee : ajou-
tez-y de Tecume de vin cuit jusqu'a dlminution
de moitie ou des deux tiers avee de la lie prise
au fond de la cuve, et melez le tout ensemble :
vous laisserez tremper cette houillie pendant la
nuit, et le lendemain vous la foulerez aux pieds.
Quand elle sera bien m^lee par cette operation,
vous la mettrez sous Tarhre du pressoir ; apres
quoi vous verserez dans des futailles ou dans des
amphores le vin qu'elle aura rendu, et vous
boucherez ces vases quand il aura bouilli : il est
neanmoins plus commode de le garder dans des
amphores. M. Coluraelle faisait ce vin de de-
pense avec de vieilleeau, et il parvenait a le
conserver quelquefois peudant plus de deux nns
sans qu'il se gatat.
XLL Maniere de faire d'excellent vin mele de
miel. Prenez dans la euve, aussilAt qu'il sera
fait, le vin de niere-goulte qui aura coule saiis
que le raisin ait encore ete trop foule; mais ayez
soin que ce vin soit fait avec du raisiu de vigiies
mariees ii des arbres, qui ait ete cueilli par un
temps sec. Vous jetterez dix livres d"excellent
miel dans une urne de ce mout, et, apres Tavoir
niele avec soin, vous le verserez dans un flacon
que vous enduirez aussitot de pliStre , et vous le
ferez serrer sur le planeher. Si vous en voulez
faire une plus grande quantite , vous proportion-
iiercz la quantito de miel qu'il y faudia mettre
a celle que nous venons de iixer. II faudra ou-
vrir le llaeou au bout de trente et un jouis, et
survider le mout, apres Tavoir passe dans uii
autre vasc qu'on bouehera, et qu'on niettra sur
le four.
XLIL Recette (appelee Sia OTrwp^i;) contre la
dyssenterie. On faitcuire dans une niarmite neiive
de terre , ou dans une marmite d'etain , une urne
de mout de raisin Amine cueilli sur des vigues
maiiees a des aibres, avec vingt gros coings
epluches, et la valeur de trois sextarii tant de ces
grenades douces , connues sous le noni de gre-
nades carthaginoises, que de cormes qui ne
soient pas tres-mures : on laissera les grenades
entieres, mais on coupera les cormes eu deux,
et on en otera les semences. On euit ces fruits
jusqu'a ce qu'ils soient entierement fondus dans
le moiit; il faut que pendant la cuisson un jeune
esclave les remue avec une spatule de bois ou
avec un roseau, pour les empficher de bruler.
Lorsqu'iIs sont cuits au point que le sirop est
presque entierement tari, on les laisse refroidir
et on les passe; ensuite on broie avec soin jus-
qu'a le rcduire en poudre ce qui est reste dans
la passoire, et on le fait cuire de nouveau daus
son propre jus sur de la braise et a petit feu , de
peurqu"il ne briile, jusqu'a ce qu'il s'epaississe
postea pedibus proculcato , et in fiscina nova uvas premito.
Quldam aquam cailestera veterem ad liiinc usum piaeparant
et ad terlias decoquunl. Deinde cum sic uvas , ut supra
scriptum est, passas fecerunt, decoctam aquam pio vino
adjiciunt, et caetera similiter administiant. Hoc ubi ligno-
rum copia est, vilissime conslat,et est in usu vel dul-
cius, qiiam superiores notae passi.
XL. Loia optima sic fit. Quanlum vini iino die teceris ,
ejus partem decimam, quot melrelas efficiat, consideiato,
el tolidem metretas aquae diilcis in vinacea, sed quibns
unius diei vinum expiessum eiit, addito : eodem el spu-
mas defruti, sive sapa>, et fecem ex lacu confumlilo et
peimisceto, eamque intritam maceiari uiia nocte siuilo ,
postero die pedihus |vriinil( ;ilo , et sic permistam pielo
sulijicito : qiiod d.iiidi' lliixnil, aul doliis aut amplioris
ciindito, et cum ilclnliiinil, iilitiiiato. Coriimodiusaulem
seivaturin aniplioris. Ilanc ipsam loram H. Columolla e\
aqua veteie faciebat, et nonnunquam plus biennio innoxiam
scrvabal.
>\LI. Miilsuin oplinuiin sic facito. Miislum lixivium de
lacii statiin tollilo : lioc aulem eiil, quod dcstillaverit .m-
tequain niinium calcetur uva. Sed de aibustivo genere,
quod sicco die legeris , id facito. Conjicies in urnam miisti
niellis optimi pondo x, et diligeiiter permistum-recondes
in lagoena , eamqiie protinus gypsabis , jubebisque in ta-
bulato reponi , si plus volueris facere , pro portione qua su-
pra mel adjicies. Post trigesimum et alterum diem lagu;-
nam aperire oportebit, et in aliud vas mustum eliquatum
oblinire, atque iu fumum reponere.
XLII. Compositio medicamcnti ad tormina , quod voca-
tiir oia oitwpo:;. In cacabo fictili novo , vel in stagneo coqui-
liir iniisti arbustivi Amiiiei urna, et mala cydonea gran-
ilia expurgata viginti , et integra mala dulcia gianata , quaj
Piinica vocantur, et sorba non perinitia divisa exemptis
seminibus, quse sint instar sexlarioium trium. Ha>c Ita
coquuntur, ut omnia poma deliquescant cum musto, et
sit puer, qui spatba lignea vel aiuudine perinisceat iioma,
ne possint aduri. Deinde cnni fueiint decocta , ut non
multum juris snpersit , refrigerantur et percolanlur : e.ique,
qiia: iii colo subsederunt, diligcnter contrila lcvigaiilur, ct
liK I.AGniCULTURi:, I.IV. Xl[.
rn forme de lie. Mais ;>vnnt de retirer cette niar-
iiulude du feu, il faut ajouter a tous les ingrc-
dients dont elle «st coinposec trois heminw de
sumae de Syric broye et tamise, que Ton melera
avec une spatule , afin que le tout s'amal!iame
bien. Kusuite, iorsque eette marnielade est re-
IVoidie, on la met dans un vase de terre neuf
poi.sse, que fon enduit de platre; apres quoi on
le suspend fort haut , dc pi'nr qu'ellene moisisse.
XLIII. Maniere de coniire le fromage. Coupcz
en gros niorceaux du fromage de brebis scc, et
fait de rannee prccedente : arrangez ces mor-
ceaux dans un vase propre, que vous remplirez
ensuited'un mout d'une tres-bonne qnalile, de
facon qu'ils en soient rceouverts , et qn'il y ait
un peu pjiis de jus que de fromane. Car ie fro-
m8i;e,en absorbant le jus, finirait par se cor-
ronipre s'il n'en etait pas continuellement rc-
couvert. Au reste, des que vous aurez rcmpli le
vase, vous renduirez de pbitre, et vous pourrez
rouvrir au bout de vinut jours, pour vous ser-
■vir du fio ]ias;e dans tel ragout que vous vou-
drez. II ne sera pns memedesagreable lorsqu'on
le mangera seul.
XLIV. Aussitot que ]'on aura coupe sur le cep
des grappes soit de raisin a gros grain , soit de
maroquin ou de raisin pourpre, on enduira leur
queue de poix dure ; ensuite on remplira un bas-
sin de terre cuite neuf de paille tres-secbe, et
scionee de facon qu'il n'y reste point de pous-
siere. On etendra ces grappes sur eette paillc,
apres quoi on couvrira ce bassin d'un seeond
bassin, en enduisant les fiiux joints d'un mortier
dans lequel il entrera de la paillc. Enfin, lors-
qiie ces bassins seront ainsi arranges, on les en-
veioppera de paille seehe, et on les scrrera sur un
plaueher tres-sec. Au reste , il n'y a pas de rai-
sin qu'on ne puisse eonserver sans craindrc qu'il
se g.^ite, pourvu qu'on le cueilli' quand la lune
sera dans son declin, par un tenips serein, et
apres la quatrieme heure dujour, Iorsqu'il sera
deja essore et qu'il ne sera plus couvert de
rosce. Mais il faudra fiire du feu dans le sentier
le plus voisin de la vigne, pour faire bouillir la
poix dans laquelle on trempera la queue des
grappes aussitot qu'elles seront cucillies. .letcz une
amphore de vin cuit jusqu'a dimiuution de moi-
tie dans une futaille bien poissee ; ensnite arran-
gez en travers dans cette futaille des biitons
serrcs les uns auprcs des autres, sans qn'ils tou-
chent au vin cuit; apres quoi vons mettrez snr
ees batons des plats de terre neufs, et vous ar-
rangerez le raisin surces plats, de faeon que les
grappes ne se touchent point mutuellement; en-
liu vous les couvrirez ct les enduirez. Sur ce pre-
mier lit vous en formerez un second pareil , puis
un troisieme et ainsi de suite, tant que la capa-
eite de la futaille en comportera, ct vous y ar-
rangerez le raisin de la meme maniere. Ensuite
vous imljiberez bien de vin cuit jusqu"a diminu-
tion de moitie le couverele de la futaille, ct
(|uand elle sera couverte, vous la bouchcrez avec
de la cendre. Quelques personnes se contentent ,
apres avoir niis le vin cuit dans la futaille , de ser-
rer les perehes transversales les unes aupres des
autres, d'y suspendre les grappes de faeon qu'el-
les n"atteiguent pas le vin cuit, ct d'enduire cn-
suite le couvercle pose sur la futaille. I)'autres ,
apres avoir cueilli les grappes eorame je viens de
le dire , font secher au soleil de pctites futailles
neuves non poissces, et, apres les avoir fait rc-
froidir a rombre , ils y mettent du son d'orge,
sur lequel ils posent les grappes de maniere
qu'elles ne se comprimentpas mutuellemeut ; en-
ilci iini in siio sibi jiiie lento igni , ne adiiranlur, caiboni-
biisdpcoqiiiintur, iloneccriissamcn in modnm focisexislat.
Piius tanien (iiiam dt! i};ne medicamentum tollaliii-, Ircs
lieminx roris Syriaci conliiti et cribrati super onmia adji-
ciuntur, ct spatlia perniiscenliir, iil coeant cnni ca'tcris.
Tum rcfriscralum mcdicamentiini adjicitur in vas liclile
novum picatum, idquegjpsatum alle suspenditnr ne pal-
loieni traliat.
Xlilll. Caseuin sic condiemns. Casei aridiovilli proximi
anni frnsta ainpla facito , et in picato vase compoiiilo :
lum oplinii generis musto adimpleto, ita, ut snperveniat,
el sit jus aliipianlo copiosius quaiii caseus. Nam caseiis
combiliil, el lit viliosus, iiisi miislum scniper snpernalet.
Vas aiiteni cuni impieveris, statim gjpsabis : deinde post
dies vi);inti licet aperias, et utaris qua voles adbiliita con-
diliiia. lCsl [ autem ] etiam per se non iiijucnndus.
XLIV. Uvas, ut siul virides nsqne ad anniim, sic cus-
todiemus : uvas bumastos vcl diiracinas vel piirpiircas
cum deseciieiis a vite , continiio pcdicnlos carum inipicalo
dura pice : deiiide laUdlum liclile noviim implelo paleis
qnainsiccis;imis ciibialis, ut sine piilveresint,ct ilaiivas
sii(H'rpoiiito ; liiin lab'.llu altero adopcrilo, Hi circumliiiilo
liito palealo, alqiic ita in tabiilato siccissimo coinposila
labra paleis siccis obrnilo. Oinnis anteni uva siiie noxa
servari polest, si liina decrescente et sereno ca^lo posl lio-
laiii qiiaitam, ciim jam in.solala est, nec loris iiui(((iiam
baliet.vili delrabatur. Sed ignis iii iinivimo dei iiinano
liat , iit pi\ fervcat , in qiia pediiuli iivaium slaliin (lcniil-
tanliir. .Miler. Iii ilolium bcne |iicatum defruti aiiqilioraiii
coiijicilo, deinde liansver.sos fiisles arclalo, ila iit licrni-
liiiii iion conlin^anl : tum siiperpouito fictiles iiov:is pali-
nas, et iii bis sic iivaiii dispoiiito, ut altera alteniiu iiiui
conlingal : tiim o(iciciila (latiiiis inqionito et linito. Deiinie
altirrimi tabulatiiiii , et tertiiim , et quamdiu ma^iiitndo p:i-
titnrdolii, simililcr siqicriiistruito, etcadcm ratione uvas
cumpoiiito. Uciiidi' (lic^itiiiii o(iercuIum dolii defriilo Iarf;e
linilo, et itaconqiosiliiin (■iiiereobtnrato. Nonmilli adjecto
delrulo cnnlenti siiut transversas [lerticas aiilare , ct e\
bis uvas ita suspendere, ne dcfruliim ciiiilin;;aiit : di-iniie
o[ierculiim inqiosiluin olilinire. Quidani iivas ciim ita, ut
snpra di\i , le^ei iiiil , doliola nova sine pice iii sole siccaiit.
IJeinde ciiin t>a iii umbia refrigeravcrnnt, furfures ordea-
ceos adjiciiinl , ct iivas ita su(>er|ioiiunt , ul altera allciam
non roinpnmat luiii jjeiieris ejusdem fiirlnies inrniidiiiil .
COLUMELLE.
suite ils les recouvrent de ce meme son , et for-
raeiit de la meme facon un sccond lit de grappcs ,
en rcpetant la mcnie operation jusqu'a ce C[u"ils
aient rempli les futailles alternativement de son
ct de raisin ; apres quoi ils cnduisent leurs cou-
vereles , et serrent ce raisin sur un plancher qui
soit tres-sfc et trcs-frnis. Cautres conserventde
la nieme facon du raisin vert dans la sciure de
bois de peuplier ou de sapin. Quelqi\es-U)is ense-
velisseut dans la fleur de syp seehe des grappes
qu'ils ont eu soin de cueillir avaut quVlles fus-
sent trop murcs. D"autres , apies avoir cueilli le
raisin , coupent avec des eiseaux les grains gates
qui peuventsy reiicontrer , et ie suspendent ainsi
dans le grenier au-dessus du bie : niais cette ine-
thodefait rider lesgrains, et rend le raisin pres-
que aussidoux que s'il etaitsecheau soleil. Mar-
cus Columelle , mon onele paternel , faisait faire ,
avec respeced'argile dont on fait les amphorcs ,
de larges vases en formc de plats , qu'il revetis-
sait d'une bonric couche de poix tant eu dedans
iiu'en dehors, et lorsqu'ils etaient ainsi prepa-
res, il faisait cueillir le raisin pourpre, le raisin
a gros graiii, celui de INumidie et le maroquin,
et faisait plonger aussitot la queue des grappes
dans la poixbouillante; ensuite il faisait mettrc
chacune de ces especes de raisin dans des plats a
part , de faeon que ies grappes ne se touchassent
pas enlre elles; apres quoi il faisait couvrir ces
plats, et les faisait enduii^e d'une bonne couche
de gyp, el poisser avec de la poix dure fondue
au feu , dc maniere que rhumidite n'y put pene-
trer : enfm il submergeait ces vases dans de
Teau de fontaine oudeciterne, en les chargeant
d'uii poids qui les empechait de sortir de Teau
par aucun c6te. II est vrai que cette methode est
excellente ponrconserver le raisin ; mais quand
on vient a le retirer de \\'m , il est sujcl a s'ai-
grir , a rooins qu"on ne le eonsomme le jour meme
qu'on i'en aura retire. II n'y a cependant pas de
methode plus sure pour conserver le raisin que
eelle qui consiste a fabriquer des vases de terre
cuite , dont ehacun puisse contenir une grappe
a Taise. Ces vases doivent avoir quatre anses , par
lesquelles on puisse les attaeher, i Teffet de les
suspendre aux ceps de vignes : leurs couvercles
doiventaussi etre tels qu'ils puissent se separer
par le niilieu, afin qiie lorsqii'on aura suspendu
cesvases, et qu'on aura introduit dans chacun
d'eux uue grappe de laisin , les deux moities de
leur couvercle puissent se rejoiiidre de Tun etde
Tautre c6te des grappcs pour les couvrir. II faut
poisseravee soin ces vases ainsi que leurs couver-
cles, tant a rinterleur qu'a rexterieur; et lors-
que lesgrnppesy seront renfermees, on les re-
couvrira d'une grnnde quantite de mortier dans
lequel il entrera de la paille. Au reste, en y ren-
fermant les grappes adherentes aux eeps, il faudra
prendre garde qu'elles ne touchent aux parois
des vases par aucun cote. Au surplus, pour ren-
fermer les grappes de raisin dans ces vases, il faut
communement choisir le temps oii ieurs grains
sont gros, ct oii ils eommencent a lourner : il
faut aussi que le temps soit sec et le ciel sereiii.
Nous prescrivons surtout comme une rcgle
generale celle de ne point serrer de fruits pele-
mele avec du rnisin dans un meme endioit , ni
merae dans deux endroits voisins Tun de Tau-
tre , de eiainte que rodeur des fruits , en se com-
muniquant au raisin , ne le gate par la suite.
Les differeutes facons de conserver ee fruit , que
nous avons donnees, ne conviennent pas uean-
raoinsegalementtoutcsa tous les paysquels qu'iis
soient; mais les unes conviennent a un pays, le?
ct alterum labulatum uvarum eodem modo collocant :
i(lqu('. faciunliis(iucdum doliumallernis furfuribusct uvis
compleant. Mox opercula impdsila liniiut, et uvas siccis-
.sinio IVi;;i(lissiniiiipii' laliuliilii repouuiit. Qiiidam eadem
ralioiic .irida |iii|)iiliH'.i v(^l iiliie^iia scdbc viridcs nvas
eHsiodiiint. Noiiuulli siccii lloiv i;yi'si oliniunt uvas, (pias
iion nimium maturas vilibiis dcliaMTunt. .Alii cum legernnt
uvam , siqiia sunl iii ca viliosa j;raiKi rorlicibiis ainpiilant,
atipie ita in liorreo suspcudiinl , iii (|iio trilicum supposi-
tum est. Sed lisec ratio niKosa lacii acina, et pene tam
dulcia, quam est uva passa. i\laicus Colinnclia patriiiis
meus ex ea crela qna (iunt ampbonic, lata vasa in modum
|ialinarum fieri jubcbat : eaqiie intrinsecus et exleiius
crasse picari : quic cum pr.Tpaiaverat, tumdemnm pur-
pureas et bumastos et Numisianas et duracinas uvas lesi
prxcipiebat , pediculosque eanim sine mora in fervcnlcm
picem demitti, et in piEediclis palinis separalim siii ciijiis-
que generis ita componi , ne mx iuter sc contingcicul :
posl lioc opercula superponi , et oblini crasso gypso -. tum
demum pice dura , qua; igni liipiata esset, .sic picari, ne-
quis humor Iransire possel : lota dcinde vasa in aqua fmi-
lana vel cistcruina pouderibus impositis inergi , ncc ullam
parteni earum pali exstare. Sic oplime servafur uva. Sed
cum est excmpta , nisi eo die consumitur, acescit. Niliil est
tamen cerlius, qiiam vasa lictilia faceie , quae singulas
iivas laxe recipiant. Ea debent qualunr ansas liabere, qui-
bns illigata viti dependeant : ilemque opercula coriiin sio
foimari, nt niedia divisa sint, ut cum suspensa vasa c.n-
giilas uvas receperint , ex utroque latere appositi operciili
diiie parles coeant,'et contegaiit iivas. Et lia;'C vasa et
npercula extrinsecus et iutia diligenter picala esse debe-
biint : deinde cum contexerunt uvas, luto paliiato multo
adoperiri : sed uvse dependenles a matre sic in pultaiios
condi debebiint, ne qua parte vasa contingant. Tempus
autem quo includi debcnt, id fcre esl, quo adhuc siccila-
tibus et seicno cailo crassa variaqne sint aciiia. lllud in
totum maxime pra>cipinins , ne in eodem loco mala ct
uva; componanlur, neve in vicino, unde odor maloriim
possit ad cas pervenire. Nam Imjusmodi balitns celerilcr
acina corrumpiml. I':<t, tameii custodiendorum pomornm
rationcs, quas retiiliiniis, nou omnes umnibus regionibiis
aptae sunt, sed pio conditione locorum et nafura uvariiin
aliae aliis conveniunt.
XLV. Dc ollaribus uvis. Autiqiii plcrumquc sii(ilu
r.E LAfilUCULTURE, LIV. XIL
autiTS !i tin aiitre, suivanl i;i natiiie dis lifux |
et la qualilc dti raisiii.
XLV. Mojeu de conserver \vs raisii.s dans des
potsde terre. Lesanciensconservaient commune-
mcnt dans des vases ie nnsinjircitula, larcnu-
cula , le grand Amine, celui des Gaules, ct ce-
lui dont le grain est gros, durctclairseme : mais
aujourd'hui c"cst celui de iNumidio qiii passe
pour le plus propre a etre conserve de cettc la-
con, surtout dans ie voisinage de ia ville. On Ic
cueille avec le pius grand clioix iors([u'il est nic-
diocriincnt niur, par un lemps sercin, et quaiid
ii n'y a plus do rosee sur terrc, a la quatriemc
ou a la cinquieme iicure du jour ( pourvu que la
luue soit daiis son dcclin ct sous l'iicmisphere ) ;
cnsuite on lc mct sur des ciaies, de facon quc les
grappes ne se froissent pas mutuellemeut. Ce n'est
qu"apies ces premiers soins qu'on le porte a la
maison, et (pron en coupe avcc des ciseau.x ics
grains gfltes ; aprcs quoi , lorsque les grappcs out
ete un peu rafiaichics a l'ombre,onles raetdaus
des pots de terre au nomlire de trois ou de quatre,
suivant la capacite de ccs vascs , dont un a soin
de houclier bicn exaetement Ics coiivcrcles avec
de la poi\ , pour cmpecherque l'liumidite n'y pe-
netrc. Eniuite on renvcrse un tas dc niarc de
raisin qui ait ete bien dcsseche sous i'aibredu
pressoir; et apres avoir un pcu cparpille Ics raf-
lles et dcgnge lcs peaux dc ce raisin, on Tetend
au fond d'une futaillc, dans laqnelle ou arrange
ees pots cn les renversant par en bas, et en lcs
eloignaut ks uus des autres de facon que Ton
puissccntasser du marc dans les intervalles qiii
les scparent. Lors(iu'on a forni(i un prcmicr lit
de ce marc en lc foulant bien, on arrange daii-
tres pots sur ce lit de la ni(}nie facon (jue sur ie
premier, et on parvient par la a con]pl(?ler une
seconde couclie dc pots. Ensuite on renipiit ia fu-
taille de la nu^mc nianicre (le plusieurs couchcs
de pots, cn foulant bien le niarc dans les inter-
valles; apres quoi on entasse du marc jusqu'a scs
bords, puis on la eouvre aussit(Jt ct on renduit
de ccndre prcparee comnie du platre. II faut ce-
pendant prcvenir eclui (|ui sira charg(^ de faire
reniplette des vases, qiril doit prendre garde a
ne pas cn achetcrqui boivcnt !'cau ou qui soiciit
mai cuits, parce que Tun et rautredeccs dcfauts
contribue egalcmeut a gatcr le raisin, en livrant
uu passage ii i'hura!ditt\ Bien pius , il faudra , lors-
qu'on rctirera ies pots pour soii usage , en enle\cr
uns couehe euticre, parce que, dcs qu'ou vient a
t'branier le marc qui cst foul(i cnfre eux, il s'ai-
grit promptement et gate le raisin.
.\LVI. Apres la vendange, viennent les confi-
tures dcs fruits d'automue, qui doivent aussi
partager rattention de la metayere. Je nignore
pas que j'ai pass(^ sous sileuce dans cet ouvrage
bien dcs choses que C. Matius a traitees avcc un
trcs-grand soin. En cn"ct,eet autcur, qni sc pro-
posait pour objct de son travail le service des tables
de la ville , et les apprets des festins ies plus splcn-
dides , a donne trois livres, qu'il a intitules le Cui-
sinier, 1'appretriir de poissons et le Confiseur;
au Iicu(|u'iInous suflir de parlerdcs ehoscsqueia
simplicit(i rustique pcut se procurer aiscmeut et
saus grands frais, tellesque sont cutreautres les
fruits de toutcs Ics cspeccs. Pour commencer par
lcs grenadcs , il y a dcs pcrsonnes qui tordcnt la
queue de ces fruiissur Tarbre mcme sans lesdi!'-
placcr, pour cm|)cclicr que la pluie ue les fasse
crevcr, et qu'elaiit une fois entr'ouverts, ils ue
vicnncnt a se pcrdre. Elles les attachent cnsuite
a dcsbranclics pkis fortcs quc cclles qui icspur-
tcnt, alin qu'ils ue puissent s'cntre-choquer ; apres
quoi elles envcioppent I'arbre entier de fiiets de
genets d'Espagne , de peur que ies corbcaux , les
las et Tcniiciilas ct majoies Amiiieas, el gallicas, qii.Tqiie
majoiis et duri et rariaciiii craiit, vasis coiidcbaiit : imiiic
auleiii ciica uiliem niaxiiiie aii liiinc iisum Niiiiiisian.-e
prolianlur. Haisereiio ca:lo, cum jaiu sol ronMu siistuiil,
quaita vel qiiinta liora, si modo liina (leciiscil , et siili
lcnis (>st, niodice nialura! reclissiine leKunlur : stalim
pediciili earuin picaiitur : deinde in cratil>iisiliipoiiuiiliir,
ue allcra alteiam collidat. Tum demum sub tecliiin n le-
runlur, et nuiclda vel vitiosa giana rurlicibus ampiUaidur :
et ciiin paululum sub umbra rcfiixoiint, leriiai aut cliam
quati riiu3 pru capacitale vasiiruni iii ullas deniilliiiUiir ct
opeicula (liliyenler pice obturanlur, ne liunioreni liaiis-
niillaiit. Tniii viiiaceoruin pcs bene piclo expressiis pio-
niiliir,el morlicc scparalis scopionibus, resoluta intrila
fiillic uloium in dolio siibslciiiilur, et deursum veisus
spcitanlcs olla; componuntur, itadislanles, ut inlercalcari
po.^siiit vinacea : ipne cum diligenlcr conspissata priniiiin
tabulalum leccrunt, ali;c olte codem mndo componiinlur
explenlque seciindiiin lalmlatum. Delnde simililcr doliis
exstruuntiir olla' et spisse iiicalcanliir. Mox usqiie ad
sunmiuin l.ibriiin viuacca coiidcnsaulur, et statim oper-
ciilo snpcrposito cincrc in modiini ?ypsi temperato doliimi
liiiitiir. Moiiendiis aiitcm crit, ((ui va»a empdiius est, iie
bibiilas aiil inale coctas ollas emat. Nani nlraqiie les
traiisiiiisso liuiiiore vitiat uvam. Quiiictiam opnrli-hit,
ciiin ail iisum pioiniiiitur olte, tola singiila labulala ile-
tralii. Nam coiispissala vinacea, si seinel inota sunl,
celeriter acescunt, et uvascorrumpunt.
Xl.VI. Sequiiiitiir vindemiam icruin autumnaliiim
composilioncs, qiia' et ipsieciiram villicijcdistendunl. Nec
i^iioro pliiiiiiia III liMiH' liliniiii non esse collala, (pia; C.
.Malius dilijifiilissii".'-' pcrsei iiliis cst. Illi enini proposituin
fuit iirbaiias incnsas et laiita convivia instriiere. Libros
Ires edidit, quos inscripslt nominibus roci,ct Cciarii, et
Salgamarii. Nobis tanien abunde sunt ea, qu;e cx facili
rnslicae simplicllali non in;i(;iia impcnsa possunt rontin-
gcre, utisiiiil in prlinls oniiiiiim ^cueriim mala. Quidam,
ul a !;ranatis incipiam , pcdiculos piinicoruin, sicuti sunt
in ailiore, intoiquent, ne pluviis inala rumpantur, ct
liiantia dispereaut, caqne ad majores ranios religant, ut
immota permaneant : dciiidc spartcis relibus aiborem
cludunl, ne aut corvis aiil coinicibus aliisve avibus poinuiu
480
COLUMELLE.
eorncillcsoa d'autrps oisfaux ne becquctont ses
fruits. Quelqucs-uns ajustent aux fruits qui pen-
tlent u l'arbre de petits vasesdeten-e cuite,qu'ils
laissent sur Tarbre apres lcs nvoir cnduits d"un
mortiei- dans lequel il eiitrede la pailie : d'autres
enveloppeiit cbaque fruit a part de foiu ou de
cliaunie, qu"ils recouvrcntd"une bonne coucbe de
mortier dans lequel il eiitre de la paille, et les atta-
cbeiit ainsi a de plusgrossesl)rancbes que celles
([ui les portent, afin, comme je Tai dit, que le
vent ne les ballottepoint. Mais ii faut faire cette
operation, ainsi que je Tai dit, lorsque le tenips
est serein et qu'il n'y a pas de rosee; quoiqu'il
vaille encore raieux s'abstenir dela faire,parce
que les arbrisseaux en souffrcnt ; ou du moins
ne pas la faire babituellement plusieurs annees
desuite, d'autant que Pon peut conserver ces
fruits sans qu'ils se gatent, mtme aprcs les avcir
cueilHs. En effet , on pcut encore faire ii la mai-
son, dans un eudvoit trcs-sec, de petites fosses
de trois pieds, et , aprcs y avoir mis tant soit peu
de terre menue, on enfonceradanscetteterre de
petitcsbrancbes de sureau; ensuitc on cueillera
paruntempssereinlesgrenadesavecleurs(|ueues,
et on les licbera dans le sureau (car la moelle
du sureau est si abondante et si molle qu'on peut
ais(3ment y introduire la queue de ces IVuits).
Mais il faudra avoir rattention qu'elles ne soient
pas a une distance de la terre moindre de quatre
doigts, etqu'ellcs nesetoucbent pointentre elles.
Ou eouvrira ensuite la fosse, et on enduira les
faux-joints de la eouverture qu'on y aura misc
avce un mortierdans lequel il entrcra de la paille ;
puis on entassera par-dessus la terre qui en avait
ct(i Vnxe en la fouillairt. On peut faire la memeopii-
ration dans une futailie, en la reraplissant jusqu'a
la moitie de sa capacite ou de terre pulveris(ie a
son cboix, ou de sable de riviere (jue quelques
personnes pr^-ferent en cette occasion,etcneonti-
nuant de la mi'me maniere le reste de roperation.
MagonleCartbaginoisprescritdefairebienchauf-
ferde rcau demer, et d'y plonger un instant les
grenades en les attacbant avec du lin ou du genet
d'Espagne, jusqua ce qu"elles aient perdu lcur
couleur, et , apres les avoir retirees, de les faire
secber au soleil pendant trois jours ; ensuite de
les suspendre dans un lieu frais : et cnfin, lors-
qu'on en aura besoin, de lcs faire tremper dans
de Teau douce froide pcndant une nuit, et jus-
qu'au moment du lendemain ou Ton voudra s'en
servir. Mais le mcme auteur conseille aussi d'eu-
duire les fruits nouveaux d'une bonne couche de
terre a potier bien petrie , et quand cette terre est
sc'cb(^e, de les suspendre dans un lieu frais ; en-
suife de les tremper dans Teau lorsqu'on cu aura
besoin, el de casserrnrgile dont ils sont couverts.
Par ee proced(i les fruits conservent en quelque
sorte leur fralcbeur priniitive. Le meme Magon
ordonue d"etcndre au fond d'un pot de terre neuf
de la sciure de bois de peuplier ou d"yeuse, et
d'arranger les fruits de facon que Ton puisse fou-
ler la sciure dans lesintervallesqui les separent;
ensuite, apres avoir fait une premiere coucbe de
fruits, d'etendrc de nouveau de la sciure par-
dcssus, etde les arrangerck'racmejusqu'a ce que
le pot soit rempli; enfin, lorsqu'il sera plein,d'y
mettre uu couvercle , et de i"enduire exactement
de mortier a une bonne (?pnisseur. Au reste, il
fauttonjours cueillir avec leurs queues lcs fruits
queTon veutconserver longtemps; il faut merae,
quand on le peut faire sans uuire a Tarbre, les
cueillir avecde petifes brancbes, ce qui contri-
Oue beaucoupa leur duree. H y a bien des per-
sonnes qui arrachent les fruits de Tarbre avec
leurs petites brancbes, et qui les font secher au
solcil, apres les avoir exactement couverts de
laceretiir. Nonniilli vascula fiotilia depenJentibus ntialis
aptant, et itlita lulo paleato arboril)u.s li.-ereie patiuntur :
aiil IVeiio vcl cutnio singula involvnnl, ct iiisu|ier liito
paleato crasse linuiit, atijue ita inajoribus lainis illi;;ant,
ue, ul (iixi, venlo commo^eanliir. Sed lia:c omnia, ut
dixi, seicno ca>lo adniiiiislrari sine rore debenl -. quse
tameu aut facienda non sunt, iiuia laeduiitur aibuscula; -.
aut certe non continuisannis usurpaiida, piai.serlim cnni
liceat etiam detiacta aiboribus eadem innoxia custodire.
Nam et siib tecto fossulae tripedaneae siccissimo loco (iunt •
eoque cum aliquantum tense niinulse repositum est , infi-
guiitiir sambuciramuli : deinde serenocselo graiiala legun-
tur cum suis pediculis, et sambuco inseruntur [quoniam
sambucus tam apertam et laxam medullam liabet, ut facile
lualorum pediciilos lecipiat]. Sed cavere oportcbit, ne
ininus quatuor di^ilis a tena absiiit, et ne iuter sc poma
contingant. Tum factae scrobi opcrculum imponitur , e'
paleato luto circiimlinilur, eaque liumo, ipia; fuerat
egesta, siipeiaggeiatur. Hoc idem cliam in dolio fieri po-
test, sive quis volet resoUitam terram usque ad dimidium
vas adjicere , seu, quod qiiidam malunt, lluvialem aie-
nam , Cieteraque cadem ratione peragere. Pcenus quidem
Mago pr.Tcipit aquam marinam veliementer calelieii , et
in ea mala granata lino sparlove illigata paiilum demilti,
diini decoloient«r,etcKempta per triduuin in sole siccari:
postea loco fiigido suspendi, el cum rcs exegerit , dna
nocte et posteio die usque in eam lioiam, qua fuerlt
utendum , aqua frigida dulci macerari. Sed et ideni auctor
est creta ligulari bene subacta receutia mala crasse illi-
nire, etcum aigilla exaruit, fiigido loco suspendeie. Moit
ciim exegerit usus , in aquam demitlere , et cretam resol-
vere. Haec ratio tamquam receiilissiniiim ponium custodit.
Idem jubet Mago in uiceo novo liclili substernere scobem
populneam vel iligneam, ct ila disponere, ut .scobis inter
se calcari possit : deinde facto primo tabiilafo rursus
scobem substernere , et simililer mala disponere , donec
uiceus impleatur : qui cum fucril repletus, operciilum
imponere, et crasso luto diligenter oblinire. Omne autein
pomum quod in vetuslaleni leponilur, cum pediculis suis
legendiiin est : sed, si sine arboris noxa fieii possit,
eliain cumrainulis. Nam ea res pliiiimum ad perennilatem
foiiferl. Mulli cuin ramulis suisarbori delraliunl,et cieta
DK LAf.RiCULTURE, LIV. XIL
leire a potior ; ct si cette tcrre \ient a se crevns-
scr par la suite cii quelqiie endroit , clles les en-
duisent de morticr, et lcs suspeudent dans un licu
frais qunnd ce mortier cst seche.
XLVIL Bien des personncs conservent les
coinLis dans desfossesou dans dcs futailles de la
nicme manicre que les crcnades. Dautres cnve-
loppcnt ces fruits de fcuilles de figuicr, apres
quoi ils pctrissent de la terrc a potier avec de la
lie d'Iniilc pour les en enduire; et, lorsque cet
enduit est sec , ils les serrcnt sur un pUmcher en
lieu frais et sec. D'autrcs lcs mcttent sur des
plats ncufsqu'ils ensevelissent dans du gyp sec,
de faconqu'ils ne se touchcnt pas mutuellcment.
Maisnous n'avons pas trouvc, toutc expcricnce
faite, de mctlioic plus sureni plus avantn;j;euse
pour conscrverces fiaiits, (jue celle qui consiste
a les cueillir enbon etat et non taches, quand le
ciel cst serein ct que la lune est dans son dcclin,
et a les armnger lcgerement et de faeon qu"ils
soienta Taisc, afin quils ne puisscnt passe meur-
trir, dans un flacon neuf dout rouverture soit
tres-largc, aprcs avoir essuye le duvct dont ils
sont couverts; ensuite, lorsqu'ils sont arranges
jLisqu'au col du vase, a les y conteniravec des
bngucttesd'osicrmisesen travers, de facon qu'ils
soient legerement eomprimes, et qu'ils n'aieDt
pas la liherte de se soulevcr lorsqu'on y aura
verse laliqueur; cufuia remplirlc vasejusqu'aux
bords d'excellent miel qui soit tres-liquide, de
facon que tout le fruit cn soit rccouvert. iNon-
seuleracnt cette methode cst bonnc pour conser-
ver lesfruits, mais elleprocure en meme temps
une liqueur appelee melomeli (miel de fruit) ,
quia le goutdu miel, et que Ton peut faire prendre
de temps en temps saus danger aux personncs
qui ont la fievre. Mais il faut se garder de prendre
des fruits qui ne soient pas murs pour lcs conscr-
verdansdu micl, pareeque, lorsqu'iIs ont cte
cueillis verts, ils s'y dnrcissent au point de n'etrc
plus mangenblcs. Au reste, il est inutile de les
ouvrir avec un couteau d'os pour en oter lcs pe-
pins, comme font bien des gens qui s'imaginent
que ees pepins gatent lc fruit; d'aillcurs la me-
tliode qiic je viens de donner cst si siire, que
quand menie il se trouverait un ver dans ces
fruits, ils scraient a Tahri de se giltcr, des qu'on
lesaurait mis dans la liqueur que nousavons pres-
crite. En effct, telle est la nature du miel qu'il
arrete lcs progres de la corruption; et c'est pnr
cctteraison qu'il rcnd mcmeuncadavrcineorrup-
tihlepcndantphisicursannces. On peut donecon-
server dnns cette liqueur toutes lcs autrcs cspeccs
de pommes, telles qucla pomme ronde, cellede
Sestius, la pomme de paradis et celle de Mntius.
Mais comme les fruits que Ton conscrve ainsi
dans le miel, semblent acquerir un nouvenu degrc
de douccur et pcrdre le goiit qui leur est propre,
il vaut mieux, pour les conservcr, preparer de
petites caisses de bois de hfitre ou de tilleul , sem-
blablcs a celles dans Icsquelks on enferme les
habits dont on se pare pour sortir, et mcme un
peu plus grandcs, et mettre ccs caisses sur un
planchcr tres-frais et en un lieu tres-sec, ou il ne
puisse parvenir ni fumee ni mauvaise odeur, de
quelquenaturcqu"clle soit : apresquoi on etendra
ees fruits aufond de ces caisses, en lesarrangeant
de faeou quc leur nombril soit tournc par en haut
ctleur queue par cn bas, conformement a la posi-
tion daiis laquclle ils etaient sur 1'arbre, et eu les
eloignant assez lcs uns des autres pour qu'ils ne
se touchent pas mutucllement. II faudra avoir
soin, en suivant cette methode, de mettre cha-
que espcce de fiuit separcraent dans de petites
lij;nlaii cuiii (iilisiMilcr niala olirLicrunl , in sole sicrant :
«jpinde si qiia rininm creta fecit, liito linunt, et assiccala
frisido loco siispeniiiint.
XLVII. Multi eadem ralione, qua granata, in scroliibus
vt'l doliis servanl cydonea. Nonnulli foliis licnlneis illisanl,
deinde crelam figularem ciim amiirca sulii^iint, ct ca
linuntmala, qua> cum siccatasunt, in tabnlato frigido
loco et sicc.o reponunt. Nonnulli hac cadeni in palinas
novas siccu pypso ila obriiunl , ut altera allera non coiilin-
ganl. Niliil tainen certiiis ant meliiis experli suinus, quain
ut cydonea maturissima, intesra, sine macnla, et seicno
ctIo , decicsrente liina , legantur , et in lagrena nova , qn.T
sil pateiili.-ssimi oris, deteisa languine quK malis incst,
coinponanlur leviter etlaxc,nc collidi possint : deinde
cnmad fauces iisque fnerint composila, vimincis surculis
sic tiansveisis aictentur, ut modicc mala comprimant,
nec paliantur ea, ciim acceperint liquorem, sublevari.
Tuni qiiain optimo et liqnidissimo melle vas u.sque ad
suminum ila replealur , ut pomiiin submersum sit. U.xc
ratio non solum ipsa mala custodit, scd eliam liqiiorem
niulsei sapoi is piaiiet , qiii siiie no\a poRsil inter cibuni
Uari febiicilantiliiis, isqiir \ocaliir mi lomeli. Scd caven-
dum c,<!l , iie.qnac in nicllc ciistodire volueris, ininialiiia
mala condaiitur : quoniam criida si lecta sunt, ita indu-
rescnnt, nt usui non sint. lllnd vero qiiod multi faciunt,
iit ea di\idant ossco cullro, et semina eximant, quod
piitent e\ eis pomuni vitiari, supervaciium est. Seii ralio
qiiani niinc docui, adeo quidem certa est, ut eliam si
vermiculusincst, noii ampliustamen corrumpanlur mala,
cnin prEedictnm liqiioiem acceperint : nam ea niellis esl
iiatura , iit coerccat vitia , nec serpere ea paliatur : qiia ex
caiisaeliam exanimiimcorpiisliominis perannosplurimos
innoxiuni con.servnl. Itaque possiint etiam alia "enera
maloriim siciit orbicnlata, Sestiana, melimela, Matiana,
boc liquoic ciistodiri. Sed quia videntiir in melle diilriora
lieri siccondita, nec piopriiim saporem ronscrvare, ar-
ciil.r fasiiiiae vcl cliam tiliasinea', quales sunl in qnibuR
veslimenta rorcnsia conduntur , Iiiiic rci paulo amplinres
prrparari debent , e.a-i\tte in tabiilato frigidissimo et sio-
cissimo.quo neqne fumus nripie teter pervcnial odor ,
collocantnr : deinde carta snbslrata pnrdicta poma sic
componi ut flos<uli sursnm pediculi deorsuin specleul.
qnemadmodum etiam in arbore nata sunt, et ne intersi'
nltrriini abaltero continganliir. Iteniob.scrvandum est.nt
COLUMELLE.
eaisses particulieres, paree que, s'il s'en trouvait
de differentes especes renfermees ensemble dans
la meme caisse,ilsne s'accomraoderaipnt pas
de cette union , et ne tarderaient pas a su ^iiter.
Cest precisement la raison pour laquclle le vin
fait avec du raisin de differents plants n'est pas
si durable que le vin Araine pur conserve a part ,
ou le vin muscat, ou le vin des vignes fecinice.
Au surplus , lorsque ces fruits auront ele arranges
avec attention de la maniere que je viens de
prescrire, on fermera ces petites caisses, et on
lesenduira d'un mortier danslequel ii entrera de
la paille, afin que Tair ne puisse pas y penetrer.
Quelques personnes, pour conserver ees fruits,
pratiquent aussi la methode que nous avonsdeja
donnee par rapport a d'autres espeees de fruits,
c'est-a-dire qu'elles mettent entre chaque fruit
de la sciure de bois de peuplier; d"autres y met-
tent ausside la sciure de bois de sapin. II nefaut
cepeudantpas cueillirces fruitsdans leur matu-
rite, mais lorsqu'ils sont encore tres-verts.
XLVIII. Maniere deconfire raunee. Lorsqu'on
aura arrache de terre des racines d'aunee au mois
d'octobre (temps auqucl elles sont tres-mures),
on 6tera, en les essuynnt avec un morceau de
grosse toileou meme avec un tissu de poil, tout
le gravier dont elles seront couvertes ; ensuite on
les ratissera grossierementavecun coutcau trcs-
'.ranchant, et Ton coupera les plus fortes endeu.x
ou trois troncons de la longueur du doigt , selon
qu'elles serontplusou moins grosses; apres quoi
on les fera cuire legcrement avec du vinaigre
dans un chaudron de cuivre, en prenantgarde
qu'elles nebrulent. Cettepremiereopiiration faite,
on les ferasecher pendant trois jours a Tombre,
et on les mettra ensuite dans un flacon poisse,
dans lequel on versera la quantite necessaire de
vin fait avec du raisiu seche au soleil , ou de vin
cuit jusqu'adiminulion demoitie, pour qu'e)leG
en soient entierement recouvertes : enfin , apres
les avoir couvertes d'uiie bonne poignee d'origan,
on bouchera le vase et on l'enveloppera d'une
peau. Autre facon de confire Taunee. Apres avoir
ratisse les racines de cette plante , ou ies partagera
commeci-dessus en petits troncons, que Tonfera
secher a rorabre pendant trois ou meme quatre
jours;ensuite, lorsquilsserontsecs, onles raet-
tradansdes vases non poisses, avec de )'origan
entre chaque troncon. Quand Torigan y sera, on
melera ensemble six parties de vinaigre sur une
partie de vin cuit jusqu'a dimiuution des deux
tiers, avec une heminade sel grille, pour en
faire un jus dans lequel on feratremper lestron-
cons de ccs racines, jusqu'a ce qu'elles se soient
entierement defaites de leur amertume : ensuite
on les retirera pour lesfaire secher de nouveaua
rombre pendant cinq jours; puis on melera eii-
semble dans une niarmite trois parties de lie
tant de viu epais que de vin mielle, avec une
partie de bon vin cuit jusqu';i diminution de
moitie; et lorsque la marmitebouillira, on y jet-
tera les troncons d'aunee ; puis on retirera aus-
sitot la marmite du feu, et on remuera le tout
avcc une spatulede bois, jusqu'a ce qu'il soitah-
solument refroidi. Ce n'est qu'alors qu'on le met-
tradansun fiaeonpoisse que roucouvrira, etqiie
Ton enveloppera d'une peau. Troisiemc facon.
Quaud on aura ratisse avec soin les racines de
raunce, on les fcra tremper, apres les avoir cou-
pees en petits troncons dans de la saumure forte»
jusqu'a ccqu'elles sesoientdefaitesde toute lcur
amertume. Ensuitc on jettera lasaumure, puis
on pilera des cormes qui soient tres-bonnes et
tres-mures, dont on aura prealablemcnt retire
les pepins, et on les melera avec Taunee; apres
quoi on y ajoutera du vin faitavec du raisin se-
uniimquodqiie genus .sepaiatim piopiiis arculis reponatiir.
Naiii cum una cUiiisa sunt diversa gcnera , inter se discor-
«iant.et celerins vitiantur. Proplerquod eliain conseini-
nalium vinearum non tani est firmum vinum , quani si per
se sineerum Amineum, vel Apianum , aul ctiani lcciiuim
r.ondideris. Verum siciit siipra ilixi, ciim dilipMilcr niala
fuerint composita, operculis arcularum cdnlcsmdir, et
liito paleati) linantur opercula, nc inlioiie spiritus possit.
Atipic ca ipsa niinnulli, siciil in aliis generihiis supra jam
diximns, popnlnea, qiiiilam ctiam abiegna scobe inlerpo-
sila , inala ciislodiiint. Hiec lamen poma non raatura, sed
acerliissima legi debent.
XLVllI. Inula; conditnra sic fiet. Cnm cjns radicem
mense Octobri, qiio maxime matura est, e teria erueris,
asiicro lintenlo vel eliain cilicio detcrgito qnidqiiiil aren»
inlia?rebit : deinde acutissimo cultello siimnialim eradito,
et qiiae plenior radiciila fueiit, pro modocrassitmlinis in
duas vel pliires partes digiti longiludiue dillindito: deiiide
ex aceto modice in cacabo aeneo coqiiito , ita ne taleolae
semJcriKlre sint. Post baec in umbra tiidiio siccentur, et
ita in fideliam picalam recondantur , adjecto passo vet
defriito, qnod siipernatet, .spissamentoqiiecunilie imposilo
contcctiim vas pelliculetur. Alia inuhe condilura. Cum
radices ejus eiaseris, taleolas nt snpiafacito, et in nmbra
triduo vel eliam quatriduosiccato : deindesiccatasin vasis
sine pice, interjccla cunila conjicito. Jus infundito, qiiod
eam compositionem babeat, iit sex partibus accti una pars
sapa>misceaturciim liemina saliscocti. Eojiiieinaccienlur
laleolae, donec qnam rninimum amariludinis resipiant.
Poslea exempta; iteriim sicceiiUir per dies quinque ii»
uinbra : tum crassamentiim vini fecnlenti, nec minus, si
sit, mulsi , ct utriusqiie eorum quarlam partem boni
deli uti confundito iii ollam : qiia; cnni inferbiieiit , taleolas
inute adjicito , et statiin ab igne removeto , ac rudicula li-
gnea peragitato, donec perfecte refrigescant. Poslea trans-
fundito in fideliam picatam , operculo tegito , tiiinqiie pel-
liculato. Tertia cjiisdem innlae conditura. Cum radiculas
diligenter eiasciis , minnte eoncisas in miiria dnra niace-
ralo, donec amaiitudiuem dimittant. Deinde effu.sa muria,
sorba quam optima et maturissima seruiue detracto con-
tere, et cuin iniila misce. Tum sive passum sen quani
o[ilimum defrutiim adjjcUo, et vas obturato. Qiiidani cuni 4
DK LAGRICULTURK, HV. Xll.
ehe nu soltil, ou d"ex(?ellent vin cuit jusqu'a di-
minution de moitie; et on boucliera le vase dans
le([uel on l'aura mise. Queiquespersonnes, apres
avoir fait eonfire Taunee dans la saumure, la
font seeher, et melent avec elle des coings piles ,
prealablement bouillis dans du vin cuit jusqu"a
diminution de nioitie, ou dans du miel ; eusuite
elles versent par-dessus du vin fail avec du
raisin seehe au soleil, ou du vin cuit jusqu'a
diminution de moitie; et apres avoir couvert le
vase qui la renferme, elles renveloppent d'une
peau.
XLIX. Maniere de confire les olives. Battez
rolive pausia au mois de septembre ou d"oi'-
lobre, quand elle est encore acerbe et avant que
la vendange soit fmie; puis, apres ravoir fait
un peu tremper dans de Teau chaude, pressez-
la et mettez-la dans uii flacon, eu y ajoutant
de la t;raine de fenouil et de lentisque avee un
peu de sel grille; apres quoi vous versere?. dans
ce tlncon du mout tres-nouveau, et vous y en-
foncerez une petite botte de fenouil vert, qui
comprimera lesolives de facon que le jus les re-
couvre. On peut des le troisieraejour faireusage
des olives confites de cette maniere. Quand
vous aurcz battu Tolive pausca blanche, Vor-
chis,\A petite olive iongue ou la rcgia, vous
comniencerez par les plonger les unes ou les au-
tresdans de la saumure froide, afiu qu'elles ne
perdentpas leurcouleur; et apres que vous au-
rez donne ce premier appret a la ([uantite d'oli-
ves qui sera nec(!Ssaire pour remplir une ara-
phore, vous L>tendrez au fond de cette amphore
une petite botte de fenouil sec. Vous aurez soin
d'avoir dans une petite cruche de la graine de fe-
I Bouil et de lentisque mond(ie, afin d'en jeter dans
, le vase oii vous niettrez rolive , apres lavoir tiree
dela saumure et i'avoir press^^e. Lorsque vous
aurez mis des olives jusqu'au col du vase, vous
r.ondiverunt inulam, muriaque maceravenint, exsiccant,
et ncilis cydnneis tritis , qua; in defruto vel melle decuxe-
rant, miscent : atque ita superfundunt passum vel defru-
lum, et vasoperculatum pelliculant.
I XLl.X. Olivarinn alliarum condilura!. .\cprbam pauseam
' mtuse Se|>tpmbri , vel Octobri , dum adliiic vindcmia cst ,
' coiituiide , et aqiia calida paululum maceratam exprime ,
1 foonieulique seminibus et lentisci cum cocto sale niodice
' permislam reconde in fideliam , el niustum quam recen-
tis-simum infunde. Tuni fasciculuni viridis ffeniculi super-
; positum mcrge, ut olivae premantur, et jiis superemineat.
Sic curata oliva tertio die possis uti. — Albam pauseam ,
vel orcliitem , vcl radiolum, vel regiam duin contundes,
primani quamquo, ne decoloretur, infrigidam muriam de-
merge, ciijnscum tanlum parata! Iiabueri.s, ((uantuiii salis
;(uerit implfiida* aniphor;i', fieniciili ariili fasciciiliim sub-
sterneinimu : ilfinilc liiiilis fieiiii uli scniina et leiilisci dc-
strictaelpurgitain urceolo lialiclo : tum >'\>'iiiptain deinii-
liaolivamexprimito, et permistam pr.fdictis seminihus in
vasadjicito : deinde cum ad faiices pervcneiit ejiis, firni-
les couvrirez de pelites bnttes de feiiouil sec;
apres quoi vous verserez dans le vase deux
parties de mofit nouveau et unc partie de saumure
forte , mil^k^es ensemble. Vous pourrez aisement
faire usage pendant toute lanni^e des olives con-
lites de cette maniere. II y a des personnes qui
ne battent point Tolive, maisqui la coupent par
troncons avec un roseau tranchant : ce procedc',
quoique moins simple, m(?rite cependant la pre-
ference sur le premier, en ce que rolive est alors
plus blanehe que lorsqu"elle a .soulTert des
meurtrissures qui Tont couverte de taches livi-
des. D'autres meleut avec les olives, soit qu'ils
les aient battues , soit quils les aient coupi'es
par troncons , un peu de sel grille mel(; avec les
graines que uous venons de nommer ; apres quoi
ils versent dessus du vin cuit jusqu'a dirainution
desdeux tiers, ou du vin fait avec du raisin S(;-
cheau soleil;ou m('mes'ils sont a port(!e de le
faire, ils y versent de Teau dans laquelle on a
trempedes rayons de raiel. Nousavons d(?ja donne
dans ce livre meme la faijon de coraposer celte
eau. Pour le restes on procede de la maniere indi-
quee. Choisissez les olives posicn ou les rrr/ia; les
plusblancheset les moins tachccsque vous cueil-
lerez a la main, et que vous jetterez ensuite dans
uneamphore, apresy avoir etendu au fond du
fenouil,melepar-ci par-ladequeiquesgrainestant
de lentisque que de fenouil. I,orsque le vasesera
rempli jusqu'au col, vous y verserez de la sau-
mure forte, et vous comprimerez les olives avec
une bonne poignt-e de feuilles de roseaux, de
facon qu"elles soient absoluraent plongees dans
lejus; puis vous verserez eneore dessus ce qu'il
faudra de saumure forte , pour qu'il y en ait
jusqu'aux bords de ramphore. II est vrai que
rolive ainsi prt^pareo est peu agreable, si oii
la mange seule; raais aussi elle est tres-pro-
pre a entrer dans les ragoijts des tables les
ciili aiidi fasciculos siiperponito, el ita recentis musti
duas partes et unam dui£e muricC permistas adjicito. llac
condiliiia compositis olivls toto anno commode iiteris.
Quidiim olivam noncontunduiit, sed acuta arundine in.se-
cant : idque operosius quidem, sed mcliusest , quia haec
caiididior est oliva, quain ea qua; ex coutusione livorem
conlialiit. Alii sive contudeiint , sive insecucrlnt olivas,
moilico sale cueto et pra'dictis seniinibus imniiscenl :
doinde sapam vel passum vel, si est faciiltas, mellam in-
fundunt. Mellaaiitem quomodo (iat, paulo ante boc ipso
lihro pracepimus. C.X'tera omnia similiter adminislrantur.
Oliva alba ex inuria. Posias olivas vel regias sine macula
quani candidi<>sinias manu destrictas eli^ito: deindesiib-
strato lieniciilo aridoin amplioram conjicito : intermislis
seniinibiis lenlisci nec niiiius fcpniculi : et c.um .iil laiices
vas replev eris , a<ljicito miii iam duraiii : liim spissaiiieiitu
facto de aruiidinum foliis olivam premito, ul infrajus
inersa sit : et iterum infimdilo muriam duram,dum ad
sninmiun ampbor,ic labrum pervcniat. At li,T>coliva per se
paruni jiicunda esl; sed ad eas condiliiras, quffi lautioribus
484
COLUMELLE.
plus magnifiqucs, puisque , loi-squ"on en veut
faire usage, on peut ia tirer de l'ainphore, et
rempioyer, apres i"avoir battue, a telle sauce
que l'onjugeraaprop.os. Neaninoinslo piusgrand
nombre aime mieux hacher cn petits morceaux
des poireaux que l'on coupe a differentcs repri-
ses, et de la rue avec de raelie tendie et de la
menthe, et meler ces substances avec les olives
apres les avoir battues ; puis verser dessus un
peu de vinaigre epice, et tant soit pcu de miel ou
de vin niele de miel ; enfln les airoser d'huile
verte, et les couvrir d'une pctite botte d"ache
verte. Quelques-uns, aprcs avoir cueilli de
nit^me rolive, mettent trois lieminm de sel sur
un modhis de ce fruit, et , apres avoir jete au
fond d'une anipliore de la graine de ientisque
et du fenouil, ils la remplissent d'olives jusqu'au
col ; apres quoi ils y versent du vinaigre qui ne
soit pas trop mordant; et lorsqne raraphore est
presque renipiie, ils y enfoncent Tolive a Taide
d"une boune poigiiee de fenoui! , et remettent du
vinaigre jusqu'aux bords du vase : enlin, au
bout de quarante jours, ils vident tout ce jus,
et melent ensemble trois parties de vin cuit jus-
qu'a diminution des deux tiers ou de moitie, et
iine partiede vinaigre, pour faire un jusdont
ils remplissent rainphore. II y a encore un au-
tre procede de conlue lesolives; ce procede,
qu'on approuve beaucoup , consiste a vider
toute la saumure forte , dans laquelle on a fait
macerer de rolive pausea blanche, et ti rem-
plir l'amphorc d'un melange de deux parties
de vin cuit jus(iu'adiminution de moitie, et d'une
partie dc vinaigre. On pourrait aussi confire de
mi^me rolive rcyia ou Vonhis. Quelques per-
sonnes melent ensemble une partie de saumure
et deux parties de vinaigre, et font nager dans
ce jus des olives pusete. Si Ton veut alors
les consoramer telles qu'clles sont, sans aueun
autre assaisonnement, on les trouvera asse^
agreables, quoiqu'elles puissent aussi, en sortant
de la saumure, recevoir tel assaisonuement que
Toa voudra. On cueille avec leurs queues les
olives posew Iorsqu'elles commencent a ehan-
ger de couleur et avant qu'elles soient mu-
res , pour les conserver dans d'excellente huile.
Cest meme la meilleure methode pour faire
conserver aux ollves leur gout de verdeur ju.s-
qu'a la lin de !"annee. Aussi se trouve-t-il des
persoiines qni les servent comme fratches aii
sortir deriuiile, apres les avoir saupoudrees de
sel tigruge. Voici eiicoie une facon de les con-
fire, appelee cpiti/ruin , qus est comuiunemeut en
usage dans les villes grecques : on eueille a la
main par uu temps seiein VoWse.pausca ou Vor-
chis, lorsqu"elles coiinnenccnt a perdre leur
blaneheur et a jaunir, et on les ctend a rombre
sur des vans pendant une journL'e ; apres quoi
on en arrache les queues, aiusi que les fcuilles
ou les pctitcs branches qui peuvent y etre adhe-
rentes. Le lendemain on les crihle, ct apr^s
lcs avoir enfermees dans un cabas neiif, on les
met sous Tarbre du pressoir, oii on les presse
fortement, pour leur faire rendre si peu qu"elles
peuvent contenir dhuile. Quelquefois on les
Inisse, pour aiiisi dire, suppurer sous le poids
de Tarhre pendant toute une nuit et le leude-
main; apres quoi on releve Tarbre du pressoir,
et Ton repand dessus un sextariiis de sel grille
et egruge par modius de fruit. On y ajonte
aussi de la graine de lentisoue, avec dcs feuilles
de rue et de fenouil sechees a rombre , et coupees
aussi menues que lon juge a propos; puis on lca
laisse dans le sel peudant trois heures, jusqira
ce qu"elles s'en soient impregnees a un ccrtain
point. Alors on veise dessus autant de bonne huile
mensis adliilicnlur, idonea maximc csl : nam cuni rcs
exisit, de amplinia piomilnr, et conUisa recipit (luamcnn-
qne volueris conditniam. Pleiique tamen seelivnm pnr-
rum et riilani cum apio tenero et mentam minnte conci-
ilunt, etconliisis nlivis miscent ; deinde exiguum aceli
piperati, ct plusculum mellis ant mulsi adjiciunt, oleoque
viridi irroranl, atque ita lascienlo apii viridis contcgitiir.
Quidam sio lect» olivae in modios singulos ternas lieminas
salispermisoent, etadjectis seminibus lentisci fa'niculo(pie
substrato amplioram usque ad fauces replentolivis : ileiiide
acelo nou acenimo iurundunt, et cum jam pene nniplioiani
impleveiunt, fucnicnli spissamenlodeprimnnt baccam , ct
rursns acetum usqne ad snnimnm lalirnm adjiciunt.
Poslea quadragesimo die omne jns dernndiint , et sapa; vel
defruti Ires partes cnm aceli uua permiscent, et aniphoiam
replent. Est etilla proliata composilio, utcuin inuria dura
pausea alba ubi commaturuerit, omne jiis delundatur , el
imniislis dnabus parlilius defruti cuiii areti iina, repleatiir
ampliora. Eadem conditura possit eliam regia componi vcl
orcliita. Quidam iinam partem muiiiB cl diias aceti mis-
cent, eoqiic jme olivas poseas colymbadas faciunt : qiiibus
si per sequis uti velit, satis jucundas experietur, qiiamvis
et ha^, cum exeunt de muria, condituram qualcmcnnipic
recipere possint. De olivis fuscis. Oliv.ie poscae, cum jam
decolorantur, antequam mitescant,cum petiolo legimtiir,
et in oleo qnani oplimo servantur. Haec maxiine iiola
eliani pnst annum lepraesenlat viiidem saporem olivariim.
Nonnulli etiam cum deoleo exemernnl, Irito salc aspersas
pio iiovis apponunt. Est et illud condilura; geniis, qund
iii civitatibus Gra?cis plenimque iisurpatur, idi|ue vocaiil
epilyium. Oliva pausea vel oichita cum primum ex alli"
decoloratur , fitque luteola, sereno ciclo manu destringi-
tur, et in cannis uno die sub iunbra expanditur ; el siqui;
adh.frent pediculi foliaque autsurculi, legunlur. Posterci
die cribralur , et novo fisco inclusa prelo snppoiiilur.j
veliemenlerque piemitur, iit exsudet quanlnlumcunquo
tiabet amnrcit!. Patimur autem nonnunquam tota nocte ei|
postero die pondere pressam hiiccam velut exaniari, tnn
resoUitis corliculis eximimus eam, et in singulos modio:
oliva; trili salis cocti singulos sextarios intuudimus
itemque lenti,sci semen rutiiequeet focniculi folia siib umhii
siccata , quanta satis videntnr concisa miniite admisccmus
DK LWGRICULTURE, LIV. \1[.
qu'il est luccssaire pour qu'eiics soieut uojees
dedans, el on cufouce dans le ■vase une petite
botte de tenouil sec , afin que le jus les recou-
vrc. On prcpare pour les coufire ainsi des va-
ses de terre cuite neufs, et qui ne soient pas
poisses; et, pour les empceher de bolre Thuile,
on les imliihe d'une liqueur semblable a ceJle
dont ori inibilje les melretie qui servent a mcsu-
rer rhuile; apres quoi on lcs ftiit secher.
L. Vicnnent ensuite lcs froids de Thiver,
pendant lesqnels la cueillctte dcs olives n'e.\ige
pas moins de soius dc la part de la metayere
que la vendange. Nous commenccrons donc par
douner dcs preccptes sur la facou de eonfiie
les olives (puisque nous avons eutame cet ob-
jet ), apres quoi uous passerons a la maniere de
faire riuule. Ce sont les olives pausew ou les
orchilcs, et dans quelques pays meme cel-
les dc Navius, que Ton apprcte pour etre servies
dans les rcpas. II faut donc cueillir a cet effet
ces sortes d'olivcs a la maiu,paruu temps serein,
lorsqu'elles commencent a noircir et qu'elles ne
sont pas encore tout a fait mures, el les criblcr
ensuite; puis mettre de c6te celles qui parai-
tront ou tachees, ou gcitees, ou trop petites.
Ensuite on mettra sur uu nwdius de fruit trois
hemiim' de sel qui n'ait re.ni aueun apprct, et,
apres avoir bruuille les olives avec ce sel dans
des paniers d'osicr, on repandra par-dessus une
assez grande quantile de sel pour qu'elles cn
soient recouvertes, et on les laissera ainsi sucr
pendant trentejours, et jetcr toute la lie d'luiile
qu'elles conliendront. Au bout de ce teraps on
les versera dans un bassin, et on cssuiera le sel
avec une cponge propre , de faeon quil n'y en
resteplus. Lnfin oo les serrera dansune amphore
que Ton remplira de vin cuit jusqu'a diminu-
tion dcs dcu.\ ticrs ou de moitie , ct ron y enfou-
ecra par-dcssus une poisnee de feuouil sec pour
les comprimer. Ccpcndant il se trouve des per-
sonnes qui ajoutent une partie de vinaigre
quelquefois sur dcux parlics , niais plus comniu-
nement sur trois partics soit (!e viu cuit jusqu'a
diminutiou de moilic,soit dc micl, et qui les
font ainsi confire daus ce jus. Quclques-uns,
aprcs avoir cueilli l'olive noire et y avoir mis du
sel daus la proportion que nons venons de pies-
crire, la mettent dans des pauicrseu y entremt^
lant de la graiue de lcntisquc,et en forraant
alternativement des couches d'olives ct dc sel
jusqu'au haut des paniers. Quaraute jours apres,
lorsque rolive a jete tout ce qu'el!e pouvait
conteuir de lie d'huile, ils la versent dans un
bassiu , en la criblaDt pour en scparer la graine
de lentisque, et ressuient avec uiie eponge,
afiu qu'il n'y reste point de sel ; api'es quoi ils !a
jcttcnt dans une amphore qu'i!s rcraplissent ou
de vin euit jusqu'a diminution soit de moitie,
soit des deux tiers, ou meme de raiel s'ils en sont
fournis aboudamment, et font pour le surplus
ce que nous avons prescrit ci-dessus. U faut
mettre sur un muilius d'olives un sextarius de
graine d"anis et de lentisque miuv , avee trois
cijathi de grnine de fenouil , ou bieu , a dcfaut
degraine, la quautite de fcnoui! liache qu'ou
estimera suffisante ; ensuite ajouter par chaque
mudius trois hemiiKS de scl grille et non egrugc ;
aprcs quoi on serrera ces oiives dans des am-
]i!iores qu-e Ton bouchera avecde petilespoignees
de fenouil , et que ron roiilcra tous les jours par
tcrre ; enfin on jettera tons les trois ou quatru
jours toute !a lie d'huile qui pourra s'y trouver.
Quarante jours aprcs on versera les olives dans
un bassin , en se contentant de les separer du sel ,
liallmurinie liorls trilins, iliini ali'|natcniis bacca salem
i-ombihat. Tuin su|)frMiiiilimiis Iimhi s.iikhI-. olcuiii, ita ut
obiuat olivam, et ioiniculi arlili I.im iniliiiii tlipiimimus,
ita ut jussupcrnalet. Iluic autciii loncliliiric vasa no\a
ficlilia sine pia? pia^parautur : qua' ne pnssinl oleiim
torbere, tam(|nam olivarla; metretn: imbuuntur llquida
giimmi et assiccantur.
L. Scqiiltur aulem (risiis hiemis, per qiiod ollvitas,
sicnt vindiniia , curam vllllen' repelll. l'rius itaqiie (ijno-
niani inclioavlmus) de condiluris olivaium pricciplcmus,
ac statlm conlicleudi olei laliuDein subjiciemus. Pauseie
bacc»! vel orcliita;, nonnullis legionibus etiam Naiviae,
convivionim epulis pra>parantur. Ilas igltur cura jam ni-
griierint, nec adiiuc tamcn permatiira; fuerint, sereno
ca'lo destringerc manii conveiiit, lectasqiie cribrare, el
secerneie, qua>cuniqiie niaculosa; sen vitioscie minorisve
incremenli vidcbuntnr : deiiide iii singiilos inodios oliviE
salls integri tcrnas lieminas.adjlceic , el in vimineos qualos
conruudere supeiposilo copioso .sale, ita iili olivam con-
tegat, sicqiic tiiginta dies pati consudasccre, atque omncm
aiuurcam exstillare : postea in alveum diriiinderc, mun-
daiiue spon^ia salem , iio i.ervciiial , dctcrgcre : lum in vas
adjicere , et sapa vel defnilo aiiiplioiam replere superpo-
sllo spls.samenlo aridl ririiiculi, qiiod olivana depriuiat.
1'leriiiiie tanieu tres partes defnili aut niellis et uiiaiii
ml.scenl aceti , aliqui duas partes et uiiam aceti , et eo ,
qiio condiunt, juie. Quidam, cum olivani uigram legenMit,
eandein porUiine, i|uasiipi'a, saliuut, et sic collncanl in
([ualis, ut iiiiniistis scminibus lentlsci altenia labiilata
olivaruin et salis u.sque in suminum componanl : deiiide
post i|uailragiiita dlcs, cuin ollva quldquid liabuitamurca!
evsiidavit, in alveiim dcliindiint, et cribrataui sepaiant
ab seminibus lentisci , s[)ongia(pie delcrgiriit , iiequid
adlia;i'cat salis : tiiin in amplKiram coiifiindunt adjectc de-
fruto velsjipa vel ctiain mellc,siest copia,ca;lera(|ue simi-
liter faciunt. — In siiigulos modios oliva; singulosscxtarios
maturi semiiiis aiiisi , leutisciqiic , ct lernos cyatbos semi-
nis livniculi; si id non esl, ipsiim fccuiculum concisuni,
quaiilum satis vidcbltur, adjici uportet : deinde in singiills
Diodlis olivanim salis cocti, scd noii molili ternas liemiuas
admi.sccri, ct ita in amplioris condi, easque fasciculis
fteiiiculi obturari , cl quotidie iiei' tei lam volutari : deiiide
terlio quoque aiit quarto die qiiidquid amnrca; iiiesl,
cinitli. l'o>l \!. (lies in aheiim ditfundi, et a sale lanlnm-
COLUMELLE.
sans les es5uyei' avec une ^ponge; puis on les
serrera dans une amphore telles qu'on les aura
retirees du bassin, et sans les purger des parties
de sel dontelles seront enveloppees; et apres les
avoir couvertes de bonnes poignees d'lierbes
qui lcs contiendront , on les mettra a la cave
pour s'en servir au besoin. Retirez de la sauraure
des olives que vous y aurez fait nager apres les
avoir cueillies mures, et essuyez-les avec une
epongc; ensuite coupez-les avee un roseau vert
en deux ou trois morceaux , et faites-les trem-
per pendant trois jours dans du vinaigre; le
quatrieme jour, essuyez-les avec une eponge, et
jetez-ies dans une cruche ou dans un pot neuf,
au fond desquels vous aurez mis auparavant de
Tache avec un peu de rue. Lorsque ie vase sera
plein d'olives ainsi coupees par morceaux, voiis
y verserez ensuite jusqu'aux bords du vin cuit
jusqu'a diminution de moitie : cnfin vous eou-
vrirez les olives de tendrons de laurier, a Feffet
de lcs enfoncer dans le vase , et vous en ferez
iisage au boutde vingtjours.
LL On cueille les oiives noircs lorsqu'el!cs
sont tres-mures, par un temps serein , et on les
etend a rombre pendant une journee sur des ro-
seaux , puis on met de cote toutes celles qui sont
giites. On arrache aussi toutes les queues adhe-
rentes au fruit, ainsi que les feuiiles et les petites
branehesqui peuvent s'y trouver cntremelees.
Le lendemain on les crible avec soin, afin d'en
separcr toutes les ordures ; aprcs quoi on les en-
fernie dans un cabas neuf , et on ics place sous
Tarbre du pressoir, pour elre pressurees pendant
toute la nuit. Le lendemain on les met sous des
meules tres-propres , et qui sont suspenJues afin
qu'clles ue brisent pas le noyau; et lorsqu'elles
sont reduites en marc , on niele ensemble entre
ies mains dusel grille et egruge avec d'aulres
assaisonneraents secs, tels que du fenugrec , du
cumin, de la graine de fenouil et de Tanis d'E-
gypte. Au reste , il suffira de mett."e une hemina
de sel par modiits d'olives; ensuite on versera de
rhuile dessus, de peurqu'elles ne se dessecbcnt,
attention qu'il faudra nieme avoir toutcs les fois
qu'elles paraitront commencer a se seciier. II n'y
a point de doute que cc ne soicnt les olives po-
sicv qui auront le mcilleur gout lorsqu'elles se-
ront conlitesde cette facon, quoique leur gout
ne se conservera pas plus de deux mois sans
s'alterer. II y a neanmoins d'autres especes d'o-
lives qui paraissent plus propres a etre confites
ainsi , telles que eelle de Lieinius et la culminea,
quoiqu'en gen(!ral celle qui passe pour y etre la
plus propre de toutes soit cellc que donne Tarbre
de Calabre, que quelques personnes appellent
petit olivier sauvage, a cause de sa ressemblanee
avec ce dernier arbre.
Lll. Cest au eommeucenient du mois de de-
cembre que Ton fait communeraent la cueiilette
des olives, et c'est le tempsoii ellen'est ni prc-
matureeni tardive. En effet, c'estdans ce temps
que Ton fait rhuile verte ; au lieu que rhuile
acerbe, appelee huile d'ete, se fait plus t6t,
comme rhuile raiire se fait plustard. Mais Thuile
acerbe rendant peu, il n'est pasde 1'interet d'un
chef de famiile d'en faire , a moins que les olives
n'aient ete abattues par les mauvais temps, et
qu'on ne soit dans la necessite de les ramasser,
pour empeeher qu"elles ne soient mange.es par
les betcs soit domestiques soit fauves. U est au
contraire tres-important d'en fairede verte, tant
parcequecelle-ci rend abondamment, que parce
qu'elle double presque le revenu du proprietaire ,
a cause du prix elevedont elle se vend. Mais si
Fon est en possession de plants d'oliviers qui
soient d'une etendue immense, ou est force d'eu
niodo separari, sic ne spongia detergeantiir olivsc , sed Ita
iit priint exemplae, massulis salis niislis in amplioram
tondanliir, et spissanientis imposilis ad usus in cellam
repoiiaiitiir. — Maturam olivam in stialiira factamcolym-
badera de nuiria tollito, spongia tergito : deinde canna
viridi scindito duohus vel tiibiis locis, et Iriduo in acelo
liabeto : quarto die spongia extergilo, in urceum aut ca-
cabum noviim mittito substralo apio el modica ruta.
Concliis deinde pleno vase olivis immilte defriitum iisqiie
ad os. Lauri turiones in lioc iisu mittito, ut olivas depri-
niant. Post dies viginti ulere.
\A. Oliva nigra maturissima sereno ckIo legilur, eaque
sub umbra uno dle in cannis porrigitur, et quaecumque
cst viliosa bacca.separatur. Itera siqui adliBeseiant jiedi-
culi, adiinuntur, foliaque ct surculi, quicumque sunt
intermisti, eliguntur. Postero die diligenter ciibratur, ut
siquid inest stercoris separetur : deiude intrita oliva novo
lisco includitur, et prelo subjicitur, ut tota nocte cxpri-
raatur. Postero die injicitur quam raundissimis molis
suspensis, ne niicJeus frangatur. Etciim est in sampsam
ledatta, tunc sal coctus trilusqiie nianu permiscelur ciim
caeteris aridis condiraentis. H.iec auteni sunt, caieuni,
cyminum , semeii fiEniculi, aiiisum ^gyptium. Sat erit
aulem totidem lieminas salis adjicere, quot sunt iiuidii
olivarum, et oleum superfundere , ne exarescat : idqini
(ieii debebit, quotiescmnque videbitur assiccari. Nec ilii'
bium est, quin oplimi saporis sit, qiiae ex oliva posia
facla est. Caeteriim siipra duos menses sapor ejus noii
permanet iiiteger. Videiiliir autem .ilia geiieia liiiic lei
niagis esse idonea, siciit I.icini» el culinineic. Verunitanicii
liabeliirpraecipiia in liosiisusolcaCalabrica, quam quidani
piopter similitudinem oleaslellum vocant.
Lll. Media est olivitas plerumque initium mensis De-
cembris. Nam et ante lioc lempus aceibum oleum con-
licitur, quod vocalur sestiviim, et circa liunc niensem
viride premitur, deinde postea matiirum. Sed aeerbiini
oleum facere patrisfamilias lalionibus non conducit : qii"-
niam exiguum lluil, nisi bacca tempestatibus iu teriam
decidit, et necesse e.st eain sublegere, ne a domesticis
peciidibus feiisve consiimatur. Viridis autem nota? coii-
licere vel maxime expedit, quoniam et satis lluit, et prelio
pciie duplicat domini icditum. Sed si vasla snnt oliveta,
DE L'A(iRICULTURK, LIV. XII.
reserverqiielqtie partic pour faire de i'liuile rnure.
Quoique nous ayons deja decrit dans le premier
volunie le lieu dans lequel on doit 1'aire rhuiie,
nous allons cependant rappeler quelques articles
que nous avions d'abord omis, aliii de completcr
cettematiere. II fautavoirun plancherdestinea re-
cevoir lesolives. llest vraiquenousavons uu pre-
cepte qui ordonnedeles metlre jour par joursous
ies meules et sous Tarbre du pressoir, a mesure
qu'ellessont recoltees. Mais neaumoius, conime
irarri ve quelqnefois que le travail des pressureurs
ne peut pas suftire a la quantite prodigieuse d'o-
lives que Ton aura reeoltees , il faut avoir un
grcnierplafonuedans lcquel onles mettra.etdont
le planeher sera semblablea ceux sur lesqucls on
pose les grains. Ce grenier doit aussi etre distribue
en tel nombre de cases que 1'exigera la quantite
d'olives que Ton aura , afin de mettre a part dans
des cases particulieres la eueillette de cli?.que
jow. II faut que lc sol de ces cases soit pave dc
terre ou detuile, et qu'il ailleen pente, afin que
toute rhumidile s'en ecoule promptement, a tra-
\ers des canaux et des conduits qui y seront
pratiques, parce que la lie d'huile est tres-con-
traire a cette liqueur, et que pour pcu que rolivc
y sejourne, elle gate le goiit de rimile. Cest
pourquoi , lorsqu'on aura construit ces cascs de
la maniere que uous venons de preserire , on po-
sera sur leur superficie de pctits soliveaux eloi-
gnes d'un demi-pied Tun de Tautre, sur lcsquels
on etendra des clisses de roseaux qui serontd'un
tissu serre et travaillees avecsoin, afin que les
olives ne puissent pas passera travers cesclisses,
et que celles-ci puissent en soutenir le poids. II
faudra aussi qu'il y ait vis-a-vis ces cascs, du
c6te par lequel s'6coulera la lie d'huile, et sous
les conduits memcs a travers lesquels elle passera ,
un pave conea\ e ou um pierre creusee en forme
de petite fosse, dans laquelle s'arrctera toute la
liqueur qui s'ccoulera, de faeon qu'on puisse Ty
puiser. II faudra outre cela avoir descuves et dcs
futailles toutes pretesa la maison, pour y dcposer
la lie d'huile de ehaque espece d'olive, soit que
cette lie ait coule naturellement et sans melange ,
soit qu'elle n'ait coulequ"aprcsqueroliveauracte
salce. Kn effet, rune ct Tautre deces cspeces de lic
sont bonnes a differents nsages. Ausurplus, les
nieules valent mieux pour faire riiuile que le trn-
pcfe, comme ie trapole vaut mieux que le canulix
et la soka. En effet, il est tres-aise de gouverner
les meules, parce qu'on peut les baisscr ou les
remonter, suivant la quautite d'olives qu'on aura
a mettre dessous , pour eviter d'en briser les
noyaux, qui altercraient le gout de riiuile. D'un
autre c6t6, le trapete faitplus d'ouvrage, et le
fait avcc plus de facilite que la solea et le canalis.
II y a encore une maehine, nommee tudiciita
(battoir) , semblable ci un tratneau releve sur le
cote, qui fait assez bien la besogoe; si ce n'est
qu'elle estsujette a se d^ranger souvent, et que,
si rcn y niot un peu plus d'oIives qu'il n'en fau-
draitjSon mouvemeut s'arr(!'te. II n'y a ccpen-
dant aucune de ccs machines dont on ne puisse
se scrvir suivant la nature et Tusage despays,
quoique la mcilleure de toutes soit la meule ou
meme le trapi^lc. II nous a fallu donner ce dc-
tail preliminaire, avant de p.irler de la facon de
faire lliuile. Mainlenant nous y allons passcr,
quoique nous ayons omis de faire mention de
bien des choses qu'il faut prcparer avant la re-
coltedes olives, comme on le pratique avaut la
vendange, telles que le bois qu'il faut tenir prCt
ncccsse cst ut aliqiia pars eorum niafuro [fiuctiii] rcscr-
velur. Lociis autem in nuo confici oleum dcbet, etiain
descriptus est priore voluuiino; pauca tamen ad rem ppr-
tinentia commcmoranda siint, quae prius omiserani. Ta-
bulatuin,quo infeiatur olea, necessarium esl.quamvis
praiceptum liabeainus, ut miiusciijusque diei Iruclus
niolis et prelo slatim siilijiciatiir. Verunilanien quia iii-
terdum iinmodica niultiludo bacca; torculariorum vintil
laborcm, (si labor est) esse oportet pensile liorreum, quo
importentur fnictiis : idque labulatum simile e.sse dehet
granario, et liabere lacusculos tam multos, quam postu-
labit modus olivae, ut scparelur et seorsnm reponatur
uniuscujusque dici c«actura. Horuni lacusculorum solum
lapide vel tegulis oporlet consterni, et ita eclive fieri,
ut celeriteroinnis liumor per canales aut listulas delluat.
Nam est iuimicisslina oleo ainurra, qua; si remansil in
bacca, saporem oleicoiruinpit. Ilaque tumlacus, quem-
admodum diximus, exslriixeris, asserculos inter se dis-
lanlessemipedalibus spatiis supra solnm ponilo, ctcjnnas
diligenter spisse lextas iiijicito, ila ut ne l)accam trans-
millere queant , et olivae pondus possint sustinere, Juxta
omnes aiitem laciisculos, ca parle qiia deniicl auiiirca,
siiJi ipsis listulis iii modum fossularum roiicamm p.ivi-
mentum, vel canaleni lapideum e.sse oppoitebif, in qiio
consislat, ct unde exliauriii possit quidquid dcnuxerit.
Priclcrea laciis vel dolia pia'parala sub leilo liabcre
oporlebit, qiiae seorsuin reclpiant sui cujusque generis
amurcam, sive qua; sincera defluxerit , sivc etiain qiiffi
salein receperit. Nam utraqiie usibiis plurimis idonea cst.
Oleo aiileni (■oiiricicndo iiioloe uUliores sunl, qiiain tra-
pelum ; trapeliim , quam canalis et sotea. Molic quam
farilliiiiam paliuiitur administrationem; quoniam pro
masiiitiidine barxaiuin vel subniitti vcl eliam elevari
pos.sunt, ne nucleiis.qui saporem olei vitiat, confrin-
gafiir. Itursus trai>etiim plus opcris faciliusque qiiam
solea et canalis efticit. Est ct organum erectiB triliulaf
simile, qiiod tudicula vocatur : idque non incommodc
opiis eflii it , nisi quod frequenler vitiafur, ct si baccae
pliisculiim ingesscris, iinpeditur. Pro tonditidne tanien
ct rcgioniini consuetiidine pra'(Iictae macliina; cxcr-
ceiitiir. Sed et optima molariiin opus est , tuin etiam tra-
pcti. Hiec anfe quain dc oleo conlicieudo dissererem,
pra^fari nccesse liabui. Nunc ad ipsam rcin veniciidum est,
qiiamquam niulla omissa siint, qua; sicuf anle vindcmiam.
sicctaiilcolivitatcin pra-pai.andasunt, taniqiiain ligiioniiu
nipia , r|iw iiiullo aiile appurtaiida cst , nc cuin les dcsi-
COLUMELLE.
longtemps d"avancc, poui- que les ouvriers ne
soieiit pas cletouroes lorsqu'ils en auront besoin ;
telles que les tchelles, les paniers, ies raesures
de di.\ inodii et celles de trois, dans lesquclles ou
recoitrolive a mesure qu'elle est cueillie, les ca-
bas, les eordes de clianvrc et de gcnet d'Espa-
gne, les coquilles de fer avec lcsquelles on puise
i'huile, les couvercles des vases dans lesquels ou
lamet, les graudes ct les petites eponges, les
cruches dans lesquelles on porte riiuile au de-
hors, les clisses de canne sur lesquelles on met
rolive, et tous lesautres ustensiles qui ne rae re-
vienncnt pas ;\ la memoire dans ce moment. II
faut donc etre muni de tous ces ustensiles, et
meme en avoir beaucoup au dela du necessaire ,
parce qu'il s'ea use toujours une certaine quan-
tite, et quc le nombre en diminue a mesure qu'on
s'en sert; d"autaut que, si un seul vient a man-
quer au momcnt ou Ton en aura besoin, Tou-
vrage se trouverainterrompu. Maisje vais pour-
suivre lobjetque j'ai promis de traiter. Des que
les olives auront commence a tourner, et qu'il
s"en trouvera deja quelques-unes de nnires parmi
ie plus grand nombre de blanches, il faudra les
cueillir a la main par un temps sercin , apres
avoir etendu sous les arbres des clisses ou des
roseaux; puis les cribler tt les nettoyer. Quand
elles auront ete uettoyees avec soiu , ou les por-
tera aussitftt au pressoir, ct ou les enfermcra ,
avant quelles rendent leur huile, dans des cabas
neufs que Ton mettra sous Tarbre du pressoir,
de facon qu"el!cs n'y soieiit pressurees que le
moins que faire se pourra. Ensuite, quand on
aura releve Tarbre du pressoir, il faudra les ra-
mollir en repandant dessus deu.x sexturU. de sel
qui n"ait recu aucuu apprfit par modius de fruit ,
et en exprimer le marc a Taide de rcglets, si
c'est la coutume dupays, ou du moins a Taide
de cabas ueufs dans lesqucls on les roifermera.
Ensuite celui qui est charg(5 de survider Thuile
puisera aussitot cellequi aura coule la premiere
dans le bassin (lequel bassin doit etre roud , parce
qu'etant de cette forme il est preferable a un
vase de plomb carrc ou a ua bassiu de briques
a plusieurs fonds ), et il la versera dans des bas-
sins de terre cuite prepares pour la recevoir. Au
reste, il faudra avoir dans le cellier a huile trois
ordres de bassins, dont le premier servira a re-
cevoir Thuile de la premiere qualite, c'est-a-dire
celle du preraier pressurage; Tautre servira ^
recevoir cclle du second pressurage, et le deraier
celle dutroisieme, parce quil est tres-interes-
sant de ne pas confondre le second pressurage et
eneore moins le troisieme avec le premier , at-
tendu que Thuile qui coule comme une lessive,
et satis un grand travail , de Tarbre du pressoir,
est d'ua bien meilleur goutquetoutes ies autres.
Lorsqu'eusuite l'huile se sera reposee quelque
teraps dans Ics premiers bassins, il faudra que
celui qui est charge de la survidcr rcclaircisse
en la survidant d'abord dans les seeonds bas-
sins, et ensuite dans les suivanls jusqu"aux der-
niers. Car plus on lui donnera d"air en la trans-
vasant a differentes fois, et pour ainsi dire en
la tourmeutant, plus elle deviendra iiquide,et
moins ellescra chargee de lie. II suffira nean-
moins que chacun des trois ordres soit composd
de trente bassins, k moins quc les plants d'o-
liviers que lon aura soient si considerables,
qu"ils en dcmaiKient une plus grande quantite.
Si le froidvient a congeler 1'huile avec sa lie, il
faudra sans contredit eroployer un peu plus de
sel grille que nous n'en avons exige, parce que
c"est le moyen de dissoudre rhuile et d'eu sepa-
rer tout ce qui Taltere ; d'autant qu'il u'y a pas
lieu de craindre qu"elle devienne salee, puisque ,
telle quantite de sel qu'ou y mette, elle n"ea
contracte jamais le gout. II arrive quelquefois,
deraverit, operrc avocentur; tiim scalfc, corbul;c, decem-
modiiB, irimDdiae satori£e, quibns destrieta baccasuscipitur,
(isci, funes camiabini, spartei, conclise ferreae, quibus
depletur oleum , percula , quibus vasa olearia conteguntur,
spongiae majores et minores, urcei, quibiis oleum progeri-
tur , canna; , tegetos , quibus oliva excipitur , et siqua sunt
alia , quiE nunc memoriam meam refugiunt. Ha?c omnia
multo plura esse debent : quoniam in usu depereunt, et
pauciorafiunt; (piorum siquid suo tempore defuerit , opus
intermittitur. Sedjam quod pollic.itus sum exequar. Cum
primum bacca? variare cosperint, et jamquaedam nigrae fue-
rint , pluies lainen alba; , sereno ca>lo nianibus destringi oli-
vam oporlebit , et substratis tegetibus au t eannis cribrari et
purgari. Tiim diligenter emundatam protinus in torcular
deferri, et integram in fiscis novis includi, prelisqiie sub-
jici , ut quantum possit paulisper exprimatur. Poslea reso-
lutis corticulis et emollitis debebiint, adjectis binis sexta-
liis iutegri salis in singulos modios, (et) aut regulis, si
consuetudo erit regionis , aut certe novis liscis sampsa' cx-
primi. Qiiod deiiidc primum defluxeril in rotundum labruni
(nam id melius est, quam pluml)euni qiiadratum, vel
structile gemellar) protinus capulator depleat, et in
fictilia labra huic usui pra"paiata defundal. Sint autem ia
cella olearia tres labrorum ordines , ut unus prima; iiot« ,
id est priniae pressuiai oleum recipiat, alter secundae,
tertius tertiae. Nam plurinium refert non miscere iteralio-
nem, nnilloque minus tertiationem cum prima pressura :
quoniam longe melioris saporisest, quod miiiore vi preJi,
quasi lixivum delliixerit. Ciim deinde pauUilum in labris
primis constiteiit oleiim, eliqiiare idcapulator iu secimda
labia debebit , et deinde in sequentia usque ad ulliina.
Nam qiianto srcpius translatione ipsa venlilatur, et qiiasi
exercelur, tanto fit liquidius, etamurca libcratur. Sat erit
aulem in singulisordinibus tricena componi labra, nisi si
vasta fuerint oliveta, ct majorem numerum desideraverint.
Quod 61 fiigoribus oleum cum amurca congelabitur,
plusculo sale cocto uliquc utendum erit. Ea res resolvit
olciim , et separat ab omiii vitio. Neque verendum est, ne
salsum fial. Nam quantumcunque adjeceris salis, iiiliilo-
minus saporcin non recipit oleum. Solet aiitem iie sic
DE L'AGRICULTURE, LIV. XII
lorsqu'il survient de tres-grands froids, que cette
pratique meme iie suffit pas pour la dissoudre.
Ou prillealors du nitre, et, apres ravoir broyc,
on en saupoudre les olives et on les en nourrit
bien , nlin qu'il parviennc a liqueiler la lie. Beau-
coup de personues , qui cependaut passent pour
faire riuiile avec soin, ne raetteut jamais rolive
sous rarbre du pressoir avaut qu'c!le ait rendu
un peu d'liulle d"elle-meme, parce <iu"elles s'i-
maginent qu"il s'eii perd toujours alors quelque
peu, atteuilu que, lorsque Tarbre du pressoir
vient a peser dessus, la lie d"liuile n'est pas la
seuleliqueurqui s'enecoule, puisqu'elle entralne
iufailliblement avecelle uu peu de liqueurgrasse.
Mais voici un precepte iieneral que j'ai Adonner :
c'est de ne point laisscr p^netrcrde fumce dans
lepressoir tant que Ton y fera de rhuile verte,
comme de n'y poinl souffrir de suie, non plus
que dans le cellicr a buile, parce que ce sont
deux choscstres-contraires acegeure de travail :
aussi les plus babiles builicrs ne permettent-ils
qu'avec peine de faire rhuilea la lumicre d'une
lanipe. Cest pourquoi il faut que le pressoir et le
cellier a buile soient places du c6te du eiel qui
sera le moins expose aux vents, parce quc la va-
peurdufeuqu'onseraitalorsobliged'y faireserait
tres-nuisible. II ne faut pas secontenter de s'oc-
cuper du soin des futailles et des cruches dans
lesquellcs on doit mettre riiuile au temps seu-
lcment ou Ton y est force par la recolte; mais la
raetaycre doit, des que les vases ont ete vidcs
par le niarcband, s'appliquer a eulever aussitot
les immoudices ou la lie dhuile qui peuvent y
6tre restces au fond. Elle ne doit pas cependar.t
employera cet effet une lessive tres-cbaude, de
peur que la cire ne se detache des vases; mais
elledoit les essuyer adiffcrentes reprises, pujs
les frolter legerement avec la niain a Teau ticde ,
et les essuyer souvent avec une eponge pour en
secber toute riuuiiiditc. Ouelques persouucs de-
Inyent daus de Tcau de la terre a potier, pour en
faire une espece de lie liquide ; et aprcs avoir lave
les vases, elles les enduiseut a l'interieur de cette
espece de liqueur et les laissent secber ; puis elles
les lavent avee de l'eau pure lorsqu"elles en ont
besoin. D'autics les lavent d'abordavec de la lie
d'huile et ensuitc avcc de Teau , et les font se-
cbcr; apres quoi elles examinent si ees vases
n'ont pasbcsoin d'etre enduits de cire nou\elle.
Car les aneiens pretendaieut qu'il fallait enduire
les vases de ciie au bout de si\. rceoltes d"olives
a peu pres, quoique je nc coneoive pas comment
cela pourrait sefaire. En effet,sidcs vasesneufs
recoiventaisement la cire liquide lorsqu"on les a
fait cliauffer, je penseque d'aiiciens vases n'ad-
nicttcnt pas uiie seconde fois la cirurc ircnduit
de cire) , a cause du suc huileux dont ils sont im-
pregnes. Au reste, lesagriculteurs de nos jours
oiit meme rejete le premicr enduit de cire, ct ils
ont pense qu'il ctait plus a propos de laver les
vases neufs avec de la gonime liquide, et de les
parfumer de cire blanche lorsqirils sejaient secs,
pour lcs empecher de contiacter de la moisis-
sure. Ils estiment aussi qu"il iie faut pas inoins
rcpeter cette fumigatiou a Tegard des \ icu\ vases
qu'a Tegard des iieufs , toutes les fois qu'ou les
soigue dans la vue d'y nietlre de rbuile nouvelle.
II se trouve bien des personnes qui, apres avoir
enduit une premiere foisd'unegomme epnisse les
futailles ou les crucbes ueuvcs, se contentent
pour toujours de cet uuique enduit, parcc qu'ef-
feetivement un vase de terrc cuitc qui a ete une
fois imbibe d'huile n'admet pas un second en-
duit de gomme, attendu que la graisse de Hiuile
ue s'accomniode pas d'uiie maticre d'une nature
tclle queccllede lagorame. Apres leraois de de-
qiiidem resolvi , cuni majnra frigora incesserunt : itaqiie
nitruni lorretur, clcunlritum insperfiilur el (■ominiscelur ;
ea res elir|iial ainnrcain. Qiiidam quamvis ililigenlesdlea-
rii baccamintegramprelonon subjiciunt, qiiod existmiant
aliquid olei deperire. Nam ciim preli poiidiis acce|iil , iioii
sola exprimilur aniurca, sed el aliqiiid secum pinguitii-
dinis altraliit. lllud auteni in totiim pracipiendum lialico,
ut neque fumiis neipie ruliHo,quauidiii viride oleiim con-
ficitur, in torcular admittatur, aut in cellain oleariam.
Nainest ulraqiiercs iniinicj buicrei; peritissimiqueoleaiii
y'n patiimtur ad unam lucernam opiis lieri. Quaproplei
adcum slatiim cjeli et toicnlar et cella olearia consliluenda
esl, qui maxime a frii;idis ventis aversus esl, ut (piaiii
niininie vapor ignis desiderelur. Dolia autem et seriu! , in
quibus oleum reponitur, non tantum eo tcmpore cuiaiida
5unt, cuin frnctus necessitas cogit, scd ubi lueriut a
niercatoie vacuata, confcslim villicadebet adliibere curam,
ut si qua> feres aut amurcae in fiindis vasoruni subscde-
rint , statini emundenlur, et non calidissima lixivia , iie
vasa ceram remittanl, seniel alqiie iteriim eliiantur :
deiiide aqiia tepida loiter inaDibus defriceiitur, ct sapius
eliiaiiliir, atque ita spongiaomnis liumor assiccetur. .Siint
(pii (Tetum li^ularem in modum llipiida; fecis aqua resol-
vaiit , et ciiiii vasa laverint, lioc quasi jure intrinsecus
oblinant, et patiantiir aiescer(j : postea cimi les exigil,
pura eliiunt aqua. Ndimulli prius amiirca, deimle aqiia vasa
perliiiiul , et assiccant. Tum considerant, niimqiiid cerain
iiovain dolia desideieut. Nain fere sexta qii.ique olivitale-
cciari oportere anliqui dixerunt. Qiiod lieii posse nou
intellit^o. Nani quemadmodmii nova vapisi calelianl , li-
quidani ceram facile rccipiiint, sic velera noii credideriui
propler olei succum ceratiiram pali. Qiiani laiiien et ipsam
ceraluiani noslroriim tempoiiim agricolaj repudiaveiunl,
cxistimaveruntqiic satiiis esse nova dolia liquiua giimmi
peiliierc, siccataque suffiimigare alba ccra, iie pallurcm
aiit iiialiim odoiem capianl. t:iamque suniliouem seinjier
faciendam judicaiit (piolicscuiKiue vel nova vel velcra
vasa curanlur, el oleo novo prieparantiir. Jliilli ciim semcl
nuva dolia vel seiias crassa gumini iiveruot, una iii per-
petiium gumniilionc cuntenti suiil. Kl saiie qu^u senul
oleiim lesla combibit, allerani Kiimmitionem non recipit.
liespnit cnim olci pinguitudo lalcm iiiatcriam , ipialis csl
490
COLUMELLE.
cembre il faudra cueillir rollve vers les calendes
dejanvierde lamanierequenous avons detaillee
ci-dessus, et en extraire aussitot fliuile, paree
que, si on la laissait sur le planclier, elle ne tar-
derait pas a s'eeliauffer; d'autant que pendant
les pluies d'hiver elle engendre plus de lie qu'en
nucun autre tenips, et que celte lie est tres-con-
traire a ce genre d'operation. 11 faut douc pren-
dre garde de se reduire a la necessite d'en faire de
rhuile a mangerqui ne serait boune que pour les
gens. II n'y a qu'uu seu! moyen d'eviter cet in-
convenient; ce moyen consiste a faire ecacher
i'olive et a la pressurer des qu'elle est arrivee des
champs , apres !'avoir traitee de la maniere que
nous avons preserite ci-dessus. La plus grande
partie des agricultcurs s'etait imagine qu'en de-
posant rolivealamaison, rhuileaugmentait sur le
plancher; nnais ce systeme est aussi faux qu'il est
faux que !e ble croisse dans l'aire; et voici
comme Porcius Caton TAncien refute cette er-
reur. II assure que l'olive se fletrit sur un plan-
cher, et qu'elle s'y rappetisse; mais que lors-
qu'uii paysan a poite a la maison la mesure d'une
pressuree , et qu'il veut la raettre sons les meules
plusieurs jours apres, comme il a oublie la quan-
tite qu'il en avait apportee d'abord , il supplee ce
qui manque a la pressuree en puisant dans les
autres tas particuliers qu'il avait faits de meme;
d'ou i! arrive que rolive qu'il avait laissee sur le
plancher lui senible rendre plus d'haile que l'o-
live nouvelle, quoique dans la realite il en ait
employe beaucoup plus de fnodii qu'il ne se Te-
tait imagine. Au reste, quand ce systeme serait
tres-fonde, il y aurait toujours plus de profit a
faire sur le prix de rhuile verte, qui se vend
toujours tres-cher, que sur raugmcntation du
fruit Aussi Caton a-t-il dit que, tcl surcroit de
poids ou de mesure que Ton supposedu cote de
riiuile, on trouvera toujours une perte reelle
plut6t qu'un profit veritable, si Ton veut suppu-
ter la quantite d'olives qu'on a ete oblige d'a-
jouter pour completer la pressuree. Ainsi nous
ne devons pas balancer a ecacher rolive et a la
mettre sous Tarbre du pressoir, au premier nio-
ment quelle aura ete cueillie. Je conviens nean-
moins qu'il faut aussi faire de riiuile a manger
pour les gens; mais !es olives qui sout tombees
parce qu'elles etaient mangtes des vers, ou cel-
les que les mauvais tenips ou les pluies ont je-
tces dans la boue, servent de ressource en cettc
occasion. A cet effet on fait chauffer de Teau
dans un chaudrou pour laver ces olives, qui sont
malpropres : il nefaut pas cependant employer
dans ce cas de !'eau tres-bouillante; il suffit
qu'elle soit modercment chaude, si Ton veut
que rhuile ait un goiit plus supportable; paree
que si on laissait cuire lolive, rhuilecontracte-
rait des lors le gout des vers, et des autres im-
puretes qu'elle renferraerait en elle-merae. Au
reste, lorsque les olives auront ete lav^es, il
faudra, pour le surplus, se coraporter de la ma-
niere que nous avons preserite ci-dessus. Mais il
ne faudra pas se servir des memes cabas pour le
pressurage de la bonne huile et de celle que doi-
vent nianger les gens : Ton se servira de vieux
cabas pour rolive qui sera tombee d'elle-menie,
au lieu qu'on reservera !es neufs pour Thuile or-
dinaire. U faut aussi, des qu'uue pressuree est
achevee, ne pasmanquerde laver sur-le-charap
!es cabas deux ou trois fois dans de Teau ttcs-
bouillante, et de lesplonger ensuite dans de Teau
courante, si Ton en a, en les couvrant de pier-
res qui les retiennent au fond de l'eau par leur
poids. Si Ton n'a pas de riviere a sa portee,
on les fera treraperdans une marre ou dans un
reservoir d'eau tres-pure ; ensuite on !es battra
giininiis. — Post niensem Decembrem cirea calendas Ja- (
niiaiias eadcm ratione, qiia snperliis, destringenda eril
ulea, et statini exprimenda. Nain si reposila in tabulaliim
fuerit , celeriter concalescet : quoniam hiemalibus pluviis
amiirf« plus concipit, qua! est conlraria liiiic rei. Caven.
diimest utique,nc liat olenin cibarium. Qiiod uno modo
vitari poterit , si protinus illata de agro bacca commolita
rl cxpressa erit , qua; sic adniinislrata fueril, ut supra
diximus. Pleriqiie agricolarum crediderunt, si sub tecto
bacca deponatur, oleum in tabiilato grandescere : qiiod
fam falsum est, quain in area frumenta crescere; idquc
mendacium velus ille Porcius Cato sic refellit. Ait eniin in
tabiilato coriugari olivam , ininoremque lieri. Propter
quod cum facti unius mensurara rnsticus sub tecto repo-
suerit , et posl mullos dies eam molere voluerit, oblitus
prioris mensurae qiiam intulerat, cx alio acervo similiter
seposito qiiantnincnnque niensurae defuit supplet, eoqne
facto videlnr plus olei requicta, quam recens bacca red-
dcre, ciim longe plures modios acceperil. Atlamen nt
maxiine id verum esset, nihilominus ex pietio viridis
olei plus quam multitudine inali nummoruni coulraliitur.
Sed et Cato dixit : Et sicquidem qnicqnam ponderis aut
mensura; oleo accedit, si porlionesvelis in factum adjecta;
baccae compulare. [Non proventiim, sed detiimentum
seuties.] Quapropterduhilare non debemus lectam olivani
prinio quoque tempore commolere , preloque suljjicerc.
Nec ignoro etiani cibarium oleiim esse faciendum. Nam
ubi vel exesa vermiculis oliva decidit, vel tempestatibus
et pluviis in lutnm delluxit, ad pra.'sidium aquse calida;
decurritur, alienumquecalerieridebel, utimmunda; bacca;
eluantur. Sed id non fervenlissima fieri oportet , verum
modice calida, quo conimodior guslus olei fiat : nam si
excoctus est, etiam vermiculorum caiterarumque immun-
ditiarum saporem trahit. Sed ciim fuerit oliva elota, reh-
qua, sicut supra prKcepimus, fieri debebunt. Fiscis auteni
non iisdem prohum et cibariiim oleum premi oportebit.
Nam veteres ad cadiicam olivam , novi antem ordinario
aptari oleo, semperque eum expresscrint facta, stalini
ferventissima debent aqua bis aut ter eliii : deinde si sit
prolluens, impositis lapidibus, ut pondere pressi deU-
neantur, immcrgi : vel si nec flumenest, in lacu, aut in
piscina quam pnrissimae aquae macerari , ct jiosloa vir^iii
DE L'AGRICULTURE, LIV. XIL
de vcrges , afiu d'cn expulser les immondices et
la lie; apres quoi on les lavera encoreune seconde
fois, puis on les ferasecher.
LIII.Quoiquece ne soit pas dans ce temps-ci
qiie Ton faitriiuile g/ruciiia (Iniilevierge), j'aiee-
pendant rerais a en parler dans cette partie-ci
de ce volunie, pour ne pas interrompre mal a pro-
pos Texposition des recettes ponr frelater les
vins,eny inserant la faconde fairecette huile. La
voici donc. II faut preparer ini grand vase a met-
tre rhuile, qui n'ait pas encore servi, ou du moins
qui soit tres-solide, dans lequcl on vcrsera en-
suite , pendant la vendange , soixante sr.rfani de
moiU excellent et tres-iiouveau , avee quatre-
vingts livreP d'huile ; apres quoi on enfermera,
dans un petit filet de jonc ou de lin , des aroma-
tesqui ne soient ni cribles ni mime broyes bieii
menus, mais simplement concasses legerement :
et on les enfoncera a Tnide d'un caillou peu pesant
dans ee melange d'huile et de mout. Voici quels
seront les aromates qii'on emploiera cn cette oc-
casion , et les proportions qu'on suivra cn les em-
ployant. On prendra du calamus, dujone odo-
rant, du cardamoine, du ijaume de .ludes, de
Tecorce de palmier, du fenugree qui aura ete ma-
ceredansde vieux vin, puis sechect memegrille,
de la racine de jonc, ainsi que de Tiris gree,
de Tanis d'Kgypte ; le tout par parties cgales con-
sistaut en nne livre et un quadranf; de chaeun ;
et on plongera ccs aromates dans une mctrda,
apres les avoir renfermes , comme nous Tavons
dit, dans un petit filet ; puis on la bouchera. Au
bout de sept ou de neuf jours, on otera avec la
niain la lie ou les impuretes qui pourront s'etre
attachies d'elles-niemes au col de la me/rela, et
on ressuiera. Ensuite on passera rhuile,eton
la survidera dans de nouveaux vases; apresquoi
49i
on retirera le pelit fllet, et on broiera tres-pro-
prement les aromates dans un mortier. Lorsqu'ils
seront broyes , on les remettra dans la nieme me-
treta , et on y versera autanl d'huiie que la pre-
miere fois; puis on la bouchera et on Texposera
au soleil. Sept joursapros on videra rhuile, et
011 transvasera le mnut dans un baril poisse. Ce
qui en restera pourra servir de remede aux bo^ufs
qui seront malades , ainsi qu'aux nutres bestiaux ,
si on le leur fait boire. Pour Thuile qu'on aura
mise en seeond lieu dans la metreta , et qui scra
d'une odeur agreable, eeux ([uiseront tourmen-
tes par des maladies de nerfs pourront s'en frot-
ter tons les jours.
LIV. Maniere de faire rhuile dont on se sert
pour les parfums. Avantque Tolive noireisse, et
des qu'elle aura commence a perdre sa eouleur,
sans cependant qu'elle soil eneore tournee tout
a fait , cueillez-la a la main , en choisissant de pre-
ferenee eelle de Licinius , si vous en avez, oii , n
son defnut, In regia; et dnns le cas oii vous n'aii
riez pns meme do cette derniere , la (hdiiunia,
et apres Tavoir nettoyee, mettez-la sur-le-champ
tellequ'elle est sousrarbredu i^ressoir, etexpri-
mez-en la lie. Ensuite i)royez-la avec une nieule
suspendue , et renfennez-la suit entre des reglets ,
soit dans un cabas neuf, pour la remettre sous
Taibre du pressoir, ou voiis la pressurcrcz tant
snit pi;u, sans eependnul fiire a^ir les leviers,
mais en vous ea tenant pour cela au seul poids
de rarbre. Lorsqu'il aura coule de rhuilede cette
maniere. celui dout la fonction esl de la sur\i-
der la sepnrera aussitot de la lie, et la transva-
sera avec attention dans differents bassins , jus-
qu'a ce qu'elle soit edaircie. Le surplus de rhuile
quc Ton ex priniera ensuite dcs oli ves pourra ser-
vir de nourriture , soit qu"on veiiille In mnnger
veilierari, ut sordes fecesque decidant, et iteruiii eliii,
siccarique.
LIII- Qiiamvis non erat liujus temporis olei gleuciui
compositio, tanien luiic parli voluminis reservata est : ne
p.iruin opportune vini conditioiiihiis iiilerponeretiir. Ilac
autem ratione confici debet. Vas oleariiim <piam maximiim,
et aut novum aiit certe bene solidum pr.Tpaiari oportet :
deinde per vindemiam niusti quani oplimi Kcneris et qiiain
recentissimi sexlarios sexaginta cum olei pondo octoginta
in id confundi : lum aromata non crilirata, sed ne niiiiute
qiiidem contusa, veruni leviler confr.icta in reticiilum jiiii-
ceura aut lineuni adjici, et ita [cum saxi pondusculo J in
olei atque musti parlein demitti. Sint autem iis porfionibus
pensata, quas iiifra subjicimus, catami, sclneni, carda-
momi , X jlobalsami , corlicis de palma , firni Gracci vetere
vino macerati et postea sicc^iti atque Pliam torrcfarli,
jiiiici radicis, tiini eliam iridis Grseca;, iiec miniis anisi
'I.gyptii pari pmidere, id est, uuiuscujusquc libram ct
iliiadrantem, ut siipradixiiniis, reticulo inclusa demillilo,
et nielrelam linilo. Post septimum diem aut nonuni
aperlae metreta! siqiiid fecis aut spurcitia; faucilius inlia;-
rebil, manu cxiiiiilo, el delergilo : dcindcoleumeliqiialo,
novisque vasis recondilo. Mox relicnliim exiniilo, et aro-
mata in pilaquani mundissime coiiliindilo, liilaqiie iiieaii
dem melretain reponilo, el taulundem olei qiiantiim priiis
infundito, et oblurato, in sole ponito. l>ost septimum
diem oleiim depleto, ct quod reliqiiiim est miisti picalo
cado recondito. Nam id si non exaciierit mcdicainenliim ,
dabitur potandiim imbecillis bubus et ca-leio pecori.
Oleiiin auleni secundarium noii insuavis odoris qiiolidia-
nam uiiclioneni pia'bere poleril dolore nervoniin laboraii-
libiis.
IJV. Oleum ad unsuenla sic facito. Ante quam oliva
iiiijrescat , ciim primiim decolorari cippcrit , nec tanien
adhiic varia luerit, niaximc Liciniain , si eril; si nilniis,
legiam ; si nec lia-c fueril , liinc Ciilminiam barcam nianu
sliingilo , et stalim purgatam prelo integram subjicito, et
amuiiam ixpriniilo : deiiidc siispcnsa mola olivam fran-
^ili), eamqiie vel in legiilas, vel in novo fisco ailjicilo,
suhjecthiiiqiie prelo sic premilo, ne va.sa intorqueas, scd
tanlum ipsius preli poudere ipiantulumcunqiic cxpriiui
paliaris. Ueiudc cum sic lliixcril, protiniis capulator ainiirca
.separet , cl diligciilcr seorsiim in nova labra transferal ,
quoiisque eliqiiel. Keliquum olei , qijod postea fuerit c»-
-492
COLTJMELLE.
seule, soit qu'on veuille la melei' avecJes liuiles
d'uiie autre quaiite.
LV. Nous avonsassez parle jusqu'ici de l'luiile :
passous a des objets moius importants. Tel aiii-
raal qu'on veut tuer, il faut rempecher de boire
ia veille , et surtout le porc , afiu que sa cliair soit
plus seche; parce que, si on le laissait boire, le
sale qu'on en fcrait serait plus humide. On le
tuera douc dans un moment oii il soit altere;
apres quoi on le desossera bien , parce que c'est
le moyen que le sale soit mieux fait et de plus
longue garde. Lorsqu'il sera desosse , on le sa-
lera soigneusement avec du sel grille , qui ne soit
pas cependant trop menu ; il suflh'a meme qu'il
soit broye avec une meule suspendue : on en
saupoudrera surtout copieusemenl les parties du
corps qu'on n'aura point desossees ; et apre? avoir
arrange sur un plancher les quarliers ou les pe-
lites pieces de chair, on les chargera de poids
considerables, pour leur faire jeter lcur humidite
^uperllue. Le troisieme jour on retirera les poids,
et on frottera exacteineut lc sale entre les niains;
et lorsqu'ou voudra le reiiiettre sur le plancher,
onje saupoudrera auparavant de sel egruge bien
nieuu : on ne laissera pas passer un seul jour sans
ie frotter entre les mains , jusqu'a ce qu'il soit a
son point. Si letemps a ete beau pendaut les jours
qu'on Tnura frotte, on ne le lai^sera dans le sel
que Tcspace de ueuf jours;au lieu quc si le temps
a ete nchuleux , ou quil ait plu, il ne faudra le
porter que le onzieme ou le douzieme jour au re-
servoir, oii ou le lavera soigneusemcnt avec de
Teau douce , apres avoir secoue le sel de facon
qu'il n'en reste aucune trace; et on fera secher
ponr le suspendre ensuite au garde-manger ,
dnus un eudroit oii il parvienne un peu de fu-
mee, arui que le peu d'humidite (|ui pourra s'y
trouver encore acheve de se sccher. Le temps
le plus commode pour faire le sale, c'est pen-
dant le solstice dhiver ou meme au mois de fe-
vrier, avant les ides.quand la lune sera dans
son deelin. Voici une autre facon de saler la
viande, qne Ton peut mettre en usage, meme
dans les lieux chauds, en quelque tcmpsde l'an-
nee que ce soi t. Apres qu'on aura em peche les porcs
de boire pendaut une journec, ou les tuera le
lendemain, et on les pelera, soit avec de Teau
bouillaute, soita une flamme de raeuu bois ( car
011 peut le faire de rune ou raufre maniere ) , et
Toa coupera leur chair cn pkisicurs morceaux
d'une livre chacun ; npres quoi on mettra daus
uue cruche iine couche de sel grille, mais qui
ne soit que legerement egruge ( comrae nous Ta-
vons dit ci-dessus ) : ensuite on y arrangera tous
les morceaux en les serrant les uns aupres des
autres, et on fera alternativement plusieurs cou-
chcs de sel et de morccaux de viande. Lorsqu'on
sera parvenu nu col de la cruche, on achevera
de la remplir de sel , et on y enfoncera la viande
avec des poids dunt on la chargera : cette viande
seconservera toujours tant qu'on la laissera dans
sa sauraure , comme du poisson salc.
LVL Choisissez les raves qui seront les plus
rondes; essuyez-les si elles sont hourbeuses, et
pelez-Ies avec un couteau ; ensuite fcnduz-Ies en
sautoir ( suivant rusagc des conliseurs ) avec uu
instrument de fer fait en forme de croissaut, ea
evilant ueanmoins de conduire cesfentesjusqu'en
bas. Rcpnndez ensuite entre ces feutes du sel qui
ne soit pas tiop raenu , et arrnugez les raves dans
un bassin ou dans un cruche; puis, apres les
avoir saupoudrees d'une qualite de sel un peu
[iressum, potcrit ad escam vel cum alla nota raislum
vel pei' se appioliaii.
LV. Hactenus de oleo dixisse abuiide est; nunc ad mi-
nora ledeamus. De sucidia et salsiira facieiida. Oiiine pe-
cus et piaecipne suem piidie qnam occiriatur, polione
piohibeii oporlet, quo sit caio siccior. Nam si biberit,
plus liumoris salsiiia liabetit. Ergo silientem cum occi-
deris , bene exossalo : nam ea les minus viliosam , et ma-
gis duiabilem salsuram facil. Deinde cum exossaveris,
cocto salenec nimium ininuto , sed suspensa mola infracto
diligentersalilo, elmaxime in eas partes, qnibusossa re-
licta sunt, largnm salem inlarcito, compositisqiie siipra
labulatum tergoribus aiit frustis vasta pondera imponito ,
ut exsanietur. Tertio die pondera removeto , et manibns
(liligenter salsuram fricato ; eamque cum voles reponere ,
minuto et trito sale aspergito , atque ita icponito : nec
(losieiis ejus quolidie salsuram fricare, donec matura sit.
Qiicd si sereuitas fueril iis diebus , quibus perfricatur
caro, palieris eam sale conspersam esse novem diebus :
at si nubilum autpluviae, undeciina vel duodeciina die
ad lacum salsuram deferri oporlebit,et salem prins ex-
f.uli , di>inde aqua dulci diligenter elui , neciibi s?l iiibae-
real, el pauliilum assii.catai'! iii (-ainario siispendi , qiio
niodicus fumns peiveniat qui , siquid liumoris adliuc,
contiiietiir, siccare eum possit. Ha;c salsuia luna decr».
scente niaxime per bruinam , sed etiilm mense Februario
ante idus commode fiet. Est et alia salsura, quae ctiam
locis calidis omni tempore anni potest usurpari [ quae
talis est ]. Cuin ab aqiia pridie sues prohibila! sunt, pos-
tero die mactantur, et vel aqua candenle, vel ex tenulbus
lignis flammnla facta glabrantiir, ( nam utroque modopili
detrahuntiir 1 caro in llbraria frusta conciditnr : deinde in
seria substernitur sal coctus, sed modice ( nt siipra dixi-
mus ) infractus : deinde oflula! cariiis splsse componuntur,
eli alternls sal ingeritur. Sed cum ad fauces seiiae perven-
tiim est , sale reliipia pars repletur, et Iniposltis ponde-
lihus iii vas comprimituv : eaque caro semper conservatur,
et lauquam salsamentum In miiria sua permanet.
LVl. Rapa et napos qiiomodo condias. Rapa quam ro-
tundissima sumito, caque, si sunt lutosa, (Jeteiglto, et
summam cutem novacula (Jecerpito : deinde ( siciit con-
sueverunt salgamaiii ) decussallm ferramento lunato iu-
cidito. Sed caveto , ne usqiie ad imum praecidas rapa.
Tum salein inter incisuras laporum non niininm minu-
tiim aspergito, et rapa In alveo aut serla componito, et
salc pliisciilo a.spersa trlduo sinito, diiiii e\iidi'nl. Vn^t
DF. L-AC.rJCULTURE, T.IV. XII.
phis fortc, laissez-les rcndre leur eau pendant
trois joiirs. .\u bout du tj'oisieme jonr, goutezle
milieu de ieur filament , pour voir si elles ont bicn
pris le sel. Lorsque vous juperez qu'elles Tau-
ront suffisanimentpris, vous les retirerez toutes
de la cruelie et vous les laverez daus leur propre
eau; ou si ellcsn"en ont pas rendu beaucoup,
vous y ajoutcrez de lasaunuu-e forte, dans laquclle
voiis les laverez. Ensiiite vous les arrangercz
dans uu manncqiiin d'osier carre dont le tissu
ue soit pas trop serre , mais qui soit cependant
fai solidement, et avee de gros brins d'osier;
apres quoi vous raettrez par-dessus une planche
qui y f ei"<'i aduptee de facon que les raves puisscnt
('tve enfoncees a Taide deoctte planchejusqu'au
fond du mniuiequin, fi le cas rexijie. Lorsque
ccltc pl;inchc scra ainsi adaptcc au mannequin,
vous lacliar^'erczdepoids considerablcs, et vous
laisserez sccher les raves pendant un jour et une
luiit. Apres ([uoi vous les arrangercz dans une
futaille soit de terre cuite poissee , soit de verre ,
et vous vcrserez dessus de la moufarde et du vi-
nai^re, de facon qu'elles en soient recouvertes.
On pourra aussi confire des navets eomme des
raves, et dans le meme jus ; avec cette difference
qu'on ne les coupera qu'au casqu'ils soient trop
gros. Au reste, il faut avoir soin de confire ces
deux fortes de raeinesavant qn"elles montenten
tiges ou en graine, ct dans lc tempsoii elles se-
ront cneore tendres. Jetez dans un vase de pe-
tits navcts entiers , onde grands coupes en trois
ou quatrc troncons, ct vcrsezdu vinaigre par-
dessus, en y ajoutantun scxtar/iis de sel grilie
par coiu/iiis de vinaigre, et vous pourrez en faire
usage ;ui boutde trente jours.
LVII. Nettoyez avec soin de la graine de mou-
tarde,et criblezla:ensuite lavez-ladansde Teau
froide, et, apres qu'e!le aura ete bien lavee ,
laissez-la dans feau pendant deux heurcs. En-
suite videz feau ; et aprcs avoir exprime cette
graine entre vos maius , jetez-la dans un mortier
neuf ou qui soit bicn nettoyc', et broyez-la avec
des pilons. Lorsqifclle sera broyee , raniassez
toute la bouillie (pii en resultera au milieu du
mortier, et aplatisscz-la avec la paume de la
niaiii. Quand ellc sera aplatie , faites-y plu-
sieurs trnns, ct nicttez dcssus quelques cliarbons
ardeuts sur lesqucls vous verscrez de fcau ni-
tri'e , afiu que cette bouillie jette toute son amer-
tume et sa moisissure ; apres quoi vous soulevc-
rez anssitot le raortier , afin que toutc rhumiditi'
s'en ccoule. Quand cela scra fait , vous verserez
sur cette nioutarde du vinaigre bien raordaut , el
vous la remuerezavec le pilon , puis vous la pas-
serez. Cette moutarde sera trcs-bonne pour con-
fire les raves. Au reste , si vous la voulcz pri']).i-
rer a fusage de la tablc , lorsque vous lui aurcz
fait jeter son araertume , vous y mettrez des pi-
enous tres-nouveaux et des amandes que v ous
broierez avec soin, en y versant du vinaigre
pnr-dessus. Pour le surplus, vous suivrez la me-
tliode que je vieus de prescrire. Non-seulcrnent
cette moutarde sera d'un bon usage pour les sau-
ces, niais elle seia encore belle a 1'ceil, puis-
qu'elle sera d'une blaneheur singuliere quand
elle aura ei6. faite avec attcntion.
LVIIL Avant que le maccrou monteentige,
arrachez-en la raeine au mois de j.Tuvier, ou
nu-me au mois de fevrier , et frottez-la bien afin
qu'il u'y reste point de terre , puis faites-la eou-
fire dans du \inaigre ct du sel ; eusuite vous la
retirerez de ce jus au bout de trcntejours; vous
la pelerez , et vous en jetterez recorce. Qnant a la
moelle qni restera , vous la couperey. par tron-
(jons, que vous mettrez dansun tlacon de verre ou
dans un flacon ncuf de terre cuite, en y ajoutant
terliam iliein mediara fibram rapi s"stato , .<;i lecppoiit
salein. Deiiide cum videbitur salis recepissc , esemptis
(iiimilins, sin^ula suo sibi juie elnito : velsi non inultnm
licpidMs tiicrit , niuriam (liirani adjicilo, ct ita eluili) : et
poslcii in (|ua(iiatam cistam vimineam, (\ux neque spissc,
sulide lamen et crassis viminil)ns contexla sit, rapa com-
ponilo: deindesicaplatam talmlam superponito,utusqiie
ad fundiim, si res cxiuat, intra cislani deprimi possit.
Cnm anlem t!am tabulam sic aptaveiis : gravia ixjiidera
snperpoiMlo, et siiiito nocle tola , ct nnodie siccaii. Tnm
iii (lolio picalo lictili, vel in vilreo componito, et sic iii-
fundito sinapi etaceto, ut a juie conlcganlur. Napl quo-
(pie, sed intcgrl, si niinnti sunt, inaiores aulcin insccti ,
codemjure, qno rapa condiri possnnt : sed curaniluin
est, ut li.it; nlraqiie ante(piam c^iulcm agant et cyniani
laciant, dnm snnt tenera, componautur. — Napos minu-
tos intc^ios , aiit rnisns amplos in ties aul quatnor parles
di\isos in vas conjicilo , ct aceto iiifuiidilo, salis quoque
cocli iiniiin sextarium in congiiim aceti adjicito. Post Iri-
gesimiini diem uli poleiis.
l.VII. .Seiiien sinapis diligenler pmt;.ito , et cribralo :
deinde aqiia frigida eliiilo, el cuin fupril bene lotnni,
duabns boris in aqiia sinito. Postea tollito, et in:uiibiis
expicssum in morlarium noviim aut bciie pniinidalum
conjicito , et pislillis cont^iilo. Cnm conlritnni tucril , to-
Uim inlrilam ad inedium morlarinm conlraliilo, cl coni-
priinilo inann plana. Ucinile ciiin compresseiis , scarid-
cato, el imposilis paucis carboiiilins vivis aquam nitratani
sutlundilo, ut omnem amarilndinem ejus et pallorcm e\-
sanict. Deinde sl;itiin mortarium erigilo, iit omnis liimior
cliipietur. l'ost liocalbum acre acelum adjicilo, et pistillo
peiinisceto, colatoipie. IIuc jiis ad rapacondienda oplinie
facil. Ca-teruin si velis ad usum conviviorum pra'paiare,
cum exsaniavcris sinapi, niiclcos pineos qiiam rcceiilissi-
mos et ajiiygdalam adjicito, diligenlerque conlerilo in-
fii.so accto. C.Ttcra, ut snpra dixi, facito. Hoc sinapi ad
cmbammata non solum idoiieo , sed etiam specioso ute-
ris : n.ini esl candtiiis eximii, .si sit ruriose factum.
LVIII. Priusquam olusatrnin coliculum agat, ladiccin
ejiis eniilo mense Januario vel etiam Februario , et dili-
genter defricalo, ncquid tcrreni liabeat, et in aceto el sale
componito : deinde posl dicm trigesimmn eximiio , il
COLUMELLE.
un jas compose de la maniere suivante : Prenez
de la menthe , du raisin seclie au soleil , et un
peu d"oignon sec ; broyez le tout avec du ble
giiile etun peu demiel ; apres quoi vous y mele-
rez deux parties de vin cuit jusqu"a dirninution
des deux tiers ou de nioitie, et une partie de vi-
naiL;re ; et vous verserez cette composition dans
le meme flacon, que vous boucherez et que vous
envelopperez d'une peau. Lorsqu'ensuite vous
voudrez en faire usage, vous tirerez des tron-
cons de ces petites racines avec leur jus , et vous
y ajouterez delhuile. Vous pourrez confiredans
lememetemps la racine de chervi de la maiiiere
que nous venons de prescrire : mais, lorsque
vous en voudrez faire usage, vous la retherez du
flacon , et vous verserez dessus de Toxymel avee
un peu d'huile.
L!X. Metlez dans un mortier de la sarriette ,
de la menthe, dela rue, de la coriandre, de Tache,
du poireau qu'on coupe a differentes reprises ,
ou, a son defaut, de l'oignon vert, des feuillcs
de laitue et dc roquette, duthym vert ou de la
cataire , avec du pouliot vert , du froraage nou-
vellement fait et du fromage salii : broyez tous
ccs ingredients ensemble en y nielant uu peu de
vinaigre epice, et mettez-les dans un petit plat,
puis vous y verserez de rhuile par-dessus. Quand
vous aurez broye les plantes vertes que nous ve-
nons d'indiquer, vous ^craserez ce que vous ju-
gerez suffisantdenoix epluchees , en y melant un
peu de vinaigre epice,et voiis verserezde rhuile
par-dessus. Vous broierez du sesame lcgerement
grille avec les mi^mes plantes vertes. Vousy met-
trez aussi un peu de vinaigre epice , sur lequel
vous verserez de rhuile. Vous pilerezdu fromage
de Gaule ou de telle autrc espece de fromage que
vous voudrez, apres Tavoir coupe en petits raor-
ceaux, et vous melerez avec ces ingredients des
pignons , si vous en avez abondamment; sinon
des avelines grillees qni auront ete prealablement
pelees , ou des amandes , et vous ajouterez un peu
de vinaigre epice; puis vous brouillerez tout ce
melange , et vous vcrserez de rhuile dessus. Si
vous n'avez pas d'assaisonnements verts , vous
broierez avec le fromage, soit du pouliot sec ,
soit du thym , de Torigan ou de la sarriette se-
che , et vous y ajouterez du vinaigre epice et de
rhuile. On peut cependant secontenter de meler
avec le fromage une seule de ces plantes seches,
au cas que Ton n'«nait point d'autres. On melera
avec du miel trois uncicv. de poivre blanc , si Ton
en a, sinon de noir, deux unckv de grained'a-
che, un sescuncia de cette racine de laser que
les Grecs appellent cyiXcoicv, et un sextans de fro-
mage; puis, aprcsavoir broye et casse ces ingrd-
dients avee du miel , on Ips conservera dans un
pot de terreneuf; et lorsqu"on voudra en faire
usage , on delayera le peu qu'on en voudra pren-
dre dans du vinaigre et du rjnrum. Vous pou-
vez preiidrc uue vncia de sermontaiue , un sex-
tans de raisin scche au soleil , sans pepins , et un
cjuadrans de poivre blanc ou noir , et meler le
tout avec du miel pour le conserver, si vous
voulez menager la depense. Mais si votre inten-
lion est de faire un oxijporuin i plus grands
frais, vous inelerez ces memes ingredients avec
la eomposition dout nousavons parle plus haut,
et vous serrercz ensuite ce melange pour votre
usage. Si vous n'avez point de laser, vous pour-
rez aussi y substituer une sernuncia de miel.
corticem cjus delibratimi abjicito. Ccelerum meflullam
ejus coHcisam in fideliam vitream vel novam fictilem
conjlcito.et adjicito jus, quod sicut infra scriplum est
fieri debebit : sumito mentam , et uvam passam , et exi-
giiam cepam aridam , eamqiie cum torrido faire et exiguo
iiielle suliterilo : qua; cuni fuerit bene trila, sapae vel de-
Iriili duas partes et aCeti uuam permisceto ; atque ita in
eaiidem firleliam confundito, eamque operculo conteclam
pelliculato. Cuin deinde uti voles, cum suojure concisas
radiculas promito, et oleum adjicito. Hoc ipso tempore
siseris radicem poteiis eadem latione , qiia supracondire :
sed cum exegerit usus, exinies de fidelia, et oxymeli
cuin exigiio oleo siiperfunde.
LIX. Addito in mortarium satureiam, mentam, riitain ,
coriandrum , apium , porrum seclivum , aut si id non erit,
viridem cepam, folia lactuca;, folia eiucaj, Ihymum vi-
ride,[Yel] uepetam,tum etiam viride puleium, et ca-
seiim recentem et salsum t ea omnia pariter conterito ,
acetique piperati exiguum permisceto. Hanc misturam
ciim in catillo composueris , olcum superfundito. Aliter.
Cum viridia, quae supra dicta sunt, contriveris, nuces
juglandes purgatas, qiiantum .salis videbitur, interito,
acetique piperatiexiguumpermisceto,et oleum infundito.
Aliter. Sesamuin leviler torrefactum cum iis viiidibus,
quae siipra dicla sunt, conterito. Item aceli piperati exi-
guiim permisreto, tuin supra oleum superfundito. Aliter.
Caseiim gallicum vel cujusciinque notae volueris minuta-
tiin concidilo et conterilo, nucleosque pineos, si eorum
copiafuerit;si minus, nuces avellaiiastorrefactasadempta
ciile, vel amygdalas aeque .supra coudimenta pariler mis-
ceto, acetique piperati exiguum adjicito, et permisceto,
compositumque oleo superfundito. Si condimenta viridia
nonerunt, puleium aiidiim vel tliymum vel origanum
aut aridam satuieiam ciim caseo conterito , acetumque
pipeiatum et oleum adjicilo. Possunt tamen lijec aridi,
si ielii|uorum non sit poteslas , etiam singula caseo niis-
ccri. Oxypori compositio. Piperis albi, si sit; si minus,
iiigri unciae tres, apii seminis unciae diise, laseris
radicis, quod <ji),(piov Grsci vocant, sescunciam, casei
sextantem : Iia;c contusa et cribrata melli peimisceto, et
in olla nova servato : deinde cum exegerit usiis , quau-
lulumcunque ex eo videbitur, aceto et garo diluito. Aliter.
Ligusticiunciam, passa; uvaedetractisvinaceis sexlanteui,
mentaearidae sextantem, piperis albivel nigriquadranlem :
liaec, si majofem impensam vitahis, posjiint nielli admis-
ceri , et ita scrvaii. At si pietiosius oxyporum facere vo-
les, iiKc eadem cum superiore compositione miscebis, et
ita in usum repones : quod si etiam Syriacum lasar ha-
bueris pio silphio, melius adjicies pondo semunciam.
Claiisulam peracti operis mei P. Silvine iion alieiuim
DES ARBRKS.
Pom- conclusion de mon ouvrage, P. Silvinus,
je crois (f.ril irest pas horsde proposdedeclarer
a ceux qui le liront ( si toutefois 11 se trouve quel-
ques personiies qui daisucut prendre conuais-
sanee dcs matieres qu'il renferrae) que je ne
doute point qu'il n'y ait presque une inlinite de
choses qui auraient pu entrer dans mon plan ,
mais que j'ai cru ne devoir laisser a la posterite
que celles qul m'out paru lcs plus uecessaires.
D'ailleurs la nature n'a eoncede a qui que ce
soit , pas menie aux personnes qui ont vieilli
dans Tetude , la conuaissance de toutes choses ,
puisqu'on dit merae que si ceux qui ont passe
pour etre les plns sages entre les mortels en sa-
vaient beaucoup, ils ne les savaient cependant
pas toutes.
DES ARBRKS.
I. Comme uous croyons avoir suflisamment
traite de la cultui e des ehamps daus la preniiere
partie de cet ouvrage , il ne sera pas hors de pro-
pos de uous occuper maintenant des arbreset des
arbrisseaux. Le soin qu'on en doit prendre passe
pour etre t'une des parties les p!us essentielles de
l'cconomie rurale. Nous comptonsdonc avec Vir-
gile deux espcces de rejetous : ceux qui vieunent
d"eux-m^mes, et ceux qui sont lefiuit du tra-
vail de rhorame. Les premiers, qui viennent sans
lc secours de rhomme, sont plus propres a jeter
du bois, tandis que ceux qui ont ete cultives
sont plus propres a donner des fruits. Cette der-
niere espece est la principale ; ou la di\ise eu
trois; car tout rejeton produit ou un arbre tel
que rolivier, le liguier, le poirier ; ou un arbris-
5eau tel que le rosier, le violier, et le roseau;
ou blen encore un troisieme genre mixte, que je
ne voudrais appeler proprement ni arbre ni
arbrisseau , tel qu'est la vigne. iNous parlerons
d'abord des vignes , puis nous traiterous de la
culture des arbres et des arbrisseaux. Celui qui
veut former des vignobles , ou des vigncs ma-
riees a des arbres , doit commencer par faire des
pepinieres ; c'est le mcilleur moyeu de connallre
la qualite et respcce des eeps dont il voudra
garnir sa terre. Celui qui achete des plauls n'a
point de garantie certaine de leur bonte ; car il
aura toujours des doutes si celui qui les lui a
vendus a mis les soins necessaires pour les bien
choisir. D'ailieurs toute production etrangen!
transplantee dans notresol se trouve en quelque
sorte depaysee, et s'acclimate difficilement. Le
mieux scra doncdeformer uue pepiniere sur le ter-
rain memeque vous voulezgarnirdeeeps,oudans
le voisinage. La nature du sol y est d'une grande
importance ; car si ce sout des collines que vous
voulez plauter en vignes, soit echalassees, soit ma-
riees a des arbres, il faudra avoir soin de choisir
pour pepinicre rendroit le plns sec, afm dhabi-
tuer la vigne, pour ainsi dire dcs son enfance, au
manque d'humidite. Au contraire, si d'un en-
droit humide vous la transferez dans un sol
sec , elle maigrira bient6t , privee qu'clle sera
de sa nourriture habituclle. Si votre terre esten
plaine, et si le sol en est humide, 11 sera bon de
former votre pepiniere dans un sol de meme na-
ture, afm d'liabituer la vigne a rabondance de
rinimidlte; car si vous la transplantez d"un sol
aridedans un tcrrain aqueux , elle ne tardera pas
a pourrir. Quand lc terrain desline a lapepiniere
est plat et passablement humide , 11 suflira de le
i-etourncr avec la houe, ce que les paysans ap-
^vWcnl scstertiiim . On fouille a cet effet la terre
puto indicem lectuiis, si niodo fucrint qui dignentur isla
cognoscere , nihil duhitasse me pene infuiita esse, qu^e
potueiinl huic inseri maleriae : verum ea quae maxinie v i-
debantur necessaria, memoriiE Iradenda ceusuisse. Nec
tamen canis natura dedil cunctarum rerum prudentiam.
Nam etiam quicunque sunt liahili moitaliuni sapientis-
siuii, multa scisse dicuiitur, non oiunia.
1)E ARBORIHUS.
1. Qiioniam ile cultu agrorum ahundc primo voliitnine
pra.'cepissc videmur, iiou intempostiva eiil arljoruin vir-
j»ultoriiraque ciira, qiia' vel iiia\iina pars lialieliir rei rus-
ticse. Placet igitm-, ^iciiti Viigilio , noliis ipioque diio esse
genera surculorum rqiiorum alteruin sua sponle gigiiilur,
alterum cura moi talium piucedit. IUud , qiiod non ope
liumana provenit, maleria; est magis aptiim : lioc cui
lahor adliilietiir, idoneiiin friictihus. Uniim lioc it;iqiie
priecipuuni est , alque id ipsum genus triparlito dividitur :
uain ex surculo vel arlior proc«dit, ut olea, licus, piriis;
vel friitex , vl violse , rosse, arundines ; vel teiUum qiiid-
dain , quod neque arborem ncque fruticem proprie di\e-
rimus, siculi est vitis. Aihorum et fruticum docchiiniis
cultuni, si prius de viUbus pra^ceperinins. Qui viiieain
vel arbustum constituere volet, seminaria priiis lacere
debehit : sic cniin sciot cujus generis vitem positurus sit.
Nam qu» pretio parata disponiliir, certam generositatis
lidem non habet : quuniam iliihium est, an is qiii vendi-
dit, legendis seniiiiibiis adliihuerit diligeiiliani : tuni
eliani quod ex longinquo petitiir, panim fainiliariter uos-
tio solo venit , jiropter quod diflicilius convalescit alie-
niim extera! regionis. Optimum est itaqiie codem agro,
qiio vilem disposilurus es, vel certe vicino facere semi-
narium : idqiie multum refert loci natiira. Nam si colles
vineisvcl aihustis occupalurus es, providenilum est, ut
siccissimo loco iial seminarium, et jam quasi ab incunabulis
vitis cviguo assuescat bumori : aliter cum transtuleris de
liumido in aridum locum , vidiiata pristino alimento dc-
liciet. .\t si c^impestres ct uliginosos agros possidebis,
i piiideiit i|iiiMpie M-niiiiarium simili locofaccre, et vilcm
laigo niiiMiisii-ie liiiiiiori. Namque cxilis cum in aquo-
siim agruiii traii^liitur, utique putrcscit. Ipsuin autem
agriim , quem seminario destinaveris planuin ct suci osnm,
sal erit bipalio verlerc : quod vocanl rustici sestciliiim.
COLUMELLE.
t une profondcur cl'iin pied et demi, raais de
nioins de deux picds- Celte operation exige pour
«n jugerumcinquante jouineesdetravail. Quand
le terrain est en pente , il fnut ie labourer au pas-
tinum a deux pieds de profondeur au moins, et
employcr pour un jugerum soixante journees. Si
ron veut former la pepiniere a Tendroit meme
011 Ton disposera plus tard le vignoliie, il fau-
ura faire de^ labours de trois pieds de profon-
deur. Cctte operation demande poiir un jugerum
soixante journees , si toutefois ii n'y a surle ter-
rain ni pierre ni tuf, ni d'autre corps plus dur;
car alors il est diflicile de detcrmincr d'avance
le nombre de journees qu'il faudraempioyer ace
travail. Pour nous, nous n"entendons parler que
des tcrroirs en plaine.
II. Lcs fouille^ fnites , on proeede au choix du
plant vcrs le mois de fevrier et dans la premiere
raoitie du mois de mars. Les meilleurs plants
sontceux qui proviennentde vigneschcisiesavec
soin. A cet effet, celui qui tient a cccur de former
de bonnes pepinieres, marquera vers le tcmps
des vendanges celles dont les grappes parvenues a
leur maturite sont giosscs et sans taches. Cette
raarque doit etre faite avec de la sanguine me-
lee de vinaigre, afm que les pluiesiie puissent
reffacer. II faul examiner les vignes non-seule-
ment pcndant une annee, mais trois ou quatre
ans de suite, afinde s'assurer si elles continuent
d'etre fecondes. Cest le meilleurraoyen de cou-
naitre si eette fccondite provientde la qualite du
plant, et non pas dc 1'abondance accidentelle de
l'annce. Lorsqu'un cep aura pendant piusieurs
vendanges produit la raeme quautite de raisin ,
les plants que vous en aurez tircs donneront un
vin abondaut et gcnereux. En general , les grap-
pes, saus aucune distinction d'espece , qui sont
arrivees au point de maturite entiere ct sans ta-
ches, donnent un meilieur vin que les grappes
qui auront eu a souffrir de 1'ardeur du soleil ou
de toute autre cause.
III. Choisissez du plant qui donne de gros
raisins d'une saveur douce, avec une enveloppe
tendre et des pepins rares et pelits. Le meilleur
plant est tire des rciiis de la vigne ; le second, des
epaules; au troisieme rang vient le plant liredcs
parties Mipcrieures de la vigne , lequel prcnd fa-
cilement racine, et produit plus que les autres,
mais pour vieillir plus piomptement. II ne faut
point planter Ics brins de sarment dits pampres,
parce qu'ils sont steriles. Mettez dans des plaines
grnsses et huraides les vigncs precoces , ainsi
que celles qui ont peu de grappes, et des ncEuds
rnpproches, et des ceps peu robustes ; car c'est le
terrain qui convieut le mieux a ces espeees de vi-
gnes. Dans les lieux arides, maigres et secs, au
contraire , plantez la vigne nafurellement vigou-
reuse et fcconde, ct qui a beaucoup de grappes.
Si vous mettez une vigne de celte sorte dans un
sol gras, elle s'epuisera en bois , et le peu de
grappes qu'elle aura donnees ne parviendroiit pas
a leur maturite; de meme que les ceps naturelle-
ment faibles , plantcs dans une tei're maigre , ne
piorileront guere, et donneront peu de fruit.
Plantez les differentes cspeces de vignes dans
des carrcs separes ; de cette maniere vous pourrez
faire en temps opportuu la taille et la vendange
pour chaque espcce en particulier. Le nouveau
plaiit mis en terre avec le vieux sarment prcnd
piomptement racine, crolt dememe; mais il
vieillit aussi en peu de temps. Si au contraire
vous le plautez isolement , il a plus de peine a se
Ea repnslinatio altiliulmis li.-ibet jiliis sesqnipeae, minus
{anien qiiajii diios iie.dcs. Ejiismodi bipalio jugerum agri
veililur opeiis qiiiiiquaginta. Collem aulem el clivosum
inoiiunijugcri, sed ne minus duobus pedibusalte, lepas-
linabis' operis sexaginta : vel si eodcm loro , quo vineani
oi-dinatnrus es , facere voles senHnaiiiiin, (ribus pedibus
alte repastiuabisjugerum opeiis octoginta ; ila lameu si
nequelapis, neque tophus aut alia mateiia difflcilior in-
tervenerit ; qiia; res, quot operas ahsumat, paruin cer-
tum est. Nos auteni de terreno loquimnr.
II. Peracla repastinalione, niense Ifebruario vel prima
parle Marlii semina legito. Sunl autcm optima, qii.Te de
vitibnsnotatis legunlur. Nam cui cordi esl bona sciiiina-
riafacere ,circaviiideiniam vites, qua^ el mai;iiiMii cl in-
corniptum fructum ad uialiirilatem per.ln\eriiil , riiiirica
cuin aceto, ne pluviis ablualur, permista denolal, nec
lioc uiio tantummodo anno facit, sed conlinuis tribus vel
pliiribus viudcmiis easdem vites inspicit, an persevereut
essc fa'Cunda-\ Sic enim manifestum est sjenerositale vi-
tium , uon anni ubertatc fructum provenire. Si compluri- |
bus vindcmiis eundem tcnorem servarint, ex ejusmodi ;
vitibus lecta semina multiim bonumqiic vinum proebe- 1
bunt. Namque qualiscunquc generis nv.-c , qua; intCHras ct 1
incorrupta' ad maturitatem pprveniunl , longe melioris sa-
poris viuum faciuut, quain quai pra?cipientur aestu,aut
alia de causa.
III. Semina aulem eligilo grandi acino, teniii folliculo,
paucis minntisquc vinaceis, dulci sapore. Optima liaben-
lur a lumbis; secunda ab bumeris; tertia a summa vile
lecta, qua; celcrrime comprelicndunt, et sunt feraciora,
sed ca quoque celeriter senescunt. Pampinaria sarmenta
deponi non placet, quia sterilia sunt. Locis pinguibas
et planis et liumidis praecoques vites serito, raris acinis,
brevibus nodis , imbecillas : nam tali generi vitium
cjusmodi ager aptus est. Locis aridis et inacris et siccis
vitem sere natura feiaccm et validain, crebrisqne acinis.
Quod si pingiii agro validas viles deposuciis, pampinis
niagis cluxuriabuntur, et qualemcunque frnctiim tule-
rint,ad maliiritatem non perdiicent : rursus imbecillae
cxili agro celeriler delicient, exiguumque friicliim da-
bunt. Unumquodque genus vitiumseparatimserilo :ilasuo
qiiodque tempoie putabis, et vindemiabis. Semina no--
vella cum vetere sarmento deposila cito comprclien-
dunt, et valenter crcscunt; sed celeriter senescuut: at
qnac sineveteresa.nnento pan^untur,tardiusconvalescunt;
sfid tardius deficiunt. Scmina quam recentissima terrae
DES ARBRKS.
fortififi- , niais il dure plus longtemps. Mettez en
terrc ies plonts immediafemcnt apres les avoir
coiipcs. S'il y a cu tnielque retard, eouvrez-les
bien , pour quils soieut a Tabri des vents et des
pluies. Faites vos plantations depuis la nouvelle
lune jusqu'au di.xieme jour, et depuis le ving-
tieme jusqu'au trentieme. Cest la le meilleur
temps pour planter la vigne. Evitez surtout les
vents froids. Voiei la manierc de planter la cro-
cetfe. Labranchedont vous vouiez faire lacroeette
ne doit pas avoii' plus de si.x bourgeons ; cela sup-
pose que Tcspace entre deux noeuds est tres-court.
Prenez ensuite une serpette bien aiguisee, et
coupez labranche presdu ncrud, par lebout que
vous mettrez en terre , sans cependant leser les
bourgeons , et de sorte que la section i la plaie)
qui en rcsulte presente une surface ronde ; puis
vous Tenduirez iramedialcment de fumier de
bcEuf. Eofoncez le sarment dans une terre bien
labouree et bien fumee , de sorte cju^il n'y ait pas
moiiis de quatre bourgeons caches en terre. II
suffira de laisser entre les plants Tespace d'un
pied en tout sens. Quand ils auront pris racine,
ebourgeonnez-Ies , afiu qu"ils n'aieut pas a nour-
rir plus de branches quil ne faut. Becliez-les le
plus que vous pourrez, niais ne les touchez point
avec le fer. Au bout de vingt-quatre mois cou-
pez-les de nouveau , et les transplautez au bout
de trente-six. — Mettez la vigne daus une terre
reposee. Si vous la mettez dans un ancieii vigno-
ble, il faut attendre au moins dis ans ; car plan-
tee avant cette epoque eile ne prend guere, et
ne se fortifie jaraais. Avant de garnir de ceps no-
tre tcrrain, examinez d'abord le goutde laterre;
car votre vin aura un gout analogue. Pour exa-
rainer le gout de la terre, vous u'avez (ainsi
que nous Tavons montre dans les livres prec6-
dents) qu'a delaycr une motfe de terre dans de
Teau, que vous passcrcz par un tamis; apr6s
quoi vous la goufcrez. Le sol le plus proprc .'i la
vigne cst le sol sablonneux qui conticnt unc hu- c
midite douce au gout ; vient ensuite unc tcrre
0X1 se trouve du tuf; une terre.de dcblai et pas-
sablement meuble est egalement bonne pour les
vignes, de mOrae qu'un sable sous lequel se
trouve de Targile douce. Toufc terre gercee par
la chaleurneconvient pas plus aux vignes qu'aux
arbres. La couche inferieure de la terre entre-
tient la vigne et I'arbre, de mcmeque la couche
superieure les maintient. Les pierres rcpandues
sur la supcrficie de la terre blesseut les arbres
aussi bien que les -signes; a unc certaine profon-
deur, ellcs les rafraichissent. Une terre d'une
densite moyenne est ia meilleure. Celle qui laisse
passer lcseaux de la pluie, ou qui les retient trop
longfemps stagnantes a sa surface, doit ctre cvi-
tee. La plus fertile est celle qui est suffisamment
l^gere en haut, et assez compacte autour des
racines. Les vignes sefortitient difficilement sur
les montagues et sur les terrains en penfe ; mais
le vin qu'cllcs donncnt est d'un gout solide et
franc. Elles sont plus vigoureuses dans les plaines
humides ; mais le vin en est sans force et ne se
garde point. Nous avons traifc jusqu"a present
du plant et de la nature du sol ; passons main-
tenant aux differentes especes de vignes.
IV. Les vignes se plaisent surtout a ^tre sou-
tenues par dcs arbres, parce que leur nature les
porteamonfer; ellcs donnent alorsplusdebois,
et leurs fruits rnurissent plus egalement. Cette
cspece de vigne est appclee arbustivmn ( mariee
aux arbres) : nous en parleronsen son lieu avec
maniiare convenit. Si tamen mora iutervenerit , quo nii- |
iius slalim serantnr, quam diligentissime obrui tota
oportel eo loco, nnde neque plnvias neqne venlos
sentire possint. Plantaria facito ab e.\oiiente ad deci-
mam lunam, et a vigesima ad tricesimani. Ha?c melior est
vilibus sdlio. Sed cum seris, frigidos ventos vilato.
Malleolum sic deponito. Virgam malleolarem non amplins
quam sex gemmarum esse convenit, ita tamen sunt, si
brevia inlernodia habent. Ejus imam partem , qnam in
ferram deniissurus es, acutissima falce juxta nodum,
sic ne gemmam lajdas , rolunda plaga amputato , et sta-
tim fimobubulo linilo : tiimin lerram bene pastinatam et
slercoratam rectum sarmentum deligito , ita ut ne minus
quatuor gemmae abscondantur. Pedalequoquoversus spa-
tium sat erit iuter semina relinqui : cum comprcbcnde-
rint, idenlidera pampinenliir, ne plura sarmenta qiiam dc-
bent, euutriant. llem qnam s,Tpissime fodiantur : ferro ne
tanganlnr. Vigesimo et qnarlo inense resecenlur : post
(rigesimum et sevlum mensem transferanlur. — In agro
rfequielo viueam ponito. Nam ulii vinea fuerit , quod ci-
tius decimo anno scveris, Kgrius comprebcndet , nec
unquam roborabitur. .\grumantequam vineis obseras , ex-
ploralo qualis saporis sit : talem enim etiam gu.stum vini
COLUMELLE.
praebebit. Sapor anlem(sicnti primo docuimns volnmiue)
compreliendetur, si tenam aqiia diluas, et cum colaveris,
tum demiiui aquam degustes. Aplissiuia vilibns terra est
arcnosa , sub qua consislil dulcis bumor : probus consi-
milis ager, cui subest toplius : .•cque utilis congosta et
mota terra. Sabnlum quoquc, cni subest dulcis argjlla,
vitibus couvenit. Ouinis anteui qui per KStatem linditur
ager, vitibus arboribusquc inutilis. Terra inferior alit vi-
tem et arborem; supcrior cnstodit. .Saxa summa parte
terrae et vitcs et arbores I.Tdunt, ima parte refrigerant.
lCt mediocri raiitudine oplima est vitibus teira : sed ea
qiiae transmittit imhrcs,aut rursus in snmmo diu reti-
net,vitanda est. Utilissima est antem superior modice
lara, circa radices densa. Montibus clivisque dilTicuiler
vincae convalescunt , sed (irmuui probumquc saporem
vini pr.Tbent. Ilumidis el pianis locis robuslissima^ , sed
infirmi saporis vinuni , nec pcrenne taciimt. Et qiioniam
de seminibus atqiie babitu soli pra'cepimus , nunc de
gonere vinearum disputabimus.
IV. Vites maxime gaudent arI)oribus , qiiia natuRjiler
in sublime proccdunt , tiiin ct maleiias ampliores creant,
cl fructum xqualiter pcrcoquunt. Hoc genus viliiim ar-
busliviim vocamus, de qiio pluribns sno loco dinemiis.
COLUMELLE.
plusi<e(l('lail. On compte ordinairement troises-
peccs de vignes : les vignes appelees treilles,
la vigne rampante , et enfin eclle ([ui , s"elevant
au dessusdelalerre,setient droitepar elle-meme,
comme les arbres. Cette derniere cspcce,eompa-
ree aux treilles, leur est inferieure soiis quckjues
rapporls,et les surpasse sous d'autres. Les tiiil-
les sont plus exposees a Tair ; !e fruit eu est plus
elev(5, et miirit plus uniformi^raeut; niais la cul- j
ture en cst plus diflicile. L'autre espeee est dis-
posi^ede telle sorte (ju on la piiisse labourer a la
charrue; et elle devieut d'uulant pliis feconde
qu'elle cst cultivee plus assidument et a moindres
frais. La vigne rampante doniie beaucoup de
vin, mais ce vin n'est pas d'une bonne (luaiitii.
Une terre labource au pastinum convicnt le niieux
a ia plantation de la vigne; ecpendant, en cer-
tains endroits il y a des avantagcs a la disposer
par sillons, quelquefois aussi on !a plante dans
des fosses. Un jugerum de terrc est, .tiusi que je
lai dit , labour(j au pastinum a la profondour de
trois pieds dans quatre-vingt-dix journees; ou
crcuse dans unejournee, si le terraiii est leger ,
un sillon de deux pieds de profondcur et soixante-
dix pieds dc longueur. On fait dans unejournee
dix-buit 1'osses cubiques , c'est-a-direquiont trois
pieds en tout sens. Si Ton veut plauter les vignes
plus profondement en terre , on n'auraqu'a ereu-
ser des fosses de quatrc pieds en tout sens : on
en fait douze dans une journee. Quant aux fos-
ses de deux pieds en tout sens , on en fait vingt
dans uiie jouru(^e. On remarquera cncore que
dans des tcrrains arides, et dans des terrains en
pcnte, il faut planter la vigne plus profondement
que dans des terres humides et dans des plaines.
Qu'onplante la yigne dans des foss(^'s ou des sil-
lons , !e meilleur scra toujours do f.drc lcs uns el
les autres une aiinee avant. L'espaee le plus
elroit laisse entre les vignes est de einq pieds cn
tout sens; on lcs plante aussi a sept ct meme
a huit pieds d'intervalle les unes des autres; la
distanee de douze pieds, qui rend le labour si
facile, est extremement rare. Cette disposition
sans doute prend plus de terrain ; raais elle est
la meilleure sous le rapport de la fecondite et
dela foree desceps. En mettanten terre le plant,
promencz le hoyau au fond dej foss(!s ou
des siUons, afin d"ameublir davantage la terre.
En attachant la vigne a son appui , faites en
sorte qu'c!le soit tourn(?e vert rorient. Mettez
au fond des fosscs des pierres de cinq livres en-
virou, de sorte cependant qu'el!es ne genent en
aucune fa(3on les ceps, mais qu'elles se trou-
veut entre les racines de deux vignes. Met-
tez-y ensuite une hemina de marc de raisin
blanc pour le raisin noir , et une heraina de marc
de raisin noir pour le blanc ; et remplissez le
foss(i ou le sillon jusqu'a la moiti(J avec de la
terre furaee. Dans les trois annees suivantes
vous comblerez pcu a peu le foss(! ou le sillon :
de cette facon la vigne s'habitue insensiblement
a jeter des racines du dehors au dedans. Les plei--
res , posees au fond , tracent en quelque sorte
aux racines la route ou elles doivent ramper;
dans rhiver elles les mettent a l'abri des eaux ,
dans rete elles y entretienneat la fraicheur, et en
favoriseut bcaucoup la croissauce. Apres avoir
traite de la plantation des vignes , nous allons
donner des preeeptes sur ia maniere de !es cul-
tiver.
V. Laissez k la vigne nouvelle tous ses bour-
geons ; mais des que le pampre aura quatre
Vineanim aiilem fcrc geneia iii usii Iriasmit, jURafa,
liiimi projecta, et (iciiide teitia, qiiae cst a leira subrecta,
niore aibonim in se consisteiis. Id geiius compaialum jii-
gata; quadain pai le ileficitiir, quadani superat : jngala pliis
aeiis recipit, et altiiis fructuin feit, et a;qualius coiicoquit,
sed difficilior est ejus cultus : aiili»c ita conslituta cst,
ut etiam aiari possit ; eoque ubertatem majoiem conse-
quilnr, qiiod sicpius et ininoic impensa excolitur. At qiia;
proliiuis in lcnaui proji'tta est, niultum sed non bouae
nolie vinum tacit, Viiiea oplinie repastinato agio ponilur,
nunniinquam taincn vel ineliiis qnibusdam locis sulcis
committitur : iuteidum etiam scrobibns ileponitur. Sed ut
dixi, repasliiiatur jiigerum in altitiidinem pedum trium
operis octogiuta ; sulciim autein terieniirn pedum duorum
aitum, et longum .septuaginta una opeia eriodit ; scrobes
lernarios, id esl quoqiiovprsus podiiiii triiuii , iiiia oppra
facit xviii. Vel sicui cordi esi la\iiis •. i:. s jmiii,!!' , scrobes
qualernarios , id est qiiocpioviTsu., itiIuiii i|iKileniuin,
uiia opera xii facit; vel bipedanei» quoqiioversus uua
0|>eraxx cffodit. Ciiranduin autein est, nt locis aridis et
clivosis allius vilesdeponantur, quani si biimidis et pla-
iiis. Item si sciobibus aut sulcis vineam posituii erimiis,
optimum eritante unniim scrobes vel sulcos facere. Vinea,
quaiangiislissimeconserilur, quoqiioversiisqiiiiiquepedum
spatio interposito ponitur; laxius vero inter jiedes vii vel
viii ; sed quae rarissime (ut etiam facile arari possit) inter
denos pedes conslituitur. Hac positio vinearura inodiim
sine dubio agri majorem occupat , sed valenlissiina et fru
ctuosissima esl. Cum semina depones, imuui sciobem vel
sulcum bidentibns fodito , molleinque reddito. Vilem
quam ponis, facutad Orientcm spcctet adininiculo reli-
gata. Iii imo scrolie lapides circa poudo quinque ila ponito,
ne viteni premant, sed tamen juxta radices sint. Pra;lcrca
post hccc vinacese beminam uv;c albae in nigra, uvae ni-
gia; in alba pouito, atf|ue ila scrobem vel sulcum cuin
stercorata terra ad mcdium completo. Triennio (ieinde
proximo paulatim scrobem vel sulcuin iisqiie in summuin
coiiipleto : sic vites consuescent radices deorsum ageie.
Spatiuin autem radicibus, qiia rep:(nt, lapides praebent',
et bieme aquam repellunt, a'stale liumorem piKbent, vi-
naceae[que] et radicesagerecogunt. Quoniampraecepimus
quemadmodum vites ponenda; sint, nunc culturain eanmi
ducebimus.
V. Vineam novellam omneis gemmas agere siuilo : si-
mul alqiie pampinus inslar quatuor digitoriim erit, liim
deinuin pamplnato , et diias niatcrias lelinqiiito : alleiain
DKS ARiiiiES.
doigls, alors ebourgconnez-la, cn n"y iaissant
que deux sarments : i'un que vous taillerez de fa-
con a constituer la vigne, et rautre quivousser-
vira de ressource, si le preraicr pcrit par une
cause quelconque : aussi les pnysans appellent-
ils C8 dernier gardien. L'auDee suivante , lore-
que vous taillerez la vigne, vous y liisserez la
brancbe quivous paraitra fa meillcure, et voiis
oterez toutes les autres dans la troisieme annec.
Lorsque la vigne est encore tendre , vous la fa-
^onnerez, en lui donnant la formc que bon vous
semblera. Si vous voulez en fairc des treilles,
vous laisserez uu scul sarmcnt, dont vous ratis-
sercz avec uiic serpette bien aiguisee les deux
bourgeons qui sor.t le plus pres de la terre; vous
y laissercz lcs trois autres bourgcons, et vous
coupercz tout le rcste de la branche. Si vous
voulez que la vignc se snutienne par elle-mSme,
vous laisserez les branches de maniere qu'elles
forment en quclque sorte les bras de Tarbre , ct
vous lui donnerez autant que possible une forme
circulaire ; car tout corps qui prcsente cette forme
cst dans une position moins fatigante, et trouve
cn lui-ni^me son ccntre de gravite, puisqu"i!
cst maintenu dc tous cvMcs dans un equilibre
parfait. Lorsque vous taiilerez la vigne pour la
premiere fois, il suffira de laisser un bourgeon
a chaque sarment, afin qu"elle ne soit pas trop
chargce du poids de scs branchcs : cette taille
1'iite, fouillez vos vignes a la houe, profondcment
ct uuiformcment; oubien,laboiircz-!es a la ciiar-
rue,s'ilyaassczd'intervallccntrelcsceps. Deslcs
idesd'octol)re, commeneez adcchausser lavigne;
tAchez surtout qu'elle soit dechaussce avant le
solstice d'hiver. Ne travaillez pas a vos vignes
peivdant le solstice d'hiver, a raoins que ce ne
soit pour couper les racines raises a jour par le
dcchansscmcnt. Cest , en cffet , le moment favo-
rablepourlcs couper; mais dans cette operation
prencz garde de blesser la souche, et que le fer
ne s'en approchc quejusqu"a un pouco.Toute ra-
cine coupee plus pres cause unc plaie qui nuit
beaucoup a la vignc, outrcque cette plaie, cn se ci-
catrisant, donnerait naissance a de nouvellcs raci-
nes. Le micux sera donc de n"en laisser que la plus
petite partie , et de couper toutes lcs petitcs racincs
qui se montrcnt a !a surface, et que les paysans
a^ipeWpnt crsl/ras, parce qu'ellcs pousscnt pcn-
dant rete. Vons pouvez aussi couper les rcjetons
pendant le solstice d'hiver, dautant que ces rc-
jctons extirpes par les froids ne peuvent pUis
prendre de vigueur. Apres le dechaussement ,
il faudra tous les trois ans, avant les froids dc
Thivcr, repandre sur les racines de la vigne au
moins dcux sextarii dc fumier detrempe, aiiisi
que de la colombine ( fientc de pigeon ). Quant a
cctte derniere espece de furaier, si vous eu raet-
tcz pius d"une hemina, la vigne en souffrira.
Apres le solstice d'hiver, quand vous aurez de-
chausse lavigne, fouillez alentour. Avant rc-
quinoxe du prinlemps, (piitombe auhuit desca-
lendcs d"avril, nivelez lctcrrain, reudu ineual
par ledechausseraont. Apres les ides d'avril , repan-
dez de la terrededeblai autour des vignes. D^ms
Tete suivant, pulveri.scz autant que possibie les
grosses raottes de terre qui s'y trouveront. Un
jugerum deterre, plantede vignes, estdechaussi!
en cinq journccs, fouille egalcmcnt encinq,
et pulvcrisc en trois. Un jugcrum de vignes ro-
busteset dcja toutcs formees est taille en quatrc
journces, et cchala.sse en six. Quant aux vignes
marices aux arbres , il est difficile de determiner
lenombrc des journees qu'exigent les diffcrcn-
i tes operations, a cause de rincgalite mcme des
qinni vifis rmislitiioiKla' caiisa siiliinitlas, alleiam siilisiilio
liilii'as, si Ibile illa ordinaiia inleiierit : lianc nistiii riis-
toilcm vocant. Pioximo deinile anno, (•iiin piitahis viteni,
meliorem iinam viigam lelinqiiito , alteras tollito , terlio
aniio vitem, in quam formam voles, (liim leiieia est, coin-
ponito. Si jnsalam eris faclurns, iinani inaleriam sulimit-
tito, ila ut (luas gemmas, quse sunt pioxima! a terra, falce
acuta radas , ne possint gerniiiiare : deimle tres seqiienles
relinquas, reliqnam partem viig;e ampiiles. Sin aiitem vi-
tcm in se consistere voles, sicnti arbori bracliia snbmilti
palieris, ct dabis operam, ut in orheni quam rptiindissime
formetiir. iNam pra^terqiiam (piod .s[ieciem lialiel sic com-
posita, tum etiam mimis laboral, ciim undique velnl
aeqiiilibrio stabilita in se requiescit. .Salerit antem cum
priiiio bracliia snbmilleiilur, siiignlas gemmas singulis sar-
meiilis reliiiqiii , ne protinns oncre gravetiir. Posl lianc
pntiilidiieiii lcctis sarineiitis, bidentihus alte el aiqnaliler
I vineam lodito : vel , si ita lalc disposila crit , arato. M)
I idiis Oi toliris alilaqneare inr.ipito, aiitc biumam ablaqiiea-
I tam habelo. P(t brumam Titeni nc colilo, nisi si vole.s eas
radices, qii,-c in ablaqnealionc apparehunt, perseqni. Tiiin
deiniim oplinie ampiitabis, sed ita ne ciidirem lirda.s, sed
polius inslar diii.ili nnius a niatrc relinqnas, et ita radicem
reseces. Nam (iiia' propius ahraditnr, pncterqiiain qnod
vulniis viti pr.Tbet, eoqne nocet, Inm ctiam de ipsa cica-
trice pliires railic(\s prorepunt. Itaqiie optimum est cxigiiam
paitem lelinqiii, alque ila smnnias parles, qnas a-stivas
rnstici appellant, lesecarc : q\\» .sic resecl» inolescunt,
nec nllra vitihns ohsnnt. Possiinl ctiam soboles per liru-
inam cedi , eo magis quod fi ignrihus cxtiipatae minns rc-
creantiir. Peracta ablaqucatione aiite brumam lertio qiio-
qiic anno macerati slorcoris , ne niinus scxtarios binos ail
radices vitinm posiiisse conveniet, pr;pterquam coliiinbi-
num ; quod si quo anipliiis qnam lieminam posiieiis, viti
noccbit. Posl brumain deindc ablaqueationem cin iimfo-
dilo. Ante .Tequiiioclium vernnm, quod esl octavo cal.
.•\pril. ablaqiieationcm adBeqnalo. Post idus Aprilis terram
ad vitem aggcralo. /F,slale dcindc (plam potes sa-pissime
occato. .lugcrnm virc;c quinqne operis ahlaqueatur, quin-
qiie foditiir, tribiis occjitnr. Jiigeiiim valcnlis et jam cons-
tiliitse vinc-e qnatuor opcris pnlatiir, .sex alligatur. Ar-
biisto nibil ejiismodi potesl aplc rmiri , qiioniam ina-qiia-
litas arborum non palilur operis jnsla comprehendi. Qiii-
hiisdam placet vitem proximo anno translatam non pulaie.
COLUMELLE.
ai'bres. II y a des personnes qiii ne taillent pas
la vigne Tannee qui suit sa transplantation; ce
n'est qne l'annee d'apres qu'ils reinondent, et
qu'ils faconnent ruii de ses sarments en le tail-
lant jusqu'au troisieme bourgeon ; la troisierae
annee , lorsque la vigne s'est bien fortifiee, ils
coupent encore un bourgeon ; la quatrieme an-
nee, ils en coupeut deux. Ce n'est que la cin-
quiemeannecquilsattachent lavigne aux echa-
las. Ce procede de culture, quenous avous essaye ,
nous a paru exceileut.
VL Ne coupez pas une ancienne vigne dont
les racines se trouvent a la supcrlicie du sol ; car
la \igne nouvelle qui renaitrait a sa place n'au
rait point de vigueur, les racines flottant en
quelque sorte a la surface de la teire. Aussi le
fruit qu"e!lc donnera ne sera point ahondant,
et elle - meme vieillira de bonoe heure. Le
meilleur moyen de renouveler une vigne de
cette espece est de la coucher entierement
par terre dans des sillons faits expres , a moins
que le tronc ne soit tellement desseche qu'il ne
puisse plus etre courbe. Si la seclieresse du
tronc rend impratieable ce procede de culture ,
alors dechaussez la vigne la premiere annee,
sans cependant arracher ou blesscr ses racines;
puis taillez-la, et ne lui laissez quc peu de sar-
ment d'une reussite ccrtaine; fouillezla sou-
rent, ebourgeonnez-la plusfrequemmentencore,
et ayez soin surtout quclle ue nourrisse pas de
hranches inutile^. Cultiveeainsi, elle donnera des
sarnients longset fermes, qu'on provignera Tan-
nee suivante au moyen de fosses faites entre les
rangeesde ceps. Lestrois annees suivantes, pen-
dant lesquelles la vigne se fortiliera , il faudra la
fouiller souvent , et epuiser autant que possible la
mere souehe, sans vous soucier d'uu plant qne
vous voulez faire disparaitre. L'annee d'apres,
vous arracherez la souche avec la racine, et vous
disposerez la vigne nouvelle. Si une vigne an--
cieune, d'unebonne espece d'ailleurs, a des ra-
cines tellement profondes qu'elles n'apparais-
sent pas m^me apres avoir ete dechaussees, vous
pouvez la dechausser vers lcs calendesde raars,
avant de la tailler. Lorsque vous laurez dechaus-
see a uue profondeur suffisante, voici comment
vous la taillerez. On laissera letroncii la hau-
teur de quatre dnigts a partir des racines; on
le sciera aupres d'un noeud , et on nettoiera la
plaie avec un instruraent bien aiguise. Repandez-
y ensuite de la terre menue et passahlement fu-
mee , en sorte qu'apres avoir rechausse la vigue,
la plaie se trouve couverte au moins de trois
doigts de terre. De cette maniere le plant ne ris-
quera pas d'etre desseche par le soleil , et riiu-
midite de la ferre lui fera jeter du bois. Quant h
la vigne qui est d'nne mauvaise espece et peu
fertile, et dontlespartiessuperieures sont moisies
et rongees , il faudra la greffer, si toutefois elle a
des racines profondes. Apies Tavoir dcchaussee,
et mis a jonr les parties interieures, on la coupera
tout pres de !a terre , de sorte qu'en la recou-
vrant ensuite de terre de ramas, on n"en laisse
rien paraitre au-dessus du sol.
VII. II y a en general trois raanieres de provi-
gner la vigne : la premiere consiste a coucher
dans un sillon une branehesortie de la souche;
la seconde, a coucher en terre la souche clle-raeme,
et a distrihuer ses branches sur plusieurs echa-
las. La troisicme maniere consiste a fendre la
vigne en deux ou trois parties, d'apres le nombre
des rangees oii l'on veut la conduire : ce dernier
sequenti deinde anno purgare, el iinam virgam, qiiam .siib-
mitlamus , aii terliam gemniam resecaie : teitio tleinde si
vitis recte convalueiil, una plus gemma submiUcie : quaito
duas gemmas pinximsc putalloiii adjiceie, atque ita quinlo
demuni anno vitcm jugare. Hmic eundem ordinem culluiae
nos quoque experli comprobavimus.
VI. Veteiem vineam, si in summo radices babebit,
resecare nolilo : alioquin ctiani novclla viiiea, quae cx re-
sectione enata fuerit, vim inulilem babebit, summa parte
terrse natanlibus radicibiis. Quamobrem neque friictiim
uberem percipies, et nibilominus celeriter consenescet.
Ejiisinodi itaque vinea , si non perariuos babet truncos , et
flecli potest, factis sulcls opliine slernitur, atqiie ita re-
novellatiir. Sin autcm usqiie eo exaruit, nt curvari non
possit, primo anno summatim,ila ne radices eruas aut
laedas , ablaqiieato, et stercus ad radices addito , alque ila
putato, ul paucas et cerlas malerias relinquas, el fodias
diligenter, et saepius pampines, ne omnino supervacua sar-
menta niitriat. Sic exculta longas et lirmas malerias crea-
bit, quas sequenti anno scrobibus inter ordincs faclis pro-
pagabis : ac deinde per triennium post , duin convalescet,
s»pius fodies, malreinque ipsam onerabis, niliil in pos-
terum prospiciens ei quam sublalurus es. In posliemiim
anniim malrein radicitus tolles, atqiie ila novellam vineani
oidinabis. Sin aulem vetiis vinea, diimtaxat generis boiii
radices alte positas babebit, ita ut ablaqiieal.-e non con-
spicianlur, eam vineamcirca calend. Martias autequain re-
seccs ablaciuealo , et protinus cum alte ablaqueaveris , sic
resecato. Qiiatuor digitos ab radicibiis Irunciim relinquito,
et si fieri poterit , juxta aliquem noduni serrula desecalo,
et plagam aculissimo ferro delevalo. Deinde minutam ler-
ram niediocriler stercoralam ita superponito , ut adobriilo
trunco ne minus Ires digili terrae super plaga sint. Hoc id-
circo , ne sole inarescat , et ut melius raaterias citet peice-
plo Iiumore , quem teria pra,-bet. At quiB mali generis et
intructuosa vinea est , siimmasque partes et muciilas ct
exesas babel, si radices ejus satis alle positcE sunt, opliine
inseretur ita iil ablaqueata et nudata pars ima seciinduin
terram sic ampiitetur, iie cum aggerata fuerit, supra ter-
ram exstet.
VII. Propag.ationum genera Iria sunt in usu maxime:
unum quovirga edita anialiesuleocomniiltitiir :alleruin,
quo ipsa mater proslernilur, alque in plureis palos por
suas virgas dividitur : tertium , quo vitis finditur in diias
vel Ires parles, si diversis ordinibus diducenda csl. Hoc
genus tardissime convalescit , quia vitis divi<a mcdiilliiii
DES ARIiRES.
procede est le iiioins propre k fortifier la vigne,
parcequ'etant fendue elle perd sa moclle. Mais
puisque nous avous propose diifereiitesmanieres
de provigner, nous allous inontrer corament on
doit pratiquer chacune d'elies cn particiilier.
Lorsque vous voulez couchcr en terre une bran-
che sortie de souche, faites un fosse de quatre
pieds en tout sens, afln que le provin ne puisse
etre incommode par les racines d'uiie autre vi-
gne. Conduisez-le vers le milieu de la fosse, en y
laissant quatre bourgeons qui lui fassent pousscr
des racines. Ratissez le reste de la brauche qui
est adherente a la mere, alin qu'elle ne jette
point de sarments inutilcs; ne laissez a Fautrc
bout de la bianche qui doit sortir de terre que
lieux' ou tout au plus trois bourgeons. Ratissez
tuiis les autres bourgeons qui sont caehes en terre,
a Texception des quatre d'en bas, pour que la
vigne ne pousse pas de racines cn liaut. Cultive
aiusi, le proviu se fortifie proraptement; et a
la troisierae annee il peut utie separe de la sou-
che-mere. Si vous voulez coucher en terre la
souche meine, fouillez avec soin autour de la
racine, saus blesser la vigne , et provignez-la cn-
suite de telle sorte que vous n'eu cassiez point
les racines. Lorsque vous Taurez etendue a terre,
et que vous aurez raarque jusqu'ou elle doit
atteindre, vous creuserez un sillon, et vous y
couchcrez la vigne tout entiere. De ce sillon,
vous conduirez des fosses, comme autant de
bras, dans lesquels vous provignerez les bran-
chesde la vigne suivant leur position ; puis vous
les couvrirez de terre. Si vous voulez former
piusicuis rangs avec uue vigne qui n'a que peu
de bois, de telle sorte qu"il faille la fendre pour
la fairc parvenir aux divers echalas, vous em-
ploiercz pour cette operation une serpette bicii
aiguisee, qui divisera le raineau ii l'endroit ou II
piescnte une fourche ; pnis avec le meme fcr vous
uuircz la plaie, s'il s'y preseute quelque inega-
lile. Divisee ainsi, elle pourra former plusieurs
rang^es. Nous avons aussi trouve une maniere
de provigner la vigiie qui u'est pas saus avau-
tage. Lorsqu'il n'y a pas de souche pour former
une rangee, et que la branche a provigner n'est
pas assez lougue pour qiron puisse la couduire
au fond du fosse, la recourber et la dresser en-
suite, ue vous effrayez pas du peu de lougueur :
prenez une branche quelconque, dont le bout attei-
gnc au fond du fosse ; courbez-Ia, etla coiivrcz de
terre. Laissez les bourgeons qui se trouvent le
pius pres de la souche mere, pour qu'ils jettent
du bois de la parfie superieure. Ce n'est qu'au
hout de trois aiis que. vous la separerez de la
souehe mere; vous conduirez ensuite a son
echalas cette partie separee, et vous en formerez
la tete de la vigue. Ne comblez le fosse oii se
trouve le proviii que successivemcnt, et pas avant
trois ans. Coupez les racines qui sorteut de la
terre; fouillez souvent.
^III. Lorsque vous voulez greffer la vigne,
eoupez de la souche raere, par un vent du midi,
des braiiches a fruit, quand elies eommenceront
ci pousser des bourgeons. Q, e le sarraeiit qui
doit servir de greffe soit coupe dans les parties
superieures de la vigne , qu'il soit rond, et qu'il
ait plusieurs bousnocuds. Laissez-y lestroisnoeuds
les plus intacts. Coupez-leensuite en biseau au-
dessous du troisieme bourgeon, avec un fer tr6s-
affile et tres-miuce , en ayant soin de ne pas bles-
ser la moelle. Coupez ensuite la vigne que vous
voulez greffer, unissez-en la plaie, et feiidez-la;
aiiiillit. Et qiioiiiam genera proposuiinus, unumquodque
qualiter facicndiini sit, demonstrabiinus. Viigam cum a
nialic in terram depiiinere voles, sciobem quoquoversus
quatuor pedum facito ita, ut piopago non l»datur alte-
lius ladicibus. Deinde qualuor gemnias, qusein imum scro-
bem perveiiiant, relinquito, ut ex iis radices citentur.
Reliquam parteni , qiia; continens niatri est, adradito ,
ne supervaciia sarmenta proereet. Diversa; auleni , qua;
Supra teiram cNstare debet , ne passiis fiieris plus quain
diias aut ul maxlnie tres geinmas baberc. Itcliquas , qiuis
in terrain abscoiKUinlur, e\ci'ptis ipialiior iini.s , fac ailia-
d.is, ne in suuiino radices vitis citet. lloc inodo propagata
celoiiter convalescet -. et tcrtio aiino a nialie separabitur
Siu autem ipsam vitein sternere voles, ju\la radiccra ila,
ne ipsam lailas , curiose fodito , et vitem ila siipplantato ,
ne radicciii abrumpas. Cuni eain slravcris, et viderisipious-
quc possit pcitingcre , siilcum laciesunum . in qiiem vitem
intc^rain demittas : deindc ex co sulco qiiasi rainos fossa-
riiiu facics, per quos, uti quaiquc virga postulaverlt, pro-
pagetur, alipie ita leiraadoperies. Sin antcm vilisexiguani
inateriam babebit, el iii diversos o.^-dincs diduccnda eril,
ue<|ue alitcr potiicrit palos, ad qiios periliicitur, perlingcrc,
i|iiani ut diflliiat : ciirabis ut quani acutissiina lalcc ab ea
parte , qua bifiirca est , lindas eam , et eodeni ferro acuto
plagam emendes , sicubi iiia,'qualiter findi videbitur. Sic
diducta poterit in plures oidines dividi. Non iniitilis est
etiam illa propagatio , quam nus rcperiinus , sl quando in
ordineni vitis deest, neque est tam procera virga quBe
cOm in imum scrobem demissa fuerit , retorqiieri el erigi
suprateriam possit : brevitatem ne reformidaveiis, sed
qualemciinqiic virgam , ciijiis cacumen in iniiim scrobem
pervenit, deprimito et obruito : deinde gemnias , qua; se-
ciindum ipsam matrem siint , submillito , ut materias a
superiorc parte citent. Ttiin ilemiim post trieniiium a ma-
treamputato, etadsuumpalum eaiii parlem.quamaiiiatre
pra'cideris, reducito, et c.q)iit vitis facito. Propaginis
sriolicin iie niinus triennio paulatim completo : summas
railiccs pra'ci(lllo : crebro fuditu.
VIII. Ciiiii vitem iiiseiere voles, optimi generis sar-
nieiita fnictiiai ia tuni, cum genimas agere incipient, vento
Auslro a iii.iln' piaiidito. Sarmcntum, quod in.seris, da
suinina vilc >il Hiliiiiiliiin, lionis crebrisque nodis. Tres
deindc nodns inlrp 1 1 iinos relinquito : iufra terliain gem-
mam ex ntraipie parte diioriim digilorum siwtium iii mo-
duin cunei teniiissimo scalpellu acuito, ita ne inediillam
kcdas. Vilein dcinde, qiiam insitiirus es, rcsecato , et pla-
502
COLUMELLE.
introduisez dacs la feute la petite braiiche apres
lavoir raclee prealabieracut, de mauiere que l"e-
corce de la greffe s'adapte parfaitement a celle de
la soiiclie. Liez eusuite les greffes ainsi inserces
avec du jonc et avec de Tecorce d"oraie; bou-
ehez la fente avec uu enduit mele de paille et for-
leinent attache, aliu que ni le vent ni la pluie
n"y puisse penetrer. Vouscouvrirezensuite ren-
duit avec de la mousse, que vous lierez egale-
raeut. Ce moyen enlretieiit la greffe dans une
humidite continuelle, et rempeche de se desse-
cher. Piquez de part eu part la brauche au-
dessous de la greffe et pres de la ligatuie , avec
un instrumenttres-afflle, afiu que la seve coule
plutot de cette piqure que de riucision pre-
niiere; car la seve s'ecoulant do riucision nuit
a !a vii^ne , et empeche les branches greffees de
prendre. Quelques ancieus out mieux aime per-
forer la vigue avec une vrille , et y iatroduire en-
suite les petites branches ratissees auparavant.
iNous avons employe un meilleur prociide pour
atteindreau merae but; car rancienne vrille pro-
duit de la sciure, et brule la partie qu'elle perce ,
brulure qui empeche la plupart du temps les gref-
fes de |)reDdre. Nous nous servons, quant ii nous,
de la vrille que nous appelons gauloise. Elie perce
le tronc sans le bruler, paree qu'elle ne produit
pas de sciure , mais des copeaux. Apresavoir de-
barrasse le trou de ces copeaux , nous y iiitrodui-
sons les branches ratissees de tous cotes , et nous
enduisons bien le tout (eu terraes d'agriculture,
nous y mettons un lut). Cette greffe prend tres-
facilement. Ayez iiui de greffer vos vignes vers
requinoxe. Prenez les boutures de raisiu blanc
daus des terrains humides, et les boutures de rai-
sin noir dans des terrains secs. Voici !a maniere
de rendre feitiles des vignes naturcllemeut peu
productives. Arrosez les vignes qui donuent peu
de raisins avec du viuaigre bieii siir, mele da
cendres; et enduisez !a souclie avee le mCme
melange. II y a des vignes dontlesraisinsscdes-
seehent avant de s'amollir et de parvenir a ma-
turite : voiei le nioyen de remedler a cetinconvc-
nient. Lorsque les grains serout parvenus a la
grosseur de l'ers, coupez le troiic pres de la ra-
cine, euduisez la plaie aveeuue composition de
tcrre, melee a doses egales de vieille urine et de
fort vinaigre ; arrosez les racines avec la meme
preparation,et retouruez souvent le sol. Ce tra-
vail fera pousser un bois qui portera des fruits,
LX. 1! y a une sorte de greffe par laquelle nous
obtenons sur la menie visine des raisins d^espece
de couleur et de goiit differents. Voiei comment
on la pratique : prenez quatre ou ciuq ou meme
plusieurs branehes de differentes especes; adap-
tez-!es bien ensemble, et attachez-les avec uue
licelle. Mettez-les ensuite daus un tuyau de terre
cuite ou dans une corne qui les tienne bien ser-
rees, de faeon toutefois qu'elles ressortent par
les deux bouts. Aprcs quoi d?taehez un peu les
bouts qui dcpassent, mettez-Ies dans un fosse,
couvrez-les de terre bien fumee, et arrosez-les
jusqu'a ce qu'elles donnent des bourgeons. Lors-
que !es branches, au bout de deux ou trois ans ,
se seront jointes au point de ne presenter qu'un
tout, brisez !e tuyau, et sciez ces branches reu-
nies en une seule par le milieu , a rendroit ou la
cohesion cst la plus forle. Unissez la plaie qui re-
sultera de cette section , et mettez-y de la ferre
de ramas bien pulvc^rtsee, de sorfe que cette
plaie se trouve couverte d'une couche de trois
doigts d'epaisseur. Lorsque le trouc auia pous.se
gam levato, atqiie ila fmdilo , el paratos suiculosin lissu-
lam demittilo, ealenus qna adrasi sunt, ita iit cortex sui-
culi corlicem vitis .oequaliter conlingat. Quidquid inse-
lueris, vimine vel ulmi libro diligenter ligato , atque iuto
siibacto paleato obliuilo plagam , et alligato , ne aqua ven-
tiisve penetrare possil : deinde supra lutiim muscum im-
ponito, et ita religito : ea res proebet luimorem , nec ina-
rescere sinit. Infra insilionem et alligaturam falce aciita
leviter vitem vulneralo ex utraqiie pai te , ut ex bis potiiis
plagis humor delluat, quam ex insilione ipsa abundet;
nocet enim niraius luinior, nec patitur surculos insertos
comprehendere. Qiiiliujtdam antiquoriim terebiari vitein
placet, alque ila leviter adra.sns surciilos demitti : sed
iios ineliore ratione lioc idem recimiis. Nam anliqua tere-
bra scobemfacit, el propter lioc uiit eam partem quani
peiforat : peiiista aiUem periaio unqiiam comprelieiidit
in.sertos suiculos. Nos ruisiis teiebram , quam gallicam
dicimus , buic insilloni aplavimus : ea excavat , nec urit ,
quod non scobem, sed rameiita lacit. Itaiiue cavatiim fo-
ramen cum puigavimus, uiidique adiasos surculos inseri-
inus , atque ita ciicunilinimus. Talis insitio facillime con-
valescit. Igitiir secundum ipquinoctium perlectam vitiura
iiisitiouem liabclo : Immida loca de iiva alba : sicca de
nigra inserito. Infructuosas vites foecundas sic facito : vites
quae exigiiiim dant fructiim, aceto acri cuui cinere inigalo,
ipsumque codicem eodein cineie linito. At si fructum quao
ostendunt, ad matiiritatem non perducunt, sed priiisquam
mile.scant, uv,ts inarescunt, hoc modo einendabuntur.
Cum instar adervi amplitndinem acini liabuerint, radice
lenus vitem prajcidito , plagam acri aceto paiiter ac lotio
veteri permista terra linito, eodemqiie radices rigato,
sa;pe fodito. H£ec malcrias citant, e.Teque fructuin per-
ferunt.
IX. Est eliam genus iusitionis, qiiod UTas tales creat,
in quibus varii geneiis ac saporis colorisque reperiunlur
aciiii. Hoc autem ralione tali eflicilur : Quatuor vel quin-
que sive etiam plures volcs virgas diversi generis sumilo,
ea.sqiie diligenter et cequaliter conipositas colligalo, deinde
in tulmlum ficlilem vel coinu arcte inserilo, ita ut ali-
quantum exslent ab ulraque parte, easquepailes, quiB
exslabunt, resolvito, in scrobem deinde imponito, el lerra
stercorata obruito , ac rigato , donec gemmas agaiit. Ciim
inler se virgae coboeseriiit, post biennium aut triennium
facta jam unitate , dissolves tubulum , et circa medium fere
crus, ubi maxime videbuntur coisse, vitem serra praeci-
dito, cf plagam levato, ferramque minufam aggerato, ifa
DES ARBRES.
des rejctous, choisissez tesdiiux nieilleiirs , tnil-
lez-ies, et eoupez les autres. De cette m.iniere
vous obtiendrez des raisiiis tels que j'ai dit. Si
vous voulez avoir des raisinss.ins grains, fendez
une crocette sans lilesser les bourgeons , otez-cn
iu raoelle; rapprochez ensuite ies deux parties,
et attachez-les avec unc flcelle, sans cependant
toucher au.x bourgeons; vous mettrez ensuite
cette crocette dans nne tcrrc bien fumee, que vous
arroserez souvent. Lorsqu'elle commeneera a
pousser dcs rejetons, foiiillez protbndement et
souvent. Qunud cettc vifine sera parvenue a sa
croissance, elle donnera des raisins sans grains.
X. Les vendanges faites, commcncez lataille;
ne vous servez a cet eflVt ([ue de tres-bons ins-
truments, et nussitranchantsque faire se pourra.
Les plaies n'eo seroat que plus legeres, et l'eau
u'y sera point stasnante. Lorsque l'eau ne s'e-
coule pas promptement, elle gSte la vigne, et
engendre des vers ct d'jutres animaux qui ron-
gent iebois. Taillez toujours le bois en rond : de
cette raaniere les plaies se cieatriseroiit pliis
vite. Coupez tous les sarraents trop plats ou trop
vieux, aiPiSi que eeux qui sont contourncs ou
rabougris. Taillez les sarraents nouvenux, les
branches ci fruit, et quelquefois meme les re-
jetons les plus beaux ; si la tete de la vigne
n'est pas bonne , conservez-en les bras. Faites
la taille le plus vite possible. Prenez une do-
loire bien tranchante pour les brnnches desse-
chees et vieilles , qiii ne peuvent pas etre eoupees
avec la serpctte. Dans un terrain mnigre et scc,
commencez a tailkr dis le solstice d'hiver,
lorsque la vignc est encore faible. Repetez cette
operation vers ies calendes de fevrier, pour la
pnrtie qui n'aura point ttc encore emondee. De-
puis les ides de dccembre jusqu'aux idesde jnn-
vier, n'approchcz point le fer de la vigne ni d'un
arbre quelconque. En taillant la vigne, fait(^s
toujours la teeiion cntre deux bourgeons. Si vous
coupez trop prcs d'un bourgeon, la vigne souf-
frira, et ne jetlerapoint de bois. La section doit
toujoursetre obliijue; de cette maniere la plaic
nesouffrira ni des eaux de la pluie ni dii soleil ,
ctelle trouvera rhumidite qu'il lui faut. Plus le
terrain sera gras ct ia vigne robuste, plus vous
y laisserez de bourgeons et de branclics. A Ten-
droit oii voiis vouiez i'ormer ce que nous avons
appcle les bias de la vigne, vous n'avcz qu'a
donnerun ou deux coups de la pointe d'une ser-
pette bien effilee, a la profondeur d'un doigt. .Nc
coupez jamais tout entier un bras de la vignc, a
n)oinsqu'il ne soit desseehe. Une vii:ne nouvelle
doit etre dechaussee avant le solstiee dhivcr,
afin qu'cllc puisse recevoir les pluies du prin-
temps et le limou de la terre. Les vignes et les
arbres en general seront d'autant plus robustes
que vous les aurez dechausses de bonne heure.
Lorsque les vignes sont situees sur des hauteurs ,
il faudra cn les dechaussant forraer dans la par-
tie supcrieure de petits lacs toiit pres de la sou-
che , et dans la partie inferieure des tranchees
plus profondes, ([ui puissent contenir plus d'eau
etde liraon. Quant nux vieilles vignes , il ne faut
ni les d(;chnusser, de crainte de faire desseeher
les racines qui sortent de terre, ni les labourer ti
In chnrrue, de craintede briserces racines. Pas-
.sez-les souvent a la houe, a une profondeur suf-
(isante et t'gale, ct r(;'paudez-y avant le solstice
dhiverdu fumier ou de la paille. Si vous n'ave7,
que legereraent dechausse la vigue, vo;is pouve/,
la furaer tout a fait.
XL Quand vous aurez bien taille la vigne, il
importe de rebourgeonner avcc soin; car les
iit tiibus (Hgitis altp plagain operiat : ex eo cudice ciiiii
tjieiit coles, duos optimos submittito, lelitiuos dejiclto :
sic uvBB nascentur, qiiales pioposiiinni.s. L't aiitem iiv.c siiie
viuaceis nascautnr, malleolum scindito ita , ne gemniai
la-dantur, medullaiiKpie oninem eradilo, tum demum in
se composifum colli^alo, sic ne gemmas allidas, atrpie ita
teiia slercorata deponito , et ligato. Cum coles ageic coipe-
rit , .sajpeet alte rcrodilo. ..Vdnlla vitis tales iivas siiic vina-
ceis cieabit.
X. Viiidemia facta , stalim piitare iiicipito feiTaincnlis
quam optimis ol aciilissiinis : ita plaga^ leves lient, neque
iii vite aqiia (■(in.^islcre poteril : qiue simulatqiie iinnio-
rata est, cciinimpil viteni, vcrmesq;ioetalia cieat aniina-
lia.qiiie mateiiam exedunt.Plagasaulein lotmidasfacito:
nam celerius cicatriccm diicunt. .Sarmenla l:ita, vetera,
niale nata , contoi ta , omnia Iktcc pra^cidito : novella et
fiHCtuaiia , el inlci.lnin s(ili(]|cin idenieani, si jam supeili-
ciesparumvalcl)il,siil)inillil(]|)nicliiaqiieconseivalo.(juam
celerrimepoterispntali()uempcrficito..\iidaetvcteia, falce
quic amputari non possunt, acnta dolaliia abradito. In agro
•nacro ct sicco vineain jmhecillam a biuina aiiipiilalo : quam
pail(>in non (lcpntaveris, circa caleiid. Febr. icpctito : aii
idibiis R(>(emb. ad idns Jaiiiiaii.isfeiio langi viteniclarbi)-
lein ijonconvenil. Cnni iitcni piitabis, interduas gcminas
secato : iiam sijii\ta ipsani geinniam secijeiis , laboiabil,
iicc materiani cilabit. Cicatrix autein senipcr deorsuin
speclet , ita neque aqua neque sole laborabit , liuiiiorem(|ue
rectecapiet. Iii agio crasso valida^iue vinea pliires geminss
ct palinas relinquilo, in exili |>auciores. Sicubi in vile
br.acliiuin desideiabis , falce acnfa seniel aiit bis «o loco
alteinslardigiti inncroiie leiito. liracliiumqiiamvislongum
cave tolum tollas, nisi si toliim aiuciit. Vineam novpliani
ante bruniani ablaipiealam babeto, nt omncs imbies li-
niuniqne concipiat. Vites .irboiesque quo ciliiis abla^piea-
vcris, eiiint valentiuics. .Sed qiireciiiiqiie in clivis (Muiit
po^ilc, il.i :d(l;i!pieaud;csnnt , iita siipeiioic pailc scciin.
diiin > 'i<ih I III l.iciisculi liaut , al) inrcriore antom pi>lviiinli
iillinics cM ilcnliir, qiio pliis aqiia: limiqiie eoulinoanl.
Viiiea vetus neque ablaqncanda est , iie radiios, qnas in
suniino babet, iuaiesciint, iicipie aianda, ne i .idiccs abruin.
pantur. liidentibus s.xpe el alle fodito a^qualiter, ct stei-
core vel palea conspergito soliim aiitc brumani , vel cuni
ciicum ipsam vilcin suminatim ablaqiieaveris, steicorato.
XI. Vineani qnam bene piilarc, tam diligenlor pampi-
504
COLUMELLE.
branches a fruit se fortifleront davantage , outre
qu'on prepare et facilite ainsi la taille de Tannee
suivante. Engeneral, rebourgeonnementne laisse
point de cicatrices a la vigne ; car lorsqu'on ne
coupe dans un cep que du vert et du tendre,i! se
guerit promptement. Outre cela , les raisins mii-
rissent raieux. L"ebourgeonnement doit etre ter-
mine dix jours avant que la vigne commence a
etre en tleur. Enlevez tous les pampres superflus.
Tous ceux qui serojjt sortis de la tete ou des
bras de la vigne doivent etre retranches, bien
cntendu s'ils ne portent pas de raisin. Cassez les
boutsdes branches, pour empecher Texces de la
Tcgetation. Couvrez de leurs pampres les raisins
tournes vers le midi ou le couchant, afm qu'ils ne
soient pas brules par Tardeur du soleil.
XIL Des que le raisin coramence a tourner,
fouillez pour la troisierae fois. Quand il com-
mence a murir, fouillez avant les grandes cha-
leurs du midi; quand il aura cesse de miirir,
fouillez apres midi, et faites beaucoup de pous-
siere : par la vous mettez le raisin a Tabri du
soleil et du brouillard. INe labourez ni ne fouillez
une terre bourbeuse , parce qu'el!e s'endurcit
et se gerce facileraent. II vaut mieux retour-
ner la terre avec des hoyaux qu'a la charrue.
Le hoyau remue partout la terre egalement ; la
charrue au contraire soulcve de grosses mottes
de terre, outi'e que les bosufs qui la tirent bri-
sent souvent des branches , et quelquefois mi^^mc
des ceps tout entiers. Le nombre des fouilles
n'est point deterrnine; car plus vous fouillerez
une vigne, plus vous la rendrez feconde.
XUI. Faites en sorte que vers le commence-
mcnt du printemps des tas de paille se trouvent
places entre les rangees de ceps. Si vous crai-
gnez quelefroid n'arriveplus tfitque decoutume,
mettez le feu aux tas de paille; la fumee qui en
resultera ecartera des vigues le brouillard et la
rouille.
XIV. Broyez du lupin , que vous melerez avee
du raarc d'olives ; repandez de ce melange sur
le pied de la vigne ; ou bien faites cuire du bitume
avec de Thuile, et frotlez-en egaleraent le pied de
la vigne : c'est le moyen de la preserver des
fourmis.
XV. Les vignes qui se trouvent pres des bSti-
ments ont souvent a souffrir des rats et des sou-
ris : pour prevenir cet inconvenieut, nous atten-
drons la pleine lune, lorsqu'eIle sera dans le si-
gne du Lion ou du Seorpion, ou du Sagittaire, ou
bien eneore du Taureau; nous taillerons alors la
vigne pendant la nnit, a la clarte de la lune. II y
a une espece d'insectes appelecs liscttesj ces ani-
maux rongent en general les jeunes pampres et
les grappes : pour empecher leurs ravages, frot-
tez avec du sang d'ours, immediatement apres
la taille, les serpettes dont vous vous etes servl.
Si vous possedez la peau d'un castor, essuyez-y
les serpettes pendaut la taille meme, apres les
avoir aiguisees. Ce n'est qu'alors que vous com-
mencerez a tailler les vignes. Comme nous avons
suffisarament traite des vignes, nous allons passer
aux plants d'arbres que Ton marie aux vignes.
XVI. L'arbre qui nourrit le phis la vigne
est le peuplier; vient ensuite Torme, et enfin
le frene. L'aubier est repousse par la plupart des
agriculteurs , parce que son feuillage ne vaut rien
a la vigne. L'espece d'orme que les paysans ap-
pellent altlnia est la meilleure et la plus riche;
el|e donne en outre bcaucoup de feuillage. Aussi
faut-il la planter de prefercnce dans des terrains
iiaie utile est : iiam ct materi.Te quai friictum liabent ,
meliiis convalescunt , et pntatio sequenlis anni expeditior,
tuni etiam vitisminus cicatiicosa fil : quoniam qnoil viriile
et tencrum deceipitur, protiniis convalescit. Suirt li.iec
qiioque melius uvse maturescunt. Anle dies decem quaai
vinea tlorereincipit, pampinatam liabeto. Qiiidquid super-
vacui enatum fuerit , lollilo. Quod in cacumine aut in bra-
cliiis natum eril, (lecerpito, duntaxat qiiaj uvam non
liabebiint. Cacumina virsarum, ne lnxiirientur, demuti-
lato. Uvas, qu.t meridiem aut occidenlem spectabunt , ne
perurantur, sno sibi painpjno tesito.
XII. Simulatque uva variari creperit, fodito lertiam fos-
suram : et ciini jam maturesc«t, ante meridiem , prius-
quam calere incipiet; cuin desierit, post meridiem fodito,
pulveremque excitalo : ea res et a sole et a nebula maxime
uvam defendit. Lululcntam lerram neque arare neque fo-
deie oportet, qnia valde durescit et liiHlitur. r>idenlibus
lerram vertere utilius est , quam aralro. Bidens ■'cqualiler
totam terram veitit : aratruni pra^ferqiiam quod scamna
fiicit, lum eliam boves, quiarant, aliquantum virgarum
ct interdum totas vites frangunl. Finis autem fodiendi vi-
neani nullusest : iiam quantosa.'piusfodcris,tanto uberio-
rein fiuctnm reperies.
XIII. Paleariim acervos inler ordines verno tempore
positos liabeto in vinea. Cum frigus contra femporis con-
sueludineni iiilellexeris, omneis acervos incendilo, ita
fumus nebiilam et rubiginem removebit.
XIV. Lupinuni terilo, et cuin fracibus misceto , eoqiie
imam vineam circumlinilo : vel bituinen ciim oleo coqiiito,
eo quoque imas vites tangito, formica! non exedent.
XV. Viles, quae secundum aedificia sunt, a soricibus
aut muribus infestantur. Id iie liat plenam lunam obser-
vabimus,cum eril in signoLeouis vel Srorpionis vel Sagit-
tarii vel Taiiri, et noctii ad lunam putabimus. Genus est
animalis, volucra appellalur; id fere prserodit teneros
adhiic painpinos et uvas : quod ne fiat, falces, quibus vi-
neani putaveris , peracta piitatione , sanguine ursino llnito :
vel si pellem fibri habueris, in jpsa putatione, quoties
falcem acueris, ea pelle aciem detergito , atqiie ita putare
incipito. Quoniam de vineis abunde di^imus, de arbustis
pra!cipiamus.
XVI. Vitem maxime populusalit, deindeulmus, deinde
fiaxinus. Opulus, quoniam fiondein non idoneam babet ,
a plerisque iniprobatur. Ulmus autem quam Aliniam vo-
cant lustici , generosissima est et laetissima, multamque
frondem liahet : eaque maxime sorciida esl locis pinguibus
DES ARBRES.
gras, ou meme m^diocres. S'il s'agitde garnir
d'arbres des lieux apres et ariJes, le peuplier et
rorme y conviennent micux que les frenes. On
prendra des frencs sauvaiies qui ont les feuilles
un peu plus larges que les autres especes dc fre-
nes; ce feuillageest pour le moins aussi bon que
celui des ormes : les chevrcs ct les brebis le pre-
ferent ix tout autre. Celui qui vcut fornier une
plantation pour la vigne, doit faire des fosses de
quatre picds en tout sens, une annee avant de
plantcr. Vers les calendes de mars, meltcz dans
la meme fosse rormc et le peuplicr, ou bien le
frene , en sorte que si Torme vient a manquer,
Taubier ou le frene puissent le remplacer. Si
tous les deux reussissent, otez Tun pour le trans-
planter dans un autrc endroit. Les arbres a vigne
doivent etre plantes a quarante pieds les uns des
autrcs : cette disposition les fortifle, et la vigne
qu'ou y attache donne de meillcurs fruits. Lcs
grains semes dans les intcrvalles y seront moins
incommodes par Tombrage. Plus vous remuerez
la tcrre autour de Tarbre, plus vite il s'accroitra.
K<^n approchez point le fer pendant les trois
premieres annecs : ee temps ccoule, faconnez-le
pour recevoir la vigne; c'est-a-dire, coupez-en
les branchcs superflues, et echelonnez les autres
en en laissant une sur deux , et les coupant al-
ternativement d'annee en annee. La sixieme an-
uee,lorsque Tarbre aura assez de force, vous le
marierez a la vigne de la facoa qui suit : Vous
tiendrcz la vigne cloignee du tronc de Tarbre a
la distance d'un picd , et vous ferez un fosse de
quatre picds de long sur trois de profondeur, et
deux et demi de largeur. Apres avoir laisse pcn-
daut deux mois ce fosse expose aux injures du
temps , vous y coucherez la vigneque vousaurez
tiree de la pepiniere, et qui ne devra pas avoit
moins de dix pieds. Etaycz-la bien, et attnchez-la
a Tarbre. Ne lataillez point Tannec suivante; a
latroisieme annee reduisez-Ia aun scul sarment,
et ne lui laissez que peu de bourgeons, afin
qu'elle ne puisse pas monter avant de s'etre for-
tifiee. Lorsqu"cIle aura pris assez d'accroissemcnt,
distribuez ses sarments sur tous les (itagcs de
Tarbrc ; mais ayez soin de ne pas trop charger la
vigne, et de taillcr les brins qui vous paraitront
les plus vigoureux , et les phis propres a donner
du fruit, Pour une vigne mariee a des arbrcs, il
importe de fairc lcs ligatures avec le meme soin
que la taille; car c'est de ce soin que depend
principalcment le rapport de cette sorte de vigne.
Une vigne qui auracle fortement attachce a Tcn-
droit convenable se conserve plus longtenips. 11
faut donc que toutes les annecs la taille soit faite
de tclle sorte que les liens soient renouvelcs, et
que la vigne soit distribuee sur les rameaux les
plus propres a la recevoir.
XVII. L'olivier seplait principalement sur les
collines, et dans des terrains secs et argileux.
Dans des terrcs bumides et grasses, il donne
beaucoup de fcuillage sans fruit. Poar former
une plantation doliviers, il vaut raieux prendro
des troncs que des boutures. Magon veut qu'oii
plante rolive dans des terrainssecs, apres requi-
noxe d"automne etavant le solstice d'hivcr. Les
agricultcurs de nos jours plantcnt rolivier au
printemps, vers les calendes de mai. Le fosse des-
tine a rccevoir rolivier doit avoir quatre pieds
en tout sens : on met d'abord au fond du fosse de
petitcs pierres et du gravier ; puis on y jette de
vel eliara mcdiocribiis : sed si aspeia et siliciilosa loca ar-
boribusobseieiula erunt, neijueopulus neque ulmus tani
idouea? sunt (|uani orni : e» silveslres Iraxini sunt, paulo
latioribus tamen foliis quam caHera' fraxini , nec deterio-
rem IVondem, quam ulmi pra:stant. Capra? quidcni et ovcs
vel libentius eliani lumc frondem appetunt. Igitur qui ar-
bustum constituere vulcnt , ante annum quam deponant
arbores, scrobes faciant quatuor peduni quoquoversus.
Deinde circa calen. Mait. in eandem scrobeni ulmum et
populuni , vel fraxinum <le[ionant , ut si ulmus deiecerit ,
opulus vcl fraxinus locum oblineant. Si autem iitiaque
vixerint , altera evimatiu , et alio loco deponatur. Arbiisluni
inter quadragenos pedes dispositum esse convenit : sic
eniin et ipsa; arbores, el appositae vites inelius convales-
cent, friictumque nieliorcin dabunt. Segctes ctiam, qua;
in eoerunt, niinus iinibra laborabunt. Arborem, quani
deposueris, sxpius circuinfodito , quo celerius adolescat :
et citra triennium ferro iie tetigeris. Completis sex et
Irigiutamensibus, ad recipicndam vitem formabis, super-
vacuos ranios ani|iiitabis , alterna bracbia in modum sca-
larum relinques, alleruisqiic annis pulabis. Sextoanno,
si jain flrnia vj<li'bitur, maritabis lioc iiiodo. Ab ipso ar-
boris crurc |ie<i.il(' spaliuni intermittitu, deinde siilciiiu in
qualiior pciles lon^uin , iii trcs alluin. in dupondiuni cl
semissrin tiliim cum feceris , patiereminime diiobus mcn.
siliiis ciiLn lcMipestatibus verberari. Tum demum ciica
cal. \l,iiti:iv Mlcm de seminario ne minorem qiiidem de-
<iiii |iriliiiii ^lirnito, et adminiculato, arboriqiie jmr^ito :
eam provinu) aniio ue putaveris : tertio vero ad unani vir-
gain redigilo, paurasque gemmas relinqnito, neanteiiiiam
invaluiMit, iu altiludinem repat : deiiide nbi anipliini iii-
creinenliim liabuerit, pcr oiniiia arboris tabulala ilisponito
ejus materias, ila laiiien ne vilein onercs, sed certa et
robiistissima llagella submittas. Arbuslivam vilem quam
putare, tam alligare diligenter oportet. Nam in eo IViKtu.s
niaxime vis consislit , diiitiusqiie perennat, quae lirmis
toris et idoneis locis religata csl. Itaque omuibus annis
conveiiit subsequi putationem , ita ut tori lenoventur, et
vitis per idoneos rainos dispoiiatnr,
XVII. Olea maxime collibus, siccis et argillosis gaiidet :
at bumidis cainpis ct pinguibus litlas fiondes sine friictu
aflert. Melius autem truncis quam plantis olivetum conii-
titiiitur. Magoni placet siccis locis olivam aulumno post
a'<|uinoctium seri anle brumam. Nostiic aclatis agritolae
leie vcrnum tempus circa caleiul. Maias servant. Oportet
autem scrobem olea; quoquoversiis pedes quateriios pa-
teic, in iinum scrobem lapidem glarcamque abjicere ,
deinde superfcrram qualuor digitorum iiijicerc, tiini ar-
COUJMELLE.
laterre a quatre doigls dY'paisseur, eteufm oii 3'
plante l'arbrisseau droit et a la moitie de sa hau-
teur, de sorte qu'il y en ait autant hors du fosse
que dedans. Preservez rarbuste des vents et des
orages en retayaut avec soin, et m^lez du fu-
niier a la terre que vous remeltez dans le fosse.
L"intervalle entre les rangees doit etre de soixaute
pieds, afm que les oliviers aient assez d'espace
pour crottre en largeur; car s'ils s'elancaient en
hautcur, iis deviendraient greles, et ne porte-
raieut que peu de fruits. La meilieure olive est
la Licinienne, puis ia pausia pour rabondnnce
defhuile, et forchis pourfhuile a manger. L'o-
live dite royale, ainsi que celle que fou appelle
rayoimante , ne sout pas snns apparence; mais
ni fune ni fautrene valent les preraieres, ni pour
la quantite, ni pour la table. Si vous plantez un
olivier a la place d'un chene que vousaurez ar-
rache, il ne tardera pas a mourir, parce que la ra-
cine du cbene engendre et alimente des vers ,
qui rongeraiontceliede folivier. Si, dans un oli-
vier, un rameau prend plus d'accroissemciit que
les autres, il est a craindre qu'il nele desseche,
si fon n'a soin de couper ce rameau. II est bon
de marquer les jeuues arbres avec de la san-
guine avant de les transplanter, alin de les pla-
cer du meme C(ite vers lequel ils etaient tour-
nes dans la pepiniere; places dans uneposition
autre que celle a laquelle ils etaieut habitues, ils
souffriront du froid ou de lacbaleur.
XVIIL Avant de faire uu verger, il est bon
d'entourer le terrain que vous y destiucz do
muraillesoud'un fosse, alin que ni lestroupeaux
ni meme les hommes ne puissent y penetrcr, si
ce n'est par la porte d'entrce , avant que les
piants aient acquis une certaine force; car si Ics
tOies en etaient souveut brisees par les hommos
ou rongees par les bestiaux , elles seraient g^ees
pour toujours. En disposant les arbres, il est bon
de prendre garde que les faibles ne soient point
opprimes par les forts; car les arbres u'etaDt
pas tous de la raeme force ni de la meme gran-
deur, ne prenuent point uu accroissement egal.
La terre qui convient aux vignes convient ega-
lemeut aux arbres.
XIX. Faites des fosscs un an avant de dispo-
ser les arbres fruitiers ; de cette facon le terrain
se ramollira aii soleilet a la pluie, et lcs plantsy
viendront plus vite. Mais si vous \oulez planter
vos arbrcs la mcma aunee que vous aurez fait
vos fosscs, il faudra creuser ceux-ci au moins
deux mois d'avnnce, puis les remplirde paille, et
y mettre ensuite le feu. Pkis vous les ferez l,ir-
ges et ouverts, plus les fruits que vous recueife-
rez seront beaux et abondants. Ces fosses aurout
la forme des fours, dont le fond est plus large
que 1'ouverture, afin que les racines puisseut
s'etendre davantage , et que f ouverture ctant
etroite, le froid de fhiver ou la chaleur de fete
y penetrentplus difficilement. On n'aurapas non
plus a crauidrc, dans les terrains eu pente, que la
terre dont on aura comble les fosses soit eutral-
nee par les pluies. Plautez les arbres a de grands
intervalles, afui qu'en grandissant ils trouvent
un espace suflisant pour etendre leurs raraeaux.
En effet, si vous les plantez trop pres les uns des
autrcs, vous uepourrez rieu semer au-dessous,et
k's arbreseux-memes ne scront guere productifs,
a moins que vous ne les eclaircissiez. II est bon
par cousequeut de laisser entre les rangees un
busciilamdeponere ila reclam, ul (]iia(l asciobe exsl.ilei'it,
in niedio sit. Arbn:icuiani aiiteui a teinpebtatibiis tueii
diliseiiter oportet adiniiiiculaiido, et tena;, quac in sciobe
repoiiilui-, slercora iininisceie. Olcain decet inter sexage-
nos pedes disponi, iit spatium in lalitudinein crosceiidi
liabeat : nam qua; in proccrilatem extenduntur, evanida
fiuiit, parumqne fiuctus ferunt. Optima est olea Liciniaiia,
pausia secuuda oleo, escae oichis. Sunt et reyi.^e, et radii
non siiie specie", nciine oleo nec esui lain gratae, qiiam
quas supra diximus. Si oleam posueiis co loco, unde
qijcicus effossa &3t , emorietur, ideo quoJ verines quidnm
sunt, qui in radice queicus nasciintiir et educantur, iique
niaxime seraiua olea; coasumunt. Si iu olea unus ramiis
aliquanto ciieteris Isetior est, nisi eum reclderis , arbor tola
fiet retoriida. Omnes arbiisculas prius quam transferan-
lur, rubiica notare convenit, ut cnm seientur, easdem
caeli partes asjiiciant , quas etiam in seminaiio conspexe-
ranl : alioqiiin frigore vel calore laborabunt ab iis partibus,
quas praeter consuetudinem sub alio tractu cxposilas ba-
buerint.
XV III. Priusquam pomarium donstituas, quam ma-
gnum habere voles circummunito maceria, aut fossa,
ita ut iion soluin pecori , sed ne homini qiiidem transitus
«it, iiisi perostium, dum adolcscemt semiiia. Nam si SM-
pius cacumiiw inanu [irajfracta, aiit a pecore prcerosa fue-
lint, [qnam adolescanl,] in perpetuum corrumpunliir.
Gciieratim autera aibores disponcre ulilius, inaxime ne
imbecillos a valentioribuspremantur, qiia; nec viribus uec
magnitudinc siint pares,nequc pariler crescunt. Terra
qua; viUhus apta est, eadem quoque utilis est arboribus.
XIX. Ante annuin quaiu pomaria di.^ponere voles,
scrobes fodito : ita sole pluviaqiie macerabuntur, et quod
posueris cito compreheudet. Sed si qiio anno scrobes fe-
ceris , etiam semina ponere voles , minimnm anle diios
inenses fodilo scrobes, postea stramentis eos completo,
et incendito. Quo latiores patcntioiesque scrobes feceris,
eo lauiores erunt uberiorcsque fructus. Scrobis clibano
similis esse dehel, imus quam suinmuspatenlior, ut laxiiis
radices evagentur, ac niinus frigoris hieme, miniisque
sestate vaporis per angusluni os terra; adniittant : tuin
ctiam clivosis locis terra, qune in eum congesla est, plu-
viis non abluitur. Arbores raris intervallis serito , ut cum
creverint, spatiiim habeant, quo rainos extendant. Nain
si spisse posueris, neque infra quicqiiam serere poteris,
nec sic ipsiie fructuosa; erunt, nisi eas interraseris. Itaque
placet inter ordines qiiadragenos pedes, minimumque
tricenos , relinqui.
XX. Semina lege, ne minus crassa, quam manubrium
D!'S ARBRES.
507
iiitervalledcquai-nntcpiiHl^oudetiontcaumoins. T n'incommoclent les plants de rigiiiers, mettczau
XX. Choisisscz ilu plant qui ait au moins la
prosseur d'un nianche de hoyau ; qu"il soit droit,
lisse, haut, sans ulcere, et qu'il ait recoi-cc in-
tacte. Le plant choisi ainsi prendra bien, et
promptement. Si vons lc tirez d"arbrcs deja for-
mes, choisisspz ceux qui rapporlent toutes les
annees de bons tVuits et en grande qiiantitc. IVe
manquez pas de reconnaitre parmi ccs branclies
oelles qui sunt exposees au levant. Le plant mis
en terre avcc de la racine prendra plus vite son
aecroissement que la bouture. L'arbre greffc
donne plus de fruits que celui qui n"a point ete
greffe, c'est-h-dire qui a ete plantii parbouture.
Avant de transplanter dejeuncs arbres, faites-y
une marque avec de la sanguine ou toute autre
chose, alin de les presenter aux memes venls
au.xquels ils ont cte exposes d'abord. Aycz soin
surtout de ies transferer toujours d'un terrain
eleve, sec et maigre, dans un terrain plat, humide
et gras. Que les jeunes plaiits aient une triple
tige, et soieut clevcs de trois pieds au-dessus du
sol. Si vous voulcz mettre deux ou trois petits
arbresdans lamemefosse, prenez garde qu'ils
ne se touchent, car ils seraient rongcspar lcs vers.
Lorsque vous raettrez vos plants en terre, en-
foncez de droite et de gauche jusqu'au fond de
la fosse des poignees de sarments de la grosseur
dabras, de facon qu'ils en debordent v.n peu
le niveau. Au moycn de ces sarments il voussera
facile de faire parveuir Teau en cte jusqu'aux
racines des jeunes plants. Plantez vcrs les ides
d'octobre les arbres ou les plants garnis de raci-
nes; pour les boutures ou les branches, mettez-
les en terre au printcmps, avant que la pousse
n'ait comnieuce. Pour empecher que les teigucs
fond des fosscs une bouture de lentisque, ia
cimc renversee.
XXI. Ne plantcz pas le figuier pcndant lcs
grands froids. Cct arbre aime naturellcment Ics
lieux exposes au solcil, pieiiis de cailloux ou do
gravier, etparscmes(|uel(nicfoisde rochers. !l se
fortilie promptement dansun terrain de cettc na-
ture, |ioiirvu qu'on le mette dans des fosses
grandcs et larges. Les figuiers de toutcs Ics es-
p6ces, ([uoique diftcrents entre eux par lcur
forme et le gout de lcnrs fruits , se plantcnt d'uiie
seule et meme facon, mais dans des lcrrains
diffi^MCuts. Plantez les figniers hatifs dans les
lieux froids ou Tautomne esthuraide , de sortc que
vous piiissiez en recueillir les fruits avaiit lcs
pluies; nicttez au contraire les figuiers d'hiver
dans un sol naturellement chaud. Si vous voulez
rendre uu figuier tardif , arraehez-en les (Igues
quand elles sont encore petitcs ; cellcs qu'il don-
nera apres ne muriront que bien avant dans
riiivcr. II est souvcnt utile de couper avec un
instrument tres-aignise le bout des cimes, lors-
que Tarhre commence a douner des feuilles ; e'est
le moyen de le rendreplus fort et phis productif.
Jlais ce qni sera toujours d'une grande utilite,
c'est de repandre sur ies racines, sit6t que la feuille
commcnce a sortir, de la terre rouge detrerapee
dansde ramourque, ainsi que du furaier prove-
nant de rhomme : ce traitement rend le frnit
plus abondant;la figue elle-mc^me devient plus
pleine, et d'une plus beile apparcnce.
XXn. Plantez raniandier au lcver de rOurse,
ou vers les calendcs de f(ivrier; cet arbre bour-
geonne avanttous lesautres. Ildcmande surtout
une terre dure, chaude et seche. Plante dans un
cst bidentis , lecta , levia , procera , sine nlceribiis , integro
libro. Ka benc el celeriter compretieiKlunl. Semina si ex
arlioribiissumcs, de iis potissimum .snmilo,qua; oiihiIImis
aiinis bonos et iiberes ferunl fruclus. Observabis auteni
ab liumeris, qui siint conlra soleiu orienlem, nt eadem
decerpas. Sed si cnm radice planlain posiieris, incremen-
tum citiiis fiierit, quain c<Bteris, quas severis. Arbos insita
iructuosior est , quam quae insila iion est , id est , quain
quae ramis aiit planlis ponitur. Priusquara arbnsciilas
transfeias, rulirica vel alia qualiliet re signato, ut iisdeni
ventis, quibus ante steferunt, conslituas eas : cuiamqiio
adliibeto, iit ab superiore et sicciore et exiliore iu planio-
rein, liuniidiorem, pinguiorein agrum tr.ansleias. Seniina
trifiirca maxinie ponito : ea exslent supra lerrain Iribiis
pedibns. In codem scrobe si diias aiit tres arbusculas
ponere voles, curato ne iiiterse contingant. Nani ita ver-
luibus inteiinnintur. Cum seniiua depones, dexlra ac
finislra singidis usque in imiiin scrobem fasciculos sar-
mentorum bracliii bninani crassitiidine deponito, ita iit
supra terram paululiim exslent , per qnos .Tstale parvo
laboreaquani radicibus subniinistres. Arboresaiil radicata
semina aulumno scrito circa id. Octobres. Taleas et ranios
vcre, aiile qnam gcrminarc arUorcs incipiant, dcponito.
Sed ne linea inole.sta .sil scminibiis liculneis, in iiiiinn
scrobein taleam lentisci , ita ut cacunien ejiis deorsuin
spcctet , obruito.
XKl. Ficum frigoribus ne scrilo : locaaprira,ealculosa,
glareosa, interdum el saxosa aniat. lijiismodi agio cilo
convalescit, si scrobes amplos et idoneos feceris. Ficoriim
genera etiain si sapore el babilu dKferiint, tanien uno
inodo, sed dispari differentia agri, .seruntur. Locis frigi-
dis el autunini temporibiis aquosis prMcoqucs .serito , ut
aiite pliiviaiii fructiim deligas : locis calidis liibernas serito.
Al si voles liciiin , qiiamvis iion naliira , seram faceie , ciiin
grossiili miniiti eriint, fructuin decutito : ila alleium edet
fructiiiii, et in bioniem seiam differet nialurilatem. Xoii-
iiuiiqii.iin eliam ciim frondere civperiiU arbores , c^ciiinina
lici aciilissimo ferrainento summa ampiitare prodest. Sic
firmiores arhoreset leraciores fiuiit. Semper proderit simul-
<ac folia agerc cirperil (iciis , rubricam aniurca ditiiere , et
ciim stiTcore bumaiio ad radiceni iiifiindcre : ea les efTi-
cil iibeiiorem fruclum, ct faicliini lici speclosius el
pteniiis.
X«\ll. Niiccm Gr.Tcam serito Aicluri signo , vel circd
catend. Kebr. qua3 prinia gpmiii.a.scil. Agrum calidiiin
duruin ct siccuni desidcrat. Naiii in locis diversis natura
COLUMELLE.
tfirrain d'une autre nature , ii pourrit en peu de
temps. Avant de semer l'amande, trenipcz-la
dans de riiydromel qui ne soit pas trop doux ;
paree moyen,l'arbre, lorsqu'il sera grand, dou-
iiera du fruit de meilleur gout, et en attendant
vous aiderez et accelererez meme soa accroisse-
raent. Mettez trols amandesen triangle, de facon
que leur pointe, d'ou sortent les racines, soit
rcuversee, et qu'elles soient eloiguees d'unepa!me
au moins Tune de l"autre. Celle qui forme le
sommet du triangle doit etre tournee vers le
point du ciel d'ou souffle le vent Favouius. Cha-
cune des trois ne donnera qu'une seule racine et
une seule tige : chacune de ces raeines, arrivee
au fondde la fosse, se recourbe a causedela du-
rete de la terre qui s'oppose a son passage; des
lorselle jettera d'autres racinesplus nombreuses,
qui semblerontformerautant de branches. Voici
la facon de faire des amandes et des avelines de
Tarente. Mettez, dans la fosse destinee a recevoir
eet arbre, de la terre bien pulverisee, a la hau-
teur d'un derai-pied, et repandez-y de la graine
deferule. Lorsque la ferule aura leve, fendez-la
en deux pour mettre a nu sa moelle, et cachez-
y une aniande ou uue aveline depouillee de soa
ecorce; puis couvrez le tout de terre. Faites eelte
operatioa avant les calendes de mars, ou mieux
entre les nones et les ides de ce mois. Cest a la
nieme epoque qu'on plante les noix , la porame
de pin et lcs ehiitaignes.
XXIIL La meilleure epoque pour plauter le
prcnadier est depuis le commencement du prin-
tempsiusqu'aux calendes d'avril. Si son fruit cst
aigre ou peu doux , on le coiTigera en repandant
sur ses racines de la fieute de porc, des excre»-
ments humaius, etde la vieilleurine. Ce moyen,
tout en augmentant la fertilitede Tarbre , rendra
son fruit d'abord vineux, etpar la suite le ren-
dra doux, outre que les grains n'euseront poiut
durs. Pour nous, nous preaons un peu de lasep
delaye daasdu via , et nous frottonsdeeette pre-
paration les cimes du grenadier ; par ce moyen
nous sommes parvenus a corriger Taigreur de
leur fruit. On empeche les grenades de se fen-
dresur Tarbre, en enterrant troispierrcs auprcs
de saracine, lorsqu'on le plante. Maissi rarbre
est deja tout plante quand on s'apercoit de ce
defaut, on seme de la scille aupres de sa racine.
Lorsque les grenades sont deja mitres, oa em-
ploie une autre methode pour les empecher de
se crever. Cette m^thode consiste a tordre la
queue par iaquelie elles pendent a rarbre. Onse
sert du meme moyen pour les garder toute Tan-
nee.
XXIV. Plantez les poiriers en automne , vingt-
cinq joursavant le solstice d'hi ver. Pour les rendre
plus productifs, dechaussez-les profondement;
quand ils auroat grandi , fendez-eu le tronc pres
de la racine, et introduisez dans cette fente un
coia fait de bois gorameux de pin , que vous y
laisserez toujours; le dechaussement fait, rcpau-
dez de la cendre sur la terre pres des racines.
XXV. Plantez les pommiers d'ete, les cydo-
niens, les cormiers et les pruniers, depuis la se-
conde moiliede l'hiver jusqu'auxidcs de fevrier.
La meilleure epoque pour planter le murier est
depuis les ides de fevrier jusqu'a requinoxe du
priutcmps. Plautez le carrougier, que quelques
personnesappellent y-EpocTiov, ainsi qiie le pficher,
pendant rautomne, avant le solstice d'hiver. Si
ramandier produit peu, percez-en le tronc, et
enl'oncez-y uue pierre que vous laisserez se re-
ejiisniodi si posueiis nucem, pioUnus pulrescct. Ante-
qiiam nucem deponas, in atniamiilsa, nec nimis dulci
inacerato : ita jucundioris saporis fructum , cum adoleve-
lit, praebebit, et interim inelius alque celerius nascetur.
Ternas Duces in trigonum slatuito , parsque acutior infe-
rior sit, quia inde radices niittit, nuxque a nuce miiiime
])almo absit , et anceps ad Favonium spectet. Omnis nux
unam radicem millit , et simplici stilo prorepil. Cum ad
srrol)is soluni radix pervenil, duritia liumi coercila recur-
vatur, etextensain iiiodum ramorum aliasradicesemiltit.
Nucem GrsBcam et .4vel!anam Tarentinam hoc modo facere
poleiis. In quo scrobe deslinaveris nucem serere, lerram
miniitam in inodum semipedis ponito, ibique semen fe-
rulae repaugito. Cum feiula fueiit enata , eam lindito, et
in medullam cjus sine putaniine nucem Gra>cam vel Avel-
lanam abscoiidilo, et ila adobruito. Hoc ante cal. Mart.
facito , vel etiam inler nonas et idus Mai tias. Hoc eodem
tempore juglandem et pineam et castaneam sei ere oportel.
XXIH. Malum Punicura vere usque in cal. Apriles recte
seritur. Quod si acidum aiil miniis dulcem fruclum feret,
lioc modo eniendabitur. Stercorc siiillo et Immano et lotio
liuni;ino vetcri radices rigato. Ea res et feililem arborem
reddet, et priinilivos annos fructum viuosum, postea
f vcro etiam dulcem el apyrenum facit. Nos exiguum ad-
modum laser cyrenaicum vino diluimfis, et ita cacumina
arboris siimma obleviinus : ea res emendavit acoreni ma-
loriim. Mala Puuica ne rumpantur in arbore , remedio sunt
lapidestres, si, cum seres arborcm,ad radicem ipsam
collocaveris. At si jam arborem salam babueris, scillam
secundum radices arboris scrilo. Alio modo , cum jani
malura mala fuerint, antequam rumpantur, petiolos,
quibus pendent, intorqueto. Eo modo servabuntur etiam
anno toto.
XXIV. Piros autumno ante brnmani serito, ila ut mi-
nime dies quinque et viginti ad brumam supersint. Quae
ut siul feraces, cuni jam adoleverint, alte ablaqueato, et
juxta ipsam radicem truncum findilo,etin fissuram cu-
neumpinenm tedaeadigilo, etibirelinquito -. deindeobruta
ablaqueatione cinerem supra terram spargito.
XXV. Mala aestiva, cydonea, .sorba, pruna.post me-
diaui biemem usque in idiis Febr. serito. Morum ab idibiis
Febr. usque inaequinoctium vernum rectc seres. Siliquam
Gra;cam, quam quidam xepi-iov vocant, ilem Persicnm
anle brumam per autumnum serito. Amygdala si pariini
feracia erunl , perforata arbore lapideni adigilo : ita libram
aiboris inolescere sinito. Omnium aulem gencrum ramus
D!lS ARBRES.
50')
I couvrirdelVcoree del"aibre. Apres avoir laboure
I et fume la terre dans lesjardins, arranirez vers
i les caieiides de mars des boutures de toutes es-
I peces d'arbrcs sur des coiielies faites eu plan-
1 ches. Lorsqiie les plants commencent a pren-
. dre de l'accroissement et a pousser de jeunes
■ branches, il laut ies epamprer pour ainsi dire,
i et les reduire a une seule tige la premiere annee.
A Tapproche de Tautomne , ct avant que le rroiil
I brule leurscimes, arrachez-eu toutes les feuilles,
I et ainsi depouilles, couvrez-les avec des roseaux
I epais, auxquels vous aurez laisse d'un cote leurs
j nosuds, afin qu'ils servent comme de cbapcaux
[ a ces jeunes tiges, et qu'iis les dtfendenl 6cl froid
; et de la gelee. Deux annees apres, vous pourrez
I en toute surete les transplanter et les deposer en
j rangees, ou bien les greffer.
I XXVI. On peut greffer tel rejeton que Ton
I veutsur quelquearbrequecesoit, pourvu queTe-
. eorce du rejeton ne soit pas differente de celle de
Tarbre ; on le peut faire sans scrupule , si l'espece
a laquelle appartient le rejeton produit des fruits
dans le meme temps que Tarbre greffe. Les an-
i ciens nous ont enseigne trois especes de greffe :
I Tuue, par laquelle i'arbre, etant coupe et fendu,
recoit dans rinterieur dc sou bois des sciouscou-
pessurun autre arbre; la secoude, par laquelle
l'arbre recoit la greffe entre son 6corce et son
bois : ces deux sortes de greffes se font dans le
printemps. La troisieme est celle par Inquelle
Tarbre a greffer recoit entre Tecorce et le bois
des bourgeons avec unc petite partie de leur
ecorce. Cette facon de grcffer, que les cultivateurs
appelleut (nteren ecusson (emplastration), se fait
en ete. Apres avoir traite de ces trois differeutes
greffes, nous indiquerons un autre proeede qui
circa caloiKi. Martias in liorlis, iibi et subacla et slerco-
lala terra est, per pulvinos arearuiu disponere convenil :
deinde cum crevcrint, (iantla est opera, ut dum teueios
ramuios liabent, vcluti pampinentur, el ad uiium stilum
prinio anno semina reiliKanlur : et cum autumnus incesse-
lii , aiite qiiam fiigus cacuuiina adiirat , oninia folia de-
(vi|cre expediet, et ita ciassis arundinlbus, qux ab una
paiti- nodos integros liabent, qnasi pileolos induere,at-
iini' ila a frigore et geticitliis teneras adluic virgas tueri.
l'ii^l (luartum etvigcsimum deinde menseiii sive traiisferre
et (lispouere in oidinem volcs, seu inserere, satis luto
utnimqiie facies.
XXVI. Omnis surculus omni arbori inseri polest, si non
esl ei, cui inseritur, dissimilis corlice : si vero fruclum
etiam eodein tempore fert, .sine ullo scriipulo optime
inseritur. Tiia aiilem genera insitioniim anliqui tradide-
runt : unum, cuin resecla et lissa arbor recipit insertos
surculos : alterum, quo resecta inter libnim et mateiiam
admittit semiiia ; ipia> utraqiic Reneia verni temporis
sunt : tertium, cum ipsas seniiiias ciim exigiio corlice in
partem sui delibratam ivcipit, quam vocant agricohe ein-
plastrationem. Hoc geiuis :r.statis est. Quarum insitiomim
rationem cum tiadiderimus, a iiidiis (pioquc repeilam
est notre decouverte personnellc. II faut greffer
tous les arbres desque les boutons conimence-
ront a paraitre, et dans le temps que la lune sera
dans son croissant. Pour rolivier, greffez-le de-
puis retiuinoxedu printemps jusqu'aux idesd'a-
vril. L'arbresur lequel vous voudrez prendre des
grefl'es doit etre jeuue et de bon rapport , et avoir
beaucoup de noeuds. Lorsque ses boutons com-
mencerontagrossir, prenez vos greffesde rtJpais-
seurd'unpetit doigteta deuxpointes, surdepe-
tites brauches d'un an qui soieut bien intactes, et
tournt-cs vers le levant. Sciez avec piTcaution
Tarbre quc voiis voudrez gi'effer, a rendroitoii
il est le plus lisse et sans cicatrice , et preuez
garde de blesser son ecorce. Lorsqu"il sera coupt^,
miissez la plaie avec un instrument de fer bieu
tranchant; enfoncez ensuite uu coin de fer ou
d'osbien aiguisecntre l't'corce et le bois, au raoins
jusqu'a trois tloigts , mais avec beaucoup de pre-
cautiou, pour nepas cudommager ou rompre Te-
corce. Ensuite ratissez par en bas avec une ser-
petle bien trancliante les greffes que vous vous
lez enter, sur une longueur i-gale a celle de roii-
verture formeepar le coin fiche dans Tarbre, de
fai.'ou que vous n'endommagiez pasla moelle de
ces greffes ni lcur ecorce , du cote que vous ne
les aurez pas ratissces. Quand vos greffes seront
pretes, retirez le coin, et cnfoncez-les aussitt^t
dans rouvertnre que vous aurez pratiquiie pai
rintroduction du coiu entre Tecorce et le bois.
luserez-Ics par le bout que vous aurez ratisse,
de facon qu'elles ressortent de six doigts. Vous
ferez bien de pratitiucr dans le mt^me arbre deu.x
ou trois greffes a la fois , en laissant uu intervalle
de quatre doigts entre chacune. II faudra ri^gler
Ic nombre des grcffes sur la grandeur de Tarbre
aliam docebimus. Omnes arbores simulatqiie gemnias
agere co^pciint, luna crescente inserito, olivam aulem
circa icipiiiiocliimi veinum usque in iJus Apiiles. Es qua
arboie inserere voles, et surculos ad insitionem sumptu-
riis cs , videto ut sit tenera et ferax , nodisque crebris : et
cum primiiui i^crmiiia tuincbiint, <le ramulis anniciilis
qiii solis (Mtiiiii spcclaliiiiil, et integri erunt, eos lcgito :
ciassiliidiiic inliiiiiii dlgili : siirciiii sint bisulcl. Arborem,
(piaui iuserere voles, seira dillgenter exsecato ca paite ,
qiia' maxime nitiila et sine cicatrice est , dabisque opcrain ,
iie libriim laedas. Cuni deinde Iriincum recideris, acuto
ferramenlo plagani levato : deiiide qiiasi cuneum ferreuin
vel osscum inter corlicem et niatericm , ne miniis dlgitos
Ires , sed leniter dcmittito , ne lajdas aut rumpas corf lcem.
Postea surculos, quos inserere voles, falce acuta ab iina
partc eradito tam alte quam ciineum demisisti , sed ila ne
inediillam neve alterius partis corticem tedas : ubi siii cii-
los paratos babiieris, ciincum vellito, slatimquc suicnlos
demittilo iii ca foraniina , qiia; cuneo adacto inter corticein
ct niateriem facta sunt. Ea autem liiie, qiia adraseris,
surculos demiltito ita, ut .sex digllis de arboreexst(>nl. In
una aiitem arbnre diios aiit tres ramulos figito, dum ne
miiius i|iialcriiinii digitoruin intcr e(js sit spatium. Pio
510
COLUMELLE.
siir la qualite de son ecovce. Lorsque vous au-
rez introduit dansun arbretoutes les gref!'t'squ'il
pourra rccevoir, vous les lierez soit avee de l'e-
corce d'ormes , soit avec du jonc ou de i'osier;
apres quoi vous enduirez avec uii iut mele de
pailletoute laplaieainsiquel'espacequisetrouve
entre les greffes, de facon neannioins qu'il en
reste decouvert deux doigts ; mettez ensuite par-
dessus de la mousse que vous attacherez forte-
ment , afm que la pluie ne puisse y penetrer. Si
Tarbre que vous voulez greffer est petit, coupez-
le par en bas, de sorte qu'il n'enreste qu'un pied
et demi liors de terre apres Tavoir coupe ; unissez
la plaie avec soiu , et fendfz tres-legcremeut le
tronc par le milieu avecun instruraent bientran-
chant, defacon que lafenten'aitquetroisdoigts
de longueur. Inserez ensuite dans cette feute un
coin, et enfoncez-y des greffes ratissees desdeux
cotes, de facon que reeorce des greffes s'adapte
completcmcut a celle de Tarbre. Lorsque vous
les aurez ajiistees avec soin, retirez le coin , liez
Tarhre, et euduisez-le comine je Tai indique plus
haut. Entassez ensuite de la terre autour de Tar-
bre jusqu'a la greffe : c'est le meilleur moyen de
le preserver des vents et de la chaleur. La troi-
sierae cspeee de greffe, etant naturellement tres-
delicate, n'est poiut applicable a tous les arbres.
Pour remployer avec sucees , il faut que Tarbre
ait recorce humide, pleine de seve, et forto,
comme leliguier. Eneffet, eetarbre rendant beau-
coup de lait , et ayant recorce forte , on peut tres-
bien le greffer de la nianiere suivante. On ehoisit,
sur Tarbre dont on veut tirer la greffe, de jeu-
nes branches bien lisses. On trace autour du
bourgeon qui a le plus dapparence, et qui pro-
met le plus surement de germer, une marque da
deux doigts en carre , de facon que le bouton
etaut au centre de ce cnrre , on coupe recorce tout
autour a\ec une lamebicn affdee, eton renleve
avec soin de dessus Tarbre , en prenant garde de
rendoramager lui-raeme. Ou choisit egaleraent
une branche tres-lisse de Tautre arbre que ron
doit enter en ecusson , on enleve de cette branche
la meme partie de Tecorce que pour la premiere
branche; apres quoi on applique sur cette partie
depouillee reeusson qu'ou avait prepare, de fa-
con qu'il s'y adapte parfaitement. Cela fait, liez
bien ietout autourdu bourgeon, en prenantbien
garde de lc blcsser. Enduisez ensuite d'un lut
les joints et les ligatures , en vous arretant un peu
avant le bourgeon, pour lui laisser la liberte de
germer. Rognez les rejetons de Tarbre greffe, ainsi
que ses branches superieures , afm qu'il n'y reste
rien qui puisse en detourner la seve au detriment
de la grelfe. Au bout de vingt et un jours , dehez
avec recusson. On greffe decettememefacon ro-
livier avec succes. JNous avons deja montre la
quatrieme facon de greffer, lorsque nous avons
Iraite dcs vignes; il est donc inutile de repeter
le proccde que nous avons indique alors, et qui
consiste dans remploi de la vrille gauloise.
XX"VI1. Les anciens ont pretendu qu'on iis
pouvait pas enter toute sorte de scions sur toutc
sorte d'arbres ; ils onl meme regarde comme un.'.
loi invariable ce quenous avons dit nous-meme
de rimpossibilite de faire reussir d'autres greffes
quecellesqui sontpriscs d'un arbresemblablepar
recorce et lefruit, a Tarbre a greffer. Or, corame
nous avons eru devoir detruire cetteopinion er-
ronee, nous allons donner a la posterite un
aiboris maguitudine cl corticis bonitate ha;c facito. Ciim
omnessuieulos, quosarbor palietnr, demiseris, libro iilnii
vel vimine arboiem astringilo : postea paleato liilo licne
subacto oblinito tolam plagain , et spatium , ijuoil est iiiter
surculos, usqueeo,ul duobus digitis insita exstent ; supra
liitum muscum imponito, et ita alligato, nc pluvia dila-
batur. Si pusillam arborem insereie voles, juxla lerram
abscindito, ita ut sesquipedem a terra exstet. Cum deinde
abscideris, plagam diligenter levato , et raediiim trunciim
aculo scalpro modice findito, ita ut fissuia trium digilo-
runi sit. In eam deinde cuneum , quoad patietiir, inserilo ,
et surculos ex ntraque parte adrasos demittito, ita ut li-
brum seminislibro arboris «qualeni facias. Cum surculos
diligenter aplaveris, cuneiim vellito : deinde arborem, ut
supra dixi, alligato , et obliuilo : dein terram circa arborem
aggerato usque ad ipsuni insitum. Ea res a veiito et calore
maxime tuebitur. Tertiuin genus insitionis, cuin sil sub-
lilissimum , non omni generi arbonim idoneuni est : et
fere eae recipiunt talem insitionem, qua; bumidiim suc-
cosumque et validiim librum habent, sicuti ficus. Nam et
laclis plurimum remittit, et corticem lobustum liabet.
Optime itaque ea inseritur tali ralione. Ex qua arbore iii-
screrevolcs, in ea qu.ierito novellos et nitidos ramo.s. In
liis deinde observato geinmam , qux bene apparebit , ccr-
tamque spem germinis liabebit : eam duobus digitis qua-
dratis circumsignato, ut medio gemma sit, et ita acuto
scalpello ciicumcidito, delibratoque diligenter, ne gem-
mam laedas. Ueinde in qiia arborc insercre voles , iii ea
uilidissimum rainum cligito , et ejusdem sjiatii corticem
circumcidito, et mateiiam delibrato, et in eam parteni,
quam nudaveras , gemmam banc , qnam ex altera arbore
sumpseras, aptato ita, nt emplastrum circumcisae paiii
conveniat. Ubi hnec leceris, circa gemmain bene viiicito,
ila ne l»das : deinde commissuias et vincula lutoobli-
nito, spatio relicto, qua gemma libere germinet. Materia,
quain insevcris, si sobolem vel supra ranium habebit,
omnia piiBcidito, ne quid sit quo possit succus avocarj,
aut cui magis quam insito serviat. Post unum et vigesi-
rauni diem solvito emplastrum. Hoc genere oplime eliani
olea inseritur. Quartum ilhid genus insitionis jam docui-
mus, cum de vilibus dispiitavimus : ilaqiie siipervacuum
est lioc loco repetere jain tradilam lationem terebra-
tionis.
XXVII. Sed cum anliqui negaverint passe onine genus
surculorum in onuiem arboiein inseri , et illam quasi (ini-
tionem, qua nos paulo anle usi sumus, veluU quandam
legem sanxerint, eos tanliim surculos posse coalescere,
qui sint coiticc ac libio ct friictu consimiles iis aiboiibu»,
DES AUBRES.
Tnoycn dViifrr tello espcce tle grefie que ron
voudra siir quelque arbre que ce soit. Et pourtie
point fatiguer le lecteur par uu long exorde, nous
donnerons un exempleunique, a rimitation duquel
on pourra essaycr de toutes sorles de sj;relTes.
Crcusez d'abo;d une fossede quatre piedsen tout
sens autour d'un olivier, de teile sorte cjue lcs
branches les plus allonnees de cet arbre y puis-
scnt attcindre. Plantez dans cette fosse un petit
figuier vigoureux et iisse. Trois oucinqansapres,
lorsque ce finuier aura pris assczd'accroissement,
abaissez la branche d'olivierqui paraitrn la pUis
lisse, et attaehez-la au picd du liguier. Coupez-
en toutes les petites branclies, et ne laissez que
les cimes que vous voudrez employer comnie
grcffes. Coupcz ensuite le figuier, et apres avoir
uni la plaie , fendez le tronc par le milieu avec
un coin. Hatisscz desdeux coteslescimes de To-
livier, sans les detacher de la mere; iuserez-les
dans la fente du figuier, retirez leeoiu, et liez
ces cimes avec soin, de sorte que le plus grand
effort ne les puisse arrachcr. Au moyen de ce pro-
cede , le figuier se fortifiera avec rolivier en trois
ans, et ce ne sera que la quatricme annce, lors-
qu'ils seront bien maries ensemble , que l'on se-
parera les branches de Tolivier de la mere, de la
meme maniereque les provins. Onpeutenter de
cette facontelle greffe que Ton voudra sur quel-
que arbre que ce soit.
XXVIII. Multipliezautant que pnssible leey-
tise, que les Grecs appelleut bintot iix , tautot
xotpvixr), tantot Tpu-pcpv). Car c'est rarbrisseau
qui convient le plus aux poules , aux abeilles
et aux chevres , ainsi qu"au\ hceufs et a toutes
sortes de bestiaux, parce qu"il les engraisss en
peu de tcmps, et qu'il donncbeaucoup de lait aux
brebis. Outre cela, on peut l'employcr huit rnois
en fourragevert,et les quatreautres mois en four-
rage see. II prend tres-prompteraent daus toutes
snrtesdeterrains, quelque maigresqu':lssoient, et
stipporte sans inconvenient toutes les injures du
temps. Si lesfemmes mememanquentdelait, on
feratremperdansde Teau du eytise sec; Iorsqu'il y
aura passetoute la nuit , on en exprimera le suc
le lendemain, etou leuren donneratrois hemines
a boire , en le coupant avee un peu de vin. Les
fcmmes ne s'en trouveront que mieux, et leurs
enfants se fortifieront par rabondance du lait
qu'elles seronten etat de leurfournir. On plaiite
le cytise en automne, vers les ides d'octobre, ou
bien au printemps. Quand vousaurezbienlaboure
la terre , faites de petites planches , sur lesquelles
vous semerez en automne la graine du cytise,
comme on senie la dragee ; ensuite arrangez les
jeunes plantes au printemps, de facon qu"il y nit
entre ehacune qiiatre pieds d'intervalle cii iout
sens. Si vous ifavez pas de graine, mettez cii
tcrre au printemps des eimes de cytise, nupres
desquelles vous eiitasserez de la terre quc vous
nurez fumee. Si la pluie se fait trop attendre, ar-
rosez-les les quinzepremiersjours. Sarclez-lesdcs
(iu'elles commenceront a montrer les premicres
feuilles, et trois ans apres coupez-les pour les
donncr aux bestiaux. II suffit de quinze livre-;
de cylise pour le cheval , et de vingt livres pour
le bceuf. Onendonne nux autresbestiauxenpro-
portion de leur force. Gn peut aussi le planter
enbouture sur les lisieres d'un champ. Si vous le
donnez sec aux auimaux,il faut faire les rations
plus petites, parce qu'il a alors plus de force. II
qnilMis inserunlur, exislimavimuserroicm liiijus opinionis
dlsculi™Jum, traJeiiilaiiu|ui' posteris rallonem , qua pos-
sit omne j;eniis sniculi «mni ^eiieri ailioris inseii. Quod
ne loii^idi i e\mdio legenles fatigemus , iinuin quasi exem-
pliim sulijicicmus, qua similitiullne qmxl (piisque genus
Tolet onini arbori poteiil inseiere. Scrobem qnoquoversiis
pcdnin qnatnoi' ab ail)oie oliva; lain longe fodito, nt ex-
Iremi ranii olex' possint eam contingere. In scrobem deiiule
iici arbnscnlam deponito, diligentlamque adliibeto, ut
robustaet nitida fiat. Post triennium ant quinquennium,
ciim jam salis ampluni incremenUim ceperit, ramum
oliva> qui videbitur nilidissimus, dellecte, el ad crus ar-
boris riculnCT religa : alque ila ainpulatis cjeteris ramulis
ca laiilum c acriinlna , qii.t: inserere voles , lelinqiiito : tum
aiborem lici detruncato, plagamciiie levato, et mediam
cunco lludito. Cacumina deinde oliva;, sicuti matri inlioe-
rent, utraqiie parte adradito.et ila lissura! fici aptalo,
cunpumque eximilo, et diligenler colligato, ne qua vi
revellanlnr. Sic interposito triennio coalescet ficiis oUv,t! :
M lum demuin qiiartoanno, ciim beiie coierint, velut
propagines, ramiilos oliva; a malrc resecabis. Hoc modo
omne genus in omiiem arliorem inseritur.
XXVill. Cylisum , [ipiem GraH-i aul ^sa;, aut xxpviy.r.v ,
aut Tpufefy.v vocant,] quamplmiuuim babcie eipedit,
qnod gallinis , apiiius , ovibns , capris , bubus quoquc , et
omni generi pecudum ntilissimiis est, quod e.\ co cilo
piiignescit, el lactis pliirimum pradiet ovibiis : tum eliam
qiiod octo mensibus viridi eo pabiilo iili, et postea aiido
possis. Piffilcrea in qiiolibet agio, qiiamvis macerrimo
celeriter compreliendil , omnemquc injuriam sine noxa
patilur. Mulieres quidem, si lactis inopia premiintiir, cy-
lisum aiidiim in aqua inacerari oportet : ciim tola nocle
pciinadueril, postero die expressi siicci ternas licminas
permisceri modico vino, alqiie ita potandiim dari : sic et
ip.sa! valebiint, ct pneri abundantia lactis conlirmabuntur.
Satio aiiteni cytisi vel autumno circa idus Octob. vel vere
fieri polest. Cum terram bcnc subegeris, in niodiim liorti
areasfacilo, ibiqiie velut ocimum semen cjlisi autiimno
serito : planlas deinde verc disponito, nl inter se quoquover-
sus qualuor pcdum spalio disteiit. Si semen non babiie-
ris, cacumina cytisorum vere disponlto, stercoratam ter-
rani circa aggerato. Si pluvia non inccsserit , rigalo xv
proximis diebus. Simulac novam frondem agere < iip.i it ,
sarrilo. Posl trieiiniiimdeinde ca^dito, et pecori pr,i lieUi.
lCquo abundc cst viridis pondo xv, bovi pondo xx. cale-
risqne pecudibusproportionc virium. Polest autem etiam
circa sepem agri ramis seri. .Miduni si dabis, exiguUT,
dato, quoniam majores vires liabel , priusqiicaqua mace-
COLUMELLE.
faut meme le faire tremper d'abord dans de renu
et le meler avec de la paille , apres i'avolr retire
de Teau. Quand vous voulez faire seeher du cy-
tise, coupez-le vers le mois de septembre, lors-
quesa graine eommencera a grandir, et mettez-
le au soleil pendant quclques heures, jusqu'a ce
qu'il se fanejfaites-leeusuite sechera rombre,et
serrez-le.
XXIX. Plantez le sauie etle genet vers lesca-
lendes de mars, lorsque la lune est dans sa crois-
sance. Le saule demande un terrain humide ; le
genet, au contraire, veutun solsee. L'un et Tautre
se plantent utilementaupres de la vigne,parce
quils domient des liens pour en attacher les
branches. La meilleure facon de planter le ro-
seau est par les racines, que les uns appellent oi-
{/nons , et les autres ycux. Apres avoir beehe le
terrain, coupez une partie de la racine avec uue
serpctte fort aiguisee, et plautez-ia par un temps
de pluie. II y a des persounes qui couchent le
roseau tout entier ea terre ; il eu pousse alors
d'autres de tous ses nceuds. Mais le roseau plant^
ainsi est grele , maigre et peu eleve. II vaut raieux
suivre la melhode que nous avous exposee plus
haut. Tous les ans, apres avoir coupe les roseaux,
remuez profonderaentet unitormementle terrain,
et faites ensuite des irrigations.
XXX. Celui qui veut elever des violiers doit
bien fumer la terre , puis la labourer au moins a
uci pietl de profondeur, et dislribuerensuite le ter-
rain par planches. Les jeunes plants de Tannee
devront etre mis avant les calendes de mars
dans de petites fosses d'un pied de profon-
deur. La graine du violier se seme comme celle
deschoux sur dcs planches, a deu.\ epoques de
rannee , au printemps et en automne. On !a cul-
tive de la merae maniereque les autresespecesde
legumes; c'est-a-dire, on la beche, on lasarcle,
et quelquefois ou Tarrose. Le rosier se met en
graine et par bouture dans des fosses dun pied,
a la memeepoque que le violier. II faut le la-
bourer et le tailler avant les calendes de raars.
Cultivc ainsi, il dure plusieurs annees.
rato, et esemptum paleis permisceto. Cytisum aridnm
cum facere vole-,, circa meiisem Septerobrem cum semen
ejus sianilf^scere iiiciiiiet, ca-ditn; paucis deinde horis,
diim llaccescat, in sole liabeto. Deinde iu umbra adsic-
cato, et ila condito.
XXIX. Salicein el gcnistam crescente luna veie ciica ca-
lcndas Martias serito. Salix liumidaloca desiderat, geiiista
etiam sicca :utraque tamen circa viiieam oppoituncseriin-
tur, quoniam palmilibns idonea pra?bent viiicula. .■\nmdo
optime seritur radicibiis, quas alii bulbos, alii oculos vocant.
Simnlatque terram bipalio repastinaveiis, radicem ainn-
dinis acuta falce piwsectam impendenli pluvia disponilo.
Sunt qni aiundines integras steiiiant, quoniam ex omni-
hus nodis strata aruudinos emiltat. Sed feie lioc genus
evauidain exilemque el bninilem aiundinem affeit. Melior
itaqne satio est ea , quam prius demonstravimus. Placet
autein omnibus annis, simulac arundinem cecideris, locum
alte et jequaliter fodere, atque ila rigare.
XXX. Violam qui faclurus est , terram stercorafain et
repastiuatani ne minus alte pedem in pulvlnos redigat.
Atque ita plantas hornotinas scrobiculis pedalibus factis
ante calendas Martias dispositas habeat. Semen aiitem
violne sicut olerum in areis diiobus temporibus seritur,
vere vel autumno. Colitur autem eo modo, quo et ca^tera
olera, ut luncetnr, ul sarriatnr, ut interdum etiam rige-
tur. Rosam fructibus ac surculis dispoiii per sulcos peda-
les convenit per idem lempns , qno et viola. Sed omnibnsi
annis fodiri aiite calend. Martias et interpntari oporteU
Hoc modo culta multis aiinis perennat.
NOTES SUR COLUMELLE.
LIVRE I.
: III, I. Porcius quidem Cato censcbat in emcndo
fout ce que Colunielle allribue ici ..i Caloij ne se trouve
lasdans tet auteur, mais dans Varron ; quelnues inter-
)r6les en ont conclu que Columelle sVHait tiomp^ lors-
]u'll a cite Tuu de ces auteurs pour raulre. Mais il est
ilui nalurel de regarder ce passage conime unc paraphrase
ile ce que dit Calon au commeucemeut du pren\ier clia-
jilre de son Economie rurale.
1. yisi si Aulolijcus ille cuiquam Cet liomme que
uolumelle , d'accord avec Homire , peint conime un vo-
eur insigiic, (Stait lils de Mercure ou de Dencalion, et
^rand-pere maternel d'Ulysse.
3. Aut Aventini montis incola Palalinis ullum
laudium finitimis iuis Cactis allulit. Cacus etait
ils de Vulcaiu; il vomissait du feu , et fut tu^ par
Herculc, donl il avait vole les bccufs. Servius, cn expli-
jiiant le passage de TEn^ide oii il est parli^ d Cacus ,
iit que c'^tait un esclave d'£vandre, tr^s-uiechanl et tres-
jipon ; on Tavait rafime appele Cacus a cause de cela ,'du
not grec xaxov qui signifie mal.
4. .^uaque lege C. Licinius. Columelle venl parler
ie C. Licinius Stolu, qui ful tribun en mtme temps que
L. Sextius, et qui le premier fit decrdter la loi agraire,
l'apres l.iquelle personne ne devait posst^der plus de 30i)
iHgera de teirain. Plus taid il fut lui-m^me condamntS
pour en avoir possdd^ mille , au mepi is de sa loi.
VII, I. Yetercm consularem virumque opulentissi-
mum L. Volusium.... Cesl L. Volusius Saturninus, qui
mourut aTAgedegoans (Pline, l, 38)passes,apresavoir
surv^cii a lous les s^nateurs dont il avait pris les voix pen-
jant son consulat.
L\ , 1. Mcdiastinus qualiscunque status A laville,
on donnait le nom de mediastini auxesclaves qui ^taient
soumis a d^auUes.
LIVRE II.
II, 1. Alternisquc versibits obliquum tcnere aratrmn.
Pour comprpudre ce passage, que fous les comnienta-
letirs ont mal expliqu6,ilestnecessaire de bien se renilre
comiili' du niecanisme de la cliarrueancienne. La cliarrue
empliiyee par les Romains n'6lait pas faite de maniere a
iclourmr toujours la terre a droile, comme les uotres, aii
moveii du versoir ; ellc ne faisait (pie la rerauer , lorsqu'on
la tenait dioite sans la pencher ni (l'un C()tt^ ni de 1'aulre.
1'our forraer un sillon bien ouvert , il fallait tenir la cliar-
rue obliqiiement ; le cOlii du soc coutre le champ elait
i\t\i, et, par reffet de cette posilion obliquedu soc et dii
buris , la lerre (Stait relouin(ie d'un cu\6. Avec cette char-
tue ( nous dit Dickson, Traite de Vaqricutturc dcs an-
ciens , l , 402 ) de qiielque manierc qu'on la tint , au lieu de
faire le toiir dc la piece en labourant , corame le font nos
laboureurs , lc Roniain revenait dans le nK^nie sens , et, en
inclinaiil sa cliarruc allernativemcnt a droile ct ^ gauclie,
il tournail toujoms la tcrre dii mCiiie cdlti. .Mais pour rom-
pre unc teire noiivclle, ou pour donncr lc iiremier labour
i;oi.iMf.i.i.t.
a unc jach^re , Columelle conseille de tenir la cliarrue dans
une position tant6t oblique, lantdt droite.
IV, 1. Quam terram rustici variam cariosamque
appellant. L'explication quenous donne Pline (XVII 5)
de ces deux mols, est pluti^t une crilique savanle du mot
carwsus, qu'une explicalion clairc el .simple delapensee
de Calon et de Columelle. II est (/vident que notre auleur
n'entend pas par cariosus une tcrie naturellement sttirile ,
mais un sol qui n'est iinproductif que par relfet d'une
mauvaise culture.
2. In liram satum redigitur , quadrante operm.
La graine (itait , comme on le dit vulgairement , seni(5e
90US le sillon , c'est-a-dire semiSe d'abord, et ensuite en-
terr(*e avec la charrue. Mais dans ragricullure romaine ,
elle (jlait non-seulement enlerriie par un labour, mais
recouverte de mani^re a lever en raiigs ou sillons , afio
de faciliter ropiiration du houage.
IX. I. Proximus est his frumcntis usus ordei, quod
rustici he.rastichum, quidam ctiam cant/ierinum ap-
pellant. Canlhcrinum esl Ai\\\i de canterius, qui veut
dire clievalhongre. Bienqu'il nous soit impossible de faire
connailre d'une manieie certaine le nom des productions
qui .servaient a la viecommune chez le.s Romains, il y a lieu
de croiie (lue le hordeum hexastichum indique pliitdt du
seigle qiie de roige. En effet, toutes les qualil^s qiie Colu-
melle attribue a ce grain .sont les qua!it(^s propies i notre
seigle. Cesl le seigle qui lient le premier rang apres le bM
par sa bonle; sa lige est faible, et son grainn'esl couvert
quc par l'exlremil(i d'en bas; il milrit plus t(5t que le bl^
et on le moissonne plus tiH , de peur que le grain ne vienne
a tomber; on ii'a point de peine a le battre dans Taire,
et il niaigril les terres dans Itsquelles il est semi;. Or, nous
le r^p(5tons, nous n'avons point de grains k qui toutes ces
qualitiis conviennent mieux qu'a nolre seigle.
X, I. Paulatim ex eo vcntilabris per longius spa-
tium jnctetur La mani^re d'op(;rer avec Ic ven-
tilabrum montre que c'(;tait iinc pelle; le vallus, qiii est
Tautre inslriiment nomm^ par Vanon , etait probablemcnt
diine fonne diff^rente, mais destinti au meme u.sage ,
c'e.st-a dire a jeter des grains, oii telle autre chose du
nifinie gonre , d'un lieii dans iin autre.
2. Quce septimonticlis satio dicitur... Seplimon-
tialis, (\eseptimontium, qui (itait une fiite que Ton CfU-
biait i Rome aii mois de d(5((wl)rc, un peu avant les
Saturnales, c'esl-ci-dire,avant la nii-diicerabic, en mt^moire
dii jour oii Ton avait renfernK; dans lu ville la septiime
des collines dont ellc (ilait compos^e.
XIV, 1. Ac si rcpastines, totum, etc. Repastinare
signilie litKiralement relourner la terre au paslinum. Le
pastinum ^lail un instrumenl de culture a deux dents
fort rapproclujcs Tune de raulri! , (pii seivait non-seule-
ment a reloiirner la terre, mais a saisirlcs crocettes pour
les y enfoncer.
XXI, I. Sed cum tamotii quam negotii rationem red-
de.re majores nostricensuerinf. Ciciiron, dans Voraison
powr /•/aHciKi (chapitre Il),ci(cavec<ilogccetlemaxime,
514
NOTES SUR COLUMELLE.
en rattiibiiant a Caton, qiii l'avait Insciite au commeu-
cenient de son livre dcs Origines.
1. Feriis tantim denicalibus rmilos jungere non
licere, cwteris licere. Ces files sf. ctSlcSbraient dans Tin-
t^rieur des familles, lorsqu'on avait k regretler la morl
d'un paicnt. On croit qu'elles ivaienl 6\.i appelees aiusi par-
ceqirellesduraient dix jours. Ne pourraiton pas atlribiier
h uu reste de supeistilion 5 cet (igard la diSlense que lait
Jiistinien d'iiiqui(Ster les li(iriliers pendant lcs neuf pre-
niieis jouis de leur deuil.'
LIVRE IIL
II, 1... Qiiarum vocabulo proplcr hanc populatiomm
cognominantur. Ccs raisins etaient appcli^e apiance ab
apibus, des al)eillcs,conime nous disons muscat,a mus-
cis, des moucbes.
X, 1 Itaquc custodiemus, ut ex privdiciis locis ,
quns linmeros riistici vocant... Aliumerus , ^paiile.
Resseniblance tiree dii corps de riiomme, auquel notre au-
teur compaie soiivent la vigne.
Xr, t. Quam diximus pullam vocitari. Ce mot
puUus, eniployii par Caton, cliap. cr,i de son Economie ru-
rale, el par d'auti"S aiiteurs, peut a la v^rite s'appliqnera
uiie lerrc noirdtre ; niais il pourrait trt;s-bien s'enteiidre
d'une terre douce ct niolle, quelle que .soit d'aillciirs la
coiileiir. En effet, 1'line, xvi, 6, oppose la terre qu'il ap-
pelle vieitle, anus, eu egard a sa st(5rilit(5 , a la teire teii-
dre , qu'il appelle ;)!(Ha : par cons^quent il y a lieii de
croire qiie le noni de pitlla iie liii vient pas lant a caiise de
sa conleiir qne de sa niollcsse, et^de cet autre avanlage
qiie Vairou appclle teneriludo (cliap. xxxvi de 1'^-
conomie rurale,\iv. I), qiialiliis qui liii doiineut Tappa-
rence de lajcunesse,etquila distinguentdecelleque l'line
appelleanifj.
XIII, 1. l^i-n si statim uVigo palustris olma, sicut
in agro Uavennate. Ce sont ces eaux inar^cageuses qiii
produisaient les brouillardsfi(;qiients, d^apriis 1'line, xiv, 2,
et empScliaient la plupartdes vignes de croilre dans le lei-
ritoiredeRavenne. C'estcequcMartial expiime assez lieu-
leusement dans une de ses ^pigraninies, en disant : qiril
ainierait mieux avoir ci Ravenne uneciterne qu'iiiievigne,
parce qiie rean s'cn vendiait bien plus clier qne le vin.
Quoi qu'il en soit , on pr^tend qiie le vin n'y est pas niau-
vais aujoiird'liui, soit qu'on ait dess(5ch6 ces inaiais,
soitque les habitants se soient appliqii(5s avec plusde soin
h la cullure de leurs vignes.
2. Ad destinatam pastinationis altitudinem : sed
protinus, etc. On voit par la que \e pastinum 6tail nn
instruinent qiron jelait dcvant soi pour fouiller la terre;
car ceux qui fouillenl avec une biclie sur laqnelle ils ap-
puienl le pied , poiis.seiit devant eux la terre ci mesiire
(prils la rcnuient, et iie la jettent poiut deriiiire eu.x,
puisqu'ils vout eux-intoies Ji lecnlons.
XXI, 1. }luic pares iis helvolw rvspondeant. Les
grappes helvolw soiit cclles dont la couleur est entre
rouge ct blauc.
LIVRE IV.
II. Quia cratem factura sit. C'est-i-diie qu'avant de
mouler perpendiculairement, conune fait le sucniitritif,
dans lcs plantcs, il commencerait par di^criie uue ligne
tiausversale et iiarallftle a rhorizon, de sorte que ces deux
diiections formeraient iiue espfece de claie, ce qui arrive
au.vi dar» le» vignes coucli^es par lerre.
VII, 1. Et velut rescccs relinquendi sunt, qui calo-
ris , etc. .. En effet', cette espfece de courson qiie Colunielle
appelle zenguis , (un ergot),nesaurait filre coupe saus
dommage pour la vigne. Pliis lard, on le relranclie comnie
lcs autrcs sarments , lorsqu'il est devenu sec et inntile.
LIVRE V.
1. At Galli candetum appetlant in areis urbanis
spatium cenlum pedum, in agrestibus autcni pedum
ci.. {quod aratores candetum nominant) semijuge-
rum quoque arepennem vocanl. Sclineider legarde
les motstcnferm^s entre parenth^ses conime ayant 6li in-
teicalliis; c'est aussi iiolie sentinicnt. En effet le siijet de
\Aji\irasesemiJugerumquoqzie arepennemvocant nejient
point 6tre aratores en g(!n(5ral , niais Galli ( Gaulois ) de lu
phrase prdc^dente, puisqiienre/if^HHiiest ^videnimenliui
mot d'origiiie gauloise, qui s"esl conserve jiisqu'a nos
joiiis {arpent, arepennis). L'aucienue Iratluction fraii-
^aise ( Les 12 livres de Columella, dcs clioses rustiqucs,
trailiiits de latiu en lian(;ais par leii maistre Claiide Co-
tereau, cliaiioine de Paiis (1553) csl pliis explicitea
cet ^gard. VoiiiconiiiiiMit le tiadiicteiirarenduce passage :
Les Gaulois appellinl coiidctum un cspace de 1 50 pieds
^s villes, et ds cliainiisdr 150 davantage; ils appellent
un demi jugeriim arpent {arepenis}, comnie si Var-
pent romaincn lenait dcux dcs Gaules.U eu riisulte
claiiemeiit qiie Varepennis ou arpent «'fait dans rori-
giue un seuii-jiigei iini, ct qiie ce sont les Gaulois et non
les ciillivaleurs louiaiiis qui se servaient de cette expre.s-
sioii. Qiiant aii niot candeluni, c'e5t probablement le miSnie
qiie cantrocd, nsiti5 encore aujourd'liui en Bretagne pour
sigiiirier uue (iteiidue qui embrasse cent m^taiiies.
V, 1. Qiwiiiamplerumquedicli sidcris tcmpore quce-
dam purlcs rjus reijionis sic infeslanlur Eiiro, quem
incolw Vullurnum appellant. Les .l/ii(//e«s appelaient
Votlurnus le vent qui sonfllait dii lleuve Vollurniis, ainsi
que le dit Florus, liv. II, 6. Dunlter, dans ses Commcn-
taires de Florus peiise qiie les cultivateurs de la pro-
vince Bijlique avaient voulu d(5signer ce mfime vent par
Vullurnus.
2. Quod nostri agricolw mergos, GaJli candosoccos
vocanl. II est asse; ciiricnx de reclierelier rorigine dii
mot gaulois candosoccl. II e^t (Svident qu'il se conipose de
deux racines fort distinctes. La premiere, cand, qui rap-
pelle h notre csprit cclle de candetus dont nous avons
paiM plus liaiit, signifie, d'apr6s Astruc (il/emojcei de
VHisloire naturelle de Langucdoc), nnprovin, laiidis
qu'on se sert daus ce pays du niot socciis poiir designer
la l^te ou le tronc de la vigne. En effet , ce dernier mot
s'estcon.serv(ijusqiranosjours, piiisqucnousleretionvons
dans le niot souclie. Gessner cite a lappui de cette ilyino
logie Cangii Glossarium.
VI, I. Ulmorumduoesse genera convcnit, gallicumet
vcrnaculum : illud Atlinia, hoc nostras dicitur. Pliiie
parle (5galeiiient de ces deiix especes d'<)nnes, mais il ue
donne ))oiut de noiii particulier a rorine de la Gaule , et il
altribue a ritalie respece qui, d'apres Colunielle, est d'o-
rigine gauIoi.se.
2. Populus quia raram neque idoneam frondem
pecori prwbet.... Gessner, et avec lui Sabourcux , lisenl
opulus ( ranbier) au lieu de populus. Mais la de.scription
que Colunielle nous donne de cet arbie s'applique bicn
plus i populns qira opulus ; et.Schneider, s'appiiyant sur
le passage de Pline, xvii, 32,demontre claiieiiient qu8
la veritable lei^on est populus.
X, t. Serendwsunt prwcipue l.ivianw ,sidcic, ...
AOTES Sim COLUMEI.LE.
cn!li.';/ni//iirr. Les fisiiiers de Livie 6i,uent ainsi ap-
pelis ( d'a|)ris Pline, xv, (S) dn nom ile la femme crAii-
guste, quiles aimait bcaucon|) : Dion, JivreLvi, prttend
qu'elle avait en^poisonniS son mari avec rette espi^ce de
(igue. Quanlau\ niols sukw, etc., on ne les trouve dans
aucun auteur, et beanconp de commentaires les rfigar-
dent comme alfcres. Ce (pi'il y a de couslant, c'est qn'il y
a des ligues trtscelebres, telles qiie celles de Cliio et los
figues lolles, dont Columelle ne parle puint ici, quoiqnil
juge a propos d'en faire mention ailleurs. Ne seraientc.e
point ces derni^res qii'il fandiait sulislitner anx auties,
doiit il n'est poinl qucslion dans le livre x?Quant aiix
figues appcldes caUis/rulliiw (de xa),Xt!rvo; , le plus beiiii,
el (TipouOo; moineau )', c'elaieiit probablenient celles que
les moineaux mangeaient de pnSfiii ence aux antres.
2. Ternas nuces in /rigoniim s/a/ui/o, elc 1'onr
coniprendrc quelle sera dans un triangle rectangle celle do
ces trois amandes qui (ormera le sommet du Iriangle, il
faut supposer que rune de ces amandes est posee sur uiie
ligne perpendiculaire, el que la tele des deux aulres est
un peu iiiclinee vers sa poiiite.
3. Ea sun/crus/ummn, regia , signina, /arcntma,
etc Pline(xv, Ij) dit qiiequelqiiesper.sonneslesappe-
laient /es/acea a cause de ieur couleur de lerre cuite ; eii ce
cas, lenomde signinane leurviendraitpointdecequ'elles
croissaient sur leterritoiredecette ville, maisde ceiprd-
les ressembleraient aux onvrages qiii s'y faisaient. Les
poires.fifpcciffi^orgueilleuses) soiit, d'apres Pline (15,
I,'i), celles qui viennent les premieres. .Suivant lui , oii a|i-
I yiehjl ordcacece ( d'orge ) les poires qu'on ciieillait an tcin|is
: oii lon r^coltait rorge. II est probable qiie les poires de
I Tnranniiis doivent lenr nom 4 Niger 'rmannins, qiie Var-
ron cite dans la prdface dii livreii de soii Economie rura/e
! comine un liommc qiii .se livrait avec succfcs aux Iravaux
agricolcs.
4. Si/iguam graxam, quam quidam xspitiov vo-
can/, etc... Le carrongier ('tait appelc xspdcTiov ( de xspa; ,
corne ), parcc qne soii fruit a la (igurc d'ime corne.
LIVliE VL
IX. Ex n/co e/ goro sn/iva/i more di)m//i. Legarum
4Uiit une sance tri;s vanti^e clie/. les anciens , ipii se ser-
Taient poiir la composer des iiitestins d'iin poisson appele
garus. On metlait ces inleslins dans nn vase, et oii les
salail ; piiis on les expo.sait pcndanl loiigteinps au solcil ,
en ayant soin de les reniucr souvent. Lorsqiie la clialeiir
du soleil les avait bien mac^rfe, on coiiviait levass avcc
iine passoirc a travers laqiiclle s'ecoulail \egarum, de
sorte qu'il ne reslait jilns au fond que la inatieie appelec
a?£'.r. OnlitensuilelejariiHtavecdesinaqueieaux^ct Pline
dit, XNxi, 8,qu'iln'y avait pasde liqueur d'un plus liaut
prix que cellelii, a rexceplion des parfums liqnides.
XiV. Quo' voca/tir avia... Le mot d'«um vaiie bean-
coup dans loutes les editions, et nul autie anleur que Colu-
iiielle ne Ta employii; aussi persoune n'a-til encore pii
diStciniiiier ce que c'etait qiic ccttc lierbe. Certainsconi-
mentatcurs ont cru que c'etait dc la fougcrc , et qu'clle
^liiil aiiisi appelee ab avibus , pane que les feiiilles res-
semblaieul a raile des oiseaux. En effcl, c'esl par celle
faisoii qiie lcs Grecs donnaient a la fougeie le iioni dc
irrsfi;, ([ui vieut de —sfov, aile. l)'aulres uiitcriiqiiec'etait
le senc(;on, appeli! par les Lalius scnccio ( de senesco,
vieillir ); de sorle que la lacine du niotoivfl serail avus
( Braiid-peic ) , parce qiie les aigreltcs de la semencc <le
cctle plante leprcisenteraienl la lile d'iin vieillard.
X\U, I . Musque arancus, quem Graci |ijTf«^''i^ oppc/-
515
/an/. Mvyy.lr, , de |j.O;, rat, ct de YaXrj , belctte ou fouiii,>,
coinme etant engcndriv parcesaniinaiix.
2. Sal hi<;panus vc/ nmmoniacus. Le sel aminoniac
des anciens dtait un sel natnrel, aiiisi nommi; d^aijqio;, qiii
veut dire sable, parce (pi'on le troiivait sur le sable. Ou
le tiiait priucipalcnieiit (r.Vim(5iiis , ce qui lui avait fait
donner le nom ii'arnicniacum.
3. Faci/ idem /ri/a scpiu; /es/a. Sepiaeit un imisson
de mer, doiit le dos cst garni d'une espi-ce d'tifaille coii-
nue dans la miMecine sous le nom d'os de seclie.
XXVII. Utide etiam vcncno indi/um es/ nonien
[■mto^Lmii.Cc mot grec seconipose de Vnito;, clieval, et de
(j.a;vo|ia'. , Hve eiiragi; , fou. Les ancieusauteurs, qiii pre-
tendaieiitque riiippomane cxcilaita ramour, pailentlous
d'une maniferediffijrenle. Pline (xxviii, l l)dit que c'estuufl
liqueur rendue par la cavale, ddiil la vertu ost si graiMle
que si elle se troiive avoir eie uMiv dans de rairain iiiis eii
fusion poiir faire iine statue de cavale, les niales qui
s'a|)procheronl dc cctta statue auront la rage dii coil.
Le mfime auleur (viii, 42) dil que c'est uiie caronciile
iioire qui se lrou\e sur le front du ponlain au monient
de sa naissance, el qiie la cavalle devore aussildt f|ii'il
cstiKi, sans qiioi clle iie se lais.serait pas l^ter par lui.
LIVRE VII.
I. Scrpe enim, ti/celebcrrimns poc/a memnra/ otc.
Colunielle veut parier de Virgile ; le passage qu"il cite se
Irouvedans le premier livredes Gcorgiqiies.
II. ^'.r qito .Xomadum Ge/arumque pliirimi xaXaxTo-
noTai dicuiifur ; c'eila-dire qii'on lesappelait buveursde
lai/.
Sede/iamin /o/a ruris disciplina Virgiliuspravipi/.
Le passagc cit6 par Coliiinellc se trouveansecoud livie
desO(5orgiques.
X. Cui succuri/ur,si /abriccn/ur canales e.i tama-
ricis e trunco. Pline, xxiv, 9, va pltis loin eiicoic; il
pi(Hend qifon faisait manger el boire les aniniaux, et
nu'nielcslionimes,qiiiavaient nialii larate, dans des vases
faits de tamaris. Leieniede recommande par Columelleet
Pliiie rcssemlile a.ssez au pain tiempi', dans dii vin, or-
donnii par le m(;deciii de iMolii^re pour faire parler les
niiicls.
LIVRE VIH.
V. Glocientihus : sic enim appc/lan/ rus/ici.... Le
motde g/ocien/cs, cinployi;, comnie dit Columelle,par les
pay.sans romaiiis, a sans doute (buiiic lieu au mot g/os.
ser ou glousscr, que nous employons dans le nifiiiie
sens.
XIV. Fru/icibus nu/ .<:olidioribus lierbis ob/uc/ntnr
i/a pcr/inaci/cr , ui col/um abrunipa/. lowt surpre-
nantque nous paiais,se c.e fait , il seinble qn'on n'cn pnissi-
doiiter, dn nioins en ce qiii concerne 1 Jtalie, puisqnil
(!sl conlirme par Varron, livre iii , cliap. x , et par Pliiie ,
X, 59.
XVI. Et Ciminius lupns auraia.^queprocrcaverunt.
Lcs C.refs appilaienl c« pnisson pysiSni; , i) cause de ses
sourcils doics Qiielques inlcrpreles cioient que c'est lc
poisson coiinii so.is le noin de doradc ; niais d'aulres prc
lciident qu'il ira lieii de coniniun -avec !a doradc, ct qu'il
esl iucoiiiiii sur lcs c<)les de prance.
2. Saxa/i/es dic/i sun/. ToOtes les especes d'linl!ii-s
sohl comprises soiis cc noin.
516
NOTES SUR COLUMELLE.
3. Balnni; ce imiii leiir vieiit sans (joiile Jo leur res-
semblance aveo le t;kuid de cliiMie , qiroii nommaU en
grec pdXavo;.
4. lU mendce turdique. Lcs turdi »'appellent aujoiir-
d'liiii encoie toido cn Italie; nous connaissons ce poisson
sous le nom de vi"lle.
5. i\'ee viinus mcUinuri. Cc mot provient evidemment
de p.e).o; , noir, et de oOpa, queue, parce que le poisson
coiinu sous ce uom a la queue iioire : qiielques interprfites
veulent que ce soit la pcrc/ie de vier.
0. Evmque prisca consueludine zeum appellamus.
Pline, IX, 18, et xx\ii, 11, luidounelesdeuxnoms; ouprd-
tend qiie c'es( le poissou que nous appclons la dorce, a
cause de la couleiir dort^e de sa queue; et que les Marseil-
lais appellent truic, parce qu'il groHne comme un pour-
ceau quand on le preiid.
XVll. Vel quidquid inlcstini pehimis. Pliiie , ix , 15,
iious appixMid qiie le pelamis est le lliou lui-mOme, qui,
naissant en (?te, s'appclle cordijla jusqu'au piinleiiips qui
siiit sa naissance; apr6s qtioi il s"appelle pelamis jusqn'a
la fin de ranniie, du niot ii-i\Xo:„ qui veut dire bourbe,
parce qu'il sc caclie dans la bourbe; de sorte qu'il ue
|ii'end le iiom de tlion que ramiee suivante.
LIVRE LX.
V. Sicuti cancri nidor, cum cst ignibus adustus.
On ^tait daus rusa^e de faire cuiie des (Screvisscs noii-
seulement poiir la table ( inconvinient aiiquel Columelle
ne parait pas laire allusion dans ce passage ), niais poiir
pliisieuis remedes iisitiis en medecine (Pline 32) , el iio-
tamment poiir priiserver les arbies dc la brillure et de
la bruine (Pline, xviii, ?9).
VII. Nec obsccenum scarabci vel papilionis genus.
Cclte esp6ce particiiliere de papillons nuit aux ruclies de
plusieurs maniferes, comme noiis rappriMiJ Pline,u, 19,
soit en mangeaut la cire , soit en laissaut dans ies ruclies
des excr^ments qui engendrent des teisiies , soit en coii-
viant dii diivet de ses ailes les toiles d'araign6es (iu'elle
vencontre sur son passage.
V!T[. Alque, ut ille vates alt. Columelle paile de
Viigile; le pussage qu^il cile se tronve au livre iii des
G^orgiques.
I.K. AflHi ul idem ait. Lc passago cit^ par CoIumeHe
cst encore tiie <lu livre iv des GiiorHiques.
XIII. ffijginus guidem in eo libro quem de apibus
scripsit Aristomachus, inquit. Cetaiiteur, iialirdeStoIas,
avait une si grande passion poiir les abeilles, qu'il passa
la (ilus grande parlie de sa vie i s'occuper de ces inseclcs.
i'line, IV, 9.
XV. T(dis oUa, cum cst alveari objecla, spiritu
ndmoln fuiiius ad apes proviooetur. Puisque les abeilles
en sentaiit la lumiSese retiierontsur le devantde la ruclie,
et que suiiveiit mfinie clles cn sortiront loiit ii fait, il faut
siipposer (prou aura .soulevi* la riiclie poiir taire la fumiie
pai-dessous, afin ipie les abeilles en fuyaiit remontent au
liaut (ie la ruclie ; aiilrement elles se jetteraiiMit dans la
fumt'e, et lombcraiciit dans le [>c\U qu'elles vculent
(^viler.
LIVRE X.
^'crs 4. Et tr. mngna fales. C'('tait la di^esse des
pitrcs et des paliirai;e9, qne d"autres appcllent Vesta, et
d'aulres la Kktn di^s dieux. On priSteud que le nom de
Palfcs lui vcnait du mnt pnrrre , qui vcul dire engen-
drer, comine si de parere on eftt fait Palcs. Ce qiiMl y a
de certain , c'est qiie la Ifite qui se ciSiebrait le jour de la
fondation de Rome s'appelait indifKremmeiit Pariita et
Palilia.
V. 4. Ncc non ccelcstia mella. Columclle dit que
le niiel est ^man^ dii ciel, soit pour se conformer a l'o-
pinion des anciens , qiii croyaient qii'il (ilait form^ par
la rosfie soit a cause de rorigine qu'ils altribuaient aux
abeilles.
V. 20. Mceslamqiie cicutam. La cigue est appel<!c
inoesta, paice qu'a Albenes on condamnait les crimincls
a boire dii jus de celte planie ven(5neuse. Ce fiit le geiire
de mort aiiquel fut condamne Socrate.
V. 32. Niimen venerare UkijphalU terribilis mcm-
bri. Columelle n'iniite guire ici la cliasiele de Virgile,
qu'il sest proposij pour modcle. 11 designe soiis ce nui«
le 1'riape qiie lcs anciens metlaient a la garde de leurs
jardins.
V. 54. Et adversos metuant Atlantides ortus. Co-
lumelle, par cette crainte qifil priSle aux Pleiades (filles
d'AlIas , et appelfes de la Atlantides ) , veut designer le
temps oii elles se coucbeut.
v. 67. Icrgoque Croli feslinat equino. Cest le Sa-
gittaire; car on supposait que Crotus, lils d'iiupli(!nie,
nourrice des Muses, avait (StiJ, ii leursollicilation, inis par
Jupiler au-nombre des aslres apres sa inort. On le peignait
avec des fliclies et avec une croupc de clicval, a cause de
son amour pour la cliasse.
V. 120. Vimque suam idcirco profitetur noinine
Graio. PlinepKilend (w, 17) quecclteplanleavail la vertu
d'eiracer lcs cicatrices et les autres taclies de la peau,
comme elle rannonce par son noin de lepidium, de i.imf,
(jcaille, ou de Xotm, ecorcer.
V. 173. Et lacrijmas imilata tuas. Columelle enlenil,
par celte myrrbe , la planle connue sous le nom de mace-
run, (lue lcs Latins appelaicnl smijrnium (de a(j.-jp'/a,
(myrrbe , parce que Todeur et le gofit de la racine de celle
plaiitc apiirocbeiit de ceux de lamyjrlie, (Pline, xix, I2,i,
ou infime parce que sa racine lepaiid, lorsqii'on y fait une
iiicisiou, uiie larrae semblable aux larnics de la inyrrlie,
suivant Columelle.
v. 175. Aeaciijlores. Cesoiit les jacinlbcs. On pr^tend
que lorsque Ajax se fiil lui', son sang ful cliang^ cn cetlfi
tleiir. Ajax , le pliisbrave dcs Giecs apres Acliille, se doniia
la inort ;i cause dc rinjiislice qiie commirent a son ligard
lcs juges , en adjiigiMiitii Ulys.se les armes d'Acliille.
v. 191. Prewii fcrali mense Lupercus , c'est-i-dire
aii niois de liivrior, lemps aiifpiel on ciliibrait les Ifites
Lupcrcalia , institiicH's en Tbonneur de Pan. Les pi (Stres
qui les c(ilebraicnt s'appelaicnt fAiperci : ils coiiraient
iiiis par toiite la ville pendaiit la solennitc de ?a lclc, et
donnaiciit des coups de lanicrc de bouc dans la inaiu des
femines grnsses qu'ils rencoulraiciit, pour leur prociircr
iiii lieiircux accoiicliemeni. On liiisait aussi des sacrilices
en riioiiiieur des iiiorts : ces ciirr^niouies s'appelaient fe-
ralia, comnie les IStes dont nous veiions de parler, et le
mois de {ewier /eralis.
V. 251. !\'omine tum Graio ceu littera proxima
primce Pangilur. Cest nne allusion d'ailleurs assez pe»
piquanle aii iiom latin de la poiree, qui est bcta, et i celiii
dc la.secondc leltrc de ralpbabct grec, qui est ^galemeiit
p-OTa.
v. 315. f:t cclebres Fortis Fortunm dicite laudes.
Ln Fors Fortuna ^lait une dfes.se diffiirenle de la
Forluna, dont la ICte ^tait c(51^hr^e par les geiis de
la ba.sse classe qui n'avaient point de niiitier poiir gagiier
leur vie , et qui avaicnt un templc a Ronic aii dclii du
Tibrc.
NOTES SUR COLLMKl.i.
V. 342. Hiiic mala rubigo, etc. Les Komains avaient
fait une deesse de l<i louille (i-uliigo ), alin de prt5-
seiver les blcs de cctte maladie, par lc cuUe qu'ils lui
rendaient.
V. 345. Tijrrhenus ftxisse Tagcs in limile ruris. Ci-
c<iron raconlc, livrc ii, de Divinat., iiu'un paysan qui la-
bourait son cliamp dans rEtrurie vil sorlir subitement,
du niilieu d'un sillon , un enfanl (pfou uomma Tagfe , ct
qni riustrui.sit daus Tart des ani.<iiiicrs.
V. 414. Et Caunis cemula Cliiis. Ck6m\\, livre ii
de Divinaf., dit k roccasion de cette ligue, que lor.sque
M. Crassus euibarquait son armee a Urundnsiuni ( lors de sa
mallieureuse expcdition contre lcsPaillies, Plin., xv, 19),
un marcliand criait sur le port des ligues de Cauuus k ven-
dre. Commc ce cri latin ^lait Cauncas , il i>r6lend ( aiusi
que Pliu. ibid. ) que Crassus aurait dil le regarder comme
un mauvais presa^e qui lui dcfendail de partir, cavc nc
eas! Le calcmbourj; c(,iit dcja counu du lenips de Ciceron.
LIVRE XI.
L i\am illiid vcrum cst M. Calonis oracidum. Cet
oiacle atliibuii a Caton ne se trouve point dans sou lico-
nomic ruralc. 11 paiail ncanmoins qu'il s'y frouvail du
temps de Columelle, ce qui prouvc qu'elle ne iioiis est
point pai venne cn entier, corame nous Tavoiis deja ob-
serv^.
Quod ipsutn cxjircssius velustissiinus nuctor Hesio-
dus hoc versu significnl. Le passage cile par Columelle se
trouvc : 'EpY"''', II , 31.
Serere ne dubitcs , encore tiriS de Calon , cliap. iii.
II. I^ani frigidis vel a qiiinquatribus prata rccte
submittunlur. Cetaient des fetes que ron cel^brait au
mois de mars cn riionueur de Pallas, a laqiielle on avait
dedi^ un temple siir le niont Avenlin a pareille cpoque.
Ces IStes duraient cinq jours : lepreniicrjoiiron faisaitdes
sacrifices ; pcndant lcs trois suivants on donnait des com-
bats de gladiatcurs ; et le cinqiiieme on puriiiait les
lemples. Toutefois , ce n'est pas ii caiisc du uombie dcs
jouis que ces ffites ^taient appelees quinqitnlria, niais
parce qii'on les ccltibiait cinq joiirs apres les ides , et
que le lendemain des ides etait un jour ater, c'est-a-dire
un joiir q«e les ancicus regardaient comme malbeiireux.
OHinyMrtirirtsigniriedoucIilteralemeiit giHHjMC abatro
dic.
Ita tnmen ut ipsis calend. Januariis auspicandi
causa omne genus opcris instaurent. Cetait Tusage
chez les Romains dc faiic qiielqiie cliosc de sa piofession
.ce joiir-la, daiis la vue lie coimnciicer lieureusenient
raniiee
LIVRE xir.
Vlll. Oxijgalam sic facito. Le inot O.njgriln sigiiilie
proprement lait aigre ( de i>l'ji , aigre , ct ■^ai.-ji , lait). Cette
espke de boissou cst fort a la modc, a cc qu'uu picteiid ,
dans la Tiiniuic ; les Tiiics s^en servent peudant les gr.in.
des clialeurs, cn la dClayant avcc de reau froide , el en |a
prenaiit avec du pain (|u'ils (Smieltenl.
XXIII. Pix cort icnla nppellalur, gumihcnfur elc. On
donnait apparcmmenl le nom de cvrticnta k cclte esp6ce
depoix, paice qiie, touten (itaut gliitineuse desanature,
ellc ne laissait pas dtUre friable , et comme revetne d'une
6a\\le eii forme d'ccorcc. Au rcste, iiii ne tiouve point
ce mot appliquii fi la jioire par <rauLres auteiirs (|iir par
Columelle.
DE .ARKORIBUS
III , I. Scminn novclln cinnvctcre sarmcnto deposila
cilo comprclicndunt. Coluuiellc fait .saus doiite albisiou .i
ce passa!;e dii di. iii, 17, ainsi cou(;mi : ■< Lcs auciens lais-
sai<Mil aii nouveau sai mont niie parlie du viiMix lors(|u'il
le [ilautaient eu ferre; mais rexpi^Micnee a conilamnii cette
luelhude, parcc que toiil ce qui restait de rancieu bois
poiirrissail bienlOt par reflet dc riiumiditii. »
Rcmarqiions^cependaiit qu'il (5tait impossible de si5parcr
enliiremeut Ic uouveaii sarmeut du vieux bois, et qiril
eu restait tonjours une petile partie qiii donnait au plaiit
rappaience d'uu maillet; de la le noiii de malleolus en
latin et de crossctle ( de crosse ) eii fiani^ais.
2. Sapor autcm (siculi priino docnimus voluminc.)
Cc passage sc tioiivc eii cffct au liv. II, 2. Columelle dit
primo voliiniinc , paice qiie ces deux premiers livres n'en
formaidit qu'un daiKs le piincipe, lequel ("lait suivi
du Iraile dc Arbnribus. II paiait qiie Coliimelle a cru
devoir adopler pliis lard uue nouvelle division.
V. Summns parlcs guas a^stivns etc. II riisulte du
livre IV, 8, qiie ces sninmn,'! parlcs ne sont qiie les ra-
diculm , que Columelle appelle ('galement ccstivm daiis le
passage qiie nous venoiis de citer.
VI. Rndicibus nnlanlibus. Coliimelle compare lc
terrain 4 une siirface (reau siir laqiielle les racines ue fe-
raient qiie nntarc. II cst iicroire qii'il a voulu exprimer la
m6me id(?e dans ce pa.ssage ilii livre VI , 22 , oii il dit (pie
les racincs .sont in sumina tnbantcs.
X. Falce nciita scmcl nul his co loco altc insfnr digili
mucrofcrito. Le m»cro elait iine despartiesde la ser|<;tte
ancienne,qui se composait (iraprisColumelle, IV, 2.'>) du
cultcr (couleau ), du scnlprum (bistouri), dii rostrum
(bec), dc la sccuris ( baclie) et enfindu mucro (poinle).
Le nmcro, conime son nom rindique, formait rextrijmiti!
de la serpe,et 6tait |iencli<i siir le devant en foinic de
pointe (ejusque velut apcx proniis immincns mi.-cro
nppellalur).
XV. Qtiod nefiat, fnlccs quibus vincam putavcris ,
sanguine ursino linito. Palladiusnousriicomniandepour
le lufimc usage lc seviiui uisinum. 1'line, 17, 47 noiis
vaiile t'galenient la vcrtu dii saiig de roius en nous disaiit
qu'on iraiirait qn'ii en frotter la serpctte avant la taille
poiir empiicber les laisins d'6tre inangis par les oiseaux.
PALLADIUS.
NOTICE SUR PALLADIUS.
Palladius Rutilius Taurus Eiiiilianus est le der-
nier parnii les ecrivains latins qui ont traite de
ragriculture. Son ouvrage, intitule De re rustica,
renferme des extraits d"anciens livres, surtout de
Columelle, qui souvcnt } est litteralenient copie.
Cependaut, Palladius trait£ d'une nianiere plus
exacte que Colunielle la partie des arbres frui-
tiers (a Pexception de rolivier) et des jardins pota-
gers, qu"il a extraite des ouvragps de Gargilius
Martialis. Ce qu"il dit sur la maniere de conserver
les fruits cl le vin est tire des Geoponiques grecs ,
dont Palladius avait un exemplaire beaucoup plus
compiet que l'abrc'ge. que nous en possedons
L'ouvrage de Palladius est diviseenquatorzeli-
vres. Le premier reuferme une introduction gene-
rale; cliacundcs douze suivauts porte le noni d'un
des niois dc Tannee , et enseigne les travaux pro-
pres a cliaque saison : le quatorzieme livre est un
pocme didactique en vers elegiaques sur la greffe
des arbres. Le slyle de cet ccrivain est incorrect et
plein de neologisnies. Les savants n'ont pu s'ac-
corder sur le temps oii Palladius a vecu; les uns
le placent au comniencemeut du second siecle, les
autrcs a la fin du quatrienie. Quelques-uns croient
le reconnaitre dans ce parent dont le poete Ruti-
lius parle dans son Itincraire ; d'autres ont observe
que ce dernier etait un jeune Gaulois envoye par
son pere dans la capitale de Tempire, pour y etu-
dier le droit , taudis que ragronome avait des pos-
sessions en Italie et en Sardaigne; ils ont ajoute
qu'on ne trouve pas lc noni de ce Palladius parnii
ceux des prefets et autres magistrat.s supremes de
la premiere moitic du cinquieme siecle , tandis que
le titre de lir illuster que porte notre agrononie
dans les manuscrits, indique qu'il a ete revetu de
quelque haute digiiite.
Wernsdorf a tente une autre voie pour trouver
le siecle de Pallailius. Le quatorzieme livre de son
ouvrage etant dedie a un certain Pasipliilus, il
s"agit de decouvrir repoque oiiavecu celui-ci, qu'il
appelle un homme savant et dont il ioue la fldclite.
Aminien Alarcellin , en parlant de la conspiratiou
contre Valens , qui fut deeouverte eu 371, raconte
que le proconsul Eutrope , qui etait parnii les
accuses, fut sauve par le couragedu philosophe i'a-
siphilus, auquel les tortures ne purent arraclier
une denouciation. Ces circonstances repondeut a
Telogfc qiie faitPalladius de la lidelite de son aiiii ;
et si celui-ci est le meine Pasiphilus qui, en 39.j, fiit
reclor d'uue province, comine on voit par uue loi
du codeTlieodosien, on peutsupposer que le qua-
torzieme livre de Palladiiis , oii il n'est pas fait al-
lusion a cette dignite , a ete ecrit entre les aiinees
371 et 39 j. 11 est vrai que parmi les magistrats de
celte epoque on ne trouve pas de Palladius, si ce
n'est celui cjui en 381 fut magister ofjiciorum ;
maiscelui-ci habitait Constantinople, et non rita-
lie. A cette observation on peut repondre en di-
sant qu"il irest pas bien siir que le nom de famille
de notre agronome fut Palladius ; que Cassiodore
et Isidore de Seville rappellent Emilianus, et qu'il
faudrait peut-etre le chercher parmi les iiidividus
de ce nom , ou meine parini les Taurus.
( Extrait de Sclioell , /listoire da la
lilterature romaiiie ).
R. T. /EMILIANUS PALLADIUS.
DE L'AGR1CULTURE.
LIVRE PRKMIER.
L La piemiere contlition de tout eiiseijinemeut
est de bien songer a qiii Ton s'adresse. Poiir for-
mer un cuitivaleur, par exemple, linstiluteur
n'jra pas lutter, avec les rlieteurs de profession,
d'artilice et de beau langage, ainsi que rontfait
certains auteurs qui, a force d'etre diserts avec
les paysans , ont reussi a se rendre ininteiligibles
meme aux gens instruits. Mais coupons court a
cette preface; il ne faut pas imiterceux que nous
critiquous. ^ous avons donc a traitcr (avcc Taide
d'en haut) des diverses especes de culture , des
bergeries, des constructions rurales, d"apres
lesnotions des hommes de Tart, de la dcconvcrte
des sources d'eau , et en geneial de tout ce qui ,
choses ou individus , entre dans le materiel d'une
exploitation agricole, en vue de l'agreraent ou
du profit; le tout avecmethode, etdaus son lieu
et place. Et pour premiere condition, je veux m'as-
treindre a suivre Toidre dcs mois, et y traiter
successivement de chaquc plaute et dc son edu-
cation.
IT. D'abord les conditions d'un bou choix dii
terrain et d'une bonne culture se rapportent a
quatre ordres differents d'idees , qui sont : Tair,
Teau, le sol , et le savoir-faire de Texploitant ; trois
desquelles denendent de la uature; la derniere
est en nous. II s'agit de pouvoir et de vouloir.
II faut s'assurer d'abord de ce qui depend de la
nature, a savoir si, dans lcs lieux que Ton se
propose de cultiver, Tair esl saiu et tempere; si
l'eau y est salubre et obtenue commoderacnt,
soit qu'elle prenne sa source sur les lieux , vienne
du dehors ou soitdeforraation pluviale;enfin si
le sol est fertile et le site convenable.
III. On jugc que Tair dune contree est sain,
lorsqu'elle n'a point de vallees basses ni denuits
brumeuses , et que les caracteres physiques de la
po[)ulatio!i sont un teint de sante, la tete bien
attacheesans roideur, la vue iutacte , rouie nette,
et un gosier qui prete un passage libre aux sous
d'une voix claire. Cest a ces signes que Ton re-
connait la bonte de Tair. Lcs signes opposes de-
notent dans le climat une influeuee pernicieuse.
IV. Voici comment on ifcconnait que Teau est
salubre. II faut d'abord qu'elle ne provienue pas
d'etangs ni de marais , et qu'elle ne prenne pas sa
sourcedans desraines, niais qu"elle soit transpa-
rcnte , et ne soit impregnee d'aueun goiit ni d*au-
cune odeur ; quelle ne depose point de limon , ct
qu'elle puissc temperer lc froid par sa tiedeur,
et calmer lc feu de Tetc par sa fraicheur. Mais
commo il arrive souvent que la nature, dont lcs
R. TAURI yEMILIAM PALLADII
DE RE RUSTICV.
LIBEt\ PRIMUS.
I. Pars cst priina prudenti.T, ipsain, cui prxcepturns sis ,
testiniarc personain. Nequc cnim formator agricolse debel
artibus et eloqiienlia rlietores semiilari, qiiod a pjcrisquc
factum cst : qiii diiin diserle loquuntur riislicis, lioc assc-
quuntur, ut corum doctrinanecaperitissimis possit iiilcl-
ligi. Sed nos rccidanius prsefationis moram, nc, quos
reprcliendinius, imitemur. Diccndum autein nobis est (si
divina faverint ) de oinni .-igricultura ct pasciiis ct aedificiis
rusticis, scruiidnm fabricandi magistros, cl aqua; iiivcn-
tioiiibus, ct oiiini seucre coruin, quaj vel faccrc vel
nutrire opiirlit a^ncolain ratione voluptalis et fructus,
suis tamen tcmporibus per universa distinctis. Sane in
primis hoc servaic constitul, iil co meiisc quo ponenda
sunt singula cuin sua oinni exequar discipliiia.
II. Prinio Igitur eligendi el bcnccoleiidi agri ratio, qiia-
tuor lebus constat, aere, aqna, tcira, iudustria. Ex his
tria naturalia ; uniiin facultatis ct voluntatis. Naturae est
qiiod in primis spcctare oportet, iit eis locis qu» colere
destiiiabis , acr sit saliitaris ct clcmcns, aqua salubris et
facili.s, vel ibi nascens, vel addiicla, vel imbre collecta :
lerra vero fcccnnda et situ cnmmoda.
III. Aeris igitur salubrilateni declarant, loeaab infimis
vallibus libcra, ct nebularnin nnctibus absoluta, et habi-
tatoruin considerata corpuscula , si cis color sanus, capilis
finnasinceritas, inoffensum lumen oculoruin , puriis au-
ditus, ct si fauccs commcatum liquida; vocis cxerccnt.
IIoc gencre benignitas aeris appridiatur. His aulem con-
traria noxiuin cadi illins spirilnin < onfitentur.
IV. .\qu» vero saliibrilas sic agnoscitur. Priiuum nc a
lacunis aut a palude ducaliir : nc de mctallis origincm sii-
mat;sed sit pcrspicui coloris, iicqiie ullo aut sapore aiit
odore vilictur, nullus illi liinus insidat, frigus teporesuo
miilceat, aestatis inccndia frigorc niodcrotur. Scd qiiia solet
524
PALLADIUS.
operations sont toujours secr^les , cache dans
les elements des qualites pernicieuses sous les
plus belles apparences, nous jugerons encore
de la qualite de Teau par la sante, des habitants,
en examiuant si ceux qui en boivcnt ont la gor-
ge libre, s'ils ont la tete saine, et si chez eux
les affections pulmonaires ou gastriques sont
rares ou frequentes. Or, corame les maux du
corps se communiquent ordinairement du haut
en bas, s'il arrive que, dans un cas oii la tete est
raalade, ie principe morbide gagne les poumous
ou restomac, c"est moins a Teau qu'a Tair qu"il
faut alors rapporter cet effet. II faut encore
examiner si le ventre, les entrailles, les flancs
ou les reins n'eprouventpoint de douleurs ou de
gonfleraents, et si la vessie n'est point sujette a
quelque accident. L'absence de ces syraptomes
et d'autres analogues une fois constatee, ni Tair
ni les eaux ne doivent plus inspirer aucune de-
fiance.
V. Ce qu"on demande a la terre, c'est la fe-
condite. II faut que les mottes n'en soient ui bian-
cbes ni nues , et que ce ne soit ni un sable maigre
et sans aucun melange de terre, ni de Targile
pure, ni du cailiou grossier, ni du gravier sec,
ni une poussiere jaune aussi maigre que ia pierre
merae, ni une terre salee, amere oubourbeuse,
ni un tuf sablonneux et sec, ni une masse corapacte
et trop ferme, corame au fond des vallees. La subs-
tance de la glebe doit etre friable, tirant sur le
noir, et spontanement productive d"une couche
de verdure. II en est aussi de couleur melangee,
qui rachetent parune propriete visqueuse ce qui
leur manque en densite. La vegetation naturelle
du sol doit etre fournie, vivace, pleine de seve,
et consister principalcment en yebIe,jonc, ro-
seau, graraen, trefle touffu, ronces aux baies
succulentes, et pruniers sauvages; tous indices
d'une terre propre au ble. La couleur est, du
reste, assez indifferente; ce qui importe, c'est
que la terre soit grasse et douce. Voici a quels
signeson reconuaitra si une terre est grasse. Si,
apres avoir verse sur une petite motte de cette
terre de Teau douce et Tavoir petrie entre les
mains, on remarque qu'elle est gluaute et que
ses parties sont adherentes entre elles, c"est une
preuve surequ'ellerenfermeen ellede la graisse.
De meme si, apres avoir fait un trou eu terre,
on vient a le remplir de la terre qu"on en avait
tirce,et qu'il s'en trouve de reste, c'est une
preuve que cette terre est grasse ; comme, s'il n'y
en a pas assez pour le remplir, c'est une preuve
qu'elle est raaigre; et s'il n'y en a precisement
que ce qu"il en faut pour gagner le niveau du
terrain, c'est une preuve qu'elle est de qualite
mixte. On reconuaitra qu"une terre est douce,
au gout qu"elle aura lorsqu'on en aura pris une
motte dans la partie du champ la plus suspecte,
et qu"on Taura fait detremper dans un vase de
terre cuite, rempli d'eau douce. On recounp.it
aussi que la terre est propre a la vigne, aux si-
gnes sui vants : si elle n'est pas de couleur foncee ,
si elle a peu de consistance et s'egraine facile-
ment; si les arbustes qu'elle produit, tels que
les poiriers sauvages, les pruniers, les ronces et
autres serablables,sontlisses,luisants, hauts de
tige et portent fruit , et s'il ne s'en rencontre pas
de tortus , de steriles , et de chetifs et rachitiques.
Quant au plan du sol , il faut qu"il n'ait ni tropde
niveau , Teau y sejourne; ni trop d'inclinaison,
elle ufi fait qu'y glisser; ni de renfoncements
abruptes oii la terre v; gctale se precipite et s'a-
masse, ni d'exhaussement prononce qui donne
trop de prise a rintemperie et aux ardeurs du
liis oiunibus ad speciem cusloditis occiiltiorem noxam
tectior seivare natura , ipsam qiioque ex incolarum salu-
Ijiitatenoscamus. Si faucesliibentium pura sunt,si salvo
capite, in pulmonibus ac Iliorace aut nulla ost aut rara
causatio. Narii plerumque has noxas corporis ad inferiorem
partem, qux supra sunt corrupta demittunt : sed si vitiato
capite ad piilmonesvel stomachnm morbi causa decurrat,
tunc culpandusaer potius invenitur. Deinde si venler aut
viscera vel latera vel rcnes nullo dolore aut inllatione
vexantur ; si vitia nulla vesici^e sunt. Ha^c alque his simi-
lia si apud incolas pro majoi i parte constare videris , nec
de aere aliqiiid nec de fontibus suspiceris.
V. In terris vero qua?reiida fa!cunditas : ne alba et niida
sitgleba, ne roacer sabulo sine admistione teireni, ne
creta sola , ne arense squalentes , nejejuna glarea, ne au-
losi pulveris lapidosa macies, ne falsa vel amara , ne uli-
ginosa terra, ne tofus arenosus atqiie jejunus, ne vallis
nimis opaca et solida : scd gleba putris et fere nigra, et ad
legendam se gramiuis sui ciate sufficiens; aut misti colo-
ris, quse etsi rara sit, tamcn pinguis soli adjunctione
gliitinetHr. Quse protulerit nec scaJjra sint nec retorrida ,
necsucci natuialiseguiilia. Feiat, qiiod frumentis dandis
Hlile signum est, ebulum, jiincum , calamum , granien ,
Irifoliuiii non macrum, rubos pingues, pruna silvestria.
Color tamen iion magnopere quaerendus est, sed pingiiedo
atque dulcedo. Pingueni sic agnoscis : Glebam parvulam
dulci aqua cum spargis et subigis, si glutinosa est ct
adbaeret, constat illi inesse pingueduieni. Item scrobe
elfossa et lepleta, si siiperaverit tcria, pinguis est : si
defuerit, exilis : si convenerit sequata, mediociis. Dulcedo
autemcognoscitiir, si ex ea parte agri quiE magis displi-
cet, glebam fictili vase dulci aqua madefactam jiidicio
saporis explores. Vineis quoque utilem per h.tc signa co-
gnosces : si coloris et corporis rari aliquatenus atque
resoliiti est; si virgulta, qua piotulit, levia, nitida, pro-
cera, foicunda sunt, ut piros silvestrcs, prunos, rubos,
CToteraque liujiismodi , neque intoita , neque slcrilia, ne-
que niacra exilitale langiientia. Silus vero terrarum neque
planus.ut stagnet ; neque praeruptus, ut defluat; neque
obrulus, Ht in imum dejccta valle subsidat; neque arduus,
ut tempcstates imniodice .senliat et calores : .sed ex liis
oinnibus utilis seniper est a^quata mediocritas, el vel
campus apertior , et humorem |)luvium clivo fallenle sub-
ducens; vcl collis moUilcr per latcia iuclinala deduclus;
DE L'AGRICULTURE, LIV. !
soloil. TI faiit qu'unetcrrc partieipede toutes ces
conditions dnns une justc niesnre, de t'acon qne
ce suit ou une canipnsinc ouvcrte dont la pcnte
insensible laisse ecouler les canx de pluie;ou un
coteau dont relevation soit douce;ou une vallee
peu profoude, etoii le courant de Tair ne se trouve
point resscrre; ou un platcau protciic contre les
niauvais vents par rinterpositiou d'nne cime pius
elevee, ou par tel autre accident de terrain , ou
qui soit couvcrt de forets et d'herl)cs, au cas oii
il serait trop rude et trop ele\e. ^Liis corame, en
fait de terres, les especes sont nombrcuses; qu'il
en est de grasses ct de maigrcs , de compactes et
de lcgeres, de sechcs ct dhuniides; que presque
chaque propri^te a son inconvenient , bien quelle
reponde au besoin de quelque variete de senience ;
il faut clioisir commeje viens de le dire, de prcfe-
renee un terrain qui, etant tout a la fois gras et
meuble, soit dans le cas de rendre beaucoup de
fruits sans exiger un grand travail , etmettre en
seeonde lignecelui qui, etant compacte, iie laissera
point de repondre a nosesperances, tout en exi-
geant beaucoupde travail. Maisle pire detousles
terrains est celui qui sera toul a la fois sce et
dense, maigre et froid ; et il ue fnudra pas moins
reviterqu'nn terrain pestilentiel.
VL Mais quand on auraobserve avec la plus
grande attcntion ces trois conditions, qui d^pen-
dent si exclnsivement dc la nature que la main
de rhomme n'y peut rien , reste au savoir-faire a
jouer son role. Sur toutes choses, on ne perdra ja-
mais devueles preceptes generaux ei apres, (ine
j'ai extraits de tous lcs ouvrages ccrits sur Tagri-
culture. Quaud le maftre est present, la tcrre cn
vautmicux.Qu'onnes'attachepasa la couleurdu
sol, indice trop peu sur desaqualite. En fait de
plants ou de semenccs,n'emplojez que ce qu'il y
a de mieux, et toujoursapres essai. Experimentez
toujours avant d'opcrer cn grand. Le grain degc-
ni^replus vite dans les licux humides que dans
les lieux secs; c'est pourquoi il fautde temps en
temps remcdicr a cet inconvcnient par le choix
dc la semence. Ayez toujours sur les lieux des
ouvricrsspeciauxcn bois ou enfer, pour travail-
ler aux futailles et aux cuves, a(in que nul de
vos gens ne soit distrait de labesogne dcs champs
par la necessitc de courir a la ville. On plantcra
lesvignoblesducote duraidi dansles paysfroids,
et du c6te du levant, ou meme, s'il est ncces-
saire , du cote du couchaut dans les pays tera-
pcres. On nepeut pas, vu la prodigieuse divcrsite
des terres, donner de regles certaines sur lo
nombre de journees qu'elles exigeront; c'cst
pourquoi rusageducanton et celui de la province
vous decideront aisement sur ce nombre cn tout
gcnre de culturc, plant ou semence. Plante cn
llcui-s ne doit pas etre touchce. Le choix de la se-
mencecst mal fait, quand cclui qui en est charge
en delegue le soin. En matiere d'agriculture ,
rexecution aux jeunes, la direction auxvieux. II
y a trois choses auxquelles il faut avoir egard
dans la taille des vignes : respcrance du fruit, le
bois qui doit remplaccr par la suite celui que
Ton retranche , ct rendroit du cep ou Ton voudra
qu'i! repousse. Si on laille la vigne de bonne
heure , on aura plus de sarraents ; au lieu quc si
on la taille plus tard, on aura plus de fruit. 11
fauttransplanterla vigneainsi que lesarbrcsd'un
plus mauvais terrain dans un meilleur. Ou tail-
lera la vignc de plus pres quand la vendange
aura ete bonne , et dc moins pres quand elle aura
ctc raodique.Pour grcffer, tailler, couper, n'cm-
l)loyez que de bons outils, et donnez-lcnr bien le
lil. Achcvcz tout ce qu'il y a a faire aux vignes
vel vallis cuni qiKidani niO(loialii)nc ol acri? lUNilale .snb-
n.issa ; vel niuii.sallciins iiilniinis (lelcnsns olijectn, "I a
iiiolesliorilms ventis lilier anxilio aliqno, vel siililimis,
asiXM-, sed nenioiosns et lieibidns. Sed cnii) sinl geiieia
lenarnm pliiiinia, nt |iin^iiis aul iiiacia, s|)issa vel lara,
sicca vel linniida, et e\ liis |ileia(|nevitiosa, tamen pro|)ter
seniinnm diireieiitiani sicpe iiecessaria, inaxiiiie, siciit
snpra dixi , cliRendns cst pinguis ac rcsoliitiis ager , qni
minimnni laborcm poscit, et fniclum inaximum reddit.
Seciindi meriti cst spissus , qui laliore qnideni iiiaximo,
taiiien ad vola respondet. Illiid velo delerrimum senns
esl, (piod eiit siccnm .simul et spissum , et macruin vcl
fiisidnm : qui ager pestiferi more fiigiendus est.
Yl. Sed iilii licTc, quae naturalia sunt, neque humana
ope curari po.ssunt, diligeiitius <TStiiiiavcris, cxsequi te
conviniit partem, qiiie restat industrisc : cnjus Iiiec erit
ciira vel maxima, iit lias, quas snbjeci, ex omni opere
riistico III priniis deli(»as tenerc senlenlias. Pra'sciilia
domiiii provectns est a^i i. Color lerra; noii niagmpere dc-
sidcietnr , qnia bonitalis iiicerliis est aiiclor. ricnera
oinniuin surculoniiii vel friignni pra'clara sed terris tiiis
evierla commitle. Iii inivo eniiii 'fciierc seii.inum aiite
expcrinientniii iion est spes tota poiienda. Locis linniidis
seniina ciliiis qiiam [siccis degeneiant : quare siibindc
siicciii ral electio. l'"errarii , liguarii, doliornni cnparuniijiie
faclores necessaiio liabendi sunt , ne a labore soleinii
nisticoscaiisa desiderandic iirbisaveitat. Locls frigidis a
miTidievineta ponantur; calidis, a septentrione; teinpe-
ratis, aboriente, vel , si necesse sit, ab occidente. Ope-
larnm ratio ununi inodnm tenere iioii potest in tanta di-
versilate teriariini : ct ideo soli et provinciai tousuctndo
facile oslendct , (|ui numerus uiiamquanique reni faciat
sive in siirculis sive in oiiini genere satorum. Qua; llorenl,
conslat non csse tangenda. Bcne eligi serenda iion possiiiil,
nisi lioc oflicinm prius eleclns assuinat. In rebus agrfeslibus
niaxime ollicia iiivenum congniuiit , impcria seiiiorum. lu
vitibns putandistria consideranda sunt, (lucluum spes ,
siiccessura niateries, lorus (iui servet ac revocet. Vilein
.si malurius putes, plura sarmenta : si scriiis, frucliis
plurimos conseqneris. Ue locis delerrimis sicut arbores ita
vites convenit ad meliora tiansferre. Post bonani viiide-
miain stricliiis, post exignani latiiis piita. In omni opeic
inserendi, piilaiidi ac lecideudi duriset itcntis utere fer-
ramcntis. In vite vel arboie (|ua' (acienda sniit, peiagc
PALLADIUS.
ou aux arbies avant que leurs fleurs s'ouvi-ent
ou que lcurs boutous se developpent. Dans un
vignoble, il faut que la beche repasse surlcs par-
ties du terrain que le soc n"a pas touchecs. Dans
les lieux chauJs, secs ou exposesau soleil, n"e-
pamprez pas la vigne; elle y demande plutot
a ctre couverte. Quant a ceux oii la vigne est
brulee par le Vulturnus, ou par quelque autre
mauvais vent qui regne dans la contrce, on y
couvrirala vigiie avec de la paille, ou avec toute
autre defense qu"on se procurera d'ailleurs. S'il
se trouve au milieu d'un olivierunebrauche qui
rapportetrop de fruits, ou qui soit trop verte ou
sterile, il faut la retrancher, parce qu'clle est
prcjudiciablea larbre entier. llnefaut pasmoins
eviter un canton sterile qu'un cauton pestilen-
tiel , encore que ccs deux qunlitcs ne s'y trouvent
pas reunies ensenible. II nefaut absolument rien
mettre entre de jeunes plants de vigne dans un
terrain faconne au pastinum : ies Grecs ordon-
nent neanmoins d'y mettre la troisieme annee
tout ce qu'onjuge a propos, les choux exceptes.
Tous les lcgumes doivent etre semes, suivaut
les auteurs grccs, dans une terre seche ; la feve
seule doit Tetre dans une terre humide. Quicon-
que loue sa terre ou son champ a un proprietaire
ou a un colon qui en possede deja dans le voisi-
nagc , court a sa ruine et chcrche des proces. Si
Ton ne cultive pas les extremitcs d'un cliamp,
son interieurcourt des risques. Tous les froraents,
apres avoir ete semes trois fois dans un sol , se
convertissent en une cspece de silifjo. Trois cho-
ses nuisent au meme degre : la sterilite, les
maladies, et les voisiiis. Quiconque plante en vi~
gnes une terre sterile, n'a guere desouci dc ses
peines ni de son argent. Les pays plats donnent
du vin plus abondamment, mais les coteaux le
donnent plus fin. L'aquilon fertilise les vjgnes
par sou souffle , et le vent du midi leur donne de
la qualite. Ainsi nous avons le choix de recolter
ou beaucoup, ou du bon. L'urgence ne eonnalt
point de fetes. Quoiqu'iI faille semcr quaud la
terreest humectce, cepeudanllesseraailles jetees
en terre apres une longue secberesse s'y conser-
vent, quand elles ont ete bersces, plus suremeut
meme que dans des greniers. Les mauvais ehe-
minssont aussi contraires a ragreraentqu'au pro-
fit. L'homrae qui cultive traite avec uu crcancier
a qui sans cesse il faut des interets , et dont il
n'est jamais certain d'obtenir quiltance. Quicou-
que, en tracant ses sillons, laisse intacts les in-
terstices , nuit au revenu comrae au renom de
sa terre. Petit terrain bien cultive cst plus fertile
que grand espace ncglige. N'employcz jamais de
raisin noir, si ce n'cst dans les provinces ou Tou
est dans Tusage de faire du vin acinaticium.
PIus le support est haut, plus haut grimpe la
vigne. Tant que la vigne es.t jeune et verte , n'eu
approchez pas le fer. Lorsque lon taille un sar-
roent, il faut que rincision soit faite du eote op-
pose au bourgeon, de peur que la larrae qui en
decoule ordinairement ne le fasse perir. Quand
on taille la vigne, il faut lui laisser une quantite
de sarments a nourrir proportionuee a sa mai-
greur ou a sa vigueur. En terre profonde (a ce
qu'assui'ent les auteurs grecs) rolivier pousse en
bois, mais donne dcs fruits inoindres, qui sont
aqucux, tardifs,etfout plusdemarcque d'huile.
Un airtempere, rafraichi par des vents legers,
dontle souffle n'estni violeut ni froid, estfavora-
bie aux oliviers. Une vigue qu'on veut assujeltii"
par le baut doit etre elevee par degres jusqu'a
quatre pieds dans les climats conlraires, et jus-
qu'a sept dans de plus doux. Jardin situe en bon
climat, et traverse par un cours d'eau, n'exige
presque aucune regle, aucune science deculture.
ante apertionem iloris el geniman. In vineis aratro pra>ter-
missa fossor emendel. Locis calidis, siccis, apiicis pam-
pinandum non est, cum ma};is vilis oplel opiMiri. Et ubi
vineas Vulturnus exurit aiit llatns aliquis regjoni inimicus,
vilem tegamus slraminibus vel aliunde qua-silis. Ramus
lifUis, viridis et slerilis in media olea abscindendus est,
velnt tolius arboris iuimiciis. Sterililas et pestilenlia sequo
modo fugiendaj snnl , vel si secum iitia^que non fuerint. In
pastinato solo inter novellas vites omnino niliil est conse-
rendum. Gra'ci jubent, exceptis caulibus, tertio anno quae
libebit , injnngere. Omiiia legnmina Graecis aucloribus
snri jiil)eiitnrin sicca terra : faba tantummodo in liumida
delirl s|)iirgi. Domino vel colono confinia jiossidcnti qni
fuiidiim vel agriiin sumn locat , damnis suis ac lilibus
studct. In agro periclitantur inteiiora , nisi colanlur
exlrema. Onine trilicum in so!o nliginoso post tertiam
salioi;em in genus siliginis comriiulatiir. Tria mala scque
nocent, slerilitas, moibus, vicinus. Qui terram sleiilem
vineis occujiat , et laboribus suis et sumtibus est ininiicns.
Canipi largius vinum, colles nobilius ferunt. Aqnilo vites
sibi objectas fircundat, Aiister nobililat. Ila in arbilrio
nostro esl, [utruni] plus liabeamus, an melius. Necessitas
feriis caret. Quamvis temperatis agris sercndum sit , taraeii
si siccilas longa esl, seniina occala tulius in agris, quam
iii lioneis servabuntur. Viae malitia a;que et voluplali et
ulililati adversa est. Quiagrum colit, gravem tribiitis cre-
ditorcm palitur, cui sine spe absoliilionis astriclus esl.
Qui arando crudum solum inter sulcos relinquil, suis
fruclibus derogat , terrae ubcrlatem infamat. Foecundior
est culta exiguitas, quain magnilndo neglecla. Nigras vites
oninino repudies, nisi in provinciis, et ejus generis quo
acinaticiiim lieri consuevit. Longius admiuiculum vilis
increnienla producit, Teneram etviridem vilem ferri acie
ne recidas. Omnis incisura sarmenti avertatur a geinma ,
ne eam stilla, qure lluere consuevit, exlinguat. Pro inacie
vel soliditate vilinm iiuli ienda sarmenta putator injungat.
Terra profunda (qiiod Graeci assernnt) oleas grandes ar-
boieserfitit, fiuctus minoreset aqiialos ac seros, niagisqiie
amnrcae proxinios. Aer oleas tepidus juvat, el ventis me-
diocribus sine vi et horrore perllabilis. Vilis (lua; ad
juguni colitur , per Ktales ad lioc perdiicenda est , ut locis
molestioribns qualuor pedibus a lerra, placidioribus
DE UAGRICULTUr.E, LIV. I.
il faut iier pnr-dessous les grappes clc rnisiii
quand elles sont vertes, tant qu'il n'y a point
de risque d'eu 1'aire toniber les grains ou de ies
ecraser. Changez les liens de place, de peur que
radiierence continuene fasse piaie. Si les yeux
de la vignevoient la bechedu viguerou lorsquMls
sontouverts, resperaueedela vendange,quelque
belle qu'elle soit, sera bientot aveuglee. Ne la-
bourez donc que lorsqu'ils sont fermes. Pour la
culture des cereales, assurez-vous d'un fond
de deu.x pieds, c'est nssez pour produire. Pour
les vignes et les arbres, il eu faut quatre. De
meme qu'une jeuue vigne crolt aisement quand
on lui prodigue ses soins avec afreclion, de
meme ellc meurt promptement quand on la
neglige. Lorsque vous entreprendrez uiie cul-
ture, prenez la mesure juste de vos facultes;
car si elles se trouvent au-dessous desexigen-
ces , vous serez force de reculer avec dcshon-
r.eur, apres vous etre avance avec presornption.
II ne faut pas que des seraenees aient plus d'un
an de date. Conservees plus lougteras, il est
a craindre qu'elles ne s'alterent et ne viennent
point. Le ble des coteaux donne a la verite du
grain plus robuste, mais il en rend en moindre
quantite. II 1'aut jeter en terre toutes lessemailles
(Jans le tempsque la lune croitet dans des jours
temperes, parce qu'une clmleur moderee fait lc-
ver les semences, et que le frold les resserre.
Avez-vuus une terre couverte de bois inutile?
defrichez, et changez en guerets les meilleures
parties ; laissez le bois sur le reste. Lcs pre-
mieres produiront par leur fertilite naturelle;
vous fecouderez les autres en y meltant le feu.
Laissez apres cela reposer cinq ans le sol incen-
die, etcette partieimproductive pourra rivaliser
avee les plus fertiles. Pour plantcr rolivier et en
cueillir lefruit, lesGrecs recommandentdeu'em-
ployer que de jeuues gareons intacts ct des iilles
vierges; par respeet, j"imagiue, pour la chaste
deesse qui preside a cet arbre. II est inutile de
rien prescrire sur les noms des bles, puisque
de temps a autre ils chaugent de uature, suivant
les lieux oii ils sont semes, ou suivant leur ^ge.
Ainsi il suffira de choisir ceux qui lieunent le
premier rang dans le payscjuc nous cultiverons,
ou d'eprouver ceux quc iious aurons tires d'ail-
leurs. Si l"on coupe le lupiu et la vesce comme
fourragedans letemps qu'ilssontverts, et qu'aus-
sitot apres on laboure sur leurs racincs, ils fe-
conderont les campagnes a rinstar du fumier.
Mais si on leslaisse secher sur pied, ils absorbe-
ront le suc de la terre. II faut beaucoup de fu-
niier aux terrains humides; les terrains secs en
exigent moius. Tous les travaux de la vigne se
commeneent plus tot dans les eliinats ehauds et
secs , daus les localites fortement exposees au so-
leil , situees pres de la mer ouen rase eampagne;
plus tard, dans les regions froides, humides,
enfoncecs daus les terres, boiseesoumontueuses;
precepte que je n'cntends pas seulement des mois
ou des jours, mais encore des heures. Toute
piescriptiou de temps en fait de travaux agrieo-
les doit s'entendre aiusi : Quiiize jours avant
n'est pas trop tot; quinze jours apres n'est pas
trop tard. Tous les bles se plaisent mieux dans
une caiupagne ouverte et degagee, ou dont la
pente est tournee au soleil , que partout aillcurs.
Uue terre conipacte , argileuse et humide four-
nit tres-bien a la nourriture du ble et du fro-
ment. L'orge sc plalt dnns un sol meublc et sec;
riiuraidite la faitmourir. Les semailles des tre-
vero scpteni summitas ejus insiiigat. Hortusqui crclo clc-
menti siibjaiuU, ct font.ino Immore percunitur, |)iope cst
ut lilier sit, etnulliini serendi (lisciplinani requiiat. .Sulili.
gatio aceibis uvis facienila est, quando cxciiticiiili aiit
runipenili acini iiiilla foiinido est. Ligatiira in vitibiis
locum dcliet niutaie, nc unum .seiuper assiduilasconlciat
vinculorum. tossorem si apcrtus vitis ocuhis videril, cav
cabitur spes magna vindemia; : et ideo, duni est clansiis
fodietur. Torra; alliludinem cum fiecundilale, si ad frii-
menta, duobiis pedibiis explora : qiialuor veio, si ad
arbusta vcl vitcs. Vilis novclla ut facilc incrcnienlnm di-
Ifcla consequilur; ita interilum celcrcm, si neslifjatnr,
incurrit. IModiim teiie .Testimatis facuUatibus tuis in assuni-
tione ciiltura-, nesuperatis viribus, excedentc mensina,
turpiler deseras, quod arrogantcr assumis. Semina pliis-
quam aiinicula cssc non dclient, ne vetiistate corrupta iion
prodeant. Fiuineulum collis [quideni] giano robusliiis
scd mensurae niimis refiinilet. Omnia qii.i! seruntnr, cre-
sccnte luua el diebus lepidis siint sercnda. Nam lcpor evo-
cat, frisus iiicludit. Si libi agerest silvis innlilibusteclns,
ita eum divide, ut loca pinguia piiras loddas novales;
luca stciilia sih is tecta cssc paliaris; qiiia illa natnrali
ubertateiespoiidcnt, lia!c beneficio lactantiir inccndii. Scd
sic urenda disliiiKUCs, nt ad incensiim agrum post quiii-
qucnniiim revcrtaris : ita cfliiies, iit icqualitervelsferilis
Klclia cuni riiiiindilalc contendal. Gr.ixi jubent olivam ,
ciim plaiitatur cl lcHitiir, a iniindis piieris .itquc virginibii.i
opcrandiiiii : cicdo rccordati aiboii linic esse pnrsuleni
castilatem. Nomiua friimentonim siiperfluiiin est praci-
pere , qiia^ aiit loco siibinde aiit .Tlale inutanlur. Hoc .satis
est , ut eligamus pia^cipua in ca ipgioiic quain coliniiis,
vel explorcmus advecta. Lnpinus el vic.ia pabularis.si
virides succidantnr , ct statim siipra .sectas eorum radiccs
aretur, slercoris simililiidinc .agros foecundant : qii.ii si
esanierint ante quam proscindas , in liis ferras succu.s au-
fcrtiir. .^ger aqnosus pliis stcrcoris quaeril; sicciis miiiiis.
Calidis, mariUmis , siccis, apiicis, campestiibus locis
oinnc opiis viiiearum maturins inclioeliir; frigidis, mcdi-
leriaucis liumidis, op.icis, moiitanis locis lardins ; qiiod
iiou solum de mensibus aiit diebus dixcrim, sed etiain de
liorisopcrandi. Omncopiis rnsticuin, ciim fieii piiccipitur
ncqiie cito est, si anlc quindecim dics; neqiie larde, si
post quindccim liat. Fruuieiila omnia inaxinie I.Tet.antur
lialenli campo el soliilo, ct ad solem rerlivi. Spissa el
crctosael liiimida lcriabcnc farcttriliciiin nuliit; oidciiiii
ar;io solufo dilcclaliir cl sicco : naiusiinlulosospargatur.
528
PALLADIUS.
jwo/s conviennent aux lleux froids,ou il neige
souvent et oii Tete est humide ; ailleurs ils reus-
sissent rarement. On a meilleure chance toutefois
si le cliniat n"estque tempere, et si ron ne seme
qu'en automne. Vous faut-il operer sur unc terre
salee? attendez, pour planter ou semer, la fin de
cette saison. Delaye par les pluies d'hiver, le sol
perdra de sa mauvaise qualite. II faut encore le
melanger d'un peu de terre douce ou de sable de
riviere, lorsqu'on veuty faire une plantation. On
ne doit former de pepiuieres que dans une terre
moyenne , afin que leplantgagneauchange iors-
qu'il sera transporte. Les pierres laissees a la
superficie du sol sont glaciales en hiver, in-
candescentes en ete, et nuisent aux arbustes
et aux vignes. Leur presence au contraire est
utile aux terres chaudes et seches, quand eiles
sont enfouies et recouvertes. Quand on remue ia
terre aupres des arbres, il faut la changcr aiter-
nativement de place, de facon que celle qui etait
d'abord dessous suceede a celle qui se trou-
vait auparavant dessus. Pour fumer les arbres,
on formera des couches alternatives de terre et
de fumier, en commencant par appiiquer de la
terre a leurtronc et ensuite du fumier, et aiiisi
de suite jusqu'a ia fni de roperation. Pour regis-
seur, ne preiiez jumais d'esclave favori , et clioye
par vous dans sa jeunesse; car il regarderait vos
privautes d'autrefois comme une assurance d'ira-
punite pour ie present.
YJI.Dans ieciioix ou racquisitioud'une terre,
examinez si une cuiture negligente n'en a pas
altere la fecondite naturelle; si l'on n'a pas laisse
le sol depenser ses forces pour une vegetatiou
degeneree.Car, bieuqu'on puisse raviver le plant
par la greffe, toujours vaut-il mienx jouir ac-
tuellement, qu'attendre Teffet tardif d'une am^-
lioration toujoursincertaine. Pour le blele remede
est bientot trouve; c'est d'en semer d'autre. Pour
ce qui est des vignes, il faudra surtout exami-
ner si les cultivateurs ne sont point tombes dans
la faute qu'ont comraise bien des personnes
qui , u'etant curieuses que de s'acquerir la repu-
tation de posseder de vastes terrains faconnes
au pastinum, ne les ont remplis que de plants de
vignes steriles, ou de detestable produit. Si
votre acquisition presente un tel inconvenient,
vous aurez fort a faire pour y remedier. En fait
d'exposition , choisissez dans les couditions que
voici. Dans les pays froids , recherchez l'exposi-
tiou du levaut ou du midi ; car si le champ est do-
mine de ces deux cotes, les hauteurs iuterpo*sees
lui interceptent toute chaleur; attendu que le
soleil ne parait jamais du c6te du septentrion, et
qu'il tarde jusqu'au soir a paraitre du c6te du
couchant. II faut au coutraire choisir de prefe-
rence le cote du septentrion dans les climats
chauds. Cest en effet le meilleur, taut pour
le profit que pour i'agreraent et pour la salubrite.
S'il y auneriviere dans le voisinagede l'endroit
oii Pon se propose de placer les biitinients, 11 en
faut examiner la nature , parce qu'il arrive sou-
vent qu'il en sort des exhalaisoiis 1'unestes ; au-
quel cas il faudrail s'en ecarter pour batir. Pour
les marais, il faut absolument les eviter, acause
de i'air pestilentiel qu'ou respire dans leur voisi-
nage , et des animaux pernicieux qu'ils engeu-
drent , surtout quand ils sont au midi ou au cou-
chant, et que d'habitude ils restenta sec pendant
Tete.
VIII. II faut que le batiment soit proportionne a
la valeur du fonds et a la fortuue du proprieiaire,
iiiiiiiUir. '1'iimestris salio locis fiigiilis [et] nivosis con-
vciiit, ubi qualitas aestatis tiumecta est; caderis raro re-
spondel eventu. Senien trimestre locis tepidis inelius
rcspondebil , .si seratur aulumno : si necessilas coget in
salsa terra aliquid operari , e\tremo auturano plantanda
cst vel conserenda, ut malitia ejus liibernis imbribus
eluatur. Aliquid etiam terrce dulcis vel arenae flu.vialis
subjiciendum est, si illi virgulta eommitlimus. Somina-
rium nicdiocri terra inslituere debemus, ut ad meliorem,
quse sala fuerinl, transferantur. Lapides qui supersunt,
liieme rigent, Kstate fervescunt : idcirco satis arbiislis et
vitibus nocenl; quaa tamen lalentla prosunt in terris
calidis et siccis dummodo eis lcrra supersit. Terra, qua;
circa arbores niovetur, ita est vicibus permutanda, ut ei
qiise in summo fuerat, iina succedat. In laitaudis ai boiibus
crates faciemus, terrain prius truncd admoventcs, et mox
l-clamen; ut sic opus natura beneficii alternanle cumuletur.
Agii prBesulem non ex dilectis, [ct] tenere [cducatis]
servulis ponas;quia fiducia praeteriti ainoris iinpunilatem
culpse praisentis expectat.
VII. In eligendo agio vel emendo considerare debebis,
nc lionmu natiiralis Itecunditalis colenlium depravaveiit
iiici lia , et in degoncres surculos ubcr soli feiacis cxpen-
dcril : quod quamvis emendaii possit insilione meliorum,
tamen liarum reruin sine culpa melior usus est , quain
cum spe corrigendi serus eventus. In seminibiis ergo
frumentoriim proesens emendatio poterit esse. In vineis
maxiine considerandum atque vitandum est, quod pleri-
que fecerunt studendofama; tantum ct laliliidini pastino-
rum, semina vitiiim statuentes vel slcrilia vel saporis in-
digni : quod grandi tibi labore constabit ut coiTigas,si
agruni compares vitiis talibus occupatum. Positio ipsius
agii, qiii eligendusest, ea sit. In frigidis proviuciis Orienti,
aiit meridiano lateri ager esse debetoppositus,ne alicujus
niagni montis objectu bis duabus partibusexclusus algore
rigcscat ; aut per parlein septentrionis reinoto , aut per
occidentis iu vesperam sole dilato. In calidis vero provin-
ciis, pars potiusseptcntrionis optanda est, qua; et utilitati
et voluptati et saluti acqua bonitate respondeat. Si vicinus
est lluvius , ubi statiiimiis fabriccB sedem parare, ejus
dcbemus explorare naturam , quia plerumque qiiod exlia-
lat, ihimicum est, a quo, si talis sit, conveiiiel refugere
conilitorem. Palus tamen omni modo vitanda est, praeci-
pue quie ab Austro est vel occidente , et siccari consue-
vit aeslate, propter pestiluntiain vel animaliainimica, quie
gcnerat.
parce qiiMl arrive eomraun^ment, lorsqiie cette
propnition a cte dcpassee, que les constructions
sont plus difficilcs a entreteiiir qu'a elcver. On
reglera donesagrandeur dc tclle focon que, s'il
survient quelque accident , le revenu dune an-
nee de la terre, ou celui de dcux tout au plus,
suffise pour le reparer. Le corps de logis du pro-
prietaire sera place dans un lieu un peu plus
eleve et plus sec que les autres parties du bati-
ment , tant afin que les fondements n'cn puissent
etre endommages, que pour procurcr une belle
•vue au proprietaire. On en fera les fondements
de maniere quils dcbordent d'un derai-pied,
tant d'un cote que de Tautre , le corps de la mu-
• aille qu'ils auront a porter. Si le hasard veut
qu'en fouillaiit les foiulations on rencontre de
la pierre ou du tuf , il n'y aura pas de difficulte
a les asseoir, puisqu'il suflira de creuser leur lit
a la profondciir d'un ou deux pieds. Si Ton ren-
contre de rargile qui soit ferme ou compacte ,
on leur donnera en profondeur la cinquieme ou
la sixieme partie de la hauteur totale que le bati-
ment doit avoir; au lieu que si Ton ne trouve
qu'uneterre peu corapacte, il faudra quelquefois
les enterrer plus profonderaent, e'est-a-dire,
]"usqu'a ce que Ton rencontre Targile pure, ne
prcsentant aucun vestige de decombres ; quoi-
que, si Ton netrouve point absolument d'argilc,
11 suffira toujours de leur doniicr en profoudeur
la quatrierae partie de la hauteur du btitiment.
II faut en outre faire en sorte de pouvoir envi-
ronner le batiment de jardins , de vergers ou
de prairies. Au surplus, la facade en sera cxposee
dans tout son dcvelopperacnt au midi , de facon
neanmoins que Tun de ses angles voie le levant
d'hiver, et qu'elle se detourne tant soit peu du
DE L'AGRTCULTURE, LIV. L 529
couchant de la meme saison; moyennant quoi
elle se trouvera eclairee par le soleil pendant
rhiver, sans en sentir la clialeur pendant rete.
IX. La distribution de bfltimcnt sera combinee
de raaniere a mennger, sans prendre trop d'es-
pace, des logements d'hivcr ct des logements
d'ete. Ceux dhiver seront plnccs de facon a
pouvoir etre egayes par le soleil d'hiver presque
durant toute sa course. Les planchcrs y seront
etablis cn consequencc. II faut avoir soin, par
rapport a la construction de ces planchcrs , pre-
mierement que la charpente en soit de nivcau et
solide, afin qu'elle ne tremblc pas, faute d'etre
bien assuree , sous les pieds dcs allants et des
venants; en second lieu,qu'elle nepresente point
de solivcs de chene parmi les solives (i'o;sciilii.i
dont elle sera composce; parce que le chene qni
a une fois pris de rhumidite se tourmente quaiid
il commence a se secher, et occasionne des cre-
vasses dans Ics plafonds, au lieu que \'(cscnhis
dure longtemps sans s'alterer. Si ccpendant Toa
n'a point (Tcesculus a sa disposition , et que Ton
n'ait que du chene, on le taillcra en planches
tres-rainces, que Ton superposera transversale-
ment, en les attaehant lune a rautreavec une
grandequantitede clous.Lcs |)Ianchersdeft'r?'i<.v,
de hctre ou de fiene dureront tres-longtemps,
pourvu (iiion les couvre de paille ou de fougere,
pour empccher rhuraidite de lachaux de penetrer
Jusqu'au corps meme du plancher. La carcasse
du plancher faite, vous y ctablirez unc couehe
de blocaillc, composeede dcux parties de pierres
brisees, contre une partiede chaux. Quand cette
couche sera parvenuc a repaisseur de six doigts,
et que vous aurez nivelc le terrnin , il faudra , si
ce sont desappartements d'hiver, la couvrird'un
VIII. j15(liricium pio agri nierilo et pro fortiina (Jomini
opoilct institiii : quod pleiuiiMiue immodice sunitum,
dilficilius est sustiueie quanuondeie. Ita igitura^sliuionda
est ejiis niagniUido , ut si aliquis casiis inciirrerit, ex agro,
in qiio est , unius aniii aul ut niiiltum, bicnnii peusione
repaietur. Ipsius auteni praetorii siliis sit loco aliqiiatenus
eretlioie et siccioie quain cof.lera, propler iiijuriaiii liiii-
danieiilorum, et ut la>to frualiir aspectu . Fuiuianienta
autem lior modo pouenda sunt, utjatiorasint ex utraque
parte sciiiipedis spatio, quam parietis [insuper struendi]
corpus inrroscet. Si lapis vel toius occurrat, facilis causa
est collorandl, in quo sriilpi tantiini fundamenti fornia
debebit iinius pedi.s altitiidiiie vel diioriiui. [litj si solida
vel constricta invenielur argilla, quiiita vel se\la pars
altiliidinis ejiis, qua; supra tenam fiitiiia est, fimdamen-
tis de|iutetur. Qiiod si terra laMor fueril, inodo niajoris
alliludiiiis obruantur, donec niiiixla .sine ruderum suspi-
cioiic. (icciirral argilla ; (\'W si oinnino desit , quartam
mersisse siifliriet. Studendum pra'terea iit borlis et po-
mariis cingi possit aut pralis. Sed totus fabrica! tiactus
unius lateris longitiidine, iu quo fions erit, meridianam
partam rcsplri.tt, in prinio angulo excipiens ortum solis
'.libeini , et pauliilimi ab uccidente avcrtalur b iemali. Ita
1'*I,L*DIIS.
proveniet , ut per liiomom sole illustretur, et calores ejus
astate non .senlial.
IX. Forma tanien debet csse cjusmodi, ut ad liabilalio-
niHti brevitcr collectas ei aestati et biemi pra;beat inaii
sioncs. Qiuv liicmi parantiir ita sint constitul», ut possii
eas liiberni solis totiis propemodiim cursus liilarare. Iil
liis pavimeuta opportuna csse debcbunl. Piimuin in fa-
bricis ]ilanis eariim observandum est , ut a^qualis et so-
liila coiitignalio liat, nc gradiis anihulantium tremorem
fabrira' titiilianlis cxcutiat. Deinde iit axes querme cum
avsculeis non niisceantur. Nam qiiercus liumore coiirepto
cumc(rperilsircari, torqiiebitiir, ctrimas inpavimento fa-
cict : a'sculiis autcm sinevilio durat. Sed si querr.u sup-
pctente asruliis dcsit , siibtiliter qiiercus secetur, et
lraiisvfrsiis.il. |iic dirci liisduplcx ponaturordotabulariim,
(ini> fiv,|iiriililMis lixii.s. Dc cerro aul sago aut farno diu-
lissiiiie laliiilala diiialiiint , si .slratis supcr paleis vcl lilice
bumor calcis nusipiain ad labiilati corpiis accedat. Tiinc
.super statuniinabis riidiis, id est saxa contusa duabus
partibus et uiia calcis tenipcraiile coiistitues. Hoc cuni ad
sex digilorum crassitiidineni feccris, et regula explorave-
risxquale, si loca biemalia sunt, tale pavimenlum dche-
bis impoiierc, iu quo vel niidis pedihus stanles minislri
:ii
PALLADIUS.
pave compos^ de telle manifere que les valets
puissent s'y tenir pieds nus, sans etre transis
de froid. Ce sera un compose de menus moellons
ou de briques, cimente avec du cliarbon pile, du
sable , de la cendre et de la chaux , a Tepaisseur
de six pouces. Le tout bien regale formera un
planclier uoiriitre, qui boira tout liquide epan-
chedessuspnrmegarde. S'agit-il d'appartements
d"ete? on les exposera au levant solsticial et au
septentrion, et on les pavera, soit de briques
(commeci-dessus),soitavecdesdallesoucarreaux
de marbre, dont les augles se rapportent et for-
ment une marqueterie reguliere. A defaut de ces
matieres, on etendra sur le plancher une couciie
de stuc ou de sable menu, lie avec de la chaux.
X. II faut en outre que celui qui veut batir sa-
che quelle est la chaux et le sable qu'il pourra
eniployer. II ya detrois sortes de sables fossiles,
le noir, le blanc et le rouge : ce dernicr est bieii
superieur aux deux autres, le blanc tieut le se-
cond rang, et le noir est le pire. Tout snble qui
craque lorsqu'il est presse entre les malns est
bon pour ies ouvrages de maconnerie. II sera en-
core excellent lorsqu'il ne tachera point uii moi-
ceau d'etoffe ou un linge blanc dans iequel on
Taura enveloppe pour le secouer, et qu'il n'y
laissera point de crasse. Ccpendant, si Ton n'a
point de sable fossile, on pourra se servir de
sable de rivi^re ou de mer. Comme celui de mer
est longtcmps a se secher, on ne remploiei-a
pas immediatement; mais on lalssern ecouler un
certaiu teraps avant de s'en servir, de peur que
son poids ne surcharge la maconnerie et ne
reudommage. Son humidite salee dissout aussi
les euduits des voutes. Quantau sable fossile, la
est trcs-bon pour le ciment des murailles, commc
pour ies voutes : mele avec la chaux au moment
meme de son extraction, il n'en vaut que mieux.
S'il reste longtemps expose au soleil , ou a la ge-
lee, ou a la pluie, il pei'd de sa qualite. Celui
de riviere convient mieux pour enduit. Si roa
est eependant force d'eraployer du sahle demer,
il serabonde le plongcrauparavant dans de reau
douce, oii, etaut bienlave, il deposera le vice que
le sel lui avait fait contraeter. Pour faire de la
chaux, on cuira des pierres bianches dures, ou
de la pierre de Tibui', ou du caillou de riviere
de couleur de pigeon , ou de la pierre rouge, ou
de la pierre ponce, ou enfin du raarbre. Celle
qui aura ete faite avec une pierre compacte et
dure sera bonnepour la batisse, au lieu quecelle
qui proviendra d'une pierre spongieuse ou raolle
conviendra davnntagc aux enduits. II faut tou-
jours mettre une partiede chaux sur deux parties
de sable. Si c'est du snble de riviere, Ton aura
des ouvrages d'une solidite merveilleuse, en y
ajoutnnt un tiers d'argile seche criblee.
XI. Si Ton veut que les murailles du corps-
de logis qui sert a rhabitation du proprietaire
soient en briques, on aura soin , lors^iue la cons-
triiction en sera achcvce, de fnire, sur Textre-
mite de res raurailies qui joindra la couverture
dubatiraent, une ranconiierie en briques de la
hauteur d'un pied et demi avec des corniches
saillantes, afin que si les tuiles ou lcs gouttieres'
deviennent defeetueuses, les gouttes d'eau de pluie
qui filtreront a travers ne puisseut pas penetrer
jusquau mur. Aprt's quoi il faudra crepir ces
murailles quand elles seront seehes et raboteu-
ses, parce que 1'enduit n'y tiendrait pas, si on
promptitude avec Jaquelle il se seche fait qu'il I \'y mettait pendaut quelles sont humides et lis-
lileme non rigescant. Induclo itaqtie rndere vcl testaceo
pavimeulo, congestos et calcalos spisse caibones ciim
sabulonc el favilla ct calce permiscebis , et hn jiis inipeiisai
erassitudiilem sex nnciisjuliebisimponi rquodexaeqnaliim
nigra pavimenta foimabit, et siquafuiidenliir ex poculis,
velociter lapta desuget. Sed si aestivae mansiones sunt ,
orientem solstitialem et partem septenlrionis aspiciant , et
vel testaceum, sicut supia diximus, accipiant paviinen-
tum, vel marmora vel tesseras aut scutiilas, quibiisfEquale
reddatiir angulis lateribusi|iie conjimclis. Si liicc deerunl,
supra marmor tusum cernatur, aut arena cum calce in-
ducta levigetur.
X. Praderea scire est necessarium constriienti, quse
calcis el aren.Te natuiasitutilis. Arena^ergo fossicise genera
'sunttria, nigra, cana, rnfa : omniuni pivTcipue rufa nie-
lior : meriti sequentis est cana : tertium locum nigra pos-
sidet. Ex iis quae compressa manu edit sfridores, erit
utilis fabricanti. Item si panno vel linleo candida; vestis
inspersa et excnssa nihil inacula; reliqueiit aut sordis,
egregia est. Sed si tossilis arena non fuerit, de numinibus
[aut] glarea , aut littore colligetur. Marina arena tardiiis
siccatur, el ideo non continue sed intermissis temporibus
eonstrucnda esl , ne opus onerata corrumpat : camerariim
quoque fectoria salso hiimore dissolvit. \am fossiles are-
nae tectoriis et camcris celeri siccilale ufiles sunt , melio-
resque, si statim, cum effossa; siint, calci inisceantur.
Nam diulino sole aut pruina aiit imhre vanescunt. Flu-
viales fecloriis magis polerunt convenire. Sed si iiti ne-
cesse sit niaiis areiia, erit commodum prius eani lacuiia
humoris ilulcis immergi, ut vitium .sajis aquis suavibus
elofa deponat. Calcem qnoque [ex] albo saxo duro vel
Tibnrfino aut columbino lluvialive coquemns, aut rubro
aul spongia aut marinore postremo. Qiiae erit ex spis.so et
duro saxo, slrucluris convenit : e\ risfiiloso vero aut
innlliori lapide tectoriis adhibetur utilius. In duahusare-
nae parfilius calcis una iniscenda esl. In fluviali veroarena
si tertiam parfem testa; creta; addideris, operum soliditas
niira pijesfabitur.
XI. Qiiod si latericios parictes in praetorio facere volue"
ris, illud servare debebis , nt perfecfis parietibus, in sura-
mitate,quae trabibus suhjacehit, strnctura testacea cum
coronis prominenlibus liat sesquipcilaH altifudine, ut si
corruptfe tegulaeaut inihrices fuerinf, parietem nou possint
sfiliicidiapenefrareper pluviam. Deindelprovidendumest,
ut siccis et asperatis parietibus laferiliis inducatiir teclo-
rium , qiiod liumidis ac levibiis adliaMcre non poteril ; et
DE L'AGRICULTURE, LIV
ses. On commencera par consequent pnr lcs re-
vetir de pliitre jusqu'a trois fois, afin que leder-
nier enduit qu'elles recevront ne soulTre aucune
alteration.
XII. La chose a laquelle il faut le plus s'atta-
cher dans les batiments rustiques, est a ce qu'ils
soient bien eclaires,et que leurs distributions,
reglees, comme je Tai dit ci-dessus, sur les dif-
ferentes saisons , soient exposees au c6te du ciel
qui leur conviendra , c'est-a-dire que les appar-
tements d'ete soient auseptentrion , ceuxd"hivcr
au midi, ceux de printemps et d'aulomne au le-
vant. Pi)ur determiner la hauteur des salles a
raaiiucr et deschambresa coucher, on prendrala
moyenne de leursdeux autres dimensions.
XIII. Pour les voiites et plafonds, on fera bien
d'employer les materiaux les plus a portee. Ou
les feia donc de planches ou de cannes, de la facon
qui suit. Ou posera horizontalement des ais de
bois des Gauies ou de cypics, diine grosseur
uniforme, dans le lieu meme ou Ton doit faire
la voute , de facon qu"il se trouve un pied et demi
d'intervalle entrechacun; apresquoi on lesassu-
jettira a la charpente de la couverture a Taide de
chevilles de bois de gencvrier, d'olivier, de buis
ou de cypres ; puis on y attachera deux perches
en traverse avec des cordes de jonc. Ensuite on
etendra par-dessous une claie a raailles serrees,
tissueavecdescannesdemarais,oudecetteespece
raoins raenue dont ou se seit communement , et
que Ton aura prealablcment battue. Quand cette
claie sera attaehee dans toute son etendue tant
lanx ais qu'aux perches, on commencera par la
I revetir d'un enduit de pierre ponce que Ton unira
lavec la tnielle, afiii que les briiis de eanne
'soient bien resserres entre eux ; puis on la rega-
, lera avec du sable et de la chaux , et on finira
L 531
par y (5tendre de la poudre de marbre broye, mfi-
lee avec de la chaux ; ct Ton polira cet enduit
jusqu'a ce qu'on lui ait donne le plus beau lui-
saut.
XIV. On se plait aussi souvent a faire ces sor-
tes d'ouvrages en stuc, dans la composition du-
quel on fait entrer de la chaux eteinte depuis
longteraps. Or, pour que la chaux soit propre a
ces sortes d'ouvrages, il faut qu'clle soit de con-
sistance ii etre taillee, comrae le bois, avcc une
hache. Si le tranchant de la hache ne rencontre
aucun obstacle dans la chaux , et que les parties
de chaux qui adhereront a la hache soient mol-
les et visqueuses , on est assure qu'elle est bonne
a etre employee a ces sortes d'ouvrages.
XV. Voici comrae on parviendra a rendre le
crcpides murailles solide et luisant. On repassera
souventavec la truelle la premierecouchc quon
y nura mise. Lorsqu'elle commencera a se se -
chcr, on y en mettra une seconde , puis une troi-
sieme; apresquoi on les recrepira , la truelle a la
main , avec de la poudre de ninrbre grossiere ,
qui aui'a dii etre gitchee jusqu'a ce qu'elle ne
tienne pas au rateau dont on se sert peur remuer
la chaux, et qu'on puisse au contraire Ten reti-
rer propre et net. Lorsque cette couche de pou-
dre de marbre grossierecommenceraa se secher,
il faudra encore la recouvrir d'une autre couche
de poudre plus fine, qui assurera la solidite et le
poli de cet enduit.
XVI. II l"aut eviter une faute dans laquelle
sont tombes bien des gens pour se procurer de
Teau , iaquelle consiste a enfoncer ses metairics
dans le bas des vallees, eu preferaut un bien-
etre de quelques jours a la sante des habitnnts.
L'inconvenient qui en resulte est encore plus a
craiudre quaud on soupconne que la province
ideo lcrlio eos piius debebis obdiicere, ut tectorium siiie
corruptione suscipiaiit.
( XII. lii prlinis sludendum esl in agresti fabrica, ul
I multa luce clarescal : deiiide ut partcs ti-niporibus divl-
isas, siciit supia dixi, congruis parlibus olTciamus, id
! est a-sflvas septentrioni, bibeinas nieridlano, vernas cl
antiininaifs iiricnti. Mensura vero h;cc servanda est in Iri-
rliniis ali|iii' cnliiinlis, ut cpianla latitudo ct longiliido
fuoril , in inuini coinpntetnr, et ejus medietas in altitudi-
nem ronfcratnr.
XIII. Canieras in agrestibiis sedificiiscx ea materia uti-
liiis erit formare quae facile invenietur. In villa itaque aut
tabnlis faciemus aut cannis lioc gcuerc : Asseres ligni
('..illiii vel cuprcssi direclos et ajquales constituerans in
co Iiico, ubi camera facienda est , ita ordinalos , ut inter se
scsqiiipedalii mensura sit vacua. Tunc eos catcnis ligncis
ex jnnipero aut oliva aut buxo aul cupresso factis ad con-
tiKiiationem suspendemiis , et binas intcr eos perticas di-
I rincinus tomicibus alligatas. Postea paluslrem cannarn vcl
jlwiic cra-ssiorem , qua! iu usu est, contusam, facta ct
I strii tim juncta crate subnectemus, et per omne spalliini
cum ipsis asseribus ct pcrticis alligabimus. Dehinc primo
impen.ia pumicpa induemus, et trulla .Tquabinius, ut in-
ter se cannarum membra constringat. Post arena ct calce
coaqiiabinuis. Tertio tusi niarmoris pulverem mistiim
cuin c^ilcc ducemus, ct policmus ad summum iiilorcm.
XtV. Opus quoque alharium sa'pe dclcclat, cui calcem
dcbebimus adhibeie, cum mullo tcmporc fuerit inace-
rala. liigo ut ulilem probes, .iscia (alcem qu.asi lignuni
dolabis. Si nusquam .acies cjus offcndcrit , ct si qiiod
asci.-c adh.Tret, fuerit niolle atque viscosum, constat al-
bariis operibus convenire.
XV. Pai ictiii» vcro tcctiira sic fict forlis et nilida. Primo
IruIIis fiequcntclur induclio. Cnin siccari cccperit, iterum
indiicatur ac lcitio. Post hjpc tria coria ex marniorco
grano coopcriatiir ad trullani ; qiw inductio anle tam diii
subigenda cst, ut rutrum , cpio talx siibigilur, miindum
Icvemus. Ha'C qiioqiie niarnioris grani indiictio ciim sic-
caii inccperit, aliiid roriiim snbtiliiis oporlet imponi : sic
ct solidilatein cii.stodiet el nilorcm.
XVI. Vilanilum est .autem, qund pleiique fec«runt
aqua; causa, villas [in] iufimis vallibiis mcipere, ct pau-
rorum dieruin voluptalcm pra>fcrie habilalorum saliiti :
qnod ctiainmagis metuemus, sipiovinria quam roliinns.
£33
PALLADIUS.
queronhabite est sujette h des maladies pendant
Tete. S'il ne se trouve donc dans le iieu ui fon-
taines ni puits, il faudia y construire des citer-
nes, qui forment reeipient de l'eau des toits. Or,
voici la facon de faire ces citernes.
XVII. On leur donnera telle dimension que
ronjugeraapropos, siiivaiitses facultes, pourvu
qu'elles soient plus longues que larges, et on les
elorra de murs construits en ouvrage de Signia.
Le sol, sauf rorifice du coiuluit d'ecouIement,
sera consolide par une bonne epaisseur de blo-
caille, sur laquelle oaetendra, pour la regaler,
un ciment de brique qui tiendra lieu de pave. On
polira eusuite ce pave , avec toiit le soin possible,
jusqu'a ce qu'il soit devenu luisant, en le frot-
tant continuellement avec du lard gras que Ton
aura fait bouillir. Lorsqu'il sera bien sec, et qu'on
n'aura plus a eraindre que rhumidite n'y cause
de crevasse , on cou vrira egalement les parois d'un
meme enduit; et lorsque le tout sera absolument
sec depuis longtemps , on y fera entrer Teau a de-
meure. On aura soin d'y jeter des anguilles et
des poissons de riviere , que Ton y nourrira, afin
que Teau, quoique daus un 6tat de stagnation,
iuiite le mouvement de celle qui coule, lorsque
ces auimaux viendront a y nager. S'il arrive que
reuduit du pave ou de la muraille periclite en
quelque endroit, on le reparera avec un ciment
propre a contenir Teau qui cherchera a s'enfuir.
Voiei eomme on reparera les crevasses et les ca-
vites des citernes , des viviers ou des puits , ainsi
quetouteespeced'infdtrationde leurmacounerie.
On prendra telle quantite que ronjugeraa pro-
pos de poix liquide, a laquelle on ajoutera une
quantite pareille de la graisse connue sous le
nom de vicitx oing, ou de suif. On jettera ie
tout ensemble dans une marraite , ou on le fera
euire jusqu'a ce que recume monte; apres quol
on le retirera du feu. Quand ce melauge sera
refroidi , on le saupoudrera dechaux tres-menue,
et on le remuera fortement pour que la mixtion
soitcompleteet arrive a retatdep^te, qu'ou roule
avec les doigts ; et Ton garnira de ce mastic les
fissures etpertes d'eau, enTy pressant et foulant
bien. L'eau sera plus salubre si elle passe par
des tuyaux de terre euite pour se rendre dans
ces eiterues, et si ces dernieres sont couvertes.
Au reste, Teau du ciel est si preferable a tou-
tes les autres pour servir de boisson , que quand
on pourrait s'en procurer de courante, on ne
devrait Temployer qu'aux lavoirs et a la culture
des jardins, pour peu qu'elle ne fiit point saine.
XVIII. II faut que le cellier au vinsoit expose
au nord, frais, prcsqne obscur, eloignedes bains,
des etables, du four, des amas de fumier, des
citernes et des eaux , et generalemeut de tout
foyer d'exhaIaisous mephiiiques, et assez bieu
outille pour suffire a toute exigence de reeolte;
qu'ainsi que Testrade d'une basilique, le fouloir
soiteleve de trois ou quatre degres environ, et
soit flanque de deux cotes de reservoirs destines
a recevoir le vin. Des rigoles de maconnerie ou
des tnyaux de terre cuite partiront de ces fosses
pouraboutir a rextremite des murs, et conduire
le viu, atravers des passages pratiquesau basde
ees murs, dans des futailles qui y seront ados-
sees. Si Toa a ime grande quantite de vin, oa
destinera le centre du cellier aux cuves; et, de
crainte qu'el!es n'empecheutles passants d'aller
et de venir, on pourra les monter sur de petites
bases suffisammeut hautes, ou sur des futailles
enfouies en terre, en laissant entre chacune une
distance assez grande pour que celui qui ea
prend)'a soin puisse, quaud le cas Texigera, ea
de niorl)is a-slate suspecta est. Cui si fons desit aul pu-
leus, cisternas construere conveniet, qiiibus oniniumcon-
tluci possit aqua lectorum. ^•'iunt autem lioc niodo.
XVII. Signinis magnitudo ea, qua delectaris et cui
suflicis , construatur longior magis quam latior. Hujus so-
lum alto rudere solidatum relicto fusoriis loco teslacei
pavimenti superfusione levigetur. Hoc pavimenlum onini
cura terenduni est ad nitorem , et lardo pingui decoclo
assidue perfiicandum. Quod ubi deducto liumore sicca-
tum esl , ne rimis in aliqua parte findatui', etiam paiieles
.simili corio vclenlur obducti, et ila post diutuniam et so-
lidam siccilalem, aqu<E praebeatur liospitium. Anguillas
sane piscesque lluviales mitti in his pascique conveniet,
ut horum natatn aqua stans agilitatem cunenlis imitetur.
Sed si aliquando in quocunque loco pavimenli vel parielis
tectura succumbat, hoc genus nialtlkT adliibebimus, ul
Immor in exitum nitens possit indudi. Rimas et Kicunas
cislernarum , et piscinas , vel pufeos sarciemus boc ge-
nere , et si humor per saxa manabit. Picis liquid.ne quan-
tum volueris , et lanlundem sumes unguinis, quod voca-
hius axungiam , vel sevum. Tunc in olla ulrumque niisce-
bls et coques donec spumet.; deinde ab igne removebis.
Cuni fueiit eadeni refrigerala perniistio, calcem minulim
superadjicies , et ad unum corpus omnia mista revocabis.
Cumque velut strigmentnm feceris, inseres locis corruptis
ac mananlibus , el pressnm sumnia densitate calcabis.
Salutare erit aquas illuc per tubos lictiles duci , el opertis
immeare cisternis. Nam crelestis aqua ad bibendum om-
nibus antefeitur, ut et si lluens adhiberi possil, quae
salubris non est , lavacris debeat et liortorum vacare cul-
tur».
.XVIII. Cellam vinariam seplentrioni debemus habere
oppositam frigidam , obsciiram , vel obscurae proximam,
longe a l)alneis, slabulis, furno, sterquiliniis , cisternis,
aquis , et caeleris odoris lionendi : ita instructam neces-
saiiis , nt non vincatur a fructu ; sic aulem dispositam ,
ut basilicae ipsius foima calcalorium loco habeat altiore
constructum ; ad quod interduos lacus, qui ad eicipienda
viiia hinc inde depressi sint , giadibus Iribus fere aut qiia-
tuor ascendatur. Ex bis lacubns canales striicti , yel tubi
fictiles circa extremos parietes currant, et siibjectis laleri
suodoliis per vicinos mcatus manantia vina defundant. Si
copia majorest, medium spatium cupis deputabitur, quas,
ne ambulacra proliibeanl , basellis altioi ibus imposilas ,
DE L'AGRICULTURE, LIV. L
approclR'1- librement. Si l'on destine au eontraire
uneniplacement separe aux cuves, cttemplaee-
meut sera, comme le fouloir, eleve sur de peti-
tes estrades, et consolide par un pave de terre
cuite, afm que,si une cuve vient a fuir sans
qu'on s'en apercoive, le vin epanehe ne soit
point perdu, mais qu'il soit reeu dans la fosse
qui sera au bas de ces estrades.
XIX. Non-seulement lesfjreniers veulent ab-
solument etre du cote du septentrion , mais leur
position doit encore etre tMevee, cloigneede toute
humidite, ainsi que du fumier et des etables ,
fraiehe, exposee au vent, et seche. II faut aussi
les eonstruire avec toute rattention neccssaire,
pour qu'ils ne puissent point se crevasser. Oa
couvrira donc a. cet effet le sol entier de dallcs
de terre cuitede deux pieds, ouplus petites, que
Ton enfoncera dans un niortier de briquc, en
guise de pave. Apres quoi on etablira des com-
partiments pour lesdifferentes cspecesde grains,
si Ton estdans le cas d'esperev des recoltes abon-
dantes. Si au contraire la sterilite de la terre ne
promct pas de grandes recoltes , il faudra, ou di-
viser la totalite desgreniers pardes cloisons for-
mees de claies, ou renfermer la recolte, si elle
est absolument mince, dans depetits paniers d'o-
sier. Lorsque les greniers seront construits, on
enduira leurs murailles de marc d'huik' mele avec
untorchisde boue,dans leciuel , au lieu depaille,
on fera entrer des feuilles d'olivier sauvage se-
ches, ou dcs feuilles d'olivier frane; et lorsque
cet enduitsera sec, on lerecouvrira encorede lie
d'huile, et onattendra qu'elle soit seebee pour y
serrer le ble. Cette prcparation estutile contreles
charaiicons, et contre lesautres aniraaux perni-
cieuxaux giains. Quelques persoimes entremelenl
avec leble, afuiqu'il se garde, desfeuilles de co-
riandre; mais il n'y a rien de plus favorable a
sa conscrvation quc de le rafraichir pcndant
quelques jours, en le transportant de l'aire dans
un autre endroit voisin, poiir ne le porter que
par la suite au grenier. Columelle pretend qu'il
ne faut pas eventer le ble, parce qu'il arrive
de la que les animaux penetrent plus facilcniput
dans le tas entier; au lieu que si on ne Tagite
pas, ils s'arretent a la superficie, et n'y penetrent
pas a phis d"une palrae de profondeur; de sorte
qu'ils n'en gatent que cette espece de croute,et
que lo reste se conserve intact. Le meme auteur
assure encore qu'il ne peut pas s'y engendrerd'a-
nimaux pernicieux au dela de cette cpaisseur. De
rherbe aux moucherons, seehe, etendue sous
leblc, lui procure une longueduree, a ce qu'assu-
rent les Grecs. Au reste, le vent du Midi ne doit
jamais donnersur les greniers.
XX. Le eelliera rhuile sera expos6 au midi et
protege contre le froid, de facon que le journ'y
penetre qu'a travers les transparents des fenetres.
Moyennant cette precaution, le grand froid n'y
retardera pas le travail d'liivcr, et le pressurage
des olives s'y trouvera facilite par une chaleur
moderee, sans que Thuile fige jaraais. Cest a
fusage que l'on a robligation de la forme des
trapetes, des roulcttes, et de farbre du pressoir.
Les rccipients de riiuile seront toujours propres,
de peur que la nouvelle n'y contracte un gout
de rance par le sejour de 1'ancicnne. Pour plus
de sCirete, on pratiquera sous le plancher dcs con-
duits de chaleur, dont le contact purifiera le cel-
lier sans furaee; ce qui n'est pas moinsa rcdouter
pour la couleur et la saveur du fruit.
XXL Quoique les etables des chevaux ou des
vel supra ol)riila dolia possumus coUocarc spatio inter se
largiore ilistantcs, ut, si res exigal, curaiilis Iransitus
possit ailiiiitti. Quod si cupis locum suum deputaljinius,
is locus ad calcatorii similitudinem podiis brevibus et le-
slaceo paviniento solidelur, utefiam si ignorata se cupa
iliffuderit, lacu subdito excipiautur iion peritura vina quEe
fluxerint.
XIX. Situs borreorum quaiiivis ipsam septentrionis de-
sideret partem, et superior ct longe ab onmi bumore ct
laetaniine el slabnlis ponendns est, frigidus, ventosus et
siccus : cui providendum structura! diligcnlia, iie rimis
possit abrnmpi. Solum igitur omne bipedis sternatur vel
minoribus laterculis , quos suffuso teslaceo pavimcnto dc-
bemus imprimcre. Tunc divisas cellas (si magnus spera-
bilur seniiimm modus) gr.ino ouiquc trlbuemus. Et si
terra; pauperies niinora promitlit, vel craticiis podiis erunt
discernenda granaria , vel vimiueis vasculis leditus tenues
colligemus. Sed f.ictis gianariis, amurca lulo misla parie-
tes linuntur; cui arida olcastri vel oliva; folia pro paleis
adjiciunlur : quo leclorio siccalo, rursus amuica resper-
gitnr : qua' ulii siciala fniMil, rnmicnta coudentur. Ha;c
res gurgulliiiiibiis fl cetiTls iinxils anlmalibus inimicaest.
^liqui coriaudri folia Irunientis ini.scent ad servandiim
proriilura. Niliil tamen diii ciistndiendis frumentis com-
modhiserit, quam si ex areis in alleruni locuin viciniim
Iransliisa relrigerentur allquaiitis dlebns, alque ita Iior-
reis inferantur. Negal Columella ventilanda esse frumen-
ta, quia magis mi.scenliir aninialia tolis acervis. Qiia; si
iion moveantur, in summitale intra mcnsuraiu palmi siib-
sislent, et hoc velut coirupto corlo cictera iltesa dura-
bunt. Asserit idem, noxia auimalla ultra pr<ediclam meu.
surani iion posse generari. llerba conyza sicca (ul Graci
asserunt) substrata frumentis, addit aetati. Ah Iiorreis
tameii auster debet esse aversiis.
XX. Olearis cella meridianis sil objccta partibiis , et
conlra frigiis mniiita, ut illi per specularia debeat liiiiiin
admilli. Ita et operas, qun^ bieme rutur.^e snnl, iiullun
algor impediet : et oleimi cum premetur, adjulum lepo-
ribiis, frigoie non valebil astringi. Trapctis, cl rotulis et
pixlo nata est fornia , quam consuetudo dlctavit. Hece-
placula olei scmper innnda sliit, ne novos sapores infecla
ve.teri rancorc corrniiipant. At si quis majori (liligentiic
stiidet , subjectis liinc inde cnnicnlls paviinenta siispen-
dat, et ignem siiggeial Ibrnace succensa. lla piirus calor
ulei cellam sliie liimi nidore vaporabit, quo saepe infa-
cliim , colore currunipitur ct sapore.
534
PALLADIUS.
boeiifs doivcnt etre exposees au midi, elles doi-
vent cepeudant avoir aussi du cote du nord des
fenetresque Ton tiendrafermees pendant Thiver,
atiu qu'elles n'iucommodent point ies animaux,
et que l'on ouvrira pendant l'ete pour ies rafrai-
chir. Ces etables seront elevees au-dessus du sol,
pour preserver les cornes de leurs pieds de Thu-
midite. Les boeufs se porteront mieux qunnd ils
seront dans levoisinage de l'atre, et qu'ils ver-
rout la lumiere du feu. Huit pieds d'espace suf-
fisent a une paire de bceufs lorsqu'ils se tien-
nent debout, et quinze, lorsqu'ils sont couches.
Les ecuries seront plancheiees en chene, sur quoi
on etendra de la litiere,arm que les chevaux
aient a la fois une couche molle sous leurs llancs
et un sol ferme sous leurs pieds.
XXIL La cour sefendra vers le midi , et sera
exposee au soleil, afln que la chaleur s'y fasse
sentir plus aisement pendant Ihiver aux ani-
maux qui la frequenterout. II faudra aussi , pour
moderer la grande chaleur de Tete, preparer a
ces aniraaux des cspeces d'auvents fabri(iues de
fourches, d'ais et de feuillages, et couverts de
bardcaux ou de luiles, si Ton en a; sinon, de
glaicul ou de genet, ce qui simplifie la peine et
la depense.
XXIII. U faut menager des retraites a la volaille
vers rextreraite des murs de la cour, parce que
la lieute est tres-necessaire en agriculture, a
rexceptioQ de celle des oies, qui est contraire a
toute vegetation. Quant aux autres oiseaux , il
leur faut necessairemeat des asiles pour chaque
espece en particulier.
XXIV. Le colombier peut elre place au haut
d'une tourelle, dans le corps de logis du proprie-
taire. Les murailles en seront lisses et blanchies,
XXI. Slabula eqiioriini vel boiini , niericiianas qnidem
plagas respiciant, non tamen egeant a septentrione lumi-
nibus , qu<e per hienieni clausa niliil noceant , per ipsta-
lem patefacta refrigerent. Ipsa stabnla propter iingulas
aniniaiium , ab omni huniore suspensa sint. Bovcs niti-
diores lient, si focum pioxime habeant, et ignis lumen
intendant. Octo pedes ad spatium standi singulis boum
paribus abundant , et in porrectione xv. Planc<e roborese
supponantur stationibus equorum cum stramine ut jacen-
tibus molle sit, stantibus durum.
XXII. Cors ad nieridiem pateat, et objecta sit soli , quo
facilins hieme aliqueni leporem concipial, propter ea qua:
insunt animalia, quibus etiam ad jcstatis temperandum
(•alorem porticus furcis, asseribus,et fronde formaii de-
bent, quai vel scandulis, vel (si cnpia suppetit) tegulis,
vel (si facilius et sine impensa placuerit) tegentur carici-
bus aiit genistis.
XXIII. Circa parietes cortis extremos aviaiia facicnda
sunt, quia sterrus avium maxime necessarium est agri-
culturiE , excepto anseruni Ifptamine , quod satis omnibus
iniinicum est. Sed habilacula caeterarum avium maxinie
..necessario sunt.
XXIV. Columbarium vero potest accipere sublimis una
tunitula in pra-torio constituta, levigatis ac dealbatis pa-
et on y pratiquera, suivant Tusage , sur les qua-
tre cotes de tres-petites fenetres, par ou les pi-
geons ne puissent entrer et sortir qu'un a un. Les
nids seront faconnes sur les murs memes dans
rinterieur du colombier. Les pigeons seront en
siirete contre les fouines, pour peu que Ton jette
parmi eux des branches d'arbrisseau raboteuses
et degarnies de feuilles, ou une vieille bottine
de geuet qui auraservi a chansser des animaux ,
et pourvu que celui qui Tapporte soit seul, et
n'ait ete vu par personne. II n'en mourra ni ne
s'eu perdra, pour peu qu'on ait soin d'attacher h
chaque fenetre uu paquet quelconque de la corde
oudes liens d'un pendu. Ils y ameneront d'autres
pigeons lorsqu'on les nourrira assidiiment de
curain, ou qu'on leur humectera le gousset de
Taile avec du baume. Ils pondront frequem-
ment, lorsqu'on leur donnera souventa manger
de iorge grillee, ou des feves, ou de Ters. Aa
reste, il suffira, pour trente pigeons jouissant de
leur iiberte, de trois scvtur/i, soit de ble, soit
de criblures, par jonr, pourvu qu'on leur donne
de Ters peudant Thiver pour favoriser leur ponte.
II faut suspendreen plusieursendroitsdu colom-
bier de petites branches de rue, pour ecarter les
animaux qui leur sont nuisiblcs.
XXV. Au-dessous du colorabier seront prati-
quiiesdeuxcellules, dont Tune, etroite et obscure,
servira a loger deslourterelles. Ces oiseaux sont
tres-aises a nourrir, puisqu'il leur sufrtt d'avoir
toujours pendant Tete , seulesaison ou ils engrais
sentcorarae ilfaut, du bleou du milletdetrempe
dansde rhydromel. Un semo/lius AcceUe man-
geaille sufflt par jour pour cent vingt tourterel-
les; mais leur eau doit etre frequemment renou-
velee.
rictibus, in qiiibus a quatuor partibus , siciit nios esl,
feneslelte brevissimae fient, ut columbas solas ad introi-
tum exitumque perniittant. Kidi ligurentur interins. A
niustelis tulie fient, si inter eas frutex viigosns sine foliis
asper, vel vetus spartea projiciatur, qua animalia calcean-
tur, ut eam secreto non videntibus aliis, unus atlulerit.
Non pereunt, neque locum deserunt, si peromnes feues-
Iras aliquid de strangulali hominis loro, aut vinciilo, aut
fune suspendas. Inducunt alias, si ciimino pascantur assi.
due,vel setosi hirci alarum balsami liquore tangantur.
Ftftus frequentant , si liordeum torrefactum , vel fabam,
vel ervum sa^pe consumant. Triginta autem columbis vo-
lantibus diurni ties sextarii tritici suflicicnt, aut cretura!,
ita ut ervum foetus gratia meusibus praelicamus hibernis.
liulM ramulos pluribus locis oporlct contra animalia ini-
mica suspendere.
XXV. Sed columbarii cellae duo subjecta cubicula fiant.
Unum breve , et prope obscurura , qiio tui tures claudl
possint, quos nutiire facillimum est. Nam nihil expetunt,
nisi nt aestate, qua sola maxime pinguescunl, triticuin
vel niilium mulsa maceraluni semper accipiant. Semodius
unus diurnus centum viginti turturibus siifficit. Aqua sane
cis frequenler mundior debet olfeni.
XXVI. Aliud vero cubiculum luidos nulrjat. Qui si
DE L-AGRICULTURE, LIV. L
XXVL L'autre cellule servira a nourrlr des
grives. En engraissant ces oiseaux pour le temps
oii iis sont raaiiires en ctat de nalure, on en fuit
un excellent manf^er, et lon en tireun tres-bon
produit, car le luxe met du prix aux raretes. II
faut que cette eellule soit propre, eiaire, et bien
polie partout; on y lichcra des perches en tra-
vers, sur lesquelles ces oiseaux pourront se re-
poser, et qui les erapechcront de voler. On y
mettra aussi des brancliages verts que Ton chan-
gera souvcnt. On donnera avec profusion a ces
oiseaux des figues seehes pilees avec de la fleur
defarine; et pour prevenir ledegoiit, on leur
donuera de temps en temps, si on est a portee
de le faire, de lagraine de myrte, de lentisque,
d'oIiviei;sauvage, de lierre, d"arbousier, et sur-
tout de leau propre. On les renferraera au mo-
ment qa'ils auront ete pris, pourvu qu'ils ne
soient point blesses, et Ton mettra parmi eux
d'autres grives que Ton aura elevees precedem-
ment, et dont la compagnie consolera leur eap-
tivite, et les encouragera a prendre de la nour-
riture.
XXVn. II n'y a point de femme, poiir peu
qu'elle soit intelligente , qui ne sache elever des
poules. II suCfira dobservcr, touchaut ces ani-
inaux , qu'il leur faut du fumier, de la poussifere
et de la cendre. Les poules doivent etre prefe-
rablement noires ou dorees, mais on se gardera
d'en avoir de blanches. Le raisin les rend steri-
les. L'orge a demi euite les fait au contraire
pondre souvent, et leur fait donner de plus gros
oeufs. Deux cijathi d'ori;e sont suffisants pour
nourrirune poule quia la libertedecourir. Quand
on donne des reufs a couver aux poules, il faut
toujours les leur donner en nombre impair , et
dans letemps que la lune croit, c'est-a-dire , de-
puis son dixierae jour jusqu'a son quinzieme.
II arrive assez souvent qu'elles sout incommo-
dees de la pepie , qui couvre rextrcmitd dc lcur
langue d'une pellicule blanche ; auquel cas on
arrache lcgerement cette pellicule avec les on-
gles, et Ton mct de la cendre sur la plaie; apres
quoi, lorsqu'elle est nettoyee, on y exprime du
jus d'ail broye. On peut aussi leurfourrer dans lc
gosier nne gousse d'ail broyee daus de rhuile.
II cst encore bon de meler contiuuellenient dc
rherbe aux poux daus leur nourriture. S'il leur
arrive de manger des lupins amers, on en voit
aussitAt la grainc paraitre sous leurs ycux ; et cu
serait assez pour les faire mourir, si on ne Tcn
retirait pas, en leur percant legerement la peau
avec une aiguille. Apres cette operation, on leur
bassine exterieuremeut Ksyeux, soitavec du jus
de pourpier et du lait de femme , soit avec du sel
ammoniac mele en parties egales avec du micl
et du cumiu. 1'our lcur oter la vermiuc, on
prend de rherbe aux poux ct du cumiu grille cti
parties egales, que ron broie euserable daus du
vin trenipe avcc de Teau dans laquelle on aura
fait bouillirdes lupins amers ; et oq Ics fomente
avec le tout de facon a ce que la friction pene-
tre jus(iu'a la racine de ieurs plumes.
XXVIII. II est tres-aise de nourrir des paons ,
a moins ([ue Ton n'ait a craindre les voleurs, ou
lescspecescinicmies de ces volatiles. Ilstrouvent
communcment eux-m(}mes leur nourriture et
celle de leurs petits en errant dans les champs,
et se perchent le soir sur les plus hauts arbrcs.
II n'y a qu'une attention a avoir a leur egard ,
qui consiste a sauver du renard les femelles qui
couvent , ce qu'elles font ordinairement dans les
charaps. Aussi a-t-on meilleure chaiice a les ele-
ver dans de petitcs iles. Cinq fcmelles suffisent
a un mflle. Les niAles cassent lcurs oeufs et per-
secutent leurs petits, comnie s'ils u'en etaient
point les percs, iusqu'a ce que la crete qui lcs
distingue des autres oiseaux leur soit venue. IIs
alieno tempore sagiiieiitur, et voliiptatem cibi , el reditum
maximum praeslant, parcitati benelicium ministiantc
luxuiia. Slt autem locus mimrius ol luciilus, et uiiiiii|iie
lcvigatiis. Transveisio in lioc pcitica' liRuiitur, qiiihiis
possint post inclusiim volatiiin scdere. Ranii eliani viiides
saepe niiilenliir. Caiicaelunsa; mislis pollinibus largissime
pra>beantur. Myrli eliani, si laciiltas cst, lenlisci, olea-
stri, edeiK, arlnili srinina inlerdiim ad exclndenda fasli-
dia, et maxiiiie aipia iniinda, piabealiir. Claiidanfur
ilhtsi el recenlLc capli, inislis aliqnibus aule nutiitis,
quorum socielate ad capiendos cibos pavidain no^a; eapti-
Titatis moestitudinem consoleiitur.
XXVII. Gallinas ediicarc nulla niiilicr nescil, quae mo<lo
videatur iudustria. Hoc de liis pra!cepisse sufliciat, ut
limo, pulvere iit.intur, elcincre. Sint prKcipue nigra^aut
flavi coloris, [sed] alb,Te vilenlur. Vinacea; ciho steriles-
cunt : ordeo sen-.icocto ct parerc saepc cogiinliir, et red-
dunt ova majora; duol)us c.jalliisordei bcne pasciliir iina
gallina, qua; sit vaga. Siipponenda snnt bis scmper ova
nuuK'10 iinjiari, luna cresccntc, a dccima usipie iii qnin-
lamdecimam. Pituila bls nasci solet, qua; alba pelliciila
lingiiain vestlt exlieinam. Ha^c leviter unguibus vellilur,
et lociis (incrc laiigitur, et allio tiito plaga mundala cons-
pergllnr. Item allli iiilca trita cum oleo taucibus inseii-
liii : stapliis agrla cllain prodest , si cibis misccaliir assi-
duc. Si amaruin Uipinuni comedant, sub oculis illis grifna
ipsa piocedunt. (iua! nisi acu leviler apertis pelliculis
aiiferaiilur, cvlinguunt. Oculos portiilaca; sutco forinsc-
ciis, ct miilieris l.icte ciiiemus, vel .Aininoniaco sale, ciii
inel el cyniinnin a>quale niiscentur. 1'cdlculos caruin pc-
riinit slapbis agria, ct lorrelactuin cyminnin pari ponderu
et pariter lunsa cum vino, ct amari lupini aqiia si pene-
tret sccieta pennaruin.
XXVIII. 1'avones nutrire facillinium csl, nisi fures aut
animalia inimica formidcs; qiii plenimque per a^ros va-
gantes spontc se pascunt, pullosqiic educant, et allissi-
mas vespere arbores pclunt. Tna [vcro] liis cura dcbetiir,
nt incubantcs pcr agnini fuminas , qiiae boc passim fa-
cinnt, a vulpe custodias. Ideo in insulis brevibus nicliori
sorte nuliiiiiitur. t"iil masciilo foniina; quinquc suflii liinl.
PALLADIUS.
comnienceut k dU-e eu chaleur aux ides de fe-
vrier. Des feves iegercmeut grillees les exei-
tent a l'amour, pourvu qu'on Ils leur donnetic-
des tous iescinq jours. II suffira d'en donnersix
cyathi a cliaque paon. Toutes les foisque lemaie
recourbe aulour de son corps la queue brillante
dont il est revetu, et qu'd etalel"extremitedeses
plumes garnies d'yeux, en courant et eu je-
tant un cri aigu, c'est une preuve qu"il desire la
femelle. Si Ton faitcouver des oeufs de paonnesa
des poules , les meres que Ton exeraptera par la
de couver pourront pondre trois fois par an. Leur
premiere ponte est communementde cinqceufs,
la seconde de quatre, et la troisieme de trois ou
de deux. Maisquand on suit la methode de faire
couver des oeufs de paonnes par des pouies, il
faut des poules de choix. On leur donnera neuf
oeufs a couver pendant neuf jours, a dater de
celui ou la lune coniraencera a croitre, savoir,
ciuq de paonnes , et les autres de poules. Le
dixieme jour on retirera tous les oeufs de poules,
et on en remettra autant de nouveaux , alin que
ces derniers oeufs de poules puissent eclore avee
ceux de pnonnes au trentierae jour de la iune ,
c'est-a-dire , trente jours pleins apres le depot
des premiers. Onaura soin de retourner souvent
avec lamain les oeufs de paonnes qui seront sous
)es poules, parcequecelles-ci auraientdela peine
h s'acquitter elles-memes de cc soin. On lesmar-
quera aussi d'un cote , pour se rappeler qu'on
lesaura retournes successivement. II faut cepeu-
dant choisir pour cette operation de tresgrandes
poules, parce que, si elles etaient petites , il fau-
drait leur donner moins d'ocufs aeouver. Si Ton
veuttransporter lespaonneauxeclossousplusieurs
pouies aupres d'une seule qui leur servirade nour-
rice, Columelle pretend qu'il suffit, dansce cas,
de lui er: donner vingt-cinq : pourmoi,il me
sembie que , si Ton veut qu'ils soient bien eleves,
il suffit de lui cn donner quinze. On donuera les
premiers jours aux paonneauxde la farined'orge
arrosee de vin , ou une bouillie de quelque subs-
tauce vegetale que ce soit. On y ajoutera par la
suite des poireaux haches , ou du froraage nou-
veau qui soit bien egoute, parceque le pctit lait
leur est eontraire. On peut aussi leur donner des
sauterelles auxc(uelles on aura arrache les pattes.
Cest ainsi qu'il faut les nourrir jusqu"a Tcige de
six mois : passe ce temps , on pourra leur donner
habituellement de Torge. Cependant on peut les
envoyer en toute surete aux champs des le trente-
ciuquieme jour apres leur naissance, pour y cher-
cher leur pature daus la compagniede leur nour-
rice , qui les rappellera a la metairie par ses
glousseraents. On les traite pour la pepie et les
exces de nourriture de la merae maniere que les
poules. Cest un temps de crise pour eux lorsque
leur crete commence a pousser , car ils sont alors
en langueur, ni plus ni moins que les enfants
dans le temps que leurs petites dents travaillent
a percer leurs gencives gonflees.
XXIX. II faut avoir soin , quand on veut ele-
ver des faisans , d"cn avoir de jeunes qui puissent
etre fecoiids, c'est-a-dire de ceux qui seront nes
rannee precedente , parce que les vieux ne peu-
vent jaraais l"etre. Les faisans reeherchent la fe-
raelle au moisde mars ou daMil. Deux femelles
sufllsent a uu male , cet oiseau etant moins laseif
que les autres. Les feracllcs pondent une fois par
an. Leur poute se reduit ordinairement a viugt
(Eufs. Les poules couveront ces oeufs mieux que
les taisanes clles-memes, pourvu queutre Ics
Masculi ova et pullos suos persequuntnr velut alienige-
nas, priusqnam illis cristaruni nascatur insigne. Ab idib.
Febrnariis calere incipinnt. Faba leviter torrelacla in libi-
diuem provocantur, si eis quinto quoque die tepida pr.ie-
beatur. Sex cyatlii uni sufficiunt. Cupidinem coeundi
masculus conlitetur, quoties circa se amictum caudoe
gemmantis incurvat, et singularum capita oculata penna-
rum locis suis exerit cum stridore procurrens. Si ova pa-
vonum gallinis supponantur, excusala; matres ab incuba-
tione tribns vicibus per aimum f«tus edunt. Primus partus
quinque ovoruni, secundus quatuor, terlius trium vel
«luorum csse consuevit. Sed electK, si hoc placueiit, nu-
tiices gallin* sint, qua? a primo incremento lim.ic novem
diebus liabeant novem ova supposita, qiiinque pavonina,
et coelera sui geneiis. Decinia die [ova] omnia gallinacea
subtiahantur, et alia item gallinacea totidem recentia sup-
ponantur, [quot ablata sunt,] ul Uigesiina luna, boc est
expletis triginta diebus, possint cuni pavoninis ovis ape-
riri. Ova autem pavonum.qua! gallince subjecta sunt,
sa^.pe manu converlanlnr, quia lioc ipsa facere vix vale-
bit. Unam paitem ovi notabis , ut te subiiidc convcrlisse
cognoscas. Majores lamen gallinas oportet eligere; nam
piinoribus pauciora suppones. Natos [aiitem pullos] si ad
unam transferre a pluribus velis, dicit Columella uni nu-
trici viginti quinque suf/icere. Mibi vero, ut bene ediui
possint, videntur qulndecim satis esse. Piimis diebus far
ordei conspcisum vino pullis dabitur, vel undecunque
cocta pulticula et refrigerata. Postea adjicietur pornira
concisum , vel caseus recens, sed expressus : nam serum
pullis nocet. Locusliie efiam pedibus ablalis piiiebentur.
lla pascendi sunt usque ad sevtum mensem. Oeinde or-
dciim poteiis pr.Tbere solennitcr. Trigesimoqiiinfo tamen
die postquam nati sunt, eliam in agrum tulo ejici possunt
comitante nutrice pascendi, cujus singultu revocanturad
villani. Piliiilas vern ct cnidilales iis romediis subraove-
bis, ijiiiiiii^i;,ill:n;i i iii.ilur. Vl.i\iiiiiiiii illi> periculum est,
cum iiK'i|iil rii^la [iiihIih i : iiaiii ]ialiiiiitiii' ianguores in-
fantum similitudiiie , cum iliis tunieules giugivas dentinili
aperire nitimtur.
XXIX. In phasi.anis nutriendis boc servandum est, iit
novelli ad crcandos firtns parentiir, id est qui auno supe-
liore sunt editi : veteres enim lcccundi esse non possunt.
Ineunt fceminas mense Marlio vel Aprili. Duabus unus ^
masculus suflicil, quia CTeleras aves salacilafe non aequant.
Semel in anno lcctiis creaiU. Viginti ferc ovis pariendi
ordo concUiditur. Gallinse his inelius incubabunl, ita ul
DE L'AGRICULTURE, LIV. L
oeufs que ron ilonnera a couvev a une poule il n'y
en ait que quinze de faisanes, et que les autres
soient de poules. On observeia, quant a la lune
et aux jours, ce que iious avons prescritpar rap-
portaux autres volailles. Les petits ccloront le
trentieme jour de rincubation. On lcs nourrira
pendant quinze jours de farine d'or2;e bouillie et
tiede, arrosce de quelques gouttes de vin. Par
la suile on leur donnera du froment concasse,
dessauterelles etdes a'ufs de fourmis. II est cons-
tant qu'il faut les enipecherd"approcherde Peau,
si l'on ne veut point que la pepie les fasse perir.
Sils vienuent a Tavolr , on leur frottera habituel-
lement le bec avec de Tail broye dans de la poix
liquide, ou bien on extirpera le mal par le mcine
procede que pour lcs poules. La methode pour
les engraisser consiste a les renfermer pendant
trente jours , et a leur donner , pendant tout le
temps de leur reclusion, un modiux de farine de
froment petrie en tres-petites bouleltes; ou , si
Ton veiit leur donner de la farine d'orge , il en
faudra uu modius et demi pour les engraisser
completement pendant le temps quenousvenons
de prescrire. ^eaumoins, il faut avoir soin que
les boulettes qu"on leur introduira dans le gosier
soient graissees d'huilc , de crainte qu'elles ne
s'arretent a la racine de leur laugue , ce qui les
feiait perir sur-!e-champ. On aura aussi la plus
grande attention a ne leur pointdonucrde man-
geaille nouvelle avant qu'ils aient digere Tan-
cienne, paroe qu'ils suecombent tres-facilement
aux indigestions.
XXX. Sans hcrbeet sans eau, les oies ne pro-
fitent guere. Cet oiseau est pernicieux aux ter-
rainsensemences, parcequ'il nuit autant aux .«e-
mences par sa morsure que par sa fieiite. On tire
un revenu de ses petits et de ses plunies, que Ton
arrache dans Tautomne et au printemps. Trois
femelles suffisent a uu m&\e. S'il n'y a pas de ri-
viere dans rendroit oii on les clevc , on leur fcra
une inare d'eau ; et si ron inanque d'herbes, on
scmerapour leur nourriture du trefle, du fenu-
gree, de la chicoree sauvage et de petites lai-
tues. Les oies blanches sont les plus fecondes;
les melangees ou les brunes le sont moins , parce
qu'elles ont passe du genre sauvage a Tetat de
domesticite. Elles couventdepuis les calendes de
mars jusqu'au solstiee d'ete. Elles pondront da-
vantage si Ton prend dfs poules pour couver.
INous permettons cependant aux meres desor-
mais hors d'age d'elever les petits de leur der-
niere ponte. Lorsqu'elles Svint pietes a pondre,
on les conduit a leur logette ; et pour peu qu'im
Tnit fait une seule fois, elles conserveront Iha-
bitude d'y aller d'ellcs-memes. On fait couver
aux poiiles desoenfsd'oies de meme que desocufs
de paonnes ; mais on met des ortics sous ceux
d'oies, de peur qu'ils ne soieiit endommages. II
faut nourrir les oisons dans leur logctte les dix
premlcrs jours apres lcur naissance. Passe ce
temps , on pourra les en faire sorlir par un temps
screin, pour les raener dans des cndroits ou il
n'y ait point d'orties, parce qu'ils en redoutent
les piquants. Ou les engraisse tres-bien a TAge de
quatre mois, parce qirils engraissent mieux
quand ils sont dans un age tendre. On leurdon-
nera a cet effet de !a bouillie trois fois par jour.
On les enipeehera de circuler, en ies renfcrmant
daos un lieu obscnr et chaud. En suivant cctte
methndc, les plus vicilles nieine engraisseiont
en dcux mois, ear les jeunes souvent sont gras-
ses des le trcnticinc jour. On les engraissera cn-
corc niieux en leur donnant du niillet trempe
dans de Teau , tant qu'elles en voudront. On peut
qiiindecim pliasianina ova niitrix nna cooperiat, [et] cav
teia sni generis siipponantur. In snpponenilo de luiia et
diebns qua; sunt in aliis dlcta scrvenlur. Tri^esinius dles
inaturos pullos in luinea cniitlet. Scd pcr i|nindcciin dies
discocto ac rclVigcrato leviter ordci farre pascentur , ciii
vini iinber asiiersitur. 1'ost triticiim IVactum piaibebia ct
locuslas et ova forinica». Sane ab aqua; probibcaiilui' ac-
cessu, ne eo.s pitiiila concliidat. Qiiod si pitnitam palien-
tur pbasiani, allio (iini pice liquida trilo ro.stiacorum de-
bcbis assiduus pcrliicare, vel vitiuin, sicut gallinis licri
consucTit, anferre. Saginandi lia^c ratiocst, ul unius nio-
dii trilicea laiina in brevissimas olfulas redacta claiiso
pbasiano per x\\ dies niinisliata sulliciat : vel, si oidea-
ceain I.Liinani prabere volneris, uiiius el scmissis inodii
fariiia per pixiliiliis dies sa{>inam replcbil. Obser\aiidnm
sane est, iit offiila; ipsoe oleo levigentui- as|ieiso, et ita
inserantur faucibus, iie sub innma lingiiie parle mcigan-
tnr : quod si evcncrit, slatim pereunt. Illud qiinqne ma-
gnopere curemus, ne prifbeaiitnr nova aliinenla , nisi
digestis aliis; quia eos lacillime onus cibi liaerentis ex-
lingiiit.
XXX. Anser satie ner sinclierba, nec sinc aqua facilc
snslinetur : locis consilis iniinicus est , quia .sala et morsu
laedit et slercoro pi)lliiit : pullos pra;sUit et plunias, quas
el aulnnino vellamns ct veie. Uui masculo tres la-miua;
sulliciant. Si desit llnvius, laciina fornietnr. Si licrba non
snppetit, Irilolium, fipnum Gneciim, agrestiainliiba, lac,-
tucnlas screiniis aliniento. Abbi luicundiorcs siiiit; varii
vel fiisci , iiiinus : qiiia de agresti genere ad doincsticiini
tiansierunt. Incnbant a calcndis Martii usque ad astivuiu
solsliliiim. rlus parient, si gallinis ova supponas. Extre-
mum parliim matribus jam vacaturis cducare perniilti-
nins. 1'aiiliira! ad barain perdncantur. Cuiii scnicl lioc
feceris, consiielndinem sponte relinebunt. Gallinis sieut
(lavonina etiam ansiiis ova siipponas. Scd anseiina ova ne
noceantnr, suppusili^ Milijn i.iliir iirlica. Parvi seniine pa-
paveris piimis dei ciii diiliiis Inliis pasccndi sunt, poslea
sei eno eos poleriimis ediiici e , iibi urlica non fuerit , ciijns
aeuleos formidant. Qiiatnor incnsiiim bene saginantur :
iiam meliiis pingiiescunt in teiiera retate. Poleiila dabitur
iii die ter. Large vagandi licentia probibetiir. I.oco obscuro
claudentiir et calido : sic majore.s ellani seciiiiilo iihiim'
pinguesciint. ISam parviili .sa'pe dle ti igesimo. Saglnaiilin
nielius, si ad s»lielatem niiliuin pwbeamus inliiMiin.
PALLADIUS.
meler toutes sortes de legumes dans leur nour-
riture , a rexeeption de Ters. II faut aussi preu-
dregarde que leurs petitsn'avalent des poils d"a-
nimaux. Les Grecs, pour engraisser les oies,
font detremper dans de Teau chaude deux par-
ties de gruau et quatre parties de son, et leur
donnent decette nourriture a discretion. Ils fa-
cilitent aussi leur engrais en les faisant boire
trois fois par jour. Ils leur donnent meme de Teau
au milieu de la nuit. Mais si Ton veut que leur
foie s'attendrisse,on roulera en petites boulettes
des figues seches broyees et trempees dans de
Teau , et on leur en donnera au I)OUt dc trente
jours d'engrais, etcela pendant vingtjours con-
secutifs.
XXXI. Ces arrangements faits, on pourvoira au
rcste. Eneffet, il faudra encore avoiraupres de la
metairiedeux rdservoirs d'eau creusesdans le sol
outaillesdans lapierre,qu'ilsoitfacilede remplir
d'eau de fontaine ou depluie. L'un servira aux
bestiaux ou aux oiseauxaquatiques, et Ton met-
tratremperdans Tautre les baguettes, les cuirs,
les lupins, et toutes les autres choses que les
paysans sont dans Tusage de plonger dans Teau.
XXXII. lln"importe en quelendroit on serrera
le foin, la paille, le bois et les cannes, pourvu
que cet endroitsoit sec, ouvert a tout vent, eloi-
gne de la metairie, dans la crainte du feu.
XXXIII. Le tas a fumier doit avoir sa place
dans un lieu tres-humiJe, et quisoit hors de la
portee du corps de logis du proprietaire, a cause
dela mauvaise odeur qu'il exhale. L'abondance
de Teau procurera au furaier favautage de faire
mourir les graines d'epines qui poarroiit s'y
trouver entremelees. Le crottin d'ane est le pre-
niier de tous les fumiers , surtout pour lesjar-
dins. Vient ensuite celui des brebis, des chevreg
et des betes de somrae ; mais la fiente de porc est
le pire de tous. La oendre est un excellent fumier.
Quoique la fiente de pigeon soit le fumier le plus
chaud , celle des autres oiseaux ne laisse pas d'a-
voir son merite, si Ton enexcepte iesoiseaux de
marais. Un fumier qui aura pourri pendant une
anneesera bon pour les terres enseraencees, et
nengendrera point d'herbes; plus vieux, il se-
rait moins bon. Un fumiernouveau sera excellent
pourfairefoisonner lesherbes dans les pres. Les
immondicesde lamer lavees dans de Teau douce
et melees avec d'autres ordures tiendront aussi
lieude fumier. II en estde meme du limou qu'au-
ront depose les eaux de source ou les rivieres en
debordant.
XXXIV. Lesjardinset les vergers doivent etre
tres-pres de la maison. II faut que le jardin soit
precistiment au-dessous du tas a fumier, dont le
suc seul le fertilisera, et tres-eloigne de Taire,
parce que la poussiere de la paille lui serait per-
nicieuse. Un terrain plat, legerement incline et ar-
rose par une eau courante, qui se partage en dif-
ferents bras , est une heureuse position pour un
jardin. Si Ton n'a pas d'eau de source, il fautou
creuser un puits en terre, ou, si ronne peut pasy
parvenir, construire a la superficie un reservoir
que la pluie fournira d'eau , afin que le jardin
puisse ctre arrose pendant les grandes chaleurs de
Tete. A defautde toutesces ressources, labourez
a trois ou quatre pieds au moins de profondeur,
comme dans une terre qu'on faconnerait nu pas-
tinuni. Le jardin qui aura reeu cette facou est a
l'epreuve de touteslessecheresses. Quoique toui
tes les especes de terre conviennent <i un jardin ,
pourvu qu'elles soient aidees de furaier a propor-
Inter ansenim cibaria legiimen onine ponigi potest, ex-
ceplo eivo. Cavemium est eliam, ue pulli eonim selas
gluliant. Giaeci saginandis anseiibus polentaj duas partes
et furfuris quatuor aqua calida tempeiant, el ingeiunt
pioappetentis voluntate sumeuda.Tribusper diem vicibus
potu adjuvant. Media quoque nocte aquani mini.stiulit.
Peiactis vero xxx diebus, si ut jecur liis tenerescat, op-
laliis, tunsas caricas et aqua niaceiatas in offas volulabis
exiguas, et per dies viginti coulmuos ministrabis ause-
ribus.
XXXI. His ordinalis, cfetera exequenda sunt. Nam
liisciiiie dune vel solo impressai, vel caeso lapide circa vil-
lam esse debebunt; i|u,is facite est aut fonte aut imbie
suppleri , ul una ex liis usni sit pecoribus vel avibus ,iqua-
licis : alia madefaciat virgas et coria ct lupinos, et si qua
nislicilas consuevit infundeie.
XXXII. Fceni, palearum, ligni, cannarum repositiones
nilrefertin qua parle [fiant ,] dummodo sicca; sint alque
[)eiflablles, et loiige removeantur a vitla propter casuni
siirripicntis incendii.
XXXIII. SteiTorum congestio locuni suiim tencre de-
bebit, qiii abundet liumore, et piopter odoris liorrcnda
a pia'lorii averlutur aspectu. Humor abundans boc praes-
tabit stercori, ut siqiia insunt spinarum seniina, putre-
fiant. Slerciis asinorum primum est, maxinie tiortis; dein
ovitlum et caprinum et jumentorum ; porcinum vero pes-
simnm : cineres oplinii; sed columbiniiin fervidissimuni,
ciieterarumqiie avium satis iilile [est] exceplo palustrium.
Stercus, qiiod anuo rcquieverit, segelibiis ulije est, nec
herljas creat : sivelustius sit, minus proderit. Pratis vero
recentia stercora prolicicnt ad uber herbarum. Et maiis
piirganienta, si aquis dutcibus eluantur, misla reliquis
vicem slercoris exhibebunt, et limus, quein scaluiieu.s
aqua vel Huvii incrementa respiierint.
XXXIV. Horti et pomaria domui proxima esse debe-
bunt. Ilortussit sterquilinioniaximesuhjeclus, cujuseum
siiccus sponte foecundet. Ab area longe silus [sit.] Nam
pulverem palearum patitur inimicum. Felix positio esl,
cui leniter inclinata planities cursus aquae iluentis per
spalia discreta derival. Si fons desit , aut imprimendus
est putcus : aut , si iiequeas tioc , piscina superius con-
struenda cst,ut illinc aquas phivia confeiente, borlus per
a>slivos rigetur ardores. Si h.ic omni facultale carueri.s,
semper altiiis Iribiis vel quatuor pedibus ad pastini siinili-
tudinem fodies borlulum , qui sic cultus uegligitsiccitalcs.
Scd buic qiiamvis contra necessitatem mista stercore
DE L'AGRICl!LTURE, LIV. \.
tion de leurbesoiii,ilenest cependnnt tellesespe-
ces qii'il faut eviter dans le clioix, telles que la
crniequcnous nonimonsargile, et la terre rouge.
On aura aussi rattention de distribuer en deux
portions lesjardinsqui n'auront point !a ressouree
d'une humidite naturelle, et d'exposer au midi
celleque Ton voudra cultiver en hiver, au nord
celle que Ton voudra cultiver enete Lesjardins
doiventdeplus etre fermes; mais il y a plusieurs
facons de lcs enclore. Les uns rcnferment de la
vaseentredeuxplanches qui hiiscrvcntdemoule,
etfont ainsi des murs qui resseinhleiit a ceux de
briques. Ceux qui en ont le moyen eonstruisent
des murailles de mortier et de pierrcs. Le plus
grand nombreemploie des pierresregulierement
superposecs, en sepassant de mortier. Quelques-
uns entourent de losses le terraiu qirils veuleut
cultiver. Mais c'est uue methode qu'il faut eviter,
a moins quc le terrain nc soit marecascux , parce
que ces sortcs de fosses attirenta eux toute i'hu-
midite du jardin. D'autres font des haies avecde
repinede plnnt ou de seraence sur les bords du
jardin, pour luiservir de rempart. Mais le meil-
leur procede est de se procurcr de la Ki'aine de
ronce ou d'ei,'lantier quand elle est. mure. On la
meleavecdela farine d'ersdctrempee. On couvre
ensuitc de cette preparation de vieux cordages de
genet d'p]spao;ne, de facon que cette graine pe-
nctre rinterieur de ces cordaiies et s'y conserve
jusqu'au commencement du printemps. Alors
on creuse , dans rcndroit ou Ton veut former une
haie, deux tranchcps d'uu picd et demi de pro-
fnndeur, eloignees Tune de Tautrc de trois pieds ,
puis on etend au fond de chacuiic de ccs tran-
chees les cordages satures de lcur graine, et on
les recouvre legerement de terre. Par ce raoyen
les pousses paraitrout le trentieme jour, et, tant
qu'ellesseront jeunes, il faudra faciliter leur crois-
sance avec dcs appuis, qui serviront a les reunir
dans les intervalles qu'cllcs n'auront point rcm-
plis. Tout jardiu doit etrc divise en deux parties :
runequ'on ensenieucc cn automneet dont la tcrre
doit ctre remuee dcs lc printemps ; rautre qul
doit etre ensemencee au printemps ct labouree cn
automne. Par la les dcux labours scront muris,
Tun par le froid, Tautre par le soleil. II faut faire
lcs plnnchcs longucs et etroitcs, c'est-a-dire, qui
n'aicnt quc six piedsde large sur douzedc long,
afm qu'on puisse les partager en deux , pour les
purger dcs mau vaises herbes tant d'un cote que de
Tautre. Au reste , les bords en seront redrcsses a
la hauteurdedeux pieds dans lesclimatshumides
ou arroscs, au lieu qu'il suflira qu'ilssoient ele-
vcs d'un pied dans lcs climats secs. II faudra (si
Ton est dans Tusagc de fairc couler Tcau sur les
plauchcspour lcs arroscr) que les espaces qui les
separeront soicnt plus eleves que la planche clle-
meme , afin que Teau se rcnde plus aisemcnt sur
la planche lorsqu'elle vicndra d'un lieu qui la
domincra, et qu'apres Tavoir bien abreuvee,
elle puisse etre detournee sur d'autres plnn-
ches. Quoique nous assignions pnr la suite les
tcmpsde chaque eusemenccment mois parmois,
chacunse regleracependantsurla nature du pays
etdu climntqu'il habite. L'ensemencement d'au-
tomne se fera de mcilleure heure dans les pays
froids que dans les pays chauds, ctcelui du prin-
temps s'y fera plus tard ; au lieu que rensemen-
ccmcnt d'auton)ne pcut etrc fait plus tard dans
lcs contrces chaudes, comme celui du printcmps
pcutyctre fait plus lot. II fnut toujours semcr
pcndant que lalunecroit, et coupcr ou cueillir
quand elledecroit.
X.WV'. Remedecontre les brouillardsetcontre
qiia'llbet terra conveiiiat , famen Ii.tc genera snnt in elec-
tione vilanila, ncta, iinani aigillani (liciiniis, atqne rn-
brica. Illnd qnoqne cnstodies iii liorlis, qnos hnnioris
natura non ailjuvat, ut diviilas per |)artes, et liieme ad
meiidiem , a'slate ad septentrioneni spatia colenda con-
vertas. Dehent etiam liorli esse clansi : sed munitionis
ninlla sunt genera. Alii Into inter fornias clanso parieles
Jifjiiratos ex InleribH.i imi/tni/iir. Qiiilms copia suppc-
i!i<,iiiaceriasluto et lapiile excil.nil. 1'leriqnesine liitocon-
gesta in ordinem sa\a compoiiiinl. ^unnnlli fossis spalia
colenda pia'cingiint : quod vilaiidnni est , qiiia liorto snli-
diicit liumoies, nisi forle locns paliistris colatur. ..^lii
siiinarum plantas el semina in mnnitione disponiint. Sed
melins erit rubi semiiia ct spiua- , qiia; rubus cauinus vo-
catnr, matnra colligerc , et cnm farina ervi ex aqua mace-
rata miscere. Fiiiics dcliinc sparteos vcleres boc genere
niistionis sic induceie, ut iulra fniies semina recepta ser-
vciitur usque ad vcrni teniporis iiiilia. Tunc iibi sepes fu-
tnra est, diiiis sulcostnbus a se pedibiis separatos, sesqui-
pedis altitndiiie facienius , et per utrosque , fuiies cum
seniinibus obruemiis levi teria. Ita trigesima die proce-
dunt scntcs , quos tcneros adniinii nlis opus est adjuvare.
qnibns inter sc [sentes] per spatia vacna reliela jniii;i'n-
tnr. I'arles sane horli sic dividenda; sunt, nt ea-in ipiihiis
anlnmno seiniuabitur, veriio tempoie paslinenlnr : qnas
semiiiibns verecomplehimus, anUimni lcniporeilelichinins
effodere. Ita utraqne pastinatio decoqnetin- h.n.ii, i,, ,ilf;,i.
ris ant .solis. Area; faciendie snnt an.:;ii-ii"i,'> , I l,iii-,i',
id e.st ibiodccim peduni lonsilmline, ct m\ I .iiiu.liii,. nt
sint propter .spatia utrinqiie purganda divisa'. iMaiyiiies
vero eariim locis liiiniidis vel irriKiiis diiobus pedihus eii-
ganliir, siccisiinoextulisse snfliiiet. Interareas, si liumor
consnevit efllneie , spalia altiora ipsis areis essc debebnnl ,
nt laiiliiis ingrediatur areani dc siiperioic parte linnior
admissus,et uhi sitienlem satniaveiit, in alias possil cx-
cliisiis averli. Serciidi lcmpora licel per nicnses ccrta si-
gnemiis, tameii scciindiiin locl ct caili natnram uniisquis-
que cuslodiat. Krigidis locis autumnalis salio celerior fiat,
vcrna vcro tardior : calidis aiileni regionibus et antnmnalis
serior lieri potcsl ct verna niatiirior. QuiEcunqnc serenda
sniil, cuin luna crcscil, seniinentiir : qua; stcanda sunt
vel legenda, cnm ininnitur.
XX.KV. Contra ncbnlas cl riibiginem. Paleas ct piirga-
mcnla plnribus locis pii liorlnm disposita siinnl oninia,
PALLADIUS.
!n rouille : quand labrume parait menacer, faites
differents tas de toutes les pailles et immondices
dispersees dans lejardin, et mettez-y le feu. II
y a de nombreux prcservatifs eontre lagrele, tels
que d'envelopper une meule dans un morceau
detoffe de couleurde rose; de levcrcoatre le ciel,
d'une facon menacante, des haclies ensanglan-
tces; d'entourer tout le jardin de eouleuvree;
d'attacher un hibou les ailes etendues; de frottcr
de suif d'ours les instruments de fer avec lesquels
ondoittravailler. II yades personnesquiconser-
vent de la graisse d'ours battue dans de rhiiile,
etqui en frottent leurs serpettes avant de faire
la taille. Mais cette pratique a besoin d'etre te-
nue secrete, pour celui qui taille tout le premier.
Au reste, Ton preteud que sa vertu est si grande,
qu'en remployant, on n'a rien a craindre des
brouillards ni des insectes. Le tout est d'y mettrc
du mystere; autrement lecharme est detruit.On
repnnd du marc d'huile nouvelle ou de la suie
prise aux voutes , pour se debarrasser des mou-
cherons et des limacons. Pr^servatif contrc les
fourmis : si la fourmiliere est dans ie jardin
meme , on place aupres le caair d'un hibou ; mais
si les fourmis viennent du dehors, on trace une
ligne autour du jardin avec de la cendre ou avec
de la craie. Preservatif contre les chenilles. On
trempe dans du jus de joubarbe ou dans du sang
de chenillcs les grainesque Ton doit semer. Les
poids chiches semes parmi les lcgumes leurser-
vent de prcservatif contreun grand nombre d'in-
convenients. II y ades personnes qui jcttent sur
les chenilles de la cendre de figuicr, et qui seraent
aussi ou du moins suspendentdans leur jardin de
la seille. Quelques-uns, pour ecarter lcs chenilles
etautres insectcs nuisibles, font faire le tour du
jardin a une femme sans ceinture, les cheveux
epars et les piedsnus, dans letemps de ses regles
D'autres attachent avec des clous , en differenfs
endroits du jardin des ecrevisses de riviere. Pre-
servatif contre les inseetes qui nuisent aux vi-
gnes. On plonge dans de Ihuile les eantharides
qui se trouveut coramunement sur lcs roses, et
on les y laisse macerer. Ensuite, lorsque ron
veut tailler la vigne, on frotte de cette huileles
serpettes dont ou doit se servir. On fait raourir
les punaises, soit avec de la lie d'huile et du (lel de
boeuf, dont ou frotte les litsou lesautresendroits
quiensontinfectes, soitavec desfeuillesde lierre
broyees dans de rhuile, soitparrodeurdessang-
sues briilees. Pour empecher que les leguraes
n'engendrentdes animaux pernicieux , faites se-
cher daus rccaille d'une tortue toutes lcsgraines
que vous aurez a semer, ou bien semez de la menthe
en plusieurs endroits de votre jardin, et particu-
liercment entre les choux. On pretend qu'un peu
d'ers semc, surtout dans les endroits ouil doit ve-
nir des radis ou des raves, produit le meme ef-
fet. On dit encore qu'en repandant sur les legu-
mes de fort vinaigre raele avec du suc de jus-
quiame, on fait mourir les pucerons dont ces
legumcs sont infectes. On dit aussi qu'on chasse
les chenillcs en brulant par tout le jardin des ti-
ges d'ail sans tetes, et en cn promenant ca et la
les fumigations. Si fon veut garantir les vignes
de ces animaux, on pretend qu'il faut frotter les
serpettesavec de Tail broye. On les cmpecheaussi
de pulluler en alluniant du bitume et du soufre
autour des troncs d'arbres ou des pieds de vigne,
ou en faisant bouillirdans de Teau des chenilles
priscs dans le jardin voisin, et en arrosant en-
suite le sien avec cette eau. Pour erapechcr les
cantharides de faire tort aux vignes , il faut en
6crasersurla pierre qui sert a aiguiser les ser-
pettes. Democrite assurc qu'aucune bete ne pourra
nuire aux avbres ni a telle semenee que ce soit, si
cum nebulas videris inslare , combures. Conlra giandineni
(mulla dicuntur. ) Paniii) rohoo inola toopciiliir. llfin
crucnt.ie seciiies conlia c.tIiiiii niinaiilcr levaiilur. llcin
oinne lioiti spatinin alba vile pia>ciniiitnr : vel noctua
pennis pateulibns extensa suffigltur : vel ferramenta,
(|uibus opeiauduui est, sevo uugunlur iiisino. Aliqui ursi
adipem cuiii oleo liisum le.servant, el falces lioc, cuni
putatuii siint, uiigunt. Scd boc in occulto del)et esse le-
medium, nt niillus putator inlelligat ; cujus vis tanta e.sse
perhibetur, ut neque nebula neqiie aliquo animali possit
noceri. ( Inteiest eliam ut res piofanata non valeat.) Con-
tra culices et limaces vel amurcam recentem vel ex came-
ris fuliginem spaigiinus. Coutia foimicas, si in hoiio ba-
bent Ibranien , cor nocluse admoveamns ; si foris veniunl,
omne Iiorti spalium clnere aut creta; candoie signemiis.
Contraerucas semina, quic spargenda sunt, sempervivae
succo madefiant vel erucarum sanguine. Cicer inler oleia
propter multa portenta serendum est. Aliqiii cineiem de
fico super erucas spai^unt. Item sqiiiliam vel in horlo
serunt, vel cci te siispendiint.IAIiqiii mulicrem menstruan-
lcm, nusipiani cinctain, solutis capillis, nudis pedibus
contia erucas et caetera hortum faciunt circninire. Aliqui
lUiviales cancros plnribus locis intra hortum clavis figunt.
Contra animalia qua; vilibus nocent , cantharides , quas
in rosis invenire consuevimus, oleo mersas resolvi patie-
ris in tabeni : et cnm putandac snnt vites, hocoleo falccs
[pulaloiias] perunges. Extinguuntur cimices amnrca et
felle hubuloleclisautlocis pcrunclis, velfoliis edera! tritis
ex oleo, vel incensis sanguisngis. Ut olera animalia infesla
nou genereiit, iu corio tesludinis oinnia semina, qiiai
sparsurus es, sicca : vel menlam locis pluribus, maxime
inler caules, sere ; hoc prrestare fertur erviim aliquantu-
lum satum, prfficipue ubi radices et rapa nascnnlur. Vel
acic acetum succo hyoscyami mistum fei lur oleruni pulices
necare, sispargas. Campas ferlur evincere , qui fiisticulos
alii sine capitibus per hortt omne spatium comburens
nidorem locis pluribus excitarit. Si contra easdeni vitibns
voliierimus consulere, allio trito falces piilatorise feruntur
unguenda!. Nasci qiioque probibentur, si circa arhorum vel
vitium crnia biUimen et sulfur incendas : vel si ahlatas de
horto vicino campas excoqiias aqiia , et per horti tui spatia
iiniversa diffundas. Ne caiilharides vilibus noceanl, in
DE L-AGRiCULTURE, LIV. L
l'on met dans un vase de teiie cuite, plein d'eau
et couveit, une grande quantite d"ecrevisses de
riviere , ou au raoins dix de celles de mer, que les
Grees appellent TraYoupoui; ; qu'ensuite on expose
le vaseen pleinair; pendant Tespace dedix jours,
sourais ix raction du soleil, et qu'ou arrose de
cette eau tout ce quc Ton voudra conserver intact ;
en rcpetantla memeoperalion tous les jours, jiis-
qu'a ce que les plantes que l'on veut avoir soicnt
venues, et qu'elk's aient acquis une certaine
force. On cliassc les fourmis en versant de Tori-
gan et du soufre broyes sur rouvcrture de la
tourniiliere. Cette prtparation nuit cgaieraent aux
abeilles. On obtieiit le nierae resultat en brulant
des coquillesde limacons vides, et cn bouchant
les trous avcc leurs cendres. On met en fuite les
raoucherons en jctant sur eux du galbanum ou
dusoufre, ainsi que les puceroiis en rcpandant
souvent sur le pave du marc d'huile ou du curain
sauvage broye dans de Teau , ou de la graine de
concombresauvageseulemeutinfusce, ou dercau
dans laquelle on aura fait tremper dcs lupins
raeles avec de la couleuvree blanche amcre. Mct-
tez dans uu plat du marcd'huile bien epais : la
nuit, les rats s'y prendront comme au picge. Sa-
turez d'ellebore noir uu morceau de fi-omage ou
de paiu, une certaine quantite de graisse ou de
pate ; ce sera pour eux un poison. Apulee pretend
qu'on preserve les graiues des mulots eu les faisant
macerer dans du fiel de bceuf avant de les jeter
en tcrre. Qucl([ues pcrsonnes bouchent les trous
de ces animaux avcc des fleurs de lauricr-rose,
afm qu'apres les nvoir rongees, ils meurent des
effortsquils font pour sortir. Voici comment ies
Grecs fout la chasse aux taupes. Ils font pcrcer
une noix ou toute autre espece de fruit cgale-
ment solide , qu'ils reraplissent de paille et de
5U
cire melces avcc du soufre ; apres quoi ils font
boucher bien exacteraent tous lcs petits passages
des taupes et tous les conduits d'air cxterieur, a
rexception d'un seul qui soit large, etarcntree
duquel ils font mcttre cette noix, laquelle est
allumce cu dedans, de facon qu'elle puisse recc-
voir d'un c(")te le vcnt qu'elletransmettra de Tau-
tre cote; moyeunant quoi les trous se trouvant
remplisde fumee, les taupes s'cnt'uient aussitot,
ou meurent. Si Ton remplit de cendre de cheue
lcs ouvertures des trous des rats sauvages, ils
gagneront la gale a force de toucher souveiit ii
cette cendre, etfiniront parperir. On met les ser-
pentsenfuiteavec presque toute sorte de maticres
amcres; et toule fumee de raauvoise odeur est
bienfaisante, ence qu'elle preserve de leur souffle
pernicieux. Brulons donc du galbanum , ou du
bois de cerf , ou des racines de lis , ou la corne du
pied dechevre : ce sont toutes matieres qui ccar-
tent ces monstres venimcux. LesGrecsimaginent
que lorsque des nuees de sauterelles s'elevent
tout a coup , il pourra arriver qu'ellcs passeront
sans causer de dommage , si tout le mondc se
tient caclie dans la maison , et que quand meme
les gens seraient cn pleinair lorsqu'ils les obser-
veront, ellcsnenuiront neanmoins a aucun fruit,
pourvu qu'on se retire aussitot tous a la maison.
On dit aussi qu'un moyen surpour leschasserest
de vcrser de Teau dans laquelle on aura fait bouil-
lir des lupinsamers ou des concombres sauvages,
en la melant a\ ec de la saunuire. Quelques per-
sonncs pensent qu'on peiit mcltre en fuite les
sauterellesou lesscorpions, en brulantquelques-
uiis de ces animaux au milieu de leurs sembla-
bles. D'autres combattent les chenilles avcc de la
cendre de figuier. Si ce moyen ne reussit pas , on
en fait bouillir quelciues-uncs dans de Turiue de
cote, qiia falces acuimtiir, ipsa; siint conlciendce. Demo-
crilus asseiit neque arljoribiis neque .satis quibusliljet
noceri posse a quibiiscunque bestiis, si fluviales caucros
pluiimos vel marinos, quos Gra;ci itavoOpou; nominaiit,
non miiuis quam decem liclili vasculo in aqua missos tegas,
et sub (iio staluas, ut <lecem (liebiis sole vaporentur. Posl-
ca qua;c.imque iliaesa voliieris esse, [ea aqua] perfundas,
et octonis diebus peractis lioc repetas , douec solide , qua;
optaveris, adolescanl. Formicas abi^es, si origano et sul-
fure tritis foramen asperges. boc et a|)ibus nocet. Ilem
coclilearum vacuas teslas si usseris , et eo cinere forameii
inculces. Culices galliano iufuso fu^antur aut sulfure. Pu-
lices amurca per pavimenlum fieqlienler aSpcrsa , vel
cymino asresti cum aqua trito, vcl si ciicumeris agrestis
semen aqua re.soluluni sa^pe infundcs, vcl aquam lupino-
rum psilotri auslerilalibus junctani. Mures, si amurcam
spissam patina' iufiideris, el in domo nocte posueris, ad-
haerebunt. Ilem nccabuntiir, si lielleboro nigro caseum vd
pauem vel adipes vel polentam permisceas et offeras. Et
acreslis cucumeris et colocynlbidis suffusio sic nocebit.
Adversus miiies agiestes Apnleius asserit semiiia bubulu
felle maccranda anlc quam spargas. Nonnuili rliododaplmes
foliis aditus eorum claudunt, qui rosis bis, dum iu cxilu
nitiintur, iiitereunt. Talpas Gra)ci boc geiiere perseqiiun-
lur : Nuceni perlorari jiibent, vel aliquod pomi genus so-
liditalis cjuidein. Ibi paleas et cedriam ciim sulfure sufli-
cicnler iucluili. Tuuc omnes parvulos aditus el leliqua
spliamerila lalpariiin diligcntcr obslrui, uuiim foramen ,
qiiod auqilius sil, reservari, in ciijiis aditu niicem intus
liKensaiii sic poni, iit ab una parte flatiis possitaaipere,
quos ab alia parte diffundat : .sic impletis (umocunicnlis
lalpas vel fujiere piolinus, vel necari. Mures rusticos.si
qiieriKMi ciiiere aditus cornm satiires, alliictu freipicnti
scabies occiipabit ac perimet. Sci peutes propc omni ausle-
rilale fusanlur, ct nocentcs spiritus innocenlia funii gra-
vcnlciilis exagitat. Uramiis gall)aunm vel cervi cornua,
radiics lilii, capr.-e iingulas. IIoc generc monstra noxia
proliibentur. Opinio Gia^coriim csl, si nubes locustarum
lepenle surrexerint, lateulibus inlra ti^cta cunctis boniini-
biis, cam possc Iransire -. quod si inobservanlcs liomines siib
aere depreliendant, nulli frucluum noceri , si conlinuo om-
nes ad tccla confiigiant. Pclli ctiam dicuntur amari lupini
vel agrcstis cucumeris aqua decocta, si muria: mista funda-
tur. Exislimanl aliqui locustas vel scorpios fu^ari posse.
PALLADIUS.
boeuf et du marc d'huile melis ensemble par
parties egales ; et lorsque cette liqueur est refroi-
die, on en arrose tous ies legumes. Les Grecs
donnent le nom de irpa^oxoupioe; aux animaux
qui causent ordinairement du dommage dans les
jardins. II faudra couvrir legerement de terre,
dans Tendroit oii ces animaux se seront le plus
multiplies, le ventricule d'un mouton aTinstant
qu'il aura ete tue, et sans le vider. Deux jours
apres, on y trouvera ces animaux rassembles par
tas; et, pour peu que l'on repete cette operation
deux ou trnis fois, on detruira toutes ces espe-
ces malfaisantes. On croit qu'ou peut se garantir
de !a grele en portant autour de ses domaiues
une peau de crocodile, ou d"liyene, ou de veau
marin , et en la suspendant a l'entree de la me-
tairie ou de la cour, lorsque le fleau paraitra im-
minent. On pretend aussi que si Tou se promene
dans les vignes en portant dans la main droite
une tortue de marais renversee sur le dos , qu'a
son retour on la pose a terre dans !a meme sitiia-
tion , en remplissant la concavite de sa carapaee
de mottcs de terre , pour rempeeher de se retour-
ner et la forcer de rester couchee sur !e dos, les
nuees les plus dangereuses ne feront que passer
sur l'endroit muni de ce preservatif. 11 y a des
personnes qui , aussitot qu'elles se voient mena-
cces de ceperil , recoivent Timage de la nuee dans
un miroirqu'elles lui presentent en face, et vien-
nent ii bout de la detourner par ce moyen (soit
que le nuage se deplaise a voir se reflechir sa fi-
gure, soit qu'ilpousse plus loin, croyant la place
occupee par son double). On croit aussi qu'une
peau de veau marin, jetee sur un petit cep au
milieu d'uu vignoble, a quelquefois preserve le
vignoble entier des accidents qui le menacaient.
On pretend que toutes les semences d'un jardin
ou d'un champ sont a Tabri de tout accident et
de toute bete malfaisante , lorsqu'on les a fait
macerer, avant de les jeter en terre , avec des ra-
cines de concombre sau vage broyees. 1 1 faut aussi
mettre dans son jardin le crane d'une cavale qui
ait souffert les approches de !"eta!on, ou meme
celui d'uiie aiiesse, parce que ruii ct lautre pas-
sent pour feoonder par leur preseuce tout ce qui
lesenvironne.
X.X.XV1. L'aire doit etre voisine de la m^tai-
rie, tant pour faciliter le transport du ble, qu'a-
fin de le mettre plus a Tabri de la fraude; parce
qu'on supposera que le raaltre ou Tagent ne sont
pas loin. II faut que le sol en soit pave de cail-
loux , ou qu'elle soit taillee dans le roc, ou que
ce soit un terrain qui ait ete affermi, vers le temps
ou le ble doit etre battu , tant par lcs pieds des
bestiaux que par reaudonton Taura imbibe.Elle
doit de plus etre close et munie de forts barreaux,
a cause des betes de somme qu"on y fera entrer
dans le temps oii Tonbattra le ble. I! faut avoir
dans son voisinage un autre terrain plat et bieu
decouvert, daus leque! on puisse transporter les
bles pour y prendre Tair avant d'etre serres dans
lesgreniers ; precaution utilepourqu'ils segardent
longtemps. On pratiquera aussi aupres de !'aire,
n'importe de quel cote , surtout dans les coutrces
humides, un couvert sous lequel on inettra !es
bles a la hiite, dans le cas de pluies imprevues (si
lanecessitey contraint),battusou amoitie battus.
Quant a l'aire elle-raeme, elle seraplacee dans
un lieu eleve, etoii !e vent donne de tous les c6tes;
pourvuneanmoinsqu'e!lesoiteIoigiieedesjarditis,
des vignes et des vergers, parce que, si le fumier
et la paiilesont ntilesaux racines des arbrisseaux,
d'un autre cote, lorsque ces matieres s"attachent
a leurs feuilles , elles les percent et les dessechent.
si aliqiii ex eis iirantur in medio. Campas nonmilli riciilneo
ciuere persequuutur. Si permanserint, uiina buliula et a-
niurca:a;'qualiler mistaconferveant, et ubi refrixerinf, olera
nuinia lioc imbre consperge. llpaioxo-JptSa; GVtCci vocaiit
animalia, quae solenl lioitis nocere. Eigo venliiciilum
vervecis stalim occisi plenum soidibus suis spalio, qiio
abundant, leviter debebis operire. Post biduum reperies
ibi animalia ipsa congesta. Hoc cum bis vel terlio feceris,
genns omne, quod nocebit, extingues. Grandini creditur
obviaie.si quis c.rocodili pellem vel byaenae vel mariui
vitiili per spatia possessionis ciicumfeiat, etin villa! ant
cortis suspendat ingressu , cum malum videiit imminere.
Ilem si paluslrem testudinem dextra manu supinam ferens
vineas peiambulet, et reversus eodem modo sic illam
ponat in terra, et glebas dorsiejus objiciat cnrvatura^,
ne possit inverti , sed supina permaiieat. Hoc faclo fertur
spatium sic defensum nulies inimica Iranscurrere. Non-
nulli ubi instare malum viderinl , oblato speculo imaginem
nubis accipiiint , et hoc remedio nubem ( seu ut sibi ob-
jecla displiceat , seu tanquam geminata alteri cedat) aver-
tunt. Item vitnli maiini pellis in medio vinearum loco nni
superjecta viticulse creditur conti a imminens malum totius
vinese membra vestisse. Omnia semina lioiti vel agri
feruutur ab omnibus malis ac monstiis tuta servari , si
agrestis cncumeris tritis radicibus ante maceientnr. Item
cquai calvaria sed non viiginis intra bortum ponenda est,
vel eliam asinae. Creduntur enim sua pra^sentia foecundare,
qiuB spectant.
XXXVI. Area longe a villa esse non debet , et propler
exportandi facilitatem , et iit fraus minor timoatur, do-
niini vel prncuratoris vicinitate snsperfa. .Sit aiitein
vel strata silice, vel saxo montis excisa, vel sub ipso tri-
turrt! tempore iingulis pecoriim et aquse adinislione soli-
dala; clausa deinde et robustis munita cancellis piopter
armenla, qua^, eum teritur, inducimus. Sit cii ca lianc locus
alter planus et purus, in quem frumenta fransfusa refri-
gerentur , et borieis inferautnr : qiia? res '.n eorum dura-
liilitate proficiet. Fiat deinde [nndecunque] pioximum
lcotum , maxime in biimidis regionibus : sub quo propter
iinbres subifos frumenta (si necessitas coegeiit) raptim
vel munda vel semitrita ponantur. Sit autem [area] loco
siiblimi et nndecunqne perflabili , longe lameii ab lior-
lis, vineis, atque pometis. Nam sicnt radicibus vir-
gnltorura prosunt lanamen et palea;, ita iusidentes
1)E LACRICULTURE, LIV. I.
XXXVII. On plaoera le domicile des al)eilles
pres du mrps de logis dii proprietaire, dans un
coin du jardin retire, cxpose- au soleil, a Tabri
des vents, et trcs-eliaud. La forme en sera qua-
drani;ulaire, comraemoinsfavorable aux voleurs
et moins accessibleaux passants et aux bestiaux.
II faut qne les lleurs y abondent : cVst pourquoi
on sattaebera a les nuiltiplier, soiten berbes, soit
en arbustes,soiten arbres. II y aura ,en fait d'her-
bes, de Torigan , du thyra , du serpolet, de la
sarriette , de la melisse , des violettes sauvages,
de rasphodcle , de la citronelle , de la marjolaine,
de cette jacinthe que Ton appelle iris ou f//ndio-
his a cause de sa resserablance avec un petit
glaive, du narcisse, du safrau, et d'autrcs Iierbes
d'odeuc et de saveur douces. En fait de plantes
a haute tige, des roses, des lis , des feves , du ro-
marln, dii lierre.En arbres francs, desjujubiers,
des amandiers,dcspechers, des poiriers etd'au-
tresarbres frultiers, dont la fleur ne rende aucune
amerturae lorsqu'on la suce. Enarbressauvages,
des cbcnes qui produisent le gland , des terebin-
thes, deslentisques, des cedres,des tilleuls, des
petites yeuses et des pins. Mais on en ecartera
les ifs, qui sontnuisiblesa cesinsectes. Le suc du
tliyni donne ia preraiere qualite de raiel ; la thym-
hre , le serpolet ou rorigan , la seconde ; le roma-
rinet lasarriette, la troisieme. Les autres plan-
tes , telles que rarbousier et les legumes, donnent
un luiel d'un gout sauvage. Les arbres seront
plaiites du cote du nord. On arrangcra les ar-
brisseaux et les arbustes par ordre sous les mu-
railles, et rousemera les herbes dans lesurplus
du terrain au dela des arbustes. II faut y amener
nne fontaine ou uu ruisseau , dont le cours soit
lent , et frequemment interrompu par des bas-
fonds, sur lesquels s'etcndront des branehcs clair-
semees , oii les abeilles pui.ssent se poser en suret6
lorsqu'elles viendront y boire. Mais il faut que
les ruches soient eloiguecs de tout ce qui exhalc
une mauvaise odeur, comme bains, clahles,
evicrs. II faut lesgarantir enoutrede leursenne-
mis naturcls, tels que lezards, cloportes, et autrcs
semblables. On effrayera aussi les oiseaux avec
des epouvantails et des sonnettes. Le gardien
desabeilless'en approchera souventenobservant
d"etre propre et chaste dans le temps qu'il les vi-
sitera, et d'avoir de nouvelles ruches pretes a
recevoir les jeunes essaims encore sans expe-
rience. Eioignez-les de lodeur de la fange ou de
recrevisse bridee, aussi bicn que du voisinago
d'Hn echo. On se gardera d'avoir des herbes de
tithymalle, d"ellebore, de tapsie, d'absynthe,
de concombre sauvage, ou aucune plante aniinc;
tous elements autipathiques a la preparation du
miel.
XXXVIII. Les meilleures ruches sont celles
qui sout faites d'ecorce de liege , parce qu"elles
sont impcnetrables au cbaud comme au froid.
Onpeut neanmoins en faire de feriiles, ou , a de-
faut de ferules , on emploiera des baguettes d'o-
sier, ou rexcavation d"un troncd"arbre, ou on les
fabriquera avec des douves, comme I"on fait des
euves. Les ruches de terre cuite sont les pires de
toutes, parce qu'elles sont glacantes en hiver, et
bruiantes en ete. Au reste, il faudra construire,
dans renclos meme dont nous avons parle , des
murs a bauteur d"appui , c'est-a-dire, de trois
pieds d"eIevation , qne Ton revetira d'un mortier
de brique, et que ron crepira avec du stuc bien
poli,pourparer auxdommages que causeutordi-
nairemeut les lezards et les autres reptiles. On
frondibiis [eas] perforant, afqiie arere compellunt.
XX.WII. ,\pibus stalionem non longe a domini iodibus
iii liorli parte secieta et aprica et a ventis remota ct cali-
dioie locare debemiis, qua; in quadratam constiliita men-
suram furesetaccessuslioniinum pecudumquesubmoveat.
Sit abundans lloilbiis, quos in lieibis vcl iufinticibus, vel
in arlioribus procuret industria. Heibas nnlriat origaniim ,
lliynium, serpyllum, salureiani, melispbylluni, violas
agnstes,asphodilum,citiaginein,aniaiacuin, liyacinlbum,
qui iiis vel gladiolus dicitur simililiidine foliorum, iiar-
cissiim , crocum, cffterasque lierbas suavissinii odoris
et lloiis. In fruticibus vero sint rosae, lilia, faba!, ros-
iiiaiinus, e<lern; : in arboribus zizipbus, amygdaliis,
pcrsicus, pirus pomifera^que arbores, quibus nnlla
aniaiitiido respouiii^t llnre desucto. Silvestria vero, glan-
difiTa ri)li(ira, ti rebintlius, lentiscus, cedrus, tilia, ilex
niihiir, it piiiiis. Std taxi reinoveantur inimica'. Priini
saporis nicila lliymi succus eflundit. Secundi nierili lliyin-
bra, serpylluin vel orjganum lcrtii merili rosmariniis
et saturcia. Ca>tcra, ut aibutus el olera saporem ruslici
mellis eniciuiU. Siiit autem arliores a .seplentriouali
parle disposita'. Friitices atqiie virgiilta ordines suos
iub maceriis exequantur. Herbas deiude in planu post
frnllces conserenius. Fons vel rivus liuc conveuiaf otio-
siis , (jui humiles Iranseundo formet lacunas , ipias ope-
riant rara et transversa virgulla, sedes lutas apibus
pi.Tbitura cum sitienl. Sed ab liis apium caslris longo
siut oninia odoris horrendi, balnea;, stabiila, ooquina;
fiisoria. Fugemus praterea animalia qua; sunl apibiis iiii-
inira, laccrlos, hlaltas et his siinilia. Avcs eliam pannis
cl crepilaculis lerreamus. Purus ciistos (rcqueiis et caslus
accedal , habciis nova alvcaria prieparata , quilxis excipia-
tur examinum riidis jnventus. Yilelur odor caini, et can-
cer adnstiis, ct.lociis qui ad huinanam vocem falsa iini'
lalione rcspondet. .\b.sint el berba; litliyinalus, hellel)o-
riim, Ihapsia, ahshithium, cncumis agicslis, et oinnis
amariludo conficiendoe adversa diilcedini.
XX.WIII. Alvcaria ineliora sunt, qua; corlcx forma-
bit raplus ex suheie, quia non transmillunt >iin fiigoris
aiit cjloris. Possunl tanien et ex fcrulis fieri. Si ha;c dc-
siiil, salignis viminibus fabricenlur, vel ligno cavat.x' ar-
boris, aiil labulis , more cuparum. Ficlilia ileferrima
sunl, qu.-e el hieme gelautur, et ae.state fervescunt. Sed
intcr ca loca, qua nniniri ddierc prjecepimus , podia tcr-
nis alta pedibus fahrircntiir inducta lestaceo ct all)ario
operc levigala, propter laccrtorum Cictcrorumqiie anima-
544
PALLADIUS.
raettra ensuite les ruches sur ces murs, de facon
que la pluie ne puisse penetrer jusqu'a elles,
avec rattentionde laisserentre ellesdepetits in-
tervalles. II faut cependant que rouverture des
ruchessoit etroite, pourque lesessairas ne souf-
frcnt ni du froid ni du chaud. II leur faut encore
la protection d'an mur plus eleve, qui reflechira
le soleil sur le domicile des abeilles, cn le prote-
geaut contre les vents froids. Toules les ouver-
tures des ruchesseronten face du soleil d'hiver,
et il en faudra deux ou trois dans chaque panier,
dont la largeur n'excede pas la grosseur du corps
d'une abeille; parce que la petitesse du passage
empechera lesanimaux mnlfaisants de le forcer;
et s'ils attendent les abeillespourles attaquera
leur sortie, ceiles-ci pourront sortir par unc6tc
differentde celui ou ilsseronta Taffut.
XXXIX. Lorsque Ton fera empictted'abeilles,
on aura soin de n'acheter que des ruches qui
soient bien remplies. Or, on sera assure qu'elles
lesont,soita rinspection memc de la ruche,
soit au murmure eonsidcrable qui s'y fera enteu-
dre , soit aux rentrees ou aux sorties frequeutes
de Tessaim. II faudraaussi les acheter dans le voi-
sinage plutot que daus un canton eloignc, de
peur que le changement d'air ne les incommode.
Si cependant ron estdans le cas d'cn faire venir
de lain , on apportera les ruches pendant la nuit ,
en se gardant de les raettre en place ou de les
ouvrir avant la chute du jour. On examinera en-
suite,pendant trois joursde suite, si l'essaira ne
sort point tout a la fois, parce que ce serait un
signe de desertion. Nous donnerons par detail
ce qu'il yaura a faire chaque mois, pour obvier
a cct accident et a d'autres. On croit cependant
que lesabeilles ne preunent jamaisla fuite, lors-
qu'on a frotte les ouvertures des paniers avee ia
fiente d'un veau premier-nc.
XL. Le chef de famille fera bieu, s'il a de Teau
en suffisance, de songer a construire une salle
de bains, parceque c'estune chose quicontribue
beaueoup a 1'agrement et a la sante. Cettesalle
sera placee a portee de la chaleur du fourneau,
maisa Tabri derhumide vapcurqui s'en exhale.
On lui dounera des jours du cote du raidi et de
celui du couchant d'hiver, afin que les rayons
dusoleilyarriventtout le jour, etregayent. Voici
comme on fera le souterrain au-dessus duquel
les bains seront placcs. On eommencera par en
couvrir rairededalles dedeux pieds, convergen-
tesvers le centre dans un degre d'iucliuaison tel,
qu'une balle jetee dessus doive necessairement
rouler ji!squ'au foyer. Cest le moyen que la
flamme, dont la direction estnaturellement verti-
cale,cchauffedavautage lesbains. Onconstruira
sur ce pave des piliers de pctites briques liees
entre elles avec uu mortier d'argile et de crin,
espaces entre cux d'uu picd et demi , et eleves de
deux pieds et demi. On ctablira sur ces piiiers
deux tuiles de dcux pieds rune sur Tautre , que
l'on couvrira d'un mortier de terre cuite qui ser-
vira de pave ; apres quoi on y mettra du marbre
si fon en a snffisamment. Quant au miliarhim
de plomb, qui sera assis sur un platcau de euivre,
on le mettra directemeutau-dessus du fourneau,
et on le fera pnsser entre les bains. II y aura un
tiiyau dirige vers ce w iliarivm, pour y conduire
feau froide ; et il en partira un autre de meme
calibre que le premier qui sera dirige vers le bain,
pour y porter autaut d'eau chaude que le pre-
mier tuyau aura porte d'eau froide dans le mi-
iiarium. Les salies de bains seront disposees de
liiim noxam, quilms esl moris irrepeiR : et supra hxc po-
(lia alvearia coilocentur, ita ut non possint imlire pcnetraii,
spatiolis inter se patentibus segregala. Angiistus tamen
aililus admittat examina propter frigoris et caloris inju-
riani. Sane ventis frigidioribus altus parics resistat, qui
locuni possit defensis sedibus apricare. Aditus omnes soli
opponantur liiberno , qui in uno corlice duo vel tres esse
debebunt ea niagnitudine, rpiae apis foiniam non possit
excederc. Sic euim noxiis aninialibus ingressu resistetur
anguslo : vel si apes obsidere voluerint exeunles, alio,
(ubi non fuerint ,) ulentur egressu.
XXXIX. Apes si emendae sunf, provideamus ut plena
alvearia coniparentnr : quam rern vel inspectio vel mur-
niuris magnitudo vel (requenlia monstrat commeantis ac
remeantis examinis : [et] ex vicina potius quani [e\] lon-
ginqua regione, ne aeris novilate tenteutur. Si vero lon-
gius advelienda! suut, nocte collo portentur : nec collocare
nec aperire alvearia nisi vespere instante, debemus. Spe-
culemur deinde per triduum.ne onniejanuas suas egre-
diaUir examen. Hoc enim signo fugam medilautur assu-
mere. Contra baec et csetera , suo uuumquodque mense
reddemus. Tanien creduntur non fugere, si stercus pri-
uiogenili vituli adlinamus oribus vasculorum.
XL. Non aliennm est , si aqua; copia patiatur, pafrem-
faniilias de slrnctura baluei cogitare ; quae les et voluptati
plurimuni conferl et saluti. Ilaque balneum constiluemus
in ea parle, qua calor fulurus est, loco ab buniore sus-
penso, ne «ligo eum foinacibus vicina refrigerct. Luniiua
ei dabimus a parte meridiana et occidentis hiberni , ut tota
die solis juvetur et illustretur aspectu. Suspensuras vero
celiaruni sic facies : aream priino bipedis sternis , inclinata
sit tamen stratura ail fornacem , ut si pilam miseris , intro-
staie non possit, scd ad fornacem recurrat. Sic eveniel
utllamma altum petendo, cellas faciat plus calere. Supra
banc straluiam pilee laterculis argilla subacta et capillo
consti uctae fiant distantes a se spatio pedis unius et se-
missis , altK pedibus binis semis. Super lias pilas bipedao
consliluantur binie in altum, atque bis superfundautur
testacea pavimenla, et tunc, si copia est, marmora collo-
centur. Miliarium vero plumbeum, cuiarea palinasubest,
inter soliorum spalia forinsecus statuamus foniace subiecta,
ad quod miliarium fistula frigidaria dirigatur, et ab lioc ad
solium similis magnitndinis fislula procedat, qua; tanluni
caiidae diicat iiiteiius, quantum fistula illi frigidi licpioris
intulerit. Cella' autem sic disponantur, iit quadrac nou
sint , sed , (vci bi gralia) si xv pcdibus long.-e fiieiint , x
DK L-AGRICTJLTURE, LIV. l.
facon qu"eI!os ne fannciit pas 1« carre , niais que
si ellcs ont, par exenipie , quinze picds dc ionp;,
elles n'cn aicnt que dix de large , parce quc la
chaleur sera plus iutense dans un liru ctroit. La
formc du sw^e qui sera dans le bain sera a la
voloiitc de chacun. Les sallcs de bains d'cte re-
cevront le jour du cote du scptentrion , ct celles
d'hiver le reccvront du c6tc du niidi. II faut, si
faire se peut , qu'elles soient situccs de faeon que
leur decharge s'ccoule tout enticre a travers les
jardins. Les voutesde cessalles, qui serontfaites
en ouvrage deSignia, seront les plus solides;
niais si on les fait de planches , ccs planches se-
ront soutenuesavec des arcs de fer traverscs par
dcs verjies de fer. Si on ne veut point qiie ces
voiites soient faites en planches, on mettra sur
ces arcs et sur ces verges des tuilcs de deux pieds,
rassemblees par des crampons de fer, et liees en-
tre elles avec un mortier de crin et d'argile;
apres quoi on lcs revetira par-dessous d'un en-
duitde terre cuite, qu'on cmbellira ensuiteavec
du stue bien poli. On pcut aussi, si Ton consulte
ses intercts, faire ses appartements d'hiver au-
dessus des bains , c'est le nioyen d'entretcnir la
chaleur sous son habitation, et d'epargncr des
fondations.
XLL Puisque nousen sommes surle chapitre
des bains, il est bon de connaitre lc ciraent doiit
on se sert pour rcparer les ouvrages dcstines a
contenir l'eau, tant chaude que froide; parce
quesi lesbainsviennent a se crevasser, onpourra
y remedier sur-le-champ. \'oici la composition
du ciment qu'on emploie pour reparer les ouvra-
ges destincsa contenir de Tean chaude. On prend
de la poix dure, de la cire blanclie, de retonpe,
de la poix liquide, de la terre cuite reduite en
poudre et de la tleur de chaux, de facon que le
poids de la cire blanche soit egal a celui de la
poix dure, et que celui de la poix li^iuide soit
moitie du poids total de ce niclangc. On mcle
toutcs ces matieres enyemble; et apres les avoir
broyccsdans un morticr, on fait remplir les cre-
vasses de cette composilion. Autre recettc : On
broie avec un pilon du sel amnioniac reduit en
poudre, des figues, de fctoupe et dc la poix li-
quide , et on enduit les crevasses de cctte com-
position. Autre recette : On enduit lcs crevasses de
sel ammoniac et de soufre rcduits Tun ct rautre
en poudre , ou bien on lcs en remplit. On les en-
duitaussi de poix durect de cire blanchemclces
ensemble ct saupoudrees de scl ammoniac, ct
Ton fait passer le cautere par-dessus cetenduii.
On les enduit encore de ileur dc chaux et d'huilc
melces eusemble , et Ton sc gardc bicn d'v mcttre
de {'ean aussitot apres. Autre rccette : On mele
de la (leur de chaux avec du sang de taureau et
de rhuile,et Ton enduit les fcntes avec celte
composition. Onbroieencoreensembledes figucs,
de la poix dure et des ecailles d'huitres seches,
et on enduit avec attention lcs fcntcsavcc ce me-
lange. Voici aussi le cimcnt qu'on emploie pour
reparer les ouvrages destines a contenir de Teau
froide. On broie ensemble avecun pilon dusang
de bocuf, de la lleurde chaux et du m'iehefer, et
on en fait une espece dc cerat, dont on enduit
ces ouvrages. On cmpcchc cgalement Teau froide
de filtrer entre des fentcs, en les enduisant de
suif fondu , raele avec de !a cendre passee au
cribie.
XLII.Si Ton fait une grande coDSommation
d'eau dans les bains, il faut en diriger recoule-
ment vers lcs boulangcries, oii Ton etablira des
moulinsa cau ; ce qui sera une grande ^conomie
de travail pour les hommes et les bctes.
XLIII. On se pourvoiradetout 1'attirail neces-
saire a la campagne. Voici en quoi il consiste : des
lal.-o sint : foiliiis eniin vapoi- inlLT anijiist.i liii^lahltiir.
Soliiiruin loiiiia pio iiniiisciijiisqiie voliiiilale Inndeliir.
Piscinales cell.ie in a.'Stivis balneis a septcntrioiie liimen
accipiant , in liienialibiis a nieridie. Si lieri polesl, ita con-
stituantin buliieie, ut omnis eaium per bortos (jccurrat
eluvies. Canieraj in balneis [si] signina: [(iaiil , ] fortioies
sunt. Qua; vero de tabulis riiint, virgis (ei leis tiansversis,
et rcneis aicubus sustinentur. Sed si tabulas nolis impo-
iiere, super arcus ac virgas bipedas constitues firreis
ancoris culligatas, capillo inter se alque aigilla subacta
coliaerentes , et ita impensara teslaceain subter inducis :
deinde albaiii opeiis niloie decoiabis. Possumus eliam,
si compendio studcmus , bibeina a^dificia halneis inipone-
re : liiiic ct liabitationi tepoiem subinittimus, et funda-
menla lucramur.
XLI. Scirc convcnit, quoniamde balncisloquimnr, qua;
sunt nialtlia' calidaiia; vel fiigidaiia! , ut siquando in soliis
scissa snnlopera, possit repenle succurri. CalidariaTom-
positio lalis est : Picem diiiani , ceram albain poixleribus
icquis, stiipam, picls liqiiid.x tolius pondvris dimidiam
parlein , leslani mlniilaiii , lUiriin raliis, omnia sliniil
l'\LI \UI1-^.
inlsla in pila conlnndes, el juncturis curabis iiiserere.
Aliter : Aniinoniaciini reiiilssuin , ficum , slupani, picem
liquidam liindis pilo , ct jdnctuias oblinis. Aliler : .\mmn-
nlacinn et 'sulfiir utiiimque resolutum line, vel iiifundc
juncturis. Item plcem duram, ceram albam el ammonla-
cum super remissiim simul jiinctiiris adline, el cantere
cunla percurre. llemlloiem calcisciimoleomislumjunctu-
risllllne, et cave ne mox aqua niittatur. Alller : Sanguini
lauriiio et oleo llorem calcis admiscc, et rimas conjunc-
tionis obducilo. llem iicum et picem durani , ct ostrci
testas siccas siinul tundcs. His omnibus junclurasdilipen-
teradlines. IIciu maltha> frigidaria!,sanguinem bubulum ,
llorem calcis , scoriani ferri , pilo universa contundes , et
ceroli iiistar eflicies , el curabis adlinire. Itein .scvum li-
qiicfarlum cribellato cineri admistuin fi Igida; aqua; intcr
rimas labcnli , si adlinatiir, obsislet.
XLII. Si aquae copia est, fusuras balneariim debent
pislrina su.wpeic; iit ibi formalis aqnariis molls, slnc ani-
malium vel hominuin lahore IVuincnla franganlur.
XLIII. Inslrumentavero lia-c, qurc niii ncressaiia siint,
parciniis. Aratra simpllcla, vcl sl plana icglo pciiiiitlil ,
Sid
PALLADIUS.
cliiurues siniples, ou , si ron cultiveun pays plat
qui en permeUe l'usage, des chari'ucs aoreilles,
par le moyen desquellcs on fasse les raics du la-
bour plus elevees, afm que les semenccs pendant
riiiver souffrent nioins du scjour dcs eaux ; des
hoyaux , des beches, des serpettes pour tailler
les arbres et la ^igne. Ilcm, des faux, tant pour
la moisson que pour la fenaison ; deshoues, des
tupi, c'est-a-dire , des scies emmanchees tanl
grandes que pctites , dont les plus grandes n'aient
pas eependant plus d'un cubilus , afin de pou-
voir etre introduites facilement dans les troncs
d'arbres ou dans les ccps de vigue, a Teffet de
ies couper, ce qui serait impratieable avec une
scie commune; des alenespour enfoncer les sar-
nients dans les terrcs faconnees au pastinum ;
dcs serpettes tranchautes par le dos , et faites en
forme de croissant. Item , de petils couteaux re-
courbcs, avec ksquels on puisse couper aisenient
les rejetons secs des jeunes arbrcs, ou ceux qui
cmpietcnt sur le trone. Ilcm. , de tres-petites fau»
cilles a dents, avec lesquelles on estdans Tusage
de couper la fougere; de plus petites scies que
celles dont nous avons parle, dcshoues, des oa-
tilspour extirper les cpines, dcs haches simples
ou faites en forme de doloires, dcs sarcloirs sim-
ples ou a deux fourchons , ou des haches dont le
(los rcssemble a des rcitcaux. Item, deseauteres,
des instruments de fer, tant pour la castration
que pour la tonte , ou pour letraitemcnt des ani-
maux nialades; des tuniqucs de peau avec des
oapuchons, dcs guetres et des gants de peau qui
puissent scrvir non-seulemcnt dans les forets,
mais eucore dans les buissons, taut aux tra\aux
rustiques qu'a la chasse. Aprcs avoir acheve tout
ce qui conecrne lcs preceptcs generaux , nous al-
lons a present detailler les travaux de chaque
mois de Tannee, en comraencant par eehu de
jnnvier.
LIVRE SECOND.
J.\NVIER.
I. II faut dechausser les vignes ce mois-ci dans
les climats temperes; c'est ee que les Italieus
appellent excodicare (essarter). Cetle opeiation
consiste a ouvrir, avec precaution, la terre a
Taide de la doloire autour du tronc dela vigne,
et a y iaisser des especcs de rigoles circulaires
apres en avoir bien nettoyii toutes les racines,
afin que la chaleur du soleil et la pluie l'exci-
tent a pousser.
II. Cest le moment de nettoyer les pres et de
les mettre a Tabri des insultes des bestiaux, dans
les lieux exposes au soleil, ou maigres, ou secs.
III. On peut deja donner le premier labour et
les premiers apprets aux terrains gras ou secs;
mais il vaut mieux altacher les boBufs au joug
par le cou que par la tcte. Lorsque les boeuls se-
ront arrives au bord du sillon, le laboureur, avant
de les faire retourner, les letiendra, et poussera
le joug en avant, afin que leurs eous se rafrai-
chissent. Un sillon de labour ne doit pas avoir
pius de ccnt vingt pieds de loiig ; et il faut pren-
dre garde de laisser de la terre entre les sillons
sans la retourner. On brisera toutes les moltes de
terre avec ladoloire. Pour reconnaitre si laterre
a ete remuee egalement partout, on sonde les
sillonstransversalemcnt avec une perche; et cctte
precaution reitiiree souvent empcehe les bouviers
de toniber dans la ncgligence sur ce point. II
faut observer de ne pas labourerun ehamp lors-
qu'il est bourbeux , ou lorsqu'il est humecte d'une
pluie legere apres de longues secheresses (corarae
aurita, qulbus possint conlia stationps liunioris liilicrni
sala celsiore sulco atlolli. Uidenlcs, liolabras, falces puta-
torias, quibus in arbore utamiir et vite. Item messorias
\el firnarias, ligoues, lupos, id estserrulas nianubrialas
iiHnores majoresque ad meusurain cubiti, quibus facile
est, quod per serrani fieri iion potest, resecaiido trunco
arboris, aut vilis inlerseri : acus , per quas in pastinis sar-
menta niergiintur : falces a tergo acutas alque lunalas :
cultellos itenicurvos minores, perqnos novetlis arboribus
surculi aridi aut cxtantes facilius amputentur. Item falci-
cnlas brevissimas tribulalas, quibus filicem solemus
abscindere ; serrulas minores, vangas, runcones, quibus
veprcta peisequiniur; secures simplices vel dolabratas ;
sarciilos vel simplices vel bicornes , et ascias in aversa
parte referenles rastro.'^. Item cauleres, castratoria ferra-
meiita atque lonsoria, vel qua; ad animalium solent per-
tincre medicinam. Tunicas vcro pellicias, cum ciicnllis,
ct ocreas mauicasque de pellibus, quic vel in tilvis, vcl
iu vepiibus, rnstico operi et venatorio possint csse com-
ninnes. Explelis liis quoe ad generale pertincnt pra-cep-
him, nuncoperas suas singiilis mensibus explicabimiis, el
4,menscJanuario laciemus initium.
LIBER SECUNDUS.
J. Januario mense locis temperatis ablaqueandae sunt
vites, qua llali excodicare appellant, id est circa vitis
codicem dolabra terram diligenter aperire, et piirgatis
omnibus velut lacus efficere, ut solis teporibus cl imbri-
bus pi ovocentur.
11. .\pricis, aut macris, aut aridis locis pratajam pur-
gaiida siint , et a pecore vindicanda.
llt. Pingues et sicci agri pioscindi et apparari jam pos-
snnt. Sed boves meliiis colloquam capitejunguntur;qoa9
ubi ad versuram venerint, arator retineat, etjugum pro-
pellat, ul eorum colla refrigerentur. Sulciis autem in ara-
tionibus longior, quam centum viginti peduro esse noft
debet. Servandum vero est, ne inler siilcos iioii mola
teriarelinquatur. Glebic omnes dolabris dissipandie siint.
Seil fequaliler leiram motam esse cognoscis , si transver-
sam per sulcos perticam miltas : quae res saepius liacta ,..
bubulcos ad baec negligentia snbmovebit. Observandum
est, ne lulosus ager aretur, aut, qiiod s.Tpe sit, post lon-
gas siccitales levl imbre perfusus. Nam lerra qua; lutosa
tractatur in primordio, fcrlur toto anno uon posse trac-
01': i;.\(iUICULTURE, LIV. II.
il arrivc frequemmcnt) ; car oii pretfind qtriine
tcne ii laquelle on a touclie ponr la premiere
fois, (lans le tenips qu'elle etait Ijourbeuse, ne
peut plus etremaniee de toute rannec; et Ton
assurcque lorsqu'on en laboure unc pen('ant que
sa superficie est k-gercment luimeclee et que Tin-
tt^rieur en est sec, elie dcvicnt sterile pour trois
ans. Cest pourquoi il ne fautdonner le premier
labour qu'a des terres qui solcnt mediocremcnt
humect(>es, sans tilre ni bourbeuses ni seches.
Si ce sont des collines, on y fera lcs sillons en
travers sur ies pcntes, et on obscrvera la mcmc
marche lorsqu'on les ensemencera.
IV. Lorsque Thivcr n'aura point eti; rude, on
semera dans lcs climats temp^^r^is, vers ies ides
dejanvicr, dc ror<i;e de Galatie, qui est un grain
pesant et blanc. II en faudra huit mocl/i pour
ensemencer un jugerum.
V. On seme la gesse ce mois-ci dans un terrain
gras,sous un climathumide. il en faut trois mo-
(U> pourensemenccrun /),'r/r>rMW. Mais cette cs-
peee dc scmence rt^ussit rarcment, parce que lcs
vcnts duniidi o« ia sechcicsse, qui sontdcsac
cidents prtsque mevitablcs au temps qu'elle fleu-
rit, en font lombcr la flcur.
VI. On scnie a la fm de ce mois-ci la vescc
que l'on a intention de ne pas couper en fourrape,
et de r(?co!ter en grainc. II en faut six modii
pour ensemencer un juf/erum. II faut la semer
apres la seconde ou la troisicme heure du jour,
lorsque la roscc, (|u"cllc ne peut pas supporter,
nnra disparu , ct dans une tcrrc qui ait re(;u le
premicr labour. Mais on aura rattcntion de la
couvrir aussittjt de terre, parce que, si ellc rcs-
tait a decouvert pcndant la nuit, i'humidit(3 ia
eorromprait. On obscrvera de ne pas la semer
avaiit le vingt-einquicme jour dc la lunc; autre-
ment les limacons la devorcraicnt.
&47
VII. Nous semons en Italic le fenugrcc que
nousdevons ixcollcr en praine a la fin du mois
de janvier, vers les calcndcs de fiivricr. Six mo-
dii suffisent pour cnscmeneer un juycntm. II
faut que les sillons de li terre dans laquelle
on le seme soient scrn''s, mais non profonds,
parce qu'il vicnt diflicilenicnt quand il cst cnfonce
de plus de quatre doi'.its en terre. Cest poiir-
quoi il y a dcs personncs qui ne se servent que
de charrucs tres-petitcs pour doniicr le prcniicr
labour a la terre dans la(|uclle ellcs le semrnt,
et qui lc recouvrentaussi!(")t detcrre avec dessar-
cloirs.
VIII. On peut aussi scmcr fers a la fin dc ce
mois-ci dans un terrain sec ct niaigre. On en scme
einq iiiodii \)arjin/enim.
IX. II faut profiter des jours secs et sercins de
ce mois-ci pour sarcler les bl(?s,quand il negele
point. La plupart des auteurs piTtendent que
c'est une operation qu'il ne faut jamais faire,
parce qifelle decouvre oii qu'elle eoiipcles raci-
nesdes bl(''S, de fa(?on qu'ils pcrissent aux froids
qui viennent ensuite; niais il me semble qu'()n
peut la faire,pourvu quecene soit ([uedansdcs
terrains pleins d'herbcs. Aii surplus, on sarcle le
froment et le ble ador qmm\ ils ont quatrc feuil-
les; 1'orge, quand elle en a dnq; les feves et lcs
legumes, lorsqu'ils sont clev(''S de quatrcdoigts
au-dessus de terre. Pour !e lupin, qui n'n qu'une
seuleracine, il p(!'riraitsi on lesarclait. l)'aillcurs
il n'exige pas(iu'on hii donnece soin, parce qu'il
fait mourir les herbes lui-m(?iTie, etsans le sccours
du cultivateur. Quant a la fcve, si on la sarcle
dcuxfois,elleprofitcrad'autantmieux,etproduira
des fruits aussi recommandables par leur gros-
seur queremarquablesparleurquantite, puisqu'il
n'en faudra presque pas plus pour combler la
mesure d'un modivx lorsqu'ils seront moulus,
; quae aiilem siipra lcviter infiisa est , et siiluei- sicca ,
51 tiinc aielur, asseriliir per Uienniiiiii .steiilis fieri. Et
ideo mediocriter inftisiis ager, ut nec liitosus nec aridiis
iit, picscindi debet. Si collis est, liansveisus per latera
iMlcelur. Qua: forma tunc servanda est, cuin semen acci-
piet.
j IV. Si clemens fuerit hiems , ordeum Galaticum, qtiod
|;rave el candidum est, circa idiis Janiiaiias seramus locis
l.emperatis. Octo modiis jugeriim complebitur.
I V. Ciceicula mense lioc serilur loco la.>to, cjclo humido.
fres miidii juserum eomplent. Sed hoc gemis seminis raro
esponilcl , (piia decipitur austro , vel siccitate dum (lo-
et ; (piiid lunc prope necesse est evenire.
Vl. Hoc nienst; ullimo colligendi .seminis causa , non
labuli secandi , vicia scritur. Jugerum sex modii occii-
lanl. Serenda esl in tci ra proscissa post lioiani siTiindaui
■el [erliam, cum ros esse (lesicrit , qiiem fenc non polest.
ied slatim cooperienda est ante noclem. Nain >i niida
inanscrit, noctis huinore coiriinipitur. Ob.scrvsndnm cst
.>e ante vigesimamquintam Innam scraliir; ipii.i >i~ ^.it.'.in
jiDiacee persequiinliir.
VII. l"o^iinm grircnni in Italia collignndi scniinis caiisa
mense Januario iilliino circa 1'cbruarias calenil. serimus.
Sex mndii jUjicro siiriiciunt. Aiandnni est spisse, sed nou
alle. Nam si pliis qnani qnatuor digilis ohruatnr, diflicile
nascitnr. Idcirco qnidam minimis aiatris proscissa prius
tcrra seminanl, et sarculis slalim sata cooperiunt.
VIII. Ervnni seri et hoc mensc novissimo polcst loco
sicco et macio. In jugeio quinquc modii scruntiir.
IX. Iloc nicnse seienis et siccis dichns , dum gelii idium
non est, sunt sarculanda frumcnla. Quod opus pleiiqiio
negant lieri debere, qnia ladices eorum deteganlnr aiit
incidantiir, et necentiir frigore suhseculo Milii antem vi-
delur lipibosis locis tantnmcsse faciendiim. Scd liilinim
et far sarntur qualiior foliorum , ordeuni qiiiiiqin' ; f.iha
et legninina , cnm supra lenain qualuor digitis fucrint
Lupinns vpro.ipiia iinam radi(X"m liahet, si sarcnletur,
exliiignilnr; qiiod nec desiderat, (piia herbas praeler anxi-
liijiu-witoris aflligit. Faba aulem si bis sarculeliir, profi-
ciel , Pl mulliiin fruclumel maximum alTeiet; ul ad nieii-
tnrani modii complendi frosa propcniodim» sicut inlogra
rcspondcat. Si siccas segetes saiciilaveris, aliqiiid con-
hiL
PALLADIUS.
qu'il n't'n faudrait s'ils etnient en cosses. En sar-
elanlles plantesdaus leteinps qu'ellessontseclies,
c'est un petit seeours ([u^on leur procure eontre la
rouille. L'orgesurtout doitetresarcl^equandelle
est seclie.
X. Cest a present le temps defaconner laterre
&» paslinnm; ce qui se fait de trois facons, ou
en reniuaiit toute la superficie du terrain, ou eu
y faisant des trancliees , ou eii y creusant des
fosses. II faut fouiller un terrain dans toute son
etendue quand il est en friche, afin de le debar
rasser des souehes et des racines de fougere, ou
d'autres mauvaises herbes. Mals quand ce sont
des jacheres qui ne sont point cmbanassees, il
faut les faconner au i^astinum en y creusant
desfosses, ou inieux des tranchees, parce que
cesdernieres iivreront passage a Teau, de facon
qu'elle abreuvera tout le terrain. On fera donc
ces tranchees de la longueur que Ton voudra
donner aux planches, et de deux pieds et demi
ou detroispieds de largeur, de facon que deux
travailleurs la creusent ensemble au lioyau , eu
se reglant sur unc ligne qui sera marqueeau cor-
deau , et cela a la profondeur dc trois pieds ou
de deux piedset demi. Apresquoi, s'il s'agitd'un
vignoble qui doive etre cullive a mains d"hom-
me, ils laisseroiit sans le remuer un intervalle de
terrain egalacelui qu'ils auroiUlaboure, et creu-
seront une autre tranchee de la meme facon
que la premiere; au lieu que s"il s'agit de vigno-
bles qui doivent etre laboures a ia charrue, ils
laisseront entre chaque trauchee un intervalle de
cinq ou six pieds sans le fouiller. Si Ton veut
faire des fosses, on leur doiinera th)is pieds de
profondeur, deux pieds et demi de largeur, et
trois pieds de longueur. Soitque Ton culiive les
vignobles a mains d'homme, soit qu'oii les eul-
tive avec des bceufs, on laissera entre ces fosses,
dans Tun ou Tautre cas, les m(5mes intefval-
les que ceux que iious avons prescrits a Tegard
des trancht'es. Mais il ne faut pas donner aux
fosses plus de trois pieds de profoiideur, de peur
que lessarments qu'on y plantera ne soient in-
commodes par le froid. II faut que les cotes dcs
fosses soient coupesa pic, de peur que si le cep
s'y trouvait pose obliqueinent, il ne vint a etre
blesse par suite des efforts que ferait le fos-
soyeur pour p!?netrer au fond de la terre avec
ses outils. Quant aux terrains faijonues au pas-
fiiium, dont on voudra remuer la terre dans
toule leuretendue, on les fouillera a la profon-
deur de trois pieds ou de deux pieds et demi, et
Ton prendra garde que Touvrier ne dissi-
mule par fraude des parties de terre non labou-
rees. Cest a quoi veillera le gardien, en sondant
de temps cn temps le terrain a mesure qu'il sera
fouillti , avec une verge sur la(|uelle sera marquee
la mesure de la profondeur que iious venoiis de
prescrire. On fera aussi rejeter sur la superficio
du terrain toutes les racines et toutes lcs iiii-
mondices,et priiicipalement celles qui provieii-
uent de roiices ou de fougere. II faut prcndre ces
soins dans tous les terrains, ([uelle que soit leur
position, et par tout pays.
XI. Pour ce qui est de la distribution du ter-
rain en planches, le propri^^taire suivra soit
gout , ou se r(>glera sur rexigenee du lieu, pour
la faire, soiteii formantdes planches d'unjugc-
rum entier, soil en les faisant d'un semijugerum ,
soiteiifinen ue faisantque des planches gwaria-
narice, c'est-a-dire, des planches carrees qu
ne conliendront que lc quart dxijugerum.
XU. 'Voici la raesure de terre facounee ai
pastiiium que contiendra la planche carrtie d'ui
jugerum entier. Chacuu de ses c6tes aura cea
quatre-vingts pieds de longueur, lesquels , mul
lia nibigiiieni iira'stilisli. Maxime OKleiiiii sicciiin sar-
ri"»;'»'.
X. Pastinuiii fieri nunc tempus est : quod lit tribus ge-
Meiibus, aut terra in totum lussa, aut sulcis, aiil scio-
bibus. Terra tola debet elTodi, ubi afier ininiuudus est,
ut silvestribus truncis el radicibus filicis, vel lierbarum
uoxiarum spalia liberentnr. tJbi autem mund* sunt no-
vales , scrobibus pastinemus aut sulcis : sed sulcis inelins
eiil , qnia hnmorem velut in tolum spalia pastinala trans-
mittunt. Fiunt ergo sulci tanta longitudine, quanlaiu des-
tinaveiis tabula;; lalitiidinejiedum duorum et semis, vel
trium, ila utjuncti duo fossnres designatum linea sialium
bidentibus perseqnantur aUitudine trium vel diiornm et
semis pedum. Deinde si ligonibus per liomines vinea co-
lenda est, tantiim crudi soli relinquiinus, et sicaltersnl-
cus impriniitur. Si vero arandx snnt vinea;, qninqiie vel
sex pediim spatia. quffi non sunt lodienda, in inedio ic-
linqnemus. Qiiod si scrobes fieii placeat ; (aciemus tribiis
pedibns altas, diiobiis semis latas , tribus Inngas. Sive
lossoi ibiis colantur vineta , seu bubiis , eadein spalia ,
qucE iuler sultos sunt dicta, servemus. Ullra tres veru
pedes allius fodiendae sciobes non sunt, ne laborent fr
goie sarmenta quie pangiinus. Latera scnibibus aequalili
incisa sint,ne obliqua vitis saucietiir alle nitentibus fe
rainenlis cum fossor inctimbet, Pastini veio.qiiod onir
versabitur, trium vel duorum seinis peduin aUitiidine ten
universa fodietur. In quo est adliilienda diligentia, ij
crudiini .solum liaude occulta fossor incliidat. Quain rej
subinde custos virga, in qiia praidicta; aUitudinis inodij
designatus est, per spatia quae fodiuiitur, exploret. Racj
ces omnes et purgamenta, niaxiine rubi et lilicis, ia sui
mum regeri faciat. Qua; cina in orani positionis geiiere,
ubique servanda est. i
XI. Tabulas auteni pro domini voluntate vel loci r|
tione facienius sive Integruin jugeruni coiitinenles, sl
niedium ; seu quartanariani tabulam , quse qnartain jiigij
partem quadrala conticiet.
XII. Mensiira veio pastini liaec est, [ul] in labiila qij
drata jugerali cenleni octogeni pedes per singiila latii
diiigantnr, qni [in se] inulliplitati liecentas viginliqualil
deceinpedas (piadiatas per spalium onine coinplebu
Secundiim hunc uiiiiieruin oninia qua? volueris pastinai
DE L'AGRICULTURE, LIV. IL
tiplios run [);ii- lautic, ilunncront, pour toute
sa superficie, trois cent vingt-quatre perches
carrecs de dix pieds cliacune. Or, on estimera,
d'apres ce calcul , tous les tenains que Ton vou-
dra hconner a\} paslinuiii , puisque dix-huit per-
clics (le dix pieds chacune, multiplices pardix-
huit, cn donneront trois ceut vingt-quatre. Ainsi
cet exemple apprendra a mesurer tous les ter-
niiiis, selon qu'ils seronl plus ou moins grands.
XIII. Le terrain qu'ondestine a la vii^ne doit
ii'etreni tropeompacte nitrop meuble,maistenir
pliilot de la derniere condition. II ne le faut iii
raaigre ni gras tout a fait , mais quelque chose
d'approchant; ni platni abrupte, mais legerement
fxliausse; point sec,encore raoins marecageux,
inais arrose moderement ; enfiii, qu'il ne soit ni
s.ile ni amcr, pnrce que tous ccs defauts corroni-
pcut le vin et le rendent desagreable au goiit. II
lautaussiune tempeiature moyenne, mais plutol
tiede que froide, plutot scche qu'humide. Mais
ceque la vigne redoute le plus, ce sont les tem-
p^tcs et Ics vents. Quand oii voudra faconnerun
terrain au pastiiiiiiii , on en choisira un de prefe-
rencequi soit inculte, ou eutierementcouvert de
bioHSsailles. La piie de toutes les qualites quil
pourrait avoir serait d'avoir ete anciennement
plante en vignes. Si cependant Ton est force par
lanecessite de tourner sou choix sur un terrain
pareil , il faudra commencer par le tourraentcr
par de frequcnts labours, afin d'e\tirper lcs
racines des anciens ceps, et de detruire tout ce
qu'ils laissent apres eux de detritus et de^pour-
itiire, a\ant de lui coafier le jeuue plant. Le
uf ou tel autre terrain d'une espeee meme
ilus dure, quand ils sont ramollis par l'action
•iicccssive de la gelee et du soleil, portent de
ires-bclles vignes, parce qu"ils mainticnnent
eurs racines fraiches en ete, et qu'ils conservcnt
Meu l'humidite. Pour le roc qui est couvert de
lisculies. Decem et octo eniin decempeda', dccies et oclics
upimlalae , trecenlas viginllqiiatuor explcbiint. Quo
■xein|ilo doceberis in majore agio vel niinore niensiirani.
XUI. Sed solnm vineis ponendis nccspissiini silnimis
lec resoUiUim ; piopiiis lanien resolulo : ncc exile , nec
telissiniiim; lamen laeto proximum : nec catnpestre, nec
ira^ceps; sed polius cdilo canipo : nec sicciim nec uligi-
tosum; modice tamen rosciduin : nec salsum nec ania-
um , quud viliuin sapore corruplo vina conlristat. Ca;luni
mdiorris qiialilalis, lepidum lamen magis quam liigi-
lum, siccum potius quam Dimis imbridiim. Sed anle omnia
itis procella,s \enlosque formidal. .\d paslinandiim ludes
Sros polius eligamns, vel rnaxime silvcslres. Llliuia con-
titio e^t ejus loi i , iu qiio fuerunt velusta vinela. Quod ei
lecessilas coegerit , prius n.ullis arallonibus evercealiir,
ilabolilis radicibiis priorisvineae, cl omni ejuscjiic cl
jqualore depiilso, iiovella vilis tutius possilinduri. Tofus
ilaliaduriora, ubi geln relaxantur et snlibus, piilcherri-
iias vincas ferunl, rerrigeralis.Tp,state radicibus, el bnmoie
lelenlo. Sed cl solula glaiea ct calc ulosus ager ct mobiles
549
tcrre, il n'cxpose jamais les racines de la vigne
a souffrir la soif pendant Tete, parce qu'il est
frais et qu'il conserve bien rhuiniditc. II eu est
de meme d'un gravier resolu en poussicre, d'ua
terrain plein de cailloux et de pierres mouvan-
tes (pourvu neanmoins que toutes ces natures de
terrains soient mclaugees de quelques niottes da
terrc qui soieut grasses) , ainsi que dcs terrains
sur lesquels la terre s'eboule des hauteurs voisi-
iies, ou des vallees engraissees par les depAts
de limon que les eaux y ont formcs ; quoique tout
ceci ne doive s'entendre que des lieux qui n'ont
a craindre ni la gelee ni les brouillards. La terre
melee d'argile est encore bonne pour la vignc;
mais rargilepureluiest tres-contraire, ainsi que
les autres choses que j"ai detaillees dans les pre-
ceptes generaux. Pour les terrains qui n'auront
jamais produitque de miserables broiissailles,ou
qui seront marecageux , ou sales, ou amers, ou
altercs et sccs, il faut y renoncer. Le sable noir
aiiisi que le rouge sont bons, pourvu qu'ils soient
meles de terre 1'orte. Le charbon maigrit les vi-
gnes, a moins qu'il ne soit fume. Elles prennent
diflicilement dans la terre rouge. II est vrai que
par la suite elles y trouvent suffisamment de
nouriiturc. Mais cette especede terre est rebelle
a la culture, parce que, pour peu que rhumidite
ou le soleil s'y fassent sentir, elle se detrempe
ou se desseche trop. Ausurplus, le meilleur sol
est celui qui tient le milieu entre tous lcs extrd-
mes, et qtii approche plutfit d'un terrain leger
que d'un terrain compacte. II faut que la vigne
soit cxposce, ilaiis les pays froids, au iiiidi ; dans
lcs pays chaiids , au nord ; dans les pays tem-
peres, au levant : pourvu cependant que la con-
tree ne soit point sujette a des vents de midi ou
d'est qui soicnt malfaisants; auquel cas on fera
raieux d"e\poser ses vignobles au veut d'aquilon
ou au Favonius. II faut commenccr par debar-
lapides , si tamen Ii.ic omnia glebis se pinguibus mi.scuere,
el silex, riii leria siiperposila est, quia fiigidiis esl el hu-
nioiis lenax , radices rcslale sitire non patitur. Ilem loca ,
ad qu.Tc de cjicuminibus lerra decurrit, vel valles, quas
fluniiniim saturabit aggeslio : sed lioc in iis locis, qiiJB
gelu et ncbiilis infesla essc non possunt. Argillosa terra
commodaest, argillaaulem sola graviler inimica, et cav
lera qiia' in generalibus dixi. Nani locus,qiii misera vir-
gulla produxeril, vel uliginosus vel salsus vel amarus vel
sirniilosiis ct aridus improbalur Jiiger sabnlo et rubeu»
ulilis esl, sed cui foilis lerra pemiisla est. Carbnnculus,
nisi Rlercorelur, inacras vineas leddil. In rubrica diflicilius
comprebendunl, quamvis postea nulriantur. Sed Iioc geniis
Ifrra; operibus iniinicum est, qiiia parvo vel Iiumore vel
sole aul nimis madescil aiil siccatiir. .\t niaximc ulile so-
lumesl, quod inler omnes niinietales temperamenUim
tenebit, et raro proxinnim, qii.im dcnso lueril. Plagam
ca'li vinea speclare debel locis frigidis meridianam , calidis
seplentrionalem , tepidis orientem ; si tamen Auslros vel
Euros rcgio non habcat iiiimicos. Qiiod si hoc est vilium ,
530
PALLADIUS.
rasser le terrain que l"on voudra faconner au
jjasltnum, de tous les obstacles qu"on y pourra
rencontrer, et detous les arbres qui s'y trouve-
ront brises, de peur que, lorsque la tcne aura ete
iouiilee, elle nese raffermisse par la suile a forcc
d'etrefouleeauxpieds. Sile terrain est pIat,on le
labourera au pcisfinum a ia profondcur de deux
pleds et demi; si c"cst une petite eminence de
terre, on la labourera a hi prufondeur de trois
pieds; si c'est une colliue escarpee, on la labou-
rera a la profondeur de quatre pieds , de peur
que la terre n'en soit trop tot entrainee ; enlin
si c"est une vallee , on la labourera a la profon-
deur de deux pieds. Mais il ne faut pas donner
plus d'un pied et demi au labour dans un ter-
rain marccageux, d'ou Ton verrait jaillir l'eau
s'il etait fouille plus profondement, tel que le
territoire de Ravenne. Des experienees suivies
m'ont appris que les vignes viennent niieux
lorsqu'elles sont plantt^es, soit au moment que
la terre vient d'etre fouillee, soit peu de teraps
apres, c'est-a-dire , avant que le gonllement de
laterre, occasionne par le labour au pastinum,
soit affaisse , et qu'elle ait repris sa fermete. J"ai
fait la meme remarque a Tegard des tranchees
ou des fosses, surtout quand la terre etait de
moyenne qualite.
XIV. II faut semer la laitue au mois de jan-
vier ou de dccembre , pour la transplanter au
niois de fevrier. On la sf!me aussi air niois de
fevrier, pour pouvoir la transplanter au mois
d'avril. Mais il est certain qu'on peut tres-bien la
semer dans tout le coiirant de rannee , pourvu
que ce soit dans un terrain gras, fume etarrose.
On en coupera les racines egalement, et on les
enduira de fumier liquide avant de la planter;
ou si elle est doja plantee, on les mettra a jour
pour leur donncr du fumier. Cette plante veut
un terrain qui soit bieu remue, gras, humide et
fume. II faut arracher les herbes qui croltront
cntre lcs laitues avec la main, et non pas avec
le sarcloir. La laitue deviendra plus cpaisse si on
la semeclair, ou si, apres avoir coupe legere-
ment sa tige lorsqu'cIle commencera a pous-
ser, on la comprimeavec une motte de terre ou
avec une tuile. On croit qu'on fait blanchir les
laitues en jetant frecjuemment sur la planche
du sable de riviere ou de mer , et en rassemblant
leurs fcuilles pour les lier. Si la laitue vieot i
durcir par le vice du terrain , ou par Teffet de
la tempcrature ou de la mauvaise qualite de la
graine, on la deterrera ct on la replantera de nou-
veau, pour la rendre plus tendre. Elle aura aussi
plusieurs goutsdifferents, si, apres avoircreuse
delieatement , avec une alfine, une crotte de
chevre , et avoir insere dedans de la graine de
laitue, de cresson alenois, de basilic, deroquette
et de raifort, on enveloppe cette crotte dans du
furaier, et qu'on Tenfonce daus une petite fosse
creusce sur un terrain soigneusement eultive. En
effet, le raifort se portera vers la raeine de lai-
tue, ct les autres plantes s'elancerontparen haiit
ainsi que la laitue elle-meme, qui les absorbera
en conservant le goiit de ehacune d'elles. D"au-
tres obtiennent le meme rcsuli.at par le procede
que voici : ils deterrent une laitue, enlevent les
feuilles qui tiennent a ses racines, et, aprcs les
avoir piquces a Tendroit par ou ellesy tiennent
avee uu scion d"arbre, ils y inserent les graines
que nous venons de nommer , a rexception de
eelle du raifort, et les reeollent avee du fiimier;
apres quoi ils remcttent en terre cette laitue
ainsi greffee, et qui croit entouree de toutes ces
diverses semenees. On a donne a la laitue le
nom d.elactuca, parce qu"elleccntientuiiegrande
quaiitite de lait. II cst constant qu'il faut semer
dansce mois-ci, comme en tout autre tcmps, le
cressoualeuois, n'importe en quel lieu ni sous
nieliiis in Aquiloiiem vel FavDniiini vineta dirigimus. Secl
locns qiii paslinamlns est, iuins iiniicilinientis et oninibus
(elisis) lilierelur arboribus, iie [lost rakatu assidno tena
cltossa solidetnr. Si campus est , (Uiobns semis pedibus
pastinetur; si clivns, tiibus ; collis |ii;ieiniitiis quatuor, ne
ciliiis terra decui lat ; vallis vern diiobus pedibus. Sed ager
uliginosus, qui luinioies altius lossus eiiulat, sicut Ka-
vennalls soli , non amplins qiiam in |iedeni seniis efiodia-
lur. Illud experimentisassiduis compieliendi, vilesmelius
iuovenire, si vel slatim fossie tejia!, vel non longe anle,
[langantur, cuin tunior pastini nondum repetita soliditatc
subsedit. Haec qnoqne in lacieudis sulcis et .scrobibus ap-
probavi, maxime ubi mediociis esttena.
XIV. Mense lanuaiio lactuca serend.i est , vel Decem-
bri, ut plantaejus Februario t'ansreiatiir. Itemqiie Febiua-
rio seritur, ut possil Aprili mcnse tiansfeiii. Sed cerium
est eam toto anno bene seri , si locus sit laetus , stercora-
lus, iri iguus. Antequam pangatur, radices eius resecemus
tequaliter, et liquido fimolinamus : (vel) quce jam pactae
eunt , nudatae Ixtamen accipiant. Amant solum subactum.
pingue, liumidum, stercoiatiim. Inter bas lierba manu'
evellenda est, non sarculo. Latior lit, si raia ponatur,
velcum pioducere incipiet caulcni, eo leviter inciso gleba
piemalur aiit testa. Candidae lieri putanlur, si niiniiuis
arena vel litoris freqiienterspargalnr in medias, et collec-
tis ipsae foliis alligentur. Si vitio locivel temporis vel se-
niinis cito lactnca durescit, planta ejus avulsa et denijo
posila tenejitiidinem consequctiir. Item mullis seminibus
condita naseetur, si caprini stercoris baccam subula sub-
tiliter excavaveris, et iu ea semen lacluca;, nasturtli,
ocimi, erucae, radicis immiseris, cl luuc involutam limo
baccam terra optimeculta, brevi scrobe demerseris. Ra-
pbanus nitilur iu radicem. C^tera seniina in summo , lac-
tuca pariter emergente, prosiliunt, singuloruni sapore ser-
vato. Alii lioc ita assequuntur : Avuls» lactuca; folia car-
pnut, quae radicibus juncta sunt, et in eisdem gradibiis
siirciilo puuclis, praeter rapbanum, semina supradicta
deponnnt, ac fimo adlinuut. Sic obruta iteiiim lactuca
pra;dictorum seminum caulibus ambietur. Lactuca dicfa
est , quod abundantia lactis exuberel. Hoc inense nastiir-
DE L'AGRICULTl]UK, LIV. II.
quel climal. 11 ne vcut point de fumier ; et
quoiqu'il aimc l'eau, il s'en passe aisement. Ou
j dit qu'en le semant avee la laitue , il vient a mer-
vcille. ^'e tardez pas a scmer la roquette a pre-
' sent, ainsi que dans tel mois et en tel lieu qu'il
vous plaira. On peut aussi semerlcs choux dans
ce mois-ci , comme pendant toute rannee, quoi-
qu'il sera micux de les semer dans les autres
mois que nous leur avons assignes dans le cou-
rant de cet ouvrage. On serae aussi tres-bien
Tail et roignon de Cypre ce mois ci; mais Tail
prufite mieux dijns une teire blanche que par-
tout ailleurs.
XV. On s6me tresbien les corraes au mois de
janvier, de fevrier et de mars dansles paysfroids,
I et dans les pays chauds, aux mois d'octobre et de
novembre , en les mettant en terre dans une pe-
I piniere quand cllessont mures. J'ai personnelle-
j nient eprouvc que des arbrcs venus naturelle-
ment de leurs proprcs fmits avaient souventtrcs-
bien reussi, et que iions(ulemcut ils croissent
heureusement, mais quils rapportent beaucoup.
Cepcndant oii peut ii son gre cn obtenir du plant,
pourvu qu'oii le mctte en terre dans les pays
chauds au mois de iiovembrc, dans les pays tem-
percs aux mois de jnnvicr ou de fevrier, et dans
lcs pays froids vcrs la fiii dii mois du niars. Ces
sortes dc fruits aiment les lieux humides , mon-
tagnei;x , et (jui ticnnent plus du froid que du
chaud. lls veulcnt aussi un tcrrain qui soit tres-
yras, qualiti' dont on aura un indice ccrtain,
lorsqu'il cn vicndra unegrandequantitci partout
lc tcrrain. II faut transferer les corniiers en picd
quand ils soiit dcvtnus forts. Ils vculcnt t'lie
plantcs dansunc fosse profondc, ct scpart^s Tun
de Tautre par de larges intcrvallcs, aliii (jiic
i'agitationcontinuelle du vcnt ((lui leuresl tits-
utile) lesaidea croitre. S'ilssoiit tourmeiitcs par
liiiiii conslal ct onini lcnipoic cs^e ponciKlnin, lofo qn.ili
placcljit, cl c.1'10 : tiiniim iion ilc^uk-i.il • liuinuicin
i|iiaiiivis(lilisal, lamcii itocs^c iinii (iii.it. Si ciini j.Kliii.i
scialiir, na.sci fciliir c};rct;ic. Kt iiniic cl nii'nsiliiis i|niliiis
voliicris ct locis, ciiicain scicic iiil iiiuiciis. Iluc cliani
meiise canlcscl lolo anno scii |io>siiiil, scil inclin^ aliis
qiiihiis adsciipliini csl. Iloc cliani mcnsc alliiiin cl iilpi-
cum bene serilnr : scil allio allu lcii.i |iiiilicii'l.
XV. Mciise laniiario, Fcliriiario elMailio locis fiisiilis,
calidis vero Octobri et iNovemhri .sorba sciiiiiliir c;;rc^ic ,
ila ul maliira in scniinario ip.sa poma pansanlnr. Kro c\-
licrliissnm mnllasarboies e\ puniis spoiile pioscnilas d
iii ciesccnilo cl in rcreinlo c\tilisse fcliccs. 1'laiitiLS cliani
siquisponeie voldcril, lialiebil aibiliiiim , (liimmodo ca-
lidis locis nicnsc Nu\cniliii, lciiipciatis lanuario vcl l'c-
bruaiio, lii^iilis .ll.niiu iiiijin.iiiti' disponal. Aiiiat loca
humida , inunluii.i ct fi i;;idis pi(i\iina , ct solinn pingiiissi-
mum : ciijiis indicinm ccrtissiiiuini l.iiil, si licipKiis nbi-
cuinqnc n.iscatur. Planta csl tian.^lciciiila ruhuslior; scru-
bem desidciat altiorem, ct spalia l,iii;iuia, iil , (|nu(l illi
maxiine piodcsl , a vcntis liciiueiilibns a^itala firandcscal.
certains vcrmisscaux malfaisants,ordiiiairemcnt
rouxet poilus,qui s'insinuent dans rintcriciirde
leur moellc, on arrache dc raibre quclques-uns de
cesanimaux, sans rcndommagcr;cton lesbriile
dans son voisinage. Ccst, dit-on, le moyeii de les
chasserou de lcs faire perir. Lorsque cet arbre
commencea rapportcr moins de fruit, on insere
dans ses racines un coin de bois de pin , ou bicii
ron pr.atiqueau pied une fossc , que Ton reraplit
ensuited'unamas decendre. On greffe lescormiers
r,i\ mois d'avril sur eux-memes, siir coignassier
ct sur epino blanche sauvage , et ou les greffe tant
sur le troncqu'cntre T^jcorce. Voici la manicre de
conserverlescormes. Onles cueille dans letemps
qu'clles sont eneore durcs, et on les serre; lors-
qu'ensuite elles commencenta murir, on en rein-
plit jusqu'aux bords de petites cruehes de tcrre
qiie ron lecouvre de gypse, et que ron enterre,
la gucule renvci'S(^'e par en bas , dans une fosse de
dcux picds, crcusce dans un endroil sec et cxpos(3
aii soleil: aprcs quoi on lcs recouvre avcc de la
tcrre queron foule aux pieds. On les coupc aussi
pnr quartiers, et on les fait siJcher au solcil , u
lcffet dc lcs conservcr dans de petits vaisscaux ,
pourriiivcr. Lorsqu'onveutensuitecnfaireusagc,
011 lcs mct trcmper dans de Teau boulllaiite, ct
ellesrepreniicnt toute leursaveur agrc'ablc. Quel-
ques pcrsoiincs les cueillcnt vertes a\ec leurs
queucs, et lcs suspendent dans des lieux ombrages
ct sccs. On dit aussi que Ton fait du vin ainsi que
du vinaigre avec des corines mtires , de mcme
qu'a\ce despoircs. D'autres disent queroiipeut
conserver loiigtemps des cormesdansdu \i!i cuit
justpradiminution dcmoitiL'. L'amande sc seme
aux moisde janvier et de fevrier, et dans lcspays
cliauds, auxmoisd'octobre et denovcmhrc, tant
en iiatuicqu'en rcjctons que Ton arrache de la
raciiic d'un graiid auiandicr. Mais la mcilleurc
Si vcniics palictnr iiilcstos, qni in ea rufi ac pilosi solcnt
iiicdiilla' iiitcrna seclari, aliqiios ex liissine arboris injnria
dcliactos, vicino cicmcmus incendio. Creduntur lioc g(!-
iicic vel riiscrc vcl perire. Si miniis ferre C(cperit , leda;
ciinciis ejiis radicibus insciatiir , vcl ciica partem iiltimam
fossa facta ciimnlo ingesti tinei is adaequeliir. Mense Aprili
surba inseruntiir in se, in cydonco, iii spina alba, vcl iu
liunto.vcl corlice. Soilia .servanlur boc gencrc : LiNla
diirioia, ac posita, ubi niilcscere coppcrinl, liclilibus iis-
qiic ad pleniim claiiduntur urceolis, gypso dcsiipertcclis,
ct liipedanca sciobe locosicco sub soleiueignnlurore pcr-
vci.so, ctdesiipcr spissius lcrra calcalur. Iteiu secta per
parlcs siccaiitur in sule, el servantiirin vasculis in hiber-
iiiiin. Cuni volueiiniiis uti, aqua ferventi macerata revi-
rcsiiinl sapurc jucnndo. Aliqiii cum pediculis siiis viridia
lcda sii-pciidiinl lucis opacis ct siccis. Ilem c\ suihi.-. nia-
liiiis sitiil c\ jiiris vinuni lieri tiaditur et aci-liini. Alii
surlia in sapa asscrniit din posse scrvari. Ainvgdaliis sc.
iilm lanuaiio ct Fcbriiariu, itcni locis calidis Oclobri et
.Nuvcnibri, scminc et planlis , qua^ de nicijoris ladicc lul-
liiiiliir. Scd in liuc {icnerc ailioris iiihil iitilins e6t quani
£53
PALLADinS.
ni6thode, h T^gard de cette espece d'arbre, est
d'en faire des pepinieres. On fouiliera donc une
superficie quclconque de terrain a la profondeur
d'un pied et denii , et on y ente.rrcra des aman-
des , en ne lcs couvrant pas de plus de quatre
doigts de terre ; de facon qu'elles soient fichees
en terre par la poinfe , et separees de deux pieds
Tune derautre. Lesamandiers aimentun terrain
dur, sec et plein de gravier, ainsi qu"un climat
tres-chaud, parce qu'ils ont coutume de fleurir
de bonne heure. II faut les disposcr de facon
qu'ils soient exposcs au midi. Lorsqu'ils auront
pris quelque croissance dans la pepinierc, on y
laissera lenombrede piedssuffisants pour lareni-
plir, et on transplantera les autres au mois de fe-
vrier. Maison choisira, pour les mettre en terre,
des annandes nouvelles et qui soicnt grosscs ; et
avant de lcsymeltre, on les fera tremper la
veille dans de rhydromel qiii ne soit pas trop
Ttiielle, de peur que 1'acidite du miel ne fasse
mourir le germe. D'autres commencent par lcs
faire macerer dans du fumier liquide pendant
troisjours; apresquoi ils les laissent pendantun
jour et une nuit dans de rhydromel, qui n'ait
cependant qu'un soupcon de douceur. Lorsque
ron aura arrange des amandes dans une pepi-
niere, s'il survient dc !a secheresse , on les arro-
sera trois fois par mois, et on les debarrassera
souvent des herbes qui croitront autour d'elles,
en les bechant. La terrede lapcpiniere doit ctre
melee de fumier. II suffira de laisser vingt ou
vingt-cinq pieds d'intervalle entrc cesarbres. II
faut les tailler au mois de novembre, et en retran-
clier les branches superllucs, seches ettrop drues.
II faut les mettre a rabri des insultes des bes-
tiaux,parceque,en lesrongeant, ils rendent leurs
fruits amers. II ne faut jamais les becher quand
ils sont cn fleur, autrement la fleur tomberait.
Ils rapportent davantage quand iis sont vieux,
S'ils nesontpas fertiles,on ficheradans leur ra-
cine, apres Tavoir percee avec une tariere, un
coin de bois gomraeux de pin, ou bien on y inse-
rera un caiilou , de facon qne fecorcc le recou-
vre par la suite. Martialis dit que voici la ma-
niere de les prcserver dans ies pays froids des ge-
lees blanches qui y sont a craindre. On decouvre
leurs racines avant qu'ils soient en flcur, et ou
accumule autour de ces racines de tres-petites
pierres bianches meices de sablc.que fon couvre
d'abord de terre , et que l'on retire par la suife ,
lorsque le temps ou ils doivent germer parait ap-
procher. II pretend aussi que Pamandier donnera
des amandcs tendres, sion dechausse ses racines
avant qu'il soit en fleur, et qu'on les arrose
d'eau chaude pendant quelques jours. D'ameres
que sont les amandes, on les rend douces , soit en
bechant le pied de ramandier a trois doigts de
dJstance de sa racine, et en pratiquant sur le tronc
une ouverture a travers iaqueile fiitrera rhumeur
qui iui fait tort; soit en le percant par le milieu
avec unetariere, enfichantdanscetrouun coinde
bois enduit de miel ; soit en repandant autour de
ses racines de la fiente de porc. Les amandes aver-
tissent du moment oii ellessont mureset bonnes
a etre cueillies; c'est celui oii elles quittent leur
ecorce. Elles se conservent longtemps, sans aucun
soin de lapart de rhomme. Si leur peau s'enleve
dillleilement, elle se relachera bientot, pour peu
qu'on les ensevelisse dans de la paille. De meme
si, apresles avoirdepouillees de leurpeau, on les
lave dausde feau de mer ou dans de feau salee,
elles blanchissentetseconservent pluslongtemps.
On greffe les amandiers au mois de decembre ou
au mois de janvier, vers les ides, et meme au
mois de fevrier dans les pays froids, pourvu ce-
pendant que Ton ait eu soin de scrrer d'avance
spminaiiiiiii faccre. Fodiemiis eigo altani pede uno seniis
.•iieain , iii qua obrnemus aniygdala, non ainpliiisiiiialiior
iligltis, ita ut cacumina figamus in terra spatio intei se bi-
iiorum pedurn separata. Amant agrum duriim , siccum,
calculosuin , c.xlum calidissiimim , quia mature Hniere
consueveriiiit. Ita statuendaesunt arliores, uladnieridicm
Npeclent. Ciim in seminario adoleverint, relictis il)i (|iiic
spalio sufliciant planlis, alias transferemus menseFebnia.
rio. Sed ipsa amygdala ad ponendum et nova legamiis et
grandia, qure anteqiiam ponamus, pridie mulsa aqiia ,
ita iit ne niinis , maceremus , ne germen extinguat e\ iniillo
inelle niordacitas. Alii prius fimo liquido per tridiiiim nu-
ces eas macerant : deinde die et nocle esse patiunliir in
niiilsa, sed qu<e suspicionem tantum possit liabcie diilce-
dinis. Cuin in seminario amygilala disponimns, si si(cil,is
intercesserit , ter in men.se rigemiis, et lierbis n.isccnlilHis
1 ircumfodiendo s.Tpe puigemus. Terra semiiiar ii hrlanien
liabcre debel adniistum. Spatia inler arlioies viginti aiit
vigintiquinqiie peduni dedlsse sufliciat. Pulandae sunt
Novcmbri niense, nt siiperflua cl aridd et deiKsa lollamus.
Scrvaiidi»' suiit a pecoie; qnia, si lodantur, amarescunl. '
Circiinifudi non debent qiioties llorent , qiiia inde (los ejiis
exculitur. Invetustale plus afleit : Si fcrax non est, tedoo
ciineum terebrata radice meigamus, vel siliccm sic inse-
rainus, ut libro tegente claudatnr. Locis frigidis , ubi nie-
liis est de pruina, Marlialis dicit hoc remedio subveniri :
Aiiteqiiam lloieant, radices nudanlur, et albi lapides mi-
nutissinii niisti arenis congeruntur, et ubi jam tutum vi.
debitur ut debeant germinare , effossi iteriim lapides sub-
movenlur. Teneras nuces amygdalus creabit ( iit dicit) sl
ante llorem radicibus ablaqueatis per dies aliqiiot calida
aqua ingeratur. E\ aniaiis dulces fiiint , si circumfosso sti-
pite tiibus digitis a radice fiat caverna, per quam noxium
desudet liumorem , vel niedius truncus lerebretur , el cu-
neiis ligni melle oblitiis imprimatur; vel [si] circaradices
snilliini stercus affundas. Amygdala ad legenduni maturi-
liilini liilintur, cum tuerint spollata corlicibus. Hsecsine
( iira lidniinis servantur iii longum. Si difficultercoiium di-
niitlenl , paleis obriita continuo relaxabunt. Ilem deco-
riala si aqua marina lavemus aut salsa , et candida fiunt ,
cl plurimnm duraiit. Meiise neccmhii el lanuario circa
Idiis amygdaliis iiiseriliir : locis vero frigidis cl Fchrua-
DK L'AGRICULTURE, LIV. U.
les sclonsqueronemplolera avant(|irilsp;erment.
Lesmeilleuisscionssontecux que i'on prcnd sv.r
le somniel de rarbie. On les i;refl'e non-seule-
ment sous recorec, mais cncore dans le tronc,
tant sur eux-memes quc sur pet'hcr. Les Grecs
nssurent qu'il viendra dcs amandes sur le.squel-
les il y aura des caractcres graves, si Ton prend
une amande saine, et qu'apres ravoirdepouillee
de sapeau pourecriredessusce qiie ["on voudra,
onlamelte enterreenveioppeedehoucetde fiente
mais i! faut lcs tremper dans de la (lcnle de boeuf .
Oii fera eiieore mieux dc repandic de la ccn-
dre dans les fos.scs oii on le deposcra , dc pcur
que la chaleur dii fuiTiier ne le brule ; d'autant
que la ceiidre attendrit son ecorce, et qu'cllc lui
fait rapporter uiie pliis n;rande quantite dc friiits.
Cet arbre se plait dans de i^randcs fosses, eu cfiard
asagrandeur; ct il demnnde a etre sepaie de
tout autre arbre par de larsTCs intervalles, parce
que Tcau qui dcgoutte de ses feuilles nuit aux
de porc. On semera les noix a la fin dejanvicrou aihres qui ravoisinent, fussent'ils de son espece.
de fevrier. Le noycrairne les lieux montagneux,
humides et froids, ct communement cenx oii
les picrres abondent. On peut cependant en ele-
ver aussi dans les pays temperes, avec le secours
de Teau. 11 faut semer la noix en nature de la
meme maniere que Ton serae les amandcs , ct
dans les memes mois. Mais quand on la.^^cmeau
mois denovembre, on la fait secher quelque
temps au soleil, alin d'en fairc exhaler rhumi-
dite, qui est un vrai poison. Pour eclles qne I'on
semera au mois de janvicr ou de fevrier, il suffira
deles avoirfait tremper la vcille dans Tcau. On
les mettra en terre transversalement, de facon
que lcur flanc, c'est-a-diie, la carene formee par
leur coquille, soit conchee en terre, et Ton diri-
gera leur pointe du cote du nord. II faut aussi
mettre dessous une pierre ou une tiiile, afin qu'el-
les ne s'en tiennent pas a produire une seule ra-
cine, mais que celle qui germera la premiere,
etant repoussee par la resistaiice qn'elle trouvera,
se divise en pUisieurs autres. Le noycr devient
plus beau quand on le transplante souvent. II
faut le tiansplanter dans les pays froids a Tape
de deux ans, etdans les pays chauds a Taite de
trois. Quand on plante cet arbre en pied , il ue
faut pas en couper les racines (comnie on a cou-
tume de le pratiquer a Tegard des autresarbres),
II faut quelquefois becher la tcrre autour de son
tronc, dc peur qu'il ne se cave en vieillissant; et
s'il vient a se pourrir, il fautcrcuser une longue
rigoIedepuisIehautdutroncjusqu'cnb:is, moyen-
nantquoi lesoleil et le vent feront durcirles par-
tiesqui tendaient a laponrriturc. Qnand un noycr
est dnr on plein de nocuds, il faut ciniper son
ecorccantour dutionc, ponr detonrner rhumeur
vicicuse qni cause cet aceident. Dautres coupent
IVxtremite de ses racines; d'autres percent sa
raeine avcc une tariere, et enfoncent dans le troii
qirils y ont fait un morccnu de buis, ou un clou,
soit de cnivre, .'^oit de fer. Si I'on vent avoir des
noyers de Tareute, il ne faut mettre en terre
dans la pepiniere que la pulpc scnle dc la uoix,
apresravoirenve'oppeede laiiie aeansedes four-
iTiis. Si rou vent qu'un arbre qui porte deja des
noix se change en cette espece de noyer, on Tar-
rose trois fois par mois pendant nne annee entit're
avec de Teau de lessive. Qnand la noix quitte son
brou , c'est une preuve qu'elle est luiire, et bonne
a etrc semee. On conserve les noix , soit en les
enscvelissantdans de la paille,ou dans du sable,
ou dans des feuilles de noyer seches; soit en les
renfermantdans une caisse debois denoyer; soit
enfincn lesraelaiit avecdesoignons, auxquelsen
revanche elles font perdrc leur acrete. Martiali.s
rio : si tamen siirculos collisas el condas antequain gernii-
nenl. Utiles suut, qui de sumniitate sumnntur. Insenin-
tur et sub corliceet in trunco. Inserunlur in se ct iu per-
sico. Grffici asserunt iiasci amygdala scripta, si aperta tcsta
nucleum sanum tollas, et in eo quodlibel scribas, et ite-
rum clausum luto etporcino stercoreinvolutum rcpouas.
[Tit. XVI.] Nucem [jnglandem] seiemus extrcmo la-
nuario vel Februaiio. .\mat loca moutana, bumida et fri-
gida , plerumque lajiidnsa. Polest lamcii ct locis tempera-
tisjuvante liumore nulriri. Seienda esl niicibns suis co
more,qiio(et) amygdala seruntiir , el iisdem mcnsilius.
Sed quas Novembri niense disponis, aliquatcnns in solc
siccabis, utexsiccetur noxium virus liumoris. Quas vero
mense lanuario vel Febniario posUurus es, aqua simplici
pridie macerabis. Ponemus auteni transversas , ut lalus id
esl cariiia ipsa (igatur in terra. Cacumen ipsum , cum po-
niniiis niicein , in aquilunis partem dirigemus. Lapis siib-
lcr vel tesla ponenda cst, ut radicem noii siniplicet, scd
rcpcrcussa rcspergat. Lajtior liet, si ssepius transleralur.
In frigidis locis hima in calidis trima transferri debet. Ra-
diccs plautariim, sicut iu aliisarhoribus solcmus, in lioc
geiiere rescrare non debes. Finio bul)iiIo inia planta tin-
genda est. Scd meliiis cinis spargctur in scrobibiis, ne
calore slcrcoris adiirnfur : nam ciuis creditur vel corlicis
tenentudiiicm pninnare, vel fructiium dcnsitalcni faf-
fciTc]. .Mlis siroliihijs dclcclatiir pro arhoiis niagnilii'
dine, ct dcsidcrat inlervalla majora, qiiia slillicidiis fo-
lioriiin .siioriim proximis vcl sui gcneris nocebil arhori-
bus. Debct aliquando circiimfodi, nc cava fiat viiio seiie-
ctutis : [qu;c si vitietiir, ] canalis longiis a siinimo triinco
ail iniuni dchet excudi : sic beucficio solis ct veiiti diirc-
sciiul, qiia- in putrcdinem transibant. .Si dura nux cril vcl
nodosa, corlcx circiimcideiidiis crit, ut viliiim niali de-
ducat hunioris. Alii radiciimsumma pr<Tcidunt : alii lere-
hrat.T radici palnm de buxo impriniiint, vcl cupriiium
claviinivel fcrreuin. Si Tarenlinam faccre voliieris , solam
niiciscarncm lana propter formicas obvoliilam in semina-
rio dchebis obruere. ,Si ferentem jam in lioc geniis velis
niiitai e , lixivo pcr anuum coutiiiiiuni lcr rigahis in mcn.oe.
Corlcx iu niice dimissiis nialiirilalis indicinmcst, qiialis
dcbct ct poni. Niiccs scrvauliu vd palcis obi ula- vel aiciia
vil liiliis suis aridis , vel aica cx ligno siio facla inc|iis.c.
554
PALLADIUS.
assure, et pretend l'avoii't'prouvepar lui-meme,
que si l'on ploage dans du miel des uoix vertes, sans
autre appretque celui de lesdebarrasser de leurs
coquilles, elles soiit eneore vertes au bout d'un
an , et que ce niiel devient lui-meme si naedici-
iial , que, prisen potion, ilpeut servir de remede
conlre les raaladies qui attaquent les arteres et la
gorge. On greffe le noyer (suivant presque tous
les auteurs) au mois de fevrier sur Tarbousier;
niais, suivant d'autres, ilest mieuxde le greffer
sur le prunier ou sur lui-meme, et d'inserer la
greffe dans le tronc. Cest dans ce niois qu'on
greffe le jujubier sur le coignassier ; e'est aussi
le moment de mettrc en terre les iioyaux de pe-
ches dans les pays temperes. Quaut a Tarbre qui
produit ce fruit, on le greffe sur lui-meme, sur
ramandier et sur le prunier; au lieu qu'on ne
greffe Tabricotier, ainsi que le peeher, qui donne
la pecheprccoce, que sur !e pruuier seul. Cest eo-
core le temps de greffer le prunier avant qu'il
jette sa gomme. On le greffe sur lui-meme, ou
sur le pecher. Cest aussi fiipoque de greffer le ce-
risier sauvage.
XVLCestdanscemois,comraeleditColumelle,
que Ton niarque d'une empreinte les agneaux ve-
nus a terme, et en general les produits tant du
grandque du petit betail.Cest aussi letemps de
faire le lard , de saler le herisson , de conlire les
raves, et de faire les jambons.
XVIL On fait dans ce mois dc rhuile avec
dcsbaies de myrte, de la manieresuivante : on
met une uncia de feuilles de myrte sur une
livre d'huile, avec une heinina de vieux vin as-
tringent sur dix uncia; des memes feuilles , et oii
les fait bouillir avec rhuile. Si on les asperge dc
vin, c"est pour eviter qu'elles ne soient frites
avant d'avoir bouilli.
XVIII. Oii fait encore du vin de myrte avec
les memes baics de la manifere suivaute. On met
sur dix sextarii de vin vieux , mesure de ville,
trois sextarii de graine de niyi-te concassee,
nieme mesure, et on laisse letout infuser pendant
dix-neuf jours. Ensuite on passe cette graine en
rexprimant, et Ton ract dans le vin un demi-
scrupule de safran, avec un scrupule de feuille
indienne ; enfin on tempere cette raixtion avec
dix livresdu raeilleur miel.
XL\. On fait aussi de rhuile des baies de lau-
rier. En voici la recette. On fait bouillir dans
de Tcau chaudeune grande quantitede baies de
laurier, parvenues au dernier degre de grosseur
et de maturite; et quand elles ont bouilli long-
temps, on recueille legerement avec une plume
rhuile qui s'en exprirae et qui surnage , et on la
transvase ensuite.
XX. Cest aussi le temps de faire de rimile de
lentisque. Or, voici comrae on s'y prend. Ou ra-
masse le plus qu'on peut de graine de lentisquc
mure , et on la laisse en tas pendajit un jour et
une nuit. Ensuite on pose sur plusieurs petits
vases des corbeilles remplies de cette graine, et,
apres 1'avoir arrosee avec de Teau chaude , on
la foulepour rexprimer; apres quoi on ramasse
rhuiledelentisque quisurnagesur reauqui coule
de ces corbeilles, alnsi que Ton fait pour rhuile
delaurier. Mais on se souvicndrad'arroser cette
graineavecdereauchaude,poiirempecherrhuilc
de se figer.
XXI. Les poules reprennent leur fecondite
ce mois , apres s'etre reposees pendant le sols-
tice; et Ton commence a leur faire couver des
ceufs pour avoir des poussins a elever.
XXII. Cest aussi dans ce mois qu'il fant cou-
per le bois de construction pendant que la lune
vel caepis mista;, quibus hanc vlcissitiidinem reddnnt, ut
eis acredinem tollant. Martialis [asserit,etj expertum se
ait, viiides nuces taulum libeias putaminibus suis melle
demeigi , et post annum virides esse , et ipsum mel ita
medicabile fieri , ut ex eo facta potio arterias ciiiel et faii-
ces. Inseritur, ut plerique [asserunt , J mense I<'ebniai'ioin
arbuto : sed melius in trunco, ut aliqui , et in pruiio vel
in se. Hoc raense tuberes iiiscrunlnr cjdoueo. Niinc locis
lemperalis Persicorum ossa ponuiitur. Et inseritur eadem
Persicus in se, in amygdalo, in pruno : sed pruno Arnie-
iiia inseremus et prscoqua. Nunc eliam prunns iiiseienda
est antequam gumminet, in se et [iuj persico. Et cerasus
opportune inseretur agrestis.
XVI. Hoc mense (sicut Columella dicit) maluii agni el
animalia omnia minora atque majoia cliaractere signentur.
Hoc tempore lardi , ecliini salsi , rapoi um condiendorum
et pernarumjusta confectio cst.
XVII. Hoc mense ex baccis myrti oleum conficies lioc
uiodo : Unciam foliorum pcr olei libiain unam mittes, et
pcr iincias x vini veteris stjptici lieminam , et ciim oleo
bullire facies. Idcirco autem viiio respargcntiir (blia, ne
liiganlur antequam decoquantiir.
XVIH. Ilem eisdem baccis viiiiim myrtite sic facies : bi
vini veteris sextariis urbicis x mittisgiana myrti confiacta
sextarios urbicos m , qiiae sint decem et novem diebus
infusa. Postea expressis niyrti granis colabis, et in eo
vino medium cioci scrupulum et lolii unum srrupiiluni
mitlis, et ex mellis optinii decem libris omnia tempcrabis.
XIX. [tem [exj lauii baccis oleuin conftcielur lioc
modo : Lauri baceasqiiam plurimas et maturitate tiirgcii-
les in aqna calida bullire facies : et ubi diu leibueiint,
olei, quod ex se dimiserint, supeinatantis undam peniiis
leviter cogentibus in vasa transfundes.
XX. Lentiscini etiamolei matura confectio est, quae fit
taliter : Grana matura lentisci quamplurima colliges.et
una die ac nocle supra se acervata esse patieris. Deinde
sportam granis eisdem plenam ciiicunque vasculo siiper-
pones et calida adjecta calcabis, et exprimes. Tunc ex co
luiniore, qui detluxerit , supernatans olcum lentlscinum
sicut laiirinum colligetnr. IHementoautem (ne ligorepos-
sit aslringi) aquam calidam saipe suffundere.
X.XLGallinarum pailusfiecundilalem repetitlioc mense
post brumalem qiiietem ; etincipiiint ad ediicandos pullos
ova supponi.
DE LWGRICULTURE, LIV. IIL
655
est dans son dcclin , ct ([iril faut fniie dcs echa-
las rt des pieux.
XXIII. Ce raois-ci s'accoide avec celui de de-
cembi-e par rapport a la durce des heures. Ea
voici lcs mcsures rasscmblees :
A la premiere et a la onzieme heure , le guo-
mon donne vingt-ncuf pieds d'ombre.
A la seconde et a la di.xieme , il cn donne dix-
neuf.
A la troisleme et a ia neuvieme, il en donne
quinze.
A la quatrieme et a la luiitieme , 11 en donne
douze.
A la clnquieme et a la septieme,
dix.
A la si.xieme, 11 en donne neuf.
en donne
LIVRE TROISIEME.
FEVRIKR.
I. On commencera pendant ce raois a gardcr
les presdans les pays temperes, apres les avoir
engralsses, s'ils sont malgres , avec du fumier
([u'on y t-tcndra pcndant le croissant de la lune.
Ilfautle repandre sur la parlie la pius eleveedu
tcrrain , alin que le suc se distribue aux parties
lnf(?rieures.Pluslefumierestnouveau, pluslherhe
sera fournie.
II. On donnera ce mois le premier labour aux
coteaux gras dans lcs pays chauds , ou dans tout
autre pays , lorsque le temps aura ete doux
et see.
IIL II faut semcr ce raois-cl toutes les especes
de grains tremols.
IV. On s('mcra encore ce molsla p('tlte len-
tllle en terraln legeret frlable, ou meme en ter-
raingras, pourvu (|u'il soit tres-sec , paret; qu'en
terre forte ou humide cette graine s'altere. On
la seme tres-blen jusqu'au douzicme jour de la
lune ; et sl Von veut qu'elle leve de honne hcure
et qu'elle profite ensuite , il faut la meler avec
du fumier sec, et la laisser quatre ou cinq jours
dans cet c'tat avant de la semer. Un modius de
graine suflira pour ensemencer un jitfjcrum. Cest
aussl le tcmps de semcr la gesse dans les terrains
que je vlens de dire , et de la facon que j'ai pres-
crlte.
V. On semera le chanvre a la fin de ce niois
dans une terre grasse , fumee et arros(!e , ou dans
une campagne plate, humide, et labourc^e pro-
fond(;ment. On met slx gralns sur un pied earre
de terrain.
VI. II faut donner a x""6sent !e second labour
aux champs que Ton doit cnsemeucer en lu-
zerne ( herhe dont nous examlnerons la nature
lorsqu'il sera question de la semer), et les hcrscr
avec soin , apres les avolr epierres. Et quand ils
scront labour(is a la maniere des jardins, on y
fcra, vers les calendes de mars, des planches
auxqucllcs on donnera dix pieds de largeur et
cinquante de lonnueur, alin qu'il soit facile de
lesarroser etd'en arrachcr lesraauvaises herbes
en se tenant sm- les deux C(M(is. Ensuite on repan-
dra de vleux fumier sur ces planches, et, apres
cettepr(^paration, ou les laissera reposerjusqu'au
mois d'avri!.
VII. On peut eneore semcr Ters dans tout le
courant de ce mnis. II ne faut pas le semer au
mols de mars, de peur qu'il n"lncommode lcs
hestiaux et ne rende les berufs fous.
XXII. IIoc ellam mense caeiienda mateiies e.^t ad riliri-
ram , cuni liina decreseil , et ridica? vel pali lacieudi.
X.MII. Hic mensis in liorarum spalio cum Uccembii
iiiense convenit, (|iiarinn sic mensura colligitur.
Hora I et XI pedes xxix.
Hora i[ et x pedes xix.
Hora III et ix pedes xv.
Hora IV et viii pcdcs xii.
Hora y cl \n pcdcs x.
Hoia VI pcdcs IX.
LIRKR TKRTILS.
I. Feliru.nio mni^i- h«\> tempcratis prata incipientciis-
tudiri, 1111 r |iini-, -1 iii.uia sunl, sparso la^lamine salu-
iciitiu, iimid ijM I. liiluin c>t luna cresccule. Qiianto recen-
tius iucril, tanlu plus nutriendis lierbis valeliit, qiiod a
superiori paile fundalur, iil succus ejus per totum possit
clubi.
II. Locis tepidis, aul si clcmcns tempus ct siccum fiie-
ril, cclles pin{;u('S vcl boc mense proscinde.
Hl. Hoc mcnse scrcndiiiii onine Irimeslriuin {jeniis.
IV. IIdc oliam mense lenlicnlam seres solo teniii el nv
.solnli), vcl ctiam pingui; sed sicco maxime : quia liixuria
et linnioie corrnnipitur. IJsqiie ad diiodeciniam Innani
beiie seininatur, (|nic ut cito exeat alijiie giaudescal , priiis
ciim limi ariditate misccnda est : alqiie ubi ita rcquieveiit
(|ualiior diebus aut qninque, tuuc spaigilur. Jugerum
inodii uniiis scmen iniplebit. Hoc ctiam niense ciccicula
seritur, loco et mudo qiio anle descripsi.
V. Hoc mense iillimo cannabiim seics tcrra pingui ,
slcrcuiala, rigua, vcl plaua atque humida et altius sii-
bacta. In uno pede quadrato sex eju.sdem scininis grana
ponuiitur.
VI. Nuuc agcr qui acceptunis est medicani (de ciijiis
natiira, riim erit sen-nda, dicenius) iterandus est, et
piirgatiis lapidibiis, dilijjenler occandus. Et ciica Martias
cal. snliacto sicut in iiurlls snlu, ronnanda; sunt arca;
lala; pcdibus x, longfc pcdibns quinquaginta, ila ut eis
aipia miuistretur, et lacile possiut [ex iilraipie parlc] riin-
caii. Tunc injecto autiquo stercoie in Aprilem niensem re-
servenlur parala;.
VII. Hoc mense toto ervnm adhuc scri potest; quia
Martio screndum non est , nc paslu siio pccoribus noceat ,
et Loves reddat insanos.
556
PALLADIUS.
VIIL Si ronjette A present de ruiine gardee
nii pied des arbres fruitiers et des ceps de vigne ,
ils rapporteront des fruits remarquables par leur
quantite et par leur beaute. Si ce sont des oli-
viers notamment, il sera bon d"y nieler du marc
d'lHiiie sans sel. Mais il faut faire cetteoperation
quand les jours seront encore froids , et avant
que la clialeur coramence a se falre sentir. On
semera aus.si dans les pays froids , vers les ca-
lendesdemars,rorge deGalatie,qui estungrain
blanc et pesant.
IX. Ccst dans ce mois que Ton garnit devi-
gnes toutes les sortes de terrains faconnes au
pastinum , soit qu'on y ait prepare des tranehees,
soit qu'on y ait prepare des fosses. Au reste, ia
vigne est une plante de nature a supporter les
climatset les sols detoutts les especes, pourvu
(lue les differents genres de raisin leur soient adap-
tes convenablement. On plantera done dans une
campagne plate fe.spece de vignes qui soutient
les brouillards et les gelees; sur les coteaux ,
celle qui supportelasecheresseet lesvents;dans
«n terrain gras, les vignes greles et peu fecon-
des ; dans un terrain maigre, les vigues producti-
ves et robustes; dans un terrain compacte, les
vignes fortes et chargees de feuilles; dans un
terrain froid et sujet aux brouillards, celles qui
devancent rhiver par la prompte maturite de leur
raisin; ou cellesqui , ayant le grain dur, tleuris-
sent sans danger au milieu desbrouillards; dans
un terrain expose aux vents , les vignes stables
cttenaces; dans un terrain chaud, eelles dont
le grain scra tendre et humide; dansun terrain
sec, celles qui ne peuvent pas supporter la pluie.
Et, pourne pas nous etendredavantage sur celte
matiere , nous nous contenterons de dire en geue-
ral quil faut toujours choisir les vignes dont
lesdefautsannoncentclairementqu'elles se plai-
ront dans les licux opposes a ceux dans lesquels
ellcs ne pourraient pas subsister. II n'estpasdou-
teux qu'un climat oii Tair cst toujours calme et
le ciel serein recevra sans danger quelque espece
de vigne que ce puisse etre. II est ioutile de les
detailler toutes. Mais personne n'ignore qu'il faut
reserver pour la table le raisin dont les grappes
sont lesplus grosses et les plus belles a. roeil , et
dont les grains sont durs et secs ; comme il faut
garder pour faire du vin les vignes les pkis fer-
tiles, cellesdont les raisins ont la peau tendre et
lc gout distingue, et principalcment celles qui
quittent leur (leur de bonne heure. Le change-
raent de terrain inllue sur la nature de la plupart
des vignes. II n'y a que les aminees qui donnent
toujours de tres-bon vin, en quelque lieu qu'elles
soientplantees;quoiqa'ellessupportentcependant
plutot un climal chnud qu'Hn climat froid , et
quelles ne puissent passer d'un terrain grasdans
un terrain maigre , a moins qu'on ne les aide
de funiier. II y en a dedeux especes, savoir, la
grande et la petite. Mais la petite quitte mieux
sa ileur que Tautre, et de meilleure heure; ses
entre-na'uds sont aussi nioins longs, et le grain
de son raisin est plus petit. Si on la marie a Tar-
bre, elle demande une terre grasse ; au lieu que
si on la cultive planteepar rangces, elle en veut
un mediocre. Elle s'inquiete peu des pluies ou
des vents , qui font souvent perir la grande pen-
dant qu'elle est en fleur. Le rnisin muscat est
cncore un raisin distingue. II suflit d'avoir cite
ces cspcces : un homme intelligent choisiracelles
qu'il aura eprouvces, et ne les confiera qu'a des
terres qui aientquelque analogieavec celles d'ou
elles auront cle tirees; moyennant quoi chacune
conservcra sa qualite particuliere. Mais il vaut
mieux transferer ainsi la vigne que les arbres
d'un terrain maigre daus un gras, parce qu'on
n'cn pourrait pas attendrede fruits, si on lestrans-
ferait d'une terre grasse dans une maigre. II faut
VIII. Nunc pomis et vitibus vetus urina si affnndatur,
el nuniero fiucluuin prajstat et foini.Te : cui proiieiit ut
amnrcam misceanius insulsani,maxime in olels : sed lioc
fiinidloiibus diebus antequam feivor incipiat. Eliam nuns
ordenm galaticum, quod grave et candidum est, seretur
locis fiigldis ciica Marlias calendas.
IX. Hoc mense omnia genera pastinati soli , seii sulci
seii scrobes vitibus conipleanlur. Natnia autem vitis cae-
lum omne solumqne suslentat , si geuera convenienter ap-
tentur. Plano igitur loco slatues vitem, cujus geiius nebu-
las suslinet et pruinas; collibus, quod siccllatem durat et
ventos; pingui agro graciles atipie infoeciindas; niacro fe-
races et solidas ; denso validas atque frondosas ; fiigido et
nebuloso, quje liiemem celeri maturifate pia>veniunt, aut
qu<e duris acinis inter caligines securius floient; ventoso
slabiles et tcnaces ; calido grani tenerioris et humldi ; slcco
eas , quai pluvias ferre non possunt : et ne multa dicamiis,
eligeuda sunt genera, quae professione vitioriim snorum
eonlraria loca diligunt iis, in quibus duraie uon poterunt.
Placida sanc rcgio et serena tuto genus omnc suscipiet.
Viliuni geiiera numerare non attinet. Sed notiim est, nia-
jores uvas pulclira; speciei, grani callosi et siccioris, ad
niensam; feracissimas vero et cutis tenerioris, et sapore
noliiles, et maxime qua; citius detlorescunt , vindemiis
esse servandas. Loca naturam plerisque vitibns mutant.
Sol.ne Aminea! ubicunque sint, vinuin pulclierrimum led-
dunt. Calidum statum potius quam frigidum sustinehunf.
De pingui ad macrum trausire non possunt, nisi stercus
adjuverit. Harum duo genera sunt , major et minor. Sed
minor melius dellorescit et citius, iiUernodiis iniuoribus
ct grano breviore. Si arbori applicetur, pingueni terram;
si colatur in ordines , mediocrem desiderat. Inibres con-
temiilt et ventos : nam major sa"pe vitiatur in floie. Sunt
et .Aplana? praecipua!. Satis est genera ista dixisse : indus-
trius vir piobata deligat, et terris talibus mandel , quaB
imltari eas posslnt nnde sumuntnr : slc merita sua qu<ie-
que servabit. Sed vilem vel aiborein melius erit de cxili
ad plngiiem transfeire. Nam si a pingul lerra ad soliini
exile tiansicriut, ullles esse non possunt. Eligenda snnt
sarmenla, qu» panglmus, de vite media, iicque do siim*
DE L"AGRICULTURE, LIV. 111.
557
ehoisir les sarments que ron doit planter dans le
rniiieu d'uneep, et ne les prendre ni sur l'iii,e
ni sur Tautre de ses extremites, parce qi.rils i:c'
degencrent pns aisemeiit qu;\iid ils ont ete piis
dans cette plaee pour etre transplanles. Ces sar-
nients doivent sortir du bois \ieu\ a une lon-
gueur de ciiiq a six boutons ; mais il faut les
prendre sur une vigne 1'eeonde. Et qu'on ne s'i-
niagine pas que desbras de vigiie soient fecoiuls
pour avoir porte uue ou deux grappes chacuii ,
puisqu'il est necessaire, pourqu'ils soient repu-
tcs l'etre , qu"ils soieut courbes sous le poids des
grappes. En eflet, il peut arriver qu'un cep de
\igne fecond ait des bras qui soient plus feconds
lesuus que les autres. Ge sera encore une marque
de fecouditc lorsque la vigue porteradu fruit sur
quelque particde son bois dur, de raeinequelors-
que ies braiiclies qui seront venues sur son extre-
mitc iuferieure eii douneront beaucoup. Cest de
quoi il faudra preudre note peudant la vendauge ,
en mettant des marques aux ceps qui seront dans
ee cas, pour ne pas leseonfondre. II fautchoisir,
pour la planter,nne jeuue brnnche sur laquelle
il ne reste point de bois dur ni de vieux sarmcnt;
autrcment il lui arriverait souvent de se gater
quand ce bois viendrait a pourrir. Ou negligera
les extremitcs des fouets, ninsi que les rcjetons
qui n'auront point doiine de preuves de fertilite ,
quoique nes dans uii bon endroit du cep. Qunnd
meme un pnnipre, ne sur bois dur, nurait porte
quelques fruits, il nefaudrapas eu conclure qifil
en rapportera beaucoup ; parce que , s"il a pu
etre feconde par sa mere dans la place qu'il oeeu-
paitsurelle, ilse trouveraaffecte, desqu'il sera
transfere, du vice de sterilitetpril tient du sort de
sa naissancc. II ue fautpas tordre ni tournnnter
d'aucuue maiiiere la tete du sarment que !'on
met en tcrre, dans la craiute que si sa partie
laplus feconde se trouve absoluraent enterree,
il n'yait plus hors de terre que ce qui se trou-
vera le plus voisin de sa partie sterile; ajiuite/.
qu'il ne .sernit pns possible de le tordre sans le
touimcnter ; tandis que la partie dout on attend
des raeines ne doit souffriraucun genre de dom-
mage contre lequel elle soit obligee de lutter
avaut de pouvoir pendre en terre. Ou plantera la
vigue par un tempschaud et dans unjour calrae.
II faut prendre gnrde que les sarments ne soient
brules par le soleil ou pnr le vent tpiand on les
plnntera , et pnr eonsequent les plnnter aussit(it
(jiroii lcs aura tires du cep ; ou lesconservcr jus-
([u'a cc qu'on lcs planle, eii les enfouissant sous
tcrre. Cest a commencer de ce mois-ci , jusqu'a
la findu priiitemps, qu'il faudraplanter la vigne
dnns lcs contrees froides et sujettes aux brouil-
lards, ainsi que dans les campagnes grasses et
dans les provinces Jiumides. On donnera un cu-
hilus de longueiir au sarmentque Ton mettra cn
teire. Qiinnd la terre sera grasse par sa nature,
on laisscra de plus grands intervalles entre les
ceps. Quand elle sera maigre , on en laisserade
moindres. Cest pour cela qu'en distribuant des
ccps sur toute la supcrficie d'un terrain fa(?onne
au pastinum, il y a des personnes qui laissent
trois pieds d'iiitervallecn tout sens eiitre chacuu
de ces ceps. Or, en se reglant sur cette distribu-
tion,ily aura trois mille six ceiit sarments de
plantes daus une planche d'un,/M(7^r«w( ,■ au licu
que si ron ne veut laisser que deux pieds et derai
d'intcrvalle entre chaque cep, il y en aura cinq
mille ccnt quatre-vingt-quatre. Mais voici la ma-
nierc dont on s'y prendra pour les planter en
ordre. On fera sur une licelle des marques blan-
ches,ou dequcl(|ue autrecouleurquece soit, en se
rcglant surlcsiiitcrvalles que Ton voudra garder;
cnsuite, apres nvoir etendu cette ficelle a travcrs
la planche, on fichera en terre dcs jalons de bois
ou des roseaux a toutes les places oii il faudia
ma neque de inlima, (|iiiijiiiie \el sex genimarum spatio
a veteii proccdentia , quia uou facile dPH''iieraiit, qua; (ie
locis talibus transfeiuntui. Sumaulur aiitein de vite lu;-
cunda. Neque puteinus bracliia esse ferlilia , qu;c uvas siu-
gulas aut biiia.s producunt, sed qu.x inulta ubcrlale cur-
vautui'. Nam polest fcrax vitis feraciores iu se liabere nia-
tcrias. Erit et liuc signum fertililatis, si de duru aliqiio
loco fructum cilabit, si fiKlu iinpleverit raniulos ex iina
|iarte suigentcs. Scd lioc signis posilis per vindeiuias est
notaiidiiui. Ad pangcnduin uovellus palines debel eligi,
duri iii sc iiiliil liabcns cl vctcris saiiiienli, (luia lioc pu-
Ircsceute sapc conuinpitur. Suuiina ll.agella rcpudiiuius
ac siirciilos , i|iii licel boiio loco nali siul , lauicn fcracita-
lis benelicio caruerunl. 1'ainpinarius (|ui de duio iiascilur,
eliaui si atluleiil frucliis, pio trugifcro iioiiesl poncndus :
iu suo cnim loco ficcundatur a inatre, translalus vcio \o.-
nel slcrililalis viliiim , qiioil iiasicndi condilionc scisccpit.
Capcil saniicnti cuiii ilcponilur, lciripicudcim noii c>l, ncc
oliquo inodo \c\aiidiiui, i¥; dcnicrsa pcnitiis Idriiudiorc
parle, quod stciili proxiinum esl , siipra lcrraiii icliiiqiia.
lur ; deinde quoniam ipsa lortura vexatio est : cl pars ca
de qua radix futura prxsumilur, injuriae nulli subjicienda
cst , ciim qua contendcre cogalnr ante quain leneat. I>o-
ncnd.i; suiit vitcs placJdis diebus ac tepidis , CHrandumqiie
ne sarmenta sole urautur aut venlo , sed vel slatim ponan-
tur, vcl obrula rescrventur. Hoc incnsc ac (Jeinceps toto
vere vinea pnnenda cst regionibus frigidis, pluviosis, piu-
giiilius campis, et bumidis provinciis. Sit aulem mcnsiiia
sarmciili cubitus unus. Ubi pinf^uis cst iialura terrarum ,
majoia iiiler vitcs spalia relinqueinus; ulii cxilis, angusla.
iVouiiulli ilaquc iu iis vilibus, qiias lolosolo pastiiialodis-
poiiiint, lcrnos [icdcs iiiler singiilas vitcs qcioqiiovcrsiis
diniiltiiiil. Scd linc gcucrc divisionis iii juucrali labiila pan-
gciiliir Iria inillia \icena sarmcnta. Qiiod si duos scmis pc-
dcs inler viles rclinqiii placucril, iii cadcm labiila poiienlur
vitcs quatuor niillia quingenta; scpluaginla octo. Sed ad
poncndum utemur lioc ordine : Liucani, scrvalis iissjia-
liis, qux placucrit cuslodire, candidis sigiiis vel qnibiis-
cnnqnc notabimus : tiinc tcnsa pcr tahiilam linca iu cis
locis snrculos vcl calamos Ogcmus , ubi vitis un.iquyqiie
PALLADIUS.
planter iincep, de faeon que la supei-ncie de !a
planche soit eiitierement eouverte tVun nonibie
de Jalons eorrespondant au nombre de ccps qui
devront y etre plantes , et que celui qui doit les
planter ne puisse pas se tromper, lorsqu'il n'aiira
qu'a mettreen terre les sarments deposesauprcs
de ces jalons. Observez de pius qu'!l ne faut pas
que tout un terraiu faconne au pasliimm soit
rempli d'une seule espcce de vigne , de peur que,
s'il survenait une annee qui fut coutraire a Tes-
pece que Ton aurait choisie , toute resperanee
de la vendanse nese trouvat detruite. Cestpour-
quoi on plantera des sarments de quatreou cinq
sortes de vignes de bonne qualile, et il sera tres-
ntile d'en reunir les espeees differentes dans dcs
planches partieulieres, qui seront scparees les
unes des autres par des sentiers;a moins que
roii iicsoit rebute par ia diffieulte de cette dis-
fribution. Si Tou a d'aneicns vignobles cepen-
daut , il est aise de planter dansdes planches se-
parees des rejctons pris sur toutes les espcces
qu'iis eontiennent, et de parvenir par consequent
a la formedeculturequenous prescrivons;forme
qui estbelle etavantageuse, puisqu'clIeprocurea
toutes lesespeces de vip;nes,quiontchacuneleurs
epoquesparticulieresde floraisnn et dematurite,
Tavantage de fleuriretde mui^irdans le tenips
qui leur est propre. En effet, on s'e\poserait a un
dommage reel , si Ton etnit obiige de cueillir le
fruit murenmemetempsque le vert, parcequ'ils
se trouveraient reunis sur une meme planche;
puisqu'on nepourrait pas se regler sur la ven-
dange de telle ou telle espece de vigne qu'il se-
rait temps de faire , sans eourir le danger de don-
ner un gout de verdeur a son vin ; comme on iie
pourrait pas , d'un autre cote, attendre la matu-
rite tardive de telle autre cspece de \igne,
sans perdre la veiidange de celles qui seiaient
muries les premieres. Ajoutez a ces avantages que
lcs vcntlanges de chaque cspeee de vigne se
suecedant par degres les uues aux autres, sui-
vant leur differente nature, il faudra moins d'ou-
vriers, en suivant notre methode , pour les ex-
pedier toutes, et pour les serrer par classes. D'ail-
leurs chaque sorte de vin conservera mieux le
goiit qui lui est propre , quand ee gout ne sera pas
eomhattu par le melange d'uu vin different. Si
eettepratiqueparaitdifficile, il faut au moiusne
pas planter ensemhle d'autres vignes que eelles
dont le goiit,Ia fleur et la maturite ont quelque
analogie ensemble. Mais la methode que nous
venons de donner parrapporta la plantation des
vignes est cellc que Ton suivra dans lesterrains
faconnes au pasliimm, ou dans les trancliees.
Quant aux sarments que ron mettra dans des fos-
ses, il faudra Ics y mettre aux quatre coius, et,
commeleprescrit Columelle, jeterdans la fosse,
au moinent qu'on les y niettra , du marc de rai-
sin mele avec du fumicr; et, si le terrain est
maigre , de la terre grasse ou de la terre rappor-
tee. Au surplus , loisqu'on arrangera un pied de
vigne ou un mailleton dans une fosse, onlesy
mettra en travers. II faut aussi quele terrain soit
niediocremcnt Iiumide, et plutol sec que bour-
beux, ct que le plant ait deux boutons hors de
terre, afin qu'il prenne plus aisement.
X. Si c"est votre gout d'avoir des vignes ma-
rieesaux arbres, il faudra eommencerpar elever
dans une pepiniere du plant de bonne qualitc,
que vous transporterez, lorsqu'iI aura pris racine,
dans des fosses creusees au pied de chaque arbre.
.rappelle pepiniere une planche labource unifor-
mement a la profoudcur de deux pieds et demi.
Ondeposedcs sarments en terre, a tres-peu de
distance les uns des autres , dans cette planche,
que Ton fait plus ou moins grande, suivant le
nombre des ceps ou boutures d'autre plant que
Ton veut y mettre ; et si cette planche est situee
ventiira est. Ita s|iatiiiin totiiis tabiiliia siimills complebi-
t ir adiiiinipiiim vlliiiiii riilnianini : alcjuo isqni («incluiiis
cst projiTla riixa snicnlos sarnipnta sine iillo cirore dcpo-
tiot. rnrlciva iion est iiiio gencie viliiiin omiie pastiniini
CJinscicndiini , ne annus iniquiis geiicri speni vindemia;
toliiis Cvliii^uat. El ideo qnaluoi' aiit quinqiie cxiniii gcne-
lis sarnicnla pangemiis. Sed mavimecxpedietgeiieia labii-
laliiii disponi, et decuniaiiis dividi, nisi detcncat operis
dillicnllas, Quod si est vetnsvinea, singnlonim genernm
sinculis labnlatimpoterimns insereie : et facile liocgenus
colendi, qiiod est pnlclnnm atqneutile, consc(|ueiniir. Ita
et nialnrilatis et lloris lcmpoia, qila; in vlte diversa siint,
suislenipoiibusopportiminsobtineiepoterimns. SNecpaivo
conslabit, si legalnr maturitas cum acerliitale, dispen-
diosum unius lempeslivam vindemiam seqiii, periiiista
cruditale viliosam , et alterius seras matni ilales expectare
damniliciim. Huic commodo adjiciliir, quod pro generum
diversilale pcr gradus accedenle vindeiiiia, niinor opera-
rum mimerus eam poleiil expedire , el generatim condcie,
ac melius puio sapoie, sine luclamine allciiiis gcneiis
unaqn.Tqiie vina servarc. Hoc sl diflicile videliitur, non
alias siniiil coiiseias , qiiam qna> et sapore el llore et nia-
linitale conveniunt. Sed bax in paslinis vel sulcis ralio
crit : in scroliibus vero pcr angulos iv sarmenta deponis.
Scd (iit asserit Columella) vinaceam stercori mistam simul
spaiges , et si exile solum fiierit , pingnem lenam scrobi
iiireies vel aliimde portalam. Cimi vero planlam vel iiial-
leolnm disponimus, modice liumido solo, sed polius arido
qnam liitoso, dnabus gemiiiis supra tenam relictis, sar-
menla ponemns obliqiia; sic facilius comprebeiident.
X. Qnod si arbiistum le babere deleclat, plantam gene-
rosxvitis piins in seminario nutiiie debeliis, ut inde ra-
dicata transfeiatur ad scrobem, cui arbor iiijuncta est.
Seminarium veio dicimus feqiie fossam labulam pedum
diiorum semis altitiidine. In hac, qiiam pio nuniero ponen-
darum vitiumvel qiialiumcnnqueplanlarum protendisaut
conlrabis, brcvissimo spatio distanlia inter se sarmenla
depones : si vallis aut bunieclus estcampus, trium gem-
marum exceplis minutis, qiias liabebit inferius. Et ubi
convaluerint , hinc post biennium i adicatas vitcs vcl ar-
DE LAGRICULTURi:, LIV. IH.
dans une vallce oii dans une campagne plate qui
soit humidc, on laisse trois gros boutoiis a ces
sarraents, independamment des petits dont ieur
extremitc infcrieurc sera iiarnie. Ensuite, qiiund
ils auront pris laforme de pelits ceps ou de pe-
tits arbres garnis de racines, on les transfere-ra
au hout de dcux ans, temps aiiqucl ils auroiit
pris une certaine consistance; ct lorsqu'on les
mettra dans la fosse qui leur sera destinee, on
les reduira a un seul jet, en coupant toutes leurs
parties galeuses, et en cmondant leurs racines,
au cas ou il s'en trouve d'cndommagees. Au sur-
plus, quaiid on veut marier des vignes aux ar-
bres , 011 met deux de ces ceps pourvus de racines
dans la mcme fosse ; mais , pour empeclier qu'ils
ne se touchcnt par le pied , on les separe avec
des pierres d'environ einq livres pesant, et on
les applique aux cotes opposes de la fossc. Ma-
gon assure qn'il ne faut pas rempiir la fosse de
terre la premiere annee, mais quil ue faut la
combler que successivcment et par intervallc ,
afin que les racines de la vigne y penetrent plus
profondement. Cependant cette metiiode ne peut
convenir que dans les eontrees seches ; car dans
un sol huraide le plant pourrirait si la fosse n'c-
taitpasaussitfit comblee, et qu'on laissdt le temps
h feau de la noyer. Cclui qui veut former un
plant d'arbres maries a des vigncs doit choisir
parmi les especes suivantes, si elles abondent
dans le canton, savoir, le peuplier, l'orme, et
le frene dans les terraiiis montagiieux et escarpes,
ou l'orme ne vieiulrait pas bien. Columelle pre-
tend qu'il faut aussi elever ces arbres dans des
pepinieres. Alais coinme il n'y a point de pro-
vince qui ii'en produise d'une ou d'autre de ces
especes, sans culture, il mc Seml>le qu'il v:uit
mieux mettre en ce tcmps-ci , aupres des ceps
qui seront deposes dans les fosses, des pieds
d'arbi'es d'une certaine grandeur , que Ton
transferera a cet cffet de quelquc cndroit que ce
puisse etre , ou meme des troiies d'aibres avee
Icurs racines , que Ton choisira daiis le nombre
des especes que iious venons de nommer. Si le sol
sur lequel oii opcie est une terre a ble, on laissera
quarante pieds d'intervalle entre chaque arbre ,
a(in de pouvoir cnseraeneer ce terrain, et vingt
pieds seulement si le terrain est maigre. Quant
au cep qui sera plante dans la fusse , il doit etre
cloigne de son arbre a la dislance d'un picd et
demi, paree que, s'il en etait trop proche, Tar-
bre cn croissant absorbcrait sa substance. II faut
aussi encager le eep pour le proteger contre les
insultes des bestiaux qni clierchcront a le rongcr,
et Tattacher des le premier nioment a son arbre.
Voici encore une autre metliode expeditive pour
transferer un cep d'un plant darbres maries a des
vignes : on fait uii petit panier dosier d'environ
un pied de diamctre ou un peu moins, que Ton
porte aupres dc l'arbre au(|uel la vignc est ma-
riee , et Ton en peree le l'ond par le milieu , a I'ef-
fet de faire passcr un sarment par celte ouver-
ture Aprcs avoir donc introduit dans ce panier
un sarment du ccp dout on veut transporter du
plant, on suspcnd le panier m^me a quelqiie coin
de Tarbre, et on le rcmplit de terre vegetale, de
facon quc ce sarment , que Ton a soin de tordrc
auparavant, piiissc y etre entierement caclie.
Avec ccs precaiitions, le sarment renferme dans
cc pctit panier y jctte des racines au bout d'un
an ; et quand il y a pris racine, on le coupe
dessous le panier, pour le porter avee le panier
meme a rendroit que Ton veut remplir de ceps
mariables a des arbres, et on Ty ciiteire aupres
des racines de Tarbre auquel on a intention de le
niarier. On traiisfercra par celte methode te!
nombre de ceps que Ton voudra , sans avoir a
craindre qirils ne prennent point.
XI. En fait dc vignobles , chaque localite a son
Iiiisrul.is tr.iiisfiMMS : (inas tiim (li^ponos in .sciolie, ail
singulas matciias icdi^cs, piilalis (iiiiuilnis (piui .scalxa
sunt, cuitntls ctiani radicibiis, si qiias potueris invcnire
ve.vatas. In scrobe antcm ad arliustum rac.iciidum diias
radicatas vilcs dcponis , lioc scrvans , iie se in radice coii-
tlngant : sed lapidcs qiiiniini piope lihraiuni niedios intcr
utramque constiliies , et ip.sas vites ad scrobis latera dis-
creta conjiingcs. ,Mago asseiit, scrobem nnn priino aiino
esse complcndam , sed subinde coa-qiiandam : qiiic rcs
vitem faciet altiiis fiindare radices. Sed lioc aridis piovin-
cils furtc convenict : luimidis antcm sala pulielieiit rc-
cepto buinorc , uisi statim tena cumulctur. Sed arbusta
qui faciet, plantas arbornm de liis gcncribiis ponat, si
agrosiippetit abuudantia.popnlo, iilmu : fiaxinoin iiiou-
taiiis cl aspeiis, in quibus ulnius minus UL'Ia csl. Ilas
etiam CuUiniilla dicit scminario dcbere nntriri. Milil vidc-
tur, quod niilla provin( i.i cst, qiiio non c.\ liis qiianicunqnc
sponte producal, plaiilas ctiam majore.s dc locis qiiibiis-
cunque tran^lalas , vcl cnrum gcneruin triincos radicatos,
hoclempore cir<.,a M;iobcm vilis oporlcic coustitni. Scd si
aucr fiiiinciilarids liicii!, iilii arbiisla ilispnnis, qnadragc-
iios pedes iiiler arbores rcliiiipic, ul scri possit; iii cxili
aiilem vicenos. In scrobe vcro vitis ab arbore sua sesqui-
pedis spatio dislare dchcbit. Nam vitis niultiim siibjecta
arbori , incremento arboris opprinietur. Caveis etiam mu-
nicnda cst adversnm pecoris appetiMitis injiirias,ct aibori
sua; protinus alliganda. Esl et aliud de liansfercnda c\
arbiisto vite eompiMidiuin : I"it e\ vimine parva rorbiciila,
qna' niensuiain (icdis , vel aliquanto iiiiniis circiiii spatio
piissit aniplecli. llaec ad arborem, cui vilis inliaciet , fcr-
liir, ct in fundi im^dia parte perlunditur, qiio sarmenli
virgain possit admiltcrc. Inducto itaque sanncnto vjtis
cjus, de (pia transferrft rtisponis , corbicula ipsa cx aliipia
arboris parte suspciiiUlur , et viva terra repleliir , iit Siir-
meutiim lerra possit includi; qiiod sarmeuluni priiis in-
torqiiclur. Ila cxaclo aniiiii tcmporis spatio , Siirmcnliim ,
(piodclausum est , radiccs crcabil inlra pra-dictam ciirlii-
cnlam.Tunc siibfiindo corbis incisum radicaliim sarii.cn-
liiiu cum ipsa corbe pnrtidiitur ad locum quem vililnis
aibiislivis dcstlnabis iinplcrc , ibiqiie obrnctur circa arlx)-
PALLADIUS.
niode de culture; mais la meilleure coiisiste a avoir
des ceps qui sc tiennent sur une tige tres-courte ,
conime dc petits arbres. On commence par les
faire tenir a Taide d'un roseau , jusqu'a ee qu'iJs
soient bien affcrmis ; mais il ne faut pas que ces
ceps aicnt plus d'un pied et demi de hauteur.
Quand ils seroiit devenus forts , ils sc tiendront
tout senls. II y a une autre metbode, qui consiste
a distribuer plusieurs roscaux autour d'un cep,
dont on lic les sarments a ees roseaux, pour lcs
arrondir en forme de cercles. La pire de toutes
les positions pour la vigne, est d'etre renversee et
couchee a terre. Toutes ces differentes especes
de vignes se plantent dans des fosses et dans
des tranehees.
XIL Cest en ce niois qu'il est temps de tailler la
vigne dans les pays froids jus([u'a un eertain de-
gre, ainsi que dans les pays temperes. Mais quand
on a beaucoup de vignes, on les partage en deu.v
portions , dont on taille au printemps celle qui cst
exposce au nord , et en autoinne celle qui lest
aux autres c6tes du ciel qui sont plus doux. At-
tachons nous toujours, dans la taille, a donnerde
la force au pied de la vigne, et a ne jamais lais-
sor deux bois durs a une jeune vigne tant qu'elle
est taible. II faut retranciier les sarments qui rap-
portent beaucoup, aiiisi que ccux qui soiittors,
faibles, et nes dans un mauvais endroit du cep,
II faut aussi couper le sarinent qui sera nc sur
un ccp entre deux de ses bras. Mais s'il est dcja
fwtifie au point d'affaiblir riin de ces bras , e'est
ce dernier qu'il faut couper, en laissant subsis-
ter rautre. II faudra neaiimoins qu'un homme
intelligent dans Tartde la taille nienage toujours
les sarments infericurs qui seront nes dans un
bon endroit, pour les employera renouveJer la
vigne; etquil les laisse sur le cepen les rognant
jusqu'au premier ou au second bouton. On
pourra laisser a la vigne la liberte de s'eteiidie
par en haut dans les climats doux; au lieu qu'il
faudra la ravaler dans les terrains niaigres ou
dans Ics climats plus chauds, ainsi que dans les
terrains en pente ou sujets aux tempetes. On lais-
sera dans les terres grasses deux fouets a chaque
bras d"un cep ; mais il est d'un homme prudeiit
d'app!'ccier les forces de la vigne. Kn effet, celle
que Ton cultive dans rintention de la faire mon-
ter en haiit, etqui est feconde, ne doit pasavoir
plus de huit branches a fruit , sans compter le
courson , que Ton conservera toujours dans sa
partie inferieure. II faut couper tout ce qui seia
venu autour du pied de la vigne , a moins qu'elle
n'ait besoin d'etre renouvclee. Si le tronc d'une
vigne est ereusc, soit par ia violeiice du soleil
ou despluies, soit par desanimaux malfiisants,
on retranehe tout le bois mort, et on enduit la
plaie, qui resultc de cette operation, de raarc
d'huile et de terre, prccaution excellente pour
obvier aux accidents qui pourraient s'ensuivre.
On ote aussi Tecorce qui s'est detachee du cep, et
qui pend a terre ; ct cette attention diminue la
quantite de lie qu'aurait autrement le vin. On
ratisse la mousse partout ou il s'en trouve. Au
surplus , les plaies que Ton fera k la vigue sur soii
bois dur seront obliques et rondes. Ku retran-
ehant, ainsi que je T-ai prescrit ci-dessus, tous
les sarments qui seront nes dans un mauvais en-
droit du cep , ou ceux qui seront vieux , on cou-
servera les jeunes, ainsi que ceux qni porteront
du fruit. On coupera aussi les ergots dcs coursous
quand ils seront d€sseches , et qu'ils auront un
an , de m^me que tout ce qui se trouvera de vieux
ou de galcux sur un cep. Ou laissera quatre bras
aux vignes que Tou cultive, daus riutention de
lis maritandae radices. IIoc genere qiianliiin voliifris
nnmerum vitium transferes, sine anibigiiilate pielieii-
dendi.
XI. VineiBin piovinciis multis generibus tiunl : sed op-
tiniuni genus est, ubi vitis velut arhuscula stal liievi
erure fundala. Haec primo calamo juvatiir, donec snliile-
tur : sed altior sesquipede esse non debet ; nbi roliusta
fuerit , sola consistel. ,\liud geniis est, in quo cannis plu-
ribus circa dispositis ipsa vitis pcr cannas sarmentis liga-
tis in orbiculos llectitur se sequentes. UltimiE posilionis
vitis est , qui^e per terram piojerta discumbit. Ha; oinnes
et scrobibus pununtur, et siilcis.
XII. Hoc inense locis fiigidis aliqiiatenus et lcmpeiatis
vitium justa putalio est. Sed , iihi miillae sunt vineas , divi-
daiitHr,etparsearHm qii.ie septentrionem respiciet, verno
putetur; aliapars adversa clementioiibus plagis, recidatur
autumno. Sed in putatione seniper nitamiir, ut vilis liat
incrure robustior, ne [ve] deblli viticula; duo durameula
servemus. Auferenda sunt lata, intorta, debilia, nialis
locis nata sarmenta. Focaneus efiam, qui inter diio bia-
cliia medius, nascitur, debet abradi : qni si pingiiitiidine
6ua brachium quodcunque proximum debililaverit, illi
deciso ipse succedat. Erlt taraen opliml putatoris, inferiiis
s.irinenliim, qiiod bono loco natuni fuerit, reparandaj
vitis causa semper tueri, et ad unam vel duas gcmnias
relinquerc. ln locis la^lis et clemenlioribus altiiis viteni
licebit expandere : in exillhiis aiit a^stnosis autdeclivibus
aut procellosis, hmniliur ost liaheiida. Locis pinguibiis
singulls brachiis vitiuni hiiia llagclla (liiiiille. Sed erit sa-
pientis a?stimare vim \itis. Nam ipiie allius colitur, et
ftficundaesl, plus quam oclo palmiles babere non debct,
ita iit consei^^emus semper in inferiore partc custodeni.
Circa crus quidquid nascitur, amputandum est , si non
desideret vinea revocari. Quod si truncus vitis sole aiit
pluviis aut noxiis animalibus est cavatus, purgamusqiiid-
quid est mortnum, plagasque eas amiiica lininius et terra :
qiiod prodcrit adversuni pra>dicta. Corlex eliam recisus et
pendens a vitc tollatnr : quse res minorem fecem redilit
in vino. Muscus radatiir iibiciinque repertus. Sed plaga>,
quas in diiio vitis accipiet, obliqiia; et rolundae esse de-
bebunt. Decisis, siciit siipra dixi, male natis oninibus ct
veteribus novellos cl friictiiarios serva. Ungiies etiani cu-
stodum siccos el annotinos recide, ct omnia qiia! vctera
vel scabra reperies. Illse quae altius colunlur, ul in juj^o
I)E LAGllICULICRi:, LIV. HL
les laisser raontcr, ainsi qira celies qui sont nu
joug ou en treillcs, des qu'ellcs seront elcvces <lc
quatre pieds sur tcrre. On laissera uii fouet par
bras a une vigne maigre, et deux ii unc vigae
grasse. iNIais il fautavoir rattcntion que les ^^ar-
raents qu'on iaissera sur uu bras ne soient pas
tous sur ie raeraeeote, auqucl eas la vigne sc
dessccherait comme si clle eiit ete frappee de la
foudre. II ne faut pas laisscr de sarmeuts sur le
bois dur de la vigue, non plus qu'a sou extre-
mite supcrieure, parceque les pieraiers, sembla-
bles a des pampres inutiies, ne rapportent point
de fruifs , et que les seconds sont a eliarge au eep
par la trop grnnde quantite des Jcurs , outre qu'ils
le font inontcr trop haut. Ccst done dans le rai-
lieu du corps de la vigne qu'il faudra ehoisir les
sarments qu'on lui laissera. La plnie de la taille
ue doit jamnis etre faite auprcs d'un bouton,
mais il faut la fairc un peu au-dessus , et du cotc
oppose au bouton , a cause des plcurs qu'elle
repandra.
XIIL Culture dc la vignc niarice aux arbrcs
On coupera le premier bois que cctte vigne aura
jetc, jusqu'au second ou au troisieme bouton ;
ensuite on laissera croitre insensiblemeultous lcs
ans un peu de bois qui moutera a travers les rn-
meaux de Tnrbre, cn dirigeaut toujours un fouct
vers son sommct. Ceux qui veulent avoir unc
tres-grande qunutitc dc fruits laissent un grand
uombrc de fouets s'c'tendre a travers les ramcaux
de Tarbre, au lieu que ceux qui visent a avoir Cr:
lueilleur vin attirent les sarmcnts vers son som-
met. II faut mettre plus de sarments sur les ra-
meaux de Tarbre qui seront les plus forts , ct en
mettre raoins sur les plus faibles. Voici la facon
de tailler cette especede vigue : on coupera tous
lessarments qui aurout porte du fruit la preraiere
annce, et on iaissera subsistcr les nouveaux, en
coupant Irs tendons ct les pctites branehes inuti-
lcs dont ils seront environnes. Mais il faut nvoir
rattcntion de (Jelier et de relier chnque annee
eette espeee de vigne, pour la rafraichir. Ilfaut
ajusler les rameaux dcs arbrcs qui souticnnent
une vigne, dc fncon qu'ils ne soient pas etages en
ligne perpendieulaire. Si leterrain est grns, il faut
que rorme soit sans ramenu jus([u'ii luiil pieds
de tcrre, et jusipia sept pieds dans un tcrraiu
maigre. Dans lcs pays sujcts a la rosee et aux
brouillards, on dirigera par la taille les rameaux
de Tarbre qui soutient la vigne vers les eotes du
levant et du eouciiant, afm que ses (lancs ctant
decouverts, la vignc puisse etre exposee au.\
rayons du soleil dans toulcs ses parliis. II fnut
aussi faire cn sorte que la vigne ne soit pas trop
fournie sur rarbre. Des qu'il commcnccra a
nianquer quelques arbres,il faudra leur en subs-
tituer d'autres. Dnns lcs pays montueux , il fau-
dra tenir les rameaux dcs arbres plusbas, au
lieu qu'on lcs liendra plus hauts dans les pays
plats et bumides. 11 ne faut pas attaeher a rarbre
lcs branches a fruit de la vigneavecun osier trop
dur, de peur qu'uue pareille ligature ne les coupe
ou ne les ficisse. Ccst une attcution d"autaut plus
importnnte a avoir, que la branehe a fruit couvre
toujours de grappcs la portion d'elle-nieme qui
pcnd par delti la ligature ; nu licu qu'elle reserve
eelle qui est au-dessous de la ligaturc pour donner
dn bois Tannee suivante.
XIV. Si Ton veut formcr, a la mode des pro-
vincps, de ees espeees de vignes dont j'ai parlc,
qui se tiennent sur leurs pieds comme de peliis
arbres, on lcur laissera des bras de quatre eotes,
et on couservera sur ces bras le plus graud nora-
bre dc sarraents que la vigne puisse supporter.
Pour celles que Ton arrondit n Tnide de roscnux ,
i on les taillera de la m(?me inaniere que cellcs qui
vel pt'r;;ula, ubi quatiior peililius supra terram levalai
stcleiiiit, qualenia liracliia liabeant. Si niacra vilis crit,
(in) sinsulis biacliiis singula flagella (limittinius : si pin-
guis, bina. Seil providenduin, iie in una parle sinl sar-
meiita, qua; .servas : quod cum (it, vilis, laniqiiam si
ful^ure langatur, aiescit. neliiiqiienda siiiit sarmeiila
iieqiie circa durum neque iu summo : quia lia;c veliit
painpiiiaria ininiis afrerunt, illa vilem iiimietate fictiis
oneraiit, el longius ducuiit. Qiiare iii medio loco servanda
suiit, (quae luemur). 1'laga iioii juxla geminam , sed ali-
quanto supeiiiis liat, elaverlatur agenuna projiler laciy-
niam delluentein.
Xlll. Vilis qu.T in arhore collocnlur. Prima ejiis male-
ria ad secundam vel lertiam gemiiiain pr.pcidatiir; deiiide
omiiibus annis aliquid per ramos crescere subinde patia-
niiir , unaiii materiam senipcr ad cacumeii arlioi is dirigen-
tes. Sed cpii friictiim volunt inaximuiu, materias plures
pcr ramos submiltunt; qui viiium iiiclius, sarmenta iu
cacumen extendiinl. l-ortioiibus ramis arborum pliires
rEalcrix, debilioribiis imponendo: suiit pauciores. Piitandi
auteni ratio talisest, utet vetcra sarmenta, quihus primi
rALLAOIVE.
anni frucliis pependil, omniarecidantur, cl iiova ciicuni-
cisis capreolis et laniulis iniitilibus dimitlantur. Sed pro-
videndum esl, omnibiis annis vilein icsolvi ac relinari,
i|uia refrigeiatiir. Ita formandi suiit ranii aiboriim vitife-
rariim , ne alter sub alterius linea dirigatur : sed loco pin
giii ulmiis a lerra oclo pedibus, giacili vero seplem sine
ramo lelinquenda csl. In solo roscido cl iiebiiloso, rami
arboris vitifeia,' iii orieiilem et occi<lenlcm pulationc diri-
fi.nntiir, iit lalera vacua solis ladiis meinbra tolius vitis
ostendanl. Agendum est autem , ul vilis spissa iion sit in
arliore, el deliclenlibus primis arboribus subslituendaR
suntalia>. In loco clivoso liiimilius rami arboriim .«ervandi
sunt; in planoct nligino.so allius. l>alinitesadarlioi'em non
diiro vimine ligentiir, iie eos vinciiliim puecidat aiit atte-
rat. Ildc aiiteui noveris, qiiia palmes, qiiod extra ligatn-
rani pendens liabuerit; fruclii induet : quod iiifra ligativ
ram , niateriie sequentis aiini d«'pulabil.
XIV. Vites,quasprovinciali moreveliit arbusciilasstaro
dixi, si instituere vclis, ramos a quatiior partibus b\s
ieliiii|ues, et in eis biacliiissarmenta pro vilis possiliilitalo
scrvaliis. Viles auleni , qiia; cannis in orbein cogunlur.
5C2
PALLADillS.
sont appiiyees sur des eclialas ou sur des pieux.
Quaiit a celles qiii sont couchees a terre sans
sucuii soutieu, procede auquel il ne faut avoir
recours qu'a defaut de raieux, ou pour obeir a
quelque necessite locale, on ne leur laissera la
preraiere anneeque deux boutoas; au lieu qu'on
leur en laissera un plus yrand nombre les an-
iiees suivantes. Au reste, les vifines de cette
derniere espece doivent etre taillees de tres-
court.
XV. Columelle dit qu'il faut coramcnccr des
la premiere annee a faconner une jeune vigne
sur son seul et unique jet , et qu'il ne faut pus la
couper tout entiere au bout de la seconde an-
nee, comine celaso pratique d'ordinaire en Ita-
lie, parce que les vignes meurent quand elles
sont ainsi coupees tout entieres , ou ne produi-
seut que des sarments pcu feconds ; attendu que,
lorsque leur tronc est coupe, elles ne peuvent
plus s"elancer que d'une partie de bois dur, a la
maniere des pampres inutiles. Nouspensonsdonc
qu'il faut laisser un ou deux boutons aupres de
la commissure m^me du vieux sarment : et c'est
iiotamment la methode qu'il faut observer a
Tcgard d'une jeune vigne des qu'elle est un peu
forte, en Taidant d'ailleurs peudant son enfance
avec des roseaux ou avec de petits pieux jus-
qu'a latroisieme annee, ou elle en peut recevoir
de plus Ibrts; d'autaiit que si elle est dans un
terrain gras , on fera bien de la contraindre a
elever trois jets des ITige de quatre ans. Aussitot
aprcs la taille, on retirera des vignobles les sar-
ments qui auronteteabattus , ainsi que les ronces
et tout ce qui pourrait gener le labour.
\VL Cesl aussi le mois oii se propage la vi-
gne; mais il sera mieux de renouveler en sau-
telle les vignes vieilles et ruinces, dont le bois
dur aura pris trop d'accroissement, conime dit
Columelle, que de les cnfouir tout cntieres ; ce
qui ne manquerait pas d"attirer le blame de tout
agriculteur. Nous appelons sautelle l\ partie d'un
cepficheen terre par lesdeuxbouts, qui s'eleveen
arceau au-dessus du sol. Lorsqu'on enterretoutn
la vigne, elle s'epuise, comrae robserve Columelle,
par la multitude de racines qui sortent de toutes
les parties de lcur corps. On coupera au bout de
deux ans les sautelles sur Tarc qui est hors de
terre, sans deranger les ceps dont on les avait
abaissees, quoique, si Ton en croit les agricul-
teurs , lorsqu'on les coupe au bout de deux ans ,
elles n'ont encore pour rordinaireque de faibles
racincs, etne tardent pas a perir.
X\'I1. Ce niois est ties-propice a la greffe dans
les lieux chauds et exposesau soleil : cette operation
se fait de trois manieres, dont deux seulement
sont praticables a cette cpoque de rannee. La
troisieme se pratique seulement en ete. On peut
greffer ou sous Tecorce, ou sur le tronc , ou en
ecussoii. Voici corame on s'y prend pour grcffer
sous Tecorce :on scie le troncd'un arbre ou Tune
de ses branches , en menageant recorce, a un
endioit qui paraisse tres-lisse et qui soit saiis ci-
catrices ; apres quoi on ragree la plaie avec desi
instruraents de fer bien tranchants. Ensuite on
enfonce , a la profondeur d'environ trois doigts,
cntre Tecorce et le bois (raais avec beaucoup de
ciiconspection , de peur que la bande de Tecorce
n"eclate) une espece de coin mince, soit de fer,
soit dos , et parlieuliereraent d'os de lion ; et
apres avoir relire ce coin de reiidroit oii on Ta-
vait enfonce, on insere aussitot dans la fente
qu'il aura faite un sciou que Ton preiid la pie-
caution de taillerd'uu cote, en raenageaut noii-
seulementsa moelle, raais encore recorce dont
il est couvert du cote oppose a celui qui esttaille;
cote qui doit rester en saillie sur Tarbre a la
sic pulentur, quemadmodiim ea; quae nitunlur ndicis aut
palis. lllac vero qnoc sine adminiculis jacent, quod pio
sola indigentia faciendum est vel necessilate provincuT,
piinio anno duas gemmas, deinde plures liabebunt. Sed
liujus generis vinea strictius est putanda.
XV. Novellam vilem Columella dicit a primo anno ad
unam matcriam esse formandam , nec recidendam tolam ,
sicut Italia> consuetudo est , anno secundo expleto, quia
vel inteieant vites in tolum recisje , vel infoecnnda sar-
menla producaiit, quo! ampulato capile velut pampiiiaria
de durocoguntur exire : qnare juxta ipsam commissurain
veleris sarmenli, unam vel duas gemmas [censeiniis] re-
linquendas : quod est merilo in vilicula fortiore scivan-
dum , el sane excipicndam catainis novellain vel exiguis
palis, ut tertio anno robustiores possit accipere. Nam
quadrima novella, ubi Isctuni solum est, Ires materias
inerito nnlrire cogetur. Statim post putationem saimenta
decisa [aj vineis et rubi et impedimenium Ibssoris oinne
lollatnr.
XVI. Hoc ctiam mcnse propagand.-e sunt vites : sed
«■etuset cxesa vineaciijus duramenta longe processeruDt,
iit Columella dicit, niergis nielius reparabitiir , quam si
iiifossionetutius corporis obruatiir. Qiio<l agricolis cerlum
est displicere. iMergum dicimns, quoties velut arcus supra
terrdiii reliiiquitui , alia parte vitis infossa. Nam (ut ait
Coluniella) ciiin tota; stratiC snnt, plurimis radicibns lotius
coipoiis fatigantiir. Jlergi vero posl bienniiiin recidunlnr
ineaparte, qiia; supra est, et in loco jiislas vite.s relin-
qnunt. Sed (ut agricola! asseriinl) post bicnniiim si recidas,
pteruraque infirmas liabent radices et repeute simul pe-
reunt.
XVII. Hoc mense ealidis el apricis locis optime celebra-
tur insilio, qii^ lit tribus generibus. Sed ex his dno nunc
fieri possunt; tertiuin reservatur .T;stali. Sunt autem genera
inserendi liaec aut sub cortice, aut in trunco, aut empla-
stro. Inseremus ergo sic : Arborem vel ramum in loco, qui
nitidiis est ct sine cicalrice, serra recidemiis non V.pnn
cortice. Post ferraturani , plagain ferramentis aculis inci-
damiis. Inde quasi cuueum tenuem ferreum vel osseum,
maxime leoninum, inter corticem et lignum tribus prope
digitis consideiauter deponimus , ne corlicis fascia dissi-
petur; et in cuni locuin subducto cuneo, statim surculum
DE L'AGUICULTURE, LIV. lU.
•)C3
hnuteiir de six ou huit doigts. On met deux ou
trois greffes sur ie meme arbre , ou memc uii
plus grand nombre, suivant laqualitode rarhre,
en les separant ruiie de Tautre par un iiitervaHe
de quatre doigts ou plus ; apres quoi on les res-
serre avec du jonc , de Torme ou de i'osier, et
on les enveloppe d'un cnduit de limon recouvert
de mousse, que 1 on y applique de facon que la
greffe puissc sortir dc quatre doigts au-dessus.
11 y a des personnes qui aimcnt mieux. fendre
par lc milieu le tronc de Tarbre, qu'ilsont coupe
apres Tavoir serre bien fort avec des licns, et
enfoncer dans cette feute des scions ratisses des
deux cotes en formede coins, sans que la moelle
en soit alteree, apres y avoir introduitprealable-
ment un petit coin, alinque, lorsque ce eoin sera
retire de rnrbre , la greffe quc Tou y aura enfon-
cee puisse ctre resserree par le bois meme qui se
rapprochera a rendroit de la plnie. On emploie
ces deux facons de greffer au printemps , lorsque
la lune crolt, et que les boutons des arbres com-
meuceut a grossir. 11 faut que les branches d'ar-
bres que Ton doit employer tn greffcs soient
jcuncs, fecondes et pleines de na'uds, qu'ellcs
soient niies sur uu ramcau qui ne soit point
vieux , et coupecs sur lc cote dc 1'nrbre qui sera
expose nu levant. II faut aussi qu'elles aient un
petit doigt d'epaisseur, et qu'elles soicnt garnies
de deux ou trois cornes et d'un grand uombre de
boutons. Si Ton veut eutcr sur un pelit arbre (et
c'est incontestablement la grcffe qui prend le
niieux), on le coupera prcs de terrc, oninserera
la gveffe cntre son bois ct son ccorce, et on la
liera. II y a des personnes, qui enfoncent au mi-
lieu de Tarbre qu'elles veulent greffer, une pc-
tite branehe ratissec des deux cotes, et d'une gros-
seur proportionnce a celle de rnrbre, de facou
que recorce dc cette petite branehe ndhere e\ac-
tement a celle de l"arbre daus loute sa circonfi;-
rcnee. Au suiphis, (|uaud uu grcl'1'e uu jcunc ar-
brc, il faut labourer la tcrre a sou picil, et la ra-
niasser pour rentnsscr jusqu'a la greffe memc ,
afni de proteger cclle-ci contre le vent et la cha-
lcur. Un agricultcur trcs-attentif m'a assure quc
toutes les espcccs de greffcs prenaiciit snns dif-
liculte, lorsqu'cu les iuserant dans l'nrbre on
enfoncait en meme temps dans la plaie de In glu
nou detrempee, alin que cctte glu fit, pour aiiisi
dire, i'effet d'une espcce de collc, ct qu'ellc
amalgamat les sucs de Tun et de rautre bois.
Aous parlcrons de la greffe en ecusson dans le
mois ou on la pratique. Columelle a donne une
quatriemc facon de greffcr, que voici : il prescrit
de percer un arbrc jnsqu'a sn moelle avec une
tnriere gauloisc, dans niic direction legereincnt
oblique; on nettoic le trou, ct on y insere de vi\e
force un cep de vigne ou une branche d'arbre,
dont on nura proportionne le volume a la largcur
du trou en la ratissant; mais il faut que cetlc
branche soit pleine de seve et humide, et qu'elle
dcborde Tarbre d'un ou de deux boutons : on
recouvre ensiiite exactement d'nrgile et de
mousse rendroit oii est la grcffe. On peut se ser-
vir de cette methode pour greffer la vigne sur un
orrae. Un Espagnol m'a enseigne le nouvcau geiire
dc greffeque voici, en m'assurant qu'il en avnit
fait Tcssai sur un pecher. 11 veut que Ton perce
avcc une tariere le milieu d'uiie branche de
saule, qui soit de rcpaisseur du bras, forte, et
longue dc dcux ctil/iti ou plus, et que Ton fasse
passer pnr le trou que Ton y nura pratique un
picd de pecher, sans Tarracher de la tcrre a la-
qucllc 11 tient par scs racines , apres rnvoir de-
pouille de toutes ses branches pour ne lui laisser
que sa tige; que Ton courbe alors en formc d'arc
cetle bianche de saule pour l'enfoncer en terre
mergimvis ab una partc decisiini salva mediilla, et corticc
partis alleiiiis, iiiii supia aiborem .sex vel octo (llgilis
emineal. Duos vel lies vei |ilnies siirculos proliuuci qiia-
litalo constiliiiinus ; iiuateinis iligilis vel ainpliiis iiiter
eos spatiuni lelinquciniis; tuiicjuiico aiil nlmo aut viinine
stiinnemus, et super liituin niusco lcctum pouemus, ae
ligabinuis, ulquatuor (lij^lis siipra liiliiin pussit siiicnlns
emineie. IMerosquc delectat stiictuni primo sectac arboris
Irnnciim vinculis arctioribus in nredio (indei e , et ibi sur-
culos ex utraqne parte rasos in modum ciinei, ulint(>};ia
sit mednlla-, (lemergeie , pr.-cmisso ante cuiieolo, ipio
subducto, depositus surculusredeunteiu plagain materia,
possit adstringi. Sed boe utrumque geniis vernnm est, ct
fitcrescenlc luiia, ubi incipit gcmnia arborum turResceie.
Surculi autem , qgi inserendi sunt, sint novelli , lertiles ,
nodosi , dc novo nali , ab orienlali aiboris parte decisi ,
crassitudine digili minoris, bifurci vel trifurci, peminis
pluribus uberali. Si arboiein minoreni dcsiderabis insciere,
in qua siiie dubio meliora iucrementa provcniunt, circa
terram secato : et quod melius est, surciilos iiilcr ligiium
torticcmquc depone , lunc slriiigc Quidani rasuincx utia-
qtie parle snrculum convenientem soliditali arbnris inse-
renda^ sic iii iiiedio depouiint , iitcortcx surculi niidiipic
cortici arboris reild^iliir ivqiialis. Scd iii iKivclla aiborc
tcrra mota usqiic .'ni ipsuni iii.sihiiii iiillii.iliir; i|ii;e eaiii
res a veiito et caloiv defcndel. Milii ;isscrvit dili;;ens ai;ri-
cola omiie iiisiliiin sinedubio compiclieiidcie, si deposilis
surculis visciim iion lemperatum iii ipsa plaga pariler
mcrgainus, quiisi nlutino qiiodam suecos materinc utiius-
qiie niisturiim. Oe emplaslrationc siio mensc dicemiis.
Qiuirloiii nciiiis Columella sic leliilit. Gallica tercbra usipii.
ad nii'dull;im arborein perlorandam, plaga iiilerius leviler
incliiiata. Ibi educto omni scolie , vilem vel rainiim ad
modiini foramiuis impressi delihratuni, snccidum tamen
et liinnentcni , stricte impiimi , una aut duabus gemniis
foris relictis. Tunc argilla el musco locum diligenter ope-
riri; ita etvites iu ulmo inseri po.sse[coininissas.j llispanns
qiiidain inilii hoc genus novn; insilionis ostendil, quod
ex pcrsino se asscrebal expcrtum. Salicis rainuni hracliii
cras.siliidine, .solidum, longiim ciihilisdiiobusantampliiis,
terehrari iiissit in incdio, el phiutam persici in codcm
loco in quo consistit,, spoliataiii ramis oninlbus, solu
56 4
PALLADHIS.
par ses (Itnix exliemites, et que Ton bouehe lo
troii par leqiitl passe le pecher avec da iniion
et de la moiisse, le tout bien lie; qu'ensuite on
coupe au bout d"un an le pecher au-dessous de
la branehe de saule, des que sa tige sera sufli-
snmment rejointe en cet endroit avec le saule,
pour quc ees deux plantes n'en fassent plus
i|u'uneseule; enfin qu'on transporte le pecher, et
(pi'on cntasse assez de terre aufires de lui pour
pouvoir en recouvrir non-seulement Tarc forme
par le saule , mais encore la pointe du pcjcher
qui sort de cet arc par en haut ; et il pr^tend
((u'en eonsequence de cette opcration le pecher
donnera dcs fruits sans noyaux. Mais il ajoute
que eette sorte de greffe ne convient qu'aux ter-
rains humides ou arrossis , et qu'il faut meme ai-
der le saule par des arrosements, afm que ce
bois, qui aime natureliemeut rhuraidite , puisse
prendre assez de force pour suffire a la nutrition
d'un arbre qui est d'une nature diff(-M-ente de la
sienne, en partageant avec lui le surpertUi de son
suc vital.
XVII [. Cest dans ce mois que Ton formera
des plants d'olivicrs dans les pays temp(^r(:'S, au-
quel eas il faudra ou planter ces arbres dans des
terrains labouri^s au prti(!»»n;i , de fa(_'on qu'ils
bordent rextremite des pianches, ou leuraffee-
ter un terrain partieulier. Si on les plante dans
un terrain laboure au pnstinuni, on profitera du
moment ou la terre sera gonflc^e par le labour,
ipour y faire un trou avec un pieu, daus lequei on
les deposera sur des grains d'orge , en pieds gar-
nis de leurs racincs, apres leur avoir coupti la
tete ainsi que les bras, et avoir r(5duit leur tronc
ii la hauteur d'un cvbiiiis et un palmus. On
commeucera donc par dc-livrer ces arbres de tout
ee qui pourra s'y trouver dcpourri ou de S(5ehe,
apres quoi on leur coupera ia t(.He, qu'on recou-
vrira de limon et de mousse ; et on finira par les
resserrer avec des liens d'orme, ou avec telleau-
tre espece de ligature suffisantc pour les affermir.
Mais unedesehoses quipeuvent le pluscontribuer
a les faire profiter et grandir, c'est de marquer
avec de la sanguine les cCttes du ciel auxquels
ils etaient exposes dans le temps quMls efaieiit en
terre, afin dc les mettre sous la memeexposi-
tion. On les disposera a quinze ou vingt pieds de
distanee les uns des autres. On arrachera de
temps a autre toutes les herbes qui croitront
alentour ; et chaque fois qu'il aura p!u,on les
excitera a pousser par de tres-petites fouilles,
tres-souvent reit(?rees. On prendra aussi de temps
en temps de la terre a leurs pieds , et apres l'a-
Yoir rcmuee et brouilk^e, on fentassera aupres
de leur tronc jusqu'a une certaine hauteur. Si
Ton vcut destiner un terraiu particulier a des
plants d'oliviers, on choisira kzel effet les genres
de terre que voiei : une terre melee de gravier,
et coniposee d'une solution d'argile mi^lee de
sable; ou bien un sol qui soit d'une nature com-
paete ct humide. II faut rejeter absolument
Targile que les poliers emploient, ainsi que
les terres marcicageuses dans lesquelles feau
scjourne, le sable maigre et le gravier pur,
paree que, bien qiie rolivier y prenne, il n'y
acquiert jamais de forcc. On peut aussi les pian-
ter dans des tcrrains qui auront porte pr(5cedem-
nient des arbousiers ou des yeuses; car pour ee
qui est du cerrus et de Wesculus., lors ni('me
qirils sontabattus, ils laissentdans lateriedes
raciiies perfides, qui sont un poison pour les
olivieis. Cet arbrese plait, dans les climatsbru-
lants, sur lcs coteaux expost^s au nord; dans les
climats froids, sur eeuxquisontexpost-s au midi;
et il aime, dans les climats temperes, lesterrains
eleves. 11 ue s'aceommode ni des fonds ni des
capile loliclo per ipsum salisni manubrii foianion induci :
tuiic eundcin salicis ramuni lerra; capite iiti oqiie demerso,
iii arcus siiiiililnilMicin ricbeie ciirvaii, foiamen luto,
inusco, vinciilis strin^i : anno deimle cxemlo, ubi inlia
medjiUam s.ilicis capnt plaiilae sic cohseserit , ul uuilas
sit ex diiobiis mista corporibus, plantam subter incidi
alipie transreni, et aggerari terram, qua; aicum salicis
riiin peisici cacumiue possit operire : liiuc persici poma
.'ine ossibus nasci : sed lioc locis Immidis convenire vel
riguis, et salices aquationibus adjiivandas, ul et natiira
ligni vigoat, qu.ie delecUilnr buitiore, et superlluentoin
copiain succi gcrniinibusministietalionis.
XVUl. Hnc inen.se locis temperatis inslituemiis alivela,
quae vel pastiuis conserenda sunt, ut cxtienias circa deci-
manum tabiilas cingant, vel suum locum tenebunt. Si
pouunlur in paslino, radicata; planUe decisis capitibus el
bracbiis, el in trnncnm redactif iisque ad mensiiram cubiti
uniusct paliiii in fermcnlo terra; fos.sa^ defiganlur, locum
palo antea depiimcnle : ordei giana subloijacianlnr, et
amputetur iis qnidquid putridi invcnlum fuorit aiit aicn-
lis : et tunc (ampnlala) capila luto volcnlnr el miisco,
ulmeis vinculis vel lenacibus quibu.scunqiie conslricla.
Scd niaximum benelicium est, utpiolicial inciemento, si
riibrica parles nolenlur, quibiis obversso sleteninl, cl
conlia cas simili ratione ponanliir. Sint a se discrcta' pedi-
bus quindecim vel viginti. Ouinis subiiule circa cas lioiba
vellalur : et qiiolies se imber infuderit, brevissiinis ac
fieqiientissimis ro.ssionibiis solicitenliir, ct subimlc ducta
a tninco lorra atqiie pormista in aliquantoalliorescumulos
congcialur. Quod si olivelum sno loco lacere volueris,
luTcgenera tonarumsequeris : lerram cui mislasitglarca,
aiit cielam sabiilnnis <:onjunctioneiesolutam,autpiiigiieni
sabulonem , aul terrani naliiirc densioris el bumida'. Crcta
liguli omnino repudianda est el iiliginnsa ct in qua semper
liunior assistit , et sabulo inacer et nuda glarea : qiiani-
vis onim comprebendat tainen non convalescit. 1'otest seri
ct nbi arbntus aut ilex steterat. Kam ccrius et aesculiis
excisa ladicesiioxiasrelinquit, qnarum virusoleam neeat.
Locis apstnosis Seplenlrionali colle, frigidis, meridiano
gaudcl , modiis, clivis delectalur. Neque imnni locumneque
i)i: LAGUicuMiJni:, [.iv. iii.
escarpemeiils, ct prcfore les pclites cmincncrs,
tellcs qiie celles du paysSabin ct ile la ncliqiie.
On eonipte bien des especes d'olives, qui ontclia-
cune leur nom propre, leilcs que la pausia,
Vorchis, rolive iongue, la ser;/icn/)c , la /Jci-
niennc, la Cominienne , et d'autrcs qu'il est
inutile de nommer. L'huile que rcnd la pausia
est exeellente tant qu'ellc e.st vcrte , mais ne
tirde pas a se gater, pour peu qu'elle soit gar-
d(!e. L'olive/.(V7'rt/e/i«cdoniie d'e.\ccllcnte liuilc,
la Serfjicnne eu donne unc graude quantitc. ^Liis
11 suriira de dirc cn gcneral , dc toutes ccs cspe-
ces d'olives, que lcs plus grosses sont bonnes ;i
raauger, et que les plus petitcs sout propres a
faire de rhuile. Si Ton destine le terrain que Ton
planteen olivicrs a rapporter du blc, on mettra
ces arbres a quarante pieds les uns des autres ;
au lieu que si e'est un tcrrain maigre, la distahce
ne scra que de vingt-ciuq pieds. II vaut micu.\
quc les rangees d'oliviers soient tournces du cote
d'ou souflle le vent Faronius. Lorsqu'on les
plautera, il faudra les mcttre dans des fosses se-
ches, creusees h quatre picds de profondcur, et
avee la terre desqueiles on melcra du fiimier,
ainsi que du gravier lorsqu'on maiiqucradepicr-
res. Si le lieu cst clos, ou les entcirera de facon
qu'il n'cn sorte qu'une petite portion hors de
tcrre; mais si Ton a les iusultes du bctail a
craiudre, il faut donner au.x troucs plus dc hau-
teur. On lcs arrosera aussi dans lcs provinces
sechcs quaud il ne tomliera pas de pluie. Si la
contiee manque d'oliviers , et que Ton ne sache
d'ou en faire veuir en pieds pour les plantcr, on
en fera unc pcpiniere, c'cst-a-dire (juon fouil-
lcra iinc planche de terre de la manicrc que j'ai
douiicc i)lus luuit, pour y dcposcr, comme le
prcscrit Columelle, des brauchcs doliviers de
la longucur d"un pied et demi, coupces avec uue
scie; aprcs quoi on pourra en transferer des
ardiiimi paliliii- ; masis modicos clivos liiligil, siciil esl ref;io
Sabina \c\ B;i'lica. Baccarum geiiiis iinmciosiim est et plu-
riiiin vocabnloium , sicut Pansia, Oicliis, Radius, Seigia,
Liciuia, Cominia, et ca:lera: qnas noiniiiaie iion attinet.
I'aii.>.ia taineuolenm (|noil leJilit.dum viiideest,optimnm
est , sed cito veluslale coriniiipilur. Optiinum Licinia dat,
pluiiinum Sergia. Sed de liis hsc geneialiler pr.Tcepisse
sulliciet, niajoies bacias ciho, iiiinores oleo profuluias. Si
fruimnlarius ager est, quem conserimiis olivelo, quadra-
genis inter se pcdihns distent : si macer, viceuis (piinis.
Melins faciemns, si ordines in I"avonium diriganins. Cum
depDiientur, iii sciohes siccas constiluanliir quatcinis pi;-
diliu> fossas. Glarea etiam, ubi lapides defuerint, miscea-
liir (1 sleri ns. Si claiisus locus est, modice siipia toriam,
qu;c |ii)iniiitur, eniiiieant. Si pecora formidanliir, allidies
Inniii c.ssi' dcbebunt. In siccis vero provinciis ciiin pluvia;
dcsiiiil, rigare cdiiveniet. Si provincia iiidi,L;et olivctis, et
nnii cst iinde plunla sninalur, seminarinin l.iciciidiiin csl,
id c.^t laliiila elVns.sa, siciit snperiiis dixi, iit ibi (siciit
Coliiiiiella dicit) laiiii ,scna iiicisi iii luodiiin i~csiiiii(ieda-
picds d'arl)i'os qui scront dcvcnus forts au hout
de einq ans, ct lcs planler dans le cournut de co
mois dans lcs pa.vs froids. .Ic sais quc liicii dc!,
personncs, vu la facilitc ct rulilltc dc ccttc pra-
tiquc, sont daus Tusage dc distribucr, soit daiis
uiie pcpinicre, soit dans un plant d'oliviers, sui-
vaiit leur goiit, dcs racines dc ces sortcs d'oIi-
viers qni se trouvenl eommuncmeut dans Iis
forcls ou dans les lieiix di^scrts, npri-s lcs avoir
coup(;s dc fneon ;i uc lcur Inisser qu'un rubilus
dc longiicur. En cffct, si ou aide lcur diivcloppc-
ment eu mciant du funiicr nvec la tcrre , il arri-
vcra que ccs racines , prises sur un scul picd
d'arbre , donneront par la suite un trcs-grand
nombrc d'arbres.
XIX. On peutaussi, dans lcs tcrrnius facouncs
au pustiinim, exposcr au nord lcs cspeccs d'ar-
bies a fruitdont nous traitcrons specialcmcnt plus
tard, lcs espccesd'arbrcs ;i fruit sur lcsqucls noiis
donnerons pnr la suile dcs prcccptcs particuliers.
La tcrre (lui convient aux vignes couvieiit cga-
lemeut aux fruits. Mais ou fera pour lcs arbres
a fruit des fosscs plus graiidcs qiie pour la vi-
gue, precaution essenticlle au bois conime ;iu
fruit. Si Ton veut avoir un verger, ou Inisscra
trente pieds d'intervalle eulre les rangiics d'ar-
bres a fruit , ct on n'y mettra que dcs picds
d'arbres (|ui soieut garuis de lcurs raciues; e'est
en effct la meillcure methodc. .Mnis on prcndia
garde qu'ils ne soieut (^tctes par la main dcs pas-
santsou la dcut des bestiaux, ce (|ui lcs empcche-
rait de eroitrc. On dcstiuera a chaque espcce dai-
bre sa rangce pnrticulitirc , dc [leur que lesplus
faiblcs ne soicut opprimcs par Ics plus lorts. On
fcra aussi unc mnrquc aux picds darbrcs quc l'on
transiiortcrii, aliu (lc lcs toiuiicr du cotc du cicl
auquel ils ctniciit c.vposcs avniit d'(}trc iransplnn-
tiJs. On lcs transfcrcra toujours duu coteau scc
et raaigre dans uu tcrrain plat, gras ethumide.
lem depoiiaiitur. Iiidc post qiiinipnniiiiini p(il.'iil ^alnl.i
plaiUa liaiisreni, el Idcis frisidis lnic iuciiso planlari. Scio
pleroS(pie , qiiod faciliiis alqii" iililiiis esl , ladices olcaruni
qiia! iii sihis |ili'riiiiiqiii' siinl ,iiit in locis descrtis, in cii-
bilalcm meiisiiiam rccisas, aiit iii .scmiiiario, si placuerit,
aiit in oliveto solere di.sponcie, et adinislioiie stcrcnris
adjiivaic. Qua rc pioveniet, iit e\ uniiis arboris ladicibu?
numciosa plaiita iiascatur.
XIX. i;iiam pomiferas arbnres possnniiis in pastinis .\
SeptenUioiiali legionedisponcre, de (luibnssigillatimdice-
mns.ipia' specialiter sunt lenenda. Nam poinis eadem
conveiiit lerra ,quai vitibns. Scioliesaiitimi niajores lacics,
ul maleri.i; prosis ct fiiiclni. Si poniariiini facies, iiiler
ordines Iriccnos peilcs rcliuqiies. IMaiilasslaluesiadicalas,
ipiod esl mclius. Scd ^crMibis, nc cacumina aut nianii
liacla aiil ciiisa nini cicxaiil. rnunii|iii'ni(pie ordinein siio
gcucii dcpntabis, ne inlirma' a valciilioribiis oppriiiiaii-
tur. Plaiilas simililcr iiiitablmns, iil ip.sis qiiibiis ^lctii.iiil
cardinibiis (ippnnaniiis. I)c clivo siicn el e\ili , in pl.iiiiini ,
piii^iicin cl liiiniiiliiin liaiisrcrcmns Si Iniiuos nuiiero
PALLADIUS.
Si on veut mettre en terre des troncs darbres tout
formes, on nura soin quMlssoient eleves d'envi-
ron trois pieds au dessus du sol. Quand on metlra
deus plantes dans uue meme fosse , on prendra
garde cju'elles nese touchent; autrementles vers
les feraientmourlr.RLaislesarbres sont,ainsi que
Tobserve Columelle,de meilleur profit quand ils
\iennent d'essence, c'est-a-dire de noyau ou de
pepin, que lorsqu'on les a plantes cn pieds ou en
boutures. Quand le pays est trop sec, on les aide a
croitre en les arrosant.
XX. II faut beclier la vigne en ce temps dansles
pays chauds et dansles regions maritimes , ou
y mettre la charrue (si c'est Tusage de la province).
II faut aussi Techalasser et la lier dans les meraes
contrees avant queses bourgeonsparaissent; car
11 suffit d'un frottement ou d'une secousse pour
causer un grand dommage. On donne a prcsent
du fumier aux oliviers ainsi qu'aux autrcs arbres,
dans le teraps que la lune est dans son declia.
Un rehis de fumier suffira pour un grand arbre,
et un dcmi-vehis pour un petit. Pour mettre ce
fumier, on ecartera la terre du picd de Tarbre ,
et apres Pavoir melee de fumier, on la rappro-
chera de ses racines. U faut fouiller le pied des
arbres qui sont dans les pepiniercs , et en couper
les branches superllues, ou les petites racincs qui
seront poussees hors de terre autour de leurs
trones.
XXI. Cest le temps de cultiver les roses qu'on
fait venir de plant ou de graines, au moyen de
petites fosses ou tranchees. Mais qu'on n'aille pas
croire que la graine soit cette espcce de pollen
couleurd'or que Ton voit au cceurde la rose. La
rose doune des baies qui ressemblent a une tres-
petile poire, et qui sont remplies de graine. Ces
baies sont coramunement raures apres la ven-
dange , et Ton reconnait leur maturite a la cou-
leur et a la mollesse de leur enveloppe. Si ron
a des rosiers anciennement plantes, on les
fouillera aussi par le pied avce des sarcloirs ou
avec des doloires, et Ton coupera tont ce qui
pourra s'y rencontrer de sec. On peut aussi renou-
veler a present celles de ccs anciennes planta-
tions qui seront trop clair-semees, en attirantdcs
bianches de rosiers pour les propager. Si Ton
veut avoir des roses de Ires-bonne heure, on fera
une fouille en forrae de cercle autour des rosiers,
a deux 'palmi de distance de leurs pieds, et ou
les arrosera denx fois par jour avec de Teau
chaude. Cest encore lemoraeutde mettre en terrc
les oignons de lis, et de sarcler ceux qui y sont
deja; ce qu'il faut faire avec beaucoup de precau-
tion, afin de ne pas endommager les yeux qui se-
ront venus autour de leurs racines, ni leurs petits
caieux, lesquels serviront a former de nouveaux
plants de lis, lorsqu'on les aura separes de leur
mere pour les mettre daus de nouvelles rangees.
II faut aussi planter les pieds de violettes et les
bulbes de safian , et remuer delicatement la
terre autour des plantatious deja existantc^.
XXir. II y n des personnes qui sement dnns ce
mois-ci dix j»or/// degraine de lin Yiar jiigemm
de terre dans un sol gras, et qui eu recoltent du
lin tres-fin.
XXIII. On fera dans ce temps-ci des plants
de cannes cn creusant de tres-petites fosses , et
en enterrant dans chacune de ces fosses des ycux
de cannes, que ron eloiguera d'un demi-pied les
uns des autres. Si Ton cultive la terre dans une
province chaude et seche, on destinera a ces
plants des vallees qui soient humides ou arrost^es.
Mais si la contree est froide, on les placera a mi-
c6te, et dans des lieux ou puissent se rendre les
eaux qui s'ecouIeront des metairies. On peut
aussi jeter de la graine d'asperge entre les can-
Tfilueris, siipra terrain proiie tribus peilibus ciiKantur.
Ubi duas in una scrobe plantas depouis, cavendum est,
iie se contingaut. Nain veiinibus iijteiibuut. Sed (ut Colu-
mella dicit) feraciores sunt, qua; seminibus, lioc est ini-
cibiis siiis, quain qua; plantis ponuntiu- aut rainls. L'bi
regio siccior est, aqiiationibus adjiiventiir.
XX. Nunc locis maritimis et calidis fodiendae sunt vites :
vel .si liaec piovinciK consuetudo esl , exarandae, et in
eisdem locis palandae aut ligandre sunt vineae piiiis qiiani
gemma procedat; cujus concussione vel altritu inoiirrilur
grande dispendium. Nunc olpse cacterirqiie arbores l.vla-
men accipiunt decrescente luna. Sufliciel aiitcm majoii
arbori velies una, minori, media; ila iit subducta a ladi-
cibus terra et fimo permista levocelur. Tempoie lioc si
qiiae sunt in scmiuariis planta;, circumfodiendie sunl, et
amputandi eis lami superDui vcl radicute, quas ciica iu
superiore parte miserunt.
XXI. Hoc menso rosaria conseremus , quse sulco brevis-
simo aul scrobibiis ponenda sunt , vel virgullis , vel etiain
seinine. Semina autein rosarum non putemus medios (lo-
sculos esse aurei coloris, qu£e losa; fuerunl, scd baccas
nutriunl, quas in brevissimi piri similitudinein pleiias se-
niinibus post vindemiam reddunt maturas, quarum tainen
maliirilas ex colore fusco et mollilie poterit lestiinari.
Siqiia etiam sunt antiqiia rosaria, linc tempoie circum-
fodiunliir sarculis vel dolabris, et ariditas universa recidi-
tiir. Kunc et qua; rara sunt possunt ducta virgariiin pro-
jiagine reparari. Si rosam temperius liabere volueris,
diiobus palmis ab ea gyrum fodies , et aqiia calida bis i iga-
bis in die. Nunc et lilioium bulbos ponemus, vel lilia ante
liabita sarriemus siiinma diligentia , ne oculos circa radi-
cein nasccntes et minores bulbulOs saucicinus, qui a matre
siilitracti, atque in alios digesti oidines nova lilieta for-
inabunt. Ilem violarum plaiitae et croci bulbi serendi sunt,
vel siibliliter, si fuerant aiite, fodiendi.
XXII. Hoc mense aliquilini semenlaetosoloinjugerumx
modios spaigiint, el lina con.sequiintur exilia.
XXIII. Tempore hoc canneta poncnda sunt faclis bre-
vissimis scrobibiis, et oculis cannarum per singiilas scro-
bes obrutis , qiii semipedis spatio iiiler se disfare debebuiit.
Si calida? et .siccac proviiiciae stiidemus, vallcs humidas
vcl irrigiias opus cst dcputare cannelis; si frigida legiu
D!': L'A(iR[CUI.TURK, LIV. III.
567
nes , afiii que ccs deiix plantes vienncnt ensem-
ble . parce que rune se cultive comme rautre,
et qu"on met c^^alement le 1'eu a toulcs dcux.
Mais si Ton a d'anciennes cannaies , on lcs sar-
clcra dans ce temps-ci, apres avoir coupe tout cu
qui pourra gencr leurs racines, c'est-a-dirc, les
parties qui seront pourries, cellcs qui s'etendront
mal , et cellcs qui n"auront point d'yeux capables
de reproduire. On piquera a present des picds de
saules, et , a lcur defaut, de genet, ou de telle
aiitre plante qni lournisse des liens pour lcs vi-
f;ncs. On fera aussi des pepinieres pour lcs baies
de myrte et pour cellcs de laurier, ou bien on cul-
tivera celles qui auront ete faites precedemment.
XXIV. II faiit faire , vers les ides de fevrier,
des haies de jardins au moyen de cordes saturees
de graine d"epine, de la maniere que nousavons
indlquee en parlant des diffcrentes facons declore
les jardins. Les Grecs prescri\ent aussi de coii-
per de grosscs branchcs de ronces en petits mor-
ceaux , que Ton enterrc dans des fosses d'une
palme, que roii entretiei\t cn lcs fouillant, et
cn les arrosant tous les jours jusqu'a ce qu"elles
poussent des feuilles. On seme la laitue dans ce
mois-ci, afin dc pouvoir la transplanter au mois
d'avril. On y senie aussi, de memc que dans lc
mois de noverabre, le cardon, ie crcsson dcs jar-
dins, la coriaiidre et le pavot , ainsi que Tail ct
Toigiion de Cypre. On senie a presentla sarriette,
en rentreraclant de ciboule, dans un champgras,
et qui ne soit pas fume, mais qui soit exposc au
soleilou, cequi est ciicore mieux, voisinde lamer.
On serae aussi la ciboule dans ee mois-ci ; mais il
est conslaiit qu"il en faut semer en automiie
eorame au printcmps. Si on la seme en graiiie,
elle donncra une grosse buibe, mais elle rendra
moins de graine ; au licu que si on en plante la
bulbc, ellc n'aura, a la vcritc, qu'une bulbe inai-
gre, mais clle (loiincra beaucoup de graine. Les
oignons deinaiuicnt uuclcrrc grassc, (|ui soit bicn
remuce, arroscc et l'um(c. Oii Unir fcra dcs [ilan-
ches que Ton dcbarrasscra dc tontcs lcs hcrbcs ct
de toutes les racines. On les semera dans un jour
ealme et serein , et surtout lorsqne lc vent dii
rnidi ou de Test soufncront. Ceux qui sont seines
dans le diiclin de la lune viciinent plns petits ct
plus acres quc ceux qui le soiit quand clle croit ;
Ceux-ci auconlraire sout plus furts et ont uivyout
plus adouci. II 1'aut lcs scmer clair, ariachcr
souvent lcs mauvaises hcrbcs qni croissciit avec
eux, et les sarclcr de mi^-me souvcnt. Si Ton vcut
qu"ils aient de grosscs bulbes , il faudra arracher
toutes leurs feuilles, alin quc tout le suc nourricicr
se porte par en bas. On ctaycra lcs tiges doiit on
vcut recucillir lagraiiic lorsqu"clles comniciicc-
ronta monter. Lorsque la grainc cnsera noirc, ce
sera un signe de sa maUiritt'. II faut cu arra-
eher les tigcs garnics de leur graine avant qu'cl-
les soient tout a fait seclies, et les faire sc'cher en
cct (:'tat au solcil. Cest dans ce mois-ci qu'on se-
niera Tancth dans lcs piiysfroids. II sc fait a toulcs
sortcs de climats, mais il pr^ifcre lcs plus tem-
pcres. On Tarrosera, s'il ne pleut pas. On le se-
meraclair. II y ades per.vouiicsqui n"en couvrcnt
lias la graiue de tcrre , parce qii"ellcs imngincnt
qu'aucuu oiscau n"y touclic. Oii peut aiissi semer
ii pr^^scnt la moiitarde On S(>mcra encore dans cc
mois-ci les choux , ce qu'on peut faire au surplus
dans tout le eours de.ranncc. Ils aiment un sol
gras ct qui soit suffisamincnt labourt', ct redou-
tcnt Targile et le gravier. lls nc sc plaisent ui
(lans le sablou, ni daus lc sable, a moins ((uils n'y
trouvcnt larcssourced'uiiccautoujourscouianle.
lls s"accomraodcntde louteespece dc climats, mais
est, locis niediis instiUianliir, sed siicco villariim sulidilis.
Inter lia'c asiiarayoriim etiam semina spaigere iiossuniiis,
iit niista nascantur, qiiia et as|iaragi ailiinlur et incen-
dunliir co niorc (|uo cann». Sed si ((ua sunl anti^iiia
canneta, lioc tempore sarcicntiir, recisis qua; in ladice
purganda sunt, id est piitiibus, male porreclis, et si qua
gii;nendi oculos nun iiai)cnl. iNunc salicis ptantas el oin>
nium generum, qiia! aibusto applicandai sunt, vel gene-
sta^ , ubi deerit , obnieniiis. Ex baccis etiam mjrti et laiiri
seminaria faciemiis vel , si luerant, cxcoleinus.
XXIV. Ciria idus l'ibruarias sepes borlorum ex con-
gcsto in riinibiis spinaiiiin seminc facienda! sunt, slcut
dicliim esl , cuni de miiniinine loqucremiir borlorum. Itein
Grieci diciiut de crassa rubi virga lieii dcbere parliculas,
el palmaribus scrobibus obrui, et ipiotidie, donec Iron-
deant , fossione et rigationc nuti iri. Hoc meiise lactiica
scritur, ut possit A|)rili nieiisc transfoiri. llein cardiius
scrilur et naslurUuin ct (oiiaiidruin et papa\er, sicut
niense Noveuibri , cl aniiini ct nlpicum. Nuiic salurcia
seiitur pinRiii agro non slercoralo sed aprico, vel melius
mari proximo, et ciiiii ccpullis injsta .scminatni. IIoc
eliani mcnse cepiillas sercs : sed conslat ct vcic ct au-
tiimno cssc scminandas. Si scnicn ejiis severis, in capiit
(lescil, ct niiims reddit in scinine : si capiliibnn poiias
ipsiiin mace.scil, ct niMlluin seincn ediicil. rciiain cepa!
di'sid(^rant pingiiem, vcbeiiicnlcr subactam , ircif^iiain,
slercoiatam. Ibi areas laciciniis oinnibiis bcibis et ladice
piirgatas. Serenuis placido et screno dic, maviine .\iistro
vel Kiiro flanlibus. Si ininuente liina scranliir, tenues et
aciiores proveniunl : si crescenle, rnbusl.-c et saporis
iiiimecti; rariussunt ponendiK; runcanda! ac sarcnlandrB
sunt sitpius. Si capila voluerimus liis esse majora, folia
omnia debcmus aiiferre , [et J sic siiccus ad infeiiora co"e-
tur : (le qiiibus veio semiiia colligeiida sunt , jiivenlur
adminiculis, ubi caulcin oeporint cxcitare. Ciim niger
cidnr scminis fiieiil, prafcriint matniilaUs indicia. Vel-
lendi siiiit tlialli adbuc semisicci ciiin semine, et sic in
sole siccandi. Hoc inensc ancUiiim .seres locis frigidis.
Omiieni ca:li staliinj paUtur, sed tepidiore la'latur. Kigelur,
si sc iiiiber abslineal. SeraUir rarius. Aliqui seiiien ejiis
non obruunt, opinantes quod a niilla ave Umgatiir. Nunc
ctsinapi .screic pussiiiims. Iloceliam mense caiiles scre-
miis; qiii et loto aniio seri possunt. .Siiliim piiigue el salis
siibactuni dili;^iinl : ai^illam el glarean! tiincul : sabidiiuc
PALLADIUS.
ils prefereut les climats froids. Exposes au niidi ,
ilsrapportent pius t6t ; au nord, ils rapportent plus
tard; mais ceux qui viennent a cetle c.xpo.sition
l'eraportent sur les premiers par leur poiit ct par
la force de leur tige. Ils aiment ies plants inclines;
c'est pourquoi il faut , quand on les transplantc,
lesmettre sur i'ados dc s planches. Ilsse plaisenta
etre fumes et sarcles. Quaud ils sont clair-semes,
ils acquierent plus de force. lls cuisent plus tot, et
sans rien perdre de leur verdeur, si , au moment
oii ils n'ontencore qne trois ou quatre feuilles, on
les saupoudre de nitre broye et passe au tarais,
ce qui les fait paraitre couverts de friraas. Colu-
iTieile ditqu'il faut envelopper les racines de cette
plante d'algue marine pour lui faire conserver sa
verdeur, en les couvrant en meme tcmps de fu-
mier. II faut que les pieds de choux qu'on met en
terre soient d'une certaiue grosseiir, parce que,
quoiqu'ils prennent alors plus tnrd , ils devien-
nent plus forts. Oa les plautera, si Ton est en hi-
ver, lorsque !e jour commencera aetrc tempere;
si ron est en cte , lorsque le soleil sera pr6t a se
coucher. Ils deviendront plus gros si on les cou-
vre assidiiment de terrc. La graine de chou se
chauge en raves, quand elle est vieille. On com-
mencera, apres les ides de ce mois, a former de
iiouvelles pattes d'asperges avec la graine de cc
legume, ou a en planterd'ancieimes. II mepnrait
egalement utile et plus expeditif de jetcr dans
un terrain inculte , ou du moins pierreu.x , une
grande quantite de racines d'asperges sauvages
qui rapporterontimraedialement,attendu que ce
terrain u'aura cu preccdemmeut aucune produc-
tion a nourrir. On enhrulera les rafles toutes les
annees, afm que le fruit monte en plus grande
quantite, et qu'il soit pkis fort. Cette espece d'as-
perges est celle qui a le goiit le plus agreable.
On peutaussi seraer a pr&entla mauve. On plan-
tera aussi la mentlie en pied ou cn racines dans
un terrain qui soit humide, ou autour deseaux.
Cette plante veut ctre dans un teriain expose au
soleil , qui ne soit ni gras ni fume. On seraera
ce mois le fenouil dans uu terrain expose au soleil
et lcgercment picrreux. On sinne au comraence-
ment du printemps le panais en graine, ou on
le plante en pied, dans un terrain gras, rdsolu
en poussiere, et faconne profondcment au jMsti-
7ium. II faut qu'il soit clair-seme, pour preudre
des forces. On seme aussi a present Torigan , et
on le cultive de la meme maniere que l'ail ou la
cihoule. On semera a present le cerfeuil dans lcs
pays froids, apres les ides. Cette plante demande
un charap qui soit gras, huraide et furae. On
seme la poiree dans ce mois, quoiqu'on puisse
aussi la semer pendant tout le courant de Tete.
Elle aime un champ qui soit ameubli, humide et
gras. II faut la transplanter quand elle aura qua-
tre ou cinq feuillcs , en eaduisant scs racines de
fumier nouveau. Elle aime a etre frequcmment
bechee, et saturee de fumier. II faut semcr le poi-
reau dans ce mois. Si Ton vcut qu'il soit bon
a etre coupi' a differentes reprises , on pourra le
couper deux moisapres qu'ilaiiraetesemc, cn le
laissantsursaplanche; quoique Columellcnssure
quc celui mcme qu'on voudra couper a differen-
tes reprises durera plus lougtcmps et sera mcil-
leur, lorsqa'on le transplantera ct qu'on Taide-
ra a croitre avec de Teau et du fumiir, toi tes les
fois qu'on le coupera. Si Ton veut au coiilraire
qu'il se forme en hulhe, il faudra letransplaiiter
en octohre , quand il aura cte semc au priii-
temps. II fnut le semer dans un terrain gras , et
surtout cn plaine, sur une plauche plate, facon-
nee profondcment au pastinum, et qui ait ete
et arenis noii (loletlanlur, nisi pcrennis nnda siiccnnat.
Onnif-Mi ca-li slatmn canlis [jalltnr, frigidnm niagis. Conlia
aiislnini posilicilius ferunl; contra septcntrionem , serius.
Scil liic Pt sapore caulis vincit el robore. Clivis delcctalnr,
ct ideo poneiitlre sunt plant» per pulvinos arearum- Gau-
ilet stercore et sarculatione. Karius posilus convalescit.
Celerins coqnitur virore servato, si, (luin est trinni vel
(|naluor foliornni nilruni trituni cribello desuper spargas,
iit specieni pruina; canentis imitelur. Columella dicit
plantarum radices alga marina involvendas servandEe viri-
dilalis causa, limo simul adhKrente. Ponenda; suiit planta;
r.iajoris iucremenli, quia licet serius compreliendant,
lanieu fortiores fient Si Iiiems est, tepido jam die; si
aslas, cnm sol in vesperaui declinatur, planla pangenda
csl. Vaslior iiet, si terra operiatur assiduo. Semen brassica;
vilustuin mutatur in rapa. Hoc mense post idus spongias
asparagorum vel novas formare incipiemus ex semine,
vcl anliquas ponemns. Milii etiam illud ulile videtnr ac
(tiligens, ut asparagi agrestis radices plnrimas in uinim
locum congeranius incultum, vel certe saxosum , qiia;
.^talim frnctum iWni ex loco, qui aliud nil alebat, et
Sias annis oninilius incendamus iii scopis , ut fructus fie-
quentior snrgal et forlior. Hoc autem genns est sapore
jucundius. Nunc etiam malva seri polest. Menlam quoque
sere plantis vel radicibus loco liuniido vel circa aqiias.
Apricum solum nec pingue nec stercoratiim desiderat. Hoe
mense fceniculum seres loco aprico el modice saxoso.
(Seritur primo vere) pastinaca et semine ponetur et
planlis loco pingui , soluto , altius pastinato : raram statiies,
ul robur aecipiat. Cunela etiam nunc .seritur, et colitur eo
niore qno allium vel cepulla. Niinc caerefolium locis fiigi-
dis post idus seratur : desiderat agrnm Uctum, humidum,
stercoratnm. Hoc mense betam seremiis, quamvis possit
et tota .Tstate seminari. Amat agrum putrem, humidum,
I.Ttiim. Transferenda cst quatuor aut quinque soliorum,
radicibns finin rcccnli oblilis. Amat freqiienter effodi , et
multo stercoro salurari. Hoc mense porrus seiendns :
quem si sectilcin velis, postdnos inenses, quam .satusest,
poteris desecare manentem in areis suis : quamvis asserat
Coluniellaetiam sectivum diulius duratuium, meliorem-
que, si transferatnr; et quoties secabitur, aquajuvetiir ct
stercore. Si capilatum facerc velis, qiiod vcre severis,
Octobri mense transferre debebis. Serendus est loco Ireto
et maxime campcstri, area plana, pastinala altc, et diu
ni': L'AGr,icui;ruuK, i.iv. iii.
beclii'c et fumcc dcpuis loiintcraps. Si lon veut
qu'il soit bonaetre coiipe adifferentes reprises,
on le semera (Iru ; au lieu que si ron veut qu"il se
forme en bulbe, on le semera plus clair. II faut
lui faire sentir souvent le sareioir, et le purger
des raauvaises herbes. Lorsqu'il aiira un doigt
d'epaisseiir, on le trnnsplautera, en coupaut prea-
lablement ses feuilles par le milieu , et eu tron-
quant ses racines ; apres quoi on renduira de fu-
mier liquidc, cton le mcttra en terre, en lespa-
cant dcquatre ou cinqdolgts. Lorsqu'ilaura pris
racine, il faudra le saisir legerement avecle sar-
eloir pour le soulever de terre, atinqu'etant com-
me suspendu, il se trouve contraint de remplir,
par la grosseur dc sa bulbe , le vide qui sera
sous lui. Si Tou met en terre plusieurs grainesde
poireaux joiutes enscmble , il en naitra un seul
poireau, qui scra tres-gros. On dit aussi que si,
avant de le planter, on inseredans sa bulbe de la
graine de raves sans se scrvir d'un instrument de
fer pour Vy faire entrer, 11 grossira beaucoup.
II sera encore mieux de repeter souvent cettc ope-
ration. On seme raunce dans ce mois-ci, qui est
celui dans lequel on forme des plants de cannes.
On en niet les yeux en terre, comme on y mct
ceux des roseaux ; et 11 faut couper ces yeux, et
les couvrlr legerement de terre, eu les arrangeant
sur des plancbes dressees au cordeau dans un
terrain bechc et bien remue, oii on les espaccra
tle trois pieds. On mettra, ce mois, en terre
les bulbes dcs feves d'Egypte. Elles aiment un
lieu qui soit bumide , gras et tres-arrose. Elles se
plaisent aux environs des fontaines et des ruis-
seaux , et la qualitc du sol leur iraporte tres-peu,
pourvu qu'on les entretieune d'eau , sans lcs en
laisserjamaismanquer. Ellessontprcsquetoujours
en etat de donner des feuilles quand on les abrite
contre le froid . en les couvrant comme on cou-
vre les plants dc citjonniers. On seme daus ce
mols-ci le cumin et rauisdans une terre bien la-
bouree, dans hupielle on aura mcle du fumier.
II faut delivrcr assidument ces plantes des mau-
vaises herbes, ([uaud ellcs sont semtics.
XXV. Ou mettra lcs pieds de poiriers cn terre
au mois de fevricr dans lcs pays frojds. ct au
mois de novembre dans les pays cliauds : raais il
faut semer les pcpins au raois de novembre dans
les pays temp^^M-iis, afin quils y trouvent la res-
source d'un sol arrose. Cest le moycn que ees ar-
bresdonnentbeaucoupdefleurs, et quc leurfruit
devienne tres-gros. Quoique les poiriers se plai-
scnt dans un terraia pareil k celul que nous avons
dit convenir aux vignobles, un terrain gras aura
cependant cet avantage , qu'il donnera des ar-
bres forts,etqui rapporteront beaucoup defruits.
On croit que les poires pierreuses perdent ce de-
faut quand elles sont semees dans destcrres mol-
les. II est vrai que lorsqu'on plante le poirier cn
pied, il tardecommuucment a venir. .Mais nean-
raoins ceux qui pri-fcreront cette niethode a
d'autres, par la raison qu'un plant dont la qua-
litci sera cxcellente ne se trouvera par la melangt;
d'aucune Sprete sauvage, auront soin de diposcr
dans de grandes fosscs, comme on le prati(|ue a
Tegard des olivicrs, du plant de deux ou trois ans,
garni deses racines, en lui laissant troisou qua-
tre doigts d^eh^vation sur terre, apres Tavoir
ctetc, et avoir recouvcrt la plaie de moussera(."iee
d'argile. Si on seme des pcpins de poires, ils
viendront sans doute. Le germe en eprouvc tftt
ou tard Taction feeondante de la nature, patiente
parcequ'clleest t'ternclle. ilais longueurde teraps
s'accommodc mal avec la brievete de la vie hu-
maine, ct dans ce eas la produetion degenere, ou-
tre qu"elle est retardee. II vautdonc mieuxilan-
I ter au mois dc novcmbre dcs picds de poirieis
siibacla et stercorata. Si sectivum vclis , spissius. Si ca-
pilatum , rarius scics. Sarculo rie(|ueiilaiKliis est, el licrbis
liberandiis. Cuin digiti crassiludinem liahncrit, a media
parle iiriecisi.-, liiliis et truncatis radicibiis Iransferaliir :
oblitus liino liiiiiido qiiateriils vel quinis digitis separeliir.
Cum radiccs agil , modice coinpi eliendendus et allevandiis
est sarculo,ut suspensus a tcna, quod spalii vaciinm
.siibter iiivcneiil , capitis vaslitalc co^atur iinplcie. Ilcin
pluia semina in iiniim li^ata si dcposiieiis , ;:;raudis pornis
iiascelur ex omiiibiis. Itcm si capili ejus rapse semcii iin-
niiltas sine feno ct pan?as, mullum ferlur iiicres<«ie :
nielius si fiequenler lioc facias. Hoc mcnse iniila seiitni",
quo canuiUa ponuntiir. Scritiir oculis sicut ailanii, quus
absciiidere el tena leviler dcbemiis obrucre , tcrra fossa
et subacta , excitatis ad liiieam pulvinis , quibus cjus ocu-
los oporlct iiifodeie. Triiiin pedum inter se spatio separan-
tur. Hoc meiise colocasin: bulbos poiiemus. .Aniant liiimi-
dum lociiin, pingucm, maximc irriguum. Circa fontes
Iffitantur el ri"vos, nec dc soli qiialitatc curant, si perpetiio
foNcaiilur liiimoie. Frondcie piopc sempcr possiint, si
taiiquam cilrcta leguinentis tlcfciidanlur a filgurc. lloc
mense cyminnm et anisum seiitur loco hene siibaclo, cl
cui la!t;uncn adinisceas. Quod salum est, lieibis purgelur
assidue.
XXV. Plantas piroriim mensc Fcbniario locis fiigidis
poiieniiis ; calidis vcro Novembri ; sed mense Novenibri
piraloiis tcpidiscousercndasunt.utsolojiivcntur ini^iio.
Itacl lliiicin plMriiniiin profcrent, ef nKi;;iiil(iiliiiiMn |ioini
liirpMilisaiqiiircnt. >asci tamen tali .solo iiKi\imcilili;;uiit,
qiKile vinctis diximiis convenire : sed Ircto solo ct validas
aibores ct fnictns pliirimos consequemur. Lapidosi gencris
pira vilinin mutare cieduntur, si tcrris mollibus conscran-
tur. Scd piium plantis serere prope tardiis cvenliis cst :
taincn ipiibiis lioc placiiit, iit semiiia gcnerosa niliil sibi de
agrcsti asperitatc permisceanl, planlas binias aiit trimas
co iiiore qiio olex pununtur, radicatas magnis scrobibiis
poiiant, supra terram tribus altas vel quatuor pedibus ,
(|uai uni decisa cacumina argilla mist^i miiscus dcbet npe-
rire. Nain si qiiis pii oriim semen aspcrgat , nasci qiiidiMii
iicccssc cst, originem siiani rcfovente natiira , cujus «'tcr-
nilati iiiilla laidilas potest alfcrrc ra^tidinm : sctl bi mini
Iioc CNiicctarc longiiiquum cst , ciim et scro vcninnt, ct
PALLADIUS.
sauvages garnis de leurs racines dans des fosses
l)it'n iabourees, et les greffer ensuite quand ilsy
auroiit pris. Ceux qui seront venus de plants dif-
fererontdeeeux qui auront ete greffes sur d'au-
tres arbres, en ce quc lefruit des premiers con-
servera a la vcritc sa douceur et sa niollcsse,
mais ne sera pas de garde, au lieu que cclui des
nutrcs se gardera tres-longteinps. Oa laissera
trente pieds d'intervalle entre ces arbres. Si Ton
veut qu'ils profitent, il faut les eultiver cn ies
arrosant souvent, et en bwhant continuellemeot
la lcrre a leur picd. Ces fouilics leur sont en
eflet si avantageuses , que si on les en aide dans
le temps meme ou ils ont coutume d'etre en fleur,
on croit qu'ils ne perdront pas une seulc des
lleurs qu'ils auront montrees. II y a aussi beau-
coup de profit a leiir donner, au bout d'un an, de
quelque espece de fumier que ce puisse ctre. On
pretend ncannioins que la fiente de boeuf leur
fera pioduire dcs fruitsabondants, et qui seront
tres-gros. 11 y a des personnes qui y melent de la
cendre , dans Tidee ou elles sont qu'elle donnera
au fruit un goiit plus fin. Je crois qu'il est inutile
de detaillertuutcs les differentes sortes de poi-
res, puisqu'il n'y a aucune diflercnce entre elles
toutcs quant a leur plantation et a leiir culture.
Lorsqu'un poiricr cst langiiissar.t, il fnutou per-
cer sa racine avec une tariei-e aprcs Tavoir de-
cliaussee, et y cnfonccr un pieu de bois, ou in-
troduire dans son tronc , apres Tavoir egalement
perce avec une tariere , un coin de bois gom-
meux de pin, ou un coin de chene a difaut de
pin. On tue lcs vers qui s'attachent a cet arbre ,
et 011 empeche qu'il u'en revienne dc nouveaux,
cii versant souvent sur ses raciiies du liel de tau-
reau. On rempcche de menie de hinmiir (piii.iid il
cst cn lleurs, eii repaiidant pendant trois jours
sur scs racines de la lie de vienx vin. Quand les
poircs sont pierrcuscs , on retire de dessous Tar-
bre qui lcs doniie In terre sur laquelle est cou-
chee rextremite de ses racines, ainsi que toutes
lespetitespierres qui peuvents'y trouver, et ron
y substitue d'autre tcrre passee au crible. Mais
ce remede ne produit son effet qu'au cas oii Ton ne
cesse pas d'arroser rarbre. On greffe le poirier
aux inois de fevrier et de mars , sous son cc6rce
et sur son Irone , conformement a ia methode que
nous avons donnee cn parlant de la greffe. On le
greffe sur le poirier sauvage et sur le pommier.
II y a despersonnes qui le greffent sur amandier
et sur prunier sauvage. Virgile veut qu'on le
greffe sur le figuier sauvage, sur le Irene et sur
le coignassier. D'autres veulent qu'on le greffe
sur le grenadier, mais il faut alors le greffer en
fente. Lorsqu'on le greffera avant le solstice, on
emploiera une greffe qui aitun an, ct avant de
rinscrer dans Tarbre , on la dcpouillera de ses
feuilles et de tout le bois tendre qui en fera par-
tie ; au lieu que si on le greffe apres le solstice ,
on insereradans Tarbrela partie delagreffe sur
laquelle seravenu le dernier de scs boutons. Le
poirier segreffe de toute maniere. 11 faut confiie
les poires dans un jour calme ctqunnd la lunc est
dans son dcclin ,dcpuis son vingt-deuxieme jour
jusqu'a son vingt-huitieme. Oii renferrne encore
ces fruits dans un vase enduit interieurementde
poix , aprcs les avoir cueillis a la main dans un
temps ou ils etaient sccs, depuis la seconde heure
dujourjusqu'alaeinquieme,oudepuislaseptieme
jusqu'a la dixieine , cn scparant avec soin ceux
qui serontsains, prcsque durs et un peu verts, de
ceux qui seiont tombcsd'eux-memes. Ensuiteon
met un couvcrcle sur ce vase, et on Tentcrre, la
guculc renversee par en bas, dans nne petite
l'ossc creusee dans un lieu arrose par quelque eaii
de source. De mcme, aprcs avoir entassedes poi-
(le geiieris iiohililale dccedant. Meliiis eigo lioc nicnse
Kovcniliri liet, iit pironmi ptanlas radicatas .seianius
agiestimn subaclisbenesciobilJus , ut,cinn pielienderiiit,
iuserantur. Hoc anteniinteiesl , r|uod qu.T iilaiilis siiisse-
runlnr, didcedineinactenciilatem servant, diu tamen ser-
\ata non durant : insita veio moram lemporis sustiiiebnnt.
Spalia inter piros Iriginla pedum niensiiia disccrnal. Ge-
nus lioc arburis iit prnliciat frcquenli liumore et assiduis
fossionibus est cotcndum , iisciuc adeo , nt teniporc , quo
florere consuevit, niliil iierdiluia credalur de llore pio-
lato, si eani tuuc fossor adjuverit. Mullum prosicis, si
inteijecto aniio qiiale libet Isctainen adjungas : sed bubii-
lum spissa el gravia pomagenerare (ertiir. Aliqiii cinerem
niiscent, crodcnlcs liinc coulrahi pomis argutos sapores.
Generuni Mirietatcs exseqiii siipcrvacuum piifo, cuni in
ponendis vel excolendis niilla sit distantia. Si languida
arbor est piri, vel ablaqueatae radicem terebras, et ibi
ligiiciim paluni deprimis , vcl iii trtinco simililer terebralo
ex leda ciiiicum ligis, vel, si liu-c desil, ex queicn. Ver-
mes cjus aiboris et nati necanlur et nasci pioliibenlur,
radicilius lcllelaurino lieqiienlci infiisis. Itein fa.'ces vini
veteris tecenles.si radicibus aflundantur per Iriduiim,
diiilius [arbores] in tloribus laborare non facinnt. Si lapi-
dosa pirus est, ab estrcmisradicibus terram priorem leva-
bis , et secernes (inines lapillos; quibus diligenter remotis
allcram teiram ciiliro crctain in loco cjus infiindes. Sed
boc proderit, si ligaie iiou cesses, iMcnse l'"ebruario ct
^larlio pirus inserilur niore, quo diclum est, cuin dc iusi-
tione loqueremur, sub corlice el in triinco. Inseiilur autein
piro agresti, nialo, iit nonnulliamjgdalo et S[iiiio; ul Vir-
gilius, orno et fraxino etcydonio; ut aliqui , et Piinico,
scd flsso iigno. Surculuspiii, quiinseritur ante solstitium,
auiiiculus esse deliet , ct prius quam ligatur, foliis et oiiini
tenci a parte privai i : post solstiliuni vero eiim ligis , qiii
suminiiin gerinen incliisit. Pirus omni geneie inseritiir.
Condieuda sunl pira [ita] die placido deciescente luna a
vigesima secunda HS(|ue in oclavam. liadein ponia sicca
et inanii lcctaab boia secunda in quintain vel a .septiina
in decimain, a cadiicis diligenter electa integra et piope
diira , et aliquanlo viridia in picato vase clanduntur, qiiud
operculo tegitur, et deorsuin os ejus inilinalur, atqiie[ brevi
scrobe ] obruilur iu eo loco , circa qucm pei eiiuis aijiia de-
DE LAGRICULTURE, LIV. IIL
resi cliairct apeaudurcs, on les enferme, lors-
qu'ellesconimcncentas'anf)ol!ir, dans un vase de
terre bien cuit, et bien enduit de poix au dedans
et de fiypse au dehors, sur lequei on raet un
eouvcrcle; apresquoi on l"enfonce dans une pc-
tite fosse creusce daus un lieu oii le soleil donne
tous les jours. Bicn des personnes ont conserve
des poircs enscveliesdans de la paille ou dansdu
ble. D"autrcs les a}'ant renfermces, aussitot
apres ies avoir cueillies avcc leurs queues, dans
des cruches enduites de poix , bouchees avec la
raeme matiere ou avec du gypse, les ont ex-
posees au plcin air, en les couvrant de sable.
D'autres ont conservc des poires dans du micl ,
cn evitant tont eontact cntrecllcs. On fait aussi
seeher ausoleil dcs poires coupccs par morccaux,
et purgees de leurs pcpins. II y a des personnes
qui ecument de Teau salee lorsqu'elle commence
a bouillonner au feu , et qui plongent cnsuite
dans ccttc eau, quand elle est rcfroidie, les poi-
res qu'clles ont inteiition de conserver; aprcs
quoi elles ks retircnt de Teau au bout de quel-
que temps , ct les renfcrment dans une cruche
dont clles bouchent rorifice. Ou bien elles les
laissent pendaiit un jour et une nuit dans de Teau
salce ; apics quoi clles les meltent tremper peij-
dant dcux jours dans de Teau pure, et les gar-
dent ensuite plougces dans du vin cuit jusqu"a
diminution dcs deux tiers , ou dans du vin fait
de-raisin seche au soleil, ou dans du vin doux.
On faitdu poire en pilant le fruit rcnferme dans
un sac a maillcs tres-largcs, ct en le pressurant a
raided'un poids dont on le charge, ou sous larbre
du pressoir. Cette boisson se conservedurant tout
Thiver, mais elle saigrit au commencement de
Tete. Manierc de faire du vinaigre de poires. On
laisse en un tas pendant trois jours des poires
sauvages, ou d'un acabit Acre, qui soient mures;
apres quoi on lcs rcnferme dans un petil vase
rempli d'eau de fontaineou d'cau de pluie, qu"on
laisse couvert peudant trcnle jours. On y remet-
tra au fur et a mesure autant d'cau (lue Ton eu
tirera dc vinaigre par la suite pour son usage ,
alin (ie suppleer au ^('chet de cette liqueur. Ma-
nicre de faire lc poire rafraichissant. On foulc
dcs poires saines ct tres-murcs avec du sel; et
lors(|ue la chair cii est ivduite en bouillie, on la
renferme dans de petites barriques ou dans de
petits vases de terre enduits de poix. Au bout de
trois raois on suspend cettc pr(!paration, pour lui
faire rendrc une liqueurqui est, a la vcritc,d'un
gout agi^-able, niais dont la conleur est blancha-
tre. Cest pour(|uoi il seiahon, pour parer a cet
inconvt-nieut , de nu-lcr avcc lcs poiris un peu
de vin foncc cn eouleur, dans le tcmps qu'on les
salera. On planteradespommicrsaux mois de l'e-
vrier et de mars, et si le pays cst chaud ct sec,
auxnioisd'octobrcetdenovembre.Cesarbicssoiit
de plusicurs especesqu"il estinutilede dt'taillcr.
lls aimentunsol graset fertile, et qui soit fourni
d'cau , plut6t n(!'aumoins par la nature elle-nuMiie
que par le secoursdcs arroscments; quoique, s"ils
sont plantds dans du sable ou dans de rargile,
il faudra avoir recours a rirrigatiou artilicielle.
II faut les exposer au midi dans les pays mon-
tucux. Ils viennentfortbiendanslespays froids,
pourvu qu"il n'y ait pas d'apret(3 dans Tair. Jls
nercfusentnonplusles lieux inculteset humides.
Dans un tcrrain maigre et scc, leurs IVults sont
sujets a etre attaqucs de vers ct a tombcr. On les
plante de toutes fa(^ons, comrne les poiriers. lls
ne demandent ni a (^tre laboures, ni a etre he-
ches; c'est pourquoi les pres leur convicnnent
plus que tout autrc terrain. Le crottin de brehis,
ou seul ou midt; avcc de la ceiidre, est le seul en-
graisdont ils s'accommodent, (juoiqu^ils puissent
ciii ril. Iteni qiiae dnia siint in caine et ciile prius in accrvo
posita, iihi se molliiT. c(rpciiiit, in vas liclile liene coctiini
picaUiniqiie poniiiilin', el operciilo siipervenieiile yypsiin-
tur. Vas brevi scioljc ileniergitur in co loco , (pii <piotiilie
sole tangalur. Pluiimi pira olirula inler palcas aiit frn-
menla servarunt. Alii stalini lectacum lenacitnis suis pi-
calis nrceis condideriint , et oiibiis vasculornm yjpso vel
pice clausis ipsa sul) divo nbriita sahulone texerunl. .Mii
pira,<|ua! se non conlingerent, in melle .servarunl. Item
mcoin <>t piirgata si^inis in sole siccantur. .^Ii<pjimi
aquam salsani , riim r<rperit iindare cali^facta, despuiiia<it ,
et ei posl jain fri{;iila' pira servaiida denii'rgunt. Tuiic
exemla post teinpuse\iguiiin condunt nrreo, ct ejiis oie
lilo conservant : vel iiocte et dle iii fri^ida salsa nianere
patiunliir : post in aqiia piiia bidiio niaccrant, dciiide in
sapa vel passo vel diilci vino niersa custodinnt. Viiiuin <le
piris lit , si contiisa et sacco rarissimo condita ponderibiis
conipi imaiitiir aut prclo. Hiemc diirat, sed priina acescit
tpstatfi. Acetum sic fit de piris -. Pira silvestria vel asperi
Keneris matiirain ciiinulo resnivantiir pertridiiiiin Deinile
iniUuiitur iii va-.ciilo, <'ui tonlana aut pluvi.ilis aqua im-
scetiir, et opcrliiin vas per lrif;iiita dies relinquitur, ac
.subiiide <)iiaiilum sulilatiim rueiit aceli ad iisum , tanliiin
i'e<ldilur aqiiic ad re|iaialiiiii<'m. I.iipiaiii<'ii <le pii is casti-
iiioiiiale sic liet : Pira iiialiii'i.-.siiiia <:iiim sale C'al<'iinliir iiilo
pa. t'l)i cjriies eoriini fiKTiiil i<'siiliila' , \i'l in f iipi'llis vel
in vaseiilis ('iililibiis piiiilis loiHliiiiitiir. Pusl iii<'ii^i'iii hr-
tiiiiii , siis|peiisii' la' caiiies lii|Uorcin diiiijlliint s.ipuris jii-
ciinili , s<'<l (iiloiis albiibili. Contia lioc illu<l piiMliTJt , ut
ti'iiipoie, quo saliunlur, proaliqua parle vina nif^ella per-
miseeas. Meiise I'"ebniario et Maitio locis frigidis mala se-
laiiiiis : si calida et sicca regio est , Oclobri et JVoveinbi i.
Eoruin pliira siint j-enera , qua; numcrare superniiuin esl.
Ainaiil pinRiie ac lii:tuin solum , et c.ui liiiinorem noii lam
risatio ipiam natura snppedilet. Et si [ in ] aiena vel ar-
gilla sit, riKalionibus adjuvetur. Montanis locis debeiil a<l
ineridiein veisa conslilui. Et frigido solo proveniiiiil, si
ca'Ii tepor adjuvcril : nec in a.sperisct bumectis .scdcni re-
ciisanl. Macruin et aridiini soliim poma vcrmiculosa efli-
cil el cadiica. .Seriinlur onini senere, sicut piri : uei|ue
exarari neqiie eflbdi desideraut. Idciico eis magis piata
(onveiiiiiiit. Slircus ( ovilliiin tanluin ) non exigunt qui-
PALLADIUS.
s'en passcr. lls aimeiit a 6tre arroses modere-
meut. La tuiUe leurcst bonue, et priucipalement
a l'effet tVeu retranciicr les branches seclies, ou
celles qui sout uees daus une mauvaise place sur
Tarbre. Ils vieillissent de bonne heure, etdegene-
rent dans Itur vieillesse. Quand leur fruit estsujet
i\ tomber, on iutroduit une pierre daus la racine
([ue Ton fend a cct effet , et cette precaution le
retient sur Tarbre. On les prcserve de la pourri-
ture en eaduisant leur cime de fiel de lezard
vert. On fait mourir les vers qui s'y attacheut,
avec de la fiente de poie mtMce d'urine humaine,
ou avec du fiel de hoeuf. Quand il y en aurait
une multilude iraraense autour de rarbre, on est
sur qu'il n"en reviendia point de nouveaux
une fois qu'on les aura ratisses avec un bistouri
decuivre, pourvu qu'on enduise de fiente de
boeuf rendroit dou on les auia fait toniber. Si les
branchessont cliai'i!,ees d'une trop grande quau-
tite de fruits, il fuut en arracher les plus mau-
vaispar-ci par-la, afin que laseve derarbresuf-
fise a la nutriliou des autrcs, et cessede s'epui-
ser pour un lu\e sterile. Le pommier peut etre
greffe sur toutes lcs memes especes d'aibres que
le poirier. On le greffe aux mois de fevrier et de
inars,aiiisi qifauvautresmoisauxquels on greffe
le poirier, tant sur ie pommier quesur le poirier,
sur le prunier sauvage, sur le prunier, sur le cor-
mier, sur le pecher, sur le platane,sur le peuplier
et sur le saule. II faudra choisir avec attcntion
les pommes que fon voudragarder, et les dispo-
serpar tassepares, dansdes lieux ohscurs et oii
fair ne penetre point, avec de la paille etendue
suruneclaie. On en multiplieia les tasde faeon
que chacun d'eux ne soitpas-trop foft. II y a dcs
persounes qui ont donne des inethodes differen-
tes pour les garder. Ces methodes consistent ou
a les euferraer dans de petits vasesde terre pois-
ses et bouches, ou a les envelopper d'argile, ou
a en enduire simplement leurs qucucs, ou k les
arrangersur des planches, en lesy etendant sur
de la paille , et jetant d'autre paille par-dessus.
On peut, sans se donner aucuu soin, conserver
pendanttoute 1'annee les pommes rondes quefon
appelle orbiculala. II y a des personnes qui ren-
fermeutdes porames dans des vases de tcrre en-
duits de poix et ferines herraetiquement, qu'ils
plongent ensuite daus un puits ou dans une ci-
terne. D'autres, apres avoir eueilli des pommes
saines, et en avoir plonge la queue daus de la
poix bouillante, les rangent sur des plancliers,
oii ils les etendent snr des feuilles de noyer. La
plupart jettent entre les pommes de la sciure de
peuplierou de sapiu. II est constant qu'il faut les
poserde facon que leur qucue soit renversee , et
n'y pas toucher avant le teraps ou elles nous pa-
raitront nccessaiies pour notre usage. On fuit du
cidre ainsi que du viuaigre avec les pommcs, de
la maniere que j'ai donnee ei-dessus en parlant
des poires. Les auteurs varieut pour la plupart
par rapportautempsauquel ils pretendeutqu'on
doit planter les coguassiers ; quaiit a moi , j'ai
reraarque, d'apres 1'experience que j'eu ai faite,
que des cognassiers, plantes avec leurs racines
en Italie, dans les environs deRome, au mois
de fevrierou au commeucemeutdemars, dans uu
terraiu fnconne au pastiniim , avaient si heu-
reusement pris, que souvent ils avaient rap-
porte des fruits des la seconde annee. Quaiid ils
avaient ete plantes deja grauds. On les plantera
dans les pays sees ct chauds a la fiu d'octobre ou
au commencementde no\embrc. Ia's cognassiers
airaent les terrains froids et liumides. S'ils sont
plantcsdans un terrain cbaud, il faut lcs aider a
venirpar des arrosements. Ils supportent nean-
moins la temperature intermediaire, ct ne vien-
(lem , seJ libciitei- assiimimt, vel si cineris piilveies ml-
sceaiilin'. Amunlmoilestasrigalloiies. 1'iilalioillis apta esl,
sed niaxiiiie ul arida aut male nata tollantur. Cilius sene-
scit lia;c aibor, et in senectute (lcgcneiat. Si caduca sunt
poma, fissiB radici lapis iiijeclus poma retinebit. Lacerlae
viiidis lelle si tangautur cacumina, noii piitrescit. Ver-
iiies ejiis suillo stercore misto liiiiiian;v nrin.ne aiit felle
biibiilo exlinguuiitur : qni si pliires cina aihoieiii sunt,
;i'ri'o scalpro semel rasi iion uitia iiasceiiliir, si ea loca,
iiikIc ra^i .siiiit, liiibiiliim steicus ubJucat. Si spissa poma
laiiios oiirraliuut, iiiterlcgeiida siint (piiwpie vitiosa, ut
aliiiieiitum cicteiis siiccus .ecpiiparet , et gcuerosis abnu-
danliam ministret , ipiani nuiiierosa \ ilil.ilc nenlebal. Ma-
bisoiiiuigeneii inseri potest, (pio piiiis. Mciise tebruario ,
Martio et aliis, qnibus pirus, in.scrilur in inalo, in piro,
iu spiiio, pruno, sorbo, persico, platano, popiilo, salice. Dili-
geuter legenda sunt niala, qu;e volnmus cnstodire. lia in
locisobscuris, ubi venliK iion sit, slraiiiciilispiiiisiucrate
sulijeLtis, iii eumiiliis sii r(lailis|ioiiuiiiis : ipii ciiiiiiili Ire-
qiienli divisioiie sepaicMliir. Alipii divii;,a (li\eniiil, [ vel
siiigula ] iii vasculis liclilibus picalis ubpicoblilis claudi ,
vel argilla involvi, vel .s.ilos pcdiciilns cn'l;i adlini , vcl iii
tabiilis subsUata palea (iihpoiii, cl sli.iuiciilis dc siipciioic
parte cooperiri. Mala roliiiKti, i|iia' .iiiiii iil;it;i (ilciiiiliii,
sine cura toto anno servaii possiinl. Alii iu piiteo vd iii
cistcrna niergiint vasa fictdia, qiiibiis diligeiiter picalis cl
daiisis mala conimilliiiiliir. Alii e\ arlxire mala ilhc.-.a
siimseinnl, cl pcdiciilis corimi pirc fcnciili iiici>is siipra
tabulatiim pci (iKliiiciii (llspdiiiiiil , ihk iiiii ( iVu^ siibtei
exposilis. Pleriipic sciobeni |iopn[i mI ;i!,k'Iis inlcr m.ala
diiTiindiml. Coiislat iiiala sic ponciida, iil pediciilornm par-
les (lcorsiim laci;is, neipie aiite (piani iisiii necessaria vi-
dcanliir cssc , coiiliii,:;as. Viiiiim d acdiiiii lit e\ malis, si-
ciit c\ pii is ;iiilc |ir,i (■(■pi. ('vdniiiis Nci^cndis pleriqiie tem-
poia divcisii di\ciiiiil : laiiicii milii iimi comperlum est ,
iu llalia ciic« Urbcm meuse fcbriiario vel inclioaule Mar-
tio planlas cydoniorum radicatas in pastinalo solo tenuisse
adeo feliciter, ut sKpe scquentis anui frugc gaudcreiit , si
posila majorisslalus fuisscnt. Locis siccis et calidis cxtrcmo
Oclobri velNovembri iiKlio;iiilc pnn;inlur. Amaiit cydouii
lociim frigidiim, bnuieriiiiii. Si in tciiido slatuuiitur, opus
est illis ligalioue succurri. fcrunl lamen staluiu medio-
DK L-AGRICrLTURE, I.IV. lU.
neiit pns moins dans lcs lcrriiiiis plals quo ilans
eeu.K (|ul sont inclincs, quoiquils prelVrciit ces
dernicrs. II y a clcspersonnes qui les plantciiten
clmes ctcn boutures, mais ils tardcnt a vcnir par
Tun ou rautie de ces procedes. II iaut lcs espa-
ccr de tclle manierc que, si le veiit viciit a les
sccouer, leau ne degoutte pas des uns sur les
autres. Quaiid on les plante, etmeme taiit qu'ils
sont pelits, il faut lesaiderdefumier. Maisquand
ils sont dcvcnus plus grauds, il suflit dc repandre
une fois par au sur leurs racines de la ecndre ou
do rart^ile assez seche pour pouvoir ctre reduite
en poiissierc. L humidite coutinuellc fcra murir
proinpteinent leursfruits, et lcs^rendraplusgros.
II faut les arroser toutes lcs fois que le ciel rcfuse
dc la pluie, et beclicr leur picd dans les pays
ehauds aux mois d'oetobrc ct de novembre, et,
dans les pays froids, aux mois de fevrier et de
inars; parce qu'a moins de prendre assidument
ce soin, ou ilsdeviennent stcriles, ou leursfruits
degenerent. 11 faut les taillcr, d'apres ce que jai
eprouvc moi-meme, et les debarrasser detout ce
qu"ils pcuvent avoir de vicieux. Quand ils sont
nialadcs, il faut verser sur leurs racines du marc
d'huile coupe d"eau par moitie, ou euduire leur
tronc, soitdcchaux vive detrempee avecde rar-
gile, snit de resine dc melese melce avec de la
poix ruiuide : Oiibicn, aprcs lcs avoir dechaus-
ses, 011 mettraaulour de lcurs racines un nom-
bre impair decoiiigs proportionne ii la grandeur
de Tarbre, que Ton assujettira a rendroit oii on
les aura mis en jes couvraut dc terre. Cette pra-
tique observee toutes les annccs preservera a la
\erite Parbre de toute maladie, mais d'unautre
cote elle rcmpcchcra dc vicillir : on greffe les
cognassicrs au mois de fevrier. II est mieux de
lcs greffer sur le tronc que sous lccorce. II n'y
a pres([ue point de greffe qu'ils ue recoivent,
tant cclle du gicnadicr que celle du cormi. r,
ainsi quc ccllc de tous lcs pommiersqui donnent
le meillcur fruit. S'ils sont jeunes et qu'ils aient
de la se\e , on lcs grelTe sous recorce; inais s'ils
sont plus graiids, il sera micux de lcs gicffer
pres de la raeine , lieu ou lenr ecoice ct leur bois
sont huraides , grace a la terie qui y est adhe-
rente. II faut eueillir les coins quand ils sont
murs, pour les eonserver, soit en lesmettant eii-
trc deuxtuilcs, dont on rejoint lcs bords avce un
lut, soit en lcs faisaiit bouillir dans du \iii cuit
jusqu'adiminution de moitiii.oudaiis du viii fait
avecdu raisin scch(Jau soleil. D'autreslcs coiiser-
venten les enveloppant dans des feuilles de li-
guier, lorsqu'ilssont gros. D'autres seeoiitcntent
de les serrer dans des endroits secs, oii Tnir ne
p('netre point. D'autres, apres les avoir coupt-s
par quartiers avec un roseau ou avec uu eoutcau
d'ivoire, et cn avoir ('ite le cceur, les couvrent de
niiel dans un vase de terre. D'autres lcs mettciit
egalement dans du miel toutentiers; mais quand
011 veut lesconfire de cette maniere, il faut les ehoi-
sir sufHsamment niurs D'autres les couvrcnt de
millet, ou lesensevelissent separement dans dc la
pailie. l)'autres les mcttent dans de petits va.ses
remplis d'excellcnt vin, ou les conservent dans
un nH'lange egal de vin cuit jusqu'a diminulioii
de moitic, et de vin sans apprt-t. D'autres les
plongent dans des futaillesde mout, qu'ilsbou-
chent ensuite, ce qui donne en nK'me tempsdu
bouquet au vin. D'autres enfin les mettent clia-
cun a part dans un plat neuf qu'iis eouvrent dc
gypse sec. On met la semence ou le plant du car-
rouge en terre aux mois de fiivrier et de novein-
bre. Quoiqu'il aime lcs contrees voisiues de l,i
mer, chaudes, scehes ct plates, il produit da-
vantage dans lcs pays chauds quaud on lui doniu;
de Feau , ainsi que je m'en suis convaiiicu par
o.ri.s sltus iiiicr iiatiiram friKOii.s et caloris, et in planis e.l
indeclivibiis proveiilunt , iiia:;is laiiicn indinalactilevexa
liesiitoiant. Serunl ali^iuicai iiiiiinilm> rt lalea, sed tardus
e.st in utioque proventus. Ila pdnfnda' snnt largne arboies
cydonii , ne alteiam qualiente venlo slilllcidium tangat
alterius. Dum niinorest, vel quaiido ponitur.juvelnrsler-
core : iiiajor vero , cineie vel cieta! pnlvere .seiuel tolo
auno ladicibus iiiisso. Poiiia in liis et cilo matura et ma-
joris increinenti assiduus liunior efliciet. Rigandae sunt ,
qiiolies caelcstis ne};alur iiifusio, et circumfodienda; locis
calidis Oclobri mense et Novcinbri ; fri^idis vero Februa-
rio vel Marlio. Nisi [ eniiii ] circumfodianlnr assidue , aut
sterilesefriciuntur,^aut earum poma de£;cncraitt. Piitandx
);unt, sicut probavi, eta vilinsis oninibns llberanda;. Si
arbur a'gra est, amurca aquai sequaliter mista radicibus
debet affundi , aut calx vivas teinperata cnni creta , vel re-
sina locularis pici liquldae misla trniico arboris adliiii, vel
ablaquealae arboi i circa radices imparis nuineri poina cydo-
nia pro magnitudine cjus poiienda et obriienda firmaiitur :
quod annis singnlis factum cnstodiet a vlliis, sed arboris
longa; dercsabila^tati. Meiise rebruario cydonia iiiseruulur
inclins in triinco quani cortice in se ipsa. liecipinnt in se
surcnlos prope oinnis generis , Pniiici, .sorbi, ninnium
nialorum, qiiic meliora producunt. Insernntur auteni no-
vella; arbores , qulbns sncciis est , iii cortice : si majur est ,
ciiiarailicein melins inseretiir, ubi cortexet ligiium beiie
liclo .soli adlia'rentis liumescit. Lcgenda suut matura cydo-
nia , qua^ lioc niore servantur, vcl inter binas lcgulas
posita , si luto ex omni parte claudantur, vel si defriito
iiH^oquanlur, aul passo. .\\i\ qurc majorasunt, lici foliis
involuta cnstodiunt. Alii tantnin locis siccls repouunt , a
(lulbus vcntus excluditur. .\liicanna vel ebore in qiiatuor
partes divisa sublatis omuibns , qua; in medio sunt , iii
vase lictili melie obruunt. Alii in melle sic iule^ra dcmit-
tiint, in qiio genere cundiendi satis matura dellguntur.
Alii milio obruiint, vel paleis separata dcmcrgunt. Alii ple-
nis vino optimo vasciilis imniitlunt : vel vini et defriili ad
servanda cydonia, a'(piiim corpiis eflicinnl. Alii doliis
musti imniergiiiit , alque ita claudnnt, qiiod odoratiim
leddit et viniim. Alii in palina nova sicro gypso obriiiint
separata cydonia. Siliqua Februario mense seritnr et No-
vcinbri cl semineet plantis : amat loca niarilima, calida,
574 PALLADIUS
ma pi-opre experieuce. On peiitaussi le plaiiter | deux coins, un de terebinthe d'un cfite, un de
cMi lioutures. 11 lui faut une fosse large. Ii y a
des peisonnes qui eroient qu'on peut le greffer
au mois de fevrier sur le prunier ou sur rainan-
dier. On conserve tres-longtemps les gousses qu'il
produit, en les exposant sur des claies. Le murier
est anii de la vigne. On peut faire venir cet ar-
bre de graine, niais en ce cas son fruit degenere
ainsi que soii bois. II faut doiie le planter en
boutuies ouen cimes. Mais il vaut encore raieux
le pianter cn boutures dun pied et demi de lon-
gueur, qui soient bien ragreees des deux eotes, et
enduites de fumier. Ainsi , apres avoir fait d'a-
bord un trou en terre avec un pieu, on les cn-
foncera dans ce trou, et on les recouvrirade cen-
dre nielee de terre, qu'on n'entassera cependant
pas a plusde quatredoigts d"epaisseur. On plante
le murier depuis le milieu de fevrier jusqu'a la
lin de inars. Mais qunnd ie paysest chaud, on le
plantc a la liu d'octobreou aucommencement de
novcnibre; quoiqu'il vailleencore mieux le plan-
ter au priiitemps, leneuf des calendes d'avril. Cet
arbre aime les terrains chaudset sablonneux, et
plus communement les coiitrees voisines de la
mer. il prend diffiellement dans lc tuf ou dans
rargile. On croit que ihuniidite eoiitiiiuelle iie
lui esl pas bonne. II aime a elre beciie et fiimc.
II faut en taillerau bout de Irois ans les branches
pourries et seches. On en transfeie le plant, iors-
qu'il est fort, aux mois d'octobre ou de novem-
bre; et, lorsqu'il est jeune, aux moisdefevrier et
de niars. Ces arbres veulent etie plantcs dans des
fosses profoiides, etsepares lcs uns des autrespar
de grands intervalles, alin quils ne se nuisent pas
reciproquement par leur ombre. Cet arbre vient
plus haut, dit-on, et donne plusde fruit, si Ton
en perce le tronc doutie en oulre en y inserant
lentisquede Tautre. II faut dechausser lemiirier
vers les calendes d'oetobre , et verser sur ses ra-
cines de la lie de vin vicux tresnouvelle. On le
greffe sur le figuier et sur lui-meme , mais on ne
le gieffe que sous 1'ecorce. Si on le greffe sur un
orme, la greffe prend a la verite, mais il en re-
sulte degrands accidents. II faut semer les ave-
lines en nature, et ne pas les recouvrir de terre
a plus do deux doigts d'epaisseur. .Vai cepcndant
eprouvcque lesaveliniers viennent encore mieux
de plant et de rejetons. On en met le plant ou
les amandes en terre au niois de fevrier. Ils se
plaisent dans un terraiii maigre, humide, froid
et sabloiuieux. Les avclincs sont mures \ers les
nonesdu mois de juillet, pourvu cependaut que
le payssoit chaud. Cest aprcsentque Ton seme
lesnoyauxde sebestes sous un climattempire, et
dans unetcire reduite en poussiere et medioere-
ment bumide, en les mettant dans un vase, oii on
les laisse jHsqu'a ce que leur pousse ait acquis la
consistance de plante. On greffe les arbres qui
portent ce fruit au mois de mars, sur des conniers
ou sur des pruniers sauvages. Cest aussi ii pre-
sent que ron greffe les jujubes, que fon met en
terre les presscs eu noyaux ou en plant, qu'on
les transfere et qu'on peut les greffer; enfin que
Ton greffe le neflier, et que ronscme les noyaux
de prunes. On peut aussi planter a present lc fi-
guier dans les pays temperes, semer la corme,
couvrir de terre Tamande sur des planches, et
greffer ramandier au commenceraentde cemois-
ci dans lcs pays temperes, et a la (In du meine
mois dans les pays fioids; pourvu cependant
qu'on prenne la greffe avant qu'elle ne germe.
On peut aussi mettie a present en terre du plaiit
de pistachier, ou greffer cct arbre, de mcnie quon
sicca, campestria : tamen, iit cgo expeitus sum, in locis
calidls fffcundior fiet, si atljuvetur luiuiore : polest et ta-
leis poul. Scrobem desiderat largiorem. Inseri etiani posse
mense Feliruario credunl aliqui in priino vel aiuygdalo.
Siliiiua; servantur diutissirae, si expandantur in cratibus.
Auiica ost niorus et vitis. IMoii nascuntur e\ seiniue ; sed
i-t poma et virgulta degenerant. Serenda est lalcis vel ca-
cuiuiiiibus, meliiis aiitcm laleis sesquipedalibns ex iilra-
<pie parle levigaUs ac fimo oblitis. Ciim locum palo aiite
lecerimus, immergimus actegimus ciiiere leri.x' adniisto.
Kon amplius quam quatuor digitis operimus. Sereinus lo-
cis tempeiatis a medio Februario el lolo Marlio; locis
vero calidioribus Octobri postiemo vel Novembris iiiilio ;
sed verno maxiine die iiono calendas Api iles. Anianl loca
calida, sabnlosa, et plerumque mariliiua. In lofo vel ai-
gilla vix coniprebendunt. Humor assiduiis [ moris J pro-
desse iion creditur ; fossionibus Itetatur el steicore. l'utria
in bis et arida post triennium sunt putanda. Planlam , si
robusta [esl, ] tiausfeies meuse Octobii vcl Novciubri :
si teiiera , Februario et Mariio. Sciobes desideiant altiores,
intervalla majora, ne altera umbris prematur alteiiiis. Fe-
raccm laetioremqiie aiborem mori fieri aliqui Iradideruiii,
si pei forato liinc inde tiunco siiigulos ciineos inseramus le-
rebintlii ( liinc inde lentisci. ) Ciica Oclobres calendas luo-
rus ablaqueanda esl , et radicibus cjiis viiii veleris receii-
tissima; ia;ces infundenda;. iiiseriliir aiiteui iii iico et in se
taiituni siib cortice. Ulnio insita compiebendit : sed par-
tuiil magnse iiilelicitatis argunienla. Avellaiiac pouenda:
sunl nucibus suis non amplius siipra terra duceuda est ,
qiiam crassiludine digitorum diioriim. rlanlis tamen el
subole expertns siini melius pioveuire. Mense Februario
seu planla seu semeii cxpoiiiliir. Gaudeiit loco macio, lui.
iniilo, fiigiilo, et sabnloso. Mense Jiilio circa noiias avel-
laiia matiira est : [ locis tamen calidis. J INunc seriiiitur
niyxa ev niicleis in aliqiio vase posilis, dcuiec plantae iii-
duant lirmitalem, Cfflo tcpido, terra soluta,liumorc mo-
deialo. Inseriintiir mense .Marlio sorbis vel spinis. litiam
nuuc luberes seriinlur et inserunlur, cl ossa duiacino-
rum, vel planla» ejiisdem geneiis ponuutiir, el Iransfcrun-
lui, et inscri possuut : et mespilus inseieliir, etossa po-
nentur prunoriim. Ficiis eliaui locis lempeiaUs nunc poni
potest, et sorliiis lioc etiam meiise seii , et amygdali seraiua
in areis obriii, et locis temperalis nunc inseri mense iii-
clioante, frigidis veru cxeunle, conditis tainen surculis
DE I;AGRICULTURE, LIV. 111.
peut senier des chStaignes , mettre des noix dans
des pepinieres, et grelfer le noyer. Knlin on peut
encore faire a presentdcs plaiits de pin daus les
contrees froides et luimides.
XXVI. Cest surtout <i present qa'il faudra
faire eouvrir les truies. On choisira a cet effet
des verrats grands et forts, dont le corps soit
plus ariondi qu'alloi!ge, qui aient le venlre etles
fesses amplfs, le groiiiii eaurt, et le ehignon bieu
fourui de petiUs glaiules , i|ui soient lascifs et
qui u'aiciit qu'uii an. lis pourront etre erapluyes
a ce servicc jusqu'a Tilge de quatre aus. On clii)i-
sira des truies qui aient les llanes allonges, et
un ventre dunegrande capacite, et qui sc prete a
.sDulenir le poids de leur portee : quant au reste,
il faudra quelles resserablent aux veriats. Ces
aiiimau\ doivent avoir le poil epais et noir dans
les pays froids : dans les pays cbauds , leur cou-
leur est indifferente. Les femelles soiit fecondes
jusqu'a riige de sept ans, etcommencent a Tetre
d un an. Les truies metteiit bas au bout de quatre
niois, c'est-a-dire, au eommencement du cin-
quiemc. Or, comme elles concoivent, ainsi que
je viens de le dire, au mois de fevrier, leurs pe-
tits pourrout se noiirrir des hcrbcs qui seront dcja
fortes nu moiiicnt de leur naissance, et de la
paille qui vicndra apres ces herbes. Quand on a
la faculte de se defaire des cochons de lait , on
les vend a mesure qu'ils sont nes , atln de mettre
plus promptement les meres en etat de donner
d'autres portees. On peut avoir de ce betail dans
toutes sortes de lieux, quoiqu'il reussisse mieux
dans des carapagnes marecageuses, dans celles
notamment oii abondent les arbres fruitiers, (|ui,
murissantsuccessivemeiit les uiis apres les autres,
fourniront a ces animaux leur pature pendant
toute rannee. Ils se nourrissent au mieux dans
575
des terrains fertiles en herbcs, et mangent Ires-
hien les racines dc la caiiiic ou du joiie. Mais lors-
que la patuic viciit a leur maii(|uer pendant rhi-
ver,il faut leur duiinerde temps aaulre du .i;iand,
de lachataigne, ou de vieilles criblures dc (piel-
ques grains que ee soit; principalcmeiit au prin-
temps, car alois la verdure nouvclle, qui est
pleine de lait, les incoraraode ordinaircmeiit. On
ne renfcime pas les truies par troupeau coinme
les autres bestiaux; mais on fait des toils sous
des appcntis ou \\m rcnferme chaque mcre a
part, a(in cjuetaut elles-nu^mcs en suiete, elles
puissent garantir du troid le troupeau qu'elies
aurouta nourrir. Ces toitsauront uiie ouverturc
dans leur parlie supericure, afin que le gardien
puisse faire aisement la revue des petits , et lenr
porter souvent du seeours, en les retiraiit de des-
sous leurs meres quand ils seront eii diiii;:cr
d'en etre (jcrases. Mais il aura ratteution di^
renfermer chaque poiti^e scpaiement a\ec s;i
niere. Une truie ne doit pas nourrir plus de luiit
porcs, suivanl ce quedit Columelle. Pour moi ,
il me parait pliis a propcs, d'aprcs ma propie
experience, de ne lui en donnerquesix a nourrir
au plus quand la piiture ne lui manqucrn pas ,
parce quc, quoiqua la rii;ueurelie puissceii cle-
\cr davantagc, eile s'cpuiserait si elle doiiiiait a
tetcr a un plus grand noinbre. II y a un autrc
prolitaretirerdesporcs, qui consistealesciuoyer
dans les vignes avant qu'elles soient cn boulons,
ou apres la vendange, parcc qu'ils font la i;ucrre
aux herbes aussi exactement que le meilieur oii-
vrier.
XXVII. On fera au commencement de ce inois
du vinde myrte d'une facon differente dc cclle
quc nousavous donnee. Oii meltra dans un flacon
dix sexfiirii dc vin vieux , dans lcquel on jetlera
aiit(^qnam gpriiiinnnt. Etpislariae plaiilavel niincslatiiiaiit
inseii polest, et ca.staneariim semlna spargi. .\uces qno-
qiie jiif-landes etiain niinc senilnariis iccondi, et ipsiim
geniis inseri; el frigidis et liumectis locis nuiic poterunt
piiieta seininari.
XXVI. Nuncverresmaxime ffininas iniie ilebelMint. Le-
gendi sunt vasti et ampll curporis, sed lotuiuli poliiis qtiam
longi, ventrc et chinibus magnis, rostro hrcvi, ccrvice
glandulis spissa, fibidinosi , anniculi , qui iisipie ad qiia-
drimos iiiire feminas possunt. .Sciofas vero longi lateris de-
bemus eligere, et qiiibus ad sustiiiendiiin rictiirie oniis
magnus se venter effundat, CTtera verribiis similes. Sed
in regionibiis frigidis, densi et nigri pili , in lepidis qiiales-
cuiique proveneiint. 1'emina (ad creandum), nsque in an-
nos septem parlus oncra gestare suniciet : ad concipicn-
dum annicula debet incipere. Quarlo exenito meiise pa-
riunt, ubi qiiintiis iiicipiet. Incipiunt aiitem, sicnt di\i,
mense Februario, ut solidinribiis lierbis nati et stipiila snr-
eedenle pascantiir. tbi facnllas esl Iransigeiidi, vendilis
quisiibinde nali siint, (^clciior malribus fa-lura leparaliir.
Genus linc omnibiis locis balicri potest ; mcliiis lamen
agris palustribus, quani siccis, pi.ccipiie ubi aiboruni
finclnosariim silva suppelil , qiia- siiliimle nialinis frmli-
biis alterna per anniim nitilatiniiesiirnirial. .Ma\iiii ' Imis
graminosis, ct c-innaruiii veljiirui lailii-e niilriiinhir. Scil
dcli('ii'ntlliiisaliiiienlis|ierliii'iiii'iiiiii>iiniiiiii|iiaiii pi.rli>'M'l.t
siint paliiila ^laiiilis, caslanea', vcl li iimmi \ liia ('\ii rii.iiiia
ca:lcrariim : vciio magis, ciiiii laclcut novclla virciilia,
qiiie poicis solcnt nocere. Nequegregalimclaiidendic stmt
porcaMnoie alianim pecudiim,sed liaras sub porlicibtis
lacienius, qiiibus materun!iqua'qiieclaudatur, etaluniniuii
gregrni liilior ipsa defendat a frigore. Qiiie liara: a snpc-
lioii paite detectac sint , ullibere niinierum pastor e\plii-
ret, el oppre.ssis a nialre fielibus sii-pe siibvcnial siilili:i-
lieiido. Ciirabit aiilciii iit ficltis priiprios cnin iinaipi.npic
piocliiilat. Pliis vero qiiaiii iicto, siciit Ciiliimclla diril,
iiiilrirc non (lebct. Milii veio iitiliiis proli:ilnr cxpi'ilo,
poriain, riii pabiila sup|irliiiit, iit pliiiiiiiiiiii scx niilriie
dclieie, ipiia licct pliires pnssil eiliicarc, t:iini'ii ricqiirn-
tiore niimero siirla delirict. lu porcis cliaiii illini c^t (iiiii-
nindiim , qiiod immissi \ inris nciiliiiii tiii^rhtllnis, \c|
cxacta vinilcmia graiiiine pci.scciilo, diligcnliam lossoiis
iniilaiiliir.
WVII lii linjiis inciisls iiiilio alilcr inyrlilcm sir fa-
PALLADIUS.
ciiiq livies de hMcs de myrte. Quand on les
aura laissees pendant Tespace de vingt-deux
jours dans ce vase , que Ton aufa soin d'agiter
tous les jours, on passera ce melauge a travers
uue corbeille de palmier, et on ajoutera sur ces
dix sextaru cinq livres d'excellent miel , extrfi-
mement broye.
XXVIH. Maiiiere de faire uue vigne antidote,
dont le vin, le vinaigre, le raisin,et, jusqu'ala
cendre provenant de ses sarments, soient un
specifiquecontretoutpoisonanimal.Onfaitaubas
dusarment que fon veutplanterunefentede trois
doigts de longueur, et on en retire la moelie , a
laquelle on substitue une dose de theriaque ; puis
on le met en terre, en 1'assujettissant bien avec
un lien. II y a des peisonnes qui, apres avoir
sature le sarment de la substance medieale , le
eachent dans uu orgnon de scille , et le mettent
en terre de la maniere que nous venons de dire.
D'autres versent ia th^riaque sur les racines de
la vigne. II n'est pas donteux que si Ton prend
un sarment d'une vigne appretee de la sorte pour
le transferer, il n'aura pas la vertu medicinale
qu"avait la souche. II est egalement vrai que cette
vertu s'affaiblit a la longue, et qu'il faut la re-
nouveier de temps a autre en reiterant l'infusion.
XXIX. II y a une belle espece de raisin qui ne
renferme pointdepepins : aussi peut-onenavaler
avec grand plaisir une grappe eutiere, comme si
elleiie formaitqu'un corps, etsans trouver d'obs-
taele qui arrete. Or on obtient ce raisin , suivant
les auteurs grecs, en appelant comme suit Tart
au secours de la nature. II faut faire au sarment
que ron veut planter une fente d'une longueur
egale a cclle du bois qui sera en terre, et, apres
en avoir ote toute la moelle et Tavoir creuse exac-
tement , on en rapprochera les bords , et on le
raettra en terre cn les assujettissant avcc un
lien. Ces auteurs assurent neanmoins qu'il faut
que ce lien soit de papyrus, et que le sarment
soit mis, apres ces preparatifs, dans une terre hu-
mide. II y a des personnes qui, apresavoir lie
exaetemcnt ce sarmcnt sur toute la longueur qui
en aura ete fendue, Tenfoncent dans un oignon
de scille, parce qu'ils assurent que cet oignon
aide toutes les plnntes a prendre plus aisement.
D'autres creusent le pius profondement qu'ils
peuvent, dans le temps meme de la taille, une
branche a fruit d'un cep qu'ils viennent de tailler,
pour en retirer la moelle ; apres quoi ils Tatta-
chent a nn roseau fixe aupres de cette branche,
a(in qu'elle ne puisse pas se renverser. Knsuite
ils versent dans lc trou quils y ont fait de la li-
queur que les Grecs appellent o-Koq y.upvivaiv.b;
(suc de Cyrene), apres Tavoir detrcmpee avec de
Teau jusqu'a ce qu"elle nit acquis la consistance
du vin cuit a Tevaporation des trois quarts; et
ils recomraencent Toperation tous les huit jours,
jusqu'a ce que les bourgeons de la vigne parais-
sent. Les Grecs assurentqu'on peut faire la meme
chose sur les grenadiers et sur les cerisiers. Ccst
une experience ;\ faire.
XXX. Quand les vignes se dessechent par la
trop grande abondance de la seve qui monte , et
qu'a force de pleurer elles privent le fruit de la
vertu que renferme !eur bois , lcs Grecs ordon-
nent de dechirer leur tronc pour y faire une po-
che; et si ce reinede est sans effet, de couper le
bois le plus epais de leurs raeines, afin que cette
blessure guerisse leur maladie. Mais on aura soin
de frotter la partie blessee avec du marc d'huile
sans sel , reduit par la cuisson de moitie , en at-
tendant qu'il soit refroidi, et de repandre de fort
vinaigre sur la plaie.
cies. Miltes viiii velcris decem sextarios iu lagEenam , et
baccariim niyiti libras v niiscebis. Cum xx et tliiorum
«lierum spalium confusatiansegerint, pei quos vas quoli-
«lie convenit agitari , tunc palmea sporla colabis, et piae-
diclis decein sexlariis inellis oplimi forliter triti pondo v
miscebis.
XXVllI. Tlieriacam vitein sic facies , cujus iste profec-
lus est, ut vinum ejus vel acetum vel uva vel sarinenlo-
rum cinis proficial conlia morsusomnium Iieslianiin. Fit
autem sic : Saimentum, quod pangenduni est, tiium di-
gitorum spalio in ima parle findatur, et sublata niedulla
ad ejus vicem tlieriacae medicamen addatur. Tiinc tcriaj
maudetur vinculo diligenler astrictum. Aliqui eadem sai-
mentajammedicamine satiata intrasquill.-ebulbum lecon-
duut, et lerris prjcdicta ratione commitliint. Aliqui anti-
doli ejiis affusione radices vitis infundiint. Sane saimeii-
tuin si de Iiac vile sumatur ad transferendum, potentiam
materni medicaminis non lenebit. Opoiiebit autem tlie-
riaciE infusione assidua viin siicci senescenlis ilerare.
XXLX. Est puiebra species uvae, qii.io granis interiori-
bus caret. Hinc eflicilur, nlsumma jurundilate sineimpe-
dimenlo sorberi possit, velut iiiium omniuni corpus uva-
rum. Fitautem GrEecis auctoribus bac ratione per arlero
succedente natura : Sarmentiim , quod obruendiim est ,
quantum latebit in terra, tantum (indere debebimus, et
medulla omni sublata ac diligeiitei exsculpta, membra ile
riim divisa; parlis adunare, et vinculo constricta deponere.
Vinculum tamen papjro asserunt esse faciendum, et sic
in liuniida terra esse ponendnm. Diligentius quidain sar-
mentiim revinctum quantiim excisum est, inlia scill.-c
bulbum demeigiint, cujus beiielicio asserunt sata omnia
coniprebendere posse facilius. Alii tempore quo vilespu-
tant, sarmentum fructiferum putatoe vitis in ipsa vite,
quam possuntde alto sublata inedulla excavant non divi-
sum,et calamo affixo alliganl, ne possit inverli. Tunc
omv xuprivaixov, quod Graeci sic appellant, in excavata
paite suffundunt, ex aqua prius ad sapse pinguedinem
resolutuin , et lioc tiansactis octonis diebus semper reno-
vanl, donec vitis germina novella procedant. Et in grana-
tis malis fieri boc posse tirmatur a Graecis, et in cerasis.
Opus est experiri.
XXX. Vites quae lacrymarum nimietate labesciuit, et
deplorandovim roboiissui avertunt fructu, truncoeariim
laceiato Grseci sinum fieii jubent. Si lioc minus proderit,
DE LAGRICULTURE, LIV. IV.
XXXL Les Grecs preseiivent encore de com-
poser du \in de myrtc de la manierc suivante :
On mettra dans un linge Iiuit vnciw de baies de
myrte mures, que Ton aura broyees apres les
avoirfait seeher a rombre, et on suspendra ce
paquet dans le vin; apres quoi on couvrira le
vase, et on le bouchera. Quand ccs baies seront
restees plusieurs jours dans le vin , on les en re-
tirera pour eu fnire usage. II y a des persounes
qui foulent aux pieds ou qui expriraent entre
leurs mains des baies de myrte, qu'elles ont
cueillies dans leur maturite par un temps sans
pluie et dans dcs terrains tres-sees , et qui en niet-
tent la valeur de huit rotula' sur une amphore de
vin. Ce vin s'emploie aussi en medecine, quand
on est dans le cas d'avoir recours anx astringents :
sou effet ordinaire est de fortifier les estomacs
delabres, de couper courtaux cracheraents de
sang, d'arreter le llux de ventre, et de durcir
efficacement les matieres qui oecasionnent les
douleurs de la dyssenterie.
XXXII. On pretend que les vignes donneront
d'elles-memes du vin, soit d'absinthe, soit de
rose ou de violette ( de facon que ron reeevra
de la nature ee que Ton doit ordiuairement a
1'industrie), pour peu que ron plonge des sarments
dans un vase rempli jusqu'a moitie de Tunc de
ees essenecs , en y faisant dissoudre en meme
teraps de la terre vegetale en maniere de lessive ,
et qu'on les y laisse jusqu'a ce que leurs yeux
commeneent a paraltre; apres quoi on mettra
ees sarments ou on voudra quand ils bourgeonue-
ront, ainsi qu'on le pratique a Tegard de toute
autre vigne.
XXXIII. Yoici la methode que les Grees ont
prescrite pour faire produire au meme eep des
grappes de raisin blanc et des grappes de raisin
noir : si Ton a uu cep de laisin blanc et un de
raisin noir qui soient voisins Tun de Tautre,
on joint ensemble, au temps de la taille, des
sarments pris sur chneuu de ces ceps , ct fen-
dus en denx, de fneou que, lorsqu'ils seront
joints, les boulons ((ui sont au railieu de ces
sarments semblent etre sur nn .seul et meme
sarment; apres quoi on les lie ensemble avec du
papyrus amolli, pour les resserrer; eton asoin de
les enduire de tcrre humide , et de Ics arroser de
trois jours Tun , jusqu'a ce que le gerrae de la
feuille nouvclle paraisse. A dater de la fin de
eemois, on pratiquera, si Ton veut, celte mc-
thode sur piusicurs sarraents.
XXXIV. Ce mois-ci s'accorde avee celui de
novembre pour la duree des heures ; les voici ras-
semblees sous cette proportion de nombres.
A la premiereet a la onzieme heure, le gno-
mon donne vingt-sept pieds d'ombre.
A la seeonde eta la dixieme , il eudonne dix-
sept.
A la troisieme et a la neuvii'me, il en donne
trcize.
A la quatrieme et a la huitieme , il en donue
dix.
A la ciuquieme et a la scptieme, il en donue
huit.
A la sixieme , il cn donne sept.
LIVRE QUATRIEMi:.
MARS.
I. La taillede la vigne, dontnous avons ample-
ment parle au mois de fevrier, se fait au mois
r.iiliciim robiir pinsiie ifi.sciiuli, iit affcrat mcdiciiiam viii-
iiiis iiii|ire.ssiiin. Tuiic iiisulsa aiiiurca ail iiiediclalem ile-
cocta el refrij^eiata plag.e excisio perlinetur, el sub liac
acetuni acre fundalur.
XXXI. Gioec.i item myrtitem sic pr.TPcipiiint temperari :
Myrtl ba( cas maturas in umbra siccatas , et iKistea tiisa.s',
iiiicias octo niitti.s inlinteo, et suspendis in viiKi, ct vas
cooperics ac linibis : et cuni pluiiuiis diebiis sic fucrit,
aiifeies et uteris. Aliiiui inyrti baccas sine pluvia colleclas
iiiatui as et locis siccioribus calcaiil , vel expiimunt , et
viiio miscent viii cotularuin mensuram per ampborani
vini. Qiiod vimim mediciiiai quo()iie proderit, ulii stypti-
ci.s est ulenduni. Stomaclium solidarc tilubantcm soiet,
rcjectioncs sanguinis inbibere , lluorem venlris adslrin-
gcrc, limumdysenlericai passionis mcdicabiliterasperaie.
X.XXII. Conditiim vcl absinlliiatum, vcl rosaliiiii, vel
violalum procedcre spoiile fertur ex vitibus (iil naluia
siiscipiat, ipiod procuiarc sucvit industria) sisarmentain
vas aliqiiod semiplcnum supradictis potionibiis mersa scr-
veiilur, et vivam terram simul rcsolvas ad lixivii modum,
duiicc ociili sarmcntoriim nitantiir cxire : tuiic ca(kmsar-
inenta geminanlia iii quo vulucris loco, vilium c.Tterarimi
inore dcponas.
XXXI II. Ul vitis botryoncs ct albos affcrre possil et ni-
gros,Gra,"ci sic lieri debere jussermit; Si vicin.T. sinitvites
iiigia el alba , cum piitantiir, sarmciita iitriusqiie iutcr se
divisa sic junges, iit medios ntriusqiie generis oculos
a^(piandi) leddere possis unitali : liiiio papyro ligabis
stricto ct molli , atque liiimlda terra curabis adlinirc et
interjectis ternis dicbus adaquaic, donec gcrmen novai
frondis crumpat. Iliiic cxemto tcnipore, si libuerit, gciiiis
ciricies per pliira sarmciita.
XXXIV. Hic mensis iii borariim mensiira cnm Novcin-
bri nicnse concordat , qiias liac iiumci i i atioiic colligimus :
Ilora I et XI |)cdc's xxvii.
Hora II et x pcdes xvri.
lloia III et i\ pedes xiii.
llora IV ct VIII pcdes x.
Ilora V ct VII pcdcs viii.
Ilora VI pedcs vii.
578
PALLADIUS.
de niars dans les pays froids , tant qu'il n'y a
point de risqiied^endommaser les bourgeons par
cette operation. II faut greffer a present les ceps ,
au moment ou les larmes qu'ils repandront,
au lieu d'etre claires comme de Teau , seiont
epaisses. On aura deux choses a observer en ce
cas : premierement, que le cep que rou vou-
dra greffer soit solide et plein de sucs nourri-
ciers, sans etre desseche, soit par In vetuste , soit
par les mauvais traitements qu'il aura pu eprou-
ver ; secondement , que les rejetons que Ton y
inserera lorsqu'on Taura coupe soient fermes ,
louds, et bien fournis de l)outons multiplies les
uns aupres des autres ; quoiqu'il suffira d'y en
laisser trois, quand on les emploiera eii greffcs.
11 faudra donc les ratisser sur une longueur de
deux doigts , en conservant leur ecoree sur nn de
leurs cotes. II y a des personnes qui n'en laissent
pas mettre la moelle a jour, raais qui se conten-
teut de les rntisser legerement, de facon que la
partie ratissee soit terminee insensiblement en
pointe , et que celle qui reste garnie de son ecorce
puisse etre adaptee a Tecorce de sa mere fu-
ture. Le dernier bonton doit etre enfonce dans
le eep de maniere a y etre incorpore: ce bouton
seia tournc en dehors du cep, et assujetti avec une
ligaturede saule, et on etendra dessus, pour le
recouvrir, nu lut dans lequel il eutrera de la
paille; puis on le protegera, a Taide de quelque
corps etranger dont on le couvrira , contre le
vent et contre le soleil, de peur qu'il ne soit
agitepar Tun ou brule par rautre. Si la chaleur
cummence a se faire sentir de bonne heure, il
faudra verser vers lesoir et a differentes reprises,
;i Taide d'un pineeau, un peu d'eau sur la ligature
nieme de la greffe. Cette f»'rigation y entretieudra
la vie, raalgre Taction bruiante de la terape-
rature. Lorsque le bouton sera parti , et que
le louet aura pris qnelqueaccroissement, on Pat-
tachera a un roseau pour raider -d se tenir, de
peur que quelque mouvement ne vienne a l'e-
branler tant qu'il sera dans un age fragile ; au lieu
que , lorsqu'il aura acquis une certaine consis-
tance , on coupera tous ses liens , de peur que
son adolescence ne soit genee par la durete
d'un noeud trop serre pour un germe aussi ten-
dre. II y a des personnes qui , aprcs avoir de-
chausse un cep a un demi-pied de prol'ondeur, et
y avoir insere des rejctons , recouvrcnt ceux-ci
d'unamasde terre, afin queeette terre fournisse
de son cote des aliments aux sarments nouvelle-
ment entes sur le cep nourricicr , independam-
ment de ceux qu'ils tireront de lui. D'autres as-
surent qu'il est mieux de greffer un cep vers la
superficie de la terre, parce que quand les gref-
fes sont trop enfoncees en terre, elles prennent
difiicilement. On plantera des vignes dans les
pays froids jusqu'aux ides de ce mois-ci, ou
jusqu'a requinoxe, soit dansun terrain faconne
aupastinitm, soit dans une tranchee ou dansdes
fosses, conformement a la methode que nous
avons donnee.
11.11 faut net toyer a present les pres et les garder
dans lcs pays froids. Ou y defrichera aussi les co-
teaux grasainsiquelescampagnes marecageuses,
et on leur donnera le premier labour. II faudra
encore repasser les guerets qui auront ete mis en
dtat au moisdejanvier.
Ill.Onsemeralepaniset le milletdansles con-
trees chaudes et seches. Ces plantes demandent
une terre legere et ameublie , et viennent non-
seulement dans le sablon , raais dans le sable
meme , pourvu que le climat soit humide et le
sol arrose : elles redoutent cependaut un terrain
LIUr.R QUAP.TUS.
I. Marlloniciiselocisriigidispulatiovineanimcelebi-aliir,
ile (|iia at)iiiiile Feljriiario niensc locuti siiiiiiis, us(|ue quo
iiicipil geiiinia csse suspecla. iSuncopoitetvineas inseieie,
ciiiii viles iioii aquato sed .spisso liumore lacrymabiinU
Servabiiiuis eryo ut triincus, (iiii inseritur, soliilus sit, et
alimento liiimoiis exiibeiet, ncipic ulla vctustale aiit in-
jiiria laceraliis aie.^^cat. Tiinc clecis.Tc vili siirciili qiii inse-
rencli siiiit, siiil .solicli, rnliiiicli, iseniinis s|iissisct pliiribus
ociil;ili. Tres lainen ciciili in iiiMliciiu- siiHicienl. Racleii-
iliiin est ci;;os,irmc'nliiin ad inciisin.iin di^itoiuin clnonim,
iit ali iiiia parle sit coilCN. Aliipii nnn patiiinlur niulare
iiieclnllam, scd lcvilc r raclnnt, ut incisura sensim possil in
nc iimen e\ire, et ciirlicala pais corlici nova; iiiauis a|ite-
tur. Inlimus ociiliis itainligenitus csl, nt trunco jiincliis
adlia>reat , qiii oculus exterioieni partem debel aspicere,
viiiciilo salicis infuso et paleato liito desuper, alligari : te-
fiumento qnoque aliquo a vcntis et a solo defcndi , ne hi
quatiant, liicadurat. Ubi calor lemporis ccppeiit, ligaturae
ipsi penicillo circa vespcram lemiis debet freqiienter liu-
inor affundi, iit lioc alimenlo contia vini ca'li torreiilis
animetur. Cuin ergo gcrnien ernperit, et aliquod ceperit
inciementiim , calami .nliiiloiia dcbct annecti,ne inotus
aliquis fragilem pioccdeiilissarmcnli qiiasset aelaleni. Ubi
solidiiis quantuincnnqiie processerit, vincula oporlet ab-
scindi, ne adolescentia niollissimi germinis nodo diiraj
constrictionis angaliir. Aliqui infra terrain semipedis spa-
tio elfossae vili surculosinserunt, et benelicio congestionis
accuniulant, ut lioc qiioque novis sarmentis praeter nutri-
cis alimenta subveniat. Nonnulli ciica lerras melius asse-
rnnt inseieadum, quia inalllori difficiliiis comprehendunt,
Usqiie ad idus vel iequinoctium vites locis frigidis pan-
genda; sunt seu pastino seu sulco seu sciobibus more quo
dictum est.
II. Nunc locis frigidis prala piirganda atque servanda
sunt. Locis gelidis colles pingiies et agros iiliginosos pio-
scindere atque exarare conveniet. "Vervacta etiam , qua;
Januario mense sunt facta repetere.
III. Calidis etsiccis regionibiis panicuni scremus et mi-
liuin. Levem et solutam terram desiderant : nec iii sabii-
lonesolum, sed in arena qiioque proveniiint , diimmodo
cado luiuiido et solo seianlur irriguo : qiiia siccuni et
DE L'AGRICULTURE, LIV. IV.
sec et arsileux. On aura soin de ies delivrer
assidument des inauvaises lieii)es : cinq sexla-
7-ii sutTisent pour la seraence A\mjiajcrum.
IV. II faut semer a prescnt les deux espcces de
pois chiches dans uii terrain C[ui soit tres-gras,
et sous un cliniat humide, apres lcs avoir fait
tremper la veilledansreau, afin qu"ils leventplus
tot. Trois w;o(/// sont la niesurc d'im jitgpruuK
Les Grecsdisent quc les pois viendront plus gros,
lorsqu'on les aura arroses d'eau chaude la
veille du jour ou on lcs scmcra. Ils ajoutent
qu'ils aiment les terrains voisins de la mer, et
qu'ils viennent de meilleure heure quaud ils sont
semesen automue.
V. On scmera aussi le chanvrccc mois,jusqu'a
requinoxe du printemps , de la raauierequenous
a\ons detaillee eii fevrier.
VI. On seme a present la cicerole, qui ne differe
dc la i;esse que par sa couleur obscure et noire,
dans un tcrrain gras qui aura recu le premier ou
le sccond labour. Un jugcrum ea aura assez de
quatre modii; raais on peut se conteuler d'y eu
semer trois, ou merae deux.
VII . On eomraence a prcsent a ecraser les raottes
de terre dans les vignoblcs ; ce qu'il faut faire
taut aux calendes de ce mois qu'a celles de
tous lcs autres mois qui le suivront, jusqu'a celui
d'octobre , nou-seulement pour extirper les mau-
A aises herbes , mais encore pour erapecher que
la terre, etant trop eudurcie, iTetrangle leplant
qui est encore tendre. On extirpera jusqu'aux
racines du gramen, qui causent un grand doni-
mage aux vignes. II faut becher a present les
vignobles dans les paj s froids, et y echalasser les
ceps et les lier , en observaut d'eniployer pour
lesjeunes vii;nesdes liensqui soient flexibles, par-
ce que, s'ils claient durs, ils les couperaicnt in-
dubitableraent,d'autantqu'ellessonttres-tendres.
On appuiera les grands ceps sur un pieu fort, et
les petits sur un plus mince. Ce pieu sera pose en
face de ratiuilon , et du cote du ciel d'ou vient
lc fi'oid, attendu rincommodite quc son ombre
oecasionnerait au cep, s'il etait pose autrement.
II scra d'aillcurs cloigne du cep, a ladistance de
([uatre doigts ou d'un demi pied, afin qii'on puisse
bccher librcment autour du ccp. II y a des per-
sonnes qui tronqucnt a prcsent les vicux ceps a
une certaine elevalion de terre , dans la vue de
les renouveler. Mais cette mcthode est vicieuse;
car il arrive presque toujours qu'une plaie de
cette uature pourrit au soleil et a la pluie , parce
qu'elle est trop considerable. Cest pourquoi il
vaudra mieux les renouveler de cette facon-ci :
Ou comraenccra par lesdechausscr profoiidemcnt,
jusqu'a ceque leurs racines soienta dccouvert;
ensuitc on les coupera en terre au-dessus de ces
raciues , afin qu"etant recouverts de terre par la
suite, ils n'aieut rien a craindre du froid ni du
soieil : encore n'tn viendra-t-on a cette extre-
mite que lorsqu'il s'agira de ceps d'une excel-
lente espece, et dont les racines seront tres pro-
fondes ; autrement il vaudra raieux les grefl'er
avec des savraents d"une bonne qualite. Toutce
que uous venons de dire doit ctre fait au com-
mencemcnt du mois dans les pays ehauds , et
apres les ides dans les pays froids. On bcchera
le pied des ceps qui seront maladcs , ou dont le
fruit sechera , et on les arrosera d"urine gardee.
On mcttra aussi sous la tcrre qui les portc de la
ceudre de sarraent ou de chcnc , mclce de vinai-
gre ; ou bien , apres lcs avoir coupcs pres de terre ,
on les rechauffera avec du fumier, et on en lais-
sera croitre les pousses qui paraitront les plus
fortes. Lorsqu"un ccp aura ete blesse par la houe
ou par un instruraent de fer quelconque , si la
plaie est prcs de terre , euduiscz-la de crottin de
.irgillosiim asiuni reformidant. Ilerbis liupi cntdr assidiie ; ]
qiiinque sextariis spatium jugeil complebilur.
IV. Kiinc cicer uliumque seiere delicmus loco Isetissi-
1110, caelo liumido. Maceiauduni est |)iidie, ut possit ci-
lius nasci. Jusjerum Iriliiis modiis coiiseretur. Ciceigraude
iiasci GivTCi dicuiit, si iufundalur aqua lcpida piidie :
ainare etiain liKa maritiina : teinperius proveiiire , si se-
latur aiilumiio.
V. lloccliain mense cinnabiim serimus usque in icqui-
nocliuiii venuim, liac ratione, qua iu rcbiuaiio disputa-
tum cst.
VI. iNuiic ciceia scritur, qua> distat a cicercula solo co-
lore , quo soidet, et nisiiorest, primo sulco vel secundo,
solo l;ilo. .luneiiim (piatuor vcl tribus vel ctiam duobus
inodiis iuiplcbimus.
VII. Ilcic niiMisc novclla viuca incipiat pulverari ; qiiod
nunc ac deiiitcps per ouincs caleiidas usque ad Octobres
facieiidum csl, noii soluin propter lierbas , sed ne teneia
adliuc &eniina solidata tcrra coiislringat. Graminum ra-
dices, qua; plurimum vilibus noccnt, evlirpandx sunl.
Nunc locis fiigidis vincaruin fossio culebranda est : cl
pulanda^ alipie liganda; sunt vites : sed novcllani mollibus
viuculis alligcmus;quiae;im teneram viuculadiuioia pr,c-
cidiint. 1'alus majoribus vitibus .solidus, niinoiibus poiia-
tur c.vilis. 1'ropler uinbra,' molesliaiu statuatur ab X(\m-
loue et plaga liigida, spatio quatuor digitonini vel seini-
peclis remolus a vitc, ut possit ex onnii paite ciirumfodi.
Viiieas vcteres nuiic aliqui a lerra altius tiinuant, slu-
deiiles rcparationi : sed vitiosnni est; nam |ileiuinqiie
vastior plaga sole pulrescit el roribiis. Qiiare lioc genere
repareUir : Piius ablaqiieabitur altius, donei; ejiis nodus
appareat : deinde infra tcrrani supra iiodiiin recidalur, ut
opcrta de Irisore ct sole niliil timeal. Hoc faciendnin , si
oplimi geneiis vitis sil et alle posila; alioq:iin generosis
inelius eiil inserenda sai nicntis. Oninia supra dicla locis
calidis piimo mcnse; frigidis vcio post idus ipsius exe-
qiunuir. .Egras vitcs , vel (piilais fruclus aicscit , circuni-
lodi(s , ct urinam vcleieiii snffiiiidcs , iteni cineicni sar-
inciiti aut qiierncum aceto mivtum subjice, aut incisas
circa tenani l.netamine icfoveto , et (iu.Te gci niinaiit fortio-
ra dimiltc. Cum vilis bidcnlc 1,-Bditur autlcrro, plag.iin,
%\ tcrrx juncla est, adline stercore ovillo vel caprino :
S80
PALLADIUS.
brybisou de ehevre, qiie vous yassujettirez avec
tles ligatures , et que vous recouvrirez de terre
prise a son pied. Si c'est la racine d'un cep qui a
ete blessee , ajoutez a cet enduit du furaier li-
quide, lorsque vous reeouvrirez la plaie.
VIII. On versera du tnarc d'huile sans se! au-
tourdes racines des oliviers malades. II n'en luu-
dra que six rnnrjii, suivant Columelle, pour les
plus grands arbres, quatre pour les arbres de
moyenne taiile,et plusoumoinspourlesautres, a
proportionde leurgrandeur. D'autresjettent sur
leurs raeines de la paille defevesjusqu'a la con-
currence de dcux qmli pour un grand arbre.
D'autres, apres avoir prealablement couvert ie
trone de larbre, repandent dessus la quantite de
vieille urined'homme qu'i!sjugent siilllsante, en
faisant en meme temps a son pied une excava-
tion propre a la contenir, surtout dans les lieux
secs. On percera avec une tariere gauloise un
olivier sterile, apresquoion prendra du cote du
midi , sur un autre arbre qui produise beaueoup,
deux branchesegalement longues, que Ton en-
foncera dans ce trou par ehacun de ses cotes , dc
facon quVlles s'y trouvent resserrces; et, aprcs
avoir coupe lcs portions de ces branches qui de-
borderont de Tun et de i'autre c6te du trou , on
aura soin de ies recouvriravec un lut dans lequel
il entrera de la paille. Si , au contraire , lcs arbres
sont de belle venue, mais qu'ils ne rapportent
point de friiits, on enfoncera dans leurs racines,
snit un pieu d'olivier snuvage , soit des pieux de
pin ou de cliene. Cest aussi a present que ceux
qui sont dans lusage de sarcler les bles doi-
vent le faire pour la seconde fois. On formera a
prcsent, dans les pays froids, les pepinieres de
baies ct dautres semences dont nous avons ()arle
au mois de fevrier, et on donncra les derniers
soins aux plants de rosiers aucommencement du
mois.
IX. II est bon de commer.cer a prcsent a s'oc-
cuper de laculture des jardins. On seme rartt-
chautau moisde mars. Ce legume aimeuneterre
fumee et meuble, (juoiqu'il lui soit plus aise de
venir dans une terre grasse. II sera a propos,
si on veut le mettre a Tabri des taupes , de le
semer dansune terrequisoit compacte, afln que
ces animaux pernicienx ne viennent pas aisement
a bout de la fouiller. II faut semer les artichauts
dans le temps que la lunecroit,etsur uneplan-
che preparee d'avanee a eet effet, en laissant un
demi-pied d'intervalle entre chaque graine. II
faut prendre garde que leur graine ne soit pas en
terredans une position renversee, parcequ'elle ne
doimerait que des artichauts qui seraient petits,
courbtset durs. II nefautpasnon plus Tenter-
rer profondement, maison la tiendra entre trois
de ses doigts, que Ton enfoncera dans la terre
jusqu'auniveau de la premiere articulation ; apres
quoi on la recouvrira legerement de terre, et on
ne manquera pas de la delivrer assidument par
la suite des mauvaises herbes , jusqu'a ce que
les tiges qu'elle produira soient fortifiees, et de
rarroser s'il survient de la chaleur. Si Ton brise
la pointe de la graine, il en viendra des arti-
chauts sans epines ; de meme que si on la met
tremper pendant troisjours dans de Thuile de
laurierou de nard, ou dans du baume blanc, ou
dans de reau-rose, ou dans du mastic, et qu^on
ne la mette en terre qu'apres l'avoir fait secher,
il en viendra des artichautsqui auront le gout de
celui de ces pariums dont elle aura cte abreu-
vee. II faut chnque annee enlever quelques bran-
chesa latigeprineipale,tant pour Insoulagerque
pour multiplier leplant. On les arrachera nean-
moins avec une portion de leurs racines. Quant
aux arlichauts que Ton reservera pour en tirer
de la graine, il faudra, apres lesavoir dcbarras-
scs de tous leurs rejetons, les couvrir d'ua vase
liinc lorra niista tiicumfossii lijjare ciirnto. Si in ladice
Ia>sa est, o|ieriens lii]iii<liim loelanien adiiiisce.
VIII. Nunc oleis laboianlilnis circiim lailices insulsa
amurca fundelur. Maximis aiboribns (quod Columella
dicit ) sex coni^ii , niediocrijjus qualuor, cajteiis pro
aeslimalione sufliciunl. Alii paleas (aba;, binos per majo-
lem arboicm cpialos ; alii veleris nriua; liumana; truiico
qnanlum salis videUir affnndunt, et arbori niortarium
slalim laciiint, ma\inie loc.is siccis, Irnnco ante cooperto.
Oleam slerilcni leiebia Gallica perfoiabis. Tiinc diios
frugifer.x arboiis ab auslrali parte ramos ejusdem magni-
tudinis tollis , el stricle in foiainen ulrin((ue conjicies vel
lapjdein, vel pini vel querci palos, el aliscisso eo quod
superabil, tulo palealo cuiabis occuleie. [Sed] si sine
fruge liixuiianl, oleastii palum vel lapidem vcl pini vid
querci palos ladicibus ejus infige. Nunc etiam qiiibns mo-
ris est, frumenla ilerum sarrire conveniel. Nunc locis fii-
gidis seminaria, qua; Februario inense dicta sunt, bac-
caruin et seniinum fiant, el rosaria in incnsis inilio per-
colanlur.
I.\. Niinc liorti optime sumnnt cullionis initia. McnBe
Mailio carduns seriliir. Terram stcicoialam ct solutam
diligit, quamvis in pingiii possit meliuspiovenire, et hoc
illi contia lalpas prodest, si pangalur in solido, ne leria
ab inimicis animalibus facilius perforetur. Serendi sunt
cardui luna cresceute , in aiea jam parala , seinina spatio
semipedis sint discrela. Cavenduni est ne semina inversa
ponantiir. Nam debiles, incurvos et duros croabunt. Non
alle imprimenda sunt, sed Iribus digitis comprebensa mer-
ganlur, donec ad primos arliciilos terra perveuiat. Tunc
leviter opeijanlur, et lierbis liberentur assiduc, donec plaii-
laria solidentur,elrigenlur siKStusinteivenit. Si acumina
seminnni confringas, spinis carebunt : Ilem si scmina
eorum madefeceiis per Iriduum laurinooleo, vel nardino,
vel opobalsamo, vel succo rosae , vel masticliino, et posl-
ea siciala depresseris , ejusdeni saporis orientur, cujus
unguontum seniina coinbiberunt. Singulis sane annis a
codice auferondip sunt planta; , ut nec inatres fatigenlur,
ct soboles per alia spatia digeralur : cum aliqua tamen
radicis paite vellenda; sunt. Quas reservabis ad semiaa
DE L'AGRICULTUP.i:, LIV. IV.
581
(]e terre ou d'une ccorcc , pairc que le soleil ou ia
piuiecn font coramunenicnt mourir ia {iraiue. li
cst bon d'avoir souvent dcs cliats au milieu des
plants d'articl)auts , pour lcs garantirdcs taupes.
!i y a des personnes qui ont a cct elTct dcs belet-
tes apprivoisces. Qiielques-uncs rcmplissent les
trous de taupes dc terre rouge et de jus de cou-
combre sauvage. D"autrcs pratiqucnt aupres plu-
sieurs excavatious pour y 1'aire peuetrer le jour,
ce qui mct lcs taupcs cn l'uitc. La piupart mettent
a rouvcrture de icurs trous dcs pieges suspendus
avec des fils de soie. On scaie aussi tres-bicn ce
mois-ci , daus ics pays froids, l'oiguon de Cypre,
l'ail, la ciboulc et rorigan, ainsi que raneth. On
peut aussi trc.sbicn semer ou transplanter a pre-
sent la moutardc ct les clioux. On seme encore
la mauve et lc grand raifort, et ron trausplante
Torigan : on peut semer la laitue, la poiree, le
jioireauet les capres, ainsi que la feve d'Egypte,
la sarriette et ic eresson alcnois. li y a des per-
sonnes qui scmcnt aussi a prtisent la chieoree et
les raiforts, quand eiles veulent cn avoir pour
rctii. II faut scmer a prcscnt les melons. Comme
ii ne faut pasquilssoicuttrop presscs, onenmet-
tra les graincs a dcux pieds de distance Tune de
l'autrc dans dcs terrains labourcs ou faconues au
pastinum, et principaleracnt dans du sable. Ou
aurasoiu de fairc trerapcrauparavant ces graincs
pendanttroisjoursdansduvinmelcdcraicletdans
du iait, pourneies mcttre en terrcque lorsqu'elles
scront sechees. Cctte precautiou coutribuera a
Qonuer aux melons unc savcur agrcable. Mais
si l'on vcut qu'ils aient aussi de Todeur, on lais-
sera la graine , ((uand eiic sera scchee , pendaut
plusieurs jours entre dcs feuilles dc roses. Ou
s6me encore a present lcs concombres dans des
sillons ecartcs les uns des autres, auxquels on
donne un pied et deini de profoudeur et trois
pieds de largeur. On laissera, sans lc labourer,
uu iutcrvalle de huit pieds cntre ces sillons,
sur lcquel lcs concombrcs pourront s'etendre.
Comme riierbe lcur l'ait du bieu, il n'cst pas ne-
ccssaire de rarrachcr ni de les sarcler. Si Ton en
fait trcmpcr la graine dans du lait de brcbis et
dans de riiydronicl , ils scront doux et blancs ; dc
mcme que si Tou niet a deux palmi dc distance
sous cux un large \ase rcinpH d'eau , ils devieii-
dront tcndrcs, et s'allongeront cu chcrchant a ga-
gncr cctte eau. Ils n'auront point de graiue,
loisqu'avant d'en seincr lagraine on racnduite
d'luiile du pays des Sabins, ou frottee avec de
riierbe connue sous le nom de culex, broyee. II v
a des personucs qui mettent daus uu roseau , apres
enavoir pcrcetousiesnosuds pour ic creuser, une
llcur de concombre avcc lc bout de sou tenon , d«
sortc que lc concombre qui vient dans ce roseau
s'etcnd jusqu'a unc longucur imracnsc. Ce legume
redoutesi fort l'huilc, que si l'on cn mcttait au-
prcs de lui , il se recourberait en forme dc crochct.
II sc rctuurnc aussi toutcs les fois qu'il tonnc, com-
nic par un cffct dc la peur. Si ron renferine sa
llcur, sans la separer de son tenon, dans un
monle de terrc ciiitc bicu altache, le coiicom-
bre qui en naitra prciulra la formcde riiomme
oudc ranimal que rcprcscntera ce moule. Tous
ccs faits sont attcstcs par Gargilius Martialis.
Columclle prctend que si Ton a dcs ronccs ou des
fcrulcs dans un lieu qui soit exposc au soleil ct
fumc, ctqu'a|)resles avoircoupees presde terre,
passc rcquiuoxe d'automme, on Ics crcusc avec
uu slylet dc bois pour y enfoncer du furaicr dans
la mocllc, et y mcttrc ensuite uiie graine de
eoncnmbre, le icgurae ((ui cn naitra pourra iTSis-
ter nK''rac aux plus grands froids. On semoi^a les
colligen(la,lilieiatas uniiiihiis piillitjlcsta su|)eitcgcre (letie-
liis aiit (■(iitice. Naiii sulrnt siMiiiiia solo vel imbribus iii-
teiire. Conlra lalpas pr.idrsl calos freiiuenler liabere iii
niediis carduelis. iMiislelas lialiciil plcri(|iie maiisuetas.
Alupii Ibi-amina eariini iiiiiii( a (I m , ,ii'^li^ i lu uineris
:'i))pleveiuiit.Xoniiulli |ii\l,i ( ul.ili.i i. ii n iiin ;il inscaTer-
liasaperiunt,utilla'leiiil;c lii.;i.uil Mili,.iiiiiii ,;i, rkTiqiie
la.pieos iii aditii earuin setis piiidcnlibiis poiiunt. }loc
ctiain iiiense ulpicum beiie et alliiim seiemus , et cepul-
las, ctciinilain locis Irigidis, et anelliimi. iNunc ct siiiapis,
el caules optiiiie sccuntur vcl plaiilanliii- : et malva scriUir
et armoracea,et origiini plaula transferlur. Lacliica cl
beta et porriis, et cappaiis seri possiiiil, et colocasia cl
satuieia et nasturtiiiui. Intyba cliain cl raplianus nuuc
aliipii seninl , (piibus iilaiilur aestale. Niinc meloiies se-
reiidi rai ius. Distent intcr sc .scinina pedibiis duobus, locis
suliactis vel pastinalis, niaximc areiiis. Seiniiia conim
niulso ct lacte per tiidiiiiiii niaceranda -sunt, et tiinc jam
siccala ponenda : hini: suavcs cllicieulur. Odorali aiilem
liuut, si coruiu scinina multis diebus inlcr ru.sa; lolia
siica inerganlur. iSunc et cuciimeves senilnaiitur raie,
Eulcisfacli:iaUitudiiiesusipiipcd.di, laliUidiiiepcdiiiiiliium.
Iiiter siilcos viii pcduin spaliuin criidiim reliiiipies , iibl
possint vag;iri. Ilerliis juvauliir, ideosarculoel riiiicatione
non iiidigeiil. Scniina si ovillo lacle et nuilsa niacercs,
diilces nascentiir et candidi. Longi et teiieii liunt, si aqiiam
in palciiti vasculo sub cis poiias, duobus palmis Inferiu-
rciii , ad qiiain leslinando lalcs elliclcntiir. Siiie si seiniue
nasccnliir, si priiis eoriiin semina oleo Sahino perungan-
tiir, ct b'crba ea qiiai culc.\ dicitur, li ila confriccnlur. Ali-
ipii llorcm cucuuicris cum viliciila; sua' capitc canna!
inserunt , cui priiis omues nodos perforavcrinl : ibi cucii-
niis nascetiir iii nimiani luiigitudinem lensus. Olenm sic
metiiit, ul si juxta posueris, veliit liainus plicetur. Quo-
liesluiial, vcliit Imiore perterritiis converlitiir. Si ejus
llorem siciil in siia vile est, in furina liclili clauseiis ac
ligaveris, «pialein vultuin funna vel liuminis vel anluialis
liabuerit, talem cucimiis liguram pr,x'stabil. II.-bc omnia
Gargilius .Martialis as.seruil. Culuniella dicit, luco aprico
ct stercoroso si rubos babeamiis aiil feriilas , posl aiitumni
a'quinocliuin liis juxla tcrram lecisis el cxcavatis lignco
stilo, intcr meduUas lailameii iininittainus , et cucunieiis
seuicu adilamiis: liiucnasci friictus, quipossiiit et interfrj-
gorainiiiiiri.iii. Ildc iiieiisca.sparagossereinusrirca Apiile.i
PALLADIUS.
aspergcs ce mois, vers les calendes d'avril , daiis
un terrain gras, huinide et iaboure. II faudra a
cet effet mettre, dans de petites fosses alignees
au cordeau, deux ou trois graines d'asperge , cn
les espacant d'un demi-pied ; apros quoi on cou-
vrira le sol de famier, et on en arraciiera de
teraps en temps les herbes , ou bien ou etendra
dessus pendant rhiver de la paille que Ton
otera au commencement du printemps ; moyen-
nant quoi il en viendra des asperges au bout de
trois ans. Mais il sera plus court de mettre en
terre des pattes d'asperges, qui rapporteront im-
mediatement. Voici comme on se procurera ccs
pattes. On creusera des fosscs sur un terrain gras
et furae, dans chacune desquelles on mettra,
aprfes les ides de fevrier , ce qu'on pourra pin-
cer de graine d'asperge avec trois de ses doigts ,
en la recouvrant legerement de terre ; et toutes
ces graines, venant a se reunir, formeront une
racine complexe a laquelie on donne le nom de
sponr/ia. Cependant cette racine souffre elle-
meme des retards, puisqu'il faut rentretenir
pendant deux ans dans sa pepiniere avec du
furaier, et en arracher souvent les mauvaises
herbes ; et qu'on nc la transtere qu'apres Tequi-
noxe d'automne, pour recueillir dcs asperges au
printemps. Cest pourquoi on trouvera mieux
son compte a acheter ces racines toutes venues,
qu'a les attendre longtemps en les elevant soi-
iueme. .\u reste , de quelque faeon qu'on se les soit
procurees, on les arrangera sur le miiieu de
)'ados des planehes, si le terrain est sec, et sur
la pointe de leur elevation, s'il est humide. 11
faut que Teau ne fasse que passer sur les pattes
d'asperges, pour les arroser sanss'y arreter. On
n'arrachera pas les asperges que ces pattes auront
produitesla premiere annee, mais on les rompra,
depeur d'ebranler les pattes elles-memes qui sont
encore faibles; au lieu qu'il faudra les arracher
les annccs suivantes, afin que les yeux qui
doivent en produire de nouvelles soient decou-
verts. En effet, si on continuait de les rompre,
ilarriverait que des terrains ordinaircment ferti-
les se trouveraient frappes desterilite, par les
racines d'asperges qu'ou y aurait laissees. Au
surplus, c'est au printemps qu'on pourra les con-
sommer, et on reservera pour rautomne celles
dont on voudra cueillir la graine. Quand cette
graine sera cueillie, on mettra le feii au\ fannes;
apres quoi on couvrira les pattes de lumier et
de ccndre vcrs riiiver. On seme ce mois-ci la rue
dans des lieux exposes au soleil. Cetfe plantese
contente d'avoir de la cendre repandue sur elle.
Elle demandedes terrains cleves, hors desquels
Teau puisse s'ecouIer aisement. Si Ton en met
les graines en terre sans les tirer de leurs cap-
sules, il faudra lcs y mettre avec la main les
unes apres lcs autres ; au iieu que si elles sont de-
pouillces de leurs capsules Iorsqu'on les semera,
il faudra lesjeterpar-ci par-la, et lcsrecouvrir avec
un rflteau que Ton fera passer dessus. Les tiges
quiviendrontde lagrainequiaura etesemee avec
sa capsule seront plus forlesquejes autres, mais
d'un autre cote elles seront phis tardives. Les
petitestiges que Ton arrachera decette plante au
printemps avcc une partie de son ecorce tien-
dront lieu de plant; au lieu qu'ellc perirait si on
la transferait eiitiere. 11 y a des personnes qui
inserent ces petites tiges dans une feve percee
ou dans une bulbe qucleonque, avant de les
mettre en terre, afin qu'elles s'y conservent a
raide de la \igueur quc leur procureront ces
corps etrangers. On profere aussi des injures
contre cette plante, ct on aime micux la mettre
dans une terre de brique dissoute , ce qui lui est
effectivement avantageux. Mais elle viendra
encore mieux (suivant ce qu'on assure) quand
elle auia ete volee. Elle aime a se reposer sous
fii!. Pingni ioco, liumiilo , subacto , ila ut minoril)US,
fossulisad llneain diioclis bina aut lerna grana semipedis
spatio discreta ponantur. Deliinc stercore solum legatur,
et herbae subinde vellantur, vel per liiemem supra stra-
mina jacianlur primo vere lollenda. Hioc post triennium
nasceutur asparagi. Sed expeditior ratio est, si asparago-
lum spongias ponas , quas cito Iriictum ministient. Ha?
sic fieut : Semina asparagi quanta tribus digitis comprc-
hendere possis, post idiis Febr. Pingui et stercorato solo in
singulis fossis pones, et leviter obrucs. His coeuntibus radix
connexa nascelur, qiia; appellalur spongia. Sed et lioec
moras habet. Nani per biennium in seminario suo est sfer-
core et assidua runcatione nutrienda. Dcinde post a^qui-
noctium aulumni fransferetur, et veie asparagum dabit.
Has erit utilius comparare , quani longa e^pectatione nu-
trire. Eas tamen in sulcis disponemns. Si locasicca siint,
inter inedios sulcos ; si humida, in summitate sulcorum.
Hunior spongias asparagorum transitii suo dehot tantum
ngare, non sistere. Asparaguni , quem priiiio profulerinl.
confiingere debemus non avellere, ne adliiic invalidam mo-
veamiis spoiigiam : CTcleris anuis avelleudiis est , iit oculos
su» gcrminationis aperiat : qiiia si deiuceps refringas,
loca qiiiP fcrcunda esse consueverunt, lemanente aspaiagi
radice claudentur. Ministrabunt autcni vcre: et autumno
reservabis eum, de qiio sumtiirus cs semina. Postea sco-
pas ejus iuccndes, tunc circa hieniem spongiisadjicies ster-
cus et cinereni. Hoc mense rutaseritur locis apiicis, su-
liiis cineiis inspersione contenta. Loca desiderat alliora,
unde liunior elabilur. Si ponas semina ejus adliuc clausa
folliculis , singulalim manu debehis afligere. Si jani mi-
nuta suiit , sparsa jactahis, et rasfro obducta cooperies.
Caulesejiis, qui iuclusis seminibus nati iuerint, loitiores
eriint, sed sero nascentur. Ramuli ejus ciim aliqua cor-
ticis parte conviilsi verno tempore pio plantis tenebunt :
tota vero translata morictur. Nonniilli ramulos ejus per-
tusaj faha; inserunt vel bulbo, alqiie ita obruunl aiieno
vigore servandos. Prosequuuliir eliam malediclis, ct
maxiine in lerra soluti lateris poniint , quod prodcssc
DE L'AGRICULTUP.E, LIV. IV.
S83
rorabre clu (Iguier. Elle ne .soulTre pas qu'oii
dL'raciiic riierbe aupres d'el!e, inais eiie veut
((u'on l'ari aelio. Elle craiut d'ctre touclice par une
lenime dans le teraps de ses regles. On se.iiie la
coriaudie depuis ce niols-ci jusqu'a la lin d'oc-
tobie. Cette plante se plait daiis uue terre grasse,
quoiqu'elle vienneegalemeiitdansuuterrain niai-
gre. On croitque plus sa graine cst vieille, meil-
leure elleest. Elleaiine leau. Une foisseniee, elle
viciit a\ee toutes sortes de plantes potageres. 11
fautsemer leseourges ce niois. Ces plautes ainieut
un terrain gras , huniidc, fimie et mcuble. Elles
ont ceci de reraarquable , que les graines que ron
tire dc leur col donnent des courgcs longues et
freles; au lieu que celles que Ton tire de leur
veutre en donnent de plus grosses, corame celjes
que Ton tire de leur extremite iuferieure en
donnent de larges, pourvu qu'on les mette en
tcrre la cirae reuversee. Quand les courgcs ont
commence a prendre une certaine consistance,
on lcur donne des appuis pour les aider a croitre.
On laisse pcudre a leurs teiious jusqu'en hivcr
celles que ron conserve daus la vue d'eu avoir
de la graine; apresquoi un les enleve, et on les
met au soleil ou a la fumee; sans quoi leur
graiiie s;' pourriraitetpcrirait. Onseme cemois-ci
la blette dans quelquc terraiii que ce puisse ctre ,
pourvu qu'il soit cultive. II nc faut ui dclivrcr
des mauvaiscs lierbes ni sarclcr celte plaiile po-
tniicrc. Quaiid une 1'ois elle sera venue, elle se
reiKUivcllcra d'elle-meme pendant une suite de
siecles, en repandant a tcrrc sa scraence; de
facon qu'il ne scra pasfacile, quand meme on
le voudrait,dc la dctruire. Oa seiue au^si a pre-
sent le scrpolet, taut en plaut (|u'cn graine.
Celle-ci cst toujours meillcure lors(iu'elle cst
vieille. Cette plaute sera plus garnic de fcuilles
quand clle sera semee aupres d'une raare d'cau
ou d"unetang, ou sur lc bord d'un puits. Oii sfeme
aussi tres-bien a piTsent faniset le cumin. Ces
dcux plantes rcussisscnt mieux dans des terrains
fcrtilcs , quoiqu'clles viennent cgalcnient dau.s
d'aulrcs, pourvu qu'on lcs aidc avec de Tcau el
du fumier.
X. On stMTicra la grciiade au mois de mars ou
d'avril dans lcs climats temperes, et au mois de
novembre dans ecux qui scront chauds et secs.
Le grenadicr aimc uu terrain argileux et niaigrc,
quoiqu'il ne reussisse pas raoins dans un tcrrain
gras. Les pays chauds lui sont favorables. On Ik
seiiieenbouturesdetaclicesde laraciued'uiigraud
arbre. II y a plusieurs facous de le semer, niais
la meilieure consiste a coucherobliqiiemcnt dans
une fossc une branche de cct arbre dc la longueur
d'un cubitus et de la grosseur d'un manche
d'iustrument, qui aura eteamincie par les deux
bouts avec une serpette bien tranchante , et que
lon aura eu soin d'euduire auparavant de fiente
de porc,tant par en haut queparenbas. On peut
encore l'eufoncer profond(;ment a raicle d'un
maillct daiis un tcrrain non labourt-. Quand la
branche qu'on mettra cn terre aura iXe. prise sur
Tarbre dans le teinps qu'il etait d('ja garni de
boutuns,elle prcndra beaucoup mieux. Si on a
soin , en la mcttant dans la fosse , de charger sa
racine de trois petites pierres , on pourvoira par
la a ce que son fiuit ne se fcnde pas. II faut
prendre garde dc ne pas la mettre cn terre la tete
rcnvcrsee. On croitque les fruits de cet arbre de-
viennent aigres quand on larrosc trop assidu-
mcnt, d'autant que la scchercsse les rend doux
et les fait multiplier en abondance. Pour empe-
ciier neanmoinsqii'iln'en vieniie uiic Iropgrande
quantit(i,il faudra opposer un peu d'eau a lcur
abondance excessivc. II faut bikdier le pied de
cet arbre tant cn automue qu'au priutemps. S'il
ccrtissimum est. Sfd (ut iissorunt) nidius furtiva pro-
veniet. .Sul) lici aiboils uiiilMa lilieiiliiis afiiuicsril. Non
cfToili licibas, st>il oplat avelli. Inimuuila' miiliciis foiini-
(lat altaclum. kh hoc monsi; iisnui' iii Octobivm lolimi
coriandrum scritur. Amat lcriam pinguem, .scil <!x m.icro
.solo nascilur. Scmen mclius pulatur, ipiod velustius fue-
rit : deleclalnr liumorc satniii bciie cuni olcre ipiocumqnc
iiascetiir. IIoc inense ciicurbita scniula esl. ..\mat solum
piii.i;uc, tinmiilnm, slercoratum, solutnm. Hoc in cuciir-
liilis iiisigne cst,(|uud lon^as pariiint ct exitcs .scmina,
(pjic in eariim cervice nascuntur : qii.c in venlre fucrant,
cuinrbitas faciunl crassioies ; qua! in fuudo , latas , sl in-
vcisis cacuiniuilms obruantur. Ubi adolcsc.cre ctepeiint ,
ailminiculis adjuventnr. Qiia' servantur ad semina , usqne
ail liieinem in sua \ite dependcant , dcinde siiblala'. iii solo
|iouantur, aut lumo : aliter scmina putrcfacta dcpcrcunt.
lloc mcnsc blitus seritur solo quaiicumipic, sed cullo.
Oliis bocneque runcandum est iieque sarcnlandiiin. Cnm
scmel uatum fiierit, ipsnm se per mullas(!cnla scmiiiis siii dc-
jectione repaiabit, «t, etiam si vclis, vi\ possit abolcri.
Nuiicctiam seipjlUmi seiitnr plantis ct seiiiiue , sed ve-
tustate nicliori. Laetius frondcbit, si juxta piscinam vel la-
ciim vel putei marglnes conseratnr. .\nisum qiioque et
eyniiniim iiiinc bcne seritnr. Locis hctioilbus melius pro-
vciiil, ilcnique cictcris , .si linmoie jiivetur et slercorc.
.\. Locis lemperatis nicnse Jlarlio vcl Apiiti mala Pu-
iiica sercmus; c.didis vero et siccis, Xoveuibri : aiiial liicc
arlior soiniii cretosum , macilentum, scd in pingni etlani
pioveiiit. licgio illl cst apta, qna.» caliiiaest. Serilnr plantis
de iiiatrnni ladice dcvul.sis. Scd qiiainvis multis gcneribus
.seraliir, mclius tamen raiiius ejus cubitalis incisns maiiii-
biii crassiludine , et capite ulroque arnla falcc Icvigalus,
scrohi velut obliquus immeigilur : prius tameii porcino
stercore et in capite el iii parte, qiia; iina cst, oblinalur,
vcl in ciudo solo nialleo cogatiir ad inferioradeliyi. Alelius
provcnicl , si ponendus raimis geramante jam malre su-
inatiir. Scd qui in scrobe dcponit.si trcs lapillos in ipsa
railicc constituat, providcbil, ne poma liiidantur. Curan-
dnm ne viii>ulta inversa deponas Cicdunlur acida lieii,
si rigcntur assidue ; naiii siiiitas in bis et snavitatem
piKstat ct copiaiii. Cnjus tanien nimietati aliquid diln i
Uumods oppoui. Ciicumfodi autuinno debct et vcriio. Si
584
PALLADiUS.
rtonne naturellement des fniits aigi-es, on lepan-
dra siir sa cime un peu de laser broye dans du
viQ ; ou bien ron enfoncera un clou de bois gom-
meux de pin dans scs racines, apr^s les avoir de-
chaussees. D'autres entcrrent de Talgue marine
aupresde scs racines, et rjuelques-uns y ajoutent
de la fiente d^ane et de porc. S'il ne garde pas
bien sa fleur, on melera de vieille urine avec de
l'eau pnr parties egales , pour en vcrser trois fois
par an sur ses racines. II suffira d'en verser
une amphora sur chaque arbre. On pourra eii-
eore employer du marc d'huile sans sei, ou mettre
de Talgue aupres desesracines, et Tarroser deux
fois par mois; ou bieu il faudra entourer d'un
petit cercle de plomb le tronc de l'arbre quand il
sera en fleur, ou renvelopper d'une peau de
serpent. Si ses fruits se fendent, on mettraune
pierre au milieu de sa racine , ou on semera de la
scille dans son voisinage. Lorsque ses fruits au-
ront ete tordus sur Tarbre raeme dans le temps
qu'ils y etaient attaehes par la queue , ils se con-
serveront toute Tannee sans se gclter. S'ils sont
attaques par lcs vers , on frotte les raciues de
rarbrc avec du ficl de boeuf , et ces vers meiirent
aussitot. II est rare aussi qu'il en reviennequand
on les a ratisses avec un clou de cuivre. De Tu-
rine d'ane melee avec de lafiente de porc lesem-
peche egaleraent de s'y raettre. De la cendre re-
pandue frequemment autour d'un tronc de gre-
nadier, avec de Teau de lessive, rend cet arbre
beau et fertile. Martialis assure que les grains de
sun fruit seront blancs, pour peu que Ton mette
surses racines, pcndant trois ans de suite, un
raelange compose d'un quart de gypse contre
trois quarts d'argile et de craie. II ditaussi qu'il
donnera des grenades enormement grosses, si Ton
enterre,danssonvoisinage,une marmitede terre
dans laquelle on aura enferrae une de ses bran-
cbes avec sa fleur. En effet, lorsqu'on aura at
tache cette branche a un pieu pour rempecher
de se rapproeher de Tarbre , et que l'on aura
eouvert la marraite pour la preserver de l'eau
qui pourraity entrer, les fruitsque ron y trou-
vera en automne seront de la graudeur de la
marmite meme.Il pretend encorequ'un grenadier
donnera beaucoup de fruits, lorsqu'on aura en-
duit son tronc de jus de tithymale et de pour-
piermeles cnsemble par parties cgales, avant
que les boutons paraisscnt. II assure qu'on peut
legreffer en joignant des branches de deux ar-
bres voisins les unes avec les autres, de facon
que les branches tant d'un arbre quc de !'autre
etant fendues, elles se reunissent du c6te dela
raoelle. On ne peut le greffer que sur lui-meme a
la fin du raois de mars , vers les calendes d'avril.
Mais aussitot qu'on aura coupe son tronc pour
cette operation , il fandra y inscrei' un rejetoa
tres-recent, de peur que si on tardait a le faire,
le peu d'humidite que ce rejeton contiendrait
ne s'evaporat. On conserve les grenades en les
mettant par rangees suspendues par la queue ,
que Fon aura prealablement enduite de poix. Au-
tre raaniere : Quand on les a cueillies saines, on
les plonge dans de Teau de raer ou dans d« la
saumure bouillante, afin qu'elles s'cn imbibent.
Trois joursapres on les fait secher au soleil, sans
les laisser en plein air pendant la nuit , apres quoi
on les suspend dans un lieu frais; et lorsqu'on
veut en faire usage par la suite, ou les fait trem-
per la veille dans de l'eau douce. On pretend
qu'elles ne le cedent pas alors en bonte aux gre-
nades fraiches. II eu est de raeme lorsqu'elIes ont
ete ensevelies dansde la paille, separees les unes
des autres , de facon a ue pouvoir se toucher.
On fait encore un long fosse ; et apres avoir pre-
pare une ecorce de la grandeur de ce fosse , on
aclda nascantur, modicum lasnris cum vino Irilnm iicr
simimd arboiis cacumina opoilct infundi, vel ablaqueatis
railicibus tedae clavus infigl. Aliialgam marinam obruunt
ad radices, cui nonnulli stercus miscent asininum atque
poicinum. Si llorem nou continet, urinam veterem cum
pari mensura aqnse temperabis , et ter per annum (iu)
radicibiis inlundes. lini aibori ampliora ingesta sufficiet.
Vd amurcam mittes insiiUara , vel algam radicibusjunges,
cl bis rigabis in mcnse ; vel arboris florentis triincum
plumbeo circiilo debebis incliidere , vel cnrio anguis invol-
vere. Si crepaiil pnma, lapidem in media arboris radice
supponis, vel squillam circa aiborem seris. lit si, diim
pendent poma, tenacibus, sicut in aibore habeutur, intor-
seiis, in totnm annum sine corniptioue servabis. Si ver-
mibiis laborant , langis radices felle bnbiilo , et continno
nioriiinliir : aut clavo aeneo si vermes cosdem purgcs,
ilillicile nascentur : vel asini urina stercori admista porcino
vermibns obviabit. Ciiiiscuin lixivio circa Puniri Iriincum
rrequeuler infiisiis, la>ta et fructuosa reddit arbusla.
Asserit Martialis candida in bis graua fieri, si argilla; et
eret* qiiai lam parlem gypsi misceas, et tofo triennio lioc
geniis terrifi radicibus ejiis adjungas. Idem dicit miise
magnitudinis poma fieri , si olla fictilis obruatur circa
arborem Punici, et in ea ramiis ciim llore claudatur, ne
resiliat ligatiis ad palum : tnnc cooperta olla contra aquBe
miiniatur inciirsiis. Autumno patefacta suie magnitudinis
poma redbibebil. Miilta in Punico ipse asscrit poma pro-
cedere, si titbyiii;ili et pnrliilacce succiis ■lequaliter inistus
anfeqiiaingeniiiiiet, tnimoarboris adlinatur. Inscri posse
aflirmat de ramoruin connexione, iit medulla utrinque
divisa se jnngat. In se tantum iuseri potest circa Aprile»
calend. mense Martio ultinio. Sed secto triinco surculus
rocenfissimus statim debet inseri , ne mora exiguum, qni
inest, siccet biimorein. Piinica mala servanlur, si picalis
pediculis ordinata siispendas. Aliter : Lecla integra in
aqiia marina vel iniiria ferv«nte mergantur, ut combibant.
Post tridiiiim sole siccentur, iit snb dio nocfe non maneant :
post iii loro IVigido siispeiidautur. Cum volueris uti, aqua
dulri pridie macerabis. Feriintiir ba^c poinis recentibus
a;ninl.3ri : ifein , si a factu invicem separala paleis obriian-
tur. Item fossa litlonga, et cortex ejusdem magnilndinis
paratnr, cui mala acntis surculis suis affigunlur. Tune
fiche les grenades sur cetfe ecorce par la pointe
du rejeton auquel elles sont attnchees; aprte
quoi on renverse recorccsur le fosse, afinqu'elle
garantisse de rhumidite lcs grenades, qui setrou-
vent des lors suspendues sous la terre sans la
touchcr. On les conserve encore cn lcs couvrant
d'argile, ct cn les suspendant dans un lieu frais
quand cctte argile est sechee; ou en les enfon-
cant dans un petit vaisseau de terre rempli de sa-
blejusqu'a raoitie, qu'on laissera en pleiu air,
aprcs avoir fiche la queue de chaque grenade
dans uu roseau ou dans dcs bagueltcs de sureau ,
et les avoir ainsi enfoncees dans le sable, separees
les unes des autres , de facon qu'elles soient cle-
vces de quatre doigts au-dessus du sablc. On
peut aussi niettre ce vaisseau dans une fosse de
deux pieds de profondeur faite alamaison. Pour
lcs garder daus fun et fautre cas, il seramieu.x
de les cueillir avee une longue brauche. Autre
nianiere de les conserver : Oa les suspend dans
un petit vaisseau de terre rempli d'cau jusqu'a
moitie, de facon qu'ellcs nc touchcnt pas feau ;
et Ton ferme ee vaisseau , de peur que Tair ne s'y
iutroduise. On les arrange encore dans uue fu-
taillepleine d'orge , defacon qu'ellcs ne se tou-
cheut pas , et Ton couvre la futaillc. Maniere de
faire du vin de grenade : on met des grains miirs
nettoyes avec soin daus un cabas de palmier,
pour les pressurer daus un pressoir a vis ; aprcs
quoi on fait cuire a peti t feu le jus qu'ils ont rcndu,
jusqu'a ccqu'il soitreduit a moitie; et quand il
est refroidi , on le renferme dans de petits vais-
seaux euduits de poix eu dedaus et de gypse par
dehors. II y a des personnes qui, au lieu de le
faire cuire, mettent une livre de miel sur un
scxtariiis de jus , avant de le renfermerdaus lcs
vaisseaux que nous venons de dire, pour le gar-
der. On seme le citronnicr au mois de mars, de
quatre facous; savoir, en pepins, eu branches,
DE L'.\GR1CULTURE, LIV. IV. 585
eu boutures ct cn billes. Cet arbre airae ii se
trouver dans une terre peu corapacte , sous un
climat humide, ct a ne jamais manquer d'eau^ Si
on veut le scraer en pepins, voiei comme il fau-
dra s'y prendre : On bechera la terre a deux
pieds de profondeur, et apres y avoir mele de
la cendre on formera de petitcs ptanches scparees
pardes rigoles, atravers lesquellcs Tcau s'ecou-
lera dc part et d'autre. Ensuite on creuscra avce
les mains sur ces planehes une fosse (Yimprdmus,
dans laquelle on mettra trois pcpins joints en-
semblc , la pointe renversee ; puis ou Ics recou-
vrirade terrc, et on lesarrosera tous lcs jours. lls
seroiit moins lents a veuir si on les arrose avec
de leau tiede, qui leur fera beaueoup de bien.
Dcs (iu'ils seront une fois leves, on ne cessera
pas d'arraeher rherbe autour d'eux. On peut Ics
transplanter quaud ils auront trois ans. Si on
veut mettre en tcrre une branche de citronnier,
il ne faudra pas fy eufoneer i plus d'un pied et
demide profondeur, de peurqu'clle n'y pourrisse.
Mais il est plus a propos d'en plantcr une bille
de la grosseur d'un manche d'instrumeut et de la
longueur d'un cubitus, que fon amincira par les
deux bouts, et dont on otera les nceuds et les
piquants , cn laissant neannioins sur le dos de la
bille lcs boutons qui promcttent un germefutur.
Lcs personnes qui portcnt rattention plus loifi
enduisent de fiente de ba>uf le dos de la bille
dans tout son contour, ou en couvrent lesdeux
bouts d"algue marine ou d'argile petrie , avant
de la dcposer daus un terrain faconnc au pasti-
7uan. La bouture peut ^tre moius grosse et plus
courte que la bille, maisonrenterre de la meme
manicre ; avec cette difl'crencc qu'elle doit sortir
de terre a la hauteur de dcux patmes, au lieu
que Ton enterre labille cntiere. II n"cst pas ne-
cessaire de laisser degrands intervalles entre les
citronniers. II ne faut pas lcs associer avec d'au-
inversiis cortcx supra fossam ponitur, ul iiiHla sine ten-.ie
tactu suliterpeiuIeiUia nlj liuinme defendat. Item .si in-
(luantur argilla, et ea siccata loco frigido pendeant. Item
si seriola sub dio obniatur, qiia; habeat areuas iisquc ad
niedlum, et mala cum teiiacibus lecta imprimanlur caiinis
.singulis , vcl sainhuci viigulis , el ita .separata in aienis
(igantur, ul ipsa quatuor digilis emiueaut ab arena. Hoc ct
sub leclo in sciobe bipedauea lieri jiolest , el iitilius esl ad
seivandum , si ciini lanio longiOre tollantur. .\liter : In
seiiola cui ad mediura aqua miltatur, siispendunlur mala,
ue liumoreni langanl, et seiia claiiditur, ne ventus irriim-
pat. Item in dolio iutra ordeum sic ordinantur, iie se
invicem tangaut : ct dolium desuper operitur, Vinum de
nialis granatis conlicies hoc modo : Graiia nialura purgala
diligenter iii palmea lisccUa niittis, ct in coclilea exprimis,
et lenle coques usque ad medietatem : ciim lefrixerit, pi-
caliset gypsalisvasculisclaudes. Aliqui succum non exco-
quunt, sedsingulissextariislibiasmellissingulasmiscenl,
vl iii pr!fdictis vasculis ponunt ct cuslodiunl. .Mense Mar-
tio cilri arbor qiiatuor modis scrilur, scmine , ramo , talca,
clava. .\ii,at terram rarioris natiira!, celum calidum liii-
moremque continuum. .Si granis velis serere, ita facies :
Terram in diios pedes fodies, ciiierem miscebis, brevcs
ai'c;is facies, ut iiliinque per canales aqua discmrat. In
bis aieis palmarem .scrobem manibiis a|)eries, et tria
grana deoisiim verso acumine jiincta conslitues , et obriita
qiiotidie rigabis. Citius procedeiil , si henelicio aquae le-
pentis iilaiis. Natis germiiiibiis semper pioxima lierba
runcelur. Potest binc tiiuia planta transfeiii. Si raniuin
velis ponere, non ampliiis sesqnipede debebis imnicrgcrc,
ne pntrescat. Clava scri cominodius polest, qu<T sit ina-
nubrii crassitiidine, longitndine ciibilali, ex uliaque parle
lcvigala, nodis et aciileis rccisis, sed integra snmmitale
gemniariim, per qiias spes fuliiri germinis intnmescal.
Uiiigentiores et limo biibiilo adlinunt ulrinipic, qiiod
siinimnm e.st, vel marina alga vesliiinl, vel argilla subacta
parlisutriusque extrema cooperiuiit, alque ila inpastinato
solo deponiinl. Talca cl gracilior et brevior es.se polest;
qiiae siiniliter ul clava meigetiir. Sed talea palmis diiobus
siiporsit : tlava omnis obriiitur. Iii spjlio uoii dcsidcrat
TALLADIUS.
tres avbres. Ils se plaisent dans les lieiix chaucls,
poiipvu ciu'ils soient arroses, et principalement
quand ilssont voisins de la mer et que l'eau n'y
manque pas. Si Ton veut eependant forcer cet
arbre a venir dans une contree froide , il faudra
leplacerdans un lieu raunl de mnraillesou expose
au midi ; eneore le couvrira-t-on pendant riiiver
de grosse paille, de facon qu'il soit entierement
eache; et, desque l'ete sera venu, on le dc'eou-
vrira sans risque, pour le reniettre a Tair. On
cn plante les boutures ou les billes, dans les cli-
mats tres-chauds , en automne. J'en ai plante dans
desclimatsti'es-froidsauxmoisdejuilletet d'aout;
et en les animant par des arrosements repetes
tous les jours,je suis parvenu a les voir croltre
tres-bien, et rap|)orter dii fruit. On eroit que le ci-
tronnier vientmieux c[uand on seme des courges
aupres de lui , et que la eendre de leurs fannes
est bonne pour eet arbre. II ai.me a etre becbe
assidument, et cette culture lui fait donner de
plus gros fruits. On ne le taille que tres-rarement,
et on n'en retranche alors que les branehes des-
seehees. Onlegreffe au moisd'avriI dans les pays
chauds, et au mois de mai dans les pays froids.
Onnele greffepas sous recorce, mais on en fend
le trone dans le voisinage de ses racines. On le
greffe sur le poirier, suivant la pratique de quel-
ques personnes, et sur le miirier; mais il ne faut
pas manquer d'en couvrir les greffes d'un panier
ou d'un petit vaisseau de terre cuite. Martialis
assure que cet arbre n'est jamais sans fruit chez
les Ass>riens; et j'ai remarquela meme chose
dans des terres que je possede au territoire de
Naples et en Sardaigne , oii le sol et le climat sont
chauds , et oii Teau abonde. En effet , les fruits de
cet arbiese suceedent toujours les unsauxautres
comme par degres; de sorte que les fruits miirs
sont remplaces par des frults verts , et que le
intervalla majora. Aliis arboribus noii debet annecti. Cali-
dis locis, seJ inignis et niaritimis maxinie gaiidet, qnl-
bus bnnior exundat. Sed si quis boc genns, ut in reglone
(iiglda nutrlatur, extoiquet, loco vel paiietibus munito
vel in meiidianam partem verso disponat hanc arboiem.
Sed liibernis inensibus tectam , stramine velet agiesli :
ubi ajstas refiilscrit , aeii arbor nuda et secura reddatnr.
Talea sive clava ejns calidissiinis rcgionibus et per autum-
num poultiir : liiglilissiniis lulio et Aiigusto posiias et quo-
tidianis rigationibns aiiiinatas ipse usque ad poina et
magna inciemenla" pcnluxi. Citreum juvaii credilur, sl
ciicurbitrc vicinis locis siTanlur : quarum viles cliani
coinhusUiMililrnM-ilii arlioiibusciiiciiMH |ua:'l)cnl. Gaudent
assidua lossiiMic. liiiic |iiuviMiiniil punid iiKijina. Klsiqua!
arida siiiit , lai i^^iine dclicniiis ahscindcic. Iiiseiitur mense
Apiili liicis calidis, Maio frigiilis, non suh cortice, sed
fisso tiuncocirca ipsasradices. Inseritiirelpiio, ul quidam
voliint , et moro , sed iiisiti siircuti qualo desuper omniiio
iniinicndi siint, vcl liclili vasculo. Asseiit Maitialis apiid As-
s.Viio.s iioniis liaiic arboiem noncarere : quod ego in .Sardinia
et in leiritorio INeapolitano in fundis meis comperi (quibus
temps de ceux-ei etant passe, 11 leur en succfede
d'autres qui sont en fleur, la nature ayant , pour
ainsi dire, avanta.ne cet arbre d'une succession
continue de fc^condite. Oii pr(!'tend que la pulpe
deces fiuits, d'aigre qu"elle est, devient clouce
lorsque Ton a fait tiemper pendant trois jours
dans de Vhydroraei , ou eneore mieux dans du
lait debrebls, les pepins qiie ron devait mettre
en terre. II y a des personnes qul percent au
raois de fevrier le tronc de eet arbre avec une
tariere de bas en haut , de facion que ce ti-ou solt
obllque , et n'ail pas d'orifice superieur; et elles
assurent qu'en laissant eouler la scive par ce trou
jusqu'a ce que les fruits soient formes, et en le
bouehant ensuite avec un lut, la pulpe de ces
fruits devient douce. On peut eonserver les cl-
trons sur Tarbre meme qul les porte, presque
pendant toute ranncje. II sera cependant mieux
deles renfermerdansde petltsvasesqueleonques.
Si on veut les cueillir pour les conserver, 11 fau-
dra le faire de nuit, et quand la lune sera caehee,
sans les separerdes petites branches d'ou ilspeu-
dront, auxquelles on laissera leurs feuilles ; apres
quoi 011 les arrangera chacun a part. Les uns les
renferment chacun dans un vase particuller , ou
les couvrent de gypse , et les gardent apres les
avoir arranges ainsl dans un lieu ombragii. La
phipart les conservent en les ensevelissaiit dans
de la sciure de cedre, ou dans de la lltiere me-
nue, ou dans de la paille. Les nc^fliers so plal-
seut partlcnlierement dans les pays ehauds,
pourvu qu'lls soient arroses; quoiqu'ils vlennent
egalement daus les pays froids , surtout s'iIssout
plaiites dans un sable gras, dans uneterre pleine
de gravieret meleede sable, ou dans de rargUe
melcie de cailloux. II faut les planter en boutu-
res au mois de mars ou de novembre, dans un
terrain qui soit furae et laboure, et de facon que
soliim et coelum lepldum esl, et bumor exundans) per
giadus quosdam slbi semper poma siiccedeie, ciiin inaUi-
ris se acerba substituant , acerborum vero aetatcm lloren-
tla consequanlur, orbem quenjam continuac fipcunditalis
sibl minisliante natma. Feiuntur acrcs medullas miitare
dulcibiis , si per triduum aqua inulsa scmina ponenda ma-
cerentur, vel ovillo lacle, quod pra'Stat. Aliqui mense
l^ebiuario trunciim ubliquo foramine ab imo terebiant, ita
nt altera parte non cxcat : ex boc liumorem lliiere pcr-
niillunl, (lonec ponia formenturi : tunc foramen lulo rc-
plciil : sic, quod est inedium, fieii dulce conlirmaiit.
Citrenni el in arbore potest per lotiim annum propeinodum
cuslodiri : melius si vasculis qiiilui.sciinqnc clainlaliir. Si
velis legere atque servare, noclc liina l.ilcnlc ilclichis cuni
rainis foliatis carpere, et serreta iii.s|ioncre. Alii singida
vasis siiiLiiilis ciaiiiliint , vel gvpso adliuiiut , et opaco loco
ordinala ciistoiliinil iMcrique in cedii scobe vel in strami-
nibus niiniilis \ d in paleis tecla servant. Mespili locis cali-
dis iiiaxime gaudent, sed irrigins; tamen frigidis quoque
proveniunt : magis sabulone pingui, alque glarcosa terra,
cui arena permista cst vel argiUa ciim saxls. Serenda csl
DE L'AGR1CULTURK, LIV. IV.
les deux extremitcs de la bouture soient recou-
vertes de furaier. Les accroissements de cet ar-
bre sont tres-tardils. 11 airae a etre taille et beche
autourde son pied, ainsi qu"a etre ranime sou-
vent avec un peu deau pendant les seclieresses.
Oa en seme aussi les osselets, mais alors il faut
en attendre longtemps la venue. Les versattaquent
cet arbre : il faut Ten debarrasser avec un stylet
de cuivre, et les asperger de lie d huile , ou de
vieille urined'horame, ou de chaux vive, niais
cependant avec meuageraent, de peur de porter
prejudice a Tarbre lui-meme; ou enfin verser sur
eux de leau dans laquelle on aura fait bouillir
des lupins. Si ron craint que ccs reraedes n'aient
rendu Tarbre sterile, on lui rendra safertilite en
repandant sur ses racincs du fumier et de la cen-
dre de vigne. Si lcs fourmis le molestent, on les
fera perir avec de la terre rouge , melee de vinai-
gre el de eendre. Si ses fruitstombent, on fichera
au milieu deson tronc un raorceaudesa raeine;
que ron eoupera a cet effct. On le greffe au mois
de fevricr, sur lui-raeme, sur le poirier et sur le
pommier. II faut cependant prendre la greffe que
l'onempruntede cet arbre au milieu de son tronc,
parce qu"elle ne vaudrait rien si elle etait prise
sur ses extremitos. II faut legrefferen fentedans
le tronc meme, parce que la maigreur de son
ecorce , qui n'a aucune seve , ne pourrait pas four-
nir a la nourriture de la greffe. Quand on vcut
garder des ueUes, on les cueille avant qu'clles
soient mures, quoiqu'elle3 ne laisseront pas de
se conscrver assez longtemps sur Tarbre mSrae;
et on les renferme dans de petitcs cruches eu-
duites de poix ; ou on lcs suspend par rangees ,
ou enfin on les fait eonfire, suivant la methode
dequelques personnes, dans de Toxycrat ou dans
du vin cuit, jus;|u"a diminution des deux tiers.
11 faut les cueillir au milieu d'un jour scrcin , et
les enfouir daus dc la paillc, en les scparant les
unes des autres, de peur qu'elles ne se gatent en
se touchaut; ou bicn on les eucillcra a demi nnl-
res avec leurs queues, et, apres lcs avoir fait
tremper pendaut einq jours dans de Teau salce,
on continuerade lcsenarrosersouvenl, afin qu'el-
les nagent toujours dans ccttc eau. On les con-
serve aussi dans du miel , pourvu qu'oii les ait
cueilliesavant qu'elles fusscnt mures. Le figuier
se reproduit de plant pourvu de racines qu'oa
met en terre au moisde novemhre, dans les pays
chauds ; en fevrier, dans les pays temperes ; eu
mars, ou mieux encore en avril, dans les pays
froids. Si c'cst une bouture ou une cinie de fi-
guier que ron veut mcttre en terre, il faut Ty
mettre a la fiu d'avrll, lorsqu'elle esl abreuvee
par la nouvelle seve. Lorsqu"on met du plant cn-
racine daus une fosse, il faut remplir de pierres
ie fond de cette fosse, et meler du fumicr avec la
terre dont on recouvrira ses racines. Si le pays est
froid , on en mettra la cime a Tahri du froid , en la
couvrant de moreeaux de roseaux qui seront cou-
pes a eet effet entre deux n«uds. Si Ton veut
mettre en terre une cime de figuier, il faudra
couper sur le cote de Tarbre expose au midi une
branche de deux ou trois aus, garnie de trois
cornes, et la couvrir de terre de facon que ccs
cornes se trouvant partagees par la terre ([ui
sera entassee cntre elles, elles semblcnt autant
de rejetons distincts. Si c'est une bouture ([ue
Ton veut niettre en terre , on s'y prendra dc la
meme maniere que pour les autres plantes, si
ce n'est qu'on en fendra lcgcremcnt Textr^;-
mite inferieure, pour y insijrer une pierre. .Vai
mis en Italic dans un terrain faconn(j au pnsli-
num , ii la lin du mois de f(ivrier ou de niars,
dcs pieds de figuicrs d('ia forts, qui ont rap-
portei du Iruit dans rannt'e m(ime, comme
pour payer leur bienvenue. II faut choisir du
plaut de flguier qui soit cbarge de bcaueoup de
talois mense .Martio vel Novemliri , s(>tl solo stercoialo et
subacto, ita iit iitrnmque capul laleae slercus obdiuat.
Sunt ejus incrcmenta tardissima. Amat putari alque cir-
cumfodi, cl parco hnmore inler siccitates .ssepe refoverl.
Seritur et semine , sed in longiorem speratur aetatem. Si
Termibiis occiipalur, slilo Bcreo piirfjandi snnt, et amnrca
vel humana vcteie urina vel viva cilce perfundendi, sed
parcius propter arboris noxam , vcl aipia decocti liipini.
Scd putatiir liinc arbor sterilis lieri. Fimus ct ciiiis vitinm
simul si ladicibus infundantur, ferlilem reddunt. Si for-
micoe molestai sunt , rubrica cum aC(;lo ct cineie tempeiata
«ecabunlur. Si poma labuntnr, IVuslum de ejiis radice
praecisnm in media trunci parte ligadir. Inserilur mense
Februario in se ct in piro el in nialo. Snrculus tamen ejiis
e\ arbore media debet assnnii : nam de sumniilalilnis
viliosns est. In trunco fisso iufeienda est : nam corticis
niacies jejuna nll nulriet. Mespila ad servandiim leguntiir
necdum mitia, qnac ct in arbore diu durabunf, vcl in
nrceolis picatis, vel inordiiicm snspensa , vel , ut qiiidain,
posca [vcl sapa] coiidifa. Die sereua legantur ac nicdia,
et palcis obiuanfur discrela, ne ea vicissim tacliis afficiat.
Vel ciim pcdiciilis lecta semimatiira , et salsa aipia per die.-,
(piiiKpie maccrata postea sap* infundanlnr, iit innatcnt.
Scrvantur et melle , sed si minus matuia collcgcris. Calidis
locis fici planfa ladicafa Novenibii mensc, tempeiatis
Fcbruario , frigidis melius Marlio vel Aprili ponenda cst :
si taleam vcl cacumen pon.is, iillimo Aprili, ciim ei so
viridior succus infndcrit. Planf.ie in scrobe deposit.i! lapi-
des snbstilnendi sunt ad r.idiccm; fiiiio terra misccnda
esl. Si loca frigida sunt , planlartim cacumina di\ isis can-
nas intcrnodiis dcfendantur a Irigoie. Si c.aciimen veli.s
ponere, frisnlcum ramiim bimuui vcl trimum ab aiislrali
parte dccides, ct sic obriies, ut divisa c.iciiinina teira
inteijacenle velut tres «uiculos reddanf. Talcam sic pone-
miis, utc;cfera., ciii leviter ab infima parte divisac lapidem
mcigemus in lisso. ligoniensc Febriiario nllimo vel Martio
in Ilalia plantas grandes llcorum per pasfinalnin soluni
disposiii , el 00 aiino poiiia jieperere siipra comprehcndendi
felicitalem veluttrihiita leildcnlcs. Lcgenda- sunl plauUi',
in qiiibiis fieipicns uodus exuberal : steriles cieJunlur,
PALLADILS.
uoeiids. On regarde comme stciile celui qui cst
lisse, et dont les yeux sont separ6s les unsdes
autrcs par de loDgs entrc-noeuds. Si Ton com-
mcnce par elever le plant de figuier dans une
popiniere, et qu"on ne le transfere dans une fosse
(fue lorsquMl sera avance, il produira de mciileurs
fruits. U y a des personnes qui assurent quMl est
fort utile d'ins6rer le plant de fi^uier dans une
i)ulbe de scille coupee en deux, et de \'y garrotter
avec des ligatures. Cet arhre demande des fosses
profondes,desespacemeuts considerables, et une
nature de terre dure, maigre et seche, afm que
ses fruits acquicrent un bon gout. II vientaussi
dans des terrains pierreux et raboteux., et meme
il n'y a presque poiut d'endroits oii l'on ne puisse
le plauter. Comme les figues qui viennent daus
les pays montagneux et froids ont moins de lait
que d'autres, elles ne peuvent pas se conserver
Jongtemps seclies; aussi les consommet-on quand
elles sont vertes, temps oii elles sont plus grosses
et d'un gotit plus fm, au lieu que celles qui vien-
nentdans descampagnes etdans des pays chauds
sont plus grasses, et se conserveut tres-longtemps
seches. Si fon voulait comptertoutes les especes
de figues, le nombre en serait immense. II uous
suffira donc de dire que la culture est la mCmie
pour toutes les especes, mais que cepeudaut
quand on veut les faire seclier, ee sont les blan-
ches qu'il faut choisir de preference, parce qu'el-
les se conservent mieux que les aulres. Plautons
dans les pays froids des figues precoccs , afm
qu'en veuant de bonne heure elles puissent pre-
venir la saison des pluies; plantons au contraire
dans les pays chauds et bruiants des figues tar-
dives. Le figuier aime a eSre beehe assidument.
II sera bon de le fumer en automne, et surtout
a\ec du fumier de voliere. II faut en retrancher
les branches pourries, oucelles qui seront mal
venues, et le tailler de telle facon qu'etaut ra-
vale, il puisse s'etendre sur les c6tes. La figue a
un goiit emousse daiis les terrains humides. II
faut, pour obvier a cet inconvenient, rdpandre
nn peu de cendre sur les raeines de rarbre,apr6s
les avoir rognees. II y a des personnes qui plaa-
tent un figuier sauvagc dans leurs figueries , pour
se dispenscr de la necessite d'en suspendre les
fruits a chaque figuier, par maniere de preserva-
tif. Cest au mois de juin vers le solstice quc Ton
fait la caprification , c'est-a-dire que l'on sus-
pond aux figuiers des ligues sauvages vertes, en-
fdees en forme de guirlandes. Si fon n'a pas de
figues sauvau;es, ou y suspendra une branche
d'aurone, ou bien on enterrera autour des raeines
du figuier de ces vessies qui se trouvent sur les
feuilles des ormes , ou des cornes de beiier; ou
enfin on scarifiera le tronc du figuier dans l'en-
droit oii ii sera gonfle, afin que !'humeur puisse
s'en ecouler. Pour empecher les vers de se mettre
a un figuier, on mettra en terre, avec le plant de
cet arbre, une branche de ter^binthe ou une bou-
ture de lentisque, la cime renversee. On ratissera
ceux qui s'y seront etablis avec des crochets de
cuivre. D'autres versent sur ses raciues, apres
lcs avoir dechaussees, du marc d'huile. D'au-
tres y repandent de vieille urioe. D'autres enfln
enduisent les retraites de ces animaux de bitume
et d'huile, ou siniplement de ehaux vive. S'il est
moleste par les fourmis, il faut enduire son tronc
d'un melange de terre rouge, de beurre et de
poix liquide. D"autres assurent que, pour le pre-
server des fourmis, il faut suspendre iises bran-
ches un de ces poissons connus sous le nom de
coracini. Lorsqu'un figuier laisse tomber ses
fruits, comme s'il etait attaque de quelque ma-
ladie, les uns le frottent de terre rouge ou de
marc d'huile sans sel , mele avec de feau ; les au-
qii.T iiilidsB sunt, et ociilos siios per Inni^.T internodia dis-
Inlerunt. Si plaiiUun lici priiis imlrias in seminario, ct
maluiam transfeias iu scrobein , poma {;eneiosiora pro-
«Iiicet. Aliqui nniltiim prodesse conllrmant, si plaiitain
lici diviso sqnillos bulbo intersitam striClamque vinciilis
collocomiis. Scrobes amat altas, iulervalla inajora, terrje
genus diirum et gracile, et sicciim pio iitili sapore poino-
rum. 1'rovenit et pelrosis atqiie asperis : taiiien potest
locis propeomnibiis .scri. Qiiae in montanis et frigidis locis
iiascuulur, ipila niiniis lactis Iiabcnt, ad siccitatein durare
non possunt : usus illisiii viridiest, melioris inagnitudi-
iiis et sapiuis argiiti. Qiia3 nascuntur in campis ct locis ca-
lidis, et piuguioies suut et in siccilale durabiles. Si geucra
niiineiaie veBnius, iminensumest rsuflicit, quod omiiibus
uqua culturaest. llla distaiilia est, quod^in Caricis ineliiis
alba seivatur : in locis iiiiiiie Irigidis piajcoqiias ficus scia-
inus , qua; cilo veniaiit , ut ante iiiibi es genus lioc possit oc-
curreie; calidis vero et ajstuosis eas, qyno. seio inaliiranl.
Gaudct assidua fossione. Per aiituinnuin proderit, si ster-
ciis admoveas, praecipue de aviariis. lieciilenda sunt in ca
quic aut putria aut luale nala repeiei is : et ea lalioiic pu-
landa est, nt inclinata per latera possit expandi. In locis
buinectis ficus saporis obtusi est, cni ciicuincisis contra
boc radicibus aliqnantus cinis debet affundi. Aliqui inter
ficarias caprifici arborem serunt, ut non sil necesse per
singulas arbores pro lemedio eadein poina suspendi. Meuse
Junio circa sol.stitium caprificaudiie sunt arbores fici, id
esl, siispendendi grossi cx caprilico lino vdut serta pcr-
tusi. Si iioc desit, abrotoni virga suspenditur, aut callum,
quod in ulmeis foliis invenitur, aut arietina corniia circa
radices arboiis pbruuntur; vel tiuncus arboiis, quo loco
turgct, scarificandus esl, nt possit luinior effluere. Ne
veriiies patiatur, rainuni tercbinlbi vel lenlisci taleam
cum plautis fici cacumine f)onemiis inverso. Uncinis oereis
tdllcndi siint vermes ex fico. Alii amiircam alii veterem
uiin.iin ablaqueatis radicibus miscent. Alii bilumen cl
oleiim anl solain Ciilcem vivam latebris vermium allinunl.
Si formicoe molestae siint, lubilca bulyro ct pice liquida
niisla circa truncum debet Induci. Alii coiacinum piscem
coutra formicas in arbore su^peiideiidum esse confirmant.
Si fructus siios velut spgia projiciet, alii rubiica aut
ainurca insulsa mista aqua aiboiciu linunl; vel canauin
DE LAGRICULTURE, LIV. IV.
589
tres siisppndcnt ascsbranchcs, soit une ecrevisse
a\cc vine bianche de lue , solt de l'algiie maiine ,
soit UMC botte de lupins : dauties enfin lichent
un coiu dans sa racine, apres ravoir percce avec
une tariere, ou font plusieurs incisions a son
ecorce avcc une hache. Si l'on veut que les fi-
guiers donnent du tVuit cn abondance, et que ce
fruit soit gras , lors([u'lls commenceront a pro-
Juire des feuilles, on abattra, des que les uou-
veaux germes paraitront, rextrcmite de leurs
cimcs, ou simplement la cime du niilieu. Si Ton
veut qu'un figuier qui n'cst pas tardif le devienne,
on arrachera les lisjues qui y seront venues lcs
premiercs, quaiid ellesseront dc la grosscur d'unc
ftve. Pour faire miirir promptement les (igues,
on les frottera , dans lc temps quelles seront ver-
tes et qu'elles commenccront un peu a roui^iV,
avec du jus d'oignon long, mele d'huile et de poi-
vre. II faut greffer les tiguicrs au raois d'avril
entre leur ecorce, ou en fente si ce sont de jeunes
arbres, en prenant neanmoins la precaution de
couvrir sur-le-chnmp la greffe ct de la lier, de
peur que Tair n'y penetre. Lcs greffes prendront
mieux sur ces jeunes arbres, lorsque avant de les
grcfler on les aura coupes pies de terre. II y a
des personnes qui les greffent aussi au mois de
juin. II faut choisir pour remployer en greffeun
rejeton d'un an : plus ou moins vieux , il serait
regarde comme inutile. On ponrra enter les fl-
guiers en ecusson au mois d'avril dans les ter-
rains secs; mais il sera mieux de les enter de
cette facon au niois de juin dans les tcrrainshu-
mides, et au mois d"octobre dans les pays chauds.
On peut aussi propager le figuier avec ses hran-
ehes. Au surplus, on le greffe sur le figuier sau-
vage , sur le miirier et sur le platane , taut en
employant des yeux qii'en employant des reje-
tons. On peut conserver des figues vertcs, soit
en les arrangeant dans du miel de facon qu'elles
iic se touchent pas , soit eu les renferraant cha-
cune separemeut dans une courge verte que Ton
aura creusee a cet effet , et que fon refermera
ensuite avec le moreeau ineme que i'on aura
coupe pour la ereuser; apres quoi on suspendra
cctte courge dans uu endroit oii il ne penetre ni
fcu ni fumee. I)'autres cueillent avec leurs queucs
des figues nouvelles avant qu'elles soient niiires,
et les renferment dans un vase de terre neuf , en
lcs separant les unes des autres; apres quoi ils
suspendent ce vase dans une futaille pleinc de
vin , et Vy laissent nager. Martialis pritend que
fon peut faire secher les figues de plusieurs fa-
cons, pour les conserver ; raais comrae une seule
suffit, on preferera celle-ci, quiest usitee par toute
la Carapanie : On les etendra donc sur des ciaies
jusqu'a raidi , et,tandis qu'e!les seront cncore
niolles , ou les mettra dansunpanier; apres quoi ,
lorsque le four aura le degre de chaleur qu'on
lui donne pour faire cuire le pain, on y ren-
fermera ce panier pose sur trois pierres, aliu quc
le feu n'y prenne pas , et on le fermera. Lorsque
les figues serontcuites, on les renfermera toufes
chaudes dans uu vase de terre bien cnduit de
poix, en les cnmprimant fortement, et en les en-
tremelant de feuillcs de figuier; puis on bou-
chera exactenient le vase avec un couverclc. S'il
pleut trop souvcnt pour que les claies soient ex-
poseos a fair, on les etendra a la maison en les
elevant au-dessus du sol d'un derai-pied, afin
qu'elles puissent etre echauffees avec de la cen-
dre chaude qu"on raettra dessous, et qui fera le
raeme effet que le soleil. Mais on aura rattention
de les retourner de teraps en temps, pour les
mcttre alternativemeut sur leurs deux cotes , dont
la separation est marquee par la nature, afia
que leur peau se seehe, et que, Iorsqu'on aura
ensuile rapproche leur pulpe, elles puisscnt se
conservcr dans dc petites boites ou dans des cais-
niivialem ciini ratno nila; siispemlnnt ; tcI algani marinani,
\c.\ fa.scein lupinorum ; vel radici terebratae ciineum fignnl,
vel secuii aiboiis corium s.tpe proscindiint. Cum folia
proiluccre incipiunl lici, ut fructum mullum et pinguem
leranl, in priiuipio f;erminiscaciiminasumma deculiinus,
vel illud lanUim cacnmen, quod ex arboiis medletate
proccdil. Si niatuiain licum vis serotinam facere, inci-
pientes grossos dcciite, cum illis fabae fiierit magnitudo.
Ut ficus cilo nidluret, succo cepa; longioris cum oleo et
pipere mixto unge poma, quando grossi incipiunt snbru-
bere. Aprili inensc ficuin debemus inserere inter corlicem :
vel si novellre arboies sunt, fisso ligno, quod staliin ope-
rieiidum est el ligandiim, ne ventus introeat. Melius com-
preliendunt, si circa terram icci.sa inseranUir .irbusta.
Aliqui it .lunio inense inseinnt. Surculus legeiidus csl anni-
culiis ; inutilis eniin creditur inajoris vel minoris ictalis.
Inoculaii licus loris sircis Aprili, liuinidis melius Junio
medianle poteiil, Octobri inense locis tepidis. I'ropagari
licus ramis potest. In.seriCur auteni in caprilico, in nioro,
in platano, etoculis et stircutis. l"icus viridcs servari pos-
sunt vf! iii mellc oidinal<e, ne se invirem langant , vci
singut.-c intra viridein cucurbilam clausa!, locis unicuique
cavalis, el item lcssera, qua; secatur, inclusis, suspensaea
cucurbila, ubi non sil fumus vel igiiis. Afii raissas ficiis rc-
cenles niinus maturas in novo vase ficlili leclas cum pe-
diciilis ct a se separalas lecludiinl, et in dolio vini pleno
vas nalarc permitlunt. Marlialis dicit Caricas per gener.i
niiilta servari, cum ratio uim sufliciat. Ergo lioc genere, quo
Campania tola ciislodit , servarc debemus. In cralibus ficus
expandilur usque ad meridiem , et adhuc inotlis in qualum
refundiliir. Tunccaletacto fiirno ad panis coquendi moduin,
suppositis tribus lapidibus , ne ardeat qualus includilur,
el claiiso furnoubidi.scocla ficusfiieiit, sicut eslcalida , in-
terposilisfoliissuisinvasficlilecondilurl)enepicaluin,den-
siuspressa,etopeiculodiligonlerobducitur. Sipluviisabun-
I danlibns crales non possis cxpanderc , sub lecto cas ita
i poiiis, ul scmipedft crigantur a terra, el eas ad viceni
< solis,cinis calidus subjectiis vaporet, et subindc ficns ,
' sicul est divisa, verlatur, iil ficorum coria siccentur et
pulpx tunc duplicata; in cistcUis scrventur aul loculis.
PALLADIUS.
ses distribuees en eases. D'autres etendent sur
des elaies des figues medioerement mures, apres
les avoir partag&'s en deux pour les ftiire se-
eher pendant une journee entiere, eu prenant le
soin de les renlrer la nuit a la maison. On raet
utileraent en terre daus ce temps-ei des ciraes de
llguiers, lorsque ces arbres commencent a ger-
mer, pour se proeurer du plant de figuier, au cas
que rou en manque. Quand on veut qu'un seul
et mfirae figuier donne des fruits de differentes
espeees, on lie ensembleen les tordant les bran-
clies de deiix figuiers, Tun rouge, Tautre blanc,
afin de eontraindre leurs germes a se reunir ; apres
quoi on les met en terre arrangees ainsi : on les
furae et on leur donne de Teau pour favoriser
leur deveiopperaent ; et, des qu'elles commencent
a pousser, on colle entre eux , avec quelque ma-
tiere visqueuse, lcs yenx qui paraissent les pre-
miers. Ces germes ainsi colles montrent par la
suite deux couleurs divisees dans un seul fruit, et
reunies par la separalion quc la nature a marquce
sur ce fruit. Ou peut aussi greffer et planter a
present les poiriers ou les pommiers, ainsi que les
cognassiers. Ou greffe eneore lc pruuier. On met
aussi en terre les cormes et les mures le neuvieme
jour des ealendes d'avril, et Ton greffe les pista-
chiers. Oa seme aussi la graiue de piu daus les
pays froids.
\l. 11 faut se pourvoir d'altelages dans le mois
oii nous sommes : soit que Ton tire les bceufs de
ses propres troupeaux , soit qu'on les aehete au
dehors, ce moment est de tous le plus favorable.
Les baufs, en effet, n'ont pas encorepris rembon-
point de la saison qui aide a deguiser leurs de-
fauts et les fraudes du vendeur; ils ne senteiit
pas encore leur force, eten sont moins enclins a
resister au joag. Voici eeiwndant les qualites
qu'il y aura a rechercber dans ces animaux , soit
qu'on les choisisse dans ses propres troupeaux ,
soit qu'on les tire d'ailleurs : II faudru qu'ils
soient jeunes, qu'ils aient les membres carres
et gros, le corps plein, les museles et les nerfs
saillauts par tout le corps, les oreilles grandes,
le front large et crepu , les babines et les
yeux noirs, les cornes fortes etarquees, sans
cependant que la courbure en soit exageree;
les narines ouvertes et camuses, le chignon
plein de museles et epais, le fanon large et
tombant jusqu'aux environs du genou, la poi-
trine ample, les epaules vastes, le ventre assez
grand , les flaucs allonges, les reins larges,
le dos droit et plat , les jambes solides, nerveuses
etcourtes, les ongles grands, la queue longue
et bien garnie de poils, le poil dru et court par
tout le corps, et dont la couleur soit surtout
rousse ou brune. Au reste , il vaut mieux aeheter
des bffiufs dans son voisinage , paree qu'alors le
changement de sol et declimat ue les incomrao-
dera point ; et s'il ne s'en trouve p.is dans le voi-
sinage,on en fera venir dc contrees dont les
earacteres physiques soientaualogues. II fautsur-
tout avoir soin qu'ils soient bien apparies du
cote de la force necessaire pour tirer, de peur que
la vigueur du plus fort n'enlraine la ruine du plus
faible. Quant a leurs dispnsilions, voici ee qu'il y
aura a examiner : il faudra qu'ils soient fins et
doux, qu'ils aieut peurde la \oix ct de lamain,
ct soient de bon appetii. II n'y a point de nour-
riturequi leursoit meilleureque lefourrage vert,
quand la natuie du pays permettrn de leur en
donner; mais lorsqu'on eu iiianquera , on ne leur
en donnera qu'autant que rabondauce de ce gcnre
de pature le permettra , ou que le surcroit du
travail Texigera. On se pourvoira aussi a present
de taureaux, quand on aura a cocur de faire inul-
tiplier les troupeaux; ou bien on iaissera croitre
Alii nialiiras niediociiterlicuset divisas in ciatibus expan-
dunt lolo sole siccandas, et reciiiiiint eas nocle sub tecta.
Nunc ficnlnea cacumlna obruiinlur Hlililer, cnm lume-
scunt, ut planlas laciant, si carum copla nou abuiidat.
Ut cllain vaiios frnctns una licns cxliibeat. , ramos duos
nlgiro et alba; arboium inter se ila vinculo stringis ac
toiqiies, ut germlna miscere cogantnr. Slc obrnli et ster-
coiatiethnmoiibusjuti, ubiprodlrecffipeiint, germlnantes
oculos aliqna slbi annexione conglntina. Tunc gernien
adunatum partnrict duos colores, quos unitate dividat,
divislone conjungat. Niinc et pirns vel rtialus inseri ac seri
.pote.st, et cydonla et prunus inserltiir, et soiba pdiiunlnr
ct morus, nono caleudas Aprilcs die , el Inseiuiitur pista-
cia, et locis frigldls pini semeu aspcigiliir.
XI. llocmenseconipaiandi sunl l)Oves,qui, tamen,sive
de iiO!.trls caplantiir armenlis,.sive emanuir, idcirco nunc
comparabunlur utlliiis, quia nccduni sagiua teinporis
pleni aul celare possunt fallaciam vendltoris et villa .sua,
uut ippugnando domiturse contumacem pleni roboris cxer-
ccre fiduciam. Ha'c tamen sigua spectanda sunt in bobus ,
seu de uostro seu de alleno gicgc fnerint coniparandl
ut sint boves novclli, qnadratis ct giandlbns niembris,
et solidi corporls, iniisciilis (actoiis) iililqiie surgenti-
biis, niagnis aiirlbus, hlx fionlls el cii^pa^ labrls ocu-
Ilsque nigrantibus, cornibus robiistis ac sine curvaturiB
pravilate lunalis, palulis uaribus, et resimis , cervice to-
losa atque compacla, palearibus laigis et circa gcnua
lluenlibus, pectore grandl, armis vaslis , venlre iion parvo,
porrcctls lateribus, latls lurabis , dorso rectn et plano,
crnribiis solldis, nervosis et brevibus, ungnlis magnis,
caudis longls ac setosis, pilo totins corporis denso ac
brevi, rubel maxime colorib aut fiisci. Meliiis aiitem bo-
vcs de \icinl.s linis coinparabimus, qui nulla soli ant aeris
vaiirlale fenriilur ; aiil si lioc dee.st , de locis sliiiilibiis ad
siiiillia liaiisrcraiiiiis. Illirl anteiiulviTsa ciiraiidiiin esl, ut
viiibus ad tialiendiim comparc'nliir a>quales, neTalPntloris
roburalteriprocurile\lliiim. Iii iii(iiibiislia;ecnnslderanda
siint. Sintarguli, mansncli , limenlcs borlaincn clainoris ac
verberis, cibi appetentes. Sedsi rcgionis ralio patlliir, nul-
lus niellorcibuscst, quam virldepabulum. Ubi verodeest,
eo ordlne ininistretnt, quo pabiill copla et laboriim co,get
accessio. Nunc toiiros quoque (qnibus cordi est arnicnta
DE LAGRICUI.
dans ses propres troupeaiix, di's leur jeunesse,
peiixquiserotitdanslesconditionssuivantes.c^est-
a-dire, de haute tailie et fortement merabres,
de raoyen ajie et plutot au-dessus qu"au-dessous,
Taspect terrible, les cornes petites, le ehisnon
vnstc et plcin de muscles , et le ventre serre. C"est
aussi prineipaleraent a present ([ue Ton se pour-
voirade vaches ; mais on en choisira qui aient
la taille tres-haute, le corps allonp;e, le ventre
d'une f^rande capacite, le front liaut , les yeux
noirs et grands, les cornes belles et particulierc-
iiiont noires, rorcille velue , le fanon tres-long
ainsi que laqueue, les onsles eourts , lesjambes
noires et petites. Leur raeilieur5t;e sera celui de
trois ans , tant paree qu'clles pourront donner de
bonnes portces jusqu'a Tage de dix ans, que
parce qu'il ne taut pas les laisser couvrir avant
trois ans. Mais un homme altentif ne negligera
pas de se defaire de ses vieilles vaches, et d'en
acheter de tcraps en temps de nouxelles, ainsi
(|iie de releguer celles qui seront steriles a la
cliarrue et au travail. Les Grccs assureut que,
puur leur fuire concevoir des niales, il faut lier
lctesticulegauchedu taureau dans racteducoit,
et que pour leur faire concevoir des femelles, il
faut lui lier le testicule droit; pourvu cependant
(jue le tnureau se soit abstenu de cet acte long-
leinpsd'avance , afiu que , lorsqu'il en sera temps,
il s'y livre avec d'autant plus d'ardeur que sa
jouissance aura ite. plus diffcree. Au reste , il fuut
avoir, pource genre de bftail , des terrains voi-
sins de la mer et exposes au soleil , ou on le raet-
tra pendant Ihiver; et des terruins ombrages ct
Irais et surtout montagncux, oii on le mettra
pcndant Vvii ; parce que les lieux oii il trouve le
niieux sa paturt; sont ceux qui sont plantes en
arbrisseaux, et oii rherhe croit entre ccsarbris-
scaux , bieu qu'ils paissent aussi voloutiers sur les
TURE, LIV. IV. S91
bords riants dcs rivieres. Plus les eaux sontchau-
des, plus ellessont favorablesaux vachesqui por-
tent; c'est pourquoi il est fort utile de les tenir
dans des endroits oii l'cau de pluieforrae dcs ma-
res chaudes, quoi(|ue ce genrc de b(5tail supporte
bien le froid , et qu'il puisse aist-ment passer Thi-
ver en plein air. II est a propos de procurer aux
vaches des enclos d'une grande t'tcndue, parce
qu'autremeDt eellesqui seraieiit plciiies eourraient
le risque d'etre blesst-es. Qiiant a leurs etables ,
il faudra qu'elles soient pavi'es en pierres ou cou-
vcrtesdegravier ou de sablc, etd'un plan lege-
rement ineline , afin que riuimidite n'y s(\jourue
pas. On les exposera aussi au midi, aliii dc les
garantir des vents froids, au passage desquels ou
opposera m(ime quelque barricre.
XII. II faut doinpter a la fin de ce mois des
boeufs de trois ans; passe cinq ans , ils oiit acquis
trop de durete, et ne sont plus traitnbles. On
les domptcra donc aussil(*)t qu'on les aura pris ,
pourvu qu'on ait comraenc(3 a les apprivoiscr
d'avanceen les maniant fr(5quemment dans leur
jeunesse. II faudra que ^(^'table dans laquelleon
mettra les nouveaux hceufs soit bien spacieuse ,
et quc remplacement qui la prt'cedera ne soit
point resserre, alin ([ue, lors(|n'oii viciulra a les
en faire sortir, ils iie trouvcnt rien sur leurche-
min qui puisse les blesser. Cettc etahle scra tra-
verstie par des soliveaux fixes aux murs a sept
pieds d'clevation de lerre, auxquels on attachera
les boeufs qui ne seront pas eneore doniptcs. On
choisira ensuite un jour oii il fasse heau temi)s,
et qui soit lihre de tout enip(''chement , pour con-
duire a cette ('table les baufs que Ton aura pris.
S'ils sont trop nicchants, on les apaisera en les
tenant atlacht^s pendant un jour et une nuit , sans
leur donner a manger. Ensuite le bouvier s'ap-
prochant d'eux , non pas de cotti ni par derrierc ,
conslriiere) comp.iraljil, aut hissignis a tenera a^fate sub-
iuiilct; ut siiit ulti atquc iui^entibus niRuibris, o^tatjs uic-
iliii', ct magis ([ua^ jiivcntule iiiinorcst, (luain <\\up. dccli-
nat in -seniuni : forva facie, parviscoraibns, toiosa vasla-
ipio rervice , ventre substricto. Vaccas ctiaiii uiinc maxiuie
piuabimiis. Scd cli(;cinus forma allissima, corporis longi,
ulcri capacis eX magni, lata fronle, ociilis nigris cl gran-
dibiis, pulcbris coniibus et piaxipui! nigris, auieselosa,
palearibus et caudis niaximis, ungiilis brevibus, ct cruri-
biis n^ris ctparvis, o^tatis maxiinc triinai, (|uia u.squc
ad dcccnuium firliira cx bis pro(H!det ulilicr. Nec anle
wlalcm Irimam taiiros bisoporlctadmilti.SiHleiilsludium
diligenlis amotis senioribus, novclias siibinde conduccrc,
et steriles aratio ac laboribiis depiilarc. C.i.i'ii asserunt,
.si mares creare velis, siiiislriiiii laiiri in coilu ligandiim
essc testiculiim ; si fu-minas, dcxtriiiii : lameii taiiros diu
anlc abslinendus, ut, cnin tcinpiis est, acrius iiicaiisas
dilati fervoris incuinbanl. i^ed liis armcnlis liicme mariti-
ina et aprica loca, xstale opaca paremiis ac frigida, nion-
tana inaximc : (piia melius fiut(!tis, ct liis lierba intcrna-
sccnte saturanfur. Quamvis circa llnvios recte propler
am(T>na loca pascantur : fcnlura tamen aipiis lcf idioribus
adjiivaliir, undc (inagis) utilins babeiiti.r, ubi pliivialis
aipia lepciiles format lacunas. Toleiat tanien frigiis lioo
ariiicnli genns, ct polcsl facilc bibcrnare sub dio : qnibiis
lanien .scpta llcri propter injiiiiam gravidarum convenit
iaxiora. Slabiila vero ntilia snnt stiata saxo aut glareis
aut arenis, devexa aliquatcnus, ut bumor possitelabi,
parti meridian.i; obversa proptcr llatus glacialcs , qnibiis
aliqiiis resisfcrc debel objectus.
XII. Hoc mciise nlljmo domandi siint trimi bovcs,
qiiia postqiiinqucnniiiin lienc domari non possiml iclatis
rcpiignante durilia. Capti crgo slaliin douicntiir, qiii qui-
dciu piins, ciim lciieri suiil, rrcqiicnti maiius allrcctatiime
iiiansyescant. Sed slabiiliiiu novi liiivcs largioi ibiis spaliis
liabeic dcbcbiinl, iit ct anlcsUibiiliim loca niillis conclu-
daiiliir aiigusliis, cl producli uon aliqua viticnliir nlTensn.
In ipso vcro slabiilo assercs transvcrsi a terr.i septcni pe-
dibiisalliconliganlur,adqiiosbovcsligi'nliM iiidomili.Tuiic
eligis absolutum tempcstalibiis ct inipedimenlis oinnibiis
diein, qiia c^ipli perdncantiir ad slabuliim. Qiioruin si
nimiafucrit asperitas, uno die ac nocte inter vincula initi-
;s2
PALLVDIUS.
niais en face, les caressera tant par la douceur
de sa ■voix que par fappat de la uourriture qu'il
leur preseutera, et leur maniera les nariues et le
dos , en y versant de tenips en temps du vin pur.
On prendra neanmoins garde qu'ils ne frappent
quelqu^un du pied ou de la corne , parce qu'ils
fonserveraient cette habitude vieieuse , s'ils s"a-
percevaient qu'e!le leur eut reussi dans les com-
mencements. Lorsqu'ils serout adoucis, on leur
frottera la gueule et le palais avec du sel , puis on
leur jetlcra dans la gueule des morcenu.x de graisse
tressalee du poids d'une livre , et on lcur versera
a la corne dans le gosier un sejiarius de vin par
tete. Cette methode,observee pendant trois jours
de suite , fera tomber toute leur fureur et leur
meehancete. II y a des personnes qui les attellent
ensemble , et qui leur appreunent a porter des far-
deauxlegers. En elfet, il est tres-utile , lorsqu'on
les destine au labour, de commencer a les exer-
cer dans un sol deja laboure , afin que ce nouveau
genrede travail n'ebranle pas lcurs cous, qui sont
encore delicats. Mais le moyen le plus facile
pour dompter ces animaux , est d'en atteler un
rebelle avec un apprivoise et fort, qui montrera
au premier ee qu"il aura a faire , et qui viendra
a bout de le foreer ;i remplir sa tSclie. Si, apres
avoir ete dorapte , un boeuf vient a se coueher au
milieu d'un sillon, il iie faut point le reveiller
par le feu ou par les coups; mais il vaut mieux
lui attacher les pieds avec des liens pendant
qu'il est a terre, de facon qu"il ne puisse ni mar-
cher, ni se tenir sur ses jambes , ni paitre. A
force de souffrir ainsi de la faim et de la soif, 11 se
defera de cette vicieuse habitude.
XIII. Cest dans ce mois qu'il faut faire saillir
les cavales de choix par de bons etalons bien en-
genlur atqiie jejiinia : tunc appellatlonibus blandis, cl
illecebris oblatorum ciborum, non a latere, neque a
teigo, scil a fronte accedens bubulcus admulceat nares,
et lerga pertractet, mero subinde conspergens : liac tanien
cautione, ne aliqueni calce contingat aut cornu : quod
vitiuni , si in primordiis effectui sibi cessi.sse senserit ,
obtinebit. Tunc mitigatis os et palatuni salibus fiica, et
in gulam demitle prsesulsa; adipis librales offas, et vini
.sextarios singulos cornu infundente per fauces : qua; res
intra Iriduum totius sa;vitiM iram resolvet. Aliquieos inler
se jungunt, ac docent onera tentare leviora, et quod ulile
est , si arationi parantur, snbacto prius solo exercendi
sunt, ut novus labor tenera adlnic colla non quasset.
Expeditior autem ratio est domaudi , ut asperum bovem
mansueto et valido bovi conjungas, quo ostendente facile
ad omnia cogetur officia. Si post domitnram decnmbitin
sulco, non afdciatur igne, vel verbere : sed potius, cum
decumbit , pedes ejus ila ligentur vinculis , ut non possit
progredi aut stare vel pasci. Quo facto siti ac fame lassa-
tus carebit boc vitio.
XUI. lloc mense sagiuati ac pasti anle admissarii gene-
rosis equabns admitlendi suut, et repletis fiiminis ilerum
ad stabula colligendi. Neque tamen aequalem numerum
omnibusdebemus adhibere, sed a>stimatis viribus unius-
graisses et bien repus , qu'on recondnira a leurs
etables lorsque les femelles seront pleines. On
ne doit pas cependant faire saillir le meme nom-
bre de cavales a tous les etalons, mais on esti-
mera les forees de chacun d'eux, et on leur en
ferasaillir plusou molnsaproportion, afin quils
durent longtemps. Mais quelque jeune que soit un
etalon, et quelque confiance que Ton ait dans sa
vigueur et dans sa figure, ou ne lui fera jamais
saillir plus de douze ou quinze cavales. Du reste,
on se reglera pour lesautressuivant leurs forces.
11 y a quatre choses a examiner dans un etalon ,
savoir, laforme,lacouIeur, les moyens , labeaute.
Les conditions en ce qui touche la forme son t celles-
ci :taille elevee, membres robusteset bien propor-
tionnes, flancs allonges, croupe charnue et arron-
die, poitriue large etouverte , les musclespartout
cn saillie , le pied sec , ferme , chausse tres-haut ,
et la corne concave. Les traits de beaute dans un
chevalsont latetepetiteet seehe, la peau presque
adherente aux os, les oreilles courtes et pointues,
les yeux grands, lcs narines ouvertes, la criniere
et laqueuebien fournies, lesabotrond, fermeet
bien altache. Un eheval de moyens a Tallure
hardie , le pied leger, des membres qui tressail-
lent, ce qui denote le courage. II faut eucore
qu'il soit aussi aise de Texciter a la suite du plus
grand repos, que de le retenir apres une course
precipitee. La vitesse se reconnait a la forme de
ses oreilles ; son courage , au tremblement de ses
membres. Voici les couleurs preferables : le bai,
le dore, le gris-blane, le couleur de feu, le cou-
leur de rayrthe, le poil de cerf, le cendre, le
pommele , le blanc , le mouchete , le tres-blanc et
le noir fonce. Viennent ensuiteles poilsmelanges
de couleursagreables : lemele denoir, deblanchd-
cujusque admissarii , submittenda sunt pauca vel nume-
rosa conjugia, qua; res efliciet admissarios non parva
a;tate durare. Juveni tamen equo et viribus formaque
constanti non amplius quam duodecim vel quindecim de-
benms admillere, ca;leris pro qualitate virium suarum.
Sed in admissario quatuor spectanda.sunt , forma, color,
merilum, pulclnitudo. In forma lioc sequemur, vastum
corpus el solidum, robori cojiveniens altitudo, lalus lon-
gissimum , maximi et rotundi clunes , pectus late patens ,
et corpus omne musculorum densitate nodosum , pes sic-
cus el solidus, et cornu concavo allius calciatus. Pulcliri-
tudinis partes lice sunt : ut sit exiguum caput et sic-
cum.pelle propemodum solis ossibus adlia:renle, aures
breves et argutae, oculi magni, nares patulae, et erecta
cervix , coma densa , et canda profusior, ungnlarum solida
et lixa rotundilas. Meritum, ut sit audax animo, pedibus
alacris , trementihus membris , quod est indicium fortitu-
dinis, quique ex summa quiele facileconciletur, vel ex
citata festinalione non difficile teneatur. (Molus aulem
equi in auribns intelligitur, virlus in membris Irementi-
bus.) Colores lii pra;cipiii, badius, aureus, albineus, rus-
sens , murteus , cervinus, gilbus, scutulatus, albus , gutta-
tus, candidissimus, niger, pressus. Sequenlis merili, varins
curapulcliritudine,nigrovelalbineo velbadiomislus, canus
DE L'AGI\lCULTUnE, EIV. IV.
tie ou de bai, le blane melt' tle quelque couleur que
ce soit, le couieui' d'ecume, ie taelie, le poil de
souiis , le poil clair. Mais eu fait d'etaloi!s choi-
sissoiis de preference les couleurs ciaires ct sans
aiicun melauge, et rejetons toutes les autres, a
iiioins qu'un raerite distingue ne eouvre les de-
1'auts de ia couleur. L'examen que nous venons
de piTscrire tombe cgaiement sur les cavales;
raais il faut surtout quelles aient du corps et du
ventre. Au surpius, toutes ces prescriptions s"ap-
pliquent seuiement au\ betes dechoix. Pour les
autres , on les fera saillir indifferemment pendant
toiit lecourant ile rannee, ct au niiiien meme des
paturages, par ies niiiles (jui seroiit dans leur
compagnie. II est de la nature des cavales de pcr-
ter respaee de douze mois. Oii aura .soin d'eioi-
gner les etaions a queique distance les uns des
autres, a cause des insultes qu'ils pourraient se
faire mutueiiement dans leur fureur. D'ailieurs
onchoisira pour ce betail les piiturages les plus
gras; eneore faudra-t-il que ces paturages soient
exposes au soieil pendant rhivcr, frais et om-
brages pendant l'ete , et que le terrain qui les
produira ne soit pas assez mou pour que la fer-
mete du sabot de ces animaux y sente rien d'i-
negal. Si une cavale ne veut pas souffrir les ap-
proches du m;'de, on exciterason temperament
en lui frottaut les parties geuitaies avec de la
sciile broyee. Des que les cavales seront picines,
on ne ies pressera point de travail, on ne les ex-
posera point aux risques de souffrir ia faim ni lc
froid, et on prendra garde de ies resserrer dans
des iieux etroits, ou elles pourraient avoirle ven-
tre comprime. II ne faut faire saiiiir que de deux
annees l'une ies cavales pre^ieuses ;i qui on laisse
nourrir leurs pouiains, afin qu'eiles puissent ieur
transmettre la vigueur qu'un lait pur et nbon-
dant doit neccssairement leur procurer : pour les
autres, on lcs fera saiilir indifferemment en tou'
temps. L'<ige dc la monle pour un etalon conv
menceavec sa cinquiemeannee. La femciiepourra
concevnir a deux ans, parce que, passedix,
elle nedonnera pius que des produits cnervcs ct
sansressort. 11 ne faut p;is imposer ies mains au.\
poulains ; uii allouclieinent contiiui les blcssc.
On les garanlit du froid ;uitant que faire se peut.
Les observations que j'ai prescrit dc faire par
rapport aux percs ou aux meres seront ;uissi des
preuves d'un bon naturei daus les poulaiiis, ct il
faudra s'occnper d'un exanien pareil par rapport
li eu\, en tenaiit compte de leur ;ige. La gaietc,
la vivacite et ragilite sontencore des indiccs. 11
faut dompter en ce temps-ci les pouiains ([ui au-
ront deux ans passes. On examincra s'ilsontle
corpsgrand, eianc(^, bicn fourni de muscles et fin,
les testicules petits et bien appareilit^s, ainsi que
les autres quaiites que nous avons cxig(^cs pour
les peres. Voici les signes auxqueis on counait
leur ^ge : a deux ans et demi , les dents superieu-
res du milieu de ia bouche tombent ; ;\ quatre ans,
les canines changent;avant la sixieme annee, les
molaires supericures tombent; dans le cours de
la sixieme annee, celies qui ont change les pre-
mieres se remplissent, et a la scptieme annee
eiles sont toutes pleines. P;isse cc temps, on n'a
plus d'indices certains de leur ^ge , si cc n'est
quc lorsqu'ils sont avanct's en ;igc leurs terapes
commencent a se caver, leurs sourcils se bian-
chissent,etleursdcntsdcviennentcommuuement
saillantes. II faudra chatrer dans ce mois tous les
quadrupedes, et pi-incipaicmcnt les chevaux.
XIV. Si Tnn tienta former une race de mulcts,
on choisira une cavale qui ait lc corpsgrand,
lesossolideset lafigurebeile, sanss'embarrasser
( uui quovls colore, spnnieus, niaculosus, nuMJnus, ol)-
scurior. Sed in adniissariis prwcipue leganuis claii ct uniiis
coloris : caeteri veio despiciendi, nisi magnitudo meii-
toi iiin culpani coloris excnset. Eadcui in eiiuabns conside-
raiida sunt, niaxinie ut sint lonsic et magni ventiis et
coi poris : sed lioc in eenerosis servetnr armeiitis. Ca^tera^
pa.ssim loto anno inter pasciia dimissis seiuiii niaiiliiis
iiiipleantur. Eqiiariini natura est partiini spalio diiDdcciiiii
nieii,sis ahsolvere. Illud in admi.ssariis servaiidimi csl , ut
niediis aliquibus spatiis separentur, propter noxam fiiro.
risaltcrni: sed Iiis armentis pascualcgainuspinf;iii.ssima,
liieme a[irica , frigida et opaca ( provideanius ) scstate , nec
adeo mollibiis locis nata , ut ungiilarum tiiniitas de aspe-
lilate nil sentiat. Si equa marem pati noliieiit, trlta
siquilla natiiialia ejus infecta libidineui contraliiint. Deinde
•(;iavid.-e non urgcaiitur, u^c fainem vel fiigus tolcient,
iiec inter se loci comprimantur angiistiis. Cii^iierosas cquas
etqux» masciilos niitiiiiut alteniis annis snbniitteie dcbe-
bimus, ut piillis piiri et copiosi lactis robur inrundant;
cxteroe passiin replenda;. Aitaa incipientis admissarii
quintianni initio esse debebil. Fcnmina rectc liima conci-
piiit, quia post dccenniiim iiiers ex ea soboles et larda
PAl.I.AbllS.
nascetiir. Pulli eipiariim nali manii tangciuli iinii siinl,
quia eos tactiis h-editassiduus : qiiantiim ratio patilur, de-
fendanlur a frigore. Iu pullis pro lelatls meiito ea siint
coiisideranda, qua; signum bona; indolis monslraiit, qiia!
in |ialril)iis vel niatribus spectaiida prajcepi. Dabit ct bi-
larifas, alacritas agilitasque documeutum. .Nunc domaudi
siiiit piilli , ubi fempus bimaj a'tafis cxcessciint. Considc-
i^iiida siiiit inagna, longa, mnsculosa et aigufa corpora,
lcslinili paics et exigui : et c.-cfera qu:c in patiibus dicla
sunt. Morcs, ut vel cx sumnia (]iilclc T.k ilc concitentur,
vcl ex incilata fcsfinatione iioii dlliii llc lcncantur. .-Etalis
coiisidcialio falis est : Bimo ct m\ mcn>iiim denlcs medii
siiperiiirescadiint. Quadrimo caniiii miilantiir. Infia sex-
tiiin anniim molares superioies cadunl. Scvto anno quos
primo iniitavil , exaiquat. Seplimo anno oinnes denles ejus
cxpleutur. Eatcnl ab binc icfatis nof;e : sed provectiori-
biis teinpora cavari inclpinnt, superciliacaiicscerc, dcufes
plcriiinque prominerc. Hoc inense omnia qiiadrnpedia
maxime cquos casfrai e dcbenuis.
XIV. Si qiicin iniiloruui genuscrcare delccfat, equani
magni cnrporis , solidis ossiliiis, et forma cgrcgia delief
oligerc : iii qiia iion Mclocilatcm sed robur exqiiirat. ,Elai
PALLADIUS.
si elle est vite, pourvn qu'clle soit forte. Cest
preciscment \'&(^e de (|uatre ans qui conviendra
a cette fonction jiisqu'a dix ans. Si 1'cine qu'on
approche de la cavale en parait dcgoute , on
coinmence par lui montrcr une flnesse, qu'on
lui laisse jusqu';i ce (|ue le d(!'sir soit excite chez
lui; aprcs qiioi on la lui retire. Dans eet (itat, il
ne d(:'daigncra phis la cavaie , et, provoque par
lcs caresses que lui aura faitcs une bete de son
espeee, ilconsentira as'aceoupIeravee eclled'une
espece ('trangere. S'il mord les cavales qu'on lui
presentcra, on ralentira sa furcureu lefaisant tra-
vaillcr. Les mulets vienncnt (runc cavale et d'uii
cine, soit eommun, soit sauvage; niais les meil-
lcurs sout eeux qui sont produits par un ane
commun. II viendra cependaiit de bons etalons
dun ;'iue sauvage et d'une ;lnesse, et ragilite
ainsique la foice de lcurs pere et mere se trans-
mettront a leur postcrilc. Pour c[u'un ;iue soit bon
(?talon, il faut qu'il ait le corps ample, solide ct
plein de muscles, les niembres scrrcis et foits,
le poil noir, ou encoremieux de eouleur dc sou-
ris ou de feu : si neanmoins il avnit des poils de
diffi^rentes coulcursaux pnupieies ou dans les
oreilles, il nrriverait souvent ([ue sa posti^ritc' se-
rait de poil nielaugi}. 11 ne fnut pas le fnirc saillir
avant r;ige de trois ans, ni pnsse cclui de dix.
I! faut sevrcr les niules ;i un an, et les niener
paitre sur des niontngncs rudes, alin qu'(!'tant
endurciesa la pcine des riige le plus tcndre, el-
les se montrentindilTercntcs pnr la suite aux dif-
ficultes des routes. Pour lcs ;inoiis, ils sont tres-
n(^cessaires dans les campngnes, pnrcequ'ils sup-
portent tres-bien le travnil, et qu'ils se passent
facilement de soins.
XV. Les abeiUes sont communcment malades
ce mois plutol qu'en tout autre; parce qu'apres
la dicte dout elles ont eu ii souffrir pendant Thi-
ver, elles recherchent avec trop d'avidit6 les
fleurs ameres du tithymale et de Torme, qui vien-
ne.nt avant lesniitres; et qu'elles gngnent un flux
de ventre dunt elles perissent, ;i raoins qu'on ne
leur administrepromptementdes remedes effica-
ces. On leur doiinera done des grains de grena-
dcs broyes dans du vin Aminee, ou du raisin
secheau soleil iivec du sumac de S.yrie et du vin
dur; ou bien on pulv(!'riscra toutes ces diogues
enscmble, et on lesferabi)uillir d;iiisdu viii dur;
et quand elles seront rcfroidies, ou les lcur pre-
seutera dnns des canaux de bois. On fait aussi
bouillir du romarin d;insde riiydromel, et on en
met le jusdans une tuile creuse lorsqu'il est re-
froidi. Si elles paraissent heriss(^es et rapetis-
sees, et qu'elles restent comme engourdies dans
un morne silence, ou qu'elles portent souvent
hors de leurs ruches les cadavres de leurs cora-
pagnes qui seront mortes, 11 faudra verser dans
des canaux de roseaux du niiel euit, avec de la
poussiere de nuix de galle ou de rose seehe. S'il
se trouve dans une ruchc des portions dc rcayons
qui soient pourries, ou des cires vides que Tes-
saim, r(;duit par quelque aecident a. un trop pe-
tit nombre, ne puisse pas remplir, on ne man-
quera pas surtout de les coupcr avec des instru-
menls de fcr bien tianchants, et avec benucoup de
de\terit(i, de peur que rebranlement des autres
pnrties des rnyons ne contraigne les abeilles a
abandonner leur domieile. La prosperile devient
souvent funeste aux abeilles. En effct , si Tannee
esttropabondante en lleurs, comme elles ne s'oc-
cupent alors que du soin de porter du miel a leurs
ruchcs, elles ne pensent point ix leur posterite; et,
fnute de tiavailler ;i la rcuouveler, il arrive que
la peuplade s'epuise, et entrainela perte de toute
!a giineration. Cest pourquoi, lorscfu^on ,verra
une exuberance de miel occasionnee par une re-
i|iiadrima usqiie in (leceiiiicm luiic aclmi.ssiiijc jtista con-
veniet. Sl asiniis visain erjuani laslidit adinissus, oslen-
sam priiis asinam (donec coeundi vnlupt;(s solicitetur)
postea subducimus; et tunc ccpiani lil)iilo iiuitala non
spernct,ct laptns illccehiis geneiis sni in perinistioncm
consentiet alieni. Si niorsu riirens ladit objectiis, aliqna-
tenus labore niitcscat. Creantur e\ ecjiia et asino, vcl
onagro et er|ua nuili. Sed i;ejierosins nnllum est Inijiis-
niodianimal, t|uain qnod asino (Teaiite nascetur. Uliles
tamen admissarii nascentur e\ nnagio et asiiia : qui post
in sobole secutuia agilitatem lortitndinemqne rcstiluant.
Adniissarius lameu asinns sit bnjiismodi, corpnre amplo,
.solido, muscuioso , slrietis eflorlibiis membris, nigii vel
murini ma\ime coloris aut rubei : qni tamen si discoloies
pilosin palpebris aut auribns geiet, colorem sobolis ple-
lumqiie variabit. Minoi liimo, m;i.ior decenni non dcbet
admitti. Annicnla mula debet a matie depelli , et per nion-
tes asperos pasri, ut itineris laborem in lencra ittate so-
lidata contemnat. Minor veio asellus nia\ime ;igro ne-
■cessarius est , qiii et laborem iion recusal et iu>gligenli;iin
tolerat.
XV. Hoc mense ma\ime apibus solet morbus incum>
bere. Nam post liiberna jejiiiiia titliymali et nlmi amaiis
(loribns, qui piius nascnntnr, avidins appetitis solutionem
veiitris inciirriinl et pereunt, nisi affueris velocitatc leme-
dii. Praibebis ergo mali granati cum vino Aniineo grana
coniiila , vel iiva: passa; cum rore Syriaco ct austcro vino,
vel simiil omiiia levigala et incocta vino aspero. Quae
dcindeinligneiscanalibus retVigerata pon;mtur. Item rosi-
maiinusaqua mulsadecoclnscongelatiir, etinimbriceponi-
tur succushujusmodi.Quod si liorridaivideiituratqne con-
tract* lorpeie silentio, et moitnarum corpora freqiienter
efferre, canalibus ex canna factis iiiel cum gallae piilvere
vel siccffi rosa; coclum debebis iiifiindcrc. Illud ante omnia
e\pediet, ut putres parles favoiiim vel vacuas ceras, qiias
aliquo casu e\amen ad paucilalem ivdactiim non valebit
iniplere, semper reeidasaculissiinis rcrranienlis snbtililer,
ne inola alia pars favoiiini coi^iit a|)i's domicilia concussa
descrere. Nocet apibus pleruiiiqne IVIicitas sua. Nam si
nimiis lloribns aiiiius eMiherat , dum solam curam ge-
lendi mellis e\erceiit, ilc |)rnlenil cogitant, cnjusomissa
lepaialiDne popiiUis idein labore coulectus evtiiigiiilur,
DF, r/AGRICULTURE, IJV. V.
colte de lleiirs abondnntc ct continiiclle, on les
empccherade sortlr, cii bouchant rouverture de
Jeurs ruches detroisjours Tun, ce qui les forcera
de s'occuper de la propacjation. II faut soigiierlcs
ruches eii ce tcmpsci vers lcs calcndes d"avril ,
en rctirant toutcs lcs immondices ct les ordures
qui s'yscront amassecs pendant rhiver;ainsi que
les vermisseaux , les tciiines et les araignees, qui
corronipent les rayons , et les papillons, dont les
excrenicuts produisent des vermisscau.\. On fera
biuler alors de lafiente de bceuf seche, parce quc
cettefumee est excellente poar procurer la sante
aux abcilles ; ct on aura soin d'y avoir frequcm-
ment recours jusqucn automne. En sui^ant tou-
tes ces pratiqucs et d'autres parcilles, on aura
rattention d'etre chaste et sobre , et on prendra
i;arde de n'exhalcr aucune odcur, soit de parfums
a lusasie des bains, soit de nourritures acres et
d'une odeur immondc , soit de salaisons, de quel-
quc espece qu'ellcs puissent etre.
XVI. Ce mois ci s'accorde avec celui d'octobre
pour rindication desheures.
A la premiere ct ii la onzieme heure, le gno-
mon donne vingt-cinq pieds d'ombre.
A la secondc et a la dixierae, il en donne
quinze.
A la troisiemc ct a la neuvieme, il en doune
onze.
A la quatrieme et a la huitieme, il en donne
huit.
A lacinqnicmcet a laseptieme, il en donnesix.
A la sixieme , il en doune cinq.
LIVRE CINQUIEME.
.WP.IL.
I. llfaut semer la luzerne au mois d'avril, sur
.50.-)
des planchcs qu'on aura prcparees d'avance de
la maniere quenous avons indiquce. Cette herbu
une fois semce dure dix ans, et on peut la faucher
jusqu'a quatreet six fois paran. Elle fumc lestcr-
re.s,donncderembonpointauxanimaux,etlesguc-
rit quand ils sont maladcs. \]nJi/(/erum dc luzerne
est plus que suffisant pour fournir aia nourriturc
de trois chcvaux pcudant toutc une annce. II
faut un cyalhua de celte craine pourensemencer
une planche de cinq pieds de largeur sur dix de
longucur. Mais des qu'clle sera jetee sur terre ,
il faudra la rccouvrir de tcrre avec des riitcaux
de bois, sans quoi le soleil ne tarderait pas a la
brulcr. Qnand elle est scmce , ou ne pcut plus eii
approchcr le fer; mais on se scrt de r.iteaux de
bois j)our la debarrasser souvcnt des mauvaiscs
berbes, afin que celles-ci ne retouffent point
dans le temps qu'elle cst encore jeune. On la re-
colte tard la premiere fois, afin que sa graine se
disperse un peu sur terre; au lieu qu'on pourra
la raoissoiiner les autres fois aussi promptement
que Ton voudra, pour la donner aux bestiaux. 11
faut neanmoins , quand ee fourrage cst dans sa
nouveautc, ne leur en donner d'abord qu'avec
menagement , parce qu'd lcs gonflc ct qu'il lcur
fait faire bcaucoup de sang. Quand eette herhe
aura ctc fauchce, il faudra Tarroser sou\eiit,et
arracher toutcs lcs autrcs herbes quekiucs jours
apres qu'elle aura commcncc a repousser. Avec
de pareils soins oii pourra la recolter six fois par
au, et elle se conscrvera pejidant dix annces de
rjUitC.
II. Cest a prcscnt que Ton greffe les oliviers
dans les eliniats temperes. On les greffe entre
recorcc et le boiscomme les arbies a fruit, ct de
la facon que nous avons donncc ci-dessus. .Mnis
si ron vcut empecher quil ne revicnnc des oli-
lolius geneiis e\itir>, il.iqiie ciini niellis niniiet.iteni vide-
ris ex floruin giaiuli et continna niesse (ielliicie, inlerje-
clis ternis diebiis , clanso forainine noii eas paliaris exire.
Ita ad generandam sobolem se conferent. Nuiic circa ca-
lend. A|)riles curandi sunt alvei , ut oinnia purgamenla
tollanlur et soides, quas teinpus contraxit liilierniim , et
vermiculi et tinex et arancic , (luibiis corriimpitur usus fa-
vorum, et papiliones, qui vermiciilosstercoresuo faclunt
nasci. Tunc fumus iDCensi'[et sicti] bubuli stercoris adlii-
bealur, quiapluscstapiunisaIuli.Qu;epur{;atio freqiicnter
usquein aiituinni tempora celebrelur. Haec oinnia ca-lera-
que efiiciet cuslos cislus et sobrius , ct alienus ab alliis ct
cibis acrihus, et oduris ininiundi, atquc oninibus salsa-
mentis.
XVI. Ilic mensis ad dcprelieudendas lioras consenlit
Octobri.
tloia I et \i pedes xxv.
Hora II et x pedes xv.
Ilora m et ix pedes xi.
Ilora IV ct VIII pedes viii.
Hora V et vii pedes vi.
Uora VI pcdes v.
LIUEU yUI.NTCS.
I. .\|)rili iiieiise in areis, quas antc (sicut diximus) prae-
parasti, medica seienda est. Qu.x semel seritur, decem aiinis
pernianel, ila ut quater vel sexies possit per aniiiim recidi.
Asrum stercorat, niacra animalia relicit, ciirat icgrota.
Juserum ejus lolo aniio tribus cquis abunde suflicit. Sin-
gulicyatlii seniiiiisoccupantlocum latuni pedibus qiiinque,
loiigum pedibiis dccem. Scd mox ligncis lastellis obriiantur
jiictasemina, ipiia solecitiuscoinburuntiir. I'ust salionein
j ferio locuni taiigi non licct, scd raslris ligneis freipicnter
i lieiba miindetiir, ne lcnerain inedicam premat. Priina
I niessis ejus tardius liet, ut aliqu,antum semen exculiat.
Cxtera; vero inesses quani voliicris cilo peraganlur, et
I jumeiitis pra^beantiir. Sed piimo parcius piabenda est
I novilas pabuli : inllat cnim, et muUnin sangiiinem creaL
Ubisecueris.ssepiusiiga. Po.st paucosdies, cum fruticare
ccpperit, omnes alias lierbas rimcalo : ita et sexie.s per an-
iitim inetis, et annis dccem potcrit mauere cuntinuis.
II. Niinc locis leniperatis oliva inseratur; qiia; inserilur
] inter corliceni more ponioriim , sicut siipra ilictiim est. Sed
I ut oleastio inseras, contra illud, quod ex olivclo iiisito et
PALLARIUS.
vicrs sauvaKes infructuenx daiis un plant d'oli-
viers francs qui aura ete brule par accident,
voici la maniere dont cn s"y prendra pour les
Sreffer. On commencera par mettredes branches
fToliviers sauvages dans les fossesoii l'onse pro-
posera de les greffer, et on rcmplira ces fosses de
terre .jusqu'a raoitie. Lorsqr.e ces branehes au-
lontpris, on les greffera au fond des fosses, a
nioins qu"on ue les ait mises en terre toutes gref-
fees, ct Ton eutretiendra la greffe un peu au-
dessous de la superficie du sol ; apres quoi on
cntassera de la terre aupres d'ellesa mesure qu'el-
les croitront. Moyennant cela 1a coramissure de
la greffe se trouvant cachee au fond de la terrc ,
s'il arrive qu'on vienne par la suite a brulerces
arbresou a les couper, rien ne les empechera de se
reproduire fructueusement, parce qu'ilsjoindront
arheureuse faculte de repousser, qu'ils emprun-
teront de Tolivier franc qui sera hors deterre,
la 1'ertilite de Tolivier sauvage cache en terrc,
auquel ils seront unis. 11 y a des personnes qui
grelYent lesoliviersdans leurs racines memes, et
qui les deterrent ensuite, quand ils ont pris, avec
une partie de ces racines , pour les transferer
comme des pieds d'arbres. Les Grecs prescrivent
de greffer ces arbi es depuis le huitieme jour dcs
calendes d'avril jusqu'au troisieme des nones de
juillet,en observant de les greffer plustard dans
Ips pays froids, tt plus tot dans les pays cliauds.
!l faudra achevcr de becher les vignes avant les
ides de ce mois-ci dans les pays qui seront tres-
froids, et terminer les operations du mois de
mars qui auront pu demeurer imparfaites. On
greffera aussi les vignes. On delivrera des mau-
vaises herbes ks pepinieres qui auront ete for-
raeesprecedemment, eton y bechera legi-rement
ie pied des arbres. On seme a prcsent le millet
ainsi que le panis dans les lienx mediocrement
secs. Passe les ides de ce mois-ci, on donne lo
Msu incenso renasciliir oleiisler infelix, sic providendiini
csl. Posilis prius oleastri biacliiis in sciolie, in qiia ilis-
[lonenius insereie, scrobes ita ie|ilcbiiniis, iil mediic
vacuae sint. Cuni compielienderit oleaster, iiiseremiis in
inlimo, vel insitum ponemus : el insilionem prope iiiria
lenam nutriemiis. Deinde siciit adolescit , tenain siibinde
rolliginius. Ita coniinissiira in profLiiKlo lalente, (piisipiis
111 it auf ca^dit, oliva; loeiim iion aiifeit piilliilandi -. i|n;c
«•t apertam redeundi felicilatem de olea, et occiiltain va-
lendi feracitatem de oleastri connexione relineliit. Aliqiii
oleas in radieibiis inseriint, et iibi comprelieiiderint, ciiin
aliqua parte radicis avellunt, et Iransferiinl moie plaiila-
riim. Giieci oleas ab octavo caleudas ,\priles die usqiie hi
terliuni nonas Julius inseri diliere pracipiunt : ita nt lo-
cis IVigidis .seriiis , ralidis nialiii iiis inserantur. Locis frigi-
«lissimis niinc vineaniiii fo^sio .nile idiis peragenda est, el
siqna de Marlio meiiso reslalnint, viles qiioqiic inserimus.
Seminaria qna^siinl antefacta, berbisliberenlur, el leniler
«•ircumlodianlur. Nunc locis incdiocriler siccis niilium
•fltrimus et panicnin. Iloc mense pinsues cainpi et agvi.
premier labouraux terrains plats et gras, ainsi
qu'aux terres qui retiennent longtemps Teau,
parce (ju'elles sont alors dans le cfis d'avoir pro-
duit tout ce qu'elles ont a produii;e d'herbes , et
que la graiiie de ces herbes n'est pas encore con-
solideepar la raaturite.
IH. C'est aussi a la lin de ce mois , et presque
vers la lin du printemps, que Ton peut semer
leschouxqueron voudralaisser monter, attendu
que le temps de les faire pommer est passe. II
est bon de seraer a present l'ache, soit dans les
paj^s chauds, soit dans les pays froids, et raeme
en telle terre que Ton voudra , pourvu qu'elle ne
manque jamaisdeau ; qnoiqua celte plante nese
refuse pas, en cas de besoin , a venir raeme dans
un terrain sec, et qu'il n'y ait presque pas de
mois, a dater du eommencement du printemps
jusqu'a lafinde rautomne, oii elle ne puisse (?tre
seraee. On range dans la classe de Tache le ma-
ceron , qui est cependant une plante plus dure
ct plus amere qu'elle , ainsi que Tache de marais,
qui a la feuille molle et la tise tendre, et qui
vient dans les mares d'eau , et le pursil, qui croit
principalemenl dans les lieux incultes. Les per-
sonnes soigneuses peuvent se procurer toutes ces
cspeees d'aches. On aiira de Tache plus grande,
si Ton renferme dans un linge clair autant de
graine qu'on en pourra pincer avec trois doigts,
et qu'on renterre dans une petite fosse, parce
qu'alors les germes de toutes ces difierentes grai
nes se noueront ensemble pour ne fnrmer qu'une
unique ti^te, qui sera tres-solide. On en aura
aussi de criipue , si i'on bat ces graincs avant de
les semer; de m(";me que si on roule quelque
poids sur les pianehcs oii elles seront, ou qu'oii
les foule aux pieds quand elles seroiit levecs. La
giained'ache vientpliistijt quand elle est vieille,
plus tard quaiid elle est iiouvelle. Pourvu qu'on
puisse arroser rarroche,on pourra la senier ce
qiii ilin aqiiani lenenl, prosciiidantnr post idiis, cum et
iiinnes lierbas piolnlerunl, et eariiin seniina nondnin ma-
liiiilale lirmala siint.
III. Iloc eliam inense ullimo el prope vere Iransaclo
brassicam sercrepossumus.qiiascanli serviel,(piiac.vm.'fl ■
tempiis ainisil. Nunc apiniii liene serilur locis calidis cl
frigidis, lerra quali voliieris, diiniinodo ibi sit buinor as-
sidiius; (piamvis iiasci, si nccesse fiieiil, et in siccilale
non dcncHet, et prope 'omnibus niensibus a primo veie
liisqiiejad aiiliimnum seiatiircxlieiiiiiin. 1a ipsiusgenere
est bipposelinon, duriiis tainen et anslerins, et belioseli-
iioii inolli folio el caiile tencio; qnod nascilni in laciinis :
cl pelrjselinon mavime locis asperis. lliec oninia genera
possiinl lialicie dili,L:enles. Apios majoies Cnies, si semeii
qiianliim (i ibiis di^ltis coinprelieudi polesl , linleolo claii-
seiis lariore.elbrevi fos^aobi iieris. Ila oniniiiin seminiim
Kcinien capilis iinins solidilale iiectelur. Crispi iiiint,
si seinina aiile Inndanlur, vel si super arcas nasceii-
les aliqiia pondera vidiilenlnr, aiil pedibiis prociilcenliir
enala. Apii seniina veliisliura ciliiis nascnntur; qua; no-
DE UAGr.ICULTUKK, LIV. V.
niois-ci tninsi (iu"au niois de juillet, et dans tous
lesaiitrcs mois qiii lcsuivmnt jusqu"eii automne.
Cette plantc demandc de Tcau a satiete. II fau-
draen couvrir la i;niine dc terre aussitot qirclle
aura ete semcc, cl arraclier dc lempsen lemps lcs
herbcs qui croitront avcc elle. II iie scra pas ne-
cessaire de la transplanter quand cllc nuva cte bieii
semcc, quoic[u'eIle croitra beaucoup mieux lors-
(|ucllc aura et(3 semec clair, et qu"on aura eu
soin de lui donner du lumicr et de Teau pour
Taider a venir. II faut cependant avoir la prc-
caution de la couper toujours avec le fcr, si roii
veut qu'ello ne ccsse pas de rcpousser. On scme
ci pr(isent lebasilic. On dit quecctte plante vient
promptement, quand elle a etc arrosee avec de
Teau chaude aussit6t apres avoir eie sem(;e. Voici
un fait relatif au basilic, (jui, tout surprenant
qu"il est, est attest(^ par Martialis : c"cst qn'il
donne des ilcurs tantot pourpr(!'es, tantfit blan-
ches, tant(Jt couleur de rose; et que, lorsque
lagraine ena ct(3 seni(!C plusieurs fois, ellc linit
par se changcr tantot en serpolet, tant(jt en si-
symbrium. On s6me cncorece mois-ci les mclons
ct lcs coucombrcs, ainsi que les poireaux : on
met encore en terre au eommencement du niois
lesctipricrs, lcserpoletet les piedsdcfeve d'E,L;yp-
te. On seme aussi la laitue, la poiree, la ciboulc
et la coriandre, ainsi qiie la cbicoree, que roii
seme alors pour la seconde fois, a Teffct de la
consommcr en ete. Enrni on plante les coiirgcs
et la menthe , soit en racines , soit en pieds.
IV. On met en terrc le jujubicr au mois d'a-
vril dans Ics pays chauds, et aux mois dc inai
(ui de juin dans les pays froids. Cet arbrc aiine
les llcux chauds expos(is au soleil. On peut cu
semer Ic no\ au , ou le plantcr eii bouturc ainsi
qu'en picd. II croit trcs-lentemcnt. Alais, lors-
qu'on lc plantc cn pied , il vaut micux le fairc au
mois dc mars dans uiie tcrre molle; au lieu que,
lors(|u'on cn scnie lc noyau , le plus sijr est d'eii
mettrc trojs enseinble dans unc fossc (run pal-
miis, dc fa(^()n qiic lcur cimc soit reiiversiic.
On rcpandra dans ce cas-Ia du fumicr et de la
cendrc, tant au foiul dc la fosse que siir sa su-
perlicie; ct, dcs (juc la planti^ sera levcc, on la
d(5barrassera dcs lieil)L'S qui croitrout avec clic,eii
les arrachant a la inain. Lorsqu'elIe seia dc la
grosscur du poucc, oii la lransf(^rera dans u;i ter-
rain facoune au pustinum , ou daus une fossc.
Cct arbrc se plait daiis les terres qui nc so!)t iia-s
trop fcrtiles, ct il ainu cclles ([ui sonl lc^crcs et
prcs([ue mai;j;res. On lui fera (lu bicn si Pon cn-
tasse dcs picrres pendant l'hiver aupres dc soii
trone, pourvu qu^on aitsoin deies rctircr en ctc.
S'ilestnialade, il faudra, ponrr^ijjayer, lc ratis-
scr avec unc etrille de fer, ou verser frcquem-
mcnt, raals ncanmoins avec m^inagemciit , dc la
ficntc dc boRiif siir ses racines. On cucilic lcs ju-
jubcs lorsqifelles sont niures, et on lcs garilc
dans uii long vasc dc tcrre euitc que roii bouclie ,
et (|ue i"on met dans uii lieu scc; ou bien on lcs
arrose dc quelques gouttes de vin vieux aussit(')t
qu'ellcs sont cucilli(?s, ct on parvient par la a
empt'clicr qirclles ne dcvienncnt difl'ormcs eu
contraclaul des rides. Ou lcs conscive aussi avcc
leurs branches, que ron coupc sui Tarbre, ou cii
lcs enveloppant daiis lcurs piopics fcuillcs et cii
lcs tcnaiit suspenducs.
V. On plautc cncorc ct grcffe ce moi.s-ci daiis
Ics pays tcmpcres les grcnadiers, de la fac-oii qiic
nous avoiis indiqu(!'c. On peut enter lc peclicr
cn ccusson vers lcs calciidcs de mai, commele
liguicr, cl de1a iiKinicrc quc nous avons prcs-
critc cn parlant de la grcffc dc ce dcrmcr arbrc.
Ou grelTc cc mois-ci le citronnier daiis lcs pays
chaiuls, ainsi que jc l'ai cxpliqu(i ci-dcssus. On
vella siiiit, seiiiis. Ilnc iiKmse !itii|)li('i'ii) siti'iiiiis, si
rigaie poteiiinns, et Jiilio , etcitileris iisi|ne ad :iii(iiniiiiiiii
mensibus. Amat assidiio lnimoie satiaii. Seiiiei) staliin
ciiiii spaigitiir obruemliini cst ; licrbic ci siihiude vellaiitiir.
Transferri necessariiiin noii est, ciim beiie seritur; lamen
polesl melius adolescere, si spatio lariore paiiaaliir, et
juvetur succo lietaininis et liiimoris. Kerin taiiieii r(.'ci(leu-
dumsemper esl , (|uia ila pulliilareiioii cessat. .\iiiic oci-
inuiii seiiliir : cito nasci dicitur, si slatim ciim sevciis,
aqiia calida perliindas. neiii miiam de ocimo Marlialis
aOinnat , (piod modo piirpuieos inodo alhos (lores niodo
roseos pariat, et si ex eo .seuiiiie ficipieiiter scratiir, inodo
in serpyllum iiiodo in sisynibriiini mulctiir. Iloc etiam
mense inejoues el ciicumcres serunlur cl pornis, cl iu
primordio capjiaris et scrp.vllum et colocasiaf plautaria
poneiniis, el Iidiicas, el bctas et ccpiillas ct (•oriandruin
seremus, et inlvlja secunda satione, ((uibiis iitainur a's-
tatc, ct cucurbitas, et inenlam radico vel planta.
IV. l,ocis calidis Aprili inense zizipbuni conseremiis,
fri^idis vero Maio vd Jimio. Aniat IochI r;ilida, aprica, S,:-
liliir ossibiis ct stipito ct plaiila. Crcscil taidissiinc. Scd ii
plaiilaii) poiias, iNIarlio ninsis [in] lerra molli, si ossibiis
stTLs, iii scrolie paliiiari, ita ui tcnia ^iaiia pcr .scin-
iicin caciimiiiibus poii:iiitiir iiivnsis. Qiiiliiis in imu ct in
siiniiiio affuiidalur Ia'laiiicii ct cinis, et licrliis adiiasct^nti-
tius niaiiii pl:iiit:i lilicietiir cniuipciis, Ciiivi pollicis solidi-
lati siiiiilis fiKMil , tniiisfcratiir in lociiiii pi-^linalum vel
iii scrobcm, Tcrniiii diliiiit iion niniis la-laiii, scd piovi-
mani teniiiaUpic jcjiiii:c. Pcrliieuiein prodcslilli, iitcirca
codiccm lapidiim cumnlus a;;c!ereliir, (|iii ;rsl:ile dcbct
aiiferri. Sl arlior Ii.it. tristisi\st, fcriea shisili subras.i
hilarior liet, vcl si iimiim hiihiiliim radicibiis nindice ct
frcipieuter antiiiilas. Ziziplia collcrta maliira in longo vaso
lictili scrvanlur obllto, el loi:i) sicciore composilo : vcl re-
centor lecta poma , si giillis vini vcteris peifundas, effici-
liir, ue ea nigaruui dcformet atlractio. Seivanliir etiain
declsa ciini lainis siiis, aut frundc sua involiita atipie
siispensa.
V. Iloc eliain mcnse locis temperatis m;)Ia iiranata pn-
niiiiUu', ca latione ipia dicliin) esl, et inscruntur. Nam
circa caleiid:is Mai.is persiciis inoculari polcst, (jiio luorc
cniplaslratiir licus, sicut dixinni.s, ciiii) de iiisiliona lo-
PALLADIUS.
forniera a present dans !es pays froids des plants
de figuiers, en se conformant a la mfthode que
iious avoiis donuee ci-dessus. II faut aussi gref-
ftr a present le figuier en fente, ou entre l'ecorce
et le bois, corame je l'ai prescrit precederament ,
et Tenter en ecussou dans les dimats secs. II
fnut planter a present, dans les climats qui sont
exposes au soleil et chauds, les pieds de palmiers
quenous nppelons ccphalones. On pourra greffer
le eormierce raois-ci, tantsur lui-raemeque sur
h; cugnassier et sur Tepine hlanche.
VI. Melez ensomble autant A'vncice de violet-
tPs qne de livres d'huile, et laissez ce melange
pendant quarante jours en plein air. II faudra en-
suite, sur cinq livres de violettes essuyees au
point qu'il n'y reste plus d'humidite, verser dix
sextarii de vin vieux, et y ajouter au bout de
trente jours dix livres de miel.
VII. Les veaux naissent communement ce
mois-ci. II faudra venir a Taide des nieres en
leurdonnantdulourrageabondammeut,afinqu'ei-
les soient en etat de fournir le tribut qu'on exige
alors d'elles, tant du eote du travail que du cote
de la nourriture de leurs petits. Quant aux veaux ,
on leur donnera, en forme de .salivutiim, du
niillet grille, moulu avec du lait. On tondra a pre-
sent les brebis dans les pays chauds , et on mar-
quera ce mois-ci les agneaux qui seront nestard.
C'est aussi aprescnt queron faitsaillirles heliers
pour la premiere fois. Ce premier accouplement
cst le meilleur, parce que les agneaux qui en re-
sulteut sont deja fortifics quand Thiver arrive.
VIII. On cherchera ce mois-ci des abeilles
dans des lieux exposes au soleil. .\u surplus, elles
indiquent elles-memes les cantons qui sont pro-
pres au raiel. Kn effet. comme clles trouvent
tres-souvent leur pature aupres des fontaines , si
Ton n'en voit qu'un petit nonihre dans leur
voisinage , c'est une preuve que rendroit est peu
propre au miel ; au lieu que si elles y viennent
boire en foule, voici la maniere dont on pourra
parvenir a trouver l'endroitou seront les essaims.
On coramencera par s'assurer de la distance oii
ils pourront etre : a cet effet, on portera avec soi
un petit vase rerapli de terre rouge liquide, ct,
apres avoir observe les fontaines et les eaux voi-
sines, on raarquera le dos des abeilles qui vien-
dront y boire avec une pelite paille trempee dans
cette liqueur, et Ton se ticndra tranquille dans
rendroit ou Von aura fait cette operation. Si cel-
les que Ton aura teintes de cette mauiere ne tar-
dcnt pas a reveuir, on sera assure des lors que
leur domicile est dans le voisiuage; au lieu que
si elles tardent, ce scra une preuve qu'il sera plus
eloignc, et Ton pourra juger de son eloignemcnt
par le temps qu'elles auront mis a revenir. II sera
aise de parvenir aux domiciles des abeilles qui
se trouveront dans le voisinage; mais voici la ma-
niere dout on s'y prendra pourarriver a ceux qui
seront plus eloignes. On coupera un morceau de
roscau garni d'uu nreud a chacune de ses extre-
mites, et on y pratiquera une ouverture sur ie
cotc, par laquelle on y introduira un peu de raiel
ou du vin cuit jusqu"a diminution de moitie, et
on le laissera aupres de la fontaine. Lorsque les
aheilles se seront rassemblces dans cet endroit,
ct que , guidecs par Todeur, elles seront entrees
dans le roseau , on en bouchera rouverture avec
le pouce , pour n"en laisser sortir qu'une seule
abeille a la fois, et Ton suivra la route qu'elle
prendra dans sa fuite. Cette aheille vous mettra
sur la voie du lieu ovi doit etre son domiciic. Des
qu"on cessera de la voir, on en lachcra une autre
que fon suivra de meme , et en les Mchant ainsi
successivement on arrivera sous leur conduite
jusqu"au iieu de rcsideuee de ressaim. II y a des
qiieremur. Hoc iiiense calidis locis citri arbor inseriliir,
siciit supra menioravi. Nunc locis frigidis lici planlaria
(lisporieuius, servanles eam, qure supra dicta est, disci-
plinani. Nimc etiam licum dcUemus inseiere i» ligno vel
suli cortice, siciit anle praecepi, et eam locis siccis inocu-
lare. Niinc plauta palmarum , qiiam ceplialoneni vocamiis ,
locis apricis et calidis est poiienda. Iloc mense sorbum
poterinuis inserere in -se, in cuionio, in spina alba.
• Yl. Tot violiE uncias [innmdas,] quof olei libras mise-
ris , et diebns xi. siib dio liabere debebis. Violae purgatae , ut
de rore nibil babennl , liliras quiutjue vini veteris x sextariis
il''!iebis inlundere , est post xxx dies x mellis ponderibus
tciiipeiare.
VII. Hoc mcnse viluli nasci solent, quorum matres
abiindantia pabuli jiiviMitnr, iil surricere possinttributola-
lioris ct lactis. Ipsi^ ^inlci:! vi!n!is lostum molitnmipie mi-
liuiii cuni lactemisr.';iir -;ii!\;i;i niore pr.-pbendnm. Nunc
locis calidis tondcaiiluiinc:;, it sorotini fcptus lioc mense
si^iientur. Nuncetiam priina est admi.ssura, quic excellit ,
arietum , iit a(;nos jam maturos lilbernuin tempiis inveniat.
VIII. Iloc iiieiisc Icicis apricis apes qiia^remns. Scd loca
mellilica indicant apes , si circa fontes frequentissiina? pas-
cantur -. nam si rariores videbiintur, in bis locis mellilicari
utiliter non potest. Quod si freqiicntes aquaiitur, ubi sint
examina earum, boc genere possumus invenire. Ac primo
quam longe aut prope sint, exploiemus. Rubricam llqui-
dam brevi vasciilo infiisam geiamus , et observemiis foii-
tes aut aquas vicinas : tunc dorsa apum bibentium tanga-
mus illo liqiiore tincta festiicula , atque ibidem moiemur.
.Si cito reversic fuerint, quas tinxiuius, bospitia earum
pioxima esse iiosceraus -. si tarde , spatio longiore sub-
mota , quod pro mora temporis aestimamus. Ad proxima
facile veiiies ; ad longinqua lioc geneie pei diiceris. Caiinje
ununi internodluni cum suis recides articulls, et in latere
aperies. Ibi niel exiguum vel delrulum inltles, et juxta
foiitem pones. Cum ad eum conveneiint apes, atqiie in-
gressae fueriiit post odorem, foramen pollice claudes ap-
posito , et uiiam tantum patieris exire, cujiis fugam perse-
qiicre. lia tlbi partem deraonstiabit bospitii. Cum ipsam
cceperis non videre, alteram continuo dimitles, et scque-
ris. Itasinguloe siibindedimissaetefacientu.^quead lociim
examinis pervenire. Aliqui mellis brevissimum circa aquain
DK LAGRICULTUUi:, LIV. VL
personncs qui mettent un tres-petit vase de niiel
;nix environs de Teau, parce que, lorstprune
alieille a goute de eemiel en venantboire, et qu'elle
a regagne les paturages oii sont ses compagnes,
elle eu amene dautres par la siiile, dont la Ibule
augmente en ppu de temps ; de sorte qu'on peut
les suivre jusqu'a rendrolt ou sont les essaims,
en remarquant le eote par lequel elless'en rctour-
neront. Si Tessaim est eaehe dans un trou, on Ten
ehassera par le moven de la fumce (pie Ton
fera; et lorsqu'il sera sorti on reffrayera en fai-
saiit retentir du cuivre, jusqu'u ce qu'il se soit
accroehe a qucUjuc arbrisseau ou a quelque braii-
che d'arbre, dou on puisse le reeevoir dans une
ruelie qu'on en approchera a cet effet. Mais s'il
est sur la branche d'un arbre creux, on pourra,
apres avoir coupe cettc branche, tant par en haut
que par en bas , avec une scie trestranchante,
renvelopper dans uii morceau d'etoffe proprc , et
remporter pour la placcr au rang des ruches
que Ton aura dcja. .\u surplus, c'est le matin
qu'il faut chercher des abeilles, afmd^avoir toute
la journee pour lessuivre, parce qu'une foisqu'el-
les ont rmi leur tache, elles ne reviennent plus
d'ordinaiie u rcau. Mais il fautavoirsoin de frot-
lerlcs ruchcs dans lesquelleson veutlesreeevoir,
avec de la citronelle ou des herbes agreablcs, et
de les arroser d'un peu de miel. En faisant cette
operation au printemps, et en mettant des ruches
parfumees de cette maniere aux environs des
fontaines et dans les cndroits ou il y aura beau-
coup d'abeilles , il s"eu amaSsera une multitude
qui viendront d'elles-memes dans ces ruches,
pourvu neanmoins qu'on puisse les preserver des
voleurs. II faut aussi iiettoyer les ruchesce mois-
ciainsiquelemois precedent,ettuer les papillons,
qui se niultiplient principalement dans le temps
que la raauvc cst en fleur. Voici la maniere de les
S99
prendre : On pose le soir entre les ruehes un vasc
de euivrc scmblable a un vase milliaire, c"est-a-
dire qui soit profond et etroit, et on met ati fond
de ce vase une lumiere; de sorte que les papillons
venant a se rassembler dans ce vase et a voltiger
autour de la lumiere, le peu de largeur du vase
les inet dans la necessitc de se bruler au feu, dont
ilssont trop pies.
IX. Les heures de ce mois-ci sont cpalcs a cel-
lcsdumoisde septembre, suivant la ])roportiou
de ce caleul.
A la premiere et a laonzieme heure, le giio-
mon doiine viiigt quatre pieds d"ombre.
A la seconde et a la dixieme , il en donne qua-
torze.
A la troisieme ct a la ncuvieme, il en donne
dix.
A la quatrieme et a la huilieme, il cn donne
sept.
A la cinquieme et a la septieme , il en donne
ciiiq.
A la sixicme, il en donne quatrc.
LIVUE SIX1EME.
.M\I.
I. Oii scmera le panis et le millet au mois de
mai dans les climats froids et humides , de la fa-
con que i"ai indiqiiee. Presque toiites les semeuccs
sont cii llcur dans ce temps-ci, et le cultivateur
ne doit point y toucher. Or voicl la raaniere dont
elles fleurissent : les bles et Torge , ainsi que les
scmences qui iie sont point partagces en dcux lo-
bes, sont cn flcur pendant huit jours, et lorsque
la fleur de ces semeiices cst passee, elles grossis-
scnt pendant quarante jours jusqu'a cc qu'cllcs
soient parvcnuesa lcur maturite; au licu que les
vasculum poinint, de quo cum apis aquantlo giislavorll,
ad commiinc |iabulum pergens alias exhlbcljil : (pianiin
fiequeiitiain sublnile ciescenti'ni, nolatarevolanlium pai le,
iisque adexamina iieiseqiieiis. Quod si esl exanieii iii spe-
liiiica lecondilum fiimo cjicieUir, et cum e.\ieril, a'iis so-
nitvi terriUim in frutice vel iii aliqiia silvae se parlesuspen-
del,et ila adiiiolo vasculo recipielur. Si vero in cavse
arboris ramo fuerit , aculissima scira idein laniiis siipra
inframic decisiis et miinda vesle cooperliis nolerit atTerri
el inter al^earia collocari. VcsligaiiUir autem iiiaiic, iil
lola dies sufliciat ad seqiiendum. >am vespere peiaeto
operc ad aqiiam plernniqiie non redeiiiit. Vasa aiitem,
quilms recipiunlur, perlVicanda sunt cilragiiie, vcl lier-
bis suavibus, cl cons|>ergeuda imbie mellis exigui : qiiod
si vcrno fiat, et circa foutes alvearia sjc linct;i poiiaiilur,
locis qiiibnsapuiiilrequenliaesl, miilliludiiieinsibisponle
ronducent , si lameii servari a fiiribus possiint. Hoc eliaiii
nicnse, sicul siipra, piirganda suiit alvcaria sordibus, el
iiecaudi papiliones , qui maxime abimdant llorenlibus mal-
vis, quos lioc genere intercipiemus. Yas a-neum iniliario
simile , id cst alium ct angiistum , vesperc inlev alveaiia
(•oliocemns, et in fiindo ejiis ponauiiis lunien acreusnm.
Illiic pa|iilioiies convcuienl, et circ;i liiinen volil.iliunt, et
aiigiislla vasciili ab igne pioxiino iiilnrire cogi-uliir.
I.K. IIiijiis niensis Iioi\t, lioris mciisis Scplcmbris ai-
(piantur liocgenerc.
Hora I et xi pi^des xxiv.
Iloia II et X pedes xiv.
Hora III et i\ pedes x.
llora IV et viii pcdes viii.
Ilora v et vii pedes v.
llora VI peilis iv.
!,ini:R si;xTL's.
I. Maio racnse locis frigidis el biimeclis panicum scremiis
el niiliuin, more quo dixi. Nuiic omiiia prope, ipia' sata
siiiit, lloreiil, neqne laiigi a ciiltoie (lebebiinl. (Florenl
aiilcni sic : ) rriimenla et ordeum el qii.T; smil seuiiuis sin-
giilaris , oclo diebus llorcbiint , ct deinde per dics xl gran-
desccot Itnrc deposilo usi^iic ad niaturitatis eveatum.
PALLADIUS.
scmoiicps qui sont paitagees en cleux lobes, tellcs
que Irs feves, les pois et les autres legumes, soiit
en flciir per.dant quarante jours, et mettciit lc
mtoe temps a grossir. On fauchera ce mois-ci les
foins dans les cliraats secs, cliauds, ou voisins de
la mer, sans cependant altendre qu'ils soient des-
seches. Si lorsque le foin est fauche il vient a
ctrepcnetre par la pluie, il ne faudra pas le retour-
ner avant que la superficie en soit sechee.
II. II faut examiner a present les sarments
qu'auront donnes les jeunes vignes, afln de n'en
laisser qu'un petit nombre de ceux qui seront
forts. II faut aussi soutenir ces vignes avec des
appuis, jusqu'a ce que les bras qu'elles auront
produits soient consolides. Qiiand on aura coupe
inie jeune vigne, et qu'elle viendra ii repousser,
on ne lui laissera pas plus de deux ou trois jets ,
que Ton liera au corps de la vigne, pour les met-
tre a fabri des accidents du vent. .Fai dit qn'il fal-
lait y laissertrois jets, parce que, si on en lais-
eait moins dans ces coraraeneemenls, et que les
vents viussent a les briser, il n'eu resterait aucun.
11 faudra epamprer ce mois-ci ; mais cettc opera-
tion ne sera avantngeuse qu'autant qu'elle aura
f te faite dans le temps oii les jeuncs branches se
(letacheiit sans difficulte sous le doigt qui les
presse. Au reste, clie est utile pour faire grossir
les grappes, et preparer leur maturite en livrant
un passageau soleil.
III. Cest aussi a prcsent qu'on donnc le pre-
raier labour aux terraius graset oii Therbe abonde.
Mais lorsqu'on veutdouner ce labour a des terres
iucultes,il faut examinerauparavantsi ellessont
seches ou humides, couvertes de bois ou de gra-
men, d'arbrisseaux ou de fougere. Si elles sont
humides, on les dessechera en y creusant partout
dcs fosses. 11 n'y a personne qui ne connaisse les
fosses apparentes; mais voici la manitre de s'y
prendre pour faire des fosses cachees. On creusea
travers le champ des fosses de trois pieds de pro-
fondeur, que Ton remplit ensuite jusqu'a moitie
de petites pierresoudegravier; apres quoi on les
regale par-dessus avec la terreque Ton avait enle-
veepar lafouille. Maisrextremitedecesfossesdoit
aboutir en pente a une bosse apparente , dans la-
quelletouteleurhumiditeserendra,sanseiitrainer
avec elle la terre du charap. Si Ton n'a poiiit de
pierres, on etendra au fond de ces fosses des sar-
ments ou de la paille, ou desbroussailles de quel-
quenaturequ'ellessoient. Si au contraire le terrain
estcouvert de bois, il faudra, pour le eultiver,
extirper les arbrisseaux, ou n'en lais.serqu'un petit
norabre. S'il est pierreux, on pourra le nettoyer
en faisant ramasser a la main les pierres dont il
sera couvert, pour en construire des muraillcsqui
lui serviront de defense. On parviendra a le de-
barrasser du jonc, du grameu et de la fougere, en
multipliant les labours. On fera notaminent dis-
paraltre la fougere en peu de temps, pour peu
qu'on seme souvent daus le champ qni la porte
des feves ou des lupins, ou qu"on la fauche de
teraps en tcmps a niesure qu^elle repoussera.
IV. Ge mois-ci est le temps conveuable pour
remblayer, c'est-a-dire, recouvrir de terre les
arbres et les ccps qui auront ete dechausses. On
coupera a present le bois propre a faire des ver-
ges d'office , quand il sera garni de toutes ses
feuilles. Or, voici la raesure de ce qu'un hornme
pourra en couper. Si c'est un excellent ouvrier,
il doit expedier la valeur d'un inodius de bois
de haute futnie; un ouvrier mediocre en expe-
diera un tiers de raoins. On beche aussi assidii-
ment les pepinieres dansce temps-ci. On laille
les oliviers , et on ratisse la raousse qui s'y atta-
Qiiii! XTO (liiplicis seminis snut, siciit fiiba, |)ismn ca:le-
raiiiie legiiniiiia, XL diebus (lorent simiil(]iie giaiKJescnnt.
Hik; mcuse in locis siccis, caliilis sive maiitimis IV«na re-
(■iiliiiitiir, iiilus tainen quam exaiescanl. Qiiod si pluviis
iiilusa fueiint, converti ante uon delient qnani pais eoinm
siimma siccata sit.
II. Nunc consideremus novella vilis (|uiie piotulit sai-
meula, et el pauca et solida relinqnamiis, et adniiiiir.nlls
lirmeinus, donec biacliia prolafa duiescani. .Noii aiileiii
anipliusresectacet pullulauti viticuhc, qiiaiii diKc \'-\ ties
iiiateria! reliuquautiir, et allij;(>ntnr piopter iiijuiiaiii
veiili. Ideoanlem tres materias di\i debeie dimitli, ne
(lis.^ipautibus ventis nulla lenianeat, si iii iiriniiudio icli-
(|iu,'iis pauciores. Hoc niense panipinari conveniet. Sed
liiiic est opportnna panipinatio, ciim teneri rami fligitis
sliiusenlihiis crepabunt sine diriicullate carpentis. llii-c
res iivas cllicit pingnioies, et malurilali consulit solis ad-
niissii.
III. Niinc quo(pie pingues agii et beibosi prosciudan-
tur. Scd si agios incultos volueiis aperiie, consideialiis,
siccusan Ir.iinidus sitager, silvis aiitgramine, IVutelis ves-
tilusantlilice. Si liumiduserit, fossarninduclilnis ex ornni
paife siccelnr. Sed apertae fossse nola; sunt, c<KC.Te vero
boc genere (iiint. Iniprimuntur sulci per agrum transversi
altifudine pedum lernum : poslea usque ad medietafem
lapidibus minntis replentur aut glarea , et super terra ,
qiiam egesseramiis , aiquatur. Sed fossarum capita unam
patentem fossain petant , ad qiiam declives deciirrant :
ita et bumor deducefnr, et agri spatia non peribunt. Si
defnerinl lapides, sarmenfis vel stramine snbjeclo coope-
riantnr vel qnibuscuuque virgultis. Sed si neniorosus est,
extirpatis aut raro rebctis arboribus excolafur. Si lapido-
sns, per macerias saxoruin tiirba collecta et pnigaii pote-
rit, et inde miiniri. Juncus et gramen et filices rreqiienti
aiatione vincentur. Sed filicem, si saipe fabam conseras
vellupinos, et si subinde nascenlem raiicrone falcis iiici-
das, inlra exiginim leinpus absiinies.
IV. Hoc mense arbores cl vites qn»al)laqueata?fueranl,
occaie, Iioc est, operire jain couvenil. Nunc ad rudeni
faciendam silva ca'dalur, quando omni fronde veslita est.
Cicdendi aiitem liic iiiodus est , ut optimiis oiierariiis in
alta silva niodii spalium, mediocris vero leitia minus
possit abscindeie. Nunc et seminaria fodiuntur assidiie,
el locis pisegelidis et pluviosis olea! pulantur.et eis mus-
DE L'AGRICULTURE, LIV. VL
fioi
che, dans les cliinats trcs-froids ct pluvieiix. Si
ron a seme des lupiiis daus la vue de fumer ses
terrcs, il faudra les reverser a present en terre a
Paide de la charrue.
V. II faut faconner a present au pasdnnm le
terrain des jardins que Ton destine a etre cou-
verts , en automne , de semences ou de pieds d'ar-
bres. II est bon de scmer Tache de marais ce
mois-ci, comme nous ravons deja dit ci-dessus.
On pourra encore mettre en terre la coriandre ,
lesmelons, lescourges, rartichaut, les raiforts
et la rue. On transferera aussi le poireau en pied,
et on rexcitera ensuite a croitre en Tarrosant.
VI. Les grenadiers coramencent a tleurir a
present dans les pays chauds. Ainsi , si Ton en-
ferme, comme le dit Martialis, une branche de
grenadier avec sa tleur dans un vase de terre
cuite enfonce en terre aupres de Tarbre, en at-
tachant cette branche ci un pieu , afin qu'clle ne
s'elance pas hors du vase, elle donnera en au-
tomne un fruit dont la grosseur sera moulee sur
la capacitedece vase. Onpeutaussienteren ecus-
son le pecher ce mois-ci dans les pays chauds.
On greffe a present dans les pays froids le citron-
nier, conformemeuta la raetliode que nous avons
donnee. On plantera a present le jujubier dans
les pays froids , et Pon y greffera le figuier. Cest
aussi dans ce mois-ci que Tou plante les pieds de
palraiers.
VI l. II faut chatrer a present ies veaux , ainsi
que Magnn le prescrit, dans le temps qu'ils sont
jeuiies, en coraprimant leurs testicules avec une
fi'rule fcndue, et eu les froissant peu a peu pour
les detacher. Mais il ordonne de ne faire cetle
opcration qu"au priutemps ou en automne, et
dans le deeliu de la lune. D'autres , apres avoir
attache le veau au travail , saisissent avec deux
regles detain etroites, comine avee des tenailles,
les nerfs memes, appelcs en gree xpsaair^pi;, et
coupent avec un instrumont de fer les testicules
apres les avoir tires a eux , en laissant intacte
une portion de fextremite de leurs nerfs ; precau-
tion qui arrete la perfe du sang , et qui empechc
les jeunes boeufs d"(Hre absolument enervcs ,
puisqu'ils ne perdent pas dans ee casla toute leur
masculinite. II n'est pas tolerable de contraindre
les veaux a saillir apres la castration , comme on
le voit pratique par bien des personnes ; paree
qu'il est constant que , quoiqu'ils demeurent
prolinques, Tcffort leur eauseun fhixde sang qui
les fait perir. On frottera les plaies oecasionnees
par la castration avee de la cendre de sarment
et de recume d'argent. On empechera ranimal
nouvellement chatre de boire , et on ne lui per-
raettra la nourriture qiren pelite quantite , en
lui donnant, dans les trois jours qui suivront \'o-
peratiou, des ciracs d'arbrcstendres, desarbustes
mollets, et des feuilles d'herbes \ertes legere-
ment humectees de rosce ou d'eau de riviere. II
faut panser ces plaies soigneusement au bout de
ces trois jours , avec de la poix liquide melce de
cendre et d'une petite quantite d'huile. Mais
rexperieuce a fait trouver recemraent une ma-
nicre de chatrer, qui est meilleure que les an-
ciennes. Apres avoir garrotte le jeune breuf et
Tavoir renverse par terre, on renterrae ses tes-
ticules dans la peau qui leur sert d'enveloppe , et
que Ton tend ix eet effet ; puis , en les coinpri-
raant avec une regle de bois, on les coupe soit
avec des haches brulantes, soit avec des doloires,
ou , ce qui vaut encore mieux, avec un instru-
inent de fer fait exprcs pour cette operation, et
qui a la forine d'un glaive. Eu effet, en snivaiit
cette methode, le tranchant du fer qui est brulant
penetre aupres de la regle raeme ; de sorte que
roperation , devenue plus rapide , en est nioins
i-ns abrailitur. At si fpiis liipinnni stercorandi agri causa
seminavit, aratio ilinni niinc debebil everlere.
V. Horloium spatia, qua; per anlnmnuni seminibus
implonda destinantnr, ant planlis, nnnc conveniet pasli-
iiare. Hoc mense apinm bene seritur, sicnl jam ante di-
clnmest, vel i-oiiaiidrum, el nielones.et cuciirbita;, car-
ilniis, et radices, ct rnla paKsentiir. Porri quoque planla
transCerlnr, iit ri^aliiinibus aninietur.
VI. Locis calidis nnnc mala Punica llorere incipiunt.
fiamus ergo cum floie (siciit Martialis dicit) si obruto
circa arborcm lictili vase claudatur, et ne resiliat, ligetiir
ad palum, pro vasciili magnitudinc pomum leddit au-
(iinino. Hoc eliani nienscloiis calidis emplastrari Persicus
polest. I.ocis IVi^idisnniiccilri arlmr inscritur, et ea, qnae
dicla esl, disciplina servetiir. Nunc Irigidis locis ^^lzipbnm
ronseiemns, el licum iuscrimus. Hoc etiam mensc palniEC
|ilanla dispoiiiliir.
VII. Niinc castiandi smit vitnli, sicul Ma.:;odicit, fe-
iieia .vtale, nl lissa feriila leslicnli coinpiimantiir, et
pauliilim confracti re.solvanliir. Sed boc Iniia decrescenle
verno vc! autiimno ficri debcre praccipif. .\lii li.^alo ad iiia-
cliinam vitulo, duabus anguslis le.^ulis slinueis sicut for-
cipibus ipsos nervos appreliendnnt, qiii Gra"ce •«£|iai7T7ip£;
diinntiir. His comprebensis tentos testicnlos ferro rese-
canl, et ita recidunt, ut aliquiii de liis capitibus nervo-
riim snornin dimittatur baerere. Qiia; res et sangiiinis ni-
mietatem probibct, el nou omnino juveiicos snbducto
roboie virililatis effieniinat. Nec admitlendnm est, qiiod
pleriqne facinnt, iit sfatim caslralos ciiiie coinpellanl.
Nam certiim est ab eis generari , sed ipsos I1u\u sanguinis
interire. Vnlncra vero castratnr.T cinere sarmenforum ct
spuma linentur argenli. Caslrafus abstincatur a polu, ct
cibis pascaliir exiguis, et sequenli tridiio pr.tbeantur ci
tenerre arlioriim summitales, cl frulccta mollia, et lierb,i!
viridis coma dulclore .sagina roris aut niiminis. Pice eli.ain
liqnida misto cincrc et modico oleo post triilnnm viilnera
diiigenter iinmienda suiit. Sed ineiiiis geniis castralionis
seqiicns usus invenit. Alligalo enim jiivenco aliiiie dejccto,
testiciili stricta pelle claudimtiir, atipie ibi lignea regula
piemenle decidiiiitnr ignilis securibns vcldolabris, vcl,
ipiod est nieliiis, formato ad lioc ferramento, iit gladii si-
inilitudincm leneal. Ita cnim riica ipsam regiilam feiri
602
PALLADIUS.
douloureiise , et que la cieatrice, qui se forme
aussi promptement que la plaie, empeche reffu-
sion du saiig.
VIU. II faut faire apresent la toute des brebis
dans les pays temperes. Mais, lorsqu'elles auront
ete tondues, on les pansera avec ronguent dont
voici la coniposition : Oii meiera ensemble par
portions esales de la deeoetion de lupins, de la
liede viu vieux et dn marc d"huile, ct on les frot-
lera de cet onguent quand ces drogues seront
bien amalgameesenscmble. Tioisjours apres, si
Ton est a proximite de la mer, on les y plon-
gera sur le bord du rivage; au lieu que si c'est
dans rinterieiir des terres qu'on nourrit ces bes-
liaux , il faudra, dcs qn'ils auront ete tondus et
frottes d'onguent, leur jeter sur le corps, en plein
air, de Teau de pluie tant soit peu bouillie avec
(lu sel. On pretend que le betail qui aura cte
soigne de la sorte sera preservc de la gale pour
toute rannee, et que sa laine aequerra de la
longueur et du moelleux.
IX. On fera cailler ce mois-ci du lait pur,
pour en faire du fromage, soit avec de la pre-
sure d'agneau ou de bouc, soit avec eette niem-
l;rane intiirieure qui est adherente aux ventres
des poulets, soit avec des fleurs de cliardou sau-
vage, soitavecdu lait de figuier. II faudra ex-
traire du fromage tout le petit-lait, et meme le
coinprimer en le cliargeant de poids. Quand il
eommencera aetre ferme , on le mettra dans uu
lieu ombrage ou frais ; et, apres Tavoir comprime
en y ajoutant de temps en tenips de nouveaux
poids pour ie raffermir de plus en pliis, il faudra
le saiqjoudrer de sel egruge et torrefie, et le com-
piimer plus qu"il ne Taura encore ete, quand il
sera devenu pliis fcrme. Quelques jours apres.
les pains de fromage etant bien durcis, on les
arraogera sur des claies , de facou qu'ils ne se
touehent pas. U faut mettre le fromage dans un
lieu clos et oii Tair ne pen^tre pas, si Ton veut
qu'il se conserve tendre et gras. II sera defec-
tueux toutes les fois qu'il sera sec ou spongieux ;
ce qui arriveia lorsqu'll n'aura pas ete assez
comprime, ou qu'il aura ete trop sale , ou brule
par Tardeur du soleil. II y a des personnes qui
brolentsur lefromage, lorsqn'elles eonimeucent a
le faire, des pignons verts, etqui en jettent dans
le laitavant de le faire prendre. D'autres y ajou-
tent , au moment qu'il prend , du thyra broye ct
tamise a diverses reprises. Ou pourra meme don-
ner au fromage tel gout que Ton jugera a propos,
en y ajoutant des assaisonnem.ents , tels que du
poivre oii quelque autre epice que ce soit.
X. Les essaims coraraencent a se peupler ce
mois-ci , el il se lorme des abeilles plus grandes
que les autres dans les extremites des rayons.
Quelques personues prennent ces abeilles pour
les rois des ruches. Mais les Grecs leur donnent
le nom d'o"ia-pou!; , et ils ordounent de les tuer,
parce qu"elles troublent le repos des essaims. Les
papillons sont a present tres muitiplies, et il fau-
dra Ips tuer de la maniere q«ej'ai preserite.
XI. Cest vers la liu de ce mois qu'il faut eta-
blir le planeher des terrasses ; eonstructions que la
geleeet les frimas sont siijets a miner et a detriiire
dans les pays froids, ainsi que dans eeux ou il
regue dcs brouiilards. Neanmoins , si on veut en
faire, ou commencera par poser deux rangees
de planehes transversales, sur lesquelleson eten-
drade lapaille ou de la fougere, que ron regalera
bien avec une pierre dont la grosseur puisse
remplir la main. Ensuite on couvrira ce lit de
acies ardentis impriniitur , nnoqne ictn el niorani doloi is
benotlcio celerilalis absuniit, et uslis veuis ac pellibus
fluxn sanguinis (strictis, plagam) cicatrix quodammotlo
cuni ipso \ uliicrc nala (Iffenflit.
VIII. Lnris leiiipeialis nuiic ovium celebranda tonsura
ost. .Seii tonsas oves lioc nii^iiine mp(iicemnr. Snccuin de-
coctl lupini , feces vini veleris , el ainiiicain pari mensura
miscebis, et in nnum corpiis onniia ledacla cnrabis adli-
nire. Post triduum deinde, si niare vicinnm est, lilori
mcrRantnr extremo : si in mediis lerris pascimiis, aqna
ca'Iestis cum sale paiilulnm decocta sub dio debebit pe-
cornni tonsa et uncta membra dihiere. IIoc enim modo
curatiim jiecns loto anno nec scabrum iieri dicitur, et
prolixas lanas creare ferlur, ac molles.
IX. IIoc mense caseiim coagulabimus sincero lacle eoa-
giilis vel agni vel liaedi, vel pellicnla, qiia: solet pnllo-
runi venliibns adliEcrere, vel agrestiscardui floribus, vel
lacle liculneo , cui serum debet omne Ueduci, ntelpon-
(leribus urgealur. Ubi soUdari cceperit, loco opaco p(«ia-
lur aiit frigido, el pressns subinde adjectis pro acquisita
soliditate ponderibus, Irilo ac lorrefacto sale debet asper-
gi , et jani durior vebemenlius piemi. Posl aliquot dics
solidala; jain formula; per crates ita slaluantur, nc invi-
cem se unaqnKquc contingat. Sit aiitem loco claiiso et a
ventis renioto, ut teneriludinem .«ervet atqiie pinguedi-
nem. Vilia casei smit , si aiit siccus sit anlflstulosus : quod
eveniet, aul si pai iiiii |iii'iii,iliir, aiit sales nimios accipiat,
aut calore solis insliii. In rri-enti caseo conliciendo aliqiii
nncleos viiides piiieos lerunt.atqne ila mistn lacle gelant.
Aliqni tliyiiium trilum et freqnenter colatum congelanl.
Qualcmciinqiie etiain saporem velis efficere poteris , adjec-
to, quod elegeris, condiraento seu piperis seii cujuscun-
que pigmenti.
X. Hoc mensc incipiunt angeri examina , et in extreniis
favoruni partibus majores creantur apicnl:e, quas aliqiii
reges pntant; sed Grffici eos oiVTpou; appellant, et necari
jubent, qnia requiem conculiunt quicscentis examinis.
Niinc papiliones abundant, qnos necemus, more quo
dixi.
XI. Nuiic circaextremnm inensem pavimentain solariis
fiiint : qua? in fiigidis regionibiis-et ubi pruin<-K sunt, gla-
cie suspendunliir et percunl. Sed si boc placuerit, sterne-
miis duplices ordines tabularnm tiansversos atque dire-
ctos, et paleam vel filicem subsleruciinis, et (.leipialiter )
ccqiiabimus saxo, quod manuni pos..,irnnpl('ie. redaneum
supcr rudus inducimus, et assiduo \ecte densanins : tiinc,
DE LAGRIGULTURi:, LIV. VL
mortier t( un pied d'epaisscar, et l'on chargera
ce moitier d"une quantite de iwrres de bois ; apres
quoi,sansattendrequele mortier soit sec, ou ap-
pliquera dessus des tuiles de deux pieds, creusees
sur tous leurs cotcs de la profondeur d'un doigt,
et Ton reniplira de cliaux vive detrempee avcc
de riiuile les interstices ; puis l'on couvrira tout le
mortler de eet assemblage de tuiles, afln que,
lorsque tout cct appret sera see, il ne forme
qu'une seule masse a travers laquelle rhumidite
ne pourra point penetrer. Lnsuite on etendra sur
ce pave six doigts d'epaisseur de mortier de bri-
que , que Ton battra frequemment avee des ver-
ges, alin qu'il ne s'y forme point de crevasses;
apres quoi on enfoncera dans ce mortier de larges
carreaux dc briques, ou des tablettes de marbre
qucleonques, ou eufin despierres carrees; et Ton
aura une construction que riea n'est capable
d'eiulomniager.
XIL II l'aut fairc ce mois-ci des briques , soit
avee de la terre blanche , soit avec de Targile
ou de la terre rouge. En effet, eelles que Ton fait
cn cte se scchent a la sHperfieie , parce que cette
partie se trouve trop subitement affectee de la
chaleur, tandisque 1'humiditese tient renfermeo
en dedaus, ce qui occasionne des crevasses. Or
vniei la maniere dc les faire : On passera rargile
avec soin , et on la purgera de tout grumeau ;
ensuite, apres Tavoirmelee avee de lapaille, on
la 1 lissera fermenter longtemps , et on en rem-
plirades moules de la forme d"une brique. Enfln
on la laissera sccher au soleil , en la retournant
de temps en temps. Au surplus , les briques doi-
vent etre de deux piedsde longueur sur un pied
dc largeur, et d'une epaisseur de quatre uncicr.
XIll. Co.ntiposition du vin rosat. On jette cinq
livres de roscs , eplucheesdes la veille, dans dix
anleqnam nulns sicceliir, liipedas , quae per onmia latei a
canallcnlos liabeant disilales, jnngenius, ila ut calcc \iva
ex oleo tcmpeiala, bipedaruin canales, qni mler se con-
nectendi sunt, inipleanlur, et earuni conjunclione rudiis
omnc cooperiatur. Nani sic('ata oinnis niatei ia ununi cor-
pus efficiel, ct nullinn tiansmitlel liumorem. Tostea sex
digilorum testaceum siiperrimdemus , et ficquenter viigis
vciberabiinus, nc riniis possit aperiii. Tunc tessellas la-
liores vel labellas iiiialesriuKpic mavmoreas aut paginas
iinprimemus , et banc conslrurlioneni res nulla vitiabit.
XH. lloc mcnsc lateres lacicndi sunt e\ tena alba vnl
creta vel riibiica. Nam qui acslatc liunt, ccleritatc fcrvoris
in summa ciite siccanliir, intciius liiiinore servato : qua:
res scissuris eos faciet aperiri. Fiuiil aHtcm sic. Tcrra creta
diligenler el omni asperilalc purgala , mista ciiin palcis
diu iiiacerabitiir , et inli a (ormain latcri similein depri-
Hictur. Tunc ad siccandum rclicta siibindc versabilnr a.l
solis aspcctum. Sint veio [lateies] longitudine pedum
«luorum , latitudinc unius, alliliidine qnaluor unciaruni.
XIII. [ Dc roin^o. ] Quinqiie libras ros.x> pridic purgat.ie
in vini veteris x scxlarios mergcs, et posl xxx dies x de-
tpumati niellis libias arijicies, cl utcris.
sextnrii de vin vieux ; et apres avoir ajoute au
bout de trcnte jours dix livres dc micl ecunie sur
cette composition , on pourra s'en servir.
XIV. Gomposition de rbuile de lis. On fait
infuser dix lis dans une livre d'huile, et on inet
le vase de verre qui renferme cette coinpositioii
pendant quaiantc jours en plein air.
XV. Composition de riiuile de roses. On met
surunelivred'huileuuew«c'/fjderoses epluehces,
et on suspend cetle compositiun peiidant sept
jours, tant au soleil qu'au clair de la lune.
XVI. Composition du miel rosat. On mele une
livre de miel avec un scxtarius de suc de roses ,
et on suspend cette composition pendaut qua-
rante Jours au soleil.
XVI L On viendra a bout de conservcr des
roses en boutons en fendaut un roseau vert sur
son pied, et en les renfermant dans sa cavile,
de faeon que la fente puisse s'en joindre; ensuite
on coupera le roseau quand on voudra avoir des
roses fraichcs. II y a des personnes qui les enter-
rent a Tair apres les avoir reufermees dans un
pot qui soit propre, et qui les conservent en lcs
garantissant par la de tout aecident.
XVIII. Le mois de mai repond a celui d"aoiit,
en ce qui concerne la duree des heures.
A la premiere et a hi onzlerae , le gnomon
donne vingt-trois pieds d'ombre.
A la seconde et a la dixieme, il en donne
treize.
A la troisicme et a la neuvieme, il en donne
neuf.
A la quatrieme et a la huitieme, il en donuc six.
A la cinquieme et h la septieme , il en donne
I quatre.
,\ la sixieme , il cn donne trois.
\\\,{l)e olen idiaceo.^l Per olei lihras sinsulas dcna
lilia ciirabis inrunderc , ct vas vilrcuni \l diebus lucare
snb din.
XV. [ De oleo roseo. j In olei libras siiigiilas, rosic pur-
gatae singulas uncias niiltes, et v n diebus in solc suspen-
des et luna.
XVI. [ De rliodomeli. ] In sncci ios.t scxtariis singiilis
libras singulas niellis admi,sces, cl diebiis xi. .■nib sole
suspeiidis.
XVII. Ro.sas nondum patefaclas servabis, ,si in canna
viridi slante lissa recliidas, ita ut lissiiram coiie patiaris :
ct eo teinpore cannam rccidas, ipio rosas vijidcs babcre
volueiis. Aliqui ulla rudi condilas ac bcuc niunilas sub
dio obruunt , ac reseivant.
XVIII. In liorarum mcnsiiris Mains respondct .\uguslo.
Ilora
1
ct
XI
pcdes xMii
lloia
11
et
X
peilcs XIII.
Hora
III
et
IX
pcdcs I\.
lloia
IV
et
\MI
ped.'S VI.
Ilora
v
el
VII
pe.l..s IV.
Hoia
pc.iis ni.
R04
PALLADIUS.
LIVRE SEPTIEME.
JULN.
L II faut approter au raois de juin l'aire a bat-
tre le ble. Oii commeiicera ci cet etTet par bien
uettoj er un tcrrain , en arrachant toutes les her-
bes qui s'y trouveront ; ensuite on le bcchera le-
gerement, et on Taplanira apres y avoir mele
avec laterre de la paille etduraarc d'huiiesans
sel , ce qui garantira les bles des rats et des four-
rais. Cela fait, ou comprimera le sol avec une
pierre cylindrique ou un fiit de colonne, qu'on
roulera dessus pour le consolider; puis on le lais-
sera seclier au soleil. II y a des personnes qui ar-
roseut lcs aires d'eau apres les avoir nettoyces , et
qui y nieuent promeuer le raenu betail pendaut
un temps considerable, alin qu'il les foule bien aux
pieds ; et quand la terre en a ete bien comprimee
par ce moyen , on attend qu'elle soit absolument
seche pour se servir de raire.
II. On ne commence qu'a present la recoltc de
Torge, niais il faut rachever avant que le grain
torabe a terre; ce a quoi il est sujet quand Tepi
estsec, pareequece grain n'est poiutenfermc dans
iine capsule corame celui du froment. Un hahile
moissonneur peut e.xpedier en unejournee cinq
i/ioclii de terrain bien rempli ; un mediocre en ex-
pediera trois ; ii n'y a que le pire dcs ouvriers qui
cn fasse moins. Mais on aura soin de laisser quel-
quetemps sur tcrre le chaume de Torge, parce
qu'on prctend que c'est le moyen de la faire ren-
(ler. Ou fait aussi a present la rccolte du fromcnt
vers la fin du mois dans les pays voisins de la mer,
chauds et secs. On connait que cette moisson est
prete a faire, lorsque tous les epis sont unifor-
inement teints d'une couleur jauue (jui annonce
lcur maturite. Les habitanls dcs pays plals de la
Gaulc ont une raethode de moissonner qui epar-
gne la main-d'oeuvre , puisqu'elle n"cxige que la
journee d"un bcEuf pour expcdier tout uu canton.
lls ont un chariot monte surdeux petites roues.
La surface de cechariot, qui est carrce, est garnie
de planches renversees en dehors, de sorte que sa
partie superieure est plus large que 1'inferieure.
Ces planchessont moius hautes sur le dcvant du
chariot que par derriere. Sur ces planches sont
distribuees parordre de petites dents clair-seraees,
doiit le nombre estproportionne a laquantite des
epis. Ces dents sout recourbees par en haut. On
adapteau derrierede ce chariot deux brancards
tres-courts,scmblables a ceux des litieres dans les-
quelles les femmes se font porter; et Ton attelle
a ces fleches, a laide d'un joug et avec dcs cour-
roies, un boeuf qui a la tete tournee vers !e cha-
riot. II faut sans contredit que ce bceuf soit doux,
et qu'il n'aillepas plus vite qu'on nc le pousse. Le
bauf promenant ce chariot a travers la moisson,
tous les epis se trou vent saisis par les pctites dents
dont il est garni, et s'accumulent par consequent
dans le chariot,en se separant de la paille qui reste
endehors. Lebouvier, quisuit parderriere, dirige
la marchc du chariot en Televaut ou en le bais-
saut, suivant rexigence du cas ; et il ne fautque
quelques iieures d'allfes et venues pour cxpedier
touteune moisson. Cette methode est bonnc pour
les pays plats et dont le terrain est egal , ainsi que
pour ceiix oii Ton neconsiderepas lapaillecomme
objet de necessite.
III. On fera a present dans les cliraats tres-
froids les operations qui auraient du etre faites
au raois de mai. On donnera egalement les pre-
raiers labours aux terres dans les cantons pleins
d'hcrlies et qui auront ete geles. On hersera les
LIBER SEPTIMUS.
I. Jnnio meiise area paraiida est ad triliiram, ciijus piimo
terra radatiir : deinde cfiossa leviter mistis paleis el
amurca fequatur insulsa. QuK res a miirilins et formicis
frumeuta detendit. Tunc premenda est rotiiiHlo lapide, vel
folumna; qiiocunque fiagraento, cojiis volutatio possil
cjns spatia solidaie, deliinc sole siccetur. Aliqui numdatis
;;reis aquam .spargunt, et niinuta ilii pecora diu spaliari
ac proculcare compellunt. Et cum lerra ungulis stricta
fiieril, spectant solidam siccitatem.
II. Nunc primo ordei messis incipitiir, quae consum-
manda est antequam grana arefactis spicis lapsa deciir-
rant, quia niillis, sicut trilicum, follicnlis vestiuntur.
Quinqiie modios recidere potest pleni agi i opera iina ines-
soris expeiti, iriediocris vero tres, ultinii eliani iniiuis.
Sed ordei culmos jaceie in agiis aliquantulum sinamus,
ipiia ferliir lioc moie grandescere. Nunc eliam mense pos-
tremo locis marilimiset calidioribus ac siccis Iritici mes-
sis abscindilur. Quani paratam esse cognosces , .si a'quali-
tir spicanim |Kipulus maliirato ruboie flavcscat. I'ars
Galliurum phuiior hoc compendio ulitur ad melendum, et
praeter hominum laboies, unius bovis opera spatium lo-
tius messis absumit. Fit itaque veliiculum , qiiod duabiis
rotis brevibus fertiir. Hujus quadrata siiperficies tabulis
munilur, qua; forinsecus reclines iii summo reddant spa-
lia laigiora. --Vb ejiis fronte carpenti brevior est altitiido
tabularum. Ibi deiiticuli plurimi ac raii adspicarum mcu-
suram constituuntur in ordinem, ad superiorem partem
recurvi. A tergo vero ejusdem veliiculi duo brevissimi
temones figurantur, velut aniites basternarum. Ibi bos
capite in vehiculum verso jugo aplatur et vinculis, raan-
suetiis sane, qui non modiim compul.soris excedat. Hic
iibi vehiculum per niesses cn>pil impellere, omnis s|iica
in carpentum denticulis compreliensa cumulatur, abruptis
ac relictis paleis; altitudinem vel Iiumililatem plerumque
bubulco moderante, qui seqiiilur. Et ila per paucos itiis
ac reditns brevi liorarum spatio tota messis impletur. Hoc
campeslribus locis vel feqiialibus utilecsl, et iis, quibus
neccssaria palea non babetur.
IH. Nunc frigidissimis locis, qiiEe Maio sunt praiter-
missa facieraus. Agros aeqiie proscindemiis, Herbosis et
geliJis partibus vineta ocrabimus. CoIIigcmus viciam.
l\enum Grii-ciiin lesecabimus ad pabuliim. Hoc mensc
DE L'AGRlCULTUr,E, L!V. \ IL
vignoblfs; on recoltera la vesce; on faucherii le
fenugrec qui doit servir de fomrage. II faut ache-
ver dans le courant de ce mois-ci la recolte
desl^guMies dans les pa\s froids. II sera bon de
conserver les lentilles que Ton recoltera alors,
soit eu les melant avec de la cendre, soit en les
serranl dans les vases a huile, ou dans des caques
destinees aux saiaisons, ([ue roii enduira aussitAt
de gypse. On cueillera aussi les feves au dcclin
de la lune, pourvu que ee soit avant le jour; et
on lcs serrera avant que cetto plaucte soit dans
son croissant, apres les avoir battues et lesavoir
iait rafraichir, afin que le chararicon ne lesen-
dommage point. On recolte les lupins dans ce
mois, et rien n'empeche de les semer aussitot
qu'on les aura tires dc Taire, si oa lejuge conve-
nable. Si on veut cependant les garder, il faudra
les serrer dans des greniers eloignes de toute hu-
midite. Cest le moyen de lcs conserver tres-
longtemps, surtout quand la fumee donnera
continuellcmect sur ces greniers.
IV. On semera les chodx ce raois-ci vers le
.solstice, afinde pouvoir lestransplanter au com-
menceraent du niois d'aout, soit dans un lieu
arrose, soit dans un lieu detrempe par les plules
qui commenccront alors a tomber. On pourra
semer egalement bien rache, les poirees, les rai-
forts, les laitues et la coriandre, pourvu qu'on ne
leur epargne pas Teau.
V. On pourra aussi, comme nous Tavons dit
ci-dessus, renfermer dans co mois-ci une branche
de gi-enadier dans un petit vase de terre cuitc,
afin de lui faire donner dcs fruits dont la gros-
seur soit mouiec sur la capacite de ce vase. il
faut deehargera preseat les branchesdes poiriers
ou des pommiersqui seronttrop charges de fruits,
eii arracliant par-ci par-lii toutes les poires ou les
jvommes defectueuses, afin que la seve de ces ar-
brcs, qui pourrait se consumcr en vaina nourrir
ces mauvais IVuits, se reporte a de meilleur.-i.
On pourra aussi semerce raois-ci lejujubierdaiis
les pays froids. II faudra faire a present la capri-
fieation des figuiers, de la maniere que nous avons
exposeeen doiinant la methode deculture de cet
arbre. II y a des pcrsonnes qui les greffent aussi
ce mois-ci. On eate cn boutons le pecher dans
ies pays froids. On beelie le pied dos palmiers.
On ente dans ce mois-ei ou dans cclui de juillet
les arbres fruiliers, suivant la methode que Tou
appeWe cmplasfratio. Cette methodene convient
qu'aux arbres dont recorce contient nne seve
grassc : tels sont lesoli viers et d'autres semblablcs,
comrae dll Martialis ; tel est aussi le pccher. Or,
voici commo se fait cotte operatiou ; On clioisit
sur de jeunes branches, nettes et ftH'i)ndcs, un
bouton qui promolte do venir a bien, et oii le
cerne a la distance de deux doigts en carro , de
faconqu"il se trouveau centie de quadrature; apres
quoi, au moyen d'un bistouri bien traiiciiant, on
enleve i'eeoree avec dexterite, el sans endomma-
ger ie iwuton. On euleve de ia mome maniere
un ecusson garni de son boutou sur uue partie
de Tarbre a grcffer, qiii soit netto ot foconde.
Alorson attache le premier ccusson sur ce der-
nier arbre d'uiie facon convenablo, en le liant
autour du boutoii. pour lebien assujettirsans quc
le bouton soit eniiomniage, et de facon ([ue lc
bouton de i'ecusson substitut; rcmplace cclui
qu'on aura enlevd' ; apres quoi on enduit le tout
par-dessus d'un hitqui doit laisser le bouton en li-
bert(j. On coupcra los branches supc-rieures de
Tarbre ainsi que ses soaohes, et, en otant au I)out
de vingtet un jours les ligatures qui retenaiont
rt'C(isson, on s'apercevra que leb;iuton d'uiiese-
menceetrangeres^estincorporomervoillousoment
dans un autre arbre.
locis fiisiJis perageii()a ost lenuminiiin inessis : ilaqiic
lciiliculain collectam , ciiieii niistaiii , bene servabimiis ,
vel va.sis oleaiiis aut .salsamenlaiiis replelis stalimqne
Sypsalis. Kimc et lalja Inna iniuuente vellelur, ante lucem
sane; et antequam liiiia procedat, excussa et refiigcrata
lepoualur. Ita gurgullones non paflelur infestos. Hoc
iiiense lupinus colligilur, et si placuerit, statim sciilur
cx area ; setl longe ab linmore est ponendus iii liorreis.
Sic enini iliulissime custodilur, niaxiine si granaiia cjus
afflaverit luinus assidiius.
IV. Hoc mense circa solstilinm biassicam seiemiis,
qiiam iiiilioante transfeiemus Anguslo, vel irriguo loco,
^el pliivia iniliante madelaclo. .Apium quoquc beiie seiere
poterimus, betaset radices et lactucas ct coriandrum, si
rigemiis.
V. Hoc etiam mcnsc ramus Punici (siciil supra dixi-
iiiusj poteiit iiitia fictilc vasciilum claudi, ul ad ejus
niaguiludinem poma lestituat. Nunc pira vi^l mala, nbi
ramos multa ponia densabunt, interlcgenda sunt quaccim-
giie vitiosa , ut succiis qui iiigrate his possct impendi , ad
nieliora vertatur. lloc ctiain mense locis frigidis ziziplium
seiere poterimus. Kuiic capiificandip siint arbores firi,
siciit in ejns nariavimiis discipliiia. .\liqui eas et linc mense
inserunt. Loci^ hunli, l'ri ,iiiis inoculatiir t palma' planta
circiimfodiliii. IImi n,. n.i \i'| Julio celebratnr insitio in
pnmis, qiia' ('inpl.i^lialin ilicilur. Solis arboribus couve-
iiit, quibus pinguis suiciis in cortice est, ut licis el oleis
ac similibiis , ut Marlialis dicif , et Persico. Fit aiitcm sic :
c\ iiovcllis lamis et nifiiiis ac feracibus gemuiani, qurp
bene appaiebit sine diibio processura, diiobns digilis
qiiadiafis circnmsignabis iil ipsa slafuatnr iii medio, ct
ila siibliliter corliccm levabis aciitissiiiio scalpro, iic gemma
Krilalur. Item cx ca arbore , cui gestimus inserere , simili-
fer cum geinuia folleliir cuiplastrum, nilido taincn atque
iibcri loco. Tiinc ibi convenienler asfringitur, et pressuiu
circa gemmani vinciilis cogitur sine germinis laesione co-
liaprere, iit ea qu,-B apposila^ redditur, locnm gcmmm
prioris incliidaf. Tuiic liilo superlinis, et libcram gemmain
rclinqucs. Kamos siiperioies ejiis arboris serabis ac stir-
pes : et ab uno cl viginfi diebiis exactis resoliito viminc
vinciilorum, reperics externi seminis gemmam mirc in
aiboris alicno; membra transisse.
606
PALLADIUS.
VL II est encore bon de ch^trer les veaux ce
mois-ci , comme il n ete dit ci-dessus. On a aussi
raison de prendre cetemps pour la confection des
fromages, et de tondre les brebis quand le pays est
froid.
VIL Cest en ce mois qu'il faut ciiiitrer les ru-
ches. II y a un tres-grand nombre de signes pour
reconnaitre quand il esttemps de recolter le miel.
D'abord, aussitiit que les ruches sonl bien pleines,
les abeiiles ne font piusentendrequ'un tres leger
bourdonnement. Dans les ruchesenefret, comme
dans rinterieur d"un edifice, le vide augraente
IMntensitedes sons; etpar conscquent si le bour-
donnement des abeilles semble rauque et consi-
derable, c'estune preuve queles gateaux de cire
ne sont pas en etat d"etre reeoltes. De meme,
lorsqu'on voit les abeillesse donner beaucoup de
niouvement pourexpulser les bourdons,qui sont
des mouches plus grosscs qu'elles, elles annon-
cent par la qu'il esttempsde recolter le raiei. Au
surplus, on chatrera les ruches dans la matinee ,
temps oii les abeilles sontengourdies, et ou elles
ne sont pas eneore irritees par la chaleur. On
fera parveuir dans les ruches de la fumee de gal-
banum et de bouse de vache seche , qu'on entre-
tiendra avec du charbon place dans un fourneau
de telle forme qu'il puisse renvoyer la fumee
par une ouverlure etroite, et semblable a celle
d'un entonnoir renverse, parce que cette fumee
ehassera les abellles, et que Ton pourra des lors
couper les rayons de niiel sans difficulte. Lors-
qu'on recolte les rayons dans ee temps-ci , il en
faut laisser la cinquieme partie pour servir de
nourriture a ressaim,en ayant soin d'eulever sur-
toutcequi estmoisioudefectueux.Onfera le miel
a present en enveloppant plusieurs rayons dans un
linge tres-propre, et en les y exprimant avec soiu.
Mais, avant de lesexprimer, on eu retrauchera
les parties gatees ou celles qui contiendront des
petits, parce qu"elles corrompraient le miel et lui
donneraientun mauvaisgoiit. II faut laisserpen-
dant quelques jours le miel nouvellement fait
dans de petitsvases ouverts, et recumerjusqu'a
ce quesa chaleursecalme etqu'il cess« de bouil-
lir, ainsi que cela se pratique pour le mout. Le
miel qui couleracomme de lui-meme, avantd'a-
voir ete exprime a differentes reprises, sera le
meilleur. On fera aussi la cire dans ce mois. On
commencei'a par ramolllr, en jetant dans un
vase decuivre plein d'eau houillante le reste des
rayons qu'on aura cnsses en petits morceaux;
apres quoi on la fera fondre dans d'autres petits
vases dans lesquels on ne mettra pointd'eau, et
on lui donnera telle forme que Ton voudra. S'il
arrive que les nouveaux essairas sortent daus ce
temps-ci a la fin du mois , il faudra que le gar-
dlen y ait attentivement l'oeil , parce que lesjeu-
nes abeilles, que leur dge rend vagabondes, s'en-
fuiraient si ou ne les gardait pas a vue. Comme
elles restent a reutree de leurs ruches pendaut
un ou deux jours lorsqu'elles en veulent sortir,
il faudra se hater de les recevoir dans de nouvel-
les ruches. Ainsi uu gardien vigilaut les obser-
vera jusqu'a la huitieme ou a la neuvieme heure
du jour, parce qu"il est assez rare qu'elles s'en-
fuient ou qu'elles fassent des emigrations plus
tard, quoiqiril s'en trouve quelques-unes qui
prennent le pnrti de s'eu aller aussitot qu"elles
sont sorties de leur ruche. Voici a quels signes on
reconnait que la desertion est imminente. Elles
feront entendre deux ou trois jours auparavant
un tumulte et un bourdonnement plus couside-
rable qu'a rordinaire. Ainsi , des que robserva-
teur en aura fait la reraarque enapprochant sou-
vent son oreille de la ruche, il faudra qu'il re-
double de precaution pour eviter tout accident.
VI. Hoc eliam mense vitull recte (iit dicliim cstante)
castranlur. jNunc eliani caseum juie conficimus, et oves
iu frigida regione tondemus.
Vlt. Hoc mense alvearia castraljnnlur , qua; matura
essead m^llis redituni signis (quam) pliiribus instruemur.
Prinium si plena snnt , apum subtile murmur andimus.
Nam vaciiiB sedes favorum velut concava iedificia voces ,
quas acceperint, in inajus extoltunt. Quare cum murmu-
ris sonus magnus et raucus est , agnoscinius non esse ido-
neas ad mcleiidum crates favorum. Item ciim fucos, qiii
sunt apes niajores, a sedibns suis, grandi inteutione de-
turbant, malura niella leslanlur. Castiabunlur aulem
alvearia malntinis lioris , cum torpent apes , nec caloribus
asperantur. Fumus admovetur ex galt)ano et arido fimo
bnbulo , qiiem in pullaiio factis carbonibiis convenit exci-
tare : quod vas ila figuralum sit, iit velut iuversi infundi-
buli anguslo ore fiimum possit emitlere. Atqiie ita ceden-
tibusapihus niella recideutur. Ad examinis pabulum hoc
lempore pars favorum debet quinta dimitti : sane putres
ac vitiosi favi de alveariis auferantur. ISunc mella conli-
ciinus congestis in mundissimum sabaniim favis ac dili-
genlerexpressis. Sedantequain premamus, parlesfavorum
coirnplas, vel pullos habenles reiideinus : nain malo .sa-
pore inella corrumpunt. Mel recens paucis diebiis apertis
vasculis babendum est, atqne in summitale piirganduni,
doncc refrigerato calore musli (more) deferveat. Nobili';s
niel erit, quod ante expressionem secundam velut spoiile
protluxerit. Hoc etlam mense ceram conficimus, qiiic iii
vase a>neo ferventi aqua pleno miniile concisis favoruin
reliquiis inollielur, el deinde in aliis vasculis sine aqiia
resoluta digeretiir inforinas. Nnnc si inense ultiino nova
egiediuntur examina, cnstos esse debebit attenlus , qnia
novellai apes vagantibus aniinis juventiile nisi serventnr,
eitugiunt. Exeuiitia in adilu suo morautiir iinoaiitduobus
diebus, qn» slatim novis aheariis excipieiida suiit. Ob-
servabit aiitein custos assiduiis usque In octavam vel no-
nani lioram , qiiia post ha^c lenipora non facile fugere aiit
emigrare consiievcrunt , quanivls aliqux statim et proce-
dere et abiie non dubitent. Sigiia fiitnnc liig£e lia>e snul.
Ante biduum vel triduum acriiis tumuUuantur el murmii-
rant. Qnod ubi apposita freqiienter aure exptorator agiiove-
rit, solicitior adversum lia^c csse debebit. Solent liac
DE UAGRiCULTURE, I.IV. VII.
Ce sont egalement ies sigiifs precnrseurs cVune
bataille. Mais on met liu a la melee par qucl-
ques grains de poussiere, ou quelques goultes
d'hydrorael, que l'on jette surlescDmbattauts; la
douceur de cette iiqueur ctant Iros-efficace pour
ramener la coocorde parmi li' peuple qui Ta prii-
duite. Puis, lorsque les l)atailloiis seront paci-
fies par ce moyen , et que les abeilles seroiit sus-
pendues a une branche d'arbre, ou quelque part
ailleurs que ce soit, ou c.xaminera si elles tbrment
alors un seul groupe ; auciuel cas ce sera une
preuve qu"il n'y aqu'un roi parmi elles, ou qu'cl-
les sout recouciliccs, et que la concorde regne
entre elles. Si au contraire lc peupleest suspendu
sous lalbrme de deux ou de plusicurs raamelons,
c'est une prcuve qu"ellcs sont di\isees entre el-
les, et qu"elles ontautant de rois parmi elles qu'il
y aura de ces especes de raamelons. Ou cher-
chera par consequent ces rois dans les groupes
d'abeilles qui paraitront les plus nonibreux, apres
avoir frottc a cet effet sa main de melisse ou d"a-
che de marais. Au rcste, ces rois sont uu peu plus
gros et plus longs, et ont les pattes plus droites
que les autres abeillcs. Leurs ailes sont aussi plus
petites; leur couleur est belle et luisante, ct ils
sont lisses et sans aucun poil, a rexceptiou d"une
espece de gros cheveu qui leursort du ventre, et
dont ils ne se servent neanmoins jamais ponrof-
fenser. U y en ad"autres qui sont noirs et heris-
scs. U faut les tuer tous, a rexccption du plus
beau d'entre eux, que Ton conservcra. Et si ee-
lui-ci vagabondisouvent avce ses essaims, on lui
arrachera lcs ailes, alin qu"il se lixedans la ru-
che, parce qu"alors aucune jibeille ne s'ecartera
de lui. Si les essains d'une ruche ne multiplient
point, on pourra y joindre les abeilles dedeux ou
Irois autres ruchcs; auquel cas il faudra avoir ia
prccautioa de lcs y tenir rcnfermccs pendant
trois jours, de les asperger de quelque liqueur
signa ct cnm pnsnalnra> sunl, faciTC ; (iiianini pn.^nani
compescit pnlvis aut ninlsie aquiK iinlier aspcrsns. Incst
illi ad originis suse rcparandam concoidium dulcis anclo-
ritas. Sed cum se agmina sic pacala in ramo ant loco qno-
cunqne snspcndciinl, si uiiiiis ubcris pilnclionc peiidebnnl,
noris aut uunm regeiii esse uuiversis, ant rcconcilialis
pmnibus niaucre concordiam. Si vcio diio vcl ptnra uliera
suspendens se populiis imitalnr, d discordes sunt, et tot
rcges esse, qnot vcliit iilieia vidcris , courilcutur. Ulii glo-
bos apiiim freqneiitiores videris, nncta manu siicco me-
lissoplijlli vcl apii rcgcs rcquiras. Siml aiitem panlo ma-
jores, et oblongi magls qnam cjcteiw apes, recUorihns
crnrilius, ncque grandibus pennis , pnlcini coloris ct ni-
tidi , leves sinc pilo, nisi forto plenioics qiiasi capillnm
gerunt in veutic , qno tameu nou unintur ad vnlniis. Siint
alii fusci atque liiisiiti , qiios oporlcl cvlingiii , et pnlcliiio-
rem relinqui. Qiii si frcqucnler vagatnr cum examinibiis,
exectis alis icsei vcliir : lioc enini nianente nulla disce-
dct. Sed si nulla nascanlur cxamina, duoruni vel trinm
multiludinem vasculornin iu uniim conferrc possnmus :
douce, de leur donncr du miel pour nourriture,
et de ne laisser a la ruche que de petites ouver-
tures pour que l'air y puisse entrcr. Lorsqu"oii
voudra repeuplcr une ruche devastee par quelque
maladie contagieuse,en y faisant passer (rautres
abeilles, on examinera attcntivement dans d'au-
tres ruchesbien pcuplees si les circs des rayons,
ctsurtout leurs cxtrcinilcs, qui renfermciit lcs
petits, out lamarque distinctivea laquelleon re-
connalt qu'il doit cn naitre un roi ; et lorsqu'on
y trouvera cette marque, on coupera le rayon
ou clle sc rencoutrera avec la posterite qu'il ren-
ferine , pour le porter dans la ruelie qu'on veut
repeupler. Lamarquea laqudleon reconna{tqu'iI
doit naitre un roi d"un rayon , c'cst lor^que dans
lenombredcsalveolesqui contiennent des pctits,
il s'en trouveune pkis grande et plus longue que
les autres, qui a la formed'un mamelon. Au sur-
plus, il ne faut transporter !es rayons que daus
le temps ou les petits , dcja prets a naitre , s"ef-
forcent, aprcs avoir ronge leurs enveloppcs,
d'cn degager lcurs tetcs ; parce que si oii lcs
transferait avant qiril en fut temps, ils peri-
raient.S'ilarrivequ'unessaims'cleve subitement
en Tair, on reffraycra par le bruit qu'on aura
soin de faire avec du cuivre ou avec un petit
vase de terre, et il retourneraaussitot a sa ru-
che, a moins qu'il ne so suspcnde aux feuillages
voisins; auqucl cas on fen tirera avcc la main
ou avce uue ciiiller, pour le mcttre dans une
nouvcllc ruche frottcc avec les hcrbes accoutu-
mces et aspergee de miel , laquelle ruche oii lais-
sera sur place; et fon atteudra le soir pour la
ranger parmi les autres.
VIII. On fera cncore en ce mois des pavcs de
plates-formes ainsi que de la brique, de la ma-
nierequcj'ai indiquce.
IX. Les Grees assurcnt que lcs Kgyptiens font
lesessaissuivantspours'assurerdu succes des dif-
diilci tamen liquoie conspeisas apcs alqne incliisas per
liidunni teneliiinns, apposilo cibo mellis, ct exigiia tan-
tiim .spiraciila rcliiiqiienius in cella. Qiiod si vclis alvea-
rinm, ciii pcr aliqiiam pc.slcni mnltilndo snbducla cst,
pnpiili adjcclioiie reparare, considerabis in aliis abundan-
tibus ccras favoinm el exticmilalcs, qnre pullos liabcut,
cl ubi si^iinin nascituri rcgis invcnciis, ciim sobolc sua
iccides,ct in id alvcarinm pones. Kst antcm lioc fnlnii
rcgis signnm : inlcr ca'teia foramina, qiia; piillos coiiti-
nciii, niium majiisaclon^ius veliit ubcr apparct Sed tnnc
Iransfcrcndi snnt , qiiaudo erosis coopcrculis ad nasccn-
diim niatiiri capita niliintur cxerere : iiain si iinmatiiros
lianstulcris , iiitciibnnt. Si autem se subilum levabit exa-
incn, strcpitu aeris tcricatin- , aul lcslula; : lunc ad alvca-
riuin iedibit,aut in proxima fionde pendel)il, et indc in
novnm vas licrbis consuctis et niclle conspcrsuni nianu
attralialnr, ant trulla, ct cuin in eo loco requievcrit ,
vesperc inleralia collocclur.
VIII. IIoc etiam mciise pavimenta facicmns sub divo cl
latercs, moie qno dixi.
TALLADIUS.
ft^rentes semences. Ilscultivent dans ce tenips-ei
un petit espaee de terrain pris sur un elianip la-
boure et humide , et y senient des graincs de tou-
tcsles especesde bles et de legiimes,surdes plan-
ches scparees les unes des autres. Ensuite ils
exarainentau lever de la Canicule, que les Uo-
mains placent au quatorzieme joiir des caiendes
d"aout, quelles sont celles de ces semenccs que
cette constellation brulera, et celles auxquelles
elle ne portera point de prcjudice, pour sc gar-
der par la suite de semer les premieres, el pour
s'en tenir aux autres, parce que ectte constella-
tion briilante pronostique, soit en consumant ces
plantes, soit en les epargnant, le succes bou ou
mauvais qui les attend Tannee suivante.
X. On prend le coeur de la camomille daus le
temps que cette herbe est en Ueur, avec la pre-
cautiou d'arracher les feuilles blanches qui cn
couronuent la (leur, pour ne conserver que la
partie doree de celle-ci; et on en fait infuser la
valeur d'une imcia sur une livre d"huile, puis on
laisse cette infusion exposee peudant quarante
jours au soleil.
XL Confection de fleur de lambrusque. On
cueille du raisin sauvage dans le temps qu'il est
en fleur, et qu"il n'y a point de rosee sur terre.
Od Tctend au soleil, afm quetonte son hnmiditc
s'evapore, et que sa fleur, ctant scchee, se detache
pius aisement. Alors on la passe par un petit
crible serre, afin que les grains n'en glissent pas
ii travers, e.tque la fleur tombe seule en bas. On
conscrve cette fleur infusee dansdu mieI;etlors-
qu'elle y a ete confite pendant trente jours, on
rassaisonne par le meme procede que le vin rosat
et avec lcs memes ingredients.
XIL Composition de Valica. On liera en bot-
tes de forge a demi mure, puis on la fcra griller
dans un four, afin qu'elle pnisse niseraent etre
moulue. Ensuiteonaurasoin de raeler une certaine
quantite desel par modiiis d'orge, en la faisant
moudre, eton laconservera apresravoirpreparee
ainsi.
XIII. Les mois de juin et de juillet se ressem-
blent sous le rapportde la durce des heures.
A la premiere et a la onzieme heure , le gno-
mon donne vingt-deux pieds d'ombre.
A lasecondeeta la dixieme, il endonnedouze.
A la troisieme et a la ueuvieme, il en donne
huit.
A la quatrieme et a la huitieme, il cn doime
cinq.
A la cinquieme et a la septieme , il cn donne
trois.
A la sixieme, il en donne deux.
LIVRE HUITlEME.
JUILLET.
I. On bine vers les calendes de juillet les ter-
res qui ont recu le premier labour au mois d'a-
vril. On acheve a present la moisson du froment
dans les pays temperes, en siiivant la methode
que uous avons donnee. II sera tres-bon de de-
barrasser les terrains incultes des arbres et des
broussaillesdontilsserontcouverts,quandlalune
sera dans son declin , en les coupant par les ra-
cines et en les brijlant. On charge de terre ce
raoisci , apres lamoisson, le pied des arbres qui
sont plantes au milleu des champs raoissounes,
dans la vue de les garantir de la trop grande ar-
dcur du soleil. La journee d'un horame suffit
pour en charger vingt des plus grands. II faut
aussi becber a present les jeunes vignes , tant le
IX. Gijcci asscnint /Egyptios lioc more provpntiiin (ii-
tuii cujusque semiuis experiri : aream bieveni loco siih.
acto et liumido nunc excolnnt, et in ea divisis s|ialiis
omnia fiumenti vel leguminum semina spargunt. Dciiule
III oitu Canicula' , qui apud Romanos qnartodeciino calen-
(las Angusti die tenetnr, explorant qusc semina ortiim
sidiis eviirat, qn;e iltesa cnstodiat; liis abstinent, illa
prociirant; qiiia indicium m\x aul beneficii per amiiiin
ruturnm Kcneii liniiiiiip.ie sidus aridum praesenli evitio
vel salule pr.Tmisit.
X. Per olei libras singulas cliaina-meli berbte flnreiitis
auream medietatem , projectis albis Ibliis , quibiis flos am-
bilur, unciarum singularuin pondus iulimdis, et quadra-
ginta diebus in sole conslitues.
XL [tJc cenanllie.] Silvestres uvas, cum florent, sine
rore colligiinus, el expandimus insole, ne quid restet liu-
moris, et flos ad excutiendnm sictior apparelur. Tunc
criljello spisso cernimus, ut grana iion Iraiiseant , sed flos
solus dccidat. Hunc in melle servamus inliiso : el ciim
diebus triginla fiierit conditum, lemperannis eo genercel
Biore , qiio i osatiira moiis est temperare.
Xll. Mica [,l//i?n.] Ordeumsemiinaturum, cui adliiic
siiperest aliquidde virore, per nianipiilos Ilgabis,
lebisin furno, ut facile mola possit iufringi, et in
uuo salis aliqnantum, dum molitur, misceie curi
servabis.
XIII. Jiiuius ac Julius liorarum sibi .Teqiia spalia
lerinil.
XI pedes xxii.
X pedes xii.
IX pedes viii.
viii pedes v.
Mi pedes IM.
pedes II.
et tor-
modio
lliis ac
Ilora
LIBER OCTAVM.s.
1. Juliomenseagriqui ApriliproscissifuerauljCircacalcn.
dasiterantiir. Niinc locistempeiatis tritici me.ssisexpleliir,
inore quo (liii;ini o>t. Silveslres agri ulilissime cxtirpa-
liiintur arboi ibiis alque vii gullis', cum liiua decrescit , de-
sectis ladicibus atque combustis. Hoc meiise arboies.
quse in inessc slclerant , sectis messibus obruanliir agge-
slione leriaium propter nimios solis ardores. Opera iina x>
DE L-AGRICULTUnr, LIV. VIIL
matin qiir le soir fniand la chnleiir cst lombro,
piilveriser la tcne a lciii's pieds, et cn ccartei- le
granicn. II scra bon d'extir|icr la fougiTc ct la lc-
che ce mois-ci ou avant lcs jours caiiiculaiies.
II. On scme aussi ee mois-ci, la ciboule dans
les pays qui sont arroses et froids, aiiisi que le
raifort et rarroche quand on peut lcs arioscr. On
st>me encore le basilic, la mauve, la poiree, la
laituect iespoireaux, qu'il faudra aussi arroser.
On semcra ce mols-ci les iiavcts et les raves dans
un lieu arrose , dont la terre soit grasse et ameu-
blie , sans etre compacte. Ccs sortes de racincs
se plaisent dans lcs lieux humides et en pleine
carapagnc. Mais lcs navetssoiit meilleurs quand
ils vicnncnt dans un terrain sec , prcsque mai^Te,
incline et sablonneux. La quaiite du sol change
Tunc dc ces graines en 1'autrc. En effet, si Ton
seme dcs ravcs dans nn terrain pendant deux
ans, elles s"y changent en navets; eomme ceux-
ci se changent en raves dans un autre. Ces ra-
cines veulent que le terrain ou on les seme soit
laboure, fume et remue, ce qui sera egalement
profitable aux grains que Ton y semera la meme
annee. Quatre scxtarii de raves et cinq de navets
sufliscnt pour enscmencer un ju(jeriiin. Si ces
racines sont trop pressces, on en arrachera quel-
ques-unes , afin que ies autres se fortifient. Pour
faire grossir les raves, on les deterrera, et, apres
avoir arrache toutesieurs feuilles , on encoupcra
la tige a repaisscurd'un demi-doigt; apres quoi
on ies remettra dans des sillons bicn labourcs ,
en les espacant de huit doigts ; puis on les re-
couvrira de terre , et on les foulera aux pieds , ce
qui ks fera grossir.
III. On peut aussi cnter en ecusson ce mois-ci
de la manii're que j'ai enseignee ci-dessus. .l'ai
mcmc observe, d'apres rexpcrience que j'en ai
j faite,qucdcs poiricrs oii (h-spommiersquiavaient
ctc entcsa prcscnt daiis dcs pays humides avaicnt
tres-bien prolitc. II faut aussi eucilllr ce mois-ci
les mauvais fruits, doiit la quaiilire exccssive
charge les branchcs des arbres fruiticrs tardifs,
commc je lai dit ci-dcssus, alin que la seve de
ces arbres tourne a la nourriture de fruits meil-
leurs. II nVest arrivede planter a prcseiit daiis
des pnys tVoids et dans un terrain ariosc uiic
bouture de citroniiier; et je me rappcllc (|u'npics
ravoir ailiinc-e cn Tarrosant toiis ies JDurs, j'ai
cu le bonheur de la voir rcpondre a mes \a'ii\,
tant par sa bclle venue que par son rapport. Oii
pcut enter a pr(?sent le figuier en bonton , et gref-
fer le citronnicr dans les terrains Inimidcs. On
peut b(^'cher au milieu du niois les pieds de pal-
miers. Les amandes sont ftprt^sent bonnes a (''tre
cueillies dans les pays terapc^res.
IV. Cest principalement a present qu'il faut
fairecouvrir les vaches par les taureaux. En cf-
fet, commeelles portent pendant dix mois, elles
se trouveront deslors en etat de V(;'ler au piin-
temps. Et d'ailleurs il estcertain qu'elles deman-
dcnt ardemment le raale, qiiaud lcs engiais du
printemps ontexcitele tcmperament eliez clles.
Columclle assurc que quinze vaches peuventsuf-
fire a un taureau , et qu'il faut avoir soin qu'elles
nesoientpas, par excesd'embonpoint, liorsd'etat
de concevoir. Lnrsque le pays ou Tou eleve ces
bestiaux est abondant cn fourrage , on peut faire
couvrir les vachcs tous lesaus. Mais, lorsque le
fourrage y est rare , il ne faut les faire remplir
quc de deux annees l"uiie , surtout si Ton est dans
rhabitudede les employera quelque tiavail. On
choisira des beliers tres-blancs et qui aient la laine
douce, pour les faire saillir ce mois-ci. Et la
blancheur de la robe n'cst pas la seule qualite
niaxiniiis ol)niel. Nimc cl novclliiMiles niane et vcsiicre
jam calore deno.sito elTodi ilcliciil , ot avcrso j^ramine pul-
veiari. Hoc nien.se ulililer vel aiile caniculaiesdieslilices
exlirpabis et caricem.
II. lloc etiam mense cepullas serimiis, irriguis ac frigi-
dislocis, et ladices el atriplicem , si ligare possiimus, el
ocimuin, malvas, betas, lactucas, et porms liHamlos.
lloc niciise loco iniguo napos seremus et rapa , solo pu-
tii cl soliilo nec spisso. (Uapa) locis Inimidis l.Ttanliir et
campis. Scd iiapus in sicco et piope tenni alque dcve\o
ct sabuloso nielior nascitur. Loci proprielas iitriinique.se-
men in alleruin mulat. Nam rapa in alio solo per bienuium
salamutanturin iiapos; alio veionapus liansit ini-apuin.
Subactum soluni stercoiatum versatumque couquiiunt,
quod et ipsis et segclibus prodeiit, qua; ilii anno eodem
seruntur. Jugero laporum qualuor scxtarii, napi autcm
qninqne sufliciunt. Si spissa siint, inlervelles aliqua, ut
cselera roboreiitur. lit vero seniina niajora redigantur,
eruta rapa loliis omnibus puigabis, el ad dimidii digili
crassiludinein iu caule suoides. Tiinc in siilcis diligenler
subaclis oclonis digilis separaU obrues, et injicies tcr-
raiii , ct calcabis. Ila magiia nascenlur.
i'Ai.i.\niii».
lil. lIiK- oliaiii niense eniplaslratio celebiaii potest,si-
ciitaule deniuiisliavi, el pirus vel iiialus locis bumidis
niinc insila nle exploianle processit. Hoc ctiam nicnse' in
poinis serotinis, quje ubertate nimia lamos oneraverunt
(siciitpr;i;di!»i) iiiterlegeiida suut, siqiia vitiosa repereris,
iil aiborls succuni vertainus ad meliorum nutriuieula po-
nionini. Nunc citri talcani loco irriguo frigidis regionibus
ine plantasse iiieniini , et qiiolidianisanimasse liquoribus,
qiiitcl nasicndo cl alfeieiulo \oliun felicifatis xquavit.
IIoc lempore locis liiiniidis iiiociilari Jiciis et inscri citrius
potcst : iiiense jam niedio paliiia' planta circumfodi. Kunc
locis leinperalis amjgdala malura suntad legendiim.
IV. Hoc tempore maxinie lauris submittend»; siint
vacciC, ([uia decein niensium partus sic polerit maluro vere
concludi; el certum cst eas post vernam pinguedinem ge-
.stienles veneris aniare lasciviam. Uni tauro quindecim
vaccas Columella asserit posse sufllccre, curandumque iie
fonripere nequeant niiniclale pinguedinis. Si abundantia
pabiili est in regione , qua pascinius, potest aniiis oninibiis
in fa-liirani vacra submilli : si vero indigelur lioc genere,
allernis temporibiis onerandoe sunl, maximc(|uc, si e.Tdem
vacca; aliciii operi servirc consueverunt. Hoc (nen.se arie-
PALLADiUS.
qu'il faille recliercher en oux; celle de leur lan-
gue n'est pas nioins importante. En effet, pour
peu (jiie cctte partie de leur corps soit obscurcie
parqueliiuestaches, lc melange decouleursqu'on
y apercevra se transmcttra a leurs produits.
Un belicr blanc donne nsscz souvent un produit
d'une autre coulenr; au lieu que, conime le dit
Golumelle,il ne peut jamais venir un agneau
blanc d'un belier noir. On choisira les beliers
hauts et de grande taille , avec ventre bas et
couvert de laine blauche, la queue tres-longue ,
la toison epaisse , le front large, les tcslicules
gros, et qui soient dans la troisieme annce de
leur Sge; quoiqu'ils puisscnt saillir fjuetueuse-
nient jusqu'a Tage de huit ans. II faut faire cou-
vrir lesbrebisa \'&ge dedeux nns. Ellcs peuvent
porter jusqu'^ celui decinq , raais cllcs deperis-
sent la septicme annee. On choisira des brcbis
qui soient d'une grande taille, qui aient la toison
longue ct tres-douce , et le ventre bien laineux et
d'une graude capacite. Mais il faut a\oir Tattcn-
tion de ne point laisser maiiquer ce betail de
lourrage, etde le mener paitre loindes buissons,
qui detruiraient sa laine et lui dechireiaipnt la
peau. II faut faire couvrir les brebis au mois de
juillet, alin que leurs pctits soient fortifiesavant
rhiver. Aristote assure que si on vwit leur faire
concevoir une plusgrande quantite de miiles que
de femelles, il faut choisir un temps sec ct un
jour ou le vcnt du septentrion souffle, pour les
faire couvrir pendant qu'elles paltront vis-ii-vis
ce vent. Au 'lieu que si Ton veut avoir plus de
femelles que de mAles, il faut chercher les vents
du midi , pour les faire couvrir pendant qu'cllcs
paitront du cAte de ce vcnt. II faut substiluerde
nouveaux agneaux aux brebis mortes ou defec-
tueuses. Ou vendra en autonme toutes celles qui
(cs candidissimi eligendi el admittendi siint mollibus la-
nis, in quibusnon solum corporis candor cousiderandus
est, sed eliam lins-ua : qua" si maculis fuscabitHr, varie-
tatem reddit in sobole. Oe albo plerumque uascilur colo-
ris alterius ; de fuscis nunquam (sicutColumelladicit) po-
tesl albus creari. Eligeraus arielem altum, procerum,
ventre promisso, et lanis candidis teclo, cauda longissima,
velleris densi, fronte lala , m.ignis testibus , a>t.itis trima',
qni tamen us(iue in octo aunos polest utilifer iuire. Fopmina
debet bimasubmitli,qu;e usque in quinqucnuium fielurae
necessaria est , anno seplimo deficit. Eligenda cst vasli
corporis et prolixi velleris ac mollissimi , lanosi et magni
uteri. Sed providendum est in boc genere, ut pabuli
ubertate satnrctur, el longe pascatnr a senlibus, qni et
lanam minuunl, etcorpus incidunt. Admillendi sunt mense
Julio, ut nali .inte liiemem convalescaut. Aristolelesasse-
rit , si masculos plures crcari velis, admissura; lempore
siccos dies^, el lialitnm Septentrionis eligendum , ct contia
eum venfum greges esse pascendos : si foeminas generari
velis , Austri caplandos flatus, et in eiim pascua dirigenda,
ac sic ineundas matres, [ull morluarum vel vitiosarum
numeriisTiovella sobole reparetur. Autumuo debilesqiise-
mfa pHio mutentur, ae eas imbecillus bibernum frigus
se trouveront affaiblies, de peur que le froid de
i'hiver ne lcsemporte, vu leur faiblesse. II y a
des personnes qui cmpechent les bcliers de sail-
lir pendant les deux mois qui precedent le temps
de leur accouplemcnt , afiu que le delai du plai-
sir allume de plus en plus en eux le feu de la
passion. D'autres les laissent saillir sans mena-
gement, afin d'en avoir des produits pendant
tout le cours de rannee.
'v^. Lcs Grecs assurent que si Fon arrache le
gramen cc mois-ci , quand le soleil sera dans le
signe de TEcrevisse , et que la sixieme lune sera
dans cflui du Capricornc , ses racines ue repreii-
dront point, ct qu'il nionrra. La mfirae chose
arrivera si on rcxtirpe nvec des houes decuivre
pr^alablcmcnt chauffees au four, et refroidies
non pas avec reau , mais avec du sang de bouc,
dans lcquel on les aura fait tremper.
VI. On fait ce mois-ci du vin de scille de la
maniere que voici : on fait secher loin du soleil,
vers lc lever des Canicules, de la scille cueillie
dans des pavs montagneux ou voisins de la mer.
On en jettc une livre dans une amphore de vin ,
apresen avoir retrancheles partics superflues, et
avoirjctede c(jte les feuillcs dont rextremit6
de cette plante est couvcrte. D'autres font infu-
ser cesfeuilles memes dans du vin, en les y plon-
geant aprcs lcs avoir suspcndues au bout d'un
fil , afin dc pouvoir les cn retirer quarante jours
apres, sans qn'elles aicnt trempe dans la lie.
Celte espcce de vin combattra la toux, purgera
le ventre, divisera la pituite, soulagera de mal
la rate , rendra les yeux percants, et aidera a la
digestion.
Vil. Composition de rhydromel. On prendra
au commencement des jours caniculairesde reau
de fontaiue propre. Le lendemain, onmettra dans
absnmat. Aliqni duobus ante mensibus arietes a coitu re-
vocant, ut laeem libidinis augeat dilalio voluptalis. Qui-
dam coiie sine disorelione pemiiltunt, ut hoc eis genere
per annum tutum fuotura non desil.
V. Hoc mense], cum sol Cancri tenebit bospitium , liina
sexta in Capricorni signo posila, gramen ablatuni Gra?(a
as.serunt niliil de radicibiis redditurum. Item si bideiites
cypreifiant, etsangiiinetingantur liircino, et post fornaci&.
ardorcs iion a<pia sed eodem sanguine temperentur, per
eoseruliim granien extingui.
VI. Hoc mense vinum scillite sic facimus : scillam dc
montanis aut niaritlmislocis snbortu Canicularum lectaiu
procul a sole siccamus Ex liac in vini amplioram uniii»
libra; mensuram miltimns, recisis ante tamen superHiiis
et abjeclis loliis, qnibus pars extrenia velatur. Quidaiu,
velamina ipsa (ilo inserta snspendunt, ut vino infusa iner-
gantnr, et non admisla fecibus post xl dierum spatiiiiij
serta qu;B appensa siint aiiferantur. Hoc vini genus tiissi
resislet , vpnlrcm purgabil , negma dissolvet, .splenelicis
proderit, aciimen pra?stabit oculorum , concitabit digestio-
nis auxilia.
VII. [Dehijdromclli.] Inclioantibus Caniciilaiibus die-
bus aquam puram pridie suniis e\ fonte. In tribus aqiia;
DE L'AG1UCULT
trois sextarii de cetteeau un sexlariiis de miel
noneeume;ct apies avoir partage ee melange
avec soin dans des vases propres ii faire lc vin
cuit jusqu'a diminutioa d'un tiers, ork lc fera
agiter eontinuellement pcndant cinq heures par
des enfants impuberes, qni remueront les vases a
ceteffet; apres quoi ou le laissera CNpose a Tair
pendant quarante jours et quarante nuits.
VIU. Composition du vinaigre deseille. .Vprcs
avoir jetc de cotc toutes les parlics dures d'une
seille blanehe et crue , on eii coupera en iictits
morceau.v le plus tendre du cieur, dont on plon-
gera la valeur d'unc livre et si.\ uncia; dans
douze srxtarii de vinaigre tres-mordant. On
bouchera le vasc, pour le laisser expose pendant
quarante jours au soleil. Ensuite, apres avoir
jete la scille, on passera soigneusement ce vi-
naigre, et on le survidera dans un vasc bien en-
duit dc poix. ."^utre vinaigre bon pour la diges-
tion et pnur la sante : On met dans un petit vase
huit diaehmes de seille et trente scxtarii de vi-
naigre, avec une uncia de poivre et une legere
dose de menthe et de cannelle, pour s'en servir
quclque temps apres.
IX. On fait reduire en poudre un scxlarius
et demi de graine de moutarde; on melc avcc
cettepoudre einqlivresde nviel, une d'huiled'Es-
pagne, et un scxlarii/s de vinaigre mordant ; ct
quand le tout a ete bien broye, on reraploie a
son usage.
X. Les hcures dc juillet et dejuinsont d'une
cgale durce.
A. la premicre et a la onzicme hcure, lc gno-
mon donne vingt-deux pieds d'onibre.
A la seconde et a la dixicme, il en donne
douzc.
URE, LIV. iX. eii
A la troisiime ct a la ncuvifeme, il en donne
huit.
A la quatriiimc eti la huitiemc, il cn donne
cinq.
A la cinquieme et !»• la septieme, il en donne
trois.
A la sixicme, il en donne deux.
LIVRE NEUVIEME.
aol;t.
I. On eommence a la lin du moisd^aout, vcrs
les ealendes de septcmbrc , a labourcr lcs tcr-
rains plats , huniidcs ct maigrcs. On presse cu
ce moment les prcparatifs de la vcndange dans
les pays voisins de la mer. On herse aussi les vi-
gnes dans les pays tres-froids.
II. Si Ton a des terraiusplantes en vignes qui
soient maigres, et que la condition dcs ecps iie
soitpasmeilleure, on y scmeradans ce raoistrois
ou quatre modii de lupins \iM' jugerum ; apres
quoi on les hersera. Quand ces lupins seront ve-
nus, on en couchcra la tige sur la terre; c'est
un excelleut engrais pour la vigne. Tout autre
lui est eontraire, et vicie la qualite du vin.
III. Onepamprea prcsent dans lespays froids;
au lieu qu'il vaut mieux laisscr de rombie aiix
grappes dans les pays bridants ct sces , arm quc
Tardcur du solcil ne les dcsseche point; ce (iu'oii
ne pourra neannioins pratiqucr qiie lorsque le peu
d'etendue des vignobles, ou la facilitc dctrouver
dcs ouvriers, le perniettra. On peut aussi arracher
la fougcrc et la leche ce mnis-ci.
IV. II faut mcttre a prcsent le fcu aux prai-
ries, afin que les tigcs des berbes qui montent
trop vite soient rapprochees de leurs racines, et
sextariis nniimscxtariumnon despiimali mcllis admisces,
iic tlilij^entcr per c;iienarias divisum quinqiic lioranim spa-
lio conliiuio pcr investes piieros curaliis agilarc vasa ipsa
conculiens. Tunc xl diebus ac noclibus palieris esse snl)
ca'lo.
VIIF.[/)cocc?ose/?/i<!Co.]Sqnilla>albrecrud,-r projcctis
dinis alqnc exlrinsecus posilis omnibiis, teiierani nie-
dielateni ad libram ct sex uncias per minutas partcs reci-
des, el in aceti acerrimi duodecim sevtariis mcrges. Vas
signalum quadraginla dicbus patieris csse sub .sole : post
ahjecta squilla acctiim diligentius excolabis, ct in bene
picala vasa transfimdes. Aliud acetiim digestioni et saliili
accummodiim : Squilla; dragmas viii , aceti sextarios xxx
mittis invasculo, et piperisiinciam unam, meiila: et casia;
aliquanlum , et posl [aliquod] tempus utcris.
l.\. Sinapis scmen ad modum scxlarii nniiis et scmis,
Tcdigere curabis In pulverein, ciii inellis pondoT,olei
llispani iinam libram, aceliacris unum sextaiiiim misces,
el tritis omnibus diligenler uteris.
X. Julii el Jnnii horas par mcnsnraruni libra rnmpo^iiil
Hora I el xi pedes xxii.
Hora II ct x pedts \n.
Hora III ct ix pcdcs viii.
Hora IV et Tiii pcdes v.
Hora V et vii pedes in.
Hora VI pcdes ii.
UBER NONt.S.
I. Aiii;iisto mensc iiltiino circa calcndas .Septembres ajer
planns, hnmidus, exilis incipiat exaraii. Xiinc inaritiiniR
locis vindeinia' apparatus urRetiir. Hnc etiam mense locis
frigidissimis occalio vineaniin fit.
U. Hoctempore, si tcrra exilis in vinea est, et vinca
ipsa nii.scrior , trcs vel qualnor liipini modios in jiigero
spargis, atipic ita occabis. Quod nbi frnticaverit, evcrli-
tnr, et optinium sterciis pra?bet in vineis, quia la>taincn
prnptcr vini vitinm non convenit inferre vinelis.
III. Niinc locis frigidis pampinatur, locis vero fcrvenli-
l)iis ac siccis obuinbratiir polins uva, ne vi solis arescal ,
si anl vinese brcvitasaut facullas operarum permiltit. Hoc
etiam rnense cxtirpare possumus carecta atque filccta.
IV. .Niinc urenda sunt pascna , ut cf altonim frnticiim
festinatio reprimatnr ad stirpes, ct inrensis aridis nova
Ifcliiis licrba snrrcdat.
30.
612
PALLADIUS.
que les herbes seches etant brulees , il leur ca
suceede de nouvelles avec plus d'ubondance.
V. Jl faut encore senier a la fin de ce mois des
raves et des navcts dans les pays secs, en s'y
|)renant comine je Tai indiqu^ plus haut. On
scme a la fin de ce mois-ci dans les pays secs les
raiforts destines a la consoramation de Thiver.
Ces racines ainsi que les raves aiment une terre
grasse, amciiblie et labource longtemps. Elles
craignent le tuf ct !e ^raVier, et se plaisent
sous un ciel nebuleux. II faut les semer sur de
;,'randes planches qui Soicnt becbees prol'Onde-
ment. Les meilleures sont celles qui viennent
dans les sables. On les semera peu de temps apres
la pluie, a moins qu'on ne suit a portee de les
arroser. Des qu'elles seront semees, on !es re-
couvrira de terre a l'aide d'un sarcloir lcger. II
ei> faat deux sextarii ou quatre, suivaht la pra-
tique de q^uelques personnes, pour cnsemencer
Unjugentm. On ne leur donnera pas de fumier,
parce qu'il les rendrait spongieus-es ; et il vaudra
inieu.x h;s couvrir de paille. Elles deviendront
plus agreables , quand elles seront an-osees sou-
vent avec de l'eausalee. On regarde comme !es
femelles celles de ces racines qui sont les moins
dcres, qui ont les feuilles les plus larges et les
plus lisses, et dont la verdure est d'un aspect
plus agreable. Ce sera donc la graine de celles-
ci que Tou ramassera. On croit qu'elles grossi-
ront davantage, lorsqu'on aura arrache toutes
leurs feuilles, en ne leur laissant qu'une simple
tige , et qu'ou lesaura souvent couvertes dc terre.
Si lorsqu'elles sont trop Scres on veut les i'en-
dre plus douccs, on en fera infuser la graine
pendantun jour etunenuitdans du miel, oudans
du vin fait avee du raisin seclie au soleil. Au
surplus , il est constant que le raifort est ennemi
de la vigne, ainsi quele cliou , puisque, des qa'il
est seme aupres d'elle, celle-ci se recule par
reffct d'une antipathie naturelle. On seraera
aussi ce mois-ci des panais.
'VI. On ente aussi a present les arbustes en
ecusson. Presque tout le monde greffe a present
le poirier et le citronnier dans les terrains arroses.
VII. I-es frelons sont a charge ce mois-ciaux
ruches ; aussi faut-il leur faire la guerre et les de-
truire. On fera aussi a present tout cequon aura
ueglige de faire en juillet.
VIII. Si Ton manqued'eau, i! faudra en cber-
cher a present. Or voici pnr quelle m^thode on
parvient a en trouver : Quand on voudra cher-
cher de !'eau dans un endroit, on tournera la vue,
avant le lever du solei! , du cote du levant , en
se tenant couch^ sur le sol tout de son long, le
menton appuye contre terre. Si Ton voit alors s'e-
lever une vapeur legerement nebuleuse , et qui se
resout , on remarquera bien !'endroit ou paral-
tra ce phenomene , en guidant son observation h
!'aide de quelque souche ou de quelque arbre du
voisinage; carcette observation est I iudice cons-
tant d'une source cachee. Mais on observera aussi
la naturedu terrain , afin de pouvoir juger de la
quantitii d'eau plusou moins grande qui pourra
s'y trouver. La craie ncdonneraque des veines
maigres, et d'une eau peu agreable. Dans le sa-
ble on ne trouve que des filets d'une eau egale-
ment peu potable, fortement chargee, et eufon-
cee sous le sol a dcs profondeurs considerables.
La terre noire ne donnera qu'une tres-petite quan-
tite d'eau , qui filtrera goutte a goutte, et qui ne
sera que le rcsultat des pluies ctde rhumiditede
!'hiver; raais cette eau sera d'un goiit exccllent.
Le gravierdonnerades veines mediocres etincer-
taines, mais leurs eaux !'emporterout sur toutes
V. Hoc eliam mense ullimo siccis loris rapa et napiis
sercndasimt liac latlone qiia ante (iictiim est. Hoc niense
ultimo locis siccioribus radices seriintur, quae liieme siii
iisum ministrent. Amantterram plngiiem, solutani, etdiu
subactam , qualem rapa. Tofiim et glaream leformidanl.
Gaudent csrli statu nebiiloso. Serehdae sunt spatiis gian-
dibus et alte fossis. Meliores pioveniiint in arenis. Seran-
lur post novam pliiviam, ni.si possiiit fuite liKaii. Qiiod
satum est.statim debel operiii levi sarculo. Jugerum tluo
sextarii, vel, ut quidam, quatuor, ciim seruntur , implent.
La-tamen non est ingerendum , sed poliiis palea; : quia
inde fungosoesunt. Suaviores fiuiit , si eas aqua salsa fre-
quenter aspergas. Radlces foeminini generis piilantur,
qu;e minus acres sunt el liabent folia latiora [el] levia, et
(iini jucuiulitate vircntia. Ex liis ergo semiiia rolligemus.
Majoi es fieri credunlur , si siiblatis omiiibus foliis , et solo
lenui caule dimisso sa;pe terris operiantur. Si ex iiimis
acra dulcem tieii velis, semiiia die et nocte melle mace-
labis aut passo. Ra[)lianum taiiien sicut brdssicam constat
esse vitibiis inimicam. Nam si ciica se seiaiiliir, nalura
di.scordante refiigiunt. Hoc eliam meiise pastinacas se-
remus.
\l. Etiani nnnc emplasfiantur aibusta. Pirum nuiie
picriqiie inseriint, et locis iriigiiis aiborem citri.
VII. Hoc mense ciabrones molesti suiit alveariis apuill ,
quos perseqiii ac necare debomus. Niinc etiam qiiae Julio
non occuriimus facere, exequamur.
YIII. Nunc si deeiit aqua, eani qu.Terere ac Vesligare
debebis, qiiam laliter poteris inveniie. Ante ortum solis
iis locis qiiibus aqua quierenda est, a^qualiler proniis
mento ad solum depresso jacens iii lerra speclabis orien-
tem, et in qiio loco ciispum subtlli nebula aerem surgere
videbis, et velut roiem spargere, signo aliquo viciniB
slirpis aut arboris pr.ienolabis. Nam conslat siccis locis, iibi
boc fiet , aquam lalere. Sed terrdriim genus considerabls ,
ut possis vet de teniiitate vel de abundantia judicare.
Crela tenues nec optimi saporis venas creabil; sabiilo so-
lulus exiles, insuaves, limosas, ct spalio altioie siibmer-
.sas; nigra tcrra liiimores et stillicidia non magna ex lii-
bernis iiiibribiis et liqiioie collecla, sed .saporis egregii;
glarea mediocres cl incerlas venas, sed suavilate praeci-
piias ; sabiilo masculus et arena et cai bunciilus certas et
iibeiiate co|iiosas : jn sasco riibro boiiiie cl abundantes
sunl. Sed providcnduin est, ne inventae inter rimas refu.
DE L'AGRICULTimK, LIV. IX.
Cl.'^
les autres par leur goiit agreable. Le sablc fcrme,
ainsi que le gravier et les couches de charbon ,
donnerontdcs vcines certaineset qui seront ine-
puisables. II s'cn trouvera de boniies, et qui se-
ront abondantes dans les roehcs rouges. Mnis il
faut prendre garde que lcs eaux que ron aura
trouvees ne s'echappent par les pores de la
terre. Les eaux sont nbondantes , fraiehes et sa-
lubres au pied des montngncs, ainsi que danslcs
cailloulagcs; au lieu qu'clles sont saumStrcs,
lourdes , ticdes et desagrcables au goiit dans les
pays plats. Et quand elles s'y trouvent d'un gout
excellent, c'cst une preuve qu'elles proviennent
originairemcnt d'une montagne. Au surplus, el-
les pcuvent ncquerir, meme cn pleine campagiie,
la douccurdcseaux qui prcnncnt leursource dans
les montngnes, pour pou (iu'cllessoient cachces
sous des arbrisseaux qui les cnuvrent de leur om-
bre. Voici d'autres indications propres a guider
dans la rceherche des sources cachces , auxquel-
les on pourra avoir conliance toutes les fois qu'il
n'y aura point dc marcs d'cau dans rendroit,
qu'il n'y aura pas d'cnu stngnante ou d'eeoule-
ment habiluel : eest la presence du jonc ordi-
naire, du sauledcs forcts, de Taune, dupoivricr
snuvnge, du roscau , dulierrc,et des autres plnn-
tes qui se plaisenldans reau. Ou crcusera donc
l'endroit oii se trouveront les indications que
nous venons de donner, jusqu'a cinq picds de
profondeur, sur une largeur de trois pieds; et
quand le soleil sera pret a seeouchcr, on met-
tra dans cette fosse un vase de cuivre ou de
main , on trouvc quc le vase sue parduclans, o,y
que reauendegoutte, il n'y a point de doutequp
cet cndroit ne rcnfermede reau. De m^me si Toi}
met dans cctte fosse uii vase de terre scc et noii
passe au feu , ct qu'on !e recouvre de la menio
maniere, on lc trouvcra le lendemain dissous
par rhumidite doiit il aura ete imprigne, lors-
qu'il y aura une veine d'eau dans le voisinage.
Un lloeon dc lainc mis egalement dans une fossc,
et recou^trt dc mcme indique aussi la prcsence
de Teau en nbondance, s'il en exprime quand on
vicnt le presser le lendemain. Un endroit renfer-
mera encorc de Teau toutes les fois qu'oii aura
mis dans une fosse, en larecouvrant, une lampc
allumce et pleine d'huile, et qu'on la troiuera
ctclnfe le lendemain, quoiqu'ily reste cneore de
riiuile. De meme, si Tou fait du feu quelque part,
et si, lorsque ia terre sera echauffee, elle rc-
pand une. fumee humide et nebuleuse , autre
preuve de Tevidence de reau. Une fois ees indi-
ces reconnus, et lcur certitude bien constatee, on
creusera un puits pour chercher la source de
reau; ou, s'il y a plusieurs sourccs, on lcs rcu-
nira cn une seule. II faut chercher les eaux par-
ticulierement aii pied des montagnes et du cot^
dunord, parce qu'el!esy sont plus abondanteset
meilleures que partout ailleurs.
IX.Maisil fautexaininers'iln'yapointdedan-
ger pour lcs ouvriers qui travaillent a ereuser les
puits, parce que le sol degage souvent des mias-
mes de soufre, d'alun et de bitumc, dont le
melange empeste Tair, remplit les narines des
plomb propre et graisse par dedans, dont {'ou- • ouvriers, qui n'echappent au danger desuffoqucr
verture sera tournee vers le fond de la fosse.
Ensuite on etendra, en rappuyant sur les bords
de la fosse , une claie tissue de baguettes et de
brnnchai;cs , et Ton recouvrira le tout de terre.
Si, lorsqu'on viendra a ouvrir la fosse le lende-
que par une prompte fuite. En consi?quence ,
avant d'attcindre le fond de rexcavation , on y
deposcra une lampe allumee. Si cette lampe ne
s'eteint pas, c'est une preuve qu'il n'y aura au-
eun danger a craindre. Mais si elle s'eteint, il
^.iiiiil, et pcr intcrvcnia dilabantur. Siib radicilms mon-
liiini, ct in sa\is silicibus ubercs, frij^iilie, salubrcs :
iucis campesUibus salsm, graies, tepidae, insuavcs :
iiuaruin .sapor si optimns fuerit, novcris eas sub tcrris
exoidiuni de monle sumsisse. Scd iu mediis campis mon-
lanoruni foutiuni siiavitalem coiisequenliir, si uniljraiili-
lins tegantiir arbuslis. Suiit et liax sigim vcstigaiida;
'a \ua;, quibus tunc cicdimiis, si nequc laciina cst, ncqiie
aliquis ibi ex consueludiue liumor iiisidct aut pia!teri(.
.Iiiiicus tenuis, salix silvalica, aliius, vitex, aruudo,
cdera cajteraqiie , si qua liuinorc giuiiuntiir. Lociis cigo,
ubi supradicla signa rcpcicii^, Indialiir latiliidinopedibus
tribus, altitudine pcdilius quiiiqiic, cl proxinic solis
occasuni , munduin vas ilii a-rcnni vcl pliiinbeum iiilci ius
unctuni inversiini pouatiir iu solo ipsiiis fossionis. Tunc
supra fossa;]abra crate facta de virgis ac IVondibus, addi-
taque tena, spatium onine coopcriatnr. Se^iuenti die
aperto loco, si in eodeni va.sc sudorcs [intrinsecus] inve-
nientur aut stilla> , aquas ibi esse noii diibites. Iteiu si vas
figuli siccum, iicqiic coctimi, eadcm ratione ponatnr, ac
siuiililcr oiiciiatur; allcio vcio die, si aqiiaruni vcna c^t
in pr.TScnli, vas conccpto liiimore solvetur. Ilcm vellus
lan.-p a'que posiliim ct coopcrtum, si tanluni colliglt liu-
iiioris , iit alia dlc fiiudat CNpicssum , copias iiies^e tesl^-
bllur. Ilcm luccrna olco plciia ct acccusa, si ibi similiter
lccla ponalur , el scciito dic iiivcuiatiir cxtiiicta superan-
tibiis aliniciitls, aqiias idcm lociis babcliit. Itcm si in eo
loco focuin fccci is , ct terra vaporata liumidum fginiini
ncbiilosumqiic ructaverlt, aquas inesse cognosccs. llis
itaqiie rcpcrlis, ccrla signoriim firinaute notitla, piitenni
fodics, ct aqua; capiit reqniies : vel si pluia siinl, in
iiuiiin colligcs. Tauicn niaxime snbiadicibns monlium in
Scplcntrionali paile qu.frcud.Te suiit aqna^, quia in his
locis magis abiindaut, iitiliorcsque nasciinfnr.
IX. Scd in lodiendis pulcis cjvcndiim est fossorum pe-
ruuliiin, i|iiouiaiii plenimquc tcrra sulfiir, aluuicn,
biliimcn cdiicll , quorum spiritus niisti anliclitiim pcsti.s
cxliaiaut,ctocciipatis statim naribus extorquent aniinas,
iiisi quis fiig.i; sibi vclocitalc succurrat. Ciius ergo quam
dcsccudatur ad inlima, in cis locis luccrnam ponisaccen-
sam , qii.e si cxtinda non fucrit , pci iciilum non tiinebis ;
si vcro cxlinguctur, cavcudus cst lodis.qiicni spinliis
PALLADIUS.
faiit s'nb9teiiir depousser plus loin la fouille, car
la r^side un mephitlsme mortel. Si nc^anmoinson
ne peut pas trouver d'eau ailleurs, on creusera
des puits aupres de cet endroit , tant de droite que
de gauche, jusqu'a ce qu'on soit parvenu au ni-
vcau de Tcau; et rou pratiquera dans rinterieur
de ces puits des soupiraux ou verts de eote et d'au-
tre en forme de narines, et par lesquels Texha-
laison fuueste s'evaporera; apres quoi on sou-
tiendra les parois des puitsaPaide d'uije macon-
nerie. Au reste, il faut que la larp;cin' d'un puits
soit de huit pieds en tout sens, sur lesquels la
mnconnerie en prendra deux. Cette maconnerie
sera soutenue d'espace en espace avec des barres
de bois , et construite en tuf ou en moellon. Quand
Teau est limoneuse, on la eorrige en y jetant
dusel. Si,lorsqu'oncreuseun puits, la terre, trop
meuble de sanature, vient a s'ebouler, ou que
Teau vienne a !a delayer, on la coiitiendra de
tous eotes a Talde de planches appuyees vertica-
lement eontre elle, et soutenues avec des barres
misesen travers, pourempccherquerebouleroent
n'ensevelisse les travailleurs.
X. Voici la maniere de faire Tessai d"une eau
qu'on aura nouvelleinent trouvee : On en vcrsera
dans un vase de cuivre bien poli, et, si elle n'y
laisse point de taclie, c'est une preuve qu'elle est
bonne. Elle est cgalementbonne, lorsque, apres
avoir ete bouillie daiis un petit vase de euivre,
ellen'y depose ni sable ni limon, lorsque les le-
gumes y cuisentproiiiptement, lorsque ni mousse
ni impurete d'aucune sorte n'en altere la limpidite.
Au surplus , quand les puits sont creuses sur une
luuiteur, on pourra en faire jaillir Teau par en
bascorame celled'une fontaine,en percant lester-
resjusqu'a son lit, si laconfiguration du terrain
inferieur n'y appoite aucun empecliement.
XL Quand il s'agit de conduire Teau d'un lieu
a un autre, on a recours a un canal construiten
macounerie , ou a des tuyaux de plomb , ou a des
canaux de bois, ou enfiii a des tuyaux de terre
cuite. Si on la conduit dans un canal construit
en raaconnerie, il faut que ce canal soit bien so-
lide, afmqu'ellene s'echappe poiut a travers les
joints des pierres qui entrent daus sa construc-
tion. La largeur de ce canal sera proportionnee
a la quantite d'eau que fon y fera couler. Si ce
canal doit traverser dans sa route un terrain plat,
on lui donnera , en le construisant, une pente in-
sensible d'un pied et demi sur soixante ou cent
pieds de longueur, afin de procurer k feau un
ecoulement suffisant. S'il doit rencontrer une
raoutagne sur sa route, il faudra diriger i'eau et
la detourner vers les cotes de cctte montagne,
ou lui ouvrir a travers le mout un passage a soa
ni veau au moyen d'un aquedue. Mais s'il se trouve
une vallee sur son cbeniin, on eleverades piliers
ou des arcs jusqu'a la hautcur de la pente que
doit suivrefeau, oubienonla laissera tomberau
fond de la vallee en la renfermant daiis des tuyaux
de plomb, pour la faire remontcr ensuite quand
elle 1'aura traversee. Lorsqu'ou conduira Teau
dans des tuyaux de terre cuite, methode qui est
la plus salutaire et la plus avantageusede toutes,
on donnera a ces tuyaux uiie epaisseur de deux
doigts, en les retrecissant par un de leurs cotes,
afm qu'ils puissent s'emboiter l'un dans 1'autre
de la lougueur d'ua pabnus, et on eu garnira
les joints avec de ia chaux vive petrie a 1'huile.
Mais avant d'introduire dans ces tuyaux Teau
qu'on veut y faire couler, on y fera passer de
la ceudre chaude melee d'un pcu d'eau, pour
souder les defectuosites qui peuveut se reucontrer
dans ces tuyaux. La pire de toutes les raethodes
consiste a couduire 1'eau dans des tuyaux de
plomb. Elle rend en effet l'eau dangereuse a
moilirer occiipabil. Quod si alio loco aqua non potest
iiiveniii , (leNtcia l.Tvaque putcos fodiciiius, nsfiue ad
aqiia' ipsius lihianiciiliiin , et ali liis rdi.imina liinc iiide
patcraclu voliil narcs inliis a^i'ini)s , cina iiim ens spii-itiis
CVa\ioict : (jnii failn latcia piili-oinin sliintina snscipial.
Foiliciidiis esl aiitcni piili'iis,latiliiili;ii- ocln piMliini ipio-
quoversum,Ht biiios pedi^s siiiicluia (■.oiiclnilat ; (jii:c
structina vectibns linncis snbinde deiisetur, et stiucta sit
lapidc lolaiio, vcl silin'. Si aipia limosa lueiit, salis ad-
niislioiiec.oni^aliir. Sid iluin Imlitiirputens, si terra non
slabit vitiogeiiciis di.-siiliiti , aut liumore laxabitur, labii-
las objicies diieclas nudique, et eas liansversis vectibiis
suslinebis.ne fodientes luina concludal.
X. A(piam vero novain sic probabis : in vase jeneo
nitido spargis, et .si maculam non feceiit, piobabilis
judicetur. Item decocla a-neo vasculo, si aienam vel
limiim iion relinquit in fundo,ulili.serit. Item si legumina
cilo valebit excoqiieie, vel .si colore peilucido carens
niiisco, et unnii labe pollulionis aliena. Sed qui iii alto
»uul putei , pci foralis usqiie ad infimam paitcm terris ad
loca infeiiora, possunt vice fontis exiie, si vallis siibjectai
natuia permittat.
XI. Cum vero ducenda est aqiia, ducitur aiit iorma
stniclili, aut plumbeis fistulis, aut caiialibus ligueis, aut
fic.ljlibus lubis. Si per fonnam ducetur, solidandiis est
canalis, ne perrinias aqua possilelabi : ciijiis magnitudo
pio aqiia; niensura facienda est. Si per planum veniet,
inter centenos vel sexagenos pedes sensim reclinetur
structura in sesquipedem , iit vim possit liabeie currendi.
Si quis mons inteijectus occiirreiit, aut per latera ejus
aquam ducemus obliquam aut ad aquai caput spcluncas
libiabimus, per quaruni structiirani pervenial. Sed si se
vallis inleiseial, eiectas pilas vel aicus usque ad aquae
jiista fasligia construenius, aut plunibeis fistulis clausara
dcjici patiemur, etexplicata valle consuigere. Sed,quod
esl salubiius et utilius, iictilibustubiscum ducitur, duo-
busdigitis crassi, et ex una parte reddantur angusti, ut
palnii spatio unus iu altcrum possit inlrarc : quas junclu-
ras viva calce oleo subacla dehemus illinire. Sed anlequam
iii iis aqiia; cursus admittatur , favilla per eos mixta exi-
DE LAGRICULTURt;, LIV. X.
boire, parce que le plomb, a fore.e (retre frotte,
decharge de la ceruse, qiii cst uiw maticre niiisi-
ble au corps luiinain. Ccst a Tart aconstruire les
rcservoirs dc facon a ce que le plus petit lilct
deau procure une abondante rcserve.
XII. Voici la quantite dc plomb qui dnit eiilrcr
dans la fabrication dcs tuyaux. II en faut douze
centslivres pour une feuilledeccntdoi;its de lar-
f;eur sur une longueur de dix pieds; neuf cent
soixante pour uue feuille dequatre-vingts doigts;
six ccntspourunefeuilledecinquantedoigts;qua-
Ire ccnt quatrc-vingts pour une feuillede quarante
doigts; trois cent soixante pour une feuille de
trentedoigts ; deux ccnt quarante pour une feuille
de vingt doigts, et quatre-viugt-seize pour uue
feuille de huit doigts.
XIII. Maniere de confire le verjus dans du
miel. Verscz deux se.rfarii de miel bien broyc
sur six de jus de raisin a dcmi vert, et laisscz ce
melange se cuire au soleil pendant quarantc
jours.
XIV. II n'y a point de diffcrences, quant ft
la raarche du soleil , entrc le mois d'aout et celui
demai.
A la premiereet ^ la onzieme heure, le gno-
mon donne vingttrois pieds d'ombre.
A la seconde eta la dixieme, il cn donne treize.
A la tiflisicme et a la neuvieme , il en donne
neuf.
A la quatrieme et a la huitieme, 11 en donne six.
A la ciuqui(ime et a la septieme , il en donne
quatre.
A la sixieme , 11 eu donne trois.
LIVRE DIXIEME.
SEPTEMBKE.
L Ou lahourera pour la troisi^rac fois au mois
«IS
de scptemhre les terrnins pras , ainsi que ecux qui
sont dans riiahitude decoiiservcr longtcmps rha-
midite; et Ton s'y prendra miirn; plus tot quand
rannce aura ete humide. On bine cl Ton ense-
rnence a prisent lcs terrains humidcs, plats et
maigies, au\qucls nnus avoiis dit qu'il fallait
donuer le premicr lahour ail mois d'aout. II
fnut labourer a prcsent pour la premiere fois
les cotcanx malgrts, et lcs ensemenccr nussit6t
aprcs, vers re(iuiuoxe. On fumera a present les
tcrrcs, mais on nura soin de resserrcr les tas de
fumier les uns aupresdcs autres sur les collines;
au licu qu"ou lcs espacera davantage dans les
plaines. Si lou fait cette opcration au d^iclin de
la lune, ce scra le moyen d'cmpcchcr les her-
bes d'y croitre. Columelle assure que \ ingt-quntre
carpenla de fumicr sufllsent pour fuincr un
jitgerum de terre, et qu'il n'eu faut que dix-huit
en terrain plat. Ausurplus, il faudra avoir soin
de n't'parpiller en uii jour que la (|uaiitite de fu-
mier qu'on pourra rccouvrir de tcrre lc meme
jour par le Iab;)ur, de peur que ce fumier, venant
a se dcssc^cher, nc perde sn verlu. On peut cncore
furaerenquelquetcmpsdcrhivcrquecesoit ; mais
iorsijuc quehiue iais;)u aura empeclni de le faire
dans un temps coineiiable, ou y rcmediera soit
en repandant sur les terrcs, avant de les ense-
mencer, du fumier pulvtirise de la mar.icre dont
ony repand la graiuc, soit en y jetant a la maiu
ducrottiu de chevres, qu'on incorporera eusuite
avec la terre a faide des sarcloirs. II n'cst pas a
propos de fumer beaucoup a la fois, et il vaul
mieux le faiic mod('r(?mcnt et plus souvcnt. Une
tcrre aqueusc dcmande plus de fumicr qu'une
terre seche. Si ccpendant Ton n'est pns riclie en
grnis, ce sera une excellcnte methodc de r(ipaa-
dre, en guisc dc fumier, sur les terrcs snblonncu-
ses, de la craic ou de rargilc, comme de semer
giio liqiioie dcciirrat, utglulin.arepossit, si qua sunt vilia
tiiborum. Ullima ratioest, plunibeis listulis ducere : qn,T
aquas noxias reiiiiunl. Nam cerusa plumboerealuraltrito,
quse corporibus nocet bumanis. Diligenlis erit aquarum
leceptacula fabricari , iitcopiam inops vcnaprocuret.
XII. Mensura vero tistularum plunibo servetur bujus-
moiii. Cenlenaria x peduni mille (Juceutas libras babcal.
Oclogenaria uoningentas Lx. Quinquagenaria simililer x
pedum pondo sexcenta. Quadragenaria pondo quadrin-
genla lxxx. Tricenaria pondo trecentasexaginta. Vicenaria
jiondo XL. Octonaria pondo uonaginlasex.
XIII. [De omphacomeli.] In iiviB semiacerbne siicci
sextariis sex mellis triti fortiter duos sextarios debcbis
infundere , el sub solis radiis diebus xi. decoquere.
XIV. Augustum Maio par soliscursus aiquavil.
Hora
1
et
XI
pedes
Hora
II
et
X
pedes
Hora
III
el
IX
pedes
Ilora
IV
et
VIII
pedes
Hora
V
cl
VII
pedes
Hora
VI
pedes
LIBLR DECIMLS.
I. Septenibri ineiise ager pingnis, ct qui diu leiiere con-
suevit liumorem, terlia vice arabitur, quamvis liumido
anno possit et antea lerliari. Nunc ager liumidus.planus,
esilis, qucm prinio Augusto arari diximus, itoatur et
seritiir. Graciles clivi nunc primum niandi et screiidi suiit
statim circa .Tquinoctium. Agri nunc slercorandi sunt,
sed in colle spissius, in campo rarius laetamiiia disponcn-
tur, cum luna minuitur • qii.i' res si servetur , bcrbis ofli-
ciet. Uni jugero asseril Columella xxiv stercoris larpenla
sutlicere; in plano vero xviii. Sed iidem cumuli lol dissi-
|iandi sunt.quot eadem dic poteriint inarari, iie stcrcora
exsiccala uiliil prosiut. Ejiciunturquidem la;tamina,etqua-
libet biemis parte. Sed si tempore suo ejici aliqua ratione
iion putcrunt , ante quam seras , inore semiuis per agius
pulverem slercoris spaige, vel caprinuni manu projice,et
terram sarculis niisce. liec prodesl nimium stercorare
unotempore,sed frequciiler et modice. Agernqiiosus plus
slerroris, siccus vero minus requiril. Sed si l«lainini«
(iipia noii abundal . Iioc pi" s<erroreoptimc redil. ul 6;i-
PALLADIUS.
du bable sur les lerres argileuses ou trop com-
pactes. Outre quc cette niethode est favorable aux
rnoissons, elle rend encore les vignes tres-belles,
d'autant qu'en donnant du fumier a celles-ci , on
altere souvent la qualite du vin.
II. On semera ce mois-ci vers IVquinoxe,
quand le temps sera au beaufixe, le froment
ainsi que le ble adoreum dans les terrains raa-
recageux, ou maigres, ou froids, ou ombrages,
alin que les raciues de ces bles puissent prendre
quulque consistance avant l'hiver.
III. Laterre rend souvent une humidite amere
qui fait perir les bles. II faut repandre sur les
endroits ou cela arrivera, de la fiente de pigeon ou
des feuilies de cypres, et les labourer en meme
temps, afin que ce genre de fumier s'amalgame
avec la terre, Mais le meilleur rcmedecst de de-
tourncr cctte humidite pernicieuse au moyen
d'une saiguee qui la portera ailleurs. On ense-
niencera unjiiyerum d'une terre mediocre avcc
cinq modii de froment, et la merae quantite de
ble adoreum. U n'en faut que quatre pour une
terre grasse. On assure que ces semences vien-
drontd bien , lorsqu'on aura recouvert d'une peau
d'byene lc modiits dontse servent les seraeurs,
et qu'on aura laisse le grain pendant quelque
temps dans ce semoir. Comme il arrive assez
souvcnt que certains animaux qui vivent sous
tcrre font perir les bles eu lescoupant par la ra-
cine, il sera tgalement bon, pour prevenir cet
accident, de faire tremper les grains une nuit,
avantde lesseraerdausdujusde 1'herbe appelee
sedum. (joubarbe), mt5le avec de feau, comme
d'exprimer dii jus de ecncombre sauvage, ou de
faire infuser dansde leau la racincbroyeede cette
plante, pour y trempercnsuite les grainsque l'on
aura a semer. II y a des persounes qui , desqu'ell6S
voient leurs raoissons attaquees de cet aceident ,
versent sur les sillons et sur les charrues, sans
attendre que le mal ait fait de plus grands pro-
gres , du marc d'huile sans sel , ou de feau dont
nous venons de faire nKnition.
IV. On seme a present dans les terrains raai-
gres forge canthcrinum. II en faut clnq modii
])avjugerum. On laissera reposer les terresqui
auront porte cette espece de graiu , a moius qu'ou
n'airae mieux les lumer.
V. On seme k present ou un peu plus tot les lu-
pinsen quelque terre que ce soit, ne fut-elle pas
raerae labouree. 11 sera a propos quils soient se-
mes avant que les froids comraencent. lls ne
reussissent point dans les terres limoneuses, et
craignent 1'argile; ils se plaiseut au contraire
dans les terres maigres , ainsi que dans les terrcs
rouges. II en faut dix modii pour ensemencer un
Jui/erum.
VI. On semera les pois a la fm de ce mois.
Ils aiment une terre legere et qui ne soit point
compacle, un pays chaud et humide. II suflira
d'en seraer trois ou quatre modii par juf/erum.
VII. On scmea prcseut lesesame dans un ter-
rain friable, ou dans des sables gras, ou dans
dcs terres rapportees. II en faudra semer quatre
sextarii ousix ^ay jucierum. Ou labourera pour
la premiere fois a la fin de ce mois les terres oii
fon voudra semer de la luzerne.
VIII. Cest a present que l'on fait le premier
ensemencement de la vesce et du fenugrec,
quand on les dcstine a scrvir de fourrage. Sept
Wi0f/N"de graine taut de vesee que de fenugrec
scront suffisants pour uii jugerum. Oa scme
aussi les herbages que l'on doit coupcr avant
leur maturite, daus un terrain auquel on aura
fait produire toutes les annees sans se reposer,
hulosls lo(us cietam id est aigillam spargas , cretosis ac
nimiurn spissis saliuloiiem. Hocetiam segetibus piolicit, ct
vineas piilcherrimas leddit. Jiam tetamen in vineis sapo-
rem vini vitiaie cfjiisuevit.
II. Hoc mense uliginosis locis aut exilibus aiit frigidis
aut opacis ciica a-quinoctiDm tiiticum el adoieum sere-
lur, diim seienitas constat, nl ladices hunienti ante liie-
mem convalescant.
III. Solet terra bumorem salsnm vomere, qui segetes
necat. Ubi lioc fit, colnmbinum steicus aut cupressi lolia
oportet inspargeie, et ita, ut eadem misceanlur, inarare.
Melius tamen omnibus lemediis erit, si aquarius sulciis
nnxium deducat bumorem. In niediocris agri jugero v tii-
tici modios et adorei l.otidem conseremus. Nam quatiior
[ager] pinguis accipiet. Si modium, quo seretnr, hy.Tna!
pelle vestieris , et ibi aliquamdiu quod serendum est , esse
patiaris, sata bene provenire firmantur. Item quoniam
qiiaidam animalia sul)terranea sectis radicibus necanl ple-
rumque frumenta, contra lisec proderit , si lierbae , qure
sedum dicitur, succus aqusemistus una nocte madefaciat
qiiiu spargenda sunt semina : ve! agrestis cucumeris hiinior
exjiicssus et rjiis radix trita si aqua diluatur, et codcin
quse serenda sunt macerentur liumore. Aliqui ubi lia^c
segetes siiasperferre senserint, inter initia vitionim insulsa
aniuica vel praedicta aqua sulcos et arala perfundunl.
IV. Niinc giacili solo ordeum seritur cantberinum mo-
diis v per jugerum. Post lioc genus agros cessare patieris ,
nisi forte KTtamen aspergas.
V. Nunc vel maluriiis aliqiianto lupinus seritur in qua-
licunqiie terra vel crudo solo : cui boc proderit , ut seratur
ante quam frigus incipiat. Limoso agro non nascitur : cre-
tani reformidat : amat exilem terram alque ruhricam : x
modiis jugeri mensura coniplotnr.
\l. Hoc mense postremo pisum seremus, terra facili et
soluta, loco tepidOjCaslo delectatur bumecto. Jugero qua-
tuor modios vel ties sparsisse sufliciet.
VII. Nunc sisamum seritur putri solo vel pinguibus
arenis vel terra congesticia Jugero quatuorvel sex sexta-
rios sevisse conveniel. Hoc mense postremo prima vice
agros pioscindemus,qui babituri sunt medicam.
VIH. Nunc vicia; prima satio est et foeni GrEeci, cimi
pabuli caiisa seruntur. Viciae vii niodii jugerum aequc ct
f(rni Gr.neci .semen implebit. Farrago etiam loco lestibili
sliTcoralo seritiir : ordei cantlieiini in jiigero x uioilios
DK L'AGR1CULTURE, LIV, X
et qiie ron nura fume; nu^iucl cas il faudray sc-
nier dix modii d'oi'ge caiilheriiium Y>M\juyc'riiiii,
et le faiie vers requinoxc, aiiii que ce i;rain se
troine fortilie avant riiivev. Si on veut le faire
paitre souvcnt par les bestiaux, il pourra suffire
a leur pature jusquau raois de niai ; au lieuquc
si Tou veut en retircr du grain , il ne faudra le
leur laisser paitrc quejusqu'au\ calendes dc mars,
ct, passc ce temps, lcur cn interdire la pature.
1\. Ou seme vers les ides de ce mois ei des
lupins , pour fertiliser lcs terres maigres ; et , des
qu'ils sont venus, on les vcrsc en lcrre , a(in qu'ils
y soient coupes par le soc de la eliarrue , et qu'ils
y pourrissent.
X. Oli peut faire u prcscnt de nouvelles prai-
ries , si on lejuge a propos. Lorsqu'on aura le
clioix du terraiu , ou prcferera pour cette desti-
natioD , soit un terrain gras ou la rosee sejouruc,
uui ou legcrcmcnt iiicliue, soit une vallce dout
la position soit tellc , que Tcau ne soit pas dans
le casd'y tomber parune chute prccipitce , ni d'y
rcstcr stagnantc. On peut encore mettre en prai-
rics ua terrain nicublc ct maigre,pourvuqu'on
ait soin de Tarroser. On arrachera donc, pour
degager ce terrain, tout ce qui pourra Tembar-
rasscr, t.int les hcrbes bautcs et durcs que les ar-
brisseaux dout il scracouvcrt. Ensuite, lorsqu'il
aura ctesouveiit rcniue etameubli par des labours
multiplies, on en ramassera les pierres, et on en
pulverisera toutes les mottes;apres quoi on le
fumera avecdufumicr receiit, dans le tempsque
la lune croitra. Oii aura le plus grand soin d'en
ccarter lcs betes de somme, surtout quand il fera
humide, de peur qu'en imprimant leurs pas sur
le sol , elles ne lc rcndcut iucgal en differents en-
droits. Mais lorsque de vieux pres seront cou-
verts de mousse, 11 faudra les gratter, ct rcpan-
017
dre dc la graine de foin dans lcs partics (|ui en
auront ctc graltccs. On y rcpaiulra encore sou-
vent de la cendre , qui cst uii excellent prcscrva-
tif de la raousse. Si unc portion de prairics est
devcnuesterile par moisissure, negligcncc ou ve-
tustc, on la Inbourcra et on raplanira de nou-
veau. En gcnernl , il fnudra labourer souvcnt lcs
pres stcriles. On pourrn aussi semcr dcs ravcs
dans lcs prairics noiivelles ; etquandon les aura
recueillies, on achcvera les opcrations que uous
venons de detniller, pour y semcr ensuite de la
graiiie de foin , en la melant toutcfois avec dc la
vcsce. II ne faudra point nrroscr ccs scmences
avant qu'elles aient consolidc le sol en croissant,
de peur (jue Tcau venanta couler sur uuc tcrre
peu solide, n'cn enleve la superficie.
XI. li faut faire la vendange ce mois-ci dnns
lcs pnys chauds et voisins de la mer, et se prii-
parcr a la faire dans les pays froids. On rccon-
iiait ([ue le temps est venu de faire la vendange,
li>rsc[u'en expriniant les pepius renfcrmes dans
les grains de raisin , il s'en trouve de gris ou tout
a fait noirs, ce qui est le sigue de la maturite du
fruit. Yoici la quantite de poix qu'on emploiera
pour Tappriit dcs futailles : il cn faudra douze
livres pour enduire les futailles de dcux ccnts
congii dc contciiance , et moiiis a proportion pour
cclles crune plus petite contenance. Ceux qui vcu-
lcnt rafliner melent une livre d'excellente cire
sur dix livres de poix ; ce miilange est bon pour
procurer de Todcur et de la saveur au vin , parce
que la douceur de la cire tempere la poix , ct
remp(}che de s'ecaillcr pendant les froids. II faut
ce[5endaiit goutcr la poix pour s'assurcr de sa
douccur, parce ([u')l arrivc souvent que son amer-
tume gate le vin.
XU. On recolte a pi^-sent daus quelques can-
spaigiimis ciica .Tqiiiiioctiiim , iit aiile liloinciii convalc-
i;cal. Si depasci sirpiiis vcjls, iisipie in iMainm inenseni
cjus pasliiia suKiciet. Qiioil si ex ea seinen etiam redifsere,
iisiue ad Martias calcmlas , el (lcliinc pecora piGliil)el)is.
IX. Hoc mense, ut loca foccundenliir exilia, Inpimis
firca idus seiitur, et ubi cieverit, verlitur vomere, ut
piilicfiatexcisus. ■
X. Niinc prala, si liliuerit, possiimus novella formare.
Si eligcudi facultas esl, locuiii pihKnem, roscidimi, pla-
iiiim, lcniter inclinatuin, vel Imjusmodi ^allem dcpiilalii-
miis, iil)i liuinor iicc slatim pnei'i[iilari cogitur, iicc diu
debet inlia'iere. 1'olcst ipiidem et solulo et grac.ili solo
prati foriiia , si ri};i'Uir, iinponl. Lxtirpandus cst itaqiie
locus lioc teinpoie, i^t lilierandiis impcdiineiitls (ininiliiis,
vel lieihis lalidilbusct -solidis alque virgullls. Deinde cimi
fieipientcr ('xeicilatiis fuciil ae inulta aratlonc resoliiliis,
.siilimiitislapiililios, et glehis iihique c.onliaetis, sleicoieliir
iima ( resi enle rccenli hetamiiie. Al) iinKulis jiimentoniiu
.sumuia intenlioiie servelur iiitactiis, pia'clpue ipiolies
liiimescit, neinieqiiale sulum reddaiit midtls locls impiessa
vesligia. Sedsi prata vetcra inuscus olidiixeril, ahiaden-
ilus esl.et .scalplis cisilcin locis fuMii spargenda sunt
seniina, et qiioil ad iicianiliim inu.scum piodesl, ciiiis .sne-
|)iiis iiigcreniliis. Qnod si slerilis fadus (!st lociis earie,
liicniia, velnslate, cxaietur, acdc novo ruisus ;equelur.
Nam piata sterilia |ileruinque aiaic c/mveniet. Sed in
novo piato rapa coiiserere possmnus, qiiorum nicsso
liiiila, lalcia qiiae dicta suiit, cxequemur. Viciain tainen
rieiii seminihiis mixlam post li,TC spargemiis. Rigari vero
aiilequaiiidiiruin soliiiii fecerit, noii debchit, iie ejus cra-
teni ininiissolidam vis inlerlliii coiriimpal liuniorls.
\I. Iliic iiiense liicis tepidis inarilimisque cclebranda
vindciiii.i i'^l , liiuiilis apparanda. Sed inalurilalcni vinde-
mia' in.41 '-' iiiiii^ lioi' generc : si expressa uva vinacia,
qiia' iii aruii^ irl.iuiiir i,lioc esl grana), sint fusca, ct
iiouniilla propemodum nigra : quam rem uaturalis malu-
litas facil. Iii doliis |iicauilis liic inodus crit, ut dolluin
dncenlormn congiornin xii lihris picclur, dciiide pro
ininoris a-'.stimaliuiie suIiiIik as. Diligeutiurt^s oplliiiii' cera;
iii dcccin picis litiras uiiam llbrain misceiit.qua- et odori
pioliclt et sapori , et plccm leultate periniilceiis , IVIguribus
eam non paliliir disslliie. 1'lcis laiiicn giislii e\|iloiaiida
diilcedo csl, ipiia sa'pe \ liia ejusamaiiliidine vitiaiiliir.
XII. Nciic ipiibusdain locls paiiiciiin nietctur ct lui-
618
PALLADIUS.
tons le panis et le millet. On semera daus ce
temps-ei les haricots que l'on destine ponr la ta-
ble. On apprete a pr6seut les perches necessaires
pour la chasse aux hibous, ainsi que les autres
partiesderappareil. Leterapsde cette chasse est
vers les calendes d'octobre.
XIII. On seme a present io pavot dans lcs
pays secset chauds. Ou peut aussi le semer avec
d"autres herbes potageres. On pretend qu'il vient
mieux dans les terrains sur lesquels on a brule
des baguettes et des sarments. Cest dans ce
temps qu'il y a le plus d'avantage a semer les
choux, alin de les trausferer en pieds au com-
mencement de novembre, et de pouvoir les re-
colter en feuilles pendant Thiver, et en cimes au
printemps. II faudra labourer au pastinum ce
moiscl , a trois pieds de profondeur, les planelies
des jardins , que Ton doit ensemencer pendant
le printeraps, et les fumer au deciin de la lune.
On semera le thym a la fiii de ce mois. II vien-
dra mieux quand il sera piante cn pied que iors-
qu'il aura ete seme engraine, quoiqa'il puisse
aussi venir de cette derniere facon. II ainie les
terrains exposes au soleil , maigres et voisins de
la mer. On semera Torigan dans ce temps, vers i'e-
quinoxe. II demande a etre fume et arrose jus-
qu"a ce qu'ii ait pris une certaine cousistanee. II
se plaJt dans les lieux sauvageset au milieu des
rochers. On seme a la meme epoque le c;iprier.
Cette plante serpente au loin , et son suc nuit aux
terres. Cest pourquoi, pour remptVherde s'eten-
dre trop , on la semera dans un terrain sec et mai-
gre, que Ton environnera d'ua fosse, ou d"une mu-
railleconstruiteavecdelaboue. Le caprierfait de
lui-merae ia guerre aux herbes. 11 fleurit en cte, et
se desseche vers le coucher des Pleiades. II est a
propos de semer la uielle a ia fin de ce raois-ci.
On semera ce mois-ci le cressou alenois et raneth
dans les pays temper^s ainsique les pays chauds ;
les raiforts, dans les pays secs ; les panais et le
cerfeuil, vers les calendes d'octobre; les laitues,
la poiree, la coriandre, les raves et lesuavets,
dans les premiers jours du mois.
XIV. On semera au mois de septembre vers
les caiendes d'octobre , ou au mois de fevrier , les
peches-noix, soit en rejetons, soit en noyaux. j
L'enfance de cet arbre exige des soins minu-i
tieux. On arrachera un rejeton de Tarbre avec
ses racines,et on Tenduira de fiente de bouc;
puis on Tenterrera en grande partie dans un
sol gras et laboure , en le posant sur des coquil-
les et de Talgue marine. D'autres mettent en au-
torane, dans une terre grasse et solgneusement
passee au cribie, les noyaux de ce fruit seches
au soleil , en ies joignant trois par trois; et Ton
pretend que les germes de ces noyaux se reunis-
senl entre eux pour ne former qu'un seul ar-
buste, dont il faut aider la croissance en Tarro-
sant souvent, et en grattant lcgfcrement avec la
beche ie sol qui le porte, pour lui donner de la
vigueur dans letempsde sa jeunesse. On trans-
fereensuite au bout d'unan, ou un peu pius tard,
la plante qui est resuitee de ces seraences ; moyen-
nant quoi elie donne des fruits plus doux qu'ils
n'auraient ct6 sans cette attention. Les rejetons
de cet arbre profitent a merveille, lorsqu'ils sont
greffes surle cognassier a la fin du raois de jan-
vier ou au mois de fevrier. On les greffe aussi
sur toutes les especes de poramiers, sur les poi-
riers , sur les pruniers, et sur l'epine sauvage. II
est raieux de les greffer en fente sur le tronc que
sous l'ecorce. On couvrc Tarbre , quand ii est ainsi
grelfe, d'uu pauier ou d"un \ase de terrecuitc,
que ]'on remplit de terre labouree et meiee de
liiim. Tempore lioc faselus ad escam seraliir. Jiunc in
amilibus appareUir auciipium noctuse, CEcteraque in-
sliunienla caplura;, ut circa calendas exerceatur Octo-
bres.
XIII. Nunc papaver seritiirlocissicciset calidis : potest
fiX cum aliis oleribus semiuari. Fertur utilius provenire,
^ubi virga; et sarmenta combiista sunt. Tempore hoc
'brassicam seres utilius, ut plantas ejus Novembii in-
clioante transponas : de quiljus et liieme olus et vere
possit cyma produci. Hoc mense spatia liortorum , quae
per vernum seminibus impleturus es , alte tribus pedibus
pastinare debebis, et luna decresccnte (liis) stercus inferre.
Hoc niense uUimo thymum seremus ; sed inelius planlis
nascitur , quamvis possit ct semine. Agruni diligit apri-
cum, macruni, maritimum. Nuiic circa ^eqiiinoctium
scres origanuin . stercorariac rigari, donec convalescat,
appetit. Amat loca aspeia atque saxosa. lisdem diebus
seritur capparis : late serpit : succo suo terris nocet.
Serendum est ergo, ne procedal ulterius, circumveniente
fossato, vel lutostructis parietibus, solo sicco et gracili :
liCibas sponte pcrsequilur i lloret aestate. Sed occasii Ver-
piliaium tapparis arescit. Cith hoc incnse ullimo bcne
sei itur. Hoc mense nasturtium seremiis et anetlium locis
teniperatis et calidis , et radices locis siccis, ct pastinacas
et caiiefolium circa Octobres calendas, et lactucas et betas
et coriandrum , et primis diebus rapa et napos.
XIV. Mcnse Septembri circa calendas Octobres vel.
Februario tuheres seremus sobole vel nucleis , cujus te-
nera diligenter nutriri debet infantia. Snmatur cum radici-
bus planta divulsa : bubulo fimo linatur ac lulo : slatnatur
pingui terra et subacta, subditis conchis et marina alga :
terris magna sui parle condatur. Alii pomis statini grana
decussa et sole siccala pingui el prohe cribrala terra aii-
tumno tria simul ponunt, qu* feruntur in unum coire
virgultum : quod assidua rigatione juvandum est atque
fossura, quae solura leviter scalpens teneritudini roliur
inducal. Post annum deinde vel aliquanto tardius, qua;
/uerit de semine planta traiisfertur : et lioc genere fructus
efficit dulciores. Mense Januario ultimo vel Feliruario
tuberum surculus mirabiliter proficit cydonio iusitus.
Inscritur autem malis omnibus (et piris), ct piunis el
Calabrioi : melius trunro fisso ^uam corlice. Desuper
qualo vcl ficlili vase miinitur, replelis nsqne prope siini-
inilalcin surculi teira subacts cuin stercorc 1'iosunt
DE LAGRICULTURE, LIV. XI
fumier, presque jusqu^i 1'extr^mitL' superieure de
la greffe. Les soius que j'ai dit etre profitaljles
auxpommiers, lesontaussi aux peches-noix. On
conservera ces fruits en les ensevelissant daus
du millet, ou en les renfermaiit dans de petites
cruehes enduites de poix et bouchees.
XV. On fera nussi ce mois-ci des paves pour
les plates-formes, ainsi qne de la brique, de la ma-
niere que j'ai decrite au mois de mai.
XVI. Composition iln sirop de miires. On fera
bouillir tant soit peu du jusde nuires sauvaiies;
apres quoi on melera deux tiers de ce jus avec
un tiers de miel , et Ton fern bouillir ce melange
jusqu'a ce qu'il aitacquis l'epaisseur du miel.
XVII. Quand ou voudia garder du raisin ,
on cueillera des grappes bien saines, dont les
grains ue soient ni fermes jusqu'a la verdeur, ni
nmollis jusqu'a 1'exces de maturite. II les faut
transparents a la lumiere et elastiques au toucher.
S'il se trouve dans ces grappes dcs grains corrom-
pus ou defectueux , on les coupera. On rejettera
aussi ceux dont la verdeur insurmontable aura
resiste sans s'adoucir aux caresses du soleil d'ete.
Ensuite on coupera la queue de ces grappes, et,
;t|Meslesavoirtrempeesdansdela poixbouillante,
on les suspendra dans un endroit sec , frais,
obscur, et impenetrable a la lumiere.
XVIII. II faut eparaprer sur les eotes, trente
jonrsavant la vendange, les ceps dont le fruit
poinrira par trop d'humidite, et ne leur laisser
que les feuilles dont ils seront garnis par en haut.
Elles serviront a garantir leui eime de la trop
giande ardeur du soleil.
XIX. Les jours de septerabre et d'avril se rcs-
Ecrablent entre eux par rapport a regalite des
heures.
619
A la premifere et a la onziemc heure, le gnc-
nion donne vingt-quatre picds d'ombre.
A la secondeet a la dixierae, il en donne qua-
torze.
A la troisieme et i la neuvieme, il en donnc
dix.
A la quatrieme et a In huiticme, il cn donne
scpt.
A la cinquieme et a la septieme, il en donne
cinq.
A la sixieme, il en donne quatre.
LIVRE ONZIEME.
OCTOCRE.
I. On seraera le ble adoreum , ainsi que le fro-
ment, au mnis d'octobre. Le temps prefix pour
scmer ces grains est depuis le dix des calendes
de novembre jusqu'au six des ides dedtcembre,
pour les contrees temperees. Cest aussi le temps
decharrieret d'etendrele furaierdaus leschamps.
Onsemera eneore ce mois Torge appelee canlhc-
riiium. Ce grain se seme en terrain maigre et
sec , ou dans une terre tr6s-grasse. En effet, il a
la propriete de faire maigrir les guerets. Or cette
vertu malfaisante sera surmontee par ime terre
grasse , ou bien elle ne pourra faire grnnd mal a
une terre que sa maigrcur met deja hors d"elat
de rapporter autre chose. II faut donc fumer le
champ quand on le seme a cette epoque. On se-
mera aussi a present l'ers, les lupins , les pois et
le sesame, comme je l'ai dit. Le sesame se seme,
ainsi quc le haricot, jusqu'aux ides d'octobre,
pourvu ((uece soit dans une lerre gras.^e, et qui
rnpporte tous les ans sans se reposer. Uu jwjc-
rum en demaude quatre modii.
Iiiberibiis, qiiap nialis proiiesse memoravi. Tiibercs serva-
biinlur, si obruanliir iii niilio vel uiceolis picali.s cloblilis.
XV. Hoc eliaui nicnse pavimenta iii solariis cl laleres
facienuis eo ninre quo Maio mense descripsi.
XVI. {[)c diamnro]. Siiccum mori agrestis paululum
facies dererfcre. Tunc succi [ipsius] duas parles et unam
mellis admisces, et mista curabis ad pinguediuem mellis
excoqiiere.
XVII. tjvas qiias servarc volunius, Icgamus iltosas ,
neque acerbilate risidas , ueque nialurilate dcnucntcs.sed
quibus est et sranum luce iiencliabilc cl splendidum, cl
lacluscuuimollijucunditalecallosiis. Si ipm miiiI cornipta
vel) vitiosa, resecemus : ncc pali.iiiiiir iiilc n ^~r, qiiihiis
inexpuunabilisaceibilasfonlra blaiidi ul i a ^livi culoris
induruit. Tunc iiicisos bolryonuni lenaces calida pice
oportet ambiri, atqueita iii loco sicco, frigido,et obscuro
Eiiie liiminis irruptione snspendi.
XVIII. Vitis cujuslriiclus liumorc piiliescil, per latera
pampinanda cst ante trigesimiim vindeniia^ dieni, et sola
tioiis illa servanda cst, qiia^ in summilate posila solem
I imiiiin defciidil a vertire.
XIX. Seplembris cl .\prilis dies Iioris siniililiiis confc-
runtur.
Hora
I
et
XI
pedes
XXIV
Hora
II
et
X
pedes
XIV.
Hora
III
et
IX
peiles
%.
Hora
IV
ct
VIII
pedes
VII
Hora
v
et
VII
Iicdes
V
Hora
VI
pcdcs
IV
I-lliER LXDECIMUS.
I. Oilobri mcnse adoreum scremus ac Iriticum. .Tiistr,
salio cst a decimo calendasNovcmbres, usque adsextnm
idiis Dcccinbres regionibus leinperalis. Nnnc eliam la;la-
nicii cffiMtiir ac spargitur. Iloc cliam ineiisc seremns or-
deiim, qiiod dicilur cantlieiiniim. Serilur niacra et sicca
teria, vcl iiiullum pingui. Nam quia hoc seiuine m.ues-
ciiiil arva, pingui vincitur agro : allcri nun babel quod
ampliiis iiocerc possil, cum pioplcr macrilalem semen
aliud lcire non valeat. La:to agro nunc est serendum.
Ltiam niinc errum , lupiuiim ct pisum et sisamum sere-
miis ( nt dixi ) : sisamiim usque ad idus Oclobres, cl fa-
selum, lamen terra pingui aiit reslibili agro : qualuor
inodiis jugerum compleblmus.
PALLADIUS.
II. On scmcra la graine de lin ee niois, si on
le juge a propos ; quoiqu"il vailie mieux renoncer
a cette plante, qui epuise les forces de la terre. Si
oa veut neamnoins en avoir, on en semera liuit
modii ^as jugerum , dans un terrain tres-gras et
mediocrement humide. II y a des personnes qui
en sement une pliis grande quautite dans un ter-
rain maigre, et qui obtiennent iin lin plus fin par
cette methode.
IIL Cest a present le temps favorabie pour
fairelavendange; c'estaussiceluid'observerquels
sont les ceps les plus feconds , et de les marquer
de facon a les reconnaitre , afin de pouvoir choi-
sir sur ces ceps des sarments propres a etre mis
en terre. Columelle soutient qu'ou ne peut pas
s'assurer de la recondite d'un cep eu une annee ,
mais qu'il en faut quatre pour y parvenir ; et que
ce n'est qu'apres ce nonibre d'annees ecoulees
que Ton connait, a ne s'y poiut meprendre, la
bonte d'un rejeton.
1"V. II est tres a pro|ios de planter des vignes
a la fin de ce mois-ci daus les contrees a tempera-
ture chaude et seehe, a terres legeres et mcubles ,
acoteaux abrupts etdegarnis. J'ai traiteeette ma-
tiere tout au long dans le mois de fevrier. Cest
a present le raeilleur temps pour faire', dans les
terrains secs , chauds , maigres , peu fertiles ,
sablonneux et exposes au soleil , toutes les opera-
tions quc nous avons detailk^es precedemment ,
par rapport aux facons des terres au pastinum ,
a la plantation ies vignes, a leur taille, a la ma-
niere de lcs prcvigner et de les reparer, et a la
formatiou des plants d'arbres maries aux vignes,
aiin que lcs pluies d'hiver rendent ces operations
profitables, en dcpit de la maigreur de ces sortes
(le terres;ce qui ne pourra manquer d'arriver,
paree que les plantes y trouveront de rhumidite
quand elles seront alterees, et qu'ellcs y seroat
a Tabri d'6trc brijlees, nc pouvant etrc ni sciees
par les glacons, ni ensevelies sous eux , attendu
que les frimas sont chose inconnue en ces re-
gions.
V. II faut dechausser apres les ides d'octobre
toute lajeune vigne dans les vignobles plantes, soit
au pastinum, soit par voie de fosses et tranchees,
;i Teffet de couper les racines superllues qu'elles
auront jetees pendant rete. En effet, si ces der-
nieres venaient ii se fortilier, elles finiraieut par
faire perir les racines les plus profondes; de sorte
que la vigne resterait comnie suspendue sur la
superficJe du sol, et se trouverait exposee par ia
au froid comme a la chaleur. II ne faut pas ce-
pendant couper ces petites racines jusqu'aupres
du tronc, de peuv qu"il n'en sorte une plus grandc
quantite de la plaie, ou que cette plaie , qui s'at-
taque au corps merae de la vigiie, ne la rende dans
lespremiers temps tropsensiblo a rimpression du
froid qui suivra cette operation. Oii leur conser-
vera donc en les coupant uiie longueur de doigt,
apres quoi on laissera les vignes a decouvert, si
Ihiver est doux dans le pays ; au iieu que , s'il est
rude, on aura soin de les recouvrir avant les ides
de decembre; ct menie , s'il est excessivement
froid , on repandra a rapproche de Ihiver un peu
de fiente de pigeon au pied des jeunes vignes;
ce que Columelle veut que Ton pratique pendant
cinq annees entieres, pour obvier auxtrop grands
froids.
VI. Cest a present le meilleur teraps pour pro-
vigner dansles climats dont j'ai'pai'le, parceque
toute la seve se porte aux racines, se trouvant
debarrassee du soia de donner des branches a
fruit.
VII. II y a des personnesqui sont dans Tusage
de greffer ce mois-ei les vignes ainsi que les ar>-
bres dans les pays tres-chauds.
II. Hocmense lini senien scremus ,'si placet, quod ta-
iiien pro malitia sui serenduin non est, nam terrae uber
exliaurit. Sed si velis loco pinguissimo et niodice liumido,
serelur injugeio viri modiis. Aliqui macro solo spissum
serunt : ila assequimlur ul linum sublile nascatur.
III. Nunc opportuua vindemia esl, cujus tempoie no-
tanda est fcecunditas vitiuni et iiotis quibuscunque sigiian-
da, utex his ad ponendum sarmeiita possimus eligeie.
Asserit auleni Coluniella explorari fcecunditatem uno anno
non posse, sed quatuur : quo numeio cognoscitur veia ge-
uerositas surculorum.
IV. Hoc mense poslremo, ubi calidi ac sicci aeris qua-
litasest, ubi exilis el aridus [est] cainpus , ubi collis
prajruptus aut inacer, vites utilissime ponuntur.de quibus
satis mense Februario disputavi. Nunc locis siccis, calidis,
cxilibus, macris, arenosis, aridis, quajcunque de pastinis,
de vilibus ponendis, putandis, propagandis, reparandis,
vel arbusto faciendo ante dicta sunt, rectius fiunt, ut
€ontia exilitaleni glebie hibeinis imbribus adjuvenliir. Sic
el Immorcin siticutibus confcrunt , cl recisa vel mcrsa gla-
cie non aduruut, qiiia talibiis locis pruinarum vis et na-
luia nescitur.
V. Post idus Oclobiis ablaqiieanda est omnis novella
vinea seu in pasliuo, seu in scrobibus aut sulcis, ut ain-
pulentur radices supeivacua; , quas produxit Kstate :
<|uae si convaluerint, inferiores radices faciunt interire,
et ita remanebit vitis in summitatc suspeiisa : quse res
eani fiigori obnoxiam faciet et calori. Sed bae radicnlaj
non ad sicciim debent recidi, ne aiit pluies inde nascan-
tiir, aut nova plaga corpori vitis inipressa vi secuti algo-
ris utatur. Recidemus autem relicto digiti spatio : etsi
placida ibi bienis est, aperlas relinquemns viles : si vio-
lenta, ante Decembres idus operiemns : si pra^frigida, ali-
quantum columbini stercoris sub ipsa liieme circa viticii-
l;u um vestigia largiemur, quod contra frigiis nimium Co-
lumella dicit toto faciendum esse qninquennio.
VI. Hoc tempore idciico locis qnibus dixi propagatio
nielior est, quia tiimandis radicibus vilis incumbit, cuni
proferendi palmitis eain cura non permovet.
VII. Hoc mensealiqui vites et aibores locis calidissimis
inscrcrc consuevcrunt
DR L'AGRICULTURE, LIV. XI.
VIIL On fonnpra nussi a i>rcscnt, dp.nsles pays
chnuds et les loealites exposees au soleil, dos
plants d'oliviers de la maniere que nons avons
donnee dans le mois de levricr, et en observant
rarrangeraent que nous avons prescrit. On plan-
tera egalement dans le merae temps et dans les
memes pays des pepinieres d'oliviers, et l'on pro-
cedera aux soins de toute nature quexige la cul-
ture de cetarbre. On confira aussi les olives blan-
ches de la maniere que nous donuerons par la
suite. 1! fautdechausser a present ies oliviers dans
les provinces seches et chaudes , afin que leurs
pieds puissent etre humectes par l'eau qui tom-
bera de leurtete. Columelle ordonne d"arracher
tous les rejetons de ces arbi-es. Pour moi , il
meserable qu'il faut toujours laisser quelques jets
robustes, dont on puisse faircclioix pour rempla-
cer la mere quand elle sera vieillie, ou que fon
puisse transfcrer de bouture, lorsqueapres avoir
ete bicn cleves, a Taidede la terrequ"onaura en-
tassee aupres d'eux, ils auront aequis des raci-
nes en propre, et qu'on pourra se procurer par
lem* secours des plants d'oiiviers, sans avoir pris
la pcine d'en former des pepinieres. II faut, si le
eas edioit, fumer a present dans les pays tres-
froids les oliviers, (fuine doivent cependant Tetre
(juo de trois en trois ans. Six livres de crottin de
chcvre ou un iiwdiii.i de cendre suffiront pour
clKique arbre. On ne cessera cependant pas de ra-
tisser la mousse de ces arbres. On les taillera aussi
quand ils auront pass(j Tage de huit ans, suivaut
(■olumelle. Pourmoi, je peuse qu"il faut en cou-
per ehaijue anniie les branclies seches, ainsi que
cclles qui ne produisent rien pour avoir ct(i trop
faililes dans leur principe. Si un olivier ne rap-
|iorte pointde fruit, quoiqu'il se porte bien , on
I" (Tercera avec une tariere gauloise, de fa(;.Hi
([■!;; le trou quc Ton y fera penetre jus'.(u'a la
6^1
moelle, et on y enfoncera avec effort une houture
inforine (rolivier sauvage qui remplisse exacte-
ment le trou; aprcs quoi on dechaussera l'arbre,
et on rarroscraavec du marc d'huilesans sv\, on
de 1'urine gardce. En effet, aucune steriliK; ne
resiste a ce genre de fecondation ; raais il ne faut
pas attendre pour grcffer Tarbre que le vice ait
disparu. On nettoiera ce moisci les fosscs et les
ruisseaux.
IX. l.esGrecsordonnentdetransvascMemout
qui aura commencc a bouillir, lors([ue le raisin
dont il aura ettj exprime aura trop souffert de la
pluie. Entrain(;e par sa pesanteur spccirKiue,
Teau se precipitera au fond du vase nou\eau; et
le vin , degag(3 de ce melange h(iterogene, se con-
servera niieux.
X. On fera a pr^^sent rhuile verte, de la ma-
nicre qui suit. On cucillera les olives les plus nou-
velles, lorsqu'elles seront tourn(ies ; et si on a mis
quelqucs jours a les eueillir, on les (;tendra, dc
peur qu'elles ne s'eehauffent. Ou s(eparera du tas
celles qui pourront se trouver pourries ou dessi;'-
ch(^es ; et lorsqu'on en aura amasse la quantitc
que le pressoir en peut contenir, on les saupou-
drera de se! egrug(' ouen grains, ee qui vauten-
core mieux.a raison de trois modiide sel surdix
d'olives; puis on les moudra d'abord ; apres quoi
on les mettra avec leur sel dans des paniers, et on
les y laissera pendant toute la nuit, afin qu'elk's
en contractent le gout; on les livrera ensuite au
pressoir lc lenderaain matin, et Ton en ohtiendra
une huile salce du meilleur gout. II fuudra sans
eontredit lavcr avant tout a Teau ehandc lcs ea-
naux k travers lcsquels l"huile coulera, ainsi (|ue
tous les r(^3ervoirs dans lesquels elle se rendra ,
alinqu'ils ne couservent point Todeur de relent
que leur aura laissee rhuile de l'annee pr(iccdente.
On n'approchera pas nou plus le feu de riuiile,
Vlll. N(inc clinm loiis calidis ct apricis olivcta iii.^titue-
mns more vcloidine, qiiem Feliniaiiiis iiiensis oslenilit.
Seminaria qiioqueoleaniin locis laliliiis liiciemus lioclem-
poie, et omiiia qiiae ad oleam peiliiieliuiil. Olivas qiioque
albas condietriiis , sicnt postea rcrereUir. Hoc tempore
ablaqiieandae siint aiboies olea; provincils siccioiibiis ac
tepidis, ita nt eis a snpeiiori parle linmor possil indiicl.
Omnem sobolem convelli Coliiinella pnrcepit. Milii antem
videtur pancas dimltli semper ac solidas, es quibiis vel
in vetusiate matris loco delecta siiccedat , vel melius nu-
trita, et aggest;e terrSe benelicio eliam siias liabens radi-
ces ad olivetum faciendnm sine cura seminarii transferalur
arbuscula. Suiic si siippetit, inlcimisso Iriennio steico-
randa siiiit olivela locis maxime fiigidls. Caprini slercoris
sex librfe uni aibori vel cincris modii singiili suflicient.
Muscus tamen scmper radatur arboiibiis : et pnlentur
( sicut Columclla dicit ) oclo annonim .Tlale transacla. Vi-
detur milii nnoquoque anno sia:a et iiifriictiiosa ciim ali-
qua debilitate nascentia debere recidi. (Jiiod si friicliisar-
bor liPta non afferet, lerebretur Gallira tcrclira iisqiie ad
mednllam fornininc impresso, ciii oleaslri inlormis lalca
( veliementer) arctetnr, ct ahlaqucal.ie arbori amurca in-
siilsa, vel vetus iirina iiifundalur. Hoc ciiiin vcliil coitii
steriles aibores uberantur, qiias lamen diiianlc malltia
opoi tebis inscrcie. Hoc mense fossas rivosqiie piirgabimns.
IX. Gia-ci jiibent, si uvam nimius imber infuderit, post-
eaqiiam nnislum ejns primo ardore fervebit, iit ad alia
vascula Iransleratiir. Ita proptcr naturaigravitatem lema-
ncns aipia sulisidct , et Iranslatum viniim pure servabitur,
lelicto qiiicquid se illi ex imbre misciierit.
X. Nuiic oleum virldc l.ii iciiiiis lioc genere. Olivam qnam
recentissiinam , cum vuiia »1, c.illiKis, et .si diehiis ali-
quol collegeris, expaiidi,- , n.' calcli.it. Si qua ihi piilris aut
siccacst, removes. Ubi vero com[iIeveris modum factorii,
salcs tritos vel non li itos , quod est melius , in olivam ean-
dem niitlis per decem modios tres salis, et molis primo,
et sic s,nlitam in noviscanistrisessepatieris, ut pernoctet
ciiin salibus, ct ducat in se cosdem sapores : ac mane
prcmi iinipial olei meliorem lluxuin redditiira, salis sa-
porc (oiicepto. Canales sane et oirmia rcce|ilaciila olei cji-
liila aipia prius lavabis , iit niliil dc aniii pra>terlli rancore
ciisloilianl. Focos ctiam non pnipiiis admovehis, dc olei
C22
PALLADIUS.
de peur que la fumee n'en corrompe le goul.
Dans les pays sees et ehauds, c'est c^i la fin de ce
mois que Ton cueiile les baies de laurier pour en
faire de riiuile.
Xf. II fautseraerau mois d'octobre lachicorie
queron voudraconsommereu hiver. Cetteplante
a'ime rhumidile et les terres meubles. Klle monte
tres-haut daiis les terraius sablouneux , sales et
voisins de la mer. On lui prepaiera des plauches
apiatics, de peur que ses raeines ne viennent a
se decouvrir, au cas que la terre s'eboule. Quand
clie aura quatre feuilles, on la transplantera dans
un terrain fume. Onplante a present lesartichauts
en pied. On coupe avec le fer 1'extremite de leurs
racines en les mettant en tcrre, et on trempe ces
racines dans du fumier. On en met deux ou trois
pieds ensemble dans des fosses profondes d'un
pied, qn'on eloigne de trois pieils runede raiitre,
pour que le plautcroisse mieux. On repand sou-
vent siir ces plantes de la ceudre et du fumier, a
rapp;oche de Ihiver, daus les tempssecs. ()n se-
mera la moutarde ce mois-ci. Cette plaute se plait
dans une terre qui a ete labouree, et , si faire se
peut, rapportee, quoiqu'elle vienne egaleinent
bien partout. II fuut la sarcler assidumeut, alin
qu'ellesoittoujourscouverte de poussiere; ce qui
contribuera a rechaulfer, quoiqu'elle n'en almc
pas moins Ihumidite. On laissera dans rendroit
meme oii on laura semee la moutarde dont on
se proposera de cueillir la graine; au lieu qu'on
fera rentler, en la transferant, celle qu'on desti-
nera a etre mangee. La vieille graine de moutarde
n'est bonne ni pour rensemeuceraent ni pour la
table. On est sur qu'elleestnouvelle, lorsque etant
cassee entre les dentselle parait verte a rinterieur ;
au lieu quesielle parait blanche, c'est une preuve
qu'elle est vieille. II faut seraer la mauve ce
mois-ci , parce que la venue de rhivcr l'emp5che-
raitdeprcndreaccroissement.Cette planteseplalt
dans les terrains gras et humides; elle aime le
fumier. On latransfere en pied quand elle com-
mence a avoir quatre ou cinq fuuilles. Le plant
en prend mieux quand ii est jeune. En effet, si on
la transferait quand elle est deja grande , elle
languirait. Elle a meilleur gout quand elle n'a
pas ete transplantee. Au reste , pour rempecher
de monter trop promptement cn tige, on cache
au milien de cette plante des mottes de terre le-
gercs ou depetits cailloux. II faut lasemer clair.
Elle aime etre sarclee assidument. II faut la de-
barrasserdcsherbesqui lenvironnent, sansebran-
ler ses racines. Elle pomraera, si on noue ses ra-
eines lorsqu'on la transplantera. On semera aussi
a present raneth dans les climats terapi'ri's et
chauds. On seme encore ce mois-ci les ciboules,
lamenthe, lc panais, le thymet rorigau, de meme
que lacapre au commenceinent du mois. On se-
mera egalement la poiree dans les tenains secs,
ainsi que le grand raifort ; ou bien on transplan-
tera ce dernier d'une terre inculte (ear c'est ua
veritable raifort sauvage) dans uu terrain cultive,
alin qu'il s'y amcliore. II faudra transferer a pre-
sent lc poireau qui aura ete seme au priutemps,
afin que sa tete grossisse. II n'est pas douteux
qu'il ne faille sarcler assidument lcs poireaux,
et les soulever, en les saisissant comme avec des
liens, alin qu'a mesure que leurtete prendra de
raccroissement, elle remplisse le vide que cette
operation aura laisse sous leurs racines. On se-
ineraaussiapresent le basilic. On pretend qu'il
viendra plus tot dans ce temps-ci, quand ii aura
ete trempe legerement dans du vinaigre, avant
d'etre seme.
XII. Celui qui veat travailler pour les sifecles
.sapnrpm funnis inficiat. Nnnc mense postremo locis siccis
et caliclis ail oIimmii faciendum laiiri baccas legemus.
XI. Mense Octoljri serendasunt iiityba, quac liiemi ser-
viant. Amant Imniores et teriam soluUim. Arenosis et sal-
.sis locis alquc marilimis snmma proveniunt. Area lils pla-
iiior apparetur, ne radices eornm terra fugientenudcntnr.
Qualuur fnliorum transferaDtur ad locnm stercoratum.
Nunc planlae cardui ponuntur quas cum ponemus, radices
eaiiim siimmas ferro resecamiis, ac fimo tingimus ; ter-
iiiiin pcdum spatio separamns incremenli causa, pedali
scrobe depositas binas aut ternas. Cinerem sa?pe sub liieme
diebiis siccis fimumque miscebimus. Hoc mense sinapim
seremus. Terram diligit aralam , et si lieri polest , conge-
sliciam, quamvis ubicnnque nascatur. Sarculari debet as-
sidiie ut lespergatur pulvere, qiio fovelur. Non minns
gaiidet hiimore. Ue quo semen legere disponis, suo loco
esse patieris; quod ad escani paiabis, robustius facies
Iransferendo. In siuapi vetus semen inntile est vel sationi
vcl usui : quod deiitibus fractum si intns viride videbilur,
novum cst : si albiim fueril, vetustatem falelur. Hoc mense
malva sercnda est, qiiae occursu liiemis ab incrcmenti lon-
litudine reprinnetiir. Loco pingui delectatur et bumido :
gandet la;tamine. Transferuntur plantse eius, cum ccepe-
rint folia quatiior liabere vel quinque. Mclius coniprehen-
dit cjiis planla quae tenera est : major enim Iranslata lan-
piebit. Sapor illis estmelior, si non transferanlur. Sed ne
cilo eriganlur in caulem, in medio earum glebiilas con-
slitnes aut lapillos. Rara ponenda cst, sarciilo deleclatnr
assiduo. Si liberandiE sunt lieibis, ne motum senliant in
radice. Si transferendis planlis nodum facias in radice
scssiles fient. Nunceliam locis temperatis etcalidis aiie-
thum scremus. Cepiillae scruntur cliam lioc mense, vel
menta et pastinaca, thjninm et origanum, et capparis
inensis inilio. Ilem bclam Ioci's siccioribus,necnon armo-
raccam sercmiis, vel transferemiis ad ciilta, nt melior
fial : nam lia;c agreslis est rapbanus. Nunc porrum verno
satum transferre ilebemus, ut ciescat in capiit. Sane sar-
cnlis ciiciimfodiatur assidue, ct comprebensa porri planta
veliit teiiacibusallevetur, utinanitas spalii, qtiac ladicibus
siibcrit, incrcmento capilis suppleatur. Ocimuiu qiioque
eliam nnnc sercmns , quod citius nasci fertur hoc tempore,
si aceti inibre levilerspargatur infusum.
XII. Cui placet cmas agere saeculorum , de palmis c/igi-
tel consercndis. Hoc igitur mense dactyloruni uon vete.
DE L'AGRICULTURE, LIV. X[.
a veiiir pcut s'occuper de la plaiitation dcs pal-
miers; auquel cus il lui faudra mettre eii terrc
ce mois-ci dcs noyaux fraichemeiit cxtraits de
dattes qui ne soient pas trop anciennes, mais
fraiches et pleines, et meler de la cendre avec la
terre dans laquelle il lcs deposera. Si Ton en veut
faire venir de plant, il faut s'y prendre des avril
et mai. Cetarhre se plait dans les terraius expo-
ses au soleil et u la chaleur. II faut rentretcnir
d'eau pour le faire croitre. II demande une terre
raeuble ou du sahle , quoiqu'il veuillc aussi avoir,
soitautour de lui , soit sous lui , de la lerre ^rasse
au moment ([u'on lc plantc en pied. On le trans-
plante au bout d'un an ou deux , au mois de juin
ou au commenccment de juillet. On le bechera
assidumcnt au pied, pour faciliter les frequents
arrosements qu'il faudra lui donner, et qui lui
feront braver les chaleurs de Tete. L'eau salee
a un certain degre lui est salutaire ; c'est pour-
quoi il faudra en imprer;ner de sel aceteflet,
quand on n'en aura pas qui soient naturellement
salees. Si cct arhre vient a se mal porter, on le
deehaussera, etoii Tarrosera avee de la lie de vin
vieux , ou bien on coupera Texcedant du che-
velu de ses raeines; ou enfiu on y enfoncera un
coin de bois de saule , en les mettant a jour a
cet effet. Au surplus, il est eonstant que tout
endroit oii il croit naturellement des palmiers
n'est bon pour presque aucune sorte de fruits.
On plante les pistaches en automne au mois
d'octobre, soit en rejetons, soit en amandes,
«(uoiqu'il soit encore mieux de mettre en terre
les pistaches elles-niemes, tant le ma!e que la
femelle, en les accouplant. On appelle pistache
male celle dont Tecoree renferme des noyaux
qui ressemhlent a des testieules allon^'es. \ eut-
on rafHner sur la culture de cette plante"? on se
procurera de petits verresperccs, qu'on renipiira
de terre fumee, et dans lesqucls on mcttra trois
pistaches ensemble, afin que toutes les trois
donnent a la fois un gcrme; apres quoi , lorsque
la plante qui resultera de ccs f^ermes aura i)ris
dos forees, il scra plus faeile dc la transplanter,
ce qu'il faudra faire au raois de fevrier. Le pis-
tachier aime les terrains chauds, pourvu qu'ils
soient humectes ; aussi faut-il rarroser et le
mettre au soleil. On le greffe sur terebinthe au
mois de fevrier ou de raars , quoique d'autre3
assurent qu'on peut le greffer sur amandier. Le
cerisier aime les climats froids, ainsi qiie ceux
que lcur position rend humides. II profite peu
dans les contrecs temperees, et ne peut venir en
climat chaud. II se plait dans les contrees mon-
tagneuscs ou sur les collines. II faudra transplan-
ter au mois d'octobre ou de novemhre des pieds
de cerisiers sauvages , que Ton greffera au com-
meneement de janvier, quand ils auront pris
cn tcrre. On pcut aussi formerdes pepinieres de
cerisiers, en mettant en terre , dans les memes
mois , des cerises qui y prendront avcc la plus
grande facilite. L'experience m'a montre com-
bien il est aise de faire venir cet arbre, puisque
je puis certifierque j'ai vu monter en arbres des
baguettes de cerisiers que j'avais enfoneees en
ferre dans des vignobles, pour y servir de sou-
tiens aux ceps. On peut encore semer les cerises
au mois de janvier. II sera mieux de greffer le
cerisier au mois de novembre, ou , s'il est ncccs-
saire, a la fin de janvier. II y a meme des au-
teurs qui ont dit qu'il fallait le greffer en octo-
hre. Martialis preserit de greffcr les cerisiers
en fente dans le troncde Tarhre ; mais je rae suis
toujours hicn tronve de les avoir urelfes entre
recorce et le hois. Ceux qui les grefferont en fente
dans letroncde larhre , comme le veut Martia-
lis , auront soin cl'6ter tout le duvet dont il sera^
nmi sed novoium ac plngaiuin rccfuiia ossa <l«l)fliit
olnuiMe, terraj cinerpni niiscere. Si |ilaiilam velil, ponen-
tla ist Aprili niense vel Maio. Locis deleclalur apricis et
calidis. Fovenda est , nl ciescat, liumore. Terram solu-
l.iin vel sabuloiiem requirit, ita lamen , ut qiiando planta
ilrponitur, circa eam vel sub ea pinguis terra fundatur.
Arinicula transferatur aut bima Jiiuio inense vel Julio
iiH ipienle. Circumfodiatiir assidue et risatione continuos
irst.ilis vincat ardoies. Aquis palnia; aliqualenus salsis
jiivanlnr, quoe inlici debent salibus, etiain si tales cas na-
tiira non praebiilt. Si .Tgra est arbor, feccs vini veteris
alilaqiieatie oporlet infundi, vel radicuni siipervacua ca-
pillamenta decidi , vel cuneuni salicis interfossis radicibiis
iiii|iriini. ConsUit autem lociiin prope nullis utilem frn-
( Iiliiis , in qiio palin.'e sponte nasciintur. Pist.icia seruntnr
aiitumno niense Octobri, (et) sobole el nucibus suis : sed
iiiclius ipsa pislacia juncla ponunlur mas ac riemiiia. .Ma-
1 iiii dicuiit, ciii sub corio veliit ossei longi videnliir lateie
li -liciili. Qiii diligenlius (acere voluerit, perlusos calicii-
h'^ , el slercorata tcrra repletos parabit , cl in liis pislacia
Kiiia con^liliicl , iil cx oiuuibns ^iTmcii qiiodcunque jin)-
cedal : qiiod nlii convaliieril planta, liinc facilius Iransfe-
ratur niense I"ebruario. .\mal liiruin caliiliim, sed Inime-
ctum,elrigalione j;audeletsole liiscriliirlerebinlboiiiense
Februario \el Marlio : at alii amv^dalo inseri posse lirnia-
runt. Cerasus amat caeli slaluni IVisiiduni , soliiin vero po-
sitionisbiimectie.Intepidis re^ionibusparva provenit. Ca-
lidum non polest siislinerc. Moiitana vel in collibns coiisli-
tiita regione la-talur. Cerasi planlam silvestram transb^re
debemiis mense Oclobri vel LNovembii, el eam prinio Ja-
niiario , cum compi eliendit , inserere. Plautaiia vero crcari
possunt, si pra>diclis mensibiis spargantur poma , qu;c
suinma facililatc nasceulur. i:go sic liujus arboris facilila-
tein proliavi, ut virgulta cx ceraso pro adminiculis per
vineam posila in arlioiem prosiluissc conlirinem. Et Ja-
miario mense seri potest. Inserltur mense Novcmbri me-
lius , vel , si necesse sit , exlremo Januario. Alii et Octo-
briinserendaesse dixeriint.Martialis ia Irunco inseri jubet-
Milii inler corlicem ct ligmiin (eliciter semper evenit. Qui
iii ti uncu iuscrunt, sicul Martialis dicit, omnein lanuginem,.
i|iiri; ciira esl , aiilei i c <libebiint ; quain si reman,seril , in-
silisnoccrc nianifcst.il. In i rai^is liocservand iim csl, ct iu
PALLADIUS.
enviroiiiK^, parce que cet auteiir piouve qiie
ce duvet nuirait aux grerfes, si on le laissait. 11
fiuit observer, a regard des cerisiers et de tous
Ifsautres arbres qui portcntde lagomme, de ne
ks greffer que dans le temps oii ils u"ont point
encore de gomme, ou quand elle a cesse de cou-
lcr. Ou greffe le cerisier sur lui -meme , sur le
pruuier, sur le platane, et, selon quelques au-
teurs, sur le peuplier. II aime des fosses profou-
des, des espaeenients larges , des fouilles fre-
quentes. II faudra eu retraneher les branches
pourries et seches, ou celles qui seront trop ser-
reeslesunes aupres des autres, afin de leseclnir-
cir. II n'nirae pas lefumicr, qui le fait effeetive-
nient de^geuerer. Voici la nianiere dont Marlia-
lis dit qu'il faut s'y prendre pour faire venir
des cerises sans noyaux. On coupera un jeuiie
arbre a deux pieds de terre , et ou le fendra jus-
qu'a la racine; ensuite on auia soin de ratisser
avec un fer la moelle desdeux parties, et aussitot
apres on les resserrera Tune aupres de rautre avec
des liens; eiyfin on enduira de fumier tant la par-
tie superieure de Tarbre que lesjoiuts quiseront
sur les e6tes. Au bout d'un an, alors que la cica-
ti-ice sera consolidee, ou greffera cet arbre avec des
i-ejetons qui naient pas encore rapporte de fruits,
et il en viendra, si Ton en croit cet auteur, des
C€riscs qui n'auront point de noyaux. Si un ceri-
sier vient a pourrir par suite de 1'humidite qu'il
renfermera dans son tronc, on y fera uu trou par
lequel eUe puisse s'ecouler. S'il est tounnente
par les fourmis, il faudra verscr dessus du jus de
pourpier coupe par moitie avec du vinaigre, ou
en fiotter le tronc avec de la lie de vin pendant
la floiaison dc rarbre. S'il se trouve accable par
la chaleur de la cauicule, on fera verser sur ses
racines, apresle coucher du soleil, Xnis .lextarii
d'eau , dont chacuu sera puise daus uiie fontaine
differenle , en evilant de lui administrer ce re-
mede quand la lune paraitra; ou bien on cntor-
tillera son troiic avec de la jusquiame tordue en
forme de couronne, ou enfin on etendra a soa
pied un lit de la meme herbe. II n'y a pas d'autre
facon de conserver lescerises, que de les faire
secher au soleil jusqu'a ce qu'elles soient ridees.
II y a des personnes qui plantent au muis d'oc-
tobre les pommiers dans les contrces chaudes et
seches , ([ui mettent en terre dans des pepinie-
res, vers les calendes de novembie, les coins,
ainsi que les cormes ou les amandes, et qui y
sement de la graine de pin. II faut conflre les
fruils ce mois-ci, et les conservera mesure qu'ils
muriront, de la manicre que Ton trouvera ex-
pliquee sous les titres qui conceruent chacun
d'eux.
XIH. On chAtrera aussi les ruches ce mois-ci,
de la facuii que nous avoiis donnee. II faiit
cependant faire attention a la quantite de miel
qui s'y trouvera, alin de n'eu pas laisser, dans
le cas ou il y en auraabondarament; d'en laisser
la inoitie pour subvenir a ia disette de Thiver
dans le cas ou il n'y en aura qu'une quantite me-
diocre ; et de n'en point oter du tout dans le cas
ou les alveoles paraitiont en manquer. Nous
avons deja donne plus haut Ja facon de faiie le
iniel , aiusi que celle de laire la cire.
XIV. Pour nerienomettrede ce qiiej'ai trouve
dans les livres que j'ai lus,je vais faiie connai-
tre les pratiques iraaginees par les Grecs par
rapport k la facou de fielaler le vin. Voici les
distinctions qu'ils Ctablissent eiitre les dilTereutes
especes de viiis, et les divers cffets qu'ils preten-
dent en resulfer. lls soutiennent qa'un vin doux
estlourd; qu'un vin blanc et taiit soit peu sale
estbon pour la vessie; qu'un vin qui flatte parsa
couleur de safrau cst digeslif ; quuu viu blanc
omnibiis siimiTialis, ut limc ii)seiantnr,quaiido liis vel non
estvel desiuit gimmia ellluere. Cerasus inseritiir inse, in
piuno, in plalano; ut alii, in popnlo. Aniat sciobes altas ,
spalialarsioi'a,assiduasl'ossiones. Putarilii eapuliia et sic-
ca debelniiil , vel quae densius aictata protuloiit, ut rares-
cat. Flnumi iion aniat, atque inde degenerat. Cerasa ut sine
osse nascantur, ita lieri Martialis Iioc dicit. Arborem teiie-
rani ad diios pedes recides, et eam usque ad radicem lin-
des , medullam partis utiiiisque ferio cuiabis abradere,
etstatim utiasque palres ( in .se) vinculo stringis, et obli-
iiis lirao (et) sumniam partem et lalerum divisuras. Post
annuni cicatrix dncta solidatur. Hauc arburem surculis,
qui adbuc rructnm non attnlerunt , inseres , et , ut asserit,
ex bis siue ossibiis poma nascentur. Si ceiasus coucepto
huniore putrescit, in trunco loramen ac<;ipiat, qiio possit
educi. Si forniicas patitur, succum portula(.<)e debebis iii-
fundere cum accti media parte permistuiii , vel vini fecibus
truncnni arboris florentis adlinire. Si scstu Cauicularium
faligatur, tiium foiitium singulos scxtarios sumtos posl
solis occasuin radicibiis arboris jubeamus inlluere sic , ne
remcdium Inna deprebcudat vel beihani .sjmiilioniacam
circa arboris truncuni torqnehimus in coronani, vel ex ea
jii\ta inium codicem ciibile facieinus. Cerasa non aliter
qiiam iu sole usque ad rugis siccataservantnr. Mense Oc-
lobi i aliiiiii mali arborem calidis et siccis regionibus po-
iiiiiit ,etc\donia rirea Novembres caleudas, cl sorlmm
vcl ^-.ungdala iii seminariis obruunt, et pini seiiien asper-
giiut. Hoc inense ponia coudieuda siiiit, atque seivanda eo
more, quo iii .singulnrum tilulis continetur, vel ut quai-
que malura processerint.
XIII. Iloc eliaiu niense alveariacastrabuntur, more quo
dictum est. Qua; tanieii oportet inspicere, el si abundantia
e.st , deniere : si mediocritas , partem iiiediam lelinquere
prohiemis inopia : si vero slerilitas apparet iu cellis, uil
prorsus auierre. Mellis veio et cerae supeiius est demoD-
strata confectio.
XIV. Ne lecta pi;eteream , quae Graeci sua fide media de
cnndieiidi vini genere dispularunt, demoustrare cnravi :
qiii viui natuiam tali ratioue discernunt , et hanc iii eo
voliint esse distanliam, ut qiiod dulce est, gravius dicant;
quod album, et aUquatenus salsuin, convenirc vesica^;
qnodciocco colorc blanditur, digcstioni accoinmodiiin;
Di: LAGRICULTUPxE, HV. XL
ct nstriiiiicnt est pnipre aux estoraacs reldches ;
que le vin d'outi'e-iner reiul piiie, et dimiinie l:i
masse du sang ; que It raisin noir donne du \ in
fort ; que le raisin rout;e en donne ^'agrcable au
goiit; et que le raisin blanc en doniie comnuine-
ment de mediocre. 11 y a des peuples grecs qiii ,
pour frelater le vin, y ajoutentdu mout cuit jns-
qu'a diminution de inoilie ou des deux tiers.
I)'autres ordonnent de puiser un an davance,
dans iin endroit ou la mer soit pure et caline , de
Teau propre , pour la inettre cn reserve; et ils
pretendent que la nature de eette cau est telle,
quece tempssunit pour lui 1'aire perdre son gout
sule ou SDU amertuine ct son odeur, de facon
(|u'elle s'adoucit eu \eillissant. En consequence
ils en melent une quatre-vingtieme partie avec
le moiit , en y joignant une cinquaiitienle partic
de gypse; ils remuent fortement ce melange au
bout de trois joiirs, ct garautissent que cette
operalion fait gagner au vin non-seulement de
rSge, mais encore unecouleiir brillante. Ausur-
plus, il faut remuer le vin et le soigner tous les
neuf jours, ou au nioins tous les onze jours,
parcequ'en y rcgardaiit souvent on sera en etat
dejuger s'il faul le vendre ou lc garder. II rn
est qui jettent dans une fiitaille tiuis viiciw de
resine seche broyee, qu'ils reinuent ensiiite avec
soin , et veulent pcrsuader qu'on peut donner aux
vins une vertu diurijtique par cctte mctbode.
^oici la mani(i're doiit ils ont prescrit de solgner
le mout, quand les pluies Irequcntcs Tont trop de-
laye, defaut dont on pourra s'assurer en le gou-
tant. lls ordonncnt de le faire cuire en entier,
jusqu'aevapora'ion duvingtieme. lls prctendent
meme qu"il sera encore mieux d'y ajouter une
centieme partie de gypse. Mais lcs Lacedeino-
niens le font cuire jusqu'a diminution d'un cin-
qnieme, et ne le boivent que lorsqu'iI est i sa
quatricme feuille. 1'our adoueir un vin dur, ils
prescrivcnt de mettie daus un petit vase de vin
deux nja/hi de Ueur de farine dorge, petrie avec
du vin , et de \'y laisser Tespace d'une heure. II
y a des personnes qui y melent de la lie de vin
doux ; d'autres y ajouteut un peu de reglisse se-
che, et ne boivent le vin qu'apres Ty avoir fait
incorporer en reinuant longtemps les vases. Ils
disent aussi que lorsqu'on jette dausun tonneau
des baies seches dc myrte snuvage, cueillies siir
des montagnes, apres lesavoir pilees, le vin con-
tracte une excellente odeur en peu de jours , pour
peu qu'on le laisse reposer pendant dix jouis ,
et qu'on le passe avant de le boire. On amasscia
aussi des lleurs de vignes mariees a des arbrcs,
queron fera secbera rombre, et, apres les avoir
bien pileeset criblecs, on les conservera daiis un
\ase propre , pour en inettre, quand on le jiigeia
t'i propos, la valeurde la mesure appelee par les
Syriens chwnica , sur trois tonneaux de vin.
On boucliera ensuite ces tonneaux , et on nc les
ouvrira que le sixieme ou le septierae jour sui-
vant pour son usage. On prcteud que Ton peut
rendre du vin agreable a boire, en y plongeant
une quantitcsunisante de fenouiloii de sarriette,
et en renuiant le tout; ou en mi'ttant dans uii
vasc deu\ amandes de pignons grillees et enve-
lopptVs dans un linge , pourvu que Ton bouclie
ensuite lc vase , et que Ton ne boive ce vin qu'au
bout de cinq jours. On pretend encore que Ton
peut donner a du vin nouveau la qualite des vins
vieuY , en eoncassant et en broyant ensemble
telle quantitc que roii jugcra suflisante d'ainan-
des amercs, d'absinibe , de gomme de prunelier
portanl fruit, et defenugrcc, pour en mettre
dans ce vin la valeur d'un ctjalhus par amphore,
qiiod albtim cL s.lypliciiin, inodosse stomaclui la\ioii;
traiismaiiiiuiii, pallurem facere, cl lanliiin saiiguinem non
creare ! uvis nisiis licri lorte, rubeissuavc, albis veio
lilerunique niediocre. In condicndo ergo vino aliiiui Groe-
cornm mustnm decoctiim ad medjetalem vel lerliain par-
tem viiio adjicinnt. Alii Gricci ita jubeiit, ai|iiam mariiiam
innndam de puro et quieto maii, quam auuo aute comple-
verinl, reservari : cujus lalem esse uatniam , ul ct salse-
dine vel amaiiludine per lioc tempus caieat et odoic; ct
dulcis liat .Tlato. Eigo ejus octogesimam parlem mnsto
admiscent, et gypsiqiiinquagesimani. l'ost tcrtiam di'inde
diem forliter commovcnt, ac pollicenlur non a'taleni so-
luni vino,sed splcndorem qiioque coloris alfeire. Oportet
aiitem nona quaqiie dic viniini moveri. aUine cui ai i .- vel si
tardius,undcciina. Fiequcnsenim icspcctus fanieljudicarc,
iitrum vendenda sit species aii tciieiula. Qiiidaiii resiiia!
siccse Irilse uncias trcsdolio immcrgnnl et peniinvent, ct
viiia diurclica sic fieri posse persuadent. Musliini vero,
quod per plnvias fiequentcs leve est , siccurari [debere]
jnsscrunt , quod probari giislu ipsius polciit. Omiie mu-
stuni decoqiii jiibenl, donec pars ejus vigesima possit
absumi : melius quoqiie fieri , si ccntcsiinam pai tcin gvpsi
I'\LLAD1US.
adjicias. I.accdicmonios vcro cou.squo dc.coquere, donec
viiii quiiita pars pereat, et qiiarlo aniio nsibus miiiislrare.
Suave \iiiiim de duio lieri doccnl, si oiileacei pollinis
cvallios diios simiil cuni vino siibaclos niillas in vini va-
sciilo, ct liora iiiia ibi csse patiaris. Aliqui feces vini diilcis
admisceut. Aliqiii addunt glycyrbizajsicca' aliquantulum,
cl uliintur, cum diii vasorum conimolione niisciicrinl.
Viniim qiioqiie iiilra paucos dies optinii odoris eflici , si
baccas myrti agre.^lis nioiilanas .siccas ct tunsas mittas in
cabiim, etdcci'111 dicbus icquiescere patiaris : tunc coles
cl iitaris. Vitis cliani lloies arbustiv,-K colleclos in umbra
siccare ciirabis. Tiinc diligenter tiinsos ct cretos liabobis
iii vasculo novo , cl cuni volueris , tribns cadis unain lloris
meiisiiiam , quain Syri (rabiim , Grseci) cluEniram vocanl ,
adjicies, et superliiies dolinni, et 8e\la vel septima die
aperies ct iiteris. Vinuni ficri ad potandam suave ila di-
cuut : riinicnli vel satureia; singuloriimcongruiim niodum
vino imniergi atquc lurbari, vel fructum qucm dua' nuces
pine.-e pioduxerint , torreractnm et linteo ligalum milli iii
vasculo, ac supeiiiniri , et usui esse quinque dicbiis
cxaclis. Vinuni aulem veliit vetus cffici de novello, si
amyt;dalaamara, absintliium, pini friigircii comam, fic-
PALLADIUS.
et que c'est le moyen (Fen faii'c dii vin de pre-
miere qiialite. Si fou craint que ce viu n'ait quel-
que vicc, on melera du miel dans cette compo-
sition avec de Taloes, de la myrrlie et du marc
d"huile de safran; le tout broye par parties ega-
les et rcduit en poudre , pour en raettre la valeur
d'un rijttthua par ampliore de vin que Ton vou-
dra frelater. Veut-on que le vin de rannee pa-
raisse vieux? oii broie et Fon crible une Mwc/a de
melilot, frois de rcf;lisse ct de nard celtique,
etdeux d'aloeshepatique; et Ton met six cuille-
rees de cette composition sur ciDquante sexturii
de vin renferme daus uii vase que Ton exposc a
la fumee. On assure qu'on peut faire changer du
vin rouge de couleur de la maniere suivante ; On
jette dans ce vin de la farinc de fcves , ou Ton
introduit, dans une bouteillc qui en est plcine,
trois blancs d'ceuf qu"on remue longteraps , ct le
vin setrouve blanc le lendemain. Sion yjetaitde
la farine de pois d'Afrique, il pourrait changerde
couleurdans lejourmeme. On ditaussique lavi-
gnea cettepropriete, que si ronreduitencendre
des ceps qni produisent du raisin blanc ou de
ceux qui en produisent de rouge , et qu'on mctte
cette cendre dans le vin , il prendra la couleiir dti
raisin dout la vigne aura donne celte cendre;
de facon qu"il deviendra rouge avec la ccndre
de la vigne qui porte du raisin rouge, et blanc
avec cellc de la vigne qui en porte de blanc;
pourvu qu'on ait Tattcntion de mettre sur une fu-
taille de di\ amphores la valeur d"un morJ/us
de ccndre de sarmeut brule, et qu'apres avoir
laisse cette ccndre pendant trois jours dans le vin,
on le tienne couverlet bouche; et, en elfet, on le
trouvcra au bout de quarante joiu-s blanc ou
rouge, selon la couleur qu'on aura juge a pro-
pos de lui donner. On assure eucore que Ton peut
donnerde la force a du vin foible en suivant la
methode que voici : On y mettra soit des feuilles,
soit des racines ou de jeunes tiges d'dlthaia.;
c'est-a-dire, de guiraauve ordinaire, apres les
avoir fait bouillir. On y pourra encore mettre du
gypse, ou deux co^wte dc pois chiches, outrois
noix de cypres, ou une poignee de feuilles de
buis , ou de la graine d'ache de marais , ou de la
cendre de sarments que Taction du feu aura de-
pouilleede toute partie ligneuse, et reduite a Te-
tat de poudre impalpable. Ou assure aussi qu'un
vin Spre deviendra clair et excellcnt en uu jour,
Iorsqu'on aura broye ensemble , dans une petite
quantite dcvin, dix grains dc poivre et vingt pis-
tnches, pour les mettre dans six sexlarii de ce
vin. En effet, si apres avoir remue longtemps ce
melange on le laisse reposer, ct qu'on passe en-
suite le vin, on pourra le boire sur-le-ehamp. On
dit egalement que du vin trouble ne tardera pas
a s'eclaircir, si Ton y mct sept pignons sur un
scx!ariusA<i\iqn\Ae^(ii\\i ow leremue longtemps. •
En effet, des qu"on Taura laisse rcposer quelque
tcmps, il deviendra clair, et sera potiible apres
avoir ete passe. On dit eucore (et Ton prctend
mcme que c'est uu secret qui a ete montre aux
habitants de la Crete par Toracle d'Apollon
Pythien) , que le \in deviendra blanc , et quil
contractera un gout de vin vieux , si Ton y jelte
les drogues suivantes , aprcs les avoir broyee^
enscmble et les avoir reduites en poudre tres-fnie,
en les secouant a Taide d'un criblo : ces drogues
sont quatre uticicB de jone odorant ?t autant d'a-
loes hepatique, une ttMfiad"excelIeut mastic, et
autaiit de casse et dc poivre, une scmi-unciu de
spica-nard, etune vncia tant d'excellente myrrhe
que dViicens malequi ne soit pas rance. Ces dro-
gues mises dans le mout, on le fcra bouillir; et
mim Gneciini sinuil fiigas qnanliim suilicere rcsliniaris,
el paiiter tundas , et ex liis unnin cyallium per aniphoram
miltas, et inagnavina conficies. Si veio senseris peccatnra,
liiiic confeclioni aloen, niyrrliam, ciocomagnia, singula
niodis Eequalibus tunsa et in pulvcrem redacta cum melle
raiscebis , et uno cyallio nnam ampboiam condiie cuiabis.
Anniculum qiioque viinim ut longam simnlare videatur
setalem, meliloti unciam nnam , glycyrliizre uncias Ires,
nardi celtici tanlundem , alocs epatices uncias duas tundis
el cernis , et in sextaiiis quinquaginta cocblearia sex
reconde, et vas ponis in fumo. In alliuni colorem viua
fiisca nnitari asserunt, si ex faba lomentum factiini vino
quis adjiciat, vel ovorum trium lagcena; infundat allxirein,
dlnquc conimoveat, seqnenti ilie candidnin rcperiii : quod
si ex Afia pisa lomentum adjiciatur , eadein die posse mu-
laii. Vitibus quoque lianc esse natuiam, nt alba vel nigra
si redigantur in cinerem, vinoquc adjiciantur, ei nnain-
qiianique forraam sui coloris imponeje , nl ex nigra lu-
sciiin, candidiim vero reddatur ex alba; ea ratione scilicet,
ut combusti saimenti cineiis modii unius mensura mit-
litiir indolio.qnod babebit ampboras x, et Iriduo sic
ifellctiim post opeiiatur ac lutetur ; album vel (si ita visum
fuerit) nigrum reperiii quadiagintadiebusexactis. Viniiin
quoque assernntex niolli forle sic Geri : Altheffi , hoc est,
ibisci, folia vcl ladices, aut cjus caulcm lenerum dcco-
ctum niitti, aut gypsum, aut ciceris cotiilas duas, aut cu-
piessipilulas ties, aul biixi folia, quantuni nianiis ccperit,
aut apii semen, aut cinerem sarmenlorum, cui vis namniis
corpus reliquit exile omni soliditate detracla. Vinum vero
eadem die ex austero lynipidiim atque optimum fiei i , si
grana piperis decem, pistacia viginli adjccto modico \ino
siniul conteras, et in sex vini sextarios mittas, diu oninibns
anle commotis, tunc lequiescere patiaiis, et coles usui
mox fiiturum. Ilem feciilentum slalim iMnpiduni reddi, si
VII pini niicleos in ( iiniiin ) vini sextarium mittas, diinpie
connnoveas , et panlulum cessaie patiaris • mox sumeie
purilatem , colaiiquc dcbere, ct iu usnm referri. Iteja
(quod Crelensibns oraculum Pytbii Apollinis monslra.sse
niemoratur) fieri sic candidum, et sunierevetustatissa|io-
rem, si squinuanliios uncias qiiatuor, alocs epaticae uniias
quatnor , mastici oplimi nnciara unam , cassiiB fislula:
unciam unam , pipei is nnciam unam , spicae Indicce se-
munciam , myirb.x optlmte unciam unam , tburis masculi
uon rancidi unciam uuaiu : lundis uuiversa, et in tenuls-
DE LACniClILTUUE, LIV. XI.
api<!s qu'il aura boiiilli on l'(Vi]mera, et Ton jet-
lcra de c6te, tous les pepiiis de raisin qui auront
surnage en bouillonnaut. Ensuite on mettra, sur
ilix amphores de vin, trois scxlarii italiques
dcf;\pse broye et crible, apres avoir cependant
transvase la quatrieme partie du vin que l'on
voudra frelater, de facon que Ton n'ajoutera ce
gypse que dans le vin qui restera; apres quoi on
agitera fortement la futaille , pendant deux jours,
avec un roseau vert et garni de ses raeines. Le
troisieme jour, on fera couler bicn doucement
dans dix amphores de \in la valeur de quatre
cuilicrees de lapoudrc doiit nous venons-de par-
lcr, et Ton remettra par-dcssus la quatrieme par-
tie de ce vin qui avait ctc transvasee , comme
nous Tavons dit ci-dcssus, pour remplir la fu-
taillc, que Ton aura soin de remucr encore long-
temps, afm que toute la masse du moiit snit im-
pregnce de la vertu de ces drogues. Ensuitc on
couvrira la fufaille, et on la bouchera, en y iais-
sant ncanmoins une petite ouverture qui servira
a donner dc Tair au vin pcndant qu'il bouillira.
Enlin, au bout de quarante joors on bouchera
cette ouverture; apres quoi on pourra- boire de
cc vin quand on le jugera a propos. Une chosc
qu'il nc faut pas pcrdre de vue, c'est d'avoir Tat-
tcntion , toutcs les fois que le vin aura besoin d'e-
tre remue, quil le soit par la main d'un ciifaiit
impubere, ou d'une personne chasle. II ne faudra
pas non plusconvrir reiiduitavcc lcquel onaura
houche une futaille avee du gypse, mais avec
de la cendrc de sarments. On donne cncore une
niilliode pour faire du vin qui preservera des
maladies contagieuses,etqni scra bon pour Tes-
tomac. Cette mcthode consiste a raettre daiis
uiic mctreta d'excei!ent mout, avantqu'il bouille,
huit iinciw d'absiuthe broyce , que Ton enve-
loppc dans un linge; on f.iit ciisuite retirtr ceilo
absinthe du vin au bout de quarante jours, et
on transvase le vin dans dc petitesbouteillcs pour
lc boire. Ceux qui sont dans Tusage de frelatcr le
vinavcedu gypsc le font ii prcsciit, lorsque le
mout ecume et qu'il a jcte son piemicr bouil-
lon. Au reste , quaud le vin est uaturcllcmcnt
trop doux et d'un gout aqueux , il suffit d'y
mettre deux sextarii de gypse sur cent coniiii
de vin. Quand il cst fcrme de sa nature, on pcut
se contenter de la muitie de cette dosc pour pa-
reille mesure de vin.
XV. On fera a present du vin rosat sans roscs ,
de la maniere suivante : On descend dans ini vase
de moiit, avant qu'il commcnce a boiiillir, dcs
feuilles de citronnicr vcrtes, eufermees dans un
panier de palmier; puis on bouche lc vasc, ct,
apres y avoir ajoute du micl, au boutde quarantc
jours on s'en scrt cn guise de vin rosat, quand
on lc juge a propos.
XVI. On fait ce mois-ci des vins avec tons lcs
fruits dout nous avous parlc en leiir lieu.
XVII. Composition du vin mielle. On prend
la quantite que Ton jugo a propos de mout pro-
venant de belles vigueset de bon cru, vingt joiirs
aprcs sa sortiede la cuve, et Ton y mele uu cin-
quieme de micl cxcellcnt ct non ccume, aprcs
Tavoir fortement bioyc jusqu'a ce qu'il soit hlau-
clii ; puis ou Tagite fortement avec un roscau
garni dcscs racines, durant quarante ou iniciix
cinquante jours desuite; ct celu, aprc% ravoir
couvert d'un linge propre, a travers lcquel il
puLSse prendre Tair quand il viendra a bouillir.
Au bout des einquante jours oa enlevera avec la
main, apresravoirlavce, tout ce que rebullition
aurarejctca la surface; puison lemettradansuu
vase que Ton bouchera bien avec du gypse, ct il
siiniim iinivcrem cribro cxciitienle dciliiris. Ciim veio
raiislum feibueiit , ilespumaliis , ctoiniiia uvaiiim s^rana ,
(jii.ne fervor iii sumnium rojeclt, cxpclles. Tiinc gvpsi liiti
alqnecribrali tres Italicos sexlarios mitlis in vini amphoras
decem , prius tanien parteni (inartam viiii conclicndi in alia
vasa transfundes , et ita gypsuni ailjicies , et dolium viridi
ac radicata canna perbidiiuni forliter agilabis. Terlia vero
dic,ex suprascriplis pulvcribus qiialcrna cocblcaria com-
pleta modestius in dcnas vini amphoras mitles, et viiii,
sicnt supradictum est, qiiartam paitem, qiiam alibi diflu-
deras, supcradjicies, et dolium replebis, et ilcm diu agitarc
cuiabis, ut specierum vis omne miisti corpus inliciat Tunc
operies atqiie oblinies, reliclo brevi foramiiic, quo ,t-
sluantia vina suspircnt. Sed exemtis <piailra<:;inta dicbus, et
hoc spiraculum claudis, et deinde ul lihnerit, guslas.
Illud memento servare pr.T; Cicleris, nt <|nolies vinum
movetur, investis puerhoc, aut aliipiis satis purus ciri-
ciat. Linimentum quoquc dolii iion gypso sed sarmeiilo-
rum cinere debebis induccre. Ilem vinum , quod s;dutare
contra pestilentiam sil, et stomacho prosit, fiei i hoc geiiere
fertur : in oplimi niusti metreta una anle quam ferveaf ,
iunsi alisinthii orto uncias linteo involulas demitli.'s, et
ex.iclis XI. diphiis curaliis aiiferre. Id vinum r<'fnM<lis
lagfpnis miiioribus, et nlcris. Nunc condiiinl, primo amne
musti spumantis egesto, qiiibus moiis est gy[>so vina
mcdicari. Scd si natura l<;nius vinum csl, et saporis liii-
niocti , in congiis <-cntiini diios gypsi scxtarios inisisse snf.
lirict. Quod si viiiiim iiascilur virtute solidius, medietas
atmndc pncdictis potcrit satis csse mensuris.
.W. Kunc rosatum sine rosa facics sic. Folia cHri viridia
sporta palmea missa in mnsti uondum ferventis vase
diponcs, et claudes, et exemtis quadraginla dicbns melle
aildito ad moduin rusatl, cum placebit, uleris.
XVI. Iloc mense, oinnia <|ua; locis suis lcgunlur, ex
pomis vina conlicies.
,\VH. [[)e wnomellc]. Muslum de majoribus ctcgregiis
vitibus posl XX dics, quani levatum fuerit cx lacu , quan-
tum voiueris sumis, el ei inellis non dcspiimati optimi
quiutam parlem (prius) trilam forliter, doui-c albcscat,
adinisces, et agitabis ex canna ladicata vebemenler. Mn-
vchisautem sic per dics xLcontinuos, vel quod est mc-
lius, qiiinquagiula, ila nt cum moveris, inundo linluo
tegas , per quod facile confectio aestuabunda suspiiet. 1'ost
dic5 autem quinqnaginta miind» manu purgas qiiodcunqne
40.
C23
PALLADIUS.
se conserveratres-vioux. Ilscraceneiulant mieiix
de le survider aii priutemps suivant dans dc
plus petits vases enduits de poix, que ron cou-
vrira apres les avoir biea bouches avec du gypse ,
alin de les mettre au frais soit dans un caveau sou-
terrain, soitdansdu sablederiviere, ou delesen-
loncer en partic sous le sable au fond d'une ri vieie.
CeviiinesegStefajamais^aquelquevicillessequ'!!
parvienne, pourvu quMl ait ete fait avec soin.
XVIII. On fera a present le defndum, le cara-
nnm ct la aapa. Tous ces vins se font cgalement
nvec du mout, mais la facou n'est pas la meme ;
de la difference de noms et de proprieies : ainsi
le defrulum , qui tire son nom du mot dcfcrvcre ,
est cense fnit, lorsque le mout a ete fortemcnt
ecume jusqu'a ce qu'il soit epaissi ; le carainum,
lorsqu'il cst reduit aux deux tiers; et la sapa,
lorsqu'il est rcduit a un ticrs. Ce dernier sera
cependant mcilleur quand ou Taura fait cuire
avec des coings, sur un feu de bois de figuier.
XIX. On fera a present, avant la vendange,
Ie;j«i'.s7««(vin de raisin sccbe au solcil), qu'on a
partout en Affique, le secret de rendresi raoelleux
et si agreable, et qui , employe. en guise de miel
pour condre, devient un preservatif contre lcs
vents. Oncucilleradonc unetres grandequantite
de grappes de raisiii, que Ton fera secher au soleil;
et, apres les avoir renfermees dans de petits pa-
niers dejonca claires voies, oncommencera par
les fouctter vigourcusementavecdes verf;es. En-
suite, lorsque tousles grains seront amollis par les
coups, on soumettra le panier a Taction du prcs-
soir. Le jus qui s'en exprimera sera le passum,
(|u'on renfermera dans un petit vase pour le con-
servercomme du miel.
XX. Maniere de faire le cotignac. AprOs avoir
supcniatabit, et iii vasciilo gypso ciiligeiiter inctiidis, clad
veUislateni reservas. Melius tameii si in niinora et picata
rascula pioximo vere tiansfunilas , et gypsala diligeiiter
operias, etin teneiia et rrigidacella recondas, vel arenis
fluvialibus vel eodem solo vascula cx aliqiia parte sub-
Hiergas. Hoc uiilla vitiatur setate, si tamen diligenter
effeceris.
XVIII. Nunc defrutum, caro?mim, sapani conficies.
Ciiin oninia uno geneie conficiantur ex musto , modus liis
et viitutem inutabit et nomina. Nani delVutuin a defer-
vendo dictuin, ubi ad spissitudinem fortiter despuinaveiit,
effectiim est. Carcenum, cum terlia peidita duii? partes
remanserinl. Sapa, ubi ad lerlias ledacta descendcril;
quam tamen raeliorem facient cydoiiia siinul cocla, el igni
supposita ligna ricnlnea.
XIX. 1'assum iniiic (ief anle vindemiam, qiiud Africa
suevil universa coiinceie pingue alciuc jiicundum, el qiio
ad condilumsi utaiismcllis vice, ab iiillalionete viiidices.
Legiintur cigo uva; passas quaniplurinia' , el in liscellis
clausae jiinco factis aliquatenns larinre contexlu , viigls
priiiio fortiler veiberanlur. Deinde ubi uvai iiin coi pus vis
contusiouis exsolverit, cochleai supposita spoila conipri-
mitur. Hinc passum cst quicquid eniuxcril, et condiluni
vasculo mellis more servatur.
pelc des coings murs, on les coupc en petits raor-
ceaux tres-minces, en jetant de cote les parties
dures qui se trouvent daus rinterieur de ce fruit.
luisuite on les fait bouillir dans du miel, jusqu'a
ce que cette composition soit reduite a moitie,
cn lcs Saupoudrant de poivre fin peiidant qu'ils
cuisent. Autre raaniere : On mcle ensemble deux
scxtarii dejus de coings, un ct demi dc vinaigre
et deux de miel ; puis ou fait bouillir tout ce me-
lange jusqu'a ce qu'il devienne aussi dense que
du miel pur ; apres quoi on y fait meler deux
micice de poivre broye et de gingembre.
XXI. Maniere de conserver du levain pour
faire des gateaux au vin doux. On fait une pSte
avec du froment nouveau bicn cpluche, que Ton
arrose avec du mout de premiere pression, ea
mettant une lagena de mout sur un 7nodivs de
farine. Ensuite on fait secher cette pate au soleil,
apres quoi on Tarrose encore de la mcrae facon,
et on la fait secher de merae. Quand on a repete
cette operation jusqu'a trois fois, on fait avec
cette pate de trespetits pains de raeme forme que
les gateaux, et, apres les avoir fait secher au so-
leil, on les serre dans dcs vases de terre cuite
bien nels, que Ton enduit de platrc. On s'eu sert
au lieu de levain, dans la saison ou Ton vcut faire
des gSteaux au vin doux.
XXII. Maniere de faire du raisin sec a la facon
des Grccs. On tordra sur le cep meme les grap-
pes du raisinqui paraltrale meilleur, le plus doux
et lc plus transparent,et on les y laissera secher
d'elles-memes; ensuite, lorsqu'on les aura cueil-
lies, on les suspendra a rombre; puis on les at-
tachera plusicurs ensemble pour les raelire dans
des vases , oii on les posera sur dcs pamnres frais
sans aucune humidite, et ou on les foulera avec
XX. [De cydonitc]. Abjccto coiio niala cyduuia niatura
in brevissimas ac tenuissimas paiticulas recides, et pro-
jiciesduruin, quod babetur inteiius. Ueliinc in melledeco-
qiics, doiiec ad uiensiiram niediam revertalur, el coquendo
piper snbtile consperges. Aliler : Succi cydonioriim sexta-
rios duos, aceli sextarium unum semis, el mellis duos
sexlarios miscebis, et decoques donec tola permistio
pinguedinem puri niellis imiletur. Tunc Irili piperis atque
zinziberis binasuncias niiseere curabis.
XXI. [De /ermento miistcorum servando.] Ex novo
tritico purgato farrlculiini facies, ct ex niuslo de sub
pedibus rapto curabis infiindcre, ita ul modio farris laga-
nani niusti adjicias : deinde solesiccabis, et ilem simililer
infundis ac siccas. Hoc cum tcrtio feceris , panes cx eo
bievissimos admoduni facies musteoruin,et insole sicca-
los vasculis novis ficlilibus recondis el gypsas. Pro fer-
menlo, quo lempore anni musteos Aicere voluerls, lioc
uleiis.
XXII. Uvani passam Gra?cam sic facies. Melioris acinl
cldulcis et lucidi botryones in ipsa vile torquebis, cl pa-
tieiis sponle inarescere, ileinde siiblalos iii iimbra sus-
pendis, et uvani constrictam coniponis in vasLiilis , sub-
sternis pampinos sicco algore Irigentes, el manu coniprimis,
el ubi vas impleveris, ileni desiiper painpinos addis (ni-
UE LAGRICULTURt;, LIV, XII.
ia niain : qnand lcs vases seront plcins, on re-
eouvrira encore le raisin de pampres qui ne soient
pas moins frais que lcs premiers ; puis on couvrira
ces vases, et on les mettra dans un lieu see, mais
frais, oii la fumee ne pnisse penetrer.
XXIII. La projcctionde rombrecn octobre est
egale a celle de raars.
A la preraiere et a la onzieme bcure, le gno-
mon donne vingt-einq pieds d'on)brc.
A la seconde et a la dixierae, il en donne
quinze.
A la troisieme et a la neuvieme, il en donne
douze.
A la quatrieme et a la huitieme , il cn donne
huit.
A la clnquieme et a la septieme, il cn donne
six.
A la sixicme, il en donne cinq.
LIVRE DOUZlfiME.
NOVEMBRE.
I. On seme au mois de novembre le froment
et le ble : c'est meme le veritable temps des se-
maillcsetdcl'ensemencementannuel. II fautcinq
wfor///, tant de Tun que de rautie grain, pour
ensemencerun ju/;crum. II scra egalcment temps
h prcsent de semer Torge. Ou seme les feves au
commencent de ce mois. Elles deraandcnt un ter-
rain qui soit tres-gras ou fume , ou une vallee fcr-
lilisce par les eaux des hautours voisines. On com-
mencc par jeter les feves sur terre, cnsuite on
donne un premier labour; npres quoi on les pare
en sillons. II faut les berser sans menagement,
afin qu'elles puissent ctrc couvcrles de terre le
plus possible. II y a des personncs qui pretendcnt
que Iorsqu'on seme des feves dans les terrains
froids, il ne faut pas en briser les mottes, adn
que les gcrmes de ces semences puissent ftre
proteges contre ie froid, en sc tenant A l'abrl
sous ces mottes pendant ies gelees. Si les semail-
ies de cettc nature de grains font peu de tort a ia
terre, au moins ne la ferliliscnt-ellcs point,
corame ie vcut l'opinion commune. Aussi Colu-
melie pretend-il qu'une terrequi sera restde en
jachere rannce preeedcnte sera pius eonvenable
au ble que celle dont on aura recoitc unc mois-
son de fcvcs. II faut six rnodii de fevcs par juffe-
runi qnand la terre est grasse , et unc pius grande
quantite quand elle est mediocrc. Ellcs reussis-
scnt tres-bien dans un terrain compacte, et ne
peuveut s'accommoder d'un sol niai;;re ni d'uii
eiel ncbulcux. II faut surtout avoir soin de Its
semer au quinzicme jour de la lune , pourvu qiie
cette plancte nesoit pas encore frappec des rayons
du soleii. Cest pour ccla que quelques personnes
preiendent qu'il vaut micux cboisir a cet effet ie
quatorzicme jour de la lune. Lcs Grecs assurent
qu'il ne croitra point d'bcrbes nuisiblcs aux fe-
ves, lors([uc cciles ci auront cte trempces dans
du sang de chapon avant d'etrc semces; qu'eiles
pousseront plustot quandon les aurafait macerer
dans Teau un jour avant de les senier; et qn'en-
fin , si on les arrose d'une solution de nitre, elles
cuiront aisement. On fait a present les premiers
cnsemenccments de lentilles de la maniere qui a
ttc donnce au mois de fevrier. On pourra aussi
semer de la graine dc lin dans tout ie courant
df celui-ci.
U. Cest surtout au commencement de ce mois
que i'on peut former de nouveaux pres, de la fa-
con qui a dcja cte expliquee. II faudra aussi plan-
ter des vignes, pendant toute sa duree, dans lcs
terrains cbauds et secs, ou exposes au soleil. II
scra encore a propos de les provigner, comme dc
liilo niiniis non calentes,) et operculaliis , ac st.itues \n
Kno (risiilo sicco, quein iiullus fuiiius infestet.
XXIII. Oclolier Martiiim similibiis niiibris silii ferit
eei|uaii.
Ilora i el xi pedes xxv.
Iloia 11 et X pedes xv.
Iloia III pt IX pedes xi.
Honi IV et viii peiles viii.
Hoia V tt vii pedes vi.
Hora VI pedes v.
LIBER DLODECLMLS.
\. Novembri mcnse triticiim seremiis et far .s.ilione leiji-
linia , ( ac semcnle solenni. ) Jugeriim utriu.^que semiiiis
inodiisqiiiiiqiietenoliitur. Niincet ordeum niaturuniadliuc
sereiniis. In liiijiis piiucipio fabam spar^iuius , qiiie pin-
guissiniiiui vi'I slerroiatiiiu desideial locum, vrl vallcm,
ijiiain succiis veuieiis a summitate fiecuiidet, riuiio scri-
tiir, deindeproscinditiir.etlimcsulcatur. Occandae.stlarKP,
iit le^i pliiriiniim possit. .^liqiii lucis frigidis dicimt In faba-
satione glebas iioii esse frangendas , ut per eas geliciilio-
nini lempore possint germina obiimbrata defeiuli. Satione
ejiis generis, sicut opinio babct, iion ftpcuiuiutur terra ,
sed miniis licditur. Xam Colnmella dicit agriim friimentis
iililioreiu probaii , qui .anno siiperiorc vacuus fuerit , qiiain
qiii calamos fabaceiu messis cdiixit. Pingiic jiifieriini .se»
niodii occ.npanl; mcdiocre, amplius. Spisso bene prove-
nit : macniin soliiin nebulosuniqiie non patitiir. Ciiranrtiini
esl pia:cipiie , iit liina xv seratiir, si adhuc ictiim solis re-
pen^issa non sciisit. .Aliipii dicnnlqnarlamdecimam potius
cligendani. Sanguinc caponis Gracci asserunt fabae seniina
macerata berbis adversantibus iion noceri. Aqiia pridie
iiifusa citiiis iiasci , nitrala aqiia respersa cocliiram non
baberc diffHilem. Xnncseritur prinia lcnlicula, siciit Fe-
bruario monse narraluin est. Iloc etiaiii toto incnse poferll
lini semen aspeigi.
II. iuhiijus niaximc [incnsis 1 principio, possiimiis Ins-
liliicre nova prala, more qno dictum est lloc eliara tolo
mciise locis calidis et siccis vel npricis erit vitium ccle-
PALLADIUS.
hecher la terre au picd ('.es Jcudcs ceps, etde les
rccouvrir de tcrre, ainsique lcs plants d'arl)res
dans les pays froids, tnnt a prcscnt qu'avant ies
iiles. On sevrera a prcsent les niareottes des eeps ,
c'est-adire, lesarceaux que forraent les provins;
ce qu'on ne doit faire que trois ans apres quils
auront cte cuuclies en terre.
IIL Cest a present et dans les teraps posterieii rs
a celui-ci qu'on dcchaussera , pour les saturer do
fumier, les vieilles vignes attaclxies a des jougs,
ou soutenues sur des treilles, quand leur tronc
sera robuste et sain ; qu'on les taillera depres, cn
les rognant avec le tranchant d'un fer aigu, a ia
distance de trois ou quatre pieds de terre, dans
la partie oii leur ecorcesera la plus verte, eu les
excitant a venir par des fouilles frcquentes ; par-
ce qu'il sortira d'ordinaire un germe de cette
plaic, ainsi que Tassure Golumelle, et qu'a Tap-
proche du prlntemps elles jetteront du bois, qui
pourra servir a rcparer les vieux ceps.
IV. On fait a present la taille d'autorane tant
des vignes que des arbres , surtout dans les pro-
vinces ou la douceur de la terapcraturey invite.
i .11 taille aussi lesplants d'oliviers, et on reeolte lcs
olives dont on doit faire la prenii6re huiie, lors-
«iu'elles connraenceut a tourner. En effet, quaud
elles sont absoluraent noires, elles perdent en
qualite, mais en revanche le rendement augmente.
La taille des olivicrs ainsi que celle dcs autres
arbres sera fructueuse, pourvu que la melhode
du pays n'y soit pas coutraire, lorsqu'on e» cou-
pera les cimes, et qu'on leur fera jeter des ra-
mcaux qui s'ctendront sur les cotes de Tarbrc ,
lcsquels cotes seront eux-mcmes inelines vers la
terre. Si Ton habite au contraire un pays qui ne
soit ni frcquente nicultivc, il faudra d"ahord
laire ensorte que le trone de Tarbre soit eiitiere-
ment depouille de ses branches a la port^e des
animaux , de facon que ceux-ei nepuissent point
lui nuire, et qu'on n'ait a soigner que des arbres
qui soient dcja a Tabri de toute iujure par leur
seule clevation.
V. On forme aussi a present des plants d'oli-
viers dans lesterrains chauds et dans les contrees
seches, de la raauiere qui a ete detaillee au mois
de fevrier. Ces arbres aiment a etre plantes dans
les lieux eleves, pour etre a rabri de riiuraidite;
de meme qu'ils se plaisent a etre ratisses assidu-
ment, a etre engraisses avec uu fumier abondant,
et a etre doucement agites par des vents qui les
fertilisent. On appliquera aussi ce mois-ci aux
oliviers steriles lesremedes que nous avons pres-
crits ci-dessus. Rien n'empeche de fairea present
dcs paniers,dcspieux et des echalas. Cest aussi
lctempspropice pourfaire rhuilede laurier dans
les climats temperes.
VL II est a propos de seraer rail ce mois ci ,
ainsi que roignon de Cypre, prin"'ipalenient dans
des terres blanchcs, becheesetlabourecs, poui'vu
qu'elles ne soieut pas fnraees. On traeera dmc
sur des planches dcs sillons, dans la p;irtie la
plus ('levee desquels on raettra ces semences, cn
les siiparant de quatre doigts rune de Taulre , ev
sans les enfoncer trop en terre. On les sarcltra
.souvent, afin qu"elles croissent dnvantage. Si on
veut que Tail donne une forte tete , on le foulera
aux pieds quand sa tige commencera a nionter,
ct dcs lors la seve reduera vers les gousses de
cettc plante. On pretend que Tail sera sans mau-
vaise odeur quand on Taura seme dans le teraps
ou la luue est cachee sous la terie , pourvu qu'on
le cueille dans le mcme temps. On le conservera,
soit en rensevelissant dans dela paille, ioit en le
suspnndant a la fum(;e. Ou peut aussi semer a
liiiinda positlo. Nnnc et propago jiire ducciur, ctlocis fri-
j;idis novellas viles ct arborimi plaiitas circiimfodeie atqiie
(iperire coiiveuiet ; et anle Idns niinc mergiis , lioc cst pro-
pagiiiis curvatuia , posl tiiennium, quain piessa fueral,
lecidetur a vite.
III. Nunc ac deinceps vinea veliis, quae in jugo est vcl
peigula,si robuslo et intporo truncosit, ablaqueatafinio
salielur, ct ansnsliiis piitala inter quailuiu ct tertium pc-
dein a terra viridissiiiia parle corUcis acuto lerramenti
mucrone fprialiir, ac fossa fieciuentius incitelur. Nain ( si-
cul asseril Cotuinilla ) ex eo loco germen pleruinque pio-
ducit, et veniente vere tiindit inaleiiam, qua vitis lepa-
rcturanliqua.
IV. Niiuc piitatio aiitiimnalis celebiatur in vilibus et
arboribus , inaxiine ubi iuvilainur lepore provincix : el pii-
lantur oliveta : et oliva, ciini varia cu^perit esse, colligi-
lur, ex qiia primum liet oleum. Nam cuin lota nigrescet,
quod speciei nierito posteravit, fundendi nbertate coin-
pensal. list utilisoleariim putalio, cateiaruinqiiearboriim,
si loci paUtur disciplina, ut decisis cacuniinibus, rami
nnentes per Jalera prona fiindanlur. Qiiod si regio insolens
■^t incustodita couligerit, agendiim prius tolo arboris cor-
pore ab inferiore parle piirgalo, ul altitudine animaliiiin
supeigressa inodus transceudalur injuriae, et arbor jam
spalio suo tula ciiretur.
V. Nunc etiam locis calidis ac siccis rcgionibus olivela
poiiuntur, sicut Februario disputatum esl. Amat li;cc arbor
ardiio locorum situ mediocritcr ab tiumore suspendi, scalpi
assidue , laUaminis ubertate pinguescere , feracibus ventis
clemciiter agitai i. Hoc eliam inense oleis sterilibus qu.^e su-
pradicla sunt reinedia facieinus. Nunc el corbes el pali et li-
dica> bene fieri possunt. Etiam nunc locis teinperatis esl
luurini olei justa confectio.
VI. Hoc inense allium bene seritur et ulpicum in teria
inaxime alba fossa et subacla sine stercore. Sulcos in areis
facies, et seinina in locis altioribus pones iv digilis sepa-
rata, neque alliiispressa. Sarculabis frequenter, iiide plus
crescent. Si capitalum facere voluei is , iibi cicperit caulis
piodire, pioculca; ila succus revertelur ad spicas. Ferliir,
si luna sub teiris posita seratiir, et ilem siib lerris luna
latenlevellatur, odoris foedilate caiitiiriini. Vel paleis coii-
dila allia, vel luino suspensa duialiiinl. Niiiic et cepulla
seri polest, et carduorum planla dispoui,el armoracca
serilur et cuiiela.
DE L-AGRICULTURE, LIV. XII.
prcsent h ciboule ; de meme qu'on pcut plnuter
des pieds d"artichauts , et semcr le graiid raifnrt
et roriii;rtn.
\ II. On ehoisira ce moisci dans les pays
chauds, et le mois de janvier dans les autres,
pour mettre en terre dcs noyaux de peehe dans
des planches faconnecs au2>asli/iuw , en les eloi-
gnant de deux pieds Tun de lautre, afin que
lorsque les plantes qu'ils donneront auront pris
quelque croissnnce , ellcs puissent etre transfe-
T^es. Mais onaura soin d"en tourncr la pointe par
en bas lorsqu'on les mettra en teire, etdene
pas les enfoneer a pius de deux ou trois doigts
de profoudeur. II y a dcs personnes qui com-
mencent par faire sccher les noyaux quclques
jours avant de les meltre eu terre, ct qui les gar-
dent ensuitedansdes paniers quVllesreraplissent
d'uneterre bicnpulverisee, mclee decendre. Pour
moi, j"en ai souvent garde, sans aucune pre-
caution , jusqu'au temps oii je lcs ai mis en terre.
Les pcchers reussisscnt, a la vcrile, dans quel-
que endroit qu'ilssoient plantcs; maisils rappor-
tcnt davantage et dureut plus longtcmps quaud
ils rencontrent un elimat ehaud et un sol sablon-
neux et humide ; au lieu qu'ils pcrisscnt dans lcs
pays froids, surtout lorsque ces pays sont sujets
aux vents, a moins qu'on ne mette quclque corps
ctranger devant cux pour lcs abritcr. Tant qnc
lcsgermes de ces arbres seront tendres, on les
bechera sou\ ent, pnur les deharrasser des lierbcs
qui croissent autour. On pourra tres hien les
transferer en pieds dansune petite fosse, qnnnd
ils auront dcux ans. II ne faut pas alors lcseioi-
gner beaucoup les uns des autrcs, adn qn'ils se
protegcnt mutuellemcntcontre Tardcur dusolcil.
On les deehausserapendant Tautomne, et on les
fumcra avecleurs propres feuilles. II fauttailler
[e pccher en automne, maison n'enrctranchera
que lcs baguettes qui seront seches et pourrics ;
paree que si on lui coupait quelque partie verle,
ilse dessdeherait. Ouandcct arbresera maladc,
on Tarrosera avec de la lie de vicux vin coupee
avcc de Teau. Les Grecs assurent qu'il \icndra
des pechcs sur lesquelles on remarqucra dcs ca-
racteres graves, lorsqu'on aura couvert de terre
des noyaux, etqueseptjours apres, quand ils au-
ronteommence a s'entr'ouvrir, on lcs aura ouvcrts
pouren oter l'amande, et ecrire tellechose qu'on
aura juge a propos avcc du cinabre; pourvu
qu'avant de remettre ccs amandes en tcrie, on
lcsait rccouvertes de lcurenveloppc, en i'assujct-
tissant de facon qu'elle ne puisse se scparer. I.es
differcntes especes de pcches sont les pcches fcr-
mes , les peehcs prccoces de Perse, et cellcs d'Ar-
mcnie. Si Tardeur du soleil vient k dessccher iin
pcchcr, on entasscra souvent de la terre auprcs
de son tronc , on rarrosera le soir pour lc soula-
ger, et Ton interposera quclque obstacle a Fin-
tensite des rayons. II est cncore bon desuspen-
dre a ses branches unc peau de scrpent. Pour pre-
server un pechcr de la bruine , il faut lui donner
a present du furaier, ou de la lie de vin coupee
avec de Teau , ou du houillon de feves , qui vaut
eneore mieux. S'il est tourmente par les vers, on
lcs fcramourir, soit avec dela ecndre detrempee
dc lic d'Iiuile, soit avcc de ruriue dc bccuf coupee
avec un tiersde vinaigre. Si lc fruitdc cet arbre
cst sujct a tombcr, on enfoneera un coin de len-
tisque oudc terebinthe, soit danssa racinequ'on
deeouvrira a cet effet, soit dans son tronc; a
moinsqu'on n'aimc mieux percer Tarbre par lc
niilieu, pour y enfoncerensuite un pieudesaule.
Si Tarhre donne dcs frui's qui soieut ridcs ou
pourris, 011 en coupera Tccorce vers le bas du
tronc, et, aprcs(iu'il en sera sorti une certainc
quantite d'humidilc, onreconvrira la plaieavec
de fargile, ou avec un lut dans lequel il enfrera
de lapaille. Un peeher donnera de gros fruits si
on Tarrose, dans le temps qu'il sera en (lcur,
pendaut troisjours, avec tvois sexiarii de lait de
Yll. lloc niense locis calidis, cajteris vero Januario
Pfrslci ossa in paslinatis areis siint ponenda, binis a se
piviibns scparata, ut cum ibi plaiit.-c cxcreverint, trans-
lcraiilur. Seii ossa ponantur acmnlnc deorsnm verso, ct
iinn amplius quam duobus aul tribus palmis obruautur.
Ossa ver 0 qnoe poncuda snnl , aliipii siccala prius paucis
dielius ciuciis iiiistione lerra soliita iii qnalis rescrvant.
Ki!o vcio iisque ad serendi tcinpiis siiie uUa ciira s.Tpe
servavi. I.ocis quidcm qualibuscnuiqiie provcninnt. .Sed
et pomis et fiondiliiis et durabililale piiccipua siint, si
ca^lum caliduin, solum arenosuni et buniiduni fortiautiir ;
frigidis vero et maxiiue ventosis iiisi olijectu aliquo defen-
dantur, intereunt. Uum tcnora siiiit (;orniina , s.Tpe lierbis
circumtossaliborentur. Cimamplanlain rocletransfcromus
scrobc brevi, Nec a sc longe statueiida! sunl, ut invicem sc a
ralore solisexcusent.'Ablaquoand.'c suntporautumuum, ot
suisslcrcorand.T foliis. Putanda persiciis in aulumuo esl ,
ntarida et putrida tanlum virgull.a tollautiir : nam siqiiid
viri.lo rcscrcniuj, aicscit. Languenli arbori velcris vini
foces aqii.T! mislas oporlct infundi. Adirmantibus Graecis
1'ersicus scripla nascctur. si ossa ejus obruas , ct post dies
vii, ubi palcrieri cicpeiint, apcrlis liis nucleos lollas, el
jiis cinnabari , qiiod libebit iuscribas. Mox ligatos siiiuil
ciim suis ossibiis oliruas diligentiiis adbajrentes. [ Gcncra
eoriim snnt li.\'c, duiacina, pr.Tcoqua Persica, Armeiiia. ]
Si brec arbor aidore .«olis iuarescit, frcquenli aggcslione
cumiilolur, vespcrlino juvelur liumore, ctobjcctis dcfcn-
daliir iimlir.iciilis. Jnvat iii ea et spolium seriientis appcndi.
Nuucjaui cDiitia pruinas stercus ingcratur Persico, vcl
fcces vini cum .aqiia pcrmistrc, vel quod inagis prodcst,
aqiia in ipia faba dccocta csl. Si vcrincs Persicus palitur,
cinis eos amurca; mistus extinguil, vcl bovis uriiia cum
aceti lerlia parlc confusa. Si iitinia radura sunt , nudata;
radici cjus vcl trunco lcnlisci aiit lcrebinllii cuneiis afligi.
tur, vcl lcrcbiala- in medio paliis salicii impiimelur. Si
poina rugosa croabit .ant piitrida, circa imnm truncum
corlox rccidatiir, cl cum indc modicus liumor eflluxerit,
aifiilla Tcl p^dcalo liilo pla^-a retegatiir. Magna poma Per-
632
PALLADIUS.
ch6vre. Quand un pCcher a des defauts, il est
bon d'y attacher du genet dEspagne, ou den
suspendie a ses branches. On greffera le pecher
au mois de janvier ou de fevrier dans les pays
froids, et au mois de novembre dans les pays
bauds. On le greffera particuliercraent aupres de
terre, et Ton eniploiera en grefies les scions les
plus forts qui seront pousses au pied de Tarbre,
parce queses cimes ne prendraient point, ou que
si elles prenaient, elles ne pourraient pas durer
longtemps. On le greffera sur lui-merae,sur Ta-
raandier etsur le prunier. Mais les pechers d'Ar-
menie ainsi que les precoces prcnnent mieux sur
les pruuiers; de meme que ceux quidonneut des
peches fermes prennent mieu.K sur les amandiers,
et y parviennent a un age avance. On peut gref-
fer en ecusson le pecher au mois d'avril ou de
mai dans les pays chauds. On le greffe decetle
maniere en Italie a la fin de Tun et de Tautre de
ces mois, ou au raois de juin; c'est ce qu'on ap-
pelle emplastrarc. Cette greffe se fait sur le tronc
nierae, quc l"on a soin de couper auparavant par
en baut, et auquel on appliquc plusieurs bou-
tons, suivant la methode ([ue nous avons don-
nee. Cct arbre donne dcs fruits rouges quand il
a ete greffe en fente sur le platane. On conserve
les ppches ferraes en les faisaut confire dans de
la sauraure et de ro.xymel , ou en les suspendant
pour lesfaire secher au soleil corame des figues,
apres en avoir 6te les noyaux. .rai encorc vu
confire dans du miel des peches ferraes dont on
avait 6te les noyaux, et elles avaient un goiit
agreabie. On les conserve encore fort bien en
leur bouchant rombilic avec une goutte de poix
chaude, et en les faisant ensuite nager dans du
vin cuit jusqu'a diminution des deux tiers , dont
on remplit un vase que Ton ferrae berraetique-
nient. On croit que le pin est favorable a toutes
les plantesqui croissent sous son ombre. On seme
les pignons au raois d'octobre ou de novembre
dans les contrees chaudes et scches , et au mois
de fevrier ou de mars dans celies qui sont froides
et humides. Cet arbre aime les terrains maigres,
et ordinairement ceux qui sont voisins de la raer.
Cest sur les montagnes et au raiiieu des rochers
qu'il atteint son plus grand developperaent. Le
ventetrhuraiditeluisontfavorables;raaisenquel-
quc endroit qu'on veuille le planter, soit sur des
raontagnes , soit partout ailleurs, on lui destinera
des terres qui ne puissent pas convenir a d'au-
tres arbres. Ainsi , apres avoir laboure ces ter-
rains avec attention, on les nettoiera, et Ton y
seraera les pignons corarae on seme le ble, en
prenant soin de les recouvrirde terre avec un le-
ger sarcloir, parcequ'ils ne doivent pas etre en-
fonces en ieire de pliis d'un jmlinus. Dans son
enfance il fiul le garantir des bestiaux,de peur
qu'ils ne lcfoulent aux pieds dans le temps qu'il
est encore fyible. II profiteratres-bien quand on
aura trempe les pignons dans de Teau troisjours
avant de les semer. Quelques personnes preten-
dent queie fruitde cet arbre s'adoucit quand il a
ete transplaute , mais voici les soins qu'elles em-
ploient. Elles commeneent par eufoncer, dans de
petits verrcs remplis de terre ct de fumier, une
grandequantite de pignons ; et lorsqueces pignons
sont venus, ellesue conserventque leplus fort, et
retirent tous les autres. Quand celui-ci a pris un
accroissement convenable, elies le transferent en
pied a r;"igede troisans, sans le retirer du verre,
qu'elles brisent ensuite, pourdoimer aux racines
la libert de s'etendre dans la fosse ou Tarbris-
seau est plante. Elles raelent d'ailleurs avec la
terre de cette fosse du crottin de cavale, en fai-
sant des couches tant de terre que de crottin qui
s"elevent alternativement lesunes sur les autres.
II faut ccpendant avoir soin que la racine de cet
arbre , qui est unique , et dont la direction est
sicus affert, si (lorenti per tiidiium ternos sextarios caprini
lactis ingesseris. Contra vilia Peisici prolicil spartiini liga-
liim vel spartea suspensa de ramis. Mense Janiiario vel
Februario locis frigidis, Novembri calidis Perslcus inse-
r-^itur, maxime circa lerram siiiculis plenioribus et propc
arboiem natis. Nam caciimina vel non tenebunt, vei diu
«luzarenon potenint. Inseritiir in se, in amygdalo, in pruno -.
sed Armenia vel prsecoqua prunis, duracina amygdalis
meliusadhEPrcscnnl, et tempus itatis acquirunt. Mense
Aprili vel Maio locis calidis , in Italia veio ulroqiie exeuiile
vel Jiinio Persicus iiiociilari pole.st, quod eniplastrari
dicitur pra>ciso siiper trunco, et emplastiatis pluribiis
j;emmis, more quo dictiim est. Persicus riibescit, si
platano inserta figatur. Dnracina servantur, condita miiria
et oxymelle, vel detraclis pssibiis ficorum more ia sole
siccanlur ac pendent. Item sa;pe vidi detractis ossibus du-
racina melle condiri , et saporis esse jucundi. Item bene
servanliir, si iimbilicum poini giilta picis calentis opplc-
veris, iilsicsapa! innatare cogantiir vase concliiso. Pinus
creditur prodossc omnibus qua; suh ea sentnlur. Piniiin
seremus niicleis suis calidis et siccis regionibus mense
Octobri vel Novembri; frigidis et luimectis Februario vel
Martio. Amat locum gracilem , saepe maritimum : inter
•nioiites et saxa vastior et procerior invenitur : ventosis et
luimidis , arborum fiunt incrementa LTtiora. Sed sive moii-
les velis conserere , seu spatia qua;cunque, lunec buic ge-
neii deputabis, quaealteri uiilia esse non possunt. Exara-
bis ergo ea loca diligenler, alquc purgabis, et frumenli
more semen asperges, ac levi sarciilo curabis operire : nec
enim pliisquam palmo debet ajjscondi. Defendenda est te-
nera aibor a pecore, ne calcetur invalida. Proficiet, si nu-
cleos aqua anle triduum macerabis. Aliqiii dicunt fructuui
pineum translatione mitescere : sed plantas lioc inodo
prociiiant , ut prius mulla seinina in ciliculis tena ct limo
replelis obruant, quce ubi prncesserint, relicto eo quod
.solidius est, auferunt alia : ubi jiisliim cepHrit iniremen-
tuni, liiinam plantamcum ipsiscaliciilis Iransrerunt, qui-
biis fiactis in scrobe indulgcnt radiribiis largitatem. Terrsc
lamcn cqua;stercusaduiiscent, facientes straturam alterno
oidiiie bubinde crescei;lem. Servandiini est famen, ul la-
DE L'AGRICULTURE, LIV. XII
droite, puissc etie traiisferce saiue tl entiere
d'utie extrcmite a l'autre. La taille avaiiec lcs
jeunes pins(ainsi queje Tai eprouve moi-meme)
au poiut que la rapidite de leur croissance en est
double. On peutaussi laisser les pignons sur Tar-
bre jusqu'a present pour les cueillir plus murs,
quoiqu'il faille neanmoins les cueilliravant qu'ils
ne's"ouvrcnt. Les amandcs ne s'en peuvcnt pas
conservtr amoins qu'elles ne soient pelces. Ce-
pendant ilya des personnesqui assurent qu'on
peut les garder, en les mettant avec leurs coqucs
dans des vases neufs de tci re cuite , remplis de
terre. Si Ton plante en automne des noyau.x de
prunes, il faudra les enfouir a la profondeur de
deux palini, au niois de novembre, dans un ter-
rain bien meuble ct bien retourne. On les met
aussi en tcrre au mois de fevrier. Mais il faut
alors les faire tremper pcndant trois jours dans
de Teau de lessivc, pour les contraindre de ger-
mer promplement. Ou plante encorc les pruniers
en rejetons tires du tronc de Tarbre a la fin du
niois de janvier ou vers les ides de fevricr, en
enduisant de fumier leurs racines. lls se plaisent
dans un tcrrain fertile et luimide, et reussissent
mieuxsous un climat cliaud, quoiqu'ils puissent
supportcr les climats froids. Si on les aide avec
du fumicr dans les terrains pierreu.x et pleins de
gravier, oii ilsn'auraient, sans ce secours, que des
fruits sujets k toraber et a etre piqucs des vers ,
ils se corrigeront dc ce vice. II faudra arracher
les rejetonsqui sortentde leurs racines, a rexcep-
tion des plus droits , quc Ton eonservera pour les
planter. Lorsqu'un prunier est languissant, il
faut repandre sur ses racines du marc d'huile
avec de Tcau ou de rurine de boeuf pure, ou de
vieiUe urine humaine coupee avcc dcux tiers
d'eau, ou enfin des ceudres prises au four,et sur-
63.3
tout des cendrcs de sarmcnt. Si ses fruits sont
sujets a tomlicr, ou enfoncera dans sa racine,
quc Ton percera a cet effet avec une taricre, une
chcville de bois (l'olivier sauvage. Kn le frot-
tant avec de la terre rouge et dc la poix liquide,
on fera mourir lcs vcrs et les fourmis qui le tour-
mentent; mais la friction doit ctre mcnagec de
facona nepas entamer Tarbrc, autrement lc re-
mcdeserait pire ([ue le mal. Desarroscmcnts fre-
quents etdes fouillcs assiducs raidcront a croi-
tre. On greffe le prunier a la fin de mars ou au
mois dejanvicr, avantqu'il commcnce a jetersa
gomme. II est mieux de le grcffcr en fcntc sur
letroncquesous recorce. Onrentcsur lui-mcrae,
et il recflit la greffe du pccher, ou de ramandier,
ou du pommicr, quoique ce dcrnicrlc fasse de-
gcnercr ct le rende petit. On scche lcs prunes au
solcil, en les disposant sur des claies dans un en-
droil sec : ce sont la les pruncs que loii appella
Damascena. D'autres plongent des prunesnou-
vcllement cueillies dans dc l'eau de mer ou dans
de la saumure bouillante, ctaprcs les en avoir
retirecs, ils les font secher dans un four echauffc,
ou au soleil. Les chatnignicrs se sement tant en
plant qui vicnt de hiimcme , qu'cn graiiic. Mais
([uand on lcs a scmcs cn plaut , ils sont si mala-
difs , que Ton est souvent dans le cas dc douter
pcndant deux ans s'ils vivront ou non. II faut
donc semer les chataigncs elles-mcmes, c'est-5-
d;re la graine du chataignier, aux mois dcnovera-
bre ct dc dccembre , ainsi (|u'au mois de fi'vrier.
Pour semencc, il faut choisir les plus noiivelles,
les plus grosses ct les pUis mures. Rien de plus
facile eii novembre; c'est rcpoque ou cc fruit
doiiiie. Mais si ron vcut scmcr |pschataii;ncsea
ft-vrier, voici cc qi;'il faudra faire pour les con-
server jusque-la : on les fcra S(3cher en les eten-
dix ejus, qiiso una el directa est, usque ad summilalem
siiain possll integra et ill.Tsa transferri. Pulalio novellas
pini arbores tantuni promovet (qiiod e\pertus suni ) ut
quae speraveras incrementa, dupllcentur. Nuces piiicac et
Hsque in lioc tempus in arboreesse possunt, et matiiriores
legenlur. Prius lamen legendae sunt quani patescanl. Nuclei
nisi purgati durare non possunt. Tanien aliqni in vasis
fKiilibus novis et terra repletis cum teslis suis missos as-
siTunt custodiii. Prnna si ossihus serantur autumno,
nirnse Novemhri solo putri et subacto duohns palmis
iihniaiitnr ossa. Ivnlein piinanfiir et meiise Fehruario. Scd
liinc priiis lixivio siint maceranda per tridiiiim, »t cito
j^frminare co^aiilur. Ponuntur et plantis, cpias sumcinus
i'\ codice mcnse .laniiario exeunte, vel Fehruario circa
idiis, radicihus limo ohlitis. Oaiident loco l.^'ta el liumido :
c^tIo tepido mcliiis piofcrnntur, tanicn ipieunt ot fiinidiiin
sustiniTc. I.iH-is lapiilnsis el "lareosis si jiivantur l;plami-
ne, e\iiis:inl ne ponin ladiic.a et vermiculosa na.srantiir.
K\lirpaiiila' siint soholcs a radice , excciitis recliorihus ,
ipi,-p servabiintiir ad plaiitas. Si laiiguida pi iini arbor est ,
ainurca ciim a(|ua iripialilei temperata radicihus debct in-
fundi.vel bubulum lotium soUiin, vcl humaiium vclus
cum duabus aquac partibus nii\tiim , vel cineres ex fumo ,
niavime sarnientorum. Si poiiia deciiriant, oleastri cpiu-
ruin tercbrala! inlige radici. Vermes ejus alqiie formicas
rubrica ciim pice liquida si adlinatiir exlinguct : .scd modes-
tiiis pi'0|>ler arboris nuxaiii , iie idem faciat remndiuin (|u(h1
venenuin. .luvatur frcquenti liumorc et assidiia fussione.
Hlcnse Marlio extremo prnnns inscritur inelius Inmco lisso
ipiaiu cortice, vel inense Janiiaiio, anlequam incipiatgii-
nicn lacrymare. Inseritur i7i se , et Persicum recipil, vel
ainy.t;daluiu vel malum, scd eam degenereiii redditct par-
vaiii. Pruna sicc.antur in solc pcr ciates loco sicciore dis-
posita. Hac sunl (pia- Dainasccna dicuntiir. Alii in aipia
mariiia vel in miiria ferventc recens lecta pruiia demer-
siiiit , ct iiidc suli!ata aut in furno tcpido faciunt ant in solc
siccari. Castanea seritur cl plantis, quae sponlc nascunliir
elsemine. Sed qu.ne planlis siritnr, itaffgra est, ut bicn-
nio de ejus vila sicpe dubilelur. Scrciida est crgo ipsia
c^islaneis, lioc est scminibus suis, mciise .Noveinbri el De-
ceinbri , item Febrnario, Kligciidxsunt caslaiieaad |H)iieu-
diimrcccnleSjgrandcs, inaliiric : quassiXovcinhii mense
seramus, facilem sc prascnlia fructiis ipsiiis prasUil Si
vero Fcbrnariu puiiamus, ut usquc tuuc dnrent , ita la-
PALLAUIUS.
dantii rombre; apr^s quoi ou les Iransportera
dans un lieu etroit et sec, ou oii les mettra par
tas , en les convrant toutes exnctement de sabie
de riviere. Aubout detrentejours,on les retirera
du sabie pour les fnire tremper dans dc Teau
fraicbe. Alors celles qni seront saines iront au
lond, ettoutescellesqui seront dcfeetueuses sur-
nageront. Oa enfoncera de raerac dans le sable
celle.s qu"on aura deja eprouvees, eton les eprou-
vcra encore de la meme facon au bout de trente
autres jours. Quand on aura repete cette opcra-
tion par trois fois jusquau comraencement du
printemps, il faudra semer celles qui se seront
maintenues en bon etat. II y a des personnes qui
les conservent dans de petits vascs qu'elles rem-
plissent egalement de sable. Les chStaigniers ai-
nieut un sol meubleet friable, raais non pas are-
neux. Ils viennentdans le sable, pourvu qu'il soit
humide. Laterrenoire leur convient, de nieme
que le cbarbon et le tuf, quand il est pulverise
avec soin. lls viennent diffieilement dans une
terrecompacte, ainsi que daus la terre rouge, et
point dans l'argile ni dans le gravier. Ils aiment
les pays froids, mais ils ne refusent pas les cli-
inats temperes quand ils sont bumides. Ils se plai-
sent sur les coteaux , de meme que dans Ins can-
tons ombrages, et principnlement dausceux qui
sont cxposesau nord. II faudra faconner au;;«.s--
timim, a la profondeur d"un pied et demi ou de
deux pieds, le terrain que Ton destinera a cct ar-
buste, soit en donnant cette facon atoute reten-
due du terrain , soit du moins en y tracant avec
!a cliarrue dcs sillons qui seront dirigcs paralle-
lemententre eux, ou qui se croiseronten dilTe-
rents sens. Lorsque ce terrain sera sature de fu-
niier et bien dissous, on y mettra les chataignes,
sans les enfoncerau dela d'un dodrans de pitd,
ca observaut de planter un piquet auprcs de cha-
ciendum est : in unilira casfaneae siccentur expansa; : tunc
in angustuni et siccum locuni translatic cunuiluni faciimt :
et eas omnes fluvialis arena dilisenter operiat. Posl dics
XXX eas reniota arena in aquam irigidam niitlis. Qua; sannc
sunt, merguntur : snpernatat qua;cunque vexala est. Iteni
quas proliasli , simililer olirucs , et post xxx dics a.'que
probas. Hoc cum lerlio leceris, usque aJ vcris iniliuni,
screre iiel)el)is quoe manseriht illibalae. Aliqui in va.^culls
servant, ai<3ua pariter immissa. Amant solum niolle et so-
lutum, non tamen arenosum. In sahulone pruveniunf , sed
liumecto : nigra terra illis apla est et carbunculus et lolirs
tiiligenler infraclus : in spisso agro cl riibiica vix prove-
nit : in argilla et glarea non potest nasci : diligit ca:li sta-
tum frigidnm , sed ct tepidum non rccusat , si liumor as-
senseiit : delectatur clivis et opacis regionibns ac niaxime
in Scplenli ioneui versis. Pastinari crgo locris debebit , qiii
liiiic ilcslinalur arbnsto, altitudine pedis unius semis vel
<lrrorum vcl lotns, vel sulcis in ordinem destinatis, aut
ccrle aiatris resolvi liinc inde findentibus : qni limo satia-
tiis ac rcdactus in pulverem caslanearum scmeii accipiat
uon aniplius pcilis iloilrante dcmersrim. Unicriiriur' seniini
cune, afln de reeonnaitre rendroit ou elles seroiit,
II faudra en mettre trois ou cinq a la fois dans
le meme trou, en eloiguant tous ces petits tas
Tun de Tautre de quatre pied. Ceux qui vou-
dront transplanter les ch^itaigniers en pieds at-
tendrontnfcessairement quMlsaient deuxans. Au
reste, la chataigneraiesera garnie de riiioles qui
serviront a fecoulement des eaux , de peur que,
si elles venaient a y sejournor, le iimon qu'elk's
y deposeraient ne fit perir le germe des chatai-
giies. On pourra, si on le veut, propager les
chiitdigniers a Taide des rejetons inferieurs qui
sortent de leurs raciues. II faut beeher assidu-
ment les nouveaux plants de chataigniers. Ces
arbres profitent davantage quand ils sont ai-
des par la taille aux mois de mars et de septem-
bre. On greffe le chdtaignier (ainsi que je Tai
eprouve moi-meme) sous son ecorce, au mois de
mars ou au moisd'avril ; quoiqu'il reponde cga-
lementa nos soius quaud il est grelTe sur le tronc.
On peut aussi le greffer en ecusson. On le greffe
sur lui-meme et sur le saule. Mais quand il est
grelfe sur lesaule, son fruit est plus tardif et d'ua
gout plus Spre. On conserve les chiitaignes soit
en les disposant sur des claies, ou en les enfon-
eant dans du sable, de faeon qu'elle9 ne se tou-
chent poiulmutuellement, soit en les enfermaut
dans de petits vases neufs de terre cuite, eten
Ijs cnsevelissant sous terre dans un lieu sec, soit
en les serrant dans des coffres faits avec des ba-
guettes de hetre et enduits de lut, de facouquils
n'aient aucune ouverture, soit enfiu en les cou-
vrantde paille d'orge tresmenue, ou en les en-
fermant dans des mannequins faits avecdes her-
bes de marais , et dont le tissu soit tres-serre.
On plante ce mois-ci, dans des terrains chauds
et sousun climat sec, des pieds dc poiriers sau-
vages que Tou greffe par la suitc, ainsi que des
propter nolam surculus debet afligi. Ipsa semina singiilis
locis simul terna vel quina ponaufur, et inlcr se quatuor
pedirm spatio separentur. Qnibus tiansferre placueril,
biinas [ilantas Iransferre debebunf. Lociis fanien deducto-
ria liqrrorisaccipiat, neliumorinsidens limogcrmen extin-
guat. Cui placet, polest castaneie in propaginem ducere
iina virgiilta, qiiM in radice nascunfnr. Novum casfanetum
circnmrodi dcbet assidue. Mense Marlio et Septembri in.
cienicntiim majusacquirit, si putalionibusadjuvelur. Cas-
laiica inscrilur (sicnf probavi ipse ) sub coifice menso
Marlio vel .\iirili, fainen genere iifroque respondef. Pofest
et inoculari. Juscrifur in .se et in salice, sed ex saliee fai-
diiis malural, ef fit asperior iii sapore. Castaneoe servantur
\cl in cralibusdisposifM, vel intra sabulonem ne invicem
langanlnr immersM; vel in vasculis lictilibus novis coii-
dil:e, ef loco sicciore defo.ssoe; vel inclusa; virgeis ex fago
leceplaculis et lutata;, ut spiracula non relinquas; vci
oidei paleis miniitissimis obrnla!, vel paluslri ulva figura-
fis densioribus,sportis reclusa^. Hoc meiisc locis calidis ac
siciis regionibiis agrestiumpiroriim plaulas ponimus, (jiias
poslea possimus inserere, el malorum, vel mali Punici,
DE L'AGRICULTURE, LIV
pieJs de pommiersou de grenadicrs , de coijj^nas-
siers, de citronniers, de nclliers, delii^uiers, de
cormiers et de caroubiers. On plante aussi dps
pieds decerisiers&auvages que lon greffeensuite,
et des boutures de muriers. Enfin on seme des
amandes et des noix dans des pcpinit^res, suivant
la methode que noiis nvons doniice.
VIII. Les abeilles font du niiel au coramenee-
nient de ee mois-ci avee des tlcurs de tamarin et
d'autrcs plantes sauvages; mais il ne faut pas
Ifur enlevcr ce miel, (pii cst leur provision d'hi-
\cr. II faut purgerlesruehes des immondiccs dans
lc courantdu meme mois, parce qu'il n'est pas a
propos de les remuer iii de jes ouvrir de tout
Ihivec. Mais on choisirn, pour faire ccs opera-
lions, un jour oii il fasse soleil ct qui soit chaud,
et on nettoiera toutcs lcs parties interieures de la
rucbe ou la main ne pourra pas attcindre, en em-
ployaiit de prefcrenee acette opcration des piumes
dcgrnndsoiseaux, quiaientdeIaroideur,ouquel-
que autre instrumeiit analogue. On bouchera eii-
suite, avecde la boue etde la fienle debceuf me-
lces ensemble, toiites les fentes qui parnitront a
rcxtericurdcs ruchcs; ct on pratiijueraau-dcssus
des especes de porticiues nvecdu gencl ou d'nu-
trcs maticres propres n les eouvrir, aliii qu'elles
puissent etre a labri du froid et des mauvais
ttinps.
IX. 11 fnudrn tailler a present de pres, dans
lcs lerrains chaiids et exposes au soleil, les vi-
gnes qui, depourvuesdefruits, mais cxubernntes
cn fcuillcs, compensent la discttc dcs uns par
le luxe des autres. Cette taillc sc fera dans les
tcrrains troids nu mois de levrier. Si ee vice
ne se corrige pas, il faudra, npres les avoir bc-
chees, entasser a leur pied du snble de riviere
ou de In cendre. Quelques personnes iuserent
XH.
CS,
des pierrcs enlre les sinuositds de leurs racines.
X. Qunnd la vigneaura ete stcrile, les Grecs
prescriveut dcla soigneraiix incmes lemps, de la
manicrequi suit. On introduit une pieire dans
soii tronc, aprcs Tavoir fciulu , et ron rcpand au-
tourd"elle ([uatrc colula; d'urinc humainc gardce,
de )'a(-on (pie cet arrosement piinclre jusqu"a ses
racines. Ensuite on y ajoute du fumier m('li; de
terrc, et Ton retourneen cntier le sol autour de
ses racines.
XI. Quoiquefevriersoit le moisdes rosicrs,on
peut cependant en planteren novembre dans les
terrains ehauds, exposcs au solcil et voisins de
In mer. S\ Ton mnnque de plant, et qu'on veuille
se procurcr benucoup de rosiersavee le peu qu'on
en aura, il faudra couper des rejetons de quatrc
doigts garnis dc leurs boutons nvee leurs iHeiids,
les couchcr eii tcrre commc desprovins, et les
aidcr ii venir avee du furaieret des arroscmcuts.
Quand ils auront plus d'un nn , on les transfcrera
dans im nutre endroit , ou ils seront espaees d'uu
pied. Ccst aiusi qu'on remplirn de rosiers le ter-
raiu que Ton dcstinera a cc gcnre de cuiture.
XII. Les Grccs assurent que pour conservcr du
raisin sur !e ccp mcnie jusqu'au commcneemeut
du priiitemps , il fiuulrait faire auprcs de ee cep ,
quand il cst chargtHlc fruits, une fossc de trois pieds
deprofondeuret de deux picds de largeur, dans un
lieu ombrag(^, et }' etendre du sable dans lequel
on ficherndcs roseaux ; aprcsquoi on cntortillera
avcc soiu ces roseaux a^ec des sarmcnts eharges
dc fruits qu'on y atiachcra, sans e;ulommager
les grappes , et de facon ((u'elles iie touchent pas
au fond delafosse; puisonrecouvriraletout,afin
que la pluie u'y puisse pas p('netrer. Ils prescri-
vent encore , lorsque ron veut conscrvcr long-
temps des grappes sur uu ccp ou des fruits sur un
tl cyiloiiii, ctcilri, et niespili, fici, soibi, silii|iirc, et
|i|.inlasasrcslls cerasi, |mst iiisereniias , et iiioii laleas, ot
ainy^ilati seniina, ct iiiices jiiglandes, si in seiiiinariis
( i]u<) (lictuni 6St mure ) |ian^'3ntur.
VII!. Hiijus mensis inllio apes ex famarisci noiiliiis
ri'lii|iiisiiue .silvestrilnis niella couliciunt : i|n.'c aufereiiila
nou snnt, quia scivautnr lulicino. Eoileni mense smdibus
litierandi snnl alvci , qnia tota bieme eos iiiovcre aut ape-
rire uon decet. Scd ba'c. die apiico leiiidoqiie lacicnda
snnt, el pennis maxiine avinm niajoruin, (pi.^e liabcnt ri-
coioni, vel aliqiio siniili ouinia inleriora mundcnlur, quo
inaiiiis nou valebit attin^ere. Tuui rinuis omiics, qu<l; suiit
e\trinsecus , luto et linio bubulu uiistis linamus : ct insu-
pcr genestis vel aliis tegnmentis similitudiiiem porlicus
iniilcmur, iil possint a frigorc et tempesfate defeiidi.
l.\. Locis calidis et apricis vites, qua; fructu caient,
frolide luxuriant , ct pauperiein fffituuni conipensant uber-
tate foliorum, nunc putare prcssius convcniet : frigidis
vero mense I^ebruai io. Si periuanebit boc vitiuin, circuiii-
lossas arena tluviali vel ciiiere dibebiniiis aggerai e. Quidam
lapides inserunt iuttr llfxuusa radicum.
X. Hisdem tfinporibus et locis\itcni (piicsterilis Cueiil,
Gra'ci ita pnFcipiuiit esso cniandaru. Tninco ejus lisso la-
pidcin asserunl incltiilenriiun, et itii iirina.' vetcris luima-
nic i|iialnor cotnlas circa truucuin ilebere snnnndl, ul ad
radii fs jnstillatio ipsa descendat. 'fnnc adjj.icndum lcrra
l.ctaincn attmista , et circa radices solum oiniie vci tendniii.
XI. Quamvis nicnsc Fcbruaiio sinl ronsercnda rosaria,
lamcn l.icis calidis, apricis atquc niarilimis boc eliaiii
iiiense polerimns instilueie roscla. Qiia; si indigus ptaiila-
rum volneris ex paucis virgnlis balicre copiusa, quatcr-
nuriim digitnrum surculos gennnantes ciim geniculis suis
debcbis cxciderc, ( elj iii niodum propaginis sleriicre [elj
stercore ac rigalionibus adjiivarc : iibi anni oelatcm coin-
pleverinl , podis spatio inter se transferrc disjunctos , alque
ilasoluin qiiod liuic geiieri dcputatiis impleie.
XII. Gr.fcis asserentibus, ut uvam scrves in viteu.sqne
ad vcris initia, circa ip.sam vitein qiuc fructii plcna cst,
ioco umbrososcrobeni fodies, altitudiiie Iriiiin pediim, la-
titudiiic diioruin, ct niittis sabiiloiiem, ct ibi calnnios 11-
gis, iu qnibus rctorqncbis assidue sannenta fructibus ple-
iia, et illiesis butryunibus alligabis, ut soluin nou coutin-
gant, et cooperics, ut inilier cn pcnetivirc non pussil. Itoin
Giacisdoccntibtis iivas iu vite, aul ptiina in arbort; sidiu
636
PALLADIUS.
arbre, de les laisser suspendus a leurs branches
en lcs renfermant dans du petits vases dc terre
cuite perces par le bas et bien ferraes par cu liaut, "
((uoique cette rnelhode soit assez inutile par rap-
portaux fruits, puisqu'on les conserveaussi tres-
Kingtemps en les couvrant de cypse.
Xlll. Cest dans ce mois-ci que uaissent les
premiers agneaux. Des qu'un agneau scra ne,
«II rapprochera du pis de sa mere, en observant
iieanmoins de tirer auparavant a celle-ci avec la
inain un peude iait, parcequelespremieresgout-
ies, qui sont d'une nature trop epaisse, et que les
liergersappellentfoteO-KM^iucommoderaientra-
gneau , si Tou n'en debarrassait pas la mere. On
commencera par enfermer les nouveaunes avec
leurs meres pendant deux jours; apres quoi on
se contentera de les retenir dans des clos obscurs
pt chauds, de facon qu"ils soient separes des
hrebis, quand onenverraceiles-ci aux paturages.
II sufiira de permettre aux agneaux de teter leur
merelematinavant lasortie,etlesoirauretourde
ia pature. On les nourrira dans retabie, jusqu'a
ee qu'i!s aient pris de la force, avec du son ou de
la luzerne, qu'on mettra devant cux , ou avec de
lafarine d'orge, si Ton en a une grande provision ;
et on leur continuera ce genre de nourriture
jusqu'arageouilssontcapablesde suivre laraere
au paturage. Les paturages qui conviennent aux
brebis sont ceux qui croissent dans les jacheres
ou dans les prairies seches. Ceux des marais leur
sont funestes, et ceux des forets sont pcrnicieux
pour leur laine. Au reste, il faut provoqner lcur
appctit en saupoudrant souvent de sel leurpflture,
eten en melant aleur breuvage. Pournourriture
d'hiver, si Ton manque de foin , on leur donnera
de la paille ou de la vesce, ou, ce qu'on se procure
plus aisement, des feuilles d'ornie ou de frene
que Ton aura gardees a cet effet. Pendant I'et6
les brebis paitront au commencement de la jour-
nee, moment oii rherbe attendrie par la rosee est
le plus savoureuse. A la quatrieme heure du jour,
temps ou il fera chaud , ou leur fera boire de
Teau puisee dans une riviere pure, ou tiree d'un
puits ou d'une fontaine. Une vallee ou un arbre
touffu les garantiront de Tardeur du soleil au
milieu dujour. Lorsque ensuite la chaleur com-
menee a s"adoucir, et que les premieres gouttes
de la rosee du soir auront mouille la terre, ou
conduira de nouveau le troupeau aux pSturages. '
Mais lorsqu'on menera paitre les brebis pendaut
lcsjours caniculaires, et meme dans tout le cou-
rant de Tete, il faudra avoir soin que leur tete
soit toujours tournee du cote oppose au soleil.
Ellesne doivent poiot allerpaitrc enhiver, ni au
printemps avant que le givre soit fondu , parce
que rherbe couverte de friraas occasionne des
maladies a ce betail. II suflira aussi de les niener
boire une seule fois par jour dans ces deux saisons.
Les Grecs,commeles Asiatiquesoules Tarentins,
sont dans Tusage de nourrir leurs brebis plutdt a
retable qu'au\ champs, et de former le sol de
retablede planchespercees a jour, arm que Thu-
miditeait unecoulement.Lhabitation dubetail eu
devient plus sakibre, et leur toison, superieure a
celle des autres brebis, reste iutacte. II faudra
frotter les brebis a trois reprises differentes dans
le courant de rannee avec de rhuile et du viu ,
parun jour de soleil, et apres qu'elles auront ete
lavees. Pour chasser les serpents qui se glissent
parfois sous la creche, on y brulera souvent
du cedre, ou du galbanum, ou des cheveux de
femmes, ou delacornede eerf. II fautfairesaillir
a presentles boucs, afinqueleurs petits puissent
litre elevesau commeuceraent du printemps. Mais
servare volueris , v.isciilis clausa fictilibus ab ima parte
pertnsis diligentei a siimmo lecta siispende , qiiaiiivis po-
nia et gypso cooperta in longam serventur a-tatem.
XIII. Hoc niense agnoriim prima generatioest. Sed agnus
statim natiis uberibus maternis admovendus est nianu.
prius tamen exiguum lactis, in quo spissior csl natura,
inulgendiim est, quod pastores colostrani vocant : namqiie
lioc agnis, nisi auferalur, nocebit. Ac prinio per biduum
iialijs cum matre claudatur. Tiinc septis obsciiris serve-
lur etcalidis : ilasecluso parvulurum grege matrices mit-
tantur in pascua. Suffiriet autem, priusquam procedant
niatrices mane, et ciini satura; revertuntur ad vesperam,
agnis ul)eia liaurienda permittere. Qui donec firmentur,
intra stabnliim fiirfuribus vel mcdica herba, vel (siest
copia ) farina ordei pascantur ingesta , donec concepto pau-
lisper robore a^talis, paseuum niatribus possint lialicie
commune. Pascua ovillo generi utilia sunt, qiia; vel in iio-
valibiis vel iii pratis siccioribus excitaiitur : paliistria veio
iioxiasiinl, silvestria damnosa lanatis. Salis tamen crebra
conspersio vel pa.scnis mista vel canalihiis fnqiienter
oblala debet pecoris levare fastidium. Nani pcr hiemem , si
penuria est , ticiium , vel palea , vel vicia , vel facilior vic-
tus iilmi servatis frondibus prcTebeatiir aut fraxini. jEsfivis
mcnsibus pascantur siib lucis initio, cuiii giaminis tencri
suavilatem roris niistura commendat. Quaita liora cales-
cente potus puii fluminis aut putei pra^beatur aul fontis.
IMedios solis calores vallis aiit arbor umbrosa declinet.
Dciiide ubi llexojam die ardor infringitur, et solum primo
iiiibre vespei tini roris humescit, gregem revocemus ad
pascua. Sed Canicularibus et ajstivis diehus ita pascendie
suiit oves, ut capila giegis semper avertantur a solis ob-
jectii. Hienie autem vel vere nisi resolutis gelicidiis ad
pascua prodire non debent : nam priiinosa lierba huic gc-
iieri morbos creabit. Ac tuiicsemel adaqiiare siifliciet. Gra;-
cas oves sicut Asiauas vcl Tarentinas nioris esl potius sta-
bulonutrirequam canipo, et pertusis tahulissolum.inquo
elaudentur, insterneie : tit sic tuta cubilia propter injuriam
pretiosi velleiis bnmor leddatclabcns. Sed tiibus peran-
nuiii (toliim) dicbus aprico die lolas oves ungere oleo
oportebit et vino. Propler serpentes, qui plerumque sub
pra'scpibus latent, cedrum vel galbanum vel niulierls ca-
pillos aut cervina cornua fieqiienter iiramus. Nunc liirci
admittendi siiiit, ut fcctum prinii veris fovere po.ssit exor-
tiis. Sed caper cligendus cst, cui sub maxillis dux video-
DE LAGRIGULTURK, I,!V. Xil.
il fantchoisir, pour cette opeialiou, des l)oucs qui
nieutdeux pelites verrues qui leiir peudent sous
les maclioircs , le corps grand , les jaailies cpais-
ses, le cliignon court et plein, les oreilies cour-
bees ct lourdes , la tctc petite , le poil lissc , epais
ct ioni;. Ces aniniaux sont proprcs a la propai;a-
tion raeme avant d'avoir atteint riige d'un an ;
mais ils ne vont pas au delii de six ans. 11 faut
choisir des clievres dont le corps soil semblable
ii celui des boucs, et qui aicnt le pis developpe.
On ne renfermera pas cependant , dans le raeme
enelos, une aussi grande quantite de chevres que
de brebis, et on aura soin qu'il n'v' ait ni boue
ni fuinier dans cet enelos. Outre le lait , dont on
iie laissera pas manqucr lcs chevreaux , il faudra
encoreleurdonncrsouvent du lierrectdcs cimes
d'arbousicr et de lentisc[ue. Leschevrcs pcuvent
tres-bien nourrir leurs pctits a trois ans. On ven-
dra eeux dont les raeres seront plus jeuues , et on
ne gardera pas celies-ci au dela de huit ans , parce
que ce hetail devient sterile en avaneant en age.
XIV. 11 faut s'occupcrdanscetenips-ci du soin
deramasser et serrer lcgland. Ce soin peut faci-
lement etrc confie aux femmes et aux enfants,
ainsi que celui de ramasser les fruitstomhes.
XV. II faut coupcr a prescnt lc hois de cons-
truction, quand la lune scra dans son declin.
Mais, avant de mettre has un arbre, il laudra le
laisser quelqnc tcmps sor pied , apres avoir en-
taille le trouc jusqu'a la moelle, aliu que s'il
reste de la seve dans scs vaisseaux, elle s'ecoule
par cette plaie. Voici les arbres qui sont les phis
utiles : le sapiii , que lon appelle f/allica, cst
leger et ferinc, et il dure cternellemeul loisqu'il
est travaille et cmploye a sec. L^utilite du larix
est inapprcciahle. Si \\m soutient les luiles d'un
bdtiment avec des latlcs faites de ce bois, tant
sur la fiiec qu'aux extrcmitcs des toits , on n'aura
pas a eraindre lcs incendies, parce que ce bois
ne s'cnllanmic lu ne sc carbonisc. Le ciicne est
de duree quand ii soulient des ouvrages de terrc ;
on cn fait encore des pieux qui sont aussi dc re-
sistance. Vcrsculus est \\n hois propre a la cons-
truction , et hon pour faire dcs echalas. Le clul-
taignier dure tres-longtemps, et sa solidite est
admirahle, soit qu"on femploie dans les champs,
soit qu'on remploie pour les toits et pour les au-
tres ouvrages de riutcrieur. II n'a d'autre de-
laut que son poiils. Lc hctre est bon a ctre em-
plove a sec ; l'humidite le pourrit. I.cs deux
espcccs de peupliers, le saule et le tilleul sont
dcs bois de seulpture. L'aune ne sauiait cntrer
dans la construclion, mais on nc p^ut s"eu passer
pour les pilotis. L'orrae et le frcne se roidissent
en sechant; verts, on peut les courher pour en
fairc des chevrons. Le charme est de hoii usage.
Le cyprcs cst cxcellent. Le pin ne dure pas,s'il
n'est employe ii sec. J"ai vu employer le proecde
(lue voiei, en Sardaigne, contre sonaiteration trop
rapide. On suhmergeait entieremeut, daus mu'.
marc, des poutrcs faites avee ce bois, pendant
uue aunee cnticre , avant dc les racttre en oeuvrc,
ou hien on les enfoncait dans ic sahle sur le bord
dc la mei-, de facon que le fUix put baigner le
sahle dontellcs etaicnt couvertes, dans son retour
alternatif apres ie relUix. Le cedre est dural)ie , a
moinsquerhumidite ne ratteigne. Tous lesarbres
coupesducote du midi sont les ineilleurs. Ceux
qui sont coupes du cotc du nord sont , a la verite ,
lcs plus hauts, mais ilsse gatent aisement.
XVL On transplantera ce mois ci les arbrcs
a haute tige plautcsdans lcsterrains secs, ehauds
ct exposes au soleil, ai)res avoir rogne leurs
brauches, sans endommagcr leurs raciucs; cton
lur |icnilpre verrucu!,;' , ni:isiii rcir|i(iri3 , c ras,si.>; rriiribiis ,
brevi |ik'na(|uc cervice, auribus nexi.s el gravibus, parvo
capite, uitiilospissoetlongocapillo. Ad ineundas lirniiuas
clanleanniculum congruus. Nonaulemdnrat nltra scxcn-
nium. Capella similis corporis, sed magnis uberibus e.^^t
ellgenda. Mun tamcn itamultxcapra!, utovesuna stalioue
claudantur , quani luto et stercore carere conveiiicl. Ha'dis
supra laclis abundantiain edera et arbuti et ientisci cucu-
mina sunt ssepe pia?bcnda. 'f rim,ceducarc opllme iiussunt ;
quod tenerioies matres generant, Iransigendum est. Sed
ultra octn annos scrvanda; non sunt matriccs, quia genus
lioc loDgiore sterilescit .vlate.
XIV. Hoc tempore glandis Icgenda! ac servandae cura
nos excitel; <piod opus luinineis ac puerilibus opeiis ce-
Icbrabitur facile niore bacr^iriim.
XV. Nuiic materies ad fabricam cjedenda cst , cum luiia
decrescit. Sed arhorcs qua- cadcntur iisipie ad medullam
securibus; recisas aliquandiii stare palieris, ul jicr cas
partes biimor, siquis in venis continclur, cvcurrat. Utilcs
autem sunt bao inaxime : al)ies quaiii Callicam vocant ,
liisi perlualur, levis, ligiila, et in opciil)iis siccis percmie
durabilis. L.iil\ ulilissiina , cx ipia si labiilas siifligas te-
gulis in riimlc alipic cxtrcmilate lectorum , pra'sidium
(«ulra iiicciidia conlulisli. Keque enini llaminam recipiunt,
aul carboncs creare possunt. Querciis durabiiis si lerrenis
opcribiis obruatur, et aliquatenus palis. /Esculus aedilicii,-
el lidicis apta niateries. Castanea mira soliditate perdurat
in agris cl tectis el operibus ca)teris intcstiiiis, ciijus so-
liini pondiis in vilio cst. Fagus in sicco iililis, liiimorc
corrnmpilur. 1'opulus utraqiie el salix cl tilia in sc.ilpturis
nece.ssai It. .•\lnus fabrica; iniitilis, scd ncccssaiia, si
liuinidus locus ad accipienda fundamenta palaiidiis esl.
Ulinusct fraxinnssi siccentur, rigcscunl, antctinvaliiles,
calciiis iililes babenlur. Carpiiins utilissinia. Ciipressii.-i
egrcgia. Pinus nisi in siccitate niin duraiis, cni loiilra ci-
lciciii pulicdinem comperi in Sardinia lioc gencre provi-
ileri, ut cxcisa! trabcs cjus aiit in piscina qiialibc! anno
totoniersic latcrcnt, poslopcri futura;, aiif aieiiis obriie-
1 entur in liltore , iit aggeslionem , qiia tecla; esseiit , aller-
nisa'stibus leciprocansnuclusalliicict. Cedriis diiiabilis,
iiisi liumore tangalur. Oua'iuiiqiie aiileni ex paile mcri-
diaua cciluntiir, uliliorcs smit : qiia; vcro cx Septeutrii^
iiali , prorerioies, .scd larilc v ilianlnr.
.W I. lloc niense locis siccii, talidis et apricis majorcs
PALL\D1US.
lesaidcraparla snilc a vcr.ir, en les fuinaiit l>ra\i-
eoup ct eu les arrosant.
XV H. Voici !t'S preceptes qu'ont donnes les
Grees pour lacontVction de l'huile : II fauteueil-
lir cn un jonr nutant dolivcs qu'on en pnurra
pressurer la nuit suivante. La meule doit etre
lejierement suspendue pour extraire la premieie
huilc , parce que si elle brisait les noyaux ,
ceux-ci corrompraient rhuile. Aussi la prcmiere
huile doit etre faite avec la seule pulpe du fruit.
II fuut aussi que les paniers soient confeetioiincs
avcc des baguettes de saule, parce qu'on pretciid
que le bois de cet arbre est fuvorable a {'hiiile.
La meilleure huile sera cellc qui coulera d'elle-
meme. Ils ordonnent ensuite de mcler du sel et
du nitre avec rhuiie nouvellc, afin que ce me-
lange la dispose a s'epaissir; apres quoi , lors-
qu'elle aura depose sa lie , on la transvideia
pure, au bout de trente jours, dans des vases de
verre. La seconde huile se fait de ia meme ma-
niere que la premiere, mais il faut briser les o!i-
ves avec une nieuie plus forte.
XVIII. Les Grecs assurent qu'on fait vine pre-
micre huile qui rcssemble a celle de Liburnie,
en meiant dans d'exce!lente huile verte de Tau-
nee seche, des feuilles de laurier, et du soucbet ;
le toutbroye eiisemble , etpasse parun crlhle fiQ
avec du sel grilie et egruge, eten remuant long-
temps ce melange , pour se servir de cette huile
lor.squ'elle sera reposee, au bout de trois jours
ou uii peu plus tard.
XIX. Si !'huilc csl troublc , ils prescrivent d'y
jeterdusel grille pendantqiril cstencore chaud,
et dc la couvrir avec soin; moyennant quoi elle
s'epnrc en peu de temps.
XX. Si riiuilea quelque mauvaise odeur, ils
ordonncnt debattre dcsolives vertrssans noyaux,
et d'en raettre denx chwnicie dans une melreln
d'huile. Si Ton n'a pas d'o!ives, il faut battre
de la mdine maniere des tiges d'olivier ires-ten-
drcs. Quelques personncs melent des olives avec
ces tiges, en y ajoulant merae du sel. Elles en-
veloppent ces maiieres dans un linge, et les sus-
pendent ainsi dans le vase d'huile. Ensuite elles
les retirent au bout de trois jours, et transva-
sent rhuile. D'autres y mettent de vieillc brique
torrefiee. La plupart y plongent de petits pains
d'orge enveloppcs duns un liiige clair, en les
changeant de temps eii temps ponr leur en subs-
tituer de nnuveaux ; et , apres avoir repete cette
operation deux ou trois fois, ils y mettent du
sel; puis ils transvasent l"luiile, et la laisseut re-
poser pendant quelques jours. S'il arrive par
hasard que quelque animal soit tombe dans
Thuile, et qu'il Tait corrompue en pourrissant,
les Grecs ordonnent de suspendre une poignee
de corinndre dans la melrcta d'liuile , et de Py
laisscr quelques jours. Si riiifection ne diminue
pas, il faut changer la coriandre, jusqu'a ce
qu'on soit venu a bout de corriger ce vice. Mais
il sera tres a propos de survider rhuile au bout
de six jours dans des vases propres , qui n'en
vaudront que mieux s'ils ont contenu du vinai-
grc. II y a des pcrsonnes qui melent de la graine
de fenugrec , seche, etbroyce dans rhuile, ou
qui y font eteindre souvent des charbons de bois
d'olivier enllamracs. Si rhuile sent Taigre, ils
ordonneut d'y plonger la partie acide des grap-
pes de raisin, que les Grees appellent •{{■^a.p-zov ,
apres l'avoir pilee ct reduite en p^te.
XXI. Les Grccs assurcnt qu'on peut corriger
Ihuile rance de !a mauiere suivante. On jette
ail)ores transferennis tiuncatis ramis, illiBsis radicilius,
iiiiilto slercoie ct rigalioiiibns adjnvandas.
\Y11. (liiic i III niKlicicniii olci pr.Tceplis ista insscriint.
Tanliiiii !i'p'u.liiiii cssc i.livic, i|iiaiiliiin noctc vciiicnle pos-
sinins c\pii::.cic. Molani ininio olco ilebere leviter esse
snspcnsam. Ossa enim conlracta soidesciint : quare de so-
lis carnibus sit prinia conl'ectio. [Et de] salignis canislros
lieri dcbere virgnltis , quia genus lioc oleum dicitiir adju-
vare. Nobilius erit qnod sponte delluxeiit. Sales deinde ac
nitrum jnbent novo oleo misceri , ut hffic res spissiludinem
ejus absolvat : deinde cum amurca subsedeiit.oleum pu-
rum XXX dlebns exactis, invitrea vasa Iransfeiri. .Secun-
diim, simili disciplina fieri, sed mola fortiore qnassari.
X^VIU. Olciim prinnim Libnrnico simile fieri asscnint
Gnieci, si iii oplinio \iridi [olco] innlani siccani ct lauri
folia et cyperum, oiiinia sinnil tiisa, et subtiliter creta
permlsceas cum salibus torrefactis ac tritis , et diu oleo
injecta perturbes, deindc tribus aut aliquanto aniplius
[decursis] diebus, ciini quieverit, utaris.
XIX. 'Si sordet oleum , friclos ct adhuc calentes salcs
iujici jubent, et diligcnter operiri. Ita niundum reddi
posl tempus cxigiiiim.
.\\. Si fueritodoris liorrendi, virides olivas sine ossi-
biis tnndi, ct in nlci mctreta cbaMiic.as diias milti. Si bac-
C!s defuerint, caules teneriimos olea; similiter esse tnn-
dendos. Nonnulli utiaque perniiscent, adjecto etiain sale.
Sed omnia inlra linteum clausa suspcndunt, atque ita in
vasolei demittunt. Poslea tribus diebns exemtisauferunt,
el oleum in alia vasa transfundunt. Quidam mittunt ve-
liistum latereni torrefactnm. 1'lci iqiie oideaceos pancs bre-
vitcr riguratos ct raro linteo involntos nieigunt, et novos
siibindc permutant : ubi lioc }iis aiit tertio fecerint, salcs
mitlnnt , et in alia vasa Iranslaliim pcr paucos dies subsi-
dere patiuntur. Quod si aliipiod aninial forte deciderit,et
oleiini putredine ac nidore vitiavcrit, jubent Graeci co-
riandri manipiiliim in olei melreta siispendi, alque ila
paucis diebus manere. Si nihil de nidore discusserit, niu-
tandum est coriandrum , donec snperetnr boc vitium. Sed
maxime pioderit , post senos dies in vasa munda transfer-
re; melius, si aceliim ante vexerunt. Qiiidam foeni Gra-ci
semen siccum Iritumqne peimisccnt, vel incensos oleagi-
nos carbones in ipso oleo fiequenter extinguunt. Si acer-
bus odor fuerit, uva; exciementa, quae Graeci ifiYapTei vo-
cant, prsecipiunt lusa et in massam redacta mersari.
XXI. Oleum rancidum Grajci asserunt sic posse curari.
Albam ceram mundo et optimo oleo resolutam et adhuc
DE I;AGU1CULTLRK, LIV. XII.
dans celte hiiile ile la cii-c blanehu fonclue dans
de {'iiuile propre ct cxcelleiile, taiKJis ((u^elle est
encore liquide, et eusuile ou y ajoute du sel
grille pendant qu'il est chaud; puis on la couvre
et on Teuduit de gypse; moyeunant quoi Thuile
se purge, et change de gofil et d'odeur. Au reste,
il faut conserver les huiles de toutes les espeees
daus des caveaux pratiques sous terre. Telle est
la nature de cette liqueur, que lc soleil ou !e feu
Tepurent, ainsi que Teau bouillaute quand clle
est melee avec elledans le meme vase.
XXII. On confira aussi les olives ce mois-ci.
On s'y prend de differeutcs facons. Voiei la nia-
niere de faire des olives qui nagent d.ms un jus :
On etend sur des claies dcs olives et du pouliot
alternativemcnt par couches , et Ton verse, entre
chaque couche, du miel , du vinaigrc, et un peu
de sel. On etend encore les olives sur des tiges de
feuouil, d'anethou de lentisque, eii mettaiit des-
sous de petites branehes d'olivier; on verse
par-dessus une /;fwiift«desel avcede lasaumure,
et Toa raultiplie ces couches jusqu'a ce que le
vase en soit rcmpli. Autre maniere de les confire :
on fcra macerer dans de la sauraure des olivcs de
choix ; quarante jonrs apres on jettcra toute la
saumure; apres quoi on mettra dans le vase deux
tiers de vin cuit Jusqu'a diminution de moitie, et
un tiersde vinaigre, avec de la menthe hach.ee
par petits morceaux; puis on remplira lc vase
d'olives, de faconque la liqueur, quc l'on y aura
versee cn quantite sufflsante , lcs surmonte. Autre
mauiere :on laisse, pcndant une nuit en(iere, ex-
poseesa la vapeur d'un bain, desolives cueillies
filamain, et etendues sur une planche ou sur
une claie; ensuite, apres les avoir retirees le
matin, on les saiipomlre de sel broye, et on en fait
usagc. iMais on ne pnnrra pas garder les oli\es
On commence par mcttrc dans de la saumure des
olives saincs; (juarante joiirs apr(.'S on les en rc-
tire, et on les coupe avec un roseau tranchant;
puis 011 verse dessus deux ticrs de vin euit jus-
qu'a diminution des deux tiers, ct un tiers de vi-
naigre, quand on veut qu'ellessoient douees ; ou
deux tiers de vinaigre et un tiers de vin pareil ,
quand on veut qu'ellcs soient plus aigres. Autro
mauiere ; Apres avoir m&\c ensemble un sexta-
rius de vin fait avec du raisin seehij au soleil ,
plein les deux mains de cendrc bien criblcic, un
scmi-siciUcus de vin vieux, et une petitc quantile
,de feuilles de cypres, on verse tout ce melange
sur les olives, que fon foule , et que Ton sature
de cette composition, de nianii-re a ce qu'une
espece de croute se forme sur ehaquc couehe
d'oIives, dont le vase doit etre rempli a comble.
Autre manicre : On ramasse dcs olives tombees
a terre, ct racornies au point de se eouvrir de
rides; on les ctendau soleil, apri» lcs avoir sau-
poudr(ies de sel, et on les y laisse jusqu"a ce
qu'elles soient sech(?es ; ensuite on dispose plu-
sieurs couehes de lauricr et d'olives alternativc-
ment, en commencant par la eouehe de laurier ;
apres quoi on fait jcter dcux ou trois bouillons a
du vin cuit jusqu'a diminution de moitie, qu'on.
a mis sur le feu a cet effct avec une petite botti-
de sarrictte; et lorsquc ce \in est ticJi, on cii
verse sur les olives ([u'on a arrangiees par cou-
ches, en y melant un peu de sel. Enlln, apres
avoirjete dans le vase une bolte d'origan, oii
verse dessus tout le reste de ce ,jus. Autre ma-
niere : On conlit des olives aussitot apres qu'clles
ont et(i cueillies sur Tarhrc, on Ics arrange par
couchcs , cntre chaeune desquelles on etend de-
la rue et du peisil , en remplissant les vidcs, qui
se trouvent entre les couehes dc scl ('grugc, avee
ainsi preparecs plus dehuitjaurs. Autre manicre: j du cumin , dont on lcs saupoudre, puis on verse
liqiieiilcm niitli in oleo jnlient. Tnnc salcs hictos calcntcs
addi, opeiiii, alqne gypsaii. Sic licri ut dlonni pniijclur
sapore el odoie iniituto. Oleum laiiicii onine in tcrrenis
locis esse servaniliini, et cam ejiis css6 iialiiiam, nt sole
vcl Igne puigelur, vel aqna feiventi, sisiniul niisceaiitur
in va.sciilo.
XXII. Iloc ctiani inense olivas con(lion)ii,s, Ilarnni gcnc-
ra sunt iliveisa. Cotynitiacies ollvic liiinl sic ; alleinis cra-
lilius olivariim piilcium spargis et inel eX acctum et salcs
modice, stralina Interccdenle, siiffiindcs. Ileni slcincs
olivassuprasnrcnlos fccniculi vel ancllii sive ]enti.sci,et
raniulis olivresnbditisaceli liemiiiam et iniiriani sHpcirun-
(ies, et lias construcliones usqnc ad vascull pleuitudiiiem
palierls insuigcrc. Alilcr. Lleclasollvasmniia niatiiralils,
post xLdles inuilam fiindls univeisain : tiincdiiasdcfniti
partes , acell nnaiii , mentani minnte incisam vasciilo ad-
Jicies, el olivis replebls, nl jiista Inliisione liqnor snpcrna-
tel. Alitcr. Ollvas mann leclas una nocle intcgra in balnci
vapore esse patieils tabulae vel ciati siiperposllas : inaiie
balnels exemlas salibiis Irllls conspcrges ct nlcris : qM.ne
non ainplius qiiain viii dics poteruDt cuslodirl. Alilcr, 011-
vas illacs.is pi-inio milfis in miiria : post dies xl levabis,
atqne inteniilesaculocahimo : et, sl diilcioros habere vo-
liicri.s, dnas sap.i^ parlos ol .accli iinam; sl aciiorcs, accti
diKis ct sapre unain dcbebis inrundore. Aliter. Passi sex-
lariiim nniim, ciiioris bene croli qii.YnHim manns ntraqne
gcstabit, viiii vctoris iimiiii .scinislciliciiin, cl aiiqiiantiin)
ciipiossi loliornni : mistls omnlbiis olivas infiindis, incul-
cas , ot siibiiide crustam facleiido satnrabis , doiiec ad v.is-
ciiloium siinima oia pervenias. Alilcr. Olivas qiias jacen-
tes lopoicris, rngis conlialicnlibus ciispas colligis, et sa-
lihns tritis icsporsas expandis, donec solc Inaiescant. Tiinc
siibslralo lauro altcrnas ciates baccarnm s,-cplns ordlnabls :
tnnc defrutiim cum saturel.-c fasciciilo duahus aiit Iribiis
iindis fcrvcre patleris : et postquam tcpuorlt , siipra com-
positas baccas refundos admisto sale panliilo, et origani
fasce conjcclo, supra jiis omne porfiindes, Aliler. Lectas
baccas ex aibore statim condlcs, rnlam et petiosellnum
slerncs inter .spalia slrHctionis, ct siibinde cyminali .salii
asperslone cnmnlabis. Postrcniuin mcl et acctiim supcr-
fnmies. Novlssime opllmi olei ipianliiniciinqiic misccbis,
Alilcr. Legls oHvas cx arbore nigras , et coinposilas inuria.
nin
1'ALLADIUS.
pai--dessiis du miel et du vinnigre; npies qiioi
011 y ajonte tant soit peu d'luule exccHente. Au-
ti-e mnniere : On cueille des olivcs noires sur
Tarbi-e; apres les avoir arrani;ces, on lcs arrosc
de saumure; ensuite 011 niet dans uiie marmite
deu.V sixiemes de miel , un sixieme de vin, et une
moitie de viu cuit Jusqu'a diminution de moitie ,
et Ton fait bouillir le tout ensemble; apres quoi
ou retire la marmite du feu , ou la secoue, et on
y ajoutc du vinaigre; ct lorsque ce jus est re-
fi-oidi, on etcnd sur les olives des rcjetous d'o-
rigan , ct on le vcrse tout entier dessus. Autre
mauiere : On vcrse de Teau pendant trois jours
sur des olives cueillies a la main avee leurs
queues , ensuite on les fait tremper dans de la
saumure, et, apres les en avoir retirces au bout
de sept jours , on les met dans un vase avec une
dose egale de vin doux et de vinaigre; et lors-
quc le vase est rempli, on le couvre, eu y laissant
quekiuc ouverture pour lui donuer de Tair.
,\.\.lll. Les beures du jour sont d"une egale
durce daus lcs mois de novembre et de fevrier.
A la premiere et a la onzieme, le gnomon
donne vingt-sept picds d'ombre.
A la seconde et a la dixicme , il en donne
dix-sept.
A la troisieme et a la neuvieme , il en donne
trcize.
Alaquatriemeetala huitieme, ilendonnedix.
A la cinquieme et a la septieme , il eu doiine
huit.
A la sixicme , il en donne sept.
•LIVRE TREIZIEME.
DliCEMBRE.
I. On seme au raois de decembre lcs blcs,
le froineut, Vadurcum et Torge, quoiqu'il soit
deja tard poiu- ee dernier grain. On peut encore
scmer lcs feves vers la spptiiiwniitcm (fete des
scptmonts) ; car on auraittort de le faire apres le
solstice dhivcr. On pourraaussi semer lagraine
de lin ce inois-ei jusqu'au sept des ides de de-
cembre.
II. On commencera a present, pourvu que ce
ne soit pas avant les ides , a faeonner la tcrre au
pastinum pour y planter des vigues de la ma-
nicre que nous avons exposee ci-dessus. 11 sera
encore a propos de couper le bois ce mois-ci. On
fabriquera aussi dcs picux,des panicrs et des
echalas. On fera encore, dans les pays froids, de
riuiile de laurier. Ou brisera les baies de myrte
et de lentisque , pour en extraire rhuile ; et rou
fera infuser de nouveau du myrte dans le vin ,
de la facon que nous avoDS donnee precedem-
ment.
III. II faut semer la laituedans ce temps-ci,
afin de la transplanter au mois de fevrier. On
pourra aussi semer des a present Tail, roignon
de Cypre, la ciboule, la moutarde et rorigan,
suivant la methode et de la maniere que nous
avons donnees precedemment.
IV. Les hijpoiiivlidcs sont (ainsi que Martialis
rassurc) des fruits semblables a la eorme, qui
vicnneut sur un arbre de moycnne hauteur, dont
la fleur cst blanchatre. Ges fruits ont quelque
douceur, et un ariiere-gout piquant. On les seme
au niois de dccembre , eu nicttant leurs noyaux
dansdepetits vases. Jlaisou lestransplanteau mois
de fevrier, temps ou ils ont acquis une certaine
force, ct ou ils sont de la grosseur du pouce, pour
les planter dansune tres-petite fosse, crcusee sur
un terrain rendu bien meuble , dans laquelle on
met bcaucoup de fumier. II faut proteger cet ar-
bre contre les vents , dout le souffle dessecJierait
bientot ses racines. 11 s'accoramode de quelquesol
diluis t liinc oll;e adjids i)ielli.s paitpsdu.is, viiii iinam,
defruti diiiiidiam, et uhi siiiiul defcrbueiint, deponis, ac
peinioves , etacetum iiiisces : cum refiixeriiit super olivas
origani surculos .slcriiis, et supra jus onine dilTundes. Ali-
ter. Olivas iiianu lcctas cuin pediculis aqua spargis tribus
diebus : deinde miltis iii muria, et post vn dies exemlas
in vase adjicis cum musti el aceti aequis ponderibus. Et
implelum vas ita operies, nt aliqua spiraijienta dimitlas.
X.VIII. Novembrein et Februariuni ralio teHiparis per
lioras dierum lccit .lequales.
Hora
I
ct
XI
pedes
XXTII.
Hora
M
et
X
pcdes
XV 11.
Hora
III
el
I\
p.d.S
Xlll.
Hora
IV
et
Vlll
|«d,.s
X.
Hor.i
v
ct
VII
pedcs
Vlll.
Hora
VI
pedes
VII.
LIBER DECI.MUS TEUTHJS.
Deccmbri mense seruntur frumenla, trilicum , far , or-
dcum : quamvis ordei salio jaiii sera sit. Et faba circa sep-
timonlium seri polcst. Nam post exactam brumam male
seminatnr. Hoc etiam meuse adliuc lini semen spargi po-
terit, usque ad vii idus Decenibres.
H. Nunc ad institucndas vites, sed post idus pastina in-
clioenins effodere, sicut ante tiaclatum est. Et materiera
bene boc mense caedemus : palos quoque et corbes facie-
mus ct ridicas. Et locis frigidis oleiim faciemns ex lauro,
et myrti baccasatque lentisci in olei siii confectione quas-
sabimus, et vinum myrtilem , sicut dictum estante, tinge-
mus.
III. Hoc tcinpore serenda est lactuca, ut planla ejus
Febrnario Iransferdtur. Etjam nuncallium et ulpicumet
cepulla; et sinapi et cunela seri potcruiit disciplina et niore,
qiio ante nar ratum esl.
IV. Hjpomelides poma sunt (ut Marlialis asscrit) sorho
similia. Mediocii arliore nascuntur, et llore candidulo.
Dulcedo Iiuic frnctui cum acuto sapore commista esl. Scri-
liir mense Decembri nucleis in vasculis posilis. Meiise
auleni Febiuario Iiypomelidis planta sed pollicis magnilu-
dine robusta Iransfertur brevissimo scrobe , soluta terra,
pluiimo stercore. Sed munienda est, quia cito arescit, si
DE L-ACRICUf.TURE, fJV. XIV.
qiie fe soit. II nime lcs climnts cliauds, exposcs
jiii soleil et voisins de la mcr ; souveiit meme il
sc plaif aii milieu des foclicis. II craint lcs climats
(Voids. On ne peut pas le preftVr, et il vil peu de
temps. On conserve ses tVuits dans de petites
cruches enduites de poix . ou dans de la sciure de
peuplier, ou dansdespots de terrepleins de marc,
ct places parmi des jjrappes de raisin.
V. On s'occupe en ce temps de plonger, pour
les confire, dans de la moutaide detiempee avec
du vinaigre (siiivant Tusage), dcs raves coupecs
eii petils morceaux et lcgcrement cuites , apres
les avoir bien fait secher pendant toute unejour-
iice, pourqu'iln'y resteaucune humidite. Quand
on en aura rempli des vases, on les bouchcra,
eton n'en tiiera pour son usage qu'apres y avoir
goute au bout de quelques jours. On pourra aussi
faire la meme chose aux mois de janvier et de
novembre.
Vf. Ceuxquiauront Tavantage dela proximite
de la mer feront aussi confire a present, dans du
sel, de la chair de hcrisson de mer, quand Tac-
croissement dela lune fnvorisera cette operation ;
parce que c'est le temps ou cette planete fait
grossir les membres de tous les etres vivaiits que
la mer renferme dans son sein, poissons et co-
quillages. Au reste, cette operation se fait de la
inaiiicre accoutumce. Elle se pratique cgaleraent
bien pendant tout rhiver. On fait aussi des jara-
bons, et on sale du lard non-seulement ce raois-
ci, mais dans lecourant de tous les mois d'hivcr
danslesquels le froid est rigoureux. II faudra ten-
dre dans ce tcinps-ci des picges au milieu dcs
bois taillis et des plaiits d'arbustes feconds en
baies, pour y prendre des grives et d'autres oi-
seaux. Cette chasse dure jusqu'au mois de mars.
VII. Le moisde decembre ressemble, pour la
durce des hcures, A celui de janvier par dcs rai-
sons contraircs, puisqiu! les joiirs de riiii de ces
raois croissent dans Ja merae pi oportion que ceu.x
de Tautre dccroissciiT.
A la premicre et n la onzieme hcure, lc gno-
mon donne vingt-neuf picds (romhre.
A la scconde eta ladixieme, i! cn doiiuc <ii\-
neiif.
A latroisicme et a la neuvieme, il eu douiie
quiiize.
A la qualricme et a la huiticme, il eii doiine
douze.
A la cinquieme et a la scptieme , il en doiino
dix.
A la sixicmc, il en donne neuf.
LIVHE QU.\TORZlftME.
AU TliES-DOCTi; PASIPIIILUS.
Eeccvez, comme uii nouvcau gage de. Taffec-
tionqueje vousai vouee, ee poeme relatif a Tart
de la gieffe. Cette addition a mon preraiercnvoi
est uiie faeon de payer rintcret de mnn retuid.
Si vousavez attendu plus longtemps que vous nc
le desiriezces volumcs relatifs aux travaux auri-
colcs, n'en accusez que la leiiteur du copiste; c'e.st
undefautpour lequel je memontre tOLijoursa.ssc/,
indulgent. Coiinaissantparexperiencelesmanani-
vresde ceux qui nousservent, j'ainie inieux at-
tendre, afin de pouvoir compter surde meilleure
besogne. .Te ne sais si j'ai cela de commuii avec
les autres maitres , mais je remarque que le ca-
ractcre des eselaves est de donner toujours dans
les extrcmes. Tant 11 est vrai que dans cctte coii-
dition les meilleurs penchants se denaturcnt, ct
railicos i'jns veiitus afllaveiit. Teirain qiialeniciinqne iion
lespnit. Anial loca lepida , ain ica , maritinia , et s.Tjie
saxosa. Statuni rigidiini lefoiinidal. inseii non iiotcst,
exigiia durat a;lale. Poina cjiis aiit in picatis et miuulis
nrciolis, aut scobe populi , anl in ollis inter uvas vinaceis
obruta servabnutur.
V. Xunc rapa in partes minutas recisa et levitcr cocta
et tola (iie diligentins ex.siccata , nequid reservent liuinoris,
sinapi ex aceto ( sicul moris esl ) teniperato , nici gere et
condirc curabimus, et repleta vasa claudcnuis, ac post
aliipiantos dies guslibus explorala profeienius iisuri.
Quam rem Januario quoque et Novcmbi i mense poleiimns
eflicere.
VI. Nnnc eliam qiiibns litus in fruclu est, ubi Inn.-p jii-
vabit angmentuin, quu: oninium clausonim maris aniina-
liuiii atipie concbarum jnbel incieincnto sno niembra liir-
gere, ecliini carnes salibiis condiic cnrabnnl. Quod solilo
more conlicilur. Hanc qnoipie reui pcr omnes menses heiie
faciemus hibernos. Pernaseliain etlariiuin couficimus non
solum mense bor, sed oninibus , qiios hiemalis algor
astringil. Tempoie lioc per bumiles silvas et haccis tfp-
cunda virgiilta ad turdos el ca;teras aves capiendas laqiieos
PiU.Abirs.
cxpedire conveniet. Hoc usqiie in Marlinm mcn.sem leude-
turancupiiim.
Vll. Decenibrem.Ianuaiio in horiscausadisparadjiiuvit,
cum linea simili ille augeatiir, iste decrescat.
Hora
1 et
XI
pedes
Hora
11 ct
X
|)edes
Hora
111 et
IX
pedes
Hoia
IV el
Vlll
pedes
Hoia
v et
Vll
pedes
Hora
VI
pcilcs
LIBER DECIMIS QUAHTUS.
AD PASIPHILUM VIRUM DOCTISSIMU.M.
IIjIhs aliiid indulla! fidei testimonium. Pronsiiia lein-
puris lioc opus de arle insilionis adjeci. Sed qiiod vuln-
iniiia b;ec riiiis colendi serius qiiam jusseras , scripla siinl,
lihrarii manus segnior fecit, ciijiis ego lardilatem nuiKpiain
malignea^slimo. Sciocnini, qunrieqiienlprincliiict aigiUia
raniuloriiui. Malo operam ejus cvpcctare polius ii<iaiii li-
mere. Ncscio utrum communc sit dominis : mibi dilficile
41
PALLADIUS.
qu'il n'est pas de qualite quine puisse y devenir
defaut. Une nature promptecliez eux est toujours
pres du mal. La paresse du moins a l"allure de
la bonliomie. Plus on incline a 1'indoleuce, et
moins on estpropreau crime. Du reste, mon lie-
sitation a vous offrir cet ouvrage est celle d"un
bon serviteur. J'ignore a la verite si votre csprit
se sent porte vers ces minuties , mais votre at-
tention va les grandir et les elever au niveau de
votre attente. Aussi , pour peu que vous pensiez
avantageusemeut de ces bagatelles , je n'liesite-
raipasa y mettremoi-memeleplusgrandprix. Le
curieux,encontemplantunemedaille,ne tient pas
compte de la poussiere qui la couvre ; il ne voit
(|ue reffigie, portrait en raccourci de quelque
grand personnage d"autrefois.
DES GREFFES.
Pasipbilus, type de l'amilic, depositaire, a si
juste titre, de tous les secrets de mon ame, vous
louez , vous prisez et vous chiirissez ces quatorze
petits livressurragriculture;ceuvrevuigaire, an-
ti-poetique s'il en fut, affranchiede tout rhythme ,
qui n'emprunte rien de la source d'Hippocrene,
«t n'a pour tout merite qne sa simplicite rusti-
que. Mais la rusticite meme vous plaira chez un
ami. Ma presomption est accrue de cette con-
fiance, et j'ose offrir aujourd'hui ce petit poiime a
votreapprobation. Au reste, le but de ma muse
n'a rien que de louable, puisqu'elle se propose
de traiter d'une operation rustique, que ron peut
regarder comme urbaine, qui consiste a joindre
ensemble des arbres heureu.x, par un mariage de-
vant douer leur progeniture des avantages de
tous deux ; a revetir un arbre incorpore a un au-
tre d'un ombrage qui lui soit analogue ; a ennoblir
le resultatdecette unionpar un doublefeuillage;
enfin a reunir des sucs agreables par Teffet d'une
alliance charmante , et a confondre deux saveurs
dansunm(3me fruit. J'enseigneraidonc quelssont
ies arbres qui donuent rhospitalit6 a d'autres ; i\
(juels arbres ils la donnent, et comment ceux-ci
vont parer leur front d"une chevelure adoptive.
Le moderateur du ciel , qui fait errer les etoiles
biillantes, qui a afferrai la tcrre sur ses foiule-
nients, et qui donne recoulement aux eaux de
la raer, aurait pu revetir lui-meme les branches
des arbres de differentes especes de fleurs , et or-
ner une foret chargeede fruits d"un feuillage va-
rie. Mais,daignantdonner a nos travaux roeca-
sion de se signaler en cette partie , il a voulu que
Tart formAt une seconde nature. Je ne crois |>as
que rentreprise de ma muse soit sans fruit, hi
que ce petit ou vrage raanque absolument de gi j5ce
et d'utilite. On voit bien la curiosite humalne
allierrardentecavale a Taneparesseux, bien qu'il
ne sorte de cette allianee qu'une progenituro re-
tive et sterile, un rejeton inhabile ^ transmcltre
a d'autres la vie qu'ila recue. Pourquoi un aibre
infructueux ne serait-il pas feconde par le moyen
d'un autre germe, enretour de rhospitalite qu"il
lui a donnee? Pourquoi ne deviendrait-il pas
plus brillant en partageant les honneurs d"une
lleur etrangere? J'entre en matiere, en me eon-
formaut dans mon travail a tous les ecrits des
contigit.in servilibus ingeniis invenire temperiem. Ita
s*iiissime natuia lia;c viliat coininodiim si quod est , el
miscet optandaconlraiiis. Velocitas prociiriit infaeinus;
segiiities figuram benignitatis iinitalur, et lanluni lecedit
ab agilitate , qnantuni lecessit a sr^lere. l)iu lamen apud
1« pudorem meiim distuli, scd lioc qiiasi bonus laniulus
feci. Verum nescio, si tuum ad lias modo minutias incli-
nelur ingenium. Grande erit, et par desiderio suo, quod
stuilii tui quaeret affeclio. Et licet de his nugis favorabiliter
sentias, ego meas opes sestiniaie non differo. Non est
magni loci assibus intuendis oculosduxisse per pulveiem,
qnia nescio quomodo nota; sunt quaedam maximarura per-
sunaium miniita comiieiidia.
DE l.\'SlTtONI15US.
Pasipbile ornatus (idei , cuijure iatemiir,
Siquid in aicano pectoris uinbia tegit,
Bis septem parvos, opus agiicolare, libellos ,
Quos manus ha;c sciipsit, parlesilente ])edum,
Nec stiictos numeris, nec Apollinis ainne llueiites, 5
Sed pura tantum rusticitate iiides,
Commendas, dignaiis, amas, et rusticadicla
Affectu socii solHcitante colis.
Nunc ideo modicuin crescens fiducia caimen
Obtulit, aibilrio Iselific;nida luo. 10
E^l nostrsestudiuni non fnii;lemnaliile luus.e.
Uibanum fari rusticilalis opus :
Sub tlialanii specie feliccs jungere silvas,
Ut soboli mistus crescat iitiinque decor :
Connexumque nemus vestiie affinibiis unibiis,
Etgeuiina parUim nobilitare coina :
Fadciibus blandis dulcesconfunderesuccos,
Etfelum duplici fiuge sapoiis ali :
Qua; quibus bospitium prajstent virgulta docebo
Qua; sit adoptivis arbor onusta coinis.
Ipse poli rector, quo lucida sidera currunt,
Quo fixa est tellus , quo Duit unda maris,
Cum posset niistos raniis inducere llores ,
Et vaiia giavidum pingeie fronde nemiis ,
Dignatus nostros hoc insignire laborcs ,
Naluram fieri sanxit ab arle novani.
Non segne oflicium nostrae reor esse camama' ,
Aul operis parvi gratia fiet inops.
Si velocis equ?e pigro miscetur asello
Aidor, utin sleiileui les cadat actagr.idHui,
Foecundumqne genus productus deleat liaMes
Et sibi defectuni copia piolis agat :
Cur noii arbor innps pinguesrat ab liospite geinma,
Et deciis extcrni lloris adepta micet?
Incipiain, quidquid veteres scripseie coloni ,
Sacraqiie piiscniuiii verba lalioie seqiiar.
DE L'AG1\ICUL1I;KE, LIV. XIV.
r.(3
agriculteurs qui m"i)nt piecedci, et aux paroles
eonsacrees par ies anciens.
Dans rorigine, i'active industrie a invente bicii
des sortes de greffcs, et a vouiu qu'une main lia-
bile les mit eu oeuvre. En effet, les metliodes sui-
vantes apprenneut a tout arbre pare de feuilles
etrangeres a porter les fruits qu'on lui confie :
ou Ton enfonce de nouveaux germes entre son
ecorce , que lon en separe a cet effet ; ou on le
fend h Textremite superieure de son tronc , pour
recevoir ces germes; ou eniin on adapte le.s yeux
verdissants d'unbouton etrangeret humide a Tun
de ses bourgeons, qui resserre le premier dans
son sein humide de seve.
La branche a fruit de rarbuste de Bacchus
rEchionieu est la premiere a qui Ton ait appris
a se marier, afin que la grappe de raisin fut gon-
llee par un vin etranger. Les membres feconds
de la vigne sont entrelaces de bourgeons entor-
tillesautourd'elle;et, des qu'elle estadulte, elle
nourrit ceux de Tespece qu'elle a recue entre ses
bras : de sorte qu'un pampre doux eouvre de son
ombre un pied de vigne dont le feuiUage est
d'une autre natureque lesien, etquecette plante
se cowbe sous le poids du dieu replet.
Les rameaux de Tarbre de Pallasembellissent
les chenes des forets , et la superbe olive eunoblit
des fruits sauvageons. L'olivier sauvage, tout
sterile qu'il est, feconde celui dont nous recueil-
lons les olives grasses, et lui apprend a donner
des fruits qu'il ue saurait produire lui-meme.
Le poirier au germe blanc prete sans jalousie
ses lleurs de couleur de neige, et sunitamou-
reusement ^ un bois different du sien. Tantot
11 arrache les armes cruelles de ses soeurs epineu-
ses, et apprend aux poiricrs indomptes a depo-
ser leurs traits; tantot il produit des pommcs
dont la rondeur se termine en une pointe insen-
sible, et fait flechir les rameaux du frene en le
revetant de nouveaux honneurs. II npprciid
en outre a Phyllis a porter des fruits plus doux
et d'un plus gros volume , et pr^te ses membies
a la peau dure doutelleest couverte. II dote ks
pruneliers steriles, ainsi que l'orme sauvage qui
ne produit aucuns fruits, et les force a cherir
un honneur qui leur etait ineonnu. Ses brauehes,
entees sur le cognassier, changent la nature de
eelui-ci, et, son odeur se confondant avec celle
de ce dernier, il lui fait procreer des fruits
eharmants. II depouille les fruits du chAtaignier
de recorcepiquantequi les enveloppe , et ehange
le poids dont ils sont charges en un fardeau plus
doux. II depouillc le netlier menacant de son
appareil de guerre, etouffant ses mauvais des-
seius sous une ecorce paisible. Ses germes, dit-
on s'unissent aux branches de Tarbre de Libye ,
et, feeondes par lui, peuvent jouir d'un eclat
empourpre.
Le grenadier , qui dedaigne pour son fruit
l'importation d'un goiit nouveau , ct pour ses
raraeaux uue parure empruntee, augmente dc
lui-meme le nombre dcboutons cn changeant de
semence, et se plait a Stre pcint d'une rougeur
qui a de raffinite avec ses teintes propres.
Lepommier, ente surde plus hautes branches
que les sienues, continue de eroitre, et change a
ramiable le poirier qu'on lui a associe. II s'ex-
horte luimeme alaisser dans les forets ses mceurs
sauvages, et se plait a porter un fruit plus dis-
tingue. II rend lisses les pruneliers garnis d'epi-
l^iincipio multas species industiia solers
Prolulit , et doctam jussil inire nianum.
Nam quaecunque viiens alicnis Irondibus arbo.s
Comitur, liisdiscit credila ferre modis.
Aul nova discreto figuutur germina llbro ,
Aul aliud summo robore fissa capit,
Aut viridcls oculos externi gemma tumoris
Accipit, ct lento striiigitiirudaslnu.
PiirausEcliioiiii palmessejungere liacclii
Novit,et externo tendituruva meio.
Nexilibus gemmis tecundos impllcat artus
Vitis, et amplexum pascit adullageniis
Dogoncrlsque com^e vestigia mitis uuimbiat
Pampinus , et pingui curvat onusta deo.
Robora Palladli decorantsilvestrla rami,
Nobilitat partus bacca superba feros;
Ffpcuudat slerilis pingues oleasler olivas,
El quae non novit munera lerre docet.
Germine cana pirus, nlveos liaud iuvida llorcs
Commodat , et varluin nectit aniore ncmus.
Niinc rapit hirsutis horrenda sororibiis arma ,
El docet indomitas iwncre tela piros.
Nunc teretem pingui producil aciiminc maliim,
Fraxiiieasque novo flectit honore manus.
Phyllida quiu etiam grandi initescere fructu
Instiluens, durae dat sua mcmbra cuti.
Et sterilesspinos, et Inertem foetlbusornum
Dotat, et Ignotum coglt amare deciis.
Hujus ct immissi vertere cydonia rami,
Pomaque confusus blanda creavitodor.
Castanea; septos aspro velamine firtus
Exuit, el placldo pondero mutat oiius.
Mespllaqiie exarmat pugnacibus borrida membris,
Et mala Iranquillo corlice vota premit.
Creditur ct Libycis sua germina nectere ramls,
Lsctaque punicco possc decore frui.
Piinira non alios unquam dignata sapores
Mala , ncc externis associata comis,
Ipsa suas augent mutato seminc gemmas,
Et sibl cflgnato plcta nibore placenl.
Inslta proceris pcrgit concresccre rainis,
E( sociam mutat malus amlca pinim.
Seqiie feros sllvis liortalur linquerc inores,
Et partu ;.'aiiitet noblllorc friii
PALLADIUS.
nes, aiusi que les chenes armes de piquants , et
les revet en croissant d'une beile chevelure. II
sait gontler d'un suc agreable la petite corme ,
et faire descendre le fruit de l'arbre qui la doune
a la portee des mains qui le desirent. II se plait
a changer de nom sur les souches du saule , et a
repandre sesfleurs sur des forets agreables aux
Nyraphes. II apprend au plataae, cet arbre
sympathique de Bacchus, a rougir, charge d'un
fruit nouveau. Le peeher adraire son feuillage,
auquel il n'etait point accoutume ; et la cheve-
lure du peuplier porte ses dons eblouissants par
leur blancheur. La nefle lui obeit , et, changeant
ses entrailles pierreuses, elle grossit et rougit eo
se rcmplissant d'une liqueur blanche. Au heu
des pieux lourds et des armes grossieres qu'ils
fournissaient auparavant, les chiitaigniers don-
nent de nouveaux fruits, qui leur font honneur
par leur couleur jaune.
Le pechercharge lui-meme ses branchesd'un
nieilleur germe, et associe sa nature au prunier.
II couvre d'ombres legeres le trouc de Phyllis , et
apprend a devenir lui-meme plus fort par cette
transmigration.
Quoique Tarbre qui produit des coings jau-
ncs se prete a donner rhospitalite a toutes sot'-
tes de fruits , il ne se eonfle Ix aucun autre arbre
pour la recevoir. II est fier, et meprise Tecorce
dun bois etranger, convaincu qu^il n'y a point
d'arbre qui puisse ajouter quelque chose a ses
avantages partieuliers. Mais, offrant a ses propres
branches des lits qu'elles connaissent , il se con-
tente d'ennoblir un bien qui lui apparticnt.
Le dur uellier, rival du poirier sauvage , se
Spiniferas pninos, armataqiie robora sentes
Levigal , et piilcliris veslil aitulla coniis.
Lxigiiam sorbiim ilulci distendere siicco
N'iivil, et ad eiipidas llectere ponia raaniis.
Stiiiilibus gaudet nomen mulare salignis, 85
i:t giatuni Nympliis spargere llore nemus.
■Rolioratlijrslgeroplatani concordia Baccho
tirtibus inslituit plena ruliere novis.
Illius insolilas iniialur persicus umbras,
Popiileseque feruiit caudida dona comae. 90
Mespilus buic paiet, lapidosaque viscera mutans
Tenditur, el niveo plena liquore rubet.
Pio sudibus fcrtis , et pro prEegnanlibus amiis
Castaneae fiilvum dant nova mala decus.
Ipsa suos onerat melioii gcrmine ramos 93
Persicus,el pruiioscit sociare genus.
Iiiiponitque leves in stipite Phyllidis umbras,
Et tali discit lorlior esse gradii.
Ciiin pra?stet cunclis se fulva Cydonia pomis ,
Allerius niillocreditur hospitio. 100
Pioboris externi libriim aspernata superbit,
Scit tanliim nullo crescere posse decus.
Sed propriis pandens cognala cubilia ramis ,
Slal, conlenta siiiim nubililare bonum.
greffe sur des pommiers dont on rebute le fruit,
et se trouve en surete quand son germe y est
recu , parce que de doubles armes le rendent
alors plus redoutable qu'auparavant; de sorte
que son bois cruel epouvante les mains avides.
Les branches du eitronnier souffrent aussi
qu'on leur prete les enfants eleves par le murier
sous son ecorce pleine , et changent les piquants
dont les poirierssont ordinairementarraes , pour
nourrir les fruits odoriferants de ceux-cl d'un
sucflatteur.
Les pruniers ajoutent .i leurs propres raem-
bres d'heureux germes, et portent des presents
fertiles dans un corps analogue au leur. Lors-
qu'on les force d'habiter dans le chataignier, ils
desarmenta la veriteson fruit, mais ils arment
ses bras.
Lcs caroubiers accoutument lcurs fruits a s'a-
mollir avec lesecours d'un suc vert, et nourris-
sent tous les autres fruits dans leur sein.
Le flguier determine les mures a quittet leur
couleur noire , et fait la loi aux branches dont il
s'est empare. II s'admire aussi lui-meme lors-
qu'un suc raieux nourri le fait grossir, et se re-
jouit de voir ses fruits exceder leur grosseur or-
dinaire. Le noble platane , cher aux amis de la
table, dont la ehevelure se prete avec amour
auxentrelacements delavigne, le platane ouvre
aussi les bras au figuier, qui trouve un abri de-
sire sous son ecorce nourrissante|, et reraplit en
croissant le sein qui Ta adopte.
Le figuier entretient en outre un commerce r&
ciproque avec la mure , et prodigue sa substance
au germe qu'elle lui offre a uourrir. Le frfine
/Emula dura piri despecti mala saporis 105
Jlespilus admisso germine tuta subit.
lit geminis sese violentlor inseril armis,
Atqiic avidas terrent robora sa;va mauus.
Nec non et citrei paliuntur mutua rami
Pignora , qii.T gravido cortice morus alit. 110
Pomaque pastiiri blando redolentla succo
Armatis mutant spicula nota piris.
Pruna suis adduntfelicia geiminamembris,
Donaque cognato corpore la-ta ferunt.
Exarmal foetus, sed brachia roborls armal 115
Castanea; prunusjussa tenere larem.
Assuescunt siliquae viridi mollescere succo,
Et gremio pascunl caelera poma suo.
Persuadet moris tetruni mutare colorena
Ficus, et invasis dat sua jura comis. 120
Seqiioqiie miratur pingui grandescere succo,
Ktsolitum gaiidet vincere pomamodum.
Iiiiignes foliis platanos, felicia mensis
Brachia , gaudentes vitis bonore comas ,
Iiigrediens pingui se cortice maxima ficus I2j
Servat, et optatos implet adepta sinus.
Miilua quin etiam moris commercia ticus
Pi acstat , el oblalum lobore gsrnien alil.
DE UAGRICULTURH, MV. XIV.
prcte aussi scs membres a cette sanir avide ; et ,
se voyaiit alors baigne de saug, il redoute ses
nouveaux cnfaiits. Le hfitre geaiit recoit aussi la
teinture du miirier. La chataigne herissee, ce
fruit a renveloppe dure et piquante , appreiid
de lui k devenirnoire comme de lapoix, et, nour-
rie de ce suc nouveau, voit s'augmenter son vo-
lumc. Le lercbinthe , dont Todeur est si agreable,
obeit au nuirier, et produit alors des fruits dont
le raeriteest double.
Le corniier a Tavantage d'augmenter, en se
renouvelant de lui-meme , la beaute de son fruit,
ct Tarbre se courbe alors sous le noble effort de
ce surcroit de produetion. Cet arbre depouille
de leurs piquants les merabres durs de repine,
et cache les armes de cette plante sous de dou-
ces ecorces. 11 se plalt k unir le coing dore
avecson proprefruit, etcherit despresents d'une
couleur itrangcre.
Les cerisiers se greffent sur le laurier, et le
fruit quils le contraigneiit de donncr teint d'une
pudeur adoptive lesjoucsde cctte vierge. II force
les platanes ombragcs , ainsi que le prunier he-
risse, a revetirsa luisante ecorce. Et lepeiiplier
s'ennoblit d'une adoption qui nuance d'un rouge
llatteur la blancheur de ses rameaux.
Phyllis, cachee cntre Tecorce d'un prunier
fcndu , eu couvrc les membresparfumes de fleurs
prccoces , et cliangc les fruits du piJchcr cn y
ajoutant une cnvcloppe, et en leur apprenant a
prcndre une couvcrture dure qui lcur sert dc
pcau. Ellc arrondit sous une moindre formc lc
fruitdu caroubicr lorsqu'il se gonlle , etenrichit
d'une bellc odeur les fcuillessauvagesdc cet ar-
bre : Ellc dcpouillu la chAtaigne de son enveloppe
cruellc, ct force Tarbre a admirer la peau lisse
deson fruit.
Lcs pistaches se glissent entre les branches
deramandicr, ct le nioindre fruit devient alors
le plusrecherehe. Le tercbinthe aussi lcur offre
son ombre paternelle, et les ennoblit par soii
adoption.
Les membres elevcs du chataignier fccondent
le saule des riviercs, et prennent dcla forcelors-
qu'ils sont abreuvcs d'unc grande quantitc d'eau.
Le vaste noycr s'empare sous son ombrc des
feuilles de rarbousier,et rapporte des fruits qui
sont en siirete sous leur double ecorce.
On a essaye d'autres procedes , quune expc-
riencc habile pourra perfectioner avec le temps.
Mais pour un pocte qui n'est habitue qu'a re-
tourner la tcrre, c'est dcja beaucoup d'avoir
cnoncc ccux-ci cn vers meme mediocres Lisez-les
cesvcrs, fabriques parmi lcs instruments du la-
bourage. Ils sont rudes, raais d'unerudesse que
tempcre rutilite de leur objet.
Fraxiiiiis liiiicavide confertsua membra sorori,
lit inetuit firlus spaisa cruore novos. 130
Pioceras fagos , ct ponia liirsula viiontis
CastanpiP, duris aspera mala comis
Inficiens, monslrat piceo nigiesceie partu,
Et succo pascit turgiiia poma novo.
Obsequilur moris blantlo terebinllius odore, 135
Et geniinis veniunt inunera niista bonis.
Sorba siios partus merito niajoris lioneslant
Seminis, et pulcliro curva laboie nitent.
Haec arbos spinaeduros mucronihus artus
Exuil, ac libris initibus anna tegit. 140
Aureaque annexo miscere cydonia loetu
Gaudet , et externi doiia coloris amat.
Inseritur lauro cerasus, partuque coacto
Tinguit adoplivus virginis ora pudor.
Umbranles platanos , et iniquam robore prunum 146
Compeint gemmis pingere membra suis.
Populeasque novo distinguit muiiere frondes ,
Sic blandus spargit biachia rana inbor.
Pliyllis oiloratos piiiii.x'vis noribus artus
Discissi pruni corlice fi\a tegit.
Pomaquepcrmiitat vclamine persica misto,
Duritiemque diicet legniinis esse loco.
In modicain tornat slliqiia tendenle liguram ,
Et frondes pulcliro ditat odore leras.
Caslaneainque Irncpm depulsiscogit ecbinis
Mirari fructus levia ponia sui.
Quin et ainygdaleos suheunt pistacia ramos
Kl merilum inajus de brevilate petnnt.
Ha^c ctcognalii i iiiii-n^ lireliiiithiis amictu
Nul[itailii|itl\i l,ilil;ill(iainillis.
Flumincam salicrni riciunilantaidna incnibra
Castanea», et multo pasta liqiiore vigent.
Arbuteas frondes vastse niicis occupat umbra,
Pomaqiiesub duplici cortice tuta refert.
Ca'tera , quai solers processii temporis usus
Exprimet, exemplis instituere novis.
Haec sat eril teniii versu mcmorasse poetam ,
Quein jiivat effossl lcrganiovere soli.
Carmina tu duros iiitcr formala hidcntes
Aspera.scd niili ruslicitalfc, leges.
NOTES SUR PALLADIUS.
LIVRE I.
I. Quod a plerisque/dctiim es(. Le trait paralt diiig^;
contre le slyle de Columelle. Mais Palladius est assez sou-
vent, et trfesridiculement, tombfS dans le meme d^faut.
IV. De metallis originem. Lobservation peul 6tre vraie
si le mot metallis cst pris dans lc sens g^[K'ral de produit
fossile. Dans le sens restreint de raines , elle a conlre elle
Texp^rience.
VI. Vullurnus. Nom donn^ par les habitants de la B^-
tique au vent du sudest.
Impastinnto solo. Voir V£conomie rurate de Colu-
melle, liv. XIII , cliap. 3 , touchant la manifere de fa?onner
un terrain au pastinum.
Acinaticium. Vin fin qui ne .se fabriquait qu'avec les
grains de raisin separes de la rafle. Le mot est derive d'a-
cinnm, grain de raisin.
Ccecabitur spes magna vindemice. Cest-ii-dire qu'il ne
faut pas htViier la vigne pendant qu'elle bourgeonnc,
parce qu'on risque d'en fairc lomber les boutons et de
ruiner Tesp^rance de la vendanjie. Jeu de mols sur les yeux
de la vigne, ou Tauteur exagi-re le delaut de siniplicile
qu'il a lui-meme critiqu^.
IX. Qnerna; cum .'tJsculcis non misceantur. L'/Es-
eulus elait Tespece de clii^ne consacrt^e a Jupiter. Cest
celle dont Virgile a dit : tuntum radice ad auras cet/ie-
reas, iantum radice in tartara tendil.
De Cerro. Le p^re Hardouiu dit, dans ses notes sur
Pline, que cette cspece de cli6ne ne vicnt point en Fiance ,
et, cons^quemmeut, n'a pas de nom dans notre langue.
XVII. Signinis. Voir le mot signia a la table des villes,
etc, de Columelle.
XVIII. Ut basiliccE ipsiusforma. Le nom de basiliqne
! fnt donn^ primitivement aux odilices oii se reudait la jus-
j tic«. Les tribunanx y tenaient leurs s^ances dans des salles
I voflliies , oii les juges ^laient plac(5s swr une eslrade. Dou-
I ble conformitij qni aura donni a Palladius lidtie de ce rap-
; prochement avec les celliers oii se di'posait le vin.
j XX. Perspecularia. Ces transparenls .se formaient de
j pierrcs taillees en feuilles rainccs et diaphanes , et qui le-
j naient lieu de nos vitres. Les meilleurs venaieiit de la
I Cappadoce et de TEspagne Cit^rieure. On lit dans Pline
I que Tusage de ces pierres ne remontait qu'au teuips d'Au-
j fiuste. II parait que c'i5tait une espfece de tOle. Mais on n'a
I conserv^ aucune notion pr^cise de leiir descriplion , ni du
i| nom qu'on leur donnait.
|l Trapetis et rotulis. Trapete. Voir la ilescription de
II cette machine, liconomie rurale de Caton, chap. xx,
I XXI et XXII.
XXIV. Spnrtca, quaanimalia calceantur. Voirrem-
ploi deces boltines, iVonomie nn-a/e de Columelle, liv.
VI, cliap. XII et XV.
De strangulati hominis loro. Cette superstition de
ranliquitd qui s'^tendait k tout ce qui avait servi cflmine
instrument de supplice.et liii priHait une vertu eflicace,
a Iravers^ les siecles pour arriver jusqu'ii nous. Aujour-
d'liui ro^me encore une locution proverbiale cn consacre
rexistence oii le souvenir.
XXVI. Alieno tcmpore saginenlur. Cest-i-dire i la lin
i de rautomne.
XXVIII. Capita oculata. Notre langue a conserv^ aiix
moucheliiies des pliimes de la qiieiie du paon. le noin
d yeu\ , qui est i la fois piltoresqiie et traditionnel.
XXXIV. Quce rulms caninus incatiir. Lilteralemeut
iwe ac/iien. Cest le rosier dans PiSlatde natiire. La lleiir
et le IriiU ont chez nous, dans la languedii has peiiple,
des denominalions encore plus malbonufites.
Propter spatia utrinque purganda. Le jaidinier peiit
ainsi, de chaiiiie ciM^ de la plauclie, (itcndre la niain a
trois pieds pour arraclierles maiivaises lierbes, sans cou.
I ir le risque d'endommager ce qui se trouve plaule sur .ses
bords.
XXXV. Vel incensis sanguisugis. L'odeur de la pii-
naise biilliie produit, suivant Columelle (liv. VI, cbap.
XVIII ) reffet riSciproque sur les sangsues.
Ilpotooxoupioa; GrcFci vocant. Espece de piic^rons qiii
s'allaquent surtout aux poireaux. De itpOTov, poireau, et
xsipiiv, tondre.
XXXVII. Qiii iris vel gladiolus. Liltijralemeiit petif
glaive. Cest vraisemhlablement firis bulbeux de \'t-
mery.
XL. imiiarinm. Cest le nom du vase oii ron faisait
chaufler Teau dee bains.
Cui (vrea palina suhest. Ce plaleau de cuivre servait
prohablemcnt a di^fendre le miliarium, qui ilait de
plonib, de ractiiin immediale dn feu.
XLII. Palladius est le seul des toivains agrononiiipips
qiii ait fait mention de moulins mus par Peau. Comiiieiit
ce piocdd^, une fois connu, n'a t-il pas ^td mis generale-
menten usage? II Ti^tait du lemps de Pline, qiii noiis ap-
piend que la plus grande partie du blc de ritalie .se brojait
encore a force de bras. Cette singnlaril^ ne peul gii^ie
s'expliquer que par la iieccssit6 d'occuper la muUitude des.
esclaves.
LIVRE n.
X. j\e laborenl /rignre sarmenta. Parce que lachalnir
du solcil pen&tie diflicilement la terre a pliis de trois piedi
de profondeur.
XI. Tabulas aulem. Le mot tabiiln quc nous tiadiil-
sons par planchc, et auqiiel les jnidiiiiers de raiiliiiii;!.';
n'allachaient, non plus que les niMies, aucun scns da
mesure, s'entendait dans la langiie techniqiie de r^irpeii-
'tiige d'une supcrlicie dc soixante douze percbes (■aiiees.
XII. Tabitla quadrata jugerali. I.a plancbe dii jiigc-
n/m entier ne dcMait innlciiiripiedeux centqii.\lii'-\iii;;l-
liuil penlics iiii \iii.ul liiiit iiiillc liiiit ceiils pieils r.irns,
1j perilie etant siipposi'!' ile di\ picils. Mais Pallailius pm-
(■i''de ici tout aiilreuieiit dans scs calculs. II prend l:v
moyenne proportionnellc eiitre la longneur du jugcnnu ,
(pii est de deiix ccnt qnarante picds , et sa largeiir qiif csf
ile cent vingt pieds; cette moycnnc cst cenlquatre-vin;;ls,
dont le carr^ trenle-deux mille quatre renlspieds, ou Inii»
ccnt vingt-quaticpcrches, d'oii il riisulte unc mesure pln.i
coiisiderable (juc la v<^rital)Ie.
XIII. I\'eciliu.i tcrrn decurrat. II faiit un laboiir plns.
profiiiid sur iin sol en plnii incliiK'-, alin iroffiir ,'i rciiliii!-
r>48
NOTES SUR PALLADIUS.
nenifnt de la tpire v(^'gitalc par les eau\ une r^slstancc
plus consi(li5rable.
XV. Tcedte cuneus radicibus ejus inseratur.. Celte
inserliou it'un niorceau de bois , ou (l'une matl6re ^gale-
meut ilure, est souvent reconnnandije par les ouvrages
agronomiques comnie reniede ci la slsirilitii des arbres. On
serait tenl^ de n'y voir qu'une [pratique absurde ; une
parodie de l'act« de la g(;neration , parodie a laqnelle la
superslition antique aurait attribue la mime vertu de fe-
condalion qu'i Tacte lui-in6ii)e. Toutefois en y riinijcjiis-
?ant, il n'est pas impossible d'en trouver une e\plication
rationnelle. En effet , la pr^senee d'Hn corps (^lranger, qui
resserre les libres de Tarbre a Tendroit de son intromis-
sion, opposant une r&istance au cours de la s6ve, doit
lui impriuier un mouvenient acc(;l^r(5 lorsqu'elle a trouv^
un libre passage , et la porter plus rapidement au.\ extr^-
mit^s de la plante.
Martialis dicil hoc remedio subveniri. Gargilius Mar-
tialis , auteur suppos^ du livre de Arboribus qui appartient
a Columelle. Nous n'avons aucune notionsnr sapersomie,
ni sur le lieu de sa uaissance. Mais Lanipride nous apprend
qu'il vivait sous 1 einpereur Alexandre Siiv^re, ct Ton
voit par d'autres auteurs qu'il avait terit sur riiistoire, et
aussi sur le jardinage et sur Tart v^t^rinaire. Gesner a
m6me donn^ dan sa collection un fragment de lui , qui
est relatif au traitement dcs ba-ufs. Cest tout ce qui resle
decet &rivain , encore le fragment est-il si mulil^ qu'il ne
m^rite auciine attcjition.
XVIII. Sextariis vrbicis. On Toit par ce passage que
la niesure du se.ttarius n'(5tait pas la mSme a Rome que
dans le re.ste de ritalie.
XXIII. Hic inensis in horarum spatio. Palladius ne
(lit pas k quel cadi an il a rapport(i les mesures absolnes
qu'il indique poiir ce niois et poui' les niois suivants. Comme
la longueur de rombre est subordonniSe a r^Sl^vation du
corps qiii la projette , il faut croiie que ses obsei vations
ont H6 faites sur un gnonion d'inie mesiire d^terniin^e et
counue , et qui servait en quelque sorle de rt^gulateur.
LIVRE IIL
IX. Ne quodstcrili proximum est supra tcrram rc-
linquatur. En effet, lorsqu'on recourbe le sarnient pour
renterrer, il ne reste au dessus du sol que rextriSniiti; su-
p^rieure, k laquelle on donnait le nom de sagitta en
agriculture, et qa'on regardail comme absolument stiirile.
(Voir V Economie rurale de Columelle, liv. III , cb. xii.)
Minor operarum numerus eam poterit expedire. On
conijoit que dans un vignoble , partag(i en planclies d'es-
p^ces diffcrentes , qiii mrtrissent successivement, il faille
lelalivcment un moins grand nombre ile mains pour la
vendangc , qne dans ceu\ oii la maturitii de toutes les vi-
gncs est simnltante.
Ul assuril Columella. Ce passage tii-^ du chap. iv de
Arboribus, el cHi par Palladiiis comme apparlenant i
Columelie , est une preuve que cet ^conomiste est Tauteur
du livre.
X. Mago asserit scroheni. Virgile dit la mdme ctiosc
dans le livrc II dcs GiSorgiqiies. Cest pouiquoi quelques
commciitateurs ont voulu lire ici Maro au lieii de Virgile.
Mais Virgile a pn le dirc d'apr6s Magon , et il est probable
quc Palladius aura cit^ rauteur didactique de pr(5f(5rence
au pocte.
XV. Aovellam vitem Cotumella. Ce passage n'esl pas
textiiellemciit dans Coliimelte. Tout au plus tronve-t oii
des principes qni aient pu scivir de fondcmenl a rohsor-
vation de Paltadius.
XVir. Quartum genus Columclla sic retulit. Yoir le
\\yn de Arboribus , cliap. viu.
XIX. Sed{ut Columelta dicit) feraciores. Onnctrouve
rien de semblable dans Coluinelle. Aiirons-nous perdu
quelque ctiose de cet auteur?
XIV. Semen brassicce vetustum mutalur in rapa,
Celte observation est bien suspccte. Elle ae foiide proba-
blement sur rcrieur de qnclque jardinier qui, en seniant,
.aiira iiiis fune pour raiitre entre deu\ graines dont la di(-
fiirence est peu sensible.
XXIX. "Oito; Kupvivaixo;, 3UC dc Cyr^ne , autrement dit
laser.
LIVRE IV.
VIII. Stricte in foramen utrinque conjicics. II feut
supposer, Tarbre ('tant fon5 diamiitrateinent d'ontre en
outre, que ces branches introdniles en sens inverse par
les deux oiivertures , sont ensuitc tirijcs fortement de cba-
quc ciil^, a peu fvks, conime les cordonniers tirent leiirs
fils, cn sorte qiie le hoiit le pliis mince de riine s'adapte
r(5ciproqueiT)eiit avec le gros bout de rautre.
IX. Hcrba ea quce culex dicitur. I.c pere Hardouin
croit que c'est Vherbe aux ptices. (Notes sur Pliue, liv.
XIX , cbap. V. )
Prosequuntur etiam maledictis. U suhaiste encore de
nos Jours dcs piatiqucs de superstition non moins extra-
vagantcs quc celle-I.'i.
X. In Sardiiiia et in territorio neapolitano. II ne faut
pas confondie cetle ville, situ(5e en Sardaigiie, avec la
capitale du royaume actuel de ce iiom. Le nom de Naples
(vsa noXi;) (ut donn^ dans roriginc a plusieurs villes. II
eii exisle encore aujourd'Iiui une troisifeme , sous le nom
moderne de Nauplie, ou Napoli dc Romanie.
Alii Coracinum piscon. Ce nom paralt Stre donn^
h ce poisson, <i cause de sa couleur noire , analogue a celle
du corbeau. On rappelle mfime encore aujourd'bui cor-
bcau dans quelques-unes de nos provinces , ainsi que rob-
serve le pfere Hardouin dans ses iiotes sur Pline.
XII. Absolutam impedimentis omnibus dicm. Palla-
diiis, quia tiri^ tout ceci de Columelle, veut apparemineut
designer ici un jour nonf^ri^, comme Texlge cetautcur.
(liv. Vl.ch. 2.)
LIVRE V.
V. •Quam cephalonem vocamus. De xEpaXri, fcUe. Ce
qui veul dire que le principc de vie, pour cet arbre , r^-
side dans sa cime , et non dans ses racincs. Cest en cc sens
que Pline appelle Cerebrum, cerveau, la partic supirieure
du palniier.
LIVRE VI.
IV. Modii spatium. Le modius toit le tiers de juge-
rum. Celait par cons^quent un espace de 80 pieds de long,
sur ■40 de large.
Crace xp£|ji!xcrTr,pei; dicunt. De xpciiii;» ou xpeiia^o , je
suspends ; paice que les testicules sont siispendus 4 ces
nerls.
XII. Allitudine quatuor nnciarum. Palladius doniie
au\ divisions du pied lesnonis de cellcs de la livre. Ainsi
quatie uncice sontle tiers d'un pied-
.\OTES SUR PALLADIUS.
LIVRE VIL
V. Qtiare cmplastraiio cticitur. Cesl ce quo uous a|)-
pcllons la gieffe en ^cussou.
XII Alica. Espfce debi^ic. Le inol fl/rdes Auj^bis eu
ost pcut-Jtre d^Srivd.
LIVRE L\.
IX. .S( aqiin limosafucrit , salis admistione corrign-
tur. On lit, dans le denxiime livre des Rois , chap. II , qne
le propliele lilisce corrigea les eaux de .leiiclio en y je-
lant du scl. On pourrait mettre en queslion , dapies no-
ire aiiteur, s'il op(5ra nn oiiracle en qualiti^ de propliclc,
ou s'il ne lit quc se servir d'un secrct de la pliysique.
XII. Mensura futularum plumbo. etc. Les anciens
aiilcurs ont prctendn que c«snoms de nombre d(5signaieut
lediainetre des tuyaux. Mais nous avonssuivi riutcrprd-
tation de Vitruve qui dit qu'un tuyan de plomb quelcon-
que emprunte tonjours son nom de la laryeurde la feuille
qu'on roule pnurle fabriquer. De sorte que si une fcuilie
a cinquautc doigt3 de largeur , le tuyau qni en sera forme
s'appcllcra Quinqiiagenaria listula ; et ainsi des aiitrcs.
Quant au rapport du poids aii diam6tre, on ne saiirail
leconnaitrc la justessc dc la progrcssion etablie par I'alla-
dius , liien qu'elle soit appuyce dc rautorite de Pline et dc
Vitriive. Cette progression suppose cn effct une dpaisjenr
identique pour toutes les dimensions de fuyaux, ce qui
est tSvidemmcnt iuadmissible.
LIVRE X.
Carpenla. LitfSralement chnrreties. Blais ce mot ue
prisente a Tesprit aucune idee prccise de contenancc.
Aussi avonsnoiis transporte dans notte traduction le mot
latin qui exprinie uue mesure determiuec.
LiVRE xr.
III. Asscrit autcm Columclla. Cc passage ne se trouve
pas dans YEconomie rurale, mais il est tir^ du livie cle
Arboribus. Nouvclle preuve que ce livi e cst bien dc Colu-
meile.
XIV. CAdHica, Palladius fait venirce mot du syricu,
il est pureinent grec XoiviS ctaiten effet, cliez les Cirecs,
une mesiire, tant pour lcssolides que poiir lcs li(|uidcs,
iaquelle equivalait, suivaut la plupart dc-s aiiteurs, a la
huiliiime partie du moilius, et au doiible dii sextarius;
c'est ce qui fait qu'on doiuiait le nom de clicenica 4 la
rationde hourriture quechaqiic esclave rcccvait par jour
tliei les Roinains, parceqiie cetle ration (Stait de (piatrc
modii par mois, ce qui revenait a pcii pres ri iiii liuilicmc
de modius. II parait cepeiidant qu'il y avail des ckcrnica:
de diflfirentes contenantes, puis(|u'il se trouve d'an(iens
autcurs qui pr(Stendent que cetle mcsure cxjnlenail Irois
COlylcK, iquivalentcs ii iiii sextarius ct dcmi ; et d'autres
qui veuleutqirellc contlnt jusipi'a qiiatie scxtarii.
XVIll. Defrutum, carmnum et sapa. Ce sont tniis
Tinscuits,dedi\crscscoinposilions, ctp,irdivcrsproC('(l(>s.
LIVRE XII.
l. Si adhuc iclum solis rcpcraissa non scnlil, ccst-a-
dire avant la plcinc luiic. Paice qiio' qtiand la liine cst
dans son plein, oii la voit cncore sur riiorizoii au mumciil
r>i<)
oti lesolcil sc \i-\c, ct quc.consisiucnimcnt, eJlc cif alori
frapp('c de scs rayoiis.
IV. rer latcra prona fundantur. Nofre aulcur \ent
que lcs arbres donneut plutflt sur ll largeiir qin' siir le
haut de leurs branches , alin qiie lcurs fruils prtSseiilent un
coiip d'oeil plus agriSable, et .soient plusais^Ssa ciieillir.
Avanlage rt^alisiS plus eflicacement chez nous par rintro-
duclion des arbres nains.
VII. namascena. Cest la prunc de Damas. Nom dc
la ville d'oii provienl origiiiairement ce friiit.
Pcdis dndrante demersum. Le f/or/ra».? ('■qnivanl a
neuf »Mc/fF. oii aux Irois quaits dii pi(^l , snivant 1'iisage
d'appliipier h toute divisiou de mcsure les noms dc frnc-
tions de la livre.
XIII. Quod paslorcs coloslram vocanl. Nous donnons
aussi le noni de colnstram h ces preinifires goiittes dc lait,
ainsi qirii la inaladie que ce lait , qui cst toujours railh' ,
occasionne tant aux enfauts qu'aiix pelils des aniinaux.
XV. Gallica. Sapin des Gaules.
Larix. Cel arbre n'cst pas cdui anqucl lc.s botinislcs
donnent aujourd'lini le m(>me noni , ct qirils idcntilicnt
au miJltec. En cflct le mi^lcsc cst iin aibre i(Ssineii\. Or,
la propriete altribufe ici au larix par Palladiiis ainsi ipic
par Pline , et qui consiste a ri-sister au fcn , paralt dircrlc-
ment oppos(!'e ii la nalure d'iin arbre ibsineux : outrc qiic
cette propri(''l(; ne se rencontre pas elfecfivement dans lc
miilese. Qucl arbre est-ce douc que le laris?
XXII. Cnum semi sicilicum. Le sicilicus ("tail lc quart
de Vuncia, et par cons(''quent la qiiarante-hiiiticme parlic
de la livre. En appliquant cclte di\ision h rampliore (lui
clait runile de mesure pour lcs liquidcs, le sicilicus
scrala quarante-buitieme partie dc ccllc conlenance, oii
le sextarius , et , par cons^quent, \e dcmi-sicilicus ^iiit
valoirla modii du scxlarius, ou, ce qui revieut au nifmc,
une hcmina.
LIVRE XIIL
I. Scplimnnfium. Voir ce que c'(>tait que cette fi>tc
dans la iiote 4 dii rliap. x. de Coliimelle.
IV. Hijpomelidcs. On iie trouve le nom de ce fruildans
auciin autre ancicn aulciir. Scraitce resp^ce dc nf (le dont
parlc Dioscoridc, cl liiril appcllc i-\'j.r:/y,.
LIVUE XIV.
llnhcs alnid indullce fidei tcstimonium. Pniir rom-
picndrc lesensdcrcxpression nouveaugagc, ilfaut sup-
poser (|ue Palladius a donn^ deiix ('dilions dc son Iraili^,
ctiiue runedeces (Sdllions, compreuant quatorzc livres,
toiis cn prosc , avait ite envoy(!c ii Pasiphiliis , rommc nn
premicr gage d'amiti('. U est in(>me vraisemblablc que ce
premicr envoi ('rtait priic^dd d'nne (Spllrc (pie ie teinps nc
nous a pas conserviSc. Le seroud gage dont il paile ici ,
consistcrait donc , dans celle hypolh^se , i adresser k son
ami, en vers, le (piatorait^me livre que celiii-ci n'avait
d'abord leca (\»en prose avcc lcs Ireizc aulrcs. Columcllc
aussi a traihS des jardins en vers dans le dixit^me li\rc dc
son liconomic rurale, el en prose dans le onziJme. L'idce
de ce double mode de coniposilion est dcnc commune aux
deux ecouomistes, et seulemcnt clicz Columclle la prosc a
suivi lcs vcr , et c'e3l leconlraire clicz Palladiiis.
I'ro vsura lemporis. Palladius consid^re cc qnalor-
zicinc livrc cu vers comiiic rinl(^riH dil ii Pasiphilus poiir
lc tcnips (piil liii avait lail altendre lcs qualorzclivrcscii
prose.
650
NOTES SUR PALLADITJS.
Quasi bonus fiimulus fcci. Cestk-dire comme un
seiviteur qui craint de n'avoir pas assez bien fait.
Quos manus scripsii parte silente pedum. La main
est ici mise en oppos'ition avec les pieds des vers. Jeu de
niols intraduisible , el dont la perle n'est pasi regretler.
Urbanum farl ruslicitatis opus. Palladius donne a
rop^ralion de la greffe r^pithfcte A'urbaine, dans le
mf me sens que les Romains donnaient le nom ii'urbance
aux arbres francs, pour les distingner des sauvageons.
Sub thalami spccic. £n effet de mfime que, dans le ma-
riage , un pfere et une niere , n^s de familles diff^^rentes ,
coopferent a la g^neratiou du ni6me enfant, deux arbres
enttis Tun sur Tautre concourent a la production d'un seul
et mfime fruit.
Primits Echionil. fichion ^tait un des compagnons de
Cadinus, premier roi de Thfebes et pfere de S^m(516, qui
donna nais.sance ci Bacclius.
Pingui curvat onustie. deo. Bacchus, dieu du vin, est
represeut^ dans les anciennes statues avec un gros ventre.
Germine cana pyrus. Les rejetons et les germes du
poirier ont une teinte dc blancheur a leur extr^mile.
Indomitas ponere tela pyros. Les ^plnes du poi,
sauvage disparaissent quand il a re^u une greffe prise aj
poirier franc.
Pliyllida quin etiam. Phyllis ^tait une reine des
Tbraces, ^prise de Ddmophon , flls de Th^s^e ; se croyant
ni^pris^e de son amant, elle se pendit de d^sespoir, et
fut cliang^e en amandier.
Libycis sua germina credere ramis. L'arbre deLibye,
nom po^tique du grenadier.
Acc externis associata comis. Palladius a dit plus
haut que le poirier se greffait sur le grenadier. Mais il
suffit, pour qu'il u'y ait pas contradiction, que le grenadier
ne puissepas se greffer rteiproquement sur le poirier.
Seque feros silvis liortatur linquere mores. Cest-i-
dire qu'on greffe le pommier franc sur le pommier sauvage.
Ad cupidas flectere poma manus. C'est-a-dire que le
poids , plus lourd des pommes , fait ll(ichir les branches du
corniier.
Robora plafani coneordia Bacchus. Allusion a Tusage
oii ^taient les anciens de chercher pour boire rombre d'un
platane, ou <i celui d'arrosercet arbre de viu.
TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS CE VOLUME.
Avertissement des editeurs.
M. P. CATON.
Traduction de feu Antoine, professeur k ta ferme modfcle
de Roville.
Notice sur M. Porcius Caton iii
ECONOMIE BUBALE 1
Kotes sur rEcoNOMiE eubale de Caton. . . 49
VARRON.
Traduclion de M. Wolf.
Notice sur Varron 55
De i.'Agricultube. Livre 1 61
Livre II 100
Livre III 129
Notes sur le Traite d'agriculture de Varron. 166
L. J. IMODERATUS COLUMELLE.
Traduction de Saboureux de la Bonnetterie, revue.
Notice sur Columelle 167
De l'Aghiculture. Livre 1 169
Livrell 192
Livre III 222
Livre IV 254
LivreV 282
Livre VI 309
Livre VII 337
Livre VIII 360
Livre IX 386
Livre X 408
Livre XI 418
Livre XII 450
Traite des Arbres 495
Notes sur le Traite d'Agriculture de Colu-
nielle, et sur le Traite des Arbres 513
R. T. jEMILIANUS PALLADIUS.
Traduction de Saboureux de la Bonnetterie, revue.
Notice surPalladius 521
De l'Agricultuee. Livre l 523
Livre II 546
Livrelll 555
Livre TV 577
Livre V 595
Livre VI 599
Livre VII 604
Livre VIII 608
LivrelX 611
LivreX 615
LivreXI 619
Livre XII 629
LivreXIII 640
LivreXIV 641
Notes sur Palladius 647
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UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
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